HARVARD UNIVERSITY. OF THE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOÛLOGY. | Ê 13 , CT Ù HP he HAE HAANTNUERE OS sea 4 AE AQU LR EU RC REVUE DES SCIENCES NATURELLES e de Boexm REVUE DES SCIENCES WATU FONDÉE A MONTPELLIER PAR RELLES M. EE. IDD UT ES Fi LUI ES KE, PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE MM. E. PLANCHON, P. de ROUVILLE, A. SABATIER, AVEC LA COLLABORATION NE MM.Andouard,— Baillon,— Barthélemy,— Baudon,—Bavay,— Bleicher,— Bonneau,— Cazalis de Fondouce (P.), — Collot, — Contejean,— Corre (A.),— Courchet, — Dieulafait,— Doûmet- Adanson, — Drouët, — Durand, — Estor, — Fabre (G.), — Faure (A.),—F. Fontannes,— Forel,— Genevier,—Giard (A.), — Giltay, — Heckel, — Hesse, — Jobert, —Joly,— Jordan, —Jourdain,— Lichtenstein (J.), —Loret, — Marchand (Léon), —Marès(P.), — Martins(Ch.), — Matheron, — Miergues, — Peccadeau de l’isle, — Perrier, —Planchon(G.), — Robin, -— DeSaint-Simon, — De Saporta, — Senoner,— De Seynes, — Sicard (H.),— Vaillant (L.), —- Valéry-Mayet,— Vieillart, — Vézian, etc, JISÉRIE MPOME LV -UNo ) MONTPELLIER BoEnM ET FILS, IMPRIMEURS-ÉDITEURS, RUE D ALGER, 10. CAMILLE COULET, LIBRAIRE-ÉDITEUR, GRAND RUE, D. PARIS A. DELAHAYE ET E. LECROSNIER. PLACE DE L’'ÉCOLE-DE-MÉDECINE. ke L : ! x NCA QU ARTA TEEN ï RTANAR A TENVION REVUE DES SCIENCES NATURELLES — — NOUVELLES RECHERCHES SUR ES CVS TOLITEHES Par J. CHAREYRE. (Suite et fin. — Voir numéro de Juin 1884.) CHAPITRE II. CYSTOLITHES ET AUTRES DÉPÔTS DE CARBONATE DE CHAUX DANS LES FAMILLES AUTRES QUE LES ACANTHACÉES ET LES URTI- CINÉES. à I. Borrayinées. Les faits qui viennent d’être décrits dans le Chapitre précé- dent, et qui nous montrent les cystolithes des Urticinées comme provenant de la résorption et de la modification de poils primi- tifs, nous permettent de ne plus voir dans ces formations un accident isolé dans une famille végétale. Nous pouvons, au con- traire, les rattacher directement à des productions très répan- dues chezles végétaux, les poils calcaires, etles considérer comme l'état le plus parfait, le plus évolué, de ces dépôts de carbonate de chaux qui se relrouvent dans un très grand nombre de plantes. Mon intention n’est pas de passer en revue toutes les formations de ce genre que nous offre le règne végétal, mais seulement de montrer, en étudiant un certain nombre de types, que des transitions nombreuses et des relations étroites existent entre la forme la plus simple, le poil dont les parois se recou- vrent de ponctuations calcaires, et la plus complexe, c’est-à-dire le cystolithe parfait. Un premier fait doit être signalé tout d’abord, c’est que les cystolithes proprement dits, dont la présence n'avait élé signalée 3e sér., tom. 1v { 6 MÉMOIRES ORIGINAUX. jusqu'ici que dans les Acanthacées et les Urticinées, se retrouvent chez des types n’appartenant pas à ces groupes. J'ai pu en trouver chez trois espèces, Tournefortia heliotropioides Hook., Tiaridium Indicum Lin. et Heliotropium Europeum Lin., de la famille des Borraginées, famille où abondent les poils chargés de car- bonate de chaux. Sur une feuille adulte de Touwrnefortia heliotropioides, aussi bien à la face supérieure qu’à la face inférieure, on peut trouver toute ia série des formations représentées fig. 9 à 13 (pl. VI). Les plus nombreuses sont des poils correspondant aux fig. 9 et 10 ; à leur état le moins avancé (fig. 9), ces poils ont leur cavité obstruée par un dépôt de cellulose disposé en couches stratifiées, qui fait dans le bulbe une forte saillie; la partie inférieure de ce dépôt, surtout, est chargée d’une quantité assez considérable de carbonate de chaux et fait, avec les acides, une vive effervescence. Le poil représenté fig. 10 est arrivé à un état un peu plus avancé et correspond aux formations les plus nombreuses : sa saillie extérieure est moins considérable, tandis que le bulbe a pris, au contraire, un grand développement et plonge au milieu du parenchyme sous-jacent. La masse cystolithique qui occupe la cavité de ce bulbe est reliée au dépôt cellulosique du poil, non plus par une large surface, mais par un col assez étroit, qui indique le commencement de la formation du pédicule ; la quan- tité de carbonate de chaux, qui est moins forte dans ce col et dans le dépôt cellulosique du poil, a, au contraire, considérable- ment augmenté dans la masse cystolithique inférieure. Moins nombreuses sont sur ces feuilles les formations corres- pondant aux fig. 11 et 12, qui nous montrent les divers stades de la résurption du poil primitif, et à la fig. 13, qui représente un cystolithe parfait, ne gardant plus aucune trace de son ori- gine trichomateuse. Cette dernière forme, surtout, est très peu fré- quente ; je l’ai cependant trouvée un assez grand nombre de fois. Il ne peut, lorsqu'on a vu ces diverses formations, subsister dans l'esprit aucun doute sur leur complète analogie avec les cystolithes des Urticinées. Soit à leur état adulte, soit pendant les NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. ñl diverses périodes de leur développement, les eystolithes de Tour- nefortia heliotropioides H. ne diffèrent en aucune facon de ceux d’un Ficus, F. carica L., par exemple. La seule distinction que l’on puisse invoquer est la rareté assez grande des formes défi- nitives et l'abondance, même sur une feuille adulte, des états les plus jeunes; mais nous avons vu que, chez Ficus carica L., les divers élats pouvaient aussi se rencontrer sur la même feuille, et tout se réduit, en somme, à une question de nombre, qui n’influe en rien sur la sinification morphologique que nous sommes en droit de donner à ces organes. Des faits entièrement analogues nous sont offerts par une autre Borraginée, Tiaridium Indicum L., qui est pourvue de forma- tions cystolithiques aussi bien caractérisées. Les fig. 14 à 17 (pl. VI) représentent ces formations, prises, la première sur une feuille assez jeune, les autres sur une feuille adulte. Le poil primitif, d'abord formé par le développement d’une cellule épidermique et pourvu de parois très minces, commence àse remplir d'un dépôt de cellulose et de carbonate de chaux, lequel s’effectue d’abord à la pointe du poil, puis gagne de plus en plus vers la base (fig. 14). Plus tard (fig. 15), ce dépôt prend une importance toujours plus considérable et fait saillie dans la cavité du bulbe, qui s'agrandit elle-même considérablement. Les divers états par lesquels passe cette formation ne diffèrent pas de ceux que traversent les cystolithes de Tournefortia, et le résultal est la constitution d’un cyslolithe parfait, représenté fig. 17 (pl. VI). [ei encore, il faut constater ce fait que, même sur une feuille adulte, les cystolithes parfaits sont très rares, tandis que ceux en voie de formation se montrent en quantité con- sidérable. C’est probablement pour ce motif que ces formations intéressantes ont pu passer inaperçues, et qu'aucun observateur ne les a encore signalées. Ainsi qu'on pouvait s’y attendre, le genre Heliotropium, si voisin du précédent, nous à offert des faits absolument sembla- bles. Deux espèces de ce genre, 4. Peruviänum L. et H. Euro- peum Lin., ont été examinées: dans la premiere, les deux 8 MÉMOIRES ORIGINAUX. faces de la feuille sont couvertes de poils correspondant très bien aux états jeunes de cystholithes de Tiaridium Indicum L., (fig. 15 et 16) ; quelques-uns même ont atteint des stades de développement un peu plus avancés, mais je n'ai pu en trouver aucun revêtant la forme d’un cystolithe parfait. Ce dernier état au contraire se rencontre quelquefois dans les formations cystolithiques d’A. Europeum L.; mais, ici encore, plus peut-être que chez Tournefortia et Tiaridium, ce sont sur- tout les formes jeunes que l’on rencontre abondamment. Il faut noter que, dans cette espèce, la grande majorité des poils qui occu- pent la face supérieure de la feuille accusent une tendance plus ou moins prononcée vers la séparation en deux de leur masse cystolithique. Ce fait, fort apparent dans le poil représenté fig. 18 (PL. VD, doit pouvoir se rapprocher de ce qui se passe souvent dans les poils de Broussonelia papyrifera, où l’on peut trouver jusqu'à trois masses cystolithiques. Outre les poils cystholithiques qui viennent d’être décrits, la feuille d’A. Peruvianum en porte d’autres qui, par leur aspect et leur conslitution, se rapprochent davantage de ce que nous allons avoir à signaler chez d’autres Borraginées et chez des types différents ; nous y reviendrons un peu plus loin. Cependant, dans cette famille des Borraginées, les formations cystolithiques n’aiteignent le plus souvent pas l’état qui vient d’être signalé chez les types précédents : elles se présentent sous des aspects très variés, mais qui, tous, peuvent se rattacher à une forme primitive unique, celle du poil unicellulaire développé aux dépens d’une celiule de l’épiderme, et dont la cavité est occu- pée par un dépôt de cellulose mêlée de calcaire. Get état pri- mitif se retrouve au début du développement de toutes ces for- mations, qui quelquefois y demeurent jusqu’au bout sans subir de modifications. Nous trouvons un exemple de ce dernier fait dans les poils qui hérissentles deux faces de la feuille de Gynoglossum pictum Aït., poils minces et allongés, dont les parois sont recouvertes à l’in- térieur d’une couche de très fines granulations calcaires formant NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. 9 un revé ement continu qui ne s'arrête qu’à la base du poil. Les acides déterminent dans ces formations une trés vive efer- vescence. L'incinération ne permet d’apercevoir dans les parois aucune trace de silice (fig. 14, P!. VIT). Des poils de même na- ture se retrouvent chez Cynoglossum linifolium LUin., (Ompha- lodes linifolia Moench.), en compagnie d’autres incrustations calcaires d’une nature spéciale qui seront décrites plus loin. Les feuilles jeunes de ces deux espèces montrent des poils déjà bien développés, mais dépourvus d’incrustations calcaires. Le carbonate de chaux apparaît d’abord vers le sommet du poil sous forme de concrétions ponctuées, séparées par d'assez larges espaces ; elles grossissent plus lard jusqu'à se toucher et gagnent en même temps vers la base du poil. Le bulbe, dont la cavité est entièrement libre, ne prend pas un grand développement et ne dépasse jamais le niveau des cellules épidermiques. Les faits se compliquent un peu chez Cynoglossum cheirifolium Lin. Les poils qui couvrent les deux faces de la feuille adulte ne portent plus de concrétions calcaires sur leurs parois, mais leur cavité est occupée par un dépôt de cellulose disposée en cou- ches concentriques et incrustée de carbonate de chaux. L’inciné- ration n y dénote aucune trace de silice. Il est facile de rattacher des formations de ce genre à celle que nous avons trouvées dans Tournefortia, Tiaridium et Heliotro- pium, qui, à l’état jeune, n’en diffèrent sous aucun point de vue. Nous verrons d’ailleurs que d’autres modifications peuvent intervenir pour üonner naissance à des organes qui, au premier abord, semblent n’être rattachés par rien à ceux que nous avons déjà étudiés, et qui cependant dérivent tous de la forme trichoma- teuse primitive décrite chez Cynoglos. pictum Ait., {inifolium L. et chairifolium L., forme que nous retrouvons sans modifica- tions dans la plupart des poils de la tige et de la face inférieure des feuilles de Lithospermum fruticosum Lin., dans les poils du calice de Myosotis sylvatica Ehrh., et dans ceux de la face inférieure de Ja feuille de Cynoglossum furcatum Wall. La première de ces modifications, et la plus fréquente, est l'ap- 10 MÉMOIRES ORIGINAUX. parition, auteur dé la base du poil calcaire, d’une rosette de cellules épidermiques qui deviennent elles-mêmes le siège d’un dépôt plus ou moins abondant de carbonate de chaux. Déja, dans quelques feuilles pourvues de poils calcaires simples, comme celle de Cynoglossum pictum (Gg.14, PL VIT, on peut voir les cellules épidermiques qui entourent la base du poil prendre une forme un peu spéciale et se disposer en couronne, leurs parois latérales devenant droites et prenant une direction radiale qui les distin- gue assez nettement des auires cellules épidermiques. Cette dis- position est encore plus accentuée dans les poils qui couvrent l’épiderme des rameaux de Myosots sylvatica Ehrh. (fig. 13, IP VII). Ces poils, très gros el très longs, sont revêtus, sur leurs parois internes, d’une couche detrés fines granulations caleaires ; leur base est entourée d’une série de cellules polyédriques formant une rosette qui, par sa forme, contraste nettement avec les autres cellules épidermiques rectangulaires et allongées dans le sens de l’accroissement de la lige. Ces poils sont silicifiés au sommet, sur une longueur variable, quelquefois dans toute leur moilié apicale. Sur les feuilles du même végétal, on trouve d’autres poils chez lesquels le dépôt de carbonate de chaux a commencé à envahir les cellules environnantes. Ces poils," gros et courts, également répandus sur les deux faces de la feuille, ont leur cavité occupée par une masse cellulosique incrustée de calcaire, qui s'étend dans le bulbe, où elle forme une saillie arrondie. Les cellules qui entourent la base du poil ne diffèrent pas, comme forme, des autres cellules épidermiques (fig. 12, PI. VIT) ; quelquefois dépour- vues de tout contenu, elles présentent le plus souvent à leurinté- rieur, accolée à celle de leurs faces qui est en contact avec la base du poil, une petite masse cellulosique incrustée d’une faible quantité de carbonate de chaux. Si on fait disparaître ce der- nier au moyen d’un acide, on demeure en présence du support organique, quise montre nettement sous la forme de couches con- centriques dont le centre coïncide à peu près avec le milieu de la paroi commune à la cellule et au poil. Ce support manifeste toutes les réactions de la cellulose pure. NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. 11 Le calice de #yosotis sylvatica Ehrh. est écalement pourvu de poils nombreux, bien développés, dont le contenu est en tout semblable à celui des poils de la feuille, mais dont les cellules basilaires ne présentent aucun dépôt calcaire. [ci, comme dans tous les autres cas que nou; aurons à mentionner, les poils du calice représentent fidèlement l’état jeune des poils de la feuille ; dans ce dernier organe, en effet, le dépôt de carbonate de chaux s'effectue d’abord à la pointe du poil, pour s'étendre ensuite vers sa base. Ce n’est qu’en tout dernier lieu que les cellules en rosette deviennent le siège du lépôt, peu abondant d’ailleurs, qu’on y trouve à l’état adulte. C’est aussi tardivement que la silice appa- rait dans ces formations, et elle y demeure toujours peu abon- dante ; ses points d'apparition sont l’extrème pointe du poil et les parois communes au poil et aux cellules en roselte ; quelque- fois l’incrustation s'étend jusqu'aux parois latérales de ces cer- niers éléments. Le plus souvent, lorsque le dépôt de carbonate de chaux s'étend ainsi jusqu'aux cellules qui entourent la base du poil, la cavité de celui-ci est entièrement occupée par vne masse formée de couches de cellulose et de concrétions calcaires. Quelquefois cependant ce phénomène se produit alors que le poil n’est pourvu que sur ses parois de concrétions ponctuées même peu abondan- tes et largement séparées les unes des autres. Mais, même dans ce cas, le dépôt des cellules en rosette ne se présente jamais sous forme de concrétions déposées sur les parois de la cellule. Tou- jours il s'accompagne d'un support cellulosique disposé en cou- ches concentriques. Ce fait est nettement visible sur les poils de la face supérieure des feuilles de Lithospermum fruticosum Lin. [ci, les concrétions ponctuées qui couvrent la paroi du poil sont un peu allongées, très régulièrement disposées en séries longitudinales. Les cellules qui entourent la base sont au nom- bre de six ou huit, disposées en cercle, et leurs parois latérales figurent les rayons d’une roue dont le cercle serait formé par leurs parois externes arrondies. Cette forme spéciale des cellu- les en rosette contraste fortement avec les contours rectangulaires 12 MÉMOIRES ORIGINAUX. des autres éléments épidermiques ; de plus, elles demeurent in- colores, tandis que les cellules de l’épiderme sont le plus sou- vent colorées par un suc cellulaire jaune ou rouge brique. La masse cellulosique et calcaire qui occupe ces cellules a pris un assez grand développement et remplit à peu près la moitié de la cavité cellulaire. À la face inférieure des feuilles de cette espèce, les poils, éga- lement très nombreux et chargés de calcaire, ne sont pas tous pourvus d’une rosette de cellules basilaires. Les plus gros seuls présentent ce caractère ; encore les cellules sont-elles ici beau- coup plus irrégulières comme forme, et très peu ou même pas du tout chargées de calcaire, surtout sur les nervures. Les par- ties de la tige encore pourvues de leur épiderme portent égale- ment des poils calcaires, mais toujours privés de cellules de hor- dure. L’incinéralion ne laisse, le plus souvent, voir aucune trace de silice; quelquefois cependant la pointe du poil en est incrus- tée sur une faible longueur. Le développement des poils de ZLüthospermum fruticosum L. répond à ce que nous avons vu jusqu'ici: d’abord formé par le développement de la paroi exlerne d’une cellule épidermique, le poil a, dans son jeune âge, des parois minces et dépourvues de toute concrétion; sa cavité est occupée par une masse protoplas- malique qui tapisse les parois et esl pourvue d’un noyau appa- rent; à ce moment, les cellules qui entourent la base du poil, riches elles aussi en protoplasma, ne diffèrent pas, comme forme, des autres cellules épidermiques ; mais plus tard elles se développent dans un autre sens que ces dernières, pour revêtir leur aspect définitif. Les premières ponctuations calcaires appa- raissent au sommet du poil ; elles sont d’abord très petites et très espacées. Eîles grossissent peu à peu, tandis que de nouvelles apparaissent au-dessous, gagnant vers la base de la formation trichomatique. En mème temps la masse de protoplasma quitte les parties supérieures et se rassemble vers la base, en se rédui- sant de plus en plus ; lorsque l’incrustation des parois est com- plète, elle a tout à fait disparu. C’est alors seulement qu’apparais- NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. 13 _sent, sur les parois des cellules en rosette contiguës à la base du poil, des épaississements céllulosiques qui sont le joint de départ des formations qui doivent obstruer la cavité de ces éléments. Ici encore, le protoplasma a complètement disparu des cellules lorsque le dépôt de cellulose et de calcaire a atteint son état définitif. Lorsque la silice doit se montrer dans ces poils, el'e n'apparait que très tardivement et lorsque toutes les autres par- ties sont déjà bien constituées. Chez un autre Lithospermum, L. purpureo-ceruleum Lin., nous retrouvons des poils calcaires entourés à la base d’une roselte de cellules, mais pourvus, non plus de concrétions ponc- tuées, mais bien, comme dass le type ordinaire, d’un dépôt cel- lulosique chargé de carbosate de chaux. Ces poils, très nombreux sur les deux faces de la feuille, laissent voir ‘rès facilement (fig. 1, PI. VIT), après traitement par un acide qui les débarrasse de l’in- crustation calcaire, et même sans traitement préalable, la d'spo- -sition en couches concentriques de leur masse cellulosique cen- trale. Les très fines concrétions calcaires qui farcissent cette masse se retrouvent également en très grand nombre dans l'épaisseur même des parois du poil. Elles font, avec les acides, une trés vive effervescence. La base du poil est entourée de huit à dix cellules en rosette, dont les formes sont très régulières sur la face qui regarde le poil ; elles dessinent là un polygone à peu près régulier; du côté opposé, ces cellules sont beaucou» plus irrégulières et pren- nent des contours sinueux entiérement analogues à ceux des cellules épidermiques. La moitié à peu près de leur cavité est occupée par un dépôt cellulosique incrusté de calcaire, à structure concentrique très nette. L’incinération montre l'existence d’un abondant dépôt de silice qui envahit la base du poil, les parois de ce dernier jusqu'au tiers environ de leur hauteur, et une par- tie des parois externes des cellules en rosette. La pointe extrême du poil est également silicifiée sur une longueur variable (fig. 3, pI-VIDe Le développement de ces poils diffère peu de ce que nous 14 MÉMOIRES ORIGINAUX. avons vu dans l’espèce précédente. Le carbonate de chaux appa- raît d’abord dans l’épaisseur et sur la surface interne des parois sous forme de irès fines ponctuations ; puis le dépôt de cellulose s'effectue à la pointe du poil, en gagnant de plus en plus vers la base. Dans le poil encore jeune représenté fig. 2 (PL. VII), ce dépôt a déjà rempli toute la cavité, ne laissant libre que le bulbe, où il existe encore une assez vasle espace ne présentant que quelques concrétions éparses. Les cellules en rosette ont déjà acquis leur forme définitive, mais ne présentent pas encore de traces de calcaire. Un peu plus tard, leurs parois s’épaissiront sur la face qui touche à la base du poil; cet épaississement est le début de l’empâtement cellulosique qui remplira plus tard la cavité. À cet état, la pointe seule du poil est quelquefois sil'cifiée; ce n’est qu'après la constitution complète du dépôt calcaire que la silice apparaît à la base, d’abord dans la paroi commune au poil et aux cellules en rosette, pour s'étendre en- suite des deux côtés. Des faits absolument analogues nous sont offerts par Litho- spermum arvense Lin., avec cette seule difference qu'ici le dépôt silicieux est moins abondantet ne se montre qu’à la pointe du poil et dans la paroi commune au poil et aux cellules en rosette, sars jamais s'étendre au delà. Tous les autres faits : forme et disposi- tion, développement, ordre d’apparitioa des divers éléments, sont absclument identiques. I ne faut pas oublier de mentionner que, dans ces diverses espèces de Lithospermum, les poils calcaires, très abondants sur le calice, y revêlent, comme dans les autres types déjà étudiés, des formes jeunes. L’incrustation calcaire y est moins abondante, les cellules en rosette presque toujours dépourvues de dépôts spéciaux, et la silice n’y apparaît généralement pas. I faut ajou- ter que ces poils atteignent leur maximum de richesse en car- bonate de chaux lorsque la fleur est encore à l’état de bouton. La quantité de calcaire diminue ensuite à mesure que la fleur se développe, et, à son complel épanouissement, les poils sont presque uniquement réduits à leur support cellulosique et ne NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES, 15 contiennent plus que des traces de calcaire. Ce sont là des faits que nous avons constatés chez toutes les Borraginées dont il nous a été possible d'observer les fleurs à leurs divers élats. Dans les feuilles également, il y a un maximum de richesse en carbonate de chaux ; ce corps diminue dans les poils des feuilles vieilles, et, lorsque ces organes tombent, les poils ne contien- nent plus que de faibles quantités de calcaire. Les poils des deux faces de la feuille d'Anchusa officinalis Lin., quoique plus petits que les précédents, ont une constitu- tion tout à fait identique. Le dépôt cellulosique, incrusté d’une assez faible quantité de carbonate de chaux, ne s'étend pas dans toute la longueur du poil et laisse, vers la base, un espace libre, qui est occupé par un assez grand nombre de granulations calcaires isolées (fig. 5, PI. VIT). Les cellules en rosette, plus grandes el à parois plus épaisses que les autres éléments épidermiques, sont occupées en très grande partie par un dépôt qui n'offre aucune particularité de structure. Quand un dépôt siliceux existe dans ces poils, il se montre à leur extrême pointe. Dans des feuilles très jeunes, les poils, à parois minces, pos- sèdent un abondant contenu protoplasmatique ; les cellules en rosette, régulièrement polygonales comme les autres celluies épidermiques, ne diffèrent de ces derniers éléments ni par leurs formes ni par leurs dimensions. La première apparition du dépôt calcaire se manifeste. à la pointe du poil sous forme de granula- tions isolées appliquées contre la paroi, puis se montre le dépôt cellulosique ; à mesure que celui-ci se développe, la masse pro- toplasmalique se rassemble à la parlie inférieure, en se réduisant de plus en plus. Ces faits sont indiqués dans la fig. 6. (PI. VID), qui représente un poil jeune, dont le contenu protoplasmatique est contracté par l’alcool. À ce moment, les cellules en rosette, qui, comme les autres cellules épidermiques, sont riches en proto- plasma, se distinguent de ces dernières par l’épaississement de leurs parois; le reste du développement répond entièrement à ce que nous avons déjà vu dans les types précédents. La feuille de Symphytum Tauricum Willd. est également 16 MÉMOIRES ORIGINAUX. pourvue sur ses deux faces, mais surtout à la face supérieure, de très nombreux poils, qui ne diffèrent de ceux déjà décrits que par leurs dimensions. Le dépôt de cellulose et de carbonate de chaux n’occupe, ici encore, que la partie inférieure du poil, lais- sant libre, à la base, toute la partie qui correspond au bulbe, et dontles parois seules sont incruslées de calcaire. La base du poil est entourée d’une rosette de huit à dix grandes cellules allongées, dont les parois, rectilignes sur la face qui regarde le poil, devien- nent onduleuses sur la face opposée et se confondent alors avec les autres cellules épidermiques (fig. 9, PI. VIT). Ces cellules sont abondamment pourvues de calcaire, et font, comme le poil, une très vive effervescence avec les acides. [n’y a rien de particulier à dire sur le développement de ces formations. Dans les parties de la tige qui sont encore pourvues de leur épiderme, on retrouve quelques poils semblables aux précédents, mais assez peu nombreux, mêlés à un grand nombre d’autres poils simples, plus grêles et plus longs, non entourés de cellules en rosette, et ne faisant aucune effervescence par les acides. Dans la fleur, la corolle et l’ovaire n’offrent aucune formation spéciale. La face externe des sépales porie de nombreux poils calcaires, à cellules en rosette, moins développés que ceux de la feuille et de la tige. La face interne de ces organes n’est pourvue que de très petits poils unicellulaires, coniques, non entourés de cellules en rosette, et dépourvus de carbonate de chaux. Dans une fleur très jeune, prise tout à l’extrémilé d’une inflorescence, les poils de la face externe des sépales étaient déjà presque aussi développés que ceux de la fleur adulte et conte- naient une quantité considérable de carbonate de chaux. Dans des fleurs plus avancées, mais dont la corolle n’était pas encore épanouie, les poils avaient pris tout leur développement, les cel- lules en rosette faisant one légère saillie au. dessus de l’épiderme; l’effervescence était déjà moindre que dans le cas précédent. Dans les fleurs complètement épanovies, l’effervescence était nulle dans le plus grand nombre des cas, très faible dans les autres. Ces formations, qui se retrouvent, sans de grandes modifica- NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. 17 tions, dans presque toutes les Borraginées, peuvent cependant, dans certains cas, prendre un aspect tout à fait spécial. Nous en trouvons un exemple dans le genre Gerinthe, dont les deux espèe- ces observées, C. minor Lin. et €. aspera Roth., nous offrent des faits entièrement analogues. Les poils des ces deux espèces ne sont pas pourvus de dépôt calcaire, ni même de concrétions ponctuées. Mais, sur la surface des deux épidermes des feuilles, et plus abondantes à la surface supérieure, on voit des éminences mamillaires formées d’une cellule centrale entourée de six à sept autres qui contiennent du carbonate de chaux disparaissant, par l’action des acices, avec dégagement d’acide carbonique. Ces éminences mamillaires sont constituées par une cellule centrale, polygonale, entièrement remplie par un dépôt de cellulose incrustée de carbonate de chaux en concrétions appa- rentes. Les cellules en rosette qui l'entourent ont également un contenu cellulosique et calcaire disposé comme le contenu des cellules qui entourent la base des poils dans les types précé- dents, c’est-à-dire appliqué contre la paroi commune à la cel- lule en rosette et à la cellule centrale, et laissant du côté oppcsé la cavité cellulaire libre sur une étendue plus ou moins considé- rable. Les couches concentriques, très apparentes dans ce dépôt, ont pour centre le milieu de la paroi de séparation (voir fig. 19, PI. VI). Ces cellules en rosette, comme la cellule centrale, sont nettement polygonales, à parois assez épaisses, et se distinguent à tous les points de vue des autres cellules épidermiques, plus grandes, sinueuses et à parois plus minces. Quelquefois (fig. 20, PI, VD), surtout à la face supérieure de la feuille, la cellule cen- trale est entourée de deux rangs de cellules en rosette : le pre- mier rang est alors formé de six à dix cellules entièrement remplies de concrétions calcaires, tandis que celles du second rang, au nombre de douze à vingt, ne sont incrustées qu’en partie. Vues en coupe, ces éminences, lorsqu'elles sont entièrement développées, sont au même niveau que les cellules épidermiques, 18 MÉMOIRES CRIGINAUX. ou font au-dessus de celles ci une saillie à peine indiquée (fs. 21, PI. VI). Le plus souvent cependant, il y a une saillie apprécia- ble (fig. 22, PI. VD) formée par la cellule centrale, tandis que les cellules de bordure, de niveau avec l’épiderme sur leur côté extérieur, se relèvent un peu, pour venir, par leur côté interne, se mettre à la même hauteur que la cellule centrale. L’incinération montre sur ces feuilles un très abondant dépôt de silice qui incruste la paroi externe, non seulement des cellules de l’éminence, mais encore de toutes les autres cellules environ- nantes, sans respecter leurs limites. Si l’on suit le développement de ces formations spéciales, on voit que leur point de départ est un poil très développé déjà sur de toutes jeunes feuilles, assez gros el court, et entouré d’une rosette de cellules ayant déjà leur forme définitive. Sur une feuille très jeune, ni le poil ni les cellules en rosette ne contien- nent encore de carbonate de chaux. Ge dernier apparaît plus tard de la manière habituelle, et la formation présente alors aspect indiqus fig. 24 (PL. VI). Puis Le poil se réduit peu à peu, de manière à former d’abord une éminence assez forte, comme celle de la fig. 23 (PL. VI), puis la forination définitive. La silice apparaît dans le poil lorsqu'il est déjà gorgé de calcaire, mais avant qu'il ait commencé à se résorber. Le dépôt de cette sub- slance commence à la points même du poil, pour gagner ensuite progressivemeat, d’abord les cellules en rose‘le, puis les autres éléments épidermiques. Dans la fleur, la corolle et l’ovaire sont entièrement dépourvus de formations calcaires; mais la face externe des sépales est couverte de poils à cellules en rosette qui correspondent exac- tement à l’état jeune des éminences mamillaires, représenté fig.24. Ici encore, ces poils font une très vive effervescence avec les acides dans la fleur très jeune; mais, à mesure que la fleur se développe, cette effervescence diminue de plus en plus, pour devenir tout à fait nulle à l'épanouissement. Les formations calcaires qui couvrent les feuilles d’Omphalo- des Vinifolia Moœnch. se présentent sous un aspect absolument NOUVELES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. 49 comparable à celui des éminences mamillaires de Cerinthe aspera Roth. Elles sont constituées (fig. 2, PL VIII) par une cellule centrale, rés ulièrement polygonale, à parois épaissies, dont la cavité est entièrement occupée par un dépôt cellulosique incrusté de carbonate de chaux. Celte cellule est entourée par un nom- bre variable d’éléments épidermiques disposés en rosette, dont les parois latérales, épaissies, sont entièrement rectilignes, et dont la cavité est occupée en partie par une masse cystolithique. Mais ces formations, absolument semblables, à l’état adulte, à celles de Cerinthe, en diffèrent par leur mode de développement: il n’y a pas ici de poil primitif, et, dès leur première apparition, les émiaences mamillaires sont constituées par une cellule épi- dermique peu différente de ses voisines, dans laquelle se montre un dépôt cellulosique qui s’incruste plus tard de calcaire. La formation de ce dépôt est précédée d’un épaissi-sement assez fort de la paroi externe de la cellule. Plus tard, les cellules en rosette se différencient à leur tour : elles suivent, dans cette diffé- renciation, la même marche que les cellules en rosette des Ce- rinthe et de toutes les autres Borraginées. Il arrive très souvent que les formations calcaires d’'Omphalo- des linifolia Mœnch. revêtent un aspect un peu différent de celui qui vient d’être décrit. Avant de devenir le siège du dépôt cellu- losique et calcaire, la cellule centrale peut se diviser en deux, par une cloison transversale, et, une fois développée, la forma- tion prend alors l’aspect représenté fig. 1 (PI. VII. Chez d’autres types, la différenciation suit une autre marche, et nous voyons la roselte de cellules qui entoure la base du poil prendre un développement considérable et envahir deux rangées d'éléments épidermiques. Chez Echium vulgare Lin., par exemple, la tige et les feuilles sont couvertes de longs poils dont la cavité, à l'exception du bulbe, est obstruée par un abondant dépôt de cellulose incrustée de calcaire (lg. 7, PI. VIT). Des concrétions calcaires ponctuées se montrent également dans la membrane et jusqu’à l'extérieur du poil. La base de ce dernier est entourée d’une rosette de huit 20 MÉMOIRES ORIGINAUX. à dix grandes cellules, dont la cavité est occupée par un dépôt identique à celui que nous avons trouvé dans les cellules en roselie des types précédents. Cette collerette est entourée d’une seconde rangée de cellules en tout semblables, au nombre d’une vingtaine. Les cellules de ces deux rangées, polygonales comme les autres cellules épidermiques, ne se distinguent de ces der- nières, à part leur contenu saécial, que par leurs dimensions un peu plus grandes et leurs parois un peu plus épaisses. L’incinération de ces poils permet d’oblenir un squelette sili- ceux très pur; les parties incrustées de silice, dans les poils examinés, étaient: la base même du poil, les parois latérales des cellules eu rosette de la première rangée, et quelquefois même la paroi de ces cellules opposée à la base du poil, et une partie des parois latérales des cellules de la seconde rangée. Il est pos- sible que, dans les feuilles adultes, l’incrustation, tant calcaire que siliceuse, prenne une plus grande extension, car les feuilles qui ont servi à cette observation appartenaient à une plante jeune, et n'avaient pas encore alteint leur entier développement. Elles mesuraient environ 10 centim. de long. Sur une feuille adulte d’Echium cynoglossoides Desf., les poils ressemblaient entière- ment à ceux décrits dans l’espèce précédente, mais la silicification était plus complète : partant de la base du poil. elle envahissait, non seulement les deux rangées de cellules en rosette, mais en- core les celluies épidermiques voisines (fig. 8, PI. VIT). Dans une feuille jeune d’£. vulgare, longue de 25 millim., les poils étaient déjà aussi fortement développés que ceux décrits plus haut, et très fortement chargés de calcaire ; mais cette in- crustation calcaire ne s’étendait encore qu’à une seule rangée de cellules en rosette. L’incinération montrait le dépôt de silice tout à fait à son début; la plupart des cellules en rosette en étaient tout à fait dépourvues; quelques-unes seulement montraient un commencement de silicification, mais seulement sur la face con- tiguë à la base du poil. Une autre feuille, prise au centre d’un bourgeon et mesurant à peine 5 millim., montrait des poils arrivés à peu prés à la moi- NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES, 21 tié de leurs dimensions définitives. Ces poils étaient déjà chargés de carbonate de chaux, mais ce dépôt se présentait sous forme de granulations isolées sur les parois, laissant encore entièrement libre la cavité même du poil. La base était entourée d’une rangée de cellules en rosette, différant peu, par leur forme et leurs di- mensions, des autres cellules épidermi ques et presque dépourvues de carbonate de chaux. Le dépôt cellulosique ne s’y montrait que comme une petite masse, appliquée contre la paroi de la cellule contiguë à la base du poil. L'incinération ne dénotait encore au- cune trace de silice. Très peu différents des précédents sont les poils calcaires de Symphytum asperrimum Bbrst., que l’on rencontre en grande abondance à la face supérieure des feuilles (fig. {0, PI. VIT). Le poil, très développé, est entièrement rempli par le dépôt cellulo- sique et calcaire; sa base est entourée par une double rangée de très grandes cellules en rosette, de forme particulière et beau- . coup plus développées que les autres éléments épidermiques. Toutes les autres particularités de structure de ces formations répondent à ce que nous avons vu chez Echium vulgare. ‘À la face inférieure des feuilles de la même espèce, se trouvent d'assez nombreuses formations analogues à celle représentée fig. 11 (PL. VIII). Ce sont des poils cystolithiques dont toute la partie externe s’est considérablement réduite, tandis que le bulbe a pris des dimensions beaucoup plus fortes et est occupé par une masse cystolithique arrondie, reliée par un court pédicule au dépôt cellulosique qui occupe la cavité du poil lui-même. Ces formations ont une analogie très grande avec celles signalées plus haut dans les genres Tournefortia, Tiaridium et Heliotro- pium. @ Il. Crucifères. La famille des Borraginées n’est pas d’ailleurs la seule à nous offrir des formations calcaires qui puissent se rattacher aux types que nous avons déjà passés en revue : nous en trouverons de 3e sér., tom. 1Y. à 99 MÉMOIRES ORIGINAUX. nombreux exemples dans les groupes des Crucifères, des Compo- sées, de Verbénacées, des Cucurbilacées, etc. Chez un grand nombre de Crucifères, les poils qui hérissent les deux faces de la feuille ont leurs parois recouvertes, à l’in- térieur, de concrétions caïcaires poncluées. Le dépôt de carbonate de chaux revêt ici une de ses formes les plus simples, car il s'effectue dans les poils sans modifier en aucune façon leur forme primitive, et sans s’accompagner jamais d’épaississements cellulo - siques particuliers. Le plus généralement, le poil qui devient le siège de ces for- mations est un poil unicellulaire simple, conique, plus vu moins développé. C’est ce que l’on observe, par exemple, sur les deux faces de la feuille et sur la tige de Sysimbrium officinale Scop., où ils sont assez nombreux et bien développés, ou sur les feuilles et la tige de Diplotaxis erucoides DG., où il sont, au contraire, très réduits et peu développés. Quelquefois les poils calcaires, toujours uaicellulaires, se bifur- quent au sommet, et se terminent alors par deux pointes, dont l’une est toujours plus développée ; des formations de ce genre peuvent s’observer sur les feuilles et surtout sur la lige d’Hesperis matronalis Lam. Souvent encore le poil calcaire peut être un poil en navette, comme chez Arabis Gerardi Besser., Cheiranthus Cheiri L., ou Alyssum maritimum L., ou encore un poil unicellulaire étoilé à trois ou quatre branches, comme chez Erysimum strictum FI., Malcomia africana R. Brown, ou Sinapis arvensis L. En un mot, dans tous les types de Crucifères que j'ai exami- nés à ce point de vue, j'ai toujours trouvé des concrétions cal- caires déposées à l’intérieur de poils présentant leur aspect habituel et nullement modifiés par leur contenu. à III. Composces. Il en est généralement tout autrement chez les autres groupes qui présentent des poils calcaires. Nous avons déjà vu, chez les NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. 99 Borraginées, des modifications plus ou moins profondes dans la forme du poil accompagner le dépôt de carbonate de chaux. Le même fait se constate dans les autres groupes pourvus de ces formations. Dans les Composées, par exemple, les poils calcaires qui se trouvent chez un certain nombre d’espèces peuvent se rattacher à deux types que nous étudierons, l’un chez Cassinia glauca R. Br., l’autre chez Helianthus tuberosus Lin. Les poils calcaires de Cassinia glauca R. Br. nous montrent un développement considérable de l’inscrustation calcaire dans les cellules qui environnent la base du poil. Gomme on peut le voir dans la fig. 15 (PI. VIII), le poil lui-même, très gros et court, ne contient qu’une quantité relativement faible de carbonate de chaux. Les parois ont subi un épaississement considérable, sur- tout dans la partie apicale, qui est le plus souvent tronquée dans les formations adultes. Tout cet épaississement cellulosique est dépourvu de calcaire, et cette substance ne se montre qu’en con- crétions ponctuées dans la cavité, très réduite, du poil. En revan- che, la base de celui-ci est entourée d’une quadruple ou quintu- ple rangée de cellules polygonales, à parois très épaissies, formant un mamelon très saillant au-dessus de l’épiderme, et dont les cavités sont entièrement remplies d’un dépôt cellulosique abon- damment pourvu de calcaire.Tout cet ensemble atteint des dimen- sions assez considérables pour être facilement visible, à l’œil nu, sur la face de la feuille. Il est séparé des cellules épidermiques ordinaires par une rangée d'éléments dépourvus de contenu eal- caire, mais qui ont pris un développement considérable, de façon à devenir trois ou quatre fois plus longs que larges. Sur une feuille jeune, on voit le poil, déjà bien développé, mais à parois encore minces, dont la cavité est occupée par une masse protoplasmatique. À la pointe extrême du poil, un épaississement cellulosique commence à se montrer (fig. 16, PI. VIT), absolument analogue à celui qui se forme dans les poils calcaires des Borra- ginées. La base du poil est entourée de cellules qui, disposées suivant quatre ou cinq zones concentriques, présentent déjà des 94 MÉMOIRES ORIGINAUX. caractères spéciaux ; elles sont, surtout les plus voisines de la base du poil, plus grandes que les autres cellules épidermiques, et pourvues de parois beaucoup plus épaisses. Leur contenu est encore, à ce moment, exclusivement protoplasmatique. Je n’y ai pas encore vu de traces de la zone de grandes cellules allongées qui entourera plus tard la formation. Le dépôt de carbonate de chaux commence, dans le poil, lorsque l’épaississement des parois a atteint son terme. En même temps s’effectue le dépôt de cellu- lose et de calcaire dans les cellules de l’entourage ; ce dépôt com- mence d’abord dans les grandes cellules les plus voisines de la base du poil, pour s’étendre ensuite, de proche en proche, à toutes les autres. Un très abondant dépôt siliceux accompagne ces formations ; ils’effectue d’abord dans la pointe du poil, pour s’étendre ensuite, d’abord aux cellules inscrustées de calcaire, puis à tout l'épi- derme. Les poils cystolithiques d’Aelianthus tuberosus L. sont con- stitués d’une tout autre façon : ilssont formés de trois ou quatre cellules superposées, dont l’inférieure, très déveioppée, est cou- verte, sur ses parois externes comme sur les parois internes, d’abondantes concrétions calcaires. La deuxième cellule est entièrement occupée par une masse cellulosique inscrutée de cal- caire ; la troisième et la quatrième, quand elle existe, sont vides et ne présentent que quelques rares concrétions de carbonate de chaux sur leur paroi interne. Autour de la base du poil, règne une rangée de cellules en rosette qui se remplissent de couches de cellulose mêlées de caleaire. Ces dernières cellules n'arrivent à cet état que dans les feuiles adultes. Sur des organes jeunes, elles sont normales, et le dépôt de carbonate de chaux ne s’y fait que postérieurement à celui qui existe dans le poil. Lorsqu'on fait agir un acide sur l’une de ces formations, on constate une effervescence considérable. Lorsque le dégagement d’acide carbonique a cessé, on voit la cellule basilaire du poil, ainsi que la troisième et la quatrième, entièrement vides. Les cellules en roselte sont occupées par une masse cellulosique NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. 25 dont la structure concentrique est alors bien nettement visible; une masse de même nature remplit la cavité de la seconde cel- lulé du poil; cette masse peut être raltachée par toute sa péri- phérie aux parois de la cellule qui la contient, ou, dans quelques cas, isolée et réunie seulement par un pédicule cellulosique à la paroi de séparation de la cellule supérieure. Ces formations existent seulement à la face supérieure de la feuille. A la face inférieure, on ne trouve que sur le trajet des nervures des poils tricellulaires, dépourvus de cellules en rosette, et dont la cellule inférieure seule est occupée par un faible dé- pôt cellulosique incrusté d’une forte proportion de calcaire ; ce depôt n’est jamais isolé dans la cavité cellulaire, et rattaché aux parois par un simple pédicule. La deuxième cellule du poil peut, dans quelques cas, montrer un contenu de même nature. Ges dernières formations, traitées par un acide, laissent voir une effervescence considérable; après que le dégagement d’acide car- bonique a cessé, on constate que la cavité dela cellule basilaire, et quelquefois celle de la deuxième cellule, ne sont plus occu- pées que par un résidu cellulosique grumeleux très peu apparent. Les poils cystolithiques d'Aelianthus tuberosus se silicifient de bonne heure. Dans la feuille adulte, l’incrustation siliceuse s'étend du poil à toutes les cellules épidermiques. à IV. Verbénacées. La famille des Verbénacées nous offre également des forma- tions calcaires particulières, que nous pouvons étudier chez Ver- bena bonariensis Lin. Les feuilles de cette espèce sont couvertes, tant à la face su- périeure qu'à la face inférieure,de poils de deux sortes : les pre- miers, sur une feuille jeune, se présentent sous l'aspect représenté fig. 28 (PI. VI). Ce sont des poils longs et minces formés aux dépens d’une cellule épidermique, et dont la cavité est occupée par un dépôt de cellulose incrustée de calcaire qui s’avance jus- qu’à l’intérieur du bulbe, qui est séparé du reste du poil par un 26 MÉMOIRES ORIGINAUX. bourrelet formé par un épaississement local, interne, des parois. Ce bulbe ne conserve généralement pas sa position au milieu des cellules épidermiques, mais il est le plus souvent soulevé par ces dernières au-dessus de leur niveau. À mesure que la feuille vieillit, le carbonate de chaux semble se retirer des parties extrêmes du poil, pour s’accumuler vers les parties inférieures. Le support cellulosique qui subsiste se confond alors avec les parois du poil, qui paraît plein dans la partie supérieure, laquelle ne tarde pas d’ailleurs à se résorber, de sorte que, en fin de compte, sur une feuille adulte, le poil se pré- sente sous la forme représentée fig. 29 (PL. VI). À côté de ces formations, s’en trouvent d’autres qui res- semblent plutôt aux poils à cellules en rosette décrits chez les Borraginées. Ces poils, un peu plus développés que les pré- cédents, sont, sur une feuille jeune, pourvus d’un assez abon- dant contenu protoplasmatique (fig. 25, PI. VI). Le dépôt de car- bonate de chaux et de cellulose s’effectue dans ces poils etdans les cellules basilaires, comme nous l’avons vu pour tous les cas pré- cédents; mais ici se produit un fait nouveau : c’est la formation d’une cloison qui divise en deux la cavité du poil, séparant ainsi le bulbe, dont il fait une cellule spéciale (fig. 25, PI. VI). Plus tard la partie supérieure du poil se dégarnit d’abord de carbonate de chaux, puis se résorbe, ne laissant subsister que le bulbe, qui, entouré de cellules en rosette, forme un ensemble ressemblant de très près aux éminences mamillaires de la feuille de Cerinthe aspera Roth. (fig. 27; PI. VI). La paroi extérieure de ces cellules s’épaissit très fortement, de sorte que la cuticule y devient beaucoup plus développée que sur les autres éléments épidermiques. & V. Cucurbitacées. C'est également aux éminences mamillaires de Cerinthe aspera Roth., ou plutôt à celles d’'Omphalodes linifolia Mœnch., dont le développement, nous l'avons vu, est direct, qu’il faut rattacher NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. 27 les formations que nous offrent les feuilles de certaines Gucurbi- tacées. Chez Momordica charantia L. el M. echinata W., par exemple, on voit, sur la face inférieure des feuilles adultes, des formations! constitnées par un certain nombre de cellules épidermiques qui ont subi une augmentation considérable de volume, et qui plon- gent au milieu du parenchyme vert. Dans quelques cas, ces cellules sont au nombre de deux, et alors elles s’accolent par une de leurs faces, qui devient plane, tandis que sur tous les autres points elles conservent leurs contours arrondis ; mais, le plus souvent, elles sont en plus grand nombre, elles se disposent suivant une symétrie rayonnée, et prennent l'aspect de coins quise touchent par leurs sommets. Chacune de ces cellules contient une masse cellulosique à structure concentrique, et incrustée de calcaire, qui vient s’insérer sur la paroi de la cellule, au point où celle-ci est en contact avec les autres éléments du groupe ; cette masse - cystolithique occupe toute la cavité de la cellule mère. Chez Momordica charantia L., où ces formations comprennent toujours un nombre plus considérable de cellules, il arrive le plus souvent que le développement des masses cystolithiques ne se restreint pas uniquement au groupe des cellules mères, mais s'étend, au contraire, aux éléments épidermiques voisins. Il peut ainsi se former, autour du groupe primitif, jusqu'à deux couron- nes complètes de cellules incrustées, telles que M. O. Penzig les représente dass sa fig. 7. PI. I. On peut facilement voir, sur des feuilles très jeunes, comment débute la formation de ces groupes cystolithiques : une cellule épidermique se différencie d’abord, devient beaucoup plus grande que les éléments épidermiques voisins, puis se divise, par une cloison transversale, en deux cellules accolées. Presque toujours, chez Momordica echinata W., et quelquefois chez #. charan- 1 M. O. Penzig a récemment étudié et décrit les formations calcaires de ces deux Cucurbitacées (Sulla presenza di cistoliti in alcun: Cucurbitaceæ. Padova, novembre 1881). Mes propres observations, faites avant que j'eusse connaissance de ce travail, ne diffèrent en rien des résultats annoncés par cet auteur, 28 MÉMOIRES ORIGINAUX. tia L., la division s'arrête là, et le dépôt cellulosique et calcaire commence à s'effectuer ; mais chez la dernière espèce il se pro- duit le plus souvent de nouvelles divisions, par des cloisons transversales partant toutes d’un même point. La cellule mère primitive est alors partagée en un nombre variable de cellules filles qui rayonnent autour d’un centre commun, et qui ont cha- cune des dimensions à peu près égales à celles des autres éléments épidermiques. Le dépôt cystolithique apparaît d’abord comme un épaississement qui grossit bientôt, pour former un prolonge- ment sphérique dans lequel se dépose ensuite le carbonate de chaux. À mesure que cette formation grossit, la cellule épider- mique qui la contient s'accroît également, et refoule devant elle les cellules du mésophylle ; la partie de la cellule ainsi située dans le plan du parenchyme vert est deux ou trois fois plus vo: lumineuse que ia partie supérieure, qui est demeurée dans le plan de l'épiderme, detelle sorte que, lorsqu'on observe ces formations de face, on est tenté de les prendre pour de grosses cellules du mésophylle situées au-dessous de l’épiderme, Cependant, l’exa- men d’une coupe permet de reconnaitre, sans doute possible, leur nature épidermique. Ge n’est qu'après l'entier développement de cette formation qu'apparaissent, chez Momordica charantia L., les cystolithes secondaires placés à la périphérie, et dévelop- pés dans des cellules voisines !. Chez d’autres Cucurbitacées, l’incrustation calcaire se produit d’une tout autre façon : sur l’épiderme supérieur des feuilles de Cucurbita pepo L., par exemple, la formation débute par l’ap- parition d’un poil qui, primitivement unicellulaire, se cloisonne bientôt, pour se diviser en cinq ou six cellules superposées ; la base de ce poil est entouréé d’une couronne de cellules plus grandes que les autres éléments épidermiques, et un peu proéminentes, À mesure que la feuille avance en âge, les parois de ces cellules 1 M..O. Penzig déclare n'avoir pas constaté la présence de la silice dans ces formations ; je suis arrivé au même résultat. Il en est de même pour l'absence . complète de la double réfringence, constatée dans les cystolithes de Momordice, soit inlacts, soit dépouillés de leur carbonate de chaux. NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. 29 s'épaississent un peu, et celles du poil considérablement ; le poil dont il s’agit ici est formé de trois cellules superposées, dont les parois cellulosiques très épaisses, surtout sur les faces supérieure et latérales, ne laissent plus libres que des cavités de forme pyramidale, très réduites: de ces cavités, celle qui cor- respond à la cellule apicale est entièrement libre; celle située immédiatement au-dessous présente sur ses parois quelques granulations calcaires qui deviennent très apparentes et très nombreuses dans la cellule inférieure, dont elles remplissent toute la cavité. Les cellules en rosette qui entourent la base du poil, et qui sont plus visibles sur la fig. 10 (pl. VIII), qui repré- sente un de ces poils vu de face, sont plus grandes que les autres éléments épidermiques ; leurs parois sont plus épaisses, et leur cavité se trouve occupée par un dépôt cellulosique et calcaire assez abondant. Elles sont entourées par une seconde rangée de cellules assez grandes, à parois épaisses, mais dépourvues de contenu. L’épaississement des parois cellulaires, qui précède l’appari- tion du carbonate de chaux, est quelquefois, dans certaines cel- lules du poil, assez considérable pour obstruer complètement toute la cavité cellulaire. On observe souvent des poils tronqués à leur partie supérieure, et qui ne sont plus représentés que par leurs deux ou trois cellules basilaires, dont la cavité peut être complètement ou à peu près complètement remplie. Cette troncature tient, suivant toute probabilité, à ce que les parois cellulosiques, très épaisses dans la partie supérieure des cellules, gardent les dimensions primitives dans la partie infé- rieure, el deviennent, là, plus fragiles et plus faciles à rompre. L'épaississement cellulosique de ces poils etle dépôt de carbo- nate de chaux à leur intérieur s’accompagnent, à l'apparition, d'une certaine quantité de silice dans l'épaisseur des parois. Ge dépôt s'effectue à la base du poil et dans les parois des cellules en roselle. Il s'étend plus lard à toutesles cellules épidermiques, mais le poil lui-même en demeure toujours exempt. Des formations du même genre, mais non entourées de cel- 30 MÉMOIRES ORIGINAUX. lules en rosette, se montrent encore chez Ecbalium elaterium Rich., où elles affectent une forme à peu près analogue : un poil, pris sur une feuille très jeune, est composé de cinq cellules superposées, à parois très minces, et qui ont une taille d'autant plus considérable qu'elles sont plus rapprochées de l’extrémité même du poil. L’épaississement des parois et le dépôt de carbonate de chaux commencent vers la base du poil, soit dans la cellule basilaire même, soit dans la seconde ou même dans la troisième. La cellule terminale ou les cellules terminales, sans épaissir leurs parois, dans l'immense majorité des cas deviennent aussi plus tard le siège d’un abondant dépôt de calcaire qui obstrue entièrement leur cavité. Ici, comme dans l'espèce précédente, la silice se montre d’abord dans la base du poil, pour s’étendre ensuite aux cellules épidermiques environnantes ; le poil lui-même n’est jamais sili- cifié. CHAPITRE IV. RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS DE LA PREMIÈRE PARTIE. De l’ensemble des faits exposés dans les chapitres précédents, se dégage une conclusion qui a, jusqu’à présent, échappé aux observateurs : c’est qu’il existe entre les cystolithes proprement dits et les autres formes sous lesquelles se présentent les con- crétions calcaires dans les tissus végétaux, une relation morpho- logique évidente, et que nous pouvons établir dans tous ses dé- tails. Le carbonate de chaux, absorbé par le végétal à l’état de bi- carbonate soluble, se décompose à mesure qu’il pénètre dans le corps de la plante, et, perdant une molécule d’acide carbonique, se dépose, à l’état de carbonate insoluble,dans toutes les parties traversées par la dissolution, et notamment dans les vaisseaux du cœur du bois et dans les autres points où les cellules, mon- trantles mêmes propriétés physiques et chimiques que le cœur NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. 31 du bois, possèdent également une grande conductibilité pour l’eau et les substances qu’elle tient en dissolution . Les condi- tions de ce phénomène ont été étudiées avec détail par M. De- herain ?, qui a établi que la décomposition du bicarbonate de chaux et le dépôt du carbonate insoluble qui en résulte doi- vent atteindre leur maximum d'intensité dans la région corticale de la tige, et surtout dans les organes appendiculaires, où l'éva- poration estle plus active. On constate en effet que ces parties sont toujours les plus riches en carbonate de chaux et en silice, et que la quantité de ces substances contenue dans un organe augmente toujours avec l’âge, tandis que diminuent les combinai- sons phosphorées, de sorte quele carbonate de chaux constitue, à lui seul, la majeure partie des matériaux des cendres de la géné- ralité des plantes ou de leurs organes qui ont parcouru le cercle de la végétation *. De toutes les parties du végétal, celle où l’évaporation s'exerce - avec toute son activité est l’épiderme de la tige et surtout celui des organes appendiculaires. Aussi devons-nous nous attendre à rencontrer en ce point les dépôts les plus abondants et les plus intéressants de carbonate de chaux; c’est d’ailleurs de ces der- niers seulement, et même d’une partie de ces derniers,que j'ai eu l'intention de m'occuper dans ce travail. La uatière calcaire déposée dans les parties épidermiques peut, lorsqu'elle est très abondante, former sur toute la surface de l’épiderme une couche continue, interrompue seulement au niveau des stomates. C’est ce qui arrive chez un grand nombre 4 Voir à ce sujet: Hans Molisch,; Ueber die Ablagerung von Kohlensaurem Kalk im Siammne dicotyler Holzgewächse (Du dépôt de carbonate de chaux dans la tige des végétaux dicotylédonés). (Sitzungsberichte der Kais. Akad. der Wis- senschaften, 1881, juin-juillet, pag. 7, 28.) 2 Deherain; Sur l'assimilation des substances minérales par les plantes. (Ann. des Sc. Nat., Bot., 5e sér., vol. 8, pag. 205.) $ L. Garreau; Recherches sur la distribution des malières minérales fites dans les divers organes des plantes. (Ann. des Sc. Nat., Bot., 4e sér., vol. XIII, pag. 145, 1860.) Malagutti et Durocher ; Recherches sur la répartition des élé- ments inorganiques dans les principales familles du régne végétal. (Ann. des Sc. Nat., Bot., 4e sér., vol. 1X, pag. 222, 1858.) 32 MÉMOIRES ORIGINAUX. de Saxifrages et de Statices ". Mais, le plus souvent, le dépôt ne s'effectue qu’en des points déterminés, soit au niveau des extré- mités terminales des faisceaux, soil à la surface de cellules spé- ciales, qui prennent une disposition particulière et forment une sorte de glande sécrétant une véritable écaille calcaire qui vient recouvrir une partie de l'épiderme. Ces formations, fréquentes chez les Plombaginées, et que j'ai étudiées surtout chez Statice rosea Smith., se composent d’un groupe de quatre ou cinq cel- lules abondamment pourvues de protoplasma et profordément enfoncées au-dessous du niveau des autres éléments épidermi- ques, de sorte qu'elles paraissent placées au fond d'une pro- fonde excavation circulaire; les cellules qui les constituent dif- fèrent des cellules épidermiques ordinaires, non seulement par leur position et leur contenu, mais encore par leurs parois plus minces, surtout à la partie supérieure, qui est dépourvue de cu- ticule; cetts dernière formation est, au contraire, très épaisse sur le reste de l’épiderme. Dans la feuille très jeune, ces formations se montrent bien constituées, mais encore dépourvues de carbo- nate de chaux; celte dernière substance n’apparaît qu’un peu plus tard, d’abord au fond de la cavité, en contact immédiatavec les cellules sécrétantes ; elle arrive ensuite peu à peu à remplir d'abord la cavité tout entière, puis à en dépasser les bords, et à s'étendre sur les parties environnantes de l’épiderme en débor- dant de tous côtés, un peu comme la tête d’un clou. Examinées en coupe, ces formations se montrent conslituées par des cou- ches successives de carbonate de chaux; leur action sur la lu- mière polarisée indique qu'elles sont formées de très petits cris- taux ?, 1 Je ne m'occupe pas ici du dépôt calcaire qui s'effectue à la surface des or- ganes des plantes aquatiques, dépôt qui, selon toute p:obabilté, reconnaît une origine différente et provient de la décomposition, par suite d’un phénomène vital, du bicarbonate de chaux dissous dans l'eau ambiante. 2 J'ai, tout récemment, retrouvé les mêmes formations dans deux espèces de la famille des Globulariées, Corradoria incanescens DC., et Globularia ihcifolia Willk. Dans cette dernière espèce, elles sont mélangées, sur les deux épidermes NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. 33 Cependant, lorsque l'incrustation calcaire de l’épiderme s’ef- fectue ainsi en des points spéciaux, son lieu d'élection le plus fréquent est celui où la paroi extérienre d’une cellule se déve- loppe en un poil. On comprend d’ailleurs fort bien comment, la paroi des poils offrant une surface d’évaporation très développée, le dépôt des concrétions calcaires s’effectue plus particulièrement dans ces organes, lorsqu'ils existent. Nous avons vu ce fait se produire dans toute sa simplicité chez les Crucifères, où le poil, conservant sa forme primitive, conique, en navette, bifurquée ou trifurquée, se couvre, sur sa paroi interne, de concrétions ponc- tuées exclusivement formées de carbonate de chaux; quelques Borragicées, comme Cynoglossum pictum Aït., et Omphalodes linifolia Mœnch., sont pourvues de poils de même nature. Mais le plus souvent le dépôt de carbonate de chaux, dans les poils, exerce une influence plus ou moins profonde sur le déve. loppement et la forme de ces organes, influence qui se traduit d’abord par l'apparition d’un dépôt cellulosique qui accompa- gne le dépôt calcaire et souvent, plus tard, par une tendance à la résorplion de toute la partie externe de la formation ainsi consti- tuée. Nous pouvons, en reprenant rapidement les diverses for- mes qui ont été examinées dans les précédents chapitres, voir les diverses manifestations de cétte influence et nous expliquer, en tenant compte de ces deux processus, la constitution de dé- pôts aussi complexes que les cystolithes ou les formations calcai- res de certaines Borraginées, Cucurbitacées et Verbénacées. Certaines Borraginées, telles que Cynoglossum cheirifolium L., C. furcatum Wallich, nous ont montré une première manifes- tation de celte tendance; les poils qui couvrent les deux faces de leurs feuilles présentent d’abord de fines granulations calcaires déposées sur leur paroi interne, puis à la pointe du poil s’eftec- tue un dépôt de cellulose qui, gagnant de plus en plus vers la base, par l’adjonction de nouvelles couches concentriques, s’in- do de la feuiile, aux glandes caractéristiques des globulaires ; elles existent seules, et en plus grand nombre, dans la première espèce, 34 MÉMOIRES ORIGINAUX. cruste de carbonate de chaux et finit par obstruer à peu près en- tièrement la cavité du trichome. Les faits se passent absolument de la même façon dans les poils du calice de Myosotis sylvatica Ehrh., dans ceux de la tige et de la face inférieure des feuilles de Lithospermum fruticosum L., et dans les poils que l’on ren- contre en même temps que les cystolithes sur les feuilles de Pa- riétaire. C’est dans les poils de cette nature qu’il faut voir le point de départ de toutes les formations étudiées dans ce travail, forma- tions qui pourront varier dans leur aspect et dans leur constitu- tion, suivant que le poil primitif, obéissant à des influences di- verses, se sera différencié dans tel sens déterminé. Nous avons vu que la différenciation la plus fréquente, chez les Borraginées, consiste en l'apparition, autour de la base du poil, d’une rosette de cellules qui deviennent elles-mêmes le siège d’un dépôt plus ou moins abondant de cellulose disposé en couches concentriques et incrusté de carbonats de chaux. Cette roselte de cellules peut se disposer à la base de poils pourvus seulement de ponctuations calcaires ou de poils dont l’incrusta- tion calcaire s’est effectuée dans un support cellulosique spécial. Des exemples du premier cas nous ont été offerts par les forma- tions de la face supérieure de la feuille de Lithospermum fruti- cosum L.; déjà, sur la tige de Myosotis sylvatica Erhr., nous avions vu des poils à ponctuations calcaires entourés, à la base, d’une rosette de petites cellules arrondies, nettement distinctes des autres éléments épidermiques, mais non incrustées de carbo- nate de chaux; cette différenciation des cellules qui entourent la base du poil existe aussi, mais moins accusée encore, sur les feuilles de Cynoglossum pictum Ait.; c'était un premier acheminement vers les formations de Lithospermum fruticosum. Dans les feuilles de Myosotis sylvatica Ehrh., Lithospermum arvense L., L. purpureo-ceruleum L., Anchusa officinalis L,, A. paniculata Ait., Symphytum Tauricum Wild., l’incrusta, tion calcaire des cellules en rosette s’est, au contraire, effectuée autour de la base des poils pourvus d’un dépôt cellulosique éga- NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES, 35 lement incrusté. Le phénomene est encore à son débat chez Myosotis sylvatica, où les cellules en rosette, quelquefois dépour- vues de contenu, ne sont jamais occupées que par un très faible dépôt. Dans les autres types, l’incrustation s'étend le plus sou- vent aux deux tiers au moins de la cavité cellulaire. Dans tous les cas où il a été possible de suivre le développe- ment de ces formations, nous avons vu le poil, d’abord à parois minces et pourvu d’un contenu protoplasmatique abondant, se couvrir de ponctuations calcaires, à partir de son sommet; puis, dans les types du second groupe, un dépôt cellulosique s’est effectué d’abord à la pointe, pour s'étendre ensuite progressive- ment jusqu’à la base; ce n’est que plus tard, et en tout dernier lieu, que l’incrustation calcaire apparaissait dans les cellules en roselte; de tellesorteque le poil de Symphytum Tauricum Willd., par exemple, avant de revêtir son aspect définitif, passe succes- sivement par des états rappelant les poils plus simples de Cyno- . glossum pictum Ait., puis de Cynoglossum cheirifolium L. Nous devons rappeler ici que l’épiderme des Cellis est pourvu, outre les cystolithes, de poils calcaires analogues à ceux que nous venons de signaler et dont le développement est identique- ment le même. La différenciation peut cependant ne pas s’arrêter là, et nous avons passé en revue plusieurs modifications intéressantes de la forme précédente : c’est ainsi que nous avons pu voir l’incrusta- tion calcaire s'étendre, chez Echium vulgare L., E. cynoglos- soides Desf., Symphytum asperrimum Bbrst., non plus à une, mais à deux rangées de cellules en rosette. Cette tendance atteint son maximum chez certaines Composées, Cassinia glauca R. Br., par exemple, où la rosette se compose de quatre ou cinq rangées de cellules. Ici encore, la suite du développement nous montre des élals successifs qui rappellent ceux précédemment passés en revue. L’incrustation se montre d’abord dans le poil, et ce n’est que lorsqu'elle y est complète que le dépôt de cel- lulose et de calcaire envahit d’abord la première rangée de cellules en rosette, puis les suivantes. 36 MÉMOIRES ORIGINAUX. Dans d’autres cas, le poil cystolithique, entouré d’une ou de deux rangées de cellules en rosette, peut obéir à la tendance qui a été signalée déjà comme fréquente dans ces sortes de forma- tions, la tendance à la résorption. C'est ainsi que, chez Cerinthe minor L. et C. aspera Rot!., un poil entouré d'une ou deux rangées de cellules en rosette se résorbe dans la feuille adulte et se réduit à uve cellule centrale incrustée de calcaire. Des éminences mamillaires du même genre se retrouvent, nous l'avons vu, chez Verbena bonariensis L. et ont une origine semblable. On peut, suivant toute probabilité, rattacher au même ordre de formations les éminences mamillaires de la feuille d'Ompha- lodes linifolia Mœnch, qui, à l’état adulle, ressemblent entière- ment à celles de Cerinthe. Mais ici le développement n’est plus le même : ln y a plus de poil primitif et la cellule centrale pro- vient directement de la différenciation d'une cellule épidermique; il faut, je crois, voir là une abréviation du développement, quel- que chose d'analogue à ce qui se passe pour les cystolithes des Urticinées, dont les uns se développent aux dépens d’un poil, et les autres, par abréviation de leurs stades formatifs, aux dépens d’une simple cellule épidermique. L’épaississement de la paroi externe de la cellule centrale se- rait ici le dernier vestige de cette formation trichomatique. Nous avons vu que, dans un certain nombre de cas, la cellule centrale pouvait même se diviser par une cloison transversale, et ce fait nous conduit, par une transition naturelle, aux groupes épider- miques spéciaux que présente la surface inférieure de la feuille chez certaines Cucurbitacées (Momordica). Très simples chez Ho- mordica echinata W., où ils sont formés uniquement, le plus souvent, par la division en deux d’une cellule mère primitive, ces groupes acquièrent, chez M. Charantia L., une complexité plus grande : la cellule se divise en plus grand nombre de fois, et s’entoure d’une rosette de cellules quelquefois double. Nous venons de rappeler les différenciations que peut subir le poil simple, calcaire, entouré à la base d’une rosette de cellules NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. 37 également calcaires. Il faut encore rappeler que, dans certains cas, le poil qui estle point de départ de cette formation peut être pluricellulaire. Deux formes bien distinctes peuvent alors se présenter : celle que nous avons étudiée chez Heliantus annuus L. et H. tuberosus L., et celle des Gucurbilacées : Cucurbita pepo L., par exemple. Dans le premier cas, l’incrustation calcaire du poil pluricellu- laire suit à peu de chose près la même marche que celle du poil unicellulaire ; dans la cellule basilaire, elle se manifeste sous forme de concrétions ponctuées, qui disparaissent entièrement par les acides. Dans la seconde, les concrétions se déposent dans une masse cellulosique stratifiée, qui remplit entièrementla cavité cellulaire et peut adhérer aux parois par toute sa surface, el res- sembler alors à la masse cellulosique de la plupart des poils de Borraginées, où par un point seulement, et constituer alors un véritable cystholithe. Dans le second cas, la marche de l’incrustation est sensible- ment différente; la présence du carbonate de chaux détermine toujours l'accumulation dans le poil d’une quantité assez consi- dérable de cellulose ; mais cette accumulation se manifeste alors par l’épaississement des parois ; la malière calcaire n’est plus mêlée aux assises de cellulose, mais déposée seulement dans les cavités cellulaires très réduites. Rappelons enfin que, chez Ecba- lium elaterium Rich., des poils semblables existent, mais non entourés d’une rosette de cellules basilaires. Toutes les formations que nous venons de passer en revue se rattachent directement ou indirectement à une forme primitive, le poil simple, à cavité occupée par un dépôt cellulosique incrusté de carbonate de chaux, tel que nous l’aons vu chez Lithosper- mum fruticosum L., Cynoglossum cheirifolium L., C. furca- tum Wallich, etc. Mais cette fo-me primitive elle-même peut devenir l’origine de toute une autre série de différentiations, si elle obéit, dès le début, à la tendance à la résorption, que nous avons déjà vue se manifester dans plusieurs cas. Les concrétions calcaires d'Ulmus campestris L., et une partie 3e sér., tom. mr. 3 38 MÉMOIRES ORIGINAUX. de celles de Verbena bonariensis L. en sont un exemple. Sur les feuilles d'Ulmas, les poils cystoiithiques ont, à l’origine, une ca vilé assez vaste, occupée en grande partie par une masse cellu- losique incruslée de carbonate de chaux. Plus tard, les parois du poil s’épaississent, et la cavité ce restreint, jusqu'à ne plus occu- per que la moitié inferieure du poil; la portion supérieure de celui-ci peut alors se détruire, et il ne subsiste qu'uue formation toute particulière, qui peut même subir une nouvelle résorption el perdre alors toute trace de son origine trichomatique. Nous avons vu un phénomène du même ordre intervenir, pour modi- fier l'aspect des poils de Verbena bonariensis L. Mais, le plus souvent, la résorption suit une marche plus régu- lire, el, dans ce cas, la masse cystolithique, au lieu de remplir exactement la caviié du poil, n'en occupe qu'une portion et se faconre en un corps généralement globuleux, relié aux parois, soit par une large surface, soit par un pédicule plus ou moins étroit. La première manifestation de cette tendance se montre chez quelques Borraginées : Symphytum asperrimum Bbrat. (face inférieure de la feuille), Heliotropium Peruvianum L. Les poils, qui, à l’état jeune, se rapportent entièrement au type pri- mitif, subissent ensuite un commencement de résorption, et leur contesu commence à se façonner en un cystolithe. Chez quelques autres Borraginées (Heliotropiwum Europeum L., Tiaridium In- dicum L., Tournefortia heliotropioides Hook.), la résorption va un peu plus loin, et quelquefois même le poil primitif peut ne plus laisser de traces extérieures. Un cystolithe véritable s’est alors constitué. De même, dans le groupe des Urticacées, quelques types (Artocarpus, Broussonetia), portent des poils qui ne subissent qu’un commencement de résorption, el s'arrêtent au même point que ceux de Symphytum et d'Heliotropium. Mais, le plus souvent, la résorption est complète ; chez les Morus, Cannabis, Humulus, enfin chez Ficus carica L., le poil primitif disparaît presque toujours dans la feuille adulte, qui ne porte que des cystolithes bien développés. NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. 39 Comme on l’a vu précédemment, il m'a été possible de voir sur quelques types spéciaux comment, par suite d'une abréviation successive du développement, le poil primitif s’est réduit de plus en plus, comment son existence est, en même temps, devenue de plus en plus courte, et comment enfin il finit par disparaître complètement. L'étude de types tels que Ficus repens Willd. Rox., Celtis australis L., C. occidentalis L., Bæhmeria niveaH., B. utilis H., Forskohlea angustifolia Retz., nous a permis de suivre pas à pas cette réduction, et de comprendre comment ou peut ratta- cher aux formations précédentes les cyslolitaes de Ficus elastica Roxb., F. macrophylla Desf., F. rubiginosa Desf., Parietaria et Urtica, qui se développent aux dépens d’un épaississement de la paroi supérieure d’une cellule épidermique, sans que, à aucune période de leur évolution, on puisse saisir rien qui ressemble à un poil”. | { Il faut rappeler ici que Schleiden, loc. cit., I, pag. 529, avait déjà signal. l'analogie qui existe entre les cystolithes et les poils calcaires des Borraginéesé Les poils de Ficus carica L., qu’il considérait cependant comme des formations spéciales, et non comme les formes primitives des cystolithes, et ceux de Brous- sonetia lui servaient d’ailleurs de termes de transition, et il concluait en disant que les cystolithes pouvaient être considérés comme des poils urticants, dont la base seule se serait développée, et dans lesquels la sécrétion se serait modifiée, de manière à fournir un dépôt de carbonate de chaux. Cette idée n'a cependant pas été admise par les auteurs suivants, qui se sont appuyés surtout, pour la eombattre, sur la présence des cystolithes dans tous les tissus des Acanthacées ; Schacht, par exemple, s'appuie sur ce dernier fait, et avoue que, pour les cys- tolithes épidermiques, cette opinion ne pourrait pas rencontrer de grandes objec- tions. Weddel mentionne également cette opinion de Schleiden et s’appuie sur les mêmes motifs pour la repouser. Enfin, K. Richter, après avoir constaté que les masses contenues dans les poils de Broussonetia et de Ficus carica L. possè- dent une structure entièrement analogue à celle des cystolithes et peuvent leur être identifiées, compare ces poils à ceux des Borraginées et affirme que, dans ces derniers, le carbonate de chaux n'est pas déposé dans une masse fondamene tale organique, mais simplement accumulé à l'intérieur du poil, qui demeure catièrement vide après l’action d’un acide. Richter ne dit pas sur quelles Borra- ginées a porté son examen; mais nous avons vu que, si les faits avancés par lui sont exacts pour quelques-uns des membres de cette famille, il en est d'autres fort nombreux qui présentent, non seulement une masse organique servant de support au carbonate de chaux, mais même des cystolithes véritables, Quant à la 40 MÉMOIRES ORIGINAUX. Peut-on rattacher aux cystolithes dont nous venons de parler ceux des Procridées et des Acanthacées? Bien que ce soient là des formations qui, au point de vue de la constitution chimique et de l’arrangement relatif des parties qui les constituent, ont avec les précédertes des relalions étroites, nous avons cependant conslaté entre ces deux groupes de cystolithes des différences considérables et qui font hésiter lorsqu'on songe à les rappro- cher. Nous avons vu que les cystolithes des Procridées et des Acan- thacées se trouvent en abondance dans tous les tissus (la portion ligneuse des faisceaux fibro-vasculaires exceptée), tandis que ceux des Urticées sont exclusivement limités à l’épiderme. Leur forme extérieure diffère complétement, ainsi que leurs relations avec le pédicule et les parois de la cellule cystolithique. Les différences ne sont pas moins grandes dans leur structure intime, et nous avons vu que, si les stries concentriques ont, dans les deux cas, la même signification, il en est tout autrement pour les stries radiales, qui représentent, dans un cas, des points où la substance cellulosique est moins dense, et, dans l’autre, des points où il s’est produit une interruption de matière organique. Les cystolithes des Urticées ont leur masse organique formée de cellulose mêlée à une substance gommeuse, avec un léger dé- pôt siliceux, tandis qu’on ne trouve ni gomme ni silice dans les cystolithes des Acanthacées. À loules ces différences, il faut en ajouter une dernière, qui est peut-être la plus importante: l’action des cystolithes sur la lumière po:arisée n’est pas la même suivant que l’on s'adresse à une Acanthacée ou à une Urticée. Tandis que, dans le premier cas, on constate des phénomènes très nets de polarisation lamel- laire, rien de semblable re se produit dans le second. D’au- tre part, chez les Acanthacées, au phénomène de polarisation position des cystolithes des Acanthacées dans tous les tissus, c’est une objection qui ne peut nous arrêter, puisque les nombreuses différences qui existent entre ces corps et les cystolithes des Urticinées permettent de les considérer comme des formations entièrement distinctes à tous les points de vue. NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. Ai lamellaire s’en ajoute un autre dù à l’état cristallin du carbonate de chaux, tandis que l’incrustation calcaire des cystolithes d’Ur- ticées, n’agissant pas sur la lumière polarisée, doit être considé- rée comme déposée à l’état amorphe. Je montrerai d’ailleurs, dans la seconde partie de ce travail, que des différences non moins tranchées existent entre ces deux groupes de formations au point de vue physiologique. Il me paraît donc, quant à présent, impossible de placer les cystolithes des Acanthacées (comme ceux des Procridées) à côté des cystolithes des Urticées, et je crois plus juste de les considé- rer comme des formations spéciales qui peuvent n’avoir avec les précédentes aucune communauté d’origine, et dont la significa- tion morphologique est toute différente. Le tableau suivant, qui comprend les diverses formes de cys- tolithes et de poils cystolithiques, résume les considérations qui précèdent : MEMOIRES ORIGINAUX, 42 (unsoo -Un4] wnwuodsoy117) ‘XNPU9 9p eJeu0q -189 OP So9NIDUt 97195 -01 U9 S9]N[[99 9p S91N0) =U9 “SOIUIIRO SU0170n1 -ou0d ® sajduus sloq (‘vouyvarñs S20S0/Jy 0p BI) XNBU9 9p "{IUO 4Pp S09) -SNJ9SUT UOU 97J9S01 ua ‘INI199 9p 2SE4 CI 8 Sain0) -U9 ‘SOJIPOIEO SUOt70N1 -Ju0d ® sejdus s1i0q4 (unY0q94) *SoJre[n|[901nd ‘a)J0S0I u9 Se] -N[[99 SUBS “9119 -189 39 onbisomnI -199 30d9p un aed 99dn990 9J1AB9 e ‘salssiedo sou % sioJed ® SII04 —.". <> spectres mp ‘(snysuvuye) (ytqunon)) | *SOIPINI[89 nd sreu ‘rte -[89 39 onbisoqu] -189 30d9p 8 ‘eyes -OI U9 Se[N[[99 9P sainoqua SII04 (ours 0) *S9[N[199 9p S99SUBI SANAIS -njd ep oowuor 9)39S01 ® SII0d (unwuausd -$0 wnjhyduñs — ‘S9p105S076ou -f9 4 — ‘ou06 INA WNn1Y27) ‘9]19S0O4U o1qnop & SII04 ("voipuowopy) ‘soxe/duo0o snjd nod un Ssogieiitu -BW SOJUSUTU (‘sepoyoydup) (‘woddojsa9p np uolJeIAgUe Jed) 11od un p uoried -de 1 p S89p99oud uou ‘ SOJIPI[IU -BUI SOOUOUIU (°QuoA--"yrur10)) *SOJIP[TLUI BU SJOUQUIU9 Ssap JAUHIOJ ANOd pie] snjd jueqiosou as sie ‘syu9po9aud Se] onb eosnjeu 2WQUI 9p S[I04 COPYIUDo y) t °* ad) | (anfians — ) (wouun) (‘douoou — ) (Drauvparung) (vousnpe sno1y) ns ; ‘SIPJA : Sou1l1078Â9 : UD “rl (ououymg| (suodou snny) *JlE[N[[09 104184 ef ap auJ91xe juoweddof -9A9P Un p 99p9991d 359 uor -Aedde ju0op ‘euy1075Â7 | (°DIIUDI SNJ “SNAOJY ‘siqu'u -UD)--"Wnido110727--"Wnip LIDIL — ‘DJ40/ouU4n0]) ‘eu}1[0}SÂ9 UN JOUWMUOJ Juod ‘juowmougrue quequos -91 0$ SIPUI ‘SJUAPYIQUA Se] anb eunyeu eue ep sI04 | | "50129—-"WnounDz un fyduñs — *DID)] USNYIUF —"UNI1N499=094 -Nndund 7 — ‘osuoain wnwuods OV — ‘vouvahs suyosoÂgt) —————_———__— *S29)SOUT A 1ueuee59 ‘9)j9S0I U9 Sono : op Sinon 79 ‘aJrtoeo 8 anbrs -0u1199 30d9p e ‘serduis s110q es ee (DI4D)01:04 (snduvooquy “ruafis -fidod vauossnoig — ‘wunu -D1AN424 WNIdouJoOIH — “unuwrisodso uniiyduñs) “aja]dtwuo9 @) & SuIOu no snjd uorduosgi D eun pie snjd iuessiqns inb Sem ‘J189P9 Jo enbisomn] +189 30d9p 8 ‘sorduis syioq A — ‘DIvahs SuYosSOÂy 9D 9909 — wunyvounf ‘uRQ — ‘wnyo/rurayo wunssoybouñ} —- ‘wnsoornil wnwuudsoyn7) ER Re SR ‘XNEU9 9p 9JPU0q1E9 9p 97SNJ9SUt anbisO[NI[89 10d9p un aed o9dn900 oyraro © ts Sao[duriS SJ0a Cunuojrur (sapoyoydup) wnssorbouñn — ‘wunjoid unssopbouñn — *sa49/19n419) RD ‘SO189]89 SUOHIOU09 9p S9JISANO9 S1o1& e SOUS SJI04 (DUIQUIA —"sNWN) “ejeroods uornewuio} aun Jauuop anod ‘paeysnidjins79p es adnenodns onded ®[ JUOP SIBUI ‘OUIP9]R0 39 onbrsomni18930d9p e ‘SajduiS SII04 NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. 43 DEUXIÈME PARTIE ÉTUDE PHYSIOLOGIQUE. CHAPITRE PREMIER. CONDITIONS DE DÉVELOPPEMENT. @ [. Détail des Erpériences. Si la constitution et la signification morphologique des cysto- lthes ont fixé l'attention d’un nombre relativement considérable d'observateurs, il est loin d’en être de même pour leur rôle phy- siologique. Weddel seul en parle, pour émettre une supposition qu'aucun fait ne vient appuyer. __ « Quant au rôle des cystolithes considérés dans leur ensemble, dit-il!, il est difficile de le déterminer avec précision. Si cepen- dant on a égard à leur situation, à l’époque où ils acquièrent leur entier développement (le moment de la chute des feuilles ?}, et enfin à leur composition, on est amené à les regarder plutôt comme un genre d'excrétion que comme une sécrétion utile à quelqu’une des fonctions du végétal. Sous ce rapport, les cysto- lithes peuvent donc fort bien être assimilés aux autres matières minérales que l’on rencontre dans les cellules végétales, et en particulier à l'élat de cristaux. On sait que Link à comparé ces derniers aux calculs que l’on rencontre chez les animaux ; mais l’analogie entre certains de ces calculs et les cystolithes me paraît être bien plus remarquable. » Tous les autres auteurs qui se sont occupés des cystolithes paraissent avoir adopté ces conclusions, car aucun d’eux ne re- 1 Sur Les cyst., etc., Ann. des Sc. Nat., Bot., 4e sér., vol. Il, pag. 271, 2 Ce dernier fait n'est rigoureusement exact que pour les cystolithes d'Acan- thacées. ,, 44 MÉMOIRES ORIGINAUX. vient sur ce sujet, et ils laissent tous dans l’obscurité ce côté de la question. On s'accorde d’ailleurs généralement à admettre que la pré- sence du carbonate de chaux dans les cendres des végétaux est uniquement due à un entraînement mécanique et qu’elle résulte du dépôt des bicarbonates, qui passent à l’état de carbonates in- solubles par évaporation d’un équivalent d’acide carbonique. Et en effet, la chaux se trouve accumulée dans les tissus végétaux là surtout où l’évaporation s'effectue avec le plus d'intensité. Cependant, il paraît difficile qu’on puisse s’en tenir exclusive- ment à cette théorie, qui tendrait à faire considérer le carbonate de chaux comme un corps inerte, entraîné mécaniquement dans le corps de la plante, et, partant, sans aucune utilité dans l’ac- complissement de ses fonctions. En ce qui concerne spécialement les cystholithes, il paraissait d'abord assez peu satisfaisant pour l'esprit qu’une substance éli- minée par le végétal et destinée à ne plus jouer aucun rôle dans sa vie affectât des dispositions si complexes et en même temps si constantes. D'ailleurs un certain nombre de faits d’observa- tion semblaient montrer des variations assez fortes dans la quantité de carbonate de chaux contenue dans les cystolithes : des feuilles de Ficus elastica Roxb., malades, ne contenaient plus de traces de matière calcaire ; cette matière diminuait considéra- blement dans des feuilles étiolées, etc. Ces remarques m'ont conduit à examiner l’iafluence de l’étio- lement de la feuille sur la quantité de carbonate de chaux que contiennent les cystolithes ; les résultats de cet examen sont ex- posés dans un des chapitres suivants. D'autre part, il m’a paru intéressant d'examiner comment s’effec'uait la première apparition des cystolithes dans les semis, et quelle influence pourrait exercer sur leur développement la constitution du sol sur lequel la graine se développeraitl. Toutes les plantes à cystolithes possèdent dans leurs graines des ré- serves calcaires plus ou moins abondantes (accumulées sous forme de phosphate de chaux), et il pouvait être intéressant de NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES,. 45 constater si, le cas échéant, ces réserves pourraient contribuer à fournir les matériaux indispensables pour l’édification des cysto- lithes. Mes recherches ont donc porté sur deux points : 1. L'apparition des cystolithes äans les semis et l’influence de la composition du sol sur leur développement font l’objet du présent chapitre. 2. La résorption des cystolithes dans les feuilles étiolées est étuciée dans le chapitre suivant. Dans ma première série d'expériences, je mettais à germer une quantité déterminée de graines dans des pots recouverts d’une cloche, pour éviter l'accès des poussières atmosnhériques, et qui recevaient à des intervalles réguliers ane même quantité d’eau distillée. Les pots contenaient, soit de la terre ordinaire, soit de la silice pure (quartz pulvérisé, calciné, et lavé à l’acids chlorhy- drique), soit du carbonate de chaux ou du sulfate de chaux. 1° Expérience. — Le 29 novembre 1882, 30 graines d’Urtica Dodartii L. sont mises à germer : 10 sur de la silice pure, 10 sur du carbonate de chaux, 10 sur de la terre ordinaire. Une graine de même nature, examinée avant la germination, présente les caractères suivants : L’assise externe des enveloppes séminales, constituée par une rangée de grandes cellules prismatiques, contient un nombre assez considérable de mâcles d’oxalate de chaux. L’embryon est entouré par un albumen dont les grandes cellules polygonales sont gorgées de grains d’aleurone. Les cotylédons et l’axe de l'embryon sont eux-mêmes pourvus d’une quantité considérable de réserves aleuriques. Tous ces grains d’aleurone, dont les plus gros se trouvent dans l’albumen (où ils atteignent un diamètre de 0"%,005), et les plus petits dans les cellules épidermiques des cotylédons et les parties centrales de l'axe (où leur diamôtre ne dépasse guère 0"",0015 à 0°”,002), manifestent les réactions caractéristiques des forma- tions aleuriques : en parties solubles dans l’eau, ils se dissolvent 46 MÉMOIRES ORIGINAUX. entièrement dans la potasse ; les réactifs iodés les colorent en jaune roux, et le réactif de Millon en rouge brique. Si on les examine dans la glycérine chaude, ou après traitement par le bichlorure de mercure, on peut distinguer à l’intérieur de chacun d’eux un cristalloïde prismatique et un globoïde arrondi. Cette structure peut encore très aisément être mise en évidence par le procédé employé par M. A. Gris : l’eau sucrée iodée colore en effet en jaune roux la masse du grain, qui prend une forme polyé- drique, tandis que le globoïde s’isole, au sommet du grain, sous forme d’un globule incolore. Ces graines renferment donc une certaine quant té de chaux, qui se présente à l’état d’oxalate dans les enveloppes, à l’état de phosphate copulé dans les grains d’aleurone (globoïdes). Le 5 décembre, toutes les graines ont émis leurs radicules, qui atteignent une longueur de 4 à 6 ©. Il n’y a pas de différences extérieures à noter dans l’état des graines des trois lots. Une graine est prise dans chaque lat et soumise à un examen plus détaillé : Dans celle du 1° lot (silice pure), dont la radicule mesure 6 **, les cellules du parenchyme endospermique, dépourvues de leur contenu aleurique, ne présentent plus qu'une utricule azo- tée rétractée, enveloppant quelques granulations graisseuses.Par suite de l’accroissement des cotylédons, ces cellules ont été com- primées latéralement, et l'épaisseur de l’albumen a considérable- ment diminué. Dans les cellules du parenchyimne cotylédonaire, la gangue granuleuse, de nature graisseuse, soluble dans l’éther, et colorée en blanc bleuâtre parle chloro-iodure de zinc, qui entoure les grains d’eleurone, est beaucoup plus considérable qu'avant la germination. Les grains aleuriques, au contraire, sont entièrement déformés : le cristalloïde et le globoïde se sont séparés, et même dans un très grand nombre de cas ce dernier a disparu. Le corps du grain à le plus souvent pris une forme cristalline ou irrégulièrement mamelonnée. Dans toutes les cellules de l’épi - derme supérieur, et seulement dans ces cellules, ont apparu de nombreux grains d’amidon composés ; vers la base des cotylé- NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES, 47 dons, ce dépôt amylacé s’est également produit dans l'épiderme inférieur, et même, cà et là, dans que:ques cellules du paren- chyme. L’épiderme est d’ailleurs encure parfaitement clos et ne présente aucune trace d’orifices stomatiques, même en forma- tion. La destruction des grains d’aleurone est plus avancée dans l'hypocotyle que dans les cotylédons ; presque tous les globoïdes ont disparu ; chacune des cellules du parenchyme renferme plu- sieurs grains d'amidon composés. Les graines du 2° lot (calcaire pur) et du 3° lot (terre or- dinaire), examinées en même temps que la précédente, et dont les radicules avaient atteint la même longueur, présentent à très peu près les mêmes caractères dans leurs diverses parties. [l est à remarquer seulement qu'ici les grains d’aleurone des cotylédons et même de lhypocotyle, bien que tout aussi forte- ment attaqués et déformés que dans le cas précédent, sont encore tous pourvus de leur globoïde. Le 9 décembre, toutes les radicules ont atteint une longueur beaucoup plus considérable, et dans quelques semis les coty- lédons verts commencent à se dégazer des enveloppes séminales. D'une manière générale, les graines placées sur la silice pure sont plus avancées que celles des deux autres lots. Il faut, au moins en partie, attribuer ce fait àce que ce substratum, formé de fragments de quartz pulvérisé, retient mieux l’eau et demeure dans un état d'humidité plus considérable que les deux autres. Trois graines sont encore prélevées, une sur chaque lot, et choisies à un état de développement à très peu près identique. Chez toutes trois, les cotylédons, déjà verts, sont encore com- plètement recouverts par les enveloppes séminales. Dans la graine prélevée sur le 1° lot (silice pure), le parenchyme cotylédonaire a acquis sa constitution définitive et montre des grains de chlorophylle dans toutes ses cellules. Les élé- ments épidermiques, considérablement développés, se distinguent nettement du parenchyme. Dans l’épiderme supérieur, quel- ques-unes de ces cellules épidermiques ont leur paroi externe fortement épaissie (Voir fig. 8, PI. [ID). C’est là le seul indice visi- 48 MÉMOIRES ORIGINAUX. ble d’une formation cystolithique. Les enveloppes séminales n’ont pas changé d’aspect, et dans leur assise externe les mâcles sont dansle même état qu'avant la germination. Dans les graines du 2° lot (calcaire pur) et du 3° lot (terre ordinaire), les formations cystolithiques sont un peu plus avancées dans leur développement, et, à côté de quelques cel- lules de l’épiderme supérieur dent la paroi externe est épaissie, on en trouve un grand nombre dans lesquelles l’épaississement est moins considérable el la paroi externe se prolonge, à l’inté- rieur de la cavité cellulaire, en un appendice claviforme dont l'extrémité libre est légèrement arrondie (Voir fig. 9, PI. INT). Ces formations sont encore exclusivement cellulosiques, et les réactifs n’y dénotent aucune trace de carbonate de chaux. Mal- gré cette absence de la matière calcaire, il paraît cependant y avoir déjà une relation entre le développement plus ou moins rapide de ces formations cellulosiques et la présence du carbo- nate de chaux dans le sol. Le 11 décembre, presque toutes les graines montrent les coty- lédons entièrement dégagés des enveloppes séminales. Trois graines, au même degré de développement, sont encore préle- vées, une sur chaque lot, et leur examen donne les résultats suivants : L’épiderme des cotylédons dans ces trois graines porte des sto- mates, soit complètement formés, soit en voie de formation ; il ne paraît pas y avoir de différence, à cet égard, entre les trois semis. Dans le semis du 1° lot (silice pure), l’épiderme supérieur des cotylédons présente en assez grand nombre des formations semblables à celles décrites précédemment dans les semis du ?° et du 3° lot el représentées fig. 8 et 9 (PI. III). Les réactifs montrent ces formations constituées par de la cellulose pure, sans structure appréciable et entièrement dépourvues de tout dépôt, soit calcaire, soit siliceux. Les semis du ?° et du 3° lot ont des cystolithes plus déve- loppés : leur extrémité arrondie a pris des dimensions plus consi- dérables, tandis que le pédicule est devenu très mince. Ce pédi- NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. 49 cule, assez court dans les cystolithes encore jeunes, s’allonge en s’amincissant encore à mesure que ces formalions se développent. Le dépôt de carbonate de chaux commence à se former: peu abondant et appréciable seulement à l’aide des réactifs dans les cystolithes jeunes, il devient plus considérable dans ceux plus avancés et est alors visible sous forme de petits mamelons, qui donnent à l’extrémité, d’abord globuleuse et lisse, un aspect framboisé caractéristique (Voir fig. 10, PI. III). Les caractères qui précèdent sont com muns aux semis du 2° et du 3° lot; mais il y a entre les deux des différences appré- cables et qu’il faut signaler : en effet, dans le semis du ?* lot (calcaire pur), les formations cystolithiques sont très nom- breuses ; on en compte une sur trois ou quatre cellules épider miques (dans l’épiderme supérieur seulement, l’épiderme infé- rieur étant dépourvu de ces corps). Ges cystolithes sont en outre très développés : le pédicule est long et mince, la tête déjà assez ‘ grosse et abondamment pourvue de calcaire ; c’est surtout dans ce semis que j'ai rencontré des formations correspondant à celle représentée fig. 10 (PI. III). Dans le semis du 3° lot (terre ordi- naire), au contraire, le développement est moins avancé : le pédi- cule est plus court et plus épais ; la tête, déjà globuleuse, mais moins volumineuse et encore lisse, ne donne, avec les acides, qu'un assez faible dégagement d’acide carbonique ; enfin, ces cystolithes sont moins nombreux et on n’en trouve guère qu’un sur six ou sept cellules épidermiques (dans l’épiderme supérieur seulement). Le 20 décembre, trois semis sont encore examinés : leurs co Lylédons sont entièrement développés, et les deux premières feuilles commencent à apparaître. Dans le semis développé sur de la silice pure, les cystolithes des cotylédons sont tous parvenus à l’état représenté fig. 9 (PI. IIT) ; leur pédicule est bien déve- loppé, assez long et un peu renflé à son extrémité libre; il ne contient aucune trace de carbonate de chaux. Dans les toutes jeunes premières feuilles, quelques cellules épidermiques com- mencent à épaissir leur paroi externe. 50 MÉMOIRES OFIGINAUX. Dans le semis développé sur de la terre ordinaire, les cysto- lithes ont tous atteint l’état représenté fig. 10 (PI. II): ils sont pourvus d’une assez notable quantité de carbonate de chaux. Quelques-uns même ont atteint une taille un peu plus forte etsont plus riches en calcaire; ce dernier fait s’est produit pour tous les cystolithes du troisième semis, développé sur du carbonate de chaux pur. Dans les jeunes feuilles, les cystolithes commen- cent à se développer ; on peut constater dans leur évolution les mêmes caractères que pour les cystolithes des cotylédons : ceux du semis développé sur le carbonate de chaux pur sont un peu plus avancés que ceux du semis développé sur de la terre ordi- naire. Des observations successives, faites dans les mêmes conditions les 23, 26 et 28 décembre, m'ont permis de suivre, comparati- vement dans les trois lots, l’évolution des cystolithes dans les premières feuilles et leur apparition dans la deuxième paire de ces organes. Sans entrer dans le détail de ces observations, ilme suffira de dire que, pour les feuilles comme pour les cotylédons, les cystolithes, dans les semis du premier lot, ne dépassent jamais l’état représenté fig. 9 (PI. INT) et ne contiennent pas de carbonate de chaux ; dans les deux autres lots, ils parcourent toutes les phases de leur évolution, mais plus rapidement dans les semis développés sur du carbonate de chaux pur que dans ceux déve- loppés sur de la terre ordinaire. À partir du 28 décembre, les trois semis qui restaient dans le premier lot commencèrent à dépérir, de sorte que les observa- tions, si elles avaient continué, n'auraient plus porté sur des in- dividus comparables. Je crus donc devoir terminer là cette expé- rience. Si nous résumons les principaux points qui découlent des ob- servations précédentes, nous verrons que: Les substances calcaires (oxalate de chaux) contenues dans les téguments séminaux n’ont joué aucun rôle dans le développe- ment des jeunes plantules ; Les réserves calcaires contenues dans l’albumen ou dans l’em- NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES, SJ bryon sous forme de globoïdes (phosphate de chaux copulé) ont paru disparaître plus rapidement lorsque la germination avait lieu sur un sol formé de silice pure ; cependant aucune partie de ces réserves n’a contribué à la formation de dépôts de carbonate de chaux, soit sous forme de cystolithes, soit à tout autre état; Ces réserves n’ont, d'autre part, pas été utilisées non plus pour la formation de cristaux d’oxalate de chaux; car ces cristaux qui, sous forme de mâcles, sont sinombreux dans les tissus des Urticées, ne s'étaient pas encore montrés dans diverses parties de mes jeunes plantes jusqu’au 30 décembre ; Dans les plantes développées sur de la silice pure, les cysto- lithes, soit dans les cotylédons, soit dans les jeunes feuilles, ne sont jamais arrivés à leur entier développement ; le pédicule seul s’est constitué, son extrémité tibre s’est un peu renflée, mais il n’a jamais montré de traces de carbonate de chaux et n’a même pas présenté le fort renflement cellulosique qui sert de support au dépôt calcaire. En outse, son développement a été moins ra. pide que dans les plantes développées sur de la terre ordinaire ou sur du carbonate de chaux pur. Dans les semis venus sur la terre ordinaire, les cystolithes se sont toujours développés plus rapidement que dans le cas pré- cédent, bien que le développement des plantules fût lui-même un peu retardé; leur évolution était régulière, et ils atteignaient nor- malement leur état définitif. Les mêmes faitsse sont produits pour les plantes développées sur du carbonate de chaux, mais avec une rapidité peut-être un peu plus grande ; le nombre des formations cystolithiques était en outre, ici, beaucoup plus considérable. Cette expérience fut répétée dans les mêmes conditions, le ? janvier, sur des graines de Cannabis sativa L., Urtica urens L., et Dipteracanthus repens Necess. Sur les trente graines de cette dernière espèce qui avaient été semées, aucune ne leva, et je dus me borner à constater que les réserves nutritives, dans les coty- lédons et dans l'axe lui-même, étaient constituées par des grain: d'aleurone contenant des globoïdes arrondis très visibles. A1 5? MÉMOIRES ORIGINAUX. contraire, les graines d’Urtica et de Cannabis germérent très bien, et pour ces deux espèces je pus confirmer en tous points les résultats de ma première expérience. Je vais donner ici le détail de mes observations, mais en le réduisant aux points importants, pour éviter les redites : 9° Expérience. — Le? janvier, 30 graines Cannabis sativa L. sont placées : 10 sur un sol formé de silice pure (lot n°1); 10 sur un sol formé de terre ordinaire (lot n° 2); 10 sur un sol formé de carbonate de chaux {lot n° 3). L'examen d’une graine avant la germination montre que, l’al- bumen étant nul, les réserves nutritives sont accumulées dans les deux cotylédons, qui sont étroitement appliqués l’un contre l’autre. Une coupe de ces cotylédons les montre formés de cel- lules polyédriques disposées suivant douze ou quinze rangées L’épiderme est formé de cellules assez grandes, à peu près aussi hautes que larges, et constituant un revêtement continu, non in- terrompu par des orifices slomatiques. Au-dessous de l’épiderme supérieur, les trois premières rangées de cellules parenchyma- teuses sont très allongées et présentent la forme caractéristique des cellules en palissade. Au-dessous, les éléments parenchyma- teux sont polygonaux, à parois minces, irrégulièrement mais étroitemeul unis, sans méats intercellulaires. Toutes ces cellules, tant parenchymateuses qu'épidermiques, sont gorgées de grains d’aleurone arrondis, incolores, dont l'intervalle est occupé par une matière grisâtre soluble dans l’éther et de nature graineuse. Dans le parenchyme cotylédonaire, ces grains mesurent en moyenne 0®*,005 de diamètre; ils sont beaucoup plus petits dans les cellules épidermiques, où leur diamètre varie entre 0®2,0025 et0"",0035. Ils manifestent les réactions caractéris- tiques des formations aleuriques. La glycérine chaude, le bichlo- rure de morcure, l’eau sucrée iodée, permettent de distiaguer à leur intérieur un cristalloïde assez gros et un gloloïde incolore. Le 6 janvier, toutes ces graines ont émis leur radicule, dont NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. 53 la longueur atteint 5° en moyenne. (La veille, la radicule ne se montrait à l'extérieur que sur deux graines, appartenant au lot n° 1. D’une manière générale, les radicules de ce lot sont un peu plus développées que celles des deux autres.) Trois graines sont examinées : dans les trois, on constate l'augmentation de Ia gan- gue granuleuse grisâtre qui entoure les grains d’aleurone, la déformation complète de ces derniers et l’apparition dans l’épiderme de nombreux grains d’amidon. Dans la graine prise sur le lot no 1, les grains d’aleurone encore pourvus de leur globoïde sont beaucoup moins nombreux que dans les deux au- tres graines. Le 8 janvier, 3 graines du 1° lot et une du 2° commencent à montrer leurs cotylédons. Le 10, les cotylédons de presque tous les semis commencent à se dégager des enveloppes. L’examen de trois nouvelles grai- nes montre le commencement des formations cystolithiques. Dans la graine prise sur le 4‘ lot, un certain nombre de cel- lules épidermiques commencent à épaissir leur paroi, qui s'accroît vers l'extérieur, pour former un poil conique très court dépourvu de tout dépôt interne. Dans les graines du 2° et du 3° lot, ces formations sont un peu plus avancées et montrent à leur pointe un dépôt cellulosique qui commence à se former. Le carbonate de chaux n'apparaît pas encore. Le 14, les cotylédons d’une grande partie des graines (de toutes dans le 1% lot) sont entièrement dégagés des envelop- pes séminales. Dans une graine du 1‘ lot, les formations cysto- lithiques conservent l’aspect qu’elles avaient déjà le 10. Quelques- unes seulement, très rares, montrent à leur pointe un commer- cement de dépôt cellulosique. Dans les graines du 2° et du 3° lot, le dépôt cellulosique s’est au contraire presque complètement effectué ; il remplit une grande partie de la cavité du poil et commence à s’incruster de carbonate de chaux. Ces formations sont plus nombreuses et paraissent plus riches en matière cal- caire dans le semis provenant du 3° lot. Le 18, trois semissontencore examinés: leurs premières feuilles 3° sér., tom. 1v. 4 54 MÉMOIRES ORIGINAUX. commencent à apparaître. Les formationscystolithiques des coty- lédons n’ont subi aucune modificatio2 dans le seruis pris sur le lot n° {. Dans les deux autres, la richesse en chaux a augmenté dans de notables proportions ; en outre, un grand nombre de ces formations, surtout dans le semis du 3° lot, ont subi un commencement de résorplion, et se montrent sous l’aspect re- présenté fig. 23 et 24 (PI. V). Le 20, les semis du {° lot sont dans un état de dépérissement qui ne permet pas de continuer la comparaison. L'expérience est donc terminée ce jour-là. L'examen de trois nouveaux semis montre dans les jeunes feuilles qui commençaient à se dévelop: per, des phénomènes analogues à ceux qui se sont produits au début dans les cotylédons. 3° expérience. — Le 2? janvier, 30 graines d’Urtica urens L. sont semées : 10 sur de la silice pure (lot no {); 10 sur de la terre (lot n° 2); 10 sur du carbonate de chaux (lot no 3). La graine d'Urtica urens est pourvue d’un albumen assez volu- mineux. Les grandes cellules polygonales de cet albumen, celles qui forment la trame des cotylédons et l’axe, sont gorgées de grains d’aleurone, dont tous les caractères sont ceux des grains précédemment décrits chez Urtica Dodartii et Cannabis sativa L.; leurs dimensions varient, suivant les tissus, entre 0®m,002 et 0®*,005. Le 7 janvier, toutes les graines ont émis leur radicule (à l’ex- ception de 3 : ? dans ls 1° lot, 1 dans le 3°, qui ne germèrent pas). Comme dans les expériences précédentes, les graines examinées montrent une augmentation sensible de la matière graisseuse, une déformation complète des grains d’aleurone, et l'apparition de grains d’amidon dans l’épiderme. Cependant, la graine prise sur le lot n° 1 ne montre pas une disparition plus complète des globoïdes que les deux autres. Le 10 janvier, trois graines dont les cotylédons commencent àse NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. 55 dégager des enveloppes sont examinées : celle prise dans le 1° lot montre sur ses cotylédons quelques cellules épidermiques, encore rares, dont la paroi externe commence à s’épaissir. Ces cellules sont plus nombreuses et l’épaississement plus marqué dans les cotylédons des semis pris dansles deux autres lots. Le 14, trois autres semis sont examinés, dont les cotylédons viennent de se débarrasser entièrement des enveloppes. Sur le semis pris dans le 1° lot, les cellules épidermiques différenciées sont plus nombreuses, et l’épaississement plus fort que dans l’ob- servation précédente; chez quelques-unes, la paroi commence à former, à l'intérieur de la cavité cellulaire, un prolongement cy- lindrique. Ge prolongement existe déjà dans toutes les cellules cystolithiques des semis appartenant aux lots 2 et 3. Dans le der- nier, son extrémité commence même, dans la plupart des cas, à s’épaissir sensiblement. Il n’y a pas encore dépôt de carbonate de chaux. Le 15, dans trois nouveaux semis, dont les cotylédons s'étaient dégagés en même temps que les précédents, c’est-à-dire la veille, on constate les faits suivants : Semis du 1° lot: toutes les cellules cystolithiques sont pourvues de leur prolongement cellulosique ; pas de traces de carbonate de chaux. Semis du ?° lot : les cysto- lithes sont bien constitués et pourvus d’un dépôt calcaire assez abondant. Semis du 3° lot : les cystolithes sont plus nombreux et leur incrustation calcaire plus riche. Les 17 et 20, des observations faites sur les premières feuilles montrent que les choses y suivent absolument la même marche que dans les cotylédons. Ces deux expériences viennent confirmer dans tous ces points les résullats déjà obtenus avec Urtica Dodartii L; chez Urtica urens L. cependant, je n’ai pu constater, comme je l’avais fait pour U. Dodartii L. et Cannabis sativa L., la disparition plus complète des globoïdes dans les graines placées sur de la silice pure, lors- que la radicule s’est montrée. Il faut tenir compte cependant des difficultés que rencontre l'observation dans ces conditions. Pour tous les autres points, il y a concordance parfaile ; toujours les 56 MÉMOIRES ORIGINAUX. formations cystolithiques se sont arrêtées dès le début de leur évo- lution, dans les semis élevés sur de la silice ; ils ont au contraire atteint, dans les autres semis, leur état définitif, mais plus rapi- dement sur le carbonate de chaux pur ; les plantes développées sur ce dernier sol ont en outre montré toujours des cystolithes plus nombreux et plus fortement incrustés de calcaire. Ce sont là, d’ailleurs, des résultats peu surprenants et qu’il était naturel de prévoir. L’essai fait sur des graines de Dipteracanthus repens Neess n'ayant pas réussi (aucune des graines semées n'avait levé, j'i- gnore pour quelle cause), je n'avais encore aucun renseigne- ment sur ce qui se passe dans les semis d’Acanthacées placés dans les mêmes conditions. Je voulais en outre m'’assurer s’il était nécessaire, pour provoquer le développement des cystoli- thes, que la chaux füt contenue dansle sol à l’état de carbonate, ou si un autre sel de chaux, le sulfate par exemple, suffirait pour permettre le développement de ces formations. C’est dans le but d’éclaircir ces deux points que j'installai, le 18 janvier, trois pouvelles expériences sur des graines d’Urtica pilulifera L., Ur- tica Dodartii L., et Cannabis sativa L. ; et, le 22, deux autres, sur des graines de Justicia hyssopifolia L. et Thunbergia alata Bot. Ces expériences devaient en outre me servir à vérifier de nouveau les résultats précédemment obtenus. Elles furent instal- lées de la même façon que les trois premières : les graines étaient disposées, dans de petits pots, sur des sols divers. Les pots con- tenant le même sol (silice pure, calcaire, terre ordinaire, sulfate de chaux), et par conséquent des graines différentes, étaient réu- nies sous une même cloche destinée à préserver les semis, au- tant que possible, du contact des matières étrangères. Ils étaient arrosés deux fois par jour avec une petite quantité d'eau dis- tillée !. ‘ Ayant remarqué dans les expériences précédentes que la silice dont je me servais (fragments de quartz pulvérisés, puis calcinés et lavés à l'acide chlorhy- drique) retenait l’eau plus facilement que la terre et surtout que le carbonate de chaux, j'eus soin, dans cette série d'expériences, de faire varier un peu la quantité NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CGYSTOLITHES. 57 Voici les points principaux que j'ai pu constater de cette façon : 4° Expérience. — 40 graines d’Urtica pilulifera sont seméess : 10 sur dela silice pure (lot no 1); 10 sur de la terre ordinaire (lot n° 2); 10 sur du carbonate de chaux (lot n° 3); 10 sur du sulfate de chaux (lot n° 4). Comme celles d’Urtica Dodartii et d’'U. wrens, la graine d'U. pilulifera est pourvue d’un albumen dont les cellules sont gor- gées de grains d’aleurone formés d’un cristalloïde et d’un glo- boïde. Les réserves des cotylédons et de l'embryon sont égale- ment des réserves aleuriques. Le 24 janvier, quatre graines ayant émis des radicules de 3 à 4°, sont examinées, une dans chaque lot : partout il y aen- core augmentation sensible de ia matière graisseuse interposée aux grains d’aleurone et déformation de ces derniers. Dans la -graine du {er lot, les globoïdes ont presque entièrement dis- paru; on en retrouve au contraire un grand nombre dans les graines des trois autres lots. Le 28 janvier, quatre nouvelles graines sont examinées, qui sont élevées au-dessus du sol, quoique les cotylédons soient en- core enfermés dans les enveloppes. Ces organes sont pourtant déjà verts. Dans la graine du 1% lot, quelques cellules épidermi- ques ont leur paroi externe épaissie et munie d’un rudiment cys- tolithique. Les cystolithes sont déjà formés dans les trois autres cas : très nombreux dans les cotylédons du semis développé sur le calcaire, ils sont en plus petit nombre et pourvus d’une moin- dre quantité de carbonate de chaux dans les semis développés sur lo sulfate de chaux et sur la terre ordinaire. Dans tous les cas, d'eau que recevait chaque pot. En arrosant un peu moins copieusement les semis placés sur la silice, un peu plus au contraire ceux placés sur le carbonate de chaux, je pus prévenir les effets de cette accumulation plus ou moins considérable de l’eau et obtenir dans tous mes vases un développement à peu près parallèle des semis, de façon qu'il fut facile, à chaque chservation, de trouver dans tous les lots des plantules aussi exactement comparables que possible par leur état de développement. 58 MÉMOIRES ORIGINAUX. il est facile de s’assurer que la chaux est contenue dans les se- mis à l’état de carbonate. Le 30 janvier, quatre graines dont les cotylédons se sent, dé- gagés nous présentent des faits analogues. Le 9 et le 17 février, deux observations faites sur des grai- nes dont les premières feuilles ont commencé à. se montrer et ont pris un certain développement, donnent encore les mêmes résul- tats : apparition de rudiments cystolithiques dans le lot n° {, de cystolithes complets dans les trois autres; ces cystolithes sont plus nombreux, plus riches en carbonate de chaux dans les se- mis provenant du lot n°3 que dans les autres; leur quantité et leur richesse en calcaire sont à peu près égales dans les semis dé- veloppés sur de la terre ordinaire et sur du sulfate de chaux. 5° Expérience. — 40 graines d’Urtica Dodartii L. sont semées le 18 janvier: 10 sur de la silice pure (lot no 1); 10 sur dela terre ordinaire (lot no 2); 10 sur du carbonate de chaux (lot n° 3); 10 sur du sulfate de chaux (lot n° 4). Le 24 janvier, l'examen de 4 graines dont la radicule a atteint une longueur de 4 à 5°* montre dans l’albumen et les coty- lédens les grains d’aleurone déformés et en partie dissous. Comme dans les expériences précédentes, on peut constater que, dans la graine du 1” lot, un certain nombre de ces grains sont dépourvus de leur globoïde. Il semblerait cependant que la dif- férence entre cette graine et les trois autres soit, ici, moins tranchée que dans les observations précédentes. Le 28 janvier, examen de quatre semis dont les cotylédons commencent à se dégager des enveloppes séminales. Dans le semis pris sur le 1° lot, quelques cellules de l’épiderme supérieur commencent à épaissir leur paroi externe. Ces cellules sont plus nombreuses dans les autre semis ; l’épaississement y est en outre plus fort, et quelques cellules montrent déjà la tige cellulosique, rudimespt du cystolithe futur. Le carbonate de chaux ne se montre pas encore. NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES, 59 Le 30 janvier, examen de quatre semis dont les cotylédons sont entièrement dégagés des enveloppes. Dans le semis prélevé sur le premier lot, les rudiments cystolithiques se sont complète- ment formés : ils sont constitués par une tige cellulosi que arron- die à son extrémité libre, mais sans renflement appréciable, et dépourvue de carbonate de chaux; les trois autres semis mon- trent des cystolithes bien formés, dans lesquels la présence du carbonate de chaux est parfaitement appréciable au moyen des réactifs. Cette subs‘ance est abondante surtout dans les cystoli- thes du semis développé sur du calcaire, et les cystolithes eux- mêmes sont beaucoup plus nombreux dans les cotylédons de ce semis que dans ceux des semis pris sur les lots 2 et 3. Le 9 février et le 17, deux nouvelles observations faites sur des semis dontles cotylédons sont entièrement dévelopoés et dont les premières feuilles ont apparu, donnent des résultats analogues. Les cystolithes sont très bien formés dans les semis des lots 2, 3 et 4, et leur nombre et leur richesse en carbonate de chaux sont surtout très accentués dans le lot n° 3. Dans les semis du 1% lot (silice pure), les cystolithes, peu rombreux, restent à l’état rudimentaire et ne présentent nulle part, ni renflement cellulo. sique ni dépôt calcaire. 6° Expérience. — 40 graines de Cannabis sativa L. sontsemées le 18 jaavier : 10 sur de la silice pure (lot n° 1); 10 sur de la terre orcinaire (lot n° 2) ; 10 sur du carbonate de chaux (lot n° 3), 10 sur du sulfate de chaux (lot n° 4). Le 24 janvier, examen de # semis dont la radicule a atteint upe longneur moyenne de 4 à 5 mm et dont les cotylédons ne sont pas encore débarrassés des enveloppes séminales. Dans les quatre semis, il y a augmentation de la matière graisseuse in- terposée aux grains d’aleurone et déformation de ces derniers. La disparition à peu près complète des globoïdes dans le semis du 1° lot se constate très nettement, tandis que ces corps persistent tous dans les semis des 2°, 3° et 4° lots. 60 MÉMOIRES ORIGINAUX. Le 27, quatre semis dont les cotylédons commencent à se dé- gager des enveloppes montrentle début des formations cystoli- thiques. Dans les graines du 1% et du 4*°lot, un certain nombre de cellules épidermiques ont épaissi leur paroi externe et ont for- mé un poil conique encore dépourvu de tout dépôt à l’intérieur. Le dépôt cellulosique commence au contraire à se former dans les poils un peu développés des semis du 2° et du 3° lot. Le 30, les cotylédons de tousles semis sont entièrement dé- gagés des enveloppes; les formations cystolithiques, dans une graine du 1° lot, n’ont pas changé d'aspect. Dans les semis du 2° etdu 3° lot, au contraire, le dépôt cellulosique a envahi pres- que entièrement la cavité du poil et l'incrustation calcaire com- mence à s’y manifester très nettement. Il en est de même pour ceux du 4° lot. dans lesquels cependant la quantité de carbonate de chaux déposée est beaucoup moins considérable. Le 9 février, les cystolithes sont entièrement constitués, avec leur aspect définitif, dans les cotylédons des semis appartenant au 2° et au 5° lot. Un grand nombre ont subi une résorption à peu près complète et ne font plus saillie au-dessus de l’épiderme. Dans le 4° lot, le développement est un peu moins avancé ; cependant il y a une augmentation sensible dans la teneur en calcaire. Dans le 1° lot, les cystolithes sont demeurés au même point qu’au moment de la première observation, un certain nombre de poils montrent au sommet un commencement de dépôt cellulosique, mais qui s’est arrêté au début et ne contient aucune trace de matière minérale. Aucun de ces poils ne montre de tendances à la résorption. Les premières feuilles qui commencent à apparaitre dans tous ces semis portent des cystolithes jeunes et montrent les mêmes phénomènes que les cotylédons. Le 17 février, quatre semis dont les premières feuilles sont presque entièrement développées montrent des phénomènes analogues : ceux du 2e et du 3° lot sont pourvus de poils cysto- lithiques bien développés, à divers degrés de résorption, et abon- damment incrustés de calcaire. Dans les feuilles du semis appar- tenant au 4° lot, les poils cystolithiques sont aussi bien déve- NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. 6i loppés et pourvus de carbonate de chaux, mais ces formations sont à un état un peu moins avancé que dans les lots précédents. Enfin, dans les feuilles comme dans les cotylédons du semis appartenant au 1° lot, les poils se sont développés mais ne con- tiennent aucun dépôt cellulosique, ou, si ce dernier existe, il est très faible et toujours dépourvu de toute incrustation cal- caire. Les trois expériences qui précèdent confirment donc de tous points les résultats obtenus précédemment et nous montrent que, à tous les points de vue, les semis d’Urtica pilulifera L. se con- duisent de la même façon que ceux d’U. Dodartii L. et U. urens L., qui avaient déjà été examinés. Dans aucune de ces expérien- ces, je n’ai pu voir les réserves calcaires contenues dans la graine sous forme de globoïdes contribuer à la formation de dépôts de carbonate de chaux, bien que, dans presque tous les cas, ces réserves disparussent plus complètement lorsque les graines étaient semées sur un sol siliceux. Toujours les feuilles et les cotylédons des semis placés sur un pareil sol ont montré des for- mations cystolithiques arrêtées dans leur développement et dé- pourvues de toute incrustation calcaire et de la masse cellulo- sique destinée à soutenir cette incrustation; les plantes dévelop- pées sur du carbonate de chaux pur m'ont toujours montré des formations cystolithiques plus nombreuses et plus riches en cal- caire. Outre ces résultats, qui ne font que confirmer ceux déjà obtenus, j'ai pu constater que la chaux nécessaire à la constütution des cystolithes peut être absorbée par la plante sous une autre forme que celle de carbonate. Un sol formé exclusivement de sulfate de chaux peut en effet nourrir des plantes pourvues de ces forma- tions et leur fournir les éléments nécessaires à leur développe- ment. La marche du phénomène paraît dans ce cas être un peu plus lente que lorsque les semis sont placés sur de la terre ordi- naire. L'emploi des réactifs permet facilement de constater que la matière qui incruste les formations cystolithiques est bien tou- jours du carbonate de chaux. 62 MÉMOIRES ORIGINAUX. 1° Expérience, — Le 22 janvier, 16 graines de Justicia hysso- pifolia L. sont semées : 4 sur de la silice pure (1* lot); 4 sur de la terre ordinaire (?° lot); & sur du carbonate de chaux (3° lot); 4 sur du sulfate de chaux (4e lot). Ces graines sont dépourvues d’albumen. Les réserves nutri- tives sont accumulées dans les deux gros cotylédons charnus, étroitement appliqués l’un contre l’autre. Une coupe de ces coty- lédons les montre formés de cellules polyédriques, appliquées les unes contre les autres sans méats intercellulaires et disnosées suivant dix ou douze rangées. L’épiderme sur les deux faces est constitué par de petites cellules, à peu près aussi hautes que lar- ges, qui forment un revêtement continu, non interrompu par des orifices stomatiques. Au-dessous de l’épiderme supérieur, les premières rangées de cellules parenchymateuses affectent la forme du parenchyme en palissade. Les autres, qui représentent le parenchyme lacuneux, sont à peu près également dévelop- pées dans tous les sens. Le contenu de tous ces éléments est exclusivement formé de grains d’aleurone, dont les dimensions subissent des variations considérables. Dans les cellules épider- miques des cotylé lons et dans le cylindre central de l'embryon, où ces éléments atteignent leurs plus faibles dimensions, leur diamètre descend à 0®*,0015 et 07®,001, tandis que ce dia- mètre, pour les graines de parenchyme cotylédonaire, peut atteindre 0®",006. En partie solubles dans l’eau, ces corps aleu- riques se dissolvent complètement dans la potasse. Comme tous les autres grains d’aleurone, ils sont colorés en jaune roux par les réactifs iodés, et en rouge brique par le réactif de Millon. Les réactifs ordinairement employés pour l'examen des corps aleuriques (glycérine, bichlorure de mercure) permettent de distinguer à leur intérieur un globoïde et un cristalloïde. Cette structure peut être très facilement mise en évidence par l’action de l’eau sucrée iodée, qui isole, au sommet du grain, le glo- boide, sous forme d’un globule incolore et colore en jaune roux NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. 63 le reste de la masse, qui prend en même temps une forme régu- lièrement polyédrique. Daas l'intervalle qui sépare ces grains, on peut constater la présence de la matière graisseuse, grisâtre, colorable en blanc bleuâtre par le chloro-iodure de zinc, et soluble dans l’éther qui existe dans toutes les cellules contenant de l’aleurone. Le 30, les graines ont émis leur radicule, et une d’elles est pré- levée, dans chaque lot, pour être soumise à l’examen. Dans les semis des ?e 3eet 4° lots, les grains d’aleurone sont plus ou moins déformés ici comme dans les Urticées précédemment examinées, le cristalloïde et le globoïde se sont séparés, et dans un certain nombre de cas ce dernier a disparu ; la matière graisseuse est aussi beaucoup plus abondante. Des grains d’amidon commen- cent à apparaître dans les cellules de l’épiderme supérieur ; des faits du même genre se manifestent dans le semis du premier lot; . mais ici, comme dans les expériences précédentes, les globoides sont beaucoup moins nombreux, et la plupart de ces corps parais- sent avoir été résorbés. Le 8 février, quaire graines dont les cotylédons commencent à se dégager des enveloppes séminales, sont encore examinées. Dans le parenchyme cotylédonaire de tous ces semis, se montrent des formations cystolithiques encore aux premiers états de leur développement, et semblables à celles que représentent les fig. 4 et 6 (PI. I) et 4 (PI. IT). Ces formations, qui sont partout à peu près au même degré de développement, sont un peu moins nom- breuses dans le semis du 4° lot que dans ceux du ?*°et du 3°. Leur nombre est encore moins considérable dans le semis du 1° lot. Le 14%, examen de quatre graines dont les cotylédons sont entièrement dégagés des enveloppes : une différence considéra- ble se manifeste dans l’aspect des coupes faites dans ces quatre semis : celui du 1er lot est demeuré dans le même état que pré- cédemment ; les formations cystolithiques n’y sont représentées que par les rudiments qui existaient déjà au momeut de la pre- mière observation. Dans les trois autres semis, au contraire, les cystolithes se sont développés, et, sans avoir atteint leurs dimen- 64 MÉMOIRES ORIGINAUX. sions définitives, sont déjà très abondamment pourvus de matière calcaire ; ils sont un peu moins nombreux dans le semis du 4° lot, mais leur richesse en carbonate de chaux paraît être la même. Les derniers semis, examinés le 19, donnent les mêmes résul- tats. Rien de nouveau ne s’est produit dans le parenchyme coty- lédonaire du semis développé sur la silice. Dans les irois autres lots, les cystolithes ont atteint une taille un plus considérable. 8° Expérience. — Le ?2 janvier, 16 graines de Thumbergia alata Bot. Mag. sont semées : 4 sur de la silice pure (lot n° 1); 4 sur de la terre ordinaire (lot n° 2); & sur du carbonate de chaux (lot n° 3); 4 sur du sulfate de chaux (lot n° 4). Comme celles de Justicia hyssopifolia L. les graines de Thum- bergia alata B. M. sont exalbuminées, et les réserves nutritives y sont accumulées dans les cotylédons, dont la constitution est entièrement semblable. Ces réserves sont encore exclusivement formées par des grains d’aleurone, contenant chacun un cristal- loïde et un globoïde. Le 31, toutes les graines ont émis leur radicule; une d’entre elles ayant été examinée dans chaque lot, cet examen montre que la dissolution des réserves aleuriques a suivi la même mar- che que dans l’expérience précédente. Ici encore, les grains d’aleurone sont presque tous pourvus de leur globoïde, dans les semis des 2°, 3° et 4° lots, tandis qu'un grand nombre de ces corps ont disparu dans le semis du 1% lot. Le 9 février, les cotylédons commencent à se dégager des enveloppes séminales : ici, comme dans le cas précédent, les semis des quatre lots sont pourvus, dans leur parenchyme coty- lédonaire, de formations cystolithiques aux premiers états de dé- veloppement, formations qui ne diffèrent, dans les quatre graines examinées, que par leur nombre : très nombreuses en effet dans les semis du 2°et du 3° lot, elles le sont beaucoup moins dans celui du 4°, et encore moins dans celui du 1“ jot. NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. 65 Le 16, quatre semis dont les cotylédons se sont dégagés des enveloppes, sont encore examinés. Dans le 1% lot, iln’y a eu au- cun changement appréciable. Dans les trois autres, les rudiments cystolithiques sont remplacés par des cystolithes encore jeunes et de faibles dimensions, mais déjà abondamment pourvus de carbonate de chaux. Le même résullat est constaté, le 19, sur les quatre derniers semis : tandis que celui du 1° lot ne montre aucun changement, les cystolithes, dans les trois autres, ont acquis des dimensions un peu plus considérables. Ces deux expériences permettent de conclure que les con- ditions de développement des cystolithes, sur des sols différents, sont absolument les mêmes pour les Acanthacées que pour les Ürticinées. Les réserves calcaires de la graine sont de même nature et se présentent sous forme de globoïdes ; ces réserves, quoique disparaissant plus complètement lorsque la graine est semée sur un sol exclusivement siliceux, ne servent pourtant dans aucun cas à la formation des dépôts de carbonate de chaux. Enfin, lorsque le sol est dépourvu de chaux, les cystolithes se forment toujours, mais moins nombreux, et s'arrêtent dés le début de leur évolution, pour demeurer toujours à l’état rudimen- taire. Aux expériences précédentes, qui pouvaient suffire pour fixer les différents points que je m'étais proposé de déterminer, il con- vient d’en ajouter trois autres, destinéos à vérifier l'influence que pourrait exercer l'obscurité sur le développement des cystolithes. Ces expériences, faites sur des graines d’Urtica Dodartii L., Urtica pentandra H. Leop., et Justicia hyssopifolia L., m'ont en outre permis de vérifier, une fois de plus, les résultats précédents. En voici le détail, dans lequel j’abrégerai cependant tout ce qui ne fait que répéter des faits déja connus : 9° Expérience. — Le 17 mars, 40 graines d'Urtica Dodartii L. sont semées : 10 sur dela silice (lot n° 1); 66 MÉMOIRES ORIGINAUX. 10 sur de la terre ordinaire (lot n° 2) ; 10 sur du carbonate de chaux (lot n° 3) ; 10 sur de la terre ordinaire, mais à l'obscurité (lot n° 4) Ce dernier lot, semé dans les mêmes conditions que les autres, avait été placé dans une armoire complètement obscure, qui ne s’ouvrait que pour l’arrosage. Le 21, toutes les graines ayant émis leur radicule, 4 furent examinées. L'état des réserves aleu- riques, dans l’endosperme et dansles cotylédons des graines des 3 premiers lots, était exactement le même que dans les expérien- ces précédentes. La graine placée à l’obscurité s’était conduite, à cet égard, absolument comme celle semée sur de la silice pure : les grains d’aleurone y étaient, en grand nombre, dépourvus de leur globoïde, tandis que ce dernier rersistait dans tous les grains sur les semis du ?° et du 3° lot. Les observations faites le 25, le 30 mars et le 3 avril, me per- mirent de suivre, dans les cotylédons, le développement des cystolithes. Ces derniers se formérent complètement dans les semis du ?° et du 3° lot, où ils acquirent leur consitution défi- nitive. Dans les semis du 1° et du 4e lot, au contraire, ilss’arrê tèrent dès les premiers états de leur évolution, et demeurérent, pendant toute la durée des observations, sous forme d'un simple appendice de la paroi cellulaire, sans épaississement cel- lulosique ni dépôt calcaire. Le 3 et le 5 avril, je pus constater que les mêmes phénomènes se produisaient dans les premières feuilles, qui commençaient à se développer. [ semble donc résulter de cette expérience que les cystolithes ne peuvent pas se développer, ou du moins ne dépassent pas les premiers états de leur développement en dehors de l’action de la lumière. Ce résultat fut d’ailleurs pleinement confirmé par les expériences suivantes. 10° Expérience. — 40 graines d’U. pentandra H. Leop. sont semées le 25 mars: 10 sur de la silice pure (lot ne 1); NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES, 67 10 sur de la terre ordinaire (lot n° ?); 10 sur du carbonate de chaux (lot n° 3); 10 sur de la terre ordinaire, à l'obscurité (lot n° 4). Le 29 mars, toutes les graines ont émis leur radicule; #4 sont examinées, et donnent, quant à l’état des réserves aleuriques, les mêmes résultats que les précédentes. Il n’y à aucune différence, à cet égard, entre la graine du 4° lot et celle du 1%; les grains d’aleurone, dans ies deux, sont presque tous dépourvus de leur globoïde, tandis que celui-ci persiste dans les corps aleuri ques des autres graines. Les observations faites le 2, le 8 et le 11 avril donnent les mêmes résultats que dans l'expérience précédente. Les cystolithes se sont complèlement formés dans les colylédons des semis du 2° et du 3° lot, tandis que dans ceux du 1‘ et du 4°, ces forma- tions se sont arrêlées dans leur développement et n’ont jamais montré de couches cellulosiques ni de dépôt calcaire. Les mêmes phénomènes furent observés sur les premières feuilles, le 11, le 14 et le 18 avril. 11° Expérience. — 20 graines de Justicia hyssopifolia L. sont semées le 25 mars : 5 sur de la silice (1* lot) ; 5 sur de la terre ordinaire (2° lot) ; 9 sur du carbonate de chaux (3° lot) ; 5 sur du carbonate de chaux, à l'obscurité (4° lot). Le 6 avril, 4 graines ayant émis leur radicule sont examinées : celles du 2° et du 3° lot montrent des grains d’aleurone défor- més, mais encore pourvus de leur globoïde; cette dernière for- mation a disparu dans presque tous les grains d’aleurone des semis du 1° et du 4 lot. Le 12 avril, les cotylédons commencent à se dégager des enveloppes: les formations cystolithiques commencent à se mon- trer dans le parenchyme, très nombreuses dans les senis du 2° et du 3° lot, plus rares dans ceux du 1° et du 4e, Les observations faites le 15 et le 18 avril ne montrent aucun 68 MÉMOIRES ORIGINAUX. changement appréciable dans les formations cystolithiques des semis du 1% et du 4° lot ; ces formations sont demeurées à l’état rudimentaire ; les cystolithes se sont au contraire entièrement développés dans les cotylédons des semis appartenant au 2e et au 3° lot. Le même résultat est encore constaté, le 21 avril, sur les quatre derniers semis. Outre les expériences dont le détail précède, un certain nom- bre d’autres avaient été installées, pour vérifier si, pour d’autres espèces d’Urticinées et d’Acanthacées, les résultats obtenus se- raient toujours les mêmes. Malheureusement ces expériences ne réussirent pas, les graines, qui étaient peut-être de mauvaise quas lité, ou placées dans des conditions défavorables, n'ayant pas levé pour la plupart. Le seul fruit que j’en aie retiré a donc été d’examiner dans ces diverses espèces la nature des réserves. Les espèces ainsi examinées étaient: Ulmus integrifolia Roxb., Ficus damosum Walh., Dipteracanthus repens Neess., Andro= graphis paniculata Walh., Dipteracanthus strictus H, Graec. ; chez toutes, la nature des réserves était la même : elles étaient constituées exclusivement par des grains d’aleurone de dimen- sions variables, mais qui tous étaient pourvus d’un cristalloïde et d’un globoïde. Deux espèces d’Acanthus, 4. mollis L. et 4. lusitanicus L., examinées dans les mêmes conditions, m’ont montré une consti- tution différente. La graine est exalbuminée et les réserves sont contenues en entier dans les deux gros cotylédons charnus. Le tissu de ces derniers est formé par des cellules polyédriques, unies de facon à ne laisser entre elles que de très faibles méats. La disposition de ces cellules parenchymateuses est la même dans toute l'épaisseur de l’organe, et il n’y a pas de zone en palis- sade. L'épiderme est formé par de petites cellules cubiques, sans orifices stomatiques. Ces cellules cotylédonaires sont remplies de gros grains d'ami- don simples, qui sont au nombre de huit ou dix dans chaque cellule. L’intervalle qui les sépare est occupé par une matière NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. 69 protoplasmatique et par un grand nombre de très petits grains d’aleurone. Les cellules épidermiques et les éléments plus minces et plus allongés du cylindre central de l'embryon ne contiennent ce- pendant pas d’amidon et sont occupées seulement par des grains d'aleurone et du protoplasma. Tous ces corps aleuriques conser- vent des dimensions très réduites et sont absolument homogè- nes, sans enclaves visibles. La nature spéciale de ces réserves paraît en rapport avec ce fait que les espèces du genre Acanthus sont toujours dépourvues de formations cystolithiques. Les sraines d’Hexacentris coccinea Neess., qui présente le même caractère, ont une constitution identique. Il est regrettable que je n'aie pu vérifier la nature des réserves dans les autres Acanthacées dépourvues de cystolithes ‘. @II. Résumé. Des expériences qui précèdent se dégagent les conclusions suivantes : 1 Schacht (Abhandlungen der Seukenb. Gelesch., 1, pag. 149) a avancé que, chez les Acanthacées, l'absence des cystolithes pourrait coïncider avec la pré- sence, dans les tissus, de grains d'amidon accumulés en grande quantité, et il cite, à l'appui de cette hypothèse, une espèce de Justicia, J. purpurascens Ham., qui contient de nombreux grains amylacés, et chez laquelle il n'a pas trouvé de cystolithes. Cette assertion a été réfutée par K. Richter (Beilrage zur genaueren Kenntniss, etc., pag. 25), qui fait remarquer que si, en réalité, l'amidon est généralement très peu abondant dans les tissus des Acanthacées, et surtout au voisinage des cystolithes, il y a pourtant des exceptions à cette règle, l'amidon se rencontrant, par exemple, en quantité notable dans les tissus de Goldfussia glo- merata Nees., qui contient cependant de nombreux cystolithes. Il y aurait, on le voit, peut-être lieu de modifier l'hypothèse de Schacht quant aux relations de la matière amylacée avec les cystolithes, et de dire que l’amidon n'existe dans les réserves nutritives de la graine que lorsque la plante est dépourvue de cystolithes. En tout cas, il est très important de noter ce fait que, chez les graines de cette nature, les grains d’aleurone qui accompagnent l'amidon sont dépourvus d’en- claves, et par conséquent de réserves calcaires, Bien que ces réserves, nous l'avons vu, ne jouent aucun rôle dans le développement des cystolithes, il se peut cependant qu'il y ait un rapport entre leur absence dans la graine et l'absence, dans la plante, des formations cystolithiques. 3° Sér.p COM. IV- si) 70 MÉMOIRES ORIGINAUX. Les végétaux dont les tissus contiennent des cystolithes, qu’ils appartiennent au groupe des UÜrticinées ou à celui des Acantha- cées, ont des graines dont les réserves sont exclusivement aleu- riques, et formées de grains d’aleurone dans lesquels il est tou- jours possible de distinguer un globoïde arrondi et un cristal loïde. Les globoïdes, constitués par un phosphate de chaux co- pulé, forment une réserve calcaire assez abondante. Cette réserve ne contribue en aucune façon à la formation des dépôts de carbonate de chaux, qui, sous forme de cystolithes ou à tout autre état, peuvents’effectuer dans les tissus de la plante ; en effet, lorsqu'une graine est mise à germer sur un sol formé de silice pure, les cystolithes ne dépassent pas les premiers états de leur développement et ne contiennent jamais de dépôt cal caire, bien que les réserves de la graine aient été absorbées. Il semblerait cependant que, dans ces condilions, les globoïdesdis- paraissent plus complètement et plus rapidement des tissus que lorsque la graine est placée sur un sol ordinaire ou sur du carbo- nate de chaux. L'absence de chaux dans le sol déterminant une absorption plus rapide des réserves calcaires, sans que, pour cela, les cystolithes se constituent, il faut en conclure que la chaux a, dans le corps de la plante, une autre utilisation. Il faut ajouter que les réserves calcaires ne servent pas davan- tage à la formation des cristaux d’oxalate de chaux, qui, sous forme de mâcles, sont si nombreux dans les tissus des Urticées. En effet, ces mâcles ne se constituent que plus tard, et en au- cun cas je ne les ai vues apparaître avant la fin des expériences. La chaux provenant de ces réserves, el sans aucun doute une partie de celle puisée plus tard dans le sol, doivent donc jouer dans l’économie de la plante un rôle encore à déterminer, mais qui n’a aucun rapport avec ces deux sortes de formations. Dans les semis qui se sont développés sur de la terre ordi- naire, les cystolithes ont généralement commencé à apparaître au moment où les colylédons se dégagcaient des enveloppes sémi- nales, ou tout au moins au moment où ces organes étaient déjà pourvus de chlorophylle. Dans deux cas, en effet, ces formations NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. 71 ont apparu, tandis que les enveloppes séminales étaient encore closes. Dans le premier (Urtica Dodartii L.), les rudiments des cys- tolithes s’élaient seuls formés à ce moment, et, bien que les co- tylédons fussent déjà verts, l’épaississement cellulosique et le dé- pôt de carbonate de chaux n’ont apparu que lorsque ces organes se sont dégagés et ont été exposés à la lumière. Dans le second cas (Urtica pilulifera L.), les cystolithes étaient complètement formés, ou du moins présentaient déjà une assez forte incrusta- tion calcaire, alors que les cotylédons étaient encore recouverts. Mais il faut remarquer que, dans cette plante, les enveloppes sé- minales ne tombent que beaucoup plus tard que chez les autres, et que le développement, dans les cotylédons, de nombreux grains de chlorophyile semble indiquer que ces organes, quoi- que complètement recouverts, reçoivent cependant une certaine quantité de lumière ; mes trois dernières expériences semblent d’ailleurs démontrer que cet agent est indispensable au déve- loppement des formations cystolithiques. Ces formations, après leur première apparition, se sont assez rapidement développées : quatre ou cinq jours leur ont suffi, chezles Urticinées, pour ar- river à leur état définitif ; chezles Acanthacées, ils sont, au bout de ce délai, bien constitués et richement incrusiés de calcaire, mais ils continuent encore à se développer et n'alteignent que plus tard leurs dimensions définitives. Le développement est ab- solument le même dans les premières feuilles que dans les co- tylédons. Lorsque les semis se sont développés sur du carbonate de chaux pur, les phénomènes ont été essentiellement les mêmes que dans le cas précédent. J'ai cependant toujours constaté que, dans ces conditions, le nombre des cystolithes était plus considérable et leur incrustation calcaire plus riche. Sur un sol formé de sulfate de chaux, les eystolithes se consti- tuent de la même façon, mais ils ne commencent souvent à appa- raître qu'un peu plus tard et ils se développent un peu plus len- tement que ceux des autres semis. À part ces légères différences leur évolution est exactement la même, et ils arrivent aa même 72 MÉMOIRES ORIGINAUX. état. Leur nombre paraît cependant être un peu moins consi- dérable. Sur la silice, au contraire, les formations cystholitiques ne dépassent pas leurs premiers états de développement. Elles appa- raissent en même temps, ou quelquefois un peu plus tard que dans les autres cas, etsont toujours beaucoup moins nombreuses. Dans les diverses espèces d’Urtica examinées, elles apparaissent d’abord sous forme d’un assez fort épaississement cellulosique de la paroi externe de la cellule épidermique. Aux dépens de cet épaississement se développe ensuite un prolongement cylindri- que, qui s’avance à l’intérieur de la cavité cellulaire et se renfle un peu à sonextrémité. Mais leur évolution s'arrête là, et jamais on ne voit se former, autour de l'extrémité de ce prolongement, de dépôt cellulosique destiné à supporter l’incrustation calcaire. Chez Cannabis sativa L., les poils cystolithiques se constituent également par un épaississement de la paroi externe d’une cellule épidermique, qui s'accroît ensuite vers l'extérieur pour former un poil conique peu élevé. Quelquefois, à la pointe de ce poil, il com- mence à se former un dépôt de cellulose, qui s'arrête dés le début ; mais, le plus souvent, la cavité du poil demeure eutière- ment libre, et l’on n’y peut voir ni dépôt cellulosique ni, à plus forte raison, incrustation calcaire. Chez les Acanthacées, enfin, la formalion cystholithique s’arrête encore à son début: le petit appendice qui s’est développé à l’intérieur d’une cellule paren- chymateuse aux dépens de sa paroi no se recouvre jamais, à son extrémité, de couches concentriques de cellulose, et ne se transforme jamais en cystolithe véritable. Enfin, lorsqu'un semis se développe sur de la terre ordinaire, mais à l’obscurité, les cystolithes ne se développent pas dans ses tissus, mais demeurent à l’état rudimentaire, absolument comme ceux des semis placés sur de la silice pure. Nous verrons d’ailleurs, dans le chapitre suivant, que la lumière, non seulement joue un rôle important dans la formation des cystolithes, mais encore exerce une influence considérable sur la manière d’être de ceux qui sont déjà parvenus à leur entier développement. NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CYSTOLITHES. dentelure simple et fine, 7 ou 8 paires seulement de nervures secondaires moins repliées que dans la forme précédente. On peut 1 Cette affinité n’est jamais soutenue par les caractères de la dentelure marginale. VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 255 estimer quel degré d’affinité ont divers aulnes fossiles avec les races ou espèces vivantes dont je viens de parler. C’est ainsi, parexem- ple, que M. de Saporta rattache l’aulne des argiles de Marseille à la fois à l’A. orientalis pour l'aspect général et le nombre des nervures, à l’A. subcordata pour le contour du limbe, à l’4. ne- palensis pour divers caractères de la nervation et les dents mar- ginales moins accusées ; l’aulne de Koumi inclinera davantage vers l'A, subcordata. Suivant la même marche, je dirai que l’aulne de Cerdagne tient surtout de l’A. swbcordata par le petit nombre des nervures, caractère assez fixe, mais qu’il accuse en outre une tendance notable vers l'A. cordata, soit par l’échancrure basilaire de plusieurs de ses feuilles, soit, en d’autres cas, par l’incurvation plus prononcée de ses nervures; l'A. orientalis en serait un peu moins voisin. Outre les feuilles, j'ai recueilli plusieurs strobiles, toujours groupés par deux sur un pédoncule commun, qui dans un exem- plaire atteint une grande longueur. Ce pédoncule et ses deux branches Ge division, celles-ci toujours assez courtes, paraissent fort robustes; le strobile est oblong ou presque globuleux, à écailles épaissies au sommet ; ses dimensions sont d'environ {4 millim.de long sur 10 de large, et il se classe, à ce pointde vue, entre les strobiles de l’aulne de Manosque, dont le contour est plus angu- lex, et ceux des 4. viridis Dne, gracilis Ung., cycladum Ung., remarquables par leurs formes grêles ; il est plus petit que ceux de l’A, subcordata et se rapproche surtout, à divers égards, de ceux que Heer et Unger attribuent à l’A. Kefersteinii ou a VA. sporadum. La grande ressemblance de forme et de taille que présentent entre eux tous les groupes de fruits que j’ai recueillis contribue à élayer l'hypothèse selon laquelle les diverses feuilles fossiles d’aulnes, en Cerdagne, appartiendraient à une seule et même espèce. Ainsi donc, à l’époque mio-pliocène comme de nos jours, des aulnes couvraient en abondance les berges des rivières de Cerda- gne ; mais ils appartenaient à un type devenu depuis lors plus méridional et surtout plus oriental. Les variations de leur feuillage 256 MÉMOIRES ORIGINAUX. étaient grandes ; l’A. cordata et les races qui lui sont alliées, les aulnes tertiaires de Provence eux-mêmes, n'atteignent pas à un semblable polymorphisme. Jamais je n'ai vu, dans les espèces vivantes voisines, le rapport des deux diamètres foiiaires varier au même degré ; seul, l'A. glutinosa offre des écarts aussi considérables entre deux feuilles prises sur le même individu. Malgré cela, je crois irrationnel de distinguer par des noms diffé- rents des feuilles que relient tant de passages, et, d'autre part, l'impossibilité de les rattacher toutes à l’une ou l’autre des espèces éteintes ou vivantes me conduit à les désigner par une appella- tion spéciale ; elle rappellera, non un caractère exelusif, qu'il se- rait difficile de préciser, mais la situation géographique de l’aulne pyrénéen relativement à l’ensemble des aulnes du même groupe. I] se peut que les formes diverses de l’A. occidentalis aïent été plus que des variations accidentelles. Dire quel degré de stabilité elles avaient acquis, serait peut-être téméraire, et tout ce que l’on peut affirmer, c’est que ces variations se rattachaïent à un même type, lequel dut dans la suite se retirer devant l’A. glutinosa. Ce type, devenu plus plastique encore qu’en Grèce ou en Provence, était, en revanche, représenté par des formes plus grèles, trahis- sant peut-être l'influence de l'altitude. Les feuilles de petite taille sont sensiblement plus communes à Bellver que les grandes, et celles-ci n’atteignent pas tout à fait les dimensions des plus belles feuilles des argiles de Marseille”. 1 Il convient de dire qu'il ne règne pas parmi les botanistes un parfait accord au sujet de la délimitation des divers groupes d’aulnes : tandis que l'un rattache l'A. Kefersteinii au type de l’4. glutinosa, l’autre en fait le fidèle représentant de l'A. cordata dans l'Europe miocène. D'autre part, les meilleurs caractères sont sujets à des altérations individuelles considérables ; pour n’en citer qu'un exemple, j'ai vu plus d'une fois des pieds d'A. glutinosa porter presque uniquement des feuilles à 12, 13 et 14 paires de nervures secondaires, tandis qu'en général l’es- pèce se fait remarquer par sa nervation près de moitié plus espacée et moins riche. Mais c'est ici le cas de s'attacher à l’ensemble, non à l'exception. En somme, l'A. glutinosa diffère totalement d'aspect avec ses congénères du type de l'A. orien- lalis ; tout porte à croire qu'il a une origine distincte, et les quelques traits de ressemblance, toujours partiels et rares, que peut offrir avec lui l’aulne fossile de Cerdagne, n'infirment nullement cette conclusion. VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 257 CUPULIFÈRES. I. CARPINUS GRANDIS, UNG. (PI. II, fig. 8, et IV, fig. 9-10.) Diagnose. — C. foliis ovato-ellipticis, acuminatis, basi obtu- satà duplicato-serratis, nervis secundariis utrinque circiter 13-15, strictis, parallelis, valdè obliquis. Assez rare. Comme le bouleau, le charme devait être assez peu répandu dans l’ancienne Cerdagne, ou du moins vivre à quelque distance du lac ; il a laissé de son existence des traces variées et incon- testables. Toutes les feuilles ont le même contour elliptique-ova- laire, la base plutôt arrondie que subcordée, le somruet prolongé en pointe. On les distingue sans peine des feuilles de bouleau, dont elles ont un peu la taille et le contour, grâce à leur dente- lure marginale double, acérée, parfois fortement accusée, et à leurs nervures secondaires plus serrées et nombreuses, se ren- dant en droite ligne aux dents principales du bord. Lorsqu'on peut distinguer les détails de la nervation tertiaire, on constate que ses caractères sont bien ceux des charmes ; à cet égard et à d’autres, la confusion n’est pas possible avec le g. Ulmus. Je ne vois aucun motif sérieux pour séparer le charme de Bellver du C. grandis Ung., espèce qui a vécu longtemps dans l’Europe ter- tiaire et a été souvent décrite, notamment par Heer ‘. Il en est plus voisin que du C. suborientalis Sap., de Geyssac et des ciné- rites du Cantal, et que du charme de Montcharray (Ardèche), dont j'ai pu examiner au Muséum de Lyon quelques bons exemplaires, Les feuilles de ce dernier sont plus obtuses au sommet et plus elliptiques, celles du C. ostryoides Goepp. * ont des dents margi- nales plus fortes, celles du C. Ovidii Massal. * ont au contraire 1 Flora tertiaria Helvetiæ, Il, pag. 40, Tab. LXXI, LXXII, LXXIIL. ? Goeppert, F1. v. Schossnitz, Tab. IV.— Heer, Mioc. Balt. Flora, Tab. VII. 3 Syn. Flor. Senog. 258 MÉMOIRES ORIGINAUX. un bord simplement denticulé, et en outre leur base est inégale et subcordée. Parmi les espèces vivantes, Heer compare surtout ses emprein- tes de C. grandis avec notre C. betulus L. indigène, tandis qu’on relie les formes fossiles du centre de la France et des terrains quaternaires de Toscane au C. orientalis Willd., actuellement vivant à Naples, en Carniole, en Asie-Mineure. Mises en regard de feuilles de ces deux espèces, mes feuilles fossiles de Cerda- one m'ont paru, par le mouvement général de leur contour et par leur taille moyenne, se rapprocher franchement de la pre- mière ; les nervures et la dentelure, identiques des deux parts, ne semblent devoir fournir aucun caractère distinctif. La fig. 10 (PL. IV) représente la base d’un involuere de charme, et, bien qu’elle soit unique et incomplète, cette empreinte offre un intérèt réel. Elle permet en effet d'éliminer le g. Ostrya, dont les feuilles ne se distinguent guère de celles des charmes, mais chez lequel la capsule involucrale est vésiculeuse et parcourue de veines caractéristiques. Par les indentations de son bord, qui sont lrès accusées, le fragment que je figure paraît s'éloigner un peu du type des C. grandis et betulus pour se rapprocher de celui du €. orientalis ; mais il serait peu convenable de baser une détermination sur des indications légères. 2. FAGUS PLIOCENICA, SAP., Var. CERETANA. (Play fes ET Diagnose. — F. foliis breviter petiolatis, latius angustiusve ovato vel obovato-lanceolatis, basi rotundatis v. attenuatis, apice brevissimè acuminatis; margine parcè serratis, vel sinuatis v. subintegris ; nervis secundariis atrinquè 7-10-12, sub angulo 45° emissis, simplicibus, rectis v. subrectis ; fructu involucro echinato, nuculà triquetrà, illum Fagi ferrugineæ superante. Très commun. Les feuilles des hêtres ont un aspect simple; les espèces de ce genre ne sont pas très nombreuses et se montrent moins diffé- VÉGÉTAUX FOSSILES DE GERDAGNE. 259 renciées que celles des groupes précédents. Mais à même réside la difficulté de leur étude, car il s’agit d'apprécier des variations légères et d’en suivre l’enchaînement graduel, lequel aboutit len- tement à travers les âges à une modification sensible du type. Deux hêtres qui ne différent pas evtre eux d’une façon profonde, puisque certains naturalistes Lésitent à en faire deux espèces, sont cependant les anneaux extrêmes d’une chaîne non interrompue de variétés éteintes dont les restes parsèment l’Europe miocène et pliocène. L’un de ces arbres a vécu jadis sur notre sol, ou du moins il y étail représenté par une forme qui en diffère à peine : c’est le F. ferruginea Mich., aujourd'hui répandu dans l’Améri- que du Nord. L'autre est le seul hêtre actuel d’Europe, le F. syl- vatica L. L'intérêt principal de l’étude des hêtres tertiaires, qui, à partir des derniers temps miocènes, apparaissent de toute part avec une certaine profusion, se porte sur le passage qu'ils éta- blissent entre le type devenu américain et son successeur définitif au sein de nos forêts. La flore de Gerdagne, dont le hêtre devait être un des plus beaux ornements, joindra son appoint aux docu- ments déjà recueillis sur cette remarquable filiation. Peut-être sera-t-il bon de préciser tout d’abord les caractères distinctifs des F. ferruginea et sylvatica. Le premier a de gran- des feuilles, plus allongées et moins ovales en moyenne, à base tantôt atténuée et tantôt assez large, à sommet plus constamment atténué en pointe longue. Les bords offrent une dentelure en scie, simple, uniforme, assez espacée. Le pétiole demeure assez court et les nervures sont très nombreuses (12 paires au moins, le plus souvent davantage). Ge type est reproduit presque inté- gralement dans l'Europe miocène par le F. pristinaSap., de Manos- que, dont le pétiole est seulement plus court encore et dont la pointe terminale s’accentue un peu davantage. Le F. sylvatica a des feuilles habituellement plus petites et plus ovales, moins acu- minées, à bord à peine denté, simplement ondulé ou même tout à fait entier, 7 ou 9 paires de nervures secondaires. Quant au fruit, contrairement à ce que l’en pourrait supposer à priori, il est beaucoup moins gros dans le F.ferruginea que dans son con- 260 MÉMOIRES ORIGINAUX. génère d'Europe. Ces points de départ établis, je rechercherai quels sont les caractères moyens de l’ancien hêtre de Cerdagne, puisje m'efforcerai d'établir sa situation à telle ou telle distance des deux termes extrèmes et au milieu des nombreux intermé- diaires provenant de localités diverses. Les feuilles ont été recueillies en grand nombre et, pour la plu- part, dans un état de conservation excellent. Les figures de la PI. V donnent un aperçu de leurs principaux aspects. Le pétiole est robuste, mais assez court; il atteint souvent 8 et parfois à peine plus de 4 millim. La taille du limbe, très variable, s'élève dans les grands spécimens à 10 centim. de long sur 6,5 de large. Quelques feuilles sont régulièrement elliptiques-lancéolées; la plupart ovales ou obovales. Le rapport des deux diamètres varie dans de fortes proportions, mais les formes larges sont beau- coup plus nombreuses que les formes allongées. La base peut être très arrondie ou s'atténuer insensiblement ; la première de ces dispositions semble plus fréquente ; mais, d’après ce que j'ai pu voir sur les feuilles actuelles, c'est un caractère de peu de valeur. Le sommet se termine en pointe douce, peu prononcée, et rappelle de préférence celui du F. sylvatica. Pour la dentelure marginale, un certain nombre de feuilles (fig. 3) présentent, sur- tout dans leurs deux tiers supérieurs, une manière d’être qui n’est pas sans analogie avec celle du F. ferruginea ; les dents sont aiguës, très espacées, peu saillantes. Mais le hêtre indigène offre parfois aussi de tels aspects, et beaucoup de mes feuilles fossiles sont simplement sinuées-ondulées, ou même à peu près entières. Enfin, le nombre des nervures secondaires oscille entre 12, 11 et 10 paires et peut se réduire à 7 dans des feuilles, il est vrai, de petite taille ; les indications fournies par ces chiffres ont de l'importance dans le 2. Fagus, plus peut-être que les autres caractères. Les nervures ont en général un trajet rectiligne; par- fois cependant, naissant sous un angle très aigu, elles s’incurvent légèrement à mesure qu’elles se rapprochent des bords, de façon à devenir moins ascendantes. De petites nervures tertiaires, sou- vent indistinctes et toujours très fines, courent perpendiculaire- VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 261 ment aux nervures secondaires, qui ne sont jamais ramifiées. J'ai cru remarquer que les feuilles à nervures nombreuses avaient en général un pétiole plus court, une base amincie, un contour allongé ; de là, l'indice d’une séparation en deux groupes, les feuilles dont je viens de parler inclinant davantage vers le F. ferruginea, tandis que les autres rappelleraient plutôt le syl- vatica. Mais s’il est assez plausible que ces deux variétés légères aient existé, on ne saurait les isoler nettement, à cause des tran- sitions qui les relient. Ainsi, la fig. 1 représente une feuille qui appartient par sa base, ses nervures et son pétiole à l’un des grou- pes, et à l’autre par son contour général; d'autre part, si la feuille 5 a la forme et les nervures du groupe qui incline vers le iype ferruginea, son bord entier l’éloigne du hêtre américain. Parmi les hêtres fossiles que l’on peut comparer avec le mien, je citerai d’abord les F. Deucalionis Ung., macrophylla Ung., Fero- niæ Ung., répandus dans l'Europe du nord et du centre vers la fin du miocène. La fig. 3, par exemple, rappelle le F. Deuca- lionis par la dentelure espacée de la partie supérieure et ne res- semble pas moins à certaines figures du F. macrophylla, bien que celui-ci ait le bord simplement ondulé et soit de plus grande taille !. Il est plus naturel toutefois de chercher des points de comparaison dans la flore de Sinigaglia, dont l'horizon géologi- que se rapproche fort de celui des argiles de Bellver. Les hêtres étaient nombreux dans cette riche localité italienne, mais leurs espèces paraissent avoir été trop multipliées. La mieux établie parmi celles que distingue Massalongo est son #. Marsilii, dont les figures ressemblent beaucoup à quelques-unes de mes em- preintes?. À l’autre extrémité de l’Ancien-Monde, le hêtre forme à lui seul 80 à 90 0/, des spécimens récoltés dans le pliocène supé- rieur de Mogi (Japon) ; M. Nathorst l’appelle F. ferruginea fossi- lis et le considère comme intermédiaire entre les F. ferruginea et 1 V. Unger ; Die fossile Flora von Gleichenberg, Taf, II. ? V. Massalongo : Sfudii sulla Flora fossile del Senigalliese. Imola, 1859, Tav. XXI, etc, 262 MÉMOIRES ORIGINAUX, sylvatica, mais plus voisin du premier, dont le type aurait per- sisté ainsi plus longuement au Japon qu’en Europe '. D’après de nombreuses figures, il avait en effet 11-13 paires de nervures, de petites dents aiguës et espacées, un sommet volontiers acu- miné. | Au début de l’époque pliocène, le hêtre se multiplie partout dans le centre de la France: on le trouve à Trévoux, à Hauterive, à la Tour-du-Pin, mais surtout dansles cinérites du Cantal. L’es- pèce des cinérites a d’abord été presque assimilée par M. de Sa- porta au #. sylvatica; les feuilles, dont j'ai pu consulter une belle collection au Muséum de Toulouse, sont seulement un peu plus polymorphes, atténuées en pointe et parfois plus riches en nervures. Beaucoup d’entre elles se lient très intimement à mes feuilles de Cerdagne. Plus récemment, la découverte de deux empreintes de fruits a modifié l'opinion de M. de Saporta. Ges fruits indiquent en effet plus d’aflinité avec le F. ferruginea qu’on ne l’avait supposé d’abord. Par leur grosseur, les involu- cres tiennent exactement le milieu entre ceux des deux espèces actuelles ; à une forme générale voisine de celle que présente le F. sylvatica, ils joignent quelques traits de la physionomie de l’autre espèce. En outre, la longueur du pédoncule excède nota- blement celle de l’involuere, ce qui constitue un caractère spé- cial à la forme fossile. Il est intéressant de rapprocher de ce qui précède les données fournies par l’unique fruit de hêtre, dont les argiles de Bellver aient, à ma connaissance, conservé l'empreinte. Or ici, le pédon- cule est plus court que l’involucre, celui-ci s’atténue plus lon- guement à la base que l'organe analogue du F. ferruginea, et, quant aux dimensions, on peut dire que le fruit est intermédiaire entre celui du F. ferruginea et celui du F. sylvatica, maïs cepen- dant plus voisin de ce dernier. Voici quelques chiffres basés, pour les espèces vivantes, sur plusieurs mesures:dont j'ai pris la moyenne : 1 V. A.-G. Nathorst, Bidrag till Japans fossila Flora. Stockholm, 1882, Taf, VIII et VIT. VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 263 Longueur de la Longueur de la valve involucrale. nucule incluse. Fagus ferruginea...... ete 13-14 je —\ SYIVATIER. AR + 23-25" J5nm Hêtre fossile de Bellver.... 20m 1oRE L'évolution qui, de toute part, amenait peu à pou le hêtre eu- ropéen au type qu'il revêt de nos jours a donc pu s’accentuer de bonne heure en Cerdagne. En tout cas, comme ceux de Siniga- glia, de Schossnitz, du Japon, du Cantal et d’ailleurs, le hêtre fossile pyrénéen est une de ces formes de passage auxquelles on peut attribuer seulement des caractères ondoyantis, les rappro- chant plus ou moins de tel ou teltype mieux fixé plutôt qu'ils ne leur constituent une physionomie propre. Il serait sage de grouper en un faisceau commun toutes ces formes éparses et à traits mixtes qui se développaient si largement de l'extrême Nord ou de l'Orient jusqu'aux revers méridionaux des Alpes et des Pyrénées, vers l’aurore des temps pliocènes. M. de Saporta a pro- posé déja de les réunir sous le nom de F. pliocenica! ; bien qu'il n'ait pas tracé une description méthodique de l’espèce que l’on composerait ainsi et que l'épithète miopliocenica eût peut-être été plus juste, j’adopterai cette manière de voir comme la plus ration- nelle. On pourrait établir dans la nouvelle espèce plusieurs sub- divisions, des variétés locales arvernensis, italica, silesiaca, etc. La var. ceretana, par exemple, doit rester distincte de celle des cinérites; sans doute elle était légèrement plus voisine du F. sylvatica, bien que les feuilles fussent fréquemment munies de 12 paires de nervures, et son fruit, autant que l’on peut se baser sur un spécimen unique, n'avait ni les mêmes dimensions ni une forme tout à fait identique *. 1 Comptes rendus de À Acad. des Sciences, tom. XCIV, avril 1882. 2 Depuis que les lignes précédentes ont été écrites, M. de Saporta a publié des Observations sur la Flore fossile de Mogi, et au cours de cette étude il entre dans des détails assez circonstanciés sur les hêtres pliocènes, Il figure le fruit du F. pliocenica Sap., du Cantal. Entre ce fruit et celui de Cerdagne, il y a des différences notables dans la forme et les dimensions du pédoncule, ainsi que dans l'aspect des épines de l'involucre, qui paraissent avoir été plus longues et 264 MÉMOIRES ORIGINAUX. 3. CASTANEA PALÆOPUMILA, ANDR. (PI. V, fig. 8.) Diagnose.— C. foliis oblongo-lanceolatis, basi altenuatis, apice acuminatis, repando-serratis, dentibus acutis versus apicem recurvis, nervis secundariis numerosis, rectis, simplicibus, à nervo primario valido sub angulo acuto exorientibus. Rare. Je possède quelques bons fragments d’une espèce dont la dé- termination ne saurait reposer sur un degré de certitude égal à celui des précédentes, mais que j'incline beaucoup à classer dans le g. Castanea, en raison de l'aspect général, de la forme de la base et surtout de la dentelure. S’il s’agit réellement d’un chà- taignier, on peut l’assimiler au C. palæopumila Andr., qui vivait à Sinigaglia à l’époque mio-pliocène. La figure que Massalongo donne de ce dernier indique 13 paires de nervures et offre avec mes empreintes une grande ressemblance ‘. La base est cepen- dant moins amincie, les bords sont plus parallèles, la largeur générale se maintient par suite plus uniforme ; mais ces légères divergences s’effacent si l’on considère un fragment de feuille de Cerdagne, trop incomplet pour être figuré, à bords parallèles et dents aiguës rappelant bien le faciès habituel des châtaigniers. Le C.recognita Sch. pourrait aussi offrir quelques analogies avec l’es- pèce cerdane ; mais j'éliminerai le C. Ungeri Heer, à dents plus larges et obtuses, base plus atténuée. Rien de surprenant que les restes d’un châtaignier soient rares aux environs immédiats de Bellver ; si cet arbre a vécu dans le pays, ce qui est probable, oo plus divariquées chez le premier. M. de Saporta propose d'identifier le hêtre de Mogi avec le F. pliocenica et figure une feuille de Cerdagne, en ajoutant qu'elle se rapporte sans doute au F. Deucalionis Ung. ou au À, Marsilit Mass. Je crois préférable de la rattacher au F. pliocenica,mais à titre de variété distincte (surtout en raison dés caractères du fruit) et de maintenir, au sujet des hêtres pliocènes, l'opinion exprimée dans le texte, comme à la fois plus large et plus simple que celle qui tendrait à les désigner sous des noms multiples et sans lien entre eux, 1 Syn. Flor. Senog. VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 265 il n’a dû prospérer qu’à une certaine distance, non dans la région où domine le calcaire, mais dans les massifs schisteux ou grani- tiques de la partie N.-N.-E. du bassin. 4. QUERCUS PRÆILEX, SAP. (PL. IX, fig. 1-3). Diagnose.— Q. foliis breviter petiolatis, coriaceis, ovatis ova- toque oblongis, basi rotundatis, apice plus minus apiculatis, margine subtus leniter revoluto plus minus supernè dentatis, nervis secundariis utrinque 7-13 sub angulo sat aperlo emissis, secus marginem arcuato-conjunctis vel in dentes productis. Assez rare. Les variations légères des chènes de la section {lex pendant toute la durée des périodes tertiaires ont été signalées à plusieurs reprises. Suivant les alternatives de sécheresse et d'humidité, on voit comme sur le chêne vert actuel, en raison des sols et des expositions, les feuilles devenir plus étroites ou plus larges, les dents demi-épineuses des bords s’accentuer ou disparaître. C’est ainsi qu'aux formes un peu maigres de la période tongrienne succèdeat des formes plus amples, telles que le Q. mediterranea Ung., de Koumi et de Radobojï; puis viennent les chênes de Mortcharray et de Meximieux, stations plus fraîches, placées sur la limite des'temps miocènes et pliocènes. Le Q. præcursor Sap., largement représenté dans la flore de Meximieux, est très bien connu: ses feuilles sont, en moyenne, un peu plus grandes et allongées que celles du @. [lex actuel, leurs nervures sont plus nombreuses, le bord reste toujours entier et le sommet s’atténue en pointe plutôt obtuse qu'aiguë !. La Cerdagne tertiaire avait aussi ses chênes verts. Je les rap- porterai à l'espèce de Montcharray, qui n’a jamais été complé- tement décrite, mais dont M. de Saporta a figuré incidemment une feuille sous le nom de Q. præiler? et doni j'ai pu moi-même 1 De Saporta et Marion; Études sur les végétaux fossiles de Meximieux, dans Archives du Muséum de Lyon, tom. I. 2 De Saporta; Le Monde des Plantes avant l'apparition de l'homme, fig. 93, pag. 308. 3e sér., (OM, IV, 20 266 MÉMOIRES ORIGINAUX. observer plusieurs exemplaires au Muséum de Lyon. Dans les deux localités, si les feuilles peuvent atteindre d'assez belles di- mensions, si lour contocr est souvent allongé, elles différent toutefois du Q. præcursor par leur sommet à pointe plus aiguë et surtout la présence presque constante, vers le haut, de dents spinescentes plus ou moins nombreuses et développées. Il est difficile de préciser le nombre moyen des nervures ; en Cerdagne, tandis que de petites feuilles n’en ont pas plus de sept paires, plusieurs spécimens de grarde taille ont dù en posséder davan- tage, mais on éprouve quelq ie peine à les discerner. On recon- nait toutefois que, nées de la côte médiane sous un angle assez ouvert, les nervures s’incurvent en arc et se relient entre elles près de la marge, sauf lorsqu'elles se rendent à la poirte d’une dent bien prononcée, ce qui est conforme aux règles habituelles de la nervation chez les chènes. La base est arrondie, quelque- fois légèrement échancrée et auriculée ; les bords sont manifeste- ment repliés en dessus, et il est visible que le limbe avait une consistance épaisse. Bien que ce chêne vert fossile ne puisse être séparé d’une espèce plus ancienne, la ligne de démarcation entre lui et le chêne vert qui vit de nos jours en Roussillon et en Pro- vence est des plus malaisées à tracer, les feuilles de ce dernier étant extrêmement variables ; pourtant il semble que les feuilles fossiles aient eu en général un sommet plus effilé, des nervures plus nombreuses. Je joindrai aux feuilles du Q. præilex une très jolie empreinte (fig. 3), dont le contour est régulièrement obovale, le sommet arrondi et qui ressemble beaucoup au ©. alnifolia Poech., de l’île de Chypre, tel que le figurent Kotschy et M. d’Ettingshausen ‘. Le limbe est coriace, bordé dans sa moitié supérieure d’un petit nombre de dents ea srie infléchies ; les nervures secondaires sont au nombre de six à peine de chaque côté, très saillantes à la face inférieure ainsi que la côte médiane, quelquefois bifurquées, doucement infléchies vers le haut. Les variations de forme très 1 Kotschy ; Die Eichen Europas und Orients. Wien, 1862, VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 267 étendues, déjà signalées, que l’on observe tous les jours sur le Q. Ilex et dont le @. mediterranea miocène offre aussi de frap- pants exemples ‘, m’engagent à ne pas séparer cette feuille des précédentes. 9. QUERGUS DENTICULATA, NOVA SP. (PL IX, fig 4.) Diagnose. — - Q. foliis obovatis, apice rotundatis vel mucrona- tis, margino ferè totaliter argutè denticulatis, nervis secundariis utrinque 6-7 sub angulo acuto emissis, adscendentibus, usque ad marginem productis. Rare. Tandis que la feuille dont je viens de parler se relie évidem- ment à celles du Q. præilex, quelques autres, d’un contour éga- lement arrondi-obovale, en sont bien distinctes par des caracte- res de consistance, de nervation et de dentelure, Moins coriaces, quoique selon toute apparence encore fermes et persistantes, elles ont une base plus étroite que le sommet, un sommet arrondi ou mucronulé, des nervures secondaires encore en petit nombre, mais nées à angle aigu, beaucoup plus ascendantes, légèremeat recourbées vers le haut aux approches du bord, qu’elles attei- gnent sans s’anastomoser entre elles. Ce bord, sauf aux approches immédiats de la base, est uniformément denticulé et les dents, petites, aiguës et un peu spinescentes, sont en général deux fois plus nombreuses que les nervures. Ge dernier caractère pourrait faire douter qu’il s'agisse d’un Quercus; cependant, parmi les chênes fossiles suisses classés par Heer, il en est plus d’un qui le présente*. Tels sont, par exemple, les Q. argute-serrata, val- densis, Mureti; mais aucun ne saurait être identifié à mon espè- ce. Ainsi le Q. valdensis a des nervures secondaires repliées en arc le long des bords et le Q. Mureti, chez lequel elles se rendent bien dans les dents marginales correspondantes, en possède un 1 Unger; Die fossile Flora von Kumi. Wien, 1867, Taf. VI, 2 Heer ; F!, tert. Helvetiæ, I, pl. 77-78. 268 MÉMOIRES ORIGINAUX. plus grand nombre ; en outre, les dents sont moins spinescentes et l’on pourrait relever d’autres différences de détail. Je men- tionnerai encore le Q. sclerophylla H., allié au Q. coccifera actuel, comme offrant avec l’espèce que je décris une certaine analogie, par son contour général et ses petiles dents spinescentes. Parmi les espèces vivantes, je citerai le chêne kermès méditer- ranéen (Q. coccifera L.) et surtout le ©. ballota, du nord de l'Afrique. Les dents marginales de leurs feuilles rappellent celles de mes feuilles fossiles et sont parfois en plus grand nombre que les nervures secondaires ; toutefois celles-ci sont alors en général bifurquées. L’analogie que je signale, à d’autres égards encore, n’est certainement pas complète. En résumé, les feuilles fossiles dont je viens de parler constituent une espèce bien tranchée, dont l'attribution au genre Quercus, ce genre si polymorphe et auquel les meilleurs auteurs se refusent à assigner des caractères constants de quelque valeur, me paraît tout au moins fort plau- sible. 6. QUERCUS HISPANICA, nova sp. (PI. VI, fig. 1-11.) Diagnose. — À. foliis firmis vel submembranaceis, sat breviter petiolatis, oblongo-ellipticis v. obovatis, basi obtusaiis v. subau- riculatis, v. in petiolum attenuatis, apice plus minus longè cuspi- datis, margine parcè crenato-dentatis v. sublobatis, nervis se- cundariis utrinque 7-10 in dentes productis, nervulis rele sub- tile efformantibus. Très commun. Le principal chêne de l’ancienne Cerdagne, l’arbre qui, avec le hêtre, dominait sans doute dans ses forêts, doit occuper dans le vaste genre Quercus une situation moyenne entre les espèces à feuilles coriaces, entières ou dentées, persistantes, et celles dont les feuilles sont membraneuses, plus profondément sinuées ou incisées et se renouvellent chaque année ; peut-être sa place est-elle plus près de ces dernières. Il a laissé des empreintes bien conservées, {rès variées d'aspect et de dimension, dontje trace- VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 269 rai d’abord une description moyenne et parmi lesquelles je dis- tinguerai ensuite quelques formes spéciales. Par malheur, les fruits manquent, ce qui arrive fréquemment chez les chênes fos- siles. Le pétiole, assez épais, peut atteindre 16-18 millim., mais en général reste plus court. Le limbe, tantôt coriace, tantôt d'aspect membraneux, mais loujours un peu ferme, offre un contour ovale-oblong, ou parfois obovale, deux ou trois fois plus long que large ; dansles grands exemplaires, il alteint 8 et même 10 centim. de longueur. La base, parfois inéquilatérale, peut être modérément amincie, arrondie ou un peu rétuse et subauriculée, ou au contraire s’atténuer longuement et se terminer en pointe. Le sommet offre une pointe pyramidale régulière, aiguë, quel- quefois émoussée et à peine distincte, en général bien accusée. . Le bord reste entier jusqu’à une distance plus ou moins grande de la base, puis se festonne de dents grossières, espacées, par- fois assez prononcées pour qu'on puisse le qualifier de sublobé ; ces dents sont en général arrondies, ainsi que les sinus interden- taires, légèrement recuurbées en crochet vers le haut et à rebord inférieur beaucoup plus allongé que le supérieur. D'une forte nervure médiane se détachent 7-10 paires de nervures secondai- res, opposées ou alternes, droites ou un peu infléchies vers le haut, se rendant aux crénelures ou dents correspondantes ; sur les points où celles-ei font défaut, les nervures se replient en are le iong de la marge et s’unissent entre elles; souvent les plus in- férieures, petites et ainsi repliées, naissent sous un angle plus ouvert que les suivantes. Des deux côtés de la nervure médiane et des secondaires, naissent perpendiculairement ou à angle aigu les nervures tertiaires, qui vont s’anastomoser vers le milieu des areas, tandis qu'entre elles s’interposent des nervilles extrème- ment lénues, circonscrivant une multitude de petits espaces plus ou moins trapézoïdes. Les détails de ce réseau sont admirable- ment conservés sur quelques empreintes en creux, correspondant à la face inférieure. La surface devait être glabre et le lacis ner- villaire semblable à celui qu’on voit sur les feuilles des chênes 270 MÉMOIRES ORIGINAUX. vivants, mais plus riche et plus apparent peut-être que dans beaucoup de feuilles d'espèces méridionales. Les spécimens que représente la PI. VI ont été choisis de ‘façon à indiquer les modifications les plus communes ou les plus saillantes du type. Les fig. 1 et ? se rapportent à la forme que je considère comme la plus normale. Le limbe est allongé, sa base est plutôt ronde et peu amincie, les crénelures ne sont ni très fortes ni très nombreuses et manquent surle ticrs ou même la moitié du contour, mais elles sont bien reployées en crochet et souvent mucronées ; la consistance est plus ferme que dans les autres cas et presque coriace. On peut voir dans les feuilles représentées par les fig. 3 et 4 un passage de cette première forme à une seconde, plus rare, bien caractérisée par sa base longuement atténuée, ses crénelures plus fortes mais peu nom- breuses, ses nervures secondaires par conséquent réduites aussi en nombre, sa pointe apicale très développée (fig. 5). D'autre part, les feuilles 3 et 4 se rattachent, par l'intermédiaire des feuilles 6 et 7, à celles, assez nombreuses, dont les fig. 8 et 9 sont destinées à donner un aperçu et que distinguent leur forme obovale, notablement élargie près du sommet, leurs crénelures plus nombreuses et plus arrondies. Quant aux fig. 10 et 14, l’une à contour elliptique-lancéolé, l’autre à dentelures aiguës et brusquement déjetées en dehors, elles représentent des feuilles plutôt excentriques que constiluant des variétés normales. Si l’on rattache les diverses formes ci-dessus à un même type spécifique, il est difficile de trouver parmiles chênes fossiles décrits de côté et d'autre une espèce très analogue. Uné des plus voisines est le Q0.Etymodrys Ung., signalé d’abord à Gleichenberg, puis à Sinigaglia, où Massalongo le fractionne en diverses va- riétés. À en juger par les figures que donnent Unger et Massa- longo, le Q. Etymodrys a le pétiole plus grêle, la base moins amincie, les lobes un peu plus nombreux, le sommet légèrement moins acuminé que la moyenne de mes feuilles. La variété cano- nica Massal. mérite d’être rapprochée plus spécialement de mes fig. 1 et ?. D'autre part, les formes obovales où subdeltoïdes du VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 271 chêne pyrénéen, celles dont la plus grande largeur est voisine du sommet, dont les crénelures sont plus obtuses et qui semblent s'être éloignées davantage du type des chênes à feuilles coriaces et entières, ressemblent beaucoup aux figures du @Q. Cardanii Massal. Pour les feuilles à caractères inverses, dont la fig. 5 offre un très beau spécimen, l’analogie est surtout frappante avec le O0. Nimrodis Ung. et les formes alliées, telles que les Q. ilicoides H., Buschii Web., etc., qui relient les groupes précédents à la section des chênes verts. Enfin, parmi les chênes des argiles brûlées du Val d'Arno, le Q. lucumonuwm Gaud. n’est pas sans rapport avec les feuilles nos { et 2. Je dois à M. de Saporta d’avoir pu consulter une très riche collection de feuilles de chênes actuels. Elle comprenait plusieurs espèces du sud de la péninsule Ibérique, du Maroc ou de l’Al- série, et notamment toutes les variétés des Q. lusitanica Web. et humilis Lam., recueillies au jardin botanique de Coïmbre et provenant des districts les plus divers du Portugal. Or, l’étude de ces formes nombreuses, bien qu'intimement alliées entre elles, éclaire d’une vive lumière l’histoire et les affinités du plus remar- quable des anciens chênes de Cerdagne. Le Q. lusitanica est très polymorphe. Un examen attentif de ses feuilles me conduit à assigner à leur type moyen, le plus fréquent et le plus normal, une taille médiocre, une forme oblongue, une base arrondie ou un peu cordiforme, des dents aiguës ou obtuses modérément prononcées, 10 à 11 paires de nervures secondaires. Ge type moyen ressemble beaucoup à mes fig. 1 et ?, représentant des feuilles qui occupent aussi, parmi celles de Bellver, une situation intermédiaire entre deux ex- trèmes. D'ailleurs on peut dire quele chène portugais reproduit, ébauche tout au moins toutes les variations de taille et de forme de l’espèce fossile. Sur le même rameau on trouve &es feuilles à sommet arrondi, d’autres où la pointe est bien accentuée. Celles qui proviennent de l’A'sarve ont parfois des lobes plus aigus et mucronés ; elles sont petites, gréles et sèches, trahissant ainsi l'influence d’un climat plus chaud, moins humide. Quelques one MÉMOIRES ORIGINAUX. variétés ont un limbe coriace, presque entier. Dans l’ensemble, le (. lusitanica, dont la parenté avec mon espèce éteinte est des plus évidentes, a peut-être le sommet des feuilles moins aminei el moins aigu. Les feuilles du Q. humilis, espèce montagnarde réduite à l’état d'arbrisseau ou de broussaille, forment une série parallèle et tout aussi variée. Il en est, par exemple, de très effilées et d’autres arrondies, ou élargies vers le haut et d’un contour général comparable à celui de mes fig. 8 et 9 ; mais les dents restent en moyenne plus incurvées, plus mucronées, parfois tout à fait spinescentes. Parmi les autres chênes du même groupe qui se rapprochent de mon chêne fossile, je citerai le Q. infectoria, de l’Asie-\iineure, qui d’ailleurs se confond presque avec le lusitanica, le Q. petio- laris Boiss., du Taurus, le Q. Libani, le Q. Mirbeckii, de la Ka- bylie. Ce dernier a des feuilles plus amples, volontiers élargies à leur milieu ou près de leur sommet, des nervures droites dont le nombre s'élève à 13-15 paires, des lobes tuujours simples et peu développés, mais plus arrondis que ceux du Q. lusitanica ets’accentuant en général dès la base du limbe ; la pointe apicale est plus prononcée que dans la plupart des chênes du Portuzal. Il y a donc là uae physionomie un peu différente, mais dérivant à coup sûr d’un même type, et vers laquelle d’ailleurs quelques spécimens provenant de Gibraltar m'ont paru élablir un passage insensible. Je pourrais signaler encore, comme ayant une cer- taine analogie avec mes empreintes, le Q. crispula Blum, du Japon; mais j'en éloignerai davantase le Q. alpestris, que l’on rapproche aujourd’hui des chênes fossiles du Cartal, ainsi que les diverses formes indigènes du @. Robur L., qui ont des lobes foliaires beaucoup plus développés, parfois bifurqués, le sommet plus arrondi, la nervation plus irrégulière *. 4 J'ai souvent observé sur les feuilles de nos Q@. sessiliflora et pedunculata des nervures secondaires inégales et non parallèles; souvent entre deux nervures fortes et qui se rendent aux sommets des lobes correspondants, on en voit ue née sous un angle plus ouvert et se terminant par une bifurcation vis-à-vis du sinus interlobaire. Ce caractère ne se retrouve guère dans les feuilles du groupe infectoria ou lusilanica et dans mes feuilles fossiles. VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 279 Que les feuilles des chênes comptent parmi celles dont la variabilité est la plus grande, c’est un fait d’observation vul- gaire que j'ai constaté bien des fois sur les Q. pedunculata Ehrb., sessiliflora Sm., Îlex L., et nous venons de voir que le Q. lusi- tanica ne le cède en rien, à cel égard, à ses congénères français. Comme d’autre part, parmi mes feuilles fossiles, les formes extrêmes sont reliées entre elles par de nombreux intermédiaires, je suis conduit à les grouper toutes sous un même rom spécifique ; mais les divergences sont ici plus tranchées et plus considérables que chezle hêtre, ou même que chez l’aulne. Il convient done de distinguer trois variétés : 19 Q. hispanica genuina {assez commune) (fig. 1-2). 2° — cuspidata (assez rare) (fig. 5). 3° — expansa (commune) (fig. 8-9). La première de ces formes est la plus voisine du Q. lusitanica ; elle passe par transition à la seconde, qui la relie peut être au groupe du ©. Ilex, et d’autre part à la troisième, qui accuserait plutôt quelque tendance vers le groupe Robwr, mais cependant s'allie de plus près par sa nervation et ses formes au Q. Mirbeckii. Quel degré de fixité avaient acquis ces variétés et constituaient- elles des races plus ou moins indépendantes ? Il ne me semble pas qu’on puisse se prononcer sérieusement sur cette question, puisqu'on voit sans cesse, et parfois sur un même pied, se pro- duire des variations plus grandes dans les formes foliaires, tandis qu’en d’autres cas il serait impossible de distinguer, d’après des feuilles isolées, deux espèces actuelles pourtant bien caractérisées à d’autres égards". Toujours est-il que jadis, outre quelques arbres ou arbustes de même genre moins répandus, croissaient en abondance près des lacs de Cerdagne des chênes au feuillage plus ample, sans 1 J'ai lieu de croire que des personnes autorisées seront tentées d'attribuer à plusieurs espèces de chênes les feuilles que figure la PI. VI. Sans nier qu'ils puissent être dans le vrai, j'estime, tout bien pesé, que les preuves suffisantes manquent et qu'il vaut mieux, dès lors, être plus réservé. 274 MÉMOIRES ORIGINAUX. doute aussi aux proportions plus majestueuses. Ces chênes, que les causes habituelles d'évolution tendaient à diversifier, nous retrouvons aujourd’hui la plupart de leurs traits dans un groupe méridional. La parenté est des plus frap:antes ; nul doute que ces formes voisines, dispersées de l’Espague à l'Algérie et à l’Asie- Mineure, aient eu, plus au Nord et à une époque antérieure, uu ancêtre commun, auquel il est naturel de rapporter les empreintes de Gerdagne. L'ancien type pyrénéen, subissant la même loi que tani d’autres espèces tertiaires, aurait émigré peu à peu vers le Sud sous l'influence de l’abaissemeat de la température depuis le début des temps pliocènes ". I. QUERGUS sp. (PL IX, fig. 5.) Diaynose. — Q. foliis subcoriaceis, basi apiceque obtusis, margine integerrimis, nervo medio validissimo, nervis secun- dariis crebris, sub angulo variabili, plerumque aperto egredien- libus, secus marginem arcualo-conjuncelis. Rare. Bien qu’il manque à la feuille représentée par la fig. 5 presque toute sa moitié supérieure, elle me semble indiquer clairement une espèce à part. Tout, dans son aspect, sa nervation, la forme de sa base, dénote un chêne. Peut-être pourrait-on songer à un figuier ; mais les nervures inférieures nées sous un angle très ouvert, les arcs terminaux des nervures secondaires assez dis- tants de la marge, l’état probable de la surface, qui a dû étre modérément coriace et sans rudesse, écartent cette hypothese. Il s’agit d’un chêne à feuilles entières, régulièrement eiliptiques- 1 Il existe dans la vallée de la Llosa, à deux pas de Bellver, quelques chênes qui ne paraissent pas appartenir à la section Robur et qui se rapprochent du @. lusitanica; n'ayant pu, voir que des feuilles, je ne saurais déterminer exactement l'espèce. Ge fait n'infirme nullement les conclusions ci-dessus. Il indique seulement que le domaine actuel des chênes méridionaux auxquels se rattachent mes em- preintes remonte encore à la rigueur, à travers l'Espagne, jusqu'au pied des moutagnes qu'habitaient jadis leurs ancêtres. VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 245 oblongues, à pétiole et nervure médiane d’une grande épaisseur, nervures secondaires nées en général sous un angle assez ouvert, mais non toujours parallèles, repliées en arc le long des bords, entremèélées de nervures plus faibles et plus courtes. Les chènes «à feuilles de saules » à nervures nombreuses el bord entier ne sont pas rares à l’état fossile. On peut citer comme offrant quelques traits communs avec mon espèce pyrénéenne, le Q. Heerii Al. Br.; maisla base est atténuée, et les nervures, alter- nativement fortes et faibles, semblent toutefois plus régulière- ment espacées. Le @: chloroph ylla Ung. a des nervures secon- daires plus faibles ; le Q. neriifolia Al. Br. ‘, plus étroit, allongé et acuminé, s’éloigue davantage, et je ne trouve pas de similitude très prononcée avec le Q. advena Sap. * et autres chênes à bord entier du miocène méridional. Parmi les espèces vivantes, je citerai le Q. Pfæffingeri Kotsch.*, de l’Asie-Mineure, le Q. virens Ait., de Californie; mais les feuilles de ce dernier que j'ai pu observer sont relativement grêles, étroites, et comme dans le Q. Heerii, plus atténuées à la base et à nervation plus régulière. Je crois pouvoir conclure que la Cerdagne tertiaire à possédé an chêne à feuilles entières, ne rentrant pas dans les coupes spéci- fiques déjà établies. 8. Quercus WeBeri, HEER. ' (PI. IX, fig. 6-7.) Diagnose. — À. foliis parvulis, breviter gracilèque petiolatis, 1 Pour ce chène et les précédents, v. Heer ; F1. tert. Helvetiæ, TU, Taf. LXXIV et LXXV. 2 De Saporta ; Études sur Véy. S.-E. France. 3 Th. Kotschy; Die Eichen Europas und Orients. # Les chênes lobés, il est vrai, présentent quelquefois, sur les jeunes rejets ou en d’autres circonstances, des feuilles tout à fait entières : les nervures se replient alors en arcs marginaux ; mais j'ai bien constaté sur les Q. prinos, Mirbecküi, etc., qu'elles conservent leur disposition générale et leur mode d’origine, de sorte que la feuille demeure reconnaissable. Or, celle dont je viens de parler et les quelques fragments qui l'accompagnent ont une nervation peu en harmonie äavec celle du Q. hispanica, et il n’est pas vraisemblable qu’elles en représentent des modifica- tions accidentelles. 276 MÉMOIRES ORIGINAUX. lanceolato-linearibus, basi rotundatis, apice acu minatis, totaliter vel supernè margine denticulatis, nervis secundariis crebris, arcualim conjunctis vel in dentes, quüm adsunt, productis. | Assez commun. Je rattacherai à l’espèce désignée par Heer sous le nom de Q. Weberi! de petites feuilles grêles et minces, parfois un peu flexueuses, toujours acuminées et à base arrondie, avec un fin réseau nervillaire et un bord denticulé, à dents aiguës ou un peu obluses, dents qui assez fréquemment manquent dans la moitié inférieure. Dans les spécimens provenant de Suisse, la base est quelquefois atténuée, quelquefois aussi la feuille s’élargit vers le bas ou perd tout à fait ses dentelures ; mais ces divergerces acei- dentelles ne motivent pas une séparation de mes feuilles sous un nom spécial. Ces dernières ressemblent aussi au Q. lonchitis Ung.”, au Q. drymeja Ung.*, mais restent en moyenne plus minces, plus petites et, en somme, plus différentes, surtout si l’on consulte les figures données de ces espèces, non par Ünger ou Gaudin, mais par Heer ‘. Parmi les feuilles vivantes, celles du Q. phellos me semblent assez voisines. Enfin, j'ai eu d’abord la pensée de les attribuer au g. Myrica ; mais la nervation est plus conforme à celle des chênes, tandis que d’autre part, dans le groupe que je viens de nommer, la base s'amincit presque toujours ou devient même décurrente. SALICINÉES. 1. PopuLus TREMULA, L. (PLIOGENICA). (PI. IX, fig. 8.) Diagnose. — P. foliis rotundatis, margine totaliter sinuato- crenatis, apice parüm productis, nervis primariis basilaribus 1 Heer: FI. tert, Helv , II, pl. CLI, fig. 1-10. 2 Unger, Fi. von Kumi, Taf. V. 3 Gaudin ; Contrib. à la fl. foss. italienne, 2° mémoire, dans Soc. Helv. Sc. Nat., vol. XVII, pl. IV, figures diverses et notamment fig. 3 (Q. drymeja, var. Mandraliscæ). 4 Heer; FL. tert. Helv., LU, Taf. LXX VIII et LXXV. VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 2 {RÉ extùs ramosis, secundariis à medio ortis alternis vel oppositis, arcuatim conjunctis, tertiariis cüm venulis rete minutum effor- mantibus. Assez rare. La flore fossile de Bellver comprend deux peupliers dont les feuilles, parfois conservées dans leurs moindres détails, ne sont pas d’ailleurs très abondantes. Sans doute ces arbres recher- chaient moins le voisinage des eaux que ne le font la plupart de leurs congénères, et en effet il en est ainsi de nos jours, au moins pour l'un d'eux, le P. tremula. Chose remarquable, l’un et l’autre, au lieu de se modifier ou d’être éliminés de l’Europe centrale, comme beaucoup de leurs compagnons d'existence, se sont maintenus dans nos pays presque sans variations appréciables, et le tremble notamment égaye encore de son souple et léger feuillage les pentes des montagnes cerdanes. Les feuilles que je rapporte à ce dernier type sont arrondies, aussi larges, souvent même plus larges que longues ; sur presque tout le pourtour, leur bord se festonne de grosses crénelures un pou inégales, dont l’une, plus aiguë et légèrement plussaillante, occupe le sommet du limbe. Les nervures primaires latérales naissent de la base, formant avec la médiane des angles assezaigus, sont bien ramifiées sur leur côté extérieur et, après avoir envoyé à la crénelure correspondante un rameau plus ou moins fort, se reploient vers le haut et s’unissent aux nervures secondaires de la première paire, qui à leur tour se comporteront de même avec celles de la paire suivante. Outre les rervures secondaires bien développées, qui sont peu nombreuses, il peut naître cà et là, de la côte médiane, des branches plus faibles, qui se perdent de bonne heure dans le réseau nervillaire. Celui-ci, très délicat, comprend de grandes mailles de premier ordre plus ou moins perpendiculaires aux nervures secondaires et une infinité de mailles polygonales. Tous les détails de cette nervation offrent les caractères propres au g. Populus et, joints à l'aspect général, indiquent une espèce de la section des trembles f. 1 La fig. 7 représente une feuille que j'ai choisie à cause du bon état de conser- 8 P J 278 MÉMOIRES ORIGINAUX. Plusieurs espèces fossiles, d’ailleurs très voisines, appartien- nent à celte seclion, mais elles diffèrent de mes feuilles plus que celles-cine s’éloignent des formes actuelles du même groupe. Le P.heliadum Ung., découvert d’abord dans le miocène du centre de l'Europe, puis retrouvé par Gaudin en Italie, a des feuilles larges, mais subquadrangulaires ! ; le P. 4eoli Üng., de Parsch- lug, se distingue par son très long pétiole et ses dents plus aiguës, plus courbées vers le haut; le P. Richardsoni H., des régions polaires, par son sommet plus acuminé ; le P. tremulæfolia Sap., des argiles de Marseille, par ses nervures latérales primaires plus ascendantes et rapprochées de la médiane et par ses crénelures moins fortes ?. Comparées aux feuilles du P. tremula actuel de Cerdagne, mes empreintes sont parfois à peu près exactement semblables et parfois, ilest vrai, un peu plus élargies, plus épais- ses aussi et à pétiole moins fin ; je crois devoir les réunir à l'espèce vivante en ajoutant seulement la mention pliocenica, comme l'a fait M. de Saporla pour le tremble qui habitait, un peu plus tard sans doute, mais dans des conditions analogues d'altitude et de climat, les pentes du volcan du Cantal *. 2. POPULUS CANESCENS, SM. (PLIOCENICA). (PL IX, fig. 9.) Diagnose.— P. foliis subdeltoïdeis, basi rotundatis, apice acu- minatis, margine partialiter sinuato-crenatis, nervis primariis lateralibus extüs ramosis, secundariis arcuatim econjunctis, ter- tiariis cum venulis rete minimum efformantibus. Assez rare. vation de ses nervures, mais à laquelle manque le pétiole. Sur d’autres spécimens on peut constater qu'il était assez long et grêle ; il en était de même de celui du P. canescens. 1 Gauñia et Strozzi ; Contrib. à la fl. foss. italienne, 6° mémoire (Soc. Helv. Se. Nat., vol. XX}, pl. I, fig. 15. 2 De Saporta ; Étude sur Vég. S.-E. France, UT, ?e partie, pl. III, fig. 4. 3 La fig. 7 (PI. XI.) réprésente très probablement une feuille d’un jet gcurmand; cette circonstance suffit à expliquer les particularités assez notables que présente son contour, VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 279 Le second peuplier de Cerdagne avait des feuilles moins or- biculaires, plutôt subdeltoides, à base arron lie, sommet plus aigu et prolongé, bords crénelés ssulement en partie ; les dents, subégales, ne sont de chaque côté qu'au nombre de trois ou quatre. Ces légères nuances donnent à l'espèce une physionomie distincte, plus voisine ce celle du P. alba L., qui toutefois est subtrilobé, a une base plus tronquée, des nervures primaires latérales plus fortes. En somme, il s’agit du P. canescens Sm., intermédiaire entre les P. tremula et alba, cultivé et subspon- tané dans nos pays, el qui vivait aussi à Ceyssac à l’époque plivcène. C'est du premier surtout que se rapproche le peuplier des terrains pliocènes d'Italie, réuni au P. leucophylla Ung. par Gaudin, à tort selon d’autres auteurs ; au contraire, les P. leuco- phylla Ung. (miocène supérieur de Styrie, Freyberg, Gleichen- berg), Bianconi Mass. (Sinigaglia) et alba pliocenica Sap. (Mexi- mieux) représentent, à travers la série des temps tertiaires, la marche du type bien connu du P. alba, répandu de nos jours sur tous les bords de la Méditerranée jusqu'au Caucase,en Perse et aux Indes. PLATANÉES. 1. PLATANUS sp. (PI. X, fig. 1.) Diagnose. — P. foliis firmis, trilobatis, lobis valdè productis, angustis, aculis, remotè denticulatis, dentibus acutis versüs api- cem curvatis, nervis secundariis è primariis sub angulo varia- bili egredientibus, curvatis, plerümque arcuato-conjunctis. Très rare. La feuille que représente la fig. 1, unique et par malheur incomplète, doit un aspect assez étrange à ses trois lobes termi- naux aigus, très étroits relativement à leur longueur et séparés par des échancrures inégales. Bien que la base manque totale- ment et eût pu fournir ici de bons caractères, l'attribution au g. Platanus me semble reposer sur des motifs sérieux. Tont ce 280 MÉMOIRES ORIGINAUX. qu'il est possible de voir s'accorde avec cette opinion : l’appa- rence générale, qui indique une surface unie et une texture assez ferme, la disposition et le mode de terminaison des nervures, surtout la forme des dents, rares, courtes, très aiguës et recour- bées vers le haut. L’inégalité des deux grandes échancrures in- terlobaires se retrouve sur une feuille fussile provenant de Ménat (Auvergne), que j'ai eu l’occasion d'observer et que M. de Sa- porta classe parmi les platanes sous le nom de P. Schimperi. A l’époque miocène et mio-pliocène, le P. aceroides Goepp. était très répandu, depuis le Groenland jusqu’à Œningen, Schossnitz, Sinigaglia et Meximieux ; jamais cependant je n’ai vu ses nom- breuses variétés figurées revêtir un aspect aussi grèle et aussi allongé. Peut-être cette forme, de même que d'autre part les petites formes ramassées de Meximieux ou d’autres localités, indique-t-elle un type en voie de déclin, destiné à bientôt dis- paraîlre. ULMACÉES. 1. ZELKOVA CRENATA, SPACH. (BLUX, fs. 10-11.) Diagnose.— Z. foliis dislichis, brevissimè petiolatis, basi ple- rümque inæqualibus, ovatis vel ovato-lanceolatis, æqualiter serrato-crenatis, dentibus simplicibus, nervis secundariis 7-12 ; fructibus parvulis subglobosis. Commun. Il n’existe, à ma connaissance, aucune trace d’ormes propre- ment dits dans la flore tertiaire de Cerdagne ; mais la famille des Ulmacées y est représentée par le g. Zelkova ou Planera!, dont les empreintes sont très nombreuses et parfaitement reconnais- sables. J'avais d’abord attribué toutes ces empreintes au Z. Un- 1 Ces deux appellations génériques sont employées indifféremment. Schimper, par exemple, écrit Planera Ungeri Ett. et M. de Saporta Zelkova Ungeri Et. Il ne peut être question d'adopter l'une pour l'espèce fossile, l'autre pour l'espèce vivante, car ce sont deux formes à peine distinctes spécifiquement, VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 281 geri Ett., espèce fossile bien connue, qui a vécu longtemps dans les régions les plus variées de l'Europe miocène et mio-pliocène; l'étude de la flore fossile du Japon, publiée par M. Nathorst, me conduit maintenant à penser que deux espèces, voisines d’ailleurs et susceptibles peut être de se mêler par hybridaticn, ont dû vivre côte à côte dans les anciennes forêts pyrénéennes. L’une d’elles reste intimement alliée au Z. Ungeri, tandis que l’autre doit être rapprochée d'une forme aujourd'hui reléguée dans l’Extrême- Orieni. La première espèce est représentée par des feuilles, des ra- meaux feuillés et un rameau fructifère. Le pétiole n’a générale- ment que 1-3 millim. de longueur, tandis que souvent il atteint ou même dépasse Î centim. dans les feuilles figurées par Heer sous le nom de Planera Ungeri'; mais Schimper dit qu’il peut aussi se réduire à rien, la feuille devenant sessile, et je ne vois en tout cela que des nuances différentielles sans portée, n’excé- dant pas les limites de la variabilité inhérente à cette espèce. Le contour du limbe est ovale-oblong, les nervures secondaires sont peu nombreuses, leur mode de terminaison et la forme des dents offrent les caractères connus du genre, sur lesquels je ne crois pas utile d'insister. Rien n'indique le P.emarginata, espèce voisine distinguée par Heer. Quant aux fruits, l’un d’eux est un peu plus gros que ceux attribués par cet auteur au P. Ungeri. C'est sur une différence de taille semblable dans ces derniers organes et sur quelques autres nuances imperceptibles que l’on se fonde pour séparer de l’espèce miocène, sous le nom de Z. crenata Spach (Planera Richardi Michx), une forme qui n’en est sans doute que ie prolongement direct et qui vit de nos jours sur les confins Ge l’Europe, en Perse, au Caucase, dans l’île de Chy- pre. Unger et M. de Saporta rattachent de préférence à cette der- nière forme les empreintes fossiles de Koumi et du Cantal. Je ferai de même pour les empreintes de Cerdagne, tout en estimant que les différences signalées ici sont bien légères, difficiles à 1 Fl. Tert.Helv., I, pag. 60, Tab. LXXX. 3e sér.. tOID, I. 21 282 MÉMOIRES OGRIGINAUX. apprécier avec certitude, et partant n’ont qu'une minime valeur. 2. ZELKOVA SUBKEAKI, DOVA Sp. (PL. IX, fig. 12-14.) Diagnose. — 2. foliis magnis, breviter petiolatis, basi plerüm- que inæqualibus, truncato-rotundatis vel etiam cordatis, ovatis latèque ovatis, apice longè acuininatis, æqualiter serrato-crenatis, dentibus magnis simplicibus, nervis secundariis 7-13, quandoque furcatis. Commun. La seconde espèce de Zelkova n’est représentée que par des feuilies isolées, mais elles sont belles et nombreuses. Le type moyen (fig. 12) offre un pétiole long d’un centimètre, un limbe plus grand que celui de l’espèce précédente (8-9 centim. de long sur 3-4 112 de large), une nervure médiane forte, des nervures secondaires assez espacées, droites, quelquefois bifurquées et donnant très souvent naissance, près du bord et sur le côté infé- rieur, à un petit rameau tertiaire qui va se terminer au sommet de l’angle renirant interdentaire ; ce dernier caractère, commun aux ormes et aux Zelkova, est bien accusé. Les dents marginales sont grosses, sonvent recourbées vers le haut et mucronulées. Les traits spécifiques les plus constants se rapportent à la forme dela base, qai es! brusquement arrondie ou même cordiforme, et à celle da sommet, presque toujours prolongé en une longue pointe. L’inégalité de la base, à peu près nulle dans la figure 12, est souvent plus prononcée. Les figures 13 et 14 représentent des modifications remarquables du type dont je viens d’esquisser la physionomie habituelle; la force de la nervure médiane, l’inéga- lité de la base et la largeur générale du limbe s’exagérent, tandis que les dents arrondissent leur contour, émoussent leur pointe, mais les traits les plus caractéristiques du genre el de l'espèce persistent. Dans sa flore fossile du Japon", M. Nathorst d'crit un Z. Keaki 1 À. G. Nathorst ; Bidrag till Japans jossiia flora, Tafl. X. (La fig. 3 est sur- VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 283 29 fossilis, qu’il rattache au Z. Keaki Sieb., vivant actuellement dans les forêts du même pays. En comparant avec mes em- preintes quelques feuilles de l'arbre japonais actuel et les nom- breuses figures que donne M. Nathorst de sa variété fossile, je suis amené à conclure que les premières ne s’éloignent des autres par aucun caractère sérieusement appréciable. Dès lors il est logique d'admettre, malgré l'énorme distance qui sépare les Py- rénées de l’Asie orientale, qu’elles appartenaient à une espèce très analogue. Si, comme les travaux de Heer et de M. de Saporta ten- dent à l’établir, beaucoup de formes végétales ont eu le pôle Nord pour point de départ et centre de rayonnement lors de leurs migrations à l’époque lertiaire, le phénomène des espèces disjointes devient fort explicable. Deux formes presque identiques peuvent se rencontrer en des points très éloignés, aux deux ex- trémités de l’ancien continent, par exemple, sans qu'il existe entre elles aueun lien et sans qu'il y ait lieu cependant de s’en étonner outre mesure ; ce sont deux branches divergentes nées d’un même tronc et qui, ayant rencontré de part et d'autre des milieux semblables, ont effectué leur évolution d’une façon sensi- blement parallèle. Des exemples analogues sont fournis par d’au- tres groupes de plantes : l'Acer lætum, dont il sera question plus bas, est un tyge qui, très répandu jadis en Europe, l’élait aussi vers la même époque au Japon et persiste de nos jours, sous des aspects légèrement diversifiés, dans plusieurs régions de l'Asie orientale. D’ailleurs le type japonais du g. Zelkova n’a pas dû, à l’époque miocène ou pliocène, être représenté uniquement dans les Pyrénées. On pourrait sans doute rattachor à ce type plusieurs des feuilles inscrites sous le nom de PI. Ungeri et provenant des localités les plus diverses de l’Europe". Ainsi, parmi les feuilles de Koumi ro tout bien caractéristique ; la fig. 6 rappelle en petit la déviation large du type normal, dont ma fig. 13 représente un superbe spécimen. À en juger par les gravures de l'ouvrage suédois, mes feuilles de Cerdagne, un peu plus grandes en moyenne que celles du Japon, ont une nervation mieux conservée.) 1 M. Nathorst exprime une opinion analogue. 284 MÉMOIRES ORIGINAUX. fisurées par Unger ‘et celles de Sinigaglia décrites par Massa- longo”, il en est dont la base arrondie ou en cœur et le sommet acuminé rappellent beaucoup le Z. Aeaki. Sans doute la ligne de démarcation entre les deux espèces fossiles est parfois difficile à tracer ; mais lorsqu'on dispose, comme en Gerdagne, d’une grande quantité d'empreintes excellentes, en ne s’attachant qu'aux mieux caraclérisées et en les mettant en regard des feuilles vivantes des deux types, on s’habitue vite à distinguer le contour elliptique des unes, largement arrondi et longuement acuminé des autres, et l’on demeure convaincu que deux Zelkova vivaient côte à côte sur le sol de l'Europe mio-pliocène. MORÉES. Je PrCUS SD. (PLUX, Mig. 1258.) Diagnose. — F. foliis crassè petiolatis, ovats, basi cordatis, apico altenuatis, margine subintegris, penninerviis, nervis secun- daris inferioribus sub angulo acutiore egredientibus, omnibus vel ferè omnibus arcuato-conjunctis. Très rare. Il est peu de genres dont les feuilles soient plus variables que celles des figuiers: pennées ou palmées, lobées ou entières, elles peuvent revêtir des apparences propres à des genres très divers, souvent même différant beaucoup entre elles dans une même espèce, sur un même pied. Il convient de n’attribuer des feuilles fossiles au g. Ficus qu'avec réserve, du moins lorsqu'on n'a pas été assez heureux pour découvrir des vestiges du fruit. Telle est cependant lattribution générique qui me semble préférable à toute autre pour deux ou trois feuilles dont la plus remarquable (fig. 2?) a un péliole épais, renflé même très sen- siblement vers la base au point de départ des deux nervures 1 Die foss. Fl. von À umi, Taf. IV, fig. 16. 2 Fi, foss. Senog., Tav. 21. VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 285 secondaires inférieures, ces dernières étant en outre beaucoup plus obliques que les suivantes, Les caractères que je viens d’in- diquer se présentent fréquemment chez les figuiers à feuilles penninervées; je les ai maintes fois observés, soit sur notre Ficus carica indigène, en Roussillon et en Provence, soit sur de belles feuilles de: #. religiosa et Benghalensis, provenant de Cochinchine, soit enfin sur les figures de figuiers fossiles don- nées par divers auteurs. Ilestvrai que si ces caractères sont très habituels aux figuiers, ils ne leur sont pas spéciaux et peuvent se rencontrer ailleurs. D'autre part, l’empreinte que je décris semble dénoter une surface rude et épaisse, ses bords sont gros- sièrement crénelés ou presque entiers, ses nervures sont reployées en arcs le long des bords; tout ceci s’accorde avec l’hypothèse d'un figuier. Malheureusement la plupart des détails de la ner- vation ne sont pas perceptibles!. C’est avec plus de doute que j'attribuerai au g. Ficus la feuille reproduite par la fig. 3. Cependant, outre les caractères précé- demment signalés et relatifs aux nervures de la paire inférieure, elle offre une nervation bien conservée et dont les arcs margi- naux plats, voisins de la marge, rappellent assez bien ceux de cer- tains figuiers ; mais il n’y aurait rien d’impossible à ce qu'elle se rapportât, par exemple, au g. Viburnum, dont les espèces fossiles sont nombreuses à Sinigaglia et dans d’autres localités contem- poraines. 1 On sait que le F. carica présente deux formes de feuilles : les unes sont pro- fondément lobées, les autres entières, et naturellement il y a des intermédiaires entre ces extrêmes. Ces deux formes, déjà très vivement accusées lorsque la feuille sort à peine du bourgeon, coexistent souvent sur le même pied, rarement sur le même rameau, et la première est de beaucoup la plus fréquente. Bien que la seconde soit parfois très semblable à celle de ma feuille fossile, il y aurait grande témérité à relier une es-èce dont la connaissance repose sur des spécimens très rares el assez imparfaits à uotre figuier européen Ce dernier semble avoir apparu tardivement en Europe ; on ne l'a trouvé jusqu'ici que dans des tufs quaternaires, à Moret, à Castelnau près Montpellier {G. Planchon ; Études sur les tufs de Mont- pellier, pag. 4% et pl. II), et en Toscane; d’autres Ficus vivaient antérieurement eu Provence et sont sans doute les ancêtres de celui de Cerdagne. 286 MÉMOIRES ORIGINAUX. LAURINÉES. 1. PERSEA sp. (PL. X, fig. 4 Diagnose. — P. foliis subcoriaceis, oblongis, utrinque breviter attenuatis, margine integris vix undulatis, narvo medio valido, nervis secundariis sub angulo variabili emissis, secùs marsinem areolatis, tertiariis subflexuosis cm veaulis rele minimum sub- quadrangulum efformantibus. Rare. Les laurinées proprement dites n'élaient peut-être pas d’une rareté extrême dans la Cerdagne tertiaire. J'ai recueilli divers fragments de feuilles qui doivent appartenir à ce groupe ; toute- fois, ils sont trop incomplets pour servir de base à une détermi- pation, sauf un beau spécimen reproduit par la fig. 4. La feuille dont je parle accuse une consistance ferme plutôt que vraiment coriace et mesure 8° {1/2 de long sur 3°* 1/2 de large; le pétiole a en plus 8 millim. Le bord est parfaitement entier et très légèrement ondulé ; la forme du limbe, oblongue-lancéolée, atténuée, obtuse aux deux extrémités, la plus grande largeur oc- cupant la région moyenne. Sur les côtés d’une nervure médiane saillante, mais assez mince, sont disposées neuf ou dix paires de nervures secondaires, émises sous des angles variés, mais en général assez ouverts, droites, puis recourbées et ascendantes le long des bords, repliées en arc et réunies à l’aide de mailles suc- cessivement décroissantes ; la première paire est la plus oblique. Des rervures abrégées, nées sous des angles très ouverts, cou- rent çàet là dans les intervalles inégaux qui séparent les précé- dentes. Des nervures tertiaires un peu flexueuses, simples ou ramifiées, se dirigent transversalement, et entre elles les petites veinules forment un réseau des plus délicats, à mailles quadran- vulaires ou polygonales fort bien conservées. L'ensemble de ces caractères est conforme à ce que l’on observe chez les Persea, sans que ma feuille puisse cependant être assi- VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 287 milée à l’une ou l’eutre des races ou espèces de ce groupe décrites jusqu'ici à l’état fossile. En l'absence de fruits, de pédi- celles floraux ou de périanthes, il est vrai, l'attribution au g. Per= sea de préférence au g. Laurus ne peut reposer que sur des pro- babilités ; elle me semble être la plus plausible. J’ajouterai que si l’obliquité des nervures de la paire inférieure décèle souvent un figuier, on ne saurait l’admettre ici, car la forme, l’aspect général, la courbure et la situation des arcs terminaux des ner- vures secondaires indiquent une laurinée. Le genre Persea, voisin du g. Laurus, est aujourd’hui confiné dans l’Anérique du Nord et dans les iles de l'Afrique occidentale; mais il a longtemps habité l’Europe, où ses diverses formes fossi- les, intimement alliées entre elles, peuvent néanmoins serépartir en deux séries. D'une part, les P. typica Sap., d’Armissan, græca Sap., de Koumi, amptifolia Sap., de Meximieux, différant entre eux par Île simples nuances, représentent à des périodes succes. sives et en des localités assez distantes le type du P. indica Spr., actuellement vivant aux Canaries, à Madère, même aux Acores et en Portugal. D'un autre côté, on peut rattacher les P. superba Sap., de Manosque, Braunii H., d’'OEningen, carolinensis Nees (var. assimilis), de Meximieux, aux types actuels américains, P. carolinensis Nees et P. gratissima Gœærtn Il y a entre ces deux séries voisines des points de contact et des passages. M. Heer, par exemple, après avoir rapproché son P. Braunii des P. gra- tissima et carolinensis, dit qu'il s’allie également au P. indica ; selon lui, il y aurait parenté entre la première et les deux der- nières espèces {. Les espèces ou races du type P. indica se distinguent surtout par le grand nombre de leurs nervures ; il y en a 12 à 18 paires. Dans la seconde série, on n’en trouve guère que 7 ou 6, mais 1 Voir, pour les divers Persea fossiles qui viennent d'être cités, les ouvrages de Heer et de M. de Saporta, notamment la Flore terliaire de Suisse, les Études sur les végélaux fossiles de Meximieux et Examen crilique d'une collection de plantes fossiles de Koumi. (Ann. scient. de l'École normale supérieure.) 288 MÉMOIRES ORIGINAUX. c’est le P. carolinensis qui en a le moins, et, en outre, ses feuilles sont moins larges, son réseau veineux est pou saillant. Par le nombre de ses nervures, la feuille que je figure est intermédiaire aux deux groupes; par sa forme générale et son réseau vei- neux bien apparent, elle offre peu d’analogie avec le ?. caroli- nensis (var. assimilis). Au contraire, son aspect, son contour, le mouvement même de sa nervation, bien que celle-ci soit plus irrégulière et que les nervures soient plus nombreuses, la rap- prochent du P. Braunii. L'espèce d'OEningen a pour analogue vivant le plus proche le P. gratissima, à feuilles larges et veines saillantes. Je ne remarque pas toutefois dans les figures du P. Braunii, données par Heer, les nervures abrégées qui sont, à mes yeux, un trait assez frappant de la feuille cerdane, et en même temps des P. græca et amplifolia, par exemple. De tout ceci, il résulte que la forme pyrénéenne a sa physionomie propre eta pu constituer une nouvelle race de ce groupe d'arbres ou arbustes élégants, variables, aujourd’hui réfugiés hors d'Europe ou sur l’extrême limite méridionale de cette grande région; mais, n'ayant qu'une seule empreinte bien conservée, je ne crois pas devoir proposer un nom spécilique. 2. CINNAMOMUM POLYMORPHUM, HEER. (PIN EG: Diagnose.— G. foliis ovato-ellipticis vel obovatis, triplinerviis, nervis lateralibus plus minüsve suprabasilaribus, curvatulis, extüs ramoso-reticulatis, cùm secundariis infra apicem conjunctis. Très rare. La présence du camphrier parmi des végétaux qui, pour ia plupart, lui sont rarement associés et ont des exigences diffé- rentes au point de vue du climat, peut passer pour une des par- ticularités curieuses de la flore fossile de Bellver. Je n’ai recueilli de ce type, aujourd'hui tout à fait exotique, d’autres vestiges que deux petites feuilles, mais leurs caractères génériques ne laissent prise à aucun doute. Je crois pouvoir les rattacher au VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 289 C. polymorphum H., espèce d’ailleurs très variable, comme l’in- dique son nom, et qui a vécu en Europe jusqu'à la fin des temps miocènes. Dans le midi de la France,on la voit apparaître à Armis- san, puis se développer à Manosque, à Marseille ; elle a été étu- diée par divers auleurs. Il est à peu près évident que le cam- phrier de Gerdagne, isolé au milieu d'espèces envahissantes à affinités moins méridionales, se survivait à lui-même et était à la veille de disparaître ; ses deux uniques spécimens sont très grêles, et l’un d'eux, à sommet arrondi, peut êlre considéré comme une feuille atrophiée. BUXACÉES. L. BuXUS SEMPERVIRENS, L., Var. CERETANA. (PRIX NTESE) Diagnose. — B. foliis coriaceis integris, sat breve petiolabs, ellipticis vel lanceolatis, nervis secundariis crebris, tenuibus, subobliquis. Rare. Par ses feuilles persistantes et coriaces, le buis est encore un type d'aspect méridional, mais il n’a pas émigré comme le cam: pbrier et bien d’autres, et il continue de contraster avec l’en- semble des végétaux qui l’environnent, dans les parties calcaires et montueuses de toute l’Europe. Quelques feuilles attestent son ancienne présence en Cerdagne. Elles ont en moyenne ?5 millim. de long sur 8-1? de large; le pétio!le de une d'elles, le seul qui paraisse intact, n’a guère que à millim. Ces dimensions éloignent assez peu mon espèce du buis actuel, B. sempervirens L., dont les feuilles sont cependant relativement larges, plus ovales aussi et moins allénuées vers la base ; elles s’écartent davantage de celles du B. pliocenica Sap. et Mar., fossile à Mexi- mieux, race ou espèce voisine, à feuilles plus larges encore et plus longuement pétiolées. Quant au buis de Mahon, 8. balearica Wild., qui vit de nos jours dans une région peu distante de la Cerdagne, mais beaucoup plus chaude, ses feuilles sont plus 290 MÉMOIRES ORIGINAUX. amples et plus belles ; Loutefois le pétiole court et la base atténuée pourraient indiquer quelque affinité avec mes empreintes. Autant qu’il est possible de se prononcer, en l'absence du fruit, d’après des feuilles peu nombreuses et en se basant sur des différences légères, je pense que le buis de Cerdagane se rattache plutôt à l'espèce commune, el, comme il diffère très sensiblement de la forme fossile de Meximieux, je suis conduit à le distinguer, à titre de variété, sous un nom différent de celui qu'on a donné à cette e rnière, SAPOTACÉES. l. BUMELIA Sp. (PL XI, fig. 4) Diagnose. — B. foliis subcoriaceis, obovatis, apice emarginatis, margine integerrimis, nervis secundariis subtilibus, sub angulo cireà 9° emissis, curvato-reticulatis. Très rare. La feuiile que reproduit la fiz, #4, par sa forme et tous les dé- tails de sa nervation délicate, présente les caractères d’un groupe fort homogène, scindé pourtant en trois genres : Bumelia, Sapo- tacites, Siderozylon. En la comparant aux feuilles fossiles décri- tes sous ces noms divers, je constate qu'elle ressemble notamment au B. sideroxyloides Sap. !, qui vivait à une époque antérieure à Armissan ; toutefois elle est moins largement obovale, plus lon- suement atténuée à la base, et ses fines nervures secondaires naissent de la médiane sous un angle en moyenne moins aigu. Le pétiole parait assez semblable. Le sommet est plus rétus el la base un peu inéquilatérale; mais il se peut que ce soient là de simples variations individuelles. Le B. sideroxyloides ressemble lui-même au B. oreadum Uag., de Sotzka, mais ce dernier a des ! De Saporta; Études sur Vég. du Sud-Est de la France, IL, 2, pag. 284, pl. VIIL, lig. 2. (Le Sapotacites mimusops Ett., rare à Armissan, plus répandu dans les terrains tertiaires de Suisse ou d'Allemagne, pourrait aussi être comparé à mon empreinte.) VÉGÉTAUX FOSSILES DE GERDAGNE. 201 feuilles plus petites, moins élargies au sommet, plus atténuées à la base. D'autre part, M. d’Ettingshausen décrit son B. oblongi- folia comme ayant une forme un peu allongée et des nervures se- condaires nées sous un angle assez ouvert '. Le même auteur a distingué sous le nom de Sapotacites minor une espèce à la- quelle M. de Saporta rapporte, non sans quelque doute ilest vrai, une feuille provenant des arkoses de Brives (Haute-Loire), feuille qui ressemble fort à la mienne ; pourtant la forme de la base diffère quelque peu?. En somme, une sapotacée vivait dans la Cerdagne tertiaire”. Il est naturel de voir dans la plus commune des trois espèces du même type qui croissaient à Armissan vers la fin de l’époque ton- grienne son ancêtre direct ; toutefois les deux formes sont dis- tinctes comme les deux époques, et, d'autre part, la forme cerdane n'est pas sans affinités avec d’autres, plus éloignées géographi- quement. J’ajouterai que dans là nature actuelle divers Bumelia et Sideroæylo®, tous exotiques, paraissent alliés de près aux es- pèces fossiles désignées, soit sous les mêmes noms génériques, soit sous celui de Sapotacites, OLÉACÉES. l. FRAXINUS Sp. (PI. X, fig. 9-10.) Diagnose. — F. samaris angustis, acutiusculis, tenuiter venoso- striatis ; foliolis oblongits, basi rotandatis, apice attenuatis, mar- gine integerrimis, nervis secundariis sat numerosis, secus mar- ginem arcuato-conjunctis. Assez rare. ! Ettingshausen,; Die eocene Flora des Monte Promina. Wien, 1855, Taf. IX, fig02/ 2 Tert. Flora von Färing, pag. 62, Tab. XXI, et Essai descriptif sur les plantes fossiles des arkoses de Brives. Le Puy, 1878, pag. 47, pl. I, fig, 5. 3 On pourrait aussi songer à une feuille de buis plus grande, un peu modifiée; mais cette hypothèse me paraît moins plausible. 292 MÉMOIRES ORIGINAUX. Un certain nombre d'empreintes de fruits prouvent l’ancienne existence d’un frêne aux environs de Bellver. Ces fruits étaient des samares longues de 31 à 35 millim., dont 12 ou 13 pour la nucule, et larges de 4 à 5, d’une largeur presque uniforme, la nucule étant à peine plus étroite que l'aile ; celle-ci était parcourue par des veines longitudinales délicates, dont une médiane plus accu- sée, etse terminail en pointe plutôt aiguë qu'’obtuse. Parmi les samares de frêaes fossiles à peu près de même époque, celles du frêne de Ceyssac m'ont paru plus élargies et obtuses au sommet, avec une nucule relativement moins forte, tandis que celles du F. numana Massal.', plus voisines des miennes, s’en distinguent encore par leur aile un peu courte et s’élargissant de la base au sommet d’une façon plus marquée ou tout au moins plus con- stante. La détermination des feuilles que je propose d’attribuer au genre Fraxinus est moins sûre que celle des fruits. On pourrait aussi, par exemple, y veir des folioles de noyer. Toutefois la pré- seace des samares, qui ne sont pas très rares, peut constituer un motif suffisant pour faire pencher la balance en faveur du frêne; il serait étonnant qu'aucune feuiile n’ait été conservée, au moins en partie, lorsque plusieurs fruits nous sont parvenus dans un état excellent. En oulre, le réseau nervillaire, à peine indiqué par places, a dù être fin, peu saillant, capricieux, caractères qu'il offre volontiers chez les frênes vivants, et on verra plus bas qu’un frag- ment de feuille assez différent peut être attribué à un noyer. Les folioles du frène cerdan auraient été étroites et longues, arrondies et un peu inégales à la base, un peu amincies de la base au sommet, pourvues d’un bord entier et de 11-12 paires de nervures secondaires repliées en arcs très rapprochés du bord. En général, les frênes ont la base plus atténuée, ou du moins prolongée en une petite pointe le long du pétiole, mais elle peut aussi être franchement arrondie ; la plupart ont le bord denticulé, mais il en existe un groupe à feuilles à bord entier, et c'est préci- 1 Syn. flor. del Senogall., Tav. IX. VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 293 sément à lui qu'appartiennent les Fr. americana L., Scheuchzeri H. numana Mass., espèces alliées dont là dernière vivait sous la même latitude et à la même époque que mon arbre pyrénéen et portait des fruits assez semblables. Les folioles da Fr. numana, déjà plus grandes que celles du Fr. Scheuchzeri, le sont un peu moins que les miennes et ont la base plus atténnée ; elles s’en rapprochent par une texture un peu ferme ou même coriace. Quant à celles du Fr. gracilis Sap., de Ceyssac, elles sont beau- coup plus grêles et d’un aspect tout autre. TILIACÉES. * 1. Tizra VipALu, nova sp. (PL X, fig. 11 et XI, fig. 1-2.) Diagnose. — T. foliis latè ovatis, ad basim valdé cordatis, apice breviter acutèque acuminatis, quandoque sublobatis, mar- gine grossè denticulatis, nervis primariis 5-7, nervo medio pen- ninervio, n. primariis laterahibus exlùs ramosis, nervulis plerum- que simplicibus transversim decurrentibus ; fructu bracteam majusculam, lingulatam, basi rotundatam, pedicellosque propè capsulas inflatos præbente. Assez commun. Deux tilleuls à grandes et belles feuilles ont laissé dans les argiles de Bellver des empreintes aisément reconnaissables et qui, pour la première espèce, ne sont pas très rares et ont conservé les moindres détails de leur nervation. Ce sont des feuilles longues de 8 à 9 centim., larges de 7 à 8, à contour ovale, suborbicu- laire ou légèrement divisé en 3 ou 5 lobes, constamment échan- crées en cœur à la base, atténuées au sommet et terminées par une petite pointe aiguë ; la base est égale ou un peu inégale et son échancrure se montre fréquemment assez prononcée. Les nervures primaires sont au nombre de cinq ou sept, parfois même on pourrait eu admettre huit (fig. 1); elles s'irradient en tous sens à partir du sommet du pétiole. Le pétiole est quelquefois déjeté de côté et peut atteindre une certaine épaisseur. La nervure mé- 294 MÉMOIRES ORIGINAUX. diane, an peu flexueuse ou infléchie, est égale ou inférieure aux deux latérales les plus voisines et porte sur ses deux côtés des nervures secon laires opposées ou subopposées, ascendantes, quelque peu ramifiées elles-mêmes vers le haut et sur leur côté extérieur. Les nervures primaires latérales, au nombre de deux ou trois paires, sontd’autant plus fortes qu'elles sont plus rapprochées de la médiane et émettent, sur leur cô‘é extérieur seulement, des ramificalions nombreuses. Toutes ces nervures de premier, deuxième, troisième ordre, se rendent, en s’incurvant généra- lement un peu, aux dents marginales, qui sont un peu inégales, toujours aiguës et relativement fortes. On peut dire que l'espèce est surtout caractérisée par la multiplicité des nervures et le grand développement de la dentelure marginale. Quant aux ner- villes, elles courent partout transversalement aux nervures, formant avec elles des mailles rectangulaires étroites ; elles sont assez rarement bifurquées. Les feuilles dont je viens de tracer une description moyenne offrent beaucoup d'analogie avec celles du T. argentea Desf., par leur forme générale, le nombre et la disposition de leurs nervu- res, voire mème la dentelure de leur bord ; celle-ci pourtant est moins prononcée dans la plupart des feuilles vivantes et la forme de chaque dent diffère un peu, les deux rebords étant moins ar- qués, moins semblables, par exemple, à ce qu'ils sont chez les ormes ou les Zelkova. Mes feuilles fossiles se rapprochent aussi de celles du 7. mandshurica Mazimow., espèce qui habite la Mand- chourie et quelques autres régions de l’Asie orientale, et dont j'ai pu examiner de beaux spécimens à pétiole épais, nervures nombreuses, dents un peu plus petites et plus aiguës, contour gé- néral suborbiculaire, Parmi les deux ou trois tilleuls qui vivent dans notre pays, c’est du T. microphylla Willd. que l’ancien ar- bre pyrénéen semble le plus voisin, du moins par la disposition des nervures ; mais peut-être le pétiole plus grêle, le contour plus régulièrement arrondi et la dentelure plus uniforme, plus serrée, habituellement moins forte, éloignent-ils de lui nos es- pèces indigènes. Enfin, le T. americana peut bien présenter VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 294 de grosses crénelures, mais son aspect général est tout autre. Les tilleuls fossiles sont peu nombreux. Dans une des plus an- cieunes publications paléophytologiques, Faujas de Saint-Fond rapporte au T. arborea une feuille provenant de Rochesauve, près Chomérac (Ardèche), qui se rapproche des miennes par la forme, la nervation et la dentelure. À Sinigaglia, Massalongo distingue plusieurs espèces, parmi lesquelles la plus importante est le T. mastaiana, mais js ne pense pas qu'il soit possible de les assimiler à celle de Gerdagne ; à plus forte raison le tilleul que je décris doit-il être éloigné de celui de Meximieux et des ciné- rites du Cantal, qui appartient à un Lype tout à fait distinct et, comme on le verra dars un instant, répond à la seconde espèce pyrénéenne. Les feuilles dont il vient d’être question sont à peu près identiques à celles que l’on trouve dans le miocèue supé- rieur de Montcharray (Ardèche), localité peu éloignée d’ailleurs du gisement exploité jadis par Faujas de Saint-Fond. J'ai pu exa- miner au Muséum de Lyon de beaux spécimens du tilleul de Montcharray ; les dents marginales sont peut-être plus fortes en- core que sur les spécimens pyrénéens, elles sont aussi un peu plus espacées et il n’y en a qu'une en général pour chaque ner- vure secondaire ; mais l’aspect et l’ensemble des caractères sont assez conformes des deux parts pour qu’on puisse, ce me semble, ne voir ici qu’une seule et même espèce. Je la dédierai à M. L.- M. Vidal, auteur de travaux géologiques importants sur le nord- est de l'Espagne. Outre ses feuilles, ce tilleul nous a laissé deux empreintes de groupes de fruits accompagnés de leur bractée. [une d'elles est très bien conservée (PI. X, fig. 11), tandis que l’autre offre des caractères un peu anormaux, sur lesquels il ne serait pas très prudent de s'appuyer. Sur la première, on voit une bractée lon - gue de 5 centim., large de Î centim., en forme de languette d’une largeur uniforme, arrondie à la base, à bord un peu sinué vers le haut, parcourue par des veines délicates et assez rami- fiées ; le pédoncule se détache vers le milieu et se divise en deux pédicelles un peu épaissis à leur sommet, portant chacun une 296 MÉMOIRES ORIGINAUX. nucule arronüie, peu où pas acuminée, relativement gros: e. Je crois devoir rapporter celte empreinte au 7. Vidalii et non à la seconde espèce de tilleul de Bellver, qui est plus rare et, on va le voir, neut s'identifier avec le 7. expansa Sap.; les fruits du T. expansa sont connus et se distinguent par un aspect plus an- guleux, plus comprimé, use pointe terminale obtuse. Dans le 7. argentea, la nucule est plus atténuée au sommet; la bractée se sépare bien du pédoncule vers le milieu de sa longueur, mais elle s’atténue un peu à la base. Mon fruit fossile se rapproche- rait encore de ceux du T. vindobonensis Stur., à bractée arrondie et insensiblement dilatée vers la base, et du T. mexicana Schl., à nucules de forme globuleuse. En somme, en réunissant les caractères du fruit à ceux des feuilles, je pense qu'on ne doit pas éloigner beaucoup le T. Vidalii du T. argentea; il pourrait très bien représenter l'ancêtre commun de cette espèce européenne et de la forme asiatique voisine, le 7. mandshurica, dont les feuilles sont également argentées, au moins dans une certaine mesure, à la face inférieure. 2. TILIA EXPANSA, SAP. (PL XI, fig. 3.) Diagnose. — T. foliis quandoque maximis, laté ovatis, ad ba- sim obliquè breviter cordatis, margine integris vel vix denticula- tis, nervis primariis 5-7, nervo medio obliquè penninervio, nervos secundarios oppositos vel suboppositos emittente, nervis lateralibus extüs ramosis, tertiariis undique decurrentibus. Rare. Outre l'espèce précédente, vivait en Cerdagne un tilleul à feuilles plus grandes et plus larges encore, dont les empreintes fort incomplètes permettent cependant d'apprécier les caractères essentiels. Par l'absence de dents marginales, la forme de la base et l'ordonnance des principales nervures, il rappelle assez le T. eæpansa Sap., pour qu’on soil autorisé à ne pas l’en séparer. Ce type remarquable, bien décrit par MM. de Saporta et Marion VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 297 d’après des spécimens meilleurs que les miens', a aujourd’hui totalement disparu de l’Europe, où il vivait vers les premiers temps pliocènes à Meximieux et dans le Cantal. Il est représenté daos la nature actuelle par quelques formes alliées qui habitent l'Amérique du Nord. ACÉRINÉES . 1. ACER TRILOBATUM, ÀL. BR. (PL. XI, fig. 5.) Diagnose. -- À. folus longe petiolatis, trilobatis vel subquin- quelobis, lobis inæqualibus acuminatis, grossè inciso-dentatis, lateralibus sat patentibus. Assez rare. Parmi les nombreuses empreintes de feuilles d’érables que j'ai recueillies en Gerdagne, on peut signaler pivsieurs spécimens comme offrant une ressemblance assez frappante avec l'A. trilo- batum Al. Br., ce type miocène si répandu et qui a donné nais- sance à tant de variétés, parfois élevées au rang d’espèces. La feuille que reproduit la fig. 4, entre autres, ne me semble pas devoir être séparée, soit de l’A. érilobatum proprement dit, soit peut être, en raison de ses dents profondes et subégales, de l’es- pèce ou variélé voisine désignée sous le nom d’4. grossedenta- tum H. Le pétiole est long, plutôt épais que fin ; le limbe se partage en trois lobes principaux, acuminés, bordés de grosses dents assez espacées et un peu inégales, toujours aiguës ; le lobe moyen estun peu plus développé, les latéraux divergent presque à angle droit. Il existe inférieurement des ébauches de 42 et 5e lobes, fait qui se présente de temps à autre sur les feuilles de l'A. trilobatum *. 4 Éludes sur les végétaux fossiles de Meximieux (Arch. du Mus. de Lyon, 1). ? Les autres feuilles, un peu moins nettes, sont en général petites et simple- ment trilobées, 3° sér., LOM, IY. 22 298 MÉMOIRES ORIGINAUX. 2. ACER DECIPIENS, AL. BR. (PL. XII, fig. 1.) Diagnose. — À. fois parvulis, nitidis, trilobatis, lobis integer- rimis, apice acutis vel obtusis, lateralibus plùs mins patentibus, sinubus acutis vel obtusis. Rare. Voici encore une espèce bien connue. Quoique les caractères indiqués dans la diagnose puissent paraître peu nombreux ou même peu précis, et que d'autre part l'espèce ait été décrite sous divers noms et parfois subdivisée, les quelques feuilles que je lui rapporte sont très faciles à distinguer. Heer, notamment, a étudié l’A. decipiens" dans le miocène supérieur de Suisse; il pense qu'aucune ligne de démarcation bien tranchée ne le sépare de l’A. Monspessulanum L., son représentant dans la nature ac- tuelle ; les lobes seraient seulement plus allongés et plus aigus dans la forme fossile, du moins en général. Sur les empreintes que j'ai recueillies, les lobes sont en effet très aigus, le médian l'emporte un peu sur les latéraux, les sinus interlobaires peuvent être aigus ou obtus, les lobes latéraux sont moins divergents que sur la plupart des exemplaires figurés par les auteurs et pro- venant d’autres régions. La ressemblance est grande avec la feuille figurée par Massalongo sous le nom d’A. triænum var. furcifer, et qui n’est sans doute qu’une forme du decipiens ?. 1 FI, tert. Helv., III. 2 F1. foss. Senog., Tav. XX, fig. 2. (À suivre.) 299 NOTES MALACOLOGIQUES. par E. DUBRUEIL. 1 Par sa position géographique et sa constitution géologique, le département de l'Hérault est un de ceux de la France dont la faune malacologique est des plus abondantes. À peu près tous les terrains y sont représentés ; on peut appré- cier par l'excellente carte publiée par M. le professeur de Rouville la variété des formations qui le composent. Ce sont surtout les régions secondaires, crétacées et jurassiques, qui sontles plus riches en mollusques ; la portion du département qui s'étend depuis Saint-Gély-du-Fesc jusqu’à la cime de la Sé- rane est certainement une contrée privilégiée pour les animaux qui nous occupent. Ajoutons à cela que la région alluviale située sur la plaine de l'Hérault fournit aussi de nombreuses espèces que l'on est accoulumé à trouver sur les bords des cours d’eau. Il ne faut pas non plus oublier de mentionner pour la faune du dépar- tement le voisinage de la Méditerranée, qui contient un certain nombre d'espèces spéciales. En fait de Limaciens, l'Hérault ne présente aucune forme par- ticlière comme dans toutes les régions, l’Arion rufus y est des plus répandus, et le type est des plus fréquents. On rencontre cette espèce dans les environs immédiats de Montpellier, mais elle est de petite taille ; il faut se reporter vers les régions montagneuses de l'Hérault et surtout vers celles situées non loin de Bédarieux, la Salvetat, de Saint-Guilhem-le-Désert, pour trouver des individus d’une taille presque égale à ceux des Pyrénées et des Alpes ; l’Escandorgue est surtout la chaîne qui possède les individus les plus remarquables par leur taille et les plus variés dans leur coloration. L’Arion hortensis est aussi une espèce commune au département et aux autres régions de la 300 MÉMOIRES ORIGINAUX. France. Il n’est pas de jardin potager qui ne soit habité par cette espèce. Quant à l’Arion Tenellus, que nous avons indiqué dans notre Catalogue comme faisant parlie de la faune de l'Hérault, nous mettons aujourd'hui en doute la détermination de cette espèce et nous atlendrons d’en avoir recueilli un autre exemplaire pour pouvoir affirmer sa présence dans l'Hérault. Tous les lieux humides du département sont le lieu de repaire du Limaz variegatus. Sa taille est la plus forte de celle des Lima- ciens de l'Hérault, mais n’atteint jamais la proportion de celle que l’on rencontre dans les environs de Paris. Nous en possédons trois échantillons récoltés dans une cave de la rue Tarrane, d’une dimension considérable. Citons seulement pour mémoire la présence du Limaæ agrestis, répandu dans la région montagneuse comme dans la région de la plaine. Les alentours de Montpellier, la route de l’École d'Agriculture, celle de Lavalette et le Jardin des Plantes, etc., nous ont fourni de magnifiques échantillons de Limax cinereus. Le Limaæ cinereo-niger, qui ne paraissait pas faire partie de la faune départementale, a été découvert par Paladilhe dans les euvirons de Lieuran-Cabrières. Les régions primitives de l'Hérault ont seules jusqu'ici donné cette espèce fort remarquable. Fort rare est dans l'Hérault le Milax marginatus, signalé par Düpuy dans le midi de la France, indiqué par Moquin-Tandon dans la circonscription méridionale ; il a été retrouvé par nous dans les environs de Puéchabon, la Salvetat et la Sérane. Pour le Milax iagates, il habite communément le département ; sa variété noire y est des plus communes. Il est un genre qui pendant longlemps a été réputé rare dans la faune française: c’est le genre Testacella.Ge genre est des plus communs aujourd'hui dans le département ; c’est ainsi qu’au mois de février 1876, en faisant défricher un terrain, nous avons pu en récolter 78 individus appartenant au lype, à la variété scuiulum et 3 individus à la variété a/banos. NOTES MALACOLOGIQUES. 301 Ces Testacelles, conservées pendant plus de huit mois dans une cage de verre, nous ont permis de nous rendre compte du manège employé par cet animal pour sa nourriture, qui consiste spéciale- ment en lombrics ; il projette sa langue armée de papilles, à la pointe recourbée vers l'extrémité du corps, sur le ver dont il veut faire sa pâture ; puis, reportant cetle langue vers sa poche buccale, : il engloutit ce dernier dans son œæsophage, etlà, par les contractions de la membrane de cet organe, il le comprime et le presse de façon à le faire éclater et à pouvoir en consommer les organes in- ternes ; cela fait, il rejette la peau au dehors.On dirait même que les Testacelles sont susceptibles d’une certaine régurgitation. Très fréquent aussi est dans l'Hérault la Vitrina pellucida ; les bords du Lezsitués aux alentours du pont de Castelnau sont depuis longtemps un lieu privilégié pour rencontrer cette espèce ; c’est là que Draparnaud la signale dans son Histoire des Mollusques de France. Toutefois il ne faudrait pas croire qu’elle soit spéciale aux bords des cours d’eau et des rivières, car elle habite plus communément les régions secondaires, les plus magnifiques échantillons que nous possédons proviennent de Saint-Martin-de- Londres, de Saint-Guilhem-le-Désert, de Péguairolles et de Gan- ges. Au nombre de ces derniers individus figurent des sujets de proportion plus grande que la Vitrina ordinaire. Constituent-ils une espèce ? Nous ne saurions le dire, et nous nous contenterons de remercier Glessing d’avoir bien voulu nous la dédier. Avec le genre Succinea se terminent ceux qui précèdent les Collimaciens. Paladilhe croyait avoir trouvé le Succinea putris à la source du Lez. Nous nous permettons de révoquer en doute cette détermination et de rapporter cette forme au Succinea longiscata, qui n'est pas rare dans le département. L'espèce la plus fréquente estle Succinca Pfeifferi. Nous indiquerons aussi le Succinea oblonga, qui se trouve sur les jones de la plupart des cours d’eau et qui est des plus communs notamment sur les bords de l'Hérault, depuis Ganges, par exemple, jusqu'aux causses de la chaîne, et le Suc- cinea arenaria, dont de magnifiques échantillons ont été trouvés par M. Touchy aux environs de Mauguio. 302 MÉMOIRES ORIGINAUX. Nous devons dire un mot du genre Parmacella.Ge genre n’habite plus aujourd’hui le département et s’est retiré vers les sables de la Camargue. Pourtant sa migration de l'Hérault ne paraît pas remonter à une date bien ancienne : Paul Gervais, de regrettée mémoire, en a retrouvé un échantillon dans les fouilles du Palais de Justice de Montpellier; un autre individu a été aussi signalé dans une grotte des environs de Baillargues. Disons, à ce propos, que certaines formations géologiques nous permettent de nous rendre un compte exact de l'ancienneté des espèces dans la circonscription départementale. Parmi ces formations, il convient de citer en première ligne les tufs de Castelnau. Ces tufs contiennent à peu près toute la série des Mollusques autochtones. Une premiére liste de ces co- quilles, liste fort incomplète, a été publiée per Marcel de Serres ; Gustave Planchon, professeur à l'École de Pharmacie de Paris, a aussi, dans sa Thèse de doctorat ès-sciences, donné un Catalogue des formes recueillies par lui dans ces tufs; Paladilhe les a soi- gneusement étudiées. Cet examen, auquel nous avons nous- même pris part, a été complété par un excellent travail de notre ami Viguier, publié dans la Revue. L'observation des espèces qui se rencontrent dans ladite localité recd aussi compte des variations qu’a subies le climat du département; à cette époque, par exemple, les Helix nemoralis et hortensis, signalés dans les formations bien antérieures, vivaient encore dans les alentours immédiats de Montpellier. Aujourd'hui ils se sont retirés dans les parties les plus fraîches et les plus montagneuses du département. Les fouilles exécutées dans certaines caverrces, notamment dans celles de Lunel-Viel, et celles pratiquées pour les fondations du Palais de Justice de Montpellier, ont aussi mis à nu certaines espèces vivant actuellemert dans le département et qui n'avaient pas encore été remarquées dans les tufs. Le mérite de cette dé- couverte revient surlout à Paul Gervais, Brickmann, Paladilhe, Viguier et Bleicher, à qui l'étude des tranchées du chemin defer d'Intérêt local a surtout facilité ces recherches. Les recherches pratiquées dans les alluvions ont été couronnées NOTES MALACOLOGIQUES. 303 de succès et ont permis de découvrir des espèces à bouche munie d’une fissure, forme presque perdue dans la nature actuelle. Cela dit, revenons à la répartition générale des Collimaciens. Une forme très répandue dansle département, comme aussi dans toutes les régions méridionales, est le Zonites algirus. Ge Gastéropode peut être considéré comme caractéristique de la faune du midi d’une partie de l’Europe, et même de certaines îles de la Méli- terranée : l’île de Candie par exemple. La forme de ce Zonite, qui n’a jamais été retrouvé en Algérie, est une de celles dont le type s’est le mieux conservé, à part des différences de taille. Les régions de la plaine, comme celles des montagnes, sont habitées par le Zonite peson, quelle que soit la nature des ter- rains qui le composent ; toutefois les régions jurassiques parais- sent le plus convenir à son développement, et le plus fort exemplaire par nous connu de cette espèce a été découvert par le D’ Reynes dans les environs d’Aniane. C'est là une espèce dont les modifications avec le climat seraient des plus intéres- santes à suivre ; ainsi, l'anatomie des organes génitaux démontre que, dans la faune autrichienne, plus riche que la nôtre en fait d’espèces de cette sorte, le Zonites algirus passe au Zonites verti- cillus pour aboutir au Zonites austriacus. On ne saurait regarder comme spéciale au département la pré. sence du Zonites lucidus ; mais toutefois, hâtons-nous de le dire, le Zonites cellarius n’y a pas fait encore son apparition. Ge dernier est d’ailleurs une espèce fort douteuse pour nous, présentant, à part quelques légères différences dans la mâchoire et dans la po- sition des tentacules, une parfaite similitude des organes génitaux. C’est sans contredit par erreur qu’elle a élé signalée par Moi- tessier dans les environs de Montpellier ; l’échantillon le plus typique que nous possédions du Zonites cellarius a été recueilli par Drouet dans les environs de Dijon. Les formes de la même section, telles que le Zonites nitidus, nitudulus, etc , vivent, comme dans toute la France, dans les lieux humides ; hâtons-nous de signaler, dans la section du Zonites cristallinus, assez répandu dans tout le département, une 304 MÉMOIRES ORIGINAUX. espèce qui paraît exclusive aux régions secondaires : nous voulons parler du Zonites diaphanus. Les terrains jurassiques et crétacés ont jusqu'ici, en ce qui concerne le département, seuls pré- senté très abondamment cette espèce réunie au Cœcilianella ascicula. Comme cette dernière, le Zonite diaphane vit sous les pierres profondément enfouies dans le sol, et ne sort jamais que par les temps d'humidité extrème. Quant au Zonites pseudo- hydatinus, sa présence dans l'Héraull, constatée la première fois par Paladilhe, ne saurait encore donner lieu à aucune remarque. Parmi les Hélices paraissant avoir atteint dans le département leur maximum de développement et de modification, il faut citer en première ligne l’Aelix splendida. Le type de cette espèce est caractérisé par trois raies supérieures et deux inférieures, d’un violet noir. Dans le type parfait, ces raies sont de dimensions égales; mais on rencontre des individus dans lesquels cette parité est loin d’être conservée : ainsi, une des raiss supérieures peut être plus grande et plus prononcée que les autres ; le même phénomène se remarque aussi sur la surface inférieure. Le nom- bre typique de ces dernières peut subir des variations, se res- treindre à quatre, à trois, ou même à deux, ou point de raie. Des modifications dans la taille se font aussi remarquer dans cette espèce. La variété major, de dimension très grande, se recueille à Lavérune, la Paillade, Pézenas, Béziers, ete., ele. Le type des dimensions ordinaires est commun dans tout le département et extrêmement fréquent dans la contrée qui s'étend de Saint- Gély-du-Fesc à la Sérane, région habitée aussi, et rarement, par la variété minor. Une curieuse modification que nous avons rencontrée dans cetle région consiste en ce que la coquille parfaitement adulte, possédant un bourrelet, est munie d’un om- bilic; et qu'on ne croie pas que cette particularité soit un fait unique, car nous avons trouvé au nombre de trois cette parti- cularité remarquable. Les bandes peuvent se souder au nombre de deux, trois, quatre et même de cinq. Depuis longtemps, les environs de la Paillade, la campagne de Rondelet et surtout du Plan des NOTES MALACOLOGIQUES. 305 Quatre-Seigneurs, fournissent cette coquille aux collecteurs de Montpe.lier. On remarque aussi dans cette espèce une série de variélés distinctes par la couleur et la variation dans l’ornemen- lation. C’est celle qui revêt une couleur jaunâtre très claire, munie d’un nombre de raies, et qui paraît propre aux terrains jurassiques. Cette forme est des plus fréquentes aux environs de Saint-Martin-de-Londres et présente le phénomène de s’accoupler avec le type. Enfin, la coloration de la coquille peut être réduite à la couleur blanche et présenter des bandes transparentes. Mais, quelles que soient les variations qu'affecte cette espèce, l'appareil génital possède toujours les mêmes caractères et les vésicules multifides sont identiques. Quelques points de la France sont aussi pourvus d’une série analogue de variétés: par exemple, le département de l’Aude, celui du Var, des Bouches-du-Rhône et surtout des Pyrénées- Orientales; au pied du Canigou, se remarque la variété Roseo- labiata, manquant seule au département de l'Hérault. À l'Helix splendida on doit ajouter les formes ayant subi le plus de modifications dans l'Hérault, les Helir pisana etvariabilis, d’origine africaine, vivant côte à côte dans toute la plaine régionale. Il est à noter que ces deux formes se trouvent rarement dans la région montagneuse. Très communes dans la plaine du Pic de Saint-Loup, de Saint-Martin-de-Lonires, elles cessent complète- ment de se rencontrer à mesure que l’on se porte vers les chaînes jurassiques de cette partie de la circonscription; l’Aelix Pisana, qui se trouve dans les tufs de Castelnau, a conservé sa forme typique etses variations consistent surtout en modification de couleurs, d’ornementation et de taille. Le caractère que présente la nuance de sa bouche ne saurait être une bonne diagnose, car elle manque chez une certaine variété. Les changements qu’a subis l’Helix variabilis consistent surtout dans la forme. Le type, très peu convexe, s'allonge et finit presque par deve- nir conique; le dernier tour subit aussi des modifications : d'obrond qu'il était, il devient rarement muni d’une carène assez mar— 306 MÉMOIRES ORIGINAUX. quée ; l’ombilic subit des modifications, il se rétrécit ; de telle sorte qu’en examinant une série nombreuse de cette espèce d'Helix Pisana, on trouve insensiblement le passage d’une forme à l’autre. Il n’est pas jusqu'à la modification consistant dans le reste du bourrelet à l’intérieur du dernier tour (Helix ambiellina) qui ne se retrouve très rarement chez l’Helix Rhodostrum de Draparnaud. Les phénomènes de scalarité et sinistrocité sont très fréquents, surtout chez l’Helix Pisana ; il existait auprès de Montpellier, dans un bosquet du jardin de Villiers, un endroit qui paraissait exclusif à ces monstruosités. Les variétés de taille qu'affecte l'Helix variabilis sont très nombreuses et aboutissent sur les bords de l'Hérault, de Lamalou, aux Arcs, à la modification la plus minime de cette espèce. Ce sont surtout sur ces deux espèces qu’ont roulé les tentatives d’hybridalion que nous rapporterons dans notre prochaine Note, en décrivant minutieusement leurs organes générateurs. Une espèce commune dans toute la France est l’Helix aspersa, de taille bien plus prononcée que dans la partie septentrionale de notre pays. Des modifications dans l’épaisseur de son test sont à remarquer suivant les régions qu’elle habite. Paladilhe a pu con- stater le degré minime de l'épaisseur de son test dans une variété recueillie dans les terrains primitifs de Lieuran-Cabrières, et nous- même avons constaté la solidité la plus grande dans ce même test chez les sujets habitant la région secondaire.Ce mollusque est aussi sujet à des teintes différentes dans sa coloration : ainsi, d’une couleur noirâtre prononcée en Algérie, il peut affecter une colo- ration verdâtre claire. Il est du reste possible, par l’alimentation, de produire cette variété. C’est ainsi que, nourri avec du sel de plomb, son corps devient plus foncé. Fréquents aussi chez ces espèces les effets de scalarité et sinistrocité. Nous avons pu conserver pendant un an un individu céra- toïde dont l’animal accolé contre la paroi d’un bocal s’est détaché de sa coquille à une légère traction exercée par nous, ce qui prouve que chez les individus affectés de cette monstruosité le NOTES MALACOLOGIQUES. 307 muscle columellaire exerce une pression minime sur le test. L’Helix pomatia habite-t-il le département ? Nous pouvons affirmer le contraire. On remarque dans la collection de la Faculté des Sciences deux individus étiquetés comme provenant du rocher de Substancion, près de Castelnau ; cette localité est évidemment erronée: malgré les recherches les plus assidues, nous n'avons pu en découvrir un seul échantillon. Saint-Guilhem-le-Désert nous a été aussi indiqué par Moitessier comme possédant cette Hélice. Nous avouons l'insuccés de nos recherches pour pouvoir en récolter un seul individu. Pourtant nous sommes persuadé que tôt ou tard son extension s'opérera dans le départementet aura lieu par la plaine de Ganges; elle vit déjà aux environs du Vigan. Parmi les espèces communes à la région méridionale de la plaine de la France et du département, doit être notée la présence de Helir vermiculata, forme actuelle qui ne présente que des varié- tés de taille et de coloration ; les bords de la mer paraissent sur- tout habités par la variété Minor ; il a été recueilli par nous-même, sur les murs de Maguelone, un échantillon qui ne dépasse pas la taille d’un fort Helix nemoralis. Dans la collection de Paladilhe existait un curieux exemplaire qui avail à la fois les caractères des Helix aspersa et vermiculata. Notre ami regretté le considérait comme le résultat d’un croise- ment fécond entre ces deux espèces. Ajoutons que lesformes précitées se remarquent dans les cou- ches géologiques indiquées plus haut. IL. Nous devons dire un mot des espèces qui habitent les bords de la Méditerranée. A ces formes appartiennent spécialement l’Heliz albella, dont la configuration et la disposition des organes génitaux sont des plus remarquables. Au nombre des Mollusques rapportés de Tunisie par l’expédi- tion scientifique dirigée par M. Doümet-Adanson, figure une 308 MÉMOIRES ORIGINAUX. espèce d’Helix considérée comme nouvelle par M. Bourguignat et décrite par lui sous le nom d’Helix PDoumeti, Nous avons eu en main une série assez nombreuse de l’espèce en question, ce qui nous à permis de juger des modifications qu’elle subit. Il n’y a pas dans la faune malacologique européenne d’espèces dont la forme rappelle typiquement colle de l’Aelix Doumeti, excepté peut-être quelques petits sujets dans la section de l’Æelix terrestris. C’est surtout des grandes formes étrangères constituant le genre Caracolla de Larmnark, que doit être rapproché l’Helix dont il s’agit, caractérisé par sa spire conique, à premier tour arrondi, à dernier tour fortement caréné, à ombilic prononcé et à bouche triangulaire et arrondie vers la face postérieure. Considéré isolément, l’Helix Doumeti parait constituer une bonne espèce ; mais, si l’on examine une série d'échantillons, on arrive faciiement à se convaincre que l'espèce dédiée à M. Doûmet n’est qu'une modification de l’Hehix albella. L’Helix albella typique, reconnaissable à sa surface aplatie, à la carène de son dernier tour très marquée, esl une espèce qui habite tout le littoral méditerranéen de l’Europe et une bonne partie de celui de l'Afrique. En Europe, ce mollusque doit être considéré comme exelusive- ment maritime, vivant dans les dunes et affectionnant surtout les tiges du Convolvulus Soldanella. La composition de son test parait contenir une certaine proportion de silice. On rencontre aussi sur les côtes de notre continent quelques individus pourvus à la surface supérieure d’un sillon peu éloigné de la carène. Ce sillon se trouve fréquemment sur là forme africaine, bien plus développée que la nôtre, mais, contrairement à ce qui a lieu en Europe, en Afrique, l’Helix albella s'étend dans l'intérieur des terres, et alors sa forme devient de plus en plus conique et finit par aboutir à celle de l’Aelix Doumeti typique. Les caractères essentiels de cette coquille ne laissent pas le moindre doute à cet égard. NOTES MALACOLOGIQUES. 309 Nous devons dire que nous n’avons pas encore pu nous assurer, par la dissection, de la similitude des animaux de cette dernière espèce et de l’Helix albella. À quoi tient cette modification de l’Aelix albella, modification que l’on n’a jamais rencontrée jusqu'ici que dans les montagnes dela Tunisie, et qui certainement doit habiter d’autres régions de l'Afrique ? Il est difficile de s’en rendre compte.Quoi qu'il en soit, l’AHelir albella est d’origine africaine et a certainement opéré sa migra- lion en Europe, comme bien d’autres espèces, par Gibraltar, formant une terre continue. C’est peut-être, de toutes les espèces qui nous sont venues de ce continent, la seule dont presque tous les individus présentent le forme typique. La même Hélice se rencontre aussi dans toutes les grandesiles de la Méditerranée, en Sicile par exemple ; là, elle a effectué son passage par une autre voie que par la détroit de Gibraltar. Des phénomènes d’hybridation ont pu se produire entre cette espèce et les formes indigènes, et produire des variétés considérées à tort comme des formes distinctes. Ces croisements entre mollusques du même genre sont-ils susceptibles de donner des produits féconds ? On sait toutes les difficultés que présente cette question. Ajoutons que, sans avoir recours à de pareils accouplements féconds, il serait impossible de se rendre compte de la nature de certaines espèces voisines. Ainsi, sans parler des Aelix nemoralis et hortensis, reconnus identiques, les variétés si nombreuses de l’Helix variabilis ne proviennent- elles pas d’un croisement entre cette espèce et l’Helix Pisana ? Le même phénomène ne serait-il pas applicable aux formes mul- tiples des Helir cespitum et ericetorum ? Gitons en second lieu l’Helix conoidea, ne dépassant pas les dunes, et l’Helix trochoides,s’étendant un peu plus dans l’intérieur. Ces deux dernières formes, et surtout la première, tendent à dis- paraître du liltoral méditerranéen ; La Paiïllade est encore un lieu de prédilection pour ces deux espèces. Toutefois l’Helixr tro- 310 MÉMOIRES ORIGINAUX. choides ne saurait être regardé comme caractéristique des côtes de la Méditerranée, car nous en avons retrouvé un échantillon snr les bords de Lamalou au milieu de l’Helix terrestris. Il est une forme de ce dernier, décrite comme une espèce qui ne se ramasse que dans la contrée maritime: la forme large, aplatie, dépourvue de bandes. Les environs de Marseille, ceux de la Ciotat, de Toulon, sont surtout fréquentés par celt> variété, qui s'étend aux rivages de Pérols, de Palavas, de Frontignan et Cette. N'oublions pas d'indiquer l’Helix lineata, présentant des va- riétés infinies dans sa coloration, mais affectant constamment la même forme ; il vit côte à côte avec la petite variété d’Helix va- riabilis, donton ne saurait le disünguer que par ses organes génitaux. La faune marine peut être aussi caractérisée par la présence de l’Helix candidissima de Draparnaud. Le Gastéropode en ques- tion habite les champs qui s’élèvent auprès des dunes propre- ment dites et est surtout plus développé en Afrique que sur notre continent ; il s’y étend bien plus dans les terres. Le pro- fesseur Martins a pu même en découvrir dans le Sahara. Le passage de cette forme dans notre continent a eu lieu, croyons-nous, par deux voies distinctes, par Gibraltar et par une terre s’élevant du côté de la Sicile ; c’est dans cette île que cette espèce a subi le plus de modifications. Les terres avoisinant le département du Gard sont habitées par ce mollusque, encore rare dans le département. À plusieurs reprises nous avons tenté vainement de l’acclimater aux environs de Montpellier, notamment au Jardin des Plantes, au tombeau de Narcisse ; notre insuccès a été partagé par Pala- dilhe et Moitessier. Beck a retiré du grand genre Helix l’Helix candidissima dont nous parlons, et en a fait une coupe spéciale caractérisée par sa mâchoire, l'absence de poche du dard et les organes génitaux: la forme si remarquable de la prostate insérée sur le vagin est con- nue de tous les malacologistes. NOTES MALACOLOGIQUES. 311 L'extension des espèces s'opère tous les jours; une de ces dernières, d’origine africaine, qui ne s’était pas encore rencon- trée dans le département, semble y commencer sa migration : l'espèce en question est l’Helir mælanosioma. Signalée d’abord par le D’ Reynes dans les environs de Mèze, elle a été recueillie par Viguier dans une vigne située près d'Agde au bord de la mer. Partout où subsiste l'Hélice mælanostome, vit aussi générale- ment l’Helix natichoides, qui probablement effectuera son pas- sage dans l'Hérault. Toutefois elle n’a pas encore été indiquée dans le département; c’est vainement que nous avons tenté d'introduire cette espèce dans les environs de Montpellier. III. Les Hélices spéciales à la région montagneuse doivent nous occuper en second lieu, et d’abord les Æelix nemoralis et horten- sis, qui ne se retrouvent pas en Algérie. C’est la forme qui semble habiter le département depuis le plus longtemps; elle se retrouve non seulement dans les lufs de Castelnau, mais encore enchässée dans des roches d’une nature géologique bien antérieure. Ainsi, les collections de la Faculté des Sciences recèlent un échantillon faisant foi de ce que nous venons d'avancer. Get exemplaire ap- partient-il à l’Helix des forêts ou à l’Helix des jardins ? Nous ne saurions le dire, la coquille étant enchässée par sa bouche dans le fragment de roches en question. La même absence de couleurs sur le bourrelet produite par le temps empêche aussi de se prononcer sur la question de savoir laquelle de ces deux Hélices est typique ; évidemment elles con- stituent une forme unique, remarquable par la similitude de la mâchoire, des organes génitaux, et notamment des vésicules multifides, du système copulateur, de la verge et de son four- reau et des barbelures du dard. Quelques auteurs, regardant ces deux mollusques comme deux espèces distinctes, ont voulu leur assigner une répartition sépa- rée : aucune conséquence ne peut, selon nous, être tirée de Ste MÉMOIRES ORIGINAUX. l'habitat de ces deux espèces vivant concomitamment dans la plupart des régions de la France, et notamment dans l'Hérault ; elles se retrouvent dans toutes les chaines montagneuses de la circonscription et s'étendent aux portes de Lodève, Saint-Pons, Bédarieux, Saint-Chinian, Ganges et Saint-Guilhem-le-Désert ; un sujet de l’Aelix nemoralis a même été recueilli par nous dans l’École Botanique du Jardin des Plantes de Montpellier. Presque toutes les variétés infinies de ces espèces fréquen- tent les montagnes départementales ; au nombre de ces dernières, il faut citer les variétés de l’Aelix hortensis, consistant sur un fond jaune clair dans la transparence des bandes, variété très répan- dues dans certaines îles du Rhône. Une seule différence se constate entre les deux Hélices du dé- partement : c’est la plus grande taille au j''ofit du Nemoralis. Ces deux mollusques sont loin d'atteindre la dimension qu'ils acquièrent dans les Corbières, les Pyrénées, par exemple, et sur- tout dans le département de l'Ariège, si remarquable par la va- riété Major de ces deux Gastéropoues. Que l'influence du soleil se fasse aussi ressentir sur le test des Mollusques, le fait n’est pas douteux: par l’été 1879, il a été trouvé par nous cinq ou six échantillons d’Aelix nemoralis dépourvus d’épiderme, de coloration, à part le bourrelet entièrement blane, et parfaitement vivants. Le rocher du Capoulacou, situé sur le plateau des Cambrettes, aux environs de Saint-Guilhem-le-Désert, a été le lieu où cette récolte a été faite. Ce plateau, si connu des botanistes, doit être, à bon droit, considéré comme le type de la faune mala- cologique secondaire.Là se rencontrent toutes les espèces d’Hélices montagneuses, le Rumina vicollata, les deux Bulim régionaux, les divers Pupa et Clausilia — le Clausilia ventricosa se retrouvant près du cours de l'Hérault, du côté du Causse de la Selle, a été pour la première fois, dans le département, indiqué au plateau des Cambrettes par Draparnaud. On peut aussi, aux environs de ce rocher, mentionner la présence d’une magnifique variété de Lancilus lacustris, vivant dans une certaine flaque d’eau. Partout, dans tous les lieux montagneux fréquentés par les NOTES MALACOLOGIQUES. 313 Hélices des forêts et des jardins, on peut poser en principe la présence de l’Aelix lapicida. Tout nous porte à regarder son existence comme de bien peu postérieure à celle des formes sus-mentionnées; elle a été retrou- vée dans certaines formations,notamment par Gervais et Brickman. Sa forme s'éloigne très peu du type, et c'est une des Hélices qui présente les variétés les moins nombreuses, même de taille. \7 Au dénombrement sus-indiqué se borne la liste des Hélices du département. Toutefois il est deux espèces régionales notables en ce qu'elles établissent d’une manière sûre la transition de ce genre au genre Bulime : ce sont les Bulimus acutus et ventricosus de Draparnaud ; l’étude de leur appareil générateur prouve ce fait d’une façon assurée. Cet appareil se rapproche du genre AHelix par la présence des vésicules multiformes, presque rudimentai- res, et se rapporte au genre Bulime par l’absence de la poche du dard. Quels sont les caractères différentiels de ces deux espèces ? Il n’est pas permis de le dire: elles passent insensiblement de l’une à l’autre, et il existe certaines variétés de forme qui ne pa- raissent devoir provenir que d’un accouplement. C'est à Moquin-Tandon que revient l'honneur d’avoir parfaite- ment étudié le système générateur de ces deux gastéropodes. L’habitat de l’AHelix ventricosa semble se borner à la plaine longeant le littoral de la mer et des embouchures des rivières, tandis que celui de l’Helix acuta est sans contredit universel. Les variétés de la première Hélice sont notables; une toute noire se rencontre à la Paillade et à l’embouchure du Canal du Midi. Les diverses variétés de la seconde se retrouvent toutes dans le département, excepté celle décrile par Lamark sous le nom de Bulimus articulatus; nous en devons à Grateloup un magnifique échantillon. 3e sér., tom. 1v. 23 314 MÉMOIRES ORIGINAUX. VI. Une espèce acquérant en Afrique son maximum de dévelop- ment et spéciale à la région méridionale, estle Rumina decollata. La troncature de cette espèce est depuis longtemps un point qui a attiré l'attention ; cette lroncature est tout à fait acciden- telle, ainsi que nous l’avons noté dans notre Catalogue. Gassies a publié un bon mémoire sur ce Rumine, mais a singulièrement expliqué la rupture de la spire de ce Collimacien. Son mouvement de progression est des plus curieux, et nous appelons l'attention sur le phénomène qui se produit dans les muscles de son pied. L’abondance du À. decollata dans le département est connue ; il n'est peut-être pas de mollusque plus répandu aux environs de Montpellier. Jusqu'à quel point s’élève-t-il dans l’intérieur des terres ? Nous ne saurions le dire. Il a été signalé, non seulement dans l'Hérault, mais aussi dans je Gard, les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse, le Var, les Alpes- Maritimes, l'Aude,les Pyrénées -Orientales, l'Ardèche, l'Ariège, le Tarn, le Tarn-et-Garonne, le Lot, l'Aveyron, la Haute-Garonne et enfin le Gers. L'Espagne et l'Italie sont aussi caractérisées par cette espèce. S'étend-elle sur tout le littoral méditerranéen ? Nous sommes porté à le croire ; toutefois nous devons dire que nous ne possé- dons aucun détail sur ce point. L'anatomie des organes génitaux démontre clairement que cette coupe est des plus fondées et que cet appareil est com- plètement différent de celui du geure Bulime. Il n’est pas rare de trouver dans nos pays, chez le À. en question, un parasite d’une gature pareille à celle déjà indiquée par Barthélemy chez l'A. aspersa et constaté chez plusieurs espèces üe ce genre. Ce parasite paraît constituer une espèce spéciale. Il remonte aussi dans l’oviducte de quelques sujets, et nous en avons rencontré dans cet organe. (4 continuer.) 315 REVUE SCIENTIFIQUE. Zoologie. Mémoires étrangers, résumés par M. Louis Rouze , à l'École de Médecine de Marseille. Rapport sur les recherches concernant 1 Huîftre et l’Ostréiculture, publié par la Commission de la Station zoologique dela Société Néerlandaise de Zoologie. Leide, 1883-84. La Société néerlandaise de Zoologie a fondé, en 1880, une Station zoologique ; cette station n'est pas établie à demeure dans un endroit fixe, mais ses membres se transportent avec leur outillage dans toutes les localités où ils pensent avoir à faire des études intéressantes, et, après avoir achevé leurs recherches dans un lieu donné, après y avoir effectué toutes leurs observations scientifiques, ils vont dans uge autre ville à la recherche de nouvelles ressources. En 1881 et 1882, les membres de la station se sont fixés à Berg-op-Zoom et en 1883 à Thoden ; les nombreux établissements ostréicoles créés dans ces deux localités ont permis à MM. Hoek et Horst d'étudier en détail certains points de l’organisation et du développement de l'Huître ; de plus, le volume qui renferme les travaux de ces deux savants contient aussi de nombreuses observations zoologiques sur les Mollusques (D: Schepman), les Crustacés (D' Hoek), les Bryozoaires (D' Wige- lius), les Annélides (D' Horst), les Échinodermes (D' Kerbert), les Cælentérés (D' Van Rees) et les Protozoaires (D' Van Rees), de l'Es- caut de l'Est. Dr P.-P.-C. Hozk.—Les organes de la génération de l’Huître ; Contri- butions à la connaissance de leur structure et de leurs fonctions. L'organe de la génération de l'Huître n’est constitué que par la glande géritale et sou conduit excréteur ; on peut affirmer qu'il ny est pas adjoint de glandes accessoires, comme il en est du reste chez les autres Lamellibranches. La glande est formée de deux parties, l’une droite et l’autre gauche, réunies en avant de la cavité péri- cardique, de telle sorte que cette glande ne consiste réellement qu'en une seule masse séparée de l’ectoderme, qui revêt la surface du corps par une mince couche conjonctive. Les produits sexuels sont rejetés 316 REVUE SCIENTIFIQUE. au dehors par deux fentes, une de chaque côté, situées non loin du muscle des valves, nommées par l’auteur fentes uro-génitales, et dans lesquelles débouchent à la fois le conduit excréteur de la glande sexuelle et le conduit excréteur de l'organe de Bojanus. Le conduit excréteur de la glande sexuelle ou canal génital com- munique avec un grand nombre de petits canaux secondaires qui courent, pour la plupart, parallèlement à la surface du corps et qui augmentent en nombre avec l’âge de l'individu. Sur leur face exté- rieure, c’est-à-dire sur leur face la plus rapprochée de la surface du corps, l’épithélium qui tapisse en dedans ces canaux secondaires est formé de cellules vibratiles semblables à celles du canai génital prin- cipal; la face opposée, interne par conséquent, présente au contraire de nombreux enfoncements en cul-de-sac qui pénètrent dans le tissu conjonctif, et dans lesquels apparaissent les cellules-mères des sper- matozoïdes et les ovules. Ces culs-de-sac pouvant être considérés comme des ramifications du canal principal qui débouche au dehors par la fente uro-génitale, l'auteur est d'avis que l’épithélium qui revêt tous les canaux et les acini des glandes sexuelles dérive de l'ecto- derme, et, par suite, que les produits génitaux, spermatozoïdes et ovules, sont d'origine ectodermique. Il importe cependant d’ajouter que l'auteur n’est pas absolument certain du fait qu’il avance, en di- sant que les cellules sexuelles proviennent d'un épithélium qui tapisse les culs-de-sac génitaux, et qui aurait la même origine que l'épithélium vibratile des canaux, car il n’a pu l'observer; d'autre part, Rabl (Entwicklung des Tellerschnecke, Morph. Jahrb., V, 1879) admet que les cellules sexuelles dérivent d'éléments mésodermiques épars dans le tissu conjonctif. Les ovules et les spermatozoïdes naissent côte à côte dans un même cul-de-sac. L'auteur n’a pu suivre dans son entier le dévelop- pement des œufs ; les cellules ovulaires renferment chacune un grand noyau contenant un seul nucléole volumineux et sont entourées à la périphérie par une couche homogène qui ne serait pas une mem- brane vitelline. Les observations faites par M. Hoek sur le mode de formation des spermatozoïdes sont également peu étendues et con- firment celles des naturalistes qui se sont précédemment occupés de cette question. Une cellule-mère se divise en deux parties : l'une qui adhère à la paroi du cul-de-sac et ne se modifie pas davantage, l'autre qui produit dans son intérieur un grand nombre de petits noyaux qui deviennent des spermatozoïdes, sans qu'il ait été pos- sible à l’auteur de suivre cette évolution. L'organe de Bojanus est constitué, en substance, par une vaste ZOOLOGIE. 317 poche, ou chambre rénale, qui se prolonge bien en avant de la cavité péricardique ; cette poche communique avec l'extérieur par un canal assez court, nommé wretère par l’auteur, et qui débouche dans la fente uro-génitale un peu en arrière de l'orifice génital. La paroi extérieure de la chambre rénale pousse de nombreux prolongements ramifiés ayant l'aspect de longs canaux entrelacés, dont l’ensemble constitue l'organe de Bojanus ; en outre, un conduit revêtu de cellules munies de très longs cils vibratiles, et parallèle au canal génital, établit une large communication entre la cavité péricardique et la chambre rénale. Une partie des canaux rénaux porte un épithélium vibratile, l'autre partie est au contraire recouverte de cellules rassemblées en un épithélium stratifié et paraissant exercer la fonction excrétoire ; l’auteur n'a pu voir si la paroi de la cavité péricardique est recouverte par un endothélium ; il confirme les recherches de M. Sabatier sur la Moule, en signalant l'existence, sur la paroi de l'oreillette, decellules brunes qui, à ce qu’il semble, possèdent aussi des fonctions rénale. Dr R. Horsr. — Embryogénie de l'Huftre. Il ne restait plus guère d'observation à faire sur ce sujet après les savantes études de M. de Lacaze-Duthiers et celles de Brooks; aussi le Mémoire de M. Horst se recommande plutôt par les comparaisons que l’auteur établit entre le développement de l'Huître et celui des autres Lamellibranches (surtout du Taret, bien connu depuis la publication du Mémoire de Hatschek) que par de nouvelles recherches sur les divers processus embryogéniques. Après l’expulsion des globules polaires, l'œuf se divise en deux sphères, l'une grosse et l’autre petite; celle-ci se segmente plus vite que l’autre et l'entoure presque entière- ment ; la grande sphère se partage alors en quelques grosses cellules cylindriques. Il s’est ainsi formé deux plans de cellules qui s'incur- vent faiblement, de manière que les grosses cellules soient placées en dedans des autres et qu'il se produise une gastrula à deux feuillets ; l'ouverture de la gastrula ou blastopore correspond à l'espace que n'ont pasenvahi les petits éléments extérieurs lorsqu'ils enveloppaient la grande sphère ; cette gastrula, comme celle de beaucoup de Lamelli- branches et de Gastéropodes du reste, advient donc par uu procédé in- termédiaire entre l’embolie et l’épibolie. Un peu en dehors dusommet opposé à la bouche de la gastrula, un petit enfoncement transversal de l’ectoderme, limité par des cellules cylindriques, donne naissance à la glande préconchylienne ; cette glande apparaît donc précocement 318 REVUE SCIENTIFIQUE. chez l'Huïître, et M. Brooks aurait pris son orifice extérieur pour l'ouverture de la gastrula. Les premières cellules mésodermiques apparaissent ensuite autour du blastopore sans que l’auteur ait pu vérifier si elles dérivent del’ecto- derme ou de l’endoderme ; elles se dissocientet tombent dans l'espace laissé libre par l’écartement des deux feuillets ectodermique et endo- dermique. Le blastopore ne se ferme pas, mais persiste jusqu au noment où une invagination ectodermique, en produisant l’œsophage, le transformera en ouverture cardiaque de l'estomac ; la glande pré- conchylienne perd l'aspect d’invagination pour prendre celui d’un épaississement local de l’ectoderme et sécrète une mince couche cuti- culaire, premier indice de la coquille, nullement divisé en deux par- ties qui correspondraient aux valves ; le point où apparaît cette cou- che correspond à la charnière de l'adulte. Cette origine est semblable à celle de la coquille des Tarets. La partie de la face ventrale située au-dessous du blastopore grossit considérablement et forme une sorte de petit pied ; le tube digestif, avec ses diverses parties, commence à se dessiner ; une couronne vibratile apparaît au-dessus du blastopore, et la coquille, continuant à croître, se divise en deux valves encroûtées de calcaire. Le cœlome formé par l’écartement de l’ectoderme et de l’endoderme se remplit de cellules mésodermiques ; enfin, se produit l’enfoncement ectodermi- que, formé de plusieurs couches de cellules, qui correspond à la plaque céphalique des Tarets et qui donnera naissance au ganglion œsopha- gien supérieur. L'auteur n’a pas vu nettement le mode d’apparition des ganglions pédieux et des organes rénaux ; il confirme les obser- vations de M. de Lacaze-Duthiers sur la présence de petites dents à la charnière; il termine en signalant le mode d’encroûtement calcaire de la coquille, encroûtement déterminé par le dépôt du carbonate de chaux dans des cavités prismatiques laissées dans les couches du sub- stratum organique (conchyoline) ; la disposition prismatique est plus nette sur la valve supérieure que sur la valve inférieure. Il reste à signaler un petit appareil dont l’auteur s'est servi pour recueillir dans les parcs de jeunes Huîtres, et qui pourrait rendre d'importants services dans les laboratoires. Cet appareil fort simple, et qu'il est facile de modifier suivant les besoins, est composé d’une planchette recouverte sur ses deux faces d'un petit châssis ; ce châssis sert à enserrer et à maintenir des lames de verre que l'on glisse sur la planchette ; au bas de celle-ci est fixé un poids qui retient l'appareil au fond de l'eau lorqu’on l'immerge, et à la partie supérieure se trouve un grand rebord qui empêche la planche de se coucher et per- ZOOLOGIE. 319 met ainsi le libre passage de l’eau au-dessous du système. En em- ployant des plaques de verre recouvertes d’une mince couche de chaux hydraulique, car le poli de la plaque est un obstacle à la fixa- tion des animaux, un grand nombre d'êtres de toutes sortes, des in- fusoires, des larves, etc., viennent y élire domicile, et l’on na qu'à recueillir les plaques pour les conserver. L. R. D: J.-W. SrEnGEz, à Brême. — Sur l’anatomie du Balanoglosse. (Miltheilungen aus der Zoologischen Station zu Neapel, Band. V, Heft 3 et 4.) M.Bateson (Quaterly Journ. microscopical Sc., vol. XXIV) ayant annoncé la publication d’un Mémoire sur l'anatomie du Balanoglosse, M. Spengel s’est décidé à publier le résumé des observations qu'il a faites sur lemêmesujet,en attendant la publication de son travail entier. La trompe, que l'auteur préfère nommer gland, est constituée, en allant de dehors en dedans, par une couche épithéliaie que soutient une mince membrane basale, une couche étroite de muscles annulaires, un épais feutrage de fibres musculaires pour la plupart longitudinales, et enfin un tissu conjonctif très délicat qui occupe l'axe de l'organe; il existe dans cette dernière région des lacunes qui communiquent avec l’extérieur par un ou deux pores dorsaux situés non loin du col- lier ; le nombre et la disposition de ces pores varient suivant les espèces, mais il n’existe jamais d'ouvertures ni à la pointe ni à la face ventrale de la trompe. Tout un ensemble d'organes divers est placé dans la base adhérente de la trompe. D'abord, à la face ventrale, on trouve un corps squelet- tique et un diverticulum antérieur du tube digestif ; le corps squelet- tique, sans structure, doit être considéré comme un épaississement de la membrane basale de l’épithélium intestinal; il envoie en arrière deux branches qui soutiennent la partie de l'intestin située dans le collier. A la face dorsale, on remarque un corps en forme de sac, entièrement fermé, vide dans sa région antérieure et rempli de cel- lules étoilées dans sa région postérieure, qui dérive du cœur décrit dans la larve du Balanoglosse par Fritz Müller et d'autres naturalis- tes ; ce terme de cœur ne convient pas du tout à cet organe, puisqu'il n'offre aucune communication avec l'appareil vasculaire; pourtant l'auteur ajoute qu’il n’a pu complètement étudier ce sac, à cause de la grande difficulté des observations. Le soi-disant cœur est adossé à une cavité sanguine, et, de plus, tout l’ensemble décrit ci-dessus est recouvert par un corps spongieux ayant l'aspect d'un fer-à-cheval, traversé par des canaux sanguins ramifiés et considéré par l’auteur comme une branchie interne. Tous ces organes sont en outre envelop- 320 REVUE SCIENTIFIQUE. pés par une membrane qui représente un plancher de séparation en- tre la trompe et le reste du corps ; placés en dehors de cette membrane et non dans la cavité du gland, ils la refoulent dans l’intérieur de ce dernier et s’en recouvrent comme d'un capuchon. Le collier, comme les anciens auteurs ont nommé cette collerette qui entoure la base de la trompe, renferme dans son intérieur de nombreuses lames irrégulières qui communiquent avec le dehors par deux courts canaux ouverts dans la première paire des sacs bran- chiaux ; ces canaux sont les pores du collier. Le collier, indivis chez l'adulte, dérive des deux sacs placés, chez la Tornaria, surles côtés de l'intestin moyen, et Jes pores naissent comme des prolongements des deux premiers sacs branchiaux. Cet appareil sert d'une manière ac- tive à la locomotion ; il contient dans sa région dorsale un vaisseau sanguin qui va déboucher dans la cavité adossée au prétendu cœur, et un organe cylindrique ou aplati qui est indiscutablement un cordon nerveux ; ce cordon, d'origine ectodermique, est constitué inférieu- rement par des fibres longitudinales ténues, supérieurement par des cellules serrées, et renferme des lacunes nombreuses ne communi- quant pas entre elles. Le cordon nerveux se met en rapport, en avant avec l’épiderme du gland, et sur les côtés avec l’épiderme du collier ; les parties d’épiderme en rapport avec les rameaux émis par le cordon sont moins riches en cellules glandulaires et montrent des éléments géants, à grand noyau, munis d’un prolongement qui pénètre dans le nerf, et qu'il est permis de considérer comme des cellules ganglion- naires. Le tronc, qui constitue une troisième partie du corps, se divise en deux régions, l’une antérieure branchiale et l’autre postérieure. Les branchies doivent être considérées comme des invaginations, dispo- sées par paires, de la face dorsale du tube digestif; ces invaginations débouchent au dehors par des pores situés au fond de deux gouttières longitudinales placées de part et d'autre de a ligne médiane; l'ori- fice interne, intestinal, des poches branchiales est incomplètement fermé par un couvercle en clapet qui laisse pour le passage de l'eau, entre ses bords et ceux de l’orifice, une fente en fer-à-cheval ; chez les Balanoglossus minutus et B. claviger, cette fente prend un aspect fenêtré à cause de la présence de petites poutrelles transversales. Les parois des sacs branchiaux sont soutenues par des feuillets chitineux réunis trois par trois et offrant par suite la forme d'un trident. L’au- teur n’a pas vu le réseau branchial sanguin si compliqué décrit par Kowalewsky ; le sang pénètre dans les poches respiratoires par deux vaisseaux placés l’un dans la partie dorsale du couvercle et l'autre sous ZOOLOGIE. Gr | le feuillet chitineux médian ; ces vaisseaux proviennent d’un vaisseau principal, médian et dorsal. La cavité générale est représentée par deux espaces, un de chaque côté du corps, qui dérivent des deux sacs cælomatiques de la larve ; ces espaces sont remplis par un liquide que les réactifs coagulent et qui charrie des éléments amæboïdes paraissant naître dans le collier (B. Kuppferi) ou sur la paroi du vaisseau médian dorsal (B. minutus). La cavité générale est limitée par deux feuillets mésodermiques, l'ex- terne formé surtout de fibres musculaires longitudinales et l'interne de fibres transversales ; celles-ci, au lieu d’envelopper entièrement l'intestin, s'insèrent sur les vaisseaux sanguins médians dorsal et ventral, de manière à séparer l’une de l’autre les deux parties de la cavité générale. Les deux vaisseaux dorsal et ventral communiquent entre eux par des canaux vasculaires situés au-dessous de l’épiderme et de l'épithélium intestinal. Les sexes sont séparés.Les organes sexuels sont surtout développés dans la région branchiale et s'étendent en arrière dans le reste du corps ; les produits sont rejetés au dehors par des pores situés très prèset un peu sur le côté des orifices branchiaux. Chez les B. clavi- ger, B. Robini (Giard), B. minutus, et une grande espèce inédite de.la mer Rouge, les glandes prennent beaucoup d'extension latérale ; des invaginations intestinales, décrites par .Kowalewsky sous le nom d'appendices hépatiques, y pénètrent, et Le tout apparaît à l'extérieur comme une forte hernie. Le développement des cellules sexuelles commence dans la région branchiale, et c’est toujours dans cette par- tie du corps que l’on trouve les éléments les plus avancés. L. R. R. HeïDENHAIN. — Une nouvelle méthode de coloration par l’héma- toxyline. (Archiv. f, mikroskopische Anatomie, Band 24, 3° Heft.) Cette méthodeest une modification de celle de Bühmer, et, d'après l’auteur,elle donnerait d'excellents résultats surtout pour la coloration des noyaux. On fait deux solutions, l’une de 1/2 à 1! d'hématoxyline pour 100 d'eau, l’autre de 1/2 à 1 de bichromate de potasse pour 100 d’eau ; les organes, coupés en petits morceaux et durcis par l'alcool, sont plongés pendant dix heures environ dans 8 à 10 centim. cubes de la liqueur hématoxylique, puis pendant un temps à peu près égal, jusqu’à coloration noirâtre, dans la solution chromique. On lave à l'eau, on traite encore par l'alcool, on inclut dans la paraffine, et on monte les coupes au baume, en employant les divers petits procédés déjà connus. L. R. 322 REVUE SCIENTIFIQUE. Géologie. La Schistosité et les travaux de M. Ed. Jannettaz; par d. Ivoas, Membre de la Société Géologique de France. De tous les problèmes que peuvent soulever les études géologiques, l’un des plus intéressants et des plus difficiles est celui de la schisto- silé. On désigne sous ce nom, en géologie, la propriété connue plus généralement sous le nom de fissilité et en vertu de laquelle certaines roches se divisent facilement en feuillets parallèles minces. Quelles causes ont pu produire cette structure spéciale si commune parmi les roches? Jusqu'à ces derniers temps, il eût été à peu près impossible de répondre d’une manière satisfaisante à cette redoutable question. Au- jourd'hui, grâce aux travaux entrepris par plusieurs géologues, et en particulier par M. Daubrée et M. Ed. Jannettaz, on peut, presque sans témérité, dire que le problème de la schistosité est résolu. Le dernier mot à ce sujet a été dit par M. Jannettaz dans son important Mémoire sur les clivages des roches [Schistosité, Longrain) et sur leur reproduction, publié dans le Bulletin de la Société géologique de France, 3° série, tom. XII (mars 1884.) C’est de cet important travail que nous allons dire quelques mots aux lecteurs de la Revue des Sciences naturelles. Le Mémoire de M. Jannettaz est divisé en trois parties qui portent les sous-titres suivants : 1° Historique ; 2° Observations ; 3° Expérien- ces. — Examinons-les successivement. PREMIÈRE PARTIE. HISTORIQUE, M. Jannettaz parle d’abord des nombreuses expériences de James Hail (1813) relatives à la production des plissements du sol par les refoulements latéraux. — Il rappelle ensuite les observations de Sedgwick à propos des joints ou fentes visibles qui divisent les roches et de la fissilité des schistes, fissilité qui conserve une direction con- stante sur de très grandes étendues, malgré les différences minéralo- giques des roches qui se succèdent et les accidents stratigraphiques qui les affectent. John Phillips (1843) vérifie la justesse des observations de Sedg- wick ; de plus, il fait remarquer la déformation des coquilles minces, GÉOLOGIE. 323 déformation qui semble résulter « d'un mouvement d’étirage des particules de la roche, le long du plan de fissilité ! ». Pour Sharpe, « les formes tordues actuelles des coquilles au milieu de plusieurs roches schisteuses en Angleterre » s'expliquent très bien en supposant que ces roches ont subi une pression perpendicu- laire au plan de clivage et une expansion correspondante suivant le sens du prolongement de ce plan. Gette manière de voir est appuyée par Sorby (1853), qui fait remarquer en outre que dans les roches con- tenant du mica, les lamelles cristallines de cet élément minéral se disposent toujours parallèlement au plan de clivage. Sorby fit plus : le premier il entra à ce sujet dans la voie de l’expérimentation, et, ayant comprimé un mélange d’oligiste et de terre à pipe molle, il ob- tint la structure schisteuse avec disposition des lamelles d'oligiste le long des feuillets. John Tyrdall, soumettant certaines matières à la double action de la pression et du laminage, obtint aussi la structure schisteuse. Dans leur Statistique minéralogique et géologique du département des Ardennes (1842), Sauvage et Buvignier ont signalé dans des roches sédimentaires des différences entre la direction des couches et celle de la fissilité ou schistosité de la roche. Ainsi, le plan de schistosité n’est pas toujours parallèle au plan de stratification. Ils ont, de plus, fait connaitre qu’il existe, à Fumay par exemple, dans des bancs exploités, une seconde direction plane, de séparation facile, qui ne se voit pas, mais que les ouvriers connaissent, et qu’ils appellent le lon- grain. Cacarrié confirme l'existence de ces diverses directions de division des schistes dans sa Description géologique du département de Maine- et-Loire (1845). Enfin M. Daubrée entreprend sur cette importante question une série de belles expériences. Il constate tout d’abord que l’argile ac- quiert la schistosité par un commencement de laminage produisant un étirement de la roche. Reprenant ensuite les expériences de Hall, il a pu obtenir des inflexions dans la matière comprimée, inflexions 1 Les exemples de ces déformations de coquilles sont extrêmement nombreux dans l'Aveyron, où l’on trouve par milliers l'Ammonites serpentinus (Reinecke), l'A. Braunianus (D'Orb.), etc., complètement écrasées dans les schistes qui sé- parent constamment les marnes du Lias moyen de celles du Lias supérieur. Nous citerons particulièrement la tranchée de Soulacroup, sur le chemin de fer de Millau à Rodez, un peu en amont de Compeyre ; les environs de Sévérac-le- Château, de Tournemire, etc. 324 REVUE SCIENTIFIQUE. dont les courbes varient suivant les conditions dans lesquelles se sont produites.les expériences et quiont fourni à M. Daubrée des résultats nombreux.et importants consignés dans son grand et bel ouvrage : Études synthétiques de géologie expérimentale. | M. Favre, en 1878, a aussi repris les expériences de Hall en les mo- difiant d'une façon très heureuse: I a tendu une bande de caoutchouc, puis il d'a recouverte de plusieurs couches d'argile ; la bande de caoutchouc, en revenant sur elle-même, a produit dans les couches d'argile des rides et des plis au sommet desquels se sont quelquefois manifestées des ruptures. La surface ainsi accidentée del’argile peut, en-petit, rappeler. celle du globe terrestre. M. de Chancourtois a modifié l'expérience en remplacant la bande en caoutchouc par un ballon de même substance rempli d'air et recouvert d'une couche de cire. Les résultats obtenus par lui sont analogues. DEUXIÈME PARTIE. OBSERVATIONS. Dès 1872, M. Jannettaz a démontré qu'en général des corps cristallisés conduisent moins bien la chaleur dans la direction perpendiculaire que dans les directions parallèles à leur plan de clivage . Deux ansaprès, il étendit la même démonstration aux roches schisteuses au moyen d'expériences très remarquables. Voici, en résumé, la manière dont M. Jannettaz a réalisé ces expériences. Après avoir poli la surface de la roche, il la recouvre d'une couche de graisse filtrée au travers d’un linge fin, ou d’une couche de cire. Puis il chauffe un point quelconque de cette surface en: y appuyantla petite base d’un tronc de cône en platine dans lequel s'engagent deux fils du même métal dont les extrémités libres sont attachées aux pôles d’une pile de Bunsen de cinq ou six éléments. La petite portion de la paroi de la roche qui recoit l’action de la chaleur la propage autour d'elle à des distances inégales suivant les différences de conductibilité dans les divers sens de la-roche ; la graisse fond, et aux limites de sa fusion, la graisse non fondue forme une petite saillie ou bourrelet qui subsiste après le refroidissement. Cette saillie donne une ellipse (ellipse isothermique) passant, nous le répétons, par tous les points où s’est arrêtée la température nécessaire pour la fusion de la graisse. Or, le 1 Annales de Chimie et de Physique, 4° série, tom. XXIX, pag. 3. 2 Bulletin de la Société géologique de France, 3e série, tom. II, pag. 264. GÉOLOGIE. 325 grand axe de cette ellipse est toujours parallèle et le petit perpendiculaire au plan de la schistosité ; et leur rapport est d'autant plus grand, c’est- à-dire l'ellipse est d'autant plus allongée ou excentrique, que la schis- tosité de la roche estplus prononcée. La composition minéralogique des roches influe beaucoup sur le degré de schistosité qu'y développent des pressions égales. A ce sujet, M. Jannettaz a fait un très grand nombre d'observations et d’'expé- riences qu'il serait trop long de relater ici sur les diverses roches d'une coupe prise dans un massif dominant la Lignarre, petite rivière qui coule entre Grenoble et le Bourg d'Oisans ([sère). Les principaux résultats de ces expériences sont relatés dans le tableau suivant. ANALYSE RAPPORT DES AXES NATURE DE LA ROCHE. = —— —— DE ARGILE, CALCAIRE. L'ELLIPSE ISOTHERMIQUE Calcaire marneux. 62 38 1.40 — 35 65 1123 = 6 94 410 — 10 90 1.06 Voici d'autres résultats obtenus par le même savant. NATURE ET PROVENANCE ANALYSE [RAPPORT DESAXES CR. OU CR DE LA ROCHE. î DE ARGILE. CALCAIRE. ÎL ELLIPSE ISOTHERMIQUE memes | smemeeseremcener || consonnes Ardoise de Vénosc (Isère)...f 94 » 2.20 Calcaire schisteux du Bourg d'OISANS RER EX LRO » presque pur FEllipticité à peine sensible. Calcaire de la gorge du Bréda.} un peu D A Schistes de Saint-Colomban TESNAMATSE ER RERCS, 69.1 30.9 1.43 Calcaire schisteux de Veynes, rès Gap...... D ea lINIDeU » PT Schistes houillers du pont de JEMSELLESE TA Pen 87.4 » 1.675 Grès micacé passant au schiste » » 1.45 — STOSSIEL 2 0 0.0 + so » » AU Schistes nummulitiques de Saint-Jean-de-Maurienne..f 64.8 34.8 1.53 La schistosité étant d'autant plus grande que le rapport des axes est 326 REVUE SCIENTIFIQUE. lui-même plus considérable, il est facile de conclure des résultats rap- portés ci-dessus que /a schistosité d'une roche augmente avec sa teneur en argile. L’ellipse isothermique peut aussi servir à mettre en évidence l’exis- tence du longrain. Cemme nous l'avons déjà dit, on désigne sous ce nom, et aussi sous celui de long, ou encore de fil, dans les exploita- tions, un plan de division ou de clivage qui coupe le plan de la schistosité proprement dite sous un angle variant entre 60° et 90e. Grâce au longrain, que les ouvriers connaissent très bien, et dont l'existence a été pour la première fois signalée en 1842 par MM. Sau- vage et Buvignier, on peut débiter les ardoises en bandes longues et étroites (rubans) et en faire même des échalus, comme dans les Pyrénées. Le longrain se trahit quelquefois à l'extérieur de la roche par une sorte de fibrosité (ardoises du lias de l'Oisans et de la Savoie) ; quelquefois même sa trace semble indiquée sur le plan de schistosité . par des alignements de cristaux de pyrite (ardoises siluriennes de l’Ardenne et d'Angers). Le longrain passe par un point quelconque de la roche et garde sa direction sur une étendue énorme, comme la vraie schistosité, ce qui permet de considérer les roches possédant aussi deux plans de clivage à peu près perpendiculaires l'un à l'autre, comme susceptibles d’être divisées en fibres. Nous avons dit plus haut que le longrain peut être trouvé au moyen des courbes isothermiques. Soit, en effet, un bloc schisteux prismatique (fig. 1) dans lequel A BCD représente le plan de la schis- tosité; BDFG le plan du longrain et CDEF un plan perpendiculaire aux deux précédents. Si nous produisons sur ces trois plans, au moyen des expériences de M. Jannettaz, les ellispses isothermiques, il est évident que le grand axe aa sera parallèle à l'intersection des plans de schistosité et de longrain ; le petit axe cc, perpendiculaire au plan de la schistosité; l'axe moyen bb, perpendiculaire au longrain et pa- rallèle à la schistosité. Ces trois axes déterminent ce que l’on nomme l’ellipsoide isothermique. M. Jannettaz a étudié, au point de vue du longrain, un très grand nombre d'échantillons de roches schisteuses prises en différents points de la France. Les résultats qu’il a obtenus sont consignés dans le ta- bleau suivant. GÉOLOGIE. 327 A Ne RAPPORTS DES AXES DES ELLIPSES REGIONS D'OU PROVIENNENT | —te—— al a SUR LE PLAN SUR LE PLAN LES ECHANTILLONS. DE SCHISTOSITÉ, DU LONGRAIN. ABCD BDF IPhyllade de Génos (Hautes-Pyrénées). LA 19 Ü — de Fumay et des Ardennes (Silurien Anféripun). a siseler ceuise de 1.05 à 1.01! de 1.8 à 2.2 IPhyllade de La Bassère (Hautes Pyrén.)ide 1.02 à 1.03 1.3 UN TE etre sleceloranelite jee se de 1.03 à 1.06 470 — de Vitré (Silurien moyen)... 187 1.4 yo dAncenis (Cum). .:. ti. 1.066 » ISchistes de Laval (Carbonifère).. 1.04 1 _— micacifère de Saint Michel-en- Maurienne (Carbonifère).......... 1:09 1.45 ISchiste de Vénosc (Oisans).......... Ja de Calcaire marneux du Lias (Oisans) n° 1. 1.03 1.426 — — n°2 1.05 1.06 — — n°3. 1.03 1:49 — — n°4. 1.06 1.08 — — n°5. 1.06 1.09 Ardoisière de l’Oisans..#5...:.:..1.% A1 1.4 ILias de la route d’Allevard.......... 1.06 1.14 ISchiste rhomboïdal de l'allée Maintenon | à Bagnères-de-Bigorre {entre Crétacé COTUNOSSTAUE) RS EEE een 1.4 1.416 Schistes nummulitiques de Saint-Julien- léde-Maurienne::er.tno. nus 1.03 126 M. Jannettaz a remarqué que la structure fibreuse est apparente dans les schistes seuls qui montrent des ellipses isothermiques très allongées dans les deux plans de la schistosité et du longrain (schistes de Vitré.) Un cas particulier qui mérite d’être noté est celui que pré- sentent les schistes dits rhomboïdaux, dans lesquels le longrain est parallèle à la bissectrice de l'angle aigu des parallélogrammes formant les surfaces (schiste rhomboïdal de l'allée Maintenon à Bagnères-de- Bigorre), ou parallèle à la bissectrice de l'angle obtus de ces mêmes surfaces (ardoises d'Angers). TROISIÈME PARTIE. EXPÉRIENCES. Dans cette troisième partie, M. Jannettaz traite de l'origine de la schistosité et du longrain et des expériences qui permettent de les reproduire, 328 REVUE SCIENTIFIQUE. Au point de vue de la schistosité, il convient de diviser les roches en deux catégories: 1° celles qui renferment du mica ou tout autre élément minéralogique clivable; 2 celles qui n'en contiennent pas. Chez les premières, la schistosité est contemporaine de leur forma- tion; chez les autres, au contraire, elle s’est produite après coup et leur à été communiquée par des influences externes, parmi lesquelles la plus importante est la pression. Quand une roche contient du mica, sa schistosité tient au clivage de cetélément, car, les paillettes de cette substance « se plaçant toujours sur leurs bases lorsqu'elles sont déposées par les eaux, il est évident qu’elles donneront aux argiles, sables, calcaires auxquels elles sont mêlées, la propriété de se diviser facilement suivant le plan du dépôt, et celle aussi de mieux conduire la chaleur suivant les directions de ce plan quesuivant la direction perpendiculaire». C’est ce qui a été observé sur les roches artificielles fabriquées par M. Fayol, ingénieur en chef des houillères de Commentry. M. Fayol a obtenu quatre roches artificielles différentes : La pre- mière, en faisant arriver pendant trente-cinq jours dans un bassin à niveau constant un cours d’eau dans lequel on jetait du sable, de l’ar- gile, contenant de la houille, des végétaux. La deuxième, en modifiant légèrement l'expérience ci-dessus et en amenant dans un bassin de 120 mètres de long, 3",50 de large et 1 mètre de hauteur, des Schlamms ! provenant du lavage de la houille, et diverses matières jetées dans le courant. Pour obtenir la troisième, l'expérience a été plus longue: pendant dix ans, M. Fayol à fait déverser d'une facon continue un courant d’eau chargé de matières argilo-ferrugineuses mêlées de matières charbonneuses, dans les parties basses d’une galerie à fond de bateau, où il s’est formé un dépôt de 1",50 de haut. Enfin, la quatrième roche a été formée en faisant arriver un cou- rant d'eau dans une galerie qu’il noyait en y entraînant de l'argile très fine mêlée d'une grande quantité de paillettes de mica. C’est une roche assez consistante, schisteuse, et perforée de très petites cavités sphériques. M. Jannettaz a examiné ces quatre roches ; il a trouvé que les trois premières n’ont pas de plan de division spécialement facile, et que les courbes isothermiques que l’on peut obtenir sur leurs différentes faces sont des cercles. 1 Schlamm; ce mot désigne dans les exploitations minières les boues et résidus de toute nature qui résultent du lavage des minerais, GÉOLOGIE. 329 Quant à la roche n° 4, elle fournit une ellipse isothermique dont le grand axe est parallèle au plan du dépôt et aux lamelles du mica, et dans laquelle le rapport des axes est 1,25. Ainsi, la dernière roche seule contenant du mica s’est produite avec la structure schisteuse. Quant aux roches schisteuses ne contenant pas de paillettes de cette substance, leur schistosité s’est produite après coup, et elle est due, d'après M. Jannettaz, à la pression. À notre humble avis, il conviendrait de faire aussi intervenir la chaleur, qui accompagne fatalement le développement des grandes pressions et qui doit communiquer aux rochesun certain degré de plasticité, de malléa- bilité qui en favorise le laminage. Ajoutons que la pression s’exerçant sur les roches contenant du mica a augmenté considérablement leur degré de schistosité. En ce qui concerne le longrain, qui caractérise la presque totahté des roches schisteuses, à quoi faut-il attribuer son origine ? — Évi- demment à des pressions latérales. Ce fait sera mis en évidence par les expériences dont nous allons maintenant parler. M. Jannettaz a cherché et réussi à produire artificiellement des roches dans lesquelles se montrent non seulement la schistosité qu'on avait produite avant lui, mais encore le longrain, dont ne s'étaient pas occupés les premiers expérimentateurs. Il a trouvé les moyens de puissance énorme dont il avait besoin dans les ateliers d'essais méca- niques de la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée. La machine dont il s’est servi pour réaliser ses expériences n'est autre chose qu'un cylindre dans lequel deux plateaux actionnés par la vapeur vont à la rencontre l’un de l’autre et développent des pres- sions pouvant s'élever à 10,000 kilogr. par centimètre carré, c'est-à- dire environ 10,000 atmosphères. « Pour répéter les expériences rela- tives à la schistosité, dit M. Jannettaz. pour voir en même temps si elle serait accompagnée de longrain, comme dans la nature, nous avons renfermé un bloc d'argile cubique ayant encore son eau de carrière de un décimètre de côté, dans une boîte parallélipédique en fer, à parois très résistantes (fig. 2), ayant environ 0,30 de hauteur, 0®,20 de largeur et 0,12 de profondeur. Une des parois verticales mobiles jkl pouvait être poussée vers le foud de la boîte, qui en réalité n'avait que cinq faces, la supérieure ayant été enlevée, de façon à laisser la boîte ouverte dans le haut.A l'un des plateaux était adossée la paroi qui servait de fond hef ; à l’autre était reliée par la tige P, la paroi mobile. À mesure que les deux parois se rapprochaient l’une de l’autre, le bloc d’argile diminuait d'épaisseur, mais il s'étendait en 330 REVUE SCIENTIFIQUE. largeur et en hauteur, et finissait par s’extravaser en forme de plaque de 0",01 d'épaisseur. La figure 3 est la section de la précédente par un plan perpendicu- laire aux deux parois efh, jkl, mené par le milieu du piston. Elle montre la masse M d'argile extravasée, enroulée sur elle-même à son extrémité ; comme la paroi mobile entrait à frottement doux dans la boîte, une partie de la matière s’est extravasée de même entre elle et les parois latérales abh, cdef. On voit (fig. 3) la matière étalée en lame mince sur la paroi gauche abh, par suite de cette extravasation.» Voici maintenant les résultats de ces expériences sur plusieurs blocs d'argile : | {0 Il y a eu développement de schistosité, comme le montre l’ellipse isothermique que l’on voit sur la plaque ABCD ; 2° Il s’est produit un longrain qui se manifeste aussi par l'ellipse isothermique réalisée sur la face MEA, perpendiculaire à la schistosité et parallèle à la paroi mobile ; 3° Souvent le bloc d'argile comprimé se replie en zigzag dans la par- tie supérieure extravasée ; 4° Il suffit, pour obtenir ces résultats, d'une pression variant entre 20 et 40 atmosphères ; 5° Lorsqu'on la laisse libre de s'étaler en tous sene, l’argile ne pré- sente pas les traces du longrain, mais seulement celles de la schistosité, ce qui démontre bien évidemment que, comme nous le disons plus haut, le longrain est dû aux pressions latérales. L’argile micacée artificielle de M. Fayol, soumise à unecompression de 20 atmosphères, acquiert une schistosité bien supérieure à celle qu’elle possédait au moment de sa formation. Quant aux autres roches artificielles non micacées, et non schis- teuses, de M. Fayol, soumises à la pression de 40 atmosphères, elles ont acquis un degré de schistosité qui se mesure par le rapport 1,2 des axes des ellipses isothermiques. En résumé, M. Jannettaz pose la règle générale suivante : « Lorsqu'’elles ont été soumises à des pressions, les matières plas- tiques se montrent divisibles : 1° en lames parallèles aux faces com- primées ; 2° en fibres parallèles à la direction qu'elles ont suivie pour s'échapper lorsqu'elles ont pu trouver une issue.—La première direc- tion plane, de séparation facile, est la schistosité; la seconde, le longrain. Les courbes isothermiques ont leur grand axe, celui qui mesure la plus grande couductibilité pour la chaleur, parallèle à la direction de cette sorte d'écoulement, soit à la trace du longrain sur le plan de la schistosité, soit à la trace de la schistosité sur le plan du longrain. » GÉOLOGIE. 391 La fin du Mémoire de M. Jannettaz est consacrée à l’étude d’un certain nombre de questions se rattachant à celle de la schistosité. Ainsi, ce savant à constaté : 1° Que les métaux en masses, soumis à la pression, ne cont actent pas la structure schisteuse ; ils volent en éclats brûlants (preuve évi- dente de la haute température développée par la pression) et quelque- fois même subissent un commencement de fusion superficielle. 20 Que les matière pulvérulentes et les sels chimiques ne cristallisent pas sous l'influence de la pression, comme l'avait pensé M. Spring ; mais que ces substances s’agrègent, et que, si elles sont plastiques, elles acquièrent une structure d'autant plus schisteuse qu'elles sont plus fines ou plus grasses, et que la pression à laquelle elles sont sou- mises est plus considérable. C’est ce qui ressort de l'examen du tableau suivant, qui contient les résultats obtenus par M. Jannettaz. : PRESSIONS | RAPPORT CORPS SOUMIS A L’EXPERIENCE. EN DES ATMOSPHÈRES. AXES, ICuivre en poudre impalpable, telle que os les peintres 3. il 1e 1e ile 10 ik iLo 5. 2 1 3. 1° lArgile desséchée “depuis plusieurs années, | porphyrisée lArgile desséchée depuis plusieurs années, HOHDNBISÉR MER er en meer lArgile desséchée depuis plusieurs années, | porphyrisée. . « A en ten n erielele et le = ICraie ter ER At ROMANE 3° Que la plupart des précipités chimiques et les poudres qui n'ont pas de liant n’acquièrent pas la schistosité. 4° Que, pour des pressions égales, la schistosité est d'autant plus grande que la surface du compresseur est plus étendue. Se REVUE SCIENTIFIQUE. 5° Que des pressions égales exercées sur des mélanges de matières différentes produisent des degrés différents de schistosité, variant pro- portionnellement aux quantités de matières plastiques contenues dans ces mélanges. Go Enfin, qu'une pression très considérable (8,000 atmosphères) peut produire des combinaisons chimiques, mais en très. faibles quantités. M. Jannettaz estime même que ces petites quantités de combinaisons réalisées sont dues, non à la pression, mais à la chaleur énorme qu'elle développe. Nous ne voulons pas abuser plus longtemps de la bienveillante attention de nos Lecteurs ; cependant nous croyons devoir, en termi- nant, leur rappeler que ce sont les mouvements du sol qui ont produit les pressions dont la schistosité et le longrain sont la conséquence, et que l'étude de ces mouvements est appelée à recevoir une lumière nouvelle des importants travaux de M. Jannettazque nous venons de passer rapidement en revue. J. [voLas. L'Éditeur-Gérant : Caares BOEHM. Montpellier. — Typogr. et Lithogr. Boum et Fis. MÉMOIRES ORIGINAUX. LES ORTHOPTÈRES DE LA RÉGENCE DE TUNIS Par MM. Ed. BONNET et Ad. FINOT. (Suite et fin!) GEN. OPOMALA Serv. 0. cylindrica Fieb. Syn. 9 ; Brunn. Prdr. 232 ; O0. Sicula Auct. quorumd. ; Gryllus cylindricus Marsch ; Tropidopola cylindrica Bol. Rare : Bled Thala entre Sfax et Gafsa (V. Mayet)— Aire géogr. : Sicile, Gréce, Syrie, Algérie, Baléares. GEN. FinoriA Bonn. Le Naturalisle 2, pag. 548. Caput crassum. Vertex declivis, concaviusculus ; foveolis in modum generis Nocarodes Fisch. constructis. Oculi swbglobosi, prominentes. Antennæ basi depressæ, 16-articulatæ. Gosta fronta- lis compressa, Sulcata, inter antennas producta, juxta ocellum leviler sinuato-emarginata, versus clypeum dilatata et sensim eva- nescens. Pronotum latum, subdepressum, rugosum, postice dila- tatum ; carina oblusa, paulum projecta, in longitudinem subtili. ter sulcata, & sulcis duobus (excepto sulco postico) transverse inter- rupia, parte antica bifida, fossulam triangulam circumscribente; carinis lateralibus obtusis, tuberculaio-rugosis, in angulum pro= minentem subspinosum postice desinentibus ; margine antico tu- berculato, jurta verticem producto et truncato; margine postico 1 Voir numéro de Décembre 1884. 3e sér., tom. 1V, 24 334 MÉMOIRES ORIGINAUX. subrotundato, suberecto, spinoso; latrribus deflexis carina obli- qua, tuberculata præditis, angulo antico rotundato, suberecto, in spinam validiorem desinente ; angulo postico 2-spinoso. Elvtra alæque nullæ. Mesonotum obtectum. Prosterni tuberculum trans- verse subquadratum, exsertum angulis anterioribus spinosis. Pectus latwm ; lobis mesosternalibus brevibus margine interno obliquo; lobis metasternalibus pone foveoias parum rotundato-pro: ductis. Pedes omnes aroliis parvis instructi. Femora antica teretia ; postica fortiora, subcompressa abdomine parum lonyiora, latere externo regulariter imbricatim-carinato, carina superiore sub- recta, serrulato-sSpinosa, in spinam validiorem, arcuatam jurta genu producta ; carina inferiore acuta, 2-spinosa, raro inermi. Tibiæ posticæ femoribus subæquales, parum curvatæ, spina apicali externa instruclæ, postice bifariam spinosæ, spinis exlernis inter- nisque subæqualibus. Tarsorum posticorum articulus primus tertio sublongior, secundus brevissimus.Abdomen subcylindricum vel subcompressum, a medio typice recurvatum, segmentis sin- gulis dorsalibus 3-carinatis, carina media paru prominula et angulato-producta, carinis lateralibus prominulis et spinoso-pro- ductis ; abdominis segmentum primum, parte dorsali, præcipue apud ® fortiter 3-carinatum, carina singula in spinam vali- diorem producta, latere utrinque tympano aperto instructum. Lamina supra-analis @ complanata, subtriangularis, apice an- gulato-obtusa. Gerci brevissimi, subulati. Lamina subgenitalis @ erecta, cucullata, apice suleata, subbifida, ?-spinosa, Valvulæ ovipositoris breves, curvatæ, inferiores, latere externo, dente trian- gulari-ampliata præditæ. Genus eximium verticis pectorisque forma Nocarodem éantum- modo referens sed alio modo ab omnibus generibus Pamphagidarum plane diversum. F. spinicollis Bonn., loc. cit., pag. 548. (PL. XVI, fig. 1-7.) @ statura parva ; g siutura minore. Corpus crassum colore fusco-testaceo, raro viridi. Verlex longior quan latior, subcon- cavus. Costa frontalis inter oculos producta, juxta ocellum parum sinualo-emarginata, carinis versus clypeum divergentibus, Pro- ORTHOPTÈRES DE LA RÉGENCE DE TUNIS. 339 notum subdepressum, granulis et rugulis rugosum, antice pro- ductum et truncatum, postice apud $ subrotundatum, apud g subangulaium, spinosum, spinis ad apicem nigris ; crisia parum elevata, & latere visa subrecta, a sulcis 3 transversim inter- rupla, antice bifida, postice apud @® latere utrinque carinula obliqua subalbida fossulain triangulam nigricantem circum- scribente, prædita. Lobi deflexi macular subrufam carina tuber- culato rugata oblique diremptam, prægerentes ; crisla altera obli- qua tuberculato-rugata postice præditi ; margine infero spinuloso vel tuberculato. Pectus latum, subconvezum, pallide subflavum. Femora postica crassiuseula, parte supera maculam latam sub- fuscam gerentes, parte infera pallide flavescente, spinis cari- narum rubescentibus. Tibiæ posticæ in utroque sexu testaceæ vel pallidæ, condylis nigris, spinis basi pallidis, apice nigris. Abdo- men subcylindricum vel, præcipue apud œ, subcompressum, subius flavum, nilidum, a latere subfuscum, supra apud. g fascia lata pallide flavescente, apud @$ fascia media subfusca cet fasciis lateralibus duabus pallide flavescentibus præditum. La- mina supra-analis gt pallide flava, basi fossula stricta, elongata, nigra, prædita. Gerci pallidi. Lamina subgenitalis subfusca, breviter villosa, cucullata, apice bifido, spinis parvis duabus di: vergentibus, prædito. Valvulæ ovipositoris apice nigrescentes. Lamina subgenitalis @ punctato-rugosa, medio leviter depressa. (C4 ? LonsduRCOrps. ee . 16 millim. 20 millim. «a dupronotum..... 6 « 7151» « desfémurspostér. 10 « 21/8» Corps un peu trapu, d’un fauve testacé, plus rarement ver- dâtre ou grisätre. Téte assez forte, de la couleur du corps, avec les côtés du vertex et les joues souvent noirâtres. Yeux gros, presque hémisphériques, saillants, très écartés, d’un brun tes- tacé, ordinairement marbrés de noir; ocelles d’un jaune brillant, l’inférieur situé dans le sillon de la crête frontale à peu près au niveau de l’échancrure, les deux supérieurs placés entre l’in- sertion des antennes et le bord antérieur de l'œil. Vertex par- 936 MÉMOIRES ORIGINAUX. couru dans toute sa longueur par une petite carène noirâtre, peu prononcée, les carènes latérales également noirâtres et très rele- vées au niveau des yeux ; crête frontale très proéminente entre les antennes, se divisant un peu au-dessous de l’ocelle en deux carènes qui s’écartent insensiblement pour aller se perdre au ni- veau du chaperon, en limitant entre elles un espace triangulaire. Carènes latérales légèrement sinueuses, partant du point d'in- sertion des antennes etse dirigeant obliquement de haut en bas el d’arrière en avant; une petite crête obtuse existe entre le bord antérieur de l’œil et le point d'insertion des antennes; une autre petite crête blanchâtre, arquée-semi-lunaire, passe un peu au- dessous de l’œil et vient se réunir à la carène latérale; toutes ces crêtes limitent en avant et au-dessous de l’œil un espace irré- gulier de couleur noirâtre. Joues assez grandes, rebordées sur leur côlé inféro-postérieur, ordinairement parsemées de pelits tubercules. Chaperon brunûtre, un peu proéminent, avec des taches plus claires et les deux fossettes supérieures bien accusées. Labre trapézoïdal, arrondi aux angles inférieurs, testacé avec des places plus foncées et parsemé de poils courts. Antennes un peu déprimées, insérées de chaque côté de la crête frontale, plus courtes que la tête et le pronotum réunis; elles se composent d'environ 16 articles, le premier gros, court et renflé ; ceux de l'extrémité un peu plus courts que ceux de la base, rétrécis à leur point d'insertion, le dernier, un peu plus long, aminci obtus à l'extrémité. Pronotum parsemé sur toute sa surface de tubercules et de rugosités, divisé en deux parties inégales par le sillon transversal très accusé ; la partie postérieure, très étroite, un peu relevée, est munie en son milieu d’une carène saillante; chez la ©, cette carène médiane est accompagnée de deux petites carènes laté- rales, blanchâtres, obliques d’arrière en avant, qui limitent de chaque côté de la carène médiane une petite fosseite noire. La partie antérieure du pronotum, nettement séparée des lobes ré- fléchis par deux carènes latérales tuberculeuses, se termine en arrière, au point où finissent les carènes latérales, par deux ORTHOPTÈRES DE LA RÉGENCE DE TUNIS. 337 angles relevés et munis d’un fort tubercule ; la carène médiane, un peu épaisse, obtuse, souvent teinte de rougeâtre, est bifide en avant, où elle limite un espace triangulaire, concave, divisé en deux fossettes secondaires par une petite crête médiane; elle est interrompue par deux sillons transversaux, l’antérieur très court, le postérieur se prolongeant ordinairement jusque sur les lobes réfléchis ; ces sillons sont bien plus accusés chez la @ que chezle 4, et l’on distingue en outre chez celle-ci deux petites crêtes obtuses qui partent de la carène médiane pour se diriger obliquement d’arrière en avant. Le bord antérieur du pronotum, teinté de rougeâtre et muni de quelques petits tubercules, est un peu prolongé et tronqué au niveau du vertex. Le bord postérieur, plus arrondi chez la @ que chez le &, est également rougeâtre et armé d’épines noirâtres à l’apex, les deux médianes plus robustes. Les lobes réfléchis sont arrondis à l’angle antérieur, qui est fortement relevé et surmonté de deux épines ; une carène tuberculeuse, blanchâtre, oblique d’arrière en avant, part des carènes latérales et vient se terminer à la base de ces épines. Cette carène oblique limite, avec la carène latérale et le bord antérieur du pronotum, un espace triangulaire d’un brun foncé ou noirâtre, au centre duquel s’élève une petite crête blan - châtre, légèrement sinueuse. L’angle postérieur des lobes réflé- chis est un peu relevé et armé de deux fortes épines; en avant de cet angle, on remarque une dépression noirâtre traversée par une crête blanchâtre, tuberculeuse, oblique d’avant en arrière et qui se termine à la base de l’épine supérieure. Le bord inférieur des lobes réfléchis est également teinté de rougeûtre et muni de petites épines ou au moins de tubercules saillants. Le mesonotum esl presque entièrement caché sous le bord postérieur du pronotum. Le metanotum porte dans sa partie médiane une netile carène peu accusée, et de chaque côté deux carènes latérales prolongées en arrière par un tubercule oblus ; chez le mâle, il est brunâtre sur les côtés et à la partie supérieure, entre les deux carènes 338 MÉMOIRES ORIGINAUX. latérales de couleur jauvâtre; celte teinte se continue sur les segments de l'abdomen sous forme d’une bande claire qui en occupe toute la partie dorsale ; chez ia $ , cette bande claire est partagée en deux par une bande médiane brunâtre qui s'étend depuis le métanotum jusqu'à l'extrémité de la plaque sus-anale. Le thorax est large, un peu convexe, de couleur claire, jau- uâtre ou grisätre, avec quelques ponctualions en creux. Le pro- sternum porte un tubereule allongé transversalement à bord antérieur saillant, légèrement courbé et terminé à chaque extré- mité par une petite épine. Les pattes, un peu allongées, assez fortes, sont lestacées, par- semées de poils courts. Les tibias antérieurs et intermédiaires sont subcylindriques, un peu aplatis à la face inférieure bordée de chaque côté par quatre épines testacées ou jaunâtres, d'un brun noirâtre à la pointe. Les tarses antérieurs ont leur second article très court, les crochets assez forls et noirâtres à l'extrémité, la pelote petite. Les fémurs postérieurs, plus longs chez le & que chez la @, dépassent l'extrémité de l'abdomen ; ils sont de couleur testacée, plus pâle à la face irférieure, avec une large tache allongée, d'un brun rougeâtre sur la face supérieure ; la carène supérieure est mince, légèrement sinuée-épineuse ; elle s’efface un peu et devient inerme au niveau des genoux, à l'extrémité desquelsells se termine par une épine saillante, un peu arquée; la carène externe, située au-dessous de celle-ci, est également armée de petites épines souvent rougeâtres ; enfin la carène inférieure, assez saillante, est munie vers son milieu de deux petites épines espacées. Les tibias postérieurs, un peu arqués, parsemés de poils, sont testacés avec la face supérieure pâle et les condyles d’un brun foncé ; la face supérieure, un peu aplanie, à peine concave à son extrémilé, porte (en outre des quatre épines articulées) eur le côté interne neuf épines jaunâtres, d’un brun noirâtre à la pointe, et sur le côté interne huit épines (y compris l’açicale) à peu près de même taille que les précédentes. Les tarses postérieurs ont le ORTHOPTÈRES DE LA RÉGENCE DE TUNIS. 399 premier et le dernier article presque égaux, le second très court, L'abdomen, subeylindrique ou un peu comprimé latéralement, principalement chez le &, est arqué, de couleur pâle, jaunâtre sur la face ventrale, brunâtre sur les côtés ; le premier segment est muni de chaque côté d’un tympan ouvert, il est fortement tricaréné sur sa face dorsale, avec chaque carène relevée et pro- longée en épine à son extrémité, la médiane beaucosp plus forte chez la @ et ordinairement accompagnée de chaque côté d’une petite épine secondaire ; les autres segments sont également tri- carénés à carène médiane peu saillanle, inerme obtuse à l’extré- mité ; les latérales plus marquées, prolongées en épine. Chez le @7, la plaque sur-anale est triangulaire, obtuse à l’ex- trémité, tronquée latéralement, un peu rétrécie à sa base et mu- nie d’une petite fossette noirâtre en forme de V, qui donne à cet organe un aspect cordiforme. Les cerques sont jaunâtres, grêles, très courts, subulés à l’extrémilé. La plaque sous-génitale est bru- nâtre, parsemée de poils courts, cucullée, relevée, bifide à son apex et surmontée de deux petites épines divergentes. Chez la $ , la plaque sur-anale a une forme analogue à celle du 7, mais cependant plus allongée; les cerques sont plus courts et plus pelits. Les valvules de l’oviscapte sont courtes, arquées, noirâtres à l’apex, les inférieures munies latéralement d’une pe- tite dent triangulaire élargie à la base. La plaque sous-génitale est ponctuée, un peu rugueuse, allongée, demi-circulaire tron- quée avec une petite dépression longiludinale se prolongeant jus- qu’au bord postérieur. Cette curieuse espèce es! assez rare, elle ne se trouve que dans les plaines sèches et exposées au soleil de la région sud: aux environs de l'oued Bateha, à Bir Arrach, entre Oglet Mo- hammed et Gafsa et aux environs de Feriana; d’après quelques échantillons en mauvais état, récoltés par Espina, ell2 existerait aussi aux environs de Sfax, où nous n'avons pu la retrouver ; elle est assez agile et échappe facilement par des bonds rapides et allongés au filet du chasseur. Le mâle fait entendre une stridula- tion brève, rapide, interrorupue, d’un timbre aigu qui rappelle 340 MÉMOIRES ORIGINAUX. assez bien la stridulation de quelques-uns de nos Stenobothrus européens ; l’accouplement a lieu dès la fin d'avril, et, dans cette espèce, l'union des sexes a lieu de la même manière que chez les autres Pamphagides. GEN. OCNERODES Brunn. O. canonicus Brunn. Prodr. 193; Porthetis canonicus Fisch. ; Nocarodes canonicus Bol. Assez commun aux environs de Tunis, à el Aouina, près des ruines de Carthage et à Fortuna, dans la presqu'île du can Bon. — Aire géogr.: Espagne, Sicile. O. nigro punctatus Brunn. Prodr. 195; Pamphagus nigro- punctatus Lucas; Nocarodes nigro-punctatus Bol. N'est pas rare dans la vallée de la Medjerda entre Djedeida et Souk-el-Arba, aux environs de Tabarka et sur les pentes des montagnes des Khoumirs ; se retrouve dans le centre à Makter. — Aire géogr.: Algérie. GEN. PAmpxaAGus Thunb. P. hespericus Fieb. Syn. 199; Brunn. Prodr. 201; Acinipe hesperica Ramb. (arab. Bldtd). Commun dans tout le Sud, depuis Sfax jusqu'à Zarzis et à Tou- zeur ; se trouve également aux îles Kerkenna et dans la région des hauts plateaux entre Feriana et Haïdra, -— Aire géogr.: Es- pagne, Algérie. P. expansus Brunn. Prod. 206; P. tibialis Fieb. Commun sur les plantes basses et les buissons dans le centre de la Régence entre Makter, el Lehs et el Kef, dans la vallée de la Medjerda depuis Souk-el-Arba jusqu’à l'entrée du pays des Khoumirs ; se retrouve sur le littoral auprès du Bordj Djedid. A la fin de juin et au commencement de juillet, cette espèce était très abondante sur les buissons de Jujubiers sauvages où nous la trouvions accouplée au lever du soleil; dans le pays des Khou- mirs nous avons capturé un g? marbré de taches brunes. — Aire géogr.: Espagne, Algérie. ORTHOPTÈRES DE LA RÉGENCE DE TUNIS. 341 P. marmoratus Burm. Handb. ?, pag. 617; Brunn. Prodr. 206: Porthetis marmorata Fisch ; P. Elephas Serv. (non Stâl), (arab. Bou-Djerad). Commun dans toute la Régence depuis Tunis et la pointe du Râs Addar jusqu'au sud des grands Chott; se retrouve aux îles Kerkenna ; paraît manquer ou du moins est très rare dans la ré- gion montagneuse du pays des Khoumirs. — Aire géogr.: Sar- daigne, Sicile, Algérie. P. Elephas Stàl Recens. Orth. 1, pag. 24; Brunn. Prodr. 207; Porthetis Elephas Fisch.; P. Numidicus Lucas (arab. Bou-Djerad). Toujours rare et disséminé dans l’est et le centre de la Régence: Zaghouan, la Mohammedia, Takhouna ; plus commun dans le pays des Khoumirs, où la variété d’un beau vert uniforme est aussi commune que le type.— Aire géogr.: Algérie. Gex. Eunarrus Stàl. E. Brunneri Stâl Obs. Orth. 2, pag. 33 ; Brunn. Prodr. 209; Acridium Sitifense Brisout ? Région des hauts plateaux entre Feriana et Haïdra, où il paraît rare. — Aire géogr. : Algérie. E. quadridentatus Brisout Ann. Soc. ent. de Fr., 2° sér. 10, pag. 67 (sub. Acinipe); Æ£. terrulentus Brunn. Prodr. 216 (pro parle). Observé seulement dans le Sud: environs de Sfax (Espinu), Bir el Aja, Bir Arrach. — Aire géogr.: Algérie. La taille de cette espèce pareit sujette à d'assez grandes varia- tions, M. Brisout donne 40 millim. comme étant la longueur moyenne de la femelle, nous en possédons un spécimen de o1 millim.; en général ; les individus d'Algérie sont plus petits que ceux de Tunisie. Le mâle présente les mêmes teintes, les mêmes dessins, les mêmes rugosités que la femelle; sa taille n'excède pas 30 millim.; les petites épines et les tubercules qui garuissent le bord postérieur du pronotum sont souvent moins accentués que chez la ©. Dans les deux sexes, la carène médiane est parcourue dans toute sa longueur par un sillon superficiel 342 MÉMOIRES ORIGINAUX. très étroit; le bord postérieur du pronotum est muni de chaque côlé de l’échancrure médiane de 2-3 petites épines mousses qui se continuent sous forme de tubercules jusqu’à l’angle inféro-pos- térieur ; l'abdomen est légèrexent comprimé latéralement, ses trois premiers segments sont munis sur la face dorsale d’une carène beaucoup plus forie que sur les segments suivants, ordi- nairement prolongée en forme de dent. Les tibias postérieurs sont d'un bleu foncé à la partie supérieure, les tarses sont de couleur pâle. Les valves inférieures de l’oviscapte sont munies au-dessous d’une petite crête oblique. E. quadridentatus Brisout constitue une espèce nettement dis- tincte de terrulentus Bol. par son pronotum plus fortement tec- tiforme caréné, munisur son bord postérieur d’une échancrure assez large et sur les côtés de crêtes transversales sinueuses très accusées dans les deux sexes, par les premiers segments de l’ab- domen prolongés sur leur partie dorsale en crête très élevée, fortement carénée, formant en arrière une sorte de dent, enfin par les fémurs postérieurs à carènes peu proéminentes, subar- rondies. GEN. TeTTix Charp. T. meridionalis Ramb. Faune de l’Andal, 65 ; Brunn. Prodr. 239 ; T. subalata var. meridionalis Fisch. Environs de Tunis (Doria), dans les sables auprès de Khaïrouan et dans les jardins de l’oasis de Touzeur ; Oued Leben (V. Mayet). — Aire géogr. : Europe méridionale. T. bipunctatus Latr. Hist. nat. des Ins. 12, pag. 164; Brunn. Prodr. 235 ; Acrydium bipunctatum Fabr. Cap turé une seule fois dans les jardins de l’oasis de Touzeur.— Aire géogr. : Europe, Afrique sept., Asie-Mineure. LOCUSTODEA. GEN. OponrTurAa Ramb, O. Algerica Brunn. Monogr. der Phaneropt, 75 ; Bol. Cat. Orth.14. ORTHOPTÈRES DE LA RÉGENCE DE TUNIS. 343 Assez commun dans les champs incultes et les lieux herbeux entre Tunis et Carthage, aux Ksour el Maltei sur la route d'Ham- mamet, à Makter, aux environs de Bir Arrach et de Gafsa, sur les pentes du Djebel Berda, aux îles Kerkenna et dans la ré- gion des hauts plateaux entre Feriana et Haïdra. — Aire géogr.: Algérie. GEN. Locusra de Geer. L. viridissima Fabr. Ent,syst.,2, pag. 41 ; Brunn. Prodr. 307. Nous n'avons observé que deux fois cette espèce, si vulgaire en France: dans une dépression humide entre Sousse et Monas- tir el dans un petit marécage au Fedj-el-Saha (pays des Khou- mirs). — Aire gévgr. : Europe, Afrique sept., Asie-Mineure. GEN. RHaAcocLeis Fieb. R. annulatns Fieb. Syn. 38 ; Brunn Prodr. 323 ; Pterolepis Brisouti Yersin. Environs de Tunis (Doria). — Aire géogr.: Sicile. GEN. CTENODECTICUS Bol. C. Bolivari Targ. Toz., Bull. Soc. ent. Ital. 13, pag. 186; Brunn. Prodr. 328. Capturé aux environs de Zaghouan par M. Innocenti — Aire géogr.: Sardaigne, Algérie. GEN. PLaryczeis Fieb. P.griseus Fieb. Syn. 40; Brunn. Prodr. 348; Locusta grisea Fabr.; Decticus griseus Serv. Environs de Tunis (Doria). — Aire géogr. : Europe, Smyrne. P. intermedius. Serv. Hist. des. Orth. 488 ; Braonn. Prodr. 349; P. griseus var. major Fisch. Commun dans tous les lieux secs depuis Tenis et la vallée de la Medjerda jusqu’au bord des grands Chott ; sur la côte près du bordj Djedid et dansl'ilot de Tabarka. — Aire géogr.: Europe mérid., Afrique sept. P.;laticauda Bruno. Prodr. 349. 344 MÉMOIRES ORIGINAUX. Observé une seule fois el en petit nombre aux ruines de Makter. — Aire géogr.: Sicile, Algérie. P. tessellatus Fieb. Syn. 41; Brunn. Prodr. 350; Locusta tessellata Charp. Commun dans tout le nord de la Régence depuis Tunis jus- qu’à Souk-el-Arba. — Aire géogr. : Europe centrale et mérid., Afrique sept. GEN. DEcricus Serv. D. albifrons Serv. Hist. des Orth. 486; Brunn Prodr. 365 : Locusta albifrons Fabr. Commun dans le nord et le centre de la Régence ainsi qu'à l'ilot de Tabarka; paraït rare dans la partie montagneuse du pays des Khoumirs.— Aire géogr.: Région méditerranéenne. D. assimilis Fieb. Syu. 39 ; Brunn. Prodr. 366 ; D. Syriacus Fieb. Rare au bord du Ghott el Fedjej près de R’dir Tiniat ; M. Le- tourneux nous en à donné un couple capturé dans le Nefzaoua.— Aire géogr. : Tiflis, Syrie. GEN. EUGASTER Serv. E. Guyonii Serv. Hist des Orth. 464 : Hetrodes Guyonii Luc. Expl. de l’Algér, 2. pag. 15 tab. 2f. 1; Guyon, Voy. aux Ziban p. 239 (arab. Bou Babela des Tunisiens, Bou Aziz des Algériens). Commun dans toute la région montagneuse du Sud entre Sfax, Gabès et Gafsa; région des hauts plateaux entre Feriana et Haïdra. — Aire géogr.: Algérie et frontière du Maroc. Nous avons pu constater, ainsi que l’avait déjà remarqué M. Lucas (Ann. Soc. ent. de Fr., 2° sér. 9, pag. 4), que la taille était très variable dans cette espèce; les femelles, d'une dimension égale et même supérieure à celle signalée par M. Lucas en Al- gérie, ne sont point rares en Tunisie et la variété à abdomen dépourvue de taches rouges (Cfr. Lucas Loc. cit.) y est aussi com- mune que le type. L’E. Guyonii se tient ordinairement caché pendant le jour ORTHOPTÈRES DE LA RÉGENCE DE TUNIS. 345 dans les touffes d’Halfa ; accidentellement il monte sur les buis- sons et les arbustes ; à la base du djebel Bou-Hedma, nous en avons observé quelques individus blottis sur les branches d’un Gommier. Si quelque bruit vient à effrayer l’insecte, il quitte précipitamment sa retraite et cherche à échapper au danger qui le menace par une marche rapide entremélée de sauts de peu d’étendue rappelant un peu ceux des Ephippiger : si à ce moment on le saisit, il lance deux jets d’un liquide orangé et assez caus- tique pour déterminer une vive inflammation de la conjonctive lorsqu'il est accidentellement porté sur le globe oculaire; ce li- quide s'échappe, par une véritable éjaculation, de deux pores situés sur les côtés du mésosternum, en arrière des hanches de la première paire de pattes et au-dessous des angles postérieurs des lobes réfléchis qui les recouvrent plus ou moins. Après un premier jet lancé à 15 centimètres et plus de distance, l’in- secte peut en produire un second beaucoup plus faible que le premier, et quelquefois même un troisième ; mais alors il a gé- néralement épuisé sa réserve de liquide, et il lui faut un certain temps avant qu’il puisse de nouveau user de ce singulier moyen de défense. Vers quatre ou cinq heures du soir, les Eugaster quittent leur retraite pour chercher leur nourriture ou pour s’ac- coupler ; ils sont assez indifférents quant au régime, et nous les avons vus dévorer avec une égale avidité des débris de viande et des gousses d’Astragale. Le mâle fait quelquefois entendre une stridulation brève, très courte, d’un timbre sourd et grave qui rappelle plutôt une sorte de bruissement qu’une véritable stridul ation. GEN. EPxiIPPiGER Latr. E. Innocentii Finot et Bonn. (PI. XVI fig.8-13). Antennæ wunicolores. Pronolum rugulis inæqualibus, lobis de- flexis carinato-insertis, margine postico pauluwm emarginalo. Elytra margine postico rotundato, vend radiali parum expressd, campo marginali horizontaliter expanso, areolis fuscis subquadratio in- structo, Femora antica subtus inermia.Tibiæ anticæ supra margine 346 MÉMOIRES ORIGINAUX. interiore mutico, margine exteriore extra spinam apicalem mutico vel unispinoso ; subtus in utroque margine 6-spinulosæ. Femora postica subius margine externo mutico, margine interno 5 -spinis minimis instructo. Abdomen supra fusco-maculatum. Gerci g longi, processum valde superantes, cylindrici, dente interno me- diano.Processum &æ a lamina supra-anali sulco transverso minimo divisum, concavum inter cercos paulo productum. Ovipositor subincurvus, pronotum triplum vel abdomen adæquans. (4 ? Long du CcGnps.r 44 02 ss) 0e ID 39 0— Soul D AAUNPTONOLUI EE, SE A D) 9 — 10 » Lars -/duipronoiumi Er ME EC UE TON T— 9 » Long. de la part. appar. des élytres.. 3 » 2 » ii déSlféMUrEs postée. LM M J108 45 25 — 27 » »!1) desttibiaslantér. 24144, ls. tante» 15 » »{ nie FONISCAPIE Hess no: 26 — 29 » (Les individus provenant du Sud Oranais ont des dimensions d’un tiers plus petites.) Taille grande ; couleur vert jaunâtre avec des taches plus foncées sur le pronotum, l’occiput et le dessus de l'abdomen. Les tubercules du vertexr sont faibles, parallèles, allongés ; ils se rapprochent dans leur partie inférieure et se réunissent en un prolongement unique, plus long chez les o7. Dans leur partie su- périeure, ils limitent un petit sillon linéaire ou ovalaire. La téte est de la longueur du devant du pronotum, claire avec l’occiput noir et quelqués taches derrière ies yeux et sur le bas de la face. Les antennes sont unicolores, longues (environ deux fois la longueur du corps). On y compte plus de :50 articles assez dis- tincts ; le premier est large et aplati ; le deuxième gros, ovalaire et court; le troisième long, subevlindrique, un peu conique à la base; les autres sont cylindriques, un peu gonflés à l’apex et finement velus, surtoul les derniers. Les yeux sont saillants, un peu plus foncés que la tête. Le pronolum, d’un vert vif, est fortement et irrégulièrement ORTHOPTÈRES DE LA RÉGENCE DE TUNIS. 347 chagriné, plus grossièrement sur le dessus de la partie antérieure. Le fond des cavités est plus foncé que les saillies. Vu par-dessus, le pronotum est à peu près rectangulaire ; 1l s’élargit cependant un peu au milieu de la partie antérieure et se rétrécit aussi un peu à la hauteur du sillon transversal postérieur et en arrière. La partie antérieure est cylindrique, avec deux forts bourrelets bordant le sillon antérieur ; le fond de cette partie est finement chagriné. La partie postérieure se relève d’abord brusquement, la perte devient ensuite moins forte après l’arête transversale ; dans cette dernière partie, le dessus du pronotum est tectiforme et assez régulièrement chagriné. Le sillon transversal antérieur est profond, courbe, presque paralièle au bord antérieur, dont il est éloigné de 2? millim. dans la partie médiane ; ses extrémités latérales, qui sont à hauteur des yeux, se rapprochent un peu de ce bord antérieur; ce sillon est limité dans tout son pourtour par de forts bourrelets, plus ou moins mamelonnés. Le sillon transversal postérieur est large, profond, rectiligne et s’arrête à l'insertion des lobes réfléchis. Un sillon oblique, assez irrégulier, occupe le bord supérieur de cette insertion ; cesillon vient aboutir vers les angles antérieurs. La carène médiane est bien marquée dans la partie voisine du bord postérieur et donre à cette partie une apparence sublectiforme. L'insertion des lobes réfléchis est carénée, anguleuse, surtout dans la partie postérieure. Elle est garnie d’un bourrelet transversalement mamelonné et élargi à la hauteur du sillon transversal postérieur. Les lobes réfléchis ont une forme subtriangulaire ;: ils sont lisses et de couleur claire dans leur partie inférieure, en dessous de la dépression longeant le bourrelet de l'insertion. Le bord antérieur est régulier, rehordé; il offre un rentrant arrondi en son milieu où se trouvent quelque- fois deux petites taches près de la ligne médiane. Le bord pos- térieur est rebordé, presque rectiligne, avec une petite échancrure en son milieu; sur cette échancrure et à la jonction des inser- tions des lobes réfléchis, on trouve de petites taches foncées. Les bords latéraux du pronotum sont presque rectilignes, rebor- dés et transversalément mamelonnés. 348 MÉMOIRES ORIGINAUX. Les élytres sont peu apparentes ; elles dépassent le bord du pronotum d'environ 3 millim. chez les & et encore moins chez les @. Le fond est noir, avec les nervures jaunâtres. Elle sont arrondies postérieurement. La veine radiale est peu saillante et le champ marginal est aplati sur l'abdomen, avec des aréoles noi- res subcarrées. Les jambes sont longues, grèles. Les fémurs antérieurs et intermédiaires sont inermes et caré- nés en dessous. Les tibias antérieurs sont longs, un peu plus de une fois et demie la longueur du pronotum, bien sillonnés latéralement; infé- rieurement ils portent une trace de sillon dans la partie apicale. Ds sont inermes sur le bord supérieur interne ; au bord supérieur externe se trouve seulement une épine apicale avec une autre petite épine qui manque presque toujours. Les bords inférieurs internes et externes sont armés chacun de 6 épines, dont une apicale. Les tibias intermédiaires offrent des traces de sillon sur les côtés et le dessous; ils sont inermes sur le bord supérieur externe et offrent sur le bord supérieur interne de 1 à 3 épines, dont une apicale. Les bords inférieurs sont armés chacun de 6 épines (5 à 7), dont une apicale. Les fémurs postérieurs sont grêles (3 millim. dans leur plus grande largeur basilaire) ; ils ont un peu moins de trois fois la longueur du pronotum ; ils offrent des traces de sillon sur les côtés ; les deux carènes inférieures, bien marquées, forment une sorte de sillon entre elles, avec une petite arête longitudinale au milieu de cet espace creux, arête plus marquée vers le milieu du fémur. Les bords supérieurs sont inermes. La carène inférieure interne est armée de 5 (4à 8) épines très petites, et la carène in- férieure externe, presque toujours inerme, offre parfois une trace d’épine. Les tibias postérieurs sont grêles, plus forts vers l’apex, bien sillonnés latéralement ; en dessus,un sillon bien marqué dans les deux tiers apicaux; en dessous, trace de sillon dans la partie api- ORTHOPTÈRES DE LA RÉGENCE DE TUNIS. 34) cale ; le bord supérieur interne offre 14 (11 à 15) épines. dont une apicale ; le bord supérieur externe 11 épines (8 à 13); les bords inférieurs offrent chacun 5 épines(3 à 8), dont une apicale forte. Toutes les épines des jambes ont leur apex foncé, d’un noir brun sur le sec. Les tarses ont leurs lobes latéraux bien marqués, avec de petits traits noirs à la base du troisième article. L'abdomen est allongé, subcylindrique, un peu plus rezflé chez les © ; on voit quelquefois des traces d’une carène médiane dor- sale. Les deux segments dorsaux présentent tous sur leur bord postérieur un petit bourrelet de couleur claire, et chacun 4 taches foncées de forme trapézoïdale (le plus grand côté tourné vers la base du segment); les deux médianes sont souvent réunies. Ces taches, parfois peu apparentes, forment sur la partie dorsale de l'abdomen des lignes longitudinales interrompues par les bourre- lets apicaux. Dans les @ , les deux derniers segments ventraux présentent en leur milieu uae plaque cornée, subrectangulaire, avec deux petites éminences médianes symétriques, en forme de mamelles. Dans les ©, la plaque suranale a une forme rectangulaire, avec un angle rentrant bien prononcé au milieu de son bord postérieur et une tache foncée demi-circulaire au milieu de sa base. Le processus est peu apparent et caché en partie par les cerques ; il est triangulaire avec la pointe vers l’apex et un fort sillon sur la ligne médiane. Les cerques sont caractéristiques, longs, puissants, cylindriques, avec un renflement annulaire à la base ; ils dépassent de beaucoup l'extrémité da processus et sont armés d’une forte dent interne, à pointe noire recourbée vers le corps et placée au milieu de la longueur du cerque, peut-être un peu plus prés de la base. Après cette dent, les cerques se recour- bent vers l'extérieur, se rétrécissent graduellement mais rapide- ment, et se terminent par une épine de couleur foncée. Ils sont garnis de quelques poils très courts. La plaque sous-génitale a une forme demi-cireulaire avec une échancrure triangulaire en 3e sér., tom, 1v. 25 350 MÉMOIRES ORIGINAUX. son milieu apical, entreles styles qui sont longs et subcylindriques. Dans les ®, la plaque suranale, vue par-dessus, est subrec- tangulaire, avec un pelit angle rentrant três ouvert au milieu de son bord postérieur; cet angle est bien marqué, surtout lors- que l'insertion du processus est bien repliée sous la plaque. Cette plaque est ornée de taches foncées analogues à celles des seg- ments dorsaux. Le processus, séparé de la plaque par un petit sillon généralement replié sous la plaque, est bien apparent, trian- gulaire, la pointe en arrière avec les bords relevés. Les cerques sont petits, coniques, à base renflée, à apex terminé par une pointe très petite. L’oviscapte est long ; environ trois fois la lon- gueur du pronotum; d’un quart moins long que le corps, il égale à peu près la longueur de l’abdomen ou celle des fémurs posté- rieurs ; vu de profil, il est légèrement et régulièrement courbé (la flèche de la courbure est de 2? millim.). Médiocrement large à la base, sa largeur devient constante (un peu moins de ? millim.) après les tubercules basilaires, et il se rétrécit ensuite près de son apex, qui est de couleur foncée. La plaque sous-génitale est subrectangulaire, avec une échancrure anguleusement arrondie en son milieu apical. L’E. Innocenti fait partie du sous-genre Steropleurus, Bolivar. L'espèce est bien caractérisée par les cerques des o7 et la posi- tion de la dent interne. Elle est voisine des £. Siculus Fieb., 4lge- ricus, Brunn., Idomenæi, Luc. et antennatus, Brunn. Elle diffère de £. Siculus Fieb. par la couleur foncée des inter- stices, par l'absence d’épines au bord inférieur externe des fémurs postérieurs. On la distingue de £. Algericus Brunn. par les libias antérieurs, qui sont inermes au bord supérieur interne et n’ont qu’une épine apicale sur le bord supérieur externe ; par les fémurs postérieurs, qui sont inermes au bord inférieur externe ; par l’ovi- scapte, proportionnellement plus court. Elle diffère de Æ. Idomenæi Luc. par la forme et la grandeur du champ marginal des élytres, par l’absence des taches dorsales de l’abdumen, caractère important à l’époque où écrivait M. Lu- cas ; par la forme du processus des ©. ORTHOPTÈRES DE LA RÉGENCE DE TUNIS. 351 Elle se distingue enfin de £. antennatus Brann. par la couleur des antennes, la forme et les dimensions du processus des get la longueur de l’oviscapte. (Description faite sur des individus desséchés où conservés dans l'alcool.) Cette espèce, que nous dédions à M. Innocenti, maréchal des logis au 4° régiment des chasseurs d'Afrique, a d’abord été trouvée par ce sous-officier en Algérie, à Mécheria dans le Sud- Oranais; nous l’avons ensuite observée nous-même dans la partie montagneuse du sud de la Régence, entre Gabès, Gafsa et le nord des grantis Chott, où elle est assez commun? en mai et en juin ; M. Letourneux l’a capturée dans la région des hauts plateaux, entre Feriana el Haïcra. L’£. Innocenti se tient de pré- férence sur les plantes basses et sur les petits buissons, principa- lement sur les Salsolacées ligneuses ; elle reste immobile pen liant le jour et ne quitte sa retraite qu'au moment du crépuscule, pour chercher sa nourriture ou pour s’accoupler ; c’est à la même heure que le mâle commence à faire entendre son chant aigu et mono- tone, qui se prolonge jusqu’à l'aurore. E. Oudryanus Finot et Bonn. Bull. Soc. entom. de Fr., 6 sér., tom. IV, pag. 27 (PI. VII fig. 1-7). Fastigium verticis forte, in medio foveolatum., Pronolum leviter rugosum, parte posteriore valde elevatd, sulco transverso in medio posito, carind medid antice minimd, nigro-terminatd, lobis deflexis rotundato-insertis, margine postico triangulariter emar- ginato. Elytra fusca, margine antico pallido, parte radiali pallide reticulaté, parte anali nigrd. Femora postica subius margine externo 3-7-spinulosa, margine interno 6-13 spinulosa. Tibiæ anticæ supra, exceptd spind apicali, margine interno multicæ, margine externo ?-5-spinulosæ. Lamina supra-analis ç7 subqua- drata,margine postico in medio breviter inciso, processo trian- gulari. Cerci g'processum valde superantes, conici, acuminati, dente interno instructi. Lamina subgenitalis ç postice rotundaia et triangulariter emarginata. Ovipositor pronotum dupio valde superans, a basi incurvus. Lamina subgenitalis Q postice rolun- data, leviter emarginata. 352 MÉMOIRES ORIGINAUX, a Q LONS AU CODEN EEE AE EU RNA TRT) 8108 21001) « du pronotum...... dr CPL) 10 Larg. « en avant... 87200) 73 Long. de la partie appar. des élytres. 2? 7 « des fémurs postérieurs....... 2[ (20 — 23%) 23 (21—24m) « des fémurs antérieurs....... 10 11 CHNIACAMOVISCAPLE I ER ee 24 (23—26"") Taille grande, forte. Couleur généralement claire, quelquefois foncée sur la partie dorsale, au moins dans les 7, avec des taches foncées sur l’abdomen. (Description faite sur des individus desséchés et ayant été dans l’alcool.) Les tubercules du vertex sont très saillants, surtout dans leur partie inférieure ; ils vont en se rétrécissant vers le haut; entre eux se trouve une fovéole elliptique, généralement de couleur foncée. La tête n’est guère plus large que le pronotum, si ce n’est dans les ©. Les antennes sont courtes, 40 millim. environ ; nous avons compté 100 articles, peu distincts par endroits: le premier, large et aplati; le deuxième, cylindrique et court; les autres cylindriques, de longueurs variées, un peu renflés et plus fon- cés à l’apex ; ils sont munis de poils très courts. Les yeux sont foncés. Le pronotum est légèrement rugueux ; il présente de petites saillies de couleur claire sur un fond plus foncé; cette couleur foncée se distingue particulièrement aux deux extrémités de la carène médiane longitudinale. Vu en dessus, le pronotum a une largeur constante ; sa partie antérieure est la plus rugueuse, elle est cylindrique; la partie postérieure se relève brusquement à 45° et n'offre, en fait de ru- gosités, qu’un très léger chagrinage, avec des points creux et foncés ; elle est globuleuse. Le sillon transversal antérieur est bien marqué, avec le fond de couleur foncée. Sa courbure est régulière ; son milieu est situé à 2,9 du bord antérieur ; il va en se rapprochant de ce bord ORTHOPTÈRES DE LA RÉGENCE DE TUNIS. 353 sur les lobes réfléchis ; ce sillon disparaît un peu avant d'arriver à la hauteur des yeux; en cet endroit, sa distance au bord an- térieur est réduite à { millim. Le sillon transversal postérieur est peu marqué en son mi- lieu; ilest alors réduit au pli formé par le relèvement de la partie postérieure du pronotum ; les parties situées sur les lobes réfléchis sont plus profondes ; elles sont sinueuses et viennent aboutir vers l’angle antérieur du pronotum; ce sillon divise le pronotum en deux parties à peu près égales sur le dessous. La carène médiane est peu apparente sur la moitié antérieure du pronotum ; sa jonction avec le bord antérieur est couverte par une tache foncée triangulaire très distincte ; la carène médiane est bien marquée dans la moitié postérieure en pente ; son im- portance augmente en approchant du bord postérieur, et à la jonction on trouve presque toujours une teinte plus foncée. Il n’y a point de carènes latérales. Les lobes réfléchis ont leur insertion arrondie, sans trace de su- ture ni de carène. Le bord antérieur est régulier, sans échancrure; il est très finement rebordé, avec une petite tache foncée en son milieu. Le bord postérieur est composé de deux parties arrondies, se coupant er son milieu et formant une sorte d’échancrure pointue en cet endroit, à son point de jonction avec la carène médiane, où il offre une coloration plus foncée. Les bords latéraux sont peu sinueux ; ils offrent seulement une petite sinuosité vers leur milieu. La partie du pronotum voisine de ces bords latéraux est plus claire. Lesélytres sont peu apparentes et peu convexes ; elles dépas- sent de ? millim. le bord postérieur du pronotum; elles sont de couleur foncée, avec le bord antérieur plus clair et la partie radiale recouverte d’une réticulation serrée et de couleur claire ; la partie anale est noire. Les jambes sont courtes et fortes. Les fémurs antérieurset intermédiaires sont inermes, abstrac- tion faite des petites épines apicales. 394 MÉMOIRES ORIGINAUX:e Les tibias antéricurs sont de la longueur du pronotum, forts, faiblement sillonnés latéralement ; ils sont inermes sur le bord supérieur interne et présentent sur le bord supérieur extenne de 2 à 5 épines, dont une apicale ; sur les bords inférieurs interne et externe, il y a 6 (5 à 7) épines, dont une apicale. Les tibias intermédiaires sont forts et faiblement sillonnés laté- ralement ; ils sont armés: sur le bord supérieur interne de 6 (3 à 7) épines, dont une apicale ; sur le bord supérieur externe de 3 (2? à 4) épines ; sur le bord inférieur interne de 6 épines, dont une apicale ; sur le bord inférieur externe de 6 (5 à 7) épi- nes, dont une apicale. Les fémurs postérieurs ol deux fois la longueur du pronotum, ils sont forts, sillonnés latéralement et inférieurement, inermes sur les bords supérieurs ; ils sont armés : sur le bord inférieur interne de 7 (6 à 13) épines très petites, dont une apicale ; sur le bord inférieur externe de 3 à 7épines très petites, dont uneapicale. Les tibias postérieurs sont forts, plus ou moins sillonnés sur les quatre faces ; ils présentent : au bord supérieur interne de 12 à 17 épines, dont une apicale ; au bord supérieur externe de 10 à 17 épines très petites ; au bord inférieur interne de 6 à 10 épines, dont une apicale; au bord inférieur externe 9 (8 à 10) épines, dont une apicale. Toutes les épines des jambes ont leurs pointes noires. Les tarses sont forts ; ile présentent 2 points foncés placés laté- ralement à la base de leur troisième article. L’abdomen est large avec la ligne médiane dorsale, vue de profil, très courbée chez les ©7; il offre des traces de carène lon- gitudinale médiane sur la moit'é postérieure des segments dor- saux ; celte trace n'existe point sur Île neuvième segment. La partie dorsale de l'abdomen est traversée, surtout chez les ©, par trois bandes foncées longitudinales, plus ou moins interrompues sur les bords postérieurs des segments par de nombreux petits triangles de couleur claire. Les segments ventraux sont munis, vers le milieu de leur base, d’une petite partie coriace. Dans les ©”, ces parties coriaces sont légèrement convexes; ellessont di- ORTHOPTÈRES DE LA RÉGENCE DE TUNIS. 32) visées en deux lobes sur les deux derniers segments. Dans les®, ces parties coriaces, situées sur les cinquième et sixième seg- ments, forment une saillie à deux pointes mousses, ayant quelque apparence de mamelles ; sur le dernier segment ventral, cett: saillie prend une forme triangulaire, très allongée longitudinale- ment et divisée par un sillon dans le sens de sa plus grande lon- gaeur ; près de la plaque sous-génitale, elle offre deux pointes mousses. Dans les @7, la plaque suranale est trapézoïdale, presque rectangulaire; son bord postérieur est subdroit et présente une petite fente ou échancerure rectiligne en son milieu ; cette plaque offre généralement deux taches noires longitudinales, assez irré- gulières et venant s'étaler sur la base des cerques. Le processus (partie plicée au-dessous de la plaque sur-anale, entre les cer- ques) est triangulaire avec la pointe tournée en arrière et les bords relevés. Les cerques sont coniques, courts, velus, terminés par une petite pointe, avec une forte dent vers leur milieu inter- ne, à hauteur de l’apex du processus. La plaque sous-génitale a sensiblement une forme demi-cireulaire, avec une petite échan- crure triangulaire entre les styles. Les siyles sont cylindriques, arrondis à leur extrémité. Dans les ®, la plaque suranale à une forme rectangulaire ; son bord postérieur, légèrement courbe, offre deux petites dépres- sions foncées symétriques et voisines du milieu, qui est légère- ment relevé. Les taches dorsales foncées de l’abdomen se pro- longent plus ou moins sur la plaque suranale, mais il reste tou- jours une tache foncée sur la partie couvrant la base des cerques. Le processus, analogue à celui des ç7, est relativement plus grand, Car il dépasse la pointe des cerques. Les cerques sont co- niques, courts, pointus, un peu velus, sans dent interne (quél- quefois on en aperçoit une trace). L’oviscapte est court et fort : il a un peu plus de deux fois la longeur du pronotum, il est de la lon- gueur des fémurs postérieurs; vu de profil, il est légèrement courbé, la convexilé tournée vers le bas et avec une courbure d'environ ? millim. au milieu; ilest fort large près de la base, 396 MÉMOIRES ORIGINAUX. il mesure 4 millim. après les tubercules basilaires et il va en se rétrécissant graduellement jusqu’à l’apex, qui est pointu et foncé. La plaque sous-génitale est demi-circulaire, avec une échanerure arrondie au milieu de son bord postérieur. L'E. Oudryanus a sa place à côtédes £. crucigerus Fieb., Bit- terensis Marquet et Cunii Bolivar ; il n’est point rare sur les Om- bellifères et les Composées épineuses. (Erirgium, Galactites, Car- duus, Cynara, Oncpordon, Echinops, Scolymus) entre Makter et el Lehs, près du Kef, de Nebber, entre Souk-el-Arba et Fernana ; se retrouve dans la région des hauts plateaux entre Feriana et Haï- dra. Nous avons dédié celte nouvelle espèce à M. Oudry, major au 3° bataillon de tirailleurs Algériens qui, en 1883, a rendu les plus grands services à la Mission scientifique de Tunisie. E. Nigromarginatus Luc. Explor. scient. de l’Algérie, 2, pag. 19, tab. ?, f. 5; £. dorsalis Brunn. Prodr. 395 (pro parte). Il nous à paru utile de rédiger ici une nouvelle diagnose de cette espèce La description et les figures qu’en a données M. Lu- cas ont cependant l’avantage d’avoir été prises sur le vif, et la description est très complète pour l’époque à laquelle écrivait son auteur. Alors le nombre des espèces d’Ephippiger connues n’était point très grand, et il était assez facile de les différencier. Il n’en est plus de même aujourd'hui; ce nombre s’est considérable- ment augmenté, et la grande similitude des différentes espèces de ce genre oblige maintenant à entrer dans des détails très minu- tieux sur certains organes dont les formes sont utilisées dans la classification. La description suivante a été faite sur huit individus, 4 o7 et 4 ©, ayant été dans l’alcool et maintenant desséchés. Ca ? Done dICORDSe LE RE E TPE SCRLRE 24 (22-28) mill. 29 (22-31) mill. ee COUIDIONOIUEN 0 -PRR FEAT 7(6,5-8) — 8 — Larg. du pronotum en avant...... 6 — 6 — Long. dela part.appar. desélytres. 3 mo = — des fémurs postérieurs..... 18 (16-21) — ?1 — — des tibias antérieurs....... 10 (9,5-11) — 11 — — del'oviscapte............. 36 (26-36) — ORTHOPTÈRES DE LA RÉGENCE DE TUNIS. dan Taille moyenne. Couleur vert jaunâtre (jaune sur le sec) avec des taches brunes sur la partie médiane de l'abdomen, surtout chez les O7. Les tubercules du vertex sont assez saillants, très voisins et réunis en quelque sorte ; en haut, se trouve un petit sillon bien marqué, mais très étroit. La téte est petite,de la longueur du pronotum, avec l’occiput un peu plus foncé. Les antennes ont une longueur, au moins, double de celle du corps ; elles sont formées plus de 150 articles ; ceux-ci sont assez distincts et ont presque tous à l’apex un anneau un peu plus foncé; le premier article est large et aplati, le second gros et court, le troisième long et cylindrique ; les autres cylindriques, de longueurs variées, un peu renflés à l’apex. L’antenne est gar- nie de poils très fins et très courts, surlout vers l’apex. Les yeux ne sont pas de couleur foncée. Le pronotum est légèrement chagriné surtout vers l'arrière ; vu par le dessus, sa largeur est à peu près constante; la partie antérieure est cylindrique, un peu chagrinée ; la partie postérieure se relève un peu brusquement à plus de 45° et son profil est courbe. Le sillon transversal antérieur est profond, droit dans la partie supérieure et oblique un peu vers l'avant dans les parties latéra- les ; le bord postérieur de ce sillon est presque toujours garni d’un bourrelet bien accusé; son milieu est placé à 2 millim, du bord antérieur du pronotum. Le sillon transversal postérieur est large, pas très bien marqué et peu régulier ; il est rectiligne dans sa partie médiane, qui est placée à 3°7,5 du bord antérieur du pronotum. Il divise le pro- notum en deux parties égales et forme la base du relèrement de la partie postérieure ; il est assez irrégulier sur les lobes réfléchis, où il affecte généralement une forme rectiligne oblique, le bas vers l'avant. On ne distingue qu’une très faible trace de carène médiane lon- gitudinale, près du bord postérieur. 358 MÉMOIRES ORIGINAUX, L'insertion des lobes réfléchis est arrondie et sans carène laté- rale ; cependant, après le deuxième sillon, cette insertion est anguleusement arrondie. Le bord antérieur du pronotum présente un petit rentrant dans sa partie médiane ; il est finement rebordé. Le bord postérieur est fortement rebordé et se compose de deux parties légèrement courbes se coupant en son milieu et formant en cet endroit un angle rentrant très ouvert, quelquefois à peine sensible. Les bords latéraux, un peu coudés en leur milieu, offrent en outre un petit angle rentrant dans leur partie postérieure. Les élytres son! globuleuses et bien apparentes, surtout chez les ©? ; elles dépassent le bord postérieur du pronotum de 3 millim. dans les G' etde ? millim. dans les © ; elles soni de couleur noire et couvertes d’une réticulation jaune limitant des aréoles assez grandes et affectant des formes rectangulaires. Les jambes sont courtes et médiocrement fortes. Les fémurs antérieurs et intermédiaires sont inermes, abstrac- tion faite des petites épines apicales. Sur un individu © se trou- vait exceptionnellement une petite épine au bord inférieur interne de ces fémurs. Les tibias antérieurs sont environ d’un tiers plus longs que le pronolum ; ils sont sillonnés latéralement et inférieurement ; ils sont inermes sur le bord supérieur interne. Au bord supérieur externe se trouvent ? (1 à 3) épines, dont une apicale ; le nombre des épines est généralement plus fort du côté droit. Les tibias intermédiaires sont faiblement sillonnés sur les côtés et le dessous; ils sont inermes sur le bord supérieur ex- terne ; sur le bord supérieur interne on trouve de ? à 5 épines, dont une apicale ; les bords inférieurs interne et externe sont armés, chacun de 6 (5 à 7) épines, dont une apicale. Les fémurs postérieurs, médiocrement forts (2%%,5 dans leur plus grande largeur), ont plus de trois fois la longueur du prono- tu ; ils sont sillonnés faiblement sur les côtés et fortement en dessous ; ils sont inermes en dessus. En dessous, la carène interne est armée de 5 à 9 épines très petites, dont une apicale, et ORTHOPTÈRES DE LA RÉGENCE DE TUNIS. 399 la carène externe de ? à 8 épines très petites, dont une apicale. Les tibias postérieurs sont grêles, bien sillonnés latéralement etsupérieurement; inférieurement une trace de sillon vers l’apex ; ils sont armés: au bord supérieur interne de 13 à 19 épines petites, dont une apicale; au bord supérieur externe de 9 à 18 épines petites; aux bords inférieurs interne et externe de 5 à 9 épines, dont une apicale. Toutes ces épines des jambes ont leur apex foncé, noir sur le sec. Les tarses sont larges, avec un trait noir placé de chaque côté de la base du troisième article. L'abdomen est allongé, subcylindrique ; il présente des traces de carène médiane à la partie postérieure des segments, principa- lement sur les derniers ; elle manque cependant sur le neuvième. Les segments dorsaux présentent presque toujours sur leur bord antérieur une tache foncée demi-cireulaire, qui s'étend quelque- fois par une bande foncée tout lelong de ce bord antérieur ; les derniers segments dorsaux présentent quelquefois aussi destaches foncées voisines des bords latéraux. Toutes ces laches sont plus rares, moins grandes et moins marquées chez les ©. Dans les ©, les segments ventraux sont munis, vers leur base, d’une petite plaque coriace cordiforme ; les deux derniers segments ventraux présentent chacun deux pläques coriaces cordiformes aussi, mais plus grandes que les autres. Dans les G7, la plaque suranale, vue du dessus, a une forme rectangulaire, avec use petite dépression en are de cercle au milieu de son bord antérieur et une plus grande, demi-circulaire, au milieu de son bord postérieur, au-dessus du processus ; cette dépression a son bord postérieur un peu sinueux. Le processus est triangulaire avec ses bords latéraux relevés en forme de bec. Les cerques, cylindriques dans leur partie basilaire, sont munis à leur bord interne d’une petite dent noire dont la pointe est tour- née vers le centre du corps ; elle est placée au premier tiers du cerque, à hauteur de la base du processus ; après cette dent, les cerques deviennent coniques, se courbent un peu vers l’exté- 3060 MÉMOIRES ORIGINAUX. rieur etse terminent en pointe aiguë ; ils sont garnis de poils. La plaque sous-génitale a une forme hexagonale, avec un grand côté à la base et un pelit à l’apex ; ce petit côté est presque tout entier occupé par une échancrure généralement assez profonde, trian- gulaire avec son sommet fortement arrondi : cette échancrure découpe l’apex de la plaque sous-génitale en deux prolongements triangulaires, d’ou sortent les styles. Les styles sont un peu coni- ques et velus. Dans les ©, la plaque suranale est de même forme que dans les ©”, mais elle est plus petite ; au milieu de son bord postérieur se trouve une dépression triangulaire. Le processus est triangu- laire et son apex arrive à hauteur de la pointe des cerques. Les cerques sont pelits, coniques, un peu velus. L’oviscapte, fort à la base, se rétrécit rapidement ; veu de proûl, il fait un coude après les gonflements basilaires, et, à partir de là, il estirès droit et très regulier : sa pointe est peu aiguë et assez foncée ; sa longueur: toujours grande, est assez variable, 26 à 36 millim., c’est-à- dire environ quatre fois la longueur du pronotum et une fois el demie celle des fémurs postérieurs. La plaque sous-génitale est petite, rectangulaire, avec les angles postérieurs arrondis. L’E. dorsalis Fieb. est très voisin de l’Æ. nigromarginatus. Luc. M. Brunner de Watenwyll réunit d’ailleurs ces deux espèces dans son Prodromus ; mais, si cette synonymie est acceptée, le nom donné par M. Lucas doit prévaloir, puisqu'il a été publié en 1849 dans l’Exploration scientifique de l'Algérie, tandis que le nom de Fieber n’a été publié qu'en 1853 dans son Synopsis. Selon nous, cette synonymie ne doit pas être conservée et les espèces en question sont différentes. L'identité de l’espèce ici décrite avec ceile de M. Lucas, bien que facile à accepter d’après les descriptions, a étéen outre con- statée par la comparaison avec les ©, types conservées dans l’al- cool au Muséum de Paris. Le sillon du tubercule du vertex, omis par M. Lucas dans sa description, existe bien sur les types. Leur taille est un peu supérieure à celle des individus que nous avons sous les yeux ; mais la proportion de la longueur de l’oviscapte à ORTHOPTÈRES DE LA RÉGENCE DE TUNIS. 36! celle du pronotum est bien du quadruple, ce que la figure de l’'Exploration de l’Algérie ne montre pas d’une façon bien évidente. N'ayant point vu en nature l’£. dorsalis Fieb., il nous est diffi- cile de nous prononcer aussi catégoriquement sur l'identité des deux espèces; d’après les descriptions, nous avors relevé les diffé- rences suivantes, qui semblent justifier leur séparation : dans £. nigromarginatus Lucas, l'importance du tubercule du vertex est plus grande, la tache foncée allongée du pronotum manque, le deuxième sillon transversal est placé au milieu du pronotum, le profil de la partie postérieure du pronotum est cintré, l’échan- crure du bord postérieur est presque nulle, les taches des seg- ments dorsaux sont demi-circulaires au lieu d être rectangulaires (guadraiæ Brünner), les trois rangées de taches (description de Fieber) ne se présentent que sur les deux üerniers segments et encore rarement; dans nos ç”, l’échancrure de la plaque suranale est presque nulle et constitue une très faible sinuosité; enfin, dans nos ©, la plaque sous-génitale est très petite. L’E. nigro-marginatus Luc. se trouve assez communément avec le précédent à Makter, el Lehs, el Kef, Nebber, Souk-el-Arba, etc. : il a été également capturé aux environs de Zaghouan par M. In- nocenti, — Aire géogr. : Algérie. GRYLLODEA. GEN. TrGonIpruM Serv. T. cicindeloides Ramb. Faune de l’Andal. 39 ;: Brunn. Prodr. 423 ; T.paludicola Serv. ; Ceratinopterus cicindeloides Fieb. Sous les pierres, aux bords des ruisseaux et dans les lieux hu- mides : env. de Tunis (Doria), oued Hedej.— Aire séogr.: Europe méditer., Algérie. GEN. GRyLLUS L. G. bimaculatus de Geer Mém. hist. des Inst. 3, pag. 521 ; Brunn. Prodr. 429 ; Liogryllus bimaculatus de Sauss. ; Acheta Capensis Fabr. Commun dans toute la Régence, depuis Tunis et la pointe du 362 MÉMOIRES ORIGINAUX. cap Bon jusqu’au niveau des grands Chott et dans la région des hauts plateaux entre Feriana et Haïdra ; au gara el Fedjej nous avons capturé la variété de livrée « à élytres fauves-testacées avec les taches jaunes dela base des élytres encore distinctes » (Sauss. Mél. orth., fasc. 5, pag. 140). — Aire géogr. : Europe mérid., Afrique. G. desertus Pall. var. melas Sauss. Mél. orth., fasc. 5, pag. 163 ;: Brunn. Proûr., 430 ; G. melas Burm. Env. de Tunis (Doria). — Aire géogr. : Europe méditer., Afri- que, Asie. G. Hispanicus Fisch. Orth. europ., 180 ; Bruon. Prodr., 432; Acheta Hispanica Ramb. Observé une seule fois sous les pierres et dans les herbes au gara el Fediej. — Aire géogr. : Espagne mérid., Afrique, Ma- dère. G. domesticus L. Syst. nat. ed. 10, 1, pag. 428 Brunn.; Prodr. 432. Commun dans certains camps militaires, dans les hôtels, les cantines et les boulangeries européennes : Tunis, Hammam-el- Lif, Sousse, Sfax, Gabès. — Aire géogr. : cosmopolite. G. Burdigalensis Latr. var. Cerisyi Sauss. Mél, orth., fase. 5, pag. 185 ; Brunn. Prod. 433 ; G. Cerisyi Serv. Env. de Tunis (Doria) ; dans les oasis, au pied des palmiers à Touzeur et à Feriana. — Aire géogr. : région méditerr. G. consobrinus Sauss. Mél, orth., fasc. 5, pag. 188, fig. XI, 4, Capturé une seule fois au gara el Fedjej ; notre spécimen (o”) diffère du G. consobrinus Sauss., tel qu’il nous est connu par les types de M. de Saussure conservés au Muséum de Paris, par la tête et le pronotum plus foncés, et par l’absence de ligne interan- tennaire ; ces caractères ne nous ont pas paru suffisants pour séparer celte forme du G. consobrinus Sauss. M. de Saussure dé- clare du reste que cette espèce est sujette à d’assez grandes varia- tions, et nous avons pu constater nous-mêmes que quelques spé- cimeus du Muséum ne concordaient pas d’une façon parfaite avec la description donnée dans les Mélanges Orthoptérologiques. ORTHOPTÈRES DE LA RÉGENCE DE TUNIS. 363 G. algericus Sauss. Mél. Orth., fase. 5, pag. 191, fig. XI, 5; Brunn. Prodr. 435. Env. de Tunis (Doria). — Aire géogr.: Algérie, Asie-Mi- neure. G. frontalis Fieb. Entom. monogr. 127; Brunn. Prodr. 435. Commun sous les feuilles sèches dans toute la région boisée du pays des Khoumirs et à la base des palmiers dans l’île de Djerba. — Aire géogr. : Europe centrale et mérid., Afrique sept. GEN. GRYLLODES Sauss. G. lateralis Sauss. Mél. Orth., fasc. 5, pag. 390 ; Brunn. Prodr. 437 ; Gryllus lateralis Fieb. Env. de Tunis (Doria). — Aire géogr.: Russie mérid., Tur- kestan. GEN. BRACHYTRYPES Serv. B. megacephalus Serv. Orth. 326 ; Brunn. Prod. 438 ; Gryllus megacephulus Lefebvre (arab. Bou-B'ziz, Bou-Khaleb). Env. de Sfax (Espina), seuil de Kriz (André), commun dans les sables de l’oued Bateha, dans les oasis d’Oudref, de Gabès et dans tout l’Arad. — Aire géogr. : Sicile, Afrique sept., Sénégal. Les habitudes de cet insecte ont été décrites pour la première fois par Lefebvre (Soc. Linn. Paris, 6, pag. 99), et nous avons pu en vérifier nous-mêmes l’exactitude ; pas plus que cet obser- vateur, nous n’avons pu rencontrer de femelles dans les terriers que nous avons explorés, cependant nous avons observé dans une galerie ouverte au commencement de juin une quinzaine de larves très agiles et ne différant des adultes que par l'état rudi- mentaire des organes du vol. En Sicile, le mâle, d’après Lefeb- vre, commence à chanter vers 4 heures du soir, mais dans le sud de la Tunisie nous ne l’avons jamais entendu avant le cré- puscule ; quelquefois il part d’un vol assez lourd, probablement à la recherche d’une femelle. Toujours difficile à prendre en raison de la profondeur de son terrier ; nous avons remarqué que les galeries qui s’ouvrent à fleur de terre sont presque toujours vides, 304 MÉMOIRES ORIGINAUX. tandis qu’on peut être certain de trouver un habitant dans celles dont l'entrée est dissimulée sous un petit cône de sable; le mieux, lorsqu'on veut se procurer ce Grillon, est encore de s’adresser aux jeunes indigènes, quile capturent assezfacilement par un pro- cédé que nous n’avons pu surprendre, mais que nous croyons analogue à celui que les enfants emploient dans les campagnes pour prendre le Gryllus campestris. GEN. PLATYBLEMMUS Serv. P. umbraculatus Serv. Orth. 356 ; Brunn. Prodr. 449 : Gryllus wmbraculatus L. Env. de Tunis (Doria); dans les champs, sous les oliviers à Fortuna et à Souk-el-Arba, dans les jardins de l’oasis à Touzeur. — Aire géogr. : Algérie, Maroc. GEN, GRYLLOMoRPHA Fieb. G. Dalmatina Fieb. Syn. 67 ; Brunn. Prodr. 444; Acheta aptera Hærr. Schæff. ; A. longicauda Ramb. Env. de Tunis (Doria) ; dans les décombres à Khairouan et à Gafsa, sous les pierres au djebel Oum-Ali, dans les jardins des oasis da l’Arad et de Feriana. — Aire géogr. : Europe mérid., Algérie. GEN. MyrMEÉcopuiLaA Latr. M. acervorum Serv. Orth. 319 ; Brunn. Prodr, 446; Blatta acervorum Panz. ; Sphærium Mauritanicum Lucas. Dans les fourmilières près de Tunis (Doria) ! à la Marsa, dans la presqu'iie du Ras Addar, au Rdir Tiniat et à el Kantara dans ‘île de Djerba. Les individus de Tunisie comme ceux d'Algérie sont remarquables par leur livrée d’un brun roux et constituent une forme que MM. de Saussure ect Brunner n’ont pas cru devoir séparer du type. — Aire géogr. : Europe centrale et mérid., Al- gérie. ORTHOPTÈRES DE LA RÉGENCE DE TUNIS. 365 GEN. MoGiSoPLISTUS Serv. M. brunneus Serv. Orth. 357 ; Brunn. Prodr. 448 ; Mogo- plistes marginatus Costa. Ilot de Djerizet Djamour (V. Mayet) — Aire géogr. : Europe mérid., Algérie. GEN. GRYLLOTALPA Latr. G. vulgaris Latr. Genera 3, pag. 95 ; Brunn. Prodr. 452 ; Gryllus Gryllotalpa L. N'est pas rare sur plusieurs points de la Régence: env. de Tunis (Doria); vallée de la M-djerda, seuil de Kriz (André), oasis de l’Arad, région des hauts plateaux entre Feriana et Haïdra. — Aire géogr. : Europe, Égypte, Afrique sept. 26 3° sér., tom, ,. 366 MÉMOIRES ORIGINAUX. APPENDICE. Pendant l'impression de ce Catalogue, M. le D’ Robert, méde- cin en chef Ge l'hôpital militaire de Fériana, auquel la Flore de Tunisie est redevable d’intéressantes découvertes, nous a fait avec beaucoup d’obligeance plusieurs envois d'Orthoptères cap - turés à l’arrière-saison aux environs de Fériana; les espèces les plus intéressantes contenues dans ces divers envois ont été men- tionnées à leur place sous le nom de notre confrère. Plus récemment, M. Valéry Mayel, professeur à l'École d'Agriculture de Montpellier et membre de la seconde Mission tunisienne, nous à communiqué les Orthoptères récoltés par lui dans le cours de son voyage ; l'étude de cette petite collection nous a fait connaître deux insectes nouveaux pour la région et un certain nombre de localités à ajouter à l'habitat des espèces déjà connues ; en outre des indicatiors qui ont pu être intercalées à leur place dans la seconde partie de ce Mémoire, nous devons mentionner les Orthoptères suivants : Anisolabis annulipus Dubr. : Iles Kerkenna (V. Mayet). AnisolabisMauritanica Seudd.: Bord du lac de Tunis (V. Mayet). Apblebia Larrinuæ Bol. : Oued Bateha, Gafsa (V. Mayet). Heterogamia Algerica Brunn. : Djebel Hedej, Gafsa, Touzeur (V. Mayet). Ameles nana Brunn, : Djebel Hedej (V. Mayet), Djebel Berda (Bonnet). Dericorys Millierei Fin. : entre Fériana et Haïdra (Letourneux). Par suite des additions (Opomala cylindrica et Mogisoplistus brunneus) faites pendant l'impression de notre travail, le nombre des Orthoptères connus en Tunisie se trouve porté à 104; les Acridites sont représentés par 46 espèces et les Gryllides par 16 ; enfin les espèces communes à l'Algérie, la Tunisie et l’Europe méridionale, sont au nombre de 28. ORTHOPTÈRES DE LA RÉGENCE DE TUNIS. 367 EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE VII. Discothera Tunetana Fin. et Bonn.—1, la Q grossie 2/1 ; 2, la même grand. nat.; 3, tête et pronotum grossis 10/1 ; 4, la tête vue de face, grossie 10/1 ; 5, extrémité de l'abdomen et plaque sous-génitale grossies 10/1; 6, patte antér. droite grossie 10/1. Dericorys Millierei Fin. — 7, la ® grand, nat. ; 8, le grand. nat.; 9, tête vus de face {avec la saillie du pronotumæ), grossie 2/1; 10, tête et épine prosternale, grossies 2/1 ; 11, élytre droite, grossie 2/1 ; 12, le sternum grossi 2/1; 13, antenne grossie 4/L; 14, tarse postér. gauche grossi 4/1. Ephippiger Ondryanus Fin. et Bonn. — 1, le gt grand. nat. ; 2, la Q grand. nat. ; 3, tête vue de face, grossie 2/1 ; 4, extrémité de l’abdo- men et plaque suranale du G, grossies 2/1 ; 5, extrémité de l’abdomen et plaque sous-génitale, grossies 2/1 ; 6, extrémité de l'abdomen et pla- que suranale de la Q grossies 2/1 ; 7, extrémité de l’abdomen et plaque sous-génitale, grossies 2/1. PLANCHE XVI. Finotia spinicollis Bonn. — 1, le g vu par-dessus, grossi 3/1 ; 2, le même vu de profil, grossi 3/1 : 3, le même grand. nat. ; 4, la poitrine et les tubercules présternaux grossis 3/1 ; 5, la tête vue de face, grossie 3/1; 6, la Q vue de profil, grossie 3/1 ; 7, la même grand. nat. Ephippiger Innocentii Fin. et Bonn.—8, lie gt vu par-dessus, grand. nat. ; 9, plaque suranale, grossie 2/1 ; 10, plaque sous -génitale, grossie 2/1; 11, la Q@ vue de profil, grand. nat. ; 12, plaque suranale, grossie 2/1 ; 13, plaque sous-génitile, grossie 2/1. ÉTUDE SUR LES VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE Par M. Louis RÉROLLE. (Suite et fin!.) 3 ACER PYRENAICUM, NOVA Sp. (PL. XII, fig. 2-6). Diagnose. — A. folis crassè petiolatis, basi cordato-emargi- nalis, trilobatis vel rariùs subquinquelobis, lobis subacutis, me- dio validiore, lateralibus sub angulo plermque acuto divergen- tibus, plus minüs denticulatis vel crenulatis, nervis primariis se- cundariisque validis. Commun. Un pétiole très épais, parfois dirigé obliquement et pouvant atteindre plus de ? centim. de long ; un limbe le plus souvent trilobé, à lobes un peu massifs, triangulaires, aigus, mais non acuminés, le lobe médian demeurant plus fort, les latéraux courts, peu divergents ; une base faiblement échancrée, arrondie, à bord entier, tandis que sur le reste du pourtour les bords se feston- nent de petites dents ou crénelures ; des nervures primaires et secondaires fortes, ces dernières atteignant en général le bord sans se replier complètement en arcs et s’anastomoser : tels sont les principaux caractères de feuilles nombreuses, bien conservées, d'aspect assez ferme, dont quelques-unes, prises isolément, pourraient faire songer un instant au genre Ficus, mais qui, sou- mises à un examen attentif et placées en regard les unes des au- tres, me paraissent clairement indiquer un seul et même Acer, et 4 Voir numéros de Septembre et Décembre 1884, VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE, 369 plus répandu et le plus caractéristique des érables de l’ancienne Cerdagne ‘. Parmi les érables vivants qui peuvent offrir de l’analogie avec cette espèce, je mentionnerai l’A. hybridum Bosc., de l'Amérique du Nord, et surtout l’A. sempervirens Ait., originaire d’Orient. Les fouilles du premier se rapprochent de mes empreintes par la forme de la base, la légère dentelure de la moitié supérieure, l'ordonnance générale de la nervation ; toutefois les dents sont souvent plus espacées, les lobes latéraux plus aigus, les nervures un peu moins saillantes ; Je pétiole enfin diffère totalement, car il est grêle et long. Chez l’A4. sempervirens, les feuilles sont en moyenne un peu plus amples el moins dentées, leur consistance est subcharnue, le pétiole est assez fort, moins épais cependant que celui de mon À. pyrenaicum. On a rapproché de l'A. Aybridum VA. integrilobum O. Web., et de l'A. sempervirens l'A. creticum L., pliocenicum ?; bien qu’on puisse signaler quelques rapports entre l'A. pyrenaicum et ces formes fossiles de Suisse ou du centre de la France, je ne pense pas qu'il y ait lieu d’insister. L’A. Otopteryx Goepp.*, érable miocène d'Islande, de Suisse et d'Allemagne, offre peut-être des affinités plus évideutes ; j'ai recueilli quelques samares qui pour- raient appartenir à ce type (PI. XIV, fig. 6). Toutefois, une parenté plus intime a dû exister entre l’érable que j'étudie et l'A. trian- gulilobum Goepp., qui fait partie de plusieurs flores miocènes ou pliocènes *, et dont MM. de Saporta et Marion repoussent l’iden- 1 Comme le montrent les figures 2-6, on passe par transitions graduelles, de feuilles simplement trilobées, qui sont les plus nombreuses, à des feuilles pré- sentant des ébauches de lobes basilaires accessoires ou même vraiment quinqué- lobées ; mais ces variations s’enchaïnent et les traits essentiels persistent. Tout au plus pourrait-on considérer comme un peu aberrantes et indiquant des variétés du type normal les feuilles reproduites par les fig. 5 et 6. 2 Heer; F1. tert. Helv., TI, t. CXVI, 2.— De Saporta; Sur caract. propres à vég. pliocène, 1873, et Monde des Plantes, etc., pag. 344. 3 F1. foss. artica, et autres ouvrages de Heer. 4 Goeppert, F1. von Schossnitz, t. XXIII.—Heer, F1, tert Helv., IT, pag. 198, t. CLV. —De Saporta et Marion ; Sur les plantes foss. de Vacquières, dans Bull. Soc .géol. de France, 3° série, 2, pag. 272. 370 MÉMOIRES ORIGINAUX. üficaticn avec VA. Otopteryæ, en ajoutant que, d'autre part, la forme obtuse des dentelures, la terminaison du sommet er pointe courte et la configuration des lobes empêchent toute confusion avec l'A. trilchatum. Cette dernière remarque s'applique aussi parfaitement à l°4. pyrenaicum. Parmi les feuilles que j'ai re- cueillies, celle que représente la fig. 4, entre autres, ressemble beaucoup à l'A. triangulilobum, de Vacquières ou d’autres loca- lités ; mais la variabilité plus grande de l'arbre pyrénéen et l’é- paisseur excessive de son pétiole m’engagent à le considérer comme distinct. Il est fort possible que cette espèce et celles que je viens de citer soient toutes des formes alliées, dérivant d’un même prototype. 4. ACER MAGNINI, LOVA Sp. (PL XIII, fig. 1-3). Diagnose. —À. foliis trilobatis, basi valdè cordatis, lobo medio validiore plermque lobulato, apice acuto, lateralibus sub angulo aculo vel subrecto divergentibus, margine æqualiter denticulato, nervis secundariis sub angulo sat aperto emissis. Assez commun. Je prendrai pour type de celle espèce, voisine, mais cependant distincte de la précédente, la belle feuille reproduite par la fig. 1. Celte feuille est grande, trilobée, à base profoncément échancrée. Le lobe médian, plus fort que les latéraux, s’amincit vers le tiers de sa hauteur, puis se termine en pointe assez effilée ; les lobes latéraux s’écartent sous un angle encore aigu, mais plus ouvert que dans l’4. pyrenaicum. La dentelure marginale débute pres- que dès la base et règne sur tout le pourtour du limbe, régulière, bien prononcée, élégante. Les trois nervures primaires donnent naissance à des nervures secondaires assez espacées, qui s’écar- 1 Parmi les nombreuses samares d’érables trouvées à Bellver, aucune ne m'a paru bien analogue à celle qu'on attribue à l'A. triangulilobum dans le gisement de Vacquières. Ce gisement, du reste, diffère grandement de ceux que j'ai explorés par les circonstances topographiques. VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 371 tent sous un angle assez ouvert et gagnent le bord en s’incurvant un peu. Tout à fait à la base, au point où se séparent les ner- vures principales, naissent deux branches obliquement descen- dantes, que l’on pourrait considérer comme formant une paire supplémentaire de nervures primaires et indiquant une légère ten- dante à la séparation d’une seconde paire de lobes latéraux ; leur existence dans les feuilles que je rapporte à la présente espèce est très constante. Les nervures tertiaires, comme chez la plupart des érables d’ailleurs, dessinent un réseau capricieux, dans les mailles duquel courent de fines nervilles. L’érable dont je viens d’indiquer les caractères foliaires les plus normaux devait être assez variable et se reliait peut-être par des races intermédiaires à l’A. pyrenaicum"' ; on ne saurait cependant l'identifier, ni avec ce dernier, ni avec les formes fos- siles mentionnées dans l’article précédent. Parmi les érables vivants, l'A sériatum Dar. et l’A. canadense, tous deux de l’Amé- rique du Nord, m'ont paru offrir avec lui une certaine analogie. Je le dédierai à un de mes amis, le D' À. Magnin, auteur de divers travaux de botanique. 9. ACER SUBRECOGNITUM, NOVA Sp. (PI. XIII, fig. 4). Diagnose.—A. foliis quinquelobis, lobis mediis subæqualibus, deutato-lobulatis, duobus externis patentibus integris, acutis ; nervis primariis 5, secundariis modo ad dentes productis, modo arcuato-conjunctis. Rare. Je n'hésite pas à rapprocher quelques-unes de mes empreintes d'une feuille de Manosque, inscrite par M. de Saporta sous le nom d'A. recognitum, et que le même auteur a supposée plus tard être 1 Ainsi, la feuille que reproduit la fig. 7 de la PI. XII, et pour laquelle je ne saurais établir une coupe spécifique, se trouve à égale distance des deux types ; elle rappelle eu outre l'A. narbonense Sap., qui vivait antérieurement à Armissan. Les spécimens représentés par les fig. 2 et 3 de la PI, XIII se rattachent déjà plus franchement à celui que je viens de décrire. Je MÉMOIRES ORIGINAUX. la souche commune des formes ou sous espèces vivant de nos jours en Andalousie et en Asie-Mineure, l’A. opulifolium grana- tense Boiss. et l'A. tauricolum Boiss. ! Le caractère distinctif de toutes ces variations d’un même type paraît être l'absence de dentelure aux lobes externes. Les feuilles pyrénéennes sont plus amples que celles de Manosque, les proportions relatives de leurs lobes principaux sont les mêmes, les dents ou lobules ont une forme un peu plus aiguë. Les échancrures qui séparent le lobe médian de ses deux voisins sont profondes, et ilen est de même dans l’A. tauricolum, chez lequel, d'autre part, les lobules du lobe médian sont moins nombreux et descendent moins bas. 6. ACER Sp. (PL. XIII, fig. 5.) Diagnose. -- À. foliis longè et gracilé petiolatis, quinquelobis, lobis inferioribus parvulis, cæteris magnis, lanceolatis, subæqua- libus, margine sinuatis remotèque dentatis ; nervis primariis », secundariis modo ad dentes productis, modô arcuato-conjunctis. Assez rare. L’élégant érable dont la fig. 5 reproduit un des meilleurs spé- cimens se distingue par son pétiole long et grêle, ses cinq lobes bien accusés, leur forme lancéolée, leurs bords lobulés, sinuo- dentés. Les lobes inférieurs sont courts, les trois autres subégaux et séparés par des sinus profonds, très aigus ; leurs sommets ont dû former une pointe peu eflilée. Le lobe médian porte de petits lobules latéraux, simplement ébauchés sur les deux lobes diver- gents. Le bord, gracieusement ondulé, présente cà et là quelques dents. Sur les deux côtés des cinq nervures primaires, naissent sous des angles assez ouverts les nervures de second ordre, es- pacées, inégales, parfois bifurquées, tantôt se rendant au sommet des lobules ou des dents, tantôt repliées le long du bord et ana- stomosées. 1 Études sur Vég. du S-E. de la France, WI, 1, PI. XIII, fig. 7; et Études sur Vég. foss. de Meximieux (Ann. Mus. de Lyon, I). VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 318 Malgré une cerlaine analogie d'aspect, sans doute fortuite et due au développement égal des lobes, cet érable me semble dif- férer par la forme des contours et demeurer bien distinct de celui que j'ai figuré PI. XI, en le rattachant à l'A. trilobatum Al. Br.' Il doit appartenir au groupe de l’A. opulifolium Vill., mais s'éloigne du type même de ce groupe par ses lobes moins oblus, plus longs, plus profondément séparés, et s'approche davantage de l’A. Lobelii Ten., de l'A. pseudo-platanus L., ou mieux encore de l’A. platanoides L., dont les dents demeurent toutefois plus rares et plus acuminées. Par ses nervures secondaires peu obli- ques et ne parlant pas de très bas, il est plus voisin de l’4. opu- lifolium que de l’A. pseudo-platanus ; les nervilles semblent aussi moins régulières que chez ce dernier et assez peu saillantes. Parmi les fossiles, je citerai comme pouvant se rattacher à l’é- rable que je décris l A. subcampestre, de Schossnitz?, l’A. pseudo- platanus var. paucidentata, du Val d'Arno*, et surtout l’A. San- tagathæ Mass., de Sinigaglia, voisin lui-même de l’A.pseudo-pla- tanus*. Il est fort possible que l'espèce pyrénéenne ait vécu à la même époque en Italie ; cependant, mes empreintes étant peu nombreuses et quelques doutes pouvant subsister, je m'absten- drai pour le moment de préciser leur détermination spécifique. 1. ACER PSEUDOCRETICUM, Et. (PI. XIV, fig. 1.) vi Diagnose,— À. foliis parvulis, gracilé petiolalis, trilobatis, basi vix cordatâ integriusculà, lobo medio lateralibus parum expansis validiore, margine subtilè denticulatis, nervis secundariis sat obliqué è primariis orts. Rare. 1 En mettant en regard les quelques feuilles, moins bien conservées, qui accom- pagnent celles que figurent les PI. XI (5) et XIII (5), on observe qu'elles forment deux séries distinctes ; l'analogie signalée ne se soutient pas. 2 Foss. FL. von Schossnitz, t. 22. 3 Gaudin; Contr. à la flor. foss. italienne, ?° mémoire. 4 Massalongo ; Syn. flor. senogall., PI, XIII, 8 et XIV, 5. 374 MÉMOIRES ORIGINAUX. Quelques petites feuilles trilobées, à lobes aigus, orientés et dentelés comme ceux de l'A. pyrenaicum normal, sont pourtant bien distincles par la consistance du limbe, qui a dù être plus délicate, par les nervures secondaires plus obliques, et surtout par le pétioie grêle. Leur ressemblance avec un érable figuré par Massalongo sous le nom d'A. pseudo creticum Ett.' me semble suffisante pour qu'on ne songe pas à les séparer de cette espèce, qui vivait vers la même époque en [talie et en Autriche, 8. ACER LÆTUM, C. À. Mey., PLIOCENICUM. (PI. XIV, fig. 2.) Diagnose. — À. foliis constanter quinquelobis, lobis breviter acuminatis, margine undulato integerrimis, lcbo medio latera- libus quandoque latiore, inferis gracilioribus, nervis à primariis ortis sub angulo plus minüs aperto emissis, secus marginem areclatis. Assez Commun. Parmi les nombreux érables de l’ancienne Gerdagne, il n’en est aucun dont les vestiges soient plus aisés à reconnaître que ceux de l’A. lætum ; nulle confusion possible entre luiet ses con- génères. Cette espèce appartient à un type connu, qui a vécu, dès l'aurore et pendant une partie au moins des temps pliocènes, à Sinigaglia, en Toscane, à Meximieux, dans la Haute-Loire et le Cantal ; très légèrement modifié, il se retrouve aujourd’hui dans toute l'Asie, surtoutl’Asie orientale (4. lætum,A.cultratum Wall., de l'Himalaya, A. pictum Thb., du Japon, auquel M. Nathorst rapporte les feuilles fossiles du même pays, etc.). Les feuilles ont toujours cinq lobes acuminés, les trois médians plus développés que les deux exlrèmes, et des bords légèrement ondulés, lout à fait entiers. Il y a cinq nervures primaires rayonnantes, portant des nervures secondaires repliées en arcs le long des bords. On a donné différents noms aux formes fossiles de ce groupe 1 Massalongo ; Syn. flor. senogall., PI, XV-X VI, 9. VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 310 sinalurel : À. integerrimum Mass., trachyticum Kovats, subpic- tum Sap. , enfin lætum G.-A. Mey, pliocenicum Sap.*. Ces termes peuvent êlre regardés comme synonymes. Il existe bien entre les spécimens provenant de localités diverses quelques nuances. En Cerdagne, la feuille que je figure se rapproche plus de celles de Sinigaglia que de celles de Meximieux, tandis que sur d’autres empreintes le lobe médian est plus développé, les lobes infé- rieurs divergent moins; mais ce sont là des variations trop mi- nimes pour qu'on soit fondé à baser sur elles des distinctions notables. On voit que le groupe des érahles se place au premier rang dans l’ancienne flore de Cerdagne, où nul autre ne doit l’avoir égalé par la multiplicité des formes spécifiques. Encore ai-je né- gligé quelques feuilles isolées, mutilées, ou dont les caractères offraient peu de précision*. Ouire les feuilles, j’ai recueilli d'assez nombreuses samares, dont les fig. 4-8 de la PI. XIV donnent les spécimens les plus tranchés. Leur réunion confirme l’existence de plusieurs espèces d’érables, car il est facile de constater qu’elles appartiennent à des types différents ; mais rapporter tel ou tel de ces fruits à telle ou telle espèce déterminée par ses feuilles est chose parfois déli- cale On peutdire cepeudant que la grande simare à nucule ovale, aile étroite à la base, élargie vers le sommet (fig. 6), rappelle celles de l’A. Otopteryæ, bien que celles-ci soient moins amincies vers la base de l’aile et parfois beaucoup plus grandes. Les sa- mares dont la nucule reste ovale, l'aile présentant une longueur 1 Sur caract. propres à vég. pliocène (Bull. Soc. Géol. Frane., 1873). 2 Études sur vég. foss. de Meximieux (Ann. Mus. de Lyon, 1) 3 Celle que représente la fig. 3 de la PI. XIV mérite une mention. Elle doit un aspect original à ses trois lobes princisaux allongés, minces, les deux latéraux demeurant peu écartés, aigus, pourvus de fortes dents sur leur bord inférieur ; mais, d'après un spécimen unique, il serait téméraire de se prononcer sur la fixité de ces caractères. Peut-être s'agit-il d’une forme grêle de l'A. subrecognilum, ou d'une espèce alliée à l'A. angustilobum Heer, bien que celui-ci diffère par ses lobes latéraux étalés, la forme de sa base et de ses petits lobes inférieurs. 376 MÉMOIRES ORIGINAUX. modérée, des bords doucement incurvés, un sommet un peu large et obtus (fig. 5), peuvent très bien se rapporter à l'A. trlo- batum. D'autres, de même longueur, à base un peu plus amincie, corps de l’aile plus dilaté que le sommet et bord externe presque rectiligne, indiquent plutôt l'A. lætum (fig. 4). Il en est dont la nucule est très arrondie, enveloppée par l’aile (fig. 7) ou déjstée de côté (fig. 8), et dans ce dernier cas l’aile est courte, obtuse, l'aspect général assez insolite. Le g. Acer a joué un grand :ôle dans la végétation tertiaire. On répartit ses espèces fossiles en plusieurs groupes, auxquels on assigne pour types autant d'espèces vivantes, aujourd’hui de- meurées européennes ou réfugiées, soit dans l'Amérique du Nord, soit en Asie. Parmi ces groupes, celui de l’A. rubrum L., devenu américain, a dû être représenté en Cerdagne par une forme au moins de l'A. trilobatum miocène, mais il tendait à s’effacer de- vant des types plus modernes. Le groupe de l’4. monspessula- num L., dont le type habile encore le midi de la France, com- prenait l'A. decipiens. Celui de l’A. opulifolium Vill. est le plus riche en formes passant graduellement de l’une à l’autre enraison des âges et des climats ; il se divise en un grand nombre de races ou sous-espèces et paraît avoir atteint son apogée vers la fin du plocèno ou même dans le cours du quaternaire, du moins en ce qui concerne son type principal. Ge groupe est représenté en Cerdagne par l'A. subrecognitum, par l'espèce figurée PI. XIIL, 5, et c'est à lui sans doute que l’on doit rattacher les formes domi- nantes, A.pyrenaicum et À.Magnini, mais d’un peu loin, et en con- statant qu’elles offrent des traits mixtes les reliant aussi, par exemple, au groupe de l’A. rubrum. Enfin, l’4. lætum est lui- même le type d'une série d’érables actuellement exilés en Asie. Les données fournies par les érables tendent à faire reporter l'horizon géologique de Bellver à une époque un peu plus an- cienne que celle de Meximieux et du Cantal; car si ces arbres se différenciaient déjà assez vivement, le type m'ocène de l'A. éri- lobatum n’était pourtant pas encore effacé et celui de l’A. opuli- folium n’avait pas revêtu les aspects qu’il prend aux approches VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 311 de l’époque actuelle. J'ai vainement cherché en Cerdagne des vestiges bien nets des principaux érables de Meximieux et des Cinérites ; au contraire, il y a plus d’un lien, à cet égard, entre ma flore et celle de Sinigaglia, comme en témoignent tout au moins les espèces que j'ai rapprochées des 4. Santagathæ Msss. et pseudocreticum Ett. *. Quant à l’4. lætum, il se trouve partout, depuis l’époque de Sinigaglia, et subsiste encore en Orient presque sans altération ; il faut admettre que ce type présente beaucoup moins d’aptitude à la variation. HAMAMÉLIDÉES. 1. PARROTIA PRISTINA, Ett. (PL. XIV, fig. 9.) Diagnose. — P. foliis ovatis vel cordato-ovatis, undulato-si- nuatis obtusis, subtriplinerviis ; n. secundariis duobus infimis oppositis obliquioribus, secus marginem adscendentibus, reliquis alternis, strictiusculis, brevioribus. Rare. Les feuilles, peu nombreuses, mais bien conservées, dont la fig. 9 reproduit un bon spécimen, ont tous les caractères d’une espèce tertiaire de Bilin, qui se rencontre aussi à Schossnitz et a été décrite sous les noms les plus divers. On l’a tour à tour ran- gée dans les g. Fagus, Quercus, Siyrax, Ficus, pour y recon- naître enfin une hamamélidée, distinguée par son pétiole court et un peu épais, son bord légèrement ondulé, ses nervures se- condaires alternes, sauf celles de la première paire, qui sont plus forles, plus ascendantes et naissent tout à fait de la base du limbe ou même un peu en dessous. La consistance a dû être assez ferme. Cette espèce est voisine du P. persica C.-A. Mey., vivant dans l'Asie occidentale, ainsi que d’une seconde forme fossile qui existait aussi à Bellver. 1 L'A. decipiens existait à Sinigaglia, et si l'A. frilobatum y est très douteux, il vivait du moins à la même époque à Stradella, associé, comme en Cerdagne, au camphrier et, d'autre part, au hétre et aux érables pliocènes, 318 MÉMOIRES ORIGINAUX. 2. PARROTIA GRACILIS, Heer. (PI. XIV, fig. 10.) Diagnose.— P. foliis sat longè et gracilè peliolatis, ovatis vel ovato-cordatis, margine versüs apicem undulatis, nervis secun- dariis oppositis, infimis duobus obliquioribus, secùs marginem adscendentibus. Rare. Un pétiole long et grêle, l'aspect général plus délicat, le bord sinué ondulé (ou même légèrement denté) seulement dans la moi- tié supérieure, des rervures toutes opposées, les inférieures de- meurant plus fortes et plus obliques : tels sont les traits distinctifs du P. gracilis, d’après Heer!. Je les trouve très fidèlement repro duits par quelques feuilles de Cerdagne. ONAGRARIÉES. 1. TRAPA CERETANA, NOVA Sp. (PL XIV, fig. 11. Diagnose.— T, nucibus latis, à basi attenuatà in spinam coni- cam mediam inque spinas laterales duas angustas, patentes, acu- tissimas productis, longitudinaliter densè striatis. Assez commune, surtout à Sanavastre. J'ai recueilli en Gerdagne un certain nombre d'empreintes de fruits de mâcres bien conservées parfois el accompagnées de fragments du tissu carbonisé; dans les mines de Sanavastre, quelques plaques argileuses en étaient remplies. Ces fruits ont une base atténuée, puis s’évasent de bas en haut et se terminent sur les côtés par deux épines très aiguës, étroites, écartées ou réfléchies; ils sont marqués de stries assez espacées, bien accu- sées, divergentes, et ont en moyenne 16% de hauteur pour une I 1 Miocene baltische Flora, t. X, 9. — À Sinigaglia, Massalongo décrit sous le nom de Myrica Parlatorii une espèce que Heer rapproche du Parroltia gracilis. VÉGÉTAUX FOSSILES DE CE RDAGNE. 379 largeur de 15°® dans leur partie centrale et de 30mm au niveau des épines étalées. Il n’a été trouvé jusqu'ici à l’état fossile qu'un très petit nom- bre de fruits de màcres. Ils se rapportent, comme les miens, au groupe des mâcres asiatiques, caractérisées par la présence de deux corres ou épines, el dontla Tr. bispinosa Roxb., de l’Inde et du Japon, peut êlre regardée comme le type. Dans les régions polaires vivait la Tr. borealis Heer', à Schossnitz la Tr. silesiaca Goepp.”, et Heer attribue à celte dernière espèce quelques em- preintes recueillies en Portugal”. Des deux figures que l'on a données de la Tr. silesiaca, celle de Goeppert est très imparfaite et celle de Heer ne s'accorde pas d’une manière absolue avec la forme de mes fruits pyrénéens; je crois devoir distinguer ceux-ci sous un nom spécial, au lieu de les relier à une espèce assez mal définie, qui vivait en des régions éloignées. Sur deux ou trois empreintes, de taille relativement grande, je crois distinguer clairement 4 épines. J’inclinerais très volontiers à voir dans ce fait l'indice de l'existence c’une seconde espèce, qui serait l’ancêtre direct et différerait à peine du T. natans L., la châtaigne d’eau vulgaire des marais d'Europe; cependant il peut s'expliquer aussi par le dédoublement accidentel des loges de l'ovaire“. JUGLANDÉES. 1. JUGLANS AGUMMINATA, Al. Br. (PI. XIV, fig. 12-13). Diagnose.— J. foliolis elliptico-oblongis, margine integerrimis, 1 Heer; Die fossile Flora der Polarländer, F1. alaskana. 2 Goeppert; F1. von Schossnilz. 3 Heer; Contrib. à la fl. foss. de Portugal. 4 J'ai trouvé, mêlées aux empreintes de fruits, des traces de feuilles linéaires ou orbiculaires, mais il n’est guère possible d'affirmer qu'elles se rapportent au g. Trapa. Goeppert figure, sous le nom de Populus asmanniana, une feuille qui ressemble beaucoup à celle du T. natans, et se rapporte sans doute à son T'. sile- siaca ; elle ne s'accorde pas avec les miennes. 380 MÉMOIRES ORIGINAUX. nervis secundariis secs marginem curvatis, venulis transversim subflexuosis; amento cylindrico majusculo. Très rare. Deux folioles incomplètes, un peu inéquilatérales, présentent si bien l'aspect de celles des noyers, au point de vue de la forme et de la nervation, que je n'hésite pas à les attribuer au noyer tertiaire à bords entiers, J. acuminata Al. Br. La trouvaille, sur une autre plaque, d'ur gros chaton cylindriqueserré (fig. 12), fort semblable à ceux des noyers, peut contribuer à étayer cette ma- nière de voir!. III. — CONCLUSIONS GÉNÉRALES. La flore fossile de Cerdagne est la première qui permette d’en- trevoir l’état de la végétation, dans la seconde moitié des temps tertiaires, au sein d’une région pyrénéenne. Grâce aux emprein- tes que je me suis efforcé de décrire et d'interpréter, on péné- tre dans une forêt et dans des lagunes, au pied de hautes mon- tagnes, sur les bords d’un ancien lac situé lui-même à plus de 1000 mètres. On est déjà sur le versant espagnol. Pour trouver dans la péninsule d’autres documents paléophytiques d’une épo= que voisine, il faudrait aller jusqu’en Portugal. En France, la seule flore éteinte qui se rattache à la région pyrénéenne est celle 1 A coté des empreintes que je viens d'étudier, il en est, comme il arrive tou- jours en pareil cas, dont les caractères ambigus ou la conservation défectueuse ne permettent pas de tirer grand parti.Je mentionnerai des marques de champignons, sans doute du g. Sphæria, sur des feuilles de hêtres, d'érables, surtout de tilleuls (PI. XI, fig. 1-2) ; des fragments de typhacées, cypéracées, roseaux, et d'une grande feuille palmée à 4 ou 5 nervures très-fortes (Aralia?) ; une gousse de légumineuse, Enfin, en rapprochant de fragments épars quelques spécimens meil- leurs recueillis en dernier lieu, je pense que la flore de Cerdagne a dû comprendre encore un Myrica voisin du #, salicina Ung., un Cratægus peut-être identique au C. oxyacanthoides Goepp., une on deux célastrinées, un Myriophyllum, et à coup sûr un saule, allié sans doute au Salix elongata O. Web.. tel que le décrit Heer (F1. tert. Helv., IT). L’adjonction de ces espèces à celles que j'ai décrites, et parmi lesquelles figurent les plus communes, ne saurait d’ailleurs modifier sensi- blement le caractère général de la flore. VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 981 d’Armissan ; elle diffère trés sensiblement de la mienne par l’âge et l'altitude. Parmi les végétaux dont j'ai pu recueillir les empreintes, do- minent les grands arbres foresliers. Ce groupe comprend un hêtre, un chêne aux variétés multiples, plusieurs érables, deux Zelkova, deux tilleuls, espèces qui, amies des stations un peu fraîches, devaient croître en abondance et former des bois touffus jusque sur les rives du lac ; puis un bouleau, certains érables, un sapin et deux autres arbres veris, un châtaignier peut-être, es- sences plusrares, destinées à s’éteindre sans postérité et déjà en dé- clin, ou reléguées à l’écart sur les sommets, les terrains schisto- granitiques. Le charme et le tremble établissent la transition de ce groupe à celui des arbres ou arbustes qui préfèrent le fond des vallées, les bords des ruisseaux, pénètrent moins dans les bois, et que représentent surtout l’aulne, le peuplier grisaille, un frêne et un saule moins caractérisés, mais non douteux. Le chêne vert et quelques espèces arbustives rares, le buis, le genévrier, ont dû se plaire sur des coteaux secs. Enfin, le Potamogeton, l'os- monde, la mâcre, des roseaux ou cypéracées peu déterminables, forment un groupe de plantes herbacées amies des lieux tour- beux ou des eaux stagnantes. Bien que l’époque des dépôts d’Armissan soit déjà fort an- cienne relativement à celle des argiles cerdanes, il est naturel de rechercher des liens entre les deux flores, à cause de leur proximité géographique ; or, le bouleau de Cerdagne, les deux laurinées, le Bwmelia, une ou deux empreintes d’érables rappe- lant un peu l’A. narbonense, en indiquent en effet quelques-uns. On peut en signaler de plus nombreux ou de plus étroits entre ma flore fossile et celles de Koumi, de Manosque et de Marseille, de Montcharray (Ardèche), d'OŒEningen et des autres localités suis- ses si brillamment explorées par O0. Heer; plusieurs des ces gi- sements appartiennent déjà au niocène supérieur. L’aulne de Cerdagne, une des espèces les plus communes, se ratlache aux aulnes miocènes de Grèce et de Provence, et non à ses congé- nères pliocènes de l’Europe centrale ; le chêne vert etle plus ré PS RmINs | a 382 MÉMOIRES ORIGINAUX. pandu des deux tilleuls sont tout à fait analogues à des espèces de Montcharray. Sur le seuil même du pliocène se place l'horizon désigné sous le nom de couches à congéries, horizon auquel on rapporte divers dépôts italiens, notamment ceux de Sinigaglia, situés dans les Marches, à peu près sous la même latitude que la Cerdagne, et extrêmementriches en débris végétaax. Les deux flores ont en- tre elles des affinités très notables, surtout par le hêtre, le Quer- cus hispanica, les Zelkova, le frêne, l’Acer lætum et quelques autres érables ; quant au tilleul, bien que la forme pyrénéenne paraisse assez distincte de celle d'Italie, l'apparition simultanée dans les deux péninsules d’un type venu du Nord assez tardive- ment, jusqu'alors nul ou rare en Europe, est un fait digne d’at- tention. Je n’ai relevé dans la flore de Meximieux (Ain), plus récente et déjà franchement pliocène, que six espèces (sur trente-deux) qui soient identiques ou intimement alliées à des espèces cerdanes . Cette flore avait des affinités canariennes, contenait beaucoup de laurinées et, dans l’ensemble, offre assez peu d’analogie avec celle de Cerdagne. J'en dirai autant de la petite flore de Vac- quières (Gard), dont les conditions de gisement sont très diffé- rentes et malgré la parenté probable de son Acer triangulilobum avec le plus commun de mes anciens érables. Les flores pliocènes françaises qui se rapprochent le plus de celle que j’étudie par les conditions topographiques de leur gise- ment sont celles de Ceyssac (Haute-Loire) et des cinérites du Cantal. La première a laissé ses empreintes sur des « marnes à tripoli » fort analogues d'aspect à mes argiles et déposées au fond d’une lagune, dans une vallée étroite encadrée de puissants massifs de montagnes; l'altitude est d’environ 700 mêt. Sur 17 espèces, je n’en trouve que ?, l’Acer lætum et le Populus ca- 1 Ce sont les Quercus præcursor, Populus alba pliocenica, Persea amplifolia, Buæus pliocenica, Tilia expansa, Acer lætum pliocenicum. Ajoutons encore le hêtre, qui se trouve, sinon à Meximieux, du moins à Trévoux, dans des terrains de même niveau. VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 383 nescens, qui soient identiques à celles de Cerdagne; deux autres, un sapin et un érable, ont à Bellver des représentants plus ou moins alliés ; l'espèce la plus répandue est un aulne qui se ratta- che à l’aulne indigène actuel et diffère de celui de Bellver. Dans le Cantal, les débris végétaux ont été moulés par des cendres volcaniques, à une allitude de 900 à 1000 mèt. Sur un total d’une trentaine d'espèces, un assez pelit nombre se lient aux plantes pyréuéennes. Le hêtre, le Zelkova crenata, le tremble, le Tilia erpansa et l’Acer lætum sont seuls identiques ou subidentiques ; l’aulne et le chêne se rapportent à des types différents, qui se sont maintenus dans nos pays. L’Alnus occidentalis et le Quercus hispanica, joints au chêne vert, au Juniperus drupacea, au Per- sea, au camphrier surtout, toutes plantes très étrangères à la flore des Cinérites, donnent à l’ancienne végétation cerdane un aspect bien distinel. Il ressort de ce qui précède que la flore de Cerdagne a des caractères mixles, complexes, dus sans doute à la présence du lac et à la grande élévation des montagnes. Les éléments qui la composaient proviennent de zones altitudinales différentes. Des végétaux qui sembleraient devoir s’exclure, le camphrier et quel- ques formes miocènes survivantes des autres groupes, le hêtre, le tilleul et le tremble d'autre part, ont pu vivre ainsi côte à côte, sans doute échelonnés à diverses hauteurs. Des liens mul- tiples enchaînent cette riche association végétale aux flores mio- cènes de Suisse et de Provence, plus encore à celle de Sinigaglia et des localités synchroniques; enfin, mais moins que ne l'indi- queraient les analogies de situation, aux végétaux pliocènes du Cantal et de la Haute-Loire. Voyons maintenant quels liens unissent la flore de Bellver à la végétation actuelle. Sur 40 espèces, 9 seulement sont représen- tées à notre époque par des formes à peu près identiques; en- core ai-je compris dans ce nombre le hêtre, intermédiaire entre deux formes vivantes dont il s’éloigne peu, sans qu’on puisse cependant l’assimiler à l’une ou à l’autre. Parmi ces 9 espèces, le chêne vert, les deux peupliers et le buis sont demeurés euro- 384 MÉMOIRES ORIGINAUX. péens ; le genévrier, les deux Zelkova, l’Acer lætum, sont devenus asiatiques ; le hêtre forme passage entre une espèce devenue amé- ricaine et celle qui vit dans nos forêts. Les auires plantes fossiles de Cerdagne se rattachent, de plus ou moins près, à des types dont la plupart ont émigré en Asie ou sont demeurés indigènes, tandis que quelques-uns se retrouventen Amérique. On ne peut guère citer, comme ayant des affinités plutôt africaines, que le Persea et, à la rigueur, les chênes et le sapin. La Cerdagne, de nos jours, est un pays des plus pauvres au point de vue de l’extension des forêts et de la variété des essences ligneuses. Le pin à crochet (Pinus uncinata) s'élève seul sur quelques hauteurs ; des noisetiers, frênes, aulnes, trem- bles et peupliers noirs, quelques espèces de saules, se bornent à garair d’un double rideau verdoyant les berges des cours d’eau. Comparée à la végétation arborescente actuelle, l’ancienne flore était infiniment plus variée, riche en espèces de première gran- deur, à ample feuillage, tantôt souple et fin, tantôt ferme ; les types en voie d'évolution, destinés à produire des variétés nou- velles dont le sort ultérieur a pu varier, étaient sans doute assez nombreux (aulne, hêtre, chêne, etc.). Lorsqu'un pays se dépouille à ce point de la végétation qui le couvrait, on peut en chercher les causes dans l’invasion d’es- pèces nouvelles, plus jeunes, mieux armées pour la bataille de la vie et capables de s'adapter aux conditions extérieures ; puis dans ces conditions elles-mêmes et les changements survenus au point de vue de la température, de l'humidité atmosphérique, de la configuration et de la nature du sol. La première de ces causes a dû jouer ici un rôle assez faible, car, à l'exception du pin et de l’aulne actuels, qui ont succédé à l'ancien aulne et au sapin dans leurs stations respectives probables, je ne vois pas que des espèces envahissantes soient venues s’établir sur le sol délaissé par tant d’exilées. Il est bon de remarquer cependant que le Quercus robur etle Fagus sylvatica vivent aux portes du pays. Les modificatious eclimatologiques semblent, dans notre cas, rendre mieux compte de l’appauvrissement de la flore ; on peut VÉGÉTAUX FOSSILES DE CERDAGNE. 385 attribuer à la diminution de l'humidité une sérieuse part d’in- fluence. En effet, ce sont les espèces amies de la fraîcheur et aux- quelles une forte chaleur nuit ou n’est pas nécessaire, qui pré- domineient jadis ; le hêtre surtout est caractéristique. Celles qui s’accommodent de la sécheresse sont peu nombreuses, et le groupe des plantes exigeant une moyenne thermique élevée est des plus réduits. Le campbhrier est très authentique, mais grêle, chétif, fort rare, quoique, sans nul doute, il dût se tenir de pré- férence dans les parties basses et abritées, à proximité du lac ; le figuier, les laurinées ordinaires, le platane, n’ont laissé que de maigres traces ; le chêne vert n’était pas l’espèce dominante de son genre. L'ensemble de l’association dénote une température inférieure, peut-être même de beaucoup, à celle de Meximieux aux temps pliocènes, que M. de Saporta évalue à 17-18° centigr. pour la moyenne annuelle, 12° pour la moyenne hibernale et 100 pour la moyenne éventuelle inférieure du mois le plus froid. Si un camphrier, un Persea, et sans doute un figuier, se ren- contrent dans l’ancienne Cerdagne, la chose est facile à expli- quer. Ces espèces sont des legs de végélations antérieures ; implantées de longue date dans la région, elles s’y survivaient avec peine, aux expositions favorables. On a vu que des formes alliées, leurs ancêtres probables, se trouvent à Manosque ou à Narbonne dans les terrains miocènes. L’aulne aussi descendait d'anciennes formes provençales ; mais aimant l'humidité, mo'ns frileux d’ailleurs et plus apte à varier, par conséquent à s’adapter au milieu, il parait avoir résisté davantage et était encore tres prospère à l’époque du lac de Cerdagne. Quant à l’absence du Platanus aceroides et des genres Liquidambar, Sassafras, Daphne, Nerium, Bambusa, Magnolia, etc., qui faisaient le plus bel or- nement des flores de Sinigaglia, de Stradella, de Meximieux, il convient de ne pas trop insister sur ce caractère simplement négatif, quoique assez frappant, de ma flore fossile. Si elle est contemporaine des flores italiennes précitées, rien d’étonnant que, beaucoup plus élevée, située près d’autres rivages et pres- que à la ligne de faîte d’uue chaine de montagnes des plus com- 386 MÉMOIRES ORIGINAUX. pactes, elle soit reslée distincte par la von-admission de plusieurs genres, dont quelques-unsaumoinsaiment notoirement la chaleur!. Aujourd’hui, toute la région pyrénéenne située à l’est du massif de Carlitte possède un elimat sec, méditerranéen. Il en était au- trement jadis; l’abondauce du hêtre, des tilleuls et des érables dans l’ancienne Cerdagne, en est un sûr indice. L'existence d’un ou de plusieurs lacs contribue à expliquer e‘te humidité favo- rable aux forêts qui s’était établie dans le pays et que les forêts elles-mêmes entretenaient?. Si le climat s’est modifié depuis lors, par contre le relief el l’altitude du sol n’ont pas varié assez pour que la végétation en soit influencée; au point de vue qui nous occupe, il y a lieu certainemeut de négliger les faibles oscillations révélées par les inclinaisons des arsiles et qui ont dû, avec les phénomènes de sédimentalion, mettre fin au régime laeustre. Les couches à plantes fossiles de Cerdagne sont entourées d’une ceinture de roches anciennes et sans liens d’aucun genre avec les dépôts tertiaires du Roussillon ou de la Catalogne ; aussi est-ce sans précision et sans preuves qu’on les a rapportées jus- qu'ici à la période pliocène. Or, leur flore a des affinités suffisan- tes avec celle de Sinigaglia pour qu’on lui assigne sensiblement le même âge, les dissemblances s’expliquant par les situations géographiques et altitudinales respectives. D'autre part, cette flore contient moins d'espèces actuellement vivantes que celle des Ci- nérites du Cantal et se relie par des liens ua peu plus nom- breux aux végétations miocènes que ne le font cette dernière et celle de Meximieux. Je pense donc qu’il convient de placer l’as- sise lacustre inférieure de Cerdagne, si l’on ajoute quelque foi aux documents paléophytiques, soit sur l'horizon du miocène le plus supérieur, soit, tout à fait à la base du pliocène, sur celui qu’on a désigné sous les noms de messinien, mio-pliocène, niveau des couches à congéries. — ! D'ailleurs, malgré le grand nombre de spécimens que j'ai examinés, rien ne prouve que d'autres espèces ne vivaient pas dans la même région, à quelque dis- tance, ou que le hasard n'a pas soustrait leurs vestiges à mes recherches. ? I] y avait, selon toute apparence, d’autres nappes lacustres dans les vallées voisines, telles que le Capsir, l’Andorre, mais moins importantes. 387 NOUVELLES RECHERCHES SUR L'URGONIEN DU LANGUEDOC Par M. A. TORCAPEL. Le Cruasien et le Barutélien dans l’ouest du Gard. La faune urgonienne du Gard et de l'Ardèche. Dans un premier Mémoire ‘, j'ai exposé à grands traits la con- stitution géologique du Néocomien supérieur, ou Urgonien du Gard et de l'Ardèche. J'ai établi par des coupes précises qu'il existe dans ces deux départements, au-dessus de la zone de l'Ammonites radiatus, un puissant massif dans lequel on recon- naît trois assises distinctes : 1° À la base, une première assise calcaire renfermant Ammonites recticostatus, Amm. Matheroni, Nautilus plicatus, divers Ancyloceras ; 9° Une zone marneuse, dans laquelle abondent l’Ammonites difficilis, V'Echinospatagus argilaceus, le Panopæa Prevosti ; 3° Enfin, au sommet, une seconde assise calcaire qui com- mence par des bancs d’un calcaire jaunâtre, compact, et qui, dans les bancs supérieurs surtout, devient souvent blanc, très cristallin et contient alors en abondance le Chama ammonia. J'ai désigné sous les noms de CRUASIEN, de BARUTÉLIEN et de DonZÉRIEN ces trois Zones successives. Le but de cette nouvelle note est de faire connaître d’une façon plus détaillés les caractères de la faune que renferme chacune de ces trois assises. De nouvelles recherches personnelles et d’obligeantes communications m'ont mis en possession d’un en- semble de fossiles beaucoup plus complet que celui que j'avais à ma disposition lors de mon premier travail, et je ne doute pas EEE 1 À, Torcapel ; L'Urgonien du Languedoc. (Rev. des Sc. nat., septembre 1882.) 388 MÉMOIRES ORIGINAUX. qu'il n’en ressorte avec évicence la justification des divisions et de la classification que j'ai proposées, dans le cas où les détails que j'ai donnés précédemment auraient laissé quelque doute dans l'esprit des géologues qui ont bien voulu y prêter quelque atten- iion. Bien que le nombre des fossiles sur lesquels s'appuient aujour- d'hui mes conclusions soit déjà assez cousidérable, je ne pré- tends certes pas que ma liste soit définitive. Notre Urgonien, si peu exploré encore, réserve sans doute d intéressantes et nom- breuses trouvailles aux chercheurs. Avant d’en donner l’énumération, je dois d’abord exprimer tous mes remerciements à MM, Pouthier et Saunier, qui ont bien voulu fouiller, sur mes indications, les marnes barutéliennes des Augus- tines et d’'Euzet, et qui m'ont obligeamment communiqué le fruit de leurs recherches ; à M. Scipion Pellet, qui m'a aussi com- muniqué des fossiles intéressants ; enfin à M. P. de Loriol, qui a eu l’extrême obligeance d'examiner la plupart de mes oursins. Je dois aussi préciser la position des gisements que j'aurai à indiquer et, à cette occasion, je compléterai les détails que J'ai déjà donnés sur l’extension des trois zones dans le Gard, en fai- sant connaître le développement considérable que prend le Baru- télien dans l’ouest de ce département. Le Cruasien est très pauvre en fossiles. Ceux-ci sont disséminés, en lrès petit nombre, dans la masse calcaire, et il faut faire des fouilles considérables pour s’en procurer quelques-uns. C'est grâce aux grands déblais exécutés pour l'exécution des chemins de fer de la région, et dans les carrières à calcaire hydraulique de Cruas, Lafarge, e!c., que nous avons pu réunir un certain nombre de beaux exemplaires. Je citerai cependant, pour leur richesse toute relative, la carrière dite de la Coquillade, près Beaucaire, et les tranchées du chemin de fer près Euzet, dont M. l'Ingénieur en chef Dombre a bien voulu me permettre d’étu- dier_.les nombreux et importants spécimens mis à jour par les (Travaux. Le Barutélien est ordinairement plus riche, surtout dans RECHERCHES SUR L'URGONIEN DU LANGUEDOC. 389 les bancs marneux supérieurs, immédiatement au-dessous des bancs de calcaire jaune compact ou subcristallin qui forment la base du Donzérien. Le gisement de Lussan, ceux de la combe des Augustines, entre Brouzet et Saint-Just, du ravin de la Lu- quette, près Euzet, sont dans cette situation. Dans les bancs cal- caires de cette zone et dans les marnes intermédiaires, les fossiles sont plus rares. Cependant on trouve à Valerargues, notamment près de l’auberge de Collorgue, des bancs marneux très riches qui sont à-150 métres au ruoins au-dessous du calcaire à Chama, c’est-à-dire à peu près au milieu de son épaisseur. Le gisement de Lavalus, exploré déjà par É. Dumas, et situé à quelques kilo- mètres à l’ouest de Valerargues, est à 60 mètres, environ au-des- sous de ce calcaire; celui de Besouce, près Nimes, très abondant en oursins, est à la base même du Barutélien'. Les gisements de cette zone que j'ai explorés sont presque tous dans le Gard et dans la partie centrale de ce département. Il est probable qu’on découvrira dans le nord du Gard et dans l'Ardèche des gisements tout aussi riches. Le Barutélien forme en effet de ce côté une large bande qui occape toute la partie médiane du plateau de Saint-Remèze. Il est encore très déve- loppé à son extrémité septentrionale, près du village de Larnas, où on peut l’observer au-dessous des calcaires donzériens et recou- vrant lui-même les calcaires à lumachelles cruasiens. Au delà, il disparaît dans des failles. Dans l’ouest du Gard, il a égalementun grand développement, ainsi que je l’ai constaté en premier lieu dans une course que j'ai eu le plaisir de faire avec mon éminent et cher Maître, M. le doyen P.de Rouville. Une coupe menée, près Quissac, entre le château de Florian et Fonsanche, montre très clairement toute la série néocomienne, sauf le Donzérien, succédant aux calcaires du Jurassique supérieur. Elle se termine par l’assise puissante du 1 Dans l'intéressant travail que M. de Sarran d'Allard vient de publier sur les dépôts fluvio-lacustres du Gard, il cite comme très fossilifères les marnes baru- téliennes de Belvézet près Lussan. (Bull. Soc. géol., juin 1884.) e 390 MÉMOIRES ORIGINAUX, Barutélien, qui forme tout le fond de la vallée du Vidourle, entre le mas Sabatier et Fonsanche. En ce dernier point, il butte par faille contre l’Oxfordien, La gare de Quissac est située sur les premiires assises du Ba- rutélien, et celui-ci forme, de l’autre côté du Vidourle, le mon- ticule de la Devèze, (voir la coupe II). On peut aussi étudier entre Vic-le-Fesq et Fontanès une coupe très intéressante (voir la coupe IT). On y voitse succéder très nettement, à partir des marnes à Belemmites latus qui forment le bas-fond de Vic-le Fesq, les calcaires marneux à Ammonites ra- diatus, Am. cryptoceras, etc., riches en fossiles, les calcaires à Crioères du Cruasien, représentés ici, de même que près Quis- sac, par des calcaires compactes, gris cendré, très peu fossilifères ; les marnes barutéliennes avec Ancylocéres, et enfin les calcaires blancs donzériens qui limitent au nord la plaine de Fontanès. Dans cette région, le Barutélien n'a pas moins de 200 à 360 mètres d'épaisseur ; il continue à afileurer ‘out le long de la chaine des bois des Lens, jusqu’à Boucoiran, au-dessous du calcaire à Chama, mais son épaisseur diminue progressivement en allant vers le Nord. Du côté de l'Ouest, il vient se terminer dans les environs de Sauve, où il présente encore, dans le vallon de Sebenc, une coupe d’autant plus intéressante que les fossiles, notamment les oursins, y abondent (voir la coupe I). Les espèces les plus communes y sont: l’Echin. cordiformis avec sa variété amplus et l'Echin. Collegnii. Cette association, et la présence de la première de ces espèces à un niveau bien supérieur à son niveau habituel, montrent que l’Echin. cordiformis n'est nullement spécial à la zone de l’Am. radiatus, c’est-à-dire au Néccomien inférieur, comme on l’a cru jusqu'ici. C’est du reste ce qu'a déjà constaté également M. Leenhardt au Ventoux et à Orgon. Je n'ai aucuae observation particulière à faire sur les gisements du Donzérien. Les calcaires jaunâtres qui en forment la base sont peu riches en fossiles. Ceux-ci abondent au contraire dans RECHERCHES SUR L'URGONIEN DU LANGUEDOC. 391 les calcaires blancs cristallins, mais on ne peut les détacher qua par fragments de la roche, sauf dans les parties où celle-ci se trouve être crayeuse, par exemple aux carrières de Brouzet, au bois des Lens, etc'. Je passe maintenant à l’énumération des fossiles actuellement connus dans notre Urgonien. Les gisements constatés, soit dansle Gard en dehors de l’Urgonien, soit dans d’autres régions, sont indiqués d’après les mémoires originaux des auteurs et d’après l'important et beau travail de MM. Pictet et Campiche sur les fossiles du terrain crétacé de Sainte-Croix. LISTE DES FOSSILES DE: L'URGONIEN DU GARD ET DE L'ARDÈCHE POISSONS. Pycnodus sp. ind. Cruasien. Euzet. CRUSTACÉS. Homarus ? Fragment de pinces. Barutélien. Les Augustines. M. Leenhardt signale aussi des crustacés dans la zone N° et dans son Urgonien inférieur du Ventoux. L’Aptien inférieur de la perte du Rhône en contient également (Pictet et Renevier). ANNÉLIDES. Serpula antiquata Sowerby. Barutélien. Les Augustines, Saint-Remèze. Espèce du Néocomien moyen du Salève, de l’Urgonien infé- rieur du Ventoux, de l’Aptien dela perte du Rhôneet du grès vert de l'Yonne et de l’Angleterre *. 1 Je ne dois pas omettre de rappeler en outre que cette zone disparaît brusque- ment davs l’ouest du Gard, à partir de la petite chaîne du bois des Lens. 2 Trouvée aussi par M. de Sarran (loc. cit.) dans le Barutélien du bois des Lens. 392 nn MÉMOIRES ORIGINAUX. MOLLUSQUES CÉPHALOPODES. Belemnites pistilliformis. Blainville. Barutélien. Les Augustines. Autres gisements cités. — Marnes à Belemniles latus du Gard; Néocomien moyen de diverses localités ; néocomien supérieur du Ventoux (couche N' de M. Leenhardt ; couche à Ancylocéras de Sault. Belemnites platyurus. Duval-Jouve. (Mémoire sur les Belem- nie pl Xe Ma) Forme répondant exactement à la description de Duval-Jouve, et qui, d'après cet auteur, ne se trouve «que dans la partie supérieure de la formation néocomienne des Basses-Alpes». Barutélien. — Lussan. Espèce citée par Scipion Gras dans les couches à Ancylocéras de Sault. Nautilus neocomiensis d'Orbigny. Cruasien. — Lafarge, calcaire à chaux hydraulique ; Euzet, Aramon. Autres gisements cités. Néocomien moyen de Sainte-Croix et du Salève; Aptien inférieur de la Bédoule et de Cassis (Reynés). Couches supérieures d’Escragnolles (Hébert). Nautilus pseudo-elegans d’Orbigny. | Un seul exemplaire jeune, dont on ne voit pas les cloisons, mais qui se rapporte certainement à cette espèce en raison de son ombilic très petit, de sa forme globuleuse et de la position de son siphon au tiers inférieur de l’ouverture. Barutélien. — Les Augustines. Autres gisements cités. Cette espèce se trouve en Suisse, dans le calcaire jaune situé à la base de l’Urgonien. MM. Pictet et Cam- piche pensent qu’elle pourrait former une espèce distincte de celle des marnes d'Hauterive et du Valangien. Couche N° du Ventoux, couches à Ancylocéras de Sault, cal- caire supérieur de Castellane. RECHERCHES SUR L'URGONIEN DU LANGUEDOC. 393 Nautilus plicatus Sow. (N. Requienianus d'Orb.). Cette espèce, si bien caractérisée par ses côtes formant des an- gles aigus sur le dos et sur les flancs, est abondante dans le Cruasien et dans le Barutélien. Je l'ai rencontrée notamment à Nimes, Lafarce, Euzet, les Augustines, Lussan, La Valus, etc.— É. Dumas la cite en outre du rocher d'Avignon, que je classe dans le Cruasien ‘. Nos exemplaires sont conformes à ceux que l’on trouve dans les marnes aptiennes de Serviers, de Bourg-Sainlt-Andéol, etc. Le N. plicatus est cilé par É. Dumas du Néocomien de la De- vèze, près Quissac (Séaiit.-géol. du Gard), d'Aujargues près Som- mières, et de Montaren près Uzès (in d'Orb., Pal. fr.). Je me suis assuré que les couches de la Devèze appartiennent au Baru- télien. Les couches supérieures d’Aujargues sont dans le Crua- sien. Quant au gisement de Montaren, il doit appartenir à l’Ap- tien et non au Néocomien, qui n’est pas représenté près de cette localité. Autres gisements cités. Le Néocomien supérieur et l'Urgonien inférieur du Ventoux (Leenhardi);, Aptien inférieur de Cassis et de la Bédoule. Cette espèce appartient donc bien, dans le Midi, exclusivement au Néocomien supérieur et à l’Aptien. D’après Leymerie, elle existerait dans le calcaire à Spatangues de Marol- les (Yonne). Nautilus Lallierianus d'Orbigny. Espèce nettement caractérisée par ses trois carènées dorsales et ses flancs aplatis. Baruiélien. — La Luquelte près Euzet ; La Valus (É. Dumas). Cette espèce n’est connue ailleurs que dans l’étage aptien. Ammonites cultratus d'Orbigny. Cruasien. — Beaucaire. Autres gisements cités. Néocomien moyen du mont Salève, où celte espèce est très rare. — Couches à Ancylocéras de Sault (Scipion Gras). 1 Trouvé aussi au bois des Lens par M. de Sarran (loc. cit.) dans le Barutélien, 394 MÉMOIRES ORIGINAUX. Ammonites pseudo-Dufrenoyi Torcapel, n. sp. Espèce ayant les caractères spécifiques de l’Am. Dufrenoyi, mais dont les côtes sont le double plus nombreuses que dans le type. MM. Pictet et Renevier citent une forme analogue, sinon identique, dans le terrain aptien de Sainte-Croix (Pal. Suisse terr. aptien, pag. 22). Barutélien. — Les Augustines. Ammonites Leopoldinus d'Orbigny (?). Je n'ai trouvé qu’un seul exemplaire qui puisse être rapporté à celte espèce. [l est de grande taille, en mauvais état, et ji! man- que des tubercules caractéristiques. Ce n’est que par le dessin des lobes qu’on paraît être en présence de l’Am. Leopoldinus. Cruasien. — Beaucaire. Le niveau habituel de cette espèce est celui de l’Am. radiatus ou Hauterivien ; cependant M. Leenhardt la cite dans le calcaire à Criocères du Ventoux !: Ammonites Fabrei. Torcapel n. sp. (Bull. Soc. sc. na. de Nimes, 1883, PI. V). Espèce discoïdal:, comprimée, atteignant une grande taille ; dos étroit, arrondi ; flancs peu convexes; ombilic médiocre, à bord rectangulaire ; côtes nombreuses élégamment falciformes, fines et sans tubercules à ombilic. Espèce voisine de l’Amm. bicurvatus Michelin de l’Aptien et de l’Am. Cleon d’Orb. du Gault inférieur. Cruasien. — Euzet. Barutélien. — Euzet, les Augustines, Valerargues, Lussan. Ammonites Saunieri. Torcapel n sp. (Ibid., PL. VIH, fon): 1 C’est par erreur que j'ai cité, dans mon premier mémoire, l’Am. cryploceras comme se trouvant dans le Cruasien J’avais rapporté à cette espèce certains gros individus imparfaitement conservés.En ayant trouvé d'autres en meilleur état, j'ai reconnu qu'ils appartenaient à l'Amm.;Fabrei, espèce toute différente que je décris ci-après. RECHERCHES SUR L'URGONIEN DU LANGUEDOC. 395 Espèce à pourtour externe carré, orné de chaque côté de gros tubercules qui terminent les côtes. Barutélien. — Les Augustines. Ammonites angulicostatus d'Orbigny. Cruasien. — Nimes. Autres gisements cités. Calcaire à Criocères du Ventoux ; cou- ches à Ancylocéras de Sault. D'après M. Hébert, cette espèce commencerait dans la zone à Am. radiatus. Ammonites cruasensis. Torcapel n. sp. (Ibid., PL. VD. Espèce de grande taille, discoïdale, à ombilic médiocre ; dos arrondi; flancs aplatis, ornés de côtes simples, un peu flexueuses, arrondies, continues sur le dos, et dont deux ou trois partent de l'ombilic. Cruasien. — Cruas, Lafarge, Nimes. Ammonites Stanislasi. Torcapel n. sp. (Ibid., PI. VIT). Espèce voisine de la précédente, mais à ombilic plus grand et à côtes de deux sortes : les unes, au nombre de 30, partent de l’ombilic, où elles sont fortement accusées ; les autres s’inter- calent entre les premières au nombre de deux ou trois et dispa- raissent pour la plupart avant d’atleindre l’ombilic. Cruasien. — Euzet, Beaucaire. Ammonites crioceroides. Torcapel n. sp. (Ibid., PI. VIII, fig. 1). Espèce de grande taille, discoïdale, largement ombiliquée, ayant, par ses ornements, l’aspect d’un Crioceras Duvalii, mais dont les lours sont nettement embrassants et échancrés par le re- tour de la spire. Les côtes principales portent trois tubercules de chaque côté, et les côtes secondaires un seul, au contour dorsal. Cruasien. — Beaucaire, Nimes. Barutélien, — Entre Valerargues et Lussan. Amwonites consobrinus d'Orbigny, Paléont. franc., PI. XLVIT. (4mm. fissicostatus, Phill. non d’Orb.). 396 MÉMOIRES ORIGINAUX. Cruasien. — Calcaire à chaux hydraulique de Lafarge, d’après M. Douvillé (Bull. soc. Géol., 1883, pag. 315). Autres gisements. Aptien inférieur du Gard, de la Bédoule, de Cassis, de Gargas et du Ventoux. M. Leenhardt la cite dans le calcaire de Vaison, qu'il place dans l'Urgonien inférieur. Ammonites Rouyanus d’Orbigny (Amm. infundibulum d’Orb.)._ Barutélien. — Lussan, les Augustines. Autres gisements. Galcaires à Criocères du Dauphiné et du Ventoux ; couche N* du Ventoux; couches à Aneylocéras de Sault ; calcaire supérieur de Castellane. Ammonites recticostatus d'Orbigny. Exemplaires de grande taille, semblables, pour les proportions générales, à l'espèce de d’Orbigny, mais ayant les côtes relative- ment moins nombreuses. On en compte 90 au diamètre de 190 mill., taodis que la figure de d’Orbigny en donne 97 pour un diamètre de 95 mill. En outre, nos exemplaires ont les tours de forme ovale et non pas ronde. C’est peut-être un effet de com- pression. Cruasien. — Assez abondant à Cruas, Rochemaure, Lafarge, plus rare dans le Gard. Autres gisements.— Galcaires à Criocères du Dauphiné ; Cou- ches supérieures de Barrème ; Néocomien supérieur et Urgonien inférieur du Ventoux ; Marnes à Ancylocéras de Sault. Ammonites subfimbriatus d'Orbigny. Cruasien. — Couches marneuses inférieures, Nimes. Autres gisements. — Couches de Berrias (Pictet) Hauterivien, de Sainte-Croix, du Salève, etc. Calcaire à Criocères du Dauphiné et du Ventoux, couches à Ancylocéras de Sault. Ammonites quinquesulcatus Matheron (Recherches pa- léont., PI. G. 19). J'avais d’abord rapporté cette forme à l’Am. ophiurus d’Orb. RECHERCHES SUR L'URGONIEN DU LANGUEDOC. 397 Elle en diffère par la présence de 5 doubles bourrelets par tour au lieu de 8. Cruasien. — Cruas. Autres gisements. — Espèce du Barrémien. Ammonites difficilis d'Orbigny. Barutélien.— C'est l'espèce la plus commue, on ia rencontre presque partout. Autres gisements. — Calcaire à Criocères du Dauphiné ; abon- dant dans les couches de Barrème à Scaphites Yvani, et dans le Néocomien supérieur du Ventoux, où elle caractérise la couche N‘ de M. Leenhardt ‘ ; couches à Ancylocéras de Sault. D'après MM. Lory et Hébert, cette espèce commencerait dans la zone à Am. radiatus du Dauphiné. Ammonites Cassida Raspail. Cruasien. — Euzet. Barutélien. — La Valus (Ë. Dumas), Valerargues, Lussan. Autres gisements.— Calcaire supérieur de Castellane ; couches supérieures d” Escragnolles. Ammonites Potieri Matheron (Recherches paléont., PI. B 20, lig. 6). Espèce ayant les sillons de l’Am. Cassida, mais les tours moins épais et des stries fines entre les sillons. Cruasien. — Euzet. Autres gisements. — Non précisés. Ammonites ligatus d'Orbigny. Barutélien.— Bois des Lens, marnes sous le calcaire à Chama. Autres gisements. — Calcaire à Criocères da Dauphiné et du Ventoux ; couche N* du Ventoux. Ammonites intermedius d’Orbigny. Cruasien. — Quaissac. eee 1 D'après cela, et d'après les autres analogies fauniques et pétrographiques qu'il est facile de constater, cette couche N À est évidemment le représentant de notre Barutélien dans la région du Ventoux. 3: sér., tom. IV. x 28 398 MÉMOIRES ORIGINAUX. Donzérien. — Allègre (É. Dumas). Autres gisements. — Calcaire supérieur de Castellane. Ammonites Charrieranus d'Orbigny (4. Parandieri Quen- stedt, non d'Orb.). Barutélien. — Lussan, les Issards. Autres gisements. — Couches à Ancylocéras de Sault. Ammonites cf Emerici d'Orbigny. Cruasien.— Nimes. Forme très voisine, sinon identique à l’A. Emerici del’Aptien de Gargas et du Ventoux. Ammonites incertus d'Orbigny (?). Barutélien. — Les Augustines. Nos exemplaires ne se rapportent pas entièrement à la figure de la Paléont. française. L’Am. incertus se trouve dans le calcaire à Criocères de la Drôme et dans le calcaire inférieur de Castellane.Il commencerait, d’après M. Lory, dans la zone de l’Am. radiatus. Ammonites Tombecki Math. (Rech. pal., PI. G-19, fig. 1). Espèce à tours plus épais que larges, dos arrondis, côtes fines partant de l'ombilic, passant sur le dos sans s’interrompre. Deux ou trois fausses bouches. Barutélien. — Les Augustines. Espèce du Barrémien. Ammonites cf latidorsatus d'Orbigny. Barutélien. — Les Augustines, Lussan. Nos exemplaires ne diffèrent de l’espèce du Gaull que par les sillons, qui sont rectilignes au lieu d’être sinueux. Ammonites Matheroni d'Orbigny (non Am. cesticulatus Leymerie). Cette espèce n’est pas rare dans les calcaires à chaux hydrau- lique de Cruas et de Lafarge. J'en possède deux échantillons pro- venant de ces calcaires et qui sont entièrement conformes à la description donnée par d’Orbigny (Paléont. franç., pag. 135, RECHERCHES SUR L'UR£ONIEN DU LANGUEDOC. 399 PI. 41, fig. { et 2), d’après des exemplaires provenant des cou- ches à Ancvlocéras de la Bédoule. D'Orbigny a plus tard réuni cette espèce à l’Am. cesticulatus Leymerie, du Gault, Il me parait douteux qu'il y ait réellement identité. Cruasien. — Cruas, Lafarge, Nimes. Autres gisements. — Aptien inférieur de Cassis et de la Bé- doule ; couches à Ancylocéras de Sault. M. Hébert (Bull. Soc. géol., ?° sér., tom. XX VIII, pag. 152) a trouvé celte espèce à la Charce (Drôme), dans des calcaires mar- neux recouvrant des couches à Criocères, qui représentent pro- bablement le Barutélien dans cetle région. Ammonites pachysoma Coquand (ir Matheron, Recherches paléont., PI. G-19, fig. 6). Espèce voisine de la précédente, mais à tours épais et dont l’ombilic est bien plus étroit. Cruasien. — Euzet. Espèce du Barrémien. Ammonites fallax Coquand (in Matheron, Recherches paléont., pl. C-19, fig. 5). Espèce à tours arrondis ou elliptiques. Côtes fines bifurquées, _ très nombreuses, séparées en séries par des côtes plus fortes, tu- berculeuses à l’ombilic et munies de pointes au milieu des flanes et vers le dos, Ombilice médiocre. Barutélien. — Les Augustines, les Issards, Espèce du Barrémien. Ammonites Cornuelianus d'Orbigny. M. Douvillé a reconuu cette espèce dans les calcaires à chaux hydraulique de Lafarge (Cruasien inférieur). Bull. Soc. géol., 1883, pag. 315. Espèce de l’étage Aptien inférieur et supérieur. Crioceras Duvalii d’Orbigny. Cette espèce n'est pas rare dans le Cruasien. Eile est représen- tée exclusivement par des individus à tours aplatis, conformes au type figuré par d’Orbigny (Paléont. franc., PI. 113), type n° 2 400 MÉMOIRES ORIGINAUX. de MM. Pictet et Campiche, qui, suivant ces auteurs, est spécial au Néocomien supérieur. — Elle est plus rare dansle Barutélien, où elle paraît remplacée par l’espèce suivante. Cependant É. Dumas (Statistique géol. du Gard) la cite à Sébenc. Crioceras Emerici d'Orbigeny. Espèce commune dans le Cruasien et le Barutélien du Gard, atteignant une très grande laille (0°,22 de diamètre à la bou- che). L’espacement des grosses côtes est variable et diminue en général avec l’âge. Les côtes secondaires sont plus droites et plus régulières que dans l’espèce précédente. Les gros individus sont très bien représentés par la figure de Quenstedt (Céphal., PI. 20, fig. 10), qui semble en être une réduction ‘. [is ne forment point de crosse. Cruasien. — Euzet, les Angles. Barutélien. — Euzet, les Auguslines, Valerargues. Autres gisements. — Calcaire à Criocères du Dauphiné et du Ventoux; zone N* du Ventoux; couches de Saull; couches su- périeures de Barrème, d’Escragnolles, etc. Ancyloceras Matheronianus d'Orbigny. Cette beile espèce, bien reconnaissable à sa large crosse et à ses grosses côtes cbliques en avant et portant de gros tubercules, est assez commune dans les calcaires à chaux hydraulique de Cruas et de Lafarge. Cruasien. — Cruas, Le Teil, Nimes. Barutélien. — La Valus. Autres gisements. — Couches de la Bédoule et de Barrême (d’Orbigny). M. Leenhardt signale dans sa zone N* du Ventoux et dans le calcaire de Vaison de nombreux fragments d'Ancylo- céras appartenant au groupe de celle espèce. Couches à Ancylo- céras de Sault. Ancyloceras Tabarelli Astier. Barutélien.— Tavel, la Luquette, près Euzet. 1 MM. Pictet et de Loriol (Voirons, pl. V, fig. 8 à 10) en donnent aussi des figures qui répondent bien à notre espèce. RECHERCHES SUR L'URGONIEN DU LANGUEDOC. 401 Autres gisements. — Calcaires à Criocères de l'Isère. Couches supérieures d’Escragnolles. Ancyloceras angulatus. Torcapel n. sp. (Bull. Soc. Sc. nat. de Nimes, 1883, PI. 9). Espèce à large crosse, à grosses côtes tuberculeuses au som- met ; tubercules ombilicaux en arrière de la crosse, donnant naïs- sance à des côtes bifurquées et infléchies en arrière ; région sipho- nale très étroite. Cruasien.— Cruas. Ancyloceras Jauberti Astier. Crosse en fer à cheval serré, à branches droites et longues comme dans les Æamites. Côtes fines, simples et régulières. Cruasien.— Euzet. Barutélien.-— La Luquette, près Euzet. Autres gisements non précisés. Toxoceras Honoratianus d'Orbigny. Cruasien.— Cruas. Espèce du Barrémien, des marnes à Ancylocéras de la Bédoule, de Sault et des calcaires à Criocères de l'Isère. MOLLUSQUES GASTÉROPODES. Nerinea Goquandiana d'Orbigny. Donzérien.— Les Augustines, calcaire à Chama. Autres gisements. — Ualcaire à Chama des Bouches-du-Rhône et du Jura. Urgonien inférieur de Sainte-Croix. Nerinea gigantea d’H.-Firmas. Donzérien.— Les Augustines, Serre de Bouquet. Autres gisements.— Galcaire à Chama dela Provence. Turritella Astieriana d'Orb. Barutélien.- Les Augustines. Autres gisements.— Néocomien supérieur d'Escragnolles. 402 MÉMOIRES ORIGINAUX. Nerita mammæformis d'Orbieny, in Matheron Rech. pal., PI. C-16, fig. 6. Donsérien.— Les Augustines. Espèce de l'Urgonien d'Orgon. Natica Pilleti Matheron (Recherches pal., PI. B 15, fig. 2). Espèce voisine du Ÿ. bulimoïdes,, mais l’angle spiral est plus ouvert et l'ouverture est plus large. Barutélien.— La Luquette, Lussan, les Augustines. Autres gisements. — Néocomien du Midi, niveau non précisé. Natica Pellati.— Matheron (Ibid., PI. B-15, fig. 1). Espèce renflée à spire courte, angle spiral 90°. Barutélien.— Les Augustines. Autres gisements.— Néccomien du Midi, niveau non précisé. Natica Bruguieri Matheron (Ibid., PI. B-16, fig. 1). Espèce à spire très courte, le dernier tour très grand, angle spi- ral 110° Barutélien.— Les Augustines”. Donzérien. — Lussan. Calcaire jaune formant la base du cal- caire à Chama. Autres gisements.— Néocomien du Midi, niveau non préc se. Natica Coquandiana d'Orbigny. Donzérien.— Les Augustines. Autres gisements. — Néocomien du Var, niveau non précisé. Pleurotomaria reocomiensis d'Orbigay. Barutélien.— Les Auguslines ; Sebenc (É. Dumas). Autres yise ments.— Néocomien de l'Aube et de l’Yonre,mar- nes d'Hauterive. Pleurotomaria truncata Pictet el Campiche. Espêce caractérisée par sa spire à peine saillante el ses tours convexes. Barutélien.— La Lucuette, près Euzet. ! M. de Sarran (op. cit.) a trouvé aussi cette espèce dans le Barutélien de Belvézet avec le Natica allaudiens. RECHERCHES SUR L'URGONIEN DU LANGUEDOC. 403 Autres gisements.—Urgonien inférieur de la Russille ; Urgonien blanc d'Annecy. Pleurotomaria Bourgueti Agassiz. Barutélien.— Les Augustines. Autres gisements.— Néocomien de l'Aube et de l'Yonne. Hauterivien de la Suisse. Turbo aff. Chatillonnensis Pictet et Campiche. Espèce à tours ronds, se rapportant exactement aux propor- tionsdu 7. Chatillonensis de l'Urgonien du Jura, et n’en différant que par une taille plus forte ; longueur 17 millim. Barutélien.— Les Augustines. Strombus Saunier. Torcapel n. sp. (Bull. Soc. Sc. nat. de Nimes, 1883, PI. 4). Espèce de grarde taille représentée par des moules à tours fai- blement convexes, formant une spire assez longue, séparée par des sutures profondes, le dernier grand, renflé, orné d’un bour- relet linéaire à son bord inférieur. Angle apicial 570, Barutélien.— La Luquette, près Euzet. Rostellaria Astieriana d'Orbigny. Barutélien.— Les Augustines. Autres gisements. — Néocomien d'Escragnolles, niveau non précisé. (4 suivre.) 404 REVUE SCIENTIFIQUE. Zoologie. Mémoires étrangers, résumés par M. Louis Roues, Chef de Travaux pratiques à l’Ecole de Médecine de Marseille. H.-N. Mosezey. — Des yeux placés sur la coquille chez certains Chitons et de la structure de ces organes. (Quart. Journ. of Micro- scopical Science, janvier 1885.) C'est en examinant un individu de Schizochiton incisus conservé dans lalcool que l’auteur a remarqué sur les plaques de la coquille de petits corps réfringents, arrondis, disposés en séries symétriques ; leur structure lui a paru correspondre à celle d'organes visuels, et il les a recherchés chez d'autres Chitonidés. Après avoir ; ublié un ré- sumé de ses observations dans les Annals and Magazine of Natural History, d'août 1884, le savant professeur d'Oxford expose dans,le présent Mémoire ses recherches avec tous les détails qu’elles com- portent. La structure de la coquille des Chitons a été étudiée par un certain nombre de naturalistes ; Carpenter, Gray, et surtout Marshall, ont vu que cette coquille est parcourue par un système de fins canaux qui s'ouvrent à la surface des plaques par de petits pores, les uns plus larges, les autres plus étroits ; Marshall même a considéré à tort cet appareil comme doué de fonctions respiratoires. Van Bemmelen a reconnu de plus, sur le Chiton marginatus, que les plaques portent de nombreux petits corps papilliformes qui correspondent aux termi- raisons extérieures des canaux de Marshall. Toutes ces observations ont été faites sur des coquilles décalcifiées, et ce procédé a été égale- ment suivi par l’auteur ; les plaques, préalablement décalcifiées par l'acide azotique très dilué, ont été coupées horizontalement et verti- calement. La substance des plaques ainsi traitées paraît être de nature cornée, offrant dans certains cas une fine structure fibrillaire ; elle est par- courue par les petits canaux ci-dessus indiqués, verticaux lorsqu'ils arrivent près de la surface extérieure de la coquille, obliques et hori- zontaux dans les couches profondes. Une plaque, examinée de face. montre des séries de petits et de larges pores dont la disposition varie suivant les espèces et peut servir pour la systématique; il existe ZOOLOGIE. 405 une relation étroite entre ces petits pores (micropores), ces larges po- res (mégalopores), et les canaux qui parcourent la coquille. En effet, près de la surface, ces canaux se ramifient ; la branche principale, la plus volumineuse, qui continue la direction primitive du canal, abou- tit au mégalopore ; les petites branches collatérales se rendent aux micropores. Les canaux ne sont pas vides ; ils sont au contraire occupés par un üssu particulier, formé de fibres très fines renfermant de nombreux noyaux ; ce tissu, indubitablement de nature nerveuse, parvient, en suivant les canalicules, jusque dans le manteau; on doit donc consi- dérer toutes ces branches comme des expansions nerveuses envoyées dans la coquille et arrivant jusqu’à la surface des plaque, dans les pores. Leur terminaisons externes libres sont ‘ort curieuses; elles ont déjà été signalées par van Bemmelen sous le nom de coïps papil- liformes. On peut considérer comme branches principales ies rameaux nerveux qui suivent les gros canaux et aboutissent aux mégalopores ; après avoir émis presque tous les petits nerfs collatéraux qui par- viennent aux micropores, la branche principale s’élargit en forme de papille, tout en conservant à peu de chose près la même structure, et son extrémité externe est recouverte, emboîtée plutôt, par un corps à peu près cylindrique formé de couches successives superposées et d'aspect homogène. L'auteur nomme macræsthetes ces terminaisons nerveuses, si particulières, des mégalopores ; les petits rameaux qui se dirigent vers les micropores portent aussi des terminaisons sem- blables, mais plus petites et dépourvues de dilatation papillaire; l’au- teur les désigne sous le nom de micræsthetes. On peut considérer les yeux comme une modification des macræ- sthètes. Un excellent type de structure de ces organes est offert par l’Acanthopleura spiniger.Le rameau nerveux principal est accompagné par une gaîne de nature pigmentaire ; la dilatation papillaire, très volumineuse, est formée de fibres nerveuses accompagnées de nom- breax noyaux; cette dilatation est limitée en dehors par une mem- brane fortement concave, à concavité externe, constituée par des éléments en bâtonnets contenant chacun un gros noyau; cette membrane, qui sur les figures données par Moseley ressemble à un épithélium pavimeuteux simple, est la rétine. Cette portion extérieure du macræsthète qui emboîte la papille est ici fort volumineuse et di- visée en deux zones: un disque extérieur calcaire, faiblement con- vexe, que l’auteur signale comme cornée ; une lentille biconvexe in- terne, située entre la cornée et la rétine, qui paraît jouer le rôle d’un cristallin ; de plus, la gaîne pigmentaire parvient jusque dans l'étroit 466 REVUE SCIENTIFIQUE. espace placé entre la cornée et le cristallin, s'y termine en limitant une sorte d'ouverture pupillaire, et peut ainsi être considérée comme formant une choroïde et un iris. Ces organes visuels si compliqués, et que l’on ne s'attendait guère à rencontrer sur les coquilles des Chitons, ont pourtant parfois une structure plus simple : ainsi, chez les Corephium aculeatum, la rétine manque, et la dilatation papillaire, peu prononcée, contient moins de fibres nerveuses et de noyaux. De même que les macræsthètes dont ils sont des modifications, les yeux sont entourés par une ou plusieurs couronnes de micræsthètes. L'auteur rentre ensuite dans des détails circonstanciés sur la répartition des yeux chez les divers types de Chitonidés. Il suffira d'ajouter, comme exemples, que le Sehizochilon incisus est pourvu d'environ 360 de ces organes, mesurant chacun 1/175° de pouce de diamètre, et que les Corephium aculeatum peuvent en avoir jusqu à 8,500 par individu. L'auteur pense que les megalæsthètes et les micræsthètes sont doués de fonctions tactiles et remplacent les tentacules absents chez les Chitons. LR: Hermann For.— Traité d'Anatomie comparée microscopique, d’histo- logie et d’histogénie. (Leipsig, Wilhelm Engelmann, fasc. I, 1884.) Les traités d’histologie ne manquent pas, aussi bien en France qu’en Allemagne ; pourtant le plus grand nombre de ceux qui ont paru durant ces dernières années portent plus spécialement sur l'his- tologie humaiïe ou sur l’anatomie microscopique des Vertébrés ; les autres animaux n'y sont guère étudiés que pour permettre d élucider certains problèmes histologiques que les tissus des êtres plus élevés en organisation ne laissent résoudre qu'avec beaucoup de difficultés. L’anatomie générale des [Invertébrés est cependant déjà bien avancée; les publications périodiques renferment souvent des Mémoires détail- lés sur ce sujet, mais aucun travail d'ensemble n’avait paru, résumant toutes les indications éparses et les rassemblant en un seul faisceau. Le livre de M. H. Fol est venu combler cette lacune ; il s'adresse sur- tout aux zoologistes et doit plutôt être pris, — son titre l'indique du reste — comme un traité d'anatomie comparée microscopique que comme un traité d'histologie pure, dans le sens habituel de ce mot; le nom de l'auteur est du reste un sûr garant que la tâche qu’il s’est donnée sera remplie à la satisfaction de tous. Ce traité paraît en quatre fascicules, dont le premier, actuellement , ZOOLOGIE. 407 livré au public, contient tous les renseignements techniques généraux sur les appareils et les instruments nécessaires, les diverses méthodes de coloration et de coupes. Le deuxième renfermera l'étude de la cel- lule en général et des animaux unicellulaires : le troisième sera con- sacré aux tissus dérivés du feuillet blastodermique extérieur des Mé- tazoaires, au système nerveux et aux organes des sens ; enfin, dans le dernier, l'auteur s’occupera des organes d'origine mésodermique et endodermique, de l'intestin par conséquent, des muscles, du tissu conjonctif, etc. Après une courte Introduction renfermant des vues d'ensemble sur le plan et la division de l'ouvrage entier, les chapitres se suivent dans l'ordre suivant : I. — Petits appareils, pinces, aiguilles, loupes montées, nécessai- res pour prendre et préparer les fragments de tissus et d'organes à examiner. II. — Les injections; méthodes, instruments, masses diverses. ILI.—Les microscopes ; examen des pièces qui constituent la mon- ture d’un microscope, les oculaires et les objectifs ; condensateurs ; principaux modèles de microscopes. IV.—Reproduction des préparations par le dessin ; chambres clai- res ; photographie microscopique. V. — Diverses méthodes d'étude des tissus ; compresseurs ; appa- reils pour produire des températures constantes, pour faire circuler des courants électriques; réactifs fixateurs et conservateurs. VI. — Réactifs dissociants et durcissants ; méthodes d’inclusion ; microtomes ; montage des préparations. VII. — Etude microchimique des tissus ; aspect et réactions carac- téristiques ; méthodes d'imprégation et de coloration. Enfin, le premier fascicule est terminé par une courte notice indi- quant : d’abord, les procédés à suivre pour préparer les tissus et pour leur faire subir toute la série des traitements nécessaires à l'étude histologique; ensuite, les divers moyens de culture et d'observation des microbes. IR W.-H. CazpweLz. — Blastopore, mésoderme et segmentation méta- mérique. (Quart. Journ. of Microscop. Sc., janvier 1885.) Cet auteur paraît s'attacher à trouver une cause mécanique aux phénomènes de segmentation et de formation des feuillets blastoder- miques; il sufhira de citer ici le résumé qu il donne lui-même de ses recherches pour en présenter une idée suffisante. 4C8 REVUE SCIENTIFIQUE. Principales particularités du dévelop pement du Phoronis : 1. Le blastopore donne à la fois naissance à la bouche et à l'anus. 2. Le mésoderme est formé par une paire antérieure de diverti- cules endodermiques, une paire postérieure de diverticules ectoder- miques, alliés à quelques cellules mésodermiques dérivées du milieu de la ligne primitive. 3. Les ouvertures extérieures des organes segmentaires sont des dépendances du blastopore. BAR J. FRENzEL. — Sur quelques Grégarines nouvelles, parasites d’ani- maux marins. (Arch. f. Mik. Anat., Bd. XXIV, Hft. 4.) Ce travail, fait au Laboratoire de Naples, renferme les descriptions de types nouveaux et intéressants, Le genre Callyntrochlamys a été créé par l'auteur pour désigner les Grégarines de l'ordre des Monocystides qui présentent cette curieuse particularité d’avoir la cuticule recouverte d’un tapis serré de petits poils très fins ; l'unique espèce décrite est la Callyntrochlamys Phro- nimæ, qui habite l'estomac et l’intestin des Phronimes du golfe de Na- ples. À côté de cette forme intéressante, on peut signaler la Grega- rina Portuni de l'intestin moyen et du commencement de l'intestin postérieur des Portunus arcuatus, la Gregarina Cionz de l'intestin des Ciona intestinalis !, la Gregarina Bonelliæ de l'intestin des Bonellia viridis. Dans l’ordre des Polycystides, l’auteur crée le genre Aggre- gata, et en donne la diagnose suivante : «Plus de deux individus con- jugués et enkystés en une seule masse ; les éléments reproducteurs (en forme de faucille) se manifestent dans le kyste sans être précédés par une sporulation. » Une seule espèce de ce nouveau genre est si- gnalée, l’Aggregata Portunidarum, que l’on rencontre dans l'intestin des Portunus arcuatus et des Carcinus mœnas.Le Mémoire est terminé par les descriptions de la Gregarina Salpæ, parasite dans l'intestin des Salpa africana ; de la Gregarina Dromiæ, parasite dans l'intestin moyen et l'intestin postérieur des Dromia vulgaris; de la Gregarina Clausi, dans l’intestin des Phronimes ; de la Gregarina Nicææ, dans l'intestin des Nicæa Nilsonii ; de la Gregarina Caprellæ, dans l'intestin ! Cette grégarine, que le Dr Frenzel signale avec doute comme étant nouvelle, et que j'ai observée (Ascidies simples des côtes de Provence, in Ann. Mus. Hist. Nat. de Marseille, 1834, Il) dans la paroi branchiale et l'intestin des Ciona intes- tinalis, me parait en effet correspondre à la Monocyslis Amaræcti, Giard (Arch. 3ool. exp., 11, 1873). ZOOLOGIE. 409 des Caprelles ; et enfin de la Gregarina conformis Dies., dans l'estomac des Cancer depressus etdes Pachygrapsus marmoratus. Toutes ces es- pèces, sauf la dernière, sont nouvelles. RAR: C. CLaus. — Sur l’appareil circulatoire chez les Schizopodes et les Décapodes. (Arb. aus dem Zool. Inst. der Univ. Wien und der Zool. St. in Triest Band V, Heñt 3.) Ce travail est surtout intéressant en ce sens que l'auteur ne s’est pas attaché seulement à décrire l'appareil circulatoire des animaux adulies, mais plutôt à comparer l'appareil de la circulation des Schizopodes à celui des larves de Décapodes : on sait en effet que ces dernières se rapprochent beaucoup des Mysidiens par l'aspect exté- rieur et par la concentration peu accentuée des paires de pattes; mais ii restait à poursuivre l’étude de ces relations jusque dans les organes internes. Le cœur des Schizopodes est très allongé (le savant professeur de Vienne s'est surtout occupé de la Siriella Clausii, G.-0. Sars) ; il oc- cupe toute la région dorsale médiane de la moitié postérieure du cé- phalothorax, et pénètre jusque dans l’abdomen; il est percé, sur chaque côté, de deux ouvertures rapprochées, ovales transversale- ment. Il émet en avant un tronc volumineux, l'aorte céphalique, qui se dirige vers la région antéro-supérieure du céphalothorax, et un deuxième tronc plus petit, l'artère latérale antérieure, qui descend vers la région antéro-inférieure du céphalothorax ; à peu près vers le tiers antérieur du cœur, deux petites branches se dirigent, en avant et en bas, vers la région buccale, et, non loin de l'extrémité posté- rieure du cœur, un tronc volumineux se divise en trois branches qui se distribuent dans la région postérieure du céphalothorax et dans les appendices qu elle porte. L'extrémité postérieure de l’organe cardia- que émet, de même que la région antérieure, une grosse aorte posté- rieure, et de chaque côté une plus petite artère latérale postérieure. Chez la larve phyllosomienne des Palinurus, le cœur est petit, globuleux, placé presque au point dejonction de la masse céphalique volumineuse avec les premiers anneaux thoraciques, [l émet en avant une aorte antérieure, et de chaque côté une volumineuse artère la- térale antérieure, qui distribue denombreux rameaux à toute la masse céphalique ; l'aorte antérieure se bifurque vers la base des pédoncules oculaires, et chacune des deux branches pénètre dans le pédoncule placé de son côté. L’aorte postérieure est bien développée et envoie de nombreux rameaux daus la partie postérieure du thorax et dans 410 REVUE SCIENTIFIQUE. l'abdomen ; par contre, les deux artères latérales postérieures parais- sent assez peu développées. Enfin, une artère sternale parcourt, sur la ligne médiane ventrale, le thorax et l'abdomen entiers, en fournis- sant des branches aux trois paires de pattes-mâchoires et aux appen- dices thoraciques. Une disposition analogue, offrant pourtant quelques changements d'assez grande importance, mais insuffisante pour masquer le plan principal conforme à celui de l’appareil circulatoire des Schizopodes, existe aussi chez les larves d’autres Décapodes, tels que les Alphées, les Gebia, les Crangon, etc. CNE L. Tausca. — Recherches sur quelques Coquilles actuelles du lac Tanganyika et sur leurs analogues fossiles. (Siz. der k. Akad. der Wissensch., XC Band.) La faune du lac Tanganyika a été étudiée en partie par Woodward (en 1859), par E.-A. Smith [en 1880-1881), et par Crosse (en 1881). Tous ces travaux ont certainement contribué pour beaucoup à faire connaître la malacologie de cette « mer d’eau douce », mais aucun des auteurs précités n'a examiné la question en se plaçant au même point de vue que le D' L. Tausch: ce dernier, en effet, non-seulement décrit certaines coquilles déjà signalées et certaines autres encore ignorées, mais il compare celte faune actuelle de l'Afrique centrale à des faunes disparues, et notamment à celle des lacs qui s'étaient établis, vers la fin de la période crétacée et le commencement du tertiaire, dans le midi de la France et dans l'Autriche-Hongrie. Cette comparaison n'est pourtant pas nouvelle ; elle a été faite plusieurs fois par M. le professeur A.-F. Marion, et c'est même sur cette donnée, indiquée par mon excellent maître M. Marion, que j'ai entrepris une étude des faunes du senonien et du danien lacustres de Provence, travail ac- tuellement sous presse. (Bull. Soc. Malac. de France, 1885.) L'auteur maintient le nom générique de Pyrgulifera Meek pour les Mélanies à coquille trapue, spire déprimée, épiderme orné de costu- les et de granulations assez fortes, dernier tour ample, ouverture grandeet ovalaire, péristome entier, et un petit callus à la base du bord columellaire. Les espèces décrites comme appartenant à ce genre bien nettement limité et d'aspect très caractéristique, sont: P. humerosa Meek. Fossile. Couches de Laramie {Amérique du Nord); craie supérieure de Gsingerthal près d'Ajka [Hougrie). P. Damoni Smith. Actuelle. Lac Tanganyika. P. crassigranulata Smith. Actuelle. Lac Tanganyika. ZOOLOGIE. 411 P,. nassa Woodward. Actuelle. Lac Tanganyika. P. Pichleri Hœærnes. Fossile. Couches de Csingerthal, de Gosau, d’Abtenau, etc. P. armaia Matheron. Fossile. Couches du danien lacustre — for- mation de Rognac— à Rognac et Saint-Victoret (Bouches-du-Rhône), à Csingerthal, en Hongrie. P. glabra Hautken. Fossile. Csingerthal. P. lyra Matheron. Fossile. Senonien supérieur d'eau saumäâtre du Plan d'Aups, des Martigues, de Valdonne, dans les Bouches-du- Rhône; craie supérieure de Csingerthal. P. sitriata Tausch. Fossile. Csingerthal. P. Rickeri Tausch. Fossile. Csingerthal. P. Ajkaensis Tausch. Fossile. Csingerthal. Ce travail est terminé par la description de deux espèces apparte- nant au genre Fascinella de Stache; l’une de ces espèces, la F. eoce- nica Stache, est fossile dans les couches de Cosina; l’autre, la F. la- custris Smith, vit actuellement dans le lac Tanganyika. ER Arnold Laxc. — Les Polycladées du golfe de Naples. (Fauna und Flora des Golfes von Neapel herausgeg. von der Zool. St. zu Neapel, 2? volumes; Leipzig, 1884.) Cet ouvrage, qui ne comprend pas moins de 688 pages et de 36 planches in-4°, est la onzième des monographies publiées par le Labo- ratoire de Naples sur les êtres marins qui habitent les côtes du sud de l’talie. Le travail de M. Lang est consacré à la fois à l'anatomie, lhistologie, l'embryogénie, et à la faune des Polycladées du golfe de Naples. L'auteur commence par exposer la division des Turbellariés [les Némertiens ou Rhyncocæles étant mis à part) en trois groupes : les Polycladées, qui correspondent aux Dendrocæles digonopores ; les Tricladées, qui ne sont autres que les Dendrocæles monogonopores ; et les Rhabdocæles. Il passe ensuite à l'examen détaillé de tous les mémoires publiés avant le sien sur le sujet dont il s'occupe, et les ré- partit en quatre époques successives : la première, de Strom (1768) et O.-F. Müller (1774), à Mertens (1832); la seconde, de Mertens (1832) à De Quatrefages {1845); la troisième, de De Quatrefages (1845) à Ke- ferstein (1868); et la quatrième, de Keferstein (1868) à Graff (1882). 11 a trouvé ainsi un total de 153 ouvrages consacrés à l'étude du groupe qu'il a travaillé. La première partie renferme l'anatomie et l'histologie des Polycla- 41? REVUE SCIENTIFIQUE . dées ; elle ne comprend pas moins de 300 pages, et il est certes im- possible d’en donner un examen approfondi, quelle que soit la briè- veté de ce dernier ; il suffira de signaler quelques-uns des faits les plus importants. Au point de vue histologique, l’épiderme ou l’ecto- derme est très compliqué; ses éléments sont reliés les uns aux autres par une substance instertitielle parfois assez épaisse et douée d'une certaine consistance ; parmi ces éléments, on remarque des cellules d'épithélium cylindrique munies de cils vibratiles, des cellules pig- mentaires, des cellules contenant de petits corps allongés en fuseau ou rhabdiles, des cellules à nématocystes et des cellules à mucus; cette couche épithéliale est supportée par une basale souvent très épaisse. La musculature consiste en une mince couche externe à fibres longi- tudinales, une mince couche interne à fibres transversales, et une troisième couche plus épaisse nommée couche musculaire dorso-ven- trale à cause de sa situation ; dans cette dernière zone, chez la Plano- cera Graffii, on observe des éléments particuliers, formés d’une cel- lule musculaire lisse, ramifiée, et munie d’un noyau volumineux sail- lant fortement en dehors de la cellule. La cavité générale est obstruée par un parenchyme contenant quel- ques fibres musculaires; ce parenchyme renferme de petits éléments allongés e! recourbés, pourvus d'un petit noyau; les cellules propres du parenchyme se rapprochent parfois assez les unes des autres pour former un tissu compact, sans substance fondamentale abondante. Le tube digestif est ensuite l'objet d’un examen très détaillé portant sur tous les genres que l'auteur a eus entre les mains; il en est de même pour le système nerveux. Les gros nerfs consistent en masses pleines formées par des fibres non pas tout à fait parallèles, mais fai- blement obliques les unes aux autres et rangées en un réseau à mailles très allongées dans le sens de la longueur du nerf; au milieu des fibres sont placées des cellules ganglionnaires à paroi mince, protoplasme granuleux, et renfermant un ou.parfois deux noyaux très gros et plus facilement colorables que le reste de la cellule. Ces élé- ments nerveux sont généralement bipolaires, les deux prolongements étant placés à l’opposite l’un de l’autre ; il en est pourtant, et en assez grand nombre, de tri ou quadripolaires; certains même possèdent jusqu à cinq prolongements. Dans les petits rameaux nerveux, les fibres sont parallèles et les éléments figurés représentés assez souvent par les noyaux seuls ; les ganglions cérébraux consistent en un plexus de fibres nerveuses contenant des cellules ganglionnaires rassemblées en flots peu condensés et nettement limités par une membrane très apparente. Comme organes sensitifs, il importe de signaler des élé- 20 :LOGIE. 413 ments à fonctions problématiques, mais doués, selon toute probabi- lité, de percevoir des sensations; ces éléments, placés dans la couche épithéliale des tentacules, consistent en cellules isolées, de forme triangulaire, à large surface externe et sommet pénétrant entre les autres cellules épithéliales, renfermant un noyau assez gros, et por- tant une sorte de plateau peu nettement limité et muni de nombreux cils allongés; l’auteur n’a pas vu sices éléments sont en relation avec des rameaux nerveux. La structure des yeux est remarquable ; le rameau nerveux se subdivise dans chaque ocelle en plusieurs pe- tits faisceaux qui se rendent chacun à une cellule jouant le rôle d'élé- ment rétinien; ces cellules rétiniennes, à peu près rectangulaires et régulièrement placées côte à côte, portent un bâtonnet allongé, d’as- pect homogène, tandis que la cellule contient un protoplasme granu- leux et un noyau très apparent ; ces bâtonnets, également rangés côte à côte avec une certaine régularité , supportent la cupule pigmentaire de l'œil. Cette cupule paraît n'être formée que par une seule cellule, à protoplasme chargé de pigment choroïdien, puisqu'on retrouve en dehors un noyau unique accompagné d une fine membrane qui s'étale sur toute la face externe de la cupule. L'auteur passe ensuite à l'étude des organes sexuels, et, comme pour le tube digestif, examine presque chaque espèce et chaque genre les uns après les autres. Il est curieux à ce sujet de noter les diverses formes de spermatozoïdes que l'on observe chez les Polycladées ; cer- tains sont allongés en fuseau et n'ont pas de renflement céphalique (Cryptocelis alba, Stylochus neapolilanus) ; certains autres, toujours très allongés, s’élargissent peu à peu jusqu'à leur extrémité antérieure qui porte deux cils longs et fins recourbés en arrière (Stylostomum varia- bile); d'autres enfin sont courts, trapus et munis d’une tête volu- mineuse (Cesltoplana rubrocincia). L'auteur n'insiste pas trop sur le mode de développement des spermatozoïdes, et signale seulement des cellules-mères munies des éléments endogènes caractéristiques. Il n’en est pas tout à fait de même pour la formation des ovules, dont on peut suivre pas à pas tous les divers stades de genèse, et qui, du reste, ne montrent rien de bien en dehors des phénomènes déjà observés, puisqu'ils cousistent presque en une seule eroissance d’éléments cel: lulaires empruntés au parenchyme. La deuxième partie est consacrée au développementembryogénique, à l’ontogénie, pour employer l'expression choisie par Lang, des Poly- cladées ; elle renferme nombre de résultats importants et originaux, en ce sens que l’évolution de certains types est suivie depuis l'œuf fécondé jusqu’à l'animal parfait. L’embryogénie est très condensée ; £ 5 3e sér., ton. 1v 29 414 REVUE SCIENTIFIQUE l'œuf, chargé de vitellus nutritif, se segmente d'abord en deux, puis en quatre segments de taille à peu près égale ; mais ensuite le vitellus évolutif se concentre en majeure partie dans certaines balles qui se divisent et se multiplient beaucoup plus vite que les autres. Il se pro- duit ainsi deux couches: l’une, formée de petites cellules croissant avec rapidité, et l’autre, constituée par de gros segments peu nom- breux chargés de vitellus nutritif ; ces derniers donneront naissance à l’endoderme, tandis que la première couche sera le voint de départ de l'ectoderme et du mésoderme. Gelle-ci tend à envelopper de toutes parts lessphères endodermiques, et, à mesure que cet envahissement se produit, certaines des cellules placées sur le bord même de la cou- che sont dépassées par les autres qui se posent au-dessus d'elles ; ainsi intercalées entre la zone externe qui sera l’ectoderme, et la zone interne des gros éléments endodermiques, ces cellules continueront à croître et à se multiplier, pour donner naissance au mésoderme ; celui-ci aurait donc la même origine que l’ectoderme. Les larves sont alors, à ce stade, entièrement constituées ; leur ec- toderme se couvre de cils vibratiles qui leur permettent de nager, et, en augmentant de taille, elles consomment une partie de leur vitellus nutritif endodermique ; des yeux apparaissent, et aussi des prolonge- ments de la paroi du corps, en forme de tentacules, qui leur donnent un aspect singulier déjà signalé par d'anciens observateurs (larves errantes de Siylochus luteus, Thysanozoon Brocchii, FYungia auran- tiaca, etc.). Ensuite, les sphères endodermiques, qui se sont sub- divisées, se groupent en amas ramifiés qui indiquent la place des diverticules intestinaux ; un refoulement ectodermique donne nais- sance à la bouche et au pharynx; l'adulte est alors vresque entière- ment formé. La troisième partie est consacrée à la faune. L'auteur divise les Polycladées en Cotylés et Arcotylés suivant qu'ils possèdent ou ne possèdent pas de ventouse; la tribu des Acotylés renferme les fa- milles des Planocéridées, des Leptoplanidées et des Cestoplanidées ; la tribu des Cotylés contient les familles des Anonymidées, des Pseu- docéridées, des Euryleptidées et des Prosthiostomidées. Dans la famille des Planocéridées, le genre Planocera est représenté à Naples par neuf espèces, dont trois nouvelles {P. villosa, P. papillosa, P. insignis) ; le genre Imogine par une espèce ; le nouveau genre Cono- ceros par une espèce (C. conoceraeus Schmarda) ; le genre Stylochus par trois espèces, dont une nouvelle {S. Plessisii) ; le genre Stylocho- plana par deux espèces, dont une nouvelle {S. agülis). Dans la famille des Leptoplanidées, le genre Discocælis renferme à Naples une seule ZOOLOGIE. 415 espèce; le nouveau genre Cryptocælis deux espèces (C. alba, C. com- pacta) ; le genre Leptoplana quatre espèces, dont une nouvelle (L.vitrea); le nouveau genre Trigonoporus une espèce (T. cephalophthalmus). Dans la famille des Cestoplanidées, le genre nouveau Cestoplana se mani- feste à Naples par deux espères, dont l’une était déjà décrite sous un autre nom (C. rubrocincia Grube), et l’autre est nouvelle (C. fara- glionensis). La nouvelle famille des Anonymidées ne contient que le nouveau genre Anonymus, qui ne montre à Naples qu’une seule espèce (4. vi- rilis). Dans la famille des Pseudocéridées, le genre Thysanozoon est représenté à Naples par une seule espèce, le T. Brochü bien connu ; le nouveau genre Pseudoceros renferme trois espèces, dont l’une est déjà décrite (P. velutinus Blanchard), et les deux autres sont nouvelles (P. superbus, P. maximus) ; le nouveau genre Yungia ne contient que l’Y. aurantiaca de Delle Chiaje. Dans la famille des Euryleptidées, le genre Prosthecereus est représenté à Naples par sept espèces, dont six nouvelles (P. albocinctus, P. Giesbrechtii, P. pseudolimax, P. Moseleyi, P. rubropunctatus, P. roseus) ; le nouveau genre Cycloporus par une seule espèce (C. papillosus) ; le genre Eurylepta par deux espèces, dont une nouvelle {£. Lobianchii) ; le nouveau genre Oliglocadus par deux espèces déjà décrites sous d’autres noms, l'O. sanguinolentus Quatre- fages et l'O. auritus Claparède ; le nouveau genre Stylostomum par une seule espèce {S. variabile) ; le nouveau genre Aceros par une seule (4. inconspicuus). Dans la famille des Prosthiostomidées, le genre Pro- sihiosiomum renferme à Naples deux espèces, dont une nouvelle (P. Dohrnii). be plus, l'auteur rappelle les caractères de toutes les espèces de Po- lycladées recueillies en divers points du globe, et il trouve un total de 226 espèces signalées, y compris celles qu'il a trouvées sur les côtes méridionales de l'Italie. La quatrième partie est consacrée à la répartition géographique des Polycladées et aux diverses particularités de régénération des parties mutilées, de parasitisme, etc., que peuvent offrir ces animaux. Enfin, dans la cinquième et dernière partie, l’auteur établit la phy- logénie des Polycladées, qu'il rattache aux Cœlentérés, et notamment aux Ciénophores, par l'entremise de la Cæloplana, décrite par Kowa- levsky. [1 importe d'ajouter ici que les démonstrations faites par l’auieur pour édifier sa théorie portent de préférence sur les rapports anatomiques et qu’il u accorde pas une grande importance à l’em- bryogénie; pourtant, les Polycladées sont des animaux à trois feuillets, dont les éléments mésodermiques apparaissent dès les premiers sta- 416 REVUE SCIENTIFIQUE. des de segmentation de l'ovule, tandis que les Cténophores sont de vrais Cælentérés dont l’orgarisme ne se constitue qu'avec deux feuillets blastodermiques ; les rapports signalés par l’au‘eur ne se- raient donc que des analogies, mais non pas des homologies réelles. (Voir, pour la question du mésoderme des Cœlentérés, le travail de MM. Kowalesky et Marion: Documents pour l'histoire embryo- génique des Alcyonaires, dans nn. Mus. d'Hist. nat. de Marseille, I, 1883-84.) Le texte de cet ouvrage est accompagné par 36 planches dont 9 en couleur, qui ne laissent rien à désirer sous le rapport du fini de l'exécution ; de plus, dans le texte même, de nombreux schemas com- plètent dignement ce Mémoire, qui fera, à coup sûr, époque dans l’histoire des recherches sur les Turbellariés. ROIS J.-V. Carus.—Prodromus Faunæ mediterraneæ, sive descriptio ani- malium maris Mediterranei incolarum (Stuttgart, 1884). Il suffira de signaler ce livre, qui est appelé à rendre de grands ser- vices aux zoologistes établis dans des stations marines ; M. Carus, le savant professeur de Leipzig, s’est en effet attaché à rassembler dans son ouvrage toutes les descriptions spécifiques éparses dans les mé- moires originaux, et à grouper ces descriptions, écrites en latin, sui- vant leur ordre zoologique. Le fascicule [, qui vient de paraître, ren- ferme les Cœlentérés (sauf les Éponges|, les Échinodermes et les Vers. R. L. Botanique. Sur le genre Remijia D C. et l’Écorce de Quinquina cuprea !. 1e Vers 1870, le commerce introduisit en Europe des écorces offrant quelque analogie avec les vraies écorces de quinquina, mais s’en dis- tinguant par quelques particularités de structure. M. Hesse fit leur analyse et y retrouva la quinine; M. Flückiger leur donna le nomde i Une partie des renseignements que renferme cette Notice ont été puisés dans un remarquable article publié par M. G. Planchon dans Journ. de Pharm. et de Chim. (5), X, 329 et 419, 1884. BOTANIQUE. 417 Quinquina cuprea (China cuprea), à cause de la teinte mate et cuivreuse de leur surface ; il montra que les caractères de leur structure anato- mique les rapprochaient plutôt des Cascarilla que des Cinchona vrais. Ces écorces arrivèrent d’abord par Bucaramanga dans l’état de Santander; plus tard, ilen vint par le Méta, le Guaviare, le Papamène; de là deux sortes commerciales : 1° les Quinquina cuprea du Nord, ré- coltés au nord de Bogota, dans les montagnes de la Paz, chaînon détaché du rameaux oriental des Cordillères de Colombie ; et 2° les Quinquina cuprea du Sud ou des Llanos, récoltés surtout au sud de Bogota, sur le versant est de la Cordillère orientale. M. Triana, ayant cherché (1882) à déterminer l'origine botanique de ces écorces, les attribua à diverses espèces du genre Remijia, créé par De Candolle pour des Cinchonées à capsule s’ouvrant de haut en bas. Il admit que le Guprea du Sud était fournipar le Remijia peduncu- lata, tandis que le Cuprea du Nord avait pour plante mère le R. Pur- dieana, et que cette dernière espèce, croissant dans des localités et à des altitudes différentes, produisait en même temps une écorce toute différente de la première et que l'on trouve mêlée parfois au Cuprea vrai. Cette écorce a fourni à M. Arnaud (1881) un alcaloïde nouveau, la Cinchonamine, mais elle ne renferme pas de quinine. M. G. Planchon (1882), ayant repris l'étude de la question, put, en se basant sur la structure anatomique, confirmer les données de M. Triana en ce qui concerne le Cuprea du Sud ; mais il montra que les caractères micrographiques du Cuprea du Nord devaient lui faire attribuer la même origine qu’au précédent, tandis qu'ils l’éloignaient de l'écorce à Cinchonamine !. M. Triana arriva plus tard à la même conclusion, grâce aux renseignements qu'il obtint sur le véritable lieu d’origine des quinquina à Cinchonamine que l'on récolte, non pas dans la province de Santander, patrie du Quinquina cuprea, mais dans la province d’Antioquia, située plus au Sud. On admit dès lors que tous les Quinquina cuprea étaient des écorces du Remijia pedunculata, tandis que le R. Purdieana fournissait seulement l'écorce à Cinchona- mine. M. H. Karsten, qui à la suite d’un voyage en Colombie a publié, en 1859, une Flore de cette contrée, a, dans un travail récent, apporté, pour la solution de la question, des éléments nouveaux quiconfirment sur Certains points Les données précédentes, mais qui jettent encore ‘ L'étude micrographique des Quinquina cuprea et de l'écorce à cinchonamine a été complétée par M. Charropin (in Thèse de l’École sup. de Pharm. de Paris, 1883). 418 REVUE SCIENTIFIQUE. quelque doute sur la réalité de l'origine botanique admi-e pour le Quin- quina cuprea. Le Mémoire de M. Karsten renferme en outre, sur la systématique des Cinchonées, des vues originales qui, grâce à la com- pétence indiscutable de l’auteur, méritent d’être prises en considéra- tion. Nous avons en conséquence pensé qu’il y avait un réel intérêt à donner une traduction presque intégrale de ce travail. IE. Cincuona L. ET Remtsia DC., par M. H. KarsrTen !. Les espèces auxquelleson a attribué l'origine des Quinquina cuprea devraient être considérées, d’après les auteurs qui les ont étudiées d'une manière spéciale, et en particulier par MM. Triana et Flückiger, comme appartenant à un genre différent du genre Cinchona L., le genre Remijia DC. Il résulterait de ce fait que la quinine ne serait pas exclusivement contenue dans les écarces des Cinchona, ce qui assurément ne saurait causer beaucoup de surprise. d'autres produits de sécrétion d'ailleurs caractéristiques se rencontrant parfois dans plusieurs genres et même dans plusieurs familles différentes. Mais il faut se demander d’abord si les Cinchonées, que l’on considère comme la source du Quinquina cuprea, possèdent des différences morpholo- giques telles que l'on puisse, avec De Candolle, les considérer comme constituant un genre propre. J'ai déjà à ce sujet émis mon opinion dans la Flora Columbiæ, 1859, (vingt années par conséquent avant que fût soulevée la question des Remijia). À propos de la description du Cinchona macrophylla Karst., je m'exprimais ainsi: «A cause de la situation des inflorescences à l'aisselle des feuilles et de la déhiscence des capsules en deux valves à partir du sommet, cette espèce devrait être rangée dans le genre Remijia DC., et cela quoique ces deux caractères ne se retrouvent pas chez desespècesde Cinchonées connues, par exemple les inflorescences axillaires chez C. lancifolia Mut., C. Barbacoënsis Karst. et C. peduncu- lata Karst., la déhiscence des capsules chez les C. heterocarpa Karst. et C. macrocarpa Vahl.» Grâce à la disposition des feuilles par verti- cilles trimères et à la forme particulière de l'inflorescence (en pani- cule), le C. macrophylla et les espèces voisines rattachées au G. Remu- jia par De Candolle possèdent une physionomie quelque peu ditfé- rente de celles des autres espèces Ce Cinchona, mais qui cependant ne justifie pas une séparation générique.On doit plutôt regarder le genre 1 Archiv der Pharmacie. Iéna, Bd. 22, 1884. BOTANIQUE. 419 Remijia DC. comme formant un groupe secondaire dans la section Ladenbergia du grand genre Cinchona, et comme jouant par conséquent un rôle équivalent de celui que joue le groupe Kinakina dans la sec- tion Quinquina. Je ne puis aujourd’hui, moins que jamais, abandonner cette opi- nion sur la place des Remnijia dans la classification; je l’ai déjà expri- mée d’ailleurs dans ma Botanique médico-pharmaceutique! à propos du groupement des espèces du genre Cinchona, tel que je l'admets ; l’ordre que j'y ai adopté est le suivant. Cixcuoxa (L.) Karsr. 1.— Quivquina Cond. : capsule déhiscente à partir de la base, les valves restant unies dans leur moitié supérieure ; inflorescence ter- minale en fausse ombelle ; fleurs pentamères. 1. Kinakina Adans.: fleurs petites ; corolle à limbe cilié ; feuilles de dimensions plutôt exiguës, pourvues de fossettes glandulaires ; capsules petites. 2. Muzonia Wedd. : fleurs grandes ; corolle glabre; feuilles gran- des, herbacées, dépourvues de glandes. Î1.— Hererasca Karst. : capsule déhiscente indifféremment à par- tir de la base ou du sommet ; inflorescences comme dars le genre précédent. IT. — LanenBerGrA (Kl.) Karst. char. ext. : capsule déhiscente à partir du sommet; feuilles grandes, dépourvues de glandes ; corolle glabre. 1. Remijia DC. : fleurs petites, pentamères, réunies fréquemment en fausses ombelles axillaires, longuement pédonculées, interrom- pues et formant des panicules à branches courtes : arbrisseaux et ar- bustes. 2. Cascarilla End. : fleurs grandes, pentamères, coriaces, à odeur suave, rappelant la fleur d'oranger ; inflorescence, le plus souvent en fausse ombeile terminale ; arbres. 3 Buena Pohl. : fleurs grandes, penta-hexamères, coriaces ; inflo- rescence, le plus souvent en fausse ombelle terminale ; arbres. Il résulte de ce qui précède qu'une seule différence sépare le genre Cinchona L. du genre Remijia DC. : l'axe principal de l'inflorescence, toujours axillaire, s’allonge chez les Remijia, de manière à donner 1 Pharmaceutischen-medicinischen Botanik., Berlin, 1883. 420 REVUE SCIENTIFIQUE. naissance à une sorte de panicule, tandis que l'inflorescence chez tous les autres Cinchona forme une fausse ombelle composée, Le plus souvent terminale. Les deux formes ne sont pas d’ailleurs absolument tranchées ; elles sont reliées par de nombreux passages. Des cas ana- logues se présentent dans d’autres groupes de végétaux, sans donner lieu pourtant à des distinctions génériques. Combien de nouveaux genres ne devrait-on pas créer si l'allongement plus ou moins consi- dérable de l’axe principal de l’inflorescence devait être considéré comme un critérium suffisant pour distinguer des types génériques dans des groupes aussi homogènes que les genres Juncus, Luzula, Ornithogalum, Trifolium, Glycyrrhiza, Valeriana, etc.? Flüvkiger (Pharmakognosie, pag. 497, note 5), croit devoir considé- rer comme un caractère distinctif du genre Remijia la forme campa- nulée ou mieux turbinée du calice, ainsi que la présence d’un disque glanduleux, caractères qui se retrouvent chez tous les Cinchona ; il pense aussi, à tort, devoir réunir, avec Bentham et Hooker, aux Re- mijia le Cinchona primatostylis Karst. (Flora Columb., PI. VIT), « à cause de son inflorescence en panicule terminale ». Mais cette forme de l'inflorescence du C. primatostylis intermédiaire entre la fausse ombelle terminale et la panicule axillaire montre seulement que de telles variations ne peuvent constituer un caractère générique sé- rieux. C’est par erreur d’ailleurs que l'on a attribué à l'espèce qui nous occupe tous les caractères du Remijia. Non seulement elle ne possède pas de panicule axillaire, mais encore son port élevé, ses grandes fleurs odorantes et ses fruits allongés ne permettent en aucune facon de la confondre avec les Remijia à port d’arbrisseau, à fleurs et fruits peu développés. Le Cinchona primatostylis doit donc toujours être considéré comme un Cinchona de la section Landenbergia. Nous conclurons en affirmant que, puisque entre la panicule axil- laire des Remijia DC. et la fausse ombelle terminale des Cinhonal. il y a tous les passages, il faut d’une part rétablir le genre Remi- :ia dans ses premières limites, et d'autre part, conformément à l’opi- nion de ceux qui en ont les premiers découvert les espèces, le réunir au genre Cinchona. Ce rapprochement paraît d'autant plus juste si l’on prend en considération la présence de la Quinine dans une espèce de Remijia. Mais il y a lieu de rechercher maintenant quelles sont les relations du Cinchona pedunculata Karst. (Remijia pedunculata Triana), que l’on a regardé comme la plante mère du Quinquina cuprea. Et d'abord cette espèce, regardée par Triana comme un Remijia, BOTANIQUE. 421 n'appartient pas en réalité à ce dernier groupe, car elle possède, non pas une panicule, mais une inflorescence en fausse ombelle et n'offre d'ailleurs aucune ressemblance avec les Remijia. Il faut la ranger dans la section Heterasca Karst., qui renferme les espèces dont les fruits s'ouvrent indifféremment à partir de la base et à partir du sommet, Flückiger considère, avec Triana, le C. pedunculata, qui est arbo- rescent, comme très semblable au C. Purdieana, qui possède le port d'un arbrisseau ; il voit si peu de différence entre les deux espèces, qu’il estobligé,pour les distinguer, d’invoquer (Pharmakogn., pag.499; les caractères suivants, empruntés à Triana : « Calice à dents beau- coup plus longues que le tube, étroites, presque linéaires; stipules aiguës, lancéolées ; capsule plus grêle que celle du Remijia peduncu- lata ; les dents calicinales courtes de cette dernière espèce sont ar- rondies, triangulaires; les stipules sont larges, ovales et obtuses. » De si minutieux détails ne sont pas nécessaires pour distinguer deux espèces à première vue si différentes par leur portet la forme de leur inflorescence. L'emploi, au Brésil, de diverses écorces de Remijia comme fébrifu- ges avait fait présumer que ces écorces pouvaient renfermer des al- caloïdes. Les recherches de Flückiger! ont résolu affirmativement cette question, au moins en ce qui concerne les écorces de Quinquina cuprea apportées par le commerce. Mais on n'a pas malheureusement encore déterminé d'une manière certaine la plante mère des écorces du commerce. Celles-ci, d'après les conclusions de Flückiger, dériveraient de deux espèces différentes de Cinchona Karst. appartenant aux sections Remi- jia et Heterasca ; le C. pedunculaia, regardé en effet par Triana comme ! Les résultats obtenus par M. Fiückiger ont été confirmés par les recherches de M. Arnaud (Journ. de Pharm. ct de Chim. (5), V, 352 et VI, 89, 1882. Cet auteur a trouvé dans des écorces de Bucaramanga (Quinq. cuprea du Nord): Qumnesiosnoonu bob OR EAMMIODMp AC: QumdineRECEs cree ect 0.36 à 0.57 — CINCHONNEM RER eee 0.45 à 0.60 — Les écorces de Lianos (Quinq. cuprea du Sud) lui ont fourni : OUEST Eten r 0AOMS RTS 5 pe renviron: Ouinidine Me SUN MIO — Cinchonine tn 1." 0-65mMam0:994— — On voit que, à l'exception de la cinchonidine, les écorces de Quinquina cuprea renferment les principaux alcaloïdes des quinquinas vrais. (Trad.) 429 REVUE SCIENTIFIQUE. un Remijia, n'appartient pas, nous l'avons vu, à ce groupe, et le C. Purdieana Karst. (Rem. Purdieana Wedd.) est bien un Remijia. Le C. Purdieana, qui, comme l'a observé Triana, fournit une écorce souvent mêlée au Quinquina cuprea, et qui, d'après Arnaud, renferme ur alcaloïde spécial, la Cinchonamine, croît, comme toutes les espè- ces appartenant au groupe des Remijia, dans les régions tropicales peu élevées et chaudes. L’assertion de Flückiger, qui admet que cette plante est aussi la plante mère du Quinquina cuprea renfermant de la quinine, n'est pas en harmonie avec ce fait, affirmé par le même auteur, à savoir : que le meilleur Cuprea serait recueilli, d'après les observations de Robbins, à une altitude supérieure à 2,200 pieds et pouvant atteindre jusqu'à 4,200 pieds. Il est fort difficile de trou- ver encore à cette altitude un Cinchona de la division Remijia; par suite, il n’est pas vraisemblable que les écorces de Cuprea dérivent du C. Purdieana, en même temps que les écorces à Cinchonamine. Si le fait contraire était admis, il faudrait aussi admettre que les différences de structure anatomique et de constitution chimique qui distinguent les écorces de Cuprea des écorces à cinchonamine sont simplement produites par des différences de station et de conditions climetériques, ce qui n'est pas probablet. Flückiger regarde aussi comme plante mère du Quinquina cuprea le C. pedunculata Karst. (Rem. pedunculata Triana). Le C. pedunculata a été découvert par moi à une altitude d'environ 1,000 mèt. au-dessus du niveau de la mer, au cours d'une excursion qne je fis, accompagné de Triana, sur le versant oriental de la Cordillère, près de Bogota. Triana, à qui je montrai cet arbre hautde 4-5 mètr., n'avait pas encore rencontré cette espèce ; 1l ne l’avait, pas plus que moi, trouvée dans les montagnes de Bucaramanga sous 3° lat. Nord. D’autres excur- sions que je fis sur le versant oriental de la Cordillère, au nord et au sud de Bogota, ne me la firent pas retrouver ; je ne la rencontrai pas davantage pendant les courses que je fis à travers les montagnes qui entourent Bucaramanga. Cela ne prouve pas d’ailleurs que cette espèce ne puisse exister dans les localités que je n’ai pas abordées ; je puis tout au moins la considérer comme une plante peu commune dans les régions de la Nouvelle-Grenade que j'ai visitées. Or,c'’est précisément des régions basses de l'Orénoque et de l’Amazone, au sud-ouest de ‘ Rappelons, en passant, que MM. G. Planchon et Triana sont arrivés à la même conclusion en se basant, le premier sur l'étude de la structure anatomique des écorces, le second sur des renseignements nouveaux recueillis par lui sur l'origine géographique du quinquina à cinchonamine, (Trad.) BOTANIQUE. 423 Bogota, ainsi que de Bucaramanga, que proviendraient, d’après les renseignements recueillis par Triana, les quantités considérables de Quinquina cuprea apportées par le commerce. C'est de ces mêmes résions, basses et chaudes, que le même savant aurait réussi à se faire envoyer les échantillons complets qui lui permirent d'attribuer (malgré certaines différences) au C pedunculata la source du Quinquina cuprea. Comme on le voit, l'origine des écorces de Quinquina cuprea n est pas encore connue d'une manière certaine. {TL Du travail de M. Karsten et des données que nos avons réunies au début de cette Note, nous pouvons déduire les conclusions suivantes: I. Le genre Cinchona L., tel qu'on l’admet généralement, diffère assez peu des genres voisins Cascarilla, Ladenbergia, Remijia, pour qu’il soit légitime de les réunir en un seul groupe générique : le ca- ractère de la déhiscence des capsules, sur lequel est surtout basée leur séparation, n'offre pas une valeur absolue, puisque dans un certain nombre d'espèces réunies par M. Karsten dans la section Heterasca, la déhiscence se fait indifféremment par le sommet ou par la base du fruit ; les autres caractères distinctifs ne portent que sur des variations légères dans la forme de l'inflorescence, la forme et la dimension des diverses parties de la fleur, le port, etc. IT. Le Remijia pedunculata Triana, auquel on a attribué l’origine des Quinquina cuprea du commerce, n'est pas un Remijia; il doit être rattaché à la section Heterasca à cause de la déhiscence indifférente de ses capsules, de son inflorescence en fausse ombelle et de son port, tous caractères qui le séparent des Remijia. Il en est de même du Cinchona primatostylis Karst., que son port, la forme de ses fleurs et de ses fruits éloignent de la section Remijia ; son inflorescence en pa- nicule terminale peut le faire considérer comme reliant la section Cascarilla, à laquelle il se rapporte, à la section Remijia. III. L'écorce de quinquina à Cinchonamine est seule produite par le Cinchona (Remijia) Purdieana Karst. Les diverses écorces de Quin- quina cuprea renfermant de la quinine peuvent être attribuées au Cinchona (Heterasca) pedunculata Karst., avec quelque doute toutefois, puisque si, d’une part, la comparaison de la structure microscopique des écorces du commerce avec celle des échantillons du végétal reçus par M. Triana paraît plaider en faveur de l’affirmative, d'autre part la rareté relative du Cinchona pedunculata, constatée par M.Karsten, dans 424 REVUE SCIENTIFIQUE. les régions d’où proviennent les Guprea du commerce, semble devoir faire admettre la négative. Fr. Gay. BIEL TO GEABIEPPE Le Phylloxera du Chêne et le Phylloxera de la Vigne ; études d’ento- mologie agricole ; par BaLgranI. Paris, Gauthier-Villars, imprmeur, 1884. Le travail de l'éminent professeur du Collège de France, attendu depuis longtemps, vient de nous parvenir, grâce à la courtoisie de l’auteur, et nous l'avons lu avec toute l'attention que mérite le nom du savant qui étudie admirablement dans son cabinet, mais nous pa- raît s'occuper beaucoup moins de la biologie en liberté et surtout de la lecture des auteurs qui, avant lui,ont décrit le Phylloxera du chène. C’est ainsi que tout d’abord il nous paraîtavoir donné un nom er- roné à son insecte en l'appelant Phylloxera Quercüs Boyer de Fons- colombe, car, s'il avait lu la description de Boyer, il aurait vu que l'auteur dit: « L'insecte parfait ailé a quatre petites épines noires placées horizontalement sur la tête » (Ann. Soc. entom. de France, 1834, pag. 223); or, ces épines paraissent manquer à l’espèce que décri: M. Balbiani, au moins il n'en parle pas et ne les figure pas. La figure de Boyer, quoique assez médiocre, les indique, et elle date de plus de cinquante ans. Heyden, qui décrit une seconde espèce en 1837, qu’il appelle P.coc- cinea, nous met en garde contre toute confusion avec le P. Quercüs, en disant : « P. Quercüs kann übrigens meine Vacuna coccinea nicht wohl da das volkiommen Insekt auf Kopfu. Holsschild dornen sein haben soll ». Hartig en 1841, Kaltenbach en 1843, donnent des figures de l'aile et de l'antenne de l’insecte; malheureusement, n'ayant probablement pas lu jusqu’au bout la note de Heyden, ils font du coccinea un syno- nyme de Quercüs. A leur suite et sans vérifier, Passerini en 1863, Signorel en 1867 et 1869, Lichtenstein en 1878, copient servilement Kaltenbach sans remonter à la source et mettent coccinea comme synonyme à Quer- cüûs. M. Signoret s aperçoit de sa méprise en 1874, et le dit dans les Ann. de la Soc. ent., pag. 240, en restituant le nom de Phyll. coccinea à l’espèce du Nord; il ajoute : Je sais très bien que j’ai confondu les deux espèces ; ce n’est pas une raison pour que d'autres le répètent. BIBLIOGRAPHIE. 425 Targioni, dans son magnifique travail: Della malattia del Pidoc- chio nella vite, sépare au contraire nettement sept espèces qu'il a réduites plus tard à six. Sauf Passerini, tous les ouvrages que nous ve- nons de citer sont accompagnés de planches, et nous ne comprenons pas pourquoi M. Balbiani dit d'abord qu'on ne possède pas de signes représentant la succession des formes du Phylloxera du chêne quand il en existe depuis longtemps ; pourquoi il met en note que son Phyl- loxera Quercüs est celui de Signoret, Leuckart, Claus {il aurait pu ajouter Hartig, Kaltenbach, Passerini, Lichtenstein). Si ce n'est pas celui de Boyer de Fonscolombe, qui est l'auteur du genre et de l'es- pèce, il ne fallait pas adopter ce nom. C'est évident : si tous les au- teurs ci-dessus se sont trompés jusqu'en 1878, en faisant du Quercüs un synonyme de coccineu, il fallait, en 1884, faire précéder un travail magistral, comme celui qui nous occupe, d’une courte revision des espèces, non pas en copiant ceux qui se sont trompés, mais en remon- tant à Heyden et à Boyer et en donnant son vrai nom à l’insecte dé- crit. Ge vrai nom, c'est coccinea et non pas Quercüs. Passons à la biologie. Ici les auteurs qui s’en sont le plus occupés sont : MM. Targioni et Lichtenstein. M. Balbiani ne les nomme même pas, et cependant ils ont l’un et l'autre suivi le développement du Phyll. Quercüs et du Ph. florentina, et chez ces deux espèces ils ont si- gualé la présence d'une forme ailée qui manquerait à M. Balbiani : c'est celle qui, au mois de mai, quitte les chènes verts pour aller sur les chênes blancs. M. Balbiani la connaît bien pourtant, car 1l l’a ob- servée à Montpellier et en a parlé dans ses ouvrages précédents, en la nommant même, si nous ne faisons pas erreur, Ph. Lichtensteinii. Nous nous demandons comment M. Balbiani n’a pas été frappé de l’absence de cette forme aïlée, pondant des petits à rostre et non pas des sexués sans rostre, comme son Phylloxera de Paris. Cela seul aurait dù le mettre en garde et lui indiquer que ce n'était pas le Ph. Quercüs de Boyer qu'il avait sous les yeux, puisque le savant d'Aix indique les deux habitai (chêne vert et chêne blanc), tandis que Heyden ne parle pas de migration et voit, tout comme M. Balbiami, le Ph. coccinea pondre sous les feuilles du chêne blanc des œufs {les pupes de Lichtenstein) d’une certaine grosseur et pas plus d’une dou- zaine. Ces différences biologiques amènent une certaine modification entre les divers stages de la vie, tels que les donne M. Balbiani ou tels que les a donés, il y a déjà une dizaine d'années, l’auteur de la note ac- tuelle. 426 REVUE SCIENTIFIQUE. 1° Le Phylloxera printanier ou la Fon- datrice de M. Balbiani est........ la Pseudogyne fondatrice de M. Lich- tenstein. 2° Les Agames (aptères) ou larves ordi- HAINE MS ONE AAA dedad bo nidle la Pseudogyne émigrante (ailée). 2 bis. Forme manquant chez M.Balbiani la Pseudogyne bourgeonnante {aptère). 3° Les Agames ailés ou émigrants sont la Pseudozyne pupifère (ailée). 4° Les Aosames ap'ères pondeus:s d'œufs SEXES SD A RAS EEE El La Pseudozyne pupifère ailée chez le Ph. Quercüs aptère, chez d'autres espèces 5° Les individus composant la généra- tion dioïque, sont...... F0 OU De les mâles et femelles. Nous ne nous étendrons pas sur les mots Femelle açame où Pseu- dogyne, qui ont la même signification chez les deux auteurs; mais nous resreltons que M. Balbiani ait cru devoir donner le nom d’émigrants à la forme appelée depuis dix ans : pupifère, par un auteur dont les théories sur l’évolution des Aphides ont recu en Italie et en Allema- gne de nombreuses confirmations. En tout cas, le Phylloxera observé par M. Balbiani aurait tout àafaït la même évolution que celui de la vigne, savoir : {et 2° forme (n’y en a-t-il pas une 3°?) aptères, 4mailée, pondant les sexués, tandis que le Phylloxzera Quercüs aurait 1" forme aptère, 2° aïlée, 3° aptère!, 4° aïlée, puis les sexués. Il resterait, pour nous, à éclaircir la 4° forme de M. Balbiani, don- nant des apières pondeuses d'œufs sexués ; ne serait-ce pas une autre espèce ? à savoir : celle que décrit Buckton comme la plus commune en Angleterre, qui range ses œufs en cercles concentriques et dont les pseudogynes pupifères restent aptères ? le Ph. punciata Buckton. Heyden dit de son Ph. coccinea que les individus vivent épars (zer- strent) et ne parle pas de la disposition si frappante des œufs en cer- cles concentriques très réguliers autour de la mère, caractère qui dis- tingue le punctaia de ses congénères. Ces divers insectes quercüs, coccinea, punciata, surtout les deux derniers, vivent pêle-mêle sur les chênes, à Montpellier au moins.M. Balbiani a-t-il pris bien soin deles isoler ? Heyden remarque déjà qu’il y a deux espèces mélangées sous les feuilles du chêne à Francfort. Il appelle la seconde Vacuna glabra, mais sans donner de description ; ne serait-ce pas synonyuie du punc- tata de Buckton, dont les Pupiferes sont aptères ? Il y a un petit détail qui pourrait guider M. Balbiani : il nous dit que le point de la feuille piqué par la pondatrice ne tarde pas à jaunir…. Nous ne pouvons rien dire pour le punciaia, dont nous ne connaissons pas la fondatrice ; NÉCROLOGIE. 497 mais, à Montpellier, la pseudogalle du Ph. coccinea reste très verte, plus foncée que la feuille elle-même, et les galles jaunes ou tachées de jauve sont l'œuvre d’une cécydomye. Si le punclala forme une galle jaune, il est facile à reconnaître entre tous. Nous bornerons pour le moment nos observations sur le travail de M. Balbiaui à cette partie purement systématique et biologique, en nous réservant d'aborder dans une autre occasion l'examen de la partie anatomique, dans laquelle nous nous proposons d'examiner surtout la nature des enveloppes ovoïles ou Pseudova pondus par les Pseudo- gynes. et quise rencontrent chez tous les aphidiens, en persistant plus ou moins, quelquefois (chez les aphides vrais) si peu de temps que le petit a l’air de sortir vivant du sein de sa mère ; d’autres fois (chez les Pemphigiens) ces enveloppes n’éclosent qu'après un certain délai, et enfin {chez les Phylloxériens) elles persistent plusieurs jours. Les très belles figures de M. Balbiani nous permettront de prouver que ces enveloppes sont bien différentes de l'œuf vrai et ne peuvent pas porter le même nom ; mais avant tout il faut s'entendre sur la détermination exacte de l’insecte dont il est question, car il y a six espèces de Phyl- loxera sur le chêne, et chacune a une évolution biologique différente. J. LICHTENSTEIN. NÉCROLOGIE Dans l'intervalle assez prolongé qui a séparé l'apparition du der- nier auunéro de la Revue du numéro actuel, nous avons fait une perte & très sensible, à laquelle nos Lecteurs ne sauraient rester indifférents, À Ernest Dusruerz, le foadateur de la Revue des Sciences naturelles, s’est éteint le 14 mai à l'âge de 56 ans. Fils du professeur Dubrueil, dont les anatomistes connaissent bien le nom et les travaux, Ernest Du- brueil avait d'abord étudié le droit. Après de brillantes études, revenu à Montpellier, il se préparait à entrer dans la magistrature quand il fut, à l’âge de 25 ans, frappé d'hémiplégie. Obligé de renoncer à sa carrière de prédilection, Dubrueil, qui avait toujours manifes'é des aptitudes distinguées et un goût marqué pour les Sciences naturelles, dirigea son activité vers cette branche des connaissances humaines. Avec une ardeur admirable et un courage que les infirmités n'avaient pu abattre, il s’attacha à étudier les Mollusques et à compléter de riches collections zoologiques commencées par son père. Il publia 4 plusieurs travaux sur l’Appareil généraleur du genre Helix, un Catalo- à que des Mollusques fluviatiles et terrestres de l'Héraull, et des Promena- des malacologiques sur la côte de Palavas. Jusqu'à la fin, l'activité de Dubrueil ne s'est pas démentie. Mais le champ sur lequel elle s'exerca surtout, ce fut la fondation et la direc- tion de la Revue des Sciences naturelles. I] la fonda en juin 1872 et en conserva la direction jusqu’en septembre 1881, c'est-à-dire pendant neuf ans. Il ne s’en sépara que quand l’altération de sa santé le rédui- sit à l'impuissance et l'obligea à la retraite. A lui donc doit être légitimement rapporté l'honneur de la fondation de cette Revue ; et il a donné en cela l'exemple de ce que peuvent l'amour de la science et une ferme volonté, même attachés à un corps brisé par la maladie. Honreur soit donc à sa mémoire ! Dubrueil laisse de précieuses collections qu'il a léguées à la Faculté de Médecine, patrie scienüifi- que de son père. Son frère, aujourd'hui professeur distingué à cette même Faculté, où ilcontinue les nobles traditions de famille, a été chargé par lui de réaliser ce vœu, auquel les savants de Montpellier ne peuvent qu'ap- plaudir. A. SABATIER. L'Éditeur-Gérant : CHarces BOEHM. oo om Montpellier. — Typographie et Lithographie Bora et Firs. RNA AR OA Pr) MÉMOIRES ORIGINAUX. QUELQUES OBSERVATIONS SUR LA CONSTITUTION DE L'ŒUF ET DE SES ENVELOPPES CHEZ LES CEITONTIES Par le Dr A. SABATIER, Professeur à la Faculté des Sciences de Montpellier, Directeur de la Station zoologique de Cette. Dans un Mémoire sur l’anatomie du Chiton({), publié dans le quatrième volume du #Morphologisches Jahrbruck de Gegenbaur, en 1873, le D' von Ihering a étudié spécialement l'appareil sexuel de ces singuliers mollusques. Cuvier avait émis l'opinion que les Chitons et tous les eutres Arthrocochlides dépourvus de pénis externe étaient hermaphro- dites etse fécondaient eux-mêmes. Mais en 1838, J.-E. Gray (2) établit que chez les Patelles les sexes étaient séparés. Les vues de Gray-furent confirmées d’autre part, en 1839, par Rud. Wa- gner (3) etl’année suivante par M. Milne-Edwards (4). R. Wagner établit par ses observations sur les Patelles et les Chitons que les sexes étaient séparés chez le Cyclobranches, et il affirme qu'il tient de Erdl que le même fait existe pour les Haliotides. Depuis lors, Ihering a pu constater la justesse de ces assertions et la séparation des sexes ou diclinie pour les Patelles, les Fissurelles, les Haliotides et les Trochides. Dans ces grou- pes, la diclinie n’a pas été contestée ; mais il en a été tout autre- ment pour les Chitonides. Les affirmations de Wagner au sujet 3e sér.. tC. IV 30 430 MÉMOIRES GRIGINAUX. de la séparation des sexes chez le Chiton sont en contradiction avec celles de Middendorff(5), qui considère le Chiton Pallasii comme hermaphrodite. Son opinion, basée sur la présence de spermatozoïdes dans l’oviducte, provoque les justes critiques de v. lhering, qui pense que ces spermatozoïdes provenaient de l'extérieur et étaient appelés à féconder les œufs dans l’intérieur des glandes sexuelles, c’est-à-dire avant l’endurcissement de l'enveloppe ou coque qui les entoure et dans laquelle on n’a pas aperçu de micropyle. Par suite de ces observations, v. Ihering se trouve autorisé à conclure : que jusqu’à présent on n’a démontré l'hermaphrodi- tisme chez aucune espèce de Chilon, et que, par contre, ilest établi pour un certain nombre d’espèces qu’elles sont diclines, el que par conséquent on peut jusqu'à présent considérer les Chiloni- des, aussi bien que les Patelles, comme ayant des sexes séparés. Aux observations de Ihering, je puis ajouter un certain nom- bre d’observalions faites sur Achantochites fascicularis, sur Chi- ton Polii (Philippi), sur Chiton sordidus, (P. Gerv.), Chiton rudi, (P. Gerv.), Chiton pulchellus, et Chiton olivaceus (Spengel) ; et je déclare que dans tous les cas j'ai trouvé les sexes parfaite- ment séparés et les glandes génitales présentant des colorations el une structure bien distinctes selon les sexes. Chez Chiton Poli, le sexe mâle se reconnaît dès que l'animal a élé ouvert, par la coloration rouge brique ou vermillon clair de la glande sexuelle. Cette dernière, formée par un sac ou poche plissée et à diverticules, situé entre la coquille et le tube digestif, doit sa coloration à des cellules disséminées en groupes plus ou moins serrés sur ses parois et renfermant autour d'un noyau clair et incolore des grains plus ou moins pressés de pig- ment rouge. À l’intérieur, se trouvent des spermatoblastes ou des spermatozoïdes plus ou moins développés, mais jamais rien qui puisse être considéré comme un œuf femelle. La glande femelle, qui occupe une situation identique et a la même conformation générale, est de couleur brun jaundtre. Mais ici la coloration n’est point due, comme dans le cas précé- CONSTITUTION DE L'OEUF CHEZ LES CHITONIDES. 431 dent, à des cellules pigmentaires d: la paroi. Cette dernière est constituée par du lissu conjonctif incolore, et la coloration géné- rale de la glande est due aux œufs eux-mêmes. Ces derniers pré- sentent en effet de bonne heure un vitellus brun jaunâtre dont la coloration et l’opacité croissent avec le volume de l'œuf. Je n'ai pas eu l’occasion de rencontrer de spermatozoïdes dans la cavité de l'ovaire. Les œufs sont enveloppés par une enveloppe chorionnaire qui acquiert une certaine dureté el qui présente, suivant les espèces, des caractères remarquables. Ihering a décrit ces enveloppes pour Chiton fascicularis et pour Chiton squamosus Polii, où elles pré- sentent des formes différentes.Ce chorion, chez Chiton squamosus, est composé de pointes en forme de clous dont les têtes, le plus souvent hexagonales, parfois pentagonales, tapissent la surface du vitellus, en formant ainsi un échiquier ou mosaïque à pièces pentagonales et dont les tiges sont dirigées vers l'extérieur de telle sorte que ces clous sont perpendiculaires à la surface de l’œuf. Les tiges sont coniques ou pyramidales et se relient à la tête par une base très évasée. Ainsi que l’a signalé Ihering, le chorion ou coque du Chiton fascicularis est bien différent de celui du Chiton Polii. Là, les saillies en aiguilles font à peu près défaut. La coque, assez épaisse, est irrégulière comme surface et comme épaisseur, el est par- courue irrégulièrement par de nombreux sillons. La substance de 3 coque n’est pas homogène, car ell: renferme de nombreuses vacuoles. J’emprunte d’ailleurs textuellement à [hering les lignes suivantes, sur lesquelles j'aurai à revenir dans la suite de ce travail, et où je souligne les points que je tiens à signaler au lecteur. «En dehors, sur la coque, est appliquée directement une mem- brane délicate anhiste que l’on peut apercevoir encore sur l’œuf mûr, el dans laquelle sont contenus un petit nombre de noyaux allongés, aplatis. La coque est immédiatement appliquée sur la masse granuleuse du vitellus, qui manque de membrane vitelline. Sur les œufs tout à fait jeunes, au contraire, cette membrane an- 432 MÉMOIRES ORIGINAUX histe à noyaux recouvre directement la surface de l'œuf, de telle sorte que la coque fait complètement défaut entre les deux. On peut conclure de D, dit expressement [hering, que la coque est formée par cette membrane anhiste ow membrane folliculaire, et il faut par suite la désigner comme chorion. Chez le Chiton squamo- sus, les œufs jeunes, encore dépourvus de pointes, sont égale- ment entourés d’une membrane folliculaire proprement dite, que l’on ne peut plus apercevoir sur l'œuf mür.» C’est ce point spécial de l’origine et du mode de formation de celte coque si particulière des œufs de Chitonides que j'ai cherché à élucider ;et je donne le résultat de mes recherches dans les pages qui vont suivre. Mes recherches ont été faites dans le laboratoire de la Station zoologique de Gette, et ont plus spécialement porté sur le Chiton Polii (Philippi) qui n’est autre, je crois, que le Chiton squamosus étudié par [hering. Elles ont été poursuivies à plusieurs reprises pendant les mois de décembre, janvier, février, mars de 1884 et 1885. La méthode employée a été surtout la suivante. En faisant sar l’aninal une incision circulaire suivant le sillon branchial qui sépare la coquiile du pied, on détache facilement ls pied, qui entraîne avec lui la totalité ou presque la totalité de l'appareil digestif. Dans la cavité de la coquille reste l'ovaire, que l’on reconnait facilement à sa couleur brun-verdâtre. L’ovaire, qui forme un sac ou poche mul- lilobée, est ouvert d’un coup de ciseaux. Pour fixer les éléments de l'ovaire dans leur situation et leur forme normales, il suffit de renverser la coquille et de verser dans sa cavité quelques gouttes d'un liquide fixateur. J'ai quelquefois usé de l'acide acétique à 9 0/0, mais le plus souvent j'ai employé la liqueur chromo-acéto- osmique de Fleraming, qui dans des cas analogues m'a toujours donné d’excellents résultats. Au bout d'un temps qui peut, suivant la grosseur de l’ovaire, varier de cinq à dix minutes ou un quart d'heure, l'ovaire est facilement extrait de la cavité de la coquille pour être plongé dans l’eau, où il séjourne jusqu’à ce qu'il soit débarrassé de la liqueur fixatrice. Il peut être ensuite observé CONSTITUTION DE L OEUF CHEZ LES CHITONIDES 433 immédiatement dans la glycérine, ou bien seulement après colo- ration. Dans le dernier cas, j’ai le plus souvent ajouté à la glycé- rine une goutte de glycérine picrocarminatée. J'ai également employé le vert de méthyle. Mais, avant d'étudier les œufs fixés et colorés, il convient aussi de les observer à l’élat frais, plongés dans leliquide de la cavité générale de l'animal ou dans l’eau de mer. En étudiant les ovaires aux époques que je viens d'indiquer, on trouve des œufs à tontes les phases de l’ovosénése et on peut se rendre compte de l’origine et du mode de formation de la singu= lière enveloppe folliculaire que présentent les œufs avancés. Le vitellus de l'œuf se remslit d'assez bonne heure de granu- lations jaune-brunâtre qui lui enlèvent toute transparence et empêchent de voir, soit la vésicule germinative, soit les phéno- mènes qui ont pour siège cette dernière ou le vitellus lui-même, Néanmoins, avant que les granuletions brunes soit trèsnombreu- ses, on peut encore distinguer la vésicule germinative claire, trans- parente, et tranchant par conséquent sur la teinte brune et opa- que du vitellus. C'est à la coloration précoce des ovules par ces granulations brunes que l'ovaire doit la teinte spéciale que j'ai déjà signalée. Si l’on élale et dilacère sur le porte objet un fragment d’ovaire traité par le procédé précédent, ou s'aperçoit que les parois du sac ovarien sont occupées par des cellules qui sont de jeunes ovules, etqui, en grossissant, font une saillie plus ou moins pro- noncée dans la cavité de l'ovaire. Les ovules sont entourés par une membrane anhiste très délicate, qui est une dépendance du tissu conjonctif des parois de l’ovaire et que fhering considère à tort comme devant donner naissance à la coque ou chorion. À mesure que l'œuf grossit, il se dégage peu à peu de la paroi ova- rienne, à laquelle il reste enfin rattaché et suspendu par un court pé loncule formé par la membrane anhiste que nous venons de Vo (Pl Ne SM EPL REG S130);: L'enveloppe folliculaire de l'œil chez Chiton Polii présente quelques particularités de structure dont nous aurons à expliquer 434 MÉMOIRES ORIGINAUX. la genèse, el qu’il convient de décrire, de préciser. Chacune des saillies coniques du follicule est fixée par sa base sur une sorte de soubassement de forme pentagonale ou hexagonale. Dans cette base se trouvent autant de noyaux latéraux qu'il y a de côtés, et au centre un noyau apparten2nt à la saillie conique, mais qui peut se trouver à des niveaux assez différents de cette dernière (PL. XVII, fig, 1, 8, 4, 5, 9) En définitive, chacune des pointes et son soubassement m'ont paru conslitués par un groupe de cel- lules dont l'une, centrale, est entourée de cinq ousix autres. Les limites de ces cellules sont difficiles à apercevoir, mais leurs noyaux se distinguent assez bien d’abord comme noyaux. Plus tard ils se transforment, deviennent très réfringents, hyalins, et prennent des caractères nucléaires moins nets. La cellule placée au centre de ce groupe se distingue des autres en ce que, au lieu de rester aplatie, elle s’allonge et s'élève en cônelet forme la saillie ou pointe proprement dite dent la base repose d’ailleurs, comme celle des cellules plates, sur le vitellus même de l'œuf. Quel est le mode de formation de ces parties ? C'est ce que je vais exposer. Pour saisir le mode d'origine de ces éléments du follicule, il convient de s'adresser à de très jeunes ovules dont le vitellus, encore dépourvu de granulations brunes, a conservé sa transpa- rence. Ces ovules, traités comme nouslavons dit précédemment, permettent d’apercevoir la vésicule germinative entourée d’une membrane à double contour et pourvue d’un gros nucléole géné- ralement unique, régulièrement sphérique, très refringent, et très chromatiné (PI. XIX, fig. 18, 19, 21, 22, 23, 24). Parfois cependant les nucléoles sont plus ou moins nombreux (PI, XVIII, fig. 13, 14; PI. XIX, fig. 20). La substance chromatique de la vésicule germinative se pré- sente sous forme de grains de grosseurs variées qui paraissent disséminés dans la vésicule, mais qui prennent parfois une dispo- sition sur laquelle je reviendrai. Autour de la vésicule germina- tive, dans la couche de protoplasme vitellin qui est voisine de la membrane nucléaire, on apeiçoit des corpuscules réfringents, se CONSTITUTION DE L'OEUF CHEZ LES CHITONIDES. 435 colorant bien, et de formes très variées (PI. XIX, fig. 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25 bis, 26, 27, 28, 29). Les uns sont assez ré- gulièrement arrondis, d’autres sont aplatis ; mais la plupart de ceux qui occupent celte situation profonde ont un contour irré- gulier, déchiqueté, qui porte immédiatement à les considérer comme produits par l'agrégation successive de petits grains chro- matiques (PI. XIX, fig. 18, 20, 21, 22, 23). Sur certains ovules, on voit nettement de petits grains se former en eflet dans le pro- toplasme, au voisinage et parfois à quelque distance de la vési- cule; ce sont ces grains qui se réunissent, s’agrègent, se confon- dent, pour former les corpuscules vitellins. Les fig. 18, 22 et 24 représentent plusieurs deces agrégations en train dese constituer. Je dois noter spécia'ement que les corpuscules se forment tou- jours simulianémentsur des points assezmultipliés autour dunoyau et que la situation le plus souvent excentrique du nucléole ou tache germinative m'a toujours paru sans relation évidente ou même probable avec la formation des corpuscules vitellins. Com- ment d’ailleurs en serait-il autrement, attendu que le nucléole unique ne peut se trouver simultanément dans le voisinage im- médiat des points multiples où se forment les corpuscules? J’alta- che à cette observation quelque importance, car elle répond aux assertions de M. Fol (6) et de M. Balbiani {7), qui ont cru, l’un chez les Tuniciers et l’autre chez les Géophiles, que le nucléole jouait un rôle important dans ces phénomènes et abandonnait même une partie de sa substance, pour former le nucléole de la future cellule folliculaire. Il ne m'a pas été possible de distinguer dès le début, au sein de ces corpuscules, un grain plus brillant pouvant représenter un n'icléole. Les corpuscules, une fois constitués, s’acheminent vers la péri- phérie de l'œuf. Ils parviennent à la surface et sortent du vitellus en soulevant la capusle, anhiste, dont nous avons indiqué l'origine. Quelques-uns arrivent là à l’état nu ou presque nu (PI. XVII, fe: MO HOMTPIUXIX, fie: 4852029): Mais, on général, ils sont accompagnés d’une couche mince 436 MÉMOIRES ORIGINAUX. de proteplasme hyalin qui semble se détacher du protoplasre hyalin de l'œuf. Il est remarquable que dans le cas où la saillie protoplasmique se forme, alors qu'il y a déjà des grains vitellins bruns cansle vitellus, ces grairs ne pénètrent pas dans la saillie, et le protoplasme clair de cette dernière, semble exprimé du sein du vitellus coloré (PI. XVIII, fig. 11, 6, 7). C’est là un fait qui me paraît mériter quelque attention, car, quand les saillies protoplasmiques se sont un peu accentuées, elles offrent ure ressemblance remarquable avec le cumulus protoplasmique clair dont la formation accompagne l'expulsion des globules polaires, chez les œufs de Mollusques, d’Annélides et d'Échinodermes à vitellus coloré par des granulations opaques (PL. XVII, fig. 11,7). Cette ressemblance dans la forme, dans l’aspect et dans les re- lations avec les orains vitellins de l'œuf, me paraît avoir quelque signification, et je suis disposé à penser qu’elle recouvre aussi une ressemblance dans les processus. J’ai, dans de précédentes publications (8), tenté d’etablir des analogies entre l'expulsion des globules polaires et celle des cellules folliculaires. Le fait ac- tuel me parait de nature à fournir un argument de plus en faveur de ce rapprochement. Les corpuscules vitellins, d’abord d'aspect homogène, acquiè- rent ensuitc un corpuscule central plus brillant, un vrai nucléole. Ce dernier apparaît quan@ les corpuscules parviennent au voisi- nage de la surface de l’ovule (PI. XVIIE, fig. 13), ou bier le plus souvent après qu'il a opéré sa sortie. Quelques très pelits grains de chromatine font ultérieurement leur apparition dans le corpus- cule, qui forme en réalité le noyau de la cellule folliculaire. Peu à peu la masse de protoplasme de la saillie augmente, et cette dernière tend à s’accreître. Mais la membrane capsulaire anhiste s’oppose à ce que la saillie s'élève perpendiculairement à la surface de l’œuf, et cette dernière esi obligée de se courber et de se coucher à la surface du vitellus, cù elle prend la forme et l'aspect d’un panache fortemeut incliné et rabattu (PL. XVIIL, fig. 15, 16, 17). La membraneanhiste soulevée se distingue fort bien, eton peut juger a. sément de son influence sur la forme actuelle des saillies. CONSTITUTION DE L'OEUF CHEZ LES CHITONIDES. 437 Le noyau de la cellule folliculaire s’est éloigné de la surface de l’œuf et est remonté vers le sommet de la saillie. Si, à ce moment, l'œuf est observé après un séjour dans l’eau de mer suffisant pour que par endosmose ou autrement la membrane anhiste se soit rompue, les pointes folliculaires se redressent et l'œuf prend l’aspect représenté PI. XVIIT, fig. 5, dans lequel les saillies redressées, mais molles, un peu irrégulières, claires, sépa- rées du vitellus coloré par une surface encore indécise et irrégu- lière, renferment un noyau placé près du sommet et pourvu d’un nuéléole très évident. Mais bientôt, à côté des grandes saillies recourbées apparais- sent de petites saillies pourvues chacune d’un noyau très petit (PI. XVIII, fig. 15, 16, 17). Ces saillies nouvelles, très peu évi- dentes, échappent d’abord à l’observateur; elles pourraient même être prises pour de simples plis de la capsule anhiste, mais la pré- sence du petit noyau et la régularité de leur position autour des grandes saillies indiquent bientôt que l’on est en présence d’une formation spéciale et régulière. Ces petites saillies semblent pren- dre naissance ccmme les grandes ; il n’y a de différence que dans le volume du corpuscule vilellin, qui émerge pour former leur noyau. fe corpuscule, d’abord très petit, semble grossir peu à peu et on y distingue parfois très nettement un nucléole (fig. 16). Ces deux formes d'éléments follicuiaires sont-elles dues à deux éliminations successives et indépendantes de corpuscules vitellins, les premiers apparus, plus volumineux, étant appelés à former les grandes saillies ; les autres, petits, devant former les petites? où bien les petites celiules sont-elles le produit d’une segmentation précoce des premiers corpuscules vitellins ? Je laisse la question ouverte, car je n’ai pas eu l’occasion d’observer des faits con- cluants. J’ai vu en effet quelques cas, rares il est vrai, où la seg- mentation directe des corpuscules paraissait se faire (PI. XIX, fig. 24), mais je n’ai pu m’assurer si les corpuscules filles étaient appelés à des destinées différentes. J'iacline plutôt à penser qu'à l'élimination des gros corpuscules, qui constitueront les grandes cellules coniques, succède immédiatement l’élimination 438 MÉMOIRES ORIGINAUX. des petits corpuscules. C’est là un ordre logique d’ailleurs, une première élimination ayaat partiellement épuisé les forces et les tendances éliminatrices de l’ovule. Les petites saillies formant autour des grandes une série uni- que, il en résulte que la coupe optique de la surface de l'œuf présente toujours deux petites saillies plus ou moins rappro- chées séparant deux grandes saillies (PL. XVII, fig. 16, 17). À cette phase, il est encore impossible de reconnaître une vraie séparation où limite entre les atmosphères de protoplasme, qui appartiennent aux différents noyaux. L’œuf a l'air d’être recouvert d'une couche continue de protoplasme, formant à la surface de l'œuf de grandes et de petitessaillies, mais très amin- cie dans l'intervalle de celles-ci. Les séparations s’accentueront plus tard. L’œuf continuant à grossir, la capsule anhiste se rompt et l'œuf devient libre dans la cavité de l'ovaire. C’est alors que les cellules coniques se redressent peu à peu, en conservant une direction oblique pendant un temps généralement assez court. Il a alors l’aspect représenté (PI. XVIIL, fig. 15,) sur un œuf vu à un faible grossissement. Mais pendant ce temps et ultérieurement, les élé- ments du follicule subissent des modifications de plusieurs sortes. Les grandes cellules coniques prennent une forme conique mieux dessinée ; en même temps leur contenu se modifie en ce sens que leur noyau, qui était placé près de l'extrémité, semble dis- paraître en prenant une distance et un aspect granuleux. Les petites cellules folliculaires ceroissent aussi et deviennent plus saillantes. Chaque saillie composée d’une cellule conique entou- rée de cinq ou six petites cellules, forme un tout bien séparé des saillies voisines (PI. XVII, fig. 3, 4). Les noyaux des petites cel- lules se modifient à leur tour, et enfin les parois de ce groupe de cellules acquièrent une certaine épaisseur, une certaine dureté, par la condensation du protoplasme. En outre, il semble se former à la surface des saillies une membrane limitante anhiste très délicate qui s’isole parfois sous l’influesce des réactifs (PL. XVIIL, fig. 3, a) etque, à mon avis, il ne faut pas confondre avec l'enveloppe ova- CONSTITUTION DE L'OEUF CHEZ LES CHITONIDES. 439 rienne de l’œuf que nous avons déjà signalée et quise rompt quand l'œuf se détache de l'ovaire. J'ajoute que dans certaines espèces de Chiton, les extrémités des cones, qui présentaient un certain ren- flement, deviennent bifides ou trifides en atteignant les phases ultimes de leur développement. Ainsi se constitue cette enveloppe hérisséo de pointes, si re- marquable chez certains Chitons. Mais, chez tous les Chitonides, le follicule ne présente pas une forme aussi singulière. Nous avons vu que [hering (1) décrit en effet chez Chiton fascicularis une coque dépourvue de saillies en aignli- les, mais à surface et à épaisseur inégales et irrégulières , qu'il considère comme une membrane creusée de vacuoles. J'ai eu l’oc- casion d'observer la coque de l’œuf de Chiton fascicularis, et j'ai pu m'assurer que cette coque n’était qu’une enveloppe folliculaire composée de cellules à peu près égales entre elles et dont les parois s'étaient épaissies et durcies comme celles de l’enveloppe épineuse de Chiton Poli. Mais l’origine de ces éléments est identique dans les deux cas, et chez Chiton fascicularis comme chez Chiton Polii, on les voit paître sous forme de grains chromatinés près de la surface de la vésicule germinative. Chiton olivaceus (Spengel), dont la coque folliculaire se com- pose de points peu saillants, présente des phénomènes exacte- ment comparables à ceux des autres Chilons. Les fig. 25 à 30 de la PI. XIX représentent des œufs, des ovules et des vésicules ger- minatives observés le 19 décembre 1884, chez des animaux de cette espèce. Le lecteur voit en quoi mes observations diffèrent de celles de Ihering Tandis que ce naturaliste avait présumé que la coque était produite par la membrane anbhisie, qu'il désigue comme membrane folliculaire et qu’il croyait pourvue de noyaux, j'ai établi que la membrane anhiste appartenait aux parois de l’o- vaire et que les noyaux que lhering avait cru lui appartenir, n'étaient que des noyaux formés par genèse directe dans le pro- 440 MÉMOIRES ORIGINAUX. toplasme de l’ovule au voisinage de la vésicule germinative, et éliminés à la surface de l’ovule. Ces noyaux, loin d’appartenir à la membrane anhiste, la soulèvent et se placent entre elle et la surface de l’œuf, ainsi que le montrent bien les fig. 10, 12, 14, 10, APM POSE Les observations qui précèdent confirment donc les idées émi- ses par Fol (6), Roule (9), Balbiani (7), et moi-même (8), sur l'origine générale des éléments cellulaires qui forment à l’œuf une enveloppe folliculaire ; mais elles m'ont toujours paru confirmer en outre mes vues spéciales sur la genèse intravitelline de ces éléments, que je considère comme nés par une sorte de cristalli- sation ou de condensation dans le protoplasme même de l'œuf, et non comme provenant par voie d'expulsion directe du contenu de la vésicule germinative, avec ou sans participation du pueléole. Avant de terminer ce Mémoire, je désire dirè un mot d’une disposition intéressante que m'out présentée un grand nombre de vésicules germinalives observées chez Chiton Polii, le 19 décem- bre, sur de jeunes œufs où l'élimination des éléments folliculaires n'avait pas encore commencé ou n’élait qu'à ses débuts. Ces vésicules avaient toutes un gros nucléole unique réfringent, ho- mogène, très fortement coloré. Ge nucléole occupait une position plus ou moins excentrique (PI. XIX, fig. 31, 32, 33, 34, 25, 36, 37, 38), et la partie centrale de la vésicule germinative était occupée par une agglomération plus ou moins volumineuse de orains chromatinés appartenant au réseau nucléaire. De cette masse, qui occupait à peu près le centre de la vésicule et dont les contours étaient irréguliers et déchiquetés, partaient des rayons plus ou moins nombreux formés de grains chromatinés et venant parfois aboutir à la couche superficielle de la vésicule, où ils s’éla- laient en petits cônes contigus (fig. 37, 38). Dans d’autres cas, les rayons, plus rares, se terminaient en pointe avant d'atteindre la surface de la vésicule (fig. 35, 36). Dans d’autres cas, enfin, les rayons faisaient défaut, et l’amas central prenait une forme irrégulièrement sphérique, mais sans perdre sa structure granu- leuse et son contour plus ou moins irrégulier (fig. 31, 32, 33). CONSTITUTION DE L'OEUF CHEZ LES CHITONIDES. 441 J'ajoute que je n’ai pu saisir une relation évidente entre la forme de ce réseau chromatique avee ou sans rayons et la genèse des corpuscules vitellins, car j'ai observé des corpuscules en voie de formation aussi bien dans des œufs à rayons de chromatine que dans ceux où la masse chromalinée était concentrée au centre de la vésicule, tandis que la périphérie de la vésicule en était totale- ment dépourvue. On n’est donc pas autorisé à considérer ces rayons de grains nucléaires comme appelés à fournir par leur sortie de la vésicule les éléments des corpuscules vitellins. On le peul d'autant moins que des vésicules germinatives, comme celles des fig. 37 et 38, eussent dû, dans ces cas, présenter à leur surface des corpuscules chromatinés, ce qui n’avaitlieu sur aucun des points de la périphérie de la vésicule. J'ajouterai que le réseau nucléaire et même sa masse centrale ont toujours présenté moins de réfringence, moins d'aptitude à se colorer que le nucléole, et qu'il ne devenait visible que par les réactifs, tandis que le nucléole se voyait sur des ovules frais. De là, il me semble naturel de conclure que le nucléole et le réseau nucléaire ne sont point composés de substances identiques, et que ce dernier, même à l’état de sphère, ne cesse pas de se distinguer du nucléole, qui ne saurait par conséquent êlre consi- déré comme une agglomération de la substance du réseau, Le 9 juillet 1885. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE. 1. HERMANN v. IHERING. — Beiträge zur Kenntniss der Anatomie von Chiton. (Morphologisches Jahrbuch. Bd. IV, 1878.) 2. J.-E. GRay.—The sexes of limpets, (Annals and Mag. of nat. Hist., V. I, 1838.) 3. Run. WAGNER. — Observat. on the generat. System of some of the lower Animals. Proceed. of the Zool. Soc of London, part. VII, 1839. 4. MIzNE-EpwarDs. — Observations sur les organes sexuels de divers Mollusques et Zoophytes. (Ann. des Sc. nat. 2°sér., tom. XII, Zool. 1840.) 442 MÉMOIRES ORIGINAUX. 5. A.-Tn. v. MinpeNporrr.— Beiträge zur ein Malakozoologia rossica I. Beschreibung and Anat. neuer oder für Rüssland neuer Chi- tonen. Mém. de l’Acad. impér. des Sc. de Saint-Pétersbourg, 6° sér., tom. VIII. 6. HERMANN For. — Sur l'œuf et ses enveloppes chez les Tuniciers. (Recueil zoologique Suisse, I, 1884.) 7. BaLgrant G. — Sur l’origine des cellules du follicule et du noyau vitellin de l’œuf chez les Géophiles. {(Zool. Anzeiger, 1883.) 8. SABATIER. — Recherches sur l'œuf des Ascidiens. (Rev. des. Se. nat., mars 1883.) 9. — Contribution à l’étude des globules polaires et des éléments éli- minés de l’œuf en général. (Rev. des Sc. nat., 1883 et 1884.) — Sur les cellules du follicule et les cellules granuleuses chez les Tuniciers. (Recuil zool. Suisse, I, 1884.) EXPLICATION DES PLANCHES. PLancHE XVIII. PT ag RAR a D ON AE pp OA M on tira aides œufs de Chiton Polii (Philippi). Fi. 1.— Œuf mûr ou presque mùr de Chiton Polti (Philippi) pris dans l'ovaire. Observé à l’état frais dans l’eau de mer. Grossisse- ment 95. Fire. 2.— Deux plaques hexagonales du même, vues de face. Fig. 3.— Vue en profil de deux aiguilles d’un œuf fixé par la liqueur chromo-acéto-osmique de Flemming. En a, une membrane déli- cate limitant l'aiguille a été soulevée et détachée par le réactif. Grossissement 230. Fi. 4.— Aiguille du même ; même préparation, même grossissement. Fic. 5.— Œuf de Chiton Polii pas encore mûr, mais plus avancé que celui des fig. 6, 7 et 8. Traité par le liquide de Flemming. Aiguilles contenant des noyaux près du sommet, et dont l’un a été chassé par la compression exercée par le couvre-objet. On voit les grains bruns du vitellus pénétrer un peu dans la base des aiguilles et montrer qu’il n’y a pas de limite tranchée entre le vitellus et le protoplasme elair qui remplit les aiguilles Diamètre de l’œuf 02,35. Fié. 6.— Aiguilles encore peu saillantes d’un œuf jeune. Traitement par le liquide de Filemming. Grossissement 230. Fiq. FiG. Fic. Fi. FIG. Fire. Fr. ETC. Fr. Fra. FiG. Fc. FiG. IG: CONSTITUTION DE L'OEUF CHEZ LES CHITONIDES. 443 7.— Aiguille du même, montrant qu'il n’y a pas une limite tran- chée entre le protoplasme clair de l’aiguille et le vitellus gra- nuleux de l'œuf. 8.— Aiguille du même, dont le protoplasme rétracté a été détaché par le réactif de la surface du vitellus. 9.— Plaque et aiguille pentagonale du même Chiton vue de face. Aiguille renfermant deux noyaux près du sommet Même pré- paration et même grossissement. 10.— Noyau folliculaire venant de faire saillie à la surface d’un ovule jeune traité par le liquide de Flemming. Le protoplasme est très rare. 10’.— Deux noyaux folliculaires, plus avancés ; la zone de proto- plasme qui les entoure s’est accrue. Même traitement. 11.— Vue, sur un jeune ovule observé à l’état frais dans l’eau de mer, d’une saillie protoplasmique à ses débuts et destinée à for- mer une aiguille. 12.—Saillie d’un ovule plus avancé, avee masse protoplasmique plus importante autour du noyau. Traitement par le liquide de Flemming. 13.— Ovule jeune observé après traitement par le liquide de Flemming. Corpuscules vitellins arrivés à la surface et pourvus déjà d’un nucléole évident. Vésicule germinative à nucléoles multiples. Diamètre de l’ovule 07,07. 14.— Ovule du même animal, encore jeune, mais plus avancé que le précédent. Diamètre 0" 24. 15.— Surface d'un œuf plus avancé. Traitement par le liquide de Flemming. 16 et 17.— Ovules plus avancés, dans lesquels les petits noyaux ont fait leur saillie à côté des grands. Traitement par le liquide de Flemming. PLANCHE XIX. 18.— Trois jeunes ovules de Chiton Polii traités par le liquide de Flemming et colorés par la glycérine picro-carminatée. Diamè- tre de chacun des ovules 0,028. 19.— Jeune ovule de 0"2,028 de diamètre. Même traitement. Grossissement 490. 20.— Ovule plus jeune; même traitement. Diamètre, 0"®,008, Grossissement 745. Fi. Fic. Fc. FIG. FIG. FiG. Fi. Fig. MÉMOIRES ORIGINAUX. . 21,22, 23. — Ovules de Chiton Polii traités par le liquide de Flemming et la glycérine picro-carminatés : fig. 21, diamètre 02,036 ; fig. 22 diamètre, 0®®,04. 24— Ovule du même, traité par le liquide de Flemming et coloré par le vert méthyle. Diamètre 0,04. Grossissement 745. 25.— Œuf déjà assez avancé, mais non mûr, de Chiton olivaceus (Spengel) pris dans l'ovaire le 19 décembre 1884. La surface est couverte de petites cellules folliculaires hyalines pourvues - d’un petit noyau. Les pointes ne se sont pas encore développées. Observé à l’état frais dans le sang de l’animal. 25 bis.— Ovule du même moins avancé. 26.— Deux ovules du même, après traitement par l'acide acétique à 2°/,, et coloration par la glycérine picro-carminatée. Diamè- tre de chaque œuf 0"",025. 27.— Autre ovule du même ; même traitement. Diamètre 0,04. 28 et 29.— Vésicules germinatives d’ovules du même Chiton, énucléées par compression de l’ovule. 30.— Id. avec accumulation du réseau chromatique en une masse sphérique près du noyau. 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38.— Ovules et vésicules germinatives observées dans l’ovaire d’un Chiton Polii et montrant d sfor- mes intéressantes du réseau chromatique. RECHERCHES MORPHOLOGIQUES SUR UN ORGANE UNICELLULAIRE, D'ORIGINE THRICHOMATIQUE PROPRE A CERTAINES PLANTES AQUATIQUES (CELLULES EN GODET) Par M. Édouard HECKEL. En 1845, M. Trécul?, dans un remarquable travail sur la struc- ture et le développement de VNuphar lutea, décrivit et figura pour la première fois des organes unicellulaires, succédant à des poils et résuliant de leur chute, qui tapissent la face inférieure de ces feuilles, alors que la face supérieure glabre en est entière- ment privée. Quelques années plus tard, en 1850, M. J.-E. Plan- chon, mon excellent et vénéré Maitre, dans une savante étude sur Victoria regia*, retrouva les mêmes organes, en donna le des- sin et s’exprima ainsi: « Victoria regia : comme chez la plupart des plantes flottantes (natantes), les poils occupent la face infé- rieure des feuilles, au contraire des stomales, qui sont coufinées à la face supérieure. Ces poils sont de ceux qu’on appelle lympha- tiques ; leur ensemble forme un duvet assez clair : individuelle- ment ils sont très petits, tubuleux, flexueux, mous, formés de 5 à 6 cellules superposées, dont l'inférieure persiste longtemps sous forme de papille blanchätre après la chute des autres (voir ci-dessus PI. IL, fig 16 etfig. 19). La caducité des poils et la persistance de leur cellule basiaire étaient des faits déjà bien connus chez d’autres Nymphéacées (Vymphæa lutea ; Nymphæa ?)». Plus loin, dans ce { Les premières recherches sur ces organes ont fait l’objet, de ma part, d’une communication à l'Académie des Sciences, le 27 octobre 1879. 2 Structure et développement du Nuphar lutea (Annales des Sciences natu- relles, 3e série, tom. IV, pag. 307 et suiv). 8 In Flores de Serres de Van Houtte ; année 1850 à 1852, pag. 37 du tirage à part (brochb. in-40), pag. 249 du tom. VI de la Flore. 3e sér., tom. 1v. 31 446 MÉMOIRES ORIGINAUX. même travail, à l'explication des figures de la PI. II, M. J.-E. Planchon donne une notion de plus sur la forme de ces cellules basilaires en s'exprimant ainsi: «e, une des papilles en godet, qui paraissent être des cellules basilaires persistantes des poils caducs». Tel était l'état de la science sur ces papilles en godet, cellules ba- silaires résultant dé la chute d'un poil, quand, en 1879 , les cir- constances m’ayant conduit à étudier le Nuphar pumilum DC., je constatai la présence des mêmes formations unicellulaires, dues à la même origine trichomatique, sur la face inférieure des feuilles. Après avoir reconnu que ces organes se retrouvent sur les tiges, les pédoncules et même sur les différentes parties de la fleur (calice, corolle, étamines, ovaires), sans qu’un poil se révèle sur ces der- niers verticilles comme point initial de leur formation, je résolus d’en faire une étude aussi complète que possible, prévoyant déjà que leur présence devait être commune à une quanlité considé- rable de plantes aquatiques. C’est l'exposé de ces différentes re- cherches que je viens faire ici avec les détails qu'il comporte. Ainsi que je l’ai fait connaître dans ma première communica- tion à l’Académie des Sciences, mes recherches ont d’abord porté sir divers termes de la famille des Nymphéacées. J'ai retrouvé, avec les caractères si bien indiqués par M. Trécul, les bases per- cistaates de poils donnant à « l’épiderme l’aspect particulier qu’il présente, c’est-à-dire celui d’un grand nombre de cercles encla- vés dans des cellules polygonales ». Les espèces que j'ai passées en revue sont Vymphæa odorata Ait, N. seuhfolia DC., N. am- pla DC. et N. alba L., puis Nuphar pumilum DG. (des lacs des Vosges), et enfin Euryale ferox Salisb. Dans ces différentes plan- tes, la face inférieure de l’épiderme foliaire (fig.1, 5,6, 7, PI. XX, et 7, PL. XXT) porte dans le jeune âge des poils articulés pluricel- lulaires qui, tombant de bonne heure, laissent à leur point d’in- sertion uneiceliule basilaire. Celle-ci, continuant à s’accroître avec l'épiderme, prend un grand développement et continue, si on en juge par l’abondance du protoplasma et l’ampleur de ses mouve- ments, à être douée d’une grande activité vitale. Lorsqu'on pratique une coupe dans l’épiderme, on remarque, ainsi que nous l'avons CELLULRS EN GODET. 447 constaté et dessiné pour l'épiderme d’un pédonculefloral très grand (fig. 3, PI. XXI), que ces organes ou papilles en godet sont saillantes au-dessus de cet épiderme et répondent bien, par leur manière d’être, à la description qu’en a donnée M. Trécul, et qu’il con- vient de rappeler ici brièvement. « Sur une coupe transversale de la tige, cette cellule basilaire du poil ressemble à une petite poche qui traverse quelquefois la deuxième couche de cellules. Elle est moins profonde sur le pétiole ; elle est plus réduite encore sur le limbe, où elle ne s’élend pas au delà de la couche épi- dermique. Elle est toujours située vis-à-vis de deux utricules sous-jacentes. » Mais il est un point qui paraît avoir échappé à M. Trécul, et qui me semble avoir une grande importance : c’est que, daus tous les organes floraux et méime sur le pédoncule, les cellules en godet se retrouvent sans avoir succédé à un poil pri- mitif'. Si l’on examine un tissu jeune dans un organe à peine ébau- ché, comme le pédoncule floral, par exemple (PI. XXE, fig. 1), on trouve les mêmes organes avec leur forme circulaire, formés dès l'apparition de l’épiderme et déjà pourvus d’un fort développe- ment à l’état naissant (PI. XXI, fig. 1 et fig. 3, a). D'abord forte- ment proéminentes et comme à l’état de papilles (fg.3, a, PI. XXI), ces cellules se dépriment plus lard et s’affaissent au centre (fig. 3, b, PI. XXI.) Cette condition se retrouve dans les enveloppes florales et sur les organes reproducteurs. Voici en effet ce que je relève dans mes observations sur les fleurs de Nymphæa scutifolia et d’Euryale feroz. NYMPHÆA SGUTIFOLIA DC. EURYALE FEROX, Salisb. Petites circonférences très nombreu- La face inférieure de la feuille porte au ses mais très réduites sur la face exté- milieu d'aiguillons multiples des poils rieure du calice et sur le pédoncule. pluricellulaires très nombreux (p, fig. 1, Même disposition sur la face interne des PI. XX) et beaucoup de bases circulaires sépales et la face externe des pétales. de ces poils (b. fig. 1, PI. XX). Même dis- 1 Il faut faire exception pour Nuphar pumilum, qui ne présente aucun de ces organes (ni sous forme primitive Ce poil ni autrement) sur la surface interne des pétales, sur les deux faces des étamines, et sur l'ovaire. Le jeune pédoncule est couvert de poils bicellulaires. 418 MÉMOIRES ORIGINAUX. Cellules en godet un peu moins nom- position à la face externe du calice. Surla breuses sur la face interne des pétales, face interne du calice, qui est colorée en très développées sur la face externe de rouge violet comme les pièces de la co- l'ovaire et sur les lames stygmatiques. rolle, sur les deux faces des pétales, sur la face extérieure du filet staminal, à la face antérieure du filet, sur l'ovaire et sur le stygmate, on trouve de nombreuses cellules en godet. I n’est pas douteux que nous nous trouvons là en face d’un poil qui, arrêté à ses premières phases de formation, se trouve ré- duit à sa cellule basilaire. Quelles sont les conditions qui ont déter- miné cet arrêt de développement ? Il est probable que ce sont les mêmes qui on entrainé la chute du poil peu après son appari- tion et la réduction de l’appareil trichomatique à son expression le plus simple, sa cellule basilaire. Or, cette influence doit être celle du milieu aquatique lui-même. Ce qui est plus intéressant, c’est de voir cette cellule basilaire persister à vivre après la chute du poil et jouer un rôle important encore, alors que dans les conditions ordinaires, quand la dépilation se produit sur un épi- derme, la cellule meurt avec le poil qu’elle portait.C’est ce qu’on remarque par exemple lorsqu'on transplanie dans un jardin le Lys Martayon sauvage. Sa tige couverte de poils se dépouiile par la culture de ces exodermies, et la cellule basilaire qui les sup- portait cesse de vivre activement, se confondant avec le reste de l’épiderme caulinaire. Avant d'abandonner le groupe des Nymphéacées, il ne sera pas inutile de dire que dans les Cabombées, considérées avec raison par plusieurs auteurs comme une simple sous-famille des Nymphéacées, deux espèces, Cabomba caroliniana Gray etC. pian- hensi Gray, nous ont présenté les mêmes formations sur l’épiderme non des feuilles mais dé la tige (fig. 8, PI. XX, et fig. 2, PI. XXÏ). Ces organes unicellulaires succèdent aussi à un poil qui tombe de bonne heure, mais dont j'ai pu trouver la trace dans Cabomba pianhensis, où cette exodermie est acérée et unicellulaire (p fig. 8, PI. XX), tandis que cette trace m'a échappé complètement dans Cabomba caroliniana, où cependant la présence du poil doit se CELLULES EN GODET. 449 constater au début, si j'en juge par comparaison. Remarquons enfin que dans la troisième sous-famille des Nymphéacées, les Welum- biwm, ces organes et les poils font défaut dans toutes les parties. Dans Limnocharis Humboldtii Rich., qui est cependantbien éloigné des Nymphéacées, les faits se passentau point de vue qui m'occupe absolument comme dans les genres Nymphæa et Nuphar. Après ces observations sur le Nymphéacées, me trouvant au- torisé à penser que l'influence du milieu exerce quelque action sur ces formations, je fus conduit à en poursuivre l'étude sur d’autres espèces aquatiques. Les plantessuivanties, examinées avec le plus grand soin, n’ont vrésenté aucune formation de ce genre, bien que quelques-unes d’entre elles fussent pourvues (Polygonum amphibium L.) de poils (glanduleux au sommet); ce sont : Vallisneria spiralis L. Helosciadium nodiflorum Koch. — Micheliana Spr. Hydrocharis morsus-ranæ L. Butomus umballatus L. Ranunculus aquatilis Lois. Triglochin maritimum L. Ranuncuclus fluitans Lam. — palustre L. Villarsia nymphoides Vent, Alisma damasonium L. Nelumbium speciosum Wild. — plantago L. Polygonum amphibium L. — ranunculoides I. Dichrœæna dichotoma. — natans L. (8. Wightii), Tul. — parnassifolium Hamilt. Neolacis Riedelii Weddel. Lemna trisulca L. Neolacis Richardiana Tul. Pontedera crassipes Mart, Hydrostachys imbricata A. de d. Potomogeton natans L. Castelnavia princeps T. et Wed. Aponogetum distachyum Ait, _ Terniola ramosissima Wed, Ceratophyllum demersum L. Hydrostachys distichophylla À. de d. — submersum L. Hottonia palustris L. Myriophyllum verticillatum D C. Nous venons de voir que dans le groupe des Haloragés, les Hyrio- phyllum sont dépourvus de cellules en godet; nous allons constater maintenant que dans le groupe très affine des Trapa et des Calli- triche, il n’en est pas ainsi. Le Trapa natans L., que nous avons examiné spécialement, porte à ia face supérieure deses feuilles na- geantes des poils p d’unelongueur démesurée (PI. XX, fig. 4), for- més de plusieurs cellules articulées; ils tombent de bonne heure. 450 MÉMOIRES ORIGINAUX. À leur place, on voit ultérieurement la cellule basilaire qui les supportait prendre un grand développement (fig. 3, b, PI. XX) et uue grande activité. Les Callitriche m'ont fourni des observations plus intéressantes : la formation des cellules en godet s’y éloigne davantage de ce que nous avons vu dans les Nymphéacées. Les Callitriche, on le sait depuis les observations de MM. Ad. Chatin ! et Prillieux ?, portent sur leur tige aussi bien que sur les deux faces des feuilles, tant submergées que flottantes, des orga- nes nommés CGysties par M. Chatin, et qui, douées d’une fonction physiologique spéciale (appareil hydrostatique), ne sont en réalité que des glandes en champignon à plusieurs cellules avec un sup- port unicellulaire. Ces organes ont une structure bien conforme à celle qui a été donnée par ces savants auteurs. Le développe- ment organogénique s’en fait ainsi que l’a indiqué M. Prillieux, et le dédoublement primitif de la cellule épidermique, par une cloison transversale qui la divise en deux cellules filles, l’une su- périeure, l’autre inférieure, s'oppose à loule comparaison avec les stomates. Au début, la cellule basilaire et les cellules de la tête glanda- leuse fongiforme sont remplies (fig. 7, PI, XXI) par une substance protoplasmatique abondante. Puis cette substance est remplacée, dans les cellules de la tête, par un liquide incolore, qui lui-même fait place à de l’air. La cellule basilaire ne subit, elle, aucune mocification. Sur les parties vieilles de la tige et sur les feuilles âgées, on constate une dissociation des cellules de la tête qui se séparent les unes des autres, comme l’a vu M. Chatin. Mais cette dissocia- tion est suivie de la chute de ces cellules, qui tombent l’une après l'autre (e, fig. 8, PI. XXI), ne laissant plus que la cellule basilaire (b, fig. 8 et b, c, fig. 13, PL. XXI) qui conserve dés lors l'aspect d’une cellule en godet (ou glande unicellulaire), encastrée entre 1 Dez Cysties, organe nouveau observé sur les Callitriche (Bull. de la Soc. Bot. de France, tom. II, pag. 291 et 772). 2 Sur la stucture des poils des Oléacées et des Jasminées (Bull. de la Soc. Bot. de France, tom. II, pag. 769). CELLULES EN GODET. 451 les cellules épidermiques, toujours riche en protoplasma et en- tièrement analogue comme aspect et probablement comme fonc- tion aux organes unicellulaires des Nymphéa et des Nuphar, dont nous nous sorimes longuement occupé. L'Aippuris vulgaris L. nous a présenté une succession de phé- nomènes semblables à ceux que nous venons d’examiner dans Callitriche. M. Ad. Chatin y a décrit des glandes (cysties) ana- logues à celles des Calhtriche et qui existent de loin en loin sur la circonférence des feuilles. Ces organes sont remplis d’un li- quide transparent auquel s'ajoutent quelques granules de matière verte. Les cysties se rencontrent encore sur l’épiderme de la tige dans cette espèce; mais elles y sont assezrares dans les parties exondées et deviennent communes, au contraire, dans les parties submergées,où ces organes perdent assezrapidement leur couronne de cellules. I est fort remarquable de voir que, sur les parties vi- vant hors de l’eau, les glandes fongiformes conservent leur forme primitive et ne donnent pas naissance à des cellules en godet. Est-ce à un effet du milieu ou est-ce dû à ce que ces parties exondées sont encore jeunes ? Lysimachia Nummularia L., qui peut vivre complétement plongé dans l’eau, nous a présenté des glandes en tout semblables à celles de Callitricheet d’Hippuris, avec cette différence que la tête est composée de quatre cellules seulement, A part cette légère modification, tout, au point de vue qui nous occupe, S y passe de la mème facon que dans Callitriche. Dans Mentha aquatica L., j'ai relevé des faits comparables aux précédents, aboutissant en dernière analyse à la formation d’une cellule en godet. Les deux faces de la feuille et la tige sont cou- vertes de formations (tant dans les parties inondées que dans celles exondées), qui, répondant exactement aux eysties de Calli- trichées, sont généralement formées de huit cellules en rosette supportées par une cellule basilaire. Sur les feuilles âgées, les cloisons de séparation disparaissent en totalité ou en partie au moment où le liquide cellulaire qui avait succédé au protoplasma fait à son tour place à l’air (g. 11, PI. XXI). L’ampoule formée 45? MÉMOIRES ORIGINAUX. au-dessus de la cellule basilaire par la réunion de toutes les cellules qui constituaient la tête du poil glanduleux se remplit bientôt d’un liquide jaune, très réfringent, huileux, qui distend les parois de la glande fougiforme et fait prendre à la formation tout entière des dimensions considérables (PI. XX, fig. 9). À un élat plus avanté, on ne trouve plus que des lambeaux de l’am- poule attachés à la cellule basilaire ; le reste a disparu, de même que le contenu. Il est probable qu'il y a eu chute de l’ampoule, comme dans les autres cas. Les dernières traces de la tête du poil ne tardent pas à disparaître, et on n'a plus sur de vieilles feuilles et sur les parties inférieures de la tige que des cellules en godet (PI. XXI, fig. 12). Des faits semblables se produisent dans Veronica Beccabunga L., dont les feuilles et la tige scnt aussi pourvues de cysties qui tombent fractionnellement, ne laissant que les cellules en godet pour en indiquer la trace (a, fig 4, PL. XXI.—b, deux cellules de la glande non encore tombées). Il nous reste maintenant à examiner quelques faits de même ordre observés dans des plantes aquatiques ou terrestres, mais classées par Darwin dans le groupe des carnivores. Si l’on porte le microscope sur la partie épidermique externe d'une ascidie d’Utricularia major Kan. ou &’Utricularia minor L. (j'ai examiné les deux espèces), on trouve que cet épiderme est formé de cellules ordinairement quadrangulaires. Dans tous les points où se rencontrent les parois de 3 ou # de ces cellules, se trouve une des formations singulières que M. Benjamin a compa- rées à un stomate'. En réalité, leur aspect vu de face rappelle un peu celui d’une ostiole stomatique, mais tout se réduit à de simples apparences. Les deux cellules accolées (PI. XX, fig. 7), sont incolores et grisätres, le cercle central formé par la cellule basilaire est jaune. Ce cercle central (fig. 12, b) correspond à la 1 « D'après M. Benjamin, les parois de l’urne sont formées de 2 à 4 assises dans l'intervalle desquelles de grands méats établissent une communication entre 2 surface et la cavité, et aux extrémités desquelles se trouvent des cellules analogues à des stomates.» (Duchartre, Élém. de Bot., Édit 1884, pag. 407.) CELLULES EN GODET. 453 projection de la cellule basilaire supportant deux cellules beau- coup plus volumineuses. Le contenu protoplasmique est trés abondant dans ces trois éléments. Incolore dans les deux cellu- les supérieures, il contient assez peu de granulations pour qu'il soit malaisé Ge constater directement sa présence. Le contenu de la cellule basilaire a une coloration jaune doré ou jaune roux très prononcé, avec de nombreuses granulations plus foncées. Ces organes glandulaires, sur la description desquels j'ai cru devoir£d’autant plus m'’appesantir qu'ils n’ont pas trouvé place dans l’analyse fort minutieuse des divers Utricularia donnée par Ch. Darwin dans ses études sur la physiologie des ascidies”, apparaissent d’abord sous forme d’une petite cellule arrondie, logée au milieu des autres cellules épidermiques de forme diffé- rente. Une première cloison parallèle à la surface épidermique la divise en deux cellules, l’une inférieure encastrée dans l’épi- derme, l’autre supérieure soulevée au-dessus de celle-ci. Cette dernière grandit rapidement et se divise en deux par une cloison longitudinale perpendiculaire à la surface épidermique qui la partage en deux moitiés symétriques. Faisons remarquer, en pas- sant, que ce développement se rapproche très sensiblement de celui qui a été indiqué par MM. Prillieux? et Chatin pour les cysties des Callitriche. Telles que nous venons de les décrire d’après leur manière d'être sur la surface externe de l’ascidie, ces glandes existent en- core sur les diverses parties de la feuille et de la tige. Mais elles y sont moins nombreuses et ne s’y rencontrent pas à tous les points de contact des diverses cellules épidermiques, comme on le voit sur l’épiderme extérieur de l’ascidie. En outre, leur con- tenu est modifié. La cellule basilaire est absolument remplie par EEE EE) 1 Les plantes insectivores, trad. Barbier, ch. XVII, pag. 464 et suivantes. Paris, 1877. Reinwald. 2 Sur la structure des poils des Oléacées et des Jasminées (Bulletin de la Soc. Bot. de France, tom. II, 1855, pag. 769). 454 MÉMOIRES ORIGINAUX. une matière jaune verdâtre qui y paraît disposée en grosses granu- lations. Il est intéressant de donner les dimensions de ces éléments : DIMENSION DES GLANDES. Cellules supérieures. 1° Sur l’Ascidie. 20 Sur les feuilles et la tige. Grand diam, de 25 à 35 millièmes de millim. Grand diam. 15 millièmes de millim. Petit _— 15 — Petit — 7 etdemi. == Hauteur — 9 —_ Hauteur — 7 et demi. — Cellules basilaires. Diamètre de 1 à $5 millièmes de millim. Diamètre de 7 millièmes de millim. Hauteur 5 — — Hauteur — ? etdemi. — À un moment donné de la vie de l’ascidie, les diverses cel- lules qui constituent cette glande se détachent et laissent à nu une cellule basilaire, qui, s’accroissant et continuant à vivre très active- ment, deviendra une ceiluleen godet. À un certain âge, ilne reste plus que ces dernières comme unique trace des glandes primitives. Mais ce ne sont pas là les seuls organes glanduleux qui exis- tent sur la surface de l’ascidie, soit au dedans, soit au dehors de sa cavité. Nous savons, depais les recherches de Ch. Dar- win (loc. cit.), qu’on trouve encore sur sa paroi interne des pro- cessus bifides et des processus quadrifides. Ces derniers donnent lieu par leur chute, comme les glandes externes précédemment étudiées, à la formation de cellules en godet. Examinons leur constitution. Les quatre branches qui composent ces processus (fg. 9 PI. XXI.) se décomposent en deux longues et deux petites ou courtes, supportées toutes quatre par une cellule unique ba- silaire, en forme de circonférence parfaite (fig. 9, PI. XXI, b) et au sommet de laquelle les processus viennent s’articuler. La division est complète entre la branche longue el la courte d'un même côté; il en est de même pour l’ensemble qui forme pendant de l’autre côté. Le contact ne s'établit qu’au point d'in- sertion des deux processus sur la cellule basilaire, et les deux branches, l’une longue, l’autre courte, d’un même côté, ne sont au contraire séparées que par une cloison. Il importe de dire un mot du développement de ces organes, qui rappelle tout à fait celui des glandes externes, et par conséquent des cysties de Cal- CELLULES EN GODET. 495 litriche, ce qui explique suffisamment que tous ces organes don- nent finalement naissance à des cellules en godet. Voici ce dé- veloppement : Une cellule épidermique plus petite et arrondie se divise en deux par une cloison parallèle au plan de l’épiderme. La cel- lule supérieure se divise ensuite en deux par une cloison perpen- diculaire à ce plan. Chacune de ces parties se développe ensuite après une nouvelle division, pour donner deux processus, un long et un court. [l peut arriver aussi que les processus ne se for- ment pas, et alors ce développement avorté donne lieu, à l’in- térieur de l’ascidie, à des formations semblables aux extérieures. Ce fait a du reste été indiqué par Ch. Darwin lui-même, qui dit (loc. cit., p. 500): «Le dévelonnement des processus quadrifides est facilement arrêté. J'ai vu une vessie ayant 1/50 de longueur, qui ne conte- nait qu'une papille primordiale : j'ai vu aussi une vessie ayant at- teint la moitié à peu près äde son Céveloppement, chez laquelle les processus quadrifides se trouvaient encore dans les pre- mières phases de leur développement. » En somme, le déve- loppement des organes clandulaires de l’épiderme externe est le même que celui des processus quadrifides, mais il s’arrête plus tôt. Du reste, le contenu cellulaire est le même dans les deux cas : coloré dans la cellule basilaire, incolore dans les autres. Les processus quadrifides tombent à un moment donné et lais- sent à ou la cellule basilaire (b, fig. 9, PI. XXT) parfaitement cir- conférencielle, qui devient cellule en godet, car elle s’accroît et se montre très active par son contenu. Nous terminerons l'examen de ces formations par ce que nous avons observé dans un réprésentant rare de la famille des Sarra- céniées, Darlingtonia californica Torr. Cette plante, dont la con- stitution foliaire ascidiforme rappelle tout à fait celle du Sarrra- cenia purpurea L. présente, à l'entrée même de son urne, deux appendices mystaciformes qui, examinés dans le {out jeune âge, nous ont offert sur leur épiderme supérieur des glandes capitées indiquées par la fig. 14, PL. XXI, a. Ces glandes unicellulaires, en 456 MÉMOIRES ORIGINAUX. forme de boule sphérique, reposent sur une cellule basilaire (b, PL XXI, fig. 15), encastrée dans l’épiderme et ne faisant pas sen- siblement sailiie au-dessus de ce revêtement. De très bonne heure les glandes capitées tombent, et on trouve à la place la cellule basi- laire très vivante qui ne tarde pas à prendre un développement énorme (b, fig. 10, PI. XXI).Cette cellule, et par ses dimensions, et par sa forme, et par sa manière d’être générale (elle fait peu saillie sur l’épiderme), se distingue très nettement des cellules environ- nantes quisont toutes développées en papille (6, fig. 10, PI. XXT). Cette existence des cellules en godet sur les Sarracéniées confirme les affinités de cette famille avec les Nymphéacées (aussi pourvuesde ces organes), déjà établies sur la communauté d’autres caractères. Nous venons de passer en revue les différentes manières d’être d'un même organe provenant toujours d'un poil, variable quant à la forme et à la durée, mais ayant toujours existé au début et ayant disparu de bonne heure. Nous avons vu combien les formes des glandes en godet ainsi développées sont également variables ; mais nous avons pu être étonné aussi de leur différence de con- stitution dans l’ensemble du règne végétal, de leur localisation dans les Dicotylédones élevées en organisation, à l’exclusion des Monocotylédones et des Apétales. Les Podostémacées, qui sont aquatiques, en sont totalement dépourvues, et c’est le seul groupe des Apétales condamné exclusivement à vivre dans le milieu aqueux. Nous avons pu remarquer encore que ces organes sont le propre des plantes immergées dans l’eau en totalité ou en grande partie, et qu’une seule exception se présente à cette règle, celle qui est fournie par les Sarracéniées ; mais cette exception s'explique par les aflinités des Sarracéniées avec les Nymphéacées. Disons enfin, en terminant, que les cellules en godet peuvent succéder à un poil lymphatique ou glanduleux. Il nous reste maintenant à répondre à cette question : Quelle est la fonction physiologique de ces organes unicellulaires que nous nommons cellules en godet? C’est assurément là un pro- blème plus facile à poser qu’à résoudre, et nous devons avouer que, n’ayant pu faire aucune expérience, nous en sommes ré- CELLULES EN GODET. 457 duit sur ce point aux conjectures et aux suppositions suivantes. Duval-Jouve, dans un article intitulé : Notes sur quelques plan- tes dites insectivores, s'exprime ainsi": «Si l’on examine des feuilles de Callitriche, on trouve que leur face supérieure présente parmi de nombreux stomates quelques exodermies identiques à celles A/drovandia, Utricularia, Genlisia, Pinguicula, etc., et la face inférieure privée de stomates est toute couverte de ces exo- derm'es. Il en est de même à la face inférieure des feuilles de Nuphar luteum Sm. et Nymphæa cærulea Sav. M. Trécul, dans son mémoire sur cette Nymphéacée, a constaté la présence de ces petits organes, qu'il a considérés comme la base persistante de cer- tains poils caducs. Richard les a également distingués et paraît les avoir considé rés com: e d’une forme différente (Éiéments de Bota- nique, pag. 40°). Là, le rôle del’absorption d’une proie capturée et décomposée est absolument impossible, et si ces organes y remplis- sent la fonction d’organe d’absorption, ce que, dans mon igno- rance, je suis très loin d’infirmer ou d'affirmer, il faut alors recon- naître que cette absorption doit s'exercer sur le gaz dégagé dans le milieu où vivent les plantes aquatiques. C’est alors une autre question à examiner, et que, pour de bonnes raisons, je me borne à signaler. » Il n'est pas douteux que, sauf les réserves à faire sur l’assi- milation entre l’action physiologique des cyslies et celle des glan- des en godet (succédant à des poils simples ou capités), à laquelle l’auteur ci-dessus cité devait fatalement être conduit par l’igno- rance des faits développés dans le présent travail, on ne peut 4 Bull. de la Soc. Bot. de France, tom. XXIII, pag. 130. 2 Il y a dans cette indication bibliographique une erreur d'interprétation qu'il convient de relever. Richard n’a, dans aucune des nombreuses éditions de ses Éléments de botanique, restés classiques encore aujourd’hui, décrit ni figuré ces organes, Duval-Jouve s'est laissé abuser par une figure qui se trouve en effet à la page 40 de la onzième édition, et qui reproduit la coupe d'un épiderme en voie de production. On y voit quelques cellules de forme différente de leurs voisines, mais elles sont la reproduction de la première phase de la formation stomatique et non la coupe d'une cellule basilaire en godet. Du reste, le texte n'indique nulle part qu'il soit question d'autre chose que des stomates et la figure n'a trait réelle- ment qu'à des formations stomatiques. 458 MÉMOIRES ORIGINAUX. que se rallier à sa manière de voir. Les cellules en godet, tout semble le prouver, remplissent un rôle très actif comme .or- ganes de nutrition sans doute ; mais sur quels matériaux s’exerce leur absorption, si elle existe, comme c’est probable ?Ne serait il pas possible aussi que nous fussions en présence de simples or- ganes d’excrétion ? Il v’est pas permis actuellement de répondre avec certitude à ces questions. Toutefois, on aous permettra de faire remarquer que la physiologie générale pourrait peut-être jeter quelque lumière (avant même l’entreprise d'expériences décisives) sur la solution de ce problème ardu. Il existe en effet des corrélations trop mé- connues entre le système pileux et le système glandulaire, et elles doivent évidemment avoir leur correspondant dans les deux règnes vivants". Pour ce qui a trait aux animaux, qu'il mesoit permis de rappeler seulement deux faits, très significatifs à mon sens. Les organes de Meibomius (organes de sécrétion placés dans les paupières des mammifères) ne sont autre chose que des glandes sébacées qui accompagnent les cils et qui ont pris, par balance- ment organique et physiologique, un très gran] développement, une fonction plus active, le poil ayant disparu ou s'étant atrophié?. 1 J'ai déjà eu l'occasion d'insister sur ce point très important et de le mettre eu vive lumière dans un article intitulé: Du pilosisme déformant dans quelques végétaux (Bulletin de la Soc. de Bot. de Provence, avril, juin 1880). 2 Il n'est pas inutile de rapporter sommairement ici ce que dit, des glandes séba- cées et des poils, Longet dans son Traité de Physiologie, tom. I. pag. 971. « La matière sébacée est sécrétée par de petites glandes qui en général appar- tiennent à la classe des glandes en grappe. Situées dans les couches superficielles du derme, ces glandes, qui font complètement défaut dans certaines parties du corps, comme à la plante des pieds et à la paume des mains, forment un plan superposé aux glandes sudorifères. » Quels rapports les glandes sébacées affectent-elles avec les follicules pilifères ? D'après Eichhorn, ces glandes n'existeraient point comme organes distincts, et la matière sébacée serait sécréltée dans les kystes des poils. Partout où il y a des poils, les glandes sébacées, suivant E. H. Weber, s'ouvrent dans les follicules pileux eux-mêmes. Ch. Robin distingue des glandes sébacées proprement dites et des glandes pileuses. Les premières offrent une embouchure commune avec les petits follicules pilifères. Quant à Kôülliker, qui admet que plusieurs des glandes sébacées sont constituées par de simples utricules pyriformes, tandis que d’autres CELLULES EN GODET. 459 Dans quelques cas considérés comme pathologiques, ces poils atrophiés arrivent à un développement complet, ce qui conslitue l’affection connue eu oculistique sous le nom de Distichiasis, et alors la paupière se trouve pourvue de deux rangées de poil en même temps que la glande de Meibomius a perdu de son impor- tance. De même, les otistes ont remarqué depuis longtemps que, chez l’homme et chez les animaux dont le conduit auditif externe est pourvu de poils nombreux, la sécrétion du cérumen se fait moins abondamment que chez les sujets dans lesquels cet organe est glabre.Bien d'autres exemples de ce genre pourraient être cités en vue d'établir entre les deux systèmes, pileux et glandulaire, une corrélation qui, du reste, ne fait qu'obéir aux lois de balan- cement organique ; pourquoi n'en serait-il pas de même pour les plantes que nous venons de passer en revue, et pourquoi les cel- lules ep godet, devenues de véritables organes unicellulaires excré- tant, ne seraiert-elles pas appelées à donner un produit destiné à protéger l’épiderme, qui, on le sait, est irès peu protecteur dans ces plantes? Quant à la présence de ces organes dans les enveloppes flo- rales non immergées, elle pourrait s'expliquer par les lois de l’hérédité, qui permettent à un organe devenu inutile de se per- pétuer en passant à l’état de émoin. Par ailleurs, qu’v aurait-il d’élonnant, dans le cas actuel, à voir des pièces florales émanées des feuilles par transformation, con- server trace d'un organe qui a caractérisé ces mêmes feuilles? Le fait estabsolument normal et trouve sa confirmation dansl’absence de ces glandes unicellulaires dans les fleurs des Velumbium, dont forment des glandes en grappe simple ou des glandes en grappe composée, il affirme QU'ELLES SONT GÉNÉRALEMENT PLUS GROSSES AUTOUR DES PETITS POILS QU'AU VOISINAGE DES POILS VOLUMINEUX. Les plus considérables, d’après cet observateur, se rencontrent au mont de Vénus, aux grandes lèvres, au scrotum, où l’on voit dis- posées élégamment autour du même follicule pileux QUATRE A HUIT GLANDES SÉBA- cées ; au gland et à la face interne du prépuce, existent des glandes ordinaires (glandes de Tyson), mais qui, n'affectant aucun rapport avec des follicules pileux, viennent s'ouvrir directement à la surface de la peau, » 460 MÉMOIRES ORIGINAUX. les feuilles en sont complètement privées. Ces feuilles même n’ont pas de poils au début, sans doute parce que les cellules de l’épi- derme, très développées et très constantes, suffisent à la protection de l'organe. Quant à la présence de ces poils, qui naissent pour tomber presque aussitôt, et dont on ne s’explique pas l'utilité, il est évident que le fait constitue un phénomène absolument sem- blable à celui que j'ai constaté il y a plusieurs années déjà et qui a été étudié avec grand soin par M. JulesChareyre, dans sa thèse de doctorat ès-sciences naturelles”, à savoir : qu’un grand nombrede formations cystolitiques, avant de s’enclaver dans l’épiderme,com- mencent par être un poil qui se résorbe partiellement et ne laisse plus que sa cellule basilaire appelée à sécréter la masse calcaire. Un grand nombre de cystolithes se forment directement sans production première d’un poil, fait qui complète la ressemblance avec la formation des cellules en godet. On pourrait admettre également, pour expliquer la chute des poils, mais sans preuves non plus, que les plantes ponrvues de cellules en godet ont été autrefois terrestres et munies de poils qui, devenus inutiles dans le milieu aqueux, ont disparu, laissant à leur cellule basilaire le soin de suflire à de nouvelles conditions physiologiques. L'étude actuelle se relie donc à mes travaux antérieurs sur le pilosisme déformant (partie tératologique et taxonomique) et au travail de M. J. Chareyre, inspiré par mes recherches, pour for- mer un tout qui pourrait être intitulé : Métamorphoses du poil. J'espère qu'il mettra en évidence, comme je me suis appliqué à le faire déjà, et malgré le peu de développement qu'a reçu la partie physiologique de ce travail sur Les glandes ou cellules en go- det, l'importance qui s'attache à l’étude de ces organes de haute valeur morphologique et physiologique qu’il était de mode de né- gliger et dont l'examen valait, aux botanistes qui s’en occupaient, la dénomination dédaigneuse de trichoscopistes. ! Nouvelles recherches sur les Cystolithes, Paris, 1885.(Extrait de la Revue des Sciences naturelles, juin et décembre 1884.) CELLULES EN GODET. 461 EXPLICATION DES FIGURES (Légende). PLANCHE XX. Fic. J. Épiderme de la face inférieure d’une feuille jeune d'Ewryale feroæ, 210/1, 32 organes au millimètre carré. Fic. 2. Épiderme de la face inférieure d’une feuille adulte d'Æwryale ferox, 210/1, 32 organes au millimètre carré. Fic. 3. Épiderme de la face supérieure d'une feuille adulte de 7rapa natans 210/1, 7 organes au millimètre carré. Fi. 4. Épiderme de la face supérieure d’une feuille jeune (pourvue de longs poils) de Trapa natans, 210/1, 7 au millimètre carré. Fic. 5. Épiderme de la face inférieure d’une feuille jeune de Nuphar luteum, 359/1, 35 organes au millimètre carré. Fic. 6. Épiderme de la face inférieure d’une feuille adulte de Nuphar luteum 250/1, 35 organes au millimètre carré (il subsiste encore un poil p posé sur sa glande basilaire bd). Fic. 7. Épiderme externe d’ascidie d'Utricularia minor montrant les cysties a avec leur cellule basilaire b, 210/1. Fic. 8. Épiderme de la tige Cabomba pianhensis, 210/1, 13 organes au millimètre carré. Fic. 9. Épiderme supérieur de la feuille de Mentha aquatica avec une cystie remplie de matière huileuse a, 260/1. Fi. 10. Épiderme d'un pétiole jeune de Nuphar luteum, 210/1, 15 or- ganes au millimètre carré. PLANCHE XXI. Fic. 1. Épiderme d'un pédoncule naissant de Nymphæa alba, 260/1. . Fi. 2. Épiderme de tige adulte de Cabomba caroliniana, 210/1. Fic. 3. Coupe transversale d’un pédoncule naissant de Nymphæa alba, 260/1. Fic. 4. Épiderme de tige submergée de Veronica Beccabunga avec sa cystie, 500/1. Fic. 5. Épiderme inférieur de feuille très jeune de Nymphæa alba, 500/1. Fic. 6. Épiderme inférieur de la feuille adulte de Nymphæa alba, 500j1. Fic. 7. Épiderme de la tige submergée de Callitriche verna, 500/1. 32 sér. tom. Iv. 32 462 MÉMOIRES ORIGINAUX. Fic. 8. Épiderme de la tige submergée de Callitriche verna (état inter- médiaire entre la fig. 7 et la fig. 13). FiG. 9. Épiderme interne d’ascidie dUtricularia minor, 210/1, montrant les processus quadrifides implantés sur une cellule basilaire à en circonférence parfaite. Fic. 10. Épiderme de la face supérieure des appendices de l’ascidie de Darlingtonia californica; a cellule basilaire d’un poil céphalé, 300/1. Fig. 11. Épiderme supérieur de la feuille de Mentha aquatica avec une cystie qui commence à se remplir de matière huileuse, 500/1. Fic. 12, Épiderme de feuille de Mentha aquatica dans laquelle les cysties ont disparu pour laisser subsister la cellule basilaire a, 5090/I. Fic. 13. Épiderme de la feuille de Callitriche verna dans laquelle les cysties ont disparu pour laisser subsister la cellule basilaire (on voit sur la fig. des taches blanches qui sont dues à des grains d’amidon disséminés en grand nombre dans le parenchyme), 500/1. Fic. 14. Epiderme inférieur des appendices de l’ascidie de Darlingtonia californica portant des poils céphalés qui tomberont, laissant leur cellule basilaire vivante, <00/1. Fic. 15. Épiderme supérieur des appendices de l’ascidie de Darlingtonia californica. a poil céphalé, b base persistante de ces poils après leur chute. Elle devient la cellule a de la fig. 10, 300/1. Nota. — Les Fig: 9, PI. XX, et, 4, 5:16,7,,8, 9,11: 12,043) PEUX AT sont reproduites d'après des épreuves microphotographiques ; de là, leur aspect noirâtre trop fidèlement reproduit par le graveur. 463 ere mt quart NOTES EMBRYOGÉNIQUES ESQUISSE DU DÉVELOPPEMENT DE LA DASYCHONE LUCULLANA D. CH. Par M. Louis EQOULE, Chef de Travaux pratiques à l’École de Médecine de Marseille. Je m'étais occupé ‘, voici quelques années, du développement de la Dasychone lucullana D. Ch., Sabellide très commune dans les ports de Marseille, et mes recherches sur d’autres sujets m'a- vaient ensuite empêché de continuer mes premières observations. Ces observations sont assez complètes : j’ai non seulement étu- dié les formes extérieures des larves et les parties des organes qu'il est possible d’apercevoir par transparence, mais j'ai en outre pratiqué au travers des larves à divers stades des coupes en plusieurs sens, afin de reconnaître le mode de genèse des tis- sus. Il resterait pourtant, avant de publier ce travail, à élucider certaines particularités qui m'ont échappé jusqu'ici ; mais, malgré ces lacunes et malsré les mémoires publiés récemment par de semblables sujets, je ne puis résister au désir d’esquisser, et c’est bien à le mot, le développement complet d’une Dasychone depuis l'œuf fécondé jusqu'à l’état adulie, en insistant de préférence sur l’aspect extérieur présenté par les larves. 1 Ce commencement de recherches sur l'Embryogénie des Disychone lucullana a été fait au laboratoire de Zoologie de la Faculté des Sciences de Marseille, di- rigé par M. le professeur Marion; les 1). lucullana sont en effet très nombreuses sur les parois des nouveaux quais de Marseille, notamment au quai au Soufre (Joliette) et au bassin National, par 2 à 5 mètres de profondeur; elles vivent côte à côte avec des Ciona intestinalis et de nombreuses Comatules. 464 MÉMOIRES ORIGINAUX. [Il est certain que l’embryogénie de la Dasychone lucullana n’est pas une nouveauté; ce développement rappelle fort celui du Psygmobranchus protensus (Protula tubularia Mrz.), et je ne puis que renvoyer aux études de W. Salensky (Archiv. de Biol., IT, 2, 1882) pour bien connaitre la forme et l’organisation des larves : laressemblance est frappante. D'autre part, cette embryo- géuie est plus directe que celle de l'£wpomatus uncinatus (Hy- droides uncinata Mrz.), observée nar Hatschek (Arb. a. d. Zool. Inst. zu Wienn, VI, 1, 1885). Mais je me permets de recom- mander cette espèce aux jeunes zoologistes. La Dasychone luculluna offre en effet cet avantage rare, pré- cieux en embryogénie, que l’on peut élever les larves dans des cristallisoirs depuis leur sortie de l’œuf jusqu'à l’état aduite, et qu'il est loisible de se procurer avec facilité, à Marseille du moirs, des individus de cette espèce munis de leurs œufs, depuis le commencement d'avril jusqu’au commencement et au milieu de mai. Les larves des Dasychones n’ont été observées, à ma connais- sance, que par Claparède et Metschoikoff (Beiträge zur Erkent- niss der Entwickelungsgeschichte der Chætopoden; Zeitschr. Wiss. Zool., XIX, 1869); ces deux naturalistes, préoccupés d’é- tudes générales sur l’embryogénie des Annélides chétopodes, se sont bornés à suivre les principaux processus, et se sont surtout attachés à figurer le faciès des larves sans trop insister sur leur organisation. Dès les premiers jours d’avril, les Dasychones commencent à pondre leurs œufs ; elles les rejettent par l’orifice de leur tube, englués par une volumineuse masse de mucus qui leur forme une enveloppe protectrice ; ce mueus s’accole aux bords de l'ori- fice et s’y dispose en une collerette épaisse qui renferme les ovules fécondés et que l’animal conserve. Celui-ci se ménage au travers de la collerette une ouveriure pour laisser passer ses tenlacules ; aussi n'est-il pas rare, à cette époque de l'année, de voir des colonies de Dasychones dont les individus épanouissent leurs branchies au-dessus de l’épais anneau muqueux qui borde DÉVELOPPEMENT DE LA DASYCHONE LUCULLANA D. CH. 465 l'ouverture du tube. Un tel mode de ponle n’a rien qui doive étonner chez une Sabelle. on sait que ces animaux ont la pro- priété d’excréter une grande quantité de mucus qui se concrète et donne naissance au tube protecteur; dans le cas particulier qui nous occupe, cette excrétion est en partie détournée de son but pour concourir à la protection des ovules féconlés et rejetés au dehors. Les embryons accomplissent dans cette coque les pre- miers processus de leur développement, et sortent sous forme de Trochosphère, en état de nager et d'aller à la recherche d’un lieu propice à leur fixation et à leur développement ultérieur. C'est là une adaptation particulière, semblable à celle que MM. les professeurs Marion et Kowalewsky ont signalée chez certains Clavulariens (Alcyonaires), et qui doit être d’une grande importance pour la protection des jeunes embryons. En effet, l'embryogénèse de ces derniers est condensée ; l’ovule fécondé donne naissance par épibolie à une planula qui prend peu à peu et rapidement l’aspect d’une larve d’Annélide, et c’est dans cet état que les embryons sortent de la collerette pour s’élancer dans les eaux à la recherche d’une paroi quelconque, car ils'ne tardent pas à se fixer. Les œufs sont entourés par une fine membrane vitelline que les larves percent pour pénétrer dans la masse muqueuse, et, de là, pour parvenir dans l’eau environnante ; aussi, quelque temps avant cette sortie, les œufs présentent-ils un spectacle cu- rieux, car les larves tourbillonnent au moyen de leurs cils vibra- tiles dans l’étroit espace que la membrane vitelline leur limite. La segmentation n’est pas uniforme ; le vitellus évolutif, surtout placé sur un pôle de l’œuf, se segmente plus rapidement que Île vitellus nutritif qui reste au centre, et l’entoure d’une couche de cellules à peu près cubiques, tandis que ce dernier n’est encore divisé qu’en cinq ou six gros segments. Du reste, la distinction entre deux sorles de vitellus n'existe pas en réalité : il faut reconnaître deux choses dans le protoplasme vitellin, le proto- plasme lui-même ou hyaloplasme, c’est-à-dire la matière organi- sée vivante, parfaitement hyaline et transparente, et les granula- 466 MÉMOIRES OPIGINAUX. tions nutritives, véritables aliments de réserve que le hyalo- plasme absorbera au fur et à mesure de son évolution et des pertes de substance qu'il subira par le fait de cette évolution vitale. Lorsque l'œuf fécondé commence à se développer, la plus grande partie du hyaloplasme se rassemble en un point de cet œuf et s’y segmente, tandis que les granulations vitellines por- tées au centre et enveloppées par le peu de hyaloplasme qui y reste, empêchent ce dernier d'évoluer aussi rapidement que le hyaloplasme extérieur ou vitellus évolutif. Lorsque la segmentation est achevée, l'œuf offre deux parties distinctes : une couche de cellules externes. qui deviendra l'ecto- derme de la larve, et une masse interne de granulations, au tra- vers desquelles ilest fort difficile de distinguer des parois cellu- laires, et qui donnera naissance au tube digestif ; je n'ai pas encore pu élucider l’origine exacte du mésoderme, el c’est là un des points sur lesquels devraient porter de prochaines recherches, car cette origine est fort discutée aujourd'hui. La larve, d’abord globuleuse, s’allonge et prend une forme ovoïde; en la région renflée de l’ovoïde et plus près d’une . extrémité que de l’autre — en continuant la comparaison de la larve et d'un œuf, plus près du gros bout que du petit bout, — les cellules ectodermiques se segmentent plus rapidement et don- nent naissance à un épithélium cylindrique pourvu de longs cils vibratiles ; c’est le collier vibratile qui entoure la larve trans- versalement et n’est interrompu que sur la face ventrale, dans la région où se creusera la bouche. Le collier divise le corps de l'embryon en deux parties : l’une antérieure, courte et renflée, qui sera la tête; l’autre postérieure, allongée et plus mince, qui donnera naissance an corps proprement dit, au thorax et à l’ab- domen. Dans l’intérieur de l'abdomen, le vitellus nutritif appa- rait comme une masse plus sombre, allongée. C’est à peu près vers ce stade que les embryons commencent à s’agiter et à sortir ; leur émission au dehors ne se produit pas à la même heure pour tous les embryons d’une ponte ; au con- traire, leur évolution a lieu à des moments divers, les uns étant DÉVELOPPEMENT DE LA DASYCHONE LUCULLANA D. CH. 407 en avance et les autres en retard, de sorte que le mucus se dis- socie peu à peu et que les derniers embryons renfermés dans une même collerette sont souvent rejetés plusieurs jours après les premiers sortis. Une autre conséquence d’une telle disproportion est que le même anneau renferme souvent des œufs à tous les états, les uns se segmentant à peire, les autres montrant des lar- ves déjà prêtes à être expulsées. Les cils du collier vibratile s’allongent et deviennent très volu- mineux ; ils battent en ondulant. La têle est hérissée en avant de quelques pointes rigides qui rappellent par leur aspect les cnidocils des Cælentérés; elle porte vers sa base adhérente deux veux formés par des taches pigmentaires à contours irréguliers, et des lobes qui apparaissent sur les côtés, en se bifurquant ou se trifurquant, indiquent l'apparition première des tenta- cules branchiaux. La bouche est percée sur la face ventrale par un refoulement ectodermique, à la hauteur du collier vibratile, qui s’interrompt sur le pourtour même de l’orifice buccal. La récion postérieure du corps s'allonge plus rapidement que l’ex- trémité céphalique ; elle montre, mais d'une manière d’abord peu apparente, les traces de la formation des anneaux. Ces an- neaux sont, dès le commeucement, au nombre de deux; il s’en forme un troisième à l'extrémité postérieure du corps, puis un quatrième, et ainsi de suite. Le cloisonnement qui donne naissance à de nouveaux anneaux se produit un peu en avant de l’anus, qui occupe l'extrémité même; cette région terminale, hérissée de deux petites pointes semblables à celles de la tête, renferme de nombreuses cellules à mucus qui servent à fixer l’animal ; aussi voit-on, dans les cristallisoirs, les jeunes larves attachées à la paroi de verre par leur lobe anal et dressant leur tête entourée par le collier vibratile; ces larves ont alors de un à deux millimètres de longueur. Les anneaux qui apparaissent les premiers appartiendront à la région thoracique de l’adulte ; ils sont munis latéralement de petits parapodes courts, qui portent une ou deux fines soies en serpe ; la face ventrale de chaque zoonite est munie, non loin de la base des parapodes, de deux 468 MÉMOIRES ORIGINAUX. ou quatre crochets recourbés qui correspondent aux uncinies de l'adulte. Le tube digestif se divise en deux parties : l’une antérieure, volumineuse, dont les parois renferment la presque totalité des granulations du vitellus nutritif, et aux dépens de laquelle naîtra l'estomac ; l’autre, postérieure, mince et allongée, qui croît plus rapidement que la région où elle est renfermée, et qui se recourbe par suite sur elle-même, sera l'intestin proprement dit. Toutes les cellules de l’intestin, depuis 12 bouche jusqu’à l’anus, sont recouvertes de cils vibratiles animés d’un mouvement très vif. En cet état, la larve se sécrète un tube mince et transparent. Elle ne paraît pourtant pas attacher à la possession de ce tube une bien grande importance, puisqu'elle en sort au moindre attouchement pour aller en former un autre plus loin ; ce tube l'enveloppe tout entière. À dater de ce moment, l'évolution pro- gresse avec une rapidité assez grande, et toutes les régions du corps se façonnent peu à peu pour prendre l'aspect qu'elles au- ront chez l’adulte. Les tentacules céphaliques surtout preunent une extension rapide ; ils tranchent sur le reste du corps par leur aspect hyalin, incolore, et s’allongent en se divisant et se rami- fiant. Ils se dégagent de l’extrémité antérieure de la tête, oceu- pée par un amas de petites cellules d'aspect homogène, à petit noyau réfringent, qui se prolonge dans le centre de tous les ten- tacules et en forme l’axe de soutien; ils sont couverts de cils vibratiles qui s’agitent avec rapidité. Le lobe céphalique perd son aspect conique pour devenir à peu près cylindrique ; l’une des bases du cylindre porte les ten- tacules avec les palpes et la bouche s'ouvre au centre de cette touffe ; la face opposée adhère au corps ; les yeux sont latéraux. De nouveaux anneaux continuent à apparaître dans la région postérieure de l'embryon; les deux ou trois premiers n'offrent rien de bien remarquable, si ce n’est qu’ils augmentent le nom- bre de leurs uncinies ventrales et de leurs soies en serpe; mais ceux qui sont placés en arrière portent de chaque côté une tache pigmentaire semblable à celles qui constituent les yeux cépha- DÉVELOPPEMENT DE LA DASYCHONE LUCULLANA D. CH. 469 liques. Dans l’intérieur du corps, l'estomac s’allonge et prend une forme cylindrique; la région pharyngienne se dessine et prend l’aspect d’un bulbe à parois épaisses. Au point de soudure de l'estomac et de l'intestin, la cavité digestive se rétrécit et il apparaît des fibres musculaires annulaires rassemblées en un sphincter. Une larve encore renfermée dans l'anneau muqueux le 29 avril, possédait, le 13 mai, huit anneaux bien accusés et une touffe de tentacules céphaliques déjà bien fournis. Le premier anneau possédait quatre soies en serpe dans chacun de ses para- podes et ne montrait pas d'uneinies ; le second et le troisième anneau possédaient seulement trois uncinies de chaque côté et trois soies en serpe, dont deux longues et une courte ; les qua- trième, cinquième etsixième anneaux portaient, toujours de cha- que côté, une tache pigmenlaire, deux uncinies et trois soies en serpe, dont une longue et deux courtes. Le septième anneau ne montrait que deux petites soies accompagnées d'une tache ocu- laire, et le huitième anneau, à peine accusé, n’offrait encore au- cun appendice. La même larve, une semaine après, le 20 mai, n’avait gagné que deux anneaux, mais avait en outre considérablement déve- loppé les appendices des autres ; les uncinies sont, sur les pre- miers zoonites, en série de quatre à six par chaque rangée laté- rale, et les soies en serpe des parapodes sont rassemblées en groupes assez épais, renfermant chacun trois, quatre ou cinq de ces soies. Les anneaux nouvellement formés portent tous sur les côtés des taches pigmentaires ; la touffe branchiale continue à prendre de l'accroissement, et le lobe céphalique montre déjà en petit le même aspect que chez l'adulte. L’estomac, bien re- connaissable à sa couleur roussâtre, s est très allongé et s'étend jusque dans l’intérieur du cinquième zoonite ; le sphincter, qui le sépare de l'intestin, est très apparent. Une autre larve, provenant aussi de la ponte du 29 avril, possédait douze anneaux le 10 juin ; on voit donc que la crois- sance et surtout la formation de nouveaux zoonites sont encore 3e sér., tom. 1v. 33 470 MÉMOIRES ORIGINAUX. assez lentes ; cette larve avait 5 à 6 millim. de longueur, et, sauf la taille, sauf le chiffre des anneaux, montrait en tout la struc- ture de l'adulte. Le lobe cénhalique, surmonté d’un volumineux panache branchial, porte en outre plusieurs paires de palpes dont on peut suivre la croissance depuis les larves les plus jeunes ; ces palpes entourent l'ouverture buccale. Les tores uncinigères et les soies des parapodes présentent, toutes proportions gardées, le mème aspect que chez l’adulle ; les uncinies ont pourtant la for- me d’un simple crochet recourbé et n’ont pas encore épaissi leur base d'insertion. Les trois anneaux nouvellement apparus dans la région postérieure du corps portent leurs soies en serpe sar leur face ventrale et non sur la face dorsale ; ils sont donc des- tinés à prendre piace parmi es anneaux de l'abdomen. L’ébauche de l’organisation adulte est alors à peu près complète, et il ne reste plus à la larve qu'à augmenter de taille, à accroître le nombre de ses zoonites, et à épaissir la paroi de son tube encore mince el transparent. On peut dès lors considérer comme presque terminé le déve- loppement des Dasychone lucullana. On voit que ce développe- ment peut être suivi sans peine pendant plusieurs semaines, que les phénomènes de bourgeonnement zoonitaire se manifestent avec assez de lenteur, et que, par suite, il est possible d’étudier avec facilité sur cette espèce l’évolution embryogénique des An- nélides sédentaires. Comme, d'autre part, l'élevage dans des cristallisoirs des larves de Dasychone est chose fort aisée, je me suis cru permis d'exposer rapidement les principales phases que j'ai observées pen lant cet élevage et de les désigner aux jeunes zoologistes, pour qu’ils soient certains, dans leur séjour aux bords de la mer, de faire d’intéressanies et instructives observations en étudiant le développement de celte espèce. NOUVELLES RECHERCHES SUR L'URGONIEN DU LANGUEDOC Par M. A. TORCAPEL (Suile et fin!.) MOLLUSQUES ACÉPHALES. Panopæa urgonensis Math. Cat. 1843. Barutélien.— Sébenc. Espèce du Néocomien d’Orgon, niveau non précisé. Panopæa sebencensis Torcapel n. sp. (Bull. Soc. Sc. nat. Nimes, 1883, pl. Il). Espèce arquée, allongée, très inéquilatérale, côté anal angu- leux, crochets marqués de sillons très accusés qui s’effacent vers le bord palléal et dans la région anale. Barutélien. — Sébenc. Panopæa plicata Sowerby (P. Prevosti &’Orb.). Barutélien.— Les Augustines, La Valus, Euzet, marnes de Lussan *?. Donzérien.— Calcaire de Lussan. Autres gisements. — Espèce des argiles ostréennes et de l’étage aptien. M. Leenhardt cite une espèce voisine dans l’Ur- gonien du Ventoux. Pholadomya elongata Münster. Barutélien. — Sébenc, les Augustines. ————__—_————— 1 Voir numéro de mars 1885. 2 Cette espèce est très commune dans le Barutélien. M. de Sarran (op. cit.) l'a trouvée aussi au bois des Lens, dans cette zone, AT? MÉMOIRES ORIGINAUX. Un bel exemplaire provenant des environs de Célas et parais- sant, d’après la gangue, provenir du Cruasien, ou peut-être du Donzérien inférieur, m'a élé communiqué par M. Pouthier. Se trouve dans toute la série néocomienne et dans l’Aptien. Venus Robinaldina d'Orbigny. Barutélien.— Les Augustines. Autres gisements.— Néocomien et argiles ostréennes de l’Yon- ne : Hauterivien du Jura et de la Suisse. Venus Dupiniana d'Orbigny. Barutélien.— Les Augustines. Autres gisements. — Cité dans le Valangien, dans le Néoco- mien moyen et dans le Néocomien supérieur d'Espagne. Thetis minor Sowerby (non d'Orb.). Plusieurs moules et un exemplaire avec le test offrant les lignes d’accroissement et les granulalions très nes, caractéristi- ques de celte espèce. Barutélien.— Les Augustines. Autres gisements.— Aptien de Vallorbes; abondant dans le lower green sand. Cyprina Deshayesiana P. de Loriol. Barutélien.— Sébenc. Se trouve dans l'Hauterivien du Jura et du Saiève, el dans l’Ur- gonien inférieur de la Suisse. Cyprina angulata Sowerby (C. ervyensis Le ym.). Barutélien.— Marnes de Lussan; route d'Uzès, près Nimes. Espèce de l’Aptien et du Gault inférieur. Cyprina inornata d'Orbigny. Trouvée à Fontcouverte près Euzet dans le Barutélien, sous le calcaire à Chama, par M. Saunier. Espèce de l'étage aptien. Cyprina aff. regularis d’Orbigny. Angle apicial très ouvert ; crochets forts. RECHERCHES SUR L'URGONIEN DU LANGUEDOC. 473 Barutélien.— Lussan. Le €. regularis est une espèce du Gault inférieur. Gyprina Pelleti Torcapel n. sp. (Bull. sc. nat, de Nimes, 1683 planet): Espèce trigone, très oblique ; crochets médiocrement excavés, angle apicial 760. Barutélien.— Lussan'. IsocardiaAugustinarum Torcapel n.sp.(/bid , PI. IL, fig. 2). Espèce dont la largueur égale une fois et demie la longeur ; bord palléal allongé, presque acuminé; crochets petits et amincis. Barutélien.— Les Augustines. Cardium Voltzi Leymerie. Barutélien. — Sébenc. Espèce du Néocomien moyen et de l’argile ostréenne. Gardium Cottaldinum d'Orbigny. Barutélien. — Les Augustines. Espèce du Néocomier moyen et de l'argile ostréenne. Gardium sphæroïdeum Forbes. Donzérien.— Les Augustines. Espèce de l'étage aptien et du lower green sand. Corbis corrugata Sowerby. Très abondante dans les marnes barutéliennes. Se trouve dans tous les étages du Néocomien etdans l’Aptien. — M. Leenhardt la cite dans le Néocomien supérieur et dans l'Urgonien inférieur du Ventoux, Scipion Gras dans les marnes à Ancylocéras de Sault. Opis neocomiensis d'Orbigny (?). Barutélien.— Les Augustines. L'O. neocomiensis se trouve dans toute la série néocomienne et dans l’Aptien inférieur. ! M. de Sarran (0p. cit.) mentionne cette espèce dans plusieurs gisements de l'Aptien inférieur du Gard. 474 MÉMOIRES ORIGINAUX. Trigonia carinata Agassiz. Barutélien.— Seynes (É. Dumas). Espèce commune dans le Valangien et se continuant jusque dans l’Aptien. Trigonia sp. ind. Donzérien.— Saint-Pons de la Calm. Espèce voisine du Zrigonia rudis d'Orbigny, des marnes d’'Hau- terive. Le Trigonia rudis est cilé dans l'Urgonien du Ventoux par M. Leenhardt. Trigonia aliformis Parkinson. Donzérien.— Saint-Pons de la Calm. Espèce de l’étage aptien et du Gault. Arca marullensis d'Orbigny. Barutélien.— Lussan, La Valus. Autres gisements. — Néocomien de l'Aube, Urgonien inférieur de Morteau, Urgo-Aptien de la Clape. Arca aptiensis Pictet et Campiche. Espèce voisine de l'A. Raulini, mais plus grande, plus renflée, plus élargie à l'extrémité anale. Elle en diffère en outre par les côtes rayonnantes qui ornent l’extrémité buccale. Barutélien.— Lussan, les Augustines. Autres gisements.— Aptien inférieur de Sainte-Croix, de la perte du Rhône et du lower green sand. Mytilus sp. ind. Barutélien.— Les Augustines. Lithodomus amygdaloïdes d’Orbigny. Barutélien.—- Les Augustines. Donsérien.— Poulx, marnes intercalées dans le calcaire à Cha- ma, en descendant au moulin de la Beaume. Cette espèce est citée du Valangien, de l’Hauterivieu et de l'Urgonien du Jura. — Néocomien de l’Aube, etc. RECHERCHES SUR L'URGONIEN DU LANGUEDOC. 479 Lithodomus avellana d'Orb. Donzérien. — Les Augustines, bancs crayeux. Espèce da celeaire à Chama d'Orgon. Dans le Jura, elle se trouve abondamment dans le Valangien et plus rarement dans \'Urgoniea. Pinna Robinaldina Leym. Barutélien.— Les Augustines. Autres gisements.— Tous les étages néocomiens et l’Aptien. Pinna Pouthieri Torcapel n. sp. (Bull. Soc. sc. nat. de Nimes, 1883-1P11) Barutélien.— La l'uquette près Euzet. Grande espèce triangulaire, à bords rectilignes, très inégaux, ornée de stries d’accroissement et de côtes fines, rayonnantes. Voisine du P. helvetica Pictet et Campiche, de !l'Urgonien infé- rieur de Sainte-Croix. Gervilia anceps Deshayes. É. Dumas cite cette espèce à Sébenc, et près d’Allègre, où effleurent les marnes barutéliennes ". Espèce du Néocomien moyen et de l’Aptien de la perte du Rhône. Lime Carteroniana d'Orbigny. Barutélien.— Les Augustines. Autres gisements.— Néocomien du bassin de Paris ; Valangien et Hauterivien de la Suisse ; Néocomien supérieur de Cassis (Pic- tet). Lima Orbignyana Matheron. Barutélien.— Les Augustines. Autres gisements.— Urgonien de la Suisse et d'Orgon. Néoco- mien de l'Yonne. Pecten Goldfussi Deshayes. ! M. de Sarran (loc. cit.) l’a trouvée aussi dans le Donzérien de Serre de Bouquet. 476 MÉMOIRES ORIGINAUX. É. Dumas cite celte espèce entre Arlinde et Allègre, où affleure le Barutélien. Autres gisements.— Néocomien de l'Yonne, Néocomien moyen du Salève, de Sainte-Croix, etc. Janira Deshayasiana d'Orbigny. Donsérien.— Bois de la chaux, Laval (É. Dumas). Espèce de l’Urgonien du Midi et de la Savoie ; citée par Marcou dans l’Hauterivien. Janira atava d’Orbigny. Cruasien.—— Euzet. Barutélien.— Les Augustines. Donzérien.— Calcaire de Lussan, sèrre de Bouquet. Autres gisements.— Néocomien de l’Yonne, de l’Aube, etc. Étages hauterivien et urgonien du Jura. M. Leenhardt la cite dans l’Urgonien du Ventoux et Scipion Gras dans les couches de Sault à Ancylocéras. Plicatula placunea Lamark. Cette espèce de l'étage aptien n’est pas très rare dans le Baru- télien des Augustines. Plicatula inflata Sowerby (P. radiola d’'Orbigeny pars). Se trouve également dans le Barutélien des Augustines; moins rare que la précédente. Espèce de l'étage aplien. Ostrea Couloni d’Orbigny. Les différentes formes allongées réunies sous ce nom manquent comp'ètement dans le Barutélien des arrondissements de Nimes et d’Uzès, où on ne trouve que des formes arrondies que nous classons dans l’Ostrea aquila.— Par contre, à Sébenc, près Sauve (arrondissement du Vigan), ces dernières sont rares et les formes allongées à carène fortement noduleuse abondent, Autres gisements.— T'Ostrea Couloni se trouve dans toute la série néocomienne et dans l’Aptien RECHERCHES SUR L'URGONIEN DU LANGUEDOC. 477 Ostrea aquila d'Orbigny. Espèce abondante dans les marnes barutéliennes et dans les calcaires jaunes qui forment la base du Donzérien à Poulx, Lussan, les Augustines, La Luquette, eic. Nos nombreux exemplaires sont assez constants de forme. Leur contour est presque circulaire, et la carène, plus ou moins prononcée, partage obliquement la valve inférieure en deux par- ties presque égales. La carène est un peu noduleuse, mais bien moins que dans l’0. Couloni. Les lignes d’accroissement de la valve inférieure sont peu anguleuses ou même arrondies. Ils correspondent en somme aux types n° { et 3 figurés par Pictet et Campiche (Sainte-Croix, PL. LXXX VII, fig. 1, et PI. LXXX VITE, fig. 1)sous le nom d’O. Couloni. Le type n° 1 se trouve, d'après ces auteurs, dans le Néocomien supérieur du Gard, dans le lower green sand et le Gault inférieur de Sainte-Croix ; le type néoco- mien de France, dans les marnes d’Hauterive, dans l'argile ostréenne de l'Yonne et à la Clape. L’O. aquila est citée par M. Leenhardt dans l’Urgonien du mont Ventoux. Les individus qu’il a trouvés dans sa zone n“ ne se distinguent que difficilement des Ostrea de l’Urgonien et de l’Aptien. Il n’a trouvé dans l’Urgonien «que quelques individus isolés caractérisés comme Couwloni ». Ostrea rectangularis Rœmer (0 macroptera d’Orb.). Cruasien. — Quissac. Barutélien. — Les Augustines. Autres gisements. — Néocomien moyen et Urgonien. M. Leenhardt la cite au Venloux dans ses couches n“, U, et U.. Ostrea crebricosta Pictet et Campiche. Variété de la précédente ; s’en distingue par ses côtes plus serrées et par la forme du dos, qui est moins plat et parcouru dans sa longueur par une côte saillante. Barutélien.-— Les Augustines. Autres gisements. — Se trouve à Sainte-Croix dans l'étage va- langien, où elle est très rare, et dans l'Urgonien inférieur. 478 MÉMOIRES ORIGINAUX. Ostrea tuberculifera Koch el Dunker. Barutélien. — Les Auguslines. Cette espèce est signalée dans toutes les divisions du lerrain néocomien et dans l’Aptien. Ostrea Minos Coquand (0. Boussingaulti d'Orb. pars). Barutélien. — Les Augustines. Espèce du Néocomien moyen remontant dans l’Urgonien infé- rieur du Jura. Requienia ammonia Matheron ( Chamu ammonia Goldfuss). Donzérien. — Se trouve dans les bancs crayeux et même dans les bancs compacts du calcaire blanc. Il existe également, de même que les autres Chamacées, dans le calcaire jaune, qui forme ordinairement la base de celte assise, mais il y est plus rare. Il monte jusque dans les banes les plus supérieurs. Requienia Lonsdalii d'Orbigny. Donzérien. — Avec le précédent. Requienia scalaris Matheron. Donzérien. — Les Augustines, calcaire blanc crayeux. Gaprotina trilobata d’Orb. Même gisement que la précédente. Cette espèce et les trois précédentes appartiennent à l’assise du calcaire à Chama d’Orgon et autres localités. MOLLUSQUES BRACHIOPODES. Terebratula Russillensis P. de Loriol. Barutélien. — Les Augustines. Donszérien. — Poulx, marnes intercalées dans le calcaire à Chama ; Allésre (P. de Loriol). Autres gisements. — Toute la série néocomienne. Terebratula Sella d'Orbigny. Barutélien. — Les Auguslines, marnes de Lussan. RECHERCHES SUR L'URGONIEN DU LANGUEDOC. 479 Donzérien. — On trouve à Brouzet, dans le calcaire crayeux, une variété de petite taille, épaisse, à plis effacés, ayant d’ailleurs les caractères essentiels de l'espèce". Autres gisements. — Néocomien moyen, Urgonien et Aptien inférieur. | Terebratula aff salevensis P. de Loriol. Barutélien. — Valerargues, Lussan, les Augustines. Espèce ayant le crochet du T. Salevensis et n'en différant que par ses plis du bord palléal qui sont plus aigus. Terebratula Garteroniana d'Orb. Barutélien. — Sébenc. É. Dumas l'indique aussi à La Valus ?. Donzérien. — M. Pellet a trouvé cette espèce dans le calcaire jaune donzérien de Saint-Pons la Calm. Espèce du Valangien suisse et du Néocomien français. Terebratula tamariudus Sowerby. Barutélien. — Les Augustines, Lussan, La Valus. Donzérien. — Lussan, Poulx (marnes intercalées dans Le cal- caire à Chama). Cette espèce est citée dans toute la série néccomienne et dans l’Aptien. Rhynconella depressa d’Orb. Barutélien. — Valerargues, les Augustines, Lussan. Espèce du Néoscomien moyen et del’Urgonien inférieur. M.Leen- hardt la cite dans la zone n* du Ventoux et Scipion Gras cans les couches de Sault. Rhynconella Renauxiana Ooster (2. irregularis Pictet). Donzérien. — les Augustines. — Commune des Plans, au quartier des Bois (É. Dumas). 1 Gitée à Belvézet et au bois de Lens par M. de Sarran (loc. cit.) äans le Barutélien. 2? Citéo à Belvézet et au bois de Lens par M. de Sarran (oc. cit.) dans le Barutélien, 480 MÉMOIRES ORIGINAUX, Espèce de l'Urgonien blanc d’Orgon etautres localités. M. Leen- hardt l'a trouvée dans sa zone ni. Rhynconella lata d'Orb Barutélien. — Sébenc, La Valus (É. Dumas), Valerargues, les Auguslines, Lussan. Donzérien. — Poulx, marnes intercalées dans le calcaire à Chama. Espèce citée dans le Néocomien français, les argiles ostréennes, dans l’Hauterivien, dans l’Urgonien et dans l’Aptien. Rhynconella Gibbsiana Sowerby. Barutélien. — Les Augustines, Valerargues, Lussan. Donzérien. — Bronzel. Espèce de l'étage aptien. ÉCHINIDES. Holaster intermedius Agassiz. Barutélien. — Les Auguslines, Seynes (É. Dumas). Espèce du Néocomien moyen. Echinospatagus cordiformis Breynius(Toxaster complana- tus. Agassiz). | Barutélien. — Sébenc. Espèce très abondante à Sébenc et manquant complètement dans les autres gisements du Néocomien supérieur du Gard etde l'Ardèche. Elle s’y trouve associée aux deux espèces suivantes, également très communes.— M. Leenharüt en a trouvé quelques exemplaires dans l'Urgonien du Ventoux. Cette espèce commence dans le Valangien. Elle se trouve en abondance dans le Néocomien moyen. Echinospatagus amplus Desor. Barutélien. — Sébenc. Celte espèce, voisine de l’£. cordiformis, en diffère par sa forme RECHERCHES SUR L URGONIEN DU LANGUEDOC. 481 plus élargie en avant et plus aplalie, par sa laille plus grande et par ses zones ambulacraires. Urgonien des Alpines (Desor). Echinospatagus Collegnii d'Orb'gny. Barutélien. — Sébenc, où elle est associée en grand nombre aux deux précédentes. Espèce de l'étage aptien. — M. Leenhardt l’a trouvée dans sa couche n* et dans l'Urgonien du Ventoux. Il l’a trouvée aussi à Orgon dans des couches qu'il rapporte au Néocomien avec l'Ostrea Couloni et l'Echinosp. cordiformis abondante. Je n’ai pas trouvé l'Ech. Brunneri citée par É. Dumas à La Valus. Echinospatagus argilacens d'Orbigny (£. Ricordeamus Cotteau). Barutélien.—Très commune presque partout dans les marnes, sauf dans le sisement de Sébence, où je ne l’ai pas vue. Donzérien inférieur. — Rocher de Lussan. Espèce de l’étage aptien. D’après MM. Hébert et Reynès, cette espèce serait associée à l’Amm. radiatus dans les Basses-Alpes.— M. Leenhardt la cite dans ses zones n* et U, du mont Ventoux. Botriopygus obovatus d'Orbigny. Cité par É. Dumas à La Valus (Barutélien) ‘. Se trouve dans le Néocomien de l’Youne el en Suisse dans l’Hauterivien, l'Urgonien et l'Aptien. Botriopyqus minor d'Orbigny. Mêmes gisements. Botriopygus Torcapeli nov. sp. P. de Loriol. (Recueël z00!. Suisse, 1884, PI. XXXII, fig. 2). Barutélien. — Les Augustines. Botriopyqus Lussaniensis nov. sp. P. de Loriol. (/bidem, PI. XXXIII, fig. 3). Donzérien inférieur.— Lussan. 1 Citée aussi par M. de Sarran (loc. cit.) dans le Barutélien du Brouzet et du bois de Lens. A8? MÉMOIRES ORIGINAUX. Pygaulus Desmoulini Agassiz. Barutélien. — Les Augustines, Lussan, Bezouce, La Valus (Ë. Dumas). Donzérien inférieur.— Rocher de Lussan. Espèce spéciale à l'étage urgonien ; M. Leenbardt la cite dans l’Ürgonien inférieur du Ventoux. Pygaulus Numidicus Coquand. Barutélien.— Bezouce. Espèce de l’Urgo-Aptien de Sétif. Echinobrissus neocomiensis d'Orbigny. Cité par É. Dumas à La Valus (Barutélien), se trouve en Suisse dans le Valangien. Son niveau en France ne paraît pas exactement délerminé. Echinobrissus Requieni d'Orbigny. Barutélien. — Les Augustines. Espèce de l'étage urgonien. Holectypus macropygus Desor. Barutélien.— Les Auguslines. La Valus (É. Dumas). Cette espèce se trouve dans toute la série néocomienne et passe dans l’Aptien. Hemicidaris clunifera Desor (H. meocomiensis Cotteau ). Barutélien.— Les Augustines. Donsérien. — É. Dumas l'indique comme très commun dans la partie inférieure du calcaire à Chama, à Allègre et à Dions. Espèce du calcaire à Spatangues de l'Yonne et de l'Urgonien du Jura, de la Suisse et du Midi. Hemicidaris pseudohemicidaris Desor. M. Saunier a trouvé dans les marnes de La Luquette, près Euzet (Barutélien), un bel exemplaire parfaitement typique de cette espèce, qui n’a encore été citée que dans l’Aptien du Dauphiné. Pseudodiadema Bourgueti Desor. Cité par É. Dumas à Séhenc et à La Valus (Barutélien). Néocomien moyen de France ; se trouve en Suisse dans l’Hau- terivien, l’Urgonien et l'Aptien. ÈS G (DE RECHERCHES SUR L'URGONIEN DU LANGUEDOC. Pseudodiadema rotulare Desor. Cité par É. Dumas à Sébenc. Espèce des mêmes gisements que la précédente et du Va- langien. Pseudodiadema Raulini Descr. Espèce se distioguaut du Ps. rotulare pour sa forme plus dé- primée, ses pores distinctement dédoublés à la face supérieure et ses tubercules s’effaçant sur cette face. Barutélien.-— Les Augustines. Espèce des argiles ostréennes ; se trouve en Suisse dans le Va- langien el dans l'Urgonien inférieur. Codechinus rotundus Desor. Barutélien.—Valerargues ; où j'en ai trouvé un fort bel exem- plaire en parfait état. Espèce de l’éiage aptien. POLYPIERS. Plusieurs espèces insuffisamment étudiées se trouvent dans le Barutélien (Licheïopora, Thamnastrea, Columnaria, Mille- poræ, elc. De nombreuses espèces existent dans le Doazérien. On en trou- vera la liste dans É. Dumas (Statistique géologique du Gard). Nous n insisterons que sur le fossile auquel il a donné le nom de Nemausina neocomiensis, dont il à fait un polypier, mais qui pourrait bien être un végétal. Il se compose de tiges subeylin- driques à surface un peu rugueuse, ramifiées et émellant des pé- doncules de même forme, atténués à partir de leur base et portant à leur extrémité des corps globuleux, ordinairement aplatis par la compression en un disque arrondi de 3 à 4 centim. de dia- mètre. Ge fossile, très abondant dans le Cruasien et le Barutélien, ne se trouve que dans ces deux zones. Il paraît manquer dans le Donzérien ; aussi a-t-il une assez grande importance comine point de repere. 484 MÉMOIRES ORIGINAUX. Tableau récapitulatif des Gisements. URGONIEN Autres gisements | du Gard sn d ar et de l'Ardèche COPOUS ANSE Barrémien. NOMS DES ESPÈCES Uryonien Aptien. Cruasien. Barutélien. Donzérien. Valangien. Hauterivien. propremert dit. Calc. à Se. Annélide. + + + + Serpula antiquata......... Céphalopodes. | Belemaites pistilliformis. . .| | Belemnites platyurus. .. ...| | Nautilus neocomiensis. . ...| | Nautilus pseudo-elegans...| [ Nautilus plicatus.. .......| 1 Nautilus Lallierianus.. . .. .| | Ammonites cultratus...... l | Ammonites angulicostatus.. | | Ammonites consobrinus. .. | Ammonites Rouvanus.....l| [| Ammonites recticostatus. . | | Ammouites subfimbriatus. . | | Ammonites quinquesulcatus| [| Ammonites difficilis. . ..... || Ammonites cassida.. ..... | Ammonites ligatus... .....| | Ammonites fallax... .... °. | Ammonites intermedius . .. | Ammonites Cornuelianus.. | Ammonites Charrierianus .…. | ji Ammonites Tombecki..... | Ammonites Matheroni..... | Ammonites pachysoma. . ..| || Crioceras Duvali.........| | Crioceras Americi.. ...... | || Ancyloceras Matheronianus| || Ancyloceras Tabarelli.....} | Toxoceras Honoratianus. . . | + +++ ++ . LH 'HEEEHE +4 ++ ++ ++ + + Ain +++ + — er. HE HER HE + + ++ + + Gastéropodes. || Nerinea Coquandiana. ... ..| | Nerinea giganteg.......... ++ —— RECHERCHES SUR L'URGONIEN DU LANGUEDOC. 485 DE ST RE EE I DRE Autres sisements u Gar et de l’Arüèche connus dans le : CR... 0 RS. NOMS DES ESPÈCES Urgonien Aptien. Cruasien. Douzérien. Valangien. Hauterivien, Barrémien. proprement dit. - à 3 = S Ce) - “S [æ) 2 ® 2. © Lt] > Lor | Q Ex 5 (a) = + ce = Nerita mammæformis. .... Pleurotomaria neocomiensis Pleurotomaria truncata.... Pleurotomaria Bourgueti.….. +++ + . + + + Lamellibranches. Baropæa plicatass 2... Pholadomya elongata...... Veous Robinaldina.. ..... Venus Dupiniana. ........ fHhetise minor et: 206... Cyprina Deshayesiana. . ... Cyprina angulata... ...... Cyprina inornata.. .... ... Gardum Voltzi..12..12 Cardium sphæroïdeum.. .. Corhisicorrugatas Sn tibia Carinata. 00 Trigonia alifurmis.. ..,... Arca marullensis.. ..,.... ATCANADUENSIS A0 EN Lithodomus amygdaloïdes .… Lithodomus avellana. . .... Pinna Robinaldina........ Gervitidianceps.4 Hi el Lima Carteroniana.. ..... Lima Orbignyana.…. Pecten Goldiussi. 4.2.7 00 Janira Deshayesiana. ..... Janira {avan 0 | + Plicatula placunea Phcaiula infata). .L 00 Ostrea Couloni......., OStren quil ee OT Ostrea rectangularis. . ..... + Ostrea crebricosta ++ ++ HER OO HE HE HE + ++ + +4 + + + +++ Se ee ee ee Se + ne een Peas re ie + ++ RE ++ + +++ 3c sér., tom, iv. (JE) CS 486 MÉMOIRES ORIGINAUX. PA Autres gisements U al" K UE 6 et de l’Ardèche GUIDES CRE le Te Te Yvan: 10 À proprement NOMS DES ESPÈCES Cruasien, Barutélien, Donzérien. Valangien Barrémien. Urgonien Aptien Hauterivien al. à Se. s 7} (C + + 'Ostrea Minos..!..2.2..v0al | Requienia ammonia....... ! Requieuia Lonsdali....... 1 Requienia scalaris. .......| || Caprotina trilobata. ....... de Brachiopodes. | Î | Terebratula Russilensis. . . .! Terebratula Selld. . 6... j) Terebratula Carteroniana. . . ! Terebratula tamarirdus....i | Rhynconella depressa. .... | Rhynconella Renauxiana...f | Rhynconella lata... ...... {| Rhynconella Gibbsiana. . . .| J | Ï TETE Ep - ++ + + Se Re Te er É Echinides. | Holaster intermedius...... | || Echinospatagus cordiformis. i Echinospatagus amplus. . . .| | Echinospatagus Collegnu...i || Echinospatagus arvilaceus. .} ! Botriopygus obovatus...... | Botriopygus minor.......: 1] Pygaulus Desmoulini. ....| 1 Pygaulus numidicus....... | Echinobrissus Requieui.. . 1 Holectypus macropygus.... | Hemicidaris cluuifera.. . :.. Hemicid. pseudohemicidaris | Pseudodiadema Bourgueti. . Pseudodiadema rotulare. .. || Pseudodiadema Raulini.... Codechimus rotundus.. ... —-- di HE HR RER + +++ + Espèces nouvelles. | | Ammon. pseudo-Dufrenoyi.| {| Ammonites Fabrei........| + RECHERCHES SUR L'URGONIEN DU LANGUEDOC. 487 ét AR CRORDA RS JE, NOMS DES ESPÈCES Cruasien Barutélien,. Donzérien. Valangien. Hauterivien. Cal. à Sc. Yvani Barrémien. Urgonien proprement dit. URGON:EN Autres gisements | Ammonites Saunieri. .... | Ammonites cruasensis. ....| + | Ammonites Stanislasi. ....1 + {| Ammonites crioceroïdes. . ..| + | Ancyloceras angulatus.....} + || Strombus Saunieri. ....... | Panopœa sebencensis . . ... Grprinatpelletieenee sn {| Isocardia Aucustinarum. .. PMU POUTHIErL. EE RCE || Terebratula aff. salevensis.. Botriopygus Torcapeli. .... [| Botriopygus lussaniensis... + HE + + OBSERVATIONS ET CONCLUSIONS. Dans le tableau qui précède, nous avons rapproché les gise- ments des espèces urgoniennes du Gard de ceux déjà reconnus, soit dans le Gard même, soit dans d’autres régions. Nous n'y avons fait figurer que les espèces certaines et dont les niveaux ont été précisés. La colonne intitulée Urgonien proprement dit correspond à l’Urgonien des auteurs. Elle comprend les gisements de l’Urgo- nien de la Suisse, du Jura, de mont Salève ; du calcaire à Chama de la Provence et du Dauphiné; de l’Urgonien du mont Ventoux ; du calcaire de Vaison qui, d’après M. Leenhardit, est un faciès pé- lagique du calcaire à Chama ; enfin des couches à Ancylocéras de Sauit qui, suivant Scipion Gras, recouvrent le calcaire à Chama, tandis que, d’après M. Leenhardi, elles passent latéralement à ce calcaire. J'ai indiqué, daus la colonne intitulée Calcaire à Scaphites 488 MÉMOIRE ORIGINAUX. Yvani, les gisements constatés dans les couches supérieures du Néocomien du Dauphiné et de la Provence, savoir : le calcaire à Criocères et à Scaphites Fvani, le Barrémien, la zone désigrée par n* dans le beau travail de M. Leenhardt sur le mont Ventoux, et dont notre confrère a signalé la liaison avec les couches su- périeures qu'il rapporte à l’Urgonien. Ainsi que je l’ai déjà expliqué ailleurs, ces diverses couches renfermant une faune dont la plupart des espèces se retrouvent dans l’Urgonien proprement dit, quelques-unes même jusque dans l’Aptien, elles doivent, à mon avis, être séparées du Néoco- mien inférieur et réunies à l’Urgonien. Cet élage, caractérisé dès lors essentiellement, non plus par la faune coralligène à Chamacées, qui est susceptible, comme ses congénères, de se retrouver à divers niveaux dans l'échelle stratigraphique, mais bien par une riche faune à céphalopodes spéciaux, se trouve ainsi nettement défini. Cette classificalion a, comme conséquence , l’avantage de réunir rationnellement dans le même étage les diverses masses de calcaires rocheux désignés par Leymerie sous le nom de Calcaire provencal, et auxquelles on applique parfois uniformément, par analogie de faciès pétrographique,le nom d’Urgonien,bien qu’elles appartiennent en réalité, les unes au niveau du Scaphites Yvani (Cruasien) et les autres à celui du calcaire à Chama (Donzérien). La dénomination commune d’Urgonien appliquée à ces calcaires se trouvera maintenant justifiée. Voyons, d’après cela, quelles sont les conclusions qui ressor- tent de cette étude. Ensemble de la faune. — En comptant les espèces nouvelles, notre tableau comprend 113 espèces qui se répartissent de la manière suivante : 16 sont spéciales au Cruasien ; 61 — au Barutélien ; 14 —_ au Donzérien ; RECHERCHES SUR L'URGONIEN DU LANGUEDOC. 489 7 sont communes au Cruasien et au Barutélien ; 1 — au druasien et au Donzérien ; 13 — au Barutélien et au Donzérien; Î appartient aux trois zones. Le petit nombre des espèces qui passent d’une zone à l'autre s’explique par les conditions très différentes dans lesquelles se sont effectués les dépôts. Le Cruasien est formé de calcaires le plus souvent compacts, à pâte fine, bien lités, dans lesquels les Céphalopodes ont presque seuls laissé leurs restes. C’est un dépôt de mer profonde et tran- quille. Dans la partie supérieure seulement, la stratification est plus diffuse, la roche est en grande partie formée de lumachelles encrinitiques ; aussi les Céphalopodes y sont-ils beaucoup plus rares. C’est le niveau de l’Ostrea rectangularis et de la Janitra atava, seuls bivalves que l’on trouve dans cette zone. Le Barutélien comprend des marnes etdes calcaires marneux, noduleux, évidemment formés dans une mer agitée et moins pro- fonde ; aussi les bivalves y abondent, ainsi que les échinides, as- sociés à des céphalopodes, distincts, en partie, de ceux de la zone précédente. Le Donzérien, enfin, comprend surtout des dépôts à coraux remplis de Chama, de polypiers, et renferme une faune spéciale qui, comme partout ailleurs, exclut le faciès littoral proprement dit et le faciès à céphalopodes. Aussi est-ce seulement dans les baacs inférieurs formant la transition au Barutélien que se trou- vent les espèces communes à ces deux zones. Si maintenant nous faisons abstraction des espèces nouvelles, nous trouvons que sur les 98 espèces dont le niveau a déjà été constaté: 36 appartiennent à la fois au Néocomien inférieur et supérieur ou à l’Aptien; 8 se retrouvent dans l'Hauterivien ou le Valangien et 54 dans le calcaire à Scaphites Fvani ou plus haut. Sur ces 54 espèces, 31 appartiennent à l’Urgonien proprement dit et à l’Aptien. 490 MÉMOIRES ORIGINAUX. Il est donc bien évident qu’en faisant abstraction des espèces communes, l'ensemble de nos assises a des affinités très grardes avec le Néocomien supérieur, landis qu’il n’en a presque pas avec le Néocomien inférieur. Considérons maintenant chaque zone prise isolément. Cruasien. — Sans comrpter les espèces nouvelles, on trouve dans le Cruasien 20 espèces, dont 18 sont des céphalopodes qui presque tous se retrouvent dans les calcaires à Criocères et à Scaphites Yvani du Dauphiné et de la Provence ; 10 sont consta- tés dans les couches à Ancylocéras de Sault, c’est-à-dire dans l’Urgonien, et 7 passent dans l’Aptien. Aucun d’eux n’est spécial à la zone de l’Amm. radiatus". Les deux antres espèces, c’est-à-dire la Janira atava et l’Os- trea rectangularis, se trouvent à la fois dans l’Hauterivien et dans l’Urgonien. En somme, sur les 20 espèces du Cruasien : 5 sont spéciales aux couches à Criocères ; 10 appartiennent à la fois à ces couches et à l’Urgonien ou à l'Aptien ; 5 sont communes au Néocomien inférieur et supérieur. Aucune n’est spéciale au Néocomien inférieur. Les espèces caractéristiques sont donc pour la plus grande partie urgoniennes ou aptiennes, et il en ressort clairement que c’est à bon droit que nous avons séparé cette zone du Néocomien inférieur. ‘ Ainsi qu'il est dit plus haut, la présence de l’Ammonites Leopoldinus dans le Cruasien n’est pas certaine, et c'est à tort que j'y avais indiqué l'Am. crypto- ceras. Je n'y ai pas vu non plus l’Am. astierianus, citée par quelques auteurs dans les calcaires à Criocères. On n'observe pas, dans le Gard et l'Ardèche, le mélange des Géphalopodes de la zone à Am. radialus avec ceux des couches à Criocères qui a été signalé dans d'autres régions, peut-être parce qu'on ne s’est pas suffisamment attaché à distinguer les horizons ; peut-être aussi parce qu'on a con ‘onu, avec les espèces précédentes, des formes voisines, mais cependant dis- tinctes. RECHERCHES SUR L'URGONIEN DU LANGUEDOC. 491 Barutélien.— Cette zone, étant superposée au Gruasien, doit, à plus forte raison, faire partie, comme lui, de l’Urgonien. L'inspection du tableau montre en effet que sur les 73 espèces, déjà connues, qui s y trouvent: 8 n'avaient encore été indiquées que dans le Néocomien infé- rieur; 32 sont signalées à la fois dans le Néocomien inférieur el supé- Et 33 appartiennent au calcaire à Scaphites Yvani ou à des niveaux supérieurs à ce calcaire. La prédominance des espèces caractéristiques du Néocomien supérieur est donc des plus marquées. Sur ces 33 espèces, 11 n’avaient encore été signalées que dans l’Aptien, en sorte qu'on peut se demander si le Barutélien ne serait pas déjà aplien, ou du moins s’il ne conviendrait pas de le comprendre dans la série de couches que quelques géologues réunissent sous la dénomination d’Urgo-aptien. Nous nele croyons pas. Nous avons en effet, dans notre Barutélien, encore 23 espè- ces qui sont valangiennes ou hauteriviennes, et quine montent point jusque dans l’Aptien. Il en résulte que l’ensemble a un ca- ractère bien plus néocomien qu’aptien. Si l’on ne considère que les céphalopodes, qui sont surtout im- portants pour la elassification, on voit que, sur 15 espèces, 11 sont spéciales au calcaire à Criocères ou à l’Urgonien proprement dit, et une seulemeat n’a encore été citée que dans l’Aptien. Il y à donc une prédominance presque exclusive des espèces franche- ment urgoniennes, et c’est bien à l'Urgonien que se rattache le Barutélien et non pas à l’Aplien. L'emploi du terme d’urgo-aptien, qui peut avoir sa raison d'être daus les régions où, par suite de l’enchevêtrement des faunes, il n'est pas possible de saisir la limite des deux étages, ne serait donc pas ici justifié, et il aurait l'inconvénient de faire croire à une confusion des uiveaux qui n'existe nullement dans notre région, puisque l’Aptien typique y recouvre partout le Don- zérien et forme un étage très nettement distinct. 492 MÉMOIRES ORIGINAUX. Donzérien.— Le Donzérien nous offre 27 espèces, dont 21 se retrouvent dans l’Urgonien proprement dit ou calcaire à Chama du Midi ou de la Suisse. La position de cette assise dans l'échelle stratigraphique est donc bien précisée et vient à l’appui des conclusions qui précèdent. Si nous ajoutons aux espèces déjà connues comme urgoniennes les espèces nouvelles ci-dessus énumérées, nous trouvons que le Cruasien est caractérisé, jusqu’à présent, par 8 espèces sur 20, et le Barutélien par 18 espèces sur 84, qui leur sont spéciales. Nous avons donc, en résumé, dans notre Urgonien, trois zones distinctes qui, tout en étant reliées entre elles et avec le Néoco- mieninférieur et l’Aptien par un certain nombre d'espèces com- munes, se rattachent toutes trois par l’ensemble de leur faune au Néocomien supérieur ou Urgonien, bien plutôt qu'au Néoco- mien inférieur. Un certain nombre d’espèces spéciales et une pétrographie dis- tincte donnent en même temps, à chacune de ces trois zones, une individualité propre qui justifie amplement la distinction que nous en avons faite à titre de subdivision de l'étage urgonien. Nimes, 1883. 493 DRAPARNAUD BOTANISTE Par M. D. CLOS. Il est des hommes qui, venus à des époques de troubles, su- bissent profondément les influences du milieu, et qui, ardents pour toute idée de progrès, désireux et capables de tout em- brasser, flottent tour à tour de la politique à la science, de la science aux études philosophiques et littéraires, acquérant dans leur temps une notoriété incontestée, mais ne laissant guêre après eux que des ébauches de travaux. Tel fut à peu près le sort de Draparnaud, de Montpellier, bien conpu, il est vrai, des zoologistes par son Histoire naturelle des Mollusques terrestres et fluviatiles dé la France, Paris, an XII{, in-4°, 164 pag., XIII pl.', mais dont on chercherait en vain le nom dans les ouvrages généraux de botanique moderne, le Thesaurus Lüteraturæ botanicæ de Pritzel ne citant de lui que deux disser- tations sur l’histoire naturelle. I m'a paru qu'il y avait là une sorte de déni de justice ; que Draparnaud devait avoir sa page dans l’histoire d’une science qu’il professa, qu’il cultiva avec un zèle continu durant toute sa vie, et ces lignes ont pour but de rendre cet hommage à la mé- moire de Draparnaud botaniste. On possède sur la vie de ce savant quatre notices, deux publiées en l’an XIII (1804), l’une, Éloge de M. Draparnaud, par le pro- fesseur Baumes, de Montpellier ; l’autre par Poitevin? ; la troi- sième par Marie-Anne-Gabrielle Seneaux, veuve Draparnaud, son épouse, notice placée en tête de l’Histoire naturelle des Mollusques 1 Œuvre importante qu'il ne put achever, et dont, à son lit de mort, il légua la terminaison à son ami le Dr J.-A, Clos, mon père. (Voir la Préface, pag. 15.) 2 Notice sur la vie et les ouvrages de M. Draparnaud, lue à l'assemblée publi- que de la Société libre des Sciences et Belles-Lettres de Montpellier, le 13 floréal an XII; publiée dans le Bulletin de cette Société 494 MÉMOIRES ORIGINAUX, terrestres et fluviatiles de la France; la quatrième par Phelip, se- crétaire de la Société de Médecine du Gard. C’est là que l’on devra surtout puiser les éléments d’une biographie de Draparnaud, réduite ici à quelques indications sommaires. Né à Montpellier le 3 juin 1772, et mort le 2 février 1804 (12 pluviose an XIT), à 31 ans et quelques mois, Jacques-Philippe- Raymond Draparnaud soutenait en 1787, à peine âgé de 15 ans, devant la Société royale des Sciences de sa ville natale, une thèse De universa Philosophia. Puis, il s’adonne avec ardeur à l’étude des langues anciennes et modernes et aborde celle du droit, d’où le détournent les événements politiques. Il est à deux reprises incar- céré et sur le point de payer de sa tête les gages qu’il avait donnés aux principes de la Révolution !. Redevenu libre, il se livre avec un égal succès à des études scientifiques et littéraires : « De l’an IT à l’an IV, il enseigne la physique et la chimie au collège de Sorèze (Tarn); de l’an VII à l’an IX, la grammaire générale à l'École centrale de l'Hérault ?; de l'an IX à l'an XI, l’histoire na- turelle à la même École ; et de l'an XI à l’an XII, l’histoire na- turelle à l'École de Médecine de Montpellier » (Laissac). Mais quels sont les titres de Draparnaud comme botaniste ? Il dresse d’abord le plan d’une Flore de Montpellier (Floru mons- peliensis, inéd.) ; puis, durant son séjour à Sorèze, au pied de la Montagne Noire, il est frappé de la beauté du site, de la richesse de la végétation d’alentour, et entreprend le Specimen Floræ sori- cinianæ, inéd. *, La famille des Graminées pique sa curiosité et suscite les Observationes agrostographicæ, inéd.; en même temps 1 Lorsqu'il était dans les fers, on lui annonça qu'il allait être traduit à Paris devant le tribunal révolutionnaire ; il composa sur le-champ son hymne de mort, qu'il chanta en s'accompagnant du piano-forte (Poitevin, Notice, pag. 5). On lui doit aussi un discours patriotique prononcé à Montpellier le 14 juillet an VIII. 2 Il obtint cette chaire de grammaire générale à la suite d'un brillant concours, et l'on doit à M. G. Laissac la publication du Plan d'un cours de grammaire générale par Draparnaud, Montpellier, 1843, brochure accompagnée de détails très intéressants sur ce travail. 8 Je possède le manuscrit de la partie cryptogamique de son Flora soriciniana, sans date. DRAPARNAUD BOTANISTE. 495 il réunit les matériaux d’un Fascicule d'observations relatives à quelques plantes européennes et exotiques, inéd. Mais les végé- taux dits inférieurs, jusqu'alors pour la plupart si délaissés, l’atti- rent encore de plus près, et le voilà s’adonnant successivement à des recherches sur les Algues (Prodromus Historiæ Conferva- rum, inéd., Algarum species nova, inéd.), sur les Lichens (Nova plantarum lichenosarum methodus microscopico-analytica, inéd.), sur les Mousses (Observationes muscologicæ, inéd.), sur la fructi- fication des Cryptogames. Que de travaux à jamais perdus! Et comme si ces projets n'étaient pas assez vastes, Draparnaud avait l’ambition d'em- brasser dans ses études l’histoire naturelle de Montpellier (Com- pendium Historiæ naturalis monspeliensis, inéd.), et une biblio- thèque universelle d'histoire naturelle (Bibliotheca urniversalis Historiæ naturalis, inéG.). Parmi les opuscules imprimées de ce savant, il faut citer : Frag- ments d'un essai de pathologie végétale ; — D'une nouvelle espèce de Vesce des environs de Montpellier ; — Observations sur l’Agaricus radiosus; — Discours sur les mœurs et la manière de vivre des plantes ; et quelques autres Mémoires d’un caractère non moins général : — De la reproduction considérée dans les divers corps organisés ; — Discours sur la vie et les fonctions vitales, ou Précis de physiologie comparée ; — Discours sur les avantages de l'histoire naturelle ; — Dissertation sur l'utilité de l'histoire naturelle dans la médecine ; — Discours sur la philosophie des sciences, abstraction faite de nombreuses notes ou d’écrits divers afférents à la zoologie, à la minéralogie et même à la physique. On le voit, Draparnaud semblait ambitionner la gloire de réa- liser, au début de ce siècle, ce type du savant presque universel des âges antérieurs. Il devait échouer, et échoua en effet. Doué d’une activité dévorante, il lui fallait cette étude sans bornes des êtres qui nous entourent, et cette étude aussi du cœur de l’hom- me et de ses facultés, méconnaissant la faiblesse d’une constitu- tion qui ne devait lui laisser que neuf années de travail (de l’an IT à l’an XII). 496 MÉMOIRES ORIGINAUX. En 186%, je livrais à la publicité des fragments de lettres de Draparnaud au D Jean-Antoine Clos, de Sorèze, où se peint tout entière l’âme de ce savant’. C’est à la même source que j'ai puisé les documents qui suivent, destinés à montrer Draparnaud botaniste. Il eût été possible de leur donner une large extension ; car ces lettres très multipliées du naturaliste montpelliérain à mon père renferment pour la plupart des passages afférents à des déter- minations de plantes ou à des herborisations ; mais on a cru ne de- voir reproduire que ceux de nature à intéresser les phytographes. La botanique, représentée à Montpellier vers la fin du siècle dernier par Gouan, alors âgé, était uniquement phytographique:; « l'esprit de Linné y régnait à peu près exclusivement, et, par esprit de Linné, il faut malheureusement n’entendre ici que l’es- prit des méthodes artificielles » (Fiourens). En effet, en 1765, Gouan publie son Flora monspeliaca d’après les classifications combinées de Rivin et de Linné ?, maisil adopte uniquement celle du grand Suédois dans son Traité de Botanique et de Matière mé- dicale, paru en 1804. Si Draparnaud n'avait été sitôt enlevé à la science, il eût sans doute suscité à Montpellier cette rénova- tion de la botanique dont l'honneur revient en grande partie à De Candolle. Extrait des lettres de J.-P.-R. Draparnaud à Jean- Antoine Clos. 28 vendémiaire an VI. J'allai dernièrement au bois de Gramont après les pluies ; j’y trouvai quelques nouvelles espèces de Sphæria. J'y pris aussi quantité de mes Æoffmannia que je nomme aujourd’hui Carpo- dermia (le premier nom ayant été déjà adopté pour un autre ‘ Sous ce titre : Une page de la vie d’un Naturaliste du midi de la France, extraits de la correspondance de J.-P.-R. Draparnaud avec le Dr J.-A. Clos, in Revue de Toulouse et du midi de la France ‘par FE. Lacointa, tom. XIX, pag. 109-- 124, 192-206, 264-275. 2 «Classes ex Riviniano sistemate, ordines vero a classibus Linnæanis de- promsimus» (Proæmium, V). DRAPARNAUD BOTANISTE. 497 genre de plantes), et dont j’ai établi les caractères à la manière d'Hedwig. Il tient le milieu entre les Lichens et les Peziza Linn. (Octospora Hedwig). Je te donnerai dans une autre lettre les caractères de ces trois genres, et je les donnerai grosso modo. Tu jugeras par là de la différence qu'il y a entre étudier les Cryptogames d’après le faciès ou bien d’après l'analyse microscopique. 24 brumaire an VI. Dans les Lichens, les écussons sont formés par l’agrégation de gaines (thèques ou asques) entremêlées de filaments qui adhèrent très fortement entre eux et avec les gaines ; la couleur des dis- ques est formée par les extrémités colorées des gaines et des filaments. Le caractère des Peziza a été établi par Hedwig de la manière suivante :..... Tu vois par là qu’une Peziza est presque un écus- son de Lichen solitaire et qu’elle n’en diffère que par ses gaines beaucoup plus allongées et comme pédonculées, par la non-adhé- rence des gaînes et des filaments et par le nombre des semences, qui est constamment de 8; c'est ce qui a déterminé Hedwig à changer le nom de Pezizsa en celui d’Octospora. Cependant ce caractère n’est pas particulier aux Peziza… Mon genre Carpodermia * se rapproche des Lichens par la fruc- tification, mais les gaînes sont beaucoup plus larges et moins adhérentes entre elles et avec les filaments. En voici le caractère : Fructif. Tuberculum inclusum volva varie dehiscente. Thecæ divergentes, crassiusculæ, seminibus immersis fœtæ, 10 brumaire an VI. J'ai fait passer dans l’âme de Villars mon enthousiasme cryp- togamique. Je viens de recevoir de lui une lettre qui m’a fait le plus grand plaisir. L’âge n’a point glacé cet aimable naturaliste ; il a encore lout le feu des premiers ans. Il m’a envoyé quelques- 1 Son Catalogue des Cryptogames du Flora soriciniana comprend, dans ce genre Uarpodermia, les C.depressa et puncliformis(Sphæria punctiformis Pers.). 498 MÉMOIRES ORIGINAUX. unes de ses espèces, qui sont très intéressantes, et entre autres son joli Lichen volvatus, qui sera une espèce de mon genre Car- podermia, comme je l'avais soupçonné‘. Comme je crains que ma santé ne me fasse à la fin faux bond, j'aurais grande envie de consigner à mesure dans le Journal de Bordeaux un abrégé de mon travail sur la Cryptogamie. Qu'en penses-tu ? 10 frimaire an VI. Il y a des Ascophora solitaires, et d’autres qui sont réunis dans un réceptacle commun et dont la forme varie (Gregariæ). Les sui- vantes sont dans la division des Gregariæ. A. Buæi Nobis. Agcregata aträ, capitulis ovatis, slipite basi attenuato. A. Rubi Nobis. Agoregata nigra, capitulis cylindricis, supite basi clavato. Ce sont ces petits flocons noirs qui viennent à la sur- face inférieure des feuilles du Rubus fruticosus.… À. Serratulæ Nobis. Aggregata rubro cinnamomea, capitulis, glohosis subsessilibus. C’est cett: production singulière que je trouvai sur les feuilles du Serratula arvensis et qui les faisait ressembler à un Acrostichum. Je te fais grâce de mes autres espèces d’Ascophora que j'ai trouvées sur les feuilles du Chéne, des Euphorbes... Par ce que j'ai déjà fait dans cette parlie, je vois combien il reste à faire en- core, mais jen'en suis pas découragé ; avec mes yeux el mes instruments, j'espère me tirer avec succès de ce travail, qui, quoi- que pénible, apporte avec lui un charme secret et le plaisir qui suit toujours la difficulté vaincue. Gette production singulière que tu prenais pour des Coccus est une plante très intéressante. C’est le Lycoperdon variolosum Liun., Syst. Nat., qui appartient aujourd'hui au genre des Sphær ia. Quand cette p'ante est jeune, elle est entièrement recouverte par un duvet rougeâtre qui forme un croûte assez épaisse. Mais avec l’âge cette croûte tombe, et la D —————————————" " 1 C’est en 1798 que Draparnaud proposait d'élever le Lichen volvatus de Vil- lars au rang de genre, et ce n'est qu'en 1803 qu'Acharius créait pour cette espèce son genre Thelotrema (Method., 130), espèce que De CGandolle comprenait en 1805 dans son genre Voluuria (F1. franc., U, 373). DRAPARNAUD BOTANISTE. 499 plante acquiert un tout autre aspect. Aussi les auteurs en ont-ils fait diverses espèces, qui ne sont que ses divers états du déve- loppement. Je me propose (même) de séparer toutes les espèces d’Asco- phora de la division des Aggregatæ, pour en former un genre à part, car elles n’ont pas le caractère du genre établi par Tode. Le caractère de mon nouveau genre sera Fruit: Thecæ (s. capi- tuli) seminales sessiles vel stipitatæ affixæ receptaculo membra- naceo difformi. C’est une espèce de membrane godronnée, difforme et comme celluleuse, sur laquelle sont fixées des capsules ordinairement pé- diculées, mais cependant sessiles dans quelques espèces. No 2", Ascophora lycopodioides Nob. À. aggregata atra, capitu- lis globosis subsessilibus. Le n° 3 est une plante magnifique... C’est un globule noir sur lequel on n’observe d’aborü aucun orifice, mais simplement un point de couleur plus claire. Par la suite, ce point doit s’ouvrir, car il est des individus sur lesquels j'ai observé une petite ouver- ture ; enfin, par la maturité, la plante s’affaisse, et, la gelée que le globule contient s'étant échappée, elle ressemble on ne peut mieux à une Peziza. À la base, on observe: de très longues radicules disposées en manière de rayons par lesquelles la plante s'attache. Je l’ai décrite sousle nom de Sphæria pezisoides N. Simplex, globosa, atra, col- labescendo concava, radiculis longis radiantibus. Gette plante mériterait peut-être de faire un nouveau genre; mais ce serait à ne jamais finir. Je soupçonne cependant que la gelée que j'ai observée dans le globule doit être fluide dans la plante fraîche ; dans ce cas, on ne pourrait plus considérer la plante comme une Sphæria 1-loculaire 1-sperme, ainsi que je l’ai fait, et il faudrait par force établir un nouveau genre. Les hommes qui ont pré- tendu que les genres sont naturels auraient dû s’amuser à classer toutes ces plantules microscopiques. ! Draparnaud signale, en les numérotant, les plantes qu'il avait reçues de mon père, récoltées à Sorèze. 500 MÉMOIRES ORIGINAUX. N° 4. Ascophora difformis Nobis. A. agoregata, cinnamomea, capitalis pellucidis sessilibus polymorphis. N° 5, Ascophora crocea Nobis. A. aggregata crocea capitulis ses- silibus pellucidis ovato-oblongis. Cette espèce a quelques rapports avec le Lycoperdon epiphyl- lum de Linné, qui doit faire une espèce de notre nouveau genre; mais elle en diffère par sa couleur tirant plus sur le rouge, et surtout par ses capsules beaucoup plus grandes. No 6. Ascophora fusca Nobis. A. aggregata fusca, capitulis ? articulatis longitudine stipitis. 28 prairial an VI. Je ne crois pas t'avoir dit que j'ai consigné dans le n° 2, tom. III du même journal (le Journal d'Histoire naturelle de Bordeaux, pag. 73), l'analyse microscopique des parties de la fructification du L. (Lichen) pustulatus qui étaient jusqu’à présent inconnues. Les botanistes avaient pris pour la vraie fructification de ce Li- chen ces touffes noirâtres et ramifiées que l’on voit à la surface des feuilles et principalement vers la circonférence ; mais ce Li- chen a, ainsi que ses congénères, de véritables écussons... Je travaille actuellement à une méthode de classification des Lichens, fondée, non comme celle d'Hoffmann, sur les caractères trompeurs fournis par le faciès, mais sur une analyse exacte des parties de la fructification. J'ai déjà soumis au microscope la plupart de mes espèces, qui se montent à plus de 200, et j'ai déjà obtenu des résultats très intéressants. Lorsque mon travail sera terminé, je t’enverrai les caractères de mes nouveaux genres, caractères qui reposent abso- lument sur l’analyse microscopique et que je n’ai adoptés qu'après un très grand nombre d'observations. Ah ! mon ami, que n'es-tu ici auprès de moi, Je te ferais voir des miracles ! 18 messidor an VI. J'ai envoyé à la Société de Bordeaux un Mémoire sur un nou- veau genre de plantes que j'ai nommé Stromboma. Dans ce genre rentreraient les touffes noires qui viennent à la page inférieure DRAPARNAUD BOTANISTE. 501 des feuilles du Rubus fruticosus, les diverses plantules qui atta- quent les feuilles du buis, cette jolie production que je trouvai sur les feuilles de la Serratula arvensis du temps que tu étais ici!, etc. Le 6 thermidor an VI. Je reviendrai encore sur la Linnæa borealis que tu me deman- dais dans ta deraière lettre. Gouan l’a notée, il est vrai, dans son Hortus”, et cela parce qu'il prétend en avoir trouvé quelques brins dans des mousses dont le vieux Banal avait enveloppé des bulbes qu'il apporta de l'Espérou. Mais tu sais combien Gouan a la vue courte. Depuis plus de trente ans que son Hortus a paru, l’on a été à l’Espérou mille et mille fois sans trouver cette plante fa- meüûse, et l’on à fini par douter, avec juste raison, de l’exactitude (je dirai même de la vérité) de cet habitat*. 28 vendémiaire an VI. Il est temps que je te rende un peu compte de mes occupa- tions, qui sont, comme d'ordinaire, assez multipliées. Ma Bibliotheca universalis Hist. nat. n’est pas en arrière. J’ai déjà fini le règne végétal ; il ne me reste plus qu’à noter les prin- cipaux auteurs de Minéralogie. Tu vois donc que si j’embrasse beaucoup, je finis au moins quelque chose. Mais que de choses en- core à terminer! 1 À propos de ce genre, il faut rappeler les lignes suivantes d’Adolphe Bron- guiart au mot SéromboNa du Dictionnaire classique d'Histoire naturelle, tom. XV, pag. 681: « Draparnaud avait nommé ainsi ua genre dans lequel il plaçait l’Ascophora disciflora de Tode ou Puccinia bulbosa, Rohl., type du genre Phrag- midium, l’Ascophora limbiflora de Tode, et plusieurs des Puccinia de Persoon ; ce genre, dont les caractères n'ont jamais été bien tracés, n'est pas adopté ». 2 L'Horlus regius monspeliensis de Gouan est de 1762. Trois ans après, parais- sait le Flora monspeliaca du même auteur, où figure encore le Linnæa borealis, pag. 103, parmi bien d’autres plantes étrangères à la région, ce qui a provoqué ce jugement de MM. Loret et Barrandon : « Les Herborisations de Gouan res- semblent aux romans historiques, où l'erreur est mêlée partout à la vérité » (Flore de Montpellier, Introd., IX.) 3 Dans ces dernières années, MM. Philippe Privat et Barbey ont découvert cette espèce à la limite de la France et de la Suisse, au Creux de Novel, vallon qui débouche sur le lac Léman au village international de Saint-Gingolphe. (Voy. Bull. Soc. bot. de France de 1881, tom. XX VIII, pag, 273.) 3e sér., tom. 1y. 39 502 MÉMOIRES ORIGINAUX. Depuis que j'ai reçu mes lentilles, un nouveau monde a existé pour moi. Je suis presque dans l’enthousiasme lorsque je me sers de mon microscope. J'ai analysé la fructification d’un très grand nombre de cryptogames. Tous les jours ma vénération pour Hedwig augmente ; touslesjoursjeme convaines de l’exac- titude de ses observations et de la supériorilé de son génie. J'ai appliqué sa méthode à un certain nombre de cryptogames qu’il n’a pas connues, et ce travail, qui a été pour moi la source des plus vives jouissances, ne me paraît pas dénué d'utilité. Je l'ai communiqué en parlie à Villars,qui m’exhorte à le continuer dans une lettre très honnête que je viens de recevoir de lui : tu sens combien ces exhortations sont inutiles. Quoique ce travail soit encore cryplogamique, j'ai pensé qu'il méritait un article à part. C’est une monographie sur les Con- ferva,dont je m'occupe depuis quinze jours et que j'ai déjà assez avancée. Je me propose de l’insérer dans le Journal de Physique que Lamétherie continue, à ce que l’on m’assure... J'ai déjà ob- servé 26 espèces et dessiné grosso modo ce que mes lentilles me faisaient apercevoir, afin de mieux retenir mes observations. Il m'en reste encore 12 à 15 à examiner, et j'aurai le canevas de mon Mémoire. Personne ne s’est encore occupé de cet objet, et je crois que les idées que je propose sont absolument neuves. Je vais dessiner avec soin et à l'encre de Chine les figures de chaque espèce vue au microscope ; je renverrai aux figures de Dillen, pour ces mêmes plantes, de grandeur naturelle et vues à l'œil. nud... On peut, au reste, pousser cette partie trés loin, et, si je continue à me livrer à ce genre de recherches, je crois bien que je pourrai donner un ouvrage très étendu et qui serait pour les Conferva ce qu'est l'ouvrage d’Hedwig pour les mousses. J'ai déjà demandé à Villars toutes les Conferves du Dauphiné, à Hermann celles de Strasbourg. Bory et Tournon m'’enverront celles des environs de Bordeaux. Clos et moi nous ferons le resle. Le 24 brumaire an VI. Je vais m'occuper à peindre toutes mes Conferves vues de DRAPARNAUD BOTANISTE. 503 grandeur naturelle et grossies avec l'analyse des parties. J’ai déjà les esquisses de toutes mes espèces, quise montent à 48. Les descriptions sont ébauchées, la méthode de classification est définitivement arrêtée. Je compte que mon travail sera terminé à la fin de l'hiver. J'ai trouvé mêlée, parmi notre Conf. capillaris, une plante on ne peut plus jolie. C’est la Conf. reticulata Linné !, dont je n’ai, dans ma collection, que quelques brins en très mauvais état qui m'ont été envoyés dans le temps par Hermann. C'est ici ou jamais le cas d’en accaparer. 12 nivôse an VI, Bory de Saint-Vincent m'a envoyé son Mémoire sur les Con- ferva etles Byssus. Il a eu même l'honnêteté d’y joindre des fi- gures dessinées de sa main. C'est dommage que ce jeune homme dessine mieux qu'il n'observe et surtout qu’il n’écrit. Je serai fort embarrassé s’il faut que dans ma monographie je parle de ce Mémoire. Il ne conviendrait pas que j'en fisse la critique, et, d’un autre côté, je ne sais pas mentir. Ils attendent à Bordeaux mon Mémoire avec impatience. Capelle m'a aussi écrit à ce sujet. Ils paraissent avoir de moi la plus haute idée. On prétend que la distance rapetisse les objets ; je serais presque tenté de croire qu elle les agrandit, car je suis à Bordeaux un homme d’impor- tance. Le 23 fructidor an VII. Je me déciderai cependant, malgré ma position mesquine, à publier l’année prochaine un Prodromus Hisioriæ Confervarum, en attendant de pouvoir publier l’histoire de ces plantes peu connues. J'aurais bien désiré de joindre à ce Prodromus de petites figures représentant seulement un petit fragment de chaque espèce vu au microscope; mais le défaut de graveur m'empêchera de le faire*. 1 C’est l'Hydrodiciyon reticulatum Rohl. ? Les travaux de Draparnaud sur les Conferves sont restés inédits. Je puise le renseignement suivant dans l’opuscule déjà cité de Laissac : « Un second (ma- 504 MÉMOIRES ORIGINAUX. 29 germinal an VIH. Il me paraît que pour acclimater les plantes exotiques avec succès en France, il faudrait lâcher d’imiter les procédés de la nature dans les migrations des plautes. Ge n’est qu’en leséloignant peu à peu de leur pays natal qu’elle parvient à les faire croître dans des lieux d’une température très différente. Je croirais donc que pour parvenir à naturaliser en France les plantes de ja Perse, par exemple, il faudrait d’abord les semer dans l’Asie-Mineure, dans la Turquie, de là dans la Grèce, puis en Italie, et enfin dans la France méridionale, d’où l’on pourrait peu à peu les répandre vers le Nord.Que penses-tu de ceite idée ? Elle me paraît spécieuse. Peut-être que l'expérience ne la confirmerait pas en entier. Quoi qu’il en soil, mets-moi à même de tenter cette expérience. Quoiqu'il en coûte fort peu de tenir un journal de l’état de l'atmosphère, le mien ne va quo cahin-caha ; il y existe mille ei PP nuscrit) sur les Conferves fut confié, en 1806, à l'amitié de Bory-Saint-Vincent,. membre de l'Institut. Un fatal concours de circonstances en a, jusqu'à ce jour, empêché la publication; mais nous savons, à n'en pas douter, que Bory-Saint- Vincent ne laissera pas échapper l’occasion de le faire connaître, et d’accomphr envers la mémoire d'un ami le devoir pieux qu’il s'est volontairement et généreu- sement imposé, pag. 9. » Or, je ne vois ni à l'article Conferve ni à l'article Oscil- laire du Dictionnaire classique d'Histoire naturelle, rédigés par Bory-Saint- Vincent, la mention du travail de Draparnaud, bien qu'il fasse l'éloge de ce savant à l’article Draparnaldia; Bory se borne à dire à la fin de ses descriptions : 10 de l’Oscillaire noirâtre : « Nous l'avons trouvée dans l’herbier de Draparnaud sous les noms de Conferva segmentosa et de C. fontinalis, comme recueillie aux environs de Montpellier » : 2° de l'O. émeraudine : « Nous l'avons retrouvée dans l'herbier de Draparnaud, qui la nommait Conferva tremelloides, comme ayant été recueillie autour de Montpellier ». On y signale encore le même habitat, d'après cet herbier, pour les O. trompeuse et papyrine (tom. XII, pag. 468, 473, 475, 476). En 1803 (an XL), paraissait l'Histoire des Conferves d'eau douce de J.-P. Vau- cher (Genève, in-4°), botaniste qui ne semble pas avoir connu les recherches de Draparnaud sur le même sujet, car je ne vois cité nulle part dans son ouvrage le nom de ce dernier savant. Ealin, dans son Mémoire sur le genre Batracho- sperma, publié en 1808 (Annal. du Mus., XII, 310), Bory écrit pag. 311 : « Dès l'an III j'avais établi ce genre dans ma collection; je le communiquai à mon sa- vant ami Draparnaud, et cet habile naturaliste l'approuva ». Déclaration re- produite presque textuellement dans le Diclionnaire classique d'Histoire natu- relle, tom. Il, pag. 226, article Hatrachosperme (1822). DRAPARNAUD BOTANISTE. 50) mille lacunes. Tu n’en serais pas surpris si tu connaissais tous les travaux que j’ai entrepris en même temps el que je fais mar- cher à la fois : Cours de métaphysique, Société d'agriculture, observations etexpériences relatives à l’économie rurale, affaires de l’École centrale, courses pour l’histoire naturelle, observations à rédiger, ma pelite ménagerie à nourrir, une correspondance assez étendue el que je rends très active, enfin mille occupations que je me crée à chaque instant, car tu sais que mon occupation principale est de me créer tous les jours de nouvelles occupations. 19 messidor an VII. Il y aeu le 10 de ce mois une séance publique de la Société libre d'Agriculture, à laquelle ont assisté les autorités tant civiles que militaires. J’ai terminé la séance par un Mémoiresurles migrations et la naturalisation des plantes qui a paru faire quelque plaisir. J'ai pendant près d'un mois travaillé à une Thèse qui fera, j'espère, grande sensation, et qui est intitulée : Fragments de Phy- siologie végétale *. Je suis à rédiger une Flora Monspe'iensis, afin que mes obser- vations ne meurent pas avec moi. 15 floréal an VIII. J'ai lu à la séance publique tenue le 10 floréal mon Mémoire sur les mœurs des plantes. Il a été accueilliavec la plus grande indulgence et le plus vif intérêt. Je me propose de l'envoyer à la Société philo- mathique. Il est vraiment piquant par la manière dontil est traité”. î En effet, en l’an VIL, paraissait à Montpellier une thèse sous ce titre, mais portant pour nom d'auteur N.-J.-B. Giboin. Je vois en tête de l’exemplaire que j'ai sous les yeux ces mots de la main de mon père : Auctore Draparnaud. 2 Un mois auparavant, à la date du 15 germinal an VI!I, Draparnaud annon- çait au Dr Clos que le Comité de l'Instruction publique avait considéré son discours comme le meilleur programme d’un cours de grammaire générale parmi ceux soumis à son examen, et ajoutait : «Tu vois que l’homme nouveau ne sera pas in- férieur à l’homme ancien en réputation et en gloire. Tout cela n'est que de la famée ; mais cette fumée console, et de la mauvaise fortune, et de la mauvaise santé, et de tous les malheurs qui afflisèrent ma vie. Elle ramène le courage et les forces ; elle vous soutient et vous excite dans la pénible carrière des sciences. Romains, j'aime la gloire et ne veux point m'ea taire. Celui-là méprise la gloire qui désespère d'en acquérir. » 506 MÉMOIRES ORIGINAUX. 17 prairial an VII. Gouan est fort malade depuis très longtemps, et je suis en quel- que sorte l’Intendans et le Directeur du Jardin de Botanique. Tous les jours, depuis une heure jusqu’à quatre de l'après-midi, je vais étudier les plantes exotiques : j’analyse, j’observe, je décris; et j'ai déjà, soit hasard, soit constance, fait un grand nombre d’ob- servatiors nouvelles. Humboldt ne va plus en Afrique. I! n'a écrit de Madrid qu'il avait changé de dessein et qu’il se proposait d'aller au Mexique. Il vient d’en obteuir la permission du roi d'Espagne. Il m'a pro- mis de ne pas m’oublier dans ses voyages, el de mettre en ré- serve pour moi quelques doubles de plantes et surtout de Cryp- togames de l'Amérique. À. Broussonnet ne m'a pas non plus oublié. Il m’a envoyé de Mogador un petit envoi de plantes précieuses, parmi lesquelles j'ai trouvé plusieurs espèces nouvelles, et un genre nouveau voi- sin du Cerastium et qui est vraiment la plante la plus anormale, la plus singulière que je connaisse‘. Bory m'a écrit de Fougères en Bretagne. Il guerroie avec les Vendéens. La loi de la conseription l’a arraché à ses foyers, à ses occupations paisibles, pour le porter dans un pays où il se trouve fort mal. [ls’en console en botanisant. Ainsi, autrefois, au camp de l’Union, loin de mes livres et de mes collections chéries, couchant sur la dure, sub dio, n’ayant pour boisson que de l’eau bourbeuse, entouré d’une foule d’ivrognes et de soudars, je sou- lageais mon ennui en botanisant sur les riches collines du Rous- sillon. 11 fructidor an VII. J'ai vu les botanistes danois dont tu me parlais dans une de tes dernières lettres. Il sont restés six jours ici et quatre au moins avec moi. Je les ai reçus de mon mieux, et je pense que, dere- tour dans leur pays, ils auront une idée assez favorable, sinon ——_—————————_—_——————————————…—"————…—…—…—_—…_———————.———.————————— 1 Il est probable que la plante en question est le Drosophyllum lusitanicum, dont le fruit rappelle à première vue celui des Cerastium. J.-E. P. DRAPARNAUD BOTANISTE. 507 de nos talents, du moins de notre urbanité. L'un d’eux (J.-W. Hornemann) est élève du célèbre Vahl, disciple chéri de Lin- næus. Ils ne m'ont pas paru d’une bien grande force. Il est vrai qu'ils n’ont absolument aucune prétention, et qu’ils n’ont pas la jactance de nos petits Botanophiles. Je leur ai donné les plantes rares de notre flore, et les ai chargés de présenter au professeur Vahl un paquet qui contient mes nouveaux genres, comme Volvicarpa ‘, Carpodermia”®, Stromboma”, etc., mes nouvelles espèces de Conferva, de mousses, de graminées, etc. 21 pluviôse an VIII. J'ai examiné de nouveau la petite Clavaria. C’est une espèce nouvelle que je nomme vermiculata, et vraiment elle ressemble à des vermicelles*. Je viens de recevoir une lettre de Ventenat, qui désire, me dit- il, être en relation avec moi et qui me prie de lui communiquer des observations pour un ouvrage qu'il va publier. Je lui en en- verrai un petit fascicule, et puis nous verrons comment cela ira. Le 23 nivôse an VIII. La Conferve est une espèce nouvelle qui sera décrite dans ma Morographie sous le nom de Conf. violacea. Bory me l’a envoyée de Bretagne il y a quelques mois. Prépare-m'’en de beaux échan- tillons et donne-moi des détails sur les liezx où elle croît, sur sa manière tie croître, sa longueur, etc. Le 29 ventôse an VIEIL. Je vais me mettre à dessiner toutes les figures de mon Jistoire des Conferves. J'ai cet ouvrage infiniment à cœur. Il est attendu 1 V. elliptica Drap. (Verrucaria Auct.). 2 Carpodermia depressa Drap., C. punctiformis, 3 S, lycoperdoides, S. orbiculus, S. macula, S. nigrescens, S. fuscum, $S. Rubi (Ascophora disciflora Tode, Puccinia mucronata Persoon), $S. graminum (Puccinia graminis Persoon). 4 Je relève parmi les notes de botanique laissées par mon père la suivante en date du 15 ventôse an VIIL : « La Clavaria vermiculata n'est point une (lavaria, mais une Sphæria. Elle à quelque rapportavec la Sphæria cirrosa Hoffm., Veget. cryptlog., mais elle est très distincte ; il la nommera Sphæria vermiculata. » 908 MÉMOIRES ORIGINAUX. avec impalience ; je veux enfin m’acquitler de mes engagements et répondre à tes reproches. Ce travail sera long et pénible, User ma senté, la rétablir, et puis l’user encore, telle est l’histoire de ma vie. 23 fructidor an VEII. La Conferve est la vraie Conf. capillaris de Linnæus, que les auteurs n ont nullement connue, puisqu'ils ont donné ce nom à une espèce marine, trompés par le synonyme de Dillen, cilé par Linnæus. 9 messidor an VIII. Isolé au milieu de mes collections et ne m’occupant d’autre chose, j’ai dû nécessairement concentrer mes affections sur des objets qui remplissent mon temps de la manière la plus agréable et la plus utile. J’étais passionné pour l'étude de l’histoire natu— relle quand tu étais à Montpellier. Aujourd’hui je ne puis te dire ce que je suis. Je suis enthousiaste forcené, je suis un vrai fol. Je ne sais parler, écrire qu'histoire naturelle. Je ne corresponds qu'avec des naturalistes. Je ne parle qu’aux individus qui ont des connaissances en ce genre. Mes affaires domestiques vont à la diable. Je ne m'occupe que de mes affaires scientifiques, et j'irai peut-être au temple de la Gloire parle chemin de l’hôpital. Le 25 frimaire an IX. Ce n’est pas tout, car tu sais qu’un seul objet ne suffit pas à l’inquiète activité de ma tête effervescente : j'ai formé le projet d'établir un journal relatif aux sciences et à la littérature, et con- sacré seulement à recueillir les productions littéraires ou scien- tifiques de la France méridionale. .… Tous les journaux nous viennent de Paris ; mais aussi tous se ressemblent, et qui en lit un les lit tous. J’ai pensé que mon journal aurait un caractère plus original, qu’il aurait une phy- sionomie propre qui pourrait le rendre intéressant. Le 29 germinal an IX. Tu trouves ma Thèse sur la Physiologie végétale bonne. Je puis t’assurer que le cours que je fais actuellement sur la même partie DRAPARNAUD BOTANISTE. 509 lui est infiniment supérieur. Aussi le concours d’auditeurs est vreiment extraordinaire, et jamais cours ne fut plus suivi. Je me propose de publier, l’année prochaine, des éléments de physiologie végétale sur le plan que je suis dar s mes leçons. Maïs où serai- je l’année prochaine ? 28 ventôse an IX. Je connais aussi de réputation la morgue de Lapeyrouse. S'il u’a droit de mépriser que ceux qui ne le valent pas, il n’a pasle droit de méoriser beaucoup de naturalistes ; car en ce genre sa réputation n’est pas encore très colossale. Jele vis à son passage à Montpellier ; c'était chez Chaptal. Nous parlâmes longlemps ensemble: il me parut s’humaniser. Tu sais d’ailleurs que je ne crains pas la morgue, et que dans l’occasion je suis fier comme un Anglais. 28 fructidor an IX. Tu trouveras ci-joint unelettre pour Ventenat. C’est un homme d’un très grand mérite, modeste et sans morgue, aimable et sen- sible, dont tu seras bien reçu 9 brumaire an IX. Je viens d’être nommé professeur d'histoire naturelle '. Jetra- vaille, en attendant, à mon discours d’ouverture; il aura pour objet les avantages de l'histoire naturelle*?. Les naturalistes qui ont déjà traité cette matière ne l’ont fait que d’une manière im- parfaite, et se sont bornés à paraphraser ce passage du Psal- miste : Cæœli enarrant gloriam Dei. Je traiterai la question d’une manière plus vaste et sous un autre point de vue. 7 prairial an IX. J'ai déjà commencé mes démonstrations au Jardin. Elles sont très suivies, et je compte au bout de l’année avoir formé plusieurs bons élèves. Je les conduis à la campagne ; R je les exerce à dis- séquer, à déterminer les plantes, et je fais un supplément de leçon. ‘ A l'École Centrale, par Chaptal, qui faisait le plus grand cas de Draparnaud. 2 Dissertation sur l'utilité de l'histoire naturelle dans la médecine, an XI, 61 pag. 8°. 510 MÉMOIRES ORIGINAUX. Le 27 brumaire an X. Mon petit précis de Physiologie comoarée sera bientôt entière- ment imprimé. Prairial an X. Tu devines bien que depuis quelque temps je travaille fort peu. J'ai cependant inséré dans le n° 9 de notre Bulletin un Mémoire sur la Pathologie végétale ? qui sera suivi de plusieurs autres sur la même matière. J'ai fait un Mémoire sur les espèces de Trigla de la Méditerranée qui sera publié incessammeut, et j'ai lu à la séance publique de notre Société des Sciences, qui a eu lieu le 10 floréal, un Mémoiresur l’anatomie des plantes et principalement sur celle des plantes cryptogames, qui sera aussi imprimé dans le Bulletin. Ainsi, tu vois que c’est bien assez pour un homme qui se marie. Prairial an X. J'ai reçu et lu l’ouvrage de Girod-Chantrans que tu m’as envoyé. C’est détestable. Je me serais amusé à le réfuter, mais la réfuta- tion serait plus longue que l’ouvrage. Ainsi je le livre à la censure des cryptogamistes instruits. Pluviôse an XI. Je te dirai que je viens d’être aussi le fondateur ou du moins le restaurateur du Jardin de l’École de Médecine. Gouan s'était opposé à tous les projets de réforme, mais l’École a passé outre. 1 Il fait allusion à son mariage. Cette même année, Chaptal l'appelait à la place de Conservateur des collections de la Faculté de Médecine de Montpellier avec le titre, le rang et les prérogatives de professeur. 2? C'est dans ce Mémoire que Draparnaud émet l’idée de diviser les plantes, quant à leur durée, en deux groupes auxquels répondront ceux que De Candolle devait qualifier plus tard de plantes monocarpiennes et polycarpiennes ; je cite: «J'ai observé, écrit Draparnaud, que bien des plantes annuelles de l'Afrique et de l'Amérique méridionale sont bisannuelles dans nos contrées, où la somme de chaleur d’une année ne suffit point pour les faire parvenir à leur entier développe- ment et à leur floraison. Au lieu donc de diviser les plantes en annuelles, bisan- nuelles et vivaces, ce qui peut varier selon les climats, ne vaudrait-il pas mieux les diviser en plantes qui ne fleurissent qu'une fois et en plantes qui fleurissent plusieurs fois dans leur vie? » (loc. cit., pag. 177-8). DRAPARNAUD BOTANISTE. 511 Le Jardin aété entièrement défriché et planté comme l’École bo- tanique de Paris ‘. 1 C’est au commencement de 1803 que Draparnaud tracçait ces lignes, mais ce nouveau mérite du savant est resté entièrement ignoré. Je relève, en effet, ce passage dans le bel ouvrage in-4° publié en 1854 par M. Ch. Martins, le Jardin des Plantes de Montpellier, pag. 44 : « Au commencement de ce siècle, Gouan était professeur de Botanique et directeur du Jardin depuis neuf ans ; mais sa vue, qui s’affaiblissait tous les jours, l'empêchait de remplir ses devoirs comme il l'au- rait voulu. De son vivant, il eut donc pour successeur un homme dont les voyages lointains, le dévouement civique et la fin malheureuse ont laissé chez ses con- temporains une profonde impression ; je veux parler de Marius-Auguste Brous- sonnet. C'est lui qui devait être le restaurateur du Jardin. » A leur tour et à une époque plus rapprochée de nous, MM. Loret et Barrandon, dans leur /ntroduction à la Flore de Montpellier, ayant à cœur de faire connaître leurs devanciers, écrivent, pag. vi de Gouan «.…. Déjà vieux dès 1803 et devenu presque aveugle, il céda sa place à Auguste Broussonnet... » ; et le nom de Draparnaud est complètement omis et ne figure pas une seule fois, si je ne me trompe, dans cet ouvrage, paru en 1876. Or la Notice sur la vie de Dra- parnaud, due à sa veuve et insérée en tête de l'Histoire des Mollusques terrestres el fluvialiles de son mari, nous apprend qu’un nouveau règlement, paru peu après la nomination de Draparnaud, changea les formes depuis peu établies dans les Écoles de Médecine ; «il ôtait l'administration et la surveillance du Jar- din de Botanique à l'École de Médecine, et ce fut M. Auguste Broussonnet, parent du Ministre et nouvellement arrivé à Paris, qui en fut déclaré directeur et ad- ninistrateur (pag. 9) ». Cependant, à la date du 5 vendémiaire an XII, Drapar- naud, dans une lettre adressée au Ministre Chaptal, y disait : « Vous savez tout ce que j'ai fait pour le Jardin de l'École de Médecine, qui était dans le plus grand délabrement et que j'ai enrichi de plus de huit cents plantes» (/bid., pag. 11). Ainsi, voilà un botaniste qui, en un très court laps de temps, replante le Jardin de Montpellier disposé par son devancier Gouan d’après le système artificiel de Linné, et prend modèle sur le Jardin botanique de Paris, ce qui signifie, je pense, que la classification dite naturelle y remplace le système ; un botaniste qui aug- mente prodigieusement les richesses de cette École, et dont le nom ne figure nulle part dans l'histoire de celle-ci“. Un seul naturaliste, et c’est celui dont il a été * Et pourtant je lis que son buste avait été jugé digne de figurer dans l'École de Botanique du Jardin des Plantes de Montpellier, à côté de ceux de Rondelet, de Richer de Belleval, de Magnol, de Sauvages, de Cusson, de Nissole, d’Auguste Broussonnet et de Gouan. D. CLos. Ce buste existe, en effet, dans notre Jardin des Plantes avec l'inscription sui- vante : J.-R. Draparnaud, Zoologiæ, Botanicæ et Geologiæ solertissimus inda- gator. 1804, Le portrait de Draparnaud figure aussi dans la galerie iconographique des Professeurs de la Faculté de Médecine de Montpellier avec l'inscription suivante : 512 MÉMOIRES OPIGINAUX: Je viens G’être nommé par le Préfet, Directeur de la pépinière départementale de l’Hérault!, et ce sera au Jardin de la reine que j'en formerai l’établissement provisoire. Dans la semaine pro- chaine, je ferai commencer le défrichement. Après sa nomination à la chaire de la Faculté de Médecine, Draparnaud s’empressa de prendre le titre de Docteur en Méde- cine et soutint dans ce but avec le plus grand succès une Thèse intilulée : De l'utilité de l'histoire naturelle dans la médecine. Il écrivait de Paris au professeur de Seneaux, son beau-père, à la date du 27 thermidor an X: «Je ramasse des graines et des plantes pour le Jardin et je ne m’en retournerai pas les mains vides. Je visite les collections de tout genre pour observer la manière dont elles sont disposées; je vais dans tous les jardins de botanique pour étudier les divers procédés de culture ; enfin, déjà maintes fois question dans ce travail, Bory de Saint-Vincent, a rendu en par- tie justice au savant de Montpellier, en lui dédiant le genre Draparnaldia *. Draparnaud, Jules-Philippe-Raymond, Professeur d'Histoire naturelle, né à Mont- pellierle 3 juin 1772, mort le 1er février 1805. Ce portrait a été donné à la Faculté par un de ses membres, M. le professeur Moïitessier, dont le père l'avait acquis de feu l’avocat Laissac, parent par sa femme de la famille Seneaux et par là de Draparnaud, La date de la mort de Draparnaud, telle qu’elle résulte d’une lettre de sou beau-père le professeur Seneaux à M. Clos père, est exactement le 12 pluviose an XII, c'est-à-dire le 2 février 1804. En indiquant cette date, M. D. Clos rectifie celle du portrait en question et celle du 8 février 1804, indiquée par Poitevin. Il existe également un autre portrait représentant Draparnaud en costume civil du temps de la Révolution, gilet à revers, chapeau à la montagnarde, avec cocarde. Sono 0 Ce portrait était entre les mains de feu M. Moitessier père, conchyolo- giste, qui m'en a donné jadis une reproduction photographique. Puisque mon excellent confrère M. Clos veut bien me permettre de joindre une note à son travail sur Draparnaud, qu'il me soit permis d'ajouter que, dans ma pensée, ce savant, mort trop jeune pour sa gloire et pour celle de Montpellier, fut le mieux doué et le plus complet de notre illustre phalange de naturalistes. Il avait, à la fois, l'esprit d'observation et l’esprit de généralisation, le don de saisir les faits et d’en exposer les rapports, et joignait à cela l'enthousiasme, la verve qui animent et colorent les tableaux que la science a tracés. J.-E. PLANGHON. * Voir à la fin de la présente Notice ce qu'à écrit Bory de Saint-Vincent à propos de son ami. 4 Baumes donne pour date de cette nomination le 2 frimaire de l'an XI (Loc. cil., pag. 46). DRAPARNAUD BOTANISTE. 513 croyez que, dans la nouvelle place qui m'esl confiée, je ne me bornerai pas à conserver ce qui existe, mais que je parviendrai bientôt à l’augmenter. Si cependant, malgré les droits que je puis avoir à cette place, j'éprouve des désagréments à l’École, je vous déclare que mon intention n'est point d’y rester. Je donne ma démission aussitôt!. Les savants de Paris m'ont fait l’accueil Le plus distingué. Toutes les bibliothèques me sont ouvertes, et tous les moyens d'instruction me sont offerts. Jai consulté des ouvrages très rares, des collections infiniment riches, et j'ai remar- qué des matériaux précieux pour les ouvrages que je me pro- pose de publier. Si mon amie était avec moi, un de ces ouvrages verrait le jour à Paris ; mais il faudrait pour cela beaucoup trop de temps. Cabanis vient de publier un très bon ouvrage sur l’homme physique et moral. Votre gendre y est longuement cité et d’une manière fort honorable. Voilà qui dédommage un peu des persé- cutions de l’envie et des nombreux désagréments dont fut semé le cours malheureux de mon existence.» (Laissac, loc. cit. 31-32.) Et c’est au moment où l'avenir paraissait lui sourire, où il se 1 Dans le portrait qui le représente à la Faculté de Médecine, Draparnaud est qualifié de Professeur, sans autre titre. Son costume officiel est le même que celui des professeurs en titre de l'ancienne Université de Médecine, pèlerine avec hermine sur la robe de même couleur (rouge) ; toque en cône tronqué, la partie la plus large en haut, avec des cotelures et un galon circulaire. Une toque toute sem- blable accompagne les portraits de Barthez et de René (le père), seulement il y a deux galons, Barthez ayant été chancelier et René doyen. Dans la Notice de Poitevin sur Draparnaud, on lit : « Il avait été nommé, il y a environ deux ans (c'est-à-dire l'an X), par le Ministre de l'Intérieur, Conservateur et Professeur d'Histoire naturelle à l'École de Mélecine de Montpellier. La nou- velle organisation de cette École le réduisit aux simples fonctions de Conservateur, qu'il ne voulut point accepter. » Ceci explique pourquoi Draparnaud n'a jamais eu dans notre Faculté qu'une position un peu précaire, et à certains égards ambiguë, Il faut en plaindre la Faculté plus que Draparnaud. J.-E. P. Tous mes remerciements à mon ami M.J.-E.Planchon, et pour les renseignements qu'il a bien voulu joindre à cette Notice, et pour m'avoir permis d'y reproduire une photographie en sa possession, représentant, d'après un portrait original, Dra parnaud en costume civil du temps. 514 MÉMOIRES ORIGINAUX. proposait de condenser en faisceaux loutes ses observations, tou- tes ses recherches sur des points divers de l’histoire naturelle, que la mort allait le ravir. D'une constitution débile, il lutta coura- geusement durant plusieurs années contre la douleur et la ma- ladie, animé et soutenu par le feu de la science. Mais les cha- grins avaient contribué à miner le peu de furces qui lui restait, et il s'éteignit, au commencement du mois defévrier 1804, ne laissant de tant d’élucubrations qu’un seul ouvrage à peu près terminé, son Histoire des Mollusques terrestres et fluviatiles de la France. Il x dû à Bory de Saint-Vincent ce dernier hommage : «C’est à Draparnaud que je dédie le genre (Draparnaldia) qui fait le sujet de ce nouveau Mémoire. Ceux qui ont eonnu ce naturaliste savent seulement tout ce qu'il a valu : Actif, infa- tigable, il fat propre aux études les plus diverses. Sage et pru- dent, timide même dans ses recherches, il ne se hâta point de publier : il recueillait des faits, il en mürissait l’ensemble, il voulait que ses ouvrages fussent sans taches. Les chagrins et la mort l’ont surpris avant l’exécution de ses projets ; sa carrière s’est fermée avant que ses écrits aient établi sa réputation. À peine quelques phrases échappées de sa plume et confiées au papier restent-elles de lui ; et la perte des trésors qu'il avait accumulés dans sa mémoire laisse des regrets de plus à ceux qui l’aimè- rent, en chérissant les sciences comme il les chérissait. »J’eusse pu sans doute chercher parmi tant de végétaux rares et nouveaux quis offrirent à moi dans mes voyages, j'eusse pu, dis-je, chercher, pour lui imposer le nom de Draparnaud, quel- que genre plus analogue aux beautés de son esprit ; de majestueux palmiers, des arbres brillants de vigueur auraient perpétué son souvenir, en régnant sur les forêts. Mais les mânes modestes de mon ami eussent-elles approuvé mon choix ! Elles souriront à celui que j'ai fait. Que son nom vive parmi les conferves, qui furent sa plus chère étude ! » (Annal. du Mus., XII, 399.) DRAPARNAUD BOTANISTE. 515 Je relève dans la partie cryptogamique du Flora soriciniana, resté manuscrit, de Draparnaud, les espèces suivantes accompa- gnées de l'indication Drap., et par conséquent considérées par Draparnaud, où comme nouvelles, ou comme appartenant à des genres nouveaux. Conferva sericea Drap. —- bombycina Drap. — nodosa Drap. — ianthina Drap. — segmentosa Drap. — tremelloides Drap. — cæspitosa Drap. Endocarpon rufescens Drap". Plaxia rosea Drap. — obsrura Drap. Verrucaria efflorescens Drap. — perforata Drap. — hypnorum Drap. — hysterium Drap. Volvicarpa elliptica Drap. Carpodermia depressa Drap., sur les feuilles sèches. Carpodermia punctiformis Drap., sur les feuilles de houx. Opegrapha labyrinthica Drap. Konisperma jubata Drap. (L. ju- batus L.} Cladonia pulverulenta Drap. (L. microscopicus Villars.) Stereocaulon mammillare Drap. (L. mammillaris Villars). Stereocaulon cinereum Drap. Ascobolus punctatus Drap. (Pe- ziza punctata L.) Acrospermum filiforme Drap. (Clavaria filiformis Bull.) Acrospermum aureum Drap. [saria aquatica Drap. Mesenterica sinuosa Drap. (Re- ticularia sinuosa Bull.) Stromboma lycoperdoides Drap.$ (Puccinia Pers.) Stromboma orbiculus Drap. — macula Drap. — nigrescens Drap. — fuscum Drap. — Rubi{Ascophora dis- ciflora Tode, Puccinia mucro- nata Pers.) Stromboma graminum (Puccinia graminis Pers.) Ascophora difformis Drap. — crocea Drap. —— Buxi Drap. (Strom- boma Drap.?) — Rubi Drap. (id.) — Serratulæ Drap. (Stromboma Drap.?) — lycopodioides Drap. 1 Il y avait déjà un £Endocarpon de ce nom dû à Acharius. 2 Croûte fongueuse lichéniforme qui croît sur les troncs morts. 3 Les espèces qui suivent sont empruntées au Tableau systématique des productions naturelles dans le territoire de Sorèze et de ses environs, par le Dr J.-A. Clos (mss.) 516 Dicranum pulvinatum Drap. (Bryum L.) Mnium polytrichoides Drap. Trichopteris Smith Drap. (Hyp- num Smithii Dickson). Riccia scabra Drap. - marginata Drap! (R. glauca Hoffm., minime Lins.) Sphæria pezizoides Drap. (sur les feuilles du Mélilot officinal). Sphæria vermiculata Drap. Lycogala candida Drap. Agaricüus populinus Drap. Peziza epiphylla Drap. MÉMOIRES ORIGINAUX. Hysterium byssinum Drap.? Conferva variabilis Drap. em- brassant « Conf. setiformis Roth. 6 — quinina Müll. y — decimina Müll. $ — rhomboidalis Bory. e — rivularis Bory (ser- pentina Müll.) 6 — disjuncta Bory. a — setiformis Roth. 9 — stellina Müll. filiformis Schrank. transversina Müll. 1 Fa marge des feuilles est un peu renflée et marquée d'un petit sillon. ? Crusta byssina cinerascens, tubercula obducens oblonga nigrescentia (Drap.). 917 REVUE SGIENTIFIQUE. Zoologie. Le Laboratoire de Zoologie de la Faculté des Sciences de Montpellier a eu cette année-ci le privilège de voir éclore deux thèses de doctorat ès- sciences naturelles qui font, l’une et l’autre, le plus grand honneur à leurs auteurs. Ces deux thèses, soutenues devant la Faculté des Sciences de Paris, y ont trouvé un accueil favorable qui est bien fait pour encourager les deux jeunes naturalistes qui se sont succédé comme préparateurs du cours deZoologie. Les sujets, de genre très différents, ainsi que permettra d’eu juger l’analyse qui va suivre, ont été traités avec tout le sérieux que comportaient des questions très délicates et où Les plus habiles avaient encore laissé beaucoup à glaner. M. Rouzaud à abordé la question encore très obscure du Dévelop- pement des organes génitaux de quelques Gastéropodes hermaphro- dites. Il a su tirer de ses observations, aussi originales que minutieuses, des considérations intéressantes sur la valeur morphologique des diver- ses parties de l’appareil génital des Mollusques hermaphodites et sur les déductions phylogénétiques qu'il est possible d'en tirer. M. Amans a appliqué sa perspicacité d’observateur, son labeur opiniâtre et sa manière originale de concevoir, à la Comparaison des organes du vol dans la série animale et plus particulièrement chez les Insectes. Ceux qui ont touché à ces difficiles problèmes savent ce qu'ils renferment de particulièrement délicat et apprécieront à leur juste valeur ce solide travail, digne de servir de base à des recherches plus étendues sur la mécanique du vol. L'analyse suivante des deux travaux que je viens de désigner per- mettra au lecteur d'apprécier la valeur de ces deux importants travaux, qui sont, pour le maître et pour les disciples, à la fois des récompenses et des encouragements. Recherches sur le développement des organes génitaux de quelques Gastéropodes hermaphrodites ; par M. H. Rouzaup (Paris, juillet 1885. Octave Doin). Les Gastéropodes possèdent, comme on le sait, des organes génitaux construits sur des types très variés : cela tient d’abord à ce que certains groupes sont hermaphrodites, les parties accessoires de l’un et l’autre 3C sér., (OM. 1Y. 36 518 REVUE SCIENTIFIQUE. sexe étant alors réunies sur un même appareil, tandis que d’autres grou- pes sont unisexués. Les appareils hermaphrodites, considérés séparé- ment, présentent aussi des variations très grandes, et l’on peut dire qu’il y en a de simples et de compliqués, avec tous les degrés intermédiaires. Dans ces conditions de variété, les descripteurs, trop peu souventattirés vers la détermination de la nature des organes et la recherche des homo- logies, ont donné aux mêmes parties accessoires des noms différents et le même nom à des choses absolument disparates, de telle sorte qu'une nomenclature très riche de termes cache une réelle pauvreté de notions précises. On comprend alors pourquoi la comparaison des divers appareils manque de base et pourquoi la question des affinités réciproques des groupes ne peut pas être discutée avec les données qu'elle comporte. M. H. Rouzaud a entrepris l'étude du développement de ces appareils reproducteurs des Gastéropodes hermaphrodites et s’est spécialement adressé aux appareils les plus compliqués ; son travail est une œuvre sérieuse et réfléchie, inspirée des doctrines et des théories modernes que nous professons, dans laquelle on trouvera des données précieuses sur la signification des diverses parties et des dédutions très importantes tirées de comparaisons justifiées. Je crois devoir reproduire ci-dessous les conclusions qui résument la partie personnelle du travail de M. Rouzaud, en renvoyant, pour ce qui concerne l'historique de la question, les détails et les planches, au Mé- moire lui-même. 1° L'appareil génital hermaphrodite des Pulmonés, quelle que soit sa complication chez l'adulte, provient tout entier d’un bourgéon cellulaire, homogène et massif, émané de la peau de la nuque et développé dans la cavité du corps du jeune animal. Rouzaud à fait connaître! ce bourgeon sous le nom de bourgeon primitif. 2° L’apparition du bourgeon primitif semble, dans la règle, être un peu antérieure à l’éclosion. 3° La forme première du bourgeon primitif est celle d’une bouteille arrondie à goulot très court. Cette forme change rapidement, et la bou- teille prend, dans les quelques jours qui précèdent ou suivent l’éclosion, l’aspect d’une massue à long manche. Le point d'attache du manche de la massue à la paroi somatique re présente le point d’origine du bourgeon primitif, et c’est précisément à cetendroit que se produira ultérieurement l’orifice commun externe de appareil génital (Æélicides) ou l’orifice des conduits femelles (Lymnéens). 4 La partie renflée de la massue est libre et s'éloigne de plus en plus 1 Comptes rendus de l'Académie des Sciences de Paris, janvier 1883, ZOOLOGIE. 519 du point d'attache de celle-ci, de telle sorte que, peu de jours après l’éclo- sion, le bourgeon primitif est devenu une ébauche filiforme dont l’extré- mité supérieure est cachée dans les lobes du foie. Cette extrémité four- ira dans la suite le foyer de production des éléments sexuels. 5 Dès que le sommet de lJ’ébauche primitive à atteint la région du tortillon, on voit apparaître, sur sa partie basilaire ou périphérique, un bourgeon secondaire, désigné sous le nom de bourgeon pénial. Ce bourgeon fournira les diverses parties de l'appareil copulateur etmontre, à l’origine, la même structure cellulaire homogène que nous connaissons au bourgeon primitif. 6° En même temps, la surface du bourgeon primitif présente, dans la moitié inférieure de l’ébauche, une différenciation musculaire périphéri- que; les éléments de ce revêtement musculaire superficiel sont tous orientés dans le sens de la longueur ou de la croissance du bourgeon primitif. Cette même différenciation se voit également à la surface du bourgeon pénial, très peu de temps après l’apparition de cette ébauche secondaire. Dans la région moyenne du bourgeon primitif allongé, la différenciation museulaire périphérique sépare bientôt trois cordons cellulaires pleins et parallèles, qui au début sont réunis et entourés par la substance mus- culaire à éléments longitudinaux. Les deux intervalles musculaires pa- rallèles qui réunissent les trois cordons cellulaires :et apparaissent d’abord comme des lignes claires, sont bientôt remplacés par des scissions désignées sous le nom de fentes de séparation. 7° La fente qui va s’étendre surtout vers ie bas et gagner le bourgeon pénial à été distinguée sous le nom de fente utéro-déférente; elle établit une séparation complète entre les deux cordons, qui deviendront respec- tivement l'oviducte et le canal déférent. Ce dernier est donc continu dans toute sa longueur dès les premières époques du développement. L'autre fente, qui s'étendra surtout vers le haut, séparera le cordon qui sera ultérieurement l’oviducte de celui qui deviendra la poche copulatrice ; elle s'appelle fente utéro-copulatrice. 8° Dès que les fentes sont établies en un point qu'elles n’atteignent pas, apparaissent les proliférations du bourgeon primitif qui donnent naissance aux organes connus sous le nom de glande de l’albumine et de diverticule. 9% Le sommet libre du bourgeon primitif prolifère alors à son tour, et des mamelons cellulaires pleins apparaissent comme premier indice des futurs follicules de l'organe hermaphrodite. 100 On voit apparaître ensuite, sur la partie inférieure du bourgeon primitif, un deuxième bonrgeon, nommé bowrgeon sagittal ; cette ébau- 520 REVUE SCIENTIFIQUE. che, qui va fournir ultérieurement le sac du dard, est, avec la fente utéro-copulatrice et la poche copulatrice, dans les mêmes relations que le bourgeon pénial avec la fente utéro-déférente et le canal déférent. 11° Toutes les parties de l’ensemble génital sont d’abord cellulaires et massives, et se creusent ensuite par écartement des éléments cellu- laires centraux ; les parties qui se creusent les premières sont celles qui occupent la région inférieure ou périphérique de l'appareil en voie de développement. 12° Ce qui domine toutes ces constatations, c’est la continuité de toutes les parties de l’ensemble génital dès les premiers stades du dévelop- pement; cela détruit complètement les soudures introduites dans le processus par H. Eisi& et montre bien que l'appareil génital des Héli- cides provient, dans son ensemble, d'une seule ébauche primitive. 13 Chez Lymnæus, H. KisiG dit que l’appareil génital provient de trois ébauches distinctes, lesquelles se souderaient ultérieurement. Je vois seu'ement, dans ce cas particulier, le bourgeon pénial subir une migra- tion ontogénique et affecter un air d'indépendance bien propre à induire en erreur l'observateur qui étudie uniquement le développement organique d’une seule forme spécifique exceptionnelle. Le processus uniforme se trouve encore chez Lymnœus, et les diverses parties ont la même signi- fication dans les deux groupes de Pulmonés. 14° Le muscle rétracteur du pénis se développe toujours au sommet libre du bourgeon pénial ; ce fait fournit un point de repère précieux pour la comparaison, parce qu'il permet de distinguer à toutes les épo- ques les deux parties constituantes du pénis. 15° Le bourgeon pénial, d’abord plein et massif, se divise bientôt en deux parties égales et parallèles par la pénétration dans son intérieur de la fente utéro-déférente ; les deux parties du bourgeon divisé sont tou- jours séparées par l'insertion péniale du muscle rétracteur du pénis. Ces deux parties du pénis, qu’il est important de distinguer pour les comparaisons, sont la région pénio-virgale et la région pénio-déférente. Comme tous les canaux de l'ensemble, ces parties sont d’abord mas- sives : elles se creusent ensuite par écartement des cellules. Le creuse- ment venu du vagin, en se propageant dans la région pénio-virgale, détermine la formation de la papille virgale. Celle-ci se creuse ultérieu- rement par la pénétration, en sens inverse, d’une cavité venue de la région pénio-déférente. 16° Le flagellum est un diverticule du sytème des canaux copulateurs, toujours situé à la jonction du canal déférent avec la région pénio-défé- rente ; ce diverticule est un bourgeon plein à l’origine et se creuse ulté- rieurement par écartement des éléments cellulaires centraux. La cavité ZOOLOGIE. 521 s’y propage de bas en haut, c’est-à-dire dans le sens de la croissance, de telle sorte que les parties les plus jeunes sont plus longtemps massives. La lumière du flagellum semble due à la propagation de la cavité pénio- déférente dans le bourgeon flagellaire. Les flagellums rudimentaires des Hélicides doivent être interprétés comme avortements d’un organe typique ou ancien. 17° Dans certains cas, le bourgeon pénial présente des phénomènes de scission longitudinale qui se traduisent dans l'appareil adulte par l’ap- parition d’un pénis supplémentaire (Bulimus detritus); je considère cette disposition comme résultant d'accidents ontogéniques anciens, au- jourd’hui fixés par hérédité, qui ont pu se produire dans des groupes fort différents. Des faits analogues se trouvant dans l’histoire du bourgeon sagittal nous montrent l'importance de ces accidents du bourgeon pénial. 18° Les diverses parties creuses de l'organe copulateur sont formées de quatre couches concentriques, qui sont, de dedans en dehors: L’épithélium interne ; la couche cellulaire sous-épithéliale; la zone des faisceaux musculaires longitudinaux ; le revêtement externe des fibres musculaires transversales. La ceuche cellulaire sous-épithéliale est la matrice formative et régé- nératrice de l’épithélium placé au-dessus ; elle représente une persis- tance spéciale du tissu embryonnaire des ébauches. La zone des faisceaux musculaires longitudinaux n'est pas autre chose qu'un accroissement de la première différenciation musculaire péri- phérique que nous savons s'être développée, dans les premiers stades, à la surface du bourgeon primitif. Le revêtement musculaire externe est d'apparition tardive et son mode d’origine est difficile à préciser. Dans le cours du développement ultérieur de l’appareil, la couche sous-épithéliale donne quelquefois naissance à des groupes cellulaires qui présentent de bonne heure les phénomènes de la régression glandu- laire ; ces groupes forment quelquefois une couche assez continue, qui semble intercalée aux quatre couches typiques. 19 Le bourgeon sagittal se développe pendant la période de constitu- tion de l'appareil reproducteur et, malgré une apparition ontogénique en apparence tardive, n’a pas les caractères d’une acquisition récente ; le sie du dard qui en dérive représente une partie typique où ancienne. 20° Les glandes sagittales sont des organes qui appartiennent à la souche et qui ont acquis récemment des formes particulières. La forme typique de ces organes glandulaires, dans le genre Æelix et quelques genres voisins, est celle d’une colicrette de tubes égaux. 522 REVUE SCIENTIFIQUE. Les tubes, réunis en deyx faisceaux portés chacun sur un pédoncule plus où moins long, représentent une disposition dérivée. Les glandes, réduites à deux tubes simples, sont le cas extrême de la disposition précédente. 21° Le bourgeon sagittal est l’homologue symétrique du bourgeon pénial ; la fente utéro-copulatrice correspond à la fente utéro-déférente, et la poche copulatrice est l’homologue du canal déférent et de la gout- tière spermatique. 22° Le sac du dard, organe typique ou ancien, est susceptible de dégra- dations variées ot de disparition totale; dégradations et disparitions sont des transformations d'ordre secondaire. La présence isolée de la poche copulatrice, avec ou sans persistance de glandes d'ordre sagittal, est une preuve de Ia disparition secondaire du sac du dard. 23° Les formes compliquées de l'appareil reproducteur hermaphrodite des Gastéropodes sont plus près du type ancien de cet appareil que les formes réduites. Les réductions variées de l’appareil génital hermaphrodite se présen- tent donc comme des transformations secondaires, et point du tout comme des états simples primitifs. Toutes ces réductions portent sur le flagellum, le sac du dard,les glan- des sagittales, et s’expliquent par une accélération dans le développe- rent organique de l’appareil génital. 24° Les appareils de certains Gastéropodes unisexués semblent pré- senter des restes de parties caractéristiques d'ensembles génitaux anté- rieurement hermaphrodites ; outre la séparation des sexes qui se pré- sente, à priori, comme une spécialisation de nature secondaire, on pourra done trouver des preuves anatomiques établissant que la souche des Gastéropodes unisexuées était hermaphrodite. L’homogénéité du groupe tout entier des Gastéropodes me fait penser que la souche des formes unisexuées était la même que celle des formes hermaphrodites et que les ancêtres communs des deux groupes possédaient, à la façon de certains vers plats, des appareils génitaux hermaphrodites du type com- pliqué. 25° La poche copulatrice est l’homologue symétrique du canal défé- rent, et se distingue de ce dernier par ce fait que la fente qui la sépare de l’oviducte se développe surtout vers le haut et lui donne une extrémité supérieure libre. À Le diverticule de cette poche est un appendice de même nature que le flagellum. 26° La région des gouttières est une portion de l’ébauche des conduits ZOOLOGIE. b23 sexuels que la fente utéro-déférente n’a pas divisée, et dans laquelle les cavités des cordons non séparés (oviducte et canal déférent) se mettent en communication. Suivant que la fente utéro-déférente s’avance plus ou moins haut, la région des gouttières est courte (Swccinea) ou longue (Æelix). La paroi de la gouttière ovulaire, dont la structure et le développement sont remarquables (chap. V, $2), présente des follicules glandulaires clos, émesurément distendus à maturité, qui se rompent lors de la ponte. Les parois de la gouttière spermatique contiennent des follicules diffé- rents, qui constituent une glande disséminée dite prostate. L’épithélium des deux gouttières est cilié. 27° La glande de l’albumine représente un diverticulum impair des conduits sexuels ; j'ai fait connaître {chap. V, $ 3) le développement et la structure de cet organe. 28° Le foyer de proluction des éléments sexuels, ou organe herma- phrodite, n’est pas autre chose que le sommet différercié du bourgeon primitif : les produits sexuels sont donc, comme l’ébauche tout entière de l'appareil, des dérivations du feuillet cutané. 29° Le sommet du bourgeon primitif offre de très bonne heure des mamelons cellulaires massifs qui représentent chacun un ou plusieurs bouquets de follicules ; ces mamelons offrent bientôt une cavité centrale étoilée, née par écartement des cellules. Les follicules de l'organe hermaphrodite apparaissent à la surface des mamelons comme de petits bourgeons cellulaires pleins ; ils ne tardent pas à garantir, et le point d'attache du mamelon arrondi devient le pédon- cule commun d’un bouquet folliculaire. La cavité étoilée du mamelon est alors reléguée dans ce pédoncule. Les divers lobes des bouquets folliculaires montrent alors une enve- loppe externe conjonctive et un parenchyme cellulaire encore homogène et massif. Les follicules se creusent par la résorption des cellules centrales du parenchyme, qui sont absorbées peu à peu, après régression, par les ovules déjà différenciés ; la cavité ainsi formée au centre du follicule se met en relation avec la cavité du pédoncule commun, laquelle, de son côté, s’est mise en communication avec la lumière du canal efférent. 30° Les œufs ne sont pas autre chose que des cellules du parenchyme folliculaire qui ont pris uu grand développement ; ce sont, dès l’origine, des cellules complètes, aves un protoplasme pen abondant et un gros noyau muni d'un ou plusieurs nucléoles. 31° Les nucléoles, qui se colcrent plus fortement que le plasma du noyau, représentent une concentration spéciale de la chromatine nucléai- ._D24 REVUE SCIENTIFIQUE re ; ces nucléoles chromatiques subissent une transformation moléculaire qui aboutit à la formation d'une substance huileuse, dérivée de la chro- matine, que j'appelle provisoirement életo-chromatine. Cette substance serait, d’après moi, un état intermédiaire entre la chromatine et la graisse faune que l'on trouve sous forme de gouttelettes arrondies dans le vitellus de bœuf. Il est probable que la substance des nucléoles modifiés sort du noyau par diffusion moléculaire et passe insensiblement dars le vitellus- 32° L’ovule des Gastéropodes examinés présente un follicule dégénéré et très fugace, lequel rentre bientôt dans l’œuf pour augmenter la réserve nutritive ; les éléments de ce follicule proviennent du protoplasme péri- nucléaire et n'arrivent jamais à constituer, à la surface de l'œuf, de véritables cellules pouvant servir à la formation d’un revêtement épithé- lial. Ces éléments fugaces représentent la dernière trase d’un follicule en voie de disparition. 33° Les ovules mâles correspondant aux œufs et donnent, par division, des cellules volumineuses ou protospermatoblastes ; ceux-ci donnent naissance par bourgeonnement,avecgenèse libre de noyaux, à des grappes de cellules plus petites ou deutospermatoblastes. Les grappes de deutospermatoblastes, qui entuurent toujours le noyau du protospermatoblaste, se transforment en faisceaux de spermatozoïdes, et chaque deutospermatoblaste, au lieu de ne donner qu’un seul filament spermatique, se transforme en un paquet de ces filaments. La réunion des paquets forme le faisceau. Comparaison des organes du Vol dans la série animale; par P.-C. Awaws (Paris,novembre 1885. G. Masson). L'auteur a étudié la machine animale dans huit ordres d’Insectes et deux ordres de Vertébrés. Les principaux organes du vol (charpente et moteurs) sont successivement analysés dans chacun de ces ordres, et finalement comparés, surtout au point de vue mécanique. De nembreux Mémoires ont déjà paru sur l'anatomie du vol, maïs, en général, ils s’a- dressent à un seul type ou à un nombre restreint de types; de là, un manque de cohésion, d'unité et de concordance. Chabrier est le seul qui ait osé attaquer toute la série animale ; mais ses généralisations sont incomplètes et de rombreux faits lui ontéchappé. Le travail de M. Amans comble de rombreuses lacunes au point de vue descriptif et comparatif. Il ouvre en outre un champ nouveau à l’ex- périmentation. L'analyse qui va suivre donnera au lecteur une idée suffi- sante de son originalité. ZOOLOGIE. 525 Le premier chapitre est | récédé d’un essai d’arthrologie comparée parmi les Insectes. La classification de Straus-Durckheiïm était bien in- complète; il avait à peine effleuré les articulations élastiques, qui for- ment un trait caractéristique de la Machine-Insecte, tandis que les diar- throses appartiennent plus spécialement à la Machine-Vertébrée. La classification de M. Amans renferme plusieurs types d’articulations élas- tiques, tous fort importants au point de vue mécanique. C’est une idée neuve et utile de les avoir signalées ; l'anatomie descriptive, elle aussi, y gagne en clarté et en précision. Les huit premiers chapitres sont consacrés aux Insectes, dans l’ordre suivant : Pseudo-Névroptères, Orthoptères, Névroptères, Hyménoptères, Hémiptères, Lépidoptères, Coléoptères, Diptères. Le premier groupe, déjà bien traité par Chabrier, avait été récemment l'objet d’une analyse très minutieuse de v. Lendenfeld. Le premier avait néanmoins certaines lacunes au point de vue anatomique, et le second péchait par excès contraire. Le premier chapitre se termine par un apercu critique des diverses théories sur le vol. Les deux théories régnantes sont celles du plan (Bo- rello-Marey) et celle de l’hélice (Petitgrew); M. Amans fait voir que la première est en désaccord avec certains faits anatomiques, surtout avec l'existence constante de la concavité axillaire ou dièdre basilaire. Quant à l’Eélice de Petitgrew, ilest bien difficile de l’admettre si l’on considère les courbures et les positions relatives des nervures Les nervures peu- vent être considérées comme les génératrices élastiques et mobiles de la surface alaire. Celle-ci dépend en outre et de la résistance de l’air et du mécanisme de la base de l'aile. Tous ces facteurs sont analysés dans chaque groupe; l’auteur insiste sur les facteurs constants et indispensa- bles au vol, ceux qui se retrouvent dans toute la série; ceux-là seraient nécessaires et suffisants pour réaliser une machine artificielle du vol. Les groupes des Orthoptères, Névroptères, Hyménoptères-Térébrants, Hémiptères et Lépidoptères, avaient été jusqu'ici ou passés sous silence ou peu décrits. Nous les trouvons dans ce travail avec une description détaiilée Quant aux Coléoptères et Diptères, il restait, malgré les re- marquables travaux de Strauss et de M. Künkell, un certain nombre de points obscurs, par défaut de comparaison avec les autres ordres. On conçoit tout l'intérêt qui s'attache à la comparaison de machines si diffé- rentes, en partant du Névroptère pour finir à la Mouche. Les qualités du vol (vol de voilier, vol papillonnant, vol des rapaces, vol de bourdon, vol des diptères, etc.) sont sous la dépendance de facteurs spéciaux, tels que: écailles, muscles, poils, longueur et nombre des nervures, nombre et sou- plesse des pièces basilaires, etc. Les rôles de la plupart de ces facteurs 526 REVUE SCIENTIFIQUE. sont encore inconnus. Le vol proprement dit, la possibilité du vol, dé- pend d'autres facteurs, qui sont résumés à la fin de ce travail. L'auteur a consacré deux chapitres aux Chéiroptères et Oiseaux. Il n’y a pas ici d'anatomie descriptive proprement dite, mais une comparaison des principaux organes avec ceux des Insectes. La comparaison est sur- tout intéressante pour la surface alaire. L'auteur a jusqu'ici avancé des faits anatomiques contre les théories du plan et de l’hélice, mais sans don- ner lui-même une dénomination bien nette à la surface alaire. C’est qu’en réalité la précision mathématique est impossible en pareille matière. Il avait d’abord désigné l'aile sous le nom de surface élastique triangu- laire biplane à sommet centrifuge ; il est plus explicite à la fin de son travail : la surface alaire serait de la famille des Hyperboloïdes, c’est-à- dire qu'elle se rapprocherait plutôt, soit de l’Hyperboloïde à une nappe, soit du Paraboloïde hyperbolique (selle de cheval). C'est là le type des surfaces qui conviennent aux mouvements alternatifs. Il va sans dire que cette idée demande encore la sanction de l’expé- rience. La question n’est plus de fabriquer des oiseaux ou insectes arti- ficiels démontrant la possibilité du vol; on a fabriqué des appareils d’après les théories du plan et de l'hélice, et ces appareils volent sans prouver néanmoins la supériorité de ces théories, car on pourrait les : faire voler avec beaucoup d’autres types de surface. L'important est de savoir quelle est celle qui, à poids égal, superficie égale, donne le plus grand travail. C’est la nature qui doit nous guider dans ces recherches ; les facteurs principaux dont elle se sert sont résumés dans le dernier chapitre. Nous le citons en entier. « On peut distinguer deux types principaux de machine, la Machine- Insecte et la Machine-Vertébrée. Machine-Insecte. — Le corps principal de la machine est formé de deux segments placés l’un derrière l’autre : le mésothorax et le méta- thorax. I. Chaque segment est charpenté par une tigemédiane antéro-posté- rieure (entosternum), formant l’axe longitudinal du plancher. Les flancs de chaque segment sont soutenus par trois cerceaux verti- caux (bord antérieur de l’antépleuron, entopleuron, bord postérieur du postpleuron), s'appuyant sur le plancher. Le bord supérieur des flancs forme eux échancrures ou golfes, sépa- rés par un cap (pophyse alifère) qui est le sommet du cerceau moyen (entopleuron). , Le golfe antérieur est moins prononcé que le postérieur. Le toit de chaque segment est formé par deux ressorts arciformes, concaves inférieurement ; l’antérieur en forme de T (dorsum, antedor- ZOOLOGIE. 527 sum) à cheval sur le postérieur en forme d'X (podorsum, subpodorsum). La barre horizontale du T représente l’antédorsum, la barre verticale la ligne de courbure antéro-postérieure du toit. La branche antérieure de l'X représente la crête de séparation (entodorsum) du dorsum et du po- dorsum ; la branche postérieure, la séparation du podorsum et du subpo- dorsum. L’angle antérieur de l’X forme un dôme (dorsum), l'angle externe une dépression (dépression postdorsale). Les extrémités externes de la branche antérieure de V’X et du T son: séparées par une fente (fente dorsale). La branche postérieure de l’X forme avec le cerceau postérieur un cercle complet plus ou moins rigide (cercle postérieur). Les bords latéraux du toit forment un angle obtus ouvert en bas et en dehors, dont le sommet (coude dorsal) correspond à la fente dorsale. Ces bords constituent le rivage dorsal des golfes antérieur et postérieur. Un mince détroit sépare les deux caps (alifère, coude dorsal), ou plu- tôt le cap entopleural de la fente dorsale. Le détroit et les golfes servent de terrain d'évolution à un organe spécial servant à frapper l'air: l'aile. II. La charpente de l’sile est formée par six nervures principales et leurs ramifications. Ce sont: les nervures proantérieure, antérieure, subantérieure, médiane, submédiane et postérieure. Elles sont slternativement en rapport avec le pleuron ou les flancs (proantérieure, subantérieure, submédiane) et avec le toit (antérieure, médiane, postérieure). Les nervures antérieures se fusionnent graduellement vers l'extrémité _ centrifuge de l'aile, et forment à la base le versant basilaire antérieur de l'aile. La nervure postérieure est rarement simple ; elle forme en général à sa base une tubérosité suivie d’un voile mombraueux avec ou sans ner- vures secondaires. La forme générale schimatique de l’aile est celle d'un triangle biplane à base centripète, à sommet centrifuge. La baseest formée de deux plans ou versants : un versant antérieur (nervures proantérieure, aztérieure, sub-antérieure, médiane) et un versant postérieur (médiane, submédiane, postérieure, voile). Celui-ci est le plus développé. Les deux versants sont inclinés l’un sur l’autre, de manière à former une aisselle concave inférieurement : c’est là ce que je nomme le diédre basilaire. La nervure médiane forme l’arête du dièdre; l’angle de celui-ci est variable : ses évolutions ont pour limites celle des golfes antérieurs et postérieurs. 528 REVUE SCIENTIFIQUE. La base de l’aile est unie anx flancs et au toit de chaque sexment par autant de pièces articulaires qu'il y à de nervures : avec les flancs, par les nervures proantérieure, subantérieure, et l'appareil de pronation dans le golfe antérieur, par la nervure submédiane, le rétro-médian et le submédian, dans le golfe postérieur ; avec le toit, par les nervures antérieure, médiane et postérieure d'une ;art, par l'écaille, le sigmoïide et le éerminal d'autre part. L’écaille peut manquer (Orthoptères, Hémiptères, plusieurs de ces pièces peuvent être ankylosies (Orthoptères, Pseudo-Névroptères). Des pièces supplémentaires peuvent exister, pour relier le terminal aux parties voisines (proterminal ou tampon, extra-terminal, dorso-ter- minal, pleuro -terminal). Tous les Insectes dont l’aile se replie ont, à la suite de la nervure mé- diane, une dépression (dépression submédiane) donnant au rétro-média n l’espace nécessaire pour plier l’aile. L'appareil de pronation est constant, avec des formes variables. Il peut se schématiser par deux pièces : une pièce antérieure formant un pivot mobile, séparée du pivot fixe (alifère) par un espace ou cavité ar- ticulaire. Comme consistance, elle est la plus forte le long, non du bord anté- rieur, mais de l’arête du dièdre. Le rebord proantérieur du versant ba- silaire antérieur est mince et parfois mou. A cela près, la consistance de l'aile diminue graduellement en allant de la base au sommetet d'avant en arrière. Le bord antérieur présente à son extrémité centrifuge un point d’é- paississement, résultant de l’accolement des nervures antérieures. C'est, si l’on veut, le voisinage du scmmet d’une longue pyramide quadrangu- laire, dont les quatre arêtes seraient: nervure antérieure, subantérieure, médiane, submédiane. Supposons que ces quatre arêtes puissent subir une torsion longitudi- nale, et nous aurons une idée des retournements de plans alaires. Cette torsion est possible, grâce aux articulations des nervures anté- rieure et subantérieure avec leurs terminaisons basilaires (fwbérosité antérieure). La ligne directrice de la torsion n’est pas une droite. C’est une courbe sinueuse passant par la tête basilaire de la nervure postérieure, par une commissure spéciale (commissure de torsion) et par l'extrémité basi- laire du rebord proantérieur lorsqu'il est tendu. L’extrémité centrifuge de l’aile présente à l’air, dans le coup ascen- dant, une ligne ou zone sinueuse suivant laquelle l'aile fléchit (sinus- soide de flexion). Cette lignese dirige du versant basilaire postérieur au ZOOLOGIE. 529 niveau du point d’épaississement. La branche postérieure regarde en dedans, la branche antérieure en dehors. III. L’aile n’est jamais comparable à un levier simple. Les Pseudo- Névroptères sembleraient donner un type approchant du levier, mais à condition de leur ankyloser les articulations antérieure et subantérieure, ainsi que les pivots mobiles. Il est probable qu’alors ces animaux cesse- raient de voler. Les pièces basilaires, y compris le toit, peuvent se grouper sur trois arêtes d’un cône de révolution, dont l’alifère serait l’axe : une arête in- terne {dorsum, sigmoide, nervure médiane}, une arête postérieure (swbmedian, terminal) et une arête antérieure (appareil de pronation). L'arête interne ou arête de notre dièdre forme, si l’on veut, unesorte de ievier roulant autour du cône par les deux autres arêtes. Les muscles se groupent d’après ces trois arêtes [dorsauxæ, sternali- dorsaux, latéro-dorsaux, préaæillaires, postaxillaires) et les tirent dans toutes les directions compatibles avec leur propre direction et la nature des articulations. Les directions des muscles sont très variées. Il n’y à pas, à propre- ment parler, de muscles exclusivemont verticaux ou horizontaux. Cela jure avec le schéma qui précède : l’articulation de l’aile n’est pas une charnière simple. La torsion de l’aile est favorisée et bridée en même temps par les préaxillaires et les postaxiliaires, et parmi ces derniers surtout par le muscle du tampon ou proterminal. IV. La forme générale de la machine entière est sphéroïdale ou ovoïde à gros bout tourné en avant. Machine-Vertébrée.— Le Chéiroptère et l’'Oiseau ont une machine à pièces dures internes, à moteurs externes. Cette différence est radicale : la Machine-Insecte est une sorte de nacelle élastique à l’intérieur de laquelle seraient abrités les moteurs. La forme générale de la machine, la forme générale de l’aile et la répartition de la consistance à sa surface, ainsi que la rotation du bord antérieur, sont comparables à celles des Insectes. La torsion de la surface alaire a pour direction une ligne sinueuse con- cave inférieure, et la surface peut être comparée à celle d’une sorte d'hyperboloïde ayant cette ligne pour directrice et pour génératrices des baguettes élastiques courbes. Une portion de la nappe est sous l’action directe des muscles ; l’autre portion est sous l’action de l'air. En résumé, la Chauve-Souris et l’Oiseau sont des Insectes dont l’aile serait portée à l'extrémité de deux bras articulés. Y aurait-il une rela- tion nécessaire entre le grand volume d’un animai volant et le développe: 530 REVUE SCIENTIFIQUE. ment des versants basilaires, et d'autre part entre le petit volume et le développement du « coup de fouet » ? Je pose seulement la question. On me reprochera peut-être de ne pas terminer mon travail par une théorie sur le vol. Nous avons reculé devant l’obscurité qui règne encore sur l’action des muscles et sur les lois de la résistance de l’air. Mais nous apportons des faits et des données nouvelles susceptibles d’être appliquées dans le domaine physiologique et expérimental.» NÉCROLOGIE La Revue des Sciences naturelles arrive bien tard pour parler de la mort du chef incontesté de la Zoologie francaise, H. MrcNe-Epwanps. Mais néanmoins elle sent qu'un fait de cette importance ne saurait être passé sous silence, dans un recueil quelconque où les sciences naturelles sont représentées. Nous ne voulons point énumérer ici les travaux d'H. Milve-Edwards et les titres qu'il a acquis à la recon- naissance et à l'admiration du monde savant; mais nous tenons à ajouter notre faible voix à toutes celles qui sont venues mesurer et déplorer la grandeur de la perte que vient de faire la science, et la science de la nature en particulier. À. SABATIER. L'Éditeur-Gérant : Caarces BOEHM. Montpellier. — Typogr. et Lithogr. Bogxu et Fire, à ÿ Or rt DR A ! Revue des sciences naturelles. 11 A4. Sabatier 74 É Lith Anse rWerier 4 Winter Frankfort a Revue des sciences naturelles. | A7 Sabati = fn Lète Anse Werner Winter Frankfot al Te n ms. fs Rev. des Sc. Nat. (3° Série) Tome IV PL II M 2 % Imp. À Ro ux, Lyon 1. Osmunda Strozii, Gaup. — 2. Pteris radobojana, UxG. 3-4. Abies Saportana. — 5. Pinus sp. — 6. Juniperus drupacea, Lag., pliocenica. — 7. Potamogeton orbiculare. — 8. Carpinus grandis, UxG. Rétides ©c. Nat. (3° Série) lonmtetePlen Î | leon Rérolle del Imp. À Roux, Lyon ER Betula speciosa. (3. fruit, grandeur naturelle et grossi.) 4-8. Alnus occidentalis. — 9-10. Carpinus grandis, UxG. Rey. des Sc. Nat (3° Série) orne “ : 3 al À Imp. À Roux, Lyon | Léon Rérolle del 1-7. Fagus pliocenica, Sap., ceretana. 8. Castanea palæœopumila, ANDR. Rev. des 5c. Nat. (3° Série) NérmeniVes Pie Ai Léon Rérolle del. Imp. À. Roux, Lyon 1-11. Quercus hispanica. Rev. des Se. Nat. 3° See SAun Ad. Finot del : Ephippiger Oudryanus Fin.et Bonn. Tome IV, PL VII, Ad Finot del ° 1-6G- Discothera Tunetana Fin.et Bonn. 7-1#-Dericorys Millierer Eine école HO Fe uliteut el Les + D [e 12 Coupe dod. Cympe: fi 2 monlaqne . 3937 và Olrmpe, 5.0. <7 \ _: / ><, DE * EE a EE = a 2 a à A, d\. ë AXE -& AA ae E Niveau de la mer. ro Pourcieux Re Coupe He Crets eÙ Saint: Lachaiie. *“ SE Zacharie l Dans les deux Coupes: hauteurs-longueurs =50000 Mireau de la mer. NANO. Ê 5 3 D % 4 4 A #6 FA à Ke # # nds ca AN AIANON SU À WATOE H117 ‘ \ 00006 sanenpuo] 9 sahojneu :Sodnoo xnep sp se[eu0r D À . Ÿ NS RS GN SKK STE ES \ AN ObR SE XNEYO E OUIS : anbe15e T : é ? 2092206 2} JUDO UE ED) 7 TP 277205) 17 ae | “OUI 87 9 NESAIN | ù | uj2P9T ÿ AN 1EU MO : ; “AIS EN € Lol 3 UIUINOAES ;$ op UueUe) 10007 mpssvu ‘271079 7 9p. fssvuu 1 jvju2n0 env) cuDp 24 fn nm //1 LE peus 2 Ho je 52077) SP PUP PE, Br des Sc. Nat (3° Série) None nl Léon Rérolle del Imp. A.Roux, Lyon 1. Quercus præilex, SAP. — 4. Quercus denticulata. — 5. Quercus sp. 6-7. Quercus Weberi, Heer. — 8. Populus tremula, L., pliocenica. 9, Populus canescens, SM., pliocenica TOR Zelkova crenata, Sp. 12-14. Zelkova subkeaki. k desmSc. Nat. (3° Série) orne ele con Rérolle del. Imp. A.Roux, Lyon | 1. Platanus sp. — 2-3. Ficus sp. — 4. Persea sp. 5-6. Cinnamomum polymorphum, Heer. — 7-8 Buxus sempervirens, L., Ceretana. — 9-10 Fraxinus sp. — 11. Tilia Vidahi. Rev des Sc. Nat (3° Série) Ta Se ER Eéon Rérolle del. Imp. A Roux, Lyon 1-2. Tilia Vidal. — 3. Tilia expansa, Sar. 4. Bumelia sp. — $. Acer trilobatum, AL. BR. — 6. Acer sp. 7. Populus tremula, L., pliocenica. Tome INPI ( 3° Série | See Rev. des Ééon Rérolle del. 1. Acer decipiens, AL. BR. — 2-6. Acer pyrenaicum. — 7. Acer sp. Rex. des Sc. Nat. (3° Série) lorse Wen PIMI Léon Rérolle del. Imp. A Roux, Lyon 1-3. Acer Magnini. — 4. Acer subrecognitum. — $. Acer sp- LU F 3 à DUR = 3 à 14 L _ vus 1 REX Févdes ec Nat. ( 3° Série) Tome IV__ PI XIV Léon Rérolle del. | Imp. À Roux, Lyon 1. Acer pseudocreticum, ETT. — 2. Acer lætum, C. A. MEy., pliocenicum. 3. Acer sp. — 4-8. Acer (samares diverses). — 9. Parrotia pristina, ET. 10. Parrotia gracilis, HEER. — 11. Trapa ceretana. 12-13. Juglans acuminata, AL. BR. ice te S à > = NS > ESS = TH BOEUM &> FL MONTPELLIER. # C'roe be « ae do Revdes Se Nat 3° Ser. Tom IV, PL XVI RSR CITE ru ER | Ad. Pinot .del. limb. Boehn &Ælx, Monrr* 1-7.- Finotia spinicollis Bonn.— 8—13.- Ephippiger Innocenti Fin.et Bonn. # ALT N: SCINON STE D WHI08 #21 7 _0000 :sanemen |‘ s'o7Jey2 7 0000# :sAnenDuOrT F ‘OH ‘UaIPAOXO 6 ‘unomedns onbisseunpre ‘uolbueyea utero) 7 VOST) + ‘UOEMAPT EC USMEZUO( ES ‘EASN0E SUS004 ‘souuerpueleA Soudep{ 9 ‘USIAMOMEN G SQuejuo] 9p OULEIT N° ART A | | fl L ja ï JON ; | k LIUA D A.Sabatier del. Rev. des 5e. Nat. (3%,5er/ lom. WW PIAWIY 7mp. Boelrn à Ads. Por} Rev.des Se Nat. /5°52%./ lom WP! AW 71 Per el 2 C ar: 2722 ae/. Jinp Poehoz k Fils. Aonip 6 Rev.des Sc.Nat. /5°Sor) | Zom. IV FI HW/ Seche & Ï Chareyre. de! /mp.Boe/ire « Fils Mons Cubes er Goders, Tom IV PIANI Ca RE e 1mp.Boehm & Fils, Mont REVUE DES SCIENCES NATURELLES TABLE DES MATIÈRES Contenues dans ce volume (3° Série, Tome IV). MÉMOIRES ORIGINAUX. ÆZOOLOGIE. Sur les cellules du Follicule et les cellules granuleuses chez les Tuniciers, par M. A. Sabatier (PL Let Il)......... Les Orthoptères de la Régence de Tunis, par MM. Ed. Bonnettet Ad PainotiPl NT) ASPECT EUR RER de Surte) (PEN) ee on ec De eee Notes malacologiques, par M. E. Dubrueil............... Quelques observations sur la constitution de l'OEuf et de ses enveloppes chez les Chitonides (PI. XVIII et XI X), par MELA. Sabatier ss aan PE LOL PS PTT RS LOUE Notes emiryogéniques — Esquisse du développement de la Dasychone Lucullana D. Ch., par M. Louis Roule..... BOTANIQUE. Nouvelles recherches sur les Gystolithes, par M. J. Chareyre (SUN AN) ERP PRESSE PR OU Etudes sur les Végétaux fossiles de Cerdagne, par M. Louis RÉTOMENPIS SEE AINPE NEIL ERPS Rene BI SC XXE RE ERNEST HG MST CM EINIORRE OMR GENE ep teee too PARLE Recherches morphologiques sur un Organe cellulaire d’ori- gine trichomatique propre à certaines plantes aquatiques (Cellules en godet), (PI. XX et XXI), par M. Ed. Heckel. Draparnaud botaniste (PI. XXII), par M. D. Clos -....... 106 195 333 PAR) 429 463 TABLE DES MATIÈRES. GÉOLOGIE. Session extraordinaite de la Société géologique de France à Aurillac (Cantal). — Lettre du Professeur de Rouville AIM IN TOI. EIRE CANIN Dee A AUS NA RER - Terrain jurassique des montagnes qui séparent la vallée du Lar de celle de l'Huveaune, par M. L. Collot [Pi. VITT).. Nouvelles recherches sur l'Urgorien du Languedoc, par MA AM Torcapel PL RTL OR SR a Ne ANA ONE AN ENT LAS AREA AU RG CR NA AR Revue scientifique et Bibiliographie. Zoologie. — Mémoires étrangers résumés par M. Louis Roule. — Le Ph;loxera du Chêne et le Phylloxera de la Vigne, Das EM I) REIC Hiten ste PE RAMURE PTE Centers Rectierches sur le développement des Organes génitaux de quelques Gastéropodes hermaphrodites, par M. Rouzaud (Analyse). — Comparaison des organes da vol dans la série animale, par M. Amans (Analyse). ............... Botanique. — Sur le genre Remigia DC. et l'écorce de Quin- quinalcuprenapan MER Gay NUE ss de Géologie. — La schistosité et les travaux de M. Ed. Jannetaz, par M. J. IvolaSi(El. AXV:) M. a... NE pére Nécrologie. —E Dubrueil, par M. Sabatier................ Milne-Edwards, par M. Sabäktierir.a ut... .......1.... TC FD TT 532 141 233 387 471 319 321 428 530 Fo! ATH UE PSE es A Here ne DL JULIE | 3 2044 1 sue rte! D D Eee us Sara M nn be : *