| Von st 00 0 ns 1 + 0 0 0 ‘os 9 da no 04 01a 0: 0.0.0 0. ÿ 41e =. e.8 4:0 = '* invt° -FÉ “R°W-Gibson Le d< © 1. NEW YORK BOTANI TXL AR CO EN N M LERR N, : MERE NAN REVUE SCIENCES NATURELLES nd pe ‘ ë PILE ï né REVUE DES SCIENCES NATURELLES FONDÉE A MONTPELLIER PAR IM. EE. DUB KRUELXI. PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE MM. FLAHAULT, E. PLANCHON, P. de ROUVILLE, A. SABATIER, AVEC LA COLLABORATION DE MM. Andouard,— Baillon,— Barthélemy,— Baudon,—Bavay,— Bleicher,— Bonneau,—Cazalis de Fondouce (P.), — Collot, — Contejean,— Corre (A.),— Courchet,— Dieulafait,— Doûmet- Adanson, — Drouët, — Durand, — Duval-Jouve,— Estor,— Fabre (G.),;—Faure (A.),—F. Fontannes,— Forel,— Genevier, — Giard (A.), — Giltay,—Heckel, —Hesse,—Jobert,—Joly,— Jordan,—Jourdain,— Lichtenstein (J.),—Loret,—Marchand (Léon),—Marès(P.),—Martins(Ch.),—Matheron,— Miergues, —Peccadeau de l’Isle,— Perrier, —Planchon(G.),— Robin,— DeSaint-Simon, — De Saporta, — Senoner,— De Seynes, — Sicard (H.),— Vaillant (L.), — Valéry-Mayet, — Vieillard, — Vézian, etc. 3° SÉRIE. — TOME l. MONTPELLIER BoEHM ET FILS, IMPRIMEURS-ÉDITEURS, RUE D ALGER, 10. CAMILLE COULET, LIBRAIRE-ÉDITEUR, GRAND RUE, 9. PARIS A. DELAHAYE ET E. LECROSNIER, PLACE DE L'ÉCOLE-DE-MÉDECINE. IAAITARAS LE MANTUCA ef 4 MORIMANS & ,TIVRRAL 4 ls EN EURE ARE LATE CAR EEE CE TK: NT rii ur és (D A ÉREA E iEue ALT AR TRE area vais seal mother —-, Abe Rolf 1) SOU BRUT à alisS a) — de 1edot “ill «#6 Max — US eattt 0400 1900 me 4 #; YTTOD + ‘ 2 MR y rt ee LE ur nat +5 10% Le 18e Thor Lara x DAC ELA M AP ky: net D 4 C2 EEE SUIVI UE ph ACT AL Eh HER AT hébdradmr.- er0ir — (1 retire bin, : A on APP PL RER ORNE LIRE ,0S)3M410N - ‘rat MOST. D anodisé 0 Ts DUCINE LOL UEREES ; + ,MBUUHE AG usatique -- IAA Ë 2Œ 2 james a ASRENV han (MER RE it RP TYRICI ACTE \àg fa ‘ À *,neiswyY M vai. pans WA \ sAQIMA O6 nes AD L = à + Ami 2 ON C5 ! A REAIAAON DEN ARIRAE OL AURAS A UAAMENNE) Si [wa e. î A LE CANTINE HAS AE AAA br ARLES ri Fa PTTAL 1:40 50 dAle-t0 #1BM, LS HOT MEL PETER A1 HAUT REVUE DES SCIENCES NATURELLES MÉMOLRES, QRICINAUX. SERAR NEW YORK BOTANICAI LA QUESTION GARDE DE L'HOMME TERTIAIRE EN PORTUGAL Par M P. CAZALIS de FONDOUCE. Après avoir vu mettre hors de toute contestation la présence de l'Homme, dans l’Europe occidentale, dès le commencement des temps quaternaires, quelques géologues ont cru trouver dans certaines couches du sol des documents leur permettant de vieillir encore davantage notre espèce. Parmi ceux-ci se trouve M. Carlos Ribeiro, colonel d'artillerie, chef du Bureau des travaux géologiques du Portugal. Ses recherches remontent à 1860 et 1863, mais ce fut seule- ment en 1871 qu'il présenta pour la première fois, à l'Académie de Lisbonne, des silex et des quartzites provènant des dépôts tertiaires des vallées du Tage et du Sado, qu’il présumait avoir été taillés par la main de l'Homme". Un an plus tard, en 1872, alors que l’on discutait au Congrès international d'anthropologie et d'archéologie préhistoriques de Bruxelles, sur les documents de cette nature apportés de France par M. l'abbé Bourgeois, il intervint dans le débat pour corro- . _borer les faits annoncés par le savant français, par ceux qu'il CT oo nue | 1 Descripcäo de alguns silex e quartzites lascados incontrados nas camadas “dos lerrenos terciario e quaternario. — In-80, 58 pag., 10 pl. > < ns <—- 3e série, tom, l 6 MÉMOIRES ORIGINAUX. croyait avoir observés en Portugal, et soumit à l'examen du Con- orès les spécimens qu'il avait offerts l’année précédente à celui de l’Académie de Lisbonne. Cette production fut loin toutefois de faire naître la conviction dans l'esprit de ses auditeurs, qui furent presque unanimes à ne reconnaitre aucune trace de tra- ..vail intentionnel. M. l'abbé Bourgeois lui-même, l'inventeur et le défenseur convaincu de l'Homme tertiaire, ne reconnut ces traces que sur un seul échantillon, qui justement n'avait pas élé ’rouvé en place. M. Franks, du British Museum, fut le seul à formuler un avis différent et à reconnaître des marques de travail intentionnel sur quelques-uns des silex présentés par M. Ribeiro". Le résultat de cet examen, fait par des hommes spéciaux, était un échec qui aurait découragé bien d’autres observateurs; mais M. Ribeiro ne se laissa pas rebuter etse remit au contraire au travail avec plus d’ardeur. Il chercha de nouveaux échantil- lons et, en 1878, il en présenta à l'Exposition universelle de Paris un grand nombre, quil exposa dans la gaïerie des sciences anthropologiques. Parmi ceux-ci, quelques-uns, au nombre de 22, parurent aux personnes les plus compétentes, notamment à MM. de Mortillet et Cartailhac, présenter tous les caractères des silex taillés par l'Homme. En se réunissant deux ans plus tard à Lisbonne (septembre 1880), le Congrès internationai d'anthropologie et d'archéologie préhistoriques devait étudier Je gisement où M. Ribeiro avait recueilli ses silex, pour contrôler l'âge que ce géologue lui attri- buait, reconnaître les conditions de position dans lesquelles s’y présentent les silex prétendus ouvrés, revoir avec la plus grande attention lous ceux qui avaient été recueillis jusqu’à ce jour; en un mot, étudier toutes les pièces du procès et se prononcer en connaissance de cause. C'était là, on le comprend aisément, que gisait le plus grand intérêt de cette session. D 1 Compte rendu du Congrès de Bruxelles, 1872, pag. 95 à 104. LA QUESTION DE L'HOMME TERTIAIRE EN PORTUGAL. y Malheureusement, après avoir nommé une Commission com- posée de géologues et d’archéologues ayant teus une compétence spéciale', après avoir dirigé sur les lieux des gisements une de ses excursions, il a été impossible au Congrès d’arriver à une solution unanime. Quelques membres, les plus hardis, n’ont pas craint de se prononcer catégoriquement et d’affirmer que les silex présentés par M. Ribeiro provenaient bien de l’intérieur des couches tertiaires et offraient des preuves certaines de l’inter- vention de l’homme dans leur cassure. D'autres, plus timides, ont émis de nombreuses et solides objections. C'est cette intéressante question que nous nous proposons d'exposer et de discuter dans cet article, à l’aide des documents de toute nature qui ont passé sous nos yeux à Lisbonne. Dans cette discussion, nous aurons à examiner successivement la ques- tion géologique, sous le double aspect de l’âge du terrain et de la position des silex prétendus ouvrés dans celui-ri, et la ques- tion archéologique qui est celle de savoir si les caractères pré- sentés par quelques éclats de silex impliquent nécessairement, dans la production de ceux-ci, l'intervention de la main de l’homme ou, plus généralement, d’un être intelligent. L: Les assises dans lesquelles ont été recueillis la plupart des silex de M. Ribeiro appartiennent à un dépôt lacustre dont l’âge géologique est parfaitement déterminé, grâce aux nombreuses recherches de MM. Ribeiro, Delgado, Choffat, etc. Elles for- ment le fond d’un grand bassin situé sur la rive droite du Tage et limité par les coteaux de la chaîne qui passe à Alemquer, et constituent notamment le sol de ce que l’on appelle la C'harneca ou désert d’Oita. Elles sont souvent disloquées, soulevées et for- tement inclinées, jusqu’à 50° et 60°, au-dessus de l'horizontale. 1 Cette Commission était composée de MM, d’Andrade Corvo, président du Congrès; Carlos Ribeiro, Secrétaire-Général; G. de Mortillet, J. Evans, Virchow, Vilanova, Choffat, Cotteau, Carlailhac et Cazalis de Fondouce. 8 MÉMOIRES ORIGINAUX. ce caractère avait à lui seul suffi pour déterminer M. de Ver- neuil, en 1867, à engager M. Ribeiro à comprendre ces assises dans les terrains tertiaires el à corriger la carte publiée l’année précédente par le Bureau géologique du Portugal, sur laquelle ils avaient été indiqués comme quaternaires. M. Ribeiro, qui s’en doutait bien un peu, mais qui avait été induiten erreur par la persuasion qu'il trouvait dans ces couches des silex taillés, et qu'elles ne sauraient dés lors être plus anciennes que le qua- ternaire, s’empressa de reconnaitre qu'elles appartenaient bien à la série tertiaire, et il na tarda pas à en fournir lui-même les preuves. A Carregado, on les voit recouvrir les couches miocènes à COUPE PRISE À CARREGADO Carregado Re se {.— Terrain crétacé. 2.— Grès miocènes. 3. — Couches à Ostrea crassissima. 4. — Grès lacustre, horizon des éclats de silex. 5. — Banc de poudingue. Ostrea crassissima, et passer au-dessous d’une couche de poudingue. À Azambuja, les mêmes grès lacustres sont sur- CouPE ENTRE LE MonrEe-REDONDO ET ArcHIno Monte Redondo Charneca : d'Otta. 1.— Berge du lac, formée par les terrains jurassiques du Monte Redondo, qui s'élève comme un ilot au milieu des couches tertiaires qui l'entourent, 2. — Grès rougeûtres, dans lesquels on trouve les éclats de silex, passant sur place du sable fin au poudingue à gros éléments. 3. — Bande argileuse, dans laquelle ont été trouvées des empreintes végétales, formant la base de la partie supérieure du système. .— Couche renfermant des débris d'animaux, Mollusques et Mammifères, + LA QUESTION DE L'HOMME TERTIAIRE EN PORTUGAL. 9 montés par des marnes et des calcaires dans lesquels ont été recueillis, soit sur ce point, soit à Archino, des ossements qui ont été déterminés par M. Gaudry et appartiennent aux espèces suivantes : Mastodon anqustidens Antilope recticornis Sus provincialis Hyæmoschus — chæroïides Hipparion gracile Listriodon Débris de Poissons et de grands Rhinoceros minutus Chéloniens non détermnés. Associés avec ces ossements, se trouvent des Unios et autres coquilles d’eau douce, étudiées par M. Tournouër, qui manifes- tent clairement l’origine lacustre de ces dépôts, et, dans une couche qui leur est subordonnée, se rencontrent, principalement à Azambuja et dans les environs de Lisbonne, des végétaux qui semblent appartenir surtout aux genres Quercus et Salix. En résumé, la coupe générale de ce terrain, telle qu'elle résulte de l’ensemble des obser vations faites sur différents points, est la suivante, en commençant par le bas: lo Calcaire blanc sablonneux (2 à 20 mètres } ; 2° Dépôt arénacéo-argileux, de couleur rougeâtre, contenantsur certains points des amas de cailloux siliceux (50 à 100 mètres); 30 Dépôt de grès et d'argile, dont la puissance n'excède pas 8 mètres, présentant en bas des empreintes de végétaux, en haut des ossements. Quant à son äge, les fossiles recueillis dans les couches supé- rieures, principalement l'Aipparion gracile, paraissent permettre de le rapprocher des couches à Congéries. Précisant encore davantage et se basant, tant sur la présence de ces espèces animales que sur la rencontre, dans les cowches d'argile subordonnées, de plantes qui ont été déterminées par M. Os. Heer, M. de Mortillet ' rapporte à l’élage Tortonien les 1 Compte rendu sommaire, pag. 37. — Musée préhistorique, pl. IL. — En l'absence du Compte rendu officiel du Consrès de Lisbonne, nous faisons toutes nos citatio ns d’après le Compte rendu sommaire qu'en a publié M. Cartailhac. 10 MÉMOIRES ORIGINAUX. couches de grès que recouvrent les marnes foss:lifères. C’est peut- être un moyen de les vieillir un peu plus, mais je ne pense pas que l’on puisse, sans nouvelle preuve, rapprocher les grès la- custres qui nous occupent des couches marines de Tortone, dont le faciès argileux est constant, et dont les fossiles sont tout diffé- rents de ceux qui pourraient être rencontrés dans ces couches. « Le Tortonien, dit M. Mayer‘, est un des étages les mieux carac- térisés et les plus constants de tous ces terrains sédimenteux, sous le double rapport de la roche et de la faune... Partout ilest con- stitué par de puissantes assises de marnes bleues, tendres et ho- mogènes, et partout il possède, à quelques espèces locales près, la même faune de Gastéropodes.…...» Devant l'impossibilité où nous sommes pour le moment de mieux préciser la position des couches de grès et de marnes la- custres de la Charneca d’Otta, nous devons nous borner à dire qu’elles appartiennent certainement à cet horizon des couches à Congéries que l’on retrouve dans la vallée du Danube, dans l'Ita- lie, dans la France méridionale, et dont la position indécise, en- tre le miocène et le pliocène, est bien caractérisée par le nom de mio-pliocène qui leur a été attribué. En résumé, on voit que les grès à silex occupent le fond d’un grand bassin lacustre et constituent un puissant étage (50 à 100 mètres) arénacéo-argileux, dont la composition et l'aspect chan- gent sensiblement suivant les points sur lesquels on l'observe. Sur les bords du bassin, il contient en grarde abondance des cailloux siliceux, dont les dimensions diminuent à mesure qu’on s'éloigne de la périphérie, et qui disparaissent bientôt presque complétement, pour ne laisser voir vers le centre que des couches argilo-sableuses. C’est ce que l’on observe très-bien, d’une part, au pied du Monte-Redondo, de l’autre, sur les flancs de la col- line d’Azambuja. Dans la première de ces localités, on se trouve sur les rives du 1 Bull. Soc. géol. de France, 3° série, tom. V, pag. 291. — C'est à M. Mayer qu'est due la eréation de l'étage Tortonien, en 1857. LA QUESTION DE L'HOMME TERTIAIRE EN PORTUGAL, Il lac, et l’on marche sur un tapis de cailloux siliceux, quartzites et silex, détachés des couches argilo-sableuses rouges dans lesquelles ils se rencontrent en masses plus ou moins considérables. C'est au milieu de ces cailloux détachés, ou parmi ceux qui adhèrent encore à la surface du sol, que M. Ribeiro a recueilli les spéci- mens présentés au Congrès. Une dénudation énorme balaya, postérieurement à leur dépôt, la plus grande partie des sables pliocènes de la rive droite du Tage, une partie des couches miocènes, etc... Cette dénudation forma les larges vallées dont les couches de grès mio-pliocènes qui nous occupent forment le fond, et mit celles-ci à découvert en les entamant. 16 Depuis l’époque où, par suite de la dénudation que nous ve- nons de mentionner à la fin du paragraphe précédent, les grès mio-pliocènes ont été misà découvert et entamés, leur surface s’est recouverte d’une végétation dont les parties profondes ont la- bouré les couches superficielles de ces grès. En même temps, elle n’a pas cessé d’être foulée par les animaux ou les hommes qui ont hab'té cette partie de la péninsule Ibérique et d’être soumise à toutes les actions des agents atmosphériques. Les conséquences de ces diverses actions sur les couches su- perficielles ont été, entre autres, d’en détacher des cailloux de quartzites et de silex et de les éclater. Aussi, à la surface du sol, rencontre-t-on en quantités innombrables ees cailloux, ainsi isolés des terres qui les renfermaient primitivement, soit entiers, soit éclatés de toute façon. Ces cailloux détachés, ces éclats, ces frag- ments, sont en si grand nombre qu’ils forment sur certains points un véritable tapis de gravier. C’est au milieu d’eux qu'ont été trouvés la plus grande partie des éclats recueillis et choisis par M. Ribeiro. Quelques-uns pourtant, mais en très petit nombre, ont été ré- coités dans une position qui paraissait les lier plus intimement 12 MÉMOIRES ORIGINAUX. avec les couches en place, ou présentent des caractères qui sem- blent altester cette liaison. Les uns, par exemple, portent les vesliges d’une coloration rouge qui pourrait paraître témoigner qu'ils ont été retirés des couches elles-mêmes. Mais, pour la plupart d’entre eux, il paraît non moins certain que, si on les lavait, cette coloration disparai- trait, ce qui indique que ce dépôt rougeâtre n’est pas nécessai- rement ancien et peut provenir du simple contact de l’éclat avec le sol pendant un temps de pluie. Un seul éclat, présenté par M. Cartailhac à la séance du Con- gres, et reproduit par M. de Mortillet dans son Musée préhistorique (PI. IT, fig. 13 bis), présente des traces de grès dont l’adhérence est complète. Cette pièce a été moulée, et les opérations du mou- lage n’ont pas détaché du silex ces fragments de grès. Une autre pièce, qui a joué un grand rôle dans le débat et a élé présentée comme un argument décisif, est un éclat tranchant d’un côté, qui a été recueilli, pendant la visite du Congrès, par M. Bellucci, en présence de quelques-uns de ses collègues de la Commission, notaument de MM. Vilanova, Cartailhac et de l’au- teur de cet article. Ce silex était empâté dans la terre rouge et paraissait faire bien corps avec le conglomérat,. De tous les éclats présentés comme taillés, les deux que nous venons de mentionner en dernier lieu sont les seuls qui offrent des caractères sérieux, soit par les traces que porte l’un d’eux, soit par la position dans laquelle a été trouvé l’autre, pouvant établir qu'ils ont été retirés, ainsi éclatés, du conglomérat. Mais si l’on considère que les grandes dénudations qui ont is à jour et entamé les grès mio-pliocènes ne peuvent être dues qu’à de grands courants d’eau, et que, depuis lors, toutes les influences atmosphériques ont agi sur ces surfaces, on est amené à se demander, ainsi que l'ont fait MM. Evans, Vilanova, Cot- teau, s'il n’est pas possible de penser que des remaniements des couches superficielles, dus à ces causes, suffisent à rendre compte des faits de Ja nature de ceux qui se rapportent aux deux silex ci-dessus. On ne doit pas perdre de vue, comme l’a fait observer LA QUESTION DE L'HOMME TERTIAIRE EN PORTUGAL. 13 M. Cotteau, «qu’il s'agit de sable et de poudingue qui ont subi de nombreuses et puissantes dénudations, d’un sol inégal, meu- ble, raviné chaque année par des pluies torrentielles. Quand on se reporte au laps de temps considérable qui s'est écoulé depuis la fin de la période quaternaire, ne peut-on supposer qu'à une époque plus ou moins reculée, à la suite de dénudations et de ra- vinements, quelques-uns de ces silex ont été entraînés dans des fissures, et qu’en y séjournant des milliers d'années ils aient pu prendre la teinte rougeûtre qui les caractérise et se couvrir sur certains points de grains de sable agglutinés "? » Pour être parfaitement certain que les éclats présentés comme taillés ne sont pas postérieurs au dépôt des couches mio-pliocé- nes, il faudrait donc, comme l’a demandé M. Vilanova, montrer ces éclats en place, dans des tranchées ouvertes dans les couches de grès, sur des points el à une profondeur où le non-remanie- ment de celles-ci soit parfaitement incontestable. TE: D’après ce que nous venons d’exposer, on peut s’attendre à trouver sur le sol formé par les couches de grès lacustre mio- pliocènes des silex taillés appartenant aux industries lithiques des âges postérieurs à leur dénudation. On y recueille, en effet, des éclats dont l’apparence extérieure est celle des éclats sembla- bles de l’époque néolithique, et l’on ne saurait, par conséquent, se refuser à admettre qu’il ne puisse y en avoir de plus anciens, c'est-à-dire de l’époque quaternaire. Or, ceux qui sont donnés comme taillés à l’époque tertiaire ne différent en rien des éclats quaternaires les plus grossiers ?, et nous avons montré que des vestiges de cette époque, pendant laquelle s’est produite la dénu- dation du plateau, peuvent très bien, par suite des remaniements 1 Compte rendu sommaire, pag. 39. 2 « On se croirait en face d'une série de l’époque du Moustier, quoique plus grossière », dit M. Cartailhac. Matériaux, ?° série, tom. X, pag. 439. 14 MÉMOIRES ORIGINAUX. de surface dus à cette dénudation même, être rencontrés dans les couches superficielles du sol. Ainsi, alors même que ces éclats porteraient incontestablement les traces d’une taille intentionnelle, on devrait se tenir sur une très grande réserve quant à leur âge. De sorte que, dans ce cas, il faudrait encore laisser dans le doute l’existence de l'Homme tertiaire en Portugal et attendre, pour se prononcer, de nouveaux documents. M. de Mortillet a tiré un argument, en faveur de l'attribution de ces silex à un étre intelligent, de la situation dans laquelle ils ont été trouvés relativement à l'étendue et à la distribution géographique du terrain lacustre. « L’être intelligent qui taillait le silex, a-t-il dit, ne pouvait laisser des traces de son industrie que sur les rives du lac; aussi est-ce sur les bords du lac qui baignait la base du Monte-Redondo qu'ont eu lieu les recher- ches ‘ », Cette observation peut frapper au premier abord les esprils qui ne sont pas habitués à l’étude des phénomènes géologiques, mais elle n’est pas aussi solide que spécieuse. Lorsque des cours d’eau apportent dans un lac des matériaux étrangers, les matériaux les plus lourds se déposent près du bord, les autres sont entrainés plus loin et se séparent successivement de l’eau qui les Lenait en suspension, suivant l’ordre de leur poids relatif, le sable d’abord, puis le limon. C’est, en effet, ce que l’on observe dans les couches qui s’étendent entre le Monte- Redondo, coitre lequel venaient battre les eaux du lac, et la col- line d’Azambuja, qui s’est formée dans l’intérieur du bassin. Sur les flancs et au pied du Monte-Redondo se sont principale- ment déposés des cailloux, tandis qu’à Azambuja on ne retrouve que des sables et des argiles fossilifères. Mais si les cailloux siliceux abondent dans les couches qui sont au pied du Monte- Redondo, il est tout naturel que ce soit là aussi que le sol actuel soit recouvert de ces mêmes cailloux et de leurs nom- 1 Compte rendu sommaire, pag. 36. LA QUESTION DE L HOMME TERTIAIRE EN PORTUGAL. 15 breux éclats '. Si l’un de ces éclats devait tirer de sa situation géographique une preuve de son origine intentionnelle, ce ne serait pas celui qui aurait été rencontré au milieu de ces accu- mulations, mais bien celui qui l'aurait été isolément; seu- lement on n'aurait guère la possibilité de faire une pareille rencontre sur les bords du lac. C'est vers l’intérieur du bassin qu'il faudrait rechercher ces spécimens isolés de l’industrie ter- tiaire, et on ne peut guère concevoir l'espoir de réussir dans cette recherche, puisque M. de Mortillet affirme que « l'être intel- ligent qui taillait le silex ne pouvait laisser des traces de son industrie que sur les rives du lac ». Les éclats que nous a présentés M. Ribeiro affectent la forme de pointes de haches à peine ébauchées, de grattoirs informes sans trace d'utilisation que l’on ne pourrait guère considérer que comme des débris d'ateliers; mais alors, où sont les instruments achevés, ceux quioul servi? Ilserait peut-être iudiscret de le de- mander, et nous devons nous contenter de ce que l’on nous présente ; mais au moins ces débris informes portent-ils bien incoutestablement les traces d’une taille intentionnelle ? C'est là ce qu’il nous reste maintenant à examiner. La question se pose en ces termes: Peut-on reconnaître dans la forme d’un éclat de silex si l'opération qui l’a produite est intentionnelle ? M. de Mortillet, qui l’a traitée devant le Congrès, avec sa compétence bien connue et sa verve habituelle, y a répondu très affirmativement ; M. Virchow et l’auteur de cet arti- cle ont soutenu la négative. | Voici comment raisonne M. de Mortillet : Les silex éclatés incontestablement par l’homme au moyen de la percussion pré- sentent certains caractères; donc les silex qui présentent ces caractères sont des silex éclatés par percussion. Cette forme de raisonnement par induction n’est peut-être pas 1 « Les silex se rencontrent sur les emplacements resireints des cailloux désa- grégés de la roche. Ils manquent sur les parties sableuses ou bien ailleurs dans la terre végétale» (Bellucci). (Compte rendu sommaire, pag. 40.) 16 MÉMOIRES ORIGINAUX. tout à fait co:recte. On pourrait demander que la rigueur de la conclusion fût tempérée par quelque mot restrictif, car enfin on peut très bien concevoir que des effets semblables puissent être obtenus par des procédés différents. Mais ce que nous ne pouvons pas absolument accepter, c’est que l’on ajoute à cette conclusion, comme en glissant, ces mots : par l'homme, intentionnellement, car les effets que produit ici la main de l'homme, une cause naturelle peut aussi les produire. C'est la proposition principele que l’on ajoute ainsi en passant, celle qui aurait besoin d’être démontrée el que l’on ne démontre pas. Lorsque l’on veut tailler un rognon de silex, on fait deux opé- rations. Par un premier choc, on enlève une des têtes du rognon et l’on forme ainsi sur celui-ci une surface plane perpendiculaire à son grand axe. Par un second coup, donné sur le bord de ce plan de frappe, on enlève perpendiculairement à celui-ci, et par conséquent parallèlement à l’axe, un éclat qui est caractérisé par une forme conchoïdale. Le silex, la calcédoine, l’obsidienne, le verre, cerlains calcaires, ont des cassures conchoïdales. On appelle quelquefois ce conchoïde : bulbe de percussion ; mais ce mot est impropre, car il se produit également dans l'éclatement par simple pression et dans d’autres cas où n'intervient aucune impression violente. Il faut donc rejeter le nom de bulbe de percussion, qui dit plus que le fait lui-même, puisqu'il semble impliquer pour la production du bulbe la notion de percussion, qui n’esl pas absolu- ment nécessaire. Lorsque le conchoïde est dû à la percussion, il porle des éraillures produites par le coup sur le point du plan de frappe où il a été appliqué. De ces observations, nous tirerons les principes suivants : 1° Un conchoïde isolé n'implique pas la percussion et peut être dû à un éclatement produit par une autre cause ; 20 Un plan de frappe et un conchoïde indiquent le concours de deux opérations, mais sans intervention nécessaire de la per- cussion pour le second. 3° Un plan de frappe avec un conchoïde et ses éraillures parait impliquer une double percussion. LA QUESTION DE L'HOMME TERTIAIRE EN PORTUGAL. Dé 4 Les mêmes caractères avec un conchoïde en creux, sur la surface opposée au conchoïde en relief, indiquent qu'un éclat avait été détaché du noyau avant l’enlèvement de celui qu'on a sous les yeux, et témoigne par conséquent d’une triple action subie par le rognon primilif. 5° Un nombre plus considérable d’impressions conchoïdales sur un éclat indique un nombre égal d’actions subies par lui avant d’être arrivé à son étal actuel. Par l'application de ces principes à l'examen des éclats de si- lex, on peut reconnaître ceux qui ont été produits par percussion, ceux qui peuvent l'avoir été et ceux qui ne l’ont certainement pas été. Mais cet examen ne permet pas de pousser plus loin les déductions et de glisser, comme on le fait le plus souvent, à la suite du mot percussion, la qualification d’intentionnelle. On com- prend très bien que, dans la nature, des silex heurtés les uns contre les autres par le mouvement des eaux qui recouvraient les terrains où ils se trouvent, entraînés sur les pentes des collines, soumis à des pressions dues aux mouvements qui ont agité aux époques géologiques l'écorce terrestre, foulés par les pieds des animaux ou des hommes, exposés aux influences diverses des agents atmosphériques ; on comprend très bien que quelques-uns de ces silex aient pu être brisés ou éclatés, de façon à présenter justement les caractères ci-dessus, un choc naturel devant, aussi bien qu’une percussion intentionnelle, produire un plan defrappe, des conchoïdes et des éraillures. Il est évident toutefois que, plus ces divers caractères s'accu- muleront sur la même pièce, plus il faudra faire intervenir, pour expliquer la production de celle-ci, le concours de chocs multi- pliés ; aussi ces éclats se rencontreront-ils moins fréquemment dans la nature. On rencontre beaucoup de rognons décapités et présentant ce que nous avons appelé le plan de frappe; on ren- contre aussi beaucoup d’éclats conchoïdaux. 11 ne faut, en effet, qu'une opération pour produire les uns ou les autres. Mais on rencontrera bien plus rarement des éclats présentant simultané- ment le plan de frappe etle conchoïde, car il faut le concours de 18 MÉMOIRES ORIGINAUX. deux opérations successives pour les produire ; encore plus ra- rement rencontrera-t-on ces éclats avec les éraillures du con- choïde. Enfin, des éclats portant la trace de deux ou plusieurs conchoïdes seront encore plus rares. M. Cartailhac a bien été obligé de nous concéder qu'un choc naturel à pu produire des éclats à un seul bulbe, mais il a refusé d’aller plus loin. « Que la même pièce, at-il dit, vienne à être une seconde fois l’objet de la même opération naturelle, alors c’est un vrai miracle, et je n° y crois plus ‘. » J'avoue ne pas com- prendre pourquoi ce qui peut être produit une fois serait impos- sible une seconde. La seconde opération naturelle est aussi pos- sible que la première; seulement le concours des deux se produira plus rarement. Or, ces caractères de rareté absolue ou relative qui doivent, au milien des nombreux éclats produits naturelle- ment, distinguer ceux qui ont été soumis à ces opérations, se retrouvent justement dans les récoltes faites par M. Ribeiro. C’est par des nombres qu'il est impossible d'exprimer que se chiffrent les éclats de silex dont la bande de terrain qui s'étend au pied du Monte-Redondo est recouverte. C’est depuis 1860, c'est-à-dire depuis vingt ans, que M. Ribeiro recueille ces éclats avec le désir d’y trouver les marques de l’action humaine. Eh bien ! dans ce grand nombre d’éclats, durant ce long espace de temps, M. Ribeiro n’en a recueilli que 22 ( vingt-deux !) présen- tant d’une façon plus ou moins distincte le plan de frappe el le conchoïde. Sur ce nombre, trois ou quatre seulement portent sur le conchoïde des éraillures caractéristiques du choc qui l’a pro- duit, et un aussi petit nombre présentent plus d’un conchoïde*. Comment ne pas voir avec évidence, dans cet infiniment petit nombre, l'effet de cet accident possible qui peut et doit être, dans cette très faible proportion, celui du jeu des forces naturelles ? 1 Compte rendu sommaire, pag. 39. 2 Devant ces nombres et ces proportions, on est étonné de lire dans le Compte rendu sommaire de M. Cartailhac, pag. 33, cette phrase qu'il place dans la bou- che de M, Ribeiro : « C'est là, entre Carregado jusqu'à Cercal, que les silex taillés abondent». LA QUESTION DE L'HOMME TERTIAIRE EN PORTUGAL. 19 Vingt-deux éclats trouvés en vingt ans au milieu de millions de millions, c’est bien l'accident, et cette proportion le démontre victorieusement. Si, sur un point déterminé, ces éclats se montraient en grand nombre dans une proportion telle que cetle idée d'accident en dût être forcément écartée, alors il faudrait bien recourir, pour expliquer cette production, à une force intentionnelle, à l’action de l’homme, et c’est ce qui arrive dans les gisements quaternai- res. [ci s'ajoute, aux caractères que nous avons énumérés ci-des- sus, ce.ui qui démontre l'intention : le nombre. Mais dans les gi- sements tertiaires du Portugal, non-seulement ce caractère fait défaut, mais il est remplacé par son contraire : l'extrême rareté. Nous n’ajouterons plus qu’un mot. À l'époque tertiaire, pen- dant que se déposaient les couches de grès au pied du Monte- Redondo, toute la plaine était occupée par les eaux du lac. Com- ment l'Homme, ou l’être intelligent qui aurait vécu à cette épo- que, aurait-il eu entre ses mains, pour les tailler, les cailloux siliceux que les eaux étaient alors en train de rouler et de façon- ner ? Comment les éclats qu’il laissait Lomber au fond du lac n’au- raient-ils pas été roulés comme ces cailloux eux-mêmes, et au- raient-ils conservé jusqu'à nos jours leurs arêtes vives ‘ ? Comme l’a fait justement observer M. Virchow, les meilleurs exemplaires sont justement par cela même les plus douteux. IV. Nous avons dit que parmi les éclats de silex recueillis depuis viogt ans par M. Ribeiro dans les gisements tertiaires du Portugal, vingt-deux seulement présentaient des marques d’éclatement par percussion. Ce faible nombre serait encore trop fort si l’on vou- lait l'appliquer seulement aux couches de grès lacustre qui s’é- tendent au pied du Monte-Redondo, à Otta. Ce gisement, qui a 1 C'est un des caractères signalés par M. Ribeiro : « Ils ont les arêtes généra- lement vives. » (Comple rendu sommaire, pag. 33.) 20 MÉMOIRES ORIGINAUX. été le plus particulièrement exploré par M. Ribeiro, n'a guère fourni que la moitié, ou un peu plus, de ces quelques éclats. Les autres ont été recueillis dans d’autres localités, à Espinhaço de Caô, à Barquinha, à Eacosta de Corvo, à Chamusca, à Carregado, entre Verdelha et Alverca, etc. Je n’ai pas pu visiter ces divers gisements pendant mon récent voyage en Portugal. Je n’ai pu étudier que celui d’Otta, qui fait le sujet de ce Mémoire, mais je crois pouvoir dire, sans crainte de me tromper, que les observations faites ci-dessus à son sujet peuvent s'appliquer tout aussi bien aux autres gisements portu- gais, Il me semble conc, el ce sera ma conclusion, que la question de l'Homme tertiaire a plutôt perdu que gagné du terrain au Congrès de Lisbonne. « Si l'Homme ex'stait à l’époque lertiaire, il faut en trouver des preuves plus sérieuses qu'un bulbe de per- cussion ‘. » 1 J. Evans, dans Compte rendu sommaire, pag. 38. 21 LE PROTHALLE ET L'EMBRYON DE L’AZOLLA Par M. S. BERGGREN, Professeur à l'Université d'Upsal. Lorsque la mascrospore de l’Azolla Caroliniana a atteint son complet développement, la partie inférieure du tégument de la spore se détruit, mais la partie supérieure persiste et recouvre la macrospore sous forme d’une coiffe conique. L’axe du cône est occupé par un canal qui conduit de la membrane interne de la spore au sommet de l’exospore. Les filaments déliés qui en- tourent l’exospore dans la moitié inférieure de la spore sont proé- mipents; un grand nombre de massules couvrent toute la base de la macrospore, Les macrospores sont à une certaine époque assez rapprochées et les massules assez nombreuses pour que les spores s'attachent les unes aux autres par leurs massules. C’est vers ce moment que le prothalle commence à se développer à l'intérieur de la spore. Grâce à sa forme, la macrospore se tient verticalement, de telle sorte que son axe longitudinal soit perpendiculaire à la surface de l’eau. La cavité qui occupe l'intérieur de la partie inférieure ar- roudie de la spore renferme un protoplasma mucilagineux épais, plus dense que toute la moitié supérieure de la spore; la région profonde de cette partie supérieure a la forme d’une pyramide à trois faces concaves; elle est occupée par un protoplasma va- cuolaire. Autour se trouvent trois flotteurs, originairement en- castrés dans les faces concaves de la pyramide. À peine le prothalle a-t-il commencé son développement, à peine la macrospore s’est-elle élargie vers le sommet, que les S 1 Extrait de Lunds Universit. Arsskrift, tom. XVI, où cet intéressant travail vient d'être publié en langue suédoise. 3e série tom. 1, : 29 MÉMOIRES ORIGINAUX. deux moitiés inférieure et supérieure se disjoignent; c'est par celte disjonction que se forme l'espèce de coiffe quirecouvre le sommet. Cette coiffe est soulevée peu à peu sous l’action de l'accroissement de la partie inférieure, et rejetée de côté, de façon à être bientôt perperdiculaire à l’axe longitudinal de la spore ; les appareils flotteurs, aussi bien que les parties supérieures de l'enveloppe ex- terne de la macrospore, se colorent en blanc; cette coloration est due aux vacuoles remplies d’air qui occupent cette région. C’est dans la partie supérieure de la cavité de la spore qu'ap- paraît le prothalle. L’endospore élastique, colorée en jaune brun, circonscrit une cavité sphérique, un peu aplatie vers le haut; cette cavité, entourée simplement par les téguments, constitue toute la partie inférieure de la macrospore. Vue d'en haut, l’en- dospore laisse voir trois lignes de plus faible résistance qui diver- gent à partir d’un centre commun, le long desquelles la membrane se déchire en trois lobes. Le prothalle apparaît alors comme une lame à face supérieure bombée : il ressemble beaucoup par sa forme à un verre de mon- tre à forte convexité. Il comprend plnsieurs couches de cellules plus nombreuses vers le centre qu'à la périphérie. Le bord est formé par une simple assise cellulaire à parois très minces. Il ne m’a pas été possible de remonter plus avant dans l'étude du prothalle; c'est là l'état le plus jeune que j'aie pu observer. Les cloisons issues de la division des cellules du prothalle sont disposées de façon à converger vers le centre de sa face supé- rieure. On a tout lieu de croire, d’après cela, que la situation des trois sutures le long desquelles s'opère la déhiscence de la spore est en rapport avec la formation des premières cloisons; peut- être même le nombre de ces premières cloisons détermine-t-il le nombre des déchirures de la membrane, comme cela arrive lors du développement du prothalle des Hyménophyllées. La face inférieure du prothalle, concave, est formée de cellules minces, délicates, dépourvues de chlorophylle, remplissant à peu près le tiers supérieur de la cavité de la spore. Le prothalle est uni à l’endospore brune par une membrane peu épaisse, hyaline re- LE PROTHALLE ET L'EMBRYON DE L AZOLLA. 23 courbée comme la base du prothalle, dont elle entoure étroi- tement ies cellules inférieures. À mesure que le protballe s'éloigne de la spore, cette membrane le suit dans son dévelop- pement, de sorte qu'il paraît reposer simplement sur la cavité de la spore. Cette disposition présente une frappante analogie avec celle du diaphragme que l’endospore des Marsilea et des Salvinia forme au moment où elle soulève le prothalle au-dessus de la cavité de la spore ". Les cellules de la face supérieure du prothalle sont remplies de proloplasma ; elles renferment plus tard de la chlorophylle, qui diminue peu à peu à mesure qu'on se rapproche de la région profonde. La cavité de la spore, recouverte par le prothalle, ren- ferme aussi du protoplasma qui devient rapidement vacuolaire par introduction d'air dans sa masse. L’archégone est formé par quelques-unes des cellules situées au voisinage immédiat du centre du prothalle, tout près du sommet. Il est formé de quatre grandes cellules aplaties et disposées en croix, au-dessus desquelles s’en trouvent quatre autres plus hautes qui deviennent le col de l’archégone. Il a donc la même organisation que celui du Salvinia. Lorsque l’archégone est mür, lorsque la cellule cen- trale a cessé de s’accroître, les cellules les plus voisines de l’ar- chégone subissent des divisions plus nombreuses que les cellules qui n’y confinent pas directement. Dans cet état de complet développement, le prothalle a une forme hémisphérique, rendue plus ou moins irréguiière par les ruptures plus ou moins profondes de l’endospore. Il est étranglé dans la région où il sort de la cavité de la spore, et toutes les cellules situées hors de cette cavité renferment de la chloro- phylle. Si l’archégone le premier formé subit la fécondation, les parties les plus voisines du prothalle manifestent un léger exhaussement, 1 Comparez : Pringsheim ; Zur Morpholcgie der Salvinia natans (Jahrb. für wissensch. Bot., 1863) ; ou Sachs ; Traité de Botanique, 3° édition, fig. 288. 2% MÉMOIRES ORIGINAUX. et le plus souvent il ne se produit plus de nouveaux archégones. Si, au contraire, la fécondation nes’accomplit pas sur ce premier archégone, ce qui arrive souvent, même dans des conditions favorables, il se produit autour de lui un nombre toujours limité d’archégones nouveaux. Dans ce cas, le prothalle continue à se développer vendant quelque temps, ses parois cellulaires s'épais- sissent plus que dans le premier cas; sa face supérieure s’aplatit et prend une forme assez nettement triangulaire. La fig. 3 montre la partie inférieure de la macrospore vue par en haut après disparition de l’exospore et des flotteurs. Le bord trilobé est formé par l’anneau membraneux qui sépare l’une de l’autre les deux régions inférieure et supérieure de la macrospore. Cette figure laisse voir les trois lobes occupés par les flotteurs; à l'intérieur on voit le prothalle. Les trois déchirures qui détermi- nent l'ouverture de la spore sont cachées par les parties environ- nantes de l’exospore. C’est vers les angles du prothalle que les archégones supplémentaires se forment, au cas où le premier n’est pas fécondé. Quant à la position de la cellule centrale, je crois avoir découvert qu’elle est la même que dans le Salvinia. La coupe lon- gitudinaledu prothalle passant par l’archégone, aussi bien que l’ob- servalion de la cellule centrale en place, par la surface supérieure, me paraît démontrer qu'elle n’est pas située exactement dans l’axe de l’archégone, mais que sa position est oblique. La forme qu'acquiert l'embryon après]les premières divisions de l’oosphére fécondée, confirme encore cette manière de voir. Il prend en effet l'apparence d’un rhomboïde à angles émoussés. Il est difficile de préciser, d’après des préparations conservées dans l'alcool, quel côté de la cellule centrale correspond à telle ou telle région de l’archégone. Cependant il y a de fortes présomptions en faveur de l'opinion d’après laquelle la partie destinée à former le pied et la racine serait placée du côté du col de l’archégone, absolument comme c'est le cas pourle Salvinia ; au contraire, les cellules ini- tiales de la première feuille et de la tige seraient éloignées du co! de l’archégone. L'observation du jeune embryon n'ayant pu LE PROTHALLE ET L'EMBRYON DE L’AZOLLA. 25 être faite que sur des échantillons conservés dans l'alcool, et les coupes le détachant toujours de la cavité de l’archégone, les divi- sions qui s’y produisent ont été étudiées indépendamment de leurs rapports avec cetle cavité. | La premiére division de l'oosphère est perpendiculaire à son axe longitudinal ou très légèrement oblique par rapport à cet axe. L'oosphère étant ellipsoide ou ovoïde, les deux cellules formées par la première cloison sont un peu différentes l’une de l’autre, tant au point de vue de la forme qu’au point vue de leur con- tenu, car la cloison ne coupe pas la cellule primitive en deux parties égales (fig. 9), l’une est plus grande que l’autre. La plus petite, qui dans l’archégone semble se trouver du côté du canal, est plus transparente ; son contenu protoplasmique est moins co- loré. La plus grande, inférieure à la première, est riche en proto- plasma eten granulations. La première est l’origine du pied et de la première racine, la seconde forme la première feuille ou l’écus- son, la deuxième feuille et le sommet de la tige. La plus grande cellule se partage alors en deux autres par une cloison perpendiculaire à la première, parallèle au grand axe de l’oosphère. En même temps ou immédiatement après, la cellule la plus petite se divise de la même façon ; l’oosphère estainsi divisé en quatre quartiers. La grande moitié du corps embryonnaire su- bit bientôt; parallèlement à l'axe longitudinal, une nouvelle divi- sion ; c’est 11 première indication de la formation de la feuille et du sommet végétatif. L'autre partie, destinée à devenir le pied de l'embryon, subit en même temps ou un peu plus tard une divi- sion de même nature. Des cloisons se forment parallèlement à celle qui détermine la première division de l’oosphère en deux moitiés. La combinaison de ces segmentalions successives forme finale- ment un corps embryonnaire divisé en deux moitiés distinctes dès le débat, j’une correspondant à la feuille età la tige, l’autre appe- lée à former le pied { fig. 11). A cette période du développement, l'embryon comprend 16 26 MÉMOIRES ORIGINAUX. cellules. Je n'ai pu malheureusement trouver assez d’embryons plus âgés pour élucider tous les points obscurs de la suite du dé- veloppement. Deux cellules de la région qui formera la feuille et la lige, située au voisinage de la pointe, commencent dès-lors à s’accroître et à s'élever par-dessus les autres. Leur développem ent est indé- pendant. L’une est l'origine de la deuxième feuille, l’autre de- vient le sommet de la tige. Le reste des cellules formées aux dépens de la première moitié de l'embryon constitue la pre- mière feuille ou écusson. La fig. 12 montre, vu par-dessus, l'embryon arrivé à ce degré de différenciation. Les deux octants représentés en haut sur la figure sont l'urigine de l’écusson ; chacun d'eux s’est divisé successivement dans les deux directions radiales et langentielles. Les cellules représentées vers le bas de la figure sont l'origine de la première feuille et de la tige ; l’une d'elles a subi une di- vision radiale. La fig. 13 montre l’embryon vu de côté. La moilié infé- rieure est le pied ; les cellules situées à gauche et en haut sont le point de départ de la deuxième feuille et de la tige, tandis que l’écusson est formé par les quelques cellules qui se trouvent verticalement au-dessus du pied. La /ig. 14 représente un état plus avancé ; l’écusson s’y est considérablement accru et com- mence à devenir engaïnant ; la deuxième feuille et le sommet de la tige s’y montrent déjà comme deux mamelons séparés par un sillon dont la situation indique la direction du développement. Entre l’écusson et ce sillon, deux poils commencent à se former. Dans la zone qui forme la partie supérieure du pied, apparaïis- sent quatre cloisons tangentielles, et les cellules qui en résultent se partagent ordinairement en trois, de telle sorte qu’une coupe transversale du pied montre deux cellules médianes entourées de six autres périphériques. Une série de divisions se produit ulté- rieurement dans Je même ordre jusque dans la partie supérieure du pied. La partie frontale de la moitié supérieure du corps embryon- LE PROTHALLE ET L'EMBRYON DE L AZOLLA. 27 naire, qui deviendra la tige, est séparée par un sillon profond de sa partie dorsale, qui deviendra l’écusson. (Nous donnons ici le nom d’écusson à la première feuille ; elle paraît, en effet, homologue de l’écusson du Salvinia.) L’écusson ne tarde pas à s’accroître considérablement au-dessus du som- met de la tige et à entourer le bourgeon terminal comme d’un cornet ( fig. 15). Dès l’époque où l’écusson et le sommet de la tige paraissent nettement séparés, l'embryon prend une position verticale, de sorte que son sommet est dans le prolongement de l’axe longi- tudinal de la spore. Suivant l'opinion que j’émettais plus haut, d’après laquelle la cellule centrale de l’archégone serait oblique, l'embryon aurait donc nécessairement changé un peu de position pendant son développement, pour se mettre exactement dans l’axe de l’archégone. La cellule initiale de la deuxième feuille se divise successive- ment par des eloisons obliques les unes par rapport aux autres ; son développement suitultérieurement le développement normal habituel de la feuille. La cellule la plus voisine, que je crois de- voir considérer comme une cellule terminale de tige, se déve- loppe d’une façon vigoureuse comme la cellule terminale de la tige développée. La fig. 14 montre en f? la cellule initiale de la deuxième feuille avec une trace de cloison ; en t, on voit la cellule termi- nale de la tige divisée en deux cellules par une cloison oblique. L’extérieure, proéminente, est la première indication d'une troisième feuille. Sans pouvoir préciser si la cloison qui sé- pare la cellule initiale d’une feuille est toujours oblique par rap- port à la tige, j'ai tout lieu de croire que son développement est identique à celui d’une feuille quelconque au sommet de la tige développée. Les feuilles engaînées par l’écusson avec le sommet de la tige se forment alternativement à droite et à gauche. La feuille extérieure est concave et recouvre le sommet de la tige. Le repli en forme de crochet, que Strasbürger a signalé au 28 MÉMOIRES ORIGINAUX. sommet de la tige développée, n'a pas encore apparu à celte époque. La jeune plante modifie maintenant sa forme extérieure, qui dé- pend avant tout du développement de l’écusson ; il constitue, en effet, à lui seul la plus grande partie de l'embryon ; il enveloppe presque complétement les jeunes feuilles et la tige, et forme autour d'elles une gaine ovoïde un peu amincie du côté du pied, large au contraire vers le sommet ouvert par une fente oblique ; daus cet état, l’Azolla présents à peu près la forme d’un embrvon de Commelyna au moment de la germination , l'écusson ayant l'apparence d’un cotylédon engaînant. Jetons maintenant un coup d'œil rapide sur les modifications que la germination fait subir au prothalle et aux téguments de la spore. La partie supérieure du prothalle est déchirée dès que l’oo- sphère a subi quelques divisions, mais cette déchirure n’a pas nécessairement lieu à travers les cellules du col ; c’est au con- traire à quelque distance de là que se produit la déchirure du prothalle, de façon que le col de l’archégone tout entier est sim- plement rejelé de côté, comme dans le Salvinia; l'embryon est par suite enchâssé dans le prothalle comme dans une gaine. C’est toujours du côté dorsal de l'embryon qu'est rejeté le col de l’archégone ; ce fait donne une grande vraisemblance à l'hy- pothèse de l’obliquité de l’oosohère dans l’archégone. En même lemps, le prothalle élargit le canal ménagé entre les trois flotteurs (/ig. 8), et s’élève jusqu'à la partie supérieure de la macrospore. La coiffe formée par le sommet de l’exospore est nécessairement soulevée par l’écartement de plus en plus grand des flotteurs, et devient perpendiculaire à l’axe de la macro- spore (fig. 2). Les filaments fibriformes qui se trouvent entre la coiffe et les flotieurs prennent, dès la chute de la coiffe, l'aspect d’une colle- relte ou d’un entonnoir au point où convergent les trois flotteurs (fig. 2). La position oblique de l’oosphère est probablement aussi la cause de la déhiscence de la coiffe, qui s'opère toujours LE PROTHALLE’ ET L’EMBRYON DE L’AZOLLA. 74 obliquement de la même façon et du même côté par rapport à l'embryon. C’est du côté antérieur, du côté frontal de l'embryon, qu’elle est rejetée. | J'ai trouvé fréquemment sous la coiffe des cellüles très réfrin- gentes, déjà signalées par Griffith et par Strasbürger : ce sont des cellules isolées de Nostoc, comme on entrouve fréquemment dans diverses parties des végétaux. Ces cellules peuvent se dé- velopper plus tard à l'intérieur de l’écusson, entre sa face interne et le bourgeon qu’il protége. Il est assez remarquable que ces cellules égarées sous la coiffe de l’Azolla se rencontrent au voisi- nage de l’archégone et sur le chemin que les anthérozoïdes doi- ventsuivre pour opérer la fécondation. Lorsque la coiffe tombe, le pied de l'embryon remplit déjà tout le canal, l’écusson proémine largement au-dessus dela ma- erospore. Les cellules du prothalle et de l'embryon renferment de la chlorophylle, mais elle diminue dans le prothalle à mesure que l'embryon se développe. Les cellules du pied sont transparentes et renferment peu de matières organiques, à l’exceplion toutefois de celles qui mettent directement le pied en rapport avec le prothalle. Après la chute de la coiffe, les bords de l’écusson s’accroissent de plus en plus, jusqu'à complet développement du cornet eu- gaînant que j'ai décrit (fig. 15). La macrospore flotte au-dessus de la surface de l’eau, et l’é- cusson repose sur cette surface. À peine la coiffe a-t-elle disparu que l'embryon se dégage de la macrospore, pour vivrelibre sur l'eau avec le pied dirigé vers le bas. La jeune plante, devenue indépendante, ressemble beaucoup au Grantia microscopica. La membrane délicate formée par l’écusson, n’ayant qu’une seule couche de cellules, se replie légèrement en arrière, et le bour- geon qu’elle recouvrait épanouit successivemeni ses feuilles. Avant que l'embryon se sépare de la macrospore, la première racine a fait son apparition à côté du pied et le système vascu- laire s’est dessiné déjà. Le premier faisceau vasculaire apparaît dans la substance du pied et se divise en deux branches: l’une 3e série, tom, t. 3 * 30 MÉMOIRES ORIGINAUX. d’elles se dirige vers l’écusson, l’autre verslebourgeon foliaire ; ces deux branches réunies forment un faisceau radical unique. La première racine naît vers la base du pied et à sa face dor- sale ; elle se développe aux dépens de deux ou trois couches cel- lulaires périphériques du pied. La fig. 18 montre une coupe d’une jeune racine; les deux couches les plus extérieures forme- ront la gaîne radiculaire (coléorhize); les cellules plus obscures qu’elles recouvrent produiront en partie la coiffe, en partie la cellule terminale, et par suite le corps de la racine. Dés les débuts du développement aussi bien que plus tard, la situation des feuilles est bilatérale; elles sont concaves; toute feuille plus jeune recouvre la feuille qui la précède immédiatement du même côté ; elles sont entières, tandis que dans la plante déve- loppée elles sont profondément bifides. La première racine déchire sa gaine sans présenter de phé- nomène particulier ; cette première racine n’acquiert pas de développement aussi grand que celles qui suivent; sa surface externe produit des poils; son sommet est protégé par une courte coiffe que l’on trouve souvent complétement retournée, n’adhérant au sommet de la racine que par un seul point. La deuxième racine naît à la base dela première feuille végé- tative, elle est plus développée que la précédente; il en est de même de toutes celles qui se forment plus tard, la coiffe qui les couvre est surtout bien plus grande. La racine est compléte- ment couverte de poils, à l'exception de la région immédiate- ment voisine de la coléorhize. Chaque cellule épidermique de la racine produit successivement un poil. Tant que ces poils sont recouverts par la coiffe, ils forment de courtes papilles à la sur- face de l’épiderme, mais ils se développent rapidement aussitôt que la coiffe est tombée. J'ai trouvé des poils normalement formés par toutes les cellu- les épidermiques chez les jeunes plantes d’Azolla Caroliniana issues de spores. Chez les plantes âgées de cette espèce, les poils manquent ou sont représentés seulement par des papilles peu nombreuses et peu proéminentes. Chez l'A. rubra, ils apparaissent LE PROTHALLE ET L'EMERYON DE L'AZOLLA. 31 comme des papilles au-dessous de la coiffe, mais ils tombent dès que la coiffe cesse de les recouvrir, car on trouve alors la surface de la racine tout à fait lisse. Chez l’A. pinnata, les racines sont complétement revêtues de longs poils, qui leur donnent un aspect plumeux. EXPLICATION DE LA PLANCHE I. Dans toutes les figures, c désigne la coiffe ; pr, le prothalle; ar, l’ar- chégone; fi, les flotteurs ; éc, l’écusson ; p, le pied ; #, latige; f, les feuilles ; 7, les initiales communes de la tige et des feuilles; », la racine.—Les chiffres placés entre parenthèses indiquent le grossissement. Fig. 1. Coupe longitudinale de la macrospore avant le développement du prothalle (70). 2. Trois macrospores avec les flotteurs plus ou moins écartés et la coiffe plus ou moins repoussée; l'embryon em sort de deux de ces macrospores (35). 3. Coupe transversale d’une macrospore, pratiquée immédiatement au-dessous des flotteurs, montrant l’endospore ouverte et la face supérieure du prothalle avec trois archégones vus d’en haut (70). 4. Prothalle avec trois archégones , vu d'en haut (90). 9. Prothalle vu de côté (90). 6. Jeune archégone vu de côté (90). 7. Le col de l’archégone vu d’en haut (90). 8. Coupe longtudinale de la macrospore et du prothalle (70). 9-10. Premières divisions de l’oosphère (320). 11. Embryon vu de côté (90). 12. Embryon vu d'en haut, avec l’écusson, et le début de la tige et de la feuille différenciés (320). 13. Embryon vu de côté (320). 14. Embryon vu d'en haut, avec l’origine de la feuille et de la tige sous forme de deux mamelons ; entre eux, on voit deux poils (320). 15. Embryon avec la deuxième feuille et le sommet de la tige; derrière la tige on aperçoit une troisième feuille; entre la tige et l’écusson considéré comme première feuille, on voit deux poils (90). 16. Embryon avec deux jeunes feuilles (90). 17. Jeune plante flottant librement sur l’eau (35). 18. Jeune plante en coupe longitudinale (70); on y voit la marche des faisceaux vasculaires et le développement de la première racine. ÉTUDES SUR QUELQUES FORMATIONS DE TUFS DE LÉPOQUE ACTUELLE Par G.-M. VIGUIER. PREMIÈRE PARTIE. Tufs de Castelnau, près de Montpellier. æ# I. PRÉLIMINAIRES. Les tufs de Castelnau possèdent une faune et une flore inté- ressantes pour l'étude des transformations par lesquelles ont passé notre faune et notre flore actuelles avant d'arriver à l’état qui les caractérise aujourd'hui; aussi ont-ils élé l’objet de plusieurs tra- vaux depuis la‘première mention qu’en fit de Joubert" en 1777. Mais l'étude des Mollusques terrestres et d’eau douce qu'ils ren- ferment a été particulièrement négligée, bien que ce groupe puisse fournir des données au moins aussi exactes sur l’âge el la na- ture d’un dépôt que l’examen seul d’une flore*. Depuis la liste publiée en 1818 par Marcel de Serres *, on n’a ajouté que peu d'espèces à celles déterminées par ce géologue. 1 Assemblée publique de la Société des Sciences de Montpellier, 1777, pag. 22. 2 Les tufs ne renferment comme faune que des Mollusques et un insecte du groupe des Phryganides, le Rhyacophila toficola G. Planch. 8 Mémoire sur les terrains d'eau douce des environs de Montpellier (Journal de Physique, 1818). Voici la liste ddnhée par M. de Serres : Succinea amphibia, Bulimus aculus, B. lubricus, B. decollatus, Helix varia- bilis, H. Rhodostoma, H. nemoralis, H. vermiculala, H. ericelorum, H. cespi= tum, H. cinclella, H. limbata, H. striala, H, obvoluta, H. lucida, H. nitida, H. rotunda, Lymneus ovalus, L. palustris, L. minulus, Planorbis carinatus, P. mnarginatus, Cyclositoma impurum, C, elegans, Nerila fluviatilis, Cyclas fontinalis, Unio pictorum. FORMATIONS DE TUFS DE L'ÉPOQUE ACTUELLE. 33 M. Taupenot, dans sa Thèse de géologie, accrut de quelques noms la liste précédente ‘, et c’est cette liste ainsi augmentée que M. le professeur de Rouville reproduisit dans sa Monographie géo- logique des environs de Montpellier, publiée en 1853. Plus tard, M. G. Planchon?, dans un travail spécial sur ces tufs, donna, d’après les déterminations de M. E. Dubrueil, une liste des Mollusques qu’il y avait rencontrés, mais qui ne comprenait que des espèces déjà signalées par M. de Serres, même avec quelques-unesen moins, qu'il n'avait pu retrouver. Enfin, plus récemment, MM. Paladilhe et Dubrueil ont ajouté à ces listes quelques nouvelles espèces *. Tous ces travaux sont trop incomplets ou trop incertains pour qu'il soit inutile de faire une étude spéciale de ce sujet. II. TOPOGRAPHIE DES TUFS. Je n'ai pas à entrer ici dans de longs détails sur la géographie des tufs de Castelnau; on les trouvera exposés tout au long dans les travaux déjà cités de MM. Marcel de Serres, Taupenot, de Rou- ville, G. Planchon, et représentés graphiquement avec beaucou) de soin dans la Carte géologique des environs de Montpellier, au 550, que vient de publier récemment M. de Rouville: il ne reste pas grand chose à faire à ce sujet ; je résumerai seulement ces détails, en rappelant que la formation tufacée des environs de Montpellier ne descend pas au sud de cette ville, et se développe au Nord sur deux points distincts: 1 Bulimus ventricosus, Helix aspersa, Helix cristallina, Planorbis nitidus. (Thèse de Doctorat. Dijon, 1851.) 2 Étude des Tufs de Montpellier au point de vue géologique et paléontologique, 1864. Les espèces de M. de Serres que@M. Planchon n'a pu retrouver sont les suivantes : Planorbis carinatus, Unio piclorum, Bulimus lubricus, Helix Rhodostoma, H. ericetorum, H. cespilum, H. cinctella, H. limbata, H. obvoluta. 3 Voy. E Dubrueil: Catalogue des Mollusques de l'Hérault, 3e édit , 1880: et H. Rouzaud ; Géologie des environs de Montpellier (Union des Écoles, 1879, pag. 3). Ces espèces, nouvelles pour la faune des tufs, sont: Vertigo pygmaæa, Clau- siia rugosa, Helix horlensis, Lymneus auricularius, L. peregra, L. elongatus. 34 MÉMOIRES ORIGINAUX. 10 La plaine de Fontcouverte, où elle affecte à peu prés la forme d'un parallélogramme à base dirigée NO.SE ; 2° La vallée du Lez, où, s'étendant d’abord dans le pre- mier élargissement de la vallée, près de Saint-Clément, puis un peu plus bas enire Montferrier, La Valette et Naviteau, elle se resserre bientôt pour passer dans la gorge de terrain secon- daire qui commence à Naviteau et finit au moulin des Guilhem, immédiatement au-dessus de Castelnau ; là commence un nouvel élargissement dans le sens perpendiculaire à l’axe de la vallée, mais il sa rétrécit de nouveau vers Sauret et envoie vers le Sud un prolongement qui se termine au pied des buttes de sable de Montpellier sur lesquelles s'élève la Citadelle. Orographiquement, les tufs ne s'élèvent pas à plus de 60 mètres et ne descendent pas dans la plaine à moins de 20 mètres au-dessus du niveau de la mer; le bassin inférieur de Castelnau est compris entre les côtes 20 et 40, celui de Fontcouverte entre 40 et 55. LU III. PÉTROGRAPHIE, RAPPORTS STRATIGRAPHIQUES, ÂGE GÉOLOGIQUE. Les lufs, qui affectent généralement le faciès d’un dépôt opéré sans régularité et à stratification le plus souvent très vague, ont une puissance qui ne dépasse guère 20 à 30 mètres. Leur pé- trographie est assez variable si on l’examine dans les détails, et comprend des calcaires coquilliers tantôt tufacés, tantôt assez com” pactes, des calcaires tendres, poreux, avec débris de végétaux ; des zones alluviales sablo-marneuses grises ou blanchâtres avec ou sans coquilles ; des graviers plus ou moins fins passant quelque- fois à un véritable poudingue; diverses coupes relevées par M. de Serres et par M. G. Planchon montrent que ces divers éléments pétrographiques n’ont pas entre eux de rapports fixes et détermi- nés. D'une manière générale, le tuf le plus dur est celui de la plaine de Fontcouverte; à La Valette et à Clapiers, au contraire, se développent des marnes et des calcaires tufacés el coquilliers : c’est sous ces dernières formes que les tufs se retrouvent encore sur FORMATIONS DE TUFS DE L'ÉPOQUE ACTUELLE. 35 la route du cimetière de Montpellier, dans le ravin qui la borde à droite après la campagne Levat; ce dernier gisement, ainsi que celui situé à 6 ou 700 mètres au sud du village de Clapiers, m'ont fourni la plupart des espèces nouvelles pour la faune des tufs que je signale dans ce travail. Les rapports stratigraphiques des tufs de Castelnau ont été regardés jusqu’à ce jour comme assez discutables, et s’il est fa- cile de voir qu’ils reposent en stratification discordante et trans- gressive sur tous les terrains tertiaires des environs de Mont- pellier, on ne saurait fournir une coupe nette donnant les rela- tions des tufs avec le diluvium rouge quaternaire à cailloux siliceux ; aussi la question de savoir si les tufs sont antérieurs ou postérieurs au dépôt de ce diluvium n'est-elle pas encore résolue d’une manière péremptoire. De Christol, en 1834', signala des brèches osseuses ouvertes dans le tuf, et remplies de limon argileux, ce qui donnerait une date plus récente au diluvium alpin; mais les faits indiqués par M. de Christol peuvent être expliqués par des remanie- ments, ef ils n’ont pu être vérifiés par MM. de Rouville et Planchon. M. de Rouville penchait, en 1853, vers l'opinion de M. de Christol, à la suite d'observations faites dans les plaines de Sauret et de Fontcouverte, qui ont paru lui montrer le tuf recouvert par le diluvium ; mais depuis, une étude plus atten- tive des positions topographiques respectives du diluvium alpin et du tuf lui a fait reconnaître que le diluvium observé in situ et en dehors des lieux de remaniement, s’était formé antérieu- rement au dernier creusement de nos vallées, et que le tuf occupait le fond ou les pentes des inégalités produites à la suite de ce creusement. Il en a déduit naturellement, et a affirmé à plusieurs reprises, dans ses Leçons, l’âge relativement très récent des tufs de Castelnau. M. Planchon, de son côté, tout en reconnaissant « que les relations du tuf avec les terrains de la période quaternaire sont extrêmement obscures »; incline { Observations générales sur les brèches osseuses. Montpellier, pag. 20. 36 MÉMOIRES ORIGINAUX. cependant, à la suite de ses études botaniques, à regarder: les tufs de Castelnau comme récents, et à admettre, avec M. de Serres, qu'iis sont postérieurs au diluvium. A: la fin de mon étudo, je reviendrai sur ce sujet, et j’exposerai les diverses rai-! sons qui m'ont fait adopter cette dernière hypothèse. IV. MODE DE FORMATION DES TUFS. Le mode de formation des tufs de Castelnau a été l’objet de discussions et de diverses hypothèses dans les divers travaux dont il a été l’objet, travaux qui datent tous d’un certain nombre d'années. | Taupenot admettait l'existence d’une surface aqueuse arrêtée par un barrage qui se serait rompu et n'aurait laissé d’autres traces des eaux accumulées, que la rivière du Lez, cours d'eau | relativement peu important; M. de Rouville préfére cette hypo- thèse à celle d’un soulèvement ultérieur, sans repousser l’idée d’une sédimentation anormale accompagnée de phénomènés chimiques. Aujourd’hui, la question de la formation des tufs en général a fait de grands progrès, et l’on ne peut que se ranger à l’opi- nion de M. G. Planchon, qui voit dans le travertin de Castelnau le résultat du phénomène des sources incrustantes', qui se pré- sente encore en activité sur d’autres points du département et qu'il a pu voir sur place dans le parc de Castries. L’étude orographique de la région et celle de la distribution des Mollusques dans les différentes parties de la formation des tufs de Castelnau, me portert cependant à y voir plutôt le résultat de l’activité d’un nombre de sources restreint, joint à des phé- nomènes de transport, que celui d’un grand nombre de sources incrustantes : on peut admettre entre divers lambeaux de tufs, aujourd’hui isolés, des canaux de communication peu profonds, qui ont disparu plus tard, et la plaine de Fontcouverle, en par- 1 M. Belgrand a adopté pleinement cette hypothèse. B. S. G., sess. extr. Moutp., 1868, pag, 331. FORMATIONS DE TUFS DE L'ÉPOQUE ACTUELLE. 37 ticulier, me paraît résulter, non uniquement de sources incrus- tantes spéciales, mais, de la réunion des eaux de ces sources el-de, celles provenant des ruisseaux descendant des hauteurs environnantes dans un grand marécage; cette hypothèse repose sur le mode de sédimentation calme et uniforme de cette région, ainsi que sur sa faune, plus particulièrement terrestre. V. — LiSTE DES MOLLUSQUES TROUVÉS DANS LES TUFS DE CASTELNAU. GENRE I. — Westacella, Cuv., Tabl. 5, 1800, in Anat. compar., 1805. 1. Testacella Haliotidea, Draparnaud, Hist. Moll., pl. 1x, fig. 13, 14, 1805. T. Haliotidea, Dupuy, Hist. Moll., pl. 1, fig. 1, 1847. T. Haliotidea,) var. ÆE. scutulum, Moquin-Tandon, Hist. Moll., pl'h,.1855. J'ai trouvé à Clapiers'un individu de cetle espèce qui n’avail pas encore été signalée dans les tufs; elle est aujourd’hui répan- due dans tout le département. GENRE. I. — Succinea, Drap., Tabl. Moll., pag. 32-55, 1801. 2, Succinea putris, De Blain., in Dict. Sc. nat., vol. LI, pag. 244, Tab. xxxv, fig, 4,:1827: Succinea amphibia, Drap:, 1801. S. Putris, Dupuy, Moquin. 8. amphibia, M: de Serres, 1818: Ce n’est qu'avec beaucoup de doute que je signale cette es- pèce; je n’en ai rencontré nulle part d’échantillon typique, et il est douteux qu'on doive, lui rapporter la Succinea citée par M. de Serres sous le nom de $. amphibia ; je croirais plutôt qu'elle répond à la Succinea Pfeifferi, très commune dans les tufs de Clapiers, cé qui est d’autant plus probable ‘que Draparnaud réunissait ces, deux. espèces. 3. Succinea elegans, Risso, Hist. nat. Europ. mérid., tom, IV, pag. 59, 1826. S. longiscata, Dup., pl. 1, fig. 2, 1847. S. longiscata, Moquin, pl. v, fig. 1, 1855. 38 MÉMOIRES ORIGINAUX. Espèce rare dans les tufs, où on ne l’avait pas encore reconnue; elle se rencontre dans les gisements du cimetière et celui de Clapiers; aujourd’hui cette espèce est aussi plus rare dans l’Hé- rault que la S. Pfeifferi. Je crois n’avoir guère rencontré que la S. elegans, var. lon- giscata. (Voy. Baudon, Succinées françaises, Journal de Conchy- liologie, 1877; fig. 22 a, pl. 1x.) 4. Succinea Pfeifferi. Rossm., Iconogr., pag. 90, fig. 46, 1835. Succinea amphibia, var. À et à, Drap., Hist. Moll., pag. 58, 1805. Succinea Pfeifferi, Dupuy, Moquin, etc. J'ai trouvé à Clapiers le type et la variété recta (Baudon) de cette espèce, aujourd’hui commune dans la région. 5. Succinea oblonga, Drap., Tabl. Moll., pag. 56, 1801. Succinea oblonga, Dupuy, pl. 1, fig. 3, Moquin, pl. var, fig. 32. J'ai recueilli à Clapiers un individu que je crois pouvoir rap- porter à cette espèce, nouvelle pour la faune des tufs; elle est aujourd’hui encore rare dans l'Hérault, et est surtout répandue dans la partie moyenne et septentrionale de la France. 6. Succinea arenaria, Bouch., Moll. Pas-de-Calais, pag. 54, 1838. S. arenaria, Dupuy, pl. 1, fig. 10. Moquin, 34-36. On trouve dans les tufs du cimetière et dans ceux de Clapiers de rares individus d’une Succinée de petite taille qui se rappor- tent parfaitement aax figures que donnent de cette espèce Du- puy et Moquin-Tandon ; elle est aujourd'hui rare dans le dépar- tement et répandue surtout dans le Nord et la région moyenne de la France. GENRE III, — Zonites, Montfort, Conch. Syst., II, pag. 283, 1810. 7. Zonites (Aplostoma) nitidus, Moq., Hist, Moll., Il, pag. 73, pl. vi, fig. 11-15, 1855. Helix nitida, Müll. H. lucida, Drap. H. nitida, Dupuy. FORMATIONS DE TUFS DE L ÉPOQUE ACTUELLE. 39 Espèce signalée par M. de Serres et qui n’a été retrouvée de- puis que par M. Planchon; elle habite aujourd’hui les endroits humides de tout le département. 8. Zonites (Aplostoma) lucidus, Moq., Hist. Moll., II, pag. 75, pl. vin, fig, 29-35, 1855. Helix lucida, Drap., Tabl. Moll. H. nitida, Drap., Hist. Moll. H. lucida, Dupuy. Le Zonites lucidus a été indiqué en premier lieu par M. de Serres, puis retrouvé par M. Planchon; j'en possède moi-même un exemplaire recueilli dans les tufs de Clapiers; cependant mon échantillon se rapprocherait peut-être davantage du Zonites cella- rius Gray, qui constitue probablement une espèce différente; l’état de conservation de l’ouverture ne permet guère de se pro- noncer sur ce point. Le Z. lucidus est aujourd’hui commun dans l'Hérault; le Zonites cellarius, au contraire, cité dans ce département par Pala- dilhe et par Moitessier, ne s’y trouverait pas réellement d’après M. Dubrueil (Cat. cit.). 9. Zonites(Hyalinia) cristallinus, Leach, Brit. Moll., pag. 105, extrat. 1881. Helix cristallina, Müller, Dupuy. Zonites cristallinus, Moquin. M. Taupenot est le seul auteur qui signale cette espèce dans les tufs; je la regarde comme très douteuse, la fragilité de sa coquille rend son transport et sa conservation difficiles ; il est probable que M. Taupenot l’aura confondue avec un individu jeune de quelque Hélice; c’est du reste une espèce répandue aujourd'hui dans tout le département. Genre IV. — Helix, Linn., Syst. Nat., édit, XI, pag. 768. 1758. On trouve dans les tufs de Castelnau plusieurs espèces d’Helix, dont quelques-unes assez communes, mais d'une détermination difficile, leur ouverture étant mal conservée, ainsi que leurs cou- 40 MÉMOIRES ORIGINAUX. leurs, et plusieurs d'entre elles appartenant à des sections très monotypiques. D’autres espèces y sont très rares et n’ont été trouvées que par Marcel de Serres, ce qui peut s'expliquer en partie si l’on remarque que ce genre terrestre n’a pu être apporté dans les gisements que par un transport plus ou moins long dans les ruisseaux, transport pendant lequel bon nombre se trouvaient brisées. Je prendrai soin d'indiquer ces espèces douteuses ; mais en général mes déterminations offrent pour ce genre moins de certi- tude que pour ia plupart des autres". 10. Helix (Patula) rotundata, Müll. et autr. Espèce signalée par M. de Serres et par M. Planchon, qui n'a pas été retrouvée depuis, mais qui est répandue aujourd’hui dans tout le département. 11. (Helix Anchistoma) obvoluta, Müll. et autr. L’Helix obvoluta n’est citée dans les tufs que par Marcel de Serres : c’est une espèce assez caractéristique pour que nous ne négligions pas entièrement cette détermination; elle habite parti- culièrement le nord de la France, mais se rencontre cependant dans presque tout ce pays. M. Dubrueil ne l’admet point dans son Catalogue des Mollusques de l'Hérault, où M. Moitessier en avait signalé à tort la présence d’après un fragment indétermi- nable. 12. Helix (Theba) pulchella, Drap., Tabl. Moll., pag. 90, 1801, et Hist. Moll.. pag. 112, pl. var, fig. 31-34, 1805. H,-costata, Müller, Dupuy. H. pulchella, Moquin. J'ai recueilli d’abord dans les tufs de la route du cimetiére 1 J'avais songé à figurer mes ‘espèces douteuses et à en faire une étude détaillée; les résultats auxquels je suis:arrivé sont ; je croïs, suffisamment nets avec la faune telle que je la présente; je reprendrais, ce,sujet si Ja, discussion! en était nécessaire. FORMATIONS DE TUFS5 DE L'ÉPOQUE ACTUELLE. 4 deux individus intacts de cette espèce, nouvelle pour les lufs, se rapportant à la variété costellata, et un individu moins bien con- servé appartenant au type lisse. Je l'ai trouvée ensuile plus tard bien plus commune dans le gisement de Fontcouverte. 13. Helix vermiculata, Mull, Verm. Hist,, pag. 20, 1774. H. vermiculata, Draparnaud, Moquin. Cette espèce a été signalée par M. de Serres et par M. G. Planchon; elle est cependant assez rare dans les tufs, mais habite aujonrd’hui tout le département, quoique plus rare dans la partie septentrionale. 14. Helix (Pentatænia) nemoralis, Linn., Syst. nat., éd. X,, I, pag. 773, 1758. Helixz nemoralis, Draparnaud, etc., etc. L’H. nemoralis a été d’abord reconnu dans les tufs par Marcel de Serres. J’ai trouvé à Clapiers un échantillon du type à cinq bandes, et à Sauret un individu se rapportant peut-être à la var. unicolor; cest là une des espèces les plus intéressantes de la faunule des tufs, et j'aurai à y revenir plus loin. 15. Helix (Pentatænia) hortensis, Müll., op. cit. Helix hortensis, Draparnaud, Moquin, Dupuy. Cette espèce n’a été rencontrée que par M. Dubrueil, qui dit en avoir recueilli trois échantillons bien caractérisés (Catal., pag. 39) dans les tufs de Castelnau. A l’état fossile, cette forme ne peut guère se distinguer que par sa taille, en général moindre dans nos régions, où du reste elle vit côte à côte avec le type nemoralis, ce qui montre qu'elle ne correspond même pas à une variété géographique. 16. Helix aspersa, Müll., op. cit. H. aspersa, Draparnaud, etc., etc. Cette espèce, importante par ses affinités avec des formes exo- tiques, n'a été constatée dans les tufs que par M. Taupenot; on 42 MÉMOIRES ORIGINAUX. sait qu’elle est aujourd’hui très commune dans toute la région. 17. Helix (Theba) carthusiana, Müll., op. cit. Helix carthusianella, Drap. H. carthusiana, Dupuy, Moquin. “ Je crois pouvoir rapporter à cette espèce, aujourd’hui très commune dans la région, une Helix qui n’a pas encore été signa- lée dans les tufs, bien qu’elle y soit assez répandue, surtout dans le gisement de Clapiers. 18, Helix striata, Drap., Dup. ? Helix fasciolata, Moq. 19. Helix (Helicella) ericetorum, Müll. et autr., citée par M. de Serres et par M. Planchon. 20. Helix cespitum, Drap. et autr., n’est citée que par Marcel de Serres et M. Planchon. 21. Helix (Theba) pisana, Müll., Dup., Moq. H. Rhodostoma, Drap., citée seulement par les auteurs précédents. 22. Helix (Helicella) variabilis, Drap., etc. 23. Helix lineata, Oliv. H H. maritima, Drap., Dup., Mogq. 24, Helix cinctella, Drap. Signalée seulement par M. de Serres, qui l’a confondue proba- blement avec le jeune d’une autre espèce. 25. Helix limbata, Drap. Signalée seulement par M. de Serres. Ces deux espèces ont disparu aujourd’hui du département, bien que vivant encore dans la France méridionale et assez près de notre région, dans l’Aude et la basse vallée du Rhône. 26. Helix bulimoïdes, Moq., Hist. Moll., pag. 276, pl. xx, fig. 21, 26 1855. Bulimus ventricosus, Drap. B. ventrosus, Dup. FORMATIONS DE TUFS DE L'ÉPOQUE ACTUELLE. | 43 . Cette espèce n’avait été encore signaléé que par Taupenot, j'en ai recueilli un seul exemplaire à Clapiers; aujourd’hui elle vit dans presque tout le département. 27. Helix acuta, Müll., op. cit. Bulimus acuius, Drap., Dup. Helix acuta, Moq. Cette espèce, qui vit actuellement dans toute la région, n’a été signalée à Castelnau que par M. de Serres et G. Planchon. Gexre V. — Bulimus, Scop., Intr. ad. Hist. nat., pag. 392, 1777. 28. Bulimus (Rumina) decollatus, Brug., Encycl., var. I, pag. 326, 1789. Bulimus decollatus, Drap. Rumina decollata, Risso. Bulimus decollatus, Dupuy, pl. xv, fig. 1, Moquin, pl. xxu, fig. 35-40. Cette espèce a déjà été signalée par Marcel de Serres et M. G. Planchon,; je l’ai retrouvée, assez rare, à Clapiers; les individus des tufs appartiennent au type de cette espèce, aujourd'huides plus communes. Marcel de Serres a trouvé une variété du Bulimus decollatus dans le diluvium ossifère des cavernes de Lunel-Viel. Gexre VI. — Chondrus, Cuv., Règn. anim., Il, pag. 408, 1717. 29. Chondrus quadridens, Cuv., Jbid. Pupa quadridens, Draparnaud, Dupuy. Bulimus quadridens, Moquin. J'ai reconnu cette espèce, qui n’avait pas été signalée jusqu'ici, dans les tufs de Clapiers, où elle est très-rare; l’individu que je possède doit se rapporter à la variété minor, répandue aujour- d’hui dans presque tout le département. GENRE VII. — Zua, Leach., Brit. Moll., 1820. 30. Zua subcylindrica. Helix subcylindrica, L. Bulimus lubricus, Drap. 44 MÉMOIRES ORIGINAUX. Zua lubrica, Leach., Dupuy, pl. xv, fig. 9. Bulimus subcylindricus, Moquin, pl. xxu, fig. 15-19. Ferussaccia subcylindrica, Bourg., Amen. Malacol., tom. I, pag. 209. Le Zua subcylindrica, signalé par Marcel de Serres, n'avait pas élé indiqué depuis; bien qu'il soit assez rare, j'ai retrouvé plu- sieurs individus de cette espèce dans les tufs du cimetière et dans ceux de Clapiers. | On Je trouve aujourd’hui dans les garrigues des environs de Montpellier. 31. Zua. Espèce tronquée indéterminable. Genre VIIL — Pupa, Lam., Syst. an. sans vertèbres, pag. 88, 1801. 32. Pupa polyodon, Drap., Tabl. Moll., pag. 60, 1801, et Hist., pl. 67, pl. iv, fig. 12. P. polyodon, Dupuy, Moquin, etc, J'ai trouvé dans les tufs de Clapiers un Pupa qui doit être rap- porté à cette espèce non indiquée encore dans les tufs; mon échantillon appartient à la variété minor. Bien querare actuellement dans le département, le P. polyodon se trouve aux environs de Montpellier et a été signalé à Castel- nau même par Draparnaud. GENRE IX. — Vertigo, Müll., op. cit., II, pag, 24, 1774. 33. Vertigo pygmæa, Fér., Ess. Méth. Conch., pag. 124, 1307. Pupa pygmæa, Drap., pl. un, fig. 30-31, 1805. Pupa pygmæa, Dupuy. Vertigo pygmæa, Moquin. M. Dubrueil a signalé cette espèce dans les tufs (Catal. Woll. Hérault, pag. 84), Je rapporte avec quelque doute au Pupa pygmaæa, qui vit au- jourd’hui dans tout le département, un Vertigo que j'ai rencontré à Clapiers, dont le premier tour me parait un peu plus large que dans le V, pygmæa; je l’avais d’abord comparé au V. Moulin- FORMATIONS DE TUFS DE L'ÉPOQUE ACTUELLE. 45 siana Dup., déjà trouvé par Paladilhe dans les alluvions du Lez et très rare aujourd’hui dans la France méridionale; mais il est de taille plus petite, ses tours de spire sont un peu moins obli- ques ; enfin, ce qui reste de l'ouverture rend ce rapprochement peu probable. 34. Vertigo Venetzii, Charp., in Fér., Tabl. syst., pag. 65, 1822. Vertigo phicata, Müll. Pupa Venetzii, Dupuy. Vertigo plicata, Moq., Hist. Moll., pl. xxix, fig. 8, I. J'ai trouvé à Fontcouverte un individu de cette espèce, nou- velle pour le tuf, mais qui vit encore aujourd’hui aux environs de Montpellier, à La Valette même. GENRE X. — Clausilia. 35. Clausilia perversa. Helix perversa, Müll., Verva, Hist., Il, pag. 118, 1774. Pupa rugosa, Drap., Tabl. Moll. Clausilia rugosa, Drap. Hist. Moll. Clausilia perversa, Moquin. Cette espèce, très répandue aujourd’hui dans le département, n’a été trouvée dans les tufs de Castelnau que par M. Dubrueil (Voy. Cat. cit., pag. 90). GENRE XI. — Carychium, Müll., Verm. Hist., Il, pag. 125, 1774. 36. Carychium tridentatum, Bourg.,in Amen, Malac., tom. II, pag. 44, pl. xx; fig. 12-13, 1857. Saraphia tridentata, Risso, Hist. Nat., Nice, 1826. J'ai trouvé un individu très bien caractérisé de celte intéres- sante espèce dans les tufs de Fontcouverte. M. Moitessier l'avait signalée dans les alluvions du Lez et de la Mosson, et, en 1872, MM. Paladilhe et Dubrueil l’ont trouvée vivante près de Saint- Martin-de-Londres. 3e sér., (OM, 1. k 46 MÉMOIRES ORIGINAUX. GENRE XII,—Hianorbis, Guett,,in Mém. Acad. de Paris, pag. 151, 1756. 37. Pianorbis nitidus, Müll., Drap., etc. M. Taupenot est le seul auteur qui ait signalé cette espèce dans les tufs. 38. Planorbis complanatus, Stud., Faunul. Helv., in Coxe Travel Switz, III, pag. 435, 1789. Helix complanata, Linn. Planorbis carinatus, var. B, Drap., Tabl. Moll. PI. marginatus, Drap., Hist. Moll. PI. complanatus, Dupuy, Moquin, etc. Cette espèce, commune dans la plupart des gisements de tuf, abonde dans celui de Clapiers; elle a été signalée, ainsi que le Pl. carinatus, par tous ceux quiont étudié ces dépôts; aujourd’hui elle est encore commune dans la région, et je dois la signaler en particulier dans les fossés de Saint-Marcel, près de Pérols, où j'ai retrouvé une faunule d’eau douce qui offre la plus grande analogie avec celle des tufs. 39. Planorbis submarginatus, Cristafori et Jan, Cat. Mont., X À no 912, 1832. Ce Planorbe est intermédiaire entre le P/. complanatus. et le Planorbis carinatus; Moquin-Tandon n’en fait qu'une variété du premier; j'ai trouvé à Clapiers quelques formes qui peuvent y être rapportées. 40, Planorbis carinatus, Müll., Mém,. Hist., Il, pag. 175, 1774. Planorbis carinatus, Drap. PI. carinatus, Drap. et autres. Cette forme se trouve dans les tufs, où elle a été signalée de- puis M. de Serres; il est rare cependant d’en rencontrer des individus parfaitement lypiques; souvent une forme marginata ou submarginala dans la jeunesse passe à la forme carinaia dans les derniers tours. Dans une liste d’espèces Sensw lato, on doit certainement FORMATIONS DE TUFS DE L ÉPOQUE ACTUELLE. 47 réunir ces irois espèces en une seule, le PI. carinatus, comme l'avait fait d’abord Draparnaud dans son tableau des Mollusques. 41. Planorbis leucostoma, Mill., Moll. Maine-et-Loire, pag. 16, 1818, fig. 64, 1835. PI. leucositoma, Drap. PL. rotundatus, Moq. J'ai trouvé à Clapiers un seul individu de cette espèce; elle vit aujourd hui Gans les eaux courantes et dormantes de presque tout le département. 42. Planorbis septemgyratus, Ziegl., in Rossm., Iconogr., 1, pag. 106, PI. septemgyratus, Dupuy. PI. leucostoma, var. septemgyratus, Moq. Cette sous-espèce, dont je n'ai aussi rencontré à Clapiers qu’un seul représentant, vit encore aux environs de Montpellier. GENRE XIII. — MPhysa, Drap., Tabl. Moll., pag. 31-39, 1801, 43. Physa fontinalis, Drap., Tabl. Moll., pag. 52. Physa fontinalis, Dupuy, Moquin, etc. Je n'ai trouvé à Clapiers qu’un très jeune individu qui me paraît devoir être rapporté à cette espèce, peu répandue actuel- ment dans la France méridionale, mais dont on trouve cependant la variété minor aux environs de Montpellier. 44. Physa acuta, Drap., Hist. Moll., pag. 55, pl. ni, fig. 10-11, 1805. Physa acuta, auct. L'individu que je possède de cette espèce, très rare dans les tufs et dont je n'ai rencontré qu’un seul échantillon à Clapiers, se rapporte à la variété minor (Moq., loc. cit., pag. 459). Cette espèce est actuellement des plus répandues dans le dépar- tement. GENRE XV. — E,ymmena, Brug., Encyclop., pag. 459, 1791. 45, Lymnea auricularia, Drap., Tabl, Moll., pag. 48, 1801, et Hist., pag. 49, pl. 11, fig, 28°29, 1805. L. auricularia des auteurs. 48 MÉMOIRES ORIGINAUX. Paladilhe et Dubrueil ont, paraît-il, rencontré celte espèce dans les tufs de Castelnau; pour ma part, je n’en ai jamais ren contré un seul individu nettement caractérisé; tout au plus pour- rait-on rapporter certains échantillons à la forme canalis de Dupuy. La L. auricularia vit aujourd’hui dans tout le département. 46. Lymnea ovata, Drap., Hist. Moll., pag. 50, pl. n, fig. 30-31, 1805. L. ovata, Dupuy. La L. ovata est signalée dans les tufs depuis M. de Serres; elle y est en effet très commune, surtout dans le gisement plus par- ticulièrement lacustre de Clapiers. Entre autres variétés difficiles à caractériser, étant donné le mauvais état de l'ouverture, une des formes que j'ai recueillies se rapproche beaucoup, par sa spire très courte et sa forme géné- rale, de la variété glacialis des Pyrénées. (Dupuy, pl. xxur, fig. 1.) Les autres peuvent se rapporter à la fig. 11 de la Pl. xxir de son ouvrage; cette dernière variété et le type sont communs aux environs de Montpellier et dans tout le département. 47. Lymnea intermedia, Fer. in Lam, Anim. sans vertèbres, VI (2° partie), pag. 101, 1821. J'ai trouvé à Clapiers deux individus d'une Lymnée se rappor- tant assez bien à la figure donnée par Dupuy de cette espèce (op. cit., pl. 23, fig. 5). La plupart des auteurs la considèrent comme une variété de la Lymnea ovata ; elle est du reste commune aujourd’hui dans les cours d’eau des environs de Montpellier. 48. Lymnea peregra, Drap., Tabl. Moll., 1801, et Hist. Moll., pag, 50, pl. u, fig. 36-37, 1805. Lymnea peregra des auteurs. Je n'ai pas rencontré dans les tufs d'individu typique de cette espèce ; elle y a été cependant trouvée, paraît-il, par Paladilhe et Dubrueil, et ce dernier la cite dans son Catalogue comme habi- tant aujourd’hui toutes les rivières du département. FORMATIONS DE TUFS DE L'ÉPOQUE ACTUELLE. 49 49. Lymnea stagnalis, Drap., Tabl. Moll., pag. 49, 1801, et Hist., pag. 51, pl. u, fig. 38-36, 1805. Cette belle espèce n'avait pas encore été signalée dans les tufs; j'en ai cependant rencontré trois individus de taille diverse, mais parfaitement caractérisés, dans les tufs de Clapiers; ils sont tous plus petits que le type du nord de la France et se rapportent à la variété minor (Dubrueil); ils ont la columelle très oblique et une forme se rapportant au type, non à la L. gallica de Bour- guignat, à spire droite. La L. stagnalis est répandue dans les rivières et surtout les eaux stagnantes de presque tout le département. 50. Lymnea truncatula, Moq., Hist. Moll., II, pag. 473, pl. xxxiv, fig. 21-24. L. minutus, Drap., Dupuy. J'ai retrouvé cette espèce, signalée déjà par M. de Serres et par M. G. Planchon, dans les tufs de Clapiers et de Sauret, où elle est représentée par ses variélés major et minor, et est assez rare. Actuellement, le L. truncatula est commua dans tout le dépar- tement. 51. Lymnea palustris, Drap., Tabl. Moll., pag. 50, 1801. L. palustris, Dupuy, etc., etc. Cetle espèce est une des plus communes dans les tufs ; elle pul- lule à Clapiers et y présente de nombreuses variétés sans impor- tance qui peuvent se rapprocher des formes elata, abbreviata, minima, de Baudon. La variété Corvus, Moq., op. cit., pl. xxx1v, fig. 29. (L. palus- tris, var. L. major, Drap., pl. nu, fig. 40-41. — L. Corvus, Dup., op. cit., pl. xxu, fig. 6), s’y retrouvent aussi, quoique plus rares. Toules ces formes sont répandues aujourd’hui dans larégion. 52. Lymnez glabra, Drap., Hist. Moll., pag. 465, pl. xxu, fig. 9 o. L. elongatus, Drap., op. cit. L. glabra, Moq. Tandon, op. cit. 50 MÉMOIRES ORIGINAUX. La L. glabra n'est signalée dans les tufs que par Paladilhe et Dubrueil; elle est rare aujourd'hui dans le département, mais se rencontre cependant dans le Vidourle, à Lunel (Dubrueil). J'ai trouvé à Clapiers un individu plus renflé que le type et qui se rapproche davantage de la figure donnée par Dupuy que de celle de Moquin-Tandon : il est intermédiaire entre la L. glabra et la Lymnea palustris, et devra peut-être se rapporter à cette dernière. GENRE XV. — Ancylus, Geoffr., Coq. Paris, pag. 122, 1767. 53. Ancylus simplex, Bourg., Catal. Ancyl., in Journ. conchyl., pag. 187, 1853. Ancylus striatus, Dup., pl. xxx1, fig. 5 a. Ancylus fluviatilis, var. simplex S. V. striatus Moq., très rare, Cla- piers. Cet Ancyle, qui n’est qu'une des formes du type fluvialilis, se trouve aujourd'hui dans tout le département, GExre XVI, — Cyclostoma, Drap., Tabl. Moll., pag. 30-37, 1801. 54. Cyclostoma elegans, Drap, Tabl, Moll., et Hist. Moll., pl. 1, fig. 5-7, C. elegans, Dupuy, Moquin, etc. Cette espèce, très commune aujourd’hui dans toute la région, était aussi très répandue dans le bassin du Lez à l’époque des tufs; on la trouve sur tous les points rapprochés des anciennes rives des lacs et des bassins, dans la plaine de Fontcouverte; dans le chemin de Méric, après le cimetière, au pied des escar- pements de calcaires secondaires qui dominaient le bassin des sources; à Clapiers, etc., etc. Le C. elegans est au nombre des espèces trouvées par M. de Serres dans le diluvium des cavernes de Lunel-Viel. GENRE XVII. — Bytlhinmia, Gray., Nat. Arrang. Moll. ind. Med. Repos., pag. 239, 1821, et M. Turt. Shells Brit,, pag. 60-92, 1840. 55. Bythinia (paludiva) tentaculata, Gray., Turt, Nan., 2e édit., pag. 53, 1840. Helix tentaculata, L., Syst. nat., édit. X, pag. 774, 1758. Cyclostoma impurum, Drap., Tabl. Moll. FORMATIONS DE TUFS DE L'ÉPOQUE ACTUELLE. o1 Paludina tentaculata, Dup., pl. xxix, fig. 7. Bythinia tentaculata, Moq., pl. xxix, fig. 23-24. De même que l'espèce précédente, la Paludina tentaculata, très commune aujourd’hui dansles environs, l’élaitaussi dans les tufs, où Marcel de Serres l’a signalée dès 1818, et où on la ren- contre avec de nombreux opercules détachés; je l’ai souvent re- cueillie dans les gisements du cimetière de Clapiers, Sauret, etc. Gexre XVIII. — Hydrobia, Hartm., Syst. Gastérop., pag. 31, 1821. 56. Hydrobia Moitessieri, Bourg., Moll. nouv. litig., Ge décad., in Palad., Nouvel. Miscell. malac., pl. mn, fig. 10, 11, 12, 13. H,. gibba, Moq., pl. xxix, fig. 1-2. J'ai trouvé à Clapiers un individu représentant assez bien cette forme et distinct du reste del’7, Lusitanica et de la fig. de l’/7. gibba donnée par Palad. (op. cit.); ce conchyliologiste a signalé cette espèce vivante à la source du Martinet, près de Montpellier. 57. Hydrobia (Paludinella) brevis, Dupuy. Les individus de cette espèce, assez communs à Clapiers et au cimetière, doivent être rapprochés de la variété figurée par Moq.- Tandon sous le nom de Dunalina (op. cit., pl. xxxix, fig. 3), el qui se trouve encore aujourd’hui dans les environs de Montpellier. GENRE XIX. — Walvata., 58. Valvata cristata, Müll., Verm. Hist., pag. 198, 1774. V. planorbis, Drap., Tabl. Moll. et Hist. Moll. V. cristata, Dupuy, pl. xxvin, fig. 16. V. cristata, Moq., pl. xzi, fig. 32-42. Cette espèce, qui n'avait pas encore été signalée dans les tufs, mais qui y est cependant assez commune, soit dans le gisement du cimetière, soit dans celui de Clapiers, habite aujourd’hui tout le département. Je rapporte simplement à une variété de la V. cristata la V. planorbulina; Palad., Nouvel. Miscell. malac., pl. n, fig. 23, 24, 25, 26, 1867, espèce créée par cet auteur pour un individu 52 MÉMOIRES ORIGINAUX. trouvé dans les alluvions du Lez et dont j'ai rencontré un spé- cimen à Clapiers. Une autre des formes que j'ai recueillies peut être comparée avec quelque doute à la VW. aæilis du même, qui se trouve aussi dans les alluvions du Lez, mais qui vit encore aujourd’hui dans les fossés de Lattes. M. Dubrueil dit, dans son Catalogue, avoir rencontré dans les tufs la V. piscinalis, mais je n'ai pu retrouver cette espèce. GENRE XX, — Nerita (partim), Lin., Syst. nat., édit. X, I, pag. 776, 1758. 59. Nerita fluviatilis, Lin., Drap., Lam., Dup., Moq. Signalée dans les tufs par Marcel deSerres et par M. Planchon, très rare, Sauret ; vit actuellement à la source du Lez. GENRE XXI. — WUnio, Phillips. 60. Unio. Marcel de Serres seul a cité dans les tufs l’Unio pictorum Phil, aujourd’hui commune dans Ja région; cette détermination avait été faite sur des fragments et aurait évidemment besoin d’être vérifiée; malgré mes recherches, je n’ai pu retrouver de traces de ce genre dans les tufs. GENRE XXII, — Pisidium, C. Pfoiff. 61. Pisidium, sp.? Marcel de Serres donne, comme se trouvant à Castelnau, le Cyclas fontinalis Drap. (Pisidium fontinale Dupuy, Pisidium pu- sillum Moq.) qui, quoique très rare, se rencontre aujourd'hui dans tout le département et aux environs mêmes de Montpellier ; je n'ai pu retrouver cette espèce. 62. Pisidium, sp. ? Je dois encore signaler une autre espèce de Pisidium trouvée à Clapiers, et que je n’ai pu déterminer à cause de son mauvais état ce conservation. FORMATIONS DE TUFS DE L'ÉPOQUE ACTUELLE. 53 Genre XXII — Cyclas, Brug., Encycl. 63. Cyclas sp. ? J'ai trouvé dans les tufs du cimetière une valve indétermina- ble spécifiquement qui doit se rapporter à ce genre. VI. — DiscussIoN ET CONCLUSIONS. La liste que je viens de donner renferme un nombre d'espèces plus que double de celles dressées jusqu’à ce jour, el peut four- pir par conséquent des éléments de discussion bien plus impor- tants. Si nous examinons d’abord les mœurs et la station des Mollus- ques que je viens de citer, nous verrons d’abord que sur une soixantaine : 5 appartiennent à la faune des eaux courantes ; 10 environ aux eaux plus marécageuses et stagnantes ; 15 peuvent vivre à la fois dansles deux stations précédentes ; 10 appartiennent aux stations terresires humides et avoisinant les cours d’eau; 20 se trouvent sur les rochers ou les plantes dans les localités plus sèches et exposées au soleil. Ces nombres nous permettent de penser que la faune des tufs représente d’une manière presque proportionnelle et bien équi- librée la faune malacologique terrestre et fluviatile de l’époque pendant laquelle ces dépôts se sont opérés. Si maintenant nous considérons ces mêmes espèces au point de vue de leur distribution géographique actuelle, nous verrons immédiatement que toules se retrouvent vivantes dans la France méridionale, et que le très petit nombre d’entre elles qui sont plus communes aujourd’hui dans le Nord que dans le Midi ne suffit pas évidemment pour établir un point de comparaison. 3 seulement: A. obvoluta, H. limbata, H. cinctella, ont disparu du département ; je dois ajouter que ce sont précisément celles dont la présence est très douteuse dans les tufs. 54 MÉMOIRES ORIGINAUX. Toutes les autres se trouvent dans les environs de Montpellier, la vallée du Lez, les mares et les cours d’eau de la région de l'olivier. Parmi ces dernières, l'A. nemoralis et le Carychium tridentatum seules se sont éloignées de la région de Castelnau, à une distance de plus de ?5 kilom. au pied des premiers contre-forts de la Sérane, et la première de ces espèces vit surtout dans la portion plus franchement montagneuse et boisée du N. et du N.-0. du département. Ces deux espèces constituent un des indices qui peuvent être invoqués en faveur de l'hypothèse du changement des conditions climatologiques depuis l’époque des tufs jusqu’à nos jours; si l’on remarque toutefois que l’A. nemoralis, bien qu’assez rare, se trouve actuellement dans des régions bien caractérisées de la Provence et de la Corse, et que le Carychium tridentatum habite aujourd’hui l’Algérie, à la maison Carrée près d'Alger par exem- ple, on se convaincra que ces différences devaient être d’un bien faible degré, et que la disparition de ce Mollusque des environs de Montpellier est une migration qui s'est effectuée sous l’in- fluence de causes probablement plus complexes que celles du climat seul'. Enfin, l’on peut constater qu’à l'époque des tufs la faune de la région était constituée comme aujourd’hui, en grande majorité, par des espèces du centre alpique, que le centre hispanique n’y avait encore qu'une influence secondaire, et que le rôle du 1 Je crois quele degré d'humidité de l'air est surtout ce qui détermine actuel- lement la station de l'A. nemoralis et des autres espèces des tufs, qui en appa- rence ont recherché un climat plus froid, hypothèse qui ne s’accorderait guère avec les résultats de l'étude de la flore de ces dépôts, qui nous montrent certaines formes ayant émigré vers un climat plus méridional; ce qui a déterminé M. de Saporta à supposer depuis l'époque des tufs un abaissement sensible de tempéra- ture. (Voy. B,S. G., sess. extr. Montpellier, 1868, pag. 325,) Aujourd'hui, au pied des Cévennes, dans des localités très abritées, l'Helix ne- moralis habite des rochers qui paraissent secs et arides, mais qui, somme toute, reçoivent dans l’année une proportion d’eau qui peut s'élever au triple de celle que reçoivent les garrigues des environs de Montpellier. FORMATIONS DE TUFS DE L'ÉPOQUE ACTUELLE. 55 centre gallique avait déjà perdu beaucoup de son importance’. On doit aussi remarquer dans Ls tufs l'absence du Zonites algirus, du Pupa quinquedentata, espèces très communes aujour- d’hui dans les environs de Montpellier, la rareté de l’Aelir aspersa, la présence du Bulimus decollatus, qui avait déjà apparu dans le diluvium des cavernes de Bize et de Lunel-Viel*. Toutes ces comparaisons conduisent à se faire l’idée suivante des conditions biologiques et géologiques de la formation des tufs de Castelnau. Ces tufs se rapportent à une époque très rapprochée de la nôtre, depuis laquelle la distribution géographique des Mollusques s’est fort peu modifiée dans la France méridionale; ils sont cer- tainement postérieurs au diluvium, danslequel l'A. aspersa ne se rencontre pas encore et où le Bulimus decollatus est rare. Je ne puis qu'accentuer dans le sens de cette hypothèse les conclusions que M. Planchon posait dans son travail comme résul- tant de son étude de la flore des tufs°. Si, sur certains points, les tufs peuvent avoir paru supporter le diluvium, il faut se garder de prendre cette superposition pour une stratification régulière : il n’y a là que des éboulis entraînés de terre végétale et des terrains environnants; c’est ainsi que l’on voit à Clapiers la zone supérieure des terres se charger de cail- loux siliceux et de terre rougeâtre qui proviennent du garumnien sous-jacent et forment le mamelonné environnant le bassin de tuf. 1 Voy. sur la distribution géographique actuelle des Mollusques de Hérault: Eourguignat ; Straligraphie malacologique des espèces du département de l'Hé- raull, dans Hist. malac. du département de l'Hérault, par Moitessier, 1868. ? Marcel de Serres et Dubrueil; Ussements humatiles des cavernes de Lunel- Viel. 3 Sur trente espèces végétales provenant des tufs, M. G. Plauchon en cite seu- lement trois qui auraient quitté le département de l'Hérault; ce sont : Acer neapolitanum, Fraxinus ornus L., Cotoneaster pyracantha Pers. Le figuier et la vigne habitaient Castelnau; l'olivier ne sy montre pas, soit parce qu'iln’avait pas encore paru dans la région, comme le suppose M. Planchon, soit parce qu'il ne pouvait s'accommoder du degré d'humidité que toléraient les deux espèces précédentes, bien que franchement méridionales, 56 MÉMOIRES ORIGINAUX. Les tufs de Castelnau ne sont très probablement pas antérieurs aux basaltes de Montierrier, bien que l’on n’ait jusqu'ici trouvé aucune trace de cette roche dans les parties détritiques des tufs. La région de Castelnau présentait sans doute à l’époque des tufs, comme j'en ai dit un mot au commencement de cette étude, un certain nombre de sources incrustantes, situées plus particu- lièrement dans la vallée du Lez, et dont les eaux se réunissaient dans des bas-fonds, soit à celles de cours d’eau secondaires, soit à celles de cette rivière, dont le niveau était alors sensiblement plus élevé qu'aujourd'hui, et dans le lit de laquelle toutes ces eaux avaient effectué leur réunion avant le passage du Lez à la hauteur de Montpellier. Les cours d’eau secondaires amenaient dans les bassins et les mares une quantité considérable de vase, et des té- moins de la flore et de la faune de leurs bords, où vivaient denom- breuses Succinées et Lymnées ; la faune, plus particulièrement terrestre, élait entraînée des berges pendant les pluies et les crues, et venait se mélanger dans le dépôt avec la faune d’eau douce. Je ne pense pas qu’il y ait eu à Castelnau de véritables sources de haut niveau de l’époque quaternaire, comme l’a cru M. Bel- grand à la suite d’une visite qu'il fit à Castelnau en 1868 ‘, mais seulement quelques sources à flanc de coteau sur les berges de la vallée du Lez. On ne peut que rapporter cet état de choses, auquel correspon- dait une moyenne de température sensiblement égale à la moyenne actuelle, mais des maxima et des minima un peu moins extrêmes, surtout un état d'humidité plus persistant, comme le peuse M. Tournouër dans ses derniers travaux, peut-être aussi un régime pluviométrique un peu différent du régime actuel; on ne peut le rapporter, dis-je, qu’à l’époque où les cours d’eau torren- tiels qui succédèrent à l'extension du diluvium commencèrent peu à peu à se réduire et à se subdiviser, en laissant dans le bassin du Lez, en particulier, des alluvions riches en espèces de Mollus- 1B. S. G.,sess. extr. Montpellier, 1868, pag, 931, FORMATIONS DE TUFS DE L'ÉPOQUE ACTUELLE. 57 ques de l’ancien centre gallique ‘, pour tendre peu à peu vers les détails de notre système hydrographique et météorologique pré- sent, qui, on peut le dire, ne date guère dass nos régions que de la période historique. VIT. SYNCHRONISMES. Si nous rapprochons les résultats que je viens d'exposer de ceux obtenus par M. de Saporta et M. Tournouër dans l'étude des tufs quaternaires d’un gîte bien coanu du nord dela France, celui de La Celle, près de Moret, dans le département de Seine-et-Marne?, nous voyons que la contemporanéité admise par ces savants en- tre les tufs de Moret et ceux de Castelnau, d’après une connais- sance encore incomplète de la faune de ces derniers, ne pourrait se vérifier qu’à la condition d'admettre que le climat du nord de la France subissait des variations importantes, tandis que celui du Midi restait à peu près stationnaire; hypothèse qu'il me semble que rien ne vient appuyer. 1 Les alluvions du Lez, qu'il est assez difficile de séparer en alluvions anté- rieures aux tufs, enalluvions contemporaines et en alluvions postérieures, renferme cependant des espèces qui ont dû vivre à chacune de ces trois époques et qui ont été étudiées avec soin par M. Paladilhe. Les Bugesia Bourguignati, Palad., Moitessieria Rollandiana, Bourg. (Simoniana, var.), Moilessieria Gervaisiana, Bourg. (Simoniana var.), Paladilhiapleurotoma, Bourg., Paladilhia Masclaryana, Bourg., Paladilhia Gervaisiana, Bourg., Paladilhia Bourguignati Palad., etc., etc., espèces caractéristiques de cet ancien centre gallique, ont dû probablement vivre pendant la première période de l'alluvionnement du Lez. Les vertigo Moulinsiana, Dup., Carychium tridentatum, Bourg., Paladilhia Moilessieria, Bourg., Valvata spirorbis, Drap., Valvata minuta, Drap., Pisidium cazertanum Bourg., Succinea putris, de Blainv., Succinea, ochracea de Betta, Zoniles pseudohydatinus, Bourg., etc., espèces qui presque toutes ont été retrouvées vivantes dans la région, se rapportent plutôt à la seconde et à la troisième. ? G, de Saporta; Sur l'existence constatée du figuier aux environs de Paris à l’époque quaternaire. B.S,.G.F., 3e sér., tom. II, 1874, pag. 439. Tournouër; Note sur les coquilles des tufs quaternaire de la Celle, près Morel; Ibid., pag. 443. » Note complémentairesur les tufs quaternaires de la Celle. B.S.G.F, 3e sér., tom. V, 1877, pag. 646, 58 MÉMOIRES ORIGINAUX, En effet, à La Celle,sur 34 espèces, dont par parenthèse une seule est aquatique, ce quiindique déjà un régime différent de celui de Castelnau ou sur 60 espèces environ, 30 seulement ont une station terrestre ; sur 34 espèces, dis-je, 21 seulement vivent encore dans le pays ; 5 ne s’y trouvent plus, mais habitent d’au- tres parties de la France elle-même, et une ou deux espèces sont éteintes; enfin on n’y trouve ni l’Aelix aspersa ni l’H. pomatia. On voit facilement qu'il n’y a aucun rapport entre cette sta- tistique et celle des tufs de Castelnau; fort peu d’espèces du reste sont communes aux deux formations; ce sont, sur les 34 de La Celle et les 60 de Castelnau, les 10 suivantes : 1 Succinea Pfeifferi, Rossm. Très-douteux pour La Celle. 2 Zonites crystallinus, Leach. Douteux pour Castelnau. 3 Helix obvoluta, Müll. id. 4 Helix pulchella, Drap. 5 Helix nemoralis, L. 6 Helix Hortensis, Müll. 7 H. limbata, Drap. Très-douteux pour Castelnau. 8 H. ericetorum, Müll. Douteux pour Castelnau. 9 Zua subcylindrica, L. 10 Cyclostoma elegans, Drap. Malgré ces caractères, d’une ancienneté plus reculée que celle des tufs de Castelnau, caractères qui dénotent une distribution géographique différente da la distribution actuelle et un climat un peu plus chaud dans le Nord, M. Tournouër n'hésite pas, dans sa Note complémentaire, à penser que la faune de La Celle est pos- térieure au diluvium gris à Æ£lephas primigenius de la vallée de la Seine, sans toutefois en être bien éloigné, « ni surtout apparte- nir à l’époque des alluvions modernes »; ce qui vient encore à l'appui de l'opinion qui donne aux tufs de Castelnau une date plus récente qu’au diluvium quaternaire. Je ne puis, pas plus que M. G. Planchon, croire à la contempo- ranéité de la faune des Aygalades près de Marseille, où se rencon- tre l’Elephas antiquus', et qui très probablement doit rester par- 1 De Saporta ; Bull. Soc. Vaudoise Sc. nat., tom. VI, 1860. FORMATIONS DE TUFS DE L'ÉPOQUE ACTUELLE. 99 rallélisée avec les tufs de Moret, avec celle de nos tufs de Castel- nau que je rapporte, en somme, à l’époque des alluvions modernes. DEUXIÈME PARTIE. Tufs de ia vallée de l'Aude. Ayant actuellement à m'occuper de la géologie du département de l’Aude, j'ai pu y étudier quelques intéressants dépôts de tufs dont plusieurs n’avaient pas été signalés et sur lesquels je revien- drai en détail dans un autre travail; je me contenterai pour le moment d’en dire ce qui est nécessaire pour pouvoir les comparer avec les tufs de Castelnau. Les tufs du bassin de l’Aude peuvent se diviser en deux grou- pes : 1° Les tufs des hautes vallées des Pyrénées de l’Aude et des Corbières ; 20 Les tufs des plaines de la basse vallée de l’Aude, entre Carcassonne et la mer. Parmi les premiers, fort peu importants comme surface géogra- phique, je citerai ceux des gorges de Pierrelys, un peu avant le village de Saint-Martin, ceux de la haute vallée de la Boulzane, entre Ginela et Montfort, à l’ouest de la forêt de Boucheville ; ceux de la vallée du Rebenti, entre le village de Joucou et le con- fluent de cette rivière avec l’Aude ; ceux du pic de Bitrague, près de Quillan; enfin ceux de Saint-Ciscle, entre Davejean et Palairac, et de La Valette entre Davejean et Dernacueillette, dans les hautes Corbières. Au milieu de la plupart de ces massifs de tufs sourdent encore des sources assez importantes, et l’on voit empâtés dans la roche des débris de Mollusques et de végélaux de la faune et de la flore environnantes; ils sont donc absolu- ment contemporains, bien que plusieurs d’entre eux présen- tent des parties assez compactes pour être exploitées comme Pierres de construction. Toutes les sources qui les produisent 60 MÉMOIRES ORIGINAUX. rentrent d’ailleurs dans la catégorie des sources de haut niveau. Les tufs de la basse vallée de l’Aude sont remarquables sur- tout près de Vendres, sur la rive gauche du fleuve, au sud de Béziers et aux environs de Ferrals, au S.-0 de Lézignan sur la rive droite. Je n’ai pas eu l’occasion d'étudier les tufs de Vendres; ce que je dirai de ceux de Ferrals paraît pouvoir s’y rapporter en grande partie, car les deux formations présentent des travertins très durs, vacuolaires, renfermant l'A. nemoralis admirablement conservée avec toutes ses couleurs; maïs c’est là à peu prés tout ce que l’on ensait. Les tufs de Ferrals forment, à 2 kilom. au N. de Fabrezan, entre Ferrals et Fontcouverte, une légère saillie dans la plaine de la vallée de l’Orbieu et de la Nielle, saillie nettement indiquée sur la carte du Dépôt de la Guerre, entre le moulin de l'Ours, la Ber- gerie Graffau, l’Estagnol et Liourade; leur superficie totale, bien qu’assez difficile à évaluer exactement à cause des cultures, ne doit guère dépasser ? kilomètres carrés; ils s'étendent en stra- tification transgressive sur toutes les autres formations dela région, les calcaires gris ef les marnes nummulitiques et les cailloutis quaternaires de la vallée de l'Aude, comme l'avait reconnu M. Noguës ‘ et comme on peut le voir sur la route de Férals à Fontcouverte. Leur puissance varie entre 0 et 4 mèt., comprenant, de bas en haut, des calcaires cariés, compactes, des calcaires plus ten- dres mais encore utilisables pour les constructions, des calcaires crayeux sans emploi, des sables calcaires. Les calcaires compactes caverneux de la base connue dans le pays sous le nom de Turet sont exploités depuis très longtemps ; la tour du château de Fabrezan en est construite, et ils sont em- ployés à la construction des stations du chemin de fer de Toulouse à Cette, dans la région. Ils peuvent fournir des pierres de très grande dimension. AR à A D LÉ ED D DE 1 Dans d’Archiac, Les Corbières, Mém. Soc. géol. Fr.,tom. VI, 1859, pag. 241. FORMATIONS DE TUFS DE L'ÉPOQUE ACTUELLE. 61 C'est surtont du côté N.-E. que se trouvent les carrières; vers le centre de la formation, à peu près à moitié chemin de Ferrals à Foutcouverte, on ne voit que la formation sablonneuse supé- rieure, où j'ai rencontré comme faune: . Helix ericetorum. . Bulimus decollatus, C. . Planorbis carinatus, KR. Lymnea palustris, CC. ,. L. stagnalis, KR. L. ovata, R,. Cyclostoma elegans, C. Bythinia tentaculata, C. Toutes ces espèces sont très communes aujourd’hui dans les environs; je n’y ai pas rencontré l'A. nemoralis, qui est au con- traire assez commune dans les travertins compactes de la base de la formation. Tournal' a signalé dans les carrières de Ferrals des débris de po- teries romaines ; j'en ai moi-même rencontré de bien carac- térisées et en place dans les sables calcaires coquilliers queje viens de citer, ce qui démontre la date récente de cette partie de la formation. De nos jours encore, à l’Estagnol* et à Graffau, se croisent d'importantes sources qui vont se déverser dans la Journe et dans l'aiguille de Fontcouverte, et qui au début devaient con- stituer un grand marais dont le trop plein, indépendamment des ruisseaux que je viens de citer, pouvait s’écouler dans le ruis- seau de la Moisette et l’Orbieu lui-même. Tous les détails que je viens de donner, tant sur les tufs de Castelnau que sur ceux de la vallée de l’Aude, peuvent être résu- més dans le tableau suivant, qui, je crois, se rapproche heau- coup de la vérité. | 1 Annuaire de l'Aude, 1868. Notice géologique. ? Ce nom d’Estagnol, pelit étang, appliqué à une métairie, montre aussi que cette plaine était encore sous l’eau pendant l2 période historique. QT 3e série, tOM.T. 62 MÉMOIRES ORIGINAUX. Tufs de la haute vallée De de l’Aude et des hautes Corbières. Couches su- périeures des tufs de Ferrals. historique. Alluvions ettufs de Castelnau à Pla- norbis marginatus, Lymneus pa- | Travertin de Vendres et actuelle. lustris, Bythinia tentaculata, Cyclos- tufs de Ferrals à Helix nemoralis. Période toma elegans, Helix nemoralis, ete. Alluvions du Lez à Moitessieria et Paladilhia, et espèces de l’ancien centre gallique. Tuf des Avgalades à Elephas Antiquus. — Tufs de la Celle à Quaternaire. Zonites acies- Diluvium à £lephas primigentus. 63 RECHERCHES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES SUR LA LARVE DE L’ÆSCHNA GRANDIS Par le D' P. AMANS. De nombreuses publications ont paru sur la famille des Li- bellules : Swammerdam. — Biblia naturæ, 1680. Réaumur. — Mémoires pour servir à l'Histoire des insectes, 1742. De Géer. — — —_ 1771. Cuvier. — Mémoire sur la manière dontse fait la nutrition chez les insectes, 1798. Marcel de Serres. — Observations sur les usages du vaisseau dor- sal, 1813. Sucinow.—$Sur l'anatomie etla respiration des larves de Libellules. Ratzebourg. — Insectes nuisibles aux forêts, 1844. Dufour. — Études anatomiques et physiologiques, et observations sur les larves de Libellules. C’est surtout ce dernier ouvrage qui m'a servi de point de comparaison. Parmi les entomologistes qui ont écrit et écrivent encore sur les Odomates', je citerai de Selys-Longchamp et Hayem ; maisleurs descriptions, comme celles de leurs devanciers, présentent diverses lacunes au triple point de vue anatomique, physiologique et historique. Je traiterai seulement de l'appareil de nutrition, etje dirai un mot sur l'appareil respiratoire. Mais je ne saurais clore ce court préambule sans remercier vivement notre Maître M. le professeur Sabalier, et mon ami Rouzaud, son préparateur, de leur excellent accueil et de leurs encourage- ments constants. ! Carus, Anzeiger ; et Phillipp Berthau, Bericht über die Wissenschaftlichen Zeistungen, Bonn, 64 MÉMOIRES ORIGINAUX. [. APPAREIL DIGESTIF. Il se compose des pièces buccales (masque, mâchoires, man- dibules, lèvre supérieure, lèvre inférieure, ancre) et du canal intestinal proprement dil. J. PIÈCES BUCCALES. La fig. 1 montre les rapporls des pièces baccales. On y voit en avant la lèvre supérieure ou labre a, à bords voûtés et gar- nis de poils, légèrement mobile sur son articulation. En arrière et au-dessous sont les mandibules b, courtes, trapues, plus grosses que les griffes maxilaires, en regard desquelles elles présentent une excavation conique (fig. 2). Cette excavation est couronnée de six pointes courtes, aiguës au sommet, fortes à la base. Les mdchoires d vieanent ensuite un peu en arrière des man- dibules. Elles se composent : 1° d’une pièce allongée, cornée, renfermant des muscles transversaux et en diagonale ; cette pièce se rélrécit à son extrémité (/ig. 3), et la chitine, plus molle, y constitue une articulation ; 2° le lobe interne est une espèce de griffe lobée à sept ou huit pointes acérées, velues à la base seule- ment, légèrement arquées et implantées obliquement; le lobe externe est une aiguille courbe, recouverte depoils; c’est une sorte de palpe, d’un jeu très indépendant, n'ayant de connexion avec la griffe qu’à l'articulation. En arrière des griffes, dans un plan supérieur, se trouve la lèvre inférieure c (fig. 1), espèce d’enclume cuboïde, à parois chitineuses, à contenu musculaire (les faisceaux musculaires vont s'insérer sur l’ancre), à surface quadrilatère-arrondie. Celle- ci est garnie de poils inclinés vers la bouche. Ces poils sont roi- des (fig. 4), coniques, à contenu gazeux ; l’éminence conique qui les porte, forme, par une invagination de ses parois, un godet destiné à l'insertion du poil. Toute la région des poils est en ou- RECHERCHES SUR LA LARVE DE L'ÆSCHNA GRANDIS. (0) tre tapissée d’une multitude de petites denis (1-2 ), analogues à celles du pylore. Dans l’angle formé par les pattes des mâchoires etla lèvre in- férieure, on voit l'insertion du masque (fig. 1). Cette pièce a de tout temps étéjugée comme très curieuse et très intéressante; tous l'ont décrite avec une minutieuse complaisance, et Dufour en profite pour faire iatervenir la Providence et les causes finales. Mais, si minutieuses qu'aient étéleurs dissections, ils ont laissé largement de quoi glaner après eux, tant sur la structure que sur les fonctions. Le masque se compose de deux parties chitineuses mobiles l'une sur l’autre, au moyen d’une articulation XL (fig. 5) nommée menton par Réaumur. Ces deux parties sont le manche et la pa- leite. Le manche h (fig. 1) est un cylindre creux, à base évasée ; il s'insère: 1° en avant sur le pédiselle de l’enclume, où il présente un épaississement semi-lunaire à (fig. 1), et sur le pourtour des mächoires ; 2° en arrière sur le premier anneau thoracique g (fig. 5); 30 laléralement sur le squelelte chitineux. La palette est une lame plate, triangulaire, à bords légèrement concaves en . dedans; elle est terminée aux deux sommets antérieurs par deux piires de crochets et latéralement par une lignerugueuse comme une fine lime et finement denticulée latéralement. Les deux cro- chets, l’un antérieur, long, conique, très-aigu; l’autre posté- rieur, court, terminé par un crochet et portant une crémaillère sur son bord interne, s’insèrent sur chaque sommet par une masse commune (fig. 6); à ce niveau, l'insertion se fait par une membrane chitineuse, molle, non élastique. Le crochet à crémaillère se rencontre avec son symétrique en face d’une échancrure médiane du bord antérieur velu de la palette. Le crochet en aiguille se croise avec son vis-à-vis à l’état de repos. L’articulalion qui unit le manche et la palette, le men- ton, permet difficilement une rotation de 180° d’avanten arrière. Il faut violenter celte articulation aussi bien que la base du manche, pour obtenir la position de la fig. 5. La fig. 1 donne la position 66 MÉMOIRES ORIGINAUX. normale du manche. Il est appliqué contre la face inférieure de la tête et du protothorax, parallélement à l'axe du corps. On y voit y (jig. 5) une paire de pointes chitineuses, anguleuses, for- mées par un épaississement de la paroi. Ces pointes sont très élastiques, et pressent avec force contre la cavité du manche lorsqu'on veul le relever d’arrière en avant. C’est une espèce de ressort, sur lequel j'insisterai plus loin pour le mécanisme du masque. Voilà pour l’acatomie externe du masque. Le masque est, comme on le voit, unelêvre inférieure, homo- logue de celles des Orthoptères. Au submentum de l’£phipiger, par exemple, correspondent l’enclumé et le manche, au mentum la palette, aux palpes labiaux nos deux crochets terminaux, en- tre lesquels, chez les deux insectes, subsiste une échancrure, trace de lasoudureprimitive. La proéminence dulabium el du paraglosse est le seul détail qui manque chez l’Æschna. L’homologie est encore plus frappante si l’on regarde la lèvre inférieure des Æschna ou des Agrion à l’état d'insectes parfaits. Ouvrons maintenant le masque par sa surface supérieure, depuis le premier anneau thoracique jusqu'à un épaississement triangulaire (/ig. 5), situé sur la paroi opposée au ressort, mais un peu plus haut. Nous entrevoyons aussitôt la cavité thoracique. Le premier anneau laisse passer le commencement de la chaîne ganglionnaire, de nombreuses trachées, dont deux principales gagnent l'intérieur du masque ; au-dessous passe l’œsophage. La partie terminale antérieure de l’'œsophage est située derrière le plancher buccal. Celui-ei est tapissé par une membrane conjonctive recouverte de muscles (ils ne sont pas représentés dans la fig. 5); il est limité en avant par la lèvre inférieure, el ailleurs par un squelelte chilineux qui forme une commis- sure, un pont, au tiers postérieur. Perpendiculairement à cette commissure et dans l’axe médian du plancher, le scalpel est arrêté par une pièce chitincuse assez curieuse d, assez volumineuse pour attirer les regards, que néanmoins je n'ai pas vue décrite. Cette pièce, à laquelle je donnerais volon- tiers le nom d'ancre, à cause de sa forme, adhère au pied de la RECHERCHES SUR LA LARVE DE L' ÆSCHNA GRANDIS. 67 lèvre inférieure par un tampon arrondi, et se termine par un sabot parallèle à lacommissure. Elle porte sur son milieu une apophyse conique, implantée perpendiculairement. Gette apophyse, ce sabot, ce tampon, servent à l'insertion des muscles de la lévre inférieure et à celle des muscles propulseurs du manche. Le pont chilineux l’aide dans ces dernières fonctions. La fig. 6 nous montre la myologie complète du masque. Il y a, comme il est assez aisé de le voir, trois paires de muscles : les muscles propulseurs du manche 9, fléchisseurs de la palette f, et adducteurs des crochets. Les museles propulseurs, situés à la face supérieure (pour la désignation des plans, je suppose tou- jours le masque dans sa position normale), s’insèrent en bas sur le pont et sur l'ancre, en haut à l'extrémité du manche, au niveau du menton. Les muscles fléchisseurs de la palette f sont appliqués sur les précédents dans un plan immédiatement inférieur, s’insèrent en bas sur le plancher buccal, en haut à l'extrémité postérieure de la palette, uu peu en avant des muscles adducteurs des crochcts. Les deux trachées que nous avons vues pénétrer dans le manche continuent leur trajet latéralement dans la palette. Elles s’y per- dent dans les parois, après avoir fidèlement suivi les deux mus- cles adducteurs des crochets. Ceux-ci s’insèrent en bas au sommet postérieur de la palette, et en haut au bord interne de la base des crochets. Volumineux à la base, ils s’amincissent et s’étran- glent avant de s’insérer dans l’article terminal. L’histologie de ce muscle est singulière ; le tendon est fort long, et les fibres mus- culaires, au lieu de s’y insérer parallèlement au même niveau, viennent s’y fixer en divergeant à des hauteurs différentes. Par suite de cette disposition, il y a économie de force muscu- laire et grande souplesse dans la contraction de la fibre. Les crochets sont très mobiles. Donnons, par exemple, une grosse araignée à la larve : celle-ci, après un moment d’hésitation, étend brusquement son masque, accroche l'araignée, la maintient avec la pointe et la crémaillère, et la ramène en face de l’en- -clume où vont s’abattre ses terribles griffes. L’araignée essaie 68 MÉMOIRES ORIGINAUX. de jeler son filet: vains efforts. Elle tente, elle aussi, de pincer, lorsque sa position le lui permet. Cette manœuvre ne réussit qu’à lui faire changer de place : elle est secouée, retournée, et mangée par le ventre au lieu de l’être par la tête. La lutte avec les larves de Dytiques est plus vive: cette fois l'adversaire est digne de l’Æschna par sa taille, sa férocité, et ses armes. Malheur à lui cependant s’il est accroché par le cou : la tête est vite séparée du tronc. Ces opérations nécessitent des mouvements continuels des crochets, et, ce qui paraît plus singulier, de l’abdomen. Tächons d'expliquer tous ces mouvements. Les insertions des muscles propulseurs et des fléchisseurs justifient suffisamment le nom que je leur ai donné. Celles des muscles adducteurs rendent très bien compte du rapprochement des crochets. Mais comment se produit leur écartement? Où est le muscle antagoniste, ou tout au moins le ressort élastique qui pourrait produire ce mou- vement ? Ni l’un ni l’autre n'existent. Les deux premiers mus- cles présentent seuls cet antagonisme élastique. Voici une explication; je la crois rationnelle et en rapport avec les dispositions anatomiques : l’écartement des crochets du mas- que est produit par une ondée liquide qui pénètre de la cavité générale du corps dans celle du masque. Reportons-nous à l’anatomie du masque. Nous avons vu que le contenu était creux et ne renfermait partiellement que des muscles assez grêles et des trachées. La base du manche est com- plétement isolée de la bouche, mais communique librement, par le premier anneau thoracique, avec la cavité générale du corps. Ceci posé, aralysons les phénomènes de mouvement : une proie se présente ; l'animal relève le manche avec le muscle propulseur ; le ressort g (fig. 1) proteste et comprime la cavité du manche par son élasticité. Le muscle fléchisseur se détend, mais, ainsi que nous l'avons vu plus haut, le déplacement est moins grand, moins aisé, Il sera favorisé néanmoins par la poussée liquide. Les pre- miers anneaux abdominaux se contractent ; le diaphragme, dont nous verrons plus loin la description, se soulève. La cavité est par suite bien diminuée ; le liquide de la cavité générale, poussé RECHERCHES SUR LA LARVE DE L ÆSCHNA GRANDIS. 69 par toutes ces actions combinées, ne trouve d’issue qu’en avant, au menton, et là encore il n’y a pas beaucoup de place : la pa- lette est trés plate, et les muscles adducteurs et propulseurs ne lui laissent qu’une petite rigole. Il n’en agit qu'avec plus de force et de rapidité sur les articulations terminales, qu'il fait plus ou moins pivoter, suivant la force de l'onde. C’est un vrai manome- tre semblable aux manomètres métalliques. Remarquons que point n’est besoin de grandes contractions pour amener ces résultats : le manche est légèrement concave inférieurement ; il vient par conséquent, sous la plus légère con- traction des muscles propulseurs, buter contre le ressort, ce qui diminue sa cavité. Le muscle adducteur, tiraillé par cette impul- - sion, tend, en vertu de sa contractilité et de son élasticité, à ramener les crochets dans leur position normale. L'alternance de ces deux actions hydraulique et musculaire suffit pour expli- quer tous les mouvements des crochets. Cette théorie n’est pas une simple vue de l'esprit: je l'ai d’abord basée sur les données anatomiques, puis vérifiée expéri- mentalement, 1° L'animal étant mort ou vif, il me suffit de presser légère- ment la face inférieure du manche pour amener l’écartement des crochets. 2° L'animal est plongé vivant dans de l’alcool absolu. Une contraction totale se produit, les pointes caudales se ferment, le ventre s’aplatit, etles crochets, s’écartant de 180°, menacent de se disloquer. Puis la période d’excitation apparaît; les muscles sont convulsionnés, les mouvements du diaphragme deviennent pré- cipités, la respiration saccadée; les mâchoires, les mandibules, les crochets, se meuvent convulsivement; une demi-heure après, tout est fini, et les muscles adducteurs sont le plus souvent rompus. 3° Je fais une ouverture circulaire à travers la palette, tout en respectant les muscles. Alors, j'ai beau metire l'animal en fureur ou lui présenter les proies les plus appétissantes, son masque ne bouge pas. Mon explication rend compte de tous ces phénomènes : 70 MÉMOIRES ORIGINAUX. CANAL DIGESTIF. La cavité buccale est un entonnoir musculaire évasé, rétréci à son union avec l’'œsophage. Il y a aussi une couche de grosses cellules, probablement des débris du sarcolemme. L'æsophage est court, épais, rétréci. Il est tapissé par une cuticule chitineuse, qui du reste se continue dans tout le canal digestif. La couche musculaire présente une structure des plus singulières et sans analogue dans le reste de l’animal. Le jabot ordinaire, gonflé par l'air, est de forme ovoide. Il est divisable en deux couches. La couche externe présente, de dehors en dedans : {° des fibres musculaires longitudinales, striées, espacées comme dans les culs-de-sac gastriques de la sangsue ; 2e des fibres circulaires juxtaposées ; 3° une couche épithéliale pavimenteuse à gros noyaux. La couche interne est une cuticule amorphe, tapissée de denticulations en arcs de cercle parallèles ; cette cuticule se continue dans le gésier. Les fibres musculaires y ont une striation bien plus fine que celle de l’œsophage, où l’on croirait plutôt avoir affaire à un clayonnage de grosses et de petites fibres élastiques. La fonction de ces deux organes rend suffisamment compte de ces différences morphologiques. Le gésier fait suite au jabot, qui se termine par un rétrécisse- ment à colonnes charnues, Dufour croit qu’elles se prolongent dans le gésieretalternentavec d'autres colonnes propresaugésier. Ge sont là, selon moi, des images trompeuses, formées par les replis de la cuticule; on observe des plis différents, mais du même ordre, dans le ventricule succenturié du Procustes coriaceus, dans la poche de la Locusta viridissima. On peut, par le scalpel, diviser le gésier en trois couches, et par le microscope en six; ce sont: . 1° La tunique sxterne à fibres musculaires espacées, longitudi- pales, et à fibres juxtaposées circulaires ; 20 La tunique moyenne, bâtie sur le même plan, mais beau- coup plus épaisse. 3° La tunique interne présente beaucoup plus de particularités. Elle est chitineuse et tapissée par les râpes eu arcs de cercle déjà RECHERCHES SUR LA LARVE DE L’ÆSCHNA GRANDIS. 71 signalées dans le jabot. Ces arcs semblent superposés à un con- tour épithélial sous-jacent très pâle. Au tiers inférieur, sur des replis saillants de la cuticule, se trouvent quatre éminences dentées dont Dufour a donné un dessin à une échelle trop réduite. Il a voulu les diviser en canines et en molaires ; en réalité, elles sont à peu près bâties sur le même moule, et répondent au dessin que j'ai donné de l’une d'elles (fig. 8). C’est une espèce de bonnet phrygien tourné vers le gésier ; la base est une ellipse allongée ouverte en bas. Le sommet estgarni de trois ou quatre dents coniques d’inégale grandeur. Paralléle- ment au grand axe, et sur deux étages différents, sont rangées d’autres dents plus petites. L’axe de chacune de ces dents est incliné vers le jabot comme celui de l’éminence. On ne remarque pas d’arcs de cercle sur l'éminence, ils sont remplacés par des saillies cunéiformes râpeuses formant une lime continue. Pour être complet, je signalerai des plaques roussätres arrondies, peu nombreuses, dont je ne m'explique pas bien la signification. Est-ce la base de poils disparus ? Le gésier se termine par un collier de pointes analogues à celles de la lèvre inférieure. L'ensemble de cet appareil est donc très bien disposé pour broyer les aliments : mus- culature puissante, râpes, pointes, dents simples et composées. Le gésier n’est pas sessile sur le ventricule chylifique; celui-ci s'invagine pour le recevoir, et s’en détache facilement après la mort. Le ventricule est une vaste cavité où l'air abonde; il est cramponné par les canaux inférieurs, qui, traversant la couche musculaire , viennent s’étaler au-dessous de l'intima , sous forme de fibres pâles, légèrement ondulées, et qui, privées d'air, peuvent être prises pour des fibres conjonctives. L'intima forme des ondulations longitudinales très capricieuses. La tuni- que musculaire est plissée, assez faible. Le ventricule chyhfique finit au niveau du sixième anneau abdominal et se termine par une ouverture bordée de papilles contractiles. Avant cette ou- verlure débouchent les tubes de Malpighi. Ces tubes n’ont ici rien de bien spécial ; ils renferment des trachées et un revêtement interne épithélial, à gros noyaux entourés de granulations. 42 MÉMOIRES ORIGINAUX. A ce niveau, se trouve une pièce très curieuse, dont per- sonne, que je sache, n’a mentionné l'existence. C'est ure mem- brane elliptique, inclinée de haut en bas et d'avant en arrière, située entre le quatrième et le cinquième anneau abdominal, avant d'arriver aux tubes de Malpighi. Elle passe d'ordinaire ina- perçue ; détachée de ses insertions, ratatinée, elle perd de son individualité, semble une dépendance du corps adipeux ou un débris quelconque. Mais ouvrons la cavité abdominale" comme dans une autopsie ordinaire, en faisant de larges boutonnières (jusqu’au sixième anneau si onles compte à partir de la queue) ; à ce niveau, modérons les ciseaux et déblayons le terrain: nous y trouverons la cavité barrée par cette membrane. Elle s'insère : 10 sur tout le pourtour du ventricule chylifique ; 2° en haut et en bas, aux muscles inter-annulaires. Ceux-ci, dans la ré- gion dorsale, sont un peu espacés à l’état de relâchement et laissent passer les canaux aérifères, le vaisseau dorsal et les fraises épiploïques. La cavité générale du corps n’est donc pas hermétiquement interceptée, mais il suffit de la moindre con- traction pour que la membrane fasse office de piston. Elle est du reste très musculaire et montre des fibres musculaires à plu- sieurs directions différentes. Étant données la nature et la posi- tion de cette membrane, je n’hésite pas à lui faire jouer un rôle important, tant dans le jeu du masque que dans la respiration et la défécation, et à lui donner le nom de diaphragme. Le rectum serait mieux à sa place dans l'étude de l'appareil respiratoire. C’est un lieu de passage vite franchi par les ma- tières fécales; j’en parlerai plus loin. 9 2. — APPAREIL RESPIRATOIRE. Je n’ai pu étudier complélemeut cet appareil. J'ai reconnu néanmoins tous les détails donnés par Réaumur et Dufour : forme et rapports des canaux dorsaux ou supérieurs, ventraux ou in- 1 Je dissèque très souvent dans le liquide de Müller ou dans une solution faible d'acide chromique. Outre la conservation du cadavre, il se produit des variations de couleur qui favorisent la distinction des organes. \ RECHERCHES SUR LA LARVE DE L' ÆSCHNA GRANDIS. te: férieurs et intermédiaires. La disposition des branches rectales est très bien décrite par Dufour. J'ai cru devoir néanmoins en donner un dessin plus microscopique (fig. 10); nous y verrons un détail non signalé et qui a son importance. L’intima, sub- stance amorphe, ne prenant pasle carmin, hérisse les organes foliacés en forme de doigts de gant; elle est très mince et sus- ceptible de se détacher ou de se rompre très facilement. A l'intérieur de ces doigts de gant se rendent des trachées capil- laires, formant de nombreuses anses. Ces capillaires sont très visibles si on les regarde à l’état frais. Commentse fait l'absorption gazeuse ? [l n'y a pas de pertuis assez volumineux pour être aperçus, mais on voit sur les doigts de gant une disposition anato- mique qui doit favoriser l'absorption. Leur extrémité est cou- verte de fines villosités (1-3 y), dont les päles contours semblent s'étendre et se ramifier à l’intérieur; ces innombrables pointes favorisent le dégagement et le séjour de bulles gazeuses infiniment petites : on sait en effet que les rugosités et les pointes délicates d’un corps introduit dans vn liquide qui tient des gaz en dissolution, favorisent le dégorgement de ces gaz, qui se dé- posent sous forme de bulles très fines sur les rugosités et sur les pointes. L’extrémité inférieure du rectum a une musculature épaisse et peu de trachées. Dufour, pour mieux étudier les stigmates, faisait vivre les larves hors de l’eau. J'ai répété cette expérience sur une de mes larves, qui a vécu de cette façon six à sept jours ; mais je ne puis affirmer, avec lui, que les pointes caudales restent toujours fermées. Elles s’ouvrent même assez souvent; l'animal cherche probablement l’air par la voie qui lui éiait la plus familière. Tels sont les principaux faits que J'ai observés chez cette larve d’Æschna. En résumé, j'ai pu donner de l'appareil digestif une descrip- tion histologique plus complète qu’elle ne l’était chez mes de- vanciers, et, grâce à des détails anatomiques ignorés, fournir une théorie rationnelle sur le mécanisme du masque. 74 MÉMOIRES ORIGINAUX. EXPLICATION DE LA PLANCHE II. Fig. . Tête de la larve de l’Æschna grandis, vue par sa face inférieure. . Tête des mandibules. . Mâchoire. . Poil de la lèvre inférieure avec sa base d'implantation. (SL "OS CN CT — . Tête de la larve de l’Æschna grandis, vue par sa face inférieure, avec rotation de 180° du manche sur sa base et de la palette sur le manche. . Palette ouverte par-sa face supérieure ou interne. . Canal digestif de la larve de l’Æschna grandis. . Dent du gésier. © % 1 © . Abdomen ouvert par la partie antérieure pour laisser voir le dia- phragme. 10. Pupille trachéenne du rectum. 11. Lèvre inférieure de l’Agrion puella, à l’état d’insecte parfait. 12. Pièces buccales de l'£Ephipiger Durieui. A, Tête de l’Ephipiger, vue par sa face supérieure: g, glossa ; "=, mandibule. B, Lèvre inférieure : s, submentum; w, mentum; /, palpi labiales: 2, labium. C, Mâchoire: p, stipes ; c, cardo; g, squama palpigera; æ, palpus maxillaris; 0, lobus externus ; o, lobus internus. 1 x LA STATION ZOOLOGIQUE DE CETTE Nous sommes heureux d'annoncer aux lecteurs de la Revue des Sciences naturelles qu'une station zoologique, dépendant de la Faculté des Sciences de Montpellier, vient d'être créée à Gette. Grâce au con- cours du Ministre de l’Instruction publique, de l'Association française pour l'avancement des Sciences, de l'Association scientifique de France, de la Municipalité de la ville de Cette, et grâce aussi aux dons généreux des habitants de ce port de mer, un laboratoire a pu être établi, de manière à donner asile aux travailleurs qui voudront étudier la faune et la flore maritimes de cette intéressante région. Quand l'installation sera complète, ce qui aura lieu à bref délai, un certain nombre de lits seront mis à la disposition des naturalistes dé- sireux de s’établir à Cette pour y poursuivre leurs études. Le Professeur de zoologie de la Faculté des Sciences de Montpellier, qui est appelé à diriger le laboratoire de Cette, se fera un grand plai- sir de mettre à la disposition des naturalistes les diverses ressources de ce laboratoire, qui, modestes au début, iront certainement en se per- fectionnant rapidement.Il y a, du reste, lieu de compter surle concours du Conseil général de l'Hérault et du Conseil municipal de Montpel- lier, qui ne sauraient rester indifférents vis-à-vis d'une institution qui intéressesi directement les intérêts scientifiques de la région méditer- ranéenrie. 7Ù REVUE SCIENTIFIQUE. Géologie. Description géologique et paléontologique des Pyrénées de la Haute-Garonne ; par À. LEYMERIE, professeur à la Faculté des Sciences de Toulouse, correspondant de l'Institut f. Malgré les travaux considérables des géologues français, le sol de notre pays est encore loin d’être connu d’une manière complète dans toute son.étendue. Il serait cependant injuste de critiquer trop vive- ment cet état de choses: il ne faut pas oublier que la géologie n'est réellement devenue une science positive que depuis une époque peu éloignée. Complétement absorbée tout d'abord par les considérations d’origine, et peu versée dans les méthodes des observations, la géo- logie n’est devenue une science vraie que par les études sur le terrain si brillamment inaugurées par une pléiade d'hommes illustres, il y a soixante ans à peine. En ceci, nous ne voulons nullement prétendre que les recherches sur les origines du globe doivent être laissées de côté, mais il est bien permis de dire que ces études doivent être un corollaire et non un point de départ. Ilest donc de toute importance de réunir des renseignements précis, de connaître le plus de détails possible sur la constitution dn sol. Non-seulement la géologie pure doit trouver dans ces documents les bases sur lesquelles elle pourra étayer ses doctrines, mais encore ces observations auront une valeur pratique considérable. L’agricul- ture, par la connaissance exacte de la composition superficielle de son sol, amènera sans tâtonnement à connaître les amendements né- cessaires pour amener le sol arable à donner les meilleurs résultats, en même temps qu'elle trouvera dans certains gîtes minéraux (phosphorite, marnes, guanos) les engrais les plus utiles. Aux ingénieurs, la géologie donne des indications de premier or- 1 Un volume in-80 avec de nombreuses figures dans le texte, accompagné d’une carte topographique et géologique à l'échelle de = et d’un atlas contenant 21 planches de coupes et vues géologiques, et 30 planches lithographiées de fossiles caractéristiques des terrains. Toulouse, Édouard Privat, éditeur. TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 77 dre: elle leur permet d'éviter cesaccidents que la non-connaissance du sous-sol amène quelquefois dans la construction des routes et des chemins de fer. Ces quelques considérations suffiront à bien établir l'utilité des cartes géologiques détaillées, et feront comprendre l’importance que les Conseils généraux attachent à les faire dresser avec le plus de dé- tails possible. Déjà ce travail est fait dans un assez grand nombre de départements, et, dans les régions peu accidentées, quelques années ont suffi à dresser ces cartes géologiques. [Len était autrement dans la Haute-Garonne, et les couches bou- leversées des Pyrénées présentaient des difficultés considérables ; aussi n'est-il pas étonnant que M. Leymerie, malgré sa haute com- pétence,ait misprès de trente-trois ans à mener à bonne fin ce travail. Par une sorte de fatalité, la mort a surpris le savant géologue avant l'entière publication de son œuvre, de celle qu'il regardait, avec juste raison, comme la plus importante de toutes celles que sa lon- gue carrière lui avait permis d'aborder. C'est en effet dans l'étude de cette chaîne des Pyrénées, à peine connue avant lui, et qui présentait des difficultés plus ardues peut- être et à coup sûr plus nombreuses que les Alpes mêmes, que sa rare sagacité, sa persévérance et son indomptable énergie se sont révélées. Il serait certainement superflu de rappeler ici quels furent le rang et l'autorité de M. Leymerie dans la science , et je n'apprendrai à au- cun des lecteurs de cette Revue que le savant professeur a été l’un de ceux qui fondèrent la stratigraphie française et que ses ouvrages di- dactiques lui ont assuré un nom illustre. L'ouvrage dont nous avons à rendre compte a recu de son auteur je titre de : Descriplion géologique et paléontologique des Pyrénées de la Haute-Garonne ; cette désignation demande quelques explications. En 1845, M. Leymerie était officiellement chargé de dresser la carte géologique du département, primitivemeut confiée à M. l’ingé- mieur François. Mais à peine ce travail fut-il commencé que M. Ley- merie se rendit compte des difficultés considérables qu'il y avait à débrouiller le chaos de la partie montagneuse, et de l’absolue néces- sité de se rendre compte tout d’abord de la constitution géologique de la chaîne des Pyrénées ; de là un travail immense dans lequel il se lança résolûment, multipliant ses courses dans tous les sens, de la Méditerranée à l'Océan, et des alluvions de la plaine jusqu'aux plus hauts pics des Pyrénées, remontant les vallées et franchissant même parfois la frontière espagnole. C'est grâce à cette multiplicité de recherches que M. Leymerie a 3e sér., tOM, 1. 6 78 REVUE SCIENTIFIQUE. mis quelque ordre dans la classification des couches tourmentées denos montagnes, et les nombreuses notes qu’il a successivement publiées sur cette région montrent toutes avec quelle prudence et avec quelle patience il a préparé les matériaux de cette œuvre dernière et capi- tale. Aussi M. Lartet, son savant successeur à la chaire de géologie de la Faculté des Sciences de Toulouse, a-t-il pu dire, avec juste raison: « que les nouveautés que ses découvertes ont introduites dans la stra- tigraphie des Pyrénées, et particulièrement dans l'étage crétacé, si complétement étudié dans ce travail, en agrandissent l'intérêt et le feront consulter par tous les géologues, abstraction faite de toute application spéciale à la Haute-Garonne ». L'ouvrage de M. Leymerie a donc une importance capitale pour la géologie des Pyrénées ; aussi le lecteur ne sera-t-il pas étonné de trouver un Aperçu de la chaîne des Pyrénées et du bassin sous-pyré- néen, Car nous ne parlerons pas des notions élémentaires de géologie qui commencent le volume et qui sont exclusivement destinées à met- tre au courant de la science les gens du monde, les habitants de la région qui auraient intérêt à connaître la constitution géologique du pays. Dans ce premier chapitre, notre savant Professeur, aussi habile écrivain qu'observateur consciencieux, a condensé en quelques pages toutes les données nécessaires pour se faire une idée exacte de nos montagnes au triple point de vue physique,géognostique et géogénique. Cette dernière question intéressera tout particulièrement les per- sonnes encore inhabituées à suivre la géologie dans ses déductions; elles verront comment, par l'étude attentive des couches géologiques, il est possible de reconstituer l’histoire d’une môntagne et de recon- naître les phénomènes successifs qui ont peu à peu amené l'état actuel. C'est dans ce premier chapitre que le style précis, clair et méthodique de l'auteur , le bonheur des expressions pittoresques qui lui servent à caractériser d'une facon saisissante le moindre relief, le plus modeste accident du sol, seront assurément appréciés de ceux qui pourront suivre, son livre à la main, les régions et les terrains qu il a si fidèlement et si élégamment décrits. Immédiatement après cette sorte de Préface, l'auteur aborde son sujet principal: Statistique géologique du département de la Haute- Garonne. Les montagnes de ce département peuvent se ranger en trois Ca- tégories distinctes, aussi bien au point de vue orographique que par leur âge géologique : TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 79 1o Montagnes de crête (3,000" d'altitude) à pentes raides, glaciers ; constituées par des schistes cristallins et des granites. 20 Montagnes de 2° ordre, presqu'aussi élevées (2,000 à 2,500"); pentes rapides et formes heurtées; disposées en massifs allongés, ter- minés par un où plusieurs sommets ou par des crêtes transversales formées de terrains de transition. 3 Montagnes de 3° ordre, les plus basses et en même temps les plus étendues ; ne consistent qu'en des massifs mamelonnés, crêtes et sommets arrondis (500 à 800%), composés de calcaires, brèches, schis- tes terreux jurassiques ou crétacés. Dans une grande coupe menée de la Maladetta à Montrejeau, M. Leymerie a très nettement représenté ces diverses régions, et l'explication qui l'accompagne constitue un résumé des plus nets sur la constitution de cette bande de terrain. À la suite de cette sorte d'Introduction vient une étude rapide des minéraux et roches essentielles des terrains de la Haute-Garonne; enfin un tableau montre comment sont répartis les différents terrains de la région et quelle est l'importance relative de chacun d'eux. Une série de coupes générales accompagne ce tableau. La Haute-Garonne occupe la partie centrale de la chaïne des Pyrénées, et c'est là que les terrains qui constituent cette chaîne sont très développés, en même temps qu’elle les présente avec des carac- tères plus complets que partout ailleurs; aussi, par cela même, la géognosie de ce département est devenue plus importante que ne semblerait l'indiquer au premier coup d'œil la place restreinte qu'il occupe dans la chaîne. Après tous ces préliminaires, l'auteur aborde la description détaillée de chaque terrain, en commencant par ceux des Pyrénées proprement dites ; ce sont les plus anciens. Nous ne pourrons suivre l’auteur dans toutes ses descriptions, et nous nous contenterons d'indiquer à grands traits les points princi- paux. Terrains granitiques. — Les terrains granitiques ont donné à M. Leymerie deux types généraux qui jouent un rôle tout différent : le granite proprement dit, et le granite protéique. La première de ces roches forme des massifs indépendants, tandis que la seconde se trouve constamment associée au terrain cambrien, quil a soulevé et avec lequel il est resté en relations intimes. Terrain de transition. — Le terrain de transition de la Haute-Ga- 80 REVUE SCIENTIFIQUE. ronne fait partie d'une grande bande qui, après avoir joué le rôle prin- cipal dans les Pyrénées-Qrientales, sur le versant sud de la chaîne, la traverse obliquement pour venir se développer dans la demi-chaîne occidentale sur le versant nord. C'est dansnotre département que commence cette extension septen- trionale ; elle forme un des traits caractéristiques de la partie des Pyrénées qui s'étend à l’ouest de la vallée de la Garonne. Il comprend les trois étages : ce terrain de transition constitue presqu'à lui seul toutes les hautes montagnes du département: cam- brien : schistes azoïques ; silurien supérieur : schistes et grauwackes à Cardiola interrupta ; dévonien inférieur avec encrines et phcops ; su- périeur, nettement caractérisé par ses vives couleurs et par la struc- ture entrelacée de ses calcaires et par des goniatites et des clyménies. Ces terrains anciens apparaissent accidentellement un peu en avant de la chaîne (Saint-Béat, vallée du Gers). A Saint-Béat, re- viennent les granites, tous les terrains anciens de la haute monta- gne, et de plus un puissant dépôt de calcaires marmoréens s’intercale au milieu de ces couches. L'âge de ce calcaire a subi de nombreu- ses variations : tantôt jurassique métamorphique, tantôt silurien, tantôt carbonifère. M. Leymerie, au contraire, tendrait à le rattacher à une époque plus ancienne et reviendrait en quelque sorte à l’idée de Charpentier, et ferait du marbre de Saint-Béat un calcaire pri- mitif. Ces calcaires cristallins sont en rapport direct avec une roche éruptive essentiellement pyrénéenne; c'est à elle qu'était attribuée la métamorphose de ces coucaes; mais nous traiterons plus tard de cette question en résumant le chapitre consacré à l'ophite. Au-dessus de ces terrains, M. Leymerie a inscrit : absence du terrain houiller. C'était pour lui chose certaine; mais peut-être y aura-t-il lieu de revenir sur cette affirmation, car, si nous ne nous trompons pas, les schistes carbonés de Penna Blanca doivent être rapportés à cette époque. Trias.—Peu développé dans la Haute-Garonne; il est composé de grès rouge et de poudingues à galets de quartz. M. Leymerie assimile le premier de ces étages au grès rouge du Tarn, et le second au grès bigarré des Vosges ; en cela, il diffère complétement d'opinion avec plusieurs des géologues qui ont étudié la région, et notamment avec Magnan et Garrigou. Jurassique.—Un simple coup d'œil donné à la carte géologique de TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 81 la Haute-Garonne montre une bande étroite de grès rouge divisant le versant de nos montagnes en deux grandes régions : l’une, au Sud, est formée par les terrains granitiques et de transition, tandis que celle située au Nord serait entièrement composée de terrains jurassiques et crétacés, si elle n'était percée en deux points par les îlots anciens de Saint-Béat et de Millas. Ces couches jurassiques et crétacées sont intimement réunies les unes aux autres; y déterminer la part du terrain jurassique et celle du grès vertestunedes plus grandes difficultés de la géologie pyrénéenne. Dans la région surélevée de Saint-Béat, les couches jurassiques qui succèdent immédiatement au grès rouge sont, il est vrai, dominan- tes, mais elles se mêlent à celles du crétacé inférieur, et le tout est tellement bouleversé, enchevêtré, que M. Leymerie a renoncé à sé- parer ces deux terrains l’un de l’autre et s'est contenté de les décrire ensemble sous le nom de Jura-Crétacé. Il n’en est pas de même de la zone relativement basse : ici les cou- ches ont toute leur régularité d’allure, et plusieurs gites fossilifères ont permis de reconnaître leur âge exact. Le Jurassique de la Haute-Garonne peut se diviser en 4 étages : lo Lias indéterminé : Constitué par un calcaire jaunâtre, carié et celluleux ; calcaire compacte noir ; calcaire bréchoïde : ces couches, sans fossiles jusqu'à présent, représenteraientlazone à Avicula contorta. 20 Lias: Calcaire marneux de couleur sombre, schistes terreux avec : Terebratula punctata, Pecten equivalvis. 3° Epilias: Couches calcaires à Gryphæa sublobata, Rhynchonella epiliasina. 4° La série jurassique se termine par des calcaires, des brèches et des dolomies fétides sans fossiles. La ligne d'arrachement qui sépare la zone jurassique inférieure de celle du Jura-crétacé surélevé, est remarquable par la présence de roches éruptives : Iherzolite, ophite ; enfin, en certains points (Fron- tignan), la zone jurassique est séparée de celle des schistes anciens par une faille dont l'ophite a profité pour venir au jour : nous verrons plus loin les modifications que le voisinage de ces masses éruptives ont amenées dans les calcaires et dans les schistes. Jura-Crétacé.—La région du pic du Gard a surtout fourni à M. Ley- merie des documents importants pour l'étude de cette bande calcaire surélevée et que des observations futures parviendront peut-être à débrouiller. En effet, cette dénomination de Jura-crétacé n'était, dans l'esprit de M. Leymerie, qu'une appellation provisoire, qui indi- 82 REVUE SCIENTIFIQUE. quait un point à étudier. Déjà le jour semble se faire sur l’âge de ces divers calcaires, et plusieurs gîtes fossilifères sont signalés. Dans toutes ces parties surélevées, les roches ophitiques abondent, et cette fréquence semble bien indiquer un rapport intime entre l'ap- parition de ces masses éruptives et le soulèvement exceptionnel qui a porté toute cette région à une hauteur extraordinaire. Terrain crétacé. — Les Pyrénées proprement dites ne renferment que la partie inférieure du crétacé; c'est dans la chaîne moins élevée des petites Pyrénées qu'il faut aller chercher les étages supérieurs de cette formation. M. Leymerie a désigné sous le nom de grès vert toute la zone infé- rieure, et cette désignation, pour paraître un peu vague, correspond cependant à l'état mixte et indécis de cette partie de nos terrains. En étant moins précis que certains géologues qui en ont parlé sans s'être suffisamment mis au courant des difficultés qu'il présente, M. Leymerie a cru être plus exact. Il est des cas, en géologie surtout, dit notre auteur, où la précision est opposée à l'exactitude. Je ne sais trop si cet axiome sera admis par tous les géologues, et pour notre compte il nous paraît un peu paradoxal et fort commode pour remplacer cet aveu : observations incomplètes. En tout cas, dans la circonstance présente, il prouve la parfaite bonne foi scientifique de M. Leymerie. Voici comment l’auteur comprend cette partie inférieure du terrain crétacé des Pyrénées. Le Néocomien, tel qu'il a été compris par d’Orbigny, manquerait dans les Pyrénées : l’Aptien commencerait la série crétacée, celui-ci étant nettement caractérisé en plusieurs points par Exogyra sinuala. A la base, M. Leymerie place des couches à Caprotina Longsdalu, -et beaucoup de géologues rangent cette espèce dans le Néocomien. Mais la réapparition de cette couche à caprotines au-dessous des cou- ches à Exogyra sinuata a obligé M. Leymerie à comprendre toute cette série dans l'Aptien. L'étage Albien (gault} est moins nettement accusé. Le Cénomanien est caractérisé très complétement à Same et à Orthez. Dans la Haute-Garonne, le grès vert se divise en deux étages nettement séparés par une discordance de stratification, l'inférieur représentant à la fois l’aptien et l'albien; le supérieur serait du Cénomanien. Mais M. Leymerie fait remarquer que cet étage est fort singulièrement, composé et qu'il ressemble bien peu au cénomanien classique. TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 83 Crétacé supérieur : Les étages supérieurs du crétacé ne se rencon- trent que dans les petites Pyrénées. Dans la Haute-Garonne, ce chaînon est divisé en deux parties par la vallée dela Garonne. Sur la rive gauche, il forme une large bande composée de rubans longitudi- naux qui ne sont que l'effet de ridements et de failles parallèles aux Pyrénées, et qui ne lui ont imprimé qu'un relief très modéré. Du côté opposé, les reliefs sont plus accentués et leurs formes rappellent celles qui sont habituelles dans les montagnes du Jura. Une fracture a séparé ces deux parties jadis réunies, et il existe une discordance marquée entre elles. D'un côté comme de l’autre, les couches appartiennent au Crétacé supérieur et au Tertiaire inférieur. Le Crétacé supérieur de la Haute-Garonne comprend les étages suivants : Turonien : Peu développé, à St-Martory. Sénonien : Très-important , analogue au Sénonien de d'Orbigny et comprenant deux étages : craie blanche et craie de Maestricht. Ces rapprochements ne sont appuyés que sur les éléments paléon- tologiques, car la composition lithologique de toutes ces couches est absolument différente de la craie du Nord, où l'on ne rencontre que des assises argileuses surmontées par des calcaires gris marneux et par un calcaire gris nankin. Garumnien : Au-dessus des étages précédents et au-dessous de la formation nummulitique, M. Leymerie a reconnu un étage nouveau qui n'a peut-être aucun équivalent dans le Nord, mais qui avait quel- que analogie lointaine dans le Danien de d'Orbigny. Dans la Haute-Garonne, cet étage est franchement tracé par les fossiles qu’il contient, et il est bien distinct de la craie de Maestricht. La localité classique où ilconvient de l'étudier est Ausseing, que tous les géologues connaissent, et dont il nous parait superflu de parler plus longuement. Terrains tertiaires des Pyrénées.—L'étage inférieur de la série ter- tiaire est seule représentée dans les Pyrénées de la Haute-Garonne, et M. Leymerie sépare complétement de cette région élevée toute la partie basse {vallée de la Garonne), absolument distincte et par sa con- stitution orographique et par sa composition géologique. Le tertiaire inférieur, éocène des Pyrénées, comprend deux assises: le nummulitique et le congiomérat de Palassou. Le nummulitique a été divisé par M. Leymerie en trois assises : 1° Calcaire à miliolites qui repose sur le Garumnien ; - c 4 REVUE SCIENTIFIQUE. 2° Calcaire à mélanies ou alvéolines, caractérisé par Ostrea wncifera; 3° Couches à nummulites et à operculines. Au-dessus vient se placer le conglomérat de Palassou, éocène supé- rieur qui correspondrait au grès de Fontainebleau. Tels sontles différents étages que M. Leymerie a reconnus dans les Pyrénées de ia Haute-Garonne, et que son livre permet d’étudier d'une manière très complète. Le rapide exposé que nous venons de faire permettra de juger assez complétement, espérons-nous, de la haute importance géologique de cette région centrale des Pyrénées. Comme complément de cette étude, M. Leymerie a consacré un long et fort intéressant chapitre à la question de l’ophite, roche es- sentiellement pyrénéenne et qui joue un rôle important dans toute la chaîne. Voici les conclusions de ce chapitre : L'ophite et lalherzolite sont deux faciès différents mais contem- porains et concomitants de roches dont la présence à la surface du sol est l'effet d’un phénomène éruptif caractéristique pour les Pyré- nées. Cette action ne s’est exercée que dans la zone secondaire relative- ment inférieure, et principalement dans les points où tendent à réap- paraître des terrains anciens extraordinairement soulevés au milieu des calcaires secondaires (Saint-Béat). Les gites ophitiques ne paraissent être soumis dans leur position à aucune direction générale. L'ophite, en pénétrant les terrains secondaires, a rendu cristallines les masses calcaires, et la présence constante de la couzéranite et d’au- tres substances minérales est liée à ce voisinage; dans quelques cas (à Salies), les effets sont plus spéciaux : coloration des argiles, forma- tion de gypse. L'ophite aurait apparu après le dépôt de l’éocène nummulitique, c'est-à-dire à l'époque du grand soulèvement pyrénéen. M. Leymerie ne serait pas éloigné d'admettre que les éruptions ophitiques dont les effets apparents à la surface du solne constituent que des aflleure- ments restreints et irrégulièrement disposés ,ont été l'agent principal du soulèvement de la chaîne. Dans cette manière de voir, ce ne serait pas le granite qui aurait soulevé la zone surélevée, où nulle part on ne le voit pénétrer en filons dans les calcaires secondaires ; il y aurait été poussé par des ophites sous-jacents en même temps que les schistes anciens et les calcaires paléozoïques superposés, et le granite n'aurait ainsi joué qu'un rôle passif. TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 85 Nous ne suivrons pas M. Leymerie dans son étude sur les mines et les matières minérales du département; à ce point de vue, la région est peu riche, à la condition d'en excepter cependant les eaux miné- rales (Luchon, Encausse, etc., etc.). Le chapitre suivant est consacré au phénomène erratique. D'abord laissé au second plan et presque nié par M, Leymerie, l'erratique des Pyrénées s'était imposé peu à peu à l'esprit du savant professeur, et voici comment il résumait son opinion à ce sujet : « Ilest vrai que l'action glaciaire se manifeste dans les vallées des Pyrénées, et qu'on en peut voir des traces jusqu'aux abords de la plaine de Valentine. Mais dans cette plaine même, le phénomène diluvien règne seul, etil en est de même dans tout le bassin sous-pyrénéen, qui s'étend plus au Nord, où le diluvium, caractérisé par une sorte de stratification, par le nivellement de la surface de ces dépôts et par la rondeur des cail- loux qui en constituent l'élément principal, offre un développement magnifique ». Toutes les régions supérieures de la Haute-Garonne portent des traces de l’action glaciaire : roches moutonnées, polies, rayées; morai- nes, etc., etc., et qui convergent toutes vers le grand glacier de la Ga- ronne. M. Leymerie les a sommairement indiquées; bientôt nous espérons donner nous-même une étude détaillée de tous ces phéno- mènes. Vient ensuite un chapitre consacré au préhistorique de la Haute- Garonne: celui-ci a été rédigé entièrement par M. Cartailhac ; en cela M. Leymerie a montré qu’il avait complétement abandonné ses idées d'autrefois à ce sujet et qu’il était enfin rallié à l’école nouvelle. Cette première partie, debeaucoup la plus considérable, se termine par une étude détaillée des espèces fossiles recueillies dans les di- vers terrains et citées dans le corps du volume. Beaucoup sont déjà connues des géologues, mais un certain nombre sont nouvelles pour la science. Pour les premières, M. Leymerie s’est contenté d'en re- produire les noms avec quelques mots d’explication, lorsque la chose était nécessaire. Pour les autres, au contraire, une description per- met d'en bien saisir les caractères; ajoutons que presque toutes les espèces citées sont représentées dans l’atlas qui accompagne l'ou- vrage. Bassin sous-pyrénéen.— Au nord des Pyrénées de la Haute-Garonne s'étend une vaste région constituée par des sédiments à strates hori- zontales et en discordance de stratification très nette avec les terrains plus anciens de la montagne. 86 REVUE SCIENTIFIQUE. Ces terrains, déposés après le soulèvement des Pyrénées, se com- posent d’argiles, de marnes plus ou moins sableuses, et de sables agglomérés par un ciment calcaire, formant ainsi une sorte de molasse. Ces dépôts, toujours lacustres, atteignent une épaisseur con- sidérable, que M. Leymerie évalue à 500 mètres. Leur âge est franchement miocène. C'est en ce point que se terminait le manuscrit de M. Levmerie; la mort l’a surpris avant l'entier achèvement de ses études sur la plaine sous-pyrénéenne, et ses dernières excursions vers la partie méridio- nale du bassin prouvaient qu'avant de les décrire il éprouvait le be- soin de recueillir de nouvelles observations. L'ouvrage de M. Leymerie serait donc incomplet, par ce fait, si l'éditeur n'avait trouvé chez M. Lartet, le savant successeur de M. Leymerie à la chaire de géologie de la Faculté des Sciences de Toulouse, un puissant concours, ce qui lui a permis de compléter l’œuvre inachevée. M. Lartet, avec une délicatesse extrême, et pour laisser à la descri- ption des Pyrénées de la Haute-Garonne toute son originalité, s’est contenté de résumer en quelques pages ce qui semblait manquer à la description des couches tertiaires du bassin sous-pyrénéen; et de la sorte il ne manquait plus que la description du diluvium des val- lées. Pour combler cette lacune et respecter l’œuvre du Maître, en lui conservant son entière originalité, M, Lartet a reproduit les mé- moires publiés antérieurement par M. Leymerie sur ce même sujet. Certainement l’auteur aurait modifié en quelques points les opi- nions émises dans cès publications déjà anciennes; mais ces modifi- cations n'auraient altéré en rien la valeur de ses descriptions, qui res- tent, comme toujours, claires et élégantes. Ge compte rendu pourra, je l'espère, montrer la haute valeur de l'œuvre dernière de M. Leymerie, et il me semble superflu d’insister sur ce point. Mais, à ces qualités premières, l'ouvrage dont nous parlons joint encore celles, fort appréciables, que l'éditeur toulousain M. Pri- vat a su lui ajouter, ne reculant devant aucun sacrifice pour inter- caler dans le texte de nombreuses figures et pour adjoindre au volume un atlas de planches d’une exécution parfaite et dans lequel, outredes coupes nombreuses, sont représentées toutes les espèces possibles dé- crites par M. Leymerie. Enfin une carte au 1/200,800, spécialement gravée par M. Vührer, complète cette publication et fait de l'ouvrage TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 87 de M. Leymerie une œuvre de premier ordre et que tous les géolo- gues doivent posséder dans leur bibliothèque. E. TRUTAT. Botanique. Notes Algologiques; par Ed. Borner et G. TaureT, 1876-1880, 2 vol. in-46, avec 50 planches ; Paris, G. Masson. Sous le titre modeste de Voies algologiques, M. Bornet vient d’ache- ver la publication d’une œuvre magistrale dès longtemps entreprise par M. Thuret et par lui. M. Thuret, enlevé à la science en 1875 par une mort prématurée, ne put réaliser lui-même le projet, qu'il pour- suivait depuis de longues années, de représenter par une série de planches savamment exécutées les points les plus importants et les plus délicats de l’histoire des Algues. | Son savant collaborateur se fit un pieux devoir de mener à bonne fin le travail auquel il s'était associé depuis longtemps; nous ne sau- rions assez nous féliciter qu'il ait atteint son but, car il est incontes- table que les Notes algologiques représentent un immense progrès dans l'étude des végétaux inférieurs. Nous ne pouvons songer à relever tous les résultats intéressants que ce grand travail met en relief. Ces deux volumes résument les efforts accomplis sans relâche, pendant plus de vingt-cinq années, par deux hommes qu’animait le seul amour de la vérité. Nous insisterons pourtant sur les faits qui nous paraissent dominer tous les autres par leur importance physiologique, aussi bien que par les conclusions générales qu'on est en droit d'en tirer. Les recherches de MM. Bornet et Thuret leur ont permis de résou- dre une grande difficulté relativement au groupe des Algues Crypto- phycées (Phycochromacées ) que l’on classait autrefois d’une façon tout arbitraire, sans connaitre les particularités qu'y présentent les phénomènes de la reproduction. On savait bien que parmi ces Algues inférieures, les unes se reproduisent par des cellules isolées, identi- ques à celles quileur ont donné naissance (Chroococcus, Glæocapsa, etc.); que d’autres, comme les Nostoc, transforment quelques-unes de leurs cellules végétatives en spores susceptibles de subir une période de repos à l’abri d’une paroi protectrice relativement épaisse ; mais si les spores avaient été observées chez quelques espèces, beaucoup d’autres, très voisines d’ailleurs de celles-ci par la structure de leur appareil végétatif, n'en ont pas jusqu'ici révélé l'existence. 88 REVUE SCIENTIFIQUE. Il paraissait donc impossible d'établir parmi ces Algues des distinc- tions rigoureuses, basées sur les phénomènes importants de leur vie; aussi était-il, il y a quelques années encore, presque inutile de son- ger à déterminer, même génériquement, les Algues Cryptophycées, bien que plusieurs ouvrages les aient décrites et figurées. MM. Bornet et Thuret ont observé qu’à côté des Algues inférieures, qui ne se produisent que par des cellules isolées (Chroococcacées }, d'autres, pourvues ou non de spores, se reproduisent par des tronçons de filaments végétatifs {hormogonies) qui sont doués de motilité quand ils viennent de se séparer de la plante mère. Ges plantes, oppo- sées aux précédentes, ont recu le nom de Nostochinées, du genre Nostoc, l'un des plus nombreux de la famille. Après avoir décrit en détail quelques types de Chroococcacées, M. Bornet entreprend une révision critique des Nostoc, que les col- lections publiques ou particulières lui ont permis de comparer avec ses observations personnelles. La confrontation de documents fort nombreux lui a donné l'assurance que beaucoup des espèces décrites jusqu'ici sont des synonymes les unes des autres. Le Nostoc commune Vauch., auquel M. Bornet rend le nom de N. ciniflonum, donné par Tournefort en 1698, a reçu successivement 28 noms différents. Le N. verrucosum Vauch. a 19 synonymes. On comprend sans peine qu'il était difficile d'acquérir une certitude relativement à une forme quel- conque de ce genre. M. Bornet a aplani cette difficulté en résumant sous forme de tableau synoptique les caractères qui permettent de dis- tinguer les différentes espèces et de les grouper de la façon la plus naturelle. La description successive, attentive, d'un certain nombre de types appartenant aux divers genres de Nostochinées, permet de baser leur groupement sur des données scientifiques, ce qu'on n'avait pu faire jusque-là. On jugera des difficultés que les auteurs ont rencontrées par ce seul fait qu’ils ont dû séparer du seul genre Scytonema quarante plantes qui y avaient été placées par erreur. Ce gigantesque travail de révision opéré, MM. Bornet et Thuret groupent de la manière sui- vante l'ensemble des Algues colorées par le phycochrôme, auxquelles ils donnent le nom de Cryptophycées. /se reproduisant par cellules isolées : Croococcacées. /pas d'hétérocystes. Lyngbyces. se reproduisant ‘filaments simples. Nostocées par hormogonies : — ramifés. Scyloné- NosTocHiNËrs. CRYPTOPHYCÉES mées. | — atténués en poils. Nas: Calotrichiées. TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 89 Les observations contenues dans les Votes algologiques relative- ment aux Floridées ne sont pas moins importantes. On ne peut encore songer pourtant à établir d'une façon nette les rapports morphologiques qui existent entre les différents représen- tants de ce groupe immense : beaucoup de termes nous sont encore tout à fait inconnus; nous devons accepter comme artificielle, à beaucoup d'égards, la classification adoptée aujourd'hui; ik faudra bien des recherches encore, et bien des tâtonnements sans doute, pour arriver à la notion simple des relations réciproques des Floridées entre elles et avec les groupes voisins. Il n’en est pas moins vrai que les Votes algologiques ont fait connaître à ce point de vue une foule de faits positifs qui nous rapprochent beaucoup d'une solution si désirable. Afin que l’on puisse saisir plus facilement ce qui va suivre, il est nécessaire d'expliquer les termes employés pour désigner des appa- reils morphologiquement bien différents de ceux qu'on rencontre dans tous les autres groupes d’Algues. J'emprunte à peu près textuel- lement ces explications aux descriptions des auteurs. On désigne sous le nom de cystocarpe le fruit des Floridées qui ré- sulte de la fécondation de l'organe femelle par les corpuscules mâles (anthérozoïdes.) Le procarpe est l’ensemble des cellules qui com- posent l'organe femelle avant la fécondation ; il se compose d’une cellule ou d’un système carpogène et d'un appareil d'imprégnation, l'appareil trichophorique, dont Le trichogyne est la partie essentielle. Dans l’état le plus simple, le trichogyne n'est qu’un prolongement de la cellule qui produit les spores (Chantransia, Nemalion), mais il s’y produit successivement des complications de plus en plus grandes. Lorsque la fécondation est accomplie par la copulation des anthé- rozoïdes avec le trichogyne, les cellules du procarpe éprouvent des modifications dont la formation du cystocarpe est le résultat final. Les cellules carpogènes ne peuvent toutes se transformer direc- tement en spores, mais le plus souvent elles subissent une végé- tation active, ne se transforment en spores qu'après s'être divisées et ramifiées, ou bien même les unes forment finalement des spores tandis que les autres ne deviennent pas reproductrices; elles consti- tuent alors le placenta. Cet ensemble des spores et des cellules qui leur servent de base constitue le nucléus. Le nucléus estsouvent entouréde parties appendiculaires, de struc- ture et d’origine variables, dont l’organisation et le développement fourniront sans doute un jour des caractères utiles pour la classifica- tion du groupe entier. 90 REVUE SCIENTIFIQUE. Dès aujourd'hui, malgré toutes les lacunes que les investigations ultérieures auront à combler encore par l’étude comparative des types exotiques avec ceux des régions tempérées, on peut considérer les faits mis en lumière par MM. Bornet et Thuret comme les jalons princi- paux entre lesquels les résultats nouveaux viendront se ranger. Si donc nous cherchons dans la structure et le développement du cystocarpe des caractères que nous accepterons à titre provisoire, nous placerons au plus bas degré de l'échelle les Peyssonnelia, dans lesquelles les organes reproducteurs mâles et femelles sont formés par des filaments végétatifs à peine transformés; la fécondation ne paraît pas avoir d'autre résultat que de changer les cellules du pro- carpe en spores. Dansles Némaliées, la structure du procarpe et du fruit est un peu plus compliquée, quoique bien simple encore. C'est au groupe des Némaliées qu’il faut rattacher la généralité des Floridées d’eau douce. Dans les Callithammion et les genres voisins, les cellules du pro- carpe sont disposées en anneau autour d’un des articles supérieurs de la plante; cependant la structure du cystocarpe, qui résulte de la fé- condation, est assez différente dans quelques-unes des espèces qu'on rangeait autrefois dans ce genre pour que des dédoublements soient devenus nécessaires; c'est ainsi que le Ptlothammion Pluma Thur. a été séparé des vrais Callithammion, que le Sphondylothamnion multifi- dum est éloigné des Wrangelia. Des remaniements de même nature se sont imposés dans presque toutes les familles de Floridées. Nous ne pouvons exposer ici ces nombreuses analyses, si patiemment exécu- tées ; nous avons tout lieu de désirer qu'à une époque rapprochée de la nôtre l'œuvre de MM. Bornet et Thuret serve de base à une étude méthodique générale des Floridées. En terminant, remercions l'éditeur des œuvres de MM. Bornet et Thuret : il s’est fait le gardien des traditions de notre vieille Librairie française, en conservant aux œuvres qu'il publie les qualités matériel- les, devenues si rares aujourd'hui, qui entrent pourtant pour quelque chose dans la valeur des œuvres scientifiques. CE TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 91 Recherches sur la vie dans l’Huile ; par M. Van Tiscaem (Bull. Soc. bot. de France ; 2? avril 1881). Dès le commencement du siècle, Th. de Saussure établissait par des expériences que des plantes phanérogames, préalablement culti- vées dans l’eau, cessent de croître dès qu’on les plonge dans l'huile. Il résulte d'expériences récentes de M. Van Tieghem que, si l'huile se montre impropre à entretenir la vie des plantes supérieures, elle constitue pour certains organismes inférieurs un milieu de culture approprié. Parmi les plus remarquables, citons le Saccharomyces olei, V. T. Cette plante se développe dans toute l’étendue du liquide, qu’elle rend trouble et laiteux; ses cellules ont de 4 à 4,5 de longueur; cette végétation n'est accompagnée d'aucun dégagement de gaz; l'huile subit pourtant une altération profonde : elle devient acide et se saponifie. Par le fait de la séparation et de la solidification des acides gras, elle prend l’aspect d’une pâte, d'où un lavage à l'eau extrait de la glycérine. Le Saccharomyces Cerevisiæ (levûre de bière) ne se développe pas dans l'huile. M. Van Tieghem a aussi cultivé dans l'huile une Monère, diffé- rents Mucor, ainsi que plusieurs Ascomycètes, parmi lesquelles le plus fréquent est le Penicillium glaucum, dont les fructifications ca- ractéristiques se produisent très normalement au sein du liquide. Il est important de noter toutefois que c’est seulement dans les huiles non épurées, les plus diverses d'ailleurs, que ces cryptogames se développent ainsi. Dans les huiles épurées, aucune végétation ne se développe. D'où provient cette différence ? Si le corps humide qui sert de sup- port au cryptogame a été soumis à un séjour prolongé dans l’eau bouillante, le corps immergé dans l'huile ne s’en couvre pas moins, après quelques jours, d’une abondante couche de moisissures. Mais, si l'huile elle-même a été chauffée vers 200°, aucun organisme ne s’y développe plus. Ce n’est donc pas le corps humide, mais l'huile, qui renferme les germes des cryptogames. Dans le cas des huiles épurées, l’action des acides ou de la chaleur a tué les germes qui y étaient contenus. Pourquoi, se demandera-t-on, ces spores ne se développent-elles pas dans une huile quelconque, abandonnée à elle-même ? Parce que l’eau est nécessaire à leur passage de vie latente à vie active, à leur 1 Voy. aussi : Bull, Soc. bot. de France, 10 déc. 1880 et 14 janv. 1881. 92 REVUE SGIENTIFIQUE. germination, et que l'huile ne leur en offre pas. Que dans cette huile on introduise un peu d’eau à l'état d’imbibition dans un corps quelconque, aussitôt les spores, mises en contact avec la surface humide, entrent en germination; les filaments mycéliens en enva- hissent la surface pour se répandre ensuite dans la masse du liquide. Si l'huile a été stérilisée par des opérations quelconques, il est nécessaire de l’ensemencer pour obtenir le développement des cryp- togames, qui y viennent, du reste, avec autant de facilité que dans le premier cas. L'huile paraît tenir en dissolution de 20 à 25 0/0 d'oxygène, et de 75 à 80 0/0 d'azote ; la plante trouve donc facilement et amplement, au sein même du liquide, l'oxygène nécessaire à sa germination et à son développement. Quant à l'eau nécessaire à la végétation, elle doit nécessairement venir du dehors au début; mais, une fois développée, la plante se suffit à elle-même dans l'huile. Des cultures en cellules ont permis à l’auteur de résoudre ce problème. C’est aux dépens de l'hydrogène de l'huile que la plante forme l’eau dont elle a besoin pour sa crois- sance. Après la végétation, cette eau s'accumule peu à peu dans l'huile. La végétation des moisissures, analogues au Penicillium, laisse l'huile parfaitement limpide ; il s'y produit pourtant une saponifica- tion lente avec cristallisation d'acide gras. Ces phénomènes paraissent se manifester de la même manière chez le Saccharomyces, chez la Monère, les Mucor ou les Ascomy- cètes. Placés dans les mêmes conditions physiologiques, tous ces êtres se comportent d’une facon identique. L'Éditeur-Gérant : Cnarces BOEHM. Montpellier. — Typogr. et Lithogr. Bogux et Fixs. MÉMOIRES ORIGINAUX. NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LA THÉORIE DES ALIGNEMENTS MÉTALLIFÈRES À LA SURFACE DU GLOBE Par M. J. THOULET, Maître de Conférences à la Faculté des Sciences de Montpellier. Il y a plusieurs années, en 1876, j'avais l'honneur de pré- senter à l’Académie des Sciences, dans sa séance du 24 janvier, l’avant-projet d’une carte du globe terrestre en projection gno- monique sur l'horizon du pôle Nord, et destinée à permettre l'étude graphique des théories d’alignements des émanations vol- caniques et métallifères énoncées par divers savants et noltam- ment par feu Élie de Beaumont et feu Charles Sainte-Claire De- ville, son élève. Ces théories ont été vivement attaquées et non moins vivement défendues ; elles s'appuient en grande partie sur de longs et arides calculs trigonométriques, et comme ces cal- culs sont pratiquement presque impossibles à reprendre, si les défenseurs des théories du réseau pentagonal ont pu pécher par trop de rigueur, il faut avouer que, d’autre part, les détracteurs ont quelque peu manqué de rigueur, et leurs dénégations ont été basées plutôt sur des impressions que sur des faits réels. La complication n’est pas plus une preuve d’exactitude qu’une preuve de fausseté. Dans ces conditions, il m'a semblé qu'il serait utile de placer la discussion sur un terrain plus facile et, par un travail avant tout de bonne foi et sans la moindre opinion préconçue, de con- tribuer à la solution définitive, dans un sens affirmatif ou néga- tif, d’une question qui, à juste titre, a si fortement attiré l’atten- 3° sér., tom. 1. 7 94 MÉMOIRES ORIGINAUX. tion du monde savant. La théorie du réseau pentagonal, exacte ou inexacte, est une date dans l’histoire de la géologie. J’ai donc cherché à meltre de côté, aulant que possible, les chiffres, pour employer les lignes, qui offrent l’avantage de parler aux yeux; je dressai alors moi-même une carte spéciale dont le brouillon fut présenté à l’Académie des Scieuces. M. Ch. Sainte-Claire Deville, avec cet esprit de justice et d’impartialité dont le souvenir est encore présent à l'esprit de tous ceux qui l'ont connu, voulut bier encourager ma lentative, et c’est grâce à des fonds mis généreusement par lui à ma disposition que j'ai pu amener ce travail au point où il se trouve aujourd’hui. Sa publication est une sorte d'hommage rendu à la mémoire de ce savant. Ainsi que je l’expliquerai plus loin, il m'est devenu maintenant im- possible de le développer davantage, mais un pas en avant a été, je crois, accompli. Peut-être quelqu'un se déterminera-til à achever cette tâche, car il suffira désormais de recherches bi- bliographiques presque impossibles ailleurs que dans un grand centre comme Paris, et du pointement consciencieux d’un certain nombre de localités minéralogiques, pour arriver à nier ou à ap- prouver, d’une façon indiscutable, les théories d’alignements des gisements métalliféres. En outre de l'intérêt théorique atta- ché à un pareil résultat, on ne saurait exagérer la haute impor tance qu’il y aurait, dans le cas affirmatif, à être en mesure de marquer d'avance, sur une région du globe connue ou inconnue, le point précis où il y auraitchance de trouver tel ou tel minerai, et ceux où d’avance il serait inutile d’en chercher parce qu’ils ne peuvent y exister. Lorsqu'on veut s'occuper d’études graphiques sur la sphére, il est absolument nécessaire, pour opérer de la façor la plus sim- ple possible, d'employer la projection gnomonique. En effet, sur un plan, les constructions géométriques se font principale- ment par des lignes äroites, au moyen de la règle et de l’é- querre ; tandis qu’à la surface de la sphère on ne peut profiter du grand avantage de tracer ces arcs avec une règle que lorsque ceux-ci sont figurés par des lignes droites, et tel est le cas pour THÉORIE DES ALIGNEMENTS MÉTALLIFÈRES. 95 une projection gnomonique. Cette projection est la seule qui pré- s\nte cette propriété, et elle permet ainsi d'éviter les calculs ré- sultant de l’emploi de la trigonométrie sphérique. Ou projette gnomoniquement un point de la sphère en suppo- sant cette sphère tangente à un plan qui est le plan de projection, en joignant le centre de la sphère au point à projeter par un rayon, et en prolongeant ce rayon jusqu'à ce qu’il perce le plan tangent en un point qui est la projection gaomonique du point considéré. Rermarquons que le rayon, prolongé de part et d'autre du cen- tre, coupera la sphère en deux points qui seront antipodes l’un de l'autre et posséderont tous deux sur la carte la même projection gnomonique. Toute droite tracée sur une projection gnomonique étant l'in- tersection avec le plan de projection d’un pan passant sur le centre de la sphère, représente un grand cercle ; et réciproque- ment, tout grand cercle de la sphère sera figuré par une droite sur la projection. La projection gnomonique est donc la seule à employer pour remplir le but proposé. Ce choix avait été d’ailleurs celui d’Élie de Beaumont, qui avait publié à la suite de sa Notice sur les systèmes de nontagues une carte à très petite échelle représentant le pentagone européen projeté dans ce système sur l'horizon de son centre. Ce centre avait été placé, par suite de considérations dans lesquelles nous n’avons point à entrer ici, près de Remsda, en Saxe, par 50°,46’3”,08 lat. N. et 8°,53/31", 08 long. E. La carte fut reproduite à la fin du rapport d'Élie de Beaumont sur les progrès de la stratigraphie, à l’occasion de l'Exposition universelle de 1867. Plus lard, sous la direction de M. Foucou, je calculai directement, de degré en degré, les intersections de chaque méridien avec chaque parallèle comprises sur toute la sur- face du pentagone européen, de manière à obtenir de ce penta- gone une carte carrée de ? mètres de côté. L’original et les calculs de cette carte n’existent plus, je reste cependant en possession d'un calque en vingt feuilles, M. de Chancourtois voulut bien me 96 MÉMOIRES ORIGINAUX. charger ensuite d’exécuter les calculs relatifs au canevas d’une carte gnomonique du globe sur les huit faces d’un octaèdre cir- conscrit à la sphère. Plus tard, je projetai moi-même le globe sur les six faces du cube circonscrit à la sphère aux deux pôles ter- restres et en quatre points de l’équateur; le quart d’une face se rapportant à l'Amérique du Nord a été achevé, et les côtes, ainsi que l’hydrographie continentale, ont été tracées avec la plus consciencieuse habileté, d'abord par M. E. Picart, dessinateur au dépôt de la Guerre, et après la mort de celui-ci par M. Hansen. Cette carte figura à l'Exposition du Congrès de Géographie de Paris, en 1875. Toutes ces tentatives me paraissant encore laisser à désirer au point de vue de la simplicité, de la facilité et de la netteté des constructions graphiques, je me décidai à disposer la projection d’une façon différente. Mais avant d'aborder l'explication détail- lée de la carte employée, il n’est pas inutile de bien définir le but auquel elle est destinée. Dépouillée de tout détail accessoire, la théorie d’Élie de Beaumont peut se résumer par les deux lois suivantes : 1° Les grands accidents de la surface terrestre, chaïnes de montagnes, émanations volcaniques et métallifères, etc., se sont opérés suivant la direction de grands cercles, ou plutôt de fuseaux de la sphère terrestre. 2° Ces grands cercles coïncident avec les cercles d'un réseau dit pentagonal constitué par un système de douze pentagones plans égaux, faces d’un dodécaèdre pentagonal, tangents à la sphère en des points fixés par Élie de Beaumont d'après des con- sidérations particulières ; ou bien ils sont parallèles aux cercles de ce réseau. Pour vérifier l'exactitude ou l’inexactitude de ces deux lois, il faudra pointer sans aucune idée préconçue, sur des cartes conve- nablement disposées, les accidents de la surface du sol. Si les idées d’Élie de Beaumont sont vraies, il suffira d’une règle et d’une équerre pour constater si ces accidents sont sur une même THÉORIE DES ALIGNEMENTS MÉTALLIFÈRES. 97 ligne droite etsi celle droite est parallèle aux éléments du réseau pentagonal tracés sur la carte. Il y a donc trois opérations à effectuer : construction d'une ou plusieurs cartes ; tracé des éléments principaux du réseau pen- tagonal ; pointement des gisements à étudier. Occupons-nous actuellement de ce qui touche à la première cpéraltion. Pour dresser la nouvelle carte, la sphère a été supposée tangente au pôle Nord; l’équateur se projetant à l'infini ne pourra évidem- ment pas être représenté ; les méridiens seront figurés par des droites divergeant du centre de la carte, point de tangence, tandis que les parallèles seront des circonférences concentriques ayant le point de tangence pour centre commun. La grandeur d'un degré de latilude augmentant du pôle à l'équateur, on s’est borné à faire représenter à la circonférence extrème de la carte le 11* degré de latitude. En outre, chaque point de la projection pou- vant être considéré comme déterminant deux antipodes, on a admis que le canevas ainsi tracé se rapportait aussi bien à l’hé- misphère Sud qu’à l'hémisphère Nord, et on en a fait usage pour y tracer les côtes et pour y reporter les principaux grands cercles du réseau pentagonal. La projection est donc à la fois directe et en quelque sorte virtuelle. Cette carte présentée à l’Académie était une ébauche qu’il fallait perfectionner en lui donnant toute la rigueur compatible avec un dessin matériel. Il convenait avant tout de rechercher l'échelle la plus conve- nable. Si l'échelle est petite, il devient possible de s'approcher relativement assez de l'équateur ; mais les portions centrales, diminuées dans une proportion considérable, ne permettent que des pointements extrêmement vagues. Si l'échelle est plus grande, les régions polaires et l’Europe offrent un développement suffisant ; mais l'intervalle entre les degrés de latitude augmente très rapidement et lacarte prend des dimensions tout à fait impra- ticables. Après quelques tâtonnements, je me déterminai à exé- cuter deux cartes. La première, dont nous donnons ici une réduction, est à l'échelle de {= , allant du pôle jusqu’à 30° de latitude N. et S. avec un rayon de projection de 98 MÉMOIRES ORIGINAUX. 44,106 centim. ; la moyenne de l’écartement de 1° de latitude, de 30° à 550 lat. N.-S. étant de 1,05 centim. avec un maximum de 1,726 centim. entre 30° et 31° latitude N. $S. et un minimum de 0,671 ceutim. entre 54° et 550 latitude N.S$., ces longueurs étant mesurées sur un méridien quelconque ; la partie utile, c'est-à-dire celle où il est possible de pointer avec une exacti- tude suffisante la position géographique d’une localité, s'étend sur toute la carte. La seconde carte esl à une échelle huit fois moindre, c’est-à-dire 1/200,000,000 au point de tangence ; elle s'étend du pôle jusqu'au 4°e degré latitude N.S$., avec un rayon de 45,5204 centim., le rayon de la terre, supposée sphérique, étant de 6,366,198 mètres; l'écartement moyen de { degré entre 4° et 30° latitude N.S. étant de 1,53 centim. avec un mini- mum de 0,22918 centim. de 29° à 30° latitude N. S., et un maximum de 9,1374 centim. entre 40 et 50 latitude N. S. La partie utile s'étend de 4° à 30° latitude N.S. Ainsi établies, ces deux cartes, de dimensions à peu près égales, se complètent réci- proquement. ie tracé des méridiens représentés par des lignes droites diver- geant du centre ne présente aucune difficulté. Cependant, pour éviter de les établir par des mesures d’angles, procédé qui, au point de vue graphique, est toujours plus où moins entaché d’inexactitude, j'ai préféré calculer par un simple triangle recti- ligne rectangle les points où chacun des méridiens coupe une droite perpendiculaire au méridien 0° et située à une distance du pôle, mesurée sur ce méridien, égale au rayon de la carte, soit 44,10624 centim. pour la première et 45,5204 centim. pour la seconde. Il suffisait dès lors de joindre chacun de ces points d’inlersection au centre, projection du pôle. Les parallèles étant représentés par des circonférences concen- triques et ayant pour centre le point de tangence ou pôle, il suffisait de calculer leur rayon par la résolution d’un triangle rectiligne. Ces calculs ont été effectués pour la première carte de 10’ en 10’ entre 4° latitude et 7° latitude; de 20’ en 20’ entre T° et 15° latitude ; de 30’ en 30/ entre 15° et 30° latitude; enfin THÉORIE DES ALIGNEMENTS MÉTALLIFÈRES. a9 de degré en degré entre 45° et 85° latitude. Pour ne point sur- charger le dessin, on n’a tracé à l'encre que de cinq en cinq degrés sur toute la premièrecarte, et sur la seconde à partir de 10° latitude N., les parallèles intermédiaires restant au crayon, afin de faci- liter le pointage. Le tracé des contours géographiques, d’une importance secon- daire lorsqu'il ne s’agit que de l'étude des volcans ou des gise- ments métallifères, prend un intérêt extrême si l’on veut appliquer les théories à l'étude physique du globe. Sur le canevas des deux cartes, le tracé des divers continents et des îles a élé exé- cuté avec beaucoup d’habileté par M. Hansen, qui s’est servi pour ce travail des documents les plus récents, surtout de cartes marines. [l a surmonté avec bonheur de nombreuses difficultés pratiques provenant de la déformation très considérable des por- tions voisines de l'équateur et de la position renversée des contours géographiques de tout l'hémisphère Sud, vu comme par trans- parence à travers la sphère. Afin d'éviter autant que possible la confusion, les contours de l'hémisphère Sud ont été indiqués avec une teinte de sépia, tandis que ceux de l’hémisphère Nord l’étaient en encre de Chine et pouvaient ainsi se distinguer au premier coup d'œil. Sur la réduction annexée au présent travail, ré- duction obtenue par la photographie, et dont nous sommes redevable à l’obligeante et habile intervention de M. Isard, photographe de l’École d'Agriculture de Montpellier, ces contours sont marqués en pointillé. Observons, en passant, que les déformations causées par ce mode de projection n’ont absolument aucun inconvénient dans des recherches du genre de celles que nous nous proposons. Il ne s’agit point, en effet, d'apprendre la géographie élémentaire à un élève et de donner à celui-ci une idée exacte des rapports de grandeur mutuels existant entre les divers continents, mais bien de se livrer à des recherches d’un ordre plus élevé et à des études de directions. Or, pour cet objet, les disproportions si- gnalées ne possècent pas la moindre importance. Sur les deux cartes, nous avons pointé, d’après les données 100 MÉMOIRES ORIGINAUX. fournies par Élie de Beaumont, les points principaux (D, H, I) du réseau pentagonal. Ce pointage n’offrait aucune difficulté, Grâce aux nombreuses vérifications causées par les points de rencontre communs à ces différents cercles, on peut affirmer que le tracé du canevas comporte toute la rigueur compatible avec un travail graphique. Les deux cartes ainsi dressées, nous avons procédé au poin- tage d’un certain nombre de gisements. Nous avons d’abord choisi les volcans, qui parmi les accidents de la surface terrestre tiennent le premier rang et qui ont été d’ailleurs l’objet d’études toutes particulières de la part d’Élie de Beaumont et des savants appartenant à son école. Nous avons suivi la liste qui se trouve dans le grand Atlas de Keith Johnson, en supprimant tous les volcans dont l'existence était douteuse et les coordonnées géo- graphiques non indiquées. Il suffisait de réduire les longitudes comptées à partir de Greenwich en longitude de Paris. Les va- leurs de ces coordonnées ont été comparées à celles que don- nent diverses publications, entre autres l'Annuaire du Bureau des Longitudes et les dictionnaires géographiques. Pour plus de netteté, un point rond figure les volcans appartenant à l’hémis- phère Nord, et une croix ceux de l'hémisphère Sud. Sur nos cartes, la disposition linéaire, frappante même sur une carte quelconque, devient encore plus visible. Mais il est évident que ces lignes sont multiples, et, pour achever un travail d'ensemble sur ce sujet, il faudrait prendre en considération, outre les volcans actuellement en activité, les divers terrains volcaniques formés à des époques géologiques plus reculées, susceptibles de relier entre eux des séries de points qui, étant isolés, donnent lieu à une certaine confusion apparente. Les documents nous font défaut pour l’accomplissement de cette tâche. Parmi les gisements métallifères, nous avons choisi ceux d’étain ; nous avons pensé qu'il serait bon, afin d'agir en toute imparlialité, de recourir aux idées mêmes d'Élie de Beaumont, et, comme celui-ci dans son célèbre Mémoire sur les émanations volcaniques et métallifères, de diviser les filons en deux groupes, THÉORIE DES ALIGNEMENTS MÉTALLIFÈRES. 101 filons stannifères et filons ordinaires, les premiers étant plus an- ciens et par conséquent moins troublés que les seconds dans leur mode de distribution géographique. Il résulte des travaux d'Élie de Beaumont et de M. Daubrée que l’étain est le plus sou- vent accompagné par divers métaux ou minéraux tels que le wolfram, le mispickel, la topaze, l’émeraude, la tourmaline, etc, formant l’aura granitica, ou, selon l’expression de Humboldt, la pénombre du granite. Or, comme la plupart de ces minéraux sont d’un prix élevé, ils sont plus recherchés, leurs localités sont mieux connues, et, dans notre pénurie de documents, nous avions plus de chances de les trouver indiquées avec une certaine exac- titude dans les quelques ouvrages classiques dont nous pouvions disposer. Ces motifs ont déterminé notre choix et nous avons repré- senté les diverses mines d’étain et d’émeraude en lrouvant leurs noms dans le Système de minéralogie de Dana et dans le Traité de minéralogie de M. Delafosse et en cherchant ensuite directement leurs coordonnées géosraphiques sur les cartes du grand Atlas de Stieler. L’étain est figuré en bleu, l’émeraude en vert, avec la précaution de noter en points ronds les gisements de l'hémi- sphère Nord et par des croix de mème couleur ceux de l’hémi- sphère Sud". Il est quatre grands groupes de gisements d’étain d’où provient tout le métal employé dans l’industrie : celui de la Saxe et de la Bohème, distribué sur les deux versants de la chaîne de l’'Erzge- birge ; celui de Cornouailles à l'extrémité occidentale de l’An- gleterre, près du cap Land’s End ; celui de l'Australie, dans les environs de Beechworth, province de Victoria et de la Tasmanie; enfin la longue série de la Malaisie et de l’Indo-Chine compre- nant Bangka, Bilhiton, l'archipel Riouw-Lingga, Siak sur la côte nord-est de Sumatra, Malacca et la province anglaise de Tennas- serim. Ces quatre groupes sont disposés sur un même grand cer- ele, c’est-à-dire en ligne droite, à trois ou quatre degrés près. 1 Sur la carte réduite annexée à ce travail, ! étain est figuré par des points ronds dans l'hémisphère Nord, par des croix dans l'hémisphère Sud; l'émeraude par des cercles pleins dans le premier cas, ponctués dans le second. 102 MÉMOIRES ORIGINAUX. Graphiquement, il y avait impossibilité de pointer les gisements de la Malaisie, qui occupent précisément une zone située en tra- vers de l'équateur, à moins de quatre degrés de latitude de part et d'autre de cette ligne; néanmoins, pour obtenir le tracé, nous avons simplement pris comme sommet le centre de groupe des mines saxonnes et nous l’avons joint au cap Land’s End, puis à Beechworth. On obtient ainsi un fuseau dont l’angle calculé, pour vérification, par la trigonométrie sphérique, étant données des coordonnées géographiques des trois points dont nous avons parlé (Saxe, Land's End, Beechworth}, est de 14° 30" 20” à l'équateur. Pour prolonger ces deux grands cercles auprès de l’é- qualeur, nous avons pris graphiquement sur nos cartes les points où ils coupaient le bord extrême, et nous avons reporté ces dis- tances, évaluées en degrés et fractions de degré, sur le 4° degré de latitude N. et S. du calque d’une carte de Malaisie projetée dans le système de Mercator. Cette Carte est Ja 67° de l'Atlas de Stieler. Nous en donnons la reproduction réduite. Or, à l’é- chelle de cette carte, on peut supposer, sans erreur sensible, que les deux droites joignant ces points sont des arcs de grands cercles. On voit alors que les deux grands cercles sont en ce mo- ment à peu de chose près parallèles entre eux, et que les gisements d'étain malais et indo-chinois sont disposés suivant une direction parallèle et à égale distance de l’un et de l’autre grand cercle. IL en résulte que si on joint Billiton, Bangka, l'archipel Riouw- Lingga et Malacca avec le centre saxon, ce grand cercle, bissec- trice de l’angle formé par les deux grands cercles d’abord consi- dérés, passe à moins de deux degrés d'arc de gran cercle des gisements du Cornouailles dans l'hémisphère Nord, et de ceux de Tasmanie et de Beechworth dans l'hémisphère Sud. En outre, cette ligne relève sur son parcours les célèbres mines d’émeraude de Muso dans la Nouvelle-Grenade. Le fait est parfaitement net et des plus frappants. Il existe bien d’autres localités où l’on trouve l’étain, quoique seulement à l'état de rareté minéralogique, et ces points ne semblent pas, à première vue, disposés tous suivant un même THÉORIE DES ALIGNEMENTS MÉTALLIFÈRES. 103 grand cercle. Une mème direction, à peu près perpendiculaire à la première, semble cependant relier le Cornouailles, les gisements du centre de la France, ceux du Groënland à Evigtok et certains gisements de l'Amérique du Nord, mais rien ne s'oppose à ce qu'il existe plusieurs directions qui, pour être reconnues et figurées, nécessiteraient de plus amp'es informations sur les conditions géologiques des gisements, car il est admis que les dépôts d’étain ne sont pas tous du même âge géologique. Nous ne nous dissimulons pas combien cette dernière partie du présent travail est incomplète ; mais, nous l'avons déjà dit et ne saurions trop le répéter, il nous est devenu impossible d'aller plus loin par suite du manque de documents. Sauf pour les quatre grands gisements, la plupart des localités indiquées ne se trouvent point sur les cartes doni nous disposons, et leur pointage est seulement approximatif. Souvent même nous avons été obligé de les omettre. Pour achever l’œuvre, il faudrait connaitre la direction des filons en chaque point et leur position géologique, afin de ne grouper entre elles que les émanations du même âge. Aussi ne prétendons-nous donner nos pointages de gisements d’étain que comme un exemple de la facilité avec laquelle peu- vent s'effectuer ces opérations. L'exemple choisi ne saurait évidemment à lui seul prouver ni infirmer les théories. Restent les cartes, qui sont, j'en ai la conscience, amenées à leur plus grand degré de simplicité et de perfection graphique. Je les mets, dès à présent, avec toutes mes notes, calculs et documents, à la disposition de quiconque serait disposé à continuer le travail dans des conditions plus commodes que celles où je me trouve. Puisse mon offre être accueillie, eb si un jour, grâce à ces cartes, il est prouvé d’une façon rigoureuse, indiscutable et parlant aux yeux, que les théories d’alignements sont vraies ou fausses, je serai heureux d’avoir contribué pour une faible part à la solution définitive d’un problème d’une aussi haute impor- lance. 104 ÉTUDE SUR LES GÉPHYRIENS RECUEILLIS PAR L'EXPÉDITION NORVÉGIENNE DANS LE NORD DE L'ATLANTIQUE (1876-1878) ‘ Par MM. D.-C. DANIELSSEN et J. KOREN. Traduction de M. J. HERAIL. LISTE DES GENRES ET DES ESPÈCES DE GÉPHYRIENS Recueillis par l'expédition norvégienne du nord de l'Atlantique, avec leurs principaux synonymes. Fam. des SIPUNCULIDÉES, Baird. 1. Sipunculus priapuloides, Koren et Dan. 2. Phascolosoma strombi, Mont. Sipunculus strombi, G. Montagu. es bernhardus , E. Forbes. o capitatus, H. Rathke. Phascolosoma concharum. Œrsted. e strombi, H. Theel. strombi, var. spit:hergense, Theel. 1 Den Norske Nordhavs-expedition 1876-78, heft IIT, 1881. Christiania, gr. in-4°, avec 6 pl. et une carte, Tout le monde sait aujourd’hui quels brillants succès ont couronné les efforts réalisés par les peuples scandinaves en vue de faire connaitre la Géographie et la Biologie des mers arctiques et polaires. Les résultats publiés par M. le Professeur Mohn sur la météorologie de l’océan Arctique sont les plus complets que nous possédions jusqu'à présent sur les conditions physiques des Océans. Aussi ont-ils ouvert un vaste champ aux études biologiques. Le mémoire dont nous offrons aujourd'hui une traduction présente un caractère particulièrement intéressant. Il comprend l'étude des Géphyriens recueillis pendant près de trois années, entre 61° et. 79,35 de latitude, depuis les profondeurs les plus faibles jusqu'à plus de 2200 mètres, dans des eaux dont la température varie entre + 60,9 et — 10,4 C., avec des fonds de nature fort diverse. Nous regrettons vivement de ne pouvoir publier le tableau détaillé des stations explorées, comme aussi de ne pouvoir reproduire quelques-unes des belles planches qui accompagnent ce mémoire : nous remercions MM. Danielssen et Koren, ainsi que M. Mohn, président de la Commission des expéditions polaires norvégiennes, d’avoir bien voulu nous autoriser à donner une traduction de cet important travail. ÉTUDE SUR LES GÉPHYRIENS. 105 Phascoiion spitzbergense, Theel. Nous possédons trois exemplaires de cette forme; une com- paraison attentive avec de nombreux spécimens de Phas- colosoma strombi Theel, recueillis sur les côtes de Fin- marck et en divers points de la Norvège, nous font considérer comme fort douteux que le Phascolion spitz- bergense soit une espèce distincte, et nous décident à la regarder comme une simple forme du P. strombi. 3. Phascolosoma eremita, M. Sars. — boreale, Keferstein, H. Theel. . Phascolosoma margaritaceum, M. Sars. — Œrstedii, Keferstein, Ehlers, Theel. . Phascolosoma squamatum, Koren et Dan. —— Lilljeborgii, Dan. et Koren. . Stephanostoma Hanseni, Dan. et Koren. . Onchnesoma Steenstrupii, Koren et Dan. — glaciale, Koren et Dan. 10. Aspidosiphon armatum, Koren et Dan. CS © do 1 © Fam. des PRIAPULIDÉES, Baird. 11. Priapulus caudatus, Lam., Frey et Leuckart, Ehlers, Holothuria priapus, O. Fabr. Priapulus glandifer, Ehlers. Le brevicaudatus, Ehlers. 12. Priapuloides typicus, Koren et Dan. 13. Halicryptus spinulosus, Sieb., Ehlers, Willemoes-Soehm. Fam. des BoNELLIDÉES, Baird. 14. Hamingia arctica, Koren et Dan. 15. Saccosoma vitreum, Dan. et Koren. Fam. des ÉPITHETOSOMATIDÉES, Dan. et Koren. 16. Epithetosoma norvegicum, Dan. et Koren. Les dix genres formant seize espèces, recueillis par l’expédition, com- prennent une nouvelle famille, quatre nouveaux genres et sept espèces nouvelles. Bien que ces nombres paraissent assez minimes, les formes nouvelles et intéressantes constituent une acquisition de réelle valeur pour la science. Nous exposons dans les pages qui suivent les caractères anatomiques et morphologiques des genres et des espèces nouvelles en en discutant la valeur. 106 MÉMOIRES ORIGINAUX. Fam. Sipuncoulidæ, Baird. Phascolosoma Lilljeborgii!, n. sp. Longueur totale des plus grands exemplaires, 807. La trompe, qui peut rentrer difficilement dans l’intérieur du tronc, porte à son extrémité une couronne de tentacules courts et larges, qui entourent l'ouverture buccale. | Ouverture anale s’ouvrant à la base de la trompe. La peau est composée d’une cuticule et d’un épithélium formé de larges cel- lules cylindriques. Dans la couche épithéliale, plus particulièrement sur la trompe, se trouvent de nombreuses glandes, larges à la base, avec un canal excréteur s’ouvrant à la surface de la cuticule dans une ca- vité en forme d’entonnoir. Plusieurs de ces glandes contiennent du mucus. I y a un seul muscle rétracteur de la trompe qui prend son origine par deux racines, immédiatement ea arrière de la partie médiane du tronc : il s’étend le long de la face ventrale et est attaché à la trompe, très près de la couronne de tentacules. Deux organes segmentaires, assez longs, placés un peu en ar- rière de l’ouverture anale de chaque côté du muscle rétracteur. L’œæsophage, excessivement étroit et lang, passe sur le muscle rétracteur de la trompe et débouche dans l'intestin au point où les deux racines du muscle se réunissent. L'intestin se tord en spirale presque jusqu’au fond de la cavité périviscérale, puis revient sur lui-même sans se souder avec la partie descendante. Vers le milieu du corps, il débouche dans un rectum presque droit qui s’ouvre sur le milieu du dos. La chaine nerveuse occupe le milieu de la face ventrale, avec de nombreuses branches secondaires formant autour de l’æsophage le collier pharyngien d’où partent des ramifications vers le pharynx et les tentacules. 0 1 Voy. pl. I, fig. 1-4 du Mém. original. ÉTUDE SUR LES GÉPHYRIENS. 107 L'ovaire attaché au tiers postérieur de l’œsophage forme pour ainsi dire un tube qui s’enroule autour de l'intestin. Il contient des œufs à divers degrés de développement. Localité. — Quelques exemplaires ont été recueillis par 232 mètres de profondenr, avec une température du fond de 3°,5 C.; tous les autres ont été récoltés en six points différents, cntre 911 et 2,250 mètres, avec des températures du fond inférieures à 0°. Caractères spécifiques. — Corps cylindrique, hyalin. Tronc couvert de pelites papilles ; sa largeur, comparée à sa longueur, est dans le rapoort de 1 à 20. Trompe égale à la longueur du tronc, garnie de papilles excessivement petites. De 8 à 10 tenta- cules. Un muscle rétracleur. Aspidosiphon armatumi, n. sp. Corps ayant à son extrémité postérieure un bouclier chitineux formé de plaques de deux sortes : celles du bord sont pétaloïdes avec ? ou 3 granulations à leur surface; celles du centre sont excessivement minces, presque circulaires. A 3 millimètres environ en avant du bouclier terminal se trouve un rétrécissement à partir duquel le corps diminue gra- duellement d'épaisseur jusqu’à la base de la trompe, où se trouve un bouclier médian ; ce bouclier, légèrement arqué, mesure 4 millim. de long, 3"° de large et 1,2" d'épaisseur au sommet. Le bord du bouclier, formant une saillie considérable au-dessus de la peau, est formé de plaques à peu près uniformes, ovales et arquées. Entre ces plaques se présente une rainure qui permet de les distinguer facilement. La portion centrale est formée de plaques circulaires entassées en file, de la circonférence au centre. La trompe mesure 16"" de longueur : elle est, de la base à l’extrémité, garnie d’une multitude de crochets chitineux. La cuticule, mince, translucide, revêt les plaques chitineuses 1 Voy. pl. I, fig. 5-6 et pl. IL, fig. 7-14 du Mém. origin. 108 MÉMOIRES ORIGINAUX. disposées d’un bout à l’autre de la matrice cellulaire. Celle-ci est pourvue de glandes avec un conduit excréteur s’ouvrant à la surface par un pore autour duquel les plaques chitineuses sont irrégulièrement groupées. Au-dessous s'étend une couche de tissu conjonctif contiguë au tégument musculaire; ce tégument est formé de muscles cir- culaires el longitudinaux composés de puissants faisceaux mus- culaires reliés entre eux par du tissu conjonctif. Cependant Les faisceaux des muscles longitudinaux sont moins serrés que les autres, ce qui donne à cerlaines parties du corps, vues par transparence, un aspect moucheté. Le bouclier médian est pourvu d’un appareil musculaire spé- cial, comprenant 20 muscles isolés, d’un éclat argentin, ayant leur origine un peu en dehors de l’arête musculaire formée au- tour de la dépression produite par le bouclier. L’assemblage par- ticulier de ces muscles leur donne tout à fait l'apparence d’un halo. Il y a un seul muscle rétracteur qui prend son origine par deux racines sur la surface interne du bouclier terminal ; il s’avance jusqu’à l’æsophage, qu’il entoure à peu près, en forme de gaine, et se fixe immédiatement en arrière de la couronne de tenta- cules. L'æsophage, cylindrique et grêle, s'ouvre après un léger ré- trécissement dans l'intestin assez vaste. Celui-ci se replie en spirale jusqu’à la limite de la cavité périviscérale, où il fait un coude pour remonter en avant jusqu'au rectum, relativement court, qui s'ouvre à la face dorsale, en arrière du bouclier mé- dian. Le long de l'intestin, attaché à l’œsophage, se trouve un corps blanc-jaunâtre qui n’est autre chose que l'ovaire; les œufs de cet animal mesurent 0,136" de long et 0,112"" de large; ils sont plats, discoïdes, ovales, avec une extrémité légèrement acuminée ; ils ont une vésicule et une tache germinative. Il y a deux organes segmentaires indépendants, foncés en cou- leur. ÉTUDE SUR LES GÉPHYRIEXS. 109 La chaîne nerveuse s'étend entre les racines du muscle rétrac- teur, le long de la face ventrale, jusqu’à l'extrémité antérieure de l’œsophage, qu'il entoure. Le corps est bruu-jaunâtre, les tentacules sont un peu plus foncés. Les boucliers ont une couleur brune noirûtre. Un seul spécimen a été ramené à la surface, par 911 mètres. Caractères spécifiques. — Gorps cylindrique, de 8°” de long, couvert de plaques chitineuses de grandeur variable ; extré- mité postérieure tronquée. Trompe deux fois aussi longue que le tronc, totalement parsemée de crochets chitinenx, et pour- vue de 10 à 12 tentacules courts. Bouclier terminal rond, pres- que plat, composé de plaques chitineuses, linguiformes sur le bord et rondes au centre. Autour du bouclier, 6 bandes cireu- laires couvertes de plaques. Bouclier médian cordiforme. Si l’on se rapporte aux espèces du geure Aspidosiphon déjà décrites, on voit que l’A. armatum présente une ressemblance étroite avec l’A. mirabilis, décrit par M. Theel' ; il s’en dis- tingue en ce qu'il a une trompe beaucoup plus longue, cou- verte entièrement de crochets chitineux; en outre, les boucliers des deux espèces différent un peu de forme, et l’arrangement des plaques qui les composent est aussi différent. Onchnesoma glacialis?, n. Sp. La longueur totale du corps dans les plus grands échantillons est d'environ 105%", Tronc cylindrique , uni, lustré, ayant l’ex- trémité postérieure en forme de canule. La trompe est noduleuse à son extrémité, avec l'ouverture buccale au milieu. Le quart antérieur de cette trompe est garni de séries régulières de crochets chitineux qui ont leur origine un peu en arrière de l'ouverture buccale. Ces crochets sont creux 1 H. Theel ; Études sur les Géphyriens inermes (Bihang til Sv. Vel. Akadem., 3 Bd., n° 61, pag. 17). 2 Voy. pl. I, fig. 15-20 du Mém. origin. 3e série, tom. 1. 8 110 MÉMOIRES ORIGINAUX. et ont une couleur jaune brunâtre ; leur base est presque trian- gulaire et leur pointe est munie d’un petit orifice. La portion basilaire, creuse, est en partie occupée par des glandes tégumen - taires. L'ouverture anale est placée un peu en arrière de la base de la trompe, et à la même distance environ, on observe une petite ouverture ou pore, pour l'organe segmentaire. La cuticule est finement striée, l’épithélium constitué par des cellules cylindriques avec glandes à l’intérieur; le tégument musculaire est formé de deux couches de muscles circulaires et longitudinaux reliés par du tissu connectif; la trompe a un seul muscle rétracteur, d’un blanc brillant. Il y a un seul organe segmentaire, de 3°* de long environ, étroit, attaché par son extrémité antérieure à la surface ventrale, à droite et un peu en arrière de l'ouverture anale, entre le rectum et le muscle rétracteur. Il est de couleur brunûtre et a des parois assez épaisses. L'æsophage est comparativement étroit, entouré par le muscle rétracteur à sa partie antérieure et soudé avec lui par du tissu connectif un peu plus en arrière. L’intestin, roulé en spirale, se termine par un rectum qui se dirige en droite ligne jusqu’à l'ou- verture anale, à la base de la trompe. Il n’y a pas de système aquifère. Le système nerveux est composé, comme d'ordinaire, d’une chaîne ventrale et d’un collier pharyngien avec des branches secondaires. Localité. — Tous les échantillons de cetle espèce ont été recueillis entre 1,160 et 2,127" de profondeur, la température du fond étant toujours inférieure à Oo C. Caractères spécifiques. — Tronc cylindrique de 35°” de long, 2m de large; extrémité postérieure légèrement parsemée de petites papilles. Trompe deux fois aussi longue que le tronc ; son quart antérieur garni de nombreuses séries régulières de crochets chitineux ; peau hyaline. ÉTUDE SUR LES GÉPHYRIENS. 111 Stephanostoma { Hanseni, n.£. n.sp. Le tronc arrondi, un peu fusiforme, a 60mm de long et 137% d'épaisseur près de l'ouverture anale ; la trompe est cylindrique, elle mesure environ 64*® de long, 5°* d'épaisseur à la base et 9% à son extrémité. À 3 ou 4"® de l'extrémité, elle se rétrécit légèrement, formant ainsi une sorle de cou, puis se termine par un disque large, arqué, rappelant le disque au miliea duquel se trouve l’ouverture buccale d’une actinie ; la plus grande partie de la région périphérique est occupée par les tentacules. La position de ces tentacules sur le disque buccal est particu- lière; il y en a dix groupes longs, en festons, et dix courts. Chacun des dix festons est garni sur chaque bord de huit tentacules qui lui donnent un aspect frangé. Les quatre tentacules intérieurs sont les plus larges ; ils diminuent ensuite considéra- blement jusqu'aux deux extérieurs, qui sont les plus petits. Les dix groupes courts sont exactement la continuation des festons ; ils ne portent que deux tentacules, cinq fois plus petits que ceux des festons,. Tous ces tentacules sont plats, acuminés, et présentent une rainure sur leur surface. L'ouverture anale est placée au centre d’une papille proémi- nente située sur la face dorsale, à environ 10% de la base de la trompe. La surface du corps est striée transversalement ; sur la trompe, on voit une foule de papilles fort petites, plus nombreuses à la partie antérieure et rangées en groupes à peu près réguliers. La peau est très ferme, coriace, fortement contractile, formée d'une cuticule épaisse, hyaline, striée transversalement et longi- tudinalement; la cuticule recouvre un épithélium à cellules pigmentaires et un grand nombre de glandes avec canal excréteur débouchant à la surface. Ces glandes sont remplies d’un mucus os 1 Srepavos, couronne ; ortouæ, bouche. Voy, pl. Il, fig. 21-29, et pl. IV, fig. 19 du Mém. origin. 112 MÉMOIRES ORIGINAUX. visqueux, de couleur verdâtre ; le tégument musculaire est con- stitué par une couche de muscles circulaires assez mince et par une couche de muscles longitudinaux plus épaisse. Appareil digestif. — À un vaste pharynx fait suite un œsoshage étroit, long et musculaire, légèrement étranglé à sa jonction avec l'intestin. Ce dernier s’enroule en spirale autour du muscle fusiforme jusqu’à l'extrémité de la cavité périviscérale, revient en avant, en se repliant toujours en spirale, et se termine dans le rectum, qui débouche au milieu de la susdite papille dorsale. Le nombre des circonvolutions de l'intestin est de cinquante-quatre environ. Le muscle fusiforme à son origine en arrière de l’extrémité extérieure du rectum, le long de laquelle il chemine; il passe ensuite dans la spirale de l'intestin et va s'attacher au fond dela cavité périviscérale. Le pharynx et l’œsophage sont reliés à la portion antérieure de la trompe par de fortes bandes musculaires, et un fort mésen- tère relie l'intestin à la face ventrale. Sur la face ventrale de l’æsophage, on voit un vaisseau de couleur jaunâtre, excessivement mince au début, mais augmen- tant au fur et à mesure qu'il s’avance vers l'intestin, sur la pre- mière circonvolution duquel il se termine en cœcum. Il est impossible de voir ce vaisseau à la partie antérieure, parce qu'il paraît être coalescent avec la paroi pharyngienne. Son contenu consiste en nombreux corpuscules globulaires, pourvus d’un noyau. Sur la face dorsale du pharynx, un peu du côté droit, se voit le vaisseau contractile : c’est un corps long, tubulaire, translucide, s'étendant en arrière sur l'intestin, où il forme un cœcum. An- térieurement, il va jusqu’à l'extrémité de la trompe, où il forme un collier vasculaire qui suit le collier tentaculaire dans toutes ses sinuosités. fl y a quatre muscles rétracteurs ; deux d’entre eux, ventraux, ont leur origine sur la portion antérieure du tiers postérieur de ÉTUDE SUR LES GÉPHYRIENS. 113 la cavité périviscérale, tandis que les rétracteurs dorsaux ont leur origine sur la portion antérieure du tiers médian de la cavité périviscérale. En arrière de l'extrémité antérieure de l’œso- phage, les quatre muscles s’unissent et forment une sorte de fourreau autour de cet organe. Il y a deux organes segmentaires, très petits, d'environ 6°" de long sur 2°” de large au point d'attache. Une ouverture en forme d’entonnoir les fait communiquer avec la cavité périvis- cérale. La chaîne nerveuse centrale, assez épaisse, s'étend au milieu de la face ventrale entre les deux rétracteurs ventraux, en en- voyant de nombreuses branches secondaires. En arrière de la bouche, elle se divise en deux branches qui, entourant le pha- rynx, se réunissent à la face dorsale en un ganglion ovale (cer- veau), étranglé au milieu. De chaque côté de la chaine nerveuse, on voit une bande musculaire, s'étendant depuis le collier pharyngien jusqu’à l'extrémité de la chaîne, et étroitement reliée à cette dernière. M. Theel ‘ à observé et décrit de semblables bandes muscu- laires dans le Phascolosoma strombi ; nous n’avons observéaucune trace d'organes générateurs. Le tronc est vert olive, avec les extrémités plus foncées ; la trompe est un peu plus claire ; son extrémité antérieure présente ; sur environ 5°" de longueur, une couleur rouge-rosée, à laquelle fait suite une large ceinture vert foncé ; le disque buccal blan- châtre, avec dix raies rouges, Les tentacules et le pharyux sont roses, Localités. — De 130 à 270" de profondeur ; température inférieure à 0° C.; entre 70 et 72° lat. Nord. Caractères génériques. — Disque buccal excessivement large, porlant dix groupes tentaculaires, entre lesquels sont dispersés 1 H. Theel; Recherches sur le Phascolosoma strombi., (Sv. Vet. Akadem. Handlingar, Band 24, n. 2.) i14 MÉMOIRES ORIGINAUX. quelques tentacules isolés. Ouverture anale immédiatement en arrière de la base de la trompe. Caractères spécifiques. — Corps cylindrique. Trompe et tronc à peu près égaux en longueur. Peau ferme, coriace. Ouverture anale sur une papille saillante. Tentacules arrangés en dix grou- pes ou faisceaux, seize dans chaque groupe, et entre ces groupes deux tentacules isolés : nombre total, 180 ; par conséquent qua- tre muscles rétracteurs. Intestin formant une spirale. On con- state la présence du muscle fusiforme. Couleur du tronc vert olive, trompe plus claire, pharynx rouge rosé. Disque buccal presque blanc, traversé par dix raies rouges. Tentacules roses. Fam. Priapulidæ Baird. Priapuloides typicus, Kor.et Dan. Fauna liltoral. Norwegiæ, tom. I, pag. 147, pl. XVI. Priapulus bicaudatus, Dan. Les matériaux recueillis dans cette expédition nous font mo- difier un peu la description du P. typicus, publiée dans la troi- sième partie de la Fauna littoralis Norwegiæ. La peau est formée d’une cuticule semi-translucide, assez épaisse, recouverte à sa surface extérieure de papilles chitineu- ses. En dessous s'étend une rouche épithéliale, formée de cel- lules cylindriques placées sur une couche du tissu conjonctif assez épaisse sur le milieu de la face ventrale. Sur la trompe naissent de nombreuses pointes chitineuses, cy- lindriques, creuses, avec une extrémité libre, légèrement courbée, acuminée et percée d’une ouverture circulaire ; dans la cavité de chaque pointe, à la base, on voit une glande arrondie, assez large, d’où part le canal excréteur qui traverse la cavité de la pointe. La glande contient une substance visqueuse, granuleuse, qui a été observée une ou deux fois dans l'ouverture de l’extré- mité libre de la pointe. ; Au contact de la surface interne de la membrane connective se trouve la couche musculaire, formée de muscles longitudi- paux el circulaires ; les muscles annulaires sont nettement sépa- ÉTUDE SUR LES GÉPHYRIENS. D DAS rés, mais plus serrés dans la trompe qu’en toute autre partie du tronc, et réunis avec le chorion. Les muscles longitudinaux sont plus forts que les précédents, Leur nombre est de 25 dans la trompe, mais ils se divisent dicho- tomiquement en passant dans le tronc, qui en a ainsi 50, Chacun des appendices caudiformes n’a que 14 muscles lon- gitudinaux, qui sont la continuation de ceux du tronc. — Tous ces muscles sont entourés d’une gaîne de tissu conjonctif ferme. Ils sont formés de 12 à 20 faisceaux, enveloppés chacun d’une couche distincte de tissu conjonctif; entre les faisceaux, il y a encore une couche de tissu conjonctif., Chaque faisceau est formé d’un grand nombre de fibrilles, striées transversalement, qui leur donnent en coupe un aspect des plus caractéristiques. La cavité buccale tout entière porte des dents; antérieurement, elles sont disposées en séries obliques. La première rangée est formée de 5 larges dents éloignées les unes des autres, entre cha- cune desquelies s’en trouvent ? plus petites. En arrière de la dixième série, les dents sont si petites qu’elles sont invisibles à l'œil nu. Les dents sont pyramidales, avec une large base, presque qua- drangulaires ; elles sont légèrement courbées à leur extrémité. Elles sont toutes creuses et entourées d’un épithélium cylindri- que. Sur les dents larges, l’épithélium est formé de cellules cylindriques, allongées; mais sur les petites, ces cellules sont extrêmement larges. Les pointes des dents ne présentent jamais d'ouverture. Le pharynx porte sur sa surface externe 2 couches de muscles. La couche externe est formée de 8 muscles, de 8 à 16m de long, qui s'insérent sur le pharynx et autour de l’ouverture buccale. La couche interne est formée de muscles un peu plus étroits, ayant les mêmes points d'insertion. Ces muscles servent assuré- ment à former et à rétrécir la cavité buccale. En arrière du point d'insertion de ces muscles, se trouve un étranglement entouré de nombreux muscles qui prennent naissance en arrière des muscles du pharyax ; ils s’unissent ensuite de manière à former 116 MÉMOIRES ORIGINAUX. une sorte de membrane qui s'insère sur une arète entourant Ja face externe de l’æsophage. Cet appareil musculaire, qu’on trouve aussi chez le P. caudatus, mais avec une forme un peu différente, sert à maintenir in situ et l’étranglement de l’œsophage et le repli formé sur ce dernier. Outre cet appareil, il y en a un autre bien plus caractéristique, qui n'a pas été trouvé dans le P. caudatus. Derrière l’arête où la susdite membrane est attachée, se trouve une série circulaire de muscles entourant l’œsophage qui, à ce point, présente un autre resserrement, moins profond que le précédent. Ces muscles ne sont autre chose que des dépen- dances des muscles longitudinaux de l'intestin; ils servent à gouverner le petit repli qu’on voit à la face interne de l’œso- phage. L’æsophage est relativement étroit, s’élargit légèrement en pénétrant dans l'intestin, qui est assez large, avec des parois très épaisses, el présente sur sa face interne de nombreux replis transversaux serrés. À son extrémité, il se rélrécit et se continue avec un rectum étroit ; l’ouverture anale est pourvue d'un sphinc- ter très puissant. Le long de l'intestin, sur les faces ventrale et dorsale, s'étend une chaîne musculaire qui se relie à l'intestin par un mésentère, formé surtout de tissu conjonctif. Quant à la structure histologique du canal digestif, voici ce que nous avons observé. — Les parois du pharynx peuvent être regardées comme une invagination de la peau du corps. Une membrane chilineuse, garnie de dents, forme la surface interne; au-dessus s'étend la couche épithéliale, puis le tégament muscu- laire, et enfin la tunique péritonéale; le tout relié par du tissu conjonclif. Les parois de l’œsophage et de l'intestin différent peu de celles du pharyox; seulement l’épithélium est formé de cellules parmi lesquelles quelques-unes sont remplies d’une masse protoplas- mique finement granuleuse et jaunâtre. Ces cellules jouent-elles le rôle de glandes dont la fonction est de sécréter le mucus qui joint ensemble les matières de l'intestin ? On ne peut l’affirmer, ÉTUDE SUR LES GÉPHYRIENS. 117 bien que ce soil infiniment probable. Ce mucus se trouve aussi dans l’intestin, où, après sa coagulation par l'alcool, il semble former une tunique membraneuse. Sur cette tunique membraneuse se voyaient beaucoup de replis présentant une ressemblance telle avec de long cils vibratiles qu’on n’hésitait pas à les regarder comme tels, surtout depuis que le professeur Ehlers, dans son Mémoire sur le genre Priapu- lus’, a décrit à la surface de l'intestin une pareille membrane, de laquelle partaient de longs filaments minces. La chaîne nerveuse centrale passe, non à la face interne de la région ventrale, comme dans la plupart des Géphyriens, mais entre les couches musculaire et épithéliale de cette région; elle est en- fermée dans unegaine membraneuse qui envoie un filament d’une paroi à l’autre à travers la masse nerveuse, divisée par suite en deux sections ; la section intérieure est plus foncée, parce qu'elle est la plus large. De cette cloison et de la surface interne de la gaine partent des filaments de tissu conjonctif, passant entre les fibrilles nerveuses, qui sont abondamment remplies de cor- puscules de tissu conjonctif. Il y a là sans aucun doute une enve- loppe nerveuse, comparable à celle des animaux d’organisation supérieure. Le centre de la chaine est formé de fibrilles, tandis que la partie périphérique est une couche cellulaire. Bien que la chaîne passe très près de la surface, elle paraît être suffisamment protégée par la couche de tissu conjonctif qui l'entoure, par sa gaine membraneuse, et par les nombreux filaments produits par elle, qui s’insinuent entre les fibrilles. Antérieurement, la chaine centrale se divise en deux branches qui entourent l’œsophage et forment ainsi le collier œsophagien. Les sexes sont séparés. Les ovaires (un de chaque côté du rectum) ont une forme allongée, avec des lobes pétaloïdes ; le conduit efférent commence un peu en arrière de l’extrémité libre de l'ovaire et s’ouvre au dehors, en haut de l’appendice. Ils sont 22 ED D AP NEED À M D A naine 4 ans ‘ E. Ehlers, Ueber die Galtung Priapulus (Zeitschrift f. wiss. Zoologie, Band IT, pag. 205.) 118 MÉMOIRES ORIGINAUX. reliés à la paroi du corps par un fort mésentère qui se rélrécit peu à peu etse termine au tiers postérieur de la cavité périvis- cérale. Les ovaires sont entièrement formés d’un grand nombre de corpuscules elliptiques, pourvus chacun d’un conduit efférent s’ouvrant dans le grand canal collecteur. Plusieurs de ces vési- cules contiennent des œufs presque mûrs ; d’autres en contien- nent à divers états de développement ; quelques-uns sont vides. Le professeur Ehlers a donné (loc. cit.) une excellente mono- graphie du genre Priapulus, avec lequel notre Priapuloides a beaucoup de rapport. Mais une recherche histologique faite sur les deux genres a donné des résultats différant un peu de ceux d’Ehlers au sujet du Priapulus. La gaîne des pointes de la trompe est plus petite dans le Pria- pulus que dansle Priapuloides. De plus, Ehlers ne mentionne ni la gaîne, ni la glande qui se trouve à la base de la pointe, ni l'ouverture placée à son extrémité. Dans le Priapuloides, la cuticule (couche chitineuse) est par- semée de papilles, tandis qu'elle est unie dans le Priapulus. Au sujet de la tunique membraneuse ciliée qui recouvre l’in- testin, et dont parle Ehlers, il est probable, comme nous l’avons dit plus haut, que ce n’est que du mucus coagulé. En effet, il serait difficile de comprendre comment l’animal peut digérer et assimiler sa nourriture s’il a toute la surface interne de l’intes- tin recouverte par une membrane imperméable aux liquides, à moins qu’elle ne soit pourvue de pores, dont Ehlers ne fait aucune mention. Il est au contraire évident que la tunique chitineuse se termine à l’origine de l’œsophage. Fam. Bonellidsæ, Baird. Hamingia arctica!, n.g. n.sp. D’après M. de Lacaze-Duthiers, la famille des Bonellidx com- prend seulement deux genres : Bonelliu, Rolando, et Thalas- { PL IV et V. du Mém. orig. ÉTUDE SUR LES GÉPHYRIENS. 119 sema, Cuvier. L'animal représentant le nouveau genre décrit ici, a été placé dans cette famille, bien que manquant de deux carac- tères importants assignés à cette dernière: des soies el une trompe. Cependant l’Aamingia ressemble au Thalassema et à la Bonellia par son organisation générale ; quelques caractères qui manquent ne permettent pas toutefois de le relier étroite- ment à ces deux genres. La Bonellia viridis, décrite tout d’abord par Rolando, attira de bonne heure l'attention des zoologistes par ses particularités de forme et d'organisation ; près d’un demi-siècle s’écoula pour- tant avant que toutes les questions touchant à l’économie de cet animal fussent complétement étudiées. C’est avec elle que lAa- mingia arctica offre les plus nombreuses relations, représentant une forme de transition d’un intérêt considérable. Caractères extérieurs. — Corps à surface unie, de 120""* de long, 20% d'épaisseur au milieu, un peu rétréci aux extrémi- tés. Ouverture buccale située à l'extrémité antérieure; autour de la bouche se trouvent deux replis cutanés, en forme de crois- sant, séparés, et convergeant vers la face ventrale; on peut regarder ces replis comme une trompe rudimentaire. À 20" de la région buccale, sur la face ventrale, sont deux papilles longues, cylindriques, arquées, placées côte à côte, mu- nies d’une petite ouverture à leur extrémité. L’extrémité posté- rieure du corps est arrondie, avec l'ouverture anale au centre. Peau. — La peau est molle, semi-{ranslucide, formée d’une cuticule très mince recouvrant la couche de tissu connectif dans laquelle sont dispersées, isolées on groupées, de nombreuses cellules entre lesquelles on voit des masses amorphes de pig- ment. Au-dessous de cette couche se trouve letégument muscu- laire formé de trois couches distinctes, savoir : une couche de muscles circulaires, une de muscles longitudinaux, et la dernière de muscles obliques . La couche circulaire, la plus extérieure, est formée de fibrilles très minces, reliées par du tissu conjonctif et formant une mem- 120 MÉMOIRES ORIGINAUX. brane continue ; il en est de même pour la couche longitudi- nale, qui est cependant plus large. En dessous se trouve la couche oblique, avec les muscles un peu plus écartés que dans les deux couches précédentes. En comparant la peau de! Hamingia avec celle de la Bonellia, on trouve des rapports et des différences. 1" D'après Schmarda *, la peau de la Bonellia a une couche épi- théliale très développée, sous laquelle s’étend une couche tégu- mentaire réticulée, formée de vaisseaux entrelacés et de fibres de tissu cellulaire. Dans cette couche, Schmarda trouve quel- ques cellules pigmentaires isolées, d’autres agglomérées, for- mant ainsi des organes glandulaires. Enfin, en dessous se trou- vent trois couches musculaires. Plus tard, M. de Lacaze-Duthiers* montra qu’il n’y a pas d'appareil glandulaire spécial daus la peau de la Bonellia, et depuis lors Graber * a confirmé cette observation. Il doute de l'existence d’une couche épithéliale, mais il croit avoir décou- vert un cuticule percée de pores canaliculés ; quant aux fibres el aux vaisseaux entrelacés, Graber n'en fait pas mention. Il résulte donc des observations de Graber que la peau de l’Ha- mingia à une très grande ressemblance, au point de vue histolo- gique, avec celle de la Bonellia, bien qu'il n’y ait pas identité ; ainsi, la cuticule est beaucoup plus épaisse dans l’Aamingia que dans la Bonellia, et ne présente pas les pores dont nous avons parlé. Enfin, l’Æamingia offre la troisième couche musculaire oblique que Schmarda a fort bien observée dans la Bonellia. Appareil digestif. --- La fente buccäle passe dans une expan- sion en forme de sac (cavité buccale) de 9°" de long et de 10mm de diamètre dans sa plus grande largeur, et 3°° seulement près { Schmarda ; Denkschrift der Akad. der Wissensch. in Wien, tom. IV, pag. 117. 2 Lacaze-Duthiers ; Recherches sur la Bonellie. (Ann. Sc. nat , 3e série, tom. X, pag. 53. 3 Graber ; Sitzb. der Akad. der Wissench. in Wien. ÉTUDE SUR LES GÉPHYRIENS. 121 du pharynx. Ceite cavité est constituée par un prolongement tu- bulaire du tégument extérieur et ses parois sont, par consé- quent, formées d’un tissu identique à celui de la peau. Elle forme intérieurement des replis larges, circulaires, très proémi- nents, devenant moins saillants au voisinage du pharynx. Toute la surface externe de la cavité buccale est reliée par de nom- breux filaments de tissu conjonctif à la portion antérieure de la paroi du corps. À l’origine du pharynx, on voit sur la face in- terne de la bouche un large repli saillant, formant une sorte de sphincter à cause de la garniture musculaire dont il est pourvu. Le pharynx est très étroit, a 2°® de diamètre à peine, etse relie à la fois en haut et en bas à la paroi du corps par un mésentère. Les parois sont formées d’un épithélium vibratile qui se plisse au point de lui donner l'apparence d'une trachée ; au-dessous de cet épithélium se trouvent deux couches de muscles cireu- laires et longitudinaux, s’anastomosant entre eux. L’æsophage débouche dans la partie la plus large du canal in- teslinal, qui, après une ou deux torsions, décrit deux grandes circonvolutions transversales en passant du côté gauche vers le côté droit, et réciproquement. L'ensemble du canal intestinal s’é- tendant depuis celte deuxième circonvolution jusqu’à la bouche est appelé région buccale par M. de Lacaze-Duthiers, qui n'a pas, comme Schmarda, cru devoir distinguer la cavité buccale etl’æsophage du resie du tube digestif. La structure du canal intestinal, depuis le pharynx jusqu’à la deuxième circonvolu- tion, ne diffère pas sensiblement d’ailleurs de celle de l’æso- phage. Le tube digestif fait encore trois autres circonvolutions, soit en tout cinq. Les quatre dernières représentent l’intestin-foie (liver-section) de la Bonellia viridis, d'après M. de Lacaze- Duthiers ; leur structure histologique est aussi un peu différente : les parois sont plus minces; les dépressions de la couche épithéliale sont moins profondes et moins serrées ; outre les cellules cylindriques, on y trouve de nombreuses glandes uni- cellulaires, pyriformes (cellules hépatiques), dispersées dans tout 122 MÉMOIRES ORIGINAUX. l’épithelium. C’est exactement l’analogue des glandes intesti- nales de la Bonellia. Après la cinquième circonvolution, le canal intestinal remonte obliquement jusqu’à la première, en formant une foule de pe- tites circonvolutions ; il passe alors du côté gauche, redescend jusqu’au tiers postérieur de la cavilé périviscérale, où il forme une circonvolution, et repasse en avant comme la première fois, en suivant le milieu de la cavité périviscérale ; de là, il passe obliquement du côté droit, et après avoir décrit d’autres circon- volutions nombreuses, débouche dans un rectum qui se dirige obliquement vers le cloaque en se rétrécissant. De la cinquième circonvolutlion transversale à l'ouverture anale, région qui représente la partie que M. Lacaze-Duthiers appelle région anale dans le Bonellia viridis, le canal intestinal présente la structure décrite dans la partie comprise entre l’æso- phage et la deuxième circonvolution : il n’y a donc pas d’appa- reil glandulaire. À la face ventrale du canal intestinal, on voit une bande membraneuse, reliée au mésentère ventral, dans la- quelle il y a un vaisseau sanguin ; oulre le mésentère ventral, il y en à un autre bien plus mince qui relie l'intestin à la surface dorsale de la cavité périviscérale. Le cloaque est relié à la paroi du corps par de nombreuses bandes fibro-musculaires qui, en rayonnant sur ce dernier, forment un abri sous lequel sont placés deux organes en grappe, un de chaque côté du rectum. La surface externe du canal intes- tinal est recouverte d’une tunique péritonéale ciliée. La description qui précède montre que le canal intestinal forme des circonvolutions, mais n’entoure pas la poche génitale d’upe spire, comme chez la Bonellia viridis. Toute la cavité buccale était distendue par de l'argile sableuse, contenant divers Foraminifères, des Diatomées, des Algues et des Ascarides. Le pharynx était vide; mais en arrière, une partie de ces malières sableuses étaient moulées en bols cylindriques allongés, arrondis aux deux extrémités ; de 3,4" de long sur 1,5 à 2m8 de large ; leur nombre s’accroissait au fur et à mesure ÉTUDE SUR LES GÉPHYRIENS. 123 qu’on s’éloignait de l’œæsophage, au point que la partie comprise entre la cinquième circonvolulion el l'anus en était complétement remplie. Les deux organes en forme de grappe, de 3mm-4 de diamètre, ont un tronc cylindrique tubulaire, abondamment pourvu de ramifications d’où naissent une foule de petits tubes sinueux et longs. Ces tubes ont à leur extrémité libre une ouverture con- duisant à la cavité du tube; le bord de l’ouverture est cilié. Au point de vuehistologique, ces organes ont la même structure que les parois de l'intestin et du cloaque, dont ils peuvent, en effet, être regardés comme une expansion. Dansles tubes, on voit de nombreux corpuscules sranuleux ressemblant à ceux du fluide périviscéral, ont une partie aurait été coagulée en grumeaux. Cette description montre bien que ces organes en grappe cor- respondent presque parfaitement aux organes placés de la même manière chez la Bonellia viridis, organes que Schmarda considère comme des tubes respiratoires, analogues aux arbo- rescences des Holothuries. M. de Lacaze-Duthiers a fait de ces Organes une étude fort attentive ; ila montré qu'ils constituent un appareil glandulaire (poches anales), bien qu’ils puissent aussi, pense-t-il, servir à la respiration. De telle sorte que, selon lui, une partie jouerail le rôle d’organe sécréteur et l’autre celui de branchie. | Les résultats de nos observations sur l’Aamingia nous con- duisent à regarder ces organes comme les analogues de ceux appelés «poumons» chez les Holothuries, mais nous avons montré chez les NMolpadidæ que ce sont là des appendices intes- tinaux, l'appareil sécréteur n'ayant rien de commun avec la respiration. Ce qui prouvebien que dans l’Aamingia ces organes sont sécréteurs et non respiratoires, c’est qu'ils n’ont aucune relalion avec le système circulatoire. De plus, tant que l’animal a été observé en vie, le cloaque ne s’est jamais ouvert que pour le passage des fèces, et il est, en outre, pourvu d'un puissant sphincter empêchant l'entrée de l’eau de mer. On ne peut donc nier que ces organes ne différent quelque peu des poumons des 12 MÉMOIRES ORIGINAUX. Holothuries, formés de cœæcums vésiculeux n’ayant pas de com- munication avec la cavité périviscérale. Dans l’Hamingia, comme dans la Bonellia, les tubes sinueux présentent une large ouverture ciliée, en forme d’entonnoir, des- tinée probablement à la réception du fluide viscéral. Ce fluide prend-il une autre route ou revient-il dans la cavité du corps ? Nous pensons que ces organes servent à purifier et beaucoup plus encore à renouveler le fluide périviscéral; mais nous ne pouvons répondre d’une façon positive à cette question. Système circulatoire. — En ouvrant l’animalsur la face dorsale, on voit un canal tordu en spirale, blanchâtre, s'étendant le long de la face extérieure de la cavité buccale ; c’estle vaisseau dorsal qui, au-delà de la cavité buccale, se divise en deux branches, une de chaque côté. Il devient alors presque droit et passe en travers de l’utérus gauche, où il s’épaissit considérablement. De à, il se dirige vers la circonvolution gauche de l'intestin, à laquelle il est relié ; à peu de distance en arrière, il se divise en deux espèces de troncs, dont l’un passe sur la face dorsale et se termine à la cinquième circonvolution, tandis que l’autre se rami- fie, fait un coude et forme une sorte de large ceinture couvrant presque toute la face dorsale de l'intestin, car toutes les petites branches sont réunies ensemble par une membrane connective mince, serejoignent et semblent se réunir avec celles du vaisseau ventral. Ces faisceaux vasculaires, d’un blanc jaunâtre, sont attachés à l'intestin, et mesurent collectivement environ 2" de largeur et 4-5%® de longueur. Le vaisseau ventral, plus épais que le précédent, passe le long de la face ventrale de la circonvolution horizontale de l’intes- tin et se divise aussi en deux troncs: l’un passe en arrière, comme le fait celui du vaisseau dorsal, et se termine à peu près à la même place que ce dernier, mais sur la face ventrale de l'intestin. L'autre tronc se divise de la même manière que le tronc correspondant du vaisseau dorsal et concourt à former l’expan- sion vasculaire déjà décrite. ÉTUDE SUR LES GÉPHYRIENS. 125 Antérieurement, le vaisseau ventral se détourne un peu vers la droite, après avoir envoyé des ramifications à quelquesorganes (intestin, pharynx, etc.), passe en travers du vaisseau dorsal, puis entre les deux utérus, et conliuue sa course jusqu’au point où la cavité buccale prend fin. Là, il se divise en deux branches qui entourent l'œsophage et se réunissent, autant qu’on peut le distinguer, avec les deux chambres du vaisseau dorsal pour former ainsi un Canal circulaire. La branche gauche est assez mince, mais la droite s’élargit de suite, el de cette expansion naît un vaisseau épais qui, sedirigeant un peu en arrière, se rétrécit un peu et se réunit alors avec un corps creux (cœur?) très musculaire, ovale, rempli de liquide sanguin et flottant librement dans la cavité périviscérale. L'Hamingia est incontestablement pourvu d’un vrai système circulatoire; mais il s’agit de savoir si ce système n’est pas double, car les branches qui naissent du vaisseau ventral et du vaisseau dorsal, et se dirigenten arrière, le long des bords de l'intestin, s'élargissent peut-être et s'unissent précisément comme cela a lieu pour la grande ramification vasculaire. Or, en supposant qu'il en soit ainsi, il y aurait une deuxième circulation faisant un trajet différent, beaucoup plus long. Dans ce cas, parmi les vaisseaux que nous venons de décrire, quel est celui qui trans- porte le liquide veineux? quel est celui qui transporte le liquide artériel? C'est ce qu'il est difficile de décider. Si, cependant, l'organe musculaire flottant est regardé comme accomplissant la fonction d’un cœur, le vaisseau ventral, avec lequel il communique directement, peut, à bon droit, être regardé comme le représen- sentant du système artériel. Le vaisseau dorsal représenterait alors le système veineux. Cette idée se déduirait encore de ce fait, que le vaisseau ventral est très épais et a des parois plus compactes et plus musculaires que celles du vaisseau dorsal. En comparant les systèmes circulatoires de la Bonellia et de l’Hamingia, on voit bien qu'ils diffèrent un peu, mais ils ont aussi une ressemblance réellement frappante. L'expansion du vaisseau central de la Bonellia, située au milieu 3c série, tom. 1, 9 126 MÉMOIRES ORIGINAUX. de la cavité périviscérale, a été considérée comme un organe central pulsatile par M. de Lacaze-Duthiers ; dans ce sens, il peut être regardé comme l’analogue de l'organe flottant de l’Hamingia, situé à l'extrémité antérieure de la cavité périviscérale et relié au vaisseau ventral. En oulre, à peu près à la place où M. de Lacaze-Duthiers a observé l'expansion du vaisseau ventral, se trouve chez l’Hamingia la ramification vasculaire réunissant les vaisseaux ventral et dorsal; on ne peut guère considérer cette ramification comme une partie centrale, elle doit plutôt être regardée comme une partie périphérique du système circula- toire. Système nerveux, — En écartant le canal intestinal, on aperçoit la chaîne nerveuse centrale, d'un éclat brillant, qui s'étend au milieu de la face ventrale, de la bouche à l’anus, entre le péritoine et la couche musculaire oblique. La section médiane est plus mince que ne le sont les sections antérieure et postérieure ; elle envoie de chaque côté une fonle de branches opposées à leur point d’origine, tandis que les points de départ des branches des autres sections sont alternes. Anté- rieurement, la chaîne augmente d'épaisseur, passe entre les deux utérus, et envoie des branches à la peau, au mésentère et au conduit utérin. À environ 3%" de l'ouverture buccale, elle fournit de chaque côté deux branches principales, qui se replient autour de la portion antérieure du pharynx et forment un large collier qui innerve la peau, la cavité buccale et l’œsophage. En arrière, la chaine centrale passe à côté de l’ovaire, par lequel elle est en partie recouverte , et près de l'anus elle se divise en deux branches entourant le rectum. Elle est entièrement dépourvue de ganglions et munie d'une gaîne de forte texture au-dessous de laquelle s'étend une couche périphérique cellulaire protégeant la partie profonde formée de fibrilles nerveuses. Les branches sont toutes conslituées de la même manière; il n'y a pas plus de traces de ganglions sur ces branches secondaires que sur la chaine centrale elle-même. ÉTUDE SUR LES GÉPHYRIENS. 127 Le système nerveux de la Bonellia viridis, décrit par M. de Lacaze-Duthiers, paraîtrait se rapprocher assez de celui de l’'Hamingia. La seule différence provient de ce que, l’Hamingia étant dépourvu de trompe, le collier œsophagien présente une moins grande ressemblance avec le type que l’on rencontre géné- ralement dans les Géphyriens. Le professeur Greef' établit, d’après ses observations, que la chaîne nerveuse centrale de l’Echiurus Pallasii, du Thalassema Baronii, de la Bonellia viridis et de beaucoup d’autres Géphyriens est dépourvue de ganglions et enfermée dans un vaisseau san- guin. Dans l'Hamingia, nous n’avons pas découvert de semblable vaisseau. Organes génitaux. — Les deux poches ovariennes (utérus) sont ovales, de 7°* de long sur 4°” de large, pourvues chacune d’un conduit efférent, rond, de 3" de long et environ 1"® d’é- paisseur. Il débouche au dehors à travers la pointe arquée de la face ventrale, à l’extrémité de laquelle il s’ouvre. Outre ce con- duitefférent, chaque utérus est pourvu d’un canal en forme d’en- tonnoir, s'étendant à côté du conduit génital, avec lequel il est soudé sur une longueur de 2°” environ, mais il devient libre parce qu'il se courbe intérieurement et se dirige vers la face ventrale. Son extrémité libre se dilate et forme pour ainsi dire la bouche de l'estomac: c’est l'entrée du canal conduisant dans l'utérus et permettant aux œufs flottant dans la cavité périviscé- rale d'y pénétrer. Tout le conduit efférent et l’entonnoir sont recouverts d’un épithélium vibratile en dessous duquel se trouve une membrane musculaire trés forte. L’utérus et toutes ses dépendances sont enveloppées extérieurement par une tunique péritonéale. L'ovaire, attaché au repli du mésentère ventral, a la forme d’un ruban ; il part de l’extrémité du rectum et accompagne la chaire nerveuse centrale, en la cachant presque totalement. Les œufs se développent en groupes folliculaires : à la partie 4 Greef; Silzungsb. der Gesellsch. zür Beford. den Wissench.zu Marburg, 1874. 128 MÉMOIRES ORIGINAUX. antérieure de l'ovaire, on voit quelques follicules isolés avec des œufs à l’état rudimentaire pourvus d’une vésicule et d’une tache germinatives. Leur mode de développement étant à peu près celui indiqué par M. de Lacaze-Duthiers et dernièrement par Vejdovsky ‘ et Spengel ?, nous croyons inutile de répéter ce que ces auteurs en ont dit. En arrière, les groupes folliculaires sont plus nombreux et les œufs dans un état de développement plus avancé. Chaque follicule contient un œuf qui, après avoir brisé l'enveloppe folliculaire, tombe dans la cavité périviscérale, où il achève de se développer. La partie postérieure de l’utérus contient les œufs les plus avancés. L’œuf tout à fait mûr est enveloppé d’une seule pellicule que M. de Lacaze-Duthiers et M. Spengel ont trouvée aussi chez la Bonellia. Quant à la seconde pellicule, décrite par Schmarda, ce n’est incontestablement que la membrane du follicule. En dessous de la membrane, se trouvent la tache et la vésicule germinatives entourées de granulation de protoplasma et de gros globules jaunes, de deutoplasme (Vejdovsky). Ces organes générateurs diffèrent de ceux dela Bonellia, puisque cette dernière n’a qu’un seul utérus. Mais s’il diffère de ce genre, le genre Aamingia se rapproche des Thalassema. Il paraît, d’après les recherches de Max Müller *, que le Thalassema gigas a deux réceptacles utérins, que Müller qualifie d’ovariens. Ces organes, dit-il, mesurant deux pouces de longueur, sont munis chacun d’un conduit efférent qui débouche à la face ventrale à travers de petites papilles en forme de verrues. Sur ces ovaires, Müller a observé une petite proéminence qu'il croit percée d’une ouverture. Diesing * comprend plus exactement la fonction de ces organes; { Franz Vejdovsky ; Ueber die Eibildung und die Männchen von Bonellia viridis. (Zeitschrift f. Wissensch. Zoologie, B. 30, 1878, pag. 487.) 2 Dr J. W. Spengel; Beilräge zur Kenniniss der Gephyreen, die Eibildung, die Entwickelung u. das Männchen der Bonellia. (Mittheilungen aus der zoolo- gischen Station zu Neapel, B. 11, Heft 3, 1879.) 3 Max. Müller; Thalassema gigas. Observ. anal. de vermibus quibusdam murilimis, 1852, pag. 20. 4 Diesiug ; Revision der Ryngodeen, 1859, pag 772. ÉTUDE SUR LES GÉPHYRIENS. 129 il les nomme généralement utérus. Il ne doute pas que ces organes, appelés par Müller ovaires, ne soient strictement les homologues des poches utérines de l’Æamingia. Ils diffèrent bien de forme, mais il a observé la petite papille signalée par Müller, dans laquelle ila vu une petite ouverture ; ce ne serait autre chose que l’entonnoir qui dans l’Hamängia et la Bonellia sert à faire passer dans l’utérus les œufs flottant dans la cavité périviscérale. De plus, le développement des œufs du Thalassema est, d’après Semper et Spengel, le même que celui des œufs de la Bonellia. L’affinité du nouveau genre avec le Thalessema et la Bonellia se trouve ainsi établie, au moins au point de vue des caractères anatomiques. Mais n’y a-t-il pas des relations intimes entre ces deux animaux au point de vue phylogénétique ? Il faut d’abord observer que, l’'Hamingia n'ayant que des traces de trompe, il ya là une particularité qui doit modifier quelque peu la disposition des systèmes nerveux et circulatoire : en effet, au lieu d’obser- ver, comme dans la Bonellie, la disposition semi-circulaire de ces systèmes dans la trompe, on ne voit dans l’Aamingia qu'un collier nerveux et un vaisseau sanguin. Or, en admettant que la Bonellia à eu originellement deux utérus, et en observant que M. de Lacaze-Duthiers a trouvé exceptionnellement une seule fois deux utérus dans des spécimens de cette espèce, on doit être disposé à admettre quel’ Hamingia occupe un rang supérieur à la Bonellia dans l’échelle des êtres. L’Hamingia arctica se plaît dans les fonds argilo-sablonneux. Nous n’en avons trouvé qu'un seul exemplaire par 350m de pro- fondeur et une température de 3°,5 €. au fond. Caractères génériques. — Corps cylindrique; bouche à l'extrémité antérieure, très près de la face ventrale. Ouverture auale au centre de l’extrémité postérieure. Un repli en croissant, un peu proéminent autour de la bouche (trompe rudimentaire). Sur la portion antérieure de la face ventrale, deux longues papilles cylindriques, munies chacune d’une ouverture à la pointe pour le conduit efférent de l’atérus correspondant. Pas de soies. 130 MÉMOIRES ORIGINAUX. Le canal inteslinal présente de nombreuses circonvolutions sans être tordu en spirale ; il débouche dans un cloaque de chaque côté duquel naît un appareil glandulaire ramifié. Chaine nerveuse centrale dépourvue de ganglions. Un ovaire placé le long de la chaîne nerveuse dans le vestibule postérieur de la cavité périviscérale. Deux utérus, ayant chacun un conduit efférent et un tube en entonnoir. Le mâle n’a pas été observé. Caractères spécifiques. — Corps cylindrique, uni, de 120*" de long et 20°* d'épaisseur, changeant de forme en se contractant et se dilatant. Couleur verte, tantôt plus claire, tantôt plus foncée. Disque buccal jaune blanchâtre ; papilles de la surface ventrale verdâtre avec les extrémités jaune blanchôtre. Saccosoma! vitreum n.g. et n.sp. 5 } La portion antérieure du corps a 12"® de long, environ 5°” de large à la base et 1,5% à l'extrémité percée par l'ouverture buccale, en arrière de laquelle se trouve une petite papille pourvue d’une ouverture. La peau de cette portion est opaque et très épaisse. La portion postérieure du corps, presque globuleuse, a 18° de long et de 12-14" de large. La peau en est remarquablement fine et permet d'apercevoir l'intestin au travers. Seulement, à l'extrémité postérieure, acuminée, où se trouve l'ouverture añale, la peau est bien plus épaisse. Malgré ces différences, la peau a partout la même structure histologique: une culicule mince formant des replis en coupe transversale ; en dessous, un épithélium formé de petites cellules cylindriques, puis une couche de tissu conjonctif précédant le tégument musculaire, formé de muscles circulaires et Jlongitu- dinaux. Les premiers forment un tégument continu ; les seconds 1 Voy. pl. VI, fig. 1-8 du Mém. orig. ÉTUDE SUR LES GÉPHYRIENS. 131 sont au contraire nettement séparés par du tissu conjonctif. Les faisceaux sont parallèles sur la portion antérieure épaisse, mais dans la portion mince ils prennent des directions obliques ; en s’anastomosant avec les muscles circulaires ; ils y forment une sorte de réseau. Au-dessous du tégument musculaire, s’étend la tunique péritonéale. La bouche est ronde ; elle est entourée par un repli muscu- laire. L’æsophage, cylindrique, a environ 8° de long et une peau épaisse rouge blanchâtre. En arrière, se présente un sac oblong, fortement musculaire, qui peut être regardé comme un estomac. L’intestin devient de plus en plus mince et, après avoir fait un coude vers la gauche, forme une série de circonvolutions remplissant toute la portion globulaire hyaline. Il s'ouvre dans un rectum étroit, à parois épaisses, qui débouche au centre de la portion postérieure acuminée, un peu saillante. Les parois de l'intestin sont tellement fines qu'il est permis de douter qu'il y ait là réellement un intestin et de penser que la portion globu- laire tout entière constitue un réceptacle pour les fèces. Avec une forte loupe, on peut à peine distinguer la paroi intestinale, comme une pellicule de gaze. La chaîne nerveuse centrale se présente comme un long filament blanc jaunâtre en dessous de l’œsophage et forme pro- bablement.un collier autour du pharynx. Elle envoie de nom- breuses branches secondaires à l’œsophage et à la peau. D’autres branches pénètrent jusque dans l’épithélium, où leurs délicates extrémités s'élargissent quelquefois en corpuscules elliptiques, garnis d’un large nucléus ; ce sont probablement des organes du toucher. Ces branches forment dans leur trajet de nombreuses cellules ganglionnaires avec un noyau entouré de protoplasma. Le système nerveux n’a pu être observé dans la portion hyaline, malgré un examen microscopique très attentif. Les organes générateurs consistent en un ovaire et un utérus. L'ovaire passe le long de la chaîne nerveuse el commence à 1 ou 2" de l’ouverture buccale. Il se compose d’un grand nombre de follicules pyriformes formés par une membrane translucide, 1932 MÉMOIRES ORIGINAUX. au milieu desquels on voit un œuf rudimentaire entouré d’une couche de cellules. Aucun œuf en voie de développement n’a été trouvé en dehors des follicules. L’utérus est allongé, presque ovale ; il occupe la moitié gauche de la portion antérieure du corps. Il contenait des œufs tout à fait développés, deux de chaque côté, de sorte que quatre œufs correspondent à la largeur de la cavité; leur nombre total était de 25. Le conduit génital naït de la partie inférieure de l'utérus, passe du côté gauche de l’œsophage et débouche un peu en arrière de l'ouverture buccale dans la petite papille déjà men- tionnée. Du bord antérieur de l’utérus, un peu à droite, naît un canal étroit qui se termine par une ouverture en entonnoir permettant aux œufs de passer de la cavité périviscérale dans l'utérus. Les œufs sont enveloppés d’une seule membrane épaisse. Le jaune, pourvu d’une vésicule et d’une tache germinatives, est verdâtre, et les granules ont une grande ressemblance avec la chlorophylle. Localité. — Nous ne possédons qu’un exemplaire de cette espèce, dragué par 2220 mèt., avec une température du fond de — 10 C. Caractères génériques. — Corps en forme de cucurbite. La portion antérieure est cylindrique, opaque, avec une ouverture buccale ronde à l'extrémité libre. La portion postérieure, con- tenant tout le canal intestinal, est presque globulaire, hyaline, et se termine en un cône opaque, à la pointe duquel est l'ouverture anale. L’ovaire est dans la portion antérieure de la cavité péri- viscérale. Pas de soies. Caractères spécifiques. — La portion antérieure du corps cylin- drique a 12 millim. de long; la portion postérieure globulaire mesure 18 millim. de long sur 12-14 millim. de large. Couleur blanche passant un peu au rouge pâle, aux extrémités antérieure et postérieure du corps; portion globulaire incolore. ÉTUDE SUR LES GÉPHYRIENS. 133 Fan. Epithetosomatidæ, Dan. et Kor. Epithetosoma ! norvegicum, n. g. et n. sp. Tronc cylindrique pourvu d’une ouvertue antérieure d’où part un appendice, la trompe, qui forme un tube semi-translucide, creux, de 30" de long et environ {"" à la base. L’extrémité est un peu plus fine et le tube s’y termine en cæœcum. — Le tronc se rétrécit peu à peu jusqu’à l’extrémité où se trouve l'ouverture anale. En arrière de la portion basilaire de la trompe et de chaque côté du tronc, se présente une sorte de fissure de 2,5°" de lon- gueur environ, avec des bords assez épais ; le fond en est, semble- t-il, percé de petites ouvertures. A la base de la trompe, sur la face ventrale, se trouve la bou- che, formant un repli proéminent ; à côté, il y a une ouverture circulaire très petite, La peau est entièrement opaque, formée d’une cuticule assez mince, non striée, d’un épithélium formé de cellules cylindriques de couleur jaune verdätre pourvues d’un nucléus et d’un nucléole entourés de protoplasma. En dessous, se trouve le tégument musculaire formé de trois couches de mus- cles : une couche circulaire externe, une couche longitudinale et une couche circulaire interne, cette dernière revêtue d’une tuni- que péritonéale. À l’intérieur de la fissure déjà citée, on voit une série d’ouver- tures rondes (quatre à chaque fissure), entourées par un repli circulaire constituant un sphincter. C’est une sorte d’appareil respiratoire permettant à l’eau de mer de pénétrer dans la cavité périviscérale ; les bords dela fissure, en se dilatant ou en se con- tractant, déterminent l'introduction ou l’expulsion du liquide. C’est là une particularité tout à fait étrangère à l'organisation générale des Géphyriens. Le pharynx, de 2,5"" de long, présente à sa surface des replis longitudinaux proéminents. L'intestin, excessivement large, 4 Voy. pl. VI, fig. 9-15 du Mém. orig. 134 MÉMOIRES ORIGINAUX. s'étend directement jusqu’à l'extrémité postérieure du corps, où il s'ouvre dans un rectum très étroit. Il est pourvu, sur toute sa longueur, de larges replis circulaires très nombreux. L’épithélium interne qui recouvre l'intestin et ses replis contient certaines cellules plus larges que les autres, remplissant probablement le rôle d'organes sécréteurs. Point de trace des organes en grappe observés chez les Bonellia, Thalassema, Echiurus et Hamingia. La chaîne nerveuse passe entre la paroi intestinale et la couche musculaire interne, depuis l’anus jusqu'à l’œsophage. Elle n’est enfermée dans aucun vaisseau ; cependant le centre est évidé et rempli de liquide : cette portion peut être regardée comme un vaisseau central. Greef en a observé un semblable dans l’Echiu- rus Palassi'. La chaîne nerveuse elle-même est formée d’une gaine en dessous de laquelle se trouve la substance nerveuse pro- prement dite, formée d’une couche cellulaire externe et d’une couche fibrilleuse interne, entourant le vaisseau central. Vers le milieu de l'intestin, se trouve un organe en forme de ruban, consistant en une série de dilatations en forme de sac, qui contiennent des groupes de cellules ressemblant fort à des œufs développés. C’est très probablement l'ovaire. Sur le côté droit de l'intestin, il y a un organe long, presque cylindrique, dont le point d'attache correspond à l'ouverture siluée exlérieurement près de la bouche. Cet organe ne peut être que la poche utérine. Le fluide périviscéral obser vé dans la trompe contient de nom- breuses cellules discoïdes, de couleur jaune brunûtre. Localité.— Nous avons recueilli cette espèce par 1600 mèt, de profondeur, à une température du fond inférieure à — 10 €, De ce qui précède, il est manifeste que l’£pithetosoma ne peut être rapporté ni à aucun genre ni à aucune famille de Géphy- riens connus. Il en diffère à beaucoup d’égards, et surtout par la fente qui permet l'accès de l’eau de mer dans la cavité péri- 1 R. Greef; Ueber den Bau und die Entwick. des Echiurus, 1874, Marburg. ÉTUDE SUR LES GÉPHYRIENS. 135 viscérale, fente complétement étrangère à cette classe d'animaux. De là, la nécessité d'établir, non-seulement un nouveau genre, mais une nouvelle famille pour y placer l’Æpithetosoma. En voici la caractéristique : Corps pourvu d’un tube creux, cylindrique, communiquant avec la cavité périviscérale. En arrière de ce tube, de chaque coté de l’extrémité antérieure du tronc, une fente ou fissure, au fond de laquelle sont percées des ouvertures. Pas de soies. Caractères génériques. — Corps cylindrique pourvu à sa partie antérieure d’un long appendice tubiforme non rétractile (trompe). En arrière de cet appendice, sur la face ventrale, s'ouvre la bouche. De chaque côté de l’extrémité antérieure du tronc, une fente, dont le fond est percé de plusieurs ouvertures. Pas d’appendices anaux. L’anus à l’extrémité postérieure du tronc. Caractères spécifiques. — Tronc cylindrique, de 12" de long sur 2°” de diamètre. L’appendice tubiforme a deux fois et demie la lougueur du tronc. Couleur du tronc: vert olive ; de la trompe: vert pâle. En terminant, il est bon de faire observer que la division de la classe des Géphyriens en deux ordres, Géphyriens inermes et Géphyriens armés, peut être regardée comme satisfaisante. Les trois nouveaux genres établis, en raison de leur structure anatomique, se rapportent aux Géphyriens armés, bien que dépourvus des caractères (soies) sur lesquels cet ordre est basé : si dans ce cas la classification systématique était rigoureusement appliquée, les trois nouveaux genres devraient être placés parmi les Géphyriens inermes, malgré la ressemblance remarquable qu'ils présentent avec les genres du premier ordre. 1 Les spécialistes trouveront à la suite du Mémoire original des notes biblio- graphiques importantes pour l'étude de ce groupe; nous croyons inutile de les reproduire ici. MÉMOIRE SUR LES CAUSES DE LA CHLOROSE CHEZ L'HERBEMONT Par G. FOEX. L’étade de l’adaptation au sol des vignes américaines est, maintenant que leur résistance au Phylloxera n’est plus sérieu- sement discutée, celle qui préoccupe le plus les viticulteurs. En effet, une connaissance suffisante de cette question est indispen- sable pour procéder avec sécurité à des travaux de replantation, et bien des échecs ont été au début la conséquence de notre ignorance à cet égard. Des observations intéressantes ont déjà été publiées sur ce sujet par MM. Vialla, président de la Société d'Agriculture de l’Hérault'; Millardet, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux? ; B. Chauzit, préparateur à l’École natio- nale d'Agriculture de Montpellier * ; Desjardins, secrétaire de la Société d'Agriculture du Gard *; Audoynaud, professeur à l’École nationale d'Agriculture de Montpellier *, et plusieurs autres per- sonnes ; nous avons donné nous-même, dans une publication ré- cente *, des indications sur les sols où a été constatée la réussite de divers cépages américains dans le Midi ; enfin, l'enquête faite au mois de mars dernier par la Société d'Agriculture de l'Hérault a Des Vignes Américaines et des terrains qui leur conviennent; par M. Louis Vialla, président de la Société d'Agricult. de l'Hérault. Montpellier, Grollier, 1879. 2? Notes sur les Vignes Américaines. (Journal d'Agriculture pratique, 24 mars 1881.) % B. Chauzit; Recherches chimiques sur quelques terrains où l'on a planté la vigne américaine. Montpellier, Hamelin frères. * Le Phylloxera dans le Gard; rapport à M. le Ministre de l'Agriculture. Nimes, 1580. 5 Adaptation au sol des cépages américains. (Journal de l'Agriculture du 21 mai 1881.) 6 G. Foëx, Manuel pratique de viticulture. Montpellier, Coulet, 1881, GAUSES DE LA CHLOROSE CHEZ L'HERBEMONT. 137 permis de recueillir des faits nombreux relatifs à cette question ‘. Ces recherches sont déjà pour les viticulteurs d’une réelle utilité, parce qu’elles limitent beaucoup le cercle de leurs tâtonnements: c’est ainsi qu’on en a dégagé des données positives sur l'aptitude de certains cépages à réussir à peu près partout dans le midi de la France, ce qui a beaucoup contribué à l’extension des planta- tions dans cette région. Bien que la plupart des auteurs qui se sont occupés de ce sujet se soient bornés jusqu'ici à collectionner des faits sans en faire la théorie, quelques-uns pourtant ont cherché à en donner l’ex- plication. M. Vialla, qui a le premier étudié cette question avec la grande compétence qu’on lui connaît, frappé de la réussite à peu près générale des cépages d’une adaptation difficile dans les terrains renfermant de notables proportions de silice et colorés en rouge par l’oxyde de fer, pense que l’on peut attribuer ce ré- sultat à l'influence du fer renfermé dans le sol, sur la végétation. M. Chauzit termine son travail d'analyse des sols où prospèrent les vignes américaines, par la conclusion que, « l'adaptation du terrain au cépage est la conséquence de la profondeur et de la na- ture physique du sol et du sous-sol.» M. Millardet conteste l’action chimique du fer sur les vignes américaines ; il croit que leur réussite est due surtout à un ensemble de conditions physiques, parmilesquelles se trouverait l’échauffement du sol ‘dû à sa coloration. Enfin, M. Audoynaud repousse également les vues de M. Vialla et celles de M. Millardet: ce serait, d’après lui, à l'abondance de la potasse dans une terre que serait due la bonne végétation de certaines variétés. En présence de ces opinions contradictoires ou divergentes, il nous a paru utile de présenter le résultat des études que nous poursuivons nous-même, depuis deux ans, à l’École d’Agricul- ture de Montpellier, sur cette question; ces résultats confirment, comme on le verra, les vues de MM. Chauzit et Millardet, en A 1 Réunions publiques organisées par la Soc. centr. d’Agricult. de l'Hérault, etc., les 14 et 15 mars 1881, Montpellier, Grollier, 1881. 138 MÉMOIRES ORIGINAUX. leur donnant, à ce qu'il nous semble, plus de précision. Nos re- cherches ont porté plus particulièrement sur l’Herbemont (V. Æsrivauis): cette variété étant l’une des plus répandues parmi celles d’une réussite difficile, il était plus aisé de réunir les ma- tériaux nécessaires à leur exécution. La non-réussite de l’Herbemont dans un sol se manifeste d’or- dinaire par l’état chlorotique de la plante, dont le développe- ment et la fructification sont considérablement diminués par ce fait ; la maladie peut acquérir quelquefois un degré d’intensilé suffisant pour déterminer son dépérissement complet. C'est gé- néralement au printemps, lorsque les rameaux commencent à prendre un certain développement, que le mal se manifeste ; on voit souvent se produire à la fin de juin et dans le courant de juillet, lorsque la température s'élève, une certaine amélioration dans l’état de la végétation; un nouveau jaunissement a quel- quefois lieu à peu près à l’époque de la véraison. À quelles causes peut-on attribuer ces phénomènes? Quels sont les éléments principaux qui interviennent dans leur produc- tion? Telles sont les questions que nous allons chercher à résoudre dans l’étude qui va suivre. La chlorose est déterminée d’une manière générale, comme on le sait, par un défaut de nutrition du végétal, lequel entraîne l'arrêt de la formation de la chlorophylle ou même la résorption de cet élément. Ce défaut de nutrition peut provenir, soit du manque de lumière, dont il ne saurait être queslion ici, soit de deux autres causes bien distinctes : 1° l’absence des matériaux nécessaires à la plante; 2° l'insuffisance ou le mauvais fonction- nement des organes destinés à les recueillir. En effet, si l’on voit la chlorose de la vigne se produire dans des terrains très pau- vres, elle se manifeste souvent aussi dans des sols fertiles, lors- que les racines de cette plante sont altérées par le Gribouri (Anoxus Viis), le Phylloxera ou les diverses maladies cryptoga- miques auxquelles ces organes sont sujets. Dans le cas spécial que nous considérons, il semble difficile d'attribuer la chlorose à la première des causes mentionnées ci- CAUSES DE LA CHLOROSE CHEZ L'HERBEMONT. 139 dessus : on effet, tandis que l'Herbemont échoue généralement dans les riches alluvions des plaines de l'Hérault, alors même qu’elles sont abondamment fumées, il réussit, au contraire, dans les sols pauvres et arides des garrigues. On peut supposer, il est vrai, que si les terres de plaines sont généralement riches par elles-mêmes ou par les engrais qu’on leur donne, en azole, en acide phosphorique et en potasse, elles peuvent manquer de fer, élément dont la présence est au con- traire révélée dans les garrigues par la coloration rouge du sol. Or, le fer étant un élément nécessaire à la plupart des plantes, il se pourrait que l'Aerbemont en exigeät plus que d’autres vi- gnes, et que ce fût l'insuffisance de ce métal qui empéchât la réussite de ce cépage dans certains milieux. Mais examinée de près, cette hypothèse ne paraît pas admissible : en effet, toutes les terres cultivées semblent renfermer des quantités de fer bien supérieures à celles qu'exigent les plantes; de plus, des analyses que j'ai fait exécuter au mois de février dernier, sur la demande de M. Millardet, et dont nous donnons ci-après les résultats, dé- montrent que la quantité de cet élément renfermée dans les cen- dres de l’Aerbemont n’est pas proportionnée à celle que con- tlent le sol où a végété la vigne, mais seulement à l'état de santé de la souche. LL QG QG RS QUANTITÉ A FER (Fe) | quantité A 1 2 | ÉTAT narure | contenu | defer | fn PIÈCES DE TERRE dE contenu 5 : 4 des des dans ne dans où ont été pris les échantillons A £ ; | 10 100 les terres s & | Vignes [échantillons 0 gr. 8. |onontété et observations. = M 'Hoie de bois sec A | Es e bois sec pris les F souche et échantil. sarments, gr. Souches. | 0,016 École d'Agriculture. Col- 2,140 lections PI. I. Terre de couleur grise. 1 | Mauvais. | Sarments| 0,008 Souches, | 0,023 École d'Agriculture. Vigne | du Nord. Terre de cou- leur grise. Terre de l'Olivette, Cou- leur rouge. 2,445 Souches. | 0,036 Bon. Sarments| 0,023 Bon. AG nn 0,015 2,000 140 MÉMOIRES ORIGINAUX. Ces chiffres démontrent enfin que certaines terres colorées en rouge peuvent ne pas renfermer une proportion de fer supérieure à celle que contiennent d’autres sols d’un aspect différent. Du reste, des expériences exécutées cette année à l’École d'Agriculture de Montpellier établissent d’une manièreencore plus probante que ce n’est pas à l’absence des éléments chimiques du sol utiles à la vigne que l’on peut attribuer, dans bien des cas tout au moins, la production de la chlorose : une planche de la terre dite des Trois-Pointes, où l’Herbemont est habituellement chlorosé, a été divisée en huit carrés de dix souches, dans les- quels ont été répandus les engrais chimiques suivants : I Sulfate d’ammoniaque........... 800 kil. par hectare. [I Sulfate d'ammoniaque........... 800 — Superphosphate de chaux....... . 1500 = Sulfate d’'ammoniaque..... ÉREEUE 800 — III | Superphosphate de chaux. ........ 1500 — Nitrate de potage Se ne ré 600 — Sulfate d’ammoniaque...,....... 800 — 1V | Superphosphate de chaux.......,. 1500 — INItFARC (08 DOLABBE, se ne 2 1. min «où 600 — ÉDIERO db RTE anse et ent ie 80 — V Superphosphate de chaux......... 1500 — VI Nitrate de potasse...,......., ans LDUU — VII Nitrate de‘potasse......".,,..... 600 — AU FENCOE LS PASSER PNR MN Ro 80 = Will réniate de for 6 sr ses ie 80 — Le reste de la planche, sans engrais, sert de témoin. Malgré les pluies qui ont succédé à l'application de ces ma- tières, aucune amélioration ne s’est manifestée dans l’état des vignes traitées. Ainsi, tous les éléments (y compris le fer) aux= quels ii est possible d'attribuer une action chimique utile à la végétation de l'Herbemont, peuvent lui être fournis, sous une forme soluble, sans que la chlorose disparaisse pour cela. C’est donc bien autre part qu'il faut chercher, le plus souvent, les causes de celte maladie. Si l’on considère le mode de développement des organes de nu- CAUSES DE LA CHLOROSE CHEZ L'HERBEMONT. 141 trition del’ Æerbemont, dans différents milieux, et qu’on le compare à celui des mêmes organes chez l’Aramon (V. ViNIFERA), qui est très réfractaire à la chlorose, on observeles faitssuivants : 1° Le dé- bourrement a lieu simultanément pour ces deux cépages quelle que soit la nature du sol '; 2° Le développement des jeunes racines de l’Herbemont a lieu, dans les milieux où il ne jaunit pas, en même temps que pour l’Aramon, tandis qu’il est beaucoup plus tardif dans ceux où il est atteint par la chlorose. Celte année, par exemple, des recherches ont élé faites à l’École d'Agriculture de Montpellier : 1° dans le sol naturel du champ d'expériences (où l’Herbemont jaunit) ; 2° dans un carré de la même pièce dont la terre a été remplacée jusqu’au sous-sol * par d’autres prove- nant de Saint Georges d’Orques (où l’Æerbemont ne jaunit pas); 3° enfin dans une planche du même champ que l’on a recou- verte d’une couche de 0®,06 de débris de coke (où l’Herbemont ne jaunit plus depuis). Le 21 avril, l’Aramon commençait à pousser ses radicelles dans le sol naturel, tandis que l’Herbemont (qui avait débourré en même temps) ne montrait les siennes dans ce terrain que le 28 mai, c'est-à-dire 37 jours après. Dans les deux derniers milieux, au contraire, ce cépage avait dés le 21 avril autant de jeunes racines que l’Aramon. Une différence notable quant au développement de ces jeunes racines a été ob- servée encore dans le même sens le 30 avril et le 28 mai. On comprend aisément l'influence que peut avoir sur la végé- tation une pareille discordance dans l’époque de l'apparition 1 Le débourrement a eu lieu : pour l'Herbemont, le 6 avril. pour l’Aramon, le 4 avril. pour l'Herbemont, le 31 mars. pour l'Aramon, le 29 mars. pour l’Herbemont, le 8 avril. pour l'Aramon, le 7 avril. 3 Le sol du champ d'expériences (pièce des Trois-pointes) est d’une profondeur qui varie entre 0,45 et 0,75; il repose sur un sous-sol formé par un banc de cooglomérats calcaires faiblement incliné du Midi au Nord et imperméable aux eaux et aux racines. En 1877 En 1879 En 1881 3e sér., tom, 1. 10 142 MÉMOIRES ORIGINAUX. d'organes qui jouent un rôle aussi actif dans les phénomènes de nutrition, que les radicelles de l’année : la vigne, comme on le sait, développe rapidement son appareil extérieur au moyen de matériaux qu’elle trouve d’abord à peu près exclusivement dans les réserves contenues dans les tissus du bois et des racines, puis avec ceux que ne tardent pas à amener en abondance les jeunes racines de l’année et qu’'élaborent promptement les feuilles récemment formées. Si un retard sensible intervient dans le dé- veloppement des radicelles, les ressources accumulées dans la souche, qui ne sont pas remplacées en quantité suffisante, sont bientôt fortement diminuées et les tissus des feuilles, insuffisam- ment nourris, ne tardent pas à jaunir. C’est, en effet, pendant les derniers temps qui précèdent la pousse des radicelles de l’année, que la chlorose de printemps se manifeste chez l'Herbe- mont. Ce phénomène se produit du reste, probablement pour ce cé- page, avec une facilité d'autant plus grande que la pauvreté de ses organes en tissu cellulaire ne lui permet pas de posséder des réserves aussi considérables que l’Aramon, par exemple. Les études auxquelles je me suis livré ces dernières années sur la constitution histologique des racines, avaient déjà montré la faible quantité de tissu cellulaire que renferment ces organes chez l’'Herbemont ; d’autres observations plus récentes sur le bois 4» }1 souche et sur celui des sarments m'ont prouvé que cette propriété appartenait d’une manière générale à l’ensemble de la plante. De plus, l'analyse ci-jointe, due à M. Vannuccini, ingé- uieur-chimiste, démontre bien la richesse plus considérable du bois de l’Aramon, pris à la fin del’hiver, en acide phosphorique, 1 [importance de ce fait est d'autant plus grande que les vignes américaines, résistantes elles-mêmes, perdent une partie de leurs radicelles sous l'influence du Phylloxera, et se trouvent déjà, par suite, dans des conditions défavorables à ce point de vue dans les milieux phylloxérés. (Voir Foëx; Note relalive aux effets produils par le Phylloxera sur les racines de divers cépages américains et indigènes. Comptes rendus de l'Académie des Sciences, n° du 18 décembre 1876). CAUSES DE LA CHLOROSE CHEZ L'HERBEMONT. 143 l’un des éléments les plus utiles à la formation des tissus nou- veaux. POIDS POIDS ACIDE ACIDE NOM DES CÉPAGES du bois séché à l'air du bois | phosphoriq. ET LA : 2 . : é our pendant plusieurs jours|séché à 100°| du bois sh Ro RS gr Souche, . 15gr ne 0.0151 | 0.129 Aramon greffé sur Herbemont. 108r Sarments :5 15 Aramon franc de pied. 7 Souche. . Sarments Souche.. 40 | 60 41,840 | 0.0396 | 0.095 Sarments 20 ; | 22,5 15252000 020711008133 Herbemont. l Enfin, une dernière cause semble de nature à ralentir chez l’Herbemont le renouvellement des approvisionnements employés à la formation de ses nouveaux rameaux: les quantités d’eau transpirées par les feuilles de ce cépage sont sensiblement moindres que ceiles émises par l’Aramon, ce qui, étant donnée la corrélation qui paraît exister entre le phénomène de la trans- piration et les diverses fonctions dépendantes de la nutrition qui s’accomplissent dans les feuilles, indiquerait une activité moindre de ces organes". Les expériences dont nous donnons ci-joint les résuliats, et qui ont été faites avec le concours de M. D. Cavazza, actuellement directeur de l’École de Viticulture d’Alba, établissent ce fait d’une manière évidente? 1 Cette propriété permet vraisemblablement d'expliquer le fait si surprenant, et pourtant souvent constaté, de la parfaite verdeur d’une souche d'Aramon greffée sur un pied d’Aerbemont chlorosé. 2 Pour chaque expérience, des feuilles sensiblement de même surface, de même âge et de même apparence, étaient emprisonnées dans des bocaux fermés par un bouchon coupé en deux pour laisser passer le pétiole. Au bout d'un même temps, les bocaux, dont la tare avait été faite à l’avance, étaient pesés de nouveau : on obtenait ainsi par différence le poids total de l'eau de transpiration. On détachait ensuite les feuilles qui pendant l'expérience étaient restées adhérentes à la plante, on les pesait, puis on en déterminait la surface par le procédé suivant : le contour en était relevé exactement sur du papier d’une structure homogène, au moyen d'un crayon ; puis la figure ainsi obtenue était découpée et pesée, et on établissait le rapport entre ce poids et celui d'un décimèêtre carré du même papier 144 MÉMOIRES ORIGINAUX. 8 EAU ÉVAPORÉE = NATURE par Rs) ù OBSERVATIONS = Fe 5 du cépage ARTE cran = de feuille | de feuille Es APRES REP | EEE EU gr. gr. 1 Herbemont. Non chlorosé. 0.012 0,40 Aramon. Franc de pied. 0.026 1.20 Herbemont. Non chlorosé. 0.027 1.30 9 Herbemont. Chlorogé 0,026 1.30 Aramon. Greffé sur Taylor. 0.037 1.70 Aramon. Greffé sur Herbemont. 0.040 2.30 3 Herbemont. Non chlorosé. 0.015 1.01 Aramon. Chlorosé. 0.110 5.60 | Ainsi, il semble possible d’attribuer fréquemment l’appauvris- sement des tissus des feuilles de l’Æerbemont au retard que, dans certains milieux, éprouve la naissance de ses radicelles, re- tard que l’organisation de ce cépage rend particulièrement pré- judiciable. Mais quelles sont les causes déterminantes de ce phénomène et comment se relient-elles aux conditions spéciales du sol où on le voit se produire habituellement? C’est ce que nous allons examiner actuellement. Si l’on étudie les divers milieux où l’Æerbemont est à l’état de santé dans le midi de la France, on remarque qu’ils sont consti- tués par des sols caillouteux ‘, profonds et perméables, en pente ou de couleur foncée. Ces diverses natures de terres présentent généralement cette propriété commune, qu’elles s'échauffent de bonne heure au printemps, soit par suite de l’égouttement facile des eaux en excès, soit à cause de leur coloration, qui leur per- met d’absorber une grande quantité de rayons caloriques. Les terrains où ce cépage souffre sont généralement, au contraire, à sous-s0ls imperméables, peu profonds, compactes et humides ou de couleur blanchâtre, c’est-à-dire dans des conditions telles que leur échauffement au printemps doit être relativement tar- dif. Or, on sait que, de même que le développement des bour- 1 Voir la note 1 ci-contre, pag. 149. CAUSES DE LA CHLOROSE CHEZ L'HERBEMONT. 145 geons extérieurs est sous la dépendance exclusive de la tempé- rature atmosphérique, celui des bourgeons souterrains qui don- nent lieu aux racines est subordonné, de son côté, à la tempé- rature du sol ; c’est pour cela que les horticulteurs chauffent artificiellement les terres dans lesquelles ils veulent faire enra- ciner certaines boutures. On conçoit donc aisément, en tenant compte de ce que nous avons établi précédemment, comment les terres qui ne s’échauffent pas facilement au moment du ré- veil de la végétation déterminent la chlorose chez l’Herbemont, qui a besoin d’une température relativement élevée pour pousser ses radicelles *. Mais, bien qu'il me semble possible de déduire ces conclu- sions des considérations précédemment exposées, comme des doutes pourraient s'élever sur la valeur de quelques-uns des éléments de la démonstration, et notamment sur l’importance { Les chiffres suivants justifient ce qui a été avancé ci-dessus, relativement à l'heureuse influence des cailloux sur la réussite de l'Herbemont. Terres où l'Herbemoni réussit. Terres où l'Herbemont ne réussit pas. LOGALITÉS OU ONT ÉTÉ PRIS CAILLOUX LOCALITÉS OU ONT ÉTÉ PRIS CAILLOUX LES ÉCHANTILLONS. pour 400 LES ÉCHANTILLONS, pour 100 1. Bellevue (St.-Georg.-d'Orq.)| 46 1. Collections PI. VII (École). 2 2. Autre terre de St.-Georges 2. Terre blanche de chez M en expérience à l'École, ... 14 Panchon et ra our à 3 3. Terre de garrigue de chez 3. Mas de Las Sorres...,.., 1.2 M. le commandant Dubois (quartier de l'Aiguelongue, près Montpellier)....,.,...| 24 4. Terre rouge de la pièce de l'Olivette chez M. Planchon.| 33 5. Vigne du Nord (École),.,.| 22 6. Domaine de Farel à M. BIDUIOD rev ae. e tata te s.| 439 \ ? Le 21 avril, lorsque l'Aramon montrait ses radicelles dans le sol naturel du champ d'expériences, la température dans ce milieu atteignait 140,8 ; le 28 mai, lorsque l'Herbemont commenca à émettre les mêmes organes dans la même terre, la température de cette dernière s'élevait à 190,6, soit une différence de près de 5o. 146 MÉMOIRES ORIGINAUX. des différences de température signalées entre les divers sols, j'ai cru devoir les contrôler par d’autres expériences. Il importait, en premierlieu, de constater exactement, et pen- dant un temps suffisant, la température de milieux où l’Æerbe- mont se comporte de manières diverses, et ensuite de s'assurer si, en élevant artificiellement la température d’un sol où jusqu'’a- lors la chlorose avait régné, on parviendrait à enrayer le mal. Pour atteindre ces résultats, des expériences thermométriques ont été installées de la manière suivante. Ea premier lieu, quatre caisses cubiques en bois de 0®,10 de côté (à l'intérieur), ou- vertes par en haut et vitrées sur l’une des faces latérales, ont été remplies avec quatre espèces de terres diverses : 1° Terre du champ d'expériences, pl. n° VIE, où l’Herbemont est chlorosé. 2° Terre rouge de garrigue de Castelnau, où l’Herbemont n'est pas chlorosé. 3° Terre rouge de Saint-Gcorges d’Orques, pl. X du champ d'expériences, où l’Herbemont n’est pas chlorosé. 4° Terre grise de la vigne du Nord à l'Ecole d'Agriculture, où l’'Herbemont n’est pas chlorosé. Ces terres, une fois dans les caisses, ont été saturées d’eau que l’on a ensuite laissé égoutter afin de les amener à un degré de tassement analogue; puis, dans chacune d’elles, un thermomètre a été placé de manière à ce que sa boule occupe le centre de gravité du cube. Les diverses caisses ainsi disposées ont été ex- posées chaque jour à l’action du soleil, la face en verre tournée à l’exposilion du midi, et, chaque jour, la température marquée par le thermomètre a été relevée à 5 heures du soir, heure qui a été reconnue comme donnant dans ce cas à peu près la tem- pérature mazima. Les observations ont duré da 19 juillet au 20 août ; en faisant pour chaque nature de terre la somme des températures consta- iées, on a obtenu les chiffres suivants : = CAUSES DE LA CHLOROSE CHEZ L'HERBEMONT. 14 1° Terre du champ d'expériences. ...,.... 1146°,2 2° Terre rouge de Castelnau.......,., A2 4003 3° Terre rouge de Saint-Georges.....,... 1234°,1 4 Terre grisé de la vigne.....,.... AE dt ot 077270 à ce qui accuse, entre la terre du champ d’études où l’Herbe- mont est chlorosé et celle qui s'échauffe le moins parmi celles où ce cépage est sain, une différence de température de 76°,4 en 29 jours, soit, en moyenne, de 2°,6 par jour. Un autre lot de terre blanche du Terral, où l'Herbemout est chlorosé, n’a pu être mis en expérience que le 14 août ; si l’on compare la somme de température obtenue depuis cette époque à celle de la période correspondante pour les autres terres, on se trouve en présence des résultats suivanis : 1oHérre du Champ d'ExpérIENCES DE. 261°0 2° Terre rouge de Castelnau............... 27600 3e Terre rouge de Saint-Georges........... 27001 » 4o Terre grise de la vigne du Nord......... 1197402 b°-Terre blanche du Terrak . 51,55 8006 Je 25009 soit une différence de 19°,1 en sept jours, ou 2°,7, avec le sol le moins chaud où l’Æerbemont réussit. Ces constatations confirment évidemment nos dires précédents, mais on peut objecter qu’elles ne sont pas faites dans les condi- tions mêmes où végète la vigne : en plein champ, la température que pourrait acquérir un sol donné, s’il était placé dans un mi- lieu théoriquement constitué, peut être modifiée par diverses circonstances, telles que l’exposition, la situation, la nature, la profondeur et l'inclinaison du sous-sol, les infiltrations, etc. Nous avons donc pensé qu'il importait d'étudier les températures des terres dans leslieux mêmes et à l'époque où se produisent les phénomènes de végétation qui nous préoccupent ; il était enfin intéressant de voir si où pourrait parvenir, en élevant artificielle- ment la température d’un sol portant des Herbemonts chlorosés etsans modifier autrement ses propriétés naturelles, à y faire disparaitre la maladie. | 118 MÉMOIRES ORIGINAUX. Pour atteindre ce but, les expériences suivantes ont été instal- lées dans la planche VIT du champ d'expériences, qui est plantée en Herbemont habituellement chlorosé et dans la planche X du même champ, dont le sol a été entièrement remplacé par de la terrerouge de Saint-Georges et où l’Æerbemont est à l’état de santé. On a pris sur la planche VIT trois carrés de 30*°* de superficie ; dans le premier, le sol à été conservé sans modification ; dans un second, le sci primitif a été remplacé par de la terre blanche du domaine du Terral, à M. Bouscaren, où l’Herbemont souffre de la chlorose ; enfin un troisième a été recouvert de 0”,06 de dé- bris de coke lavés à l’acide chlorhydrique, de manière à les dé- barrasser de toutes les matières solubles qu’ils pouvaient ren- fermer. Au milieu dechaque carré de la planche VIT et dans la planche X, a été installé un thermomètre, système Crova, pour recueillir les températures souterraines à 0",25 de profondeur. Dés le 21 avril, des différences ont commencé à se montrer dans la végétation des divers carrés. Les vignes du carré recou- vert de coke ‘ et celles de la planche de terre rouge de Saint- Georges élaient vertes et vigoureuses, tandis que la chlorose commençait à se manifester dans celles situées dans le sol pri- mitif ou dans la terre blanche du Terral. Ces différences n’ont fait que s’accentuer dans le même sens jusqu’au 31 mai, après quoi une légère amélioration s’est produite dans l’état des par- ties chlorosées, qui sont restées néanmoins toujours très infé- rieures aux autres. Parallèlement aux observations sur la végétation, on en pour- suivait d’autres sur la température du sol de chaque parcelle, au moyen desthermomètres mentionnés précédemment. La tempé- rature était relevée chaque soir à 5 heures, momentqui paraît correspondre à peu près au maximum dans ces conditions. En faisant la somme des températures ainsi recueillies, on a obtenu les nombres suivants : 2 1 Les vignes du carré recouvert de coke se sont toujours montrées les plus vertes, CAUSES DE LA CHLOROSE CHEZ L HERBEMONT. 149 Sol primitif du champ d'expériences (du 13avril au 15 septembre). 3558°,2 Sol primitif du champ d'expériences recouvert de coke (du 13 Dorian A ÉCnenmbne) A SAN. MORE. 3813°,0 Sol primitif du champ d'expériences (du 23 avrilau 15 septembre). 3404°.0 Sol primitif du champ d’expériences recouvert de coke (du 23 Du Lo SÉDIENIDrE). 22. OR ER IERRR PAREIL RL Re 3652°,9 Terre blanche du Terral (du 23 avril au 15 septembre). ...... 3204°,6 Sol primitif du champ d'expériences (du 2 mai au 15 septembre). 3268°,9 Sol primitif du champ d'expériences recouvert de coke (du 2 mai DUO OC MDN). SE ET MUR GNU TUE US RER SL APRES LAS mots Terre blanche du Terral (du 2? mai au 15 septembre).......... Terre rouge de Saint-Georges (du 2 mai au 15 septembre})..... 3325°,6 Les résultats de ces expériences confirment, ainsi qu’on peut aisément s’en rendre compte, les vues précédemment énoncées et il nous semble possible d’en tirer les conclusions suivantes : 10 Dans les terres où l’Herbemont n’est pas atteint par la chlorose la température est sensiblement plus élevée au printemps et en été que dans celles où il souffre de cette maladie ; 2° Il peut suffire de communiquer au sol une température plus élevée de quelques degrés que celle qui lui est habituelle au prin- temps pour permettre à ce cépage d'échapper à la chlorose ; 3° Une matière de couleur foncée et sans action chimique peut jouer un rôle analogue à celui du fer peroxydé auquel certains sols doivent leur aspect rouge, ce qui semble indiquer que ce dernier élément agit surtout par la coloration qu'il leur commu- nique. En résumé, de ce qui précède on peut, ce nous semble, conclure que dans les cas analogues à ceux où ont été faites les observa- tions que nous venons de rapporter, la première chlorose de l’Her- bemont provient de la discordance qui existe, dans les terres froides, entre l’époque du développement des rameaux de ce cépage et celle où il est pourvu du nombre de radicelles néces- saire pour une absorption active. 3e sér., tom. 2. LL 150 MÉMOIRES ORIGINAUX. Il est vraisemblable que ce sont les mèmes causes qui agissent souvent sur d’autres plants d’une adaptalion difficile dans le Midi, tels que le Norton’s Virginia, l’'Hermann, l’Ives Seedling, le Concord, etc... C'est du reste ce que nous nous proposons de vérifier prochainement. Quant à la seconde chlorose, qui se manifeste en juillet et août, elle paraît due à un arrêt du développement des jeunes racines et peut-être même à la destruction d’une partie des radi- celles situées dans les couches supérieures des sols qui perdent beaucoup d’eau en été. Une étude suivie des terres où cette ma- ladie est commune nous a du moins révélé, comme caractère commun entre elles, une grande propension à so dessécher pen- dant cette saison, landis que celles où l’Æerbemont garde le mieux sa verdeur conservent au contraire des proportions d’eau relati- vement plus considérables. Les dosages d'humidité suivants, recueillis au mois de septembre dernier, démontrent d'une ma- nière évidente ces propriétés respectives: Sol naturel du champ d'études... 9,82 p. °/, ) où l'Herbemont Terre blanche du Terral....... 5,00 — ) ne réussit pas. Terre rouge de Saint-Georges... 11,94 — ) où l'Herbemont Terre de la vigne du Nord...... 11,96 — réussit. Si l’on rapproche ces indications de quelques-unes de celles qui ont été données précédemment (pag. 144), on pourra s’étonner de voir parmi celles qui conservent le mieux leur humidité, quel- ques terres que nous avons signalées comme caillouteuses, et qui sont généralement regardées comme sèches; mais si l’on examine les choses de plus près, on ne tarde pas à reconnaître que les sols de cette nature sont souvent moins secs qu’on ne le croit d’ordinaire'. Eu effet, si les cailloux d’un certain volume facilitent 1 Un mètre cube de terre caillouteuse considéré dans son ensemble renfermera évidemment moins d’eau que le même volume de terre franche, par exemple; mais si l'on sépare la terre renfermée entre les cailloux, cette dernière contiendra plus d'eau que la terre franche, si les conditions du milieu où on les a recueillies sont d'ailleurs identiques. Or c’est dans la terre et non dans les cailloux qu’habi- tent les racines et qu’elle; doivent rencontrer l'humiditë nécessaire à la plante, CAUSES DE LA CHLOROSE CHEZ L HERBEMONT. 151 l’égouttemont des eaux renfermées en excès dans la couche arable, ils s'opposent d'autre part au dessèchement par évapora- tion de la terre intercalée entre eux. Ea somme, on peul conclure de l’ensemble de ce qui précède, que : 1° L’Herbemont est exposé à deux chloroses : celle du printemps, qui résulterait de l'insuffisance de la température du sol dans cette saison, el celle d’été, qui proviendrait du dessèchement trop considérable du terrain pendant les grandes chaleurs ; 20 Les sols qui conviendraient le mieux à l’Æerbemont seraient, par suite, ceux qui s'échaufferaient le mieux au printemps et conserveraient toute l’année une quantité moyenne d'humidité ; 30 Toutes les opérations quisont de nature à favoriser l’échauf- fement du sol, telles que le drainage, l'application des amende- ments diviseurs, ou celles qui en diminuent le dessèchement en été, telles que les défoncements profonds, les binages répétés, l'emploi des paillis ou les irrigations, peuvent contribuer dans une certaine mesure à la réussite de ce cépage. 152 RECHERCEHES SUR LE SYSTÈME LYMPHATIQUE DE LA RANA TEMPORARIA L. Par S. JOURDAIN. 1 Un assez grand nombre de travaux ‘ ont été publiés sur les diverses parties du système lymphatique des Grenouilles, mais il n'existe point d’exposé méthodique et complet de l’ensemble de ce système. C’est pour essayer de combler cette lacune que nous publions le résultat de nos recherches sur les lymphatiques de la Rana temporaria. Ce mémoire sera divisé en deux parties. Dans la première, nous traiterons des sacs lymphatiques sous-cutanés ; dans la seconde, nous décrirons les réservoirs profonds et les cœurs lym- phatiques. PREMIÈRE PARTIE. Des sacs lymphatiques sous-cutanés. On sait depuis longtemps (Méry, loc. cit.) que les Grenouilles sont renfermées dans leur peau comme dans un sac clos, que 1 Méry ; Collection Àcad., part. franç., tom. I, pag. 114.—Dugès; Recherches sur l'ostéologie et la myologie des Bitraciens à leurs différents äges. Paris, 1835, pag. 120, pl. V.— Panizza ; Sopra il sistema linfatico dei Rettili. Pavia, 1833, — J. Müller; On the existence of four distinct Hearts, having regular pulsations, connected with the lymphatic System in certain Amphibious Animals (Philos. Trans., 1833, pag. 89), — Rusconi ; Rifflessioni sopra il sistema linfatico dei Rettili. Pavia, 1845, 1. Lettre sur une nouvelle méthode pour injecter le système lymphat. des Reptiles (Ann. des Sc. nat., 1842, 2e série, tom. XVII, pag. 111). — Breschet; Additions à la lettre précédente (Ibid.). — J. Meyer ; Systema am- phibiorum lympha'icum disquisilionibus novis exminaltum. Berlin, 1845. — Robin; Note sur les lymphatiques des viscères abdominaux des Grenouilles et sur leurs réservoirs (L'Institut, 1846, tom. XIX, pag. 54). — Langer; Ueber das Lymphgefassystem des Froschen (Sitzungb. des Kais. Akad. des Wissensch. zu W:en (Band LV, { Abth., 1867). SYSTÈME LYMPHATIQUE DE LA RANA TEMPORARIA L. 153 de minces cloisons membraneuses rattachent au corps, en même temps qu’elles divisent l’espace périphérique ainsi ménagé en compartiments de forme et de dimensions variables. Ces compartiments ne sont, en définitive, que de vastes sinus sous-cutanés dépendants du système lymphatique. En effet: lo ils sont revêtus intérieurement d’un épithélium identique à celui qui tapisse les lymphatiques profonds, sur la nature desquels il ne peut s'élever de contestation ; 2° ils com- muniquent avec ces mêmes lymphatiques et avec les cœurs qui chassent la lymphe dans les vaisseaux à sang coloré ; 3° enfin ils contiennent un liquide qui a tous les caractères de la lymphe et qui dans certains cas s’y accumule en assez grande quantité. Ces sacs, depuis Dugès, qui n’a fait que les énumérer sans les considérer comme des dépendances du système lymphatique, ont peu fixé l'attention des anatomistes et n’ont jamais été décrits avec un détail suffisant, malgré l’intérèt qui s’y rattache, tant au point de vue de la morphologie comparée que de la physio- logie expérimentale". La face interne des sacs lymphatiques sous-cutanés de la Rana temporaria, ainsi que les nerfs qui les traversent (nn, PI. II, fig. 6), est tapissée par un épithélium plat, à bords onduleux et dentelés (PI. I, fig. 1), dont le nitrate d’argent permet d'étudier parfaitement les contours. Le même réactif met aussi en évidence la présence d’un grand nombre de ces singulières formations nommées pertuis, méats où puits lymphatiques. Ges formationssont de simples dépressions, avec prolifération nucléaire à leur fond, sur le rôle desquelles on ne peut former que des conjectures. Nous proposons de les désigner proviscirement sous le nom de stoma- toïdes (PI. I, fig. 25). Dugès compte vingt-deux de ces sacs, qu'il appelle poches sous-cutances. Il y en à quatre impaires : la dorso-cränienne, la sous-maxil- 1 J. Meyer (op. cil,) a décrit avec assez de détail les sacs sous-cutanés des Kana, mais il les considère à tort comme clos et, à d'autres évards, loin d'élucider la question des lymphatiques, il n’a fait que l’embrouiller. 154 MÉMOIRES ORIGINAUX. lare, la thoracique et l'abdomino-sus-palmaire. Neuf sont paires, savoir: la latérale, l'iliaque, la brachiale, la fémorale, la sus-fémo- rale, l'inter-fémorale, la jambière, la sus-plantaire, la plantaire. En ce qui concerne la Rana temporaria au moins (c’est la R. esculenta qui avait servide type à Dugès), nous allons voir qu'il faut apporter diverses modifications à l’énumération et à la no- menclature données par le naturaliste de Montpellier. SAC DORSO-CRANIEN (Pl. III, fig. 6). Ce sac impair est très vaste ; il occupe en effet toule la partie supérieure de la région dorsale, depuis le niveau de l’angle antérieur des yeux jusqu’à la pointe du coccyx. Sa paroi supé- rieure est formée par la peau qui reçoit plusieurs rameaux de l’ar- tère tégumentaire (branche de la pulmonaire’) en avant, et des artères ischiatiques en arrière. Sa cavilé est traversée par diverses branches nerveuses qui se rendent à la peau (n,n). Le plancher de ce sac est formé en avant par l’aponévrose crânienne, en arrière par les muscles de la région scapulaire, puis par les plans musculaires que Dugès désigne collectivement sous le nom de sur-spinaux (lombo-costal et ischio-coccygien de Cuvier. Sur les côtés, le sac dorso-crânien est en rapport avec le sac thoraco-latéral. En arrière, il touche aux sacs iliaques, aux fémo- raux et à l’élage supérieur du sac interfémoral ou périproctal. La cloison de séparation du sac dorso-crânien et des sacs voisins naît, de chaque côté, de la pointe du coccyx, s’insère à l'ilion, puis suit une bande aponévrotique étendue de cet os à l’omoplate, traverse perpendiculairement à la direction de leurs fibres les muscles qui recouvrent l’omoplate, puis se raccoureit et s’efface en arrière de l’orbite. Autour de l’œil, du tympan, à la mâchoire supérieure dans toute sa longueur, la peau devient 1 Les veines qui rapportent au cœur le sang suroxygéné de la tégumentaire ne sont pas tributaires de l'oreilletle gauche, ainsi que le prétendent la plupart des auteurs, mais elles déversent leur contenu dans le cœur droit. SYSTÈME LYMPHATIQUE DE LA RANA TEMPORARIA L. 155 adhérente, et c’est par celte adhérence qu'est limité, en avant de l'angle antérieur de l'œil et en arrière de l'ouverture externe des narines, le grand sac lymphatique dorso-crânien. En avant, au-dessous de l’angle antérieur de l’œil, un ou plu- sieurs pertuis étroits (/ig, 4, oCO) font communiquer le sac dorso- crânien avec les sinus orbitaires et orbito-palatins. En arrière, un pertuis à bords valvuliformes, creusé dans l’apo- névrose des muscles sous-épinaux, permet à la lymphe de passer de chaque côté dans le cœur lymphatique postérieur. Quelquefois un court canal oblique est interposé entre l'orifice dont il vient d'être question et le cœur lymphatique. Nous sommes parvenu, en nous servant d’une injection très pénétrante et d’une canale très déliée, à remplir, par ce canal, le cœur lymphatique et les veines afférentes du rein, qui sont en relation avec lui. SAC GULAIRE OU SOUS-MAXILLAIRE (PI. I, fig. 3 et 4, G). Ce sac est impair. Il occupe tout le dessous du plancher buccal et remonte en arrière de l'articulation de la mâchoire inférieure. La peau qui le clôt en dessous reçoit des branches de l'artère hyoïdo-maxillaire. En dessous, sa paroi est constituée par le mus- cle sous-maxillaire (mylo-hyoïdien). Limité, en avant, par l’axe du maxillaire inférieur, il estséparé, en arrière, du sac thoraco-latéral par une cloison qui peut être tendue par les fibres postérieures du muscle sous-maxillaire (fig. 3, cGT). Dans les mâles, le diverticulum latéral du sac gulaire présente une plus grande amplitude pour loger la poche dilatabie, quijoue dans ce sexe le rôle d'appareil de résonnance. Le sacgulaire communique, de chaque côté, avec les sacs lin- guaux inférieurs par un ou plusieurs orifices placés en dedans du maxillaire inférieur, au point d’émergence du nerf sous-menta! (fig. 3, oGL/). Ces orifices ne débouchent pas directement dans le sinus, mais dans un vasolymphe, satellite de la mâchoire infé- rieure, qui se rend dans les sinus linguaux,. 156 MÉMOIRES ORIGINAUX. En arrière, quelques pertuis très étroits, pratiqués au-dessous de la peau, dans la cloison thoraco-gulaire cGT, mettent en rap- port le sac gulaire avec le sac thoraco-latéral. SAG THORACO-LATÉRAL (Pl. If, fig. 3 et 4, TL). Ainsi que nous l’avons vu, Dugès mentionne une poche tho- racique impaire et une poche latérale paire ; mais, dans le Rana temporaria, la communication entre ces deux poches est si large et si libre que nous les réunissons en une seule, que nous appe- lons sac thoraco-latéral. Pour la commodité des descriptions, nous y distinguerons toutefois un compartiment thoracique et un compartiment latéral. Le compartiment thoracique est impair et étendu trans7. rsale= ment au-devant de l’arc inférieur de la ceinture thoracique, li- mité en avant et en arrière par deux cloisons transverses, cGT et cTA, fig. 3. De chaque côté il envoie à la partie antéro-inférieure du bras un prolongement qui va se rétrécissant et se termine en pointe, intercalé comme un coin, dans l’écartement des sacs bra- chiaux B et B' (fig. 11 et 12). La cloison transversale cTA recoit l'insertion des fibres du mus- cle abdomino-guttural, qui peut être considérée comme un mem- bre antérieur du système des droits abdominaux. Si l’on se rap- pelle les rapports du sous-maxillaire avec la cloison cGT, on verra que par la contraction de ce dernier muscle et celle de l’abdomino-guttural, la capacité antérieure du compartiment tho- racique peut éprouver des variations. La face profonde de ce compartiment est formée par le muscle pré-sterno-clavi-radial (biceps ?) et une portion du pré-sterno- scapulo-huméral (deltoïde et sus-épineux réunis). A peu de distance de la ligne médiane se voit, de chaque côté, entre les deux muscles que nous venons de nommer, un petit orifice qui met en rapport le compartiment thoracique avec les sinus thoraciques profonds (fig. 3 oTT). A droite et à gauche, un trou assez large (fig. 3 oTL) établit SYSTÈME LYMPHATIQUE DE LA RANA TEMPORARIA L. 157 une communication facile entre ce compartiment et le comparti- ment latéral. Enfin on rencontre diverses perforations dans les cloisons qui séparent ce même compartiment thoracique des sacs brachiaux B et B.. Le compartiment latéral a la forme d'un couloir qui s’étend tout le long des flancs, depuis l'ouverture oTL jusqu’à la base du membre postérieur. Sa face externe est limitée par la peau recevant principalement des rameaux de la tégumentaire ; la face profonde est constituée en très grande partie par le fascia superficiel qui recouvre le dorso sous-abdominal (oblique externe). Sa cavité est traversée par divers nerfs qui se rendent aux téguments. Co compartiment est limité en dessus par le prolongement emporal du sac gulaire et par le sac dorso-cränien ; en dessous, par le brachial B et le sac abdominal ; en arrière, il touche au sac iliaque et au fémoral (fig. 4 ). Il communique par des pertuis obliques avecle sac B',en avant, et le sac fémoral F, en arrière. La cloison qui le sépare du sac abdominal est percée, au-des- sous de la peau, de plusieurs orifices sur lesquels nous donnerons des détails en parlant du sac abdominal. Enfin la cloison qui partage ce compartiment du sac iliaque est percée d’un grand nombre d'’orifices et parfois réduite à une mince toile réliculée (fig. 4, cLT). SAG ILIAQUE (PI. IL, fig. 1, 6 et 7). Les communications sont telles entre ce sac et le précédent, qu’il pourrait à la rigueur en être considéré comme un simple compartiment. Ce sac est pair. Sa forme peut être comparée à celle d’un tétraèdre dont la base est dirigée en arrière, et dont la pointe ne dépasse guère, en avant, la moitié de l’ilion. La face externe est contiguë au compartiment iliaque, dont la sépare une cloison à claire-voie. 158 MÉMOIRES ORIGINAUX. La face interne est constituée par la paroïabdominale et surtout par la moitié postérieure de l'ilion recouverte par le muscle ex- ilio-trochantérien (petit et moyen fessier). La face supérieure est formée par une paroi imnembraneuse qui sépare le sac iliaque du sac dorso-cränien. La base est en rapport avec le sac fémoral et la partie supé- rieure du pelvi-fémoro-rotulien (triceps). Un faisceau musculaire mince et rubané , nommé par Dugès dorso-pubio-cutané (fig. 7, pdc), qui prend son point fixe à la ceinture pelvienne, parcourt la base de la cloison perforée cLI et va s'épanouir dans les téguments. Ce muscle agit non-seule- ment sur le sac iliaque, mais sur les sacs voisins. Le sac iliaque, outre ses communications multiples avec le sac thoraco-latéral, est mis en rapport avec le grand sinus iatra-abdo- minal par des pertuis pratiqués dans les interstices des fibres tendineuses d'insertion postérieure du muscle ex-ilio-trochanté- rien et ilio-coccygien (/ig. 7, oIA”). Quelques pertuis obliques le mettent aussi en rapport avec le sac fémoral. Nous ne retrouvons pas la communication avec le sac péri- proctal ou interfémoral à laquelle Panizza (op. cit., pag. XXIX) parait faire allusion dans la phrase suivante : « L’estrémità post. di questa cisterna iliaca, a lato dell’apice del cocize, si tiene in communicazione par uno stretto canale con un’altra borsa membranosa di forma triangulare, che esiste tra la cute ad :i muscoli della parte interna della coscia ». SAG ABDOMINAL (P1. I, fig. 3, A). Ce sac, impair, occupe la région abdominale depuis le com- partiment thoracique, qui le borne en avant, jusqu’au pubis, en arrière. Par ses angles antérieurs, il est en rapport avec le sac brachial B', mais il y a contiguitéavec ce sac, et non continuité, ainsi que l’admet Dugès, qui pour cette raison nomme le sac qui nous occupe, poche abdomino sus-palmaire. SYSTÈME LYMPHATIQUE DE LA RANA TEMPORARIA L. 159 Une cloison lougitudinale la sépare, à droite et à gauche, du compartiment latéral du sac thoraco-latéral, En arrière, il touche au sac périproctal. L'une de ses parois est formée par la peau à laquelle se distribue une portion de l'artère tégumentaire, L'autre est constituée par les muscles de la moitié postérieure de la ceinture thoracique infé- rieure et par les plans musculaires abdominaux. Ce sac est mis en rapport avec les sinus thoraciques profonds par divers méats obliques, dont les plus constants dans leur exis- tence sont : 1° un méat médian, situé dans l’échancrure posté- rieure de l’appendice xiphoïde ; 20 des méats en boutonnières obliques, placés de chaque côté dans l’angle formé par l’écarte- ment du sterno-huméral (portion du biceps) et de l’abdomino- huméral (portion costale du grand pectoral). Quelquefois un canal superficiel met ces derniers méats en rapport avec un autre per- tuis situé plus en avant (fig. 3, oAT ). Quand on tend suffisamment les cloisons cGT et cTA, on aperçoit, au niveau de leur inserlion à la face interne des tégu- ments, un assez grand nombre de très petits pertuis qui permel- tent le passage de la lymphe du sac abdominal dans le sac tho- raco-latéral, et réciproquement. Lorsqu'on examine au microscope ces orifices, sur des pièces colorées au picro-carmin ou autrement (fig. 5), on reconnaît que ces pertuis intra-cloisonnaires ont une direction oblique. Suivant la longueur relative de chacune des lèvres de ces méats, il résulte une disposition valvuliforme qui permet le passage du liquide dans un sens et non dans un autre. On voit même des orifices où la disposition valvuliforme est ren- due plus complète par l’établissement d’un double repli labial, comparable à celui qui se trouve à l’embouchure de certains vaisseaux à sang coloré. En arrière, à l’aide d’orifices placés sur la ligne blanche, entre les deux faisceaux postérieurs du pubio-thoracique, et par d’autres situés de chaque côté en dehors de ces mêmes faisceaux, le sac abdominal communique avec le grand sinus abdominal interne ( fig. 3, o AA). 160 MÉMOIRES ORIGINAUX. SAC INTERFÉMORAL OU PÉRIPROCTAL. (PI. I, fig. 3, et PI. IT, fig. 6, PP). La poche interfémorale, ainsi que Dugès appelle ce sac, est comptée par lui au nombre des poches paires. En effet, une cloison tendineuse assez complète le divise verticalement en deux compartiments; entre ceux-ci toutefois, la communication est assez aisée pour qu'on soit en droit de ne considérer qu'un seul sac. Quand il est injecté ou insufflé, il forme un bourrelet autour de l’anus et se prolonge un peu à la face postérieure de la cuisse, moins en dessus qu’en dessous. Ses relations avec l’anus justifient la dénomination de périproctal, sous lequel nous le désignons. Chaque compartiment du sac périproctal est subdivisé à son tour en deux étages P et P', l’un supéro-antérieur et l’autre inféro-postérieur, par le muscle post-ischio-tibial superficiel (droit interne), lequel par son bord postérieur adhère à la peau qui recouvre le sac périproctal, et peut, par suite, modifier la capacité de ce réservoir lymphatique. Les deux étages P et P communiquent entre eux principalement par des orifices pra- tiqués entre les fibres tendineuses d'insertion du post-ischio -tibial à la ceinture pelvienne ( fig. 3 et 6, oPP”}. Le sac périproctal est en relation, de chaque côté, avec les cœurs lymphatiques postérieurs par une paire de petits orifices à bords valvuliformes, situés au-dessus des muscles coccy- fémoraux (pyramidal}), contre la dernière partie de l'intestin (fig. 10, oP'—r.) Sac FÉMORAL (Pl. III, fig. 11 et 12, F). Dugès admet pour la cuisse deux poches sous-cutanées, la jémorale et la sus-fémorale. Dans la À. temporaria, il n’y en a qu'une seule, incomplètement divisée, suivant sa longueur, en deux compartiments. Sur le côté dorsal de la cuisse, il existe bien une cloison longitudinale complète (cFF, fig. 12), dontla ligne SYSTÈME LYMPHATIQUE DE LA RANA TEMPORARIA L. 161 d'insertion profonde suit sensiblement le bord externe du pelvi- fémoro-rotulien (triceps), mais, à la partie postérieure, la cloison qui fait suite au sac périproctal est interrompue dans toute sa moitié postérieure, de manière que l'étage sus-fémoral com- munique facilement avec l’étage sous-fémoral. En avant, le sac fémoral touche au sac périproctal, au dorso- crânien, au thoraco-abdominal, à l’iliaque et à l’abdominal ; en arrière, une cloison annulaire le sépare du sac jambier. Outre les communications déjà signalées entre le sac fémoral et ceux qui lui sont contigus en avant, nous devons mentionner les relations de continuité de ce même sac et celles des trajets lymphatiques internes de la cuisse avec les cœurs lymphatiques postérieurs. Ces relations s’établissent principalement à l’aide d’une gouttière placée dans l’interstice du muscle sus-ischio- poplité ( demi-aponévrotique) et de l’ilio-péronien (biceps). Cette gouttière est recouverte d’une toile membraneuse très délicate, percée d’un grand nombre d’orifices qui lui donnent un aspect aranéeux et établissent des communications multipliées entre la rigole et le sac fémoral. Pour bien voir cette disposition, il con- vient de plonger le membre postérieur dans de l’eau additionnée d'acide azotique. En arrière, des méats placés près des tendons postérieurs du sous-ilio-tibial (couturier) et du post-ischial profond (grand adducteur), traversant l'articulation et débouchant près du tendon supérieur du bi-fémoro-plantaire (jumeaux), mettenten communication le sac fémoral avec le sac jambier. SAG JAMBIER (PI. IT, fig. 11 et 12, J). Le sac jambier est unique; aussi la jambe y est-elle renfermée comme le doigl dans un gant. Il est traversé par une branche du uerf jambier, accompagné d’une petite artère se rendant à la peau. En arrière, une cloison annulaire sépare ce sac du tarso-plan- taire (cJTP). 162 . MÉMOIRES ORIGINAUX. Nous avons indiqué comment, en avant, ce sac est mis en relation de continuité avec le fémoral. En arrière, il communique avec le sac tarso-plantaire à l’aide : 10 d’un orifice pratiqué dans la cloison de séparation (fig. 11, oJTP); 2° d’un canal intra-articulaire dont on voit les orifices, d’une part, près du tendon postérieur de l’ex-tibio-astragalien (accessoire du jambier antérieur, Cuvier; seul jambier anté- rieur, Meckel), et, d'autre part, au-dessous du tendon postérieur du pré-fémoro-astragalien (jambier antérieur, partim.) SAC TARSO-PLANTAIRE (PI. III, fig. 11 et 12, TP). D'après Dugés, les sacs sous-cutanés de cette région seraient au nombre de deux, le plantaire et le sus-plantaire ; mais la même raison qui nous a fait admettre un seul sac fémoral nous engage à ne reconnaître qu'un seul sac tarso-plantaire. En effet, si, le long du bord externe de la région tarsienne, nous consta- tons l’existence d’une cloison complète cTP, au bord opposé il n'existe comme indice de séparation que des tractus £P, plus ou moins larges ou multipliés suivant les individus, mais dans tous les cas établissant une communication large et facile entre les deux étages du sac tarso-plantaire. Ce sac forme une gaîne complète à chacun des orteils; seulement cette gaîne est divisée en deux élages, l'un dorsal, l’autre palmaire, par un repli perforé qui règne tout le long du bord interne et externe de chaque orteil et le relie à la peau. Le sac tarso-plantaire ne se prolonge point dans l'épaisseur des membranes inter-digitales. SAC BRACHIAL SUPÉRIEUR (PI. Il, fig. 8 et 9, B). Ce sac occupe la région supérieure et postérieure du bras et de l’avant-bras et dorsale de la main. En arrière, une cloison complète le sépare du sac brachial inferieur B. Cette cloison, dirigée dans le sens de la longueur SYSTÈME LYMPHATIQUE DE LA RANA TEMPORARIA L. 163 du bras, adhère par son hord profond au scapulo-huméro-olé- crânien (triceps) et à l’espace qui sépare l’épitrochlo-sus-phalan - gettien (fléchisseur superficiel) de l’épithrochlo-cubital (deuxième anconé, Meckel); à la main, elle s’aitache au bord externe du doigt externe. Un septum incomplet, formé de tractus arciformes, dirigé sui- vant la longueur de l’avant-bras, est attaché le long du muscle épicondylo-sous-carpien (cubital postérieur) et se confond, au pli du coude, avec la cloison de séparation cTB du compartiment thoracique et du sac B’. Du côté de la main, au septum sB'B” ne se relie pas à la cloison cBB’ qui sépare les deux sacs B et B', de sorte qu’il existe, comme on le voit dans la fig. 8, un espace libre entre le septum et la cloison. Ce septum ne sépare pas, comme on serait tenté de le croire, le sac B’ du sac B, mais il se constitue une arrière-cavité B”, intercalée entre les deux sacs brachiaux. Cette arrière-cavité a la forme d’un triangle dont le sommet atteint le pli du coude et communique avec les canaux lymphatiques profonds du bras et avec le compartiment thoracique. Une cloison perforée qui, dans la région brachiale, se continue avec la cloison qui sépare le compartiment thoracique du sac B, est interposée entre ce dernier sac et le sac brachial supérieur B'. SAC BRACHIAL INFÉRIEUR (PI. II, fig. 8 et 4, B). Ce sac occupe les régions postéro-inférieure du bras et palmaire de la main. Ainsi qu’il vient d’être dit, il est limité, en arrière, par une cloison complète cBB', tandis qu’une cloison incomplète le sépare, au bras, du compartiment thoracique et, à l’avant-bras, de l’arrière-cavité B”. Comme au pied, les doigts sont contenus dans une gaine lym- phatique à deux étages : l’une qui dépend du sac B, l’autre du sac B'. En définitive, le système lymphatique sous-cutané du membre 164 MÉMOIRES ORIGINAUX. antérieur peut être considéré comme formé par deux sacs longi- tudinaux B et B’ dont les cloisons de séparation seraient consti- tuées par un double feuillet. En arrière, la cloison interposée demeure simple par la juxtaposition des deux feuillets, et par conséquent les sacs B et B’ sont contigus. En avant, au contraire, les deux feuillets cloisonnaires, accolés au pli du coude, se sépa- rent en decà et au-delà, de manière à donner naissance à des espaces triangulaires qui s’intercalent entre les deux sacs B et B’. L'un de ces espaces est l’arrière-cavité B”, l’autre le prolonge- ment brachial du compartiment thoracique T. (Voir fig. 8.) COMPARAISON ENTRE LE SYSTÈME LYMPHATIQUE PÉRIPHÉRIQUE D'UNE Ran& ET D'UN POISSON TÉLÉOSTÉEN (P]. III, fig. 13 eu 14). Malgré les différences profondes qui semblent, au premier abord, exister entre la disposition des lymphatiques superficiels des Batraciens et des Poissons, il nous paraît possible de recon- naître un même plan fondamental dans les deux classes. Le sac dorso-cränien (B, fig. 13 et 14) de la Rana correspond au système des vasolymphes, qui règne à la base des nageoires impaires de la région dorsale du Téléostéen, y compris l’anale ; l’abouchement est le même dans les deux cas avec les cœurs lymphatiques postérieurs. Le sac thoraco-latéral de Rana représente le vasolymphe laté- ral (L) des Poissons, tandis que le sac abdominal des premières est l’analogue du vasolymphe abdominal (A) des seconds. Dans les deux classes, le système Let le système A aboutissent, en avant, aux grands sinus thoraciques internes qui déversent la lymphe dans un membre de la cardinale antérieure, tandis qu’en arrière ils sont en communication avec le grand sinus intra- abdominal et le cœur lymphatique postérieur, celui-ci tributaire de la cardinale postérieure. SYSTÈME LYMPHATIQUE DE LA RANA TEMPORARIA L,. EXPLICATION DES PLANCHES. Première Partie. SACS LYMPHATIQUES SOUS-CUTANÉS G Sac gulaire. A — abdominal. T Compartiment thoracique du sac thoraco-abdominal. L Compartiment latéral du même. I Sac iliaque. DC— dorso-crânien. P Étageinférieur du sac périproctal. P’ — supérieur du même. F Sac fémoral. J — jambier. TP — tarso-palmaire incomplète- ment divisé en deux étages. B — brachial inférieur. B° — brachial supérieur. B’ Arrière-cavité du sac brachial inférieur. CLOISONS SÉPARANT LES SACS LES UNS DES AUTRES. cGT Cloisons séparant le sac gu- laire du compartiment thora- cique du sac thoraco-latéral. CTA — le compartiment thoraci- que du sac abdominal. cLA — le sac abdominal du com- partiment latéral du sac tho- raco-latéral. CFA — le sac abdominal du sac fémoral. ; cFJ — le sac fémoral du sac jam- bier. cJTP le sac jambier du sac tarso- palmaire. 3e série, tom. 1. eTP Cloison dans l'intérieur du sac tarso-palmaire. tP Tractus formant cloison incom- plète du bord externe du sac dorso-palmaire. cFF Cloison séparant le sac péri- proctal du sac fémoral. cFF Cloison dans l’intérieur du sac fémoral. cLI Cloison séparant le sac iliaque du compartiment latéral du sac thoraco-latéral. CTB’ — le compartiment thoraci- que du sac brachial inférieur. cTB — le compartiment thoraci- que du sac brachial supérieur. cLB — le compartiment latéral du sac brachial inférieur. cLB — le compartiment latéral du sac brachial supérieur. cBB — les deux sacs brachiaux. cpBB' Cloison à claire-voie entre le sac brachial B et l’arrière- cavité B”. sB'B”’ Septum entre le sac B' et l’arrière-cavité du même sac. ORIFICE DE COMMUNICATION DES SACS LYMPHATIQUES : SOUS - CUTANÉS LES UNS AVEC LES AUTRES ET AVEC LFS RÉSERVOIRS LYMPHA- TIQUES PROFONDS. oGL' Orifice entre le sac gulaire et les sacs linguaux inférieurs. de communication 12 166 0TL Orifice de communication en- tre le compartiment thoraci- que du sac thoraco-latéral et le compartiment latéral du même. OTT' — entre le compartiment thoracique et les sinus thoraci- ques internes. o0TB — entre le compartiment tho- racique et le sinus brachial inférieur. OTB' — entre le compartiment thoracique et le sinus brachial supérieur. OAT' — entre le sac abdominal et les sinus thoraciques internes. OAA' — entre le sac abdominal et le grand sinus abdominal in- terne. oAL — entrele sac abdominal et le compartiment latéral. OLB — entre le compartiment latéralet le sac brachial supé- rieur. OLF — entre le compartiment latéral et le sac fémoral. oCO — entre le sac dorso-crânien et les sinus orbitaires. oCH — entre le sac dorso-crânien et lecœur lymphatique posté - rieur. oIA’ — entre le sac iliaque et le grand sinus abdominal interne. oPP — entre les deux étages du sac périproctal. oFJ — entre le sac jambier et le sac fémoral. oJT — entre lesac tarso-palmaire et le jambier. oPr — entre le sac périproctal et le cœur lymphatique posté- rieur. MÉMOIRES ORIGINAUX. lp Lame perforée. MUSCLES. sm Muscle sous-maxillaire. ag — abdomino-guttural. ah — abdomino-huméral, scr — pré-sterno-clavi-radial, pth — pubio-thoracique. pfr — pelvi-fémoro-rotulien. ip — jilio-péronien. pit — sus-ischio-tibial-super- ficiel. sip — sus-ischio-poplité. bpf — bi-fémoro-plantaire. gpa — génio-péronéo-astraga- lien. pfe — pré-fémoro-calcanéen. psp — péronéo -sous-phalan- gettien. ipf — sous-ischio -pubi-fémo- ral. pit — post-ischio-tibial pro- fond. Ît — sous-ischio-tibial. sif — sous-ilio-fémoral. ca — cruro-astragalien. pfa — pré-fémoro-astragalien. Cf — coccy-fémoral. i© — ilio-coccygien. eit — ex-ilio-trochantérien. pde — pubio-dorso-cutané. ssh — pré-sterno-scapulo-hu- méral. sho — scapulo-bi-huméro-olé- crânien. esc — épicondylo-sous-carpien esp — épitrochlo-sous-phalan- gettien. she — sous-huméro-carpien. ec — épitrochlo-carpien, SYSTÈME LYMPHATIQUE DE LA RANA TEMPORARIA L. 167 Divers. nn Nerfs cutanés. a Anus. vf Vaisseaux et nerfs fémoraux il Ilion. postérieurs. ex Coccyx. PLANCHE . 1. Épithélium de la face externe du muscle abdomino-guttural (impré- gnation au nitrate d'argent). Grossissement 230 diamètres. . Revêtement épithélial du muscle bi-fémoro plantaire (imprégnation au nitrate d'argent) avec stomatoides s. Grossissement 300 dia- mètres. . Rana temporaria vue en dessous et montrant ouverts le sac-gu- laire, le compartiment thoracique du sac thoraco-latéral, le sac abdominal et l’étage inférieur du sac périproctal du côté gauche. . Rana temporaria vue de côté de manière à montrer le diverticu- lum gauche du sac gulaire, le compartiment latéral du sac tho- raco-latéral et la cloison perforée qui sépare ce compartiment du sac iliaque. PLANCHE II. . Orifices à bord valvuliformes pratiqués dans la cloison qui sépare le sac abdominal du compartiment latéral; l'orifice a est disposé de façon à permettre le passage du liquide d’avant en arrière du plan de la figure, tandis que l'orifice b est disposé de façon à permettre le passage en sens opposé, c’est-à-dire d’arrière en avant. Grossis- sement 40 diamètres. . Rana temporaria vue en dessus de manière à montrer l’intérieur du sac dorso-crânien, du sac iliaque, de l'étage supérieur du sac périproctal du côté droit et du compartiment iliaque. 7. Sac iliaque ouvert en dessus. Grossissement 2 diamètres. 8. Sacs sous-cutanés de la face inférieure du bras et de la face palmaire 10. de la main (côté droit). Grossissement 4 diamètres, . Sacs sous-cutanés de la région supérieure du bras et de la face dorsale de la main (côté droit}. Grossissement 4 diamètres. PLANCHE III. Région anale vue par la face postérieure de façon à montrer l’inté- rieur de l’étage supérieur du sac périproctal. 168 MÉMOIRES ORIGINAUX. 11. Membre postérieur (face inférieure de la cuisse et de la jambe dor- sale de la région tarso-plantaire), dont le sac fémoral, le jambieret letarso-plantaire ont été ouverts. Grossissement 2 diam. 1/2. 12. Membre postérieur {face supérieure de la cuisse et de la jambe, et face plantaire de la région tarso-plantaire). Mêmes sacs ouverts, Grossissement 2 diam. 1/2. | 13. Coupe théorique du corps d’un poisson Téléostéen montrant la posi- tion relative des troncs longitudinaux sous-cutanés. 14. Coupe théorique du tronc d’une Rana montrant la position relative des quatre grands sacs sous-cutanés. (A suivre.) 169 EE REVUE SCIENTIFIQUE. Zoologie. Sur l'appareil circulatoire des Édriophthalmes ; par M. le Dr Yves DeLace (Arch. de Zool. expér., tom. IX, 1881, avec 12 pl. en chromolith.). Le travail dont nous allons parler se prête mal à l'analyse. Il se compose d’une série de monographies de Crustacés édriophthalmes au point de vue de l'appareil circulatoire, et, les types étudiés ne différant entre eux que par des détails, il serait impossible d’en donner une idée suffisante sans exposer ces détails mêmes, ce qui nous entraînerait hors des limites que nous impose la nature de cet article. Il nous paraît préférable de réunir tout ce qu'il y a d’essentiel dans les dé- couvertes de l'auteur, sur un type idéal de chaque ordre, qui les résu- mera tous sans en représenter aucun. Il résultera plus de précision et de netteté dans les idées du lecteur, et celui qui voudra corriger ce qu'un tel exposé aura de trop schématique pourra toujours le faire en recourant au mémoire original. Isopopes. — Résumons d'abord, pour fixer les idées, la constitution d'un isopode idéal. Son corps se divise assez naturellement en trois régions: la tête, le thorax et l'abdomen. Si l’on compte l'œil comme un appendice, ce qui est d'ailleurs fort contestable, chacune de ces régions sera com- posée de sept anneaux. Les sept anneaux de la tête, tous soudés entre eux, portent: le 1°" les yeux, le 2"etle 3"° les antennes, le 4° les mandibules, le 5% et le 6%° les mâchoires, et le 7% les pattes-mä- choires. Les sept anneaux du thorax, ordinairement libres, portent chacun une paire de pattes ambulatoires et, chez la femelle, une lame servant à enclore la cavité incubatrice; enfin, les sept anneaux de l'abdomen, souvent en partie soudés, portent, les cinq premiers, chacun une paire de branchies biramées, le 6° des appendices nata- toires, etle 7%, dénué d'appendices, constitue le telson, sorte de lame ovalaire formant la partie centrale de la nageoire caudale. Un tube digestif à peu près cylindrique s'étend de la bouche à l'anus, situé à la base du telson, et porte, insérées en arrière de l'estomac, quelques paires de longs cœcums glandulaires qui représentent le foie. Le système nerveux consiste en une longue chaine ventrale 170 REVUE SCIENTIFIQUE. unie à une paire de ganglions cérébraux par un collier qui entoure J’œæsophage. Quant aux glandes génitales, elles sont placées en arrière du tube digestif et viennent s'ouvrir sur la face antérieure à la base de l'abdomen. Examinons maintenant la circulation du sang chez l'animal ainsi constitué. Gonsidérée dans son ensemble, elle se réduit à ceci : Le sang, chassé par le cœur dans les artères, passe de celles-ci dans des sinus veineux qui le conduisent aux branchies dans lesquelles 11 respire, et de là retourne au cœur, en passant par un péricarde faisant fonction d'oreillette. Le cœur occupe la partie inférieure du thorax et presque toute l'étendue de l'abdomen. Il est plus ou moins cylindrique et muni d'ouvertures latérales par lesquelles le sang passe du péricarde dans sa cavité. Il est formé de fibres annulaires enroulées en spirale entre deux lames de tissu conjonctif. Au niveau des ouvertures laté- rales, ces lames, s’adossant l’une à l’autre, forment des valvules assez résistantes quoique d'une extrême minceur. I1 donne naissance à trois aortes : une ascendante, qui naît de son extrémité supérieure, et deux descendantes, formant la paire et nais- sant de sa face antérieure, tandis que son extrémité inférieure est en cul-de-sac. Sur ses parties latérales, il fournit de chaque côté quatre artères. Les trois inférieures, ou artères thoraciques, vont aux trois dernières paires de pattes, et la plus élevée, que j'ai nommée artère latérale parce qu'elle est longtemps satellite de l'aorte, fourniten dehors les artères thoraciques des quatre premiers anneaux et en dedans un nombre variable d’artères hépatiques et génitales très richement ramifiées. Ges artères thoraciques, au nombre de sept, se comportent, quel que soit leur rang, de la même manière. Elles ‘fournissent quel- ques petites ramifications au derme sous-jacent à la carapace et se terminant par une artère crurale qui se ramifie dans la patte corres- pondante en la parcourant dans toute sa longueur. Chez les femelles, l'artère crurale donne, au moment d'entrer dans la patte, des ramifi- cations à la lame correspondante de la cavité incubatrice. Ce ne sont pas là les seules branches que fournissent les artères nées des parties latérales du cœur. Il en existe d’autres, mais leur description sera mieux placée plus loin. Les aortes inférieures, nées, comme nous l'avons dit, de la face antérieure du cœur, descendent entre cet organe et le tube digestif 1 L'animal est supposé placé verticalement, la tête en haut etla face veutrale cn avant. TRAVAUX FRANCAIS, — ZOOLOGIE. 171 pour aller se terminer dans les appendices du 6" anneau abdominal. Dans leur trajet, elles fournissent à chacun des anneaux branchifères une branche qui se ramifie dans les muscles moteurs des branchies. Dans les cas où leur développement est poussé à son plus haut degré (Idotée), chaque petit faisceau musculaire est accompagné d'une arté- riole. Arrivons à l'aorte supérieure. Née de la pointe du cœur, dont elle est séparée par une valvule à deux lèvres, tandis que les autres artères n'ont souvent qu'un système de fermeture plus rudimentaire, elle moute verticalement sans fournir aucune branche jusqu’à son entrée dans la tête. À ce moment, elle émet de chaque côté une petite branche qui se ramifie dans le bulbe oculaire. Un peu plus loin, elle aborde Je cerveau, auquel elle fournit des ramifications dont quelques-unes vont encore à l'œil en suivant le nerf optique, franchit le collier œæso- phagien en passant entre le cerveau et l’œsophage, puis se termine par trois branches : une médiane insignifiante et deux latérales qui se distribuent chacune aux deux antennes correspondantes. Telles sont les seules branches que l’aorle paraît fournir lorsqu'on l'examine après l'avoir simplement mise à découvert par la face dorsale; mais si, sur un individu finement injecté, on poursuit pro- fondémentdans la tête une dissection attentive, on constate que l'aorte, immédiatement après avoir franchi le collier nerveux œsophagien, émet par sa face antérieure deux branches très remarquables. Nées au contact l'une de l’autre, ces deux branches, grosses et courtes, con- tournent l'æœsophage, qu’elles embrassent étroitement, et, se jetant l’une dans l’autre, forment autour de lui un collier œæsophagien vascu- laire parallèle au collier æœsophagien nerveux et situé au-devant de lui. Du point de cet anneau, situé à l'opposé de celui où l'aorte lui donne naissance, part une longue et remarquable artère qui suit toute la face ventrale de l’animal depuis la bouche jusqu'à l'anus. Pendant tout son trajet, elle est située au-devant du système nerveux, entre celui- ci et la paroi du corps, d'où le nom d’artère prénervienne que je lui ai donné pour rappeler ces singuliers rapports. Dans son long parcours, elle donne de nombreuses branches. Les premières, nées dans sa portion céphalique, sont destinées aux appen- dices de la bouche; les dernières, ou abdominales, sont destinées aux pédoncules des branchies, dans lesquels elles se ramifient sans se mêler aux vaisseaux fonctionnels de ces organes. Les moyennes, c'est-à-dire celles du thorax, variables par leur nombreet leur position, s'unissent à des branches correspondautes venues des artères thoraciques, soit à plein canal, soit par leurs plus fines ramifications. Dans ce dernier cas, 172 REVUE SGIENTIFIQUE. elles contribuent avec elles à l'irrigation de la face ventrale de l'animal; dans le premier, elles établissent de larges anastomoses entre l'artère prénervienne et les branches directes de l'aorte et du cœur. Cette disposition doit avoir pour résultat d'assurer et de ranimer la circu- lation dans des parties où l'éloignement du centre d'impulsion doit la rendre très languissante. L'artère prénervienne fournit en outre de très nombreuses branches à la chaîne nerveuse, qu'elle accompagne. Des extrémités des petites artérioles, le sang tombe dans les lacunes des organes, sans jamais passer par des vraies capillaires. Ces lacunes sont toutes en communication entre elles, et la cavité du corps n'est qu’une lacune générale plus grande que les autres. Maïs il existe en outre, au moins chez les types non dégradés, des sinus à parois propres qui contraignent le sang à suivre certaines voies pour aller respirer dans les branchies. Ces sinus sont au nombre de trois: deux thoraciques et latéraux, nés dans la tête, descendent sur les côtés du corps en arrière des bases des pattes, dont ils recueillent le sang veineux, tandis que des ouvertures percées sur leur bord interne leur permettent de recevoir le sang veineux accumulé dans la cavité générale. À la base de l'abdomen, ils se jettent l’un dans l'autre pour former un sinus abdominal impair et médian situé en avant du rectum. De ce sinus prérecltal partent latéralement cinq paires de branches qui constituent les vaisseaux afférents des branchies et mènent le sang à ces organes, dans lesquels il circule dans un système de lacunes déter- minées par des trabécules qui cloisonnent en quinconce la cavité aplatie de la branchie. En bas, le sinus se termine dans les appendices du 6% anneau abdominal, et dans le 7°* ou telson, qui a la structure d'une branchie et qui en remplit les fonctions. Au retour de ces organes, le sang arrive au péricarde ; ar onze vaisseaux branchio-péricardiques (dix pour les cinq paires de branchies, un pour le telson) qui sont situés très superficiellement sous les téguments. Le péricarde est un sinus creusé autour du cœur, dans la couche des muscles qui l’'environnent. Soudé à lui par sa face antérieure, il l’en- vironne de toutes parts, excepté en avant. Morphologiquement, il doit être considéré comme formé par la fusion des lacunes péricardiaques qui se sont individualisées en partie, mais non complètement, car, en haut, elles communiquent encore avec les lacunes voisines. Le péri- carde, parfaitement circonscrit en bas, se perd donc en haut dans les lacunes de la région dorsale et reçoit le sang, qu'il transmet au cœur, non-seulement des branchies et du telson, mais aussi des lacunes dor- TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 173 sales. Ce mélange de sang veineux à celui qui a subi l'action vivifiante des branchies est bien faible, mais il est certain et a pu être constaté par l'observation directe du mouvement des globules aussi bien que par l'injection. Tel est l'ensemble de cet appareil circulatoire, bien plus compliqué et plus parfait, on le voit, qu’on ne l'avait cru jusqu'ici. C’est ainsi qu'il se présente chez les Isopodes les plus élevés. Est-ce à dire que cette organisation se retrouve chez tous? Non certes ! Cet appareil, comme tous les autres, subit dans les types inférieurs des réductions et des simplifications considérables. Le collier périæsophagien, l’artère pré- nervienne, peuventdisparaître lorsque les rameaux nés directement du cœur suffisent aux besoins d'un organisme moins exigeant; et, à vrai dire, s'il ne fallait conserver dans la description de l'appareil cir- culatoire des Isopodes que ce quis’applique exactement à tous, ilne resterait que des caractères bien vagues et bien peu nombreux. Gela n'empêche pas que l’on doive considérer comme caractérisant les [so- podes tous les caractères que l’on retrouve d’une manière constante chez les représentants les plus fidèles du groupe : le collier périæsophagien, l'artère prénervienne, la communication du péricarde avec les lacunes, l'adaptation de quelque partie du corps à la fonction respiratoire (telson des Cymothradiens, lobes abdominaux des Bopyres, etc.). AMPHIPODES. — Bien que le cours du sang soit absolument réglé chez les Amphipodes comme chez les Isopodes, et que les globules n'aient nulle part cette indépendance d’allures que leur ont attribuée les auteurs, le peu de développement du système artériel rend l'en- semble de l’appareil circulatoire très-simple. La description peut être faite en peu de mots. Rappelons brièvement, comme nous l'avons fait pour les Isopodes, la conformation générale d'un Amphipode idéal avant de décrire son appareil circulatoire. Si l’on compte l’œil pour un appendice, le corps de l’Amphipode comprend, comme celui de l'Isopode, 21 anneaux: 7 pour la tête, 7 pour le thorax, 7 pour l'abdomen. Les 7 anneaux céphaliques sont : l’ocu- laire, l’antennulaire et l'antennaire, le mandibulaire, les ? maxillaires et le pédimaxillaire. Les 7 anneaux thoraciques portent chacun une paire de membres composés le plus souvent de 3 branches chez la femelle : la patte, la branchie et la lame de la cavité incubatrice ; de 2 seulement chez le mâle. Les 3 premiers anneaux abdominaux portent chacun une paire de pattes natatoires qui servent en outre à faire circuler l’eau autour des branchies ; les trois suivants forment la rame caudale souvent 174 REVUE SCIENTIFIQUE. transformée en un appareil de saut ; puis vient le 7° anneau ou telson, réduit le plus souvent à une petite écaille simple ou double. Le mouvement circulatoire peut être décrit dans ses grands traits en quelques mots. Le sang parti du cœur est lancé dans deux aortes qui le déversent aux deux extrémités d'un grand sinus ventral qui le distribue dans les appendices, pattes et branchies indistinctement. De ces appendices, il retourne au cœur par un péricarde faisant fonc- tion d’oreillette. Le cœur s'étend le long du dos de l'animal, dans la majeure partie du thorax. Il est percéde3 paires d’orifices cardio-péricardiques, mu- nis de valvules à 2 lèvres et placés dansles 2°, 3° et 4° anneaux. Sa structure et ses rapports diffèrent peu de ce qu'ilssont chez les Amphi- podes. Il est cylindrique dans toute son étendue. De son extrémité inférieure part l'aorte abdominale, qui accomplit sans donner de branches la plus grande partie de son parcours, mais qui, dans le 3° anneau abdominal, se termine par 3 branches : ? laté- rales et une médiane, qui se déversent dans le sinus ventral. Les deux premières, grosses et courtes, contournent l'intestin et sejettent dans le sinus des deux côtés de celui-ci. La dernière perce seulement la paroi qui sépare le péricarde du sinus. L’aorte supérieure, née de l'extrémité céphalique du cœur, émet une paire de branches latérales destinées aux yeux et aux muscles moteurs des pièces buccales. Arrivée au cerveau, elle se scinde en deux branches situées dans le plan vertical médian de l’animal. L'une passe superficiellement entre le cerveau et les téguments ; l'autre, vraie continuation de l'aorte, passe profondément, comme chez les Isopodes, entre le cerveau et l'æsophage, dans le collier œæso- phagien. Après avoir franchi Le cerveau, elles se réunissent et recon- stituent l'aorte primitive. Cette aorte forme donc un anneau vasculaire péricérébral, situé dans le plan vertical médian de l'animal, anneau plus caractéristique encore de l'Amphipode que l'anneau vasculaire périæsophagien n’est de l'Isopode, car il ne manque jamais. Dans son trajet, l'aorte fournit au cerveau, aux 2 paires d'antennes, des artères bien limitées et se termine dans le labre. Un peu avant sa terminai- son, elle fournit deux grosses branches qui contournent l'æsophage et donnent des rameaux aux appendices de la bouche ; mais ce collier périæsophagien vasculaire est bien plus lâche et moins nettement limité que celui des Isopodes; il n’est presque que le courant, à peine endigué, par lequel l'aorte ascendante se déverse dans l'extrémité su- périeure du sinus ventral. TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. LS Ainsi alimenté, ce sinus artériel ventral, vaste cavité close qui règne tout le long de la face ventrale du corps, fournit à tous les appendices du thorax et de l'abdomen de la manière suivante : dans le thorax, sur le bord externe de chaque anneau, au point où s'insèrent les appen- dices, il émet de chaque côté un tronc gros et court qui se divise en 4 branches. La plus interne se rend à la lame limitante de la cavité incubatrice (naturellement elle manque chez les mâles), la suivante va à la branchie, la troisième à la patte, et la dernière au lobe épimé- rien de la carapace. Ce lobe a la structure d’une branchie d’[sopode, et malgré l'épaisseur de ses parois il concourt sans doute un peu à la respiration. Dans l'abdomen, la même division a lieu, mais en 2 branches seulement, une pour l’épimère, l'autre pour l’appendice. Au retour de ces diverses parties, le sang se rend par autant de paires de vaisseaux branchio-péricardiques qu’il y a d'anneaux au thorax et à l'abdomen, dans un grand sinus veineux dorsal qui fait absolument le pendant du grand sinus artériel ventral, et qui n’est autre que le péricarde. Le cœur et l’origine des aortes sont logés dans son intérieur et le premier reçoit de lui le sang qu'il distribue aux organes. Ce liquide estun mélange de sang artériel et de sang veineux, et ce sang mixte est distribué, avec des proportions variables de ses composants, aux divers organes, sans que la richesse en oxygène soit proportionnelle à leur importance physiologique. Telle est la circulation chez les Amphipodes, et, comme le type Am- phipode est beaucoup plus constant, beaucoup moins riche en formes anormales que le type Isopode, les particularités circulatoires sont aussi beaucoup plus rares et moins importantes. Læmopipones. — Chez les Læmodipodes, qui ne sont autre chose que des Amphipodes dont l'abdomen s’est atrophié, la circulation est la même que chez ceux-ci, sauf naturellement les restrictions qu'im- plique la réduction de l'abdomen à un petit tubercule. On retrouve chez eux le cœur avec ses trois paires d’orifices, les deux aortes avec des valvules à leur origine, l'anneau péricérébral, le sinus artériel ventral et le sinus dorsal péricardique. En résumé, malgré les dispositions spécialesaux Isopodes anormaux, les types Isopode et Amphipode sont parfaitement nets, et certaines particularités de leur appareil circulatoire apportent à la caractéris- tique de ces groupes des éléments nouveaux et non sans importance. Chez les premiers, séparation presque complète des sangs artériel et veineux, cœur abdominal, anneau vasculaire périæsophagien, système 176 REVUE SCIENTIFIQUE. artériel largement ramifié dans tout le corps, etc.; chez les seconds, mélange presque complet des deux sangs, cœur thoracique, anneau vasculaire péricérébral, distribution du sang aux organes par un grand sinus qni n’a rien de vasculiforme, etc. Cependant il existe une caté- gorie d Isopodes, la famille des Tanaïdæ, qui possèdent des caractères d'Isopodes, et, chose singulière, des caractères de Podophthalmes. Par la structure et la position de leurs appendices, les Paralanaïs (que nous avons prises comme type) sont Isopodes; par leur appareil circulatoire, elles sont Amphipodes, car elles ont comme eux le cœur thoracique, l'anneau péricérébral, les sinus dorsal et ventral; mais d’au- tre part elles ont les yeux pédonculés et plus mobiles même que cer- tains Décapodes (£balia, Pinnotheres);elles ont un céphalothorax formé par la soudure de la tête avec 1 ou? anneaux ; leur première paire de pattes thoraciques est transformée en une pince, sorte de patte-mä- choire, et surtout leurs branchies abdominales sont physiologique- ment nulles. Le sang ne les traverse pas et elles sont remplacées dans la fonction respiratoire par un appareil situé, comme chez les Déca- podes, dans la région céphalo-thoracique. Cet appareil est formé par la carapace décollée latéralement de la paroi du corps, de manière à former une cavité branchiale ouverte seulement par deux petits trous pour l’entrée et la sortie de l’eau. Le mouvement de ce liquide est provoqué par des appendices des pièces buccales, constamment en mouvement et aidés parfois dans leurs fonctions par des appendices spéciaux des premières pattes ambulatoires. Ce ne sont pas ces appen- dices, comme chez les Décapodes, qui servent directement à la respi- ration. Celle-ci a lieu dans les parois mêmes de la carapace, qui li- mite en dehors la cavité branchiale et qui a absolument la structure d'une branchie d’Isopode. Dans un prochain travail, nous montrerons que cette transition des Édriophthalmes aux Podophthalmes est encore adoucie par les formes inférieures de ce dernier goupe, dont quelques-unes (Schizopodes| pos- sèdent dans les parois de leur carapace un appareil respiratoire iden- tique à celui des Tanaïdæ. Nous espérons montrer aussi que ces faits de marche ascensionnelle vers une conformation plus parfaite, se re- trouvent dans la série embryogénique aussi bien que dans la série philogénétique, en faisant voir chez certaines larves de Décapodes un appareil circulatoire situë dans lacarapace et rappelant de tous points celui des descendants directs de leurs formes ancestrales. Y. DELAGE. TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 177 Recherches sur les terminaisons nerveuses motrices dans les muscles striés des Insectes. (Thèse pour le Doctorat en Médecine; par M. H. Viallanes. Paris, 1881.) L'auteur a étudié les plaques motrices terminales des muscles ou cônes de Doyère sur deux Insectes à l'état de larves, le Stratiomys chamæleon (Macq.) etla Tipula gigantea (Macq.). Dans ces deux larves, il a constaté que la fibre musculaire est construite sur le même plan que celle des Vertébrés, ce qui, soit diten passant, explique les diffé- rences que l'on peut relever entre les observations de M. Viallanes et celles de ses devanciers, lesquels ont surtout fait porter leurs inves- tigations sur des animaux adultes. Dans la Tipula, chaque fibre musculaire ne reçoit qu'un nerf, et par conséquent ne présente qu'un seul cône de Doyère, tandis qu’on rencontre plusieurs de ces derniers sur chacune des fibres du Stratio- mys, à laquelle plusieurs nerfs viennent aboutir. Dans les deux cas, le sarcolemme se confond avec la gaîne de nerf pour constituer la paroi du cône de Doyère. Un des résultats les plus intéressants des recherches de M. Vial- lanes est la découverte qu'il a faite d'arborisations placées entre le sarcolemme et la masse contractile, arborisations formées par la division et la subdivision dichotomiques du cylindre-axe, après sa pénétration dans le cône. Il y a dans cette disposition quelque chose de tout à fait comparable à ce qui existe chez les Vertébrés. M. Viallanes signale en outre des noyaux qui adhèrent aux branches de ces arborisations et les accompagnent dans toute leur longueur. On peut les nommer noyaux de l'arborisation, comme les noyaux très semblables qu'on trouve à la même place chez les Vertébrés. En plus, chez la Tipula, on rencontre, annexée aux branches prin- cipales de l’arborisation terminale du cylindre-axe, une matière gra- nuleuse contenant des noyaux particuliers, rappelant exactement la substance granuleuse et les noyaux fondamentaux des Vertébrés. L'auteur les appelle noyaux de la substance granuleuse. Gomparés aux noyaux de l’arborisation, ils se montrent plus gros et disparaissent vers les extrémités terminales du cylindre-axe. La consciencieuse et intéressante étude de M. Viallanes est accom- pagnée de trois Planches dues à son crayon exercé. S. JOURDAIN. 178 REVUE SCIENTIFIQUE. ASSOCIATION FRANCAISE POUR L'AVANCEMENT DES SCIENCES (Congrès d'Alger). — COMPTE RENDU DES TRAVAUX DE ZOOLOGIE. I. Le prof. Carl Vogt expose le résultat de ses recherches sur l'em- bryogénie des Chauves-Souris ; commencées pendant l'hiver 1877, elles ont porté sur les espèces suivantes : Vespertilio murinus. Rhinolophus ferrum equinum. Vesperugo noctula. — serotinus. — pipistrellus. — Nattereri. Miniopterus Schreibersi. Pteropus sp. ? La structure des ovaires et la constitution des œufs, les phénomè- nes d'ovulation etde fécondation, les processus de segmentation ayant été traités dernièrement avec beaucoup de détails par Édouard Van Beneden, M. Carl Vogt déclare ne pas engager de discussion à ce sujet, bien que beaucoup de points d'importance secondaire lui pa- raissent contestables. Il pense, avec la plupart des auteurs, que l’accouplement a lieu surtout en automne, et que les femelles gardent pendant tout l'hiver les spermatozoïdes dans l'utérus ; au printemps, ceux-ci émigrent et vont au-devant des œufs qui descendent l'oviducte. Cependant de jeunes Murins et Fer-à-chevai femelles, n'ayant pas encore une année et examinées en avril, étaient, les unes absolument vierges, les autres venaient de fournir un accouplement ou possé- daient même un embryon et un corps jaune à l'ovaire. M. Vogt pense donc que les jeunes Chauves-Souris s’accouplent dans l'automne qui suit leur naissance ; mais il y a en outre, pour les femelles qui n'ont pas trouvé de mâles en automne ou qui à cette époque n'étaient pas nubiles, une copulation printanière. Les Rhinolophes femelles présentent une particularité remarquable: pendant l'hiver, le vagin se remplit d'un pur mucus qui ne tarde pas à se durcir et forme un bouchon solide et transparent obstruant com- plètement le conduit copulateur. Ce bouchon se moule exactement sur Jes replis vaginaux, et dans les coupes microscopiques conservées dans la glycérine ou le baume devient opaque et granuleux. Aucune autre ‘espèce n'a présenté de bouchons semblables. TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 179 Quant au nombre des petits, on trouve des différences entre les espèces. Les Murins, les Rhinolophes etles Minioptères sont mono- pares et l'utérus droit est plus développé que le gauche ; sur 96 Murins femelles observés en 1878, 22 étaient vierges ; 73 possédaient un em- bryon dans la corne droite, un seul individu présenta un embryon dans la corne gauche. Les Noctules portent souvent deux embryons, situés presque tou- jours dans l'utérus droit. Le fait que les Rhinolophes ne portent qu’un embryon est frappant, car on trouve assez souvent deux ou trois œufs dans le même fol- licule. Au point de vue anatomique, ces Cheiroptères présentent deux mamelles supplémentaires atrophiées, placées sur la symphyse pu- bienne, et un par ovaire énormément développé. Le savant prof. de Genève déclare que les premiers phénomènes du développement embryonnaire des Chauves-Souris correspondent à celles des autres mammifères. Une remarque importante est la sui- vante : les embryons très jeunes des Noctules présentent une fente primitive de l’œil qui paraît n'être pas autre chose qu’une fente bran- chiale, et parconséquent le bulbe oculaire semble correspondre dès l’origine à l'organe auditif. Ce qui caractérise principalement les Chauves-Souris insectivores, c'est l’'arrangement des enveloppes embryonnaires. La muqueuse de l'utérus est, chez toutes les espèces, très épaisse et fournit une grande quantité de boyaux glandulaires. Dès la ponte, cette muqueuse entre en prolifération, elle se gonfle et adhère peu au reste de la matrice, elle forme une sorte de sac qu'on peut enlever avec le manche du scal- pel. L’œuf se loge dans ce sac muqueux et vient invariablement se placer vers la convexité de la corne utérine tournée en avant et assez près de l'entrée de l’oviducte. On trouve plus tard le placenta en forme de cupule évasée et disciforme, attaché à la paroi utérine, et l'embryon, dans une position oblique, ne concordant pas avec les axes de l’utérus; le dos tourné vers le placenta par le côté gauche, la queue tournée vers le vagin. | Dans le lieu indiqué, l'œuf ne tarde pas à devenir une vésicule blastodermique fixée à la muqueuse; cette vésicule présente l’aspect d’une tache claire, et possède deux couches de cellules : l’extérieure à grands éléments réunis en pavés avec noyaux bien clairs, l’intérieure à petits éléments avec des noyaux de petite taille et assez réfringents. C'est l'état dessiné par Van Beneden (pl. 23, fig. 5 et 6) que C. Vogt n'a jamais pu isoler de la matrice, en raison de son adhérence, et chez lequel il n'a donc pu apercevoir le blastopore. 180 REVUE SCIENTIFIQUE. L'amnios se soulève assez tard, il s’accroît d'arrière en avant, se fait d’abord voir étroitement appliqué à la courbure du dos, et ne re- monte, chez les embryons à une fente branchiale, que jusqu’au niveau du cœur. Cette formation tardive de l’amnios; jointe à la position de l'embryon, qui est toujours tourné sur le côté gauche vers la paroi utérine, est peut-être la cause que l'amnios ne soit jamais libre sur le côté gauche et présente (Murinet Pipistrelle) deux adhérences fibreuses avec la vésicule ombilicale, dont l’une se trouve au niveau de l'œil gauche, l’autre plus en arrière vers le milieu du dos. Pour le reste, l’amnios se comporte, dans les stades plus avancés, exactement comme chez les autres mammifères. La vésicule ombilicale joue un rôle considérable chez toutes les Chauves-Souris insectivores. À mesure que les parois abdominales se ferment pour formerl’ombilicexterne, les vaisseaux, qui se dirigeaient droit depuis les vertèbres primordiales vers la périphérie, se recueil- lent avec les veines vitellaires primitives et forment deux grands troncs veineux d'un côté et une artère de l’autre, qui se ramifient sur toute la surface et arrivent vers le chorion et la couronne veineuse dentelée quiindique le pourtour du placenta. Les vaisseaux sont donc, chez les Chauves-Souris, portés vers le placenta par la veine ombili- cale et en aucune façon par l’allantoïde. Lorsque le cordon ombilical est formé et se porte vers le hile central du placenta, la vésicule om- bilicale s'est isolée sous forme d’un grand sac jaunâtre villeux, très riche en vaisseaux et pourvus d'une tige mince, contenant les vais- seaux, qui se portent aussi vers le hile et forment la continuité avec les vaisseaux du cordon ombilical. Le sac est appliqué à la face gauche de l'embryon vers la partie céphalique, adhérant, de la manière dé- crite, à l’amnios d'un côté et au chorion de l’autre. Lorsque l’on ou- vre le chorion du côté gauche, il se voit aplati entre le chorion et l'am- nios sous forme d'un capuchon richement vascularisé, qui entoure toute la partie antérieure de la tête jusqu au niveau de l'œil. Il per- siste ainsi jusqu'à la naissance, où il reste attaché à l’amnios rompu et au placenta. L'allantoïde présente des rapports assez inusités. Au moment où les premières fentes branchiales commencent à se dessiner, la partie postérieure du corps de l'embryon présente un gros mamelon solide, réfléchi vers la face ventrale, sur la surface dorsale duquel on voit la continuation des cordons médullaires qui ne sont pas encore soudés. Bientôt ce mamelon laisse apercevoir une différen- ciation; les vertèbres se sont avancées en arrière et forment l’appendice caudal recourbé en crochet, tandis que la partie ventrale du mamelon TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 181 s'est séparée, est devenue creuse et forme à la fin une vessieen forme de poire, qui s'étale directement sur le chorion et présente une assez riche vascularisation fournie par les extrémités des aortes etdes veines caves correspondantes. Ces vaisseaux n'ont aucun rapport avec ceux du chorion ou de la vésicule ombilicale ; l’allantoïde se laisse un peu plus tard facilement isoler ; elle n’était qu'accolée au chorion; elle s’atrophie très vite, et dans les embryons ayant quatre fentes bran- chiales il n'en existe plus qu’un recessus, semblable à un cœæcum très court, qui est en communication avec l'intestin et est enfermé dans les parois ventrales, tandis que la vésicule disparaît complètement. L’allantoïde ne prend donc aucune part, ni directe ni indirecte, à la formation du placenta, qui est dû uniquement à la combinaison des vaisseaux omphalo-mésentériques de l'embryon et ceux de la mu- queuse de l'utérus. Chez les embryons plus avancés, le placenta est formé distincte- ment de deux couches: l’une interne beaucoup plus épaisse, dans la- quelle montent directement les vaisseaux avec des ramifications très- droites apparaissant dans les coupes sous l'aspect de balais, l’autre externe plus mince et plus dense, appliquée à la paroi utérine. Ces deux couches, constituant le placenta embryonnaire et maternel, sont séparées par de nombreux sinus assez spacieux. En résumé, lorsqu'on fait des coupes d'ensemble embrassant l'utérus avec l'embryon qui y est contenu, on voit, de dehors en dedans et depuis la face revêtue par le placenta, les couches suivantes : 1° La paroi de l'utérus, couches fibreuses et musculaires ; 2° La caduque floconneuse, formant une couche mince entre le pla- centa maternel et la paroi utérine, se continuant en devenant un peu plus épaisse sur la paroi opposée au placenta ; 3° Le placenta maternel ; 4° Le placenta embryonnaire ; 5° Une couche mince, tapissant la face interne du placenta em- bryonnaire et se continuant directement avec le chorion, qui ne sem- ble, sur le côté opposé, qu'un dédoublement de la caduque, à laquelle il est réuni par de nombreuses attaches; 6° Une couche encore plus mince, sans structure, faisant Le tour de l'embryon, l'amnios présentant sur les coupes propices les attaches avec le chorion ; 7° Si la coupe passe par la partie antérieure, on voit encore le sac vitellaire présentant un pli entre la tête et le chorion ; 8 L'embryon. 3e série, tom. 1, 13 182 REVUE SCIENTIFIQUE. M. le professeur Carl Vogt termine sa communication par des con- sidérations sur le développement des membres des Chauves-Souris. La première trace du membre antérieur, sous forme d’un petit pli saillant et arrondi placé sur le pli général qui longe le corps au niveau de la série vertébrale, se remarque lorsque l'embryon a trois fentes branchiales. Il présente la forme d’une palette élargie à disposition rayonnaute des vaisseaux et des traînées cellulaires, lorsque les quatre fentes sont établies. A cette époque, cette palette est singulièrement reculée en arrière vis-à-vis des grands vaisseaux omphalo-mésentériques. Le membre antérieur est donc, à l'origine, très éloigné des arcs branchiaux ; dans le cours du développement, il se rapproche du cou et de la tête au lieu de s’en éloigner ; il est placé bien en arrière du cœur, tandis que plus tard il arrive à son niveau et le dépasse même. M. Vogt repousse donc l’opinion de Gegenbaur, qui fait des mem- bres des dérivés des arcs branchiaux. Le membre postérieur, lors de sa formation, est très rapproché du membre antérieur; ces deux paires d'appendices s’écartent par un mouvement opposé pendant le développement. La palette se différencie dans la suite et présente d’abord cinq ar- buscules sanguins rayonnant de la base du membre vers la périphérie arrondie, où règne un vaisseau circulaire entourant tout le bord. Dans les espaces qui séparent ces arbuscules se remarquent les premières ébauches des phalanges dessinées par des amas cellulaires prenant rapidement la structure des cartilages. L'ordre d'apparition des pièces solides est le suivant: phalanges non divisées, humérus ou fémur, ra- dius et cubitus, tibia et péroné (les deux également développés dans l'origine ; cubitus et péroné se rapetissant plus tard; l'index est mani- festement la continuation d’un rayon idéal continuant le radius, et le quatrième doigt celle du cubitus ou péroné ; en dernier lieu, se montrent les pièces solides du carpe et du tarse. A mesure que les doigts s'allongent sur la main, la peau interdigi- tale est entraînée en même temps et devient la membrane volitante, qui représente donc une formation primitive. Cette membrane se ré- sorbe entre les doigts des membres postérieurs, comme cela se fait chez les autres mammifères sur les deux membres. Ce développe- ment me paraît assez important sous le rapport philosophique : il paraît démontrer que le membre est passé de l'état de rame à celui d'aile, sans subir les phases intermédiaires d'adaptation à la marche. II.M. Fernand Lataste compare les phénomènes de régénération de TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 183 la queue des Lézards à la formation des phalanges des Chauves-Sou- ris, telle que M. Vogt vient de la décrire, divisions osseuses prove- nant d’une tige cartilagineuse primitive. On sait que la queue du Lézard se fractionne toujours au niveau du milieu d'une vertèbre suivant une région médiane cartilagineuse ; le cartilage bourgeonne et est le point de départ d’une tige cartila- gineuse de nouvelle formation. L'opinion reçue est que cette tige se calcifie et même s'ossifie dans la suite, mais toujours d'une façon irré- gulière. M. Lataste croit, au contraire, que cet organe se reconstitue en vertèbres régulières. On n’a jamais étudié ce phénomène de re- constitution que sur des animaux dont la queue avait été cassée de- puis peu de temps; cet organe avait encore extérieurement l'aspect d’une formation récente. M. Lataste élève un jeune Lacerta ocellata dont la queue a été fracturée à une date connue; il étudiera la struc- ture de cet organe dès quil aura repris ses dimensions normales. ITf. M. de Selys-Longchamp présente un travail important sur la distribution des insectes Odonates en Afrique; à l’occasion de la réu- nion du Congrès en Algérie, l’'éminent entomologiste revient en quel- ques mots sur les Odonates d'Algérie, dont il énumérait 47 espèces en 1871: « Depuis 1871 je n'ai pas recu, dit-il, de nouveaux documents ; mais je suis persuadé que l'on rencontrera encore en Algérie une dou- zaine d'espèces appartenant surtout à la faune méditerranéenne. Je ne puis que répéter ce que je disais en {871 pour caractériser la phy- sionomie de l'Algérie en ce qui concerne les Odonates ; six espèces seulement: Rhyothemis hemihyalina (Desjardins) disparata (Ramb.) ; Trithemis arteriosa (Burmeister), distincta (Ramb.); Diplacina navistyla (Ramb..); . Acisoma panorpoides (Ramb.) ; Trithemis unifusciata (Oliv.), leucosticta (Burm.) ; Urathemis Edwardsii (Selys). appartiennent à des groupes purement tropicaux de l'Afrique et de l'Asie. » Quatre espèces : Gomphus Lucasii (Selys) ; Platycnemis subdilatata (Selys) ; Calopteryx exul (Selys) ; Agrion deserti (Selys) ; sont d'un faciès tout à fait européen et se retrouveront peut-être dans 184 REVUE SCIENTIFIQUE. quelques parties méridionales de l’Europe, en Espagne et en Sicile par exemple. » Enfin les 37 espèces restantes, en un mot les trois quarts, exis- tent en Europe. » J'aurais bien fait de faire remarquer que parmi ces trente-sept, il y en a cependant six qui nese rencontrent en Europe que dans des localités restreintes touchant à la Méditerranée, et que l’on peut con- sidérer comme des colonies africaines établies en Europe d'une façon permanente ou non, à l'exemple de quelques Lepidoptères, tels que : Charaxes Jusius, Danaïs chrysippus, Libythea celtis, Sphinx nerû et celeris. Ce sont : Libellula trinacria (Selys) ; — barbara ([Selys); Trithemis rubriner (Selys); Onychogumphus genei (Selys) ; Lindenia tetraphylla (Linden) ; Cyrtosoma ephippiger (Burm.) ; — mediterraneum (Selys) ; » Leur patrie d’origine est sans doute l'Afrique, ainsi que le con- firme leur physionomie différente des espèces véritablement euro- péennes. » L'auteur passe ensuite au sujet principal de son étude, qui est la distribution des Odonates dans l'Afrique tropicale et australe, et trouve que ces insectes sont tout à fait analogues à ceux de l'Asie tropicale et de la Malaisie, bien que le nombre des genres et des espèces soit moins considérable. La région du Cap ne diffère de celle de l'Oc- cident tropical que par sa pauvreté relative. «Dans ces derniers temps, on a beaucoup insisté, dit l’auteur, sur le caractère spécial de la faune de Madagascar et des Mascareignes, qui est en effet très particulière pour les animaux vertébrés. Je constate que cette appréciation ne peut s'appliquer aucunement aux Odonates. Les cinquante et une espèces que je comptais en 1867 appartiennent toutes à des genres africains (à l'exception de la Neophlebia), et les deux cinquièmes d’entre elles sont absolument identiques... M. le D' Wrigt, professeur à l'Université de Dublin, m'ayant communiqué les neuf espèces qu'il avait prises aux îles Seychelles pendant son voyage de 1867, j'ai pu constater que quatre d’entre elles sont identi- ques avec celles du continent africain, mais que les cinq autres, dont quatre sont nouvelles, ont un faciès propre aux espèces de la Malaisie. Si l'on compare la région tropicale de la côte orientale [Zanzibar, Natal) avec celle de la côte occidentale (Guinée, Congo, Niger et TRAVAUX FRANCAIS, — ZOOLOGIE. 185 même Sénégal), on ne trouve aucun caractère différentiel notable. Beaucoup d'espèces sont les mêmes aiasi qu'à Madagascar, mais la côte occidentale est beaucoup plus riche et nous y trouvons plusieurs . genres spéciaux: Veophya parmi les Cordulines, Phyllogumphus et _ Diastatomma parmi les Gomphines, Heliæschna parmi les Æschnines et Nevrolestes parmi les Agrionines. » Un tableau détaillé termine l'important travail de M. de Selys- Longchamp, qui sera inséré in extenso dans les Comptes rendus de l’Association. IV. M. Cornevin fait une énumération des divers cas de polydac- tylie connus chez le cheval et discute leur signification. V. M. Perez, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux, s’est appliqué à suivre le développement de la vésicule embryogène de Balbiani chez plusieurs espèces d’Araignées. Son opinion est que cette vésicule est le plus souvent un dédoublement de la vésicule germinative, desorte que l’œuf présenterait, avant d'évoluer, une sorte de rénovation ou de rajeunissement nucléaire. M. Rouzaud dit que la signification de la vésicule embryogène, telle que l'indique M. Perez, est importante à noter; si elle était véri- fiée, elle permettrait de rapprocher, comme dérivés de la vésicule ger- minative, deux organes assez problématiques: la vésicule embryogène et les globules polaires. VI. M. J. Lichtenstein fait une communication sur les [Insectes pomoptères qui attaquent l'orange ; parmi les Aphides, le savant spécialiste cite le Toxoptera aurantii Roch. «D'un noir verdâtre, ce puceron garnit de ses nombreuses colonies les tendres bourgeons et le dessous des feuilles terminales de toutes les espèces d'Aurantiacées. Il est facile à reconnaître entre tous les pucerons à cornicules et à longues antennes, par les nervures de ses ailes, dont le cubitus n’est que simplement fourchu, tandis qu’il l’est doublement chez les autres (un seul excepté, le Toxoptera graminis Rondani). Cet insecte se reproduit avec une rapidité inouïe dans les pays chauds, et comme le Phylloxera et la plupart des Aphidiens en général, sa reproduction agame (c'est-à-dire par fausses femelles où Pseudogynes bourgeon- nan|es comme je les ai appelées) est à peu près illimitée dans les pays où la séve est en activité constante. » Le groupe des Coccidiens est richement représenté parmi les Homoptères qui attaquent les orangers. Vous savez tous que les Coccidieus se divisent en trois grandes familles : les Diaspides, à 186 REVUE SCIENTIFIQUE. femelles informes vivant, sous un bouclier ou une petite écaille formée par la première dépouille larvaire et une exsudation particulière de l’insecte. Trois genres de cette famille fout du mal aux orangers ; la première, qui a la forme d’une coquille de moule, paraît plus nuisible en Italie et en Espagne qu’en Algérie: c'est le Mytilaspis flavescens Zangioni. Les deux sexes sont connus et j'ai tout lieu de croire à une génération alternante à reproduction agame séparant l’apparition des sexués. » La seconde espèce, qui se trouve par milliers sur les orangersafri- cains, appartient au genre Parlatoria, démembré des Diaspis par Zan- gioni, et paraît être le Parlatoria Zizyphi de Lucas {exploration de l'Al- gérie). La forme du bouclier, très différente chez les deux sexes, est très caractéristique, et ce qui l’est encore plus c'est la forme de l’insecte femelle adulte offrant deux tubercules aux épaules. » Je crois pouvoir rattacher à cette espèce, comine synonymes, le Chermes aurantii Boisduval et le Diaspis monserrati.» (A suivre.) H. Rouzaup à RE —— Botanique. Recherches sur l’embryogénie des Légumineuses ; par M. L. Guicnanp. Ann. des Sc. nat., 6e série, tom. XII, pag. 5, avec 8 planches. A la suite des travaux qui eurent pour résultat le renversement de la doctrine polliniste, un temps d'arrêt se produisit dans les recherches d'embryogénie végétale, comme il arrive fréquemment après une impor- tante découverte ou l'établissement définitif d’un fait depuis longtemps en discussion. L'histoire du sac embryonnaire et des formations dont, il est le siège avant la fécondation, ainsi que la nature intime de ce dernier phénomène, semblaient parfaitement établies, grâce surtout aux recher- ches de Hofmeister ; l'embryon lui-même ne devait être que plus tard l’objet d’une étude approfondie. C’est à ce dernier sujet que Hanstein consacra, en 1870, un mémoire qui fit grand bruit et dont les résultats furent admis aussitôt comme classiques par les auteurs !. Le professeur de Bonn s’efforca d'établir une loi générale pour l'accroissement de l'embryon des Phanérogames. Selon lui, chez les 1 J. Hanstein; Die Entwicklung des Keimes der Monocotylen und Dicotylen, dans Pot. Abhandli., 1870. Bonn. TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 187 Dicotylédones, la cellule-mère de l'embryon, qui termine un filament proembryonnaire pluricellulaire, subit des augmentations en direction déterminée, produisant successivement une couche superficielle ou der- matogène, un tissu sous-jacent ou périblème, un tissu central ou plérome, destinés ensemble à donner la masse principale de l'embryon. L'extrémité radiculaire provient de la cellule terminale du suspenseur, l’hypophyse, dont les divisions complètent le sommet de l’axe et contribuent égale- ment à former la coiffe destinée à protéger la radicule embryonnaire. Chez les Monocotylédones, l'embryon se développe d’une facon analogue, mais il tire son origine, non plus d’une seule cellule, mais des deux cel- lules terminales du proembryon. M. Reinke, continuant les recherches de son maître, étudia spéciale- ment la formation de la coiffe et crut aussi pouvoir lui assigner la même origine chez toutes les Phanérogames !. Cependant, des critiques ne tardèrent pas à s'élever contre des géné- ralisations fondées sur un nombre de cas relativement restreint. L’ori- gine de la coiffe, considérée, soit avant, soit après la germination, fut l’objet de nouvelles recherches de la part de nombreux auteurs, parmi lesquels il faut citer MM. Prantl, de Janczewski, Treub, Eriksson; tous s’accordèrent à reconnaître l'existence de plusieurs types distincts dans la formation de cet organe. Toutefois, les résultats étaient loin d’être concordants : il n'existait entre eux aucun lien apparent et rationnel ; on sentait qu’il était abso- lument indispensable de reprendre cette étude d’une facon générale. C’est ce que fit dans ces derniers temps M. Flahault, à qui nous devons aujourd’hui la connaissance définitive de ce point intéressant de l'anatomie végétale ?. Il montra qu’il n’existe en réalité que deux types de développement de la coiffe : l'un pour les Monocotylédones, l'autre pour les Dicotylédones, et fit ressortir en mêmetemps le rôle physiologi- que de cet organe. On reconnut aussi qu’à d’autres égards les idées de Hanstein n'étaient pas admissibles. Plus s’élargissait le champ de l’étude anatomique appli- quée à l'accroissement de l’embryon, plus s’imposait la nécessité de se tenir en garde contre des généralisations prématurées. Il suffit, pour s'en convaincre, de consulter les travaux de MM. Fleicher, Pftzer, Hegelmaier, Treub, etc. 1 Reinke; Untersuchungen über Wachsthumgrschichte u. Morphologie, dans Bot. Abhandl., I, 1871. 2 Ch. Flahault; Recherches sur l'accroissement de lu racine chez les Phanéro- games (Ann. Sc. nut., Bot., 6° série, tom. VI, 1878). 183 REVUE SCIENTIFIQUE. Ce dernier auteur eut en outre le mérite, dans son étude embryo- génique des Orchidées, d'appeler l’attention sur un point de vue parti- culier, qui n'avait même pas été effleuré dans les recherches antérieures : la nutrition de l'embryon durant les premières phases &e son développe- ment. Il observa, chez quelques-unes de ces plantes, des embryons pourvus d’un suspenseur dont la structure et le contenu cellulaire lui donnèrent à penser qu'on peut, dans certains cas, assigner à cet organe un rôle physiologique déterminé {. Quelque temps auparavant, la découverte inattendue de M. Strasbur- ger sur les formations du sac embryonnaire était venue remettre en question l’histoire tout entière des phénomènes antérieurs à la fécon- dation ?. D'autre part, M. Warming était conduit, dans son travail sur l’ovule?, à émettre sur la nature morphologique du sac embryonnaire une hypo- thèse séduisante, mais dont la valeur ne pouvait être appréciée qu’à la suite de recherches spéciales. M. Vesque s’engagea aussitôt dans cette voie, et crut pouvoir confirmer les idées de M. Warming et démontrer l’homologie du sac embryonnaire des Angiospermes avec le macrosporange des Cryptogames vasculaires, correspondant à l’homologie de l’anthère avec le microsporange. La cellule axile sous-épidermique du nucelle se divise horizontalement en deux cellules dont l'inférieure est, suivant l'expression de M. Warming, la « cellule mère primordiale », qui produit à son intérieur un nombre de «cellules mères spéciales » variable de 2 à 5. Les deux cellules supé- rieures donneront le sac embryonnaire après la résorption de la cloison qui les sépare. Tantôt il se forme dans chacune d’elles quatre noyaux ou spores (Dialypétales) ; tantôt le noyau primitif de la cellule ? reste indi- vis, la cellule 1 formant seule sa tétrade (Gamopétales) : dans ce der- nier cas, il ne peut y avoir d'antipodes. Quant aux autres cellules sous- jacentes, elles prennent le nom d’anticlines, créé par M. Strasburger pour quelques cas spéciaux ; leur existence est générale ‘. Plus récemment, M. Fischer® et M. Marshall Ward5, confirmant l’opi- 4 Treub, Embryogénie de quelques Orchidées. Amsterdam, 1878. 2 Strasburger ; Ueber Befruchtung und Zelllheilung. Téna, 1878. 3 Warminz; De l’ovule (Ann Sc. nal., Bot., 6e série, tom. V, 1878). 4 Vesque; Développement du sac embryonnaire des Phanérogames angiospermes (Ann. Sc. nal., Bot.. 6e série, tom. VI, 1878). Nouv. recherches,tom. VIII, 1879. 5 Fischer ; Jenaische Zeitsch. für Naturwissenschaft., Bot., VII, Heft I, 1880. 6 Marshall Ward; À contributio Lo our knowledge of the Embryo-sac in Ansiospermes, dans Journal of the Linnean Society, vol. XVII, pag. 519, 1880. TRAVAUX FRANCAIS.— BOTANIQUE. 109 nion de M. Strasburger, admirent au contraire que le sac embryonnaire est dû au développement d’une seule cellule axile du nucelle, en général l’inférieure, qui refoule et détruit les cellules superposées. Ces auteurs avaient étudié de préférence un certain nombre de Monocotylédones. La même année, M. Hegelmaier faisait paraître sur l’embryogénie du genre Lupinus des observations très détaillées dont les résultats étaient assez surprenants et ne pouvaient passer inapercus ‘. Selon cet auteur, des formations de nature inconnue apparaissent dans le sac embryonnaire des Lupins au moment de la fécondation ; l'embryon prend naissance non dans le voisinage du micropyle, comme à l’ordinaire, mais à une distance assez notable et parfois très grande du sac embryonnaire, sans offrir aucune des relations normales connues. Il se produit en outre des phé- nomènes si différents de ceux qu’on observe dans les autres plantes, qu’on ne saurait encore en donner une explication rationnelle et qu’il est à croire que de semblables anomalies pourront se rencontrer encore dans les autres Légumineuses. En présence de ces derniers résultats, aussi bien que des opinions con- tradictoires que j'ai mentionnées, concernant d’une facon générale, soit l’origine du sac cmbryonnaire, soit le développement de l'embryon, il me parut nécessaire de rechercher d'abord le bien-fondé des observations de M. Hogelmaier et d'entreprendre une étude d'ensemble de la vaste classe des Légumineuses, laissée jusqu’à ce jour à peu près complétement de côté par les embryologistes, en envisageant cette étude à ses diffé- rents points de vue eten comparant les résultats qu’elle pourrait fournir à ceux que l’embryogénie à donnés dans ces dernières années. D'ailleurs, des recherches antérieures m’avaient déjà révélé l'existence de phénomènes intéressants, tels que la pluralité des noyaux dans les cellules du suspenseur d’un certain nombre de représentants de ce groupe ; phénomènes qui ne pouvaient passer inaperçus en présence des idées nouvelles sur la théorie cellulaire en voie de complète rénova- tion. En considérant les différentes questions que comporte ce genre d'étude, il était permis de croire que dans une classe aussi vaste, capable par la variété de structure de fournir à elle seule presque toutes les lois de la taxonomie botanique, et où l'embryon lui-même présente à la maturité des caractères très variables, les phases successives du développement embryonnaire n’offriraient pas moins de divergences. Des variations ana- 1 Hegelmaier ; Zür Embryogenie und Eudospermentwickeluna von Lupinus (Bot. Zeit., janv., févr. 1880, nos 5-9, ? pl.). 190 REVUE SCIENTIFIQUE. logues devaient exister même à une époque antérieure, car le volume, la forme et la disposition des parties constitutives des ovules sont égale- ment loin de présenter l’uniformité qu’on rencontre dans beaucoup d’au- tres familles. On pouvait de même se demander, chez des plantes dont les unes sont pourvues, les autres privées d’albumen dans la graine mûre, quelles sont les relations qui existent dès les premières phases du déve- loppement entre l'embryon et sa réserve alimentaire. Ce côté physiolo- gique n’a encore été l'objet d'aucune observation dans les recherches embryogéniques. Au point de vue purement anatomique, certaines ques- tions, résolues pour un âge avancé, réclamaient encore un examen suivi à une époque antérieure. Enfin, il fallait rechercher en même temps quelle pourrait être la valeur des généralisations, qu’on avait déjà trou- vées inacceptables dans plusieurs cas. Le premier point à établir était l’origine du sac embryonnaire et des formations dont il est le siège avant la fécondation, afin de décider, dans un groupe dont l'étendue permettait d'espérer à ce sujet de nombreuses variations, à quelle opinion on doit définitivement s'arrêter. Il fallait ensuite suivre pas à pas le développement de l’œuf fécondé jusqu’à la constitution définitive des tissus embryonnaires. Je vais essayer de donner un apercu des principaux résultats auxquels je suis arrivé sur ces deux points. S I. La cellule dont le sac embryonnaire tire son origine est toujours de nature sous-épidermique ; elle termine une file cellulaire du nucelle, généralement axile, et se distingue le plus souvent de ses voisines par son volume plus marqué et ses granulations protoplasmiques plus abon- dantes. M. Warming a donné à cette cellule le nom de cellule privilé- giée. Elle se divise d'abord, par une cloison transversale, en deux parties égales ou inégales au début, qu'on peut appeler : la première, adjacente à l'épiderme, cellule apicale ; la seconde, plus profondément située dans le tissu du nucelle, cellule subapicale. Cette dernière expression me sem- ble préférable à celle de cellule mère primordiale, qui lui a été donné par le même auteur. Elle n’est pas, en effet, dans la majorité des cas, la véri- table cellule mère, c’est-à-dire celle qui se développe en sac embryon- paire; il n’y a par conséquent pas de motif pour lui assigner dès ce moment un rôle qui n'appartient en général qu’à l’une des cellules auxquelles elle donne naissance ultérieurement, Il est d'autant plus néces- + TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 191 saire de renoncer à l'emploi des termes cellule mère primordiale, cellules mères spéciales, qu’il en est résulté parfois une confusion presque inévi- table, etqu’en outre, comme nous le savons déjà, l'assimilation du nucelle à l’anthère n’est rien moins que prouvée. Chez les Mimosées, la cellule apicale se dédouble généralement dans le sens horizontal et dans le seus vertical pour produire un tissu d’épais- seur variable, qui a recu le nom de calotte, et dont la formation ne diffère pas de l’épaississement que prend en même temps le tissu sous-épider- mique latéral du nucelle. Souvent aussi, l’épiderme lui-même se dédou- ble au sommet et vient augmenter ainsi l'épaisseur de la calotte. La cellule subapicale forme également des cloisons transversales, en direction basipète ; on a bientôt, soit trois cellules, soit quatre cellules égales ou inégales dès l’origine ; les deux cas se rencontrent dans les Aca- cias. Les cloisons qui les séparent présentent vers le centre un léger épais- sissement et un aspect tel qu'on a pu les comparer aux cloisons qui sépa- rent les cellules mères spéciales de l’anthère. Mais là s'arrête la ressem- blance : bientôt la cellule inférieure seule s'agrandit, repousse les cellules qui la surmontent et dont les cloisons se courbent vers le haut, tandis que le noyau de chacune d’elles se résorbe et disparaît sous la pression exercée par la cellule inférieure. Cette dernière est donc la véritable cellule mère. C’est à son intérieur qu’apparaissent huit noyaux nés par divisions successives du noyau pri- maire ; trois d’entre eux au sommet forment l’appareil femelle, composé de l’oosphère et de deux synergides ; trois autres à la partie inférieure constituent les antipodes ; le quatrième d’en haut et le quatrième d’en bas, autrement dit les deux noyaux polaires, se détachant de leurs congénères, cheminent l’un vers l’autre, pour se fusionner généralement vers le centre de la cavité et former le noyau secondaire du sac embryon- naire. Est-ce à dire que toujours le sac embryonnaire provienne de la cellule inférieure et que l’une des cellules qui lui sont superposées ne puisse rem- plir le rôle généralement dévolu à cette dernière ? Quelques cas se ren- contrent (Acacia albida) où l’avant-dernière cellule se développe anor- malement en sac embryonnaire ; la dernière devient alors une anticline vraie, dans le sens admis par M. Strasburger. Les difficultés que présente l’examen d’ovules forts petits pourraient parfois laisser des doutes sur l’existence du refoulement des cellules superposées à la cellule mère, si l'agrandissement de celle-ci ne s’accom- pagnait fréquemment de la présence à son intérieur de grains plasmiques ou amylacés (Acacia farnesiana), qui la distinguent de ses voisines, en 192 REVUE SCIENTIFIQUE. manifestant ainsi avec la plus grande évidence le rôle important qui lui est réservé. Chez les Cœsalpiniées, la cellule apicale se dédouble fréquemment, un assez grand nombre de fois dans le sens transversal, par suite de l’ac- croissement général du nucelle. La cellule subapicale se divise tantôt en trois, tantôt en quatre cellules superposées, dont l’inférieure se développe en sac embryonnaire. Il s’en forme trois inégales dès le début, la dernière étant la plus grande, dans les Cassia, Parkinsonia, Poinciana, Gleditschia; quatre égales dès l'origine dans le Cercis et quelques Cæsalpinia. Dans ce second cas, la cellule subapicale se divise d’abord en deux parties égales, qui se subdi- visent à leur tour. L'étude du Cercis est intéressante en ce que souventles deux cellules médianes contiennent chacune deux noyaux, avant que l’inférieure ait divisé le sien et s’agrandisse en sac embryonnaire. J'indiquerai plus loin la signification de ce phénomène, qu’on pourrait, au premier abord, considérer comme le début de la formation d’une tétrade de noyaux analogues à une tétrade de spores. Qu'il me suffise de dire pour le moment que cest toujours la cellule inférieure qui devient la cellule mère du sac embryonnaire. Des variations plus nombreuses se rencontrent chez les Papilionacées. La cellule subapicale peut rester indivise, par exemple dans les Medicago, où la constitution du sac embryonnaire est plus hâtive que dans la plupart des autres Légumineuses; plus souvent cependant elle se dédouble à deux reprises, et fournit de la sorte trois cellules inégales, l'inférieure étant la plus grande avant de commencer son évolution. Les cloisons qui les séparent sont généralement molles, épaisses et réfrin- gentes ou ne tardent pas à le devenir. La cellule médiane, ou avant-der- nière, peut parfois diviser son noyau et même présenter ensuite une 1 Il està peine besoin de faire remarquer qu'on ne saurait se passer aujourd’hui, dans les recherches embryogéniques, des procédés empruntés pour la plupart à l'histologie animale, et qui ont fourni de si beaux résultats dans ces dernières années. On peut dire que les découvertes sur la formation et la division des cellules leur sont dues en grande partie. Je crois devoir signaler l'emploi du collodion pour la fixation et l'orientation des ovaires ou des ovules extraits du carpelle, lorsque les coupes de cet organe ne donnent pas de bons résultats. Ce liquide, qu'on peut avoir, à volonté, plus ou moins plastique, adhère d'autant mieux aux objets que ceux-ci ont été pénésrés auparavant par l'alcool absolu employé préalablement comme agent fixateur du protoplasma cellulaire. TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 193 cloison verticale, comme on l’observe dans l'£rythrina, le Phaseolus. Mais ici encore la cellule mère est toujours la dernière de la série. Ja division du noyau primaire de cette cellule et la répétition du phé- nomène sur chacun des nouveaux noyaux fournissent les synergides et l’oosphère, les antipodes et les deux noyaux polaires. Les plans suivant lesquels elle se produit, s’écartent souvent du schéma tracé par M. Stras- burger, selon que la forme du sac embryonnaire est élargie et presque arrondie (Medicago, Cytisus, Faba, etc.), ou rétrécie et allongée (Erythrina, Phaseolus). Chez les viciées, la fusion des deux noyaux polaires est généralement incomplète avant la fécondation ; les antipodes ne peuvent plus être retrouvées au moment de l’accomplissement de ce phénomène. J'ai suivi avec grand soin le développement du sac embryonnaire chez les Lupins, et j'ai constaté qu’il ne présente aucune anomalie; l’appareil femelle y est constitué comme dans toutes les autres Légumineuses et occupe sa position normale au sommet du sac; la résorption des anti- podes est également très-hâtive : fait important, qui devait être établi avec une entière certitude, en présence des résultats annoncés par M. Hegelmaier. Il est certain que l'étude de ces plantes est loin d’être facile ; et l'on peut concevoir que cet auteur ne soit arrivé, malgré ses efforts, qu’à des résultats négatifs. Nous verrons bientôt qu’il n'a pas été plus heureux en ce qui concerne la formation de l'embryon lui- même. Rien n’autorise donc à admettre, dans les Légumineuses, l’assimilation des phénomènes du développement du sac embryonnaire à ceux qu’on observe dans l'anthère. Si parfois deux noyaux apparaissent, soit dans une cellule, soit en même temps dans deux cellules autres que celle qui devient cellule mère, la raison en est simplement, à mon sens, qu'une certaine équivalence tend parfois à s’établir entre les cellules dérivées de la cellule subapicale, ou bien encore qu'une nouvelle cloison n’a pas eu le temps de se former avant leur résorption. A ce second point de vue, le cas du Phaseolus me paraît probant, puisqu'une cloison ver- ticale apparaît parfois entre les deux noyaux. Quant à la première hypothèse , elle s'appuie principalement sur les recherches récentes de MM. ‘Treub et Mellink'. Ces auteurs ont découvert que, dans le Narcissus Tazetta, où la cellule sous-épidermique primitive se di- vise en deux nouvelles cellules comme à l'ordinaire, la supérieure ou D D RETIENS C CS ! Treub et Mellink; ‘Notice sur le développement du sac embryonn. dans quelques Angiospermes (Arch. néerl., tom. XV, octobre 1880). 194 REVUE SCIENTIFIQUE. apicale peut se développer anormalement en sac embryonnaire. Dans l'A graphis patula, ce rôle est certainement dévolu à cette même cellule, l’inférieure devenant alors une anticline vraie. J'ai moi-même constaté ce fait dans une des espèces voisines. Une équivalence de même nature peut exister parfois dans l’ Acacia albida, le Parkinsonia aculeata. Il est à croire également que l'épaisseur et la réfringence des cloisons formées dans la cellule subapicale, cloisons qui paraissent jusqu’à un certain point comparables à celles des cellules mères spéciales du pollen, trouvent leur raison d'être dans ce fait que leur résorption suit de très près leur formation. Elles ne saurait fournir un argument sérieux à l'appui de l'hypothèse de M. Warming, surtout si l’on remarque qu'il n'y à ni dissolution des cloisons comme dans l’anthère, ni fusion de deux cellules en une seule pour donner le sac embryonnaire. $ II. Après la fécondation, le développement de l’œuf présente un grand intérêt au point de vue morphologique. La marche des segmentations offre des caractères qui tantôt sont identiques dans un même groupe et concordent entièrement avec les caractères mêmes qui servent de base à la classification, tantôt se montrent variables dans les limites d’un même genre. C'est ainsi que les Mimosées forment un groupe à part, tandis que parmi les Cœsalpiniées, les unes possèdent les caractères de cette pre- mière sous-famille, les autres par contre se rapprochent des Papilionacées, auxquelles elles établissent le passage . J'ai étudié, surtout chez les Mimosées, les genres Acacia, Mimosa et Schraukia. L'œuf fécondé ne donne pas naissance, comme dans la grande majorité des cas, à un filament proembryonnaire dont la der- nière cellule s'accroît en embryon définitif: il n’a pas de suspenseur même rudimentaire. L’embryon se forme directement aux dépens de l'œuf tout entier, on revêtant la forme d'un globule accolé à l’épiderme persistant du nucelle au sommet du sac embryonnaire; il est entouré par le tissu de l’albumen, formé aussitôt après la fécondation. La mar- che des segmentations est assez irrégulière si on la compare à celle que Hanstein a décrite dans la Capsella ; ce n’est, en général, que vers l’é- poque où les cotylédons apparaissent sous forme de mamelons à la partie antérieure, que les différenciations du cylindre central et de la couche corticale sont appréciables. Alors on remarque au sommet un certain nombre de cellules formant un tissu générateur commun à ces deux parties. L'origine de la coiffe se manifeste par un premier dédoublement TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 195 épidermique latéral, à peu de distance du sommet; à partir de ce moment, les segmentations qui la produisent deviennent irrégulières et affectent d’abord les couches corticales externes, pour atteindre ensuite, dans un grand nombre de cas, les couches internes elles-mêmes : delà, une grande confusion des tissus à l’extrémité radiculaire. L'absence de suspenseur embryonnaire n’a été rencontrée jusqu'à ce jour que dans un petit nombre de plantes, appar en ant, à de très rares exceptions près, aux Monocotylédones ; parfois même on a pu constater, comme M. Treub chez les Orchidées, que deux espèces du même genre diffèrent à cet égard. On conçoit alors facilement que dans les cas de ce genre il ne puisse être question des relations du suspenseur avec l'embryon, auxquelles certains auteurs ont pour tant attribué une si grande importance. Je dois mentionner aussi un nouveau cas de polyembryonie qu'on rencontre dans quelques espèces. En examinant les ovules fécondés du Mimosa Denhartii Thur., par exemple, on trouve au sommet du sac embryonnaire, soit un, soit deux ou mêmetroisembryonsaccolés etsouvent inégalement développés, rappelant, par la forme et l’irrégularité de leurs segmentations internes, les embryons adventifs étudiés dans ces derniers temps par M. Strasburger 1. On pouvait donc, au premier abord, penser à une prolifération des cellules du nucelle semblable à celle qu'a décrite et figurée ce savant auteur. Cependant, l'appareil femelle me paraissait normalement constitué avant la fécondation. Il n’est pas douteux que, lorsqu'il était unique, l'embryon provint, comme à l'ordinaire, du développement de l'œuf. Dans les cas où deux ou trois embryons avaient pris naissance, l’un d'eux, à en juger par sa forme et sa position, représentait l'embryon normal. Mais quelle était l’origine des deux autres? J'avais aussi fait cette remarque, qu’on n’en trouve jamais plus de trois, ce qui pouvait paraître assez étrange en pensant au mode de formation des embryons adventifs. L'observation des premières phases du développement me fournit bien- tôt la preuve que les embryons surnuméraires étaient, dès l’origine, contenus dans le sac embryonnaire et provenaient des synergides, dé- viées de leur fonction normale et devenues susceptibles de se segmenter aussi bien que l’œuf lui-même. Au bout de quelque temps, un seul de ces embryons continue à s'ac- croître ; les autres s’atrophient généralement avant la différenciation de { Strasburger; Ueber polyembryonie , dans Zeitschrift für Nalurwissen- schaflen, XII. 196 REVUE SCIENTIFIQUE. leurs tissus internes. Il en est à peu près de même dans une espèce ap- partenant à un genre voisin, le Schraukia uncinata. Si l’on compare les Cæsalpiniées au groupe qui précède, on constate, comme je l’ai déjà fait remarquer, que, durant les différentes phases de son accroissement, l'embryon présente des caractères variables suivant les genres considérés. Tandis que chez les Poinciana , Parkinsonia, il ressemble entièrement à celui des Mimosées, tant par l’absence du sus- penseur que par la forme et la structure; chez le Cercis, le suspenseur est représenté par un groupe ovoïde de cellules largement unies à l’em- bryon, et chez certains Cassia il atteint des proportions considérables. Mais c’est surtout dans le groupe des Papilionacées qu'on rencontre les phénomènes les plus instructifs au double point de vue morpholo- gique et physiologique. Quelques faits suffiront à nous en donner une idée. J'appellerai d’abord l'attention sur la tribu des Viciées, dont les caractères sont tout à fait particuliers. L'œuf fécondé donne naissance à un proembryon qui présente une structure remarquablement constante : une seule espèce, le Cicer arie- tinum, fait exception sous tous les rapports. Ce proembryon se compose de cinq cellules, dont quatre sont placées en croix et forment le suspen- seur ; la cinquième, située au-dessous, est la cellule mère de l'embryon. Les deux cellules supérieures ou apicales, fixant l'organe au sommet rétréci du sac embryonnaire, atteignent des proportions considérables, surtout en longueur; les deux inférieures ou subapicales forment ensemble une sphère à laquelle est suspendu l'embryon. Grâce à la longueur du suspenseur, l'embryon est bientôt amené dans la partie la plus élargie du sac embryonnaire, où il peut se développer librement. Mais ce qui frappe au premier abord dans l'examen des divers représentants de cette tribu, c'est la pluralité des no yaux dans chacune des cellules du suspenseur (#g. 1), pluralité si constante et si remarquable qu’on peut s'étonner à juste titre que lesobservateurs tels que M. Tulasne et Hofmeister, qui ont étudié, très superficiellement il est vrai, quelques espèces de Viciées, ne l’aient point remarquée. Le nombre de ces noyaux, dans chacune des longues cellules apicales, peut s'élever à plus de quarante (j'en ai compté quarante-huit dans l'Orobus angustifolius) (fig. 2); il est à peine de moitié dans les cellules basales, Leur mode de partition est difficile à observer. M. Hegelmaier, qui publiait des observations sur le même sujet ! quelques semaines 1 Hegelmaier; Ueber aus Mehrkerniger Zellen aufgebaute Dicotyledonen Keimträger (Bot. Zeit., juillet 1880). TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 197 après celles que j'avais fait connaître, n'a pu, malgrétous ses efforts, y découvrir le processusnormal de la division nucléaire, tel queje l’indiquaist et tel qu’on le connaît depuis les travaux de ces dernières années, c’est-à-dire avec la succession régu- lière de stades bien déterminés. Il admet que, dès l'origine, les noyaux se multiplient par fragmen- tation : le nucléole prend la forme de biscuit, la substance du noyau s’allonge dans le même sens; un étranglement, puis une séparation, se produisent dans la partie mé- diane. L'emploi des réactifs fixateurs et colorants appropriés m'avait permis de constater qu’il existe là un autre processus de division nu- cléaire. J'ai observé, surtout dans le Pisum, des suspenseurs où tous les noyaux d’une cellule étaient en pleine division : le fuseau se forme comme à l'ordinaire, la plaque nu- (Fig. 1.) (Fig. 2.) cléaire se clive et ses deux moitiés Pisum sativum. Orobus angustifolius. se rendent aux pôles, au voisinage desquels on voit le plasma cellulaire s’accumuler en vue de la nutrition des jeunes noyaux. Le mode de fragmentation décrit par Hegelmaier n'apparaît que plus tard, alors que l’organe a atteint ses dimensions définitives ; il succède à la division normale et n’est qu'un phénomène de sénilité. Cet exemple de pluralité vient s'ajouter à ceux qui ont été observés dans ces dernières années par plusieurs auteurs, notamment par M. Schmitz dans les Algues du groupe des Siphonocladiacées; par M. Treub, dans les fibres libériennes et les laticifères de quelques Euphorbiacées, Asclépiadées, etc.; par M. Johow et par M. Strasburger dans divers cas. Il montre avec la plus grande évidence que le noyau peut affecter à l'égard de la cellule une complète indépendance, et qu’en outre les deux î L. Guignard ; Sur la pluralité des noyaux dans le suspenseur embryonnaire de quelques plantes (Bull. Soc. Bot., juin 1880), 3e sér., tom. 1. 14 198 REVUE SCIENTIFIQUE. modes de partition qui se succèdent ont une cause et un sens qu'il im- . porte de ne pas confondre : le premier se faisant aux dépens du proto- plasma de la cellule, le second n'étant qu’une évolution propre du noyau. Les parois des cellules du suspenseur des Viciées sont d’une délica- tesse extrême et n'offrent que rarement la réaction de la cellulose!. Cet organe se détruit lorsque l’embryon grossit et dével:ppe ses cotylé- dons; il n'entre en aucune façon dans la constitution des tissus embryon- naires. Tout autres sont les caractères des tribus voisines, Qu'on examine par exemple, dans celle des Lotées, les genres Cytisus, Ononis, Lupinus : des phénomènes entièrement différents se présenteront à l'observation. Dans les Cytises, le proembryon ovoïde et ses deux parties consti- tutives, suspenseur et embryon, restent quelqne temps indistinctes. Fréquemment le suspenseur prend un accroissement prédominant; ses cellules forment une grosse masse globuleuse ou ovoide, plus ou moins régulière et resser- rée entre les parois de la cavité occupée par le sac embryonnaire, qu'elle remplit entiire- ment au sommet. Dans le Cytisus laburnum notamment, cette massa atteint un volume considérable (Æg. 3), tandis que l'embryon n'est indiqué au-dessus d'elle que par un mamelon que surplombent parfois latérale- ment les cellules gonflées qui la composent. (Fig. 3.) Au sein du riche protoplasma qui les remplit, on voit une grande quantité deglobules huileux de volume considérable, colorables en quelques instants par l'acide osmique et accompagnés dans quelques cas de grains amylacés. Peu à peu cependant, le mamelon embryonnaire s avance à la partie inférieure et revêt la forme d'un globule largement uni à l'énorme sus- penseur avec le tissu duquel il se confond ; les cotylédons font ensuite leur apparition. À partir de ce moment, le suspenseur cesse de s’accroi- tre ; les globules huileux se résorbent en partie, pendant que le proto- plasma des cellules prend un aspect plus grossièrement granuleux etjau- râtre ; les parois cellulaires elles-mêmes se gonflent et manifestent un 1 La cyanine en solution très éteudue et en présence de l'acide acétique, après coloration des noyaux et du protoplasma cellulaires par le carmin, peut être em- rloyée avantageusement dans la recherche de la cellulose. TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 199 changement de nature, Une autre remarque, qui a son importance dans le cas actuel, se présente à l'observation: c’est qu'à cette période du développement, le tissu de l’albumen n'a pas encore pris naissance et qu'il n’existe encore que des noyaux libres sur la paroi du sae embryon- naire. Il est difficile de ne pas s'arrêter à cette idée, qu’un organeaussi déve- loppé, avec ses celluies abondamment pourvues de substances albumi- noïdes et ternaires, que celles-ci affectent d’ailleurs la forme de matières grasses, amylacées ou sucrées, ne joue pas simplement à l'égard de l'em- bryon un rôle de fixation. La richesse de ce tissu, durant les premières phases du développement, bien supérieure à celle de l'albumen formé ultérieurement et destiné à concourir écalement à la nutrition de l’em- bryon et à être résorbé entièrement avant la maturité, permet dans certains cas de comparer le suspenseur à un véritable placenta. Si nous passons à “’autres genres, tels que celui des Ononis, nous trouvons dès l’origine un proembryon d'une structure toute différente. Il a }a forme d'un filament dont la de’nière cellule est la cellule mère de l'embryon; les autres constituent le suspenseur et représentent parfois un chapelet dont les éléments peu nombreux sont faillsnent unis les uns aux autres et à l'embryon, avec lequel cet oïgane n'offre aucune relation anatomique essentielle. Les Lupins s'en rapprochent à quelques égards. Étudiés jadis supar- fisiellement par Hofmeister, ils ont été, comme on l’a vu, l'objet d’ob- servations très détaillées dela part de M. Hegelmaier. Je ne puis songer à donner ici un résumé des principaux faits annoncés par cet auteur, et je dois me borner à exposer le plus brièvement possible comment il comprend la formation de l'embryon, en prenant avec lui pour exemple le Lupinus varius. Si l’on examine, dit-il, les ovules au moment où la corolle va s'ouvrir, on trouve au sommet du sac embryonnaire deux cellules qui doivent être considérées comme les synergides. Quant aux formations cellulaires spéciales d’où proviendra l'embryon, elles se trouvent situées dans le plan médian du sac embryonnaire, sur la paroi concave antérieure. Là, au sein d’un protoplasma doux et granuleux, est une série de noyaux, dont le dernier, le plus rapproché de la chalaze, représente l’oosphère, Les autres sont au nombre de neuf, et, bien qu'aucune membrane cellu- laire ne soit encore visible à ce moment, comme chacun d'eux devient bientôt le centre d'une cellule parfaitement individualisée, on peut dès à présent les considérer comme de vraies cellules. En envisageant leur position relative, on les trouve répartis en deux groupes: l’un formé de six cellules plus rapprochées de l'œuf, peuvent être appelées cellule 200 REVUE SCIENTIFIQUE. voisines (Nebenzellen Apparat); l’autre, qui en comprend trois, à peu de distance du micropyle, représente des cellules compagnes (Begleit- zellen). Les cellules compagnes présentent ce phénomène partirulier, qu'il s’é- lève de l’une d'elles une sorte de ballon volumineux formé d’un proto- plasma englobant un grand nombre de noyaux distincts quoique très rapprochés les uns des autres ; les deux autres cellules ne produisent rien de semblable. Doit-on voir en elles des antipodes, offrant un déve- loppement spécial ? En tout cas, elles n’en occupent pas la place. Les cellules voisines sont elles-mêmes l’objet d'une autre transforma- tion. Pendant que l’embryon s'accroît à côté d'elles par cloisonnements internes de l'œuf dont il provient, il se forme un système de ramifica- tions plasmatiques, composé d’un cordon placé sur la paroi concave du sac embryonnaire, d'où partent des cordons latéraux au nombre de quatre ou cinq, qui font plus ou moins saillie dans la cavité. Ils sont constitués par des granulations qui s'accumulent à la périphérie, où elles forment une couchs de condensation dépourvue de membrane cellulaire. Chaque cordon cuntient généralement un noyau. L'embryon est enclavé en “n des points d'embranchements de ce système, à la base d'un des cordons latéraux. Tel est le fait principal. M. Hegelmaier reconnait lui-même l’impossi- bilité d'en donner une explication rationnelle, même en s'appuyant sur les récents travaux de M. Strasburger et de M. Vesque. Il n’a pu arriver à suivre le développement du sac embryonnaire, en raison des difficultés que présente son étude chez les Lupins. Or, j'ai montré précédemment que, chez ces plautes, le sac embryon- naire n'offre aucune anomalie. L’oosphère occupe sa place habituelle au contact des synergides avant la fécondation: fait important, constaté aussi récemment par M. Strasburger et qui, pour avoir été méconnu, est devenu la première et principale cause des erreurs de M. Hegelmaier. Les différentes espèces du genre Lupinus ne présentant même pas, suivant ce dernier auteur, des phénomènes analogues, j'ai jugé néces- saire d’en examiner le plus grand nombre possible. Il est résulté de cette étude comparée, qu'elles pourront être réparties en deux groupes : l’un, comprenant celles dont les ovules sont monochlamydés (ZL. polyphyllus, Dougl., L. varius, Gært., L. mutabilis, Sw., L. succulentus, Dougl., L. nanus, Dougl., L. Hartwegiüi, Bot. Reg., etc) ; l'autre, celles dont les ovules sont dichlamydés (L. luteus, L., L. hirsitus, L., L. pilosus, L., L. subcarnosus, Benth,. L., L. albus, L., etc...). Les phénomènes dont le sac embryonnaire est le siège après la fécondation concordent d'une facon remarquable avec cette répartition. TRAVAUX FRANCAIS — BOTANIQUE. 201 Dans le premier groupe, le proembryon revêt une structure variable selon l'espèce à laquelle il appartient. Pour pouvoir l’observer, il est nécessaire de fixer le contenu du sac embryonnaire avec l'alcool absolu, ou l’acide chromique étendu, et de faire agir ensuite les réactifs colo- rants. On constate alors que, dans tous les cas, le vroembryon est formé de deux rangées de cellules accolées par paires sur un même plan. Les deux cellules terminales sont fort petites et constituent l'embryon ; les autres appar- tiennent au suspenseur. Le nombre de ces dernières est moins élevé dans le L. polyphyllus (fig. 4), le L. mutabilis, quedans la plupart des espèces voisines ; il atteint son maximum dans le L. succulentus, L. truncatus, où l'on trouve quatorze à seize paires superposées qui s’avancent à la base, dans la cavité encore peu courbée, jusqu'au voisinage de la chalaze. (Fig. 4) Ce suspenseur bisérié est extrêmement fragile ; ses cellules ontune membrane fort délicate etse séparent les unes desautres au moindre contact et, dans tous les cas, très peu de temps après leur forma- tion. La cause principale de cette dissociation réside dans ce fait que, dès ce moment, la cavité du sac embryonnaire prend un agrandissement et une courbure de plus en plus prononcés. Le proembryon, qui en occupait l’axe au sommet, s’accole à la paroi antérieure en raison même de la courbe qu’elle décrit; et comme il se fait simultanément un allongement général de la cavité, les cellules s’isolent les unes des autres, soit sur toute la longueur de l’organe, soit seulement sur une partie. Dès lors, le suspenseur devient méconnaissable. De son côté, le petit embryon bicel- lulaire, conservant sa position relative, se retrouve par conséquent à la base de l’organe désagrégé; tantôt il adhère aux cellules inférieures, tantôt il en est entièrement séparé et ne peut être reconnu qu'avec peine contre la paroi, soit à cause de son faible volume, soit à cause de la pré- sence des noyaux endospermiques, nés par division du noyau secondaire du sac embryonnaire, qui se multiplient rapidement sur tous les points de la paroi. L'appareil spécial observé par M. Hegelmaier n’est donc pas autre chose que le suspenseur, dont les éléments se sont dissociés et échelon- nés sur la ligne médiane dela paroi antérieure, entre le mycropyle et le petit embryon parvenu ainsi dans la partie la plus concave, à peu près à égale distance des deux extrémités du sac embryonnaire. C’est dans le voisinage immédiat de l'embryon, par conséquent loin du micropyle, qu’apparaissent entre les noyaux endospermiques, devenus très nombreux, les premières cloisons du tissu de l’albumen. Le mode 202 REVUE SCIENTIFIQUE. de formation de ces cloisons, tel qu’il a été décrit par M. Hegelmaier, a été avec raison révoqué en doute par M. Strasburger!. Or, j'ai constaté qu'elles ne naissent pas autrement que dans la plupart des cas, aujourd'hui bien connus, où les ligues granuleuses qui en mar- quent l’origine apparaissent sur le trajet de filaments interposés entre les noyaux et dus au plasma environnant. Dans le second groupe, comprenant les ovules dichlamydés, les phénomènes sont semblables aux précédents en ee qu’ils ont d'essentiel. Le nombre des paires cellulaires composant le progmbryon atteint dans quel- ques espèces un nombre plus élevé. Tandis qu’on en voit une dizaine dans le L. luteus, on en trouve une vingtaine et plus dans le L. subcarnosus, et jusqu'à trente-quatre dans le L. pilosus (fig. 5). Mais ce qui le distingue du précédent, c’est la cohérence beaucoup plus prononcée des éléments qui constituent le suspenseur, car ils ne se séparent pas les uns des autres dans la plupart des cas, du moins sur la plus grande partie de sa longueur. Il en résulte que cet 8 (Fig. 5.) organe, dont les cellules sont également plus volumineuses et pourvues de membranes plus résistantes, reste adhérent au sommet du sac embryonnaire durant les premières phases du déve- loppement ; seules, les deux ou trois premières se désagrègent, tandis que les autres s’accolent contre la paroi antérieure et restent toujours unies. L'embryon ne se trouve par conséquent pas amené dans Ja partie la plus recourbée de la cavité, comme dans le groupe précédent. T/albumen prend également naissance autour de lui et du suspenseur ; 1] remplit d'abord la partie rétrécie du sac embryorraire voisine du micropyle, pour s’avancer de là dans la région la plus élargie voisine de la chalaze. Ces espèces se rapprochent ainsi des autres Papilicnacées. Quant au ballon à noyaux multiples qui dérive, selon M. Hegelmaier, de l’une des trois cellules ccmpagnes du ZL, varius, j'ai constaté que sa position est loin d’être fixe, qu'il peut se trouver aussi bien an voisinage de l'embryon et qu'il en existe même parfois deux dans le même sac embrycenraire. Jai rem:rqré aussi qu'il fait défaut dans les espèces dont 1ZcUlildung und Zelltheilung, pag. 28. TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 203 le suspenseur ne se désagrège pas. Qu'est-ce alors que catte formation ? Au premier abord, elle semble due à l’agglomération d'un certain nombre de cellules de suspenseur confondues en une masse dont Îles noyaux représenteraient les cellules primitives. Cetta interprétation est vraie pour certains cas. Mais si l’on remarque que dans les espèces dont le suspenseur ne comprend qu’un petit nombre de cellules, comme chez le L. polyphyllus, il existe un ou deux ballons de 10 à 29 noyaux, et qu’en outre ces noyaux sont plus petits que ceux des cellules adjacentes isolées contre la parui, il est rationnel d'admettre qu'ils sont dus ici à une autre cause: la division répétée du noyau primitif d’une ou de plu- sieurs des cellules du suspenseur. Il est inutile d’insister davantage et de réfuter plus amplement des opinions basées sur des observations inexactes. On pourrait signaler encore beaucoup d’autres types très intéressants dans les divers groupes de Papilionacées, tels que les Hédysarées, où quelques genres offrent un embryon dépourvu de suspenseur (Onobry- chis), tandis qu'il en est d’autres où cet organe est fort developpé (Hedy- sarum) ; les Phaséolées, où la structure du proembryon est de même essentiellement variable, etc. Ce qui précède suflit à prouver que l’embryon peut se constituer de façons très diverses dans un même groupe. Les Papilionacées surtout offrent à cet égard des résultats du plus grand intérêt quand on consi- dère le suspenseur, l'embryon, l’albumen, tant au point de vue morpho- logique que physiologique : 1° Le suspenseur n’a aucune relation anatomique essentielle avec l'embryon. Chez les Mimosées et chez plusieurs Cœæsalpiniées, il fait entiè- rement défaut; chez les Papilionacées, il est tantôt très réduit (Soja, Trifolium, Desmodiwm, etc.), tantôt très volumineux (Cyéisus, An- thyllis, Dorycnium, Dalea, Phaseolus, Thermopsis, etc.). Parfois il affecte à l'égard de l'embryon une indépendance complète, parfois il lui est largement uni jusqu'à sa destruction ; tantôt il reste absolument dis- tinct, tantôt il se confond avec l’extrémité radiculaire, Comment alors retrouver l'hypophyse de Hanstein ou ce qui la représente? Nous voilà assurément bien loin du type du Capsella. En même temps, par un emprunt physiologique remarquable, nous voyons cet organe s'adapter dans certains cas à une fonction spéciale, la nutrition embryonnaire. 2° L'embryon, considéré en lui-même, n’offre pas dans sa formation et son accroissement la marche régulière établie comme générale par le même auteur. Tandis que dans la plupart des Viciées, dans les Ononis, Medicago, etc., il revêt la forme d'un globule dont les segmentations 204 REVUE SCIENTIFIQUE. se rapprochent jusqu’à un certain point de celles du Capsella, chez les Anthyllis, Phaseolus, etc., la première cloison longitudinale est suivie d'un certain nombre de cloisons transversales avant l'apparition des äi- visions internes parallèles à la surface. Les tissus de l’extrémité radicu- laire se constituent indépendamment du suspenseur, même quand ilexiste. J'ai reconnu également, entre autres faïts intéressants, que, quelle que soit la confusion ultérieure des tissus dans cette région, la coiffe est tou- jours primitivement d’origine épidermique. 3° L'albumen affecte deux états dans le sac embryonnaire: celui de noyaux libres sur la paroi, celui d’un tissu parenchymateux transitoire ou permanent ; le second état succède au premier, sauf chez les Viciées (à l'exception du Cicer). J'ai observé dans plusieurs cas la division du noyau secondaire du sac embryonnaire, découverte par M. Strasburger dans le Myosurus. Les premières cloisons du tissu apparaissent au sommet du sac em- bryonnaire, excepté chez les Lupins, où se manifestent avec évidence les relations de ce tissu alimentaire avec l'embryon. Pendant ce temps, les noyaux libres situés dans la partie profonde du sac embryonnaire se ré- sorbent. Pour les noyaux libres comme pour les noyaux cellulaires, la si- multanéité de la division est un fait général, mais les stades peuvent varier quelque peu dans le premier cas, plus encore dans le second. Dans Ja division des noyaux libres ou contenus dans les cellules, les réactifs permettent de distinguer la substance du noyau d'avec le plasma envi- ronnant et de reconnaître que les filaments du fuseau et du tonneau sont empruntés au plasma. Par l'emploi de la cyanine, on peut constater que, dans la plupart des cas, la cellulose apparaît simultanément dans toute la plaque cellulaire après la division complète de la cellule, parfois tar- divement, parfois aussi avant l'achèvement de la division, alors que la plaque ne touche encore que d’un seul côté à la paroi. Quelle que soit la destinée de l'albumen, qu'il doive disparaitre ou se changer en un tissu corné, les parois de ses cellules sont toujours très minces et délicates jusqu'à une époque voisine de la maturité: alors s'achève la résorption ou bien ccmmence la transformation. La présence d’un albumen dans la graine mûre, qu'on doit considérer comme une marque d’infériorité, ne peut servir de caractère de genre. Tels sont, en résumé, quelques-uns des résultats les plus saillants fournis par l’étnde dela classe des Légumineuses. Il n’est pas nécessaire d’en frire ressortir plus amplement les conséquences au double point de vue morphologique et physiologique. Les recherches de cette nature conduiront plus tard, à n'en pas douter, à des vues générales que, malgré les travaux dont le développement de l'embryon a déjà été l’objet, l'état TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 205 actuel de nos connaissances ne permet pas encore de tracer. C'est alors qu’il sera possible également d'aborder une question des plus intéres- santes, en recherchant la valeur des caractères d'ordre primordial tirés de l'embryogénie, au point de vue de la généalogie des êtres qui com- posent les nombreux groupes des plantes Phanérogames. L. GUIGNARD. Nouvelles études anatomiques sur la Racine. Lorsqu'on examine au microscope une coupe transversale d'une racine de Monocotylédone, d’un Lys par exemple, on y remarque deux régions bien distinctes : l’interne figure un disque relativement très-petit, dont le centre coïncide avec celui de la préparation ; c’est elle qui renferme les éléments vasculaires : on lui donne le nom de cylindre central. — L'externe, dépourvue de tissu conducteur, se compose d'assises cellu- laires concentriques : c’est l'écorce. Cette même organisation se retrouve chez les Cryptogames vasculaires et beaucoup de Dicotylédones ; mais chez le plus grand nombre de ces dernières plantes et chez les Gymnospermes, elle est transitoire : on l'observe seulement à une très-faible distance du sommet. Sur les par- ties un peu plus âgées, l'écorce s’exfolie, tandis que l’assise périphéri- que du cylindre central organise des tissus secondaires qui la remplacent. Dans l'ignorance où l’on a été longtemps, relativement aux connexions de ces tissus protecteurs, on leur a appliqué le nom d’écorce. Comme il implique une confusion fâcheuse entre des formations d’origine très- différente, il nous paraît utile de ne qualifier de corticales que les assises primaires extérieures au cylindre central. Ces assises constituent, avec l’assise périphérique de ce cylindre et les tissus secondaires qui en procèdent, un appareil téqumentaire dont la complexité varie suivant le groupe naturel auquel la plante appartient et le milieu physique où elle vit. Le système vasculaire de la racine étant aujourd’hui bien connu ®, il suffira, pour compléter l'étude de ce membre, de décrire la strurture, le mode de développement et les fonctions de son appareil tégumentaire. Nous prendrons pour guide dans cette étude le mémoire que M. L. Olivier a récemment publié sur cette intéressante question ?. { Voy. Ph. Van Tieghem ; Mémoire sur la Racine (Ann. Sc. nal., 2° série, tom. XIII, 1870). 2 Recherches sur l'appareil tégumentaire des Racines, 1 vol. in-8°. Masson; Paris, 1881. 206 REVUE SCIENTIFIQUE. I. L'appareil tégumentaire commence par une assise le plus souvent pilifère, appelée à tort épiderme. M. Ch. Flahault à montré que ses rapports avec la coiffe et l'écorce ne sont pas les mêmes chez les Mono etles Dicotylédones ! ; plus récemment il a établi que dans ces deux groupes de Phanérogames elle c ;rrespond à l’une des assises sous-épider- miques et non à l’'épiderme de la tige ?. Ses éléments sont susceptibles de division, soit radicale [Faba), soit tangentielle. Dans ce dernier cas, ils donnent naissance à un voile de cellules spiralées (Vandées, Épidendrées, Authurium, Crinum, Iman - tophyllum). La pramière assise que recouvre le voile se compose de grandes cellules à parois épaissies et subérifiées, allongées dans le sens. du rayon. Elle est reconnaissable jusque sous la coiffe, assez près du sommet. Les coupes faites dans cette région montrent qu'à un certain niveau elle n'est séparée de la coiffe que par une assise unique. Cette observation à conduit M. L. Olivier à suivre le développement du voile et à confirmer l'opinion de M. Prillieux * et de M. de Bary *, qui.en attribuent la formation à la membrane pilifère. Cette membrane reste le plus souvent simple ; ses parois sont alors, minces et cellulosiques. Elle constitue un peu au-dessus de la coiffe un organe de nutrition. Chez les Monocotylédones et les Dicotylédones à écorce persistante, elle s'exfolie sur les parties Agées, par suite de l'accroissement du diamètre transversal de la racine. M. R. Gérard a fait voir que la chute précoce de cette assise s'effectue aussi chez les Dicotylédones à écorce caduque 5. Au point de vue physiologique, elle est remplacée par l'assise sous- jacente ou assise épidermoidale : Ligustrum ovalifolium, Ranunculus prucerus, Anemone Pulsatilla, Menyanthes trifoliata, Scindapsus pertusus, Philodendron rudygeanum, Houlletianum et micans, Alo- casia odora, Vanilla aromatica, À sphodelus europæœus, Iris squaleus, Agave glauca, Oporanthus luteus, etc.). Cette deuxième assise du tégument revêt alors les caractères anatomiques d'un épiderme ; ses parois radiales et surtout sa paroi tangentielle externe s’épaississent considérablement et manifestent les réactions chimiques de la cutire. Elles peuvent être épaissies au point de présenter la forme dite en fer 1 Hecherches sur l'accroissement terminal d la racine chez les Phanérogames (Ann. Se. nat., 6e série, tom. VI). 2 Voy. L. Olivier; loc. cil., pag. 13-20. 3 Bull. Soc. Bol., tom. XVIII, pag. 261. 4 Anatomie comparée des organes de la végétation. 5 Comptes rendus, 31 mai 1880, tom. XC, n° 22, pag. 1295. TRAVAUX FRANCAIS, — BOTANIQUE. 207 à cheval (Vanilla planifolia). Alors leur fonction est essentiellement protectrice. Le parenchyme cortical qu’elles entourent est destiné à emmagasiner les réserves nutritives ; il présente généralement deux zones : l’interne, qui estcentripète, se compose d'assises superposées de cellules cubiques. Elle se développe plus tôt et avec plus de rapidité que la zone externe centrifuge. Les cellules de cette dernière zone peuvent continuer à se multiplier après que le nombre des assises de la zone interne a cessé de s'élever: cette dernière se développe alors non par la division, mais par l'accroissement de cnacun de ses éléments. Do là, l'abondance des méats dans la zone interne et la rareté de ces petites lacunes dans la zone externe (Philodendron). Lorsque la racine, destinée à soutenir la tige au-dessus du sol, contient des faisceaux de fibres prosenchymateuses dans son tégument, l’épaisseur du parenchyme cortical est très-faible (Phænix, Pandanées). Au con- traire, dans le cas le plus fréquent où il n’y à pas de prosenchyme, c’est l'écorce qui sur la coupe transversale occupe la plus grande surface. En général, sur les coupes des racines ne présentant que l’organisation pri- maire, les dimensions relatives de l’écorce sont plus grandes chez les Cryptogames vasculaires que chez les Monocotylédones, plus grandes chez ces dernières que chez les Dicotylédones. Cette disposition est en rapport avec l’organisation du cylindre central; en étudiant les caractères différentiels de l'appareil tégumentaire dans les divers groupes de végétaux, on reconnaît, en effet, que l’évolution de cet appareil y est corrélative du degré de développement du système vasculaire, Examinons-en les principaux traits chez les Gymnospermes, les Dicotylédones, les Monocotylédones et les Cryptogames. II. Chez les Gymnospermes, les cellules des assises internes de l'écorce sont remarquables par la présence de bandes transversales d’épaississe- ment et l'énorme renflement de leurs parois radiales (Sequoia, Biota, Pinus). Vers la fin de son existence, c’est-à-dire lors de la formation des premiers vaisseaux secondaires, l'écorce subit une véritable subéri- fication chimique : le protoplasma disparaît de ses cellules ; les membra- nes jaunissentsous l'influence du chloro-iodure de zinc, après l’immersion dans un acide bouillant et le lavage à l’eau. Ces réactions, comme celles dont il sera parlé plus loin, ont toutes été faites au microscope, cette méthode présentant plus de garanties d’exac- titude que celle à laquelle les chimistes ont ordinairement recours. Lorsque les vaisseaux secondaires se constituent à l'intérieur du cylin- dre central, l’assise périphérique de ce cylindre se cloisonne tangen- 208 REVUE SCIENTIFIQUE. tiellement à la fois vers son bord interne et vers son bord externe. Elle donne aussi naissance à un tissu parenchymateux vers l'intérieur, à un véritable liège vers l'extérieur. Ce liège se compose de cellules tabulaires à parois radiales très-courtes. Il commence à se former en regard des faisceaux libériens primaires ; le parenchyme, en regard des premiers vaisseaux ligneux (Sequoia). Des faits du même genre s’observent chez un grand nombre de Dico- tylédones; mais chez les végétaux de cet embranchement l'appareil tégumentaire offre des degrés différents de complication et pour ainsi dire plusieurs types qui correspondent à autant d'états particuliers du système vasculaire. Lorsque la formation des vaisseaux secondaires s'opère à une très faible distance du sommet de la racine, l'assise périphérique du cylindre central organise un parenchyme secondaire comparable à celui des Gymnospermes ; Comme ce dernier, il se forme d’abord en regard des faisceaux ligneux (Faba, Sambucus, etc. ). Si les vaisseaux secondaires, bien que précoces, ne sont pas très nom- breux, la plante étant herbacée, l'écorce peut persister (Faba vulgaris, Alchemilla vulgaris, Taraxacum dens-leonis, Tagetes erecta, T. patula, Gaillardia aristata, Echinops exaltatus, Lappa communis, ete., etc.), et alors aucun liège ne se produit dans le tégument ; mais si les formations vasculaires secondaires sont à la fois précoces, rapides, abondantes et prolongées (Potentilla, Erica, Aralia, Archangelica, Sambucus, Viburnum, Crassula, Sedum, Sempervivum, Cactus, Cercis, Opuntia, Cucurbita, Ilex, Fraxinus, Ligustrum, Buæus, Fagus, Quercus, Beta, Raphanus, etc.), l'écorce s’exfolie, l’assise péri- phérique du cylindre central engendrant vers l'extérieur et en direction centripète un épais manchon de cellules subéreuses. Chez les espèces où la position des initiales du liège a pu être déter- minée c’est, comme chez les Gymnospermes, en regard du liber primaire que ce tissu commence à se produire ( Sambucus pubescens, Ligustrum ovalifolium, Fagus sylvatica). M. A. J‘rgensen a reconnu aussi ce fait chez le Fraæinus excelsior!. Dans les tiges des mêmes plantes, par exemple chez les Fagus, Popu- lus, Ilex, Syringa, Viburnum, Quercus, Pelargonium, etc., la pre- mière assise sous-épidermique est génératrice de liège ; ce n’est qu'après l'exfoliation des couches externes que le tissu subéreux se produit dans les assises plus profondes. Il en est tout autrement dans la racine de ces 1 Sœrtryk af Bot. Tidsskrift, 3 rœkke, 3 bind. Copenhague, 1879. TRAVAUX FRANÇAIS. — BOTANIQUE. 209 végétaux. L’écorce primaire n’y donne naissance à aucun tissu secon- daire avant de s’exfolier. Chez les Dicotylédones, dans la racine desquelles le système vasculaire secondaire ne se produit que loin du sommet (Ranunculus, Ficaria, Nymphæa, Villarsia, Menyanthes, Samolus, Polygonum, Veronica, Asarum, Artanthe, Clusia, Ruyschia, Jasminum), l'écorce primaire est d'autant plus persistante que les productions vasculaires sont plus tardives, et, pour les espèces herbacées, que la durée de la racine est moindre. Il importe de remarquer que la racine peut bien n’être que bis- annuelle ou même simplement annuelle, alors que la plante est vivace. Il en est ainsi chez beaucoup de végétaux qui sont, comme les Delphinium, pourvus d’un rhizôme, ou se régénèrent chaque année, comme les Renoncules, au moyen de réserves nutritives accumulées à la base de leurs jeunes bourgeons. Dans ces racines, l’assise périphérique du cylindre central ne donne pas de liège, et, lorsqu'elle se divise, n’engen- dre qu’un petit nombre d'assises cellulaires. Mais deux cas peuvent se présenter: ou la plante est herbacée, ou elle est /igneuse. Si elle est herbacée, aucun manchon subéreux ne se produit dans sa racine (Ranunculus, Nymphæa) ; Si elle est /igneuse, un liège se forme dans son parenchyme cortical, généralement dans la deuxième ou la troisième assise de l'écorce (Arthante pothifolia, Jasminum humile). I1 se compose des grandes cellules cubiques, bien différentes des cellules tabulaires qui procèdent de l’assise périphérique du cylindre central chez les Dicotylédones à vaisseaux secondaires précoces et les Gymnospermes. Cette forme cubique des cellules subéreuses , cette position du phellogène immédiatement au-dessous de l’assise pilifère ou de l’assise épidermoïdale, caractérisent à la fois les Dicotylédones ligneuses à vais- seaux secondaires tardifs, les Monocotylédones et les Cryptogames vascu- laires. La direction générale de cette formation subéreuse est centripète. Les modes centripète-simple et centripète-intermédiaire, que M. Sanio a bien étudiés dans les tiges, sont assez rares dans ces racines. Le sens cen- tripète-irrégulier, consistant en une alternance de ces deux modes, y est le plus fréquent. M. L. Olivier a donné le nom de Subéroide à une sorte de liège très irrégulier dont les cellules sont à base hexagonale et disposées suivant des files rayonnantes, souvent entrecoupées par des divisions obliques. Ce tissu est abondamment développé à la périphérie du parenchyme cortical de beaucoup de Monocotylédones (Asparagus, Typha, Phalan- 210 REVUE SCIENTIFIQUE. gium, À letris, Dracæna, Pandanus, etc.). Lorsqu'on suit les files obli- ques de ses éléments dans le sens de la longueur de la racine, on voit qu'elles y constituent des spires parallèles. Aïnsi, le manchon de Subéroïde dont ce membre est entouré, est comparable à la paroi d'un cylindre creux qui aurait été fortement tordu. L’écorce primaire étant persistante et l’une de ses assises externes génératrice de tissus protecteurs chez les Cryptogames vasculaires etles Monocotylédones, l'assise périphérique du cylindre central n'engendre pas d'éléments secondaires; le plus souvent ses cellules et celles de l'endoderme ou première assise corticale qui la recouvre, s'épaississent très fortement: l'emploi des réactions microchimiques conduit alors à reconnaître que leurs parois sont subérifiées. L’épaississement et la subé- rification peuvent porter sur la totalité de l’assise périphérique et de l’en- doderme (Smilax), ou bien seulement sur Ja totalité de l’endoderme (Iris, Phalangium); mais le plus souvent, chez les Monocotylédones le phénomène est localisé: en regard des faisceaux ligneux, les cellules de ces assises devant engendrer les radicelles ou leur livrer passage, con- servent leurs parois minces et cellulosiques, tandis que vis-à-vis du liber l’épaississement est considérable et la subérification bien marquée. (Vanilla, Epidendron). Chez les Cryptogames vasculaires, ies cellules de la zone interne du parenchyme cortical s'épaississent et se subérifient souvent dans les parties âgées. L'épaississement étant surtout destiné, comme chez les Monocotylédones, à protéger les faisceaux libériens, commence à se produire en regard de ces faisceaux et progresse en direction centrifuge (Pteris arguta, Struthiopteris germanica, Lastrea Filix-mas, etc.) De ce rapide exposé, nous pouvons conclure que l’évolution de l’ap- pareil tégumentaire est liée à celle du système vasculaire. Ce système est-il peu développé, l'écorce primaire persiste, à quelque groupe naturel que la plante appartienne ; les vaisseaux secondaires se forment-ils en grand nombre pour répondre à l'appel croissant des sues nourriciers provoqué par les feuilles, alors l'extension du cylindre central détermine la chute de l'écorce et ce!le-ci est remplacée, au point de vue physiologi- que, par des productions secondaires de l’assise périphérique de ce cylindre. Ainsi, les Dicotylédones à formations vasculaires secondaires précoces, rapides, abondantes et prolcngées, se comportent comme les Gymnospermes, tandis que les Dicotylédones à vaisseaux secondaires tardifs sont, quant à l’organisation de leur tégument radical, compara- bles aux Monocotylédones et aux Cryptogames vasculaires. UT. La production des tissus secondaires de l'appareil tégumentaire TRAVAUX FRANÇAIS. — BOTANIQUE. 211 est soumise, dans chacun des groupes que nous venons de passer en revue, à des conditions physiques dont il est important de déterminer l'influence. D'après M. L. Olivier, la grandeur du diamètre transversal de la racine et le milieu où elle se développe, exercent sur ce phénomène une action très-sensible. Quelques exemples permettront d’en juger. Un certain nombre de végétaux possèdent à la fois des racines aérien- nes et des racines souterraines. Telles sont beaucoup de plantes appar- tenant entre autres aux familles des Aroidées (Tornelia, Anthurium. Raphidophora\, des Pipéracées (Artanthe), des Clusiacées (Clusia), des Marcgraviacées (Ruyschia). Quand, dans la même espèce, on compare des racines aériennes et des racines souterraines de même âge ot de même grosseur, on constate que le liège est plus précoce et plus abondant sur les premières que sur les secondes. Cette influence du milieu est encore plus évidente sur les racines dont la partie supérieure est dénudée et la région inférieure souterraine, comme il arrive souvent chez les Imantophyllum. Un liège peut exister dans la première alors que la seconde, bien que d’égal diamètre, en est dépourvue. Ces faits peuvent être masqués par un phénomène d’un autre ordre, lorsque la grandeur du diamètre vient à varier ; pour nous en rendre compte, considérons d’abord chez une Monocotylédone, par exemple chez lo Scindapsus pertusus, plusieurs racines aériennes du même âge, mais de grosseurs différentes. « Sur les racines grêles, si longues soient-elles, »dit l’auteur !, l'assise pilifère subsiste ; au-dessous d'elle on ne trouve »pas de liège. Au contraire, dès que la racine acquiert une forte dimer - »sion transversale, la membrane épidermoïdale se cutinise, et l’assise »sous-jacente subit, environ vers un demi-centimètre au-dessus de la »coiffe, une série de divisions tangentielles qui donnent naissance à un »manchon continu de liège ; si la racine s’allonge, ce manchon s'allonge végalement; la membrane pilifère s'exfoliant ainsi, tandis que le liège » se forme, c'est ce dernier tissu qui protège le membre à l'extérieur. »Lorsque, sur la même racine, on fait une coupe transversale à un »niveau supérieur à celui où elle à commencé à organiser du liège, il »peut bien arriver que l’on n’en découvre pas, mais qu’au contraire on »y rencontre une assise pilifère et une assise épidermoïdale parfaite- »ment intactes. »Si cette partie, qui peut être très-éloignée du sommet, s'épaissit »suffisamment dans le sens transversal, l’assise pilifère, incapable de se »prèter à l'extension des tissus, meurt et tombe. a ———— ONU Hé sie SSII MU 1 Loc. cit. 212 REVUE SCIENTIFIQUE. »La membrane épidermoïdale fait alors pendant quelque temps fonction »d’épiderme, puis finit par s’exfolier. Cependant l’assise qu’elle recouvre »se cloisonne dans le sens tangentiel et engendre ainsi une épaisse zone »ysubéreuse entremêlée de périderme. »La racine du Scindapsus pertusus présente donc deux lièges, dont »l'un se forme, si la racine est suffisamment épaisse, tout près de la »coifte, et l’autre à une distance quelconque du sommet, lorsque la racine restée longtemps grêle vient à s’épaissir considérablement. »Ces phénomènes ne sont pas particuliers à l'espèce dont je viens de »parler ; ils sont très-fréquents chez les Monocotylédones. Je les ai »suivis chez les Scindapsus pertusus, Raphidophora angustifolia, R. »ppinnatla, Tornelia fragrans, Monstera À dansonii, repens, Surina- »ymensis et argyreia. J'ai reconnu aussi que chez les Philodendron les racines aériennes grêles peuvent acquérir une très grande longueur »sans perdre pour cela leur membrane pilifère ni présenter du liège au- »dessus, tandis qu’elles organisent ce tissu à une très-faible distance do »leur sommet lorsque leur diamètre transversal est assez grand. »Il en est ainsi, du reste, dans les racines terrestres. L'’épaisseur »ymême du manchon subéreux y est subordonnée à la grosseur de la »racine : ce dont il est facile de se convaincre en comparant les tuber- »cules de l’Asphodelus europæus aux radicelles de la même plante. »Cette influence du diamètre transversal explique pourquoi beaucoup »d’espèces monocotylédones dont les racines sont toujours grêles, ne pré- »sentent point de liège dans ces membres: c’est ainsi que je n’en aijamais »trouvé chez l'Oporanthus luteus, le Festuca duriuscula, le Triticum »voulgare, le Secale cereale, l'Hordeum murinum, l'Avena sativa et »beaucoup d’autres plantes. Peut-être réussirait-on à découvrir du liège ydans les racines de ces végétaux, si l’on en obtenait d'assez grosses. » Les Cryptogames vasculaires manifestent des phénomènes du même genre: point de liège dans les racines toujours grêles des Ptertis et des Marsilea ; quelques cellules subéreuses isolées dans les racines un peu moins grèles des Equisetum ; manchon abondant de cellules subéreuses dans les grosses racines d'Angiopteris erecta ; absence de ce tissu dans les racines grêles de la même plante. De même chez les Dicotylédones ligneuses à vaisseaux secondaires tardifs. La production du liège qui, chez ces végétaux, procède de l’une des assises externes del’écorce, est subordonnée à la grandeur du diamètre transversal de la racine, que celle-ci soit terrestre (Jasminum humile) ou aérienne (Rwyschia Souroubea). C'est ici le lieu de faire remarquer l'importance de la méthode compa- rativeen histologie. Si l’auteur des recherches que nous venons d'exposer TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 213 s'était contenté d'étudier l’organisation de l’appareil tégumentaire, au moyen d’une succession de coupes sur la même racine depuis l'extrémité jusqu’à la base, comme on le fait généralement, l'influence du diamètre lui eût échappé. C’est que, si l’allongement s’opère uniquement à une faible distance du sommet, il en est tout autrement du développement transversal. On ne peut en suivre toutes les phases que sur plusieurs racines de même espèce et de même âge présentant des degrés inégaux de croissance. Cette même méthode a permis aussi à M. L. Olivier de montrer que la formation des cellules scléreuses dans la zone interne de l'écorce des Amaryllidées (Agave glauca) et des Monstérinées ([Monstera, Torne- la, etc.),estfonction du diamètre dela racine. Plus ce diamètre est grand et les éléments scléreux âgés, plus considérables sont l'épaississement et la polymérisation de leurs parois. Contrairement à l'hypothèse de M. Cohn ils ne constituent donc pas une réserve nutritive pour la plante : leur rôle est de concourir à la rigidité de la racine et à la protection du cylindre central. Quelle que soit leur longueur, les racines grêles des Monstérinées en sont dépourvues. Ainsi les causes qui règlent l’évolution de l’appareil técumentaire sont : au point de vue physiologique, le diamètre de la racine et le milieu où elle croît; au point de vue morphologique, le mode de développement du système vasculaire, lié lui-même à la durée de la plante et à l’activité de sa transpiration. 4h; Recherches sur le passage de la Racine à la Tige; par M. R. GÉraro. Ann. des. Sc. nat., Bot., tom. XI, 1881, pag. 279, avec 5 planches. I. PHANÉROGAMES.— Depuis les beaux travaux synthétiques des Nä- geli, Moh], Trécul, Van Tieghem, l’anatomie de la tige et de la racine des plantes vasculaires est si bien connue dans ses traits généraux que le champ des recherches se trouve limité, pour ces deux organes, à quel- ques cas anormaux d'importance secondaire. Il nous est à peine besoin de rappeler que ces deux organes possèdent, dès l’âge primaire et aussitôt après la différenciation de tous leurs élé- ments, des structures toutes différentes qui permettent de reconnaître à première vue si l’on à affaire à une tige ou à une racine; que ces carac- tères ne s’accentuent pas par l’âge et la production d'éléments nou- veaux | bois et liber secondaires, suber )}; qu’il s’effacent parfois (Dicoty- lédones) d’une façon presque complète ; c’est donc dans les formations 3e sér., tom. 1. 19 214 REVUE SCIENTIFIQUE. primaires seules qu’il faut chercher leurs caractères propres et essentiels. Je résumerai d'abord ces caractères particuliers à la tige et à la racine. Le point végétatif de la racine donne naissance : 1° à une coiffe pro- tectrice ; 2° à un épiderme primitivement interne ; 3° à un cylindre cor- tical très large ; 4° à un cylindre central étroit. Celui de la tige n’a pas de coiffe ; il forme un épiderme toujours externe dès le début, un cylin- dre cortical étroit, réduit le plus souvent au 1/6 du rayon, un cylindre central large. L'épiderme de la racine {assise pilifère de M.L. Olivier) est formé de cellules à parois minces, non cuticularisées, fortement bombées vers l’ex- térieur, souvent prolongée#en poils radicaux ; elles servent à l'absor- ption, et cessent bientôt de vivre. — L’épiderme de la tige est formé de cellules à paroi externe épaisse cuticulhrisée, fortement unies entre elles, à peine cintrées vers l'extérieur; elles constituent un appareil de pro- tection ; elles persistent ordinairement pendant longtemps. Le cylindre cortical est plus complexe qu’on ne le croyait autrefi is ; il se compose, dans la racine, dela membrane épidermoïdale, dn paren- chyme cortical, et de l'endoderme. La membrane épidermoïdale se forme immédiatement au-dessous de l’assise pilifère absorbante, dont elle détermine la mort. Elle est formée de cellules fortement unies dans le sens radial, se subérisant de bonne heure, de dehors en dedans ; cette membrane paraît avoir été confondue bien souvent avec la couche superficielle, qu'elle remplace. — La mem- brane épidermoïdale n'existe pas dans la tige. Le parenchyme cortical de la racine est formé d'un nombre plus ou moins grand d'assises cellulaires divisées en deux zones : l’une externe, formée de cellules disposées sans ordre, augmentant de volume de dehors en dedans ; l’autre interne, à cellules régulièrement disposées en séries radiales et décroissant de dehors en dedans. — Le parenchyme cortical de la tige présente la même structure, moins nettement indiquée cepen- dant, et sous une épaisseur beaucoup moindre. L'endoderme est une assise de cellules fortement unies entre elles, soit par une forte subérification, soit par le développement de replis spéciaux sur leurs faces communes ; elle présente dans la tige les mêmes caractè- res essentiels que dans la racine, mais atteint rarement le même degré de différenciation ; elle y a quelquefois reçu le nom d’assise amylifère. Le cylindre central commence par une membrane rhizogène au- dessous de laquelle on trouve des faisceaux vasculaires et un tissu con- jonctif. Dans la racine, la membrane rhizogène est le plus souvent continue ; TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 215 c'est une assise formatrice chargée de donner naissance aux radicelles ; chez les Dicotylédones, elle contribue ensuite à former lazone cambiale, et donne naissance, plus tard encore, au parenchyme cortical secondaire et au suber.— Dans la tige, la membrane rhizogène est le plus souvent interrompue en dehors des faisceaux vasculaires ; elle est essentiellement et toujours rhizogène. Les faisceaux vasculaires appuyés ordinairement contre la couche rhizogène dans la racine, y sont alternativement libériens et ligneuæ, séparés latéralement par une ou plusieurs assises de tissu conjonctif ; ils ont un développement centripète. — Ceux de la tige s'appuient contre l’endoderme ; ils sont doubles, libéro-ligneux, à développement centri- fuge, le bois et le liber étant superposés dans le sens radial. Le tissu conjonctif est souvent réduit, dans la racine, aux lames qui isolent les faisceaux ligneux des faisceaux libériens ; il est, dans tous les cas, fort peu développé ; — dans la tige, il forme les rayons médullaires primaires et une large moelle. Pour compléter ce parallèle, ajoutons que le cambium destiné à pro- duire les formations secondaires des Dicotylédones n’a pas la même ori- gine dans la tige et la racine de ces végétaux. Dans la racine, il tire son origine du tissu conjonctif et de l'assise rhizogène en arrière des fais- ceaux ligneux ; dans la tige, il est formé par des assises non différenciées du procambium, et se constitue entre les faisceaux, aux dépens du tissu conjonctif constituant les rayons médullaires. On voit donc que toutes les parties constitutives des deux organes pré- sentent des caractères différentiels. Il me semble difficile dès lors de prendre comme critérium les caractères tirés uniquement de l'appareil tégumentaire, comme on le fait généralement. J'ai pensé qu’il fallait considérer tous les éléments et les comparer ; c'est pourquoi, partant de la racine type; j'ai cherché à déterminer le point exact où la partie considérée possède à la fois tous Les caractères de la tige ou tous les caractères de la racine. L’épiderme nous fournit une limite externe facilement observable chez tous les végétaux, mathématique en quelque sorte, en raison même de sa cause productrice (la formation de la coiffe) ; quelque importance pour- tant qu’on accorde à ce caractère, il ne peut permettre de négliger ceux que fournit la structure interne. Il y à donc lieu de les considérer tous, quand il s’agit de déterminer la limite entre la tige et la racine. On reconnaît en effet wne limite externe, bien définie, rigoureuse, marquée par la juxtaposition des éléments constitutifs de la coiffe et des cellules épidermiques de la tige ; c'est la seule qui existe dans l’em- 216 REVUE SCIENTIFIQUE. bryon et chez les végétaux dégradés, où la différenciation des tissus in- ternes ne s’établit pas avec l’âge. La limite interne comprend une région plus ou moins étendue de l’axe, commencant tantôt au-dessus, tantôt au-dessous de la limite externe et se terminant à des hauteurs diverses, tantôt dans l’axe hypocotylé, le plus souvent à la hauteur des cotylédons, quelquefois au-delà. Dans cette région, les éléments internes de la racine se modifient, se déplacent et tendent à donner à l’axe la structure type de la tige. Voyons maintenant comment s'effectue ce passage. II. HISTOIRE DU PASSAGE. — I. Caractères extérieurs de l'axe hypo- cotylé. LE COLLET EXTERNE.— En germant, la graine donne naissance à une plantule divisée en trois parties : le ou les cotylédons, la tigelle et Ja radicule. Ces deux dernières parties nous intéressent seules ; elles sont nettement séparées par la transformation du système tégumen- taire. La radicule se développe toujours d'une façon assez considérable pour être facilement perceptible ; il n’en est pas toujours de même de la tigelle, qui, très étendue dans certains cas, est ailleurs assez peu déve- loppée pour échapper à une inspection faite même avec un certain soin et sembler faire défaut. Ce dernier cas, rare chez les Dicotylédones, est commun au contraire chez les Monocotylédones. L'union de ces deux parties s'opère de différentes façons : a. Le diamètre de la radicule s’accroit insensiblement, pour atteindre celuide la tigelle, qui est cylindrique; cette radiculeest longuement coni- que. C’est le mode de jonction le plus simple et le plus répandu. b. La radicule reste étroite sur la plus grande partie de son parcours, elle prend dans les quelques millimètres supérieurs le diamètre de la tigelle (Datura, Impatiens), Ces deux premières modes de jonction se rencontrent chez des végétaux grêles. c. Le troisième cas est fréquent, au contraire, chez les végétaux à plantule volumineuse (Haricot, Ricin, Melon). La radicule reste grêle sur Ja plus grande partie de son parcours. Elle devient trois ou quatre fois plus considérable dans sa partie supérieure. La tigelle est toujours fort développée transversalement. d. Lorsque la tigelle est rudimentaire, l'insertion du ou des cotylé- dons correspond toujours à un renflement terminal. IT. LE COLLET INTERNE et son rapprochement du colletexæterne.—Pris dans leur plus grande étendue, les modifications internes peuvent débu- ter dans la partie supérieure de la radicule et no se terminer que dans le quatrième entre-nœud, mais elles dépassent rarement les cotylédons TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 217 (Viciées). Elles peuvent s’opérer entièrement dans la radicule ( Ricin), occuper une partie de cet organe et tout ou partie de la tigelle; ces cas s’observent en général chaque fois que la radicule se renfle rapidement à son sommet (Acer, Citrus, Cucurbita) ; maïs le diamètre de la plante jouant un rôle évident dans la rapidité du passage, celui-ci s’achèvera beaucoup plus vite quand la radicule est étroite ; enfin, le collet interne peut être localisé dans la tigelle et occuper tout ou partie de cet organe. Lorsque la plantule ne possède qu’une tigelle rudimentaire, le collet intéresse la nodosité terminale et une partie de la racine. Le plus souvent, le passage s'effectue complètement et doucement dans l'axe hypocotylé; mais lorsque les éléments de la racine arrivent aux cotylédons et s’y rendent en entier sans avoir réalisé le type caulinaire, on observe un saut brusque à la base du premier entre-nœud, car l’axe sorti de la gemmule possède toujours les éléments de la tige normalement disposés (Raphanus, Impatiens glanduligera, etc. ). Pendant le passage, chaque élément à une conduite indépendante de celle des éléments voisins : les uns pourront avoir terminé leurs transfor- mations, alors que d’autres n'auront pas commencé les leurs ; le passage peut débuter indifféremment par l’un ou l’autre d’entre eux ; tel qui inau- gure ici le passage, sera là le dernier à s'adapter. La rapidité des modifi- cations de chaque élément est variable avec l’espèce; le mouvement, con- tinu ici, se décomposera là en plusieurs temps plus ou moins espacés. De là une foule de combinaisons qui donnent à la région transitoire les aspects les plus variés. III. Voyons maintenant comment se comportent ces éléments dans le passage. Système tégumentaire. — Si l'apparition de l'épiderme cuticularisé est instantanée, ses éléments sont loin de présenter dès la base de la tigelle la forme caractéristique des cellules protectrices de la tige primaire. Ces cellules ressemblent d'abord beaucoup aux cellules épidermiques de la racine, la cuticule fort légère ne s’accentue que peu à peu; l’aplatisse- ment de dehors en dedans, l’union des parois radiales pour constituer une membrane résistarte, l'augmentation de volume, ne s'observent que progressivement. Il y a là une véritable accommodation, un passage qui, en n’enlevant rien de sa valeur à la délimitation mathématique fondée sur la genèse de la coiffe, n’en laisse pas moins matière à la discussion. Les modifications delamembrane épidermoïdale, liées aux précédentes, sont également intéressantes. Sa subérification cesse immédiatement avec l'apparition de la cuticule (elle n’a plus de raison d’être}, mais la forme 218 REVUE SCIENTIFIQUE. de ses éléments ne se modifie qe progressivement ; ils diminuent de volume, s’arrondissent et se confondent bientôt avec le parenchyme cortical ; ils deviennent parfois presque aussitôt collenchymateux. Le parenchyme cortical n'a de modifications à subir que dans son diamètre. La diminution de son volume est très lente, et il est rare que les deux cylindres possèdent la puissance qu’on leur connaît dans la tige au-dessous des cotylédons. Il est bon d’ajouter cependant que dans ce passage le rôle du parenchyme cortical est presque entièrement passif, car l'agrandissement du cylindre central (et par conséquent l’étendue relative du parenchyme cortical) est entièrement dû à l'apparition plus ou moins hâtive et au développement plus ou moins considérable du tissu con- jonctif central. Les transformations de l'endoderme sont lentes, graduelles, et s'ef- fectuent en des moments variables selon les végétaux. Celles de la membrane rhizogène s’opèrent de même; la disparition des cellules opposées au liber correspond toujours, à peu de ch:se près, à la formation des faisceaux libéro-ligneux. Au point de vue générateur, le péricambium perd la propriété de don ner naissance au cambium en face des faisceaux vasculaires, dès que ces faisceaux s’avançcant dans la moelle l'ont quitté; le tissu conjonctif inter- posé hérite de ce rôle. La formation du suber et du parenchyme cortical secondaire à ses dépens ne s'éteint que peu à peu, mais cesse complète- ment avant l'insertion des cotylédons. Comme conséquence : une partie du cylindre cortical de la tigelle est sujet à la desquammation comme celui de la racine. | L'extension du tissu conjonctif du cylindre central domine toutes les modifications du cylindre central ; elle est de toute rigueur chez les végétaux dépourvus de moelle, afin de fournir l’espace nécessaire aux mouvements des faisceaux conducteurs. Il doit non-seulement se déve- lopper au centre pour constituer la moelle {ou l'agrandir}, mais s’inter- poser entre les faisceaux vasculaires et la membrane rhizogène, repous- ser ceux-ci vers l’intérieur et en prendre la place. Pour que le passage s'opère complètement dans l’axe hypocotylé, il faut qu'il apparaisse en ces deux points ! : s’il ne se produit pas vers l'extérieur, les faisceaux ligneux restent centripètes. C’est dans ce cas qu’il y a un saut brusque à la base du premier entre-nœud. Faisceaux conducteurs. — Un grand fait prime la formation des fais- ceaux libéro-ligneux : les faisceaux libériens et vasculaires de la racine se segmentent en deux parties; les segments voisins des deux tissus con- La racine étant supposée dépourvue de moelle, . TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 219 ducteurs se rapprochent, se superposent et se confondent en faisceaux libéro-ligneux. De là, l'axe présente typiquement, lors de la réalisation du type caulinaire, un nombre de faisceaux libéro-ligneux égal à celui des faisceaux conducteurs isolés de la racine, mais la confluence des faisceaux libéro-ligneux deux à deux vient souvent voiler cette règle. Deux cas se produisent alors : les deux faisceaux peuvent emprunter leur bois à la même masse vasculaire radicale ou à deux masses vasculaires voisines : c'est alors le faisceau libérien intermédiaire qui se reconstitue. I! est de règle que dans la superposition des deux tissus, chacun fasse la moitié du chemin. Il peut arriver cependant que l’un ou l’autre le fasse complètement: le bois, lorsque les faisceaux nombreux et serrés ne per- mettent pas le mouvement du liber. Le déplacement du liber seul est plus rare : les Medicago, Lathyrus, Ervum, le Dattier, nous en présentent des exemples. Je résumerai en peu de mots la conduite très diverse des éléments du bois en divisant le passage en plusieurs temps qui se produisent succes- sivement, mais à des hauteurs variables et plus ou moins rapidement selon les végétaux. Ils sont parfois rendus moins nets par la confusion de plusieurs d’entre eux: 1° Le nombre des éléments du faisceau augmente dans la proportion de deux à trois, et ces éléments égalisent leurs diamètres. Ce fait est sur- tout sensible chez les Monocotylédones, où les vaisseaux internes ponc- tués sont considérablement plus larges que les trachées primitives ; 20 Ces éléments, pressés par le développement du tissu conjonctif, se groupent en massifs cunéiformes ; les faisceaux formés d’éléments uni- sériés plus bas, disposent ces éléments sur deux ou plusieurs files. Ils permettent ainsi : 3° La segmentation longitudinale en deux faisceaux parallèles par introduction du tissu conjonctif en leur milieu ; 4° Le tissu conjonctif se développe en grande quantité entre les par- ties profondes de ces lames, les repousse latéralement contre le liber et amène la formation des faisceaux libéro-ligneux; 5° Les trachées primitives quittent la membrane rhizogène, s’avancent dans la moelle, et bientôt chaque demi-faisceau ligneux prend une orien- tation perpendiculaire au rayon (orientation sécantielle) qui persiste généralement pendant assez longtemps ; 6° Les faisceaux passent de l'orientation sécantielle à l’orientation centrifuge. Les cinq premiers mouvements des masses vasculaires se passent eutièrement au sein du bois par des refoulements, des reculs, des con- centrations, des chevauchements des éléments. Il est rare au contraire 220 REVUE SCIENTIFIQUE. de voir Ja sixième phase s’opérer par le seul mouvement du bois, il ne s’observe jamais que dans les cas où le végétal possède une large moelle ; la nouvelle orientation s’obtient par un mouvement de volet, le bois tournant sur le liber, qui reste fixe. Le plus souvent c’est un déplacement du faisceau libéro-ligneux tournant sur lui-même qui produit la nouvelle orientation. Enfin elle peut encore résulter de la fusion de deux faisceaux libéro-ligneux voisins; j'ai signalé plus haut les conditions différentes dans lesquelles s’opérait cette fusion. Ces mouvements ne s’opèrent pas avec la même rapidité dans tous les faisceaux : les éléments destinés aux cotylédons, et parmi eux les élé- ments de la nervure médiane, sont toujours les plus lents à s'adapter ; il y a parfois un retard considérable. La superposition du bois au liber n’est jamais immédiate chez les Dicotylédones. Il reste toujours entre les deux tissus une ou plusieurs rangées de cellules conjonctives qui se segmentent bientôt, donnant nais- sance au cambium ; c'est le cambium intra-libérien de la racine qui se continue jusque sous les cotylédons. Il y a encore là un caractère de transition. Les faisceaux libériens se comportent beaucoup plus simplement que les faisceaux ligneux. Ils multiplient d'abord leurs éléments d’une facon notable, puis s'étendent le long de la membrane rhizogène, se rap- prochent du bois : la superposition se trouve facilitée. Dans le cas le plus général, chaque faisceau libérien semble se cou- per radialement en trois parties. Les segments extrêmes doivent seuls être regardés comme libériens ; ils s’opposent seuls au bois. Les parties médianes sont véritablement formées par le procambium générateur des faisceaux conducteurs du premier-entrenœud qui se mettent en com- munication avec les faisceaux de la racine. Les faisceaux libéro-ligneux peuvent se diviser en un nombre fort divers de masses ; dans ce cas, les règles générales posées plus haut sont moins évidentes. Les phénomènes de passage sont essentiellement les mêmes chez toutes les Phanérogames. Ils semblent s'opérer plus rapidement chez les Mono- cotylédones que chez les Dicotylédones, sans pour cela que le collet interne se réduise & un plan en aucun cas. En raison de la rapidité des mouvements, ils ne se laissent pas analyser aussi facilement chez les premiers. Il me serait impossible de résumer de la même façon le passage chez les Cryptogames vasculaires. Je me contenterai de dire qu’il est des plus simples, localisé dans le voisinage et à peu près à la hauteur du pied, et qu’il consiste surtout dans le refoulement des faisceaux ligneux vers BOTANIQUE. 221 le centre, et l'occupation immédiate de l’espace abandonné par les fais- ceaux libériens qui entourent ainsi rapidement et complètement le bois. RC. Observations sur les Loranthacées ; par M.M. Traus. Ann. du Jardin bot. de Buitenzorg, vol. II, pag. 54-76, avec 8 PI. La dégradation organique et la confusion des fonctions, assez com- munes chez les parasites, rend leur étude d'autant plus intéres- sante. Chez les Loranthacées, le parasitisme se traduit notamment par des dégradations dans les organes sexués, et plus particulièrement dans les parties essentielles de l'ovaire, les placentas et les ovules. L'auteur étudie le développement du sac embryonnaire et de l'embryon du Loranthus sphærocarpus BI. On sait que Hofmeister attribue aux Loranthacées un ovule orthotrope, dépourvu de tégument et renfer- mant plusieurs sacs embryonnaires. M. Decaisneet M. Van Tieghem ont formulé des conclusions différentes : ils considèrent le mamelon central, né au milieu des carpelles, comme un placenta, sur les côtés duquel se développent 3 ou 4 sacs embryonnaires, représentant des ovules réduits au minimum. M. Treub la modifie légèrement, d’après les observations fort mi- nutieuses qu il discute dans ce mémoire, et conclut que la région axile du mamelon constitue un placenta, que les 3 ou 4 segments latéraux li- bres sont des ovules rudimentaires. C'est là un cas de dégradation orga- nique des plus intéressants, dont la structure des Thesium, Santalum, Osyris, facilite singulièrement l'intelligence. Chaque sac embryonnaire résulte de la différenciation d’une cellule sous-épidermique de l'ovule rudimentaire, et surmonte deux anti- clines. Les 3 ou 4 sacs s'allongentensuite beaucoup et s'élèvent jusqu'à la base du style. Au moment où ils sont complètement développés, ils ont une gaîne épaisse et renferment une provision d'amidon que l'embryon consommera plus tard. Chaque sac embryonnaire produit généralement un embryon, ce qui s'accorde avec ce fait que ces sacs tirent leur origine d'ovules dif- férents, quoique très-rudimentaires. Il paraît que l'œuf fécondé se di- vise tout d'abord par une cloison longitudinale; puis apparaissent des cloisons transversales qui séparent le proembryon en un suspenseur extrêmement long, et un embryon. Au fond du sac, se développent en même temps des cellules d'albumen que traverse l'embryon, poussé par l'allongement excessif du suspenseur. L'embryon est doncamené tout au fond du sac. 3e série, tom. 1. 16 222 REVUE SCIENTIFIQUE. Plusieurs des embryons primitivement formés avortent plus tard. L’embryon persistant subit lui-même des changements intéressants, surtout dans la position qu'il occupe relativement à l’albumen et aux tissus qui l'entourent. Recherches sur les Cycadées; par M. M. Treus. Ann. du Jardin bot. de Buitenzorg, vol. II, pag. 32-53, avec 7 PI. L'auteur, profitant de sa position de Directeur du Jardin de Buitenzorg (Java), entreprend sur quelques groupes tropicaux des études anatomiques que la science réclame depuis longtemps. Il étudie d’abord le développement des sacs polliniques du Zamia muri- cata Willd. Chaque écaille staminale porte sur sa face inférieure 20 à 24 sacs polliniques, insérés de chaque côté de la ligne médiane. Ils y apparaissent successivement sous forme d'un mamelon de méristème. Le sac pollinique paraît formé tout d'abord par la division descellules sous-épidermiques ; le tissu interne s'accroît, et bientôt apparaît au centre un groupe de cellules plus grandes que leurs voisines, à cloisons moins régulières: ce sont les cellules mères primordiales du pollen. Elles continuent à se segmenter et finissent par former une grande masse centrale, enveloppée de quelques assises-limites. Ces cellules mères primordiales subissent deux divisions successives pour donner naissance aux grains de pollen. Ces divisions se font, à part quelques détails, suivant le mode décrit par M. Strasburger ; elles sont ordinai- rement perpendiculaires l’une à l'autre. Quant au mode de formation des membranes propres à chaque grain de pollen, M. Treub croit, con- trairement à l'opinion généralement admise, qu'elles ne sont autre chose que les couches internes, s'épaississant peu à peu, des cloisons entourant les quatre cellules filles. M. Treub décrit ensuite le développement de l'ovule et du sac em- bryonnaire du Ceratozamia longifolia Miq. Beaucoup d'observateurs ont successivement abordé l'étude de la fleur femelle des Cycadées, mais les matériaux dont on dispose en Europe pour un travail de cette nature, permettent rarement d'en suivre tous les détails. Les fleurs femelles, en forme d'épis allongés, portent un grand nom- bre d'écailles (carpelles) disposées comme les écailles sporangifères autour de l’axe d'un Equisetum. Chaque écaille produit deux lobes la- téraux; chaque lobe constitue un ovule. Avant même qu'aucune diffé- renciation apparaisse à la surface de ces lobes, il y a, au-dessous de l’épiderme, dans lelobe du carpelle, différenciation d'un groupe de cellules, au milieu desquelles se distinguent dès lors les cellules BOTANIQUE. 293 « primordiales ». C'est alors seulement que le tissu qui recouvre ce groupe de cellules primordiales s'élève en un mamelon (nucelle). que le tissu qui l'entoure s'accroît aussi pour former le tégument. Le nucelle a donc une origine sous-épidermique. C'est vers celte époque qu'apparaît au milieu du nucelle une cellule plus grande que les autres, la cellule mère du sac embryonnaire. Elle se divise plus tard ordinairement en 3 éléments superposés. C'est normalement la cellule inférieure de cette rangée qui devient le sac embryonnaire, tandis que les ? autres, refoulées, disparaissent. Peu à peu, presque toutes les cellules du groupe primordial sont résorbées par suite de l'accroissement du sac embryonnaire. Un peu plus tardles cellules d'endosperme s'individualisent autour des noyaux répandus dans le protoplasma du sac. M. Treub n'hésite pas à considérer comme établie l'homologie des ovules et des macrosporanges des Cryptogames vasculaires, et notam- ment des Marattiacées ; le nucelle et le tégument seraient des créa- tions nouvelles dont on ne trouve pas d'homologues dans les Crypto- games. Marine algæ of New England and adjacent Coast ; par M. J. Farrow. Washington, 1881. La flore marine de l’Amérique du Nord n'avait donné lieu jusqu'ici qu'à un petit nombre de publications. En 1847-49, le professeur Bailey publiait quatre-vingt-six espèces d'Algues de cette région; vers le même temps, M. Olney donnait une liste de quarante-cinq Algues de Rhode Island. Le travail le plus important auquel cette flore ait donné lieu est l'ouvrage classique de Harvey (Nercis boreali-American1). Depuis 1857, il n’a été publié sur ce sujet que quelques notes éparses dans différentes revues améri- caines. On s'étonnerait pourtant qu’il y eût beaucoup à ajouter au travail de Harvey, si on ne savait que ce savant séjourna quelques semaines seulement sur les côles des Etats-Unis ; c'est ce qui explique que des espèces très apparentes et remarquables par leur beauté n'aient pas été vues par lui. Il y avait donc là une grande lacune que M. Farlow a le mérite de combler. Élève de MM. Bornet et Thuret, il ajoute à nos con- naissances des documents fort utiles pour la connaissance de la flore marine des côtes américaines de l'Atlantique. 224 REVUE SCIENTIFIQUE. La flore de la Nouvelle-Angleterre ne paraît pas riche en espèces, même relativement aux autres régions tempérées, bien qu'on ne puisse pas dire encore si elle est réellement pauvre. C'est au micros- cope surtout qu'il faut demander la distinction des espèces dans les régions tempérées. Les formes brillantes qui attirent les regards ne sont pas fréquentes dans cette région; ce sont les seules pourtant que récoltent les amateurs, ce qui explique pourquoi tant d'espèces n'y avaient jamais été signalées. La rigueur du climat rend difficile la récolte pendant l'hiver, et comme chaque saison a sa flore, c'est là une cause nouvelle de l’ignorance où nous sommes. Le travail de M. Farlow comprend l'étude des côtes du Connecticut, du Massachusets et de Long Island. Si nous jetons un coup d'œil d'ensemble sur la végétation marine des côtes de l'Amérique septentrionale au nord du cap Cod, nous devons reconnaître aussitôt qu'elle a un caractère arctique très pro- noncé, qu’elle est une continuation de la flore de Groenland. Dès qu’on dépasse le cap Cod vers le Sud, la flore marine prend un aspect tout différent. Les formes arctiques et boréales ont disparu pour faire place aux Dasya elegans, Rhabdonia tenera, Chondria tenuis- sima, Sargassum vulgare, toutes caractéristiques des mers chaudes. La flore de Long Island, s'étendant du cap Cod à New-Jersey, a bien des points communs avec celle du nord de l'Adriatique. Les Da- sya elegans, Polysiphoma variegata, le Chondria Beileyana (C. striolata Zan.), le Lomentaria Baileyana (L. uncinata), communes aux environs de Venise, sont ici les plus abondantes. Il faut cependant faire une réserve en ce qui concerne les Coralli- nées et les Siphonées, si nombreuses dansl'Adriatique, à laquelle elles impriment un caractère subtropical ; ces deux groupes ne sont pas aussi richement représentés à Long Island. Le cap Cod divise donc notre flore en une région septentrionale et une région méridionale, tellement bien limitées que la différence est complète entre des localités situées à quelques milles à peine l'unede l'autre. ! On sait que l'étude de la faune de l'Amérique du Nord a fourni les mêmes résultats. Il est fort intéressant de rapprocher les conclusions du travail de M. Farlow des résultats obtenus par les zoologistes américains, sur la distribution des Mollusques dans les mêmes parages. De même qu'un rapprochement s'impose entre la flore marine de la région au nord du cap Cod et les régions boréales de l'Europe, M. Lüven et M. G.-0. Sars ont montré qu’un très grand nombre de Mollusques trouvés précisément au même point de la côte américaine, et détermi- BOTANIQUE. 225 Les espèces les plus communes sur toute la côte des États-Unis sont presque toutes aussi fort répandues sur les côtes d'Europe ; nous pourrions citer les Fucus et les Laminaires, une foule de Floridées, de Chlorosporées et de Cryptophycées. Nous y trouvons aussi quelques espèces franchement américaines. Au nord du cap Cod, c’est, de l’autre côté de l'Atlantique, avec la flore scandinave, que la flore américaine présente le plus de ressem- blance ; il y a une frappante identité entre ces deux régions. La pré- dominance des grandes Phæosporées(Laminaires et Fucus! en est tout à fait caractéristique ; sauf une ou deux espèces, toutes sont com- munes à la Norwège et aux côles septentrionales de l'Amérique, et il est bon d'observer que beaucoup de ces espèces ne s'étendent pas vers le Sud au-delà de l'Écosse. Les côtes au sud du cap Cod sont bien plus riches en brillantes Flo- ridées. L'absence totale des Dietyotées est remarquable sur les rivages américains ; On n’en trouve aucune au nord de Norfolk (Virginie) ; il en est de même des Cutlériées. Les Nitophyllum, si répandus sur les côtes européennes, y sont rares; les Plocamium coccineum, Gelidium corneum, Fucus serratus, Himanthalia lorea, Codium tomentosum, y sont fort rares ou totalement inconnues. À la suite de l’Introduction, à laquelle nous empruntons les lignes qui précèdent, M. Farlow expose fort brièvement el avec beaucoup de clarté l'organisation et la classification des Algues marines. Il donne ensuite la description de 111 genres et des 240 espèces qu’il a trouvées jusqu'ici sur les côtes de la Nouvelle-Angleterre. Il con- sidère son œuvre comme étant encore incomplète et croit pouvoir conclure pourtant, des recherches qu'il a faites sur la Méditerranée, les côtes européennes et les côtes américaines de l'Océan, quela florede la zone qu'il a explorée en Amérique est notablement plus pauvreque celle de Cherbourg et de l'Angleterre; elle se rapproche beaucoup de celle des côtes scandinaves, a L'organisation des Cœnogonium et la théorie des Lichens; par M. J. Müzcer. Arch. de la Bibl. univ, de Genève, oct. 1881, pag. 370-373. L'auteur croit avoir trouvé dans le Cœnogonium pannosum Müll. des filaments hyphoïdaux en continuité directe avec les gonidies fila- nés par Couthoy, Stimpson et Gould, sont identiques avec ceux qui ont été recueillis par eux dans les eaux du Finmarck. Voy. à ce sujet : G.-O. Sars : Bidrag til kundskaben om Norges arktiske fauna. Kristiania, 1878. 226 REVUE SCIENTIFIQUE. menteuses vertes propres à ce genre, eten tire naturellement la con- clusion que la théorie algolichénique est fausse. Il dit aussi avoir reconnu dans les hyphes incolores, au moyen d’objectifs à immer- sion, les microgonidies, sur lesquelles M. Minks a tant insisté. Les relations anatomiques entre les filaments hyphoïdaux et les gonidies nous semblent pourtant difficiles à concevoir. Sur quelques Myxomycètes à plasmode agrégé; par M. Ph. Van Tiecuem. Bull. Soc. bot. de France, 26 nov. 1880. Les recherches de M. Cienkowski ont établi en 1873 que les myxa- mibes des Myxomycètes ne se fusionnent pas toujours pour former le plasmode. Dans le Guttulina rosea, les myxamibes s’agrègent seule- ment sans se fusionner et forment un massif de cellules nues capa- bles de glisser les unes surles autres; c’est à leurs dépens que le fruit s’édifie plus tard. M. Van Tieghem décrit un genre nouveau de ces Myxomycètes agrégés ; il ajoute deux nouvelles espèces au genre Guttulina Cien- kowski. L'Acrasis granulata se compose d'un filament dressé, formé d’une seule file de cellules qui se termine par un chapelet de spores sphé- riques, brunes, de 10-15 m; la cellule inférieure du filament est dilatée en forme de crampon palmé; la spore, en germant, pro- duit un myxamibe sans noyau qui se multiplie par une série de bi- partitions successives ; les cellules nues ainsi constituées demeurent complètement indépendantes. Au moment de la reproduction, elles glissent los unes sur les autres, pour former un cône qui s'élève perpendiculairement à la surface nutritive. Les cellules axiles pren- nent les premières une membrane de cellulose et forment le pied ; les cellules externes s'élèvent en glissant le long de l'axe solide, se superposent à lui et les unes aux autres, se revêtent d’une mem- brane de cellulose et constituent des chapelets de spores. On comprend que les dimensions absolues de chaque fruit soient essentiellement variables ; elles dépendent du nombre des myxamibes qui se sont rencontrées. Si les conditions sont défavorables à la for- mation du fruit, les myxamibes s enkystent. M. Van Tieghem distingue les Myxomycètes agrégés des Myxomy- cèles à plasmode fusionné, qui constituaient autrefois toute cette grande famille, et les réunit sous un même chef: ils forment la famille des Acrasiées. BOTANIQUE. 297 Les travaux du laboratoire de Carslberg (Danemark). Il y a quelques années, le propriétaire d'une brasserie bien connue des environs de Copenhague, la brasserie de Garlsberg, adressait à l'Académie danoise des Sciences etdes Lettres un rapport dans lequel il développait les considérations qui le conduisaient à annexer à sa brasserie un laboratoire d'études chimiques et physiologiques. L'intention de M. Jacobsen, en fondant ce laboratoire, était surtout de fournir aux savants les moyens de se perfectionner et de se spé= cialiser. Pour atteindre ce but, il instituait un fonds de un million de couronnes (1,400,000 fr.}, destiné à contribuer à l'avancement des sciences. Depuis 1876, un revenu annuel de 20,000 couronnes est mis à la disposition du laboratoire, qui à la mort du fondateur disposera d’un revenu annuel de 50,000 couronnes. L'Académie danoise accepta la mission qui lui était confiée, de choisir elle-même les directeurs du nouveau laboratoire. Cette institution généreuse, établie et conduite avec le sentiment de profond patriotisme qui est l’un des caractères du peuple danois, a produit les meilleurs résultats. Depuis 1878, trois fascicules de mémoires ont été publiés par la direction du laboratoire. Bien que les deux premiers aient été ana- lysés déjà dans plusieurs revues étrangères, il me paraît utile d'en résumer au moins les travaux les plus importants, avant d'aborder l'examen du troisième fascicule paru en 18811. M. Pedersen (fascicule I, 1878) étudie l'Influence de la température sur la propagation des cellules de levüre basse du Saccharomyces cere- visiæ. Il s'agissait de doser la levüre et d'en suivre les progrès pendant les différentes périodes de la fermentation. L'auteur essaya d'abord la méthode du pesage après filtration; mais elle interrompt la fermentation, et amène forcément un trouble con- sidérable dans les opérations ; les cellules peuvent continuer à se mul- tiplier pendant l'opération même, ce qui enlève au procédé toute son exactitude; en outre, les cellules de levüre sont entourées de li- quide, même après la filtration, ce qui augmente le poids total; enfin le poids de l’ensemble ne dépend pas seulement de la multiplication 1 Meddelelser fra Carlsberg laboratoriet, fasc. I, 1878 ; fasc. II, 1879, fasc. III, 1881. Copenhague, Hagerup, éditeur. 228 REVUE SCIENTIFIQUE. des cellules, mais de l’augmentation du poids de chacune d'elles. I1 fallut donc abandonner ce procédé. L'observation de cellules isolées cultivées dans la chambre humide employée par M. Van Tieghem, ne fournit pas non plus de bons ré- sultats, car différentes cellules placées dans les mêmes conditions pré- sentent des divergences assez grandes; il faudrait, pour obtenir une moyenne satisfaisante, multiplier outre mesure des observations fort délicates. Devant ces difficultés, M. Pedersen songea à compter le nombre de cellules contenues dans un volume donné d'un liquide lorsqu'elles y sont uniformément réparties. L'appareil employé se compose d’une lame de verre porte-objet sur laquelle est collée une lame de verre de 1/5 de millim. d'épaisseur et perforée à son centre d'un trou rond. En déposant au centre de la chambre ainsi formée une petite goutte du liquide à examiner, et en la recouvrant d'une lamelle couvre-objet épaisse et parfaitement plane, on obtient une couche de liquide dont l'épaisseur est de 1/5 de millim. Dans l’oculaire du microscope est disposé un micromètre divisé en carrés égaux (Zeiss), dont la projection divise la couche de liquide de la chambre en petits prismes de 1/5 millim. de haut, ayant chacun pour base la projection d’un des carrés du micromètre. Chacun de ces prismes peut être regardé comme une unité de volume; c'est le nombre moyen des cellules de levûre qui y sont contenues qu’il s'agit de déterminer. Le liquide ayant été fortement agité pour que les cellules s'y répar- tissent également, une goutte est placée sur la lame porte-objet; il suffit alors de compter le nombre des cellules qui correspondent à un certain nombre de carrés pour en déduire une moyenne: elle sera d'autant plus juste que le liquide aura été mieux agité et qu'elles auront été plus également réparties. Ces questions de procédé une fois bien déterminées par des essais fructueux, M. Pedersen cultive le Saccharomyces dans un moût clair non houblonné, placé dans les différentes chambres de l'appareil ther- mostatique de M. le professeur Panum. Il essaie d’abord de déterminer la vitesse avec laquelle des cellules de levüre se propagent à différentes températures constantes ; les aifiérences sont énormes : en effet, une quantité de levûüre qui au moment de la mise en expérience donnait 64 cellules par unité de volume, produisit en vingt-quatre heures, pour 100 cellules semées de Saccharomyces, les nombres suivants de cellules: BOTANIQUE. 229 22500476 1200: 1759. °63977400 à 40,5 : - 23° 28.4 IR Le nombre d'heures qu’exige la formation d'une génération de cel- lules est aux mêmes températures de ADP ED; 7670 5,8 9 (Pas de développement). On voit par là que la vitesse avec laquelle la levüre basse du Sac- charomyces cerevisiæ se propage dans du moût non houblonné, croît avec la température, mais non proportionnellement, jusqu’à un opti- mum compris entre 28 et 34°, qui paraît toutefois plus rapproché de 280 : au-delà de cette température, la vitesse de propagation décroit rapidement jusqu'à un maximum qui n'est pas supérieur à 38°, puis- que les cellules cessent de s'y multiplier. Si l’on poursuit l'expérience pendant deux jours, on reconnaît que la marche des phénomènes n’est plus la même. Ainsi les nombres d'heures qu'exige la formation d'une génération deviennent COMMEG 4e 1080 ALAN TE SP D 100 En résumé, pendant le second jour, la propagation des cellules, qui le premier jour avait son optimum à 28°, s'est faite plus rapidement à 13°,5 qu’à 4° et à 230, température à laquelle elle a presque cessé. Dans une troisième série d'expériences poursuivie pendant huit jours, le nombre des cellules produites dans le liquide nourricier à 139,5 et à 28° est le même et, dans les deux cas, environ vingt fois plus grand que celui des cellules semées. On peut conclure de l’ensemble de ces recherches que la tempéra- ture a de l'influence sur la rapidité avec laquelle les cellules de levûre se propagent, mais qu'elle n’en a aucune sur le nombre total des cel- lules qui se forme définitivement dans une quantité donnée de liquide nourricier. Nous ne pouvons que mentionner ici les mémoires de M. J. Kjel- dah], sur les variations du pouvoir rotatoire du moût de bière pendant la fermentation; sur le dosage de l'extrait et de l'alcool ; sur les ferments. producteurs du sucre ; sur l’invertine ; enfin sur les hydrates de carbone de l'orge et du moût. Ces travaux intéressent plus particulièrement les chimistes que les naturalistes , nous ne pouvons songer à les résumer. Il en est de même des recherches de M. Pedersen sur l'influence qu'exerce la températuresur la production de l'acide carbonique au cours de la fermentation et sur l'influence de l'air atmosphérique sur la fer- mentalion . M. E. Chr. Hansen vient de publier un important mémoire sur le 230 REVUE SCIENTIFIQUE. Saccharomyces apiculatus, au point de vue morphologique et physiolo- gique (fasc. III, 1881). On s’est bien souvent demandé où les cellules de levûre prennent naissance ; chacun sait qu’elles apparaissent abondamment sur les fruits au moment de la maturité, mais on ne pouvait qu’émettre des hypothèses sur le mode de transport et les premiers développements de ces organismes. M. Hansen a choisi pour ses expériences le Sac- charomyces apiculatus, très favorable pour l'étude à cause de sa forme de citron et de ses dimensions, qui permettent de le distinguer sans difficulté. Un fait frappa tout d'abord M. Pedersen, c’est que le S. apiculatus se rencontre communément sur les fruits mûrs, mais pas du tout ou seulement par exception sur les mêmes fruits avant la maturité ; 1l s'y développe et s’y multiplie. Il chercha alors par des analyses atten- tives à déterminer si, aux mêmes époques, il se trouve abondam- ment répandu dans la nature, et reconnut qu'il estrare partout ailleurs que sur les fruits mûrs ou à peu près. C’est donc là son habitat pro- prement dit. La terre qui se trouve au-dessous des fruits renferme une quantité de cellules du Saccharomyces ; il y vit pendant tout l'hi- ver, malgré les froids rigoureux et persistants, et n’atteint guère les fruits qu'au mois de juin. Le ferment conserve pendant ce long hiver- nage sa forme végétative ordinaire. L'auteur a profité de ces recherches pour déterminer plus exacte- ment qu'on n'avait pu le faire jusqu'alors les caractères morphologi- ques du S$. apiculatus. Il a reconnu que toutes les cellules nées par bourgeonnement ne sont pas elliptiques en naissant, mais qu'il y a régulièrement deux formes de bourgeons, les uns en citron, les autres ovales ; ces derniers, pour prendre la première forme, caractéristique de l'espèce, doivent produire un ou plusieurs bourgeonnements. Le $. apiculalus présente les caractères physiologiques de la forme dite levüre basse du S. cerevisiæ, mais son pouvoir fermentatif est six fois plus faible. Il ne produit pas l'invertine et ne peut par consé- quent faire fermenter le sucre de canne. Étude générale des Bactéries de l'atmosphère; par M. P. Miquer. Annuaire de l'Observatoire de Montsouris pour 1881, pag. 374-492). M. Miquel continue les intéressantes recherches dont il a depuis plusieurs années publié les résultats généraux dans l'Annuaire. Nous ne pouvons extraire de cet important document que les points es- sentiels. BOTANIQUE. 231 La proportion des germes de microbes en suspension dans l'air atmosphérique est d'autant plus élevée que l'air est à la fois plus humide et plus chaud; l'état de l'atmosphère détermine ainsi des variations considérables : on a trouvé jusqu’à 200,000 spores par des chaleurs humides de juin, et ce chiffre s’est abaissé jusqu'à 1,000 pendant des temps calmes, secs et froids de l'hiver. Les spores, ense- mencées dans un liquide nutritif approprié, par exemple dans un bouillon neutre, maintenu à la température de 30°, germent après quelques heures ou quelques jours, du deuxième au huitième jour surtout; si par hasard la vie ne s'y est pas manifestée au bout d'un mois, il est exceptionnel qu'elle y apparaisse. Les recherches statistiques poursuivies cette année à Montsouris démontrent que si les spores de moisissures sont plus nombreuses en temps de pluie, les bactéries sont plus fréquentes au contraire quand toute humidité a disparu de la surface du sol. Relativement aux atmosphères confinées, l’auteur a observé que dans les maisons bien tenues, il n'existe pas habituellement de sources permanentes de bactéries ; il faut, pour constater leur pré- sence dans l'intérieur des habitations, visiter les appartements où la négligence et la malpropreté des habitants laissent exposés au grand air des débris d'aliments ou des déjections de toute sorte. A ce point de vue encore, les différences sont énormes : ainsi, dans deux salles de l’Hôtel-Dieu, à Paris, il s'est trouvé soixante-neuf fois plus de bactéries qu'à l’intérieur des salles de l'observatoire de Mont- souris, malgré le soin remarquable avec lequel sont entretenus les hôpitaux de Paris. Il y a tout lieu de penser que ce chiffre élevé est dû à la présence d'éléments figurés venus des déjections répandues involontairement et desséchées sur le sol, les Lits, le corps des ma- lades ; mais nous n’en avons pas encore la preuve scientifique. D'un grand nombre d'essais tentés par M. Miquel, il résulterait que la plupart des bactéries de l'atmosphère injectées dans le sang des animaux ny détermine aucune action nuisible; ce résultat, con- traire à ceux qu'ont formulés divers observateurs, présente le plus grand intérêt. Nous espérons que l’auteur poursuit ses recherches sur ce point capital et qu'il fournira bientôt de nouveaux et précieux documents sur la question de l'origine et de la propagation des ma- ladies infectieuses. L'auteur résume aussi dans le même travail les observations de ses devanciers et les siennes sur la résistance des bactéries à la chaleur. C'est un fait bien connu que la résistance est beaucoup plus grande pour les spores chauffées à sec que pour celles qui sont soumises à de 232 REVUE SCIENTIFIQUE. hautes températures à l'humidité. On rencontre à ce point de vue des différences de 70°; du reste, la résistance des bacilles à la chaleur sèche est énorme: certaines espèces supportent pendant trois à quatre heures 130 à 135° sans perdre leur vitalité. Nous donnons ici, d’après les déterminations de l'auteur, les tem- pératures humides mortelles à quelques spores de bactéries. LIQUIDE NUTRITIF TEMPÉRATURE ESPÈCE EMPLOYÉ MORTELLE Mycoderma vini Vin étendu......... 47-48° Bacterium termo Infusion de gélatine, 48-490 — — Bouillon neutre..... 49-50° Penicillium glaucum Moût deraisin...... 49-50° Micrococcus sp. Bouillon neutre..... 49-500 Levûre de vin Moût de raisin...... D03-04° Aspergillus glaucus — 53-54° — niger — 04-550 Saccharomyces cerevisiæ — 04-559 Bacillus ureæ Urine normale...... 80-90° — — — neutre....... 94-95° Bacillus elongatus Infusion de gélatine. 96-970 Bacillus subtilis Bouillon neutre..... 100-1020 On a fait moins de recherches sur la résistance des Bactéries adul- tes. On doit pourtant à M. Pasteur d'avoir établi qu'à 41° C., les arti- cles filamenteux de la bactéridie du charbon (Bacillus anthracis) ces- sent de se reproduire et meurent. Cette découverte fut, on s’en sou- vient, le point de départ de cette remarquable expérience où M. Pas- teur inocula la maladie du charbon à des poules en abaïissant de quel- ques degrés leur température, ordinairement voisine de 4%, et par conséquent impropre à la reproduction de la bactéridie. C'est à 96° seulement que les spores du même être périssent sous l'influence d'une chaleur sèche. Il y a donc, et c'est un fait très-important, des différences considé- rables entre les cellules adultes et leur germes. Ine faut pas conclure de ce qui précède que toutes les bactéries adultes périssent à des températures relativement faibles. M. Miquel nous cite un Bacillus non déterminé spécifiquement, qui se développe, prospère et sporifie à 69-709. IL ne meurt que vers 72°. — Depuis, TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 233 M. Van Tieghem a cité un Micrococcus et un autre Bacillus qui pros- pèrent dans un bouillon neutre jusqu’à 74°. C'est un fait général que toutes les spores résistent plus longtemps dans un liquide alcalin que dans un milieu acide. M. Pasteur émet- tait, à ce sujet, l'hypothèse que le milieu alcalin empêche, que le mi- lieu acide favorise la pénétration du liquide ; mais cette question ré- clame de nouvelles recherches. D ———— Géologie. Réunion de la Société géologique de France à Grenoble, en 1881, C'est à Grenoble que la Société Géologique de France a tenu cette année sa réunion extraordinaire. Il y 41 ans que la même réunion annuelle avait eu lieu dans cette ville, qui estainsi un des rares points de la France visités deux fois par la Société depuis sa fondation ; dou- ble témoignage de la variété des formations géologiques de notre pays et de l'intérêt que les géologues attachent à la connaissance des Alpes françaises. En 1840, M. Gueymard, l’auteur de remarquables travaux sur la géologie du Dauphiné, avait présidé la session; en 1881, M. Lory, son digne successeur depuis nombre d'années, était naturellement le pré- sident désigné et en même temps, hélas! le seul survivant présent de la réunion de 1840 : c’est sous sa directiou que la Société a pu se rendre compte des progrès accomplis depuis cette première visite. Diverses courses, la plupart dirigées vers les mêmes localités clas- siques, ont successivement permis d'explorer, aux environs de Gre- noble, les terrains de la Porte-de-France, du Fontanil, du Chevallon, Voreppe,Sassenage, l’'Échaillon, Saint-Laurent-du-Pont, la Grande- Chartreuse, Vizille, etc.; enfin des excursions plus lointainesont con- duit les membres de la Société dans la région des mines d’Allevard et dans l'Oisans jusqu'au pied des glaciers du massif du Pelvoux. On a pu prendre ainsi un aperçu très net des types géologiques des deux plus importantes régions de la partie montagneuse du Dauphiné: la région des chaînes secondaires et la région des chaînes centrales ou des Alpes granitiques du Dauphiné, qui comprend le massif du Pel- voux, la chaîne de Belledonne et la chaîne des Grandes -Rousses. La région des chaînes centrales, étudiée dans l’excursion del’Oisans et dans celle d’Allevard, est constituée essentiellement par les terrains 1 Bull. Soc. Bot. de Fr., 1881, pag. 35. 234 REVUE SCIENTIFIQUE. inférieurs au Jurassique ; dans l'Oisans, les roches des terrains pri- milifs ont surtout excité l'attention de la Société. En 1840, on avait pensé pouvoir confondre toutes ces roches au point de vue stratigraphique; mais depuis quelques années M. Lory, cherchant à satisfaire à de nouvelles tendances, a essayé d'établir une série régulière qui comprendrait, de haut en bas, les différents termes suivants : , — Schistes chloriteux, Talcschistes!, etc. — Schistes chloriteux et amphiboliques. — Schistes amphiboliques. — Protogyne. — Micaschistes. — Gneiss. — Gneiss granitoïde. La protogyne serait ainsi pour M. Lory postérieure au gneisset au micaschite, et contemporaine des schistes amphiboliques et chlo- riteux; au commencement de la gorge de Vénéon, on a observé un filon de protogyne très riche en mica noir au contact des mica- schistes que ce filon traverse. Cette région des terrains primitifs est aussi celle des diverses mines métalliques du Dauphiné, si riche en filons de tout genre. En 1840, la Société avait visité en détail les mines d’or de Gardette, dont M. Gueymard dirigeait l'exploitation, cette année, on s’est arrêté seu- lement dans l'Oisans aux mines de plomb sulfuré du Grand Clos, à quelques kilomètres avant la Grave; les deux filons principaux d’un minerai argentifère sont exploités à divers niveaux dans les escarpe- ments de la vallée de la Romanche. Dans le pays d’Allevard, on a examiné le gisement de fer spathique de la Tailla, exploité par la compagnie du Creusot, qui avait fait préparer à la Société une récep- tion des plus aimables. Le minerai d’Allevard est distribué en deux faisceaux de filons dont la puissance ne dépasse pas { mètre en géné- ral, mais peut atteindre par exception 4 ou 5 mèt.; ils se trouvent au milieu d’un chaînon de schistes sériciteux, et le minerai donne par grillage un oxyde de fer magnétique fournissant des aciers très-esti- més. L'étude des lambeaux du terrain houiller de l'Oisans ne peut être 1 Biensouvent ces schistes, appelés ordinairement talqueux, ne contiennent que des proportions très faibles de magnésie, et n'ont des substances talqueuses que l'aspect et l'onctuosité; on leur réserve aujourd'hui le nom de schistes sériciteux, L TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 235 séparée de celle des schistes de transition inférieurs qu'ils ont suivis dans tous leurs mouvements. Le terrain houiller forme dans l'Oisans deux bandes N.-$., l’une à l’est, l’autre à l’ouest du Freney, dans la vallée de la Romanche, et comprend des grès silicieux tantôt fins, tantôt grossiers et bréchoïdes, où l'on reconnaît des fragments de divers terrains cristallisés sur lesquels ils reposent, pas degranite proprement dit cependant. A ces grès sont subordonnées des couches peu impor- tantes d'anthracite exploitée sur divers points etdesschistes noirâtres avec empreintes végétalest. La bande à l’ouest du Freney, qui est la plus considérable, a près de 12 kilom. de longueur sur au plus 150 mèt. de puissance ; elle traverse la route de Briançon un peu à l’ouest dela galerie de l'Infernet. Il est très remarquable de voir à quel point ce système houiller paraît intercalé entre les assises des schistes inférieurs, intercalation que plusieurs auteurs, entre autres Scipion Gras qui rapportait le tout au carbonifère, avaient considérée comme une réalité. Ces faits avaient été le sujet de plusieurs mémoires lors de la réunion de 1840, et depuis, M. Lory a pu se convaincre que, comme l'avaient soutenu alors Gueymard, Favre, Coquand, etc., il n'y alà qu’une apparence due à un pli en U très resserré des schistes de transition, pli dont le ter= rain houiller occupe l’axe, après avoir suivi les schistes dans leur mouvement. De chaque côté du pli, les assises se correspondant pri- mitivement sur la même ligne horizontale, serépètent dans le même ordre. Le terrain triasique est représenté dans le pays d'Allevard par un relief dépendant du massif de Belledonne, formé de cargneules et surtout de grès siliceux rapportés depuis longtemps au grès bigarré par M. Fournet et par M. Lory, mais qui jusqu'ici n’ont pas présenté de fossiles. L'étude du trias est d'ailleurs bien plus intéressante vers la limite de la région des chaînes centrales, près de Champ et de Vi- zille, où il affleure au-dessous des calcaires à Avicula contorta, d’un petit lit de grès qui peut être considéré comme l'équivalent du bone bed et de quelques assises de dolomie ; il est représenté là par des car- gneules, des marnes irisées et des gypses et anhydrites, des spilites (variolites du Drac}), éléments dont l’étude a été faite dans les combes de Champ; on voit dans ces combes les assises de gypse et celles de 1 On sait que récemment M. Grand'Eury a rapporté le gisement houiller de la Mure, visité par la Société en 1840 et contemporain de celui du Freney, au Houiller supérieur ; il le regarde comme intermédiaire par sa flore entre les assises de Rive-de-Gier et celles de Saint-Étienne. 236 REVUE SCIENTIFIQUF. spilite, qui se montrent en général en dessus, présenter des plis et des voûtes de la plus grande netteté. La question de l’origine et des rela- tions réciproques des gypses et des spilites avait été l'objet d'une dis- cussion approfondie lors de la réunion de 1840: on s'était accordé à reconnaître dans le gypse le résultat du métamorphisme ; quant à la spilite, elle avait paru, aux uns une roche éruptive indépendante des gypses, aux autres le résultat d'un métamorphisme spécial. Au- jourd’hui au contraire on tend beaucoup à regarder les gypses comme sédimentaires et interstratifiés avecles marnes irisées, bien distincts de la spilite, dans laquelle M. Lory, d'accord avec beaucoupde géolo- gues, ne voit autre chose qu’une roche éruptive ayant coulé à la ma- nière des basaltes. Les assises liasiques supérieures à la zone à Avicula contorta, qui constituent des collines couvertes de végétation dont l'aspect frappe le regard, quand on les compare aux reliefs stériles des terrains cris- tallins, ont été examinées en delà de Vizille, près du bourg d'Oisans etsur différents points entre cette localité et la Grave: l'allure relative de ces assises et des schistes cristallins est encore plus remarquable peut-être que celle de ces mêmes schistes et du terrain houiller dont j'ai parlé tout à l'heure. On peut voir sur les contreforts des hauteurs dominant la plaine du bourg d’'Oisans, le lias plissé et contourné reposant sur la tranche des schistes anciens redressés. D'après M. Lory, le dépôt du lias a eu lieu après le redressement de ces schistes, car on retrouve des lam- beaux de cette formation sensiblement horizontaux sur divers pla- teaux, celui d'Auris en particulier ; il y a lieu toutefois de tenir compte des phénomènes d’affaissement, de contournement, de dislo- cation et d'érosion postérieurs au dépôt du lias , ainsi que des pres- sions latérales qui ont produit les plis et ont développé dans certaines assises des phénomènes de schistosité souvent perpendiculaires au sens de la stratification et un aspect satiné remarquable. On a très bien observé ces derniers faits dans les ardoisières qui se trouvent au bord de la route un peu avant le bourg d'Oisans, et près de la Grave, où les filons de quartz laiteux qui traversent les schistes les font ressembler encore plus à des schistes paléozoïques. Les ardoises que l’on extrait de cette formation schisteuse, d'ailleurs très pauvre en fossiles, sont employées dans tout le pays ; mais leur teneur con- sidérable en carbonate de chaux (schistes argilo-calcaires) et même en sulfure de fer disséminé, les rend de qualité inférieure. On a rencontré dans cette région d'intéressants contacts entre le lias et les terrains primitifs; un des plus remarquables est celui signalé TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 237 et expliqué depuis longtemps par Élie de Beaumout au bas du glacier de la Grave, où l'on voit un massif de protogyne se superposer par faille oblique aux couches liasiques qui plongent brusquement vers le S.-E.: faille oblique qui se continue jusqu’en face du Villard d'Arène. Les terrains supérieurs au lias sont surtout représentés dans la ré- gion des chaînes secondaires, où l’on trouve d’abord diverses assises de la série oolithique ; mais les termes inférieurs les plus intéressants, dont l'étude était certes loin d'être à l’ordre du jour en 1840, sont ceux qui servent d'intermédiaire entre le jurassique supérieur et la période crétacée inférieure. Sans entreprendre la discussion des éléments réunis touchant la question de l'oxfordien supérieur, du corallien et du néocomien infé- rieur, j'ai réuni en tableau la succession des principales assises ob- servées dans les carrières de ciment intra muros et extra muros de la Porte-de-France, dans celle du Chevallon, près de Voreppe, du Fonta- nil, enfin dans les carrières de marbre de l'Echaillon, toutes exploi- tations qui ont pu être visitées en détail par la Société, grâce à l’obli- geance des directeurs, MM. Thorrand à Voreppe, Biron à l'Échaillon, eic.,elc. Ce tableau contient à peu près les superpositions et homotaxies ad- mises en commun par M. Hébert et par M. Lory; mais, tandis que M. Lory voit dans la région subalpine une série ininterrompue de dé- pôts, depuis la zone à Ammonites tenuilobatus jusqu'aux couches du Fontanil à Pygurus rostratus, série à laquelle correspondrait en bloc dans la région du Jura, sans qu'on puisse encore établir avec certi- tude des parallélismes de détail, toute la série depuis les calcaires coralliens de l'Échaillon à Terebratula moravica inclusivement jus- qu’au valanginien, et comprenant par conséquent le kimméridjien, le portlandien et le purbeck ; M. Hébert, de son côté, admet en dessus du corallien de l'Echaillon, surmontant directement la zone à Am. tenuilobatus , l'absence d’équivalents de toute la série des calcaires à Am. transitorius, brèche d’Aisy, couches de Berrias, et marnes à Belemnites latus; pour lui, le valanginien formerait donc ici la base exacte du crétacé. 3e sér., tom. 1. 11 238 REVUE SCIENTIFIQUE . —Couches à oursins. —Cou Série de Couches à Metaporinus. —Calcaires lithographiques. —Calcaires gris clair mar- neux avec Ammonites de me la faune de Berrias, Série : An Calcaire et brèche d’Aisv. delaPorte-de-France Calcaire à ciment et du Chevallon. | Berrias i Bancs faillés à stratific. de la Le conf.avec Tereb.janitor Bancs avec Tereb. janilor Calc à Tereb. moravica Porte [rithonique—Bancs à Am. Ptychoïchus RURRS foouches calc.exploitées — Bancs avec Tereb.janitor RAID Dolomies. de- —Banes schist. à Aptychus —Bencs noduleux sans foss. France —Bancs calc. compactes à Oxfordien veines spath. de la zone à Am. tenuilobatus. —Calc. argil. oxford. de la zone à Am. Martlelli. Le néocomien proprement dit ne se trouve pas dans la région des chaînes centrales ; dans la région de Grenoble, ce terrain est recou- vert par l’urgonien, que l’on a étudié en particulier près de Sasse- nage et dans les environs de Voreppe, au vallon de Veurey. La mon- tagne de la dent de Moirans montre là, au-dessus du néocomien, un premier niveau de calcaires à caprotines (urgonien inférieur), puis des assises marneuses à Orbitolina conoïdea, au-dessus desquelles ap- paraît un deuxième niveau de calcaires compactes à Chama Lonsdalii (urgonien supérieur) ; le deuxième horizon de marnes à orbitolines (Orbitolina conoïdea, Orbitolina discoïdea) supérieur à ces calcaires, existe sur d’autres points du Dauphiné, mais ne se montre point dans les environs de Grenoble : là, les calcaires compactes de l’urgo- nien supérieur sont recouverts immédiatement par les calcaires jaunâtres lumachelliques du gault, qui même ne se montrent que par lambeaux disséminés et en général de fort peu détendue. Les membres de la Société ont pu voir les couches du gault entre la Grande-Char- treuse et Saint-Laurent-du-Pont, et sur la rive gauche de l'Isère à Fontaine, dans la propriété de M. Pellat, où aflleurent au-dessous du crétacé supérieur quelques assises d'un conglomérat sableux et glau- conieux, avec fossiles roulés caractéristiques du gault (Vatica gaultina, etc.), qui permettent de les rapprocher sans hésitation du gault d'Es- cragnolles, de la perte du Rhône et du Villard de Lans. Le groupe de la craie supérieure qui se montre ici au-dessus du gault est loin d’avoir l'aspect ordinaire de la craie du bassin de la Seine et se présente sous la forme de calcaires siliceux exploités pour la chaux hydraulique, de grès à ciment calcaire utilisés pour la fa- TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 239 brication de grandes dalles (Lauzes), de calcaires sableux souvent avec grains de glauconie et petits nodules de phosphate de chaux, enfin à la partie supérieure, de calcaires à nodules de silex souvent alignés parallèlement aux couches. Toutes ces assises sont sans fossiles et étaient confondues autrefois sous la dénomination vague de calcaires du grès vert; mais elles ont pu être reliées par M. Lory, qui les a suivies avec soin sur la rive droite dans le massif de la Grande-Char- treuse, avec la craie supérieure à faciès beaucoup plus normal et à fossiles caractéristiques(Belemnitella mucronala, Ananchites ovata,etc.) de cette contrée. Le mauvais temps a malheureusement empêché en 1881, comme il l'avait faiten 1840, une ascension complète au Grand- Som : on aurait pu voir la craie supérieure dans un V de l'urgonien supérieur, V dont l'une des branches a été emportée par la grande faille d'Entremont ; quelques membres plus courageux sont seuls ar- rivés jusqu'aux premières couches de la craie et y ont recueilli plu- sieurs fossiles caractéristiques. Sur la rive gauche de l'Isère, ce sont les infiltrations des eaux du plateau de Saint-Nizier à travers Les assises fendillées des calcaires à silex, infiltrations conduites par la concavité des couches dans une faille entre les calcaires à silex et le néocomien, jusqu'au niveau des marnes à spatangues du néocomien inférieur, éboulées dans la faille, et là se réunissant pour s échapper latéralement, qui sont, d’a- près une ingénieuse explication due à M. Lory, la cause des célèbres sources de Sassenage, qui vont se réunir aux eaux du Furon; les grottes de Sassenage elles-mêmes sont ouvertes dans la chaux à silex, plaquée par suite de cette faille contre un massif de cal- caire néocomien. Les dépôts éocènes du Flysch manquent dans la région de Grenoble; la molasse marine, au contraire, apparaît encore dans le système des chaînes secondaires, et à son maximun de suré- lévation atteint la hauteur de 1500 mèt. dans le massif de la Grande- Chartreuse. Un peu avant Saint-Laurent-du-Pontse montrent, butant par la grande faille de Voreppe contre le calcaire à Am. tenuilobatus de l'aiguille de Chalais, la molasse sableuse et les poudingues qui als ternent avec elle et dominent dans sa partie supérieure. Le poudingue molassique en majeure partie calcaire, présente de beaux exemples de cailloux impressionnés. En 1840, on n’avait pu lui assigner une date positive, et il avait été pris par Elie de Beaumont lui-même pour un poudingue pliocène se rapportant à l’époque du soulèvement des Al- pes occidentales ; en réalité, il y a là tout au plus un défaut local de parallélisme largement expliqué par les conditions de dépôts torren- tueux de ces poudingues, à la partie supérieure desquels se montrent, 240 REVUE SCIENTIFIQUE, à Pommiers, de petites assises d'argile bleue à Cerithium Duboisi, Ceri- thium papaveraceum, etc., dont la base renferme quelques couches de lignite avec planorbes. Le même poudingue miocène, cette fois sans cailloux impressionnés, a étéencoreobservé de l’autre côté de la vallée de l'Isère, au-dessus des calcaires à silex sénoniens en montant de Sas- senage aux gorges du Furon. L'étude des dépôts glaciaires n'a pas été la partie la moins intéres- sante du programme de la réunion. Au-dessus des carrières de la Porte-de-Frapce et du Fontanil, on a pu examiner de larges surfaces polies et striées recouvertes de boues glaciaires, preuves de l’ancienne extension des glaciers alpins; un énorme bloc de grès houiller de la Maurienne déposé sur le penchant de la montagne de la Bastille, en est encore un témoin très-remar- quable quidevrait être conservé à titre de monument historique comme ceux du Salève et de la région de Lyon. On a aussi reconnu les traces des glaciers secondaires postérieurs aux glaciers alpins de la vallée de l'Isère, dans les amas de blocs de calcaires néocomiens qui couvrent le plateau des côtes de Sassenage, formé, comme je l'ai dit, de craie à silex. Albin Gras avait le premier émis l’idée que ces blocs argileux et de grosseur très-variable, entassés surtout sur la lisière du plateau au bord de la vallée de l'Isère, sont les restes d’un ancien glacier venant du fond de la vallée du Villard de Lans par la gorge d'Engins. Quant à la question importante de la récurrence des périodes glaciaires, M. Lory n’a jamais observé dans le Dauphiné des preuves sérieuses en faveur de l'hypothèse de cette récurrence. Dans l'Oisans, une ancienne moraine qui arrive au bord dela route dans la gorge de la Romanche, nous a fourni de nombreux cailloux de calcaire noir liasiques, polis et couverts de stries; enfin les mo- raines du glacier actuel de la Grave, dont on a gravi les premières pen- tes, nous ont montré de beaux échantillons de protogyne à feldspath orthose rose, oligoclase verdâtre et mica vert foncé, provenant de l’ai= “guille du Midi et dans laquelle on trouve fréquemment des veinules de sulfure de molybdène, ViGuIER. TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 241 Extraits de la mission de M. le Commandant Roudaire dans les chotts tunisiens (1878-1879). [. Hydrologie, géologie et paléontologie ; par M. Léon Dru.— Il. Paléontologie. Description des espèces nouvelles ; par M. Munier-CHazmas. Paris, 1881, avec car- tes, profils et dessins de fossiles. La région des chotts tunisiens était jusqu'ici très peu connue au point de vue géologique, et l'étude complète de la question de la mer saharienne, à part le côté purement scientifique, en rendait désirable l'exploration détaillée. Le commandant Roudaire n'a pu commencer à s'occuper de la géologie de la région des chotts que dans sa der- nière mission de 1878-1879, et il a chargé M. Dru de résumer les documents réunis, dans l'important mémoire publié dans les Annales des missions scientifiques et littéraires. Ge sont ces documents que M. Dru vient de faire paraître séparément, en y joignant la descrip- tion, due à M. Munier-Chalmas, des espèces nouvelles recueillies durant l’expédition. La région des chotts tunisiens forme, comme on sait, une bande dirigée à peu près E.-O., à partir du golfe de Gabès, à la latitude moyenne de 3% N. et comprise entre 4° 20° et 8 longitude E. Les principaux chotts sont, en partant de l'Est : le chott Fejej, le chott Djerid, le chott Rharsa, et enfin un ensemble de petits chotts dont le principal est le chott Melrir. Le chott Fejej n'est en réalité que le prolongement oriental du chott Djerid; il est borné à l'Est par le seuil de Gabès, qui le sépare du golfe, où s'effectuerait la tranchée qui donnerait naissance à la fameuse mer saharienne ; au Nord par les massifs d'Aïdoudi, Hadifa, Cherb el Berrania, Cherb el Dakhlenia ; à l'Ouest par la route princi- pale des chotts allant de Dbabcha au Kriz, et que l'on peut prendre comme ligne de séparation théorique entre le chott Fejej et Le chott Djerid proprement dit; enfin, au Sud, le chott Fejej est limité par les hauteurs du djebel Tebaga, qui commence au seuil de Gabès et finit au promontoire de Dhabcha dans le chott Djerid. Le chott Djerid est borné à l’Est par le chott Fejej, le promontoire de Dbabcha et la région des dunes ou Erg; au Nord par les seuils de Kriz et de Mouia Sultan, entre lesquels se trouvent les oasis de Tozeur et de Nefta, qui le séparent du chott Rharsa; à l'Ouest, au Sud et au Sud-Est par l'Erg. La région du chott Melrir est située sur le territoire algérien, à l'ouest du chott Djerid, et est à peu près entourée par la région des 242 REVUE SCIENTIFIQUE. sables, sauf au Nord, où viennent finir les pentes del'Aurès, qui se continuent aussi au nord du chott Rharsa. La pente générale des chotts n’est pas, comme on l’a cru, dirigée vers le seuil de Gabès, mais au contraire vers l'Ouest du côté du chott Djerid, comme l'avait reconnu M. Fuchs en 1874. Une partie du mémoire de M. Dru est consacrée spécialement à l'étude du régime des eaux souterraines dans la région des chotts ; il montre que ce régime présente un développement et une constance que l’on ne serait pas en droit d'espérer dans un pays en apparence aussi secet aussi aride. Sans insister autant que l'auteur sur ces divers points, qui intéressent moins directement la géologie propre- ment dite, je dois en dire quelques mots, précisément parce que la distribution géographique des eaux dans le bassin des chotts est sous la dépendance absolue de l'orographie et de la géologie du sol ; les régimes aquifères sont en effet constitués, soit par les masses sableuses de l'Erg, soit par les roches crétacées dominant les chotts, soit par le sol argilo-sableux des Scbkhas (surface de la dépression des chotts). Parmi les cours d'eau, l'oued Gabès et l’oued el Hamma sont les seules rivières un peu importantes ayant un débit constant ; la plu- part sont à sec une partie de l'année ; plusieurs vallées même ne sont plus aujourd'hui arrosées que pendant les pluies. Les sources seules produisent les cours d’eau à volume constant ; celles de Gabès et d'El Hamma sortent du terrain crétacé. Les eaux souterraines ont joué et jouent encore aujourd'hui un rôle important dans la formation des couches récentes et des dépôts de sel, gypse ou travertin, que l'on rencontre dans la dépression des chotts. M. Dru fait en effet observer que la production du sel est due non à des sources thermo-minérales salées, comme l'ont cru quel- ques géologues, mais à des sources d’eau potable qui se chargent de principes salés dans leur passage à travers les assises tertiaires et quaternaires, et qu'elles abandonnent ensuite par évaporation. QUATERNAIRE ET ACTUEL. — Signalons d'abord les traces de l’âge de la pierre taillée, qui abondent dans tout le Djerid; partout on a retrouvé des débris de silex : au seuil de Gabès, dans l'oued Akarit et l'oued Melah, etc., des vestiges de stations préhistoriques ont aussi été découvertes du côté de Ras Knafès, à l'extrémité occidentale de la chaîne de l Aïdoudi et dans le djebel Tebaga. Aux dernières périodes du quaternaire doivent probablement se rapporter les calcaires travertineux du versant est du seuil de Gabès qui se développent aussi sur le versant est du Coudiat Hameïmet et au Sud dans le djebel Hadissa, à Ghannoush près de l'oued Melah et TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 243 vers l'oued Zaouaï; leur épaisseur atteint parfois 50 à 60 mètres. Des sources chaudes chargées de silice, qui coulent encore aujour- d'hui à Oudref et à la Hamma de Gabès, ont probablement aussi produit, à une époque fort rapprochée de la nôtre, le sable fin de Belad Hameïmet, qui couvrent une grande partie du petit chott Hameïmet, près du seuil de Gabès et atteignent 30 mèt. d'épaisseur vers l'oued Melah. Dans leur composition domine la silice (50 °/,) ; puis viennent une quantité assez considérable de carbonate de chaux, un peu de chlorure de calcium, enfin des traces de magnésie. Les formations de cordons littoraux offrent plus d'intérêt que les précédentes au point de vue des oscillations du sol etde la question de la mer intérieure. M. Fuchs avait déjà signalé, en 1874, le cor- don littoral du golfe de Gabès, s'élevant à une hauteur d'une quin- zaine de mètres au-dessus du niveau de la mer et contenant plusieurs espèces vivant aujourd'hui dans la Méditerranée : Murex trunculus L., Ostrea edulis L., Cardium edule et var., etc., etc. Dans les régions des chotts, les terrains quaternaires et récents offrent la composition générale suivante : — Dépôts marno-vaseux salifères, formés, de nos jours par les eaux pluviales et celles des oueds. — Sables fins, blancs et gris, salifères, avec cristaux de gypse, Car- dium edule, Helix, etc. (Brèche sableuse à Cardium edule de Bir Beni Zed, etc.). — Argiles et marnes verdâtres gypseuses salifères. — Sables gypseux et marnes sableuses, grès roux salifères. — Sables marneux ou argileux, verdâtres ou jaunâtres, avec gypse en cristaux et sel. — Marnes et argiles, rougeâtres et verdâtres, avecgypse cristallisé, salifères. — Au seuil de Gabès, seul point où les sondages aient atteint les couches inférieures, on trouve, au-dessous de cette dernière assise, un lit mince de marnes avec fragments de quartz et des calcaires pas- sant à un poudingue. — Tertiaire ou crétacé. Le bassin des chotts est probablement une ancienne dépression tertiaire due elle-même à une vallée anticlynale du crétacé qui forme autour des chotts des hauteurs de près de 500 mèt. : ce système de dépression se retrouve sur une ligne E.-0. très étendue, depuis la Tunisie jusqu'au Maroc ; dans ces bassins, sont ensuite intervenus des atterrissements et des soulèvements graduels qui ont élevé leur ni- veau jusqu'à des hauteurs parfois considérables, car les sebkhas d’Al- 244 REVUE SCIENTIFIQUE. gérie atteignent 800 mèt. au-dessus du niveau de la mer. Mais dans la région tunisienne, ces surfaces sont restées en contre-bas du niveau des mers et n'en sont séparées que par des seuils peu élevés, tels que le seuil de Gabès, où les sondages ont montré le sol secondaire à seulement 12 mèt. au-dessus du rivage actuel de la Méditerranée. Cet exhaussement du seuil de Gabès est probablement d’une date très récente, confirmée par la surélévation à peu près équivalente du cordon littoral dont j'ai parlé plus haut, et les mouvements dont sont affectés de nos jours encore certains points méditerranéens ; la mer communiquaitdonc, à l'époque quaternaire, avecl'intérieur deschotts, et c'est seulement à la suite de l'élévation du seuil de Gabès que les masses de sable de l’Erg, arrivant graduellement par la partie sud du Djerid, ont pu combler les sebkhast. TERTIAIRE.— En l’absence de fossiles, la présence du pliocène reste fort douteuse; on pourrait peut-être rapporter à cette époque, d’après M. Dru, les calcaires blancs et les poudingues à petits éléments et à 1 Il n’est pas inutile de rappeler à ce sujet l'opinion des principaux auteurs qui se sont occupés de cette question. En 1874, M. Fuchs (Compt. rend., tom. 79, pag. 352) n’admit pas la possibilité d'une communication entre :a dépression des chotts et la mer depuis la période his- torique; il ne voyait là qu’un lac salé formé sous l'influence de conditions cli- matériques différentes des conditions actuelles ; cours d’eau considérables, pluies fréquentes, surfaces boisées, etc. M, Pomel (Le Sahara, 1872, la Mer intérieure d'Algérie et le seuil de Gabès : Revue scientifique du 10 nov. 1877) ne pense pas qu'il y ait jamais eu communication directe de la dépression des chotts avec la mer, même pour les chotts de l'Oued Rhir et du Souf dans le Sahara oriental, Enfin, M. Tournouër, à la suite d'une discussion approfondie sur les divers mol- lusques rapportés de la région des chotts (Sur quelques coquilles marines recueil- lies par divers explorateurs dans la région des chotts sahariens : Assoc. fr. pour l'av. des Sc.; Congrès de Paris, 1877, pag. 608) conclut en reconnaissant que « jusqu'à présent les faits conchyliologiques cités à l’appui d’une mer saharienne récente, même restreinte à la région la plus déprimée du Sahara oriental, ne sont pas concluants en faveur de cette hypothèse »; mais M. Tournouër fait ensuite sa restriction et déclare, dans un passage rappelé par M. Dru, qu'il ne voit pas l'im- possibilité de la communication de la mer quaternaire avec la dépression du Djerid, si l'on tient compte des oscillations très grandes qui ont affecté à l'époque quaternaire et affectent encore de nos jours les côtes barbaresques. On voit que c'est cette dernière hypothèse que défend M. Dru ; il est regrettable que la dernière expédition du commandant Roudaire n’ait pu rencontrer dans la région des chotts qu'elle a explorée, quelques coquilles autres que le Cardium edule et dont la valeur comme documents biologiques eût suffi pour prouver définitivement un fait que les considérations de dynamique ne font que rendre excessivement probable. TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 245 pâte calcaire du Coudiat Hameïmet, du djebel Meda et de Ras Knafés; le miocène au contraire est grandement développé, très disloqué et repose toujours en discordance sur le crétacé, sans interposition d’as- sises de l'éocène. Le miocène occupe les contreforts du djebel Tébaga, du djebel Diabit et de Ras Knafés ; il s'étend aussi en général dans toute la ré- gion comprise entre Ras Knafés et le seuil de Kriz, sous la forme de marnes vertes ou rouges, mélangées de grès rouges, roses ou violets, à texture fine, et de poudingues plus grossiers; dans les couches marneuses, se trouvent des lits d’Ostrea crassissima; au sommet du seuil de Kriz, du djebel Aïdoudi et du Diabit, on a rencontré l'Ostrea Maresi, Mun-Ch., spéciale au miocène. Les formations gypseuses sont très fréquentes dans cet étage ; le gypse est de couleur blanche ou colorée, à texture grenue, fibreuse ou cristalline, toujours sous forme d’amas ou lentilles, etaccompagne les gisements de sel gemme; M. Dru regarde ces dépôts comme étant d'origine hydrothermale. CRÉTACÉ. — Les terrains crétacés moyens et supérieurs sont ri- chement représentés dans la région des chotts, dont ils forment par- tout Le subsiratum ; ils ont absolument le faciès de formation corres- pondante d'Algérie, et d’une manière générale celui du littoral Sud de la Méditerranée, caractérisé par l'abondance des Huitres et des Échi- nodermes. Leur pétrographie comprend des calcaires, des marnes et des grès, ainsi que quelques rares assises gypseuses sans importance à côté de celle du tertiaire. Le Sénonien se montre particulièrement à l'Oued Chakmo, au seuil de Kriz, dans le djebel Kebiriti, djebel Aïdoudi, Ras Knafés; Bir Benada, Zemiet el Bida, Khanghat el Aïcha, Coudiat Hameïmet, äjebel Tebaga. Les deux horizons du Campanien et du Santonion y ont été reconnus avec la fausse suivante : Orbitoïdes voisines de 0. media d'Orb.— Hemiaster Fouwrneli Desor ? Echinobrissus Julieni Coq. ? E. Setifensis Cott.,E. Meslei Péron et Gau- thier, E. cassiduliformis Pér. et Gauth. in litt., espèce assez voisine de la précédente et toutes deux nouvelles ; leur description paraîtra daus « les Echinides d'Algérie», publiée par MM. Péron et Gauthier. L'E. cassiduliformis est une espèce de grande taille présentant quel- ques variations individuelles quant à la longueur, largeur et hauteur. Botryopygus Coquandi Cott., Ostrea Solieri Coq., 0. Matheroniana d'Orb., 0. plicifera passant à la Matheroniana Goq., 0. plicifera var. spinosa Coq., 0. Talmontiana var. d'Arch., 0. Boucheroni var. étroite Coq., 0. vesicularis Lam., 0, vesicularis var. costata, 0. dichotoma 246 REVUE SCIENTIFIQUE. Bayle, 0. Nicaisei Coq., 0. Pomei Coq., très abondante mais très loca- lisée dans une zone spéciale marno-calcaire ; 0. Tunetana, Mun-Ch., nouvelle espèce découverte dans le djebel Diabit et rappelant beaucoup l'O. Delettrei, mais s'en distinguant toutefois nettement par ses lames, qui ne présentent pas de plis. 0. lateralis Nil., O. pro- boscidea d'Arch., 0. proboscidea var. minor, Spondylus jegoni Mun- Ch., nouvelle espèce trouvée à Ras Knafés avec Astarte numidica. Inoceramus regularis d'Orb., I. Goldfussi? d'Orb., Pholadomya elon- gata, sp. aff., Roudairia Drui Mun-Ch., nouveau genre créé par M. Munier-Chalmas, différant des Cyprines typiques par la forme générale des valves et surtout par le mode de répartition des dents cardinales ; le genre Roudairia est voisin du genre Cicatræa ; l'espèce unique pour laquelle il a été créé est abondante à Ras Knafés et à Aïdoudi, et présente quelques variations individuelles . Il est intéressant de remarquer, avec M. Munier, que deux espèces de Cyprines du Sénonien de l'Inde (C. Forbesiana et C. cristata) doi- vent rentrer dans le nouveau genre Roudairia. Astarte numidica Mun-Ch., nouvelle espèce présentant de nom- breuses variétés de formes, assez commune à Ras Knafés et à Aidoudi; Cytherea Tissoti Mun-Ch., nouvelle espèce trouvée à Ras Knafés ; Cardita Baronneti Mun-Ch., nouvelle espèce provenant aussi de Ras Knafés et rappellant un peu la forme générale du Cardila Beuqui Coq., du Carentonien de Batna en Algérie; Scolymus stromboides Mun- Ch., espèce nouvelle créée d’après des échantillons malheureusement incomplets provenant de Ras Knafés. Le Turonien supérieur (Provencien) affleure dans le djebel Kebiriti à Bir Benada, dans le djebel Aïdoudi et le djebel Tebaga ; les fossiles qui y ont été rencontrés sont : Hemiaster latigrunda ? Cott. Cassiope Dufouri Mun-Ch., nouvelle espèce de Bir Benada rappelant le Cassiope Helvetica, mais s'en distin- guant par l’enroulement des tours de spire; Strombus Mermeti ? Coq. Nerinæa Pauli Coq., Cytherea cycladella Mun-Ch., nouvelle espèce voisine par la forme de certaines Cyclas et Cyrena, mais dont la char- nière est encore inconnue; les échantillons recueillis proviennent de Bir Benada et des rivages du chott Djerid; Mytilus Andrei Mun-Ch., nouvelle espèce provenant de la même localité que les précédentes ; Sphærulites Syriacus ? Ostrea Eumenides aff. Coq., Ostrea Caderensis Coq. Le Turonien inférieur n’est signalé qu'avec doute, avec des fos- siles indéterminables : Arca, Cardium, Rostellaria. Le Cénomanien se montre entre Kriz et Gabès; le niveau supérieur (Carentonien) dans le djebel Kebiriti, à Ras Knafés, dans le djebel TRAVAUX FRANCAIS — GÉOLOGIE. 247 Tebaga, avec Ostrea flabellata d'Orb., 0. lingularis Lam., 0. Mermeti Coq., 0. Mermeti var. à côtes transverses très accusées (sulcala) trou- vée pour la première fois par M. Lartet en Palestine. Le niveau inférieur affleure dans les localités précédentes et à Bir Benada, dans le djebel Aïdoudi et à Khanghat el Aïcha; il renferme : Hemiaster verrucosus ? d'Orb., Ostrea haliotidea d'Orb., 0. Scyphax Coq., O. Auresdensis Coq., 0. Delettrei Coq., plicatula Fourneli. Enfin le Gault semble faire défaut dans la région des chotts, et l’ap- tien (Urgo-Aptien) est aussi pour le moment douteux. M. Dru signale seulement à Bir Benizid et au djebel Diabit deux espèces qui se rap- prochent de l'Ostrea pes elephantis Coq. et de l'O. Callimorphe Coq. existant dans l’Aptien de l'Espagne. En résumé. toutes les données géologiques recueillies dans la der- nière mission du commandant Roudaire tendent à démontrer les liaisons intimes qui unissent la géologie de l'Algérie et celle de la Tunisie. VIGUIER. L'Éditeur-Gérant : Cuanzes BOEHM. D MONTPELLIER. — TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE DE BOEHM ET FILS LU oi aneh asia tp | al à dau on sabneuenon: ab: é LL kr sr # Aiaglas 4 dipteius Jupe mali dés Crptivrer 4 CUT ETS 4} CET LA TACTEN EP FOHPEANE Da, À nes à « ok go AU 1er TTL AUS Cure #t: ass ET nt À 7 . PRIT AIRE D ELIEL LEURS CT { y artery ie: IPN vil a6n EE à np au re ART Mon dot NI MORTE TENUE suite nt DIEU | h: ME Toner LE (MIRE sie e rate Cr Pan ne AE, ir ie Ua RAT TS pyees PrNES GTR ske titine) 1 Anar A Fa PCM AE ARS cri A2 NLE fé. ag AT (TE MAC TS thjtis (4 4 ui ca uses AT à Fil “Cu kr 0 PP ILRREE ART | (are mnt ME FALSE aa date LE Ein té er ( F Lada enr uit nétuets Penh dsat nie nue În Joel 4 À King dé te dhet Micruir ete. #0 Farsai ie A 1 à ist on CUPALITUC NET Ce MIE | Lnéieteé élan PT din AMD tn à cgpiasenag Lio He il Re ane À en un tr ne LÉ LEE re dpt. GET L oui di degre à TPE RNA C |/R 07 TT | Tata Ymioié Car: ia racines} BC te fl AC Saber dinéres rs Coude te ire à. regle A dl ae dEtaodainmne ne end Lelm 22: 2: TES DRON RÉ die Panier du oder icen dus te Lane. 2 der HONOR AE a gdirammetne 00 4e We EURE Min tante n sg PTE" RS * fie à 410, 0 HAE Eur. av" Mn: Re CNE LL CNE & 2” ù mere y À RL he NI ci ONE | Mi RS jh 4 “4 ren MÉMOIRES ORIGINAUX. LA SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LES ANNÉLIDES Par M. A. SABATIER. (PL. Vilet VIII.) La question de la spermatogénèse est, on peut le dire, une question actuelle. Des études comparatives se font et se publient sur tous les modes de développement des spermatozoïdes, et l’on réunit ainsi des matériaux pour une formule générale du pro- cessus de formation des éléments figurés du sperme, et pour une détermination de la signification morphologique des élé- ments cellulaires qui leur servent de point de départ. Dans ce même Recueil, notamment, ont paru d'excellents mé- moires du D° Mathias Duval sur la Spermatogénèse chez l'Helix, chez la Paludine, et chez la Grenouille. Mon unique intention, dans ce court mémoire, est de rapporter ici quelques observa- tions que j'ai eu l’occasion de faire sur des Annélides, en y ajoutant quelques réflexions. Au mois de mars dernier, j’eus l’occasion, à Cette, où vient de se fonder un Laboratoire de Zoologie marine, annexe de la Faculté des Sciences de Montpellier, d'observer une Salmacina, petite Annélide de la famille des Serpuliens, dans les poches séminales de laquelle se trouvaient des éléments divers dont je vais faire la description : 19 Des éléments en forme de müres ou polyblastes (PI. VII fig. 1), composés de 25 à 30 bourgeons ou spermoblastes dis- posés symétriquement autour d’un point central, tous égaux, et présentant dans leur ensemble la forme d’une morula régulière provenant d’une segmentation égale. Ces bourgeons en massue sont composés d’une masse de protoplasma sans enveloppe, pré- 3e sér., tom. r 18 250 MÉMOIRES ORIGINAUX. sentant dans la partie centrale un noyau peu distinct sans l’em- ploi des réactifs colorants, et qui parait plutôt dans ces conditions une différenciation évidente du protoplasma qu’un noyau à con- tours bien délimilés (/ig. 1}. Au centre de ce noyau se trouve un nucléole brillant et très réfringent. Je n’ai pas suivi le mode de genèse de ces bourgeons, que je désigne ici comme spermo- blastes de la première génération ou protospermoblates ; mais la nature peu différenciée de leur noyau me porte à penser qu’ils proviennent d’une cellule mère, ou cellule épithéliale, non pas par voie desegmentations progressives du noyau primitif de Ja cellule mère {Spermatogone (La Valette Saint-Georges, Meyer), Sper- matospore (Blomfield)|, comme dans la segmentation ordinaire de l’œuf, mais plutôt par une production endogène de noyaux dans le protoplasme de la cellule mère. On sait que des noyaux secondaires se forment ainsi autour du noyau principal dans la cellule germigène des Dyciemides rhombogènes, pour produire de prétendus embryons infusoriformes, qui pourraient bien être des spermatozoïles ou des spermatophores d’une structure com- plexe. Je puis ajouter à l’appui de mon opinion que le D’ Mathias Duval a observé cette production endogène des noyaux dans le processus ordinaire de formation des spermatoblastes chez l'Helix. Dans ces derniers cas (Dyciemides, Helix), le protoplasme de la cellule mère bourgeonne pour former les spermatoblastes au- tour des noyaux de nouvelle formation, et s’épuise dans cette création. Le noyau primiüf ou principal reste seul, environné d’une certaine atmosphère de protoplasme. Ce dernier devient fortement granuleux et tend à se détruire et à disparaitre. C'est également ce qui se produit dans ces polyblastes spermatiques de la Salmacina. Aussi les spermoblastes sont-ils réunis par des pédicules de protoplasme, qui deviennent d'autant plus minces que les bourgeons sont plus développés; le noyau central, dont on ne peut constater la présence dans les polyblastes à bourgeons nombreux et le protoplasme granuleux, constituent le protoblastophore qui se détrüitet disparaît chez les polyblastes, SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LES ANNÉLIDES. 951 . dont quelques spermoblastes se sont détachés, on vertu d'un processus que j'exposerai plus loin (fig. 10, 11, 12). Les premiers bourgeons, nés en nombre assez considérable autour de la cellule mère, donnent ensuite naissance, par divi- sion, à une morula dont les bourgeons sont à la fois plus minces et plus nombreux. C’est ce que je crois pouvoir conclure de la présence d’un nombre assez considérable de morula semblables à celles de la figure 1”. Ce qui appuie l’opinion que je viens d'émettre, c'est que les spermoblastes de la morula (fig. 1) sont à la fois moins nom- breux, plus volumineux, moins saillants et moins pédiculés que ceux de la morula 1”. Ges derniers, particulièrement représentés (fig. 1°), sont claviformes et ont un fin pédicule, tandis que ceux de la fig. 1 sont rattachés à la morula par une base proto- plasmique d’une épaisseur notable. 2° On trouve en assez grand nombre des morula ou poly- blastes composées d’un petit nombre de spermoblastes, et dont il convient de préciser la description et la signification. Ces mo- rula peuveni se composer de deux, trois, quatre et plus, de sper- moblastes plus volumineux que ceux de la fig. 1, réunis entre eux par un mince pédicule (fig. 10, 11, 12, 13). Au premier abord, il semblerait logique de considérer ces groupes relati- vement simples de spermoblastes comme représentant des états successifs de division des spermatospores ou cellules mères. Mais plusieurs raisons s’y opposent. Il faut remarquer, en effet, que les gros spermoblastes de ces polyblastes présentent ua pédicule relativement mince qui contraste avec le pédicule large de la morula de la fig. 1. Cette téauité du pédicule existe aussi bien dans les morula composées de douze ou treize spermoblastes, que dans celles de quatre, ce qui exclut l’idée quelesillon de séparation des spermo- blastes s’est creusé à mesure que s’accroissait, par division, le nombre des spermoblastes. C’est là pourtant ce qui doit avoir lieu, et ce qui a lieu en effet, ainsi que le prouve l’examen comparé des morula (fig. 1 et fig. 1” et 1’). Ces figures mon- 252 | MÉMOIRES ORIGINAUX. trent clairement, en effet, que le sillon de séparation des sper- , moblastes devient de plus en plus profond à mesure que l’on observe des spermoblastes plus avancés dans leur développe- ment. Il y a déjà là une présomption en faveur decette opinion, que les morula à gros spermoblastes rares des fig. 10, 11, 12, représentent un état plus avancé que les morula fiÿ. 1 et 1'”. L’analogie vient d’ailleurs démontrer que les polyblastes (fig. 1) ne se Géveloppent point par une segmentation régulière des spermatospores, passant par les stades 2, 4, 8, 16, mais bien par l’apparition simultanée, à la surface du spermatospore, d’un nombre assez considérable de bourgeons, d’abord peu saillants, et qui prennent peu à peu l'aspect claviforme en accentuant leur saillie. C’est ainsi, par exemple, que se forment les morula chez le lombric, ainsi que nous le verrons plus loin. Mais si les polybl:stes à gros spermoblastes rares ne sont point des phases de début dans la formation des spermoblastes, quelle est leur origine et leur signification ? C'est ce que nous allons examiner. Parmi les polyblastes, on en remarque un certain nombre dont les spermoblastes sont de volume inégal, et moins nom- breux que dans les morula fig. 1 et 1”. Les bourgeons de moindre volume sont égaux à ceux de la fig. 1”, représentés en 79. 1”: Les plus volumineux (fig. 2?) sont renflés, presque sphériques, et exactement comparables à ceux des fig. 11, 12. Dans le groupe, se trouvent des bourgeons de volumes intermédiaires à ces extrèmes. Tous ces bourgeons sont finement pédiculés, comme dans les morula fig. 11 et 12. On trouve en outre dans la préparation un nombre assez considérable de cellules (a fig. ? bis) sphériques, exactement semblables pour l'aspect du protoplasma, du noyau, du nucléole, et pour le volume aux gros bourgeons a de la fig. 2. On ne peut douter que ces derniers bourgeons ne donnent, en se délachant du groupe, naissance à ces cellules sphériques, com- SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LES ANNÉLIDES. 253 posées comme eux d’une masse de protoplasma sans enveloppe avec un noyau peu distinct et un nucléole brillant. ILest donc permis d'affirmer que les polyblastes de la fig. 17, arrivés à un certain point de leur développement, voient quel- ques-uns de leurs bourgeons grossir, se développer, et se détacher ensuite quand ils sont arrivés à un volume déterminé. Les hour- geons d’une même polybaste ne grossissent pas lous en même temps; et comme ils se délachent du groupe au fur et à mesure de leur maturité, il en résulte que les polyblastes deviennent de moins en moins compliqués, et qu'à la fin il reste des groupes de quatre et même de deux bourgeons ou spermoblastes gros, volumineux, finement pédiculés, et sur le point de se séparer eux-mêmes (fig. 11, 12, 13). Si nous portons maintenant notre atlention sur les petites cellules sphériques de la fig. 2? bis, nous nous apercevons qu’elles subissent des modifications exactement semblables à celles que nous avons décrites dans les grands spermatospores primitifs ou de la première génération. Aussi les désignerons- nous comme spermatospores de la deuxième génération. On trouve, en effet, de ces sphères dont la surface devient légère- ment inégale et commence à se couvrir de bourgeons à peine saillants (fig. 3). Puis ces bourgeons deviennent plus saillants et se multiplient, ce qui donne aux spermatospores l'aspect fram- boisé de la fig. 4. Enfin les saillies ou spermoblastes de la deuxième génération ou deutospermoblastes s'accentuent davan- tage, mais sans acquérir, même de loin, la profondeur des sillons de séparation des spermoblastes de la première génération. La framboise prend l’aspect. de la morula (fig. 1), mais sans aller plus loin. Chacun des petits bourgeons présente au centre un petit noyau réfringent que les réactifs colorés mettent en évi- dence. Il est probable que ies premiers apparus de ces noyaux ont une origine endogène, comme les premiers des spermato - blastes de la fig. 1; mais ils se multiplient ensuite proba- blement par division. D'ailleurs, le noyau du spermatospore est peu distinct. 254 MÉMOIRES ORIGINAUX. Bientôt, du sommet de chacun des petits bourgeons s’élève un cil &’abord très court et très délicat (fig. 5). Ces cils, qui sont jmmobiles, s’allongent ensuite progressivement, ce qui produit des corps semblables à ceux des fig. 7, 7’. On y distingue une masse centrale finement granuleuse, à la surface de laquelle les bourgeons ont progressivement diminué de volume et ont donné lieu à de petites saillies de protoplasme renfermant chacune un petit noyau brillant, et surmontées par un cil extrêmement fin et difficile à apercevoir (fig. 7”). On voit que le protoplasme des bourgeons des morula de la fig. 4 s’est allongé pour former le cil, et que la couche, s'étant amincie, permet d’apercevoir au centre le petit noyau. Plus tard, le cil s’allonge progressivemert, absorbant pour son accroissement toute la couche de protoplasma qui entoure le petit noyau, et celui-ci reste à nu et représente alors un véritable spermatozoïde encore fixé, et composé d’une tête très petite, formée par le noyau du bourgeon et par un cil assez long et très grêle, très délicat (fig. 6). Ges spermatozoïdes, fixés à la surface du spermatospore de la deuxième génération, s’en détachent peu à peu et laissent cette dernière de plus en plus dépouillée (jig. 8). Enfin, quand ils ont tous disparu, il ne reste de la morula secondaire qu'une masse pâle (fig. 9) à contours peu nets, finement granuleuse, qui représente le blastophore de la deuxième généralion ou deutoblas- tophore amoindri, devenu granuleux et en voie de se résorber. Si l’on compare la spermatogénèse chez la Salmacina avec celle que Blomfield (Quart. Journal of microse. Science, 1880) a dé- crile chez le lombric, on remarquera bien des points de ressem- blance; mais on sera surtout frappé des différences importantes qui semblent exister entre les deux cas. Chez le lombric, d’après Blomfield, les cellules mères ou sper- matospores détachés des bourgeons cellulaires qui représentent les testicules, tombent dans Jes vésicules séminales, et y subis- sent les modifications suivantes : Le noyau de chaque cellule se segmeute successivement, de wanière à produire des cellules à noyaux multiples. Le protoplasma de la cellule s’accumule au- SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LES ANNÉLIDES. 255 tour de ces noyaux, de manière à constituer des polyblastes dont les spermatoblastes, d’abord gros et peu nombreux, se subdivi- sent et diminuent de volume progressivement, par suite de la seg- mentation de leurs noyaux. De là résulte une morula ou polyblaste dont les spermoblas- tes attachés à la surface de la cellule primitive, devenue granu- leuse, se transforment directement en spermatozoïdes pourvus d’une tête constituée par le noyau du spermoblaste et d’une queue qui est le résultat de l’élongation progressive du proto- plasma qui entourait le noyau, Quand les spermatozoïdes ont atteint leur complet développement, ils se détachent, laissant à nu une masse granuleuse à contours peu nets, le blastophore, composée du noyau de la cellule mère recouvert d’une certaine quantité de protoplasma granuleux qui se résorbe. I résulterait de là que, tandis que chez la Salmacina il y a succession de deux générations de polyblastes, chez le lombric la première génération de polyblastes existerait seule et les sperma- tozoïides proviendraient directement des spermoblastes de la première génération. Il y aurait donc entre les deax processus une différence re- marquable, qui a d'autant plus raison d’étonner chez des ani- maux dont la parenté n’est pas douteuse, que les processus de spermatogénèése paraissent avoir dans toute la série animale une uniformité assez prononcée. Je n’ai pas cru devoir accepter sans contrôle un semblable ré- sultat, et j'ai repris l'étude de la spermatogénèse chez les lombrics. Voici ce que j'ai observé : En ouvrant les poches séminales des lombrics successivement pendant les mois d'automne, &'hiver, de printemps, on trouve, nageant dans le liquide, un nombre très considérable d'éléments à des degrés de développement très variés ‘et permettant de sai- sir tous les degrés da processus de la spermatogénèse. On y trouve: 1° De grandes cellules de formes variées, le plus souvent al- longées, elliptiques, irrégulières, à noyaux multiples, ayant en 256 MÉMOIRES ORIGINAUX. moyenne 0%®,04 de diamètre et renfermant de 10 à 30 noyaux environ, de 0"”,004 chacun; chaque noyau renferme un petit granule central brillant. Ces noyaux sont situés près de la sur- face de la cellule, et le protoplasma cellulaire finement granu- leux tend à se grouper autour de chacun des noyaux. Il en ré- sulte des salllies qui donnent aux cellules un aspect plus ou moins framboisé (fig. 15, a, b, c). 2° À côté de ces cellules multinuclées se trouvent des poly- blastes formés de spermoblastes assez nombreux, de 10 à 30, et dont le pédicule plus ou moins étroit est attaché à une masse centrale granuleuse qui ne peut être aperçus que sur les poly- blastes dont quelques spermoblastes se sont déjà détachés (fig. 17, a,b,c,d,e,f); chaque spermoblaste a 0®®,0035 de diamètre. Le noyau a 0"®,004 et renferme un nucléole central brillant. Comme on observe tous les degrés intermédiaires entre les cellules multinuclées et les polyblastes à spermatoblastes fine- ment pédiculés, on ne peut douter que ces deruiers ne soient le résultat du développement des premières. 3° On trouve aussi en très grand nombre, chez certains lom- brics, à la fin de décembre et au commencement de janvier, des polyblastes composés de spermoblastes de dimensions diffé- rentes. Les uns, les plus nombreux, ont conservé leurs dimen- sions primitives ; mais à côté d’eux quelques autres ont beaucoup grossi et ont atteint 0",02 de diamètre (fig. 18, a, b,c, d,e,f, g). On trouve des groupes renfermant à côté des spermoblastes de dimensions ordinaires, 1, 2, 3 ou 4 spermoblastes de di- mensions variées. Les gros spermoblastes sont devenus clairs, finement granuleux, et leur noyau devient très peu apparent; dans beaucoup d’entre eux, il semble même avoir disparu. Enfin, dans les plus gros d’entre eux, on voit apparaître un nombre assez considérable de noyaux placés tous près de la périphérie, encore peu apparents et ayant environ 0®,002 de diamètre (fig. 18, a, c). Parmi les polyblastes ainsi constitués, on en remarquera un certain nombre sur lesquels se voit très clairement, au point d'union des gros et petits spermoblastes, une masse informe et SPERMATOGÉNÈSE BHEZ LES ANNÉLIDES. 251 déchiquetée de protoplasma très granuleux. Ce sont les restes de la cellule mère ou spermatospore constituant le blastophore de Blomfeld, et mis à découvert en ce point par le détachement antérieur de quelques spermoblastes. 4° En effet, les spermoblastes devenus gros et pourvus de noyaux multiples superfciels se détachent du polyblaste, et l’on en trouve un certain nombre, dans la préparation, n'ayant encore subi aucune modification et presque tous porteurs, sur un point de leur surface, d’un fragment plus ou moins volumineux du protoplasma granuleux du blastophore ou cellule mère, frag- ment qui a été emporté par le spermoblaste qui y adhérait. On trouve même des masses granuleuses du blastophore ne sup- portant qu’un petit nombre de spermoblastes gros ou petits, et présentant parfois un noyau flétri plus ou moins apparent Ua 19 4,0, €, d,e, f). On trouve encore des polyblastes ne comprenant que quelques spermoblastes de grandes dimensions mais inégaux (fig. 20, &, b, C, d). 5° Enfin, les spermatoblastes volumineux et libres deviennent à leur tour des noiyblastes de la deuxième génération. Ils gros- sissent, atteignent environ 0%®,03 de diamètre ; leurs petits noyaux se multiplient et sont de 0,001 à 0,002. Ces noyaux, placés à la surface, provoquent la formation de petits spermo- blastes de la deuxième génération ou deutospermoblastes (fg. 21, a,b, 22, 23, a, b,c). Ges petits spermoblastes se développent en spermatozoïdes en passant par des conformalions de plus en plus allongées du protoplasme et du noyau (fig. 24, 25, 26). Au centre, se trouve le blastophore granuleux, appelé à rester isolé et à se résorber après que les spermatozoïdes se seront détachés: c'est le deutoblastophore. Les observations qui précèdent m’autorisent à dire qu'il existe, chez le Lombric comme chez la Salmacina, une succession de deux générations de polyblastes. C’est là un fait dont Blom- field ne s’est pas rendu compte, et qui pourrait bien être d’une généralité assez marquée. 258 MÉMOIRES ORIGINAUX. Il y a, dans la spermatogénèse chez la Grenouille, certains faits notés par les différents observateurs, mais interprétés d’une manière assez obscure et contradictoire par eux, qui trouveraient dans le processus de succession de deux générations de poly- blastes une explication très satisfaisante. C’est ainsi que le D' Mathias Duval‘ distingue, chez la Gre- nouille, les ovules mâles de ce qu’il appelle les noyaux ou cellules granuleuses, et considère les premiers comme une transforma : tion, un état plus avancé des seconds. C’est là une interpréta- tion que je ne puis accepter, attendu que les dessins de l’auteur ne sauraient autoriser une semblable conclusion, qui est d’ailleurs fortement contredite par les observations de La Valette Saint-Georges, Balbiani?, et par celles de Blomfield *. Il ressort clairement des figures de Mathias Duval, aussi bien que de celles de Blomfield, que les spermatozoïdes naissent du protoplasme d’une cellule granuleuse (Duval), qui est le même élément que les noyaux superficiels de Blomfield. Par conséquent, ces derniers éléments ne sauraient devenir des ovules mâles ou spermato- spores de Blomfield. L'interprétation la plus rationnelle et la plus légitime consiste considérer les ovules mâles, ou spermatospores, comme appelés LAC) à fournir une première génération de spermoblastes, c'est-à- e dire à devenir les polyblastes de la première génération, repré- sentant les ovules mâles recouverts d’un petit nombre de cellules sranulenses. Ces dernières sont les protospermoblastes qui pro- duisent, par leur face interne, un nombre considérable de noyaux ou deutospermoblastes. Le tout constitue les grands kystes qui font saillie dans le canicule spermatique, et sont formés par l’en- semble des deutopolyblastes. Les protospermoblastes sont plus saillants à la surface du kyste, d’où le nom de noyaux super- 1 Mathias Duval ; Recherches sur la spermatogénèse chez la Grenouille (Revue des Sciences naturelles, septembre 1880). 2? Balbiani; Leçons sur la généralion des Verlébrés, 1879. 3 Blomfeld; The development of spermatozoa (Quart. Journal of. microscop. Science, july 1881). SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LES ANNÉLIEES. 259 ficiels que leur donne Blomfeld, qui les représente comme for- més par un noyau entouré d’une atmosphère de protoplasma granuleux. Chacun des spermoblastes de la première génération subit ce genre de processus, et tout le kyste finit par être trans- formé en cellules granuleuses superficielles recouvertes à l'in- térieur de spermatozoïdes. Cette interprétation convient par- faitement aux diverses figures données par Mathias Duval, et en particulier aux fig. 2,3, 4, 5, 6, 23, 25, 26, 31, 32, 37, 38 de la PI. XXV, du mémoire de Blomfield. Ces observations me semblent permettre également de donner une interprétation ralionnelle des faits si étonnamment expliqués par Balbiani. Les éléments ovulaires mâles et femelles, à la con- jugaison desquels il attribue la formalion des spermatozoïdes, me paraissent n'être au fond que les représentants des deux généra- tions successives de blastophores. Dans le cas de la Grenouille par exemple, les ovules femelles primordiaux de Balbiani, qui sont les spermatogonies de La Valette Saint-Georges, peuvent être considérés plus justement, à mon point de vue, comme des blastophores de la première génération, autour dequels se sont formés, par bourgeonnement, les cellules du spermatocyste de La Valette Saint-Georges, ou ovules mâles de Balbiani (cellules épithéliales), qui pour moi sont les sperma- toblastes de la première génération. Ceux-ci donneront à leur tour, par bourgeonnement, des spermatoblastes de la deuxième génération,destinés à se transformer directement en spermatozoï- des. Il est d’ailleurs remarquable que La Valette considère les cel- lules du spermatocyste comme résultant de la prolifération du: noyau de la spermatogonie, donnant naissance à plusieurs petits noyaux qui,s'entourant chacun d’une couche de protoplasma, con- stituent le spermatocyste. Il est non moins remarquable que Balbiani ‘ considère les cellules pédonculées qui remplissent les spermatocystes de la Grenouille (spermatoblastes de la deuxième 1 Balbiani; loc. cit., pag. 218. 260 MÉMOIRES ORIGINAUX. génération mihi) comme provenant, non de la multiplication de la spermatogonie primitive, ainsi que le veut La Valette Saint-Geor- ges, mais d’un bourgeonnement de l’une des cellules du folli- cule chez la Grenouille, et de toutes chez les Plagiostomes (sper- _ matoblastes de la première génération mühi). La description de la spermatogénèse chez les Plagiosiomes, telle que la décrit Balbiani, trouve également une interprétation très rationnelle dans le fait de la succession des deux générations de spermoblastes. Je puis en dire autant de la spermatogénèse des Vertébrés su- périeurs, y compris les Mammifères. En un mot, ce que Balbiani considère comme les ovules primordiaux entourés de cellules épithéliales, ou mieux comme de jeunes follicules de Graaf mâles, ne sont que des polyblastes de la première génération, tandis que les amas cellulaires formant les spermatocystes de La Valette, ou les cellules dites épithéliales recouvertes de bourgeons pyri- formes de Balbiani, sont les polyblastes de la deuxième géné- ration. Je résume dans le Tableau ci-après ces assimilations, assez difficiles à saisir à cause de la variété des nomenclatures. Ce tableau, qui établit clairementles assimilations à faire entre les divers éléments du processus de quelques théories de sper- matogénèse chez les Plagiostomes et chez la Grenouille, permet de reconnaître comb'en mes observations contribuent à concilier les observations et la théorie de La Valette Saint-Georges avec celles de Balbiani. Elles démontrent ce que chacune de ces théories a de vrai, et réunissent tous ces éléments positifs en un même tout qui re- présente un processus simple, comme le sont généralement ceux de la nature. Il est, en effet, remarquable que le processus de la spermato- génèse, tel que le montrent mes propres observations, réunit clairement dans un même ensemble des faits partiellement ob- servés par La Valette Saint-Georges, Balbiani et Blomfield. C’est ainsi que La Valette à constaté la naissance des cellules du sper- SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LES ANNÉLIDES. 261 matocyste par bourgeonnement superficiel de la spermatogonie, ce qui correspond exactement à la formation des protospermo- blastes par bourgeonnement à la surface du spermatospore. C’est ainsi encore que Balbiani a constaté le bourgeonnement des cel- lules filles pédonculées ou spermatozoïdes à la surface de chacune des cellules du follicule, ce qui est exactement d'accord avec le bourgeonnement des deutospermoblastes ou spermatozoïdes, à la surface de chacun des protospermoblastes. Il n’est d'ailleurs pas douteux que Blomfield ait observé le même fait sans se rendre compte de sa signification, puisque les fig. 37, 38 de la PI, XXV qui accompagne son mémoire dans le Quarterly Journal (figures reproduites ici, fig. 32 et 33), montrent clairement les deutosper- moblastes ou spermatozoïdes de la Grenouille disposés en rayon- nant à la surface d’un de ses noyaux superficiels et sont accom- pagnées de ces légendes significatives : s-n. superficial nuclei, in 32 the spermaioblasis may be seen coming into connection vith these bodies ; et fig. 33: « Spermatoblast arranged round » one of these superficial nuclei, wich has now became the blas- » tophoral cell.». J'ai démontré en effet que les protosper- moblastes deviennent bien les deutoblastophores, porteurs des deutospermoblastes ou spermatozoïdes. Je n’ai pas besoin d’insister davantage sur ce que présentent d'intéressant les observations qui précèdent, et sur l'application que j'en ai faite à l’intelligence des théories diverses et parfois difficilement admissibles qui ont été données du processus de la spermatogénèse. Je me borne à engager les Naturalistes qui s’oc- cupent de cette question à relireles Leçons de Balbiani sur la gé- nération des Vertébrés, en ayant présentes à l'esprit les observa- tions qui précèdent sur la spermatogénèse de la Salmacina et du Lombric. Il n’y aurait pas lieu de s’étonner que l'interprétation si simple, si rationnelle, que je donne des faits, lenr parüt devoir s’appli- quer aux observations du professeur du Collège de France, et devoir être préférée à l'interprétation réellement si tourmentée, si inutilement compliquée, de cet embryologiste distingué. Ce 262 MÉMOIRES ORIGINAUX. résultat me paraît d'autant plus probable que l’existence de deux générations successives d'éléments cellulaires est parfaitement en harmonie avec la multiplicité incalculable des éléments du sperme. Cette faculté de multiplication, portée à un si haut degré, mérite de fixer l'attention, car elle rappelle la rapidité de multiplication des éléments embryonnaires, rapidité dont les éléments repro- ducteurs de l'adulte paraissent avoir conservé le souvenir et le privilège. Je tiens à faire remarquer que, soit chez le Lombrie, soit chez la Salmacina, la tête du spermatozoïed m'a toujours paru très net- tement provenir du petit noyau du spermoblaste,et la queue être formée simplement de l’élongation du protoplasma. Ce sont là des résultats qui sont en contradiction avec les opinions émises dans des mémoires d’une vraie valeur, publiés dans ce même Recueil par le D' Mathias Duval ". Pour cet honorable Auteur, chez ces Invertébrés, la tête du spermatozoïde n’est pas formée par un noyau proprement dit, par le noyau du spermatoblasie, mais par ce qu'il appelle le corpuscule céphalique, c'est-à-dire un renflement apparaissant dans le voisinage de ce noyau. En outre, la queue du spermato- zoïde résulterait, non pas simplement de l’élongation du proto- plasma du spermatoblaste, mais apparaitrait « d'emblée dans » le protoplasma par une sorte de différenciation de substance, » par une sorte de production endogène, de genèse. » La production du corpuscule céphalique, admise par La Valette Saint-Georges sous le nom de corps nucléolaire chez les Arthro- podes, les Mollusques et d’autres Invertébrés, par Balbiani etpar Bütschli chez les Insectes, n’a pu être observée depuis par le D° Mathias Duval chez la Grenouille ‘ et même chez les Insectes, ce ee 1 Mathias Duval; Recherches sur la spermatogénèse éludiée chez quelques Gastéropodes pulmonés. (Revue des Scienc. natur., décembre 1878.) — Études sur la spermatogénèse chez la Paludine vivipare. (Revue des Sciences naturelles, septembre 1879.) | SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LES ANNÉLIDES. 236 qui a éveillé des doutes sérieux dans l'esprit de l’auteur sur la réalité de cette formation chez les Invertébrés. D'ailleurs, dans un mémoire récent * sur le développement des spermatozoïdes chez l’Helix, Blomfield a toujours vu le noyau du spermatoblaste former la tête du spermatozoïide, et n’a jamais constaté la production d'un corpuscule céphalique. If a fait la même observation pour le Lombric et la Grenouille. Mes études sur les Lombrics, sur la Salmacina, m'ont conduit au même résultat, que de nouvelles recherches chez l’Arion rufus m'ont permis de généraliser. Quant à la formation endogène du filament spermatique, je crois pouvoir la considérer comme un effet des réactifs sur un petit nombre de spermatazoïdes en voie de formation. Blomfeld nel’a observée ni chez le Lombric, nichez l’Helix, ni chez la Grenouille. Le D’ Duval ne l’a pas retrouvée chez la Grenouille. Je dois à mon tour déclarer que, soit chez le Lombric, soit chez la Salmacina, soit chez l’Arion rufus, j'ai toujours vu leprotoplasma s’efliler peu à peu en filament; etil ne m'est jamais arrivé de constater, soit l'existence d’un filament noyé dans la masse de protoplasme du spermoblaste, soitla présence du noyau de ce dernier, qui, au lieu de former la têle du spermatozoïde, se serait porté vers l'extré- mité renflée du spermoblaste. Chez l’Arion rufus notamment, j'ai vu des spermatozoïdes à divers degrés de développement. Tous étaient formés par une extrémité centrale attachée au blastophore et ayant un noyau et un nucléole très évidents, dans les périodes peu avancées du développement (fig. 21, 22, 23). Plus tard le nucléole dispa- raissait, et il ne restait qu’un noyau entouré d’une légère couche de protoplasme en forme de serpette et constituant la tête (/ig. 24, 25, 26). Quant au filament, il résultait nettement de l’effilement 1 Mathias Duval; Spermatogénèse chez la Grenouille (Revue des Sc. naturelles, septembre 1880). 2 Blomfield ; The developpment of the spzrmatozoa (Quart. Journ. of microsc. Science, july 1881). 264 MÉMOIRES ORIGINAUX. du protoplasme dont les degrés successifs sont représentés dans les fig. 27, 28, a, b, 29, 30, a, b° Tels sont les résultats des observations que j'ai faites sur quel- ques types. Je les ai publiés ici à titre de documents capables de s'ajouter à ceux qui s'accumulent dans divers Recueils, et dans celui-ci en particulier, pour constituer une histoire générale de la spermatogénèse. RECHERCHES SUR LE SAC EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES Par M. L. GUIGNARD. INTRODUCTION. Les recherches dont le sac embryonnaire des Phanérogames avait été l’objet, à l'époque des longues discussions des pollinistes et des vésiculistes, semblaient avoir établi sur des bases solides l’histoire de cet organe. Jusqu'à ces dernières années, rien n’était venu contredire les idées admises comme classiques depuis les travaux de Hofmeister. Cependant, en 1877, M. Strasburger démontrait que la nature des phénomènes qui se passent dans le sac embryonnaire avant la fécon- dation, avait entièrement échappé aux observateurs précédents et que leur étude exigeait une révision complète. La question entrait dans une phase nouvelle et pleine d'intérêt. Presque en même temps, M. Warming publiait sur l’ovule un im- portant mémoire, dans lequel était émise une hypothèse séduisante sur la nature morphologique du sac embryonnaire. Cette hypothèse, en désaccord avec les faits annoncés par le savant professeur d’Iéna, permettait de relier d'une facon très heureuse les Phanérogames aux Cryptogames, tandis que par la découverte de M. Strasburger, les Métaspermes se trouvaient tout à coup considérablement éloignés des Archispermes. Les premières recherches qui suivirent parurent d'abord fournir des arguments sérieux à l'appui des idées de M. Warming; mais bien- tôton annonçait des résultats contradictoires. De nouvelles recherches devenaient nécessaires. Les plus récentes, tout en confirmant les assertions de M. Stras- burger, nous apprennent que le sujet est loin d'être épuisé et que les | a ve M} 41: tésroeotéiel antark tj. Lôm tué a, 2 1, PRET ere FF x | mi same sp # PSS tel Œ LEE, : SAT ni [y Ja DR VA Late 1 2 tee Gui © rer ga 0" + fr à RU Ag à 4 1 #3 pe { né? 5 LAC à fs 12 er A'TA V « . ju cos sas, nn ste LL RS To | ÿ at su Na LD JE 4 SPOIMS OET DH ÉD an l'an 8 HEIN. 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La formation des cellules filles, et par conséquent des Spermato- zoïdes, est le résultat de la conju- gaison de l’élément mâle (cellules épithéliales du follicule) et de l'élément femelle (ovule primordial mâle). JVAL. ‘ansformation . des Oyaux gra- ne par seg- plication du Prmatiques. se disposent cyste et de- s Spermato- e est dirigée te. * cellules ou BLOMFIELD. (Grenouille). I. Spermatospore. Il donne par division du noyau et par bourgeonnement du pro- toplasme le Polyblaste. Quelques noyaux dits super- ficiels et devenant granuleux con- stituent les IT. Noyaux superficiels. Ces derniers me semblent ne pas différer de ce que Blomfield a eu le tort de distinguer comme Cellules interstitielles, c’est-à-dire placées entre les Polyblastes. Les autres Spermetoblastes se développent en IT. Spermatozoïdes qui sont réunis en faisceaux fixés sur les noyaux superficiels. Polyblaste avec noyaux super- ficiels ou Cellules interstitielles. “moblastes. ration se transforme en Sperma- SABATIER. (Annelides et Vertébrés.) I. Spermatospore. Il forme par le bourgeonnement du noyau et du protoplasme à la surface le premier Polyblaste (Pro- topolyblaste), qui est composé du Protoblastophore recouvert de bourgeons qui sont les IT. Spermoblastes de la pre- mière génération ou Protosper- moblastes devenant les Deutoblas- tophores granuleux. IT. Chacun des Prôtospermo- blastes produit par bourgeonne- ment à sa surface, les spermo- blastes de la deuxième génération ou Deutospermoblastes, qui de- viennentchacun un Spermatozoïide et sont supportés par le Deuto- blastophore. Polyblaste de la première géné- ration ou Protopolyblaste. La formation des Protospermo- blastes comme celle des Deuto- spermoblastes, et par conséquent celle des Spermatozoïdes, n’est que le résultat de la formation de deux générations successives des Sper- La deurième géné- tozoïdes. EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE VII. 1. Protopolyblaste de Salmacina. À à id. id. 2. Id. dont quelques protospermoblastes grossissent, 2 bis. a. Un protospermoblaste détaché et devenu libre. 3. Le même commençant à bourgeonner à la surface. 4. Le même plus avancé. 5. Le même avec cils commencant à paraître. 6. Deutoblastophore couvert de spermatozoïdes. 7,77”,8. Degrés divers. 9. Deutoblastophore à nu et prêt à se résorber. 10. Protopolyblaste à protospermoblastes gros et rares. 11,12. Le même à protospermoblastes plus rares. 13. Le mème à deux prostospermoblastes. 14. Spermoblastes détachés. 15. a. b. c. Spermatospores de lombric polynucléés. 16. a. b. c. Spermatospores dans lesquels commence à paraitre la couche périphérique de noyaux par voie endogène. a. b. c. d. Polyblastes formés de protospermoblastes. 18. a. b. c. d.e. f. Polyblastes dont quelques protospermoblastes ont grossi, avec génération endogène de noyaux clairs. 19. a. b. c. d. e. f. g. Polyblastes dont le protoblastophore est mis à nu par la chute des protospermoblastes ; quelques protospermo- blastes détachés portant des restes déchirés du protoblasto- phore. 20. a. b. c. d. Groupes de protospermoblastes rares et gros. A'. B. C. Soies de la Salmacina. PLANCHE VIII. 21. a. b. c. Deutopolyblaste où les bourgeons commencent à saillir. 22. — — — — 23. a.b. Deutopolyblastes couverts de deutospermoblastes. 24. Deutospermoblastes dont le noyau et le protoplasme se sont allongés en massue. 25. Degré plus avancé avec queues. 26. Sperma.. de l’Arion rufus dont le protoplasme est encore en masse. 27. a. b. État d’effilement plus avancé. 28. État encore plus avancé, 30. a. b. Spermatozoïdes, 31. Figure empruntée à Blomfield. Polyblaste de grenouille montrant l’élongation centripétale du protoplasme ; les noyaux saperfi- ciels sont en connexion avec les spermatozoïdes. 33. Spermatoblastes (deutospermoblastes #1hi) arrangés autour du noyau superficiel qui est devenu le blastophore. SAC EMBRYO XNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. 265 phénomènes dont il s'agit ne sont pas aussi simples qu'on aurait pu le croire. J'ai fait connaître dernièrement, dans mes recherches sur l’em- bryogénie des Légumineuses!, avant l’étude de l'embryon, qui était le principal objet de ce travail, les différentes phases de l’évolution du sac embryonnaire dans ce vaste groupe de plantes. Je n'ai pas à y re- venir ici; je passerai en revue les familles qui ont fait le sujet de mes investigations parmi les Angiospermes. Au début de ces recherches, j'ai cru devoir répéter bon nombre des observations déjà connues, “avant de les étendre à d’autres plantes appartenant, soit aux Monocotylédones, soit aux Dicotylédones. Je n ai pas la prétention de clore la discussion ; j'espère seulement que les résultats auxquels je suis arrivé, joints à ceux de mes devanciers, permettront de nous faire une opinion plus exacte sur le développe- ment du sac embryonnaire. _ Mais il est nécessaire d'exposer d'abord à grands traits l'état de cette question, d'autant plus intéressante aujourd'hui que les efforts des botanistes tendent à découvrir la filiation des représentants vivants ou disparus du règne végétal, et à combler la lacune qui sépare les Pha- nérogames des Cryptogames. HISTORIQUE. D'après Hofmeister*, chez les Orchidées, où l’ovule consiste en une simple assise cellulaire épidermique enveloppant une sé- rie axile de cellules, le sac embryonnaire provient de l’agrandis- sement de la cellule supérieure de cette série. Dans les ovules à structure plus complexe, le sac embryonnaire serait dû égale- ment à l’une des cellules de la série axile du nucelle. Tandis que tontes les autres cellules se multiplient, la cellule du sac se con- tente d'augmenter son volume ; son noyau ne se divise pas, il se dissout, et, par suite d’une formation de noyaux céllulaires li- bres aux deux extrémités du sac embryonnaire, naissent les vésicules embryonnaires et les antipodes. Les premières sont au nombre de deux ou de trois, rarement plus ; les secondes, quand { Recherches d'embryogénie végétale ; Ann. des Sc. nat., Bot., 6e série., tom. XII, 1881. 2 Hofmeister ; Neue Beiträge zür Kenntniss der Embryobild. der Phanerog. {Abhandl. d. Künigl. Gesellsch. d. Wissensch., tom. V. pag. 671.) 3° sér., tom. 1. 19 266 MÉMOIRES ORIGINAUX. elles existent, sont généralement au nombre de trois, sauf tou- tefois chez les Dicotylédones gamopétales, où il n'y en a d’ordi- naire qu’une seule entourée d’une membrane cellulosique. En général, l’une des vésicules embryonnaires occupe le sommet du sac, la deuxième et la troisième sont situées un peu plus bas. Ce sont des cellules nues; mais, dans le Crocus, Hofmeister ditavoir vu une des vésicules qui n'avait pas élé fécondée, posséder une paroi de nature cellulosique. Dans son traité classique, M. Sachs dit que le Rheum undula- tum ne présente qu'une seule vésicule embryonnaire". En commencant des recherches sur la fécondation, M. Stras- burger reconnut l'inexactitude des faits qui précèdent’. Pour réviser l’histoire du sac embryonnaire, il choisit l’Orchis pallens, dont les ovules, petits et transparents, peuvent être facilement éxaminés. «J'ai acquis la preuve, dit-il, que Ja grande cellule supérieure de la rangée axile du nucelle, qui touche à l'épi- derme, ne devient pas directement sac embryonnaire. On la voit se partager vers le haut par une cloison horizontale, puis la petite cellule supérieure se divise encore une fois. » M. Stras- burger a reconau depuis que c'est en réalité l'inférieure qui se partage une seconde fois vers le haut*. Bientôt après, la cellule inférieure, plus volumineuse, s'agrandit, comprime celles qui la surmontent et se développe en sac embryonnaire. Son noyau, ou noyau primaire du sac embryonnaire, se partage en deux parties ; chacune d’elles se rend à uae des extrémités de la cavité ; une vacuole les sépare. Les deux nouveaux noyaux se divisent simul- tanément, dans des plans plus ou moins perpendiculaires l’un à l’autre; les quatre noyaux formés se partagent encore, ce qui donne par conséquent huit noyaux disposés en deux groupes, occupant chacun l’une des extrémités du sac embryonnaire. Pendant cette dernière division, des cloisons délicates prennent 1 Sichs ; Traité de Botanique, trad. franç., pag. 659. 2 Strasburger ; Ueber B:fruchtuag und Zelltheilung. (Jenaische Zeitschrift für Med. u. Naturwissensch., pag. 461, 1877.) 3 Angiospermen und Gymuos_ermeu, pag. 24. SAC EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. 267 naissance ontre les noyaux et forment trois cellules dans la partie supérieure et trois dans la partie inférieure ; le quatrième noyau d'en haut et le quatrième d'en bas restent libres et se fusionnent pour donner un noyau unique, qui est le noyau secondaire du sac embryonnaire. Le sommet du sac est occupé par les deux cellules qui doivent leur origine au partage qui s'est fait parallèlement à l'axe longitu- dinal du sac embryonnaire ; un peu plus bas est la cellule dont le noyau a été isolé par un partage perpendiculaire au même axe. Les deux premières sont les synergides, la troisième est l'œuf (oosphère). Au fond du sac sont les trois cellules antipodes nées de la même façon que les précédentes, mais situées presque au même niveau. Il n’y a donc pas formation libre de cellules dans le sac em- bryonnaire. On reconnait également que le noyau unique placé entre l'appareil sexuel et les antipodes n’est pas, comme on avait cru, le noyau primaire du sac embryonnaire, mais le produit d’une fusion des plus remarquables et dont la signification n’élait pas facile à saisir. M. Strasburger s’assura de même, par l'examen d’un assez grand nombre d’ovules prêts à être fécondés, qu’il y a réellement trois vésicules embryonnaires au sommet et trois antipodes à la base. Les deux vésicules synergiques sont généralement pyrifor- mes ; leur noyau est plus rapproché du sommet et surmonte une vacuole qui en occupe la base, plus élargie. La vésicule ovulaire, insérée un peu au dessous, présente au contraire son noyau à la base ; c’estsur elle seule que s'exerce l’action fécondatrice. Gette remarquable découverte venait d'être annoncée quand M. Warming publia son mémoire sur l’ovule ‘.Le savant danois s’effor- ce de démontrer la nature foliaire de cet organe, et de prouver que le nucelle est une création nouvelle sur le mamelon ovulaire. Il définit le nucelle « la partie de l’ovule située au-dessus des téguments et renfermant le sac embryonnaire. » La cellule qui 1 E. Warming; De l'ovule, (Ann. des Sc. nat., Bot., Ge série, tom. V, 1778.) 268 MÉMOIRES ORIGINAUX. doit donner naissance au sac embryonnaire appartient, par son origine, à l’assise sous-épidermique du nucelle. L'une des cellules de cette assise, à peu près axile, se distingue de ses voisines par son volume et par l'aspect particulier de son plasma: c’est la « cellule privilégiée ». Elle se comporte de deux façons différentes : 1° Chez les Gamopétales ou monochla- mydées, elle devient directement « cellule mère primordiale du sac embryonnaire »; 2° Chez les Dialypétales ou dichlamydées, elle se divise en deux cellules superposées: la supérieure de ces deux cellules reste indivise, ou bien produit un tissu plus ou moins compliqué constituant « la calotle »; l’inférieure est la cellule mère primordiale. Il se forme dans cette cellule mère primordiale des cloisons transversales d’une nature particulière, souvent courbées et ondulées, épaisses el collenchymateuses, qui la divisent en 2, 3, 4, > cellules filles superposées, que M. Warming compare aux cellules mères du pollen. Après avoir montré l'homologie du sac pollinique avec le microsporange, il essaie d'établir celle du sac pollinique avec le nucelle. Ces deux derniers offrent le même mode de développe- ment ; les divisions cellulaires s’y succèdent régulièrement et de la même manière; elles sont particulières au sac pollinique et au aucelle. Il est vrai qu'il y a cette différence, que dans le nucelle une seule cellule devient reproductrice, tandis que dans le sac pollinique il y en a un grand nombre. « [’anthère des Angiospermes est au nucelle comme le microsporange est au macrosporange . …. Dans l’anthère comme dans le microsporange, les cellules mères des grains de pollen ou des spores se dévo- loppent toutes ; dans le nucelle comme dans le macrosporange, une seule se différencie des autres'. » La cellule mère primor- diale du nucelte se divise en cellules mères (spéciales), dans lesquelles devront naître des tétrades de spores. « Il est fort possible, dit-il, qu’on découvre dos indications d’une division en 1 Loc. cit., pag. 211. SAC EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. 269 tétrades ; il y a lieu de rechercher si l'on ne peut pas considérer les vésicules embryonnaires et les antipodes comme des spo- res", » Pour M. Warming, le sac embryonnaire provient de l’une des cellules mères (spéciales) nées dans la cellule mère primordiale : « les parois transversales se résorbent, etune seule cellule plus grande reprend la place du petit groupe et s'étend de plus en plus, en repoussant plus ou moins vite les autres cellules du nucelle *? ». Après avoir pris connaissance du mémoire de M. Strasburger, l’auteur maintient son opinion et considère les huit noyaux for- més dans le sac embryonnaire comme représentant deux tétrades de spores. On pouvait cependant lui faire cette première objec- tion que, si l’on considère le sac embryonnaire comme l’homo- logue d’une cellule mére de pollen ou de spores, cette cellule donnerait ici naissance non pas à quatre, mais à huit spores. L'année suivante, en 1878, M. Vesque croit pouvoir confirmer l'hypothèse du savant danois *. Il admet avec lui que la cellule primordiale du sac embryonnaire se divise en plusieurs cellules mères spéciales superposées, qu’il désigne, pour plus de commc- dité, par des numéros d’ordre. Le sac embryonnaire provient de la fusion des cellules 1 et ?, dont la cloison séparatrice se résorbe. Il ne pense pas que le schéma de M. Strasburger soit général. Deux cas sont possibles : 1° celui d’un sac embryonnaire à deux tétrades (Dialypétales et Monocotyléd.) ; 2° celui d’un sacembryon- naire à une seule tétrade (Gamopétales). Dans le premier cas, les choses se passent comme le dit M. Strasburger : les deux cellules supérieures confondues renferment huit noyaux dont trois don- nent l’appareil sexuel, trois l'appareil antipode ; les deux autres fonctionnent comme noyaux végétatifs des deux cellules et se con- fondent à la suite de la fusion des cellules elles-mêmes. Dans le 1 Loc. cil., pag. 222. 2 Loc. cil., pag. 222. $ J. Vesque; Développement du sac embryonnaire des Phanérogames angio- spermes. (Ann. des Sc. nat., Dot., 6° série, tom. VI, 1878.) 270 MÉMOIRES ORIGINAUX. second, le noyau de la cellule ? reste indivis ; il se fusionne avec le quatrième noyau venu d'un haut: il n’y a par conséquent pas d’antipodes, leur existence serait même un caractère d’infé- riorité dans la série des Angiospermes. Les autres cellules (3°, 4°, 5€), par suite du développement excessif des deux cellules confondues, se trouvent ordinairement logées dans un cœcum chalazien cylindrique. Lorsque la partie inférieure du sac embryon- naire reste étroite, comme dans la plupart des Gamopétales, lo développement de ces cellules s’arrête là jusqu’à la fécondation : ce sont des anticlines, selon l'expression de M. Strasburger. Lors- que, au contraire, le sac embryonnaire s’élargit dans toutes ses parties, ces cellules mères spéciales peuvent toutes, ou la supé- rieure seulement, produire des tétrades. Il est à remarquer que les dessins de cet auteur différent con- sidérablement de ceux de M. Strasburger, et que nulle part il n’est question d’un refoulement des cellules superposées à la cellule, qui s'agrandit en sac embryonnaire. Cependant, si l’on considère que les observations de M. Strasburger n'avaient eu pour objet que quelques plantes qui, par leur nature même, pouvaient donner lieu à des exceptions ; et si, d’autre part, on songe que M. Vesque avait étendu les siennes à un assez grand nombre d’Angiospermes, on s’expliquera facilement qu'on ait été porté à regarder comme fondées les assertions de ce dernier auteur. Bientôt après paraissait un nouvel ouvrage de M. Strasburger ‘. Le savant botaniste nie l'exactitude des résultats de M. Vesque et confirme les siens par des observations plus étendues. Dans le courant de la même année, M. Vesque publie de nou- velles recherches, beaucoup plus étendues que les premières *. Loin d'abandonner sa manière de voir, il maintient ses premières conclusions, et considère comme solidement fondée l’hypothèse de M. Warmipg sur l'homologie des cellules mères spéciales, nées { Angiospermen und Gymuospermen. Jéna, 1879. 2 Nouvelles recherches sur le développement..... (Ann. des Sc. nat., Bot., 6° série, tom, VIII, 1879.) SAG EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. 2H dans la cellule mère primordiale du sac embryonnaire, avec les cellules mères du pollen des Phanérogames et celles des spores des Cryptogames : « J’ai confirmé celte opinion; le problème morphologique est résolu : les vésicules embryonnaires et anti- podes sont les homologues des spores et des grains de pollen; les autres cellules, dont le noyau ne s’est pas divisé, et auxquelles j'ai donné le nom d’anticlines, sont les homologues de cellules mères spéciales arrêtées dans leur développement ‘ ». Les anti- clines peuvent être de trois sortes : 1° stériles, celles qui, une fois formées, cessent de se développer et sont bientôt compri- mées par le sac embryonnaire proprement dit ; 2° actives, celles qui se divisent à plusieurs reprises après la fécondation et for- ment un endosperme, qui n’est, morphologiquement parlant, qu'un prothalle stérile ; 3° cotyloides, celles qui, ne se divisant pas, envoient un ou plusieurs cœcums dans le tissu nucellaire, dans le tégument, ou même dans le placenta. Ainsi, tandis que, pour l’un, le sac embryonnaire est dû à l'agrandissement d’une seule cellule inférieure, il provient, pour l’autre, de la fusion des deux cellules supérieures ; là où le pre- mier trouve des antipodes véritables, le second ne voit que des anticlines et pas d’antipodes. En présence d'opinions si opposées, M. Fischer étudie, en 1880, l’évolution du sac embryonnaire dans un certain nombre de Monocotylédones et dans quelques Dialypétales ?. I1 constate que chez les premières, la cellule mêre du sac embryonnaire naît ordinairement de la couche sous-épidermique du nucelle, parfois aussi d’une couche plus profonde. Chez les secondes, le mode de formation des cloisons intranucellaires est remarqua- blement constant; la cellule mère tire aussi son origine de la couche sous-épidermique, qui a ici un rôle très-accentué. Au total, il confirme les assertions de M. Strasburger. 1 Loc. cit., pag. 263. 2 G. Fischer; Zur Kenntuiss der Embryosackentwicklung einiger Angiosper- men. { Jenaische Zeitschrift für Naturwissenschaft, Bd. VII, Heft. 1, 1880.) 972 MÉMOIRES ORIGINAUX. De son côté, M. Marshall Ward examinait le Gynmadenia co- nopsea * et quelques Angiospermes?. Il décrit avec détails les phases successives du développement du sac embryonnaire dans le Butomus umbellatus; ses conclusions ne concordent pas avec celles de M. Vesque. Il croit toutefois que les phénomènes qui se passent dans le cours du développement ne peuvent en- core recevoir une explication satisfaisante. Vers la fin de la même année, parut une notice de MM. Treub et Mellink sur ce sujet controversé *. Ces auteurs admettent que le schéma de M. Strasburger n'est pas général. Le sac embryon- naire résulte, il est vrai, dans la majorité des cas connus jus- qu'ici, de l’agrandissement de la cellule inférieure d’une rangée de cellules plus ou moins nombreuses. Mais parfois, quand il n’y a que deux cellules formées dans la cellule mère primitive, c’est tantôt la supérieure, tantôt l'inférieure qui s'agrandit ( Narcissus Tazetta) ; parfois aussi c’est constamment la supérieure (Agraphis patula); enfin, il est des cas où une cellule sous-épidermique ne se divise pas et devient directement sac embryonnaire ( Li- lium, Tulipa ). Plus récemment, alors que les observations qui vont suivre étaient achevées, M. Treub * a fait connaître le développement du sac embryonnaire du Loranthus sphærocarpus, dont l’étude, faite par lui à Java, est d'autant plus intéressante que les re- cherches sur les Loranthacées sont encore, à cet égard, fort incomplètes . Dans cette plante, quatre ou cinq cellules sous-épidermiques du mamelon ovulaire deviennent plus volumineuses que leurs 1 Marshall Ward; On the Embryo-sac and Development of Gymnadenia co- nopsea. (Quaterly Journal of microscopical Science, n° LXX VII, 1880.) 2 A Contribution to our Knowledge of the Embryo-sac in Angiosperms. (Jour- nal of the Linnean Society, vol. XVII, pag. 519.) 3 Treub et Mellink (J.-F.-A.) ; Notice sur le développement du sac embryon- uaire dans quelques Angiospermes. (Archives néerlandaises, tom. XV, octobre 1880.) 4 Treub ; Observations sur les Loranthacées. Leyde, 1881. (Extrail] des An- nales du Jardin Botanique de Buitenzorg, vol. TI, pag. 54-76.) SAG EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. 273 voisines et représentent des cellules mères primitives de sacs embryounaires. Chacune d’elles se divise en trois cellules super- posées. La cellule supérieure d’une des rangées qui résultent de ces divisions, commence à s’agrandir beaucoup plus que les éléments environnants ; elle constitue un sac embryonnaire sur- montant deux anticlines véritables qui restent longtemps visibles. M. Treub n’a trouvé dans le sac embryonnaire, excessivement allongé, de cette plante, que deux noyaux au sommet; l’un d'eux appartenait à l’oosphère, l’autre était libre et privé de membrane cellulaire ; les antipodes lui ont paru faire entièrement défaut. REMARQUES PRÉLIMINAIRES. Ce résumé historique nous enseigne que dans cette question, d’une étude très-délicate, bien des choses restent encore à dé- couvrir. ll est incontestable que les méthodes d'observation ont eu une grande influence sur l'exactitude des résultats. J'ai eu l'occasion d'indiquer, dans un récent travail', les procédés techniques les plus efficaces dans les recherches de ce genre. Quant aux expressions employées par les auteurs pour désigner le même organe, elles différent suivant le point de vue théorique auquel ils se sont placés. M. Sirasburger a appelé simplement cellule mère la cellule que M. Warming a nommée cellule mère primordiale ; il est préférable aujourd’hui de revenir à la pre- mière expression. En se divisant une première fois, cette cellule donne deux cellules filles primaires, qui peuvent elles-mêmes fournir des cellules filles secondaires (les unes et les autres sont les cellules mères spéciales de M. Warming). La cellule qui s'a- grandit en sac embryonnaire sera la cellule du sac (elle est, en réalité, la véritable mère). J’appellerai noyauæ polaires les deux noyaux qui se détachent des deux groupes cellulaires opposés et situés aux deux extrémités du sac pour se fusionner en un noyau secondaire du sac embryonnaire. 1 Recherches d’embryogénie, etc., loc. cit., pag. 21 et suiv. 274 MÉMOIRES ORIGINAUX. I. — MONOCOTYLÉDONES. GrAmiINÉES. — [L'étude des Graminées est intéressante par les varialions qu’elle présente dans le cours du développement. Plusieurs espèces ont été examinées par M. Fischer ‘, qui a con- staté que la cellule mère se comporte de façons différentes dans la genèse du sac embryonnaire. Gelles que j'ai observées m'ont conduit à des résultats anaïogues; il suffira de prondre comme exemple le Cornucopiæ nocturnum, représenté dans la PI, IX, fig. 1-6. La cellule axile sous-épidermique du nucelle (cellule privi- légiée de M. Warming) se divise en deux cellules inégales, dont la seconde, ou subapicale, est la cellule mère (fig. 1). La pro- mière, ou apicale, reste généralement indivise, mais peut aussi se segmenter horizontalement pour donner une calotte de deux cellules. La cellule mère se partage par une cloison qui se courbe vers le haut (fig. 2) en deux cellules filles, dont l'inférieure deviendra le sac embryonnaire. Cette dernière est donc la cel- lule du sac ; elle refoule bientôt sa congénère, ainsi que la ca- lotte, dont les derniers vestiges sont encore visibles dans la fig. 3. Pendant ce temps, son noyau se divise ; chaque moitié se porle à l’une des extrémités du sac: une vacuole apparail au centre. Aussitôt après l'achèvement des divisions ultérieures, les deux synergides, au sommet, offrent une mince membrane et un con- tenu protoplasmique homogène (fig. 4); l’oosphère s’insère laté- ralement et présente déjà son noyau à la base ; à côté d'elle est le noyau polaire supérieur. Plus tard, une vacuole apparait au- dessous du noyau de chacune des synergides. Lenoyau polaire inférieur s’avance vers le haut, pour se fusion- ner avec le noyau polaire supérieur (fig. 5). À ce moment, les antipodes occupent la partie inférieure rétrécie du sac ermbryon- ——_——_—_—_—_—————pZ 20 1 Loc. cit., pag. 100, PI. III, fig. 22-48. SAC EMBRYONNAIRE DES PIHANÉROGANES ANGIOSPERMES. 275 naire et sont déjà assez développées ; elles ne tardent pas à pren- dre un volume considérable. Le sac embryonnaire s’élargissant inégalement vers la base, les antipodes sont déplacées et adhérent à la paroi latérale (fig. 6). Tantôt leurs noyaux s’hypertrophient et présentent un assez grand nombre de nucléoles de grosseur inégale ; tantôt ils se divisent chacun en deux nouveaux noyaux, qui restent accolés ou se séparent complètement. Je n'ai pas vu, dans le Cornucopiæ, le partage des cellules suivre celuidesnoyaux, comme dans quelques-uns des cas mentionnés par M. Fischer. Cet auteur a constaté que, dans l’£hrarta panicea, chacune des antipodes se divise en deux ; mais, dans l’Alopecurus pratensis, le nombre des noyaux peut être de trois ou même plus, sans qu'il y ait partage de la cellule. Ce développement des antipodes avait déjà été remarqué par Hofmeister dans les Triticées ! ; nous retrouverons un phénomène du même ordre dans plusieurs fa- milles. Que le partage des noyaux soit ou non suivi de la for- mation de cloisons venant doubler le nombre des cellules, ils offrent vers l'époque de la fécondation plusieurs nucléoles et gra- aulations indiquant un commencement de résorption. J'ai pu constater aussi, dans les premières phases du dévelop- pement du Cornucopiæ nocturnum, le phénomène particulier qui consiste en ce que parfois, après la division transversale de la cellule mère, chacune des cellules filles possède deux noyaux. Il en est de même dans le Melica nutans *, où la cellule mère n’est pas surmontée d’une calotte. Dans l’un et l’autre cas, c’est la cellule fille inférieure qui comprime sa congénère et s'agrandit en sac embryonnaire. Nous verrons plus loin que la présence de deux noyaux, ou même d’un plus grand nombre dans deux cel- lules filles, n’est pas un fait aussi rare qu’on l'avait pensé. COoMMÉLYNÉES. — La nucelle du Commelyna stricta présente, avant d’être recouvert par le tégument, une grande cellule axile 1 Hofmeister; Nene Beiträge, pag. 677. (Abhandl. d. Künigl. Sachs. Gesellscn. f. Wissensch., Bd. VII. 2 Fischer; Loc. cit., pag. 106, PI. IIL, fig. 47-48 270 MÉMOIRES ORIGINAUX. sous-épidermique pourvue d'un gros noyau et de nombreuses granulations (fig. 7). Cette cellule se divise vers le tiers supérieur (fig. 8) ; puis, la cellule fille inférieure refoule la supérieure, qui se change en une large bande réfringente (fig. 9); il n'y a par conséquent pas de calotte, la cellule axile sous-épidermique étant la cellule mêre. Les deux noyaux issus de la division du noyau primaire du sac embryonnaire sont séparés par une vacuole et se divisent à leur tour dans des plans légèrement inclinés ; ils sont arrivés au dernier stade du phénomène dans la fig. 9. La fig. 10 montre la position respective des huit noyaux du sac; les trois plus élevés fournissent l'appareil sexuel, représenté à un âge plus avancé dons la fig. 11. L’une des synergides possède déjà sa vacuole:; l’oosphère, insérée comme elles au sommet, a son noyau à la base; les antipodes occupent l'extrémité inférieure du sac embryonnaire. La fusion des noyaux polaires se fait long- temps avant la fécondation, auscentre de la cavité, et le noyau secondaire formé est relié aux deux extrémilés par une épaisse trainée.protoplasmique. MÉLANTHACÉES. — J'ai recherché l’origine du sac embryon- naire dans le Zricyrtis hirta. Le nucelle allongé présente sous l'épiderme une très grande cellule terminant la ransée axile et se divisant au moment où le tégument interne atteint le sommet (fig. 12). La cloison formée est située vers le haut (fig. 13); bientôt lo noyau de la cellule inférieure se partage à son tour pour donner une seconde cloison, également plus rapprochée du sommet (fig. 14). Les deux cloisons ne tardent pas à se courber vers le haut sous la pression exercée par la cellule inférieure, qui donnera le sac embryonnaire (fig. 15). La grande cellule axile sous-épidermique se montre donc, dès l’origine, comme élant la cellule mère, qui se partage à deux reprises en direction basipète. Par suite de l'élargissement de la cellule du sac, l’'épiderme du nucelle se détruit sur les côlés ; quelques-unes de ses cellules SAC EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. 704) persistent encore au sommet. La fig. 16 représente un sac em- biyonnaire peu de temps après l'achèvement des divisions nu- cléaires ; les deux noyaux polaires se rapprochent pour se fusion- ner vers le centre ; les antipodes n'offraient pas encore de mem- branes cellulaires. M. Vosque a décrit et figuré, dans l’Uvularia grandiflora ‘, vn cas qu'il considère comme tératologique, dans lequel trois cel- lules filles, nées dans la cellule mère primordiale, peuvent offrir chacune quatre noyaux. Si le fait est exact {l’auteur ne parle pas du sort réservé à chacune d'elles), il y aurait là un cas ana- logue à celui de l’Agraphis; mais ce point réclame de nouvelles observalions. LIL1ACÉES. — Les premières phases du développement du sac embryonnaire ont été décrites dans l’Yucca gloriosa par M. Ves- que *, qui a suivi l’ordre de succession des cloisons de la cel- lule mère primordiale. Je suis d'accord avec lui quant au nombre des cellules filles qu’elle fournit; mais il n’en est plus de même pour le sort qui lui est réservé. Il suffira, pour s’en convaincre, de comparer ses figures aux miennes, La cellule axile sous-épidermique du nucelle se partage hori- zontalement en deux cellules inégales (fig. 16) : une apicale, qui restera quelquefois indivise ou plus souvent sera l’origine d’une calotte de quelques cellules ; une subapicale ou cellules mère, qui se divisera à deux reprises, en direction basipète, par des cloi- sons molles, épaisses et souvent ondulées (fig. 17-22). Après le premier cloisonnement de la cellule mère, on peul trouver dans chacune des deux cellules filles, qui sont alors d’égale dimension, deux noyaux non séparés par une cloison ; il y à donc parfois une tendance à la formation de quatre cellules filles secondaires. Nous verrons plus tard que ce fait peut aussi recevoir une autre explication. En général, la cellule fille inférieure se montre comme étant la 1 Nouvelles recherches, etc., pag. 313, PI, XV, fig. 17-20. 2? Nouvelles recherches, etc., pag. 320, PI. XII, 278 MÉMOIRES ORIGINAUX. cellule du sac, peu de temps après l'apparition de la deuxième cloison (fig. 22). Elle s'agrandit et refoule celles qui la surmon- tent ; les cloisons disparaissent rapidement, ainsi que le tissu de la calotte (fig. 23). Cependant j'ai observé quelques cas où c’était l'avant-dernière cellule qui se développait, en laissant au-dessous d’elle une anticline. Ce fait, joint à l'élargissement rapide du sac embryonnaire, qui donce lieu parfois à la présence de bandes plasmiques minces s'étendant d’une cloison à l’autre etressemblant à des cloisons, a pu contribuer à faire admeltre constamment la présence des anticlines. Le noyau primaire de la cellule du sac se divise avant la des- truction complète des cloisons superposées (fig. 23); les deux nouveaux noyaux sont séparés par une vacuole et se partagent dès-lors aux deux extrémités dans la couche plasmique qui revêt la paroi du sac embryonnaire (fig. 24), Après la formation des deux groupes de noyaux, les synergides se font remarquer au sommet par leur insertion, plus élevée que celle de l’oosphère, située latéralement. La fig. 25 représente un état antérieur à la fusion des noyaux polaires, qu'on voit encore au contact des deux groupes dont ils se détacheront pour se fusionner à égale distance des deux extrémités. Les antipodes restent généralement, sinon constamment, réduites à leurs noyaux, peu volumineux, qu'on ne retrouve qu'avec peine dans le sac embryonnaire adulte. J'ai suivi aussi les premières phases du développement dans l'Ornithogalum pyrenaicum. M. Slrasburger a examiné le sac embryonnaire adulle de l'O. nutans, et reconnu que parfois, dans le jeune âge, l'appareil femelle ne présente que deux cellules, l’une des synergides faisant défaut. Je n'ai pas observé pareille anomalie dans la première espèce. On y trouve assez souvent deux grosses cellules collatérales au sommet du nucelle (fig. 29). Elles peuvent offrir d’abord l’uneet l’autre des Civisions semblables ; mais bientôt l’une d’elles l’em- porte sur sa voisine et continue son évolution. Après la formation de la première cloison transversale, la cellule apicale se cloisonne en premier lieu dans le sens longitudinal (fig. 30); la calotte se SAC EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. 279 trouve ainsi formée de deux cellules, dont l’une ou parfois les deux présentent ensuite une cloison transversale (fig. 31-32). Au noyau de la cellule subapicale, observé durant sa division dans la fig. 30, succèdent deux noyaux séparés par une cloison gonflée, ondulée et plus épaisse au centre (fig. 31). Cette cloison disparaît en fort peu de temps sous la pression exercée par la cellule inférieure, qui s'agrandit eu sac embryonnaire. Dans la fig. 32, elle est encore visible vers le haut, ainsi que le noyau de la cellule fille supérieure en voie de résorption; la gélification se propage aux éléments de la calolte. Le noyau primaire du jeune sac s’est déjà divisé ; une vacuole se forme dans la partie cen- trale ; les filaments se rétractent à la périphérie des deux nou- veaux noyaux. La fig. 33 représente la disposition des deux groupes de noyaux aux deux extrémités du sac, aussitôt après l’achèvement des divisions. Je donne (fig. 34) un dessin du sac embryonnaire adulte de l’Aloe ciliaris pour montrer que, dans queïques cas, les syner- gides se distinguent à peine de l’oosphère et que ces trois cellules s’insèrent sur une large surface au même niveau. Les trois antipodes m'ont paru rester fort petites et privées de mem- branes cellulaires ; la fusion des deux noyaux polaires a lieu presque immédiatement au-dessus d'elles et produit un très-gros noyau secondaire reposant sur l'amas protoplasmique dans lequel elles sont plongées. Dans beancoup d'autres Liliacées ou Aspara- ginées, telles que l’AZemerocallis, le Ruscus, les antipodes forment au contraire, dès le jeune âge, de grosses cellules disposées sur le même plan à la partie inférieure élargie du sac embryonnaire. MM. Treub et Mellink ont rencontré dans l’Agraphis patula, comme je l'ai déjà dit, un cas très-intéressant de développement du sac embryonnaire. M. Vesque avait examiné l’Agraphis nutans, et élait arrivé à des résultats tout différents ‘. J’ai répété les observations sur l'A. nutans et l’A. campanulata, et j'ai reconnu le bien fondé des asserlions des deux premiers auteurs. 1 Nouvelles recherches, etc., pag. 321, PI, XIIL, fig. 6-19. 280 MÉMOIRES ORIGINAUX. Les trois espèces citées se comportent d’une facon identique. La calotte est très épaisse et par suite la cellule mère profondé- ment enfoncée dans les tissus du nucelle (fig. 26). Dans celle-ci se forment deux cellules filles, qui prennent bientôt un volume inégal, la supérieure s’allongeant et refoulant le tissu de la calotte, tandis que l'inférieure reste à peu près stationnaire. La première cellule fille devient sac embryonnaire; la seconde est une anticline. Contrairement à l'opinion de M. Vesque, il n'y a jamais dans la cellule supérieure une cloison qui se dissoudrait plus tard. Le noyau de cette cellule se divise (fig. 26) sans former de plaque cellulaire équatoriale: puis, les deux nouveaux noyaux entrent à leur tour en division, en même temps que celui de l’anticline (fig. 27). Je n'ai représenté que quelques-uns des états successifs observés dans !l’A. campanulata ; les autres ont été figurés avec une grande exactitude par MM. Treub et Mellink. Quand les huit noyaux ont pris naissance dans le sac embryon- naire, l’anticline en renferme quatre. AMARYLLIDÉES. — Je puis de même confirmer les résultats que ces deux auteurs ont tirés de l'examen du Warcissus Tazetta. Ils ont constaté qu’une grande cellule axile sous-épidermique se divise transversalement en deux cellules superposées, dont la supérieure offre parfois un développement accompagné de la division de son noyau, mais sans donner le sac embryonnaire, qui provient lou;ours dela cellule inférieure. Un cas semblable peut se présenter, quoique assez rarement, dans le Warcissus micranthus. Dans la fig. 35, PI. X, les deux cellules, formées à la suite du cloisonnement transversal de la cellule sous-épidermique, sont inégales et possèdent chacune deux noyaux; la seconde offre une vacuole au centre, et appa- raît déjà comme la cellule du sac; parfois cependant la pre- mière cellule est aussi volumineuse que la seconde. Bientôt, la cloison séparatrice devient diffluente en se cour- bant vers le haut; la cellule supérieure est comprimée, etchaque SAC EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. 281 noyau, dans le jeune sac embryonnaire, entre en division à la place qu'il occupait ; il n’y a pas d’anticline (fig. 36). La suite du développement s’accomplit comme à l'ordinaire, jusqu’à Ja constitution définitive de l’appareil femelle. Le sac embryonnaire prend une forme ovoide (fig. 37); les trois cel- lules au sommet présentent les mêmes dimensions et s’insérent au même niveau; l’oosphère ne se distingue que par son noyau, silué plus bas que les noyaux des deux synergides, pourvues l’une et l’autre d’une vacuole. Les antipodes, très-développées et remplies d’un protoplasma très-abondant, sont placées sur le même plan à la partie inférieure du sac embryonnaire : la fusion des noyaux polaires, qui n’a pas encore eu lieu dans la fig. 37, se fera dans leur voisinage. Iribées. — Les diverses phases de l’évolution de la cellule axile sous-épidermique sont faciles à suivre daps l’Zris stylosa. Tantôt elle se présente comme étant directement la cellule mère et se divise en trois cellul®s filles superposées ; tantôt elle forme d’abord une calotte réduite à deux cellules collatérales. Le sac embryonnaire provient constamment de la dernière des cellules superposées; ses formations internes ressemblent à celles du Narcisse ; les an!lipodes sont remarquables par leur grosseur. Le Crocus vernus a été longuement étudié par Hofmeister, qui en a donné de nombreuses figures. Il présente un intérêt spécial par l'allongement et la striation des synergides à leur partie supérieure. On sait que Schacht avait donné le nom d'appareil filamenteux à l’espèce de coiffe surmontant ces cellules. Pour Hofmeister, cet organe, dont les stries se colorent en brun par le chloro-iodure de zinc, est un épaississement de la paroi du sac embryonnaire. Mais M. Strasburger à pu voir, dans les jeunes sacs embryon- naires, les synergides en percer la paroi et s’allonger dans le micropyle ‘. Elles présentent des stries longitudinales qui se co- 1 Befruchtung und Zelltheilung. (Jenaische Zeilschrift, pag. 471.) 3e série, tom. 1. 20 282 MÉMOIRES ORIGINAUX. lorent en brun par le chloro-iodure etqui ne sé continuent pas jus- qu’à leur pointe, restée lisse, mais susceptible de se colorer en bleu par le même réactif. Cet allongement des synergides est beaucoup moins prononcé dans le Crocus sativus (Gg. 38) ; la striation, même à un âge avancé, élait à peine appréciable. L’oosphèro s’insère latérale- ment par une large surface ; les antipodes sont situées sur des plans différents ; près d'elles se fait la fusion des noyaux polaires, et, comme chez le Narcisse, le noyau secondaire est assez éloigné de l'appareil femelle. BroméLrACéEs. — L'ovule du Bilbergia Cappei peut être exa- miné directement par transparence. La cellule mère, trés-petite, est enfoncée dans les tissus formés de quatre ou cinq assises cel- lulaires:; la calotte offre une épaisseur assez notable. Deux cellules filles naissent d’abord dans la cellule mère, puis se subdivisent à leur tour. La cellule fille secondaire inférieure refoule ses congénères et s'agrandit en sac embryonnaire ; l’ap- pareil sexuel se complète avant la destruction de la calotte. CaANNÉES. — Les ovules du Canna indica ne présentent pas tou;ours un développement identique et normal. Le plus souvent pourtant on trouve la ceilule mère surmontée d’une calotte de deux cellules; mais il est des cas où celle-ci fait défaut. Deux cloisons épaissies au centre se forment en direction basipète dans la cellule mère (fig. 39), puis la cellule inférieure refoule celles qui la surmontent et arrive rapidement au contact de l'épiderme du nucelle (fig. 40 et 41). Après la constitution de l'appareil femelle, le sac embryon- naire s'élargit vers le haut et s'allonge en pointe à la base. Les cellules sexuelles en occupent presque toute la largeur au som- met; l’oosphère ne se distingue des synergides, souvent dépour- vues de vacuoles, que par la position de son noyau (fig. 4?). SAC EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. 283 IL. — DICOTYLÉDONES. — Dialypétales. Rosacées. — M. Strasburger a étudié avec soin le Rosa livida * et reconnu l'existence de plusieurs cellules mères du sac em- bryonnaire. Plusieurs des cellules filles peuvent se développer simultanément et diviser leurs noyaux ; mais une seule fiait par l'emporter sur les autres. M. Vesque n'a pas rencontré de cas semblables dans ses re- cherches. Plus tard, M. Fischer en a examiné plusieurs qui lui ont présenté les mêmes phénomènes que le Rosa livida ( Geum, Rubus, Sanguisorba, Cydonia, Agrimonia ); en sorte que nos connaissances sur cette famille laissent peu à désirer. La plupart des Rosacées que j'ai observées moi-même offrent les mêmes caractères et sont remarquables par l’existence de plusieurs cellules mères. L’£riobotrya japonica va nous servir d'exemple. La fig. 43, PI. X, représente un nucelle déjà très développé, dont la partie centrale offre trois séries parallèles de cellules sé- parées par des cloisons plus épaisses que celles du tissu ambiant. Chaque série comprend trois cellules filles, nées dans la cellule mère et surmontées par une calotte réduite à une cellule unique pour la série axile. L’épiderme du nucelle se dédouble au som met. Pius tard, la calotte formera un tissu plus épais, en même temps que les cellules épidermiques continueront à se dédoubler tranquillement. Le nombre des cellules filles nées dans chaque cellule mère est variable suivant les cas. Le sac embryonnaire peut provenir de l'une quelconque d’entre elles; dans la fig. 44, il est dû cependant, comme dans la généralité des autres familles, à l'agrandissement de la cellule fille inférieure appartenant à la ! Angiospermenu und Gymnospermen, pag. 14, PI. IV, fig. 49-55; et PI, V, fig. 56 et 57. 284 MÉMOIRES ORIGINAUX. série axile. Mais, dans la fig. 45, la cellule du sac est l’avant- dernière ; il y aura donc une anticline, qui pourra même diviser son noyau et présenter pendant quelque temps un accroissement égal à celui de la cellule du sac. Dans la fig. 46, à droite du sac embryonnaire adulte, l'une des cellules filles de la série adjacente.renferme deux noyaux et n’est pas encore résorbée. Deux anticlines, pourvues d’un seul noyau, sont également visibles dans la fig. 47, et il existe, à gauche, une cellule fille latérale encore intacte... La disposition des cellules sexuelles au sommet du sac em- bryonnaire est nettement indiquée dans ces deux dernières figu- res. Les synergides se distinguent, par leurs vacuoles, de l’oo- sphère, plus allongée et plus riche en protoplasma ; les antipodes sont assez volumineuses. La fusion des noyaux polaires s’effectue au contact de l’oosphère. On remarque que dès les premières phases du développement de la cellule du sac, les parois des cellules voisines se gonflent et subissent un commencement de gélification ; le contenu de ces dernières est absorbé par le jeune organe en voie de formation. Le sac embryonnaire prend une forme irrégulière pendant la des- truction des tissus citconvoisins, jusqu'à ce qu'il arrive au contact de l’épiderme du nucelle. Ainsi, chez les Rosacées, la tendance au développement en sac embryonnaire, qu'on observe parfois, chez d’autres plantes, dans l'une des cellules voisines de la cellule du sac, s’accentue de plus en plus, et même plusieurs de ces cellules peuvent être équiva- lentes dans la genèse du sac embryonnaire. OnaGrartéEs. — La cellule axile sous-épidermique du nucelle de l'Œnothera tetraptera se distingue de ses voisines avant l'ap- parition du tégument interne (fig. 48). Lorsqu'elle a fourni, par sa division horizontale, la cellule apicale ou initiale de la calotte, et la cellule mère, celle-ci se partage d’abord en deux cellules filles, dont l’inférieure se divise ensuite (fig. 49). SAC EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. 285 Bientôt après, les cloisons se courbent vers le haut, tandis que la calotte commence à prendre un accroissement considérable ; les cellules filles se trouvent ainsi profondément enfoncées dans les tissus du nucelle. Ce mode d’accroissement a été décrit par M. Vesque, qui a reconnu de même que la cellule mère se par- tage en trois cellules filles. Mais, tandis qu'il voit ensuite la cloison supérieure disparaître pour opérer la fusion des deux cellules qu’elle séparait, on constate au contraire, avec la plus grande netteté, le refoulement de ces dernières par la cellule inférieure, ainsi que l'indique la fig. 50. Les divisions qui se font à l’intérieur du sac embryonnaire suivent leur cours normal. Les cellules sexuelles adultes ont un volume considérable ; avant même la fusion des noyaux polaires (fig. 51), les synergides pourvues de leurs vacuoles etsituées au sommet du sac, et l’oosphère latérale et très-allongée, sont déjà très-développées. Le cul-de-sac inférieur loge les trois antipodes peu volumineuses. Au moment de la fécondalion, le sac em- bryonnaire est en contact avec l'épiderme du sommet üäu nu- celle. LyTHRARIÉES. — Dans cette famille, la structure du nucelle ressemble beaucoup à celle que nous avons mentionnée chez les Onagrariées ; mais la cellule mère m'a présenté, dans le Cuphea Jorullensis, quatre cellules filles, encore visibles dans la fig. 52. Le tissu ambiant a déjà pris un assez fort développement, plus prononcé encore dans la fig. 55, où la calotte ne peut être distin- guée des assises latérales du nucelle. Dans la fig. 53, la cellule du sac a son noyau vers le centre, entre deux vacuoles ; la destruction des cellules supérieures est incomplète ; il en est encore de même dans la fig. 54. Ici, les deux noyaux formés en premier lieu se divisent aux deux extré- mités du sac embryonnaire et sont séparés par une vacuole. Les granulations de chaque nouveau noyau se coloraient vivement par le vert de méthyle, tandis que le carmin mettait en évideuce les filaments connectifs peu nombreux. 286 MÉMOIRES ORIGINAUX. J'ai représenté, dans la fig. 55, le sac embryonnaire avant la dernière bipartition des noyaux ; sa forme est à peu près cylin- drique. Mais bientôt il s'élargit au sommet, par suite de la des- truction de la calolte et du tissu adjacent. La fig. 56 montre la disposition du contenu du sac après les dernières divisions nu- cléaires. Au sommet, sur un même plan horizontal, sont les deux synergides avec leurs noyaux volumineux ; à droite et au-dessous d’elles se trouve l’oosphère, à laquelle le quatrième noyau est accolé. Je n'ai pas vu de membrane cellulaire autour des noyaux antipodes, mais je ne prétends pas qu’il en soit tou- jours ainsi. Le noyau polaire inférieur se porte en peu de temps au contact de celui du haut, avec lequel il doit se fusionner et qui demeure en place au contact de l’oosphère ; cependant la fusion est lente à se faire, comme l’indiquent les fig. 57 et 58. Dans la première de ces figures, le sac embryonnaire, élargi dans sa partie supérieure, n’est recouvert que par l’épiderme du nucelle ; les synergides ne présentent pas de vacuoles, tout en se distinguant déjà de l’oosphère par une moindre longueur; les antipodes ont une membrane. La fig. 58 permetde suivre l’oosphère jusqu’au sommet et de reconnaitre que son adhérence à la paroi du sac se fait au même niveau que celle des synergides ; les trois cellules sexuelles offrent cependant des caractères très-différents. RIBÉSIACÉES. — Après M. Warming, qui décrivit avec soin le développement de l’ovule du Æïbes nigrum', M. Vesque étudia le R. malvaceum, et vit qu'’au-dessous de la calotte, la cellule mère donne naissance à trois cellules filles*. Selon ce dernier auteur, «la cloison supérieure se dissout ; les cellules 1 et 2? se confon- dent, s’accroissent ensemble et prennent une forme sphérique. La cellule { seule produit une tétrade ; trois de ses cellules con- stituent l'appareil sexuel ; le quatrième noyau s’achemine vers le 1 Loc. cit., pag. 201, PI. VII, fig. 6-14. 2 Nouvelles recherches, etc., pag, 346, PI, XVII, fig. 13-17. SAC EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. 287 noyau de Ja cellule 2, se loge à côté do lui, et finit probablement par s’y incorporer ». Ainsi, par exception, il n'y aurait pas d'an- tipodes dans cette plante dialypétale. Cependant, dans une notice postérieure à son mémoire sur l’ovule et au premier travail de M. Vesque, et tout en admeltant la fusion des deux cellules supérieures, qu’il croyait démontrée, M. Warming figurait trois antipodes dans le sac embryonnaire du Ribes rubrum". L'observation attentive m'a permis de constater que le refoule- ment des cellules superposées à la cellule inférieure se présente comme dass la plupart des autres cas, et qu'en outre lés antipo- des, assez petites il est vrai, ne font pas défaut chez le A. mal- VACEUM. SAXIFRAGÉES. — La conclusion qui précède est applicable aux Saxifraga. L'espèce qui se prête le mieux à l’observation m'a paru être le S. Huetti, dont les ovules sont faciles à rendre trans- parents. Des trois cellules filles formées successivement en direc- tion basipète dans la cellule mère, les deux supérieures sont plus petites que l’inférieure, comme l’a reconnu M. Vesque; mais, ici encore, c’est cette dernière qui s'agrandit en sac embryonnaire. La figure où cet auteur représente les partitions de la cellule mère prouve mème contre sa théorie, car le refoulement des deux cellules filles supérieures s’y laisse facilement aperce- voir”. 1 n’y a aucune anomalie dans la constitution du sac embryon. uaire; la succession des divisions nucléaires exige seulement des recherches plusminutieuses que dans la plupart des cas,etles réac- tifs colorés permettent de retrouver facilement les trois antipodes. MÉSEMBRIANTHÉMÉES. — Les petits ovules des Mesembrian- themum Ecklonis, M. bulbosum, se prêtent assez facilement à 1 Warming ; Om planteæggets og dets enkelte deles rette homologier, (Ex- trait du Journal de Botanique. Copenhague, 3e série, 3° volume, 1879.) ? Nouvelles recherches, etc., PI. XVIII, fig. 8. 288 MÉMOIRES ORIGINAUX. l'observation. La cellule axile sous-épidermique ne s’est pas encore divisée au moment où le tégument interne atteint le som- met du nucelle (fig. 59). Sa première division transversale est accompagnée de divisions tangentielles dans les cellules sous- épidermiques adjacentes, divisions qui ne tardent pas à former autour de la cellule mère un tissu assez épais. Dans la fig. 60, la calotte se compose de trois cellules; la cellule mère offre vers le tiers inférieur une cloison réfringente séparant deux cellules inégales. On voit parfois une seconde division se faire dans la cellule fille supérieure ; mais il peut arriver que celle-ci se développe rapidement en refoulant lacellule fille sous- jacente, qui disparail sans diviser son noyau. Souvent aussi, c’est cette dernière qui se partage avant la formation du sac embryon- naire. On peut donc rencontrer des variations dans la marche du développement; ce qui frappe, dans tous les cas, c’est la rapidité avec laquelle la cellule du sac s'agrandit. CARYOPHYLLÉES. — Les observations des auteurs qui ont étudié l’embryogéoie de plantes appartenant à ce groupe ne nous apprennent que peu de chose, même sur le sac embryon- naire adulte. En suivant le développement chez le Silene obtusi- folia, on voit la cellule axile sous-épidermique, plus grande que sos voisines, se diviser transversalement en donnant l’initiale de la calotte et la cellule mère plus grande. Bientôt la calotte se constitue par des divisious transversales; dans la fig. 62, elle n'offre encore que deux cellules. En même temps, le tissu latéral du nucelle s’épaissit par des divisions tangentielles ; il se forme ainsi des séries cellulaires qui s'appuient contre la série axile et divergent en éventail (fig. 63). Des cloisons se produisent dans la cellule mère, au nombre de deux généralement, sans qu'il soit possible &e reconnaîlre dans tous les cas la succession réelle des partitions, en raison du peu de différenciation des cellules qui composent la série axile tout entière à partir de l’épiderme, et de la rapidilé avec laquelle la cellule inférieure se développe en sac embryonnaire. SAC EMBAYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. 289 Les deux groupes de noyaux du sac embryonnaire sont séparés par une vacuole; les synergides se logent dans l'extrémité supérieure, rétrécie en pointe et n'atte'gnant pas l’épiderme du nucelle (fig. 64). Elles s’allongent au sommet, en présentant successivement la forme et la disposition indiquées dans les fig. 65 et 66. Les antipodes n’ont semblé encore réduites à leurs noyaux. Le noyau polaire inférieur s’avance vers le noyau supé- rieur, qui s'éloigne peu de l'appareil sexuel ; les vacuoles appa- raissent dans les synergides. Dans le sac embryonnaire adulte (fig. 67), ces dernières cel- lules sont très-développées et pourvues d’un noyau relative- ment petit. L'oosphère est placée, comme dans les figures précé- dentes, du côté convexe du nucelle; elle se distingue plutôt par son noyau, situé à la base, que par sa forme ou sa longueur; du côté interne est le noyau secondaire du sac embryonnaire. Les antipodes, accolées dans la partie profonde ou isolées sur les côtés, ne peuvent être aperçues facilement que dans le jeune âge. NYCTAGINÉES. — Les résultats qu'a donnés à M. Fischer l'examen d’un représentant de la famille précédente el de plu- sieurs autres Centrospermées (Chenopodium fæœtidum, Gomphrena decumbens, Allionia nyctaginea), nous montre qu'il existe chez ces plantes une calotte plus ou moins épaisse, et que les divisions de la cellule mère sont en nombre variable. Ce nombre n’est pas fixe dans une même famille : ainsi, tandis qu’il se forme quatre cellules filles dans le Gomphrena, je n’en ai trouvé que trois dans le Celosia argentea. Ges différences n’ont d’ailleurs qu’une bien faible importance. M. Fischer a trouvé exceptionnellement, dans le Gomphrena, deux oosphères au voisinage, mais non au contact des synergides. Ce cas anormal rappelle ce qui existe normalement dans le Santalum album, où deux cellules ovulai- res se développent au-dessous des synergides. En se fondant sur la succession des phénomènes observés dans le cours de la for- 1 Loc. cit., pag. 111-114. 290 MÉMOIRES ORIGINAUX. mation de l'appareil sexuel de cette dernière plante, M. Stras- burger pense avec raison que la formation Ces deux oosphères, postérieure à celle des synergides, est due à la bipartition d’une cellule ovülaire primitivement unique ‘. Je n’ai pas retrouvé de cas semblables dans les Amaranthacées; . d’ailleurs la figure donnée par M. Fischer ? ne représenteévidem- ment qu un cas exceptionnel. Les antipodes ont souvent, dans les Nyciaginées, des parois cullulaires très-développées, comme l'indique la fig. 68, PI. XT, représentant un sac embryonnaire adulte de Wirabilis Jalapa. Au sommet, le sac touche à l’épiderme du nucelle ; mais, sur les côtés, il est entouré par un tissu très épais et n'occupe qu une faible partie du volume total du nucelle au moment de la fécon- dation. La paroi en est gonflée et souvent ondulée ; il en est de même de celle des antipodes, dont la disposition est caractéristi- que; chacune d'elles est pourvue d’un gros noyau. Les cellu- les sexuelles adhèrent par une large surface à la paroi du sac ; l’oosphère est très-développée, la fusion des noyaux polaires tardive. BERBÉRIDÉES. — La cellule apicale du nacelle du Mahonia indica, formée par la première division de la cellule axile sous- épidermique, est l’iniliale d'une calotte qui, par suite de partitions horizontales et verticales, se compose plus tard de deux ou trois assises cellulaires (fig. 87-88). La cellule mère donnesuccessivementtrois cellules filles, dont l'inférieure est la plus grande et refoule les deux autres. M. Vesque n'a observé, après des recherches muitipliées, qu'une mince et délicate cloison dans la cellule mère du Wahonia *. La figure qu'il donne du sac embryonnaire, après la constitution del'appa- reil femelle, en représente exactement l’aspect général; mais, à cet âge, les noyaux des cellules femelles ne sont pas, comme ! Befr. u. Zellth , pag. 480. (Jenaische Zeitschrift.) 2TLocT ou: EAN, DETTE 3 Nouvelles recherches, etc., pag. 331. PI, XVI, fig. 17-20. SAC EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. 291 elle l'indique, dépourvus de meinbranes cellulaires.Les synergi- des et l’oosphère ont la forme et la disposition représentces dans la fig. 89. RexoncuLacées. — Cette famille a été l'objet d'un assez grand nombre d'observations. l’un des auteurs qui s’en est le plus occupé me paraît être encore à côté de la vérité, en ce qui con- cerne à la fois la succession des phénomènes qui précèdent la formation et le développement de la cellule du sac et l'interpré- tation de la pluralité des noyaux dans les antipodes. Voyons d'abord comment les choses se passent dans le Clematis cirrhosa. Le carpelle contient trois ou quatre ovules disposés sur deux rangs: l’ovule inférieur seul poursuit son développement, les autres sont comprimés par lui dans la cavité ovarienne et présen- tent, avant de disparaître, une structure sur laquelle nous revien- drons dans un instant (fig. 70). Observé avant l'apparition de l'unique tégument, le mamelon nucellaire offre, sous l'épiderme, des cellules allongées disposées comme l'indique la fig. 69. L'une d’elles se distingue déjà comme cellule prédestinée ; parfois deux d’entre elles possèdent pendant quelque temps les mêmes dimensions et semblent équi- valentes avant le premier cloisonnement transversal, mais l’une d'elles ne tarde pas à l'emporter sur l’autre. Cette cellule se divise transversalement (fig. 70); des partitions semblables se font dans les cellules sous-épidermiques adjacentes. Une seconde cloison apparaît dans la cellule inférieure ; elle a généralement, comme la première, une plus grande épaisseur que les parois cellulaires du tissu ambiant; les assises latérales présentent la disposition en éventail (fig. 71). Là s'arrêtent les partitions de la cellule sous-épidermique pré- destinée, qui doit par conséquent être considérée dès l’origine comme la cellule mère. L'aspect des cellules filles riches en pro- toplasma et la nature des cloisons qui les séparent, prouvent suf- fisamment que la cellule qui touche à l’épiderme ne peut être considérée, dans le cas actuel du moins, comme le représentant 292 MÉMOIRES ORIGINAUX. de la calotte. Il suffit d’ailleurs, pour s’en convaincre, de suivre le sort réservé aux deux cellules filles supérieures et d'observer la résorption qu’elles subissent très-peu de temps après leur for- mation, On les voit suivre l'allongement du nucelle et se rétrécir sous la pression exercée sur elles par les assises adjacentes (fig. 72). Bientôt il ne reste d'elles qu'une étroite bande ré- fringente, qui s'étend de l’épiderme à la cellule du sac (fig. 73). Dans l’Helleborus fœtidus, la cellule prédestinée donne aussi trois cellules filles (fig. 81); rarement il existe, comme dans la fig. 82, une calotte de deux cellules collatérales. Des trois cel- lules filles séparées par des cloisons épaissies au centre, la der- nière ne se divisera pas et donnera le sac embryonnaire. Leur mode de résorption est le même que dans le cas qui précède : la bande réfringente qui surmost: la cellule du sac reste plus long- temps visible (fig. 83). On remarque également que, dans ce genre (le même fait existe dans un assez grand nombre de Renonculacées), l'épiderme se dédouble tangentiellement au sommet. Les Delphinium ressemblent à l'Aelleborus par le nombre des divisions de la cellule mère ‘ ; il n'y a pas de calotte, et la cel- lule fille adjacente à l'épiderme est généralement la plus grande. J'ai observé trois cellules filles et pas de calotte dans le Caltha palustris, où l’épiderme nucellaire offre un dédoublement pareil à celui des Helleborus. La cellule mère se comporte de même dans le Ceratocephalus falcatus; M. Strasburger a signalé aussi trois cellules filles et pas de calotte dans le Myosurus*?. Cette dernière plante devait bientôt permettre au savant Professeur de découvrir que les noyaux endospermiques, considérés jusque-là comme le produit d’une formation libre, proviennent de la divi- sion du noyau secondaire du sac embryonnaire, J'ai observé aussi, avec la plus grande netteté, ce phénomène intéressant dans le Ceratocephalus, qui se prête aussi bien à l’observation que le 1 Fischer; loc. cit., pag, 115, PI. IV, fig. 26-29. ? Angiospermen und Gymuospermen, pag. 12, PI. 1V, fig. 39-48. SAC EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. 293 Myosurus; j'avais déjà pu le voir dans mes recherches sur l’em- bryogénie des Légumineuses *. Si l’on observe les ovules rudimentaires qui sont logés dans la partie supérieure du carpelle, au moment où la cellule du sac embryonnaire de l’ovule inférieur commence à s’agrandir, le plus rapproché de ce dernier présente la structure indiquée dans ia fig. 75. Il n'existe aucun indice de tégument sur les côtés du nucelle; deux grandes cellules inégales, sous l’assise épider- mique, ressemblent à des sacs embryonnaires en voie d’évolu- tion : l’un avec deux noyaux, l’autre avec quatre, disposés en deux groupes à chaque extrémité. L’ovule rudimentaire le moins développé offre souvent sous l’épiderme une grande cellule con- tenant deux ou quatre noyaux (fig. 76); parfois ces quatre noyaux sont disposés comme les quatre grains de pollen d’une cellule mère pollinique et séparés par des cloisons disposées en croix. L'atrophie des deux ou trois ovules au sommet de la loge ne tarde pas à se produire vers l’époque où les divisions s’achèvent dans le sac embryonnaire de l’ovule normal. Les fig. 77 et 78 montrent les élats qui suivent la division du noyau primaire. Les cellules sexuelles et les antipodes offrent upe disposition symétrique; le sac embryonnaire est plus large à la partie supérieure. Dans la fig. 79, l'une des synergides est déjà pourvue d'une vacuole; l’oosphère commence à s’allonger, On voyait dans chaque antipode deux noyaux accolés ; cependant les noyaux polaires ne s'étaient pas encore rencontrés vers le milieu du sac embryonnaire, dans la bande de protaplasma qui s'étend entre les deux groupes cellulaires. La fig. 80 représente l'appareil femelle adulte, avec les deux synergides munies de leurs vacuoles et largement insérées sur la paroi; l’oosphère est très-allongée, plus large au sommet qu’à la base, où le noyau, semblable à celui des synergides, est loujours situé contre la paroi. Dans la fig. 81, le sac embryonnaire de l’Eranthis hiemalis Loc. cit., pag. 69, fig. 77, PI, IL, 294 MÉYOIRES ORIGINAUX. est vu dans le plan de symétrie. Les synergides sont placées de chaque côté de ce plan, occupé par l’oosphère, dont la forme et l'insertion sont nettement: indiquées. La fusion des noyaux po- laires vient d’avoir lieu ; on aperçoit encore deux nucléoles iné- gaux dans le noyau secondaire formé. Le sac embryonnaire est en contact avec l’épiderme, trés-épaissi au somnret. J'ai représenté aussi le sac embryonnaire de l’Hepatica triloba, où le développement des anlipodes est porté à un très-haut degré avant l’âge adulte (fig. 85). Celle qui est au premier plan possède quatre gros noyaux accolés, pourvus chacun d’un nucléole. On a voulu voir dans ces noyaux multiples, observés également dans l’Eranthis ‘, où on les trouve souvent au nombre de quatre, les représentants d'une tétrade de spores, et considérer leur for- malion comme une sporulalion continuée. Aïnsi qu'on peut s’en convaincre par l’étude poursuivie dès le jeune âge, leur existence se rattache à un tout autre phénomène. Dans l’Hépatique, long- temps avant la fécondation, le noyau unique de chacune des antipodes grossit notablement et ne tarde pas à présenter deux nucléoles; puis, une ligne de séparation apparaît entre eux, marquée à la surface du noyau par une légère dépression. Dans la plupart des cas, les deux moitiés grossissent sans se séparer ; de nouveaux nucléoles se forment dans la substance nucléaire, et, par la répétition du même mode de fragmentation, les deux noyaux donnent quatre segments plus ou moins arrondis et accolés les uns aux autres. Leur nombre augmente encore dans la suite, et leur disposition au centre de la cellule est variable (fig. 86). Ils sont dus, dans le cas actuel, à un mode spécial de partition, à une fragmentation simultanée, non suivie de la sé- paration des parties et constituant un phénomène variable dans ses manifestations, mais dont la signification est partout la même. Cette fragmentation est en rapport avec la nature et le rôle des antipodes, dont le volume peut augmenter, mais dont le proto- plasma est impuissant à provoquer la division ; le noyau se livre à sa propre évolution. 1 Vesque ; Développement, etc., pag. 264. SAC EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES AXGIOSPERMES. 295 CRUCIFÈRES. — J'ai éludié attentivement le Capsel'a Bursa- pastoris, qui se prête mieux à l'observation que beaucoup d’au- tres Crucifères. Le nucelle, semblable avant la naissance des téguments à celui des Gamopétales, offre sous l’épiderme une grande cellule mére terminant la série axile, comprise elle- même entre deux séries latérales sous épidermiques (fig. 90). L'origine des téguments est bientôt visible vers la base. Il existe assez souvent, au sommet du nucelle, deux cellules mères colla- térales, dont l’une finit par comprimer sa voisine avant de se diviser (fig. 91). Une cloison transversale, généralement plus rapprochée du haut, apparait dans la grande cellule sous-épidermique (fig. 92); la cellule fille inférieure se divise à son tour dans le même sens (fig. 93). Alors commence le refoulement des deux cellules su- périeures, dont la première, sous-jacente à l’épiderme, se gélifie souvent bien avant la seconde ; il n’y a donc pas de calotte. On remarque quelques exceptions à cette règle générale de l’évolution de la cellule mère, Ainsi, il peut arriver que la cellule fille supérieure se divise longitudinalement en son milieu et que la destruction des deux cellules collatérales ainsi formées soit beaucoup plus tardive que dans les cas normaux ; c'est ce que montre la fig. 95, où le jeune sac embryonnaire contient déjà quatre noyaux. L’épiderme du nucelle se détruit après la résorption des deux cellules filles suptrieures et le noyau primaire se divise (fig. 96). La longueur du sac embryonnaire, alors entièrement recouverte par les téguments, est sensiblement égale à celle du tissu nucel- laire sous jacent. De nouvelles partitions nucléaires simullanées se produisent suivant des plans obliques ; j’ai observé deux fois le stade de la division représenté fig. 97. À ce moment, les parties conslititives de l’ovule offrent la disposition de la fig. 98. Dans la fig. 99, le sac embryonnaire, fortement courbé sur la base du nucelle, présente, au sommet, les trois cellules sexuelles; à côté d’elles, le quatrième noyau; à la base, les trois antipodes avec leur membrane délicate, et le noyau polaire inférieur. [I ne 296 MÉMOIRES ORIGINAUX. tarde pas à se rétrécir en s’allongeant à sa partie supérieure ; les synergides prennent de même une forme allongée, et l’oosphère, située, soit du côté interne, soit du côté externe, devient remar- quable par son gros noyau (fig. 100 et 101). Avant même que la fusion des noyaux polaires s'effectue, les antipodes échappent facilement à l’observation ; elles deviennent à peu près mécon- naissables dans les sacs embryonnaires adulles. Hofmeister croyait même qu'elles font défaut chez les Crucifères'; mais on peut toujours les retrouver dans le jeune âge. Le noyau secondaire du sac embryonnaire possède un très- gros nucléole et reste situé le plus souvent vers la paroï interne, au voisinage de l’oosphère. RuTAcÉESs. — Dans le Ruta graveolzns, la celluie mère est en- core indivise au moment où le tégument interne atteint le sommet du nucelle (fig. 102, PI. XIT\. La calotte se cempose bientôt detrois ou quatre cellules superposées, qui peuvent elles-mêmes se divi- ser encore, au voisinage de l’épiderme principalement. La cellule mère se segmente par une cloison médiane ou plus rapprochée de l’une des deux extrémités. Quand elle est plus proche de la base, c’est la cellule fille supérieure qui se divise, comme dans la fig. 104; cette marche du cloisonnement de la cellule mère primordiale est peu commune. Les trois cellules filles ainsi formées ont un volume égal (fig. 105). Après l'agrandissement de la cellule inférieure, le noyau se divise au centre (fig. 106), puis les deux nouveaux noyaux se portent aux extrémités opposées et sont séparés par une va- cuole. Les phases ultérieures sont indiquées dans la fig. 107, où le sac embryonnaire est recouvert de bandes plasmiques réfrin- gentes et accolées, et dans la fig. 108, où l’oosphère est très- volumineuse comparativement aux synergides. L'une des trois antipodes est logée dans la pointe terminale du sac embryonnaire ; le noyau secondaire est accolé contre la paroi interne. a = 1 Embryobildung der Phanerog., pag. 87. (Pringsh. Jahrb., 1858.) SA€ EUBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. 297 PozyGaLées. — Le nucelle du Polygala myrtifolia est pres- que cylindrique au moment où la cellule mère allongée a terminé ses divisions et donné naissance à trois cellules filles (fig. 109). Les deux cellules de la calotte se partagent, pendant que l’épi- derme du nucelle se dédouble tangentiellement au sommet (fig. 110). La division du noyau, de la cellule du sac a lieu avant même la destruction de Ja calotte (fig. 111). Le sac embryonnaire s'agrandit peu avant l’achèvement des divisions internes, mais il atteint plus tard une grande longueur (Gg. 112, 113, 114). A la partie supérieure, il est on contact avec les assises épidermiques ; dans sa partie inférieure, il se rétrécit et descend jusqu’à la base du nucelle; latéralement, le tissu de ce dernier est très-épais et persiste jusqu'à la fécondation. Les synergides, peu volumineuses, occupent le sommet du sac embryonnaire; insérée plus bas qu'elles et latéralement, l’oo- sphère, plus large à sa partie supérieure, a unedirection oblique. Les deux noyaux polaires se confondent tardivemeut, dans la partie où le sac embryonnaire commence à se rétrécir en pointe. Les antipodes sont situées dans des plans différents à la base. EUPHORBIACÉES. — Le sac embryonvaire adulte du Ricinus communis a été examiné par M. Strasburger, qui en a figuré l’ap- pareil sexuel". J'ai suivi les phases successives du développe- ment du nucelle jusqu’à l'accroissement définitif du sac embryon- naire. La cellule axile sous-épidermique se divise transversalement vers le tiers supérieur ; la cellule apicale est l'initiale de la ca- lotte, qui prend iciune grande épaisseur ; l’épiderme se dédouble également (fig. 115-116). Une cloison réfringente et plus épaisse au centre se forme dans la cellule subapicale ou cellule mère ; la cellule fille inférieure, plus grande que sa congénère, se divise de même (fig. 116). Le 1 Befr. u. Zellth., pag. 473, PI, XX XV, fig. 6. (Jenaische Zeitsch.) 3e sér., tom, 1, 21 298 MÉMOIRES ORIGINAUX. sac embryonnaire provient de la cellule inférieure, qui commence son évolution dans la fig. 115. Après la formation des huit noyaux du sac embryonnaire, les deux noyaux polaires se rapprochent l’un de l'autre dans la cou- che de protoplasma rejetée contre la paroi par la grande vacuole centrale ; ils se fusionnent à égale distance des cellules sexuelles et des antipodes. Marvacées. — Plusieurs genres ont élé l’objet de mes obser- valions et m'ont conduit à des résultats analogues. En général, le nucelle prend une forme allongée ; les divisions se produisent d’abord dans l’initiale de la calotte, qui n'atteint pas une grande épaisseur (fig. 117, 118, 123). On ne voit naître que trois cellules filles dans la cellule mère de l’Anoda hastata, tandis qu'il s'en forme quatre dans le Malva capensis (fig. 123) ; dans ce dernier cas, elles proviennent de la biparlilion des deux cellules filles primaires. Ces cellules sont très riches en protoplasma granuleux et on trouve souvent de l'amidon dans la cellule inférieure en voie d’agrandissement, avant la division du noyau. Dans le jeune âge, les cellules sexuelles de l’Anoda ont une forme et un volume semblables ; la fusion des noyaux polaires se fait au centre de la cavité, alors que l'oosphère est à peine différenciée (fig. 119). Plus tard, l'oosphère s’allonge et se rétré- cit à la base ; elle ressemble à celle du Clematis, chez les Re- nonculacées (fig. 120). Placées à des niveaux différents, les an- tipodes deviennent assez volumineuses ; au noyau primitif de chacune d'elles succèdent parfois deux nouveaux noyaux rappro- chés l’un de l’autre, comme dans les exemples cités précédem- ment; leur partage n'est pas suivi de celui de la cellule (fig. 121). Dans le Sida arborea, l'insertion de l'oosphère est franche- ment latérale; le noyau polaire inférieur seul marche à la ren- contre du noyau supérieur, pour le rejoindre au voisinage de l'appareil femelle (fig. 122). SAC EYUBRYONNAIRE DES LHANÉROGAMES ANGIOSLERMES. 299 4 2. — Gamopétales. LagBiées. — La structure du nucelle est, comme on le sait, très uniforme chez les Gamopétales. M. Warming a reconnu que la grande cellule sous-épidermique devient directement, dans ce groupe de plantes, cellule mère primordiale, et que l’absence de la calotte est un fait général. À de rares exceptions près, les ovules sont monochlamydés. J'ai repris l'étude du Salvia pratensis et je suis arrivé à des résultats tout différents de ceux qu’on a tirés de l’examen de cette même plante‘ ; les espèces voisines m'ont confirmé dans mon opinion. La fig. 124 représente le nucelle avec sa grande cellule mère encore indivise. Dans la fig. 125, il y a quatre cellules filles se- condaires, nées de deux cellules filles primaires. On croirait par- fois au premier abord qu'il existe cinq cellules filles, mais en réalité la cinquième de la série ne tire pas son origine de la cellule mère primitive, sans laquelle elle existait déjà avant les divisions, et dont elle suit jusqu’à un certain point l'augmenta- tion de volume. La cellule du sac s'agrandit dans la fig. 127 ; elle a déjà dé- truit l’épiderme latéral du nucelle; son noyau surmonte une vacuole. Les cloisons des trois cellules filles superposées se courbent fortement vers le haut, deviennent ondulées et se gé- lifient ; l'épiderme subit la même dégénérescence (fig. 128). Le sac embryonnaire, dont le noyau s’est déjà divisé, se trouve en contact avec l’assise interne du tégument, formée de cellules présentant une disposition et une forme caractéristiques chez les Gamopétales ; il offre dans sa partie supérieure une épaisse bande réfringente provenant de la résorption des cellules filles supérieu res. Quatre noyaux naissent à son intérieur, selon le processus ordinaire et dans des plans qui ne sont pas toujours absolument perpendiculaires l’un à l’autre (fig. 129). 1 Vesque; Développement, etc., pag. 259, PI. XV, fig. 1-11, 300 MÉMOIRES ORIGINAUX. Quand les cellules sexuelles ont pris naissance, elles offrent la disposition de ja fig. 130 ; les synergides ont leur membrane commune exactement sur la ligne médiane du sac embryonnaire ; l’oosphère s’insère latéralement, à gauche, au-dessous d'elles ; le centre da sac est occupé fréquemment par un grand nombre de grains amylacés. Peu à peu les synergides s’allongent en pointe au sommet, pendant que les vacuoles se forment à la base ; l’ocsphère, pour- vue d’un noyau plus gros, descend dans la partie renflée du sac embryonnaire. La fig. 131 est dessinée dans un plan perpendi- culaire au plan de symétrie ; l’état qu’elle représente n'est pas définitif, car les noyaux polaires ne se sont pas encore r'joints. Les antipodes sont disposées sur deux plans à la base du sac em- bryonnaire ; elles peuvent d’ailleurs offrir des positions variées, parfois même une superposition régulière. La partie inférieure du sac embryonnaire est entourée par l'ass'se de revêtement, qui se termine là où commence le renflement du sac, qui s’est avancé vers le haut dass le micropyle, en détruisant le tissu ambiant. BiGNoniAGÉEs. — Il suffit de jeter les yeux sur les fig. 13?2- 134 pour remarquer que dans le Bignonia capensis, la succession des phénomènes est la mème que dans le Salvia. La première cloison for née dans la cellule mère sous-épidermique est très- épaisse au ceatre et sur les bords (fix. 132); cette épaisseur est ui caractère distinctif qu'on rencontre souvent chez les Gamo- pétales, où les deux cellules filles primaires égales se subdivisent généralement chacune en deux cellules filles secondaires, dont la cloison séparatrice est moins gonflée. Le développement de la cellule du sac, indiqué dans la fig. 133, ainsi que les divisions des noyaux de la fig. 134, pré- sentent une grande ressemblance avec ce qu'on a vu précédem- ment. JASMINÉES. — La bipartition des cellules filles primaires, dont il vient d’être questioe, est représentée dans la fig. 136, SAG EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. 301 empruntée, comme la fig, 135, au Jasminum grandiflorum. La plaque nucléaire da tonneau de la cellule fille supérieure est épaissie en son milieu et ne touche pas encore aux parois oppo- sées ; les filaments connectifs sont très-visibles. Dans la figure précédente, la cloison qui sépare les cellules filles primaires est lézèrement ondulée; les noyaux ne sont pas encore entrés'en division. L'observation des différents stades de la division. est loin d’être fréquente et dépend en grande partie du Fasard. Dans le sac embryonsaire adulte, l'insertion de l’oosphère est nettement latérale (fig. 137). Les antipodes m'ont paru très-ré- duites et dépourvues de membranes au moment où la fusion des noyaux polaires allait se faire ; mais il es! probable que dans d’autres cas elles présenten’ un développement plus marqué. Mes observations sur les Scrophularinies sont incomplètes et ne me permettent pas de dire ce qu'ii faut penser des descrip- tions qu on a données du sac embryonnaire de ces plantes, chez lesquelles il offrirait les formes les plus irrégulières. J'ai examiné seulement celui du Lophospermum erubescens avaut l'état adulte (fig. 138); il m'a semblé peu différent de ceux qui viennent d’être décrits. BORRAGINÉES. — Le nucelle du Borrago officinalis est assez gros; sa grande cellule mère se divise d’abord en deux cellules filles primaires, qui se partagent ensuite en quatre cellules filles secondaires (fig. 139). Parfois cependant la cellule fille primaire inférieure seule se subdivise : il n’y a alors que trois cellules superposées, dont l'inférieure s'agrandit en sac embryonnaire. Les divisions des noyaux saivent leur cours normal; le sac embryonnaire prend souvent une forme assez irrégulière, comme plusieurs observateurs l’ont déjà remarqué. Les cellules sexuel- les sont volumineuses ; dans la fig. 140, les synergides n’ont pas de vacuoles, l’oosphère ne s’en distingue que par sa lon- gueur un peu plus marquée ; le noyau secondaire qui vient de se former offre encore les deux nucléoles des noyaux polaires 302 MÉMOIRES ORIGINAUX. confondus. Dans la partie inférieure du sac embryonnaire, les antipodes occupent le même plan, mais leur position peut varier. SOLANÉES. — Le Nicotiana Tabacum m'a fourni les fig. 141- 143 de la PI. XIIT. Dans la première, le noyau de la cellule mère a formé sa plaque nucléaire ; dans la seconde, la cloison qui sépare les deux cellules filles primaires est mince sur les bords et courbée vers le bas ; le tégument ne recouvre pas en- core le nucelle à cet âge. On trouve ensuite assez fréquemment trois cellules de volume inégal, la supérieure étant plus petite que les deux autres et représentant la cellule fille primaire restée indivise (fig. 143). Souvent aussi cette dernière se partage, en même temps que sa congénère, en deux cellules filles secondai- res, auquel cas on observe quatre cellules filles de seconde gé- nération (fig. 144). Les fig, 145 et 146 sont empruntées au Cestrum splendens, chez lequel le refoulement des trois cellules superposées à la cellule du sac est des plus démonstratifs. Lorsque la destruction des tissus est complète, le sac embryonnaire contient, au sommet, un protoplasma très-abondant, dans lequel sont plongées les jeu- nes cellules sexuelles. Il revêt peu à peu une forme ovoïde et régulière. Les synergides et l’oosphère sont insérées toutes trois sur le même plan et se distinguent plutôt par la disposition de leur protoplasma et de leurs noyaux que par leur forme (fig. 146); les antipodes situées côle à côte, à la base, sont reliées à l'appa- reil femelle par une épaisse bande protoplasmique, qui englobe le gros noyau secondaire du sac embryonnaire et contient de nombreux grains amylacés. CAPRIFOLIACÉES. — Chez ces plantes, le nucelle n'a pas la même structure que dans la plupart des Gamopétales. La cel- lule sous-épidermique axile, qui doit se diviser, est plus petite et le tissu sous-jacent plus développé dès l’origine. Dans le Lonicera Standishii, il y a parfois quatre assises cellulaires au-dessous SAC EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. 303 d'elle (fig. 147); mais, dans la majorité des cas, seulement trois, comme l’indiquent les autres figures, avant la division des noyaux dans le jeune sac embryonnaire. La cellule axile doit être considérée comme la cellule mère ; elle donne successivement trois cellules filles ; l'inférieure est la plus grande et s'agrandit en sac embryonnaire (fig. 148-149); les cloisons qui les séparent sont peu épaisses. Les espèces voi- sines m'ont présenté le même mode de partition. L’épiderme du nucelle persiste jusqu’à la division du noyau primaire. Le sac embryonnaire est bientôt en contact avec l’assise in- terne du tégument, sauf à la base, où le nucelle, au lieu de se détruire, s'accroît sensiblement en longueur. La cellule du sac élant régulièrement superposée, dans le jeune âge, à l'assise cen- trale du nucelle (fig. 148 et 149), on a pris, ici encore, pour des anticlines les deux cellules du tissu nucellaire situées au-dessous d’elles sur la ligne médiane. Cependant, cn n’a pu méconnaitre l'existence des antipodes chez les Caprifoliacées, ainsi que chez les Valérianées et les Dipsacées, qui ont été considérées, pour cette raison, comme des familles de passage entre les Dialypétales et les Gamopé- tales. Chez les Dipsacées, en effet, comme dans les deux autres familles, il eût été impossible de ne pas les apercevoir ; M. Stras- burger les avait d’ailleurs très-exactement figurées dans le Scabiosa atropurpurea ‘. La fig. 153 nous les montre déjà très- développées, même avant la fusion des deux noyaux polaires, dans le sac embryonnaire du Pterocephalus, revêtu par l’assise interne caractéristique du légument ovulaire. Le sac embryon- naire des Scabiosa présente le même aspect et la même forme régulière. CoMPoséEs. — Le Senecio vulgaris à été, comme on le sait, le point de départ des observations de M. Vesque sur l’origine du sac embryonnaire. Il n’est plus besoin aujourd’hui de venir con- 1 Befr. u. Zellth., pag. 474, PI, XXXV, fig. 5. 304 MÉMOIRES ORIGINAUX. firmer les résultats si différents que l’étude de cette même plante a fournie à M. Strasburger ; les figures qu'il en a données sont d’une clarté et d’une exactitude parfaites ‘. Pour se faire une idée de la marche du développement, beaucoup de représentant: de ce vaste groupe peuvent être examinés avantageusement à l’aide des coupes à travers les ovules préalablement durcis. Quelques-uns, comme le Pyrethrum, semblent faire exception à la règle générale concernant le développement du sac em- bryonnaire. Je n’ai pu, en raison de la saison avancée et de l'avortement des ovules dans les espèces de ce genre que j'ai examinées, répéter les observations de M. Marshall Ward sur le Pyrethrum balsaminatum, chez lequel le sac embryonnaire ne proviendrait pas de la cellule fille inférieure, qui deviendrait alors une anticline. Outre le Senecio vulgaris el le S. crassifolius, qui m'ont donné les mêmes résultats qu'à M. Strasburger, j'ai exa- miné plusieurs espèces appartenant aux genres Conyza, Doroni- cum, Petasites, Tussilago, Tragopogon, Calendula. La succession des différentes phases du développement est partout la même ; mais le Conyza ambiqua est remarquable entre toutes par l’aug- wentation constante du nombre normal des antipodes, phéno- mène encore inconnu chez les Gamopétales et qui mérite une exposition quelque peu détaillée. Le nucelle du Conyza est entièrement recouvert par le tégu- ment au moment où la cellule mère allongée se divise dans sa partie médiane. La cloison formée devient trés-épaisse ; les deux cellules filles primaires se partagent simultanément chacune en deux cellules filles secondaires séparées par des cloisons plus minces (fig. 154). La cellule fille inférieure s'agrandit en refoulant celles qui la surmontent, ainsi que l’épiderme latéral du nucelle (fig. 155). Son noyau se divise avant la destruction complète de l’épiderme au sommet; une vacuole se produit à la base dans le proto- plasma, jusque-là uniformément réparti et finement granuleux. 1 Augiospermen und Gymaospermen, pag. 9, PI. IIT, fig. 23-38. SAC EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. 305 Bientôt les cellules épidermiques du sommet sont résorbées et le jeune sac embryonnaire n’est limité sur toute sa surface que par l’assise interne du tégument ; une seconde vacuole apparait au-dessus du noyau le plus élevé (fig. 156). Les deux noyaux se divisent dans des plans légèrement obli- ques, souvent aussi parallèles (fig. 157); le sac embryonnaire s'incurve un peu au sommet, dans la direction du micropyle ; l'un des noyaux de la paire supérieure en occupe la pointe ; ceux de la paire inférieure sont de même rapprochés l’un de l’autre et situés entre deux vacuoles. Une nouvelle et dernière bipartition nucléaire se produit dans les deux groupes (fig. 158). On voit alars les deux synergides étroitement accolées et placées de chaque côté du plan de symé- trie; au-dessous d'elles et souvent du côté convexe du sac embryonnaire, l’oosphère située dans ce plan, et, du côté opposé, le noyau polaire supérieur. Les antipodes sont, dès leur formation, pourvues de membranes cellulaires très-distinctes ; l'inférieure est toujours séparée des deux autres par une cloison horizontale, et son noyau se trouve au-dessus de la vacuole, qu'on remarquait déjà auparavant à la base du sac embryonnaire. Dans la figure qui représente cette phase du développement, la cloison qui sépare les deux antipodes supérieures l'une de l’autre est invisible; celle qui les surmonte est inclinée. Le noyau po- laire adjacent est encore à la place où il a pris naissance. Souvent, les antipodes sont superposées et séparées par des cloisons légèrement courbées vers le haut; c'est le cas de la fig. 160, où l’antipode inférieure s’est même divisée par une cloison qui occupe la place de la vacuole primitive. Le noyau polaire inférieur commence à s'avancer vers le hant, dans la couche de protoplasma qui revêt la paroi du sac embryon- naire. Dans la fig. 161, les synergides se sont allongées en pointe au sommet ; le noyau de l’oosphère est devenu plus gros que le leur; le noyau polaire inférieur est parvenu au contact du noyau polaire supérieur resté en place. On constate également que l’une 306 MÉMOIRES ORIGINAUX. des deux antipodes supérieures, celle de gauche, s’est divisée en deux cellules, contre la paroi du sac embryonnaire. La fig. 162 nous montre un sac embryonnaire avec quatre antipodes régulièrement superposées : les cloisons sont forte- ment gonfilées, les noyaux assez gros. Un sac embryonnaire plus avancé en àge (fig. 163) et pris dans un plan perpendiculaire au plan de symétrie, renferme six cellu- les antipodes, nées par bipartition de chacune des trois cellules primitives ; le sac embryonnaire se renfle légèrement à quelque distance de son extrémité inférieure. Le nombre des antipodes augmente progressivement et forme un {issu dont l’origine ne peut être mise en évidence que par une étude attentive à partir du plus jeune âge. L'observation d'états intermédiaires pourrait, comme on le conçoit sans peine, faire croire à la présence de véritables anticlines, si l’on omettait quel- que phase du développement. Les cloisons affectent des directions variables. Quelques-uns des noyaux possèdent plusieurs nucléoles et sont proches du phénomène de la division, soit qu'il vienne d’avoir lieu, soit qu’il soit sur le point de se produire(fig. 164). Dans la fig. 165, on remarque une plaque cellulaire encore incomplète à l'équateur d'un tonneau nucléaire. Le gonflement des cloisons varie sui- vant la partie du tissu considérée; dans le cas actuel il est plus marqué vers le haut. Je n’ai pas trouvé de sac embryonnaire où le nombre des cellules fût plus élevé ; le sac embryonnaire est parvenu, en effet, à son entier développement. La fusion des noyaux polaires, encore incomplète dans les fig. 163 et 164, a donné un no yau secondaire volumineux, tou- jours trés-rapproché de l'appareil sexuel. L’oosphère s’est allon- gée en augmentant de volume; les synergides, dont les noyaux n'ont pas grossi, s'avancent vers le haut dans le micropyle. Que devient le tissu mentionné après la fécondation ? Persiste- t-il et continue-t-il à s’accroitre? En me fondant sur des obser- vations, peu nombreuses il est vrai, et que la saison avancée ne m'a pas permis de multiplier, ainsi que sur les phénomènes ana- SAC EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. 307 logues que nous avons eu l'occasion de rencontrer, j'ai de bonnes raisons de croire qu'il ne concourt nullement à la production de l’endosperme, qu’on sail naître de la division du noyau secon: daire du sac embryonnaire, et que son rôle est terminé. J'ai représenté également le sac embryonnaire du Doronicum caucasicum dans un plan perpendiculaire au plan de symétrie, pour montrer qu’à la partie inférieure il n’est pas en contact im- médiat avec l’as-ise de revêtement. On y remarque trois antipodes superposées qui, dans ce genre comme dans la plupart des cas, ne subiront pas desdivisions (fig. 166). Chez les Petasites albus, P. niveus, l’antipode inférieure peut se diviser dans le cours du développement ; la fig. 167 représente un sac embryonnaire à une époque antérieure à cette partition et à l'élargissement du sac dans sa partie médiane. Le même phéno- mène se présente aussi dans le Tussilago, où la disposition des antipodes est différente, comme l'indique la fig. 168, prise après la formation du noyau secondaire du sac embryonnaire. LOBÉLIACÉES. — Je n'ai observé dans le Lobelia erinus que trois cellules filles dans la cellule mère (fig. 169-172). Il est pos- sible qu'il s’en forme quatre, comme dans les espèces voisines; en tout cas, le développement de la dernière cellule fille est mani- feste dans les fig. 171 et 172, où les deux cloisons séparatrices des deux cellules supérieures sont encore bien visibles, malgré la gélification du conteau de ces dernières. Le noyau de la cellule du sac se divise avant la résorption complète des cellules supérieures ; l’épiderme du nucelle ne tarde pas à disparaître et le sac embryonnaire se trouve en con- tact avec l’assise de revêtement, qui ne l’entoure qu'incomplète- ment à une période plus avancée, comme dans les cas dont il a élé fait mention et dans lesquels le sommet du sac et l'appareil femelle s’insinuent dans le micropyle. CAMPANULACGÉES. — La grande cellule mère allongée est com- « prise à sa parlie inférieure entre les cellules de la base du 308 MÉMOIRES ORIGINAUX. nucelle, qui sont en petit nombre, mais se retrouvent encore au- dessous du sac embryonnaire définitivement constitué (fg. 174). Les cloisons des quatre cellules filles sont tantôt minces, tantôt gonflées ; la fig. 173 représente le refoulement des trois cellules: filles supérieures, dont les noyaux sont encore intacts. Les phases suivantes se succèdent comme dansles cas précéclents. Iciencore, on à pris pour anticlines des cellules sous-jacentes à la cellule du sac embryonnaire. Après la formation de l'appareil femelle, le sac embryonnaire s'allonge et s’élargit dans sa région supérieure ; les synergides” s'avancent fort loin dans le micropyle (fig. 174) ; la fusion des noyaux polaires à lieu vers le centre, là où se termine l'assise de revêlement. Les antipodes, reposant à la base sur les quel- ques cellules du tissu rucellaire encore existantes, sont rarement en superposition régulière. RÉSULTATS GÉNÉRAUX. Les observations qui précèdent nous permettent d'établir un certain nombre de conclusions, concernant à la fois l’ori- gine du sac embryonnaire et les formations dont il est le siège. I — Le sac embryonnaire ne provient jamais de la fusion de deux cellules ; il est dû constamment à l'agrandissement d’une seule cellule. Tout en étant généralement la cellule fille infé- rieure parmi celles qui naissent dans la cellule mère, la cellule qui s'agrandit en sac embryonnaire peut êlre aussi l’une des autres cellules filles, de sorte qu’une certaine équivalence tend à s'établir entre elles. Dans ce dernier cas seulement, il existe une ou plusieurs anticlines. Tantôt la cellule axile sous-épidermique du nucelle se divise en donnant immédiatement au contact de l’épiderme une cellule apicale ou initiale de la calotte, et au-dessous une cellule suba- picale ou cellule mère ; tantôt elle est, dés l'origine, la cellule mére du sac embryonnaire. SAC EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. 309 Les deux cas se présentent chez les Monocotylédones et chez les Dialypétales ; mais, chez les Gamopétales, le premier n’a pas encore été rencontré. Chez les Monocotylédones, la cellule mère reste indivise ou se partage en un nombre variable de cellules filles. Il peut y avoir à l’origine deux cellules prédestinées, mais une seule cel- lule mère se développe. Elle ne se divise pas dans le L'ilium, le Tulipa, et devient directement sac embryonnaire. Elle donne deux cellules filles (Cornucopiæ, Commelyna, Narcissus, ete.), ou bien trois (Tricyrtis, Fucca, Iris, Canna, etc.), ou même quatre cellules filles secondaires (Bilbergia, plusieurs Graminées, d’après M. Fischer, Heinerocallis, Tritonia, etc. d’après M. Strasbur- ger). Chez les Dialypé'ales, plusieurs cellules mères peuvent se dé- velopper, et même dans un assez grand nombre de Rosacées, dans l'Helianthemum (Fischer), leur existence paraît constante, mais il n'y à finalemont qu'un sac embryonnaire. La cellule mère donne naissance, soit à trois cellules filles, formées en di- rection basipète (Ænothera, Saxifraga, Berberis, Ceratocephalus, Clematis, Capsella, etc.), soit à quatre cellules filles secondaires, nées par bipartition des cellules primaires (Cuphea, Malva, Hel- leborus, Delphinium, etc.), soit enfin à un plus grand nombre (jusqu’à six chez les Rosacées). Ghez les Gamopétales, la formation de quatre cellules filles se- condaires parail être le cas général (excepté Lonic2ra, souvent Lobelia, elc.). Dans la plupart des Angiospermes, la cellule du sac est la cellule fille inférieure ; cependant celte règle présente des exceptions (Agraphis, Loranthus, Rosa, Pyrethrum, qui possèdent alors une ou plusieurs anticlines) ; il faut aussi tenir compte de la tendance qu'ont les autres cellules filles à jouer le même rôle. Gelte tendance se manifeste par le, developpement qu'offrent par- fois deux cellules adjacentes, dont le noyau se divise comme celui de la cellule du sac. Il en est ainsi dans le MWarcissus, le Melica, le Convallaria, les Rosacées, et dans le Cercis et quel- 310 MÉMOIRES ORIGINAUX. ques Légumineuses, d’après mes recherches antérieures. Une certaine équivalence peut donc s'établir entre les cellules filles, comme MM. Treub et Mellink l'ont montré les premiers. Les cioisons des cellules filles sont souvent, selon la remarque de M. Warming, épaisses, réfringentes et non sans analogie avec cellés de l’anthère. Mais cet aspect et cette nature ne sont-ils pas dus simplement à leur apparition toute récente ou à la rapidité de leur résorption ? II. — Examinons maintenant les formations internes du sac embryonnaire. Le nombre des cellules de l'appareil femelle et des antipodes, à part les exceptions connues (Santalum, Gomphrena, Loran- thus), est remarquablement constant ; mais leur disposition et leur manière d’ètre sont assez variables. Chez les Monocotylédones, les synergides occupent le sommet du sac embryonnaire ; elles sont dans la plupart des cas pour- vues d’une vacuole et de forme ovoïde. L'oosphère s’insère, soit à la mème hauteur, au sommet (Commelyna, Aloe, Narcissus, Canna, Ornithogalum), soit plus bas, latéralement (Cornucopiæ, Yucca, Crocus, etc.). Les rapports des cellules sexuelles avec le plan de symétrie sont difficiles à préciser. Les antipodes restent souvent fort petites (Tricyrtis, Fucca, Aloe, etc.), ou bien devien- nent presque aussi volumineuses que les cellules sexuelles (Com- melyna, Agraphis, Narcissus, Ruscus) ; parfois même elles se di- visent (Graminées). La fusion des noyaux polaires a lieu le plus souvent vers le centre du sac embryonnaire, rarement vers le haut (Cornucopiæ). Chez les Dialypétales, les syncrgides placées au sommet sont rarement dépourvues de vacuoles à l’âge adulte. L’oosphère se distingue par son noyau situé à la base ; elle a une insertion la- térale et descend généralement beaucoup plus bas que les deux cellules précédentes. Les antipodes sont tantôt petites (Saxifraga, Mesembrianthemum, Caryophyllées, Crucifères), tantôt volumi- neuses (Nyctaginées, Renonculacées, Anoda). La fusion des noyaux polaires s'effectue vers le centre dans les Ribes, Renon- SAC EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPER\ES. 911 culacées, Mahonia, Ruta, Polygala, etc. ; vers le haut dans les Rosacées, Œnothera, Cuphea, Silene, Capsella, Sida, cte. Chez les Gamopétales, les synergides, placées de chaque côté du plan de symétrie, ont une forme caractéristique ; dans la plupart des cas, elles s’allongent et se rétrécissent en pointe au sommet ; leur vacuole est volumineuse. L'oospkère s'insère tou- jours latéralement et possède un noyau plus gros que celui des synergides; on détermine facilement sa position dans le plan de symétrie. Les antipodes sont rarement situées au même niveau (Cestrum, Pterocephalus, Lonicera), plus souvent superposées et pouvant parfois se multiplier et former un tissu de nature spéciale (Conyza). Les noyaux polaires se fusionnent vers le centre (Jasminum, Lophospernum, Cestrum, Pterocephalus, Lo- nicera, etc.) ou vers le haut, au vcisiaage de l’oovsphère (Com- posées). Cette fusion remarquable des noyaux polaires détachés des deux groupes cellulaires du sac embryonnaire constitue, comme il fut facile d’en faire la remarque dés la découverte de M. Stras- burger, un argument très sérieux contre l'hypothèse de M. War- ming. Nous savons comment on a tenté de l'expliquer par la fusion préalable de deux cellules en une seule. Mais toute autre est l’origine du sac embryonnaire, et il faut chercher ailleurs les liens susceplibles de raltacher les Angiospermes aux Gymnosper- mes et aux Cryptogames. Jelons, pour terminer, un coup d'œil rapide sur les phénomènes de la reproduction sexuée dans ces différents gronpes, et recherchons leurs véritables komolo- gies. APERÇU THÉORIQUE. Plus on s'élève dans la série des Cryptogames, plus s’accentue la différence des sexes, et plus grande aussi est la réduction pré- sentée par la généralion sexuée. Dans les Fougères et les Prêles, les prothalles sont tous issus de spores semblables et portent les anthéridies et les archégones ; 312 MÉMOIRES ORIGINAUX. dans ies Rhizocarpées et certaines Lycopodiacées, la double ra- ture des spores indique à l'avance la séparation des sexes. Ce- pendant on observe déjà, chez les premières, une tendance à la diæcie, car le prothalle de lOsmonde ne porte souvent que des anthéridies ; dans tous les cas, la génération sexuée, représentée par lui, a une existence indépendante. I n’en est plus de même chez les Rhizocarpées ; la séparation des sexes est portée beaucoup plus loin : le sporocarpe du Mar- silia et du Pilularia est bisexué et porte à la fois les microspo- ranges etles macrosporanges ; celui du Salvinia est unisexué. Le prothalle femelle, issu de la macrospore, se montre comme un petit appendice, d'abord contenu dans son intérieur et plus tard nourri par elle quand il se développe au dehors; dans plusieurs Lycopodiacées, il s'accroît à l’intérieur même de la macrospore, dont la membrane se rompt pour l'amener au jour. Le prothalle mâle, issu de la microspore, se réduit lui-même de plus en plus. La microspore du Salvinia, renfermée dans le sporange, développe son endospore en un tube qui perce la paroi de ce dernier et se cloisonne pour donner une cellule terminale coustituant l'anthéridie, qui bientôt se partage en deux cellules produisant chacune quatre cellules mères d’anthérozvides. Le prothalle mâle est donc très rudimentaire. Dans les Marsilia et Pilularia, les anthérozoïdes sont produits à l'intérieur même de la microspore. Le contenu protoplasmique de cette dernière se contracte et se divise en huit cellules pri- mordiales, qui se partagent ensuite chacune en quatre et four- nissent trente-deux cellules mères d’anthérozvïdes. M. Millardet considère comme anthéridie ce corps pluricellulaire, tandis que l'espace compris entre lui et l’endospore, et plein d'un suc pourvu de nombreux grains amylacés, constitue le rudiment d’un prothalle mâle. Ce savant a aussi établi ce fait, imporiant au point de vue de l’affinité des Cryplogames supérieures avec les Phanérogames, que le contenu de la microspore ne se change pas tout entier, SAC EMBRYONXAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. o13 comme on l'avait cru, en cellules mères d’anthérozoïies. La micrcspore de l'{soctes se partage, à la germination, en deux cellules inégales : une petite stérile, et une grande fertile occupant tout le reste de la capacité interne. La première a une enveloppe de cellulose et ne subit pas de changement notable ; la seconde, au contraire, se divise ea quatre cellules primordiales dépour- vues de membranes cellulosiques et dont les deux ventrales pro- duisent, selon cet auteur, chacune deux cellules méres d’anthé- rozoïdes. Dans les Se/aginella, M. Pfeffer a reconnu de même la forma- tion d’une petite cellule stérile et d’une grande cellule fertile qui se partage en six où huit cellules primordiales produisant les anthérozoiïdes. Si maintenant, des plantes qui précédent, on s'élève aux Gymnospermes, on remarque que les microspores ou grains de pollen se forment dans des microsporanges ou sacs polliniques séparés, soit sur la même plante, soit sur des plantes différentes. Le grain de pollen, dans lequel M. Strasburger a démontré, contrairement aux assertions de Schacht, l'existence d’une seule partition, présente une étroite parenté avec la microspore des Sélaginelles. L'une des deux cellules s’allonge en tube pol- linique et représente une anthéridie ; l’autre est l'équivalent d’un prothalle mâle rudimentaire. Les cellules nues, observées jadis par Hofmeister et plus récemment par M. Strasburger, à l’extré- mité duboyau pollinique, peuvent être comparées à des cellules mères d’anthérozoïdes., L’analogie se poursuit donc ici jusque dans les détails. Elle est encore plus évidente si l’on examine le mode de for- mation des microspores des Cryptogames et celui des grains de pollen des Gymnospermes. Le sac pollinique présente à ja fois, dans ses propriétés morphologiques et anatomiques, de frappantes analogies avec le sporange des Cryptogames. Dans le sac pollinique comme dans le sporange, les cellules mères nais- sent par isolement de cellules d’abord réunies en tissu et se di. visent en quatre. Les Gymnospermes se montrent intermédiaires FASCT OM. 22 314 MÉMOIRES ORIGINAUX. entre les Cryptogames et les Angiospermes, car les saes pollini- ques des Cycadées et de certaines Conifères rappellent immédia- tement, par leur forme et leur disposition, les sporanzes de cer- taines Cryptogames vasculaires. M. Treub a pu constater, ré- cemment encore‘, que lo développement des sacs polliniques du Zamia muricata présente de nombreux points de ressem- blance avec les indications données par M. Gocbel sur l’évolution des sporanges ?. Les observations de M. Strasburger et de M. Elfving nous ont fait connaître l'existence d’une division dans le grain de pollen des Angiospermes*. Il s’y forme deux cellules : l’une appelée cel- lule végétative, ponvant produire par des divisions ultérieures un prothalle de deux ou trois cellules; l’autre, plus grande, qui formera le tube pollinique, et dont le noyau ne paraît se di- viser, dans les cas observés jusqu'à ce jour, que chez les Cypé- racées. Ce noyau se rend à l'extrémité du tube et semble jouer le rôle le plus important dans la fécondation; souvent aussi, celui de la petite cellule s’introduit dans le tube après la ré- sorption dela mince cloison qui le séparait de la grande cellule. Les découvertes récentes ont ainsi montré que les phénomè- nes présentés par l’organe mâle des Angiospermes se rapprochent beaucoup plus qu’on ne l’avait pensé de ceux qu'on observe chez les Gymnospermes et les Cryptogames vasculaires. Peut-on de même établir l'homologie des organes femelles de ces trois groupes ? Chez les Cryptogames, la macrospore des Rhizocarpées pro- duit à son intérieur, aux dépens d'une pelite portion de proto- plasma, un prothalle femelle qui ne s'échappe que plus tard et partiellement de la cavité. 1 Treub; Recherches sur les Cycadées. Leyde, 1881. (Extrait des Annales de Botanique de Buitenzorg, vol. II, pag. 32-53.) 2? K. Goebel ; Beitr. zur vergl. Entwickel. gesch. der Sporangion, Bot. Zeil., 1880, nos 32, 33. 3 Fr. Elfving; Studien über die Pollenkorner d. Angiosp. (Jenaische Zeitschrift, tom. XIII, 1879.) SAC EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. 315 Dans le Salvinia, ce prothalle est formé d’un tissu relative- ment assez abondant et riche en chlorophylle, qui perce les mem- branes de la papille de la spore et montre à l'extérieur une sur- face convexe. Il est séparé de la cavité sous-jacente par une lamelle de cellulose ou diaphragme se rattachant circulairement au pourtour de l’endospore. Plusieurs archégones naissent dans le tissu sous forme d’uue cellule centrale recouverte par quatre cellules superficielles, qui se subdivisent pour donner les cel- lules de fermeture et le col de l’archégone. Dans le Marsilia et le Pilularia, le prothalle femelle est extré- mement réduit ; il s'échappe aussi par la papille terminale de la macrospore, tout en demeurant caché au fond de l’entonnoir formé par les couches membraneuses externes. Il ne s’y produit qu'un seul archégone, dont le col fait bientôt saillie au dehors. La cellule centrale se comporte comme dans le cas précédent. Chez les Lycopodiacées, le prothalle femeile est, à un plus haut degré encore que chez les Rhizocarpées, une formation en - dogène. Il affecte une ressemblance encore plus grande avec celui qu’on rencontrera chez les Gymnospermes et même chez les Angiospermes. La macrospore de l’/soetes se remplit d’un tissu cellulaire qui, en se développant, détermine la rupture des membranes de la spore. Ün archégone apparaît alors dans la partie du prothalle amenée au jour, il peut, s'il n’est pas fécondé, être suivi de plusieurs autres. La macrospore des Selaginella offre déjà dans le sporange un tissu de petites cellules, courbé en forme de ménisque et con- stituant le prothalle proprement dit. Mais bientôt il se forme au-dessous du prothalle, dans la cavité même de la spore, un nouveau tissu qu’on à cru pouvoir comparer à l’endosperme des Angiospermes, en raison de l'époque de son apparition. La for- mation des archégones dans le prothalle commence avant la rupture de l’exospore. Les Gymnospermes présentent de grandes analogies avec ces dernières plantes. Le sac embryonnaire ou macrospore donne 316 MÉMOIRES ORIGINAUX. naissance à un endosperme ou prothalle (différent, p&r consé- quent, de ce qu'on appelle endosperme chez les Sélaginelles ) produisant les corpuscules ou archégones, qui restent enfermées dans la macrospore. L’archégone consiste en une cellule cen- tralo surmontée d’une ou de deux assises de quatre cellules ; chez les Abiétinées, cette cellule se divise, d'après M. Stras- burger, pour donner une cellule de canal au-dessus de l’oosphère. L’homolosie entre le sac embryonnaire des Gymnospermes et la macrospore semble donc parfaitement fondée. En cherchant à établir une semblable comparaison avec les Angiospermes, on avait pu reconnaître que le sac embryonnaire ve donne pas un endosperme de même nature morphologique que celui des Gymnospermes. Les Angiospermes paraissaient se rap procher davantage des Sélaginelles, en raison du tissu spé- cial formé après le prothalle et existant avec lui au moment de la fécondation. Ce tissu semblait être l’équivalent de l’albumen, qui naît après la fécondation dans les Monocotylédones et les Dicotylédones, chez lesquelles, par suite d’une réduction portée au dernier degré, le prothalle no serait représenté que par les vésicules antipodes ; les vésicules embryonnaires seraient des archégones, composies uniquement de la cellule centrale ou bien réduites à l’oosphère. Le sac embryonnaire étant considéré comme la macrospore, le nucelle devenait l'équivalent du ma- crosporange. Mais ces homologies parurent tout à coup inacceptables quand M. Strasburger découvrit les phénomènes qui se passent dans le sac embryonnaire. La division des noyaux diffère entièrement de ce qu’on observe dans les Gymnospermes ; une opposition complète se manifeste entre les noyaux qui occupent les deux extrémités du sic ; les synergides ont une tout autre origine que la cellule de canal des archégones, et c’est à peine si l'opposition des deux groupes nucléaires est atténuée par la fusion des deux noyaux polaires en un noyau secondaire du sac embryonnaire. Aussi n'est-il pas étonnant que M. Warming ait essayé de rétablir les liens qui paraissaient brisés par celte découverte, en SAC EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES, SU prenant pour point de départ l'homologie du sac à pollen et du microsporange, basée sur les caractères histologiques et mor- phologiques. Le nucelle étant l'homologue du macrosporanyge, les cellules mères primordiales doivent, dans l’une comme dans l'autre, se diviser en cellules mères spéciales qui produiront chacune une létrade de spores. Les vésicuies embryonuaires et les antipodes sont des spores ; la spore ne germe pas: il ne se développe ni prothalle ui archégone ; l’une des spores devient l’oosphère : il y a donc un raccourcissement considérable de la généralion sexuée. Mais, maloré l'appui que les observations de M. Vesque ont paru fournir à cette hypothèse, nous savons que de teiles homo- logies sont dénuées de fondement. L'opinion émise par M. Stras- burger dans son dernier ouvrage reste jusqu'à ce jour la plus rationnelle. Le sac embryonnaire est assimilable à une macrospore. Le prothalle, qui se forme dans la spore, est représenté : chez les Gymnospermes, par l’endosperme; chez les Augiospermes, par les cellules de l'appareil sexuel, les antipodes et les deux noyanx polaires. Les cellules endosnermiques peuvent s'adapter à des fonctions spéciales : chez les Gymnospermes, l’une d'elles forme un archégone rudimentaire, et même, chez le Welwitschia, elle devient directement oosphère. Cette réduction de l’archégone se continue chez les Angiospermes : les synergides, naissant en même temps que l’oosphère, ne peuvent pas être comparées aux cellules de canal Ges archégones ; ce sont des cellules endosper- miques qui, par une adaptation à une fonction nouvelle, ont acquis une forme et une place spéciales. Enfin l’albumen, qui naît après la fécondation par la division du noyau secondaire du sac embryonnaire, n'est que la reprise d’un développement in terrompu. 318 MÉMOIRES ORIGINAUX. EXPLICATION DES PLANCHES. { Les chiffres placés entre parenthèses indiquent le grossissement. ) PLANCHE IX. Fic. 1-6. Cornucopiæ nocturnum (220). Fic. 1. Nucelle après le dédoublement de la cellule axile sous-épi- dermique. FiG. 2. Cellule mère partagée au centre par une cloison un peu épaissie. Fi6. 3. Destruction de la cellule apicale, représentant la calotte. La cellule du sac a divisé scn noyau. Fie. 4. Les deux synergides n'ont pas encore de vacuole; l’o0- sphère est insérée plus bas, latéralement ; les noyaux polaires sont encore en place ; les antipodes ont une membrane cellu- laire. FiG. 5. Sac embryonnaire avant la fusion des noyaux polaires ; le noyau inférieur a remonté vers le noyau supérieur; les syner- gides ont leurs vacuoles. Fic. 6. Sac embryonnaire adulte montrant la disposition des cellules de l'appareil femelle, la fusion des noyaux polaires à côté de l’oosphère, la position et les noyaux des antipodes. F6. 7-11. Commelyna stricta (220). Fic. 7. Nucelle avant la division de la cellule axile sous-épider- mique. Fic. 8. Division de la cellule sous-épidermique ou cellule mère en deux cellules filles inégales. FiG. 9. GCélification de la cellule fille supérieure. Les deux noyaux du sac sont en division aux deux extrémités. Fi. 10. Formation complète des noyaux du sac embryonnaire. FiG. 11. Sac embryonnaire adulte. Les cellules sexuelles sont insérées sensiblement au même niveau. Fusion polaire cen- trale. Fic. 12-15. Tricyrtis hirta (280). Fia. 12. La cellule sous-épidermique est ici la cellule mère et divise son noyau. Fi. 13. La cloison formée est plus proche du sommet ; la cellule fille inférieure se divisera encore une fois. FiG. 14. Après la formation d’une deuxième cloison, la cellule du sac refoule les denx cellules superposées. Fic. SAC EMBRYONNAIRE DES PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES. 319 Fic. 15. Sac embryonnaire avant la fusion des noyaux polaires, offrant encore au sommet quelques cellules épidermiques du nucelle ; les antipodes ne présentent pas de membrane cellu- laire. 16-25. Yucca gloriosa (240). Fie. 16. Nucelle au moment de l'apparition du tégument interne. La cellule axile sous-épidermique a donné l’initiale de la calotte et la cellule mère. Fig. 17. La calotte est formée de deux cellules collatérales ; la cellule mère est indivise. Fi6. 18. Deux cellules filles sont nées dans la cellule mère, qui s'est partagée au centre par une cloison épaissie. Fig. 19. La calotte est réduite à sa cellule initiale; son contenu est granuleux comme celui des cellules filles. Fic. 20. La cellule apicale s’est divisée transversalement par une cloison réfringente ; la cellule mère a donné deux cellules filles séparées par une épaisse cloison à convexité inférieure. Fie. 21. La cellule de gauche de la calotte s’est segmentée hori- zontalement. La cellule mère a formé successivement deux cloisons en direction basipète. Fi. 22. Gélification de l’unique cellule de la calotte. Les cellules filles sont plus volumineuses que dans la figure précédente. Fig. 23. La cellule du sac, inférieure, a refoulé celles qui la sur- montent et divisé son noyau. Fi. 24. Sac embryonnaire avec deux noyaux à chaque extrémité séparés par une vacuole. Fig. 25. Sac embryonnaire avant l’Age adulte : la synergide de droite offre déjà une vacuole sous son noyau ; l'oosphère est insérée plus bas, latéralement ; les antipodes n'offrent pas de membrane cellulaire ; le noyau polaire inférieur n’a pas encore commencé la marche vers le haut. Fic. 26-28. Agraphis campanulata (220). Fic. 26. Nucelle pourvu d’une calotte très épaisse et accru sur- tout dans la région supérieure. La cellule mère, profondément située, s’est divisée en deux cellules filles : la cellule fille supé- rieure, plus grande, est la pourront servir à baser des conclusions aussitôt que l’étude des prin- » cipaux types aura été suffisamment faite ». Le principe de M. le D' Moniez est de ne point tracer de généralisa- tions hâtives et de ne pas établir d'inutiles comparaisons entre des for- mes trop éloignées les unes des autres ; aussi, pour ne point changer le 1 Travaux de l'Institut zoologique de Lille et du Laboratoire de Wimereux. Paris,chez Doin, 1881.— Rappelons que M. le Dr Moniez s'occupe depuis longtemps des Cestodes ; on lui doit aussi un Essai monographique sur les Cysticerques. In-4, de 190 pag., avec 3 pl. 374 REVUE SCIENTIFIQUE. caractère de ses Monographies, s'est-il gardé de faire intervenir à pro- pos de chacune d’elles toutes les données que l’on possède sur les au- tres, et a-t-il restreint autant que possible les comparaisons qui n'étaient point immédiates. Nous ne pouvons qu’applaudir à cette réserve, qui nous évite des redites fatigantes et qui grossirait le texte sans profit aucun. Les mémoires particuliers que renferme le livre de M. Moniez por- tent sur : 1° L’embryogénie des Cestodes. 29 Les spermatozoïdes des Cestodes. 3° Le Leuchartia. è 4° La Ligula simplicissima. 5° Le Bothriocephalus latus. 6° L'Abothrium Gadi. 7° Le Schistocephalus dimorphus. 8° Les espèces du type du Zœænia serrata. L'ouvrage est terminé par quelques pages de conclusions. Nous passerons rapidement en revue chacun de ces mémoires. I. Sur l’embryogénie des Cestodes.— L'œufdes Cestodes se présente sous des aspects très variés, selon qu’on l’étudie dans les différentes for- mes. Le Leuchkartia, par exemple, nous montre un ovule auquel est an- nexée une faible quantité de granules vitellins ; le Bothriocéphale large possède, à côté de l'œuf proprement dit, un grand nombre d'éléments accessoires d’aspect cellulaire; chez les Tænias, les jeunes œufs sont re- présentés par une cellule unique, dépourvue de granules vitellins sur- ajoutés, mais les œufs qui ont commencé à se développer offrent des masses vitellines de volume considérable. Tantôt la segmentation est régulière, et d’autres fois elle semble irrégulière ; le nombre et le caractère des membranes qui entourent l’œuf peut aussi varier beaucoup; les cor- puscules polaires, qui sont très-nets dans certains cas, semblent dispa- raître chez certains types, pour être remplacés par des formations d’as - pect tout différent. Parfois, des éléments spéciaux, différant entre eux selon les groupes, viennent s'ajouter extérieurement à l’œuf.... Pour- quoi ces écarts dans l’embryogénie d'espèces en apparence très-voisines, et que signifient ces divergences au sein d'un groupe qui paraît plus ho- mogène qu'aucun autre ? Comment des faits en apparence très-différents les uns des autres peuvent-ils se rattacher entre eux, et quelle est la signification de toutes les parties qui accompagnent l'embryon à un mo- ment quelconque de son développement? M. Moniez à cherché l’explica- TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 379 tion de tous ces faits, qu’il avait d’ailleurs découverts pour la plupart, et il a réussi à les faire rentrer les uns dans les autres. Pour nous faire une idée du développement, si peu et si mal connu jusqu'ici, des Cestodes, résumons d’une façon très-succincte ses obser- vations sur l’embryogénie de différents types de cette famille. L’œuf des espèces du type du Tœnia serrata, premier exemple pris par l’au- teur, après avoir séparé sa membrane vitelline à l'issue de la féconda- tion, se divise en deux segments de dimensions égales, mais d'aspect un peu différent, quoique tous deux soient chargés de granulations vitelli- nes. L’un de ces segments bourgeonne bientôt un troisième élément plus petit et dépourvu de granules vitellins, auquel s'ajoutent bientôt, par voie de division et sous la membrane vitelline, un nombre important de cellules présentant les mêmes caractères. Ces éléments dépourvus de granules vitellins, les véritables cellules blastodermiques restent côte à côte avec les deux segments primitifs de l’œuf, que M. Moniez appelle les masses vitellines, et auxquelles il refuse tout rôle ultérieur dans la formation de l'embryon. Bientôt, le nombre des cellules blastodermiques est suffisant pour qu’elles se groupent de façon à prendre la disposition connue en embryogénie sous le nom de stade morula. Peu après, le blastoderme présente un phénomène important que nous rencontrerons chez toutes les formes de Cestodes : les éléments qui forment sa couche périphérique se détachent des cellules sous-jacentes par une véritable délamination ; elles perdent leur noyau, deviennent finement grenues, se soudent entre elles, effacent leurs contours ; puis, par une série de modifications que M. Moniez a suivies de très-près et dans le détail des- quelles nous ne pouvons entrer, elles donnent naissance à une coque spéciale, formée de bâtonnets accolés, qui était connue depuis longtemps chez certaines espèces, mais à laquelle on accordait une origine glan- dulaire. Pendant ce temps, les cellules blastodermiques qui n’ont pas été comprises dans le processus de délamination, s'organisent en un em- bryon hexacanthe doué des caractères classiques, et les deux masses vitellines subissent quelques modifications que nous devons signaler, Le plus souvent, l’une d'elles se détruit, éparpillant, sous la mem- brane vitelline, les granules qui la formaient, et au milieu desquels on peut distinguer un élément réfringent, de taille moyenne, nucléé; le plus souvent, l’autre masse vitelline reste intacte; mais, lorsqu'elle s'est désagrégée également, cn trouve sous la membrane vitelline un second élément réfringent nucléé, en tout semblable à celui dont nous ve- nons de parler. L'observation montre que ces formations nucléées se trouvent au centre des masses vitellines, dont elles constituent pour ainsi dire le noyau. L'étude isolée du Tœnia serrata ne nous ap- 376 REVUE SCIENTIFIQUE. prend rien sur la signification des masses vitellines, parties acces- soires de l'embryon et enfermées en même temps que lui sous la membrane vitelline ; mais l’embryogénie comparée nous renseigne à cet égard, comme nous le verrons dans un instant. L’embryon, complè- tement développé, s’isole très-facilement de la membrane et des masses qui ne lui sont plus d'aucune utilité, Suivons maintenant M. Moniez dans ses observations embryogéniques sur les espèces du type du Tœnia expansa : nous y trouverons des faits analogues à ceux que nous venons d'analyser, d’autres qui sont d'ordre nouveau, d’autres enfin qui nous serviront tout à l’heure pour établir les homologies des corpuscules polaires. Nous constaterons que les ca- ractères des ovules, la formation de la membrane vitelline, les premiers phénomènes de segmentation, le mode d’origine et la formation des cel- lules blastodermiques et des masses vitellines, sont fondamentalement semblables à ce que nous avons vu pour les espèces du type du Tæœnia serrata; mais ici les masses vitellines prennent une configuration par- ticulière; les éléments réfringents, nucléés, contenus à leur intérieur, acquièrent un volume considérable, et ce n’est plus une seule, mais bien deux délaminations successives que subissent les cellules blastoder- miques. La première lame cellulaire rejetée par l’embryon devient très fine- ment granuleuse, et ce changement de nature s'accompagne d’une aug- mentation considérable en volume. La seconde couche cellulaire délaminée subit une différenciation très curieuse que M. Moniez a suivie pas à pas: d’abord granuleuse, elle se transforme en une membrane anhiste très réfringente, sorte de coque qui entoure complètement l’em- bryon et qui donne naissance à deux longs prolongements de même nature, nés sur les côtés et convergeant l’un vers l’autre. La coque de l'embryon des espèces du type du Tænia expansa ne correspond donc pas à celle des espèces dutype du Tœnia serrata, et, si l’on veut établir des homologies, il faut comparer la coque de bâtonnets des espèces de cette dernière forme avec la première lame cellulaire rejetée par l'embryon dans les espèces du type du Tœnia expansa. Un troisième type du vaste ensemble formé par le genre Tœnia, le Tœnia cucumerina, présente des faits bien différents de ceux que nous avons observés chez les espèces des types du Tænia serrata et expansa. Le premier phénomène qui suit ici la rétraction de la cellule-œuf et la séparation de la membrane vitelline est l'expulsion de véritables glo- bules polaires avec les caractères qu’il présente généralement dans la série animale ; nous n'avions rien vu de semblable jusqu'ici. La segmen- tation commence aussitôt après, et elle est parfaitement régulière, en TRAVAUX FRANCAIS— ZOOLOGIE. 371 ce sens qu'il n’y a pas ette séparation de masses vilellines observée dans les nombreuses espèces qui forment le sujet des observations embryo- géniques rapportées précédemment. Il faut noter cette présence des globules polaires coïncidant avec l’absence des masses vitellines ; c’est un élément de discussion auquel nous aurons recours lorsqu'il s’agira de chercher les éléments homolo- gues à ces deux ordres de formations. La délamination s'observe ici avec ses caractères habituels, mais la couche délaminée ne se transforme pas en une coque solide pour l’em- bryon, elle devient très finement granuleuse. Un mode de formation de l'embryon très semblable à celui que présente le Tœænia cucumerina à été observé par l’auteur chez les Tæ- nia bacillaris, multistriata, lævigata, colliculorum, et anatina ; la segmentation est très régulière chez toutes ces espèces, les masses vitel- lines sont absentes et il y à émission de globules polaires normaux. Un Tænia du Canard, d'espèce encore indéterminée, et le Tænia ser- pentulus, nous montrent, d'après M. Moniez, quelle est l’homologie de ces vésicules réfringentes que nous avons observées au milieu des masses vitellines dans les espèces du type des Tœnia serrata et expansa. On se rappelle que ces formes ne présentent pas de corpuscules polaires, ou du moins que ces éléments ne se montrent pas avec leurs caractères habituels. Or, chez le Tœnia du Canard et chez le Tœnia serpentulus, qui n’ont pas de masses vitellines, dont la segmentation est régulière et qui, par conséquent, devraient être pourvus de corpuscules polaires, on ne voit, à côté des cellules blastodermiques, autre chose qu’un très gros élément réfringent, absolument semblable à ceux que l’on trouve au milieu des masses vitellines du Tænia expansa, et les corpuscules po- laires proprement dits sont absents. Étant donné que partout, dans les nombreuses espèces qu'il à observées, les gros éléments réfringents et les corpuscules polaires s’excluent, que l'observation montre que les masses vitellines ne sont pas nécessairement en rapport avec les gros éléments réfringents, il ne reste guère, en somme, d'autre différence que celle de la taille entre ces éléments, différence même atténuée par le cas du T°. serrata, chez lequel l'élément réfringent est de volume inter- médiaire entre le corpuscule polaire vrai et la grosse vésicule des espèces du type 7. expansa et du T. serpentulus. M. Moniez n’hésite pas à conclure que ces formations sont homologues. Mais l'émission des corpuscules polaires à un certain moment de la vie de l'œuf, les dimensions de ces éléments etleurs caractères optiques, ne sont pas les seuls traits qui permettent de les définir: l’on sait leur origine cellulaire ; or, dans toutes les espèces étudiées jurqu'ici, les 3e sér.. tom. 1, 27 378 REVUE SCIENTIFIQUE. difficultés inhérentes au sujet avaient empêché M. Moniez d'observer l'origine, soit des corpuscules polaires, soit des éléments réfrirgents. L'étude du Phyllobothriwm thridax lui à permis de combler cette lacune et de démontrer l'origine cellulaire de l'élément réfringent homo- logue du corpuscule polaire. M. Moniez a aussi étudié avec soin l'embryogénie des formes voi- sin2s des Bothriocéphales : Un des résultats les plus intéressants qu’il ait fait connaître, est relatif aux éléments vitellins. On sait que l’œuf de ces animaux présente, à côté de l'élément cellulaire proprement dit, une matière vitelline accessoire dont les auteurs attribuent la formation à certaines glandes qui l’amèneraient, par des conduits spéciaux, dans la poche où se fait la rencontre des ovules avec les spermatozoïdes ; selon les mêmes auteurs, des glandes situées au voisinage sécrètent alors une matière qui forme la coque, et l’œuf est ainsi parfait. Or, l'examen d’un certain nombre de formes éloignées les unes des autres a montré à M. Moniez que l'interprétation des faits doit être toute différente. Chez l'A bothrium et chez le Leuckartia, aucun conduit spécial n'amène dans l’oviducte les produits des glandes vitellogènes, mais l'observation démontre que cette matière fuse entre les mailles des tissus, se répand dans l'ovaire, qu'aucune paroi n’isole, et est assi- milée directement, sur place, par les ovules. L’ovule rencontre le sper- matozoïde dans l’oviducte, alors qu’il est déjà chargé de granules vitellins, mais de granules incorporés dans son protoplasme. Sous l'influence de la fécondation, l'œuf se rétracte en détachant sa membrane vitelline et les granules vitellins sont expulsés de la cellule : il est vraisemblable qu’ils lui ont donné alors tous les éléments nutritifs qu'ils pouvaient fournir. Les granules vitellins rejetés ont des caractères bien différents de ceux des granules pris dans les follicules vitellogènes : ce sont plutôt des vésicules semblables à celles qui proviennent des masses vitellines, dans les espèces du type du Tœnia expansa, par exemple. Ce qui n'est pas douteux pour l’Abothriwm et pour le Leuchartia peut paraître beaucoup moins net dans le cas des Bothriocéphales et de la Ligule, fort bien étudiés aussi par M. Moniez ; en effet, chez ces for- mes, le vitellus se rend dans l’oviducte par un conduit spécial, les ovules ne sont plus chargés à l'avance de matière nutritive, et ils rencontrent en un même point les spermatozoïdes et les granules vitellins. 1lest bien dificile de suivre complètement ce qui se passe alors, et la raison n’en échappe à personne. Pour M. Moniez, les faits sont analogues à ceux qu’il a constatés chez le Leuchartia et chez l'Abothrium : les ovules se chargent très rapidement d’une grande quantité de granules, puis la fécondation intervient; les éléments vitellins, plus ou moins TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 379 expulsés par le protoplasme, sont chassés par la rétraction de l’ovule, qui sépare en même temps la membrane vitelline : les granules restent, enfermés sous la membrane. À défaut de l’observation directe et en dehors de l’analogie, M. Moniez appuie sa manière de voir sur des con- sidérations qui nous paraissent fort intéressantes, relativement aux particularités que présente la coque de l'œuf. Et d’abord, si cette coque était bien une membrane sécrétée, on trouverait sans nul doute les glandes coquillères qui lui donnent naissance; de plus, dans l'hypothèse que la coque ne représente pas la membrane vitelline, on peut se de- mander ce que devient cette membrane, puisqu'on ne trouve rien qui puisse lui être rapporté, autour de l’œuf ou sous la coque. Ces difficultés disparaissent si l’on admet que, de même que chez le Leuchartia et l’Abothrium, la coque des Bothriocéphales et Ligules n’est autre chose que la membrane vitelline. Il y à dans tout cela, outre un fait morpholo- gique curieux, une particularité intéressante pour l’histoire de la physio- logie cellulaire. | Les observations faites par M. Moniez sur les types pourvus de glan- des vitellogènes expliquent les phénomènes, en apparence si bizarres, que présente le premier développement chez les espèces des types T. ex- pansa et T. serrata : on se rappelle ces masses vitellines qui apparais- sent de très bonne heure et sur lesquelles semblent bourgeonner les cellules blastodermiques; il n’est pas douteux, pour notre auteur, qu’il y ait là un phénomène de même ordre que celui du rejet des granules vitellins chez le Leuchkartia et chez l'Abothrium. En réalité, il ne s’agit pas d’un bourgeonnement de cellules, mais au contraire du rejet, par la cellule-œuf, des granules vitellins qui chargeaient l’ovule, devenus maintenant vésiculeux, et dépouillés de leurs principes nutritifs. Le globule polaire reste au centre des masses vitellines ; il est devenu vési- culeux, par la raison, sans doute, qui rend vésiculeuses les particules vitellines rejetées comme lui par l'œuf, On s'explique ainsi comment les masses vitellines restent sans emploi à côté de l'embryon. De plus, ces considérations enlevant tout sens morphologique à ces éléments, le développement des types des 7°. serrata et expansa, en apparence aber- rant, devient fondamentalement identique à celui des espèces telles que le T. anatina, par exemple, chez lesquelles la segmentation est régu- lière. M. Moniez ramène à un typ2 unique le développement des différentes formes de Cestodes. Nous ne voulons pas insister davantage sur la partie embryogénique de ce travail, et entrer dans des détails qui dépasseraient les limites que que nous nous sommes imposées; nous eussions voulu pourtant signaler 380 REVUE SCIENTIFIQUE. encore les observations sur le développement de la Ligule, sur la struc- ture de l'embryon hexacanthe étudiée pour la première fois, sur les particularités présentées par les crochets chez certaines espèces, sur les fausses cellules qui accompagnent l'œuf du Bothriocéphale, etc., etc. Ce que nous avons dit toutefois montre suffisamment la grande impor- tance du travail que nous avons examiné. 2° Sur les spermatozoïdes des Cestodes. — Si la science possédait des données incohérentes sur l’embryogénie des Cestodes, l'on n’avait aucun document sur le développement des produits mâles de ces ani- maux. M. Moniez nous en donne la succession complète, et c’est une des parties de son travail qui ont dû lui coûter le plus de peine, étant données les grandes difficultés de l’observation. Cette partie du livre de notre auteur n’est pas susceptible d’être analysée. Disons seulement que les observations cnt porté principalement sur le Tœnia cucumerina du chien ; de nombreuses espèces plus ou moins rapprochées de ce type ayant fourni, en outre, un certain nombre de stades identiques à ceux qui avaient été constatés chez le Tœnia cucumerina, on peut considérer comme démontré que le développement des spermatozoïdes est fonda- mentalement le même chez tous les Cestodes. 39 Sur le Leuchartia. — Le Leuchartia est un type nouveau et fort intéressant, qui a été découvert chez un Saumon par M. Moniez. Notre auteur a été assez heureux pour élucider presque toutes les questions que pouvait faire naître l'étude des produits sexuels, des tissus et des organes, dont il a suivi pas à pas la formation et les différenciations. Le Leuchartia, d'après M. Moniez, est un type précieux au point de vue des facilités que ses tissus présentent pour l'étude. Nous rappellerons à grands traits, à propos de cet animal, les faits généraux découverts chez les Cestodes par M: Moniez ; cela nous évitera des redites dans l'analyse des autres parties de son travail. C'est surtout à propos du Leuckartia que M. Moniez expose l’origine de tous les organes et de tous les produits des Cestodes, aux dépens des cellules non différenciées de cet espace circonscrit par les fibres dites muscles circulaires, et auquel M. Moniez a donné le nom de zone cen- trale. D'abord toutes semblables entre elles et reliées les unes aux autres par leurs prolongements, on voit un certain nombre de ces cellules s’éti- rer en filaments conjonctifs et former ainsi un véritable réticulum dans des zones déterminées ; un certain nombre de champs s'isolent ainsi, variables en forme et en étendue, dans lesquels les cellules restées non différenciées prolifèrent rapidement et constituent les rudiments des pro- TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 381 duits mâles ou des différents organes. L’ovaire a une origine analogue, mais ses éléments augmentent beaucoup en volume au lieu d’entrer en prolifération. Niles produits sexuels ni les organes ne deviennent jamais complète- ment indépendants ; ils restent en parfaite connexion avec les tissus au milieu desquels ils se sont formés et auxquels ils continuent à appartenir. Les rapports sont établis par les prolongements cellulaires des ovules ou par ceux des cellules qui formentles parois des organes: ces éléments, conservent tout simplement leurs connexions avec les formations, primi- tivement semblables à elles, qui se sont transformées en réseau conjonc- tif. Un réseau conjonctif de même origine que celui de la zone centrale va rejoindre, sans intermédiaire, les cellules musculaires insérées sur la cuticule et qui la doublent complètement à l'intérieur. En résumé, tout le corps du Cest ode est donc entièrement formé par un même réseau conjonctif sans solution de continuité, au milieu duquel se sont formés et persistent les différents appareils et les produits sexuels. M. Moniez a retrouvé la même organisation chez tous les types qui font le sujet de son livre: chez la Ligule, le Bothriocéphale large, l’Abothrium, le Schis- tocéphale et les nombreuses espèces du type du Tœnia serrata. Les mêmes faits s'appliquant à beaucoup d’autres formes très éloignées de celles-ci et qu’il n’a pas décrites, M. Moniez conclut qu’il n’y a chez les Cestodes qu’un seul mode d’histogénèse. Un autre point important et parfaitement résolu par M. Moniez, tant par ses études sur le Leuckartia que par ses observations sur les autres types qui font le sujet de son livre, est relatif à l’origine des produits sexuels. On sait les théories intéressantes émises dans ces derniers temps sur la sexualité des feuillets ; M. Moniez a pu démontrer, par les faits, que les produits mâles et les produits femelles sont absolument homologues entre eux. Par suite du mode d’origine que nous avons décrit plus haut, l'ovaire, aussi bien que les follicules testiculaires d'ailleurs, sont dépourvus de membrane d’enveloppe, et leurs éléments communiquent avec les lacu- nes du réseau conjonctif qui forme la masse du corps. La structure de l'ovaire, marquée par les prolongements des ovules et leurs rapports, peut s’observer avec la plus grande facilité chez beaucoup de types diffé- rents du Leuckartia. Les glandes vitellogènes n'avaient été observées jusqu'ici que dans cette zone de tissus située entre les cellules musculaires, sous-cuticu- laires, et les fibres musculaires longitudinales. Chez le Leuckartia, au contraire, ils se trouvent dans la zone centrale, en un point où se déve- loppera, chez certaines formes, une portion importante de l'ovaire. 382 REVUE SCIENTIFIQUE. Un organe que l’on ne connaissait pas jusqu'ici chez les Cestodes, et dont personne ne contestera l’importance morphologique, est l'organe segmentaire, le pavillon, que M. Moniez a découvert chez le Leuckartia et qu’il a retrouvé chez tous les autres types qu'il a étudiés. Le pavillon des Cestodes est généralement bien différencié ; il recoit les œufs et les conduit par un canal au point où s'arrête le vagin et où est inséré le pé- dicule de la matrice. Les œufs, arrivés dans la matrice, distendent cet organe par leur accu- mulation à son intérieur ; dans le cas du Leuchartia, l'utérus s’amincit considérablement en se dilatant, et même les fibres conjonctives qui forment ses parois finissent par s'écarter sous la pression, pour laisser arriver les œufs entre les mailles des tissus. Il n’en est pas toujours ainsi chez les autres formes de Cestodes, etla matrice, tantôt retient tous les œufs, comme chez le Bothriocéphale large, ou dans certains cas chez la Ligule, ou bien, à la facon de certaines espèces du type du Tœnia serrata, elle se distend à peine, pour livrer immédiatement passage aux œufs qui s’accumulent dans les tissus. Tantôt les éléments de ses parois se transforment de très banne heure en fibres conjonctives, et tantôt ils se disposent de manière à former une paroi régulière qui rappelle un épithélium (7, crassicollis). La matrice peut avoir la forme d’un sac (A bothrium), ou celle d’un tube (Schistocéphale), s'ouvrir par un pore à la face ventrale (Leuckar- tia), ou rester aveugle (T. serrata), etc., etc. Nous ne faisons, on le voit, qu'indiquer très sommairement les nombreuses observations que M. le D' Moniez à d’ailleurs suivies de très près. Signalons encore, à propos du ZLeuchartia, un certain nombre de faits découverts par M. Moniez et que nous ne pouvons passer complè- tement sous silence, tels que la forme asymétrique de chaque anneau; l’invagination, destinée sans nul doute à aller rejoindre Ja matrice, mais qui n'aboutit pas; la transformation en réticulum de la paroi du spermi- ducte, pour permettre l’accès des spermatozoïdes à cet organe ; les diffé- rences que présentent, au point de vue de la musculature, les anneaux jeunes comparés aux vieux anneaux ; les particularités de l’appareil vas- culaire avec ses trente-six ou trente-huit vaisseaux longitudinaux, situés tous dans la zone centrale et reliés dans chaque anneau par un vaisseau circulaire; le fait tératologique si curieux d’ovules développés dans les follicules testiculaires et de testicules nés au milieu de l'ovaire, etc., etc. IV. Mémoire sur la Ligqula simplicissima. — Nous ne rappellerons plus, à propos de l’analyse.rapide que nous donnons de chacun des mémoires qui composent le travail de M. Moniez, les points sur les- TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 383 quelsnous nous sommes plus longuement arrêté à propos du Leuckartia, alors que nous comparions cette espèce aux autres formes étudiées par notre auteur. Qu'il nous suffise de dire que tous les phénomènes géné- raux se retrouvent les mêmes dans ces espèces, quelque éloignées soient- elles les unes des autres, et qu’ils ont été très soigneusement vérifiés pour chacune d’elles par M. Moniez. M. Moniez a suivi de près la formation de la cuticule chez la Ligule, et ses observations s'appliquent aux autres Cestodes : elles font comprendre les rapports de cette membrane avec les cellules sous-cuticulaires et différentes particularités, entre autres la formation des cils qui hérissent la cutieule en certains cas. M. Moniez n’admet pas l'existence des Po- renkanälen décrits par les auteurs, et il explique d’une façon satisfai- sante, à notre sens, comment ont pu naître les erreurs à ce sujet. La cuticule n’est pas sécrétée par un épithélium sous-jacent — il n'y à d’ailleurs rien qui rappelle un épithélium chez ces animaux ; — elle est due à une modification de l’extrémité des cellules musculaires sous- cuticulaires. Les données sur les corpuscules calcaires, sur leur mode de formation, leur signification, étaient fort insuffisantes ; M. Moniez a pu tracer com- plètement leur histoire et établir leur homologie en étudiant la Ligule : cette espèce présente, en effet, de grandes facilités à cet égard. Les cor- puscules calcaires naissent au sein de cellules qui, par leur forme et par leurs caractères optiques, ressemblent complètement à certains éléments musculaires que l’on observe chez d’autres espèces ; la membrane cellu- laire ne prend aucune part au processus, et c'est une portion seulement de son contenu qni forme le corpuscule calcaire: le reste se résorbe. Lorsqu'il est complètement différencié, le corpuscule calcaire est en- fermé dans une maille par l’ancienne membrane cellulaire ; des observa- tions de M. Moniez, que nous pouvons seulement indiquer, expliquent les formes variées que présentent les corpuscules et les différentes parti- cularités qu’ils présentent au cours de leur développement. Lesystème nerveux de la Ligule, étudié d’abord par M. Blanchard et nié depuis, à été le sujet de plusieurs observations intéressantes: en faisant connaître l’histologie de cet appareil, M. Moniez a montré com- ment la transformation conjonctive des cellules nerveuses changeait les cordons nerveux en des sortes de canaux remplis de mailles serrées que certains naturalistes ont même injectés. M. Moniez a montré que le réti- culum nerveux est en parfaite continuité avec les autres tissus du corps ; il à d’ailleurs observé les mêmes faits chez les autres Cestodes qu'il a étudiés. M. Moniez à fait connaître la structure des ventouses de la Ligule : 384 REVUE SCIENTIFIQUE. il a démontré l'existence de vaisseaux sous-cuticulaires nombreux et larges, et établi leurs connexions ; il a de plus étudié les vaisseaux de la zone centrale, au sujet desquels on s’entendait fort peu. Il a découvert les glandes vitellogènes et étudié leurs rapports avec l'organe femelle. Ses recherches ont porté principalement sur l'appareil de la reproduction: les données que l’on possédait jusqu'ici à son sujet étaient toutes erro- nées, d’après l’auteur ; M. Moniez, étudiant à la fois la forme asexuée, avec les rudiments des organes, et la forme sexuée, dans laquelle ils acquièrent tout leur développement, à établi la nature et les caractères de l'ovaire proprement dit et de la portion de cet organe qui s’atrophie de bonne heure ; ila fixé ceux du pavillon, du vitelloducte, du spermi- ducte avec son pavillon spécial, de la matrice, qui présente un fait cu- rieux de dimorphisme. Il a aussi étudié de près le fait intéressant de l'alternance des ovaires ; citons pour mémoire les conclusions théoriques qu’il en tire. Signalons maintenant, pour terminer, les idées émises par M. Moniez au sujet des anneaux de la Ligule, les vues par lesquelles M. Moniez explique le passage des granules vitellins à travers les tissus, suivant une direction bien déterminée, et leur envahissement, dans cer- tains cas, de la zone centrale tout entière, ete. V. Mémoire sur le Bothriocephalus latus. — L'étude du Bothriocé- phale large a fourni de nombreux faits à l'auteur. Prenant dès l’origine le développement de ses organes et de ses produits sexuels, il les a suivis pas à pas jusqu’à leur complète évolution, vérifiant ainsi une fois de plus les faits qu’il considère comme généraux et que nous avons rappe- lés plus haut. Nous nous bornerons à signaler les faits nouveaux qui résultent de cette étude: la structure précise et la vraie signification de ce que les auteurs appelaient la substance fondamentale du corps, celle des cellules musculaires sous-cuticulaires, particulièrement faciles à étudier ici, l’histologie de la tête, l’origine et le développement des cel- lules vitellogènes, la formation des matières vitellines enfermées dans la matrice, celle des fausses cellules incluses sous la coque de l'œuf. M. Moniez a aussi fait voir la vraie nature des éléments faussement considérés comme des glandes coquillères, et qui seraient une portion de l'ovaire en régression et sans rapport avec la formation de la coquille ; il a démontré de la facon la plus formelle l’existence du système ner- veux, découvert par M. Blanchard; il a rectifié les idées}recues sur les vaisseaux de la zone centrale et montré l'existence, dans la zone sous- cuticulaire, de très nombreux vaisseaux à large calibre qui avaient jusqu'ici échappé à l'observation des naturalistes. C'est surtout à pro- pos de cette espèce,si souvent et si mal étudiée, qu’il y avait grande difii- TRAVAUX FRANCAIS — ZOOLOGIE. 385 culté à faire concorder les descriptions des anciens auteurs avec les données fournies par l’étude des coupes microscopiques. VI. Mémoire sur l'Abothrium Gadi.— Cette espèce, découverte par Van Beneden, n’avait pas été décrite et l’on ne possédait aucune donnée à son sujet. M. Moniez a étudié sur elle aussi la formation et le dévelop- pement de tous les tissus et de tous les organes à la facon que nous avons indiquée chez le Leuchkartia. Les faits les plus intéressants obser- vés par M. Moniez chez cette espèce, sont la formation des cellules vitellogènes dans la zone centrale, mais à la fois à sa partie supérieure et à sa partie inférieure, dans des points occupés ailleurs par une portion de l’ovaire et par les spermatozoïdes ; la formation des follicules testi- culaires au milieu de la zone centrale, la structure très remarquable du système nerveux qui représente l’état primitif de cet appareil chez les Cestodes, et qui montre l'exactitude des chservations de M. Moniez sur les autres espèces chez lesquelles il est beaucoup plusdiffcile à étudier ; la disposition des vaisseaux à l’intérieur d'un tube musculaire et leur complète indépendance vis-à-vis des tissus voisins; la fausse annélation du corps; la transformation des ovules et des vitellogènes, ete. C’est chez cette espèce que M. Moniez a observé pour la première fois les vésicules graisseuses qu'il à retrouvées depuis chez la plupart des espèces et qu'il considère comme étant en relation avec l'élément nourricier des Ces- todes. . VIT. Mémoire sur le Schistocephalus dimorphus. — Cette forme n'avait pas été décrite jusqu'ici: elle est fort intéressante. M. Moniez a surtout étudié le stade asexué et il en a donné l'anatomie complète. Le Schistocéphale présente un certain nombre de particularités que l’on ne retrouve pas chez les Cestodes. Tous les faits au sujet de cette espèce étant nouveaux, nous n’en pouvons exposer le détail. VIT. Mémoire sur les espèces du type Tœnia serrata. — Quoique très différentes entre elles au point de vue de la structure ou de la forme des organes, les espèces de ce type forment cependant un groupe trop naturel pour qu’on puisse les étudier sous des chapitres distincts, D'ailleurs, les observations sur chacune d’elles se complétant le plus souvent, l'exposé perdrait beaucoup en netteté si elles étaient disjointes. On sait que, jusqu'ici, deux espèces seulement de ce groupe avaient été étudiées; les observations de M. Moniez ont porté sur neuf d’entre elles, ce qui lui a permis d'élargir beaucoup le champ de la comparaison. Les . résultats généraux sur la structure et le développement des organes et 386 REVUE SCIENTIFIQUE. des produits génitaux concordent, pour les grandes lignes, avec ce que nous avons dit à propos du Leuchkartia, bien que les espèces du type Tœnia serrata soient très éloignées de cette dernière forme. M. Moniez s’est surtout attaché à l’étude de ces points délicats. Nous ne pouvons song:r à analyser les faits nombreux que M. Moniez nous a fait connai- tre sur la disposition et la structure des organes de la reproduction chez les différentes espèces ; signalons, en dehors, la structure et les trans- formations des vaisseaux longitudinaux et de la lacune transverse; les observations sur les organes destinés à fournir la coque ; les recherches sur les curieuses différences entre le Cysticercus fascicularis et le Tœnia auquel il donne naissance, etc., etc. Un dernier chapitre, plus court que les autres, donne, sous le titre de Conclusions, le résumé schématique de la facon dont M. Moniez envisage l’anatomie des Cestodes ; il complète un chapitre de données analogues qui termine le mémoire sur l’embryogénie. Ces conclusions ne sont pas susceptibles d’être analysées. Nous n'avons fait qu'esquisser les principaux points étudiés dans les Mémoires sur Les Cestodes, sans entrer dans des détails que ne com- porte pas le cadre de la Revue. Nous avons cherché à montrer l’impor- tance du travail de M. Moniez, et nous attendrons maintenant la seconde partie, que le titre de son livre nons promet. CPU Recherches sur le äéveloppement embryonnaire de quelques Tænias; par M. Éd. Van Benepen. Archives de Biologie, II, pag. 183-210, PI. XIT et XIII. L'œuf du Tænia serrata se compose d’un germe ou œuf proprement dit, entouré de deutoplasme homogène tenant en suspension quelques granules formés. La coque qui enveloppe le tout se continue quelquefois aux pôles en prolongements filiformes, tantôt pleins, tantôt creux ; dans le dernier cas, des granulations deutoplasmiques peuvent s'engager dans leur cavité, qui n’est par conséquent qu’un prolongement de celle de l’œuf, .M. Van Beneden n'a pas observé d’une facon certaine des globules polaires. Souvent il a vu, au milieu du deutoplasme, un ou deux petits corps réfringents qui ont peut-être cette signification, mais ils n’absor- bent pas les matières colorantes, qui font au contraire quelquefois appa- raître un ou deux corpuscules différents, également suspendus dans le deutoplasme. Le germe augmente de volume et se segmente en deux cellules très TRAVAUX FRANCAIS — ZOOLOGIE. 3:14 différentes. L'une, qui seule formera l’embryon, est appelée pour ce mo- tif, par M. Van Beneden, globe embryogènel; elle a les caractères d’une cellule ordinaire à gros noyau plurinucléolé. L'autre, plus petite, pré- sente un petitnoyau central sphérique à un seul nucléole; son protoplasme est obscurci par des globules très réfringents, ressemblant à des goutte- lettes graisseuses, mais insolubles dans l’alcool et non colorées par l'acide osmique. Cette cellule, qui recoit le nom de cellule granuleuse, persiste, sans se diviser, jusqu’à la formation de l'embryon hexacanthe, augmentant seulement de volume et multipliant ses globules réfringents. On distingue fréquemment dans la partie du germe qui va former le globe embryogène, dans cette cellule elle-même ou dans celles qui ré- sultent de ces premières divisions, un corps lenticulaire spécial homo- gène, coloré en jaune brun par le picrocarminate, dont la signification est absolument inconnue. Le globe embryogène ! se divise en deux blastomères qui sur l’œuf vivant sont tantôt accolés, tantôt épars dans le deutoplasme. Les deux grossas cellules (macromères) ainsi constituées en produisent de plus petites {micromères), dont la filiation n’a point été suivie. Lorsqu'il existe seize cellules, elles se disposent de telle façon que la cellule granuleuse et trois grandes cellules claires constituent une ca- lotte recouvrant la masse embryogène formée par les douze autres cel- lules, plus petites, inégales, et irrégulièrement disposées. Les trois gros- ses cellules s'étendent de facon à envelopper de toutes parts la masse embryogène, leurs limites disparaissent. et elles constituent la couche albuminogène, dans laquelle est engloutie la cellule granuleuse. Cette couche sécrète extérieurement une membrane anhiste très mince. Les cellules de la masse embryogène se multiplient et constituent un corps ovoide, d’un côté duquel se distinguent quelques cellules à gros noyau nucléclé. Ces dernières s'étendent autour des petites cellules, dont le noyau est dépourvu de nucléole, et qui sont destinées à former l’em- bryon hexacanthe, pour constituer la couche chitinogène, qui produit à sa périphérie l'enveloppe chitineuse. A leur intérieur, l'embryon hexacanthe est constitué par deux cou- ches de cellules, l’une enveloppant en partie l’autre, qui n'arrive à la surface que sur une région circulaire nettement circonscrite, La pre- mière, dans laquelle prennent naissance les trois paires de crochets, se 1 Nous évitons d'employer, comme le fait quelquefois M. Van Beneden, le nom de cellule embryogène, malheureux parce qu'il est déjà employé (Balbiani) pour désigner un objet tout différent, le noyau vitellin (Dotlerkern) des embryologistes allemands. 388 REVUE SCIENTIFIQUE. distingue par ses noyaux plus volumineux et son protoplasme plus foncé, la masse enveloppée plus claire, ayant des noyaux plus pâles et plus petits. Dans l’œuf mûr, l'embryon est revêtu par les enveloppes suivantes : 1° La coque de l’œuf. 20 La couche albuminogène, plus épaisse au point où se trouve la cel- lule granuleuse, mince partout ailleurs ; le corps de ces cellules s’est transformé en une substance albuminoïde retenue par une mince mem- brane; les noyaux ont diminué de volume. 3° La couche chitinogène, formée de 3, 4 ou 5 cellules qui ont formé extérieurement : a) une mince lamelle homogène; &) une zone de petits cylindres perpendiculaires juxtaposés, qui lui donnent un aspect strié ra- diairement; et enfin c) une zone interne également striée, dans laquelle les noyaux des cellules chitinogènes persistent longtemps. La coque de l’œuf et la couche albuminogène disparaissent en même temps, laissant l'embryon protégé par les enveloppes qui proviennent de la différenciation de la couche chitinogène. L'évolution du Tænia raginata ([mediocanellata) semble être iden- tique. La couche albuminogène est homologue à l’enveloppe cellulaire déjà décrite par M. Van Beneden, chez le Tænia bacillaris et à la robe ciliée des Bothriocéphales. Il faut admettre qu’elle dérive d’une enveloppe pri- mitivement ciliée qui a perdu ses cils et est devenue rudimentaire. La cellule granuleuse, de même que les cellules albuminogènes, sont des cel- lules ectodermiques produites par des cellules encore mixtes et déta- chées par une sorte de mue précoce. L’enveloppe provisoire qu’elles forment peut se comparer aux enveloppes provisoires d’autres Plathel- minthes (Pilidium, larve de Desor des Némertiens). La couche chitinogène et les formations qui en dérivent sont propres aux Téniens, et n'existent pas chez les Bothriocéphalides. Elle peut déri- ver d'une membrane cuticulaire primitivement fermée par les cellules superficielles du corps. Il n’est pas possible, dans l’état actuel de nos connaissances, d’homo- loguer d’une manière certaine les deux couches de l'embryon hexacan- the avec les feuillets primordiaux de la gastrula, mais tout au moins est-il rationnel de supposer que des études ultérieures pourront permettre de le faire. A. RoBin. TRAVAUX FRANCAIS — ZOOLOGIE. 389 Anatomie et développement des Ophiures ; par M. N. Ch. Aposrozinès (Archives de Zoologie expérimentale, X, PI. VIT et XII). Le mémoire de M. Apostolidès est une véritable monographie dans laquelle, résumant les observations de ses prédécesseurs, les contrôlant et y ajoutant de nombreux faits nouveaux, l’auteur s’est efforcé de faire l’histoire anatomique et embryogéniquecomplète du groupedes Ophiures. Il se borne à exposer les résultats des observations, sans établir aucune comparaison avec les autres groupes d'Échinodermes. Ses recherches, faites aux laboratoires de Roscoff et de Banyuls, ont porté sur huit es- pèces : Ophiogiypha lacertosa, O. albida, Ophiocoma nigra, Am- Phiura filiformis, A. squamata, Ophiopsila aranea, Ophiothrix rosula, O. versicolor (espèce nouvelle). Les résultats les plus importants auxquels il est arrivé, sont les suivants. Téguments et squelette. — M. Apostolidès admet la division, établie par Simroth, en squelette interne et squelette externe. Le squelette interne est constitué par cinq séries d’osselets discoïdes ou cylindriques, échancrés à leur partie ventrale, articulés entre eux et formant l’axe du bras. Chacune des séries s’articule à son extrémité proximale avec l’une des branches de deux pièces en forme de V dont l’autre branche s’articule de même avec le bras voisin. L’angle de la pièce en V fait saillie dans la bouche et supporte une plaque osseuse qui elle- même porte les dents. Les branches des pièces en V sont d'ordinaire considérées comme dues à la division d’un osselet discoïde ; mais, outre qu’il n’a jamais observé de trace de division dans les osselets véritables, l’auteur a souvent vu les pièces en V se développer avant eux. Le squelette externe est constitué par des plaques calcaires de forme et de dimensions différentes, rattachées entre elles et, dans les bras, aux osselets discoïdes par du tissu conjonctif, et recouvertes par l’enveloppe générale du corps ; ce sont les plaques latérales des bras qui portent les piquants et les écailles tentaculaires. Le disque, à son intérieur, est quelquefois pourvu de plaques dorsales ; il présente toujours à la face ovale cinq plaques reposant sur les pièces en V, dont l’une porte la plaque madréporique ou est elle-même la plaque madréporique (Ophioglypha). L'ensemble des organes est logé dans le disque de l’animal, les sys- tèmes circulatoire et nerveux s'étendent seuls dans les bras. Tube digestif. — La bouche est armée de plusieurs rangs de papilles dentaires portées par les cinq plaques mâchoires, deux cercles de mus- cles pouvant agir simultanément ou séparément, les rapprochant dans 390 REVUE SCIENTIFIQUE. toute leur étendue ou seulement dans la partie de la bouche qui confine à l’œsophage. ; Un court œsophage en entonnoir conduit dans un intestin spacieux en forme de sac clos, circulaire chez l'Amphiura squamata, étoilé chez les autres espèces, et il forme dix cœcums en rayons, cinq plus longs et cinq plus courts ; les rayons courts s’étendent dans la direction des bras, les rayons longs correspondent aux espaces interbrachiaux. A la face dorsale, chaque rayon est parcouru par une bande saillante qui émet sur toute sa longueur des ramifications latérales; la couleur blan- châtre de ce système de ramifications tranche sur le brun du reste du tube digestif. Au point de vue histologique, la paroi de l'intestin est constituée par quatre couches : 1° Une couche épithéliale interne de cellules cylindriques ciliées. 20 Une couche épaisse de fibres longitudinales chargées de pigment brun, que M. Apostolidès croit être musculaires et avoir pour rôle de rapprocher les parois supérieure et inférieure du tube digestif. 3° Une couche formée de plusieurs rangs de cellules ovoïdes serrées, à noyau facile à colorer par le picrocarminate. Cette couche, que l’auteur considère comme glandulaire, n’est pas développée partout et acquiert son maximum d'épaisseur au niveau des arborisations blanchâtres qui s’observent à la face dorsale de l'intestin. 4 Une couche externe conjonctive complètement diaphane et remplie de granulations qui se colorent fortement par le carmin. La paroi de l'intestin semble ne recevoir ni nerfs ni vaisseaux. Circulation. — Les auteurs ont décrit un système aquifère et un système vasculaire distincts; en réalité, le système aquifère possède seul des vaisseaux à parois propres; le prétendu système vasculaire n’est rien autre chose que le système cavitaire, dont certains prolonge- ments sont plus ou moins bien indiqués. a. Appareil aquifère.— La plaque perforée, bien connue chez tous les Échinodermes, où elle met le système aquifère en communication avec l’eau ambiante, sous le nom de plaque madréporique, est l’origine d’un vaisseau ou canal aquifère qui va déboucher dans un vaisseau circulaire péribuccal ou anneau aquifère. De cet anneau, partent en face de chaque osselet discoïde trois vaisseaux: un médian et deux latéraux ; les deux derniers se bifurquent et vont se terminer en cul-de-sac dans les tenta- cules buccaux ; quant au tronc médian, il pénètre dans la gouttière des osselets discoïdes, et, fournissant au niveau de chaque osselet deux branches qui se rendent aux tentacules brachiaux correspondants, se TRAVAUX FRANCAIS — ZOOLOCIE. 391 continue jusqu’à l'extrémité des bras, où il se termine en cœcum. L’an- neau aquifère porte en outre les vésicules de Poli, qui ne sont que des diverticules contractiles des vaisseaux. Le système aquifère présente la même constitution histologique dans toute son étendue; la paroi des vaisseaux est formée d’une couche ex- terne conjonctive des fibres longitudinales entremêlées de granulations (noyaux ?) colorables par les réactifs, et l’autre interne, que l’auteur ap- pelle un endothélium, formée « d’un tissu hyalin réfractant fortement la lumière, sans éléments distincts», tapissé de cils vibratiles. Le fluide contenu dans les vaisseaux aquifères est semblable à celui de la cavité générale ; il exécute des mouvements de va et vient sous l'influence des contractions des parois vasculaires et des mouvements des cils vibratiles qui les revêtent. Au canal aquifère est accolée, réunie avec lui sous une même enve- loppe qui à quelquefois été décrite comme le canal du sable, une glande piriforme dont le canal va déboucher à côté du canal aquifère sous la plaque madréporique. De même que la glande de Perrier des Oursins, dont elle est l’homologue, cette glande a été considérée par plusieurs auteurs comme étant un cœur, bien qu’elle n'ait en réalité aucun rap- port avec l'appareil de la circulation. b. Système vasculaire. — Ce système, qu’il conviendrait plutôt d’ap- peler cavitaire ou lacunaire, est constitué par une cavité spacieuse (es- pace péristomacal) creusée dans le disque entre les téguments et le tube digestif, enveloppant vers sa limite inférieure l’anneau aquifère ; cette cavité se continue dans chaque bras en un espace dorsal, situé entre les plaques dorsales et les ossicules discoïdes. D’autres sinus, en conti- nuité avecl'espace péristomacal, accompagnent les vaisseaux brachiaux et vont s’interposer à la face ventrale des bras entre ces vaisseaux et les nerfs : ce sont les espaces radiaux ; à l'extrémité distale des bras, l’espace radial rejoint l’espace dorsal correspondant ; à l'extrémité proximale, au contraire, outre la branche qui accompagne le vaisseau brachial et communique avec l’espace péristomacal, il donne une bran- ‘che qui accompagne le nerf et va se rendre dans un espace annulaire entourant le sysème nerveux central (espace périnerveux). Tous ces sinus sont remplis par un liquide incolore, plus dense que l’eau de mer et chargé de corpuscules sphériques amœæboïdes ou ressem- blant à des gouttelettes graisseuses. Respiration. — M. Ludwig a récemment montré que les dix fentes ventrales des Ophiures, au lieu de conduire dans la cavité générale 392 REVUE SCIENTIFIQUE. comme l’admettaient tous les auteurs, s'ouvrent dans des sacs clos en contact avec les organes génitaux, et qu’il appelle bourses; il émit l’hypo- thèse qu’ils pourraient avoir un rôle respiratoire. C’est en effet ce qui a eu lieu, et M. Apostolidès a constaté que les fentes sont constamment traversées par un courant d’eau qui pénètre dans ces sacs respiratoires, entrant du côté de la fente qui avoisine le bras, et qui seul est garni de cils vibratiles, pour sortir du côté opposé. En même temps, le disque dans son ensemble se dilate et s’affaisse alternativement, exécutant ainsi de véritables mouvements d'inspiration et d'expiration. Les ten- tacules paraissent n'avoir au:un rôle dans la respiration. Système nerveux. — Le système nerveux est constitué par un an- neau central tantôt circulaire, tantôt pentagonal ou décagonal, situé au- tour de la bouche et en dedans de l’anneau aquifère, émettant cinq cor- dons qui se dirigent vers la face ventrale, pénètrent dans la rainure des ossicules discoïdes, et se continue jusqu'à l'extrémité des bras. L'’anneau central ne donne directement naissance à aucun nerf; tous les nerfs observés par M. Apostolidès, et qui se rendent exclusive- ment aux tentacules, partent des troncs brachiaux. Chacun des trones brachiaux à la forme d’une bandelette convexe vers la face ventrale, présentant au contraire, vers les ossicules discoi- des, une concavité creusée elle-même d'une gouttière médiane. Étudié sur des coupes, il se montre constitué par une masse de cellules circulaires colorées en brun gris, qui en forment la plus grande partie, et une mince couche de cellules fibrilles extrêmement ténues, entremêlées de cellules bipolaires ; cette dernière couche, très réduite, est limitée au plancher de la gouttière dorsale. Organes de lagénération.— Les Ophiures sont généralement dioïques; l'Amphiura squamata, espèce vivipare, est la seule espèce hermaphro- dite parmi celles étudiées par M. Apostolidès. Les organes génitaux,qui ne diffèrent d'ordinaire extérieurement dans les deux sexes que par la coloration, sont représentés par dix groupes glandulaires correspondant aux fentes ventrales. Les glandules, dispo- sées généralement en deux rangées suivant les deux lèvres de la fente, sont indépendantes du sac respiratoire par lequel elles sont recouvertes, chez l’'Ophiocoma nigra. Elles sont au contraire rangées en lignes lon- gitudinales accolées à ce sac, qui les reporte vers la face dorsale; chez les Ophioglypha. Dans le genre Ophiothrix, les diverses glandules se réu- nissent en une seule masse en forme de corne de bélier. La structure est des plus simples. Chaque glandule femelle est « com- TRAVAUX FRANCAIS — ZOOLOGIE. 393 posée de quatre ou cinq cellules mères qui, à leur tour, contiennent chacune quatre ou cinq œufs. » Les glandes mâles se composent « d’une couche extérieure de tissu conjonctif et d’une couche intérieure ciliée, qui doit avoir la propriété de sécréter les spermatozoïdes ». L'évacuation des produits se fait par déhiscence par les fentes géni- tales. Embryologie. — Le développement des Ophiure; n'avait jusqu'ici été l’objet que d’un petit nombre d'observations isolées, et, plus encore que pour l’anatomie, on concluait de ce quia été constaté chez les autres Echinodermes à ce qui doit être dans ce groupe. On admettait en par- ticulier que, la larve des Ophiures passant, comme celles des Échinides, par la forme de Plutéus, les vhénomènes embryologiques devaient être les mêmes dans les deux groupes. Il n’en est pas ainsi cependant, et par l'étude de la plupart des stades du développement chez une espèce à métamorphose ordinaire, l’'Ophiothriæ versicolor, et chez une espèce vivipare, l'Amphiura squamata, M. Apostolidès à montré que l’em- bryogénie des Ophiures diffère sur plusieurs points importants de celle, non-seulement des Oursins, mais de tous les autres Échinodermes étudiés jusqu'ici. Les différences essentielles portent sur la formation des feuillets, l’entoderme se formant par délamination et l'origine des vésicules vaso-péritonéales qui ont des formations indépendantes et sur des diverticules de l'intestin primitif. Chez l’'Ophiothrix versicolor, l'œuf se divise d’abord en deux sphères d’inégal volume, dont la plus grosse se divise avant la plus petite, puis la segmentation continue d’une manière régulière jusqu’à la formation d'une blastosphère creuse et ciliée. La blastosphère devient cylindrique et ses cellules s’allongent considérablement dans le sens radial. À un stade un peu plus avancé, les cellules sont devenues sphériques et sont disposées sur quatre couches à l'un des pôles de l'œuf, tandis qu’il n’en existe qu'une seule au pôle opposé. La couche la plus interne est formée de cellules polygonales et montre les premiers rudiments du squelette larvaire sous forme de spicules calcaires étoilés qui s'unissent bientôt en deux baguettes. Au stade suivant, pendant que la forme larvaire définitive commence à se dessiner, la cavité centrale, jusque-là vidée, se montre occupée par une masse cellulaire centrale qui deviendra l'intestin. Entre elle et les cellules polygonales est une cavité, la cavité générale, dans laquelle flot- tent de petites masses ressemblant à des globules graisseux. M. Aposto- lidès n’a pas observé directement la formation de la masse integfinale, 3e sér., tom. 1. 28 394 REVUE SCIENTIFIQUE. mais elle semble être due à un phénomène de délamination. « Sans au- cun doute, dit-il, la masse cellulaire iterne tire son origine des élé- ments deutéroplasmiques provenant d'une division interne des cellules, et qui viennent se placer au centre. » De la même manière se forment plus tard, au-dessous et indépendam- ment de la masse intestinale, deux autres masses cellulaires qui devien- dront les vésicules vaso-péritoréales, dont l'une s’atrophiera et l’autre formera le système aquifère. Pendant que ces transformations s'effectuent, la larve change de forme, s’aplatit, puis développe deux longs appendices et acquiert la forme d’un Plutéus à deux bras, convexe d’un côté et concave de l’autre. Les neuf dixièmes des embryons n’atteignent pas cette forme et restent plus ou moins arrondis, bien qu’ils continuent à vivre et se développent complètement. Quelquefois, au contraire, le Plutéus est plus complexe et peut avoir quatre ou même huit bras. Le reste du développement s’effectue de la manière normale et souvent décrite chez les Échinodermes. Le développement de l’Amphiura squamata, bien que direct et sans métamorphose, ne diffère sur aucun point essentiel de celui de l’Ophio- thriæ versicolor. Cette espèce est hermaphrodite, les testicules sont représentés par deux ou trois vésicules sphériques renfermant les cellules mères des spermatozoïdes. Les ovaires n’ont plus la forme de sacs, mais d’un stroma à la surface duquel font saillie de petits groupes de cellules germinati- ves qui s’isolent peu à peu en masses pédiculées et enveloppées d’une membrane en capsule ovarienne. Un seul œuf arrive à maturité dans chaque capsule ovarienne et deviendra un embryon qui achèvera son développement dans la cavité générale. La segmentation commence par la formation de deux sphères dont l’une se divise en trois avant que l’autre ait commencé à se diviser, puis elle devient régulière et aboutit à la formation d’une blastosphère non ciliée, dont les cellules deviennent cylindriques. Dans ces cellules, une différenciation s'établit entre la partie externe— futur ectoderme — qui devient transparente et incolore, et la partie interne qui reste oran- gée. Dans la partie interne, vers le sommet de la capsule ovarienne, com- mence à apparaître un squelette larvaire. Une masse interne digestive qui se creuse d’une cavité et se met d'abord en communication avec l'extérieur par l'anus, puis, plus tard, deux masses vaso-péritonéales, font leur apparition de la même manière que chez l'Ophiothriæ. L'une des vésicules vaso-péritonéales avorte d'ordinaire ; l'autre, celle qui est située le plus près de la bouche, se di- BOTANIQUE. 395 vise en cinq lobes pour former l’anneau aquifère, qui émet d’abord le canal aquifère ; puis, en face de chaque bras, chaque lobe forme une grappe de cinq cœeums dont l’un médian est le tronc brachial ; les qua- tre autres se rendent aux tentacules buccaux et à la preitus paire des tentacules brachiaux. L'anus disparaît et le tube digestif ne communique plus avec l’exté- rieur que par la bouche. . Lesquelette larvaire est résorbé et remplacé jar le squelette définitif, qui commence à se former par les parties tégumeniaires et les os en V. Les bras s’accroissent par interposition de nouveaux segments entre le dernier et l’antépénultième. RU Va Botanique. « Over de ontwixkeling van den kiemzak by Angiospermen. Leyde, 1880, 73 pag. et 2? pl. Voir aussi : Treub et Mellink ; Notice sur le déve- loppement du sac embryonnaire dans quelques Angiospermes (Arch. Néerland., tom. XV). M. Treub, nommé directeur du Jardin Botanique de Buitenzorg, ne put achever les études qu'il poursuivait sur le sac embryonnaire, M. Mellink a publié les résultats des études qu'ils ont faites en commun. En voici le résumé : Une cellule d'origine sous-épidermique du nucelle produit une rangée de 25 cellule:. D’après M. Strasburger, la cellule s'agrandit et devient sac embryonnaire, tandis que les autres sont re- foulées et finissent par disparaître. D'après M. Wa’ming et M. Vesque, le sac embryonnaire résulterait au contraire de la fusion de deux ou plusieurs cellules de la rangée dont nous venons de parler. Les faits observés par MM. Treub et Melling dans le Senecio vulgaris s'accordent jusque dans les moindres détails avec les résultats obtenus par M. Strasbürger sur la même plante. Quant aux autres plantes étudiées par eux, si les faits qu’elles présen- tent ne concordent pas absolument avec ceux qu'a publiés M. Strasbur- ger, elles ne confirment pas du tout les idées de M. Vesque. Dans le Narcissus Tazetta, par exemple, la cellule mère du sac embryonnaire produit en général deux cellules filles dont l’inférieure se développe en sac embryonnaire, tandis que la cellule supérieure est re- foulée. Quelquefois cependant, la cellule inférieure est moins privilégiée et la cellule supérieure prend aussi un développement considérable ; un 396 REVUE SCIENTIFIQUE. pas de plus dans cette voie, et la cellule supérieure aurait produit aussi un sac embryonnaire. Dans l’A graphis patula, la cellule mère ne produit non plus que deux ceilules filles de même grandeur ; mais ici c’est la cellule fille supérieure qui, en s’agrandissant, se transforme en sac embryonnaire, tandis que la cellule inférieure reste à peu près de même grandeur, et reste visible jusque dans le sac embryonnaire adulte ; il arrive même exceptionnelle- ment qu'on la trouve divisée par une mince cloison verticale. Dans les Tulipa Gesneriana et Lilium bulbiferum, une grande cel- lule sous-épidermique du nucelle se transforme directement en sac em- bryonnaire sa ns subir aucune division. Dans la Tulipe, le noyau se divise successivement en quatre; l'un d’eux reste au sommet du sac, les trois autres se rendent dans la région inférieure. Tous se divisent de nouveau, en sorte qu'il y a bientôt en haut un noyau inactif, deux synergides et une vésicule embryonnaire. En bas, par des divisions correspondantes, se forment deux groupes de trois noyaux chacun. Ceux du groupe supérieur s'unissent dans le sac embryonnaire adulte et se fondent peut-être avec le quatrième noyau d'en haut. Les trois noyaux inférieurs restent le plus souvent dans le même état et finissent par disparaître ; ils se soudent quelquefois ; ra- rement il se forme des antipodes autour d'eux. Dans le Lilium bulbiferum, le développement ultérieur du sac embryonnaire est plus simple, et se rattache mieux aux faits connus. Dans les synergides, souvent pourvues de parois cellulaires, des rayons de protoplasma entourent les noyaux ; ils deviennent très prononcés au moment de leur division. 5. GILTAY. Notice sur les noyaux des cellules végétales ; par M. Meichior TREuB (Extrait des Archives de Biologie, publiées par Van Beneden et Bambeke, 1880, pag. 394-405, pl. XVI). 1. Les observations suivantes viennent confirmer l'opinion de M. Van Beneden, que la division et la fragmentation du noyau sont des phéno- mènes qu’il ne faut pas confondre. Les cellules du Chara fragilis se multiplient, le noyau se divisant tout à fait normalement. Cependant, la cellule centrale d’un entrenœud s'étant différenciée, le noyau résultant d’une division normale se change en ces corpuscules nucléaires que l’on trouve dans ces cellules à un stade plus avancé. Ces recherches, entreprises par l’auteur il y a un an, confirment les observations plus récentes de M. Schmitz, BOTANIQUE. 397 Dans les cellules du jeune endosperme de l’?matophyllum cyrtanthi- florum, la division du noyau est réglée ; cependant, dans des cas anor- maux, on trouve des noyaux s’étranglant, et des fragments nucléaires, qui certainement doivent leur origine à ce phénomène. 2. En général, les noyaux voisins ont une tendance à se diviser en même temps ; cela s'applique non-seulement aux noyaux appartenant à une seule cellule polynucléée, mais encore aux noyaux de cellules mono- nucléées placées à côté. Cela s'observe très clairement par exemple ans lescellules endospermiques de l’Zmatophyllum cyrivnthiflorum, et sur- tout dans les filaments de cellules cutanées du Chara, dans lesquels les spermatozoïdes prennent naissance; dans ce dernier cas même, les stades de divisions sont le plus souvent les mêmes. 3. La division cellulaire dans le Chara est de même égale à celle des plantes vasculaires. Aussi les jeunes cloisons se forment-elles dans les plaques cellulaires de la manière découverte par M. Treub, et récemment reconnue juste par M. Strasburger. E. GILTAY. Sur des cellules végétales à plusieurs noyaux; par M. M. Trrus (Arch., Néerland., tom. XV, pag. 39-61, pl. II, II). Depuis le grand travail de M. Nägeli sur le Noyau (1844), on considé- rait comme un fait établi qu'une cellule végétale ne renferme jamais qu'un noyau. On connaissait bien l'exception que présentent les grains de pollen, le boyau pollinique et le sac embryonnaire ; on avait constaté chez diverses algues une pluralité des noyaux qu'on considérait comme tout à fait anormale: c’est ainsi que Strasburger tira autrefois de la multiplicité des masses d'apparences nucléaires répandues dans les cel- lules des Cladophora, une raison pour ne pas les considérer comme des noyaux. M. Schmitz a cependant trouvé aux masses plasmiques multiples des cellules de Siphonocladiées tous les caractères des noyaux, et affirmé leur nature nucléaire. Les recherches de M. Treub ont porté sur des cellules vézétatives de plantes phanérogames; les poils internes de quelques plantes, les gran- des cellules du parenchyme d’un Cereus, du Tradescantia hypophæa, renferment souvent deux noyaux ; les cellules médullaires de la tige de l’Ochrosia coccinea renferment constamment, paraît-il, 5-8 noyaux. Ce ne sont pourtant peut-être là que des anomalies ; mais les fibres libé- riennes de quelques plantes et une grande partie des laticifères sont constamment polynucléées. 398 REVUE SCIENTIFIQUE. Pour les ffbres libériennes, citons: Vinca major, Nerium Oleander, Lochnera rosea, Ochrosia coccinea, Cyrtosiphonia spectabilis, Ta- bernæmontana coronaria, Stephanotis, Stapelia, Gomphocarpus, Hoya, Urtica, Humulus. Le même phénomène se retrouve dans les éléments prosenchymateux de diverses Euphorbes qui sont probablement homologues des fibres li- bériennes. Les laticifères polynucléés rmit- tences. Les expériences ont été faites sur divers embryons. La présence de la chlorophylle à été déterminée au moyen de la première bande d’ab- sorption de la chlorophylle, placée entre les r ies B et C de Fraunhoïer. Voici le résumé des résultats obtenus : 19 Si l’on compare l’action de la lumière continuée pendant deux mi- nutes et demie avec l’action intermittente poursuivie pendant cinq minu- tes, avec desinterruptions d'une minute, la lumière ayant par couséquent agi dans les deux cas pendant le même temps, on reconnait qu'après deux minutes et demie d’éclairement continu il n’y a pas de formation ap- préciable de chlorophylle, tandis qu'après le même temps d’éclairement interrompu la formation de la chlorophylle est mise hors de doute par l'analyse spectrale. Un certain temps s'écoule donc entre le débnt de l'éclairement et la formation de la chlorophylle. 2° La première trace appréciable de chlorophylle dans les embryons étiolés d'orge ou d'avoine apparaît après cinq minutes d’éclairement, qu'il ait été continu ou interrompu par des intervalles égaux aux temps d'éclairement. On ne peut admettre que dans un cas il se soit formé la moitié seulement de la chlorophylle produite dans l'autre, car, dans cette supposition, une solution alcoolique de chlorophylle révélant à l'analyse spectrale la première bande d'absorption, ne devrait plus la laisser voir dans une solution étendue de son volume d’alcoo!. Ainsi, le minimum de temps employé pour la formation de la chloro- phylle est atteint par l'emploi de l’éclairement intermittent. Dans le développement de la chlorophylle, comme dans l’apparition des courbures héliotropiques, une lumière continue est done en partie perdue pour l’accomplissement du phénomène. Over de contractie van wortels (Sur la contraction des racines); par M. Huco De Vies (Versl. en Meded. der koninkl. Akad. van Wetensch., Afd. Nal., 2° Reeks, 15e DI. 1880, pag. 12-17). Pour les plantes, il importe beaucoup d'être fixées aussi solidement que possible dans le sol. Puisque au printemps, durant la germination des BOTANIQUE. 405 graines, le sol est humide, les racines des plantes, à moins que leur contraction ne l'empêchât, sortiraient nécessairement en partie du sol en été, quand le sol commence à se durcir. Le raccourcissement qui en résulte souvent est assez notable et mesure 10-15 c/o, quelquefois même 20-25 o/,de la longueur primitive. L'écorce externe est comprimée passivement par cette contraction, et acquiert des plis transversaux qui sont les signes externes que la racine s’est contractée. L'auteur a observé ces plis entre autres chezle Hyacin- tus orientalis, le Narcissus, l’Allium Cepa, l’Iris pallida, le Carum Carvi, le Conium maculatum, le Trifolium pratense, le Dipsacus sylvestris, l’Althæa rosea, le Rumex Acetosa, l'Erynguim maritimum. En mettant les racines coupées dans de l’eau, elles se raccourcissent d’abord très vite, ensuite la vitesse décroît pendant quelques jours. Le raccourcissement total est de 4 à 8°/,; il est accompagné d’un élargissement par suite d'absorption d'eau. Le siège du raccourcis- sement est particulièrement dans le bois périphérique. Les vieilles racines ne se raccourcissent plus. Les cellules parenchymateuses sont les éléments contractiles ; les autres éléments sont passifs et résistent à la contraction. La contraction est un phénomène de turgescence ; de quelque moyen qu’on annule la turgescence (en laissant les racines se faner en tuant leurs cellules ou en les portant dans des liquides plasmo- lytiques), toujours il en résulte un allcngement et en même temps un élargissement de la racine. M. de Vries ne doute pas que la turgescence, dans ce cas, ne joue le même rôle que dans les cas ordinaires d’accroissement. La contraction ne serait qu’un cas particulier de croissance, provoqué par une grande différence d’extensibilité des membranes dans différentes directions, par suite de laquelle les cellules, sous l'influence de la turgescence, sont notamment étendues en sens transversal et raccourcies en sens longitu- dinal. Depuis les recherches de M. Engelmann, on sait que la contraction des muscles est due à l'absorption d’eau par des éléments particuliers. Abstraction faite de la manière dont l’eau provoque cette contraction, ainsi que du fait que dans les muscles la contraction n’est point fixée par suite de la croissance, comme cela arrive dans les plantes, les deux phénomènes ont pourtant ceci de commun que dans les deux cas les élé- ments contractiles se raccourcissent par suite d'absorption d’eau, et qu’en même temps ils deviennent plus larges et plus solides. E. GILTAY. 406 REVUE SCIENTIFIQUE. Sur les causes des mouvements auxotoniques! des organes végé- taux ; par M. H. pe Vries (Arch. néerland., tom. XV). En renvoyant le lecteur au mémoire original pour les particularités ainsi que pour la discussion des conséquences théoriques, qu’il nous soit permis de donner un court tableau général du rôle que jouent, d’après M. de Vries, la turgescence et l’intussusception dans les courbures des organes multicellulaires en voie de développement. La force de turgescence est l’attraction que les matières dissoutes dans le suc cellulaire exercent à travers le protoplasma vivant sur l’eau ambiante. Le protoplasma vivant livre facilement passage à l’eau, mais ne laisse pas, ou du moins ne laisse que très difficilement passer les ma- tières dissoutes dans le suc cellulaire. Par là, les cellules absorbant l'eau de leur entourage; par là aussi, le contenu d’une cellule, en exerçant une pression sur la membrane, étend celle-ci jusqu’à ce que sa tension élastique fasse équilibre avec la tendance du contenu à augmenter son volume, tendance dépendant de la nature et de la quantité des matières osmotiques contenues dans le sac cellulaire, et aussi de la quantité d'eau disponible. En tuant le protoplasma, ou, mieux encore, en por- tant la cellule dans une dissolution qui, elle aussi, attire l’eau et enlève au suc cellulaire une partie de l’eau qu’il occupe, la membrane se ré- trécit de nouveau; or, par la tension élastique, elle continuera de s'appliquer sur le contenu, qui par la perte d’eau diminue de volume. A un certain moment, lorsque dans la membrane il n’y a plus de tension élastique, elle cesse de se rétrécir, et dès lors, dans la pluralité des cas, par une certaine rigidité qui lui est propre, conserve son vo- lume, qui sera son volume original, sauf quand, par l’extension précé- dente, la limite d’élasticité aura été dépassée. Pourvu que le liquide en- vironnant continue d'attirer de l’eau (condition naturellement assez facile à réaliser dans ses expériences en employant des solutions suff- samment concentrées), la contraction du protoplasme ne s'arrête pas là; mais en cédant toujours de l’eau, il se retire de la membrane cel- ——— 1 M. de Vries appelle auxotoniques (xdbe, accroître ; rovoç, turgescence), les mouvements causés par une augmentation de la turgescence des organes, qui n’est pas suivie d’un raccourcissement, comme dans l’héliotropie, la géotropie, la nutation, l’épinastie et surtout dans les mouvements des vrilles ; et allassoto. niques (2)asow, varier) ceux où l’augmentation de la turgescence alterne avec _ une diminution de volume, comme dans les mouvements de la sensitive et des étamines des Cynarées. BOTANIQUE. 407 lulaire, et la cellule devient plasmolytique, suivant l'expression de M. de Vries. Au fur et à mesure que le protoplasma se retire de la membrane, le liquide environnant la traverse. Dans une cellule plasmolytique, aucune pression ne peut plus exister entre ce qui se trouve dans l’in- térieur de la membrane et celle-ci, car par cette pression le liquide, se trouvant entre le protoplasma et la membrane, serait pressé à travers la paroi. Donc le plasmolyse est un signe sûr que la turgescence à cessé d'exister, quoi qu’il en fût déjà ainsi d'avance. En opérant sur des masses de cellules, la perte de turgescence est accusée par le fait que la partie végétale ne diminue plus en volume. Quand une vrille est excitée, le côté irrité devient concave. Le stimu- lant traverse l'organe en question et provoque dans le parenchyme, du côté devenant convexe, une augmentation des matières osmotiques, aug- mentation qui est d'autant plus abondante que les cellules sont moins éloignées du point touché. Ces matières absorbent de l’eau et provo- quent un agrandissement des cellules de ce côté. C’est ainsi que com- mence la courbure. D'abord, quand elle a pour cause unique une différence entre la turgescence des cellules du côté convexe et du côté concave, l’or- gane la perd en général complètement dans des dissolutions de sels!.L’a- grandissement des cellules a cependant pour conséquence une distension des parois cellulaires, ce qui accélère l’intussusception. Par là, la cour- bure produite est en quelque sorte fixée. Par l’irritation, l’acte de production de matières osmotiques n’éprouve qu'une accélération temporaire et locale; elle existait déjà d’avance et occasionnait les mouvements épinastiques et l'accroissement en longueur. Aussi ces phénomènes ne forment-ils pour les vrilles qu’un cas bien spécial. D’après M. de Vries, ils se passeraient exactement de la même manière dans les autres organes en voie d’accroissement ou courbés sous l'influence d’autres excitants que ceux qui occasionnent les mouvements des vrilles. Ses expériences là-dessus l’ont conduit à tirer la conclusion suivante: « Dans les organes multicellnlaires en voie d’accroissement, la pesanteur etla lumière, de même que d’autres excitants, occasionnent des coufbures en accélérant à l’un des côtés de l'organe la production de matières osmotiques, qui détermine l’accrois- sement en longueur ». Quelles sont ces matières osmotiques qui en un si court espace de temps peuvent être produites en quantité suffisante pour expliquer les 1 M. de Vries a surtout employé des dissolutions d'environ 10 0}, du sel marin et du salpêtre. 408 * REVUE SCIENTIFIQUE . mouvements si rapides, que sont par exemple ceux des vrilles excitées du Sicyos angulatus, surtout après injection ? Là-dessus, M. de Vries s'explique en ces termes : « Naturellement, ce n’est pas le sucre. Ce ne sont pas non plus les sels organiques, qui ne se diffusent que très lentement, de l’extérieur à l’intérieur des cellules. Il ne reste donc que les acides végétaux {sels organiques acides et acides organiques libre:), et une production secondaire de ceux-ci dans les cel- lules ne peut, à aucun point de vue, être regardée comme invraisembla- ble..... Cela jette du jour sur la signification de l’existence si générale des acides organiques dans les plantes, signification dont, à part une hypothèse ancienne et déjà complètement réfutée, on n’avait jusqu'ici pas la moindre idée. » Les vues de M. de Vries permettent une explication de plusieurs au- tres particularités : Continuation des incurvations auxotoniques après que l’irritation a cessé. — Quand un stimulus quelconque excite quelque part une produc- tion de matières osmotiques, cette formation pourra cesser avec le sti- mulus. Cependant, puisque l’afflux de l’eau se fasse avec lenteur, la satura- tion des matières osmotiques ne marchera pas de frort avec leur forma- tion, de sorte que, nécessairement, la courbure fera quelques progrès après que le stimulant a cessé d'agir. Courbures sans absorption d'eau.— Des seoments de vrilles du Sicyos, après qu'on a étanché le sue qui s'écoule des faisceaux vasculaires, peu- vent se courber sous l'influence d’une irritation sans absorber de l’eau. Dans ce cas, ce sont les cellules du côté devenant convexe qui ont privé les cellules de l’autre côté d’une portion de l’eau de leur suc cellulaire. Raccourcissement du côté concave chez les vrilles qui s’enroulent au- tour de supports ou épinastiquement.—Le côté concave augmente tantôt en longueur, tantôt ne change pas, tantôt enfin devient plus court. Un pareil raccourcissement avait été observé par M. Sachs dans les nœuds de Graminées, courbés géotropiquement. D'après M. de Vries, le rac- courcissement doit être attribué en partie à une perte d’eau, en partie à une compression mécanique. De la manière dont les vrilles se compor- tent envers des supports différents, M. de Vries déduit que leur épais- seur n’influence point les courbures ; cela était facile à prévoir, puis- que la différence d'accroissement entre le côté supérieur et le côté in- férieur, qui détermine la courbure, peut dépendre de la durée-du con- tact, mais non de sa forme. Courbure potentielle. — Quand une vrille est excitée, mais en même temps empêchée de se courber, le stimulus, comme d'ordinaire, provoque BOTANIQUE. 409 la production de matières osmotiques. La vrille étant laissée libre, prend brusquement la forme qui s'accorde avec le degré de l’augmen- tation de la turgescence des cellules du côté tendant à devenir convexe, et de l’extensibilité de leurs parois. Rétrogradation après une excitation temporaire. — M. de Vries croit probable que, dans le côté eonvexe d’une vrille excitée, à la production rapide de matières osmotiques succède une période où ce processus, peut- être par suite d’un épuisement temporaire des matières nécessaires, s'opère plus lentement. Quand du côté concave la production de nou- veaux matériaux suitla marche normale, au bout de quelque temps les deux côtés seront redevenus également longs. Loin de résoudre tou- tes les difficultés, cela expliquerait provisoirement la rétrogradation de courbures, décrite par MM. Asa Gray et Darwin, et que M. de Vries à rencontrées plus d’une fois dans ses expériences. E. GILTAY. L'influence de solutions salines sur la durée de la vie du proto- plasma ; par M. J. G. Costerus (Archives Néerlandaises des Sc. ex. et nat., tom. XV, 2e liv., 1880, pag. 145-155). Les recherches de M. Hugo de Vries sur la turgescence avaient dé- montré que des parties végétales supportent impunément une immersion de quelques heures dans des solutions salines, mais qu’un séjour pro- longé dans ces liquides entraîne inévitablement la mort. Ces recherches ont conduit M. Costerus à soumettre à une étude plus spéciale l’action que de pareilles solutions exercent sur la vie végétale. Ses expériences démontrèrent que les cellules des plantes soumises aux expériences (la Betterave rauge, la Carotte, la Pomme, et la Bette- rave à sucre) éprouvent une action nuisible de la part des solutions sa- lines, notamment des solutions de chlorure de sodium et de salpêtre, tandis qu’en l’absence de l’air, ou très exactement en présence d’une très petite quantité d’air, ces mêmes liquides maintiennent les cellules plus longtemps en vie. Les expériences de M. Macquenzie, de M. Fernet et d’autres, ayant démontré que les solutions salines absorbent moins de gaz que l’eau pure, et que le coefficient d'absorption décroît à mesure que les solutions deviennent plus concentrées, la seule explication possible du fait que les cellules placées dans une solution renfermant moins d'oxygène que l'eau vivent néanmoins plus longtemps, est, comme le fait ressortir l’auteur, que ces solutions ralentissent l’activité vitale du protoplasma. 3e sér., tom. 1. 29 410 REVUE SCIENTIFIQUE. Cette explication trouve un appui dans l'observation de M. Godlewski, que des plantes ayant germé dans de l’eau pure avaient perdu par la respiration une quantité de leurs éléments organiques beaucoup plus grande que d’autres dont la germination s’était effectuée dans des solu- tions de sels minéraux. Quant au fait que les solutions sa lines semblent exercer une action tout à fait opposée quand l’air a librement accès, on ne saurait pour le moment en donner une explication satisfaisante, si ce n’est que les solu- tions en question exercent deux sortes d'action sur la vie du protoplasma, suivant la quantité d’air dont il peut disposer. GILTAY Untersuchungen über Troppenauscheidung und Injection bei Blattern ; par le Dr J. W. Mo (Versl. en meded. der : ninkl. Akad. von Wetenschappen, tom. VI, 1880, pag. 237-337). Dans cette étude sur l'injection et la filtration « 8 feuilles, M. Moll s'est proposé, en premier lieu, de savoir sice phénomène est général, ou s’il résulte de dispositions spéciales. Il a adopté le procédé expérimental de M. de Bary, qui consiste à comprimer de l'eau dans destiges coupées. Il a généralement employé une pression de mercure de 10 à 20 centimè- très. Chez quelques plantes, des sucs couvrant la plaie ont empêché toute absorption. Il résulte, de quatre-vingt quatre expériences, que toutes les plantes n’ont pas la faculté d'émettre des gouttes en certains points déterminés, si de l’eau est comprimée dans leurs tiges. Dans quelques plantes, les méats intercellulaires sont infiltrés. Chez quelques autres, les phénomè- nes se montrent, soit en même temps, soit successivement, C’est par le bois que l’eau est conduite, car les plantes auxquelles on a enlevé un anneau d’écorce sont aussi susceptibles de s'injecter que les plantes in- tactes. L'auteur donne le nom d’émissaires aux points déterminés par où s'opère l'émission des gouttes. Ce ne sont pas des glandes. Du sue de Phytolacca et des solutions d’acide tannique les traversent sans subir aucune modification appréciable. Ils ne dépendent pas de la présence des stomates aquifères. Là=même où il y a émission de gouttes, il n’y a souvent que des stomates aérifères; parfois il n’y en a pas du tout. Quelle que soit la nature phorphologique des émissaires, chez plus des deux tiers des plantes observées, les gouttes sont émises après injec- tion, absolument comme elles le sont dans la nature. BOTANIQUE. 411 Dans dix-huit plantes où des émissaires n’ont pas été observés, les méats s’infiltrent sous l’action de l’eau comprimée. Ce phénomène s’ac- cuse par le changement de coloration de la feuille. Les émissaires parais- sent donc être des sortes de soupapes de sûreté pour permettre l'émission de l’eau qu'un excès de tension de la racine à introduite dans la plante, et qui pourrait exercer une influence nuisible en envahissant Jes méats aérifères. Lorsqu'on agit sur des plantes dépourvues d’émissaires, il suffit ex gé- néral de déterminer une légère blessure pour éviter que les tissus ne s’injectent. Du reste, il faut remarquer que la faculté d'émettre des gouttes liquides varie avec l’âge. Dans la jeunesse, quand la respiration atteint son maximum d'activité, alors que l'injection des méats serait funeste, les émissaires sont aussi bien plus actifs que dans les feuilles âgées. Dans les feuilles injectées, l’eau finit par sortir par les stomates si la pression est suffisante. Mais la filtration proprement dite se fait par l’in- termédiaire d’émissaires qui se trouvent ordinairement sur les bords ou à la pointe de la feuille. Il suffit, dans quelques cas, de feu de temps pour observer ces phéno- mènes. On peut les suivre après une heure dans les Fuchsia, Adhatoda vesica, Begonia incarnata, Cestrum Regelit et roseum, Datura san- guinea, etc.; mais en général l'injection ne s'opère pas aussi rapide- ment. E. GiLray. Quelques observations concernant l'influence de la gelée sur les plantes toujours vertes; par M. J. W. Mozz (Archiv. Néerland., tom. XV, 1880, pag. 354-359). Lorsque des tissus végétaux sont saisis par la gelée, c’est dans les méats intercellulaires seuls que se forme la glace. Le signe extérieur de ce phénomène, on le sait, est le changement de couleur, qui chez les feuilles surtout s’observe à leur face inférieure, où les espaces intercel- lulaires sont très nombreux. Le même phénomène s’observe quand les tissus sont injectés sous la machine pneumatique. Un autre phénomène qui chez d’autres plantes s'observe à la suite d’une congélation, consiste en ce qu’elles laissent pendre leurs feuilles. Lorsque les parties infiltrées dégèlent et qu’elles n’ont pas été tuées, le liquide infiltré dans les méats intercellulaires repasse de nouveau dans les cellules, et la couleur normale reparaît. En même temps, si les 412 REVUE SCIENTIFIQUE. feuilles sont baissées par la congélation, elles se redressent de nouveau. M. Moll démontre que ces phénomènes, indiqués jusqu'ici comme des particularités propres à quelques plantes, ne sont potnt la conséquence de dispositions organiques spéciales, mais qu’ils sont communs à tous les végétaux. L'infiltration produite par la congélation disparaît en très peu de minu- tes lorsque la température se relève au-dessus de zéro. En touchant des feuilles infiltrées de certaines plantes, la couleur vert foncé est immédia- tementremplacée à l'endroit touché par la teinte normale. M. Moll a aussi abordé la question de savoir si une raréfaction d’air se produit dans les méats intercellulaires lorsque l'infiltration disparaît brusquement et quele liquide épanché rentre dans les cellules. Ses expériences ont consisté à placer des feuilles infiltrées par suite de la congélation, dans de l’eau de 5 à 20°C. ; le dégel fut accompagné d’une injection du dehors, ce qui annonce que, quand des feuilles gelées dégèlent, l’air éprouve une raréfaction dans les espaces intercellulaires. Quant à l’état de mollesse des feuilles et à leur redressement après dégel, c’est encore un phénomène général pour les feuilles toujours vertes, quoique dans quelques cas le changement ne soit pas visible sans précautions spéciales. En laissant des branches congelées dans une posi- tion renversée, elles laissaient pendre leurs feuilles tout comme le font des branches dans la position naturelle ; elles se redressèrent après le dégel. M. Moll en conclut que la flacidité des feuilles, dont les cellules ont écoulé de l’eau en gelant, est la cause principale, sinon unique, de la position penchée des feuilles à l’état de congélation. E. GILTAY. ee Over de rol van melksap, gom en hars in planten;: par M. Huco DE Vris (Maandblad voor Natuurwetenschappen, Tag. 10, n° 5. M. Mall, dans ses recherches sur la filtration et sur l'injection dans les feuilles, trouva que de quelques espèces les tiges coupées, placées avec la blessure dans de l’eau, n’absorbèrent absolument pas ce liquide, Le suc couvrant la blessure l’empêchait. Même une pression de plusieurs centimètres de mercure ne pouvait faire passer l’eau à travers cette couche. En prenant cette observation comme point de départ, M. de Vries cherche à démontrer la thèse que la signification biologique des matières indiquées consisterait en général à fermer les blessures. C’est surtout sur la nature des matières citées, qui les rend très propres à la fonction, qu'il leur attribue sur la pression sous laquelle elles se trouvent dans la BOTANIQUE. 413 plante, ce qui provoque un écoulement des blessures nouvellement for- mées, que l’auteur appuie sa thèse ; la communication des organes qui renferment ces matières donne lieu à ce que les blessures peuvent être couvertes d’une bien plus grande quantité de ces sucs qu'il ne se trouve dans le voisinage. Le fait que ces matières et les organes de valeur morphologique si différente qui les renferment, peuvent se remplacer dans des espèces ou dans des feuilles rapprochées, est en parfait accord avec l’opinion qu'ils jouent le même rôle dans la vie végétale. E. GILTAY. Sur l'injection des vrilles comme moyen d'accélérer leurs mouve- ments; par Huco pe Vies (Archives Néerlandaises, 1880, tom. XV, pag. 269-295). Voir aussi Verslagen en Mededeelingen der koninkl. Akad. van Welen- schappen, 1880, tom. XV. pag. 123-141. Dans notre analyse du travail de M. de Vries sur les causes des mou- vements auxotoniques des vrilles, dont le présent mémoire, placé séparément dans les Archives Néerlandaises, fait partie, nous avons vu que ces mouvements sont dus à un agrandissement de la force de turgescence, produit par une augmentation des matières osmotiques dans les cellules. Cependant cette augmentation ne suffit pas encore ; il faut aussi que les cellules trouvent de l’eau à leur portée. Dans les cir- constances ordinaires, elles doivent la soustraire à d’autres cellules qui, à leur tour, sont obligés de l’emprunter au xylème des faisceaux vas- culaires. Cela occasionne nécessairement un ralentissement du mouve- ment. Un stimulus quelconque ayant occasionné la production d’une certaine quantité de matières osmotiques, il s’écoulera nécesairement quelque* temps avant que toute la force de turgescence soit de nouveau active, c’est-i-dire avant que les matières osmotiques se soient saturées d'eau, pour autant que la tension élastique des parois cellulaires le permet. Si par une raison quelconque la quantité d’eau ne suffisait pas pour produire cet état. une partie de la force de turgescence resterait inactive. Ces considérations conduisirent M. de Vries à des expériences par lesquelles, en facilitant pour les cellules l'absorption d’eau, il pouvait juger du degré de l’inactivité de la force de turgescence dans différents - cas. En ayant recours aux expériences de Dutrochet, M. de Vries rem- place sous la machine pneumatique l'air intercellulaire des vrilles par de l’eau. En prenant beaucoup de précautions, il réussit à éviter toute” sorte d’irritation pendant la manipulation, de so'te que des vrilles droites ne se courbèrent pas. Des expériences spéciales démontrèrent 414 REVUE SCIENTIFIQUE. encore que les vrilles, quoique placées dans de pareilles conditions anor- males, n’en subirent aucune inâuence nuisible, sauf peut-être un certain ralentissement des actes vitaux, dû à l'accès d'une moindre quantité d'oxygène. M. de Vries a formulé les résultats généraux de la manière suivante : 1° Tous les mouvements des vrilles sont passagèrement renforcés par l'injection d’eau ; seul le mouvement rétrograde qui s'opère après l’en- lèvement du support, fait exception à cette règle dans le stade étudié. 20 Les vrilles droites, non irritées, restent droites après qu’on les à injectées d’eau. 3° L’accélération est beaucoup plus considérable pour les mouvements irritatoires que pour les mouvements épinastiques ; les vrilles atteignent, après une irritation de courte durée, un bien plus fort degré de courbure que cela ne leur eût été possible dans Les conditions données en l'absence de l'injection. Ces résultats empiriques, combinés avec ces considérations précédentes, ont conduit M. de Vries à regarder comme démontré : 4° Que la force de turgescence du parenchyme des vrilles, lors du re- dressement épinastique, et plus tard lors de l'enroulement épinastique, est en partie inactive ; 5° Que les irritations provoquent tout à coup un accroissement très considérable de la force de turgescence, beaucoup plus considérable que ne l’indiquaient les mouvements qui s'effectuent dans les circonstances ordinaires. E. GiLTAY. L'anatomie des tissus appliquée à la classification des plantes ; par M. J Vesque (Nouv. Arch. du Muséum, ?° série, 1881, pag 1-56, avec 2 pl. in-/0, On sait que dans la pensée des créateurs de la classification raturelle, tous les caractères de la plante doivent être considérés quand il s’agit de déterminer les aflinités des végétaux. 11 n’en est pas de même dans l’ap- plication. En dehors de la fleur, du fruit, de quelques données vagues sur Ja conformation extérieure des tiges et des feuilles, les caractères aratomiques des organes végétatifs sont absolument laissés de côté. Les botauistes descriptenrs en sont arrivés à manifester même un certain élois gnement pour les caractères anatomiques. La voie de l'anatomie comparée est done Jarzement ouverte aux botanistes désireux d'appuyer sur des bases solides la connaissance des affinités réelles des plantes. Dans ce mémoire, M. J. Vesque examine un petit nombre de caractères BOTANIQUE. 415 anatomiques au point de vue de leur valeur taxonomique et cherche à reconnaître ceux qui peuvent servir à la distinction des families et des espères pour rejeter ceux qui, s’adaptant continuellement, ne peuvent être employés utilement. Iln'a considéré jusqu’à présent que les organes qui rentrent dans la composition de la feuille. Tous les organesde la plante, quels qu’ils soient, peuvent s'adapter à un milieu quelconque. Il s’agit de chercher ceux qui conservent mieux que les autres leur forme primitive et qui peuvent, par conséquent, dévoiler les affinités réelles. Ces organes qui subissent le moins les adaptations sont précisément les moins importants au point de vue biologique. La position des feuilles sur l'axe, la présence ou l’absence des stipules, la préfloraison de la corolle, fort peu importante pour la vie de Ia plante, fournissent de très bons caractères de familles. Quand on s'adresse à l’anatomie des organes végétatifs, il faut aussi choisir les organes les moins importants. Le bois, le liber, la structure de la feuille, se modifient très facilement; au contraire, en dehors des organes floraux, les caractères taxonomiques les plus importants, sont : les poils, le mode de développement des stomates, la conformation de l’appareil stomatique adulte, la forme et la distribution des cristaux d’oxalate de chaux, les cystolithes, les laticifères, les glandes de diverse nature, la disposition des faisceaux, le développement de la partie méca- nique de ces faisceaux, les cellules scléreuses du parenchyme, et enfin la composition du mésophylle. Concuede cette facon, l'anatomie des familles dicotylédones, les seules que l’auteur ait étudiées, lui semble assez homogène pour qu'il puisse affirmer, « que la description anatomique des tissus doit être jointe dès maintenant à la description des organes floraux des familles. Il publie de courtes descriptions des familles dicotylédones, destinées à démontrer la possibilité d’une caractéristique anatomique. Ces descriptions portent, dans ce premier mémoire, sur les familles du groupe des Ranales. Le travail se termine par une clef analytique formée d’après des ca- ractères pris en dehors des organes floraux et faciles à observer; nous la reproduisons en entier: RANALES. 1. Cellules oléigènes et laticifères nuls. Stomates à la face inférieure ou sur les deux faces, entourés de plusieurs cellules épidermiques irrégulièrement dispo- DABN NAMUR LR NEED AR AIMER: AU | BRRPSSA KES 2 416 REVUE SCIÉNTIFIQUE. — Cellules oléig. disséminées dans le mésophylle et les parenchymes des nervures et du pétiole. Latici- fères nuls. Stomates à la face inférieure toujours ac- compaznés dedeux cellules latérales, parallèles à l’os- tialeth. Shen Ms) 20000 Sel. AR SRE d'art D — Laticifères dans les di nes es oléi- gènes nulles, stomates à la face inférieure entourés de plusieurs cellules épidermiques irrégulièrement disposées) aus ans die ions tale. ne re ny Nymphéaces pans vüicalulésa!. rediaie inteairenre 0% — Poils unisériés paucicellulés. . . . . . . . . . 4 3. Cristaux nuls ou en oursins (Pæonia). . . . . Renonculacees. — Cristaux en raphides. . . . . . . . . . . . . . Dilléniacees. 4. Plantes ordin. grimpantes, gros vaisseaux. . . Ménispermées. Lardizabalées. — plantes non grimpantes, vaisseaux fins, bois jaune ah.re .Minthiet: ua. memoire aéré frolube(Berberiienr 5. Poils lé, 3 faisceaux au pétiole, sans fibres siemens Al ele un 20h romanes 2 -Calyenniiees — Poils bi- uivelin bete APE, INT ENNTG 6. Faisceaux de la nervure médiane disposés en un croissant dont l’ouverture est fermée par une bande de fibres ; pas de canaux gommifères . . . . . . . Anonacees. — faisceaux du pétiole et de la nervure médiane nombreux, disposés en une figure fermée, qui se rapproche plus ou moins du cercle. Pas de canaux gommifères. Stipules . . . . . . . . . . . . . . . Magnoliacées. —1, 3 ou 5 faisceaux au pétiole, diapos en arc, sans bande fibreuse. Pas de stipules. . . . . . 7 7. Canaux gommifères dans le liber mou de tous les faisceaux ses. os lauaben Ancmoe ste muet icstoe Schisandrteëts; — Pas de canaux gommifères,. . . . . . . . . Wintérées. Sur les Stellaria graminea L. et glauca With, et sur quelques formes intermédiaires; par M. Edm. Bonver (Bull. Soc. bot. de Fr., tom. XX VIII, 11 mars 1881). L'auteur discute avec beaucoup d’érudition les différentes formes de Stellaria que les auteurs font graviter autour de ces deux types spéci- fiques ; il met en relief, dans un tableau, les affinités de ces diverses 27 BOTANIQUE. 417 formes, dont quelques-unes lui paraissent incontestablement dues à l'influence du milieu et peuvent, lorsque les conditions extérieures va- rient, faire retour au type, soit au cours de leur existence, soit dès la première génération. La plupart pourtant constituent des races locales, caractérisées par des particularités surajoutées au type ancestral. Ce sont ces races locales qui ont été tour à tour considérées comme espèces et comme variétés par les différents auteurs. Bydrage tot de Kennis der afkomst van de Curare met een nas- chrift van C. Oudemans; par M. A. W.M. Van Hassecr (Versl. en meded. der koninkl. Akad. van Wetenschappen. Afd. Nat., 2° recks, 1880). Ce travail contient un résumé des connaissances encore bien incom- plètes que nous possédons de l’origine du Curare, ainsi qu’une commu- nication sur une photographie et sur quelque tiges sèches de la plante nommée en Guyane Ourari ou Wourali; elles ont été recueillies par M. J. Crevaux; d’après ce voyageur, le Wourali serait la plus active de toutes les plantes produisant le Curare. M. Oudemans, frappé du peu de ressemblance qui existe entre la pho- tographie et les feuilles sèches, ne doute pas qu’on ait affaire à deux es- pèces différentes. Les tiges n’ont pu être déterminées par ce savant. La photographie lui a paru se rapporter au Strychnos Guyanensis. E, GiLTAY. Deuxième note sur les herborisations de la Faculté des Sciences d'Angers; par M. Hy (Mémoire de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers, 1881). L’auteur signale dans ce travail les raisons qui le portent à considé- rer comme insuffisants les caractères qui font du Betula pubescens Ehr. et du B. Verrucosa Ehr. deux espèces distinctes. Il apporte de nouveaux faits à l’appui de l'opinion d’après laquelle l'Orchis alata Fleury serait un hybride des Orchis morio et laxiflora, et donne à cette forme le nom d'O. moriv-laxiflora. Le Plantago lanceolata, dont Delpino à signalé le polymorphisme sexuel, présente à ce point de vue de nombreux intermédiaires. Le Leer- sta oryzoides, aux fleurs claist games duquel Darwin atta he une si grande importance, est abondant aux environs d'Angers, mais la soudure des glumelles, au lieu d’être congénitale, ne se produit qu'après la fé- condation. 418 REVUE SCIENTIFIQUE. Le Coleanthus subtilis, petite graminée des maraïs de Bohême, si- gnalée en Bretagne et en Anjou depuis quelques années, ne paraît pas s’y développer chaque année. M. Hy ajoute d’intéressantes observations sur les hybrides des genres Cirsium,Anagallis, Rosa, et termine en signalant aux environs d'Angers quelques cryptogames intéressantes par leur distribution géographique. La famille des Podostémacées; par M. E. Warminc, prof. de Botanique à l'Université de Copenhague (Acad. roy. de Copenhague, 1881, avec 6 pl). Les recherches morphologiques consignées dans ce mémoire consti- tuent la première partie d’un travail d'ensemble entrepris par l’auteur sur l’intéressante petite famille des Podostémacées. Elles ont porté sur les organes végétatifs du Podostemon Ceratophyl- lum Michx., des Mniopsis Weddelliana Tul.et M. Glazoviana Warm!1. Ces plantes présentent d'importantes particularités anatomiques ; les stomates font complètement défaut: les parois cellulaires sont toutes formées de cellulose pure, à l’exception de celles des vaisseaux du bois, qui sont un peu lignifiées. Le bois ot le liber sont bien peu développés dans la racine, le liber présente pourtant des vaisseaux grillagés ; la coiffe est très-faiblement développée. Outre les poils radicaux ordinai- res, la racine présente des organes spéciaux de fixation, nommés haptè- res par M. Warming ; ils sont d’origine exogène, et ont un sommet vé- gétatif terminal nu ; ils sont d’ailleurs entièrement parenchymateux. 1 Les recherches de M. Warming ont d'autant plus d'intérêt que les affinités de la famille des Podostémacées sont encore fort obscures. Étudiées successivement avec grand soin par M. L. R. Tulasne, qui en a écrit la monographie dans les Archives du Muséum (tom. VI, pag. 41), après en avoir publié un Synopsis dans les Annales des Sciences naturelles (3° série, tom. II, pag. 88, 1847), et par M. Weddell, qui les a décrites dans le Prodrome (tom. XVII), elles n'en sont pas moins reléguées encore aujourd'hui parmi les familles incerlæ sedis. Les plantes qui la composent vivent dans les eaux douces de l'Amérique tro- picale. Elles sont dicotylédones, mais si dégradées par l'ensemble de leurs carac- tères aussi bien que par la disposition et la symétrie de leurs organes floraux, que leurs caractères anatomiques seuls paraissent devoir nous faire espérer la solution du problème. C’est à ce point de vue surtout que les recherches de M. Warming présentent un intérêt tout particulier. À peu près au moment où paraissait le mémoire de M. Warming, M. R. Cariot publiait dans le Bot. Zeitung, 1881, une étude morphologique et anatomique sur le Tristicha hypnoïdes Spreng ; ce travail est accompagné d'une planche. BOTANIQUE. 419 L'auteur les considère comme résultant d’une transformation originelle des racines. Les bourgeons naissent sur les racines et font avec elles des angles variables. Les faisceaux vasculaires de la tige sont, comme ceux dela ra- cine, formés de liber mou et de vaisseaux ligneux ; l'ensemble du fais- ceau est protégé par des cellules collenchymateuses se rapprochant par leur structure des véritables fibres libériennes. Hemileia vastatrix; par M.H. Marsæazz WarD (Quart. Journ. of microsc. Sc., Janvier 1882, avec 3 pl. L'auteur fait connaître les caractères morpholcgiques et le développe- ment de cette plante, qui cause de grands dégâts dans les plantations de Café à Ceylan. Elle appartient au groupe de Champignons Urédinées. Berkeley lui a donné le nom d'Hemileia vastatriæ. Elle est vulgairement appelée dans le pays Maladie des feuilles de Café. Le Champignon forme, à la face inférieure des feuilles, de petites taches jaune sombre. Le mycélium remplit les lacunes du parenchyme foliaire ; plus tard, les taches incolores qu’il détermine à la surface se couvrent de petites ponctuations jaunes, formées par des Urédospores qui se répan- dent en fine poussière sur l’épiderme inférieur. Les Urédospores sont rénifores, hérissées de petits tubercules réguliè- rement distribués sur leur face convexe, lisses sur leur face concave. . Avant d’être mise en liberté, l'urédospore est fixée par un étroit pédicelle. L'endospore très mince apparaît sous l’action des réactifs et au moment de la germination. Le protoplasma est coloré en rouge orangé et con- tient des gouttelettes d'huile fortement colorée elle-même. Au moment de la germination, il se développe deux, souvent même trois filaments qui mesurent environ un cinquième du diamètre de la spore ; ces fila- ments se dilatent fréquemment, surtout vers leur extrémité végéta- tive, en renflements pyriformes ; le filament mycélien se ramifie ensuite abondamment. Trois ou quatre jours après l’ensemencement sur les feuilles fraîches du Café, les Urédospores germent et introduisent leurs filaments germinatifs dans les tissus par l’ouverture des stomates. La feuille est dès-lors infectée ; les ramifications du mycélium se ré- pandent en grand nombre dans les méats et les lacunes, et de là font pé- nétrer des sucçoirs dans l’intérieur des cellules, dont ils perforent la pa- roi. Les filaments mycéliens présentent peu de cloisons transversales ; 420 REVUE SCIENTIFIQUE. les sucoirs renflés qui s'introduisent dans la cavité cellulaire sont reliés au mycélium par un pédicelle fort étroit. Les Urédospores sont émises au dehors par l'ouverture élargie des stomates, au-dessous desquels le mycélium forme un épais enchevêtre- ment. Les Téleutospores sont napiformes; elles ont été découvertes à Ceylan en mars 1880 ; elles sont répandues en petit nombre au milieu des grou- pes d'Urédospores. Au début, elles ne se distinguent pas les unes des autres, mais se différencient à mesure que leur développement avance ; elles aussi sont fixées par un léger pédicelle. Elles forment, en germant, un promycélium sur lequel s’insèrent de petites conidies subglcbuleusss réniformes ou ovoïdes qui se détachent avec la plus grande facilité. Les Conidies germent très-facilement au contact de l’eau, même alors qu'elles sont encore fixés sur le promycélium. L'auteur ne paraît pas s'être occupé de savoir si l’'Hemileia est hété- roïque, comme tant de Champignons de la même famille ; ce fait aurait pourtant une grande importance pour les cultures de Café, qui sont une des principales sources de richesse des colonies anglaises de l’ancien Monde. Recherches microscopiques sur les bactéries de l'air et du sol; par M. P. Miquez (Annuaire de l'Observat. de Montsouris pour 1882). M. Miquel publie les nouveaux résultats de ses recherches sur les mi- crobes de l'air; des problèmes nouveaux ont été abordés et de nou- veaux documents réunis sur la question des poussières de l'air et des eaux. La distribution des bactéries répandues dans l'atmosphère du pare de Montsouris, depuis octobre 1880 jusqu’en octobre 1881, est générale- ment peu différente de celle qui a été observée en 1879-80. La compa- raison des courbes indiquant les fluctuations dans le nombre des bacté- ries avec les divers phénomènes météorologiques, montre que, contrai- rement à une croyance assez générale, la neige est impuissante à ré- duire le nombre des microbes ; la pluie, au contraire, amène toujours une diminution très grande dans la quantité des germes en suspension dans l’atmosphère. Le froid ou une sécheresse prolongée pendant deux ou trois semaines ont le même offet que la pluie; mais, tandis que la pluie les entraîne simplement dans le sol, le froid ou la sécheresse dé- truit leur vitalité, Il en résulte qu’à la suite d'une pluie, :e nombre des bactéries ayantatteint un minimum se relève à la faveur d’une tempé- BOTANIQUE. 421 rature élevée, pour s’abaïisser ensuite quand l’atmosphère est suffisam- ment desséchée. Des observations comparatives ont été faites depuis l'automne de 1880 jusqu'à présent, sur la répartition des bactéries dans les rues de Paris et à l'Observatoire de Montsouris, situé, chacun le sait, près des fortifica- tions, dans un des points les plus dégagés de la capitale. On a choisi un point central et très fréquenté, rue de Rivoli ; on peut conclure des recherches poursuivies jusqu’aujourd'hui, que dans l'intérieur des villes le nombre des mi-robes varie avec les saisons ; faible en hiver, il s'élève au printemps, reste habituellement élevé en été, et décroît en automne. Toute recrudescence sensible rue de Rivoli a été observée aussi à Montsouris ; dans Paris, le maximum de germes par mètre cube d'air (environ 5000) se produit quand, par suite d’une pénurie d’eau, les rues sont arrosées moins abondamment que d'habitude. À quelque époque de l’année que se fassent les observations, il y a toujours, au centre de Faris, dix fois plus de germes qu’au voisinage des fortifications. M. Miquel a porté tout particulièrement son attention sur les ferments ammoniacaux. M. Pasteur, et après lui M. Van Tieghem, ont étudié d’une façon fort approfondie le dédoublement de l'urée. M. Van Tie- ghem a donné le nom de Micrococcus Urecæ au fer ment qui lui sembla être la cause efficiente de la fermentation ammoniacale. M. Miquel a découvert un Bacillus auquel il donne le nom de B. Ureæ, et une moi- sissure sur les caractères génériques et spécifiques de laquelle il n’est pas parfaitement explicite, qui tous deux sont aussi susceptibles de dé- terminer le dédoublement de l’urée en acide carbonique et ammoniaque. Ces deux nouveaux ferments sont moins fréquents que le Micrococcus Urecæ ; la moisiss’:re détermine même une fermentation lente et incom- plète. Ces divers ferments, et surtout le Micrococcus, sont six fois plus abondants à Paris qu’à Montsouris, et, dans tous les cas, ils sont remar- quablement nombreux. Revenant ensuite sur les observations résumées par nous il y a quel- ques mois, l’auteur insiste d’une façon toute particulière sur l'épidémie de variole qui a frappé au début de 1880 toute la partie du 5° arrondis- sement qui sépare la Seine du boulevard Saint-Germain. Des raisons d'hygiène générale avaient déterminé l’Assistance publique à réunir dans l’annexe de l’Hôtel-Dieu tous les varioleux présentés aux différents servi- ces hospitaliers de Paris ; or, dans le quartier voisin, bien que très-cir- conscrit, on à signalé 49 décès par la variole, alors que proportionnelle- 422 REVUE SCIENTIFIQUE. ment à sa population il aurait dû en fournir moins de trois! T,orsque cette annexe fut évacuée, au moment de sa démolition, c’est à l’hôpital Saint-Antoine que furent transportés les varioleux ; aussitôt après, le quartier voisin de la Roquette subit une recrudescence exceptionnelle dans le chiffre des décès par la variole, tandis que l'épidémie disparaît du quartier de la Sorbonne. Nous devons passer sous silence une foule de données nouvelles ap- portées par l’auteur à l'appui de l'opinion qu’il émettait, il y a quelques mois, sur les dangers que les salles d’hopitaux font naître sans cesse pour les quartiers avoisinants. La comparaison rigoureuse des statistiques hebdomadaires de la morta- lité à Paris, avec le développement plus ou moins grand des bactéries, montre que presque toujours une recrudescence dans le nombre des dé- cès par les maladies contagieuses (fièvre typhcide, variole, rougeole, scarlatine, diphthérie, fièvre puerpérale, athrepsie) suit de huit jours une recrudescence dans le nombre des bactéries dans les rues de Paris et dans les salles des hôpitaux. On peut done prévoir dès maintenant, une semaine à l'avance et d’une manière à peu près rigoureuse, toute aggra- vation de la mortalité parles maladies contagieuses. L'Éditeur-Gérant : Cnarces BOEHM. MONTPELLIER. —— TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE DE BOLHM ET FILS AU TE Mal ets : + ps * D FT ECTS CRE A7 ur A LF: 2K À h ' 4 1 os LOT. «4 pogothies, 1 mtnDÉE] Ci NU Dr if ÿ it deb AVNERA CARLA LIU") A ré aie dame 4e: lient. À L pti nuls: de Up Eogefié E piles vo 8 dantrle obdfre dla doi ges Me. 0 «M Tf Neue | 4 quartié” da in Hehrnhihn qe NW AW date vaenek mr de n C1 Math” de lan f' urdion pur l'arrhie à Paris wi p'tl CR MaIR à “Mile, ho toe Cars D ni, RE d FL 1 ge ci LUS ‘3 es DLr PR OR UE DE vRLe fab d re traR de UE bé tn arabel lp At NL at AT CMOS CES TRUE ur rt ai À moe moe rio tds jure Pb) Hieagtne Lund Te NE dupe ot radin Lotto fon (ivre tySbctids, NAN 10145 io! QUIL Av, ; LS «aa CRD, detre ave fig: “ÿ ei lu : AU 0b uihé radios ind 4m a tomibre di DAgDAT ie MA A \gi } LA LS Los F ut Auzud bé nil ho PACTAUT LE ARS DES pape 81 Lau me l'a ina ir à n'en DT 'RPLIMUINRLS 2e , Ft 2 LL UOTE aiibe pi Li emailn Ham Go rihairhatfté s Aépete fe MY, à LASER + ME: mb ne (| | ti ! , : LA nl e \ " r * [ "w MÉMOIRES ORIGINAUX. DES DIPLOTAXIS EUROPEENS de la section BRASSICARIA (Gopr. et GREN., Flore de France, I, pag. 78) Par M. G. ROUY, Membre de la Société Botanique de France, I Diplotaxis humilis Gopr.et GREN., F1. de Fr.,1, pag. 78. Une certaine confusion existe encore actuellement au sujet des diverses plantes auxquelles a été appliqué le nom de Bras- sica humilis DC. Le type de cette espèce paraît particulier aux localités fran- çaises où il a été signalé dans les départements de l'Hérault et du Gard. Il est caractérisé par sa grappe fructifère courte (1-6 siliques), suborbiculaire ou largement ovale dans son pourtour, à pédoncules ordinairement étalés à angle droit, à siliques assez larges, carénées, généralement plus ou moins étalées ou même réfléchies ; quelquefois pourtant les pédoncules sont étalés-ascen- dants et les siliques redressées. Si l’on compare à ce Diplotaxis les plantes espagnoles accep- tées et distribuées, même récemment, comme Prassica humilis DC., ainsi que les espèces (?) affines Diplotaxis Nevadensis Jord., D. leucanthemifolia Jord., Brassica Blancoana Boiss. et Reut., Sinapis nudicaulis Lag., on peut remarquer que ces plan- tes, qui toutes possèdent un port analogueet certains caractères communs expliquant leur rapprochement, diffèrent très sensi- blemert du vrai Brassica humilis DC. Mais, par contre, il y a lieu de considérer le Brassica latisili- 3e sér:, tom. 1, 30 424 MÉMOIRES ORIGINAUX. qua Boïiss. et Reut. (Diagn. or., sér. If, 1, p. 30), indiqué seu- lement sur les hauts sommets de la Sierra-Nevada, comme voisin du Diplotaris humilis G. et G., dont il ne se distingue que par ses fleurs un peu plus grandes, ses siliques plus larces à bec un peu plus long conique-subulé, ses feuilles courtes, à limbe court, plus hispide, à pétiole relativement allongé, égalant le limbe ou plus long quelui. G:: caractères ont pu être considérés comme spécifiques, mais je ne lestiens cependant pas pour tels, car, par l'examen d’un assez grand nombre de pieds de D. humilis G. et G. provenant des localités françaises, il m'a été facile de voir que celte espèce varie sensiblement, pour des exemplaires du même lieu, dans les dimensions de ses tiges (4-25 centim.), de ses feuilles (2-7 centim.), ainsi que dans la forme qu’affectent ces dernières, qui tantôt sont courtes, pinnatipartites, à pétiole presque nul, tantôt à pétiole trèslong par rapport au limbe lâchement sinué-lobé, ou enfin à pétiole court et à limbe lobé seulement à la base, pres- que entier au sommet. De même, les siliques sont assez souvent courtes, larges, dépassant quelquefois 3 millim. de diamètre. En outre, les pédoncules ainsi que les siliques sont parfois étalés- ascendants ou dressés, et il n’est pas rare de trouver, sur un même pied, des pédoncules étalés-ascendants ou dressés et d’au- tres étalés à angle droit ou réfléchis. La direction des pédoncu- les et des siliques ne constitue donc nullement un caractère d’une grande fixité, et c'est cependant sur ce caractère qu’a élé principalement basée la séparation des Diplotaxis de la section Brassicaria. Ces variations considérables dans la forme des feuilles, la lar- geur et la direction des siliques, m'ont porté à ne voir, dans le Brassica latisiliqua, qu'une variété du Diplotaxis humilis, d'autant plus que je possède, provenant de Fontaret près Blandas (Gard) quelques pieds de cetle dernière espèce offrant presque tous les caractères altribués an B. latisiliqua : feuilles courtes à limbe court peu lobé, siliques larges, etc. Au sujet de cette même plante, je dois ajouter que M. Al. Jordan, dans ses Diagnoses (pp. 189-190), a donné la description DIPLOTAXIS EUROPÉENS. 425 et les caracières différentiels d’un Diplotaris subcuneata récolté au cerro de Trevenque par Bourgeau, et que ce botaniste a distri- bué sous le nom de Brassica humilis DC. Or, le B. latisiliqua est également indiqué au cerro de Trevenque comme y ayant été récolté par M. Boissier et par Bourgeau, et il y a été retrouvé récemment, en 1879, par MM. Huter, Porta et Rigo. Les déno- minations de Brassica latisiliqua Boiss. et Reut. etde Diplotaxis subcuneata Jord. s'appliquent dès lors à une seule et même es- pèce. Du réste, les descriptions comparées ne peuvent laisser sub- sister de doute à cet égard : il y a synonymie entre les deux noms. M. Jordan estime (Diagn., pag. 190) que le D. humilis des envi- rons de Batna (Algérie) doit probablement être érigé en espèce, parce qu'il se distingue du type français par ses siliques plus courtes, moins striées, à nervure dorsale plus saillante, et par ses feuilles plus courtes, pinnatifides, à lobes bien moins étalés et moins écartés. Certes, ces différences ne doivent pas être négli- gées; mais comme il me semble avoir suffisamment expliqué que les siliques et les feuilles offraient de grandes variations dans les diverses formes du D. humilis G. et G., il y aurait peut-être lieu d'admettre ce Diplotaxis seulement à titre de variété (Alge- riensis) du D. humilis ‘. Le D. saxatilis DG. me paraît également ne pas devoir être conservé comme espèce distincte. D’après ce que j'ai pu remar- quer sur les pieds de cette plante qui m'ont été donnés par M. Autheman, de la localité classique du mont Sainte. Victoire près Aix (Bouches-du-Rhône), ce Diplotaxis présente des tiges dressées, à feuilles toutes radicales, à pétiole allongé, plus long 1 M. le Dr Cosson a bien voulu me mettre à même d'examiner de nombreux pieds de cette plante d'Algérie, qui constitue son B. Aurasiaca. C'est évidemment une des formes affines du D. humilis les mieux caractérisées, et, si une autre espèce que le D. brassicoïdes devait être admise, ce serait certainement le D. Aurasiaca. Il appartient d'ailleurs à mon éminent confrère, qui depuis si longtemps s'occupe de la flore de l'Algérie, de juger en dernier ressort et de nous donner aussi, s'il y a lieu, son avis sur les trois autres Diplotaxis de cette section décrits et mentionnés en Algérie par M. Pomel, les B. loncholoma, B. cæspilosa, B. nudicaulis. 426 MÉMOIRES ORIGINAUX. que le limbe profondément pinnatipartit, et des siliques plus ou moins larges, redressées sur des pédoncules étalés-ascendants. Or, j'ai constaté, je le répète, le peu de stabilité de ces caractères soi-disant spécifiques, et de même que certains pieds de D. hu- milis G. et G. se rapprochent beaucoup du Brassica latisiliqua Boiss. et Reut., de même aussi certains autres pieds de D. hwmi- lis, recueillis à la même localité, tendent par leurs feuilles allon- gées, profondément divisées, à lobes linéaires-oblongs, et par leurs siliques redressées, plus courtes, à se rattacher au D. saxa- tilis DC. Néanmoins, je ne suis pas porté à réunir simplement le D. saxatilis DG. comme synonyme au D. humilis G. et G., mais je ne puis l’admettre que comme une variété (Provincialis) de cette dernière espèce. La comparaison attenlive de plusieurs pieds récoltés aux loca- lités classiques constitue certainement, du reste, le meilleur moyen d’élucider la détermination de plantes affines, et les des- criptions et les figures, ces dernières n'étant le plus souvent que la reproduction plus ou moins exacte d’un pied pris comme type, ne peuvent qu’aider à l'obtention de bons résullats, sur- tout en ce qui concerne les espèces dites critiques. La culture est également très utile pour la constatation de l'espèce, mais il faut toujours tenir compte des conditions de terrain, d'altitude, de climat, d'exposition, qui, aux localités classiques même, peuvent amener des modifications sensibles dans certains caractères de la plante, conditions qu'il est quelquefois absolument impossible de reproduire entièrement, surtout quand il s’agit d'espèces saxicoles croissant dans les régions élevées de pays à climat très tempéré. Le D. saxatilis DC. a été signalé par Cavanilles en Espagne, dans les provinces de Valencia et d’Alicante; je doute qu'il y existe, et, jusqu’à preuve contraire, je-considère l'indication de Cavanilles comme erronée. Cet auteur a très probablement eu en vue certaines plantes que l’on rencontre cà et là dans les éboulis des hautes montagnes du sud de l'Espagne et dont l’une d’elles, le D. Nevadensis Jord., à pu, à une époque déjà lointaine, être rattachée au D. saxatilis DC.; mais, en l’état ac- DIPLOTAXIS EUROPÉENS. 427 tuel de la science, cette réunion est inadmissible. D'ailleurs, MM. Willkomm et Lange, en mentionnant le D. sawatilis DC. en Espagne, mettent devant le nom de cette espèce un point de doute, et ils no mentionnent aucune découverte récente de cette plante. Le D. repanda G. et G. (Sisymbrium repandum Willd.; Bras- sica repanda DE.) a été jusqu’à présent considéré comme espèce distincte. On le séparait en effet du D. humilis par ses feuilles entières où à peine dentées, et surtout par ses siliques comprimées et non subtétragones, non carénées. Malheureusement pour la valeur spécifique du D. repanda, ces caractères ne s’appliquent qu’à l’une des formes extrêmes de cette plante, celle qui se ren- contre généralement dans les lieux assez froids des Alpes fran- çaises el du Piémont ; c'est d’ailleurs la forme la plus répandue. L'autre forme extrême du D. repanda présente des siliques plus courtes, ordinairement étalées-redressées sur les pédoncules, peu comprimées, à valves trés visiblement carénées ; les feuilles sont, de plus, pinnatipartites, mais ordinairement glabres, et le port de cette forme est presque identique à celui du D. saæatilis : on la trouve plus spécialement dans les régions tempérées de nos Al- pes, notamment près de la Mure (Isère), à une altitude assez fai- ble. D'autre part, si l’on examine un grand nombre de pieds de la première forme du D. repanda, on peut constater qu'il s’en trouve quelques-uns dont les feuilles sont pinnatifides et les sili- ques subcarénées; c’est à cette forme intermédiaire que me pa- raît devoir se rattacher la plante figurée par Reichenbach dans ses Zcones (n° 4418) sous le nom impropre de D. saratilis DC. Le D. repanda à feuilles pinnatipartites et à siliques carénées ne se sépare plus du D. saxatilis que par ses feuilles non ciliées ni hispides, et ses siliques moins fortement carénées, moins re- dressées sur les pédonceules ; il ne diffère plus aussi du D. humilis que par ses siliques moins étalées, à valves moins fortement ca- rénées et ses fouilles glabres. Ces caractères sont de très mince valeur au point de vue spécifique, et je suis dès lors amené à ne considérer le D. repanda que comme une variété du D. humilis 428 MÉMOIRES ORIGINAUX. au même titre que le D. saxatilis. Ainsi, tous les passages exis- tent, dans ce groupe, entre le type du D. humilis de la base du pic Saint-Loup (localité classique de De Candolle) et le D. repanda des Alpes, en offrant, comme nous le verrons plus loin, des va- riétés absolument parallèles à celles que présente l’autre espèce européenne, le D. brassicoides d’Espagne. Pour conclure en ce qui concerne les diverses plantes dont je viens de parler, j'estime que : Le Diplotatis humilis G. et G. est exclusivement français ‘; Le Brassica latisiliqua Boiss. el Reut. en est une variété particu- lière aux sommets élevés des régions méridionales de l'Espagne ; Le Brassica humilis, signalé au Djebel-Chelliah près Batna (Algérie) B. Aurasiaca Coss., pourrait peut-être aussi être rat- taché en variété au D. humilis G. et G. ; Le D. repanda G. et G. n’est également qu’une variété, ainsi que le D. saxatilis DC., qui n'existe ni en Espagne, ni en Pié- mont. Voici dès-lors ia synonymie que je crois devoir adopter pour ces plantes : D. aumius G. et G. var. & genuina (Brassica humilis DC.!); var. B Provincialis (D. saratilis DG.!) ; var. y Delphinensis (D. repanda G. et G.); s.-var. integrifolia, s.-var. pinnatifida, var. à Granatensis (Brassica latisiliqua Boiss. et Reut.!; D, subcuneata Jord.!) ; ? var. Algeriensis. II. Diplotaxis brassicoides Rouy. Dans mes excursions botaniques en Espagne, en 1880, j'ai recueilli sur la Sierra-Mariola, la plus haute montagne de la pro- 1 M. Nyman, dans le Conspectus Floræ Europzæ (1878) ne mentionne plus cette espèce en Espagne, pas plus qu’il n'y indique le D. saxatilis DC DIPLOTAXIS EUROPÉENS. 429 vince d’Alicante, trois Diplotaris que, d’après les ouvrages sur la flore espagnole, j'aurais dû rapporter au D. humilis G. et G. (Brassica humilis DC.). Or, ces plantes ont les tiges dressées, très longues par rapport aux feuilles, les grappes florifères multiflores (6-20 fleurs) à pé- doncules étalés-dressés, les grappes fructifères allongées à sili- ques étroites, longues, ordinairement redressées sur les pé- doncules et souvent parallèles à l’axe de la grappe; de plus, la taille de ces plantes varie entre 12 et 45 centim. Déjà, d’après ces caractères, ces Diplotaxis ne peuvent être considérés comme D. humilis G. et G. Mais, en outre, par l'examen de chacun d'eux, l’on peut remarquer que : Le premier, récolté dans les éboulis des « peñas » du cerro de Agres, région subalpine, offre une tige purpurine, courte (12-20 centim.), grêle, et des feuilles petites, courtes, atténuées en un pétiole étroit plus court que le limbe, fortement hispides-ciliées, profondément pinnatipartites, à divisions ovales-obiongues. Je ne puis le considérer que comme le D. Nevadensis Jord. (Diagn., pag. 190); Le second, récolté plus bas, à une altitude d’environ 1000 m., présente des tiges droiles, assez élevées (20 49 centim.), des feuilles peu ciliées, à limbe élargi plus régulièrement et plus lâchement pinnatipartit, à sinus moins nombreux, moins pro- fonds, bien plus ouverts. Il se rapporte assez bien à la descrip- tion que M. Jordan a donnée de son D. leucanthemifolia (Diagn., pag. 190). Dans les rocailles, vers 800 m., se rencontre le troisième de ces Diplotaxis, qui se sépare des deux précédents par ses tiges de taille relativement élevée (35-45 centim.), ses fleurs un peu plus grandes, sa grappe lâche, très allongée, ses feuilles insensi- blement atténuées en un long pétiole et à limbe oblong à peine cilié, court, lâchement lobé, à lobes larges, obtus, étalés, pres- que à angle droit. Je ne saurais le distinguer du Brassica Blan- coana Boiss. et Reut. Diagn. pl. or., sér. Il, E, pag. 29 (D. leuvan- themifolia Jord. p. p.). 430 MÉMOIRES ORIGINAUX. Une autre plante d’Espagne vient également prendre place à côté de ces divers Diplotaxis: c’est le Sinapis nudicaulis Lag., qui a été distribué par Bourgeau de la localité indiquée par La- gasca : les environs de Chinchilla. Elle doit être classée, comme variété du D. brassicoides, entre les D. Nevadensis et D. leucan= themifolia, se rapprochant du premier par ses feuilles très hispi- des, mais plus allongées, plus étroites, plus découpées, et du se- cond par ses fleurs grandes et ses tiges relativement élevées (25- 40 centim.). Si maintenant l’on examine un certain nombre d'exemplaires de la plante à laquelle peut surtout convenir le nom de D. leucan- themifolia Jord., il est facile de voir qu'ils ne sont pas identiques el que quelques-uns paraissent tendre vers le D. Nevadensis et le Sinapis nudicaulis, tandis que d’autres se rapprochent plus du Brassica Blancoana type; il y a donc, en définitive, une vérita- ble série d'intermédiaires entre le B. Blancoana et le D. Neva- densis. Dans ces conditions, il n’est pas possible de conserver ces diverses formes comme espèces, mais seulement de les accepter comme variétés d’une même espèce à laquelle je crois devoir at- tribuer, vu ses affinités, le nom de DIPLOTAXIS BRASSICOIDES. D'après ces données, voici comment il me paraît rationnel de classer ces plantes : D. BrassicoiDes Rouy (Brassica humilis auct. hisp. mult. non DC.!). Var. « brevifolia (D. saxatilis auct. hisp. non DC.!; D. Neva- vadensis Jord.) ; Var. B Lagascx (Sinapis nudicaulis Lag.) ; Var. y intermedia (D. leucanthemifolia Jord. p. p.); Var. à longifolix (Brassica Blancoana Boiss. et Reut.; D. leu- canthemifolia Jord. p. p.). Les localités de ces diverses plantes sont signalées dans le Prodromus floræ Hispanicæ de MM. Willkomm et Lange, et dans les Diagnoses de M. Jordan. Je dois y ajouter les indications sui- vantes : DIPLOTAXIS EUROPÉENS. 431 Pour les trois variétés x, y, à : Sierra -Mariola, cerro de Agres (province d’'Alicante) ; Pour les deux variélés 7 etù : Sierra de Segura (Bourgeau, PL. hisp. eæsice., sous le nom de Brassica humilis DC. var.) ; Et pour la var. y : Sierra de Mijas, éboulis calcaires entre 600 et 900 m. (Huter, Porta et Rigo, Exsicc., 1879, n° 180, sous le nom de B. kumilis DC.) ; Sierra de Chiva, cerro de Santa- Maria (province de Valencia), d’après des exemplaires récollés en juin 1881, que M. Boissier et M. Burnat ont bien voulu me communiquer. En résumé, les Diplotaris européens de la section Brassicaria se réduisent à deux espèces : D. aumizis G. et G., D. Brassr- cornes Rcuy, auxquelles viennent se rattacher comme variétés : Au D. humilis, les D. saxatilis DCG., D. latisiliqua Boiïss. et Reut. (D. subcuneata Jord.), D. repanda G. et G; Au D. brassicoides, les D. Blancoana Boiss. et Reut., D. leu- canthemifolia Jord., D. Nevadensis Jord., Sinapis nudicaulis Lag. Il me reste à exposer les raisons qui me portent à placer ces plantes dans le genre Diplotaxis et non dans le genre Brassica. Dans le genre Brassica, les graines sont sphériques, plus ou moins alvéolées ; de plus, elles sont assez régulièrement sériées pour qu'on puisse les dire unisériées, et les cotylédons sont bilobés au sommet ; dans le genre Diplotaxis, au contraire, les graines sont ovales, sensiblement comprimées, plus ou moins régulièrement bisériées, et les cotylédons ne sont pas bilobés. Dans les espèces qui font l’objet de cette étude, les graines sont manifestement ovales, presque lisses, subcomprimées ‘; en ou- tre, elles sont très irrégulièrement sériées : quelques siliques sont à graines unisériées, d’autres à graines à peu près normalement bisériées, ce qui est bien visible sur les siliques jeunes ?; de plus, les cotylédons ne sont pas bilobés. 1 M. Jordan a, le premier, constaté (Diagnoses, pag. 191) que les graines des espèces de cette section sont comprimées. ? La disposition des graines dans les espèces des genres Prassica et Diplotaæis, 432 MÉMOIRES ORIGINAUX. On conçoit donc parfaitement que Godron ait pensé à mettre ces plantes dans le genre Diplotoris, tout en créant pour elles une section nouvelle, la section Brassicaria; mais les caractères généraux de cette section, que Godron a ainsi définis « Graines ovoïdes, non comprimées, disposées sur un rang », doivent être, selon moi, précisés comme suit : « Graines ovoïdes, subcompri- mées, irrégulièrement uni-bisérices ». J’ajoutorai que ces plantes à tiges scapiformes s’éloignent sen- siblement par leur port de la plupart des espèces du genre Bras- sica, tandis qu’elles offrent quelque ressemblance avec certains Diplotaxis, entre autres les D. muralis DC. et D. Barrelieri DC. Quelques botanistes ont élevé la section Brassicariaw Godr. au rang d’un genre nouveau ‘ dans lequel ils admettent également certains Ærucastrum. Ce nouveau genre ne se distingue pius alors du genre Diplotaris que par les graines supposées être uni- sériées ; or, ce caractère est peu constant, non-seulement dans des genres de la tribu des Brassiceæ, mais encore dans un cer- tain nombre de genres d’autres tribus de la famille des Cruci- fères. (Consulter à ce sujet la remarquable thèse de M. le D' Eug. Fournier : Recherches anatomiques et taxonomiques sur la famille des Cruciféres et sur le genre Sisymbrium en particu- lier; l'Histoire des Plantes, de M. Baillon ; le Genera, de MM. Ben- tham et Hooker, elc.) ; d’ailleurs, ainsi que l’a si bien dit Linné : Character non facit genus! Jene vois donc nullement la néces- pour ne parler que de ceux-là, n'est point toujours régulière, et ce caractère ne semble pas avoir la valeur qu'on lui a attribuée, ce qu'ont déjà fait remarquer quelques auteurs. Toutefois cette irrégularité de la position des graines dans la ailique saurait-elle suffire pour que l'on réunisse, comme des botanistes l'ont pensé, et sans tenir compte de la forme différente des cotylédons, le geure Diplotaris au genre Prassica ? La forme des graines des Diplotaxis me paraît s'opposer nette- ment à cette réunion, tous les auteurs s'accordant à reconnaitre aux Prassica des graines Sphériques ; mais il est certain que la séparation des genres dans une fa- mille aussi naturelle que les Crucifères, el surtout dans la tribu des Prassica, est difficile à établir d'une fagon vraiment satisfaisante et bien tranchée. 1 M. Pomel (Matér. FI. Atlant.) parait êtrele premier botaniste qui ait eu l'idée d'établir le genre Brassicaria. DIPLOTAXIS EUROPÉENS. 433 sité du genre Brassicaria, car, s'il semble utile de conserver les genres Diplotaæis, Erucastrum, Sinapis, Eruca, 1 n’y à point lieu de créer de genres nouveaux pour y faire entrer certaines espèces dont la place parait normale dans les genres précités; autre- ment, l’on arriverait à produire le morcellement des genres, et la synonymie, déjà fort embrouillée, passerait à l’état de véritable chaos : c’est bien assez de l’amoncellement de noms spécifiques! Une observation semblable peut être faite au sujet du genre Corynolobus. Le C. Bæticus R. v. Rœæm., plante du sud de l’Es- pagne et que j'ai découverte en 1880 sensiblement plus au Nord, dans la province de Valencia, a été successivement appelé Bras- sica Bætica Boiss., Sinapis Bætica Boiss., Corynolobus Bæticus R. v. Rœm., puis enfin Ærucastrum Bæticum Lge, et j'estime qu’en effet sa place est dans le genre ÆErucastrum. Pour les mêmes raisons, le genre Pendulina, que M. Willkomm a créé pour les espèces de la section « Catocarpum », du genre Diplo- taxis, ne paraît pas devoir être accepté, et j'en pourrais dire au- tant des genres européens Airschfeldia Mœnch, Pachypodium Webb, Pteroneurum DC., Hugueninia Reichb., Braya Sterbg. et Hoppe, Roripa Scop., Ptilotrichum G.-A. Mey., Lobularia Desv., Fibigia Med., Rhyzobotrya Tausch., Hinterhubera Reichb., Cardaria Desv., qui sont non avenus aujourd’hui pour la plu- part des auteurs. Les remarques suivantes montrent les divergences des floris- tes au sujet de la place des Diplotaris de la sect. Brassicaria. De Candolle a classé le D. humilis dans le genre Brassica (B. humilis DG.), mais il a fait de la plante du mont Sainte-Victoire près Aix, qu'il avait, à l'instar de Linné et de Lamarck, &’abord considérée comme un Sisymbrium, un Diplotazis (D. saratilis DC.), en ajoutant, il est vrai, à sa diagnose « Species inter Di- plotaxim et Brassicam fere media ». Or, ces deux plantes, D. humilis et D. saxatilis, rangées par De Candolie dans des genres différents, possèdent des caractères presque identiques qui ne permettent point de les conserver comme espèces distinctes, ce qu'avait déjà signalé M. Boissier. (Voy. bot. Esp., p. 35.) 434 MÉMOIRES ORIGINAUX. Plus récemment, dans le Conspectus floræ Europzx, M. Nyman, tout en laissant D. humilis G. et G. dans le genre Brassica (B. humilis DC.), classe D. saxatilis DC. entre les D. Barrelieri et D. muralis, espèces avec lesquelles il n’a d’autres points de res- semblance que le port et les tiges scapiformes, mais dont il s’é- loigne par tous les autres caractères : forme des siliques et des graines, disposition des graines, dimension des feuilles, etc. De plus, M. Nyman laisse D. repanda G. et G. dans le genre Bras- sica, en reconnaissant à cette plante des graines bi-ériées, mais irrégulièrement et d’une façon peu constante ! M. Willkomm, dans le Prodromus floræ Hispanicæ, donne au D. saxatilis des graines unisériées vers la bas, bisériées au sommet, et classe bien cette plante parmi les Diplotaxis ; mais le même auteur admet le D. humilis G. et G. sous le nom de Brassica humilis DC. et le place, avec les formes voisines B. latisiliqua et B. Blancoana, dans une section (Eubrassica Willk.) qui comprend seulement deux autres espèces, les B. oleracea L. et B. Rober- tiana J. Gay., qu’on est un peu surpris de voir classées avec les précédentes. J’estime donc être dans le vrai en considérant les D. humilis G. et G., D. saxatilis DC., Brassica latisiliqua Boiss. et Reut., B. Blancouna Boiss. et Reut., comme appartenant bien au genre Diplotazris et en les classant comme espèce et variétés dans la section Brassicaria Godr., avec le D. brassicoides Rouy (D. Neva- densis, D. leucanthemifolia Jord., Sinapis nudicaulis) *. Je crois devoir terminer l'étude de ces divers Diplotaxis en donnant, pour faciliter leur détermination, un tableau analytique de leurs caractères différentiels : 1 D'ailleurs, M. Boissier (Piagn. or., IL, I, pag. 30) diten parlantdes B, lati- siliqua et B. Blancoana : « Forsan utraque species melius secundum el. Grenier et Godron divisionem systematicam Diplotaridiadnumeranda et sic Dipl. lalisiliqua B. et R.et Dipl. Blancoana nuncupandæ ». MM. Loret et Barrandon, dans leur Flore du département de l'Hérault, ont aussi mentionné la plante de Saint-Martin- de-Londres sous le nom de D, humilis G. et G., et non dans le geure Brassica, comme B. humilis DC. DIPLOTAXIS EUROPÉENS. 435 1. Corymbe florifère pauciflore (1-6 f1.), compacte ; pédoncules or- dinairement étalés ou réfléchis, quelquefois étalés-dressés ; grappe fructifère courte, très large, suborbiculaire ou ovale dans son pour- tour ; siliques larges; scapes peu élevés (4-15 centim.); feuilles Ipngues relativement IA ee TR enr eee à "à Corymbe florifère ordinairement multiflore (6-20 f1.), plus ou moins lâche; pédoncules étalés-dressés ; siliques longues, étroites, redressées sur les pédoncules et souvent parallèlement à la tige; grappe fructifère ordinairement allongée, à pourtour oblong; scapes de taille assez élevée (15-45 centim.); feuilles courtes rela- ÉNEHON C2 LA FOR RS Ne nets Re NU URI QUO OS 3 ne à à 0 ee Mere à to ouate D. aumiuis G. et G. Feuilles plus ou moins longuement pétiolées, ordinairement pinnatifides ou pinnatipartites, à lobes étalés, écartés ; style court; siliques relativement longues, striées, le plus souvent étalées à an- gle droit, quelquefois réfléchies, rarement redressées, à valves for- tement carénées. Var. genuina Nob. (Brassica humilis DC.) Feuilles étroites, longuement pétiolées, profondément pinnati- partites ; style court; siliques assez courtes, siriées, redressées sur les pédoncules étalés, à valves fortement carénées. Var. Provincialis Nob. (D. saxatilis DC.) Feuilles entières, dentées ou pinnatifides, à pétiole plus long que le limbe glabre; style court; siliques plus ou moins comprimées, relativement longues, peu striées, redressées sur les pédoncules étalés, à valves souvent non carénées. Var. Delphinensis Nob. (D. repanda G. et G.; B. repanda DC.) Feuilles presque entières ou lâchement sinuées, dentées, rare- ment subpinnatifides à la base, à pétiole plus long que le limbe his- pide-cilié, style long; siliques relativement larges, à valves ordinai- rement carénées, à stries peu accentuées. Var. Granatensis Nob. (Brassica latisiliqua Boiss. et Reut. ; D. subcuneata Jord. CR NE TRE LUE 12 6e Ag RE el ... D. 8rassicoines Rouy Tiges courtes (10-20 centim.), dressées ; feuilles petites, courtes, fortement hispides-ciliées, profondément pinnatipartites, à lobes rapprochés; pétiole très court..........,,. Var. brevifolia Nob. (D. Nevadensis Jord.) 436 MÉMOIRES ORIGINAUX. Tiges élevées (30-40 centim.), dressées; feuilles plus longues, fortement hispides-ciliées, profondément pinnatipartites, à lobes écartés; pétiole relativement long.......... Var. Lagascæ Nob. (Sinapis nudicaulis Lag.) Tiges élevées (25-40 centim.}, dressées ou ascendantes ; feuilles peu ciliées, à limbe élargi pinnatifide ou pinnatipartit à lobes peu nombreux; pétiole court..... RÉ Var. intermedia Nob. (D leucanthemifolia Jord. p. p.) Tiges élevées (35-45 centim.), dressées ou ascendantes ; feuilles peu ou point ciliées, allongées, longuement atténuées en pétiole ailé, à limbe oblong sinué ou pinnatifide à sinus très ouverts, à lobes larges peu nombreux............. .. Var. longifolia Nob. (Brassica Blancoana Boiïss. et Reut. ; D. leucanthemifolia Jord. p. p.) og LES PROCÉDÉS OPÉRATOIRES EN HISTOLOGIE VÉGÉTALE Par M. L. OLIVIER, Docteur ès Sciences. Quand on éludie la structure d’un être vivant, il ne suffit pas, pour le bien connaître, d'observer au microscope la forme et les connexions des éléments qui le constituent. Il faut de plus déterminer la nature chimique de chacun d’eux. La physiologie y est d’ailleurs intéressée au même titre que l'anatomie géné- rale, les fonctions étant la résultante aussi bien de la composi- tion moléculaire que de la disposition des instruments organi- ques. | On a donc cherché, après en avoir extrait diverses substances, à doter l’histologie de réactifs propres à déceler à l’intérieur des cellules la présence des matières analysées. Pour résoudre le problème, deux méthudes ont été suivies : la plus ancienne, la plus répandue, consiste à examiner au mi- croscope des préparations différentes du même organe, avant et après l’action successive de certains agents sur cet organe. On PROCÉDÉS OPÉRATOIRES EN HISTOLOGIE VÉGÉTALE. 437 note ce que le lraitement complexe a éliminé, précipité ou co- loré. On compare ce résultat à celui que l’on obtient d’un autre traitement du même ergane ou du traitement semblable d'un organe différent, et l’on en déduit les caractères chimiques des tissus mis en expérience. C'est ainsi que des morceaux ou des copeaux de bois dans lesquels le microscope révèle l'existence de cellules, de vaisseaux et de fibres, ne présentent plus de cellules après avoir été soumis à l'influence de certaines sub- stances; une autre série de réactifs leur fait perdre leurs fibres sans Cétruire leurs vaisseaux, tandis que celles-là résistent au traitement qui dissout les parois vasculaires. d'est à ce genre d’analyse qu'on a dû se borner pendant long- temps. Le perfectionnement croissant de la pratique microgra- fique permel aujourd'hui de lui substituer une méthode plus sûre et plus féconde, celle des réactions microchimiques. Lorsqu'on fait agir sur un organe toute une série d'acides, de bases ou de sels, et que, l'opération terminée, on l’examine au microscope, il est alors difficile de bien distinguer les éléments histologiques et plus encore de se prononcer sur la nature des changements qu’un traitement déterminé leur a fait subir. Étant donné plusieurs ordres d'éléments, il est impossible de décider quelle action ils peuvent exercer l’un sur l’autre dans un mé- lange. En outre, tous les éléments se trouvant plus ou moins déformés par le traitement chimique, on est rarement en droit de se prononcer sur la nature histologique de ceux qui n’ont pas été complètement dissous. Que si, au contraire, on les con- sidère tous sur la même préparation, sur une coupe mince où ils ne sont que juxtaposés, on suit au microscope toutes les pha- ses de la réaction, et l’on ne court plus le risque de se méprendre sur la localisation du phénomène. En histologie animale, cette méthode est déjà très avancée ; elle est exposée avec détails dans les livres spéciaux, notamment dans les savants ouvrages de M. Ranvier. En histologie végétale, elle est encore très rudimentaire, les données éparses que la science possède sur la matière n’ayant pas encore été réunies en 438 MÉMOIRES ORIGINAUX. corps de doctrine dans les traités de botanique ‘. Aussi nous bornerons-nous dans cet article à indiquer les principales appli- cations de la microchimie à l'étude des plantes. Appelons d’abord l'attention sur ce fait qu’un même réactif ne fait pas toujours subir des modifications identiques à tous les éléments dont la composition fondamentale est la même. Pour produire les mêmes effets dans tous les organes où les éléments se reacontrent, il doit souvent être employé à des degrés diffé- rents de concentration. Quelquefois même son action doit être précédée de celle d’un autre agent qui élimine de l’élément à déceler les substances capables de masquer le phénomène. Nous considérons donc comme important de noter, pour la majorité des réactions que nous indiquerons, dans quels cas spéciaux elles ont donné de bons résultats. L'opérateur ne devra pas d'ailleurs se contenter d’une seule réaction, la certitude d'une détermination reposant uniquement sur la concordance d'observations multiples. De là plusieurs sé- ries de manipulations destinées à éclaircir les préparations, à fixer les formes microscopiques, à contracter les organites, pré- cipiter ou dissoudre certaines substances, à les colorer, et enfin à les conserver. J. CLARIFICATION. 1. — En général, on éclaircit les tissus en même temps qu'on les amincit, On recourt dans ce but aux alcalis (ammoniaque ou potasse), à la glycérine, aux acides chromique, acétique, carbo- lique et nitrique. AMMONIAQUE. — M. Dippel * s'est servi de l’'ammoniaque 1 M. Poulsen a récemment publié sur ce sujet, à Copenhague, un petit livre fort bien fait qui vient d’être traduit ea allemand par M. Müller, et auquel nous allons faire, comme on va le voir, de nombreux emprunts. Cet opuscule a pour titre, dans la traduction allemande : « Bolanische Microchemie, von V. A. Poulsen, übersetzt von Carl. Müller ; Cassel, Verlag von Th. Fischer, 1881 ». 2 Das Mikroskop, 1, pag. 279. PROCÉDÉS OPÉRATOIRES EN HISTOLOGIE VÉGÉTALE. 439 pour éclaircir des coupes tendres de végétaux dont les tissus eussent été dilacérés par un séjour trop prolongé dans l’alcali concentré. Ce gaz ammoniac se dégageant rapidement à l’air libre, l’action qu'il exerce sur ies issus dans un cristallisoir s'affaiblit à mesure que les coupes s’amincissent,. Porasse. — Cette substance est d’un usage plus général que l’ammoniaque. Elle amincit surtout les membranes de cellulose. M. Poulsen ‘, MM. Nægeli *, Dippel *, Wiesner “ et Sachs * l'ont éprouvée dans des recherches bien différentes, et sont unanimes à en recommander l'emploi pour amincir et rendre plus nettes les parois cellulaires. Eu solution faible, elle éclaircit aussi le protoplasma. On la dissout dans l’eau ou l’alcool. On fait agir la solution, soit sur les préparations mêmes, soil sur les organes avant de les couper. Dans ce cas, c’est la solu- tion alcoolique qui est la meilleure. M. Russow * en a fait une bonne préparation en versant dans l’alcool à 85 ou 90 °/, une solution aqueuse concentrée de potasse en quantité telle, qu’a- près vingt-quatre heures il y ait un dépôt au fond du vase. Il suf- fit alors de décanter la liqueur pour l’obtenir à l’état convenable. M. Hanstein ” en a fait usage pour étudier la coiffe et l’em- bryon. Les coupes de tiges, de feuilles ou de racines que l’on y plonge, y acquièrent une grande netteté. M. Hanstein les y laisse séjourner pendant plusieurs heures, puis il les lave à l’acide chlorhydrique très étendu ou à l’acide acétique faible, de façon à neutraliser l’alcali. Quelquefois ce dernier traitement assombrit 1 Loc, cit. 2 Das Mikroskop, 1877, pag, 472 et 1525. 3 Das Mikroskop, I, pag. 278. 4 Technische Mikroskopie, 1867, passim. 5 Ueber die Stoffe, welche das material der Zellhaute liefern, ia Pringsh. Jahrb., III, 1863. 8 Mém. de l'Académiede Saint-Pélersbourg, sér. VII, tom. XIX, n° 1, pag. 15. 7 Die Entwicklung des Keimes der Monocotyl. und Dicotyl,, in Bot. Abhandl. Bonn, 1870, 3e sér . tom, 1, a] 440 MÉMOIRES ORIGINAUX. les cellules : on expose alors les préparations à l’action de l’am. moniaque et on les lave à l’eau distillée avant de les mettre dans la glycérine, où elles s’éclaircissent encore". GLYGÉRINE. — Ce liquide éclaircit seulement à la longue les minces objets que l’on y conserve. On avive cetie propriété en ajoutant de l’acide acétique à la glycérine. ACIDE ACÉTIQUE. — L'effet de cet acide est très sensible quand on a soin de laver les préparations à l’eau distillée avant de le faire agir. Il vient en aide à l’examen des noyaux, qu’il rend plus visibles, surtout par effet de contraste, rendant soluble dans l’eau le protoplasma qui les entoure. PHÉNOL. — M. Eug. Warming, dont les intéressants travaux sur les bactéries et les monades sont bien connus, a trouvé dans le phénol un agent précieux pour éclaircir ces petits organismes. ALCOOL ET ACIDE NITRIQUE. — Nous avons obtenu des prépa- rations de La plus grande minceur et de la plus grande clarté * en opérant de la façon suivante : Nous plaçons dans un verre de montre les objets à amincir (coupes de tiges ou de racines); nous y ajoutons de l’alcool à 36° dans lequel nous versons goutte à goutte de l'acide nitrique con- centré, jusqu'à ce que des vapeurs rutilantes d'acide hypo-azoli- que se dégagent. — Si les préparations sont violemment atta- quées, nous recouvrons le verre de montre d’une petite cloche de cristal, surveillant à travers la paroi ce qui se passe dans le liquide : dès que les préparations remontent à la surface du mé- lange, nous soulevons la cloche et, au moyen de deux aiguilles de bois, nous les refoulons sur le fond du verre. Quand il n’y a pas, à froid, dégagement de vapeurs rutilan- tes, nous enflammons l’alcool pour le concentrer davantage, et nous chauffons le verre de montre au-dessus d’un bec de gaz dont une toile métallique le sépare. 1 Poulsen; /bid. 2 Recherches sur l'appareil téqumentaire des Racines, 1 vol. avec 8 planches sur cuivre et 50 planches microphotographiques. Paris, Masson, 1881. PROCÉDÉS OPÉRATOIRES EN HISTOLOGIE VÉGÉTALE. 4e Dans ces conditions, les parois cellulaires subissent un amin- cissement considérable, mais tout leur contenu disparait. Elles deviennent tellement fines que la difficulté est de les enlever de l’eau du cristallisoir où l’on a renversé le verre de montre pour les porter dans la glycérine du porte-objet. Nous y sommes ar- rivé en ajoutant à l'alcool encore chaud un peu de chloroforme ; ce traitement durcit les préparations, que l’on peut alors trans- porter à l’aide de petites pelles de bois dans la glycérine, où elles ne tardent pas à recouvrer la même souplesse que dans le verre de montre. Des coupes végétales ainsi préparées nous avons obtenu de meilleures photographies qu’en opérant sur les coupes dues aux autres procédés. ACIDE GHROMIQUE. — Suivant Hohnel ‘, cet acide éclaircit les tissus de nature subéreuss, les cellules du liège, les épidermes, les cuticules, les enveloppes des grains de pollen, au point de rendre parfaitement visibles des détails qui, sans réactif, n’eus- sent pas élé aperçus. La solution de l'acide chromique comporte des degrés très différents de concentration. L'important, c’est qu’elle soit exempte d'acide sulfurique. CHLORURE DE CALGIUM. — Quand on veut éclaircir la prépa- ration sans l’amincir, il peut être très utile, surtout si les tissus sont jeunes, de recourir au procédé employé par M. Treub ?, puis par M. Flahault *, et qui consiste, comme le dit ce dernier auteur, « à placer les coupes dans un verre de montre ou une petite capsule de porcelaine avec une ou deux gouttes d’eau ; on recouvre la goutte d’un peu de chlorure de calcium sec en poudre ; on fait chauffer lentement sur une petite flamme, jus- qu'à ce que la dessiccation soit à peu près complète ; on sous- 1 Ueber Kork; Sitzungsber. der Wiener Acad., 1877, I Abth. 2 Le méristème primilif de la racine des monocotylédones. Leyde, 1876. 3 Recherches sur l'accroissement terminal de la racine chez les Phanérogames, Ann. Sc. Nat., 6° série, tom. VI, 1878, pag. 24. 442 MÉMOIRES ORIGINAUX. trait aussilôt les coupes à l’action de la flamme et l’on ajoute quelques gouttes d’eau, qui dissolvent le chlorure de calcium. Les coupes nagent immédiatement dans l’eau; il suffit de les re- cueillir et de les placer dans la glycérine, où elles atteignent après quelques heures une transparence suffisante. Ce traitement a pour effet, non pas de dissoudre tout ce que contiennent les cellules, mais d’assombrir leur contenu, en épaississant légère- ment les parois primitivement très minces ; ces parois deviennent en même temps claires et brillantes. L’opacité du contenu cellu- laire empêche d'étudier en même temps et de confondre plusieurs plans de cellules. IT. FIXATION DES FORMES. Les parties ternaires du végétal étant généralement assez ri- gides, on n’a guère besoin de fixer que la matière protéique (le protoplasma, les noyaux, les cils vibratiles, etc...). On em- ploie à cet effet les agents suivants : ALCOOL ABSOLU, — À la condition d’être absolu, l’alcool fixe le protoplasma sans le contracter. On peut le faire agir directe- ment sur les préparations à examiner, ou bien sur les organes avant de les couper. M. Strasburger a étudié de cette dernière façon la formation des cellules de l’/ris pumila. En plongeant dans l'alcool absolu le Spirogyra orthospira aux différentes heu- res de la nuit, cet observateur a réussi à fixer les diverses pha- ses de la division du noyau chez cette algue, qu'il devenait alors très facile d'étudier à la lumière, sans l’allérer, le lendemain et les jours suivants. Le même savant a réussi à retarder la divi- sion jusqu'au matin, en plaçant les Spirogyra dans une pièce non chauffée au mois de novembre. Il put ainsi suivra au micros- cope tous les phénomènes de la division, et les fixer au moment le plus convenable en plongeant la plante dans l'alcool absolu. ACIDE CHROMIQUE. — M. L. Guignard a employé avec succés l'acide chromique pour fixer les noyaux dans le sac em- PROCÉDÉS OPÉRATOIRES EN HISTOLOGIE VÉGÉTALE. 443 bryonnaire des Mimosées ‘. Les bons résultats qu'il en a obtenus autorisent à considérer le réactif comme l’un des plus précieux de la microchimie végétale. ACIDE OsMIQUE. — L’acide osmique, en fixant les formes, présente l’avantage d’éclaircir le protoplasma et les cloisons cellulaires, mais a aussi l’inconvénient de détruire le protoplasma après quelques heures d’action. M. Strasburger s’en est servi néanmoins dans son étude sur la division des noyaux. Il plaçait les plantes dans de l’eau contenant -+ de sucre, et il y ajoutait une ou deux gouttes d’une solution d’acide osmique à 1 pour 100. M. Vignal? et M. Certes * ont appelé l'attention des natura- listes sur les bons résultats qu’on obtient de l’acide osmiqus pour fixer instantanément les formes des organismes inférieurs (noctiluques, infusoires, algues, zoospores, microbes des mala- dies virulentes, etc.). Le plus souvent, il suffitd’exposer pendant cinq minutes aux vapeurs d’une solution d’acide osmique à 1 °/,, les organismes déposés sir le porte-objet. Mais s'ils sont très contractiles, il est préférable de les traiter directement par l'acide liquide, après que tout ébranlement du porte-objet a cessé. M. Certes ‘ est parvenu à supprimer l’action corrosive de l’a- cide osmique. Il met dans une éprouvette renfermant 30 centim. cubes d’eau distillée les organismes qu'il désire étudier, ou quel- ques gouttes dé l’eau dont il se propose de faire l’analyse micro- graphique. Il y ajoute À centim. cube d’acide osmique à ‘/, °Jo. Quelques minutes après, il verse dans l’éprouvette autant d’eau qu’elle peut en contenir, et il la laisse reposer pendant vingt- quatre ou même quarante-huit heures. Toutes les algues, les spores, les bactéries, les monades, les vibrions, les amibes, les 1 Bull. Soc. Bot., 25 juin 1880. 2 Recherches histologiques et physiologiques sur les Noctiluques, in Arch. de Physiol., 1878. 3 Surune méthode de conservation des infusoires; Comptes rendus, 3 mars 1879. # Sur l'analyse micrographique des eaux; Comptes rendus, 14 juin 1880. 444 __ MÉMOIRES ORIGINAUX. infusoires, qui primitivement nageaient dans l'eau, sont aiors dé- poséssur le fond de l’éprouvette. On les recueille au moyen d'une pipette, après décantation de la majeure partie du liquide. Nous conservons depuis onze mois, dans l’éprouvette même où ils ont été tués, des monas qui, pendant la vie, étaient doués d’une grande agilité. Leurforme n’a subi jusqu'à présent aucune altération. Elle est exactement celle qu'ils présentaient au mo- ment où ils ont été saisis par l'acide osmique. Nous fondant sur les propriétés fixatives de cet agent, nous avons cherché à en faire usage pour détermiver dans un orga-. pisme les parties douées de motilité spontanée. Nous avions à décider siles longs filaments caudaux, dont nous avions reconnu l'existence chezle Bacterium rubescens de M. Ray Lankester, sont contractiles, s'ils sont actifs ou passifs dans la locomotion. Dans ce but, nous versions dans deux verres de montre de l’eau distillée et quelques gouttes de l’eau où ilsse multipliaient en abondance. Au contenu d’un des deux verres de montre, nous ajoutions une goutte d'acide osmique convenablement dilué, puis nous l’étendions d’eau distillée. Quand, après un repos de vingt-quatre heures, nous coloriions les organismes de ce dernier verre au moyen des réactfs dont uous parlerons plus loin, rous arrivions à mettre les longs fila- ments en évidence ; il nous était au contraire impossible de le faire pour les organismes de l’autre verre de montre ; phénomène que nous attribuons à une contraction du filament dans ce dernier cas, à un défaut de contraction dans le cas de fixation par l'acide osmique ‘. SOLUTION ALCOOLIQUE DE SUBLIMÉ CORROSIF. — L'effet de cetle solution, employée comme fixative, est rapide, mais de très courte durée. On s’en sert avec avantage pour étudier l’aleurone. 1 Bull, Soc. Bot., 2e série, tom. IN], 22 Juillet 1881. Qt PROCÉDÉS OPÉRATOIRES EN HISTOLOGIE VÉGÉTALE. 44 III. CONTRACTION. On sait que le protoplasma, libre comme les plasmodes des myxomycètes, ou entouré d'une membrane ternaire comme chez les végétaux pluricellulaires, présente à sa périphérie une couche hyaline qui demeure en parfaite continuité avec le reste du protoplasma, tout en s’en distinguant par son aspect hyalin et une plus grande réfringence. Dans la profondeur du protoplasma, une bordure de même nature se constitue au- tour des vacuoles, quand il y en a. C’est celte couche membra- neuse qui règle les phénomènes osmotiques de la cellule. Elle est très perméable à l’eau, très peu aux sels qui y sont dissous, de sorte qu’en plaçant la cellule dans l’eau pure ou l’eau chargée de sels, on augmente ou on diminue la capacité das vacuoles, on dilate ou on contracte le protoplasma. Parmi les substances qui produisent le second effet, il faut citer l’eau sucrée, la solution aqueuse faible de chlorate de po- tasse, l’alcool étendu, la glycérine, et l'acide sulfurique. Ces agents contractent le protoplasma au point de le détacher de la membrane cellulaire. Ils lui donnent en même temps une con- sistance qui permet de le mieux distinguer. L'EAU SUCRÉE, introduite progressivement dans les prépara- tions, rétrécit lcs vacuoles sans tuer le protoplasma ; lorsque le suc cellulaire est abondant, comme dans les cellules un peu âgécs des Spirogyra et des Œdogonium, il peut arriver que le vo- lume du protoplasma se réduise de moitié ‘. L’ALcooL tue toujours le protoplasma. Il ne le contracte qu’à la condition d’être ÉrENDU ; plus son action est lente, plus sensi- ble en est l'effet. Rétréci par cet agent, le corps protoplasmique devient dur et résistant. La GLYCÉRINE produit un résultat analogue, avec cette diffé- 1 Ph. Van Tieghem; Trailé de Bolanique, pag. 413. Paris, 1882. Savy, éditeur. 4460 MÉMOIRES ORIGINAUX. rence toutefois que le protoplasma n’y acquiert pas la même rigidité. L’ACIDE SULFURIQUE agit dans le même sens avec plus d’éner- gie et de rapidité. Aussi importe-t-il d'en suspendre l’action dès que la contraction a eu lieu; elle le détruirait si elle était pro- longée. Les ACIDES MINÉRAUX en général se comportent d’une façon semblable. Ces diverses substances, fréquemment employées dans l’exa- men du protoplasma des végétanx supérieurs, s'appliquent aussi à l'étude des cryptogames inférieurs, que la simplicité de leur structure place aux confins des deux règnes organiques. L'alcool étendu, la glycérine, les acides minéraux, en absorbant de l’eau, réduisent le volume des masses protoplasmiques non entourées de membrane cellulaire et privées de vacuoles. Nous nous en sommes servi avec succès pour déterminer la contraction géné- rale du corps du Monas Okenii Ehr., et montrer par là même que ce microbe, absolument dénué d’enveloppe ternaire, doit être éloigné des bactéries et rapproché des organismes nudofla- gellés. Connaissant les moyens d’éclaircir les tissus, de contracter les organismes et de les fixer dans leurs formes, nous devons main- tenant chercher quels ordres d'éléments histologiques ou de pro- duits de l’économie sont susceptibles d’être décelés par voie de cristallisation, de destruction et de coloration. Dans chacun de ces {rois cas, nous suivrons l’ordre inverse de celui que nous avons adopté jusqu'ici : au lieu d'indiquer pour chaque réactif les diverses substances à la détermination desquelles il est affecté, nous examinerons les diverses substances, et, pour chacune d'elles, nous exposerons les opérations microchimiques qui s’y rapportent. PROCÉDÉS OPÉRATOIRES EN HISTOLOGIE VÉGÉTALE. 417 IV. PRÉCIPITATION, CRISTALLISATION. Les substances dont on détermine la précipitation ou la cris- tallisation à l’intérieur des cellules sont l’asparagine, l’inuline et les saccharoses. O2 peut en provoquer le dépôt en les traitant par une solution qui contient des principes différents de ceux que l’on cherche, ou bien, suivant la méthode inaugurée par M. Borodin ‘, saturée de la matière même que l’on se propose de déceler. ASPARAGINE. — C’est ainsi que l’asparagine cristallise dans les cellules quand on la traite par une solution saturée d’asparagine. C'est même le meilleur moyen de la mettre en évidence. — On l’obtient en plus grande quantité en plongeant les tissus dans l'alcool absolu, qui, en s’évaporant plus tard, laisse l’asparagine cristalliser. Mais comme l'alcool s'empare aussi d’autres sub- stances capables de cristalliser, pour la reconnaître on traite tous les cristaux par une solution concentrée d’asparagine dans laquelle cette substance seule reste cristallisée *. Il faut observer que le tissu où l’on veut l’étudier doit être en vie active, puisque l’asparagine, qui est un acide du bima- late d’'ammoniaque, constitue un produit de sécrétion, en quelque sorte l’urée des végétaux. INULINE. — On peut obtenir l’inuline solide dans les cellules sous deux états différents : à l’état amorphe ou à l’état cristal- lisé. La dessiccation produit la précipitation de cette substance qui existait auparavant dissoute dans le suc cellulaire : elle est amorphe, le plus souvent. Cependant, quand la dessiccation est très lente, elle cristallise. La macération prolongée des organes de réserve dans l'alcool entraîne la formation des sphéro-cristaux d’inuline. Lorsqu'on 1 Borodin ; Bot. Zeit., 1878, pag. 804. 2 Borodin, loc. cit. 448 MÉMOIRES ORIGINAUX. fait des coupes du tissu ainsi préparé, on y ajoute un peu d’a- cide acétique, et on les met dans la glycérine. L'alcool dont on se sert doit être étendu d’eau. Il y a avan- tage à réduire insensiblement par l’évaporation la quantité d’eau ajoutée à l'alcool, et à maintenir le niveau du liquide dars le vase, en y ajoutant progressivement de l'alcool absolu. Quand on n’a pas le temps de laisser les organes séjourner dans l'alcool avant d’y pratiquer des coupes, on peut faire agir sur les coupes elles-mêmes l'alcool absolu ou l’éther. Dans ce cas, on obtient un dépôt d’inuline amorphe. SACCHAROSE. — Les saccharoses sont insolubles dans l'alcool absolu. Il suffit donc de traiter les cellules saccharigènes par cet agent, pour déterminer la cristallisation du saccharose. M. Bonnier‘ a souvent eu recours à ce procédé dans l'étude qu'il a faite des nectaires. Comme vérification, il traitait la partie solu ble du tissu par l'alcool à 80°, puis par l’éther : il voyait alors apparaître dans le liquide des cristaux de même forme : « C'est encore le saccharose mis directement en évidence ». On peut aussi laisser sécher les coupes faites à travers les tissus à sucre. En s’évaporant, le suc cellulaire abandonne les saccharoses sous forme de cristaux en étoiles, dont il devient alors possible de reconnaître le système cristallographique. ALEURONE. — C’est ici le lieu d'indiquer le moyen de préserver de la dissolution dans l’eau la partie protéique des grains d’aleurone. On sait que chez plusieurs plantes, par exemple la pivoine, cette partie du grain est très soluble dans l’eau. On l'y rend insoluble en la soumettant d'abord à l’action de la solution alcoolique de bichlorure de mercure. C'est même sur ce phéno- mène que M. Pfeffer s’est fondé pour établir la présence d’une matière quaternaire, azotée, dans le grain d’aleurone ?. 1 Les Nectaires; Ann. Sc. Nal., 1879. 2 Pfeffer; Jahrbücher für wiss. Botanik, tom. VIIL, Heft 4, 1872. PROCÉDÉS OPÉRATOIRES EN HISTOLOGIE VÉGÉTALE. 449 V. — DISSOLUTION, DESTRUCTION. On dissout certaines subtances, soit dans le but de les déter- miner, soit le plus souvent pour mieux voir les éléments qu'elles masquent. Ainsi, il n'est pas rare que l’on détruise le proto- plasma pour rendre le noyau plus visible. ProTopLAsMA. — Pour mettre le noyau en lumière, on traite le tissu par l’acide acétique, qui éclaircit, puis dissout le proto- plasma. La solution concentrée de potasse le détruit, mais elle attaque aussi les noyaux. On ne l’emploie guère que pour obtenir le squelette membraneux du tissu. ALEURONE. — L’acide sulfurique détruit la totalité des grains d’aleurone. MATIÈRES GRASSES. — [Les matières grasses présentent au microscope une réfringence spéciale qui les distingue des autres substances renfermées dans les tissus. Leurs dissolvants les plus généraux sont l’éther et les essences ; souvent aussi on emploie à cet effet l’alcoo!, le chloroforme, la benzine. Les matières grasses qui existent à l’état solide dans les plantes et que l’on désigne sous le nom de Beurres végétaux (beurres de coco, de cacao, de muscade, cire de Japon, huile de palme, hrile de laurier, etc.), se dissolvent, comme les graisses liquides, dans l’éther et les essences. On recommande souvent l'usage de l’alcool pour ravir leur huile aux coupes de l’albumen, de l'embryon ou des cotylédons des graines oléagineuses ; nous devons faire observer que l’éther agit plus rapidement, et que d’ailleurs plusieurs huiles ne sont qu'en partie solubles dans l'alcool : telles l'huile de lin, de chènevis, de pavot, de cretone, et de noix". HuILES ESSENTIELLES. — Ces huiles sont très inégalement 1 Voyez : Planchon ; Traité pratique de la détermination des drogues simples d’origine végétale, tom. II. 450 MÉMOIRES ORIGINAUX. solubles dans l'alcool ou l’éther. Elles se dissolvent toutes dans les huiles grasses. C’est à l’état de baumes ou d'oléo-résines qu’elles existent dans les tissus. Les huiles non volatiles, dans lesquelles les substances résineuses sont insolubles, permettent de les extraire. Mais comme l'emploi des huiles fixes est incommode, parce qu'il est difficile d’en débarrasser les préparations qui en ont été imprégnées, nous indiquons, d’après M. Planchon!, les caractères de solubilité et de densité de plusieurs essences qu’il est utile de connaître pour en débarrasser les coupes. À. Essences plus denses que l’eau : Essences d'amandes amères, de girofle, de moutarde, de can- nelle. B. Essences moins denses que l’eau : Camphre. Essence de roses, soluble dans l'acide sulfurique ; Essence d’anis ; lorqu’on y ajoute de l’acide sulfurique en quantité suffisante, la solution se différencie en deux couches, dont une seule est fluide ; Essence des Conifères, soluble seulement dans plusieurs volu- mes d'alcool ; Essence de lavande, soluble dans un volume d’alcoo)l ; Essence de romarin, de menthe et de thym, très solubles dans l'alcool. RÉSINES. — Lorsqu on veutétudier les canaux oléo-résineux des plantes, notamment chez les Conifères, les Cycadées, les Aroïdées, les Ombellifères, les Araliacées, les Composées, et les Clusiacées, où is sont très développés, il faut, comme l'ont fail MM. Sachs, Trécul ?, N.-J.-C. Müller et Ph. Van Tieghem *, 1 Ibid., tom. II. 2 Botanische Zeitung, 1859, paz. 177-185. ° 3 Journal de l'Institut, 6 août 1862, et Ann. Sc. Nat, 5esérie, tom. V et VII. 4 Untersuchungen über die Vertheilung der Holze, 1867. 5 Mémoire sur les canaux sécréteurs des plantes. Ann. Sc. Nut., 5e série, tom. XVI, 1872. PROCÉDÉS OPÉRATOIRES EN HISTOLOGIE VÉGÉTALE. 451 éliminer les résines qui s'accumulent dans les méats où elles étaient primitivement unies aux huiles essentielles. Il en est ainsi des résines proprement dites (béluline, colophane, jalap, laque, etc.), les baumes (de tolu, de benjoin, etc.), les gommes- résines (somme-gutte, etc.). Ces substances, abondantes dans les coupes des tissus âgés, empêchent le plus souvent d'étudier les cellules oléigènes. On peut les dissoudre complètement dans les huiles grasses, en opérant à chaud. Mais en général il est préfé- rable de les traiter par les essences, l’éther ou l’alcool, qui à la température ordinaire en dissolvent la majeure partie. Le peu qui reste dans les méats ne nuit pas à l’examen de la préparation ; et d’autre part cette dissolution imparfaite de la résine, jointe à ses autres caractères, vient en aide pour la faire reconnaître. MATIÈRES CIREUSES. — Les matières cireuses des cuticules sont peu solubles dans l'alcool à froid, mais elles se dissolvent très rapidement dans l'alcool bouillant ou l’éther légèrement chauffé. Ce sont les coupes elles-mêmes que l’on soumet à l’ac- tion de ces liquides pour obtenir des cuticules parfaitement pu- res ou reconnaitre la nature c'reuse des substances développées à la surface de ces membranes. Latex. — Quand on fait des coupes d'organes pourvus de la- iex, il faut avoir soin de laver continuellement le rasoir et les préparations avec de l’éther, Sans cette précaution, le latex noir- cit le rasoir, et par suite les tissus que l’on sectionne, au point qu'il devient impossible de les étudier. Le caoutchouc est constitué par les corpuscules du latex de certaines plantes. Ces corpuscules se reconnaissent au microscope en ce qu'ils se gonflent dans les huiles volatiles, se dissolvent dans la benzine, le chloroforme et le sulfure de carbone. CeLLuLOSE. — La cellulose, telle qu’elle se présente le plus souvent dans les cellules, c’est-à-dire à un état de polymérisa. tion qui ne dépasse pas (C'*H'°0'°)*, est soluble dans le liquide ammoniaco-cuivrique de Schweizer. Plus condensée (exemple : moelle de sureau, parois des fibres épaissies, des vaisseaux 52 MÉMOIRES ORIGINAUX. he âgés, des cellules ligneuses), elle est insoluble dans le même réaclif. Le liquide de Schweïzer s’altère avec le temps ; aussi doit-il être employé fraîchement préparé. On l’obtient en versant de l’ammoniaque sur un entonnoir rempli de tournure de cuivre ; recu dans un vase, le liquide est versé à nouveau sur le cuivre jusqu’à ce qu’il manifeste une belle coloration bleue. La dissolution de la cellulose ne s’effectuant que dans une grande quantité de l’azotite d’ammoniaque, il faut avoir soin d’en faire passer un courant continu entre les deux verres qui compriment la préparation microscopique. On se sert pour cela de morceaux de papier à filtre qui absorbent le liquide vers un bord du couvre-objet, tandis que contre l’autre bord on dépose les gouttes du dissolvant. On diminue la lenteur de l'opération en supprimant le couvre-objet, lorsqu'on agit sur de grandes coupes. On peut aussi, quand les préparations sont nombreuses et ré- sistantes, les agiter toutes ensemble dans un petit flacon rempli du liquide de Schweizer, et les observer après les avoir lavées à plusieurs eaux. C’est le procédé le plus rapide. Mais, pour peu que les préparations soient délicates, la première méthode est la seule praticable : l’opérateur doit suivre au microscope les di- vers stades de la dissolution. L'observation est facile à un faible grossissement; mais, dès qu'elle exige plus de 200 diamètres, elle devient pénible. Dans ce cas, il vaut mieux grossir, en aug- mentant uniquement la puissance de l’oculaire : les objectifs forts ne conviennent pas; la distance de leur lentille frontale à la préparation est si petite qu'ils risquent d’êlre mouillés par le réactif. La fermentation butyrique offre un moyen, moins rapide mais plus précis, d'isoler dans une préparation toutes les mem- branes non cellulosiques en déterminant la cellulose. On place dans un verre d’eau les organes ou les coupes dont on veut éli- miner les parties purement cellulosiques. On y ajoute des mor- ceaux, soit de racines de radis, soit de graines de haricot ou de PROCÉDÉS OPÉRATOIRES EN HISTOLOGIE VÉGÉTALE. 453 fève, une très petite quantité de sucre et du carbonate de chaux en poudre. On agite le mélange et on l’abandonne à l'air. On active la fermentation en maintenant le vase à la température de + 30° environ. Quand, un excès de carbonate de chaux subsistant, il n’y a plus dégagement de gaz, le Bacillus Amylobacter a formé sa spore et la fermentation a cessé; toute la cellulose a été, par une série d'hydratations successives, convertie en glucose, et le glu- cose dédoublé en acide carbonique et acide butyrique. Le rôle du carbonate de chaux est de permettre la formation du butyrate de chaux, à mesure que l'acide butyrique se produit; libre, cet acide, s’accumalant dans le liquide, y arrêterait le développe- ment du Bacillus bien avant la destruction de toute la cellulose. Comme la liqueur de Schweizer, le ferment hutyrique n’atta- que pas la cellulose dont la condensation dépasse (G'? H'° O'o)*. L'action du microbe est mème tellement spéciale qu’elle ne s’exerce que sur une certaine sorte de ce polymère, biea qu’au- cun réactif chimique n’y montre deux variétés. Ainsi les cellules des Chara et des Elodea, quoique se dissolvant dans l'azotite d'ammoniaque, ne sont pas altérées par le Bacillus Amylobacter. En général, cet agent microscopique respecte l’amidon, qui est un polymère moins élevé que la cellulose. Cependant M. Van Tieghem a reconnu que chez quelques plantes, à l'inverse de ce qui se passe d'ordinaire, ce microbe fait subir aux grains amy- lacés la fermentation butyrique, sans détruire ou avant de dé- truire les parois des cellules où il s’est introduit. Il en est ainsi dans la racine de l’Adoza Moschatellina *. Il est facile d'étudier au microscope et à un fort grossissement le cours de la fermentation butyrique. Il faut seulement veiller à ce que la préparation ne se dessèche pas et ne reçoive pas le con- tact de l’air, mortel pour le Bacillus Amylobacter. CRISTAUX DE CARBONATE DE CHAUX. — À l’état de cystolithes 1 Van Tieghem; Anatomie de la Moschatelline; Bull. Soc. Bot., 2e strie, tom. II, pag. 282. Séance du 9 juillet 1880. 454 MÉMOIRES ORIGINAUX. ou de très petits cristaux granuleux, le carbonate de chaux n’est pas rare dans le protoplasma ou les cloisons des cellules (ex : plasmodies des Physarées, cellules épidermiques de plusieurs Urticées, membranes des Corallina et des Acetabularia). Les aci- des, et particulièrement l’acide chlorhydrique, le dissolvent en dégageant sous forme de bulles l'acide carbonique qu’il con- tient. Ce dégagement, facile à observer au microscope, est très caractéristique. CRISTAUX D'OXALATE DE CHAUX. — Ces cristaux, bien plus fré- quents queles précédents, s’en distinguent, au point de vue chi- mique, en ce qu'ils sont insolubles dans l’acide acétique, solu- bles sans dégagement de gaz dans l'acide chlorhydrique. Il est utile d'effectuer ces réactions pour les cristaux du sys- tème quadralique à six équivalents d’eau. Mais pour les raphides du système clinorhombique à deux équivalents d’eau, elles sont presque toujours superflues, leur forme suffisant à en révéler la nature. (A suivre.) RECHERCEHES SUR LE SYSTÈME LYMPHATIQUE DE LA RANA TEMPORARIAL. Par S. JOURDAIN. (Suite.t) DEUXIÈME PARTIE SINUS ORBITO=PALATINS (PI. IV, fig. 15, OP). En décrivant le sac lymphatique dorso-crânien, nous avons signalé l’existence de pertuis (oC0”, fig. 6), situés au-dessous äe l’angle antérieur de l’œil, mettant ce réservoir sous-cutané en communication avec des sinus occupant la région palatine, sinus que nous désignons sous le nom d’orbito-palatins. Lorsque ces sinus OP sont distendus, soit par insuflation, soit par injection, ils se montrent sous l’apparence de deux éminences hémisphériques faisant saillie dans la région palatine. Ils sont limités, en dessous, par la portion de l’aponévrose palatine qui ferme les trous orbito-palatins, en s’insérant, en avant, aux pala- tins, en dehors, aux ptérygoïdiens et, en dedans, au sphénoïde. Sur la ligne médiane, c’est-à-dire sur le corps du sphénoïde, le sinus de droite et celui de gauche sont contigus. Le septum qui correspond à la ligne de tangence s’interrompt en arrière, de telle sorte que la cavité des deux sinus se confond. En outre, il n’existe point de cloison transverse à la partie postérieure de ces mêmes sinus, dans la portion comprise entre l’orifice de la trompe auditive et le corps du sphénoïde, d’où la production d’un large hiatus qui fait communiquer les sinus OP avec un réservoir transverse, le sinus basilaire BS, qui semble ainsi être le confluent postérieur des orbito-palatis, 1 Voir numéro de Décembre 1881. 3e sér., tom. 1. 32 456 MÉMOIRES ORIGINAUX. Une grande partie de la surface du globe de l'œil est baignée par la lymphe, qui paraît être en contact immédiat avec les muscles, les nerfs, et les vaisseaux de l’organe de la vision, mais qui en est séparée, comme partout ailleurs, par un revêtement épithélial. En certains points, tels que les paupières, et particulièrement dans la membrane nictitante, la lymphe circule dans des canaux vascularisés qui accompagnent les vaisseaux à sang rouge. Le plus ordinairement un vasolymphe flanque de chaque côté les vaisseaux à sang coloré, veine ou artère. Ces deux vasolymphes sont réunis à leur tour, en dessus et en dessous du vaisseau dont ils sont satellites, par des branches anastomotiques diversement inclinées et espacées. Langer (op. cit.), qui a étudié avec soin les vasolymphes de la membrane nictitante des Rana, résume ainsi ses observations: « Man denke sich in der Nickhaut an jeder Seite eines Blutrohr- chens je ein Lymphrôührchen, dann die zwei Lymphrührchen, welche an den abgehenden Astchen einander zugewendet sind, durch einen in den Theilungswinkel des Blutgefasses eingelegten Bogen mit einander verbunden, so bat man das reinste Bild einer Jovagiration der Blutrôbren in die Lymphrobren, welche letztere our Saüme der Blutrohren darzustellen scheinen. Wenn aber durch Injection und natürliche Füllzung die beiden am Blut- rürchen entlang gehenden Lymphsaüme als von einander ges- chiedene Canälchen nachweisbar sind, wenn ferner zwischen diesen zwei Canälchen brückenformige, über das Blutgefäss binweggehende anastomotische Rührchen hervortreten, und auch am Angange der Æstchen solche Brücken sichbar werden, durch welche der in den Theilungs winkel gelegte Lymphbogen mit einem der seitllche abliegenden, begleitenden Rôhrchen in Verbindung gebracht ist, so lôsst sich das Verhältniss ebenfalls wieder einfach auf jenes zurüch führen, welches zwischen den Arlerien und den sie begleitenden doppelten Venen besteht.» Lorsque les sinus orbito-palatins sont distendus par une injec- tion, l'œil devient saillant. Le même résultat se produit, pendant SYSTÈME LYMPHATIQUE DE LA RANA TEMPORARIA L. 457 la vie de l'animal, par l’accumulation de la lymphe dans ces mêmes sinus. Or, le plus ou moins desaillie des yeuxjouant un rôle important dans la physionomie des Rana, on voitqu'il existe un rapport entre les mouvements de la lymphe et les phé- nomènes d'expression. Il importe de remarquer que, si l’air ou une matière liquide passe aisément du sac dorso-crânien dans les sinus orbito-palatins, nous n’avons pu réussir, par contre, à remplir le sac dorso-crâà- nien par l'injection directe des orbilo-palatins. SINUS BASILAIRE (PI. IV, fig. 15, BS). Le sinus basilaire est un réservoir impair, étendu transversa- lement en arrière des sinus orbito-palatins, dont il forme en quelque sorte l’arrière-cavité. Sa face externe, recouverte par l’aponévrose et la muqueuse du pharynx, constitue l’arceau supérieur du détroit pharyngien. Sa face profonde est en rapport avec la portion basilaire du crâne, avec la première vertebre et, sur les côtés, avec les mus- cles sous-occipito-adscapulaires et les sinus vertébro-scapu- laires. Sa cavité est obliquement traversée d’avant en arrière et de dedans en dehors par le nerf pneumo-gastrique (10, fig. 15). Il se termine en arrière en un cul-de-sac qui est adossé au cul- de sac antérieur du grand sinus abdominal.N’oublions pas qu’il y a contiguilé el non continuilé directe entre ces deux réservoirs lymphatiques. Un orifice très étroit, à bords valvuliformes, pratiqué dans la voûte du sinus, au point où ce dernier est en contact avec les sinus vertébro-scapulaires, établit une communication entre ces réservoirs (0TS, fig. 15). Get orifice doit être recherché à la loupe à peu de distance du bord interne du muscle sous-occipito- adscapulaire 50a. 458 MÉMOIRES ORIGINAUX. SINUS LINGUAUX (PI. IV, fig. 15, 16, 17, LL.) — Leur RÔLE DANS LA PROJECTION DE LA LANGUE. De la partie postérieure du bord externe de chacun des sinus orbito-palatins, immédiatement en avant de l’orifice de la trompe auditive, se détache un vasolymphe très court (x, fig. 15) qui sa dirige obliquement d’arrière en avant, de haut en bas et de dedans en dehors pour s’unir à un autre vasolymphe, très court également (y, fig. 15), issu du bord antérieur et externe du sinus basilaire. De la réunion de ces deux vasolymphes + et, résulte un vasolymphe (à, fig. 15) qui contourne en arrière la commis- sure buccale. Les deux troncs à, à leur tour,aboutissent à des réservoirs mé- dians situés dans l'épaisseur du plancher buccal et qu'on peut désigner sous les noms de sinus linguaux. SINUS LINGUAL SUPÉRIEUR. — Le vasolymphe à, qui parcourt d’arrière en avant le plancher buccal en dedans de l’are du maxil- laire inférieur, présente, à peu de distance de son origine, un orifice sur son côté interne (oLH, fig. 15). De cet orifice naît immédiatement : 1° un vasolymphe qui se dirige en arrière, sur les côtés de l’hyoïde, puis se recourbe brusquemeut en dedans, au-devant de la fente glotlique, pour s'unir à son congénère et former un canal transverse (e, fig. 15) dans lequel débouchent diverses branches d’un réseau lymphati- que périglottique, qui est en rapport d’autre part avec le sinus basilaire. 2° Un vasolymphe qui se dirige en avant et s’unit presque sur-le-champ à son congénère pour constiluer un ample confluent, situé immédiatement au-dessous de la muqueuse linguale, c’est le sinus lingual supérieur. Ce sinus se trouve placé dans le pli que forme la partie termi- nale, sensitive et glanduleuse de la langue en se repliant, à l’état de repos, sur la base de cet organe. Quand il est distendu, il relève et rejette, en la rabattant en avant, la partie terminale de SYSTÈME LYMPHATIQUE DF LA RANA TEM!:ORARIA L. 459 la langue et se présente alors sous l’apparence d’un renflement ovoïde, dont se détachent en avant des branches irrégulièrement vasculiformes qui s’enfoncent dans le disque lingual. Ce sinus, dont la paroi supérieure est sous-jacente à la muqueuse linguale, repose sur le muscle hyo-glosse qui se ramifie dendri- tiquement dans la partie terminale de la langue,et qui agit comme rétracteur de cette dernière. Latéralement, il s’étend sur une cloison horizontale qui sculient les vaisseaux et les nerfs linguaux. (PI. VII, fig. 20). SINUS LINGUAL INFÉRIEUR. — Ce sinus peut être considéré comme résultant de la confluence, à leur partie terminale, des deux vasolymphes y (PI. IV, fig. 15). Sa paroi supérieure n’est autre que le plancher du sinus lin- gual supérieur. Sa paroi intérieure est séparée de la voûte du sac gulaire par la lame aponévrotique qui soutient les génio-hyoi- diens, recouverts eux-mêmes par le sous-maxillaire. Le sinus lingual inférieur finit postérieurement en cul-de-sac, tandis que, en avant, il se continue avec les méats partiellement vascularisés qui occupent la partie terminale de la langue. Du ROLE DES SINUSLINGUAUX DANS LA PROJECTION DE LA LANGUE, — Les Grenouilles peuvent happer à distance les proies vivantes dont elles se nourrissent , en dardant brusquement sur celles-ci leur langue enduite à son extrémité d’un mucus visqueux, et en ramenant dans leur bouche, avec la même rapidité, la proie ainsi engluée,. On a tenté d'expliquer la projection et la rétraction instantanées de la langue par le simple jeu des muscles de cet organe. Après Townson, Dugés, reprenant l’étude de ces muscles, a cru pou- voir rendre compte des mouvements de la langue par l’action de deux paires de muscles antagonistes. Après avoir rappelé que le faisceau des génio-glosses s'adosse à celui des hyo-glosses, il dit : « Cet adossement constitue la base de la langue. Get organe, outre son épaisse membrane muqueuse, est ainsi composé jus- qu'au bout de deux couches musculaires dues à l'épanouissement 460 MÉMOIRES ORIGINAUX. des muscles précédents qui se divisent en faisceaux entrelacés et divergents vers ses bords, et d’autant plus courts qu'ils sont plus externes. La couche supérieure, dans l’état de repos, est for- mée par les génio-glosses et l’inférieure par les hyo-glosses; c’est le contraire quand la langue est projetée hors de la bouche. Ces quatre muscles ne pourraient assurément que raccourcir la langue si ceux de l’hyoïde ne venaient à leur secours. Pour que la langue couchée en arrière vers le gosier puisse être tirée en avant par les génio-glosses, il faut que l’hyoïde en élève la base au- dessus de l’arc de la mâchoire inférieure fortement abaissée; le muscle, agissant alors de bas en haut, relève l’organe et le pro- jette en avant... Dans les rétractions de la langue, au contraire, les hyo-glosses raccourcissent d’alord l'organe, mais ils ne le ren- versent aisément qu’autant que l'hyoïde fortement abaissé leur donne le moyen d’agir aussi de bas en haut. L’échancrure anté- rieure de ce cartilage sert alors de poulie de renvoi.» (Dugès, Recherches anatomiques et physiologiques sur la déglutition des Reptiles. Ann. des Sc. nat., 1° série, t. XII, 1827, p. 352.) Une double objection peut être faite à la théorie du naturaliste de Montpellier. 1° Son muscle génio-glosse consiste surtout en une masse de tissu élastique qui en fait bien plutôt une sorte de frein lingual. Donc, plus de protracteur. 2° Dans son mouvement de projection, ‘a langue devient légèrement turgide et s’allonge jusqu’à acquérir parfois la moitié (Dugès dil même les trois quarts) de la longueur du corps. La disposition des sinus linguaux qui vient d’être décrite nous permet, il nous semble, de fournir une explication plausible du mécanisme de la projection instantanée de la langue chez les Kana. En se reportant à cette description, on voit que la langue de la Rana temporaria est en rapport avec un ensemble de réservoirs lymphatiques (sinus orbito-palatins, basilaire et linguaux) qu'on peut jusqu’à un certain point considérer comme clos, à cause des orifices étroits qui lesfontcommuniquer avec les sinus voisins. SYSTÈME LYMPHATIQUE DE LA RANA TEMPORARIA L. AG! Supposons donc que, le sinus lingual inférieur étant déprimé, un flot de lymphe pénètre dans le sinus lingual supérieur et le dis- tende. La pointe de la langue sera rejetée en avant et la Iymphe, projetée dans celte pointe que forme en définitive un cœcum extensible, déterminera la turgescence el l’allongement qu’on y remarque. À cetle projection concourra bien entendu l’hyoïde, rapide- ment amené en avant par ses muscles protracteurs. La langue revient à sa position et à sa forme de repos par la déplétion rapide du sinus lingual supérieur et de ses diverti- culums extra-lingaux, dont le contenu passe dans le sinus lingual inférieur, et de là dans les orbito-palatins. Cette déplétion est produite par la contraction de l’hyo-glosse, qui coïncide, d’autre part, avec celle des rétracteurs de l'hyoide. Expérimentalement, il est possible de reproduire en partie les phénomènes de la projection linguale, en remplissant d’air ou d'un liquide, directement ou indirectement, le sinus lingual supérieur. SINUS THORACIQUES INTERNES ( PI. IV, fig. 15; PI, V, fig. 22, 23). À la face interne de la ceinture thoracique et des vertèbres qui lui correspondent, il existe un ensemble de cavités lympha- tiques assez irrégulières, dont l’ensemble peut être désigné sous la dénomination de sinus thoraciques internes. Pour la commodité de la description, il convient d’y distin- guer : 10 des réservoirs vertébro-scapulaires ; 2° des réservoirs coracoidiens ; 3° un réservoir sternal. Réservoirs vertébro-scapulaires. — Ils consistent en espaces situés en arrière du crâne, au-dessous des apophyses transverses des trois premières vertébres, et se continuent sur les côtés avec d’autres réservoirs, en rapport extérieurement avec les muscles et les os de la fosse sous-scapu'aire, traversés par les nerfs et les vaisseaux du membre antérieur, et en relation avec les méats péri-vasculaires de ces derniers 462 MÉMOIRES ORIGINAUX. Profondément, ces réservoirs sont en contact, en avant, avec le sinus basilaire ; en arrière, avec la portion la plus avancée du grand sinus abdominal interne; et, sur les côlés, avec le péri- toine. Un orifice très-étroit, déjà mentionné (oT'S", fig. 15), permet à la lymphe de passer du sinus basilaire dans les réservoirs ver- tébro-scapulaires. L’angle postéro-inférieur de ces réservoirs se prolonge de chaque côté jusque en arrière du caracoïdien, où il se termine en cul-de-sac. Chacun de ces diverticulums post-coracoïdiens communique avec le sac sous-cutané abdominal par un ou deux orifices, très-obliques, qui se voient dans l'intervalle des muscles abdomino-huméral et sterno-huméral, lesquels parais- sent représenter deux portions du grand pectoral des Mammi- fères (les deux orifices latéraux oAT", fig. 3). En arrière, un orifice en boutonnière (oBSA’, fig. 15), dont le troisième nerf intercostal garnit la lèvre inférieure comme un ourlet, établit une communication entre ces mêmes réser- voirs et le grand sinus abdominal interne. Cet orifice et la courte goutlière qui lui font suite correspondent au canal thoracique des Mammiferes. C’est en dehors et à peu de distance de l'orifice oBSA”, qu’au fond d’une dépression existant en arrière de l’apophyse trans- verse de la troisième vertébre, on aperçoit le cœur lymphatique antérieur, sur lequel nous reviendrons dans la suite. Panizza connaissait ces sinus vertébro-axillaires, et il a in- diqué leur relation avec le grand sinus abdominal interne. Il dit en effet (op. cit., p. xxix) : « Verso la fine del lato destro e sinistro della grande cisterna, in vicinanza dell’ apofisi traversa della quarta e quinta vertebra, la stessa grande cisterna si trova in relazione mediante un plesso con un altra borsa linfatica d’ir- regolare forma posta sotla la scapola in corrispondenza dell apofisi traverza della seconda, terza et quarta vertebra, e che per tale sua positione potrebbe appellarsi sotto-scapolare ». Mayer s'inscrit en faux contre Panizza au sujet de ce réservoir SYSTÉME LYMPHATIQUE DE LA RANA TEMPOTARIA L. 463 sous-scapulaire, qu'il met à tort sur le compte d’un accident d’in- jection : «Bursa autem lymphatica subscapularis nulla alia est ac fossa ranæ axillaris, quæ cum tenerrima tantum lamellula a cysterna illa magna secludatur, injectionis massa facile potuit oppleri, præsertim cum fossa hac axillaris omni pinguedine telaque conjunctiva orbata atque aponeurosi, quæ musculos inter adjacentes expanditur, obtecta sacculi speciem præ se ferat. » (Mayer, op. cit. p., 3.) Réservoirs coracoïdiens. — Les sinus vertébro-scapulaires sont en relalion, en dessous et en avant, avec des réservoirs lympha- tiques appliqués contre la face interne des pré-coracoïdiens et des coracoïdiens. D'’étroits pertuis font communiquer ces réservoirs avec le com- partiment thoracique du grand sac sous-cutané thoraco-latéral (oTT”, jig. 3). Réservoir sternal. — Au niveau des gros vaisseaux de la base du cœur, les réservoirs coracoïdiens se continuent avec un réservoir médian, dont l'étude est importante à cause des relations qu'il possède avec les vasolymphes des viscères abdo- minaux. Ce sinus est appliqué à la face interne de la plaque sternale, entre les sterno-hyoïdiens et le péricarde. En avant, il se continue avec les sinus irréguliers de la base du cœur et les vaisseaux lymphatiques des sacs pulmonaires. En arriére, ce sinus se recourbe de manière à contourner la pointe du sac péricardique et à se prolonger sur la face supé- rieure. Sa partie postérieure est mise en rapport avec le système chylifère ou des vasolymphes des viscères digestifs, par des vaisseaux plexiformes qui entourent la partie terminale de la veine abdominale antérieure, s’unissent aux vasolymphes du foie, de la vésicule biliaire et du pancréas (PI. V, fig. 26). Le sinus sternal communique avec le sac abdominal par l'in- termédiaire d’un petit orifice, parfois subdivisé par une bride 464% MÉMOIRES ORIGINAUX. fibreuse, qui est pratiqué dans l’épaisseur de la plaque terminale du xiphisternum (l’un des orifices oAT', fig. 3). Par cet orifice, on peut injecter complètement les lymphatiques des viscères abdominaux et les réservoirs thoraciques. C’est même par ce procédé que nous avons obtenu nos plus belles préparations. GRAND SINUS ABDOMINAL INTERNE (A, fig. 21, 22, 23, 24, 25, 26). — La grande Cisterne linfatica Panizza ; — Cysterna magna lymphatica Mayer. Tous les vasolymphes de la partie moyenne et terminale du tube digestif, ceux du foie, de la rate, des reins, des orga- nes de la génération et de la vessie, se rendent dans un vaste réservoir lymphatique placé entre la colonne vertébrale et la cavité péritonéale, depuis l'articulation de la première vertèbre jusqu’à l'extrémité postérieure de la cavité abdominale. Voici de quelle manière se trouve constitué l’espace réservé au grand sinus. Le péritoine, après avoir tapissé les parois internes de la face inférieure et des faces latérales de l'abdomen, arrivé au bord externe des muscles vertébraux, cesse de s'appliquer exacte- ment contre les parois de cette cavité. Le feuiilet péritonéal du côté droit et celui du côté gauche, devenus libres, s’éloignent de la paroi abdominale supérieure et se dirigent de haut en bas et de dehors en dedans, se rejoignent à une distance variable, et s’adossent pour former le mésentère. C’est dans l’espace ainsi limité, en dessus par la colonne ver- tébrale et les muscles vertébraux, et sur les côtés par les lames péritonéales qui se rapprochent graduellement, que se loge le grand réservoir abdominal. Ce réservoir se rétrécit en avant et s’avance jusqu'au niveau de la deuxième verlèbre, se terminant en un cul-de-sac adossé au siaus basilaire (PI. IV, fig. 15). Il se rétrécit de même en arrière, où il communique avec divers sacs sous-cutanés, ainsi qu’il a été dit plus haut. SYSTÈME LYMPHATIQUE DE LA RANA TEMPORARIA L. 465 Le grand sinus abdominal interne est traversé par les nerfs qui sortent des trous de conjugaison des cinq dernières vertè- bres, ainsi que par l'aorte et ses branches : « Hoc autem cavum vermulti nervi permultaque vasa, veluti arte præparata, cum ad viscera tum ad extremilates inferiores conversa percurrunt.» (Mayer; op. cit., pag. 2.) Ce sinus est en outre, dans sa moitié postérieure surtout, par- couru par un grand nombre de tractus très-grêles qui le cloison- nent très lâchement et irréguliérement. D'après cette description, on voit que le grand sinus représente inférieurement un biseau sinueux qui s'enfonce comme un coin entre les lames mésentériques. Il y a donc adossement du péri- toine aux parois du grand sinus. Devons-nous, à l'exemple de plusieurs anatomisies, admettre l'existence de canalicules très-courts (puits lymphatiques, etc.) établissant des communications entre la cavité péritonéale et le système lymphatique ? À la suite de recherches multipliées sur les Rana, nous n’hési- (ons pas à nous prononcer pour la négative. Dans tous les cas, en effet, le fond de ces formations, pourlesquelles nous avons proposé la dénomination provisoire de stomatoïdes, s’est montré clos. Dans ce cul-de-sac, on observe habituellement une accumulation de petiles cellules dont la signification et le rôle ne peuvent encore être précisés. Ajoutons que ces stomatoides se retrou- vent en grand nombre à la surface interne des sacs sous-cutanés. La portion du grand sinus qui pénètre dans l’écartement des lames mésentériques se vascularise dans l’épaisseur même du mésentère, pour se mettre en rapport avec le tube intestinal. Cette disposition a été bien reconnue par Rusconi etantérieu- rement par Panizza : ç« I linfatici delle intestina si portano sul’ mesenterio luugo il quale vanno riunendosi a poco à poco in vasi magoiori e pervenuti al ceppo dello stesso mesenterio terminano in un grande ricettacolo schiacciato alquanto sui lati e diretto dal indietro al’inanzi edin alto, che trovasi tra le lamine del mesente- 466 MÉMOIRES ORIGINAUX. rio medesimo, e che metta fine nella cisterna, lungo la linea me- diana, tra le due foci dei linfatici dell’ovaje. » Mayer (op cit.), après avoir comparé à une bourse séreuse le grand sinus, qu'il considère comme clos de toutes parts (recep- taculum illud undique clausum invenio, pag. 2), prétend que l'apparence des vaisseaux lymphatiques dans l'épaisseur des la- mes du mésentère est due à des épanchements de la matière à injection dans l'intervalle de ces lames reliés par un tissu con- jonctif très délié : « Vasorum lymphaticorum speciem hic ipsis mesorecti ac mesenterii laminis duabus tenerrimis provocatam, quæ in radice tela conjunctiva fere nulla, in parte intestinali parca tantum cobhærentes, injectionis massa extendebantur, quis est quin videat » (pag. 5). Cette vascularisation du grandsinus abdominal ne s’effectue pas toujours à la même distance de la colonne vertébrale. Elle a ïieu promptement au niveau de la partie rectale du tube digestif; mais au niveau de l'intestin moyen les deux lames du sinus demeurent plus longtemps écartées, sans revêtir la forme de vasolymphes. Quels sont les rapports des vasolymphes intestinaux ou chyli- fères avec ies vaisseaux à sang rouge ? Ces rapports ont été com- pris différemment par les anatomistes. Les uns ont voulu que les vaisseaux à sang rouge fussent contenus dans les lymphati- ques comme dans une gaîne ; les autres prétendent que ces deux ordres de vaisseaux sont simplement juxtaposés. Les deux cas se trouvent dans les Rana. Les vaisseaux qui sont en liberté dans l’intérieur du grand sinus sont entourés de tous côtés par la lymphe, dont la sépare une mince couche d’épi- thélium. Mais dans la portion vascularisée, il y a simple juxla- position des deux ordres de vaisseaux, de telle sorte que chaque vaisseau à sang rouge se montre accompagné ordinairement de deux vasolymphes qui s’anastomosent, en dessus el en dessous de l’artère ou de la veine, à des distances très variables, et de manière à constituer un treillis très irrégulier autour de ces dernières (PI. VE, /ig. 29). Sur les parois mêmes du tubedigestif, les lymphatiques consti- SYSTÈME LYMPHATIQUE DE LA RANA TEMPORARIA L. 467 tuent en définitive un double réseau : l’un superficiel sous-périto- néal, l’autre profond sous-muqueux. Il nous faut ici mentionner une curieuse disposition que pré- sente le système lymphatique viscéral au niveau de l’œsophage, disposition déjà décrite par Panizza et par M. Robin. Cette portion du tube digestif est comprise dans un sinus annu- laire, dans lequel elle passe comme dans une douille ( PI V, fig. 26 A'O). Cette outre lymphatique, à parois très-minceset vasculari- sées, peut acquérir, quand elle est distendue, le volume d’une aveline. Elle est contiguë au grand sinus, mais ne communique pas directement avec lui, comme le dit Panizza. Elle est en relation évidente avec les vasolymphes stomacaux, par l'intermédiaire desquels on peut la remplir d’une injection. Mayer (op. cit., pag. 5) a raison de prétendre qu'on ne peut faire passer ni air ni matière à injection de ce réservoir dans le grand sinus abdominal; mais il se trompe grossièrement en vou- lant y voir l’analogue du petit épiploon. La rate est appliquée sur le feuillet gauche du grand sinus ; elle est parcourue par quelques vaisseaux lymphatiques. Ainsi qu'on peut le voir sur la fig. 24, à droite et à gauche du biseau du grand sinus qui s'enfonce entre les lames du mésen- tère, on trouve un repli auquel est attachée la glande génitale mâle et dans l'épaisseur duquel la lymphe pénètre. Mais ici la vascularisation s'opère promptement, de manière à former des gaines treillisées pour les vaisseaux à sang rouge (PI. VI, fig. 30). Même disposition pour l'ovaire, où le trajet des vasolymphes est subordonné à celui des vaisseaux à sang rouge. De plus, il existe pour l’oviducte un repli soutenant des vasolymphes qui sont en rapport avec le grand sinus abdominal interne, et qui le long du bord adhérent de l’oviducte s’anastomosent en un tronc longitu- dinal. Voici d’äilleurs comment Panizza a décrit la disparition des vasolymphes des organes génitaux femelles : « Meravigliosa rete linfatica é sull'ovaja disposta lungo quelle piegature membranose che tengono connesse le diverse porzione di questa. Tutti vasi diretti versoil ceappo delle manzivnate piegature a poco à pocosi 468 MÉMOIRES ORIGINAUX. riuniscono in vasi maggiori, finche ridetto a tre o quattro, che si succedauo dall’inanzi all’indietro, finiscono in un tronco solo, schiacciato ai lati che tosto mette capo nella cisterna linfatica, accanto alla linea mediana et all’ confluente dei linfatici delle intestina. Luago il lato poi del’ ovidutto scorre un troncolinfatico, che s’ingrossa verso l’extremita posteriore dello stesso ovidutto e termina nelle grande cisterna al di dietro appana della fine dei linfatia dell’ovario. » Les rapports des reins avec le grand sinus abdominal sont di- gnes d'attention. Leur face supérieure ou dorsale fait partie de paroi de ce sinus, de telle façon qu’elle est entièrement baignée par la lymphe, dont la sépare la couche épithéliale qui tapisse ce réservoir (Pl. V, fig. 24). La face opposée ou ventrale est recouverte par le péritcine, au-dessous duquel on aperçoit les vaisseau « lJymphatiques, qui sont satellites des veines efférentes qui au bord interne du rein débouchent dans le grand sinus ab- dominal. La vessie est retenue latéralement par deux replis dans l’épais- seur desquels pénètre la lymphe du grand sinus et qui, à cet égard, sont comparables à ceux qui retiennent le testicule et l'ovaire (PI. V, fig. 25). On y voit déboucher les vasolymphes latéraux de la vessie. Il existe aussi des vasolymphes satellites de la branche de la veine abdominale inférieure, qui passant dans le sillon médian de la vessie va se relier aux veines du rectum. A la partie postérieure de la cavité abdominale, le grand sinus entoure la partie terminale du tube digestif et de la vessie, for- mant ce qu'on peut appeler le cercle lymphatique cloacal. C'est avec ce cercle que communiquent les parties que nous avons signalées à la base de la ligne blanche, et ceux qui existent en dehors des faisceaux postérieurs du pubio-thoracique (PI. I, fig. 3, oAA! (ces lettres ont été omises dans la planche). Outre les relations du grand sinus abdominal avec les sacs lym- phatiques sous-cutanés, ce réservoir est en communication avec le sinus vertébro-scapulaire el avec le sinus sternal (V. pag. 461). SYSTÈME LYMPHATIQUE DE LA RANA TEMPORARIA L. 469 Nous ne reviendrons point sur les relations du grand sinus abdominal interne avec le sinus stérnal, relations que nous avons indiquées dans la description que nous avons donnée plus haut de ce dernier sinus (Pl. VI, /ig. 26). EXPLICATION DES PLANCHES. Deuxième Partie. SINUS LYMPHATIQUES. OP Sinus orbito-palatin. j = L' — lingual inférieur. A’ Grand sinus abdominal interne. lingual supérieur. A'O Sinus péri-æsophagien. T'sv Réservoirs vertébro-scapu- laires des sinus thoraciques internes. T'e Réservoirs coracoïdiens des mêmes. T's Réservoir sternal des mêmes. ORIFICES DE COMMUNICATION DES SINUS. oBT'sv Orifice faisant communi- quer le sinus basilaire avec les réservoirs vertébro- scapu - laires. OA'T'sv — le grand sinus abdomi- nal interne avec lies mêmes réservoirs vertébro-scapulai- res. otL —le vasolymphesavecle sinus lingual supérieur. 0eL' — le vasolymphe : avec le sinus lingual inférieur. VASOLYMPHES. a Vasolymphe faisant communi- quer les sinus orbito-palatins avec les sinus linguaux. 7— lesinus basilaire avec les sinus linguaux. e Vasolymphe résultant de la con- fluencedes deux précédents. à Vasolymphe hyoïdien transverse. £ Plexus établissant une commu- nication entre le réservoir sternal des sinus thoraciques internes et la portion duodéno- stomacale du grand sinus A’. MUSCLES. gh Génio-hyoïdien. kg Hyÿo-glosse. sm Sous-mentonnier. DIvERs. ni0 Nerf pneumo-gastrique. nl — lingual. nx — axillaire. @ Cavité péritonéale, uw Mésentère. 1 Arc du maxillaire inférieur. 2 Frein lingual. 7 Coupe de l’hyoïde. 7' Cul-de-sac hyoïdien. 8 Coupe de l’éminence glottique. 9 Disque terminal de la langue, 470 MÉMOIRES ORIGINAUX. 10 Coupe du sternum. 16 Poumons. 11 Cavité bucco-pharyngienne. 17 Oviducte. 12 Aorte. 18 Testicule. 13 Portion œsophagienne du tube 19 Rein. digestif. 20 Vessie. 14 Foie. 21 Rectum. 15 Cœur. 22 Canal uro-spermatique. 15. PLANCHE IV. Réservoirs lymphatiques internes de la portion antérieure de la Rana temporaria représentés sur un sujet injecté, couché sur le dos et dont la mâchoire inférieure, détachée du côté gau- che, au niveau de son articulation avec le crâne, est rejetée sur le côté droit de manière à en montrer la face linguale. . Coupe transversale au niveau de l'orbite, . Coupe longitudinale grossie de la région cervicale passant près de la ligne médiane. . Coupe grossie de la langue, dont les sinus ont été distendus par insufllation. Coupe tranversale à la hauteur de l’occipital. PLANCHE V. . Mâchoire inférieure et langue de Rana, vues en dessus, avec les vasolymphes et le sinus lingual supérieur ouverts. . Coupe transversale du corps au niveau de l’origine du nerf axillaire. . Coupe transversale au niveau de la troisième vertèbre. . Coupe transversale au niveau de la partie moyenne de l’œsophage et du ventricule. . Moitié postérieure agrandie d’une coupe transversale portant sur les reins et les testicules. . Coupe transversale de la région coccygienne. PLANCHE VI. . Figure grossie montrant le sinus sternal et ses relations avec le grand sinus abdominal interne. . Portion du réseau lymphatique testiculaire, gross. 2, . Réseau lymphatique de la face inférieure de la vésicule biliaire, 10 gross. art . Portion du réseau lymphatique de l'intestin grêle, gross. +. 471 SUR LE DÉVELOPPEMENT DE L'APPAREIL GÉNITO-URINAIRE CHEZ LA GRENOUILLE Par MATHIAS DUVAL. La présente étude a eu pour point de départ nos recherches sur la spermatogénèse chez les Batraciens ; ayant dû remonter à l'origine des ovules mâles, c’est-à-dire à la première apparition de la glande sexuelle, nous avons été ainsi amené à étudier la formation du corps de Wolff; puis, recherchant l’origine du canal de Wolff, nous avons été amené à étudier un organe uri- naire qui précède le corps de Wolff, représente le premier rudi- ment embryonnaire de l'appareil uro-génital, et que nous désignerons ci-après sous le nom de rein précurseur. Dans l’exposé de ces études, nous suivrons naturellement un ordre inverse à celui qui a amené ces recherches successives, c’est-à- dire que nous nous occuperons d’abord du rein précurseur, puis du corps de Wolff (ou rein primordial), et enfin de la glande génitale. Mais avant d'entrer en matière, il est nécessaire que nous précisions la valeur rigoureuse des termes que nous venons d'employer, et notamment de ce qu’on doit, chez les Batraciens, désigner sous le nom de corps de Wolf. Chez l'embryon d'Oiseau ou de Mammifère (chez les amniotes en général), l’organe glandulaire qui porte, chez l’adulte, le nom de rein (rein définitif), a été précédé chez l'embryon d’un ap- pareil dont la composition anatomique rappelle celle du rein, appareil qui fonctionne comme un rein el qui, désigné sous le nom de corps de Wolff ou rein primitif (ou primordial), est spé- cialement caractérisé, au point de vue morphologique, par ses rapports avecla glande génitale (particulièrement avec le testicule). Chez la larve de Grenouille on trouve un corps tout semblable, 3e série, tom. 1. 33 4T2 MÉMOIRES ORIGINAUX. présidant à la sécrétion urinaire, et présentant avec la glande gé- nitale les connexions caractéristiques ; de par ces dispositions et, du reste, par tous les autres caractères, ce corps est un corps de Wolff, un rein primitif ou primordial. Seulement, au lieu de dis- paraitre en grande partie et d’êlre, comme chez les amniotes, remplacé chez l'animal adulte par un nouvel appareil urinaire (rein définitif ou permanent), le corps de Wolf persiste chez le Batracien qui a accompli ses métamorphoses, et on le retrouve chez l'adulte absolument tel que chez l'embryon, et il remplit chez l’un comme chez l’autre le rôle de glande urinaire. Ce fait a jeté longtemps une grande confusion dans l'interprétation des organes analogues chez les amniotes et les anamniotes ; on a d’abord pensé que les anamniotes avaient, pour ainsi dire d'emblée, leur rein définitif, ce qui est vrai au point de vue physiologique ou fonctionnel, mais ce qui n’est pas exact au point de vue mor- phologique; c’est-à-dire qu’on avait pensé que les Batraciens, par exemple, n’ont pas d’organe analogue au corps de Wolff des Oiseaux et des Mammifères. Éclairés aujourd’hui par les nom- breux travaux entrepris sur ce sujet, et spécialement par les re- cherches de W. Muller et de Semper, les embryologistes sont arrivés à la formule suivante, qui seule répond à une juste inter- prétalion, à savoir : que les anamnioles comme les amniotes pos- sèdent un corps de Wolff; mais ce corps persiste chez les pre- miers, et n’est remplacé chez eux par aucun autre appareil rénal, de sorte qu'il est à la fois le rein primitif et le rein définitif; tan- dis que chez les seconds il disparaît, est remplaeé par ua autre appareil rénal, Ge sorte que chez ceux-ci un rein définitif prend, physiologiquement et anatomiquement, la piace du rein primitif ou corps de Wolff. Mais ce n’est pas tout. Quand on examine de très jeunes larves de Grenouille avant que le corps de Wolff ne soit apparu vers la région lombo-dorsale de leur colonne vertébrale, on trouve, à la partie cervicale de cette colonne, un petit appareil rénal très simple, formé par une masse glandulaire qui repose dans le voisinage des branchies, et par un canal excréteur qui DÉVRLOP. DE L'APPAREIL GÉNITO-URIN. DE LA GRENOUILLE. 473 suit d'avant en arrière la colonne vertébrale, pour aller s'ouvrir dans l'intestin anal. Quel nom donner à cet appareil rénal? A l’époque où le vrai corps de Wolff des Batraciens était méconnu et considéré comme un rein définitif d'emblée, on n’hésita pas à faire de ce corps glandulaire de la région cervicale l’analogue du corps de Wolff des amniotes, quoique ce rein cervical ne présentât avec la glande génitale aucune des connexions qui ca- ractérisent un véritable corps de Wolff. Aujourd’hui, grâce aux travaux déjà cités, et à d’autres études plus spéciales dont nous donnerons plus loin l'historique, celte interprétation ne peut être acceptée : le corps de Wolff du Batracien est l’organe rénal de la région lombo-dorsale ; quant au corps glandulaire rénal de la région cervicale, il faut l'appeler, soit avec Furbringer, du nom d’avant-rein (Vorniere) ou de rein cervical, soit, comme nous l’avons proposé‘, sous le nom de rein précurseur. C'est sur le canal excréteur de ce rein précurseur que vien- nent ultérieurement se brancher les canalicules dont l’ensemble formera le corps de Wolff; et ce canal excréteur du rein précur- seur deviendra le canal excréteur du corps de Wolff ou rein pri- mitif. On donne à ce canal le nom de canal de Wolff. Il existe également chez les amniotes avant l'apparition du corps de Wolff, et son mode de formation, à la partie cervicale de la cavité pleuro-péritonéale, rappelle, chez le poulet, la formation du rein précurseur du Batracien. — Mais ce sont là des questions sur lesquelles nous reviendrons ultérieurement. Il nous suffit, pour le moment, d’avoir précisé la valeur des dénominations em- ployées. Nous allons donc étudier successivement : {0 le rein précurseur ou rein cervical ; 20 le corps de Wolff ou rein primi- tif; 3° la formation de la glande génitale, en rapportavec le bord interne du corps de Wolff. Nous n’aurons pas à étudier le rein définitif, puisqu'il n’y a pas de production de ce genre chez la Grenouille, et que la persistance du corps de Wolff en tient lieu. 1 Note sur l’embryologie de l'appareil rénal. (Société de Biologie, 19 février 1881. — Gazelle médicale, 12 mars 1881.) 474 MÉMOIRES ORIGINAUX. I. DU REIN CERVICAL OU REIN PRÉCURSEUR. 1° État du rein cervical sur une larve éclose. Les fig. 1 et 2? représentent l’état du rein cervical sur une larve de Grenouille longue de 3 millim. (de l'extrémité anté- rieure à l'origine de la queue). Sur la fig. 1, qui est une coupe longitudinale passant par la corde dorsale (Cd), nous voyons, en allant d'avant en arrière, sur une moitié latérale, le globe oculaire en voie de développe- ment (2), lecanglion du nerf trijumeau (4), la vésicule de l'oreille interne (3), le ganglion du pneumogastrique (5) ; puis, immédia- tement en arrière de celui-ci, nous arrivons dans le cul-de-sac antérieur de la cavité pleuro-péritonéale, qui est limitée en de- dans par les chevrons musculaires (M), et en dehors par une masse glandulaire (RP), formée de tubes coupés ici selon des directions très diverses. Ce corps glandulaire est Le rein cervical ou rein précurseur, On voit de plus sur celte coupe : [° que l’un des tubes qui composent ce rein s'ouvre largement, par une de ses extrémités, dans la cavité péritonéale (NS); nous donne- rons à celte ouverture le nom de néphrostome précurseur où né- phrostome cervical (abréviation de néphrostome du rein précwr- seur), pour le distinguer des néphrostomes qui appartiendront nltérieurement au corps de Wolff, et qui ont été décrits par W. Spengel chez les Batraciens adultes ‘. En examivant avec soin la série complète des coupes en lesquelles a été débité un rein cervical, on s'assure qu'il possède, en général, deux ou trois néphrostomes de ce genre; 2° que d’autre part l’un des tubes, le plus postérieur, qui composent ce rein cervical, se continue en arrière (W, fig. 1), en allant se placer le long des chevrons musculaires : c’est le canal de Wolff, ou canal excréteur au rein en question. 1 J.-W. Sprengel ; Das Urogenitalsystem der Amphibien, ( Arb. aus, d. Zoolog. Inst. in Wurzburg, tom, II, 1876.) DÉVELOP. DE L APPAREIL GÉNITO-URIN. DE LA GRENOUILLE. 479 La fig. 2 fait partie de la série des coupes longitudinales pratiquées sur cette même larve longue de 3 millim.; mais ici nous avons une coupe passant un peu plus bas que la pré- cédente, c’est-à-dire au-dessous de la corde dorsale, et en effet nous y trouvons (en A) la section longitudinale de l'aorte (la corde dorsale Cd se retrouvant seulement à la partie tout infé- rieure de la figure). Nous voyons ici le rein cervical configuré comme précédemment ; il présente encore, à sa partie anté- rieure, un néphrostome précurseur, qui n’est pas le même que celui de la fig. 1, et, à son extrémité postérieure, le canal de Wolff, qui est ici suivi plus en arrière, le long de la masse des chevrons musculaires ; mais le fait essentiel représenté dans cette figure est la présence (en G,G) d’un corps particulier qui se détache de la partie axiale du corps (de chaque côté de l’aorte ou de la continuation du pharynx avec l’œæsophage), et s'étale en faisant saillie dans la cavité péritonéale, en face du rein précurseur, et notamment en face de ses néphrostomes. Ce corps, comme le démontre un examen attentif, est formé par un réseau vascu- laire, par un peloton de petites artères qui se détachent de l'aorte descendante (de chacune des deux aortes avantleur fusion en une aorte médiane : voy. fig. 18); c’est un glomerule, compa- rable aux glomérules de Malpighi du corps de Wolff ou du rein, mais remarquable d’une part en ce qu’il est unique, et d’autre part en ce qu'il fait saillie, non dans une capsule de Bowman, c’est-à-dire dans une dilatation terminale de canalicule urinifère, mais simplement dans la cavité péritonéale. Cette rapide description du rein cervical à son état complet suffira pour nous permettre de définir nettement cet organe pré: curseur, comme constitué, d'un côté par un glomérule vasculaire saillant dans la cavité péritonéale, et d’un autre côté par une sé- rie de tubes conlournés qui s'ouvrent, d'une part, dans cette méme cavilé peritonéale, et qui se continuent, d'autre part, au moyen d'un canal unique, canal excréteur ou de Wolff, allant s'ouvrir dans la partie terminale du tube intestinal. À cette époque n'existe rien qui mérite le nom de corps de Wolff; ce corps de 476 MÉMOIRES ORIGINAUX. Wolff se formera ultérieurement le long du canal de Wolff, dans la partie qui suit l’aorte médiane impaire (en W, fig. 2) ; mais alors se produira en même temps l’atrophie du rein précurseur, aussi bien de ses tubes que de son glomérule. Les tubes qui composent la masse glandulaire du rein pré- curseur sont-ils nombreux ou réduits à un seul canal replié un grand nombre de fois sur lui-même? C’est une question qui a été assez controversée, et qui est du reste de peu d'importance, car la disposition paraît être variable selon les diverses espèces de Batraciens ; l’étude du développement nous fournira à ce su- jet des renseignements suffisants : du reste, la description précé- dente doit nous indiquer déjà que, en admettant que pour la plus grande partie de la glande il n’existe qu'un tube unique, à con- tournements multiples, ce tube doit au moins se bifurquer à un certain moment pour donner naissance aux deux ou trois né- phrostomes précurseurs dont nous avons signalé l'existence. Avant d'aborder l'étude du développement de ce rein pré- curseur, il sera bon de passer rapidement en revue l’histoire des divers travaux dont il a été l’objet, afin de bien caractériser les interprétations si diverses auxquelles il a donné lieu, tant qu'il a été considéré comme l’analogue du corps de Wolff des vertèbres amniotes. Rathke, par lequel il faut commencer tout historique du dé: veloppement des organes génito-urinaires des Batraciens, ne connaissait pas le rein cervical lorsqu'il publia sa célèbre mono- graphie ; mais par contre il avait été frappé de la ressemblance à tous égards entre le corps de Wolff des embryons de vertébrés supérieurs et les reins des Batraciens adultes ; de sorte qu'il ten- dait à considérer ces derniers comme de véritables corps de Wolff (ou, selon son expression, comme de faux rein) ‘. C’est, nous l’avons dit, la conception à laquelle il faut revenir aujour- d’hui. Mais la découverte du rein cervical, qu’on prit pour l’ana- a ——————pZp—p—Z—ZEaa—————_—_—_—_—]_ "H. Rathke ; Ueber die Entwickelung der Geschlechtstheile (in Geschichte der Thierwelt, 3° Abth. Hall., 1825.) DÉVELOP. DE L'APPAREIL GÉNITO-URIN. DE LA GRENOUILLE. 471 logue du corps de Wolff des embryons de vertébrés supérieurs, vint jeter pendant longtemps une grande confusion dans ces questions d’analogies, et nous devons êtrebien prévenus que dans tous les passages qui vont être reproduits d’après divers auteurs, depuis Muller (J.) jusqu’à Marcussen, toutes les fois qu’on trou- vera l'expression de corps de Wolf, c'est le rein cervical qu'il faudra entendre sous cette dénomination. . C’est J. Muller qui découvrit le rein cervical (qu’il nomme corps de Wolff), sur l’anatomie duquel il donna en 1829 une courte notice dans les Archives de Meckel !. Bientôt après il en donna, dans sa monographie sur l’Appareil uro-génital ?, des figures très précises, obtenues non d’après des coupes, mais d’a- près de fines dissections. Il donne du corps glandulaire lui-même la description suivante (pag. 10) : « Avant que le canal instestinal prenne la forme tubulaire, et avant que soit apparu le germe du foie, les corps de Wolff sont déjà parfaitement formés. Des deux côtés de la crête dorsale, dans la gouttière qui la sépare du sac intestinal, tout en avant, au niveau des branchies, on aper- çoit une saillie ovale, de laquelle on peut voir, même à l’œil nu, partir un cordon quise dirize en arrière. A l’aide du microscope, on reconnaît que cette saillie est formée par un certain nombre de petits tubes en cul-de-sac, lesquels divergent dans tous les sens et se réunissent en bas sur un canal excréteur à peine plus volumineux ; celui-ci, par un trajet légèrement onduleux, suit les parties latérales de la crête dorsale jusque vers la région de l’anus. Ce petit appareil est bien visible lorsqu'on enlève avec soin le sac intestinal, de façon à laisser l'appareil glandulaire en question adhérent à la région dorsale. » Mais quant au glomérule, ses dissections ne lui permirent pas d’en prendre une idée suffisante, comme en témoignent ces lignes (pag. 11): « Sur les larves de Grenouille dont les mem- { Joh. Müller; Ueber die Wolff'schen Kôrper bei den Embryonen der Früsche und Krôten ( Meckels Arch. f. Anat. et Physiol., 1829, pag. 65.) 2? Johannes Muller ; Bildungsgeschichte der Genitalien, Dusseldorf, 1830. 78 MÉMOIRES ORIGINAUX. bres n'ont pas encore commencé à apparaître, j'ai toujours vu, sur le côté interne du corps de Wolff, un tout petit amas d’une substance blanc-grisûtre, qu’on pourrait prendre au premier abord pour le premier rudiment de la glande génitale, eu égard à ce que chez les Oiseaux et Mammifères cette glande se forme sur le côté interne du corps de Wolff ». Dans ses Mémoires d’embryologie, De Bær fait à peine allu- sion à la découverte de Muller ‘; mais dans le Traité de Physiolo- gie de Burdach *, où la partie embryologique est due à De Bær, cet auteur est plus explicite : « Chez les Batraciens, dit-il, les corps de Wolff apparaissert à une époque où la cavité du corps ne contient encore d’autres viscères que. le cœur et le tube intes- tinal. Ils se montrent à la partie la plus antérieure de cette ca- vité, sous la forme de deux corps lenticulaires, très éloignés l’un de l’autre, placés sur les côtés de la racine aortique à deux branches, et qui n’acquièrent jamais un volume considérable. Il en part deux longs canaux médiocrement amples, qui conver- gent l’un vers l’autre en arrière, et sont attachés à l’extrémité de l'intestin, dans lequel ils s’abouchent sans le moindre doute. Mais chez tous les autres animaux vertébrés supérieurs aux Batraciens, les corps de Wolff se produisent sous de bien plus fortes dimensions. » Quant au glomérule saillant dans la cavité péritonéale, il est demeuré longtemps un corps énigmatique pour les anatomistes, et, alors même que sa nature fût reconnue, il a donné lieu aux plus étranges confusions. Nous avons vu que J. Muller en avait signalé la présence en 1830. Dix ans plus tard, Reichert n’était pas plus avancé sur sa signification, et ne lui accordait qu’une courte mention dans l'explication de ses planches *. C’est à tV. Bær ; Ueber Entickelungsgeschichte der Thiere, 2e partie, 1837, pag 294. 2C.-F. Burdach; Traité de Physiologie, traduct. franç. par Jourdan. Paris, 1838, tom. III, pag. 565. 3 K. Bog. Reichert ; Das Entwickelungsleben, in Wirbelthier-Reich, Berlin, 1840. Dans les fig. 22 et 23 de la PI]. II, consacrée à l'embryologie des Batraciens, DÉVELOP. DE L'APPAREIL GÉNITO-URIN. DE LA GRENOUILLE. 479 Bidder qu'il était réservé de déterminer la nature vasculaire de ce glomérule ; dans ses Études sur les organes génitaux mâles des Amplhibies (pag. 58), cet auteur s'exprime en ces termes : «Le corps d'un blanc-grisätre, décrit par Muller, indiqué comme pouvant être pris à tort pour l’origine de la glande géni- tale, et sur lequel cet auteur n’a pu donner d’opinion plus expli- cite, n’est autre chose qu’un peloton ou glomérule vasculaire semblable à ceux qui caractérisent le corps de Wolff des autres vertébres. A l’état frais, ce glomérule est de couleur rouge brun; mais, par le contact de l’eau, qui entraine la matière colorante du sang contenu, il prend une teinte grise ; mais ilest toujours facile d'y reconnaître au microscope les contours des anses vas- culaires qu’il renferme. Ce glomérule, unique de chaque côté, n’affecle avecle corps de Wolff, et spécialement avec le commen- cement du canal excréteur de ce corps, aucune connexion di- recte, de sorte qu’il est très facile, avec la pointe d’une épingle, de séparer d’avec le corps de Wolff ce glomérule, qui reste seu- lemen: en place grâce à ses connexions vasculaires. [l ne sau- rait être question d’une pénétration par invagination dans le ca- nal en question. Enfin, ce glomérule de la larve de Grenouille est encore remarquable par sa forme, qui est celle d’un disque aplati, c’est-à-dire largement étalé en surface, et non celle d'une sphérule à épaisseur égale dans tous les sens; cette forme ne saurait se prêter à une pénétration du glomérule dans le tube excréleur, par invagination de celui-ci. » Malgré cette description si nette de Bidder, l'existence et la signi- fication du glomérule du rein précurseur paraissentavoir échappé à l’attention de Marcussen (1851), dont nous citerons plus loin le travail, relatif surtout au développement de l'appareil en ques- tion. Bien plus, en 1867, Van Bambecke commettait une confu- le glomérule en question est figuré, et, à l'explication de ces figures, il est dit : « Corps ovale, qu'on rencontre sur le côté interne du corps de Wolff, qui semble appartenir à ce corps, mais dont la signification est inconnue » (pag. 249). 1 F.-H. Bidder; Vergleichend-Anatomische Untersuchungen uber die männ- lichen Geschlechts, und Harnwerkzeuge der nackten Amphibien. Dorpat, 1846. 480 MÉMOIRES ORIGINAUX. sion des plus étranges à propos de ce corps qu'il figure, et dans ses planches et dans les dessins schématiques de son texte, et qu'il tendait à considérer comme le premier rudiment d’un rein définitif. « Sur le Tétard déjà pourvu de branchies externes, j'ai vu se former, à la hauteur des corps de Wolff et aux dépens de la partie du feuillet glandulaire ayant formé la paroi supérieure du tube digestif primitif, deux petits amas de cellules (et l’auteur renvoie à la fig. 5 de sa planche V, figure qui est à peu près identique à notre /ig. 13, c’est-à-dire qu’il fait bien évidemment allusion au glomérule), qui affectent bientôt la forme et la dispo- silion représentée dans la figure ci-jointe. (Il s’agit du schema d’une coupe longitudinate très analogue à notre /ig. 1) Je crois pouvoir les regarder comme les premiers rudiments des reins, mais il m'a été impossible de vérifier quelle relation existe alors entre ces organes et les conduits excréteurs des corps de Wolff". » Du reste, jusqu’à ces dernières années, tous les auteurs clas- siques, aussi bien en Allemagne qu’en France, laissaient subsis- ter la confusion entre le rein précurseur et le corps de Wolff proprement dit. Leydig accorde à peine une mention à ce qu'il appelle corps de Wolff ou glande de Muller *. Rathke, dans son Traité classique, s'exprime en ces termes: « Chez les Batraciens il se forme aussi, dès les premières phases du déve- loppement, deux corps de Wolff, mais qui sont loin d’acquérir les dimensions que présentent ces corps chez les Vertébrés supé- rieurs : en effet, ces corps de Wolff des Batraciens n'occupent que la partie tout antérieure de la cavité du corps, où ils forment une paire de renflements lenticulaires de chacun desquels part un mince canal excréteur allant le long de la crête dorsale jusque dans la partie terminale de l'intestin. La constitution de ces corps est différente chez les divers groupes de Batraciens ; 1 Van Bambecke ; Recherches surle développement du Pelobate brun. (Mém. de l'Acad. Roy. des sc. de Belgique, tom. XXXIV; Bruxelles, avril 1867, pag. 59.) 2 Franz Leydig; Traité d’histologie de l’homme et des animaux, trad. franç. Paris, 1866, pag. 522. DÉVELOP. DE L'APPAREIL GÉNITO-URIN. DE LA GRENOUILLE. 481 en effet, chez quelques-uns, ils sont formés d’un seul tube pelo- tonné sur lui-même, tandis que chez les autres ils se composent d’un amas de tubes disposés comme en rayonnant. Plus tard ces corps de Wolff disparaissent complètement, et leur canal excré- teur seul persiste, augmente de volume, et devient l’uretére.... Ce que nous trouvons à cesujet dans le grand Traité de Milne- Edwards est un résumé des opinions que nous venons de re- produire *. Furbringer, dans le Mémoire que nous citerons plus loin et qui renferme de si précieuses indications bibliographiques, Furbringer attribue à W. Muller le fait d’avoir le premier assi- gné au rein précurseur sa véritable signification, en lui donnant le nom d’avant-rein (Vorniere)*. Il y a là une injustice, car 1 Heinrich Rathke; Entwicklungsgeschichte der Wirbelthiere. Leipzig, 1861, pag. 58 et 54. 2 Milne-Edwards ; Leçons sur l'Anatomie et la Physiologie comparées, tom. VIF, pag. 310. « Chez les Batraciens, on retrouve les corps de Wolff dans le têtard, et, dans l'animal dont les métamorphoses sont achevées, ils sont remplacés, quant à leurs fonctions, par les reins proprement dits; mais il reste toujours des ves- tiges de leurs dépendances... » Et l’auteur ajoute en note: « L'existence des reins transitoires ou corps de Wolff, chez les Batraciens, a été constatée par J. Muller; mais je dois ajouter que la justesse de cette détermination n'est pas admise par tous les auteurs, et qu'il résulte des observations plus récentes de Wittich que ces organes n’ont pas la même structure intime que chez les autres Vertébrés. Au lieu d'être composés d’une réunion de petits cœcums, ainsi que Muller l'avait représenté, ils seraient composés d'un long tube entortillé sur lui- même. » — Puis, à propos des reins des poissons (2bid., pag. 311): « Quelques auteurs avaient supposé que, sous le rapport de la persistance des corps de Wolf, les Batraciens ressemblent aux Poissons ; mais, ainsi que je l'ai déjà dit, on voit, par les recherches de J. Muller, qu'il en est autrement: chez les Gre- nouilles et les Tritons, les corps de Wolff n’ont qu’une existence temporaire, et les reins proprement dits en prennent la place quand la respiration devient aérienne, aiusi que chez les autres Vertébrés pulmonaires, » — Puis, en note: « Quelques anatomistes ont pensé que les reins secondaires, ou reins perma- uents, dérivaient des corps de Wolff ou reins primitifs. Mais Rathke a constaté que chez la Grenouille ils sont situés en arrière de ces organes dès leur pre- mière apparition, fait qui est d'accord avec ceux observés par J. Muller, et avec les résultats des recherches plus étendues de Wittich. 3 W. Muller; Ueber das Urogenitalsystem des Amphioxus und der Gyclos- tomen, ( Jenaische Zeitschrift für Naturwissenschaft, vol. IX, 1875.) 482 MÉMOIRES ORIGINAUX. dès 1851, dans une Note publiée en langue française, J. Mar- cussen avait, avec la dernière netteté, indiqué la manière dont il faut comprendre les homologies en question. Aussi devons-nous reproduire textuellement cette partie de son travail’. « Dans le Têtard, dit-il, on voit apparaître, avant la formation des parties génitales et uropoïétiques, deux organes situés immédiatement sous les branchies, avec deux conduits qui longent la colonne vertébrale el finissent dans l’anus temporaire, formé seulement par la peau et situé à la partie postérieure du ventre. Ces orga- nes ont été découverts par Muller (de Berlin), qui les a désignés sous le nom de corps de Wolff... Le corps de Muller est peut- être, sous le rapport physiologique, un corps de Wolff, c’est-à- dire un organe fœtal sécrétant des matières urineuses ; pourtant ce n’est pas encore démontré, l’analyse chimique n'ayant pas encore été faite. Sous le rapport morphologique, ce ne sont que les reins qui sont les véritables corps de Wolff, ce qui est dé- montré par la formation des glandes génitales à leur côté interne, et surtout par le développement des canaux entre la glande génitale et les reins, car c’est ainsi que l’on trouve les rapports entre le corps de Wolff et les glandes génitales chez les animaux supérieurs vertébrés. L'état permanent des parties génitales et uropoïétiques des Batraciens représente l’état transitoire fœtal des animaux supérieurs. » Nous aurions maintenant à citer les travaux de Gôtte et de Furbringer ; comme ils traitent plus particulièrement du déve- loppement de l'appareil rénal, nous allons en rendre compte dès le début de l’étude de l’origine embryonnaire du rein précur- seur. Nous dirons seulement qu’on trouvera une courte analyse du mémoire de Furbringer dans la Thèse de Fr. Viauli*?. 1 Jean Marcussen (de Saint-Pétersbourg ); Sur le développement des parties génitales et uropoïétiques chez les Batraciens. { Sociélé de Biologie, janvier 1851. — Gazelte médicale de Paris, 1851, pag. 273.) 2 Fr. Viault; Le corps de Wolff. (Thèse d'agrégation. Paris, 1880.) DÉVELOP. DE L'APPAREIL GÉNITO-URIN. DE LA GRENOUILLE. 483 20 Développement du rein précurseur. Nous commencerons cette seconde partie de notre étude par la revue historique qui doit faire suite aux indications par les- quelles nous avons terminé la partie précédente. On sait combien ont été nombreuses et diverses les opinions des embryologistes sur l'origine du canal de Wolff chez l'em- bryon du poulet ; les uns faisant provenir ce canal des cellules du feuillet externe, les autres du feuillet moyen, et quelques-uns même du feuillet interne du blastoderme. Si tous sont d'accord aujourd’hui, depuis les travaux de Waldeyer, pour attribuer uni- quement cette origine au feuillet moyen, il s’en faut de beau- coup qu'on soit unanime sur la manière dont ce canal se détache de ce feuillet. Nous allons retrouver les mêmes divergences pour l'interprétation des faits relatifs à la formation du rein précur- seur de la Grenouille, et on ne saurait douter que la solution de cette question ne vienne jeter le plus grand jour sur l'étude des premières phases du développement du canal de Wolff chez les Vertébrés supérieurs, puisque, nous l'avons dit, canal de Wolff et canal excréteur du rein précurseur ne sont qu’une seule et même chose. Reichert (op. cit., 1840, pag. 26) paraît être le premier qui se soit préoccupé de déterminer l’origine du rein précurseur (qu’il désigne sous le nom de corps de Wolff), qu’il considère comme formé, ainsi que le foie et le pancréas, par des cellules du feuillet interne. Vogt, dans son Embryologie de l’Alyte ac- coucheur ‘, assigne au corps de Wolff (rein précurseur) la même origine qu'au cœur et au foie, c’est-à-dire qu'il le fait provenir de ce qu’il appelle le Rindenschicht, mais il est difficile de dire quel feuillet blastodermique a désigné sous ce nom un auteur qui considérait les cellules provenant de la segmentation du vi- 1 C. Vogt; Untersuchungen über die Entwicklungsgeschichte den Geburtg- helferkræte. Solothurn, 1842, pag. 60. si 484 MÉMOIRES ORIGINAUX. tellus comme se résolvant en deliquium pour former un blas- tème dans lequel prendraient ensuite naissance, par genèse, les éléments anatomiques définitifs. (Vogt est l’un des auteurs de la théorie de la genèse par substitution.) Toujours est-il-que si l’on ne peul se rendre un compte exact de son opinion sur l’origine blastodermique du premier rudiment du rein précurseur, on voit cet auteur décrire (pag. 92) ce rudiment comme un cordon plein, courant de chaque côté de la colonne vertébrale, et ne se creusant qu'ultérieurement d'un canal central, pour prendre la forme de tube. Wittich ne fut pas plus heureux pour ce qui est de l’origine blastodermique de la glande ; mais il montra, avec plus de soin encore, que le premier rudiment de cette glande est un tube (ou un cordon plein d’abord). « Sur de très jennes larves de Gre- nouilles, dit-il, avant qu’elles ne soient sorties de leur sphère al- bumineuse, on voit de chaque côté de la corde dorsale, avant que la glande décrite par Muller soit visible de l'extérieur, deux organes à extrémité antérieure renflée en massue, et qui, repré- sentant une sorte de cordon plein, c’est-à-dire non creusé d’un canalicule central, sont formés de grosses cellules pleines de particules graisseuses (tablettes de stéarine) ; ce cordon repré- sente la première apparition de la glande découverte par Muller, ou, pour mieux dire, de son canal excréteur. Je ne saurais dire si son extrémité antérieure, située en arrière des branchies, est simple ou ramifiée en culs-de-sac digitiformes. Mais plus tard, lorsque la glande de Muller apparaît comme un renflement de cette extrémité, les mêmes doutes subsistent à l'égard de sa con- stitution; cependant je me suis assuré que chez le Bombinator igneus, comme chez divers Tritons, la glande de Muller n'est nullement formée par une houppe de tubes en cul-de-sac, mais bien par un canal unique plusieurs fois replié sur lui-même‘.» 1! Von Wittich ; Beitrage zur morpholgischen und histologischen Entwickelung der Harn und Geschlechtswerkzeuge der nackten Amphibien. (Zeitschrift [. wis- sensch, Zoolog., 1852, pag. 129.) DÉVELOP.:DE L'APPAREIL GÉNITO-URIN. DE LA GRENOUILLE. 485 C’est dans Bambecke (op. cit., pag. 54) que nous trouvons la première indication exacte sur cette origine blastodermique ; l’auteur fait avec raison, du rein précurseur, une dépendance du feuillet moyen ; mais il base son opinion, moins sur une consta- tation directe du processus de formation que sur une déduction qui a pour point de départ les rapports de l'organe après son apparition : «Les corps de Wolff, dit-il, sont manifestement un produit du feuillet motoriel germinatif, car ils sont recouverts, dès leur apparition, par la partie périphérique du feuillet senso- riel. On peut déjà constater leur présence au moment où la larve sort de l'œuf, et bientôt leur extrémité antérieure forme sous la peau une saillie considérable. Ce sont eux qui marquent la sé- paration entre les lames des vertèbres primitives et la partie péri- phérique du feuillet motoriel ; comme je viens de le dire, ils se trouvent d’abord en dehors de la lame cutanée de ce feuillet, et sont simplement recouverts par la partie périphérique du feuillet sensoriel. Mais, un peu plus tard, les lames cutanées dorsales et abdominales les entourent et viennentse joindre à leur surface.» Ecfin, avec Gütte, nous arrivons à une connaissance exacte du mode de formation des canaux du rein précurseur; cette formation a lieu par un bourgeon creux qui part de la cavité pleuro-péritonéale, ainsi que nous le décrirons dans un instant, d’après nos propres préparations. C’est également à Gütte que nous devons nos premières notions sur l’origine du glomérule annexé au rein précurseur, et saillant dans la cavité pleuro-péri- tonéale. Ces importantes découvertes de Gôtte ont élé consignées d’abord dans un mémoire publié en 1869, puis, en 1875, dans sa grande monographie sur l’embryologie du crapaud ". Plus complet encore est le mémoire de Max Furbringer, auquel nous avons déjà fait allusion à plus d’une reprise, et dont les indications bibliographiques nous ont permis de remonter à des 1 A. Gôtte; Untersuchungen über die Entwickelung des Bombinator igneus (Arch. f. Mikroskop. Anat., 1869.) Idem., Die Entwickelungsgeschichte der Unke. Leipzig, 1875. (Monographie accompagnée d'un magnifique Atlas.) 486 MÉMOIRES ORIGINAUX. sources qu'il nous eût sans cela été presque impossible de retrouver, car, comme on l’a vu, cette question a été jusqu’à présent le monopole exclusif des embryologistes allemands. Le mémoire de Furbringer est si complet, et les quelques faits nou- veaux que nous apportons (notamment sur la première origine des éléments du canal de Wolff dans la somatopleure) sont telle- ment des faits de détail, que nous aurions peut-être renoncé à publier les présentes recherches si nous n’étions convaineu de l'importance, en embryologie, des études de contrôle, et si nous n'avions pas besoin de cette description de l’origine de l’appareil rénal chez les Batraciens, pour arriver d’une part à étudier l'apparition de leurs glandes sexuelles (Furbringer borne ses recherches à l’appareil rénal), et d’autre part pour reprendre, d’après ces données, l’étude de l’origine du canal de Wolff chez les Oiseaux et les Mammifères. Furbringer à publié par deux fois, sous deux formes différentes, son excellent mémoire : dans le premier (en 1877), qui estsans doute une Thèse, il se borne à la description des processus embryologiques qui donnent naissance au rein précurseur, qu'il appelle avant-rein (Vorniere), et au corps de Wolff qu’il appelle rein primitif (Urniere) ‘ ; dans le second il reproduit, en les résumant, ces mêmes détails des- cripüfs, et les fait suivre d’une étude très-complète sur la mor. phologie et l’embryologie comparées de l’appareil d'excrétion (appareil urinaire) dans la série des Vertébrés *. Le stade le plus primitif auquel il nous ait été donné de re- monter dans le développement du rein précurseur, est représenté par la /ig. 3. Il s’agit d’un œuf de Grenouille qui avait à peine modifié sa forme sphérique pour s’allonger très-légèrement dans le sens du futur axe longitudinal de la larve. Il va donc sans dire que cet œuf (cet embryon) était encore contenu el dans la masse albumineuse, et dans la membrane vitelline qui 1 Max Fürbringer; Zur Entwickelung der Amphibienniere. (Heidelberg, 1877.) 2 Max Fürbringer ; Zur vergleichenden Anatomie und Entwickelungsgeschichte der Excretions organe der Vertebraten. ( Morpholog. Jahrbuch von Carl. Gegen- bauer, tom. IV, 1878.) DÉVELOP. DE L'APPAREIL GÉNITO-URIN. DE LA GRENOUILLE. 487 forme son enveloppe la plus immédiate. La région dorsale était parcourue par une large gouttière médullaire. Cet embryon ayant été débité en une série de coupes perpendiculaires à son axe, en allant de la région céphalique à la région anale, la fig. 3 re- présente une coupe qui succède presque immédiatement à celle sur laquelle apparaissait l’origine de l'oreille interne aux dépens d’une dépression du feuillet externe ou ectodermique'. Ren- voyant à l'explication des planches pour la signification des par- ties autres que le feuillet moyen, nous nous arrêterons ici sur la description de ce feuillet moyen. On voit qu’en dehors de la corde dorsale (Cd) ce feuillet forme la masse prévertébrale (CS) ou corps segmentaire, et se continue en dehors de ce corps seg- mentaire en deux lames séparées par la fente pleuro-péritonéale (f), et qui sont la somatopleure en dehors (sp; sur la gravure, la ligne qui désigne cette somatopleure a été prolongée trop loin en dedans) el la splanchnopleure (gp) en dedans. Or, en sui- vant la somatopleure depuis le point ou elle se détache de la préverièbre, on arrive bientôt (en RP) sur un épaississement de cette somatopleure, c’est-à-dire sur une région où elle est composée de deux et même trois rangs de cellules, et non d’un seul rang, comme elle l’est en dedans et en dehors de cet épais- sissement. Cet épaississement va devenir le siège d'une involu- tion qui donnera naissance au canal du rein précurseur. En effet, si nous examinons une coupe portant au même niveau? 1 Tous les œufs ou embryons qui ont servi pour cette étude, ont été durcis par l'acide chromique et l'alcool ; ils ont été coupés par le procédé que nous avons fait connaître et qui consiste essentiellement dans l'inclusion au collodion humide (imbibé d'alcool) ; ils ont été le plus souvent, pendant la pratique des coupes, traités par ce que nous avons appelé le collodionage des surfaces de section (Voir notre Mémoire sur la Corne d'Ammon) ; enfin ils ont été montés dans la benzine, puis, dans le canada dissous dans la benzine, ? Il sera peut-être bon de dire que nous n'avons pas pratiqué ces coupes seu- lement sur quelques larves de Grenouilles choisies comme exprès pour saisir les périodes succesives du développement de l'appareil rénal. Les préparations que nous décrivons ici font partie d'une collection complète représentant toute l’em- bryologie de la Grenouille, collection dont nous avons accumulé les matériaux 3e sér., tom. z 94 488 MÉMOIRES ORIGINAUX. sur un embryon un peu plus avancé, chez lequel la gouttière médullaire vient de se fermer (fig. 4), nous voyons que l’épais- sissement de la somatopleure dans le point précédemment déterminé (RP) est devenu plus considérable, et que les cellules qui le forment, régulièrement disposées du côté de l’ectoderme, sont moins régulièrement rangées du côté de la fente pleuro- péritonéale, où elles semblent déjà circonscrire un léger enfon- cementde cette fente pénétrant dans l’épaississement en question. Sur des embryons dont la configuration extérieure diffère à peine de celle du précédent, cette pénétration ou invagination de la fente pleuro-péritonéale est devenue très évidente, comme le montre la fig. 5. Remarquons d’abord que sur cet embryon les lames somatopleurique et splanchnopleurique commencent déjà à se séparer do la masse prévertébrale, et que celle-ci pousse déja un prolongement (en a) entre l’ectoderme et la somato- pleure. Quant à celle-ci, à la place de l’épaississement précédemment décrit, elle présente (en y) une véritable cavité en cul-de-sac, qui proémine du côté de l’ectoderme en (RP)et qui communique d'autre part avec la cavité pleuro-périlonéale (en NS). Nous venons d'assister ainsi à la formation d’un néphrostome précur- seur (NS) et de la première origine d’un canalicule (RP) du rein précurseur. Ea prenant une larve plusieurs jours avant le moment de son éclosion, mais alors que son extrémité caudale commence déjà à se dessiner sous la forme d’un petit tubercule, nous allons voir se compléter ce rein précurseur par la formation de deux nou- veaux néphrostomes, et en même temps le canal de Wolff se former par la végélation d'avant en arrière (selon l’axe longitu- dioal du corps) du tube qui forme le rein précurseur. Tel est l'embryon auquel sont empruntées les coupes reproduites en partie dans les fig. 6, 7, 8 et 9, coupes ici numérotées dans depuis plusieurs années, et qui nous permettra de faire paraître, à ure époque prochaine, un Atlas complet du développement de ce Batracien. DÉVELOP. DE L'APPAREIL GÉNITO-URIN. DE LA GRENOUILLE. 489 leur ordre naturel, en allant &es plus antérieures aux plus posté- rieures. La /ig. 6 ne diffère que peu de la fig. 5 précédemment étu- diée : elle présente un néphrostome précurseur (en NS), une cavité du tube du rein précurseur (en RP) ; la prévertèbre envoie un prolongement déjà assez cons'dérable entre le rudiment du rein précurseur et l’ectoderme (en a). Mais sur ia fig. 7, nous voyons deux coupes du tube du rein précurseur : l’une (en rp) ne communique plus avec la cavité pleuro-péritonéale, c’est elle qui sur la figure précédente était en connexion avec le néphrostome ; l’autre {en RP) communique largement avec la cavité pleuro-péritonéale par un nouveau néphrostome (en NS). Puis, sur la fig.8, nous voyons encore deux coupes du tube du rein précurseur ; mais, à l'inverse des dispositions de la fig. 7, c’est ici la coupe la plus éloignée del’axe (rp) qui ne communique pas avec la cavité pleuro-péritonéale, et c’est la coupe la plus rapprochée de l’axe qui communique cette fois avec la cavité par un troisième et nouveau néphrostome (RP et NS). Enño, sur la fig.91l n'y a plus, comme rudiment du rein pré- curseur, qu'une seule coupe de son tube (en W), lequel est ici complètement indépendant de la cavité pleuro-péritonéale. Sur les coupes qui succèdent (d'avant en arrière) à celle de la ig. 9, coupes que nous n'avons pas représentées, on voit la section du tube du rein précurseur devenir de plus en plus étroite, puis ne plus présenter de cavité, c’est-à-dire former un simple cordon de cellules disposées entre l’ectoderme et la somatopleure. L'interprétation de ces aspects présentés par cette série de coupes perpendiculaires à l’axe de l'embryon est très simple : Le canal du rein précurseur, aussitôt après sa formation par une invagivation de la cavité pleuro-péritonéale, décrit des sinuosités et communique avec la cavité pleuro-péritonéale par trois néphro- stomes successifs, qui résultent d’une sorte de cloisonnement de Ja large invagination ayant donné naissance à ce canal ; d’autre part ce canal, en arrière du troisième néphrostome, devient 490 MÉMOIRES ORIGINAUX. rectiligne et se développe d'avant en arrière, constituant dés lors le canal excréteur du rein précurseur, et méritant par suite le nom de canal de Wolff (W, fig. 9). Or, cette disposition, qu'on conçoit très bien d’après la série des coupes transversales, on peut la vérifier directement sur une coupe longitudinale d’une larve de ce même âge (quelques jours avant l’éclosion) ; c’est ce que montre la fig. 12. Renvoyant à l'Explication des Planches pour tout ce qui ne touche pas direc- tement au rein précurseur, contentons-nous de faire remarquer que sur cette figure on voit, en avant de Gp (lame splanchno- pleurale) et de Sp (lame somalopleurale), l’extrémité antérieure de la cavité pleuro-péritonéale, et qu’en arrière de ces mêmes lettres de renvoi, là où est un léger rétrécissement du corps de la larve, on voit (en NS) la coupe d’un néphrostome précurseur, conduisant directement dans le canal du rein précurseur, canal qui plus loin (plus en arrière) se continue en un cordon plein (en W), pre- mière trace du canal de Wclff. De l’autre côté (face latérale droite de la larve), on voit ces mêmes parties un peu différem- ment, c’est-à-dire que, la coupe ayant ici porté un peu plus haut (plus près de la région dorsale), on y trouve deux néphrostomes, mais on n’y trouve pas le prolongement destiné à former le canal de Wolff. Reste donc à étudier l’origine du glomérule, en même temps que l’augmentation de volume du rein précurseur (par accrois- sement de son tube et de ses circor volutions), et que l’arrivée du canal de Wolff jusque dans la partie postérieure du tube digestif. Le premier rudiment de ce qui sera plus tard le gros et unique glomérule du rein précurseur nous est montré dans la fig. 10, qui représente une partie d’une coupe transversale d’un embryon tout près d’éclore; tout près de sa partie dorsale, qui prendra part à la formation du mésentère, la lame splanchnopleurique forme ici (en G) un léger soulèvement dont la surface fait saillie dans la cavité pleuro-péritonéale, en face d’un néphrostome, et dont la profondeur est occupée par quelques rares éléments cellu- DÉVELOP. DE L'APPAREIL GÉNITO-URIN. DE LA GRENOUILLE. 491 jaires venus de la prévertèbre. On aurait peine à reconnaitre dans cette légère saillie le futur glomérule, ou, pour mieux dire, le revêtement séreux de ce fulur glomérule, si les préparations représentées dans les fig. 11, 12 et 18 ne nous montraient toute la série des stades intermédiaires, jusqu’au complel achèvement du peloton vasculaire. Dans la fig. 11, appartenant à un embryen qui vient d’éclore, la saillie glomérulaire est devenue seulement un peu plus pro- noncée, mais ne présente rien de caractéristique; par contre, le rein précurseur lui-même a notablement augmenté de volume, les circonvolutions de son canal étant devenues si nombreuses qu’on en compte quatre sections différentes dans Je plan de cette seule coupe ; de plus, ces circonvolutions sont noyées dans une masse de cellules éparses ei provenant de la prévertébre (du prolongement a précédemment indiqué dans les fig. 5 et 6). Un embryon éclos depuis quelques jours nous a fourni les coupes, dont une, représentée dans la fig. 13, nous montre la saillie glomérulaire bien accusée, formée d’une sorte de pédicule adhérent au mésentère, dans le voisinage des aortes (A), et d’une partie libre, plus large, flottant dans la cavité péritonéale, en face d’un large néphrostome appartenant au rein précurseur, lequel a dès maintenant augmenté de volume (8 à 10 sections de son canal dans le plan d’une coupe), au point de faire saillie à son tour dans la cavité péritonéale, c’est-à-dire de soulever la paroi du corps en dedans et en dehors. Remarquons encore qu’au niveau où le rein précurseur forme ainsi une masse proéminen- te, les parties latérales du tube digestif (pharynx) présentent aussi une saillie de nouvelle formation (Pm), qui n’est autre chose que le bourgeon creux du poumon. Sans entrer ici dans l’étude de l’origine du bourgeon pulmonaire ‘, notons seulement sa pré- sence en face et même au contact de la saillie du rein précur- seur. 1 Ce bourgeon est creux dès son apparition. Voyez notre Communication à la Société de Biologie, 18 octobre 1879: Sur le développement du poumon chez les Batrac'ens. 492 MÉMOIRES ORIGINAUX. LS" Enfin la fig. 18, empruntee à un têtard bien formé (à queue membraniforme et corps globuleux large de deux millimètres), nous montre le glomérule (G) achevé, c'est-à-dire pourvu de ramifications vasculaires qui lui viennent, directement et par un très court trajet, de chaque aorte correspondante (crosses aor- tiques droite et gauche). Cette figure nous montre de plus que la saillie de la masse du rein précurseur et la saillia du poumon en voie de formation (Pm) sont arrivées au contact l’une de l’autre el se sont soudées, de manière à élablir une véritable cloison entre la cavité péritonéale générale et une sorte d’arrière- cavité péritonéale dans laquelle flotte le glomérule. Ce dernier détail est fort intéressant, et la portée de cetle disposition a par- ticulièrement attiré l'attention de Gœætte. On voit en effet que cetle partie circonscrite de la cavité péritonéale (nous n'avons pu pour notre part nous assurer si elle est circonscrite de tous côtés, c’est-à-dire en arrière, comme elle l’est en haut, en avant et en bas) reçoit d’une part le glomérule et se continue d’autre part avec les néphrostomes (NS, /ig. 18), c'est-à-dire avec le canal du rein précurseur; en d’autres termes, elle représente une véritable capsule de Bowman. Gætte a montré qu’une sem- blable disposition se retrouve dans le rein des poissons, et qu'ici la capsule de Bowman, au lieu d’être une dilatation de l’extré- mité du tube urinipare, est simplement une partie de la cavité péritonéale circonscrite et isolée dès le début, et il a donné, à cet égard, une interprétation plus heureuse et plus philoso- phique, au point de vue de la morphologie générale, des belles recherches de Rosenberg sur l’embryologie du rein des Pois- sons ‘. Nous n'’insisterons pas sur ce point, n'ayant pas à cet égard de faits nouveaux, et parce que d’autre part, chez le têtard plus avancé en âge, alors que le rein précurseur s’atrophie, l’adhérence du poumon avec la paroi externe de la cavité périto- néale disparaît graduellement, de manière que cettesorte de cap- 1 Rosenberg ; Untersuchungen über die Entwick-lung der Teleoster-Niere, 1867. AI. Gætte; Die Entwickelungsgeschichte der Unke, pag. 825. DÉVELOP. DE 1, APPAREIL GÉNITO-URIN. DE LA GRENOUILLE 493 sule de Bowman n’a chez le Batracien qu'une existence tempo- raire, comme du reste tout le rein précurseur, dont elle fait partie. Quant au canal excréteur du rein précurseur, c'est-à dire, quant au canal de Wolff, nous allons en suivre le développe- ment sur des coupes empruntées à un embryon très semblable à celui qui nous a déjà fourni la fig. 13. Ces coupes (fig. 14, 15, 16), prises à divers intervalles en allant de plus en plus vers l'extrémité postérieure du corps, nous montrent d’abord (fig. 14) le canal de Wolff dans un état et dans des rapports qui diffèrent peu de ce que nous avons vu précédemment sur la fig. 9, c’est- à-dire placé entre l’ectoderme et la somatopleure, mais mainte- nant noyé au milieu des cellules qui proviennent de la préver- tèbre ; puis nous le voyons (/ig. 15) placé tout près du bord dorsal de la somatopleure, c’est-à-dire au niveau de la continuité de celle-ci avec la splanchnopleure ; enfin (fig. 16) nous voyons ce canal, vers la partie toute postérieure du corps, passer par- dessus cette continuité des somatopleure et splanchnopleure (côté gauche de la fig. 16), pour se diriger en s’incurvant en dedans (côté droit de la fig. 16), et venir s’aboucher dans la partie dorsale du tube intestinal, | Nous avons été assez heureux pour, sur des coupes longitu- dinales d’embryons un peu moins âgés que celui des fig. 13, 14, 15 et 16, trouver une préparation qui permît de constater, en coupe suivant le canal de Wolff lui-même, le trajet de ce canal dans la partie postérieure du corps et son arrivée dans l’in- testin. C’esl ce que montre la fig. 17. À sa partie supérieure, on voit le canal de Wolff entre l’ectoderme et la somalopleure ; à sa partie inférieure, ce canal est entre l’ectoderme et l’endo- derme, et s'ouvre bientôt dans la cavité de celui-ci, c’est-à-dire dans l'intestin ; rien ne nous permet d'admettre que les deux canaux de Wolff, celui de droite et celui de gauche, se fusion- nent en un court canal médian et impair, avant de s’aboucher dans l'intestin. À ce moment, c'est-à-dire chez le lêtard bien constilué, ayant 494 MÉMOIRES ORIGINAUX. déjà perdu ses branchies externes, le canal de Wolff, allant s’a- boucher par son extrémité postérieure dans l'intestin anal, est en même temps, par son extrémité antérieure, devenu distinct du canal qui forme le rein précurseur, c’est-à-dire qu'il est un endroit où l’on peut dire que cesse le tube courtourné de ce rein et commence le canal de Wolff proprement dit. Cette région est représentée dans la fig. 19 : on y voit que, par le dévelop- pement en largeur du corps du têtard, la masse du rein précur- seur {RP et rp) est portée en dehors, dans la paroi du corps, tandis que le canal de Woiff reste dans la paroi viscérale, ou, pour mieux dire, contre l’attache du mésentère, au-dessous de la corde dorsale, dans le voisinage de l'aorte correspondante (en W, fig. 19j. On voit, dans cette figure, comment le canal de Wolff proprement dit se continue avec le canal contourné du rein précurseur (de W en RP, jig. 19) par une portion de tube étendue transversalement sous la masse musculaire corres- pondante à la prévertébre (comparez avec les /ig. 1 et 2). Ulté- rieurement, c’est-à-dire lorsque les bourgeons des membres se- ront apparus, l’atrophie et la résorption graisseuse envahiront toute la masse du rein précurseur, tandis que le canal de Wolff proprement dit, tel qu'on le voit représenté en coupe dans la fig. 20, persistera seul, et sera le lieu de formation du corps de Wolf. C'est ce que nous étudierons dans un prochain mémoire. Pour épuiser l’histoire du rein précurseur, il nous reste à dire quelques mots sur l'histologie de ses néphrostomes : la fig. 21 représente le néphrostome de la /ig. 18 (RP et NS, fig. 18), mais vu à un grossissement plus considérable ; elle est destinée à fixer l'attention sur deux faits importants relativement au re- vêtement épithélial du néphrostome : — 1° les cellules de ce tube infundibuliforme sont munies de cils vibratiles très longs et tels que sur plusieurs coupes où ils ont élé conservés grâce à l'emploi de l’acide osmique, on voit les cils d'une paroi se croi- ser, au milieu de la lumière du canal, avec les cils de la paroi du côté opposé, de façon à donner comme un aspect velu à la DÉVELOP. DE L'APPAREIL GÉNITO-URIN. DE LA GRENOUILLE. 495 surface interne du néphrostome. Il ne nous a pas été donné d'observer ces cils à l’état vivant, c’est-à-dire en mouvement. — ?° Ces cellules ciliées, propres au néphrostome, sont cylin- driques ou cubiques et se continuent graduellement avec les cellules plates du péritoine. En résumé, jusqu'à l’époque où apparaissent les bourgeons des membres, les larves de Grenouilles possèdent un appareil rénal placé dans la paroi du corps, immédiatement en arrière de l'oreille interne : ce rein, dit cervical à cause de sa situation, ou précurseur (pour le distinguer du corps de Wolff ou rein pri- mitif qui apparaitra ultérieurement), est constitué par un tube décrivant de nombreuses circonvolutions et communiquant avec la partie correspondante de la cavité néritonéale à l’aide de trois néphrosiomes, ouvertures infundibuliformes garnies de longs cils vibratiles ; en face de ces néphrostomes est disposé, dans la ca- vité péritonéale, au-dessus du poumon en voie de formation, un énorme glomérule, qui reçoit ses vaisseaux de l’aorte cor- respondante. — Le tube contourné du rein précurseur se conti- nue en arrière par un canal qui va se placer sur les côtés de l’insertion du mésentère et parcourt ensuite la région dorsale de la cavité péritonéale, pour aller, tout en arrière, s'ouvrir dans la portion postérieure de l'intestin : ce tube excréteur du rein pré- curseur est le canal de Wolff, sur lequel vont venir ultérieure- ment s’aboucher les canalicules de Wolff, le tout devant alors constituer le corps de Wolff proprement dit. EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE T du Mémoire {PLANCHE IX du Recueil). Fig. 1. Coupe longitudinale et horizontale d’une larve de grenouille, longue de 3 millim. (de l'extrémité antérieure à l’origine de la queue). — 1, cerveau ; 2, œil {rétine invaginée); — 3, vésicule de l'oreille interne; — 4, ganglion du trijumeau — ©, ganglion du pneumo-gastrique ; — NS, néphrostome du rein précurseur ; — RP, RP, canal de ce rein coupé dans les diverses circonvolu- Je sér,, tom, 1. 39 496 MÉMOIRES ORIGINAUX. tions qu'il décrit ; — W, canal excréteur du rein précurseur ou canal de Wolff; — I, intestin ; — M, chevrons musculaires {cor- respondants aux prévertèbres) ; — Cd, corde dorsale, — Gros- sissement 25 fois. Fig. 2. Même embryon que pour la fig. 1, mais coupe passant un peu plus bas (plus près de la face ventrale du corps) ; — 1, 2, I W, Cd, NS, comme précédemment. — De plus : — 6, fossette olfac- tive; — Ph, pharynx; — KB, FB, fentes branchiales ; — G, Glomérule ; — À, aorte (partie postérieure, c'est-à-dire impaire et médiane, résultant de la fusion des deux aortes qui passent à un niveau un peu plus élevé, près du pédicule de chaque glomérule). — Grossissement 25 fois. Fig. 3. Œuf de grenouille au stade de formation de la gouttière médul- laire ; coupe perpendiculaire à cette gouttière. — GM, gouttière médullaire ; — Cd, corde dorsale; e ectoderme ; — sp et gp, somatopleure et splanchnopleure (les lignes qui correspondent à ces lettres de renvoi ont été mal prolongées par le graveur; mais il est facile de reconnaître la somatopleure dans le feuillet qui est en dehors de la fente pleuro-péritonéale fp,et la splanch- nopleure dans le feuillet qui est en dedans de cette fente ; de même la fig. 4) ; — RP, épaississement de la somatopleure correspon- dant aux premiers rudiments du rein précurseur; — I, cellules de l’endoderme (futur épithélium intestinal) ; CS, corps segmentaire ou masse prévertébrale. — Grossissement 33. Fig. 4. Coupe d'un œil de grenouille, l'embryon étant au stade d'occlu- sion de la gouttière médullaire. — e, ectoderme ; — N, canal médullaire ; — Cd, corde dorsale ; — CS, masse de la préver- tèbre; — I, cavité intestinale ; — RP, épaississement avec ten- dance à l’invagination de la somatopleure pour la formation du canal du rein précurseur. — Grosseur 50. Fig. 6. Coupe d'une larve à peine plus avancée que la précédente. — a ot b, prolongements de la prévertèbre sous l’ectoderme ; — RP, rein précurseur présentant déjà la coupe de son canal (y) et une ouverture néphrostomique (NS). — Grossissement 50. Fig. 6, 7, 8 et 9. Coupes successives d'avant en arrière d’une larve non encore éclose, mais présentant déjà une proéminence caudale. — Lettres comme dans la fig. précédente. — W (ig.9), canal de Wolff; — A, aorte en voie de formation aux dépens des cellules endodermiques. — Grossiss. 50. Fig. 10. Coupe d’une larve de grenouille près d'éclore. — M, chevron musculaire correspondant à une masse prévertébrale ; — RP, DÉVELOP. DE L'APPAREIL GÉNITO-URIN. DE LA GRENOUILLE. 497 rp, comme ci-dessus; — À, aorte,; — I, intestin ; — G, saillie glomérulaire de la splanchnopleure dans la région du futur mésen- tère. — Grossiss. 110. Fig. 11. Coupe d’une larve qui vient d’éclore.— Lettres comme /ig. 10. PLANCHE II (PLANCHE X du Recueil). Fig. 12. Larve de grenouille longue de 3 millim. 1/2 {corps et queue à peine naissante) ; coupe longitudinale horizontale. — O, dé- pression olfactive ; — R, pédicule de la rétine ; — FB, FB, fentes pharyngiennés en voie de formation par végétation de l’endo- derme du pharynx (Ph) ; — Gp, splanchnopleure ; — Sp, somato- pleure ; — NS, néphrostome ; — W, bourgeon du canal de Wolf; — I, intestin.— (A la partie inférieure de la figure, le trait corres- pondant aux lettres de renvoi Gp, c’est-à-dire à lasplanchnopleure, a été par erreur prolongé vers les cellules de l’endoderme). — Grossissement 105. Fig. 13. Coupe d’un têtard éclos depuis quelques jours et long de 6 mil- limètres (corps et queue); cette coupe passe en arrière de la tête. — Lettres comme précédemment ; de plus: PA, pharynx ; — Pm, poumon. — Grossiss. 95 à 100. Fig. 14. Coupe d’un têtard long de 5 millim. (corps et queue) ; coupe vers la partie moyenne du corps. Lettres comme précédemment. — Grossiss. 90. Fig. 15, et 16. Même tétard ; coupes faites successivement arrière de la précédente. Mêmes lettres ; #» (/ig. 16), cul-de-sac mésentérique de la cavité péritonéale. Fig. 17. Coupe longitudinale horizontale d’un têtard long de 4 mill. 1/2; partie postérieure du corps. — Lettres comme précédemment. De plus : — KR, rectum ou partie postérieure de l'intestin ; — IP, intestin postanal ou caudal ; — X, lieu d’abouchement du canal de Wolff dans le rectum. — Grossiss. 100. Fig. 18. Coupe transversale en arrière de la tête sur un tétard long de 12 millim. : on voit en haut la coupe de la partie postérieure du bulbe rachidien. — Lettres comme précédemment, — En X est le lieu de contact et de soudure du poumon (P#) avec la paroi du corps. — Grossiss. 100. Fig. 19. Coupe en arrière du rein précurseur. — W, origine du canal de Wolff proprement dit, se continuant avec le canal (RP) du rein précurseur. — Grossiss. 110. Fig. 20. Même têtard, coupe plus en arrière. — W,W, les deux canaux de Wolff ; — », mésentère. 495 MÉMOIRES ORIGINAUX. Fig. 21. Un néphrostome précurseur sur une coupe (celle de la fg. 18) à un grossissement de 220. — NS, ouverture infundibuliforme du néphrostome avec ses longs cils vibratiles ; X, cellules inter- stitielles. ÉTUDE DU PRODROME' DE M. LAMOTTE Par Henri LORET. Tout le monde sait que l’abus des meilleures choses est le pire des abus. L'usage excessif du microscope, officiellement favorisé, nous en donne depuis longtemps la preuve, en passion- nant pour la micrographie les jeunes naturalistes et en les éloignant de la botanique descriptive, qui est néanmoins la base de toute étude végétale. C’est dire avec quelle joie les botanistes phytographes accueillent les rares ouvrages de mérite qui vien- nent, comme le Prodrome de la Flore du plateau Central de M. Lamotte, favoriser la renaissance de/la botanique proprement dite. Nous ne venons point répéter ce qu'a dit récemment de cet ouvrage un botaniste dont le nom y figure souvent?; mais, tout en nous associant à une partie des éloges qu'il a exprimés, nous désirons émettre ici, en nous plaçant à un autre point de vue, une appréciation partagée par plusieurs naturalistes. L'ouvrage dont nous parlons doit avoir trois volumes in-8°, dont les deux premiers sont entre les mains des botanistes. Malheureusement la maladie est venue interrompre le travail de l’auteur ; mais nous espérons qu'il pourra reprendre bientôt le cours de ses études et aborder, avec les Monochlamydées, le troisième el dernier volume. Dés qu’il nous a été donné de parcourir les deux volumes ——— ! Prodrome de la Flore du plaleau central de la France, comprenant le Vélay, la Lozère, les Cévennes, une parlie du Bourbonnais et du Vivarais, par Martial Lamotte (1r° et 2e partie : des Renonculacées aux G'obulariées). 2 Voir Zull. Soc. bot. de France ( Bibliogr.), tom. XX VIII, pag. 76. ÉTUDE DU PRODROME DE M. LAMOTTE. 499 publiés que nous devons à l’obligeance de l’auteur, nous avons ressenti, il faut l’avouer, une pénible impression à la vue des innombrables noms dus à l’École moderne, école dont M. Lamotte se dit cependant un adepte modéré. Ge sentiment s’est mitigé néanmoins, chez nous, en voyant ces noms imprimés en caractères plus petits que ceux des espèces et en lisant dans l’In- troduction que ces formes ont laissé beaucoup de doutes dans l'esprit de l’auteur sur leur validité. On apprend de lui avec plaisir qu'il a voulu seulement appeler l'attention des botanistes sur la solidité des caractères de ces plantes, et les mettre pour ainsi dire en suspicion. Volà en effet une observation restrictive qui adoucit un peu l'impression qu’on éprouve en voyant figurer dans cette Flore les prétendues espèces qu’on a étudiées soi-même plusieurs fois sans pouvoir y adhérer. Nous aurions demandé mieux néan- moins d’un botaniste renommé, pour qui l’occasion était bonne de mettre ses lecteurs à l'aise, en levant lui-même des difficultés qui attendeuttoujours une solution. Ce serait trop exiger s’il s'agissait d’un botaniste vulgaire et inférieur à sa lâche ; mais il s’agit ici d’un spécialiste exercé, sous les yeux duquel vivent les végétaux controversés dont nous parlons, et qui pouvait se prononcer sur leur valeur spécifique sans recourir à la culture, qui trop sou- vent n’atteint pas le but désiré. Nous regrettons donc que l’au- teur n'ait pas porté sur ces plantes un jugement définitif, au lieu de nous donner un simple rapport laissant les questions toujours indécises. Les savants auteurs de la Flore d’Espagne n’ont pas hésité à se prononcer en pareil cas ‘, et l’illustre auteur de l’Epicrisis Hieraciorum, avec des documents bien moins com- plets que ceux de notre floriste, n’a pas manqué de réunir lui aussi des formes qui lui semblaient indûment séparées. 1 Nous avons remarqué surtout leur Dorycnium Jordanianum (vol. II, pars 2, pag. 336), comprenant les D. decumbens, D. gracile et D. affine Jord., parce que, avec moins d'autorité qu'eux, mais avec la même conviction, nous avions déjà, quelques mois auparavant, réuni les mêmes formes sous le nom de D. Jor- dani, loret et Barrandon (Fi. de Montp., pag. 175), nom dont les savants au- teurs de la Flore d'Espagne reconnaissent aujourd'hui la priorité. 500 MÉMOIRES ORIGINAUX. Les doutes trop timides peut-être de notre auteur, en présence des plantes critiques dont nous venons de parler, sont devenus, avec les Hieracium, les Menthes, les Roses et les Ronces, une sorte d’impossibilité. On conçoit que M. Lamotte, prenant le parti de se récuser ici, ait confié les trois premiers genres que nous venons de nommer à de savants monographes dont les travaux connus peuvent être étudiés avec fruil par des botanistes d’une sagacité ordinaire. Il en va autrement des 126 Rubus dus à Genevier et dont les noms figurent dans cette Flore. À la vue de ces innombrables formes sans caractère distinctif, on sent le besoin de crier merci, et l’on se demande à qui cela pourra profiter, puisque personne aujourd’hui, sans même excepter le savant auteur du Prodrome, ne peut nommer avec certitude un seul peut-être de ces 126 arbrisseaux. Après avoir étudié la monographie des Rubus, et soumis autrefois à Genevier, par l'entremise de Boreau, les Rubus de notre flore de Montpellier, nous regrettons que M. Lamotte, se faisant l'élève de ce mono- graphe, n’ait pas avec son aide groupé, par dizaine quelquefois, des formes pour la plupart sans caractères. N’eût-il pas mieux servi les intérêts de la vérité et de ses lecteurs en abandonnant des noms qui ne nomment rien, et en nous donnant le fruit de ses propres études? Rousseau a écrit un jour qu’on peut être un grand botaniste sans savoir le nom d’une seule plante ; mais en lisant la monographie des ARubus, ne croirait-on pas que l’auteur tenait pour un grand botaniste celui qui, doué d'une excellente mémoire, lui confierait le plus de noms possible ? Manquant d’une monographie raisonnable des Rubus, et persuadé qu'il y en a dans la nature plus que nos meilleures Flores n’en décrivent, c’est à contre-cœur sans doule que M. Lamotte s’est décidé à entrer dans le labyrinthe dont nous parlons. Nous en avons pour preuve les passages du Prodrome où il considère comme de simples variétés plusieurs plantes élevées depuis longtemps au rang d'espèces, et moins indignes de cette distinc- tion que la plupart des Aubus de Genevier. Que notre conscien- cieux botaniste ait été vaincu en cela par l'évidence, nous le ÉTUDE DU PRODROME DE M. LAMOTIE. 901 croyons sans peine; mais sa tendance ordinaire à dé- doubler les noms fait mieux ressortir ici pour nous son extrême bonne foi. Nous le remercions de nous avoir dit que le Barbarea vulgaris R.Br. se rapproche du Barbarea arcuata Rchb. dans les lieux fertiles et ombragés, et qu'il devient, en plein soleil, le B. rivularis de Martr.; quele Ranunculus Lecoqii Jord., qui croît dans les hautes herbes, devient le À. Spretus Jord., lorsqu'il est entraîné dans les graviers inférieurs, et que celui-ci passe au R. nemorosus DC. s’il abandonne les bois de montagne pour ceux des vallées. Nous recevons aussi avec plaisir l’aveu que divers autres Ranunculus, élevés au rang d’espèces par des botanistes modernes : À. rectus, vulgatus, Friesanus, Boræanus, offrent unë série de variétés qui se raltachent au R. acris L. Nous aimons à entendre dire par un botaniste trop souvent partisan d’espècés récusables que le Solidago Virga-aurea du bas des montagnes passe au S$S. montana Jord. vers 1,200 mètres, et devient le S. cambrica et le S. minuta des auteurs pour l'observateur qui le suit jusqu’à 1,600 à 1,800 mètres. Il est facile également, dit M. Lamotte, de suivre au Puy-de- Dôme la transformation du Serratula tinctoria L. en S. monti- cola Bor. Le Jasione Carioni Bor., dit encors M. Lamotie, ne paraît être qu’un J. perennis Lamk., descendu et naturalisé dans la plaine, et chose plus difficile à croire, si on ne l’apprenait de notre consciencieux botaniste, ainsi que de M. Arvet Touvet, l'Hieracium monticola Jord. (4. æstivum Gren. et Godr.) n’est qu'une forme montagnarde de l'A. wmbellatun L. Malheureusement les excellentes observations qui précèdent ont dans le même ouvrage leur contre-partie, et nous y trou- vons une vingtaine d'espèces nouvelles que nous avons étudiées sur des échantillons authentiques et dont plusieurs ne nous sem- blent pas mieux assises que celles dont nous venons de parler. Disons un mot de ces plantes. Nous ne croyons pas qu’il soit pos- sible aujourd'hui de publier prudemment un Thalictruin nouveau sans être doué de divination et sans connaitre avec certitude, chose presque surhumaine, la cinquantaine de formes qui figu- 502 MÉMOIRES ORIGINAUX. rent dans les Diagnoses de M. Jordan. Le Thalictrum Delarbrei Lam. nous a moins surpris cependant que les problématiques espèces qu’un autre botaniste vient de joindre à ce genre inex- tricable, tout en avouant qu’il n’a pas toujours eu à sa disposition un organe réputé indispensable pour déterminer un Thalicirum nouveau, c’est-à-dire le fruit de ses prétendues espèces. Je vois figurer dans le Prodrome que j’étudie un Ranunculus Martini Lamotte, voisin du À. tricophyllus Chaix, et par consé- quent du R. Drouetii Schultz, dont je crois avoir démontré l’ina- nité (F1. de Montpellier, pag. 792) et auquel M. Lamotte, contrai- rement à tous les auteurs et par inadvertance sans doute, attribue des feuilles à lanières mollement divergentes. Cela me rappelle que Grenier me demanda,il y a près de trente ans, une centurie d’un Ranunculus qu’il prenait pour le À. Drouetii, tandis que Boreau n’y voyait qu'un vulgaire À. tricophyllus et M. Lamotte une forme intermédiaire entre ces deux plantes. C'était un désaccord peu édifiant pour moi, je l’avoue ; mais le R. Drouetii était alors une pomme de discorde, et l’ons’ef- forçait en vain de le distinguer par des caractères tous instables, notamment par la direction des folioles, qui est due le plus souvent à l’état des eaux, et qu’on ne doit plus mentionner aujourd'hui. Le Thlaspi vulcanorum Lamotte que j'ai reçu de l’auteur, il y a bien des années, ne m'a jamais paru être autre chose que Île T. brachypetalum Jord. (T. virgatum Gr. et Godr.). Qu'on essaie de le recueillir en quantité considérable et qu’on l’étudie attenti- vement, on verra bientôt que la silicule, qui est l’organe principal sur lequel on a établi nombre d’espèces, est plus variable qu'on ne l’a cru. Schultz a recueilli dans le Honeck 450 échantillons du Thlaspiambiguum Jord., et en étudiant cette pauvre silicule, qui est censée toujours semblable à elle-même, il y a trouvé, dit-il, du 7. alpestre, du T. ambiguum, du T. Vogesiacum, du 1. Gaudinianum, etc. Je rencontrai dans la forêt de Belcaire, il ya plus de vingt ans, un Thlaspi que je pris pour le T. brachy- petalum Jord. Grenier y vit le T. vulcanorum qui vient de donner lieu à ces observations, Boreau et Ardoino le T. brachypetalum, ÉTUDE DU PRODROME DE M. LAMOTTE. 003 un autre le T. Gaudinianum. J'y trouve aujourd’hui la forme nommée depuis par M. Jordan (Diagn., pag. 257) T. nemorico- lum, que M. Lamotte donne en gros caraclères comme une espèce intermédiaire entre le T. brachypetalum et le T, vulcano- rum. Tout cela forme, à mon sens, une espèce variable que je nomme T. brachypetalum, auquel je joins sans hésiter la T. Leres- chii de Reuter. Le Dianthus Girardini Lamotte, que l’auteur décrit dans de longues pages et dont tous les organes sont minutieusement passés en revue, le compas à la main, ne m'a offert aucun caractère vrai- ment spécifique et qui le distingue du D. barbatus L. J'ai rencontré, l'été dernier encore, l'espèce linnéenne, à Saint-Girons, et je me suis dit que si l’auteur du D. Girardini parcourait les forêts des Pyrénées, où abondele D. barbatus, il rencontrerait sans nul doute des formes identiques à la plante d'Auvergne. L'auteur voit une différence notable surtout dans l’inflorescence, etles fleurs seraient bien moins étroitement agrégées, selon lui, dans la plante d’Au- vergne que dans celle des Pyrénées. Sur les individus que j’ai raoportés de Gabars, d’Urdos, etc., j'en vois qui sont aussi lâche- ment agrégés, surtout la première année, que dans la plante d'Auvergne. Personne n’ignore d’ailleurs qu’il n’y a dans plu- sieurs espèces de la seclion caryophyllum que des plus ou des moins sous ce rapport, et les diverses formes du D. carthusiano- rum L., même en exceptant la variété congestus, dont on a eu tort de faire une espèce, offrent parfois plus de différences dans la disposition de leurs fleurs que les deux plantes dont il est ques- tion ici. Le Trifolium Arvernense Lamotte n'est, selon moi, qu'une forme du T. repens à tige complètement étalée, mais non radi- cante. Je trouvai la même plante à Seyne-les-Alpes, il y a près de trente ans, et je la pris, ainsi que Moreau, pour un T. repens à tiges nonradicantes. Grenier crut y voir le T. pallescens, et c'était en effet celui de la Flore de France, mais non celui de Schreber'. 1 Nous’réclamons si sincèrement par nous-même; les observations d'autrui qu' n o0# MÉMOIRES ORIGINAUX. Le Vicia arenivaga Lamotte du groupe Vicia angustifolia AN, déjà trop nombreux, nous a paru synonyme du V. wncinata Des- vaux (V. angustifolia B fallar de notre flore de Montpellier). M. Lamotte, prenant d’abord le Chrysanthemum atratim de Delar- bre pour le Leucanthemum commutatwm Timbal, que je tiens de l’auteur et que j'ai étudié à Albi dans l’herbier de Martrin-Donos, a cru devoir consulter sur sa plante le botaniste toulousain, qui prépare, paraît-il, une monographie de ce genre. M. Timbal a cru y voir une nouvelle espèce acceptée par M. Lamotte sous le nom de Leucanthemum Delarbrei Timbal. Jacques Gay, auteur d’une monographie inédite des Leucanthemuwm, n'eût pas oséélever ces deux plantes jusqu’au rang de variétés du L. vulyare DC. : j'en ai pour garant une lettre où il fait bon marché de la couleur des folioles du capitule qui noireissent loujours plus ou moins sur les hautes montagnes, el où il mentionne la variabilité de plusieurs autres caractèresauxquels d’autres botanistes atlachenttrop de prix. Je dois clore la revue des espèces vraies ou prétendues décri- tes, pour la première fois, dans le Prodrome du plateau Central, en disant que deux de ces espèces surtout m'ont semblé être parfaitement caractérisées: la première estl'Æypericum Desetangsii Lamotte, décrite déjà à l’insu de l’auteur sous le nom d'A. in- termedium, par le Père Bellinck dans sa Flore de Namur ; la seconde est l’Artemisia Verlotorum Lamotte, que j'ai reçu de la localité classique et dont les longs ei inextricables rhizomes en- vahissent la plate-bande où je l’ai transplanté. En donnant, sans prétention, mon avis sur les quelques espèces vraies ou prélendues dont j'ai parlé jusqu'ici, je n’ai guère procédé que par des affirmations dont je n'aurais pu, faute d'espace, pous permettra sans doute, à l’occasion du Trifolhium Arvernense, de signaler, dans la description de cette plante, une faute de syntaxe dont nous n’aurionsrien dit ici, si elle ne déparait plusieurs autres Flores où nous l’avons vue. L'auteur dit: « Pédicelles plus longs ou égalant le tube du calice »; et, à la pag. 230, dans la description d’un nouveau prunier : « Style égalant ou plus court que les étamines ». Nous ne pouvons partager l'opinion d'un botaniste fécond, qui nous dit un jour que, dans des écrits scientifiques, les fautes de langue n'ont que peu d'importance. ÉTUDE DU PRODROME DE M. LAMOTTE. 505 développer toutes les preuves. Mon principal but est de provoquer de la part du botaniste de nouvelles études, qui aboutiront le plus souvent, je l'espère, au triomphe de l’éclectisme en ce qui concerne les espèces. IL est naturel sans doute que le nombre des espèces s’accroisse pour tous les naturalistes à mesure qu’on les étudie mieux et qu’on explore mieux le terrain ; mais elles sont toujours les mêmes, au moins dans la période géologique actuelle, et leur multiplicité dans certains livres de notre époque est évidemment le résultat de changements opérés, non dans la nature, mais dans l'esprit de ses interprètes. Nous acceptons avec plaisir le progrès réel qui consiste à se rapprocher de plus en plus de la vérité ; mais lorsqu'un naturaliste s'aperçoit qu'il a fait fausse route en multipliant outre mesure les noms spécifiques, amour du vrai et du progrès scientifique doit le presser de reve- nir sur ses pas. D’éminents botanistes tels que Gay, Godron, Gre- nier, Parlatore même, après la publication de sa Flore d'Italie, ont pris ce parti, aussi honorable pour l’homme qu'utile à la vérité scientifique. Quoi qu'il en soit, nous ne différons ici du botamste éminent dont le Prodrome est l’objet de notre loyale critique, que par le point de vue auquel nous nous plaçons l’un et l’autre pour apprécier l'espèce. Nous lui connaissons d’ailleurs un esprit et un caractère assez élevés pour savoir qu’il nous excusera d'émettre sur ce point des principes opposés aux siens et que nous n'avons la prétention d'imposer à personne. La bonne foi dans cette question est toujours la meilleure ex- cuse, | Après avoir examiné les nouveautés du Prodrome, nous allons parler de plantes déjà connues, sur la détermination desquelles nous ne pouvons partager l'avis de notre auteur. L’Helleborus de Clermont, qu'on nomme /. viridis L., n’est pas la vraie Æ. viridis du Species plantarum, et des deux es- pèces qu’on réunissait sous ce nom, celle de France est devenue l'A. occidentalis Reut. C’est en effet par l'habitat que Linné assigne à sa plante qu’on doit trancher la question ; or le Species indique l’A. viridis L. en Suisse et en Autriche, d’où il suit que 506 MÉMOIRES ORIGINAUX. c’est la plante de l’Ouest nommée par Reuter qui réclamait un nom nouveau, et non pas, comme l’a cru M. Personnat, celle de la Savoie et de l'Est. Nous avons dit ailleurs‘ ce que nous pensions de l’Aconitum que M. Lamotte nous envoya il y a plus de vingt ans, comme variété de l’Aconitum Napellus L., et qu'il nomme aujourd’hui dans son Prodrome 4. laæum Rchb. Nous croyons toujours qu’il faut renoncer à toutes les prétendues espèces empruntées par Reichenbach à l’Aconitum Napellus, et que Koch a repoussées de son Synopsis, considéré avec raison par Fries comme une Flore d'or. Le Pavot que M. Lamotte nomme Papaver Roubiæi Vigaier et qu’il donne comme une variété du Papaver Rhœas L., en est une forme insignifiante, longtemps distribuée par Dunal sous le nom de P. Roubiæi Viguier. comme l’a dit Viguier lui-même. Le vrai Papaver Roubiæi que je tiens de l’auteur, et qui n’a été trouvé qu'une fois, est une plante trapue, très hispide, et remar- quable surtout par le lobe terminal des feuilles, qui, au lieu de s’allonger en lanière, est très court et dentiforme. Je n'y puis voir, comme Viguier lui-même avait fini par le croire, qu'une simple variété du P. Rhœæas L.; mais, si l’auteur du Prodrome 1 Voyez Plantes nouvelles pour le Gard, dans le Bulletin de la Société d’études scientifiques, 1881. Un botaniste du Gard a cru apprécier justement notre article dans un écrit où il est presque toujours hors de la question, et où la langue française et la science sont également maltraitées. Il prouve presque qu'il ne nous a pas compris, notamment en disant : « que de Pouzolz était un botaniste moins médiocre que ce qu'on veut bien le laisser à entendre ». Notre critique n'a raison, dans l'écrit dont nous parlons ici, qu'en retranchant deux des espèces que nous annoncions comme nouvelles pour la flore du Gard, et qui ont, dit-il, été trouvées par d'autres avant nous. Cette erreur, sans grande importance, n'est imputable qu'à un botaniste de nos amis, à qui nous avions demandé communication des espèces trouvées depuis de Pouzolz dans le Gard, et qui nous en a donné une liste incomplète. Nous ne lui demanidions que des uoms déjà connus et publiés, et, en nous en doanant une liste volontairement écourtée, il nous a tendu une sorte de piège où nous devions tomber. ÉTUDE DU PRODROME DE M. LAMOTTE. 507 eût connu cette plante, il n'eût point manqué probablement de la maintenir comme espèce. Quedirons-nous du Nuphar puinilum Sm.? M. Lamotte n’a vu, dit-il, du lac de Saliens que le N. luteum Sm., sans nier tou- tefois que le N. pumilum du même auteur puisse s’y rencontrer. Outre la forme ordinaire du W. luteuwm, on m'a donné à Mende, comme originaire des lacs de Saliens, la forme à (rès-petiles feuilles et à stigmate denté, que plusieurs auteurs, notamment Lecoq dans sa Géographie botanique, ont pris pour le M. pumi- lum Sm. La variété minus du N. luteum, variété que tout le monde admet, tend à infirmer, il faut l’avouer, les caractères empruntés à la petitesse des organes pour distinguer le N. pu- milum. [l reste la forme du stigmate, qui est entier dans le N. {u- teum Sm., fendu à peu près jusqu'au milieu dans le N. pumi- lum, et découpé jusqu'à la base dans le Spennerianum Gaud. , que Koch accepte, et que Grenier et Godron citent comme une simple variation de leur W. pumilum. Y a-t-il là plusieurs es- pèces réelles? Quelques botanistes, entre autres M. Crépin, qui sait si bien étudier une plante, ne l'ont pas cru. Il me paraît presque impossible de résoudre ce problème sans avoir vu vi- vantes toutes les formes de ce groupe; mais quand on pense qu'il s’agit de plantes aquatiques toujours protéiformes, et que les botanistes sont tous, relativement à la plupart de ces plantes, plus ou moins indécis, on est porté, comme quelques auteurs, à ne voir ici qu'un seul type, à moins de se résoudre à dédou- bler tout cela outre mesure. Le Fumaria officinalis L. GB. scandens, auquel M. Lamotte donne pour synonyme le F#, media auct. (non Loiseleur), est bien la plante de Loiseleur. C’est exactement ce que j'ai vu, sous le nom de F. media, dans l’herbier de Loiseleur lui-même, à Avignon, et par conséquent il ne faut point chercher, comme l'a fait M. Lamotte, la plante de l’auteur du Flora Gallica dans le F. Bastardi de Boreau. On sait que De Candolle prenait à tort pour le Æ, inedia le F. inajor de Badarro, et cette fâcheuse 508 MÉMOIRES ORIGINAUX. tradition s’est conservée quelque temps à Montpellier par l’in- fluence du professeur Dunal, son élève. Le Kernera saxatilis Rchb. et le X. auriculata DG., mentionnés dans le Prodrome comme formant deux bonnes espèces, m'ont toujours paru identiques, et il m'est arrivé de les rencontrer réu- nis « in un radice », comme Koch dit les avoir vus lui-même (Syn., pag. 72). M. Lamotte dit qu’en identifiant mon Autchinsia pauciflora de Mende avec le Capsella pauciflora Koch, du Tyrol, je n’ai eu probablement sous les yeux que la forme des lieux ombragés ; mais la vérité est que j'ai cultivé la plante de Mende en plein soleil, à Montpellier, où les feuilles sont Cevenues dentées et même pennatifides. La forme spontanée que j'ai recueillie dans les excavations des rochers de Mende a les feuilles entières ou parfois munies de quelques dents espacées, et est complètement identique à celle que j'ai reçue du Tyrol, où Koch l'indique et où elle croit dans la même condition qu’à Mende. C'était l’opi- nion de M. Lamotte autrefois, et on la trouve consignée dans son Catalogue du Plateau central. La forme des rochers du Tyrol est tellement conforme à la nôtre que, cultivée au soleil, elle pro: duisäit comme elle, sans aucun doute pour moi, des feuilles dentées ou pennatifides, circonstance, soit dit en passant, bien propre à modifier les idées du plus intrépide diviseur d'espèces. Notre auteur remplace le nom de Cistus Pouzolzii Del, par celui de CG. varius Pourr. (Mém. Acad. Toul., 1° série, V, 3, pag. 312). Le savant Directeur du Jardin Botanique de Toulouse, daus son excellent travail intitulé : Pourret et l'histoire des Cistes, « croit devoir rapporter, dit-il, le €. varius Pourr. au C. Pou- zolzii Del. ». Je suis porté à le croire aussi; mais les raisons qu’on peut en donner ne me semblent pas péremptoires. Il serait surprenant en effet que Pourret, qui connaissait bien le lan- gage botanique, eût dit &« brièvement pétiolées », les feuilles de son C. varius s'il eût eu en vue le C. Pouzolzii, dont les feuilles sont évidemment sessiles, Tout en avouant que M. Clos peut ÉTUDE DU PRODROME DE M. LAMOTTE. 509 avoir rencontré juste, je trouve les inconvénients du changement proposé plus grands que les avantages, et je crois que le nom de C. Pouzolzii, jusqu’à présent admis par tout le monde, doit être conservé comme étant incontestable et appuyé sur une bonne figure. Le Dianthus Godronianus Jordan, très commun ici et que j'ai vu dans les lieux cités par M. Lamotte : à Mende, à Anduze, au Vigan, ne diffère en rien du D. longicaulis Ten. que j'ai reçu de l'Italie méridionale et que Billot a eu pleinement raison, selon moi, de nommer ainsi dans ses Exsiccata. Nous n'avons point hésité à lui donner, dans la Flore de Montpellier, le nom de D. longicaulis Ten. Le Linum flavum L., indiqué en Autriche par Linné et que j'ai reçu de Vienne, est exactement l’espèce qui croît au pic Saint- Loup, près de Montpellier, où Linné l'indique sous le nom de L. campanulatum. Nous avons remarqué, comme les auteurs de la Flore de France, que cette plante varie par ses sépales nus ou ciliés-glanduleux, égaux à la capsule ou plus longs qu'elle; Mœnch, si bon observateur, a eu raison par suite de substituer le nom de Z. glandulosum aux deux noms donnés à tort par Linné à la même espèce. Les différences indiquées par M. Lamotte pour séparer aujourd’hui ces deux plantes, qu’il réu- nissait autrefois, sont peu marquées ou variables, et ne nous paraissent pas spécifiques. Le Linum de Montpellier et celui de Vienne sont pour nous, en effet, comme deux goultes de la même eau comparées l’une à l’autre. Scleranthus verticillatus Tausch, Reichenbach, Lamotte. — M. Lamotte donne pour synonyme à cette plante le S. Delorti Billot (Exsicc.) , mais il n’admet pas que le vrai S. Delorti de Grenier soit la même plante. La raison qu’il en donne, c’est que Grenier décrit le S. polycarpus de la Flore de France, qui est l'espèce nommée par lui plus tard S. Delorti, avec des fleurs dis- posées en cymes dichotomes au sommet des rameaux, tandis que le S, verticillatum aurait toujours des faisceaux axillaires en forme de grappe allongée : Or je puis affirmer que le Scleranthus 510 MÉMOIRES ORIGINAUX. que je tiens de Delort et ceux que Grenier m'a nomméslui-même, se présentent souvent avec ces deux inflorescences, qui sont moins tranchées qu’on ne le croit, et passent graduellement l’une à l’autre, selon la taille des individus et le sol qui les nourrit. Billot a pu accepter de MM. Sauzé et Maillard, sous le nom de S. Delorti Gr., une forme du S. verticillatus Tausch, par la rai- son précisément qu'il n’y a là que deux formes de la même espèce. C'était en effet l'avis de Reichenbach lui-même, puis- qu'il dit dans son Flora Germanica que c’est son S. verticillatus que De Candolle à publié dans le Prodomus sous le nom de S. polycarpus, lequel n’est que le S. Delorti, de l’avis de Grenier lui-même. Le S. annuus L. grêle et sous la forme du S. biennis Reut. des lieux secs, qui n’est qu'un S. annuus hiverné, se rapproche parfois du S. verticillatus, forme S. Delorti, de façon à embar- rasser des botanistes exercés. J'ai envoyé les formes ambiguës de toutes ces plantes à M. Boreau, qui me dit: « Vos diverses formes indiquent des espèces non décrites. » — Toujours des espèces intermédiaires à nommer, même dans les groupes où il y a déjà trop de noms! — Grenier, en présence des mêmes plantes, m’écrivait : « Je crois le S. Delorti dictinctde S. annuus, malgré la difficulté de distinguer certaines formes : à vous de discerner cela sur place. Il faudrait faire des semis pour savoir si l’un reproduit l’autre .» Je n'ai jamais été sérieusement embar- rassé pour distinguer le plus grêle S. annuus L. du S. Delorti Gr. le plus développé ; mais je crois à un embarras souvent in- vincible pour celui qui s’obstine à vouloir séparer le S. Delorti Gr. du S. verticillatus Rchb ; témoin l'erreur attribuée par M. La- motte à Billot, erreur qui n’en est pas une, à mes yeux, et dont je crois que Grenier lui-même s’est parfois rendu coupable à son insu. Le Sedum Nicænse All., que le professeur Moris et l’auteur de la Flore des Alpes-Maritimes ont étudié à l’aise dans l’herbier d’Allioni, leur a paru, comme à M. Gras, identique avecle Sedum altissimum Poiret, Mon ami Ardoino, botaniste doué d’une grande ÉTUDE DU PRODROME DE M. LAMOTTE. of sagacité, me l'a affirmé plus d’une fois, élla plante que j'ai vue vivante à Nice ne m'a point paru différer de ce que nous apipe- lions tous autrefois S. altissimum Poir, J'ai plus de répugnance peut-être que le savant professeur de Clermont pour les change- ments de noms faits sans raison majeure, mais l’évidence est un infaillible critérium de vérité. | L'auteur du Prodrome cherche à légitimer le Buplevrum Jacquinianum Jord. ; mais un éminent botaniste que les appa- rences ue trompent guère, M. Lloyd, a établi depuis, dans ses Herborisations de 1878 et 1879, qui font suite à son excellente Flore de l'Ouest, l'identité spécifique du B. affine Sad]. à ra- meaux courts appliqués et du B. Jacquinianum à rameaux allon- gés, ascendants. Les étés bumides produisent, dit M. Lloyd, du B, Jacquinianum Jord., là même où des étés secs produisent le B. affine et tous les intermédiaires. Le botaniste de Nantes, pour élablir jusqu'à l’évidence l'identité dont nous parlons, a semé avec un de ses meilleursélèves, M. Foucaud, des graines de B. affine qui ont donné de beaux B. Jacquinianurm. La section Jacea, du genre Centaurea, a donné lieu à plusieurs - fausses espèces, parce qu’on a cru stables des caractères qui nele sont point, tels que les fleurons radiés ou non, l’aigrette squami- forme dont on a constaté néanmoins la présence ou l’absence sur les tiges d’une même souche. M. Lamotte, qui a soupçonné lepeu d'importance de ces deux caractères, ne les a cependant pas con- sidérés comme nuls, puisqu'il met au rang äe ses espèces le Centaurea Endressi Hochst. etle C. Debeauxii Godr. Le premier m'a toujours paru être un C. nigra L. (C. obscura Jord.), à fleurs extérieures rayonnantes, et c’est ainsi que MM. Willkomm et Lange l’ont envisagé en le nommant C. nigra L. B radiata. Le Centaurea Debeauxii Godr. et Gren. n’est certainement que la forme microcéphale du €. microptilon G. G., comme Charles Desmoulins l’a constalé depuis longtemps. Malheureusement on était trop peu fixé, il y a trente ans, sur le peu d'importance de Vaigrette dans plusieurs Centaurea, et Grenier et Godron, en fondant surtout la séparation de leurs Centaurea Microptilon et 3° sér., tom, 1. 30 b12 MÉMOIRES ORIGINAUX. C. Debeauæii sur la présence de l’aigrette dans l’un, son absence dans l’autre, ont contribué à une erreur qui a pris fin aujourd’hui pour un grand nombre de botanistes. Il n’y a pas lieu d’être surpris, d’après ce qui précède, de voir que Boreau et Brébis- son, etc., disent les achaïnes de leur C. microptilon sans ai- grettes, tandis que M. Lloyd les déciare aigrettés. Deux plantes de cette section qu’on s’efforce de distinguer de- puis longtemps, les Centaurea nigrescens Godron et Grenier et C. serotina Bor., sont déclarées identiques par M. Lamotte, qui adopte le nom de C. serotina Bor., quoique plus récent, parce que celui de C. nigrescens a été appliqué à un trop grand nom- bre de formes. C’est toujours un nom inutile de moins, ce dont nous savons beaucoup de gré à notre auteur. Le Centaurea du Vigan, que M. Lamotte prend pour le €. in- termedia Cariot, est exactement la forme du groupe €. mon- tana que j'ai nommée daus la Revue des Sciences naturelles, IT, pag. 566, C. montana B arillarioïides, et qui figure sous ce nom dass la Flore de Montpellier, pag. 371 et 824. M. l’abbé Ca- riot, à qui je l’ai adressée autrefois, n’y a pas reconnu sa plante. Je prendrais volontiers, avec M. Lamotte, la plante du Vigan pour le Centaurea intermedia, mais sans voir dans la forme en ques- tion autre chose qu'une variété. Tout le monde connaît le désespérant polymorphisme des Ta- raxacum. Le T. erythrospermum Andrz., que l’on confond avec le 7. lævigatum DC. avant la maturité des graines, comme le fait observer Grenier (#!. de France, tom. II, pag. 316), ne s’en distingue en effet que par ses achaines rouges, caractère sans valeur et qui se rencontre parfois dans toutes les espèces du genre. Cette prétendue espèce figure néanmoins dans le Prodrome du plateau Central comme distincte du 7. lævigatum DC. M. Jor- dan, qui a cultivé ces deux plantes comme M. Lamolte, et qui ne peut êlre suspect ici, n'y voit aucune différence. La couleur des graines lui a paru un caractère sans consistance, etil ajoute, Pug., pag. 118: « Notæ distinctionis, si aliæ extant, omninô me fugiunt». Grenier, qui avait introduit ce Taraxacum dans la ÉTUDE DU PRODROME DE M. LAMOTTE. 513 Flore de France, a renoncé plus tard, dans sa Flore jurassique, à y voir une espèce, tout en lui conservant encore la qualifica- tion de variété, qu'il ne mérite même pas. Les botanistes séparent depuis longtemps le Lactuca viminea Link. (Prenanthes viminea L.) du Lactuca chondrillæflora Bor. et l’on indique dans la région de l'olivier l’espèce de Linné, lequel donne en synonyme à son Prenanthes viminea le Prenanthes viminea de Gouan et le Chondrilla viminea viscosa Monspeliaca de Bauhin ; or, nous n’avons pu voir à Montpellier ni nulle part une seule plante à laquelle convienne la description du L. vimi- nea de Grenier et de Boreau, tandis que celle qui répond à la description du L. chondrillæflora Bor. est commune chez nous, et la seule que Bauhin, Gouan et Linné aient pu indiquer à Montpellier, sous les noms de Prenanthes et de Chondrilla vi- minea. Boreau aurait donc baptisé L. chondrillæflora une plante qui n’était, à son insu, que l’espèce linnéenne et le vrai Chon- drilla viminea des anciens. Où se trouverait donc le rarissime Lactuca viminea des auteurs, qui sauf de Pouzoiz donnent à cette plante des achaines égalant leur bec en longueur ? Cette espèce, selon nous, est introuvable, à moins que les auteurs dont nous parlons n’aient, par une confusion facile à faire, nommé L. vi- minea une forme du L, ramosissima qui, au milieu des haies, aune tige très-simple, dressée et très-élevée. Nous avons été surpris en effet plus d’une fois, en voyant sur la pelouse et les talus découverts, le L. ramosissima court et buissonneux et dans les haies contiguës une forme, évidemment de la même espèce, à tige très-simple, dressée et élevée comme nous venons de le dire. Cette dernière forme que nous n’avons point, mais que j'ai vue à Albi dans les haies voisines des talus où croit, buissonneux et très-court, le L. ramosissima type, a été nom- mée par quelques auteurs L. viminea, notamment par de Martrin- Donos, qui me l’a donnée sous ce nom de la localité où je l'ai recueillie moi-même depuis. C'est la seule forme avec laquelle concorde la description des autears qui donnent à leur L. vi- minea des achaines de la longueur de leur bec ; mais ce re peut De MÉMOIRES ORIGINAUX. être le L. viminea de Linné, puisque, comme nous l'avons dit, sa plante est celle de Gouan et de Bauhin, c’est-à-dire la forme de nos garrigues que Boreau a eu le tort de nommer L. chondrillæ- flora et dont les achaines sont deux fois aussi longs que leur bec. Il suit de tout cela que le nom créé par Boreau doit disparaître de la nomenclature, et que le nom de L.viminea ne pourrait être conservé sans une incessante confusion. D'un autre côté, le Lactuca ramosissima de Grenier et Godron, étant très simple dans les haies du Midi, et peut-être à toutesles stations de pays moins méridionaux, ne peut non plus conserver un nom impropre et parfois contradictoire. Comment échapper à cette double diffi- culté ? Je le dirai volontiers, dussé-je me faire lapider par les botanistes qui détestent les noms nouveaux. Ces noms sont sou- vent imposés par une absolue nécessité, et le cas présent tombe sous les lois de notre code botanique. Le moyen le plus simple, à mon sens, d'échapper à la confusion qui accompagnerait sou- vent les noms dontnous venons de parler, consisterait à nommer Lactuca Bauhini, le Chondrilla viminea viscosa Monspeliaca de Bauhin, cité par Linné, et Lactuaca Grenierile L. ramosissima de Grenier, in Gren. et Godr. (FI. de Fr. 2, pag. 318), qui n'est qu'une partie du Prenanthes ramosissima d’Allioni. L’Hieracium des rochers qui couronnent le ravin de la Croix, dans le Cantal, et qui figure dans le Prodrome de M. Lamotte sous le nom d’Æ: longifolium Schl. me semble être simplement l'A. Vogesiacum Moug., que notre auteur indique aussi dans la même région. Le vrai 4. longifolium Schl., que je n’ai point vu de l'Auvergne, est comme intermédiaire entre les 4. Vogesiacum Moug. et A. cerinthoïides L, mais se rapproche davantage de la pre- mière espèce, dont iln’est probablement qu’une forme robuste. Ses énormes capitules et les longs poils dont il est couvert lui don- rent un aepect particulier. Haller nomme cette plante, qui est l'H, cerinthoïdes des jardins botaniques allemands : « A, ramosum foliis et calice longo villo barbatis », et Linné, à la suite de son H, cerinthoïdes, cite cette phrase de Haller et engage à comparer à sa plante celle du botaniste suisse. ÉTUDE DU PRODROME DE M. LAMOTTE. 545 On indique dans le Prodrome de M. Lamotte comme deux es- pèces distinctes : l’Hieracium bifidumW .K. etl'4. Planchonianum Timbal et Loret. L'A. Planchonianum aurait été trouvé dans les châtaigneraies du Vigan par le docteur Diomède, et l’A. bifidum W. K. est indiqué comme ayant été recueilli au Vigan aussi par le même botaniste, et à Mende par nous-même. Il n’y a eu pour nous qu'une seule et même espèce : notre #. Planchonianum, comparé maintes fois à l’A. bifidum vrai, que nous avons reçu d'Allemagne, nous a paru identique, et ça a été l'avis formel de Fries et de Grenier. La plante que j'ai trouvée à Mende et que M. Lamotte donne comme 7. bifidum W.K. (non A. Plancho- nianuwm) a été reconnue par Grenier et M. Timbal comme A. Planchonianum. Les individus que j’ai recueillis là sur un rocher aride étaient identiques avec la forme grêle, unicaule, mono- bicéphale de Viols-le-Fort, décrite par M. Timbal et par moi; et ceux qui, an pied de ce mère rocher, étaient constamment arrosés par une source dont les eaux descendaient de la montagne et se présentaient très rameux, polycéphales, plus robustes et comme transformés, ont été pris également pour notre 1. Planchonianum par Grenier et Fries, qui n’y voyaient en même temps qu'un sy- nouyme del’A. bifidum W et K. Je crois devoir dire ici, pour la deuxième fois, que l’Xieracium recueilli au Vigan par le docteur Diomède, et qui porte dans les £xsiccata de Billot le nom d'A. Jau- bertianum, Timbal et Loret, n’est qu’une forme del’Æ. / lanchonia- num des mêmes botanistes. [ y a dans le Prodrome de M. Lamotte, pag. 591, un Hiera- cium bien plus singulier que ceux dont nous venons de parler, et lorsque nous affirmerons que cel Hieracium n’est qu'un lusus de l'A. wumbellatum L., nous connaissons des botanistes qui, bien que la chose soit démontrée, jetteront les hauts cris.fIl n’en sera pas ainsi des prudents imitateurs de Villars, qui dit dans ses Prospectus : «Je me suis appliqué à diminuer le nombre de mes plantes plutôt qu'à l’augmenter ». L’Hieracium dont nous voulons parler, et qui figure dans notre Flore de Montpellier, pag. 407 eL803, sous le nom d’X. wmbellatum L. y. rhombifoliwm, est 516 MÉMOIRES ORIGINAUX. l'A. ilicetorum Jord. des Exsiccata de Billot et du Prodrome de M. Lamotte. Nous l'avons reçu autrefois du docteur Diomède, qui a écrit au bis de son étiquette: « variété de l'H. wmbellatum L.». Rien nest plus vrai en effet, et nous avons vu nous-inême au Vigan les intermédiaires qui l’unissent au type. Cette plante, avant d’être nommée par M. Jordan A. ilicetorwm, avait reçu de Frælik le nom d’/. halimifolium in Herb. Mus. Berol., Fries, (Epicr., pag. 136), et c'est la plante même du Vigan qui a servi de description au monographe allemand. Fries dit avoir lu sur l'étiquette de Delile, dans l’herbier de Berlin, que cette plante, trazsplantée duVigan au jardin de Mont- pellier, s'était montrée invariable pendant quatre ans de culture ; mais le semis l’a ramenée au type, et Delile l’a constaté ici sur les étiquettes de son herbier, où on lit: «variété sauvage de l'A. wumbellatum L. qui ne se perpétue pas de graines, à feuilles courtes ». J'en ai informé Fries, et l’illustre professeur d’'Upsal, dans ses Aieracia Europæa exsiccata, dit en parlant de son H. ha- limifolium « Hoc, docente cl. Loret, potius analoga forma H. um- bellati ut in Epicrisi jam suspicatus sum ». L’A. brevifolium, que M. Lamotte indique aussi au Vigan, est sans doute l’Æ. brevifoliwum Frœl. apud DC. Prodr. (non Tauch.), qui n’est pour Fries qu'une forme de l'A. halimifolium (Voy. Fr. Epicr., pag. 136). Primu'a vulgari-elatior. — Cet hybride a été publié par moi sousle nom de P. grandifloro-elatior, dans les Mémoires de la So- ciété d'Émulation du Doubs, nonen 1875, comme le dit par erreur M. Lamotte, Prodr., pag. 513, mais dès 1855, et avant que per- sonne en eût parlé. Peu après la substitution du nom de P. vulgaris Huds. (1762) à celui de P. grandiflora Lam. (1778), je fis obser- ver que mon hybride devenait le P. vulgari-elatior. Ma planten'est pas heureuse , car, bien que découverte et publiée par moi dès 1855, elle a été attribuée par Reuter (Cat., pag. 144) à M. Muret, qui venait de la trouver à Genève en 1861, et pour comble, dans le Prodrome dont il s’agit ici et qui vient de paraître, on date ÉTUDE DU PRODROME DE M. LAMOTTE. 517 par inadvertance ma découverte de 1875 seulement au lieu de 1855; M. Ayasse est le premier qui l’a enfin nommée (in Rouy, Exsicc.), P. vulgari-elatior Loret. On connaît le facies particulier des plantes d'Orient, et l’on peut affirmer que les auteurs de la plante de France n'avaient jamais vu l’Echium pustulatum de Sibthorp, lorsqu'ils ont donné ce nom à la plante que nous avons nommée, dans la Flore de Montpellier, £. vulgare L. var. tuberculatum. L'étude que nous fimes de cette plante, dans nos Glanes d’un botaniste, Bull. Soc. bot. Fr., VI, p. 406, nous conduisit à l’Echium tuberculatum Hoffm. et Link, qui ressemble tellement à l'£. vulgare L. d’aprèsles auteurs de la Flore portugaise, qu'il leur a été impossi- ble, disent-ils, de décider si elle doit être considérée comme une espèce particulière ou comme variété de l’E. vulgare. Brotero n’y voit qu’un £. vulgare ; de Martrin-Donos, dans sa Flore du Tarn, a cité nos Glanes, et s’est décidé comme nous pour l’£. tuberculatum. Nous croyons aujourd’hui, après avoir examiné les formes diverses de cette plante à différentes altitudes, qu'il n'y a là qu’une simple variété de l’£. vulgare. L.. que nous nom- mons, comme en 1859, Var. tuberculatum". En changeant de genre le Myosotis Lappula L., il fallait en bonne règle l'appeler Lappula Myosotis, et c’est ce que Moench avait fait dès 1794. Le genre Lappula, que nous avons adopté dans la Flore de Montpellier, a une évidente antériorité sur le genre Echinospermum, créé par Lehman en 1818. Le Linaria striato vulgaris, signé par M. Lamotte, l’a été plus anciennement par M. Crépin, qui accompagne cette plante d’une dissertation (Notes, fasc. V, p. 33). La plante de M. Lamotte m'a semblé être un Linaria vulgaris Mæœnch mal conformé, plutôt qu’un hybride. On sait que M. Timbal a distingué dans l’ancien Brunella 1 M. Rouy vient de publier et de nous envoyer l'Echium tuberculatum du Por- tugal, qui est exactement notre plante de Montpellier, comme nous l'avions jugé avant d'en avoir reçu un exemplaire authentique. 515 MÉMOIRES ORIGINAUX. grandiflora deux espèces, el qu'il a nommé l’une d’elles B. alpina Timb., l’autre B. Tournefortii Timb. M. Lamotte n’a pas admisle nom de B. alpina, parce que, dit-il, cette espèce croît aussi bien sur les coteaux que sur les montagnes, et n’est nullement alpi- ne ; mais je me suis demandé si, en donnant à cette plante le nom de B. grandiflora Mœnch, l’auteur du Prodrome a réfléchi que le B. Tournefortii, qu'il adopte, 1 ses fleurs beaucoup plus grandes que l'espèce qu'il vient de nommer B,. grandiflora. D'un autre côté, l'espèce des Pyrénées avait un nom depuis longtemps, lorsque M. Timbal lui a donné le nom de B. Tourne- fortü, et si on lui a refusé le nom de B. hastata Brot., parce que ce nom exprime un caractère accidentel dont l'espèce en question est souvent dépourvue, il n’est pas permis d’oublier que Philippe, dans sa Flore des Pyrénées, qui date de 1859, a nommé B. pyre- naica Philippe l'espèce nommée récemment par M. Timbal B. Tournefortii, et qu’il l’a longuement décrite. On trouvera que j'ai été long peut-être, et je termine en retran- chant du Prodrome une espèce qui n'appartient point au plateau Central, et en la remplaçant par uve autre qui y a été indûment omise. La première est le Polygala Monspeliaca L., trouvé par le docteur Diomède au Triadou, où M. Lamotte l'indique. Le Tria- dou est un village voisin de Montpellier, et le plateau Central s'étend bieu loin déjà en venant jusqu’à Ganzes. L’espèce qui a droit de remplacer dans le Prodrome le P. Monspeliaca est l’Alsi- nie recurva Wahlenb. qui, elle, appartient en plein au plateau Central , car M. Barrandon l’a recueillie au sommet de la vallée de Pailhères, sur le mont Lozère. 519 ÉTUDE STRATIGRAPHIQUE SUR LES FORMATIONS SECONDAIRES ET PRIMAIRES DES PYRÉNÉES DE L'AUDE Par M. VIGUIER. Appelé par le professeur de Rouville à collaborer à l'exécution de la Carte géologique de l’Aude, j'ai fait sous sa direction de nombreuses courses, tant dans l’Aude que dans l'Hérault, pour relier les formations de ces deux régions. Absorbé par les soins du professorat et la préparation du texte qui doit accompagner sa Carte géologique de l'Hérault, M. de Rouville m'a chargé d'effectuer dans l’Aude les observations reconnues nécessaires et de rédiger un texte explicatif. J’extrais aujourd’hui de mes notes ce que j'ai pu réunir jusqu'ici de données nouvelles sur les formations secondaires et primaires des Pyrénées de l'Aude; une récente étude sur ce sujet, due à M. Leymerie, laissait subsister des éléments de confusion que, dès nos premières courses dans le pays de Sault, M. de Rouville avait reconnu la nécessité de débrouiller. C'est un des faits remarquables de la géologie des Pyrénées, que de présenter souvent dans la série stratigraphique, entre les couches appartenant sûrement au terrain de transition et les assises bien reconnues comme crétacées, quelquefois aussi dans une position entièrement douteuse, de présenter, dis-je, de puis- santes assises calcaires excessivement pauvres en fossiles, sinon en étant absolument dépourvues, et pour la détermination desquel- les ont échoué la plupart des géologues qui ont abordé l'étude des Pyrénées, tant sur le versant français que sur le versant espagnol. Depuis les travaux de Charpentier, qui hésita le premier devant son calcaire primitif, jusqu'aux derniers mémoires de Leymerie, on trouve presque toujours indiquée cette difficulté, quiest encore loin d’être résolue d’une manière complète et générale. 3e sér., tom. 1. y 520 MÉMOIRES ORIGINAUX. Les derniers travaux de Leymerie sur les Pyrénées de l'Aude et sur la Haute-Garonne montrent les lacunes qui restent à remplir pour ces régions, sur ce sujet qui constitue, comme l’a dit ce géologue, les plus grandes difficultés de la géologie de l'Aude et des Pyrénées-Orientales". J'ai essayé, dans les Pyrénées de l’Aude, d'établir quelques dis- tinctions rationnelles dans ces masses calcaires sans fossiles, qui séparent du crétacé inférieur le terrain de transition bien reconnu, masses que Leymerie avait confondues jusqu'ici sous la dénomi- nation pétrographique générale de marmoréen; les faits presque uniquement stratigraphiques et pétrographiques que j'ai pu invoquer frapperont moins le géologue à qui la région est incon- nue que la plus simple liste de fossiles ; j'espère néanmoins que plusieurs des rapprochements que j'établis paraîtront naturels à ceux qui étudieront ces montagnes. J'ai à dessein laissé de côté, dans ce travail très résumé, la question des ophites et des roches éruptives ou métamorphiques, bien que sur plusieurs points de la région elles présentent des affleurements d’un grand intérêt : celte étude m'aurait entraîné trop loin et aurait été faite dans un cadre insuffisant ; j'ai préféré la réserver pour une étude spéciale. La région que je vais étudier est en effet relativement res- treinte et comprend simplement la partie pyrénéenne du dépar- tement de l'Aude étroitement enclavée entre l’Ariège et les Pyrénées-Orientales, sur une longueur de 40 kilom. et une lar- geur de 15 kilom, environ. Topographiquement, elle est inter- médiaire entre la région des sommets granitiques et les plaines formées par le crétacé supérieur ou le tertiaire dans la vallée moyenne de l'Aude. Six coupes N.-S. à l'échelle de la carte de l'État-Major raccor- dées à l’axe orographique O.14°N. de la région E. des Pyrénées et dont je donnerai une explication suffisamment détaillée, per- PATES PO ARR PP ET RU EE OR SORT TN RE. LOTS, PURES 1 Aperçu géologique des Pyrénées de l'Aude. Mémoire posthume: Revue des Sciences nat. Montpellier, 1881. FORMATIONS SECONDAIRES ET PRIMAIRES DES PYRÉNÉES DE L’AUDE. 521 mettront de se rendre compte de la consütution de cette région montagneuse; j'en ferai ensuite le résumé et la discussion. Voici les directions de ces coupes : 1° Coupe par Camurac et Puivert. 2° Coupe par le col del Pradel, la Fajeole, Niort et Espézel. 30 Coupe par Fontannes, Aunat et Puivert. 4° Coupe par Sainte-Colombe, les gorges de Saint-Georges, la Pierre-Lys et Quillan. 9° Coupe par le co] de l’'Hommenadel, En Malo et la forêt des Fanges. 6° Coupe par Gincla, Puylaurens et la forêt des Fanges. Quant à l'historique des travaux effectués sur la question qui m'occupe, il se borne presque entièrement aux quelques lignes d'explication d’une coupe dans un mémoire posthume de Magnan' et au mémoire, posthume aussi, de Leymerie, que j'ai cité en commençant. J'aurai à revenir plusieurs fois sur ces mémoires ; le dernier surtout, malgré le peu de précision que l’auteur donne à dessein à ses conclusions, contient de nombreux détails que j'ai cru inutile de répéter ici, regardant surtout mon étude comme une suite à ce premier travail, entrepris aussi pour le service de la Carte géologique du département. — Coupe Î, par Camurac et Puivert. J'ai dressé cette coupe comme terme de comparaison avec celle donnée par Leymerie (loc. cit.) sous le titre de « coupe du Pays de Sault passant par Niort et Espézel, prolongée jusqu’à Puivert, montrant deux plaines eultivées à des hauteurs qui diffèrent de 330 mètres ». En la combinant avec ma coupe 2, on y rencontre tous les terrains signalés par Leymerie dans la sienne, et on pourra se rendre compte des différences qu’elles présentent. Dans cette première coupe, depuis les schistes de transition 1 Matériaux pour une étude stratigraphique des Pyrénées et des Corbières. Mém. Soc. Géol. Fr., 1874. 522 MÉMOIRES ORIGINAUX. qui se terminent pres du moulin del Bosc jusqu'aux escarpements dominant la plaine de Puivert, je n'ai pu saisir qu’une suite ininterrompue de calcaires blancs cristallisés et massifs, dans la région de Camurac et de Comus, passant par des transitions in- sensibles aux calcaires gris et blancs mieux réglés, plus mar- neux, et souvent pétris de Requienies, du col de l’Encise de la plaine et du bois d’Emberger, couches qui dominent le village de Belcaire, bâti dans une gorge marneuse (Marnes aptiennes). Ces modifications du calcaire se retrouvent dans les coupes n° 4 et 5, j'aurai donc à y revenir plus loin ; mais je dois ajouter ici que je pe puis adopter les limites établies par M. Mussy dans sa Carte de l'Ariège! : cet ingénieur range en effet, sous le nom de calcaires dolomitiques du lias supérieur, toutes les couches de la forêt d'Embeyre et de la forêt de Basqui, lesquelles se continuent daas l'Aude dans la forêt de Gespetal et la région de Comus. Je rappellerai aussi que, plus récemment, M. Seignette ? a pru- demment laissé la région de Comus et de Camurac jusque vers le col de l'Encise au Nord, dans un groupe pour lequel il a con- servé l’ancienne dénomination de calcaire primitif, due à Char- pentier. Coupe 2. Par le col del Pradel, la Fageole, Merial, Niort et Espézel. 1. Calschistes gris siliceux et schistes noirs pyriteux que l’on aperçoil seulement dans quelques ravins et dont on ne peut saisir les rapports. 2. Schistes verdâtres et rougeûtres, violacés parfois, et cal- eaires marmoréens amygdalaires et versicolores, exploités dans les environs de la Fajeole. C'est là l’Horizon des marbres à go- niatites des Pyrénées, des Corbières et de la Montagne-Noire. 3. Calcaires marmoréens blanes ou gris, plus ou moins foncés, { Carte géologique et minéralogique de l'Ariège, texte explicatif et coupes. Foix, 1870. 2 Essai d’études sur le massif pyrénéen de la Haute -Ariège. Castres, 1880, Thèse de doctorat soutenue à Montpellier. FORMATIONS SECONDAIRES ET PRIMAIRES DES PYRÉNÉES DE L'AUDE. 523 à cassure mate, formant des escarpements sur le bord de la route, entre Mérial et la Fajeole. 4. Schistes verdâtres satinés. 5. Masse de calcaire gris que la route de Mérial traverse en encorbellements. 6. Schistes verdâtres satinés. 7. Poudingue de couleur foncée à éléments schisteux, quart- zeux ou calcaires. Plusieurs de ces derniers sont souvent moins roulés, de dimens'ons plus considérables, et peuvent étrereconnus comme n'étant autre chose que des fragments de marbre à go- nialites. Ce poudingue passe souvent insensiblement à des grès bré- choïdes et à des schistes brunâtres micacés ou verdätres, au milieu desquels ils sont comme noyés, en lambeaux dont les di- mensions ne dépassent pas parfois la longueur et l’épaisseur de quelques centimètres. Sur le parcours de cette coupe, on peut très bien étudier cette formation en montant de Mérial vers la Fageole, et dans le che- min forestier de la forêt de Canelle. 8. Calcaires gris compactes et schistes subordonnés. 9. Schistes de transition et ophite. 10. Calcaires blancs marmoréens et calcaires avec accidents bréchoïdes. Si l’on continue ensuite à descendre la vallée, on rencontre successivement, un peu au-delà de Niort, des marnes noirâtres et des calcaires noirs ou bleuâtres peu développés, des calcaires gris-bleuâires plus ou moins foncés avec accidents bréchoïdes ; à ces derniers calcaires sont subordonnés des calcaires marmo- réens blancs, formant des escarpements visibles près du moulin de dessus et sur le chemin qui s'élève vers Rodome, sur la rive droite du Rebenti ; là ils prennent un aspect grenu, dolomitique, et passent par quelques alternances aux calcaires noirâtres dolo- mitiques du plateau de Rodome, avec lesquels vont aussi se confondre les calcaires noirs ou bleuâtres que j’ai cités ci-dessus. Dans la direction exacte de la coupe, diverses cassures com- 24 MÉMOIRES ORIGINAUX. Qit pliquent la série ; la manière dont je les ai représentées rend à peu près compte des faits observés. On rencontre successivement : 9, Schistes de transition et ophite. 10. Calcaires blancs grenus dolomitiques. 11. Schiste de transition, poudingue déjà cité et ophite. 12. Marnes noires et caleaires bleuâtres ou noires de Rodome. 13. Calschistes et calcaires siliceux. 14. Calcaire à Requienies, sur un relief peu accusé duquel est bâti le village d’Espézel, à la limite de la plaine alluviale du plateau de Sault, dont je n’ai pas à m'occuper ici. Dans cette coupe, ce n’est dans tous les cas certainement qu'après 13 que finit le terrain de transition et commence le terrain crétacé ; la bande douteuse de Leymerie remplissant toute la région entre Mérial et Espézel n'a donc pas de raison d’être ici. Coupe 3. Par Fontanes, Aunat et Puivert. 1. Granite. 2. Calschistes et schistes noirs siliceux. 3. Schistes et calschistes lustrés, verdâtres ou de couleur fon- cée ; calcaires blancs ou gris, grenus, avec veines de silex rous- sätre en relief. 4. Calcaires marmoréens blancs, cristallins, présentant près du petit tunnel que traverse la nouvelle route de la vallée, un peu avant Fontanes, quelques accidents rappelant beaucoup, soit le marbre de la Fajeole, soit le marbre incarnat de Caunes. Ce marbre a du reste été exploité dans la région. 5. Schistes foncés et poudingue intercalé. 6. Calcaire dolomitique jaunûtre. 7. Calcaires noirs siliceux, veinés despath et quelquefois bré- choïdes. 8. Schistes de couleur foncée avec filon de fer oligiste écailleux; 9. Calcaires d’abord gris-clair, grenus, dolomitiques, écailleux; par alternance au système de: FORMATIONS SECONDAIRES ET PRIMAIRES DES PYRÉNÉES DE L'AUDE. 525 10. Calcaires noirs de Rodome. Ces calcaires noirs, dont j'ai dit un mot à propos de la coupe 2 et sur lesquels je reviendrai encore plusieurs fois, forment la majeure partie du sol de la partie sud du plateau de Sault, séparée, par la profonde et étroite vallée du Rebenti, de la partie nord, où se trouvent Belcaire et Espézel, bien différente géologiquement. La plaine qui s'étend entre Aunat à l'Est, Mazuby et Galéna- gues à l'Ouest, est uniquement formée de ces calcaires décom- posés qui forment une terre arable noirâtre, excessivement fertile. Rodome s'élève au milieu de cette plaine, sur un léger relief de calcaire, et les anciens auteurs, tels que Gensanne dans son {Histoire naturelle du Languedoc, frappés de la couleur noire du sol et des roches, ainsi que de l’sspect arrondi des buttes qui s'élèvent dans cette plaine, ont été jusqu’à rapporter ces formes à des trapps ou à des basaltes, et ont même indiqué la position des bouches volcaniques qui leur auraient donné issue! M. Vène a depuis longtemps signalé dans les calcaires de Ro- dome de nombreux cristaux prismatiques allongés de couzéranite. 11. Ca!lcaires gris ou blancs grenus, dolomitiques = 9. 12. Gneiss et pegmatites. 13. Calcaires gris marmoréens avec zones et nodules de silice. 14. Calcaires gris ou blancs, dolomitiques, grenus, parfois Sableux = "1 1: 15. Calcaires jaunâtres marneux et marnes à Orbitolina conoidea et O. discoidea. 16. Calcaires compacts à pétrographie variable, jaunâtres ou gris clair et esquilleux, gris plus foncé ou même noirs, gris moucheté de taches noires, etc. Ces calcaires présentent parfois, dans les parties grises, de nombreuses traces de Requienies ct forment les pittoresques escarpements du moulin d’Able et les grandes murailles verticales que la nouvelle route départemen- tale de la vallée du Rebenti traverse en tunnels et encorbelle- ments, entre Able et Joucou ; les ruines informes du château de d’Able couronuent ces murailles et dominent la vallée, 526 MÉMOIRES ORIGINAUX. Au Nord, la route qui remonte vers le plaleau de Sault et Belvis traverse : 17, Marnes argileuses ou schisteuses, souvent très rouges et calcaires marneux, tantôt sans fossiles, tantôt pétris d’Ostrea aquila. 18. Calcaire compact gris à Requienies. 19. Marnes à Orbitolines. 20. Calcaires compacts gris à Requienies, quelquefois noi- râtres et fétides à la cassure (grotte de Belvis). Ces calcaires se continuent à travers la forêt de Callong jusqu'aux escarpements dominant au Sud la plaine de Puivert. 21. Garumnien. 22. Calcaire à Miliolines. Coupe 4. Par Sainte-Colombe, les gorges de Saint-Georges, la Pierre-Lys et Quillan. Cette coupe, facile à étudier sur tout son parcours à l’aide de la route latérale à l’Aude et à la Guelte, a élé jusqu'ici la coupe classi- que de la région; on la trouve en partie du moins dansle Mémoire de d’Archiac sur les Corbières ( PJ. A, fig. 1), dans le « Mémoire pour servir à la connaissance de la division inférieure du terrain crétacé pyrénéen » par Leymerie ‘, et plus récemment dans les travaux de Magnan * et de Cayrol*. Bien que beaucoup mieux étudiées que celles de leurs devanciers, les coupes des deux derniers de ces géologues présentent encore des lacunes ou des inexactitudes qui m'ont engagé à élablir à nouveau cette coupe d’une manière aussi détaillée que possible, au moins pour la partie intéressant mon étude. 1. Granite de Counozouls. 2. Schistes de transition. 1B. S. G,. F., 2° série, tom. XXVI, pag. 271. 2 Mémoire sur la partie inférieure du terrain crétacé des Pyrénées et des Cor- bières. Mém. Soc. Géol. F., 2° série, tom. IX, 1872. PI. XIX, fig. IT; et 1bid., 1874: Matériaux pour une étude stratigraphique des Pyrénées et des Corbières. 3 Cayrol: Étude sur le terrain crétacé inférieur de la Clape et des Corbières. Ann. de Géologie, 1872, fig. 28. FORMATIONS SEGONDAIRES ET PRIMAIRES DES PYRÉNÉES DE L'AUDE. 027 3. Calcaires gris clair marmoréens souvent injectés de rouge ou avec bandes siliceuses roussâires. 4. Schistes verts ou rouges et calschistes amygdalins subor- donnés. 5. Schistes et poudingue déjà cité dans les coupes précédentes. 6. Calcaires cristailins blancsou bleuâtres dolomitiques. Telle est à peu près la première partie de la série, en faisant la coupe par le col de la Malagrède, en descendant vers Gesse, et cette série a été figurée dans la coupe de Magnan et indiquée par Leymerie (Aperçu géologique cit.) presque dans les mêmes ter- mes ; mais si l’on suit simplement la route d’Axat, à partir de Sainte-Colombe, on rencontre, en sortant du village, des calcaires blancs ou jaunâtres, cristallins, dolomitiques, souvent bréchoïdes, qui se continuent sans grande variation jusqu’au confluent de l’Aude et de la Guette, et à l’embranchement de la nouvelle route de la vallée de l'Aude. , 7. Calcaires coupacts peu ou point dolomitiques, à cas- sure matte, quelquefois cireuse et non grenue, cristalline comme celle des précédents ; leur couleur varie du blanc pur au gris et au noir. 8. Calcaires noirs et marnes gréseuses noirâtres à Am. Milletia- nus. Au nord du bassin d'Axat commence le massif de la Pierre- Lys, dont on peutétudier la coupe de trois manières : soit en suivant simplement la route de Quillan, soit à l'Ouest en s'élevant d’Axat, vers le col de Jassere, Quirbajou, le Sucqués de la Serre, et descendant ensuite de là sur Quillan ; soit enfin à l'Est, en tra- versant la forêt des Fanges par la Grémade, le col de Camperié, la maison desGardes, et la descente sur Belvianes et Quillan, au ruis- seau des Camps. J'ai figuré simplement ici la coupe par le col de Jasserre et Quirbajou, direction où elle se présente avec une grande netteté ; mais, sa vérification sur cette ligne étant peu pratique, je donne- rai ensuite la série des couches traversées par la grande route des Gorges, où se présentent des cassures et éboulements secondaires 528 MÉMOIRES ORIGINAUX. de cette grande fracture, et faisant croire au premier abord à de nombreuses récurrences. Ma coupe n° 5 donnera ensuite la troisième direction, celle par le col de Camperié et la forêt des Fanges. 9. Calcaires marneux et marnes à Orbitolines. 10. Calcaires à Requienies. 11. Calaires marneux et marnes à Orbitolines. 12. Calcaires à Requienies. 13. Calcaires marneux et marnes à Orbitolines, passant à: 14. Calcaires et marnes noirâtres à Am. Milletianus. 15. Calcaires à nodules de silex noirâtre, cilcaires marneux et marnes à Orbitolines. 16. Garumnien. Si au contraire du pont du Rebenti on entre dans les gorges de la Pierre-Lys, on rencontre successivement : Calcaires gris avec coupes de Requienies. PI. S. 85°. Calcaires noirs. Calcaires gris. Couches marno-calcaires avec débris d’oursins et Ostrea aquila. Calcaire gris à Requienies. PIS. 45°. Calcaire marneux jaunâtre. Marnes et schistes noirâtres. PI. S. Marnes bleuâtres. Calcaire gris clair à Requienies. PI. N. et formant le massif du tunnel principal. Calcaires gris clair, PI. S. 80°. Marnes grises et calcaires marneux noduleux, jaunâtres à la surface, PI. S. 70°; ces couches se relèvent ensuite verticalement et passent à des marnes et à des calcaires très foncés. Calcaires oris, PI. N. 75°, formant le rocher où se trouve percéle Trou du Curé. Un peu après finissent les derniers rochers relevés de calcaire à Requienies, par la haule muraille verticale que l’on aperçoit de Quillan ; contre elles viennent butter des calcaires noirâtres un FORMATIONS SECONDAIRES ET PRIMAIRES DES PYRÉNÉES DE L'AUDE. D29 peu marneux et des marnes noires, PI. S. 80°, appartenant au Gault, à 4m. Milletianus; cette disposition en faille est celle que l’on voit sur la route même et a été figurée ainsi dans les coupes de Magnan et de Leymerie ; mais sur d’autres points les couches marneuses du Gault, au voisinage de la muraille calcaire, se relè- vent contre elle et passent graduellement à des assises riches en Orbitolines qui reposent à leur tour sur le calcaire à Requienies ; ce relèvement a été du reste bien figuré par M. Cayrol. Coupe 5, par le col de l’Hommenadel, En Malo, et la foréé des Fanges. 1. Calcaire de couleur claire avec zones de silex roussätre pas- sant à des couches veinées et injectées de rouge. 2. Calcaire identique à ceux de la plaine de Rodome, noirs, siliceux ou dolomitiques, passant à des marnes noirâtres sableuses, et présentant au contact de 3 des intercalalions etzones de calcaires blancs qu’on doitregarder comme une transition par alternances. 3. Calcaires marmoréens blancs et rosés. 4. Calcaires qui d’abord blancs et quelquefois bréchoïdes, près de la maison forestière de refuge, passent bientôt vers la crète N.à : 5. Calcaire gris compact à Requienies identiques à ceux de la Pierre-Lys. 6. Marnes et calcaires marneux à Orbitolines. 7. Marnes et calcaires marneux noirs à Am. Miiletianus. 8. Marnes et calcaires marneux à Orbitolines. 9. Calcaires compacts à Requienics. 10. Marnes et calcaires marneux à Orbitolines. 8. 11. Calcaires compacts à Requienies. 12. Marnes sans fossiles. 13. Calcaires compacts à Requienies. 14. Marnes et calcaires marneux à Orbitolines. 15. Albien à Am. Milletianus. Coure 6, par Gincla, Puylaurens et la forét des Fanges. 1. Micaschistes, schistes sériciteux, schistes maclifères, 530 MÉMOIRES ORIGINAUX. schistes gris ardoisiers, schistes noirs carburés, calschistes et calcaires marmoréens veinés de silex, 2. Calcaires noirs, siliceux et compacts. Dans son dernier travail, Leymerie, qui d’une manière géné- rale n’avait encore réuni que des éléments insuffisants pour la coordination des divers éléments observés dans ses courses, ne rapprochait qu'avec beaucoup de doute ces calcaires durs, siliceux, de Ginela et de Montfort, de ceux de la région de Rodome ; mais si on les suit à l'Est, vers le col du Frayche, comme je l’ai fait dans la coupe précédente, ou à l'Ouest dans la forêt de Boucheville, vers Sournia, dans les Pyrénées-Orientales, on les voit présenter des faciès identiques à ceux de la plaine de Rodome ; tantôt la surface des couches exposée à l’air passe peu à peu à un sable noir d'apparence dolomitique; tantôtune simple zone de ces calcaires sableux est étroitement resserrée entre deux bancs de calcaires très compacts et limitée par des surfaces inattaquables. L’allure de ces couches est très souvent plissée et contournée. Gincla se trouve bâti sur ces calcaires mêmes, et non en plein granite, comme l’a indiqué M. Cayrol sur sa Carte, tout à fait erronée pour celte région. Cette erreur est aussi répétée dans sa coupe 26. 3. Calcaires marmoréens blancs dans la même relation avec les précédents que ceux désignés sousle même chiffre, coupe 5. 4. Schistes crislallins, pegmatites, granite et gneiss du bassin de Salvezines. o. Calcaires compacts pris avec coupes de Requienies. 6. Marnes noirâtres appartenant peut-être en partie à l’Albien. 7. Marnes et calcaires marneux à Orbitolines. 8. Calcaires compacts à Requienies. 9. Marnes et calcaires marneux à Orbitolines. 10. Marnes noirâtres à 4m. Milletianus de l’Albien. 11. Calcaires compacts à Requienies. 12. Marnes et calcaires marneux à Orbitolines. 13. Albien du bassin de Quillan. FORMATIONS SECONDAIRES ET PRIMAIRES DES PYRÉNÉES DE L'AUDE. 931 Plissements, cassures, failles et Orographie générale, Dans toutes ces coupes, les couches présentent une inclinaison générale variable, mais toujours très forte, vers le Sud, et sem- blent par conséquent plonger sous le granit ; cette apparence, due à de nombreux affaissements, refoulements, failles et renverse- ments consécutifs, se présente fréquemment dans les Pyrénées et a été signalée depuis longtemps. Sauf cette particularité, la série apparente paraît reproduire simplement, en sens inverse, la série réelle des terrains. Je n’ai pas cru devoir tracer de courbes de raccordement, par trop hypothétiques entre les plis possibles des assises d’un même groupe, et me suis borné à figurer seulement les apparences ; j'ai cherché simplement à raccorder quelques grandes lignes de cassures dont plusieurs ont déjà été indiquées par Magnan, et qui, bien que se traduisant souvent par des lignes très sinueuses sur une carte à grande échelle, n’en présentent pas moins, dans l’ensemble, des lignes d'orientation d’une netteté frappante. La plus septentrionale de ses grandes brisures, FA de mes coupes, F2? ou Faille de Camarade des coupes de Magnan, fait butter les couches du tertiaire et de la craie supérieure contre les couches du crétacé inférieur verticales ou inclinéeslégèrement vers le Nord ; c’est à elles que sont dus les escarpements du plateau de Sault, les plaines de Puivert, de Nébias, de Campagne, placéesen contre-bas de près de 500 mètres, sur une distance horizontale de trois ou quatre kilomètres à peine. Son orientation générale est voisine de O.8° N.; plus au Sud, deux autres failles enserrent la région déprimée à collines arrondies, des schistes albiens de Quillan, entre deux murailles de Néocomien redressé. L'une, F8, le limite au Nord et va s’éteindre à l'Ouest dans le plateau de Sault vers Coudoms, après s'être nettement dessinée à l'Est vers Saint-Just ; l’autre, plus importante, Fc, passe au col Saint- Louis, où elle fait apparaître le trias, détermine les escarpements Nord du plateau des Fanges, et du Sucquès de la Serre, puis se 532 MÉMOIRES ORIGINAUX. prolonge de là dans la plaine de Sault, où elle donne sans doute lieu à la conservation des marnes supérieures à Orbitolines aux environs de Belvis. Cette faille, qui n’est autre que la faille F3 ou faille de l’Arize de Magnan, affecte sensiblement la direction E.-0. Des cassures secondaires ou des plissements en V sont la cause de la présence de divers niveaux marneux au milieu du plateau des Fanges, au co! de Jasserre, el au Sarrat de Quillan. Deux failles importantes viennent ensuite limiter le bassin Albien d’Axat comme les failles FA, F8, Fe, pour le bassin de Quillan. Ce sont les failles Fd et Fe de mes coupes. A la première, Fd (F 4 ou faille de Castelnau de Durban, de Magnan), est due la surélévation de la crête que domine le château de Puylaurens, la formation de la vallée du Rebenti, et la séparation entre l’arête da château d’Able et le plateau de Sault, on peut lui assigner une direction très sensiblement égale à 0.10° N. La seconde, Fe (F5, faille de Soueix, de Magnan), a relevé les crêtes N. de la forêt d’Ayguebonne, d’En Malo et du Pech de Nadiou, dominant de près de 600 mètres le bassin d’Axat. Elle va ensuite, devenant moins distincte, séparer le crétacé du terrain de transition, au sud de Joucou et d’Espézel. Les failles E.-0. qui peuvent exister au S. des précédentes, au sein du terrain de transilion, sont moins distinctes que les pré- cédentes et jouent un rôle orographique moins important ; je les ai trop peu étudiées pour en parler actuellement, et je signalerai simplement là cassure sensiblement E.-0 que suit le niveau de l'Aude, à son entrée dans le département depuis Fontanes jus- qu’à son confluent avec la Guette, aux gorges de Saint-Georges. À peu près perpendiculairement à ces grandes failles longitu- dinales, déterininées par de gigantesques affaissements et refou- lements, différentes brisures sans dénivellations importantes sur chaque bord se propagent du Sud au Nord. Je sigualerai seulement la plus importante, qui s’étend de la forêt de Lapazeuil et le col de Jau au Sud vers Quillan et Limoux FORMATIONS SECONDAIRES ET PRIMAIRES DES PYRÉNÉES DE L'AUDE. D39 au N'., elle est suivie de la forêt de Lapazeuil aux gorges de Saint-Georges par l'Aiguette qui se réuait ici à l’Aude arrivant de l'Ouest, par la gorge que j'ai indiquée plus haut ; là, toute conti- nualion de parcours vers l'Est devient impossible, et les deux cours d’eau continuent ensemble leur route vers le Nord en tra- versant la cluse des gorges de Saint-Georges. A la limite N. du bassin d’Axat, un nouveau cours d’eau, le Rebenti, arrive encore de l’Ouest par la vallée déterminée par la faille Fd; ici il s’en est fallu de bien peu que l'Aude et le Rebenti réunis, profitant du prolongement E. de cette grande vallée, n’aillent réunir leurs eaux à celles de l’Agly, dans les Pyrénées-Orientales, ce qui aurait radicalement changé l’économie de la vallée basse et moyenne de l'Aude. Une légère érosion du col de Camperié,’ surélevé seulement de 132 mètres au-dessus du niveau de l’Aude au pont d’Axat, ou un petit exhaussement de l'axe des Corbières vers Limoux, auraient suffi à ce changement. Le col de Camperié ? sépare les deux versants d’une manière bien peu naturelle, et deux ruisseaux insignifiants, le ruisseau d’Aliés et le ruisseau du Magnac, descendant de chaque côté de ce col, se réunissent: le premier vers l'Ouest à l’Aude, après un parcours de 3 à 4 kilom.; le second vers l'Est à la Boulzane, qui descend des monta- goes par une fissure N.-$. parallèle à celle de l’Aiguette, dont elle est séparée par le massif d’Eu Malo. RÉSUMÉ, DISCUSSION ET CONCLUSIONS. En comparant les éléments de ces diverses coupes, j'ai été amené à admeltre dans la constitution du massif qu’elles repré- eee eee 1 Je ne puis rapporter cette cassure sensiblement N.-S. dans ses sinuosités au système du mont Seny N. 340 O., comme l'a fait Magnan; c’est là une fissure secondaire consécuiive des grands failles E.-0. dont je viens de parler. ? La future ligne de chemin de fer de Carcassonne à Perpignan rejoindra cette vallée longitudinale près d'Axat, après avoir profité, pour s'avancer dans la mon- tagne, de la fissure de la Pierre-Lys, infranchissable pour les piétons même, il y a à peine une centaine d'années, 534 MÉMOIRES OPRIGINAUX. sentent et en dehors de toute hypothèse, les horizons pétrogra- phiques et stratigraphiques suivants : 1. Granite et granite gneiss. 2. Micaschistes, schistes sériciteux, schistes maclifères, schistes ardoisiers, schistes argileux. 3. Schistes satinés verdâtres, rougeûtres ou violacés, avec cal- caires gris dolomitiques ou siliceux à nodules et zones en relief de silex roussâtre. 4. Calcaires marmoréens, blancs, verdâtres, rougeûtres ou violacés, tantôt compacts, tantôt schisteux, amygdalaires ou bréchoïdes, subordonnés à des schistes et des calcaires identi- ques à ceux de 3, et paraissant faire partie du même ensemble. 5. Schistes verdâtres satinés ou gréseux et micacés, de couleur brunätre, passant à un grés polygénique grossier et à un poudin- gue de couleur foncée, tantôt en bancs très puissants, tantôt en petits amas très localisés dans les schistes. Ce poudingue est formé d'éléments schisteux et de quartzistes parfaitement arrondis, et de fragments souvent moins roulés, quelquefois absolument bréchoïdes du calcaire de la zone 4. 6. Calcaires blancs, grenus et cristallins ou mats; calcaires bleuâtres ou jaunâtres, cristallins, dolomitiques, souvent bré- choïdes ; calcaires noirs, dolomitiques ou siliceux, tantôt exces- sivement durs et compacts, tantôt se délitant rapidement à l'air par suite de la présence de sulfure de fer disséminé. On rencontre fréquemment, dans les calcaires de cette zone, de la pyrite octaédrique et des cristaux aeiculaires de couzéranite. 7. Calcaires blancs, cristallins, sans fossiles, contenant quel- quefois des prismes de couzéranite de Comus et de Camurac. 8. Calcaires blancs, cristallins ou mats, sans fossiles, présen- tant quelquefois des teintes rosées, passant supérieurement à : 9. Calcaires à Requienies (Requienia carinata Matheron.), les- quels se montrent sur d’autres points intercalés entre deux zones marno-calcaires à Orbitolines. (0. conoidea À. Gras et 0. dis- coidea À. Gras.) FORMATIONS SECONDAIRES ET PRIMAIRES DES PYRÉNÉES DE L'AUDE. 939 10. Marnes gréseuses noires, calcaires noirs, grès à Ammo- niîtes Milletianus et Trigonia Parkinsoni. 11. Cénomanien et craie supérieure. Reprenons rapidement chacun des termes de cette série. Granite et granite gneiss. — Les limites de cette formaüon, ainsi que les caractères macroscopiques des roches qui les ac- compagnent, ont été suffisamment décrites par Leymerie pour que je n’aie pas à y revenir pour le moment. Micaschistes, schistes sériciteux. — Ces roches forment une étroite auréole à la formation précédente, sur certains points de leur bordure. Au sud de Sainte-Colombe, par exemple, elles se développent aussi un peu autour des ilots granitiques isolés dans le terrain de transition, mais leur puissance totale ne doit guère dépasser 200 mètres. Schistes et calcaires à zones de silex. — On pourra voir sur mes coupes que cet horizon occupe une place assez générale à la partie inférieure de la formation suivante, à laquelle elle pa- raît se ratlacher, au lieu d’appartenir au silurien, qui probable- ment n’est guère représenté que par les schistes noirs carburés cités dans certaines de mes coupes. Schistes et calcaires marmoréens, rouges, verts ou violets. — Cet ensemble est certainement le représentant du niveau des macbres griottes des Pyrénées, bien que je n’aie pas rencontré jusqu'ici de fossiles dans ces marbres ; l’analogie pétrographique avec les diverses variétés de griotte de la région pyrénéenne, des Corbières et de Caunes dans la Montagne-Noire, ne peut laisser aucun doute à ce sujet. On Gevra donc leur donner, dans la série des terrains, la place définitive que l’on donnera à ces derniers, quelle qu'elle soit, car je manque absolument ici des éléments paléontologiques nécessaires pour introduire un élé- ment nouveau dans la question. Cette zone apparaît dans la région vers le bois d'Empourna et la Fageole à l'Ouest (coupe 2), et se dirige en bande étroite 2s6r, (OM: I 38 536 MÉMOIRES ORIGINAUX. vers l’Est par le pic de Laguzou et la forêt de Navarre, puis dis- paraît bientôt au-dessus de Sainte-Colombe. Schistes micacës, grès polygénique et poudingue. — Les schis- tes gréseux ou micacés et le poudingue, qui surmontent la for- mation précédente sur presque toute son étendue (ils ne cessent qu’à l'Est aux gorges de Saint-Georges), prendront aussi une place mieux déterminée dans la série, lorsque la question de l'horizon des marbres pyrénéens sera définitivement : vidée ‘; mais je dois indiquer un rapprochement important que je crois pouvoir établir entre ces schistes et la formation schisteuse étu- diée par M. Mussy * dans les Pyrénées de l’Ariège, et désignée par lui sous le nom de: schistes anciens supérieurs tenant la place du terrain houiller. Gette formation serait développée dans ce département, au nord du plateau central ancien qui s’étend entre l’Ariège et le Salat, et ils présentent des traces charbon- neuses bien accentuées sur divers points. Je ne trouve cependant point signalée par M. Mussy, dans ces schistes, la présence du poudingue, qui s’y trouve intercalé dans l'Aude, poudingue ca- ractéristique de ces schistes et remarquable par la présence de gros blocs peu roulés du calcaire marmoréen des couches sous- jacentes. M. le professeur de Rouville a pu du reste reconnaitre cette intéressante formation, très développée dans les hautes Corbiè- res, dans la région d’Arques et de Monthoumet, où je l’ai éludiée depuis *. 1 Voy., pour l'étude de cette question: Ch. Barrois ; Le marbre griotte des Pyrénées. Ann. Soc. géol. du Nord, tom. VI, !871, pag. 270. Plus récemment, M. OElhert a signalé, dans la Mayenne, un marbre amygda- laire rouge, qui devrait être rapporté, non plus au carbonifère inférieur, comme celui des Pyrénées, d’après M. Barroïs, mais à la partie supérieure de cet étage. Voy. B.S. G. F., 3e série, tom. VIII, 1880, pag. 270. 2 Mussy ; loc. cil., et à ce sujet Hébert; Analyse sommaire de la «Description géologique de la Haute-Garonne, par Leymerie », B. S. G. F., 3° série, tom. X, pag. 9-10. 3 M. Vène a même signalé à Bézis, dans ces mêmes assises schisteuses, des traces d’une véritable houille sèche, brûlant facilement, mais qui ont été l'objet de travaux infructueux. Ann. de Min,, tom. XVI, 1839 FORMATIONS SECONDAIRES ET PRIMAIRES DES PYRÉNÉES DE L'AUDE. 537 Magnan et Leymerie avaient simplement regardé ce poudin- gue comme se rattachant au système inférieur silurien ou devo- nien. Calcaires blancs, cristallins ; calcaires bleudtres à couzéranites, calcaires noirs, dolomitiques ou siliceux. — C’est avec cet en- semble de calcaires, variables et passant facilement des uns aux autres, que commence la zone marmoréenne décrite par Ley- merie ; cette variabilité même donne à ces roches un caractère qui permet de les réunir dans un même groupe et de les séparer inférieurement de la zone du poudingue, et dans la plupart des cas supérieurement des calcaires blancs sans fossiles qui se ratta- chent au système à Requienies. Ce groupe répond à peu près à ce que Magnan a rapporté, dans l’Aude, au Carbonifére, et qu’il a figuré comme tel sur sa coupe dejà citée. Je ne répélerai point ce que j'ai dit sur les particularités que présentent ces calcaires, dans l'explication de mes diverses cou- pes; je reviendrai seulement sur leur séparation d'avec le Crétacé dans chacune d'elles. Dans la coupe 6, la liaison intime par alternance entre les cal- caires noirs de Gincla et ceux du Serre de la Bouisse, au sud de Salvezines, oblige à les réunir, tandis qu’au nord de cette der- nière localité les gorges de la Boulzane appartiennent sûrement au Crétacé à Requienies. De même dans la coupe 5, la limite reste ici un peu plus indé: cise, mais passe cependant forcément entre la maison de refuge de la forêt d'En Malo et le col du Frayche. Je rattache donc avec quelque doute au terrain de lransition les derniers bancs des cou- ches marquées 3 sur cette coupe. Dans la coupe 4, la limite passe à peu près par la vallée de l’Aude, et dans les coupes 3 et 2 elle passe un peu au nord du granite d’Aunat, puis au col d'Ubi. Pour la coupe 1, la limite redevient douteuse, comme je l’ai dit dans l’explicalion de cette coupe ; aussi ai-je laissé à part, dans la série que j'ai donnée tout à l'heure, les « calcaires 538 MÉMOIRES ORIGINAUX. blancs cristallisés sans fossiles ‘, contenant quelquefois des cris- taux de couzéranite, de la région de Gomus et de Camurac ». Pour moi, il m'est difficile de les séparer du Crétacé, et d’y voir autre chose que l’analogue des calcaires blancs d’Estagel dans les Pyrénées-Orientales, signalés depuis longtemps par Dufrénoy, et où on a signalé aussi la présence de la couzéranite. D’après ce qui précède, la limite Sud du ‘Crétacé inférieur peut être établie d’une manière bien différente de celle adoptée par Leymerie. Sur la Carte, cette ligne passerait près du col de l’Encise ou au sud de Camurac, suivant qu’on rattache ou non au Crétacé les assises dont je viens de parler ; puis, laissant Belcaire en plein Crétacé, longerait au nord la crêle de Gebe!z, le roc de la Lauze et la vallée du Rebenti, à la hauteur du col d'Ubi; descendrait ensuite de plus en plus au sud de cette vallée, en passant un peu plus au sud de Joucou et du Clat; elle se rapprocherait alors de la vallée E.-0. de l'Aude, en passant à peu près au confluent de cette rivière et de l’Aiguette, puis traverserait la forêt d'En Malo en se dirigeant par la forêt d’Aiguebonne vers les Pyrénées- Orientales. Ceci posé, il me reste à dire un mot sur la position stratigra- phique que doit occuper cette zone ainsi délimitée à nouveau. Une première hypothèse consisterait à rattacher à l’Albien la série des calcaires noirs de Rodome ; mais outre leur réelle dif- férence pétrographique avec l’Albien du bassin de Quillan, dif- férence que l’on pourrait expliquer en partie à l’aide du méta- morphisme, leur liaison intime avec des calcaires blancs et leur position stratigraphique me paraissent s'opposer à ce rapprocho- meot, auquel m'avait fait penser la découverte de la Plicatula radiola du Gault, dans des schistes noirâtres, près de Niort et de Rodome; je crois aujourd’hui que ces schistes n’appartiennent qu’à un petit lambeau isolé de Gault. {J'ai reconnu que ce calcaire, qui ne présente que des traces d'argile, ren- ferme au contraire une forte proportion de carbonate de magnésie. FORMATIONS SECONDAIRES ET PRIMAIRES DES PYRÉNÉES DE L'ABDE. 539 Placée au-dessous du Crétacé inférieur, on peut être tenté de la rapporter à un terme du Jurassique, du Lias ou de l’Ooli- the; c’est là une solution vers laquelle Leymerie m'a paru incliner un peu, mais qui n’est guère soutenable, étant donné le rôle restreint de ces formations dans les Pyrénées et l’absence, sur les points où elles ont élé le mieux étudiées, de tout élément comparable à ceux de notre zone. Pour les mêmes raisons, il est encore moins admissible d’y voir quelque représentant du Per- mien on du Trias. Restent donc le Houiller et le Carbonifère jus- qu'au niveau des marbres griottes pour placer cette zone et les schistes et poudingues qui la supportent. Tout rapprochement plus précis est difficile pour le moment ; j'ajouterai seulement que Magnan était arrivé aux mêmes conclusions et plaçait dans le Carbonifère la plupart de ces calcaires et ceux même de Comus et de Camurac:il y a en effet une analogie frappante entre la position et ia nature de ces couches et celles étudiées par Coquand et raportées au Carbonifère, dans la vallée d'Ossau et à Saint-Béat *. Calcaire à Requienies et marnes à Orbitolines. — La recherche de la limite exacte à établir entre les calcaires blancs qui se rattachent au système de transition supérieur, représenté par les calcaires de Rodome et de Gincela, et les calcaires blancs du Crétacé, n'aurait cerlainement pas grand intérêt si elle n'avait pour résultat que de faire rattacher à l’un ou à l’autre de ces terrains quelque milliers de mètres de plus de couches calcaires ; mais une question plus importante se rattache à cette difficulté : je veux parler de la délimitation des divers niveaux de 1 Voy. Coquand ; Aperçu géologique de la vallée d'Ossau, B, S. G. F., 2e série, tom. XX VII, 1869, pag. 43. Magnan; loc. cit. Leymerie ; De l'âge et de la position du marbre de Saint-Béat (Haute-Garonne). Comptes rend. Acad., 1874, pag. 1629. Coquani ; Bull. Soc. Géol., 3° série, tom. IV, pag. 136. Leymerie ; Observations sur la note précédente. /bid., tom. V, pag. 633. Leymerie ; Description géologique de la Haute-Garonne. Toulouse, 1881. 540 MÉMOIRES ORIGINAUX. ce Crétacé. Sans revenir à ce sujet sur les opinions de d’Archiac et de Leymerie ‘ qui n'ont plus guère qu’un intérêt historique, je rappellerai que Magnan regardait le Crétacé inférieur comme comprenant dans les Pyrénées en général les assises suivantes : supérieur. Schisteux terreux, gréseux, jaunâtres. Albien moyen. Calcaires gris bleuâtres à Requienia Lonsdalü. inférieur. Calschistes gréseux, schistes gris. calcaire à Brachiopodes et Ostrea macroptera. Crétacé Aptien — à Requienia Lonsdalii. | 40. — schistes noirs à Echinospatagus Collegni inférieur. Néocomien | calcaire compact à Requienia Lonsdalii. M. Hébert a démontré que cette série était de tout point erronée, et M. Cayrol, dans son travail déjà cité, a reconnu dans les Corbières les zones suivantes : Albien |} Marnes noires, calcaires noirâtres, grès. Marnes et calcaires marneux supérieurs à Orbitolines. Néocomien | Calcaires compacts à Toucasia carinata. supérieur Marnes et calcaires marneux, inférieurs à Orbitolines et Ostrea aquila. Mes coupes viennent appuyer presque entièrement cette opi- nion; mais, dans ce cas, on devrait voir constamment les terrains anciens supporter les assises marneuses inférieures, et c’est là précisément ce qui n’a pas toujours lieu. Ainsi, dans mes coupes 1, 2, 4, 5, on voit les calcaires crétacés s'appliquer directement contre les calcaires des terrains de tran- sition ; c'est là précisément ce qui fait la difficulté de leur dis- tinction. 1 Jusque dans ses derniers Mémoires, Leymerie a toujours nié la présence du Gault comme étage dans les Corbières. Malgré les travaux de Magnan et de M. Cayrol, il n'a jamais voulu voir dans le bassin de Quillan et d'Axat qu’un mélange de quelques fossiles Albiens à une faune aptienne, et certes le faciès et le développement spécial du Gault ne sont pas discutables dans ces régions ; on peut dire seulement qu'entre ses assises inférieures et celles de l'Aptien à Orbi- tolines, il est impossible de trouver une limite stratigraphique ou pétrographique. FORMATIONS SECONDAIRES ET PRIMAIRES DES PYRÉNÉES DE L'AUDE. b41 L'absence du niveau marneux inférieur est évidemment facile à expliquer par le fait des failles ; mais cette superposition appa- rente, appuyée par le faciès spécial des calcaires crétacés blancs, et sans traces de fossiles, peut conduire à les considérer comme inférieures aux marnes ou comme un faciès littoral de dépôts s'étant effectués directement sur les terrains anciens ; à moins encore qu'on ne veuille voir dans leur structure un résultat du métamorphisme. J’ai cru prudent de ne pas aborder ces considé- rations, par trop hypothétiques, avec les données actuelles ; j'ai voulu seulement montrer que dans la grande épaisseur d'assises laissées jusqu'ici, confondues par certains géologues, ilest possi- ble de rattacher les uns à la série des terrains de transition, les autres au crétacé inférieur, et qu’il est possible d’y établir quel- ques groupements dont la paléontologie viendra peut-être unjour fixer le niveau. 542 REVUE SCIENTIFIQUE. Zoologie. On the development of the suprarenal bodies in Mammalia; par M. K. Mitsukuri (Quart. Journ. of micr. Science, XXII, 1882.) Les relations des capsules surrénales et du système nerveux sympa- thique sont depuis longtemps connues, et dès 1847 Remak les appelait des «glandes nerveuses». Des recherches récentes sur la structure de ces organes chez les Poissons et les Reptiles ont montré qu'ils sont formés de deux parties d'ordinaire réunies, mais quelquefois indépendantes (Élas- mobranches): une portion médullaire dérivée des ganglions du grand sympathique et une portion corticale. Dans le Mémoire que nous analysons, M. Mitsukuri a constaté que ces faits, établis pour les Vertébrés inférieurs, ne sont pas moins vrais pour les Mammifères. Les capsules surrénales du lapin sont deux corps ovoïdes constitués par une épaisse couche de substance corticale jaunâtre entourant une masse centrale de substance médullaire grisâtre ; la substance médullaire n'est cependant pas entièrement enveloppée par la substance corticale, elle accompagne la veine qui émerge à la partie postérieure de l’organe, et atteint la surface en ce point sur un espace assez étendu chez le jeune, plus étendu chez l'adulte. Au point de vue histologique, la substance corticale en dedans de la capsule conjonctive est formée de grosses cellules occupant chacune une maille d’un fin réseau de tissu conjonctif. Des tubercules conjonctifs et surtout la disposition des capillaires divisent ces cellules en groupes de formes variables suivant les régions. Dans la zone extérieure, les cel- lules sont disposées en files rayonnantes réunies en arcades à la péri- phérie ; puis vient une zone de cellules plus larges et plus courtes, for- mant la plus grande partie de la région corticale ; et enfin une zone interne dont les cellules sont agencées en groupes irréguliers entremélés de nombreux vaisseaux sanguins, Plus richement vascularisée encore est la région médullaire. Ses élé- ments, caractérisés par la coloration brune qu'ils prennent sous l’action du bichromate de potasse, sont disposés en groupes de forme arrondie. Il est impossible de voir nettement des limites entre les cellules ; cha- ZOOLOGIE. 545 que groupe est plutôt une masse de protoplasma polynucléaire. La sub- stance médullaire envoie dans la substance corticale des prolongements qui se continuent presque invariablement avec des fibres nerveuses. Les cellules ganglionnaires éparses dans la région médullaire sont rares. A la partie postérieure libre, la substance médullaire paraît se continuer avec des nerfs. La première indication des capsules surrénales se montre, sur un em- bryon du douzième jour, sous la forme d’une petite masse de cellules à gros noyaux, peu distinctes, du côté ventral, des cellules environnantes. Cette masse, qui s’isole bientôt et s’enveloppe d’une capsule propre, n’est qu’une différenciation du mésoblaste; ses éléments s’agencent en colonnes irrégulières. Au quatorzième jour, du côté dorsal de la masse précédente, se mon- tre une autre masse cellulaire à noyaux plus fortement colorés, en con- tinuité avec les cellules du sympathique ; c’est de cette masse que déri- vera la substance médullaire. La ma;se sympathique dépasse beaucoup en arrière les capsules surrénales. A partir du seizième jour, on voit nettement la substance médullaire entourée par la substance corticale, mais en continuité du côté ventral avec la masse sympathique dont il vient d’être question et qui s'étend en un plexus au-dessous de l’aorte. La substance médullaire est pendant longtemps différenciée assez loin en arrière de la capsule surrénale vraie. H.-A. RoBIn. On the nature of the organ iu adult Teleosteans and Ganoids which isusually regarded as the head-Kidney or pro-nephros ; par M. F. M. Bazrour (Quart. Journ. of micr. Science, XXII, 1882, pag. 12.) On sait que chez le plus grand nombre des Poissons Téléostéens et Ganoïdes, les reins présentent en avant une portion d’ordinaire élargie, que l’on considère |{ Rosenberg) comme résultant du développement du rein antérieur ou pronéphros de l’embryon. Cette partie existerait même seule, d'après Hyrtl, chez certains Poissons tels que la Baudroie { Lophius). M. Balfour a étudié la structure de ces organes chez un Ganoïde, l’'Esturgeon {et aussi chez le Lépidostée, dont il est sur le point de pu- blier une Monographie en collaboration avec M. Parker), et chez quel- ques Téléostéens : le Brochet, l’Éperlan, l’Anguille et la Baudroie. Dans les quatre premiers cas, le renflement antérieur du rein s’est montré constitué uniquement par un tissu formé d'un réseau lenticulaire dont les mailles enveloppent de nombreuses cellules, mais absolument 544 REVUE SCIENTIFIQUE. dépourvu de tubes urinifères ou de glomérules de Malpighi. Il est donc absolument étranger à la fonction urinaire. La limite entre cette région et la région véritablement sécrétante du rein n’est du reste pas nette, et le tissu lymphatique est abondant entre les tubes urinifères anté- rieurs, de même que quelques-uns de ceux-ci, chez l’Éperlan, se mon- trent isolés au milieu du tissu lymphatique. Chez la Baudroie, le tissu lymphatique et les canaux urinifères sem- blent mélangés dans toute l’étendue du rein. De ces faits, il résulte que le pronéphros de l'embryon est atrophié à l'état adulte chez les Ganoïdes, et probablement chez les Téléostéens, de même que chez les autres Ichthyopsidiens où cet organe existe { Cyclostomes, Amphibiens }. Mais si les formations que l’on a cru en être les restes sont étrangères à l’excrétion, leur développement et leur richesse de vascularisation ne permettent pas de les croire sans fonction. D’après leur structure, M. Balfour est porté à les regarder comme jouant le rôle de ganglions lymphatiques. H.-A. Rois. Untersuchungen über die Entwicklung der Cephalopoden; par M. Ussow (Archives de Biologie, 11, pag. 553-635, PI. 31 et 32.) Ce Mémoire comprend seulement la première partie des recherches depuis longtemps poursuivies par l’auteur sur l’embryologie des Cépha- lopodes, et traite seulement de l'ovogénèse et des premiers phénomènes du développement jusqu’à l'achèvement de la constitution du blasto- derme, c’est-à-dire jusqu’au début de la formation des organes. Les glandes génitales apparaissent chez les Céphalopodes, dès la vie embryonnaire, sous la forme d’une masse de cellules mésodermiques arrondies, situées vers l'extrémité de la cavité palléale et sous le cœur artériel. Les oviductes ou les canaux déférents et les glandes nidamen- taires ne se forment que plus tard, pendant le développement post- embryonnaire; au moment de l’éclosion, les sexes ne sont pas encore distincts. L’ovaire jeune est constitué par une enveloppe externe fibreuse à cellules conjonctives fusiformes, qui envoie dans la masse de l’organe des prolongements formant un stroma, au milieu duquel les cellules de l’épithélium germinatif sont disposées en cordons longitudinaux ; ces : cellules sont destinées à former les ovules primordiaux. Le développement des œufs peut d’ailleurs se suivre sur des coupes de l'ovaire adulte au moment de la reproduction. L'ovaire présente alors des œufs et des follicules de Graaf à tous les degrés de développement, ZOOLOGIE. 545 les plus jeunes étant situés dans la partie centrale, les follicules mûrs plus ou moins isolés et pédiculés à la périphérie. Dans les follicules, l'œuf est entouré de deux tuniques : une membrana granulosa, d'une ou quelquefois { Sepia) de deux couches de cellules, et une capsule con- jonctive (theca folliculi ). Les ovules primordiaux sont des cellules nues avec un gros noyau; leur protoplasma s'accroît rapidement, et les cellules épithéliales adja- centes se disposent à l’entour en une couche continue et prennent la forme cylindrique caractéristique des éléments de la granulosa. Le tout s’en- toure d’une couche conjonctive dérivée du tissu fibreux de l'ovaire, la theca folliculi ; cette enveloppe est richement vascularisée. Par la multiplication rapide des éléments de la granulosa, cette membrane augmente rapidement en surface et forme un certain nombre de replis longitudinaux et transversaux, qui s’enfoncent profondément dans le vitellus. Ces cellules ont un rôle glandulaire et sécrètent le vi- tellus nutritif. Des vaisseaux abondants pénètrent entre les deux lames des replis. Lorsque le vitellus nutritif est entièrement formé, les replis de la granulosa se résorbent et sécrètent une petite quantité d’albumine coagulable, qui constitue un véritable blanc de l'œuf. Enfin la granulosa, redevenue lisse, sécrète autour de l’œuf un chorion élastique mince partout, excepté au pôle supérieur [opposé au pédicule, où il présente un épaississement), au centre duquel est constamment un micropyle. L’œuf mûr est donc constitué par {1) un vitellus nutritif abondant, pro- duit de la sécrétion de la granulosa ; (2) un vitellus formatif, constitué par le plasma de l'ovule primordial, accumulé au pôle supérieur et ren- fermant un noyau, la vésicule germinative, situé au-dessous du micro- pyle; il s'étend en outre en une couche très-mince autour du vitellus nutritif; mais nulle part, contrairement à l’opinion de Ray-Lankester, il n’y à mélange entre le vitellus nutritif et le vitellus formatif. (3) Une couche d'albumine enveloppant l'œuf et recouverte elle-même par (4) un chorion élastique stratifié percé d’un micropyle. Le chorion se continue en un filament qui sert à la fixation de l’œuf. L'œuf mûr tombe dans la cavité de l'ovaire, où il est fécondé; puis prend dans l'oviducte sa forme ovoïde définitive. A sa sortie de l’ovi- ducte, il est entouré par la sécrétion de la glande nidamentaire, qui con- stitue la capsule colorée ou non chez les Décapodes par la sécrétion de la poche à encre. Chez tous les Céphalopodes observés, tant Décapodes qu'Octopodes, le processus de la segmentation est le même. Les premiers sillons de segmentation n’intéressent que le disque germinatif, du centre duquel ils rayonnent en divergeant ; puis des sillons équatoriaux plus ou moins 546 REVUE SCIENTIFIQUE. réguliers isolent les angles des segments ainsi formés en cellules bien délimitées. Le blastoderme s'étend peu à peu sur l’hémisphère formatif de l’œuf et sur l'œuf tout entier jusqu’au pôle nutritif, aux dépens du vitellus formatif et par division de ses éléments ; mais nulle part le vilellus nutritif ne prend aucune part à la formation du blasto- derme, comme le décrit Ray-Lankaster. Il apparaît d'abord un premier sillon longitudinal par rapport au futur embryon, puis un second sillon perpendiculaire ; à leur point de rencontre, les quatre premiers segments s’écartent,laissant un espace vide qui ne tarde pas à disparaître, peut-être le rudiment d'une cavité de segmentation.Au troisième stade, la segmentation devient irrégulière, les deux segments postérieurs se divisant avant les antérieurs, de sorte qu'il y a un stade à six segments; en outre, les deux segments qui proviennent de la division des segments postirieurs sont très inégaux, ceux qui sont adjacents au sillon de première formation étant très étroits et devant garder ce caractère pendant toute la segmentation. Puis la segmentation continue d’une manière irrégulière par formation de sillons radiaires qui délimitent de nouveaux segments et de sillons équatoriaux qui isolent les angles des segments en cellules distinctes. Le disque germina- tif s'étend peu à peu, en commencant à absorber le vitellus nutritif. Au stade où il existe 14 cellules centrales entourées de 18 segments, il apparaît tout d’un coup un sillon équatorial qui isole les angles des segments en 18 cellules nouvelles ; ce stade présente une importance par- ticulière parce que les 14 cellules centrales, les 18 cellules de nouvelle formation et les segments périphériques sont respectivement l’origine des trois régions du blastoderme. Dans le blastoderme complètement formé, alors qu'il occupe le cin- quième de la surface de l'œuf, on peut en effet reconnaître trois régions: 1° un cercle central de petites cellules claires polygonales ; 2° une por- tion moyenne annulaire de cellules plus grosses dispersées en deux ou trois rangées concentriques ; le protoplasmaest plus dense et les noyaux moins visibles que dans la région centrale, d’où le nom d’aire opaque appliqué par l'auteur à cette région ; 3 enfin une région périphérique formée par les segments au nombre de trente-deux, dont l'extrémité interne s'est divisée en 2 à G cellules. Les segments proprement dits restent distincts dans leur partie interne et se continuent avec la couche mince de protoplasma qui s'étend jusqu'au pôle inférieur de l'œuf. Le mésoderme2 commence à se former vers la 36° heure dn développe- ment (Calmar), non, comme l’a décrit Bobretzky, par la division des cel- lules du bord du disque germinatif, mais par la division des cellules de ZOOLOGIE. 547 l'aire opaque. Le feuillet moyen a par conséquent primitivement la forme d'un anneau situé à une certaine distance du centre et de la périphérie du blastoderme. Ses éléments se multiplient, il devient épais de plusieurs couches et s’étend dans la région centrale, où il recoit dans des points isolés de nouveaux éléments dus à la division transversale sur des îlots isolés des cellules blastodermiques sus-jacentes. Le mésoderme s'étend peu dans la région périphérique. Un peu plus tard se différencient, à la partie inférieure du mésoderme, les grandes cellules polygonales plates, fusiformes sur la coupe, qui con- stituent le sac vitellin ou membrane péri-vitelline. Cette membrane est la seule partie du mésoderme qui s’étende sur l'hémisphère inférieur de l’œuf, ou du moins on n2 trouve de cellules mésodermiques véritables que dans les points où se formeront les bras. La plupart des organes se formeront dans l’aire opaque ; la région centrale est destinée à consti- tuer surtout la glande coquillière, dont les cellules se distinguent de bonne heure par leur forme cylindrique et par l'absence des cils vibratiles, au moment où tout le reste du blastoderme acquiert un revêtement ciliaire qui détermine la rotation de l’embryon dans l'œuf. H.-A. RoBin. Organisation et développement de l’Oncidie ; par M. J. Joyeux-LaFFUIE (Oncidium cellicum). (Archives de Zoologie expérimentale, X, 1882.) L’Oncidie, singulier Gastéropode sur les affinités et l’organisation duquel les zoologistes sont loin d’être d'accord, présente extérieurement l'aspect d’une Limace. Elle est absolument dépourvue de coquille, la coquille externe de l'embryon tombant avant qu’il sorte de l'œuf. Toute la région dorsale est recouverte par le manteau gris-verdâtre et recouvert de tubercules. Un sillon assez profond le sépare sur la péri- phérie du pied large et ovale; en avant, ce sillon s’élargit pour livrer passage à la tête, qui porte deux tentacules au sommet desquels sont situés les yeux et deux palpes labiaux. L'anus se montre sur la ligne médiane, au-dessous ! du pied; au- dessous de lui est l’orifice d’un organe considéré généralement comme le poumon, qui est en réalité un rein. Les orifices sexuels (l’Oncidie est hermaphrodite) sont très écartés, l’orifice mâle étant situé près de l’extré- mité supérieure de l’animal, au-dessous du tentacule droit, tandis que ORAN PEU 1e 00) SR AP Lo A CARRE dE TRAD (00 NEUTRE 1 L'animal est supposé placé la bouche en haut et le pied en avant; l'extrémité céphalique est donc supérieure et l'extrémité aborale inférieure, la face dorsale postérieure et la face ventrale antérieure, 548 REVUE SCIENTIFIQUE. l'orifice femelle est un peu à droite de l'anus. On observe en outre, au- dessus du pied, sous la gorge, l’orifice d’une glande pédieuse. L'auteur a cherché inutilement l’orifice décrit chez quelques Gastéropodes et permet- tant la communication du système vasculaire avec l’eau ambiante. Les viscères sont logés dans une vaste cavité générale, limitée par les faces internes du pied et du manteau; le péricarde et l'organe de Bojanus sont cependant creusés dans le manteau. Une cloison diaphrag- matique fenêtrée divise la cavité générale dans sa partie supérieure, isolant une petite cavité dans laquelle sont logés le système nerveux central, le bulbe buccal, les glandes salivaires et l’origine de l’œso- phage. Appareil digestif.—La bouche, en forme de fente longitudinale cachée par les tentacules labiaux étalés et arrondis, est limitée par deux lèvres latérales ; elle s’ouvre directement sans interposition d’une trompe érec- tile dans la cavité du bulbe buccal. Celle-ci porte à son plafond une mâchoire en forme de croissant, cannelée verticalement, et sur son plan- cher la radula, dont la forme est celle d’une lame de plume à écrire, à pointe recourbée en dehors ; elle est enroulée autour d’un cartilage générateur à peu près cylindrique, et s’appuie en outre sur un cartilage de support formé de deux pièces latérales symétriques. La formule den- taire est à peu près (52 + 1 + 52) X 65. A la partie postérieure du bulbe buccal, sur les côtés de l’orifice de l’æœsophage, débouchent les conduits des deux glandes salivaires consti- tuées par des acini disjoints et disposés le long d’un canal commun ; les canaux sont tapissés, jusque dans les acini, d’un épithélium vibratile. L'œsophage, renflé en jabot dans sa partie moyenne, conduit dans un éstomac très musculeux, tapissé par une couche de chitine résistante qui en fait un appareil de trituration puissant, un véritable gésier. On y trouve constamment des grains de sable qui jouent probablement le même rôle que les petits cailloux du gésier des oiseaux. Le pylore est situé tout à côté du cardia, et l'intestin, après avoir décrit deux anses dans le foie, va s'ouvrir sur la ligne médiane, de sorte que l’ensemble du tube digestif peut être ramené schématiquement (chez l'adulte) à un tube droit et non à uné anse, comme c’est l'ordinaire chez les Gastéropodes. Le foie est divisé en deux glandes distinctes : la supérieure et la plus grande, formée de deux lobes, débouche par un canal unique dans l’œso- phage, immédiatement avant le cardia; le foie inférieur au contraire déverse ses produits au fond du cul-de-sac stomacal. Appareil circulatoire. — La cavité péricardique est creusée dans l'épaisseur du manteau du côté droit et vers le tiers inférieur de la lon- ZOOLOGIE. 049 gueur de l’animal; l'aorte en traverse la paroi pour pénétrer dans la cavité générale. Le cœur est constitué normalement par une oreillette et un ventricule séparés par un étranglement pourvu de valvules ; l'oreil- lette est d’ailleurs située en arrière du ventricule : c’est par conséquent un cœur d'Opisthobranche. En ouvrant l'animal, on voit les artères se présenter avec un aspect blanc nacré qui permet de les suivre avec la plus grande facilité. Cette particularité est due à la présence des concrétions calcaires dans la tuni- que externe conjonctive de ces vaisseaux. L’aorte se dirige en haut, et après avoir émis une artère viscérale, une artère génitale et deux artères salivaires, se recourbe en avant, passe entre les centres nerveux anté- rieur et asymétrique, envoie de petites branches au sac de la radula et au bulbe, et devient l’artère pédieuse. Les dernières ramifications artérielles déversent le sang, comme c’est l'ordinaire chez les Mollusques, dans lacavité générale, qui avec une série de sinus ou de lacunes creusés entre les organes ou entre leurs éléments, représente le système veineux. Il y a trois grands sinus principaux communiquant avec la cavité générale par trois rangées de boutonnières transversales. L'un, médian, est creusé dans la face postérieure du pied; il est en continuité avec un système de cavités irrégulières situées entre les fibres musculaires de cet organe, dans lesquelles le sang est repoussé pour déterminer la turgescence du pied lorsque l’animal veut marcher. Deux autres sinus latéraux, qui communiquent inférieurement avec le pré- cédent, envoient le sang dans un riche réseau veineux creusé dans le man- teau, et en particulier dans les papilles du manteau, qui sont de vérita- bles branchies, d’où il est ramené par des vaisseaux efférents dans deux grands vaisseaux branchio-cardiaques situés sur les flancs et débouchant dans l’oreillette. Une partie du sang fourni au manteau par les sinus latéraux traversé l'organe de Bojanus, et arrive aux vaisseaux branchio-cardiaques sans passer par les branchies, et par conséquent sans être hématosé, au moirs dans les circonstances ordinaires. Respiration.— La respiration peut donc s'effectuer dans le manteau tout entier et surtout dans les tubercules papilliformes dont il est hérissé. L'animal vit dans une eau très aérée, à peu de distance de la surface sal reste quelquefois à l’air libre au moment des basses marées, et alors on le voit ouvrir de temps en temps l'orifice de l'organe de Bojanus et y faire pénétrer de l’air. Cet organe peut par conséquent servir accessoirement à la respiration; ce n’est cependant pas un poumon, comme l'ont pensé la plupart des 550 REVUE SCIENTIFIQUE. auteurs ; sa position, ses connexions anatomiques, sa structure histologi- que, son mode de développement, tout prouve que, comme M. Milne- Ecwards en à le premier émis l'hypothèse, c’est un rein ; son rôle acci- dentel dans la respiration n’est qu’un exemple de ces emprunts physiolo- giques que l’on observesi souvent dans l’étude des animaux d’organisation peu élevée. Sécrétions.—Cet organe, en effet, qui s’ouvre, comme nous l’avons vu, sur la ligne médiane, au-dessous de l’anus, est logé dans l’épaisseur du bord du manteau et formé de deux lobes qui s’avancent sur les deux côtés du corps ; celui de gauche se termine par une extrémité arrondie, celui de droite se bifurque pour embrasser le péricarde, avec lequel il ne communique pas d’ailleurs. En fendant le rein, on voit qu’il est consti- tué par une multitude de lamelles circonscrivant des cavités irrégulières qui communiquent entre elles. Ces cavités sont tapissées par plusieurs couches de cellules jaunâtres présentant tous les caractères des cellules rénales des Mollusques et renfermant des concrétions qui contiennent de l'acide urique. Les mêmes concrétions se retrouvent à l’état libre entre les cellules et dans les cavités du rein. La glaire que l’Oncidie laisse sur son passage est sécrétée par la glande pédieuse, simple cul-de-sac glandulaire ouvert à l'extrémité antérieure du pied, qu'il a pour rôle de lubréfier. Parmi les organes sécréteurs, il faut encore citer vingt glandes logées dans les bords du manteau et débouchant au sommet de tubereules un peu plus grands que les autres. Chacune de ces glandes, enveloppée d'une tunique musculaire propre, présente un corps et un canal excréteur dis- tincts extérieurement, mais sécrétant l’un et l’autre, et tapissées de grandes cellules qui renferment des gouttelettes de matière grasse de la même nature que la substance qui occupe la cavité de la glande. Peut- être ces organes glandulaires servent-ils à la défense de l'animal? Enfin certaines cellules épithéliales, localisées sur des points isolés du manteau et décrites par Semper comme des yeux, semblent avoir un rôle glandulaire. Innervation et organes des sens.—Le système nerveux de la vie ani- male est constitué par les trois centres normaux: postérieur on céré- broïde, antérieur ou pédieux, inférieur ou asymétrique, réunis entre eux par de courts connectifs qui constituent des deux côtés de l'œsophage les triangles latéraux de M. de Lacaze-Duthiers. Les ganglions postérieurs envoient des nerfs aux otocystes, aux tentacules et aux yeux, aux lèvres et à la nuque ; du côté droit, il se détache du nerf labial un nerf qui se rend au pénis. ZOOLOGIE. 251 Les ganglions antérieurs sont réunis entre eux, non par une, mais par deux commissures : l’une grosse et courte, l’autre plus longue et grêle, disposition qui semble être un acheminement vers celle que l’on observe chez les Pissurelles et les Chitons, où ces commissures sont nombreuses ; de ces ganglions partent de chaque côté quatre nerfs qui se distribuent au pied. Enfin le centre asymétrique est constitué par trois ganglions seulement, et non cinq, comme chez les Pulmonés aquatiques; deux laté- raux qui fournissent les nerfs du manteau, et un médian asymétrique re- jeté à droite, d’où partent un nerf palléo-génital et un nerf génito-cardia- que. Les dernières branches des nerfs du manteau s’anastomosent en un réseau dans lequel sont interposés de nombreux petits ganglions. Le sens du toucher est exercé par la surface du manteau tout entière et surtout par les palpes labiaux, qui sont très richement innervés. Les organes des sens spéciaux sont représentés par des yeux et des otocystes. Les premiers, portés à l'extrémité des tentacules, présentent la constitution ordinaire des yeux de Gastéropodes. Les otocystes sont des vésicules ciliées renfermant de nombreuses otolithes, dont l’une, facile à distinguer par son volume et sa forme arrondie, existe seule chez l’em- bryon. Quoique recevant leur nerf du ganglion cérébroïde, les otocystes sont accolées au ganglion pédieux. Le système nerveux de la vie organique a son centre dans une paire de petits ganglions rattachés par des connectifs aux ganglions cérébroïdes et situés sous le bulbe buccal ; de ces ganglions partent des nerfs qui se portent au bulbe buceal, aux glandes salivaires et à l’œsophage. Appareil reproducteur.— L'Oncidie est androgyne et se féconde par copulation réciproque de deux individus. La glande hermaphrodite, dont chaque cul-de-sac produit à la fois des œufs et des spermatozoïdes, est divisée en quatre lobes et située inférieu - rement et à gauche de la cavité générale. Les canaux de ces lobes s’unis- sent en un canal excréteur commun repiié sur lui-même, dont les parois sont glandulaires dans une partie de son trajet (épididyme). Ce canal se termine dans un organe impair, l'utérus large et irrégulièrement bosselé présentant un cœæcum latéral contourné. C'est dans l'utérus que s'effectue la séparation des spermatozoïdes et des œufs; le canal excréteur de la glande hermaphrodite se continue dans cet organe sous forme de gouttière, jusqu’à l’orifice du canal déférent ; l’adhérence des bords de cette gouttière en fait un tube fonctionnel pour le passsage du sperme. Les œufs au contraire, plus volumineux, écartent les bords de la gouttière et tombent dans la cavité utérine. Le méca- nisme est, on le voit, comparable à celui de l'estomac des Rumir ants. 3e sér., tom. 1. 39 552 REVUE SCIENTIFIQUE. Dans la cavité utérine, les œufs sont entourés par les produits de la sécrétion de deux glandes de l’albumine, distinctes et divisées en un grand nombre de lobules ; puis ils pénètrent dans l’oviducte, qui se con- tinue directement jusqu’à la vulve, située, comme nous l’avons vu, sur le côté droit et près de l’anus. Le vagin ne présente avec l’oviducte d'autre délimitation que l'insertion du court canal de la poche copulatrice et d’un cæcum enroulé qui semble représenter les vésicules multifides. Le canal déférent se détache de l’utérus au même point que l’oviducte, et, d’abord libre dans la cavité générale, pénètre dans le pied près de la vulve ; chemine dans son épaisseur jusque près de l’orifice de la verge ; redevient libre dans la cavité générale, où il décrit quelques circon- volutions ; s'enfonce dans le muscle rétracteur de la verge, et se con- tinue avec cet organe ou plutôt le constitue en se renflant et épaississant sa tunique musculaire. On trouve constamment dans la cavité de la verge des concrétions d’acide urique dont l'auteur ne peut expliquer l'origine. Toutes les parties de l'appareil génital sont revêtues d’une tunique musculaire assez puissante et tapissée d’un épithélium prismatique cilié partout, excepté dans la poche copulatrice. Le tissu conjonctif ambiant est chargé de cellules à granulations calcaires. Développement. — L'œuf est constitué par un vitellus homogène et visqueux renfermant de fines granulations lécithiques et cimenté par une membrane vitelline visible surtout au moment où il sort de la glande hermaphrodite. Il est entouré d’une couche d’albumine enfermée elle- même dans une coque eflilée à ses deux extrémités en un funicule qui relie en une sorte de chapelet tous les œufs d’une même ponte. Après l'émission des globules polaires, le protoplasme de l’œuf est accumulé au-dessous de ces globules autour du noyau. La segmentation s'effectue de la manière normale chez les Gastéropodes, par division de l'œuf en deux, puis en quatre sphères égales, et la séparation au pôle formatif de petites cellules peu riches en granulations lécithiques qui constituent l’ectoderme. Les cellules entodermiques se multiplient rapi- dement par division et par adjonction de nouveaux éléments dérivés de quatre grosses cellules lécithiques ; à mesure qu’elles se multiplient, elles deviennent plus claires et semblent se nourrir de leurs granulations Jécithiques, qui disparaissent. Bientôt les grosses cellules cessent de four- nir de nouveaux éléments à l’ectoderme et constituent dès-lors l'entoder- me. Elles ne tardent pas à être presque complètement entourées par l’ectoderme, qui continue à s’accroître en s’invaginant par le blastopore. Le blastopore persiste et devient la bonche permanente. ZOOLOGIE. 553 L'embryon prend une forme triangulaire, le voile entourant une extrémité obtuse.Au point opposé à la bouche, les cellules ectodermiques deviennent plus claires, se disposent en rosette et forment l’invagination préconchylienne, qui ne tarde pas à prendre une grande extension en largeur. À sa surface est sécrétée la coquille, qui revêt d'abord la forme d'un verre de montre, mais ne tarde pas à prendre celle d’un bonnet phrygien et parait être symétrique. Nous suivrons, avec l’auteur, le développement des différents systèmes d'organes pendant la période larvaire. Tube digestif.—Le tube digestif est représenté d’abord par la bouche primitive, la cavité embryonnaire (archeutéron) et le canal qui les met en communication. La bouche, qui prend la forme d’un entonnoir cilié, et le canal œsophagien sont, en grande partie du moins, d’origine ecto- dermique. Un peu avant la disparition du voile, la partie antérieure de l’œsophage s’épaissit en un point et forme le cul-de-sac radulaire, sur lequel les dents apparaissent comme de petits tubercules, celles de la rangée médiane se développant les premières. Les cils de la bouche tombent, et l’épithélium sécrète une cuticule épaisse au moment où l’em- bryon commence à ramper dans l'œuf et à se servir de sa radula pour prendre sa nourriture. L’œsophage reste cilié et s’allonge ; les glandes salivaires n'apparaissent que tardivement. L'opacité de l'embryon ne permet pas de suivre la différenciation des parties de la cavité centrale, qui forme d'une part l’estomac et l'intestin, de l’autre deux masses nutritives inégales entourant deux prolongements de la cavité digestive et destinées à former les lobes du foie. L’'intestin va se souder à l’ectoderme au point où se formera plus tard l'anus. Les cils vibratiles font pénétrer l’albumen de l’œuf dans l'estomac, où il est absorbé et en partie emmagasiné sous forme de deutolécithe. Voile. — Les premiers cils vibratiles qui apparaissent forment une couronne autour de l’extrémité obtuse de l'embryon et en avant de la bouche. Les cellules qui les portent se soulèvent et deviennent granu- leuses, ainsi que les cellules avoisinantes : ainsi se forme le voile.Il prend une forme bilobée comme celui de tous les Gastéropodes, et chaque lobe recoit deux fibres musculaires ramifiées qui y déterminent des contrac- tions rhythmiques. Les granulations jaunâtres des cellules du voile aug- mentent jusqu'à son complet développement, pour disparaître progressi- vement avec lui. Les cils du voile tombent graduellement, et il se rétracte peu à peu, pour disparaître entièrement ou du moins former seulement les palpes labiaux de l’adulte. Jamais l’auteur n'a vu sur des embryons normaux 554 REVUE SCIENTIFIQUE. les cellules du bord du voile se détacher, comme cela a été décrit chez certains Mollusques ; cette chute ne se produit que dans des larves pathologiques. Pied. — Une saillie située en arrière de la bouche constitue de bonne heure le pied, qui devient linguiforme et pédiculé, etse couvre sur toute sa surface de cils vibratiles qui disparaissent au moment où l'animal commence à se servir de son pied pour ramper à l’intérieur de l'œuf. Il ne se forme pas d’opercule ; mais un îlot de cellules ectodermiques rem- plies de granulations jaunes et portant des cils plus longs que partout ailleurs, situé à l'extrémité postérieure du pied, en est peut-être le repré- sentant. Avant la formation du cœur, les contractions rhythmiques du pied, com- binées avec celles du voile, servent à la circulation larvaire. Vers la fin de la période véligère, la glande pédieuse se forme par invagination entre le pied et la bouche. Manteau et coquille. —Le bord de l’invagination coquillière forme un bourrelet de plus en plus saillant qui constitue le manteau. En même temps que l’invagination s'étale et sécrète la coquille, il s'étend sur tout son pourtour, mais principalement vers le haut. L'extension du manteau est d’ailleurs plus apparente que réelle et tient à l'accroissement de la surface de l’enfoncement coquillier. La coquille complètement développée est nautiloïde et parait symétri- que ; elle ne forme jamais plus d’un tour entier et est réduite à une mince pellicule non encroûtée de sels calcaires. Elle est constituée par de petites plaques irrégulières sécrétées isolément par le bord du manteau, puis soudées entre elles. Au moment de la métamorphose, la coquille tombe, pour n’être pas remplacée. Après sa chute, le manteau devient opaque par le dépôt de pigment dans son épaisseur, et s’enroule de gauche à droite de facon à porter sur la ligne médiane l’anus et l'orifice de l’or- gane de Bojanus, qui étaient primitivement sur le côté droit. Les pa- pilles branchiales ne se montrent qu'après l’éclosion. Cavité générale; muscles, organes d’excrétions larvaires.—La cavité générale prend naissance par écartement de l’ectoderme et de l’entoder- me.Le mésoderme, dont l’auteur n’a pu reconnaitre l’origine, ne se montre que plus tard constitué par des cellules, soit libres dans la cavité générale, soit a=colées à l’ectoderme ou aux organes internes ; ces cellules donne- ront naissanco à des fibres musculaires, et en particulier au muscle colu- mellaire, qui existe de bonne heure, mais disparaît avec la chute de la coquille. ZOOLOGIE. 555 Il existe sur les deux côtés de la nuque de l'embryon des organes qui semblent être des reins provisoires. Cœur et organe de Bojanus.— Le rein se constitue tardivement un peu avant le cœur à droite sur le bord du manteau, par une prolifération des cellules de cette région. Il se creuse bientôt d’une cavité dans sa portion enflée, et d'un canal dans sa portion rétrécie ; les cellules de la première acquièrent les concrétions caractéristiques des cellules rénales, les cellu- les du canal deviennent au contraire ciliées. Un prolongement dela cavité interne du rein communique quelque temps avec le péricarde par un fin canal cilié. Au moment de la métamorphose, le rein s'accroît rapidement et forme deux diverticules des deux côtés de l’animal ; le mouvement de rotation du manteau reporte son orifice sur la ligne médiane. Le cœur se montre également du côté droit près de la région dorsale ; 1l apparaît dans le mésoderme sous la forme de deux vésicules contrac- tiles à parois mal délimitées d’abord, qui communiquent l’une avec l’autre ; sa contraction se fait toujours dans le même sens et l'oreillette bat avant le ventricule. Le cœur est d’abord un cœur de Prosobranche/; la rotation du manteau en fait plus tard un cœur d’'Opisthobranche. Système nerveux et organes des sens. — Les centres cérébroïdes se montrent les premiers sous la forme de deux groupes de cellules qui se pédiculisent et se séparent de l’ectoderme. Les centres pédieux et asymé- triques apparaissent ensuite de la même manière à la partie antérieure du pied, près de l’entonnoir buccal, en deux masses symétriques qui se différencient plus tard. Les connectifs qui mettent en rapport les centres nerveux et les nerfs se forment sur place. Les otocystes, constituées de très bonne heure, bien avant le système nerveux, ont la forme de vésicules ciliées renfermant une seule otolithe. Les yeux apparaissent beaucoup plus tard, dans l’espace circonscrit par le voile et au-dessous de l’ectoderme, dont ils semblent dériver, sous la forme de deux petites masses cellulaires qui se creusent d’une cavité remplie de liquide, où se formera plus tard le cristallin. Les parois se différencient ensuite en rétine et cornée, et se chargent de pigment. Après la métamorphose, les yeux deviennent saillants par le développe- ment des tentacules qui les portent. Organes génitaux. — La glande hermaphrodite se montre de bonne heure, à peu près en même temps que l'organe de Bojanus et dans son voi- sinage, entre lui et l'anus, et par conséquent du côté droit. C’est d’abord une petite masse cellulaire pleine, pédiculée, et de plus en plus saillante dans la cavité générale, qui prend une couleur jaune clair, devient lobée, 556 REVUE SCIENTIFIQUE. et possède au moment de l’éclosion sa forme et sa structure définitives. Le vagin, l’oviducte, la matrice et la poche copulatrice semblent se former par une nouvelle prolifération cellulaire, et peut-être une invagi- nation des téguments qui se met plus tard en rapport avec le canal de la glande hermaphrodite. H.-A. RoBIn. Report on the Pycnogonida dredged by H. M. S. Challenger during the years 1873-76; par M. P. P.C. Hoœx. (Report on the scientific resulls of the voyage of H. M.S. Challenger, III, 1881.)— Nouvelles études sur les Pyc- nogonides. (Archives de Zoologie expérimentale, IX, 1881.) Le singulier groupe des Pycnogonides placé par certains naturalistes parmi les Crustacés et rattaché par d’autres aux Arachnides, et parti- culièrement aux Phalangides, est encore assez mal connu. L'étude que M. Hoek à faite des animaux de ce groupe, dont quelques-uns de très grande taille recueillis dans les dragages du Challenger, du Xnight- errant et du Willem-Barents, et ses observations sur les espèces des côtes néerlandaises et francaises de la mer du Nord et de la Manche, lui ont permis de publier dans les deux Mémoires dont le titre est rappelé ci-dessus, une série de faits qui constituent presque une monographie du groupe. Nous laisserons de côté la partie descriptive de son travail et les observations sur la répartition géographique et bathymétrique des espèces, fort intérassantes à coup sûr, mais peu susceptibles d'analyse, et nous nous bornerons à résumer ce qui à trait à l’organisation des Pycnogonides et à leurs affinités zoologiques. Forme générale du corps; — A ppendices.—Le corps des Pycnogonides est cylindrique et formé de quatre segments, un segment céphalo-tho- racique et trois thoraciques, d’un abdomen rudimentaire et d'une trompe dirigée en avant. Il porte des appendices, au nombre de sept paires au plus, attachées, les quatre premières sur le segment céphalo-thora- cique, les trois autres sur chacun des segments thoraciques. Les quatre derniers, les seuls qui servent à la locomotion, ne manquent jamais. Le corps est tantôt cylindrique, grêle et allongé, tantôt court et robuste ; dans le premier cas, les pattes sont implantées à une distance considérable l’une de l’autre ; dans le second, au contraire, elles sont très rapprochées ; les lignes de séparation des segments sont distinctes ou non. La trompe, de forme variable, ne peut être regardée comme une tête; elle est constituée par la soudure de trois pièces, l’une dorsale et impaire, les deux autres symétriques et ventrales ; à son extrémité est la bouche, triangulaire, munie d’un appareil de trois petites plaques qui ZOOLOGIE. 557 peuvent la fermer presque entièrement. L’abdomen, rudimentaire, est représenté par un article seulement, au moins dans toutes les formes observées par l’auteur. Les trois appendices de la région céphalique sont : les mandibules, les palpes et les pattes ovigères. Les mandibules sont typiquement formées de trois articles dont le dernier se termine par une pince ; mais souvent, à l’état adulte, elles sont réduites à deux articles sans pince, à un article, ou même fait entièrement défaut (Phoxichilus, Pycnogonum). Les palpes semblent aussi formés typiquement de nombreux articles (dix au maximum chez les Colossendeis), mais peuvent être réduits à trois ou manquer complètement. Dans aucune espèce, la troisième paire d’appen- dices ne manque entièrement chez les deux sexes à l’état adulte: elle existe toujours chez le mâle ; son absence chez la femelle ne se rencontre que dans les genres qui ont conservé les deux autres paires d'appendices. Les pattes ovigères sont toujours courtes et grêles et implantées à la face ventrale, et non latéralement comme les autres appendices. Les pattes elles-mêmes, dont la longueur est très variable, sont tou- jours de huit articles. Le deuxième porte à sa face ventrale les orifices génitaux, et chez les femelles est renflé de même que le quatrième article. Celui-ci présente chez les mâles une série d’orifices où débouchent des glandes destinées sans doute à agglutiner les œufs. La surface du corps est tantôt lisse, tantôt garnie de poils, d’épines, de tubercules, etc. Un tubercule situé sur la partie céphalique du seg- ment céphalo-thoracique porte les yeux. Système tégumentaire. — Comme chez tous les Arthropodes, le té- gument est constitué par un hypoderme et une couche cuticulaire chi- tineuse stratifiée. La couche chitineuse est perforée de canalicules de deux sortes: dans les uns, cylindriques, pénètre un nerf qui se termine à la base d’un bouquet de filaments tactiles ; les autres, coniques, ren- ferment des prolongements de l’hypoderme et servent peut-être à la respiralion ; contrairement à la description de M. Dobrn, l’auteur n’y a pas observé de cellules glandulaires. Des glandes spéciales sont logées dans les palpes, le quatrième article des pattes ovigères des Nymphon et les quatrièmes articles des pattes des mâles en général. Système nerveux. — Le système nerveux central est constitué par un ganglion sus-æsophagien et une chaîne ventrale de einq ou quatre ganglions réunis par des connectifs doubles. Le ganglion sus-œsopha- gien est toujours situé dans la partie céphalique du segment céphalo- thoracique ; il est relié à la chaîne ventrale par un collier œsophagien tantôt très-étroit, tantôt au contraire très-large, et livrant passage non- 558 REVUE SCIENTIFIQUE seulement à l'œsophage, mais aux muscles de la trompe (Colossendeis). Le nombre des ganglions de la chaîne ventrale est de cinq chez les Colossendeis, Ascorhynchus, Nymphon, Pallene, et de quatre par coalescence des deux premiers chez les Pycnogonuwm et les Phoæichili- dium ; le genre Phoxichilus forme un intermédiaire , le premier gan- glion étant petit et accolé au second. Les ganglions sont tous bilobés, ceux des deux côtés étant coalescents. À la partie dorsale du dernier ganglion et en coalescence avec lui, on observe presque toujours un très petit ganglion rudimentaire envoyant des nerfs à l’abdomen. Du ganglion sus-æsophagien partent deux nerfs mandibulaires qui existent même lorsque les mandibules manquent chez l'adulte : un nerf azygos, qui se rend à la partie dorsale de la trompe, où il se termine vers le tiers antérieur dans un petit ganglion rhombique ; et deux nerfs opti- ques qui sont enveloppés de cellules nerveuses dans une partie de leur trajet et se distribuent non-seulement aux yeux, mais aux parties voisi- nes du tégument. Le premier ganglion thoracique présente deux noyaux de Punkt- substanz qui correspondent à une duplicité embryonnaire ; du premier partent trois paires de nerfs dont les deux premières, très-inégales, se rendent aux parties latéro-inférieures de la trompe, la troisième aux palpes. Le second noyau est l’origine des nerfs des pattes ovigères, comme les ganglions suivants des nerfs des pattes proprement dites. Dans certains cas, comme chez le Pygnogonuwm littorale, les nerfs des trois dernières paires de pattes, avant de pénétrer dans l’appendice, envoient une petite branche à la patte immédiatement antérieure. De petits nerfs, qui naissent des commissures interganglionnaires, semblent avoir pour rôle d’innerver les muscles qui vont d'un segment à l’autre. L'innervation de la trompe est extrêmement compliquée ; elle reçoit, comme nous l'avons vu, cinq nerfs, donttrois principaux, un dorsal et deux latéraux. Selon M. Dohrn, ces trois nerfs se termineraient dans trois ganglions réunis par un collier œscphagien secondaire. Les choses sont en réalité beaucoup plus complexes. Entre chacun de ces nerfs et la paroi œsophagienne est une chaîne de très petits ganglions losangi- ques, émettant sur les côtés deux nerfs qui se rendent aux ganglions des : utres chaînes formant cinq colliers ou davantage. D’autres petites bran- ches æsophagiennes se terminent dans la paroi œsophagienne et les museles voisins. Les nerfs qui proviennent du système nerveux central s'unissent à quelques-uns de ces ganglions, mais les connexions ne sont pas très-nettes. Comme l’æsophage n’est qu’une invagination du tégument, ce réseau ZOOLOGIE, 559 nerveux n'est peut-être qu'une concentration et une régularisation d’un réseau entremêlé de cellules ganglionnaires, que l’auteur à trouvé à la face interne du tégument dans toute la surface du corps. Ce réseau est beaucoup plus développé chez les espèces aveugles que chez les espèces pourvues d’yeux, et on reconnaît alors facilement qu'il est en relation avec les nerfs optiques. Les organes des sens sont représentés par les filaments tactiles dont nous avons parlé à propos du técument, par des soies de forme spéciale portées par les palpes dans le genre Ascorhynchus, et peut-être olfacti- ves. Les yeux sont d'ordinaire au nombre de quatre, portés par un tubercule de la région céphalique ; chez les espèces qui vivent à une profondeur de plus de 400 pieds, il sont rudimentaires et sans pigment, ou ne sont pas même représentés. Chaque œil, limité par une membrane chitineuse et par une couche pigmentaire à sa face interne, est constitué par une partie externe ré- fringente, la cuticule renflée en cristallin, et une partie interne réti- nienne. Au-dessous de la cuticule, l’hypoderme général se continue représenté par une couche de noyaux, il ne constitue pas des corps vitrés distincts. La rétine est formée par des bâtonnets obtus à leur extré- mité interne, étirés à leur extrémité externe en filaments qui viennent s appuyer directement sur le cristallin ; entre les bâtonnets s’observent des cellules ganglionnaires arrondies assez nombreuses. Il n’existe pas de lamelle prérétinienne. Appareil digestif.—A la bouche, située à l’extrémité de la trompe et armée de ses trois plaques labiales, fait suite un pharynx occupant toute la longueur de la trompe et pourvu d'une armature chitineuse formée d'épines courtes et fortes vers le milieu, plus longues, plus fines et régulièrement rangées dans la partie postérieure. Puis vient l’æœsophage proprement dit, étroit, triangulaire sur les coupes comme le pharynx, et tapissé d'une mince couche de chitine ; au point où il se termine dans l’intsstin, ses parois présentent trois renflements glandulaires que l’auteur assimile au pancréas (!} des Vertébrés. Le tube digestif se con- tinue en ligne droite, donnant naissance à droite et à gauche à des pro- longements tubulaires qui pénètrent non-seulement dans les pattes, mais dans les mandibules et dans la trompe, les derniers peuvent être plus ou moins ramifiés. De courts cœcums glandulaires couvrent la surface de tout le tube digestif et constituent sans doute un appareil hépatique. L'auteur ne signale aucune trace de la distinction en estomac et intes- tin, si nette pourtant d'ordinaire chez tous les articulés. Appareil circulatoire.—Le cœur est tubulaire et divisé en trois ca- 560 REVUE SCIENTIFIQUE. vités: deux seulement chez le Pallene brevirostra, présentant chacune une paire d’orifices latéraux pour l'entrée du sang. Le sang sort du cœur par un large orifice ; à l'extrémité antérieure il ne paraît pas exis- ter d’aorte. Nulle part le cours du sang n’est endigué, et il revient directement au cœur des compartiments de la cavité générale, sans interposition d'une cavité péricardique distincte. L'auteur, non plus que M. Dohrn, n’a pu reconnaître l'existence du cœur chez le Pycnogo- num littorale. Organes de la génération. — Les sexes sont toujours séparés ; la fe- melle se distingue d’ordinaire par le moindre développement ou l’ab- sence des pattes ovigères, par le renflement du quatrième et de l’extré- mité du deuxième article des pattes, le dernier présentant un orifice génital beaucoup plus large que chez le mâle. Comme l’a montré M. Cuvanna, c’est toujours le mâle qui porte les œufs appendus à ses pattes ovigères ; dans un cas cependant, chez le Nymphon brevicaudatum, l’auteur a vu la femelle ainsi chargée. Chez les Colossendeis de l’un et l’autre sexe et les Nymphon mâles, les organes génitaux sont représentés par des bandes longitudinales situées de chaque côté du corps, au-dessus de l'intestin et de ses prolongements, et rattachées à la partie postérieure par une anastomose transversale ; de ces bandes partent des prolongements qui s'étendent dans les pattes jusqu'au quatrième et quelquefois jusqu'au sixième article. Dans le second article, un canal part de la glande et va déboucher à l’extérieur vers l'extrémité de la face ventrale. Chez les femelles de Nymphon, Pallene, Phoxichilus, les ovaires sont isolés et logés dans le quatrième article de chaque patte. Il n'existe pas d’oviductes, et les œufs tombent dans la cavité de chaque patte, et de là dans la cavité générale. Dans beaucoup de cas, l'auteur n’a pu trouver les organes génitaux du mâle, qui ne se développent sans doute qu’à certaines époques dé l’année. Développement. — Ta segmentation paraît être en règle générale centrolécithique, et aboutit à la formation d’un blastoderme d’une seule couche de cellules avec une bandelette ventrale ; les premiers appendices commencent à se former de bonne heure, et le vitellus nutritif peut péné- trer dans leur intérieur, qui est en continuité avec la cavité générale. En général , le jeune sort de l’œuf sous une forme larvaire à laquelle l’auteur propose de donner le nom de Protonymyphon, avec trois paires d’appendices formés de deux articles, dont le premier se termine en pince et dont les deux suivants finissent en une griffe allongée. Entre la première et la seconde paire d’appendices est implantée une excrois- ZOOLOGIE. 561 sance cylindrique ou conique, la trompe. Il existe en général une ou deux parties pigmentaires et en avant deux filaments tactiles. Le premier article des appendices de la première paire renferme presque toujours des glandes décrites pour la première fois par M. Dohrn, et qui ont pour rôle de sécréter un long filament, quelquefois une série de filaments (Nymphon brevicollum) à l'aide desquels le jeune s'attache aux pattes ovigères du parent; cet appareil fait quelquefois défaut. L'article basi- laire des deux autres paires d’appendices est toujours armé d’une forte épine, leur griffe est quelquefois remplacée par un long filament (Phoxi- chilidium femoratum). Les deux premiers appendices se transforment directement dans les mandibules ou les palpes de l'adulte; la troisième paire disparaît toujours entièrement, et à la place qu'il occupait se développent plus tard les pattes ovigères. Les segments thoraciques apparaissent successivement d'avant en arrière et développent leurs appendices; enfin une excroïissance terminale forme l'abdomen. Dans le genre Nymphon, certaines espèces traversent le stade proto- nymphon dans l'œuf (N. hirtipes, N. brachyrhynchus), quelques-unes même éclosent avec une ou deux paires de pattes thoraciques (N. bre- vicollum, N. brevicaudatum). 11 paraît en être de même chez les Pal- lene brevirostris et intermediwm. Position zoologique. — Les suteurs qui ont rattaché les Pyenogoni- des aux Crustacés se sont surtout appuyés sur le nombre trois des appen- dices de la larve et l’ont considérée comme un Nauplius. En réalité ,ce nombre est le seul trait commun entre le Protonymphon et le Nau- plius; tous les caractères du premier, la simplicité des appendices, l'absence de carapace, la forme de la bouche, l’absence de la glande en lacet, les glandes spéciales de l’article basilaire des antennes, la dupli- cité générale des yeux, l’écartent de la larve des Crustacés. L’innervation de leur première paire d’appendices par les ganglions sus-æsophagiens s'oppose également à ce qu’on en fasse des Arachnides, et en réalité la pénétration d’appendices de l'intestin dans leurs pattes, comme chez les Phalangides, est un caractère de bien peu de valeur. Ilconvient donc d’en former parmi les Arthropodes une classe spéciale égale en valeur aux Crustacés, aux Arachnides, aux Myriapodes, etc. Classification. — L'auteur propose pour le groupe la classification suivante : Genre hypothétique, Archipycnogonum. Famille des Nymphonidæ, Nymphon, Pallene, 562 REVUE SCIENTIFIQUE. Famille des Ascorhynchidæ, Ascorhynchus, Zetes, Ammothea, Bôhmia, Lecythorhynchus, Oorhynchus, Tanystylum, Paribæa. Famille des Colossendeidæ, Colossendeis, Eudeis, Discoarachne. Famille des Phoxochilidæ, Pallenopsis, Phoxichilidium, Phoxi- chilus, Hannovia, Pycnogonum. H. A. Rois. Embryogénie des Bryozoaires. — Essai d’une théorie générale du développement, basée sur l'étude de la métamorphose ; par M. J. de Barmois. (Journ. de l'Anat. et de la Physiol., XVIII, 1882, pag. 124-157, PIX.) Dans un court Mémoire, M. Barrois résume les résultats des observa- tions qu’il a faites sur la métamorphose des différents groupes des Bryo- zoaires, et, les comparant entre eux, fait ressortir les faits généraux qui s'appliquent au groupe tout entier et les déductions que l’on en peut tirer au point de vue de son origine phylogénique. Nous résumerons seulement cette dernière partie, nous réservant de revenir sur ce qui à trait à cha- que groupe lorsque M. Barrois publiera les Mémoires détaillés qu’il an- nonce, comme il l’a déjà fait pour le groupe des Escharines (An. Sc. nat. 6° sér., IX). Chez tous les Bryozoaires, tant Entoproctes qu'Ectoproctes, la méta- morphose consiste dans la fixation de lalarve par la face orale, l’enfon- cement de cette face en dedans de l'embryon, et l'extension de la face aborale qui forme toute la paroi de la loge définitive ; la division de la face orale en deux parties, dont l’une reste adhérente à la base de la loge ou dégénère, et l’autre {tube digestif et portion centrale du ventricule des Entoproctes, rudiments du mésoderme du polypède des Chilostomes) se porte vers le pôle opposé pour se mettre en relation avec une invagina- tion de la face aborale (calotte des Ectoproctes, épaississement latéral des Entoproctes) et former le polypède. Le développement des Entoproctes représente le type primitif dont dérivent tous les autres, celui des Ectoproctes n’en étant qu’une forme condensée, et, étant donné les ressemblances fondamentales dans le plan d’une larve d’Entoprocte et celui d’un Rotifère, il est permis d'admettre que les Bryozoaires descendent d’un ancêtre plus ou moins semblable aux Rotifères, dont la larve primitivement libre s’est adaptée à la respiration, changement dans le mode de vie qui a graduellement déterminé mécaniquement l'établissement de la métamorphose et le renversement des parties de l'adulte par rapport à celles de la larve. H.-A, RoBin. ZOOLOGIE. 563 Recherches sur la grande Douve du foie (Distoma hepalicum). Tel est le titre de la Thèse inaugurale que M. Eugène Macé a soutenue devant la Faculté de Médecine de Nancy. Bien que venant après le beau Mémoire de Sommer sur le même sujet, le travail de M. le D' Macé n’en présente pas moins un réel intérêt, tant l’étude des animaux inférieurs présente de complexité et est appelée à bénéficier d’un examen contra- dictoire. D'ailleurs il n’est que juste d’ajouter que les recherches des deux naturalistes paraissent s'être poursuivies concurremment, et que le jeune docteur de Nancy n’a été que devancé dans sa publication par le savant étranger. Après une analyse critique des travaux de ses devanciers et l’histoire zoologique de la Douve du foie, M. Macé passe en revue la structure anatomique des divers systèmes organiques de ce Trématode. Il commence par les téguments ou enveloppe générale, dans laquelle il reconnaît du dehors au dedans : lo Une couche cuticulaire mince, transparente et anhiste, dont les prolongements squamiformes, signalés à la surface du corps de la Douve, sant très probablement une dépendance. 2° Une couche élastique, méconnue par les auteurs, mais se distinguant de la cuticule par ses réactions et sa facilité à se décomposer en fibres. 3° Une couche musculaire comprenant des faisceaux annulaires, lon- gitudinaux, obliques et dorso-ventraux. 40 Enfin une couche hypodermique, constituée par de petits amas ovoïdes de cellules sans membrane, à noyau très visible et à contenu protoplasmatique, considérées, à tort selon M. Macé, comme des glandes unicellulaires par la plupart des auteurs, qui leur attribuaient comme conduits excréteurs de fins canalicules traversant la cuticule, canalicules dont l'auteur nie l’existence. L'espace compris entre les organes et l'enveloppe générale est rempli par un parenchyme composé de grosses cellules arrondies ou polyédri- ques par pression réciproque, à noyau granuleux, excentrique, entouré d'une petite quantité de protoplasma. Des coupes de ce parenchyme mal interprétées ont fait prendre ces cellules pour les vacuoles d’un tissu conjonctif aréolaire. | Le système nerveux, dont l’auteur donne ensuite la description, consiste essentiellement en un collier œsophagien composé : 1° de deux renfle- ments cérébroïdes émettant quelques branches dont les deux postérieures peuvent être suivies fort loin en arrière ; 2 d’un ganglion sous-œæsopha- gien de forme semi-lunaire. Les centres nerveux et les nerfs montrent 564 REVUE SCIENTIFIQUE. la même composition histologique et renferment tout à la fois des cellu- les et des tubes. L'appareil digestif comprend une ouverture orale suivie d’un court intestin buccal ou œæsophagien, muni de muscles intrinsèques et extrin- sèques, puis d'un intestin stomacal on digestif représenté par deux tubes aveugles qui se ramifient dendritiquement. Dans cette portion stomacale, M. Macé a reconnu l'existence d’une tunique musculaire qui à échappé aux recherches de Sommer. Cette même portion est en outre tapissée intérieurement par une {unica pro- pria qui supporte un revêtement épithélial formé de grandes cellules du type cylindrique, percées à leur face libre d’un orifice par lequel peuvent faire saillie des prolongements rhizopodiques du protoplasma que ren- ferme l'élément épithélial. Le contenu du tube digestif ne présente aucune trace de la matière colorante du sang, mais l'analyse chimique y révèle la présence, en grande quantité, d'acides biliaires et de bilihumine. L'appareil vasculo-excréteur, découvert par Bojanus, consiste en un réservoir contractile occupant la partie postérieure terminale du corps, s’ouvrant, d’une part, à l'extérieur par la foramen caudale et se conti- nuant, d'autre part, avec un système de troncs longitudinaux émettant des branches irrégulières, s’anastomosant en un réseau superficiel et un réseau profond. Comment ce système se comporte-t-il à son origine ? La question est fort difficile à résoudre. D’après Sommer, il naîtrait de cellules étoilées situées superficiellement. Mais M. Macé rejette cette opinion et serait plus disposé à admettre comme point de départ de petits entonnoirs formés d’une seule cellule pourvue d’une flamme vibratile, analogues à ceux que M. J. Fraipont, de Liège, a signalés chez divers Trématodes. Nous arrivons aux organes de la reproduction, dont l'étude est déjà très soigneusement faite dans le mémoire de Sommer ; aussi M. Macé a-t-il eu peu de chose à ajouter à ce chapitre de l’histoire anatomique du Distoma hepaticum. Les Douves sont hermaphrodites. Les testicules sont au nombre de deux et peuvent être distingués en un antérieur et un postérieur. Ce sont des glandes en tubes très com- plexes, dont naissent trois ou quatre conduits efférents, se réunissant en un canal déférent unique pour chacune des glandes. A leur tour, les deux canaux déférents se fusionnent en un seul, qui se renfle en une vésicule séminale et se continue ensuite en un canal séminal dont l'extrémité ter- minale, musculeuse et hérissée d’aiguillons cunéiformes (cirre) est logée dans une dépression des tissus (sac du cirre). ZOOLOGIE. 565 L'évolution des éléments mâles est mal connue, et son étide demande à être reprise avec les données de la spermatogénèse moderne. Les organes femelles présentent une complication plus grande que les organes mâles. Outre l'ovaire, qui ne produit pas seulement la vésicule et la tache germinatives, mais bien un ovule complet, on rencontre diverses parties accessoires dont le rôle n’est pas encore suffisamment mis en lumière. En effet, si la fonction de la glande coquillière paraît nettement définie, il subsiste encore beaucoup d’obscurité touchant les vitellogènes et le canal de Lauser. Les premières sécrètent un produit qui n’est point le vitellus, comme on l’a prétendu, mais qui s’ajoute à celui-ei. Enfin le canal de Lauser, qui met en relation avec l'extérieur, à la partie dorsale, le confluent de l’ovaire, de l’oviducte et du canal impair du vitellogène, ne sert peut-être pas à la copulation, ainsi qu’on l’a supposé. L'œuf complet, qui est ovoide, coloré en jaune, operculé, est évacué au dehors par un oviducte et un canal vaginal qui aboutissent à une dépression des téguments située entre les deux ventouses, et qu’on peut appeler cloaque sexuel, puisque le canal déférent y débouche aussi. Le mode de fécondation des douves est encore hypothétique. M. Macé expose les raisons qui militent en faveur de l'admission d’une fécondation de l’indi vidu par lui-même. Même obscurité relativement aux migrations de la Douve. Il est pro- bable toutefois que l’animal sexué vient d’une forme nourrice qui se trou- verait dans des Mollusques terrestres, avalés par les moutons dans les pâturages. M. le D' Macé, un de nos anciens élèves, ayant bien voulu nous dédier sa thèse, nous nous trouvons empêché de lui donner des éloges qui pour- raient être mis sur le compte de la seule reconnaissance. 5. JOURDAIN. Sur la structure des pédicellaires gemmiformes des Sphærechinus granularis et d'autres Échinides ; par M. A. FœTrTINGER. (Archives d2 Biologie, II, 1881, pag. 455-496, PI. XX VI, XX VIIL.) Percy Sladen a récemment montré que les pédicellaires gemmiformes du Sphærechinus granularis ne sont pas simplement des organes de préhension comme les pédicellaires ophicéphales et tridactyles, mais qu’ils jouent encore un rôle sécrétoire, et que des glandes particulières sont portées par les valves et par la tige. Mais la description qu’il en a donnée laisse beaucoup à désirer, et M. Fæœttinger la reprend dans le Mémoire que nous analysons. 566 REVUE SCIENTIFIQUE. A l’œil nu ou à la loupe, on peut reconnaitre sur la tige des pédicellai- res gemmiformes, et près de leur base, une dilatation divisée par trois sillons longitudinaux en trois parties alternant avec les trois valves de la tête. Chacune de ces divisions est un sac glandulaire présentant un petit orifice à son extrémité supérieure sur :a ligne médiane. Ces glan- des sont presque toujours remplies d’un mucus qui, mis en contact avec l’eau et les solutions aqueuses, se gonfle et fait éclater les parois pour se répandre à l’extérieur. Quelques glandes cependant ne se gonflent pas de cette manière, ce sont des glandes jeunes et qui n’ont encore sécrété qu’une très-petite quantité de mucus. Sur des coupes pratiquées après décalcification par l'acide chromique au 1/400, on reconnait que les glandes séparées par une mince couche de tissu conjonctif fibrillaire, entourée elle-même par l’épithélium général du pédicellaire, sont constituées par une mince couche musculaire cir- conscrivant un contenu. Les fibres musculaires plates, allongées et pourvues d’un noyau ovalaire, sont disposées transversalement, et à la partie supérieure de la glande deviennent concentriques à l'orifice. Dans la plupart des cas, le contenu se présente comme une substance blanchâtre granuleuse, renfermant des corpuscules réfringents et des sortes de cristalloïdes. A la périphérie cependant, on trouve d'ordinaire quelques noyaux bien caractérisés entourés de protoplasma et cà et là des débris de parois cellulaires. Dans les pédicellaires qui ne se gonflent pas au contact de l’eau, le contenu glandulaire est formé presque uni- quement par des cellules polygonales plus ou moins intactes; jamais cependant la substance muqueuse ne fait entièrement défaut, surtout dans le voisinage de l’orifice et vers le centre de la glande. La production du mucus se fait par conséquent, non par sécrétion, mais par transformation graduelle des cellules qui constituent la glande. Il semble que les noyaux forment directement des corpuscules réfrin- gents. Chacune des valves de la tête renferme également un sac glandulaire à parois musculaires, qui à sa partie inférieure se bifurque ; puis ces deux branches se réunissent de nouveau, sans doute pour déboucher vers la pointe par un orifice que l’auteur n’a pas réussi à mettre en évidence. La structure de la glande et le mode de sécrétion sont les mêmes que pour les glandes de la tige ; cependant le mucus ne renferme pas de corpus- cules réfringents et ne se gonfle pas au contact de l'eau. L'auteur a trouvé des glandes analogues sur la tige et la têté des Toxopneustcs pileolus, T. variegatus et Hipponoe esculenta, sur la tête du Strongylocentrotus lividus et de l'Echinus microtuberculatus. ZOOLOGIE. 567 Il en existe également des rudiments à la base de la tête chez l’Echinus melo et l'Echinometra subangularis. Deux espèces de Diadema, les D. selorum et mexicanum, présentent des pédicellaires particuliers qui n’ont pas encore été signalés et qui ont la forme d’une massue brièvement pédiculée. Ils sont presque unique- ment constitués par trois grosses glandes entourant une tige calcaire ; six petites cavités closes logées à la partie supérieure dans l'intervalle des glandes, représentent seules la tête. L'auteur donne à ces pédicel- laires le nom de claviformes. H. A. Roi. Observations sur l’origine des cellules sexuelles des Hydroïdes ; par M. Wegismanx. (Ann. des Sc. nat., 6e série, XI, 1881.) Des observations nombreuses ont été faites sur l’origine des cellules sexuelles des Hydroïdes, en se plaçant au point de vue du feuillet pri- mitif, dont elles dérivent. Divers auteurs, parmi lesquels Éd. Van Bene- den, F.-E. Schulze, les frères Hertwig, Fraipont et M. Weïismann lui- même, ont ainsi pu constater que les cellules sexuelles de l’un et l’autre sexe se forment tantôt dans l’ectoderme ( Hydra, Cardylopkora, Tu- bularia, etc.), tantôt dans l’endoderme ( Plumularia, Sertularella); tandis que dans d’autres formes les cellules mâles sont d’origine ectoder. mique, les cellules femelles d'origine endodermique (Hydraclinia, Cam- panularia, Gonthyræa). Ces variations sont du reste sans rapport avec les familles, et l’on peut trouver des différences entre espèces très voisines d'un même genre, témoin l'Eudendrium racemosum, dont les œufs se forment dans l’ectoderme, tandis qu’ils sont d’origine endoder- mique chez l'E. ramosum, espèce généralement confondue avec la pre- mière. Mais jusqu'ici on à été d’accord pour admettre que les produits sexuels avaient une origine blactogène, c'est-à-dire se formaient dans des indi- vidus reproducteurs spéciaux, gonophores ou méduses. Il n’en est cepen- dant point toujours ainsi, et, dans un très grand nombre de cas, les ovules naissent dans le tissu commun du tronc ou des rameaux de la colonie, dans le cœnosare, avant l'apparition des gonophores, dans lesquels ils pénètrent plus tard et dont ils semblent déterminer la for- mation. Cette origine, appelée par l’auteur cæœnogène, n’a été observée, pour les cellules mâles, que dans le genre Plumularia. Après la forma. tion du premier gonophore d’un gonangium, de nouveaux éléments sexuels peuvent se différencier dans le blastostyle, pour pénétrer en- suite dans les gonophores suivants. 3e sér., tom. 1. 40 568 REVUE SCIENTIFIQUE. Chez le Plumularia echinulata, par exemple, les gonangiums sont disposés d'une manière très régulière sur la tige et les rameaux, et se développent de bas en haut, de telle sorte que l’on peut reconnaître d'avance le point où se formera un gonangium. Or vers ces points on voit certaines cellules de l’endoderme prendre des caractères spéciaux, de- venir très riches en protoplasma, fixer fortement les matières colorantes, prendre un caractère amœæboïde s'il s'agit de cellules femelles, se diviser pour former des spermatoblastes s’il s’agit de cellules mâles. Les cel- lules sexuelles ainsi différenciées restent quelque temps à nu, mais sont bientôt recouvertes par les cellules endodermiques normales. Au-dessous des îlots de cellules sexuelles, l’ectoderme se modifie et forme un tubercule qui perce, par un phénomène de dissolution, le pé- risare susjacent, et, enveloppé lui-même d’une couche mince de cambium de périsare, fait hernie au dehors. Bientôt l'ectoderme pénètre lui-même dans le tubercule, et les cellules sexuelles y entrent un peu plus tard, en partie par un processus passif d’accroissement général, en partie par des mouvements actifs. L’'ectoderme s’écarte du périsare sur toute la périphérie du nouveau gonangium, et n’y reste adhérent que par l’ex- trémité (plaque terminale). Ainsi se forme le blastostyle, qui n’a plus qu'à croître en longueur. Sur le blastostyle, au point où sont fixés les œufs, s’il s’agit d’un gonangium femelle, il se forme un gonophore. Plus tard, il peut apparaître un second et même un troisième gonophore ; mais les cellules sexuelles destinées à y pénétrer se forment dans le blas- tostyle et non dans le cænosare. Au contraire, chez la Plumularia setacea, où les phénomènes se passent de même, il semble y avoir des migrations successives des cel- lules sexuelles du cœnosare dans le gonangium pour la formation des nouveaux gonophores. Ce fait est certain pour les Sertularella poly- zonias et Gayi, au moins pour les cellules femelles. Dans les autres formes observées par M. Weismann, les cellules mâles se forment uniquement dans les gonophores; les cellules femelles ont seules une origine cœnogone. Ces formes sont le Cordylophora lacus- tris, le Gonothyræa Loveni, où les gonophores les plus jeunes sont les plus éloignés de la base du blastostyle, de telle sorte que les ovules ont une migration étendue à effectuer, et l’'Eudendrium ramosum. Dans cette dernière espèce, les blastostyles femeiles sont des hydranthes pourvus de deux rangées de tubercules, et, au moment de la maturité des œufs, acquièrent une bouche qui semble avoir pour rôle d’absorber le sperme répandu alentour, de sorte que la fécondation s'effectue dans les gonophores avant la formation de la coque des œufs. H.-A. RoBIn. ZOOLOGIE. 569 On Drepanidium Ranarum the cell parasite ofthe Frog’s blood and spleen (Gaules Würmschen); par M. E. Rayx-Lanxesrer. (Quart. Journ. of micr. Science, XXII, 1882, pag. 53.) L'auteur a fait connaître en 1871 l'existence, dans le sang de la gre- nouille, de parasites microscopiques de forme cylindrique avec une extré- mité pointue, qui sont d'ordinaire attachés aux globules du sang. Le D' Gaule, qui a retrouvé les mêmes organismes et les désigne sous le nom de Wärmschen, leur a consacré récemment deux mémoires (Archiv für Physiologie, 1880 et 1881). Il a montré qu’on les trouve non-seule- ment attachés aux hématies ou flottant dans le plasma du sang, mais dans l’intérieur même des globules et des cellules du foie, du pancréas, et surtout de la rate. Il a fait voir en outre qu’il suffit de les chauffer sur la platine du microscope à une température de 30 à 35°, pour les voir exécuter des mouvements amæboïdes. Le savant allemand les considère comme des produits d’altérations cellulaires. M. Lankester, qui en a fait une nouvelle étude, s’élève fortement contre cette interprétation, en s'appuyant sur les mouvements vitaux indépen- dants de ces corps, sur leur existence ou leur absence chez des individus différents, sur le fait qu’on peut les voir pénétrer dans les cellules ou en sortir, etc. Il se fonde surtout sur leur ressemblance avec les corpuscules falciformes que produisent les pseudonavicelles ou spores de divers Spo- rozoaires (Grégarines), qui sont aussi à divers états souvent parasites intra-cellulaires. Pour lui, l'organisme en question est un stade jeune d’une Grégarine, peut-être de la forme de pseudonavicelle décrite par Lieberkühn dans le rein de la Grenouille, dont l’adulte pourrait à son tour être un Coccidiwm observé par Eimer dans le tube digestif du même animal. Le Drepanidium Ranarum n'a jusqu'ici été observé qu’à Leipzig dans la Rana esculenta et quelquefois dans la Rana temporaria et même chez une espèce de Triton, H.-A. RoBIn. 570 REVUE SCIENTIFIQUE. Géologie. Congrès géologique International, ?: session à Bolo gne, 1881. (R.comitato geologico d'Italia. Bollelino, n°s 9 et 10.) Au premier Congrès géologique international tenu à Paris en 1878, il fut décidé que la 2° session du Congrès se tiendrait à Bologne (Italie), en 1881, et s’occuperait particulièrement de l'unification de la nomen- clature géologique, ainsi que de l'unification des couleurs et des signes des cartes géologiques. Des Commissions internationales furent nom- mées pour préparer l'étude des divers points de ces questionst. Voici en résumé quelles ont été les déterminations prises définitivement au Congrès de Bologne, dont, comme on le sait, tous les comptes rendus ont été publiés en français. Nomenclature. Le mot de formation est accepté comme abrégé de mode de formation et ne portant en lui-même que l’idée d'origine. La dénomination de growpe embrassant plusieurs terrains est regardée comme inutile et remplacée par le mot système ou par le mot terrains au pluriel. Le mot série est adopté comme intermédiaire entre système et étage, et comme synonymes les mots : section, abtheilung, séries. Le mot étage est adopté comme subdivision des termes précédents. Quant à la division de troisième ordre, couches, assises, beds, schich- ten, strati, son emploi est laissé à l’appréciation de chaque nation. La réunion d’un certain nombre d'assises portera en français le nom de sous-étage. Le premier élément des terrains stratifiés est le sératæ ou la couche, schicht, stratum, strato. Le mot ere est adopté pour les trois ou quatre grandes divisions du temps. Le mot période, adopté pour la durée correspondant à un terrain. Le mot époque, pour la durée correspondant à un groupe. Le mot äge, pour la durée correspondant à un étage. 1 M. Hébert, président du Comité français de la Commission internationale pour l'unification de la nomenclature géologique, a résumé la manière de voir de ce comité dans un compte rendu qui a été publié dans les Ann. Scienc. géol., tom. XI. GÉOLOGIE. 5741 Confection d’une carte et d’un atlas géologique de l'Europe. La carte sera exécutée à Berlin par un comité : MM. Beyrich, Hauche- corne, Mojsisovich, Daubrée, Topley, de Mœller, Giordana, représentant l'Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la France, la Grande-Bretagne, la Russie et l'Italie. L’échelle adoptée est de 1/500,000. Gamme de coloriage des cartes. Carmin. — Schistes cristallins, sans fossiles fixant exactement leur âge. Violet.—Trias.—Bleu.—Jurassique.—Vert.—Crétacé. Les nuances de la couleur jaune seront affectées au groupe cénozoïque, en teintes d'autant plus claires qu’il s'agira de couches plus. récentes. Quant aux subdivisions d’un terrain, elles pourront être représentées par les nuances de la couleur adoptée des réserves de blanc et des hachures variées, les teintes les plus foncées figurant toujours les sub- divisions les plus anciennes. Notations littérales. La notation littérale des terrains sera basée sur l’alphabet latin pour les formations sédimentaires et sur l’alphabet grec pour les formations éruptives. Le monogramme d’un terrain sera formé, dans la règle, de l’initiale majuscule du nom de ce terrain. Les subdivisions pourraient être distinguées en ajoutant à cette initiale majuscule, soit l’initiale minuscule du nom de la subdivision, soit un exposant numérique, soit l’un et l’autre s’il y à lieu. Le chiffre des exposants numériques devront toujours se présenter dans l’ordre chronologique, 1 désignant la plus ancienne division. L'emploi des signes paléontologiques. orographiques, chronologiques, pétrographiques et géotechniques est recommandé. Ceux qui sont en même temps les plus simples, les plus figuratifs, ou les plus mnémoniques, sont à choisir de préférence. Nomenclature paléontologique. 1. La nomenclature adoptée est celle dans laquelle chaque être est désigné par un nom de genre et un nom d'espèce. 2. Chacun de ces noms se compose d’un seul mot latin ou latinisé, écrit suivant les règles de l’orthographe latine. 3. L'espèce peut présenter un certain nombre de modifications reliées entre elles dans le temps ou dans l’espace, et désignées sous le nom de 572 REVUE SCIENTIFIQUE. mutation ou de variété ; les modifications dont l’origine est douteuse sont simplement appelées formes. Les modifications seront indiquées, quand il y aura lieu, par un troi- sième terme précédé suivant les cas des mots : variété, mutation, forme, ou des abréviations correspondantes. Le nom spécifique doit toujours étre précisé par l'indication du nom de l’auteur qui l’a établi; ce nom d’auteur est mis entre parenthèses lorsque le nom générique primitif n’est pas conservé, et dans ce cas il est utile d'ajouter le nom de l’auteur qui a changé l'attribution générique. 4. Le nom attribué à chaque genre ou à chaque espèce est celui sur lequel ils ont été le plus anciennement désigné, à la condition que les caractères du genre et de l'espèce aient été publiés et clairement définis. L’antériorité ne remontera pas au-delà de Linné, 12° édition, 1776. 5. A l'avenir, pour les noms spécifiques, la priorité ne sera irrévocable- ment acquise que lorsque l’espèce aura été non-seulement décrite mais figurée. La 3° session du Congrès géologique international se tiendra à Berlin en 1884, et le professeur Beyrich a été nommé Président du Comité d'or- ganisation; enfin, pour la session suivante, le professeur Hughes a invité dès à présent, au nom de l'Angleterre, les membres du Congrès à se rendre dans les Iles Britanniques. Une nouvelle Commission internationale a été nommée pour continuer les travaux relatifs à l’unification de la nomenclature; elle est composée ainsi qu'il suit : MM. Zittel, Neumayer, Dewalque, Sterry-Hunt, Vilanova, James Hall, Hébert, Hughes, Szab6, Blanford, Cappellini, Delgado, Stepha- nesco Mæller, Torell, Ch. Mayer. Le Congrès a été fermé le 2 octobre et terminé par des excursions dans des régions classiques, à Florence, Pise et Carrare. Recherches géologiques sur les terrains tertiaires de la France occidentale. Stratigraphie, par G, Vasseur, Îr° partie. Bretagne. Thèse de doctorat. Paris, Masson, 1881, avec 29 coupes géologiques et 6 cartes. Cet important travail n’est que la première partie d’une étude que M. Vasseur poursuivra ensuite dans le Cotentin d'abord, puis dans la Gironde, pour établir les relations de tous ces dépôts avec ceux du bassin de Paris; une autre partie également sera consacrée exclusive- ment à la paléontologie. Les nombreux faits de détail qu’il renferme se GÉOLOBGIE. 573 prêtent assez mal à une analyse détaillée. Je tâcherai de résumer les principaux résultats auxquels est arrivé M. Vasseur en donnant une idée de chacune des divisions de cet ouvrage ; on devra aussi consulter le Tableau comparatif des terrains tertiaires du bassin de Paris et de la France occidentale qui le termine, et que des difficultés matérielles n’ont pas permis de reproduire ici. La Thèse de M. Vasseur vient d’être récemment l’objet d’un prix de l’Institut, et, d'après le rapport même de la Commission, « la descrip- tion géologique des terrains tertiaires de la Bretagne restera dans la science comme un ouvrage pour ainsi dire achevé, et qui laïssera peu à faire sur le même sujet aux explorateurs futurs ». Après un historique général très étendu, l’auteur donne des notions générales sur les reliefs et la constitution géologique de la Bretagne, dont les massifs paléozoïques sont aujourd’hui bien connus, mais où les lambeaux des terrains tertiaires qui s’y trouvent disséminés avaient été assez négligés. Faits importants à signaler : « 2 existe une relation constante entre la distribution géographique et l'altitude des lambeaux appartenant à une même époque. » « Les gisements de calcaire grossier situés dans les plus profondes dépressions ne se rencontrent que sur un faible espace et dans le voisinage de la côte | Loire-Inférieure et Vendée). » « Les lambeaux de miocène inférieur atteignant une altitude un peu plus grande sont déjà plus disséminés dans l’intérieur des dé- partements de l’Ille-et-Vilaine et de la Loire-Inférieure.» « Les faluns qui se présentent à des cotes variables, mais souvent très élevées, sont répandus sur la plus grande superficie. » Les terrains tertiaires n’ont done été soumis en Bretagne qu’à des mouvements d’oscillation généraux, qui ne les ont pas disloqués et n ont pas altéré leurs rapports de situation et d’altitude. Calcaire grossier. — Les dépôts du calcaire grossier, qui sont les plus anciens sédiments tertiaires qui se rencontrent en Bretagne, repo- seront en transgressivité sur les terrains primitifs ou plus rarement secondaires ; il est presque toujours recouvert par des dépôts quaternai- res, rarement par le miocène. Les assises constituées par des marnes, grès et calcaires, peuvent atteindre une épaisseur totale de 30", et forment une série ininterrompue, ne présentant que des modifications graduelles; la Paléontologie seule permet d’y établir différents niveaux. C’est à son maximum d'extension que la mer du ealcaire grossier a formé les dépôts du bassin de Saffré. Après cette époque, un retrait 574 REVUE SCIENTIFIQUE. graduel a eu lieu, qui dans ce bassin fermé a donné lieu à la création de lagunes et de laes. Jusqu'à aujourd’hui, 48 espèces fossiles ont été découvertes dans le calcaire grossier de la Bretagne. Sur ce nombre, 11 se retrouvent dans le calcaire grossier et 3 dans les sables de Beauchamp du bassin de Paris. Ii résulte des recherches de M. Vasseur qu'à l’époque du calcaire grossier, la France et l'Angleterre étaient déjà séparées, comme elles le sont encore aujourd’hui, par le canal de la Manche, dans la partie com- prise entre le Cornouailles et la Bretagne. Grès à Sabalites andegavensis. — Les observations de M. Vasseur s'accordent complètement avec celles publiées par M. Crié dans ses Re- cherches sur la végétation de l’ouest de la France à l'époque tertiaire {Flore éocène du Mans et d'Angers }, et sa note sur la Flore éocène à Sabalites andegavensis des grès de Noïirmoutiers, qui doivent être placés au niveau des sables de Beauchamp, complètement indépendants par conséquent des dernières assises du calcaire grossier. Éocène supérieur. — Les seuls dépôts de la Bretagne qui puissent être rapportés à ce niveau sont les argiles lacustres des environs de Landéau, près Fougères, dans le département de l’Ille-et-Vilaine. M. Vas- seur incline à rapporter cette formation à l’éocène supérieur, aux marnes supérieures, au gypse du bassin de Paris, et non au miocène inférieur, comme l'avaient fait M. Potier et M. Lebesconte. Miocène inférieur. — Les assises de ce groupe, parfaitement indé- pendant par sa forme et par sa distribution géographiques, comprennent surtout les équivalents des sables de Fontainebleau et des meulières de Montmorency. La paléontologie et la lithologie de ces dépôts présentent la plus grande analogie avec le calcaire à astéries de la Gironde. Miocène moyen et supérieur. Faluns. — M. Vasseur réunit, sous la dénomination de Faluns, des dépôts offrant entre eux une liaison intime, mais appartenant sans aucun doute à deux âges différents et qui pour- ront être séparés ultérieurement. Les uns se rapportent à l’étage des faluns de l’Anjou, c’est-à-dire la partie supérieure du miocène moyen; les autres sont intermédiaires par leur faune entre le miocène moyen et le pliocène, et correspondent probablement au miocène supérieur. Tous ces dépôts, peu étendus et peu épais, occupent en général des dé- pressions des terrains anciens jusqu'à 95" d'altitude, et sont recou- verts, soit par des argiles et des tourbes d’âge encore indéterminé, soit par le quaternaire. GÉOLOGIE, 575 Pliocène. — Ce n’est qu'avec quelques doutes que M. Vasseur rap- porte au terrain pliocène les dépôts diluviens de sables rouges et d’ar- giles à graviers sans fossiles qui recouvrent de grandes surfaces dans la Bretagne. Leur date était restée jusqu'ici fort discutée, et rapportée tantôt au miocène, tantôt au pliocène; la découverte des argiles de Saint-Jean la Poterie, près de Redon, dans le Morbihan, permet de donner une solution plus approchée de cette question: ce dépôt, où l’on rencontre Nassa prismatica, Nassa mutabilis, Ostrea edulis, etc., ne peut en effet guère être rapporté qu’au pliocène; or il est recouvert par les sables rouges, à Saint-Jean la Poterie même. On ne peut donc attri- buer à ce dernier dépôt qu’une origine pliocène ou quaternaire. Enfin, pour les dépôts quaternaires et de l’époque actuelle, M. Vasseur n’a pas apporté d'éléments nouveaux pour leur étude, et s’est contenté de résumer les faits déjà connus. Je n'ai donc pas à parler de cette vartie, d’ailleurs très courte, de son travail. Études sur les terrains crétacés et tertiaires du nord de l'Espagne ; par M. Carez. Thèse de doctorat, Paris, Savy, 1881. La région parcourue par M. Carez s'étend de la Méditerranée et la province de Barcelone à l’Est, à la limite de la province d’Oviédo à l'Ouest : c’est dire que l'étude complète d’une surface aussi développée ne pouvaitêtre faite d'une manière également approfondie sur tous les points; aussi c’est plus spécialement sur les terrains tertiaires que M. Carez a porté son attention, et leur description détaillée occupe la plus grande partie de son travail. Les observations sur les terrains plus anciens n’ont pu être cependant entièrement négligées, et l’on trouve dans cette mono- graphie bien des données intéressantes pour la comparaison des versants francais et espagnols des Pyrénées. Dans un premier chapitre consacré à l’orographie générale de la surface explorée, l’auteur s'élève avec raison contre les tendances des géogra- phes, qui représentent toujours les contreforts des Pyrénées comme per- pendiculaires à la chaîne, et limitant nettement les bassins des cours d’eau qui y prennent leur source ; c'est là une accusation fort juste. Mais cette faute à été rectifiée depuis longtemps sur les cartes de l’État-Major fran- çais et par tous les géologues qui se sont occupés des Pyrénées fran- çaises, où ces traits orographiques sont absolument les mêmes. Leyme- rie, Magnan, Garrigou, Mussy, etc., ont tous parlé dans leurs travaux des systèmes de vallées parallèles à la grande chaine. Après un historique des nombreux travaux relatifs à la géologie es- 576 REVUE SCIENTIFIQUE. pagnole en général, et particulièrement de la région qu’il a étudiée, M. Carez aborde l'étude de la série des terrains, dont presque tous les principaux termes sont représentés dans son champ d'exploration. Les granites et les porphyres constituent le massif du Monseny en Catalogne, et dans cette province il n’a été rencontré qu’un seul lambeau de schistes cristallins; sur la côte, près de Mataro, on ne les retrouve que dans l’Aragon, où ils n’occupent du reste aussi qu’une très faible étendue. Au-dessus de ces couches, M. Carez croit pouvoir séparer sous le nom d’Archéen (terme créé par Dana et ayant remplacé pour M. Hébert le terme Cambrien) un certain nombre de couches inférieures au silurien à faune primordiale ; il signale cet horizon formé de schistes maclifères au Mont Tibidado, au N.-0. de Barcelone et au pied du Monseny, du côté de Miramberch. Le silurien débute par des schistes fissiles gris-bleuâtre analogues à ceux de Fumay et de Spa, surmontés près d'Olesa par un poudingue de blocs de quartz blanc à ciment quartzeux, recouvert lui même par de puissantes assises d’un grès siliceux très dur et très fin; au-dessus repa- raissent des schistes. Cette première série représentant le silurien infé- rieur ; quant au silurien supérieur, il se présente en Catalogne et à peu de distance d'Ogasa, avec son faciès ordinaire de la France méridionale; schistes noirs alternant avec des bancs calcaires à Cardiola interrupta, Orthoceras styloideum, etc. C'est au-dessus des schistes qui couronnent le silurien supérieur d’Olesa qu’apparaissent des calcaires retrouvés d'ailleurs sur d’autres points, sans autres fossiles que des débris d’'encrines ; ce n’est qu'avec beaucoup de doute que l’on peut les rapporter au devonien. Le carbonifère au contraire est bien déterminé et indiqué depuis longtemps ; il forme une bande le long de la mer, dans la province de Santander, et se relie à celui dela province d'Oviédo; la partie supérieure ou terrain houiller est peu étendue; Le principal lambeau est exploité dans les mines de San-Juan de las Abadessas. Le permien paraît faire défaut dans le nord de l'Espagne, mais le trias (marnes irisées) affleure sur un grand nombre depoints très limités, ilest vrai, comme étendue, sous forme de grès, marnes et conglomérats, con- stamment rouges et sans fossile, souvent confondus, avec des faciès iden- tiques du garumnien et du miocène. Les points les plus intéressants du trias sont les lambeaux de marnes versicolores gypsifères etsalifères, saurmontés par des calcaires caverneux qui affleurent au milieu des étages tertiaires et qui accompagnent partout et calottent l’ophite, dont de nombreux pointements se montrent dans GÉOLOGIE. 577 ces terrains. M. Carez s'appuie sur ces faits pour regarder l’ophite comme une roche éruptive appartenant au trias. Terrain jurassique.— Le jurassique {lias et oolithe) est fort mal re- présenté par quelques lambeaux épars dans la Catalogne et dans l’Aragon. Terrain crétacé.—Le néocomien ouvre la série crétacée, mais débute seulement par ses assises moyennes ; les bancs inférieurs paraissent manquer tout à fait dans les Pyrénées espagnoles comme dans les Pyré- nées françaises ; c’est surtoutdans les environs de Santander, Bilbao et Tolosa qu’il est largement développé sous forme de calcaires gris ou noirs, d’une épaisseur de 5 à 600 mètres, caractérisés par la Requienia carinata, Orbitolina conoidea, O. discoidea, etc., etc., correspondant aux couches de la Clap et du Rimet en France. Au-dessus viennent des marnes à Ostrea aquila, qui manquent dans les provinces basques et dans le Haut-Aragon, mais se développent en Catalogne et dans la province de Tarragone, Les lignites fossilifères d'Utrillas, dans la province de Teruel, appartiennent au néocomien supérieur. Le crétacé supérieur est assez irrégulièrement représenté dans le nord de l'Espagne par l’un quelconque de ses étages, ce qui en rend l’étude plus délicate. Le cénomanien ne se montre guère que dans les provinces basques, tandis que le turonien à Periaster Verneuilli ne paraît pas se rencontrer en dehors de la province d'Oviédo; les couches à hippurites (4. organisans, H. consuvaccinum), sont au contraire très répandues ; enfin le sénonien atteint une épaisseur de 409 mètres, et est de beaucoup la plus importante de ees formations; M. Carez en donne la série sui- vante : Calcaire et grès à Rhynchonelles et Q. vesicularis. Sénonien supérieur. 4 Calcaire à Silex. Gris à Inocérames. Marnes bleues à Micraster cor columbarium et Micraster cor anguinum var. Marnes bleues à Micraster Larteti et Micraster brevis Marnes bleues à Micraster Heberti. Sénonien inférieur. La superposition des calcaires à silex sur les grès à Inocérames estencore un peu douteuse ; il à été aussi négligé dans ce tableau les couches à Alveolina compressa et les calcaires qui les surmontent dans la vallée de la Noguera Pallaresa au col de Rubris, leur véritable niveau étant encore inconnu. Au-dessus du Sénonien, le Danien présente les trois zones suivantes, de haut en bas: 578 REVUE SCIENTIFIQUE . 3 Argile rutilante avec couches à Cyrena Laletatana Vidal, bancs à Hippurites Casroi Vidal, couches à Lychnus Pradoanus Verneuil, dépôts de combustibles. Catalogne et Aragon. 2° Calcaire à Jemipneustes. 1° Calcaires marneux à Otostoma ponticum d’Arch. et Ostrea larva de la Catalogne. Terrains tertiaires.— L'éocène, le miocène et le pliocène sont repré- sentés dans le nord de l’Espagne ; je donne simplement pour chacun de ces terrains, d’après M. Carez, les séries observées dans chaque province. Éocène.— Province de Barcelone (Catalognel. 9. Poudingues supérieurs (1,000" Montserrat, Manresa, Berga). 8. Calcaire à grands Cérithes et à Nummulites (30) Castel Oli. 7. Marnes bleues à Operculines, Orbitolites et Serpula spirulea [500") Igualada, Vich, Vallei du Riusecbh. 6. Calcaires à Orbitoides maxima (30*) Centellas. 5. Marnes et calcairesà Schizaster Archiaciet Nummulites striata (150%) de Figuero à Centellas, San-Miguel del Fay. 4. Calcaire à Velaies Schmidelliana et à Polypiers (60%) Caldès, San- Fructuoso de Bages. 3. Calcaire à Nummulites perforata et Nummulites lucasana (40"). Carma, Caldès Figuero, de Ripoll à Santa-Maria de Borrida. 2. Calcaire à Orbitolites de grande taille (8") Caldès. 1. Grès et conglomérats rouge brun à Bulimus gerundensis (150") Monistrol de Caldès, Riells Monmanis, Miramberch. Province de Lérida (Catalogne). (9) 7. Poudingues supérieurs (600%) Pobla Esplug Afreda, Puente de Montañana, Benavente, Pons, Oliana, Solsona, Calaf, Cardona. 6. Calcaire marneux à Nummulites exponens (Cornellana). 5. Calcaires et marnes à Ostrea uncifera Leym et Nummulites Ley- meriei (70) Figols. 4. Marnes à Operculines (25") Figols. 3. Marnes à Turritelles (70°) Figols. 2. Marnes sans fossiles avec quelques Nummulites Leymeriei (35%) Figols. 1. Calcaire à Alvéolines (300) San-Salvador, Ager, Palan. Province de Gérone (Catalogne). (9) 8. Poudingues supérieurs (50") Ripoll. Olot. (8). Manque. GÉOLOGIE. 579 7. Marnes bleues et grises à végétaux (100®) de Ripoll à San-Juan, San-Christobal, Rindaura, Tortilla, Grau gros. (6). Manque. (5) 6. Marnes ot calcaires (150). Les Grau, analogue des couches à Schizaster ? (4) 5. Grès à Velates Schmidelliana (78*) San-Estevan den Bass, San-Félin. (3) 4. Calcaire à Nummulites perforata et Nummulites lucasana (25°) Gerona, Sarria, Santa-Pau, Amer. 3. Calcaire à Nummulites spira (30%) Llers, Tortilla. 2. Calcaire à Alvéolines (350%) Albanya. (1) 1. Grès et conglomérats rouges (40") Albanya, Gerona, Medina Amer. Province de Huesca (Aragon). proprement dits. ) A PRET grès etmarnes rougeâtres. } Graus, Nudianos, Murillo, etc. 10. Marnes bleues à Serpula spirulea 100". 11. Marnes bleues à Turritella Savasiensis Savas (75"). 9. Marnes à Nummulites granulosa (Médianos à Ainsa) 30®. 8. Calcaire marneux bleu à Schizaster (30). (Puente a Yebra). 7. Calcaire et marnes à Velates Schmidelliana (de San-Olaria à No- cito) (60m 6. Marnes à Nummulites complanata (Médianos) (40"). 5. Calcaire à Nummulites perforata. La Peña. Embrun de San- Olaria à Nocito (30%). 4. Marnes à Nummulites spira (Benavente) (60®). 3. Marnes bleues à Cerithes et à turritelle (Soler, Roda, San-Estevan den Mal) (3000). Ë 2. Calcaire à Nummulites exponens et à Alvéolines (208®). (Aren, la Peña). 1. Calcaire à Lucina Corbarica et à Operoulines (Aren) (20®). 12. Poudingues supérieurs Province de Saragosse (Aragon). 3. Poudingues supérieurs, (400) (Biel, Murillo, Longas). 2. Marnes à Serpula spirulea (150") (Berdun, Martes, Thirmas). 1. Calcaires et grès à Nummulites perforata (100") (Salvatierra). 580 REVUE SCIENTIFIQUE. Provinces de Navarre et d'Alava. Poudingues proprement dits (100). Marnes et grès argileux. id. 3. Marnes bleues. — Couche à Serpula spirulea ? 2. Calcaire à Nummulites perforata (50") (Bigueral à Lumbier), 1. Calcaire à Alvéolines id. (70"). 4. Poudingues supérieurs Province de Santander. Calcaire à Alvéolines. Calcaire à Nummulites perforata. Marnes à Numinulites complanata. Marnes bleues. ; Pliocène.— Le pliocène est fort peu développé et représenté seule- ment par les marnes bleues à Ostrea cochlear de Papiol ; aux environs de Barcelone, elles sont en discordance avec les couches miocènes. Enfin le terrain quaternaire et les alluvions récentes sont représentés par des dépôts alluviaux et des tufs ou travertins. Au point de vue paléontologique, le travail de M. Carez contient la description et la représentation d’un certain nombre d’espèces nouvelles ou peu connues ; parmi les nouvelles, je citerai : Ostrea medianensis L. Carez, des marnes à Nummrulites complanata, représentant eocène de l’Ostrea crassissima. Mytilus A lmeræ L. Carez, du calcaire à Velates. Turritella du nummulitique voisins de la Turritella imbricataria et quelques espèces de Cérithes. La représentation phototypique de ces fossiles, un grand nombre de coupes, et une carte géologique à l’échelle de 1/691,000 dressée sur la carte de Capitaine, publiée par ile Dépôt de la Guerre français, sont jointes à ce travail. GÉOLOGIE. 581 La zone marmifera delle Alpi Apuane secondo gli studi dell’ ufficio geologico e secondo i miei; par M. pg Srérani. (Ati della Societa Toscana di Science Naturali. Processi verbali, vol. III, 13 novembre 1881.) Sezione geologiche attraverso la regione centrale delle Alpi apuane ; par MM. Lorr: et Zaccacwa, Ing. nel R. corpo delle Miniere. (Bol- letino del R. Comitato geologico d'Italia, nes 1 et 2, 1881.) La doppia piega d’Arni et la sezione transversale delle Alpi Apuane; par M. B. Lorri, Ing. nel R. Corpo della Miniere. (Bolletino del R. Comitato geologico d'Italia, série II, vol. II, pag. 419.) Une excursione nella regione marmifera del Carrarese: par M. D. Zaccacna. (/bid., pag. 476.) On sait que Coquand et plusieurs géologues italiens rangeaient, il y a quelques années, dans le Carbonifère, les calcaires saccharoïdes, marbres statuaires, dolomies, etc., des Alpes Apuanes. Si l’on en juge par le nom- bre de mémoires qui se succèdent sur cette question et dont je ne cite ici que les derniers publiés, la stratigraphie de cette région est encore loin d'avoir une solution admise par tout le monde, et passionne encore vivement les géologues de l’autre côté des Alpes. Le Guide à l'Exposition géologique internationale qui eut lieu à Bo- logne à l’occasion du Congrès, donne, d’après les récents travaux des in- génieurs du Comité géologique Italien, la série suivante pour la forma- tion des marbres des Alpes Apuanes. 1° Zone des schistes supérieurs avec lentilles de marbre. À Carrare, une lentille de marbre remplace presque entièrement les schistes ; 2° Zone des marbres proprement dite ; 3° Zone des grezzomt ; 4° Zone des schistes inférieurs, avec intercalation, vers leur partie su- périeure, de calschistes à Orthocères. Mais M. de Stefani critique vivement les termes de cette liste; d'après lui, les seuls points exacts étaient connus avant l’existence même du Bu- reau des Ingénieurs, et voici, d’après ce géologue, quelle serait la vraie série détaillée des assises marmoréennes {riasiques des Alpes Apuanes: 1° A la base : Grezzoni bitumineux de couleur sombre ; 2e Grezzonti clairs avec Turbo Solitaria ; 3° Dolomies avec lithothamnion (?) (Evinospongia). 4 Marbres saccharoïdes blancs ordinaires et statuaires ; 5° Zone des bardigli ; 6° Calcaires cireux quartzifères et poudingues ; 7° Jaspe rouge ; 8e Calcaire rosé ou rouge; 582 REVUE SCIENTIFIQUE. 90 Cipolins verdâtres ou mouchetés ; 10° Schistes à fucoïdes de la région orientale. Dans la région occi- dentale, cette zone et la précédente sont représentées par des micaschis- tes avec cipolins et bancs de marbre statuaire ; 11° Schistes verdâtres et calcaires terreux. Quant à la zone dite des schistes inférieurs à Orthocères et Crinoïdes, elle appartient au paléozoïque et doit être entièrement séparée de la série des marbres. D'autre part, MM. Lottiet Zaccagna, dans leurs Mémoires ultérieurs, donnent pour cette région la succession suivante des terrains. — Calcaire dolomitique et portor. — Calcaire gris foncé à Avicula contorta et schistes à Bactryllium. — Calcaire dolomitique bréchiforme et caverneux. Infra-lias. — Schistes sat., argileux, micacés, chloriteux — Cipolins-Jaspes. — Grezzone compacte supérieur. Zone desschistes) — Grezzone caverneux. supérieurs. — Marbres statuaires blancs, bardigli veinés Trias. et violacés. — Calcaires gris zonés et à nodules de silice. — Calcaires fissiles blancs et jaunâtres. Zone des marbres.— Marbres blancs, bardigli statuaires. Zone des Grezzoni. — Grezzoni compactes, fossilifères, blan- châtres, grisâtres. Marbres noirs associés aux grezzoni. — Schistes gneissiques, micaschites, pondiaus Zone des schistes et talcschistes. A anciens. — Calschistes à Orthoceras et Actin- crinus. Il est curieux de voir admis comme triasique une série dont bien des termes paraissent se rapprocher pétrographiquement des terrains de transition de la France, du devonien et du carbonifère en particulier, tandis que presque rien n'y rappelle les séries bien connues du trias des Alpes et de l'Allemagne. GÉOLOGIE. 583 Studii sulle formazioni ofiolitiche dell Italia; par M. PELsarTi, Ing. nel R. Corpo delleMiniere. (R. Comitalo Geologico d'Italia. Bolletino, 9 et 10, 1881, pag. 468.) Les géologues ne sont pas encore d'accord sur la place à donner aux serpentines dans la série des terrains sédimentaires; et si, pour les serpen- tines de la Toscane et de la Ligurie orientale, le plus grand nombre tend à admettre qu’elles ne peuvent être postérieures au tertiaire moyen, ni antérieures au terrain crétacé, plusieurs géologues autorisés n’ont pas encore adopté cette opinion. M. Pellati indique les résultats obtenus par le Bureau géologique italien à la suite de la coordination des études pré- cédemment faites et d’une nouvelle série d'observations dirigées spécia- lement dans ce but. Il semble aujourd'hui démontré qu’il existe en Italie des serpentinesde deux âges distincts : 1° une serpentine apparue pendant l’éocène supé- rieur, qui se développe dans les Apennins, à l’est du méridien de Gênes et s’étend dans l'Italie continentale jusqu’à la latitude de Castrovillari ; 2° une serpentine paléozoïque au moins antérieure au terrain carbonifère, qui commence à se montrer en masse un peu importante à l’ouest de Gênes et se termine à la chaîne des Alpes Rhétiques vers le Monte Tres- sero ; elle passe de la Ligurie occidentale dans le nord de la Corse, l’île d'Elbe et l’archipel Toscan, d’où, en direction Sud-Est, elle se retrouve dans la Calabre septentrionale et reparaît avec un notable développement dans les montagnes granitiques de la Sila et du Reventin, près de Catan- zaro et de Castrovillari. Ces deux serpentines sont d’une composition très analogue et ne diffèrent guère que par quelques détails de structure. Les hypothèses sur leur origine se sont aussi modifiées et perfection- nées. On sait que d’abord elle furent regardées comme s'étant épan- chées comme les laves à l'état pâteux ou de fluidité ignée ; plus tard Gastaldi les considéra comme des roches sédimentaires modifiées graduel- lement par des actions hydrothermales. Cette dernière hypothèse fut adoptée par quelques autres géologues, mais elle expliquait difficilement l’origine des serpentines tertiaires de l'Apennin ligurien et toscan, et était exposée d’ailleurs à de nombreuses objections que résume M. Pellati. Taramelli, dans son Mémoire sur les serpentines de la vallée dela Trebbia, suppose que ces roches avaient apparu dans un dépôt marin, mais à une profondeur peu considérable, sous la forme d’un magma éruptif, magnésien ou feldspathique; quant aux Euphotides, Euritotalcites,etc., il pensa qu’elles avaient été proba- 3e sér., tom: 1. ä1 584 REVUE SCIENTIFIQUE. blement formées par voie de modification cristallogénique ayant eu lieu postérieurement à l'éruption, entre des magmas de compositions diverses. M. Cappacci pense également que les dépôts serpentineux ont été produits par des épanchements pâteux ou boueux, à une faible profon- deur au fond de la mer éocène; enfin Issel et Mazzuoli sont arrivés à des conclusions presque identiques. M. Pellati se rattache à une hypothèse analogue, et regarde la serpen- tine comme d’origine hydrothermale; une élévation de température d’une centaine de degrés suffit, dit-il, pour expliquer les traces de métamor- phisme de contact qui s’observent dans les calcaires qui entourent les masses serpentineuses, et l’ophicalx, que l’on rencontre souvent au contact des serpentines et des roches sédimentaires, peut être expliqué par la cimentation de brèches de serpentine, par des sources calcarifères apparues aux derniers moments de la période éruptive, très courte du reste, tandis que les actions de combinaisons et de métamorphisme qui auraient donné lieu à la formation des autres roches liées aux éruptions de serpentine, telles que les diorites, aphanites, variolites, etc., etc., se seraient continuées avec lenteur pendant une longue période. Noticie et osservazioni sui resti organici rinvenuti nei tuf lenci- tici della provincia di Roma; per l'Ingegnere R. Meur. (R. comitato geologico d'Italia. Bolletino, n°5 9 et 10, 1881, pag. 428.) Brocchi et la plupart des géologues après lui avaient regardé les tufs volcaniques de la campagne romaine comme provenant d’une éruption sous-marine. Pareto les attribuait à une éruption volcanique ayant eu lieu au fond d’un lac d’eau douce, Rusconi pensa que ces tufs résultaient du transport par le vent de cendres volcaniques émises par des volcans ordinaires , cendres consolidées ensuite par des eaux de provenances diverses. Degli Abbati émit une hypothèse analogue. Le professeur Stoppani regarde comme possible que les tufs pro- viennent de volcans en activité dans l'atmosphère, sans nier que la sédimentation ait pu s’opérer sous une mer peu profonde ou dans des lagunes. Enfin récemment le capitaine Verri les attribua simplement à des torrents de boue émis à cet état par des éruptions spéciales. M. Meli fait un relevé détaillé de tous les débris fossiles qui ont été recueillis sur divers points de ces intéressants dépôts, qui comme GÉOLOGIE. 282 époque appartiennent à la période glaciaire, ainsi que l’a montré le professeur Ponzi, et recouvrent les dépôts du pliocène supérieur. Il conclut ensuite de l'examen de ces faunes et ces flores locales, dont les unes sont absolument marines, d'autres entièrement ter- restres, que quelques parties de ces tufs se sont incontestablement déposées sous les eaux de la mer, mais que d’autres, et particulière- ment ceux qui affleurent dans les grandes vallées du Tibre et de l’Aniene, et qui constituent la plus grande parties des tufs des envi- rons de Rome, ont eu leurs matériaux remaniés par les alluvions. Étude des mammifères fossiles de Saint-Géran le Puy (Allier); par M. Ficmoz. (Ann. Sc. Géolog., tom. X et XI, 1881.) M. Filhol termine cet important travail par des conclusions géné- rales sur la faune de Saint-Géran ; j'en extrais et résume les données suivantes : Absence au moins apparente des Singes. Présence d’un seul Cheiroptère, le Palxzomycteris, dont les carac- tères génériques participent de ceux des Rhinolophus et des Ves- pertilio. Rareté des [nsectivores et abondance des Rongeurs, particuliè- rement des Castors. Prédominance des Loutres, comme représentant de l'ordre des Carnassiers. Existence de Viverridés (Viverra antiqua), intermédiaires entre les Viverridés actuels et les Mangusta. Les formes de Mustelins en général montrent que, durant le mio- cène inférieur, il n'existait pas encore de représentants des formes actuelles, mais seulement des formes présentant des particularités les rattachant aux Félidés ; dans cette série, les Mustelidés de Saint- Géran sont cependant plus avancés vers la différenciatiation actuelle que ceux des phosphorites du Quercy. Les Marsupiaux étaient très-rares; les Pachydermes, Jumentés, Porcins, Moschins, au contraire, très-bien représentés. Les Rhinoceros sont représentés par deux espèces ayant encore quelque analogie avec les Lophiodon. Les Cœnotherium (Anoplothéridés) étaient très nombreux à Saint- Géran et constituaient plusieurs races bien distinctes. Les Porcins sont représentés par les Hyotherium, dont, d’après M. Filhol, les affinités avec les Pécaris ne doivent plus être admises. 286 REVUE SCIENTIFIQUE. D'une manière générale, la faune de Saint-Géran le Puy présente des caractères distinctifs très-nets, entre autres l'absence des Anoplo- therium de l'éocène supérieur et la constitution presque complète des types Viverra, Mangusta et Mustella. The Wings of Pterodactyles. Les ailes des Ptérodactyles; par le professeur Marsa. (American Journal of Science, avril 1882; et Nature, 6 avril.) Une nouvelle espèce de Ptérodactyle fut découverte en 1873 dans les calcaires lithographiques à Archæopteryx, Compsognatus, etc., de la Bavière. M. Marsh, qui en fit l'acquisition, donne aujourd'hui seulement la description de cette espèce européenne ; l'embarras des richesses qui sont à sa porte est, dit-il, la cause de ce retard. La nouvelle espèce de Ptérodactyle porte le nom de Ramphorhyn- chus phyllurus Marsh, et diffère seulement du Rhum. Gemmingi, Meyer du même horizon, par sa taille plus considérable, l’ankylose complète de la clavicule et du coracoïde, et par le cinquième doigt des pattes postérieures, qui est bien développé et composé de trois pha- langes. Son étude a permis de reconnaître que le patagium des ailes était une membrane mince et douce au toucher, identique à celle des chauves-souris actuelles ; cette membrane paraît avoir été fixée sur toute son étendue aux os du bras et du doigt alaire ; à partir de l'ex- trémité de ce doigt, elle allait rejoindre, en s’incurvant, le membre postérieur, puis rejoignait la queue à une hauteur qui n’est pas encore connue ; quant au bord interne, il se réunissait sans doute au corps de la même manière que chez les chauves-souris. La plus grande partie de la queue de cette espèce était libre, les der- nières vertèbres portaient simplement une expansion inégalement rhomboïdale, formée d’une membrane encore plus mince que celle des ailes, mais qui était maintenue par des arêtes cartilagineuses flexibles dépendant des neurépines. M. Marsh a aussi reconnu que d’autres Ptérodactyles, les Ptérano- dons, présentaient entre la soudure de l’omoplate et du coracoïde une ankylose de plusieurs vertèbres, et une articulation des omoplates avec les apophyses épineuses de ces vertèbres réunies. Classification of the dinosauria; par le professeur Marsu. (American Journ. of Science, mai 1881. Nature, 12 janvier 1882.) Dans les classifications faites jusqu'à ce jour et basées sur des ma- tériaux encore incomplets, le groupe des Dinosauriens a été regardé GÉOLOGIE. 587 comme ayant la valeur d'un ordre désigné sous le nom de Pachy- poda par Mayer, plus tard sous celui de Dinosauria par Owen, et enfin plus récemment sous celui d'Ornithocealidæ par Huxley ; les recherches de ce savant, ainsique celle de Leidy, Cope, Hulke, Seeley, ont considérablement accru nos connaissances à ce sujet. Aujourd’hui on doit reconnaître que ce groupe correspond réelle- ment à une sous-classe dans laquelle bien des chaînons restent sans doute à découvrir, étant donné la grande diversité des types qu’elle renferme, diversité bien plus grande que dans toute sous-classe de Vertébrés, sauf celle de Marsupiaux. Les Dinosauriens appartiennent uniquement à la période meso- soïque, ils ont abondé dans le trias, atteint leur maximum dans le jurassique, et diminué peu à peu, pour finir en même temps que la pé- riode crétacée. La richesse du groupe durant le trias laisse au reste supposer l'existence des Dinosauriens dès l’époque permienne. Les Dinosauriens triasiques, quoique nombreux, sont néanmoins très mal connus, et presque seulement par les empreintes de leurs pas et quelques débris d'ossements. Parmi les nombreux Dinosauriens jurassiques, quatre ordres bien limités ont pu étreétablis, mais ici la difficulté consiste dans l'étude délicate des affinités avec les oiseaux, de certaines formes qui en sont particulièrement voisines et qui sont encore mal connues. Quant aux Dinosauriens crétacés, bien qu'en petit nombre, leur étude présente encore aussi de grandes lacunes ; on sait cependant que plusieurs formes ont conservé durant cette époque une taille considérable bien qu'inférieure à celle des espèces gigantesques de la période jurassique. Voici la classification adoptée par M. Marsh, qui regarde les Dino- sauriens comme une sous-classe de Reptiles. Ordre I. SAUROPIDA. Herbivores. — Plantigrades ongulés, 5 doigts aux mains et aux pieds; seconde rangée du carpe et du tarse non ossifiée. Pas de post-pubis, dents aux prémaxillaires. Famille [. Atlantosauridæ. — Atlantosaurus. Brontosaurus. Famille IT. Morosauridæ. — Morosaurus, etc. Formes européennes: Bothryospondylus, Getiosaurus, Chondro- steosaurus, Encamerotus, Ornithopsis, Pelorausaurus. Ordre IT. STEGOSAURIA. Herbivores. — Plantigrades ongulés, 5 doigts aux mains et aux pieds ; seconde rangée du carpe non ossifiée, un post-pubis. 588 REVUE SCIENTIFIQUE. Famille I. Stegosauridæ. — Stegosaurus, Diracodon, Omosaurus (Europe). Famille II. Scelidosauridæ. — Scelido saurus, Acanthopolis, Cra- tæomus, etc., formes toutes européennes. Ordre III. ORNITHOPODA. Herbivores.—Digitigrades, 5 doigts aux mains et 3 aux pieds, un post-pubis, pas de dents antérieures aux prémaxillaires. Famille I. Camptonotidæ. — Camptonotus, Laosaurus, Nanosaurus, Hypsilophodon (Europe). Famille II. Zguanodontidæ. — Iguanodon, Vectisaurus, formes toutes européennes. Famille IIL. Hadrosauridæ. — Hadrosaurus. Ordre IV. THEROPODA. Carnivores. — Digitigrades. Dents aux prémaxillaires. Famille I. Megalosauridæe: — Megalosaurus (Europe), Ailosaurus, Cælosaurus, Aeosaurus, Dryptosaurus. Famille IL. Zanglodotondidæ. — Zanglodon. Europe. Famille III. Amphisauridæ. — Amphisaurus (Megadactylus), Pa- læosaurus, Thecodontosaurus (Europe). Famille IV. Labrosauridæ.— Labrosaurus. Sous-ordre Cæluria. Famille V. Cæluridæ. — Os du squelette pneumatique. Métatarses allongés. — Cælurus. Sous-ordre Compsognatha. Compsognathidæ. Compsognathus (Europe). DinosauURIA ? Ordre V. HALLOPOpA. Carnivores.—Digitigrades, onguiculés, trois doigts aux pieds. Mé- tatarses allongés et membres postérieurs disposés pour le saut. Famille I. Hallopodidæ. — Hallopus. Ces cinq ordres, dit le professeur Marsh, paraissent être des groupes naturels bien distincts, où se rangent facilement la plupart des Dino- sauriens américains et européens, ces derniers venant souvent rem- plir avec exactitude les lacunes de la série américaine. Dans cette classification, quatre groupes seulement avaient été créés par Huxley dans son mémoire de 1870 :les Scelidosauridæ, Iguano- dontidæ, Megalosauridæ, et les Compsognathæ; encore les limites des trois premiers de ces groupes sont-elles établies différemment par M. Marsb. GÉOLOGIE. 589 Les Amphisauridæ et les Zanclodontidæ sont jusqu'ici connus seule- lement dans le trias ; le genre Dystrophæus, rapporté provisoirement aux Sauropodæ, appartient aussi à cette période; malgré cela, les genres typiques sur lesquels les ordres et sous-ordres de cette classification ont été basés, sont des formes jurassiques. Les Hadrosauridæ seuls appartiennent exclusivement au crétacé. a Nouvelles recherches sur les poissons fossiles découverts par M. Alby à Licata, en Sicile ; par M.H. E. Sauvace. (Ann. Scienc. géol., tom. XI, pag. 9.) Ce dernier travail est précédé d’un résumé général détaillé des tra- vaux publiés sur les couches de Licata, qui sont les seuls dépôts qui aient fourniune faune ichthyologique complète du tertiaire supérieur. La faune de Licata présente un mélange de formes d'eau douce et de formes absolument marines ; leur présence ne peut s'expliquer qu'en admettant l'existence d’un estuaire où affluaient des courants d'eau douce. Alcuni nuovi Brachiopodi degli strati à Terebratula Aspasia Mgh. nell’ Appennino centrale; par M. Canavari. (Atli della Societa Toscana di Scienza naturali. Memorie, vol. 5. Pisa, 1881.) L'auteur décrit plusieurs formes nouvelles et signale quelques es- pèces qui montrent que les couches à Terebratula Aspasia du Monte Petrano, près de Cagli, appartiennent aux couches les plus anciennes du lias moyen, peut-être au lias inférieur, avec la faune duquel les espèces citées présentent la plus grande affinité. Ce travail est suivi d'une planche représentant les espèces nou- velles suivantes : Spiriferina Cantianiensis. — Terebratula cornicolana. — Rhyncho- nella cornicolana. L'auteur reconnaît que beaucoup de Brachiopodes sont extrême- ment monotypiques et permanents dans le temps; par suite, d’unem- ploi peu sûr en stratigraphie ; il donne quelques exemples de ce fait dans un tableau de la chronologie comparative des Brachiopodes du lias moyen de l’Apennia central, en France, en Angleterre et en Es- pagne; plusieurs espèces s'étendent du lias inférieur au lias moyen. 290 REVUE SCIENTIFIQUE, Molluschi continentali fino ad ora notati in Italia nei Terreni plio- cenici,, ad ordinemento di questi ultimi; di Carlo pe Srerani. Continua- zione, Vedi, vol. III, pag. 274. (Atti della Societa Toscana di Scienze naturali Memorie, vol. 5. Pisa, 1881.) M. Charles de Stefani achève la publication de ce travail, dont les diverses parties avaient paru dans le Bulletin de la Société Toscane des Sciences naturelles. Après un supplément renfermant quelques addi- tions et corrections rendues nécessaires par la durée de la publication, l’auteur résume en un tableau la liste complète des fossiles cités, avec l'indication de leur gisement, l'indication de ceux qui sont encore vi- vants, de ceux qui se retrouvent dans des formations pliocènes étran- gères à l'Italie, de ceux enfin qui ont déjà apparu dans les couches miocènes. J’ai reproduit ici cette liste : Dreissena sanensis Mayer. Melania Etrusca de Stefani. — plebeja Dubois. M. Verrii de Sfefani. — semen de Stefani. Pyrgula lævissima de Stefani. Anodonta Bronni dibucona. Emmericia umbra de Stefani. Unio Pillæ de Stefani. E. Lottii de Stefani. U. Etruscus dibucona. Peringia procera Mayer. Pisidium Lawlejanum de Stefani. P. simplexz Fuchs. P. priscum Eichwald. P. ulvæ Pennant. Sphærium bullatum de Stefani. P. ventrosa Montagu. Ditypodon Suesii Mayer. P. pseudostagnalis de Stefani. Neritina Etrusca de Stefani. Neumayria labiata Neumayr. N. Pantanellii de Stefani. Belgrandia prototypica Brusina. N. Sena Cantraine. B. acuta de Stefani. N. Bronni d'Ancona. Goniochilus Zitteli Schwartz. N. Hœrnesana Semper. Nematurella Meneghiniana de Stef. N. Mayeri Semper. N. Etrusca de Stefani. Valvata piscinalis Müll. N. oblonga Bronn. V. interposita de Stefani. N. ovata Bronn. V. Anconz de Stefani. Bythinia tentaculata L. Lithoglyphus Bronni d'Ancona. B. Bronni d’Ancona. Melanopsis flammulata de Stefani. B. Verrii de Stefani. M. oomorpha de Stefani. Vivipara ampullacea Bronn. M. Esperi Férussac. V. Neumayri. Brusina. M. Semperi de Stefani. V. Belluccii de Stefani. M. nodosa Férussac. Truncatella truncata Drap. GÉOLOGIE. Cyclostoma præcurrens de Stef. Planorbis complanatus L. P. Peruzzii de Stefani. P. Leucostoma de Stefani. Lymnæa Peregra Müller. Ancylus parmophorus de Stefani. Ophicardelus Serresi Tournouër. O. Achiardii de Stefani. O. pyramidalis Sowerby. Alexia Myosotis Drap. Cassidula myotis Brocchi. C. Bellardii de Stefani. Erychium ru/olabiatum de Stefani: C. conforme de Stefani. Glandina Zunensis d'Ancona. G. Senensis de Stefani. Acicula pseudocylichna de Stefani, Vertigo Bosniakii de Stefani. V. Brusinai de Stefani. Clausilia Mastodontophila Sismonda 591 Halix Suttonensis S. Wood. H. Fuchsi de Stefani. H. Majoris de Stefani. H. Italica de Stefani. H. vermicularia Bonelli. H. placentina de Stefani. H. penensis Pantanelli. H. Brocchii Mayer. H. subpulchella Sandberger. H. obvoluta Müller ? Hyalinia Hiulca Jan. H. obscurata Porro. H. olivetornm Gmel ? Var. perusina de Stef. Var. inter media d’Ancona. Succinea Putris L. Libania peculiaris de Stefani. Limax Castrensis de Stefani. Sansanias Bourguignati de Stefani- L'auteur termine la description de ces espèces par quelques consi- dérations générales. En résumé, il résulte de ses comparaisons que sur 83 espèces signalées, 16 seulement sont communes aux dépôts la- custres proprement dits de la région du Nord et aux dépôts saumä- tres littoraux alternant avec des dépôts marins du Midi, fait qui n’a rien d'étonnant si l’on tient compte des divergences de faunes qui existent aujourd’hui pour des formations analogues. Neuf espèces sur ces 83 se retrouvent dans le miocène, et, de ces neuf, trois sont encore vivantes actuellement. La faune de ces dépôts a surtout de l'analogie avec celle des couches à congéries de l’Europe orientale. Les Bythinia tentaculata et Planorbis complanatus se retrouvent à Hauterives. Les Dreissena sanensis, Ophicardelus Serresii, O. pyramidalis, Cas- sidula Bellardii, Glandina lunensis, se retrouvent dans le pliocène français à Vaquières, Saint-Aries, Antibes, etc. De nos jours, 12 espèces sur ces 83 vivent en Italie ; une vit encore en Europe, mais a abandonné l'Italie ; enfin une ne vit plus que hors d'Europe. Du reste, quelques autres formes diffèrent très peu de types vivant actuellement en Italie ou à l'étranger. 592 REVUE SCIENTIFIQUE. Seulement environ 17 0/0 sont, en somme, vivantes de nos jours ; ce rapport est beaucoup plus considérable pour les espèces marines de la même époque. Enfin M. de Stefani conclut que la faune malacologique continen- tale du pliocène italien présente un ensemble essentiellement Asia- tico-Européen, avec quelques formes à caractères Américains et quel- ques autres aujourd’hui éteintes. Études paléontologiques sur les terrains tertiaires miocènes du département de Maine-et-Loire ; par M. l'abbé Banni. 1° fascicule. Angers, Lachèse et Dolbeau, 1881. Ce travail est, dit l'auteur, le commencement d’une série d'études sur les terrains tertiaires du département de Maine-et-Loire, qui doivent avoir pour but, à l’aide d'une étude complète de la faune de chaque gisement, de déterminer le rang qu'ils doivent prendre dans la série des assises du tertiaire moyen. Dans ce premier fascicule, M. Bardin donne une liste complète de la faune malacologique des faluns de l'arrondissement de Baugé, dans le nord-est du département, faluns que d’Archiac avait déjà regardés comme un prolongement de ceux du bassin de Savigné en Touraine. Le gisement qui a fourni la plupart des espèces signalées est celui de Penneteil, près de la propriété du Breil-de-Foin, dans le canton de Noyant : la faune de cette localité avait déjà été décrite par plu- sieurs géologues, mais d'une manière incomplète et inexacte, en ce sens que M. Millet, auteur de plusieurs Mémoires sur ce sujet, avait décrit comme nouvelles des formes déjà nommées dans des ouvrages qui n'étaient pas en sa possession. On comprend que des listes ainsi établies ont donné des résultats très éloignés de la vérité quand on a voulu les faire servir aux comparaisons avec les formations ana- logues. M. Bardin a pu disposer de ressources bibliographiques plus considérables, et beaucoup de ses déterminations, revues par MM. Deshayes, Hœrnes, Bellardi, Tournouër, Morlet, offrent toutes les garanties d’exactitude : son catalogue contient plus de trois cents espèces, tandis que M. Millet en citait seulement quatre-vingt-douze, le plus souvent mal déterminées. Deux cents espèces environ de faluns de Noyant sont communs aux faluns de la Touraine, où elles avaient été signalées par Des- GÉOLOGIE. 593 jardin dès 1837; ce nombre serait probablement plus considérable encore si on avait pu tenir compte de toutes les espèces signalées depuis dans ces derniers faluns. En résumé, M. Bardin conclut de ses recherches les données sui- vantes, qui étaient du reste à prévoir : que la formation marine du canton de Noyant ne constitue ni un faciès particulier ni un terme nouveau dans les terrains miocènes de l’ouest, et qu'ils semblent correspondre particulièrement aux faluns jaunes et supérieurs de Sancats (Pont-Pourquey), avec lesquels ils ont plus de cent trente espèces communes. Ils se rattachent, comme l'avait dit d'Archiac, aux faluns de Savigné et à ceux du reste de la Touraine. Enfin l’auteur pense, d’après l'examen de la faune, que ces dépôts se sont effectués sur les fonds sableux, à proximité d’un rivage rocail- leux et d’affluents d’eau douce. Histoire malacologique de la colline de Sansan, précédée d’une notice et suivie d’un apercu climatologique et topographique de Sansan, à l’époque des dépôts de cette colline ; par M. J. R. Bour- euienar. (Ann. Scienc. géol., tom. XI, 1881.) Malgré les diverses listes déjà publiées de la faune malocologique de Sansan, M. Bourguignat a cru que le sujet était encore loin d'être épuisé, et grâce aux matériaux que lui avait laissés M. Lartet, il a pu donner enfin une étude complète sur les mollusques de cette localité classique. Comme on devait s’y attendre, ce travail renferme la description d’un grand nombre d'espèces nouvelles, appuyée de nombreux des- sins ; l'étude consciencieuse de cette faune permet aussi à M. Bour- guignat d'affirmer qu'en réalité aucune des espèces de Sansan ne sont actuellement vivantes, mais toutes ne peuvent se rapprocher que des formes habitant aujourd’hui des climats chauds et secs, où la tempé- rature moyenne oscille entre 19° et 21°. Le mode de vie de ces espèces dénote la présence, à Sansan, d'un étang ou d’un lac peu profond, alimenté par des sources et des cours d'eau, d’une grande plaine herbacée et marécageuse, et plus loin, de collines ondulées très peu élevées, arides, buissonneuses ou couvertes de forêts de Micocouliers. 594 REVUE SCIENTIFIQUE. Spugne silicei della molassa miocenica del Bolognese; per À. Manzoni. (Atti della Societa Toscana di Science naturali. Mémorie, vol. 5. Pisa, 1881, avec planche.) M. Manzoni signale la découverte intéressante d’un grand spon- giaire du genre Craticularia Zittel, Laocætis Pomel, dans la molasse miocène de Serra de &uidoni, à l'ouest du Bolonais; c'est là un élé- ment de comparaison avec la faune à spongiaires du miocène d'Oran, décrite par M. Pomel. Osservazioni sui generi Pterodictyon et Paleomeandron dei Terreni cretacei ed eocenici dell’ Appennino Sett. e centrale ; per il D. G Perruzz. (Ati della Societa Toscana di Scienze naturali. Mémorie, vol. V, fase. 1. Pisa, 1881, avec planche.) Dans sa Worweltliche Flora der Schweiz, le professeur Heer avait donné ainsi la diagnose du genre Paleodictyon: « Fasciolæ vel Fila membranacea in rete coadunata, areolis polymor- phis, valde inæqualibus » et en avait décrit et figuré trois espèces: Paleodictyon Textum. P. singulare. P. magnum. On doit leur ajouter les suivantes, d'après M. Peruzzi: P. Strozzii Meneghini (in Append. à la traduction de la «Consti- tution géologique des Alpes » de Murchison). Mailles hexagonales régulières de 4 à 5 millim. de largeur, crétacé supérieur ? de Ponte à Sieve ; in Musée de Pise. P. Strozzii. Var. à mailles un peu moins larges, éocène supérieur ? de Belforte ; in Musée de Pise. P.majus. Meneghini. Mailles hexagonales de 6 à 7 millim. de lar- geur et à côtés de { à 2 millim. d'épaisseur. Éocène supérieur du Mont Santa-Maria au-dessus de Florence, de Fiesole, etc. ; in Musée de Pise. P. giganteum, nov. sp. Peruzzi. — Réseau à mailles irrégulière- ment hexagonales, presque rondes, de 12 à {4 millim. de diamètre, très profondes. Crétacé supérieur ou éocène ? du Monte Ripaldi; in Musée de Pise. M. Peruzzi crée ensuite les deux genres suivants: ETERODICTYON. Peruzzi — Aux dépens du genre Paleodictyon, pour une espèce voisine du P. texte Heer, provenant des schistes de Chiti- GÉOLOGIE. 595 gliano et se distinguant de vrais Paleodictyon par ses empreintes si- nueuses, étroites, et se développant sans régularité. PaLEOMEANDRON Peruzzi. Présentant l'aspect caractéristique des ornements dits à la grecque. Ce nouveau genre comprend jusqu'à présent deux espèces : Pal. rude Peruzzi. Impressions grosses, irrégulières, de 4 à 5 millim. de largeur moyenne, mais présentant beaucoup de varia- tions. Eocène de Monte Fiezole : in Musée de Pise. Pal. elegans Peruzzi. Empreinte élégamment et nettement fes- tonnée, plus grêle aussi que la précédente. Mugnone. Éocène ? in coll. marquis Strozzi. Le grain du glacier ; par M. Forez. (Bibliothèque universelle de Genève, tom. VII, avril 1882, pag. 329.) On sait que la masse d’un glacier est constituée par une agglomé- ration de cristaux irrégulièrement polyédriques (grains c“istallins), étroitement pressés les uns contre les autres, et dont la dimension varie, d'après les recherches de M. Forel, de { centim. environ pour les grains du nevé, jusqu à 7 ou 8 centim. pour ceux dela partie infé- rieure d'un grand glacier. Ce sont là les grains de glacier. Admettant que ces grains s’accroissent cristallographiquement aux dépens de l'eau de fusion qui arrive de la surface du glacier, M. Forel pense que l'on pourra peut-être expliquer les mouvements des glaciers, en reve- nant à l'ancienne théorie de la dilatation, non comme la comprenaient Schanchzer, Charpentier et Agassiz, mais plutôt suivant les idées de Hugi et de Grad; en un mot, la force qui ferait augmenter le glacier de volume et le mettrait en mouvement, serait l'affinité moléculaire qui fait augrnenter le cristal dans l'eau mère où il est plongé. L'auteur fait l'historique de cette hypothèse, qui n’est pas entièrement nou- velle, et en attendant un examen plus approfondi, dontil reconnaît lui-même la nécessité, discute quelques-unes des objections qui peu- vent être posées au premier abord. M. ViGuier. 596 NÉCROLOGIE CHARLES DARWIN Le présent fascicule de la Revue des Sciences naturelles de Montpellier ne saurait paraître sans renfermer un mot sur l’illustre Naturaliste qui à été depuis peu enlevé à la science, à laquelle il s'était si noble- ment consacré. Ce n’est pas une biographie que nous désirons donner ici, ce n’est pas davantage une analyse des travaux nombreux de cet homme de génie. L’œuvre serait trop longue pour le présent, et nous aurions d’ailleurs peu à ajouter à ce que d'autres Revues ont déjà publié à cet égard. Nous voulons seulement donner une parole de regret et d'admiration à ce calme et puissant Révolutionnaire qui dans sa modeste retraite de Down, près Beckenham, a fait passer par le crible de sa vaste et solide intelligence un nombre de faits et d’ob- servations tel qu il n’a peut-être pas été attteint avant lui, etquien a tiré les conséquences les plus étonnantes et les plus fécondes. De lui date en effet une ère nouvelle pour les sciences naturelles, et avec lui s’est ouvert un champ de recherches dont Les limites sont incal- culables. L’impulsion imprimée par les travaux de Darwin a été des plus énergiques, et les recherches d'histoire naturelle ont acquis en peu d’année une importance qui laisse bien loin derrière elle l’activité des temps passés. La Revue des Sciences naturelles devait d'autant moins faire le silence sur la disparition d’un homme si éminent, que Montpellier a le droit de se glorifier de ce que l'un de ses professeurs les plus dis- tingués, M. Martins, à été l’un des premiers en France à faire à la doctrine darwinienne l'accueil qu'elle mérite ; et l’on peut dire har- diment que par ses lecons et surtout par ses écrits, M. Martins a con- tribué plus que tout autre, dans notre pays, à faire connaître et apprécier Darwin. Qu'il nous soit également permis d'ajouter que la thèse de docteur ès-sciences de l’un des Directeurs de la Revue, Études sur le cœur, a été en France une des premières thèses écrites sous l'in- fluence des idées du grand Réformateur dont nous déplorons la perte. À. $. L'Éditeur-Gérant : Cnances BOEHM. MONTPELLIER. —— TYPOGRAPHIE KT LITHOGRAPHIE DE BOEHM ET FILS REVUE DES SCIENCES NATURELLES TABLE DES ARTICLES Contenus dans ce volume (3° Série, Tome I). MÉMOIRES ORIGINAUX. BOTANIQUE. BERGGREN (S.). Le prothale et l'embryon de l'Azolla [PI. I.).... Foëx (J.). Sur les causes de la Chlorose chez l'Herbemont. ... GuiGnarp (L.). Recherches sur le sac embryonnaire des Phané- rosarmnesaneiospermes (PLEX à XIÉF).. RL NI. Lorer (H.). Étude du Prodrome de M. Lamotte.......,...... Ozrvier (L.). Les procédés opératoires en histologie végétale... Rouy (G.). Etude sur les Diplotaxis européens de la Section ETIENNE FU RENE Ne AE ER PE Le ARS ER GÉOLOGIE. Cazauis DE Fonpouce (P.). La question de l’homme tertiaire en L'ÉTAT R R A A Un Taoucer (J.). Nouv. observations sur la Théorie des alignements métalliques à la surface du globe (PL. IIL.)................ — Coup d'œil sur l'histoire des progrès de la Minéralogie. . Viqurer (G. M.). Etude sur quelques formations de Tufs de L'époque Andes 2e. URLS ans At — Etude stratigraphique sur les formations secondaires et primaires des Pyrénées de l'Aude (PI. XIX.)............. ZOOLOGIE. AMaANs (P.). Recherches anatomiques et physiologiques sur la nreide L'OÉSCRer Oranudis (BELL) MU. ee: DaniELsseN (D. C.) et Korex (J.). Étude sur les Géphyriens recueillis par l'expédition norvégienne dans Le nord de l’At- RSRREqUe sv RE 0 A ie Sel ée Duvaz (Maruras.) Sur le développement de l'appareil génito-uri- naire chez la Grenouille (PL XVII, XVIIL.)...,....,...,, Il. 42 21 136 26# 498 456 423 Qt 63 508 TABLE DES ARTICLES. Jourpanx (S.). Recherches sur le système lymphatique de la Rana temporaria (PI. IV à VI, et XIV à XVI)........ 152, 455 Koren (J.). (Voy. Danielssen.) Sagarier (A.). De la Spermatogénèse chez les Annélides (PL. VII, VILR 2eme ee + hp: fe sep hMeenesseteee 249 REVUE SCIENTIFIQUE. Botanique; par MM. FLanauLr, Gizray, etc... ...... 87, 186, 395 Géologie ; par MM. P. pe RouviLe, TruTar, ViGuier, etc. 76, 233, 570 Zoologie ; par MM. S. JourpaiIx, À .-H. Rogin...... ‘169, 344549 TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS DES COMMUNICATIONS Analysées dans la Revue scientifique et bibliographique. Apostolidèés (N.-C.). Anatomie et développement des Ophiures. 389 Arbaumont (d’). La tige des Ampè- lidées. 399 Balbiani. Noyau de cellules salivaires chez les larves de Chironomus. 354 Balfour. Développement du squelette des Elasmobranches. 392 — Le Rein antérieur ou pronèphros des Téléostéens 043 Bardin. Paléontotogie du Miocène de Maine-et-Loire. 502 Barrois. Théorie générale du dévelop- pement. 562 Beneden (Van). Développement em- bryonnaire de quelques Tænias. 386 Blochmann (F.). Développement du Neritina fluvialtilis. 396 Bonnet (Edm.). Stellaria graminea L. et S. glauca With. 416 Bornet et Thuret. Notes algolo- giques. 87 Bourguignat. Histoire malacologique de la colline de Sansan. 993 Canavari. Brachiopodes nouveaux de l’Apennin. 589 Carez. Terrains crétacés et tertiaires du nord de l'Espagne. 979 Costerus (J.-C.). Influence des solu- tions salines sur la vie du protoplasma. 409 Delage (Yves). Appareil circulatoire des Edriophtalmes. 169 Dobson (G. E.). Structure du larynx, du pharynx et de l’hyoïde de l’Emo- pomoplion. 391 Farlow (G.). Algues marines de la Nouvelle-Angleterre, 223 Filhol. Mammifères fossiles de Saint- Géran-le-Puy. 289 Fættinger.Pédicellairesgemmiformes des Sphærechinus. 565 Forel. Le Grain du glacier. 995 Gérard (R.). Passage de la Racine à la Tige. 213 Guignard (L.) Embryogénie des Légumineuses. 186 Hansen (Chr.). Saccharomyces api- culatus. 229 Hasselt (W.-M. Van). Origine du Curare. 417 Hæœk (P. C.). Les Pycnogonides du Challenger. 206 Hy. Herborisations de la Faculté des Sciences d'Angers. 417 Joyeux-Laffuie.Organisation et déve- loppement de l'Oncidie. 947 Leymerie (A). Description géologique des Pyrénées de la Haute-Garonne 76 Lichtenstein. Les Cynipides, par le Dr Adler (traduction française). 369 Lotti (B.). Géologie des Alpes Apuanes. 581 — etZaccagna.Excursion dans la région marmorifère de Carare. 81 Macé (E.). La grande Douve du Foie. 063 Manzoni.Molasse miocène de Bologne. 594 Marsh. Les ailes des Ptérodactyles. 586 Meli (R.). Restes organiques dans les Tufs de la province de Rome. 584 Mellink. (Développement du sac em- bryonnaire des Angiospermes. 395 — (Voy. Treub.) Mikosch (C.). Développement et struc- ture des ponctuations aréolées. 401 — et A. Stôhr. Influence de ‘la lumière intermittente sur, le développement de la chloro- phylle. 403 Miquel (P.). Etude générale des Bac- téries de l'atmosphère. 230 — Recherches microscopiques sur les Bactéries de l’air et du sol. 420 Mitsukuri (K.). Développement des capsules surrénales des Mammifères. 24? 600 Molisch (H.). Carbonate de chaux dans la tige des Dicotylédones. 403 Moll (J. W.). Recherches sur l'injection et la filtration dans les feuilles. 410 — Influence de la gelée sur les plantes toujours vertes. 411 Moniez (R.).Mémoires sur les Cestodes. 373 Mäüller (J.). Organisation des Cæno- gonium et théorie des Lichens. 225 Munier-Chalmas. Mission de M. Roudaire dans les chotts tunisiens. 241 Olivier (L.). Recherches anatomiques sur la Racine. 213 Pedersen. Influence de la température sur la propagation de la levûre. 227 Pellati. La formation et l'âge des Serpeutines en Italie. 983 Perruzzi(G.). Pterodictyon et Paleo- meandron crétacés et éocènes. 594 Ray-Lankester. Parasite du sang de la Grenouille. 969 Richter (C.). Membrane cellulaire des Champignons. 402 Rouzaud. Compte rendu des travaux de Zoologie au Congrès d'Alger (1881). 178, 344 Salenski (W.). Développement du Sterlet. 360 Sauvage (H.-E.). Poissons fossiles de Sicile. 089 Stefani (de). Zone marmorifère des Alpes Apuanes. Mollusques conti- nentaux du Pliocène d'Italie. 290 Thuret (G.). (Voy. Bornet.) Treub. (Melchior). Observations sur les Loranthacées 221 — Recherches sur les Cycadées. 222 TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEUR. Treub. (Melchior). Noyaux des cellules végétales. 396 — cellules végétales à plusieurs noyaux. 397 — et Mellink. Développement du sac embryonnaire. 395 Ussow. Développem'r1t des Cépha- lopodes. 941 Van Tieghem. Recherchessur la vie dans l’huile. 91 — Myxomycètes à plasmode agrégé. 226 Vasseur (J.). Terrains tertiaires de la France occidentale, 97? Vesque (J.). Anatomie des tissus appliquée à la classification. 414 Viallanes (H.). Terminaisons ner- veuses dans les muscles striés des Insectes. 119 Viguier. Compte rendu de la réunion de la Société géologique de France à Grenoble en 1881. 233 — Compte rendu du Congrès géolo- gique international de Bologne en 1881. 570 Vries (Hugo de). Contraction des Racines. 404 — Mouvements auxotoniques des organes végétaux. 406 — Sur la matière servant à fermer les blessures des végétaux. 412 — Accélération des mouvements des vrilles par l'injection. 413 Ward (Marshall). Hemileia vas- tatrix. A19 Warming (E.). La famille des Podos- témacées. 418 Weismann.Origine des cellules sexuel les des Hydroïdes. 567 Zaccagna (Voy. Lotti.) PT TR sit: Le me Re Le LE Tax Ph Don: M ETES 25 1 A ALAN x At: * 4 co us, * A x à { r. % — 2 MAR À « L:4 y " Fan , 27 US he es pont. Le C4 ANT été 1 1206: + FER 2 COOPER ” 1; Pelsiseu. tr RT i QE" vrtigtiratt LAS M tp là dragon i LA MR ut D) à ralari La 'RÉATAUNN EST AN Le a: 0 PE ég Los 1ig RAA: parrauet (LS, J'ériviés puit fete Lo NOT ALES TO RCE TOO SR TR 7 A 2 tbe ni $ : s 1 { CP PAR à. À RAM L : May léshæetser. 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Zap Baekm 4 Fs Monÿr Perte des Stiences naar elle x PERL (2 > Tom PRa0077 Revue des Seicnces naturelles. 32 (Série ) ETUDE GRAPHIQUE SUR LE RÉSEAU PENTAGONAL. par: J. THOULET. Lyr. Belin À Ait Houtp! Revue des Scrences natural (BY Série) Tom. 27/7. S. Jourdain, de. Lrpr Bebe À Fils Mon er me SE Revue ds Seiences naërreëles (2° Sériel. Hi > ŒUS Tn 1.227771 cs ® f 72 Poekrrr 4 File 772 | à ea fi 7 fo ni Tom]. 24 (7) ie) »” eTrl1e ) D me Rovaedes Sciences naturelles | 35 S 772 Poelin 4 Frise oi V2 À. Jour 22277 7/4 " . LR . % (te a nr | + N é : L e a | . ) l L û n LA : : ” o L n : L ‘ : w . : j | * ” + | ; | à . ’ À * “ 0 * : s ? . ‘ 1" E : ï " : 4 1 Ê : : = F | * Li 2 - L , LL : . Revue ds Scrences nazareles (9 © érie) Tom. 77 À Sabatier. del Spermatogéne se. Anp Bosim 8 F5. Abuse” Revue das Sciences natirelles. (3° Serie.) l Tom.l. 2 Z7 A Sabatier del Spermatogénèse. 2 Boekhon EF Mon” - Tome Pare Revue des Sciences naturelles ( 3° Série) L =. AA 2 —ÿ "7 S Tisseron lith. Lrieyrtes hérle (215) Ip Becquetr. des N oyers, 87. del. ETES Guignar d 7) ne SÉLX ( AOE Ce Agropluis carmpanidate (26-28) Crriéhogalurn pYrERaEÈEE 933) 6-25. TLOCLUTTUETL _GÜOTLOS& (L Alpe Ssinensts (34). CorrucopLæ Jucca Revue des Sciences naturelles (3° Série) lomme MERS TT PER LT Se RER 4 1 Guignard del. Trop. Becquet r. des ae. 87. | Tiss eron lith. MNarcissus rmicranthus (33-37) Crocus salivus (38)- Canra rraica (59-42) - LZriobotrya japonica (43-47)_Ctnothera Æaplere (49-51) Caplez JorullensS (5) Mesermérianthenun Æcklonis (59-61) Silere obtasifolia ( 62-67). Tome 1. P1.XI. Revue des Sciences naturelles (3° Série.) oui a. : Mirabilis Jalapa (68)_-Clemaks cérrhosa ( 69_fo)_/elleborus jatuus Iap Becquetr.des Noyers 87. (1-88 )- Tisseron lith. Lranthis hicmalis (J4)_ /lepakca triloba (#56) - Mahonia 1raica ( 7-84) = Capsella Bursa-pastorts (90-101). Revue des Sciences naturelles ( 3° Série.) 102 103 rs 104 105 Fa “à j # Ÿ }-- \ 109 110 nr NE j | 118 . : 12 \ ROBPE 116 ME. É 118 119 = >) : 121 128 FA < : 7 Q/ 126 = {1 42 à 129 130 125 ni. Fe 188 154 pen RÉ R 132 LS, 6 «e a 158 à 3 140 = 187 : “Ë) À, Fe ft T Hi 136 À 135 ? DS S 5 À = D Re, * ï 4 4] à C4 O ÿ L.Guignard del, (a Imp Becquet r.des Noyers "OT: Tome PIN / 107 M 108 : 114 } ; 117 120 128 : 181 «| d ; 4 ÿ- 139 Tisseron lith. Âula ygraveolens (102-108) Lolygala rnyrhjèlia [ 109-114) Ricinus comments (15-16) Anoda hastala ( 17-121)_ Sida arborea (L22)-Maloa Caperses (123/_J'axlora pratensis (124-151) _2, Lynona Capensis (132-184) Jasmin gran lorient (135 187)_Z ophosper nur ETUOLSCENS (. 238)_D'orrago Of (289-140). Revue des Sciences naturelles ( 3° Serie ) lome L'PICXIIE 5 AR NE. à, 4 D Guignard del. Imp.Becquet r des Noyers, 87. Tisseron if. Micotana labacarn (141-144) _lestrumt splendens (145 HELLonicera Slartlshi (147152 )_ Lerocephales (158)_ Conyia arnbiqua (154-165) Dorenicun caucasicurnr (1001 ltlasiles ruveus (167)_ Ti Assélago Jasfare (168)_ L'obclia ertnuus (109-172) Canparata rhombotdalis [ 178-174). PATES era Ve œA NS NW Math. Duval del . np Boehun & Fils (Mori) RÉINUCERVICAL Revue des Sciences naturelles (3”*Sérze) Se RE Ne Va à SE T4 aas 77 2 @ EA es CREER KEICDGEE ALT À ALLER 7 RS ES LS MEET TS RQ? PES = =) DD RRERENS D RO) il ail = Gone AU sc Re 1) as El EEE 2 Û N'aaù ph, U00 FETE “ ) 1% tu HE 0 () BTE ENEENE Cr KE SA = GS Ne Math Duval del. Iup.Bo ehm & Fils (Mori) REIN CERVICAL Revue des Sciences naturelles 77€ S'érze >) | Tom. 22064 hs OR 20 “ermax mie | S LA rs S'/ouraain, del 772 PBochm & fi MA Revue des Sciences nalurelles 2° Serre) Tom.I.2/ 4 S. Jourdan def. mp. Poehm & Es | ) Revue des Sciences naturelles (777,6 . ll S Jourdair_ del Tom I. 27 11. Lnup. Boehm & Hi. 2/70 Rovue des Sciences Naturelles 13 MAN PQ ne Eee Nor Sud ÉAGQUPE PAR GINCLA Îoeau Auxières Sarrat de la À mn Margarido 1210 ET LA a ne de | Lea Han tO" | BACOUPE PAR LE COL DE cause Col de. l e d TH na EN MALO ET LA FOR de per 1 ue ade Dir. NÉE ose FT 4 Coupe PAR 5. COLOMB | at GEORGES LA PIERRI rét de Navarre de Tuerde la Dir N Guillerou 1395 ?S° Colombe Ki AN { Pasdel Counozoul \at NA RS a PE} ik CE FE 3 rs 4 au Fa Fo 3. COUPE PAR FONTANE Le de une . ut = > de à El É Mn Plaine de. Crète sui Las cn ns e Pie 12 pass ues 1376 k ne ir. N R Clause fon $ JT Chateau d : M HAT Puivert ]" + 583 IN + + ; : 1e 3 HN + ë + Q Coupe PAR LE Cor. DE Bac, d'Empourna 159 ol de a T3 aleole i LA FAJEOLE, MORT F1 ses 1931 2 Die NU AOE | TK 1. Coupe PAR CAMUR ET PUIVERT Dir. N 35° u de Camurac 1200 Plaine de 1100- °c Mouf im del Bosc Purvert 0 | | ÿ | 17 Me PAR FA GÉ DE L'HOMMENADEL- NTEN MALO ET LA FORÊT DES FANGES | Dir. N. | s GEORGES re LYS ET QUILLAN RAS Dir. 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