ESS KK LA LLOR Go TA Los LP TA pe je e à * | ro dû 0, : 3 sb = ie pm S PR TT 2 2 alu. PEN PRISE AMRET ÊFIAT VRÉEMISATART j ré ETAT ET Se L 1 Der | Tr 51 La LH CE te : SE nd FA Sig NE mue 0 ne re TAN AS MR EEE AN RENE A Cet DT dede WA EE è V'EÉCTY UV VU VU U SA DÉC TON 7 VU YYE VS U/VUV EE w SU ELU LUE UE 5 SÉREUE, Ù SAM vuvuu FE EEUE Ÿ 1e CUS VU CT EVLUU UN VUGTSULUU CV VER ME M UE WANNE NTM SU hp "AS TU Fo AA APS | Le OU MOOFOEUNU CUT AEEES AUUUU COUT PE PNA CEEËS SA UV jUUVV LV W UUL CUCÉPET ETES DE JTE * fs V VUUG LA JU VUULU wi] UVVUUVY f w L/ LAPS \E JV GUUVV VU WC FT SES PRE ere CUS 2475 UV SEUUS = Vo DE” SAT RSA, LA LY/ LA V7 \ : VUE Ni | Ÿ | 1w1 Je AN 1e , GOLC FAC 5 AA ar As) AU E MES TENUE M ue LENS UE V 7 AU no V PPVYVÈ LA VIP M GOUES GC RTE PE ÿ VIN VUE RE RAS AA AE PUUUEE \ TCAIY - Le AS ] ra | LA A cs Le, EE : A7 VV À PS | À L- 24 UE CUYVUU AUS VUE S ; Oise AA \S NAS Le 7 SA DRE NL Le 4 ME AN AT CV YU ON ee (y AE SR Es :5 : VANNES AU re “UMR YUUUUU A U 71 nu GYVY tu tot UE Er en, VV RUE ; AE 7 Fe AL À AA aLS W \ FA VYVY A | Le CAS ÈS 6 CE M LC PM EU EU Le EEE REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES BULLETIN BIMENSUEL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE VERSAILLES, IMPRIMERIE CERF ET FILS, 59, RUE DUFLESSIS. REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES BULLETIN BIMENSUEL DE LA SOCIETÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Fondée le 40 février 1854 RECONNUE ÉTABLISSEMENT D'’UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 26 FEVRIER 1855 Æ SÉRIE —- TOME VI 1889 TRENTE-SIXIÈME ANNÉE PARIS AU*SREGE, DE LA SOCLÉTE 41, RUE DE LILLE, 41 1889 | S SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE ORGANISATION POUR L'ANNÉE 1889 CONSEIL. — DÉLÉGUÉS. — COMMISSIONS. — BUREAUX DES SECTIONS. CONSEIL D’ADMINISTRATION POUR 13839 BUREAU Président. M. Albert GEOFFROY SAINT-HILAIRE (%#) directeur du Jardin zoologique d’Acclimatation du Bois de Boulogne. Vice-présidents. MM. Léon LE FORT (O #\, membre de l’Académie de médecine, pro- fesseur à la Faculté de médecine. DE QUATREFAGES (C. #), membre de l’Institut (Académie des sciences) et de la Société nationale d'agriculture, profes- seur au Muséum d'histoire naturelle, Le marquis de SINÉTY, propriétaire. Léon VAILLANT (%#), docteur en médecine, professeur au Muséum d'histoire naturelle. Secrétaire général. M. Amédée BERTHOULE, avocat à la Cour d'appel, docteur en droit, membre du Comité consultatif des pêches maritimes. Secrétaires. MM. E. DUPIN (%X), Secrétaire pour l'intérieur, ancien inspecteur des chemins de fer. C. RAVERET-WATTEL (%), Secrétaire du Conseil, chef de bureau au Ministère de la Guerre. Saint-Yves MÉNARD (%\, Secrétaire des Séances, médecin- vétérinaire, docteur en médecine, professeur à l'École centrale des Arts et Manufactures, membre de la Société centrale de médecine vétérinaire. Amédée PICHOT, Secrétaire pour l'étranger, directeur de la Revue britannique. VI M. M. MM. M. M. M. REVUE DES SCIENCES NATUR£ELLES- APPLIQUÉES. Trésorier. Georges MATIIIAS, propriétaire. Archiviste-bibliothéca ire. MAGAUD D’AUBUSSON, avocat, docteur en droit. MEMBRES DU CONSEIL Camille DARESTE, docteur ès sciences et en médecine, directeur du laboratoire de tératologie à l'École pratique des Hautes- Études. A. GRANDIDIER (%), membre de l'Institut (Académie des sciences), voyageur naturaliste. LABOULBÈNE (O. #), professeur à la Faculté de médecine, membre de l’Académie de médecine. : Édouard MÈNE (#), docteur en médecine, médecin de la maison de sante de Saint-Jean-de-Dieu. Le docteur Joseph MICHON, ancien préfet. A. MILNE EDWARDS (O0. #), membre de l’Inslitut (Académie des sciences) ct de l'Académie de médecine, professeur au Muséum d'histoire naturelle. Constantin PAUL (*#), docteur en médecine, membre de l’Aca- démie de médecine, médecin des hôpitaux. Aug. PAILLIEUX, propriétaire. Edmond PERRIER (%), profes. au Muséum d'histoire naturelle. Edgard ROGER, conseiller référendaire à la Cour des comptes. Le marquis de SELVE |), propriétaire. Ilenry de VILMORIN (O. #), membre dela Société nationale d’a- gricullure, ancien membre du Tribunal de Commerce de la Scine. Vice-Présidents honoraires. Ernest COSSON !O. #%)}, membre de l'Institut (Académie des sciences), ancien conseilier général, membre du Conseil d'administration de la Société botanique de France. Le comte d ÉPREMESNIL (%), propriétaire. RICILARD (du Cantal), ancien représentant du peuple, propriét. Membre honoraire du Conseil. Fréd. JACQUEMART (#), manufacturier, membre de la Sociéte nationale d'agriculture de France. . Administration. — Bureaux. Jules GRISARD (£ÿ A.), Secrétaire du Comité de rédaction. gérant des publications de la Société. ORGANISATION DE LA SOCIÉTÉ. VII DÉLÉGUÉS DU CONSEIL EN FRANCE - Boulogne-sur-Mer, MM. CarMIER- | La Roche-sur-Yon, MM.D.GOURDIN ADAM: Saint-Quentin, THEILLIER-DES- Douai, L. MAURICE. JARDINS. DLÉGUÉS DU CONSEIL A L'ÉTRANGER Bruxelles, MM. Comte de LiEDE- | ÆX’o-de Janeiro, DE CAPANEMA. KERKE. Téhéran, D' THOLOZAN. Pesth (Hongrie), MM. Ladislas DE | Wesserling, GROS-HARTMANN. WAGNER. COMMISSION DE PUBLICATION MM. le PRÉSIDENT et le SEGRÉTAIRE GÉNÉRAL. D' LE ForT, Vice-Président. Le Secrétaire pour l'intérieur. Le Secrétaire du Conseil. Le Secrétaire des séances. Le Secrélaire pour l'étranger. Le Trésorier. L'archiviste bibliothécaire. COMMISSION DES CHEPTELS MM. le PRÉSIDENT et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL. Membres pris dans le Conseil. - Membres pris dans la Société, MM. MAGAUD D’AUBUSSON. MM. DE BARRAU DE MURATEIL. Georges MATHIAS. Jules FALLOU. Saint-Yves MÉNARD. Ch. MAILLES. Edg. ROGER. | P. MÉGNIN. COMMISSION DES FINANCES MM. le PRÉSIDENT, le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL et le TRÉSORIER. MM. Eug. Dupin. MM. Léon LE Fort. G. MATHIAS. ÉSNT AE L'ANNTT « COMMISSION MÉDICALE MM. le PRÉSIDENT et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL. MM. E. DECROIx. MM. Saint-Yves MÉKNARD. E. HARDY. LABOULBENE. Leon LE For. Constantin PAUL. VII REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. COMMISSION PERMANENTE DES RÉCOMPENSES MM. le PRÉSIDENT et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL. Délégués du Conseil. MM. RAVERET-WATTEL. Saint-Yves MÉNARD. MM. MAGAUD D'AUBUSSON. Georges MATHIAS. Déléques des sections. Première section. — Mammifères. — MM. MAILLES. Deuxième section. — Oiseaux. — G. MATHIAS. Troisième section. — Poissons, etc. — RATHELOT. Quatrième section. — Jnsectes. — Juics FArrOGe Cinquième seclion. — Végétaux. — Docteur E. MÈXE. BUREAUX DES SECTIONS 4re Section. — Mammifères, 3° Section. — Aquiculture. MM. Saint-Yves Ménard, délégué | MM. L. Vaillant, délégué du Con- du Conseil. E. Decroix, president. Huët, vice-président. seil et président. NÉXX*, wice-président. Mailles, secrétaire. Mailles, secrétaire. Jules Cloquet, vice-secrétaire. ‘. Jules Cloquet, vice-secrétaire. 2° Section. — Oiseaux. 4° Section. — Insectes. MM. Kdgar Roger, del. du Conseil. | MM. C. Dareste, délég. du Conseil. " Huet, président. Jules Fallou, président. Ch. Mailles, vice-président. Jules Cloquet, secretaire. C'e d’Esterno, vice-secrétaire. Mégnin, vice-président. Jules Cloquet, secrétaire. Clément, vice-secrétaire. 5° Section. — Végétaux. MM. Henry de Vilmorin, délégué du Conseil et president. Aug. Paillieux, vice-président. Jules Grisard, secrétaire. Jean Dybowski, vice-secretaire. TRENTE-TROISIÈME LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES. Admissions du 1°" janvier au 12 octobre 1889. ALBERT (Félix), négociant, 45, rue Borghèse, à Neuilly-sur-Seine. AZaRIAN (Aristakès), banquier, à Constantinople. ‘Baizcir (Armand-Joseph-Alexandre\, ancien notaire, 8, rue du Mail, à Angers (Maine-et-Loire). BARATTE (Paul-Yves), propriétaire, à Témpleñve (Nord). Bart (S. A. R. Monseigneur le Comte DE), 8, rue Matignon, à Paris. BARTAUMIEUX (Ch.), 66, rue de la Boëtie, à Paris. BauLor (Eugène), rentier, 11, rue Traktir, à Paris. Baurain (Auguste), rentier, 5, avenue de Caffin, à La Varenne-Saint- Hilaire (Seine). | ” BELLOT (Fernand), négociant, à Luxé (Charente). BÉRAUD (Louis), avocat, à La Rochelle. BERTRAND (Émile), ingénieur, 2, rue de la Planche, à Paris. BETTING (Th.), brasseur, à Maxéville-Nancy (Meurthe-et-Moselle). BIVORT DE LA SAUDÉE {E.), châleau de >" Fonnine-LErégne, Hainaut (Belgique). BLANKAERT (Romain), eue à Steenwoorde (Nord). Bopix (Valentin), huissier, à Maillezais (Vendée). BONNIER, châleau du Treillard, par La Pacaudière (Loire). BOULARD DE PLAIN VAL (Gaston), 48, rue Taitbout, à Paris. BRIDET (Francois), entrepreneur de travaux publics, à Champoulet, par Ouzouer-sur-Trezée (Loiret). CAILLARD (Paul), au château des Bordes, commune de Lailly (Loirel). CARHEIL (Edmond DE), propriétaire, château de la Péreterie, à Ligné (Loire-Inférieure). CASARTELLI (Jean-Marie), naturaliste, 18, rue de la Bourse, à Bordeaux (Gironde). CERF (Léopold), imprimeur, 13, rue de Médicis, à Paris. CHAGNAUD (Jean-Albéric), chef de balaillon en retraite, 64, rue de Bézines, à Angoulême (Charente). CHARTIER (Eugène), négociant, 137, rue du Faubourg Saint-Martin, à Paris. CHAzaL [Léon-Augustin), vice-président du Conseil général de Seine= et-Marne, 37, boulevard Saint-Michel, à Paris. COGET (Jean-Baptiste), propriétaire et maire, à Phalempin (Nord). X REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. COMMINES DE MARSILLY (DE), 10, avenue Montaigne, à Paris. Courpurié (Frédéric), directeur de l’École spéciale préparatoire au baccalauréat, 72, rue Lafaurie-de-Maubadon, à Bordeaux (Gironde). Couppa (Nicolas), négociant, 23, rue de l’Arsenal, à Marseille (Bou-— ches-du-Rhône). CRÉPIN (Félix), président de la Cour d'appel, à Saint-Denis (îe de la Réunion). DAMoOUR (A.), à Bouviers, près Saint-Cyr-l'École (Seine-et-Oise). DEBREUIL (Charles), avocat à la Cour, 85, rue Lafayette, à Paris. Denys (Roger), ingénieur en chef des ponis-et-chaussces, à Épinal (Vosges). DucHEeMIix (Alphonse), publiciste, 33, rue de Naples, à Paris. DuroRT-GOISxON (Eugène), maître d'hôtel, propriétaire, à Beauvais (Oise). | DupoxT (Émile), propriétaire, à Tourcoing (Nord). Dupuis (Eugène), renier, 83, avenue de Neuilly, à Neuilly Con DURIEU DE LACARELLE (le comte), 1}, rue Lord-Byron. à Paris. ELOFFE (Georges-Auguste), naturaliste, 63, rue Monsieur-le-Prince, à Paris. FABRE (Frédéric), à Auvers-sur-Oise (Seine-et-Oise). FAURE (Gaston), 10, rue Bastiat, à Paris. FAURE (Maurice), propriétaire, 24, rue de Courcelles, à Paris. FERRONNAYS (Henri-Marie-Auguste-Ferron, Marquis DE LA), député de la Loire-Inférieure, 34, Cours la Reine, à Paris. FLAUNET (Charles-Joseph), entrepreneur de pavage en bitume, 36, avenue du Roule, à Neuilly-sur-Seine. ForE (Aimé), percepteur, à Montrevel Ain). Foucxé (Camille), propriélaire, château de Haut-Lieu, à Saint-Cyr, par Tours (Indre-et-Loire). FRÈRE, au château de la Barre, par Ouzouer-sur-Trezée (Loiret). GAMARE (Jean-Marie-Adolphe), prêtre, à Rolleviile, par Monvilliers (Seine-Inférieure). GaAxAY (le Comte André DE), 9, avenue d'Antin, à Paris. Gopin DE LÉépinaAY (Adolphe), ingénieur en chef des ponts-et-chaussées, 3, rue Auber, à Paris. Gopon (Amède), propriétaire, Le Petit-Longueron, commune de Champlay, par Bassou (Yonne). GUILLON (Léon), avocat à la Cour d'appel, 7, rue Choron, à Paris. GuiLLOX (Paul), ingénieur en chef des ponts-et-chaussées, à Orléans (Loiret). HERVINEAU (Raoul), propriétaire, rue de la Commanderie, à Fontenay- le-Comte (Vendée). HuEr (Désiré-Elphège), à Iville, par Le Neubours (Eure). LAFFITE (Armand), courtier maritime, 68, rue Denfert-Rochereau, à Rochefort-sur-Mer. LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES. XI LAMOTTE (Louis), interne des hôpitaux de Paris, 23, boulevard Port- Royal, à Paris. LaAxxoy (Jean-Baptiste), propriétaire, à Dourle, commune de Lisle (Dordogne). LASSALLE (Jean), propriétaire, 1, rue Spontini, à Paris. LAvIGxE (Raphaël), propriétaire, à Oloron (Basses-Pyrénées). LAviLLe (Jean-Baptiste), curé, à Chevagnes (Allier). LEBLANC (L.), filateur, à Givonne (Ardennes). LerÈvre (Paul), propriétaire, au château de Valmer, par Noizay (Indre- et-Loire). LEGRAND lÉmile), propriétaire, 110, boulevard Haussmann, à Paris. Léon - Durour (le docteur Gustave), médecin en chef de l'hôpital du Gros-Caillou, en retraite, à Saint-Justin, par Mont-de-Marsan (Landes). LESAGE-FONTAINE (Fernand), 12, rue de l’Ancienne-Comédie, à Bou- logne-sur-Mer. LIAGRE (J.), propriétaire, place Thiers, à Tourcoing (Nord). Lrasse (Charles-François-Jules), représentant de fabriques, 45, rue de l'Echiquier, à Paris. LomBarD (Ernest), propriétaire, 19, rue d’Arcole, à Paris. MAGALHAES-MACHADO (Edmondo DE), médecin, à Aveiro (Portugal}. MAINGOT, propriétaire, avenue de Versailles, à Thiais (Seine). MARONNIER (A.), ancien maire-adjoint de Saint-Mandé, 9, avenue Benoit-Lévy, à Saint-Mandé. MarTix pu NorD (le vicomte), capitaine au 13° dragons, à Joigny (Yonne). MaATæHIEU (Francçois-Eugène), médecin-vétérinaire, villa Brancas, à Sèvres. MAURIN, propriétaire et maire d'Échallat, à l'Habit, commune d’'Échal- lat, canton d'Hiersac (Charente). MicxeL (Auguste), propriétaire et maire, à Ceyzériat {Ain). MxiszEecx (André), rentier, 47, rue Boissière, à Paris. Moxcuir (Frédéric DE), à Cuillé (Mayenne). MOREAU (Louis-Paul), négociant, 4, rue Christine, à Paris. MouquET (Alf.), vétérinaire, 7, rue de Maubeuge, à Paris. Narpy (Bernard), directeur des cultures de l’Union agricole portugaise, à Poceirao, près Lisbonne {Portugal}. NEvILL {Edwards-Auguste), 45, Charles Street, Berkeley-Square, à Londres (Angleterre). NypELs (Maurice), directeur du Jardin Zoologique de Gand, 51, quai des Moines, à Gand (Belgique). OLLIvrY (Gustave), propriétaire, Chapelle-sur-Erdre (Loire- pattes ORBAX (Paul), 13, rue Forgeur, à Liège (Belgique). PACHECHO (José), à Buénos-Ayres, Calle Cuyo, n° 58, Antigo. PELÉ (René), propriétaire, 46, boulevard Maillot, à Neuilly-sur-Seine. XII REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. PERRIER (Edmond), professeur au Muséum, 28, rue Gay-Lussac, à Paris. PoziGxac (le comte Marc DE), château de Kirscamp, par Hennebon (Morbihan). PomgLa (Henri), propriétaire, à Meung-sur- Loire (Loiret). POURTALES (Bernard-Alexandre-Georges-Edmond DE), 243, boulevard Saint-Germain, à Paris. PRESTAT (Benjamin-Alfred), notaire honoraire, 2, rue Leroux, à Paris. RACINE (A.), négociant, 68, rue Saint-Charles, à Paris. ReBour (Émile), propriétaire, 1, cité Boignes, à Clamart (Seine). R1iBax (Charles), arbitre de commerce, à Tunis. ROGER (Louis), viticulteur, à Oger-Avize (Marne). SAIN (Jules-Marie-Joseph-Antoine), propriétaire, viticulteur et éle- veur, château de Bassieux, par Anse (Rhône). : SASSERRE (Hector), ancien auditeur au conseil d'État, 72, rue de Monceau, à Paris. ScHŒPr (Adolphe), directeur du Jardin Zoologique de Dresde. SOUFFRONT (Joseph), propriétaire, à Saint-Astier (Dordogne). STECHMANN ([H.), directeur du Jardin Zoologique de Breslau (Alle- magne). TRAYNEL (Octave DE), conseiller général de la Manche, à Briquebec (Manche). TrILHA (Maximilien), rentier, 45, avenue de Neuilly, à Neuilly-sur- Seine. UGIxET (Paul), propriétaire, 15, rue des Bouches, à Paris. VALLOT (Joseph), membre du conseil d'administration de la Société Botanique de France, 61, avenue d’Antin, à Paris. VASSET (Henri), propriétaire, à Soyécourt, par Estrée-Demiecourt (Somme). | VERD (Joseph), docteur en médecine, province de Santa-Fé, à San- Lorenzo (République Argentine). | ViLMOrIN (Maurice LEVÊQUE DE), négociant, 4, rue de Solférino, à Paris. ViNGENT (Joseph), négociant, 184, boulevard Péreire, à Paris. WEBER (Émile), médecin-vétérinaire, 64, boulevard de Strasbourg, à Paris. Wier (Edmond), docteur en médecine, 156, rue Gambetta, à Reims. YvOIRE (Félix D’), propriétaire, à Yvoire, par Sciez (Haute-Savoie). LA SOCIÉTÉ DE CHASSE D’AIX-LES- BAINS (Savoie). LA SOCIÉTÉ HORTICOLE DAUPHINOISE, Jardin des Plantes, à Gre- noble (Isère). SOCIÉTÉ D'IIORTICGULTURE ET DE BOTANIQUE, 92, rue Thubaneau, à Marseille. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ EN 1888 Par M. LE D' SAINT-YVES MÉNARD, Secrétaire des Séances. L'honneur de vous présenter un rapport sur les travaux de la Société d’Acclimatation impose, cette année, une lourde tâche au Secrétaire des séances. Nous sommes entrés, en effet, dans une phase d’activité marquée par des présences nombreuses aux réunions générales et aux réunions des sec- tions, par l’augmentation de nos correspondances enfin et surtout par l'amélioration de notre publication. En 1888, le Bulletin a paru deux fois par mois et il forme un volume de près de 1,200 pages qui offre le plus grand intérêt. En outre des procès-verbaux des séances et des travaux des membres de la Société, admis plus largement, il comprend une série de chroniques qui nous ont tenus au courant de toutes les actualités relatives à l’acclimatation et aux appli- cations des sciences naturelles, chronique du Jardin d’Accli- matation, chronique des sociétés savantes, chronique des colonies. Je ne crains pas de dire qu’il occupe désormais une bonne place parmi les publications scientifiques périodiques, et d’ailleurs l'inscription d’un certain nombre d'abonnés est venue témoigner de son succès en dehors même de la Société. Permettez-moi de m'’autoriser de ma situation de proche témoin pour proclamer en tête de mon rapport que ce succès est l’œuvre de M. le Président et de M. le Secrétaire général. Le Bulletin commence par un mémoire de M. le Dr Dareste, intitulé : Recherches sur les Veaux natos. Notre savant collègue, vous le savez, a consacré sa vie entière à de labo- rieuses études sur la tératologie. Cette science, illustrée par le fondateur de la Société, I. Geoffroy Saint-Hilaire, était riche de faits d'observation dont la classification et l’inter- XIV REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. prétation avaient permis déjà d'établir des lois fondamentales; mais M. le professeur Dareste lui a fait faire un pas immense en lui appliquant la méthode expérimentale qui s’est montrée si féconde dans toutes les sciences biologiques depuis près d’un demi-siècle, et il lui a demandé le secret de l’origine de nos races domestiques. Il a insisté sur les plus minimes dévia- tions du type spécifique qui se produisent accidentellement mais qui peuvent parfois être provoquées, déviations qui donnent souvent aux animaux un caractère utile à notre point de vue, comme dans le cas des Moutons mérinos de Mauchamp, et qui, transmissibles par hérédité, nous ont mis en possession de variétés et de races nouvelles plus ou moins précieuses. | L'arrivée d'un Taureau et d'une Vache ñatos, offerts au Jardin d’Acclimatation par le gouvernement du Chili, avait appelé de nouveau l'attention sur la monstruosité qui earac-— térise ces animaux d'Amérique, et en peu de temps plusieurs cas de cette monstruosité avaient été signalés dans nos races bovines françaises. M. le professeur Dareste a remarqué que l’anomalie était souvent compatible avec la vie et la repro- duction des animaux et il s’est trouvé confirmé dans l'idée qu'il avait émise autrefois, à savoir que la race ñata, d’Amé- rique, n'avait pas d'autre origine qu'une déviation acciden-— telle transmise par hérédité. Mais cette confirmation ne le satisfait pas encore entière - ment et il voudrait que les anomalies observées fussent le point de départ d'expériences suivies. Je ne puis m'empécher de citer textuellement quelques lignes de sa Nouvelle expo- sition d’un plan d'expériences : « Pour tous ces cas d’appa- » rition subite et, en apparence, spontanée de caractères » nouveaux, l'expérience est nettement indiquée. Dans les » conditions ordinaires, on tue les animaux lorsqu'ils se pro- » duisent, parce que, s'écartant plus ou moins de la race dont » ils proviennent, ils pourraient en altérer la pureté. Il faut, » au Contraire, les conserver et les employer comme repro- » ducteurs. On parviendra, dans bien des cas, à rendre héré- » ditaires ces caractères nouveaux ef par conséquent à créer » de nouvelles races. » x. Notre zélé collaborateur, M. Huet, nous a fait part, comme RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ EN 1888. XV dans les années précédentes, des naissances obtenues au Muséum d'histoire naturelle; nous remarquons principale- ment celles d’une Antilope Gnou et d’une Antilope Beisa. Nous en rapprocherons la naissance de deux jeunes Anti- lopes Gnous chez M. Blauw, d'Hilversum, près Amsterdam. M. Huet a enrichi le Bulletin d'une monographie des Cervidés conçue dans le même esprit que celle des Antilopes, et des- tinée à vulgariser la connaissance des caractères zoologiques essentiels des sujets de cette famille. | re Si nos efforts doivent tendre à multiplier autour de nous certaines espèces, il n’en est pas moins intéressant, au point de vue de la géographie zoologique, de suivre la décroissance des espèces qui s’en vont de notre climat. C’est ainsi que notre Président a tenu à consigner des renseignements curieux sur les Castors, les uns envoyés par le professeur Bogdanow, de Moscou, les autres dus à M. A. Savoye, propriétaire à Mague- lonne, dans la vallée du Rhône. Æ La production des Léporides, issus directement d'un Lièvre et d’une Lapine, annoncée par M. Roux, d'Angoulême, étudiée par Broca dans son savant mémoire sur l’hybridation, mise en pratique par M. Gayot pendant longtemps, n’a plus pu être obtenue depuis une vingtaine d'années. Nous vous avons entretenus des tentatives infructueuses faites au Jardin d'Ac- chmatation. La question a passionné nombre de nos collègues. Quelques succès annoncés n’ont pas pu être considérés comme authentiques. Cette année encore ont été enregistrés des résultats négatifs, les uns par M. Huet, du Muséum de Paris, les autres par M. W. Lumb, de Belgique. L'animal qui subit l'influence des climats les plus divers et qui s'adapte aux conditions les plus variées, c’est sans con- tredit le Chien qui a suivi l'homme partout où il a pénétré et qui s’est fait son auxiliaire précieux. Son étude à ce point de vue n’a guère été faite et ne manquerait pas cependant d'intérêt. Aussi, devons-nous savoir grand gré à M. Lie, de Christiania, d’avoir transmis à M. Geoffroy Saint-Hilaire ses observations sur les Chiens qui lui ont été envoyés du Jardin XVI REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. d'Acclimatation et sur ceux qu'il a reçus d'Angleterre. Il les a fait suivre de renseignements utiles sur la chasse en Nor- wège. Sans sortir de notre pays, tout emploi nouveau qui se pré- sente pour une de nos espèces domestiques est de nature à intéresser notre Société. Aussi avons-nous suivi attentive- ment l’étude approfondie qu'a faite M. Louis Lesèble sur le Chien militaire. Aux services nouveaux demandés à l'espèce correspondront, on ne saurait en douter, des variétés nou- velles. F5 :$ Le Cheval, lui aussi, a accompagné l’homme presque par- tout à travers le monde, S'il a existé, de temps immémorial, comme animal domestique en Europe et en Asie, on sait au moins que son introduction en Amérique est postérieure à la découverte du Nouveau -Monde par Christophe Colomb. L'histoire du Cheval en Amérique a fourni à M. d'Orcet l'oc- casion d’une étude pleine d’érudition, qui n'est autre qu’une étude d’acclimatation, et que les lecteurs du Bulletin n'ont pas manqué d'apprécier. *X * Enfin, pour terminer ce qui est relatif aux Mammifères, nous citerons une étude d’un vétérinaire érudit, M. E. Pion, Sur la rage chez les Herbivores, comprenant la relation d'une épidémie observée en 1886 et 1887 sur les Daims du parc de Richmond, près de Londres. DEUXIÈME SECTION. Les principaux éleveurs d'oiseaux de volière ou de parc conservent l'excellente habitude de nous tenir au courant de leurs succès et de leurs insuccès, de nous communiquer des observations sur les mœurs de leurs pensionnaires, de nous faire connaître les procédés auxquels ils ont recours pour mener à bien leurs éducations. Rien n’est plus intéressant que cette série de remarques personnelles, que ce recueil de données pratiques qui impriment chaque année à notre Bulletin une valeur spéciale si considérable. - : RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ EN 1888. XVII En l’année 1888, nous ayons recu ainsi bien des notes de nos collègues : x LE 9 M. Rogeron nous a conté d'une facon humoristique l'his- toire d’un couple de Bernaches du Magellan dont il a obtenu des jeunes, puis il a continué l'exposé de ses croisements de Canards (Canards sauvages, becs-de-lait, bec-oranger et sourcils blancs). LT ; M. Godry a rapporté les faits et gestes des nombreux oiseaux qui peuplent les seize parquets de la faisanderie de Galmanche, en insistant plus particulièrement sur la repro- duction des Lophophores et des Éperonniers, puis sur l’éle- vage des Tragopans dans lequel il excelle depuis plusieurs années. # M. Duvergier a ajouté à la liste déjà longue des hybrides d'oiseaux ceux du Lophophore et de l'Euplocome Mélanote qui présentent un intérêt particulier ‘en raison de l’éloigne- ment des parents dans la classification. M. Delaurier aîné, d'Angoulême, s’est livré, cette année, à ses éducations ordinaires et s’est appliqué, en outre, avec succès à l'élevage de l’Ortalide araucuan. Il en fait connaitre les détails. KT 4 M. le comte de Montlezun a présenté une description som- maire et concise, par suite très utile et très instructive, sur les Palmipèdes lamellirostres. Tout en recherchant la multiplication d'espèces nouvelles, la Société d’Acclimatation s'intéresse vivement à la conser- vation de notre gibier ; c’est ainsi que nous avons prété at- tention aux procédés ingénieux de M. Dannin, de Mériel, pour . entraver le vol des Perdrix sans les éjointer et pour entre- tenir des reproducteurs en demi-liberté. De même nous avons applaudi aux mesures prises par M. Fessart pour recueillir les œufs de Perdrix découverts par les moissonneurs dans ses propriétés, pour mettre ces B XVII REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. œufs en incubation et pour élever presque à l’état sauvage, des centaines de Perdreaux. 2 FLE Dans deux lettres adressées à M. le Directeur du Jardin d'Acclimatation, M. J. Rangei donne des détails intéressants sur l’acchimatation et la multiplication des Faisans de chasse en Jtalie. Notre archiviste, M. Magaud d'Aubusson, a enrichi le Bul- letin d'excellentes notices de zoologie pratique sur le SYT- rhapte, le Jaseur de Bohême et l'Étourneau vulgaire. Parmi les difficultés qui el AU plus ou moins les pro- orès de l’acclimatation d'espèces nouvelles, il faut compter beaucoup avec les maladies, surtout avec les maladies conta- sieuses, capables de décimer nos élevages. Aussi enregis- trons-nous avec soin les travaux destinés à nous faire mieux connaître et à nous permettre de mieux combattre ces maladies. Cette année, une épizootie observée au Jardin d’Ac- ciimatation sur les Canards a été étudiée par M. le D" Cornil, professeur. à la Faculté de médecine, et M. le D' Toupet qui l'ont décrite sous le nom de choléra des Canardas, après en avoir découvert le microbe spécial. TROISIÈME SECTION. Les travaux de pisciculture ont pris, comme toujours, une large part de notre activité. Le fait dominant est la mise en œuvre d’une expérience préparée de longue date. La Société, elle-même, avec ses propres ressources et à l’aide de quelques subventions, a entrepris d’acclimater dans ie bas- sin de la Méditerranée le Saumon Quinnat. M. le secrétaire vénéral vous à exposé, à plusieurs reprises, les détails de cette tentative qui peut avoir des conséquences économiques considérables. 2 M. Raveret-Wattel a continué la publication de son rap- port sur les expositions internationales de pêches d'Édim- bourg et de Londres. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ EN 1888. XIX M. le D' Sauvage nous a donné des notes curieuses sur les lieux et les époques de pêche du Hareng dans la mer du Nord, puis sur la nourriture de quelques poissons de mer. M. Émile Bertrand a rapporté le fait de l’acclimatement définitif de la Perche argentée dans une pièce d'eau de sa propriété, près de Versailles. M. d'Audeville a présenté une étude complète de la Truite Arc-en-ciel d'après les observations recueillies dans son établissement de pisciculture du château d’Andecy. LA Signalons enfin un article plein d'intérêt sur les pêcheries du lac Menzaleh (Basse-Égypte), par M. Gastinel Bey, et une note étendue de M. Égasse sur là grande pêche à la côte occidentale d'Afrique. QUATRIÈME SECTION. Les insectes producteurs de soie ont été, comme toujours, l'objet des études de M. Fallou. Notre collègue nous a fait connaître le résultat de ses éducations de Vers à soie du mürier à Champrosay, puis il nous a donné une note sur des faits d’Aybridation, les uns qui lui sont personnels, les autres qui sont empruntés à divers éleveurs. M. le Dr Laboulbène, avec l’érudition qui le caractérise, a fait une étude curieuse des origines de la soie; il conclut à l'opportunité de l’acclimatation en France du Lasiocampa otus qui fournissait, dans l’antiquité, la soie si renommée de Cos. %Æ no À Le R. P. Camboué a envoyé de Tananarive quelques échan- tillons de soie produite par des Araignées (ÆEpeira Mada- gascariensis et Epeira livida). Les travaux de la 4° section valent beaucoup par leur qua- lité, mais nous pouvons exprimer le regret qu'ils soient trop rares et nous devons faire appel aux naturalistes qui se Hvrent à l'étude des insectes. XX REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. CINQUIÈME SECTION. La 5° section est fort bien partagée. Nous avons à rappeler d'importantes études théoriques et pratiques sur la culture et l’utilisation des végétaux de tous pays. es Tout d’abord, la Société d’Acclimatation a eu la bonne fortune de pouvoir contribuer à la publication d’un ouvrage dont vous avez apprécié la valeur. Le Manuel de l’acclima- teur de MM. Naudin et baron von Mueller sera un guide utile pour les importateurs et pour les cultivateurs de végétaux ‘exotiques. | MM. Paillieux et Bois, continuant leurs recherches sur la meilleure utilisation du règne végétal, ont étudié, cette année, les plantes aquatiques alimentaires, puis M. Bois a donné un article très intéressant sur les Cactées utiles. | x MM. Grisard et Vanden-Berghe ont achevé leur publication sur les Palmiers utiles. Nous avons entendu une excellente conférence de M. Lapeyrère sur le Mussænda Borbonica, succédané du café. xx Puis nous avons recu de plusieurs collègues des rensei- gnements sur leurs tentatives d’acclimatation, de M. Leroy, d'Oran, sur la Bardane, sur le Riz des Missions, sur le Mamoko et le Saccia ; de M. Henriquez, directeur du Jardin botanique de Coïmbre, sur le Riz de montagne ; de M. Guy, sur les Vignes de la Chine; de M. Chéder, d’Aiïx, sur les Vignes Kabyles ; de M. le comte d'Épremesnil, sur les plantes d’ap- partement cultivées au golfe Juan; de M. Ch. Rivière, Directeur du Jardin d'essai du Hamma, sur l’Anthirstiria (herbe aux Kangurous); de M. Vial, sur la Ramie et son traitement. Signalons, enfin, les articles de M. Max du Mont sur l'arbre à l'huile de la Chine, de M. Germain, sur les Eucalyptus, de M. J. Grisard, sur les Goyaviers. RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DE COMPTABILITE SUR L’EXERCICE 1888 Par M. LE D' SAINT-YVES MÉNARD, Trésorier. MESSIEURS, En me conférant la fonction importante de Secrétaire des séances, vos suffrages du 26 avril 1889 ont mis fin à la mission délicate de Trésorier que j'ai cherché à remplir de mon mieux depuis le 24 février 1882. Le bilan de l'exercice 1888 est donc le dernier que j'ai l'honneur de vous présenter. Je vous ferai connaître d'abord les recettes et les dépenses de l’année. Recettes ordinaires. Les cotisations annuelles s'élèvent à 36,075 francs. La composition de la Société au 31 décembre dernier était la suivante : 1,443 membres ou sociétés agrégées payant cotisation (36,075 francs). 15 membres honoraires. 472 membres à vie. 10 sociétés affiliées. 1,940 Les droits d'entrée ont été de 1,980 francs correspondant à l'admission de 198 membres nouveaux. Le recrutement a donc été sensiblement plus actif que dans les années précédentes. Les revenus des valeurs de la Société (2,922 fr. 60 c.) sont à peu près les mêmes que dans l'exercice 1887. La subvention du Ministère de l’agriculture a été maintenue à 1,500 francs. Les tirages à part donnent une petite plus-value, 290 fr. 85 c. au lieu de 181 fr. 40 c. Les ahonnements et annonces du Bulletin sont en légère augmentation (2,623 fr. 70 c.). LA location Barbier se continue à 3,000 francs. XXII REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. La location de la salle a produit: Société centrale de médecine vété- rinaire, 1,000 francs; divers, 950 francs. Les recettes ordinaires s'élèvent à 50,370 fr. 65 c. et sont supérieures de 4,513 fr. 35 c. à celles de l’année précédente. Recettes extraordinaires. La Société a recu encore de petites subventions pour l’expérience d’em- poissonnement qui se poursuit dans le bassin de la Méditerranée, Savoir : : Du Conseil général de l’Isère............ 50 francs. Du Conseil général de l’Aude............ 250 — _ Un compte nouveau figure à ce chapitre, c’ést celui du Manuel de l’acclimateur de Naudin. Vous connaissez tous l'ouvrage remarquable de notre illustre collègue. La Société a voulu contribuer à son impres- sion et à sa vulgarisation. Il en résulte des recettes et des dépenses que l’on balancera plus tard. Les cotisations définitives s'élèvent à 5,150 francs au lieu de 1,250 francs en 1887. Deux obligations communales nous ont été remboursées avec un béné- ficedeAT)#r 10, Enfin, pour parer à l’insuftisance des receltes en 1887, votre Conseil d'administration a dû prescrire, dans sa séance du 20 juiilet 1888, la vente de 22 obligations des Chemins de fer du Midi. Cette vente a produit un peu plus que les obligations n'avaient coûté; de là un bénéfice de 258 francs. Dépenses ordinaires. Les frais du Bulletin s'élèvent à 23,731 francs, soit environ 10,000 fr. de plus qu’en 188%. Vous n'oubliez pas que notre publicalion est devenue bimensuelle à partir de janvier 1888. Par contre la sup- pression de la Chronique a diminué, de près de 5,(00 francs, Ie supplé- ment de dépenses résullant de la transformation du Btiletin. Le loyer figure en 1887 pour 9,626 fr. 40 c., en 1888 pour 8,875 franes. La différence tient à ce que, en 1887, nous avons supporté, en double, une augmentation de période qui devait commencer en 1886 et qu par erreur n’avait pas frappé cet exercice. Le personnel n'a coûté que 8,154 fr. 80 c., c'est-à-dire à peu près 3,000 francs de moins que précédemment. Notre Secrétaire général a proposé de ne pas remplacer un employé de bureau, fort qu'il était de RAPPORT SUR LA SITUATION FINANCIÈRE DE LA SOCIÉTÉ. XXII pouvoir assurer le service en donnant lui-même beaucoup de temps à la Société et en déployant un zèle et une activité que vous avez lLous appréciés. Enfin, les frais de la séance publique n’ont été que de 374 fr. 55 c. au lieu de 2,271 fr. 95 c., il en est résulté une économie de 1,897 fr. 40 c. Les autres chapitres de dépenses ne comportent aucune observation digne de vous être présentée. Au résumé, les dépenses ordinaires sont restées un peu au-dessous de celles de 1887 (53,100 fr. 95 c.), malgré l'amélioration si notable du Bulletin ; et l’excédent des dépenses sur les recettes ordinaires n’est plus, cette année, que de 2,730 fr. 30 c. au lieu de 7,484 francs en 1887. Il est difficile de prévoir pour l’avenir une nouvelle diminution de dépenses, mais il y a tout lieu de compter sur un recrutement plus actif et par suite sur une augmentation de recettes qui viendra équi- librer notre budget et maintenir la prospérité financière de la Société- Dépenses extraordinaires. L'expérience d'empoissonnement faite à Quillan (Aude) a coûté, en 1888, la scmme de 1,672 fr. 80 c., elle n’a donc pas encore absorbé le montant des subventions qui nous avaient été accordées. — La somme disponible trouvera son emploi dans l’année 1889. Le Manuel de l'acclimateur figure pour une dépense de 80 fr. 50 c. XXIV REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. BILAN AU ACTIF. 483". 1388. Valeurs disponibles. _ — CSS Re Tire UM RNES 1.172 05 1.662 » Banque de France..... 810 25 5.650 45 Obligations (chemins de de fer et autres)...... 69.657 70 60.219 70 Titre de rente Dutrône. 2.100 » 2.100 » Cotisations, droits d’en- trée, etc., à recouvrer. | 10.928 55 9.180 » Crédit Lyonnais ....... 102 50 102 95 S5:974 05 rm 0 IR | Valeurs réalisables. Bibliothèque: 22" "02. 6.465 45 6.688 25 Mobilier. RREe ETES 11.741 85 13.438 80 Valeur des animaux chez les chepteliers....... 4.757 55 5.523 80 Loyer d’avance ........ 4.000 » 4.000 » Compagnie parisienne du gaz (cautionnement)... 280 » 980 » | 21.944 55 | 29.932485 Divers. 50 actions du Jardin d’Ac- CHMALAOD +... IR RES DR DODE Alu 25.000 » Legs Vauvert de Méan. |........... 15 4000 * + |. SeCTEARENE 15.000 » 152.615 60 149.447 95 RAPPORT SUR LA SITUATION FINANCIÈRE DE LA SOCIÉTÉ. XXV 31 DÉCEMBRE 1838. | PASSIF. | 1884 1888. LUS ERP: RER RM CT 7.798 55 4.200 15 Jardin d’Acciimatation de Paris ....... 6.196 20 4.192 20 Li TEST RP A Er et 1.000 > 1.000 >» Prix fondé par M. Cornély, de Tours... 1.000 » 1.000 » Prix fondé par M. Georges Mathias .... 500 » | 500 » Recettes faites pour l'exercice.......... 1883, 1.180 45 11889, 93% 10 \ \ \ | : 14:61 20 12.426 45 Excédantide fall... 57". 134.940 40 431.021 50 XXWI : REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. RECETTES ET DÉPENSES COMPARÉES Recettes ordinaires, — es, | Cotisations annuelles ........ mn (227 acte DA DATE 360. Uno: MDroits d'entrée, : LU RASE 430 » 1.980 » | Revenus-des valeurs de la: Société...... D 820 20 2.922 . 60! Subvention du Ministère de l’Agriculture 1.500 » 1.500 » Pirenes Apart te Men thus 181 40 290 85 Bulletin (abonnemt*, annonces et ventes). 1.518 05 2.623 70 $ | | Chronique {abonnements et annonces)... 869 15 » 088 BLocation a M Barbien 04e Line) 3.000 » 3,000 » À Location à la Société centrale de | de re médecine. vétérinaire... 120001 1 1000 desiséances à divers, MEME 250 950 » Méntes/ diverses MN Te A REA 34 » 28 50 45.857 30 50.370 65 Excédantides dépenses. 2 NON Rer 1600 2.130 30 53.340.530 53,100%95 Recettes extraordinaires, Subventions pour une expérience d'em-| DaSSOnnÈMENR, ut Nine | D 900 D 300 » Ü Manuel de l’Acclimateur de Naudin....l D 137 60 | Cotisations définitives...{............. 1,250 =» 5.750 00 | Différence en notre faveur entre le prix d'achat et de remboursement de 2 obli- rations Communale, EPP EE EC 604 » 119 30 | Bénéfice sur vente de 22 obligations du MS 2. RER 1 258 » h 054 00e 6:564,010 RAPPORT SUR LA SITUATION FINANCIÈRE DE LA SOCIÉTÉ. XXVIT DES EXERCICES 1887 ET 1888. 18873 1588. Dépenses ordinaires, # Le A ne a suc duos os 13.569 95 | 23.731 MOMIQUE NS URL. tee à 4.882 75 | Chantiäseetéclairage...".......114...: 598 55 | | Cotisations et droits perdus ........... dr 5 | SP QÉrAUx EL LOL se 1.781 85 3. MPEG RHREAUX QE.) EEE. 0. 197 #05 Mmpressionsidiverses. .:.:......1::,.... 1.058 35 1: Fruis de correspondance............... 1 SAT Frais de recouvrements ........:..... 659 50 | MODS An la dde nee datant à à 1.124 15 | RU Ne MR en TR Er CU 9.626 40 | 8. LES S PRIE AE PROPRES RP RATES 11.276 5 8. ÉRÉAOMPA DUB dec ee Pb di 2 Le Le 650 » | ÉRRUMe PUBLIQUE: : 25e M... et 2.211 95 Redevance au Jardin sur les cotisations MN néussées...:.... A RSS PAS Ses AO 2.360 : 2. Pheprélsiperte) ai. on ot. rs. 845 70 MÉSMTANCES d'u. « men vo 2 eat PRET Me NL LE 99625 Le. APRES A ER PO Sen 134 60 Das3402050 53. Dépenses extraordinaires. Expérience d’empoissonnement à Qui: LE LPO EE CROP ORSNSREPORRREEP EE | . , 1. Manuel de l'Acclimateur de Naudin... . : ; , , 1 XXVII REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. BILAN AU 31 DÉCEMBRE 1858. Le bilan de la Société à la fin de l'exercice 1888 présente un exceé- dant d’actif (137,021 fr. 50 c.), un peu supérieur à celui de 1887 (134,940 fr. 40 c.). Cela résulte des recettes extraordinaires qui com- pensent et au-delà l'insuffisance des recettes ordinaires. Actif, La valeur des obligations appartenant à la Société a diminue par suile de la vente des 22 obligations du Midi mentionnées plus haut. Par contre, notre compte à la Banque de France présente un solde créditeur plus élevé. Passif. Nous avons diminué autant que possible le chiffre de nos dettes : 4,200 fr. 15 c. à divers et 4,792 fr. 20 c.; elles résultent de comptes qui n'ont pas pu être réglés avant le 31 décembre. J. TRAVAUX ADRESSÉS A LA SOCIÉTÉ. LE CASTOR D'EUROPE " Par M. D'ORCET. Le Castor (Castor fiber) était connu de toute antiquité dans les cours d’eau du bassin de la mer Noire et des autres fleuves de l'Europe. Les naturalistes le considèrent comme identique au Cästor d'Amérique. Une singulière preuve à l'appui de cette identité serait celle d'un parasite, commun aux Castors américains et européens, le Plalypsyllus cas- tôris, découvert en 1803 par M. Alph. Bonhoure sur des Castors pris en Camargue, et retrouvé en 1869 par M. Rit- sema sur des Castors américains du jardin zoologique de Rotterdam ; il serait permis de conclure de ce fait que ces animaux, Comme chez les Samoyèdes, ont dù arriver au Canada en suivant les fleuves sibériens. Les deux noms du Castor fiber sont latins et ont une signification analogue. Castor veut dire un constructeur de retranchements (Castra), et Fiber pour Faber un ouvrier en matières dures, notamment un charpentier. De Fiber sont venus l’armoricain Biber et l'allemand Bibar. Quoique les instincts architectoniques auxquels le Castor doit ce double nom, aient été connus de toute antiquité, c'est cependant en Amérique que ce curieux animal s’est fait cette grande répu- tation d'architecte, qu’il a si bien méritée, puisque ses tra- vaux ont considérablement modifié une notable partie du sol américain. | En vieux français le Castor se nomme Bièvre, en provençal Vibré, et il a laissé son nom à une foule de rivières ou de localités. Il ne faudrait point, cependant, y comprendre Bibr'acla, l'ancien Autun, dont le nom, essentiellement grec, n'a rien à voir avec le Castor. | (1) Cet article résume les faits intéressants publiés par la Revue britannique dans son numéro du mois de mai 1888. 1 a REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Les progrès de l’agriculture et le peuplement des bords des rivières ont partout refoulé le Castor, sans cependant le détruire complètement, mais ils l’ont obligé à renoncer à ses chers édifices publics qui ont disparu, ou peu s’en faut, de toute l'Europe. Devenu forcément troglodyte, il n’en est pas resté moins industrieux, mais il se cache si bien qu'on l'avait à peu près complètement oublié, lorsque la présence de deux Castors du Rhône au Jardin d’acclimatation est venue rappe- ler au public que cet animal existait encore dans notre belle France. Hélas! ce ne pouvait être que pour le vouer à la proscription, car il a eu le tort de choisir les digues du Rhône pour y creuser sa succession savante de terriers, disposés em magasins et en chambres à coucher confortablement meu- blées, surmontées d’une prise d’air habilement dissimulée (1). Le Castor de France pèse d'ordinaire de 25 à 30 kilo- orammes ; sa fourrure, d’un brun vineux très foncé, est moins belle que celle des Castors d'Amérique, mais il est faux qu'elle soit pelée sur le dos, comme l'ont dit plusieurs naturalistes, du moins on ne voit rien de pareil sur les sujets du Jardin d'Acclimatation. Sur le Danube et ses affluents, surtout aux environs de Salzbourg, les Castors étaient encore assez communs à la fin du dernier siècle, pour que leurs queues figurassent fréquem- ment sur les bonnes tables en carême. « Quand on les laisse en repos sans les poursuivre, beaucoup, disait Ridinger dans son « Thierreich », publié à Augsburg en 1761, ils vivent en société, leurs chauderons sont contigus, mais chacun a le sien propre. » Il donne le nom de chauderons à leurs cons- tructions en forme de cloche. De nos jours, on ne les rencontre plus qu'isolément sur le Danube, le Dab, la Moselle, la Meuse, la Lippe, le Weser, etc., et l’on peut dire que sur tous ces points ils tendent à dispa- raître. En 1848, on en trouvait encore dans l’Elbe et l'Hovel, où ils étaient protégés par les lois sur la chasse. Depuis, ils ont diminué rapidement, cependant il s’en est établi, tout récemment, à Woïliez, sous la protection spéciale du duc d'Anott. En Autriche, ils n'existent plus en dehors de la colonie (1) Voir la note publiée sur les Castors du Rhône dans le Bulletin de 1888, page 321 et suivantes. On y trouvera la figure des terriers des Castors. ‘LE CASTOR D'EUROPE. 3 de Hallbrün et des retraites qu'on leur a ménagées à Schëénan, en Bohëme, à Frauenberg, chez le prince de Schartzenberg, et à Rothenhof, sur le Moldau. | Il parait que dans les dernières colonies, les Castors se sont remis à construire leurs villages, ce qui prouve que l'instinct de l'architecture, tout à fait inné chez eux, ne dis- parait momentanément que lorsque leur existence est trop souvent troublée. Il parait que le froid peut aussi les’ forcer à renoncer à leurs habitations extérieures, car, chez les Samoyèdes, ils vivent dans des terriers. | | Dans le Rhône, les Castors avaient, depuis longtenps, re- noncé à bâtir, mais enfin ils s'y maintenaient sans trop faire pazler d'eux, lorsqu'ils ont été tout-à-coup accusés d’endom- mager gravement les digues de la Camargue, ce qui menace d'attirer sur leur tête une véritable guerre d’extermination. « Débarrassons-nous de ce qui nous gêne, a dit un politi- cien, maxime qui peut s'appliquer à un Castor aussi bien qu'à un prince. | | » La destruction des Castors est bien regrettable, mais elle s'impose et l'administration se trouve dans la nécessité de l’'encourager », a ajouté M. Savoie, propriétaire du domaine de Maguelonne en Camargue. | En effet, les infortunés architectes ne se bornent pas à des dégats de peu d'importance, chaque famille creuse dans les chaussées de terre du bas Rhône, de vastes chambres ayant jusqu'a deux mètres de diamètre, qui s’étagent les unes au- dessus des autres, avec une sortie au niveau des plus basses eaux et un soupirail à la partie supérieure. On concoit très bien le danger qui résulte de l’affaiblissement de ces chaussées, dit M. Savoye, et pendant les dernières inondations, ce n’est que par une surveillance des plus actives, que l’on a pu éviter des ruptures et, par suite, des pertes incalculables. Sur plu- sieurs points, l’eau commençait à sourdre et l'administration des chaussées de la Camargue, aidée des riverains, a dü, en pleine inondation, faire exécuter des travaux assez considé- rables qui, en mettant à jour les chambres des Castors, ont permis de constater le merveilleux instinct qu'ils ont recu de la nature, en même temps que la pénible nécessité de se dé- barrasser de voisins aussi dangereux. » Lorsque.le docteur Marmottan disait que les dégâts, com- mis par les Castors, ne sont pas appréciables et qu'on ne s'en 4 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. aperçoit même pas, il faut donc croire que ses observations s’appliquaient aux parties du fleuve où la conservation des digues a moins d'importance, où qu'elles étaient antérieures au temps où les ravages du phylloxera ont fait planter en vigne une notable partie de la Camargue, ce qui a fait de la conservation des digues une question de première nécessité. Outre les dangers dont l'homme menace directement les pauvres Castors, ils ont surtout à lutter contre ceux qui pro- viennent d'inondations qu'ils ne peuvent plus régler comme en Amérique de façon à assurer une profondeur toujours égale à leurs lacs artificiels. » Dans les berges surélevées où ils creu- sent aujourd'hui leurs terriers, dit M. P.-A. Pichot, il est très difficile de découvrir leurs ouvrages d'art, tant ils sont habi- lement dissimulés. Ce n’est que par hasard, lorsqu'un chien, par exemple, en grattant, a élargi le trou de mulot par lequel ils donnent de l’air à leur chambre supérieure, que l’on peut relever l'endroit précis de leur habitat, et alors, au moindre bruit, le Castor plonge par l'issue qu'il s’est ménagée sous l’eau, et ne reparaît que bien loin de tout danger. Notez qu'ils ne vont jamais au gagnage dans le voisinage même de leurs habitations. C'est beaucoup plus loin, souvent sur la rive op- posée, qu'ils vont chercher leurs provisions et faire leurs aba- tis de branches de peupliers et de saules, de sorte que rien ne révèle leur présence, à un observateur superficiel, autour de leurs terriers. Les Castors pourraient donc se défendre quelque temps encore, contre l'invasion humaine des terrains qu'ils ne partageaient jusqu'ici qu'avec les manades de Chevaux et de Taureaux sauvages qui, eux aussi, sont appelés à dispa- raitre par suite de la plantation de la Vigne dans les dunes de la Camargue où il n’est plus possible de les laisser errer. » Il reste à souhaiter que la guerre faite à ces pauvres archi- tectes, ne s’étende pas au-delà d’une stricte protection des digues, guerre qui peut être facilement limitée par une sur- veillance rigoureuse et que les habitants de la Camargue, du reste, si fiers de toutes les productions de leur sol, ne parais- sent pas vouloir pousser jusqu’à l’extermination. NOTE SUR LES CASTORS QUI VIVENT DANS L'ILE DE BUTE, EN ÉCOSSE PAR M. A. PORTE. Le bon La Fontaine n’a rien exagéré en disant que les Castors construisent des travaux Qui des torrents grossis arrêtent les ravages ; Et font communiquer l’un et l’autre rivage ; L'Édifice résiste et dure en son entier; Après un lit de bois est un lit de mortier. Ces curieux animaux qui, malheureusement deviennent de plus en plus rares, sont d’une industrie, d’une persévérance étonnantes, et les faits observés par le marquis de Bute prou- vent une fois de plus ce que peuvent des efforts soutenus joints à une activité de chaque jour, même avec des moyens d'action extrêmement limités. Désireux d'étudier de près les mœurs des Castors, le mar- quis de Bute en fit placer, en 1874, quatre dans un espace clos, mesurant environ quatre acres, dans son bois de Kilchattan, en Écosse. Sa tentative ne fut pas tout d’abord couronnée de succès, car aucune reproduction ne fut constatée, mais ce premier échec ne découragea en aucune façon le marquis; il stimula au contraire, son zèle en augmentant sa curiosité. Le marquis augmenta donc le nombre de ses pensionnaires, qui fut porté à onze. Cette fois, les reproductions ne se firent pas attendre, et la petite colonie prit rapidement un grand développement; dès 1878, la présence de cinq jeunes était constatée. L'industrie de ces animaux pour s'installer confortablement dans leur parc fut des plus extraordinaires; aucune peine, aucune fatigue ne leur coûtait pour mener à bien, et surtout rapidement, le travail colossal qu'ils avaient entrepris : une ( REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. digue destinée à arrêter les eaux d'une rivière traversant l’enclos et à assurer la solidité de Ia maison qu'ils ne tardèrent pas à élever. Ja digue, merveille de solidité, résultat de patients et persé- vérants efforts, ne mesure pas moins de 70 pieds de longueur, 8 pieds de profondeur et 15 à 20 pieds de largeur; grosses pièces de bois, pierres, terre; en un mot, tous les matériaux existant dans l’enclos des Castors ont été mis en œuvre par eux. La digue est entretenue dans le plus parfait état. Chaque jour, les Castors la visitent, s'empressent de réparer les ava- ries qui ont pu se produire depuis le précédent examen. La maison d'habitation principale qui sert de lieu de refuge en cas de surprise par un ennemi quelconque, ne mesure pas moins de 10 pieds de longueur sur une profondeur moyenne de 3 pieds. Sept autres maisons de plus petites dimensions ont été construites ; elles sont successivement élevées pour . loger les jeunes. | Vers le milieu de septembre, les parois extérieures des habitations sont enduites d’un revêtement de boue destiné à les préserver des pluies et des intempéries de la mauvaise saison. Contrairement à une croyance généralement répandue, les Castors, pour cet ouvrage, ne se servent pas de leur queue, mais seulement de leurs pieds de devant. Leur couche est faite de rognures de bois : ils en mangent l'écorce, placent le morceau de boïs devant eux et, avec leurs dents, le réduisent en petits fragments. La propreté est leur première qualité, aucun déchet, aucune -ordure d'aucune sorte n’existe dans leurs maisons. En hiver, les Castors se nourrissent uniquement d’écorces d'arbres. Le saule et le peuplier ont la préférence. Puis viennent le chêne, le platane, l’orme, l’épine, le noiïisetier et le pin. Ils apprécient les conifères parmi lesquels le pin d'Écosse tient la première place. En été, ils mangent volontiers des broussailles, de l’herbe et les jeunes pousses de toutes sortes qui croissent dans leur enclos. A l'automne, ils arrachent des racines qu'ils aiment beau- coup, particulièrement la Tormentille (Potentilla ltormentilla) et les jeunes pousses du Spurt commun. NOTE SUR LES CASTORS DU MARQUIS DE BUTE. 7 Les abattages d'arbres ne se font que la nuit. L'arbre choisi, les Castors marquent, en rongeant avec leurs dents un sillon tout autour, la hauteur à laquelle doit être faite l’entaille, et se mettent à l’œuvre du côté opposé à celui où l'arbre doit tomber. Les Castors sont des animaux essentiellement timides et craintifs. Dès que l’un d'eux aperçoit le moindre danger, il avertit la Colonie par un vigoureux coup de queue frappé sur l’eau et tous disparaissent aussitôt. Le travail est obligatoire chez les Castors. Les paresseux sont impitoyablement chassés, et vont mourir de faim, isolés, loin de la colonie. NOTE SUR LES ÉLEVAGES DE LA FAISANDERIE DU CHATEAU DE GALMANCHE (PRÈS CAEN) | Extrait d’une lettre adressée à M. le Directeur du Jardin Zcologique d’'Acclimatalion, Par M. E. GODRY. Mes élevages n'ont pas été heureux cette année, mais je ne crois pas être le seul amateur qui ait à se plaindre, car le. printemps, exceptionnellement froid, et l'été, extraordinaire- ment humide, ont amené bien des insuccès ! Ensuite, j'ai eu, au début du printemps, le malheur de voir une Belette causer de grands dommages dans mes vo- lières. Ayant réussi à s’introduire par une galerie souterraine, pratiquée par une taupe au-dessous des fondations, cette maudite bête s’est attaquée à mes Colombes les plus rares. J'ai trouvé des Colombes à nuque rousse (Geopelia hume- ralis), des Poignardées, des Turvert et des Tranquilles, complètement décapitées, et, comme par une fatalité du ha- sard, il se trouvait que c’étaient les femelles, c’est-à-dire, les plus difficiles à remplacer, qui étaient les victimes ! Aïnsi, la femelle d’un beau couple de Colombes à nuque rousse, qui avait pondu, a été égorgée dans une nuit et il m'a été im- possible, malgré mes efforts, de la remplacer. J’accusais les rats de ces destructions. Heureusement, j’eus l’idée d’ache- ter une nasse à rats, et d'y introduire l’une des victimes. Le lendemain, à ma grande joie, je trouvais prise une magni- fique Belette. Cette capture a mis fin à mes ennuis. Mes Éperonniers ont très peu pondu cette année, et les petits obtenus se sont élevés plus difficilement. Mes Lophophores qui, l’an dernier, avaient donné des œufs si bien fécondés ont donné tous des œufs clairs, à l'exception d’un seul dont un jeune est éclos. NOTE SUR LES ÉLEVAGES DU CHATEAU DE GALMANCHE. 9 Les Tragopans ont pondu un certain nombre d'œufs fécon- dés, ainsi que les Crossoptilons, mais les petits de ces espèces ordinairement rustiques et d’un: élevage facile, se sont montrés cette année, d’une délicatesse inaccoutumée et un grand nombre de jeunes a péri. Les belles Pintades de Verreaux, dont la ponte est plus tardive, ont donné comme ponte et éclosion d'excellents ré- sultats ; mais les jeunes sont morts de diphtérie au moment où ils commencaient à prendre leurs plumes, à l'exception de trois élèves que je suis parvenu à sauver. Mes Faïsans d’Elliott ont, malgré les grands froids de mars, pondu dès le 21 de ce mois, et j'ai pu réussir à en faire quel- ques élèves. Les Perdrix du Boutan ont aussi donné beaucoup d'œufs clairs. En somme, très triste élevage, cette année, puisque j'ai sauvé seulement trois à quatre sujets de chaque espèce. De ces résultats, j'ai conclu que la longue durée . l'hiver avait notablement affaibli les reproducteurs. Par contre, j'ai admirablement réussi l'élevage de quelques Colombes et Perruches. La femelle d’un couple de Colombes Lumachelles a donné jusqu'à 28 œufs, tous fécondés ; il va sans dire que cette femelle n’a pas tout couvé et que l'élevage a été fait en partie par des Colombes ordinaires. Ces 28 œufs ont donné 24 éclosions ; mais plusieurs jeunes Colombes n'ont pas été menées à bien ; la ponte des Lumachelles ne coïncidant pas toujours convenablement avec celle des Co- lombes de Barbarie, il en est résulté que plusieurs élèves sont morts, ayant été mal nourris ou abandonnés. En somme, 13 jeunes ont été réussis. Un autre couple de Colombes Lumachelles dont la femelle, moins ardente, se montrait bonne couveuse n’a élevé que 6 petits en 3 pontes et 2 de ces jeunes sont morts de diarrhée, par suite de l'humidité à la sortie du nid. J'ai en ce moment-ci un mâle et deux femelles de Cc- lombes Lumachelles qui me sont restés, et ces jeunes oiseaux installés dans une petite volière de deux mètres sur un de pro- fondeur, font un nid en ce moment et le mâle s’accouple avec les deux femelles indistinctement. Ils sont comme des Pi- geons domestiques. Trois couples de petites Colombes diamants (Geogclia 10 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. cuneala), espèce très prolifique, ont élevé 17 jeunes et j'en aurais eu un plus grand nombre si plusieurs ne s'étaient trou- vées mangées la nuit, en se couchant à terre, près du grillage des volières. Ces charmants oiseaux ont construit eux-mêmes, leurs nids dans des Thuyas, et il était curieux de voir leur assiduité à pondre et à couver. En outre, j'ai obtenu quelques Colombes tranquilles, des Lophotès et des Zébrées de Malacca. En Perruches, ma plus belle réussite a été avec les Pal- liceps, dont j'ai obtenu huit jeunes superbes en deux nichées successives ; la femelle se préparait encore à une troisième ponte, mais par prudence, j'ai retiré les büches, dans la crainte de voir l'oiseau s’épuiser par une couvée trop tardive. Rien n’était plus joli, dans mes volières, que toutes ce: Palliceps, dont les nuances bleu-glycine, rouges, jaunes, mé- langées de noir et de blanc, produisaient le plus bel effei. Volant rapidement, ou réunies et posées ensemble, sur un arbuste, c'était un coup d'œil vraiment charmant que cette famille de Perruches composée de dix sujets, y compris le père et la mère. Cette espèce a l'agrément de revêtir son beau plumage dès la sortie du nid. Je puis encore citer les naissances suivantes : le 20 avril, est né un mâle Cervule de Chine (Cervulus Reevestii). Ces ravissants petits Cerfs sont en partie nourris, à cette saison (octobre), par des marrons d'Inde que je fais ramasser et jeter dans leur parc. | Le 8 juillet, j'ai vu naître un mâle Antilope cervicapra, qui s’est mis à bondir très peu de temps après sa naissance ; le ler août, naissance d’un mâle Lama-Alpaca. La femelle Alpaca étant venue à mourir, quelques jours après avoir mis bas, tout subitement et sans cause connue, on a présenté le biberon au jeune qui l’a pris sans difficulté, et qui a tres bien prospéré. A présent, il pait parfaitement, et est hors de tout danger. | Je tiens, avant de terminer, à vous dire que par cet été très humide et froid la plupart de mes élèves ont été atteints de diphtérie ; j'ai eu, alors, l’occasion d'essayer de tous les remèdes connus, tels que : badigeonnage de la gorge au miel rosat, mélangé de quelques pincées de fleur de soufre, ou de quelques gouttes d'acide chlorhydrique ; puis encore de l'eau dans laquelle on a fait dissoudre un peu d’alun, voire même NOTE SUR LES ÉLEVAGES DU CHATEAU DE GALMANCHE. 11 le badigeonnage au pétrole, recommandé il y a déjà quelques années dans le journal L’Aviculleur, de Voitellier, rien n’a paru donner des résultats satisfaisants. Enfin, à force d'essais, il m'est venu à l'idée d'essayer un venre de gargarisme, excellent pour la gorge, dans lequel il entre de la « cocaïne », qui m'a donné des résultats in- croyables. Un Tragopan qui ralait au point qu'on l’entendait d'un bout à l’autre de la faisanderie était calmé au premier badigeonnage, et guéri après le second. Un Eperonnier, deux Pintades de Verreaux, une Perdrix du Boutan, une Poule nègre du Japon, qu'on croyait voir mourir de suffocation, se sont remis presque immédiatement, au moment où je les pensais dans un état désespéré. Mon seul regret est de ne pas avoir employé ce remède plus tôt. Bien des amateurs conserveraient le secret de cette décou- verte ; mais désireux, avant tout, de voir les beaux oiseaux de nos volières soulagés et guéris d’une si cruelle maladie, je me fais un plaisir de vous indiquer mon remède et ma ma- nière de l’employer. | Comme pinceau j'emploie les plumes de l’aile des poules de ma basse-cour et j'introduis profondément dans la gorge, et l’arrière-sorge, une de ces plumes, trempée dans un collu- toire qui se compose de : Glycérine ES | ne Eau distillée...... A : Borate de soude ....... 8 — Chlorydrate de cocaïne. 1 — Je vous conseille d'essayer mon remède, et je suis persuadé que vous en serez très satisfait, chaque fois que vous aurez des oiseaux atteints de toux, avec râle et écoulement nasal : vous pouvez le mettre à l'épreuve. | J'ajoute à ce traitement, comme vermifuge une petite bou- lette de beurre frais roulée tantôt dans des graines de Semen- contra, tantôt dans de la poudre d'Asa fœtida, et j'en fais avaler deux par jour aux malades. 21 octobre 1888. LA PERCHE ARGENTÉE D’AMÉRIQUE OÙ CALICO BASS Par M. GILBERT DUCLOS. M. Emile Bertrand a récemment envoyé au pavillon de la pisciculture du Jardin Zoologique d’acclimatation un cer- tain nombre de Perches argentées d'Amérique, ou Calico bass { Pomoxæys sparoïides), nées dans la pièce d’eau qu'il possède aux environs de Versailles. La reproduction de cette espèce a été très considérable en 1888, car non seulement les Poissons de trois ans ont abondamment donné, mais les élèves de 1887 eux-mêmes, ont pondu üun nombre énorme d'œufs, desquels sont nés de jeunes Calico bass. Les Poissons âgés de trois ans, qui vivent dans la pièce d’eau de M. Bertrand, ont aujourd’hui une longueur d'envi- ron 0,20 et une hauteur {axe vertical) de 0,07. Ces premiers reproducteurs avaient été directement impor- tés d'Amérique. M. Bertrand en avait acquis vingt-cinq. Par suite des fatigues du voyage, deux males survécurent seuls avec un certain nombre de femelles. La production de la première année (1887), a permis à M. Bertrand, de capturer plus de 500 élèves qui ont été, les uns, donnés à divers membres de la Société d'Accli- matation, les autres, livrés à la consommation. La chair du Calico bass à beaucoup de rapports avec celle de notre : Perche européenne. | Après la reproduction de 1888, M. Bertrand estime qu'il possède plusieurs milliers de Calico bass. Au moment de la ponte, on a observé plus de cent nids qui étaient placés dans l’eau peu profonde à environ 0,20 de profondeur. Évidem- ment cette espèce aime la chaleur. Les emplacements les plus recherchés pour les nids, étaient les marches de pierre descendant dans la pièce d’eau. L’eau ayant peu d'épaisseur, les marches recevant les rayons du soleil, conservaient de la chaleur dont profitaient les Poissons. LA PERCHE ARGENTÉE D’AMÉRIQUE OU CALICO BASS. 13 Ce poisson ne craint pas le froid à l’état adulte. M. Bertrand a voulu voir si les Calico bass pouvaient pros- pérer dans les eaux impures. Il a placé un certain nombre de ses élèves dans une mare de peu d’étendue qui recoit des eaux très chargées de purins et dont la température s'élève en été à plus de 25°. Malgré ces conditions défavorables, les Calico bass ont prospéré et ils ont pris un rapide accroissement. Les spécimens qui avaient en avril, c’est-à-dire au moment où on les a mis dans cette mare, 0",02 de longueur, mesuraient au mois d'août suivant 0,08. Le Calico bass sera pour nos eaux une excellente acquisition, car non seulement il est très rustique, mais encore très fécond, de plus, sa rapidité de croissance et la bonne qualité de sa chair, en font une espèce tout à fait recommandable. La Perche argentée pourra rendre de réels services pour la nourriture des Salmonides à cause de sa remarquable fécondité. Son introduction dans les eaux déjà peuplées ne saurait avoir aucun inconvénient, car, bien que vivant de proies, le Calico bass a la bouche tellement étroite qu'il ne peut saisir que de très petits animaux, des vers, des petits crustacés, etc. M. Bertrand, désireux de propager cette très intéressante espèce, met encore cette année à la disposition des membres de la Société nationale d’Acclimatation, un certain nombre de ses élèves. Ces jeunes Poissons seront livrés vers le mois d'avril, il importe que les personnes qui voudraient en obte- nir, se fassent inscrire sans retard. _ LES ACACIAS TANNIFÈRES D'AUSTRALIE Par M. CH. NAUDIN (DE L'INSTITUT). rc Au nombre des végétaux les plus typiques de la Flore austra- lienne il faut compter les Acacias, légumineuses-mimosées, qui y sont représentées par plus de trois cents espèces, presque toutes phyllodaires. Leur distinction est souvent fort difficile, même après le travail considérable de Bentham, et les bota- nistes sauront gré au baron Ferdinand Mueller d’avoir entre- pris une revue générale de ce vaste genre actuellement en publication par décades (1), où chaque espèce est représentée . par une figure qui la fera mieux reconnaître que la description la plus détaillée. Beaucoup de ces Acacias australiens sont depuis longtemps introduits en Europe à titre d'arbres et d’arbrisseaux d’crne- ment, cultivés dans les orangeries du nord ou à l’air libre aux alentours de la Méditerranée, mais, si intéressants qu'ils soient par leur brillante floraison hivernale ou printanière, certains d’entre eux peuvent nous rendre des services bien autrement importants comme producteurs de tanin. On a déjà signalé ce point de vue pour faire ressortir l'utilité qu'il y aurait à les propager en Algérie, mais il est bon d'y insister en rappe- lant ce qu’on en tire de profit dans leur contrée natale. Nous en emprunterons le récit au rapport d’une commission ofii- cielle d'agriculteurs et d’industriels nommée par le Gouver- nement de la colonie de Victoria et chargée spécialement d'étudier la question des écorces à tanner dans ses moindres détails. Quoique ce rapport date déjà d'une dizaine d'années, il a conservé pour nous toute son actualité. Dès qu'il fut reconnu que les écorces d’Acacias contenaient une forte proportion de tanin, de nombreuses tanneries s’'établirent dans les diverses colonies australiennes, et presque (1) Zconography of australian species of Acacia and cognate genera, by Baron Ferdinand Von Mueller, LES ACACIAS TANNIFÈRES D’AUSTRALIE. | 15 toutes prospérèrent par suite de l'abondance et du bon marché des matières premières de cette industrie : les peaux et les écorces. On en jugera par le relevé suivant du commerce de la colonie dé Victoria. Dans l’espace de sept ans {de 1871 à 1877 inclusivement) la valeur en argent des cuirs tannés s’est élevée de 111,707 livres sterlings, la première année à 199,304 livres dans la dernière année, où l'exportation de peaux brutes avait presque cessé, tandis que l'importation de. ces mêmes peaux ne cessait de croître pour alimenter les tanneries de la colonie. La valeur totale des cuirs tannés exportés de Victoria, pendant les sept années en question, a été de 1,532,703 livres sterling (38,317,575 francs), et cela en dehors des quantités de cuirs consommés dans la colonie. Et ce n’est pas le seul profit qu’elle ait tiré de l'exploitation de ces Acacias, car indépendamment des écorces utilisées sur place, elle en exportait des quantités considérables, destinées principalement aux tanneries anglaises. En 1870, l'exporta- tion de ces écorces n'étaient encore que de 1,384 tonnes, représentant une valeur argent de 6,418 livres (160,450 francs), tandis qu’en 1876, elle s'élevait à 9,724 tonnes, d'une valeur de 60,386 livres (1,509,650 francs). Jusque-là l'exploitation des écorces d’Acacias, abandonnée sans contrôle aux particuliers, s'était faite sans prévoyance de l'avenir, ainsi qu'il arrive toujours en pareil cas, sans même qu'il fût tenu compte des conditions requises pour que la durée eût toutes les qualités qu’on devait en attendre. ILen: est résulté que, récoltées sur des arbres trop jeunes et dans des saisons défavorables, les écorces n'avaient pas la même teneur en matière tannante qu’au début de l'exploitation. IL devenait dès lors évident que, dans l'intérêt des particuliers aussi bien que dans celui de l'Etat, il fallait mettre fin au saspillage des écorces, et c’est pour atteindre ce but que fut nommée la Commission dont il a été parlé plus haut. Les règlements qu'elle à établis ont été sanctionnés par la législa- tion de la colonie. QT Sans entrer dans le détail de ces règlements, il convient d'en signaler les points qui se rapportent à la conservation: d'une précieuse ressource naturelle et au mode d’exploita- tion des écorces. L'expérience a fait reconnaître qu'avant l'âge de cinq ans révolus les écorces d’Acacias n'ont pas atteint leur complète maturité et qu’elles sont loin de conte- 16 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. nir autant de tanin qu'elles le feront dans les années sui- vantes. Le choix des époques d’écorcage n’est pas non plus: indifférent ; la plus favorable est celle du printemps et des premiers jours de l'été, c'est-à-dire, dans l'hémisphère aus- tral, des mois de septembre à décembre, quand la sève est en mouvement. Les écorces sont alors gorgées de tanin et s’en- lèvent facilement. Les arbres étant coupés par le pied, on les dépouille de leur écorce, après quoi on les transporte hors des massifs pour qu'ils ne gênent pas le repeuplement, et aussi pour qu’ils ne servent pas à alimenter les incendies de forêts, qui ne sont pas très rares en Australie aux époques de sé- cheresse. Pendant longtemps on s’est contenté d’écorcer les arbres partout où on les trouvait, sans s'inquiéter de ce qui pourrait en advenir ; aujourd'hui, bien que les massifs naturels d’Aca- cias soient loin d’être épuisés, on regarde comme un acte de prévoyance de les entretenir par des semis, au fur et à mesure de l'exploitation. On fait même quelque chose de plûs, en créant de nouveaux massifs. C’est un commencement de cul- ture, mais réduite à sa plus simple expression, car elle se borne à tracer à la charrue, et à 2 mètres de distance, des sillons dans lesquels on jette la graine d’Acacia, qu'on recouvre à peine de terre. Souvent même, si la terre est légère, sablonneuse et pas trop durcie, on se contente de semer à la volée, sans préparation de terrain autre que le débroussaillement. Les graines d’Acacias étant très dures et lentes à germer, on obvie à cet inconvénient en les faisant passer pendant quelques minutes dans de l’eau chauffée à 90 ou 95 degrés centigrades, qui en amollit la coque et rend la sermination plus hâtive et plus régulière. Les soins ultérieurs consistent à dégager les semis des végétations étrangères et à élaguer les branches du bas des arbustes arrivés à 1 mètre de hauteur, pour que leur tige s'élève droite et facilite l’é- corçage, qui, ainsi que nous l’avons déjà dit, ne doit pas avoir lieu avant la cinquième année. Trois espèces principales d’Acacias sont exploitées dans la colonie de Victoria : ce sont l’A. pycrantha (Broad leated Wattle des colons), arbrisseau de 4 à 5 mètres, le plus riche en tanin, dont il contient jusqu'à 45 pour 0/0 du poids de l'écorce sèche ; l'A. decurrens (Black Wattle), qui peut at- teindre à 8 ou 10 mètres, et chez lequel on trouve de 29 à LES ACACIAS TANNIFÈRES D'AUSTRALIE. 17 34 pour 0/0 de tanin (1); et l’A. dealbata (Silver Wallle), très voisin du decurrens, dont il n’est peut-être qu'une variété, mais ne contenant guère que le tiers ou la moitié de la proportion de tanin de ce dernier, aussi est-il relative- ment peu recherché. L'Australie occidentale, plus sèche et plus torride que la colonie de Victoria, possède aussi ses es- pèces d’Acacias tannifères, parmi lesquels l'A. saligna passe pour être aussi riche en tanin que l'A. pycnantha. L'Alcérie, prise dans son ensemble, a les plus grandes analogies climatériques avec l'Australie ; ce sont les mêmes chaleurs et les mêmes sécheresses prolongées. De même que l'Australie, elle contient, surtout dans sa région méridionale, de vastes étendues de terre inoccupées qui pourraient être rendues productives par des semis d’Acacias, et à son tour elle deviendrait exportatrice d’écorces à tanner. Outre ce produit principal, les Acacias fourniraient, comme produits secondaires, du bois de feu, et peut-être de la gomme comme en Australie, II y a même quelques espèces du genre qui arrivent presque à la taille d'arbres forestiers et qui donne- raient des bois de construction. C’est par exemple, l’4. me- tanoxæylon, dont le bois dur et superbement coloré est recher- ché par la menuiserie et l’ébénisterie. Cet arbre intéressant est déjà assez commun dans les parcs et jardins de la Pro- vence maritime, et il se ressème abondamment de ses graines, à la Villa Thuret, ainsi que beaucoup d’autres Acacias. Il n'y a, selon moi, pas le moindre doute que tous ces arbres ne puissent se naturaliser de l’autre côté de la Méditerranée aussi bien et mieux encore que de celui-ci. (1) Un vieil À. decurrens de la villa Thuret ayant été abattu par le vent, jen ai fait analyser l’écorce par le chimiste attaché à la station agricole de Nice, le regretté Levallois. Cette écorce contenait 31 pour 0/0 de tanin, c’est- à-dire la même proportion qu’en Australie. LA MORILLE PROCÉDÉ DE CULTURE POTAGÈRE APPLICABLE A TOUS LES JARDINS : PAR M. LE BARON D'Y VOIRE. Les Champignons de diverses sortes sont maintenant admis comme offrant une ressource normale pour l'alimentation publique. Quelques espèces, les plus recherchées pour leur ogoût, peuvent être publiquement vendues dans un grand nombre de villes. Les Truffes sont l’objet d’un commerce considérable qui s'étend dans toutes les parties du monde. Le Champignon de couche, Agaric cultivé, est l’objet de nombreuses et importantes cultures industrielles. Les, Cèpes séchés ou conservés en boîte sont vendus dans toutes les bonnes épiceries. | Mais un excellent Champignon qui ne cède le pas, comme valeur gourmande et alimentaire qu'à la Truffe, demeure extrêmement rare, apparaît à peine sur les marchés et, par son prix élevé, demeure inaccessible à beaucoup de consom- mateurs. La Morilie est le seul Champignon dont on puisse dire que le parfum se Aume comme celui de la Truffe. La Morille fraiche a une finesse, une délicatesse, un arome pénétrant sans la moindre acreté, qui doivent la faire placer, dans l’es- time des gourmets, au premier rang après la Truffe. La Morille, il est vrai, a un défaut. Sa délicatesse est si orande, que pour l’apprécier dans tout son mérite, il faut pouvoir la faire apprêter à peine cueillie et cueiïllie dans de bonnes conditions. Il faut que les anfractuosités du chapeau ne contiennent aucune poussière terreuse ; car le lavage ne réussit pas toujours à les en débarrasser, et rien n’est désa- gréable comme de trouver ces graviers inattendus qui craquent sous la dent. Les amateurs de Morille seraient beaucoup plus nombreux si tout le monde avait pu goûter les Morilles dans les bonnes conditions où elles doivent être servies. Cependant déjà un grand nombre de consommateurs les recherchent, soit à cause de leur saveur spéciale, soit à cause LA MORILLE. 19 de leur forme particulière qui donne une sécurité complète parce qu’elle ne permet pas de les confondre avec aucun autre Champignon, et que toutes les variétés de Morilles sont par- faitement alimentaires. Ce qui caractérise la Morille, c'est que son chapeau est com- posé de façon à présenter la forme d'une éponge très grossière, avec des cavités plus ou moins régu- lières et enchevétrées, de couleur blonde, grise, fauve, brune ou même noire, mais toujours sup- porté sur un pied tubulaire irré- oulier de couleur blanche, plus ou moins long, sortant à penie de la terre ou s’élevant de plusieurs centimètres au dessus d'elle, s'il y a un lit de feuilles mortes ou de mousses à traverser. Aucun autre Champignon ne lui ressemble tout à fait. Les Helvelles s’en rappro- chent un peu; mais toutes les Helvelles sont comestibles. Pour mettre en garde contre toute erreur possible, nous dirons Merle ctiyee qu'un Champignon très haut sur pied, du genre Phallus, parait avoir été confondu une fois par un ignorant avec une Morille. Mais il fallait y mettre une singulière imprudence, car le Phallus offre un aspect très différent d'une Morille, et de plus il répand une odeur fétide qui suffirait à le faire rejeter. L'aspect d’une Morille est si spécial qu'il suftit d'en avoir vu une et de l'avoir considérée avec quelque attention, pour ne plus pouvoir s’y tromper. Malheureusement la recherche des Morilles, sauf en quelques années exceptionnellement fertiles, demande beaucoup de temps et oblige à parcourir de grands espaces. On la trouve un peu partout, dans les bois, dans les haies, au pied des sapins, des frênes, des hêtres, des chênes et de beaucoup d'autres arbres, mais toujours en petite quantité. J'en ai trouvé juchées sur un rocher couvert de mousse. Une autre 20 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. fois, dans une cour où l’on avait entassé du bois de chauffage qui avait passé tout l'hiver à la pluie et à la neige, j'ai vu au printemps, sous les fagots, pousser quelques Morilles. Il y en a plusieurs variétés, la noire, la grise, la blanche, l’allongée, la ventrue, la conique. Je ne suis pas très per- suadé que ces diverses formes constituent des variétés dis- tinctes. Il me paraît possible que les conditions de terrain, de température, d'humidité influent de façon à modifier la forme d'une seule espèce ou de deux espèces de Morilles tout au plus. Ces mêmes conditions peuvent faire varier le parfum et la consistance de ce délicieux Champignon. Cueiïllie dans un moment où elle est imprégnée d’une trop grande humidité, la Morille n’a plus la même fragrance et sa chair devient molle et presque filandreuse. Cueillie, au contraire, dans un état de siccité trop grande, elle paraît parcheminée. Mais si vous pouvez vous la procurer dans son entière fraicheur, dans toute sa fermeté, son parfum est d’une finesse exquisse, sa chair rappelle délicatement, sous la dent, Me légè— rement croquante de l'oreille de veau. Lorsqu'on recherche les Morilles dans les bois, ou lorsqu'on en fait emplette au marché, il faut bien les prendre comme on les trouve. Le choix, du moins, est toujours très restreint. Le vrai moyen d’avoir des Morilles de toute fraîcheur, c’est de les cultiver soi-même et de les récolter dans son jardin. Le but de cet écrit est précisément de faire connaître un procédé de culture simple, facile, peu coûteux et par consé- quent à la portée de toute personne possédant un jardin potager, un simple carré de jardin. Je crois même qu'à la rigueur on pourrait s'amuser à cultiver des Morilles dans une caisse ; ne fut-ce qu’à titre de curiosité. Par le même procédé on pourrait sans doute cultiver aussi la morille sur un espace de terrain considérable ; mais il fau- drait que ce terrain füt clos comme un jardin ou comme un parc; car sans clôture il serait bien difficile de se garder contre les maraudeurs. Il faudrait en outre que ce terrain clos ne fut pas éloigné d’une grande ville afin de pouvoir vendre les Morilles dans toute leur fraicheur. On pourrait, il est vrai, faire des conserves de Morilles en boîte, avec la certitude d'en trouver promptement un facile débit. Le défaut du procédé de culture que je vais décrire, c’est LA MORILLE. 01 qu'il ne donne lieu qu'à la récolte en temps normal, c'est-à- dire dans la dernière quinzaine d'avril et la première quin- zaine de mai. Peut-être trouverons-nous le moyen de pro- longer cette récolte ? Pour le moment je me borne à donner les indications nécessaires pour obtenir des Morilles, au temps ordinaire de leur poussée, en cultivant un petit espace de terrain dans tout jardin potager. La base d'opération est une plate-bande plantée d’Arti- chauts. Je ne saurais dire pourquoi il y a une affinité entre la Morille et l’Artichaut ; mais il est certain que cette affinité existe et qu'un terrain planté d’Artichauts est spécialement propre à la culture de la Morille. Si l’on habite un pays où l’Artichaut ne puisse pas étre cultivé, on prendra pour base d'opération un terrain planté de Topinambours. Mais la racine du Topinambour s'enfonce trop facilement à de grandes profondeurs, de sorte que le succès est beaucoup moins certain qu'avec l’Artichaut. Il peut arriver que, dans les pays où les Morilles ne sont pas inconnues, 1l en pousse naturellement parmi les Arti- chauts. Comme tous les Champignons, la Morille répand un nombre infini de spores germinatives, microscopiques et que le vent porte un peu partout. Il suffit que ces spores tombent sur un terrain propice et dans des conditions propices aussi pour donner naissance à des Morilles. Les Champignons, qu'il s'agisse de Truffes, de Morilles, de Cèpes, de Moisissures, des innombrables variétés de fer- ments que la science moderne découvre chaque jour, ont un mode de végétation dans lequel bien des choses restent mystérieuses. L'analogie a déjà conduit à des découvertes fort intéressantes. J'espère que mon procédé de culture des Morilles aidera les savants à soulever quelque nou- veau coin du voile qui cache la reproduction précisément appelée cryptogamique. Choisissez donc une plate-bande, un carré planté d’Arti- chauts. Si ce terrain est très sec, amendez-le en l’arrosant plusieurs fois pendant l'été avec de l’eau dans laquelle vous aurez fait dissoudre un peu de salpêtre. Une poignée de sal- pêtre suffit pour un grand arrosoir. Si le pays que vous habitez ne produit pas naturellement la Morille, il faut pour assurer le succès, jeter ça et là quel- 2 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. ques Morilles pour semences. Des Morilles sèches peuvent suffire. Le résultat est plus certain avec des Morilles fraiches. Huit ou dix Morilles suffisent pour en introduire le mycelium dans un espace de trente à quarante mètres. Une fois que la Morille a été installée, elle se ressème d'elle-même pourvu que l’on renouvelle les conditions de germination et de fer- mentation que je vais indiquer. En automne, quelques jours avant l’époque où l’on a l'ha- bitude de donner une couverture aux plants d’'Artichauts pour les protéger contre les rigueurs de l'hiver, répandez autour des pieds d’Artichauts, de la manière la plus égale possible et de facon à recouvrir le terrain légèrement, sans dépasser une épaisseur d’un centimètre, du marc de Pommes ayant servi à faire du cidre. Egalisez avec un rateau et pié- tinez là où l'épaisseur de la couche de marc serait trop orande afin de la réduire. | Dans les pays où l’on fait du Cidre, rien n’est plus.simple que de faire réserver du marc de Pommes. On le met en tas peu considérables et en plein air pour qu'il ne fermente pas avant d'être étendu sur les Artichauts. Dans les pays où l’on ne fait pas de Cidre, il faut prendre ses précautions d'avance, écrire à quelqu'une des adresses si fréquemment publiées dans les journaux pour la vente du Cidre et se faire envoyer du marc de Pommes, avant qu'il n'ait été utilisé pour faire de l’eau-de-vie. Il est essentiel que ce soit du marc de Pommes et non pas de Poires. Je ne saurais donner l'explication des raisons pour lesquelles le marc de Poires favorise la production des Pé- zizes plutôt que celle des Morilles ; mais dans mes essais de culture, j'ai toujours remarqué ce résultat. Sans doute les Pézizes sont comestibles. Elles pourraient sans que le con- sommateur s'en aperçut être mêlées dans un apprêt aux Morilles qui les couvriraient de leur parfum. Mais les Pézizes sont moins productives et sont en outre d’une qualité bien inférieure à la Morille (1). | | (1) Les Pézizes sont des champignons en forme de coupe. La Pézize qui croit dans les plants d’artichauts est la grande Pézize brune, ondulée et veinée. La vigueur de sa croissance la fait apparaître parfois tout à fait gondolée et frisée. La chair en est plutôt grossière et cassante. L’odeur est fortement nitreuse. Cette odeur disparait dans un bain rapide d’eau très bouillante, après cela, on peut mêler quelques Pézizes à beaucoup de Morilles, sans leur enlever leur mérite. LA MORILLE. 23 Ayez donc soin de vous procurer du marc de pommes lequel produira la combinaison ou la fermentation chimique justement appropriée à la végétation des Morilles de tous senres, et qui, dans la saison convenable, favorise, comme le ferait un engrais spécial, leur abondante production. Cette sympathie des Morilles pour le marc de pommes a déjà été signalée par quelques mycologues. On raconte qu’un la- boureur, ayant versé du marc de pommes dans un champ contigu à un bois où poussaient des Morilles, fut agréable- ment surpris en voyant au printemps son champ couvert de Morilles. Dans un pays très voisin de celui où j'habite, le propriétaire d’un parc avait invité une compagnie de pompiers et leur avait offert du vin et des pommes, Ce frugal banquet avait eu lieu dans une allée du parc. Les pompiers étaient restés en rang et avaient rejeté devant eux les débris des pommes qu'ils avaient mangées. Au printemps suivant, un régiment de Mo- rilles, disposées en un rang fort régulier, avait marqué dans les allées ombreuses, la place exacte que les pompiers avaient occupée l'automne précédent. En somme, il était facile de conjecturer que le marc de pommes répandu sur un terrain où les Morilles croissent na- turellement, en augmenterait artificiellement la production. Maïs la nouveauté de mon procédé, c’est qu'en appliquant cet engrais, ou bien ce ferment, à un terrain planté d’Arti- chauts, on peut obtenir la Morille, même dans un pays où elle ne croît pas naturellement, pourvu, cependant, que les cen- ditions de climat ne soient pas trop différentes de celles de l'habitat normal de ce champignon. Après avoir répandu le marc de pommes sur le carré d’Ar- tichauts, il faut le laisser s’essuyer, s'asseoir, pour ainsi dire, pendant une semaine ou deux. Ensuite, il faut ajouter une seconde couverture, non pas d'engrais, non pas de paille, mais de feuilles sèches. Le choix des feuilles n'est pas indiffé- rent. Les feuilles de Platane par exemple, forment un mau- vais résultat. Elles forment une couverture trop imperméable, trop massive, que les Morilles ont peine à soulever. La Morille alors avorte, ou bien se déforme, se contourne, grossit du piedet ne réussit à soulever les feuilles trop épaisses qu'après avoir acquis une grosseur difforme qui la rend beaucoup moins délicate. 24 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Les feuilles de charmille conviennent très bien. Les feuilles de Marronnier semblent aussi très avantageuses. Les feuilles de Hêtre, de Frêne, de Chêne, un mélange enfin des feuilles diverses que l'automne fait tomber sur la terre dans tous les parcs et les jardins, pourront très bien servir. On étendra sur ces feuilles de petites branches sèches pour empêcher que le vent d'hiver ne les emporte et ne découvre le terrain. Après l'hiver, vers le 1er avril, un peu plus tôt dans les pays précoces, un peu plus tard dans les pays moins chauds, il faut enlever les branches sèches qui retiennent les feuilles, et au moyen d’un petit rateau, enlever légèrement une partie des feuilles elles-mêmes. Cette opération doit se faire avec une certaine habileté et une certaine délicatesse. De cette opération dépend, si ce n’est la récolte elle-même, du moins la facilité de cette récolte. Si l’on enlève trop complètement. les feuilles, le terrain se dessèche, se durcit trop. Si on laisse trop de feuilles, les Morilles restent cachées et poussent avec moins de régularité. Il faut donc laisser une couche très légère de feuilles, de facon à maintenir l'humidité du terrain, sans gêner l’éclosion des Morilles qui aura lieu plus ou moins tôt, suivant la température ou l'altitude du terrain cultivé. C'est vers le 15 avril environ qu’on verra paraître les pre- mières Morilles. Il faut les surveiller pour les cueillir lors- qu'elles ont atteint une grosseur moyenne. Les pluies douces d'avril et du commencement de mai renouvellent, pour ainsi dire, les Morilles à vue d'œil. Dans les années suffisamment humides, et si le terrain n’est pas trop restreint, on pourra récolter les Morilles comme on récolte les asperges, tous les deux jours, si ce n’est tous les jours, en laissant, bien en- tendu, les Morilles trop petites sans les cueillir. La production naturelle et normale ne dépasse pas habituellement le 15 mai. La cessation de la poussée doit probablement être attribuée à la sécheresse qui ne manque guère de se faire sentir à cette époque. Peut-être pourrait-on, avec des arrosements à l’eau salpétrée, et en abritant le terrain sous des toiles humides, suspendues à 20 ou 30 centimètres de terre, prolonger la pro- dauction. Peut-être même pourrait-on obtenir des Morilles à une autre époque de l’année ? Mais les essais faits jusqu'ici ne sont pas suffisants pour l’aftirmer. Le seul fait certain est, qu'en mettant en œuvre le procédé LA MORILLE. a 25 que je viens de décrire, tout propriétaire de terrain planté d'Artichauts, peut obtenir sur ce terrain, au printemps, une récolte de Morilles. Il faut renouveler chaque année la cou- verture de marc de pommes et la couverture de feuilles. La production devient de plus en plus abondante, au moins pour quelques années. Ensuite, on peut changer le lieu de culture des Artichauts. Il semblerait, d’ailleurs, que les Artichauts s'épuisent eux-mêmes dans une certaine mesure, plus promp- tement que s'ils n'étaient pas soumis à la culture des Morilles. Mais sur une petite plantation, le déchet, si déchet il y a, ne vaut pas la peine d’être remarquée. On peut, d’ailleurs, al- terner la production par le moyen que voici. Chaque année, avant de donner la couverture de marc et de feuilles, on labourera et fumera soigneusement un tiers ou bien un quart du terrain consacré à la culture des Morilles. Par ce roule- ment de trois ou quatre ans, on rendra aux Artichauts toute leur vigueur de végétation, et l’on ne risquera pas de faire entièrement disparaître le mycelium, qui donne naissance aux Morilles (1). Sur un vaste terrain destiné à la culture des Artichauts pour la vente, il en serait autrement. Il faudrait alors admettre une perte légère mais appréciable dans le rendement des Ar- tichauts que l’on traiterait de manière à obtenir des Morilles. {1} Je ne crois pas qu'il soit possible de donner ur chiffre de rendement qui ait une signification positive. Une plate-bande d’Artichauts, longue de 6 mè- tres et large de 1 mètre 60 centimètres m’a donné environ trois cents Morilles. Voilà ce qui pourrait servir de base approximative. Mais c’est un résultat essen- tiellement variable. Le résultat certain de mon procédé est de faire pousser des Morilles là où il n'en viendrait point spontanément. Quant à l'abondance de la production elle est soumise aux mêmes conditions que pour les Morilles croissant spontanément. C'est-à-dire qu’il y a des années où il en vient en assez grand nombre et d’au- tres où elles sont plus rares. La période de fructification est plus ou moins lougue, suivant que les pluies douces de printemps continuent ou qu'elles font place à la sécheresse et à la trop grande chaleur. Je cherche précisément le moyen de conserver cette moiteur fraîche qui semble caractériser l’état du terrain au moment où les Morilles se développent. On pourrait alors prolonger la production qui est en moyenne d’une douzaine de jours et la faire durer, je suppose, pendant tout un mois. Mon procédé est surtout un procédé donnant satisfaction aux amateurs. Au point de vue industriel, je le présente surtout comme une culture surrérogatoire dont le bénéfice s’ajouterait à la culture prin- cipale des Artichauts. Et j'ai fait remarquer que mon procédé donne en même temps un résultat vraiment surprenant pour la quantité de sauvageons qui germent chaque année et peuvent servir pour une pépinière. 26 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. On peut cependant conseiller hardiment cette culture ; car la moins-value des Artichauts serait amplement compensée par le rendement des Morilles. En outre, comme le marc de pommes contient beaucoup de pépins et que ces pépins ger- ment admirablement sous la couverture de feuilles, le pro- priétaire du terrain planté d’Artichauts et de Morilles ajoute- rait à ces deux produits celui d’une pépinière composée, pour ainsi dire, d’un nombre indéfini de plants de pommiers. Si la propriété est voisine d’une grande ville, les Morilles, quelque abondantes qu’elles soient, se vendront probablement toujours fraiches. Mais en tout cas, il y aurait la ressource d’en faire des conserves en boîtes. Conservées dans de la glace de viande, les Morilles constitueraient un mets fort délicat qui serait extrêmement apprécié des gourmets. On pourrait alors les servir telles quelles dans des œufs brouillés qui, de l’avis de beaucoup d'amateurs, ne le cèdent que de-très peu aux fameux œufs brouillés aux truffes. Pour les personnes qui n’ont pas su encore apprécier les Morilles, j'indiquerai ici une recette très simple qui permettra à tout le monde de les apprêter. On trouvera dans les ouvrages de cuisine un grand nombre d’autres recettes pour varier l'emploi de ce délicieux champignon. Les Recelles.de ma tante, éditées à Neuchâtel (Suisse), par MM. Delavaux et Niestlé, consacrent à ce genre de cuisine un chapitre spécial très varié, dont j'extrais ce qui suit : Morilles à la Chaumont. — Épluchez vos Morilles : fendez- les en deux et lavez-les soigneusement. Faites chauffer du beurre dans une casserole, sautez dedans les Morilles, saupou- drez-les de farine, mouillez avec du bouillon, couvrez et mi- tonnez quinze minutes, Faites une liaison avec deux jaunes d'œufs, un décilitre de bonne crème, versez dans la casserole, laissez chauffer sans cuire. Épicez, ajoutez du jus de citron et servez chaud. II. JARDIN ZOOLOGIQUE D’ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE. CHRONIQUE. TEMPÉRATURES DU 10 AU 24 DÉCEMBRE 1888. Maxima, Minima. Plus haut, Plus bas. Plus haut. Plus bas, Bois de Boulogne...... ances Cr M0 To 1 3e, . = 70 Jardin de Marseille......... + 120 + ge + 9 — 0,1 Jardin d'Hyères.......... . + 19,5 + 10° + Go + 20 ronde Tours... ....,..…. + 190,2 L 140,6 — 405 — 3,3 Le Jardin zoclogique d'Acclimatation donne, depuis le 24 décembre. l'hospitalité à un détachement composé de sept Cosaques orthodoxes et de huit Circassiens mahométans, habitants du district de Koubin, dans le Caucase. Le chef de ce äétachement, riche propriétaire du Caucase, avait depuis longtemps le désir de venir voir la France ; il a eu l’idée, très originale, de se faire accompagner par un certain nombre de cavaliers portant les armes et le pittoresque costume national, de facon à pou- voir présenter aux Occidentaux les jeux militaires connus sous le nom de Dschigilof ka, qui passionnent à un si haut degré toutes les classes du peuple russe. La petite troupe a quitté le pays dans le courant d'octobre deruier, emmenant avec elle quinze chevaux des steppes, appelés chevaux cabardin. Elle a gagné par mer Odessa, et de là est venue jusqu'à Paris par les voies ferrées de l'Autriche et de la Suisse. Hommes et chevaux sont campés sur la grande pelouse du Jardin d'Acclimatation et se livrent tous les jours à des exercices vraiment extraordinaires. Les chevaux lancés au grand galop, on voit ces hommes étonnants, debout sur leurs selles, brandir leur sabre ou tirer la carabine. À la même allure, ils ramassent à terre de menus objets en se tenant accro- chés à la selle par les pieds ; ils mettent pied à terre et remontent en selle avec la plus grande légèreté sans modérer la rapidité de leurs montures. Ces exercices, et bien d’autres, sont exécutés couramment sur la piste des cirques avec des chevaux dressés, marchant à une allure réglée; mais ils présentent la plus grande difficulté lorsqu'il s’agit de les faire avec des animaux courant sur une ligne plus ou moins droite et à une allure qui est loin d'être régulière. Tous ces hommes font ces exercices avec une aisance et une sûreté parfaites. Après avoir assisté à cet intéressant spectacle, on comprend 25 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. bien la réputation qu'ont les Cosaques d'être les premiers cavaliers du monde. On sait que Cosaques et Circassiens ont guerroyé pendant de longues années les uns contre les autres; dans cette lutte, demi- séculaire, le sang cosaque s’est mêlé peu à peu au sang écherkesse, e finalement les vainqueurs ont adopté le costume et la manière de vivre des vaincus; aussi voyons-nous les hôtes actuels du Jardin vêtus du costume circassien. Un bonnet en peau d’agneau noir d’astrakan, à la laine frisée, terminé par un fond en laine d’un rouge vif orné de galons d'or, couvre la tête du Cosaque. Son corps est vêtu d’une grande redingote de drap de couleur serrée à la taille, descendant jusqu'à mi-jambe et bordée de riches galons d’or. Sur la poitrine, les larges cartouchières circassiennes, dont les tubes sont fermés chez les riches par des bou- chons de métal précieux finement travaillés. La redingote de drap en recouvre une autre de laine rouge également bordée de galons d'or. Un large pantalon de couleur sombre, entré dans des tiges de bottes en cuir souple qui serrent la jambe. Le pied est logé dans une sorte de brodequin en cuir doux. Pour marcher, le Cosaque, sans quitter son brodequin, chausse des souliers découverts. | Le cavalier cosaque ne porte pas d’éperons; il se sert pour manier sa monture d’un petit fouet (Nagajka) formé d'un manche de bois assez court et d’une larière large du bout. La bride du cheval, des plus simples, se compose d’un filet en acier auquel sont attachées deux rênes de cuir très minces. La selle munie d'un poitrail et d’une croupière, est formée intérieu- rement d'une carcasse en bois garnie de fortes ferrures, extrêmemen solides. Deux arçons saillants, l’un devant, l’autre derrière permettent au cavalier de s’accrocher solidement par les pieds et par les mains dans les divers exercices qu'on appelle Dschigitofÿka. Sur la selle proprement dite repose un coussin de cuir assez épais, garni de laine, et fixé par les deux sangles qui retiennent tout le système sur le dos du cheval. Les étriers, généralement ornés de ciselures sont larges et solides, ils sont soutenus par des étrivières de cuir très souple et ré- sistant quoique mince. | Le cavalier se trouve haut perché sur son cheval, il est presque droit, à peu près dans la position des chevaliers du moyen âge, et ses jambes sont constamment en contact avec la monture, ce qui lui donne une grande solidité les bottes étant, nous l’avons dit, de cuir souple ; ces bottes et toute la chaussure ont en somme une très grande analogie avec les bottes arabes qui sont faites elles aussi d'un cuir très flexible ct sans semelles. Les hommes appartiennent à divers types assez caractérisés mais trop divers pour que nous puissions entrer ici dans des détails à leur sujet. Qu'il nous suffise de dire qu'ils sont jeunes pour la plupart, grands, bien plantés, vigoureux, qu’ils ont l’air martial et plein d'énergie. JARDIN D’ACCLIMATATION. 29 Quoique petits (1" 45 environ) les chevaux portent facilement ces robustes cavaliers et fournissent sans effort apparent le travail rigou- reux qui leur est demandé. Les têtes sont souvent lourdes et mal attachées, mais la poitrine est bien ouverte, le rein toujours bon et les membres remarquablement puissants. Ces animaux, qui ont beaucoup de sang oriental, ont tous les caractères auxquels on peut reconnaître les chevaux capables de grandes résistances. Notre public a fait trés bon accueil à cette exhibition malheureu- sement incomplète; il a pris grand intérêt à voir ces cavaliers extra- ordinaires succéder sur la pelouse aux Kalmoucks, aux Gauchos qui eux aussi sont des maîtres dans l’art de manier le cheval. Arrivages. — À celte époque de l’année le mouvement des entrées est bien peu considérable, nous signalerons cependant à l'attention du lecteur : 1° Un lot de Colins houis (Orlyx Virginiana), nés chez divers amateurs des oiseaux que nous avions importés d'Amérique, au printemps. Ces reproductions, obtenues en volière, ont de l'intérêt sans doute, mais nous devons encourager nos collègues, grands propriétaires, à essayer de naturaliser le Colin houi à l’état libre. Dans les contrées où la neige est rare, celte introduction réussirait à coup sûr. 2 Un arrivage très inattendu de Colins à poitrine noire (Oréyx pec- toralis), du Mexique. C’est la première fois, pensons-nous, que cette espèce est importée en Europe. Elle ressemble considérablement au Colin de Virginie; aussi faut-il quelqu’attention pour distinguer les femelles des deux espèces. Cependant le Colin mexicain est un peu plus petit que l’autre. 11 sera intéressant d’éludier ce nouveau venu pour voir si ses mœurs sont les mêmes que celles du Colin houi. 3° Un lot de Canards Casarka (Casarka cana) de l'Inde et d'Anser Tndicus. Si les arrivages de Casarka indiens continuent, cette espèce deviendra bientôt plus commune que celle du Casarka du bassin de la Méditerranée et ce sera grand dommage, car ce dernier cest de beau- coup le plus rustique. 4° Plusieurs Céréopses (Cereopsis Noræ-Hollandiæ) importés d'Aus- tralie. Nous sommes toujours heureux quand nous pouvons acquérir des oiseaux de cette espèce arrivant du pays d'origine, caril y a grand intérêt à mélanger ce nouveau sang à celui des Céréopses qui, depuis bientôt trente ans, reproduisent sans cesse entre eux dans nos jar- dins zoologiques et chez un grand nombre d'amateurs. III. CHRONIQUE DES COLONIES ET DES PAYS D'OUTRE-MER. Chronique de l'Amérique du Nord. Papier de Canne à sucre. — C’est un fait connu depuis longtemps que les tiges de la Canne à sucre peuvent servir à fabriquer un papier de première qualité et nous sommes éltonnés, qu'aujourd'hui, en présence de la trop grande production &e sucre qui tend constamment à déprécier la valeur de ce produit, et par contre de la consommation toujours croissante du papier, on n’ait pas encore songé à mettre en pratique cette industrie, qui permettrait aux planteurs de Cannes à sucre de tirer un meilleur parti de leurs cultures. Les fibres de la Canne à sucre donnent un papier de qualité supé- rieure et le travail mécanique ou chimique, que réclame cette indus- trie, est des plus facile. En effet, le sucre contenu dans les tiges con- iribue beaucoup à éloigner les silicates ; on sait qu’un alcali sucré est préférable à l’alcali ordinaire, employé généralement dans ce but. On nous écrit de la Nouveïle-Orléans qu’un certain M. Walter P. Forbes, montre actuellement dans cette ville une douzaine d’échan- tillons de papier blanchi de cette provenance, d’une beauté remar- quable. La première qualité de ces papiers ne revient qu'à 21 francs les 100 kilogrammes. Or, en comptant que les tiges de 500,000 kilogrammes de Cannes à sucre produisent 10,000 kilogrammes de papier à 21 francs les 100 ki- logrammes, on trouve une valeur supplémentaire de 2,100 francs à tirer de la Canne à sucre. Il y aurait une industrie à créer dans nos colonies sucrières des An- tilles et de l'Océan indien qui en vaudrait certainement la peine. La culture du Rix aux États-Unis. — Voici les renseignements que nous puisons dans un rapport de M. le D' W. C. Stubbs, directeur des Stations d'essai, publié par le Sugar-Bonwi and Farm Journal. Le Riz communément cultivé aux États-Unis est l'Oryra safiva. Les botanistes décrivent quatre espèces de Riz, mais il est probable que ce ne sont que quatre variétés : Oryza sativa, riz ordinaire. Oryza mutica, riz sec des montagnes. Oryza præcox, riz de printemps. Oryxa glutinosa, riz glutineux. Le Riz ordinaire paraît être le seul cullivé dans la Louisiane. Dans la Caroline, il formait pendant fort longtemps un produit de premier ordre. Il y fut introduit en 1698 par un nommé Dubois, tré- sorier de la Compagnie des Indes-Orientales, qui fit cadeau à un né- gociant de la Caroline d’un petit sac de Riz. On dit aussi qu’un navire hollandais, venant de Madagascar, apporta, un peu plus tard, du Riz CHRONIQUE DE L’AMÉRIQUE DU NORD. 31 dans ce même État et l’on attribue à ce fait l'existence de deux sortes de Riz dans la Caroline. Nous ajouterons ici que les variétés de Riz sont très nombreuses en Extrême-Orient. À Java et en Cochinchine, on rencontre, entre autres, une sorte de Riz des montagnes, Padi Gummi, qui, dans les monts Himalaya, pousse même jusqu'aux extrêmes limites des neiges, et qui ne réclame pas d’autre humidité que celle des pluies ordinaires, peu fréquentes pendant la saison des cultures. Dans la Louisiane, on sème le Riz à la main et l’on emploie pour cette opération de 1 à 3 buskbels par acre. On passe ensuite la herse. Le terrain est traversé par des fosses et des digues afin de pouvoir l’inonder selon les besoins. Les semailles durent de mars à juin. Les méthodes d'irrigation dif- ferent selon les idées des planteurs. Quelques-uns submergent les terres immédiatement après les semailles et laissent écouler les eaux dès que le grain commence à grossir. D’autres laissent germer le Riz complètement sans eau. Certains font germer le grain avant les semailles en le plongeant dans des sacs dans des étangs. Mais tous inondent les terres lorsque le Riz a atteint une hauteur de 3 ou 4 pouces anglais en ayant soin que les feuilles supérieures sortent un peu de la nappe liquide. La submersion est maintenue jusqu’à la récolte. On laisse alors les terres sécher un peu pour donner de la force aux épis et pour faciliter la besogne du moissonneur. Le Riz des montagnes et des hauts plateaux diffère complètement de ceux des plaines. On rencontre de petites cultures de Riz des montagnes dans l’Ala- bama, le Mississipi et la Louisiane. Elles servent exclusivement aux besoins de la localité. Pour ces cultures de Riz, on travaille la terre à la charrue et à la pioche. Il existe une variété au grain allongé et à Ja paille rougeâtre, qui réussit très bien dans les hautes terres. Il paraît que le goût de ces cultures augmente, car, à la demande des cultiva- teurs, les stations d'essai se préparent à faire une série d’expériences afin de mieux connaître les engrais et les procédé$ favorables à ces plantations. ) | En ce qui concerne les maladies du Riz, on mentionne seulement une espèce de rouille, appelée PBrusone, qui empêche l’épi de s’emplir. On n’en connaît pas la cause, mais on la prévient facilement en chan- geant les grains pour les semailles. Dans la Louisiane, cette maladie se présente souvent lorsqu’on cultive des terres neuves. De même qu'aux Indes et en Chine, le Riz est la base de l’alimenta- tion dans la Caroline et la Louisiane où on le préfère à tous autres farineux. Partout ailleurs aux Étals-Unis, on n’en mange que de temps en temps, comme en Europe ; il sert surtout dans la pâtisserie. Nous croyons que cette consommation limitée tient surtout à ce que l'on ne connaît pas celte manière particulière de cuire ie Riz, en 32 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. usage dans les pays chauds et qui conserve aux grains leur parfait isolement au lieu de produire cette espèce de masse gluante qui figure sur nos tables. I] ne serait peut-être pas mauvais dans l'intérêt des plaitétes d'envoyer des agents aux Expositions européennes qui installeraient de petites cuisines où l’on montrerait aux visiteurs cet art culinaire des tropiques. Nous savons par expérience que tout Européen ayant vécu quelque temps dans les régions tropicales, regrette à sa rentrée sa table de Riz à l’indienne. La culture du Riz n'appauvrit pas sensiblement le sol. Pour connaître les engrais qui lui sont profitables les stations américaines ont fait depuis deux ans des expériences dans la planta- tion de M. H. $S. Wilkinson. Mais on n’est pas encore fixé, ni suc la pature, ni sur l’emploi des engrais pour cette culture. Jusqu'à présent on a éparpillé les divers engrais pulvérisés dans les champs avant les semailles, mais ce procédé n’a pas donné de résuitats satisfaisan(s. L'année dernière, un cultivateur ayant par erreur labouré ses terres avant d'y introduire l’engrais n’eut qu’à s’en féliciter à l’époque de la récolte. Il serait possible que cette erreur ait fourni la solution du problème. Voici un petit tableau des essais qui ont eu lieu en 1887 sur les plantations de M. Wilkinson: “ < j PAILLE RIZ BRUT BARILS QUANTITES D ENGRAIS EMPLOYES obtenue par | obtenu par |de 162 livres NUMÉROS DES ESSAIS. PAR ACRE. acre. acre. par acre. 1 Dans engrais MER 2. Len 2,896 Ibs.|: 1.500 Ibs. 9 26 | 2 300 livres de farine de graines de COLON Sn ee 0e deu opens 3.086 1.515 : 9.33 3 150 livres d’acide phosphorique. .| 9 030 1.296 < 300 livres de farine de graines de) | ’ ; NN RUE RE ro 9,872 | 1.236 | 7.63 150 livres d’acide phosphorique.. 5 | Sans EDS TA ISLE ER RE 9 802 1.379 8.51 { 300 livres de farine de graines de 6 CONNAITRE GER Manqué. | Manqué. » ( 50 livres de kainit (?}.......... . 150 livres d’acide phosphorique.. M ï ° 50 livres de kainit (?)........... | 2.724 Ibs.| 1.254 Ibs.| 7.74 | 300 livres de farine de graines de; COLOR PERCE ESS RE À . 150 livres d’acide phosphorique.. 4.017 2.082 12.85 00-livres’dekaïnit (720.0 } 9 | DENSICRSTAISS LATINE EUR USE 2.730 1.274 7.84 CHRONIQUE DE L’AMÉRIQUE DU NORD. 33 L'engrais de l'essai n° 8 fut éparpillé sur la terre labourée, juste au moment où l’on passait la herse après les semailles. Pour les autres essais, l'opération fut faite avant le passage de la charrue. Le mélange des matières formant les divers engrais eut lieu les 18 et 19 avril pour s’en servir le 21 avril suivant. Les semailles eurent lieu les 21 et 23 avril et la coupe du 29 août au 2 septembre. On croit que pour tous ces essais, exceplé le n° 8, les engrais ont pénétré trop avant dans le sol, et dans ces conditions, n'ont pu atteindre les racines légères supérieures du riz. Seul ce n° 8 a donné des résultats satisfaisants, et dans ce cas seulement, l’engrais était resté presque à la surface. Pour les essais de l’année prochaine, on aura soin de surveiller ce fait qui est d’une im- portance extrême. Pour le moment la station d’essai n’est donc pas encore en mesure pour pouvoir recommander avec connaissance de cause tel ou tel en- grais pour la culture du Riz, mais elle pense qu’un mélange de deux parties de farine de graines de coton et une partie d'acide phosphorique éparpillé sur le champ au moment où l’on passe la herse après les semailles, sera satisfaisant dans les terres noires. Dans les terres sa- blonneuses, il sera bon d’y ajouter 200 livres de Kaiïinit par tonne du dit mélange. Le Thé roussi au Japon. — Si nous agitons cette question dans une chronique américaine, c’est à propos d’un fait qu’on trouvera plus loin. Le Thé ordinaire du Japon {Sencha), qu’on sèche à une température de 70° à 80° C, contient encore d'assez grandes quantités d’eau (10 à 11 0/0) et demande, pour cette raison, beaucoup de soins pour être conservé. Cependant les Japonais débitent ce thé en détail et le con- servent dans de grands pots de terre hermétiquement fermés. De temps en temps il leur arrive de le sécher une seconde fois sur un faible feu de charbon. Le Thé destiné à l'exportation est invariablement séché une seconde fois aussi bien en Chine qu’au Japon, afin d’éloigner complètement l'humidité et de le rendre inaltérable pendant le voyage. Le Thé ainsi roussi est immédiatement mis dans des boîtes en fer blanc soudées et ne peut plus absorber l’humidité de l’air. Pendant ce deuxième pas- sage au sechoir, on colore le Thé avec une teinture bleue ordinaire- ment du bleu de Prusse (4ydrocyanate de fer) qui lui donne un éclat au- quel les Américains du Nord surtout, tiennent absolument comme preuve irréfutable que le produit vient du Japon. Or, d'après les expériences faites par MM. les docteurs O. Keller et Y. Movi au Japon, cette extrême sécheresse du Thé n’est obtenue qu’au détriment de sa qualité, c’est-à-dire que la théïine s'évapore en grande quantité avec l’eau dans les étuves ventilées. 3 34 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Quant à la coloration, il paraît que c'est un procédé indispensable pour conserver au thé japonais la réputation dont il jouit. On pour- rail peut-être employer plutôt l’indigo ou la laque qui nous paraissent moins nuisibles que le bleu de Prusse, quoique ce dernier ait été employé en médecine comme antispasmodique ainsi que le laurier- cerise. Ce -sont les consommateurs qui, sous l'influence d'un préjugé dé- plorable obligent l’exportateur à continuer cette coloration artifi- cielle et lorsqu'on signala contrairement à Washington ce fait au Mi- nistre chinois comme une fraude, celui-ci répondit avec raison : « Nos producteurs colorent votre thé de toutes les nuances de l’arc-en-ciel. selon vos goûts. » Pourquoi ne voulez-vous pas boire, comme nous, du thé naturel ? D' H. MEYNERS D'ESTREY. IV. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. La longévité des animaux. — On se demande souvent quel est le : maximum de longévité des animaux ? Il a été constaté que les herbivores, ceux surtout qui sont astreints au travail, vivent généralement plus longtemps que les carnivores. C’est ainsi qu’un âne âgé de 106 ans est mort il y a quelques années à Cro- marty (Amérique) ; il appartenait à la même famille depuis 1779. On cite plusieurs chevaux qui sont arrivés à 40 ou 50 ans et même plus; un cheval de halage mourut à Warrington âgé de 62 ans; un autre cheval mort à New-York âge de 38 ans, travailla presque jusqu’à son der- nier moment. Une mule atteignit à Philadelphie l’âge déjà respectable de 42 ans, une autre mule nommée « Puss », âgée de 40 à 45 ans, travaille encore à Mcacon, près de San-FrancisCo. Des vaches sont mortes à 20 et 25 ans. Une brebis née en 1829 à Kalinowitz, resta féconde pendant 20 ans et mourut en 1550. Quant aux carnivores, une chienne épagneule vient de mourir en Amérique, âgée de 28 ans, ct on cite un chat qui atteignit l’âge de 29 ans €t 2 mois. HP: L'exportation et l'importation des Chevaux en Angleterre.— Pendant les sept mois qui viennent de s’écouler, dit Ze Live Stock Journal, l'Angleterre a exporté 6,582 Chevaux, valant 10,340,625 francs. Ces chiffres présentent une augmentation très appréciable sur la méme période de l’année précédente, pendant laquelle 4,746 bêtes seulement, d'une valeur de 6,664,850 francs avaient quitté le pays. Sur les 6,582 Che- vaux exportés dans les premiers mois de 1888, on trouve 1,534 étalons, dont 117 expédiés en Hollande, 47 en Belgique, 23 en France, 459 aux États-Unis, 690 dans les possessions anglaises de l'Amérique du nord, et 298 en d’autres pays. Les Jumenis sont au nombre de 2,910, dont 394 pour la Hollande, 455 pour la Belgique, 355 pour la France, 482 pour les États-Unis, 391 pour l'Amérique septentrionale anglaise, et 352 pour d'autres pays. L'importation, elle aussi, a suivi une marche ascendante : 6,687 Che- vaux d’une valeur de 3,151,125 francs, dont 403 étalons ect 840 Juments, au lieu de 5,598 valant 2,774,425 francs l’année précédente. Les Chevaux exportés atteignent donc un prix moyen de 1,571 francs, tandis que celui des animaux importés est seulement de 471 francs. H;'B: Les autrucheries du Cap. — Le nombre des Autruches élevées au Cap de Bonne-Espérance, dans des élablissements qui font généralement 36 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. usage de l'incubation artificieile, est évalué à 106,000. Elles fournissent chaque année pour %5 millions de francs de plumes. (Geflügel Markt.) H-"B. La disparition des Oiseaux-Moqueurs. — L'Oiseau-Moqueur, ce ravissant chanteur de la région centrale américaine, dont il est à la fois le moineau et le rossignol, est menacé d’une disparilion prochaine, si des mesures efficaces ne sont prises pour le protéger. Robuste, coura- geux, énergique, ne craignant pas le contact de l'homme comme la plu- part des autres oiseaux, la civilisation ne paraissait pas lémouvoir. S’enivrant l'été de baies savoureuses, il voletait ça et là, se heurtant aux individus rencontrés sur son passage. Les rapaces ne l’effrayaient pas, l'introduction dans sa patrie de l’épervier, venu d'Angleterre, n’avait pu le troubler et on voyait quelquefois cinq ou six de ces intrépides passe- reaux mettre en fuite un Hibou ou même un Faucon. L’affranchisse- ment des nègres dela Louisiane, où les Oiseaux-Moqueurs étaient sur- tout abondants, vint porter la première atteinte à leur état de quiétude. Chaque nègre, devenu libre, se procura un fusil et lui demanda de sub- venir à sa nourriture quotidienne, mais, afin de s’épargner toute fatigue, ces chasseurs improvisés harcelèrent la gent ailée qui affluait autour des habitations, et renouvelant, aux dépens des Oiseaux-Moqueurs, les rôtis de rossignols des gourmets romains, ils en détruisirent ur nombre in- calculable, puis refoulèrent les survivants dans les forêts. Les tribulations de l’infortuné passereau n'étaient pas terminées. Les dames américaines s'étant prises d’une belle passion pour les oiseaux d’appertement, les chasseurs se mirent à rechercher les nids d’Oiseaux- Moqueurs dont ils enlevaient les jeunes. Cet habitant des grands bois s'accoutume difficilement à la vie recluse, et préfère souvent la mort par la faim à la captivité, aussi compte-on généralement que pour un oiseau partant de la Nouvelle-Orléans, le centre d’expédition le plus important, il en est mort deux ou trois. On capture tous les mois cinquante mille Oiseaux-Moqueurs environ, dans le voisinage immédiat de cette ville d'où ils sont expédiés sur Pittsburg, Cleveland et New-York. La ligne de Cincinnati seule en enlève deux à trois mille par semaine. Voulant du moins, si cette espèce est appelée à disparaître, en conserver le souve- | nir, un Louisianais proposait récemment de faire figurer dans les armes de cet Etat un Oiseau-Moqueur à la place du Pélican actuel. Il basait sa demande sur la similitude existant entre le caractère à la fois enjoué et énergique de l'oiseau et celui des habitants de la Louisiane. H. B. Le Colombier militaire de Massaouah. — Les Italiens ont installé à Massaouah un colombier permettant aux postes isolés et aux déta- chements envoyés en reconnaissance, de faire rapidement connaître au quartier général tous les événements qui se passent dans leur zone d'action. Les postes de Digdegha, les puits de Tala, les reconnaissances CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 31 envoyées sur Ailet, Assen, etc., reçoivent des Pigeons qu’ils lâchent à des heures fixées d'avance ou quand ils ont un avis à transmettre, et leurs dépêches sont aussitôt envoyées de Massaouah au quartier général de Saati. Suivant la durée plus ou moins longue de son absence, on remet à chaque détachement 3 ou 4 Pigeons portés par un soldat dans une cage faite de bambou et de filet. Les graines et l’outre contenant l’eau nécessaire aux besoins des oiseaux messagers, sont confiées à un caporal. La dépêche écrite sur une feuille de carnet, s'attache à une des plumes de la queue du Pigeon, mais si les cir- constances ne permettent pas d'écrire, on a recours à une série de signes conventionnels. Plusieurs Pigeons arrivant simultanément sans dépêche, avec quelques plumes de la queue enlevées, annoncent par exemple l'attaque du détachement auquel ils étaient affectés. Quand il pleut, ou que les communications sont confidentielles la dépêche est roulée dans un tube de plume d'oie dont on cachète les extrémités. En pénétrant dans le colombier, le messager fait fonctionner une trappe qui l'empêche de ressortir et l’isole des autres Pigeons, pen- dant qu'une sonnerie électrique mise en mouvement par le poids de son corps, avertit le sergent de garde de venir prendre la dépêche. (Esercito italiano). Hi Bt L'alimentation des Carpes (d'après la Landmirthschaft Zeitung). — En Allemagne, où la culture des eaux préoccupe à bon droit, on nourrit avec soins les Carpes. Comme pour tous les animaux, la nourriture doit toujours leur être distribuée en un même point du réservoir, qu’on choisit planté de quelques jones, ou à fond tapissé d'herbes, les poissons fréquentant surtout ces endroits. L'emplacement ne se trouvera pas trop près du bord, afin que les maraudeurs ne puissent voler les Carpes qui s’y rassemblent ; l’eau y aura 0 =,60 environ de profondeur. Les Carpes sont seulement nourries du milieu d’avril à la fin de septembre, et deux fois par semaine. L’importance de la ration bi-heb- domadaire dépend de la nature du fond de l'étang, qui leur fournit un supplément plus ou moins abondant de nourriture. Elles seront plus fortes quand le fond est de sable, par exemple, que s’il est d'argile grasse. En observant, du reste, pendant les premiers jours du régime si les aliments sont immédiatement consommés ou si une partie en est aban- donnée au fond de l’étang, on règle facilement l'importance des distribu- tions. Le Lupin, les Pommes de terre, le Maïs, tenu en haute estime par les Carpes, et les Châtaignes, sont indifféremment recommandés, après avoir été cuits à l’eau, ainsi que les Pois gonflés par un séjour de deux. heures dans l’eau froide, les drèches de brasserie, et le son ; le choix à faire entre ces matières dépendant uniquement de la plus ou moins grande abondance de l’une ou de l’autre dans la région, abondance qui permet de l’obtenir à bas prix. Le Lupin contient un principe amer dont on le débarrasse en lui 38 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. laissant passer la nuit dans l’eau, avant de Ie faire cuire dans une eau nouvelle, mais les Carpes mangent également les graines cuites sans avoir subi ce traitement préalable. Les Pommes de terre sont écrasées après leur cuisson, mais non réduites en bouillie. Les Châtaignes, cuites, sont broyées dans un concasseur à tourteaux, les carpes qu’on en nourrit deviennent surtout grasses et lourdes. Les drèches et le son préalable- ment humectés, sont déposés avec quelques précautions à la surface de l'étang, afin d'empêcher leur dispersion. H. B. Colorant végétal pour les vins. — ]l paraît que, depuis quelque temps, on vend à Reims sous le nom de Maqui ou Macqui, des baies pisiformes dont le rôle est de rehausser le ton des vins trop faibles en couleur par suite d’un mouillage trop abondant, ou de colorer les vins de raisins secs. ï Il serait à souhaiter que toutes les drogues qui entrent aujourd'hui dans la composition des vins ne fussent pas plus dangereuses que. ceile-là. En effet, ces fruits, légèrement acidulés, qui proviennent de l’'Aristo-. telia Maqui (Maqui ou Clou à Maqui, des Chiliens), sont employés dans leur pays à la confection de glaces ou de confitures et pour donner aux vins une couleur aussi bien recherchée au Chili que chez nous. Cet arbrisseau qui atteint 3-4 mèires de haut réussirait très probable- ment dans la France méridionale, son aspect est assez ornemental et ses fruits ne constituent pas son seul mérite. Suivant M. J. Poisson son bois, léger et fragile, mais durcissant promptement avec le temps, peut étre utilisé pour faire des instruments de musique, des ornements mobi- liers, etc., son écorce peut s'employer comme notre osier, pour faire des liens ; ses feuilles, séchées et pulvérisées sont en usage pour hâter la guérison des blessures, fraîches, elles servent en gargarismes dans les maux de gorge ; enfin on les applique en topique pour combattre les ac- cès de fièvre. Les matières colorantes du Maqui et du Sureau ont à peu prés les mêmes réactions. Cependant M. le professeur Lajoux qui attire l’attention publique sur ces fruits indique le moyen suivant de les distinguer : A 2 centimètres cubes de vin on ajoute 10 centimètres cubes d’une solution de carbonate de soude cristallisée à 1/200, on obtient à /roid une coloration d’un vert bleuâtre, devenant peu à peu jaunâtre : à chaud, cette coloration jaunâtre est très marquée. Tandis qu’au sureau le même réactif communique tantôt une teinte lilas ou vineuse qui, à chaud, passe au jaune, tantôt au vert bleuâtre. F6: V. BIBLIOGRAPHIE. Les sciences naturelles et l’acclimatation en Russie. (Suite). Aquarium d’un amateur. Description détaillée de la flore et de la faune d’un aquarium ; sa construction et son entretien par N.-Ph. Zo- lotnitzki, etc. (avec 90 fig.). Moscou, 1885. Cet ouvrage, assez complet et intéressant à plusieurs titres, présente une réelle utilité pour l'amateur d’aquariums. Il gagnerait cependant beaucoup s’il y avait plus d'ordre et plus de méthode dans la distribution des sujets. Ce volume est divisé en douze chapitres : Le Le: traite de la construction des aquariums et de ses accessoires : grotte, fontaine ou jet d’eau, etc., du choix du sable pour fond; de l’arri- vée et de l'écoulement de l’eau et enfin des vases pour plantes submergées et de la manière de se procurer et de planter ces dernières. Le Ile chapitre est consacré aux Plantes: Plantes d’eau vive et de marais et Plantes aériennes. L'étude de ces dernières est divisée en A paragraphes: Plantes qui servent à l’ornement de la grotte, Plantes rampantes et pendantes, Plantes grimpantes, etc., pour ornement de la fenêtre près de l'aquarium et du treillage qui sert à le recouvrir, enfin, plantes exigeant peu de lumière pour les aquariums tenus dans des lieux obscurs. Le Ille chapitre est réservé aux Poissons exotiques. Le IVe est plus intéressant, puisqu'il traite des Poissons de Russie, qui peuvent être élevés en aquarium, soit de chambre, soit de jardin. Les lecteurs de la « Revue » nous sauront gré, ie l’espère, de les avoir classés par ordre alphabétique, car quelques-uns ne sont que peu ou pas connus en France et mériteraient certainement de l'être, ce sont: Abramis brama; Acipenser ruihenus; Acerina cernua et Rossica; Alburnus bipunctatus et lucidus; Anguilla fluviatilis ; Aspius rapaz ; Carassius vulgaris, et de var.; Chondrosioma nasus; Cobitis barbatula, fossilis et tænia; Cottus gobio ; Cyprinus carpio, gibbosus et Kollarüii; Esox l'ucius ; Gasterosieus aculeatus et pungitius; Gobio fluviatilis, de var. et wranoscopus ; Idus melanotus; Leucaspius delineatus ; Leuciscus rulilus et de var.; Lota vulgaris ; Lucioperca sandra; Perca fluviatilis ; Percarina Demidoffii; Petromyzon Planeri; Phoxinus levis ; Rhodeus amarus ; Salmo fario; Scardinius erythropthalmus et de var.; Silurus glanis; Squalius dobula et leuciscus; Tinca vulgaris. Les chapitres V à IX traitent successivement : des amphibies, des mol- lusques, des crustacés, des arachnides, des insectes, des acalèphes (polypo-méduses), etc. pour aquariums. Le X° s’occupe des soins que nécessite l'aquarium, du nettoyage de ses 40 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. diverses parties, de la position et de l'éclairage qui lui conviennent, des accidents qui peuvent arriver aux vitres, etc., de l’eau en général (quan- tité nécessaire, moyen de la changer, température, dépôts, nuages, écumes, irisations, bulles de gaz, végétations parasites et autres impuretés qui apparaissent à sa surface, dans le fond ou sur les plantes, etc., et moyen d’y remédier, apparition de petits vers dans le fond de l’eau), de la nourriture pour les jeunes et les adultes, des moyens de la leur faire prendre et de la conserver, etc. | Enfin l’auteur indique les divers parasites des Poissons, leurs maladies, les moyens de les reconnaître et de les combattre. Malheureusement toutes ces questions ne sont pas traitées avec l’ordre que nous avons mis dans leur énumération, mais plutôt un peü au hasard; nous avons d’ailleurs dit plus haut que l'ouvrage entier ne bril- lait pas principalement par la méthode. Dans ce chapitre, M. Zolotnitzky indique un moyen d'étudier commodé- ment au microscope les Tétards, les Larves et en général tous les petits animaux vivanis. Bien que ce moyen soit fort connu, nous croyons utile de le rappeler à cause de son utilité pratique; sans ce moyen, il serait impossible de faire un grand nombre de recherches, l’animal, grâce à ses mouvements, s'échappant sans cesse du champ visuel. Il consiste simplement en une légère piqüre faite au moyen d’une aiguille ordinaire trempée dans du curare. On sait que ce produit a la propriété de paralyser les terminaisons des nerfs moteurs sans avoir d’ac- tion sur les nerfs sensitifs ou sur les autres fonctions. Dans Ile XIe chapitre, il est question du transport des Poissons et des appareils qu’il nécessite; de la reproûuction, de l'élevage des jeunes {type d’un aquarium pour la reproduction), du frai (moyen de le recueillir, de le transporter, de le conserver, de le féconder artificiellement, de le faire éclore), etc. Citons à ce propos l’appareil Sabanieff, consistant en un sac en écorce de tilleul tressée pour l'éclosion du frai et l'élevage des jeuncs en rivière, appareil qui, dans sa simplicité, rend de réels services et mériterait d’être plus répandu. Enfin, l’auteur fait connaître les instruments et appareils nécessaires à l'amateur d’aquariums et revient sur quelques détails, tels que la construc- tion des grottes, l'entretien des plantes dans des coquillages, au moyen d’éponges imbibées d’eau, laquarium-tableau, etc. Le XIIe chapitre, comme la fin du précédent d’ailleurs, est consacré aux omissions et aux additions, Ce qui prouve que la critique que nous avons adressée à cet ouvrage est bien fondée. Citons dans ce supplément, l’élevage des Macropodes et de leurs jeunes, la reproduclion en aquarium des Poissons dorés, des Amblystomes et de l’'Anadonta, et, enfin, dans tous ses détails, la curieuse transformation de l'Axolotl en Amblystome, au moyen de Tétards choisis, qu’on habitue suc- cessivement à des fonds d’eau de moins en moins considérables et à un séjour hors de l’eau de plus en plus prolongé. BIBLIOGRAPHIE. 41 A la fin de cet ouvrage, est inscrite l'adresse des marchands d’aquariums et accessoires, de poissons, etc. Comme on le voit, malgré bien des imper- fections et des omissions, cet ouvrage est encore fort utile à consulter pour l’amateurs d’aquariums. C’est pour ce motif que nous avons songé à en entreprendre la traduction en y apportant les modifications indispen- sables. Plantes d’eau pour aquariums de chambre, de jardin et d’oran- gerie. Manuel pour l'entretien, l'élevage et la reproduction de ces plantes, par N. F. Zolotnitzky (avec 53 gravures). Moscou, 1887. Ce manuel est, pour ainsi dire, le complément de l'ouvrage qui pré- cède. Hâtons-nous de dire qu'il est fait avec un peu plus de méthode. Dans la première partie, l’auteur traite de la construction, de l’aménage- mentet de l'entretien des aquariums pour plantes aquatiques, suivant qu’il s’agit d’aquariums pour chambres (eau à température ordinaire et eau chauffée), d’aquariums pour jardins, ou d’aquariums pour orangeries. Rappelons à ce propos un précepte d'une grande importance pour ces aquariums spéciaux : c’est qu’il faut éviter un excès d'oxygène. Aussi faut-il prohiber d’une façon générale les fontaines et les jets d’eau qui entraînent mécaniquement ure si grande quantité d’air, que la surface de l'eau se recouvre bientôt d'une couche plus ou moins dense de bulles. Cette nappe aérienne persiste d'autant plus que l’air continue à être entraîné constamment par la chute d’eau. Cet inconvénient n'existe plus, ou, tout au moins, est fortement atlénué, lorsqu'une eau courante traverse le bassin ou l’aquarium, ou lorsque le trop-plein s'écoule régulièrement par la surface, ce qui revient au même, le courant entraînant alors l'excès d’oxygène produit par les plantes ou Charrié par le jet d’eau. Il en est de même, on Ile conçoit sans peine, si l'aquarium renferme en même temps des poissons qui consomment au fur et à mesure une assez grande quantité d'oxygène pour rejeter de l’acide carbonique. Mais lorsqu'on tient surtout aux plantes, il faut éviter d'introduire dans l'aquarium, comme on serait tenté de le faire, une trop grande quantité d'animaux aqualiques quelconques, parce que, dans ces conditions, les plantes ne tardent pas à se couvrir de taches et d’enduits tout au moins d’un vilain aspect. Quant au sol de l'aquarium, M. Zolotnitzky recommande de le composer comme il suit : d’abord 1 à 2 pouces d'argile ; par dessus, autant de tuf, et, enfin, sur le tout, une couche de sable de rivière bien lavé, d'environ un travers de doigt d'épaisseur. On enterrc dans ce sol les vases destinés aux plantes qui éemandentun fond spécial et qui sont arrachées d’ailleurs, autant que possible, avec une quantité suffisante de la terre ou du limon qui les entoure. Dans un second chapitre, il s’agit des plantes étrangères à la Russie, 42 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. divisées en: 1° Plantes aquatiques proprement dites ; 2 Plantes surna- geantes ; 3 Plantes d'eaux stagnantes; 4, qui vivent profondément ; b, qui siègent à peu de profondeur. Enfin le chapitre qui suit, avec les mêmes subdivisions, s'occupe exclusivement des Plantes indigènes. La plupart de nos plantes d’eau, dit M. Ets, perdent, il est vrai, leurs feuilles ou leurs frondes pendant l'hiver, mais cet inconvénient est largement compensé, pour beaucoup d’entre elles, par une grande variété de formes, une grâce ou un éclat extraordinaires. PLANTES INDIGÈNES (RUSSIE) POUR AQUARIUMS. Nous croyons devoir énumérer ces plantes, en indiquant également entire parenthèses, le nom qu’on leur donne en Russie, quand ce dernier nous paraîtra original. 1° Planies aquatiques proprement dites. C'allitriche vernalis L. (cheveu-aquatique, ou étoile printanière); — Ceratophyllum demersum 1. (feuille-cornée) et submersum L.; — Chara fragilis ; — Fontinalis antipyretica (mousse-d’étang) ; — Hottonia palus- iris L. (plume-d’eau); — ÆHydrodiction utriculatum (filet-aquatique) ; — Limosella aquatica L. (pré-submergé) ; — Zobelia Dortmanna 1. — Montia rivularis GMEL; — Myriophyllum alterniflorum DC. (plume-d’eau); — spicatum L. et verticilalum L.; — Nelumbium Caspicum (rose de Tschoul- pan; localité des environs d’Astrakan) ; — Mitella flexilis (rayonnante) ; — Nuplar pumilum, Su.; — Nymphea alba L., Caucasica, DrooMm. et Tutea L. nuphar) ; — Polygonum amphibium, L. (sarrasin-d’eau) ; — Po- tamogeton compressus L. (plante-nageante), 25pus, L., lucens, L., natans, L., peclinatus, L., perfoliatus, L., prælongus. Wüzr., pusillus L, et ru- fescens L.; — Ranunculus aquatilis L., divaricatus SCHRANK. el f/uitans LMrk ; — Sératiotes aloïdes L. (coupe-corps); — Trapa natans L. (noix- d’eau) ; — Zanichellia palustris L. 20 Plantes Surnageantes. Hydrocharis morsus-ranæe L. (grenouillette) ; — Zemna gibba L. (sou- tance), #2nor L., polyrrhiza L., trisulca L.; — Utricularia intermedia HAYN, (bulle) #inor L., vulgaris L. ; — Wolfia archiza Wimx. L'Utricularia est une plante carnivore qui mérite d'arrêter un instant notre attention, à cause de la particularité curieuse qu'elle présente. Ce n’est ni au moyen de ses fleurs, ni au moyen de ses feuilles ordi- naires qu’elle happe sa proie {larves d'insectes aquatiques, jeunes pois- sons, etc.). Nous disons « happer » intentionnellement, car, ainsi que des essais nombreux l’ont démontré, il semble que l’utricularia agisse pour ainsi dire volontairement. C’est un organe spécial en forme d’utricule (feuille transformée), dont l'entrée en infun dibulum ressemble à celle d’une nasse, qui sert à Cap- turer les petits animaux aquatiques. | BIBLIOGRAPHIE. 43 Ces utricules apparaissent le long des racines, ou, pour êlre plus vrai, des rhizomes, lorsque la plante, au moment du développement de la hampe florifère, se détache du sol, où elle était enracinée, pour flotter librement à la surface de l’eau. A l’entrée, est disposé une sorte de cou- vercle de panier qui se resserre sur l’animal Captif ; tout autour se trou- vent des rangées concentriques de piquants implantés dans un sens oblique tel que l'entrée est facile tandis que la sortie est impossible. Plus le petit poisson se débat dans sa prison, plus les piquants se ré- dressent et le blessent. Au bout de quelques heures, l'animal est tué et sa décomposition provoquée certainement par un liquide secrété par des glandes spéciales, ne tarde pas à arriver. Bientôt il n’en reste plus que la partie squelettique. Ce qu'il y a de curieux, c’est que les prisonniers ne sont pas toujours pris par la tête; on a trouvé des petits poissons pris par la queue ou même par le ventre, ce qui tend à faire croire, comme nous l'avons dit plus haut, qu’ils peuvent être attirés au passage par la plante carnivore sans qu’il soit nécessaire pour cela qu’ils essayent de pénétrer dans l'utricule; dans ce cas, en effet, c’est toujours la tête la première qu’ils seraient arrêtés au passage. On en a même trouvé dont la tête était prise dans une utricule, comme un rat dans une souricière, et'dont la queue. encore au dehors, avait été happée à son tour par une utricule voisine, si bien que l'animal disparaissait entièrement à la vue et que les deux utricules semblaient simplement accolées par leur orifice (observations de Darwin, de Moseleï d'Oxford, du professeur Konnc). 30 Plantes d'eaux stagnantes. A. Vivant profondément. Alisma plantago L. (Aléne-d’eau); — Butomus umbellatus L.; Calla palustris L. (ailes blanches) ; — Caliha palustris L., de var. fl. dupl. et Var. MOnSiruosa: — Carez pseudo-cyperus (algue-des-marais), cmpulla- cea Goop., vesicaria L., filiformis L., leretiuscula Goop., dioïca, et plu- sieurs autres, — Ælatine alsinastrum L. (diadème), ériandra SHCxK. , callitrichoïdes Rurr et Aydropiper L.; — Hippuris vulgaris L. (sapin- d’eau) ; — Menyanthes trifoliata L.; — Œnanthe phellandrium. LAM. ; — Peplis portula L.;— Pilularia globulifera L.; — Ranunculus flammula L., Zingua L.; — Sagittaria sagillæfolia L. [feuille-flèche) ; — Scirpus lacustris L., maritimus L., ct sylvaticus L.; — Sium lalifolium L.; — Sparganium simplez Hups. (tête de hérisson) et ramosum Hups.; — Typha latifolia L. BP, Siégeant à peu de profondeur. Acorus Calaïus L., Japonicus foliis aureo striatis et gramineus AIT.; — Comarum palustre L. {cinq doigts) et SaZesoumi ; — Equisetum palustre L., Zimosum L., fluviatile L., ou E. Telmateja variegatum Scuz. ; — Erio- Dhorum latifolium Horr., polystachyum L. et vaginatum L.; — Tris pseudo-acorus L.. Sibirica L.; — Lysimachia thyrsiflora L., nummularia 44 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. L. (monnayère), vulgaris L., ephemerum L., clethroïdes ; — Lythrum sali- caria L. (le pleureur), virgatum ; — Myosotis palustris Wir. ; — Par- nassix palustris L.; — Pinguicula vulgaris L. (violette des marais), grandiflora ; — Ranunculus ficaria L.: — Rumex aquaticus L., kydrola- Dhatum Hups.; — Scutellaria galericulata L.; — Spiræa ulmaria L. Trollius europœus L. (baigneuse), Asiaticus L., et Caucasicus STEW.; — Tussilago farfara L. (mère et belle-mère), et grandifolia HoRT. ; — Veronica anagallis L., beccabunga L. et scutellata T. A la fin de l’ouvrage l’auteur étudie enfin quelques plantes omises aux divers chapitres précédents. Le Cyprin doré (Cyprinus auralus) et ses vaxiétés. Elcvage et entretien dans les étangs et les aquariums. Essai de monographie par N.-Ph. Zolonitzky (avec 12 figures et 1 planche hors texte). Moscou, 1887. Cet essai de monographie assez complet est certainement un guide utile à consulter pour les amateurs de poissons dorés dont le commerce et surtout l'élevage commencent à prendre en Russie une extension de jour en jour plus considérable. Il répond donc à un véritable besoin puis- que c’est le premier ouvrage qui ait été écrit chez nous sur ce sujet. Ex Après avoir dit quelques mots des pays où le cyprinus auratus est in— digène, de son histoire et de la facon dont il a été successivement répandu dans les divers pays d'Europe, M. Zolonitzky aborde l’étude de sa confor- mation extérieure et de son organisation ; il nous raconte ses mœurs, la façon dont il dépose le frai, etc. Parlant ensuite des variétés, dont quelques-unes sont fort curieuses, Pauteur d’après un ouvrage introuvable, paraît-il, dont le Jardin des Plantes de Paris ne possède lui-même qu’un exemplaire (encore est-il fort incomplet). « Histoire naturelle des Dorades de la Chine, par M. de Sauvigny, 1780.» L'auteur, disons-nous, nous rappelle quels sont les types auxquels les Chinois et les Japonais rapportent toutes leurs variétés. Cette division nous paraît intéressante à connaître, au moins en ce qui concerne ies variétés de la Chine. Il y aurait 10 types Chinois corres- pondant à 71 variétés et 8 types Japonais. TYPES CHINOIS. Noms des types. Nombre de variétés. Ke IOTAGNDE OrTINEITÉ) MER ESS ARE LES 26 Ya-Tann-Iou (l'œuf-de-canard) .................... 7 Long-Tzing-lou!(les-yeux-de-dragon).............. 11 ChoniSlou ME dOEMONTREREE TEE TN (?) King-Téon-Iou (le-pigeon-tournoyeur)....:......... FA Nin-Evoubk-Iou (la-nalade) 2,2." ee One 19 COnÈNE OU AL'AIPhIDEU RER Are - 6 BIBLIOGRAPHIE. 45 Le chapitre suivant est consacré à l'élevage et à l'entretien de ces Cy- prins dans les bassins et les étangs. Le commerce des poissons rouges, en Europe et dans l’Amérique du Nord, dépasse actuellement le chiffre incroyable de 4 millions de francs, soit plus de 2 millions et demi pour l’Europe seule. C'est en 1728 que ce poisson fut introduit en Angleterre. Lorsque Buffon parlait de son introduction en France et en Ilalie, il était certainement loin de se douter que la Dorade de Chine, comme on l’appelait autrefois, atteindrait en si peu de temps une voguc aussi considérable. Avec les élangs qui existent aux environs du Havre, ce sont les étangs d'Oldembourg, appartenant à M. C. Wagner, qui fournissent &u commerce le plus grand nombre de Cyprins dorés. Ces derniers étangs, au nombre de 56, occupent une superficie totale de plus de 24 hectares et produisent annuellement 600,000 sujets dont 500,000 sont expédiés sur les divers marchés. Les essais d'élevage et de reproduction en Russie ne datent que de quelques années et n'ont été tentés que sur une petite échelle. Mais au point de vue de l’acclimatation, ces tentatives méritent d’être signalées. M. Tsvilenew est le premier qui ait fait ici un essai de ce genre: en 1871, il établit dans son orangerie, à Moscou, un bassin dans lequel il introduisit trente Cyprins qui produisaient une centaine de petits tous les ans. Mais faute de connaissances suffisantes sur l'élevage et aussi, faute d'écoulement de ses sujets à cetle époque où la mode des aquariums était loin d’être en Russie ce qu’elle est aujourd'hui, M. Tsvilenew aban- donna ses essais dès la cinquième année. Citons aussi l’iniliative prise par M. Etiker dans le sud de la Russie et les essais plus récents de M. WasiliCw. M. Zolotnitzky, abordant dans un second chapitre les règles générales de construction des étangs destinés à l’élevage du poisson doré, traite successivement : des étangs pour le dépôt du frai, des étangs pour l'élevage des nouveau-nés d’un côté et des jeunes plus avancés en âge d’un autre, des étangs-dépôts dans lesqueis on classe les adultes d’après leur couleur, leur taille et autres particularités et, enfin, des bassins pour l’hivernage. | Au point de vue de la multiplication dans les étangs, dit l’auteur, il faut, après avoir fait un choix judicieux des reproducteurs, s’occuper de la préparation âe l'endroit destiné à recevoir le frai. A ce propos, il entre dans d'assez longs détails sur les soins à donner au frai ainsi qu'aux jeunes poissons ei il indique les divers moyens qu’on met géné- ralement en pratique pour attraper plus commodément dans les étangs les sujets qu’on doit transporter ailleurs. Pour ceux que l’on veut déposer dans les aquariums, il est nécessaire d’avoir recours à un entraînement préalable, si nous pouvons nous exprimer ainsi, tout au moins au point de vue spécial de la nourriture. On les habitue quelque temps auparavant à se nourrir exclusivement 46 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. de certains aliments appropriés, qu’on ne doit leur distribuer que par petites quantités à la fois. M. Zoiotnitzky donne la préférence pour cet: usage aux larves de moucherons, qu’il est très facile de se procurer en quantité suffisante en Russie, et qui ont le grand avantage de surnager et de ne pas se putréfier dans l’eau. En second lieu viennent les œufs de fourmis, puis les vers de terre ; ces derniers, cependant, sont loin de leur convenir autant que les œufs de fourmis et surtout que les larves de moucherons. A défaut de ces divers appats on peut leur donner soit de la viande hâchée, soit du pain azyme, soit encore du pain blanc bien sec et rôti, pourvu qu'il Soit exempt de moisissures. La plupart des cyprins s’habituent peu à peu à l’unc ou à l’autre de ces nourritures ; mais il s’en trouve toujours quelques-uns qui refusent abso— lument d'y toucher : ceux-ci sont impropres aux aquariums et doivent être mis de côté. Il est préférable d’habituer le cyprin à venir prendre la nourriture à la main, pendant la durée de cette sorte d'entraînement. Cela sert à les apprivoiser et à distinguer, au moment de la capture, les sujets sauvages . qui finissent par mourir de dépérissement dès qu’ils sont mis en aqua- rium, quand ils ne se tuent pas eux-mêmes en se cognant aux parois dans leurs sauts précipités. Dans les étangs où les poissons dorés sont réunis en trop grand nombre, on doit les habituer tout au moins à venir prendre leur nourriture sous les yeux de l’homme. L'entretien des cyprins dans les dépôts et les magasins fait l’objet d’un nouveau paragraphe. Dans le chapitre suivant nous abordons l’entretien et la reproduction du poisson doré dans les aquariums. Types des aquariums appropriés à cet usage, aménagement de l'endroit destiné au dépôt du frai, soins à donner aux œufs et aux jeunes, tous ces objets sont successivement traités dans des paragraphes spéciaux. : Enfin l'entretien des adultes dans les aquariums termine ce chapitre. Le quatrième comprend l'étude des maladies, des parasites et des cn nemis du cyprin doré aux diverses époques de son développement. Parmi les parasites proprement dits et les affections pathologiques, citons : 4° une mousse (Saprolegnia ferox) qui s'attaque au frai. Le saprolegnia ressemble assez au mucor mucedo qui forme les moisissures blanc-verdâtre du pain, mais ce dernier est moins long. Il émet des: racines qui finissent par pénétrer dans l'embryon. | Les œufs non fécondés sont plus souvent atteints que ceux qui sont fécondés. Cetle affection étant épidémique il faut se hâter d'isoler ceux qui sont recouverts de cette moisissure. Un séjour de 15 à 20 minutes dans de: l’eau fraîche contenant 2 cuillerées de chlorure de sodium pour 3 litres ! suffit généralement pour en débarrasser le frai le moins atteint, sans nuire BIBLIOGRAPHIE. s 41 au développement ultérieur de l'embryon. 1l en est de même du séjour plus ou moins prolongé dans un lieu obscur. La présence de vase sur le frai est une cause prédisposante de cette affection et de quelques autres analogues; aussi, faut-il avoir soin de nettoyer celui-ci de temps en temps au moyen d'un arrosoir. 90 Une sorte de pelit champignon, dont l'espèce n’est pas déterminée, qui se développe sur les écailles et envahit peu à peu toute la peau du poisson. Cette maladie est rare dans les étangs où existe le stratiotes aloïdes, parce que les poissons se débarrassent de leur parasite en se frottant contre les aspérités de cette plante. Il faut donc en mettre à leur disposition dès qu'on voit apparaitre le champignon. Si le nombre des cyprins atteints n’est pas considérable on peut aussi faire disparaître ce dernier parasite au moyen d’une brosse assez douce, en s'y prenant à plusieurs fois pendant quelques jours. D'un autre côté l'immersion répétée dans l’eau froide salée réussit assez bieu. | 3% La galle ou gratelle, consistant en tâches blanches, visqueuses, qui occasionne une démangeaison insupnortable. Peu à peu les écailles du poisson finissent cependant par noircir. Cette affection paraît occasionnée par des bactéries dont les détritus. de nourriture en décomposition favoriseraient le développement ; aussi l'introduction dans le bassin de gastéropodes aquatiques et de tétards, qui se nourrissent de ces détritus, est-elle recommandée. On emploie de même les immersions du poisson dans l'eau salée. &° La rouille, dépôt d’origine végétale, d'apparence fibreuse, qui se forme surtout sur les ouïes. Comme traitement : eau fraîche et cau salée. de La phtisie (Mullerte). Le poisson atteint de cette maladie devient apalhique ; il recherche les lieux obscurs et refuse toute nourriture. Son ventre et ses yeux s'excavent, si bien que la tête finit par paraître monsirueuse par rapport au corps émacié et que son poids l'emporte bientôt sur le reste. Le poisson meurt ainsi la queue en l’air, après que les branchies se sont affaissées et accolées les unes aux autres grâce à un Suintement visqueux qui s'écoule des ouïes. Cette affection, occasionnée par l'insuffisance de l'oxygène dans l’eau est toujours mortelle ; elle n’atteint guère que les jeunes. Au début, on essaicra de l’enrayer en aérant fortement l’eau du réservoir ; c’est alors que l'emploi de l'appareil Kokno-Zass (dont nous avons parlé dans le compte-renëu de l’Aguarium) ou de tout autre analogue est appelé à rendre de réels services. G° Citons enfin la phlegmasie, l’hydropisie et la gastrite. L'étude des ennemis du Cyprin doré est aussi fort intéressante : elle est indispensable pour les éleveurs. Parmi les animaux quise nourrissent du frai et qui doivent par conséquent en étreécartés, viennent en pre- mière ligne ; les parents eux-mêmes et quelques autres poissons, princi- palement les Cobifis (C. barbatula et C. tænia), puis des éphémères {libel- 48 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. lules, Æshna, Argion), qui, à l’état de larves, en font une consommation considérable ; l’écrevisse, deux espèces de petits crustacés : l’Asellus aquaticus, très fécond, et le Gammarus pulex, qui, se nourrissant des œufs dans son état de larve et à son état parfait, sert à son tour de nourriture au Cyprin à peine sorti de l'œuf; le Zimnea frägilis et le L. palustris ; et enfin, les oies, les canards et surtout les cygnes. Les ennemis des jeunes sont principalement : les cyprins adultes, et d’autres poissons, l’écrevisse, la grenouille, le triton, le Dytiscus mar- ginalis, VHydrophylus piceus, le Notonecta glauca et les larves de li- bellules. Enfin les adultes ont à redouter outre le Dytique qui les ronge morceau par morceau et le Mofonecta qui les empoisonne, l’écrevisse, mais sur- tout le corbeau qui en est très friand, et le chat, qu’il est difficile d’éloi- gner des bassins dès qu’il a goûté aux cyprins qui ont pour lui un attrait irrésistible. ; j D’autres ennemis leur font de leur côté une chasse plus ou moins meur- trière : les sangsues, surtout le Piscicola geometra et la Clepsine margi- nata ; dans ce cas, il faut se hâter de retirer les poissons du bassin et d'y introduire à leur place des Dytiques (larves et insectes parfaits) qui sc repaissent à leur tour de ces ennemis. Le rat, poussé par la faim et le Cressopus fodiens commettent aussi de grands ravages dans un étang, ainsi que la loutre, etc. Le mieux est, pour s’en débarrasser, de les empoisonner au moyen de frai mélangé de strychnine. Parmi les oiseaux, citons : les oiseaux de proie en général, puis le hé- ron, le cormoran, le martin-pécheur, l’Ardea cinerea, \lHalieus carbo, qui en sont très voraces. (Ce dernier en consomme jusqu'à sept livres à la fois). Pour être complet, citons enfin les serpents, etc., d’une façon générale. N'oublions pas un grand petit ennemi, l'Argulus folianus, crustacé à peine visibie à l'œil nu, qui s’attache avec ténacité sur le poisson qu’il épuise peu à peu. Comme conclusion, l’auteur après avoir rappelé quelles variétés extra- ordinaires on est arrivé à obtenir, variétés dont quelques-unes diffèrent si profondément du type principal par leur forme ou leur pigmentation, nous fait voir combien est intéressant à tant de points de vue l'élevage de ces magnifiques poissons et leur entretien dans les aquariums. Dr PAGÈS-GRIGORIEFF» DORE Le Gérant : JULES GRISARD. I. TRAVAUX ADRESSÉS À LA SOCIÉTÉ. NOTE SUR LA COLLECTION D'ANIMAUX RÉUNIE A S'GRAVELAND (près Amsterdam) Par M. F.-E. BLAAUVW. Extrait d'une lettre adressée à M. le Directeur du Jardin zoologique d’Acclimatalion. S'Graveland, le 14 novembre 1888. Vous apprendrez sans doute avec intérêt que j'ai vendu un couple de jeunes Gnous pour le jardin zoologique de Mel- bourne. N'’est-il pas curieux de voir cette espèce, originaire de l'Afrique méridionale, actuellement représentée en Aus- tralie par des animaux nés et élevés dans les Pays-Bas ! Ces jeunes Gnous étaient magnifiques, j'espère qu'ils feront bon voyage et prospéreront dans leur nouvelle patrie. Les mères ont été bientôt consolées du départ de leurs petits ; après un jour écoulé elles ont cessé de. faire entendre leurs appels et le lait ne les a pas tourmentées. Il n’a pas été aisé d’emballer les Gnous, car ils se déme- naient comme des petits diables dont ils ont d’ailleurs l’aspect avec leurs cornes droites projetées en avant et leurs yeux féroces posés au milieu d’une grosse touffe de poils hérissés. Mon troupeau de Gnous se trouve donc réduit à un male et trois femelles que je crois toutes pleines à cette heure. J'ai maintenant un troupeau de onze Nandous, cela fait un effet superbe surtout quand ils se mélent aux Gnous et aux Cosoars Emeus. J'ai été bien surpris de voir réussir ma couvée de Nandous par le temps horrible que nous avons eu tout l'été, mais cette paire d'oiseaux reproducteurs est vraiment très prolifique. En trois ans, le mâle a fait éclore vingt-sept pous- sins, dont vingt-trois ont été élevés. 20 Janvier 1889. k D0 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Les Bernaches à tête rousse {Chioëphaga rubidiceps) ont élevé l'an passé, c’est-à-dire en 1887, quatre jeunes qui, à ma grande surprise, sont tous des femelles. Cette année dans les cinq jeunes élèves, il y a trois mâles je crois, le jeune qui est mort était femelle, si cette prévision se vérifie le résultat serait encore satisfaisant. Le sexe de ces Oies est très difficile à distinguer avec cer- titude si ce n’est par le cri, mais ce cri se caractérise seule- ment après que les jeunes ont pris leur second plumage, donc après environ Cinq à Six MOIS. La femelle Cygnus musicus qui avait fait son nid au milieu du parc des gnous a été tuée par un Dromée d'Australie (Emeu), au moment de pondre son troisième œuf. Vous verrez par le tableau ci-dessous quelle est la composi- tion actuelle de ma collection et quels ont été les résultats de mon élevage, ils ne sont pas très satisfaisants, la saison d'ailleurs n’était guère favorable. ESPÈCES. ES (Gaiaoblepak Gnu- 47-24; ee) 1à — 1] 1008840 de 1887 Equus (Zebra) Burchelli...: 1419 = Re: ra Halmaturus Bennetti....... 15 19 — — 1 1f Hyrax Capensis-eeert, ver 28 2 ne — — — Dolichotis Patagonica...... 15,49 — _ Ve Cynomis Ludovicianus...... 1640 — _ 3 nr Rhea Americarias. 7,2%.) MEME 7 6 5 de 1887 == A Darwin dieser. 18 _ == ST SRE Dromaius Novæ-Hollandiæ.. 15 19 — _ 2% tes Bennictatjnbata..-.4 PAT et LC — SANTE dr — Magellanica....... 18 19 — 7 7 6 — PUDITICERS A. 18 19 4Q 6 6 5 de 1887 — Sandwicensis ..... 16 18 — - 2e à 2 — leucopsis ....... . 1S1Q . — Le Es Le = ibrentantnnt se QUE 1SAP I: = yum + mi Anser hyperboreus......... Te — = 2 nr — MIDUÎUS.c.....c..... 19 — ax _ Chenalopex jubata......... 18 10 _ — _ + Cygaus.nigricollis...-.-."... 15 10 te 6 Las pes =: AtTAUS Lecce 18 19 — 3 2 Le = AD EWIDRIeS eee or 19 — y cale de 1887 NOTE SUR UNE COLLECTION D'ANIMAUX. Ji sricus. Pre Que Mure au Cygnus musicus. .......... 14 19 — 3 — #84 Fuligula ferina ............ 26 29 — — __ Dés. LINTURNA IS 2.01... 15 19 — — = n A NE SC UE LE PORN 18 19 _ — — dr D AA ne » + use 18 19 _ 9 2 2 Spatula clypeata........... 18 19 — = = ser D Heperd.............. 15 19 —— — == un Grus viridirostris........... 18 19 — _ == Me 2 TAC ENPRRMANEREERERS 28 19 _ _ 2e 22 Plyctolophus gymnopis..... 14 19 — = == à Bolborhynchus lineolatus... 24 2Q 2 us de Aprosmictus erythropterus.. 1419 1*#1: — — de 1587 Pionias Senegallus......... 1à = Psittacus erythacus ........ 15 — 3 —_ 1e Chlamydodera maculata .... 14 10 — _ _ LUE J'ai fait l'acquisition de la femelle Grue de Montigny (Grus viridirostris) au mois de mai passé, l'animal portait encore la livrée des jeunes, tout le blanc était mélé de brun. Le noir du cou des adultes était remplacé par un brun café au lait. Les couvertures des ailes qui sont d’un noir brillant chez les adultes étaient d’un noir mat et mélé de brun. Les pointes des grandes rémiges étaient noires. Depuis l'oiseau a mué et porte le plumage parfait; il n’y a que les grandes rémiges qui sont restées noires. Le mâle aussi a mué et j'ai remarqué qu'il jette bas toutes les rémiges à la fois ; absolument comme le ferait un Canard. A l'état sauvage, cette espèce doit donc être privée de la fa- culté du vol pendant un certain temps. Je n'ai pas encore remarqué quelles autres espèces de Grues muent de la même facon, mais je sais déjà que les Demoiïselles de Numidie ne muent pas ainsi. Le froid extraordinaire accompagné d’un vent glacial que nous avons eu dans les premiers jours de novembre m'a tué deux Damans du Cap (Æyrax), il m'en reste un couple qui ne parait pas avoir souffert. J'espère qu'il donnera des jeunes. Cette reproduction serait très curieuse à observer. SUR LA REPRODUCTION DE QUELQUES COLOMBES EXOTIQUES ENCORE RARES PAR M. LE MARQUIS DE BRISAY. | Je me reproche de n'avoir point communiqué, depuis trois ans, à la Société d’Acclimatation qui, jusqu'alors, avait bien voulu me faire si bon accueil, le compte-rendu d’une partie de mon élevage, de celle au moins qui réussit; et puisque vous avez pris la peine, dans une récente communication, de m'encourager, comme tous mes collègues de la Société, à fournir un bulletin de nos petits travaux d'aviculture, je me fais un plaisir de vous adresser, actuellement, quelques notes sur le genre d'oiseaux qui à fait, dans ces derniers temps, l'objet de mon étude particulière, sur lequel, d’aïl- leurs, je prépare un travail monographique aussi détaillé, aussi complet que possible et qui sera soumis au verdict de la Société dès que la publication en sera faite (1); — je veux parler de cette grande et intéressante famille dont le Jardin d'Acclimatation a été de tout temps le principal propagateur : les Colombes exotiques. Parmi les petites Colombes que j'ai possédées depuis 1885, se trouvent la Celombe diamant et la Colombe tranquille, deux raretés, deux productions de cette merveilleuse Austra- lie « fertile en miracles », elle aussi, mais en miracles, ou plu- tôt en phénomènes emplumés. | La Colombe diamant [Geopelia cuneata) est un ravissant petit pigeon de la grosseur d’une alouette et d’un plumage oris bleuté uni, satiné, avec du blanc sous la queue et une (1) Le travail auquel fait allusion M. le Marquis de Brisay a paru depuis l'envoi de cette note; il est déposé dans la bibliothèque de la Société où nos collèques pourront le consulter. Rédaction. REPRODUCTION DE QUELQUES COLOMBES EXOTIQUES. 93 pluie de petits diamants — une neige plutôt, ce qui est de saison, — tombée du ciel sur ses ailes. Avec cela, une épaisse caroncule rouge et boursoufflée autour des yeux. Cette petite bête, est si douce, si inoffensive, qu'elle peut vivre avec Les plus faibles Sénégalis, les Astrilds les plus timides, sans jamais concevoir, à leur sujet, une seule mauvaise pensée. Elle se concentre dans la vie de famille, et sa femme, son nid et ses enfants lui suffisent en tous points. Cette tourterelle minuscule a reproduit ici, dès son arri- vée, dans une très petite volière vitrée (2 mètres cubes). — L'œuvre de la génération est fait, par elle, avec une rapidité exceptionnelle; l'incubation ne dure que quatorze jours, l'élève des jeunes une semaine au nid et deux semaines at dehors. Les petits poussent comme des champignons; mais on est obligé de les soustraire aux brusqueries du père, qui, désireux d’un nouvel accouplement, les chasse de son voisinage dès qu'il les voit voleter un peu proprement. On enlève alors ce despote, on le tient en solitude pour y muürir de sages pensées. On ne le remet dans son ménage que lorsque les petits, assez forts pour se suflire entièrement à eux- mêmes, peuvent être sevrés sans dangers. La Colombe diamant m'a donné quatre jeunes en 1886, et trois nichées de deux petits chacune entre mai et octobre 1887. J'en aurais eu davantage si le male.n’avait pris la mauvaise habitude, pendant que la femelle couvait, d’entasser autour d'elle toutes les brindilles qu'il pouvait trouver. Il est arrivé plus d’une fois qu'il a causé ainsi, bien involontairement, l’'asphyxie des jeunes nouvellement nés. J'ai conservé un couple de ces jeunes colombes, nées ici, pour continuer avee elles l'expérience de la reproduction à la seconde génération. La Colombe tranquille (Geopelia placida) est tout aussi belle que la précédente, mais elle est moins mignonne, plus hardie et, conséquemment, moins tolérante. Elle est assez mal nommée, car la placidité n’est point son fait. Elle donne volontiers la chasse aux oiseaux qui l’approchent de trop près. Elle exige beaucoup de respect et des égards de ses compagnons de volière. Autrement son œil s’anime, son col se hérisse, elle se jette sur l’intrus qui la trouble dans sa nidification ou son élevage, et distribue force coups de sa petite aile et de son bec acéré. ; 04 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. - Elle a la taille de la grive, le dessous du corps brun zébré, la tête et la poitrine gris clair avec le cou orné d’une épaisse airandole de lignes noires formant collier. Elle ressemble beaucoup à la Zébrée de Malacca, qui ne s’en différencie que parce qu’elle porte sur les côtés l’ornement que la Tranquille a sur le cou, ainsi que par des nuances plus ternes qui, chez la Tranquille, ont plus de distinction et d'éclat. Robuste, rustique tant qu'on voudra, cette Placida! Elle passe même l'hiver dehors. A l'approche du printemps, le mâle roucoule d’une voix claire et vibrante; la femelle lui répond sur le medium. Oh! ils ne tardent pas à se dire de très près ce qu'ils ont sur le cœur; et vite, bien vite on fait un nid. Tout leur est bon, même du fil de fer et des caïlloux, à plus forte raison du foin, de l'herbe ou du coton. Les deux œufs, assez petits, exigent vingt-un jours d'incubation. La gestation, dans cette espèce, est donc aussi longue que chez: les gros pigeons. Ce serait particulier si le même fait ne s'observait chez les autres colombes de taille intermédiaire... Bref, l'éducation des jeunes réussit bien; les parents sont très attentifs à tous leurs besoins, et jamais, non jamais, ils ne les abandonnent avant de les avoir menés à bien. Voilà, certes, une grande qualité, une rare qualité même chez les colombes exotiques. En 1886, les Tranquilles m'ont donné six jeunes, élevés en plein air, qui m'ont permis de répandre un peu cette espèce encore inconnue de la plupart des amateurs. En 1887 je n’en ai pu obtenir que trois sur deux couvées, la femelle étant morte de fatigue après la dernière. J'ai perdu également le male, d'apoplexie, à l’automne. Puis-je me prévaloir d’avoir été le premier amateur qui ait obtenu la reproduction de la Colombe tranquille en France”? Je n'ose me prononcer, mais j'inclinerais volontiers vers l’afirmative. Le Jardin d'Acclimatation m'avait cédé, en 1885, un très joli couple de Colombes à nuque rousse, dont il avait obtenu des petits; et aussi un non moins beau couple de Colombes tigrées qui, elles — n'avaient manifesté encore d’inclination que pour une virginité absolue. Voyons comment ces oiseaux se comportèrent ici. Les Nuque rousse (Geopelia humeralis), originaires d'’Aus- REPRODUCTION DE QUELQUES COLOMBES EXOTIQUES. D9 tralie, comme les deux petites Colombes dont je viens de parler, se montrèrent robustes, insensibles aux changements de température, couchant dehors hiver comme été, plus rus- tiques que des pigeons de basse-cour. Mais, comme reproduction, ce fut tout autre chose. Ah! c'est là qu'elles nous attendaient pour déjouer nos espé- rances ! Autant de nichées, autant de petits cadavres. Les jeunes, nourris jusqu'à la sortie du nid, étaient de suite abandonnés lorsque les parents les voyaient prendre leur essor, et mou- .raient de faim. | Espèce très ardente, très prolifique, pondant beaucoup, couvant bien, élevant pour se débarrasser du lait qui la gêne évidemment au début de l'élève... et incapable de sortir ses enfants des langes. J'en obtins cependant deux jeunes, qui devinrent superbes; mais, pour arriver à ce résultat, il avait fallu enfermer les reproducteurs dans une boîte à Pigeons ordinaires. Était-ce l'ennui d'une étroite captivité, le manque d'exercice qui diminuait leur vigueur, l'amour paternel entretenu par le voisinage si rapproché de leurs jeunes qu'ils avaient cons- tamment sous les yeux ? Probablement un peu de tout cela. Enfin ils les élevèrent dans cette boite; ils élevèrent une fois mais ne recommencérent pas. En 1887, je n’eus pas beaucoup plus de succes et, si j'obtins encore une nichée, ce fut par un stratagème très vulgaire. Je fis couver à des Lophotes, les deux œufs des Nuque rousse. Ces nourrices étant la perfection même, j'eus encore cette fois un couple, très bien venu, de jeunes Nuque rousse; mais on va voir ce qu'est capricieuse cette Géopélie, vrai- ment capable d’exaspérer l'éleveur le plus patient. Ayant donné aux parents l’œuf des Lophotès, pour les occuper, persuadé qu'il laisserait mourir de faim le produit qui en sor- irait... pas du tout; j'eus la stupéfaction de voir ces Nuque rousse qui abandonnaient criminellement leurs propres enfants, gaver jusqu'au bout, comme des nourrices bour- guignonnes, l'enfant des Lophotèes qui leur fit honneur. Les amateurs ont pu admirer le Geopelia humeralis au Jardin: grosseur de la tourterelle, dos et queue chocolat, tête, cou et dessous du corps gris bleu ardoise, les épaules rose œillet, la nuque toute zebrée de roux et de noir sur 96 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. brun, œil perlé et pattes rouges. — Un bel oiseau dans toute la vérité du terme. Passons aux Tigrées. — La Colombe tigrée (Colomba Guinea) est le vulgaire Roussard du Sénégal, assez commun sur les rives du Haut-Fleuve, mais qu'il faut aller dénicher au sein des vallons où pullulent les plus venimeux reptiles, sgambadent les hideux quadrumanes et rampent les panthères avides de sang chaud, C'est ce qui fait qu'on en importe peu, et que cette Colombe reste assez rare sur nos marchés. Très belle cependant avec son collier reux entre la tête et la poi- : trine gris perle, le manteau rouge et les ailes constellées d'étoiles blanches, si remarquable qu'elle attire de prime abord l'attention de tous les amateurs. Mes Tigrées restèrent plusieurs années improductives. Ce n'est qu'en 1887 qu’elles se décidèrent à peupler, mais elles voulurent rattraper le temps perdu et, de mai à octobre elles donnèrent trois nichées. Cette espèce fournit, comme la Lophotès, d'excellentes nourrices. Lentement, sagement, avec méthode et constance le père et la’ mère élèvent leurs jeunes dont l'éducation est longue à faire. Ils la conduisent toujours au but bien qu'elle dure six semaines. Gros comme les adultes, les jeunes se font encore gaver. Assurément les parents y mettent une complaisance sans bornes. De plus ces Colombes sont très sociables, elles ne tourmentent pas leurs enfants, ne les pourchassent point non plus quand le désir d’une nouvelle nichée les ramène vers le nid. Elles supportent aussi la vie commune avec les Faisans. Elles ont plutôt à se plaindre de la turbulence de ces derniers qu'à les molester elles-mêmes. Ainsi un Lophophore logé avec mes Tigrées fit manquer une couvée en allant piétiner le nid et briser les œufs. On en pondit d’autres, mais dès lors on s’efforca de tenir le plus possible les Lophophores à conve- nable distance. Les oiseaux savent ainsi créer entr'eux un modus vivendi, lorsque leurs origines met des uns aux autres une distance suffisante pour que leur susceptibilité jalouse ne soit pas excitée. — ‘Hiver comme été les Tigrées restent dehors. Je psürrais vous citer encore d’autres cas de la production chez certaines espèces de Colombes exotiques, notamment la REPRODUCTION DE QUELQUES COLOMBES EXOTIQUES. o1 Maillée (Turlur Senegalensis) et la Turvert (Chalcophaps In- dica) devenues plus communes, et toujours très intéressantes parce que si jolies. La première presque entièrement rose avec manteau gris satin, la seconde portant des ailes vertes sur dos brun, avec la poitrine violacée et un petit bec rouge- sang. Les nombreux petits qu’elles m'ont donnés et la méthode qu'elles ont suivie pour les produire pourraient faire l'objet d’une notice prolongée; leurs mœurs sont en effet curieuses à étudier ; il y a beaucoup à dire sur le compte et à l'avantage de ces moyennes espèces dont la taille est à peu près celle d’un gros merle ; mais j'ai développé très cons- ciencieusement ces divers sujets dans le petit livre dont la publication est à l'œuvre. Ceux de mes collègues qui voudront bien me faire l'hon- neur de jeter les yeux sur cet ouvrage, résultat de mes observations journalières et agréable passe-temps de mes moments perdus, pourront se rendre compte de toute la facilité et du plaisir que l’on peut rencontrer dans l'élevage de ces charmantes Colombes. SUR LES RAVAGES CAUSÉS. PAR DEUX COLÉOPTÈRES NUISIBLES DES ENVIRONS DE PARIS PAR J. FA LLOU. LE VALGUE HÉMIPTÈRE | Vaigus hemipterus). Cet insecte appartient à l’ordre des Coléoptères, famille des Scarabéides, groupe des Cétonides, genre Valgus, SCRIBA. (V. hemipterus FABRIcIUS, type de ce genre et seule espèce connue en Europe.) | C’est un insecte assez remarquable par son corps, revêtu de petites écailles; il mesure de 7 à 8 millimètres de long sur 4 à 5 de large; c’est le plus petit du groupe. Son corps est velu, de couleur noire, et l’on remarque sur le corselet ou thorax et sur les élytres des bandes et des points d’un blanc gri- satre. La brièveté des élytres est la cause du nom de cette espèce (demi-ailes). L'abdomen des femelles est terminé par une tarière, en forme d’épine, d’une longueur de 3 millimètres, qui lui sert à introduire ses œufs dans les parties du boïs qui conviennent à la nourriture de ses larves; celles-ci ressemblent assez à celles du hanneton, nommées vulgairement vers blancs, lors- qu'elles sont encore jeunes; elles se transforment en nymphes à l'extrémité d'une des galeries où elles ont vécu. L'insecte parfait éclot en automne, mais il reste dans les détritus de bois rongé pour n’en sortir qu'au printemps, cet insecte n’est que trop commun partout. Suivant plusieurs auteurs le Valgue hémiptère se dévelop- perait dans les vieux bois humides, on pouvait, d’après ce dire, croire que les bois et les terrains secs sont impropres à la pro- pagation de cette espèce d’insecte, maïs d’après ce que j'ai pu constater, le Valgue hémiptère n’habite pas seulement dans les bois humides, mais il attaque et se propage en grand nombre SUR LES RAVAGES DE DEUX COLÉOPTÈRES NUISIBLES. 59 dans les terrains secs où il vit dans les bois neufs et même dans ceux privés de leur écorce, ainsi que j'ai pu m'en assurer sur des poteaux et tuteurs de différentes essences d'arbres tel que le Chêne, le Bouleau, l'Orme, l’Acacia, le Châtaignier, etc. etc. Mes premières observations faites sur cette cétonide datent de 1879, elles ont été insérées dans le Bullelin de la Société centrale d'Apicullure et a'Inseclologie, 5° année, 1880, page 5 (1). Dans cette note je faisais remarquer qu’en 1877, j'avais fait clore un terrain situé à Champrosay (Seine-et-Oise), sur un coteau très bien exposé, non humide au sud-sud-ouest et qu'au mois de septembre 1879, voulant changer cette clôture de place, mon étonnement avait été grand, en arrachant ces pieux, d'en trouver de complètement dévorés dans la partie enfouie en terre. Des poteaux carrés, de 8 centimètres de côté étaient rongés presque entièrement, sur un espace de 30 centimètres, à partir des pointes ; les insectes paraissaient vivre souterrainement, laissant au-dessus d'eux une couche de terre de 8 à 12 centimètres d'épaisseur ; ce qui fait que les dégats occasionnés par eux restent presque toujours ina- perçus. Les pointes des pieux dont il est ici question, avant d’avoir été mises en terre, avaient été brülées sur presque toute leur longueur, comme cela se fait d'habitude; il ne pouvait donc plus rester d'œufs propres à la reproduction. Les pieux passés au feu ayant été si fortement attaqués, j'ai pensé qu'il serait préférable pour mes nouveaux poteaux d'employer le goudron, ce qui se fait généralement pour les parties de bois qui doivent être enterrées, je croyais, avec ce procédé, réussir à atténuer l'attaque de ce pernicieux insecte, l'expérience m'ayant appris que l’on peut préserver les collections zoologiques des insectes rongeurs en placant dans les armoires un vase contenant du goudron, ou bien même en donnant simplement, à la partie extérieure non apparente des meubles contenant les collections, une bonne couche de goudron (2. {1} L'analyse de cette note a été publiée dans les Awnales de la Société Ento- _mologique de France, 1880, bulletin, p. 11. (2! Il y a plus de vingt-cinq ans, j'ai fait usage de ce procédé pour ma col- lection d'oiseaux, et depuis lors, je n’ai jamais eu un seul sujet attaqué. 60 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. D'après cette expérience il m'était permis d'espérer que mes nouveaux poteaux seraient au moins épargnés des man— dibules de ce rongeur de bois, il n’en a pas été ainsi. De 1881 à 1882, il me fallut changer souvent, et à différents endroits, des pieux complètement coupés au ras de terre; dans ces conditions je trouvais au printemps des larves, et des nymphes, à l'automne au contraire des insectes parfaits, et à chaque fois je détruisais les uns et les autres. Enfin en 1884, lassé de recommencer si souvent ce travail, je pris la résolu- tion de faire arracher la majeure partie des bois, anciennement ou nouvellement, profondément ou peu enterrés; en procé- dant ainsi j'ai pu obtenir des spécimens de bois curieusement endommagés, qui m'ont servi à découvrir que la femelle du Valgue hémiptère est bonne mere, et qu'elle sait calculer la quantité de nourriture nécessaire à chacun de ses descen- dants pour le temps de son état larvaire. Ainsi sur un petit pieu peu enfoui je constatai deux ou trois insectes au plus et suivant la grosseur du bois et son enfoncement en terre, le nombre &'œufs déposés par la femelle est toujours propor- tionné au cube qui doit servir à la nourriture des larves, si par exemple un petit tuteur ne contient que deux ou trois insectes, un poteau de 5 à 7 centimètres de diamètre, dont la partie mise en terre, est de 50 centimètres peut compter de 17 à 21 individus. En prenant une moyenne de 10, on peut avoir une idée de la quantité prodigieuse d'œufs que cet insecte peut produire chaque année. Il est certain qu'aujourd'hui, avec la tendance qu'ont les propriétaires d’entourer leurs terres de orillages, soutenus par de nombreux poteaux, ces bois vont fournir au Valgue hémiptère une nourriture abondante, et si on ne cherche pas à arrêter sa propagation les dégats pro- duits augmenteront certainement dans des proportions déme- surées, d'autant plus que d’après les remarques qui ont été faites, cet insecte possède une vitalité surprenante. Je ne citerai que l'exemple suivant pour en donner une idée. J'emprunte cette observation à notre savant naturaliste M. H. Lucas, du Museum de Paris (1), qui s'exprime ainsi : « On est disposé à croire que le bruit ou les secousses sou— vent répétées génent les insectes dans leurs métamorphoses, (1} Cette observation a été insérée dans les Annales de la Société Entomolo- gique de France, 1851, bulletin, p. Lxxxt1r. SUR-LES RAVAGES DE DEUX COLÉOPTÈRES NUISIBLES. ü1 de manière à empêcher leur développement, à ce sujet je com- muniquerai à la Société un fait curieux qui tend à démontrer que les insectes, malgré le bruit auquel ils sont souvent expo- sés et les secousses qu'ils recoivent, ne continuent pas moins à passer par les diverses phases auxquelles la nature les a des- tinés avant d'arriver à l’état d’insecte parfait. » M. Leucote, forgeron aux environs de Paris, apporta au laboratoire d’entomologie une forte büche d'Ulmus sylvestris (Orme), dont l’intérieur était parcouru dans le sens longitu- dinal par des profondes galeries, par la manière dont elles sont disposées elles rappellent beaucoup celles des Termites et on serait tenté d'attribuer ces dégâts à ces névroptères. En examinant les nombreuses galeries qui parcourent tout l’in- térieur de cette büche, on découvrit des débris de coléoptères ainsi que des individus en bon état du Valgus hemipterus. Cette büche assez profondément enfoncée en terre était la base ou le soutien d’une enclume dont on se servait tous les jours pour forger, et ni les coups sans cesse répétés, ni les secousses que cette büche recevait à chaque instant, n’ont pu empêcher le développement de ce coléoptère qui, suivant M. Leucote, a été pendant longtemps très abondamment ré- pandu dans sa forge. » Chez les auteurs qui ont traité des insectes nuisibles, et que j'ai pu consulter, il n’est question que des dégâts causés par le Valgue hémiptère. Mais il n’est proposé aucun moyen pour les atténuer ou en préserver les bois. Feu notre regretté confrère Maurice Girard, dans son catalogue raisonné des animaux nuisibles (1}, se borne à dire que la larve du Valgue hémiptère est nuisible aux bois dans lesquels pond la femelle avec une tarière dure et pointue. Lorsqu'en 1885, Maurice Girard s’occupait de la rédaction des notices et des figures d'insectes pour les séries des bons points instructifs publiés par la librairie Hachette, j'ai pu alors offrir à l’auteur des bois rongés et quelques renseignements nouveaux sur l'insecte qui nous occupe, il a donc pu ajouter : C'est au Valgue hémiptère qu'on doit fréquemment les acci- dents de poteaux ou de clôtures en palissades renversés par le vent; on a vu, dans des maisons d'éducation à la cam- (1) Hachette, 1878. 62 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. pagne, des appareils de gymnastique détruits par les larves du Valgue hémiptère (1). Ce sont ces considérants qui m'ont engagé à chercher un procédé pouvant atténuer les ravages toujours croissants de cet insecte destructeur. Après différents essais j'ai cru reconnaître qu'une prépara- tion de céruse et de grès m'offrait le moyen le plus efficace. En 1886, je préparai par ce procédé un certain nombre de poteaux, tuteurs, échalas, et je les intercalai entre d'autres pieux non préservés, soit en clôture, soit isolés dans des cor- dons de vignes, et de temps à autre je les visitai ; je pus alors constater chaque fois, la présence du Valgue Done dans les bois non garantis, le contraire avait lieu dans ceux préservés. Enfin le 179 mars dernier 1888, désirant soumettre à la Société d’Acclimatation quelques spécimens de ces bois endommagés, j'arrachai les plus anciens mis en terre, et, à ma pleine satisfaction, je ne constatai aucun insecte dans les différents pieux traités. Par suite de ce résultat, je n’hésitai plus à faire connaître et à préconiser mon procédé aussi peu coûteux que facile - à exécuter ainsi qu'on peut en juger par la formule ci-dessous. Cette découverte m'a paru assez intéressante pour être connue publiquement, la croyant appelée à rendre de grands services aux propriétaires, et, en général, à tous ceux qui ont à clôturer des bois, des chasses, et s'appliquant aussi bien aux échalas, tuteurs, etc., etc. | En terminant cette notice, j'émettrai un vœu, celui que la Société d’Acclimata'ion, prenant en considération ce moyen préservatif, veuille bien lui donner la publicité dans sa Revue des Sciences Naturelles appliquées. Là, les intéressés pour- ront en prendre connaissance, et en tenter l’application, après quoi il serait utile qu'ils fassent connaître à la Société le ré sultat de leurs observations. Procédé de préservation contre les attaques du Vaigue hémiptière, — J'enduis toute la partie de bois qui doit être fichée en terre d'une épaisse couche de céruse (carbonate de (1) Sur pes des planches de la onzième série des bons points instructifs parus le 22 avril 1886, la figure représentant le bois rongé et l’insecte parfait, il eût été plus naturellement placé si sa partie attaquée située en haut eût été renversée, ainsi qu'il est posé, l’insecte paraîtrait vivre à découvert, ce qui n’a pas lieu. SUR BES RAVAGES DE DEUX COLÉOPTÈRES NUISIBLES. 63 plomb} délayée à l'huile, je saupoudre aussitôt cette partie de grès en poudre (sable siliceux) et je laisse les deux cou- ches sécher complètement, point bien essentiel à observer avant de placer les pieux. Ainsi préparé, le bois devient inat- taquable par la tarière de la femelle de l’insecte. Les bois sont encore d’une plus longue conservation si l'on couvre le grès d’une couche de goudron. Ce dernier appliqué seul n'empêche pas, au bout d'un certain temps, l'insecte de déposer ses œufs. Après la ponte, les larves se développent rapidement en rongeant les poteaux de bas en haut et en peu de temps il n'en reste plus que des vestiges. LE MOLITE COURONNE (Moliles coronatus.. Depuis plusieurs années, j'ai pu constater que la culture des Carottes a été compromise, dans les environs de Champrosay (Seine-et-Oise), par la larve d'un Curcubionite, le Molytes coronatus qui détruit la racine de ce légume de telle facon qu'elle ne peut plus servir à l’a- lHimentation, étant perforée de toutes parts. Mes observations, plusieurs fois répétées, me portent à pen- ser que c’est dans le mois de mai que l’insecte dépose ses œufs en terre. Dès leur naissance, les jeunes larves (1) pénètrent dans la carotte vers son extrémité (!}, puis elles remontent dans la ra- cine (?) et elles y forment des ga- leries en tous sens, mais s’arré- tent constamment avant le col- (1) Cette larve étant inédite a été en- voyée à M. Valéry Mayet qui a bien voulu la décrire dans la Faune de M. L. Bedel, Fhynchophora, 1884, p. 97, 98. (Annales de la Société entomologique de France, 1882, p. zxxr11.) 64 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. let. Ces larves sont ainsi toujours enterrées à une profondeur variant de 10 à 20 centimètres, ce qui m'a engagé à ne cul- tiver que des variétés de Carottes très courtes. Ces larves restent inertes un temps assez considérable avant de se trans- former en nymphes, car elles ne donnent l'insecte parfait (5 qu'environ deux ans après la ponte, ainsi que j'ai pu le cons- tater. Pour chercher à atténuer les ravages de cet insecte, au mois de mai 1885, je me suis hâté pour arrêter leur propaga- tion de détruire l’insécte parfait, ce qui est facile, car on peut le voir se promener lentement dans les jardins, et il suffit d'é- craser une seule femelle pour détruire un grand nombre de ses œufs. | Je recommandai à nos voisins d'agir de même, ce qu'ils firent. Durant deux années, les cultivateurs ne se sont pas plaints de leurs dévastations, mais l’an dernier, 1887, ayant négligé de détruire ce Charancon à l’état parfait, les dégats produits par les larves ont recommencé et ont été tellement considérables, que l’on peut leur attribuer la perte d’au moins un tiers de la récolte. En 1888, cet insecte est devenu plus rare dans les jardins placés à proximité des habitations, où on avait pu le détruire les années précédentes, mais il est resté plus commun dans les cultures qui sont relativement plus éloignées et où les intéressés sont moins fréquemment dans leurs champs, si bien que les ravages occasionnés, cette année, par cet insecte a réduit des deux tiers la récolte espérée. Pour la destruction du Molites coronalus, quelques heures employées à sa recherche rapporterait grandement à son propriétaire l'intérêt du temps qu'il y aurait passé. REBOISEMENT PAR LES CONIFÈRES L'ACCLIMATEMENT DÜ PITCH PIN (PINUS RIGIDA ET AUSTRALIS) Par M. H. BRÉZOL. Le climat de la France, si varié mais si doux cependant, se prête admirablement à la culture des espèces forestières les plus diverses. Quelle autre contrée pourrait être citée, groupant sur une aussi faible superficie des arbres aussi dissemblables, depuis les sombres Sapins des Vosges, jusqu'aux Orangers et aux Palmiers de Nice ? Franchissant la Méditerranée, nous avons encore notre belle colonie algérienne, prête à rétribuer généreusement les efforts dont elle serait l'objet. Une aussi heureuse situation est-elle intelligemment utilisée? Tout malheureusement permet d'en douter, et nous démon- trerons facilement que la France se laisse dépasser en accli- matation forestière par d’autres pays moins favorisés de la nature, mais dont les habitants, hardis et tenaces à la fois dans leurs entreprises, voient leurs efforts encouragés et dirigés par les autorités compétentes. Un peu d'initiative de la part des propriétaires, un peu de bonne volonté de la part de l'administration forestière, do- teraient notre patrie d'espèces utiles et productives, qui poussent spontanément sous des climats presque analogues au sien. De l’autre côté de l'Atlantique, une partie de la vaste sur- face des Etats-Unis présente des moyennes de température se rapprochant de celles de la France. Nous y trouvons une infinité de magnifiques essences forestières, que nous con- naissons seulement à l’état de billes, de poutres ou de ma- driers, quand elles viennent à grands frais se faire faconner par notre industrie. 2) Janvier 1889. CT 66 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Diverses raisons météorologiques, nettement élucidées par les travaux de nos ingénieurs, ont provoqué le 28 juillet 1869 le vote d’une loi sur le reboïsement des montagnes, qu'un abattage irréfléchi avait dénudées. Dix-neuf ans se sont écoulés depuis, pendant lesquels on a opéré d'importantes plantations, maïs il serait encore temps d’imiter les nations voisines en achevant ce reboisement à l’aide d’essences plus rémunératrices pour l'exploitation que nos espèces indigènes. Quelle source de bénéfices procurerait encore la mise en valeur par un boisement intelligent de steppes arides morce- lant notre beau pays. Les Landes de la Sologne, de la Brenne, du Limousin, sont toujours à utiliser malgré les plantations de Pins maritimes et de Pins sylvestres qui ont été exécu- tées. | Les cultures de la Camargue, cette lande verte et jaune du poète : À Faite de flois de sable entassés par le Rhône, Qui la porte en avant pour repousser la mer reculent de jour en jour, empoisonnées par le sel remontant du sous-sol, et venant s’effleurir par l’action du soleil, en couches blanches et cristallines. £ Nous trouvons dans les Landes proprement dites, celles de la Gascogne, d'immenses terrains sablonneux que le génie de Brémontier a sauvés de l’ensablement en disant à la dune : « Tu n'’iras pas plus loin », dont une partie a été assainie et couverte de Pins par les Deschamps, les Chambrelent, les maitre Pierre; ne pourrait-on term'ner cette œuvre de réno- vation, en plantant, dans les w-ions restées incultes, des arbres exotiques plus robustes et plus rémunérateurs à l’ex- ploitation que nos Pins maritimes, dont les seuls défauts ont amené le semblant de vogue, arbres qui les remplaceraient ensuite progressivement ? En culture comme en industrie, tout arrêt peut être consi- déré comme un recul; on ne doit jamais s’y contenter du bien, surtout quand il: est relatif, et toujours chercher le mieux. Les Pins maritimes ont mis en valeur et permis d'assainir des déserts où végétaient de maigres troupeaux de moutons, gar- dés par des bergers grelottant de fièvre; leur tâche est maintenant accomplie, ils doivent céder la place à d’autres espèces. L'homme répéterait en bien petit dans ces circons- L’ACCLIMATEMENT DU PITCH PIN. GT tances, la grande loi d'évolution suivie depuis des milliers de siècles par la nature. Les traditions ne nous manquent cependant pas en accli- matation forestière. Aux xvir et xvire siècles, la France venait en tête des nations européennes pour ces intéressantes entreprises dont il suffirait de renouer la chaine maintenant interrompue. Vers la fin du xvixre siècle, le gouvernement francais faisait étudier la flore forestière de l'Amérique du Nord par le natu- raliste André Michaux, que d’autres explorations avaient déjà rendu célèbre, et il passa onze années, de 1785 à 1796, à par- courir toutes les forêts de cette immense contrée, récoltant des graines et recueillant de jeunes arbres qu'il expédiait dans sa patrie. Les envois de Michaux permirent de rassem- bler au Tremblay, non loin de Paris, une magnifique collection d’essences exotiques, dont le catalogue fut dressé par Bernard de Jussieu, et vinrent enrichir le parc de Rambouillet, planté dès 1750 en espèces américaines. On voit dans les parties marécageuses de ce parc, dans ceux de Fontainebleau, de Cheverny près de Blois, et à Trianon, de beaux Cyprès chauves de la Louisiane, Taxodium distichum ou Cupressus Virginiana, provenant de graines de Michaux semées vers la fin du siècle dernier. Ces arbres ont mainte-— nant 25 à 28 mètres de hauteur et 1 mètre à 1",15 de diamètre. Michaux avait été patronné à ses débuts par le célèbre Duhamel du Monceau, inspecteur général de la marine, qui consacra toute sa vie à l’acclimatation des espèces forestières exotiques, en prenant nos ambassadeurs et nos consuls pour collaborateurs. Ces agents diplomatiques lui adressaient des graines d'arbres croissant dans les pays où ils représentaient la France, et leurs envois venaient se classer en admirables plantations dans ses propriétés de Denainvilliers, de Vrigory et de Monceau. François-André Michaux, fils d'André, poursuivit en 1803, toujours aux frais du gouvernement, les explorations com mencées par son père, créa à Harcourt, un beau domaine forestier, principalement affecté aux espèces américaines, et publia en 1810, son célèbre ouvrage : « Histoire des arbres forestiers de l'Amérique septentrionale, considérés principa- lement sous les rapports de leur introduction dans le com- merce, ainsi que d'après les avantages qu'ils peuvent offrir 6S REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. aux gouvernements en Europe et aux personnes qui veulent former de grandes plantations. » Le seul titre de cette œuvre, dédiée au duc de Gaëte, suffit pour nous faire apprécier les idées qui régnaient alors. Après cette période de brillants efforts, dépassant de beau- coup ce qui avait été fait partout ailleurs, le gouvernement se désintéresse des questions d’acclimatation forestière, et en abandonne la continuation à l'initiative individuelle. En 1810, Vilmorin fonde son domaine des Barres, acquis depuis par l'État qui y a installé une école forestière. Vilmo- rin s'occupa principalement de l’acclimatation des Pins, et obtint entre autres espèces américaines, des Pins rigides, Pinus rigida, ou Pitch pin d'une belle venue. En 1818, M. Louis-Gervais Delamarre faisait aux environs de Brionne, dans l'Eure, des plantations de Pinus strobus, Pin de lord Weymouth, de Pinus. longifolia, Pin à longues feuilles, de Pinus mitis, Pin doux. Depuis, la Normandie s’est enrichie des Sapins des froides montagnes norwégiennes, quelques propriétaires se sont effor- cés de propager dans le centre de la France, le Pin de lord Weymouth, le Cryplomeria, Cryptomérie du Japon, le Pinus Sabiniana, Pin de Sabine des Montagnes-Rocheuses, et le Pinus eæcelsa, grand Pin du Népaul, roi de l’'Hymalaya ou Pin pleureur, enfin le reboisement du Puy-de-Dôme a per- mis l'exécution de tentatives sur le Pinus Austriaca, Pin noir d'Autriche, le Pin de lord Weymouth et le Cèdre, Cedrus Libani. Ce sont à peu près les seuls essais d’acclimatement qui aient été opérés sur une vaste échelle. Si l'Etat ne songeait guère à encourager les études de na- turalisation, le public eut cependant pu emprunter d’utiles renseignements à certaines entreprises privées. On créait en 1820 le beau domaine de Geneste, à 15 kilo- mètres de Bordeaux, sur la route de Lesparre. C'était à cette époque une lande dont émergeaient quelques Genêts, des Joncs, des Bruyères. Ses 300 hectares furent partagés en carrés de 10 ares, séparés par des fossés, et, malgré la faible épaisseur du sol, 70 centimètres seulement, les arbres les plus divers y ont admirablement prospéré. Le Pin de Riga vit -côte à côte avec le Pin de Corte, le Pin de lord Weymouth, les Chênes du Mexique, Quercus tincloria et Quercus palus- tris, et une infinité d’autres espèces. L’ACCLIMATATION DU PITCH PIN. 69 Le parc de Plaisance dans la même région, renferme une riche et prospère collection de Cèdres, d’Araucarias (47au- caria Brasiliensis), de Tulipiers (Liriodendr'on tulipifera) de la Virginie, de Magnolias, de Sequoias, de Cyprès chauves de la Louisiane. On y voit des Liquidambars {(Liquidambar sty- raciflua) de la Floride hauts de 30 mètres. En 1858, M. Alphonse Lavallée, le regretté président de la Société d'horticulture, établissait à Segrez, en Seine-et-Oise, entre Etampes, Dourdan et Arpajon, par 48 degrés de lati- tude, un magnifique Arboretum dont le catalogue publié en 1877 sera prochainement l’objet d’une réédition. C'est la plus belle des collections dendrologiques que pes- sède la France et peut-être aussi l’Europe. Que d’enseigne- ments renferment les essences rassemblées sur ses 31 hec- tares. On y trouve pres de 60 espèces de Pins, comprenant environ 200 variétés. Parmi ces arbres qui prospèrent sous notre pale soleil de Seine-et-Oise, nous en rencontrons un grand nombre venant des bords de la Méditerranée, de l'Amérique septentrionale, de la Perse, du Japon, de la Chine, de l'Himalaya. Nous citerons : le Pinus monophylla, le monticola, Pin monta- onard, le #nuricata, le Sabiniana, Pin de Sabine, le Coul- terii, le Lamberliana, Pin de Lambert, le Jeffreyi, Pin de Jeffrey, le tuberculata, le Parryana. Pin de Parry, l’insi- gnis, de la Californie, l’australis, Pitch pin et le {utea de la Floride, le Tæda de la Virginie, le Teocote, le palula, le cembroides, l’edulis, le Montezumæ, l'Harlivegit, Pin d'Hartweg, le rudis, Pin rude, l’Ayacahuile, le Verschaf- feltii, du Mexique, etc. M. Lavallée poursuivait l’acclimatement d’une foule d’es- pèces susceptibles de fournir des éléments de travail à notre industrie ; le Juglans Sieboldina, Noyer de Siebold par exem- ple, arbre du nord du Japon qu'il voulait propager à cause de ses fruits alimentaires et oléagineux, le Peuplier du Tur- kestan qui se prête facilement au travail de l’ébénisterie, et dont Segrez possède le seul échantillon introduit en Europe. L'hiver exceptionnel en 1879-80, en prouvant la vigueur de ces arbres venus de régions si différentes, a démontré tout spécialement la force de résistance des espèces améri- ‘caines, et celle des arbres du Japon, encore inconnus il y a peu d'années, qui croissent sous un climat rappelant de très T0 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. près les Etats-Unis. La même constatation fut, du reste, faite en Allemagne, où on reconnut que le Pinus Lambertiana, de la Californie, le Pinus strobus, le Pinus excelsa, grand Pin du Népaul, le Pinus Jeffreyi, l' Abies Douglasti, Sapin de Douglas, et même le Wellingtonia gigantea, le Sequoia à la taille gigantesque, avaient résisté à ces gelées exception- . nelles qui fendaient du haut en bas les Chênes indigènes. Ce cruel hiver fut surtout désastreux pour les forêts de Pins maritimes créées en Sologne, sans trop songer à la nature du climat qui diffère absolument de celui des landes ; la gelée en ravagea 80,000 hectares. Une lecon aussi coûteuse, la perte étant évaluée à 40 millions, ne semble cependant pas avoir profité aux propriétaires solonais. Au lieu de rechercher des espèces plus résistantes aux froids, ils se sont empressés, avec l’aide du service des Eaux et Forêts, de rétablir leurs pineraies dans des conditions à peu près semblables. En 1887 on avait déjà replanté 50,000 hectares dont un tiers en Pins maritimes et les deux autres tiers en Pins sylvestres. Les Solonais nous rappellent le vigneron voisin du Vésuve ou de l’'Etna qui reconstruit au même endroit sa maison emportée par la lave. Des semis de Pinus excelsa, et de Cryptomeria Japonica, exécutés en Sologne de 1864 à 1865, avaient cepen- dant réussi d’une facon très encourageante. Comment la culture forestière française pourrait-elle songer aux arbres exotiques, étant donné le manque absolu de spécimens vivants exhibés au public comme preuve maté- rielle de leur facile naturalisation. Prenons à titre d'exemple, l’école de botanique du Jardin des plantes. Le genre Pinus y est représenté par une vingtaine d'individus, dont quatre ou cinq seulement sont des arbres, mais des arbres difformes, incapables d’éveiller chez celui qui ne les aurait pas vus robustes et puissants dans les . forêts de leur patrie, l’idée d'une autre application que la confection de bourrées. Le reste est composé d’arbrisseaux d’une toute aussi laide venue, et, en plus, souffreteux, malin- ores, aux aiguilles rares et jaunies. Un certain nombre d'étiquettes, derrière lesquelles on plante chaque année des sujets de quelques centimètres de hauteur renforce cette pseudo-collection. Les espèces les plus facilement acclimatables en France, et les plus intéressantes à faire connaître, le Pinus austra- L’ACCLIMATEMENT DU PITCH PIN. 11 lis, Pin austral, et le Pinus rigida, Pin rigide de l’Amé- rique du Nord, par exemple, ne sont pas représentées dans cette école. La plupart des conifères végétant au Jardin des Plantes trouvent cependant à Paris une température normale plus régulière que celle de leur patrie. À quoi tient donc leur état si peu prospère? Uniquement au sol, humus assez argileux et fortement chargé de matières organiques dans lequel ils sont plantés, et que les employés du Muséum considèrent à tort comme épuisé. Un terrain qui passe pour épuisé, au Jardin des Plantes, habitué à soigner des végétaux exigeant un abondant engrais, se trouve encore cent fois trop généreux pour les Pins. L'administration du Muséum ne se rendant pas compte de ce fait aurait, parait-il, si les plantations opérées cette année ne réussissent pas mieux que les précédentes, l'intention d'éliminer les conifères de l’école de botanique. Ces arbres sont, du reste, représentés par de magnifiques sujets, d'âges divers, qui constituent une sorte de cour au vieux Cèdre de Jussieu, sur le tertre du labyrinthe, dont le sol, plus pauvre, leur est sans doute moins défavorable. Les espèces qui se sont parfaitement naturalisées au Jardin des Plantes, depuis un siècle et demi, ne peuvent donc plus y être multipliées de nos jours. Passant ensuite aux documents imprimés, nous voyons que la Revue des eaux et forêts n’a jamais consacré le moindre alinéa à l’acclimatement des arbres exotiques. En 1875, elle attribuait quelques lignes au bois, connu sous le nom de Pitch pin, dont elle citait seulement une sorte, celle qui est fournie par le Pinus australis des états méridionaux de l’Union. En 1886, elle affectait un article, d’une page environ, à la description du Pinus australis lui-même, sans ajouter qu'il vit facilement en Europe depuis 1725, et en le traitant comme une essence absolument nouvelle. Dans sa flore forestière, feu M. Mathieu, sous-directeur de l'école de Nancy, décrivait seulement les espèces de Pins sui- vantes qui, maintenant, croissent spontanément en France: le Pinus cembra, le P. Halepensis, le P. moenlicola, le P. pinea, le P. sylvestris, et le P. strobus. MM. Lorents et Parade ne parlent que des Pins ci-dessous dans la sixième édition parue en 1883, de leur traité de cul- ture des bois à l'usage de l’école forestière : Pinus sylvestris, 1? REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Pin sylvestre, Pinus uncinala, Pin à crochets, nommé égale- ment Pinus mugho dont le Pinus pumilio, ou Pin chétif, est une variété, Pinus marilima, Pinus laricio, Pinus nigra où Austriaca, Pin noir ou Pin d'Autriche, Pinus Halepensis, Pinus pinea, Pinus cembra, Pinus strobus ; ils citent éga- lement le Cedrus Libani, Cèdre du Liban, comme espèce propagée en Algérie, sans s'occuper des Pins et des Sapins américains qui vivent presque partout en Europe, et sont longuement décrits dans tous les ouvrages forestiers anglais ou allemands. Tandis que nous nous confinions en un s{alu quo, inter- rompu seulement par des efforts individuels, des essais de collectionneurs, pour ainsi dire, l’étranger se lançait hardiment dans l’acclimatement pratique, par vastes plantations ou par semis en forêts, et nos fonctionnaires pourraient aller re- cueillir d’utiles renseignements sur ce sujet, dans des pays moins heureusement dotés que la France, l'Allemagne entre autres. Les agents forestiers de cet empire sont en train de transformer radicalement son boisement, sans que personne chez nous semble s’en douter. Les essais d’acclimatement des essences exotiques dieu également, en Allemagne, de la fin du xviri siècle, mais ils ont été, plus qu'ailleurs, patronnés par les divers gouverne- ments locaux cu fédéraux, qui ont su leur imprimer un grand caractère de continuité. Aux Duhamel, Michaux, Vilmorin, Lavallée et autres, les Allemands opposent, avec un certain creueil, les Munchau- sen, les von Buresdorff, les du Roy, les von Weltheim, les Bootn etc. Von Burgsdorf administrait les forêts de l'État prussien, et créa d'importantes plantations à Tegel, près de Berlin. En 1772, Jean-Philippe du Roy, issu d’une famille de réfu- giés francais, et chef des plantations créées à Harbke, près de Brunswick, par von Weltheim, dédiait au prince régnant Frédéric-Auguste d'Anhalt, qui s'intéressait spécialement aux questions forestières, un ouvrage, édité à Brunswick, et intitulé : « La pépinière d'Harbke ». Il y décrivait, entre autres arbres de l'Amérique du Nord, le Pinus strobus, le Robinia pseudo-acacia, le Carya alba, Hickory des États- Unis, et plusieurs espèces d'Érables. Gœthe dit, dans ses mémoires, qu’en 1804, il allait souvent se reposer aux envi- L’ACCLIMATEMENT DU PITCH PIN. 13 rons d'Harbke, à l'ombre d’un beau bois de Pins de Icrd Weymouth. Ce bois, disparu depuis, avait sans doute été planté par du Roy. On cite actuellement le jardin du grand-duc de Bade, à Carlsruhe, les pépinières du landgrave de Hesse, à Weiszen- stein où, depuis vingt-cinq ans, on a cultivé plus de 20,000 Pins de Weymouth, et le magnifique Arboretum de M. John Booth, à Klein-Flotthbeck, près d’Altona, qui est connu du monde entier. Moins favorisée que la France sous le rapport climaté- rique, l'Allemagne s’est adressée aux arbres américains pous- sant du 39° au 45° parallèles sur les États de New-York. de Pensylvanie, de l'Illinois, de l’Iowa, en s’occupant des espèces des montagnes comprises entre le 43 et le 45e paral- lèles, et de celles des plaines existant entre le 39e et le 43°. Le prince de Bismarck n’a jamais négligé le développement ma- tériel de sa patrie dans ses vastes combinaisons politiques, et a donné une vigoureuse impulsion à ces travaux dont il a spé- cialement chargé, en 1881, l’Oberforstmeister Danckelmann. Les représentants des Sociétés d’acclimatation allemandes, réunis en congrès à Bade, du 6 au 13 septembre 1880, ont résolu de procéder, sur diverses espèces, à d'importants essais dont les résultats seraient ensuite portés à la connais- sance du public, qui pourrait en tirer profit. M. Booth patronnait surtout les Pinus rigida, ponderosa, Jeffreyi, Engelinannit, strobus, et Laricio; ses proposi- tions légèrement modifiées, ont immédiatement été mises à exécution. C’est ainsi que la Bavière, le Grand-Duché de Bade, le Brunswick, la Prusse, l’Alsace-Lorraine, ont semé des graines de Cary alba, le fameux Hickory, de Pinus rigida, Pitch pin du Nord-Est des Etats-Unis, de Cupressus Laivso- niana, Cyprès de Lawson et d’ Abies Douglasii, que le Wur- temberg essaie de son côté l’acclimatement de l’Abies Dou- oglasii, de l’Acer dasycarpum, de l'Acer saccharinum, Erable à sucre de l'Ouest des Etats-Unis, du Carya alba, du Juglans nigra, Noyer noir et du Quercus rubra, Red oak, Chène rouge de l'Est de la même région. Le gouvernement al- lemand a fait en outre opérer des semis d'Abies Menziesii, Sapin de Menzies, variété Sitchensis, du Japon et de l’'Amé- rique septentrionale, de Picea Nordnanniana, Sapin de Nordmann, originaire du Caucase, de Pinus ponderosa, Pin 14 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. lourd, de Juniperus Virginiana, Cèdre rouge, de Carya ama- ra, Bitter nut hickory, de Carya aqgualica, Hickory aquati- que, de Carya tomentosa, de Carya porcina, Pig nut hickory du Nord des Etats-Unis, de Pinus Jeffreyi, Pin de Jeffrey de l’ouest de la même région, de Thuya gigantea, Thuya. véant, de Populus monilifera du Nord-Ouest, de Pinus laricio, Pin larice, de Pinus Austriaca, Pin noir d'Autriche, d'Acer negundo, d'Acer Californicum, Érable de Californie Belula lenta, bouleau merisier. La fourniture des graines nécessaires à toutes ces expériences a été confiée à M. Booth. Quelques-uns des arbres que nous venons de citer sont du reste acclimatés depuis longtemps en Allemagne. On y trouve de beaux specimen du Pinus ponderosa âgés de 35 ans environ; le Pinus Jeffreyi de l’'Orégon et de la Cali- fornie, qui croît vers le 35° degré de latitude Nord, en sup- porte parfaitement le climat. La Prusse orientale renferme déjà de riches forêts de ces deux espèces associées au Pinus. SCOpPulorum. Des renseignements seront fournis sur l’état des planta- tions de Pinus strobus, de Fraxinus Americana, Frêne d'Amérique, d'Ulmus Americana, Orme d'Amérique, et de Quercus alba, Chêne blanc, effectuées à diverses époques plus ou moins reculées. Imdépendamment des essais collectifs ou officiels, l’Alle- magne est encore un champ très fécond en tentatives indi- viduelles. M. Lothar Faber, le fabricant de crayons, a planté depuis 1872 une grande quantité de Cèdres de Virginie, Juni- perus Virginiana, et certaines compagnies de chemins de l'Allemagne du Nord ont également propagé cette essence le long de leurs talus. Escomptant le succès assuré du reste de ces diverses entre- prises, M. de Bismarck proposait au Reichstag, le 11 février 1883, de porter à 1 marc 80 le droit d'entrée de 0 m. 60 payé par stère de bois d'œuvre simplement équarri; 2 fr. 25 au lieu de 0 fr. 75, et à 4 marcs 20 celui de 1 marc 50 sur les bois sciés ou travaillés, 5 fr. 25 au lieu de 1 fr. 87, L’Alle- magne produisait alors 13,700,000 stères de bois d'œuvre, et en importait une quantité dépassant de 2,410,000 stères le chiffre de son exportation. On tirait 26 0/0 de bois d'œuvre des arbres abattus. Le ministère affirmait que l'importation pouvait être supprimée en augmentant de 6 0/0 le rendement L’ACCLIMATEMENT DU PITCH PIN. 19 en bois d'œuvre et diminuant d'autant le bois à brüler. Mal- oré l'appui du gouvernement, la majoration des droits d’en- trée sur les bois fut repoussée le 8 mai 1883. C’est en proie à un vif sentiment de honte patriotique que nous lisons les critiques portées par les spécialistes allemands sur l'insouciance de l'administration et des propriétaires francais. Nous faut-il donc donner raison au poète latin s'écriant : « Quos vull perdere Jupiter dementat, Jupiter affole ceux qu'il veut perdre ! » L'État, propriétaire forestier, n'existe pas en Grande-Bre- tagne, tous les bois appartenant à des particuliers; mais cette absence d’une direction officielle n’a pas empêché l'initiative privée de transformer totalement leur nature. L’Ecosse sur- tout, dont les forêts avaient complètement disparu à la fin du sièclé dernier, s’est reconstitué un admirable domaine par l’acclimatement d'espèces européennes etexotiques. On y ren- contre des Cèdres, des Tamarix, des Pins, le Pinus ponde- rosa, entre autres, aussi beaux que ceux d'Amérique. Mal- oré l'élévation de la latitude d'Edimboureg, situé par 55°57, la température moyenne de l'hiver s’y maintient à 32 envi- ron, et celle de l'été à 15°2, tandis qu'à New-York, par 40°43 de latitude nord, la moyenne des mois d'hiver est de 3° 1 au-dessous de 0, et celle des mois d'été de 2%, et qu'à Philadelphie, par 39057, de même latitude, la moyenne de l'hiver est de 0, 4 et celle de l'été de 3957. Les eaux tièdes du Gulf Stream qui viennent lécher les côtes écossaises sont causes de cette atténuation dans la rigueur de l'hiver. Les arbres croissant sur la partie septentrionale des États- Unis, et une quantité d’autres du reste, trouvent donc un habitat favorable au nord de la Tweed. La Scottish arboricultural society, société d’arboriculture écossaise, assistée par d’autres sociétés similaires, s’est exclu- sivement consacrée à l’acclimatation forestière depuis 1852, et leur patronage est en train de doter la Grande-Bretagne d'une foule d'espèces exotiques le Pinus Austriaca, Pin noir d'Autriche, le marilima, Pin maritime, le Zaricio, Pin larice, le Pinea, Pin pinier, le {æda, le Cembra, Pin parasol, le Sitrobus, Pin de lord Weymouth, le contorla, l'insignis, le monticola, Pin montagnard, le Picea balsamea, Sapin beau- mier, le nigra, Sapin noir, l'excelsa, Sapin élevé, l’alba, Sapin blanc, L'Abies pectinala, le Douglasit, le nobülis, T6 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Sapin noble, le Nordmanniana, Sapin de Nordmann, le Cedrus deodara, Cèdre déodar, le ZLibani, Cèdre du Li- ban, le Larix Europæa, Mélèze, la Crynptomeria Japonica. Cryptomérie du Japon, le Cupressus inacrocarpa, le Laiwse- niana, Cyprès de Lawson, le Thuya gigantea, Thuya géant et le Wellinglonia gigantea, ou Sequoia. Le nombre des arbres forestiers susceptibles de servir à des essais de naturalisation est du reste très considérable. Il suffit pour le constater de jeter les yeux sur le tableau ci- dessous groupant les dates d'introduction dans l’Europe cen- trale d’un certain nombre de conifères exotiques ou du Midi qui auraient pu depuis de longues années déjà être propagés et acclimatés radicalement. En 1700, L’Abies alba, Sapin blanc, L'Abies nigra, Sapin noir. En 1905, le Pinus strobus, Pin de lord Weymouth ou Pin blanc du Canada. En 1713, le Pinus tœda. En 1725, le Pinus australis, Pin austral ou Pitch pin du Sud. En 1%30, le Pinus Banksiana, Pin de Banks, le Pinus inops. En 1735, L'Abies Canadensis, Sapinette du Canada. En 1740, le Pinus pungens. En 1750, le Pinus resinosa, Pin résineux ou Pin rouge. En 1755, le Pinus rigida, Pin rigide, ou Pitch pin du Nord. En 1774, le Cupressus lorulosa. En 1825, le Pinus Pallasiana, le Pinus Calabrica, Pin de Calabre, le Pinus Austriaca, Pin noir d'Autriche, le Pinus Pyrenaïca, Pin des Pyrénées. En 1826, le Pinus ponderosa, Pin lourd ou Yellow pine, Pin jaune, le Pinus Lambertiana, Pin de Lambert ou Pin à : sucre et l’Abies Douglasii, Sapin ou Pin de Douglas. En 1830, le Pinus grandis, le Pinus amabilis, le Pinus nobilis, le Pinus monticola, Pin montagnard. En 1832, le Picea Silchensis. En 1840, le Cupressus Knighliana ou Cupressus elegans, le Cupressus Lambertiana ou Cupressus macrocarpa, le Sequoia sempervirens. En 1845, le Cryptomeria Japonica, Cryptomérie du Japon. En 1848, le Pinus Jeffreyi, Pin de Jeffrey L’ACCLIMATEMENT DU PITCH PIN. | m1 En 1852, le Wellingloma gigantea ou Sequoia, le Cupres- sus exCelsa. À En 1853, le Cupressus Lawsoniana, Cyprès de Lawson, le Thuya gigantea, Thuya géant. En 1854, le Pinus muricata où Obispo. Depuis 1854, de nombreuses espèces japonaises. Des novateurs trop ardents ont pu ne trouver que désillu- sion dans leurs tentatives mal coordonnées, mais les sé- rieuses études des sylviculteurs étrangers ont fourni les élé- ments de règles pratiques dont l'observation favorise, garantit même le succes. Wangenheim constata le premier que les graines du Juni- perus Virginiana, Génévrier de Virginie ou Cèdre rouge, muüries dans les Carolines, et celles provenant d’autres con- trées américaines, produisent quand on les sème en pays étranger, des arbres qui, tout en appartenant à la même espèce, résistent, d'une facon très différente aux intempéries, les Cèdres des semences canadiennes, pouvant seuls suppor- ter les hivers de l'Europe centrale. Cette remarque fut ensuite généralisée, et il est maintenant admis que, si par exemple, on sème dans les états orientaux de l’Amérique du Nord, des graines d'une grande partie des conifères vivant entre les Montagnes-Rocheuses et lOcéan Pacifique, les arbres qu'elles fournissent endurent difficilement les rigueurs du climat, quoique les mêmes espèces existent dans ces ré- sions et s’y reproduisent spontanément. On doit donc appor- ter une grande attention au choix des graines, en employant uniquement celles qui ont été récoltées dans une région ana- logue comme moyenne de température au pays qu'on veut enrichir. Les Allemands surtout ont intelligemment profité de cette observation. | | Dans son volume intitulé: Die Naturalisation auslandis- cher Waldbaïnne « La naturalisation des arbres étrangers, » M. Booth cite une lettre d'Engelmann, l’auteur du magni- fique ouvrage : « Botany of California, » lettre dans laquelle celui-ci conseille et conseillera toujours d'éviter en Alle- magne l'emploi de graines californiennes, quand on peut se procurer des graines des mêmes arbres dans un pays plus froid. Il admet que celles du Colorado conviendraient parfai- tement. On doit aussi rejeter les graines recueillies sur des 18 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. arbres acclimatés en Europe, car elles donneraient des sujets dégénérés. | M. le professeur Sargent, de Brookline, Massachussetts, affirme que les conifères croissant sur le versant oriental des Montagnes-Rocheuses se développeraient admirablement en Europe, et prend comme terme de comparaison leur rapide propagation sous le triste climat de la Nouvelle-Angle- terre: La paturalisation des arbres américains en Europe ac- quiert surtout une grande importance par suite de la dispa- rition progressive et continue des magnifiques forêts des États-Unis, disparition consécutive d’une exploitation à ou- trance, les vingt mille scieries qui fonctionnent sur le terri- toire de l’Union débitant annuellement une masse d'arbres dont la valeur approximative s'élève à 1 milliard 770 millions de francs, et des incendies qui en déboisent constamment d'immenses étendues. En 1871, année pendant laquelle ce fléau se propagea d’une facon épouvantable, le feu dévora autant de bois que la république américaine tout entière en consomme en dix ans. Depuis longtemps déjà, les États du Nord ne peuvent plus se livrer à l'exportation, ils doivent même tirer des masses considérables de bois du Canada, et il est générale- ment admis que le Maine sera totalement dénudé dans dix ou quinze ans. Les États du Sud, dont l'exploitation forestière remonte à une époque moins reculée, envoient encore d'énormes quan- tités de bois vers le nord et en Europe, par les ports de Charleston, Savanah, Darien, Pensacola, Mobile, la Nouvelle- Orléans, etc. | Le gaspillage auquel les habitants des États-Unis se livrent tend donc à élever le prix de vente de leurs produits, et de ceux des forêts du Canada, qu'ils emploient par quantités colossales, en cherchant même des procédés de transport plus économiques que le fret par navires. Une tentative de flottage, faite en décembre 1887, coùta assez cher, il est vrai, à ses promoteurs, car le gigantesque amas de 27,000 troncs d'arbres formant un radeau en forme de cigare de 170 mètres de long sur 20 mètres de diamètre, qui devait être remorqué de la Nouvelle-Écosse à New-York, fut disloqué par la tem- € € pête et éparpillé à tous les courants de l'Atlantique. L’ACCLIMATEMENT DU PITCH PIN. 79 Les prix des bois américains devant suivre sans cesse une marche ascendante, notre intérêt serait évidemment de chercher à implanter sur notre territoire les arbres qui les fournissent. Avec d'autant plus de raison que l'industrie américaine étant appelée à emprunter tôt ou tard ses bois d'œuvre à l'étranger il en résultera certainement une hausse des produits autrichiens, scandinaves, ou russes, hausse qui augmentera la masse du numéraire sortant de France pour cette branche commerciale. Le chiffre de nos importations de bois suit, en effet, une progression très caractérisée. En 1836, il était de 20 millions de francs environ ; de 50 millions en 1846, de 70 en 1856, de 120 en 1866; de 140 en 1876 ; de 240 en 1886. A côté de cet énorme chiffre d'importation, dont les rési- neux représentent plus de moitié, notre exportation ne dé- passe pas 35 millions de francs. En 1886, les États-Unis nous ont fourni 56,000 tonnes de bois résineux valant 4,915,370 francs sur les ports d’embar- quement, et le double une fois arrivés en France. Le Canada nous en a livré 32,000 tonnes, valant 2,361,090 francs ; nous en avons reçu pour 158,729 francs du Mexique. Il est donc sorti de France une somme de 7,435,189 francs pour l'achat de 186,000 mètres cubes, de Pin, de Sapin et de Cyprès américains, arbres qui prospéreraient certainement sur notre territoire. L'Algérie a reçu du Canada 3,509 tonnes de ces bois, va- lant 225,000 francs environ. Ces chiffres doivent encore être majorés, car il nous arrive par la Belgique pour 8 millions de francs de bois qui ne poussent probablement pas sur les bords de la Meuse ou de l'Escaut, et que le port d'Anvers reçoit de la Suède, de Ham- bourg ou de l'Amérique. Si cette introduction n’atteint pas une somme plus élevée, c'est uniquement parce que les immenses forêts américaines sont en voie de disparition. Les bois résineux importés du Canada et des États-Unis portent généralement dans le commerce les noms de Pitch pine, Pitch pin, Pin à poix et de Yellow ypine, Pin jaune. Cette classification, basée sur l'aspect du bois au moment de la vente, est par conséquent excessivement arbitraire : pour le Yellow pine surtout, qui englobe un grand nombre S0 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. d’essences, souvent même les deux arbres produisant le Piülch pin. Ces deux arbres, croissant l’un dans les États du nord, l'autre dans les États du sud, sont le Pinus rig'da et le Pi- nus australis, mais le nom de Pitch pin appartiendrait plu- tôt au premier, quoique l'Europe en recoive beaucoup moins que du second. La dénomination de Pitch pin s'attribue en- core à l'Abies Douglasii, du nord-ouest des États-Unis. Le Pinus australis est connu aux États-Unis sous les noms de Leaved pine, Pin feuillé, Southern pitch gine, Pin à poix du sud, Æard pine, Pin dur, Southern yellow pine, Pin jaune du sud ; souvent aussi il porte le nom de l'État dont il est originaire ; Pin de Géorgie, Pin de Floride, etc. Pour le distinguer du Pinus rigida, nous lui donnons le nom de Pitch gin du sud. De solides racines fixent cet arbre en terre, son tronc, pro- tégé par une écorce épaisse, s'élève, sans aucun nœud, jus-. qu'à une hauteur de 13 mètres, il émet alors de puissants ra- meaux s'étendant à 20 et 23 mètres. Aux branches pendent des aiguilles d'un vert éclatant de 30 à 45 centimètres de longueur, engainées par groupes de trois dans un fourreau blanc. Vers la fin de mai, le Pin aus- tral porte des fleurs mâles, chatons cylindriques rouge- pourpre, longs de 7 à 8 centimètres, et des fleurs femel- les qui se dressent à l'extrémité des jeunes rameaux. Les cônes, peu abondants, ont jusqu'à 28 centimètres de long, mais ils n'arrivent pas toujours à maturité. La première fructification s'effectue à 10 ans. La taille du Pin austral est alors de 8 mètres, pour un diamètre de 12 à 13 centimètres. Il atteint 25 ou 30 centimètres à 20 ans, et un diamètre de 35 à 40 centimètres. Sa croissance se ralentit ensuite et à 175 ou 200 ans, il a de 66 à 70 centimètres de diamètre. C’est la plus estimée des nombreuses espèces de Pins crois- sant dans la partie méridionale de l'Amérique du Nord, c'est aussi la moins exigeante. Il préfère à tout autre un sol poreux et siliceux, sable à gros grains, pur, ou raffermi par un mélange de gravier et d'argile, et prospère surtout quand le sous-sol est argileux. Trouvant ces desiderata dans le nord de l'Alabama, du Mississipi, et l'Ouest de la Louisiane, il atteint là ses plus belles dimensions, et son rendement s'élève à 425 mètres L'ACCLIMATEMENT DU PITCH PIN. 81 cubes de bois marchand par hectare. Dans les régions sa- blonneuses dépourvues du sous-sol préféré, le rendement s’abaisse à 272 mètres cubes. Si le terrain s'enrichit en élé- ments nutritifs, la croissance des arbres devient plus rapide, mais la texture de leur bois est alors moins compacte et plus orossière que dans les sols pauvres. Le Pin austral s’accom- mode encore des terrains humides, d’où son nom de Pinus palustris, Pin des marais, et peut cohabiter avec d’autres espèces le Turkey oak, Chêne aux dindons, Quercus Cales- bæi, par exemple, sur les dunes de sables ténus, mais il ne tolère jamais de sous-bois, jamais de ces broussailles qui sont la cause première des hombreux incendies dévastant nos pineraies des Landes. Extrèmement résineux, d'un blanc rougeàtre, le bois du Pin austral possède un grain dur et serré, de 0,666 à 0,875 de densité. L'écart de ces chiffres est dù à la forte déperdition de poids qu'une longue dessiccation lui fait subir. Sa charge de rupture à la flexion varie entre 9ks,80 et 10k8,91 par millimètre carré ; il est donc plus résistant que:le Chêne qui se rompt sous une charge de xs, et se voit seule- ment dépassé par l'Acacia, le Frêne et le Gaïac. Le Pitch pin est inattaquable par les insectes, et ne se déforme pas une fois travaillé, mais on doit employer des bois non gemmés, saturés de leur résine. On empêche cette résine de suinter en fumant les arbres aussitôt après leur abattage, ce qui durcit la résine et la fait pour ainsi dire se cristalliser dans les fibres ligneuses. Outre son bois, le Pin austral peut fournir une ont résine et on obtient un excellent goudron en distillant ses débris. | ._ L'Angieterre comsomme, depuis 1869 environ, des quan- tités énormes de Pitch pin. Elle l’'emploie pour ses cons- tructions navales, navires, yachts, canots, yoles, etc.; pour l'édification de cottages, de maisons de campagne, qui se transportent démontés dans les régions tropicales, où on assemble et réunit leurs pièces repérées et numérotées; enfin pour la menuiserie intérieure des appartements, l’ébénisterie et la carrosserie. Les différentes catégories d’industriels an- slais viendraient aussi volontiers chercher le Pitch pin chez nous que leurs mineurs y viennent prendre les étançons en Pin des Landes, 20 Janvier 1859. 6 82 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Son introduction en France qui date de 1869, est due à un fabricant de meubles, M. Tucker. En 1872, le ministère de la marine envoya M. Louis Fiche. sous-ingénieur du génie maritime, étudier dans les Etats du Sud de l’Union, son application à l’art naval, et depuis cette époque, la marine francaise consomme chaque année 12,000 stères environ de Pitch pin et de Yellow pine, l’un s'appliquant exclusivement aux parties des navires qui sont constamment immergées, l’autre aux bordages et aux ponts. Le premier emploi du Pitch pin dans les travaux hydrau- liques remonte en France à la construction de l’estacade de Saint-Nazaire ; M. de Lagrénée s’en servit ensuite pour le barrage de Port-Villez sur la Seine, où l’on devait enfoncer dans le lit du fleuve des pieux traversant une hauteur d’eau de 12 mètres, ayant par conséquent 14 mètres environ de longueur, pieux que cette essence püt seule fournir assez légers et assez résistants. En 1877, les chemins de fer de l'Ouest commencèrent à lemployer en traverses. Le Pitch pin est surtout précieux pour la confection des pieux, des pal-planches, des aiguilles de barrages, car il résiste encore mieux sous l’eau que sur terre, sa forte teneur en résine empêchant toute décomposition ; on lui attribue généralement la même durée qu'au Chêne. Les madriers de Pitch pin se vendent 30 à 40 francs le mètre cube sur les ports américains ; 70 francs au Havre et 7 francs à Paris, mais les pièces de plus grandes dimensions, qui ont souvent 20 mètres de long sur 50 centimètres d’équarrissage, voient leur prix s'élever à 125 et 130 francs. | Le Pitch pin en madriers coûte donc plus cher sur la place de Paris que le Chêne de charpente qui y vaut de 60 à 80 francs au mêtre cube, que les plateaux d'Orme qui y valent de 60 à 75 francs, que ceux de Hêtre et ceux de Charme, dont les cours moyens varient entre 55 et 60 francs. Le Pin austral croît surtout dans les magnifiques forêts du Texas, de la Louisiane, du Mississipi, de la Floride, de la Géorgie, des Carolines et de l’Alabama. La superficie de ces forêts est évaluée à 20 millions d'hectares et leur produit annuel à 19 millions de mètres cubes de bois dont 3 millions 1/2 de Pitch pin; chiffres très approximatifs cependant, le flot- tage produisant une énorme déperdition et les exploitants qui L’ACCLIMATEMENT DU PITCH PIN. 85 abattent souvent sans aucun droit, se soustrayant aux re- cherches de la statistique. La région du Pin austral atteint sa limite septentrionale un peu au-dessous du 32° parallèle dans la Louisiane ; elle re- monte d’un demi-degré vers le Nord sur le Mississipi, et s'élève jusqu'à 34° 3 dans l’Alabama. Sa limite méridionale est le golfe du Mexique. Les Américains partagent cet habitat en trois zones. La première, dite zone de Ceinture ou région maritime, s'étend sur les états du golfe du Mexique : Floride, partie méridionale de l’Alabama, du Mississipi, et Louisiane orientale, Ses produits s’expédient par les ports de Pensacola, d’Apalo- chicola, de Ferdinandina. La deuxième, région centrale, couvre l’Alabama, la Géorgie et les Carolines, avec le port d'embarquement de Pascagoula. La troisième comprend la Louisiane occidentale et le Texas ; elle a la Nouvelle-Orléans et Calcassien comme ports d’em- barquement. | Le climat de la partie de l'Amérique du Nord, comprise entre le 39e et le 45e parallèles, présente malgré la différence de latitude une grande analogie avec celui de l'Allemagne, de l'Angleterre, et du Nord de la France. La température est à peu près la même à New-York, par 40 degrés de latitude nord, qu'à Erfurt par 51° 26. En descendant vers le Sud, nous trou- vons des régions rappelant le centre et le midi de notre patrie, On constate cependant en Amérique une plus grande différence entre la moyenne de l'hiver qui est très froid, et celle de l’été qui est très chaud ; il est de toute évidence que les arbres accoutumés à ces écarts annuels s’accommoderaient parfaitement d’un climat plus régulier. Le Pin austral a été introduit en Europe de 1721 à 1730, mais son acclimatement en grand n’a guère été essayé qu’en Allemagne où il ne pouvait vu la rigueur de l'hiver retrouver les conditions de son habitat normal, aussi n’a-t-il donné, nous écrivait, il y a quelque temps, M. Booth, le célèbre sylvi- culteur de Klein-Flottbeck, que des résultats très médiocres. Si cet arbre végète sous le ciel inclément de l'Allemagne, il prospérerait probablement dans le golfe de Gascogne, dont la température n’est pas de beaucoup inférieure à celle de son pays d'origine et où le sol sablonneux sur sous-sol imper- méable, représente exactement son habitat préféré. 84 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. En supposant que le climat de la Gascogne se trouve un peu trop rude pour le Pin austral, l'autre espèce de Pitch pin, le Pin rigide y réussira certainement. Quelques tâtonne- ments devraient être opérés, afin de déterminer celle des deux espèces qui s’accommoderait le mieux de nos sables landais. Le Pinus rigida de Miller, auquel nous donnerons le nom de Pitch pin du Nord, est moins connu dans le commerce des bois que le Pitch pin de Géorgie, car le Canada en pro- duit très peu, et les États septentrionaux de la république américaine dans lesquels il croit, ne se livrent pas à l’expor- tation des bois, leurs besoins ainsi que nous l'avons dit, dé- passant la production locale. Il atteint en dix ans dans les landes les plus stériles une taille de 5 mètres, qui s'élève à 18 et 20 mètres à cinquante ans, avec un diamètre de 35 à 66 centimètres; mais si le ter- rain lui est favorable, s’il est composé de sable argileux trè* humide, il peut arriver à une hauteur de 30 mètres et à un diamètre d’un mètre. Emmerson en a vu de 33 mètres de hauteur et 1,60 de diamètre dans le Massachussetts; le cas _est assez rare il est vrai. On admet généralement que son diamètre s'accroît de 1 centimètre par an. Le Pin rigide porte des aiguilles, vert foncé, de 9 à 10 cen- timètres de long, engainées par groupes de trois à l'extrémité des branches, et formant un fond sombre sur lequel se déta- chent des grappes de cônes d’un jaune pâle, armés de petites épines recourbées. Cet arbre prospère dans les endroits où aucune autre essence forestière ne pourrait vivre, dans les terrains secs, aussi bien que dans les sols humides, et s’ac- commode parfaitement des marais salants. Son bois dur, très résineux, insensible à l'humidité ou à la sécheresse, est aussi indestructible que celui du Pin austral. Les Américains l’emploient pour la menuiserie et l’'ébénis- terie quand il croît en terrain sec, celui des sols marécageux ne servant qu'au chauffage. Le Pin rigide pousse dans la partie septentrionale des États du Maine, du Vermont, et dans celui de New-York. Il se retrouve encore en grande abondance au Sud-Est des Alle- shanys et en Géorgie; on ne le rencontre ni dans le Canada proprement dit, ni à l’ouest des Alleghanys. C'est le conifère le plus estimé de tous ceux qui croissent L’ACCLIMATEMENT DU PITCH PIN. 85 sur la région septentrionale de l'Amérique du Nord, comme le Pin austral est le plus estimé de ceux qui croissent sur sa région méridionale. Le nom de Pitch pin lui appartiendrait, parait-il, plutôt qu'au Pin austral, mais il arrive très peu de son bois en Europe, le Pitch pin qui nous vient du Canada étant fourni par le Pinus rubra, Pin rouge. Le Pin rigide est acclimaté en Angleterre depuis 1759 en- viron, uniquement, il est vrai, comme arbre décoratif pour l'ornement des parcs et des jardins. Introduit en Allemagne quelques années plus tard, il n’y fut d’abord cultivé que dans le même but, mais, depuis quelques années, on en a fait de nombreuses plantations forestières, qui dépassent, parait-il, toute espérance. M. Booth nous écrivait à ce sujet le 5 mars dernier : « Je suis au courant des questions de reboisement dans les landes, et ne doute pas que le Pinus rigida y prospère; il est depuis quelques années l’objet d'expériences très suivies chez nous et a produit des pousses annuelles extraordinaires, dans des terrains sablonneux, sur des dunes où le Sylvestris ne peut résister; en le naturalisant en Gascogne, vous aurez l’avan- tage d'acquérir une espèce qui ne gèle pas comme le Pinus marilima. » La transplantation du Pin rigide dans les sables des Landes serait une application du grand principe darwinien, disant que l’acclimatement réussit surtout quand il transporte vers le sud des espèces originaires du nord. Les Landes où nous proposons d'introduire les Pins amé- cains, ne s'étendent pas seulement sur le département de ce nom. Elles forment, dans le sud-ouest de la France, une vaste région sablonneuse limitrophe du golfe de Gascogne, cou- vrant une partie du département du Lot-et-Garonne, moitié du département de la Gironde et une partie de celui des Landes, en tout 810,000 hectares de forêts et 600,000 hectares d'immenses plaines restées stériles. | La caractéristique de cette région est son sous-sol d’alios, sorte de tuf d’un brun rouge composé de sable ferrugineux agglutiné par des matières organiques. Le sol reposant sur l’'alios, qui se rencontre à une faible profondeur, est exclusi- vement silicieux, sans argile ni calcaire. Les Landes sont soumises à des gelées précoces et tardives, mais peu rudes, car la température y varie de 3 à 12 degrés 86 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. au-dessus de 0 en novembre et décembre; de 0 à8 et 9 degrés en janvier et de 5° 5 à 16 degrés en février. Les gelées n’y sont donc pas assez intenses pour nuire au développement d'arbres aussi robustes que les Pins. Ce pays, inculte jadis, et habité par des générations de fiévreux, a été profondément modifié par la loi de 1857, sur le reboisement, loi que provoquèrent les travaux de M. Chambrelent actuellement inspecteur général des Ponts- et-chaussées. Dès 1850 du reste, on y opérait la plantation de Pins qui atteignaient 5 ans après une taille de 3, 50 et un diamètre de 9 centimètres, pour se développer ensuite sui- vant un accroissement annuel de 60 centimètres à 1", 20 en hauteur et de 1 centimètre en diamètre. La racine pivotante de ces arbres ne se trouve pas géênée par le pavage souterrain d’alios, qui la force simplement à se recourber. | Les forêts des Landes se créent par semis ou par planta= tions ; à partir de 5 à 6 ans, on les éclaircit chaque année en abattant les sujets les moins vigoureux. Le nombre d'arbres plantés sur un hectare descend progressivement du chiffre primitif de 7.000, jusqu'à 5 ou 600; on en gemme alors 3 à 400 à mort, on les saigne à vif pour en extraire toute la gemme, toute la résine, ce qui ne tarde pas à les faire périr. Les 200 arbres conservés, dits Pins de place, restent intacts ou sont gemmés à vie, d'une facon plus méthodique, afin qu'ils puissent supporter cette opération, et on les exploite définitivement à 35 ou 40 ans. Il est généralement admis qu’à 30 ans, l'abattage d’un hec- tare donne un bénéfice net de 600 francs, auquel on doit ajou- ter une somme annuelle de 30 francs pour la vente des éclair- cies à partir de la dixième année, bénéfice bien inférieur à celui que fournirait le Pitch pin, dont un hectare produit de 272 à 425 mètres cubes. Très poreux, le Pin des Landes doit justement à ce défaut la vogue dont il jouit pour certains usages, une texture lâche lui permettant d’absorber de grandes quantités de liquides antiseptiques qui assurent sa conservation en terre. Les arbres abattus pour les éclaircies se débitent en pièces de 2 mètres de long sur 8 à 9 centimètres de diamètre, recherchées depuis une vingtaine d'années par les Anglais qui les emploient au boisage des houillères, et en consom- L'ACCLIMATEMENT DU PITCH PIN. 87 ment 250,000 tonnes par an. Ils sont aussi très estimés comme poteaux télégraphiques, et la vente annuelle de cet article est approximativement de 90,000 pièces pesant de 200 à 250,000 tonnes. Enfin les Pins réservés, abattus en dernier lieu, sont débités en traverses de chemins de fer, dont ils fournissent 900,000 environ chaque année. Poteaux et traverses sont pris dans des arbres qui n’ont pas été soumis au gemmage. L'Espagne les dispute à l'Angleterre, on en expédie encore en Grèce, en Egypte, au Sénégal, à l'ile Maurice, au Véné- zuela, dans l’isthme de Panama. Les 810,090 hectares de forêts des Landes livrent, somme toute, chaque année 3 millions de tonnes de bois au commerce. Un examen plus approfondi de cette question permet de constater que la vogue des Pins landais est plutôt acciden- telle que normale. Les Anglais les emploient pour leurs boi- sages, depuis qu'un hiver rigoureux suspendit pendant un certain temps les arrivages de Norwège. Vers 1863, l'exportation des résines américaines ayant été arrêtée par la guerre de Sécession, les forestiers landais semmèrent à vie et à mort, et gagnèrent, paraît-il, en une seule année des sommes représentant la valeur de leurs ter- rains; reconnaissants ils ne désignent plus leur Pin que sous le nom d’« arbre d'or ». Malheureusement, les huiles de résine sont beaucoup moins recherchées depuis l'apparition des oléonaphtes russes, et quant à l'exportation lointaine du bois, nous avons vu quelle en était la cause. Une révolution métallurgique qui substituerait des pièces en fer ou en acier aux poteaux et aux traverses en bois des, Landes amènerait à bref délai une obstruction de leurs débouchés. Le remplacement progressif du Pin maritime par d’autres espèces, dont l'exploitation serait plus lucrative encore, constitue donc une question excessivement intéres- sante pour l'avenir de cette région. Les conifères sont, de tous les arbres, ceux qui se prêtent le mieux aux modifications de climat. Nous avons vu comment des pays, auxquels une température plus rude que la nôtre laisse moins de latitude dans le choix des espèces, savaient tirer parti de cette propriété ; n’attendons pas pour entrer dans la même voie le moment où nous serons obligés de leur emprunter les bois nécessaires à notre industrie. II. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 21 DÉCEMBRE 1888. PRÉSIDENCE DE M. A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, PRÉSIDENT. M. le Président ouvre la séance par une courte allocution dans laquelle ïl invite les sections à poursuivre activement la solution des nombreuses questions encore à l'étude. — M. le Secrétaire général donne lecture du Rapport fait au nom de la Commission des récompenses. ; : — M. Richard {du Cantal) offre à la Société une Noie sw: l’agriculture el les remontes de l'armée. Dans cette note, adressée aux membres du groupe agricole de la Chambre des députés, notre collègue rappelle qu'en 1870 l’agriculture alle- mande avait pu mettre 300,000 chevaux à la disposition de l’armée, tandis que nos agriculteurs n'avaient pu en fournir que 20,000. M. ‘Richard (du Cantal) indique les moyens qui pourraient être employés pour remédier à l'infériorité de l'élevage français dans la production du cheval de guerre. — M. Lataste offre à la Société un travail intitulé : Analyse zoologique des pelotes de réjections de rapaces noclurnes. Ce mémoire avait été communiqué à la Société dans une de ses précédentes séances. Il a été publié dans les Annales du musée de Gênes. En faisant cette présentation, M. Lataste exprime le désir de voir son travail soumis à l’appréciation de la Commission des récompenses. — M. Mégnin offre à la Société un livre ayant pour titre : Les Faisans, histoire naturelle, élevage, maladies. M. Mégnin a donné dans cet ouvrage des figures des di- verses espèces acclimatées en France ; il a décrit avec soin les diverses maladies qui atteignent ces oiseaux, et, entre autres, celles causées par la présence du Syngame de la tra- chée, affection que notre collègue a traitée avec succès. — M. le Président dépose sur le bureau une note de M. Du- vergier sur le croisement de divers oiseaux. — M. D'Orcet donne lecture d’une note sur les productions naturelles de Paphos. | Le Secrétaire des séances, D' Pauz BROCCHI. III. JARDIN ZO0LOGIQUE D’ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE. CHRONIQUE. TEMPÉRATURES DU 25 DÉCEMBRE 1888 AU 9 JANVIER 1889. ? Moxima. Minima, PR D CR. CE Plus haut, Plus bas. Plus haut. Plus bas, Bois de Boulogne RATES HA Et En TU — 20 + bo — 100,5 Jardin de Marseille..... ÉCRAN ARE ei + + 102 + 10 Hdin d'Ayères, ......... Ra tee DU + To + {lo + 2 dada de. Tours... 5... + bo,où + 4 + Go,3 — 7 Dans notre dernière chronique nous annoncions l’arrivée au Jardin : des Cosaques et Circassiens qui étaient venus nous demander l’hos- pilalité. Cette intéressante exhibilion commencée le 25 décembre a. pris fin le 30 sur les réclamations de l'ambassade russe. L’ambassa- deur a obtenu du préfet de police que les exercices cesseraient, allé- guant que des soldats russes en uniforme ne pouvaient faire leurs exercices devant le public parisien. Il n’y avait pas à discuter devant cet ordre et cependant il eût élé bien facile de démontrer : 1° que le coslume circassien n’est pas un uniforme militaire, 2° que les Cosaques ei les Circassiens n’appartiennent pas plus à l’armée russe que les soldats de notre armée territoriale à l’armée française lorsqu'ils ne sont pas appelés sous les drapeaux. Mais cette démonstration n’eût servi à rien, car La raison du plus fort est toujours la meilleure. Aux Cosaques, arbitrairement interdils, ont succédé les Lapons. Depuis longtemps déjà nous souhaitions l’arrivée au Jardin d’une cara- vane laponne avec ses Rennes. Dès l’année dernière nous avions entamé des négociations à ce sujet; elles ont enfin abouli. M. Kabrs, directeur de l’agence des touristes de Boros, en Norwège, a réuni une troupe composée de vingl-sept Lapons ainsi composée : Ole Olsen Sebril, homme âgé de 60 ans. Maria Sebril, femme âgée de 60 ans. Anna Lisa Sebril, fille âgée de 12 ans. Ragnild Sebril, fille âgée de 17 ans, Martin Kant, homme âgé de 34 ans. Marit Kant, femme âgée de 30 ans, et ses trois jeunes enfants âgés de 7 ans, 2 ans, et 9 mois. Anders Kroïss, homme âgé de 35 ans. Margrethe Kroïss, femme âgée de 30 ans, et ses deux jeunes enfants âés de 4 aus et 2 ans. Lars Jonassen, homme âgé de 25 ans, Luci Jonassen, femme âgée de 30 ans, et son enfant âgé de 13 mois. Nils Bull, homme âgé de 40 ans. Marget Bull, femme âgée de 35 ans, et son enfant âgé de 5 ans. Ole Nilsen Kant, homme âgé de 29 ans, 90 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Andrea Kant, femme âgée de 35 ans, et son enfant âgé de 11 mois. Kari Kant, fille âgée de 30 ans. Kristiau Kjeldsberg, homme âgé de 40 ans. Bendi Baill, homme âgé de 24 ans. Nils Thomassen, homme âgé de 31 ans. La troupe est donc composée de neuf hommes, huit femmes et filles et dix enfants. Les Lapons du Jardin d’acclimatation sont des Zapons alpins, c’'est- à-dire qu'ils appartiennent aux tribus qui vivent dans les montagnes paissant leurs troupeaux de Rennes, suivant la saison, dans les bois et sur les plateaux, Au moment de leur départ, ces Lapons étaient campés dans les montagnes de Dovre et de Kvikne, célèbres par leurs éternels glaciers, qui séparent la Norvège de la Suède; apres huit jours de voyage à pied, ils atteignaient Roros (Norvège) : de là, le chemin de fer les amenait à Christiania. Embarqués pour Hambourg, et de là pour le Havre, ils arrivaient enfin le 8 décembre au soir sur la pelouse du Jar- din zoologique d'acclimatation, après dix-huit journées de roule, avec vingt magnifiques Rennes, trois Chiens, leurs traincaux, leurs patins, leur matériel de campement et les ustensiles de toutes sortes dont le Lapon ne se sépare jamais. | Dès le lendemain de l’arrivée, les tentes de feutre étaient dressées, el ces nomades avaient reconstitué leurs foyers ; l'installation était aussi complète que s'ils se trouvaient encore dans les grands bois, occupés à faire tomber les arbres garnis de mousse pour nourrir leurs troupeaux de Rennes. Les Lapons norvégiens et suédois qui sont nos hôtes en ce mo- ment, diffèrent assez notablement par leur costume, des Lapons venus de la Laponie russe au Jardin d’acclimatation en 18378. Les grandes redingotes (en langue laponne #oatta), en peau de Renne, sont bien les mêmes ; les souliers à bouts relevés (en langue laponne notek), en peau de Renne aussi, sont également semblables, mais les hommes portent une sorte de casquette à quatre visières mobiles (en langue laponne {iokpe), qui diffère du bonnet carré, sorte de bonnet de juge, que nous avions déjà vu. Le costume des femmes est semblable. Souliers, pantalons, grande redingote, le tout en peau de Renne; le bonnet seul, dans le costume, permet de distinguer les sexes, il a une forme arron- die et cambrée, qu'on pourruit, avec un peu de bonne volonté, com- parer au bonnet phrygien. Nous ne saurions entrer ici dans la descriplion détaillée des Lapons et dans la discussion de l’origine et des caractères de celte race au- jourd’hui confinée dans les parties les plus désolées de l'Europe. Nous reproduisons un passage de l’article publié par M. Jean Frollo dans le Petit Parisien du 13 janvier ; il nous paraît de nature à intéresser les lecteurs de ces chroniques. « C’est un peuple singulier que ces Lapons, et qui ne s'est guère JARDIN D’ACCLIMATATION. y modifié avec le temps; bien qu'ils soient censés soumis aux autorités russes ou norvégiennes, en fait, ils ne connaissent guère de frontières, ils restent d'opiniâtres nomades et défient tout dénombrement. » D'où sont-ils venus ? La science ethnologique actuelle s'accorde à penser que, aux âges préhistoriques, ils sont venus de l'Orient, qu'ils ont occupé alors toute la Scandinavie, puis qu'ils ont été peu à peu refoulés vers l’'Extrême-Nord. Quant à leur histoire, elle n'existe en réalité pas. Toujours en marche, ils ont émigré selon leurs besoins, afin d'assurer l'existence à leurs troupeaux de Rennes; ils n'ont pris racine nulle part. Depuis les temps les plus anciens, ils ont ainsi vécu, s'arrêtaut parfois dans une région une dizaine d’années au plus, puis, repartant lorsqu'ils en avaient épuisé les ressources. » L'histoire d’êtres humains dont le sort a été un éternel voyage ne se pouvait écrire. Ailleurs, on a pu, à défaut d’une chronique précise, conserver certaines traditions héroïques, fournissant quelques indica- tions. Les Lapons, qui n’ont vécu que par petits groupes, n’ont aucune tradition. » Ce qui est curieux, c’est que ce nom de Lapons, sous lequel on désigne ces peuplades, est considéré par eux comme une injure. Quand on demande à l’un d'eux son pays, il répond : « Je suis de la nation sabine. » L’épithète de Lapons les offense. Il leur rappelle le sobriquet que leur avaient donné les peuples voisins, sobriquet signifiant : « Lâche, homme méprisable. » » Ce qui explique encore l'ignorance où l’on est sur leur passé, c'est l habitude qu'ils observaient, en raison de leurs croyances sur la mort. Ils se figuraient que, en quittant ce monde pour un autre, ils emportaient tout avec eux. Ils cachaient donc tout ce qu’ils pou- vaient avoir de précieux dans des trous dans la terre, en des cachettes presque inaccessibles. Tout ce qui pouvait constituer leur histoire s'est dès lors trouvé enfoui sous le sol, et comme ce sol n’est jamais remué, en ces latitudes boréales, ces objets sont à tout jamais perdus. » Il n’est pas inutile de parler aussi des animaux amenés par les La- pons. Les vingt Rennes destinés au service des traîneaux sont de grande taille, leur pelage est beaucoup plus clair, plus argenté, que celui des Rennes d’origine russe que nous pcssédons et qui repro— duisent régulièrement au Jardin depuis longtemps déjà. Quant aux Chiens ils présentent peu d'intérêt; car ils manquent tout à fait de type. Cependant la forme de la tête, les proportions du corps, la queue plus ou moins enroulée, montrent bien la parenté avec les Chieus Esquimaux dont les Groënlandais Esquimaux de la baie de Disko, amenés au Jardin en 1877, avaient présenté de si beaux spé- cimens. Les Chiens Lapons qui sont au Jardin ont le poil noir demi- long el très serré, iis mesurent au garrot environ 0,45. On les dit excellents servileurs, tidèles, vigilants et hardis. IV. CHRONIQUE DES SOCIÉTÉS SAVANTES. ——_—————— Académie des Sciences. — Séunce du 11 décembre 1888. — S. À, le Prince Albert de Monaco a présenté dans cette séance une note Sur l'alimentation des naufragés en pleine mer que, vu son impor- tance, nous reproduirons intégralement. «Je crois utile de communiquer à l’Académie une conséquence frappante des investigations sur la faune pélagique de l'Océan, pour- suivies depuis quatre années avec l’Hirondelle, en même temps RE d’autres recherches scientifiques. » Plusieurs de mes précédentes Notes mentionnent des pêches péla- giques exécutées entre les côtes d'Europe, ies Açores et l'Amérique; elles montrent que la surface de la mer est visitée pendant la nuit par une faune minuscule dont les éléments viennent de profondeurs di- verses où des appareils spéciaux les retrouvent pendant le jour. La campagne de 1888 permet de compléter cette observation et d’en fournir d’autres sur une faune pélagique de plus grande tailie. » La nuit, un filet en étoffe de soie à bluter le son, ayant 2,50. d'ouverture, traîné pendant une demi-heure à la surface, rapporlait chaque fois un nombre plus ou moins grand de poissons (Scopelidæ) et environ 10% de matière organique animale utilisable (Mysidés et Am- phipodes principalement). » La nuit encore, un filet de 0",50, disposé en épuisette et sim- plement plongé dans l'un des nombreux bancs de méduses (Pelagia noctiluca) souvent aperçus vers le 49° degré de latitude nord et le 20° degré de longitude ouest, fournissait environ 15% de Crustacés (4y- peria Latreilli) qui vivent dans l’ombrelle de ces méduses. » Le jour on trouve quelques-uns des organismes sus nommés, dès la profondeur de 30 mètres, et souvent de nombreux syngnates flot- tant inertes à la surface. | » Dans la région que parcourent les touffes de sargasses, c’est-à-dire dans tout l’ouest des Acores, entre la limite du courant polaire el l'équateur, on découvre, cachés parmi les rameaux de ce végétal errant, toute une faune (Crustacés et Poissons) beaucoup plus subs- tantielle que la précédente, mais que des yeux non prévenus aperce- vraient difficilement à cause du mimétisme qu’elle présente. » Pendant les mois de juillet et d'août derniers, l’Æirondelle a fait jusque vers 600 lieues dans l’ouest et le sud-ouest de l’Europe, des recherches sur la présence des Thons : deux lignes, avec amorces artificielles, traînant derrière le navire quand l'allure n’excédait pas 4 nœuds, ont pris un peu partout 53 Thons (7Aynnus alalonga), qui pesaient ensemble 908 livres. » Les épaves suffisamment anciennes pour s'être chargées d'Anatifes, sont presque toujours suivies de Poissons assez gros; six d’entre elles. CHRONIQUE ‘DES SOCIÉTÉS SAVANTES. . 93 visilées en juillet et septembre derniers, ont fourni 28 Mérous (Po/y- prion Cernium) pesant ensemble 308 livres. Parfois, durant cette cam- ‘pagne et les campagnes précédentes, on à prélevé sur l'une de ces troupes de Poissons-la quantité que l'on en voulait (un jour même jusqu'à 300 livres) sans que leur nombre eût sensiblement diminué. Entre les pieds des Analifes qui garnissent ces épaves, on trouve des Nudibranches (genre Fiona), et dans les coquilles de beaucoup d'entre elles, de grosses Annélides (genre Hipponoé). Enfin ces épaves sont quelquefois accompagnées de grands Requius et de Poissons Lune (Orthagoriscus mola). » Il ressort de ces faits, qui seront l’objet d’une étude approfondie pendant les prochaines cempagnes de l’Hürondelle, que le personnel d'une embarcation abandonnée sans vivres sur l'Atlantique Nord et probablement sur un point quelconque des mers tempérées et chau- des (1), pourrait éviter la mort par inanilion s’il possédait, au moins en partie, le matériel suivant : » 1° Un ou plusieurs filets en étamine, de 1 m. à 2 m. d'ouverture, avec 20 m. de ligne, pour recueillir la faune pélagique libre, ou tami- ser les touffes de sargasses ; et mieux, un filet imitant ceux construits sur l'Airondelle où ils sont appelés chaluts de surface. » 20 Quelques lignes de 50 m. terminées chacune par trois brasses de fil de laiton recuit, sur lequel est fixé un gros hamecon avec amorce artificielle, pour les thons : » 3° Une petite foëne, pour harponner les mérous des épaves, et quelques hameçons brillants auxquels ceux-ci se prennent, parfois même sans amorce ; | » 4° Un harpon, pour les plus grands animaux qui suivent les épaves. | ; » Parmi les ressources alimentaires que je viens de signaler, il en est une qui apparaît avec une constance et une abondance remar- quables, mais que nos divers engins atteignent imparfaitement : je veux dire les myriades de menus poissons, répandus la puit, au moins sur toute l'étendue précitée de l'Océan, et qui sont peut-être analogues à _ Ceux trouvés en nombre considérable dans l'estomac des lhons que les zaologistes de l’Æirondelle, MM. de Guerre et Richard, ont ouverts. » L'amélioration des moyens employés dans ces expériences per- mettrait sûrement d'utiliser beaucoup mieux toute cette matière orga- nique ; mais j'ai cru devoir signaler les premiers faits tels qu'ils sont, parce que je les crois capables dans bien des circonstances de prolon- ger, au moins jusqu'à la rencontre d’un secours éventuel, l'existence de navigateurs qui ont vu sombrer leur navire. » | - (1) Ce que l’on sait ‘de l’alinientation des grands Cétacés des mers polaires permettrait d'étendre cette observation jusqu’au delà des zones tempérées. V. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. La mission de M. Raoul dans les Colonies. — Notre confrère M. E. Raoul, pharmacien principal de la marine, délégué de Taiti au Conseil supérieur de l’Exposition permanente des Colonies, a été chargé, par le Ministère de la Marine et des Colonies et par le Ministère de lIns- truction publique, d’une mission scientifique importante et dont les résul- tats auront, dans un avenir prochain, les plus heureuses conséquences pour nos possessions d'outre-mer, grâce à l’intelligente activité déployée par IC zélé missionnaire. La mission confiée à notre confrère consistait à visiter et à introduire dans nos colonies, suivant leurs besoins et leurs aptitudes, les végétaux producteurs des matières premières demandées par le commerce et l’in- dustrie qui lui paraîtraient susceptibles d’y être acclimatés, et d'activer par ce fait le mouvement des échanges avec la métropole. Le choix des Ministres ne pouvait être meilleur. M, Raoul est, em effet, un des rares Français qui ont, non seulement visité mais encore fait um assez long séjour dans nos diverses possessions. Il en connaît parfaitement la flore et sait par conséquent non seulement ce que chacune d’elles possède mais encore et surtout, ce qu’il y aurait intérêt à introduire. A sa science consommée de botaniste, M. Raoul joint la pratique d’un horticulteur fort habile et nous nous sommes laissé dire qu'il était plus fier de ses talents de jardinier que de toutes ses connaissances scien— tifiques. Nous ne suivons pas le délégué des ministères dans ses longues péré- orinations autour du monde, disons seulement qu’il a successivement visité la Réunion, Madagascar, Maurice, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Nouvelle-Calédonie, Taïti, les Iles Sous-le-Vent, le Queensland, Java, Sumatra, la Cochinchine et enfin le Tonkin. Dans tous ces pays, M. Raoul procède de la même façon, y ed les plantes économiques qui n’y existent pas et leur empruntant celles qu'il peut utilement transporter ailleurs. A Taiti, notamment, plusieurs milliers de plantes vivantes furent intro- duites par ses soins. Là, faute d’un jardinier entendu, M. Raoul se wit dans la nécessité de procéder lui-même à leur transplantation. Les résultats ont été merveilleux: la plupart des végétaux fruitiers d'Europe y ont parfaitement réussi. Citons notamment le Pêcher, le Prunier, le Pommier, le Fraïisier, etc. Sur cent variétés de vignes, près de la moitié peuvent donner des fruits pour la table, la cuve ou l’industrie des raisins secs. Parmi les arbres fruitiers des pays chauds, les Nephelium, les Mangifera, les Eugenia, les Psidium, les Anona, etc., ont Ôte importés par M. Raoul. Pendant un séjour de dix mois à Papeete, il a pu ainsi créer un véri- table jardin botanique ‘et d'acclimatation et former en même temps CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 05 quelques jardiniers. Aussi, au moment âe son départ, la colonie recon- naissante offrit-elle au savant botaniste, par souscription publique, un magnifique bronze arlistique. Au Tonkin, M. Raoul a confié toutes ses collections de plantes aux bons soins de M. Balansa, et il ne pouvait vraiment les placer entre meil- leures mains qu’en celles de notre savant ct estimé confrère. La station choisie a été le mont Bavi. Nous espérons que les précicuses indications fournies par M. Raoul seront suivies ct qu’elles assureront la fortune de nos colonies. Disons toutefois que les essais officiels ne sauraient suffire à chtenir ce résultat. Pour mener à bien pareille entreprise, il faut que les colons eux-mêmes se vouent à cette œuvre de civilisation et que les indigènes soient ini- liés aux soins à donner aux plantes recommandées; il faut surtout secouer leur indifférence, leur apathie ct savoir les intéresser à ces cul- tures en :eur démontrant qu'elles seront pour eux une source de profil et par conséquent de bien-être. Du reste, dans cette circonstance, comme toujours, la Société nationale d’Acclimatation ne faillira pas à son devoir ; elle encouragera de tous ses efforts les tentatives de ce genre, et saura récompenser le zèle des personnes qui auront ainsi contribué à doter nos colonies de nouvelles richesses. JuleS GRISARD. Les Oies américaines, — Suivant un journal américain le Vew- York Witness, l'entretien de la literie exigerait aux Etats-Unis une con- sommation annuelle de 1,350,000 kilogr. ou 135 wagons de plumes. Une ERA BS ZT NAT A NU, Le \ £ Rd A 2 % , e A CR TT - — Oie fournissant en moyenne 450 grammes de duvet, on doit donc dé- pouiller chaque année pour obtenir cette masse, un nombre de volatiles plus que double du nombre de kilogr. qu’elle représente, ou 3 millions environ. Les Etats qui se consacrent surtout à l'élevage des Oies, sont Piliinois, la partie méridionale du Missouri, le Kentucky, l’Arkansas et le 96 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. . Tennessee. Il faut en cffet un climat assez froid, pour que la plume soit . fine et duveteuse, sans que la rigueur de la température rende l'exploita- tation onéreuse, car si l'hiver est rude, les Oies ne pouvant trouver d'aliments sur le sol ou dans Ics caux couverts de glece, doivent être nourries en basse-cour et chacune d'elles absorbe alors autant de grain qu'un mouton. Les régions chaudes ne se prêtent pas mieux à un éle- vage lucratif des Oics, car l’eau fait alors défaut ; les Américains trouvent il est vrai, remède à ce mal, si nous en croyons l’ancedote suivante rap- portée par un journal géorgien l'AfZanta Constitution. Un habitant d’At- lanta, voyageant dans l’Alabama, rencontra un matin cntre Portcrsgay et Millersville, un individu conduisant une douzaine d'Oics vers un champ . de cotonniers. Chäque Oie portait au cou une gourde pleine .d’eau. Etonné de voir les palmipèdes en si singulier équipage, le voyageur en demanda la raison à leur gardien: « Ces gourdes contiennent la:provi- sion d’eau des Oics, répondit celui-ci. Elles passent la journée à manger les mauvaises herbes des champs de cotonniers, où elles ne trouveraient pas à boire, et quand une des volailles à soif elle se désaltère à la gourde d'une de ses compagnes » Bientôt après, en cffet, le narrateur de-cette h'storicite voyait une Oie se rafraîchir en introduisant le,bee dans la gourde de sa voisine, prête du reste à lui demander le même service. J: Lom - La Théine. — La Théince, analgésique, dont il est fréquemment ques- tion, a été particulièremeut étudiée, ces dernières annécs, par M. Mays. . Jusqu'ici, il avait été admis que la Théine ct la Caféine pouvaient être considérées comme substances identiques. M. Mays n’admet pas celle opinion, au moins à r'égard des effets physio- logiques de ces substances. La Théine, dit-il, agit sur la sensibilité, ce que ne fait point la Caféine. La Théine produit des spasmes, ce que la Caféine ne détermine qu’à un degré avancé de l’intox:cation ; la premiè:e atteint rapidement le réflexe nasal, ce que la deuxième fait tardivement ou ne fait point : enfin la dose mortelle cest plus considérable pour la Théinc. À la dose de 6 ou 12 milligr. la Théine provoque chez l'homme un engourdissement avec picotement, parcil à celui que procure l'immer- sion de la main dans de l’acide phénique. Pas de troubles de la motilité ; l’'ancsthésie s'établit bientôt, au-dessous du siège de l'injection et gagnant vers la périphérie, mais non vers le centre. On peut en injecter jusqu'à 15 ccntigrammes. En résumé, M. Mays préfère l’action analgésique de la Théine dont il recommande surlout l'emploi dans les maladics chroniques des ncrfs sensilifs. | UE: | M, V.=B. SES Le Gérant : JULES GRISARD. I. TRAVAUX ADRESSÉS À LA SOCIÉTÉ. LE SAUMON ET LA LOI SUR LA PÊCHE Par M. AM. BERTHOULE Secrétaire général (1), L'attention de la Société était éveillée, il y a quelques mois, sur une question d'un intérêt considérable: un certain nombre de pêcheurs de la basse Loire venaient d'adresser une pétition à l'administration supérieure, en vue d'obtenir l’'abrogation des lois restrictives de la liberté de la pêche du Saumon, et M. le Ministre de la Marine s'était empressé d'en saisir le comité consultatif des pêches maritimes. Dès l'abord, et sans attendre les décisions à intervenir, sentant toute la gravité d’une telle demande, émue des con- séquences désastreuses qu'entrainerait fatalement son adop- tion, inspirée par la seule préoccupation de la conservation dans nos eaux de la plus précieuse de nos espèces ichtyolo- oiques, ardente à la défendre contre l’imprévoyante avidité de ceux-là mêmes qui en tirent leurs moyens d'existence. La Société d'Acclimatation, non moins soucieuse de la garde de nos richesses naturelles, que de leur accroissement par des importations utiles, émit aussitôt un vœu, aussi unanime que spontané, pour demander que, s’il était touché à la loi sur la pêche, se füt pour étendre, plutôt que pour abréger la période d'interdiction annuelle. Ce cri d'alarme fut entendu, et, peu de temps apres, le comité des pêches, après s'être livré à une étude laborieuse de la question, au point de vue scientifique, encore que cela püt paraitre oiseux, tant l'accord est aujourd'hui unanime entre les naturalistes de tous les pays, à la suite d’une en- quête consciencieusement conduite, et sur un long rapport qui lui fut présenté par un de ses membres, s’arrêtait aux résolu- (1) Extrait du compte-rendu sténographique des séances générales des 18 jan- vier et 1er février 1889. 5 Février 1889. s 7 98 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. tions suivantes, qu'il proposait à la haute approbation de l'autorité administrative : 1° Fermeture de la pêche du Saumon, du 15 SeDIGREE au 10 janvier de chaque année. 2° Interdiction, pendant cette période, de l’entrée et du colportage en France des Saumons étrangers, quelle que soit leur provenance. 3° Interdiction de la pêche, du colportage et de la vente des Saumoneaux de taille inférieure à 0,25. 4 Action commune des ministères de la Marine et des Travaux publics, pour assurer l'exécution des mesures desti- nées à amener la conservation et la multiplication des salmo- nides dans nos eaux (1). Il ne semblait pas qu’une voix püt jamais s'élever pour combattre ces conclusions, dictées qu’elles avaient été et par de solides connaissances zoologiques, et par l'intérêt même de la fortune publique. Aussi bien n'est-ce pas sans une légitime surprise que nous avons entendu formuler, du haut de la tribune fran- case, un véritable réquisitoire contre les enseignements de la science contemporaine, émettre, fort spirituellement d'ail- leurs, et sous la forme la plus courtoise, des théories qui eussent à peine pu se produire au temps lointain de Duhamel du Monceau, et demander aux pouvoirs publics de lever, au profit des pêcheurs, des barrières sans fondement, la nature suflisant, par sa fécondité, à préserver le Saumon d’une des- truction dont on le supposerait bien à tort menacé (2). Les membres de la Société, et les lecteurs de la Revue nous re- procheraient avec raison de nous désintéresser d'un aussi erave litige ; ils ne liront pas, en tous cas, sans quelque éton- nement, les fragments du discours de M. le marquis de la Ferronnays, que nous croyons intéressant de placer sous leurs Yebxe « ... Le Saumon se présente à l'entrée de la Loire au mois d'oc- tobre et la remonte avec une rapidité que certains observateurs estiment à 160 kilomètres à l'heure. Le chiffre est dans le rapport (1) Rapport présenté au Ministre de ia marine et des colonies, par M. Ber- thoule, au nom du com. consult. des pêches maritimes, inséré au Journal officiel des 2, 4, 10, 11 juillet 1888. (2) Discours de M, le marquis de la Ferronnays, à la Chambre des députés, séance du 19 novembre 1888, au Journal officiel du 20 novembre, p. 2566, t. I. LE SAUMON ET LA LOI SUR LA PÈCHE. 99 de M. Berthoule. Il est vrai que ce naturaliste ne l'accepte qu'avec quelque réserve, et il a raison; une pareille affirmation tendrait à infirmer beaucoup celles qui sont produites ensuite, car je ne pense pas que les savants puissent admettre l'existence d’un animal développant une vitesse supérieure à celle d’aucun moteur mécanique connu jusqu’à présent. » Ce serait, en tout cas, un privilège qu'aucun animal vivant ne par- tagerait avec celui qui nous occupe. » Je n'insiste d'ailleurs sur ce délail, auquel M. Berthoule lui-même ne semble pas attacher une grande importance, que pour établir ceci: c'est que toute celte enquête, au point de vue scientifique, me paraît avoir laissé beaucoup à désirer. » En effet, Messieurs, les observateurs qui semblent surtout s'être occupés de la question sont ou des pisciculteurs, dont la spécialité con- siste à faire naître le Saumon en eau douce, et qui n’admettront qu’à leur corps défendant que le Saumon puisse naître ailleurs, ou des sportsmen anglais, des pêcheurs passionnés de Saumon, comme il en existe tant dans leur pays, et qui ont cru observer les mœurs de cet animal, tout en se livrant à leur passe-temps favori, mais sans appor- ter à leurs investigations une rigueur suffisamment scientifique. » Eh bien, Messieurs, ils sont arrivés à des résultats encore plus étranges : le duc d’Athol, par exemple, a pêché dans la mer d’Ecosse des Saumons auxquels il a adapté un signe de reconnaissance quel- conque, et il prétend que, six semaines après cette première pêche, le Saumon, qui pesait alors de deux à quatre livres, lui est revenu de ce séjour dans la mer inconnue où il s’était rendu, pesant sept ou nuit kilos. » Ici, Messieurs, l’objection que je soumettais tout à l'heure aux mé- caniciens, je l’adresserai aux physiologistes et je leur demanderai s'ils croient qu’il existe sous la mer, ou sur la terre, des pâturages tels qu'un animal puisse presque décupler de poids en quelques semaines. Cela ne me paraît pas possible. » En revanche, Messieurs, le point sur lequel s'est exercée, d’une facon particulièrement curieuse la sagacité des observateurs anglais, c'est sur les mœurs de ce poisson. Ils sont arrivés véritablement à re cozstituer ce que je me permeltrai d'appeler le roman des amours du Saumon (on rit), je crois que le mot n'est pas de trop. » ... Le but de cette migralion annuelle, sur laquelle tout le monde est d'accord, migration que, pendant un temps, on a attribuée au désir d'éviter des ennemis trop redoutables, ou de se débarrasser de certains parasites, ou même de chercher une nourriture plus ra- fraichissante dans les eaux douces, le but de cette migration, au dire des Anglais et de nos savants qui out étudié la question, c'est uni- quement la reproduction... » À ces affirmations d’une ichtyologie peut-être un peu trop pitto- 100 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES: resque, nous o»pposons les constatations constantes des riverains de la Loire. Nos pêcheurs affirment que jamais ils n’ont prisçun petit saumon duns la Loire ; que si parfois ils ont pris certains poissons qui ont pu être classés dans la catégorie des Saumons, c’est une erreur, c'étaient peut-être d’autres Salmonides, des truites de mer probablement. Et d’ailleurs, pour les désigner, les ichtéologues sont obligés d'emprunter un mot étranger, le mot anglais Praff ; n'est-ce pas là une preuve, une forte présomption tout au moins, qu'il n’y a pas beaucoup de petits saumons dans nos rivières, si même il en existe, puisque la langue populaire n'a pas su trouver un nom pour les désigner ? » À ceci on m'objectera que nos pêcheurs ont en vue une question d'intérêt ; mais nous avons deux autres témoignages très sérieux qui viennent corroborer cette observation de la pratique journaliere. » Nos ports sont fréquentés par de nombreux ,équipages norvégiens, et tous nous disent que, dans leurs pavs, quand ils se livrent à la pêche, au large des côles, ils recueillent à la fois dans leurs filets de gros, de moyens et de petits Saumons, c'est-à-aire des Saumons de tout âge. Or, ces témoins n’obéissent à aucune considération d'intérêt, puisquil n'existe pas de réglementation pour cette pêche en Norvège. Eh bien! ils nous assurent que la reproduction du Saumon se fait dans la région des mers arctiques qui entoure l'Islande et s'étend jusqu'au littoral scandinave. » Mais nous avons encore à produire des observalions d'un autre ordre : si vous consultez les facteurs à la marée du marché de Paris, ils Seront unanimes à vous répondre ceci : nous ne croyons pas que dans les rivières on ait jamais pêché de petits Saumons. Le Saumon suffisamment âgé, le meilleur qui nous arrive, est celui de la pre- mière saison, et en voici la raison : au fur et à mesure que ces pois- sons, soi-disant réservés pour la reproduction, s’avancent vers la haute rivière, ils changent tellement de forme, de caractères physiologiques, physiques et commerciaux, qu'ils en viennent même à perdre leur nom; pour désigner l’état d’épuisement dans lequel ils se trouvent, on a élé obligé d'emprunter à la langue musicale le nom du signe par lequel on ramène à l’état neutre la note qui a été primitivement armée d’un dièse, on les appelle des decarres (sic)... Si c'est encore un reproduc- teur, c'est le plus triste des reproducteurs, assurément ; il est, en tout cas, bien différent de celui qui est arrivé de la haute mer quelques se- maines auparavant. » Ainsi donc, nous croyons que la plupart des Saumons, je ne puis affirmer pour toutes les espèces, mais que la plupart des Saumons, et en particulier la variété qui fréquente la Loire, ne se reproduisent pas en riviere...» L'esprit de ce discours a dù assurément toucher ceux qui ont eu la bonne fortune de l'entendre, plus que les arguments » LE SAUMON ET LA LOI SUR LA PÉCHE. 101 invoqués, dont nous allons donner une rapide analyse, et nous doutons qu'il ait beaucoup ébranlé l'édifice scientifique qu'il devait battre en brèche. Il fut un temps où le doute était possible sur la question qui nous occupe, alors qu'on avait encore peu scruté les arcanes de la nature; les observations faisaient presque com plètement défaut, la culture de l’eau n'était pas née. Mais combien, dans ces derniers temps, les sciences natu- relles n’ont-elles pas marché, et que de voiles n’ont-elles pas déchirés? M. de la Ferronnays traite durement les ichtyolo- oistes en général, et en particulier les observateurs anglais, qui ont fait pourtant les premiers pas vers la solution de problèmes jusque-là irrésolus. Quoi de plus précis, cepen- dant, que leurs constatations? On marque de jeunes Sau- mons, en leur donnant la liberté; quelques mois plus tard, ils viennent se mailler dans des filets, toujours porteurs de leur anneau, preuve irréfutable de leur origine et de leur identité; on a noté leur poids, leur taille, le temps de leur absence ; on les retrouve étonnamment grandis, adultes, aptes à la reproduction. À quelques années de là, un illustre savant français met en honneur les pratiques de la pisci- culture; bientôt, des laboratoires s'élèvent sur le haut cours des grands fleuves de tous les pays, en Suisse, en Alle- maene, en Angleterre, en Amérique; c’est par milliers qu'on y pêche des Saumons mürs pour la ponte, c’est par millions qu'on féconde leurs œufs, et qu'on élève les jeunes dont, pas à pas, pour ainsi dire, on suit l’évolution et le déve- loppement. En même temps, sont faites des expériences, pour découvrir l'influence de l’eau de mer sur ces mêmes organismes; et ce n’est pas, comme l’a supposé l’orateur, dans d'étroits bocaux, remplis d’une eau croupissante et fétide, qu'elles sont poursuivies; celles, notamment, que nous avons renouvelées nous-même, après bien d’autres, l'hiver dernier, dans le laboratoire du Jardin d’acclimatation du Bois de Bou- logne, ne l’a-t-elle pas été dans les meilleures conditions d'installation? N'avions-nous pas pris soin de placer les œufs qui en étaient l’objet, dans de larges augettes, alimentées par: un courant continu, côte à côte avec d'autres de la même provenance, immergés dans de l’eau douce, et exposés aux mêmes conditions de température? l’eau de mer, dont nous faisions usage, n'était-elle pas absolument pure, puisqu'elle 102 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. servait en même temps à l'alimentation de viviers peuplés de Soles, de Limules, d'Hippocampes, de Labres, de Zoophytes? Cette expérience n’a-t-elle pas été suivie au grand jour, en présence des nombreux visiteurs de ce grand établissement, et n'a-t-elle pas abouti, une fois de plus, à ce résultat pro- bant et toujours constant, de la perte rapide de tous les œufs, sans exception, tandis qu'auprès de là, dans l’eau douce, l’in- cubation suivait son cours normal, et aboutissait à la nais- sance de toute une population encore aujourd'hui parfaite- ment vivante? « L'eau de mer, a écrit Blanchard (1), fait périr non seule- ment les œufs, mais encore les alevins et les parrs, c’est- à-dire tous les jeunes Saumons, tant qu'ils ne sont pas parvenus à l’état de smolts. » | Sont-ce donc des observations et des théories d’une «ichtyologie pittoresque », selon l'expression employée par l'honorable député, que celles que soutiennent formellement tous les auteurs et tous les praticiens modernes, sans qu’on puisse percevoir, dans ce concert unanime, aucune note dis- cordante, autre que celle qu'il vient de jeter? La douce pureté de mœurs d’un Vendéen répugne à accepter ce qu'on a écrit sur les luttes amoureuses du poisson. Hélas! de tels combats ne sont pas le seul privilège de l’homme ; ils se produisent chez la plupart des animaux, avec une rare fureur, chez les insectes les plus humbles, aussi bien que chez les plus puissants quadrupèdes, et tournent généra- lement à la mort du faible; fait éminemment providentiel, puisque le triomphe des forts est une des conditions essen- tielles de la sélection naturelle qui assure la conservation des espèces. Le Saumon ne construit pas son nid comme le Calico Bass ou l’Epinockhie, il ne veille pas sur sa couvée avec une bien touchante anxiété; on peut le voir, dans les remous, tracer sur le sable, par une série de bonds rapides, des sillons dans lesquels il sème ses œufs, en quelque sorte, et, sa ponte achevée, les abandonner, sans plus de souci, aux seuls soins de la nature. L’incubation est longue, elle se prolonge plusieurs semaines dans les eaux les moins froides, plusieurs mois par les plus basses températures, et encore, à (1) Blanchard, Les Poissons de la France, p. 459. LE SAUMON ET LA LOI SUR LA PÉCHE. 105 leur naissance, les jeunes, alourdis par le poids d’une énorme vésicule ombilicale lente à se résorber, sont-ils à peu près incapables de se mouvoir. Il leur faut donc des eaux pures, peu profondes et tranquilles, ces fragiles organismes ne résis- teraient ni à de fortes pressions, ni à des courants trop vio- lents, et des fonds de gravier dans les interstices desquels ils puissent trouver quelque abri. Quels milieux leur offriraient ces indispensables conditions d'existence, si ce n’est le cours supérieur des rivières ? Aussi avec quelle ardeur, au prix de quelles fatigues le courageux poisson ne va-t-il pas à leur recherche ? Que le Saumon ne fasse pas ses longs voyages à l'allure vertigineuse mesurée par M. de la Blanchère, nous le croyons volontiers; mais il n’en est pas moins vrai qu'il va avec une extraordinaire rapidité. Quoi qu’en ait dit M. de la Ferron- nays, 1l est bon: nombre d'animaux, dans la nature, dont tout art de nos ingénieurs n’a pas réussi à égaler la vitesse, il en faut prendre son parti. De combien la vapeur ne se laisserait- elle pas distancer par l'Hirondelle, le Pigeon, ou la Frégate? L'homme travaille à découvrir une locomotion plus étonnante encore que celle à laquelle il est déjà arrivé : la locomotion aérienne l’a préoccupé de temps immémorial; il a sous les yeux le modèle de construction de ces admirables mécanismes qui le rendent si jaloux, lui qui se dit le roi de la nature; il voit une légère modification apparente de structure, l’allon- sement presque insignifiant de telle ou telle remige, un plus léger développement du cœur, complété par un insensible épaississement des parois du ventricule, transformer l'oiseau au vol le plus lourd en voilier, celui-çi en rameur; mais telle est la délicatesse et la perfection du mécanisme, qu'il n’est guère permis d'espérer la réalisation de ce qui, depuis la facheuse mésaventure d'Icare, est resté à l’état de rêve chimérique. Les habitants des eaux sont, en apparence, moins perfec- tionnés, et pourtant quelle puissance ne leur faut-il pas pour accomplir ces longues traversées des mers que font réguliè- rement les poissons anadrômes ! Qui n’a vu les bonds prodi- gieux des salmonides remontant les rapides inaccessibles aux meilleures embarcations ? Est-il un voyageur, ayant accompli la moindre traversée, qui n'ait pris plaisir à suivre les curieux ébats des Marsouins autour d’un navire qui développe toute la force de ses machines? Leurs bandes nombreuses l’entou- 104 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. 4 rent, l’escortent souvent pendant des heures, en se jouant, pour ainsi dire, sur ses flancs, traçcant, comme autant d’é- clairs, des sillons de feu dans la mer phosphorescente. Quels accumulateurs, sous un volume si réduit, recèlent de tels moyens ? Quel art humain égalerait jamais ces merveilles de la création ? Et l’homme superbe ne doit-il pas s’avouer vaincu ? L'honorable député s'étonne que notre langue en soit ré- duite à emprunter des expressions anglaises pour désigner les jeunes Saumons, parrs, smolis ou grises, suivant l’âge, et il en tire cette conclusion « que ces animaux n'existent pas chez nous, puisque le langage populaire n’a pas adopté un nom pour les distinguer ». La science, à mesure qu'elle fait des progrès met en usage des termes nouveaux, pris tantôt dans les vieilles langues mortes, tantôt dans la langue du pays qui marche en avant dans la voie des découvertes : faut-il nier les chemins de fer parce que les wagons roulent sur des raüils, sont attelés au tender et trainés par une locomotive, par cette même rai- son que ces mots n'étaient pas inscrits dans notre vieux dic- tionnaire de l’Académie ? Mais il n’est même pas juste de pré- tendre que les jeunes Saumons soient sans nom français, et ces termes bien répandus, pris dans les idiomes locaux , éocans, lacons, taconnels, gliziks, madeleineaux, saumulards, etc., ne correspondent-ils pas précisément aux différents âges du Saumon dans nos eaux? est-il même permis de s'écrier, comme on l’a fait naguère au Conseil général de Nantes, « qui donc les connaît en France ces sémillants smolts ? » Qui les connaît ? ce ne sont peut-être pas ceux quise conten- tent d'observer la nature dans une étroite circonscription … maritime {nous allions dire électorale); sans doute. à l’embou- chure d’un grand fleuve comme la Loire, ces migrations de tout petits poissons qui se produisent pendant une courte période de jours, et seulement alors que les eaux sont enflées et limoneuses, peuvent échapper à quelques observateurs. Mais encore n'est-il pas si difficile de les surprendre, lorsqu'on est animé à cette recherche par le seul amour de la vérité et du bien public : nous avons recu, au printemps dernier, de notre aimable collègue, M. Le Beau, commissaire de la marine à Nantes, qui s’est dévoué avec l’incomparable zèle qu'il ap- porte dans tous ses travaux, à l'étude de cette question, de nombreux envois de jeunes Salmonides, capturés en basse LE SAUMON ET LA LOI SUR LA PÉCHE. 105 Loire, que nous nous sommes empressé de soumettre à l'exa- men de savants de la plus haute autorité : « Il n’y a pas de doute, nous répondit, à leur sujet, M. le professeur L. Vail- lant, que les animaux que vous m'avez envoyés sont des smolts (1). » Mais sont-ce là les seules constatations de cette nature que nous ayons pu faire? Non point, certes, et nous avons eu les mains pleines de documents analogues, alors que nous nous livrions à l'étude dont le Comité consultatif des pêches ma- ritimes nous avait fait l'honneur de nous charger. Citerons- nous, une fois de plus, les dires des pêcheurs Bretons « affir- mant qu'on voit, chaque printemps, les jeunes Saumons, longs de 10 et 15 centimètres, descendre, d'éciuse en écluse, les petites rivières du pays, pour gagner la mer », et les témoi- onages analogues des pécheurs de la Vienne, de l'Indre, de l'Allier? Rappellerons-nous ce qu'écrivait sur ce même point, le journal l'Avenir de Bayonne, qui a pris à cœur la défense du Saumon, dans l'intérêt même des pêcheurs de son quar- tier ? « On détruit annuellement, y était-il dit, des milliers de tocans du poids de 40 à 60 grammes à Peyrehorade, à Us- taritz, Cambo, Ascain sur la Nivelle, à Biriatou sur la Bi- dassoa.… » Peut-on, après tous ces témoinages, nier raisonnablement l'existence des jeunes générations de Saumons dans nos eaux ? M. le marquis de la Ferronnays n’est pas moins surpris de ce que l'expérience a révélé sur l'extraordinaire croissance de ce poisson, et « soumettant aux physiologistes l'objection qu'il proposait aux mécaniciens, il leur demande s'ils croient qu'il existe, sous la mer ou sur terre, des paäturages tels qu'un animal puisse presque décupler de poids en quelques semaines ? » Descendons un instant jusqu'à la basse-cour d'une ferme, pesons le poussin qui vient de naître, êt repre- nons-le à peu de temps de là, quelle sera la proportion de sa croissance? Et demandons-nous, à notre tour, quel ne pourra pas être l'accroissement de ces poissons, sortes d'alambics toujours en activité, qui, d'après les remarques de notre savant confrère et ami, M. le D' Sauvage, digèrent, en (1) Nous avons pris soin d'insérer les lettres d’envoi et celles de M. le profes- seur au Muséum L. Vaillant, et de M. le Dr Sauvage, dans le dossier imma- triculé aux archives du Ministère de la Marine. 106 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. quelques minutes, les repas les plus substantiels? Ce n’est pas qu'ils s’attardent jamais au milieu des « paturages » de Zostères ou de Goëmons qui tapissent certains fonds; la flore des eaux serait un maigre appât, en vérité, pour ces esto— macs avides. Aussi, est-ce exclusivement sur la riche faune aquatique qu'ils prélèvent leur nourriture : les bancs innom- brables de Harengs et de Sprats, notamment, payent un lourd tribut à cet insatiable rapace, pendant ses séjours à la mer. L'honorable orateur se préoccupe aussi de la synonymie, et la qualification de becarres, donnée à certains poissons, lui semble assez plaisante : ainsi écrite, le serait-elle quelque peu, en effet, et à tout prendre bémol eût mieux valu, puis- qu’il s’agit d’un animal tombé, sous la normale, dans un réel état d'infériorité au point de vue de la forme et de la valeur de la chair; mais les naturalistes écrivent simplement vbé- caras, pour les désigner par le signe extérieur le plus frap- pant, qui consiste dans un allongement, en forme de bec renversé, de la mâchoire inférieure, défaut assez exagéré parfois, pour nuire à la facile appréhension des aliments. Nous ne croyons pas, pour notre part,-que le bécard cons- titue une espèce distincte, encore moins nous semble-t-il admissible qu'il représente, ainsi qu'on le disait à la tri- bune, le Saumon qui va frayer. Cette forme, que nous avons remarquée souvent, même chez la Truite, mâle ou femelle, indiquerait bien plutôt une infirmité individuelle, résultant des conditions de vie, ou de l’âge avancé de l'animal. Convenons, d’ailleurs, que ce n’est point là le cœur de la question. Le véritable, nous disons même le seul argument sérieux jeté dans ce grave débat, est celui qu'auraient fourni à l'orateur des marins scandinaves, «affirmant que le Saumon fraye dans les mers Arctiques qui avoisinent la Norvège, qu'ils prennent en mer des Saumons de toutes tailles, et que, dans leur pays, la liberté de la pêche n’est entravée par au- cune réglementation ». Nous allons laisser la parole à notre éminent collègue, M. le D' Léon Vaillant, qui va y répondre avec sa grande autorité. Disons, toutefois, que cette assertion nous parut tellement sé- rieuse, qu'à peine fut-elle parvenue à notre connaïssance, nous eùmes hâte de nous informer de notre côté. M. O. Sars, professeur à l’université de Christiana, que nous consultèmes LE SAUMON ET LA LOI SUR LA PÉCHE. 107 à ce sujet, voulut bien nous répondre la lettre, dont nous donnons la formule nette et concise. Ce document nous est parvenu ces jours-ci seulement, et c’est là l'unique cause du retard que nous avons mis à relever, devant la société, les dangereuses théories qui ont été produites du haut de la tri- bune française : «... Le temps le plus favorable pour exercer la pêche du Saumon, dans les eaux de Norvège, est du médio avril, au médio août. On ne prend jamais de plus petits Saumons de plus petite taille que de 6 marcs, ni en mer, ni dans les fleuves, parce que l'ampleur des mailles est fixée par notre législation, RATES » La pêche est permise à l’époque du 15 avril ou 1° maï, au 14 septembre. » Le Saumon fraye de la fin d'octobre à la fin décembre ; le temps précis dépend de la température de l’eau... les œufs sont déposés dans les fleuves, où le courant n’est pas trop fort et sur un fond couvert de petits galets. » Les mœurs du Saumon, quand il se trouve dans les fleuves, sont bien connues. Bien plus difficile est-il de les étudier à l’époque, où il est descendu à la mer. On a pensé qu'il y faisait des migrations assez étendues, en poursuite de sa nourriture; mais il est bien plus probable qu'il ne s'éloigne jamais à une très grande distance de la côte ; car il peut tou- jours y trouver en abondance les deux espèces du Hareng (Clupea spratlus etC. harengus) qui semblent constituer sa nourriture essentielle... » Ainsi se trouve établie la réalité des faits ; quoi qu’on puisse prétendre, le Saumon est bien un poisson d’eau douce. C’est dans le cours le plus élevé des rivières qu'il dépose ses œufs, vers le déclin de l’année; c’est là que vivront les jeunes, pen- dant leur premier âge, et leur berceau deviendra, un jour, leur propre lit de noces. Pour qui l’a observé à l'heure de la fraye, écrivions-nous au cours du rapport cité plus haut, pour qui connaît l’ex- trême délicatesse de ses œufs, la longueur de l’évolution em- bryonnaire, la condition des jeunes pendant les premières semaines de la vie, cette question n’en est pas une : guidé par le plus admirable instinct, ce poisson, dont la fécon- dité, en somme, est assez limitée, infiniment moindre, en tous cas, que celle des espèces marines, dont le frai, consé- 108 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. quemment, a besoin de se trouver dans des conditions de sécurité toutes spéciales, ce poisson, disions-nous, va, S'é- puisant en fatigues, luttant contre tous les obstacles, fran- chissant des barrières, en apparence insurmontables, jusqu'à ce qu'il trouve enfin les eaux limpides des fontaines, et les fonds de fin gravier sur lesquels il creusera le berceau de ses jeunes. Là seulement un tranquille courant préservera les œufs des dépôts de sédiments, pendant leur lente incu- bation ; là seulement les jeunes, à leur naissance, alourdis par leur énorme vésicule ombilicale, condamnés, durant des semaines, à une immobilité presque complète, trouveront dans les interstices des cailloux un abri suffisant, jusqu'au temps où, par leur agilité, ils seront armés pour l'attaque comme pour la défense ; là encore, pendant le premier àge, ils n’auront à redouter que des ennemis peu nombreux, et de taille modeste comme la leur: mais comment résiste- raient-ils, dans les grands fonds de mer, à la forte pres- sion des eaux, et, plus près du rivage, au violent remous des vagues ? Comment l'espèce survivrait-elle aux causes si diverses et si multiples de destruction auxquelles elle serait exposée sans défense, pendant l’incubation des œufs, et après leur éclosion, dans le vaste océan, où la surabondance même de la vie assure la mort des faibles ? Telles sont les multiples constatations de l'expérience, telles sont les formelles et unanimes affirmations de la science. Il n'y a malheureusement que trop de secrets, en- core, dans la nature ; mais, du moins, lorsque l’un d'eux a été dévoilé, lorsqu'une étape a été franchie, pourquoi revenir en arrière et se jeter de nouveau, comme à plaisir dans les ténèbres ? Pourquoi fermer volontairement les yeux à la lumière, et s'abandonner aux rêves fantaisistes de la pure imagination ? Un seul point reste encore obscur ; dans quelles parties des mers se retire le Saumon lorsqu'il quitte les eaux douces ? C’est de ce côté que les ichtyologistes doivent dé- sormais concentrer leurs recherches. Ces principes posés, n’en découle-t-il pas fatalement, comme conséquence forcée, l’absolue nécessité d’une législa- tion sagement protectrice? Ainsi en est-il chez tous les peuples civilisés qui ont le juste souci de l'avenir : dans la Bidassoa, l'Espagne et la France ferment, d'un commun accord, la pêche du Saumon du 31 août au 1 février; en LE SAUMON ET LA LOI SUR LA PÈÊCHE. 109 Angleterre, le jour de la fermeture peut varier, mais la pêche doit rester close pendant 168 jours au moins; elle y est pro- hibée, en outre, durant le reste de l’année, chaque semaine 36 heures, du samedi soir au lundi matin ; l'Allemagne et la Hollande admettent également cette clôture hebdomadaire, qui n’a rien de très démocratique, nous en convenons, et que, pour cela, il serait assurément malaisé de faire accepter chez nous; quant à l'interdiction annuelle, plus difficile à déter- miner, à raison de la rivalité d'intérêts des deux pays, dont les grands cours d’eau sont communs à l’un et à l’autre, elle est sévèrement observée pendant toute la période de fraye du poisson. Le Canada a rétabli, après l'avoir sup- primée momentanément, l'interdiction de pêche du samedi soir neuf heures, au lundi matin six heures; quant à la clô- ture annuelle, elle a lieu régulièrement, chaque année, du 15 août au 1e mars ; ajoutons que la pêche de ce poisson à produit, en 1887, dans ce pays, environ 15 millions de livres, plus de 20 millions, en y ajoutant la truite, représentant une valeur de $ 2,500,000. Enfin, nous l’avons vu, la Nor- vège elle-même, contrairement à ce qu'on en avait dit, dé- fend la pêche du Saumon du 14 septembre à fin avril, soit pendant plus de sept mois ; faut-il s'étonner que ses pêche- ries, ainsi protégées, soient les plus riches de l'Europe? Qu'on ne se plaigne donc pas que la loi française soumette nos pêcheurs à un régime d'exception. Remarquons, au surplus, que, seuls, les riverains de la basse Loire ont formulé des plaintes tandis que, mieux inspirés, ceux de la plupart des quartiers ont pétitionné en sens contraire. Enfin, il serait vivement désirable que, tout en conservant le caractère d'uniformité qu'elle a aujourd'hui, en ce qui a trait au temps de la fermeture, notre législation proscrivit rigoureusement ces funestes exceptions qui, sous prétexte d'ouvrir la porte aux importations étrangères, l’ouvrent surtout aux abus et à la fraude. Des décisions ministérielles des 4 juin 1880 et 29 décembre 1886 autorisent, en effet, par dérogation à l’article 5 de la loi du 31 mai 1865, l'importation des saumons du Canada, et de ceux venant d'Allemagne, de Hollande, de Danemark et de Norvège — à qui profitent ces injustifiables faveurs, sinon aux étrangers qui envahissent librement notre marché, au grand préjudice de la pêche na- tionale, et aux maraudeurs qui dépeuplent les eaux, sous les 110 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. yeux des honnêtes pêcheurs, assurés qu'ils sont d’écouler sans peine les produits de leur braconnage, sous le couvert d’une étiquette mensongère ? remarquons même que ces. dé- cisions sont légalement sans objet, puisque le temps de leur application correspond précisément à celui de l'interdiction de la pêche, ef par conséquent de l'exportation, dans les états qui y sont désignés ; elles constituent donc, de toute manière, une véritable prime au seul profit du braconnage. Nous avons cité ailleurs ce rapport de M. l'Inspecteur du marché de Paris, signalant la constante arrivée sur le carreau des halles, sous le nom de Zoubines, de Saumons pris en Loire, expédiés par mer sur quelque port allemand ou hollandais, et ramenés de là, pour être Hbrement vendus comme Sau- mon du Rhin. Dans une de ses dernières chroniques tou- jours si humoristiques et si sensées, M. de Cherville cite, en les condamnant lui aussi, des faits de même nature, comme s'étant produits au grand jour, tout cet hiver, à Nice (1). M. Chabot Karlen, de son côté, n'estimait pas à moins de 50,000 le nombre des gros Saumons pris en Loire en temps prohibé, l’année dernière ! Qui pourrait dire les funestes conséquences de ce déplorable braconnage, au point de vue de la reproduction de l'espèce ? Le mal est profond: nos fleuves s'appauvrissent par .une pêche abusive; leurs eaux sont corrompues par des égouts de toute nature; des écluses, de plus en plus nombreuses, barrent leur cours, s'opposent à la migration du poisson vers ses frayères, et tarissent leur richesse dans sa source. Ayons donc le courage d'y apporter un remède énergique et nécessaire. Le sort des pêcheurs nous intéresse vivement; comment ne distinguent-ils pas entre ceux qui, nous voulons ignorer sous quelles suggestions personnelles, égoïstes et coupables, les poussent, selon le mot de M. de Cherville, à égorger la poule aux œufs d’or, et ceux qui, sans arrière pensée, avec le seul souci du bien public, travaillent généreusement, ainsi que ne cesse de le faire notre Société, à sauvegarder et à accroître le patrimoine commun ? | (1) Le Temps, numéro du 18 janvier 1889. SUR LA PRÉSENCE DU SAUMON DANS LES EAUX MARINES DE LA NORVÈGE PAR M. LEON VAILLANT. Dans un discours relatif à la réglementation de la pêche du Saumon, prononcé à la Chambre des députés le 19 no- vembre dernier, M. le marquis de la Ferronnays, a énoncé sur les mœurs de ce poisson certaines vues, dans le détail desquels il me paraît inutile de revenir après les observations présentées par M. le Secrétaire général; les membres de la So- ciété d’acclimatation sont d’ailleurs trop au courant de ces questions pour ne pas avoir reconnu, dès l’abord, ce qu'il 'pou- vait y avoir de hasardé dans plusieurs des idées émises sur ce sujet par M. de la Ferronnays, les faits fondamentaux, en ce qui concerne les migrations et la reproduction du Saumon, étant aujourd'hui parfaitement connus et hors de toute con- testation. Toutefois un point obscur dans l’histoire de ce poisson est de savoir ce qu'il devient en mer, où il passe, on le sait, une bonne partie de l’année et où cependant on ne le capture, on peut dire, jamais. M. le marquis de la Ferronnays s’est fait, à cet égard, l'écho d’une assertion toute nouvelle et qui me parut très digne d'attention. « Nous avons, dit- » il(l)}, en permanence, dans nos ports, des matelots nor- » végiens et tous nous disent que, dans leur pays, quand ils » se livrent à la péche, au large des côtes, ils recueillent à la » fois, dans leurs filets, de gros, de moyens et de petits Sau- » mons, c'est-à-dire des Saumons de tout âge parvenus à » tous les degrés de développement. » Ce propos, ainsi présenté, est un peu vague et n'offre pas, sans doute, les caractères d'observation sérieuse qu’on serait en droit d'exiger, lorsqu'il s’agit d’un fait aussi nouveau, la question qu'il soulève est toutefois si intéressante que j'ai, de (1) Journal officiel du mardi 20 novembre 1888, p. 2567, 2° colonne. 112 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. suite, désiré connaitre, sur ce point, l'opinion de l’homme le mieux en position de nous renseigner et le plus autorisé sur la matière, M. Robert Collett, professeur de zoologie à l'Uni- versité de Christiania, ichtyologiste bien connu qui, dans dans ces dernières années, s’est voué d’une facon particu- lière à l'étude des Salmonides du Nord de l'Europe sur les- quels il vient de publier d'importants travaux. L'extrait suivant d'une lettre que mon estimé collègue a. bien voulu m'écrire en date du 9 janvier répond d’une facon directe à la question. « Quant au dire des matelots norvégiens, à l'égard de la » pêche du Saumon le long de nos côtes, voici ce qui en est. » Pendant l'été, des milliers de Saumons sont capturés, dans » les filets, le long de la côte, depuis le Lindesnæse jusqu'au » Finmark; la plupart sont de jeunes individus, mais 1l y en a » aussi d'adultes. Ils suivent évidemment le rivage pour cher- » cher l'embouchure des fleuves dans lesquels ils remontent » pour frayer. Jamais, certainement, les Saumons ne frayent » en mer, mais dans les rivières seulement; à la fin de l’au- » tomne ils se retirent de nouveau à la mer, dans les pro- » fondeurs de laquelle ils passent tout l'hiver, jamais on ne » les capture sur nos côtes en cette saison. Très exception- » nellement un male peut séjourner, durant l'hiver, en eau » douce; lorsqu'on prend un de ces individus au printemps » suivant, il est excessivement maigre, attendu que la nour- » riture est très rare en rivière. Lors de son séjour dans les » fleuves, le Saumon ne mange, en réalité, presque rien ; » c'est dans les eaux salées, pendant l'hiver, qu'il grossit, » car ce sont des animaux très voraces, ils se nourrissent » de Harengs, d'’Ammodytes et autres poissons. » Les petits quittent les rivières parfois , mais c'est le cas » rare, lorsqu'ils sont âgés de douze à quatorze mois, plus » ordinairement c’est à l’âge de deux ans. Ils mesurent à ce » moment 0,160 à 0",170. Leur séjour en mer se prolonge » jusqu'à ce qu'ils soient assez développés pour frayer; la » rivière dans laquelle ils remontent est le plus souvent celle » dans laquelle ils sont nés. » Cette citation que je n'ai pas cru devoir abréger et qui rend, j'espère, d'une manière exacte (la lettre est en anglais), les idées de l’auteur, nous montre, on le voit, que sur les côtes de Norvège les choses pour le Saumon se passent exac- SUR LA PRÉSENCE DU SAUMON EN NORVÉGE. 113 tement comme sur les nôtres sauf peut-être ce qui a trait à l'abondance du poisson et à quelques légers changements dans les époques d'apparition, changements qu’explique assez la différence de climat. | En tous cas : 1° Le Saumon en Norvège ne se pêche pas au large des côtes mais près du rivage; 2° Si on capture ainsi des jeunes et des adultes, on n’en prend pas de petits ; 3° Cette pêche n’a lieu qu'en été, au moment où le poisson cherche à gagner les eaux douces pour la fraye. Il résulte malheureusement de cet exposé que la question de la présence du Saumon en mer reste entière, car si M. Collett, avec tous les ichtyologistes, admet que ce poisson après avoir déposé ses œufs dans les eaux douces, se retire dans les profondeurs, c'est par une induction, naturelle sans doute, mais à laquelle manque une preuve directe. Les ani- maux que cite ce savant comme constituant la nourriture du Saumon, n'apportent aucun éclaircissement, ce sont sans doute ceux qu’il prend proche des côtes, l’'Ammodyte en par- ticulier étant une espèce littorale. D'un autre côté s’il se réfugie ainsi dans les régions abys- sales, comment se fait-il que les dragages, aujourd'hui assez nombreux, exécutés par de grandes profondeurs n'en aient encore ramené aucun, OU même qu'on n'en ait pas acciden- tellement pris, comme certains poissons de ces même srégions, à la suite de grandes tempêtes ? Ce fait de non-capture parait d'autant plus extraordinaire que l'accroissement rapide de volume acquis par le Saumon dans les eaux marines indique assez qu'il y mène une vie active. 5 Février 1889. 8 NOTE SUR LES SAJOUS AU JARDIN DE TOURS © Par M. D. BARNSBY. Le 6 février 1878, M. L..., commissaire de marine, offrait au Jardin de Tours, deux jeunes Sajous (mâle et femelle), qu'il avait rapportés de la Guyane. Il les avait pris très jeunes, les avait élevés au biberon et les avait toujours con- servés dans sa cabine, où ils vivaient en liberté. Il eut été difficile de rencontrer deux animaux plus apprivoisés, plus doux et plus charmants que ne l'étaient ces, deux Cébins, lorsqu'ils nous furent confiés. Ils étaient très attachés à leur maître et, de son côté, le brave marin paraissait éprouver pour ses jeunes élèves une véritable affection. Appelé auprès de son père malade, il avait dû se résigner à une séparation rendue nécessaire et ce n’est pas sans une réelle émotion et sans avoir le cœur gros qu'il fit ses adieux une dernière fois à Jacquelin et à Jacqueline, noms auxquels répondaient ces intéressantes petites bêtes. Les Sajous installés dans une serre pour le reste de la mauvaise saison, puis dans une volière placée au milieu du parc aux Kangurous s’habituèrent bien vite à leur nouveau genre de vie. Jacquelin resta toujours doux, caressant et de joyeuse humeur ; Jacqueline, au contraire, devint un peu farouche. L'un et l’autre furent l’objet de mille prévenances de la part des promeneurs, qui leur apportaient chaque jour des friandises. Leur nourriture se composait de pain, de lait, de riz, de fruits, de racines, de salades, etc. Deux fois par semaine, ils recevaient un peu de viande. À leur ration habituelle, ils ajoutaient parfois un moineau pris en flagrant délit de vol (1) Tours: hauteur au-dessus du niveau de la mer.......,.... b2m,2 Hauteur moyenne du baromètre à 0...... Te 7 el Température moyenne ....,,...... D M ARR (5 : NOTE SUR LES SAJOUS AU JARDIN DE TOURS. 115 dans leur parquet. Ils rentraient pendant l'hiver dans une serre, où d’autres singes ieur tenaient compagnie. Jacqueline devint de plus en plus farouche et repoussa les avances de son compagnon de captivité. Elle s'éprit d’une affection absolument passionnée pour son gardien et sembla ne plus vivre que pour lui. Jacquelin mourut le 14 décembre 1880, d’une inflammation intestinale, déterminée très probablement par l’ingestion de quelque substance irritante. Jacqueline ne parut pas affectée de la mort de son compa- enon et resta seule jusqu’au mois de mars de l’année sui- vante. A cette époque, le capitaine A..., du 3° régiment de dragons, nous offrit un Sajou mâle, qu'il possédait depuis plusieurs années et qui, parfaitement apprivoisé, vivait en liberté, l'hiver, dans l'écurie avec les chevaux, l'été, dans le jardin. Un jour, le capitaine se promenait dans son jardin, lorsque Mathieu (c'était le nom du Sajou), qui était perché sur un arbre, bondit tout à coup sur lui, le saisit à la nuque et le mordit cruellement à l'oreille. Cet acte de férocité, certaine- ment incompréhensible, mais qui s’observe quelquefois chez ces animaux, fit exiler le coupable de la somptueuse demeure de son maitre, il fut emprisonné dans la volière du Jardin de Tours. Mathieu, d’un naturel timide et bonasse, devint l'humble serviteur, le souffre-douleur de Jacqueline ; il reçut plus de coups que de caresses et souvent le gardien, averti par les sgémissements et les cris désespérés de son pensionnaire, dut intervenir pour mettre la paix dans le ménage. Mathieu était néanmoins très intelligent et très gâté par les promeneurs. On lui apportait des noix, des amandes, des noisettes pour le voir casser les coques et les noyaux à l’aide d'un marteau qu'il cachait dans un coin et qu'il allait cher- cher dans le même endroit, chaque fois qu'il recevait un nouveau fruit. Ce marteau était un joli caillou que son gar- dien lui avait choisi dans les sables de la Loire. Le pauvre Mathieu mourut, le 2 janvier 1887, d'une affec- tion de voies respiratoires et fut remplacé par un Sajou venu du Jardin de Paris. Mariée en troisièmes noces, Jacqueline, plus éprise que ja- mais de son gardien, opposa la plus parfaite indifférence aux 116 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. témoignages de sympathie que voulut lui donner son nouvel époux. Ce dernier mourut d’ailleurs quelques mois après de la même maladie que son prédécesseur. Restée veuve cette fois, et n'ayant plus pour lui rappeler sa patrie que deux Agamis, venus comme elle de la Guyane, Jacqueline devint tout à fait farouche et mourut le 31 décembre 1887. Elle. eut quelques quintes de toux et tomba comme foudroyée par une sorte de congestion. | Ces Sajous apprivoisés ont donc pu vivre un assez grand nombre d'années au Jardin de Tours, et, quoique nous n’ayons pu obtenir une seule reproduction, nous avons cru devoir signaler le fait. Nous attribuons à la maladie, à la névrose dont la femelle était atteinte, l'absence de reproductions. On observe d’ailleurs des faits analogues chez d’autres animaux, chez d’autres espèces que les Singes. Il n’est pas rare, croyons-nous, de voir dans les jardins zoologiques pu- blics ou privés, des femelles habitant le même parc avec un mâle ne donner aucun produit. S'il y a deux femelles, l’une est régulièrement recherchée par le mâle et donne des pro- duits, tandis que l’autre, constamment poursuivie, ne donne rien. Ces poursuites du mâle tiennent, selon nous, à un état morbide bien déterminé chez la femelle. Quelle est cette ma- ladie? Tient-elle à la captivité exclusivement? Tient-elle au contraire au régime ? YŸ aurait-il lieu de varier la nour- riture, de la rendre plus riche, plus excitante à un moment donné ? Ou bien faut-il absolument remplacer tel ou tel ani- mal”? En un mot que faut-il faire en pareil cas? Nous po- sons la question, comptant que ceux des membres de la Société qui ont été plus heureux que nous voudrons bien nous aider de leur expérience. Tours, le 24 février 1888. SUR L'UTILISATION DE DEUX ARANÉIDES SÉRICIGÈNES DE MADAGASCAR PAR LE R. P. CAMBOUÉ, Missionnaire apostolique, à Tananarive. Jean-Baptiste Dumont et Walckenaer, à la suite de leur description de la grosse Epéire Æalabe de Madagascar, ont fait remarquer que cette Aranéide donne des fils jaunes susceptibles d'être tissés. M. le D' Vinson qui a donné à l’Araignée Æalabe des Malgaches le nom scientifique de Epeira Madagascariensts, dit dans son savant ouvrage, Aranéides des îles de lc Réunion, Maurice et Madagascar, que si jamais l’industrie tourne ses regards vers l'exploitation utile des fils d’Ara- néides, la grosse Epéire de Madagascar est assurément une des espèces à laquelle on devra s'adresser. D'autre part, dans le remarquable travail que M. Natalis Rondot vient de publier récemment sur L'Art de la scie, la orosse Epéire de Madagascar, d’après les observations de l’auteur, donnerait une soie d’une certaine valeur. Les fils de cette soie seraient même supérieurs, à plusieurs égards, à ceux du ver du muürier : ainsi, le diamètre du brin de l’arai- enée est de 7 à 8/1000 de millimètre, celui du ver du murier dépasse 11/1000 de millimètre. Le premier supporte près de 4 grammes, le second 3 gr. 76 au plus. L'un s’allonge de 22 pour 100, l’autre seulement de 13 pour 100. Enfin les soies de l'Epéire seraient susceptibles d’être teintes en toutes nuances. Depuis déjà longtemps, soit à Tamatave, sur le littoral est de la grande île africaine, soit à Tananarive, sur les hau- teurs Imérina, je me suis livré moi-même à des études et observations relatives à notre grosse Epéire malgache 118 . REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Halabe. La Société a déjà publié quelques-unes de ces ob- servations et reçu quelques spécimens concernant cette inté— ressante Aranéide (1). Encouragé par le bienveillant accueil fait par la Société à mes modestes communications, j'ai continué, malgré de nom- breuses occupations d’un autre ordre, à faire des recherches nouvelles sur les Aranéides de Madagascar pouvant être ex- ploitées utilement ; ce sont les résultats obtenus que j'ai l'honneur de soumettre brièvement aujourd’hui à la haute compétence de la Société. Je remarquai que le cocon de notre grosse Epéire Æalabe, c'est-à-dire l'enveloppe soyeuse dont l’Aranéide protège ses œufs, fournissait une quantité assez considérable d’une bourre de soie de belle couleur jaune. De plus, l'Epéire Halabe vivant fort bien en familles nombreuses côte à côte, j'observai dans le Jardin d'Etudes et d’Acclimatation de la Mission, à « Ambohipo », près Tananarive, la grande quan- tité d’Araignées et par suite de cocons dans un espace assez restreint. D'autre part, une autre de nos grandes Epéires de Mada- gascar, l'Epéire livide (Æpeira livida Vins.) attira mon at- tention. L’Epéire livide donne aussi un cocon soyeux assez fourni, de couleur grisätre. Cette Aranéide et son cocon se rencontrent aussi très abondamment dans des espaces res- treints, plus encore peut-être que l’Epéire Æaiabe. Dès lors, une assez grande quantité de cocons des deux Epéires ayant été facilement et promptement récoltés, je les livrai à une habile fileuse Hova afin qu’elle en traitàt la soie comme celle des cocons des vers à soie indigènes Borocera Bibindandy |(Camb.) et Borocera Madinika (Camb.). Je sur- veillai moi-même l'opération et j'eus le plaisir d'obtenir de jolis échantillons de soie en bourre et de soie filée au fuseau malgache (2). J'ai calculé qu'il fallait environ une cinquantaine de beaux cocons de nos deux Epéires pour confectionner un écheveau de soie filée du poids de 1 gramme. J'ai l'honneur d'envoyer à la Société, en même temps que (1) Bulletin. Mai 1887. (2) Ces échantillons proviennent uniquement du cocon. Le fil, comme je l'ai déjà fait remarquer, d’après J.-B. Dumont, Walckenaer et le Dr Vinson, pour- rait aussi être utilisé, SUR L'UTILISATION DE DEUX ARANÉIDES SÉRICIGÈNES. ah cette petite note, des spécimens de la soie de l'£Epeira Mada- gascariensis et de l’Epeira livida (1). Plaise à Dieu que ces premiers et modestes essais puissent amener une exploitation utile et pratique de la soie des grandes Aranéides ! Comme le disait naguère M. le secré- taire général : « la conquête des Aranéides séricigènes ne serait pas sans valeur pour l’industrie (2). » ' (1) Des spécimens d’Epeira Madagascariensis ont été déjà envoyés à la So- ciété, conservés dans l’alcool; aujourd’hui, je joins à l’envoi des échantillons de soie, un tube renfermant l’Epeira livida. Mais comme la conservation des Aranéides dans l'alcool est imparfaite, je mets ici la description de nos deux grandes Epéires, que j'emprunte à M. le Dr Vinson : « Epeira Madagascuriensis, Vins. Colore nigro argenleo et aureo disposito magnifice. » Cephalothorace magno, nigro, glabro et lucem reddente ; cum duobus tuberculis supra thoracem oculos imitantibus. » Abdomine maximo, elongato, cylindrato, ante rotundo, à posterioribus in acumen terminato. » Lateribus maculas magnas argenteo-albas, inclinatas et resupinas, separa- tas aut junctas in fundo nigro, præbentibus. Dorso nigro, in medià parte, cum lineamentis et punctis aureo-flavis, incomposite aut cum ordine certo dispositis. Prope basim abdominis et suprà, inter hæc lineamenta emicat sæpius et præ- cipue macula magna aurco-flava, coronæ impressam imaginem repræsentans. » Pedibus rubro colore conspicius, nigris ad articulos et ad extremas partes. » Habit. — Madagascar. » « Epeira livida, Vins. Thorace nigro vel nigro ad rubrum inclinante. Capite magno, rotundo cum oculis lateralibus proeminentibus. Thorace circummarginali, medià fossulà impresso. Abdomine ovato, magno. Colore livido vel nigro cinereo mixto; sæpe cœruleo-livido. Pedibus magnis, robustis et nigris. « Habit. — Madagascar. » (2) Bulletin de Mai 1887, p. 335 NOTE SUR LES JARDINS : DE FEU, CAMILLE DOGNIN, A CANNES .{ALPES - MARITIMES) Par M. P. RIFFAUD. Vice-Président de la Société d'horticulture de Cannes, Membre de la Société nationale d’horticulture de France, Chevalier du Mérite agricole. e & Au moment où les jardins créés à Cannes par feu Camille Dognin, de Lyon, vont changer de propriétaire, il me parait intéressant de donner des renseignements précis sur les vé- oétaux réunis dans le parc de la villa Valetta, au heu dit la Californie, et dans le parc de la propriété appelée Camille- Amélie. Pendant onze années, j'ai dirigé les jardins de M. Do- onin ; ayant été le collaborateur dévoué de cet amateur plein de goût et passionné pour les plantes, je porte, cela se com- prend le plus vif intérêt aux plantations qui ont été pour la plupart faites par mes soins et je désire en conserver le sou= venir en réunissant ici les observations que j'ai été à même de consigner pendant ces longues années, Les jardins de M. Dognin existaient avant que la direction m'en füt remise ; mais nous avons tout remanié, tout refait, et aujourd'hui il ne reste plus rien, on peut le dire, des an- ciennes dispositions. Nous avons peu à peu supprimé le plus grand nombre des plantes indigènes, Pins maritimes, Bruyères, Genévriers, Lentisques, etc., qui couvraient le sol rocheux de la propriété. Cependant il nous a paru intéressant de respecter les plan- tations spontanées d'un ravin escarpé d’une assez grande étendue. On y voit des Pins maritimes, des Chênes verts, des Chênes lièges, des Lentisques, des Caroubiers et des Bruyères qui forment un maquis impénétrable, surtout depuis quefnous y avons ajouté diverses espèces de Mimosas australiens. Pendant l'hiver, les Bruyères (Ærica Medilerranea) et les Mimosas fleurissent abondamment et font de cette partie Brahea nitida. rt E ni ti # F 1 NOTE SUR LES JARDINS DE FEU CAMILLE DOGNIN. 123 du parc un lieu charmant. Entre les Pins et les Chênes on a planté des Æucalyptus de diverses espèces qui, devenus orands, donnent au ravin l'aspect d’une futaie séculaire. Avant de procéder aux nouvelles plantations, nous avons fait faire une défonce des plus sérieuses ; travail indispensable dans ces terrains schisteux sur lesquels la terre végétale fait presque complètement défaut et où la roche désagrégée, ex- posée à l’air et convenablement remuée, fournit un sol qui convient le mieux du monde aux plantes et en particulier aux Palmiers. La défonce a été profonde; elle a atteint, presque partout 1",50 et quand nous l'avons pu, c’est à 3 mètres que nous sommes descendus. Dans de pareilles conditions, les Fropriété de Madame Boucicaut {Villa Solgnÿ) Jardin dela . 7 Villa Milleville dela Villa Zima Plan des propriétés de M. Dognin. 124 REVUE DES SCIENCES. NATURELLES APPLIQUÉES. végétaux devaient prospérer; on en jugera par les chiffres que nous donnerons sur l’accroissement des plantes. | Les jardins de M. Dognin couvrent une surface de 90,000 mètres environ. Ils sont très accidentés, leur pente est fortement inclinée vers la mer et regarde le sud-est. En outre des accidents naturels du terrain, il a été fait des vallonnements importants qui donnent à la propriété beau- coup d'agrément ; plusieurs rivières et pièces d'eau ont été creusées ; des cascades, des rochers artificiels placés avec goût constituent des sites charmants; des points de vue magnifiques ont été partout ménagés ; en effet, dans les jar- dns de M. Dognin, le promeneur a sous les yeux tour à tour les Alpes Piémontaises couvertes de neige ; le cap d'Antibes planté d'Oliviers et semé de belles villas ; la Méditerranée dont le flot vient mourir au pied de la propriété; les iles de Lé- rins, Sainte-Marguerite et Saint-Honorat, iles de verdure jetées au milieu du bleu de la mer; et plus loin les montagnes de l'Esterel, de Saint-Tropez, de Sainte-Maxime dont l’as- pect et le coloris varient à chaque heure du jour. Vues ad- mirables, panoramas sans cesse changeants, qui se trouvent encadrés par les végétaux les plus rares et les plus beaux. Si les vues splendides dont on jouit au loin sont dignes d’admiration, les sites créès dans la propriété, pour avoir moins d'étendue, n’en sont pas moins dignes d'attention, car nos jolies pelouses, agréablement vallonnées, rehaussées de corbeilles de fleurs disposées avec goût, ornées de plantes décoratives et bien choisies, soutenues par des motifs et des oroupes de grand effet, forment un ensemble qui a valu aux jardins Dognin la haute réputation dont ils jouissent. Dans les plantations faites nous nous sommes attachés à réunir les plantes des mêmes espèces en groupes ; nous avons ainsi obtenu des effets de masse qui donnent à la propriété un caractère très particulier. Nous citerons quelques-uns de ces groupes en ayant soin de donner l’âge de la plantation et les dimensions des végétaux actuellement en place. Groupe d'Agaves. Nous possédons une belle collection d'Agaves en grands exemplaires qui est réunie sur un grand taius dont le vallonnement donne une vue sur la mer. Parmi les espèces les plus remarquables nous pouvons citer de beaux spécimens d'Agate applanata, Saimiana, Milleri sx Agaves diverses, NOTE SUR LES JARDINS DE FEU CAMILLE DOGNIN. 127 picta et d'énormes Agave ferox d'un diamètre de 3,50, dont les feuilles s'élèvent à près de 3 mètres; l’un deux pousse en ce moment la gigantesque hampe de son inflores- cence qui à un diamètre de 0,30. C’est la première fois, croyons-nous, que cette espèce fleurit sur le littoral. Groupe de 20 Araucaria excelsa, excelsa-glauca et Cookii mis en place en 1879 et 1880. Hauteur des plantes 9,50 pour quelques-unes, 5 mètres pour d’autres. Ces Arau- carias occupent les deux pentes d’un vallonnement assez ra- pide et sont disposés de façon à être dominés par le pro- meneur suivant l'allée supérieure ; au contraire dans l'allée inférieure on passe sous l’ombre de ces arbres australiens. Groupes de Bambous. Les Bambous tiennent une tres grande place dans la décoration des jardins ; ils sont plantés par masses importantes formées d’une seule espèce; nous nommerons les Bambusa milis, Mazeli (vel Quilioi) et arun- dinacea ; ce dernier est celui qui donne les plus grosses tiges. Quoique en Algérie on obtienne des brins plus gros encore, nous nous déclarons satisfaits, car nous possédons des tiges qui n’ont pas moins de 0,40 de circonférence. Mais le B. arundinacea est frileux, il n’en est pas de même des deux autres variétés citées qui atteignent ici une hau- teur de 12 à 15 mètres et une circonférence de 0,28 à 0®,30.. Ces Bambous donneront, avec le temps des brins plus gros encore, car il faut au moins dix ans et des soins entendus pour obtenir le maximum du développement dans ces plantes. Il existe également dans les jardins Dognin des groupes de Bambous de moindre importance : Bambusa gracilis, nigra, quadrangularis, Sulphurea, Thouarsii. Groupe de 120 Chamærops Fortunei, mis en place en 1879, hauteur des plantes 5 mètres, circonférence des troncs 0e 80. Groupe de 30 Chamærops humilis, de diverses variétés, mis en place en 1880, hauteur des plantes 3 mètres. L'effet de ces feuillages de diverses nuances est très heureux. Groupe de 20 Cocos Romanzoffiana, mis en place en 1882. Hauteur des plantes 7 mètres, circonférence des troncs 1,80. Groupe de 80 Dracæna inñdivisa, mis en place en 1879, hauteur des plantes 6 mètres, circonférence des troncs envi- ron 1",10. ; Groupe d’Opuntia coccinellifera lomentosa, mis en place 128 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. . en 1880, hauteur des plantes 3 mètres. Ces énormes spé- cimens d’un vert, comme saupoudré de farine, se couvrent de fruits nombreux d'un beau rouge carminé, farineux. comme les feuilles, qui restent sur l'arbre jusqu’à la saison. suivante; chaque année l'abondance des fruits est extrême, les raquettes disparaissent sous les Figues de couleur vive serrées les unes contre les autres comme les alvéoles ag gateau de miel. | | - Groupe de 25 PhAænix Canariensis mis en place. en 1881; o—e des plantes 5700. Groupe de 50 Phœnix daclylifera mis en place. tres jeunes en 1880; hauteur des nie 67,90; circonférence des troncs 180. ca Groupe de Phœænix reclinala mis en place en 1879: pl teur des plantes 5 mètres, circonférence des troncs qe. 10. Ces gracieux palmiers ont supporté un abaissement de tem pérature de — 5° dans l'hiver 1887-88. 5%: Groupe de 50 Prüchardia filifera mis en place très jeunes en 1879 ; hauteur des plantes 5,50 ; hauteur des troncs jus- qu'aux premières feuilles 4 mètres ; circonférence des troncs à la base 2,30. | Groupe de 200 Yuceca aloefolia, mis en place en 1879 ; hau- teur des plantes 4,50, circonférence des troncs 0m,90. Bien que cette espèce soit des plus communes, ce groupe méritait une mention particulière, car ce n’est pas le moins remar-— quable de la propriété. Il occupe un monticule traversé par un sentier sinueux encaissé dans les rocailles. Sous un bois de Magnolia grandifiora et Lagalisson- niera sont réunies des fougères arborescentes, Alsophila auslralis, Alsophila Moorei, Cyathea medullaris, Cyathea dealbala, Dicksonia squarrosa, Dicksonia antarlica. Plu- sieurs des troncs de ces fougères n'ont pas moins de 7 mètres d'élévation, et leurs circonférences atteignent 2,30 ; d'au- tres fougères sont encore cultivées dans le même endroit, on peut remarquer des spécimens des espèces suivantes : Cirlomium falcalum, Pleris divers, Todea Africana, Cibo- lim, etc., cette partie du jardin présente un intérêt tout particulier, car l'aspect de ces grands végétaux, poussant à l'ombre des Palmiers et de la futaie voisine, forme un heu- reux ensemble. Cactées diverses. [ær) 1889. évrier 108 NOTE SUR LES JARDINS DE FEU CAMILLE DOGNIN. 131 Il n'est pas inutile d'ajouter que les Dicksonia antarlica ont été importées directement de l'Australie, par M. Dognin, en 1883, 84 et 85; nous avons eu un succès complet pour la re- prise de ces troncs gigantesques qui certainement ont plus d'un siècle d'âge; les Asophiüla australis plantés en 1879, étaient alors tout petits, dans des godets de 3 pouces, et ils ont maintenant 2,60 de haut et 0,62 de circonférence. Les Cyathea medullaris avec leurs feuilles dont la côte centrale est d’un beau noir ressortent sur les verdures voisines ; elles poussent moins vite que les Aisophila australis. Les troncs de Cyathea dealbala que nous avons importé de la Nouvelle-Zélande ont eu bon succès aussi, Quant à l’Also- phila Moorei elle mérite l’attention, car les sujets de cette espèce mis en place très petits en 1885, mesurent aujourd’hui 1 mètre de tronc et 0",75 de circonférence; les frondes n'ont pas moins de 4 mètres de longueur et 1",75 de largeur. Ces dimensions montrent quel est, après trois ans de culture, le magnifique développement de cette fougère encore peu répandue dans les jardins du midi. Il ne faut pas oublier les groupes dans lesquels se trou- vent des Camellia hauts de ‘7 mètres, des Rhododendron des bonnes variétés et des Azalea indica de toutes sortes. La flo- raison de ces massifs n’est pas le moindre ornement de nos jardins. Au bout d’une allée, en arrière d’une petite pelouse, on a construit un rocher artificiel, haut de plus de 4 mètres; c’est là que nous avons réuni une collection importante de Cyca- dées, on y voit des Cycas revolula, siamensis, des Dion edule, des Zamua caffra, horrida, Lehmannti, spiralis, verrucosa, villosa, Wroomi. Les uns plantés sur la pelouse, les autres dans les poches ménagées dans le rocher. Ces feuillages bizarres aux couleurs variées, ces troncs mons- trueux font d'autant plus d'effet qu'ils sont accompagnés sur le sommet du rocher de grands FYucca panachés et de Dasy- lirion longifolium. Dans les pierres, poussent des Aloe Dyckhiana et ciliaris qui égayent l’ensemble de leurs fleurs d'un beau rouge. Un peu plus loin, le chemin se trouve encaissé entre deux talus de terre et de rochers. D'un côté, on a réuni une col- lection d'Opunlia de diverses espèces, qui ont pris aujour- d'hui un grand développement, Des Tropeolum de diverses 132 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES.. variétés, des Pelargonium grimpent sur ces Cactées et leurs fleurs, aux couleurs vives, font un effet charmant au milieu de ces tiges difformes, de ces raquettes épaisses et de ces fruits en forme de Figues aux coloris divers. Presque en face de ce groupe intéressant, nous nous trou- vons devant une rocaille couverte de plantes grasses, Ma- millaria, Echinocactus, Cereus, etc. sont réunis là en grand nombre, sur la roche qui s'élève; en arrière, les Aloe, les Haiworthia forment un inextricable fouillis de feuilles cro- chues et épineuses d’où jaillissent de belles fleurs éclatantes. C'est un coin des montagnes du Pérou, des rochers du Mexique devant lequel le visiteur s'arrête longuement, car ces Cactées aux formes bizarres sont représentées par des sujets très nombreux et du plus grand mérite. Le talus et le rocher dont nous venons de parler sont exposés en plein midi; de gros Phœnix Canariensis plantés au sommet donnent aux plantes une ombre protectrice. Après avoir parlé des groupes et de quelques ensembles principaux, nous passerons en revue les spécimens qui sont isolés sur les pelouses. Il convient de distinguer dans l’énu- mération qui va suivre les végétaux que nous avons plantés jeunes de ceux qui ont été acquis en 1882 et 1883, par M. Dognin de M. Mazel. Ces végétaux âgés alors de vingt à vingt-deux ans, vivaient en pleine terre dans le jardin de M. Mazel au golfe Jouan, et par conséquent l’arrachage et le transport de ces remarquables spécimens a été une opération des plus considérables. Pour le faire bien comprendre, 1l suf- fira de dire que plusieurs de ces sujets pesaient, avec leurs mottes encaissées, environ 10,000 kilogrammes. Malgré les très grandes difficultés de cette tâche, nous avons eu un succès complet. Dans la liste qui suit, nous indiquons quels sont les sujets provenant du jardin de M. Mazel. Bien entendu. Les mesures données sont les mesures actuelles. Acacia melanoxylon mis en place en 1870, hauteur de la plante 8,00. Ce bel exemplaire couvre sur le sol un cercle de 5,00 de diamètre. Areca sapida mis en place en 1883, hauteur de la plante 4m 75, hauteur du tronc 1",80, circonférence du tronc 0,85. Cette plante donne des graines depuis plusieurs années; en ce fera. i Transport d’un Phœnix dactyl n À PT Se 5 PR EE TEE LE tré a L { $ ] ï " . ÿ ; 3 S : “à tu, rm à h \ Lt $ 4 n Ë : Lan UE 2 4 # ; One: - Î EN Da t É% : ( 1e 4 P ù 4er ER 4 : PRES ER DAME ramener ana meme SA 4 : , De ie net mnt nn te mme ane men ee dan CRPERENR] CARSNS 2 PACE ARE ET UE TS PT a ge FRE à : à : Lie =: [a ? NT. H $ É e LEUR Li NOTE SUR LES JARDINS DE FEU CAMILLE DOGNIN. 13: moment elle porte deux régimes de fruits (collection Mazel). Araucaria Bidiwilli mis en place très jeune, en 1878, hau- teur 8,25, circonférence du tronc 1,15. Ses branches couvrent un cercle de 8,60 de diamètre. Ce sujet est remar- quable par sa forme conique et la courbe gracieuse de ses branches flexibles qui retombent sur le sol. Un autre A. Bid- willi, planté en 1876, hauteur actuelle 9%,50, circonférence du tronc 1",45. Araucaria excelsa mis en place en 1873, hauteur de la plante 19 mètres, circonférence du tronc 1», 70. Araucaria excelsa mis en place très jeune, en 1878, hau- teur de la plante 9,90, circonférence du tronc 1",06. Un autre planté en 1876, ayant environ 1 mètre, hauteur ac- tuelle 15 mètres, circonférence 1",40. Son feuillage couvre un cercle de 10 mètres de diamètre. Araucaria excelsa-glauca mis en place jeune en 1878, avait 3 mètres en 1878, au moment de la plantation, hauteur actuelle 15",50, circonférence du tronc 1",50, diamètre des branches couvrant le sol, 9 mètres. Beaucarnea tuberculata, hauteur de la plante 4 metres, circonférence du tubercule 2,20 {collection Mazel). Beaucarnea ltuberculala-glauca, hauteur de la plante 4,00, circonférence du tubercule 1,80 {collection Mazel). Brahea nihda, hauteur de la plante, 4 mètres, hauteur du tronc 2.95, circonférence 1,40. Cette espèce est des plus rares, l’'exemplaire que nous possédons a fructifié dans l’été de 1888 (collection Mazel). Casuarina tenuissima planté en 1873, hauteur de la plante 16 mètres, circonférence du tronc 1m,85. Cereus Peruvianus monstruosus, hauteur de la plante 3n,30, diamètre du tronc 1",80 {collection Mazel). Cocos australis, planté très petit. en 1880, hauteur 3,50. Cocos botryophora planté en 1874, hauteur de la plante 12 mètres, hauteur du tronc 7,75, circonférence du tronc 1",53, c'est le plus grand cocotier de la propriété; il est dans le Pare de « Camille-Amélie », auprès d’une petite pièce d’eau située au-dessous d’un rocher qui n’a pas moins de 15 mètres de haut, le site vaut qu’on s'y arrête. Tout en haut, on a placé des Acacia dealbala, des Cupres- sus Lamberliana, dont le feuillage gracieux retombe; plus bas des Agaves, des Yuccas panachés, des Prilchardia, des 136 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Pins et des Phœnix aux troncs tordus : plus bas encore des’ pierres sont couvertes de Bongainvillea spectabilis, de chèvrefeuille, de Ficus repens ; : des Aloe Dychiana' aux fleurs rouges garnissent les pierres qui plongent dans l'Eau à gauche du bassin, se trouve le grand Cocotier, au nr lisse et argenté sous l'ombre duquel s'élèvent de beaux’ Bambous jaunes hauts de 8 mètres. Dans l’eau du Bassin, des Cyperus allernifolius, des Papyrus, des Aponogetons- en fleurs, et en arrière, sur une petite pelouse, ressortant sur des plantations de couleur sombre, un Musa Ensele: au feuillage vert clair et aux nervures rouges. Le tableau est un des plus réussi que l’on puisse voir, ce grand en- semble est égayé par les Pelargoniums rouges en fleurs qui courent entre les autres plantes et jettent une note claire dans ce mélange heureux des nuances les plus variées. Cocos lapidea, planté jeune ayant deux feuilles caracté- risées en 1874, hauteur actuelle 8 mètres, circonférence du’ tronc 5S 0e Cocos (Syagrus) majestica, hauteur de la HE so hauteur du tronc 4,70, circonférence 1,80 (collection Mazel). Livistona australis, hauteur de la plante 6,50; hauteur du tronc 3",30, circonférence 1®,85 (collection Mazel). Livistona (Eatania) Sinensis, hauteur de la plante ge 80 hauteur du tronc 4 mètres, circonférence 1,85 (collection Mazel). | | Leu Cocos Romanzoffiana, hauteur de la plante 14 metres, hauftéur. du ‘tronc 10,50; ‘circonférence 4465 (collection Mazel). | Cocos votryophora;hauteur de la plante 11",80, hauteur du tronc 7,50, circonférence 1".75 (collection Mazel). Cocos flæuosa, hauteur de la plante 9,80, hauteur du tronc 6,50, circonférence 1,85 {collection Mazel). ane Cocos Yalai, hauteur de la plante 3,30, hauteur du tronc 1 mètre, circonférence 1",90 (collection Mazel). Cupressus Lambertiana planté en 1873, hauteur de ‘la plante 12 mètres, circonférence du tronc 27,50. Dammara Brotoni, hauteur de la Héte 6n,50, circonfé- rence du tronc 0,72 (collection Mazel). | Dasytirion longifolium, hauteur de la plante 06, hau- teur du tronc 1,90, circonférence 2,00. Cet exemplaire a fleuri plusieurs fois déjà; il a aujourd'hui douze têtes. Un Cocos Romanzoffana. 10 1889. évrier F 5 NOTE SUR LES JARDINS DE FEU CAMILLE DOGNIN. 139 autre sujet de la même espèce a une hauteur de 3",30, un tronc de 2",25 et une circonférence de 1",55 (collection Mazel. | Eucalyplus globulus, M. Dognin avait trouvé, en achetant les terrains de ses jardins, trois de ces arbres qui avaient été plantés en 1867; ils ont aujourd'hui 30,00 de hauteur ; leurs troncs mesurent 2",90 et 3,00 de circonférence. Ce groupe de trois arbres est du plus magnifique effet et couvre de ses branches un cercle d'environ 40 mètres de diamètre. Jubæa spectabilis planté en 1878, ayant 5 à 6 feuilles carac- térisées, hauteur 3°,35 circonférence du tronc 3 mètres. Livistona (Corypha) australis, planté en 1878, ayant 1",50 de haut. Hauteur actuelle 5",30, hauteur du tronc 2,00, cir- conférence 1,80. Livistona Sinenseis (vel Lalania Borbonica) planté en 1876 et transplanté en 1885, hauteur 5,00, hauteur du tronc 3,75 circonférence 1,45. Un Muellenbechia nummularæfolia, planté au pied d’un faux poivrier (Schinus molle) a pris un développement extra- ordinaire qui mérite d’être signalé. Aujourd'hui cette plante au menu feuillage, à la tige grêle, forme un bloc mesurant 5,00 de hauteur, 5,00 de largeur et en certains endroits 8n,00 de profondeur. Cette masse d’un vert sombre couverte de pousses légères fait le plus magnifique effet et montre le parti qu'on peut tirer de cette espèce pour couvrir des ton- nelles ou des rochers. Phœnix daclylifera acquis à Bordighiera (Italie), forts sujets plantés en 1873 et 1874. Ces Palmiers sont très beaux, mais n’ont pas fait les mêmes progrès que les jeunes sujets mis en place quelques années plus tard. Phœnix dactylifera planté jeune en 1878, hauteur 10 mètres, tronc 5%,50, circonférence 1,90. Phœnix Canariensis planté jeune en 18978, hauteur 5",50, circonférence du tronc 3",50. Les feuilles de ce beau Palmier couvrent un cercle de 9 mètres de diamètre. Pinus Canariensis planté en 1873, hauteur de la plante 15,00, circonférence du tronc 1,50. Pinus insignis planté en 1873, hauteur de la plante 15",00, circonférence du tronc 1,30. Prilchardia filifera planté jeune en 1878, hauteur 6,50, circonférence du tronc à la base 3,51. Cette admirable plante 149 . REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. couvre avec ses feuilles un cercle d’un diamètre de 6,50. C'est le plus fort spécimen de cette espèce qui existe sur le littoral. Un Sabal Blackburniana, hauteur de la plante 4,00, hauteur du tronc 1",70, circonférence 1",70 (collection Mazel). Un Sabal Havanensis, hauteur de la plante 4",790, hau- teur du tronc 2 mêtres, circonférence 1,90 (collection Mazel). Sabal umnbraculifera planté jeune en 1878, hauteur 3,00. Saribus olivæformis planté en 1878, hauteur 3,70, hau- teur du tronc 1,80, circonférence 1",92. Seaforihia elegans mis en place en 1879, hauteur de la plante 5",50, hauteur du tronc 3,50, circonférence du tronc Om,80. Sequoia (Wellinglonia) gigantea planté en 1874, hauteur de la plante 13,00, circonférence du tronc 2,10. Thuya gigantea planté en 1873, hauteur de la plante 14,00, circonférence du tronc 1",50. Thuya Lobbi planté en 1873, hauteur de la plante 7,00, circonférence du tronc ]",60. Washinglonia robusta. Ce spécimen avait été cultivé par M. Édouard André dans son jardin de Cannes-Éden ; il mesu- rait au moment de la plantation en 1885, 1°,50 de haut; il a aujourd'hui 4 mètres. La hauteur du tronc est de 2 mètres, sa circonférence à la base de 1,90. Le Washinglonia robusla mérite une des premières places dans les jardins de notre ré- oion, car sa rusticité est égale à celle du Prüchardia. Yucca Canaliculala filifera, hauteur de la plante 6,9%, circonférence 2%,80 (collection Mazel). Yüucca draconis, hauteur de la plante 6,95, circonfé- rence 2",00 (collection Mazel.. Yucca Malziniana, hauteur de la plante 5,30, circon- férence 1%,90 (collection Mazel). Yucca Lenneana, hauteur de la plante 5,50, eirconfé- rence 1", 30 (collection Mazel|. Yuccu Maseli, hauteur de la plante 7",50, circonférence 2,60 (collection Mazel). Les diverses espèces énumérées plus haut ne sont pas re- présentées seulement par un seul spécimen, mais les chiffres que nous avons donnés suffisent pour faire apprécier le déve- loppement acquis par les plantes. ne: Yucca canaliculata filifera. # M Le Liu Pt: î ’ Peel È + Æ FANS TRS = FRE { { Te 4 NL IE TES MATE PR er TN ner anrarnmn pd dre D di piece à 2 at en Qt eee 1° Dasgi e NUTE SUR LES JARDINS DE FEU CAMILLE DOGNIN. 143 . Il nous paraît intéressant d'examiner ici comment se sont comportées certaines espèces réputées délicates pendant les froids que nous avons eus à supporter dans ces dernières années. | Les Areca Baueri ont mieux supporté que les divers Kentia les rigueurs de la saison. Plantés à la même expo- sition dans le même sol, ils n’ont pas été touchés par le froid, leurs feuilles sont longues aujourd'hui de 3 à 4 mètres. Les Areca sapida ont bien supporté l'hiver. Le Brahca Roezli, dont le feuillage blanc d'argent fait un si bel effet sur les pelouses, est d’une rusticité parfaite. Le Brahea egregia et le Brahea calcaria, quoique moins robustes, ont bien supporté ce rigoureux hiver. Quelques variétés de Chamædorea, le Ch. Ernesli-Au- _ gusli, le Ch. elalior se sont bien comportés. Les Chamærops Martiana et histrix se sont montrés abso- lument rustiques. Le Copernicia cerifera, qui ressemble tant au Corypha australis, a parfaitement supporté les froids. Le Jubæa Torreali, beau et très rare Palmier, quoique ayant souffert du froid, a bien poussé après l'hiver et est maintenant en bon état. Les Xenlia Balmoreana et Fosteriana ont beaucoup souf- fert. Seules quelques plantes bien abritées sont intactes. Les Musa ensele et paradisiaca ont completement perdu leurs feuilles, tandis que les Strelizia Augusta, Nicolai et reginæ ont conservé les leurs. Les Rhapis fiabelliformis sont admirables de vigueur. C'est un Palmier trop peu répandu dans nos jardins. Le Thecphrasta imperialis a perdu ses feuilles, mais, comme chez les Bananiers, elles ont repoussé au printemps. Le Thrinax Chuco, plante essentiellement décorative, a traversé l'hiver 1887-88 sans en souffrir aucunement. Le Seaforthia elegans a été très peu touché. Les Ficus australis, repens, Roxburghi, rubiginosa n'ont pas souffert de la rigueur de l'hiver, tandis que les F. elastica et Chauvierr ont été touchés aux extrémités. On ne saurait trop recommander l'emploi des Ficus pour la décoration des jardins bien abrités. Nous avons un Ficrs Roxburghi, planté en 1874, qui a aujourd'hui 9 mètres de haut et dont le tronc mesure 0,88 de circonférence; sa tête 444 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. couvre un cercle de 5 mètres de diametre. Les racines qu'il émet du tronc et des branches élevées a a Le mètres du sol viennent se planter dans la terre. Recommandons encore l’Alpinia nulans qui, placée à mi- ombre, donne un beau feuillage et de belles fleurs; les Aspi- dislra elatior, verts et panachés, qui forment sous bois de magnifiques tapis de verdure ; le Ligularia Kæmpferi, d'un coloris vert, très décoratif sur le bord des eaux ; le Phyllo- dendron perlusum qui trouve sa place partout et dont les feuilles originales font si bien dans les rocailles. Ces feuilles gelent facilement, il est vrai, mais l'hiver passé avec quelle vigueur elles reparaissent. Comment ne pas nous arrêter pour recommander aussi la Buddleya Madagascariensis dont on obtient des effets si ex- traordinaires. Dans les jardins Dognin nous en avons tiré un excellent parti dans une ancienne carrière, où la mon- tagne est taillée à pic sur une longueur de 30 mètres et sur une hauteur de 12 mètres environ. Devant ce mur de pierre s'étend une pelouse de gazon fin sur laquelle se trouvent une forte touffe de Bainbusa Sulphurea d'un jaune vif, et, un peu’ en arrière, un énorme Aralia papyrifera en fleurs, qui jette en avant ses longues branches aux feuilles palmées, chargées de grosses inflorescences blanches. La partie verti- cale de la roche est couverte d’un inextricable fowllis de feuillages du plus magnifique effet. Les Buddieya d'un vert glauque ont poussé avec une incroyable exubérance et laissent pendre de tous côtés des milliers de longues grappes au celo- ris d'or éclatant. De place en place, se montrent des Acacia lrinervia couverts de fleurs d'un beau jaune pâle. Le Ficus repens, dont les feuilles brillantes d'un vert sombre sont devenues, dans ce milieu favorable, larges comme celles du Lierre d'Alger, courent partout sur la roche, luttant avec le Budüleya pour envahir les Pins maritimes et les Acacias plantés à la partie supérieure de:ce cirque de pierre. Au milieu de ces feuillages aux teintes sombres, l’œil rencontre à chaque instant de gros bouquets de roses épanouies, des Lamark, des Chromatelles, des Maréchal Niel.. Quelques orands Agaves, aux couleurs claires, enracinés dans la roche, tranchent sur ce fond de verdure. C’est vraiment un beau tableau que l'œil ne peut se lasser de regarder, car plus on s'y arrête, plus les détails prennent d'intérêt. On admire la Dasylirion longifolium. PATETIOTE que NOTE SUR LES JARDINS DE FEU CAMILLE DOGNIN. 147 richesse de ces coloris divers, la vigueur de ces plantes qui ont changé en un lieu magnifique les parois nues et désolées du rocher. Il est encore un site dont nous voulons parler. Un ruisseau Cocos botryophora. Cocos Romanzoffiana. coule sur une pente rapide entre des rochers artificiels et vient se jeter dans une petite pièce d’eau entourée d’une pe- louse gracieusement vallonnée. Un peu au-dessus, le ruis- seau passe dans un groupe de jeunes Cocotiers aux troncs lisses et brillants qui balancent au vent leur feuillage délicat. Un Dattier, dont le stype est tordu, forme un pont, et sa tête se redressant très près du sol, abrite comme un parasol la 148 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. roche qui disparaît en partie sous les Mesembrianthemum Magenta grandifiora aux fleurs éclatantes, sous les Chè- vrefeuilles et les Begnonia Capensis couverts de bouquets pourpres. De gros Agaves aux tons nacrés, vivant dans ces pierres, ont poussé leur gigantesque candélabre haut de dix mètres. Toutes ces verdures arrivent à la pièce d’eau dans laquelle un groupe imposant de Caladium esculentum aux larges feuilles ondulées, accompagne une grosse touffe de Pa- pyrus haute de 3,50 dont quelques tiges, gracieusement in- clinées, se réfléchissent dans l’eau tranquille. Les détails étendus que nous avons fournis intéresseront, nous devons l’espérer, tous ceux qui se préoccupent des ac- quisitions que peuvent faire nos jardins dans la région de l’oranger. Pour moi, je garderai à M. Camille Dognin un souvenir de profonde gratitude pour la bienveillance qu'il n’a cessé de me témoigner pendant les onze années que j'ai passées près de Jui. Amateur passionné, il aimait les plantes avec ardeur et ses efforts constants tendaient à augmenter l'importance des collections réunies. M. Dognin a rendu à l’horticulture de réels services et je m’estime heureux d’avoir été son colla- borateur dans la création des jardins dont nous nous sommes occupés dans cette note. II. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 4 JANVIER 1889. PRÉSIDENCE DE M. A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. Le Président donne lecture des noms des membres récem- ment admis dans la Société : MM. PRÉSENTATEURS. CHAGxAUD (Jean-Albéric), chef de batail- Am. Berthoule. lon, en retraite, 64, rue des Bézines, à ; D' Brocchi. Angoulême (Charente). A. Delaurier. \ A. Geoffroy Saint-Hilaire. Am. Berlthoule. | Magaud d'Aubusson. CERF (Léopold), imprimeur, 13, rue de Médicis, à Paris. Durour (le Dr Gustave-Léon), médecin en à ‘ Hotte | a A. Geoffroy Saint-Hilaire. chef de l'hôpital du Gros-Caillou, en re- orne à l hrdh e ‘ D' Laboulbène. traite, à Saint-Justin, par Mont-de-Mar- / , De Quatrefages. san (Landes. Am. Berthoule. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Raveret-Wattel. A. Geoffroy Saint-Hilaire. D' Laboulbène. Raveret- Wattel. DrrBrocchi: FAURE (Gaston), 10, rue Bastial, à Paris. j A. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. ELOFFE (Georges- Auguste), naturalisie, 63, rue Monsieur-le-Prince, à Paris. FABRE (Frédéric), à Auvers-sur-Oise (Seine- et-Oise). DE Cm TS TE LAFFITE (Armand), courtier maritime, rue A. Geoffroy Saint-Hilaire. Denfert-Rochereau, 68, à Rochefort- ‘: Magaud d Aubusson. sur-Mer. N. Pautier. M Fr is- Eugène), médecin- | Ron é De | À ra à ? : A. Geoffroy Saint-Ililaire. vétérinaire, Villa Brancas, à Sévres. fi Len qu Saint-Yves Ménard. Am. Berthoule. Delaurier. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Am. Berthoule. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Magaud d'Aubusson. Am. Berthoule. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Magaud d'Aubusson. MAURIN, propriétaire et maire d'Échallat, à l'Habit, commune d’Échallat, canton d'Hiersac (Charente). Moxcurr (Frédéric de), à Cuillé (Mayenne). Micxez (Auguste), propriélaire et maire, à Ceyzériat (Ain). ne, 190 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Nocard. Saint-Yves Ménard. WEBER (Émile), médecin-vétérinaire, 64, boulevard de Strasbourg, à Paris. Il est procédé au dépouillement de la correspondance. — Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Achille Adam, de Bouteyre, Colette, Chapard, Mis de Damas, Guyard, C. de Kervenoaël, B° Lepelletier, Lefèvre, Mailles, Marti- neau, Portmans, B° Reynaud, Mis de Scey de Brun, Skousès, Thauvin, des Vallières, Vigour et par la Société d’horticul- ture de la Sarthe. — M. O0. Camille Bérenger écrit à M. le Directeur du Jardin zoologique d’Acclimatation, en date du 24 no- vembre 1888 : | | « Mon incubation artificielle de Nandou n’a pas eu le résullat que j’espérais. Nous avions sans doute attendu trop tard pour mettre les œufs dans la couveuse, espérant que le mâle se déciderait à cou- ver lui-même, aussi n’ai-je eu qu’une éclosion, il semblait que tous les autres œufs fussent clairs, Le jeune unique s’est élevé sans grande dificulté sauf pendant les premiers jours, mais au bout de peu de temps, il suivait partout le faisandier qui s’oceupait de lui, et l’ap- pelait activement aussitôt qu'il le perdait de vue. Ce jeune Nandou, dans ses promenades, mangeait continuellement de la verdure et sur- iout des insectes qu’il était très habile à saisir dans l'herbe. » — M. le Marquis de Scey de Brun écrit de Devecay (Doubs) : « Les Truites des lacs, provenant des œufs que m'a livrés la Sociélé ces années précédentes, ont prospéré ; les ruisseaux et rivières de mon voisinage dans lesquels je les ai lâchées en produisent abon- damment maintenant, ce qui n'existait pas préalablement. On en a pris cette année du poids de deux kilogrammes ce qui est superbe eu égard au peu de temps écoulé depuis que je les ai lâchées. » — Le R. P. Camboué écrit de Tananarive (Madagascar), à M. le Secrétaire général : | « Au sujet de la culture de la Vigne à Madagascar, je crois comme tous qu'en chuisissant avec discernement les terrains et les cépages et en donuant quelques soins à la culture et à la vinification, on pourrait obtenir des crus de qualité très convenable. > En ce moment j'étudie comment se comporte un cépage qui m'a été envoyé du nord d'Imérina par mon collègue le R. P. Campenon et qui, paraît-il, serait indigène, donnant une grappe à gros grains d’un goût framboisé. J'aurai, je l'espère, occasion de vous en parler plus sûrement par la suite après expériences de culture. PROCÈS - VERBAUX. 151 » Quant à l'Urania Riphœus Bdv., j'ai déjà publié dans le « Cosmos » du 1°" septembre 1888 une petile note préliminaire sur les états im- parfaits ou larvaires de ce Lépidoptère. La nymphose de l'U. Riphœus justifie, à mon avis, le classement de ce Lépidoptère parmi les noc- turnes. J'espère d’ailleurs que sous peu, paraîtra une note plus com- plète et plus scientifique sur le sujet. Selon ma promesse, que je n'oublie pas, je me ferai un plaisir de vous envoyer pour la Société, dès qu'il me sera possible, l'U. Riphœus à l’état de Chenille de Nymphe ou Chrysalide et de Papillon. » Je vous adresse quelques graines de végétaux dont voici le dé- tail, j'espère vous envoyer plus tard des notes sur la culture et les propriélés de plusieurs de ces végétaux et d’autres propres à la flore de Madagascar. N° 1. « Voanzo » (Voandzeia sublerranea, THOUARS). Comestible (le fruit). — Habit : Imérina. Les graines de « Voanzo » envoyées précédemment étaient en mauvais état. Celles-ci ont été préparées pour le semis par les procédés indigènes et ne peuvent manquer de germer. Je puis vous en envoyer en quantité, si vous en désirez d’autres. N° 2. « Haronga » ou « Harongana » (Haronga Madagascariensis Caoisy). — Arbre résineux et médicinal. Habit : Imérina. No 3. « Tapia » |Tapia edulis). — Arbre dont la feuille nourrit le grand ver à soie indigène. — Habit: Imérina. N° 4. « Roimemy » (Wimosa). — Arbuste dont la feuille nourrit le petit ver à soie indigène. Habit : Imérina. N° 5. « Zahana » (Phyllarthron Boxeranium D. C.)j. — Arbre orne- mental. Habit : Imérina. N°6. « Tsirika » (Dypsis). — Ornemental. — Habit : Imérina. « P.$. Dans la dernière visite de mes postes des bords de l'Itropa, on m'a porté un oiseau nommé par les indigènes « Kibobo ». Si ce n'est pas la Caille de Madagascar (Tuwrniæ nigricolis Gmel), il doit en être bien voisin. Ce serait un bon gibier à acclimater. » — M. Gaëtan Partiot, ministre de France au Mexique, écrit du château d'Agy, près Bayeux (Calvados) : « Il y a huit jours, à mon retour d'Espagne, où j'avais été envoyé en mission, j ai trouvé toutes mes orchidées en excellent état, aussi feuillues au moins qu’à Mexico; les plus malades, environ une ving- taine, que j'avais mises dans une espèce de serre froide, ont toutes repris et quelques-unes même ont fleuri. Enfin, j'en avais laissé six dehors, depuis le mois de mai, suspendues ou appliquées au tronc d’un Magnolia ; celles-ci qui avaient également souffert, mais un peu moins, des fortes gelées du mois d'avril dernier, sont aussi en parfait état. Enfin, une orchidée d'Orizaba, à grande grappe de fleurs jaune d'or, celle même qui avait fourni les graines que je vous ai données, 152 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. reprend vigoureusement. En outre des Orchidées, j'ai ici une quantité de fleurs et d'arbres dont j'avais rapporté les graines et que je tiens a votre disposition, ce sont : » 1° Des Ahuehuetes, ou Cyprès du Mur ilyena du à Oaxaca qui mesure plus de 15 mètres de diamètre et qui est entièrement plein. Aux environs de Mexico, entre autres, à la. Chapullepec on en trouve communément de 12 et 14 mètres de tour, à hauteur d'homme. » 2° Des Frènes du Mexique, cest aussi un magnifique arbre, j'en ai vu de vingt-six ans, ayant 3 metres de haut, à hauteur d'homme (environs de Mexico) ; cinq ou six sujets de cette espèce ont réussi à Chambéry ; il y en a un de dix-neuf ans, très beau,. à la sous-préfec- ture d'Oloron, rapporté par un émigrant. Mais il faut les garantir du froid pendant les premières années jusquà ce que le bois soit bien formé ; je pourrais vous en envoyer une dizaine. . » 3° Un joli petit arbre à fleurs jaunes, feuiliage semblable au faux Ébénier ; il croît vite et, à Mexico, donne des fleurs pendant trois mois de PA: ;: il a sur le faux Ébénier l'avantage d’être très remontant ; il fleurit en bouquet non en grappe. | RE » 4° Un joli arbuste. espèce de Bignone, non grimpante, donne ae bouquets de campanules jaunes. » 9° Le Huele-de-Noche (qui sent la nuit) ec est une Solanée. Elle se trouve aussi au Japon et même j'en ai vu en Andalousie. __» Sa fleur insignifiante comme aspect embaume la nuit. j'en ai six à huit à votre disposition. » 6° Divers Æibiscus, entre autres le blanc, 7e recherché au Mexique comme pectoral. Il est certain que ces fleurs font une tisane des plus adoucissantes. Le rouge passe pour n'avoir pas les mêmes qualités. . » 70 Graines du Chicalote à grande fleur, plante oléagineuse, huile siccative recherchée là-bas. Assez belle fleur ressemblant au Pavot. » 8° Graines du Coloradillo, arbre que je vous décrirai ; les in- diennes se font des colliers avec les grains. » 9° Deux très jolis Aguacates ou Arbres à beurre en excellent état, mes semis du mois de mai ; ils ont environ 0%,20 de haut et sont en parfait état, très verts et très frais (venus au grand air). » 100 J'ai aussi d’autres grandes plantes qui sont en pleine terre. Annuelles là-bas, peut-être à cause de la sécheresse, elles sont deve- nues ici plus hautes, plus fortes, plus foncées comme verdure qu’au | Mexique, mais les boutons ne font que paraître et évidemment elles ne pourront fleurir; je chercherai à les transplanter. » Sur ma recommandation, le Ministre de l’Intérieur au More général Pachero, a donné les ordres nécessaires pour faire rechercher et prendre, s’il est possible, des Pavos reales del monte, Dindon ocellé, et on les fera figurer à notre exposition de l’année prochaine. » — M. Maximilien Vanden-Berghe adresse une note sur l’Arbre à huile ou Arganier du Maroc. —Remerciements. PROCÈS -VERBAUX. 153 — M. le commandant Chédé écrit d'Aix-en-Provence à M. le Directeur du Jardin d'Acclimatation : « Pour faire suite aux renseignements que j'ai eu l'honneur de vous adresser l’année dernière au sujet des vignes provenant directement de la Kabylie (Algérie). J’ai l'honneur de vous adresser ci-joint une nolice qui m'a été remise par M. Faudrin, professeur d'agriculture, auquel j’ai remis des plants et qui avait greffé quelques boutures, il y a deux ans. » Le résultat de ces greffes a été remarquable, pour un premier pro— duit. Le raisin est bon. Les boutures mises en terre pour prendre ra- cine et être transplantées réussissent parfaitement. » Il est à désirer que ce genre de vigne soit propagé, l'Algérie ga- gnerait à ce nouveau débouché et nos vignes pourraient être recons- tituées par des plants bien préférables, à mon avis, à tous les produits américains. » — Nole sur des Vignes originaires de la Kabylie. — « Le Comité de vigilance antiphylloxérique, pour l'arrondissement d’Aix, cultive depuis deux ans, dans son champ d’études, à Aix, une collection de vignes provenant de la Kabylie, et qui lui ont été offertes par M. le comman- dant Chédé. » Ces vignes, plantées à l'état de boutures, ou employées comme greffons, ont non seulement bien repris, mais ceux-ci ont donné, la présente année, un commencement de récolte remarquable par les belles dimensions des grappes et la grosseur et la forme des grains. 11 existe, dit-on, des variétés à raisins noirs et d’autres à raisins blancs, nous ne savons pas si nous possédons les deux, les premières seules ayant fructifié. | » Une ressemblance frappante existe entre ces vignes et celle dési- gnée sous le nom d’Hybride de Caune. » Les ceps paraissent rustiques, mais l'expérience est insuffisante pour se prononcer encore sur leur résistance à la maladie provoquée par le Phylloxéra. Aix, le 18 novembre 1888. » Le Directeur du vignoble d'Essais du comité d’Aix, M. FAUDRIN. » — M. le Dr Saint-Yves Ménard attire l'attention de la So- ciété sur un mode de pansement, simple et pratique, des fractures qui peuvent survenir chez les petits animaux con- servés en captivité. Ce pansement est désigné, en chirurgie, sous le nom de pansement au silicate de potasse. — M. le Président, après avoir remercié M. Ménard, an- nonce à la Société que nous avons eu la satisfaction de voir notre collègue nommé chevalier de la Légion d'honneur. — M. le Président présente à la Société une série de pho- tographies représentant divers végétaux exotiques cultivés 5 Février 1880. 11 154 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. avec le plus grand succès dans le jardin de M. Dognin, à Cannes. Ces cultures ont été dirigées par M. Riffaut qui a bien voulu envoyer une note sur ce sujet. — M. J. Grisard donne lecture d’une note de M. le baron d’Yvoire sur la culture de la Morille. (Voy. Revue, p. 18.) — M. Richard (du Cantal) offre à la Société un livre inti- tulé : Éludes du Cheval de service et de guerre. — Remer- ciements. — M. Hédiard présente à la Société un exemplaire du fruit désigné sous le nom d’Avocat des Antilles, et quelques Goyaves. Il donne sur ces fruits les renseignements suivants : « J’ai l'honneur de présenter à la Société nationale d’acclimatation l'Avocat ou Beurre Végétal des Antilles (Persea gratissima), de la famille des Laurinées ; le nom de l’Avocat dérive du mexicain Aua Quatl ou du caraïbe Aowaca. Sa culiure s'étend aujourd’hui dans toute l'Amérique intertropicale et depuis quelques années, dans les îles de Madère, des Açores et en Algérie chez quelques propriétaires du littoral. » L'arbre se cultive, suivant les pays, sous les noms de Aguacate, Abacala, Avocado, Alligator pear. Il se multiplie facilement de graines qu’il faut semer très fraîches ; il donne des fruits à cinq. à six ans. Le fruit donne une pulpe fine, grasse, fondante que l’on a comparée à un beurre végétal — on le mange avec du sucre en poudre ou du sel. Il produit beaucoup s’il est cultivé dans un sol riche ei demande ure exposition assez aérée. Le noyau est au milieu du fruit, il a la gros- seur d’un marron. Comme particularité, je dirai que les indigènes se servent du noyau pour marquer du linge, en tracant les lettres avec une épingle ; cette marque est ineffacable. » L'Algérie nous envoie aujourd'hui de ces fruits dans toute leur fraîcheur, c’est une acclimatation très intéressante et productive pour les premiers qui ont eu l’idée de cultiver l’Avocat en Algérie. » Ce fruit aura sa place marquée dans tous nos desserts de luxe et il a en plus de sa qualité délicieuse tout l’attrait de la nouveauté. » — M. D'Orcet donne !lecture d’un travail sur le Castor (Voy. Revue, p. 1.) — M. le Président lit une note résumant les tentatives faites par le marquis de Bute, en Écosse, pour étudier les mœurs du Castor. (Voy. Revue, D. 5.) Le Secretaire des séances, D' PAUL BROCCHI. IT. JARDIN ZOOLOGIQUE D’ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE. CHRONIQUE. TEMPÉRATURES DU 10 AU 24 JANVIER 1889. Maxima. Minima. RES ER CN om Plus haut, Plus bas. Jius haut. Plus bas, Bois de Boulogne... .... EN EC: EESTI eo 8 ENG PIE Jardin de Marseille......... + 10° + 5° + To — 10 Jardin d'Hyères........ PAPE EC E + 8 + 60 — 0,1 Jetin:de: Tours, :: !4.21,02:: + 70,2 + 30,8 H 30,5 — 402 Arrivages. — Nous avons à signaler aujourd hui une acquisition d’un haut intérêt, celle de deux Porte-musc (Hoschus moschiferus), provenant des collections réunies autrefois à Beaujardin, près Tours, par feu Joseph Cornély. Pendant combien d’années notre regretté confrère avait-il préparé celte difficile importation ? Nous avons été le confident de cette œuvre de longue haleine et, plus que personne, nous avions applaudi au succès. C’est qu'en effet la tâche était difficile, car les Muscs habitent, on le sait, les montagnes les plus élevées, les licux inaccessibles. Ar- demment pourchassés à cause de la précieuse poche de senteur que contient leur dépouille à certaines saisons, ces animaux sont très dé- fiants et presque impossibles à capturer. Le commerce de l’Europe emploie pour la parfumerie des quantités considérables de Musc brut. D’après les statistiques des douanes, la France seule importe dans certaines années plus de 150,000 kilogrammes de poches de Musc. Chacune d’elles pesant environ 40 grammes, les besoins de notre seul pays causeraient donc par an la destruction de quarante mille Porte-Musc environ. 1l est vrai que parmi les marchan- dises présentées comme Muse, il y a une quantité considérable de matières diverses qui se vendant sous le nom de Muse, servent à le falsifier. La valeur de ce produit est considérable, car il se vend, suivant sa qualité, de 600 à 2,000 francs le kilogramme. Quand on songe que le parfum du Musc est en somme assez peu usité, on se demande à quoi peuvent servir les quantités énormes qui en sont importées. C’est que dans l’art de la parfumerie, le Musc joue un rôle très important, il est le parfum fixatif par excellence. C’est à-dire que sans lui les odeurs fines les plus délicates ne se conserveraient pas dans les préparations et que les produits perdraient leur senteur. Grâce au Musc mélangé à petites doses, les parfums les plus délicats sont fixés. 156 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Les Musces vivent sur toules les hautes montagnes de l'Asie ; on ies trouve aussi bien en Chine que sur les monts Himaïaya et les sommets de la Tartarie; aussi les poches de Muscs arrivent-elles à l'Europe par les navires venant de la Chine et de l’Inde et par les caravanes qui apportent à la Russie les produits de l'Asie centrale. L’aire de disper- sion de l'espèce étant considérable, on conçoit aisément qu'il doit exister plusieurs espèces, ou si l’on veut plusieurs races locales, de Moschus. On remarque en effet des différences de taille et de pelage entre les Muscs des diverses régions. Mais tous ont la même confor- mation, celle d'animaux essentiellement sauteurs. Tête petite avec des oreilles courtes, droites et mobiles, corps de la grosseur de celui des Cerfs-Cochons de l’Inde, membres antérieurs plus courts que les pos- térieurs. Le Porte-musc semble difforme avec cette arrière-main rele- vée. Il paraît se mouvoir avec peine au pas, maisil est rapide au galop et saute avec une puissance extrême. Animal de sommets, il a des mem- bres puissants qui, par l’ensemble de leurs caractères, ont des rapports avec ceux d’un autre habitant des sommets, le Chamois. Jardin de. Marseille. — Arrivages. La saison des arrivages com- mence. De l’Extrême- orient on importe dès maintenant des Passe- reaux de toutes sortes, Calfats, Calfats blancs, Rossignols de Pékin. Les importateurs se hâtent, c’est à qui arrivera le premier. Notre jardin a recu quelques sujets dignes d’être mentionnés, sans parler des Gouras couronnés, des Faisans de Mongolie, des Faisans versicolores, des Faisans de Sæmmering qui sont venus prendre place dans les volières, nous pouvons citer : Deux Casoars à casque, encore trop jeunes pour être exactement déterminés, mais qui certainement n'appartiennent pas à l'espèce ordinaire; trois Francolins qui nous ont élé livrés comme importés du Maroc. Nous avons peine à le croire, car il nous a semblé reconnaître le Francolinus clamosus qui est du Cap de Bonne-Espérance,; cinq Syrrhaptes (Syrrhaptes paradoxus) importés de Chine. C'est la première fois, croyons-nous, que les na- vires qui visitent l’'Extrême-orient rapportent ces oiseaux. Cet arrivage présente, il faut le reconnaitre, un intérêt tout particulier en ce mo- ment, car il montre que l'aire de dispersion de t’espèce se trouve per- turbée simultanément dans deux directions au moins. Vers l'ouest, nous en avons la preuve puisque sur les côtes de l'Océan, en Bretagne, dans le pays de Galles, la présence des Syrrhaptes a été duement cons- tatée à diverses reprises déjà. Vers le sud et le sud-est, puisque sur les côtes de la Chine, on retrouve maintenant l'oiseau dont l'habitat normal est le Turkestan. Il nous a semblé que le fait de cette importation méritait d'attirer l'attention de ceux qui se préoccupent de géographie zoologique. IV. CHRONIQUE DES SOCIÉTÉS SAVANTES. ———— Académie des sciences. — Séance du 51 décembre 1888. — M. Arnaud, aide-naturaliste au Muséum, qui s’est déjà livré à l’élude de divers poisons africains d’origine végétale et a précédemment montré l’analogie qui existe entre l’ouabaïne provenant du bois de l'Acokan- thera ouabaïo, du pays de Somalis et la Strophantine, extraite des se- mences du Sérophantus Kombe, étudie aujourd’hui le principe actif du Strophantus glabre du Gabon, dont les graines pilées et agglomérées consliluent l'Inée ou Onaye, le poison à flèches des Pahouins et il adresse à l’Académie une note sur la matière cristallisée active qu’il en a extrait. Ses propriétés se confondent avec celles de l’Ouabaïne découverte dans l’A. owabaïo, et leur action physiologique est sem- blable, ce sont des poisons cardiaques redoutables. Séance du 7 janvier 1889. — D'après une opinion très répandue, les Légumineuses fourragères exigeraient dans le sol une proportion im- portante de carbonate de chaux ; le chiffre indiqué d'ordinaire est de 2 ou 3 0/0. M. Paul de Mondésir croit qu'il serait plus vrai de dire que le calcaire est favorable à ces plantes, sans leur être nécessaire. Beau- coup de sols peuvent donner de bonnes récoltes de Trèfles avec des proportions de calcaire infinitésimales et peut-être même lorsqu'ils ont une acidité notable. Un grand nombre d’herbages et de prairies du nord du département de la Manche, dont le sol est très acide, et où, néan- moins, la Lupuline, les Trèfles blanc et violet, elc., se maintiennent, prêts à prendre un grand développement dès qu’on leur fournit non pas du calcaire mais des phosphates. M. de Mondésir cite plusieurs exemples qui montrent que si les légumineuses trouvent dans le sol des phos- phates et de la potasse, elles peuvent pour la chaux se contenter de celle qui est combinée avec les matières humides lors même que ces matières sont bien loin d’en être saturées. Académie de médecine. — Séunce du 8 janvier 1889. — M. Bucquoy n'’étudie pas les Sfrophantus au même point de vue que M. Arnaud, ce sont les applications médicales de leurs produits qui font aujourd’hui l’objet de sa communication à l’Académie. L'auteur accorde une grande valeur à l'extrait de Sérophantus comme médicament cardiaque, extrait qu’il préfère du reste à Strophantine de laquelle il n’a pas retiré les mêmes avantages. Le Sfrophantus se montre absolument supérieur à tout autre médi- cament cardiaque chez les sujets atteints de rétrécissement mitral, dont le cœur commence à se faliguer et il fait souvent disparaître, comme par enchantement, la dyspnée et l'oppression. La facilité avec laquelle il est toléré permet d'en continuer longtemps l'emploi et l’ac- coutumance n’en détruit pas les effets qui persistent même après la cessation du médicament. V. CHRONIQUE DES COLONIES ET DES PAYS D'OUTRE-MER. Chronique de l’Indo-Chine. L'Écorce d'une Liane à caoutchouc. — On a découvert en Indo-Chine une Liane dont l'écorce est susceptible de fournir un beau caoutchouc. C'est une apocynée, qui abonde dans beaucoup de forêts de l’Asie équatoriale et principalement au pays des Moys. De Candolle lui a donné le nom d’Ecdysanthera glandulifera (Para- meria de Bentham, — Dendrocharis de Miquel). Les Annamites l'ap- pellent D6-Trong et les Cambodgiens 42g-K6t. Elle se trouve au Jardin bolanique de Saïgon et à la ferme des Mares. L’écorce du Dô-Trong à l’état sec est repliée en dedans et souvent contournée en spirale. Son épaisseur varie entre 2 et 5 millimètres, et son épiderme est plutôt lisse et uni que rugueux et fendillé. Sa cou- leur est brune noirâtre à l'extérieur et brune rougeâtre ou jaunäâtre à l’intérieur. Coupée parallèlement à l’axe, sa cassure est régulière et les parties séparées sont maintenues, un instant, par des fils soyeux blancs, doués d’élasticité. Cette particularité devient remarquable quand on la brise dans le sens inverse ; alors les fils paraissent plus nombreux et mieux doués d’élasticité. Cette écorce est très légère et facilement friable quand elle est à l’état de siccité, ce qui permet de la pulvériser pour en retirer le caoutchouc par le sulfure de carbone additionné d'alcool. M. Lapey- rère a obtenu ainsi une substance d’un blanc grisâtre, molle, flexible, très élastique et d’une odeur sui generis rappelant celle du caoutchouc commercial dont elle a toutes les propriétés chimiques, elle est con- tenue dans l'écorce dans les proportions de 14 pour cent en moyenne. Ce caoutchouc, frais, est légèrement visqueux ce qui pourrait peut- être le faire préférer aux caoutchoucs de provenance exotique, pour la préparation des vernis et peintures à base de cette substance. Fondu avec de la colophane, il fournit wne laque très adhérente au bois, ne se fendiliant pas et ne se laissant pas rayer par l'ongle. En raison de la famille à laquelle appartient le Dô-Trong, on s'est livré à la recherche des alcaloïdes qui caractérisent la classe des Apo- cynées. M. Lapeyrère a trouvé dans cette écorce des traces d'un alca- loïde cristallin; il aurait voulu en retirer assez pour faire des expé- riences physiologiques ; mais c’est tout au plus s’il a pu l'étudier au point de vue chimique. Il cristallise, comme la strychnine, en oc- taèdres rectangulaires droits; se colore, comme elle, en violet par l'acide sulfurique et le bichromate de potasse, mais prend une teinte bleuâtre par l'acide seul, ce qui le rapprocherait aussi de la curarine. Peut-être le fruit de cette apocynée est-il plus riche en alcaloïde, ou, peut-être, l’avait-on retiré, en partie, de l'écorce qui avait élé CHRONIQUE DE L’INDO -CHINE. 159 donnée au docteur Lapeyrère, car elle paraissait avoir, sur certains points, subi l’action du feu, dit-il. Au point de vue anatomique, l'épiderme étant mis de côté comme u’offrant rien de particulier, les coupes en longueur et en travers des autres parties présentent un réseau composé de cellules de formes va- riées et disposées par couches régulières ; de fibres et de poches vas- culaires à parois minces, transparentes, unies, contenant le caout- chouc sous forme de masse jaunôtre. Ces poches sont solitaires et placées dans des canaux longitudinaux et parallèles ; leurs parois pa- raissent formées de caoutchouc, dans un état pius grand de solidifica- tion, puisque le sulfure de carbone additionné d'alcool en a facilement raison. C’est donc dans ces canaux qu’auräit circulé le latex, lequel, par la dessiccation de l'écorce, se serait contracté laissant par inter- valles irréguliers des espaces vides et formant des poches solitaires allongées qui s'étendent en fils soyeux quand on coupe l'écorce en travers. Il appartient aux spécialistes d'apprécier les renseignements que nous donnons sur ce caoutchouc et de voir les avantages que pourrail en retirer l’industrie. Si l’alcaloïde se trouvait en plus grande abondance, on pourrait facilement en débarrasser l'écorce sèche, en lui faisant subir préala- blement une lixiviation à 40 degrés de température avec de l’eau aiguisée faiblement d’acide chlorydrique ; mais si ces faibles traces constituent la totalité de l’alcaloïde, on pourrait négliger cette opéra- tion préalable. Voici encore quelques renseignements précieux que nous fournit le decteur Harmand sur l’écorce de cette Liane : Elle est vendue en assez grande abondance aux Chinois, sur certains marchés de Cochinchine et du Cambodge, au prix de 0 fr. 33 le kilo- gramme environ. La plus grande exportation se fait par Kampot. On en récolie aussi dans la province de Bien-Hoûâ, où la plante est très répandue. Les Chinois prétendent l’employer sous forme d’infusion pour com- battre les dyspepsies et les gastralgies. D'après M. Pierre, le caoutchouc de l’Ecdysanthera est le plus beau, le plus brillant et le plus élastique; c’est tout au plus si celui de Madagascar, également retiré d’une apocynée, le Vahea Madagasca- riensis, peut lui être comparé et c’est le meilleur caoutchouc connu. En recueillant le lait de l’Ecdysanthera dans l’eau chaude, et en agitant avec un bâton, on obtient immédiatement une boule de caoutchouc remarquable par toutes ses qualités. Si l’on coupe entièrement la Liane, on obtient une plus grande quantité de liquide ; mais dans une exploitation raisonnée il est pré- férable de tailler l'écorce avec un couteau, de facon à l’entamer obli- quement. Pour obtenir des Lianes très fortes, il faudrait cinq ou six 160 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. ans de culture ; il sérait avantageux de planter l'Ecdysanthera dans les haies, au pied des arbres sur lesquels on le laisserait grandir jus- qu'à l’âge adulte. On trouve cette Liane en abondance à Poulo-Condor. Les Annamites et les Cambodgiens ignorent qu’on peut en retirer un aussi beau caoutchouc. Les Cambodgiens emploient la plante entière en infu- sion comme un remède interne auquel ils attribuent l'étrange propriété de rendre les muscles élastiques et insensibles ou invulnérables aux coups de sabre. Monhot avait déjà dit avoir trouvé, de Banug-Kôc à Phum-Penbh, non loin de la frontière du Kampot, un arbrisseau dont le produit coagulé donne un suc voisin de la gutta. Il avait rapporté quelques échan- tillons de ce produit à Bang-Kôc, où les négociants anglais lui avaient attribué une valeur commerciale supérieure à celle des produits simi- laires de l'Amérique du Sud. Le produit de ce végétal est assez commun dans notre colonie pour devenir l’objet d'une exploitation très lucrative le jour où l’on voudra en tirer parti. Ajoutons ici que nous connaissons également dans l'Inde et à Java un arbre à caoutchouc non exploité, que nous sachions, jusqu’à cette heure. Il est vraiment étonnant de consiater ces faits quand on sait d'autre part que le caoutchouc et la gutla-percha deviennent très rares par suite de l’usage de plus en plus fréquent de cette matière et sa dispa- rition presque totale dans l’Amérique du Sud. L'arbre auquel nous faisons allusion plus haut est appelé Karel ou Xolelet par les Sondanais de Java; c’est une espèce de Ficus qui fleurit tous les mois. On le rencontre à Java le long des chemins, sur- tout dans les terres rocheuses. Il existe aussi à Sumatra et sur la côte de Malabar et donne un caoutchouc de première qualité. Les indi- gènes s’en servent pour faire des torches. En pratiquant une incision au tronc de cet arbre, on obtient un liquide laiteux dont le tiers de son poids consiste en caoutchouc. On se sert de ce liquide à Silhet pour enduire les paniers de Rotan afin de les rendre imperméables. En l’exposant à l'air, la matière élastique se sépare du reste du liquide pour former une substance de tous points semblable au caoutchouc. Comme nous le disions plus haut 59 parties de liquide donnent 15 à 16 parties de cette substance. Le rendement est plus grand au mois d'août. On pourrait facilement cultiver cet arbre et nous sommes persuz&dés qu'il y aurait là une fort belle industrie agricole à créer. Dr H. MEYNERS D ESTREY. VI. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. Naissances, dons et acquisitions @e la Ménagerie du Museum d'Histoire naturelle pendant les six derniers mois de l’année 1888. MAMMIFÈRES. NAISSANCES. 1 Antilope Beisa (Oryx Beïisa) de l'Afrique orientale. : — de l’Inde (Anfilope cervicapra). 2 Cerfs cochons (Cervus porcinus) de Inde. 3 Muuntjacs de Reeves (Cervulus Reevesii) de Chine. 1 Kangurou à col roux (Y/acropus ruficollis) Nouvelle-Galles du Sud. 1 — géant (Macropus giganteus) Australie. DONS. 1 Cercocèbe enfumé {Cercocebus fuliginosus). MM. Vackerine. 1 Callitriche (Cercopithecus callitrichus) Cap-Vert. Vallez. 1 = { — — ) — Perrissoude. 1 Patas (Cercopithecus ruber), Sénégal. Hermann. 1 Macaque (Mucacus sinicus) Inde. | Escale. 1 — ( — — ) — Schæffer. l — ( — — }) — Renault. 1 — ( =— cynomolgus\ Inde. Renault. 1 = = =, in Daubray. Pre = Gi == Mauger. 1 — ( — — ) — Lefebvre. L: — in — I | Coupad. 1 Magot (Macacus Inuus) Afrique. Bejot. 1 Papion (Cynocephalus papio) Afrique. Goullé. 1 Kinkajou (Cercoleptes caudivoivulus) Amérique mérid. Escalier. 1 Genette d'Afrique (Genetta Afra). d’Albeca. 1 Fouine (Mustela martes) France. Leroy. 2 Marmottes de prairie (Cynomys Ludovicianus) Am. sept. Perrier, Professeur au Museum. 1 Gazelle (Gazella Cuvieri) Tunisie. Gerest. AE, TN — ) Algérie. Juven. 1 Sanglier d'Asie (Sus scrofa). de Sarzec. ACQUISITIONS. 1 Tapir d'Amérique (Tapirus Americanus). OISEAUX. DONS. 2 Cresserelles (Falco tinnunculus) France. MM. Marez. 1 Autour (Aséur palumbarius). — Saurbets. 102 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. 1 Buse (Falco buteo) France MM. Van Breda. 1 Buzard (Falco æruginosus) — Briffault. 1 Milan (Wilvus regalis). — Morlat. 1 Percnoptère (Neophron percnopterus) Afrique. Ladaveze. 1 Scops (Scops giu) France. Heulz. 1 Chouette (Sérix flammea) France. Belmer. 1 Grand Corbeau {Cortus corax) France. Boucher. 2 Colombes à collier (Columbu risoria) Denise. il — — ( — — Mme Moreau. 1 Héron (Ardea cinerea) France. MM. Cartot. 3 Mouettes (Zarus ridibundus) France. Gabbani. lREr (Larus tridactylus) France. Malard. 1 Goeland (Zarus argentatus) France. Dybowski. 1 Casoar à casque (Casuzrius galeatus\. Raffray, Consul de France au Cambodge. HUET. Peaux et conserves de Lapins en Australie. — Depuis que la pullulation des Lapins en Australie et dans la Nouvelle-Zélande a pris les proportions d’un véritable fléau, en raison des dégâts causés par ces rongeurs, le commerce des peaux de Lapins dans ces colonies, a acquis un développement qui ne compense malheureusement pas es pertes subies par l'agriculture. La Nouvelle-Zélande seule a déjà exporté 30,000,000 de peaux, d’une valeur totale d'environ 350,000 livres sterling (18,750,000 francs). De son côté la colonie de Victoria a, dans l’espace de dix ans, livré au commerce 29,900,000 de peaux de Lapins. Aussi le marché anglais est-il actuellement approvisionné pour deux années au moins. Il convient d'ajouter, du reste, que la consomma- tion est considérable. La métropole fournit à elle seule, par an, 30,000,000 de peaux, qui trouvent un facile placement. Une importa- tion considérable se fait, en outre, de la Belgique, qui fournit des Lapins très recherchés en Angleterre, pour l'alimentation, et qui exporte sur Londres plus de 6,000,000 de peaux, toujours très bien cotées sur le marché, attendu que par leur ampleur, leur nuance et leur qualité, elles se prêtent mieux que les peaux de Lapins sauvages à un emploi dans l’industrie des fourrures. Sur plusieurs points de l'Australie, et notamment dans l'Australie du sud, des compagnies s'étaient formées pour exploiter la préparation des conserves de Lapins. Une de ces compagnies employait de 49 à 50 trappeurs et préparait, par jour, de 6,000 à 7,000 Lapins. Cette indus- trie ne s’est pas soutenue. Du jour où des poisons ont été employés pour la destruction des Lapins, les consommateurs n'ont plus osé faire usage des conserves mises dans le commerce. (Journal of the Society of arts.) R.-W. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 163 Croisement et domestication du Bison américain, — D'intéressants essais sur la domestication et le croisement du Bison se poursuivent depuis quelques années en deux régions distinctes de l'Amérique septentrionale : dans le Kansas et au Canada. Au Kansas, M. C. Jones, de Garden City, possède un troupeau de 61 bêtes de demi et de quart de sang. Le troupeau canadien appartient à un éleveur de Manitoba, M. $. T. Bedson, et descend de cinq animaux : un taureau et 4 vaches, achelés 1000 dollars en 1879 par cet intelligent propriétaire. Il comprend actuellement 82 têtes: 33 taureaux de pur sang, 35 vaches de pur sang, 6 de trois quarts de sang et 8 de demi-sang ; M. Bedson avait en outre obtenu 16 autres animaux qui ont été abattus ou donnés à différentes personnes. Les trois quarts de sang sont des bêtes gigantesques excessivement prolifiques, dont la magnifique robe aux poils d’une longueur uni- forme, unis et serrés sur tout le corps dépasse celle du Bison en beauté et peut valoir de 40 à 50 parfois même 100 dollars. Un de ces ani- maux, abattu en 1888, a fourni 1280 livres de viande, M. Bedson les croit appelés à constituer le bétail de l'avenir pour la partie septen- trionale du Canada, tandis que les demi et les quarts de sang con- viennent mieux à sa région méridionale. Les demi-sang, eux aussi, sont de superbes animaux, pesant sur pied de 1,400 à 1,800 livres et dont l’arrière-train est plus large que celui du Bison lui-même. Leur robe ne le cède en rien à celle des trois quarts de sang. Ne s’affolant pas ainsi que font nos bestiaux, ils savent comme les Bisons tenir tête aux tempêtes et aux Uizzards, (tempête de neige) spéciales au nord de l'Amérique. Ils restent tout l'hiver en pleine prairie, sans abri, alcrs que le thermomètre descend à 35° et 40° centigrades au-dessous de 0° et n'ayant pour toute nourriture que les maigres touffes d'herbes trouvées sur le sol glacé. Les vaches très fécondes, donnent régulièrement un veau chaque année; elles mettent bas au printemps quand la tempé- rature est encore à 21° au-dessous de 0°, l’une d'elles a même vêlé par un froid de 28°. Les veaux quittent la mère de bonne heure, ils ont du reste hérité de la vivacité des jeunes Bisons sans en avoir la sauvagerie. Les nombreuses personnes qui ont mangé de la viande de ces animaux, la déclarent de beaucoup supérieure à celle de nos bêtes de boucherie et à celle du Bison. M. Bedson n’a pas essayé de faire des animaux de trait de ses métis ce qui serait une erreur selon lui ; la haute valeur de ces animaux étant constituée par leur chair, leur cuir, et la force de résistance qui leur permet de supporter des hivers rigoureux avec fort peu de nourriture. Le Gouvernement américain vient, paraît-il, de prendre sous sa pro- tection les derniers troupeaux de Bisons vivant encore aux Etats-Unis. Chassés sans relâche par les Indiens, les métis et les blancs, dit le 164 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Live Séock Journal, ils ont abandonnés les prairies et se sont enfoncés dans les forêts des districts dont la population est encore clair-semée, celle du Texas par exemple. Leur taille subissait en même temps uze décroissance très marquée. Il existe plusieurs de ces troupeaux dans les districts de l’Athabaxa et de la Peace river, à l’est de l’Athabaxa, et à l’ouest de la Peace où on les désigne maintenant sous le nom de Buffalos des bois. mais ce sont bien ies derniers survivants et les descendants des Bisous qui erraient il y a peu d’années encore, par troupes innombrables à travers les prairies de l'Ouest. On s’occupe en ce moment de les concentrer sur des réserves où la chasse sera pro- hibée. Les derniers troupeaux des plaines de l’Assinibois ont été détruits de 1879 à 1882 dans le district de Wood Mountains, par une tribu de Sioux. Un Bison vivant vaul aujourd’hui de 2,500 à 5,000 francs aux Etats- Unis; on en vendait dé 500 à 1,000 francs, il y a seulement trois ans. Vu la difficulté de se procurer de bonnes robes de Bison, on sub- stitue actuellement des casaques en peau de Bœufs Angus et Polled Aberdeen aux vêtements en peau de Bison que portaient les mille hommes constituant la police montée du Nord-Ouest. H. BRÉZOL. Services rendus par les Faucoïs. — Une série de documents récemment publiés par le ministère de l'Agriculture des Etats-Unis, contient un rapport du D' Fisher, ornithologiste assistant auprès de ce ministère, relatif à l’examen de 1,072 eslomacs de Faucons et de Hiboux. Sur 311 estomacs de Faucons à queue rouge, 25 contenaient des débris de volaiiles, 4 des Cailles, 5 des Corneilles, 35 des Moineaux et autres Passereaux, 55 différents petits mammifères, 24 des insectes, et dans les 203 autres, on trouva 270 Souris. Sur 102 estomacs de Faucons à épaules rouges, 1 seul contenait de la volaille, 20 de petits mammifères, 40 des insectes et 61 des Souris. Le tribut que les Faucons prélèvent sur les basses-cours, serait donc largement compensé par les services qu’ils rendent comme insectivores. et comme destcucteurs de Souris. (Weekly Bulletin, San Francisco). H.:8 Fécondité de la Morue et du Hareng. — On pêche sur le banc de Terre-Neuve 60 millions de morues environ chaque année. En admettant que le nombre des femelles soit égal à celui des mâles, comme chacune d'elles contient de 4 à 8 millions d'œufs, la capture de ces poissons représenterait annuellement, pour leur espèce, une perte de 150,000,000,000,000, ou 150 irillions d'individus. Le Hareng est exces- sivement moins fécond que la Morue; mais une femelle pesant 170 à 200 grammes contient cependant un chiffre approximatif de 30,000 œufs. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS.. 165 Une paire de harengs aurait, au bout de trois ans, une liguée de 154 millions de descendants, et au bout de vingt ans, suivant un ca]- cul fait jadis par Buffon, le poids des poissons issus de cette souche égalerait celui de la terre. On voit que la disparition de ces deux espèces n’est pas à redouter à l'heure actuelle. JE Les Grenouilles aux États-Unis. — Les Grenouilles, dé- daignées autrefois par les Américains, se voient depuis quelques années l'objet d’une telle consommation que les étangs et les marais de l'Etat de New-York et ceux de Milwaukee, dans le Wisconsin, sont entière- ment dépeuplés à l'heure actuelle, la consommation dépassant de beau- coup la production. Les marchés de New-York doivent maintenant se faire approvisionner par le Canada et par les rares Étals dont les habi- tants n'ont pas encore surmonté la répugnance primilive ; aussi, certains écrivains spécialistes n’hésitent-ils pas à affirmer que l'élevage des Grenouilles rapporterait facilement un revenu de 2,500 francs. Cet élevage avait été tenté, vers 1873, par M. Selh Green, qui consacra plusieurs années à recueillir du frai et à le faire éclore, mais il dut interrompre ses essais, sans cependant perdre l'espoir qu'on pouvait réussir avec beaucoup de patience et de persévérance. L'éditeur du journal bien connu, Forest and Stream, M. Frédéric Mather, surinten- dant de la Société de Pisciculture de New-York, affirme, de son côté, que la Grenouille étant insectivore, on ne pourrait se procurer la masse de mouches et d’inscctes nécessaires à l'alimentation d’une grenouillère. Les Tétards ont de nombreux ennemis, dont la Grenouille adulte, qui les dévore gloutonnement, n’est pas le moins redoutable. Les Batraciens sont, en outre, comme les Reptiles, des animaux susceptibles de vivre longtemps et dont l’évolution est, par conséquent, fort longue à s’ac- complir, fait clairement démontré du reste par les lentes métamorphoses de la Grenouille, les pattes ne poussant aux Télards qu’au printemps qui suit celui de leur éclosion, M. Mather conclut en disant qu'il fau- drait peut-être dix ans aux Grenouilles pour pouvoir être pêchées et vendues, ce qui rendrait l'exploitation absolument onéreuse. Julien PETIT. Le Chiendent des brossiers. — Tout le monde connaît les brosses que l’on vend sous le nom de brosses de chiendent, mais, ce que l’on sait moins c'est que les fibres qui servent à les fabriquer ne sont nullement tirées du 7réificum repens L. ou C'hiendent dont les racines souterraines, dures et noueuses, se rencontrent dans toutes les herbo- risteries. Elles proviennent üe deux sortes de graminées vivaces et très lraçantes, qui croissent abondamment dans les terrains sablon- neux et arides de l'Europe méridionale et principalement sur les côtes de l'Italie, le CArysopogon Gryllus TRIx, dont les racines longues, très fines, donnent les fibres les plus blanches ; elles servent à confection ner la brosserie fine de toilette et l’Andropogon Ischemum L. dont Le 166 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES les fibres plus grossières entrent dans la fabrication des brosses à laver, balais à tapis, balais de foyer, etc. Les habitants en font la récolte avant la malurité des graines. Lorsque les racines sont sèches on enlève l’épiderme qui les recouvre, puis on les blanchit à l’eau bouillante ; elles sont prêtes alors à être livrées au commerce. En France ces fibres sont expédiées en bottes plus ou moins volumi- neuses dont le prix varie de 2 à 3 francs le kilogramme, suivant la qualité. L’Andropogon hirtus L. qu'on rencontre dans la basse Provence, four- nit des racines irrégulières et de qualité très inférieure, aussi son emploi est-il très limité. Nous pensons que les deux premières espèces pourraient être eulti- vées dans des terres sablonneuses et profondes du midi de la France. Je Vin blanc de Canne à Sucre. — M. Lapeyrère, pharmacien de première classe de la marine, actuellement en résidence à l’île Bourbon, vient de découvrir le moyen de fabriquer, par la fermentation directe et en vase clos du %esox ou jus de canne, un véritable vin donnant à l'analyse 11 degrés d’alcool et 23 grammes d’extrait sec par litre. La préparation est des plus simples et s'achève en une dizaine de jours. La barrique de vesow valant 12 francs et la préparation du vin coûtant environ 5 francs par barrique, on aurait pour 17 francs une barrique d’excellent vin blanc. Pour la consommation locale, c'est un résultat précieux. Pour le commerce extérieur, le prix s’augmentera nécessairement des frais de mise en bouteilles ou en fût, de frêt, de transport, de droits de consommation, etc. Le vin expédié en bouteille re pourrait guère être livré à la consom- mation à Paris à moins de 0,75 le litre: mais on serait sûr d'avoir un vin naturel et sans danger pour la santé publique. M. Lapeyrère se propose d'envoyer des échantillons de son vin à l'Exposition universelle et même d'y établir une salle de dégustation. C'est une excellente idée, car ce vin, servi à l’un des derniers dîners du gouverneur de l’île Bourbon, y a été trouvé très bon; c'est un vin blanc demi-sec, limpide, ayant du bouquet, de la saveur. Souhaitons bonne chance à ce nouveau cru, qui serait une source de richesses pour notre colonie. RENE VII. BIBLIOGRAPHIE. Der Zooogische garten, rédigé par prof. D' Nocz, Francfort-sur- Mein, n° 9, 1888. Le Grand Guillemot (Uria lomvia), est ur oiseau des régions les plus septentrionales qui vit en bandes considérables, sur les côtes qu’on a désignées sous le nom de « Montagnes aux oiseaux ». L'espèce descend au sud jusqu’à l’île de Heligoland. Malgré les ardentes poursuites des habitants de l’île, les Guillemots se sont beaucoup multipliés et occupent pendant l'été en troupes épaisses, les rochers de la côte occidentale, qui forment une pente escarpée vers la mer. De jà, ils s’envolent sur les vagues chercher, en plongeant, leur nourriture, qui se compose principalement de petits poissons minces, Awmmodytes lanceolatus. Sur les saillies étroites des rochers ils pondent leur œuf unique et conique, et après l’éclosion, ils poussent leur jeune dans la mer, dès quil est assez fort. Dans ce milieu nouveau, le petit est protégé par sa mère qui l'entoure de soins affectueux. Quand on pour- suit ces oiseaux en chaloupe, ils se sauvent en plongeant et fréquem- ment ils échappent au chasseur, grâce à leur agililé. Si le danger est pressant la mère accourt, précède le jeune en nageant et l’excite par des cris rauques, en se dressant sur l’eau. Le 24 juillet, le gouverneur de l’île ouvre la chasse aux Guillemots, interdite jusqu’à cette date pour protéger la couvaison. Mais au moment de l'ouverture de cette chasse, au jour dit, dès quatre heures du matin, de nombreuses cha- loupes se mettent en mouvement pour porter les chasseurs qui dirige- ront un feu meurtrier sur le rocher aux Guillemots. Dès que le premier coup de feu de M. le gouverneur a retenti, des centaines d’oiscaux tombent sous le plomb des chasseurs; c’est une des grandes dis- tractions des baigneurs qui fréquentent l’île d’'Héligoland. Heureu- sement ce massacre ne dure pas longtemps ; peu de jours après, les oiseaux survivants se voyant tourmentés se dispersent et fuient vers le nord, et ce n’est qu’au printemps suivant que le fameux « rocher aux Guillemots » blanchi de guano s’animera de nouveau. Dr Norx. Le Bou-Rioun (Zacerta pater), lézard du pays de Boghar en Aigé- rie, a été regardé par Lataste comme une sous-variété du Lacerta ocellalu, tandis que Bedriaga en faisait une espèce distincte. On en est venu à se demander si ce reptile ne serait pas un hybride de L. ocellata et L. viridis. J. de Fischer qui s’est procuré cet animal et qui l’a observé vivant, se range à l'avis de Bedriaga ; il pense que L. ocellata, L. viridis et L. pater sont trois bonnes espèces, descendant sans doute d’une espèce commune à toutes les trois, mais encore incon- nue et qui se sont développées en subissant l’action des localités qu’ils habitent. La coloration de Z. pater varie non seulement de contrée à 168 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. contrée, mais aussi d'individu à individu. Dans ses habitudes Lacerta pater ressemble plutôt à L. ocellata; ce lézard est cependant moins fri- leux, aussi se rencontre-t-il sur les plateaux. Les observations sur la vie en captivité de Z. pafter, sont soigneusement décrites par M. J. de - Fischer. La pêche dans le Mein ne paraît pas avoir profité de la canalisation de ce fleuve ; autrefois, lorsque son courant était plus rapide, les subs- tances nuisibles provenant des nombreuses fabriques existant le long de la rivière ne pouvaient s’accumuler. Depuis que les eaux sont arrêtées par des écluses, les résidus de toutes sortes des fabriques sont retenus, il est évident que le nombre des poissons va en décroissant et que la pêche est moins rémunératrice maintenant; on remarque aussi que les poissons ont perdu leur saveur, aussi sont-ils moins recher- chés, l’eau est tellement mauvaise que les pêcheurs et les bateliers évitent d'y toucher quand ils ont des blessures aux mains. L. BUXBAUM. A Strasbourg, en Alsace, on a transformé en jardii: zoologique public un parc de cinq hectares, où pendant l'été il y a deux concerts par jour. Le nombre des animaux réunis n’est pas encore considérable. O. SCHNEIDER. Étude du cheval de service et de guerre par A. Richard (du Cantal). Paris, librairie agricole de la Maison rustique, sixième édition. In-8°, figures dans le texte. L'erreur est la seule chose qui, en vieillissant, n’acquière pas le droit d’être respectée, a dit Is. Geoffroy Saint-Hilaire, ainsi en est-il d’un livre; celui qu’écrivait il y a déjà de longues années notre honoré collègue M. Richard (du Cantal), en est une preuve nouvelle : il a résisté aux attaques du temps, comme son auteur lui-même, qui lui avait infusé, avec ses grandes connaissances pratiques, son extraor— dinaire virilité. La sixième édition, déjà en partie épuisée, en appellera bientôt de nouvelles ; car l’œuvre est de nature à rendre les plus réels services à tous ceux qui s'intéressent à la connaissance et à l’amé- lioration de celui de nos animaux domestiques qu'on doit considérer comme le plus fidèle auxiliaire de l’homme, puisqu'il partage vaillam- ment ses labeurs et ses plaisirs pendant la paix, comme ses fatigues et ses dangers pendant la guerre. La prospérilé économique d’une nation, autant que sa supériorité dans les combats, dépendent, pour une large part, des soins et des égards dont elle sait entourer cette précieuse espèce; c’est donc travailler à la grandeur de la patrie que de divul- guer d'aussi utiles connaissances. AB: ns. Le Gérant : JULES GRIsARD. SERSAILLES ,—IMPRIMERIE CERF ET FILS, 59, RUE DU PLESBIA, I. TRAVAUX ADRESSÉS A LA SOCIÉTÉ. NOTE SUR QUELQUES FAITS L’'INCUBATION ARTIFICIELLE Par M. DARESTE La constance de la température est l’une des principales conditions de l’incubation artificielle. er alt On l’obtient aujourd’hui très facilement dans les couveuses en étuves, chauffées au gaz, à l’aide des régulateurs de M. Schlæsing et de M. Raulin. On l’obtient plus facilement encore dans les étuves de M. d’Arsonval, où la température se règle par un mécanisme aussi simple qu'ingénieux. J’ai constaté que, dans ces couveuses, la température se maintient invariable pendant un temps indéterminé et qu’elle ne pré- sente pas de variations dépassant un dixième de degré. Et cependant, quand on emploie ces appareils pour l’incu- bation artificielle, on observe souvent des variations de la température qui tantôt s'élève et tantôt s’abaisse. J'avais en- trepris, l’année dernière, une série d'expériences pour étudier l’évolution de l'embryon à des températures constantes supé- rieures ouinférieures à celles qui donnent l’évolution normale. Ces expériences souvent répétées, et qui m'ont fourni un nombre considérable de monstres, n’ont pu.me conduire au but que je m'étais proposé, par suite des variations de la température. : J'ai pensé tout d’abord que mes couveuses, qui fonctionnent sans interruption, dans mon laboratoire, depuis une dizaine d'années, pouvaient être altérées par leur long usage. Mais je me suis assuré, en les faisant fonctionner à vide, que la tem- pérature s’y maintenait toujours d’une manière invariable. Les variations de température dépendaient donc d’une autre cause ; et cette cause devait évidemment être attribuée aux œufs placés dans la couveuse. Maïs comment les œufs pou- vaient-ils tantôt élever et tantôt abaisser la température du milieu dans lequel ils se développaient. 20 Février 1889. 12 170 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. L'élévation de température pouvait s'expliquer par ce fait, connu depuis longtemps, que l'embryon respire dans l’œuf et qu'il exhale de l’acide carbonique. Or, la production de l'acide carbonique dégage de la chaleur. Ce dégagement de chaleur doit donc aller en croissant avec les progrès de l’incubation, en même temps que la respiration augmente d'intensité. Mais d’où provenait l’abaissement de température ? Ce fait aurait été absolument inexplicable si, dans ces derniers temps, deux éminents physiciens, M. Moiïtessier et M. d’Arsonval n'étaient arrivés à constater, par l'emploi de méthodes diffé rentes, que les œufs absorbent de la chaleur pendant les pre- miers jours de l’incubation. Il est très probable que le travail chimique qui dégage de la chaleur, et celui qui en absorbe, se produisent simultané- ment pendant toute la durée de l’incubation ; maïs que celui qui absorbe de la chaleur l'emporte au début sur celui qui en dégage ; tandis que ce dernier finit par l'emporter sur l’autre, et va toujours en croissant jusqu’à la fin de l’incubation. J'ai donc pensé que cette absorption et ce dégagement de chaleur par l'œuf en incubation pouvait être la cause des variations de température que j'avais observées ; et j'ai voulu confirmer cette hypothèse par l'expérience. | Dans ce but, le 11 décembre dernier, j'ai chauffé à 39° deux couveuses d’Arsonval, dont la capacité était d'environ 14 litres 1/2. J'ai placé douze œufs dans l’une, et huit dans l’autre ; pensant que la différence du nombre des œufs pro- duirait nécessairement une différence dans les variations de température, si les œufs étaient réellement la cause de ces variations. Je ne donnerai pas dans cette courte note le relevé complet de ces variations de température ; et je me contenterai d'en signaler les résultats. Dans la couveuse qui contenait douze œufs, la tempéra- ture s’abaissait à 38° après vingt-quatre heures, puis à 37,3 après quarante-huit heures. Le troisième jour, elle remontait à 38,5; le quatrième, à 39°, température initiale, où elle s’est maintenue pendant quelques jours. Le sixième jour, je cons- tatai, en cassant un œuf, que l'embryon était vivant. Je con- tinuai donc l'expérience avec onze œufs seulement. Du hui- tième au dixième jour, léger abaissement de la température, NOTE SUR L’INCUBATION ARTIFICIELLE. 171 de 4 dixièmes de degré. Le onzième jour, la température a repris sa marche ascendante, et elle atteignait le quinzième jour 40°. À partir de ce moment, elle a commencé à baisser légèrement jusqu'au vingtième jour, où elle atteignait 399,2. Dans la couveuse qui ne contenait que huit œufs, la tempé- rature s’est abaissée à 38° au bout de vingt-quatre heures. Puis elle est remontée peu à peu et a atteint 39° au bout de huit jours. Elle s’y est maintenue sans variations sensibles jusqu'au vingtième jour. Ces expériences sont parfaitement conformes à l’idée qui me les a fait entreprendre. Il y a eu, dans les deux cas, abais- sement de la température au début ; puis élévation progres- sive qui, dans le second cas, n’a pas dépassé le degré initial, tandis que dans le premier elle l’a dépassé d’un degré. Je puis donc conclure que ces variations dépendaient des œufs, et qu'elles ont été plus accentuées, lorsque le nombre des œufs était plus considérable. En ouvrant les œufs, à la fin de l'expérience, j'ai vu que les embryons avaient presque tous péri, à diverses époques, pen- dant la durée de l’incubation. L'œuf dont l'embryon est mort se comporte vis-à-vis de la chaleur comme un corps inerte. Je puis donc penser que les variations de la température auraient été beaucoup plus marquées, si tous les embryons avaient vécu ; et que l'expérience aurait donné par consé- quent un résultat beaucoup plus saisissant. On obtiendrait certainement ce résultat en retournant les œufs tous les jours. Mes recherches sur l’éclosion m'ont prouvé que l’'immobilité continue des œufs détermine plus ou moins rapidement la mort de l’embryon, par suite de l’arrêt de développement de l’allantoïde qui en est presque toujours la conséquence. J’ai donc repris l'expérience à ce point de vue, et j'espère pouvoir, dans un mois, compléter les faits que j'annonce aujourd'hui. Mais le résultat acquis me paraît assez net pour pouvoir être actuellement publié. Je n’ai pas besoin d’insister sur l'importance théorique de ces faits ; mais je dois signaler leur importance pratique : car il est bien clair que les couveuses fermées doivent présenter des variations de température d'autant plus grandes que le nombre des œufs en incubation est plus considérable pour une capacité déterminée. NOTE SUR LES ANIMAUX QUI VIVENT. AUIPARC DE LA PATAUBIEE Lettre adressée au Directeur du Jardin zoologique d'Acclimatation Par M. PAYS-MELLIER. Voulez-vous, mon cher Directeur, que nous fassions en- semble, aujourd'hui, une petite promenade dans le modeste parc de la Pataudière? Vous y verrez, peut-être, quelques rares et jolis animaux qui y vivent bien, depuis déjà de longues années, qui s'y reproduisent même et qui vous intéresseront, j'en suis cer- tain. En entrant dans le jardin, nous trouvons tout d’abord, à droite, un petit bassin dans lequel s’ébattent joyeusement des Sarcelles d'hiver (Querquedula crecca) qui sont éjointées et qui, cependant, ont reproduit et élevé cinq jeunes dans cette étroite captivité. Ce fait est assez rare, je crois? Tout à côté des Sarcelles, nous voyons l’enclos des Ga- zelles d Arabie et du Sénégal. Ces jolies bêtes si légères, si élégantes, mais si fragiles, sont dans le plus parfait état. Très familières, très cares- santes, elles arrivent au moindre appel et suivent même comme des chiens, dans tout le jardin. Celle que vous admirez surtout, la plus gracieuse, la plus fine, la plus mignonne est à la Pataudière depuis sept années et elle s’est accouplée avec un mâle subgutturosa dont elle a eu une jolie femelle. Ces charmants animaux, que je ne vois point conserver bien longtemps dans les jardins zoologiques, vivent, chez nous, parfaitement, grâces aux soins constants et minutieux que nous leur donnons. Leur enclos est en plein midi, bien abrité des vents froids du nord; elles y ont deux refuges chauds et toujours pourvus NOTE SUR LES ANIMAUX DUÙ PARC DE LA PATAUDIÈRE. 173 d'une abondante litière. Dès les premiers jours d'octobre, elles sont rentrées dans une étable réchauffée par d’autres animaux, Chèvres, Moutons, etc.; une petite cour, bien exposée, leur sert de promenoir et leur permet de sortir le tantôt, pendant les beaux jours d'hiver! Elles sont nourries de feuilles fraiches, de pousses d'arbres, Ormes, Églantiers, Ronces surtout qu’elles préferent, de Lu- zerne sèche, de son avec un peu d'Avoine, d'Orge, de Maïs et de pain. A quelques pas, en quittant les Gazelles, il faut nous arrêter devant ces quelques volières. Dans cette première, vous voyez un couple de grands Ducs (Bubo maximus), avec leurs grands yeux étonnés. Le mâle est un bon vieux qui vit là depuis plus de cinq ans! Il avait une femelle qu'il adorait et qui, chaque prin- temps, pondait et couvait régulièrement, mais qui n'a pu mener à bien sa couvée qu’une seule fois cependant! Elle est morte pendant l'hiver dernier et moi, espérant consoler le pauvre veuf, je lui ai fait venir du Tyrol, une nouvelle et belle compagne... mais le ménage ne semble plus très uni. Dans cette seconde volière se trouvent les Faisans versi- colores du Japon et les Colombes des neiges de l'Himalaya. Ces Faisans versicolores reproduisent bien; nous en éle- vOons plusieurs jeunes, chaque année, et ils sont DA A avec raison très recherchés. C'est, en effet, le meilleur Faisan de chasse; son vol est rapide, son plumage peu voyant; il est sauvage, et surtout il ne chante pas et n’appelle pas le braconnier, au lever du jour, comme le fait le Faisan commun. La Colombe des neiges est assez jolie avec ses nombreux points blancs sur sa couleur bleue; elle est, de plus, d’une rusticité à toute épreuve et reproduit facilement. Regardez bien à côté, mon cher Directeur, dans cette autre volière, vous voyez dans un coin, par terre, une belle femelle Ar& chloroptère ; elle couve trois œufs depuis dix-sept jours. Et elle est accouplée avec ce beau mâle A7a bleu (A. Rauna), qui la surveille amoureusement! Voilà deux ans de suite qu’elle pond et couve admirable- ment; mais malheureusement, jusqu'à présent, ses œufs ont toujours été clairs, malgré les fréquents accouplements que 174 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. nous observons et qui nous font toujours espérer cette mer- veilleuse réussite ! Serons-nous plus heureux cette fois? Je le désire bien vivement, je vous assure. Ces Cacatois Rosalbins (C. roseicapilla), et petits à huppe jaune |(C. Sulphurea), qui volent sur ces vieux troncs d'arbres de la volière, vivent en bonne intelligence avec ce couple d'Aras. La grande volière qui suit est la demeure des Gouras cou- ronnés. Ce mâle superbe et si familier qui fait ses révérences en portant sans cesse des brindilles dans ce grand panier, était accouplé l’an dernier avec une femelle qui à pondu plusieurs fois et dont vous voyez le jeune, adulte aujourd’hui, robuste et fort. Malheureusement cette femelle est morte subitement à l'entrée du printemps. Pendant la mauvaise saison, cette volière est fermée par des panneaux vitrés qui ne laissent point pénétrer le froid. Un grand nombre de jolis oisillons exotiques voltigent dans les arbres de la volière, ainsi que quelques Colombes mail- lées (Turtur Senegalensis), Turverts (Chalcophaps Indica), à oreillons (Zenaïida auriculata), à masque de fer (Œna Capensis), à tète bleue (Starnænas cyanocephala), Mon- tana (Geotrygon montana), qui reproduisent et élèvent là leurs jeunes assez facilement. Cette autre volière, à côté, contient un couple de Æoccos globicères (Crax globicera) du Brésil et pour égayer ces lourds et massifs oiseaux, j'ai lâché plusieurs Paroares gris huppés dans la volière et ce sont bien les oiseaux remuants et vifs par excellence. Les Hoccos arrivés cet hiver n'ont pas encore pondu; ils craignent beaucoup le froid et nous les tenons à l'abri des gelées. En suivant encore, nous avons les Faïsans Aouppifères de Swinhoë et de nombreuses Colombes blondes et blanches de la variété domestique. Cette multitude de paniers attachés sous l'abri vous indi- quent que ces douces Colombes nous servent de couveuses et que ce sont elles qui se chargent d'élever nos Pigeons et autres Colombes rares. NOTE SUR LES ANIMAUX DU PARC DE LA PATAUDIÈRE. 175 Les Faisans de Swinhoë (de Formose) reproduisent bien et leurs jeunes s'élèvent facilement chaque année; ils sont assez rustiques, mais cependant j'ai remarqué qu'ils crai- onaient les très longs hivers et surtout les neiges et que leurs pieds gelaient quelquefois. Dans ces petites volières vitrées en partie et si bien abri- tées, vous voyez des Colombes poignardées (Phlogænas cruentata); elles sont séparées par couple et cependant, malgré tous mes soins, malgré force vers de farine, œufs de Fourmis, flan, etc... toutes nourritures recommandées par l'ami Delaurier, je n’ai pas encore pu obtenir la reproduction de ces oiseaux. Ces Colombes sont très frileuses et elles crai- enent surtout le froid aux pattes qui gèlent très facilement. Au-dessous des Poignardées, nous avons les Colins (Calli- pepla Californica); ces oiseaux sont très productifs ; les femelles pondent souvent de trente à quarante œufs et même plus. En face des volières se trouvent les hauts mâts où, pendant les beaux jours, nous attachons les Singes grimaciers émé- rites. Nous longeons une allée d’'Orangers et d'énormes Cactées (en caisses), et nous arrivons à un petit enclos entouré de bosquets. Là, d’une petite cabane en liège et en roseaux à plusieurs compartiments, vous voyez sortir des mignonnes bêtes. Ce sont des minuscules Antilopes ( Cephalophus Max- wellii) du Sénégal, à peine grosses comme un lièvre! Lorsque ces petites miniatures courent et bondissent, on croirait vraiment que leurs petites pattes, de la grosseur à peine du petit doigt, vont se briser. Mais, n'ayez crainte! Vous serez vite tranquillisé, lorsque vous verrez ces petits batailleurs se mettre à genoux, à la manière des Taureaux, et s'attaquer, comme eux, à coups de tête; se jeter par terre, ne céder qu’au plus fort, après de rudes combats. Que c’est comique de voir ces grosses colères, lorsque ces bestioles approchent plusieurs à la fois de leur râtelier ! Pendant l'hiver, nous rentrons ces délicates petites bêtes dans une étable fortement réchauffée par des ruminants do- mestiques. _ Elles mangent mal le son, la luzerne et les autres foins; 176 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. elles préferent les feuilles et pousses d'arbres et, pendant la mauvaise saison, nous leur donnons des carottes qu’elles aiment beaucoup; puis toujours, chaque jour, du pain, du maïs, un peu d'orge. Mais, n'en déplaise à Messieurs les auteurs qui ont écrit et assuré que les mâles seus, dans cette espèce, avaient des cornes... moi, j'assure, de visu, que toutes les femelles ont la tête ornée de petites cornes annelées et courtes absolument semblables à celles des mâles! Il n’y à également aucune différence de taille, de couleur, de formes dans les deux sexes. Et j'offre la preuve de ce que j'avance et je fais cette obser- vation sur les trois mâles et sur les trois femelles que je possède à la Pataudière. En tournant à gauche, nous avons en face de nous, le parc des Cerfs-cochons (Cervus porcinus) des Indes. | Je vous ai donné, il y a quelques années, de longs détails, ainsi que le nombre des reproductions absolument régulières de ces animaux qui sont d’une extrême rusticité ?.. Ils vivent, en effet, ici, avec la plus grande facilité, sans aucun soin par- ticulier ; ils n’ont presque jamais le son, l’avoine, le pain de nos autres pensionnaires; ils se contentent de leurs restes bien souvent. Et cependant, vous les voyez toujours gras, le poil brillant, la santé parfaite. Plusieurs de ces Cerfs sont en liberté à la Pataudiere; ils vivent dans les cours au milieu des Chiens et des volailles de toutes espèces, suivant partout et venant à la voix de la femme qui les soigne. Avec les Cerfs-cochons, nous remarquons plusieurs Faisans de Mongolie (Phasianus Mongoticus), qui courent dans le parc. À droite, nous voyons l’enclos des Cerfs nains (Cervulus Reetesii), du nord de la Chine. Pour moi, ces animaux sont le nec plus ultra des Cerfs. Rusticité à toute épreuve, ne craignant ni chaud ni froid extrêmes, reproduisant tous les six mois régulièrement, gentillesse, petitesse, douceur, sociabilité, ces Cerfs ont en effet tout pour plaire. Ils vivent en famille dans ce tout petit parc et jamais je ne remarque de batailles, entre les mâles, même au moment du rut des femelles. NOTE SUR LES ANIMAUX DU PARC DE LA PATAUDIÈRE. 177 A gauche des Cerfs nains, nous avons la cabane et la cour des Porcs-épics, puis le petit renfermé des Viscaches. Les Porcs-épics (Hystrixæ cristata) d'Afrique, sont des ani- maux qui reproduisent régulièrement et qui nous donnent deux portées par an, de deux petits à chaque fois, quelquefois de trois. Nous les rentrons pendant les grands froids. Viscaches (Cricetus Viscaccia). Cette espèce qui n’a pas crande analogie, ce me semble, avec les Cricetus a la tête semblable à celle d’un Lièvre; sa queue est longue et légère- ment retroussée; son pelage doux et long est agréablement mélangé de brun et de blanchâtre, une bande blanche traverse l'œil ; elle a quatre déigts aux pieds antérieurs et trois seule- ment à ceux de derrière. Le 23 du mois dernier, nous avons trouvé un jeune, né pendant la nuit et mort dans la cabane. Il eut fallu assuré- ment séparer le male. C’est ce que nous ferons dorénavant. Ces animaux qu'on trouve, je crois, dans les pampas de l'Amérique du Sud, se nourrissent facilement de luzerne, de carottes, de salade, de choux, de pain. Mais continuons notre promenade. En suivant cette allée, nous remarquerons, en passant, ces deux volières. Dans la première, nous voyons des Pigeons Nicobars (Calænas Nicobarica) au brillant plumage et des Cassiques (Cassicus persicus) du Brésil, oiseaux à pâtées, aux vives et magnifiques couleurs qui malheureusement ne reproduisent pas chez nous. Dans la seconde volière habitent les Perruches ondulées bien connues aujourd'hui et une paire de Colonibes grivelées (Leucosarcia picata) d'Australie. Ces Colombes ont pondu plusieurs fois ; un jeune déjà fort est encore, en ce moment, élevé par des Colombes domes- tiques et deux autres œufs sont couvés. Nous voici au rond-point des marronniers feuillus, sous lesquels sont suspendues les collections des Aras et autres Perroquets qui passent leur vie, enchainés sur leurs per- choïrs et qui paraissent pourtant très heureux de leur sort. Tous sont rentrés pendant l'hiver. De là, nous arrivons à un premier rocher entouré d'un enclos grillagé; c’est le logement des Agoutis (Dasyprocta aguti) de la Guyane. Ces petits animaux qui reproduisent très bien, mais qui 178 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. redoutent nos hivers ef que nous rentrons dès les premiers froids, sont sujets à une maladie tuberculeuse, contagieuse et mortelle : nous en perdons ainsi, quelquefois, et, à l’autopsie, nous trouvons leurs joies couverts de taches de la grosseur et de la couleur d’un grain de maïs. Les Pacas (Cœlogenys paca) que nous avons eus plusieurs fois, dont nous avons obtenu la reproduction, sont également sujets à cette maladie que rien ne fait présager, car ils res- tent gais, semblant bien portants, mangeant bien et sont trouvés morts tout d’un coup ! Vis-à-vis le rocher des Agoutis, nous voyons un autre petit rocher qui cache les Marmotles bobacs et les Mar- mottes des Alpes. Les premières sont familières et viennent se montrer au moindre bruit. Toutes ces Marmottes s’endorment dès le mois d'octobre et elles restent en léthargie complète jusqu’au mois de mars. Je n’en ai encore jamais obtenu la reproduction. | Nous sommes là dans le jardin des Palmipèdes ; au milieu des Canards divers, remarquez surtout, je vous prie, ces deux beaux couples de Dendrocygnes (Dendrocygna major). C'est du rare... je crois ? Ces Talèves à dos vert de Madagascar (Porphyrio Mada- gascariensis) retenues sur la petite rivière par un grillage couvert, car elles grimpent comme des Chats, sont encore bien jolies et bien curieuses. Dans cette petite cabane en briques de couleur, avec cette cour toute grillagée, se trouvent les Nyctereutes procyonides. Une femelle qui est bien distincte des autres vient de Si- bérie : on m'a assuré qu'elle était unique ?... Elle est cares- sante, douce, familière comme un Chien | Les autres Nyctereutes sont du Japon et sont aussi très rares. Nous en avons obtenu, l’an dernier, une première repro- duction de sept jeunes, {ous mdäles... et nous avons, en ce moment, une seconde portée de quatre petits (trois mâles et une femelle), nés le 1er de ce mois. Ces jolis animaux ne craignent pas les froids : pendant l'hiver, leur fourrure devient très épaisse et garnie d’un poil laineux très abondant. Nous leur donnons de la soupe au lait et du pain sec pour NOTE SUR LES ANIMAUX DU PARC DE LA PATAUDIÈRE. 179 nourriture ; quelquefois, mais assez rarement, un peu de viande crue. En face, dans ce bassin, nous voyons d'énormes Rats d’eau, ce sont les Myopotames coypous du Chili. Vous savez qu'ils reproduisent parfaitement à la Patau- dière. Ils ne redoutent point nos hivers les plus rigoureux et ils ne touchent jamais aux petits Canards qui, sans cesse, viennent nager au milieu d'eux. Nous les nourrissons facilement de pain, de salades, de carottes. J'ai eu l'an dernier un couple de Cabiais (Hydrochærus Capybara) de l'Amérique méridionale, maïs je n’ai pu con- server ces animaux bien longtemps : le male est mort subite- ment, la femelle que nous tenions chaudement pendant la mauvaise saison {car ces bêtes sont frileuses), est crevée à la fin de l'hiver d’une singulière maladie... Sa peau est de- venue rugueuse, sèche, fendillée et tombait par morceau en laissant la chair au vif. | L'animal avait pourtant toujours un bassin d’eau, renou- velée chaque jour et assez grand pour lui permettre un baïn complet. Je crois que ce sont des animaux très fragiles et difficiles à conserver longtemps en captivité. (A suivre.) UTLCITÉNDEMA CHLUEE Par E. PION Médecin-Vétérinaire, Inspecteur de la boucherie à Paris. Réhabiliter la Chèvre, c’est faire acte de justice. Huaro pu PzLessis. Si quelqu'un, au siècle dernier, eût fondé un concours d'animaux domestiques, avec diplômes, avec primes d’en- couragement, il eût fort étonné le public en y sollicitant l'admission des Anes et des Porcs. C’eût été un tolle général. L'espèce bovine en eût sans doute été écartée, et toutes les faveurs se fussent adressées « à la plus noble conquête que l’homme ait jamais faite », c’est-à-dire au Cheval. Nous ne sommes plus à ce temps-là. Maintenant, à notre époque de zootechnie intensive, les éleveurs jaloux nous amènent à qui mieux mieux leurs plus belles races. À Paris, et ailleurs, tous les animaux de la ferme peuvent se disputer les médailles et les honneurs, tous, excepté un animal, utile et aimé, un animal plus plaisant à l’œil que le plus parfait des Craonnaïis, plus célèbre et plus chanté que beaucoup d’autres dans les légendes anciennes : c’est la Chèvre. Cet ostracisme doit finir; il est sans motf plausible. La valeur qu'elle représente, la nourriture qu’elle sait trouver, les services d'ordre vital qu'elle rend dans certains pays dont elle est presque la seule fortune, les améliorations dont elle est susceptible, sa production de chevreaux et de peaux si estimées en mégisserie, la viande qu’elle fournit, le fro- mage qu'elle donne, etc... Faut-il plus d'arguments pour prouver qu'elle a droit à la bienveillance des pouvoirs admi- nistratifs ? Quant à nous, une seule qualité, parmi tant d'autres, suflirait amplement pour la faire bien accueillir :. celle de nourrice possible de nos enfants, celle de produc- trice d’un lait absolument salubre, d'un lait que la phtisie, si menaçante ailleurs, ne peut toucher : car la Chèvre, on peut le dire hautement, est réfractaire à la tuberculose. Par cette seule et précieuse supériorité, elle mérite, il nous UTILITÉ DE LA CHÈVRE. 181 semble, ses grandes entrées au palais de l'Industrie. Cet opuscule n’a pas d'autre objet que de lui faire franchir les barrières de nos concours : d’un seul bond, elle les franchi- rait bien toute seule! ji CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. Nous avons assisté à bien des concours régionaux ; nous avons lu avec attention bien des comptes rendus de ces solennités agricoles, et c’est toujours avec un profond étonnement et une certaine tristesse que nous avons vu la race caprine, cependant si utile, exclue de ces luttes pacifiques. Huarp pu PLEssis. Je me permettrai d'appuyer sur les considérations géné- rales, afin que le lecteur puisse, en quelques pages, prendre connaissance de ce plaidoyer. J'espère faire entrer la convic- tion dans les esprits, sans qu'on ait besoin de recourir aux détails mêmes. Notre dessein n’est pas d'écrire un livre sur la Chèvre, mais c’est de mettre, en sa vraie place, un animal jusque-là relégué au dernier plan, d'en faire ressortir les qualités, de le montrer au public, de le recommander à l’at- tention des médecins, de le populariser, si je puis m'exprimer ainsi. Nous nous garderons avec soin de l’exagération qui compromet souvent les thèses qu’elle semble soutenir. Nos renseignements ont été puisés à des sources sûres, et nous y avons mis le plus de contrôle possible. Nos confrères ont bien voulu dire, chacun dans sa région, quelle était l’impor- tance de son élevage. Des professeurs des écoles d’Alfort et de Lyon ont bien voulu nous donner leur appréciation sur la santé des Chèvres, sur la valeur de leur lait. Le Jardin d'Acclimatation a mis ses types caprins à notre disposition et nous a procuré les meilleurs documents. Ce n'est pas tout; des brochures et des livres anglais ét allemands ont été tra- duits et commentés, afin de pouvoir mettre à profit les très sérieux travaux de l'étranger. Notre cause, on le voit bien, ne manque point de bons avocats. Nous glisserons sur les origines de la Chèvre; elles n’ont que faire avec notre sujet. Pour nous, la Chèvre est, et cela nous suffit. Son utilisation nous regarde seule. La nature, 182 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. par bonheur, nous a donné des races diverses, harmoniques avec les terroirs où elles vivent, et douées des plus sé- rieuses qualités. De plus, nous savons, par l'expérience des maîtres-éleveurs que tout animal peut acquérir, grâce aux soins et à l'intelligence de l’homme, une énorme plus-value, et que la zootechnie a sur lui une puissance bienfaisante. Nous croyons donc que la Chèvre, où qu'elle soïît, est suscep- tible d'amélioration comme toutes les autres espèces domes- tiques, et nous estimons que ses qualités pourraient étre poussées à leur plus haut degré de développement, grâce à l’'émulation des concours, grâce aux récompenses accordées, orâce à l'accroissement de l’effre sollicitée par la demande. Il y a, en France, d’après la dernière grande enquête agri- cole de 1886, ordonnée par le Ministère de l’agriculture, plus de 1,400,000 Chèvres, et je ne pense pas que ce chiffre soit exagéré. La statistique, en effet, a dù élever, avec raison, ses chiffres, en quelques points. Ainsi je trouve que la Corse nourrissait 90,000 Chèvres en 1882; l'enquête officielle de 1886 en compte 132,335. C'est qu'il y a eu augmentation. D'autre part, j'ai appris que toutes les communes ne répon- daient pas aux questions de l'enquête. Un tel chiffre n’est pas de ces quotités qu’on puisse négli- ser, et même si nous le baissons un peu, et si nous prenons la moyenne de 15 francs pour prix d’une Chèvre — il en est qui valent un tiers en moins, d’autres valent moitié plus, parfois trois fois plus — nous estimerons la valeur de la population caprine à 20,000,000 de francs. Or, cela est peu; par un miracle de rendement, ces 20,000,000 rapportent lar- sement 100 pour 100, et même plus; pour mieux dire, ils se rapportent eux-mêmes amplement. C’est là un fait extraor- dinaire en économie agricole. Les comptes fournis par M. Martesgoutte en font foi. Une Chèvre bien exploitée don- : nerait 42 fr. 50 par an de bénéfice net. C'est plus que son propre prix. S'il est vrai que la Chèvre ait été appelée Za Vache du pauvre, c'est une raison de plus pour s’en occuper et pour la favoriser ; c’est faire une œuvre philanthropique. Si les pays où elle est indispensable deviennent plus fertiles et produisent davantage, ce sera tant mieux ; il n’est pas si aisé qu'on le désire, de la supplanter à l’aide du Mouton ; l'on sait que le Mouton, à l'heure qu'il est, subit la fatalité de la UTILITÉ DE LA CHÈVRE. 183 dépopulation. Certes, le Mouton, en masse, est préférable à la Chèvre, et il la prime par la force du nombre. Mais l’ex- cellence des produits de l’un n'empêche pas l'excellence des produits de l’autre. Ces deux facteurs se complètent, mais sans se suppléer. En outre il est facile de prouver, par les échantillons qu'on voit dans les villes ou chez les bourgeois, que la Chèvre peut être transformée par les soins et par la nourriture et doubler ses produits. Au lieu de rêver sa diminution ou son extinction, il est à souhaiter qu'on l’améliore ; il est à souhaiter que nos Chèvres rustiques connaissent un peu plus l’aisance chez elles, et la crèche garnie, et les caresses familiales ; elles con- naîtront moins ainsi les rigueurs du garde champêtre et les sévérités des fermiers ; car, si elles sont parfois nuisibles, et si les sociétés d'agriculture leur font une injuste guerre, c'est que les possesseurs les laissent vagabonder à dessein. En Angleterre, les choses se passent autrement; mais là, les Chèvres sont protégées ; elles ont leur stud book, leurs per- formances et leurs grandes entrées partout. La noblesse et la bourgeoisie daignent en faire l'élevage, et en exalter les qualités. En ‘France, c’est la négligence et l'abandon, surtout dans les montagnes où les Chèvres naissent et grandissent à la grâce de la nature. Si on avait fait depuis le siècle dernier pour la race caprine ce qu’on a tenté pour les races ovines et bovines, je ne doute pas qu’elles eussent acquis des qua- lités inespérées. On aurait obtenu, par sélection, des trou- peaux ayant une plus belle peau, un plus fin duvet, plus de lait et un lait moins odorant ; mais la sainte routine a tou- jours ses adorateurs. Chose curieuse ! nous ne voulons favoriser en rien ce ru- minant capricieux ; mais nous admirons tous les rongeurs, qu'ils soient de garenne ou de clapier. L’on peut s'étonner que le Lapin ait pris tant de place dans les concours ; ce n’est pas qu'il n'ait de grands défauts, lui aussi, quand on le laisse hbre ; l'Australie actuellement en sait quelque chose. Quant au Lapin domestique, il est encagé, choyé, tenu en stabulation ; on l'empêche enfin d’être nuisible. Je ne doute pas qu’on ne réduise à rien les ravages de la Chèvre et qu’on ne calme les colères des forestiers si on le voulait bien. Tout délit de pâture doit être sévèrement réprimé ; et ils ont orandement tort devant la morale et la loi ces chevriers 184 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. corses qui, armés jusqu'aux dents, méconnaissent la pro- priété d'autrui et font pénétrer leurs troupeaux dans les plantations fourragères et dans les Vignes (lettre de M. Ris- tori). C’est une question de discipline. On ne s’en plaint guère au Mont-d’Or lyonnais ; mais en Poitou, dans l'Isère, dans la Creuse, on les laïisse chercher leur vie, au hasard de leur dent. IL est vrai de dire qu’elles trouvent à manger après tous les convives possibles, la Vache et le Mouton leur laissant ce qu'ils n’ont pu prendre ou ce qu’ils ont méprisé. Dans les pays montagneux, parmi les rochers où nul animal ne s’aventure, il n’y a point d'inconvénient à leur liberté. Il est dommage que la mode, si tyrannique chez nous en beaucoup de points, n’ait pas adopté la Chèvre comme une nourrice destinée à sauver nos enfants du biberon. La preuve n’est plus à faire ; la Chèvre nourrit bien l'enfant, etes philanthropes doivent conseiller son emploi avec ferveur. Nous parlerons avec éloge des efforts du Dr Boudard en ce sens. On frémit de songer à la mortalité infantile, à notre population stationnaire, tandis que celle de nos voisins, de nos rivaux, augmente mathématiquement. Tous les moyens dcivent étre bons pour conserver cette précieuse graine, avenir et force même de la nation. Si la Chèvre peut nous y aider, ne lui marchandons pas cette glorieuse utilité. Je ne voudrais pas faire ici le procès du lait de vache: mais il manque de certaines propriétés que le lait de Chèvre possède. Tous les médecins sont d'accord sur ces points. Mais un orand fait domine tous ces avantages, fait que les récentes études des derniers congrès ont mis en évidence. Le lait de Chèvre plus digestif, plus approprié à l'estomac de l'enfant, bu plus vivant, si l'on peut ainsi parler, ce lait ne peut être et n’est jamais suspect de tuberculose. M. le professeur Nocard, une autorité en cette matière, l’affirme absolument. Dans les abattoirs de la Villette d’une part, d'autre part, sur les Chevreaux qui arrivent à Paris, au printemps, avec leurs poumons — il en vient plus de cent trente mille — les ins- pecteurs de boucherie n’ont jamais trouvé de phtisie. Même inoculé, le fatal bacille ne prend pas sur les caprins. Les enfants qui meurent d’athrepsie, faute de digérer la nourri- ture, ou qui contractent des diarrhées avec le lait très va- riable des vaches, n'ont rien à craindre du lait de Chèvre. En faveur de cette qualité unique on pardonnera beaucoup à UTILITÉ DE LA CHÈVRE. 185 la Chèvre. Qui sait même si l’'expérimentation ne saura pas trouver en elle un irréprochable terrain de culture pour l’'atténuation ou pour la production de certains virus ? qui sait si de ce fait, nous ne lui devrons pas de nouveaux ser- vices, quelque jour ? Elle a le précieux assentiment des savants, après avoir été célèbre dans les premiers écrits des hommes ; le sanscrit la connaît — Ajà —. Les anciens louangent la Chèvre d’Ar- cadie ; l'Inde en fait une figure de mythologie; l'Egypte en use ; Esope en parle et la fait parler ; les religions font du Bouc un emblème qui n’est pas sans plaire aux épicuriens ; c'est peu ; la Chèvre Amalthée a jadis allaité Jupiter ; son poil a servi à tisser des parties dans le voile du Temple ; on lui a donné une place dans les astres ; sa viande nourrit des millions d'hommes ; sa peau gante nos femmes, et enferme encore des vins généreux ; son instinct a découvert le café ; son lait a sauvé beaucoup d'enfants dont quelques-uns sont devenus illustres — (Lamartine, A. Karr); il a rétabli ou amendé bien des estomacs enflammés. Elle est même écri- vain, car prenant un roseau entre ses deux onglons, elle a écrit pour sa défense des lettres spirituelles. Voilà des titres, je suppose. En voici d'autres, scientifiques ceux-là. Pourrai- je mieux finir que par ces paroles du zootechnicien Sanson : « On n’a pas dans notre pays une juste idée de l’impor- » tance économique de la Chèvre. Elle n’a jamais encore » éveillé la sollicitude officielle, comme celle de tous nos » autres animaux domestiques, auxiliaires du travail agri- » cole ou fournissant des éléments de substance. » Et pour- quoi allons-nous développer ces pages, sinon pour éveiller enfin cette sollicitude ? IT CHÈVRES D'EUROPE. — CHÈVRE COMMUNE FRANÇAISE. Les races de chèvres sont fort diverses ; mais beaucoup d'amateurs ont fait des races là où il n’y a que des variétés. Le climat et la nourriture produisent ces dernières; la taille, la robe, le cornage, les oreilles, la forme du pis, les poils et le duvet plus ou moins abondants servent à les distinguer. A les considérer d'ensemble, on voit qu’elles ont leurs plus 20 Février 1889 43 186 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. grande différence, si on les envisage par immenses groupe- ments. Ainsi les chèvres à oreilles pendantes et cassées paraissent venir de l'Est et du Sud; celles à oreilles presque droites sont d'Europe. Les races les meilleures au point de vue du produit de leur robe, longue ou ondulée, sont origi- naires de l’Asie; Angora, Cachemyr, Thibet. Nous décrirons sommairement le seul type de la chèvre d'Europe, et de préférence celui de nos pays. La Chèvre, en France, comprend quelques variétés d'autant plus estimées qu’elles sont arrivées à une perfection relative. Tout le monde a vu la Chèvre commune avec sa tête conique et nette, son os frontal bombé, sa barbe, ses pendeloques, ses cornes écartées s’élevant en rampe douce vers l'arrière — un hasard heureux fait que les cornes manquent parfois — ses larges oreilles sont mobiles, horizontales en avant, son corps long et svelte; le noir, le blanc, le gris violet, le roux de lièvre se disséminent sur son pelage; elle a des bandes plus foncées sur le dos et sur les membres. En Corse le blanc est tres rare, le brun domine dans la robe des Chèvres — taille variable de 0®,50 à 0,80 de hauteur, les plus fortes étant la pyrénéenne, l’alpine, la poitevine, l’alpine pour toute la Suisse, l’irlandaise pour l'Angleterre. Vous parler de son caractère, de ses caprices endiablés, de son humeur vagabonde, de sa nervosité, est absolument inu- tile. Je vous citerai seulement à titre de curiosité, une pensée de l'Allemand Lôbe; il dit que la Chèvre a en elle de la nature d'Eve {hat ein Stück Eva-Natur in sich); de plus il nous ap- prend qu’elle ajoute en Allemagne à des qualités déjà connues celle de garder les troupeaux de Moutons, à la manière des Chiens, on les y dresse. En France, nous ignorions cet emploi déjà signalé par Martius dans la Revue illustrée d’Agricul- ture. Grandissez ou diminuez ce type, variez le pelage ou unifiez-le — Chèvre toute blanche, Chèvre toute brune, Chèvre pie — vous aurez le signalement des Chèvres fran- çaises, anglaises, suissesses. Dans les variétés même, il y a des sous-variétés à qui l’uniformité de robe a servi de pré- texte. Ainsi la Schwartzhals — cou noir — qu'on élève en Suisse est dans ce cas. La Chèvre est coupée en deux par le blanc et par le noir — le noir étant antérieur, ce qui n’em- pêche pas une balzane blanche de se montrer à l’une, parfois UTILITÉ DE LA CHÈVRE. perl 187 aux deux pattes de devant. Elle ne redoute ni froid ni neige, et vit toujours dehors. La Toggenbourg, une montagnarde de la Suisse, très amé- liorée, très forte, sans cornes, à oreilles droites, à ventre blanc, à pattes blanches, à jolie face, bordée à droite et à gauche par deux listes blanches allant depuis les lèvres jus- qu'au coin de l'œil, est certainement la plus belle Chèvre de l'Europe. Le reste est couleur souris mêlé de fauve. Elle n'aurait de rivale que dans la Mallaise dont le professeur de zootechnie, Sanson, dit le plus grand bien; celle-ci n’a pas de cornes non plus; elle est de forte taille, blanche ou grise, souvent tachée de l’une et l’autre couleur; ses oreilles sont cassées à la manière de certains lapins — elle montre un pis énorme trainant jusqu'à terre — elle peut suppléer les Va- ches, là où les Vaches ne sauraient vivre — aussi est-elle de première utilité en Espagne, en Algérie et dans l'Inde. Je ne puis me dispenser de dire quelques mots de la Nu- bienne parce qu'il en sera question à propos des croisements. Cette Chèvre s'étend de l'Egypte au Cap; elle diffère beau- coup des autres types; sa beauté, pour nous, laisse à désirer; elle a.des oreilles larges et longues, plus longues que la tête; sa tête triangulaire de face a le chanfrein convexe avec une dépression sur le bout du nez; les narines sont percées dans cette sorte de creux, la mâchoire inférieure tendue en avant dépasse la supérieure; il y a des touffes de laine sur le front ; les cornes poussent à plat sur la tête. Elle est très haute sur pattes, sa robe est si peu fournie de poils qu’en été elle est lisse comme celle du Cheval; elle est noire lavée ou rou- seûtre; il s’y peut méler du blanc. Race très féconde et très laitière. Son pis est rond plutôt qu'allongé. Le Bouc n’y est pas odorant à la facon de ses camarades, ce qui est un avan- tage. Quelques auteurs, entr'autres Huart du Plessis, la pro- clament la première Chèvre du monde; ce dernier recom- mande fort d'améliorer nos races par le mâle Nubien, et il adresse à la Société d’Acclimatation ses remerciements pour les efforts persévérants qu'elle a faits en vue de doter notre agriculture de cette précieuse race. Le Jardin d’Acclimatation croise actuellement le Bouc nubien avec la Toggenbourg, et il en attend les meilleurs résultats. 188 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. IT STATISTIQUE DES CHÈVRES. Les statistiques quelles qu’elles soient, ne peuvent pré- tendre à une exactitude absolue. Il faudrait un ordre bien exécuté par les municipalités pour qu'il en füt ainsi. La sta- tistique de 1865 donnait 4,400,000 Chèvres; la dernière dont je donnerai les détails tout à l'heure porte 1,420,112. Je trouve dans une statistique anglaise 4,794,857 Chèvres pour la France. Ce chiffre est exagéré. Ce nombre est augmenté chaque printemps par les naissances qu’on peut estimer, pour le moins, à 1,500,000 Chevreaux, dont la majorité est mangée, dont le reste sert à combler les vides. Cette population osciile donc autour d’un million et demi. | La Corse semble avoir augmenté le nombre de ses Chèvres de 90,000 à 152,555. Mais elles iront en décroissant, m'écrit-on de Bastia, à mesure que des routes sont ouvertes et que les maquis se défrichent. Une lettre pleine d'intérêt de M. Cornevin, professeur à l'École vétérinaire de Lyon, m'indique que les chèvreries du Mont-d’'Or sont en passe de diminuer pour deux raisons : La première c'est que par suite du phylloxéra on a arraché beaucoup de Vignes, et l’on a remplacé par diverses cultures, notamment par la luzerne. Le surcroit de fourrage qui en a été la conséquence a poussé les viticulteurs à entretenir des Vaches à la place des Chèvres qu'ils possédaient au temps de la prospérité des vignobles du Lyonnais et du Beaujolais. La seconde c’est que les cultiva- teurs entretiennent aux environs de Lyon d’excellentes Brebis laitières dites Brebis de Millery. Le nombre de ces Brebis doit s’accroître au détriment de celui des Chèvres, parce que, en plus de leur laït, elles donnent le plus souvent deux Agneaux à chaque agnelage, et de la laine par dessus le marché. Voilà des raisons qui pourraient être bonnes pour d'anciens pays à Vignes, mais qui avec le temps cesseront, si la recons- titution des vignobles se poursuit. Ailleurs il se peut bien que les Chèvres soient en augmentation par suite de la plus grande aisance chez les paysans, et de la division plus accen- UTILITÉ DE LA CHÈVRE. 189 tuée de la propriété; car si la Chèvre est la Vache du pauvre, il est des pauvres, hélas ! qui n’en ont même pas. Si ces mal- heureux, au lieu de travailler chez les autres, arrivent à louer ou à posséder un bout de terrain, ils pourront y mettre la Chèvre comme premier animal de rapport, et améliorer leur existence par ses produits. D'un autre côté, les villes demandent de plus en plus de Chèvres, soit pour les enfants, soit pour les malades de l’estomac, et il est évident que les producteurs de province auront à s’en occuper davantage et à les bien choisir afin d'envoyer leurs meilleures laitières. J'ai essayé de contrôler sur ce point le département de la Seine ; et, grâce à l’obligeance de l’administration centrale de l'octroi, je puis prouver que la statistique a été fort mal ren- seignée. Nous sommes loin de compte avec les 904 Chèvres annoncées pour le département de la Seine. L’octroi détient actuellement 3,145 pièces non périmées depuis 1881, soit 300 par an; l'an 1888 compte pour 700 pièces. Ces pièces n'ayant pas été retirées et faisant foi d'un versement de 4 francs l’une, c’est 3,145 Chèvres qui sont censées exister rien que dans Paris et hors barrière, à la distance de 2 kilo- mètres au plus. Or, ces Chèvres sont vivantes en partie, sinon leurs propriétaires, elles mortes ou tuées, auraient réclamé le bulletin et redemandé leur consignation. Nous admettons bien quelques négligences ou quelques oublis, nous savons bien que des Chèvres peuvent être man- gées clandestinement, ce qui en diminue le nombre ; mais par contre, beaucoup de ces Chèvres mettent bas deux Che- vreaux par an, il y a donc remplacement, augmentation peut-être. Ces nouveaux venus ne sont pas déclarés à l’oc- troi, et la Chevrette élevée supplée sa mère disparue d’une facon ou d'autre ; de cette facon le vieux bulletin non retiré sert pour toute une famille. Des Béarnais amènent beaucoup de Chèvres à Paris dès le printemps, ils les nourrissent en dehors des barrières ; chaque matin, ils les conduisent dans Paris pour y vendre le lait à la tasse. On compte à l'octroi le nombre de têtes qui entrent, et l'on recompte quand elles ressortent ; les chèvriers ont con- signé les droits, soit 4 francs par animal. Voici des détails que j'ai obtenus pour une portion de secteur : 190 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Porté: dé VNersamles nr ME AQU LL. Le 25 chèvres. Porte d'Orléans........... SES HE 40 — Porte de la Gare. .....…. Ho Aa HA OUTRE Porte dira A EME UE AIS A 40 — Poterne des Peupliers : 2 4480 sui. JOUE Porve Gentil ses es Nan Mere A6 122 — Porlerde ChOisw. see /ye 083 ej8e dti 0 Pu = Porleïde la Villette: star cueet 38 — Porte des Ternes. 04. RE 39 — GANT RACE OS UNE 238 chèvres. Les choses se passent ailleurs dans les mêmes proportions à peu près. Il est aussi des Chèvres heureuses qui habitent Paris toujours, et quelques Boucs dans les étables de Vaches, destinés à conjurer le mauvais air, selon la croyance. Les villas et châteaux des environs de Paris ne sont pas sans en renfermer non plus. En résumé je crois pouvoir dire sans exagération, qu'il y à dans le département de la Seine, près de 3,000 Chèvres et qu'elles ont de la tendance à y augmenter. J'appuierai sur une autre considération qui me semble im- portante : les Chèvres des villes sont belles, sont bien entre- tenues et donnent certainement 2 litres de lait l’une dans l’autre. Ce sont les Chèvres que j'appellerai bourgeoises, par opposition à celles moins fortunées, que j’appellerai les Chèvres rustiques. Or le nombre des Chèvres en France pour- rait se réduire de 200 ou 300,000 [dépécoration de la Chèvre), que la quantité et la qualité de ses. produits pourraient ne pas en être diminuées; au contraire. Je m'explique. Si les soins sont plus prodigués, si la sélection se fait, si la nourriture est soignée, la Chèvre aura plus de poids, ses Chevreaux seront meilleurs, son lait plus abondant. La dépécoration tant décriée du Mouton n’en a pas été une au sens propre du mot. Qu’im- porte quelques centaines de milliers d'animaux médiocres”? Élevez-moi le taux de production individuelle, au lieu de rechercher le nombre, et je pourrai affirmer que les industries ovine et caprine ne sont pas en décroissance. Si par hasard la Vache bretonne, à la suite d’une culture plus plantureuse dis- paraissait de ses bruyères et de ses ajoncs, est-ce que l'on regretterait de voir se substituer à 5,000 bretonnes, 2,000 co- tentines? UTILITÉ DE LA CHÈVRE. Les départements les plus riches en Chèvres sont : La Gorsens.: 7, Jus NS OOMRR Le 132,335 AMC. -Hatihues CRAN. Le. 100,129 MA Done deb. RER... de 92,500 RSR RE LE a fie OA cle cdu oin or 60,475 DIET RONDS, Se ee RUE - 5 else 90,838 ARR eo DONNE 2e us 37,655 Haone-et-Loirea is ts se. RO ado. 34,245 Les départements les plus pauvres sont les suivants : La UE De et AE M PRES NP PSS RARE, Les 1,094 MRC Ans à 2e LUN me ed Res false LA 1,600 PAT RE de A BU ee RS ER CR RAT ASE 1,902 PEER OM AE AE ei dtens à ed e cooue 1,250 SE nel ane épi RO EE re en re EL SR, EAU Le 1,520 191 La Seine viendrait ensuite. Voici le tableau général, extrait de la grande enquête faite en 1886. Je n’y vois pas figurer les Chevreaux ; mais chaque année logiquement, il en naît plus de 1,500,000. Paris en consomme énormément et Lyon aussi. Voici les chiffres que l'Administration des Halles a bien voulu me donner. BIS O LR ent DS RE CR pan 107,758 DÉS SAR ES 7 Er ALLIER 60 fo RP ee 196,434 ESSONNE ST ANS FAIRE PE AS 138,597 PSN TOM Pl Ce ice its: 109,543 Soit une moyenne de 138,083 Chevreaux. À Lyon, les inspecteurs m'ont déclaré une moyenne de près de 30,000 Chevreaux. Les autres villes du Midi, Nice, Perpi- enan, Toulouse, en mangent tout autant selon leur popula- tion, bien entendu. Voici les chiffres par département : ET MR CE AT AURAI TIGE 1... Le te dora Je DE ETS 55 LESC E ET A CURE PUCES de dette PR 4 DO ten: LE PIN A OR LT Te OR Ees- Alpes. "0.02. RES Avetro. 2 re Hautes-Alpes :::..5..3: 14,445 Bouches-du-Rhône...... Alpes-Maritimes........ 211,000! : Calvados. nr roche est 10012972, Cantal ARR nANse 75.. ÉMHEnTIENS CE Lie... 2 10820 Charente rs: 192 Charente-Inférieure. ... 6,312 CIE PR 2 20,084 Correzce in UE C2 ee 9,420 Corse. 216 MAR RER 132,335 Côte-d'Orée mr ni. sua t 119,084 Côtes-du-Nord ......... 4,600 Creuse RAS Ame ET 12,483 Dordogne ments. 10,000 Doubs AMEeGEr ue ruse 6,112 DOME EME: idlinilen 92,500 JATITS MMEEN PEPAARRC ER 3,928 Eure-et-Loir :::...:4:le 3,960 MISE OMR AE ROSE 1,902 Card PME Permet 26,500 Haute-Garonne......... 2,294 CÉSAR 2,910 Gironde AR VELÉEME 4 _ 5,934 Hérault pour 16,700 Ille-et-Vilaine.......... 5,632 Indre ACL er eee 37,655 Indre-et-Loire.......... 25,500 LS ÉTÉ REAR R Ne ER 60,475 OA Re Te ere ere 4,851 MANTESREE ss ne bancs 12,780 Moir-et-Cher Siret. 19,543 POINTER LPC RNPERRERES de 395,829 Haute-Loire mine isnn eee 11,820 Loire-Inféneure-Ft000. 4,500 Éoipet. REMISES 4,455 LOUER ARE nt ee Re 17,481 Lot-=eEGaronne,. "#50 1,250 Lozere PRET EL LE ANR 2 13,720 Maine-et-Loire......... 3,528 Manche ait. Ag. 2,090 Marne RS NE ere 3,120 Haute-Marne eee, 9,929 Total général : 1,420,112. REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Mayenne Lit eee Meurthe-et-Moselle..... Puy-de-Dôme: 22e Basses-Pyrénées........ Hautes-Pyrénées 02e Pyrénées-Orientales..... Haut-Rhin. Ce2eERRe Saône-et-Loire ......... Sarthe .\t.1 Eee Savoir iii. dues Rue Seine-et-Marne......... Seine-et-Oise ..:...... Deux-Sévres. 2.00 Vaucluse 05e Re Vendée.:s it se LL Je me suis occupé de la statistique pour l’Algérie et pour les autres colonies françaises. L'Algérie possède plus ce Chèvres que la métropole. D’après le relevé fait en 1882, elle en possède 2,715,000. Alger, HAS Ce OMERAR RUE 0. 0 ee 0“... cc... 899,946 1,057,927 557,262 UTILITÉ DE LA CHÈVRE. 193 Les autres colonies fournissent : Martinique {SR RRnUR. à. ME es s 5,894 CHAdElQURe MAT NPD à de 21,180 ERREUR RAPPEL à AN TROIS 8 EE Re RER 329 Saint-Pierre et Miquelon.....:....,... 249 PE ON ME EN RALENTIT EE PAPE 19,194 RASOIR RER se 5 5 19,160 12656 00 10 SR PRET ET ROSE OCT SERRE 6,247 Chandemas En ar ME nee 950 niralesandin terne Ar ns nd à G,095 Hoeinichide ya DUR MMM as 2,304 DeBANUOS VoUE Phee era TR ER ca 7,300 La Suisse, notre voisine, a plus de 415,000 Chèvres, qui ne nuisent en rien à la beauté des päturages alpins et qui com- plètent très bien les célèbres Vaches de ce pays. La Norvège en a 322,861. L'Angleterre en possède beaucoup. M. Begler regrette la négligence du gouvernement qui n’y a pas fait faire de statis- tique. Les Chèvres y sont fort estimées et fort soignées. Nous savons que l'Irlande nourrit 266,553 Chevres. Cette ile apprécie fort les bienfaits de la Chèvre, et l’on sait que les habitants de l’île d’Emerald sont presque exclusivement ali- mentés par elles. L'Allemagne en a 2,027,736. La Russie en a 1,700,000. C'est l'Espagne qui a en a le plus avec 4,531,228. Soit 27 Chèvres pour cent habitants. Dans le nord de l'Espagne, c’est la Chèvre pyrénéenne, très résistante, craignant peu le froid, tandis que dans le midi réussit la Maltaise qui est plus frileuse. L'Italie a 1,690,478 Chevres, la Grèce et les iles Ioniennes ne pourraient sans doute pas se passer de ces utiles animaux, car il y a presque une Chèvre par habitant, soit 91 0/0. Leur population s'élève à 1,339,538. En somme, l’Europe, ce qui n’est pas une richesse à dédai- sner, entretient plus de 17,000,000 de Chèvres, ayant une valeur d’au moins 200,000.,000 de francs. Les économistes ont donc quelques raisons de s’y intéresser. (A suivre.) SUR L'IGNAME PLATE DU JAPON (DIOSCOREA JAPONICA) ET LE GONGOULOU DU KASHMIR Par M. AUG. PAILLIEUX Notre confrère, M. Paul Chappellier, fait en ce moment de très louables efforts pour obtenir de nouvelles variétés d’'Ig- names, soit en semant des graines du Dioscorea batatas et du D. Decaisneana, soit en mariant ces deux formes du D. Japonica. De son côté, le eu a demandé, reçu et semé des graines du D. Japonica. Ces graines ont levé, et, dans quatre ou cinq ans {1}, on saura si l'expérience donne un résultat utile. Il sera bon de renouveler les semis tous les ans et de les faire sur une grande échelle pour que le succès soit probable. Lorsqu'une variété plus courte que le D. batatas et plus pro- ductive que le D. Decaisneana, aura été trouvée, il faudra la fixer par des cultures répétées. Le croisement des deux formes du D. pre est très désirable et donnera probablement le résultat cherché; mais, sous le climat de Paris, nous n’obtenons de graines, ni de l’une, ni de l’autre. On devra donc opérer dans le midi de la France, ou en Algérie, ou dans quelqu'une de nos autres colonies. Comment se fait-il qu'il ne se soit produit ni croisement ni hybridation, spontanément ou artificiellement, au Japon ou en Chine, où l’on cultive les deux races, et où l’on ne souffre pas moins que nous de leurs défauts ; je ne LUE me l'expliquer. Quoi qu'il en soit, trop àgé pour prendre part à des essais auxquels on ne saurait assigner une durée quelconque, je viens simplement vous proposer de cultiver l’Igname plate du Japon, que je crois être le D. Decaisneana. Je l'ai recu di- rectement du Japon, il y a quelques années. (1) Je rapporte ici l’opinion de M. le Dr Paul Sagot et de M. D. Bois. SUR L’'IGNAME PLATE DU JAPON. 195 Cette Igname est d’une qualité tout à fait supérieure, elle est rustique et sa culture est des plus faciles. Vous savez qu'il a fallu renoncer à l’Igname de Chine, Dioscorea batatas, dont l’arrachage était impraticable, l’Isname plate du Japon se récolte à fleur de terre. Sa culture ne diffère en rien de celle de sa congénère : ré- colter des bulbilles à l'automne ; les semer au printemps sui- vant ; en obtenir du plant qui, cultivé de nouveau, produit des tubercules de grosseur marchande, telles sont les opéra- tions applicables aux deux variétés de D. Japonica. Je vous présente aujourd’hui les tubercules d’Igname plate, producteurs de bulbilles, le plant que produisent les bulbilles et les tubercules de seconde année. PRODUCTION DES BULBILLES. £ On emploie à cette fin les plus gros tubercules que l’on possède. Ils fournissent à l’arrachage des tubercules également gros qu'on affecte au même usage, c’est-à-dire qu'on replante chaque année les nouveaux tubercules de la planche produc- trice de bulbilles. Ils sont difformes et impropres à la vente, mais produisent des pieds forts qui donnent de belles récoltes de plant. On peut compter sur un rendement moyen de cinq mille bulbilles pour cent pieds de ces grosses Ienames. J'estime que, dans un jardin, il suffira d'entretenir une plantation d’une cinquantaine de pieds producteurs. On les cultive en planche bien fumée, sur deux rangs espacés de 0®,40 dans la ligne. On ne plante que ces deux rangs sur une planche de 1",30. On donne aux jeunes plantes, dès qu’elles sortent de terre, des tuteurs de 3 mètres au moins de hauteur, sur lesquels on dirige les tiges, en observant que celles-ci sont volubiles de gauche à droite. Il suffit ensuite de débarrasser le sol des mauvaises herbes par quelques binages. Un léger buttage, sans être nécessaire, me semble utile, les tubercules appa- raissant quelquefois à fleur de terre. La récolte se fait au commencement de novembre. On con- serve les tubercules, soit en les plaçant sur des planches sans entassement, dans un lieu froid et sec, soit en les stratifiant 196 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. dans du sable sec ; soit en les enterrant sous châssis dans le jardin, en les préservant de la gelée. La replantation se fait le 19 mai. SEMIS DES BULBILLES {}). Sur des planches de jardin de 1,30 de largeur, on trace quatre sillons, dans lesquelles on sème les bulbilles comme des Pois. Il vaudrait assurément mieux les espacer réguliè- rement, mais ce serait beaucoup de peine. On peut d’ailleurs éclaircir la plantation après la levée des bulbilles et obtenir ainsi de plus gros plant. On rame les jeunes Jgnames comme des Pois dès qu’elles sortent de terre. On maintient le sol en état de propreté par des sarclages à la main. On récolte aux premiers jours de novembre le plant qui doit donner l’année suivante des tuber- cules de grosseur marchande. On stratifie ces racines ou ce plant dans du sable, en un lieu froid et sec. | PLANTATION DES PETITS TUBERCULES DE l'e ANNÉE. On plante dans des trous de 0,10 environ de profondeur, espacés de 0,20, ou à moindre distance encore si la terre est fortement fumée. On plante sur trois rangs dans des planches de 1,30 de largeur. Dès que les plantes sortent de terre, on leur donne des tuteurs de 2",50 à 3 mètres de hau- teur. On tient la terre propre à l’aide de la serfouette. On peut laisser les tiges s’enrouler spontanément autour des tu- teurs, mais il est mieux de les y attacher, en les dirigeant de gauche à droite. La récolte se fait dans les premiers jours de novembre et est consommée ou livrée au commerce. On ne conserve à fin de replantation que les tubercules trop petits pour la vente. USAGES. La fécule de l’Tgname plate du Japon est remarquablement fine et délicate. Elle n’a pas la saveur sucrée de la Patate qui déplait à beaucoup de personnes. (1) Il serait plus correct de dire « plantation ». GONGOULOU DU KASHMIR. 197 L'Igname plate est supérieure à toute autre pour plats sucrés (sweet des Anglais, mehl Speise des Allemands), gà- teaux et soufflés. Elle est excellente : En purée claire pour potages. Coupée en tranches et frite dans la pâte. Apprêtée au jus comme les Cardons. Cuite sous la cendre. GONGOULOU DU KASHMIR. Messieurs, Je crois vous avoir dit l’an dernier qu'il serait fort difficile. de faire entrer dans la consommation la Moutarde tubéreuse, de Chine et du Japon, que nous avons recue, en même temps que le Stachys de M. le docteur E. Bretschneider. C'est assurément un bon légume, d’une saveur agréable, mais son extérieur est peu engageant. Sa racine a l’aspect d'un vulgaire Navet, mal venu, et c’est assez pour que l’ache- teur le dédaigne. | J'étais donc fort découragé, lorsque j'ai appris qu'au Kashmir existait une variété de Moutarde d’un beau rouge que M. Ermens, ancien directeur des cultures du Maharajah, pourrait me procurer. Le succès de cette variété ne faisait pour moi aucun doute. M. Ermens, qui est aujourd'hui notre confrère, a accueilli ma demande avec une parfaite obligeance et s’est empressé de demander à M. Bouley, son successeur à Srinagar, des oraines du Sinapis rouge. Je les recevais au commencement du printemps et j'en semais aussitôt quelques-unes qui de- vaient me donner au mois d'août une récolte à distribuer ; mais l’Altise a dévoré trois fois mes jeunes plantes à leur sortie de terre, et j'ai dû attendre le mois de septembre, c'est- à-dire la disparition de l'ennemi, pour semer de nouveau. Cette fois, j'ai obtenu une centaine de kilogrammes de jolies racines, d’une belle couleur, qui ont été vendues en huit jours. J'ai laissé dans la terre les plus petites et la plupart ont 198 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. gelé ; cependant, je viens d’en arracher quelques-unes pour vous les montrer. Elles sont ici, sous vos yeux. Habillées de rouge vif, elles ressemblent à des Radis. Ce ne sont pas des Radis ; malheureusement, ce ne sont pas non plus des Mou- tardes, ce sont tout simplement des Navets, d’une belle cou- leur, d’une jolie forme, d’une saveur plus forte que celle des Navets ordinaires, et d’une consistance suffisante pour ne pas fondre à la cuisson. Voici d’ailleurs une petite carte que j'ai fait imprimer pour ie commerce. Dois-je vous raconter ce qui m'a été dit par un marchand? Un passant est entré chez lui : « Donnez-moi, a-t-il dit, deux kilos de Gongoulous. J'en ai mangé au pied de l'Himalaya ; je veux les faire déguster à mes amis. On les mange là-bas en salade, coupés en rondelles minces et assaisonnés avec sel et poivre, huile, vinaigre et moutarde. » Messieurs, je n’ai rien à vous dire de la culture du Gon- goulou. On le cultivera comme le Navet commun. C’est une variété intéressante à ajouter aux nombreuses variétés que nous possédons déjà... mais je voudrais bien trouver la Moutarde rouge ! II. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 18 JANVIER 1889. PRÉSIDENCE DE M. A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. Le Président proclame les noms des membres récemment admis dans la Société : MM. PRÉSENTATEURS. L. Chenez. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Lévy Nathan. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Raveret- Wattel. Léon Vaillant. _ A. Geoffroy Saint-Hilaire. Dr Laboulbène. BAULOT (Eugène), rentier, ll, rue de Traklir, à Paris. BERTRAND (Émile), ingénieur, 2, rue de la Planche, à Paris. Bopin (Valentin), huissier, à Maillezais (Vendée). Saint-Yves Ménard. A. Geoff Saint-Hilaire. COGET (Jean-Baptiste), propriétaire et | He PAR he maire, à Phalempin (Nord). l ARTE ATS Dr B hi. Dupuis (Eugène), rentier, avenue de pee Neuilly, 83, à Neuilly (Seine). D* Laboulbène A. Geoffroy Saint-Hilaire. Magaud d’Aubusson. Léon Vaillant. A. Geoffroy Saint-Hilaire. PomBLa (Henri), propriétaire, à Meung- G RAA. À Mn (one Saint-Yves Ménard. . Am. Berthoule. A. Paillieux. H. de Vilmorin. GAMARE (Jean-Marie-Adolphe), prêtre, à Rolleville, par Monvilliers (Seine-Infé- rieure). VizmoriN (Maurice Levêque de), négo- ciant, 4, rue de Solférino, à Paris. Il est procédé au dépouillement de la correspondance. — M. de Confevron écrit de Flagey (Haute-Marne) : « Voici un fait bien fâcheux, digne d’être signalé à la Société d’ac- climatation et qu'il suffira, j'en suis sùr, de faire connaître pour éveiller l'attention de bon nombre de nos confrères qui s’empresseront de chercher une explication et un remède. » Les Ghevreuils deviennent rapidement très rares dans nos forêts 200 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. de la Haute-Marne, Arc, Auberive et les bois communaux de notre région, jusqu'alors si abondamment pourvus de ces gracieux animaux. » Cette disparition tient à une maladie éminemment contagieuse, l'aypertrophie du foie, qui les détruit en grand nombre. Dernièrement, on en a trouvé cent cinquante morts dans la forêt d’Arc. » Il y a une trentaine d'années, les Chevreuils avaient déjà com- plètement disparu de nos contrées, je ne sais si c‘était par une cause . analogue. Le repeuplement s’est effectué rapidement sur un sol qui convient parfaitement à ce gibier, grâce à quelques grands proprié- taires qui firent venir d'Allemagne et d'Autriche quelques paires de Chevreuils qu’ils lâchèrent dans leurs bois, où ils se multiplierent. » Il est encore une autre observation qui n’est pas sans importance pour les naturalistes et dont il serait bon de chercher le pourquoi qui nous conduirait à quelques données nouvelles sur les mœurs des ani- maux ou sur les modifications qu’elles subissent. » 11 y a quelques années, lorsqu'on chassait beaucoup dans la forêt d’Arc, les animaux, Cerfs, Chevreuils, Sangliers, refluaient vers le sud, dans les forêts d’Auberive, les bois communaux adjacents et ceux qui se trouvent sur les limites de la Côte-d'Or. Aujourd'hui, on remar- que que le contraire se produit. Les animaux dérangés ou effarouchés dans la forêt d'Arc, gagnent le nord du département, la forêt de Clair- vaux ou les autres grandes forêts de l'Aube. » ; + — Dans unelettre adressée à M. le Président, notre collègue M. Gibez, de Sens signale un fait assez curieux. En juin dernier, on a apercu dans l'Yonne, en aval de Sens, un Castor, un véritable Castor. La même personne a revu l'animal dans la fausse Yonne, à Sens, dans le courant de juillet. Le 15 décembre, ce Castor a été tué d’un coup de fusil à Champigny-sur-Yonne, il avait, peu de temps avant, commis quelques dégâts, coupé des arbres fruitiers dans le jardin du chef de gare de la station de Champigny. D'où venait ce Castor ? Est-il admissible qu'il existe encore des rongeurs de cette espèce en Bourgogne ? — M. Godry, de Galmanche, écrit à M. le Directeur du Jardin d’Acclimatation : « Je vous envoie la photographie d’un Gerîf de Virginie (Curiacus Virginianus) qui a perdu ses bois à la fin du mois de décembre. L'an dernier, ces bois étaient tombés en février et, en 1887, en mars seule- ment. Ce retard progressif dans la chute des bois me paraît un fait curieux à signaler. » Je vous ai parlé dans une de mes dernières lettres d’un mâle PROCÈS-VERBAUX. 201 Colombe Lumachelle s'accouplant indifféremment avec deux fe- melles. Il y a eu bataille et j'ai dû retirer l’une d’elles. » Celle qui est restée avec le mâle a pondu aussitôt deux œufs. Voilà donc de jeunes Lumachelles nées en juillet, pondant cinq mois environ après leur naissance et cela dans une petite volière étroite et basse où j'étais bien éloigné de penser qu'elles pourraient reproduire. » — M. le D' Noll, de Francfort, l'éditeur bien connu du journal Der Zoologische Garten, écrit à M. le Président en date du 27 décembre 1888: « J'ai lu dans le Central blatt für Jog und Hundeliebhober (Gazette centrale des amateurs de chasse et de chiens) qu'un propriétaire bava- rois, désireux d'augmenter son gibier, avait essayé sur la frontière du Tyrol de placer en forêt des Goqs et des Poules domestiques pour les rendre sauvages. | » L'expérience aurait, assure-t-on, pleinement réussi dans diverses localités de l'Espagne. » Pour arriver au but, pendant plusieurs mois, on continue à nourrir les volailles, mais les aiiments sont déposés le plus loin possible des lieux où se trouvait l’ancien poulailler. » Les Poules font des efforts persévérants pour essayer dy retour- ner, mais on doit les en repousser rigoureusement. » Après un peu de temps, les oiseaux s’habituent assez bien à l’état sauvage et apprennent à se défendre. Après quelques générations on est en possession d’un très bon gibier. » On a remarqué que les Poules nées à l’état sauvage sont plus petites que celles qui naissent dans la basse-cour. Elles sont très sau- vages et difficiles à min car leur vol est des plus rapidés. Le plu- mage devient plus gris à chaque génération et perd tout éclat, c’est d'ailleurs ce qui arrive à toutes les espèces d'animaux domestiques qui retournent à l’état sauvage. » On assure que ces Poules vivant à l’état de liberté au bois ont la chair très savoureuse et d’un goût encore plus fin que celle des Faisans. » Il n’est pas inutile d'ajouter que pour mener à bien une semblable tentative, il faut avoir débarrassé très sérieusement la propriete des animaux destructeurs du gibier. » — M. Chandèze écrit de Versailles : « J'ai fait parvenir à M. le Directeur du Jardin zoologique du bois de Boulogne, à la fin du mois de novembre dernier, la part de la Société dans le croit de mes Cheptels en 1888, soit deux Faisanes vénérées et deux Canes Carolins. _» Ce résultat est bien médiocre, la ponte de cette année n’a pas été abondante, puis l humidité persistante pendant une grande parlie de l'été a singulièrement contrarié l'élevage des faisandeaux. 20 Février 1889. 14 20? REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. » 4° Faisans vénérés. — Je vous ai déjà fait connaître dans-ma lettre du 5 juin que la ponte de la Faisane, probablement déjà vieille, a été cette année exceptionnellement faible, huit œufs seulement d’où sont nés, le 4 mai, cinq Faisandeaux vigoureux, l’un d’eux est mort le 20 juin suivaut de diarrhée crayeuse, un second succombait le 8 juillet dans les mêmes conditions. Les survivants se composaient d’un mâle et de deux Poules que j'ai toutes deux attribuées à la Société, ayant, comme je le dirai plus loin, à compenser un nombre impair dans les produits du couple de Canards Carolins. Je renouvelle les observa- tions que j'ai déjà présentées sur la facilité de l'élevage des jeunes Vé- nérés, sans doute je n’ai pu cette année les soustraire à des influences climatériques toujours fâcheuses pour les oiseaux en captivité, mais les pertes éprouvées ne sont rien en comparaison de celles subies sur d'autres variétés. » Le couple de reproducteurs est toujours en bonne santé, cependant de Coq boîte parfois, après des nuits trop humides qu'il passe invaria- blement couché à terre, en plein air, ayant l'habitude de ne jamais se percher la nuit. Le caractère de cet oiseau que je représentais l'an dernier comme très sauvage est devenu, cette année, familier, celui de la Poule ne s’est pas modifié, elle est toujours insociable. » 20 C'anards Carolins.— Ainsi que je l’ai dit dans ma lettre du 5 juin, la ponte a été de onze œufs qui ont produit six Canetons viables, mais à l'âge d'un mois environ, l’un deux, le plus forl, succombait en moins d’une demi-heure à des crises épileptiformes causées par une entérite vermineuse. La rapide croissance des autres n'a jamais, depuis lors, laissé à désirer, et je n'ai, à cet égard, remarqué aucune différence entre les deux Canetons élevés par la mère et les trois autres con- duits par une Poule. Ces cinq jeunes, depuis longtemps revêtus de la livrée d’adultes, se trouvent être tous des femelles. Il eut été intéressant de rechercher, comme M. Porte le conseille aux lecteurs du Bulletin, dans ses chroniques de quinzaine, si cette singularié peut trouver son explication dans la différence d’âge des reproducteurs, je ne suis pas en mesure de le faire, la société ne m'ayant pas fait connaître l’âge des reproducteurs qu'elle me confiait. J'ai volontairement omis d’éjointer ces jeunes Canes, d'une part, parce que je suis en mesure de les loger dans une volière assez vaste et contenant un bassin suffisant pour plusieurs couples, mais surtout parce que j'ai le pressentiment que la privation des ailes peut exercer une influence prépondérante dans les conditions de reproduction des Canards Carolins. J'ai, en effet, remarqué qu'au moment de la ponte les Canes éjointées manifestent une inquié- tude extrême et qu'elles ne se décident à faire un nid sur le sol qu'a- près avoir vainement cherché plus haut un abri qu'elles ne peuvent ‘atteindre, bien qu'elles s'efforcent de grimper sur des échelles, per- choirs et paillassons inclinés qui peuvent se trouver dans leurs par- quets. J'en conclus que ces oiseaux percheurs doivent, à l'état sau- PROCÈS - VERBAUX. 203 vase, nicher dans des trous de rochers ou d'arbres et que la contrainte qu'on impose à leur instinct, en les obligeant à nicher à terre, n'est peut-être pas étrangère aux insuccès dont se plaignent un grand nombre d'éleveurs. » — M. le Secrétaire général dépose sur le bureau un ouvrage de M. le marquis de Brisay , sur les Colombes exotiques, et diverses publications se rattachant aux voyages scientifiques de S. A. le prince de Monaco. — M. Berthoule offre ensuite à la Société un rapport adressé par lui, au Ministre de la Marine, sur les mœurs du Saumon. — M. Vaillant fait une communication sur le mode de vie des Saumons pendant leur séjour à la mer. — M. Raveret-Wattel fait connaître les heureux résultats obtenus par M. Vincent, qui s'occupe de repeupler la basse Seine en Aloses. — M. Magaud d’Aubusson donne lecture d’un travail de M. Suchetet sur le croisement de l'Ovis aries avec le Capra hirca. — M. le Dr Saint-Yves Ménard présente quelques obser- vations sur le même sujet, et analyse un mémoire de M. Gou- baux, sur les Chabins élevés à l'Ecole d’Alfort. — M. Pion donne lecture d’un travail sur la Chèvre domes- tique (Voyez Revue, p. 180). — M. Berthoule fait une communication sur l'Établisse- ment de pisciculture de Quillan. Le Secrétaire des séances, D' PAUL BROCCHI. UI. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS. 1e SECTION. — SÉANCE DU 8 JANVIER 1889. PRÉSIDENCE DE M. HUET, VICE-PRÉSIDENT. La section procède à l'élection du bureau, pour la session de 1889. Elle désigne, en outre, un Délégué-rapporteur pour la Commission des récompenses. Sont élus : President, M. Decroix. Vice-Président, M. Huet. Secrétaire, M. Mailles. Vice-Secrétaire, M. Cloquet. Déléqué-rapporteur, M. Mailles. M. Grisard dépose sur le bureau le travail de M. Suchetet, relatif aux Chabins (Hybrides de Bouc et de Brebis) et donne lecture de ses conclusions. M. Mailles fait remarquer que ce mémoire n’apporte aucune preuve formelle de l'existence d’Hybrides des espèces Chèvre et Mouton. M. Huet, à ce propos, dit que les soi-disant Chabins que le Mu- séum a reçus, aiusi que ceux du Jardin d’Acclimatation, sont tout simplement des Moutons, comme l'ont démontré des autopsies faites à Alfort. Leur toison diffère un peu, cependant, de celle des races ovines d'Europe. M. Huet ajoute, et cet avis est partagé par la section, que le Bulletin ferait bien de n’accueillir, en fait de travaux se rap- portant aux Hybrides, que ceux dans lesquels les auteurs signale- raient des résultats obtenus sous leurs yeux. | M. Mailles rappelle que la Société a l'intention de créer un question- naire relatif à la résistance des animaux au froid et propose, qu’à la prochaine réunion, la section s’occupe du programme à rédiger défini- tivement. M. le Président désire savoir, pour la première séance, si le Minis- tère de l’Agriculture a répondu à notre demande, tendant à en obtenir l’appui pour essayer l’acclimatation, en France, de quelques espèces de Cervidés. Il est à désirer que cette entreprise si intéressante ne soil pas abandonnée. Le Secrétaire, Ch. MAILLES. IV. JARDIN ZOOLOGIQUE D’ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE. CHRONIQUE. TEMPÉRATURES DU 24 JANVIER AU 9 FÉVRIER 1889. Maxima. Minima. TR pe de el Le Plus haut, Plus bas, Plus haut, Plus bas. Bois de Boulogne. ..…........,, “+ 89.. + 10,4 + 5 = 09.5 Jardin de Marseille......... + 15° + 3° + Qo — 30 Jardin d’Hyères.......... AE ODpE MiLpeto A DR pe TE 29e Jardin de Tours............ + 605 +192 + 42 — 50,5 La troupe de Lapons dont nous avons annoncé l’arrivée au Jardin dans notre avant-dernière chronique, compte un membre de plus. Le jeudi 31 janvier, nous est née une petite Laponne, fille de Anders Pe- tersen Kroïss et de sa mère Margrethe Ulsdatter, femme Kroïss. L'enfant a recu les noms de Sophia, Marguerite, Aurore, Parisienne. Ce n’est pas la première fois que nous avons à enregistrer des nais-— sances dans le campement de nos hôtes. Les Fuégiens, les Kalmoucks, les Cynghalais ont vu tour à tour leur famille s’augmenter pendant le séjour au Jardin. Les naissances survenant pendant le cours de nos exhibitions ethno- sraphiques ont inspiré à notre ami M. Fulbert-Dumonteil, dans un article publié par {4 France, sur la nouvelle venue, les lignes suivantes : « Destinée vraiment singulière que celle de ces petits Parisiens de hasard : rapatriés et grandis dans leurs steppes ou leurs déserts, leurs îles lointaines ou leurs archipels sauvages, séparés les uns des autres par les continents et les mers, ces Fuégien, Kalmouck, Cynghalais, Lapon, sont pourtant des compatriotes ayant pour berceau commun la grande pelouse du Jardin et promenant aux quatre coins du monde le prénom étrange et magique de Paris ou de Parisienne. » Le pavillon de la Pisciculture présente, en ce moment, un intérêt très particulier, car on y voit une quantité très considérable d'œufs en incubation et d'alevins de Salmonides récemment éclos. Nous serons en mesure, cette année, de fournir beaucoup d'élèves pour le repeuplernent des eaux. A cette occasion nous pouvons donner d'excellentes nouvelles des jeunes Salmo Quinnat, nés des œufs importés de Californie par la Société nationale d’Acclimatation, et qui servent, en quelque sorte, de témoins à la grande opération qui se poursuit au laboratoire de Quillan, dans l’Aude. Nos jeunes Poissons se portent le mieux du monde; et leur éducation se poursuit dans les meilleures conditions, sans mortalité sensible. Les quelques décès que 206 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. nous avons constatés ont eu pour cause la férocité dont ces petits Saumons font preuve les uns envers les autres. Pontes et naissances. — Les Cagous (RAinochetes jubatus) de la Nou- velle-Calédonie ont pondu un œuf le 9 février, le second depuis le commencement de l’année. Les oiseaux le couvent avec grand soin et semblent cette fois vouloir mener à bien l’incubation. Ils n'avaient pas montré d'aussi bonnes dispositions à la dernière ponte (8 janvier), car l’œuf mille fois changé de place, roulé par eux à travers la volière, avait été cassé. On se souvient que l’an dernier ces rares et curieux oiseaux ont couvé avec succès leur œuf, toujours unique, mais qu'ils ont tué le jeune au moment même de sa naissance. Aurons-nous plus de succès cette année ? Les Ibis du Chili (Züis melanopis) et les Ibis sacrés (Züis religiosa), de Nubie et du Sénégal, sont en pleine ponte. La naissance de plusieurs Cerfs Axis et Antilopes cervicapra, dans cette quinzaine rigoureuse, montre bien la rusticité de ces deux espèces. Sauf une jeune Antilope, née dans la nuit du 4 au 5 février, par une température de — 6°, tous ces élèves ont résisté. Quoique la résistance de ces espèces au froid ait été constatée bien souvent déjà, nous ne nous lassons pas de répéter nos observations, car ceux qui s’occupent d'élevage ne savent pas assez combien elle est grande. Jardin de Hyères. — Dans l’un de nos enclos, vivent en bonne in- telligence trois Dromées (Casoars-Emeus) d'Australie, un mâle et deux femelles. Ces ciseaux, nés au Bois de Boulogne en 1886, ont pondu dès 1887, mais sans couver. Cette année, l’une des femelles a donné six œufs que le mâle a couvé assiduement, se levant chaque jour pour manger. Il sortait de son abri seulement tous les irois jours pour aller boire. D’un pas alerte, il quittait la cabane, faisait le tour du parc, buvaïit et rentrait vivement reprendre son poste sur les œufs ; l'incubation a duré 52 jours (du 14 décembre au 5 février). Trois jeunes sont éclos. Comment va se comporter vis-à-vis des élèves la femelle qui n’a pas pondu ? Il y a là une expérience intéressante à suivre. Nous ne manquerons pas de tenir au courant de nos observa- tions les lecteurs de ces chroniques. Nous avons tenu à consigner ici la précocité des Casoars, car on pensait que ces gros oiseaux rudipennes reproduisaient seulement à l’âge de trois ou quatre ans. En effet, il est admis, croyons-nous, que les Autruches ne sont pas fécondes avant quatre ans. On voit qu'il n’en est pas de même pour les Casoars et la précocité observée à Hyères n’est pas une exception. Ce fait nouveau vient confirmer celui que nous avons cité, il y a déjà longtemps, et qui a été observé dans le parc des Aulxjouannais où des Casoars, âgés d’un an seulement, ont donné des œufs fécondés. V. CHRONIQUE ÉTRANGÈRE. Chronique d'Allemagne. Le repeupiement des fleuves allemands. — En quatre ans, de 1884 à 1887, les nombreuses sociétés de pisciculture allemandes ont confié aux fleuves, aux rivières et aux ruisseaux, qu’elles couvrent de leur protection, 29,407,000 alevins se répartissant de la façon suivante : 1,007,000 poissons divers, 9,703,000 Saumons, 666,000 Truites de lacs, 750,000 Truites de ruisseaux, 435,000 Truites de mer, 5,197,000 Coré- gones, 550,000 Anguilles, 5,569,000 Murènes américaines et 5,530,000 autres poissons américains. Des mesures ont été prises de tous côtés pour empêcher la dispari- tion des Écrevisses, que ravageaient de cruelles épidémies. Du 21 avril au 8 juin de l’année courante, en six semaines par con- séqueni, la Rheinische Fischerei Verein, Société de pêche du Rhin, a fait jeter dans les ruisseaux de la région constituant sa zône d’opéra- tions, 367,400 alevins de salmonides, représentés par 81,000 Saumons et 20,000 Truites éclos dans son propre établissement, et 266,000 Saumons et 400 Truites saumonnées, éclos dans le laboratoire de l'Institut anatomique de Bonn. Un des collaborateurs les plus plus dévoués de cette Société, l’ins- pecteur des pêches von Winterstein, a fait éclore de son côté 640,000 œufs de Truites et 240,000 œufs de Saumons, dont 100,000 appartenant à la Société. Ces 880,000 alevins ont été jetés dans la Sauer, en trois endroits où des ruisseaux se déversent dans la rivière. M. von Winterstein a confié en outre aux ruisseaux du district de Trèves, 158,000 alevins éclos chez différents membres de la Société rhénane. M. Hansen, propriétaire d’un appareil d’éclosion à Siesburg, a également jeté 20,000 alevins de Saumons dans la Sieg. Vers la fin du mois d'août, c'est-à-dire en deux mois et demi, les jeunes Saumons ainsi dispersés avaient atteint une longueur de 9 centimètres, et leur poids s'était accru dans le rapport de 1 à 30. L'établissement de Welschneudorf s'occupe enfin de propager la Truite arc-en-ciel, poisson du nord de l’Amérique introduit en Europe depuis quelques années. On annonce par contre que les tentatives opérées en vue de multi- plier les Aloses dans le-Rhinïont donné peu de résultats, jusqu’à pré- sent pour la région de Coblentz, et que la richesse du Mein, le fleuve le plus poissonneux autrefois de toute l'Allemagne, décroît progressi- vement par suite de sa canalisation, et de la pollution de ses eaux, que souillent les eaux vannes des nombreuses usines installées sur ses rives. Les sociétés allemandes commencent cependant à voir leurs efforts 208 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. assidus sanctionnés par le succès. En 1887, on a pêché dans la Sauer 4,500 kilos de Saumons, pour 3,900 kilos en 1886, et 2,740 kilos dans l'Our pour 1,547 l’année précédente. La Société de pêche du Rhin s’est occupée cet hiver, tant dans son laboratoire que dans celui de l’Institut anatomique de l'influence qu’exercent le refroidissement et l’aération de l’eau des bassins sur l'éclosion des œufs et la croissance des alevins. L’eau des ruisseaux se trouve en effet refroidie et chargée d'oxygène par son agitation continuelle au contact de l’air, en même temps que son acide carbo- nique se dégage ou se précipite sous forme de carbonale de chaux. Elle est donc plus favorable à la respiration des poissons que l’eau de source, très pauvre en oxygène et contenant une forte proportion d'acide carbonique libre et de carbonates dissous. Afin de se rapprocher autant que possible de ces condilions naturelles, on laissait les fenêtres des salles d’éclosion de l'Institut anatomique ouvertes jour et nuit, excepté pendant les fortes gelées, et l’eau se chargeait d'air en tra- versant plusieurs bassins avant d'arriver à ceux qui contenaient les œufs ou les alevins. Dans une notice insérée à la suite de l'Annuaire de la société, le docteur Barfürth, privat docent et prosecteur à 1’ Ins- titut anatomique de Gôttingue, combat, il est vrai, l'opinion générale- ment admise, que la haute température de l’eau de source amènerait une éclosion beaucoup trop rapide des œufs, dont les alevins devraient être jetés dans les ruisseaux à une époque où la nourriture y est encore insuffisante. Les sociétés allemandes ont constaté par expérience qu’on peut employer l’eau de beaucoup de sources, sinon même de toutes. Depuis plusieurs années, le professeur de la Valette Saint-Georges ne fait usage que de l’eau de source dans son établissement d’Auel, et on procède de même à l'aquarium de l’Institut anatomique de Bonn, où les œufs de Saumons éclosent en cent quarante-deux jours dans l’eau à 7°. VI. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. Importations de peaux. — Les chiffres cités plus bas que nous avons relevés dans les journaux anglais donnent une idée de l’impor- tance du commerce de pelleteries australiennes qui se fait aujourd'hui. Dans le courant de janvier 1888 il a été vendu à Londres aux enchères publiques 936,000 peaux d’Opossum (Phalangista vulpina). - Dans le même mois on a enregistré la vente de 300 balles de peaux de Lapins d'Australie. Dans le mois suivant le nombre des balles vendues s’est élevé à 1642, chaque balle contenant douze douzaines de peaux de Lapins, lies 1942 balles vendues, en janvier et février, repré- sentent environ 250,000 dépouilles. Le nombre des peaux de Kangurous, vendues en janvier et en février 1888, a été de 16,400. Enregistrons encore la vente de 3,000 -peaux de Phascolomes Wombat et de 150 peaux de Casoars-Emeus. Aux mêmes enchères ont élé adjugées dans le même mois 1850 peaux d'Alligators, 41,000 peaux de Singes africains et 66,000 peaux d'Opossums américains [(Sarizues). La vieille Europe, on le voil, puise largement dans les faunes du Nouveau-Monde et de l'Australie pour pourvoir à ses divers besoins. Chevaux australiens et Chevaux du Cap. — L'accroisse- ment subi pa: les effectifs de guerre de toutes les armées européennes qui fait enrôler non seulement les hommes, mais aussi les Chevaux, donne une grande importance à l'introduction en Europe ou dans les colonies se fournissant en Europe de chevaux originaires d’autres con- trées. Les Iles Britanniques, par exemple, ne pourraient fournir la moitié du nombre de Chevaux nécessairés à la mobilisation de l’armée an- glaise. Nous reproduisons sur cette intéressante question des extraits de deux lettres publiées par le Zive Stock journal, lettres relatives à l'emploi : du Cheval australien et du Cheval du Cap de Bonne-Espé - rance. Les Chevaux abondent en Australie, où un grand nombre d’entre eux ont repris la vie sauvage et sont désignés sous le nom de Bromfries. On les chasse, paraît-il, uniquement pour leur cuir et leurs crins, et un voyageur, M. William Senior, cite un chasseur qui en détruisit, en deux ans, l'énorme chiffre de 3,000. On pourrait surtout se procurer une grande quantité de Chevaux dans le Queensland el les régions septentrionales de l'Australie occidentale et méridionale, où des pla- teaux situés à une altitude moyenne de 500 mètres, jouissent, parait-il, d’un climat plus favorable que tout autre à l'élevage des animaux appelés à vivre en Europe. La température, en effet, ne s'y abaisse 210 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. jamais assez pour arrêter la croissance pendant l'hiver, tout en restant suffisamment tempérée pour que les Chevaux originaires de ces régions supportent facilement le travail sous notre latitude du Nord. La somme de résistance la plus considérable qu'on puisse exiger d’un animal de selle, est fournie par les Chevaux australiens sur les stations à bétail. Exclusivement nourris d'herbes, ils marchent qua- torze heures par jour, en terrain fort accidenté, avec leur cavalier sur le dos. On a obtenu d'excellents résultats en les croisant avec la race arabe. et les produits de ce croisement constitueraient d’admirables Chevaux de guerre, à condition de ne pas leur faire porter un homme pesant plus de 75 à 80 kilogr. Afin de diminuer la longueur et le prix de la traversée, les Chevaux destinés à l'exportation pourraient traverser l'Australie, du sud au nord, et s’embarquer à Port-Darwin, d'où un vapeur filant 12 nœuds les conduirait assez rapidement en Europe, et en douze jours à Calcutta. La colonie du Cap occupe, elle aussi, une situation assez favorable grâce à sa distance à peu près égale des marchés européens et asia- tiques. Les navires qui en partent peuvent atteindre l’un ou r’autre àes ports anglais en trois semaines, et Bombay en 15 jours environ. Le Cap fournirait, paraît-il, une très belle race et à aussi bon compte que l'Australie. Le Poney Basuto, infatigable, au pied très sûr, endure parfaitement la chaleur, et trouve moyen de prospérer là où tout autre Chevai péri- rait. Il est habitué à vivre dans les pâturages sans s’écarter, franchit des étapes de 50 kilomètres, reste en place pendant des heures, la bride sur le cou, et ne s’effraie pas des coups de feu. Ce serait enfin l'idéal du Cheval destiné à transporter le fantassin, du Cheval de l'in- fanterie montée. | Quand lord Charles Somerset gouvernait la colonie du Cap, il fit de sérieuses tentatives pour améliorer la race barbe espagnole primitive, et les animaux qu’il avait obtenus rendirent de grands services pendant la campagne de répression contre les Cipayes. Avant cette guerre du reste, les Chevaux du Cap étaient déjà connus et estimés aux Indes, mais c’est surtout à cette époque que leurs qualités se révélèrent. Il n’en mourut pas un seul pendant la traversée, et ils s’accommodèrent immédiatement du climat asiatique. Malgré leur faible taille, ils por-. taient les dragons anglais les plus lourds, enlevaient les canons, résis- taient au froid, à la chaleur, à la pluie, restaient en bonne santé avec une nourriture peu abondante et excessivement variée, et se faisaient surtout remarquer par leur docilité. À côté d'eux, les Gallois man- quant de force et de courage se voyaient décimés par les affections hépatiques et les fièvres, maigrissaient, dépérissaient au sein de l'abondance. Le 7° régiment des dragons de la garde était monté en Chevaux CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 211 du Cap pendant sa campagne sur le fleuve Orange, et plus tard le 13€ hussards les employa au Canada. La récolte des plumes d’Autruches. — La première récolte des plumes d'Autruches dans les établissements d'élevage américains s'effectue dès que les animaux ont atteint l’âge d’un an, et on réitère ensuite l'opération tous les neuf mois. La queue et les ailes, les seules parties dépouillées, fournissent, suivant le sexe, des plumes blanches, grises, brunes ou noires, qui s’emploient sous leur couleur naturelle ou après avoir subi l’action de la teinture. La force des Autruches et les terribles coups de pied qu’elles peuvent décocher par devant font de l'enlèvement des plumes une opération assez dangereuse; aussi deux individus doivent-ils s'en charger en procédant de la façon sui- vante : Dans un des angles de chaque parc à Autruches, on voit une sorte de guérite assez haute, ayant 1 mètre 50 environ de côté. Un des hommes entre dans la guérite, où il répand une poignée de grains sur le sol, l’autre reste à l’extérieur. Une Autruche s'approche, allonge son long cou dans la guériteet se met à picorer le grain. L'homme resté dans l’enclos, la pousse alors vivement, mais sans violence, vers l’intérieur, pendant que son compagnon la saisissant par le cou, lui enfonce la tête dans une sorte de chausse en tissu épais, de sac long et étroit, fixé à la paroi faisant face à la porte. L'animal aveuglé ne cherche plus à se défendre, et la récolte peut aussitôt commencer, mais les deux hommes ont soin de toujours se tenir derrière l’Autruche, afin de ne pas s’exposer à la lame redoutable qui prolonge son orteil. Les plumes sont arrachées ou coupées. Chaque aile en fournit d'ordinaire vingt-cinq grandes. et la queue une dizaine, sans compter un certain nombre de pelites. Une espèce de mite qui vit sur les Autruches attaquerait les plumes si on les emmagasinait immé- diatement, aussi les expose-t-on pendant deux ou trois jours aux rayons ardents du soleil qui fait périr l’insecte. Les plumes des animaux élevés dans les autrucheries américaines sont généralement beaucoup plus belles et plus estimées que celles des Autruches vivant en liberté. Le Cresson de fontaine. — Paris consomme chaque année pour 1 million de francs environ de Cresson de fontaine, Londres, dont la po- pulation est beaucoup plus considérable, pour 575,000 fr. seulement. C’est vers 1808 que le Cresson est devenu l’objet d’une culture en An- gleterre, où on se contentait autrefois de le recueillir dans les mares ct dans les ruisseaux. Un maraïcher de Springhead, localité située non loin de Gravesend, M. Bradbury, ayant remarqué que le Cresson poussant naturellement dans les mares de cette région était beaucoup plus savoureux que partout ailleurs, supposa que la culture pourrait 212 REVUE DES SCIENCES NATURÈELLES APPLIQUÉES. encore accroître ses qualités, il organisa des cressonnières et trouva bientôt de nombreux imitateurs. Il existe d'importantes cressonnières aux environs d’Erfurth en Allemagne; leur rapport annuel s'éleverait à 250,000 francs environ. Les Anglais ont importé le Cresson en Nouvelle-Zélande et ce chan- gement de climat lui a donné une nouvelle vigueur, en accroissant considérablement les dimensions de ses feuilles, aussi menace-t-il d’envahir toutes les eaux de cette contrée. Le Cresson se cultive aussi dans l'Inde anglaise, mais on doit éviter les rayons trop ardents du soleil, en couvrant les mares d’appentis. (Times de Chicago). ‘Apparition et disparition d'espèces végétales. — L'île de Krakatoa, que la catastrophe du 27 août 1883 avait absolument dénu- dée, se couvre maintenant d’une nouvelle série de plantes dont l’ap- parilion successive reproduit, à une échelle très réduite, il est vrai, la lente évolution suivie par le monde végétal pendant et depuis les grandes périodes géologiques. Cetle flore, étudiée, en 1886, par M. Treub, directeur du Jardin botanique de Buitenzorg, près de Bata- via, est l'objet d'un intéressant mémoire que ce savant a publié dans les annales de l'établissement qu'il dirige. Le Krakatoa forme an piton de 850 mètres environ d’altitude, dont les flancs tombent. d’un côté, presque verticalement dans la mer pour s’abaisser moins rapidement de l’autre. Une faible bande horizontale borde cette partie de l'ilot. Sa nouvelle végétation se scinde en deux flores bien distinctes, lo- calisées sur la montagne et sur cet étroit rivage; deux espèces seule- ment sont communes à l’une et à l’autre. Cette végétation ne peut dériver des plantes qui couvraient le récif avant l’éruption de 1883, car la couche de cendres brûülantes et de pierres ponces, ayant 0,60 à 1 mètre d'épaisseur, qui le revêtit depuis son sommet jusqu’au des- sous du niveau de la mer, en a fait un milieu assimilable à des vases, contenant des liquides stérilisés par la chaleur, où peuvent seuls se développer les germes qui y sont introduits après refroidissement. Toutes les plantes de la côte, sauf une herbe de Java, appartiennent aux végétaux qu'on trouve sur les îles madréporiques d’émersion ré- cente. La montagne présente cette particularité de ne pas posséder moins de onze esoèces de Fougères qui, jointes aux quelques phané- rogames isolées sur la côte et la montagne, constituent toute la flore de l’île. Les phanérogames de la montagne comprennent 4 Composées : 1 Wollastonia, une sorte de Sénecon, et 2 Conyzas. Le vent seul a pu amener ces semences sur le sommet où elles se sont implantées, et jusqu'à présent on avait constaté que les graines des Composées élaient très difficilement dispersées par les agents atmosphériques, et ne pouvaient passer de bras de mer même très étroits; or le Kraka- toa est à 20 miiles de Java et de Sumatra. Les Fougères préparent CIRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 213 évidemment le terrain pour les phanérogames de l'avenir, mais si peu exigeantes que soient ces plantes rudimentaires, comment leurs spores ont-ils pu germer et s'enraciner sur un sol essentiellement aride fait de cendres et de ponces volcaniques ? C’est que les Fou- gères, terme de transition pour les phanérogames, avaient élé précé- dées par d'autres plantes, par des algues, qu’on trouve encore en couches visqueuses vertes ou vert-bleuâtres sur presque toule la sur- face du rocher. Les spores des Fougères, recueillis par les algues dé- composées, ont puisé dans cet engrais les principes organiques néces- saires à leur existence. Les algues ont donc préparé le sol pour les Fougères comme celles-ci le préparent pour les phanérogames. Si cependant on n'importe pas dans l'ile des graines de plantes vivantes à de grandes altitudes, la flore phanérogamique du Krakatoa se con- finera toujours dans la zone inférieure, et le sommet ne possédera que des Fougères, et quelques lycopodes peut-être comme on en trouve à Juan Fernandez et à l'Ascension. La végétation du Krakatoa se com- pose exclusivement d'espèces contemporaines. On sait cependant que des plantes qui fleurissaient aux temps héroïques ou légendaires réapparaissent parfois après des siècles de sommeil, et se présentent comme des nouvelles venues aux botanistes modernes. C'est ainsi que la Société d'exploitation des mines d’argent du Laurium en Grèce, traitant à nouveau les scories laissées par les métallurgistes de l’antiquité, a vu ces amas de matériaux se couvrir &es petites fleurs jaunes, d’une papavéracée du genre Glaucium, décrite jadis par Pline et Dioscoride, dont les graines, ensevelies depuis vingt siècles, ont germé spontanément en revenant à la surface du sol. Le goût sans cesse croissant pour les fleurs des champs, des bois et des montagnes, tend, d’un autre côté, à amener la disparition de certaines espèces peu communes ou particuliérement recherchées. En Suisse, on a dù prendre des mesures pour protéger l'Edelweiss (Gna- phalium Leontopodium', cette petite plante des sommets, vêtue d’une ouate grisâtre, si connue des alpinistes. Les touristes allemands, l’ar- borant à leurs chapeaux, l'ont presque transformée en emblême natio- nal ; cette mode ayant provoqué une consommation considérable des fleurs d'Edelweiss, la Société des plantes alpestres de Genève s’est préoccupée de mulliplier cette espèce menacée de disparition. Les Allemands, du reste, ont récemment réussi à cultiver l'Edelweiss au Jardin zoologique de Berlin. Citons encore un fait analogue. La pri- mevère (Primula veris), signe de ralliement pour les libéraux anglais, qui abondait autrefois aux alentours de Londres, a progressivement reculé et on n’en trouverait plus aujourd'hui une seule touffe sur un rayon de plusieurs milles. L'Osmonde (Osmunda regalis) ou Fougère royale, très commune jadis dans le Cornouailles el divers autres comiés de l'Angleterre, est, elle aussi, devenue maintenant une rarelé. VII. BIBLIOGRAPHIE. Der Zoolïlogische Garten rédigé par M. le professeur D' Noll, Francfort-sur-Mein. N° 10, 1888. A l'aquarium du jardin zoologique de Munster, en Westphalie, on a obtenu de très bons résultats d'un appareil simple pour l'aéralion de l'eau. Une cloche de verre un peu allongée, en forme de poire, de Om,10 de long, à deux ouvertures d'entrée, finit par une longue pointe percée. Au bout large, dans l’axe de la poire, entre une nouvelle pointe de verre percée qui finit justement derrière la pointe de la poire ; elle est reliée à la conduite d’eau qui lance avec grande force un jet mince par les deux pointes de verre dans le bassin. Or, la poire est remplie d’air entrant au moyen d’un tuyau qui pénètre par son autre ouverture et s'arrête au-dessus du niveau du bassin. Le jet d'eau, en traversant l’espace qui sépare les deux pointes, entraîne l'air et le pousse dans l’aquarium où il remplit l’eau d'innombrables pe- tites bulles d'air. L'effet de cet appareil excessivement simple et peu dispendieux est excellent. Aïnsi le directeur du Jardin, professeur Dr Landois, a pu tenir des Truites en parfaite santé, pendant plus de six mois, grâce à cet appareil, dont il donne un dessin. H. LANDOIS. Le Jardin zoologique de Moscou qui, au moment de sa fondation, avait été richement doté et promettait beaucoup, se trouve malheureuse- ment dans une situation peu prospère ; l'intérêt du public s’en esi détourné. Au mois de septembre 1888, il y avait dans l'établissement seu- lement : 51 espèces d'oiseaux représentées par 259 exemplaires, 32 — de mammifères — 184 —. 1 — de reptiles _ 4) = 84 espèces d'animaux représentés par 444 exemplaires. Les Singes et les félins faisaient entièrement défaut. C. GREVÉ. La Vipère commune (Pelias berus\ n'est pas répandue également dans toute l'Allemagne. Elle se trouve sur le territoire entier des Alpes al- lemandes, sur les plateaux de la Souabe et de la Haute-Baviere jus- qu'au Danube ; on la rencontre dans la Forêt-Noire, sur le Jura de Franconie et dans toutes les montagnes du centre del'Allemagne. Dans la plaine septentrionale de ce pays elle est fort répandue, par contre, elle manque dans le grand-duché de Bade et le Wurtemberg septen- trionaux, en Basse-Franconie, excepté les montagnes de la Rhôn, dans le grand-duché de Hesse, dans l'arrondissement de Wiesbade, la pro- vince Rhénane, le Palatinat, et dans l'Alsace Haute et Basse. BIBLIOGRAPHIE. 219 La Vipère commune aime une température moyenne assez basse, un sol marécageux. Des fleuves souvent l’'empêchent d'aller plus loin. De toutes les espèces de serpents, c’est celle qui pénètre le plus haut vers le nord et aussi le plus haut dans les montagnes ; elle monte à 2,500 mètres d'altitude. Les exemplaires des lieux élevés sont plus petits (0,45 de long) que ceux de la plaine qui atleignent 0M,60. La Vipère se meut da- vantage le jour que la nuit; elle ne va pas volontiers dans l'eau quoi- qu’elle n'évite pas sa proximilé. Les blessures causées par la Vipère commune sont souvent suivies de longues maladies et causent parfois la mort. On évalue les mor- sures faites par la Vipère, dans les dix dernières années, à six cents en Allemagne. Pour empêcher l'empoisonnement, on recommande : de sucer la plaie pourvu qu'on n'ait pas de blessures à la bouche, de laver le membre mordu et d'y faire une ligature. L’élargissement de la plaie pour la faire saigner est aussi recommandé. On conseille aussi de faire des injections sous-cutanées de sel ammoniaque, ainsi que de faire absorber beaucoup de boissons alcooliques. J. BLUM. L2 Serin ou Cunari s'accouple facilement avec d’autres espèces. Avec les Pinsons, il donne souvent d’intéressantes mélis, mais ces croisements avec le Pinson (Fringilla cœlebs) sont plus rares que ceux du Canari avec le Chardonneret (Carduelis). Pour les favoriser, le mieux est d'enlever les jeunes oiseaux sauvages du nid, de les élever et les mettre ensemble dans une cage avec la femelle qui leur est destinée. Peu avant le moment des couvées, on les sépare pendant quelque temps de manière que les deux oiseaux puissent se voir l’un l’autre, et on les réunit ensuite de nouveau. Nous pouvons citer un fait assez curieux : un Pinson et une femelle. de Canari habitaient ensemble une cage; la femelle, ayant fait un petit nid sur une branche bifurquée, on remarqua que c'était plulôt un nid de Pinsons qu'un nid de Canari. Deux jeunes sortirent des œufs, mais ils furent trouvés morts sur le sol de la cage, cinq jours après la naissance. La femelle mourut bientôt aussi. E. RiNDIGER. Le Dermeste de lard (Dermestes bicolor, est bien plus rare que le Dermesles lardarius, Yespèce ordinaire. Il a des élytres rayées, sur le dessus il est noir et porte des poils très fins, sur le dessous il est brun-rouge. Il paraît principalement vivre dans les volières à Pigeons, où. il a été trouvé plusieurs fois. On a observé aussi que sa larve poilue avait pu faire des trous dans la peau des petits Pigeons et avait ainsi causé leur mort. Dans la même volière, on a trouvé aussi des Punaises à poussière (Reduvius personatus) de tous les âges. Cn ignore si ces Punaises 216 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. sucent les Pigeons. Par contre, il a été reconnu, antérieurement déjà, que les animaux suivants sont nuisibles aux jeunes Pigeons : La Punaise commune (Cimex lectularius), les larves du Bousier (S/pha) du fossoyeur (Necrophorus) et du Dermeste commun ainsi que du Ver de farine Tenebrio molitor. L'ÉDITEUR. Le Jardin zoologique de Frañcfort-sur-Mein a de nouveau obtenu quelques augmentations dans l'effectif de ses animaux. Les Lemu- riens de Madagascar sont représentés par sept espèces, dont un couple de Makis Varis (Lesmur varius) ei un Chat-Maki (Chirogaleus Coquereli. 1 ÿ à trois Roussettes (Pferopus Edwardsii) et deux Cynonyc- leris collaris. Parmi les petits carnassiers, un couple de Kusimause (Crossarchus obscurus) démontre bien que ces animaux apparliennent à la famille des Herpestidés. Puis il faut aussi mentionner un couple | de Gnous rayés (Catopeblas taurina) et une Antilope-Buffle (Anoz depres- sicornis). D' HAAGCKE, directeur. Le Jardin zoologique de Cincinnati (Amérique du Nord) possède un couple de Chimpanzés, âgés de trois ans. Ces Singes ont vite ap pris à faire usage des ustensiles qu’on leur a donnés. Ils jouent sur leur chaise à bascule, mangent à la fourchette, boivent dans des coupes et portent des tapis d’une place à l’autre. Dernièrement le mâle était assis sur la chaise à bascule, couvert des deux tapis. La femelle, voulant avoir le sien, alla l’arracher au mâle, qui cependant tenait fort, si bien qu il fut tiré à bas de la chaise. Indigné, le mâle alla ad- ministrer une correction à la femelle qui se mit à crier et chercha protection auprès du D' Zipperlen, qui nous a donné ces détails, et qui était posté près de la grille. Encourugée par celui-ci, elle retourna tirer le tapis et l’obtint enfin. D' A. ZIPPERLEN. Sur la côte de Juan Fernandez, l'Eléphant marin (Phoca elephantina) est extcrminé ; on l’a trop chassé à cause de son excellente huile. L'Olaria ursina est le véritable Ours marin, il diffère et de l’ Otaria australis et.de l'Ofaria Philippii. Ce dernicr est assez différent pour être reconnu comme une bonne espèce. D' R.-A. Puizrppi. a —— Le Gérant : JULES GRISARD. DT DUT er ci RUB DU PLESSIS LR RIMERIE CERF ET FILS, 59, —IMP) . TBRSAILLES, 1. TRAVAUX INÉDITS ADRESSÉS A LA SOCIÉTÉ. LE SYRRHAPTE PARADOXAL ET SA NATURALISATION SPONTANÉE EN EUROPE Par L. MAGAUD D’AUBUSSON. L'année 1888 a été marquée par un événement ornitholo- oique important. Il a déjà fait l’objet, en France et à l’étran- cer, d'un grand nombre de communications. Si j'y reviens aujourd'hui, c’est moins pour grouper dans un travail d'en- semble les faits recueillis par les observateurs que pour les rattacher à l’ordre des études que nous poursuivons, en mettant en lumière l'intérêt pratique qu'ils peuvent revêtir. On devine que je veux parler du passage à travers l’Europe des Syrrhaptes, de cette migration d'oiseaux venus d’Asie à la suite de circonstances qu'il serait sans doute téméraire de vouloir déterminer d’une manière précise. Mais avant de tracer l'itinéraire de ces voyageurs aven- tureux, avant de montrer qu'il ne serait peut-être pas impos- sible de retenir chez nous ces hôtes inattendus, que la rigueur des lois naturelles a mis hors de leur patrie, il est nécessaire tout d’abord de les faire bien connaître. Ces oiseaux singuliers, comme le pays dont ils sont origi- naires, appartiennent à une tribu empreinte elle-même d’un orand cachet d’étrangeté. Les espèces qui la composent semblent tenir à la fois des caractères des Pigeons et de ceux des Tétras. Ils s’éloignent de ces derniers non seule- ment par des différences anatomiques nettement accusées, mais aussi par les habitudes, par la forme de l'aile plus allongée, par un vol plus élevé et plus soutenu. Cette confor- mation et cette étendue de l'aile, ce vol puissant et varié dans ses allures, réunis à quelques particularités du squelette les rapprochent au contraire des Pigeons. D'autre part, un natu- raliste allemand, le docteur Altum, leur a trouvé des points de ressemblance avec les Outardes. Ils possèdent toutefois un 5 Mars 1889. A5 218 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. caractère extérieur qui les ramène aux gallinacées, c’est l'in- sertion du pouce, lorsque ce doigt existe, bien au-dessus du plan des doigts antérieurs, caractère dominant, on le sait, de l’ordre des gallinacées. À vrai dire, on pourrait considérer ces oiseaux comme établissant le passage naturel des Tétraonides aux Pigeons, mais prenant en considération le caractère fourni par le mode d'insertion du pouce et une certaine somme de ressemblances extérieures, les méthodistes en ont fait généralement une division de la grande famille des Té-— traonides, sous le nom de Ptérocliens. Cette sous-famille, si on s’en rapporte à la forme du pied, peut se décomposer à son tour en deux genres, l’un fondé sur les Gangas qui ont un pouce rudimentaire, l’autre sur les Syrrhaptes, chez qui le pouce est nul. | On ne connait jusqu'à présent que deux espèces de Syr- rhaptes, toutes les deux asiatiques, le Syrrhapte du Thibet (Syrrhaptes Tibelanus, Gould), et le Syrrhapte paradoxal (Tetrao paradoxus, Pallas), dont nous allons nous occuper. L'introduction de cet oiseau dans la science ne remonte pas à une époque bien ancienne. C’est seulement vers la fin du siècle dernier, en 1776, que Pallas le décrivit pour la pre- mière fois dans l’Appendice de ses Voyages (1). Ce premier spécimen connu avait été rencontré dans les déserts sablon- neux de la Tartarie australe. C'est, en effet, sur les vastes plateaux déserts, arides, nus ou à peine couverts de quelques bruyères, de quelques buis- sons rabougris, que les Syrrhaptes habitent et se plaisent. On ne les trouve que dans les steppes qu'ils parcourent sans cesse d’une aile rapide, car ces lieux désolés ne pouvant leur four- nir qu'une nourriture rare et dispersée, ils sont obligés de visiter, chaque jour, des espaces considérables. Cette nourri- ture précaire consiste surtout en graines et jeunes pousses. On n’a trouvé jusqu'ici, du moins, dans l'estomac des individus tués en Europe et observés en grand nombre lors des migra- tions de 1863 et de 1888, aucune trace de nourriture animale, insectes, vers ou larves. Pour se déplacer, ils volent en rangs serrés et font entendre, en volant, un cri tout particulier. Ils viennent boire à des heures fixes, et arrivent de toutes les di- (1) Voyages dans plusieurs provinces de l'Empire de Russie et de l'Asie septen- trionale (1776). Appendice, LE SYRRHAPTE PARADOXAL. 219 rections aux abreuvoirs naturels semés dans la steppe. C’est le moment où le chasseur peut espérer les surprendre, car ils sont très méfiants et partent ordinairement de fort loin. Ces oiseaux sont monogames. Au printemps, ils vivent par petites bandes de quatre à six couples qui nichent en compagnie; mais en automne, ils constituent des troupes de plusieurs centaines d'individus. Ils n’ont d'autre nid qu'une dépression pratiquée sur le sol. Les œufs sont au nombre de quatre. Leur couleur varie du gris brunâtre sale au gris verdàtre clair, parsemé de petites taches d’un brun terreux. La nature prévoyante a pourvu d’une manière ingénieuse à la protection de ces êtres sans défense dans un pays sans abri, en répandant sur leur plumage les teintes mêmes des lieux qu'ils fréquentent. Leur livrée est celle du désert où ils passent inaperçus, fondant les nuances de leur costume dans la tonalité du sol et des objets qui les entourent. Comme physionomie générale, ils ressemblent assez à une Perdrix d’un gris roussätre avec des ondes d’un jaune terreux sur les côtés de la tête et des lunules brunes sur le dos. La poitrine d’un gris isabelle est limitée par une bande formée de trois ou quatre rangées de raies étroites, blanches et noires. Le ventre est maculé de noir et de roux. La femelle a la gorge cerclée d’un trait noir étroit, mais est dépourvue de bande pectorale. L'aile offre cette disposition remarquable que la première rémige se prolonge en un filet long et flexible. Il en est de même pour les deux plumes médianes de la queue. Enfin, le pied présente une forme singulière. Il n’a pas de pouce et les trois doigts antérieurs sont entièrement réunis par une sorte de palmature à face inférieure nue et rugueuse. Les tarses fort courts ainsi que les doigts jusqu'à leur extré- mité terminée par des ongles robustes et aplatis sont recou- verts de petites plumes décomposées. L’aire de dispersion des Syrrhaptes est très vaste. On les rencontre à peu près dans toute l'étendue des steppes de l’Asie centrale depuis la côte orientale de la mer Caspienne jusqu'à la Dzoungarie et le sud de l’Altaï, mais on en trouve également au sud-ouest de la Caspienne, en Mésopotamie et dans certaines parties de la Syrie. Suivant le voyageur russe Pryevalski, ils remonteraient, en été, jusqu’au-delà du las Le Syrrhrapte Paradoxal. LE SYRRHAPTE PARADOXAL. 221 Baïkal où ils’ nicheraient (1). Ce qui est certain c’est qu'ils nichent dans toute la Mongolie d’où ils descendent, en hiver, par bandes nombreuses dans les plaines du Petchely. On en prend au filet, dans cette saison, des quantités considérables entre Tientsin et Takou. Ils sont parfois si nombreux qu’en 1861 ils servirent, pour une large part, au ravitaillement de l'armée anglo-française. Ils poussent, en hiver, jusqu'aux limites méridionales du grand désert de Gobie et s’établissent dans les endroits où il n’y a pas de neige. Quelles sont les causes qui ont jeté sur l’Europe ces no- mades de la steppe? Nul, je le répète, ne pourrait les indiquer exactement. Il est probable cependant qu'il faut faire entrer en compte quelque violente perturbation atmosphérique, ou plus encore la famine, ce grand argument de la migration des peuples et des animaux. Toujours est-il qu'à la fin du mois de mars et au commen- cement d'avril de l’année qui vient de s’écouler, les premières compagnies d’émigrants apparurent dans le sud de l'Oural. De là, le gros de la troupe traversa les steppes de la Russie, passa par la Pologne russe, la Prusse orientale et la Galicie. On signale vers le milieu d'avril la présence de détachements en Pologne, dans les environs de Plock, sur les bords de la Pilice, au sud de Radom et aux environs de Varsovie. La colonne se dirigea, en semant çà et là de petites troupes, comme pour marquer les étapes, vers l'Allemagne, la Hollande, le nord de la France et l'Angleterre où, dès le 22 avril, se montraient des avant-gardes qui continuèrent vers l’Ecosse et les iles Shetland et Orkney où elles arrivè- rent le 27 mai (2). Du corps principal, deux bandes importantes s'étaient déta- chées. L'une prit la route du sud, vers les Carpathes, et suivit toujours la plaine, car les Syrrhaptes évitent constam- ment les montagnes et les contournent, vers la Silésie, la Basse-Autriche, la Hongrie, l'Ukraine, et les côtes dans la direction de l'Italie. On la rencontre le 24 avril en Lombardie, le 5 mai à Fano, le 15 à Civita-Vecchia, le 23 à Campo-Sam- piero, le 28 à Orvieto, au milieu de juillet à Lanische, le (1) Rowley, Orwithological Miscellany, traduction des Oiseaux de Mongolie, du colonel Pryevalski. (2) John O’Groot Journal. 222 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. 9 septembre à Budrio (1). Le 2 juin, des Syrrhaptes apparais- sent dans l'Espagne orientale. D’après une note publiée par l’Académie royale des sciences de Madrid et communiquée à M. A. Geoffroy Saint-Hilaire par le professeur Graëlls, ils furent observés le 9 juin, aux environs de Valence, près du lac de l’Albuféra. L'auteur de cette note M. Arevalo y Baca, professeur d'histoire naturelle à l'Université de Valence, attri- bue la migration de ces oiseaux aux pluies persistantes qui ont régné, au printemps dernier, dans toute la région des steppes de l'Asie centrale. Ces troubles atmosphériques devaient mettre, en effet, dans des conditions défavorables d'existence un oiseau organisé principalement pour la vie terrestre. « Le comité international et ornithologique de Vienne, (1) Un ornithologiste italien, bien connu, le comte Thomas Salvadori, a publié dans le Bolletino dei Musei di zoologia ed anatomia comparata della R. Uni- versita di Torino, le tableau suivant qui fait connaître la date de l'apparition des Syrrhaptes, la localité où ils ont été observés, le nombre d'individus vus, tués ou conservés vivants. CONSERVÉS INDIVIDUS. PRIS. LL VANTS. Avril 24 Montagnana (Padova) ...... 8 2 1 De 28 Palmanova (Udine)......... 1 1 1 Mai commencement Mercato Saraceno (Forli).... 3 1 1 — ‘| Fano (Pesaro) Mere cest 6 2 » re 3 Fano |Pesaro) = re" 43 1 1 1 = 3 Villabartolomeo (Verona) ... 1 4 4 Du ] FanoPesare "Pire 4 1 1 de 6 SEbio Vicensa).e fee Er 4 3 4 Le 6 Seio (Vicenza) ere 20 env. » » — 6 (?) DEMO NICenZa) ere 2 » » Ti 13 Salarolo {presso Faenza).... 16 7 1 ER 13 Casanola (presso Faenza) ..…. 3 2 » 13 Bellaria {presso Cesenatico). 3 A 2 15 S. Severe (Palo e Civita- Vecchio) MO eee es 4 1 1 — milieu NMantovano eve etre 1 1 1 —= == AUTESRe RE ce 1 1 1 = 23 Camposanpiero (Padova).... 1 1 » — 26 ou 27 Sarzana (Luguria orient.)... 4 2 » = 27 Cavaneila Po (Rovigo)...... 1 1 1 — 27 Pannochia (Parma) ........ 1 1 1 == 28 Orvieto (Perugia).......... 7 1 1 — 29 SMRoSSoreN(Pisa).: 270 4 2 » — fin Faenra lt) ee PLe net (8) et » Juillet milieu Lanische (Istria]........... 1 1 1 Septembre 9 Budrio (Bologna) .......... 1 1 1 J’ajouterai à cette liste un Syrrhapte femelle, tué le 25 octobre, à Monti- chiani (Brescia), et un mâle, tué le 29 novembre, à un kilomètre de Vérone. LE SYRRHAPTE PARADOXAL. 223 écrit M. Graëlls, avait adressé une communication à notre académie, en la priant de recommander aux chasseurs de l'Espagne de ne pas hostiliser aux Syrrhaples (je conserve à dessein l'expression pittoresque du savant espagnol), si par hasard ils arrivaient dans nos contrées. L’académie fit publier une circulaire dans les journaux, bien que personne ne crüt que cet oiseau viendrait aussi loin dans le midi, et cependant nous voyons que le Syrrhapte, pour la première fois est venu nous visiter. » Malgré ces sages recommandations, on hostilisa aux Syrrhaptes, Si bien qu'on en tua plusieurs. On constata que l'estomac des victimes contenait des semences de différents crucifères et des pousses tendres de plantes herbacées qui croissent dans les parages de l’Albufera, et que l'ovaire d'une femelle était garnie d’un grand nombre d'œufs. Les chasseurs qui avaient si peu respecté la circulaire acadé- mique affirmèrent également que la chair de ces oiseaux était exquise. L'autre bande se dirigea vers le nord, on la voyait à Stockholm le 16 mai et près de Bergen le 28. Vers la même époque, on compte plus de deux cents Syrrhaptes dans l’île Moen, en Danemark. Dans l'ile de Helgoland on en fait de véritables massacres. On les observe dans diverses localités de la Holiande. En Belgique, le passage a été très abondant. Presque tous les marchands de gibier de Bruxelles ont eu occasion d'en acheter. Il en a été vendu un grand nombre à la criée où ils ont atteint le prix de 0,80 à 1,20 la pièce (1). Le Field du 9 juin ne contient pas moins de trente-trois lettres signalant la présence ou la capture en Angleterre de Sand grouses. Les compagnies étaient de quinze, vingt individus et au-delà. | En France, on les a observés également en grande quantité sur divers points. Le 15 mai, on en tue à l’ile Dieu et le 28 du même mois, un habitant des Sables-d'Olonne écrivait à M° Deyrolle, naturaliste à Paris : « I! y a cinq ou six jours, (1) Si j'en crois un renseignement venu de Bruxelles même, les Syrrhaptes se vendaient beaucoup plus cher chez les marchands de gibiers. Ils y étaient étiquetés sous le nom de Perdreaux de la Chine et se vendaient 5 francs. Un oiseau acheté dans ces conditions, très gras, pesait 330 grammes. Il s'était tué contre un fil télégraphique. La violence du choc avait été telle qu’une grande partie des plumes de la gorge était enlevée, lz peau coupée, et de plus le fil avait fait dans la partie charnue de la poitrine une entaille très profonde. 224 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. il a été remarqué en mer, entre les îles Dieu et Noirmoutier, au vol assez épais de ces oiseaux, et il en a été pris trois ou quatre aux Sables-d'Olonne ; ces oiseaux étaient épuisés et cherchaient à s’abattre sur les bateaux de pêche à deux ou trois milles au large, n'ayant plus la force d'aller jusqu'à terre; cependant un grand nombre arrivèrent jusqu'au littoral. Dans une excursion que j'ai faite sur la côte, dans la direction de Valmont, j'ai constaté depuis qu'il y avait. encore quelques-uns de ces oiseaux qui sont excessivement sauvages et font un singulier bruit lorsqu'ils s’envolent, comme le bris d’un carreau par une pierre. Il faut avoir de bons yeux pour les découvrir dans les guérets, où ils se confondent absolument avec les mottes. Je crois et beaucoup de personnes sont de mon avis, que ces oiseaux sont accouplés et vont nicher dans le pays; il peut y avoir environ cent couples entre les Sables et Noirmoutier, et je n'ai pas entendu dire qu'il y en eût plus loin, ni dans l’in- térieur (1). » On les a rencontrés à Listrac, dans la Gironde, dans les plaines entre Niort et Fontenay-le-Comte, en Vendée; en Bretagne, à la pointe de Trévignon, près Concarneau ; sur les bords de la Manche, dans les environs de Dunkerque, à Calais, à Boulogne, dans la baie de la Somme où j'ai signalé leur présence par une lettre adressée le Ier juin au président de notre Société (2). | Les Syrrhaptes continuèrent à se montrer en automne et au commencement de l'hiver. On en signalait le 18 septembre cinq à Lisch, dans la Hesse, le 20 octobre deux compagnies, chacune de cinq à six individus près de Nordlada, le 27, une compagnie de treize individus près d’Emden, le 29, une autre compagnie à Drammendorf, près de Stralsund (3). En France, on les rencontrait plus tard encore. Le 24 no- vembre, ils passaient dans les plaines de la Beauce, entre Patay et Rouvray-Sainte-Croix, Loiret. Le 12 novembre, un de ces oiseaux était tué à Mouron, près Mèves-sur-Loire, dans la Nièvre. Le 15 décembre, un chasseur en tuait un aux environs de Lucon, en Vendée (4). Enfin, vers le milieu de (1) Émile Deyrolle, Le « Syrrhaptes paradozus » La Nature, 25 août 1888. (2) Bulletin n° 12, 20 juin 1888, p. 665. (3) Bulletin de la Société ornithologique de Vienne. (4) Albert Granger, Notes supplémentaires sur le Syrrhapte paradoxal. Le Naturaliste, 1er février 1889. LE SYRRHAPTE PARADOXAL. 225 février deux Syrrhaptes étaient envoyés à M. Delsalle, natu- raliste à Paris, l’un de Bayonne, l’autre du département de la Manche. À peu près à la même époque, M. Deyrolle en recevait également deux, un mâle et une femelle, du nord de la France. Dans la lettre que j'ai rappelée plus haut, je disais : « Une protection intelligente déciderait peut-être ces oiseaux à se fixer dans des régions suffisamment appropriées à leur genre de vie, et l'Europe acquerrait ainsi, à peu de frais, un gibier nouveau et excellent qui ne tarderait pas sans doute, à : devenir commun. » Cette opinion est celle de la plupart des naturalistes que préoccupent l’acclimatation et la naturalisation des ani- maux. Brehm l’a soutenue lors de la migration de 1863. On sait si les Allemands tinrent peu de compte, à cette époque, de ses recommandations. J'ai raconté ailleurs quel massacre on fit des Syrrhaptes, en Allemagne, et comment on empoisonna avec de la strychnine ceux que l’on n'avait pas tués à coups de fusil. Tous ceux qui échappérent à cette stupide des- truction disparurent sans que l’on ait jamais su ce qu'ils étaient devenus. Ont-ils repris le chemin de l’Asie et sont-ils retournés dans leur pays? ce n’est pas impossible. Ont-ils péri en voulant franchir l'Océan ? L'hypothèse n’est pas in- vraisemblable, car ils ne paraissent pas avoir la crainte des orandes surfaces d’eau et l'aventure d’une traversée devait fatalement se terminer par un désastre. Quoi qu'il en soit, la migration de 1863 ne laissa rien derrière elle, bien qu'il y ait eu, de la part des émigrants, des cas de reproduction, prin- cipalement en Danemark, et, en Hollande, dans la Frise. L’échec de Brehm et de tous ceux qui avaient prêché alors la protection de ces oiseaux n’a pas découragé un ornitho- logiste allemand, le docteur Cabanis, secrétaire général de la Société allemande d'Ornithologie, à Berlin. Dès l'apparition des Syrrhaptes en Allemagne, le 8 mai 1888, il adressa un appel chaleureux à toutes les Sociétés cynégétiques et ornithologiques, à tous les propriétaires de chasses, pour établir des mesures sérieuses de protection en évitant à ces oiseaux toute poursuite et en leur distribuant de la nourri- ture, en hiver, lors des fortes chutes de neige. Plus heureux que ses devanciers, le docteur Cabanis a eu la satisfaction de voir les différents gouvernements de l’Empire, répondre à son 226 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. appel et défendre d’une manière formelle de tuer ces émi- grants. | L'exemple donné par l'Allemagne a été suivi par l’Angle- terre. M. Sydney Buxton, membre du Parlement, vient de déposer un projet de loi portant interdiction absolue, pendant quatre ans, sous peine d’une amende de 20 schillings (25 francs), de tuer ou d'offrir en vente des Syrrhaptes. Et nos voisins d’outre-Manche paraissent si persuadés que le Sand-Grouse parviendra à se fixer dans leur pays, qu'ils ont prévu le moment où sa trop grande multiplication devien- drait inquiétante. Le bill contient, en effet, cette restriction que le conseil des ministres pourra suspendre l'effet de la loi, s’il le juge convenable, afin d'empêcher, le cas échéant, l'excessive multiplication de cet oiseau. La présentation de ce projet de loi a été appuyée par plusieurs membres de la Chambre des Communes, parmi lesquels on remarque les noms de sir John Lubbock, l'éminent naturaliste, sir Charles Beresford, etc... En France, on n’a rien fait, et cependant on se plaint de tout côté que le gibier devient de plus en plus rare. C'est dans l’Europe centrale que les Syrrhaptes semblent s'être surtout fixés. Protégés en Allemagne, dès leur arrivée, ils y ont niché en assez grande quantité. Les émigrants se séparèrent par couples et se cantonnèrent, en donnant la préférence aux champs de seigle, d’où on les vit sortir plus tard accompagnés de leurs jeunes. Les journaux allemands ont enregistré les localités dans lesquelles on a observé des couvées de Syrrhaptes. Eiles sont nombreuses. Je me con- tenterai d’en citer quelques-unes. Par exemple, le 15 juillet, aux environs de Halberstadt, un faucheur a trouvé un nid contenant quatre jeunes. Vers le commencement d'août, on en à découvert plusieurs près du village de Hilfarth, dans l'arrondissement d’Heinsherg. Dans le Schleswig-Holstein, beaucoup de ces oiseaux ont niché. Ils se tenaient de préfé- rence dans les champs de sarrasin, surtout dans ceux qui sont situés au voisinage des bruyères ou des dunes de sable (1). Dans la Silésie, on a trouvé une grande quantité de nids et de jeunes Syrrhaptes. Les nids étaient rapprochés les uns des autres (2). Sur la chasse royale d'Ottmachau, le nombre des (1) Weidmann. (2) Meucn Deutschen Jagd Zeitung. — Geñederte Welt. LE SYRRHAPTE PARADOXAL. 227 couvées a été particulièrement remarquable. Enfin, en West- phalie, les Syrrhaptes se sont également reproduits. En Angleterre, on les a vus arriver en compagnies plus ou moins nombreuses, puis se diviser par couples qui ont niché. Une partie de ces couples ont abandonné leurs œufs, ordi- nairement au nombre de trois, et se sont reformés en com pagnies, tandis que d’autres sont restés appareillés et n’ont pas quitté leur nid. « J'éprouve un grand plaisir, écrivait M. Tegetmeyer, dans le Field, à pouvoir annoncer que l’on a vu plusieurs couvées de Syrrhaptes. » M. Howlett, de Newmarket, m'a écrit qu'il a vu, le 14 août, un couple avec sept jeunes. Il est évident que ces sept jeunes n'étaient pas de la même couvée, puisque les poules des steppes ne pondent que trois œufs. Il a également entendu parler d’une couvée sur le domaine de Chevely et d'une autre dans le voisinage de Mildenhall. J’ai mes raisons pour ne pas désigner exactement les localités, car je crains que ceux qui paient les écoliers et les gardes pour qu'ils leur rapportent des œufs, n'hésitent pas à capturer ou à détruire les jeunes pour les empailler comme spécimens. Maintenant que ces oiseaux ont élevé une couvée dans le pays, il reste peu de doutes qu’ils ne s’acclimatent, pourvu que l’on puisse réfréner l’ardeur étourdie des collectionneurs. Nous appro- chons de l'ouverture de la chasse, j'espère que les proprié- taires de chasses au Perdreau seront modérés et empécheront leurs invités d’exterminer ces beaux et intéressants oiseaux ; Car si on les laisse en paix pendant quelque temps, ils s’ac- commoderont très bien du climat de l'Angleterre, tout comme ils l'ont fait dans les environs d’Astrakan, situé à mille lieues de leur pays d’origine. » On a vu que la loi Buxton a donné satisfaction, dans la mesure du possible, mais un peu tardivement peut-être, aux légitimes préoccupations de M. Tegetmeyer. On dirait, d’ailleurs, que les champs plus fertiles de l'Europe exercent sur les Syrrhaptes un attrait bien marqué, car en dehors des deux véritables exodes de 1863 et de 1888, ils semblent refluer peu à peu, très lentement il est vrai, par couples ou par petites bandes, vers l’ouest. On pourrait même dire, sans trop d'exagération, qu'ils sont devenus déjà des oiseaux européens. Ils se sont établis à demeure fixe sur divers 228 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. points des steppes de la Russie et on en a rencontré souvent des couvées, dans ces dernières années, sur le cours inférieur du Volga et du Don. C’est seulement en 1848 que l’on constata leur première migration. peu importante du reste, mais il est probable qu'ils pénétrèrent en Europe dans les siècles passés ; le défaut de connaissances en histoire naturelle empécha de les remarquer. En 1859, on en capturait en Angleterre dans le comté de Kent, dans le pays de Galles et dans le Norfolk. L'année suivante, on en vit quelques-uns dans l'Europe cen- trale, dans les dunes de la Hollande et de l'Angleterre, et, en 1861, on observa un vol de quatorze à quinze individus près de Mandal en Norwège. Ces oiseaux furent considérés comme égarés et on accorda peu d'intérêt, à leur apparition. Vint ensuite la grande émigration de 1863 qui attira par son impor- tance l'attention des naturalistes et des chasseurs et souleva la question d’une naturalisation possible en Europe de ces oiseaux. Comme je l'ai fait remarquer, non seulement on ne fit rien pour les retenir, mais encore on s’attacha avec une sorte de rage à leur destruction. Aussi ne resta-t-il aucune trace sérieuse de leur passage. Mais en 1872, au mois de mai, une nouvelle apparition fut constatée en Angleterre, sur les côtes septentrionales du Northumberland, vis-à-vis des îles Feroë ; en 1873, on en tua plusieurs en Allemagne, notamment dans ïa province Rhénane, et en 1876, on en signala une paire à Kilcock, en Irlande. Les Syrrhaptes avaient appris bien décidément le chemin de l’Europe. On lit d'autre part dans le National Zeitung qu'un couple de ces oiseaux s’est installé depuis 1887 sur les terrains conquis sur l’eau de la propriété de Rudesdorf, près de Wittemberg. En 1888, ils ont couvé et se sont montrés sans défiance accompagnés de leurs jeunes. La migration de 1888, la plus considérable de toutes, donnera-t-elle les résultats que l’on n’a pas su obtenir des précédentes ? La protection dont les Syrrhaptes ont été l’objet en Allemagne et en Angleterre, les cas nombreux de repro- duction qui ont été constatés dans ces deux pays, le fait qu'une partie au moins de cette tribu d’émigrants a pris ses quartiers d'hiver dans nos régions, permettent de l’espérer. Certaines parties de l'Europe, de la France même, peuvent leur offrir des lieux suffisamment appropriés à leur mode LE SYRRHAPTE PARADOXAL. 229 d'existence, des dunes, des landes de bruyères voisines des cultures, qui leur rappelleraient les steppes de leur pays d'origine, tout en leur offrant une vie plus facile, et il est présumable que l'abondance qu'ils y trouveraient modifierait dans une certaine mesure leurs habitudes nomades. Si cet espoir se réalisait, l'Europe serait doté d’un oiseau nouveau, curieux, et, si j'en crois plus d’un gourmet, d’un rôti déli- cieux (1). Toutefois, il faut attendre le printemps pour se prononcer avec quelque connaissance de cause, voir comment les Syrrhaptes auront résisté à notre hiver, s'ils nicheront en orand nombre et quel sera le sort des couvées. Si parmi ces oiseaux, un certain nombre ont été capables de passer l'hiver et sont restés dans le pays, il y aura beaucoup plus de chance de les voir nicher avec succès en 1889, car en 1888, ils sont arrivés tard dans des contrées inconnues, et épuisés par les fatigues d’un long voyage. | Je ferai tous mes efforts pour tenir la Société au courant de cette intéressante question. {1} M. Paul Groult, secrétaire de la rédaction du journal Ze Naturaliste, qui a mangé de ce précieux gibier, tué l’année dernière en France, m’a assuré que sa chair est bien supérieure à celle de nos perdrix. L’'ELÆAGNUS LONGIPES Par M. AM. BERTHOULE (1). La famille des Elæagnacées comprend plusieurs espèces, dont une seule est Européenne, l'E. angustifolia, ou Olivier de Bohême; celle dont nous allons dire quelques mots est ori- ginaire du Japon, où elle porte le nom de Gouwmi: assez abon- dante dans l'ile de Nippon, où Wright la découvrit, on la trouve aussi à Nambu, à Nangasaki, à Yokoska et dans les montagnes d'Hakone. Elle a été importée pour là première fois en Europe vers 1860, sous le nom d’Æ. rotundifolia. L'Elæœagnus longipes AsA-GRAY (Æ. edulis HorRT. — E. rotundifolia, HorrT.), est un arbrisseau de 1",50 à 2 mètres, non épineux, à tiges droites, ramifiées et couvertes d’une écorce lisse de couleur brune; les feuilles elliptiques ou ovales-oblongues, atténuées à l'extrémité, ondulées, d’un vert gai sur la face supérieure, argentées en dessous, sont caduques. Les fleurs, d’un blanc jaunâtre, sont odorantes. Les fruits pendants, portés sur un long pédoncule, offrent la forme et les dimensions d’une Cornouille ; ils sont, à matu- rité, d’un rouge cerise et renferment un noyau oblong à côtes longitudinales carénées. Le Goumi est une plante remarquable à plusieurs titres ; peu exigeant sur le choix du terrain, il se développe avec vigueur, à toute exposition, en buissons touffus, plus larges que hauts, sans se dégarnir par la base. Sa rusticité est telle qu'il a tra- versé, sans paraître en avoir souffert, le rude hiver 1879-80, résistant à des froids de — 15° et de — 20° dont la redoutable morsure faisait périr, auprès de lui, la plupart de nos Hi fruitiers indigènes. On le reproduit facilement de marcottes ou de boutures ; d’après les observations consignées dans l’Arboretum Segre- zianum, les semis de graines ne donneraient pas de résultats ; cependant notre confrère M. Clarté est parvenu à obtenir leur germination. La teinte deses feuilles, les belles fleurs jaunâtres parfumées (1) Extrait du procès-verbal de la séance générale du 15 février 1889. L’ELEAGNUS LONGIPES. 231 dont il se couvre au printemps, ses fruits rouges qu'il muürit en été (juillet-août), en font un arbuste essentiellement orne- mental, qui permet d'obtenir de charmants effets de coloris, dans les massifs d’un parc ou d’un jardin. Elæagnus longipes. — Branche portant des fruits. Fleur entière, Perianthe étalé et fruit de grandeur naturelle. Mais ce n’est pas seulement un arbrisseau d'ornement, ses fruits ont une réelle valeur; il en produit dès la deuxième ou la troisième année; à quatre ou cinq ans, il donne sa pleine récolte qu’on peut évaluer à une moyenne de 5 à 6 kilos. 232 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Ces fruits, sortes de baies charnues, juteuses, acidulées, assez semblables d'aspect et de grosseur à des cerises, ne sont pas désagréables au goût; «ils pourraient peut-être, est-il dit dans l'ouvrage déjà cité, trouver quelque emploi avanta- seux ». Cet emploi, ils l'ont trouvé, en effet, grâce à deux de nos confrères, MM. Clarté et Chandèze, qui se sont livrés à cette culture avec une attention spéciale, et en observateurs sérieux. M. Clarté nous a parlé, à diverses reprises, de la saveur délicieuse des préparations sucrées qu'il a faites avec les baïes du Goumi (1), succulentes confitures, boissons rafraichis- santes, tartes appétissantes. Après quelques jours de fermentation, les fruits du Goumi donnent, à la distillation, un rendement d'alcool assez impor- tant. Un de nos amis en a fait l'épreuve l'été dernier, dans une mesure étroite, il est vrai, et avec des moyens imparfaits, mais avec quelque précision : il a obtenu un rendement d’en- viron 5 0/0 en volume, soit, pour un kilogramme de fruits, 50 grammes d'alcool pur, cette liqueur est d’un goût agréable, préparée avec soin, elle ne serait pas inférieure au kirsch, et il est bien certain qu’elle s'améliorerait encore en vieillissant ; M. Clarté a exprimé, maintes fois, et formellement son opi- nion à cet égard, et cela avec d'autant plus de poids, qu'il habite les Vosges, dans le voisinage même des bons crus de kirsch de Fougerolles et de Luxeuil. Le rendement alcoolique que nous venons d'indiquer, n’est pas sans importance, puisqu'il égale ou dépasse celui obtenu avec la plupart de nos fruits d'Europe, celui de la Cerise, notamment, avec laquelle il a le plus d’analogie; ainsi 100 kil. de prunes fraîches donnent 4,5 à 5,5 litres d'alcool absolu; 100 kil. de Cerises en produisent 4,5; les Pommes 3,2 à 4; les Poires 4 à 4,8; les baies de Sureau 2 à 4 et les Topinam- bours 6 à 7, pour la même quantité de fruits. Ajoutons que la floraison tardive de la plante la préserve des gelées du printemps, et assure sa fructification très régu- lière; enfin, la cueillette est facile et exempte de tout danger, à la différence de la récolte des Cerises qui cause, presque chaque année, de nombreux accidents. Ce n’est pas tout encore: notre collègue, M. Chandèze, qui (1) Bulletin de la Société, 18711, p. 522-574, et années suivantes. L'ELÆAGNUS LONGIPES. 233 n’est pas seulement un grand ami des jardins, mais aussi un éleveur très distingué, a utilisé avec succès les baies de l'Elæagnus pour l'alimentation des Faisans ; ces oiseaux s’en montrent extrêmement friands, ils prennent avidement cette nourriture et paraissent s’en bien trouver. Quels avantages n'y aurait-il pas à tirer de ce fait pour l’aménagement des orandes chasses? On a planté dans un certain nombre de forêts, dans celle de Saint-Germain par exemple, des gro- seillers et des framboisiers, dont les touffes sont toujours maigres, sensibles aux gelées et d’un produit insignifiant ; combien le Goumi ne leur serait-il pas préférable à tous égards ? Ne pourrait-il pas prendre pied, aussi, dans les tirés, ne les constituerait-il même pas avantageusement à lui seul, pour une très large part tout au moins ? Son feuillage touffu for- merait un excellent couvert, ses fruits abondants donneraient un contingent de nourriture très appréciable pendant une partie de l'été; enfin, par son port bas, il n’entrainerait aucune gêne: il ne s'élève guère au-dessus de i",50, des plants de douze ans ne dépassent pas 1,80. De tels avantages ne méritent-ils pas d'appeler toute notre attention sur cette plante ? Il est bon assurément de recher- cher avec ardeur de nouvelles conquêtes ; maïs il ne l’est pas moins d'assurer celles déjà entreprises. En poursuivant celle- cl, nous appliquerions heureusement cette sage maxime du poète : miscere utile duici (1). \ (1) À notre demande, M. Clarté et M. Chandèze ont bien voulu mettre à notre disposition quelques boutures enracinées de Goumi; nous nous empresse- rons de les répartir entre ceux de nos confrères qui désireraient essayer cette culture. | 5 Mars 1880. 16 UTILITÉ DE LA CHÈVRE PAR E. PION Médecin-Vétérinaire, Inspecteur de la boucherie à Paris. (SUITE À) IV REPRODUCTION — CHOIX — AMÉLIORATION Cet animal ayant toujours été méprisé, il se trouve que sa reproduction a été bien à tort négligée, et que la sélection n'y a jamais été faite comme elle devrait l'être. Un de mes confrères qui habite les Pyrénées, à Lourdes, m'écrit cette phrase : « J’estime qu’on pourrait former une race, ou tout » au moins une variété pyrénéenne, et l’améliorer par sélec- » tion; mais ici la routine empêchera longtemps tout progrès » en ce sens. » Il est des pays où les Boucs ne font l’objet d'aucun choix (Isère) ; le tout se passe au hasard de l’accouplement, et j'estime que les professeurs d'agriculture départementaux devraient, sans déroger, faire quelques conférences sur ce sujet, dans les cantons les moins favorisés. C’est dans leur rôle. On s’imagine, en effet, quelle doit être la misère des gens, dans les contrées où les chèvres elles-mêmes sont misérables! Quelques chevriers intelligents, par ci, par là, font mieux que leurs voisins, et comprennent l'élevage comme il doit être compris. Si ce n’est au Mont-d’Or, et dans le Poitou, aucun principe raisonnable n’est appliqué; aucun conseil écrit ou parlé n’est donné. Seuls des amateurs, çà et là, ont tenté des croisements avec les races étrangères : ces essais remarquables sont restés sans écho. IL faut bien avouer, et j'en ai plusieurs preuves en main, que les sociétés départe- mentales d'agriculture ont voué la Chèvre au dédain le plus complet, sinon à la destruction. Raïson de plus pour ne pas indiquer aux paysans la manière d’en user plus profitable- ment. Tant que cet esprit règnera, il n’y à guère à espérer. (*) Voyez plus haut, page 180. UTILITÉ DE LA CHÈVRE. 235 Si, par un miracle que nous souhaitons, la Chèvre sautait d’un bond par dessus les clôtures officielles, alors nous ver- rions les choses changer, et cette richesse rentrerait dans son cadre à côté des richesses du cheptel national. Comment choisir la Chèvre? Nos auteurs en ont parlé. M. Magne dit qu'il faut les prendre à peau fine, à poil doux, à démarche légère — celles qui ont le poil ébouriffé se nour- rissent mal. Les femmes du Mont-d'Or lyonnais les choisissent bien biches, bien fleurettes, à poil couleur de lièvre, surtout aux pattes. Le pis doit être examiné avec soin; il doit être élastique, se rétracter après la traite, être moelleux et rond plutôt que trop allongé. Il faut faire attention aussi à l’épi marqué sur le périnée, il doit être large et étendu. Ce qu’on a observé sur la vache — système: Guenon — peut être appliqué à la Chèvre. On estimera les bêtes qui présentent sur les deux côtés, au-dessous du flanc, une sorte d’ovale formé de poils tourbillonnés. Voulez-vous un bon conseil avant de conclure l’achat défi- nitif? Faites traire deux fois devant vous; vous verrez là, d'un seul coup, apparaître plusieurs qualités indispensables. Il faut qu'elles aient le corps allongé, la poitrine étroite ; la toison sera brillante et uniforme, l'œil clair et beau;:elles ne doivent pas être délicates sur la nourriture. Leur parenté est importante à connaître. Il est élémentaire de toujours choisir le mâle avec soin, car il a, dans l’espèce caprine, une énorme influence sur la génération. Les zootechniciens alle- mands disent, avec raison, que le Bouc doit être écarté qui descend d’une Chèvre ayant un lait trop odorant; car il engendrera des Chèvres ayant toutes le même défaut. C’est au chevrier à reconnaitre et à séparer les bêtes d'élite qu'il rencontrera, et à les faire s’accoupler entre elles. Un bon Bouc peut suffire à plus de cinquante Chèvres. Les Anglais recommandent de le préférer à tête fine, et le moins cornu possible. L'accouplement le plus profitable est celui des mois de septembre, octobre, novembre et décembre, parce qu'il per- met aux petits de naître en plein printemps. Deux portées par an sont de trop, il faut attendre que la Chevrette ait un an passé pour la faire saillir. Les Anglais, des maîtres en pratique, comme on sait, ont fixé des règles sur les divers points que nous venons d'exa- 236 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. miner, et ils disposent, comme on va le voir, de moyens d'action efficaces, puisqu'ils ont fondé la Société britannique de la Chèvre. Elle a un cachet : une Chèvre avec ces mots latins : « Vacca pauperis. » Pour encourager les pauvres à nourrir chez eux des Chèvres, la Société leur avance l'argent d'achat. Ils rendront à la semaine. De plus, elle leur fait prendre des animaux ayant leur généalogie. Des Boucs bien conformés leur sont indiqués. Pourquoi, en France, n’aurait- on pas des Boucs communaux, là où les Chèvres sont nom- breuses? La Société anglaise met à la disposition du publie un certain nombre d'hommes capables de le renseigner sur les soins à donner et sur le traitement des Chèvres malades ! À la tête de cette organisation, il y a un vétérinaire qui fait les autopsies, s’il y a lieu, et fait un rapport sur la maladie observée. C’est une façon d'apprendre aux autres à guérir ou à prévenir, dans des cas pareils. Les gardiens de Chèvres, moyennant six francs l’année, font partie de la Société. Les riches peuvent souscrire et, pour 5 livres sterling — 125 fr. — ils sont membres à vie. Il y a, en Angleterre, des exposi- tions suivies comme il y en a en Norwège, et les Chèvres d'élite, accompagnées de leur parchemin, y sont vendues pour les villas riches un très bon prix. Des publications concernant la Chèvre sont répandues à profusion. Les expo- sants veulent, à ce point, faire valoir ces animaux et les avantager que, dans les concours, ils font élever de petites estrades pour les montrer dans un cadre plus favorable. Nous n'osons croire que la France, férue d’anglomanie cependant, imite l'Angleterre en cela : elle lui prend souvent ce qu'il y a de défectueux, et laisse les bonnes choses. Quoi qu'il en soit, si un spéculateur malin voulait faire la Chèvre à la mode, la Chèvre recherchée pour la ville, douce, câline, maniable et laitière, il lui faudrait produire de préférence la Chèvre sans cornes, et s'approcher des Chèvres les plus blanches dont le lait est le moins odorant. . Remplir ces conditions n’est pas toujours aisé. Des croise- ments avec la Maltaise, avec la Toggenbourg y aideraient efficacement. Il serait facile de changer la robe en choisissant des Boucs très marqués de blanc dans leur pelage, ou tout entiers blancs, pareils à celui, venu du Caucase, dont parle M. À. de Pruns, et qui ne donnait que des produits de sa couleur. Si les médecins, consultés par les mères, avaient, UTILITÉ DE LA CHÈVRE. 237 comme on dit, l’apostolat de la Chèvre, et s'ils en usaient pour leurs malades et pour leurs nourrissons, s'ils avaient la foi comme M. Boudard, nul doute que cette industrie ne prit de l'extension. L'exemple venu de haut semble avoir été suivi en Angleterre avec ferveur; car M. Begler cite ce fait que le lait de Chèvre, à Esher, est resté en faveur depuis que Louis-Philippe et sa famille en ont bu à Claremont. Un industriel avec cent Chèvres, a pu, grâce à cette consomma- tion, réaliser 2,500 francs de bénéfices nets par année. A Surrey, il y a, actuellement, une ferme de cent vingt Chèvres, bien aménagée, appartenant à Express Dairy C°. C’est un modèle du genre, en pleine prospérité. Je livre ces chiffres à la méditation des petits cultivateurs. Pour nous, Français, la colonisation de l'Algérie et de la Tunisie sont des questions d’une importance capitale. On sait quel grand nombre de Chèvres vit en ces régions peu fourragères. Le Tell — éellus des Romains — possède des troupeaux de plus de mille têtes. Sur le littoral, prospère la Chèvre Maltaise fort estimée des Arabes; la Nubienne s’y plairait aussi bien. Ils en vendent le lait dans les villes; de plus, ils consomment beaucoup de Chèvres vieilles et de Che- vreaux, et ils en utilisent la peau et la toison dont ils ont fort besoin par tradition et par habitude. Là-bas, aucun pré- jugé n'existe contre cet animal. Le Dr Liegey, dans {’Algérie agricole, dit : « Qu'il est préférable d'adopter les Chèvres » sans cornes, parce qu'elles sont moins dangereuses pour » les enfants, si parfois elles les frappent. On dit même » qu'elles ont le caractère plus doux et fournissent un lait » plus agréable que les autres, et j'ai été à même de cons- » tater de visu et de gustu, cette double différence. » Quant à la région des Hauts-Plateaux qui font suite à FAtlas, région si chaude et si froide, selon la saison, la popu- lation nomade n’y pourrait subsister sans la Chèvre. C’est donc cette Chèvre qu'il faut améliorer. J'apprends, avec plaisir, que le gouvernement s'occupe de signaler aux Arabes les bienfaits du croisement avec l’Angora. C’est le moyen d'obtenir de la viande bonne et précoce, et d'augmenter ainsi la quantité de nourriture de ces pauvres populations. M. le Directeur de la Bergerie nationale de Moudjebeur a livré cette année cinquante-trois étalons aux tribus avoisinantes, et re- connaissant l’absolue nécessité de soigner la Chèvre autant 238 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. que le Mouton, il a, dans une brochure, donné les résultats de l’acclimatement des Angoras en Algérie. M. Couput y avoue la difficulté de les reproduire en grand nombre, à cause du manque de nourriture conservée; mais l’ensilage permettra désormais de combler cette lacune. Déjà d'intel- ligents agriculteurs, entre autres M. Dessolier à Teness, expérimentent sur l’Angora. Il faut continuer et persévérer, d'autant plus que M. Couput est en passe d'obtenir de bons résultats. Je me permets de lui emprunter les lignes sui- vantes : « Les nouveaux essais faits à Mondjebeur auront une im- » portance capitale. Placé dans un climat absolument saha- » rien, dans un pays où de vastes espaces incultes attendent » d’être mis en valeur, où le seul mode d'exploitation cultu- » rale possible sera l’élevage du bétail, les résultats obtenus » pourront être considérés comme définitifs. » Si l’Arabe, avec ses habitudes invétérées de négligence et » de malpropreté, ne peut retirer de cet élevage un résultat » avantageux, l’Européen pourra, sans nuire aux forêts » algériennes qui doivent être l’objet des préoccupations de » tous, s’adonner, lui aussi, à l’élevage de la Chèvre, resté » jusqu'ici l'apanage exclusif de la race indigène. » Il suffira, pour l’encourager dans cette voie, de lui » prouver que non seulement l'élevage de la Chèvre Angora » est facile dans le sud, maïs encore que le prix de la toison » de cette Chèvre est assez élevé pour donner un bénéfice » raisonnable. » M. Couput se demande ensuite si le Mohaïr n’a pas dégé- néré, et il nous marque que les toisons de ses Angoras n'ont : pas conservé leur beauté native. Je m'étonnerais qu'il en fût autrement avec les extrêmes de ce climat si variable. Malgré tout, la toison de l'Angora modifiera heureusement la toison indigène. Faut-il demander plus ? Le prix de cette toison enlevée au peigne est de 90 à 100 francs les 100 kilos, à 50 lieues du littoral de la Méditerra- née. Ce prix augmenterait certainement si les moyens de communication devenaient plus faciles. Il faudrait faire mieux encore, et établir, à Alger, à Oran, à Constantine des concours où les Chèvres exposées mon- treront aux Indigènes les améliorations réalisées. Ce bon exemple, suivi d'encouragement et de primes en argent, UTILITÉ DE LA CHÈVRE. | 239 serait certainement sensible aux Arabes et profitable à la colonisation. y AMÉNAGEMENT, NOURRITURE. La Chèvre, cette consolation de la misère, a été calomniée par la plupart des économistes sur la dénonciation de quelques riches propriétaires, BorTarp. La Chèvre est tres frileuse, si surtout elle n’est pas en action ou en liberté ; aussi faut-il, si on l’enferme, la ga- rantir du froid ; de plus, elle haït l'humidité, aussi bien dans l’air que dans les aliments. Elle préfère la terre dure et sèche aux mousses et aux feuilles les plus douces. En hiver, elle ne dédaignera pas un peu de paille. Maïs la meilleure litière est la tourbe qui absorbe les urines et sert plus tard de fumier. La craie, le carbonate de chaux vont bien sous les pieds de ces animaux. On leur construira des bâtiments en brique ouverts au midi; ils sont peu coûteux; on les pavera d’asphalte. On laissera de larges ouvertures pour la lumière. A l’intérieur, on élevera quelques murs peu épais afin de séparer les mères des autres Chèvres, et éviter les jalousies et les batailles. A côté, il y aura une laiterie modèle réduit de la laiterie pour Vaches. Un réfrigérateur Lawrence devra s’y trouver, une fromagerie aussi, le tout tenu avec une propreté rigou- reuse. La Chèvre menée dehors sera l’objet d’une grande surveil- lance, à moins qu’elle ne puisse vaguer à son aise dans de grands espaces incultes. En ce cas, un Bouc à sonnette saura les retenir et les grouper. En Norvège, parfois, elles vont à la pâture seules et en reviennent seules, de même dans le Cantal, où le son de la trompe les ramène à leur logis res- pectif. En Danemark, elles paissent avec les Vaches, et ayant de quoi paître elles respectent les bois voisins. En Angle- terre, souvent de petits garcons les surveillent. Deux suf- fisent pour cent Chèvres, en temps ordinaire; mais au prin- temps les bourgeons voisins les affriandent à ce point qu'elles 240 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. vagabonderaient malgré ces deux chevriers. Des Chiens sont alors nécessaires, dressés à cet exercice et habitués à contenir plutôt qu'à effaroucher les Chèvres. On a conseillé divers moyens d'empêcher les Chèvres de nuire ; des gens cruels proposaient même qu'on leur arrachât les incisives. Des moyens moins barbares consistent à les attacher au piquet, avec un rayon de corde suftisant. Leur entraver un pied de derrière, les arrête dans leurs sauts insensés ; avec une bricole allant de la tête jusqu’en arrière des épaules, on les empêche de se dresser contre les arbustes. Un autre appareil, un trian- gle de bois attaché aux cornes leur retirera l'idée d'avancer dans les fourrés. Dans les chévreries sérieuses, on devrait, comme ça a lieu en Angleterre, faire le sacrifice d’un entou- rage en fils de fer hérissés de pointes en tous sens et posés à 0®,30 les uns des autres et parallèlement. En Norvège, en Ecosse, en France et dans les autres pays, les Chèvres sont toujours dehors durant l'été, et elles habitent les hauteurs où elles ne trouvent guère de concurrents que les Moutons. En hiver, il faudra les abriter; mais il sera bon de leur faire voir, durant les journées courtes, le peu de soleil qui reste. L'hygiène et le lait s’en trouveront bien. Quoique la Chèvre réussisse bien au Mont-d'Or, en stabula- tion permanente, il n'en est pas moins vrai qu'elle préferera toujours une certaine liberté plus en rapport avec sa nature in- time. D'ailleurs, c’est plutôt la Chèvre bourgeoise ou la Chèvre industrielle qui sera prisonnière. L'autre, la plus nombreuse, devra quêter un peu partout sa nourriture. C’est que la Chèvre aime les choses les plus variées, et vit de peu, avec les restes des animaux plus exigeants; par contre, l’abon- dance de la pâture lui serait nuisible, et elle se porte mal, se confie, s’indigère là où les autres ruminants se trouvent plantureusement. En somme, une certaine pénurie d’ab- ments lui plait, pourvu qu'elle vive au sec et qu’elle broute des herbes très diverses. Les fétuques, la duriuscule et la rouge lui conviennent. Rien ne la rebute. Quelles plantes re- fuserait-elle quand des expériences faites en France et en Suède témoignent qu'elle consomme quatre-vingt-cinq es- pèces de plus que les herbivores ? Les tourteaux lui plaisent ; les pois, l’avoine, les lentilles aussi. Elle adore l’orpin qui est une joubarbe des rochers, et le chou, surtout un Brassica d’un mètre de hauteur à plusieurs têtes, résistant aux hivers; UTILITÉ DE LA CHÈVRE. 241 la laïtue, la luzerne, les artichauts lui sont bons; les glands, dit Lôbe, lui donneraient le vertige; cela a été remarqué en Allemagne. Est-ce exact? En Angleterre et en France, ce fait bizarre n’a pas été signalé. Elle tolère la ciguë et l’if; mais le rhododendron et l’aconit l’empoisonnent, si elle en prend trop. Pendant l'hiver au Mont-d’'Or et en Auvergne, les monta- onards se procurent des feuilles de vigne, après la vendange; ils les entassent dans des tonneaux, les y pressent, puis les mouillent d’eau salée, en y joignant des baies de genièvre et des plantes aromatiques. C’est d’un grand secours. En Corse, sous la conduite de leurs chévriers, elles pâturent l'été dans la montagne, l'hiver dans la plaine et elles vivent, sans compter les menues plantes, de lentisques, d’arbousier, de chêne vert. En somme, ce précieux animal s’accommode de tous les milieux et de toutes les nourritures. Ecoutez ce qu’en dit M. Lee dans une note intéressante où j'ai déjà puisé. « En Norvège, les Chèvres sont « généralement nourries d’un » fourrage maigre, d’un peu de foin, et spécialement de » feuilles d'arbres, du bouleau, du sorbier et du tremble, » ainsi que des feuilles en aiguilles des conifères qu'on leur » apporte avec les branches du pin ou du sapin, et qu'on met » dans la cour où elles sont lâchées durant les journées » d'hiver. Ces Chèvres se contentent de très peu de nourri- » ture; elles sont très vigoureuses et endurcies au froid. » Il en est partout ainsi, et les cous-noirs de Suisse vivent parfaitement dans les neiges. L'Espagne si aride, si déboisée orace à la sottise de ses habitants qui accusent les arbres de donner la fièvre, entretient avec son herbe avare une énorme quantité de Chèvres. La Grèce, toute brülée qu'elle est, suffit à leur sobriété. La disparition de ce merveilleux animal, qui consomme peu et produit beaucoup, serait la ruine pour ces indolentes nations. L'Algérie nous prouve amplement la facilité avec la- quelle la Chèvre supporte les aliments les plus variés; elle y accepte à défaut d'autre chose, les feuilles d’agave et celles du figuier de Barbarie, et dans le désert méme elle mange des dattes, ce qui n’est pas sans sucrer et sans aro- matiser son lait. (A suivre.) II. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 1 FÉVRIER 1889. PRÉSIDENCE DE M. A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. — M. le Président fait connaître les noms des nouveaux membres admis dans la Société : MM. PRÉSENTATEURS. . Am. Berthoule. BAUTAIN {Auguste), rentier, 5, tr) Caffin, à la Varenne-St-Hilaire (Seine) Marquis de Sinéty. Edgar Roger. Am. Berthoule. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Raveret- Wattel. DAMOUR |A.), à Bouviers, près Snter | HERvVINEAU (Raoul), propriétaire, rue ù D' Brocchi. l'École (Seine-et-Oise). la Commanderie, à Fontenay-le-Comte ; À. Geoffroy Saint-Hilaire. (Vendée). Saint-Yves Ménard. LEGRAND (Émile), propriétaire, 110, bou- | Am. Berthoule. | int-Hilaire. levard Haussmann, Paris. A COR , Saint-Yves Ménard. Am. Berthoule. A. Geoffroy Saint-Hilaire- Edgar Roger. Am. Berthoule. D' Brocchi. A. Geoffroy Saint-Hilaire. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. PRESTAT (Benjamin-Alfred), notaire hono- raire, 2, rue Leroux, Paris. MAINGOT, propriétaire, avenue de Ver- sailles, à Thiais (Seine). SAIN (Jules-Marie-Joseph-Antoine), pro- priétaire, viticulteur et éleveur, Château de Bassieux, par Anse (Rhône). A. Porte. NEvizz (Edwards-Auguste), 45, Charles { Am. Berthoule. Street, Berkeley Square, à Londres { J. Grisard.: (Angleterre). Raveret-Wattel. — M. le Président informe l'assemblée que la Société du Jardin zoologique d’Acclimatation a demandé à M. C. Rabot de faire une conférence sur les populations du nord de l’Eu- rope et en particulier sur les Lapons. Les membres de la Société d'Acclimatation sont invités à assister à cette confé- rence. — Il est procédé au dépouillement de la correspondance. PROCÈS -VERBAUX. 243 — M. O. des Murs adresse des remerciements à la Société, au sujet de la récompense qui lui a été attribuée pour son ouvrage sur les Oiseaux d'Europe. — MM. Mathieu, Weber, Damour et l'abbé Gamarre adressent des remerciements, au sujet de leur récente admission dans la Société. — M. le Président de la Société d’horticulture de la Sarthe accuse réception du Cerf Axis qui lui a été envoyé. — MM. C. Alligné, comte d'Eprémesnil, P. Blanchard, baron Le Pelletier de Glatigny et Dr J.-J. Lafon, font par- venir des comptes rendus de leurs cheptels. — M. Paul Thomas envoie un mémoire ayant pour titre : La Suisse et ses Chèvres. — Remerciements. — M. le Ministre plénipotentiaire, Directeur des Affaires commerciales et consulaires, au Ministère des Affaires étran- geres, adresse, en communication, un rapport de M. le Vice- Consul de France, à Wellington, sur l’acclimatation du gibier européen et américain en Nouvelle-Zélande. — Remercie- ments. — M. Gabriel Rogeron adresse un mémoire ayant pour titre : La Bernache mariée. — Remerciements. — M. Alex. Mairet, faisandier-chef au château d’Andilly, fait parvenir une note sur les Perdrix-Gallines de l'Inde. — Remerciements. — M. le vicomte de Causans, en demandant des rensei- onements sur les moyens de se procurer des œufs de Truite arc-en-ciel, exprime son étonnement de voir le bas prix auquel les établissements de pisciculture étrangers peuvent céder leurs œufs embryonnés. Notre collègue a reçu la pro- position de 150,000 œufs de Truite à raison de 4 fr. 90 le mille ! — M. P. Owsniannikow adresse un travail, accompagné de planches, sur les œufs des Poissons osseux, extrait des Mémoires de l’Académie impériale de Saint-Pétersbourg. — Remerciements. — M. P. Fontaine, horticulteur à Blidah, adresse des fruits d'Ananas, d’Anona et de Citronnier Galet, provenant de ses cultures. — Remerciements. | — M. H. Cullère, de Nantes, fait parvenir à la Société, une note sur les essais de culture de Ramie, qu'il a entrepris à Para (Brésil). 244 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. — M. N.-Ch. Naudin (de l’Institut) envoie quelques détails sur les plantes du Mexique, qu'il a obtenues des semences rapportées par notre confrère, M. Partiot. — M. Raoul communique, à la Société, le catalogue rai- sonné des végétaux cultivés dans le Jardin botanique de Taïti, créé par ses soins. — M. A. Leroy (d'Oran) écrit à M. le Secrétaire général : « Je vous ai adressé, dans une lettre du 26 novembre 1887, des renseignements sur le Saccia, ipomée arborescente de Bolivie. Ainsi que je le prévoyais, celte »lante a résisté à l'hiver et a donné, de juin à fin novembre, des fleurs nombreuses dont quelques-unes ont produit des graines. Le Saccia peut donc être considéré comme accli- maté sur le littoral algérien. Ce sera une bonne plante d'ornement, par son beau feuillage et ses fleurs. » Les expériences que j’ai continuées avec le Riz sec des Mio due) établissent qu'il n’est pas susceptible, en son état actuel, d’entrer dans la culture algérienne, sans de grandes dépenses d'irrigation. Semé fin janvier, il a épié fin septembre. Il est moins hâtif que le Riz sec de la Mandchourie qui a épié dans les premiers jours du mois d'août. Je verrai si j'obtiendrai de meilleurs résultats avec les grains récoltés à Oran. » Parmi les nouvelles plantes que j'ai semées et conservées, en 1888, je citerai: le Geranium Suelda de Bolivie, le Kunzea pomifera d'Australie, le Platyonia Kempferi, le Rhus integrifolia, le Frêne du Mexique, le Cathartocarpus Roxburgii, l'Eucalyptus Muelleri, V Eucalyp- lus goniocalyx, le Rosa berberifolia, le Rhodorhiza florida, V Acacia sophoræ et la Liane à caoutchouc de Bolivie. » Cette Liane, au succès de laquelle, m'a-t-on dit, M. le Mi- nistre de l'Agriculture s'intéresse beaucoup, a une sève abondante qui contient une forte proportion de caoutchouc. Cette plante a par- faitement poussé chez moi; semée le 11 mai 1888, elle couvre les arbres, auprès desquels elle se trouve, de ses tiges volubiles encore garnies de feuilles, en ce moment. Elle a donné, à partir de fin sep- tembre, beaucoup de fleurs dont quelques-unes ont fructifié, mais dont les graines ne sont pas encore mûres. Si cette Liane est vivace, comme je le pense, je ne doute pas qu’elle réussisse en Algérie. C'est ce que je vous ferai connaître ultérieurement. » — M. de Regel, directeur du Jardin impérial de bota- nique de Saint-Pétershbourg, adresse, à la Société, en même temps que le catalogue de cet établissement, une lettre- circulaire sur les règles auxquelles est soumise l'importation des plantes en Russie. — M. le Président fait part à la Société d’une lettre qu'il a PROCÈS - VERBAUX. 245 reçue de l'administration des ponts-et-chaussées du royaume de Belgique. Cette administration demande à la Société de vouloir bien lui faire une part dans la distribution des Œufs de Poissons. Cette demande a été favorablement accueillie par le Conseil. — La lettre de l’administration des ponts-et- chaussés était accompagnée de divers documents sur la pis- ciculture en Belgique. — M. Mégnin dépose sur le bureau un ouvrage traitant des diverses races de Chiens. Ce volume comprend l'étude des Chiens de berger et des Chiens d'arrêt. Notre collégue s’est efforcé d'élucider la question d’origine des diverses races, en se basant sur les caractères ostéologiques. Dans un prochain ouvrage, M. Mégnin étudiera les Chiens courants, les Lé- vriers, les Dogues et les Chiens d'appartement. — M. le Dr Ménard annonce à la Société, la naissance, au Jardin d’Acclimatation, de deux produits provenant de l’ac- couplement d’un animal trois quarts sang de Cheval et un quart sang d’Ane, avec deux Juments. — M. Raveret-Wattel fait une communication sur les heureux essais, faits par M. Lugrin, pour introduire les Corégones dans le lac d'Annecy. M. Raveret-Wattel attire ensuite l'attention de la Société sur l'opinion récemment émise que le Calico bass pourrait avec avantage remplacer le Brochet, dans les étangs à Carpes. Notre confrère fait remarquer que non seulement la Perche argentée ne pourrait jouer le rôle d’un Poisson car- nivore, mais encore que la présence de ce Poisson devien- drait nuisible aux Cyprins, en enlevant à ces derniers une partie de leur nourriture. — M. Dareste donne lecture d’une note sur quelques faits relatifs à l’incubation artificielle. (Voyez Revue, p. 169.) — MM. Rathelot et Vacher présentent de nouveaux appa- reils pour l’éclosion artificielle des œufs de Poissons. — M. Berthoule complète ses communications précédentes sur le Salino Quinnat et les laboratoires de pisciculture du département de l'Aude. Il fait passer sous les yeux de l’as- semblée des projections à la lumière oxhydrique de vues de l'Aude, du Saumon de Californie et de la Truite arc-en-ciel. Pour le Secrélaire des séances, JULES GRISARD, Secrétaire du Comité de rédaction. ll. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS. 2e SECTION. — SÉANCE DU 15 JANVIER 1889. PRÉSIDENCE DE M. HUET, PRÉSIDENT. Il est procédé à l'élection du Bureau pour la session de 1889, sont nommés : Président, M. Huet. Vice-Président, M. Mailles. Secrétaire, M. Jules Cloquet. Vice-Secrétaire, M. le Comte d’Esterno. Déléqué aux récompenses, M. Mathias. M. P. Lataste, rappelant qu'il a présenté à la Société, dans sa séance générale du 21 décembre 1888, un exemplaire de son mémoire, intitulé : « Analyse zoologique des pelotes de réjections de Rapaces nocturnes », en offre un deuxième exemplaire à la Section. M. Latasie demande que ce mémoire soit soumis à l'appréciation de la Commission des récompenses. M. le Président fait une communication, à la Section, au sujet des Hybrides obtenus, en 1888, au Muséum. Les croisements entre Faisan doré et Lady Amherst, sont assez connus pour être signalés. Les Hybrides que l’on avait obtenus entre Argenté et Euplocome du Nepaul, ont coniinué à se reproduire et sont maintenant à leur sixième génération. En 1888, M. Huet a croisé un Hybride de Faisan à collier et Argenté avec un Hybride d’Argenté et Euplocome du Nepaul. Il y a donc là une preuve que les Hybrides se repro- duisent entre eux. L’Hybride Argenté et F. à collier avait donné deux jeunes qui sont malheureusement morts. Il faut espérer que cette année les résultats seront plus satisfaisants. M. Huet tient à faire constater ce fait de deux genres très différents se reprodui- sant entre eux. M. Lataste dit que ce fait n’est pas unique et se présente fréquemment même chez les mammifères. Il n'y a pas de règles, même entre des espèces très différentes. M. Lataste cite les expériences de Buffon, qui est arrivé à faire reproduire les Métis jusqu’à la quatrième génération, celles de Flourens qui, dans un autre ordre d'idées, est arrivé aussi à la quatrième génération entre Chien et Chacal. Récemment, des exrpé- riences analogues ont été tentées, en Angleterre, sur les Bovidés. Le fait cilé par M. Huet, indique que les Oiseaux sont peut-être plus faciles à hybrider. Peut-être aussi les espèces sont-elles plus rapprochées que chez les mammifères. D'un autre côté, chez les rongeurs, par exemple, les difficultés sont PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS. 241 beaucoup plus grandes ; mais à l'analyse, en sachant réunir certaines conditions, dans lesquelles il faut respecter le domicile de l’individu, on peut arriver à des résultats. Une seconde condition est celle de tenir compte des circonstances dans lesquelles se produit le coït et ensuite les évolutions de l’ovule. M. le D' Menard dit, qu’en effet, dans deux espèces différentes, il n’y a pas impossibilité de fécondation, mais la difficulté est d'amener l’ovule à bien. M. Geoffroy Saint-Hilaire rappelle la communication qui a été faite en séance générale, au sujet des Métis obtenus, par M. Duvergier, entre le Faisan leucomèle et le Lophophore. Au Jardin d’Acclimatation, on a obtenu le croisement entre Lopho- pkore mâle et Faisan Pucrasia femelle. Ce sont des espèces assez éloi- gnées, et il y a là un fait scientifique assez intéressant. M. Huet fait observer que l'intérêt est surtout dans la reproduction de ces Métis pendant plusieurs générations. M. Geoffroy Saint-Hilaire dit que notre confrère, M. Dareste, a présenté, à ce sujet, un programme d’expériences qu'il serait utile de voir suivre par nos confrères. Ensuite, M. Geoffroy Saint-Hilaire parle de la confusion, tout à fait regrettable, qui existe dans les noms de nos animaux de basse-cour. En France, à l'étranger, les noms changent, non seulement par pays, mais même par région. Il serait à désirer qu'un travail sur les synonymies füt fait, travail qui serait très intéres- sant et très utile pour tous. M. Latasie entre dans quelques considérations générales sur la résistance des animaux au froid. Cette résistance dépend de beaucoup de conditions : espèce, installation, hygiène, etc. Le Secrétaire, Jules CLOQUET. 3e SECTION. — SÉANCE DU 16 JANVIER 1889. PRÉSIDENCE DE M. LE D' BROCCHI, VICE-PRÉSIDENT. L'ordre du jour appelle la nomination du Bureau pour la session pré- sente. Sont élus : Président, M. Léon Vaillant. Vice-Président, M. Brocchi. Secrétaire, M. Mailles. Vice- Secrétaire, M. Cloquet. La section désigne ensuite M. Rathelot pour remplir les fonctions de Déléqué rapporteur auprès de la Commission des Récompenses. 248 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. M. Berthoule dépose sur le bureau une lettre provenant du « Mid- land Counties fish Culture Establishment », dans laquelle une alimen- tation spéciale pour le Poisson est signalée comme ayant donné de bons résultats dans les Iles-Britanniques et aux États-Unis. MM. Berthoule et Brocchi fournissent des renseignements sur les essais de multiplication artificielle de l’Alose dans la Seine, concernant les départements de l'Eure et de la Seine-Inférieure. M. le Secrétaire général demande l’avis de la section sur le meilleur procédé de distribution des œufs de Salmonides et le choix des espèces à propager : il ajoute qu’une offre d’un nombre considérable d'œufs de Truite Arc-en-Ciel nous est faite d'Amérique. Sur une observation de M. Mailles, M. Berthoule déclare que la Truite en question présente de grandes qualités ; elle croît rapidement, résiste à des températures relativement élevées et sa chair est très bonne. La section émet le vœu que le Conseil accepte l'offre obligeante qui nous est faite. M. Mailles pense que des distributions d’alevins de Cyprinoïdes et de quelques autres Poissons à frai adhérent ne devraient pas, non plus, être négligées. Sur la demande de M. Mailles, la section propose à la Commission des Récompenses de modifier la rédaction du prix fondé pour les Gre- nouilles-Bœufs. La question des travaux à faire pour compléter le programme des prix à décerner est ensuite étudiée par la section. Le Secrétaire, Ch. MAILLES. 4 SECTION. — SÉANCE DU 22 JANVIER 1889. © PRÉSIDENCE DE M. FALLOU, PRÉSIDENT. Il est procédé à l'élection du bureau pour la session de 1889. Sont élus : Président, M. Fallou. Vice-Président, M. Megnin. Secrétaire, M. Jules Cloquet. Vice-Secrélaire, M. Clément. Délégué, M. Fallou. M. Fallou remercie vivement la section de l'avoir encore appelé cette année à la présidence, et l’assure de son entier dévouement. M. Jules Grisard présente un Cocon et un Papillon de l’Aéfacus Orizab4, originaire du Mexique, dont l'éducation pourrait être tentée en France. PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS. 219 29 M. ie Président signale à la section, le fait d’une couche de Melons, qui a été complètement détruile, à Champrosay, par la larve d'un Dip- tère qui a élé reconnu pour être le Bibio hortulanus Linné. C’est une petite Mouche se rapprochant du Bibio Muarci Linné, appelée commu- nément Mouche de Saint-Marc. Le mâle est noir tandis que la femelle a le thorax et l'abdomen d’une couleur rouge. Les éclosions ont lieu au commencement de mai. La couche melonnière avait été recouverte avec du terreau de feuilles. M. Fallou pense que les cullivateurs doivent s'abstenir de se servir de terreau de feuilles pour les melon- nières afin d'en éviter la destruction par cet insecte. Un fait fort intéressant à noter c'est que cet insecte nuisible est mangé par un Coléoptère carnassier, le Telephorus fuscus, qu’il serait utile de protéger. M. le Président communique ensuite le succès qu'il a obtenu cette année dans ses éducations du Sericaria mori. M. Fallou a obtenu une grande récolte et met gracieusement de ia graine à la disposition des membres de la Société. Les éducalions n’ont pas été si satisfaisantes en plein air par suite de la mauvaise saison. Énormément de Vers ont été détruils par les grandes pluies qui sont tombées dans la région et ont même tué un grand nombre d'oiseaux. Dans ses éducations expérimentales, M. Fallou a fait des observa- tions sur les cocons anormaux. À ce sujet, M. Fallou rappelle les observalions faites à différentes époques par M M. Lucas, Blanchard et Maurice Girard qui ont conslaté dans presque tous ces cocons anor- maux la réunion des deux sexes, et l’accouplement dans la plupart des cas. En 1888, M. Fallou a constaté ce fait sur près de cent vingt sujets. C’est Ja première fois que cette expérience a été faiie sur une aussi grande échelle. Notre confrère a fait aussi quelques expériences sur l'influence des condilions de soins apportés dans les élevages. Il a constaté que les Vers placés dans des condilions défavorables et que l’on fait souffrir par l'irrégularité de la distribution dans la nourriture, donnent des Cocons et des Papillous d’unc taille bien au-dessous de la moyenne, Il se propose cette année de voir si, par les soins que l’on apporte dans les éducations, ils reviendront à leur taille normale. En conclusion, on peut aux environs de Paris, faire les éducations de Vers à soie du Mürier, autant qu’on le veut. Le climat de Paris est tres propice à celte éducalion ; à Champrosay, la température minima en chambre était de 14’ ei en plein air, elle était de 8°. Il faut donc espérer que celte industrie pourra renaître daus uotre région. Le Secrétaire, Jules CLOQUET. o Mars 1889. 417 IV. JARDIN ZO00LOGIQUE D’ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE. CHRONIQUE. TEMPÉRATURES DU 10 AU 24 FÉVRIER 1889. Maxima. Minima. Bois de Boulogne... °:4...1 0100 + 1° + 5° — it Jardin de Marseille......... + 13° + 3° + Go — 6e Jardin d'Hyères............ + 240 + 8o + o = Jardinrde Tours. "te + 80,2 + 39,5 92,5 — 54 A cette époque de l’année, nous sommes ici dons un calme relatif, les travaux de jardinage n’ont pas encore pris toute leur activité, et nous ajournons le plus possible les arrivages d'animaux, car le mois de février est, à notre avis, avec le mois de mars, le plus mauvais de tous les mois. Nous avons cependant recu divers animaux qui méritent d’être mentionnés. Arrivages. — Un couple de Lamas sauvages ou Guanacos (Awchenia huanaco), imporiés du Chili. Depuis longtemps déjà nous ne possé- dions plus cetie espèce ; c’est avec plaisir que nous la revoyons dans nos parcs. La galerie des Perroquets a fait quelques bonnes acquisitions : un lot de six Cacatois à huppe rose (Cacatua Moluccensis), c'est l'espèce la plus belle et la plus facile à familiariser du genre, c'est aussi la plus recherchée ; un Cacatois Triton (Cacatua triton\, dela Nouvelle-Guinée, espèce très semblable au grand Cacatois à huppe jaune (C. galerita,; le Triton s'en distingue cependant par la couleur de la peau qui entoure les yeux, qui cest d’un beau bleu foncé; au contraire elle est blanche chez le Cucatua galerita. Nous avons en ce moment réuni une collec- tion assez complète des diverses espèces de Cacatois, dans le nombre se trouvent deux espèces que nous possédons pour la première fois: le Cacatois triton et le grand Cacatois à huppe jaune (C. ophtalmica), de la Nouvelle-Bretagne, qu'il ne faut pas confondre avec le C. galerita, car le nouveau venu a les formes et les allures du Cacatois à huppe rose. Nous avons recu ; sept Amazones à front blanc (Ckrysotis Sallæi), de Saint-Domingue, cette belle espèce de Perroquet assez rare pour mé- riter une mention ; un lot important de la jolie Perruche de Madagascar dont le mâle a la tête grise (Psiétacula cana) et qui a si bien reproduit dans les volières de quelques amateurs ; d'Australie, nous sont venus des Oiseaux Diamants de plusieurs espèces (Amadina cincla et À. casta- notis) ; de Chine, des Rossignols de Pékin (Zeiothryx luteus) et des Gar- JARDIN D’ACCLIMATATION 291 rulax (Garrulaæ sinensis) ; du Japon, des Paddas blancs ; de l'Inde, des Colombes zébrées (Geopetia striata) ; du Brésil, des Paroares à tête rouge (Paroaria larvata) ; des Antilles, les beaux Ramiers à calotte blanche (Columbha leucocephala), qui depuis longtemps déjà n'avaient pas été importés ; enfin, de la côte d'Afrique nous avons recus un arrivage de petits Passereaux, Astrilds, Cou-coupés, Nones, Ignicolores, etc. Nos pièces d’eau ont fait une acquisition très intéressante, celle d’un couple de petites Bernaches à tête rousse (Bernicla rubidiceps\, des Îles Falkland, c’est-à-dire de l'Amérique australe. Cette belle espèce, après avoir été assez commune dans les jardins zoologiques et dans les parcs des amateurs, vers 1860, a peu à peu disparu. Réimportée, il y a deux ans, nous pouvons espérer qu'elle sera bientôt assez multipliée pour être de nouveau répandue. Naissances et pontes. — 1° Un Dauw ou Zèbre de Burchell (Zebra Burchelhi); ces naissances sont ici régulièrement obtenues, nous l’avons déjà dit. L'élevage de ces animaux absolument robustes n’a jamais demandé de soins parliculiers ; 2° Un Poulain né de la Jument Fantine et une Pouliche née de la Jument Julie. Ces deux produits sont par Xroumir, Mulet né de la Mule arabe Cutherine et du Cheval barbe, Caid. Nous n’avons pas à entrer ici dans de longues explications sur l'intérêt que présentent les deux animaux nouveau-nés, car on sait que si la fécondité des Métis femelles est assez rare, celle des Métis mâles l’est plus encore. Les lecteurs du journal de la Société sont d’ailleurs au courant de tout ce qui touche la très intéressante famille de Mulets-Chevalins que nous avons formée au Jardin ; 3° Quaire Cerfs axis mâles et femelles et trois Antilopes des Indes (Cervicapra) sont venus à bien dans cette quinzaine malgré les mau- vais temps que nous avons subis; 4° Mentionnons aussi la naissance de Chevreaux d’Angora, de Nu- bie et de Toggenburg, de plusieurs Agnelles Kalmouques et celle d'un Kangurou rouge ; 5° La ponte de nos Casaors Emeus (Dromaîus) continue toujours. La femelle a donné à ce jour son trente-huitième œuf. Évidemment, elle ne couvera pas cette année. L’âge du repos est-il donc venu pour ce couple d'Oiseaux qui a tant reproduit. L’abondance de cette ponte nous inspire des inquiétudes, car ilest à craindre que la bête s’épuise. Y. CHRONIQUE DES SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des sciences. — Séunce du 28 janvier 1889. — L'origine du Chien est depuis longtemps l’objet de savantes controverses. Cet animal a-t-il pour ancêtre un type propre ou descend-il, avec d'autres canidés, Loup, Renard, Chacal, d'un type commun ? Il est permis aujourd'hui de répondre avec certitude à cette question. . M. Albert Gaudry communique à l'Académie une note de M. Marcellin Boule, sur les prédécesseurs de nos canidés qui montre qu'à l'époque quaternaire les espèces actuelles existaient déjà avec des formes à peu près identiques aux espèces modernes. Les études que poursuit M. Boule, sur les faunes pliocènes du Plateau central, lui ont fourni l’occasion d'examiner des débris de Chiens d'un âge plus reculé que les Chiens quaternaires et ces fossiles lui ont permis de reconnaître que la famille des canidés comprenait un nombre considérable d'espèces. Le Chien existait donc, sous son type actuel, dans des temps fort anciens et il faut aujourd’hui renoncer à soutenir que toutes les races domestiques ne sont que des modifications artificielles des Loups et Chacals de notre époque ou de l'époque quaternaire. Séance du 11 février 1889. — M. Kunkel d'Herculais, aide naturaliste au Muséum, communique à l'Académie le résultat des recherches dont il a été chargé par le gouvernement pour arriver à la destruction du fléau qui a fait tant de ravages dans nos récolles algériennes, et lui soumet la carte du département de Constantine, sur laquelle se trouvent indiquées les pontes; cette carte de prévision a été dressée d'après ses instructions et résume les renseignements recueillis par les admi- nistrateurs des communes mixtes, les maires, les agents des ponts et chaussées el ceux des forêts, et permet de se rendre un compte exact de la situation au point de vue de l'invasion à redouter au printemps de 1889. Les pontes couvrent de 150,000 à 200,000 hectares. L'auteur trace une étude complète et in‘éressante de l’évolution et des origines de l'espèce de Sauterelle (le S/auronotus Maroccanus) qui, depuis les temps bibliques jusqu’à nos jours, porte par inter- vailes ses ravages en Egypte, en Orient, en Algérie, en Espagne et jusqu'en Hongrie même. Les remèdes indiqués sont nombreux; celui que préconise l’auteur est la destruction des jeunes. Dans une région infestée, on organise de véritables battues destinées à ramener les jeunes Sauterelles vers des enclos tendus de toiles en cotonnade, sortes de barrières devant lesquelles viennent se heurter les bandes d'insectes, qui tombent alors dans des trous où ils sont écrasés. Ce procédé, parail-il, a prévalu, et tout un outillage, fort simple d’ailleurs, est prêt à fonctionner au printemps, s’il y a lieu. J. G. VI. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. Sériciculture et nouveaux Vers à soie. — Les premiers essais de sériciculture remontent en Allemagne à une quinzaine d’an- nées à peine, et, grâce à d’incessants efforts, les producteurs obtiennent maintenant une matière susceptible de rivaliser avec les soies des pays plus favorisés sous le rapport du climat. Les tentalives des Allemands portèrent primitivement sur le Ver du Mûrier, le Sericaria mori ; mais le Mûrier végétant tardivement dans ces régions, les chenilles ne trouvaient: pas une nourriture suffisante. On songea alors aux Vers du Chêne. Des essais entrepris dans la pro- vince du Rhin et en Silésie avec l'espèce chinoise, l'Antheræa Pernyi et l’espèce japonaise, l’'Antheræa Yama-mai firent reconnaîlre de prime abord que le climat de l'Allemagne n’élait pas trop rude pour ces chenilles vivant en plein air sur les arbres même. Vers la fin de mai, on attache des nouets de gaze contenant les œufs aux branches des arbres destinés à l'éducation, et les chenilles passant aussilôt écloses à travers les mailles du tissu vont chercher leur nourriture sur les feuilles. Cet élevage en plein air rencontre un sérieux obstacle, il est vrai, dans la destruction des vers opérée par les oiseaux, par le Geai du Chêne principalement, aussi la Silésie vient-elle de classer ce Geai parmi les animaux nuisibles, en encourageant à le détruire, mais une telle réglementation ne peut produire immédiatement d'effets très appréciables. On est obligé de protéger les vers en les recouvrant d'une sorte de cage en toile métallique, fixée à l'arbre, et déplacée à mesure que les feuilles sont consommées. Les gelées tardives consti- tuent un autre obstacle, non qu'elles fassent dépérir les chenilles qui les supportent parfaitement, mais parce qu'elles ne trouvent plus à se nourrir, les feuilles étant gelées ; les grandes sécheresses sont égale- ment très nuisibles pour des raisons analogues. Les Allemands espé- rent cependant vaincre ces diverses difficultés. La soie Américaine est toute récente elle aussi. Le 12 juillet 1870, M. Joseph Newmann présentait au congrès, un drapeau national, tissé avec la première soie récollée sur le territoire de l’Union, en Cali- fornie. 11 exposait ensuite des soies américaines, à Vienne en 1873, et à l'Exposition du centenaire en 1876. Après avoir introduit le Ver à soie du Müûrier aux Etats-Unis, M. Newmann a découvert en Californie un Séricigène sauvaze sur le- quel il fonde de grandes espérances. Dans le courant de l'automne 1884, on lui apportait six Chenilles d’une espèce qui lui était inconnue, trouvées sur le Rhamnus Californica ou Caféier sauvage, arbuste dont l'écorce porte en pharmacie le nom de Cuscara sagrada; bientôt après, ces Chenilles filaient des cocons d’une soie aussi belle que celle des Bombyx. Il essaya d'obtenir des œufs, mais ne put y réussir qu’en 254 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. > 1887. Le Rhamnus Californica, sur lequel on est parvenu à greffer le Caféier, abonde en Californie où il avait la réputation d'être vénéneux. Les Vers vivraient en liberté sur ces arbres ct grâce à la douceur du climat sans avoir à redouler la pluie ou les gelées comme en Chine et au Japon. On vient aussi de trouver au Yucatan un Ver sauvage proche voisin du Bombyx du Müûrier. La soie qu’il produit légèrement teintée de bleu, serait entourée d’une gomme qui en rend le travail difficile, mais l'état du Yucatan fait en ce moment de grands efforts pour résoudre cette question. Un voyageur anglais, enfin, M. John Mac Intyre, signale en Mand- chourie plusieurs espèces nouvelles de Vers à soie, qu'il décrit dans le Chinese Times : 11 cite un Ver sauvage vivant sur le Pin (Pinus Chi- nensis); ses cocons sont très beaux et faits d’une soie fort résistante, mais ils se trouvent enlacés dans les aiguilles du Pin, ce qui complique le dévidage. Il a rencontré sur des Noyers un autre Ver dont le cocon percé affecte la forme d’une lanterne chinoise, et quil nomme en raison de ce fait Cocon lanterne. Il a en outre découvert deux nouveaux Vers du Müûrier : l’un, très robuste, pouvant être nourri de Pissenlits, de Laitues, etc., se déplace peu dès qu’il trouve à manger; l’autre au contraire va de branche en branche et s’écarte facilement. H.B. Quantité de bétail du globe. — Le bureau de la statistique du ministère de l'Agriculture des Etats-Unis a fait il y a quelque temps un relevé approximatif du nombre de Chevaux el de bestiaux du monde entier. Il existerait sur la surface du globe: 227,556,475 bêtes à cornes, 59,859,529 Chevaux, 449,668,456 Moutons et 95,544,447 Porcs, se ré- partissant de la façon suivante : Bêtes à cornes. Chevaux. Moutons. Porcs. États-Unis. 0.00. 48,633,833 12,496,744 44,1759,314 41,612,083 RUES MMA IR Rene 23,845,000 20,016,000 47,508,966 9,208,000 République Argentine. 15,400,000 4,150,000 79,200,000 250,000 Allemasnernr sin et 15,788 ,000 3,522,500 19,190,000 49,206,000 France Pre Ue AO à 13,105,000 2,981,000 22,616,500 5,881,000 Canada IRESETEnS Le à 3,014,989 4,059,358 3,048,678 1,207,619 ABC RAM ee 37,828,000 3,201,000 51,052,000 519,000 AfDIQUe PRE ARE 3,0 14,000 784,000 23,894,000 486,000 Australie PEER Eee 8,000,000 1,285,216 96,462,038 957,000 Les Mulets seraient au nombre de 8 millions, dont 2 millions aux Etats-Unis et 3 en Espagne et en Italie, le reste se répartissant entre les autres États. Il y aurait sur la terre 29 millions de Chèvres, dont 18 millions en Europe, 4 en Asie, 3 dans l'Amérique du Sud, et les 4 autres en Afrique, en Océanie, et dans l'Amérique du Nord. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 255 Plus de moitié du bétail argentin vit sur la seule province de Buenos- Ayres, celles d'Entre-Rios, de Corrientes, de Santa-Fé ct de Cordoba viennent ensuite. La province de Buenos-Ayres possède encore la moitié des Chevaux et la presque totalité des Moutons. Enfin cette immense république compie environ 4,200,000 Chèvres dont la moitié presque appartient à la province de Cordoba. On s’y consacre peu à l'élevage du Porc, qui serait cependant fort rémunérateur pour les provinces intérieures où le maïs, dont les Amé- ricains du Nord ont fait l’aliment par excellence de la race porcine, pousserait facilement, mais ne pourrait être exporté faule de voies de communicalion. En 1885, l'Australie possédait 78,888,710 Moutons, ces animaux s'y sont donc multipliés depuis, dans une proportion de 17 0/0 environ. JOUE Le transport de la volaille. — Un wagon spécialement cons- truit pour approvisionner les marchés de New-York en volaille vivante, circule depuis quelque temps sur la ligne du Delaware Lachawanna and Western Railroad. Ce véhicule, dont les parois sont en fort treillis de fils de fer, se trouve divisé par un couloir longitudinal et un couloir transversal, en quatre parties comprenant elles-mêmes huit étages superposés. Il contient en tout cent seize compartiments couvrant chacun une surface de 4 pieds carrés, et s'ouvrant vers l'extérieur sur des ponts mobiles qui permettent de le charger et de le décharger rapidement. Un réservoir piacé sur le toit du wagon fournit à l’aide de tuyaux en caoutchouc, de l’eau dans tous les compartiments. Ce réservoir est d'une capacité suffisante pour un trajet de 3.000 kilomètres. Un se- cond réservoir, disposé sous le plancher renferme la graine nécessaire au voyage, elle se distribue de l’intérieur dans les mangeoires des compartiments. Le wagon recoit suivant la saison, de trois mille cinq cents à quatre mille cinq cents Poulets à la fois. L'emploi de ces véhicules n’est donc possible que pour le service entre une grande ville et des centres importants d'élevage. Nous avons vu récemment sur la ligne de Lyon des voitures semblables aux wagons américains ci-dessus décrits servant au transport des volailles et en particulier des Pigeonneaux expédiés à Paris par le commerce italien. Lorsqu'il s’agit de faire voyager quelques pièces seulement, il est bon de prendre certaines précautions qu'il ne sera pas inutile de rappeler ici. Le mieux sera de s'abstenir de tout envoi pendant les grandes chaleurs et pendant les grands froids. Le printemps et surtout l'automne septembre et octobre sont les époques les plus favorables. 256 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Un panier d'osier, doublé intérieurement de grosse toile qui protèze les volaliles contre les courants d’air, coustitue un mode d'emballage très simple et très pratique, mais il est préférable d'employer des caisses pour un voyage par mer. laniers et caisses sont garnis en dessus d’une toile, sur laquelle on rabat le couvercle d’osier ou de bois. Si le voyage doit seulement durer deux ou trois jours, il vaut mieux ne donner aucun aliment aux volailles pour le trajet, car elles s’abstiennent généralement ‘de manger en route et l’eau se renversant pourrait mouiller les ani- maux. On peut cependant mettre quelques morceaux de pain rassis au fond es emballages ou mieux encore, quelques feuilles de choux ou de saläde. Après un long voyage, on présentera d'abord aux oiseaux un peu de pain trempé dans de l’eau, puis quelques heures après de l’eau pas trop froide, et en petite quantité, plus tard on donnera une légère ration de grain, et de nouveau à boire. Après un voyage et surtout à la suite d’une exposition, les volailles devront être isolées pendant plusieurs jours, afin d'empêcher la pro- pagation d'épidémies. On mel ce temps à profit, pour constater l'état de santé des oiseaux et les accoutumer s’il le faut à un nouveau régime. Le changement d’eau suffisant parfois pour provoquer des troubles de la digestion, on fera dissoudre un peu de sulfate de fer dans l’abreuvoir, on pourra aussi donner de l’eau ferrugineuse. JL Les fermes à Chiens en Chine. — Il existe en Mandchourie et dans toute la partie de la Chine limitrophe de la Mongolie des milliers de métairies exclusivement consacrées à l'élevage des Chiens. Chaque établissement nourrit plusieurs centaines de ces animaux, qu’on abat par strangulation pour en avoir la peau quand ils ont atteint l'âge de huit mois, généralement vers le milieu de l'hiver. Ces peaux, très grandes et couvertes d'une magnifique fourrure, grâce au froid sévissant sur la région, servent à confectionner des vêtements d'hiver pour les habitants du Céleste empire. Les Chiens qui les four- nissent et sont exclusivement élevés pour leur dépouille, différent absolument de nos races européennes. Rien d'étonnant, par conséquent, à ce que la fourrure de ces animaux soit aussi recherchée, l’astrakhan n'est-il pas un vulgaire Mouton, et le petit-gris un simple Ecureuil en livrée hivernale ? Les Chiens à fourrure constiluent l’unique richesse de ces contrées désolées, et chaque fermier en donne un certain nombre en dot à ses filles, dot peu importante à la vérilé, car les peaux, seul bénéfice de l'éleveur, n’atteignent pas une très haute valeur. On emploie en effet huit peaux de Chiens pour confectionner une robe de 2 mètres sur 2 m., 20, valant 16 fr. 85 environ, ce qui abaisse le prix moyen d’une peau à 2 fr. 10, somme sur laquelle la facon de la robe,, la pré- CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAIIS DIVERS. 251 paralion de la peau, son classement par couleur et longueurs des poils doivent encore être prélevés, Les peaux de Chiens sont dirigées sur plusieurs centres d'affaires, d’où les acquéreurs les expédient aux localités telles que Moukden et Fou-Tchéou, où celles doivent être mises en œuvre. Ce commerce s’est chiffré l'an dernier par une somme d’un million de francs, à Newchang l’un des entrepôts les plus importants. L'année précédente, il y avait atteint 1,500,000 francs. L’exportation de ces peaux aux Etats-Unis aurait considérablement diminué cette année. FE :Yb: Les raisins de l'Ohio. — Le comté de Chautanqua dans l'Ohio, s'était acquis une haule réputation pour son industrie lailière, il trouve actuellement une nouvelle source de richesses dans la production des raisins de table. On cultive surtout la Vigne dans la région portant le nom de Lakeshore, entre le lac Erié au nord et une chaîne transver- sale de collines au sud, région où se trouvent les villes de : Hanovre, Sheridan, Portland, Westfield, Ripley, Pomfret, etc. Les coilines qui limitent la contrée viticole vers le sud, et au nord la vaste nappe d'eau de l’Erié protégeant les ceps contre les premières gelées, assurent la complète maturation des raisins qui ne pourrait s'effectuer entiéèrce- ment sans celle heureuse circonstance. Un émigrant anglais, M. Harris, plantait il y a une vinglaine d’au- nées quelques ceps à Brockton dans la commune de Portland, sur le chemin de fer de Buffalo à Erié. Cet essai ayant réussi, il donna plus d'exteusion à ses Vignes, et trouva bientôt des imitateurs qui ont fait de Brockton le centre de la viticulture dans cette région, et l’acre de terre, 40 ares 47 centiares, qui se vendait autrefois 50 et 57 francs, vaut aujourd’hui de 500 à 1,500 francs. 3,000 acres, ou 1,215 hectares y ont été transformés en Vignes, produisaut de 3 à 8 lonnes de raisins par acre. Les cépages favoris sont le Concord et le Niagara, qui por- tent beaucoup sans exiger grand travail, aussi se rencontrent-ils sur les 7/10 des Vignes. Pour préserver les raisins du mildew et d’autres parasites, on les recouvre de sacs en papier dès qu'ils commencent à se développer. Certains propriétaires emploient 20 et 30,000 de ces sacs. Les grappes vendangées à partir du 5 septembre jusqu’au milieu d'octobre sont emballées dans des paniers ou des caisses, parfois même enveloppées de papier de soie, et expédiées par Chicago, vers les centres populeux de l'Ouest. Elles atteignent un prix moyen de 250 francs par tonne et la récolte de 1888 est estimée valoir 3,750,000 francs. Les raisins défectueux, ou dont les grappes sont peu fournies, servent seuls à faire du vin, mais la production est encore assez imporlante, car les celliers de Brocklon* peuvent contenir 90,000 gallons, 4,090 hectolitres de vin. Ce vin valant de 1 fr. 10 à 8, 4 et 5 francs le litre, se débile dans la plupart des buffets des chemins de fer de l'Ouest. (Extrait du New-York Times). VII. CHRONIQUE ÉTRANCGÈRE. Une série de fléaux. — Les expériences entreprises à Bhode Island, Australie, sur la destruction des Lapins par la méthode Pasteur, don- nent, paraît-il, peu de résullais jusqu’à présent, Les animaux nourris d'aliments empoisonnés par le microbe du Choléra des poules meurent rapidement, mais il n'y a pas transmission de la maladie à leurs con- génères. Outre la méthode Pasteur, on essaie le procédé de M. Watson, pro- fesseur à l'université d'Adélaïde, procédé consistant à propager la Gale du mouton chez ces rongeurs ultra-prolifiques, et la méthode du D' Ellis, qui p‘elend débarrasser le continent australien du fléau des Lapins, en leur inoculant une maladie nouvelle, nommée #arasmoïde par son inventeur. M. Watson propose enfin d'introduire et de multi- plier en Australie ie Putois de l'Amérique du Sud. | Les différentes colonies australiennes, et les propriétaires, sacrifient des sommes énormes en primes payées aux chasseurs et dépensenl plus encore en constructions de barrières infranchissables aux ron-— geurs. La colonie de Victoria paie chaque année, à raison de 25 cen- times par Lapin tué, pour 625,000 francs de primes aux chasseurs opérant sur les seules terres de la couronne. Une loi récente oblige, du reste, chaque propriétaire à détruire les Lapins vivant à ses dépens, et des pénalités doivent en assurer l'exécution. Il y a amende de 250 francs pour la première infraction, de 500 francs pour la seconde ; à la troi- sième, le gouvernemeut fait opérer des battues dont le récidiviste paie les frais. Beaucoup d’agriculteurs ne pouvant lutter contre le fléau ont dû faire abandon de leurs terres. La profession de chasseurs de Lapins est par contre des plus rémunératrices. Avec une centaire de pièges, un individu peut se faire 200 francs environ par semaine. Une ferme de 10,000 acres (4,047 hectares), doit entretenir une troupe d'au moins cent chasseurs. Quant aux barrières, le gouvernement en fait établir une de fil de fer treillagé, qui aura 8,000 milles, ou 15,000 kilomètres de long, et isolera la Nouvelle- Galles du Sud et le Queensland. Cette protection pourrait, il est vrai, devenir illusoire, si le fait rapporté par certains journaux se confirme, que les Lapins australiens, en butte aux attaques des Chiens et d’autres carnassiers, perdent l'habitude de creuser des terriers, et devenus grimpeurs, se réfugient sur les arbres. Le journal anglais The Field a en effet reçu d’un de ses correspondanis austra- liens, les deux pattes de devant d’un Lapin que l'expéditeur a tué sur un Acacia à 3 mètres du sol. Le chasseur australien écrivait en même temps que ce fait était très commun. Des arbres portant souvent des traces de griffes de Lapins, à 4 et 5 mètres au-dessus du sol, et que dans certaines régions, les femelles mettaient bas dans des sortes de — D oi ae be >. ms Po" Eh: k LA CON 4 AT en de ar, 5.4 ve ; 2 ' ae AE: "1 } e ra La: ») à à dnvete au ent Le: AS es re L ” ‘ ‘ ’ - + - « L | , ‘ ‘ t ’ ‘ À 1 « ‘4: . L ! 0 LE LES v ' | : 1 _ l * , CS f L p { rs © } œ , ’ ç # L ” i f is | NS $ n NÉ route Figure 3. — Laboratoire de Gesse, d’après une photographie de l’auteur. ‘esS0L) 2p 21107810QT np Ue[q — ‘# 242 / 1 Suesf Dit Ne: PU … RS 25 D A NES ET De ut ele y à, Énmiramennne tee eee TTL 177 |: T7 777 CZ / 4 , 4 JD 12 L fl 7 7 0 / , 4 : LES 77 7 Li Re : | + . Pr di \.R . _ 5 mire : Z Z Z Z Z \ NT \\ \ W/ 4 277220072714 /40E) dr dat 47/4 nl 744200 70 CUS) LT LD ty nl 6 y CZ #2 ‘# “ 28 / 9 o y RE #44 0Y k COUPE EN TRAVERS SURLAXE U 4) L OUR 2 TD 4 U 0 LL OR 4 1 LOS CL 4 1/0 4 y = CL <. 284 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Les oglacières employées pour ce transport, sont d'une construction remarquablement simple, bien différentes de ces appareils coûteux et encombrants, qu'on avait employés, il y a une trentaine d'années, pour les expéditions faites d'Angleterre en Australie. Elles se composent (fig. 5) de deux PS TONLENNNETELEE TE ETTEETE De NE? à TS une LT (ju & LR ÉNNYSIJIQGQGÇ EIRE — S NN Ses. & RE CD | 2 UD Figure 5. Couvercle mobile à charnières et crochets. Espace rempli avec la mousse. Chambre pour la glace. Fonds à claire voie pour l’écoulement de l’eau. . Claies pour le placement des œufs. How caisses en bois, l’une contenue dans l’autre, et séparées par un épais matelas de mousse B fortement tassée, qui sert de corps isolant ; sous le couvercle A, porté sur char- nières, est une chambre C, qu'on doit entretenir pleine de glace ; le fond de cette chambre D est à claire-voie. Immédia- tement au-dessous, s’étagent, superposés les uns aux autres, des châssis E tendus de toile sur lesquels reposent les œufs. LES SAUMONS DE CALIFORNIE DANS LA MÉDITERRANÉE. 289 Ceux-ci sont humectés par l’eau provenant de la fusion lente de la glace, qui s'écoule goutte à goutte, en traversant successivement tous les châssis, et maintient, dans l’intérieur de l'appareil, une température suffisamment basse pour rendre l'évolution embryonnaire très lente, et permettre, par conséquent, de longs transports. | La glace fit défaut pendant le dernier jour, et sous l’in- fluence d’une saute de vent au sud, qui produisit une fa- cheuse élévation de température, les éclosions commencèrent avant le terme du voyage; nous faillimes ainsi échouer au port. Ce fut pour nous, est-il besoin de le dire? une pénible émotion que celle que nous ressentimés, en ouvrant la pre- mière des trois caisses, et en constatant que tous les œufs déposés sur les châssis supérieurs, en partie -éclos, étaient morts, et agelutinés les uns aux autres en un horrible mé- lange! Allions-nous donc voir tous nos efforts perdus, toutes nos espérances ruinées ! de quelle main fiévreuse n’arrivâmes- nous pas aux étages inférieurs, où, bien heureusement, tout était en bon ordre encore ! Cette première glacière, plus petite que les deux autres, avait reçu, pour cette raison, une moin dre quantité de glace, sa réserve s'était donc épuisée plus rapidement, et enfin, elle avait été découverte et visitée à plusieurs reprises pour différentes causes. De plus, les œufs y avaient été serrés sur plusieurs couches, au lieu d’être sur un seul rang, circonstance qui avait favorisé le développement dé ferments funestes ; ces faits, dont l'expérience sera profi- table, expliquent seuls le mauvais état dans lequel nous la trouvämes. La seconde et la troisième glacières, au contraire, ne contenaient que très peu de morts. Le 1 novembre, je pus enfin, non sans une certaine satis- faction, télégraphier de Quillan à notre honoré président : « les œufs sont installés dans leurs incubateurs, pertes peu considérables, mais éclosions commencçaient ». Il était grand temps, en effet, de les tirer de leur étroite prison ; quelques jours plus tard, nous eussions éprouvé un désastre. Depuis lors, tout marche à peu près à souhait, grâce à la bonne direction de M. Albouy, et aux soins de son jeune aide M. Rouget. M. l'ingénieur en chef, dans le rapport qui précède, a donné très minutieusement le compte rendu des opérations suivies jusque-là, nous avons garde d’y revenir ; bornons-nous. à citer une lettre que nous adressait, il y à 286 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. quelque temps, M. Albouy, elle est conçue dans la forme la plus expressive : « Je vous adresse le bullelin mensuel indiquant la situation de la jeune colonie de Sulmo Quinnat que vous m'avez confiée. Je n'ai que de bonnes nouvelles à vous en donner. Avec l'appétit qu'ils ont, ils ne peuvent manquer de se tirer d'affaire. Les voilà maintenant, depuis le 16 janvier, avec trois repas, et ils dévorent toujours. Ils se préoccu- pent fort peu de ce qui se passe autour d’eux; ils prennent leur nour- riture, même dans le creux de la main. Vous voyez qu'ils ne sont pas trop sauvages et que ce que vous nous aviez dit à ce sujet se réalise de bonne heure. » Les bonnes nouvelles de Quillan ne pouvaient être que très bien accueillies en Amérique, et y causer le même plaisir que nous avions éprouvé à les recevoir à Paris. L’éminent com- missaire général des pêcheries a exprimé ce sentiment dans une correspondance qu'il nous à fait l'honneur d'échanger avec nous, et dont il est intéressant de rapporter ici la tra- duction fidèle ; on y verra de quel prix sont les relations que la Société entretient avec la commission fédérale des États de l’Union, au point de vue de l’avenir. « Je suis heureux d’apprendre, nous écrit M. Mc Donald, les condi- tions satisfaisantes de l’arrivée des œufs de Saumon de Californie, envoyés par nous à la Société d’acclimatation, car je m'intéresse grandement au succès de ces expériences, dont le résultat économique serait d'enrichir les rivières qui coulent vers la Méditerranée. Je vous aiderai de mon mieux à les poursuivre. Nous avons actuellement, sur les côtes ouest, deux stations spécialement affectées à la récolte des œufs de Saumon, dans le but d'entretenir en bon état les pêcheries de cette région. Nous serons en état, à chaque saison, de prendre, sur notre réserve, tel nombre d'œufs que vous pourrez désirer pour conti- nuer vos expériences. » Permettez-moi de vous suggérer ceci : nos naturalistes s'accordent à considérer la « Rainbow trout » comme une variété du Salmo Gaird- nerii, ou Steelhead-Salmon, laquelle est abondante dans le bassin de la rivière de Colombie. Une de nos stations est située sur la Clakamas, près de son confluent avec la première. Nous pourrions vous y réserver, si vous le désirez, un grand nombre (ix large numbers) d'œufs de Salmo Gairdnerii. Ne serait-il pas bien de l'introduire dans vos eaux ouvertes, en même temps et dans les mêmes conditions que le Saumon Quinnat”? Sa chair est d'une valeur égale, et il atteint un poids de 30 à 40 livres. Ne vous semble-t-il pas désirable d'introduire ces deux espèces, « in association », de même qu'elles vivent associées dans le bassin de la Colombie ? Faites-moi connaître les désirs de votre société, à cet LES SAUMONS DE CALIFORNIE DANS LA MÉDITERRANÉE. 281 égard, je me ferai un plaisir de vous envoyer des œufs et de contribuer de toute manière à la réussite d’une affaire si importante que celle que vous conduisez... » Comment résister à ces offres séduisantes ! forts, d’ailleurs, d'un vœu émis dans ce sens, par la section d’aquiculture, et d'un vote de notre Conseil, nous eûmes hâte de les accepter, en exprimant notre vive gratitude à nos généreux donateurs: La lettre du colonel Mc Donald indique assez le mérite de cette nouvelle importation : les chances de naturalisation du S. Quinnat, les espérances que nous avons conçues en ce qui le concerne, ne sauraient être moindres pour le S. Gaird- nerii, puisque les conditions de leur habitat naturel sont identiques, et que ces deux espèces vivent en complète har- monie dans les mêmes rivières, dont elles font la richesse. Nous devons donc nous réjouir de ce que l’occasion nous soit offerte de tenter cette double acclimatation, et de réu- nir, in association, selon l'expression de l’aimable commis- saire général, ces deux espèces sœurs dans nos eaux, de même qu'elles sont unies par la nature dans le bassin de la Colombie (1). L'effet a suivi de près les paroles: une dépêche du 23 fé- vrier dernier nous annonçait, en effet, l'envoi de la station de Wytheville, d'une dizaine de mille œufs de Salmo Gairdnert. Nous les avons reçus à Paris le 5 mars. Malheu- reusement, l'évolution embryonnaire était tellement près de sa fin qu'il ne nous restait que bien peu de chances favo- rables. Néanmoins, nous avons fait aussitôt la réexpédition sur Quillan, après avoir pris soin de munir la caisse d’une ample provision de glace; un lot témoin, qui a reçu asile au Jardin d’Acclimatation, a donné 1/5 de naissances. Si cette épreuve est, en définitive, peu satisfaisante, elle témoigne, du moins, d’une activité soutenue de notre part; les bonnes dispositions de nos auxiliaires d'Amérique nous per- mettent d'espérer que nous pourrons, avant peu, la reprendre dans de plus favorables conditions (2). (1) Le S. Gairdnerii a été confondu, jusqu'à ces derniers temps, avec le S. Irideus ; ce serait, comme le S. Quinnat, un poisson anadrôme. Le Dr F.-H. Bean, un ichtyologiste américain des plus distingués, a cependant émis récem- meat l'opinion qu’on se trouverait là en présence de deux espèces distinctes, quoique assez analogues. (2} En même temps, nous avons adressé à Quillan environ 25,000 œufs, dont la Société a fait l'achat, pour maiutenir les laboratoires en activ'té. Ces œufs 288 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Le dévouement de la Société à cette œuvre est absolu; celui des Ponts-et-Chaussées ne l’est pas moins; souhaitons que: l'Etat nous soutienne de son bienveïllant et puissant appui: Nous sommes le pays où la culture de l’eau est le moins en faveur, après y avoir cependant pris naissance, le seul, peut— être, où elle soit totalement déshéritée. Aux Etats-Unis, par exemple, où, plus que partout ailleurs, on est convaincu de son importance, une large dotation, régulièrement inscrite au budget, permet à la commission de se livrer à des travaux qui, comparés aux nôtres, pourraient être qualifiés de tra— vaux de géants; on compte, les œufs récoltés à chaque cam— pagne, non pas seulement par millions, mais par dizaines de: millions ; un vapeur exclusivement affecté à ce service, des: wagons spécialement aménagés à cet effet, transportent in— cessamment les alevins d’un fleuve à l’autre, de l'Atlantique au Pacifique, et on arrive ainsi à enrichir les eaux les plus pauvres, et à doubler la production naturelle. Le Canada, entrainé par l'exemple, n’a pas une moins puissante organisation, il n’a pas dédaigné d'instituer un ministère des pêcheries. La dépense totale pour le service des pêches, pendant l'exercice clos le 30 juin 1887, s’est élevée à 265,443 dollars. Dans ce chiffre, la pisciculture seule a compté pour $ 37,864, soit environ 200,000 fr. — Comme résultat, ce même exercice a produit: $2,007,278 en Sau— mons, $ 490,786 en Truites et $ 117,500 en Aloses, pour ne parler que des espèces qui sont principalement l’objet d’éle- vages artificiels. Le capital absorbé, chaque année, par ce service n'est-il pas placé à un assez bel intérêt? En Europe, nous sommes devancés par tous les États; la Belgique elle-même, quoique moins intéressée, à raison du : peu de développement des rivières qui coulent sur son terri- toire, entre activement dans cette voie; depuis 1885 le gou— vernement a fait verser plusieurs millions d’alevins de diffé rentes espèces, dans ses eaux. Nos fleuves de France, si féconds autrefois, n’entrent plus: dans le décompte de la fortune publique au rang qu'ils de-— vraient avoir, qu'ils auraient infailliblement si on en avait pris le moindre souci. Nous l’avons dit, en d’autres occasions, appartiennent à une espèce sédentaire de Truite saumonée, qu'il nest pas: sans intérêt de naturaliser dans la rivière ; en nous en accusant réception, M. Albouy nous informe qu'ils lui sont parvenus dans le meilleur état, | | | | | LES SAUMONS DE CALIFORNIE DANS LA MÉDITERRANÉE. 289 et nous ne saurions trop le redire, qu'on protège le poisson, au temps où il doit l'être, qu'on s'occupe activement de le multiplier là où il est devenu rare, qu’on assure un libre passage aux espèces anadrômes, qu'on veille à maintenir la salubrité des eaux, qu’on réprime vigoureusement le bracon-— nage, et bientôt l'aisance entrera sous le toit du pêcheur, et la fortune publique s’accroîtra par degrés. Les eaux sont sus- ceptibles de culture, comme la terre, et peuvent aussi donner d’abondantes récoltes, sous l'influence de défrichements bien conduits. Partout où l'expérience en a été faite, on a pu être {rappé des résultats économiques qui ont été obtenus. En ce qui a trait plus spécialement à l'objectif que nous poursuivons dans le Midi, y a-t-il lieu d'en faire ressortir l'intérêt, et de démontrer de quelle importance il peut étre? L'étude des mœurs du Saumon a appris qu'il se développe surtout en mer, et qu'il ne fait pendant son séjour dans les fleuves qu'une insignifiante dépense de nourriture; il vit donc dans les eaux douces sans rien prendre sur leur faune natu- relle, et il y vient périodiquement comme une manne nouvelle. Le produit de la pêche de l'Aude, par exemple, est, en l’état actuel, d'une maigre importance, bien que la Truite y soit très abondante et d'excellente qualité; à quel chiffre s’élève- rait-il le jour où le Saumon serait définitivement naturalisé dans ce fleuve? Les pêcheries de l’Adour ne donnent pas moins d’un million, année moyenne; la Bidassoa, qui ne nous appartient qu’en partie, et dont la pêche est rigoureusement restreinte par des conventions internationales, produit jus- qu'à 100,000 francs, pour la seule rive française. Sur la Basse- Loire, 3 ou 4,000 familles vivent exclusivement de la pêche du Saumon. Ajoutons, enfin, que la consommation annuelle de ce poisson, par le seul marché de Paris, dépasse 700,000 kilos, dont les 7/8 sont fournis par l'étranger. Combien n'est-il pas à souhaiter que nous puissions augmenter notre produc— tion, pour nous affranchir de ce lourd impôt d'importation que nous payons, chaque année, de ce chef seulement, à l'Angleterre, à la Hollande, à l'Allemagne? Qu'il me soit permis, en terminant, de rappeler ce mot de Franklin, plus vrai que jamais : « Tout poisson tiré de l’eau, est une pièce de monnaie mise dans le commerce ». Que ne dira-t-on pas de notre généreuse entreprise, dont le but est de jeter dans le creuset de la fortune publique des trésors tout nouveaux! NOTE SUR LES ANIMAUX QUI VIVENT AU PARC DE LA PATAUDIÈRE Lettre adressée au Directeur du Jardin zoologique d'Acclimatation Par M. PAYS-MELLIER. (SUITE ET FIN *) Avant d'entrer dans le parc des mammifères, nous longeons l’enclos des Nandous (Rhea Americana). Le mâle est stupide ; très méchant, il se jette dans les gril- lages et ne permet à personne de s'approcher. Nous avons élevé, plusieurs années de suite, des jeunes Nandous; le mâle seul couve et se charge du soin des petits. L'année dernière, ce même mâle n’a pas voulu couver et une seule femelle a pondu cinquante-sept œufs ! J'en ai en- voyé un grand nombre à un de nos confrères qui n’a pu réus- sir cet élevage par la couveuse artificielle, et j'en ai mis deux sous une Dinde qui les a parfaitement fait éclore. La ponte est encore régulière et abondante cet été, mais le male ne se décide pas encore à couver. J'ai donné quatre œufs, cette fois, à une grosse Dinde qui couve admirablement... J'espère donc en obtenir bientôt encore l’éclosion. | Nous voici dans le parc des mammifères... Tous ces enclos, séparés par de larges allées, sont tous en- tourés par d’épaisses charmilles taillées qui, en nous cachant les grillages, abritent les animaux des grands vents, tout en nous laissant un agréable coup d'œil. Les Moufions à manchettes (Ovis tragelaphus) de l'Afrique septentrionale, toujours groupés sur leur monticule, seraient jolis et faciles à photographier. Le mâle est énorme : il est doux et bon, fort heureusement, car rien ne pourrait résister à ce colosse. (*) Voyez plus haut, page 172. NOTE SUR LES ANIMAUX DU PARC DE LA PATAUDIÈRE. 291 Ces animaux n'ont qu'un simple abri; ils ne paraissent point souffrir des plus grands froids et ils reproduisent à merveille. | Plusieurs Faisans de la variété cendrée, vivent dans leur compagnie. A côté des Mouflons, se trouvent les Cerfs aæis, superbes animaux à la robe joliment mouchetée; ils sont rustiques et reproduisent régulièrement chaque année. Les veneurs trouveraient là, je le garantis, une magnifique bête extrêmement vigoureuse et résistante, brave et digne des chasses à courre. Ce serait, certes, la plus belle et la meilleure acquisition pour les forêts de France si dépeuplées aujourd'hui. Mais la routine est là, toujours, chez nous, qui paralyse et qui arrête tous les essais. Avec les Axis, nous voyons quelques jolis Faisans de la variélé panachée. qui font bon ménage tous ensemble. En face sont les Antilopes des Indes ([Antilope cervicapra). Quels bonds ! quelle agilité ! aucun animal ne bondit avec autant de vigueur. ” Ces bêtes sont très familières, mais un rien les effraie et leur fait perdre la tête. Elles sont extrêmement rustiques, ne craignant point les froids, même les plus rigoureux, couchant souvent dans la neige ou restant sous la pluie ; leur cabane est en plein nord et toujours ouverte. Les femelles reproduisent très bien et assez régulièrement, mais il nous est impossible de laisser deux mâles ensemble, car ils se battent et se tuent souvent. Des Faisans argentés (Phasianus nyctemerus) vivent au milieu des Antilopes dans ce même parc. Dans cet enclos qui touche, nous avons les gigantesques Kangurous rouges (Macropus rufus), et sur ce gros tronc d'arbre branchu se perchent les Kangurous pétrogales (Pe- trogale xanthopus.) Une femelle de ces derniers a un petit déjà fort dans sa poche. Ces Pétrogales semblent craindre la pluie, car ils se cachent bien vite à la moindre ondée ? Ils souffrent encore des grands froids trop longs et cet hiver passé, inous avons dû les rentrer. ‘292 ._ REVUE DES SCIENCES NATURELLES: APPLIQUÉES. Quant aux grands Kangourous rouges, un simple abri avec abondante litière paraît leur suffire. Quelques Faisans de Reynaud (Æwplocomus lineatus) de Birmanie sont làchés avec les Kangurous. Ces jolis petits Faisans à huppe d’un bleu violet, aux joues rouges, avec le dessus du plumage gris glacé et le ventre bleu flammé de blanc sont assez féconds et leurs jeunes faciles à élever. Péndant l'hiver dernier si long et si dur, un Coq RE a eu les pieds complètement gelés. En tournant à droite, nous trouvons le parc des Cerfs de Virginie élégants, légers et gracieux, ressemblant à nos Chevreuils. Les Biches reproduisent chaque année, bien régulièrement et donnent toujours deux jeunes à chaque fois. | Quoique rustiques, ces animaux seraient peut-être un peu sensibles, à de longs froids humides, mais cependant, ils résistent très bien à nos hivers de Touraine. i En face, nous voyons le joli troupeau des Cerfs Muntjacs (Cervulus auratus) des îles de la Sonde. On m'a assuré que ces animaux étaient les seuls exem plaires vivants dans les jardins zoologiques et qu'il n’en ar- rivait pas en Europe. Mes muntjacs, en effet, ne sont point les Muntjacs lar- Inoyants qui viennent de la Chine et qu'on voit dans quelques établissements zoologiques, mais bien les Muntjacs dorés de Java et de Sumatra. Toujours est-il que ces jolis petits Cerfs au poil court et brillant, couleur de marron d'Inde, reproduisent régulière- ment, mais que les Biches élèvent très difficilement leurs jeunes. Aussi, nous avons l'habitude, aussitôt la naissance, d'enlever le petit et de le confier à une Chèvre nourrice. Nous conservons toujours plusieurs Chèvres du Sénégal et autres, qui nous servent à allaiter nos jeunes animaux, Cerfs ou Antilopes refusés par les mères ou. nés trop faibles. En ce moment même, un jeune Cerf doré et une jeune Biche de même espèce courent et suivent une toute petite Chèvre du Sénégal qui est leur mère adoptive. Le premier couple de ces Muntjacs dorés était très frileux à son arrivée à la Pataudière et ces animaux nous ont de- mandé de bien grands soins et beaucoup de peine pour leur NOTE SUR LES ANIMAUX DU PARC DE LA PATAUDIÈRE. 293 faire passer le premier hiver, sans trop de fatigue. Aujour- d'hui, ils se sont acclimaltés et ils subissent notre chmat sans danger : leurs jeunes restent même impunément, bien sou- vent, dehors, pendant les jours les plus froids ! Leur cabane, bien entendu, est très bien exposée au couchant; elle est tou- jours chaude et à l'abri des fortes gelées. Des Faisans vénérés ([Phasianus Reevesti) de la Chine, aux couleurs vives et brillantes, à la queue magnifique, dé- passant 5 pieds de longueur, ornementent le parc des Muntjacs. Le Faisan vénéré résiste parfaitement au froid le plus ri- goureux : sa ponte est précoce et abondante ; aussi, ces splendides oiseaux sont devenus communs et se trouvent au- jourd'hui dans toutes les faisanderies. A côté des Muntjacs, se trouve le parc des Antilopes à grandes cornes (Oryx leucoryx), originaires de l'Afrique centrale depuis la Nubie jusqu'au Cap. Ces beaux animaux, extrêmement décoratifs, nous donnent un jeune, chaque année, bien régulièrement. Nous avions l'habitude de les rentrer chaque hiver, dans des étables chaudes ; depuis deux ans, nous les laissons dans leur parc et ils résistent bien. Il est vrai que leur cabane est bien abritée et construite de facon à ne point laisser le froid y pénétrer facilement. Avec les Antilopes leucoryx, nous voyons les Faisans Houppifères mélanotes (Euplocomus melanotus) des mon- tagnes de l'Inde. Ce Houppifère n’est pas apprécié à son mérite ; le public le néglige, je crois, parce qu'il le connaît trop peu. Il a, en effet, les formes gracieuses et des reflets très brillants : entière- ment noir, sauf la poitrine dont les plumes sont blanches et eflilées, il porte une huppe composée de plumes noires et fines et 1l prend ses couleurs et reproduit dès la première année. De plus, il est très rustique et assez fécond. En face des Antilopes leucoryx est l’enclos des Xangu- rous de Bennett (Halmatlurus Bennetti) et des Kangurous rats (Hypsiprymnus murinus) de la Tasmanie et de la Nou- velle-Hollande. Les Bennett sont les plus rustiques des. Re ils 294 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. paraissent insensibles aux plus grands froids et ils repro- duisent bien. Le Kangurou rat diffère beaucoup des autres espèces par la petitesse de sa taille, ses pattes de derrière plus déliées et plus longues proportionnellement et par sa tête triangulaire large et aplatie par derrière assez semblable à celle d’un rat. Cet animal, plus agile que tous les autres, reproduit avec la plus grande facilité. Nous voyons parmi ces Kangurous des faisans ordinaires [Phasianus Colchicus). En tournant à droite et en suivant, nous arrivons au rond- point où aboutissent toutes les allées : là, se trouve un gros rocher creux, artificiel, entouré d’un grillage de trente mètres de pourtour et dans lequel nous voyons une quantité de Faisans aux couleurs les plus brillantes. Ce sont des Æybrides obtenus du croisement du Faisan doré avec le Faïisan de Lady Amherst 3/4 sang, 1/2 sang et 1/4 sang. Tous ces Faisans mêlés, parmi lesquels nous remarquons les: types pur sang, font un assez joli effet. Prenons maintenant cette allée; elle nous conduit encore à quelques volières. À gauche, nous avons dans la première volière les 7r7ago- pans satyres (Ceriornis satyra) des monts Himalayas qui s’'accommodent très bien de notre climat. Malheureusement, au moment de la ponte, la femelle de ce bel oiseau, parfaite reproductrice, est morte d'accident et malgré toutes mes recherches, je n’ai pu m'en progres temps, une nouvelle. Dans toutes ces büches pendues sous l'abri, nichent des Perruches omnicolores (Platycereus eximius) et à croupion rouge (Psephotus hæmatonotus). Ces Perruches vivent en assez bonne intelligence et ces deux mâles jaunes au front rouge, aux ailes vertes et noires, ainsi que ces deux femelles sont le produit, de l’an dernier, d’une femelle omnicolore avec un mâle à croupion rouge. La seconde volière est celle des Lophophores resplendis- sants (Lophophorus Impeyanus) de l'Himalaya. Le Coq adulte est très beau, maïs il a été séparé de sa femelle, car, comme il arrive souvent, le mâle dans cette h 4 NOTE SUR LES ANIMAUX DU PARC DE LA PATAUDIÈRE. 295 espèce tue ou estropie sa femelle, au moment des accouple- ments. Cette année donc, mon Lophophore vivait en bonne intel- ligence, depuis le commencement de l'hiver, avec sa femelle qui venait même de pondre son premier œuf (lequel œuf 4 donné naissance à une jeune femelle déjà très forte aujour- d'hui), lorsque tout-à-coup, un matin, mon faisandier n’a pu arriver à temps, ce stupide oiseau déchirait la tête de sa compagne à coups de bec. Restée mourante pendant bien des jours, nous n'avons pu la sauver qu’à force de soins et de patience : mais elle est pour toujours vilainement abimée. Une troupe de Calopsittes de la Nouvelle-Hollande et deux paires de Bulla-Bulla [Platycercus Barnardi), ainsi qu'un couple de Bauer (Plalycercus zonarius) nichent dans cette volière. La troisième volière contient une paire de 7Yagopans de Temminck (Ceriornis Temminckii) de la Chine et une collec- tion de Colombes et Pigeons. Les Temminck pondent bien et nous élevons les jeunes sans difficulté. . Le Pigeon tigré (Guinea) ne fait rien; mais, en revanche, les Colombes diamant (Cuneata,) Passerines (Chamæpelia passerina), éméraudines (Chalcopelia Afra), à oreillons (Zenaida auriculata), maillées [Turtur Senegalensis), pon- dent et élèvent, à qui mieux mieux, leurs petits. En revenant, nous avons le parquet des Faisans de Lady Amherst de Chine, toujours superbes, quoique bien connus et bien communs aujourd’hui ! Puis une volière où se trouve une paire de Faisans d'Elliott (Phasianus Elliotti) de ia Chine, magnifiques oiseaux, encore rares, et plusieurs de ces Pigeons trembleurs [Mookhee) importés des Indes, récemment, par M. W. Jamrach. Enfin, en suivant toujours, nous arrivons encore aux trois dernières volières. La première contient un couple d'Eperonniers Chinquis (Polyplectron Chinquis) de Birmanie, et une paire de Co- lombes lwinachelles (Phaps calcoptera) de l'Australie. La femelle d'Eperonnier Chinquis pond deux œufs dès le mois de février et, si on a le soin de les lui enlever, elle recommence à pondre deux autres œufs, huit ou dix jours 296 + REVUE DES: SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES.. après et ainsi de suite, jusqu'à quatre et cinq fois en une saison. La durée de l’incubation et la méthode d'élevage sont les mêmes que pour les Faisans. Les Chinquis sont très rustiques et ne craignent point le froid. La Colombe Lumachelle s’accommode très bien sé notre climat ; elle ne rentre sous l’abri que pendant les grandes gelées et se reproduit assez régulièrement. La seconde volière renferme un couple de Pénélopes à sourcils blancs [Penelope superciliaris) du Brésil et un couple de Cardinaux rouges (Cardinalis Virgimanus) de l'Amérique septentrionale. Les Pénélopes, exclusivement propres aux régions inter- tropicales de l'Amérique méridionale, craignent le froid et sont rentrées pendant l'hiver. Cette année, bien que le couple de ces oiseaux ie en par- fait état, nous n'avons pas de reproduction. Les Cardinaux rouges vivent bien et ont niché dans jeu volière : ils ont très bien résisté à l'hiver dernier, n’ayant que l’abri pour se mettre à couvert. Dans la troisième volière, nous avons un sous de Cc- lombes Zophotès (Ocyphas lophotes) de l'Australie, et une paire de ces Faisans Swinhoë dits Havanes, variété curieuse ét belle, dont la femelle est, en effet, couleur havane et le mäle bleu à reflets très brillants sans rouge et sans blanc. Ces Faisans havanes reproduisent comme le Swinhoë de Formose dont ils ont les habitudes. La Colombe lophotes est le plus rustique de toutes les Co- lombes et l’une des plus gracieuses du genre : elle reproduit facilement. A quelques pas de ces volières, nous voyons le Rocher des Phascolomes,. animaux lourds, massifs, à la marche plantigrade. Ils se nourrissent de salades, de choux, de carottes, de pain ; ils aiment surtout l'herbe verte des pelouses. - Nous ne les rentrons pas pendant l'hiver; nous nous con- tentons de bien bourrer de paille leur demeure. Je possède les Phascolomes Wombat. [Phascolomys ursinus) de Tasmanie, et les Phascolomes à front large (P. talifrons) de l'Australie méridionale. NOTE SUR LES ANIMAUX DU PARC DE LA PATAUDIÈRE. 297 Le premier paraît insensible aux froids, mais le Latifrons est un peu moins résistant et, pendant les fortes gelées, nous renfermons, la nuit, ces animaux dans leur rocher. Les femelles, qui font partie de la famille des Marsupiauxr, ont une poche abdominale. Nous n'avons pas encore, jusqu'à présent, pu obtenir cette reproduction. En revenant un peu sur nos pas, nous entrons dans la nou- velle annexe du Parc d’acclimatation. Là, sur les pelouses, nous apercevons les gigantesques Antigones {Grus antigone) de l'Inde méridionale, à la dé- marche fière et majestueuse, puis les Grues couronnées (Balearica regulorum) variété bleue du Cap de Bonne- Espérance, et variété noire de l'Afrique occidentale, ainsi que les gracieuses et légères Demoiselles de Numidie (An- thropoides virgo) de l'Europe orientale, les Bernaches no- nettes et Cravant (Bernicla leucopsis et Brenta), les Oiïes d'Egypte d'Afrique et les Oies Dispar du Chili. Les Grues de Numidie, les Oies et les Bernaches ne sont jamais rentrées pendant l'hiver, mais nous renfermons la nuit et pendant les grands froids les Grues couronnées bleues et les Antigones. Quant à la Grue couronnée noire, elle est très frileuse et le moindre froid lui gele les pattes. L'année dernière, à pareille époque, nos Grues couronnées bleues ont fait un nid, mais elles n’ont pas pondu. Cette année, depuis quelques jours, elles coupent une quantité de branches d'arbustes et elles en font un énorme monceau sur lequel la femelle est toujours grimpée, piétinant, entrelacant, arron- dissant tous ces débris. De plus, le mâle est devenu très méchant et difficile à ap- procher. Ne serait-ce donc pas là l'indice d’une reproduction certaine et prochaine ? Une femelle Oie dispar a trois jeunes qu’elle promène avec elle. Au centre de ce jardin, nous voyons le grand châlet rus- tique des Lamas du Pérou. Ces grands et forts animaux à l'épaisse toison préfèrent les hivers aux grandes chaleurs qu'ils supportent néanmoins, très facilement. Très dociles, très doux, ils sont surtout d'une extrême sobriété et se con- tentent de foin et d'herbe pour toute nourriture. 20 Mars 1889. 20 298 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Ils reproduisent très bien, et tous ceux que nous possédons sont nés à la Pataudière. À gauche, nous avons les enclos des Moutons du Soudan ou d'Abyssinie, des Chèvres d'Angora et des Chèvres naines du Sénégal : à droite, le parc des Moutons de la grande race laitière du Texel. Les Moutons à grosse queue du Soudan sont très décoratifs et leur chair est exquise : nous en obtenons des jeunes, chaque année ; mais ils sont un peu sensibles aux grands froids et surtout à l'humidité. Quant aux Moutons du Texel, ils sont bien l'espèce la plus avantageuse sous tous les rapports. Ces animaux sont, en effet, d’une grande rusticité et d’une grande vigueur; leur laine est d’une qualité parfaite et d’une abondance extraor- dinaire et les Brebis ont, à chaque mise bas, trois jeunes et souvent quatre. De plus, on trait ces dernières comme des Chèvres et elles donnent facilement, par jour, quatre et cinq litres d’un lait excellent. La Chèvre d’Angora se distingue de toutes les autres Chèvres par son poil long, soyeux et brillant, recherché par l'industrie qui en fabrique de magnifiques tissus. La Chèvre naine du Sénégal, si remarquable par sa toute petite taille, n’est qu'un animal d'ornement. Elle nous sert, cependant, souvent, de nourrice pour élever nos jeunes animaux, Cerfs, Antilopes rares ou débiles, car elle est douca et intelligente. En terminant notre longue promenade, nous passons de- vant le parc des Gazelles ([Subgutturosa) de Perse. Ces charmantes bêtes résistent à tous nos hivers ; leur cabane est toujours ouverte et elles ne paraissent point souf- frir des plus mauvais temps. Les femelles reproduisent régulièrement ; deux jeunes à chaque mise bas et quelquefois trois. Ces deux jeunes femelles que nous voyons avec ce mâle adulte, ont été élevées par une Chèvre du Sénégal, car leur mère a été étranglée sitôt leur naissance, par des Chiens fox- terriers qui avaient pu pénétrer dans l’enclos, pendant la nuit et qui m'ont fait un véritable carnage et causé des pertes irréparables . Ces pauvres petites orphelines sont bien venues et elles reconnaissent et suivent encore leur mère adoptive. NOTE SUR LES ANIMAUX DU PARC DE LA PATAUDIÈRE. 299 Les Faisans de grande taille si singuliers avec ce faux-col blanc formant deux cornes en arrière et cette longue queue ornée de longues barbes panachées de noir et de blanc, qui se promènent librement dans le parc et qui sont si familiers, sont des ÆZo-kis ou Crossoptilons du Thibet: ils sont robustes et ne redoutent ni le froid ni le chaud. Puis, nous longeons le grand enclos des Casoars {Dromaius Novæ-Hollandiæ), ces gigantesques et beaux oiseaux sont d’une vigueur et d’une rusticité extrêmes ! Jamais ils ne ren- trent sous l’abri et malgré le froid le plus rigoureux, ils cou- chent le soir à terre, sur le gazon et lorsque tombe la neige ou la pluie froide de l'hiver, nous les voyons se lever le matin, les plumes glacées sur le corps, mais toujours vifs et gais, ne paraissant jamais s’apercevoir des plus mauvais temps! Is se nourrissent de pain et de pommes de terre cuites, Ce couple est jeune et n’a pas encore reproduit. Enfin, en quittant le jardin, nous trouvons le rocher des Pécaris à collier {Dicotyles torquatus) de l'Amérique du Sud. Pendant les premières années, nous avions l'habitude de serrer ces animaux l'hiver ; mais depuis quatre ou cinq ans, nous les laissons dans leur rocher, en ayant soin seulement de boucher la plus grande partie des ouvertures et de mettre à l’intérieur, une abondante litière de paille sèche. Les Pécaris ont bien résisté ainsi, maïs jusqu'à présent, ils ne se sont jamais reproduits à la Pataudière ! NOTE SUR LES PERDRIX-GALLINES DE L'INDE x Leitre adressée à M. le Président de la Société Nationale d'Acclimatation de France, Par M. ALEXANDRE MAÏiRET, Faisandier chef de la Faisanderie du Château d’Andilly. Monsieur le Président, J'ai l'honneur de vous adresser les quelques notes que vous me demandez sur les Perdrix-Gallines (Galloperdix spa- dicea}, sur leur élevage et les résultats obtenus à la faisan- derie du château d’Andilly (Seine-et-Oise), chez M. Rodoca- nach. Une paire importée, provenant des collections de M. Cor- nély, de Tours, nous est arrivée au printemps de 1888. La femelle a pondu son premier œuf le 25 avril. Cet oiseau, qui est classé parmi la famille des Perdrix percheuses, appar- tiendrait plutôt au genre Eperonnier, en ayant tous les caractères, soit comme forme, mœurs et ponte. Cette espèce, de ia grosseur d’une perdrix rouge, a une queue assez large, une queue de poule si l’on peut ainsi dire, mais les plumes de cette queue sont superposées horizontale- ment. Dans les deux sexes, le bec, les pattes et le tour des yeux sont rouges. Le mâle a le dessus de la tête brun-noir, le reste du corps brun-chocolat et chaque plume est régulièrement bordée, surtout sur la poitrine, d’un liseré noir. La femelle a le dessus de la tête brun-noir. Le dessus du corps est plus gris que celui du mâle, les plumes de cette partie du corps sont marquées de taches noires et jaunes et bordées d’un liseré gris-clair. Le dessous du corps est d’un jaune-isabelle-clair et chaque plume est régulièrement bordée de noir. NOTE SUR LES PERDRIX-GALLINES DE L'INDE. 301 Originaires de l'Inde, ces Perdrix-poules sont très rus- tiques, mais elles craignent l'humidité. Leur nid, composé de foin et caché avec une poignée de paille a été fait dans un coin de la cabane qu’elles habitent; chaque ponte est de deux œufs, espacés de deux jours; les autres pontes sont échelonnées de dix à quinze jours d’inter- valle entre elles. Les œufs, d’un blanc rosé, ressemblent beau- coup à ceux des Eperonniers Chinquis. Ces oiseaux ont pondu dix œufs (1), dont deux ayant la coquille trop faible n’ont pu être mis à couver; les autres, placés sous des poules naines, ont donné naissance à six sujets nés après vingt et un jours d’incubation; les deux au- tres œufs étaient clairs. L'élevage se fait facilement: pendant quelques jours les jeunes se nourrissent d'œufs de fourmis qu'ils viennent prendre au bec de la poule qui les élève, puis ils mangent comme de jeunes poussins, c'est-à-dire pâtée et grains. Il faut avoir soin de les rentrer au sec pour la nuit et les séparer de leur mère à trois mois; n'ayant plus besoin de orands soins à cet àge, on les nourrit comme tous les galli- nacés. Sur les six jeunes élevés {nous avons deux mâles et quatre femelles) deux paires ont été cédées au Jardin. L'année prochaine, je vous ferai connaitre les résultats que nous obtiendrons avec les importées et avec les jeunes sujets nés cette année. (1) Epoque des pontes : dreponte = {erœul...:., 25 avril. — 2e œuf..... « 27 avril. 2e — re 10 mai. FR ÉNURE 12 mai. 3e -- IAE LEIS 18 mai. SANTA M 20 mai. 4e. — Er ct È te 4 juin. ER BE 6 juin. D — ANSE PTE 17 juin. fe 19 juin. DES ARBUSTES DU CHILI À CULTIVER EN PLEINE TERRE DANS LE SUD - OUEST DE LA FRANCE Par LE Dr CLOS Directeur du Jardin des Plantes de Toulouse, correspondant de l’Institut. On lit dans le premier numéro récemment paru de la Revue des sciences naturelles appliquées, p.38, que les fruits char- nus ou baies d’un arbuste du Chili, le Maqui, sont employés par les Chiliens, non seulement pour donner de la couleur au vin, mais aussi pour la confection de glaces ou de confitures, ce qui témoigne de leur innocuité. L'auteur de la note ajoute : : « Get arbrisseau qui atteint 3 - 4 mètres de hauteur réussirait très probablement dans la France méridionale. » Le doute n’est plus permis à cet égard : depuis un grand nombre d'années, figure dans l'École de botanique du jardin des Plantes de Toulouse, un pied de cette Tiliacée, Aristotelià Maqui, qui résiste à tous nos hivers sans réclamer le moindre abri, a une végétation vigoureuse, conserve constamment ses feuilles, fleurit certaines années et semble avoir retrouvé là le climat qui lui convient. Je saisirai cette occasion pour signaler quelques autres arbustes du Chili cultivés dans le même établissement avec des succès divers. De deux jolies Myrtacées aux feuilles persistantes, apparte- nant au genre ÆEugenia, l’une s’y comporte à merveille en pleine terre et paraît aussi rustique que le Maqui, c'est l'Eugenia apiculata ; l'autre, l'Eugenia Ugni, aux baies co- mestibles, s’est constamment montrée réfractaire à l’action du climat toulousain, bien qu’elle réussisse à Segrez (Seine-et- Oise), dans l’Arboretum de M. Lavallée. À côté de l'Escallonia macrantha naturalisé dans les di- verses régions du sol français, végète au Jardin, avec le même degré d’immunité contre les grands froids, l’Escallonia rubra, gracieux arbuste aux feuilles persistantes, comme les Eugenia, mais appartenant au groupe des Saxifragées. DES ARBUSTES DU CHILI. 303 Les Colletia, arbustes de la famille des Rhamnées, tout hé- rissés d’épines accompagnées ou non de petites feuilles, sont représentés par trois espèces du Chili très rustiques : les C. ulicina, cruciata (à épines opposées croisées) et ferox, propres à faire d'excellentes haies de défense, et réussissant dans toutes les parties de la France. Le Chili nous a donné, de la famille des Térébinthacées, les Duvaua, petits arbres à feuilles simples, coriaces, aroma- tiques, persistantes, et dont une espèce le D. dentala se main- tient depuis longues années dans notre École sans le moindre abri. Le Quillaja Saponaria, du même pays et du groupe des Rosacées, est un joli arbrisseau dont l'écorce donne à l’eau les propriétés du savon ; il supporte nos hivers, quand ils sont doux, mais il meurt dans ses parties aériennes par l’action des fortes gelées, repoussant du pied à la belle saison. Quelques espèces chiliennes de Berberis, entre autres le B. actinacantha et deux autres aux feuilles persistantes et lustrées, les B. Darivini et empetrifolia, bravent à merveille nos hivers en pleine terre. De la famille des Scrofularinées, un petit arbre aux feuilles opposées et persistantes, dont les fleurs réunies en grosses boules jaunes répandent une odeur de miel, le Buddleia glo- bosa, n’est pas moins rustique. Il faut en dire autant d’un tout petit arbuste des Solanées, chilien comme le précédent, le Nierembergia frutescens, ainsi que du Fabiana imbricata et du Cestrum Parqui. On utilise au Chili un arbuste toujours vert, de la famille des Monimiacées, le Peumus Boldus (aussi appelé Boldus Chi- lanum et Boidoa fragrans), et pour ses feuilles que l’on emploie en infusion en guise de thé, et pour ses drupes à saveur douce et agréable, et pour ses graines oléagineuses. Mais le Boldo est aujourd'hui en honneur dans la thérapeu- tique européenne contre les maladies du foie. Il s’accommode de notre climat et figure aussi dans les collections de Segrez. De la famille des Conifères je ne citerai que deux espèces : le magnifique Araucaria imbricala, qui résiste dans nos contrées si on a soin de ne le livrer à la pleine terre que lorsqu'il 4 acquis une certaine force, et le Podocarpus Andina souvent appelé Prumnopylis elegans, qui ressemble un peu à un If (d’où son nom ancien de Taxus spicata). 304 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Enfin un gracieux Palmier, le Jubæa spectabilis du Chili, consent à supporter chez nous la pleine terre à condition de lui donner un abri. Deux jolis arbustes du même pays, le Citharexylon cyano- carpum (Verbénacée) et le Berberidopsis corallina (Ber- béridée) abandonnés en plein air sont morts ; mais comme ils vivent à Segrez, l'expérience est à reprendre. Il conviendra d'essayer aussi, car ils figurent dans les collections de M. La- vallée, les Azara integrifolia et dentata, ainsi qu'un grand arbuste volubile, le Lardizabala biternata aux feuilles com- posées, à la tige acquérant un assez fort volume et aux fruits d'une saveur agréable. Cette liste d’arbustes du Chili supportant la pleine terre à Toulouse aurait dù être précédée ou devrait être suivie de quelques considérations sur le climat et la géographie de la première de ces contrées dans leur rapport avec la végétation. Mais on les trouvera dans ce Recueil, où M. Verlot publiait en 1875 la liste des plantes du Chili rares ou non encore in- troduiles, qu'il pourrait être utile au point de vue industriel, économique ou ornemental de cultiver dans le Midi de la France (Région de l’Olivier), p. 596-625. La plupart des espèces signalées dans la présente note sont inconnues dans notre Sud-Ouest. Pourquoi, quand l’horticul- ture a tant de richesses à sa portée, ne pas diversifier davan- tage la composition de nos parcs et de nos jardins ; pourquoi n'y voit-on figurer toujours que les mêmes essences ? II. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 15 FÉVRIER 1889. PRÉSIDENCE DE M. A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres admis depuis la dernière séance générale. MM. PRÉSENTATEURS. Am. Berthoule. Marquis de Forbin-Janson. Marquis de Sinéty. Am. Berthoule. Marquis de Sinély. Léon Vaillant. : | Am. Berthoule. | | | Bart (S. A. R. Monseigneur le Comte de), 8, rue Matignon, Paris. BIvVORT DE LA SAUDÉE (E.), Château de Fontaine-l'Évêque, Hainaut (Belgique). BOULARD DE PLAINVAL (Gaston), 48, rue Taitbout, Paris. Marquis de Forbin-Janson. Raveret- Wattel. Am. Berthoule. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. Am. Berthoule. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. Am. Berthoule. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Edgar Roger. Liasse (Charles-Francois-Jules), repré- { Magaud d'Aubusson. sentant de fabriques, 45, rue de l'Échi- { Jules Grisard. quier, Paris. Aug. Paillieux. | Am. Berthoule. DE COMMINES DE MARSILLY, 10, avenue Montaigne, Paris. LASSALLE (Jean), propriétaire, 1, rue Spon- tini, Paris. LEBLANC (L.), filateur, à Givonne (Ar- dennes). YVOIRE (Félix d')}, propriétaire, à Yvoire, am. te. par Sciez (Haute-Savoie). Cam. Dareste Aug. Paillieux. — M. le Président annonce à l’assemblée que la Société fera cette année, à ses membres, une distribution d’une cer- taine importance, notamment : d’Igname plate du Japon que nous devons au gracieux concours de M. Paillieux, de graines d’essences forestières de l’Amérique du Nord et entre autres de Pitch pin dont le bois est aujourd'hui si recherché par l'industrie, d'Érable à sucre et d’Arbre à cire. 306 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. La Société s’est en outre assuré le concours d’une des pre- mières maisons de Paris pour la répartition, sur une grande échelle, des graines potagères les plus méritantes, les plus nouvelles et les moins répandues. Nous en donnons la liste Ci-dessous. Désireuse de montrer tout l'intérêt qu’elle prend à la pisci- culture pratique, la Société a également pris des mesures pour pouvoir faire une large distribution d'œufs de poissons des espèces les plus intéressantes : Truite saumonée, Truite des lacs, Truite arc-en-ciel et Corégones. Enfin des œufs des variétés de Poules les plus recomman- dables (Houdan, Barbézieux et Dorking) seront mis à la dis- position de nos confrères. Pour prendre part à ces répartitions, les sociétaires aura à envoyer une modique rétribution de trois francs destinée à dégrever notre association de menus frais de manutention, emballage, correspondance et expédition franco. Liste des graines mises en distribution par la Société nationale d'Acclimatation de France, 41, rue de Lille. BETTERAVE à salade, rouge,ronde, } CHOU-FLEUR brocoli, d'Angers. de Trévise. CORNICHON vert, long, de Paris. — fourragère, Mammouth, — fin, de Meaux. jaune d’or. Haricotr de Metz ou de Java. — fourragère, jaune globe, — MIVAIÏTERICNES à petites feuilles. — beurre, truitéoupanaché. CAROTTE rouge Bellot, très hâtive. — beurre, nain, du Moni- CÉLERI nain, pommé, forme de Dore. scarole. — .Merveille, de Vincennes: CæicoRéE de Guillande. — flageolet, beurre, nain. — frisée, grosse pancalière. — gris, de tous les jours. Cou d’York, hâtif, Algérien. — Merveillk, de France. ——) . cœur de bœuf moyentdé — nain, Roi des Verts. la halle. —. àlonguecosseoudeJouy. Cou DE MiLan hâlif d'Ulm (à — incomparable. forcer). — Barbes. Se frisé de mai. LAITUE du Trocadéro. — des Vertus, hâtif, pied — Merveille, des quatre sai- court. sons (Le Besson). CHOU-FLEUR nain, hâtif, demi- — HO IIESIE. dur, de Châälon. — infernale d'hiver. — demi-dur, de Chambour- — Romaine Ballon de Bou- Cy. gival. PROCÈS-VERBAUX. 307 MELON Cantaloup, musqué des Indes. — de Pierre Béuite. Naver demi-long, des Vertus, à couleur violette. — de Milan, rouge, à feuille entière. — rouge, plat, de Munich, très hâtif. Oraxox petit, extra, hâtif, de Bar- betta. — très hâtif, à la Reine. de Nocera. — rose, plat, dur. Pois Express, très hâtif. — rural, New-Yorkev, tres hâtif. — Téléphone. — ridé, vert, prolifique. — Alaska, très hâtif. — _—_— POMMES DE TERRE Belle de Fon- tenay. — Belle de Vincennes. — : Le Doyen. — Parisienne. — Village Blacksmith. g RaAp1sS rose, rond, hâtif (à forcer). — Globe, écarlate, hâtif, à petites feuilles. — rond, rose, à bout blanc, sans feuilles. — demi-long, rose, à bou! blanc, sans feuilles. —. demi-écarlate, hâtif, à châssis. — demi-écarlate, à bout blanc, à châssis. STACHYS TUBERIFERA ou Crosne du Japon (Tubercules). — M. le Secrétaire procède au dépouillement de la corres- pondance. — Des remerciements au sujet de leur récente admission sont adressés par S. A. R. Mgr le comte de Bari et MM. Her- vineau et de Commines de Marsilly. — M. Ch. Nicolas accuse réception des graines qui lui ont été adressées par la Société. — Des demandes de graines ou de cheptels d'animaux sont faites par plusieurs de nos confrères. — Des remerciements pour les cheptels qui leur ont été accordés sont adressés par MM. Viéville, A. Thauziès, Pitard, W. Portmans, Léon Valin, C. de Kervenaoël et Delaval. — M.le Directeur général des Douanes annonce qu’une dé- cision du Ministre de l’Intérieur a autorisé l'importation et le colportage, en tout temps, du Renne de toute provenance. — M. le marquis de Scey de Brun écrit à M. le Directeur du Jardin d’acclimatation : « J'ai recu au printemps de 1888 quinze Perches argentées ‘ que M. E. Bertrand avait bien voulu me donner. Ces Perches avaient alors une dimension d’environ deux centimètres. 308 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. » Je les ai mises dans une petite pièce d'eau alimentée par une source d’eau assez vaseuse mais très froide. Trois mois après j’ai voulu savoir si elles existaient encore et avec un épervier j'ai réussi non sans peine à en prendre onze. Elles avaient alors de 7 à 12 cen- timètres. | » Je ne me suis pas apercu qu'elles aient frayé. Elles ont été aussitôt relâächées. » Cette communication a son importance; elle montre que si le Calico bass vit et prospère dans des eaux vaseuses même froides, il reproduit seulement dans les eaux qui peuvent s’échauffer. Il sera intéressant de savoir, par notre collègue M. Bertrand, quelle est la température de sa pièce d’eau au moment de la ponte. — M, le comte d'Eprémesnil écrit à M. le Président : « Je fais remettre au siège de la Société, rue de Lille, un rameau d'Eucalyptus qui présente de l'intérêt à cause de sa provenance. L'arbre sur lequel il a été cuecilli a été semé il y a sept ans chez M. le Comte de Treveneuc, sénateur, dans son domaine de Port-Morio (Côtes-du-Nord), qui confine à la mer, il a été planté l'année sui- vante, je n’ai pu être renseigné exactement sur la hauteur de cet arbre et de quelques-uns de ses congénères plantés en même temps que lui, M. de Treveneuc me dit qu’ils dépassent tous, sensiblement la hau- teur des plus hauts platanes de nos boulevards. La circonférence du tronc prise à 1 mètre au-dessus du sol, donne 0,83 pour les plus gros, et 0,68 pour lesplus petits. Il est regrettable que je n’aie pu vous envoyer des fleurs et des fruits. Les arbres n’en ont pas encore produit. » Peut-être, le feuillage donnera-t-il une indication suffisante ? » J'ai pensé que cette communication pourrait présenter de l'in- térêt. Je me réserve de demander des renseignements de même nature à M. de Lareinty, qui dans une autre région de la Bretagne et assez loin de la mer, a fait une plantation assez considérable d’E. amygda- lina vera (P°e Troubelzkoi). Ils ont, m’a-t-il dit, remarquablement bien réussi. » — M. Gondouin, directeur des jardins de la Société des bains de mer de Monaco, écrit à M. le Président pour annoncer le prochain exvoi d'une note sur les jardins de Monte-Carlo. — M. le docteur Brocchi signale à la Société une affection, désignée dans la Bresse sous le nom de gros-ventre, qui sévit principalement sur les Tanches. Notre confrère a constaté que les Carpes étaient indemnes, jusqu’à présent, de cette maladie qui fait de grands ravages dans les étangs. Elle est due à la présence d’un ver intestinal PROCÈS - VERBAUX. 309 qu’on trouve souvent à plusieurs exemplaires dans le corps d'un même sujet. — M. le Dr Ménard entretient l'assemblée d'un fait physio- logique assez curieux que les Rennes amenés par les Lapons actuellement au Jardin d’acclimatation lui ont fourni l’occa- sion de constater. Notre confrère a eu souvent à opérer la castration de Cerfs communs et il avait remarqué que, chez les animaux qui avaient subi cette opération, les boïs continuaient à sub- sister et ne tombaient plus. Il n’en serait pas de même chez les Rennes, car les sujets castrés au Jardin perdaient leurs bois et les reprenaient chaque année. Cette observation est pleinement confirmée par les obser- vations faites sur le troupeau des Lapons qui comprend sept ou huit mâles chatrés dont les bois, tombés il y a quelques semaines, commencent à repousser. — M. le Secrétaire général présente à l’assemblée deux orappes d'œufs de Saumon, que lui a envoyées, hier, M. le Commissaire de la marine Le Beau : « Ces œufs proviennent d’un sujet capturé en basse Loire, mesurent 1,05 de longueur, et atteignent le poids de 13 kilos ; ils étaient dans la première phase de leur développement, ct n'auraient pas atteint leur maturité avant huit ou neuf mois, les connaissances embryogé- niques acquises ne permettent aucun doute à cet égard : le développe- ment des œufs chez la femelle, de la laitance chez le mâle, se mani- festent généralement quelques semaines après la fraye, au cours de la migration que ces poissons font réguliérement à ce moment dans les eaux salées, loin d’infirmer en rien les théories de la science, ces faits d'observations les corroborent au contraire. » Les pêcheurs qui s'obslinent, sous les excitations égoistes qu'ils subissent inconsciemment, à voir dans le Saumon un poisson de mer, prennent ces grappes en formation pour des œufs desséchés. Ces exci- lations, on ne saurait trop les déplorer, car elles vont direclement à l'encontre des intérêts qu’elles prétendent servir, en les condamnant durement, comme il a cru de son devoir de le faire, ajoute M. le Secré- taire général, il a mis en dehors de toute atteinte, est-il besoin de le dire, la haute personnalité de M. le député MS de la Ferronnays, dont chacun sait la parfaite indépendance de caractere, la grande loyauté et la droiture ; il faut regretter seulement que sa religion ait pu être surprise, et qu’il se soit fait un jour, de la meilleure foi et le plus spirituellement du monde, le champion d’une mauvaise cause. » 310 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. — M. le Président fait connaître que M. Roublot vient de recevoir un important envoi de graines d’Arbre à huile de Chine (Aleurites cordata), destinées à un essai de culture dans les propriétés de M. Potin, en Tunisie. Notre confrère a bien voulu distraire un petit lot de ces semences au profit de la Société. — Remerciements. — M. Grisard donne lecture d'une lettre de M. le Dr Clos, directeur du Jardin des Plantes de Toulouse, sur les arbustes du Chili à cultiver en plein air dans le Sud-Ouest de la France. (Voyez Revue, p. 302.) A cette occasion, M. le Président signale le développement extraordinaire qu'a pris la culture de végétaux exotiques dans le Midi ; les plantes qui font l'ornement de nos jardins du Nord et qui, autrefois, étaient également en faveur dans la zone méditerranéenne ont elles-mêmes complètement dis- paru et ont fait place à celles des flores d'Australie, du Cap, du Chili, etc. Le reproche de M. le D' Clos n’est donc pas absolument fondé, car il s’est accompli dans cette région, depuis un quart de siècle, une transformation complète de la flore indigène. — M. le D: Ménard donne lecture d’une note de M. le Consul de France à Wellington, sur la pisciculture, la pêche et la chasse en Nouvelle-Zélande. — M. Berthoule fait une communication sur l’'Elæagnus longipes ou Goumi du Japon (voyez Revue, p. 230) et pré- sente à la Société un flacon d’eau-de-vie, extraite des fruits de cet arbrisseau, par notre confrère M. Chandèze. — Un membre fait remarquer la parfaite rusticité du Goumi qui a résisté chez lui, dans les environs de Paris, à un froid, de 24°. — M. le Président entretient l'assemblée de quelques ob- servations qu'il a recueillies sur les Casoars du Jardin d’Ac- climatation. Jusqu'à ce jour, on n'était pas fixé sur l’âge auquel ces oiseaux pouvaient reproduire. Or, il est absolu- ment acquis aujourd’hui que les Casoars peuvent donner des produits des la première année. Ce fait, intéressant à cons- tater, a été observé plusieurs fois par M. le Président. Pour le Secrétaire des séances, JULES GRISARD, Secrétaire du Comité de rédaction. 1. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS. 5e SECTION. — SÉANCE DU 29 JANVIER 1889. PRÉSIDENCE DE M. PAILLIEUX, VICE-PRÉSIDENT. La section procède à la nomination de son bureau et d’un Délégué P 8 à la Commission des récompenses. Sont désignés pour remplir ces fonctions : Président, M. H. de Vilmorin. Vice-Président, M. A. Paillieux. Secrétaire, M. Jules Grisard. Vice-Secrétaire, M. Jean Dybowski. Délégué aux récompenses, M. le D' Mène. M. Paillieux donne lecture d'une note sur l’Igname plate du Japon et présente des échantillons de ses cultures. (Voy. Revue, p. 194.) A cette occasion, M. Chappellier communique diverses lettres qu'il a recues de M. Ruinet du Taillis, sur ses semis d'Ignames de Chine. De celle correspondance ressort un fait intéressant à constater : notre collègue possèderait un pied femelle de Dioscorea batatas. Il est donc permis d'espérer que la fécondation artificielle, avec le D. Japonica, pourra être opérée. M. Renard dit qu’il a remarqué qu’en Chine et au Japon, l’Igname est toujours cultivée dans la montagne et jamais en plaine. M. Paillieux fait ensuite part de ses observations sur le Gongoulou . du Kaschmnir et soumet à la section des racines de cette Crucifère. M. Renard présente des échantillons botaniques conservés entre deux feuilles de mica serties par une bordure de laiton. Ce procédé a l’avan- tage de laisser la facilité d'examiner les plantes sur les deux faces, même à la loupe, sans leur faire subir un dérangement toujours préju- diciable aux spécimens secs. M. Pol Nicard fait remarquer que cette année les arbres fruitiers des environs du lac d'Annecy n’ont pas été attaqués par les insectes ; ila fait la même observation dans la Haute-Marne. MM. Chappellier, Fallou, Grisard et Nicard présentent diverses observations sur la Pomme de terre Heymonet, variété fort recomman- dable, anciennement propagée par la Société. M. Paillieux soumet à la section un fruit de Benincasa cerifera qui offre une forme sphérique. M. Grisard fait observer que cette Courge vient assez mal sous le climat de Paris et que, du reste, ses qualités culinaires sont contestées ; elle ne présenterait donc qu'un médiocre intérêt pour les cultures de notre région. M. Paillieux entretient la section des travaux de M. Ermens, ancien 312 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. directeur des cultures du Maharajah de Kaschmir chez lequel notre confrère a introduit la Vigne. M. Ermens est en ce moment en Es- pagne afin de rechercher les Cépages qu'il serait avantageux d'intro- duire en Syrie où il vient d'être appelé par la famille Rothschild pour diriger la viticulture à l'École d'Agriculture et d'Horticulture qui vient d'être créée près de Jérusalem. Par ses soins 9 à 10,000 plants de Vigne régénérée du Kaschmir ont déjà été introduits. : M. Chappellier ajoute que M. Ermens ne s'occupe pas seulement de la Vigne mais encore des plantes à parfum et de la culture du Safran. M. Rathelot estime que c'est par le semis qu’on arrivera à régénérer la Vigne et la Pomme de terre fatiguées par une longue suite de culture toujours la même. Notre confrère possède déjà des vignes de semis qu'il se propose de transplanter dans des terres attaquées par le Phylloxera, pour étudier leur résistance. Il tiendra la section au courant de cette expérience, Le Secrétaire, | Jules GRISARD. LA 1re SECTION. — SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1889. PRÉSIDENCE DE M. DECROIX, PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la séance précédente est adopté sans obser- valions. À l’occasion du procès-verbal, M. Mailles cite quelques races de Moutons dont la toison se rapproche plus ou moins de celle des. Chabins. M. Mégnin ajoute que la race de l’Herzégovine offre également des poils rappelant ceux des Moutons que le Muséum et le Jardin d'accli- matation ont recus sous le nom de Chabins. A propos du travail de M. Pion sur la question de la Chèvre, M. Decroix propose que notre demande, tendant à la faire admettre dans les Concours agricoles, soit renouvelée auprès du Minisière de l'Agriculture. M. le Secrétaire général croit qu’il sera préférable d’attendre que le Mémoire de M. Pion ait paru dans la Revue, ce qui donnera plus de poids au desideratum de la Société. — Approuvé à l'unanimité. M. Berthoule annonce ensuite que M. Piot, vétérinaire en chef du Khédive, se met à la disposition dela Société d’Acclimatation pour donner tous les renseignements qu'il pourra recueillir sur la race Asine d'Orient. — Remerciements. M Mégnin, parlant des deux Anes blancs de la ménagerie, dit que ces animaux résistent parfaitement à notre climat. M. le Secrétaire général annonce qu’il a écrit, l’année dernière, à PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS. 313 M. Durand, pour lui demander l'envoi de quelques Hérissons du désert ; jusqu'ici aucune réponse n’est parvenue. Est restée également sans réponse la demande adressée au Ministère de l'Agriculture, relative à l'introduction et à la protection de plusieurs espèces de Cervidés. M. Magaud d’Aubusson pense que l'Etat ne pourrait assurer aucune protection efficace, les chasses etant louées annuellemént. Il faudrait que le gouvernement réservât certaines parties des forêts avec gardes spécialement affectés à ce service. M. Berthoule donne lecture d’uve lettre de M. Bigot, où il est ques- tion du choléra des Poules et de la phtisie coccidienne comme moyens de détruire les Lapins. M. Bigot estime qu'il serait bon de savoir si le choléra pourrait se transmettre à différents animaux domesliques ou sauvages. À l'occasion de cette leltre, MM. Méguin et Decroix fournissent quelques renseignements sur cette maladie et quelques autres qui sévissent sur les animaux domestiques. M. Mégnin dit que le choléra attaque plusieurs petits rongeurs. Les germes vivent longtemps d’une facon lente et se multiplient lorsque les circonstances leur sont favorables. M. Mégnin ajoute que tous les Chevaux d'Europe el même d’Egypie, qui ont été transportés en Cochinchine et au Tonkin ont péri successi- vement. Et cependant, ces régions de l'Extrême-Orient possèdent une race chevaline indigène de petite taille qui y vit bien. M. Mailles donne lecture d’une lettre de M. Thomas, Membre de la Société des Chèvres de New-Malden. Dans cette lettre, M. Thomas fait connaître les services que rendent, comme laitières, les races caprines de la Suisse. M. A. Geoffroy Saint-Hilaire fait remarquer que, contrairement à ce que croit M. Thomas, la reproduction des Chèvres Schwartzhalls ne diffère en rien de celle des autres races. La section s'occupe ensuite de la rédactior du Questionnaire sur la résistance des animaux au froid. Le Secrélaire, Cx. MAILLES. 20 Mars 1889. 91 IV. JARDIN ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE. CHRONIQUE. TEMPÉRATURES DU 93 FÉVRIER AU 9 MARS 1889. Moxima. Minima. EN Plus haut, Plus bas. Plus haut, Plus bas, Bois de Boulogne...... ess + 1005, + 20 + ÿo — 9% Jerdin de Marseille..... RATER AUTRE + 5° + 8° — 6° Jardin :d'Éyercs en ee ne + 210 + 80 + go — 3 Jardin dé Four PER. + 1205, + 50,4 LH 75, — T Les arrivages pendant la quinzaine écoulée ont été sans grand in- térêt. Nous devons cependant mentionner l’entrée de trois métis, fort cu- rieux, issus du croisement de l’Oie Cabouc (Surcidiornis melanota) 6, avec le Canard à bec rose du Chili (#efopiona peposaca) ©. Notre col- lègue, M. A. Touchard, dans la propriété duquel sont nés ces oiseaux, nous écrivait le 24 février dernier : « Les Canards que je vous ai en- voyés sont bien véritablement nés du Cabouc. Le mâle métis lui res- semble et d’ailleurs il n’y avait dans le parquet que cet oiseau pouvant produire ce croisement. » Les deux femelles ont assez peu de carac- tère ; leurs formes, leur démarche et la coloration du plumage les dis- tinguent peu du Peposaca. I n'en est pas de même pour le mâle ; haut perché sur ses jambes, ses formes plus allongées, son cou plus long et plus droit, ses couleurs d’un vert profond et à reflets sur le dos, sa poi- trine irrégulièrement marquée de blanc, rappellent beaucoup le Sarci- diornis. Siles femelles (1) n’atlirent pas l’attenlion, le mâle, au contraire, étonne par l'ensemble de ses caractères, par son port et ses allures. Les croisemenis obtenus entre deux espèces d'un même genre méritent toujours d'être signalés ; mais l'intérêt est plus grand encore, quand il, s’agit d'oiseaux issus de parents appartenant à deux genres aussi dis- tincts que ceux-ci. En effet, dans le cas qui nous occupe, les deux re- producteurs sont très éloignés l’un de l’autre dans ce qu’on est convenu d’appelcr la série zoologique, puisque le genre Sarcidiornis est placé par certains auteurs avec les Oies, par d’autres entre les genres Dendro- cygna et Tadorna : tandis que le genre Metopiona est voisin et très in- timement allié au genre Fuliqula. Ce n’est pas la première fois que nous avons à attirer l'attention des lecteurs du journal de la Société sur un croisement obtenu entre deux espèces de Palmipèdes de genres différents. Dans le Bulletin de (1) Une des deux femelles de ces canards croisés a donné un œuf le 15 mars. JARDIN D’ACCLIMATATION 319 1883 (page 119) nous avons parlé des oiseaux élevés par M. de la Blanchetais, à l'hôtel du Prince de Galles, à Cannes (Alpes-Maritimes), et qui étaient le produit d’un Canard Casarka (Casarka rutila) & et d'une Oie d'Egypte (Chenalopez Ægyptiaca). ® Il était intéressant de rapprocher ces deux faits. Mortalités. — Nous avons perdu dans le courant de cette quinzaine une femelle de Kangurou rouge très âgée, qui vivait et reproduisait dans nos parcs depuis plusieurs années déjà. Elle était en observation depuis plusieurs semaines déjà. Malgré nos soins, son embonpoint disparaissait peu à peu et nous nous demandions si elle pourrait mener à bien le jeune qu’elle portait dans sa poche abdominale. Ce jeune ayant été trouvé mort au milieu du parc, ces jours derniers, nous en avons couclu que la femelle de Kangurou ne vivrait plus bien long- temps. Dans ces cas-là, en effet, la mort du jeune précède toujours celle de la mère de quelques jours. Celle-ci perd son lait et succombe aux fatigues de l'allaitement. Les jeunes Kangurous passant dans la poche maternelle les premiers mois de leur vie, on ne peut avoir re- cours pour eux à des nourrices. Nous avons essayé plusieurs fois de faire des substitutions de jeunes dans les poches des mères Kangurous, mais nous avons jusqu'ici peu ou pas réussi. Jardin zoologique de Marseille. — Nous avons recu dans notre suc- cursale provençale un grand nombre de Cogs et Poules des races recher- chées par les amateurs de la région. Les variétés les plus demandées sont toujours celles de Houdan, Crèvecœur, Brahma et Cochinchine. Sont-elles les meilleures pour le climat du midi ? Evidemment non. Sans doute avec les très médiocres volailles indigènes, les Brahma et les Cochinchine peuvent donner des produits ayant une valeur com- merciale, car ces races asiatiques sont d’une rusticité parfaite ; elles sup- portent le sec et le chaud aussi bien que le froid et l'humidité, mais nous pensons que la Poule Gasconne, que celle de Caussade ou de Barbézieux et d'une facon générale toutes les variétés plus ou moins parentes de la Poule espagnole devraient réussir en Provence, beau- coup mieux que les races originaires de la grasse Normandie. Enregistrons la naissance à Marseille, d’une Antilope Nyl-gau de l'Inde, d’une Biche axis et d’un produit particulièrement curieux, né le 15 février, de l'accouplement d'un Cerf axis avec une Biche issue elle-même d’un Cerf axis (Cervus axis) et d’une Biche-cochon (Cervus porcinus). Ce dernier animal étant né au jardin zoologique de Marseille sous nos yeux, il n’y a pas à discuter l'authenticité de ce croisement. Le jeune animal dont nous signalons la naissance pré- sente en sa qualité de produit d'un métis, un très réel intérêt ; nous en reparlerons bientôt. | V. CHRONIQUE DES COLONIES ET DES PAYS D’OUTRE-MER Chronique des Indes-Néerlandaises. La culture du Quinquina. — Depuis le commencement de la culture du Quinquina à Java, on a eu constamment à lutter contre des maladies et des fléaux de toutes sortes. Des larves, des insectes, des maiadies de la racine, des ennemis du règne animal ainsi que du règne végélal, ont visité les plantations éparses et continuent à réclamer l'attention et les soins incessants des colons. Si les cultures de produits indigènes ont à lutter contre toutes ces calamilés, à plus forte raison devait-on s'attendre à ce qu'il en serait de même pour les cultures importées telles que le Quinquina, surtout lorsqu'il s’agit de les tenter sur une vasie échelle. I1 serait certainement fort intéressant de savoir si ces accidents, ces maladies sont tous en partie les conséquences de mauvais systèmes de cultures, de soins insuffisants, de terres mal appropriées ou d’in- fluences climatériques, mais jusqu'à présent on s’est contenté de combattre purement et simplement les symptômes. Le Quinquina appartient à cette classe de plantes qui sont très ex- posées à dégénérer par la reproduction au moyen des semences. C'est pourquoi on à eu la précaution de choisir toujours les types les plus riches et les plus beaux. Mais ceci avait été également le cas pour la reproduction artificielle de la Canne à sucre et l’on a vu que cette précaution n'a pas empêché la dégénérescence et les maladies. Dans la culture du Quinquina la reproduclion artificielle a dù être pour ainsi dire exclusivement employée et ce fait n’a pas tardé à faire naître de nouvelles formes, de nouveaux types qui souvent se pré- sentent même dans les cas de reproduction naturelle et auxquels on a donné le nom d’Hybrides. Chose assez curieuse, ces hybrides ont généralement ax début, une apparence superbe, une nature vigoureuse se développant promptement et laissant entrevoir une écorce très riche et abondante mais réservant une désillusion complète au cultivateur. Un directeur de cultures de Quinquina d2 l'État à Java auquel nous empruntons ces détails faisait venir constamment ses graines de l’A- mérique du sud et des Indes Angjlaises et, dans ses rapports officiels, il nous dit à plusieurs reprises que ce moyen lui a donné toujours les meilleurs résultats. Depuis, on a eu le tort de récolter dans les jeunes plantalions sars laisser le temps aux arbustes de se développer convenablement. Im- patient de voir un premier résultat il fat décidé en 1869 que l'on f:rait une première expédition d'écorce de Quinquina de Java en Eu- CHRONIQUE DES COLONIES. 317 rope. Le directeur des cullures comprenant le danger d’une exploita- tion précoce ne manqua pas d'exprimer son avis : selon lui, il aurait fallu attendre jusqu'à ce que ces nouvelles cullures eussent atteint une existence de huit années au moins; même avec un aspect des plus florissants. Les particuliers voyant les récoltes se faire dans les cultures de l'État, ont suivi cet exemple et en ont également dû subir les consé- quences. L'année dernière on a remarqué dans quelques plantations de Quin- quina que les troncs et les branches des arbres se couvraient de taches noires ayant un aspect floconneux ou plutôt velouté. Elles s’étendaient rapidement en nombre et en grandeur et détruisaient sérieusement la belle apparence de l'écorce. Ce fait fit naître de grandes inquiétudes. L'écorce conserve sa jolie couleur grise argentée, mais elle est couverte en grande partie de cette espèce d'Agaric ou matière spongieuse noire terne qu'il est impossible d'enlever même avec une brosse sans endommager la couche d’écorce qui par ce fait perd toute sa valeur pharmaceutique. Un savant naturaliste hollandais le docteur Oudemans fut consulté et donna après un examen minutieux son avis comme suit : Le Fungus dont il s’agit appartient au groupe des Dematiei et à la famille des Æormiscii. N'ayant pas été décrit jusqu’à présent je l’ap- pellerai Zormiscium pannosum. C'est un Fungus semblable aux familles des Zorula et des Saccharamyces en ce sens qu'il se multiplie en formant des nœuds d'une manière extraordinairement rapide. La coupe du Fungus et de l'écorce prouve que le premier pénètre profondément la dernière par ses cellules mortes mais n envahit point les tissus vivants. Je crois cependant que cette couche épaisse qui re- couvre l'écorce doit infailliblement gêner les fonctions de celle-ci. Elle doit empêcher surtout la transpiration et le rafraichissement par l'air. On rencontre une maladie semblable chez les Pins et les Sapins. Le H. pinophleum ou Antemearia pinophila en offre un exemple. Cependant aucun auteur compétent ne parle de la manière dont il faut combattre ce :nal. Le docteur Oudemans conseille : 1° de brûler autant que possible tous les arbres atteints; 2° de prendre les mêmes mesures à l'égard de la matière que l’on peut enlever en grattant les branches ; _ 3° de faire bien attention au début des taches noires afin de les détruire instantanément. 4° d'essayer de faire disparaître le mal avec une solution de sulfate de cuivre, de soufre, d’eau de chaux ou autres liqueurs employées dans de semblables circonstances pour détruire d’autres épiphytes. Il considère le sulfate de cuivre comme le meilleur, mais il ne ga- 318 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. rantit pas que ce moyen n’empoisonne pas l'écorce du Quinquina. Ce sont des essais à faire. Le Fungus flotte dans les airs sous forme de conides et vient se poser sur la plante. Son origine est inconnue. Il est probable que si l’on avait eu soin de ne pas trop rapprocher les arbres les uns des autres cette maladie ne se serait pas produite. Les épiphytes fuient l’air et la lumière, recherchent par conséquent les plantations serrées ou la lumière et l’air pénètrent difficilement et se plaisent surtout dans les endroits humides. Le Fungus a beau ne pas s'attaquer à la partie vivante de l'arbre, il n'en cst pas moins certain que l'arbre est perdu et que son écorce ne peut plus être utilisée comme médicament. Le mal est donc plus sérieux que celui causé par l’Æemileia et le Séreh surle Caféier et la Canne à sucre et il est de toute nécessité de le faire disparaître dès sa première apparition. | | Le docteur A. Maier, professeur à Wageningen (Pays-Bas), propose de brosser les arbres atteints, avec une solution swblimée (1/3 à 1/2 0/0) solution du genre de la liqueur de Van Swieten, après les avoir préa- lablement nettoyés. Il est possible que ce traitement soit efficace. En tous cas, il mérite d’être essayé. Mais si le sulfate de cuivre présente des inconvénients, le Sublimé corrosif en offre certainement bien davantage et nous croyons qu'il faudra être très circonspect en le con- fiant entre les mains d’un personnel indigène surtout. Reste à savoir aussi, si ces solutions ne pénètrent pas dans l'écorce et en détruisent la qualité médicale. | En attendant que des études plus sérieuses soient faites sur place par des hommes compétents, il faudra soigneusement enlever les Fungus et les brûler, laver ensuite l’arbre en la partie atteinte avec de l’eau de chaux ou du lait, ingrédients qui ne sont pas capables de faire du tort à la qualité de l'écorce. Dans une note supplémentaire le professeur Maier observe que le Su- blimé ne saurait attaquer l’alcaloïde de l'écorce et que par conséquent le traitement proposé par lui n’influerait en rien sur la préparation des sels de Quinine que l’on emploie aujourd'hui presque exclusivement en médecine. Il recommande aussi l'acide sulfurique dilué ou le sulfate de fer et ‘ajoute que la chaux a trop de tendance à se convertir en carbonate de chaux qui favorise au contraire le développement des épiphytes. Quoi qu’il en soit, il est certain que la culture du Quinquina intro- duite il y a quelques années à Java a eu l’heureux effet non seulement d'enrayer la hausse de ce produit par suite de la diminution de la pro- duction Sud-Américainé, mais même de faire revenir les prix à leurs anciennes limites. La récolte de 1888 a été exceptionnellement bonne. Se présentant d’abord sous de mauvais auspices par suite des souffrances d’une CHRONIQUE DES COLONIES. 319 sécheresse trop prolongée elle a pris promptement un aspect satisfai- sant lorsque la mousson pluvieuse a ranimé la végétation et lui a donné une vigoureuse impulsion. Vers la fin de décembre, les planta- tions offraient un coup d'œil comme on n’a rarement sinon jamais observé auparavant. On estime la récolle à 450,000 kilogrammes d’écorce, la récolte précédente n’a atteint que le chiffre de 350,000. Ces chiffres se rapportent seulement aux cultures de l’État. On s'attend cette année à une grande abondance de graines, la floraison des arbres ayant été fort belle sous l'influence des pluies fréquentes après la longue sécheresse. Dans les pépinières on comptait plus de deux millions de jeunes plautes, dont environ 1,750,000 de Zedgeriana et 250,000 de succiru- bra. En pleine terre, on comptait 1,674.000 arbres, dont 901,500 Ledgeriana, 6,100 Calisaya, 682,000 succirubra, 82,900 officinalis et 900 Zancifolia. Les analyses des écorces de Quinquina de Java ont donné des résultats très satisfaisants pour la récolte de 1887. On a trouvé des écorces donnant jusqu’à 13 0/0 de Quinine. Les Succirubra depuis six ans, grâce au procédé Mac Ivor, n’ont rien perdu de leur qualité. Les recherches faites en vue de la température la plus favorable pour sécher l'écorce, ont prouvé que 105° Celsius peuvent être atteints sans aucun danger, mais qu'à 110° on constale une légère diminution de la richesse en alcaloïde. Cette diminution augmente rapidement lorsqu'on porte la température à 115°. Avant de procéder à ces expériences, l'écorce fut d’abord séchée au soleil, ensuite exposée pendant vingt-quatre heures seulement à une température de 70° à 120° Celsius. Reste donc à savoir si les résultats seraient ies mêmes si l'écorce fraichement récoltée était soumise à ces mêmes températures. D' H. MEYNERS D'ESTREY. VI. CHRONIQUE DES SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des Sciences. — Seunce du 25 février 1889. — M. Schlænsing signale les expériences importantes faites par M. Aimé Girard sur la culture de la Pomme de terre en France, au point de vue de la production de la fécule comme matière alcoolisable. En Allemagne, sur les 4 millions d’hectolitres d'alcool fabriqués annuellement, les trois quarts se font avec des Pommes de terre; en France, sur les 2 millions d'hectolitres d'alcool fabriqués on a recours à 200,000 tonnes de betteraves, 150,000 tonnes de mélasse, 500,000: quintaux de graines diverses, surtout de maïs, qu'il faut importer de l'étranger. En Allemagne la Pomme de terre fournit par hectare 4,000 ki- logrammes de fécule sèche, tandis que chez nous elle n’en donne que 1,400. M. Aimé Girard a cherché les moyens d'augmenter le rendement de cette culture en France; il y a pleinement réussi. Ses expériences ont été entreprises dans deux terrains situés l’un à Joinville-le-Pont (Seine), l’autre à Clichy-sous-Bois (Seine-et-Oise), le premier relativement pauvre, le second riche au contraire, il a, en 1886, 1887 et 1888, soumis à une culture rationnelle de nombreuses variétés de Pommes de terre proverant les unes de Saxe, les autres des Vosges et de l'Oise. M. Girard, suivant une marche prudente, donna à ces essais de culture une étendue progressivement croissante d'année en année. En résumé les résultats obtenus sont des plus satisfaisants; bien que l’année ait élé mauvaise en 1888, M. Girard a obtenu à Joinville, sur ? hectares : 58,697 kilog. de tubercules, et sur un hectare, plus de 33,000 kilog. avec la variété Richter’s Imperator, riche à près de 18 0/0 de fécule. Académie de médecine. — Séance du 19 février. 4889. — L'embryon du Blé peut être isolé au moyen d'un procédé de blutage spécial. Si l’on prive alors ces embryons de l'huile qu'ils renferment, on obtient un produit de longue conservation, extrêmement riche en matière azotée; la farine qu’on en relire peut être employée très utile- ment dans l’alimentation des enfants et des convalescents, sous forme de potage ou de biscuits, et c’est un aliment supérieur à la poudre de viande au point de vue nutritif. Dans la note que M. Douliot, aide- naturaliste au Muséum, fait présenter par l'intermédiaire de notre confrère, M. Dujardin-Beaumetz, l’auteur propose d’appeler cette farine Fromentine. L'huile extraite de l'embryon peut être utilisée en thérapeutique, elle est purgative à la dose de 10 à 20 grammes. J: 6 VII. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. L'exportation des œufs. — Les grands Élats européens, sauf les Iles-Britanniques, exportent annuellement un chiffre considérable d'œufs. La consommation de l'Angleterre est si formidable en effet que sa production ne suffirait pas à la satisfaire. La France était seule autrefois à lui fournir le complément nécessaire, mais elle a trouvé des concurrents redoutables dans l'Italie d’abord, dans l’Autriche ensuite, puis dans la Hongrie, la Russie et l'Allemagne, et on estime à 14,055,579,440, le nombre d'œufs que les Iles-Britanniques emprun- tent chaque année au continent. L'Allemagne exporte annuellement 272,750 quintaux d'œufs. L’'Au- triche-Hongrie en a exporté 580,252 quintaux en 1883, 455,482 quin- taux eu 1886 et ce commerce a continué de croître dans les mêmes proportions. La Russie qui exportait 7 millions et demi d'œufs vers l'Europe en 1869, atteignait un chiffre de 56,200,000 en 1875, plus du double sept ans après, en 1880, où il s'élevait à 77,500,000, chiffre triplé lui-même en 1889, où il s'est élevé à 259,900,000 pour atteindre 552,800,000 en 1886. Ces œufs sont expédiés presque tous en Allemagne, en Autriche et même en Angleterre, une faible partie seulement, 1,600,000 envi- ron, allant en Finlande ou vers l'Asie, représentaient une valeur de 5,564,759 roubles ou 21,459,026 francs. EE Abondance d'oiseaux aux Etats-Unis. — Les journaux des Elats-Unis constatent que le nombre des oiseaux chanteurs qui vien- nent de l'Amérique centrale au printemps pour faire leurs nids sur le territoire de l’Union, et s’en retournent dès les premiers jours de l’au- tomne, a été plus considérable en 1888 que pendant les années précé- dentes. Les poursuites des Oiseaux de proie, des Eperviers principalement, la mode des chapeaux de dames ornés d'ailes ou d'oiseaux entiers, qui les fait chasser avec acharnement par les nègres des Etats du Sud, et la vogue sans cesse croissante dont jouissent les oiseaux en cages, qui provoque chaque année l’envoi de plus de 100,009 Oiseaux moqueurs, du Sud des Etats-Unis vers le Nord, semblent jusqu’à présent n'avoir produit aucun résultat fâcheux. L’abondance des Tangaras venant du Mexique et du Guatémala, a surtout été extraordinaire, malgré l’inclé- mence de l’élé que nous venons de traverser. On l’a principalement constatée, pendant la deuxième quinzaine de mai. JP Le Lapin géant belge. — Le Lapin géant belge, caractérisé sur- tout par sa taille et sun poids, est certes une des plus intéressantes entre toutes les races connues jusqu'ici. Son origine est encore indé- 322 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. terminée ; il proviendrait du croisement du Lapin belge commun, avec le Lapin américain, suivant Duncker, avec le Lapin-Bélier suivant Jérémie, et cette seconde hypothèse paraît la plus rationnelle, le sang très caractérisé du Lapin-Bélier reparaissant toujours plus ou moins dans le Lapin géant. Les signes particuliers de cette race qui atteint facilement un poids de 6 à 8 kilos, sont un corps haut et allongé, la tête inclinée vers le b5s, l’arrière-train puissant, l'œil largement ouvert. Le gris, le gris- bleuté et le gris-cendré sont les couleurs les plus recherchées et aussi celles qui se rencontrent le plus souvent, les Lapins blancs ou tachetés étant moins estimés. Les femelles se distinguent par une sorte de jabot qui se forme sous la gorge, quand elles ont atteint tout leur développement. Le Lapin géant, peu sensible aux variations de température, et très facile à nourrir, est surtout précieux pour les croisements. On obtient d'excellents résultats en alliant les mâles avec des femelles de race ordinaire, et faisant couvrir à nouveau les femelles de ces portées par des mâles géanis de manière à acquérir une proportion de plus en plus grande de leur sang. Ce mélange de sang étranger est même indispen- sable pour éviter les dégénérescences, mais il est bien entendu que le croisement ne doit jamais être opéré entre individus ayant une même origine. Le Lapin géant ne s’engraisse pas ; il atteint en effet un poids assez considérable dès l’âge de six mois, et une trop forte teneur en graisse diminuerait la qualité de sa viande. (Geflügel-Markt.) Alimentation du bétail. —- Depuis deux ou trois ans certains éleveurs de l’état de New-York nourrissent pendant l'hiver leurs Vaches laitières avec des pommes et des pulpes de pommes à cidre. Cette alimentation augmenterait à la fois la quantité et la qualité du lait produit, et le poids des animaux. Afin de faciliter leur consomma- tion, les pommes sont préalablement débitées en tranches à l'aide d'un coupe-racines. Les pulpes des pommes dont on a extrait le cidre sont mises en silos dans le courant d'octobre et de novembre, et on en distribue une fois par jour, du foin ou du fourrage ensilé consti- tuant l'élément des autres repas. La pulpe des pommes, celle surtout des pommes douces remplace avantageusement le fourrage ensilé, aussi ce produit qui était un embarras pour les moulins à cidre des États-Unis tend-il à acquérir une certaine valeur commerciale. On aurait constaté en Angleterre que les citrouilles fournissaient ur excellent aliment dont le bétail se montre très friand. On les fait alterner avec du foin et de l’avoine pour les Chevaux, mais les Vaches laitières peuvent en être exclusivement nourries; on les mélange de farine, de fèves et d'orge pour les animaux en- graissés. Les Moutons les mangent avec de la paille hachée, depuis le CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 328 mois d'août jusqu’au mois de novembre. Les éléments azotés de la citrouille seraient aux éléments non azotés dans le rapport de 1 à 2, 3. Quand la neige ou la sécheresse empêchent les Moutons de paître, on a l'habitude, dans certaines régions de l'Angleterre, et au Nouveau- Mexique, de leur donner des branches de pin dont ils mangent les aiguilles avec plaisir. Cette pratique sauve, paraît-il, chaque année la vie de nombreux troupeaux. Jr Et La pêche de l’ambre dans la Baltique. — Enire le Frische Haff et le havre de Courlande, le Kurische Haff, à distance égale de Danzig et de Memel, la côte formant un angle presque droit, que battent les flots de la Baltique, limite un plateau rectangulaire, le Samland, que les Allemands appellent le paradis ou la Californie de la Prusse. L'argile bleuâtre qui s avance au loin dans la mer et constitue le sous-sol de ce plateau fournit depuis plus de vingt siècles un produit de grande valeur, l'’ambre jaune ou succin ; les colliers dont se paraient les dames grecques et étrusques, étaient faits en ambre du Samland. La précieuse matière, résine exsudée et accumulée de conifères éocè- nes dont on a pu déterminer trente-deux espèces, forme des blocs et des nodules passant par toutes les nuances du jaune depuis la teinte pâle de la paille jusqu’au brun rougeâtre du Xérès et du Porto, blocs isolés dans cette terre bleue où on va quelquefois les enlever à une profondeur de 7 et 10 mètres. Pendant longtemps, on se contenta de fouiller les couches superficielles, puis, vers 1872, quand tout eut été retourné, on entreprit la recherche de l’ambre en foncant des puits et creusant des galeries, mais les mineurs el les propriétaires du sol, ne pouvant se mettre d'accord pour cette extraction, le gouverne- ment prussien dut l’interdire. On en connaissait du reste une autre plus pénible encore peut-être, mais beaucoup plus rémunératrice. Vers 1860, deux pêcheurs s'étaient mis à draguer le Kurische Haff (havre de Courlande), afin d’en extraire l’ambre, non loin de Schwarzort, ville située sur la Kuriche Nehrüng, sur l’étroite langue de terre séparant la grande lagune courlandaise de Ja Baltique, et de nombreux concur- reuts, encouragés par le succès qui les favorisait, vinrent bientôt leur faire concurrence. Le droit de pêche appartient aux communes côtières et en partie à l'Etat, il s’afferme aujourd’hui à de puissantes sociétés ayant leur siège à Kœænigsberg et à Memel, et dont une des plus importantes, la maison Stantien et Becker, s’engageait, dès 1862, à payer une redevance journalière de 25 thalers, de 93 fr. 75, et à exécuter à ses frais, dans la passe du Frische Haff, qui s’ensable con- tinuellement, les travaux de dragage nécessaires pour maintenir un tirant d’eau suffisant. Ce contrat leur était sans doute avantageux, car ils le renouvelèrent lors de son expiration, au bout de six ans, en portant à 200 thalers (750 francs), le montant de la redevance journa- lière. 924 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. La plage de l'ambre proprement dite, est le Brusterort, sommet de l'angle décrit par le Samland. La population qui l'habite, et pratique cette pêche, appartient à une race de haute taille, extraordinairement robuste, race d’origine sarmatique et non germaine, il lui faut du reste, pendant les trente semaines que dure la campagne, dépenser une somme considérable de force et d'énergie. Tantôt plongés dans l’eau glaciale, jusqu'aux épaules et recouverts par les vagues arrivant de l’autre extrémité de la Baltique, tantôt se livrant au fond de la mer à un pénible travail de plongeurs, ces pêcheurs disputent aux flots la précieuse matière qu'ils gardent jalousement. Comme les anciens pilleurs d’épaves, l’orage est leur allié, car la force des lames de fond déferlant sur les bancs d’ambre, opère en quelques secondes ce qui exigerait un pénible labeur, et détache les blocs qu’elle lance sur la grève, enveloppés d'algues et de débris de lignite désignés sous le nom de Sprock Quand le vent du nord-est, faisant écumer les flots soulève le sable de la dune, la moisson müûrit pour les pêcheurs, ils se préparent à la récolte. Armés de longs crocs et de filets emman- chés, ils vont recueillir dans l’eau l’ambre arrivant du large, et le portent aux femmes restées sur la rive, qui le débarrassent rapidement des matières étrangères, et l’entassent dans des paniers. Des mar= chands viennent souvent assister à la pêche, afin d'acquérir immédia- tement les morceaux de belles dimensions, mais les plus petits atteignent seuls la côte, les gros blocs roulant au fond sous l’action des flots qui les ensevelissent dans le sable. On attend pour les recueillir que la tempête se soit apaisée. Dès que la mer, plus calme permet de voir le fond entre 2 et 5 mètres de profondeur, les pêcheurs se remettent en campagne. Une flottille de bateaux va sur la côte, et ses matelots penchés par dessus bord observent attentivement le fond. La véritable pêche de l’ambre se fait en eau profonde à l’aide de dragues à vapeur ou de scaphandres, car de nombreux gisements, dont le plus important, situé à 5 kilomètres 1/2 au nord-est du phare de Brusterort, sur la pointe du Samland, a 200 mètres de long sur 135 mètres de large, se trouvent à une certaine distance de la côte. Pen- dant les dix mois que dure la campagne de pêche, ce faible espace est couvert d’une flottille de bateaux noirs, montés chacun par huit hommes, dont deux scaphandriers. Les scaphandriers, casqués de cuivre etde verre, descendent à tour de rôle au fond de la mer, où ils fouillent les tas d'algues, et retournent les pierres Les blocs qu'ils ont à dépla- cer sont parfois s lourds, que deux ou trois plongeurs doivent unir leurs efforts pour les retourner. L’ambre recueilli par le scaphandrier est déposé dans un : poch® pendue à sa ceinture. Les scaphandriers pas- sent cinq heures par jour au fond de la mer, et leur iravail est tellement pénible, que » algré la basse température de l’eau, ils sont couverts de sueur en arrivant à la surface. 25 Ce CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. : Après la pêche, l’ambre est classé suivant la couleur et les dimen- sions des morceaux, Ceux de teinte pâle sont expédiés aux fabricants de pipes du monde entier, qui en font des tuyaux et des embouchures de pipes. Les blocs veinés ct laiteux, les moins estimés généralement, s'en vont à Livourne et à Venise où on les façonne en colliers qui orneront les bustes classiques des paysannes, depuis les plaines tra- versées par le Pô jusqu'aux montagnes de la Calabre. tardis que les pièces d’un jaune pur ou d’un brun rouge, sont réservées pour l'usage exclusif des beautés noires ou brunes de l’Afrique et de l'Océanie. L'ambre recueilli sous l'eau. est presque absolument transparent et vitreux, tandis que l’ambre de terre, trouvé par les mineurs est plutôt laiteux et opaque. La ville de Schwarzort en recoit chaque campagne 37 à 38,000 kilogs. Le banc de Brusterort fournit l'espèce la plus estimée, qui vaut 10 thalers environ ou 37 fr. 50 au kilog, mais comme pour les pierres précieuses le prix par unité de poids croît avec le poids des blocs. On en rencontre parfois, qui sont payés 200 et 300 francs. HP: Insectes et végétaux nuisibles. — Le Ministre de l'Agricul- ture a nommé membres de la commission chargée de l'étude et de l'examen des procédés de destruction äes insectes, des cryptogames et autres végétaux nuisibles à l’agriculture : MM. Duchartre, membre de l’Institut, président ; Tisserand, direc- teur de l’agriculture ; Blanchard, membre de l'Institut, professeur de zoologie à l’Institut national agronomique ; Balbiani, professeur au Collège de France ; Giard, maître de conférences de z9ologie à l'Ecole normale supérieure ; Prillieux, inspecteur général de l'enseignement agricole ; Cornu, professeur au Muséum d'histoire naturelle; Johannès Chatin, professeur adjoint à la Faculté des sciences de Paris; Coua- non, inspecteur général des services du phylloxera ; Kunkel d'Her- culais, aide-naturalisle au Muséum ; Brocchi, maître de conférences à l'Institut national agronomique, et Henneguy, professeur à l'École na- tionale d’horticullure de Versailles. Le Bois Dentelle. — Le Zagetta lintearia LAMK (Daphne Lagetlo SwarTz) est un petit arbre de la famille des Thymélées, d'une hau- teur moyenne de 4-5 mètres ; à feuilles alternes entières, ovales, en cœur, luisantes et toujours vertes ; à fleurs en forme de grelot, sem- blables à celles du Muguet des bois; le fruit est une baie sphérique blanche, à pulpe fondante et sucrée, renfermant une petite graine grisâtre à goût d’aveline. Il fournit un produit bizarre et curieux que l’on rencontre souvent dans les collections d'amateurs. Répandu dans diverses parties de l'Amérique méridionale, aux Antilles et particulièrement à la Jamaïque et à Saint-Domingue, le 326 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Laget ou Bois dentelle pousse dans les régions montagneuses, implan- tant ses racines dans les fissures des roches. On le nomme Zagetéo à la Jamaïque et Daguilla à Cuba; c’est le Zace bark et Gauxe tree des Colons anglais. Son bois, de couleur blanc jaunâtre, est de trop faibles dimensions pour être utilisé industriellement. L'écorce extérieure, d’une saveur âcre et amère, est blanchâtre et parsemée de taches grises, elle est employée comme vésicante à la facon de celle du Daphne Mezereum, de la même famille. Les couches libériennes sous-jacentes, parfaitement blanches, épaisses de 2-3 mil- limètres, sont formées par l’agglomération de fibres lisses, très fines, assez résistantes, que l'on peut facilement isoler en un grand nombre de réseaux clairs et déliés. Ces filaments sont croisés eb entrelacés d’une facon plus ou moins régulière et offrent, au premier aspect, l'apparence d’un tissu à larges mailles assez semblable à du tulle ou à de la dentelle. D’après l’échantillon que nous possédons, nous avons pu constater que cette malière semble douée d’une grande ténacité lorsqu'elle est étirée dans un sens déterminé, mais que la même opé- ration, répétée en sens contraire, en facilite le déchirement par la rupture des mailles. Cette sorte de mousseline naturelle, dont l’origine végétale se trahit _ par une coloration jaune de la fibre au contact du sulfate d’aniline, de l’ammoniaque ou de l’iode, est employée aux Antilles à la confection de divers objets domestiques : des rubans, des coiffures, des garnitures de robes, des collerettes, des résilles, des voiles, des manchettes, des palatines et autres légères parures de toilette pour les femmes ; ces objets peuvent supporter un et même plusieurs lavages sans se détériorer ou se déformer. Par la macération et au moyen de procédés analogues à ceux en usage en Océanie pour la préparation de la éxpa, on fabrique avec le liber du Laget ou Lagetio, dans certaines parties de l’Amérique du. Sud, une étoffe blanche, opaque, solide et assez souple, avec laquelle les indigènes se vêtent et qu'ils ornent souvent de dessins coloriés, plus ou moins finement exéculés. Au Brésil, où l'arbre est abondant, on découpe l'écorce intérieure en lanières de différentes largeurs, que l’on emploie, entières ou tordues, pour faire des nattes, des cordelettes et des ficelles servant à un grand nombre d’usages. Au temps où régnait l'esclavage, les fouets et lanières servant à châtier les malheu- reux nègres étaient confectionnés avec cette matière. L'industrie américaine a su tirer un excellent parti de cette écorce pour la fabrication d’une pâte à papier de bonne qualité. FEU CE Utilisation des résidus de la Canne à sucre. — I. En An- gleterre, la #élasse, ou résidu liquide provenant de la cristallisation du jus de Canne, est employée pour la nourriture et l’engraissement du CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 397 bétail ; cette substance rend de grands services, principalement dans le cas où les racines données comme aliment, par exemple les betteraves, les carottes, etc., offrent une certaine acidité. On s’en sert également pour corriger le goût des foins humides, ou pour rendre la paille plus appétissante dans les saisons où le fourrage ordinaire est rare. Un des meilleurs usages que l’on puisse faire de la mélasse en hygiène vété- rinaire, c’est de l’utiliser pour neutraliser l'effet délétère de certaines eaux malsaines, dont l’absorption engendre si facilement des maladies dans le bétail et principalement chez le Cheval qui, ne possédant qu’un seul estomac, comparativement plus petit que celui des ruminants, est obligé d’absorber une plus grande quantité de liquide. Mélangée dans des proportions convenables avec de l’eau, la mélasse modifie sensible- ment la crudilé de celle-ci ; en la rendant plus rafraîchissante et plus nutritive, elle supplée à une partie de la ration et active la digestion des autres aliments. La dose à administrer par jour et par Cheval est de 1 ki- logramme environ. II. Le résidu des Cannes dont on a extrait le sucre se nomme bagasse et sert, généralement, comme combustible pour chauffer les fourneaux, après avoir été séchée au soleil. Verte ou fraîche, la bagasse constitue une excellente alimentation pour les bestiaux. Ce que l’on sait moins, c'est que ce produit est aussi un puissant agent thérapeutique, à en juger d’après les conclusions du D' Dalton, tirées des expériences ci- dessous, ainsi que des observations faites par lui-même et confirmées par d'autres médecins : ; a) Si l’on met une subslance animale en état dé décomposition sous l’action de la bagasse verte, la nature de cette décomposition se modifie très rapidement ; b) Les miasmes félides et désagréables, provenant de la décomposi- tion de substances animales, sont arrêtés et supprimés par l’action des gaz qui s’'échappent de la bagasse verte ; c) L’air impur et l’odeur désagréable qu’on rencontre si fréquemment dans les salles des hôpitaux, sont supprimés aisément et l'atmosphère est purifiée par l'influence de la bagasse fraîche ; d) Les ulcères ayant une tendance à se gangréner, et même déjà escharrifiés, s’améliorent sous l'influence de la bagasse fraîche, et quel- quefois même on a pu obtenir la guérison complète ; e) La bagasse fraîche ou verte possède à un haut degré des propriétés antiseptiques, désinfectantes et thérapeutiques. Le D' Cartwright considère les vapeurs aromatiques qui se dégagent du vesow (jus de canne) en ébullition comme assez énergiques pour combattre avec succès les bronchites, les catarrhes et quelques affec- tions dyspepsiques. "EG VIT. BIBLIOGRAPHIE. Les Pigeons voyageurs, istorique, leur rôle militaire. Paris, Aug. Ghio, éditeur. Tous les contemporains de la guerre de 1870 se rappellent, avec émotion, les services rendus à toute la France par les Pigeons voya= geurs, qui ont élé pendant six mois les intermédiaires entre la capitale et le reste du pays. Aussi lira-t-on avec plaisir l’intéressante mono- graphie que le directeur de l'Aerostat, M. Gaston Deneuve, vient de publier. (Cette monographie arrive à son heure, car les pigeons voya” seurs, susceptibles de réquisition comme les voitures, chevaux, mules et mulets, aux termes de la loi de 1877, font partie de notre organisation militaire, ce que Brillat-Savarin n'avait, certes, pas prévu. J. G. L’Indo-Chine Française (Cochinchine, Cambodge, Siam, Annam et Tonkin). Par J.-L. de Lanessan, 1 beau volume in-8, avec 5 cartes en couleur, hors texte, 15 francs. Les renseignements fournis par ce livre comme par celui qui a été consacré à la Tunisie, empruntent un grand prix à cette circonstance que l’auteur a recueilli lui-même sur place les documents au moyen desquels il st composé. Après la description du pays, M. Lanessan étudie l’état de l’agriculture et de l’icdustrie, indigènes et européennes, la situation commerciaie, le régime fiscal, etc. Quelles sont les ressources réelles de ce pays, quels débouchés peut-il ouvrir à notre activité? Quelles sont les réformes nécessaires au milieu des difficultés que présente l'établissement de l'influence française ? Telles sont les questions sur lesquelles M. de Lanessan insiste particulièrement. Ji Cr Erralum. — Page 152, ligne 9, au lieu de : ayant 3 mètres de haut, lire : ayant 3 mètres de tour. Le Gérant : JULES GRISARD. J. TRAVAUX INÉDITS ADRESSES A LA SOCIÉTÉ. UTILITÉ DE LA CHÈVRE PAR E. PION Médecin-Vétérinaire, Inspecteur de la boucherie à Paris. (SUITE ET FIN *) a DES PRODUITS DE LA CHÈVRE : LAIT, BEURRE, FROMAGE, VIANDE, CHEVREAUX, PEAUX, POILS. Le principal produit de la Chèvre est le lait sans contredit. Aussi est-il nécessaire de préférer les sujets qui en donne- ront le plus à la traite. Je pense qu'une Chèvre qui pendant six mois de l’année — et c’est une belle moyenne — donne par jour deux litres de lait est un animal excellent. Celles qui vivent en liberté, dans la Corse, ne fournissent que trois à quatre litres de lait par semaine (Ristori). Ne comptons pas trop sur les phénomènes qu’on a cités dans les livres. En tout cas, il faut les traire régulièrement deux fois afin que l'ha- bitude leur fasse un plaisir d’être traites — sept heures du matin — sept heures du soir — et très proprement, le pis et la main du chévrier doivent être exempts de toute souillure. La douceur habituera à se laisser faire celles qui sont re- belles ; on les attache et on leur donne à manger ce qui les engage à se tenir tranquilles. | On en a signalé qui se tétaient elles-mêmes ; un collier à pointe et de l’Assa fœtida mis aux tétines les en empêche- ront ; c’est un grave défaut. | Quelles qualités a ce lait ? Les médecins le recommandent tous. Il est plus léger, plus digestif, plus riche en crème que le lait de Vache. Les globules de graisse y sont plus petits que ceux de la Vache, plus aptes à être émulsionnés. Le lait ne sent jamais les plantes aromatiques que la Chèvre a pu (*) Voyez plus haut, pages 180 et 234. 5 Avril 1889. 29 330 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. manger; pourtant les plantes vénéneuses y passent quoi qu’on ait écrit le contraire, sans avoir incommodé l'animal lui- même. Le lait sert d'émonctoire au poison, et la physiologie ne peut être surprise de ce fait normal. | À Rome, près de Borgo-Rione, des personnes furent ma- lades après avoir bu du lait dans lequel on trouva à l'analyse les principes du colchique et de l’acomit. Voici des analyses des différents laits d’après d’Ardenne. Chèvre Pyré- Autre France. anglaise. Vache. néenne, anglaise. Nubienne. BEUTTE 7... 33710) 3,32 3,43 GIE 7,02 8,49 Caséine...... 3,90 4,02 12 4,67 4,67 3.99 SUCTÉ. re 9,02 9,28 9,12 9,28 9,28 9,40 SOLS RME 0,35 0,58 0,93 1,01 1,01 0,82 ae ARR 86,08 86,80 87,40 19 » 82,02 80,30 Albumine. 1,35 DE DA D D » » La Chèvre, d’après ce tableau, a moins de sucre dans son lait que la femme et que la Vache; par contre elle a presque autant de beurre, et plus de caséine. Des analyses comparées de laits de Chèvres ont donné selon les races : Densité. (Caséine. Beurre. Sucre. Sels. Eau. Femme... 1052,67 39,24 26,06 143,07 1,38 886,51 Vache... 1033,38 53,04 21592 40,25 »,45 880,74 Chèvre .. 1033,53 54,34 25,93 31,46 »,56 887,71 Anesse.….. 1034,57 38,69 18.56 45,38 »,90 896,91 Jument.. 1033,82 39,72 21,45 44,08 »,50 894,35 Brebis... 1040,98 95,54 28,33 36,54 »,70 837,89 Chienne . 1036,55 114,372 s 49,28 66,35 3,01 766,99 Truie 0 1046,27 (119,315 39,74 4,29 4,01 832,65 Les analyses allemandes donnent (voir Lôbe) pour une moyenne de deux Chèvres nourries avec 1£,500 de foin de pré par 32 kilogr. de poids vif. Ne 1 Ne 2 HXITAIS EC US PATENT ARE 11,25 13,81 Beurre NRA SRE: 3,39 4,78 Protéines at SM SSURre 2,99 3,68 Sucre Aie pre amer 4,47 4,90 UTILITÉ DE LA CHÈVRE. 334 200 grammes de farine, 50 grammes d'huile d’œillette et 200 grammes de sucre, donnés chaque jour à la place de ce foin ont produit du lait plus riche, mais moins abondant évidemment. On voit par les chiffres ci-dessus que la Nubienne est la plus riche en beurre et en éléments azotés. De plus, on cons- tate que le lait s’il n’est pas très abondant, à cause des bois- sons ou de l’eau de végétation, rachète la quantité par la qualité. On remarquera de plus que le lait de Vache est moins riche que le lait de Chèvre en substances nutritives. Dans les exploitations anglaises, le lait de Chèvre passe dans le réfrigérateur Lawrence, c’est une bonne précaution. M. Huard du Plessis indique pour le conserver durant les chaleurs l'addition de deux cuillerées par litre, d’eau de radis sauvage cuite. Le prix du lait de Chèvre est fort variable, il est rémuné- rateur pour qui le produit à bon marché. A Paris, il vaut 1 fr. 50 le litre, à Londres, le double au moins, et ces chiffres sont exacts. En Algérie, il vaut 60 centimes, ce qui est un prix relativement élevé, en Corse 25 centimes seulement. Les estomacs délicats, les dyspep- tiques, et ils sont nombreux dans les villes, ne trouveront pas de liquide plus capable de les soutenir. Ce lait est bon pour tous les âges de la vie, même pour les vieillards, car le Dr Halschorn, le D' Lée partage son avis, affirme que le lait de Chèvre, à cause de l'acide hircique qu'il contient, est bon aux vieillards presque toujours atteints d’athéroma. J'ajoute que ce lait traité par un ferment spécial connu dans les tribus du Caucase, doit donner un Koumis ou Kéfyr excellent. Je ne sais si la chose a été faite. M. le marquis de Pruns nous signale ce fait que dans le Cantal, l'Aveyron et la Corrèze, les Chèvres servent parfois de nourrices aux jeunes Poulains ; elles suppléent les mères en cas d'accident, et dans le cas d’une mise bas double. Je lis dans une relation de voyage en Orient, par M. Pétiniaud, que le laït de Chèvre et de Brebis est réservé pour la nour- riture des Pouliches, la naissance d’une Pouliche. étant con- sidérée comme une bénédiction du Seigneur. L'on voit qu'à des distances fort grandes, et sous des climats différents, les mêmes services sont demandés au même animal qui. ne les refuse pas. 332 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Mais il est un point sur lequel il faut appeler plus que jamais l'attention des pays civilisés : c’est l'emploi de la Chèvre comme nourrice à défaut de la mère ‘empêéchée ou de la nourrice mercenaire. Le Dr Boudard ‘de Gannat a fait les plus généreux efforts pour faire une véritable œuvre de phi- lanthropie. Désespéré de voir tant de nourrissons voués à la mort, il a pensé à cette nourrice irréprochable et bienfai- sante qu’on appelle la Chèvre. Avec elle, plus de maladies contagieuses à redouter pour l’enfant, plus de {uberculose ou de syphilis. Un lait égal, un laït facile à digérer. Le cri d’a- larme poussé par M. Boudard devant la dépopulation devrait être répété et retentir jusqu'au fond des villes. Nous perdons par'notre faute cent mille enfants par an ; il est dit dans son éloquent plaidoyer : « La nature, nous l'avons rendue malléable jusqu'à nos » moindres caprices, il n’y a plus pour nous d'impossibilités » matérielles ; nous élevons à volonté des animaux utiles ou » agréables ; quant à nos enfants, nous ne savons que les » laisser mourir. » Et ceci: « Seize fois sur vingt, il est impos- » sible à un médecin consciencieux d'accepter les raisons » que donnent les femmes de la classe riche ou aisée pour se » décharger des soins qu'une reine se glorifiait de remplir. » Depuis les dernières séances du Congrès pour la {uber- culose, les dangers du lait de Vache non bouilli, ont été absolument prouvés. Tout récemment encore, Bollinger a refait des expériences en ce sens très décisives. Le professeur et expérimentateur Nocard a dit au Congrès: « Que si le lait cru paraissait nécessaire dans telle circons- » tance donnée, alors il faudrait abandonner résolument le » lait de Vache et recourir au lait de Chevre. La tuberculose » de la Chèvre est si rare — pour ma part je n’en connnais » pas un seul exemple — que son lait peut être consommé en » toute sécurité. » ‘ M. Arloing, de Lyon, a bien voulu m'écrire son opinion sur le même objet, elle corrobore celle de M. Nocard ; de même M. Ristori, vétérinaire en Corse, qui a vu et soigné beaucoup de Chèvres. Par conséquent, la puériculture de M. Boudard avec ce lait n’est pas un vain mot, et il semble étrange que ce mode de sauver les enfants ne soit pas plus répandu, car il donne, on peut le dire, des garanties absolues. Les expé- « riences faites par M. Tarnier et Parrot et tentées à nouveau UTILITÉ DE LA CHÈVRE. 333 par MM. Guérin et Moissenet, médecins de l'Hôtel-Dieu, ont pleinement réussi sur quatre nouveau-nés atteints de mala- dies contagieuses congénitales. Le lait de Chèvre a donc eu là une influence qu'on chercherait vainement ailleurs. Est-ce tout ? Qui ne sait que les nourrices mercenaires le plus sou- vent ont un lait insuffisant, fiévreux, et qu'elles ne peuvent logiquement donner, à n'importe quel prix, les soins inesti- mables de la maternité. La Chèvre remplacerait la nourrice mercenaire, couterail moins, serait plus fidèle, serait toujours prête, jour et nuit, voilà ce qu'on ne saurait trop répéter. Les établissements tels que ce philanthrope en a créés devraient être encouragés oflicieusement, sinon ofliciellement; car les médecins peuvent, par leur autorité, substituer le plus souvent possible au bibe- ron, l'emploi de la Chèvre. Actuellement, une Chèvre bien dressée et en pleine lactation coûte 100 francs et 15 francs par mois à nourrir. Ce prix baisserait de moitié si la Chèvre nourrice entrait dans nos mœurs à la facon d’une nécessité. D'ailleurs une Chèvre peut étre assez vite dressée et en at- tendant mieux, si on faisait passer le lait fraichement trait dans un biberon, ce lait n'aurait pas le temps de perdre ni sa chaleur, ni sa vitalité. Le type adopté par M. Boudard est la Chèvre blanche ca- CRhEMVT SANS CONS. Une Chèvre commune pourra suflire et, certes, il serait facile de les produire à volonté. M. Le Berre, vétérinaire à Lannion (Bretagne), me signale un certain nombre de Chèvres employées aux environs à nourrir les enfants, or l’on sait si la race bretonne est vivace. Il n’y a pas qu’en France où la Chèvre nourrice ait des défenseurs ardents. Elle en a en Russie, elle en a en Allemagne. Lôübe la vante ex- pressément aux mères qui ne peuvent ou ne veulent pas nourrir parce que, dit-il, on n’a aucune garantie à l'égard du lait de Vaches, et que la Chèvre, elle, ne peut être frappée de la maladie aux perles (perlensucht) ou {uberculose. En Angleterre, Begler cite le cas d’un veuf riche qui ne voulant pas que son enfant prit le biberon ou le sein d'une femme étrangère, s’adressa à une Chèvre. La chose eut du succès. Mais à la suite, la Chèvre après avoir mis bas deux Chevreaux, les négligea absolument pour son nourrisson préféré. Cette Chèvre si aimante pour l’homme vécut dix- 334 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. sept ans dans la même maison où M. Begler la vit et la connut. Nous ne parlerons guère du beurre de Chèvre sans couleur, sans durée, de goût médiocre ; on en peut faire, mais le com= merce n’a rien à voir là. Quant aux fromages, ils sont universellement estimés, et plusieurs parmi les plus célèbres, le Roquefort et le Sassenage par exemple contiennent du lait de Chèvre. On vend pour un million de francs de Sassenage et de Saint-Marcellin par année. En Auvergne, M. le marquis A. de Pruns, de Vic-sur-Cère, nous apprend qu'il se fait des fromages appelés Cabrichons, prononcez Cabriaux, fort aimés des gourmands, ils sont de forme ronde, peu épais et fondants. Il s’en fait ailleurs de plus durs, carrés, en briques, moins bons de goût, depuis Blesle (Haute-Loire), jusqu’à Vic-en-Carladès (Cantal), dans les cantons de Rocamadour, Lescure et Nanteuil, il s’expédie de cinq cents à cinq mille fromages par jour. C’est un im portant trafic dans ces pays où le commerce est peu floris- sant. Les mineurs de ce pays en font un grand usage. Les Chavignols, fromages hauts et ronds, se fabriquent avec le seul lait de Chèvre dans le Sancerroiïis (Cher). Les Levroux (Indre) sont des fromages en petites briques carrées ; la mode veut qu'ils soient cuits deux ou trois fois dans une friture de beurre et d'oignons ; ils ont beaucoup d'amateurs. La Corse se régale de fromages de Chèvre, con- fectionnés surtout dans les cantons de Venaco et de Castifao. En Norwège, il y a le Myseost et le Molken Käse, qui sont très recherchés, et se font après l’évaporation du serum, sur un feu doux; ils sont compacts et en forme de briques (Lee. En Allemagne, on en produit aussi d'excellents. La viande de Chèvre sert à l’alimentation de beaucoup de peuples, surtout dans le midi; dans le nord à Paris, dans le centre à Lyon, il y a beaucoup de Chèvres adultes ou vieilles qui sont consommées. Il est vrai de dire que le public trompé croit souvent acheter du Mouton. À Lyon, 150,000 kilogr. de Chèvres sont mangés par année. M. Cornevin fait remarquer que la Chèvre la plus grasse ne le paraît pas au dehors et que tout son suif s’accumule en dedans; ce suif est fort apprécié, il a une fermeté de bon aloi, et il vaut mieux que celui du Mouton pour la confection des UTILITÉ DE LA CHÈVRE. 335 chandelles. A y regarder de près, les gigots sont plus allon- gés que ceux du Mouton, une couverture de graisse n’existe pas sur les parties extérieures ; la colonne vertébrale est plus voussée, le cou plus sec et plus long ; l'odeur aussi peut aider à reconnaitre la nature de cette viande. Les Provençaux et les Nicois payent la Chèvre jusqu'à 1 fr. 40 le kilogr. Dans certains départements, dans le Loiret, la Haute-Savoie, la Lozère, la Haute-Loire, on sale et on fume cette viande. A Murat on mange la Chèvre âgée, bouillie avec une farce où entre la farine de Sarrazin, et c’est un grand régal connu sous le nom de farginau. Le Chevreau, en Corse, se paie 1 franc le kilogr., la Chèvre, 30 ou 40 centimes dans l’in- térieur de l'ile. Dans le pays de Galles, on trouve des jambons de Chèvres qui ont de la renommée. Nul doute que la Chèvre améliorée ne puisse fournir de meilleure viande et plus de suif. En bonne zootechnie, on ne devrait pas attendre, pour les sacrifier, l'extrême vieillesse des Chèvres, ni la sécheresse de leurs mamelles. | Des banquets, dont la presse a fait grand bruit, ont eu lieu pour faire apprécier la Chèvre et le Chevreau sous toutes les formes et à toutes les sauces. En 1880, à Alexandra Palace, M. Batchelor, chef cuisinier, a servi aux amateurs un repas tout à la Chèvre. Chez nous, Chevet a prouvé aussi, d'accord avec le Jardin d’Acclimatation, que la viande d’un mâle de trois ans et demi, bien châtré et bien nourri, pouvait figurer sur les tables les plus distinguées. Si parfois cette viande garde un petit goût de venaison, peut-on raisonnablement s’en plaindre ? M. Cartier, inspecteur de boucherie aux abattoirs de la Villette, a fait passer au Congrès de la Tuberculose, une note ainsi conçue, dont les termes méritent l'approbation de tous les médecins : « Aux malades à qui l’usage de la viande crue paraît néces- » saire, recommander surtout la viande crue de Mouton ou » de Chèvre. À ceux qui désirent boire du sang dans les » abattoirs, conseiller le sang de Chèvre ou de Mouton, sur- » tout des animaux qui ont vécu à l’air libre. » Quant aux Chevreaux, il s’en fait un commerce énorme pour deux raisons : 1° À cause de leur peau d'autant plus souple qu'ils n’auront pas brouté, qu'ils ne seront pas brou- NA CA 336 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. tards comme on dit. Cette peau sera d'autant meilleure et plus prisée pour la ganterie. 2° À cause de leur viande qu’on utilise maintenant quoiqu'elle ne soit pas encore assez faite. Paris, nous l'avons déjà dit, consomme par année, en moyenne, 138,083 Chevreaux. Les inspecteurs de boucherie saisissent ceux qui sont trop maigres, {70p verts, trop géla- tineux. Sitôt qu'ils auront pàäturé, leur peau deviendra rude et servira à faire du Mmaroquin. Si l’on veut, on pourra les pousser à l’engraissement. Les belles peaux de France sont préférées pour la ganterie, des racoleurs vont les chercher dans les pays d'origine et en font le choix. Celles d'Allemagne et de Hongrie, très estimées aussi, valent jusqu'à 50 francs la douzaine. Les peaux plus petites, de l'Amérique du Sud, valent 12 francs la douzaine. On comprendra de quelle importance serait l'accroissement du nombre des Chevreaux en France, quand on saura que nous sommes, en 1887, tributaires de l'étranger pour 1,781,273 ki- logr. de peaux de Chevreaux. La plus grande partie vient par le Havre et par Marseille. Ce sont nos voisins pour ne pas dire nos rivaux qui nous en fournissent le plus ; vous allez en juger : AUDE AMEL EN ER RES A CRE 321,977 kilos. ETATS Re APR Re CET ERREUR 488,046 — ALICE NE EE SR Era eee ENAUNE 206,386 — RÉDUDI qe ATEN LINE PR CAMEES 291 TRE Nous n’en réexportons que 287,915 kilogr., de sorte que nous payons pour nous 1,493,358, représentant plus de 2,000,000 de francs. C’est un bien lourd tribut. C’est à Lille, à Roubaix, à Tourcoing, que se travaillent maintenant toutes ces peaux ; on les travaillait autrefois à Montpellier et dans le Midi, mais cette industrie s’est déplacée. Il'est vrai de dire que par les joujoux (pour vêtir de peau les animaux de toutes sortes) — et par les chaussures surtout, dont nous sommes de grands exportateurs, nous en rendons aux étrangers la ma- jeure partie. On comprend que si nous pouvions produire davantage la matière première, nous augmenterions ainsi notre bénéfice. Les peaux de ces animaux ne sont pas seule- ient tannées et utilisées pour les bottines, on les emploie pour les manchons quand elles ont gardé leur riche pelage. Le Mohair, peigné et trié de l’Angora, sert à la confection UTILITÉ DE LA CHÈVRE. 337 du velours d'Utrecht — {velours fabriqué en partie à Amiens). Ce même Mohair, dont le marché central est à Bradford, en Angleterre, sert à imiter les cheveux de poupées, l’astrakan, et les fourrures précieuses. Le duvet moins fin, le poil plus crossier, font des cheviot où il entre aussi de la laine infé- rieure de Mouton. La peau des grandes Chèvres fait des pardessus de voyage imperméables et des couvertures très chaudes. La peau des Angoras ou des Croisés-Angoras constitue des manteaux fort utiles, très fourrés et très doux. Les montagnards d'Auvergne luttent contre les frimas avec de pareils manteaux. En Algérie, la toison de la Chèvre arabe mélée à la laine de Mouton fait des tissus grossiers; de la peau entière, on monte des sacs de cuir pour transporter les provisions, les dattes, le couscoussou, la farine, etc. C’est d'elle qu'est formée la gherba, qu'on suspend dans l'intérieur des tentes sur trois bâtons en faisceaux. « On dépouille le cadavre sans inciser la » peau, en enlevant celle-ci comme une peau de Lapin par le » train postérieur, après avoir coupé la tête. La peau ainsi » retournée est d'abord salée puis frottée de cendres de bois, » et exposée au soleil; alors on la retourne le poil par » dehors, et on lie avec des cordes les ouvertures de la tête » et des pattes moins une; cette dernière ouverture sert de » robinet. » Bien avant Moïse, dans tout l'Orient, les choses devaient se passer ainsi. VI Je ne dirai que peu de chose des maladies de la Chèvre, qui n'entrent guère dans mon cadre; je les citerai seulement en appuyant sur les récents progrès de la pathologie caprine. L'humidité et le froid sont les plus grands ennemis de la Chèvre. Les trois maladies les plus meurtrières qui peuvent les atteindre sont: 1° le bou-frida, maladie de poitrine décrite pour la première fois par M. Ph. Thomas, vétérinaire mili- taire ; 2° la pleuropneumonie, et troisièmement la clavelée. Le bou-frida est une congestion d’un seul poumon, jamais des deux. Elle fait beaucoup de victimes; en 1872-1873, sur 338 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. 38,100 Chèvres appartenant à diverses tribus, il y en a eu 6,300 de frappées et 4,250 ont péri. Elle sévit sur les hauts plateaux, de 600 à 1,400 mètres. Les Arabes mangent parfaite- ment sans dégoût les Chèvres malades; mais les nègres, d'après une croyance répandue, contracteraient la même ma- ladie et en mourraient, s'ils ont le malheur d'y toucher. Le froid en serait la cause et non une contagion quelconque; il est vrai de dire, qu'à de telles hauteurs, il y a de fortes diffé- rences de température entre le jour et la nuit et entre les saisons. Elle a deux formes, la rapide et la lente, de gravité inégale. Les indigènes regardent mourir leurs bêtes ou parfois les achèvent, sans essayer de les soulager par le moindre vésicatoire; ils ont pourtant sous la main une plante qui le leur fournit à peu de frais, le bou-nafa ou thapsia. C’est une pneumonie exsudative, plus ou moins rapprochée de la péripneumonie. Il y a encore des études comparatives à faire sur ce point. La pleuropneumonie a été surtout étudiée par M. Duquesnoy en France, par les professeurs Axe et Servelen Angleterre. À en contrôler les symptômes et la contagion évidente, on crei- rait qu’elle est la péripneumonie des Chèvres. Le poumon malade offre des lésions d'aspect marbré, coupé de tranchées de diverses couleurs, brunes, jaunes ou sanguinolentes. Dès le début, la toux se fait entendre, les yeux sont chassieux; il y a un jetage qui semble du sirop de gomme coulant par les na- rines ; plus de lait, plus de rumination, une diarrhée fétide et verdàtre achève l'épuisement des animaux. On ne saurait trop, comme première indication, séparer de leurs camarades sains les animaux qui toussent. Ce sera pru- dent. La Chèvre peut devenir anémique, cachectique, et périr sans lésions appréciables. Les années humides, la nourriture avariée produiront ces malheureux effets. La clavelée — pocken — est une éruption contagieuse bien décrite par Lôbe, elle ressemble à celle du Mouton, bien qu'elle ne soit pas essentiellement pareille. M. Ph. Thomas a remarqué en Algérie que cette maladie existait sans que les troupeaux de Moutons voisins eussent la clavelée. Il faudra isoler, sitôt qu’on apercevra les premières pustules. Elle est grave, et tue souvent, quand elle est confluente. | Les affections vermineuses les attaquent aussi et les ané- UTILITÉ DE LA CHÈVRE. 339 mient, surtout en Algérie; c’est le strongle des bronches qui les décime; les Arabes l’appellent bou-neghize. Cette bron- chite leur suffit, car M. Ph. Thomas assure n'avoir jamais trouvé de Tœnias ni d'Echinococques dans les viscères de ces animaux, ils les laissent aux Moutons. Quand elles ont le piétin, ou pied pourri, la propreté et des bains au sulfate de cuivre et à l’eau de chaux en viendront aisément à bout. Dans la météorisation — maladie du tambour des Alle- mands — on leur administrera un peu d’eau salée ou un peu d'alcali volatil étendu. Au pis aller, on fera la ponction du rumen, à gauche, bien entendu. Dans les crevasses aux tétines, on agira par la vaseline. Des cataplasmes, des onguents doux, le populeum surtout, seront employés contre la mammite — garget des Anglais — inflammation des mamelles. M. Ristori, vétérinaire à Bastia, me signale le piétin comme faisant du tort aux Chèvres corses, mais ce qui est plus digne d'intérêt, c'est qu'il signale aussi le charbon, comme cause dé beaucoup de ravages et d’une forte mortalité, et il ajoute : « malgré mes rapports, l'administration ne fait rien pour » combattre cette terrible maladie qui décime nos troupeaux. » Est-ce le charbon bactéridien, ou sang de rate, est-ce le charbon symptomatique? Ce point pourrait être éclairci par l'envoi de notes décrivant les symptômes, par quelques ino- culations pratiquées, et par l'examen microscopique du sang. Ces recherches pourraient n'être pas sans résultat, et les pou- voirs publics finiraient peut-être par s'émouvoir. Telles sont les principales maladies de la Chèvre. Inutile de dire qu'un régime mauvais et trop aqueux leur donne la diarrhée. Un changement de régime rétablira les choses dans l’ordre. NOTE SUR LA CHASSE AUX OISEAUX DANS L'INDE PAR M. LE MARQUIS DE BRISAY. Monsieur le Président, Je tiens d’un de mes parents, en séjour à Pondichéry, de curieux détails sur la faune emplumée de l'Inde francaise. Je les ai condensés en quelques pages, que je me fais un plaisir de vous adresser, avec la pensée que cette communication pourra intéresser quelques-uns de nos collègues de la Société d’Acclimatation. | | Comme il est bon d’encadrer son sujet, je commence par emprunter à mon correspondant la description de son terrain d'étude. « C’est à deux lieues de la ville, m'écrit-il, en un site ravissant nommé A7iancoupoin, sur les bords d'une large rivière poissonneuse et couverte de gibier aquatique, dans une demeure du genre villa romaine enfouie sous les om- brages, que j'ai passé les mois de l’automne chez un com- mensal ami, qui m'avait offert une hospitalité de radjah. J'en ai profité pour faire une campagne — rien de la guerre aux indigènes — qui a été réellement meurtrière pour les Bécas- sines et les Grives à bec d’Aigle (Couil), oiseau inconnu en France, et qui est un délicieux manger. » Mon plaisir était de vivre là dans un pandale, sorte de belvédère recouvert d’un toit de chaume, véritable gourbi aérien, que l’on avait construit sur la terrasse qui sert de toit à la maison, pour y venir respirer la brise de la mer pendant la saison chaude. Je m'y trouvais si bien que, jusqu’en dé- cembre, j'y suis resté nuit et jour, n’en descendant qu'aux heures des repas et le matin de très bonne heure, pour le tir des oiseaux. Je n'ai quitté mon ermitage que chassé par les pluies torrentielles de l'hivernage, et encore a-t-il fallu toute la fureur d’un cyclone, qui a failll m'emporter avec NOTE SUR LA CHASSE AUX OISEAUX DANS L'INDE. 341 ma chaumière, pour me décider à prendre un gîte moins estival. » Le temps qu'il ne consacrait pas à la chasse, mon corres- pondant l'occupait par un autre sport, — en chambre celui- ci et moins fatigant, mais plus minutieux: l'élevage et l'entretien d'une quantité d'oiseaux achetés pour quelques sous aux indigènes. Les procédés, couramment employés par les Indiens pour capturer les oiseaux, ne différent pas beaucoup des systèmes européens. La glue, dont on enduit de petites baguettes pla- cées sur les arbres à fruits, les collets, les reginglettes munies d’appâts divers, les trébuchets contenant des appelants, voilà leurs principaux engins. Il en est un, toutefois, qui parait spécial au pays; en voici la pratique. Lorsqu'un arbuste se garnit de baies bien müres, et que les oiseaux commencent à le fréquenter, l'Indien place dessus un grand filet pourvu d'un ressort et d’une coulisse. Le ressort tient relevée et maintenue à la disposition du chasseur, la moitié du filet. A volonté, lorsqu'il voit l’arbre couvert de ses friands dévasta- teurs, l'Indien fait détendre le ressort à l’aide d’un cordeau, et la partie repliée du filet retombe brusquement sur les oiseaux qui s'y trouvent emprisonnés. — Aussitôt, pour priver les captifs de la ressource de s'échapper par le dessous de l’arbuste, le chasseur fait manœuvrer, en la tirant à lui, une seconde ficelle, destinée à serrer la coulisse, en étran- glant le tronc de l'arbre dans les mailles rapprochées dont la gorge forme la base du filet. On prend ainsi des flotilles de passereaux, « des Veuves à dos et ailes tabac clair, ventre blanc d'argent, tête et cou d’un noir métallique splendide surmontés d’une longue huppe, d'autres toutes blanches striées de noir, à très longue queue, huppées également sur tête et col noirs. Ce sont des oiseaux magnifiques, de la grosseur d’une Alouette de forte taille ». On prend encore des Geais bleu, des Guépiers, l’Oiseau-feu ! et toute une pléiade de sujets plus remarquables les uns que les autres, qui s’habituent à la captivité grace aux fruits frais et au riz bouilli, mais dont l'exportation n’a même pas été tentée. Les Bulbuls sont très nombreux. On s’en empare facilement et on les conserve longtemps en cage, surtout la variété à oreillons rouges, si sémillante et si bien douée d’un organe 342 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. éclatant aux tons d’une merveilleuse limpidité. — C’est la Fauvette Orphée du Commerce. Un couple de ces chanteurs se paie 30 centimes aux indigènes. Pour 50 centimes pièce, notre amateur avait acheté plusieurs sujets d’une famille plus rare, voisine des Bulbuls, maïs de taille plus forte, dans le senre du Martin des Pagodes. Cet oiseau se nomme yponian- tatan. 11 se rapproche beaucoup, par le plumage et par la forme, du Phylornis à front d’or. Comme le Phylornis, il est vert d'herbe, avec la gorge noire et le dessous du bec bleu. Mais il n’a pas de jaune sur la poitrine, et comme les Bulbuls, il présente à la région anale une tache orangée. Le Ponian- tatan est d’une conservation moins aisée que les Orphées ; et, peu de jours après sa mise en cage, on le trouve étendu sur le carreau, si l’on n’a pris des soins minutieux pour son en- tretien, et pour sa nourriture qui demande à être substantielle et variée. Comme le dit très judicieusement l'observateur de ces oiseaux, il faut, pour assurer leur conservation, posséder le feu sacré, et... n'avoir pas autre chose à faire. Les absences, les distractions, l'abandon et le manque de surveillance leur sont funestes. On en perd tous les jours victimes d’un manque de soin, et trop souvent aussi sous la dent des Rats ou la griffe des Chats. Un des plus intéressants et en même temps des moins fra- giles, est une Cailie de très petite taille, qui est douée d’un organe extraordinaire. On la fait chanter en sifflant auprès d'elle. On l’apprivoise très vite, et elle devient familière au point de sauter sur les mains de son maître. « Elle produit, au milieu du silence des lourdes siestes de l'été, dit mon correspondant, un roulement progressif qui commence de presque rien, et arrive à une acuité de son dont on n'aurait jamais cru un si petit animal capable. J’en ai eu une, qu'un jeune Métis Indien-Portugais avait apportée, et qu'il venait soigner tous les jours. Elle est morte d’un coup de soleil, et je ne l’ai que peu regrettée, car elle m’assourdis- sait. » — Ce gallinacé me paraît être celui que M. Magaud d’Aubusson a décrit sous le nom de Caïlle de Coromandel, dont la taille ne dépasse pas 15 centimètres et dont le plumage, gris-jaunätre comme celui de notre Caille commune, est re- levé par la teinte noire de la poitrine. Un des sujets les plus curieux que traite dans sa lettre de Pondichéry mon intéressant narrateur, est la méthode adroïte NOTE SUR LA CHASSE AUX OISEAUX DANS L'INDE. 943 et rusée mise en pratique par les indigènes, pour s'emparer de la Sauvagine : Canards, Sarcelles et autres individus de la gent aux pieds palmés. La côte de Coromandel est couverte de lacs artificiels, très peu profonds et pratiqués à main d'hommes, par le détourne- ment de cours d’eau, que l’on amène à former, dans les décli- vités onduleuses des plaines de sable, des réservoirs très vastes, destinés à irriguer en tout temps les rizières nom- breuses qui garnissent le pays. L'Indien, dépouillé de ses vêtements, pénètre dans l'étang, et s'avance lentement..., prudemment..., poussant insensi- blement devant lui une pièce de bois couverte de feuillages et de grandes herbes ; la main qui fait mouvoir l’ilot flottant se perd dans cette verdure. De rameaux verdoyants est égale- ment ombragée la tête du chasseur, qui émerge seule du sein de l'onde... que l’on peut réellement, en ce cas, qualifier de perfide. Et il s'avance, bloc enverduré qui ne porte aucune menace apparente aux pauvres oiseaux, dont pourtant la capture est prochaine. Avec une lenteur, une patience méthodique dont l’Indien seul est capable, notre chasseur approche des bandes repo- sant sur l’eau ; et les Canards, croyant voir des détritus d'humus poussés par le courant ou par la brise, et venant leur offrir la ressource délicate d’un facile repas, se dirigent d'eux-mêmes, sans défiance, vers le piège qu'ils ne devinent point. Dès qu'il peut étendre la main sous eux, l’Indien saisit par les pattes et entraîne brusquement dans l’eau un Canard, puis un autre...,etil en prend ainsi autant que ses mains peuvent en tenir, sans que les compagnons des prisonniers s’effrayent de la disparition de ceux qu'ils voient entrer dans l’eau, car l’absence de tout danger apparent leur fait croire que les camarades ont plongé pour s’ébattre, ou poursuivre une proie quelconque au sein des ondes. Cette chasse — cette pêche, si l’on préfère, se fait le matin au point du jour, à l'instant où les animaux se mettent en quête de leur premier repas. Elle n’en est que plus fructueuse. Abondante est-elle encore la nuit, par un beau clair de lune, alors que la Sauvagine, la tête sous l’aile, se livre à un insou- clant sommeil. La capture de la Sauvagine se fait également à l’aide de panelles, concourant au même résultat. Ce sont des marmites 344 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. presque rondes munies d’un goulot étroit. On en réunit une certaine quantité en chapelet, et on les renverse le ventre en l'air, le bec dans l’eau. On les recouvre alors de verdure et. d'herbages aquatiques. Les canards, dans leurs randonnées immenses au-dessus des étangs, s’habituent vite à ces buissons flottants, et descendent pour nager et picorer tout autour. Les chasseurs se coiffent d'une panelle enverdurée, et s’en vont sous l’eau, la panelle seulement au-dessus du miroir liquide — car enfin il faut respirer, quoique amphibie — rejoindre leurs bosquets falla- cieux. Deux petits trous ménagés dans le fond de la panelle, permettent aux chasseurs de voir et de juger la position de l'ennemi, et de se diriger à sa rencontre, sans lui laisser soupconner la savante manœuvre dont il sera bientôt la vic- time. Ils arrivent ainsi jusqu'aux oiseaux, dont les instincts de défiance ne sont point éveillés ; et comme dans l’autre cas, les saisissent par les pattes, les noyent, en rapportent au rivage des grappes pendues par une ficelle à leur ceinture. Lorsque le gibier donne, cette chasse est très productive. Tous les matins, le marché de Pondichéry regorge d'oiseaux d’eau, dont le prix extrémement modique, ne s'élève pas au- dessus de 5 sous, pour une Sarcelle, et 10 sous pour un Canard. Ces palmipèdes ne sont pas d’un plumage éclatant. Les Canards présentent quelques reflets métalliques aux aïles, et la Sarcelle revêt une teinte uniformément grise, qui n’en fait pas une bête d’ornementation ; mais ces deux espèces forment une grande ressource pour la table, et l’on en use largement pendant toute la saison d’hivernage. Pour compléter cette notice, je vais décrire Re quelques oiseaux d’un plumage remarquable, qui me sont parvenus en peau, très bien conservés par le camphre, avec la lettre de mon correspondant. 1° Un Geai bleu, qui me parait être l'Eurystomus orien- talis décrit par Jerdon comme étant le Rollier de l'Inde, vivant d'insectes pris, comme font les Pics, sous l'écorce des arbres. Longueur 33 centimètres. Bec noir et très crochu. Menton et front brun cannelle clair. Tête bleue d’aigue ma- rine. Gorge violacée à plumes lancéolées de roux clair. Poi- trine chamois. Ventre et dessous de la queue bleu d’aigue. Dessus du cou brun-chamois. Manteau verdâtre. Croupion et NOTE SUR LA CHASSE AUX OISEAUX DANS L'INDE. 349 bout de la queue indigo : les deux plumes supérieures de la queue d’un bleu-vert, les autres d’un bleu blanchâtre. Ailes marquées de trois couleurs, bleu-indigo, bleu-d’aigue et cha- mois-verdätre. Pattes noires dessus et jaunes en dessous. L'ensemble de cet oiseau produit le plus bel effet. La confor- mation du bec laisse à penser qu'il vivrait parfaitement en captivité nourri de fruits et de pâtée pour insectivores. 2° Un Guépier de la famille des Mellilothères, mesurant 30 centimètres. Bec très long (45 millimètres) et d’un noir brillant. Œil rouge recouvert d’une bande noire. Front et sourcils bleus. Gorge brun-cannelle. Dessus et dessous du corps vert-gris. Intérieur des ailes chamois-clair. Croupion et dessus de la queue bleu-pâle. La queue coupée à angle droit est recouverte de deux rectrices terminées en pointe, dépas- sant de 50 millimètres les autres pennes. Les pattes sont noires, armées d'ongles très longs. 3° Un Martin des Pagodes (Slurnus pagoduruim), mesurant 22 centimètres. Bec jaune-orange à base vert-sombre. Tête et longue aigrette en arrière d’un noir brillant. Dos, ailes et queue gris-soyeux délicat. Rémiges noires et rectrices noires au bout. Intérieur des ailes et dessous de la queue blanc. Tour du cou, gorge et parties inférieures du corps brun-cannelle lancéolé de plus clair. Pattes jaunes citron. Comme il est regrettable de voir si rarement importer ce charmant oiseau qui vit si bien en volière ! 4 Une Fauvette de la famille des Bulbuls, qui me parait être le Bulbul Tonki (Pycnonotus hæmorrhous du docteur Rusz), mesurant 19 centimètres. Large bec noir assez long, véritable cuiller à déguster les fruits. Tête noire ornée d’une huppe à reflets verts. Gorge, poitrine et tour du cou gris- foncé, ventre blanchâtre et pattes noires. Le dessus du corps, des ailes et de la queue ainsi que l'intérieur du bras et le dessous de la queue d’un beau brun-rouge vif et brillant. Encore un oiseau d’un entretien très facile. 5 Une Mésange du genre Panure, aux ailes très courtes, à la queue étagée, au bec fort et droit. Elle mesure 16 centi- mètres. Bec et pattes noires. Tête et dos gris ardoisé-clair. Gorge noire. Poitrine et croupion rouge-feu. Ventre blanc. Aiïles noires barrées feu. La queue est d’un noir vif, avec les quatre rectrices étagées de chaque côté et terminées d’une flamme orange. — La femelle est plus modeste dans sa parure. 5 Avril 1889. 23 3416 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Grise ardoise en dessus et blanche en dessous, elle a les ailes brunes, la queue noir-orangé, avec une tache rouge feu sur le croupion. C’est un ravissant oïiselet. 6° Un Oiseau-Mouche Melliphagide de 10 centimètres. Bec noir, pointu, recourbé en faucille. Pattes noires. Calotte et épaulettes vert-bronze brillant. Rabat et croupion violet d'améthyste. Queue noire et ailes brunes. Manteau rouge- châtaigne ; gorge du même frangé de noir. Poitrine jaune- citron et ventre blanc. Tels sont les divers types qui me sont parvenus à nombreux exemplaires, surtout le dernier. Veuillez agréer, etc. SUR LA PÉCHE DU SAUMON DANS LA BAITIQUE Letire adressée à M. Berthoule, secrétaire général de la Société, Par M. ARTHUR FEDDERSEN. Copenhague, le 16 février 1889. C'est avec le plus grand intérêt que j'ai lu, dans le Bulletin n° 3 de votre excellente Société d’Acclimatation, les deux articles du 5 février, le vôtre et celui de M. Léon Vaillant. Ces articles traitent de la manière de vivre du Saumon. Je me permets, cependant, de suppléer aux renseignements que M. Robert Collett, professeur de zoologie à l'Université de Christiania, vous a communiqués; car je suppose que les expériences, faites dans la Baltique, peuvent mieux éclairer sur la manière de vivre du Saumon en pleine mer. Vous n'ignorez pas que l’île de Bornholm, dans la Baltique, appartient au Danemark, et vous savez certainement que, de cette île, on exploite une pêche considérable, en partie de Harengs et de Morues, mais aussi de Saumons, et ce poisson est pêché exclusivement dans la mer. Bornholm n'a aucun courant d’eau que le Saumon puisse rechercher pour frayer. La dernière statistique (1) de la pêche de SL de Born- holm constate qu’on a pêché : En 1886, environ 15,140 Saumons à l’hamecon. — — 4,600 — au filet. En 1887, environ 14,300 — à l’hamecon. — — 4,600 — au filet. En 1888, environ 12,866 —— à l’hamecon. — — 3,920 — au filet. (1) A. Feddersen : Fiskeritidende, Nos 31-32, 1888. 348 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Mais, en outre, les pêcheurs Allemands et Suédois prennent une masse de Saumons dans la Baltique, de sorte qu'il existe dans cette mer une pêche régulière de Saumons qui viennent des rivières suédoises, finlandaises, russes et allemandes, et qui débouchent dans la Baltique. Les jeunes Saumons qui quittent les dites rivières, où ils sont éclos, et où ils ont vécu de douze à vingt-quatre mois, trouvent les condi- tions favorables à leur croissance et à leur développement dans la Baltique. C’est pendant leur séjour ici qu'ils deviennent le but de la susdite pêche, et on les attrape, en EneE d'un poids de 1/2 kilo à 20 kilos et plus. On se sert, pour la pêche à l’hamecon, d’un bateau qui porte 60-90 instruments séparés {Louker) avec cent quatre- vingts à quatre cent cinquante hamecons. On descend généralement les instruments à une profon- deur de quarante à quarante-cinq brasses, tandis que les pêcheurs Allemands mettent leurs instruments de vingt à trente brasses seulement. L'appât est toujours le Hareng, que l’on pêche dans la mer, d'octobre à la fin demars, auvrès des instruments. D'avril en mai, où la pêche au Saumon cesse, on prend les Harengs plus près de la côte. Quand les Harengs frais manquent, on prend les salés. Pen- dant les mois d'automne, le Hareng devient aigre en un jour, et les hameçons doivent, par conséquent, avoir de l’appat frais tous les jours ; mais en hiver l’appat se conserve quatre à cinq jours. Le résultat est de cinquante à deux cent cim- quante pièces, par bateau, en hiver. Autre est la pêche au filet, pour laquelle on emploie plu- sieurs milliers de filets. Celle-ci se pratique soit en fixant le filet au bateau, en dérivant, soit en plaçant le filet le soir et en l’ôtant le matin. Cette pêche rapporte surtout une masse de petits Saumons ; 1l serait donc à désirer qu’on la restreigne un peu): M. le docteur Malmgren, le savant professeur de zoologie àa l’Université d'Helsingfors, a démontré, d’une certaine manière, que ce sont les Saumons qui arrivent de la Bal- tique qui, entre autres, se réfugient dans les rivières de la Finlande. On a eu, de tout temps, l'habitude, en Finlande, de pêcher les Saumons qui entraient dans les rivières pour (1) Nordish Fidsshrift. for Fiskeri, Il, pag. 15-30. SUR LA PÊCHE DU SAUMON DANS LA BALTIQUE. 349 frayer, et qui avaient, dans le gosier ou dans les intestins, des hamecons d’une forme inconnue dans le pays même. Parmi les trois mille Saumons qui ont été péchés, depuis fin juin jusqu'en août 1883, dans une avaloire ou. saumonière de la rivière d'Uleà, on a ouvert les poissons péchés, et on leur a ôté les intestins; il y avait, au moins, vingt-cinq Saumons qui avaient un hameçon étranger dans le corps. Le hamecon est presque toujours en cuivre blanc, et, parfois, un bout de la ligne avec un poids en plomb y est attaché. Suivant les recherches du D' Malmgren il a été démontré que ces hame- cons viennent de la côte du nord de l’Allemagne, où l’on s’en sert généralement l'hiver pour la pêche des Saumons. Depuis l'ile de Rügen jusqu'à la ville de Memel même, on pêche les Saumons à l’hamecon pendant l'hiver, et surtout en mars et avril, d'une à quatre lieues danoiïses (1) de la côte, et à une profondeur de quinze à trente brasses. Les Saumons de Finlande descendent donc jusqu'aux côtes d'Allemagne et cherchent, pendant leur croissance, leur nourriture dans la Baltique. Il est, par contre, très rare, en Finlande, de trouver dans les Saumons la même sorte de hamecons que celle dont les pêcheurs de Bornholm et de la Suède (Scanie) se servent, probablement parce que ces pêcheurs emploient des instru- ments de pêche qui sont meilleurs et plus forts. Il y a vingt ans, la péche dans les rivières de Finlande fut prohibée, et c’est depuis ce temps que la pêche du Saumon dans la partie sud de la Baltique a considérablement augmenté. Cela s'accorde, du reste, très bien avec les obser- vations faites en Ecosse, que le Saumon, tandis qu'il est dans la mer, cherche surtout sa nourriture là où il y a un fond de sable ; ainsi en est-il dans la Baltique entre Memel et Rügen, de même qu'à Bornholm et au sud de la Suède, où on le pêche sur des fonds de sable d’une grande étendue et à une certaine profondeur. Du reste, on peut encore ajouter ce renseignement, que les hamecons étrangers se trouvent vénéralement dans les Saumons qui sont amenés aux fume- ries de Copenhague par les pêcheurs de Bornholm. Il est du reste aussi arrivé, que les Saumons pêchés dans le grand Belt, donc tout à fait à l’ouest de la Baltique, ont eu des (1) 1 L. danoise — 7532,48 M. 900 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. hamecons dans le corps, probablement d’origine allemande. Dans les années 1884 et,1886, j'ai eu, pendant plusieurs mois, l’occasion d'examiner les pêches des Saumons d'Islande, où il y a plusieurs rivières, dans lesquelles les Saumons abondent, et où ils sont d’une qualité très fine. Mes chserva- tions ont donné ce résultat, que presque chaque rivière a sa forme de Saumon à elle, et que ceux-ci, pendant leur crois- sance, fréquentent la mer environnante et, de là chaque été, montent dans les rivières natales pour y frayer. J'ai visité plusieurs frayères qui, parfois, sont très éloignées de l’em- bouchure des rivières, même tout en haut de la rivière où des sources chaudes se jettent avec une température montant jusqu'à 18 degrés (1). Aucun de ces Saumons ne peut être confondu, par sa forme, avec ceux des rivières norvégiennes. Il est donc suffi- samment prouvé, par ce qui précède, que le Saumon ne s'éloigne de son pays natal, c’est-à-dire des rivières où il est éclos, que pour atteindre les endroits où il y a suffisamment de nourriture pour lui, et où il peut grandir jusqu'à sa puberté. Tous les pêcheurs de Saumons sont unanimes à dire que le Saumon monte jusqu'aux rivières de Finlande et de la Suède, seulement pour frayer, ce qui est d'accord aussi avec tout ce qu’on sait sur les mœurs des Salmonides. Nulle part, les conditions ne sont aussi nettes que dans la Baltique et dans les rivières qui y affluent. À la suite de cette lecture, faite en séance générale, ont été présentées les observations suivantes, qu'il est intéressant d'en rapprocher (2). M. A. Berthoule, secrétaire général. — La lettre de M. Feddersen n’est pas sans offrir une certaine importance, c'est un document nouveau ajouté à ceux que nous avions pu recueillir jusqu'à présent sur les mœurs du précieux Salmo- nide. Nous le voyons, en somme, au point de vue de sa repro- duction, se conduire dans les eaux du Nord comme dans les (1) A. Feddersen : ZLaxveidar og Silungsveidar à Islandi-Audoari, 1885. (2) Extrait du compte rendu sténographique de la séance du 29 mars. SUR LA PÊCHE DU SAUMON DANS LA BALTIQUE. 301 nôtres. Là n’est plus la question, car ce fait est aujourd’hui en pleine lumière ; mais nous avions eu à constater, d’après les enquêtes les plus sérieuses, que, nulle part sur nos côtes, on ne prend de Saumons en mer, sinon d’une manière abso- lument accidentelle, et jamais en dehors de la mer territoriale. Dans la Baltique, au contraire, ce poisson fait l'objet des pêches les plus fructueuses, puisque les seules pêcheries de Bornholm produisent jusqu’à 20,000 Saumons par an ; ils sont pris à 7 à 8 lieues danoïses de large, c'est-à-dire en pleine mer, car l'ile de Bornholm, centre de cette industrie, est elle- même isolée dans la Baltique, presque à égale distance des rives Suédoises et Poméraniennes. En remerciant M. Feddersen de cette communication, et dans le but de pousser plus avant une information de cette importance, nous lui avons demandé encore s’il y a dans la Baltique des époques régulières d'apparition du Saumon, ou si ce poisson s’y rencontre toute l’année ? Quel est le temps où cette pêche a le plus d'activité ? Et enfin, si on trouve, en même temps et sur les mêmes fonds, des gros et des petits Saumons ? Le Saumon se pêche toute l’année dans la Baltique, nous a répondu notre aimable correspondant, si on le capture sur- tout pendant l'hiver, cela tient à ce qu'alors, la nourriture étant moins abondante dans les eaux, il se laisse plus facile- ment attirer par l’appât des lignes. Les gros sujets, qu'on prenait autrefois, à 1 ou 2 lieues, tendent à s'éloigner de plus en plus, il faut actuellement, aller les chercher jusqu’à 7 et 8 lieues ; les jeunes ne s’écartent pas des côtes. Le Saumon fréquente aussi les mers d'Islande, mais l’em- ploi des lignes de fond et des filets dérivants y est peu en usage. | Ce fait de l'abondance du Saumon dans les mers du Nord a, sans doute, pour cause leur peu de densité, et leur très faible salure ; mais il n’en est pas moins très remarquable, quand on sait que la capture de ce poisson, en dehors de nos fleuves de France, est un fait purement exceptionnel. De telles données nous aideront, peut-être, à éclairer ce point, qui est resté jusqu'à présent mystérieux pour nous, de la migration du Saumon dans la mer. 392 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. M. le professeur L. Vaillant. — Les détails donnés dans la lettre de M. Feddersen sur la pêche du Saumon à l'ile de Bornholm sont d’un très réel intérêt, et la Société d’Acclima- tation peut s’applaudir d’avoir ouvert une discussion, qui, si elle n'arrive pas à résoudre entièrement la question, encore obscure des mœurs de ce poisson, donne au moins déjà quelques lumières nouvelles. be Il importe, toutefois, de remarquer que ces observations étant faites dans la Baltique, se trouvent par là même ré- pondre à des conditions toutes spéciales. On sait que la salure des eaux est dans cette mer incomparablement plus faible que pour l'Océan. Aux environs de Copenhague, dans la partie Est . de l'ile de Seeland, en un point par conséquent plus rap- proché de la grande mer que l'ile de Bornholm, l'aspect du littoral, M. Raveret-Wattel en a fait comme moi la remarque, indique clairement cette différence, car la rive est herbeuse et couverte de roseaux comme celle d’un lac; parmi les mol- lusques habitant au milieu de ces plantes se voient des Lym— nées, des Planorbes, des Hélices. De ce fait bien connu on peut conclure que les Saumons trouvent dans la mer Baltique des conditions d'existence en partie au moins comparables à celles qu'ils rencontrent dans les fleuves ; il devient par suite moins surprenant de les voir, comme dans ceux-ci se laisser capturer soit à l’'hamecçon, soit au filet. Tout en prenant en sérieuse considération les faits si bien exposés par M. Feddersen, on ne peut, en somme, les regarder comme applicables aux côtes océaniques de la Scandinavie ou de la France, et la non constatation de la présence du Salmo Salar pendant la belle saison dans des eaux franchement marines, où néanmoins, suivant toute probabilité, il se trouve, reste encore inexpliquée. NOTE SUR LE VER A SOIE AMÉRICAIN DU PRUNIER ([ATTACUS ou PLATYSAMIA CECROPIA Linxé) Par A. LABOULBÈNE, Professeur à la Faculté, membre de l’Académie de médecine. Parmi les insectes lépidoptères séricigènes américains, on distingue une espèce recommandable entre toutes, et dont l’acclimatation, fort à désirer, est en train de s’accomplir. C'est le Ver à soie du Prunier ou l’Aftacus Cecropia, placé dans divers sous-genres Æyalophora, Samia ou Plalysamia, dont la chenille produit une belle soie argentée, d’une teinte agréable, très légèrement rembrunie. C’est au Muséum d'histoire naturelle de Paris qu'a eu lieu l'initiative de son introduction. En 1840, seize cocons de l’A. Cecropia, arrivant de la Nouvelle-Orléans, furent remis à Victor Audouin ; ils étaient fixés suivant le sens de la lon- eueur à des branches d'arbre, quelques-uns avaient un pédi- cule aplati. Ces cocons avaient été ramassés à l’état sauvage et ne provenaient pas d’une éducation; il est sorti de l’un d'eux un parasite, l'ZChneumon macrurus Linné, Ophion macrurum Westwood. On sait que l'A. Cecropia vit en abondance au milieu des bois dans son pays d’origine, et ses cocons sont apportés en grande quantité par les gens de la campagne, donnant une soie très estimée, avec laquelle on fabrique des étoffes de qualité excellente. Les papillons sont éclos à Paris, en mai 1840, et après s'être accouplés, ils fournirent des œufs qui ont produit presque aussitôt des chenilles qu’on maïntint à la tempéra- ture de 15 à 20° centigrades. Les feuilles de Prunier furent préférées par les jeunes chenilles, tant celles des Pruniers de France que celles des Pruniers de l'Amérique du Nord, tirées de l'École botanique du Muséum. L'éducation des chenilles dura cinquante-six jours et leur métamorphose s’accomplit heureusement. Audouin éleva l’année suivante une seconde CO 54 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. vénération provenant des œufs obtenus par lui ; maïs la mort d'Audouin interrompit l’acclimatation si bien commencée. En 1845, M. H. Lucas, aide naturaliste, reprit les essais avec quatre cocons donnés par Doyère et venant comme les pré- cédents de la Nouvelle-Orléans ; il observa une ponte de trois cent cinquante œufs dont les trois quarts arrivèrent à éclo- sion. L'éducation dura un peu plus longtemps que celle d'Audouin et M. Lucas remarqua, au moment des mues, que les chenilles tapissaient de soie le lieu où elles se trouvaient et s'y cramponnaient avec les pattes anales pour se débar- rasser de leur peau. En 1847, M. le professeur Émile Blanchard et Lucas élevè- rent l'A. Cecropia et aussi l'A. Polyphemus. Les deux espèces donnèrent des papillons et des œufs féconds ; les éminents observateurs reconnurent que les chenilles de Ce- cropia se nourrissaient des feuilles des Pruniers sauvages et cultivés, de celles du Prunellier, du Pommier, de l’Aubépine ;: c'est lé Prunier cultivé qu’elles paraïissaient préférer, s’accom- modant moins bien des feuilles d’Alisier, d'Abricotier, de Poirier, mais refusant l’'Orme et le Saule. Les Chenilles de l'A. Polyphemus mangèrent surtout les feuilles de Chêne et de Peuplier. Après ces essais, communiqués à l’Académie des sciences par M. E. Blanchard, le savant professeur insista sur le côté avantageux de l'introduction et de l’acchimatation de ces deux espèces séricigènes. Tandis que le Ver à soie du Mürier exige une nourriture exclusive, nécessitant la culture d'arbres spéciaux, sur des terrains d’une valeur considérable, les À. Cecropia et Polyphemus américains vivent de végé- taux très répandus, à feuilles jusqu'ici sans utilité. Pour ré- ducation de ces chenilles, la nourriture se fait sans frais, les soins à donner par jour dans les endroits voisins des bois ou sur des haïes de clôture, demanderaient peu de temps, les femmes, les enfants ou autres personnes incapables d'un tra- vail pénible y trouveraient une occupation utile. De plus, ces Attacus séricigènes restant en chrysalides depuis la fin de l'été jusqu’au mois de mai suivant, on est sûr de leur conser- vation dans la saison où il n’y a pas de feuilles ; enfin, les œufs pondus au printemps éclosent rapidement, en quelques jours, puis les chenilles croissent rapidement en été. En Amérique, on a donné une liste de quarante-neuf es- pèces de plantes sur lesquelles peut vivre la chenille de NOTE SUR LE VER A SOIE AMÉRICAIN DU PRUNIER. 399 l A. Cecropia. Ces espèces appartiennent aux genres Tiia, Acer, Prunus, Spiræa, Cratægus, Pyrus, Ribes, Sambucus, Ulmus, Quercus, Fagus, Corylus, Carpinus, Belula, Al- nus, Salix, Populus, etc. Les tentatives faites en France montrent que plusieurs plantes peuvent convenir, mais prin- cipalement le Prunier ; il faut noter expressément que les éducations en chambre ou dans un air peu renouvelé, ne réussissent qu'imparfaitement, tandis que l'élevage à l'air libre est rempli de promesses et permettrait d'espérer quele Cecropia pourrait s’acclimater et prendrait place, en quelque sorte, parmi nos lépidoptères indigènes. P. Millière, en 1851, tenta une éducation en plein air ë Lyon ; les chenilles écloses d'œufs, et mises sur un Abricotier, périrent en partie à cause de la persistance de pluies froides en septembre. Les Cecropia survivants, sortis des cocons au printemps de 1852, furent nourris sur le Peuplier d'Italie et produisirent des cocons aussi beaux que ceux venus d’Amé- rique, à Soie très forte et très abondante. M. Sommer, à Altona, obtint trois générations, pendant trois ans de suite, sans dégénérescence. En mai 1861, Vallée éleva l'A. Cecro- pia au Muséum; plus tard, en 1863, une éducation nouvelle eut lieu au Jardin d'Acclimatation au Bois de Boulogne. Les éducations ont été reprises en France dans ces der- nières années ; M. Bigot a nourri en 1877, à Pontoise des Cecropia sur des branches coupées de Prunellier et d’Aubé- pine, puis en 1878, sur des buissons de ces arbustes à l’air libre. Le résultat a été fort satisfaisant, l'éducation a duré soixante-seize jours, finissant le 14 septembre. Un lauréat des plus méritants de la Société d’Acclimatation, M. Jules Fallou, entomologiste aussi instruit que zélé, ayant recu des cocons provenant de M. A. Wailly, de Londres, a élevé l’A. Cecropia, à Champrosay, près Draveil {Seine-et-Oise). M. Fallou, en 1878, essaya diverses rosacées, le Prunus Spinosa, le P. domestica, le P. Mahaleb dont les feuilles ne furent pas entamées, puis les Pommier, Poirier, Cerisier, Rosier cultivé, Églantier sauvage, Aubépine. Les petites che- nilles attaquèrent d’abord les feuilles tendres des Rosiers, puis les délaissèrent pour le Prunier domestique et pour le Cerisier. Mises en plein air sur des Cerisiers de petite taille exposés au Midi, ces chenilles furent décimées d’abord par les oiseaux et par les guêpes, mais placées dans un pavillon 356 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. ouvert, aéré, sous une cage de toile métallique, toutes les survivantes se transformèrent malgré un temps froid et plu-- vieux. Les cocons filés au mois de septembre furent aussi orands et aussi forts que ceux d’où provenaient les papillons primitifs. M. Berce, à Paris, M. Clément, à Montrouge, ont réussi parelllement avec des cocons de même origine, dans une chambre ouverte pour l’éclosion, puis à l’air libre ; les chrysalides de ces cocons ont supporté l’hiver rigoureux de 1879-1880. M. Clément a vu que les chenilles au moment de filer marchent beaucoup et celles placées dans une chambre ouverte ont fait leurs cocons derrière les meubles et les objets qu'on déplace rarement. Les chenilles nourries avec diverses espèces de Pruniers ont préféré le Prunier non creffé. Mises avec d’autres feuilles d'arbres fruitiers, Abrico- tier, Pommier, Cerisier, Pécher, Rosier, dès qu’elles l’ont pu elles sont revenues au Prunier. M. Delahaye a essayé les feuilles du Prunellier et du Peuplier, son éducation a périclité soit par suite de cette nourriture, soit peut-être par d’autres causes. En 1879, M. Jules Fallou a observé avec une éducation de Cecropia que les petites chenilles se rassemblent par groupes sur les feuilles des végétaux nourriciers ; en 1881, il a tenté l'élevage sur différents végétaux : Bouleau, Tremble, Frêne, Lilas, Erable champêtre, Erable plane. Ce dernier seul lui a donné des résultats assez favorables. ; Après cette revue sommaire des tentatives d’acclimatation. effectuées pour l’Attacus Cecropia, il convient de décrire rapidement ce bel et utile insecte sous ses divers états de papillon, d'œuf, de chenille, avec quelques détails sur Penve- loppe soyeuse de la chrysalide ou le cocon proprement dit. L’ATrAGUS CEcropPrA Linné, ayant pour chenille le Ver à soie du Prunier, est un grand et beau papillon, rappelant un peu notre Grand Paon de nuit pour la taille et l'aspect. La tête est rougeâtre ou rouge avec les yeux bruns, le corselet entie- rement de couleur rouge avec un collier d’un blanc jaunâtre ; les antennes noires, sont bipectinées dans les deux sexes. Le fond des ailes est d’une coloration foncée en dessus, les su- périeures offrent une bande transversale d’un rouge brique, vers la base se trouve une partie jaune d’ocre ou blanchàtre, et de plus une tache rouge partant du corselet, continuant les ptérygodes, arrive à une bande transversale d’un gris perle, NOTE SUR LE VER A SOIE AMÉRICAIN DU PRUNIER. 301 bordée de noir en dehors. Les ailes inférieures ont leur base plus nettement colorée que les supérieures, rouge en dehors, blanche en dedans. Les ailes portent quatre taches vitrées, discoïdales, en croissant ou lunules, blanc jaunâtre au centre, rouges en dehors, presque entièrement bordées de noir. Enfin, à l'angle apical des ailes supérieures, on observe une tache noire, ovale, entrecoupée par une demi-circonférence fine et d'un beau bleu cendré ; une ligne sinueuse blanche parsemée de points diffus carminés, s'étend de la tache noire au sommet de l'aile ; une dernière tache, triangulaire, se voit encore au sommet de l'aile. Les bandes marginales des quatre ailes sont d’un gris jaunâtre, un peu verdâtre. Chaque anneau, de l'abdomen est alternativement rouge et blanc avec un filet noir median, sauf le premier entièrement rouge et le dernier eris saupoudré de rouge et de noir ; sur les côtés une rangée de taches brunes avant le pourtour noir foncé. Pattes rouges avec les crochets noirs. — Le dessous des aïles est plus gris qu'en dessus, entièrement pointillé de gris jaunâtre clair, la côte des ailes inférieures est pourvue d’une large bande d’un blanc jaunâtre. Les deux sexes ne different que peu ; les an- tennes sont moins élargies chez les femelles, et l'espèce ne parait pas varier beaucoup pour la coloration des individus : quelques-uns seulement sont plus foncés, noirâtres, tandis que d’autres ont des lunules discoïdales plus réduites qu’à l'ordinaire. Les œufs du Cecropia sont jaunàtres avec des taches irré- oulières d’un brun rougeàtre. Les petites chenilles qui en sortent, vers le mois de juin, sont entièrement noires et avec des tubercules épineux. Elles rongent la coque de l'œuf, puis elles se répandent sur les feuilles qu’elles entament sur les bords, mangeant peu à la fois et faisant souvent de nouvelles entailles. Après la première mue, il apparait sur le dos deux rangées de petites taches d'un rouge orangé foncé. Apres la seconde mue, vers la fin de juin, les chenilles de l'A. Cecropia sont d’un beau jaune orangé, avec des tubercules portant un verticille d’épines qui sont noires, ainsi que la tête, les stig- mates et les pattes écailleuses, les pattes membraneuses étant verdätres, maculées de noir. Après la troisième mue, à la fin de la première semaine de juillet, les chenilles deviennent d’un vert jaunâtre, avec le dos d’un bleu clair ; elles ont deux rangées dorsales de tubercules, les quatre premiers gros, 398 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. arrondis, d’un rouge de corail, portant six épines noires verticillées et une septième centrale. La base des tubercules est entourée de gros points noirs, saillants. Les tubercules dorsaux du quatrième au dixième segment sont un peu cylin- driques, d’un jaune orangé, le onzième anneau porte un seul tubercule gros et jaune, médian. Les régions latérales sont pourvues de deux rangées de tubercules d’un bleu de tur- quoise, plus petits que les dorsaux et comme eux à verticilles d'épines noires ; la couronne des pattes membraneuses est bleue. Vers le milieu de juillet, après nouvelle mue, le vert des chenilles est plus bleu, les tubercules jaunes sont moins foncés, les stigmates rembrunis, la tête et les pattes d’un vert jaune. Au commencement d'août, dernière mue, les quatre premiers tubercules dorsaux offrent une teinte grenat, claire, avec les épines plus courtes, les taches de la base des tuber- cules sont agrandies. Les deux premiers tubercules jaunes sont plus volumineux que les suivants ;: de chaque côté des tubercules grenats, sont quatre tubercules bleus, gros, sphé- riques, ainsi que sur le dernier segment. Les autres tuber- cules bleus sont allongés, et ils n’offrent le plus souvent qu'une seule épine noire. La tête et les pattes ont pris une teinte verdätre ; les crochets des pattes écailleuses et la cou- ronne des pattes membraneuses sont noirs; les stigmates d’un blanc bleuâtre entouré de noir. Enfin, au moment de la fila- ture du cocon, la chenille de l’A. Cecropia devient plus verte, avec un enduit blanchâtre sur la région dorsale et les tubercules sont bleus à l'extrémité. Dès le commencement d'août, les cocons paraissent, Ils sont remarquables et formés de deux enveloppes, en réalité, ils sont doubles ; il y a constamment à l’intérieur un cocon ovoïde, fauve, un peu brun, ouvert en forme de nasse comme celui du Grand Paon de nuit de nos climats. Autour de ce cocon, se trouve une enveloppe extérieure, de forme variable, appropriée à l'endroit où la chenille a filé, de couleur tantôt plus claire mais parfois aussi plus foncée. L’apparence, la forme de l'enveloppe ou cocon extérieur peut être celle d'un fuseau, avec un tissu épais, serré, adhérent dans toute la lon- oœueur aux branches ou aux feuilles, d’autres fois élargie, en quelque sorte polyédrique ou sphéroïde, atteignant le volume d'un œuf moyen de poule et au delà, avec un tissu lâche et peu serré. La couleur est généralement dans ces derniers cocons NOTE SUR LE VER A SOIE AMÉRICAIN DU PRUNIER. 399 d'une teinte plus päle. Du reste, le cocon venant d’être filé par la chenille est blanc, nacré ; il ne se colore que peu de jours après. La coloration ferrugineuse ou brune commence par le fond du cocon et s'étend lentement pendant plusieurs jours. On l’a rapportée, au moins en partie, aux déjections de la chenille. La chrysalide n'offre que les caractères habi- tuels et représente emmaillotées les parties de l’insecte par- fait, sa couleur est d’un brun noirâtre. Des auteurs du plus grand mérite, en particulier M. le pro- fesseur de Quatrefages, ont pensé que l'acclimatation de l'Altacus Cecropia pourrait offrir des inconvénients. Les chenilles vivant sur les arbres fruitiers nuiraient à ces arbres, si elles se multipliaient outre mesure. Il est plus que probable qu'un pareil accident ne sera jamais à redouter, pas plus que pour les Saturnia indigènes, le Saturnia Pyri par exemple. Les gros cocons de l'A. Cecropia sont très faciles à apercevoir et à utiliser pour leur soie; ïil n’y a pas à redouter leur multiplication, mais au contraire à l’encourager. II. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 1x MARS 1889. PRÉSIDENCE DE M. A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté sans observation. — M. le Président proclame les noms des membres admis dans la dernière séance du Conseil. MM. PRÉSENTATEURS. CHaAzaL (Léon-Augustin), vice-président du { Am. Berthoule. Conseil général de Seine-et-Marne, 37, | A. Geoffroy Saint-Hilaire, boulevard Saint-Michel. T Leon Le Fori. A. Geoffroy Saint-Hilaire. A. Delaurier. Saint-Yves Ménard. Dupont (Émile), propriétaire, à Tourcoing | | A. Geoffroy Saint-Hilaire. (Nord). FAURE (Maurice), propriétaire, 15, rue : : Saint-Yves Ménard. Daru, à Paris. Reynal. Am. Berthoule. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Marquis de Sinéty. Am. Berthoule. Léon Le Fort. Pierre-Amédée Pichot. Am. Berthoule. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. FERRONNAYS (fenri-Marie-Auguste Fer- ron, marquis de la), député de la Loire- Inférieure, 34, Cours la Reine, à Paris. Gopon (Amède), propriétaire, Le Petit- Longueron, commune de Champlay, par : Bassou (Yonne). VINCENT (Joseph), négociant, 184, boule- vard Péreire, à Paris. — M. le Secrétaire procède au dépouillement de la corres- pondance. — Le R. P. Camboué, missionnaire apostolique à Tanana- rive, adresse à la Société une collection nombreuse de graines de végétaux de Madagascar, ainsi qu'une note sur la culture du Voanzo. — Remerciements. — En réponse à une demande de renseignements qui lui avait été adressée, M. le baron Delort de Gléon écrit à M. le Secrétaire général : « Je me propose en effet d'entreprendre des croisements d'Anes d'Egypte avec notre race indigène. Mais je n'ai pas encore eu le PROCÈS -VERBAUX. 361 loisir de m'y mettre sérieusement. L’Ane blanc du Hedjaz est à l’Ane d'Europe, ce que le Cheval arabe pur sang est aux autres chevaux. J'ai donc la conviction qu'avec l’Ane pur sang du Hedjaz on pourra obtenir des résultats considérables. Jusqu'à présent j’ai importé en Normandie trois Anex et une Anesse blanche du Hedjaz, les trois Anes dont un du Hedjaz (venant de la Mecque), un de même race né au Caire, et un troisième, petit, de couleur pie et venant de l'Equateur : il appartenait au roi Jean d’Abyssinie et est de formes remarquables. Je lui ai fait couvrir l'Anesse blanche. Vous verrez toute cette famille à l'Ex- position. » Je suis Commissaire général de la section égyptienne à l'Exposi- tion et me propose de faire venir une centaine d’Anes dont quelques- uns de premier choix et presque tous de bonne race. Je conserverai les meilleurs après l'Exposition pour commencer mes croisements. Il faudra aussi que je me procure des Anesses de France de premier choix, et je n’ai pas encore eu le temps de m'en occuper sérieusement parce que je suis très pris par l Exposition. » — M. Julien Petit adresse, à M. le Président, la note sui- vante sur la race bovine désarmée : « D'après une communication du consul anglais à Chicago, le décornement du bétail tendrait à se pratiquer de plus en plus aux États-Unis, où on évalue à 200,000, le nombre des chevaux et des bestiaux tués chaque année par des coups de cornes. En dehors des avantages immédiats résultant de cette ablation, elle aurait, paraît-il, la propriété d’adoucir le caractère de certains animaux, de les rendre plus faciles à soigner, permettrait d'en faire tenir un plus grand nombre dans les étables, et les Vaches plus calmes donneraient plus de lait, » Quand les Veaux ont alteiut l'âge de 2? ou 3 mois, on extirpe leurs cornes au moyen d’une gouje; chez les animaux adultes, les cornes sont sciées à leur point d'implantation, opération qui se prati- que généralement dans les premiers jours du printemps. » Le décornement du bétail tend également à s’introduire en Angleterre, et la Société protectrice des animaux, y assignait en justice, vers la fin de novembre, pour mauvais traitements et mutilations infligés à des animaux domestiques, 4 fermiers qui avaient décorné des bœufs adultes. Tout en se déclarant incompétent, le tribunal déclara qu'il tenait cette opération pour fort cruelle, étant donné l’âge des animaux sur lesquels on l'avait pratiquée, et la Société protectrice des animaux a émis le vœu que l'autorité permette seulement de décorner les Veaux. » A l’occasion de cette communication, M. le Président rap- pelle la part considérable prise par la Société d’Acclimatation, depuis une trentaine d'années, dans la propagation de la race 5 Avril 1889. 24 362 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. bovine désarmée SARLABOT, créée par feu M. le Conseiller Dutrône, dont les premiers essais remontent à un demi-siècle. De nombreux et importants travaux sur cette question si intéressante figurent dans notre Bulletin (1), et il est curieux de voir aujourd'hui les Américains, nos maîtres en bien des chosés, considérer comme un progrès à réaliser immédiate- ment, ce que nous autres Français nous avons déjà obtenu depuis nombre d'années. — M. de Confevron écrit de Flagez (Haute-Marne) : « Dans notre région de l’est et spécialement sur notre plateau de Langres, nous voyors ordinairement beaucoup de Pinsons pendant l'hiver. Dans les villages, ils sont le long des rues et sur les fumiers, aussi nombreux que les moineaux (friquets) avec lesquels ils vivent en bonne intelligence. Dans les premiers beaux jours, en février, ces jolis et nombreux oiseaux nous égayent de leurs joyeux refrains. Pen- dant la saison rigoureuse, nous voyons aussi, autour de nos demeures campagnardes, un assez grand nombre de Verdières qui recherchent les rares rayons de soleil dans les buissons exposés au midi à l'abri du vent. R » Mais à notre grand regret et contrairement à l'habitude, nous remarquons que pendant ce triste hiver 1889, les Pinsons nous font absolument défaut, on n'en voit pas chez nous et je ne suis pas le seul à avoir observé ce fait anormal. Pourquoi ? » Ne pouvant répondre à cette question, je me contente de la poser, laissant à de plus expérimentés le soin de la résoudre. » Du reste, on voit aussi, beaucoup moins que les autres années, des autres oiseaux, tels que Verdières, Rouges-gorges et même Mé- sanges, qui nous tiennent fidèle compagnie, même pendant l'hiver. » — M. Ch. Baltet écrit de Troyes : « J'ai lu avec beaucoup d'intérêt l'étude sur le Pitch pin, publiée dans le Bulletin, — d'autant plus que j'ai rédigé il y a quelque temps une note sur le même sujet. » Il importe de propager en France cette espèce utile au premier chef. Il en existe déjà quelques beaux spécimens dans le centre de la France. Mais nos sois calcaires ingrais et stériles de la Cham- pagne lui conviennent moins; elle y resterait rabougrie. » On ne pourrait l’y faire vivre que par son greffage sur le Pix sylvestre où sur le Pin d'Autriche ou Pin noir qui y prospère. (1) Consulter notamment : DUTRÔNE. Sur la race bovine normande sans cornes [Bulletin 1857, p. 258-263). — Duménris. Sur un taureau et une génisse de la race cotentine sans cornes dite Sarlabot. (Bulletin 1860, p. 525-531), — Races Eovines à tête nue (Bulletin 1866, p. 304-307). PROCÈS-VERBAUX, 363 » C’est ainsi qu'autrefois on transformait des Pineraies de la forêt de Fontainebleau en greffant le Pix d’Écosse ou Pin Laricio. » Ajoutons que, pendant le grand hiver de 1879-80, le Pin rigide, dit « Pitch Pine » a bravement supporté — 30° alors que les Pins Laricio et maritimes sauccombaient., » — M. Ch. Delagrange écrit de Besançon : « J'ai déjà esquissé quelques notes concernant le Lasiocampa Otus que j'ai pu voir de près pendant le séjour que j'ai fait à Smyrne dans le courant de l’année dernière; mais ce petit travail a besoin d’être revu et remanié. » Je ne tarderai pas à le faire et je vous communiquerai avec plaisir mes quelques observations sur ce séricigène, tout en vous autorisant à les publier si toutefois vous les jugez dignes de cet honneur. » Avec la présente, je dépose à la poste une boîte contenant une Chenille, une Chrysalide et deux Cocons de ce Lasiocumpa. » — Des remerciements sont adressés par MM. R. M. Romand, Hervineau, de Lacaze-Duthiers, Marquis de Damas, Chap- pellier, Tauziès, Platiau et Valin pour les distributions auxquelles ils ont pris part. — M. le Secrétaire fait connaitre que la Commission des Cheptels a terminé ses travaux ; elle a pu faire droit, cette année, aux demandes de vingt-neuf de nos confrères, MM. : ApamM (Achille), banquier à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais): un couple Faisans vénérés. BLANCHARD (P. Fils), à Marennes (Charente -Inférieure) : un couple de Canards mandarins. BLANCHON (A.-Henri), à Étoile (Drôme) : un Coq et deux Poules de Dorking. | CHapaARD (Alfred), médecin-vétérinaire à Chantilly (Oise) : un couple de Canards carolins. CHATOT (J.), huissier à Saint-Germain-du-Bois (Saône-et-Loire) : un couple d'Agoutis du Brésil. | CoLerrE, chef des travaux au Creuzot. — Propriétaire à Marmagne, par Monicenis (Saône-et-Loire): un couple Colombes Longhups. Le marquis de DAMAS au château de Cirey-sur-Blaise (Haute-Marne) : un couple de Lapins Argentés. DELAvAL (Albert), à Saint-Max, près Nancy (Meurihe-et-Moseile) : un couple Canards Mandarins. Monseigneur DELMAS, pronotaire apostolique, 12, rue de Saint-Paul, Bois-Colombes (Seine) : un couple Lapins Géants des Flandres. Dexizer (Henri), 2, place Sainte-Croix, à Orléans (Loiret) : un Coget deux Poules de Bréda, bleus. HENRIONNET (Henri), à Chamy, par Grandpré (Ardennes): un couple de Lapins Géants des Flandres. 364 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. HERVINEAU (Raoul), propriétaire, rue de la Commanderie, Fontenay-le- Comte (Vendée) : un Coq et deux Poules de Crévecœur. DE KERVENAÔEL (Charles), au château de Talhouet, près Pontivy (Morbihan) : un couple Canards de Paradis. LEFÈVRE, 37, avenue Kléber, à Paris: un couple Oies de Guinée, LE PELLETIER (Maurice), au château de Salvert, près Saumur (Maine- et-Loire), un Couple Faisans Versicolores. MaILLEs (Charles), 9, rue du Pont-Louis-Philippe (Paris), un couple Grenouilles-Bœufs. MERGIER (Léon), au château de Beaurouve, canton d'Illiers (Eure et- Loir), un couple Perruches Pennant. Prrarp (François-Charles), économe du lycée de Périgueux (Dor- dogne) : un couple Colombes Poignardées. PLATIAU (Frédéric), à Longuenesse, près Saint-Omer (Pas-de-Calais) : un couple Canards de Dorking. PORTMANS (W.), banquier à Saint-Trond (Belgique): un couple de Cygnes noirs. ; , Prax (Louis), commissaire-priseur, rue Paul-Louis Courrier, Narbonne (Aude) : un couple Lapins Angoras blancs. SALLÉ (Albert-Henri), correcteur d'imprimerie, Grande-Rue, à Barbé- zieux (Charente) : un Coq et deux Poules de Bréda, noirs, SoMMIER (Eugène), propriétaire à Flavy-le-Martel (Aisne): un couple Perruches Omnicolores. TAuZzIÈs (Antonin), professeur au lycée de Périgueux (Dordogne) : un couple de Pigeons Hirondelles. THAUVIN, ancien notaire, faubourg Saint-Jean, 42, à Orléans (Loi- ret): un couple Faisans de Mongolie. VALIN (J.), propriétaire au château de Campoix, par Chabris (Indre): un couple Faisans Swhinôe. VIréviLce (Etienne), batteur d’or, président de la Chambre syndicale, rue Saint-Maur, 209, Paris : un couple Canards spinicaudes. ZEILLER, rue de Villiers, 92, à Lunéville (Meurthe-et-Moselle): un couple Perruches de Pennant. SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE DE LA SARTHE, au Mans (Sarthe): un mâle et deux femelles de Chèvres naines du Sénégal. — M. le Marquis de Paris fait part à l'assemblée des excel- lents résultats qu'il a obtenus de l'emploi des engrais chimi- ques et dépose sur le bureau une brochure ayant pour titre : Notes el conseils Sur l’emploi des engrais chimiques. — M. le professeur Vaillant présente à la Société le volume consacré aux poissons, dans l’ouvrage intitulé: Expéditions scientifiques du 7ravailleur et du Talisman, publié sous les auspices du Ministère de l’Instruction publique. —- M. Raveret- Wattel entretient l'assemblée des repeuple- ments en Coregonus albus, faits par M. Lugrin dans le lac d'Annecy. PROCÈS - VERBAUX. 365 — M. le Président donne lecture de la lettre suivante qu'il vient de recevoir de M. le Ministre des Affaires étrangères : « Paris, le 28 février 1889. » Monsieur, vous avez exprimé à mon prédécesseur, le 30 du mois dernier, le désir de savoir si le rapport du vice-consul de France à Wellington, en date du 23 mai 1888, qui vous avait été communiqué et qui traitait de l’acclimatation du gibier européen en Nouvelle- Zélande, pouvait être, sans inconvénient, inséré dans le Recueil publié par la Société nationale d’Acclimatation de France. » J'ai l'honneur de vous informer que je ne vois pas d’objection à la publication de ce document. » Vous avez signalé, d'autre part, l'intérêt qu’aurait la Société d’Ac- climatation à être tenue au courant des indications que pourraient con- tenir les rapports de nos agents à l'étranger sur les produits du sol ainsi que sur les moyens employés pour acclimater les animaux et les plantes dans le pays de leur résidence, » Tous les rapports ou renseignements, que les agents de la Répu- blique à l'étranger adressent au Ministère des Affaires Etrangères sur ces diverses questions, sont régulièrement transmis au Ministère de l'Agriculture, où ils sont centralisés, et je ne doute pas que vous ne trouviez, auprès de ce département, toutes les facilités désirables pour obtenir communication des documents qui vous paraîtraient de nature à être utilisés par la Société d’Acclimatation. » Je m'empresse d'ajouter que si vous aviez, sur tel ou tel point en particulier, le désir, de recevoir des informations qui pourraient être recueiilies par les agents de mon département, je leur donnerais vo= lontiers les instructions qui seraient utiles pour sati-faire à la demande que vous voudriez bien m'adresser à cet effet. » — M. le Secrétaire général signale les excellents résultats obtenus au Canada de l'emploi des échelles à Saumons. — M. d’Aubusson donne lecture d'un mémoire sur le Syr- rhapte paradoxal et sa naturalisation spontanée en Europe. (Voyez Revue, p.217.) | — M. le Secrétaire général communique une lettre de M. Arthur Feddersen, de Copenhague, sur la pêche du Sau- mon dans la Baltique. (Voyez Revue, p. 347.) Pour le Secrétaire des séances, JULES GRISARD, Secrétaire du Comité de rédaction, II. JARDIN Z00LOGIQUE D'ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE. CHRONIQUE. "TEMPÉRATURES DU 10 AU 24 MARS 1889. Maxima. Minima. Plus haut, Plus bas. Plus haut. Plus bas. Bois de Boulogne...... ses +15 + 3 + 6° ds NT. Jardin de Marseille......... + 45° + + + 110,5 — 30,92 Jardin d'Hyères.......... .. —+ 220 + 130 + 9» æ 90,5 Jardin de Tours............ + 1502 + 9% Æ 507 — 30,5 L'hiver est enfin fini. Dans cette rigoureusé quinzaine, il nous a heu- reusement fait ses adieux. Il était grand temps, en vérité, que la tem- pérature se réchauffât, car les animaux, aussi bien que les plantes, ont besoin de reprendre leur vie normale. Arrivages. — 1° Quelques Singes africains, des Mones (Cercopithecus mona), des Moustacs (C. cephus), des Mandrills (Cynocephalus mormon), des Drills (C, Zleucophæeus), deux grands Chacmas (C. porcarius). 2° Quatre Phoques (PAoca vitulina) de la Mer du Nord. Il est toujours difficile d'habituer ces animaux, nouvellement pris, à manger; tenus isolés, ils se laissent ordinairement mourir de faim (1). Il n’en est pas de même lorsqu'ils sont en nombre et surtout quand on les place avec des compagnons de leur espèce déjà habitués à la captivité, car l’exemple décide promptement les nouveaux venus à accepter la nour- riture offerte. Ces intelligents animaux mériteraient qu’on leur fit des installations mieux comprises que celles existant actuellement dans la plupart des jardins zoologiques de l’Europe. Au Jardin d’Acclimatation comme dans d’autres établissements, nous avons vu reproduire Îles Phoques ordinaires. A Cologne, en 1888, les Lions de mer |Ofaria Sfelleri) ont donné deux jeunes ; dans la présente année, pareil résultat sera encore obtenu. Nous sommes donc maintenant en présence d’ex- périences décisives, et contrairement à ce qu’on croyait autrefois, on peut compter que les animaux de cette famille reproduiront régulière- ment quand ils seront convenablement logés et nourris. Pour eux les conditions de température sont faciles à remplir. Habitants des régions froides des deux hémisphères, la chaleur de notre climat leur suffit et au delà. Pour combien d'espèces en est-il autrement? Nous avons (1) Les Phoques peuvent rester un très long temps sans manger, peut-être 2Ù jours. Pendant ces abstinences prolongées ils vivent sur leur propre subs tance et peu à peu la maigreur survient, JARDIN D’ACCLIMATATION 367 souvent pensé à étudier les températures nécessaires pour assurer la reproduction des espèces, car pour les animaux comme pour les plantes, elle s'obtient seulement quand une certaine somme de chaleur a été en quelque sorte emmagasinée. Nous serions heureux de voir discuter cet apercu par quelques-uns de nos collègues, plus heureux encore de les voir se livrer à des expériences sur cet intéressant sujet. 3° Deux Perruches impériales ou multicolores (Psephotus multicotor) de l'Australie. Magnifique espèce aux brillantes couleurs devenue rare dans les collections. Plusieurs paires d'Inséparables à tête rose (A ga- pornis roseicollis) de l'Afrique méridiouale, proches parentes de l’Insé- parable ordinaire, mais un peu plus grosses et d'un coloris bien plus fin que celui de l'espèce si fréquemment importée de la côte occiden- tale du continent africain. 4 Un couple de Pintades de Verreaux (Nwmida cristata) de l'Afrique occidentale. On peut s'étonner que cette espèce, qui reproduit assez bien sous notre climat, ne devienne pas plus commune. Le régime au- quel ces oiseaux sont soumis dans nos volières doit pécher en quel- que chose. Naissances et pontes. —. Nous avons à signaler aujourd'hui la nais- sance de plusieurs Chevreaux d’'Angora Schwarzhals, Toggenburg, de deux Agreaux nés d’une Brebis du Texel et d’un Bélier Ong-ti, d’une Agnelle Kalmoucke, de deux Bouquetins de Grèce, d’une Biche- Cochon, d’une Biche Axis, d’une Biche de Cervule de Reeves. Méntionnons aussi la naissance d’un jeune Singe Macaque ordinaire dont la mère se montre pleine de sollicitude et de prudence. Dans notre avani-dernière chronique nous avons annoncé à tort que notre Casoar de la Nouvelle-Hollande ne couverait pas celle année. Il tient le nid depuis le 3 mars. Le 3 mars, nous lui avons confié quatorze œufs provenant de sa femelle que nous tenions en réserve. Les autres se trouvent dans une couveuse artificielle, qui fonctionne régulière- ment el nous donnera, espérons-le, de bons résultais. Citons quelques pontes obtenues dans le courant de cette quinzaine : trois œufs d’Autruche, 1 “pis œufs d'Zbis Melanopis soigneusement cou- vés par la mère, deux œufs d’Ibis sacré, un œuf de Cagou de la Nou- M Clédonie, deux œufs de Bernache des iles Sandwich, deux œufs de Pingouin (Sphénisques). Il ne faut pas trop compter sur les résultats de ces pontes précoces, car tant que la chaleur fait défaut, les œufs clairs sont nombreux et alors les oiseaux se fatiguent à couver pour rien. Certains amateurs prudents tiennent ies sexes stparés assez tard dans la saison ; ils affirment que la ponte de leurs oiseaux se trouve ainsi retardée et est aussi abondante et bien plus féconde que celle des re- producteurs abandonnés à leurs instincts. IV. CHRONIQUE DES SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des Sciences. — Séance du 15 mars. — M. Schlæn- sing communique une nouvelle note de M. Aimé Girard sur la culture des Pommes de terre au point de vue de la production de la fécule. Le choix du plant étant de beaucoup la plus importante des causes qui influent sur l'abondance de la récolte et la richesse des tubercules en fécule, c'est à ceux de moyenne grosseur, choisis parmi les touffes dont la végétation aérienne est la plus vigoureuse, que le cultivateur devra donner la préférence. Séance du 18 mars. — M. Dehérain transmet une note de M. Pomel, directeur de l’École des Sciences d'Alger, qui signale un insecte du genre Ælia dont la présence cause de grands dégâts dans les cultures de Blés des Hauts-Plateaux en Algérie. C'est au grain même que s'attaque ce nouvel ennemi, auquel les Algériens ont donné le nom expressif de Oum Tebag (mère de la calamilé). Société nationale d'agriculture. — Le commerce fait main- tenant une énorme consommation de Caoutchouc. On conçoit dès lors l'intérêt qui s'attache à la culture, dans nos colonies, des arbres qui fournissent ce précieux produit. Mais, jusqu'alors, on n'avait pas osé espérer que l’un d'eux pourrait réussir en Algérie; c'est cependant ce qui vient d'être à peu près démontré par M. Ch. Naudin (de l’Institut) dans une récente communication faite à la Société d'Agriculture. Le principe qui constitue le Caoutchouc paraît résider dans un assez grand nombre de plantes à suc lactescent et trois ou quatre grandes familles végétales fournissent, presque à elles seules, les espèces desquelles on le retire. Au printemps dernier, M. Naudin recut du Ministère de l’Agricul- ture des graines d’une Liane de Bolivie recommandée comme donnant un Caoutchouc. Notre confrère partagca ces semences avec divers agriculteurs algé- riens et notamment avec M. Arnould Leroy, sous-inspecteur de l’enre- Ÿ# gistrement à Oran (1). Le semis eut partout un plein succès. La nouvelle venue prospère aujourd'hui parfaitement bien et sa floraison a déjà permis à M. Nau- din de reconnaître en elle une Asclepiadée du genre Oxypetalum. Il semble donc que la Liane bolivienne s’accommode du climat algé- rien el qu'elle pourra y être propagée. Néanmoins, avant d'encourager cette culture, il convient d'attendre les résultats de l'exploitation. On ne conpaît pas encore la qualité du Caoutchouc qu’elle donnera, de même qu'on ignore si sa production sera suffisamment rémunératrice pour compenser ses frais de culture. J.' Ge (1) Voyez au Procès-verbal, p. 244, le compte rendu adressé par M. Leroy à la Société, ‘ Te V. CHRONIQUE DES COLONIES ET DES PAYS D'OUTRE-MER. Le Sucre et le Coton au Mexique. — Nous parlions, il y a quelque temps, à cette même place, des cultures de Tabac au Mexique, et des. ressources forestières de ce vaste pays : Nous dirons aujourd’hui quel- ques mots de deux autres produits du sol, qui comptent pour une part très importante dans l’état général de ses richesses: le Sucre et le Coton. La Canne fut introduite, vers le commencement du xvi* siècle, aux Antilles, d’où elle ne tarda pas à pénétrer sur le continent américain. Les qualités du sol, les conditions almosphériques, l’état social du pays, tout contribua à la mettre en faveur. De nos jours encore, malgré l'abolition de l'esclavage, qui a élevé le prix de la main-d'œuvre, malgré la grave concurrence de la Betterave, qui lui a fermé en partie les mar- chés européens, elle gagne du terrain, plus qu’elle n’en perd. Elle est cultivée dans plusieurs provinces, mais surtout dans le Nou- veau-Léon, et dans la contrée qui s’étend aux pieds de la Sierra-Madre. De nombreux cours d’eau, prenant naissance sur les hauts plateaux de cette chaîne, descendent par ses profondes et sauvages échancrures, et s’en vont frtiliser les terres basses; là, sur chacune de leurs rives, ont été créées de florissantes Haciendas, où s’épanouit la merveilleuse flore tropicale. Les habitants d’un district se syndiquent généralement, entre eux, pour obtenir de l’État l'autorisation de pratiquer des saignées à la rivière, et faire face aux dépenses de canalisation. Le canal prin- cipal « EI saco de Agua », sert d’amorce à des « Seguias » qui amè- nent l'eau jusqu'aux plantations et la divisent entre les ayant-droit ; on ne calcule pas par cube d’eau, mais par jour d'irrigation, du coucher ou du lever du soleil à l'heure correspondante du jour suivant. Chacun achète, selon ses ressources et ses besoins, un ou plusieurs jours par mois. La condition des cultivateurs est pire que celle des esclaves, que leurs maîtres ne payaient pas, mais que, du moins, ils avaient souci de nourrir convenablement pour les tenir en force, et en obtenir une cer- taine somme de travail ; leur salaire est de 15 à 20 shillings par mois; on leur donne, en outre, un quart de boisseau de blé, et quelques me- sures de fèves par semaine. C’est là, avec un peu de piment, et, par hasard, un morceau de mauvaise viande et du café, leur seule nour- riture. Une peau de mouton, et une méchante couverture constituent toute leur literie. Avec ce maigre régime il leur faut arroser la terre de leurs sueurs sous un soleil de feu. Auprès d'eux est une autre classe d'habitants, les « Arrimados », qui vivent sur les fermes avec leur famille : ils dirigent les travaux et partagent la récolte, avec les planteurs « les Medieros ». Ces deux classes sont, daus l’ordre social, de beaucoup supérieures à la pre- mière; mais celle-ci leur est indispensable pour fournir la main- - d'œuvre. 310 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Le sucre est fabriqué assez grossièrement à l’aide de moulins en bois; par hasard, on trouve quelques moulins en fer qui emploient l’eau comme force motrice. Le jus de la Canne est vidé dans des chau- dières où on le fait bouillir jusqu’à ce qu il soit arrivé au degré voulu de condensation, on le verse alors dans des moules coniques, conte- nant chacun une livre pesant. Les pains « Piloncillos » sont expédiés ensuite par sacs de cent cinquante. La qualité du sucre n’est pas égale partout ; suivant les terres et la variété de plante cultivée, on obtient un sucre de couleur jaune clair, ou brun foncé : ce dernier est d’un goût désagréable. Les plantations se font soit en Cana criolla, soit en Cana pinta ; la première a la tige mince, courte, à écorce tendre, de teinte vert clair; elle est très riche en sucre; mais on lui préfère le plus souvent la seconde qui en donne en plus ne quantité, quoique de qualité inférieure ; la Canne Pinia a la tige rose, longue, épaisse, à écorce dure. Ces sucres sont produits à meilleur marché que dans aucun autre pays : à Cuba, par exemple, le prix de revient d’une livre est de près de 2 pennys, il est plus élevé encore aux îles Sandwich, tandis que, dans les bonnes terres du Mexique, il n’est pas supérieur à un demi- penny. Malheureusement le pays manque de raffineries ; cetie.indus- trie y trouverait pourtant les plus grands éléments d'activités Le Coton est un des principaux produits textiles du Mexique. Les meilleures qualités proviennent de l’état de Guerrero, où il atteint facilement une longueur de 27", Cette culture, à*laguelle se prêtent d'immenses territoires, s'étend d’une manière continue : ainsi, d'après les tables officielles, la production du seul état de Tamaulipas a doublé pendant ces dix dernières années. Le voisinage des grands, marchés des Etats-Unis contribue puissamment à favoriser cet essor. La province de la Vera-Cruz convient admirablement à la culture du Coton, qui s’est répandue dans bon nombre de ses districts, en tête desquels il convient de citer celui de Casamaloapam, ceux de Hua- tusco et de Jalapa produisent des cotons blancs, et des cotons jaunes en égale proportion ; ce dernier est connu sous le nom de Coyote. La mesure agraire est la Cuartilla (elle équivaut à 25,000 square- vara, et le square-vara à 86 yards). | On calcule généralement que la culiure d’une Cuuartilla coûte 105 dollars mexicains, et produit, année moyenne, 5,000 livres de coton, d’une valeur de 200 dollars, laissant ainsi au colon un bénéfice de 95 dollars. La production totale du pays peut être estimée à 44 mil- lions de livres, et sa valeur à près de 5 millions de dollars (1). Am. BERTHOULE. 1) Conf. Journal of the Society of arts, july, 27 th. 1888 et feb. 22 th. 1889. VI. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. Putois et Ondatras américains. — La disparition des ani- maux à fourrure americains, chassés à outrance par les trappeurs, n’est plus aujourd'hui qu'une question de temps, aussi des industriels ont- ils songé à confiner certaines espèces dans un état de demi-domesticité permettant de les exploiter régulièrement. M. Clark, de Colombus, près de Perry, État d’Indiana, a rassemblé, dit la Vew- York Press, une colonie de trois cents Putois, Skunks, qu'il élève sur un terrain de 40 ares environ, entièrement entouré d’une solide clôture en madriers. Ces animaux ont établi leurs nids dans une longue tranchée bourrée de foin traversant leur parc, et se reproduisent avec la plus grande facilité, car ils ont jusqu’à dix jeunes par portée. On les nourrit de viandes sans valeur, de pommes de terre, de débris de légumes, etc. M. Clark cherche à obtenir par sélection une race à pelage très foncé, plus estimé des fourreurs que le pelage sombre. Les exécutions ont lieu en hiver et chaque dépouille se vend facilement 1 dollar ou 5 fr. 20, sur le marché de New-York. La substance désa- gréablement odorante secrétée par les Puteis, qui signale au loin l’éta- blissement de M. Clark, aurait également une certaine valeur. Le Putois rend, d'un autre côté, beaucoup plus de services à l’homme qu'il ne lui cause de préjudice en dévastant quelquefois les poulaillers. Il devient, en effet, insectivore au printemps, et fait aux Hannetons ainsi qu'à diverses larves une chasse d'autant plus acharnée qu'il est puissamment aidé par la subtilité de son odorat. Les Américains ont depuis longtemps reconnu l'utilité des Putois dans les champs de tabac qu'il débarrasse des hôtes vivant aux dépens des feuilles. Le Rat musqué (Ondatra zibettica), simple animal à fourrure autrefois, dont la peau au pelage brun sombre vaut 0 fr. 75 c. environ, est main— tenant un objet d’alimentation très estimé dans la partie orientale du Maryland où on le consomme sous le nom de Lapin de: marais. D’après le Baltimore Lun, on dépouille l'Ondatra en évitant de rompre la poche à MSC, Car ce produit se répandant dans la chair la rendrait incomes- tible, on l’expose à l'air pendant quelques heures afin d'enlever toute trace de ce parfum, puis on le fait cuire avec du lard et un fort assai- sonnement de piment. Les cuisiniers nègres, principalement, excellent, paraît-il, à préparer l’'Ondatra. HUE Les Nandous à la Plata. — La plaine est égayée de troupes de grands gibiers rares ailleurs ; l'Autruche, ou du moins le Nandou, y abonde. Elle est en domesticité. La propriété étant close de toutes parts (1) elie ne peut s’enfuir des enceintes où elle a si bien prospéré ; (1) Les propriétés ont pour unité de surface, au lieu de l’hectare, la lieue carrée et elles sont toutes entourées de fils de fer. 372 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. si bien que les quelques couples que l'on y rencontrait il y a quatre ans ont aujourd hui plus de mille descendants. On en voit du reste de tous côtés des familles nombreuses. On songe depuis peu à exploiter sa plume dont la valeur, sans être considérable, représente un produit annuel de vingt-cinq francs par tête. Cette plume grise, employée exclusivement pour la fabrication très importante des plumeaux, est baptisée, dans le commerce parisien, plume de vautour; la Pampa et le Nandou sont seuls à en approvisionner la consommation. C’étaient autrefois les Indiens qui la fournissaient, en échange de quelques denrées de première nécessité; l'Indien ayant disparu, la source d’approvisionnement est tarie, et les propriétaires se préoccu- pent de substituer à cet ancien mode d'exploitation très irrégulier, qui sacrifiait la bête pour lui arracher la plume, une opération rationnelle. Il suffit, en effet, à la saison de la mue, de prendre l'Autruche, de lui ôter les plumes qui tombent d’elles-mêmes, comme on fait én France pour le duvet des Oies et des Canards, et de la relâcher. Elle ne demande pas d’autres soins, et s'occupe elle-même de se multiplier. Ses mœurs ont quelques bizarreries : le mâle vit au milieu d’un groupe de femelles comme le Coq du poulailler, mais ne se : contente pas, comme lui, d’être beau et de chanter tôt, il sait se taire et être utile. C'est lui qui couve les œufs de ses compagnes. Mollement couché sur une trentaine de ces œufs énormes, dont un seul suffit pour deux omelettes, du reste excellentes, il attend pendant quarante jours l'heure de l’éclosion ; plus intelligent que les volatiles ordinaires, il sait reconnaître les œufs inutiles, les roule hors au nid, et quelques jours avant le terme de l’incubation, en casse un, puis un autre, afin que la pourriture qu'il contient devienne un bouillon de culture pour des nuées d'insectes. (Extrait du voyage à la Plata par M. Émile Daireaux, Tour du Monde, 1888, tome IV, page 161.) La pêche des Éponges et du Thon sur la côte Tuni- sienne. — La pêche des Eponges, opérée sur toute l'étendue des côtes tunisiennes depuis Sfax au Nord, jusqu’à Gabès à l'extrême sud, occupe chaque année 1,500 Tunisiens, 500 Siciliens et 400 Maltais ; elle constitue donc une des branches les plus importantes du com- merce de la Régence. La Tunisie exportait pour 867,450 francs d'Eponges en 1887, et pour 897,875 francs en 1886. Une maison parisienne et trois maisons de Londres entretiennent à Sfax des agents chargés d’accaparer la totalité de la récolte. On arrache les Eponges des rochers sous-marins à l’aide de la gan- gara, drague analogue à celle qu’emploient les pêcheurs d’Huîtres, mais l’action quelque peu brutale de cet engin fait interdire son usage pendant les mois de mars, avril et mai, période où la croissance des CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 373 Eponges est surtout active; on en est alors réduit à l'emploi du harpon. La pêche du Thon est un monopole du gouvernement tunisien, qui l’afferme à des concessionnaires, el le bail a été renouvelé pour une période de cinquante ans, peu de temps avant l'occupation de la Tu- nisie par les troupes françaises. La valeur annuelle des produits de celte pêche s'élève à 500,000 . francs environ. Elle dure cinq à six semaines, du 20 mai à la fin de juin, et occupe jusqu’à 3,000 individus. Les Thons pénètrent au printemps dans la Méditerranée, et le banc principal rencontre la côte tunisienne à l’exirémité nord de la Régence, à hauteur du cap Bon. Là, ces poissons sont arrêtés par une barrière de filets, et harponnés. Leur nombre est si considérable, qu'on en capture parfois 600 en une seule opération. Les trois quarts des Thons pêchés sont débilés par tranches, marinés dans lhuile, et mis en boîtes de différentes dimensions, qui sont surtout consommées en Italie. Le reste se vend frais dans les localités voisines, ou s’expédie salé à Malte et en Sicile. Le Thon mariné se vend deux fois plus cher que le thon salé. On pêche aussi la Pieuvre sur la côte tunisienne, et outre la con- sommation locale, il s’en expédie pour 70,000 francs en Grèce. C’est là du reste le seul article commercial que le royaume des Hellènes emprunte à la Tunisie. (Levant Herald). Le Sorgho à sucre en Amérique8. — La fabrication du sucre de Sorgho, sur laquelle les Américains s'étaient fait de si brillantes illusions, le Sorgho devant leur fournir à la fois du pain, du sucre, des alcools et de la viande, n'aurait, paraît-il, donné aucun résultat pratique, depuis trente ans environ, qu’elle est l’objet d’incessantes tentatives aux Etats-Unis. Suivant un rapport de M. Wilez, chimiste du gouvernement, publié récemment par le ministère américain de l’agriculture, cet insuccès serait dû non à l’extraction et à la concen- tration des jus, qui ont recu tous les perfectionnements désirables, mais à la faible valeur saccharine de ces jus eux-mêmes, résultant du défaut d'application de la culture intensive, et des engrais susceptibles de donner du sucre. Par une culture ultra-intensive, par un véritable jardinage, en obtient 150 kilos de sucre de 1,000 kilos de tiges de Sorgho, M. Wilez ramène à ses proporlions réelles, un essai d’extrac- tion par la diffusion, opéré l'an dernier à Fort Scott, et dont on avait considérablement exagéré les résultats. RC sl 2 Usages du Maté. — Le Maté ou Thé du Paraguay {lex Paragua- riensis À. St H. — Arvore do mate des indigènes, Cua des Indiens) est un petit arbre à écorce glabre et à rameaux touffus, que l’on rencontre à l’état spontané dans les vallées humides et marécageuses des ver- sants du Maracayou et dans diverses provinces de la République argentine. Ses feuilles sont alternes, presque sessiles, longues de 314 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. 8-10 centimètres sur une largeur de 4-5 centimètres, ovales-lancéolées, glabres, épaisses, luisantes et dentées en scie sur les bords. Au Paraguay, et en général dans tous les Etats de l'Amérique du Sud, les feuilles du Maté et l'extrémité des jeunes rameaux, sont utilisés pour préparer, après avoir été convenablement torréfiés puis pulvérisés dans des mortiers avec un pilon de bois, une infusion qui se rapproche de celle du Thé de Chine, maïs différant de celle-ci par une saveur astringente et un goût peu agréable, surtout pour les personnes qui n’ont pas l'habitude d'en faire usage. Cette boisson est fort appréciée dans toutes les classes de la société, par suite des vertus stomachiques et stimulantes qu'elle possède et joue, dans les relations journalières, le même rôle que le café en Orient. Sa préparation est d’ailleurs fort simple : Le Maté ou gerba, dit M. L. de Libessart, est une sorte de poudre d’un vert jaunâtre que l’on fait infuser dans l’eau bouillante, et que l’on hume au moyen d’une espèce de chalumeau ; au lieu de théière et de tasse, on se seri d'une petite courge ou calebasse séchée au soleil, grosse comme un œuf de dinde ; dans cette calebasse, on place la bombilla ou tube aspi- rateur qui est terminée, à sa partie inférieure, par une boule de la srosseur d’une noisette et percée de trous très fins. Le Maté et sa bom- billa sont quelquefois en or, mais souvent en argent. On met ensuite la yerba dans la proportion du tiers, environ, de la contenance du vase, appelé szaté du nom de la plante; puis le sucre en poudre, qui est ordinairement de la cassonnade ; enfin, on verse l’eau bouillante lentement, en dirigeant le petit filet d’eau sur le tube de la bambilla dans le but de ne pas troubler ou renverser la préparation, et l'on aspire avec précaution pour ne pas se brüler. On peul prendre succes- sivement cinq ou six matés sans renouveler la poudre. Cette boisson a un goût amer, cependant les naturels la prennent le plus souvent sans sucre à chaque instant du jour et de la nuit; son usage ne peut se comparer qu’à celui du tabac. L'usage modéré de cette boisson chaude est d’un effet salutaire, mais son abus offre l'inconvénient de contribuer, dans une certaine mesure, à la carie des dents. Comme composition chimique, le Maté renferme environ 45 pour 100 de caféine et 20.88 pour 100 d’acide caféitanique, sans trace d’essence volatile ou d'huile essentielle. Physiologiquement, il exerce une action spéciale assez mal définie sur les organes de la digestion, mais agit plus particulièrement sur les facultés intellectuelles en provoquant une légère gaieté, absolument différente de celle produite par l'alcool, le haschisch et autres prépa- rations enivrantes. M. le D' V. Baud, ancien médecin en chef des épidémies de la Seine, enlevé trop tôt à la science, a été un des premiers à étudier et à expérimenter, en France, le Maté comme agent thérapeutique. Il n'hésite pas, avec toute la valeur de sa position médicale et l'autorité i PORN PT CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 379 de sa plume, à affirmer que son infusion est de beaucoup supérieure à celle du Thé de Chine par ses effets sur l'organisme, car elle tonifie, réconforte et calme l'excitation nerveuse au lieu de la provoquer comme son rival. « Que ce fait soit prouvé pour tous, dit-il, comme il l’est pour moi, et le Paraguay pourra se couvrir d’yerbales sans craindre que sa production dépasse les besoins de la demande. » De son côté, le D' Héraud considère le Maté comme un aliment d'épargne ou antidéperditeur, susceptible de rendre des services à tous ceux que les nécessités du service maritime, les intérêts scientifiques ou commerciaux appellent à vivre dans les pays dont il est originaire. On distingue ordinairement deux variétés de Maté ; la première, connue sous le nom de Yerba de Palos se consomme généralement dans le pays, et la seconde, nommée Yerba de Caamini, est destinée au commerce extérieur. Ce produit est exporté à Buenos-Ayres, à Mon- tévidéo, au Chili, au Pérou et même au Brésil, sous forme d’une poudre grossière fortement comprimée dans des sacs de cuir revêtus de leurs poils. Le trafic du Maté est monopolisé par le gouvernement du Paraguay qui est propriétaire des plus grands yerbales (cultures), et qui achète la récolte des particuliers auxquels il fait quelquefois des avances de fonds. Ce monopole, que l’on peut comparer à celui des tabacs en France, constitue un des principaux revenus du Trésor. Le prix du Maté varie, sur les marchés américains, entre 2 fr. 50 et 2 fr. 75 le kilogramme. L'Ilex theezans du Brésil qui possède à peu près les mêmes propriétés que le Thé du Paraguay, donne lieu également à un commerce impor- tant, mais il est moins apprécié et sa valeur marchande n’est guère que de 1 franc le kilogramme environ. Max. VANDEN-BERGHE. L’Ahuehuete. — L'Ahuchuete, Taxodium mucronatum, est un magnifique conifere dont on rencontre de nombreux échantillons dans certaines régions tempérées et chaudes du Mexique ; jusqu’à 2,300 m. d'altitude dans la Sierra-Madre, dans le Tehuantepec, la région de Queretaro, dans la zone comprise entre Jojulta et Teocaltzingo, aux environs d'Oajaca, etc. Des souvenirs historiques se rattachent même au bois d'Ahuehuete qui se voit à Chapultepec, non loin de Mexico. Contemporain de la conquête espagnole, il aurait servi d’abri à Cortez pendant sa terrible retraite de Mexico sur Tlascala, en 1580, retraite à laquelle les Espagnols ont donné le nom de ‘roche trista, de nuit triste. Le tronc d’un de ces arbres, dit Cyprès de Montezuma, a 50 mètres de haut et 14 mètres de tour ; on en cite un autre à Atlixco, dont le tronc évidé peut abriter dix cavaliers. Cette espèce atteint rapidement des dimensions considérables, 20 à 35 mètres ; son écorce rouge contient une filasse soyeuse, ses branches, qui se détachent horizontalement, portent des rameaux retombants, couverts d’aiguilles distiques. Les fleurs mâles sont relativement assez 316 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. fortes, mais les cônes, müûürissant en juillet et en août, n’ont que 2? cen- timètres 1/2 à 3 centimètres de long. Les Ahuehuetes de l'Amérique centrale portent suspendus à leurs branches d’épais écheveaux blanes d'une broméliacée parasite, la Tillandsia usneoïdes, Heno ou Pasile des Mexicains, végétation descendant jusqu’à lerre, et semblant de loin les vêtir d’un manteau de neige. L'hiver, leur ramure sert d’abri aux nom- breux vols d’un oiseau semblable au Moineau, mais de couleur plus. éclatante, qui mange avidement les graines des cônes entr'ouverts. Cet arbre se plaîl surtout dans les endroits humides, au bord -des rivières, ce qui, joint à l’aspect singulier des longues touffes de 757-. landsia, tombant de ses branches, lui a fait donner par les anciens habitants du Mexique le nom qu’il porte encore actuellement , Ahuehuete, étant formé des deux mots af et huehuetl, qui signifient vieillard des eaux. Une croyance populaire confondant la cause avec l'effet, attribue même à ses racines la propriété d’aspirer l’eau des couches sous-jacentes et de la faire jaillir en ruisseaux. Hernandez, qui l’a décrit dans son Histoire naturelle des plantes de la Nouvelle- Espagne, dit qu’il porte également le nom de T'mpano acuoso, dû sans doute au son qu'il émet quand sa ramure est agitée par le vent. Son bois, généralement rouge, le fait encore appeler Sabine ou Cèdre. Longtemps confondu avec le Cyprès chauve, Taxodium distichum des États-Unis, il est, d’après M. Parlatore, indifféremment appelé : Taxodium Moctezumac, Mexicanum, Distichum pinnatum et virens. On distingue quatre sortes principales de bois d'Ahuehuete, bois, le plus souvent rouge à bandes foncées, susceptible de prendre un beau poli, ce qui le fait rechercher pour l’'ébénisterie. On recueille une abon- dante résine rouge en pratiquant des incisions dans son écorce, les indigènes préparent un excellent goudron en carbonisant ses branches dans des fosses, et on obtient par une distillation plus méthodiqué un produit analogue à l'huile de Cade extraite du Juniperus oxycedrus Ses aiguilles enfin auraient des vertus emménagogues analogues à celles de la Sabine el s’emploient dans la pharmacopée indienne pour le traitement des ulcères, des dartres, etc. (D’après une notice de M. Thomas NORIEGA.) Le Gérant : JULES GRISARD. I. TRAVAUX INÉDITS ADRESSÉS A LA SOCIÉTÉ. NOTE SUR LA MALADIE DES CHIENS Par LE D' SAINT-YVES MÉNARD. Cette affection est connue depuis fort longtemps de tous les propriétaires de Chiens, surtout des veneurs qui entre- tiennent un plus ou moins grand nombre d'animaux, et qui voient décimer, chaque année, les portées de jeunes Chiens destinés à la remonte de leurs meutes. Elle a toujours intrigué vivement les vétérinaires par ses manifestations symptomatiques variées, comme par ses com plications multiples, par sa nature indéterminée, comme par sa résistance aux divers traitements préconisés. Pour mon compte, depuis seize ans, je me trouve cé au Jardin zoologique d’Acclimatation, dans les conditions les plus favorables pour l’étudier. Le Chenil renferme une collection de deux cent cinquante Chiens et Chiennes de différentes races donnant naissance chaque année à cinq cents, six cents et même sept cents jeunes, qui sont élevés par séries, jusqu’au sevrage, dans un dépôt isolé. La maladie est si commune et fait tant de victimes parmi eux que j'ai pu la voir sur toutes ses faces. Sans entrer dans le détail des faits observés dans ce vaste champ d'étude, je me propose de résumer dans cette note l'opinion que je me suis faite sur divers points encore dis- cutés, et d'indiquer un moyen qui parait efficace pour com- battre ou mieux pour prévenir la terrible »2aladie des Chiens. I. Les symptômes observés sont : Ou bien ceux d’une broncho-pneumonie avec jetage nasal et conjonctival muco-purulent, toux fréquente et déchirante ; ou bien ceux d'une inflammation intestinale avec dysenterie ; ou ceux d’une meningo-encéphalite et meningo-myélite sou- vent avec paraplégie quelquefois avec chorée ; ou enfin ceux d'une maladie éruptive, avec vésico-pustules disséminées. à 20 Avril 1889. 23 318 0 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. la surface du corps. De là, la distinction de quatre formes que nous indiquons dans l’ordre de leur fréquence : thoracique, abdominale, cérébro-spinale et cutanée. On s’est demandé s’il y avait un lien réel entre ces formes. ou si elles ne correspondaient pas à autant d’affections dis- tinctes. Je n'ai plus de doute à cet égard depuis longtemps, car j'ai vu souvent deux et trois formes se succéder au cours de la maladie ou êtres concomitantes sur un même sujet. La maladie des Chiens est bien une entité morbide, malgré la diversité de ses manifestations. Elle est comparable en cela, comme en d’autres points, à la fièvre typhoïde de l’homme qui est, elle aussi, une maladie générale avec localisations prédominantes sur tel ou tel appareil d'organes. IT. Dans les conditions ordinaires, la maladie atteint le plus souvent les Chiens vers l’âge de six à quinze mois ; mais dans des circonstances particulières que j'exposerai plus loin, elle se déclare dès le plus jeune âge, à un mois, quinze jours et même au-dessous. Par contre, je l'ai vue maintes fois prendre des Chiens de cinq ans, six ans et plus. Ce n’est donc pas une maladie particulière au jeune dge. IIT. Quoi qu'il en soit, elle ne récidive pas. Je n'ai jamais vu un Chien la présenter deux fois, et je considère comme préservé à tout jamais un animal qui en a subi l'atteinte, si lécère soit-elle. Au contraire, tant qu'un Chien est resté indemne, il est exposé à la contracter, quel -que soit son dge. C'est donc un préjugé de croire, d'une manière absolue, qu'un Chien est préservé quand ÿ a passé l’âge de la maladie (six à quinze mois), comme on le dit presque couramment. Il n’est préservé que lorsqu'il a eu effectivement la maladie. En réalité, la plupart des Chiens l’ont eue avant quinze mois ; passé cet âge, ils ont donc peu de chance de la contracter, c’est tout ce que l’on doit dire. IV. On a discuté longtemps sur les causes de la maladie et l’on a cité parmi elles le froid, l'humidité, la mauvaise ali- mentation, l’encombrement des chenils, etc., puis /&a con- tagion. Cette dernière est la seule cause eficiante. Si elle a pu autrefois être mise en doute, des observations sans nombre en donnent aujourd'hui la démonstration. Par cohabitation NOTE SUR LA MALADIE DES CHIENS. 319 directe, la transmission de la maladie d’un animal malade à un animal sain est infaillible et rapide. Dans un'lot de jeunes Chiens envahi par la contagion, pas un n’y échappe ; si quel- ques-uns ne sont qu'effleurés légèrement, ils ne sont pas moins atteints et par suite préservés pour l'avenir d’une nouvelle atteinte. Sous toutes ses formes, {a maladie est contagieuse et une forme engendre très bien une autre forme; c'est encore ce qui prouve le mieux que la maladie des Chiens est une. Je citerai un seul exemple, parmi beaucoup d’autres : Celui d’une Chienne lévrier d'Asie, importée des steppes des Kirghises à l’âge de trois ans et installée à notre dépôt pour mettre bas. Vers trois à quatre semaines, les petits pré- sentèrent la maladie sous forme bronchique, puis la Chienne la prit d'eux, six à huit jours plus tard, sous forme exclu- sivement cutanée, et elle présenta la plus belle éruption sénéralisée que j'aie observée. Quand on réunit des Chiens en grand nombre, comme au Jardin d’Acclimatation, quand on a surtout des jeunes Chiens qui se succèdent dans un même local, on entretient en per- manence un foyer de contagion ; c’est dans ces conditions spéciales que l’on voit la maladie attaquer les animaux dès les premiers jours de leur existence. Au contraire, dans les conditions habituelles, les jeunes Chiens se trouvent isolés complètement avec leurs mères jusqu’à l’âge de deux mois, ensuite, ils sortent peu de la maison où ils sont nés jusqu’à l'âge de six mois ; ils n’ont donc jusque-là guère de chances d’être contaminés. C’est pourquoi l’on voit le plus souvent la maladie se déclarer de six à quinze mois. Plus tard, la maladie est rare parce que presque tous les Chiens l'ont eue déjà et non pas, je le répète, parce qu’ils ont passé l’äge de La maladie. La durée de l’incubation me parait être de huit à douze jours ; mais il semble que certaines circonstances peuvent la diminuer et favoriser le développement brusque «de la maladie. Tel est le déplacement avec les mauvaises condi- tions hygiéniques qu'il entraine (refroidissement, jeûne, changement de régime). _ V. La maladie des Chiens comporte un pronostic bien va- riable. Elle est souvent très grave et parfois d’une extrême 380 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. bénignité. En moyenne, elle tue environ le tiers des malades. La forme cérébro-spinale et la forme cutanée sont les plus mauvaises. VI. Sans étre encore connue dans sa nature, cette affec- tion qui peut intéresser une partie ou la totalité de l’orga- nisme, qui naît par contagion et qui ne récidive pas, pré- sente tous les caractères des maladies infectieuses ; c’est une de celles dont on peut espérer voir découvrir bientôt le micro-organisme, agent d'infection. On la considérait comme une crise presque nécessaire du jeune âge ; cela n’a plus de sens aujourd'hui. Les Chiens qui peuvent échapper à la contagion se développent très bien et peuvent arriver à l’âge adulte sans subir aucune crise. « VIT. Nombre de médicaments ont été employés pour le traitement curatif de la #naladie des Chiens. Aucun d'eux ne m'a paru avoir une valeur spécifique. Aussi, à part quelques indications résultant des symptômes prédominants, je m'abstiens généralement de toute médication et je me borne à placer les malades dans les meilleures conditions hygiéniques, à les préserver de l'humidité, à les tenir chau- dement, à leur donner une nourriture appropriée à leur âge. VIII. De tout temps on a cherché à préserver les Chiens de la maladie. On a vanté les effets d’une bonne hygiène et l’on a surtout cru reconnaître une vertu préventive à un certain nombre de substances médicamenteuses telles que lé soufre. Ces moyens me paraissent avoir réussi uniquement dans les cas où les animaux n’ont pas été exposés à la con- tagion, c’est-à-dire là où ils n'avaient rien à faire. L'éruption cutanée, dans certains cas, a donné l’idée que la maladie serait la variole du Chien et M. Jacquot a proposé la vaccine comme traitement préventif, L'idée, assez long- temps abandonnée, a été reprise dans ces dernières années par le professeur Trasbot, d’Alfort, et combattue par M. le Dr Weber. Des essais ont été faits au Jardin d’Acclimatation et ont démontré l’inanité de ce traitement. M. Chambon a inoculé en deux fois une centaine de Chiens. Ceux qui avaient ew la maladie ont eu la vaccine comme les autres, et ceux-e1 n’ont pas été préservés de la maladie. La connaissance de la contagion de la maladie indique A Un 2 Pa Un autrmntat R IAES NOTE SUR LA MALADIE DES CHIENS. | 381 deux sortes de moyens préservatifs, le premier est l’isole- ment des Chiens. Quand on élève un seul Chien ou un petit nombre de Chiens, on a beaucoup de chances de les pré- server longtemps, si l’on évite la fréquentation d’autres ani- maux de leur espèce et si l’on interdit sévèrement l'entrée au chenil de tout animal étranger capable d'y introduire la maladie. Mais quand on fait l'élevage en grand, il est impossible de pratiquer ainsi l'isolement. Le second moyen préservatif auquel on doit penser, con- siste dans l'emploi des antiseptiques. Au dépôt du Jardin d'Acclimatation, pour chercher à lutter contre la contagion, nous avons toujours eu recours à des soins de propreté, à des lavages journaliers, à des badigeonnages à l’eau de chaux ; ce sont des moyens insuffisants. Nous avons eu l'idée d'essayer des vaporisations phéni- quées, qui ont donné de si beaux résultats dans les mater- nités des femmes contre la contagion de la fièvre puerpé- rale, mais nous n'avons pas trouvé de procédé pratique et économique pour les effectuer. Enfin, en 1888, dans le courant du mois de mars, M. le Dr Duchesnes nous pria de faire l’essai, dans différents services du Jardin d’Acclimatation, d’un désinfectant nouveau, à base d'acide crésylique, connu sous le nom de Crésyl. Nous avons satisfait à son désir et c’est à la maternité des Chiens que nous avons commencé l'emploi du Crésyl, en lavages d’abord et ensuite en pulvérisations froides à l’aide d’un appareil à main, tres simple et très commode. Les résultats ont dépassé notre attente : Za maladie qui régnait alors a diminué graduellement, a fait moins de vic- times et a semblé disparaitre. Nous avons cru d’abord à une accalmie de la contagion un peu plus prolongée que d'habitude; mais, à la longue, nous avons été convaincus de l'assainissement complet des locaux et nous avons vu nombre de jeunes Chiens sortir du dépôt, après sevrage, sans avoir subi les atteintes de la maladie. Notre conviction s’est trouvée affermie par une contre- épreuve qui se faisait en même temps. Au courant de l'été dernier, plusieurs Chiennes avaient été installées pour la mise-bas à notre ferme de Comtesse, près Meulan, où se pratiquait un isolement relatif, mais non la désinfection. 382 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Eh bien, là, précisément, les portées ont été maltraitées par la maladie d’une facon effroyable. Un autre fait est venu encore tout récemment augmenter notre confiance dans la valeur antiseptique du Crésyl. La maladie n'avait pas reparu au dépôt même pendant les pre- miers mois de l'hiver, quand le 3 janvier 1889, nous y avons hébergé une meute de vingt Foxhounds venus d'Angleterre. Ces Foxhounds nous ont apporté la maladie et l’ont donnée à quelques jeunes Chiens. Nous avons redoublé de précautions, nous avons renforcé l’antisepsie et la contagion s’est arrêtée après nous avoir fait perdre six Chiens seulement. Aujourd'hui, l’état sanitaire est parfait. L'influence antiseptique du Crésyl se traduit par des chif- fres d’une grande éloquence, si nous comparons la mortalité au dépôt en 1887 et en 1888, avant et après l’emploi du dé- sinfectant. | CHIENS MORTS CHIENS ANNÉES. CHIENS NES. du 4er jour SORTIS DU DÉPÔT | à 2 mois. à 2 mois. 1887 A vantl’emploi du Crésyl. 591 374 Daoirl 1888 Après l'emploi du Crésyl pendant dix mois .... 990 284 266 En moins: 90 En plus : 89 En 1888. En 1888. Je tiens à dire en terminant, que je n’entends point attri- buer à l'acide crésylique et au Crésyl une action spécifique contre le microbe de la maladie des Chiens. Peut-être obtien- drait-on un effet semblable de quelques autres substances antiseptiques. Je dois avouer même que je ne connais pas la composition chimique du Crésyl (produit commercial) et qu'il me répugnait de faire usage d’un remède secret. Ma répu- gnance a été vaincue dès que j'ai reconnu que j'avais affaire à une matière susceptible d'être employée facilement, écono- miquement et sans danger. | Le résultat des premiers essais m'a paru de nature à inté— resser les éleveurs de Chiens et à demander la confirmation d’une pratique généralisée. N] ÿ 4 Se ds DORE EE, PORN L'ÉCHELLE MAC DONALD PERFECTIONNÉE NOTE DESCRIPTIVE Par M. GC. RAVERET-WATTEL. A différentes reprises, j'ai eu l'honneur d'appeler l’atten- tion de la Société sur un très ingénieux système d'échelle à saumons inventé par M. le colonel Marshall Mac Donald, Commissaire fédéral des pêcheries des États-Unis, système qui se recommande par sa simplicité, son prix peu élevé et son bon fonctionnement. J’ai donné, d’ailleurs, la description de cet appareil dans le travail sur les échelles à saumons qui a été publié(l), il y a quelque temps, dans notre Bulletin. Depuis cette époque, M. Mac Donald a perfectionné encore son système ; il l’a simplifié et le dispositif auquel il s’est arrêté, constitue un progrès notable par rapport au pré- cédent type. Aussi me paraît-il intéressant de le faire con- naître. Le principe sur lequel repose la construction de cette nouvelle échelle est le même que précédemment, c’est-à-dire que la vitesse de la veine liquide-qui alimente l'appareil est enrayée, comme dans l’ancien type, par l’action d’une multi- tude de petits contre-courants obliques. Tout le perfection- nement réside dans une disposition plus simple des cloisons qui déterminent la formation de ces contre-courants, et dans l'addition, dans certaines des cloisons, d'ouvertures destinées à assurer le passage du sable et du gravier qui, entrainés par les eaux, seraient susceptibles d’engorger l'échelle, en occasionnant ainsi des frais d'entretien. Les cloisons se font, soit en bois, soit en fer ou en fonte, suivant les dimensions et la solidité que l’on veut donner à la construction. Les figures ci-contre feront aisément comprendre la dispo- sition et le fonctionnement de l’appareil. Si, dans un couloir incliné, qu'alimente une veine liquide (1) Les porssons migrateurs et les échelles à Saumons (Bulletin, 1884, p. 534). 384 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. de 0% 30 à 0" 40 d'épaisseur, on établit une série de cloisons B, C, D. E, se présentant, comme il est indiqué dans les figures 1 et 2, obliquement par rapport à l’axe du couloir, PR TT les filets d’eau qui s’engageront entre ces cloisons, à la partie antérieure, seront restitués au courant principal par les deux voies M, N, suivant une direction ascendante oblique qu’in- diquent les flèches (7ig. 2). Ces deux courants secondaires M, N, sont ramenés dans une direction contraire à celle du | courant principal, sur lequel ils produisent des réactions D : successives, qui ont pour résultat de le faire dévier vers une nouvelle série de cloisons semblable à la première, et placée en aval, de l’autre côté du couloir (fig. 2), où elle exerce, à son tour, la même action sur le courant. | À Que l’on établisse sur deux lignes parallèles des dispositifs I semblables, alternant entre eux (fig. 2), le courant obéissant 1 aux poussées qu'il recoit successivement à droite et à gauche, sur toute la longueur du couloir, c’est-à-dire de l'échelle, se trouvera décrire les sinuosités indiquées par la ligne médiane (fig. 2). Perdant de sa vitesse à chaque déviation qu'il subit, ce courant n'a plus aucune force et devient accessible à tous les poissons, qui peuvent le remonter avec la plus grande facilité. L'ÉCHELLE MAC DONALD PERFECTIONNÉE. al | 4 y À à À ne j | j LN l | h\, j || ni || \ 7 | 1] || | l ( PAS La “ | NE MUR | | fl | d i) | ji, | | JL LUN | | | | 1) | | | j| il À ë l V1 le 2 | | l 4 h | (l (fs bn | | , h li | Al 1 à | \i ! 1h | A h\ Î À ï PAL VU LA | | pi NS je À A Dh pour le pas- ipal ; — O, ouverture cipal; — B, C, cloisons en bois; nt princ ant prin du coura t les déviations se indiquant la direction du cour -courants qui produisen 386 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Une ouverturef O (fig. 2) et G (fig. 5) ménagée dans la cloison C, sert au passage de la vase, du sable et du gravier qui tendraient à s’amonceler en cet endroit, mais qui peuvent ainsi gagner l'extrémité inférieure de l'échelle. Les cloisons métalliques D et E, comme celles en bois B et C. sont solidement fixées, par des boulons, au radier F de l'échelle, lequel est en bois dans le modèle représenté ci- contre, et toute la construction reçoit une couverture en bois, fixée de la même facon (fig. 5). Non seulement cette couverture n’effraye pas le poisson, et ne géne en rien la remonte des Salmonides, mais il est prouvé, au contraire, par l'expérience, qu’elle est avantageuse à ce point de vue. Elle protège, en outre, la construction contre les glaces et les bois flottés ; enfin, elle met obstacle au braconnage, ce qui n’en est pas le côté le moins utile. | mur, HITIT AE Ilz| l “HI | 1 A nl ni Re ns 3. Les cloisons D et E, qui peuvent être en tôle ou en fonte, sont interchangeables, de telle sorte que l'échelle est consti- tuée, sur toute sa longueur, par la répétition de pièces très simples et de facile exécution. Dans le modèle ci-contre, le passage pour le poisson est réduit, dans les endroits les plus étroits, à 0" 45 de largeur, avec une épaisseur d’eau de 0 40. Pour la Truite, la largeur du passage peut, sans inconvénient, étre réduit des deux tiers, avec une nappe d’eau de 0m 10 d'épaisseur. On voit quelle faible prise d’eau peut suffire pour ce système d'é- chelle, dont l'installation sur un barrage ne saurait véritable- ment porter le moindre préjudice à l’usinier qui utilise la chute d'eau. Si, par suite de la configuration des lieux et de l'importance de la rivière, on avait cependant une quantité + PPS TE ER EEE CRE | = 2e ce Ve ne = chi L'ÉCHELLE MAC DONALD PERFECTIONNÉE. 287 d’eau considérable à faire passer dans l’échelle, on pourrait donner à celle-ci telle largeur que l’on voudrait, en multi- pliant, autant qu'il serait nécessaire, le nombre des séries parallèles de cloisons obliques. L'administration des Ponts-et-Chaussées ayant bien voulu communiquer à ses fonctionnaires le travail publié par notre Société sur les échelles à saumons, le système Mac Donald a généralement attiré l'attention de MM. les Ingénieurs, qui, déjà dans plusieurs départements, notamment dans la Vienne et dans le Finistère, en ont proposé l'adoption. Les perfec- tionnements récemment apportés par l'inventeur ne feront qu'augmenter la faveur dont jouit déjà ce système. L’échelle à saumons qui existe depuis longtemps au barrage de la manufacture d'armes de Châtellerault, sur la Vienne, a subi, par l'effet du temps, de telles dégradations, qu’elle ne peut plus servir. Aussi, l'Ingénieur en chef du département, M. Strohl, en a-t-il proposé la reconstruction d’après le système Mac Donald, en utilisant toutefois le gros œuvre, c’est-à-dire les murs en maconnerie de l'échelle actuelle. Grâce à l’obligeance de M. Mac Donald, j'ai pu fournir des renseignements qui ont permis d'établir le projet de cette reconstruction sur le nouveau type. Ce projet a déjà recu l'approbation du Conseil général des Ponts-et-Chaussées et sera exécuté pendant la belle saison prochaine. Dans le département du Finistère, où plusieurs échelles vont être prochainement construites, M. Considère, ingénieur en chef à Quimper, a cru, lui aussi, devoir faire choix du système Mac Donald, et dresser d’après ce type les projets qu'il vient d'établir. LA PISCICULTURE EN ESPAGNE Par M. LE Dr H. E. SAUVAGE Directeur de la station aquicole de Boulogne-sur-Mer. C’est au mois d'octobre 1867 que, sous les auspices du pro- fesseur Graëlls, les premiers essais de pisciculture ont été entrepris en Espagne, à la Granga. On mit en incubation 25,500 œufs de Truite et 91,000 œufs de Saumon, provenant de l'établissement d'Huningue. Les essais furent abandonnés jusqu'en 1875. En 1870, Don Federico Muntadas faisait des essais semblables au Monastère de Piedra. | Ces divers essais n'avaient donné que peu de résultats, lorsqu'en 1886, le gouvernement espagnol résolut de créer une station normale de pisciculture au Monastère de Piedra ; la direction en fut confiée à M. Rafael Breñosa y Tejada, ingé- nieur des forêts ; l'établissement est aujourd'hui en pleine prospérité. Il est sans doute utile de faire connaître cet éta- blissement, d’après une intéressante notice publiée par le Directeur (1), d’après les renseignements inédits que M. Bre- ñosa a bien voulu nous donner, et d’après ce que nous avons vu à l'Exposition de Barcelone, où la station de pisciculture était représentée. Le gouvernement espagnol, justement préoccupé de la dis- parition du poisson dans les cours d’eau de la péninsule, réforma tout d'abord la législation de la pêche en eau flu- viale, puis fonda l'établissement central de Piedra. Le but de cet établissement a été nettement défini : préparer les élé- ments nécessaires pour entreprendre fructueusement le repeu- plement des cours d’eau appauvris, et ce, pour le compte de l'État ; favoriser par l'envoi d'œufs et d’alevins et par tous les moyens de propagande les essais que les corporations et les particuliers peuvent entreprendre. D’après M. Breñosa, « la pisciculture du Monastère de Piedra doit servir de type à d’autres établissements du même genre qui seront créés dans les stations les plus favorables au repeuplement des eaux ; un décret royal va organiser ce service qui sera confié (1) Description del establecimento central de piscicultura del Monasterio de Piedra ; Madrid, 1888. | } L LA PISCICULTURE EN ESPAGNE. 389 aux ingénieurs des forêts ; on compte débuter par le Duero et par l’Ebre, ainsi que par les cours d’eau qui se rendent le long du littoral cantabrique ; c’est en Salmonidés que ces cours d'eau seront empoissonnés ; le Tage, le Guadalquivir, le Segura, l'Incar, etc., et leurs affluents seront repeuplés en Anguilles et en espèces choisies de Cyprins pouvant vivre, en été, dans de l’eau dont la température est souvent élevée ; une somme de 50,000 pesetas sera consacrée à ce repeuple- ment pendant l’année financière 1889-90. » Quant à l'établissement de Piedra, il faut avouer que l’em- placement a été admirablement choisi pour la création d’une pisciculture; partout de l’eau froide, limpide, très aérée, abondante, convenant parfaitement aux divers Salmonidés. L'eau qui alimente les réservoirs provient de deux origines différentes : l’eau qui sort du lac de la Peña, au fond duquel jaillissent de nombreuses sources ; les eaux écumantes et fortement aérées des cascades EI Vado, La Liña, Las Requi- jadas, et se rendant dans le Rio Piedra. Le débit est abon- dant, s'élevant à environ 12,000 ïitres par minute. Les eaux du Rio Piedra alimentent directement les viviers destinés à la reproduction des Cyprinidés, tels que Tanches et Bar- beaux, et le grand réservoir dans lequel on conserve les Truites des lacs de la Suisse, puis vont se méler à celles du lac de la Peña. Le trop-plein de ce lac forme un ruisseau qui borde le côté occidental de l'établissement et alimente les laboratoires d’incubation, les dépôts temporaires des repro- ducteurs, les viviers à Écrevisses, les bassins d’alevinage et ceux dans lesquels on conserve, pendant toute l’année, les animaux en stabulation. Le lac de la Peña et tous les viviers occupent une superficie de 30,000 mètres carrés ; la capacité des réservoirs est approximativement de 100,000 mètres cubes. | On cultive à Piedra diverses espèces de Salmonidés séden- taires, tant indigènes qu'étrangères, telles que la Truite com- mune, l'Ombre-Chevalier, la Truite arc-en-ciel d'Amérique, le Salmo fontinalis des États-Unis, diverses espèces de Coré- sones, des Cyprins, tels que la Tanche et le Barbeau ; les Cyprins de peu de valeur sont surtout cultivés pour servir de nourriture aux Salmonidés adultes ; on a établi aussi des réservoirs à Anguilles et à Écrevisses. | En 1888, M. Breñosa a consacré tous ses soins à l’intro- 390 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. duction et à l'acclimatation du Trutta irideus ou Truite arc-en-ciel de Californie, dont depuis quelque temps on cherche également l'introduction dans les eaux douces de France et d'Allemagne. La Truite arc-en-ciel serait, en effet, précieuse en Espagne, pouvant résister à une température estivale de 25, tandis que la Truite commune ne peut vivre dans des eaux dépassant 20°. « Dans la prochaine campagne de 1888-89, nous écrivait M. Breñosa, nous espérons obtenir 500,000 œufs embryonnés de Salmonidés. On a déjà acclimaté le Trutta irideus et le Salmo fontinalis, provenant d'œufs envoyés de l'établissement d'Huningue et de celui d'Andecy (Marne) ; la multiplication de la première de ces espèces fait l’objet de soins tout particuliers. Nous avons en stabulation des alevins de Truite des lacs de la Suisse et de Saumon du Rhin qui ont acquis une taille de 0,110. » En 1888, on avait fait venir 10,000 œufs de Saumon du Rhin, pour entreprendre des expériences de stabulation, 5,000 œufs de Truite arc-en- ciel, 5,000 œufs d’'Ombre-Chevalier, 20,000 œufs de Cons Wartmanni. La fécondation artificielle des Salmonidés se fait à sec, par le procédé russe, dans une capsule de porcelaine, épaisse, à fond plat et à bec. On a constaté que par le procédé russe la perte, par le fait de la fécondation, ne dépasse pas 1 0/0, tandis que par le procédé de Coste, cette perte peut s'élever à 10 et même à 12 0/0. Quant aux Cyprins, toute la multi- plication se fait également à Piedra, tout le soin consiste à bien nettoyer les réservoirs qui sont destinés à ces poissons et à immerger dans les bassins, un peu avant l’époque de la ponte, des frayères artificielles, suivant le mode employé dans tous les établissements de pisciculture. Quand ces frayères sont chargées d'œufs fécondés, on les retire pour soustraire les jeunes à la voracité des adultes, et on place les œufs dans d’autres bassins appropriés à l’incubation. Les premiers appareils employés par M. Muntadas pour l’incubation des Salmonidés ont été des appareils de Coste ; on ne pouvait ainsi faire éclore que 8 à 10,000 œufs. On a ensuite employé des appareils semblables à ceux qui sont en Suisse en usage dans l'établissement du D' Vouga, puis les boîtes de Jacobi placées directement dans le ruisseau de la Peña. Ces boîtes offrent des avantages lorsqu'on a de l’eau très limpide, ainsi que cela est le cas à Piedra, mais LA PISCICULTURE EN ESPAGNE. 391 présentent, par contre, de sérieux inconvénients ; ilest, en effet, difficile de surveiller l'incubation d’une manière con- tinue, de retirer les œufs morts ; le courant est superficiel et des sédiments se déposent sur les œufs. Pour ces motifs, M. Breñosa se sert exclusivement aujourd'hui de nouvelles boîtes que l'on pouvait voir à l'Exposition de Barcelone ; ces boîtes ne présentent pas les inconvénients des boîtes de Jacobi et, pendant la campagne de 1888, ont donné d'ex- cellents résultats. L'appareil est en zinc peint; il mesure 0®,70 de long sur 0",45 de large et peut contenir 10,000 œufs ; le courant est ascendant, ce qui, de l'avis de tous les pisci- culteurs américains, a une très grande importance ; l'entrée de l’eau est située à 2 centimètres du fond de la caisse ; la sortie est placée à un niveau supérieur à celui des châssis ; ceux-ci, au nombre de trois, sont garnis de baguettes en verre ; les deux ouvertures sont fermées par de la toile métal- lique, afin de mettre les œufs à l'abri des attaques des Crus- tacés et insectes aquatiques. La boite se ferme à la partie inférieure au moyen d’un couvercle articulé. Durant la première partie de l'incubation, il est indispen- sable que les œufs restent dans une immobilité absolue ; on ne doit ni les nettoyer, ni les toucher, et il faut se borner à retirer les œufs morts. Pendant cette période, la mortalité s'élève à Piedra à environ 11 0/0. La période de résorption de la vésicule ombilicale se fait sur.un lit de gros sable bien lavé ; la mortalité à cette période ne dépasse pas 5 0/0 à Piedra. Lors de l'élevage des Salmonidés, une des difficultés les plus sérieuses est la nourriture des alevins. M. Breñosa avoue, en effet, avoir éprouvé les plus cruelles déceptions avec l'emploi de la nourriture généralement recommandée, telle que le sang, le lait caïllé, la viande hachée, la cervelle cuite, le foie râpé, etc. On a à Piédra la possibilité de nourrir les alevins avec une proie vivante ; le Gammarus fluvia- tilis abonde dans les eaux de l'établissement de Piedra et on y trouve des individus de ce Crustacé de toutes les tailles, depuis une dimension presque microscopique jusqu'à une taille de près de 1 centimètre de long. Le Gammarus est avidement recherché par les jeunes Salmonidés ; les animaux plus âgés sont nourris avec des Tétards et des Poissons blancs. 392 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Les alevins sont placés dans un bassin de 10 mètres de long sur 1,10 de large, 0,50 de profondeur dans sa partie moyenne, protégé par un hangar ; on met aussi des alevins dans des bas- sins garnis de plantes aquatiques, sous lesquelles ils trouvent protection. A l’âge d’un an, les jeunes poissons sont trans- portés dans un autre bassin, dans lequel ils ne tardent pas à grossir ; nous avons vu, en eïffet, à Barcelone, de beaux individus de 7yutta fario et de Truita lacustris ayant été maintenus en stabulation. Les opérations de l'établissement de Piedra devant prendre de l'extension, M. Breñosa a prévu la construction d’un nouveau bassin d’alevinage, semblable à ceux qui existent déjà, mais beaucoup plus grand; ce bassin qui pourra contenir un grand nombre de poissons, aura 40 mètres de longueur, 4 mètres de largeur et 1",50 de profondeur dans sa partie centrale. On sait que la stabulation absolue dans des bassins fermés donne généralement de mauvais résultats chez les Salmo- nidés, à cause de la difficulté que l’on éprouve à convena- blement nourrir ces poissons. M. Breñosa qui, ainsi que nous l'avons dit, se trouve à Piedra dans des conditions excellentes, a entrepris des expériences sur la stabulation. Des alevins, provenant de la campagne 1885-86, aussitôt la résorption de la vésicule ombilicale, ont été transportés dans un bassin en pierre couvert; au bout de deux ans, ils avaient acquis un poids moyen de 0,300 et une taille de 0,350 ; les poissons étaient vivaces, agiles, bien portants et cepen- dant les alevins ont passé deux ans dans un réservoir de moins de 5 mètres cubes de capacité. M. Breñosa se propose de continuer l'expérience; en admettant qu'elle réussisse dans tous les bassins d’alevinage du Monastère de Piedra, il serait possible de posséder environ 3 millions de Salmonidés âgés d’un an et destinés au repeuplement. Ainsi que le constatait déja, en 1885, M. Briant Villars (1), l'établissement de pisciculture de Piedra est un établissement modèle; sous l’habile et intelligente direction de M. Breñosa, cet établissement est destiné à rendre les plus signalés ser- vices pour le repeuplement d’une partie des cours d’eau de l'Espagne. (1) Pusciculture en Espagne (Bull. Soc. Acclimatation, 1885, p. 457). SUR QUELQUES INSECTES NUISIBLES DES ENVIRONS DE PARIS PAR M. J. FALLOU. Le Saperda scalaris, Linx. La larve de cet insecte vit aux dépens de diverses essences d'arbres tels que les Chênes, Charmes, Hêtres, etc. Dans les jardins et les vergers, on la rencontre aussi sur les Pom- miers, mais sa plante de prédilection est le Cerisier. Ayant eu l’occasion de constater comment la femelle de ce longicorne opère sa ponte, et d’en observer toutes les phases, il m'est possible de donner un aperçu sur la manière de vivre de cet insecte. Par un beau temps du mois de juin, je vis à l’enfourchure d’un vieux Cerisier, une femelle de $S. scalaris occupée à ron- ser l'écorce de l’arbre, je l’observai avec attention. Quelques minutes après, je vis cet insecte placer sa tarière dans la cavité qu'il avait préparée, il resta immobile environ sept ou huit minutes, puis il chercha un nouvel endroit pour y dépo- ser un second œuf. Quand cette femelle a trouvé une place, convenable, ce qui a lieu aussi bien sur l'écorce lisse que dans les interstices rugueux, elle se met à ronger de nouveau la superficie de l'écorce jusqu’à ce qu’elle en atteigne la partie molle. Ce travail dure de cinq à quinze minutes. La durée du dépôt de l’œuf est de neuf à treize minutes. Entre l'intervalle des deux pontes, il y a un repos de qua- torze à dix-neuf minutes ; aussitôt l’œuf déposé, il est recou- vert par des parcelles de Lichen, que l’insecte place avec ses mandibules, L'œuf est de forme ovale, un peu comprimé sur sa face, il est d'un blanc d'os et luisant, la petite larve éclot cinq à six jours après l’œuf pondu, elle pénètre dans l’aubier et sous l'écorce de l'arbre et là, y forme des galeries qui souvent empêchent la circulation de la sève de l'arbre et cause de sérieux préjudices à sa végétation. Cette larve perfore ainsi des galeries l’espace de deux années, se transforme en nymphe, à l’automne devient in- 20 Avril 1880, 26 394 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. secte parfait, passe l'hiver dans cet état ; au milieu de l'été, il sort de sa léthargie, vole au soleil et reconstitue une nouvelle génération. D’après mes observations, la durée de l’évolution complète de ce longicorne serait de trois ans. Un autre longicorne plus commun que le précédent, a les mêmes mœurs et vit sur les mêmes essences d'arbres, et produit aussi souvent des dégâts aux Cerisiers de nos vergers. C'est le Cerambyse Cerdo, vulgairement Capricorne savetier. Cet insecte apparaît de mai à juillet, il se pose la tête en - bas à l'écorce des plus grosses branches des arbres; vers l'après-midi, il circule jusqu’au coucher du soleil. Le Lucanus cervus, OLIVIER. La larve de cette Lucane vit dans le vieux bois, mais plus particulièrement dans les racines des arbres qu’elle réduit en une espèce de tan, elle est dangereuse quand elle est multi- . pliée ainsi qu'on peut le voir sur les fragments de racine de Pommiers que je vous soumets, rongeant ainsi les racines cette larve devient un agent très actif de la perte de l'arbre ; à l’état parfait, l’insecte se nourrit de la sève extravasée des arbres (1), il fait alors peu de dégats; on le voit voler le soir avec lenteur. Mais, lorsqu'il y a rivalité entre deux mâles, à l'approche d’une femelle, ils deviennent vifs et ardents au combat. J’ai eu l’occasion d’assister un soir de juillet dernier à un duel qui a duré plus d’un quart d'heure et qui n’a cessé qu'après la mort de l’un des deux champions; le vaincu n’a pu résister à deux blessures profondes que lui fit son adversaire avec ses fortes mandibules comparées à des bois de cerfs, ce qui a fait nommer cet insecte Lucane Cerf- volant. La femelle ou biche, présente ces organes comme des pinces de la forme ordinaire. Cette Lucane a donné lieu à bien des légendes. Ainsi dans quelques pays, on croit que les mâles emportent un tison ardent entre les branches de cette puissante pince et vont mettre le feu aux toits de chaume. Les Romains suspendaient ces mandibules cornues au cou des petits enfants, comme des amulettes destinées à les pré- server des maladies du jeune âge. (1) IL est aussi très friand de miel. SUR QUELQUES INSECTES NUISIBLES DES ENVIRONS DE PARIS. 395 Je soumets à la Société les larves vivantes que j'ai récoltées au mois d'octobre 1887, dans la souche d’un Pommier et dont je présente un fragment, le nombre de ces larves étant de vingt-sept, toutes placées dans la partie souterraine de l'arbre du niveau du sol à une profondeur de 50 centimètres, le tronc qui mesure 30 centimètres de diamètre est rongé en tous sens. Le GCétoine stictica. Il a été publié dans le Bulletin de la Société d’Acclimata- tion (20 février 1888, page 199), une note dans laquelle M. Charles Baltet, à Troyes, a signalé l'apparition d’un insecte nuisible aux arbres fruitiers, le Cetonia stictica qui détruit les anthères des fleurs. La lecture de cette note a appelé mon attention, et il m'a paru qu'il n’était pas sans intérêt de soumettre à la Société quelques observations se rapportant au même sujet. M. Baltet ajoute que cette Cetoine assez répandue dans le Midi n'avait pas encore fait son apparition dans une latitude aussi relativement septentrionale. Je ferais remarquer ici que cet insecte est chaque année très commun dans les jardins des environs de Paris, en 1887, à Champrosay (Seine-et-Oise), il a fait son apparition au mois de mai; en juin il était très abondant. J’ai pu en détruire un grand nombre sur les fleurs des Pommiers, des Rosiers et autres arbustes. La Cetoine, Trichius nobilis, moins commune que la pré- cédente espèce, s’est aussi montrée à la même époque, et pro- duit les mêmes dégâts parmi les fleurs. La Cétoine Oxythyrea hirtella, se présente pareïllement et occasionne des dommages semblables. La Cetoine dorée (C. aurata.) vole au soleil, pénètre dans les fleurs des Pivoines, surtout dans celles des Roses, elle en dévore le pollen, les étamines et les pétales. On peut facilement détruire les larves de la Cetoine dorée qui vit dans le terreau des vieux arbres (1). Tous les insectes composant les genres et espèces que je viens de signaler ont à peu près les mêmes mœurs. Leurs larves vivent en terre ou dans les arbres pourris. Après plusieurs années (1) Mais il est beaucoup plus facile d’amoindrir les dégâts qu’elles occasion- nent en détruisant les insectes parfaits. 396 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. passées dans ce premier état, elles se forment une espèce de coque avec de la terre ou des détritus qui les entourent et y subissent leurs métamorphoses. Le Xylocopa violacea, FABRICIUS. Cet insecte se montre dès les premiers beaux jours. Quand il n'y a pas encore de fleurs dans les jardins ou qu'elles y sont rares, il pénètre dans les serres où son instinct lui fait découvrir quelques plantes dont les corolles sont ouvertes. Dans les serres chaudes, sa présence est fort nuisible, lors- qu'il s’y trouve des Orchidées ; en butinant sur les fleurs pour y recueillir du miel et un peu de pollen, il les féconde et abrège de beaucoup leur durée. Au milieu du printemps, la Xylocope disparaît de nos jar- dins. Le mâle périt après l'accouplement, la femelle reste seule, s'occupe à préparer le logement et à assurer la nourri- ture pour une jeune famille qu'elle ne connaîtra jamais (1). Alors, elle choisit, dans ce but, des vieux pieux,des branches d'arbres morts et un peu en décomposition dans lesquels elle creuse à l’aide de ses mâchoires de longues galeries, pa- rallèles aux fibres du bois, partagées en plusieurs loges super- posées et séparées l’une de l’autre par une cloison. Elle pond un œuf dans chaque cellule après y avoir déposé une pâtée de miel et de pollen, en quantité suffisante pour nourrir la larve jusqu'à sa transformation. La femelle Xylocope a la précaution, lorsqu'elle prépare le logement pour ses des- cendants, d'amincir la paroi extérieure de chaque cellule, de manière que l’insecte, lorsqu'il sort de sa dernière enveloppe, n'a qu'un faible obstacle à vaincre pour être en liberté. On peut les détruire facilement dans les serres, lorsqu'on les craint pour les Orchidées. (1) Essai sur l'Entomologie horticole, par le Dr Boisduval, Paris, E. Don- naud, 1867. a — L’'ARGANIER OU ARBRE A HUILE DU MAROC Par M. MAxIMILIEN VANDEN-BERGHE. L'Arganier du Maroc (Argania sideroxylon KR. et ScH.) est un arbre épineux toujours vert, à cime arrondie, large et touffue, dont le tronc, droit et simple, recouvert d’une écorce grise légèrement fendillée, atteint une hauteur moyenne de 8-10 mètres; les branches, le plus souvent alternes et ouvertes, sont terminées par une forte épine et parsemées d’épines droites plus petites. Feuilles persistantes, alternes, lancéolées, petites, coriaces et luisantes, d’un beau vert en-dessus, plus pâles en-dessous. Le fruit est un petit drupe ovoïde, de la grosseur d’une belle olive. II se compose extérieurement d’un péricarpe pul- peux, de couleur verte pointillé de blanc jaunâtre à sa ma- turité, couvrant une noix à coque lisse, épaisse, très dure et marquée, dans le sens de la longueur, de deux ou trois sillons correspondant aux cloisons intérieures. Originaire du Maroc, l’Arganier se rencontre principale- ment sur les collines du littoral méditerranéen, jusqu’à 5 ou 600 mètres d'altitude environ, où il constitue, du côté de l'Atlantique, la plus grande partie du boisement des versants de la chaîne de l'Atlas, ainsi que celle de la région monta- oneuse du Sous, limitant la ceinture des bassins de l’Oued- Sous, de l'Oued-Massa et le versant nord de l'Oued-Assaka. Dans la large vallée de l’Oued-Sous, cet arbre forme sur certains points de véritables forêts, renfermant des sujets de 2 à 3 mètres de circonférence. L’Arganier croit particulièrement dans les terres sablon- neuses et dans les terrains composés de schistes quartzeux ; mais on ne le rencontre pour ainsi dire jamais dans les sols argileux, ni dans les calcaires durs et grossiers. Son bois, lourd, dense, à grain fin et serré, de couleur: jaunâtre, est inattaquable par les insectes. Sa grande dureté, lorsqu'il est sec, le rend assez difficile à travailler. Les indi- genes ne l’emploient guère en menuiserie, mais ils s’en ser- 398 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. vent dans leurs constructions ou pour faire des manches d'outils et des piquets de tente d’une longue durée. Il est surtout recherché au Maroc comme bois de chauffage ; on en retire aussi, par la combustion, un excellent charbon de forge. La pulpe du fruit sert de nourriture aux animaux rumi- nants ; lorsqu'elle est fraîche, elle renferme un suc blanc qui, exposé à l'air, se transforme rapidement en une sorte de matière gommeuse gluante. L’amande renfermée dans le noyau donne, par pression, une grande quantité d'huile utilisée par les indigènes pour l'alimentation, malgré sou goût àpre et irritant. Les seuls renseignements sérieux que nous possédions sur ce végétal sont dus au chevalier P. K. A. Schoushboe, consul général de Danemark ; ils ont été reproduits par tous les au- teurs qui ont écrit sur l'Arganier avec quelques détails, mais nous devons avouer que bien peu ont eu la pudeur de citer leur auteur, Nous pourrions même indiquer un rapport assez récent de l’un de nos envoyés au Maroc qui n’est qu’une copie des observations recueillies par le consul danois. Voici, d’après Schousboe, comment on procède à la récolte, à la décortication et à la fabrication de l'huile au Maroc : Vers le milieu de mai ou le commencement de juin, suivant les régions, les fruits ayant pris une teinte jaunâtre, sont gaulés et laissés au pied des arbres où ils sèchent à l'air. Comme la chaleur ést déja très forte, à cette époque de l’année, l'enveloppe extérieure sèche très vite et se détache facilement à la main. Certains voyageurs ont décrit à ce su- jet, un procédé qui brille plus ‘par originalité que par son exactitude. Ils racontent que les indigènes, lorsque le fruit est mür, le font tomber sous les arbres et le donnent en nourriture à leurs Bœufs, Chameaux, Chèvres, etc., très friands de ce fruit et que ceux-ci rejettent le noyau parfaite- ment décortiqué, ieur digestion terminée; on le recueille alors pour procéder à la fabrication de l'huile. La vérité est que ces ruminants sont assez friands de la pulpe extérieure lorsqu'elle est fraiche, mais ils la détachent avec soin et n’ab- sorbent nullement le noyau ; ils le rejettent par la bouche. Les noyaux décortiqués sont ensuite concassés entre deux pierres pour séparer l’amande blanche de la coque dure et ligneuse. On fait alors griller ces amandes sur un plat d'argile ou de fer, pour les torréfier comme le café; on évite avec L’ARGANIER OÙ ARBRE A HUILE DU MARQC. 399 soin qu'elles ne se carbonisent. Quand les amandes ont pris une couleur brune et qu’elles sont un peu refoidies, on les ré- duit en pâte compacte dans un mortier et on sépare l'huile en arrosant la masse avec de l’eau chaude et en la malaxant avec les mains jusqu’à ce qu'elle soit devenue dure et com- pacte. Au fur et à mesure, on recueille l'huile qui est mise d’abord dans des vases en terre, puis ensuite dans des outres pour le transport. Cette huile reposée est claire, limpide, d’une odeur et d'une saveur de brülé ; mais employée à l’état naturel, elle a une saveur irritante et piquante, persistante à la gorge et développe, en brülant, une odeur désagréable. Bien que les indisènes l’emploient beaucoup dans leurs pré- parations culinaires et la préfèrent même à l'huile d'olive, abondante aussi dans le Sous, les palais européens la sup- portent mal. Cependant quelques colons l’emploient à Moga- dor et lui font perdre son gout désagréable en la faisant bouillir au préalable avec des croûtes de pain. Utilisée pour l'éclairage, après avoir été soigneusement filtrée, l'huile d’Argan brüle en produisant une flamme blanche et une lumière très vive. Elle est également bonne pour la fabrication du savon, le graissage des machines et autres emplois industriels. La plus grande partie de cette huile est consommée sur les lieux de production ; ce produit s’exporte peu à cause de son prix relativement élevé, qui at- teint et surpasse même celui de l'huile d'olive. L'Arganier croit lentement, fructifie vers quatre ans, mais ne donne des fruits en abondance qu'à partir de la quinzième année, environ, de sa plantation. Les essais de culture tentés sur le littoral algérien, n’ont pas donné, quant à présent, des résultats bien satisfaisants. M. Leroy, qui a étudié d'une facon sérieuse les conditions de propagation de cet arbre dans notre colonie, pense que l’Arganier, qui pousse à l’état sauvage au Maroc dans les terrains les plus arides, réussirait certaine- ment dans l’intérieur de l'Algérie. Là, en effet, son utilité serait bien plus réelle que sur le littoral, car on y trouve une quantité de terrains incultes, qui, une fois couverts de brous- sailles d’Arganiers, formeraient de bons pâturages pour les troupeaux des colons et des indigènes, indépendamment du bois qu’on en retirerait et de l'huile qu'on extrairait des noix. II. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 15 MARS 1889. PRÉSIDENCE DE M. A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres récem-— ment admis par le Conseil : MM. PRÉSENTATEURS. Baroux. Am. Berthoule. D' Devailly. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. Marquis de Sinéty. E. Dupin. Em. Dupont. A. Geoffroy Saint-Hilaire. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. GuIzLoN (Léon), avocat à la Cour d’appel, 7, rue Choron. LAvISSE (Jean-Baptiste), curé à Chevagnes (Allier). LIAGRE (J.), propriétaire, place Thiers, à Tourcoing. MouquET (Alf.), vétérinaire, 7, rue de Maubeuge. Dr Weber. | A ne de Oct e D une Rene a, à Saint-Hilaire de la Manche, à Briquebec (Manche). Am. Berthoule. — M. le Secrétaire procède au dépouillement de la corres- pondance. — MM.le Marquis de la Ferronnays et J. Vincent adressent des remerciements au sujet de leur récente admission. — MM. L. Colette et Thauvin remercient la Société des cheptels qui leur ont été attribués. — M.E. Sommier et la Société d'horticulture de la Sarthe accusent réception et remercient des cheptels qu'ils viennent de recevoir. — MM. D'J. Michon, Comte de Montbron, Martial, D' Sau- vage et Gibez annoncent l’arrivée en bon état et remercient des envois d'œufs de poissons qui leur ont été faits. — M. A. de Cantelar écrit de Chàäteau-Gombert (Bouches- du-Rhône), à M. le Président de la Société : à nt ben EEE Et papes D, me Re de me ent 2 MEME R A cute Qie mme mé à PROCÈS -VERBAUX. 401 « Au sujet de la note sur les animaux vivant au parc de la Pataudière (Revue n° 4, page 1T%5), article Colins, je vous signalerai le fait suivant qui s’est passé chez moi, à Marseille en 1875. Un couple de Golins de Californie, logé sur une Lerrasse, exposée au sud et à l’est, dans un compartiment ayant 1",30 de côté et 0,66 de hauteur, m'a donné en cette année 1875, cent trente-trois œufs, la nourriture se composait de graines diverses (Alpiste, Mület, Chénevis), jetées sur le sable du parquet. La femelle est morte l'hiver suivant et le mâle inconsolable, est actueilement batlu par deux jeunes qui pe le trouvent jamais assez éloigné de leurs femelles. » — M. Meignan écrit de Sablé (Maine-et-Loire), à M. le Directeur du Jardin d’Acclimatation : « La ponte des Oies Céréopses d'Australie a lieu chaque année du 20 décembre au 1‘ janvier. La femelle pond de 6 à 7 œufs et couve cinq semaines. » Pendant les premiers jours les jeunes demandent quelques soins.Je les nourris d'herbe finement hachée avec de la mie de pain et un peu de son mélangés ensemble. Après le quatrième jour, je les mets au champ après le lever du soleil et je ne m'en occupe plus, ils paissent en liberté. » La femelle a un soin particulier de ses jeunes. Ælle les couvre, les abrite, les réchauffe. Il convient par exemple de se méfier du mâle qui devient furieux pour défendre ses petits et sa compagne. Ses coups d'ailes et ses griffes sont vraiment assez dangereux. En dehors de ce moment les Céréopses sont des animaux très familiers et très agréables. La femelle est surtout d'une grande douceur. » — M. Ernest Olivier, directeur de la Revue scientifique du Bourbonnais et du Centre de la France, écrit de Moulins : « Je viens de lire dans le Bulletin de la Société d’Acclimatation l’intéressant travail de M. Magaud d’Aubusson sur le Syrrhapte paradoxal. L'auteur n’a pas signalé deux captures faites dans le département de l'Allier de ce rare oiseau. » Elles sont mentionnées toutes les deux dans la Revue scientifique du Bourbonnais et du Centre de la France, 1838, p. 244 — 1889, p. 41. » À la fin du mois d'août une femelle a été tuée sur un plateau aride et sec à Monétay-sur- Allier, à 20 kilomètres au sud de Moulins. Elle faisait partie d’une compagnie de sept oiseaux que l’on n’a plus revue depuis. » Le 5 janvier dernier, un beau mâle adulte, seul, a été tué courant à terre sur un plateau sablonneux près de Lurcy-Lévy, au nord du département. On n’avait jamais vu aucun de ces oiseaux dans cette localité. » 402 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. — M. Vuillier écrit de Gincla (Aude), à M. le Secrétaire vénéral : « Sachant que tout ce qui est pisciculture vous intéresse, je me permets de vous parler de mes essais. J'ai fait venir cet hiver des Gar- dons, des Carpes, et des Écrevisses à pieds rouges. Les Gardons se portent bien ; mais les Carpes se couvrent de taches blanches et de mousse et j'en ai trouvé plusieurs de mories. » Quant aux Écrevisses, il n'y en avait plus une seule de vivante au bout de cinq jours. Cependant elles étaient seules dans un bassin de 100 mètres cubes environ. Ces bassins étant alimentés par l’eau d’un ruisseau, je crains que ce ne soit la qualité de l’eau qui soit cause de leur mort et je vais faire une canalisation pour faire venir l’eau de la rivière. Peut-être réussirai-je mieux. » — M. Bouffet, ingénieur en chef du département de l'Aude, écrit à M. le Président de la Société : « J'ai pensé que l’intérêt avec lequel le bureau de la Société nalio- nale d’Acclimatation n’a cessé de suivre les essais d'introduction du Saumon dans les eaux de la Méditerranée, trouverait un aliment nouveau dans un compte rendu détaillé des opérations qui se pour- suivent depuis la fin de 1885 dans la haute vallée de l’Aude, aux la- boratoires de Quillan et de Gesse. » Je viens de dresser ce compte rendu, et j'ai l'honneur de vous le faire parvenir par le même courrier. (Voyez Revue, p. 265). » — Le R. P. Camboué, missionnaire apostolique à Mada- vascar, écrit de Tananarive : « Selon ma promesse du 20 janvier dernier, j’ai l'honneur de vous adresser une petite note sur les états imparfaits ou larvaires de l’'Urania Ripheus, ainsi que des specimens du Papillon « ex larv4 » du Cocon et de la Nymphe. » Voici le détail du petit paquet qui accompagne cette lettre : N° 1. « Urania Ripheus » Bdv. (ex larvd). N° 2. Cocon et enveloppe de la Chrysalide de l’« Urania Ripheus ». (Plus trois Papillons « U. Ripheus » abîmés). » Si je vous envoie ces trois Papillons abîmés, c’est que le specimen «ex larvé » (n° 1) a l'extrémité de l'abdomen légèrement endom- magé par suite de la visite d'une Blatte. Les trois autres specimens ont les ailes endommagées, mais leurs abdomens sont en fort bon état. Il sera donc très facile de réparer ainsi le léger dommage de l'abdomen du specimen « ex larvé ». » Prochainement je vous enverrai la Chenille adulte dans alcool. Pour le moment je n’en possède qu’un seul bon exemplaire dont, vous le comprenez, je ne puis me dessaisir. » Je vous enverrai aussi, dès que je le pourrai, deux beaux speci- hu. ee nd nm Lt mes DT cd TR 0 re go : = _ Re PROCÈS - VERBAUX. 405 mens de l’ « Urania Ripheus », 6 et ©. Mais, veuillez m’excuser si je fais attendre cet envoi ; il est difficile d’avoir les Papillons & et © en parfait état de conservation, nullement abîmés, comme il convient d'envoyer ce beau Lépidoptère d'ornement pour les collections de la Société. Pour le moment, j'ai beaucoup d’ « Urania Ripheus » à l’état parfait dans mes réserves, mais plus ou moins endommagés. Un exemplaire cependant est digne des collections de la Société. Dès que je pourrai avoir la paire je ferai l'envoi. » — Des comptes rendus de leurs cultures sont adressés par MM. Chatot et de Saint-Quentin. — M. J. Clarté écrit de Baccarat (Meurthe-et-Moselle) à M. le Secrétaire général : « Je ne dispose cette année que de très peu de sujets d'Elæagnus, n’ayant pu, le printemps dernier, m'occuper de boutures ni de mar- cottes. Il ne me reste plus que vingt-cinq à trente jeunes boutures bien enracinées, que je mets avec plaisir à votre entière disposition ; je pourrai aussi vous offrir des jets de l’année dernière : coupés par tronçons et propres à être bouturés, mais peut-être vaudrait-il mieux que je fasse les boutures moi-même ici et vous les envoyer avec racines, seulement l’année prochaine ? Je n’ai pas conservé de graines, les sujets venus de graines étant faibles la première année supportent mal le premier hiver dans notre froide région, tandis que la bouture et les marcottes viennent très bien et très vite. » — M. Chatot fait hommage d’une petite quantité d’Aïl odo- rant, plante potagère du Japon, de la Chine et de Cochin- chine, vivace et très rustique. Elle est assez jolie pour être cultivée comme plante orne- mentale et fleurit en aoüt-octobre. Les fleurs, comme celles des Capucines, servent à orner les Salades. — M. 2. Williot demande des graines d’une nouvelle plante textile, des bords de la mer Caspienne, signalée par divers journaux scientifiques sous le nom de Æanaff. A titre de renseignement, M. le Secrétaire donne lecture de la note suivante insérée dans la Revue scientifique : « On trouve sur les bords de la mer Caspienne, une plante nommée Kanaïf par les indigènes ; elle croît en été, et dans l’espace de trois mois, elle atteint une hauteur de 3 mètres environ avec un diamètre de 2 ou 3 centimètres. | » Par une culture rationnelle, et au moyen d’une manipulation con- venable, on obtient avec les fibres de cette plante, suivant les études de M. O0. Blakenbourg, ingénieur-chimiste, une matière textile tout à fait supérieure : elle est molle, éiastique et soyeuse ; elle donne un fil 404 REVUE DES SCIENCES NATURELLES AFPLIQUÉES. très résistant et se blanchit au chlore sans être attaquée. L’étoffe fabriquée avec le Kanaff, puis blanchie, s’imprime très bien en toutes nuances et peut soutenir avantageusement la concurrence avec les éloffes pour meubles connues jusqu’à ce jour. C'est surtout dans la fabricalion des sacs, des toiles à prélart, bâches, cordages, etc., que cette nouvelle matière textile peut défier toute concurrence, aussi bien par son bon marché que par sa résistance. Son poids spécifique est les cinq sixièmes de celui du chanvre, et sa solidité est plus grande. Une corde de 8"M,25 de diamètre, tressée à la main avec trois ficelles de Kanaff, n’a été rompue que par un poids de 270 kilogrammes. » La même corde, ayant une de ses trois ficelles enlevée, a cédé à une traction de 180 kilogrammes. » Une corde d’un demi-pouce anglais (12"",7) de diamètre, fabri- quée à Moscou, ne s’est rompue que sous un poids de 625 kilo- grammes. : » Comme la Russie consomme annuellement 150 millions de sacs dont un tiers est importé, l'apparition de ce nouveau textile est d'une importance exceptionnelle. » Des renseignements complémentaires ont été demandés par la Société à M. de Regel, directeur du Jardin botanique de Saint-Pétershbourg. — M. Ch. Naudin {de l’Institut) écrit de la Villa-Thuret (Alpes-Maritimes) : « Je vous adresse pour la Société d’Acclimatation des graines du Rhus vernicifera, l'arbre producteur du beau vernis connu sous le nom de /aque du Japon. Ces graines sont toutes fraîches, et je viens de les recevoir de mon correspondant de Tokio, M. Sarazin, attaché à la Légation française au Japon. ; » Le Rhus vernicifera, qu'il ne faut pas confondre avec l’Aïlante, auquel on donne quelquefois, mais très improprement, le nom de Vernis du Japon, est un petit arbre rustique, et qui, je crois, pourra être culiivé dans la majeure partie de la France. Il deviendra peut-être un jour important comme arbre industriel. Dans tous les cas, je crois que la Société d’Acclimatation ne peut manquer de s'intéresser à sa naturali- sation, et qu’elle contribuera à le propager en annonçant dans son Bulletin l'arrivée des graines. » — M. le Dr Laumonier adresse de Vernoil (Maine-et- Loire), un compte rendu de ses cultures de Bambous et ajoute : ; « En 1888, j'ai oblenu, de deux graines, un assez grand nombre de Courges de Siam. Cette Cucurbitacée vivace, dont les fruits con- tiennent une pulpe abondante très blanche et gélatineuse, est à cultiver pour la confection de bonnes confitures exotiques. 11 est important de | PROCÈS - VERBAUX. | 405 ne cueillir que des péponides bien mûres, ce qui se reconnaît à la très grande dureté du fruit, et à la couleur uniformément noire des se- mences. Sur dix fruits, il y en a au moins la moitié — dans notre région du moins — qui ne sont mûrs qu'incomplètement. Mais les autres suffisent et au-delà pour faire le bonheur de la maîtresse de maison et pour passer de l'office au dessert. Si l’on en a plus d’un pied, on ne peut guère uliliser tous les fruits qui parviennent à la maturité requise, à moins qu'on ne les vende, ce qui viendra peut-être. » Mais une circonstance qui peut el doit contribuer à faire répandre cette Cucurbitacée, c’est son mérite ornemental. Dans les expositions surchauffées pendant l'été, sur les coteaux où l'ombre est un besoin qu'on ne trouve guère à satisfaire, cette plante pourra amener une fraîcheur croissante, car elle végète rapidement, elle fournit une multi- tude de rameaux et de feuilles. Celles-ci, d’une ampleur moyenne, sont découpées assez agréablement. La vigueur de toute cette végétation lui fait facilement couvrir un vaste espace, — et c'est bien un incon- vénient dans un jardin de médiocre étendue (mais ici rien n'empêche de faire des tailles 44 libitum). Une tonnelle, un abri quelconque est donc abondamment couvert de la sorte. Cette courge grimpe et court sans relâche jusqu'aux gelées. Comme elle est vivace, elle recom- mence l’année suivante, libéralement. » Pas plus que toute la famille à laquelle elle appartient, elle ne bait l'engrais. Il n’est pas besoin d’insister là-dessus. » 11 y a sans doute là un intérêt maraîcher et horticole qui se révé- lera plus tard. — J'oubliais de dire que les fruits ont, en outre, un certain mérite ornemental. Sur un fond vert, ils présentent des taches d'un blanc cireux, diversement étoilées et simulant certains caractères d’écritures de peuples de la race jaune. Leur dureté (quand ils sont mûrs, je le répète) pourrait peut-être les faire utiliser à l'instar de ceux des ZLagenaria. » — M. A. Fischer, conseiller général à Chaïllevois (Aïsne), adresse une note sur l’accroissement et l’amélioration des récoltes par l'emploi du Sulfate de fer. — M. le Secrétaire général fait connaître que la Société vient de recevoir des Etats-Unis une caisse d'Œufs em- bryonnés de Truite arc-en-ciel. Cet envoi, arrivé malheu- reusement en assez mauvais état, a été immédiatement dirigé sur le laboratoire de la Société, à Quillan (Aude), maïs il reste peu d'espoir d’en tirer parti. — M. le Président fait hommage à la Société, au nom de M. Liénard (de Jonchery), d'une certaine quantité de graines de Zapallilo, petit Potiron de la République argentine qui offre l'avantage de ne pas courir et d’être de longue garde. 406 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. — M. le Secrétaire général présente un résumé succinct du mémoire adressé par M. Bouffet, ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées du département d’Aude, sur les essais de pisciculture entrepris aux laboratoires de Quillan et de Gesse (Aude). (Voyez Revue, p. 265). — M. Decroix fait une communication sur l'importance actuelle de la consommation de la viande de Cheval. — M. Raveret-Wattel signale les nouveaux perfectionne- ments apportés par M. Mac Donald à l'échelle à Saumons qui porte son nom. Le dispositif auquel il s’est arrêté constitue un progrès sensible sur le type primitif, et c’est sur ces nou- velles données que va être reconstruite l'échelle qui existait au barrage de la manufacture d'armes de Chatellerault, de- venue absolument hors de service par suite des détériorations que le temps lui a fait subir. (Voyez Revue, p. 383.) Notre confrère dépose. sur le bureau les plans et dessins de M. Mac Donald et ceux de la reconstruction de l'échelle de Chateillerault dus à M. l'Ingénieur en chef du département. La Commission départementale de pisciculture de la Seine- Inférieure, dont M. Raveret-Wattel fait partie, s’est aussi préoccupée à juste titre de la construction d’échelles dans la basse Seine. | | Il est permis de penser, qu'en présence des résultats extrêmement satisfaisants obtenus aux Etats-Unis, des échelles à Saumons fonctionneront en France, d'ici peu de temps, sur un grand nombre de points. — M. le Dr Saint-Yves Menard fait une communication sur la maladie des jeunes Chiens, sa contagion et les moyens d’em atténuer les effets. (Voyez Revue, p.371). — M. le D' Weber fait ressortir l'intérêt que présente cette communication et appuie chaudement les conclusions pré- sentées par M. le D' Ménard. Pour le Secrétaire des séances, JULES GRISARD, Secrétaire du Comité de rédaction. lII. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS. 4 SECTION. — SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1889. PRÉSIDENCE DE M. FALLOU, PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopte. M. le Président communique une lettre qui lui a été envoyée par le président de la Chambre de commerce de Lyon, lui demandant de bien vouloir mettre à sa disposition des cocons de Vers à soie du Müûrier pour faire des essais de dévidage et de tissage. M. le Secrétaire général dépose sur le bureau une brochure intitulée « Utilité des Abeilles », par M. Eugène Jobard, offerte par M. Jackson, secrétaire de la Société de géographie. Il est donné lecture d’une note sur la question phylloxérique, adres- sée à la Chambre des &éputés. M. le Président annonce qu’il a reçu de M. Lerch, de Besancon, des renseignements sur le « Lasiocampa Otus ». L'an dernier, M. Dela- grange, imprimeur à Besançon, dans un voyage à Smyrne, a trouvé une grande quantité de cocons de ce Séricigène. M. Delagrange doit prochainement rendre compte de ses chasses et donner de précieux renseignements. Jusqu'à présent, on ne possédait dans les collections que des cocons anciens. M. Lerch a bien voulu envoyer à M. Fallou, des Chenilles et des cocons préparés. Ces cocons sont présentés aux membres de la section qui peuvent ainsi juger de la qualité de la soie. M. Mailles demande s’il est certain que ce ver à soie vit dans les Balkans et en Hongrie. Ce serait un fait très important qui prouverait qu'il peut vivre dans toutes les régions de la France. M. le Président propose à la section d'émettre le vœu qu’il soit écrit àa M. Delagrange, pour lui demander des renseignements complets sur cette espèce, et le prier de bien vouloir mettre une certaine quantité de cocons à la disposition de la Société pour être envoyés à Lyon au labo- ratoire des essais. | Cette proposition est adoptée. M. J. Grisard soumet à la section un dessin représentant un Papillon mexicain « l’'Eucheiria socialis », signalé dans Rondot comme fournis- sant une soie utilisée autrefois par les Aztèques ; M.J. Grisard pense que l’on pourrait demander des cocons et des renseignements sur ce Lépidoptère au Mexique. M. Clément fait quelques réserves sur l'exactitude de ce dessin. Le Secrétaire, Jules CLOQUET. 408 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. 5e SECTION. — SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1889. PRÉSIDENCE DE M. PAILLIEUX, PUIS DE M. H. DE VILMORIN, PRÉSIDENT. ; Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adapté. M. Paillieux donne lecture d’une note sur le Scolyme d’Espagne et présente de très belles racines de ce légume. M. de Vilmorin dit qu’il a été frappé de l’ensemble des qualités de cette plante et en recommande la culture. M. Fallou demande par quels moyens on peut récolter la graine ; les buissons énormes, armées d'épines redoutables que forme le Scolyme d'Espagne ne permet d’en approcher qu'avec des précautions infinies. M. Paillieux répond que le Scolyme produit abondamment des grains, mais qu’il n’y a aucun intérêl à en faire soi-même la récolte, vu la modicité de leur prix. M. Chappellier fait remarquer que les semis se herni en quelque sorte dans la boue, on trouverait peut-être un avantage à faire tremper préalablement les graines, afin d'obtenir une plus grande régularité dans la germination. Notre confrère pense, qu’à l'exemple de ce qui a été fait pour la Carotte, on arriverait par une culture judicieuse, en procédant par semis successifs à transformer la corde du Scolyme en matière alimentaire. M. le Président offre aux membres présents les graines de deux légumes nouveaux : 19 La Tomate Mikado, remarquable par son feuillage ie essen- tiellement distinct de celui des autres variétés et par ses fruits lisses, énormes ; 2° la Carotte rouge à forcer parisienne excellente pour la culture maraîchère sous châssis et sur terreau. A propos de la Pomme de terre Heymonet dont il a été question dans la dernière séance, M. le Président fait connaître que cette variété est cultivée en grand au domaine de Verrières et qu'il a pu constater sa parfaite ressemblance avec la Pomme de terre Lapstone ou Caillou blanc, nommée aussi, dans le midi, Hollandaise à yeux bleus et que leur identité ne peut faire aucun doute., M. Fallou fait connaître à la section que depuis quatre ou cinq ans il cultive le Haricot Cerise du Japon dont il est très satisfait, mais cette année le grain n'a pas conservé sa jolie couleur rouge uniforme ot s’est présenté avec des nuances variées. M. le comte d’Esterno entretient la section des procédés de culture originaux mis en pratique par un jardinier de Saône-et-Loire, auprès duquel il est prié de vouloir bien prendre des renseignements précis relativement à la méthode indiquée. Le Secrétaire, Jules GRISARD. IV. JARDIN ZOOLOGIQUE D’ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE. CHRONIQUE. TEMPÉRATURES DU 25 MARS AU 9 AVRIL 1889. Maxima. Minima. A Plus haut, Plus bas. Plus haut, Plus bas, Bois de Boulogne...... AS RE ES by Le + Go + 6° — 20,5 Jardin de Marseille..... RM Ed + 10° + 90 - + 00,1 Jardin d'Hyères.......... .. + 27 + 10° + 8° + 10,5 Jardin de Fours... .......:. + 170,8 + 100,4 HE 8,5 — 20,2 Le mouvement du Chenil du Jardin d'Acclimatation n’a pas été moins actif en 1888 que dans les années précédentes. Le nombre des Lices présentées à nos étalons va toujours croissant et on ne saurait s’en étonner quand on suit de près les diverses exhibitions canines, car les animaux primés sont bien souvent les descendants des pensionnaires du Chenil du Jardin Zoologique d’Acclimaiation. Le public comprend bien maintenant l'intérêt qu’il y a à faire usage de reproducteurs qui sont sans cesse placés sous ses yeux, qui recoivent des soins entendus et sur l’origine desquels il peut être exactement et sérieusement renseizné. On renonce peu à peu à croire que des reproducteurs ne chassant pas sont incapables de transmettre à leurs descendants les qualités d’un bon Chien de chasse. D'ailleurs presque tous nos étalons de Chiens d'arrêt ont fait leurs preuves et ceux qui n’ont pas été dressés, descendant d'animaux de race confirmée, donnent à leur progéniture toutes les qualités qui font un bon Chien de service. Cependant il ne faudrait pas conclure de ce que nous disons ici qu’on pourrait sans inconvénient employer comme reproducteurs des Chiens issus d’une lignée qui, pendantune longue suite de générations, n aurait pas exercé ces instincts spéciaux. Nous voulons seulement affirmer qu'on peut très bien employer comme reproducteurs des animaux qui n'ont jamais chassé s'ils descendent de bons Chiens. L'expérience en avait été faite bien avant la création de notre Chenil ; nous l’avons fréquemment répétée. Il nous paraît utile de rappeler ici les acquisitions faites par le Chenil dans le courant de l’année dernière (1888). Chens de garde. 6 Chiens de Terre-Neuve, 4 @, 2 ®, importés d'Angleterre. 4 Chiens de Muntagne (Leonberg), 2 à, 2 ©, importés du Wurtemberg. 3 Chiens de Montagne (Pyrénées), 2 à; 1 ®, importés de Cauterets. 3 Chiens de Montagne :Saint-Bernard), 2 à, 1 ®, importés de Suisse. 6 Chiens, grands Dogues (Mastilfs), 3 &, 3 Q, importés d'Angleterre. 14 Chiens, grands Danois, 9 G, 5 ®, importés du Wurtemberg. 20 Avril 1889. 27 410 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. 22 Chiens, caniches noirs, 18 à; 4 ©, importés d'Allemagne. 1 Chien, petit danois (Dalmatian). 5 Chiens de Berger (race de Beauce), 3 6; 2 Q. 8 Chiens bull-terriers, 5 É» 3 Q. 6 Chiens, petits loulous de Poméranie, 4 G, 2 ©, importés d'Allemagne. Chiens de chasse à courre. 3 Chiens de Saint-Hubert (Bloodhounds), 1 à. 2 ®, provenant des chenils de MM. Craven et Brough. Les ascendants de ces jeunes Chiens étaient, il y a peu de mois, employés à Londres pour aider la police de sûreté dans ses recherches. 2 Chiens griffons nivernais, 1 G, 1 ®, provenant de l'équipage de M. Coste. 17 Chiens, bassets tricolores, 13 é: 4 ©, provenant du chenil de M. de Vatimesnil, et du chenil de M. Labitte. ; 4 Chiens bassets griffons, 2 à, 2 ®, provenant du chenil de M. Béjot et du chenil de M. le comte d'Aliney d’Elva. 1 Chien basset allemand À (Dachshund), importé du Wurtemberg. Chiens de chasse d’arrét. 3 Chiens épagneuls, noir et feu (Grordon-Setters), 2 &, 1®, importés d'Écosse. 3 Chiens épagneuls angiais blancs et noirs, 261 QE issus de « Sir Gilbert » et de « Snard-Flake ». 2 Chiens épagneuls rouges d'Irlande, 1 & 1 ©, des chenils du R. O’Col- laghan. 2 Chiens épagneuls de Pont-Audemer, 1 à 1 O. 6 Chiens griffons d'arrêt, 3 @ 3 ©, parmi lesquels il convient de signaler : un étalon à longs poils des chenils de M. Boulet (d’Elbeuf), et deux lices à poils durs (race Korthals) des chenils de M. Van den Elst. 5 jeunes Cockers blancs et marrons, 2 à 3Q. | 1 Chien d’arrêt à poil ras blanc et marron, ©, des chenils de M. Pilkington. 4 jeunes Chiens d'arrêt, ©, à poil ras blanc et orange. 1 Chien d’arrêt à poil ras à courte queue, () (Braque du Bourbonnais). Chiens Lévriers. 2 Chiens lévriers anglais, & © (Greyhounds). 2 Chiens lévriers d'Écosse, à @ (Deerhound), des chenils du capitaine Me- reton Thomas. 4 Chiens lévriers russes, 1 & 3 Q, parmi lesquels il faut signaler un étalon (Pobegdai) et une lice (Zanoza) provenant des chenils de Sa Majesté l’'Em- pereur de Russie. Chiens divers. . 1 Chien sauvage d'Australie, & (Dingo), donné au Jardin d’Acclimatation par M. le lieutenant de vaisseau Didier. Ce Dixgo, remarquable par sa fami- liarité, aboie comme un Chien. Ses prédécesseurs au chenil sont, au contraire, restés toujours d’un caractère farouche et faisaient entendre seulement des huriements analogues à ceux des canidés sauvages. En outre de ces diverses acquisitions, le chenil a reçu dans le courant de 1888 quarante-sept animaux, nés de nos étalons et lices qui sont JARDIN D’ACCLIMATATION 411 rentrés de l'élevage. Nous citerons : 3 Chiens de Terre-Neuve, 4 Chiens de montagne (Léonberg), 3 Chiens de berger, 3 Chiens grands dogües anglais (Mastiffs), 1 Chien basset tricolore, 5 Chiens bassets griffons, 2 C'hiens bassets allemands (Dachshund), 2 Chiens d'arrêt à courte queue (Bourbonnais), 3 Chiens d'arrêt à poil ras, 10 Epagneuls anglais, 6 Epagneuls de Pont-Audemer. Ces nouvelles recrues ne sont pas les moins précieuses que nous ayons faites, car Ces animaux soigneuse— ment choisis, fortement nourris à la viande, élevés en liberté à la campagne, nous reviennent pleins de vigueur et de sante. | Dans le présent numéro de la Xevue, M. le D' Ménard publie un travail intéressant sur la maladie des Chiens et sur les résultats im- portants que nous a donnés l'emploi du Crésyl comme désinfectant. Nous ne saurions trop insister sur le succès relatif que nous avons eu cette année dans l'élevage de nos jeunes Chiens. Entrer aujourd’hui dans des détails étendus à ce sujet, serait répéter ce que dit très bien dans son mémoire notre Directeur-Adjoint, nous y renvoyons le lecteur. Les quelques détails qui précèdent sur le mouvement des entrées au chenil montrent quelle activité règne dans ce service spécial, un des plus difficiles qui sofent. Si nous pouvons arriver à conserver en par- faites conditions tous les Chiens qui peuplent nos parquets, c’est qu’ils sont l’objet d’une incessante surveillance et de soins très particuliers. Ce succès qui nous a valu l’approbation des juges les plus compétents, nous le devons à un personnel que nous ne saurions trop louer et en particulier au chef qui dirige le service et dont la parfaite compétence est justement appréciée. Arrivages. — 1° La Poulerie a recu dans ces dernières semaines de nombreux pensionnaires. La saison de la vente des œufs esl proche, il faut nons mettre en mesure de répondre aux demandes, toujours plus nombreuses, des personnes qui s'adressent à nous. Les grands parquets neufs qui ont été établis, il y a deux ans, nous sont d’un grand secours, Car nous pouvons y réunir en assez grand nombre les volailles des espèces les plus demandées. Ceci nous amène à parler de nouveau de la facon dont ces Cogqs et Pouies sont traités. L'an dernier, nous avons déjà eu l'occasion de faire remarquer que les volailles de Padoue Hollandaises à huppe blanche, réputées délicates, se trou- vaient très bien de coucher dehors, sans aucun abri, élé comme hi- ver. Pendant la rude saison qui vient de prendre fin, nos Poules de Padoue hollandaises ont encore été tenues en plein air par tous les temps, avec un plein succès. Dans nos grands parcs, les volailles de Houdan, Crèvecœur, Dorking et Cochinchine fauves n’ont pas été au- trement traitées. Tous ces oiseaux sont dans le meilleur état de santé et s'ils ont un peu souffert de la rigueur de la saison, il ne nous a pas été possible de nous en apercevoir car leur plumage a toujours été brillant et lisse et les crêtes ont gardé la meilleure couleur. 412 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. 20 Outre les Canards domestiques, installés sur nos pièces d’eau pour la ponte, nous avons recu de nombreux Canards sauvages, Pilets, Sifleurs, Milouins (1) destinés à la vente. C’est au moment du passage qu'il faut faire les achats, car, après cette époque, ces oiseaux seraient absolument introuvables. Les nouveaux venus de- mandent des soins entendus. Tout d’abord, il faut leur apprendre à manger le grain, ce qu'ils ignorent absolument, ayant vécu jusque- là des végétaux et des animaux de toutes sortes qu’ils trouvent en abondance à l’état sauvage. L'emploi des oiseaux moniteurs donne toujours de bons résultats pour faire ces éducations. Quand le Canard est reposé et sait se nourrir, on procède à l’éjointage ; l'opération ne donne pas de pertes quand elle est faite avec soin et par un temps doux. Le froid ou le chaud survenant avant la cicatrisation complète du membre occasionneraient des mortalités considérables. 3° Des Poules des Steppes (Syrrhaptes paradoæus) du Turkestan. Ces oiseaux dont les migrations dans l’Europe occidentale ont excité l'intérêt, seront sans doute l’objet de l'attention de nos visiteurs. La Revue a souvent entretenu ses lecteurs, de ces Poules des Steppes qui finiront peut-être par devenir un gibier français. Les exemplaires reçus au jardin ont été importés par Marseille du nord de la Chine. Naissances. — Nous avions placé dans une couveuse artificielle, six œufs de Casoars Emeus, leur incubation nous a donné quatre jeunes, qui sont éclos le 1% avril. L’un d’eux ayant le crâne déformé et les os du bassin anormaux n’a pu vivre, les trois autres se développent bien. Ces poussins de Casoars pesaient le jour de leur naissance 415, — 405, — 315 grammes. L’œuf de Casoar avant l’incubation pèse 555 grammes. Donnons à cette occasion les poids de quelques œufs. Pigeon... 25 grammes. Oie domestique... 180 grammes. Poulé!-4"11860 — Casoar Emeu..... 999 — Dinde? :-2##189 — Nandons rs. tt 850 — Päon::7.2%400 — AULTUChe 17: 24240 1,375 — À cette liste on pourrait ajouter l'œuf d'Epiornis, le grand oiseau aujourd’hui disparu dont les restes ont été retrouvés à Madagascar, il y a environ trente ans. L’œuf de ce géant, pesait à peu près 10 kilo- grammes ; sa Capacité représentait celle de six œufs d’Autruches et de cinquante mille œufs d’'Oiseaux-Mouches. (1) Les Canards Morillons et Milouinans deviennent d'année en année plus rares. Ont-ils changé de route dans leurs migrations ? V. CHRONIQUE DES SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie de médecine. — Séance du 19 mars. — On sait que la Vipère est encore assez abondante dans certaines parties de la France. M. le D' Fredet, professeur à l'École de médecine de Cler- mont, signale à l'Académie les dangers de la morsure de cet ophidien et ses effets. Sur quatorze cas de morsure observés chez l’homme, six auraient été mortels, trois survenus chez des enfants et trois autres chez des adultes mordus à la poitrine, au ventre ou à la face. Ce ne sont pas les chas- seurs ni les promeneurs qui sont le plus ordinairement victimes des morsures de Vipère, animal très craintif et fuyard, mais les paysans qui, dans le milieu du jour, s’endorment dans les champs. L'animal, sentant alcrs un endroit chaud, s’introduit sous les vêtements, et, au moindre mouvement du dormeur, se précipite sur lui. Comme médication M. Fredet conseille en première ligne: la suc- cion, la ligature du membre blessé, l'application de ventouses, enfin la Cautérisation. L'usage de l’ammoniaque est inutile ou dangereux. M. Leroy de Méricourt l’a démontré. On donnera aux blessés, suivant la méthode indienne, des boissons chaudes et alcooliques pour les réchauffer et relever leurs forces. M. le D' Fredet conclut en demandant, comme pour tous les ani- maux nuisibles, la destruction systématique des Vipères, avec primes d'encouragement. Nous rappellerons, à l’occasion de cette communication, que la Société d'Acclimatation s’est livrée, dès 1863, à une enquête minu- tieuse sur les Vipères de France. Les résultats en sont consignés dans ur Rapport de M. le D' J.-L. Soubeiran inséré dans le tome X de notre Bulletin (pages 396-422), | Société nationale d'Agriculture. — M. Laverrière appelle l'attention de la savante compagnie sur une Vigne nouvelle, le Cissus Mexicana, qui croît spontanément dans la province mexicaine de Sinaloa où on la rencontre à des altitudes caractérisées par des tem- pératures alternativement chaudes et froides. Dès le mois de juin, cette Vigne possède un grand nombre de ra- meaux et sous l'influence de la saison des pluies, les vrilles poussent avec une extrême rapidité et s’accrochent aux arbres voisins. En septembre, les grains commencent à mûrir ; ils sont volumineux, tantôt rouges, tantôt blancs. Les indigènes recueillent les fruits de ce Cissus pour en faire du vin, du vinaigre et des confitures appelées Uvata. Le vin a le goût du muscat d'Italie. Quelques pieds du Cissus Mexicana sont plantés dans le jardin d’Albern près Vienne, d'autres, provenant de graines, ont élé cultivés dans la vallée du Rhin et paraissent y prospérer. JC VI. CHRONIQUE DES COLONIES ET DES PAYS D'OUTRE-MER. La Pêche et l’Aquiculture à l'étranger. L'attention du gouvernement norwégien a toujours été spéciale- ment dirigée sur les moyens qui peuvent faciliter l'exercice de la pêche maritime à ses nationaux, cette industrie constituant une des principales ressources de la contrée. Il sort en effet chaque année des ports de la Norwège, pour 19,500,000 francs de harengs et on admet que les pêcheurs norwégiens capturent en moyenne un milliard de harengs par an. Les habitudes vagabondes de ces poissons, dont les bancs se jetaient souvent dans des fjords très éloignés des endroits où les pêcheurs les cherchaient, ont amené la création d’un réseau télégraphique spécial, chargé de porter la bonne nouvelle sur toute la côte ouest de la pres- qu’ile scandinave. Cette ligne, unique en son genre, a 2,600 kilo- mètres de long, son établissement a coûté près de 8 millions de francs. Elle signale les moindres modifications que les bancs apportent à leur marche, et on installe en cas de besoin des postes volants; quand les Harengs par exemple, se tiennent dans des parages éloignés de tout endroit habité. La Société norwégienne pour les progrès de la pêche possède en outre à Flodewig près d’Arendal, un vaste établissement d’éclosion pour les Poissons et Crustacés marins; établissement dirigé par le capitaine Danewig. D’après une publication allemande : Miftheilungen der Sektion für Küsten und Hochseefischerei, comptes rendus sur la pêche côtière et en haute mer, on féconde chaque année à l'aquarium de Flodewig, près de 50 millions d'œufs de Morues, qui fournissent 28 millions d’alevins environ, naissant dans une eau dont la tempé- rature varie entre 3° et 40 5. Les Homards, qui naissent en juillet et août, atteignent une longueur de 2 centimètres, 2, au moment de leur cinquième mue, trente-six jours après l’éclosion. Vigoureux et bien portants, les jeunes Crustacés se tiennent pendant le jour sous les pierres, les coquillages et les fucus garnissant leurs bassins; ils quittent ces abris la nuit pour chercher leur nourriture. Suivant les Beiträge zur Slatistik der deutschen Seefischerei, Statis- tique de la pêche marilime allemande, 10,000 lougres anglais, montés par 56,000 matelots, ont pris en 1886 part à la pêche dans la mer du Nord. La Hollande était représentée par 650 lougres ayant 6,000 hommes d'équipage ; le Danemark par 149 lougres avec 800 hommes ; la Belgique par 30 lougres et une centaine d'hommes, quant à l’Alle- magne, elle effectait à cette pêche : 377 voiliers cubant 30,775 mètres et montés par 1,327 hommes en 1886; 402 voiliers avec 1,429 hommes en 1887; 425 voiliers cubant 55,740 mètres, et montés par 1,539 hommes en 1888. CHRONIQUE DES COLONIES ET DES PAYS D’OUTRE-MER. 415 ‘Outre ces bâtiments, l'Allemagne comptait encore en 1886 un vapeur de 419 mètres cubes avec 14 hommes d'équipage, et six montés par 67 hommes et jaugeant 1.902 mètres cubes en 1888. Ces bateaux pêchent à l’aide de filets traînants, le Hareng, le Maque- reau, et divers poissons qui se mangent frais, la ligne servant pour le Cabillaud et l'Aiglefin. Malgré la faible étendue des côtes allemandes, les sociétés de pêche y prennent une certaine extension. Emdener Hüringsfischerei Aktliengesellschaft, possédait en 1872 un matériel de 6 bateaux jaugeant 3,785 tonneaux, et valant 185,000 francs. Elle avait 11 bateaux jaugeant 6,761 tonnes en 1882, 15 jau- geant 41,557 tonnes et valant 450,000 francs en 1886. Ce sont des lougres à 2 mâts, ayant 200 mètres cubes de capacité et valant en moyenne 54,000 francs. Chaque lougre est muni de 2 immenses filets de 6,000 mètres carrés valant 6,000 francs l’un, et qu’on met alter- nativement en service. Ces bâliments dont les équipages se recrutent principalement dans la région comprise entre Munster, Minden, et Oldenbourg, effectuent cinq à six expéditions de juin à novembre. Les Harengs se renconirent entre le 609 et 612 parallèles au début de la campagne, à hauteur et non loin des îles Orcades. Ils gagnent ensuite vers le Sud-Ouest, en se rapprochant des côtes écossaise et anglaise. Quant à la Morue, les Allemands en ont capturé 28 millions 1/2 va- lant 8,500,000 francs, en 1888. Le produit de cette pêche représentait 6 millions de francs en 1881, et avait conservé depuis cette époque, une valeur moyenne de 7,700,000 francs. Pour le poisson qui se vend frais, les pêcheurs allemands emploient un type d’embarcations portant le nom d'Zwxer, muni d’une glacière contenant 1,000 à 1,500 kilogs de glace, où le produit de la pêche se conserve en bon état, 3 hommes constituent l'équipage de ces embar- cations, qui ont pour matériel de pêche un filet traïnant, Xwrr, long de 19 mètres; 168 de ces embarcations sont inscrites au port de Jin- kenwerder, 75 au port de Blankenese, et on en trouve une trentaine réparties entre plusieurs villages de la côte. L'£Emwer est un type d’embarcation suranné, à fond plat, sans quille, maintenu en équilibre par 2 espèces d’ailes, 2 balanciers plats latéraux. Suffisant quand le temps est calme il ne peut tenir sur une mer hou- leuse, aussi tend-on à le remplacer par des cutters anglais de 7 pieds de creux, munis d’un réservoir à circulation d’eau où le poisson se conserve vivant, et qui prennent la mer pendant presque toute la durée de l’année. On a pêché en 1886 sur les côtes allemandes de la mer du Nord : 475,500 kilogr. de gros Crustacés valant en moyenne 1 fr. 87 le kil. 443,800 — depetits Crustacés — = 0 og 424,000 — de Turbots — — ji 45 50,000 — desolesetlimandes — — je — 416 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Les bancs d'Huîtres du Holstein sont l’objet de sérieuses études de la part de l'administration allemande, et leur exploitation est minu- tieusement réglementée. Depuis 1882, la pêche n'est plus autorisée que sur la côte ouest et: on a constaté au mois d'août 1888, que si cette prohibition n’avait pas considérablement accru le nombre des bancs, un certain nombre d’entre eux qu’on considérait comme épuisés depuis une quinzaine d'années, s'étaient regarnis au-delà de toute prévision. Nous devons maintenant mentionner une expérience faite en An- gleterre, qui semble mettre à la disposition des pêcheurs un procédé absolument nouveau, mais dont les résultats seraient sans doute excessivement destructeurs. Vers la fin du mois de mai, le comité de Biologie maritime de Li- verpool a fait dans les parages de l’île de Man avec le navire à vapeur Æyène, quelques expériences relatives à l'influence que l'éclai- rage des engins de pêche exerce sur les animaux marins. | La première nuit, on pêcha avec deux filets remorqués, placés symétriquement de chaque côté du navire, à une profondeur de 3 brasses ; l’un des filets était éclairé par une lampe Swann de 60 bougies. Au bout d’une demi-heure, le filet lumineux contenait une grande quantité de crustacés, le filet sombre était resté vide. On obtint des résultats similaires, en laissant traîner les filets sur le fond. La nuit suivante on pêcha avec deux filets éclairés dont un était remorqué à une faible profondeur tandis que l’autre traînait sur le fond. Tous deux contenaient une grande quantité d'animaux, mais d’espèces différentes. Le filet faiblement immergé ramena surtout des Copépodes, 12 filet de fond des Rayonnés. Nous empruntons à la VNorddeufsche allegemeine Zeitung, quelques ren- seignements sur la petite aquicullture pratiquée dans certaines régions de l'Allemagne. Depuis six ou sept ans, les différents propriétaires des bruyères de Luneburg, sur les deux rives de l'Oertze, Hanovre, ont capté toutes les sources de cette région dont ils reliennent les eaux en petits étangs au moyen de simples levées de terre. L'eau se renouve- lant facilement, la Truite réussit à merveille dans ces viviers, malgré leur fond de vase, mais elle ne s’y reproduit pas. Les pisciculteurs, petits cultivateurs de la contrée, achètent des œufs fécondés à des établissements spéciaux, et les font éclore dans des appareils peu compliqués. Ils possèdent généralement trois étangs chacun. Les ale- vins placés dans le plus petit de ces réservoirs, y restent jusqu’au printemps suivant. Les jeunes poissons passent alors dans le deuxième bassin où ils séjournent pendant un an, puis dans le troisième qu'on vide à l'automne suivant. On tire alors les Truites, celles dont le poids atteint 250 grammes au minimum, mais s'élève souvent jusqu'à 150 grammes, sont vendues, les autres sont conservées pendant une année encore. Tous les éleveurs mettant leurs étangs à sec vers la même CHRONIQUE DES COLONIES ET DES PAYS D’OUTRE-MER. 417 époque de l’année, de nombreux marchands de poissons de Brême et de Hambourg se rendent alors à Munster où les transactions s’opèrent généralement. Les Truites amenées vivantes dans des baquets sont vendues entre 3 fr. 50 et 3 fr. 75 le demi-kilog., prix très rémunéra- teurs, qui font accroître d'année en année le nombre des éleveurs. L'élevage de la Truite arc-en-ciel, américaine (Salmo irideus), est en ce moment l’objet des efforts assidus de certains pisciculteurs alle- mands. Chez M. Steinmeister, de Bunde, cette éducation s'exécute dans des étangs d'un are de superficie, et 75 centimètres à 1 mètre de profondeur, alimentés par un mince filet d’eau courante. Les alevins éclos au mois d'avril 1887, passèrent la mauvaise saison dans des bassins d'hivernage ; ils pesaient 20 à 25 grammes en avril 1888 et avaient 11 à 12 centimètres de long; si mois après, en octobre, leur poids décuplé s'élevait à 250 grammes, et M. Steinmeister admet que ces Truites pèseront 1 kilogramme en octobre 1889. La Truite arc-en-ciel s'habitue facilement aux modifications de nour- riture, elle n’est pas farouche comme la Truite des ruisseaux, et se montre au contraire dès qu’on s’approche des étangs où elle vit. M. Steinmester nourrit ses jeunes poissons de viande de bœuf cuite et rapée ou de sang de bœuf cuit, trituré avec du son, et moulé en boulettes. Les Truites adultes recoivent de la viande cuite hachée. Ces aliments sont déposés sur des planches horizontales formant table, à 90 centimètres en dessous de la surface de l'étang. L'extension donnée à l’élevage ce cette espèce permettrait de con- sommer des Truites en toute saison. La Truite des ruisseaux perd en effet sa valeur au moment de la ponte, vers le mois de septembre, tandis que la Truite américaine fraie seulement en mars et avril, quand la Truite indigène a repris toutes ses qualités. La pisciculture revêt souvent en Allemagne un caractère absolument officiel; c’est ainsi que le fisc prussien créait il y a quelques années, trois étangs à Carpes dans une vallée située près d'Hochzeit, cercle d'Arnswald, vallée où poussaient seulement des osiers, des jones, des roseaux, et de place en place, une herbe dépourvue de toute valeur. Les poissons prospérant à merveille dans ces étangs, on en établit un quatrième couvrant 2 heclares, 12 environ de terres inculles, qui reçut dans le courant de l'été 1888, 3,900 Carpes pesant en moyenne 290 grammes. Une partie d’entre elles ayant été enlevées le 2 décem- bre, afin de les placer dans un autre étang, on constata qu’en quelques mois leur poids avait atteint 1 kilo, 750, aussi toute la vallée va-t-elle être transformée en étangs à Carpes, el on se propose de mettre en valeur par le même procédé, différents autres points de la Marche et de la Poméranie où le terrain marécageux n'a pu jusqu'ici être l’objet d'aucune exploitation. Hs D! VII. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. Fourrures russes et américaines. — Les fourrures actuelle- ment préparées en Russie, jouissent d’une grande légèreté, leur côté intérieur, leur côté chair, étant gratté jusqu’à la naissance des bulbes pileux, afin de réduire autant que possible le poids de la peau. Parmi celles que les fluctuations de la mode font le plus rechercher en ce moment, nous citerons le Chat noir russe, dont on fait des pelis- ses valant environ quinze roubles,ou soixante francs au moins, puis le Lièvre noir, d’origine russe également, qui sert à confectionner des manchons ; le Renne #ort-né, très recherché pour sa souplesse el sa légèrelé, qui permettent d’en faire des manteaux de dames. La gorge ainsi que les pattes de la Martre-Zibeline et d’autres animaux, entrent dans les doublures des pelisses. Les Martres-Zibelines servent encore à faire de longs et moelleux boas. Quant aux Petits-Gris, les Russes n’emploient plus guère que l'extrémité de leurs queues, qu'ils réunis- sent en boas. Les Américains, de leur.côté, ont mis en vogue une nouvelle four- rure, le Chien de mer épilé, l'Otarie dont tous les poils les plus longs ont été enlevés (éjarrés) à l’aide de pinces, le duvet restant seul sur le cuir. Cette peau teinte en brun et connue sous le nom de Seal-skin fournit des manchons, des cols, des jaquettes, et des manteaux, d'une couleur et d’un éclat très agréables. | Sig 2 L'Agami berger. — L'Agami est un oiseau de l'Amérique méri- dionale, dont le corps est à peu près aussi gros que celui de nos Poules, mais avec un cou et des jambes plus allongés. Son plumage est noir, excepté sur la poitrine, où il passe du bleu d’acier au jaune d’or, et scintille au soleil comme une plaque de métal poli. L’Agami s’apprivoise tres facilement, surtout en Guyane, et alors, dit le Globe Democrat, journal de Saint-Louis (Louisiane), il s'attache à son maître mais d'une facon excessivement jalouse, et empêche tout autre animal de s’en approcher. Il garde et défend ce qu'il sait être sa propriété. On le voit le matin, conduisant les Canards à la mare, les Poules vers la prairie; quand un des animaux tente de s’écarter, un vigoureux coup de bec le ramène dans le droit chemin. Il préside à la rentrée des troupeaux, et garde les Moutons, tout aussi intelligemment qu'un Chien. Si un carnassier ou un Chien errant s'approche du trou- peau dont il s’est fait le gardien, l’Agami n'hésite pas à engager le combat. Il se précipite en poussant de grands cris sur son adversaire que ses énergiques coups de bec ont bientôt mis en fuite. A l'heure du repas, il s’installe dans la salle à manger, en ayant grand soin de chasser le Chien ou le Chat qui voudraient l’imiter, et attend patiem- ment qu’on songe à lui. Je CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 419 Astéries et Huîtres américaines. — Les bancs d'Huîtres si estimées de la côte Nord-Est des Etats-Unis : Maryland, Connecticut, État de New-York, ceux principalement qui sont situés entre New-York et le cap Cod, Massachussets, dans les parages de Long Island, de Staten Island, la baie de Narragansett et la rivière Providence, sont ra- vagés depuis quelque temps par des légions d'Astéries, faisant subir des pertes très sensibles aux ostréiculleurs. Désirant arrêter cette inva- sion, le gouvernement américain vient de confier l'étude des mœurs de l’Astérie a une commission présidée par le professeur Rathbum, étude dont on déduira les moyens à employer pour la combattre. Les premières recherches de la commission, qui entretient un grand nombre d’Astéries dans l’aquarium de Woods Hall, ont porté sur le mode d'attaque de cet échinoderme. Après avoir étreint l’Huître de ses rayons, il attend patiemment qu’elle s'ouvre pour respirer, applique alors ses organes buccaux sur ies chairs du mollusque, et l’engloulit rapidement, laissant les deux écailles vides. Tout en préférant l’Hui- tre de deux ans, il en détruit également de beaucoup plus grosse et se nourrit aussi de Moules, dont il absorbe six à huit par jour. M. Rath- bum a ensuite entrepris à bord d’un bâtiment à vapeur de la marine de i’État : le Fisk-Hawk, commandé par le lieutenant Smith, une suite d'études ayant l'observation suivante pour point de départ : Un raz de marce qui chassa les Astéries des régions infeslées en 1886 semblerait avoir démontré qu’elles fuient les eaux fortement salées ; elles recher- cheraient par contre les endroits où l’eau se maintient à une tempéra- ture assez basse. Ces deux faits expliquent leur abondance dans la baie de Narragansett et la rivière Providence, où les conditions dési- rées, eau froide et faiblement salée, se trouvent précisément réalisées. Le Fish-Hawk a donc exécuté une série de sondages et de détermina- tions de la température de la mer et de sa densité, en corrélation avec la salure, qui permettront de fixer les points où les Huîtres n'auraient rien à craindre de leur vorace ennemi. Un des principaux ostréicul- teurs de North Port, M. Thompson, propose,en outre de détruire les Astéries par des draguages. Un seul coup de drague en ramenant souvent de 120 à 150 litres, on en pêcherait facilement de 1,000 à 2,100 livres par jour avec un matériel peu compliqué. Les Astéries soumises à l’action de la vapeur, desséchces à l’air, puis pulvérisées au moulin, constitueraient un excellent engrais pour les maraîchers de Long Island. Le gouvernement pourrait en outre encourager à les détruire au moyen de primes délivrées aux dragueurs, et par la créa- tion de séchoirs à vapeur et d'usine de pulvérisation. Les Astéries qui abondent aussi en Europe sur les côtes hollandaises y servent du reste d'engrais, après avoir été mélangées avec du fumier ou de la terre. Grâce au système fédéral servant de base à la constilution améri- caine, le droit de pêche sur les côtes de chaque État limité par la mer, 420 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. est exclusivement réservé aux habitants dudit État, et les pêcheurs s'entendent généralement pour faire respecter ce droit par leurs con- frères des États voisins. | Le Maryland par exemple, entretient toute une flottille de garde- côtes à l’aide d’une caisse spéciale l’Oyster-fund, la caisse des Huîtres, qu’alimente une taxe de tonnage de 3 dollars, 15 c. 55 payée par les bateaux de pêche. Cette flottille, placée sous les ordres d’un Commo- dore recevant 7,770 c. d'appointements annuels et les vivres quand il est embarqué, se compose de deux vapeurs et de treize sloops à voiles. Les capitaines des navires à vapeur ont un traitement annuel de 9,200 francs, ceux des sloops un traitement de 4,200 c. On se livre beaucoup à l’engraissage des Huîtres dans la baie de Delawau, au sud de la région infestée par les Astéries. On emploie à cet effet des radeaux, sortes d'immenses caisses munies de flolteurs en liège, sur lesquelles on dispose méthodiquement les mollusques, achetés aux pêcheurs, puis les flotteurs sont enlevés, et le radeau descend avec son chargement sur un fond favorable au développement des bivalves. Ces bancs artificiels dragués tous les six à neuf mois fournissent des Huîtres valant de 10 c. 50 à 47 c. le mille. Quant aux Huîtres du golfe du Mexique, elles ont à peu près dis- paru, lisons-nous dans le 7rait d'Union de Mexico. Les banes de la Manche sont épuisés depuis deux ans environ, ceux d’Alvarado depuis une époque plus récente. Les gourmets mexicains en sont réduits aux Huîtres de Tuxpan et de Baltimore, dont le transport est difficile et coûteux sous ces régions tropicales. 11.2; La flore des nécropoles égyptiennes. — Le Musée de Bou- lacq, au Caire, possède une importante collection d'échantillons végé- taux recueillis dans les différentes nécropoles égyptiennes, et que le docteur Schweinfurth fut le premier à étudier. Toutes les plantes aux- quelles ces spécimens appartiennent, croissent encore à l’époque actuelle dans la vallée du Nil, sans qu'après une période de cinquante siècles l'examen le plus minutieux découvre la moindre différence entre la végétation d'aujourd'hui et celle des sépultures. Parmi les fleurs momifiées dont la coloration se distingue encore nettement, nous citerons: la Dauphinelle, Delphinium glaucum, d'un violet rougeâtre ; le Pavot rouge, Papaver somniferum; le Sesbania Ægyptiaca; la fleur rouge brun du Carthame, Carthamus tinciorius ; le périanthe bleu du ZLofus nympheu, etc. Les feuilles de Pastèque contiennent des grains de chlorophylle parfaitement visibles au mi- croscope. Les sépultures de la Ve dynastie, qui régnait 3000 ans avant Jésus- Christ, découvertes dans la pyramide de Gizeh, près de Dahschour, contenaient un grand nombre de ces fleurs et une certaine quantité d'épis d'Orge furent trouvés dans un tombeau près de Sakkara. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 421 Les sépultures de la douzième dynastie, 1500 ans avant Jésus- Christ, que M. Mariette détermina non loin de Thèbes, fournirent des siliques de Moutarde, Sinapis arvensis ; des capsules de Lin, Linum usi- tatissimum ; des Calebasses de Zagenaria vulgaris; des Lentilles de Lens esculenta; des Fèves de Faba vulgaris; des Figues du Ficus ca- rica; des cônes du Pin pignon, Pinus pinea ; des baies de Genévrier, Juniperus Phœnicea ; des fruits du Palmier éventail, Chameærops humilis. Les découvertes les plus intéressantes furent faites à Deir el Bahari, le 5 juillet 1881, dans les sépultures de la dix-huitième dynastie, qui régnait 1650 ans, de la dix-neuvième, 1450 ans, des vingtième et vingt-unième, 1100 et 1000 ans avant l’ère chrétienne. On recueillit des fleurs bleues du Nymphea cærulea et du Nymphea lotus; des Coque- licots, Papaver Rhœas ; des fleurs de la Delphinie, Delphinium orientalis ; des Roses trémières, Alcea rosea ; des fleurs de Sesbanie, Sesbania Ægyptiaca ; des Chrysanthèmes des jardins, Chrysanthemum corona- rium ; du Carthame, Carthamus tinctorius ; des feuilles de Saule, Salix Babylonica. La plupart des momies, ensevelies pendant cetle période, portaient autour du cou et sur la poitrine des guirlandes de feuilles de Céleri, Apium graveolens, entrelacées ; de fleurs bleues du Nelumbium speciosum, du Lotus mystique. Le Céleri réduit par la civilisation moderne à un rôle culinaire de second ordre, était, du reste, lressé chez les Grecs en couronnes décernées aux vainqueurs des jeux néméens. Avec une abondante provision de feuilles de Lawsonie, Lawsonia inermis, qui servaient alors, comme aujourd'hui encore, à teindre en rouge carmin les ongles et la paume des mains des beautés de l'Orient, on recueillit de nombreux produits alimentaires d’origine végétale: des Grenades, des Dattes, des fruits du Figuier sycomore, des Olives, des Oignons, des Raisins à grains longs de 16 à 17 milli- mèêtres sur 10 à 11 millimètres de diamètre transversal, tel qu'il en croît encore en Égypte. Ces Raisins symbolisaient le vin et la bière, également connue des Égyptiens, élait représentée par des couronnes de grains d’Orge malté, aux germes entrelacés. On a beaucoup discuté sur la faculté germinative des graines trou- vées dans les sépultures égyptiennes, mais toutes les tentatives pour faire végéter des graines authentiques sont restées infructueuses, les produits végétaux ensevelis avec les momies étant préalablement soumis à l’action prolongée de la chaleur, qui assurait leur conserva- tion, en détruisant complètement, il est vrai, le pouvoir germinatif. Le fameux Blé des momies, mentionné par divers auleurs comme ayant repris vie après trente ou quarante siècles de sommeil, était un mélange de grains des sépultures et de grains de l’époque actuelle, vendu aux voyageurs par des touristes peu délicats ; et bien entendu, les grains modernes seuls étaient susceptibles de germination. KH.B. Les Muguets et les Giroflées de Wittemberg. — La ferti- A2 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. lité exceptionnelle et la fraicheur du sol de ses jardins, ont classé le faubourg du Château, à Wittemberg, parmi les centres les plus impor- tants de l'horticulture allemande, qui y fait pousser des champs entiers de Giroflées, d’Asters, de Pivoines, de Verveines, de Résédas, de toutes, les fleurs enfin des jardins. La culture du Muguet, introduite, il y a une dizaine d'années, par les frères Grob est une spécialité très rému- néralrice, malgré les soins minutieux qu’elle exige, aussi elle a pris une grande extension, les fleuristes préférant les Muguets de Wittem- berg, à ceux de toute autre provenance. Le Muguet se vent seulement dans sa deuxième, parfois même dans sa troisième année, mais le millier de pieds valant 27 centimes, l’arpent de terre en produit pour 12 fr. 50 c. environ par an. De Berlin qui est leur marché principal, ces plantes sont surtout expédiées en Russie, et aussi en France. On recueille encore à Wittemberg, une grande quantité de graines de Giroflées. Les porte-graines viennent en pots, et sont entourées des soins les plus assidus, surtout au moment de la maturation, car la pluie peut alors compromettre une récolte présentant les meilleures apparences. Les établissements où on se livre à cette culture, pos- sèdent jusqu’à quinze et vingt mille pots, contenant huit touffes chacun, et installés sur d’immenses gradins et répandant en été leur parfum pénétrant sur tous les environs. Si les circonstances sont favorables, cent vingt mille pieds peuvent fournir 15 kilos de graines, mais ce chiffre est rarement atteint et le poids de la récolte ne dépasse géné- ralement pas 7 à 8 kilos. Cette faible masse représente cependant une certaine valeur, la graine de Giroflées de Wittemberg, se vendant 1 centime les 4 grammes, 2 fr. 50 c. le kilog. (Hamburgsche Nachrichten). Expositions. — L'exposition des races canines, organisée par la Société Centrale pour l'amélioration des races de Chiens en France, aura lieu cette année du mercredi 22 au jeudi 30 mai inclusivement, sur la terrasse de l'Orangerie du Jardin des Tuileries. Les demandes d'admission devront être adressées, avant le 9 mai, à M. le Président de la Société, 40, rue des Mathurins. — L'Association horticole marseillaise ouvre du 25 au 30 mai, un concours auquel tous les horticulteurs et amateurs de France et de l’étranger sont invités à prendre part. Les prix consistent en médailles d'or, de vermeil ct d'argent. On peut se procurer le programme au siège de la Société, rue Clapier, 74, à Marseille. Les demandes d'admission seront recues jusqu'au 5 mai. VIII. BIBLIOGRAPHIE. Les Champignons. — Traité élémentaire et pratique de mycologie suivi de la description des Champignons utiles, dangereux et re- marquables, par J. MOYEX, professeur d'histoire naturelle à la Maison de philosophie d’Alix, avec une introduclion par Jules DE SEYNES, agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. J. Rothschild, éditeur, 15, rue des Saints-Pères, Paris. Sous le titre qui précède, la librairie J. Rothschild vient de publier avec le luxe et le soin qui lui sont habituels ur beau volume de 800 pages in-8° orné de 334 vignettes et de 20 planches en chromo- typographie. Cet ouvrage dont l’auteur, M. l’abbé J. MOYEN. est professeur d'his- toire naturelle à la Maison de philosophie d’Alix, se recommande à l'attention de tous ceux qu'intéresse à un titre quelconque l’élude des Champignons. M. Jules de Seynes, agrégé à la Facullé de Médecine de Paris, pré- sident de la Société botanique de France, a voulu en écrivant lui- même l'introduction du érailé élémentaire de mycologie, apporter son concours à l'œuvre de vulgarisation entreprise par M. l'abbé Moyen, la plaçant ainsi en quelque sorte sous son patronage et l'appuyant de l’autorité que lui donnent ses travaux personnels dans cette branche des sciences Potaniques. Il importe de faire remarquer qu’en donnant à son beau livre le sous-titre de 7railé élémentaire, M. J. Moyen a fait preuve d’une bien grande modestie. : Evidemment son œuvre n’est pas une encyclopédie contenant dans tous leurs détails les résultats auxquels est arrivée la science, surtout depuis une vingtaine d'années, mais elle en offre un résumé complet, que l'étudiant, l'agriculteur, le médecin, l’instituteur, et même l'homme du monde passant ses heures de loisir à la campagne, liront avec fruit et sans fatigue. M. J. Moyen s’est posé au début de son travail, cette question : Peut-on espérer que la mycologie devienne une science populaire ? Et la réponse a été : « Oui! mais à une condition essentielle, c’est qu'on puisse mettre entre les mains du public un manuel assez simple pour être compris de ceux même qui n'ont recu que l'instruction pri- maire ; assez méthodique pour être facilement retenu ; d’un prix assez modéré pour être à la portée de toutes les bourses. » Le programme étant trouvé, l'auteur s’est mis à l’œuvre, et par la nomenclature des chapitres il est facile de se rendre compte de la manière dont il a mis en pratique sa théorie. La première partie, traite de l’organisation des propriétés et de la classification des Champignons. 424 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. La seconde, dé la distribution géographique des espèces, de leur variabilité suivant les milieux dans lesquelles elles se aéveloppent, et enfin de leur culture. La troisième, de leur rôle dans ia nature ; de leurs effets utiles ou nuisibles ; de leur emploi dans la médecine et l’industrie; de leur usage et de leur danger dans l'alimentation ; des caractères qui per- mettent de distinguer les espèces vénéneuses. Des symptômes de l’em- poisonnemennt qu’elles produisent. Du traitement à suivre en cas d'intoxication. ; Ajoutons que des tableaux analytiques très simples permettent d’ar- river promptement et sans effort à la détermination de soixante-dix espèces choisies parmi les plus recherchées ou les plus communes. Enfir la Flore proprement dite donne les caractères distinctifs de tous les genres appartenant aux Champignons proprement dits, avec des clefs de dichotomiques d’autant plus commodes pour l'analyse qu’elles n’utilisent jamais que les caractères les plus apparents, les plus faciles à saisir. Nous ne pouvons donc que souhaiter de voir se répandre cet ouvrage si bien compris, si bien exécuté; il est appelé, croyons-nous, à rendre de grands services par la vulgarisation d’une foule de notions aussi utiles qu'intéressantes et ne saurait à ce point de vue laisser indiffé- rents les membres de notre Société dont les efforts et les travaux ten- dent à un but analogue. G. DE GUÉRARD. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. Ayraud (P.-N.). Traité pratique de l'Alimentation rationnelle des Ani- maux domestiques. Paris, 1888. G. Masson, éditeur, 120, boulevard Saint-Germain. L'éditeur. Cope (A.-C.). Reports of the outbreak of rabies among Deer in Rich- mond Park during the years 1886-1887. Londres, 1888. L'auteur. Goubaux (Arm.). Des Aberrations du sens génésique et de l'hybridité chez les animaux. Paris, 1888. Henri Jouve, 28, rue Racine. L'auteur. Landrin (Al). Traité sur le Chien. Zootechnie, Hygiène, Races, Pathologie et Thérapeutique. Paris, 1888. Georges Carré, éditeur, 58, rue Saint-Andreé-des-Arts. L'auteur. Lupton (J.-I.). The recent outhreak of rabies among the Deer in Richmond Park. Londres, 1888. Cassell et Ci. Mayo (Florence). The superior incisors and canine teeth of Sheep. Cambridge, 1888. Printed for the Museum. Le Gérant : JULES GRISARD. y J. TRAVAUX INÉDITS ADRESSÉS A LA SOCIÉTÉ. IMPORTANCE ACTUELLE DE LA CONSOMMATION DE LA VIANDE DE CHEVAL Par M. E. DECROIX Président honoraire de la Société protectrice des Animaux. (Extrait du Compte rendu sténographique). Messieurs, il y a une dizaine d'années que j'ai fait une D baton sur l'importance de la consommation de la viande de Cheval. Pour ceux de nos collègues qui, depuis long- temps, assistent à nos séances ou lisent le Bulletin, ce que je vais dire. n’a peut-être pas un grand intérêt ; mais pour nos nouveaux collègues, je vais indiquer comment notre Société a pris une part très active dans la fondation du comité de pro- pagation de la viande de Cheval, et je ferai ensuite connaitre les résultats obtenus. Je rappellerai d’abord que notre illustre fondateur, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, a publié, en 1856. un ouvrage extrêmement important, sur les substances ali- mentaires et en particulier sur la viande de Cheval. Dans cet ouvrage, M. Geoffroy Saint-Hilaire écrivait : « 7! » y a des millions de Français qui ne mangent pas de » viande et chaque mois, des millions de kilogranrnes de » bonne viande sont, par toute la France, livrés à l'in- » dustrie pour des usages secondaires, ow même jetés à » la voirie » (1). | Ce cri d'alarme étant poussé, des expériences ont été faites sur les qualités nutritives et gustatives de la viande de cheval, notamment à l'Ecole vétérinaire d'Alfort. En 1860, ces qualités ne pouvaient plus être contestées. M. Geoffroy désirait beaucoup faire ouvrir des boucheries spéciales ; cependant il est mort sans en avoir vu une seule fonctionner en France. (1) Lettres sur les substances alimentaires et particulièrement la viande de cheval, p. 57. 5 Mai 1889. 28 496 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. J'avais lu les travaux de notre fondateur, lorsque mon régiment, le 1 chasseurs d'Afrique, fut désigné, en 1859, pour faire partie d’une colonne expéditionnaire organisée pour opérer dans le Maroc. J'avais pour colonel, M. de Mon- talembert (le frère du grand orateur). Mon propre Cheval ayant été abattu pour cause de paralysie dès notre entrée sur le territoire ennemi, je demandai à mon colonel s’il voulait bien laisser servir de la viande de Cheval à la table de l'Etat-major. Toute liberté m'ayant été laissée, je fis porter ua filet à notre cuisinier, qui trouva cette viande bien plus belle que celle de nos maigres bovinés. Les chasseurs d’A- frique pensant avec raison, que ce qui était bon pour les offi- ciers devait être bon pour eux, prirent également de cette viande, de sorte que toute la chair de mon Cheval fut enlevée en quelques instants. Alors je me suis dit que si nous étions heureux de manger du Cheval pendant une pénurie passagère, il y a dans tous les pays des pauvres qui manquent de viande, et qui accepteraient volontiers de manger du Cheval, s'ils en connaissaient les qualités. | C'est à partir de ce moment que je me suis occupé active- ment de la propagation de l’usage alimentaire du nouvel ali- ment, notamment à Alger. Plus tard je suis venu à la Garde de Paris, où j'ai i continué l'entreprise commencée. IL n’est point nécessaire d’avoir beaucoup de bonnes idées en ce monde, mais quand on en a une, il faut tàcher de la mettre en pratique. C’est ainsi que, arrivé à Paris, je me suis associé à des hommes de bien pour constituer un Comité de la viande de Cheval, dont M. Henri Blatin fut président et M. Bourrel, trésorier. Pendant quatre ans, ce Comité a fait beaucoup de dé- marches pour arriver à propager l’hippophagie. La première boucherie a été ouverte le 9 juillet 1866. A partir de ce moment, la consommation de la viande de Cheval a toujours été en augmentant jusque dans ces der- niers temps. M. Geoffroy Saint-Hilaire estimait que, en 1856, à Paris, on livrait chaque année à l’équarrissage environ 16,000 che- vaux morts ou abattus. En HPDOSARN que un tiers ou un quart de ces animaux fussent impropres à l'alimentation, il restait 10 à 12,000 chevaux comestibles. 10,000 chevaux par an, pour Paris, c'était peu si l’on veut; mais que dirait-on si un indi- DE LA CONSOMMATION DE LA VIANDE DE CHEVAL. 427 vidu prenait un pain pour le jeter à la Seine ? Si on ne doit pas laisser perdre un pain, à plus forte raison ne doit-on pas lais- ser perdre des milliers de kilogrammes de viande de Cheval. Je vais maintenant vous donner les totaux, pour Paris, de la consommation des Chevaux, Anes et Mulets, depuis le 9 juillet 1866 jusqu'au 31 décembre 1888. (Le rendement total en viande nette a d’abord été fixé par l'administration à 190 kilogrammes pour Chevaux et Mulets, et 0 kilogrammes pour les Anes. — D’après mes propres recherches, la moyenne pour les Chevaux a été calculée à raison de 225 kilogrammes pour les Chevaux et Mulets à partir de 1881.) ; POIDS NET, ANNEES, CHEVAUX. ANES. MULETS, TOTAL. TOTAL (1). 1866 (2e tr.) 902 : ‘ 902 171,380 be. 7 2,069 59 24 2,132 400.620 1868... 2,297 97 11 2,405 443,310 1869...) 2.622 132 k 2,758 505,340 1870 {lertr.)| 1,904 86 2 1,992 366,440 1870 {2° tr.) Srèges . ... : à ; 1871 (1erir.) 64,362 633 3 65,000 12,261,100 Commune... 1871 (2tr.]| 1,863 250 A7 AY 2130) 369,700 1872 5,034 6735 rh dns ea: 994,580 AP de. 7,834 1,092 51 8,977 || 1,552,750 | SRE 6,659 496 29 7,184 1,295,520 1875 6,448 394 23 6,865 1,249.190 1876 8,693 543 35 9,271 1,685,170 1877 10,008 538 53 10,619 1,939,490 1878 10,800 488 31 11,219 2,082, 290 1879 10,281 5929 26 10,836 1,982,620 1880 9,012 307 32 9,351 1,732.520 1881 9,293 349 31 9,673 1,789,020 1882 10,891 340 34 11,265 2,473,113 1883 12,776 409 52 13,237 2,906,750 As | 14,548 346 32 14,926 3,297,800 1885 16,506 381 53 16,940 3.744.825 1886 18,051 355 29 18.435 4,085.750 fase. : 16,203 204 39 16,446 3,664,650 1888 17,256 246 43 17,545 3,940,000 LER ACTA VEN EE 408 | Toraux.| 266,312 8,971 671 275,660 54,926,190 (1) Non compris la cervelle, la langue, le foie, le cœur, les reins, etc., qui sont consommés comme ceux du bœuf, 498 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Si nous comparons ces chiffres avec ceux qu'avait donnés. M. Geoffroy, il y a près de trente ans, nous voyons qu'il y a beaucoup plus de solipèdes livrés à la consommation qu'il ne l'avait prévu. Cette différence tient à ce que notre population chevaline, pour le département de la Seine, a considérable ment augmenté depuis trente ans. De Paris, l’hippophagie s’est propagée en province. Actuel- lement il y a, dans toutes les grandes villes de France, des boucheries chevalines. De sorte qu'on ne laisse plus perdre la viande des Chevaux sains ; on ne conduit plus au clos d'é- quarrissage que les animaux morts de maladie, ou trop maigres, ou trop vieux, ou plutôt trop épuisés. En effet, un vieux Cheval de vingt ans en bon état et reposé, est plus tendre qu’un jeune qui est maigre et fatigué. D'après les chiffres officiels qu'a bien voulu me donner M. le Préfet de police, il y avait dans le département de la Seine, au 1® janvier 1889, cent trente-deux boucheries cheva- lines. Le nombre des Chevaux actuellement livrés à la con— sommation, ainsi que le nombre d’étaux sont arrivés, je crois. à leur apogée, à Paris. On ne peut guère compter sur une augmentation ; eu égard à la population chevaline du dépar— tement. | Le prix de la viande de Cheval est à peu près égal à la moitié du prix de la viande de Bœuf par morceaux corres- pondants. Aïnsi, le filet de Bœuf est vendu 2? fr. 50 les 500 orammes, le filet de Cheval est vendu 1 fr. 25. Les bas mor- ceaux, qui sont de 40 à 60 centimes pour le Bæœuf, sont de 20 à 30 centimes pour celle dont il s’agit. La viande de Chewal est plus saine et plus nourrissante que celle du Bœuf. À em- bonpoint égal, il faut 5 kilogrammes de viande de Bœuf, pour nourrir autant que 4 kilogrammes de viande de Cheval. C'est que la viande de Cheval est faite de bons matériaux : Paille, Foin, Avoine ; tandis que le Bœuf est engraissé .aves des herbes, des résidus de fabrique, des tourteaux, de la drèche, etc., ce qui ne peut donner une viande aussi bonne, aussi nourrissante que celle du Cheval. On a fait bien des fois manger du Cheval pour du Bœuf, sans que personne ait pu s’en douter ! Et quand on veut faire manger un bon filet de Chevreuil, on prend un filet d’Ane, on le fait mariner un peu et on invite les amateurs. Générale-. ment ils disent: « Voilà longtemps que je n'avais mangé un DE LA CONSOMMATION DE LA VIANDE DE CHEVAL. 429 aussi bon filet de Chevreuil ! » C’est ce qui est arrivé il n'y a pas bien longtemps, chez un avoué, où un filet d’Ane a été mangé comme filet de Chevreuil..... de l’Arcadie ! (Rires.) Si l'hippophagie est entrée dans la pratique, c'est que le Comité de propagande a été secondé pécuniairement. Je dois dire que le premier don important recu par le Comité de la viande de Cheval a été fait par la Société d’Acclimatation ; elle a pris part à la souscription pour la somme de 500 francs. Voila pourquoi, de temps en temps, je rends compte des résultats obtenus par ce Comité. Je dois ajouter que ce Co- mité a été composé en partie par des membres de notre Société, et notamment par notre Président actuel. La souscription ouverte par le Comité de propagande s’est élevé à 7,797 francs et lies dépenses jusqu'à ce jour, à 7,782 francs. Nous n'avons presque plus rien en caisse, notre but étant atteint. Néanmoins le Comité existe encore, pour le cas où il y aurait des difficultés dans l'avenir. L'Hippophagie a exercé une heureuse influence sur la po- pulation chevaline de la Capitale. On voyait sur la voie pu- blique, il y a une vingtaine d'années, beaucoup de Chevaux maigres, exténués, blessés, tombant dans les harnais. Aujour- d'hui, on trouve qu’en général les Chevaux sont notablement en meilleur état. C’est en prévision de ce résultat que la Société protectrice des animaux est venue largement en aide au Comité de pro- pagande en versant 1,000 francs à la souscription qu'il avait ouverte. Autrefois, tous les Chevaux qui allaient au clos d'é- quarrissage ne recevaient aucun soin : un baquet d’eau, une poignée de Foiïn; c'était autant de perdu, les animaux devant être sacrifiés. Le boucher peut n'être pas plus tendre pour ses animaux que l'équarrisseur, mais son intérêt est de leur donner à boire et à manger, afin d’avoir de bonne viande. Toutefois, à mon avis, ce serait une mauvaise spéculation que de chercher à les en- craisser ; l'estomac du Cheval n’est pas organisé aussi bien que celui du Bœuf pour produire autant de viande avec un aliment quelconque — 100 kilogrammes de Foïn, par exemple. Un Cheval et un Bœuf, dans les mêmes conditions autant que possible, recevant la même ration, n’augmenteront pas égale- ment de poids ; le Bœuf augmentera davantage. Voici com- ment les choses se passent dans la pratique : 430 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Un boucher achetant dix, quinze chevaux au marché, il commence par abattre ceux qui sont dans le meilleur état ; les autres, il les banchit. On leur donne un peu de farine d'Orge, un peu de Foïn, on les laisse reposer quelque temps et alors la viande prend un plus bel aspect. Dans ces conditions, la viande de Cheval est plus nourris- sante que la viande de Bœuf; je ne dis pas toujours aussi agréable. La viande de Bœuf n’a pas droit d'entrée chez moi, ma porte lui est interdite. (Apptaudissements.) Je ne veux pas que les pauvres, les ouvriers, qu’avaient en vue les propagateurs du nouvel aliment, puissent me dire que je leur conseille de manger du Cheval alors que je mangerais de bon Bœuf. Joignant l'exemple au précepte, je veux pou- voir dire à ceux qui ont grand’peine à vivre : Prenez donc de la viande de Cheval. Il m'a été quelquefois répondu : Maïs, Monsieur, j'en ai. acheté ; elle est plus chère que la viande de Bœuf! — Qu'a- vez-vous demandé ? — J’ai demandé un morceau de filet pour faire un bifteck. — Ah ! si vous vous permettez de choisir du filet !... Prenez donc, comme moi, des morceaux à 30 cen- times et même à 20 centimes pour le pot-au-feu. Actuellement, dans toutes les grandes villes de France, il y a des boucheries de viande de Cheval; cette viande est plus saine et plus nourrissante que la viande de Bœuf, mais non plus agréable au goût, au contraire ; aussi, quand je veux vivre pour manger, je prends du Bœuf; quand je veux manger pour vivre, je prends du Cheval. Mais, pour le pauvre qui à faim, la question de délicatesse du goût est secondaire, l'important pour lui, c’est d’avoir de quoi se nourrir. Le progrès qui nous occupe n'intéresse pas seulement le pauvre; le riche en retire également des avantages : Autrefois, l’équarrisseur payait les Chevaux hors de service 10 à 20 francs. Aujourd’hui, le boucher les paie de 60 à 100 francs, selon le poids et l’état d’embonpoint. Les chevaux trop mai- ores, trop épuisés, sont refusés par les inspecteurs de la boucherie. L'année dernière, il y en a eu deux cent vingt qui ont été reconnus impropres à l'alimentation. Le propriétaire est intéressé à se défaire de son Cheval avant de l'avoir tout-à-fait épuisé. Un cheval qui est souvent ET DE LA CONSOMMATION DE LA VIANDE DE CHEVAL. 431 maladif, qui n’a plus de force, fait peu de travail et coûte néanmoins, pour son écurie, son cocher, sa nourriture, au- tant qu'un bon Cheval; il y a donc tout avantage à avoir tou- jours de bons chevaux de service. Au point de vue de mes intérêts professionnels, les Che- vaux les plus utiles, sont les Chevaux vieux, épuisés, mala- difs ; ce sont, en un mot, ceux qui ont le plus souvent besoin du vétérinaire. Eh bien, je suis heureux et fier de pouvoir rendre ce témoi- gnage, que les vétérinaires ont été d’ardents propagateurs de l'usage alimentaire de la viande de Cheval. Ils ont fait passer l'intérêt général avant leur intérêt personnel. (Applaudisse- ments.) M. le Président. — Quelqu'un demande-t-il la parole à l’occasion de la communication de M. Decroix ?... M. Renard (à M. Decroix). — Pourriez-vous nous donner quelques explications sur la viande de Chien ? M. Decroix.— Voici ce que je puis dire sur la viande de Chien : Un jour, un de mes beaux-frères, qui déteste la viande de Cheval (quoiqu'il en ait mangé bien des fois chez moi), arriva un soir à l'heure de mon diner. Je lui fis observer qu'il aurait dû me prévenir, parce que je n'avais pas de quoi lui offrir à diner; que j'étais obligé de le conduire dans un restaurant. — Quand il y a pour quatre ou cinq, il y en a pour cinq ou six ; mais quand il n’y en a que pour un, il n’y en a pas pour deux. — Mon parent ne voulait pas aller au restaurant, disant qu'un morceau de n'importe quoi lui suffirait... Ce soir-là, j'avais justement, pour la première fois, fait préparer un morceau de Chien en Aaricot de Mouton. Je vais à la cuisine ; je goûte mon haricot de Chien... Ne lui trou- vant aucun goût particulier, désagréable, je l’ai fait servir, et nous l'avons mangé sans que mon beau-frère se doutàt de rien. De cette expérience et bien d’autres que j'ai faites ensuite, je conclus que la chair de Chien est bonne ou au moins mangeable. Du reste cela dépend un peu de l'alimentation du sujet, si les Chinois font leurs délices, dit-on, de la viande des Chiens, c'est qu'ils les nourrissent avec du riz (M. Renard fait un Signe d'approbation); tandis que les Chiens qui mangent beaucoup de viande ont une chair moins agréable. 432 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Pendant le Siège, on a mangé des Rats et des Souris; mais si on mangeait tous les Rats de Paris, il n’y en aurait pas pour un déjeuner de la population. Même observation pour la viande de Chien. La viande de Cheval, au contraire, constitue une ressource importante, aussi bien dans les conditions ordinaires, qu’en cas de siège ou pour les armées en campagne. En ce qui à trait aux armées en campagne, qu'il me soit permis d'ajouter quelques mots. Pendant les expéditions que j'ai faites en Algérie, de 1845 à 1859, combien de fois n’ai-je pas vu abandonner aux Cha- cals la chair des Chevaux tués ou blessés mortellement, alors que nous étions: privés de bonne viande ? Et pendant le siège de Sébastopol, combien de bonne viande de Cheval n'a-t-on pas laissé perdre, alors que l’armée française souffrait de la faim {au moins pendant l'hiver 1854-55) ? Ce qui peut paraître incroyable aujourd'hui, c’est que l'ignorance ou le préjugé ait été assez enraciné pour qu'aucun médecin, ou vétérinaire, ou officier n'ait pris résolument la question en main, Comme j'ai commencé à le faire seulement en 1859. N’aurions-nous pas dû nous rappeler que, pendant les guerres du premier empire, l’illustre baron Larray avait nourri bien des fois ses #7alades avec de la viande de Cheval. Et si les malades se trouvaient bien de cet aliment, les hommes en santé ne devaient-ils pas s’en trouver mieux encore ! On fait depuis quelques années beaucoup de conserves de viande de Bœuf, notamment en Amérique. Est-il bien certain que, dans ces préparations, le Cheval ne remplace pas quel- quefois et très avantageusement le Bœuf ? — En tous cas, ce n’est pas moi qui me plaindrais d’une telle substitution. M. le Président. — M. Decroix vous a dit les services que rend l’hippophagie à la population pauvre et à la protection des Chevaux; il n’a pas dit assez qu'il a été pendant vingt- cinq ans l’apôtre de cette cause, et l’apôtre zélé, énergique, tenace, au-dessus de tout éloge. C’est un hommage auquel vous vous associerez tous, j'en suis sûr. EE DE L'HYBRIDITÉ CHEZ LES GALLINACÉS Par M. HUÉT Aide-naturaliste au Muséum d'histoire naturelle, La question des hybridations chez les oiseaux et surtout chez les Gallinacés, est des plus intéressantes, non seulement au point de vue de ce que les résultats peuvent donner rela- tivement à l’espèce, mais encore au point de vue des modifi- cations qui surviennent chez ces oiseaux issus d'espèces quelquefois très différentes. Sans parler de nos devanciers, qui sont déjà oubliés, je dirai que M. le professeur Milne Edwards, depuis qu'il est chargé de la direction de la ménagerie du Muséum d'histoire natu- relle, n’a jamais quitté de vue cette question si complexe dont nous parlons en ce moment; c’est ainsi que nous avons obtenu des métis de Faisans dorés et de Faisans d’Amherst, dont les jeunes s'élèvent je puis dire plus facilement que les oiseaux dont ils sont issus et qui se reproduisent parfaite- ment, mais ici, dira-t-on, nous avons affaire à des types presque analogues, aussi ne voulons-nous citer ces métis que pour signaler tout ce qui a été obtenu jusqu’à ce jour. Un autre métis qui offre un grand intérêt est celui obtenu d'un Faisan argenté mâle et d’une femelle d'Euplocome du Népaul (Euplocamus leucomelanus), deux oiseaux de type très distinct comme chacun sait; malgré la différence, on a obtenu de ce croisement, des oiseaux qui ont des caractères communs avec le père et la mère et ces caractères réunis, donnent, à peu de choses près, ceux d’un type que l'on a nommé l’Euplocamus lineatus, ce fait est donc très intéres- sant à ce point de vue déjà, maïs ce qui l’est plus encore, c’est la facilité avec laquelle ces oiseaux se reproduisent, et com bien les jeunes s'élèvent vite, sans tous les soins que l’on est obligé de donner aux jeunes faisans, la nourriture ordinaire pour les jeunes poulets leur suffit très bien et toujours nous réussissons les éducations de ces oiseaux sans accident, même à l’époque du maillage. C’est donc un oiseau rustique et qui 434 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. certainement, s’élèverait très bien dans nos basses-cours, d'autant plus qu’un mâle suffit pour plusieurs femelles. Nous sommes en ce moment à la quatrième génération et ces oiseaux restent les mêmes, les mâles seulement sont tantôt un peu plus foncés, tantôt un peu plus clairs, mais re- produisent toujours les mêmes caractères. On peut donc considérer ce métis comme bien fixé. Ces oiseaux pourraient très bien, être placés dans nos chasses, ils sont sombres de coloration et seraient assez diffi- ciles à apercevoir au milieu des branchages, ce qui éviterait le reproche que lon fait aux Faisans argentés d'être trop visibles ; il est aussi certain que la chair de cet oiseau doit être très bonne à manger. Je citerai encore un superbe métis, c’est celui du Faisant à collier mâle avec la femelle du Faisan argenté; ce produit est très riche de couleur, variant de blanc et de brun chez le mâle, la femelle est rousse mais plus claire que la femelle d'Argenté ; ce sont de magnifiques oiseaux quisont de taille plus forte que le Faisan argenté. Au printemps de 1887, l’une des femelles a pondu trois œufs qui ont été mis à couver, un seul est éclos, mais malheureuse- ment, le jeune est mort quelques jours après, nous ne pouvons donc pas certifier la reproduction ; nous avons deux paires de ces métis et en très bon état, nous espérons donc qu’au prin- temps nous pourrons voir ces oiseaux se reproduire. Lorsque l’on voit des oiseaux si différents que le Faisan argenté et l’Euplocome, le Faisan à collier et le Faïsan ar- genté, s'accoupler et donner naissance à des jeunes, on peut donc dire que ces gallinacés ont une tendance à se croiser facilement, il y a donc là quelque chose à faire puisque, joint à cette facilité d'accouplement, il naît des jeunes plus forts et plus rustiques que les parents dont ils sont nés, nous pen- sons qu'il sortirait de ces métis, des races qui, en se fixant, donneraient un bon résultat au point de vue de l’alimenta- tion; installés dans nos grandes forêts, ils s’y reproduiraient avec une grande facilité. Nous engageons donc les éleveurs à poursuivre ces essais, certain d'avance, qu'ils trouveront là un sujet très intéres- sant d'étude, mais encore qu'ils obtiendront des résultats, qui les dédommageront de leur peine. INTRODUCTION DU WHITEFISH (COREGONUS ALBUS) DANS. LE LAC D’ANNECY PAR M. F. LUGRIN, NOTE PRÉSENTÉE Par M. C. RAVERET-WATTEIL. Dans la séance du 18 mai 1888 (1), je signalais une intéres- sante tentative d’acclimatation entreprise par un pisciculteur distingué du département de l'Ain, M. Lugrin, dont notre Société a déja récompensé (2) la méthode d'élevage, laquelle consiste en l'emploi exclusif de proies infiniment petites pour la nourriture de l’alevin (3). Je faisais connaître que M. Lu- orin s'occupe d'introduire dans le lac d'Annecy le Whitefish (Coregonus albus) de l'Amérique du Nord. Or, comme je l'ai déja signalé, cet essai présente un double intérêt. En effet, la faune ichtyologique du lac d'Annecy ne comprend pas de Corégones ; il y aurait donc grand avantage à doter les eaux de ce beau lac d’un poisson appartenant au même genre que la Féra, du Léman, et le Lavaret, du lac du Bourget, et le résultat serait d'autant plus remarquable qu'il s’agit d'une espèce étrangère. Mais sa qualité d’étranger n’est pas la seule recommandation en faveur du Whitefish ; l'excellente qualité de sa chair, sa rusticité relative (4), sa croissance rapide et sa erande fécondité le signalent à l'attention des pisciculteurs. Aussi, en Suisse, l'Administration s’occupe-t-elle de l’intro- duction de cette espèce dans plusieurs lacs et, d’après les ren- seignements que je dois à l’obligeance de M. le D" Victor Fatio, de Genève, les essais ont déjà réussi sur quelques points, (1) Bulletin (Procès--verbaux) 1888, p. 658. » (2) Une grande médaille d'argent (hors classe), à l’effigie d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, a été décernée à M. Lugrin en 1883. (Bulletin, 1883, p. Lxxxv). (3) Conf. Bulletin, 1882, p. 591, et 1887, p. 290. (4) À l'établissement cantonal de pisciculture de Genève, le directeur, M. Ernest Covelle, m'a montré des Coregonus albus qu’il avait élevés dans des aquariums de 2 mètres cubes tout au plus, et qui, dans ces conditions si défa- vorables, avaient pris un développement beaucoup pius rapide que ne l’eussent fait des Truites placées dans le même milieu. 436 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. notamment dans le lac Saint-Moritz, en Engadine {à 1,800 mètres d'altitude), où il n’y avait jamais eu que de la Truite et pas de Corégones. Dans le lac de Genève, les essais, bien «çue portant sur des centaines de mille alevins, n’ont pas donné jusqu’à présent de résultats, ce qui tient, suivant toute probabilité, à ce qu'au moment où les alevins de Corégones sont mis en liberté, les parties peu profondes du lac sont parcourues par des bancs de petites Perches qui, extrêmement voraces, font une guerre acharnée au produit du frai des Gar- dons et des Ablettes et s’attaquent naturellement de même aux alevins de Corégones. Pour éviter des pertes analogues, M. Lugrin s’est bien gardé de mettre dans le lac d'Annecy des alevins nouvelle- ment éclos, alevins qui, plus petits que des larves de Cousin, eussent probablement été bientôt tous détruits. Profitant de son système d'élevage, qui lui permet de garder et de nourrir en étroite captivité ces poissons minuscules, M. Lugrin s’est uniquement servi de sujets de 14 mois environ, qui mesuraient à cet âge, de 10 à 12 centimètres de longueur et pesaient de 8 à 10 grammes. Au printemps de 1888 [fin avril et commence- ment de mai), il versait dans le lac 5,000 de ces poissons qui, vigoureux, alertes, très bien portants, avaient parfaitement supporté le trajet, assez long, de Gremaz à Annecy (1), et ne pouvaient manquer de réussir dans le milieu favorable où on les mettait. Au commencement de septembre dernier, soit «juatre mois après la mise en liberté des alevins, le conduc- teur des Ponts-et-Chaussées, chargé de la surveillance du service de la pêche du lac d'Annecy, M. Millet, signalait l'exis- tence de nombreuses bandes de ces jeunes poissons, qui se tenaient à une assez grande profondeur. On put toutefois réussir à en pêcher un pour s'assurer de leur développement. Il mesurait 0,23, ayant ainsi doublé de longueur, et pesait 120 grammes ; il avait donc grossi de 110 grammes en quatre mois, soit près d’un gramme par jour. Or, ce poisson n'avait pas été choisi, et ne paraissait pas être un des plus gros de la (1) Ce voyage, d’une durée de plus de sept heures, exige plusieurs transbor- dements et comprend un premier parcours d’environ 30 kilomètres en voiture. Le trajet s'effectue ensuite en chemin de fer jusqu’à Annecy. Là, une voiture ect de nouveau nécessaire pour gagner, sur les bords du lac, les divers points désignés à l'avance pour recevoir les alevins. Ceux-ci avaient été placés dans des tonneaux et des bidons en fer-blanc, dont l’eau ne fut pas renouvelée en route. La perte, pendant le trajet, ne s’est pas élevée, toutefois, à plus de 4 0/0. rite le INTRODUCTION DU WHITEFISH DANS LE LAC D’ANNECY. 437 bande dont il faisait partie. A la vérité, la nourriture est très abondante dans les eaux du lac ; aussi, le tube intestinal de ce Corégone était-il absolument rempli de Daphnies et de Naïs. Du reste, avant d'entreprendre son essai d’acclimata— tion, M. Lugrin s'était assuré, par des pêches faites à diverses profondeurs, avec des filets de mousseline, que les Entomos- tracés et les larves d'Ephémères existent dans ces eaux en quantités considérables, offrant une ressource précieuse pour la nourriture des Corégones. Mais il paraît en être à peu près de même pour tous les lacs dont la faune inférieure a été convenablement étudiée, pour le lac de Genève, notamment, dont M. le D' Forel a fait une étude si complète, sous ce rapport (1). Si donc les travaux d’empoissonnement n'y ont donné, pour ainsi dire, aucun résultat, alors qu’au contraire la réussite de l'expérience du lac d'Annecy paraît assurée, il faut en rechercher la cause dans la méthode suivie. C’est que, dans un cas, on s’est servi d’alevins trop jeunes, lesquels n'ont pas tardé à disparaitre une fois mis en liberté, et que. dans l’autre, on a suivi une méthode vraiment rationnelle, en employant des alevins déjà grands, vigoureux, sachant fuir le danger et parfaitement en état de résister à quantité de causes de destruction qui n’épargneraient pas des sujets plus jeunes. Cette méthode, déja employée dans la Grande- Bretagne, et surtout en Ecosse, y donne d'excellents résultats. On ne saurait donc trop, je crois, en recommander l'appli- cation chez nous, surtout maintenant que le système d'élevage pratiqué à l'établissement de Gremaz permet de se procurer sans difficulté des alevins de douze à quatorze mois. (1) Dans les parties du lac de Genève que fréquentent les bateaux à vapeur. beaucoup d'insectes aquatiques et autres invertébrés doivent être, toutefois, détruits par les cendres dont ces bateaux se débarrassent sur leur route. Des expériences concluantes ont démontré à M. Lugrin que ces cendres exercent une action mortelle sur une foule de petits animaux servant à la nourriture du poisson; ce qui parait expliquer la pauvreté actuelle de la pêche partout où circulent les bateaux à vapeur. Le poisson, ne trouvant plus à se nourrir, se porte sur d’autres points. Il paraîtrait donc nécessaire d'interdire une pratique aussi nuisible, On peut rappeler, comme fait du mÿme genre, que, dans le voisinage des îles de la Manche (Jersey, Guernesey, etc.), d'importants gisements huîtriers ont été totalement détruits par les cendres que jettent à la mer les navires à vapeur. En même temps qu’elles ont étouflé les huîtres adultes, ces cendres, en recou- vrant les rochers sur lesquels se fixait le naissin, ont rendu toute multiplication impossible. 438 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. P.-S.— Au moment de livrer ces lignes à l'impression, j'apprends, par la communication d’une lettre émanant du service des Ponts-et-Chaussées, que presque tous les pêcheurs de profession du lac d'Annecy (on en compte une trentaine) ont déjà capturé des Coregonus albus, bien qu'ils ne se servent pas des filets employés pour la pêche des Féras, dans le lac de Genève, et des Lavarets, dans le lac du Bourget. C'est donc sans les chercher qu'ils prennent des Corégones ; ce qui prouve que ces poissons doivent être assez nombreux dans le lac et, que, par conséquent, presque tous les alevins qu'on y a versés ont réussi. Ces poissons, dont plusieurs ont déjà été portés sur le marché d'Annecy, pèsent de 1 à 2 hectogr. Le succès obtenu est d'autant plus concluant en faveur de la méthode employée, qu'il y a quelques années, plusieurs centaines de mille jeunes alevins de Féra (Corego- nus fera) furent placés dans le lac sans le moindre résultat : jamais on n’en revit un seul ; tandis que, dans le présent essai, il a suffi d’y mettre 5,000 alevins d’un peu plus d’un an pour que, quelques mois après, on ait pu en repêécher. CEE L'URANIA RIPHEUS Bpv. QUELQUES NOTES SUR SES ÉTATS IMPARFAITS OU LARVAIRES PAR LE R. P. CAMBOUÉ, =: Missionnaire apostolique à Tananarive. Un des plus beaux specimens de la faune lépidoptéro- logique de Madagascar est sans contredit l’'Urania Ripheus de Boisduval, le Papillon-Roiïi « Lolonandriana », comme le nomment les indigènes. L'insecte à l’état parfait est assez connu ; mais, aux états imparfaits ou larvaires de Chenille et de nymphe ou chrysalide, il est loin de l'être autant. Depuis longtemps, dans mes courses et dans mes chasses entomologiques, je cherchais, mais sans succès, l’insecte introuvable sous ses livrées larvaires. Bien d’autres avant moi n’ont pas été plus heureux. J'ai scruté en toutes saisons, mais toujours en vain, les Manguiers du littoral et de l'intérieur de l'ile. Cependant, au dire de ceux qui ont écrit sur l’'Urania Ripheus, la Chenille de ce lépidoptère vivrait sur le Mangifera Indica. Durant mon séjour sur la Côte-Est, pendant la guerre franco-hova, j'avais déjà soupçonné que cette Chenille pouvait bien vivre sur un autre végétal que le Manguier. Obligé, à la fin des hostilités, de quitter le littoral pour regagner Tananarive et les hauteurs de l'intérieur de. l'ile, je recommandai tout particulièrement à un de mes jeunes amis et auxiliaires de Tamatave, M. Benoni Perrot, les états larvaires de l'Urania Ripheus pour qu'il voulüt bien les rechercher dans ses chasses entomologiques. Or, il y a quelque temps, je recus de Tamatave un magnifique specimen du papillon ex lartä de l'Urania Ripheus. En revenant d’une course à la campagne, M. Benoni Perrot avait ren- contré sur une plante nommée par les indigènes « Hazo- Malay » une Chenille inconnue qu'il avait placée dans une cage à métamorphoses. Après une quinzaine de jours de nymphose éclosait, contre toute attente, le Papillon qui m'était immédiatement envoyé avec le cocon et l'enveloppe 440 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. de la nymphe ou chrysalide. Quelques semaines après je recevais dans alcool la Chenille adulte. Enfin, le 23 décembre 1888, M. Benoni Perrot, au retour d’une excursion dans l'intérieur, m'écrivait de Tamatave : — « Je suis de retour depuis hier et m'empresse de vous communiquer les quelques notes que j'ai prises durant le cours de mon voyage sur la Chenille de l’'Urania Ripheus et sa transformation. » J'ai rencontré, toujours sur l'arbre que les indigènes nomment « Hazo-Malay », trois Chenilles adultes que j'ai mises aussitôt dans ma boîte. L'une d’entre elles est morte le lendemain, les deux autres ont mis deux jours pour filer leur cocon, et trois jours environ pour se métamorphoser entièrement. Passées à l’état de nymphe ou chrysalide le 5 novembre, l’une d'elles éclosait dans la nuit du 21 du même mois, tandis que l’autre mourait avant d’éclore. » D’après ce que j'ai observé, la Chenille de l'Urania Ripheus est bien délicate et très difficile à élever. » J'ai cherché sur les feuilles de l’arbre, autour du trone, dans les feuilles sèches, pour tâcher de découvrir des cocons, mais il m'a été impossible d'en trouver un seul. » La Chenille de l'Urania Ripheus est allongée, à peu près uniformément cylindrique, mesurant environ 5 centimètres en longueur et 7 millimètres en diamètre moyen. Elle est hérissée de poils ou filaments isolés sur le pourtour des seements et caractérisés par leur forme en spatule, la par- tie la moins large émergeant du corps de l’insecte. Les pattes sont au nombre de seize; six pattes écailleuses, et dix membraneuses de couleur jaunâtre tachetées et pointillées de noir sur le côté extérieur. La tête grosse et large est aussi de couleur jaunâtre tachetée et pointillée de noir. L'écusson est de même couleur que la tête. Les stigmates sont noirs. Le dessous du corps ou ventre de l’insecte est jaunâtre pour les douze segments. Le dessus ou dos est jaunâtre tacheté et pointillé de noir pour le premier segment, noir pour le second et blanc-jaunâtre tacheté et pointillé de noir pour les neuf autres. La Chenille de l'Urania Ripheus se transforme en nymphe ou chrysalide dans une coque formée d’un réseau assez clair à mailles peu serrées, autour de laquelle l’insecte ramasse des brins de feuilles. La nymphe ou chrysalide de l'Urania Ripheus est arron- rs 5 Golilse tré satire soon fitil hs mes ts ES MS Sat L'URANIA RIPHEUS 8pv. 4{ft die, cylindro-conique, comme chez la plupart des nocturnes, mesurant environ 3 centimètres de longueur sur 8 milli- mètres de plus grand diamètre. Elle est de couleur brune. La durée de nymphose de l'Urania Ripheus, à Tamatave, est d’une quinzaine de jours. L’éclosion du Papillon a lieu vers le milieu de la nuit. L'Urania Ripheus à l'état parfait vole sur les hauteurs centrales de l'Imérina, de janvier à mai. Dans les bas de l'ile, d'après M. Benoni Perrot, on rencontrerait ce Papillon presque toute l’année. ; L’ « Hazo-Malay », sur lequel vit la Chenille de l'Urania Ripheus, est lui-même un curieux végétal. J'ignore s'il a encore été déterminé scientifiquement. En même temps que ces quelques notes, j'envoie à la Société le Papillon ex larva, le cocon et la nymphe ou chrysalide de l'Urania Ripheus. La Chenille adulte viendra plus tard dans alcool. Puisse cette petite communication, en attendant un travail plus complet, contribuer à rétablir enfin la vérité et à résoudre le problème qui a si longtemps divisé les savants au sujet de l'Urania Ripheus. 5 Mai 1880. 29 LEWISIA Par A. PAILLIEUX Er D. BOIS. Chita. Spatulum ou Spæœtlum des Indiens. Racine amère des Canadiens. White Lewisia. Bitter root. Mountain Rose. LEWISIA REDIVIVA PüRS«x. FAMILLE DES PORTULACÉES. Notre attention a été appelée sur cette plante par un rap- port du commissaire de l’agriculture (1) où 1l est dit: « Les Indiens de Californie donnent au Lewisia le nom'de « Spa- tulum ». Sa racine est compacte et fusiforme, de couleur sombre extérieurement, blanche et farineuse intérieurement. Elle fournit abondamment un aliment concentré dont une seule once suffit pour un repas. La plante mérite d’être cul- tivée. » Nous dirons plus tard Ce que nous pensons de la valeur nutritive extraordinaire attribuée par le rapport au Lewisia et affirmée successivement par plusieurs botanistes qui pa- raissent avoir répété, sans autre examen, ce qu'avaient dit leurs prédécesseurs, mais là n’est pas seulement le mérite de la plante; elle est aussi très ornementale, et, par ses fleurs printanières, roses et relativement fort grandes, est tout à fait digne de prendre place dans nos jardins. Et ce n’est pas tout encore ; sa vitalité est tout à fait sur- prenante et fait d’elle une véritable curiosité végétale. Nous allons présenter les renseignements que nous avons recueillis sur son habitat, sur ses propriétés alimentaires, sur sa vitalité et sur sa culture, jusqu'ici bien peu connue, comme plante décorative. (1) Report of the Commissionner of Agriculture for the year 1870. Food pro- ducts of the north American Indians. Washington. Printing office. 1871. LEWISIA. 443 HABITAT. On trouve la plante au sommet du mont Diablo, regardant au nord la Colombie, à l’est, Montana, Utah et Arizona (1). On la trouve partout dans l’intérieur de l'Orégon, près des montagnes, dans les prairies arides le long des rivières (2). Dans les prairies arides, dans le voisinage des rivières Lewis et Téteplate (3). | Sur les bords du Clark’s river (4). PROPRIÉTÉS ALIMENTAIRES. Les natifs en font un grand usage comme aliment. Dé- pouillée de son écorce, la partie blanche intérieure de la racine est bouillie dans l’eau et présente alors une substance sem- blable au Salep ou à l’Arrow-root bouilli. La racine sèche se convertit presque en amidon par la macération dans l’eau froide (5). Elle constitue un aliment favori parmi les aborigènes. L'écorce enlevée, une poignée de racines, bouillie avec de la viande, forme une quantité considérable de mucilage nutritif. D'après Douglas, grâce à leur qualité puissamment nutritive, les racines du Levwisia sont une admirable ressource pour les campements au cours de longs voyages, deux ou trois onces par jour suffisent à un homme, même lorsqu'il a à supporter une grande fatigue (6). VITALITÉ. Les racines du Lewisia ont une telle énergie vitale, que le spécimen de l’herbier de Lewis, comme Pursh le constate, présentant quelques signes de végétation, fut planté dans un jardin de Philadelphie où il vécut pendant un an; et les spé- cimens de Douglas, dans les mêmes conditions, végétèrent quelque temps dans le Jardin de la Société d'Horticulture de Londres (17). (1) Geological Survey of California. Botany. Vol. 1, p. 78. (2) Torrey et Gray. Flora of north America, vol. 1, p.677. (3) Nuttall. Journal of the Academy of naturai Sciences of Philadelphia. (4) Hooker. Botanical miscellany, vol. 1, p. 344. (5) Torrey et Gray. Déjà cités. (6) Nuttall. Déjà cité. (7) Torrey et Gray. Déjà cités. 444 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. La plante est douée d’une extraordinaire vitalité et l’on a enregistré plusieurs cas dans lesquels elle a retrouvé sa vi- gueur et a végété après avoir séché un an ou deux dans un herbier et même après une immersion préliminaire dans l’eau bouillante. C’est à ce fait qu'elle doit son nom spécifique (EF En juin 1826, Douglas avait récolté des spécimens en fleur, mais ils étaient tombés du bateau äans l’eau en descendant un rapide ; en mars 1827, ceux qui se reprirent à vivre, après avoir été comprimés dans l’herbier, furent plantés comme il a été dit plus haut (2). Nous avons eu des spécimens desséchés, conservés deux ans, ou plus, qui donnaient encore de fraiches récoltes de feuilles. Le spécimen sur lequel notre figure a été prise à Kew, ré- colté dans la Colombie anglaise, pour être conservé dans l'her- bier, par M. Lyall, R. N. de l'expédition de délimitation, avait été plongé dans l'eau bouillante à cause de sa vitalité obstinée, bien connue. Plus d’un an et demi après cependant, il pré- sentait des signes de vie et produisait ses belles fleurs dans toute leur perfection, au mois de mai, dans . Jardins Royaux de Kew (3). CULTURE DÉCORATIVE. Levwisia rediviva (Spatlum). Plante très remarquable et très belle, pour rocaille, ressemblant au Pourpier. Elle est très naine, n’ayant qu’un pouce environ de hauteur, et présente deux petites touffes de feuilles étroites, du centre desquelles s'élèvent les tiges à fleur. Les fleurs sont grandes relativement aux dimensions de la plante, mesurant de 1 pouce à 2 pouces et demi de diamètre, et variant du rose foncé au blanc. Les racines sont succu- lentes et ont la propriété de conserver, dans les ce les plus défavorables, leur principal vital. Il lui arrive quelquefois de ne pas développer ses feuilles annuelles, et il s'ensuit que souvent on la croit morte et d'un traitement difficile, quoique ce ne soit pas le cas. ( Geological Survey. Déja cité. (2) Drummond, (3) Botanical Magazine, pl. 5,395. Notre dessin est tiré de la figure coloriée, publiée dans cet ouvrage. LEWISIA. 415 Lorsqu'on la cultive en pot, elle doit être plantée dans des pierres cassées et ses racines doivent plonger dans un Zoam (1) léger, sablonneux, avec de la tourbe. DRE TT LT € D A , 12 ‘=,  f | VA £ LS / } AD // 2 LA ‘ u CL LL ST à / Xe LM 7 ps; 211 Een Lewisia redivirva Pursx. Après la floraison, la plante se recroqueville et présente comme un amas de bouts de ficelle desséchés et tordus, mais telle est la nature de la plante et de là vient son nom (2). (1) Le « loam » des Anglais est une terre franche, d'excellente qualité. Le même nom est appliqué aux « composts » ayant pour base la terre franche. (2) The English flower garden, bÿ William Robinson. London, John Murray, 1883. 446 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Notre obligeant et savant correspondant, M. Havard, chi- rurgien de l’armée des États-Unis, résidant actuellement au fort Abraham Lincoln (Dakota), nous écrivait le 14 juin der- nier (1888) : « Je vous ai envoyé par la poste un petit paquet de racines de Lewisia rediviva (Portulacée), l’une des plantes indigènes les plus recherchées des Indiens de l'Orégon. J'ai reçu ces racines de l’un de mes correspondants et il est assez probable que, si vousle désirez, je pourrai vous en envoyer un autre paquet. » La plante était en pleine floraison au moment de l’arra- chage, ce qui explique probablement la maigreur de ses racines. Elles doivent être beaucoup plus charnues au prin- temps, à la poussée des premières feuilles, époque à laquelle elles sont arrachées par les Indiens. C’est une plante très vivace, comme son nom l'indique, et par conséquent, j'espère qu'en dépit des circonstances défavorables les racines retien- dront leur vitalité jusqu'à ce que vous puissiez les mettre en terre. » Nous avons planté ces racines à la réception, et, dès l'automne, bien qu'absolument privées d’eau, elles laissaient voir des feuilles naissantes. Nous espérons qu'elles nous don- neront des fleurs au mois de mai. Autre lettre de M. Havard, en date du 1® septembre dernier: « Je vais répondre autant qu'il me sera possible à vos ques- tions touchant le Lenwisia rediviva. Les Indiens ne cultivent pas cette plante ; ils l’arrachent dans les terres incultes au printemps (avril) aussitôt que la première rosette de feuilles leur permet de la reconnaître, par conséquent avant sa flo- raison. Ils mangent cette racine séchée ou cuite au four, ce four consistant tout simplement en un trou en terre, revêtu de pierres. Le résultat, après enlèvement de l'écorce, est ce que vous voyez dans le petit paquet ci-inclus, reçu du Washington territory. Ces racines cuites vous donneront la réponse à votre question touchant leur grosseur maxima. De tous les échantillons reçus, je n’en ai pas vu de plus grosses. Les Indiens les mangent telles quelles, ou en font une farine qu'ils consomment, soit comme pain, soit en soupe. » Personne ne s'est jamais avisé de semer des graines de Lewisia. Quoique plante vivace, il est plus que probable que des racines de grosseur moyenne seraient produites la pre— € mière année. Reste à savoir si l’amidon, qui constitue la dis die ddl rt Pr re Brahim : LEWISIA. 447 partie principale de ces racines, serait accumulé en quantité suffisante pour les rendre esculentes. » La plante a-t-elle des souches divisibles ? Je crois que les nombreuses branches de la souche mère pourraient être séparées sans que leur vitalité en souffre. » Les blancs de l’'Orégon et du Washington territory n’en sont pas friands ; ce n'est pas un article ordinaire de leur cuisine. » Noms vulgaires: Anglais, — Bitter root, — Mountain Rose ; — Indiens, — Chita, — Spatulum. » En résumé, ces racines sont nourrissantes, mais leur saveur farineuse n’a rien qui les recommande d’une manière spéciale, et elles semblent beaucoup trop petites pour qu’on les cultive avec profit, à moins que la culture ne puisse les modifier, ce qui est tout à fait possible. » Si le Lewisia est un désappointement comme plante pota- vere, il mérite d'être cultivé comme plante d'ornement. Je compte en‘ recevoir un paquet avant longtemps de manière que je pourrai vous en envoyer encore quelques racines, et probablement aussi des graines. » Nous avons recu ces jours derniers ce paquet, il contenait des graines qui ont été semées immédiatement. Désirant nous assurer des propriétés alimentaires du Lewi- sia, nous avons employés à cette fin les racines cuites que nous avions recues, et nous les avons remises à M. Arnaud, chimiste au Muséum (1), qui s’est offert très obligeamment à les examiner. Nous ne mettions pas assez de racines à sa disposition pour qu'il püt en faire une analyse quantitative, mais assez cepen- dant pour qu'il ait pu nous donner cette réponse : « La racine du Lewisia rediviva ne contient pas de matière azotée, et, par conséquent, pas de matières albuminoïdes, ni d’alcaloïde dont la présence puisse expliquer la valeur nutritive qu'on lui attribue. On ne peut donc la considérer que comme une ma- tière amylacée, analogue à beaucoup d’autres racines ou tubercules. » Comme nous venons de le dire, M. Arnaud ne disposait pas d’une assez grande quantité de racines pour en faire une analyse complète, mais nous avons recu, il y a trois jours (2), (1) Aïde-naturaliste de la Chaire de Chimie organique. (2) Mars 1889. 448 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. de M. Havard, l'analyse suivante, publiée par M. H. Trimble, professeur au collège de pharmacie de Philadelphie : Matière grasse, résine et cire.........s. ses. 4.98 Gommelelauciaee CCC EC EE Er 14.80 Mbummoides tr 21". ae eo Be BON Ne Ie TE ae 3.58 ÉTIUO M MES te eee etes aie cie cle 0e Sie ; 8.57 EAST ARR LE RON RS 3 See io te 2 3 TT RSR Cendre: sr MAIS POP RAM CRETE : 2.53 Fibre ligneuse et matières indéterminées....... 93.31 100.00 et le chimiste américain accompagne son analyse de l’obser- vation suivante, approuvée par M. Arnaud : « La quantité d’amidon trouvée peut sembler faible lorsque l'on considère l'usage qui est fait de la racine du Levwisia, mais la grande quantité de gomme et de mucilage supplée à ce qui manque. » Nous pouvons donc croire, sans nous charger de résoudre la question, que les Indiens se sentent réellement nourris par le « Spatulum » et que la puissance alimentaire qu'ils lui attribuent n’est pas imaginaire. Nous terminerons en recommandant la culture du jh que rend facile son extraordinaire vitalité, soit dans le but d'obtenir de plus grosses racines que n’en présente la plante sauvage, Soit pour ajouter une très jolie fleur aux richesses actuelles de nos jardins. A SE I. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 29 MARS 1889. PRÉSIDENCE DE M. A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté sans observation. — M. le Président proclame les noms des membres récem- ment admis par le Conseil : | MM. PRÉSENTATEURS. A. Gcoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. AZARIAN (Aristakès), banquier, à Constan- | D' Constantin Paul. \ tinople. Am. Berthoule. D' Laboulbène. Raveret-Wattel. BARTAUMIEUX (Ch.), 66, rue de la Boëtie. : . Berthoule. CAILLARD (Paul), au château des Bordes, . a L CrRe 1e d illy (Loiret). TU É commune de Lailly (Loiret) EH RUE Gopix DE LÉépixay (Adolphe), ingénieur { Am. Berthoule. en chef des Ponts-et-Chaussées, 3, rue 4 E. Cosson. Auber. G. Mathias. ; Am. thoule. MARTIN DU NORD (le vicomte), capitaine PRE 3 De eos, à Joigny. Fe Cor Saint-Hilaire. ; Am. Berthoule. PERRIER (Edmond), professeur au Muséum, Dore 28, rue Gay-Lussac. é EN POuURTALES (Bernard-Alexandre-Georges- { Am. Berthoule. Edmond de), 243, boulevard Saint-Ger- ; D' Laboulbène. main. Edgar Roger. SOCIÉTÉ HORTICOLE DAUPHINOISE (Ja), Jardin des Plantes, à Grenoble. SH Am. Berthoule. | E2" Vaillant: — M. le Secrétaire procède au dépouillement de la corres- pondance. — MM. Mouquet et Laville adressent des remerciements au sujet de leur récente admission. — Des lettres de remerciements pour les envois qui leur ont été faits par la Société sont adressées par MM. Denizet, 450 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Rieffel, Mathey, Chandèze, comte R. de Chavagnac, C. de la Croix, R.-M. Romand et Fallou. — M. Jean Dybowski, professeur à l'école de Grignon, annonce à M. le Président qu'il vient d’être chargé, par le Ministre de l'Agriculture, d’une mission ayant pour but de visiter les Oasis du sud de la province de Constantine et d'étudier la culture du Dattier. Il se propose d'envoyer à la Société, des correspondances sur l’objet des études dont il est chargé actuellement. — Me veuve Simon, qui depuis de longues années se livre avec succès à l'éducation des Vers à soie du Chêne en Bel- gique, fait don à la Société d’une petite quantité de graines d’Attacus Yama-mai. — Remerciements. — M. Alfred Wailly écrit de Norbiton (Angleterre) à M. le Secrétaire : « La question des Séricigènes exotiques m'intéresse toujours vivement. » J’ai recu de grandes quantités de Cocons de l’Assam, des A»- theræa Assamensis, Anth. Roylei et Actias Selene. Les Assamensis onî tous péri en route, comme les trois années précédentes, et des autres Cocons il n’y en a que deux ou trois douzaines de chaque espèce qui ont survécu et que je garde soigneusement pour grainage, si la chance me favorise. J'ai perdu en tout près de 700 Cocons envoyés en huit ou neuf boîtes. Par contre, j'ai recu plusieurs centaines de Platysamia Cecropia des États-Unis qu’il me faut vendre, et il m'en reste 500, peut-être plus. » Je n'ai pas encore pu me procurer des Cocons de Pernyi, dont j'ai grand besoin, ne serait-ce que deux ou trois douzaines. Je vou- drais de nouveau tenter l’accouplement du Pernyi avec Le Roylei pour reproduire mon hybride ÆRoylei-Pernyi, disparu depuis plusieurs années. » Je viens de commander 500 œufs d'Ant. Yama-mai, provenant du Japon, d’un correspondant d'Allemagne, j'en aurais demandé davan- tage, mais il est possible que j'en recoive du Japon, d'un correspon- dant qui m'a envoyé plusieurs centaines de Papillons qui sont arrivés quelques jours avant mon départ pour Paris. » Je suis en train de classer mes notes sur les éducations des trois dernières années, et sous peu je vous en enverrai un résumé, me bor- nant à relater ce qu’il y a de nouveau; je dirai quelques mots de deux espèces de la Guyane, des grands Bombyciens de l’Afrique du Sud, et des espèces de l’Assam, pays si riche en Lépidoptères de toutes espèces. eg “Or péri - Dh RE sus: SU RE" PROCÈS-VERBAUX. 451 » J’ai recu dernièrement des Cocons d’une espèce de Séricigène de la Côte d'Or d'Afrique, mais une petite quantité seulement. Les Che- nilles de cette espèce forment leurs Cocons dans des poches, comme le Bombyx Rhadama de Madagascar et autres espèces, mais en moins grands nombres ensemble ; nombre d’entr'elles se coconnent séparé- ment ou à deux, à trois, à quatre, etc. La soie est abondante et brune. Les poches sont d’un tissu très serré. La moilié de ses Cocons a été achetée par la Société Zoologique de Londres, avec nombre d’autres espèces, que je fournis à la Sociélé tous les ans. Au Jardin Zoologique on a une serre pour faire éclore les Chrysalides et élever les Chenilles, et on va probablement en construire une autre plus grande et spécialement adaptée aux éducations. » — M. Guillaume d’Augy écrit de Châlons-sur-Marne : « J'ai l'honneur de vous adresser un colis postal renfermant de Ia graine d'Épinard rouge (Basellu rubra) ; cette graine doit être plantée à 50 centimètres de distance, car les Épinards atteignent 3 mètres de hauteur et produisent jusqu'aux gelées d'octobre, époque à la- quelle on peut les fagoter. Les Épinards rouges deviennent verts après la cuisson et à mon avis ont un goût plus fin que l'Épinard ordinaire. Je vous remercie de votre envoi de Séachys; je les ai plantés dans une terre bien fumée et j'espère qu'ils pousseront. » — M. le D' Auguste Vinson écrit de Saint-Denis (île de la Réunion) à M. le Président : « La rectification pour laquelle j’ai l'honneur de vous écrire est peu de chose en elle-même: ellz ne peut avoir d'utilité qu’au point de vue de l’exactitude scientifique bonne à observer dans ses moindres objets. » Dans un travail savant et plein d'intérêt sur les Palmiers utiles et leurs alliés, publié dans le Bulletin de la Société d'Acclimatation de France par M. Jules Grisard, secrétaire de la section des végétaux et M. Maximilien Vanden-Berghe, membre de l'Académie des Sciences pratiques et des Arts industriels, le genre Vinsonia, dédié à mon père par M. Charles Gaudichaud, est écrit (année 1888, page 668) : Vinconia sylvestris. Vinconia utilis, au lieu de Vinsonia sylvestris et Vinsonia utilis. Vinsonia humilis. » Si j'invoque cette petite rectification d’une seule lettre, c’est que mon père, ancien chirurgien de la marine, attaché dans sa jeunesse avec MM. Quoy et Gaudichaud au service de l'hôpital de Rochefort, s’est trouvé très honoré du témoignage d’estime qu’un homme qui brilla par la bravoure, par la science et par le cœur, avait cru devoir lui décerner. » Placée près des Palmiers, cette famille des Pandanées, offrant dans nos climats des Monocotylédonés grands, majestueux, utiles 452 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. pour la plupart, avait, durant ses voyages, attiré l'attention et fait l'admiration de Charles Gaudichaud. Ces plantes étaient alors peu connues et notre ami avait voué à leur élude et à leur classification une grande partie de son temps. Il avait, dans ce genre jusque là unique de Pandanus, découvert et distingué bien des genres différents, que L. A. de Jussieu avait laissés dans ses incerlæ-sedis et qui paru- rent si importants à Robert Brown, qu'il avait cru devoir fonder une famille nouvelle : celle des Pandanées. » Gaudichaud publia de très belles planches gravées sur les genres qu’il fondait dans cette famille avant rnême de les décrire. La mort l’'empêcha de donner à cette dernière partie toute l’étendue qu’il se proposait. Mais il avait assez fait pour permettre à des successeurs plus heureux de donner plus de suite à ses remarquables travaux. Ce savant botaniste ne voulait livrer à la publicité aucun écrit qu'il ne l’eût médité longiemps et épuré. Cette sévérilé excessive envers lui borna ses travaux. Faligué par deux voyages aulour du monde, il en avait rapporté une affection pulmonaire qui chaque hiver l'enlevait à ses études favorites. Dans sa conversation parlant facilement, il s’ex- primait avec l'animation qui marquait une grande sensibilité; et si l’on avait pu sténographier les récits de ses voyages, les explications qu’il donnait sur les végélaux qu'il avail vus et étudiés, sur la des- cription des genres et leur distinction, il aurait laissé des ouvrages pleins d'intérêt et d'utilité pour la science. Ses luttes avec M. de Mirbel, devant l’Académie des sciences, pour défendre et établir son système d’organogénie végétale, né d’une inspiration de La Hire et de la théorie de Du Petit-Thouars, prirent tout son temps, abrégèrent son existence et portèrent un préjudice considérabie à des travaux puisés dans ses voyages et qui lui assuraient une gloire plus tranquille. » Les genres qui composent la famille des Pandanées sont très caractérisés et très distincts, puisque M. Ad. Brongniart a pu faire d'un seul genre Freycinetia, créé par Gaudichaud et dédié par lui au commandant de son expédition sur l’Uranie, une famille entière, celle des Freycinétiées (Freycinetiæ), à caudex arborescent, le plus souvent radicant ou grimpant, ayant le port des Pandanus, originaires de l’Asie et de l'Océanie tropicales, et croissant dans l’île de Norfolk et dans la Nouvelle-Zélande. Avec ces idées si bien préparées par l'initiative de Charles Gaudichaud, une monographie sur la classe des Panda- noidées serait facile à réaliser. M. Ad. Prongniart, s'inspirant des vues de Gaudichaud, en a en quelque sorte tracé le plan. » Si l’on veut une preuve de l'importance qui s’attache à la fa- mille des Pandanées (sans parler des espèces inconnues que renfer- ment les forêts inexnlorées du Madagascar), — nous pouvons montrer que, dès novembre 1856, notre petite île de la Réunion et son jardin botanique possédaient dans le genre Vinsonia quatorze espèces, dont deux entièrement nouvelles trouvées aux îles Comores et dont trules ” mm made de Bree M dites Se ve gg + ‘gt PROCÈS - VERBAUX. 453 sont ainsi réparties, d'après le catalogue publié par feu Claude Ri- chard, conservateur du Jardin botanique de l’île de la Réunion : ji. Vinsonia pyramidalis. Croît dans les marais de Madagascar. 2. Vinsonia muricatus. D. Pet. Thouars. Croit à Madagascar. 3. Vinsonia purpurascens. D. Pet. Thouars. Croît dans les forêts de l'ile de la Réunion. 4. Vinsonia longifolius. Rumpdh. reçue du jardin de Batavia. 9. Vinsonia Caricosus. — Rumph. Espèce recue du Jardin de Ba- tavia. G. Vinsonia candelabrum. Beauv. Espèce recue de la côte d'Afrique. 7. Vinsonia utilis. Bory. Vacoua utile. Ile de la Réunion. Indes. 8. Vinsonia polycephalus. Lamar. à fruits en grappe. Madagascar. 9. Vénsonia spinales. R. Brown. Espèce de la Nouvelle-Hollande. 10, Vinsonia albispinis (spes nov:) de Madagascar et des Comores. 11. Vinssnia Vitltariæfolius. Bojer. à feuilles en ruban. Madagascar. 12. Vinsonia striatus (spes nova) des îles Comores. 13. Vinsonia Bromeliæfolius, à feuilles d’Ananas. Ile de la Réunion. 14. Vinsonia humilis. Rumph. Ile de la Réunion. » Ainsi, sauf une espèce de la côte d'Afrique, une de la Nouvelle- Hollande et deux de Batavia, Madagascar ct la Réunion se partagent les dix autres espèces. » Les noms de ces espèces, indiquant leur caractère principal tiré des formes ou de l’aspect des feuilles, les font facilement reconnaître à première vue. Toutes sont ligneuses et vivent très longtemps. » Excusez-moi, Monsieur le Président, à propos d'une mince reclifi- cation de nom, de vous avoir entraîné si loin dans ces considérations et dans le champ des Pandanées, ces frères des Palmiers de nos pays intertropicaux si pleins de soleil. S'ils y naissent, c’est sans doute pour couvrir l’homme, pour l’abriter, le vêtir et quelquefois même le nourrir. » M. Grisard fait remarquer que ce n’est pas sans raison que le genre Vinçconia, mentionné dans la synonymie des Pandanus, est orthographié avec un ç; en effet, les auteurs, s'appuyant sur l'autorité de Gaudichaud, créateur du genre dédié à M. Vinson, chirurgien de la marine, ont donné l’or- thographe même de ce botaniste. M. Grisard donne lecture du passage du livre de M. Gaudi- chaud relatif à ce sujet (1), et, par une coïncidence bizarre, il se trouve que cet auteur signale, dans sa dernière phrase, le nom Vinsonia, écrit avec un S, comme une erreur s'étant produite sur la légende de la planche. (1) Voyage autour du monde... sur la corvette La BoniTe. Botanique, par M. Gaudichaud, membre de l’Institut ; tome III, p. 117. 454 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. — Le R.P. Camboué fait hommage à la Société de diverses oraines de végétaux de Madagascar. — Remerciements. — Des comptes rendus de leurs cheptels sont adressés par MM. E. Delloye et Rabuté. — M. Paul Chappellier annonce qu'un de nos collèguss, M. Ruinet du Taillis, a la bonne fortune de posséder un individu femelle d'Igname longue de Chine et qu'il espère en obtenir des graines. M. Chappellier, rappelant ses communications à la Société, notamment celle insérée au Bulletin du 5 avril 1888, engage nos collègues à profiter des nombreux tubercules d'Igname ronde de Decaisne actuellement en distribution, qui sont tous femelles pour pratiquer la fécondation artificielle par le pollen de l’Igname longue de Chine, dans le but d'arriver ainsi à la création de la variété méritante pour l'obtention de laquelle la Société a fondé un prix. M. Chappellier insiste sur l'importance, trop souvent mé- connue des résultats que peut donner la pratique de l’hybri- dation. Il cite à l’appui le fait suivant: il a obtenu par la fécondation artificielle entre deux espèces de Belle-de-Nuit un hybride dont le rhizome analogue à celui des Ignames, est beaucoup plus volumineux que ceux du père et de la mère : il a atteint, en effet, une circonférence de 1",10 et un poids de 18 kilos. M. le marquis de Sinéty demande à quelle cause on peut attribuer la disparition des Ignames femelles dans les cul- tures. | M. Chappellier dit qu'on suppose que les pieds mâles sont plus rustiques, et comme dans la culture on n'avait aucun intérêt à multiplier les sujets femelles, on a donné la préfé- rence aux plus vigoureux, mais ce n’est là qu’une simple supposition. — M. le Président fait connaitre que les distributions annoncées par la Société ont été bien accueillies de nos colle- oues et que les demandes recues sont très nombreuses. Nous avons déjà pu faire la répartition de 700 grosses Ignames pour la production des bulbilles et de 2,000 moyennes dites marchandes. Plusieurs centaines de pieds de Goumis et de nombreux sachets de Pitchpin, Érable à sucre et Cirier de Virginie ont été également distribués. om À ee eh us css Ca mg PROCÈS - VERBAUX. 455 Les graines potagères et les œufs de volailles seront envoyés très prochainement. — M. le Secrétaire général fait ressortir l'importance des travaux de repeuplement entrepris par M. Vuillier; la Truite est aujourd'hui abondante dans ses eaux. Quant à l’insuccès sienalé dans l'introduction de l’Écrevisse, il n’a rièn qui doive surprendre ; ce crustacé est, en effet, extrêmement difficile sur le choix de son habitat. Placée dans des eaux qui semblent parfaitement lui convenir sous tous les rapports, l'Écrevisse disparait souvent sans cause connue ou vient mourir sur les bords mêmes de l'étang, de la rivière où on l’a introduite. D'autres fois, elle réussit admirablement. Témoin au lac Pavin, où elle s’est multipliée au point de devenir aujourd’hui une gêne pour la pêche, non seulement parce qu’elle dévore les amorces, mais même encore les Truites prises à l’hamecon lorsque celles-ci sont poussées sur les bords et que le pêcheur n’est pas là pour les enlever à temps. M. le Secrétaire général entretient ensuite l’assemblée de la vente et du colportage des Cailles pendant la fermeture de la chasse. Une discussion sur cette question s'engage entre MM. Ber- thoule, Menard et le marquis de Sinéty. M. le Secrétaire de la seconde section, qui a bien voulu se charger de présenter un rapport sur ce sujet, est invité à en faire le dépôt dans la prochaine séance. — M. le D' Saint-Yves Ménard dépose sur le bureau, au nom de l’auteur, M. le professeur Baron, un ouvrage ayant pour titre : Méthodes de reproduction en zootechnie. — M.le D: Le Play fait une communication sur l'élevage de la Carpe et l'aménagement des étangs. A cette occasion, M. Raveret-Wattel dit qu'un grand tort de la pisciculture française a été de ne s’occuper jusqu'alors que des Salmonides qui ne sauraient réussir partout et qui, par suite, ont donné beaucoup de déboires. Ces poissons deman- dent pour leur élevage des soins particuliers qui se traduisent par des dépenses élevées qui réduisent singulièrement les bénéfices de l’éleveur. La méthode de Dubisch, préconisée par M. le Dr Le Play et appliquée déjà en grand en Allemagne, est susceptible au con- traire de donner un élevage industriel très rémunérateur * 456 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. puisqu'on arriverait, en France, à doubler et même tripler la production. La quantité compenserait ainsi la valeur moindre du produit. HR Du reste la multiplication de la Carpe se fait chez nous avec une trop grande négligence et il importerait de se pro- curer en Allemagne des reproducteurs de la race vigoureuse et à croissance rapide qui y est cultivée. Cette race, obtenue par des soins appropriés, une nourriture abondante et une sage sélection, s'est merveilleusement propagée aux Etats- Unis. Notre Société, ajoute M. Raveret-Wattel, devrait faire tout son possible pour répandre chez nous la méthode si ration- nelle de Dubisch, entreprendre elle-même l'application de ce procédé pour en démontrer les avantages nratiques, et enfin introduire en France la race qui se prête le mieux à ce système particulier d'élevage. Le livre de M.,le Dr Le Play est un excellent guide quian- diquera la marche à suivre. Pour le Secrétaire des séances, JULES GRISARD, Secrétaire du Comité de rédaction, ©, 2 * LT. EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS. 29 SECTION. — SÉANCE DU 19 MARS 1889. PRÉSIDENCE DE M. MAILLES, VICE-PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté sans obser- vations. M. Colcombet, de Saint-Étienne, écrit à M. le Secrétaire général pour savoir si la Poule Campine dorée est susceptible de vivre à l'état sauvage, et par conséquent pourrait être considérée comme pouvant devenir un gibier. M. Mégnin rappelle à ce sujet un article du D" Noll, de Francfort, article qui a été reproduit dans le Bulletin tout récemment (1889, n°4, page 201). M. le Secrétaire général appelle l'attention de la section sur une éclamation de la Chambre syndicale des marchands de volailles, ten- dant à la liberté de la Caille en temps prohibé. M. Mégnin rappelle l’origine de cette question; les marchands de volailles prétendent que la Caille, venant d'Égypte, est d’une espèce toute différente de celle de France. Les savants qui ont été consultés à ce sujet ont donné un avis tout contraire. M. Rathelot dit qu'il ne voit pas pourquoi nous nous priverions de manger des Cailles en toutes saisons, quand nos voisins ne se gênent pas pour le faire. Il faudrait alors que la prohibition fût internationale. D'un autre côté, le prix de la Caille, venant d'Égypte, étant minime, la Caille de France se trouve ainsi protégée, l'interdiction de la vente offrant une prime aux braconniers qui trouveraient à vendre la Caille beaucoup plus cher. M. le Secrétaire général n’est pas de cet avis. A la faveur de cette tolérance, on vend aussi bien la Caille française que la Caille d'Égypte : c'est une porte ouverte au braconnage, et une mesure très dangereuse au point de vue de la reproduction de cet oiseau chez nous. D'un autre côté, la grande quantité de Cailles ainsi détruites, par année, amènera, en peu de temps, la disparition de cette espèce. Du moment que ce gibier reproduit chez nous, il doit être protégé. M. Mégnin rappelle que le grand argument des marchands de la Chambre syndicale est que la Caille suit le méridien dans ses migrations, et que la Caille d'Égypte ne vient jamais en France. Cette assertion est complètement erronée. La section estime que la Société doit présenter un vœu à l'autorité supérieure pour obtenir l'interdiction de la vente de la Caille et charge M. Cloquet de rédiger un rapport dans ce sens. M. le Président, à propos du travail publié par notre confrère. 5 Mai 1889. 30 458 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. M. Magaud d’Aubusson, sur le Syrrhapte paradoxal, fait remarquer qu’il existe une omission assez importante. M. Magaud d’Aubusson ne dit pas comment se comportent les jeunes à leur naissance; si, comme les Gallinacés, ils courent et trouvent leur nourriture eux- mêmes, ou si comme les Pigeons, ils sont gavés. C’est un point fort important à connaître au point de vue de la classification et qui indi- querait si cette espèce tient du Pigeon ou du Gallinacé (1). Quant à son acclimatation en France, on ne peut rien affirmer à ce sujet, les reproductions isolées ne pouvant être considérées comme preuve. M. Mailles ajoute que, d’après le Bulletin de la Société zoologique, la chair de cet oiseau ne serait pas aussi bonne que l’affirme notre confrère. M. Rathelot demande quelle est la nourriture à donner aux Pigeons pour lestenir en état de conservation parfaite. Chez lui, notre confrère a observé qu’au commencement de la végétation, les Pigeons dévorent toutes les jeunes pousses qu’ils peuvent trouver. Il pense donc quil ya utilité de leur donner de la verdure. M. Mégnin répond que ce fait est connu: on peut voir au printemps, les ramiers, sur les pelouses manger beaucoup de gazon. M. Jonquoy dit qu’en effet, en Normandie, au commencement de la belle saison, les Ramiers s’abattent sur les champs de Colza et dévo- rent toutes les feuilles. M. Megnin ajoute que la base de l'alimentation des Pigeons est la Vesce, le petit Blé et le Maïs. En liberté, le Pigeon, comme tous les granivores, trouve une nourriture animale qui lui est nécessaire, entre autre un petit limacon commun dans les jardins. Il absorbe aussi des petits graviers. Le sel est un grand régal pour les Pigeons et les Co- iombidés en général. Quant aux jeunes, les parents absorbent les ali- ments et les dégorgent ensuite aux petits. Il se produit dans le jabot une sécrétion qui macère et ramollit la graine, laquelle, malgré cela, conserve encore une certaine fermeté. M. Rathelot cite le cas d’un Dindon qui avait été trouvé, dans sa basse-cour, couché et presque mort; transporté dans une allée du jar- din, cet oiseau se mit à avaler un grand nombre de cailloux. Quelques moments après, il se trouvait sur pied et courait Comme si jamais il n'avait été malade. M. Mégnin dit, qu'en effet, le gravier est un triturant qui facilite la (1) Cette lacune s'explique par le défaut d'observations vraiment scienti- fiques faites sur les mœurs de ces oiseaux au moment de la nidification et de la naissance des jeunes. Il est curieux et regrettable de constater que les cas de reproduction observés en Europe, en 1888, n’ont donné lieu à aucune com— munication sur ce sujet, Tout ce que l’on peut dire c’est que, suivant quelques auteurs, ces oiseaux auraient l'habitude de dégorger la nourriture et l’eau à leurs jeunes, à la manière des Pigeons, au moins pendant les premiers jours après l’éclosion, (Vo;r Magaud d’Aubusson, Gallinacés d’ Asie, f. 111.) RE D nn À Ê png Rat das La Sheet ab de … © done dt ds und. RÉ EEE + PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS. 159 digestion. Les granivores choisissent des petits grains de sable qui ne dépassent pas la grosseur des graines qui servent de base à leur nour- riture ; aussi est-ce un tort de ne pas laisser, dans les basses-cours, sous prétexte de propreté, des cailloux et de la terre sèche où les oiseaux peuvent se poudrer. Le Secrétaire, Jules CLOQUET. 3e SECTION. — SÉANCE DU 20 MARS 1889. PRÉSIDENCE DE M. MAGAUD D’AUBUSSON, MEMBRE DU CONSEIL. M. le professeur Vaillant s'excuse de ne pouvoir assister à la séance, Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans obser- vations. M. le secrétaire général annonce que M. Raveret-Wattel accepte avec empressement de représenter la section auprès de la commission des chroniques de l'Exposition. M. Berthoule fait ensuite connaîlre que les œufs de Truite arc-en- ciel, que la Société vient de recevoir, sont parvenus en mauvais état, un petit nombre de ces œufs ont été mis en incubation au Jardin d'Acclimatation ; peu d’éclosions en ont été obtenues. Quant à ceux qui ont été réexpédiés à Quillan, ils ont donné des resultats encore plus défavorables. D’autre part, M. Berthoule annonce que environ 500,000 alevins d’Anguilles ont été jetés dans le Danube, dans ces derniers temps. À propos de l’Anguille, MM. Berthoule, Magaud d’Aubusson, Rathe- lot, Cloquet et Mailles discutent sur les diverses hypothèses qui ont ete faites relativement à la reproduction de ce poisson. En définitive, l'incertitude règne toujours sur ce point. M. le Secrétaire général lit une note ayant trait à l'aménagement spécial de wagons, en Norvège, pour le transport du poisson. M. Rathelot communique à la section une peau ventrale de Limande dont la coloration est anormale et analogue à celle de la peau dorsale. M. Berthoule dit qu'il a vu, plusieurs fois, des Truites présentant aussi des teintes particulières. MM. Magaud d'Aubusson et Mailles citent de nombreux cas de colorations individuelles, chez les mammifères, les oiseaux et les batraciens. Le plus souvent, ces anomalies sont dues à l’albinisme, au flavisme et, plus rarement, au mélanisme. Le Secrélaire, Cu. MAILLES. IV. JARDIN ZO0LOGIQUE D’ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE. CHRONIQUE. TEMPÉRATURES DU 10 AU 24 AVRIL 1889. Maxima. Minima. CR Plus haut, Plus bas. Plus haut. Plus bas. Bois de Boulogne...... s'ison Ti 900 + 80,5 + 6o — (00,2 Jardin de Marseille..... ILE er + 14 + 100,8 + 3,8 Jardin d'Hyères.......... ss? 4 ie + 140 + 8 + 3 Jardin de Tours..... ot + 20°,4 +165 + 60,8 + 403 Nous avons constaté, dans ces derniers temps, la disparition de la gentille famille de Chiens de prairie (Marmotte des prairies, Cynomys ludoviciana), qui vivait, depuis de longues années déjà, en liberté, dans le parc des Cerfs Axis. Plusieurs fois, nous avons parlé dans le journal de la Société de ces gracieux rongeurs, de leurs mœurs, de leur vivacité et de la régularité avec laquelle ils se reproduisaient dans les terriers qu'ils avaient faits eux-mêmes et auxquels ils travaillaient sans cesse. Nous devons supposer que nos Chiens de prairie ont été victimes de Chats, de Fouines ou de Belettes. Mais c’est le premier de ces carnassiers qui doit, croyons-nous, être accusé de cette destruc— tion. Nous essaierons d'introduire au Jardin une nouvelle colonie de ces petites Marmottes. Y réussirons-nous facilement ? Arrivages. — Les arrivages de cette quinzaine ont peu d'importance, nous signalerons cependant : 1° Des Cervules de Reeves (Cervulus Reevesti), de la Chine, élevés en France. 29 Deux Perroquets rares, le Pyrrhulopsis Tabuensis et le Pyrrhulopsis Personata, ce dernier est connu sous le nom de Psittacides à masque, importés l’un et l’autre des îles Fidji. Ces Perroquets forment un groupe à part qui a de grandes analogies avec les Loris, et par cer- tains côtés avec les Perruches australiennes. 3° Un grand nombre de petits Passereaux du Sénégal, de l’Inde, de Java et d'Australie, pour l’ornement de nos volières et les besoins de notre vente. 4° Des Merles bronzés verts (Zamprocolius chalybeus) et des Merles bronzés à longue queue (Zamprotornis æneus). Après avoir été excessi- vement rares pendant ces dernières années, ces beaux oiseaux nous arrivent de nouveau de la côte d'Afrique. On les a tant pourchassés pour satisfaire aux demandes des plumassiers travaillant pour les modes, que leur nombre doit avoir sérieusement diminué. C’est par JARDIN D’ACCLIMATATION 461 caisses entières, par centaines de mille, que ces magnifiques dépouilles aux reflets métalliques sont chaque année employées pour l’ornement des chapeaux des femmes. 5° Plusieurs Martins de l'Inde de diverses espèces (Acridotheres cris- tatellus, ginginianus, tristis). Ces insectivores qui reproduisent facile ment en volières mériteraient d'être étudiés avec persévérance par les amateurs, car leurs mœurs sont très intéressantes. 6° Des Colombes Poignardées de Manille et des Colombes de Mada- gascar que nous n'avons pas encore pu déterminer. 1° Des Francolins d’Afrique (Francolinus bicalcaratus) ; des Francolins de l'Inde (F. ponticerianus); des Francolins ordinaires (F. vulgaris), originaires de Syrie, offerts au jardin par M. Longeville, ancien ministre plénipotentiaire ; des Perdrix de Madagascar (Margaroperdix slriata), arrivées de l’île de la Réunion où elles sont aujourd’hui acclimatées à l’état sauvage. Ces divers oiseaux ont pris place dans les volières des Perdrix et forment, avec les spécimens qui s’y trouvent déjà, une intéressante série. 8° Deux Oies Caboucs (Sarcidiornis melanota) de l'Inde qui sont venues accoupler les deux mâles que nous possédions déjà. 90 Un lot de plusieurs paires de Canards à bec rose (Wefopiona peposaca) de l'Amérique australe. Cette belle espèce est aujourd’hui assez répandue chez les amateurs et y reproduit bien. Pontes et naissances. — Nous avons à signaler aujourd'hui un fait de mœurs curieux. On a signalé à notre attention le 18 avril, une Cane domestique (race Sabreur), qui avait fait son nid sur le toit du châlet habité par nos Grues. C’est la première fois que nous voyons un oiseau de cette espèce placer ses œufs aussi haut. Nous avons parfois ren- contré des nids de Canes dans des troncs d’arbres un peu élevés au- dessus du sol, mais jamais dans les conditions semblables à celles que nous avons observées cette fois. Cependant, M. Fanque, le fai- sandier chef du Jardin d’Acclimatation, qui a beaucoup vu et beau- coup retenu, se souvient avoir déniché, dans sa jeunesse, un nid de Canards sauvages qui était placé sur une tête de saule auprès d’une mare. Parmi les naissances, nous pouvons signaler un certain nombre de Chevreaux et d’Agneaux ; des Mouflons à Manchettes ; des Cerfs et Biches de diverses espèces; mentionnons spécialement une jeune Biche de Cerf à queue de Bison (Æ/aphurus Davidianus) de la Chine. C'est le quatrième produit de cette espèce naissant au Jardin, mais c'est la première femelle. Pour obtenir ce résultat nous avons renoncé à faire usage de notre vieil étalon. Unie à un mâle plus jeune qu'elle, la femelle nous a enfin donné une femelle. Signalons encore la naissance de deux jeunes Maras ou Lièvres de Patagonie (Dolichotis Patugonica). Quoique nous possédions cette 462 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. espèce dans nos parcs depuis bien longtemps déjà, c’est la première fois que ces intéressants rongeurs reproduisent ici. On sait que c’est dans le parc de Beaujardin, chez M. Cornély, que les Maras ont donné pour la première fois des jeunes. Depuis, chez M. Sharland et chez plusieurs autres amateurs de semblables résultats ont été obtenus. Le poids des Maras au moment de la naissance est très considérable. L'un d’eux pesait 630 grammes, l’autre 430 grammes. Un Mara adulte pèse 9 kilogrammes environ. Mortalités. — Nous avons perdu une des Autruches dressées qui depuis sept années faisait le service de la petite voiture dans laquelle les enfants de nos visiteurs sont promenés autour de la grande pelouse du jardin. Racontons à cette occasion comment est venue l’idée d'atteler les Autruches. M. le général Comte de Lacroix-Vaubois, commandant en 1872 une colonne dans le sud de l’Algérie, recut en présent une belle Autruche femelle. L'idée lui vint de l’offrir à notre établissement qui se reconsti- tuait alors après les terribles événements de 1870 et de 1871. Mais com- ment amener de Ouargla, où on était alors, à Constantine ce grand oiseau. On n’avait de caisses, ni chariots. Le général fit venir un indi- gène grand chasseur d’Autruches et lui demanda s’il se chargeait de faire suivre la colonne à l'oiseau. Le fils du désert répondit affirmati- vement. Comment s’y prit-il ? Il installa une sorte de bricole en tresses, yfica deux cordes à la hauteur des flancs de la bête; se plaçant der- rière l'oiseau pour les marches, il tenait dans les mains, ces cordes qui formaient de véritables traits et se faisait traîner ; quand l'oiseau r’allait pas à son gré, il le poussait avec son corps. C'est ainsi que voyagea l’Autruche de Ouargla à Constantine el de Constantine à Bône. C’est ainsi qu'elle fit son entrée dans la cour des bureaux du Jardin d’Acclimatation toujours suivie de son Arabe. L'idée de substi- tuer une voiture au conducteur vint d'elle-même et le lendemain de son arrivée au bois de Boulogne, l'oiseau était mis dans les brancards. Cette première Autruche carrossière a vécu de longues années. Il faut faire remarquer que les femelles ont toujours mieux réussi que les mâles dans ce service. Elles sont beaucoup plus douces que les mâles, qui à l’époque du rut deviennent d’une violence extrême ce qui n’est pas sans des inconvénients sérieux. V. CHRONIQUE DES COLONIES ET DES PAYS D'OUTRE-MER. Extraits du rapport consulaire de M. J. Wheeler, sur l’agriculture de la Colombie. (SOUTH AMERICAN JOURNAL, 16 février 1889 el suivants). Tabac. — Quatre districts, d’une étendue limitée, cultivent le Tabac sur une large échelle : la vallée de la Magdalena, sud du Honda, com- prenant Ambalema, Peñaliza et Espinal, ces trois places fournissent la majeure partie de la consommation de Bogota et de l’intérieur du pays ; Palmyra dans la vallée du Cauca, Giron, dans le département de Santander ; et Carmen dans le département de Bolivar. Ce dernier district produit plus que tous les autres réunis; la plus grande partie de sa récolte, de qualité inférieure est exporlée pour Brême et Ham- bourg. Le Tabac, cependant, est cultivé sur une petite échelle dans toute la contrée. Beaucoup de fermiers et de propriétaires dans les contrées chaudes ont des petits enclos pour le Tabac et fabriquent les cigares pour leur usage personnel. Ceci ne peut s'appliquer aux dis- tricts des parties chaudes qui le cultivent spécialement, il est plus avantageux de vendre la récolte aux grandes manufactures. Le Tabac croît mieux avec une température de 75° à 85° Far. (25° à 30° cent.). Il n’est pas difficile sur le choix du terrain, bien qu’on dise qu’il pré- fère les terrains sablonneux, et sa culture est peu soignée, on re- cherche plus la quantité que la qualité. Il est sujet à des maladies non déterminées, et l’exportation a beaucoup diminué dans ces der- nières années. Dans la vallée de la Magdalena on fait chaque année deux plantations, en septembre au moment de la saison des pluies et en février. On n’a pas l'habitude, comme dans d’autres pays, de cou- per et de sécher la plante entière, les feuilles sont cueillies successi- vement, deux mois après la plantation, et cette récolte se continue quelquefois pendant toute l’année. On coupe l’extrémité de la tige et les rejetons qui poussent à la suite de cette opération sont tous en- levés. Les plants proviennent toujours de semences récoliées dans le district. On a fait cependant quelques expériences avec des graines étrangères, et on a observé, dans des cantons où la maladie avait détruit toutes les plantations de Tabac, que les produits de graines importées avaient été préservés. Les feuilies sont séchées à l'ombre et à couvert, pendant une vingtaine de jours, puis exposées pendant une nuit à la rosée, ensuite on les met en paquets de 12 livres pour la fermentation. On en fabrique ensuite des cigares. On ne fume pas la pipe en Colombie. Les cigarettes dont on fait grand usage proviennent de la Havane où se font avec du Tabac importé. Indigo. — Depuis vingt-cinq ou trente ans, on commence à cultiver l’'Indigo dans la vallée de la Magdalena, et cette culture serait deve- 464 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. nue en peu de temps, une industrie importante, si on n’avait pas trouvé que la qualité était inférieure à l’Indigo des Indes Orientales et beaucoup de plantations ont été abandonnées. Cette interruption dans le trafic a causé la ruine de beaucoup de cultivateurs qui avaient fait de grandes dépenses pour cette culture. Il existe pourtant encore quelques plantations dont les propriétaires pensent que le sol de la vallée de la Magdalena convient parfaitement à l’Indigo et que les échecs n’ont d’autre cause qu’une culture peu soignée et une mauvaise préparation. Cacao. — Le Cacao est une des plus importantes producticns de la Colombie. Il est d’un usage journalier dans toutes les maisons, les habitants riches ou pauvres dans toutes les parties de la contrée en consomment autant que de Thé en Angleterre. Les départements de Cauca et de Tolima en produisent la majeure partie, mais plus ou moins le Cacao vient partout dans ce pays. On le plante principale- ment dans les terrains nouvellement déboisés, sur les croupes des montagnes ; à une altitude de 1,000 à 3,500 pieds. La variété de Co- lombie diffère de celle qui est cultivée au Vénézuéla, qui produit le Cacao de Caracas, les gousses sont plus grandes et produisent un. plus grand nombre de fèves; mais comme la quantité de gousses est moindre il est probable que la variété du Venézuéla est plus produc- tive. La qualité du Cacao de Colombie est inférieure à celle du pro- duit du Vénézuéla, mais il est peu connu dans le commerce, la quan- tité exportée est minime, la récolte suffisant à peine à la consomma- tion du pays. On le cultive comme au Vénézuéla, peut-être avec moins de soins. C’est une récolte qui exige de fréquents binages et il faut détruire les insectes et particulièrement les Chenilles qui font beau- coup de mal aux arbres. Une maladie dangereuse a attaqué dernière- ment les plantations dans le sud de Tolima, uue des provinces les plus riches de la Colombie. Une plantation de 12,000 arbres, près de Chapparal, n’a produit que 175 livres de Cacao en 1887, au lieu de 18,000 livres. Ces arbres âgés de seize ans, dans toute leur vigueur, car souvent les arbres continuent à rapporter pendant soixante ou quatre-vingts ans. On n’a pas recherché quelle était cette maladie, ni comment on pouvait la guérir. Cependant l’industrie du Cacao dans les districts les plus fertiles semble menacée d'une ruine complète. Le Cacaoyer dans les contrées chaudes rapporte à l’âge de trois ans, à l'altitude de 3,500 pieds il faut attendre cinq ans. Il faut qu'il soit soigneusement ombragé la première année; on plante dans ce but des Bananiers ou des Cannes à sucre. On plante aussi des arbres pour obtenir une ombre permanente, on choisit généralement une espèce d'Erythrina à cause de sa croissance rapide. Le Cacao est peut-être ia culture la plus profitable de la Colombie quand une fois elle est bien établie; mais la cherté de la plantation et les soins qu’elle né- cessite pendant quatre ou cinq ans l’empêchent de prendre beaucoup sh CHRONIQUE DES COLONIES ET DES PAYS D’OUTRE-MER. 465 d'extension. Une plantation de Cacao du même nombre d’arbres coûte deux fois plus qu’une plantation de Café; mais elle a le grand avan- tage de donner sa récolte sans grands frais et sans machines et de rapporter davantage. Canne à sucre. — La Canne à sucre et le Maïs sont les deux cultures qui occupent la plus grande superficie. La Canne est moins cultivée pour la fabrication du sucre que pour fournir aux principales boissons du pays. Une grande partie est employée pour la fabrication de l’eau- de-vie ou du rhum. On s’en sert encore plus pour la chicha, la plus usitée des boissons dans les contrées froides. On y emploie la mé- lasse, ou le sucre brut non raffiné, fermenté dans l’eau avec une grande quantité de grains de Maïs. Elle est très nourrissante, et sert de nourriture aussi bien que de boisson à la majeure partie des tra- vailleurs de la région froide; la quantité de nourriture solide qu'ils prennent est fort peu de chose en comparaison de la chicha qu'ils boivent. Dans les contrées chaudes, la Canne à sucre müûrit en un an, dans les régions tempérées elle demande dix-huit mois. L’extraction du jus se fait d’une facon très primitive. Les moulins n’ont générale- ment que des rouleaux de bois tournés par une Mule ou un Bœuf. Bananes. — Les Bananes forment la principale nourriture des habi- tants des parties chaudes, et aussi une des principales de ceux des régions tempérées et froides. Les Bananiers en Colombie ont une puissance productive considérable. Suivant des calculs faits par Boussingault et autres, un acre cultivé en Bananiers peut suffire à la nourriture de douze personnes et cela sans aucuns soins. Le nombre d'années qu'ils peuvent vivre sur le même terrain paraît être sans limite. On cite des plantations qui datent de quatre-vingts ou quatre- vingt-dix ans sans rotation d’autres cultures. On possède plusieurs variétés de grandes Bananes qui ne se mangent que cuites, et d’autres petites qu’on peut manger crues. Dans les parties chaudes le fruit mûrit au bout d’un an, tandis que dans les parties tempérées, dix— huit à vingt mois sont nécessaires. Ivoire végélal et Palmiers. — L'Ivoire végétal (Phylelephas macro- carpa) et le Palmier qui sert à la fabrication des chapeaux de Panama (Carludovica palmata), quoique n'étant pas réellement des produits agri- coles, peuvent être cités comme les plantes les plus importantes de la contrée. Le premier croît en grande abondance dans les forêts humides de la vallée de la Magdalena et plus de 6,000,000 de livres de noix sont exportées annuellement. Le second se rencontre dans toute la contrée et la fabrication des chapeaux avec les feuilles est la princi- pale industrie de beaucoup de districts. Traduit par M. Cx. DES. (4 suivre.) VI. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. L’importation des viandes congelées. — L’importation de la viande fraîche, viande de mouton principalement, conservée par voie de congélation prend de plus en plus d'importance en Angleterre, et fait une redoutable concurrence aux éleveurs rationaux, surtout pour les produits de qualité moyenne. Les viandes de l’Amérique septentrionale, transportées par des bâti- ments qui ne sortent guère d'une zone tempérée, n’exigent pas un ma— tériel très compliqué. On congèle les quartiers de bœuf à quelques degrés au-dessous de 0, dans des établissements annexés aux abat- toirs, et des wagons-glacières les conduisent de Chicago à New-York, où ils sont embarqués sur des navires également munis de comparti- ments à glace. Ce Bœuf, arrivant en Europe une quinzaine de jours après son départ des abattoirs, a encore l’aspect de la viande fraîche, sa saveur n’a pas été modifiée et seule une légère teinte rosée com- muniquée à la graisse peut en faire reconnaître l’origine à un œil exercé. Qn a voulu aller plus loin, en s'adressant aux régions de l'Amérique du sud, à la République Argentine, où les Bœufs sont innombrables, où les Moutons sont uniquement abattus pour en obtenir la laine et le suif, mais il fallait naviguer sous les tropiques, franchir l'équateur, et la glace eût été insuffisante. En 1874, on avait aménagé le navire français le Frigorifique pour un but analogue. La viande était conservée dans des chambres étanches, où circulail de l’air froid, elle perdait un tiers de son poids, il est vrai, et arriva à destination desséchée, durcie, racornie, comme par l'action du soleil. Cette espèce de /asajo, quoique sain et bon, ne pré— venait pas en sa faveur et n'aurait pu trouver écoulement, sur les marchés européens. On perfectionna les appareils à circulation d'air froid, et d’autres essais absolument concluants sur l'importation des quartiers de Moutons australiens, furent repris en 1880, par MM. Mac Ilwraith, Mac Eacharn et Cie, à bord du Sérathleven. Depuis cette époque, tous les bâtiments anglais qui desservent l'Australie et la Nouvelle-Zélande, sont munis de chambres à circulation d’air froid. Des chambres analogues à celles des navires, sont installées dans les docks Victoria et East India, de Londres, où la viande attend Îe mo- ment d'être débitée, et où les rognons de Moutons congelés se vendent par sacs comme des pommes de terre. Ce procédé de conservation ne réussissant pas aussi bien avec le Bœuf qu'avec le Mouton, on en transporte de moins grandes quantités. Les quartiers de Bœuf sont en effet plus épais, moins gras, et contien-— nent plus d’éau que cèux de Mouton. La congélation transforme cette eau en glace, qui dilate les tissus en rompant leurs fibres ; après CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS, 467 cuisson, le jus suinte, s'écoule rapidement, laissant une chair décolorée, sèche et insipide, aussitôt qu'elle est refroidie. La Nouvelle-Zélande a commencé trois ans après l'Australie, en 1883, à expédier du Mouton congelé en Angleterre, mais elle l’a rapidement devancée, ses produits étant plus estimés. L'Australie ne possède en effet que des races à laine, de chair assez médiocre. On constate une certaine décroissance il est vrai, dans la valeur des envois néo-zélan- dais, expédiés sans soins, et fournis par des animaux engraissés trop rapidement. Nous donnons dans le tableau suivant, les nombres de Moutons et de pièces de Bœuf amenés d'Australie et de Nouvelle-Zélande en Angleterre depuis 1880. AUSTRALIE. NOUVELLE-ZÉLANDE, AR RE "5 s. PE CT en NE ANNÉES, MOUTONS. PIÈCES DE BŒUF. MOUTONS. PIÈCES DE BŒUF. 1.13 1511 NOR ORNE 400 » » » RAR. et. Pre 1,313 » » RO. 97,296 1,033 8,839 » 1 15,55 RTS RS 63,733 158 120,893 728 Rs nue ce 111,745 2,389 412,349 1,725 ER 5.7 95,051 6,040 492,269 11,919 LL doté EE 66,960 9,196 655,888 16,264 En 0 88,811 lg 766,417 6,973 nes. 112,214 1,334 938,766 25,888 PRTAUX es 617,045 18,735 3,399,421 63,497 Le Mouton gelé se vendait en moyenne de 45 à 55 centimes par livre de 454 grammes en 1888 ; le Mouton indigène valait alors 85 et 90 cen- times, mais de forts arrivages de Moutons vivants venant d'Allemagne ont fait descendre la livre de viande gelée à 35 et 37 centimes. Outre les 1,050,980 Moutons gelés amenés de Nouvelle-Zélande et d'Aus- tralie, et 908,689 fournis dans les mêmes conditions par la République Argentine, l'Angleterre a en effet importé pendant l’année 1888, 956,210 Moutons vivants. L'espèce ovine diminue du reste dans le royaume britannique qui possédait 29,461,750 Moulons en 1887 et 463,034 de moins, soit 28,998,716 en 1888. Buenos-Ayres et Montévidéo rivalisent avec les colonies austra- liennes pour l'expédition de la viande gelée et sont en train de rem- placer par des races de boucherie leurs races de Moutons à laine. Le premier de ces ports a envoyé 641,866 Moutons gelés en Angleterre en 1887 et 908,689 ainsi que nous le disions plus haut, en 1888. Les îles Falkland sont entrées dans la même voie, avec 30,000 Moutons en 1886 et 45,552 en 1887, mais leurs produits auraient, paraît-il, be- soin d'être améliorés pour trouver un écoulement facile en Angleterre. 168 REVUE DES SCIENCES -NATURELLES APPLIQUÉES. Divers renseignements sur le nombre des Moutons que le continent australien et les colonies voisines peuvent nourrir, semblent faire sup- poser qu'il restera bientôt stationnaire. D’après un rapport de M. Grif- fith, consul américain à Sydney, le chiffre maximum serait atteint ou à la veille de l'être, la sécheresse et le manque d'herbe ayant fait périr des miilions de ces animaux sur les pâturages en 1888. La Nouvelle- Galles-du-Sud a accru ses troupeaux de 8 millions d'individus en 1888, mais le territoire de Victoria, la Tasmanie, et la Nouvelle- Galles-du-Sud sont encombrés, l'Australie méridionale ne peut étendre ses pâturages faute d’eau, et l'Australie occidentale ne dispose plus maintenant que de terrains secs et stériles, couverts d'herbes véné- neuses. Le Queensland pourrait encore nourrir 15 millions de Moutons de plus qu’elle n'en possède actuellement. D’autres avis admettent que si la saison est favorable, la Nouvelle- Galles-du-Sud obtiendra cette année 56 millions d’agneaux, chiffre dé- passant de 15 millions, les maxima réalisés jusqu’à présent. (Live Stock journal.) La laiterie aux États-Unis. — L'importance de l'industrie laitière s'accroît sans cesse aux États-Unis, où son produit arinuel atteint actuellement une valeur de 350 millions de francs. On rencontre de nombreux établissements nourrissant plus de trois cents Vaches laitières. Les Vaches restent sur les pâturages pendant la belle saison, mais elles en changent toutes les douze heures. On les rentre au mois de septembre et elles sont alors nourries de grains, de son et de millet, aliments qu’on leur distribue parfois aussi dans les pâturages, quand les circonstances l’exigent. Le grain s'emploie principalement, mais certains spécialistes recom- mandent le millet en août, le grain de la fin d'août au commencement d'octobre, le son pendant l'hiver. Les races préférées, sont les Ayshires, les Durhams el les Alderneys. Les Holsteins, les Devons et les Jerseys viennent ensuite. Les Vaches de Durham atteignent aux États-Unis un poids de 350 à 450 kilogs, et sont celles qui fournissent le plus de lait; on les trait pendant neuf mois et demi, à partir de mars ou avril. (Live Stock Journal.) Anguilles dans le Danube. — L'Anguille était inconnue dans le Danube. Au printemps de cette année, une sorte de fédération, un Consortium de sociétés de pêche ayant son siège à Galatz, résolut d'enchérir le grand fleuve de cet excellent poisson, en utilisant l'Alevin qu'on trouve en grande abondance sur la côte ouest du Schleswig. Dans le courant de septembre, 500,000 Alevins pris aux environs d’Altona, puis transportés par chemin de fer et en poste jusqu’à la rive roumaine, ont été confiés aux eaux du Danube, et on espère les y voir bientôt se développer. J. P. dt 4 “be ed" ER RS CRE, CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 469 Le doyen des Perroquets.--Le doyen des Perroquets, un Cacatoès vivant depuis 90 ans dans la famille Wentworth de Sycn2v, est mort il y a quelques mois. Aveuglé par la cataracte et presque entièrement déplumé, il avait cependant conservé la parole, et c’est en criant sa locution favorite : « Good bye » (adieu), qu’il tomba mort de son perchoir. (Geflügel Markt). Les vins australiens. — La vigne prospérant sur toute l’éten- due du continent australien, cet ensemble de colonies est arrivé à pro- duire 100,000 hectolitres environ de vin par an, chiffre dont le territoire de Victoria fournit la moitié. La population australienne boit peu de vin, ? litres, 25 seulement par tête dans la Nouvelle-Galles du sud, aussi la production dépasse-t-elle la consommation et les propriétaires coloniaux, faisant appel aux sentiments patriotiques des habitants de la mère-patrie, voudraient voir leurs vins prendre en Angleterre la place des crus francais. Ces tentatives ne semblent pas avoir eu grand succès jusqu'à pre- sent, car les Anglais trouvant que les vins australiens se conservent difficilement, conseillent aux producteurs de les consommer eux- mêmes. D'après une lettre insérée dans le journal Colonies and India, du 6 février, le principal obstacle à la vente des vins australiens serait l'absence de noms de crus, ces vins étant distingués d’après les cé- pages producteurs ; Carbinet, Sauvignon, Rusling, Chasselas, Ver- deilho, etc. La désignation des terroirs, absolument inconnus en Europe, serait peu avautageux également, les viticulteurs australiens auraient donc l'intention d'adopter les noms des crus français dont leurs produits se rapprochent le plus, et on peut prévoir la prochaine apparition sur le marché anglais, des Bordeaux et des Bourgogne des antipodes. La productivité viticole de l'Australie est assez faible il est vrai; suivant le baron Von Babo de Vienne, elle ne dépasserait pas 5 hec- tolitres, 8 par are, tandis qu'on obtient généralement 6 hectolitres, 8 en Espagne, 7,4 eu France, 9,6 en Hongrie, 34,6 au Cap de Bonne- Espérance dans l’intérieur du pays, et 69 hectolitres dans la région côtière. (Live Stock journal). Industrie du bois courbé. — D'après le Bulletin des Exposants de 1889, il ressort d'un rapport du Consul belge en Autriche-Hongrie qu'il serait très instructif pour nos fabricants de meubles, surtout pour nos ébénistes, de visiter l’exposition permanente de l’industrie hongroise au musée commercial à Budapest. Ils y verraient des ameublements de Chêne et de Noyer qui sont étonnants de bon marché et qui, si nous n’y prenons garde, viendront faire concurrence à notre ébénisterie. Quoi qu’il en soit, ce n'est pas là le point capital de l'industrie du 470 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. mobilier en Hongrie, au point de vue de l'exportation ; la spécialité se trouve dans les meubles en bois courbé, dont l'usage s’est si rapidement répandu partout. C’est, en effet, une idée très pratique que d'utiliser le bois en le courbani au lieu de le découper dans tous les sens, et ce système d'opérer, borné d’abord aux usages du mobilier, tend à se généraliser. C'est ainsi qu'on fait déjà maintenant des roues de charrettes et de voitures en bois courbé, et elles reviennent beaucoup moins cher que celles faites par les procédés ordinaires. Tous les bois durs comme le Chêne, le Hêtre, le Charme, 1'Orme, etc., sont susceptibles d’être courbés, mais on emploie presque exclu- sivement le Hêtre rouge (Fagus ferruginea) qui se trouve en masse dans les forêts de la Hongrie et qui n’avait antérieurement de valeur que comme bois à brûler. Voici d’ailleurs comment on procède : on scie le bois sur sa longueur en lattes carrées, de 4, 5 ou 6 centimètres, ou davantage, que l’on arrondit au tour suivant les objets à confec- tionner. On les soumet ensuite pendant quinze minutes à l’action de la vapeur surchauffée dans des récipients hermétiquement fermés. Sous l'influence de la chaleur humide, le bois devient malléable et il suffit de la force de l’homme ou de machines peu compliquées mar- chant à la main, pour faire suivre au bois les contours d'un modèle de fer, quelque capricieuses qu’en soient les formes. Ainsi manipulé, le bois est mis au séchoir avec le modèle sur lequel il est assujetti au moyen de pinces, et le séchage dure deux, trois, jusqu’à huit jours, suivant les dimensions de l’objet et la forme du dessin. Le séchage étant parfait, on détache le modèle, et le bois conserve pour toujours la forme nouvelle qui lui a été donnée. Il ne reste plus alors qu’à polir, assembler, colorer et vernir les différentes parties pour avoir les meubles que tout le monde connaît. MM. Thonet frères en ont été les initiateurs, ils sont encore aujourd’hui les plus grands fabricants de cet article, et leurs plus forts concurrents sont MM. Jac. et Jos. Khon. Les deux maisons ont leur siège à Pest et leurs ateliers dans le ressort de Presbourg. J’ai visité, dit le Consul, deux intéressantes fabriques de bois courbé. 1° D'abord celle de Landesbank, à Fusine (Croatie). Elle produit annuellement dix mille objets, chaises, fauteuils, etc., et vient de prendre un brevet pour l'application du bois courbé aux meubles rembourrés. Cette innovation consiste à se servir de bois courbé au lieu de bois collé pour faire le squelette des canapés, fauteuils, etc., que l’on recouvre d’étoffes. Il est assez étonnant qu'on n'y ait pas pensé plus tôt, car c’est moins cher et incontestablement plus solide ; 2° Celle de MM. Eisler et Ci*, à Kaschau, également très intéres- sante, qui produit six mille meubles par mois. G. DE G. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. a —— Mégnin (P.). Zes races de Chiens. Histoire, Origine, Description. Vin- cennes, 1889. Bureaux de l’ÉZeveur, 19, rue de l'Hôtel-de-Ville. L'auteur. Portanier. Ze Chien. Histoire naturelle, Maladies, Élevage et Croise- ment. Nice, 1889. Imprimerie des Alpes-Maritimes, 16, rue Saint- François-de-Paule. L'auteur. Powerscourt (V'®)}. On the Acclimatation of the Japanese Deer at Powerscourt. L'auteur. Richard (A.) (du Cantal). Rapport pour éludier la Production du Cheval. Paris, 1886. Hachette et Ci, libraires, 17, boulevard Saint- Germain, et Librairie de la Maison Rustique, 26, rue Jacob. L'auteur. Suchetet (A.). L’hybridité dans la nature. Bruxelles, 1888. Polleunis, Ceutérick et Lefébure, imprimeurs, 35, rue des Ursulines. L'auteur. Brisay (Marquis de). Colombes exotiques. Description, Entretien et Élevage. Vichy, 1888. A. Wallon, imprimeur-éditeur. L'auteur, Deneuve (G.-H.). Les Pigeons-voyageurs (Historique, leur rôle mili- taire). Paris, 1888. Auguste Ghio, éditeur. Palais-Royal, 1, 3, 5, 7, Galerie d'Orléans. L'éditeur. Lataste (F.). Analyse zoologique de pelotes de réjections de rapaces nocturnes. Genève, 1888. L'auteur. Mégnin (P.) Les Faisans. Histoire naturelle, Élevage, Hygiène et Maladies. Vincennes, 1888. Bureaux de l'Éleveur, 19, rue de l'Hôtel- de-Ville. L'auteur. SouUsSa (J.-A. de). Contribution pour la faune ornithologique d' Angola. Lisbonne, 1888. Extrait du Journal des Sciences mathématiques, physiques et naturelles de Lisbonne. L'auteur. — Aves de Angola da exploracäo do sr. José d’Anchieta. Lisbonne, 1888. Extrait du Journal des Sciences mathématiques, physiques et naturelles de Lishonne. L'auteur. Barker-Duncan (J.). Manual of the general acts of parliament relating to the Salmon fisheries of Scotland. Édimbourg, 1886. William Blackwood and Sons. L'auteur. Berthoule (Am.). Rapport adressé au Ministre de la Marine et des Colonies au nom du Comité consultatif des pêches maritimes sur les mœurs du Saumon. Paris, 1888. Imprimerie des journaux officiels, 31, quai Voltaire. L'auteur. Borne (Max von dem). Der Schwoarzbasch und der Forellenbarsch. Neumann, 1888. Verlag et J. Neumann. L'auteur. Brenosa y Tejada (D.-R.). Descripcion del Establecimiento central de Piscicultura del Monusterio de Piedra. Madrid, 1888. Imprenta de Moreno y Rojas, Calle de Isabel la Catolica, 10. M. Fed. Muntadas. Brown Goode (G.). The fisheries and fishery Industries of the United States. Washington, 1887. La Commission des pêcheries. 412 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Forbes (S.-A.). Food of the Fishs of the Mississipi Valley. In 9°: L'auteur. Fewkes (J. Walter). On ane Meduse from New-England. Cam- bridge, 1888. Printeid for the Museum. Guerne (J. de). Sur la dissémination des organismes d’eau douce par les Palmipèdes. Extrait des Comptes rendus hebdomadaires des séances de la Société de Biologie. . L'auteur. LE MÈME. Sur les lacs de l’île San Miguel (Açores. Extrait du Compte rendu des séances de la Commission centrale de la Société degéogra- phie de Paris. L'auteur. Le Play (D' A). La Carpe. Paris, 1889, G. Masson, éditeur, 120, boulevard Saint-Germain. -_ . L'auteur. Monaco ($S. A. le prince Alb. de). Sur la quatrième campagne scien- tifique de l'Hirondelle. Paris, 1888, Gauthier-Villars et fils, 55, quai des Grands-Augustins. L'auteur. LE MÊME. Sur l'emploi de nases pour des recherches zoologiques en eaux profondes. Paris, 1888, Gauthier-Villars et fils. L'auteur. Owsiannikow (Ph.). Séudien über das Eï, haupisächlich bei Kno- chenfischen. Saint-Pétersbourg, 1885. | _ L'auteur. LE MÈME. Uber das drilte Auge bei Petromyzon Fluviatilis nebst einigen Bemerhungen über dasselbe Organ bei anderen Thieren. Saïint-Péters- bourg, 1888. L'auteur. Parker (G.-H.). The Eyes in } Scor pions. Cambridge, 1887. Printed for the Muséum. Station aquicole de Boulogne. Mofes sur la pêche. Boulogne- sur-Mer, 1888. Société typographique et lithographique, rue A.-Thiers, 39 et 31. Le directeur de la Station. Exposé des recherches entreprises à la Station aquicole de Bou- logne. Boulogne-sur-Mer, 1886. Société typographique et lithogra- phique, rue Thiers, 35 et 37, Le directeur de la Station. Carvalho Pinto de Menezes (José-Taveira de). — Moficias äcerca dos seus Vinhos pels Engenheïiro. Porto, 1888. Antonio José da Silva Teiveira, typographia, Cancella Velha, 70. L'auteur. Vaillant (L.). Les Poissons (Expéditions scientifiques du 7ravail- leur et du Talisman, pendant les années 1880, 81, 82 et 83, ouvrage publié sous les auspices du ministère de l’Instruction publique). Paris, 1888, G. Masson, éditeur, 120, boulevard Saint-Germain. Ministère de l’Instruction publique. Fallou (J.). Observations sur les mœurs ef la manière de vivre de la C'henille du Bombyx rubi (Linné). Extrait du Bulletin de la Société ento- mologique de France. L'auteur. Le Gérant : JULES GRISARD. D RE er me ES ET Emme I. TRAVAUX INÉDITS ADRESSES A LA SOCIÉTÉ. NOTES SUR PAPHOS Par M. D'ORCET. L'ile de Chypre est traversée par le 35e degré de latitude nord, elle se trouve tout au fond de la mer de Syrie, et a été comparée pour la forme à une peau de bœuf étalée, dont la queue serait tournée vers l'Asie. | Son ossature se compose d'un massif de soulèvement, haut de plus de 2,000 mètres, d'où part une longue chaine de cal- caires durs, parallèle à celle du Taurus, entre lesquelles s'étend le golfe de Caramanie. De tous les points de cette chaine, la vue est une des plus admirables dont on puisse jouir dans la Méditerranée, car elle embrasse une aire énorme qui va du Liban au Taurus. Les Lusignan, qui ont possédé Chypre pendant trois siècles, l'avaient semée de châteaux et d’ab- bayes du plus pur style français dont les ruines étonnent et charment le voyageur. On y retrouve aussi les vestiges non moins intéressants des exploitations de Canne à sucre, et des établissements vinicoles fondés par les Français à la fin du siècle dernier. Le district de Paphos est le plus occidental de l'ile et le seul qui soit bien arrosé. Aussi donne-t-il des soies et des tabacs très estimés, ainsi que des jambons de Porc sauvage, fumés au Myrthe, qui sont, peut-être, sans rivaux. Avant l'occupation anglaise, il se divisait entre l'évêque de Paphos et le monastère de Chico qui pouvait être considéré comme: une sorte de principauté ecclésiastique, dans laquelle les Turcs ne se reconnaissaient pas le droit de mettre les pieds, Aujourd'hui, le district de Paphos a été transformé par les Anglais en Sanitarium pour leurs troupes d'Égypte, qui retrouvent, sur les croupes de lOlympe Chypriote, le climat de la mère-patrie. Lorsque je l'ai visité, il y a vingt-cinq ans, C'était une pittoresque solitude où l’on ne rencontrait guère que des brigands et des prêtres grecs dont quelques uns cumulaient deux métiers si dissemblables. 20 Mai 1889. 31 474 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. L'Olympe Chypriote, que les indigènes nomment Troodos, est une montagne de soulèvement dont la hauteur dépasse 2.000 mètres. La Vigne y croît jusqu'à 1,400 mètres, et donne à cette hauteur des produits excellents qui rappellent ceux de Bourgogne dont elle a fourni les plants. C'est un gros raisin rond, nommé Boftharmos (œil de bœuf}, quoique encore très bon, il ne vaut plus son fils, ie plant bourguignon, qui devrait y être réimporté. Il en est de même du plant de Péra, qui a fourni celui de Madère, et ne donne plus un vin aussi bon. Tels sont les effets de la domination turque, tout a dégénéré. Le district de Paphos est en partie couvert de belles forêts dont les essences sont cependant peu variées. C’est dans la partie basse, l’Olivier et le Caroubier sauvage, avec le Myrthe ou sousbois ; dans la partie haute, le Pin de Caramanie et de superbes Cyprès que les indigènes prennent pour des Cèdres. On y trouve aussi un Chêne à feuillage et à glands cigantesques, qui devient très rare, et une charmante espèce de Houx non épineux, susceptible de s’acclimater en France, à cause de la hauteur où il pousse. Il en est de même d’une espèce d’Aulne à petites feuilles, qui abrite tous les moulins de la montagne et est d’un port superbe. À cette hauteur, le sousbois se compose FU d’une espèce de Laurier non odorant. Ce qui frappe un Occidental dans ces forêts, qui sont recou— vertes de neige pendant plusieurs mois, est l'absence à peu près complète de Graminées. Il en est résulté que tandis que le Cochon domestique, la Chèvre et l’Ane s’y multiplient à l’état sauvage, on n’y ren- contre ni Chevaux ni Bœufs, parce qu'ils ne peuvent se passer de l’unique fourrage importé à hype l’'Orge que l'homme sème pour eux. Chypre est une île géologiquement récente. C’est un banc de plâtre cristallisé qui s’est soulevé du fond de la mer avec lelit de galets et de coquilles déposées par les eaux à sa sur- face. Séparé de la Caramanie à une époque qu’il est impos- sible de préciser, il a conservé la flore qu'il possédait alors et qui n’a pas été enrichie depuis. Les Grecs y ont apporté le Noyer et le Peuplier, mais le Châtaignier qui y croitrait à merveille y est inconnu. Il en est de même de sa faune. Elle se compose du Mouf- NOTES SUR PAPHOS. 475 flon, du Lièvre et du Renard. Le Lapin, si commun dans les iles grecques, n’est pas arrivé jusque là. On y connaît cepen- dant le Lapin domestique. Serait-ce également l’absence des Graminées qui ne lui permettrait pas de s'y passer de la pro- tection de l’homme ? En revanche, toute l'ile est couverte de Serpolet et de nom- breuses variétés de Chardons dont s’accommodent les Anes, les Moutons, les Chèvres et les Chameaux. Ce Serpolet donne au lait des Chèvres et des Brebis un goût délicieux. Il devrait en être de même de celui des Vaches, mais les indigènes ont en horreur leur lait comme leur chair, et on ne les trait point. Le Lièvre, la Bartavelle et le Francolin sont très abondants partout et on ne les chasse pas à outrance. Il en est de même de la Caille et des oiseaux de passage. Il n’y a pas d'autre gros gibier que le Mouftlon et il est très rare. Il n'y a pas d’étangs d’eau douce, tous sont saumâtres et peuplés de poissons d’un goût détestable, à l'exception des Anguilles qu'on trouve dans tous les ruisseaux de la plaine, elles sont bonnes, mais de petite taille. Ces ruisseaux sont peuplés aussi de Tortues que les indi- gènes ne mangent point, et de Crabes qui sont exquis. Beaucoup des ruisseaux qui descendent des montagnes de Paphos, ne tarissent jamais et conservent toute l’année un volume d’eau suffisant pour pouvoir être empoissonnés, mais ils sont restés déserts comme ceux du Chili, et je n’y ai jamais observé le moindre fretin. Cela tient probablement à l’absence complète des Salmonées qui habitent la mer et vont frayer en eau douce. Je n’en ai vu aucun pres dans cette partie de la Méditerranée. L'Écrevisse fait également défaut, mais elle est remplacée dans les frais ruisseaux de montagne par des Crabes qui sont bien tout ce que j'ai mangé de plus exquis. Je ne crois pas qu'ils différent comme espèce de ceux des ruisseaux sau- mâtres de la plaine, ils sont cependant d'un goût bien plus fin qu'ils doivent sans doute à la fraicheur et à la douceur des eaux qu'ils habitent, et qui proviennent directement de la fonte des neiges. Cette espèce pourrait donc être acclimatée dans les ruis- seaux de la France et de l'Angleterre, et elle en vaudrait la peine. 476 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Lors de mon troisième voyage à Paphos, je quittai le jour de Pâques le monastère de Chico, situé sur un des points culminants de la chaîne du Troodos. La veille il y était tombé un demi-pied de neige. Je parcouraïis une forêt de Pins qu'on exploitait de la façon la plus barbare, pour en tirer de la ré- sine. On choisit pour cela des arbres de mature, on les dé- pouille au pied d'un anneau d'écorce de plus d’un mètre de large, on les entaille profondément à la hache, et on les en- toure d’écorces auxquelles on met le feu pour activer l’écou- lement de la résine. Pour obtenir six francs de ce produit, on tue un arbre qui en vaudrait deux cents s’il y avait des OUbeS: | Le croirait-on ? la plupart de ceux qui ne sont pas abattus par le vent survivent À cette cruelle opération, l'écorce se reforme, mais il reste l’entaille qui ne se bouche jamais et grandit avec l'arbre. | Je fis halte au pied d’un de ces Pins qui avait dù être mar- tyrisé ainsi cinq ou six siècles auparavant, car cette entaille était devenue une caverne dans laquelle trois hommes pou- vaient se tenir avec leurs Chevaux. Au pied coulait un ruisseau, qui nous fournit immédiate- ment le meilleur plat de notre déjeuner, une quinzaine de Crabes que nous pêchâmes en quelques minutes en retour- nant les pierres. Ils étaient larges comme le dos de la main. Quoique l’eau fût à la température de la neige fondue, ils étaient fort gaillards, et passèrent immédiatement dans la marmite, où ils moururent dans un court-bouillon de vin de montagne, pour étre servis sur des croûtes de pain. Ainsi préparés, ils étaient exquis, mais ils le sont de toutes les facons. Les Anglais ont interdit l'exploitation de. la résine par le procédé barbare que je viens de décrire, et pendu un ou deux récalcitrants. C'est peut-être ce qu'ils ont fait de mieux à Chypre. Si jamais ces lignes arrivent à quelque officier dé- sœuvré, il devrait bien envoyer quelques-uns de ces Crabes en Angleterre et les remplacer par du frai de Truites. I aurait doublement bien mérité de l'humanité et des gourmets. Ses successeurs seraient heureux de pêcher des Truites dans les ruisseaux du Troodos, lui-même à son retour en Angle- terre y retrouverait avec joie le Crabe paphien, qui rendrait son nom immortel. LÉ va ae TT De SE NÔTES SUR PAPHOS. 471 Au sortir de la forêt qui m'a laissé ces aimables souvenirs, mes muletiers m'apportèrent deux variétés de Sauterelles qui méritent un mot de description. L'une ressemble à notre orande Sauterelle verte, mais sans être plus grosse, elle est au moins deux fois plus longue, ce qui lui donne un aspect étrange, quoique très élégant. La seconde est le géant de l'espèce, au moins à Chypre. Quoique moins longue que la précédente, elle pèse bien le triple. Elle est d’une belle couleur grise mouchetée, avec des ailes rouges barrées de noir. Maïs elle est surtout remar- quable par l'énorme grosseur de ses cuisses de derrière, qui ressemblent à des gigots et donnent autant de chair que la queue d’une Crevette. C’est la seule espèce de Sauterelle vraiment comestible, mais comme elle est rare, il est difiicile de s’en procurer un plat. De même que la précédente, elle habite exclusivement l'ombellifère, connue en Afrique sous le nom de Canne bédouine. Comme elles ne s’en écartent point, elles sont complètement inoffensives pour l’agriculture. Grâce à ses forêts, le district de Paphos est complètement à l'abri du terrible Criquet voyageur, qui ravage toutes les plaines orientales de l'ile. C’est donc un fléau qui se rattache intimement au déboisement produit par la dent de la Chèvre et du Mouton. Les Chypriotes qui ont étudié à fond les mœurs si bizarres du Criquet voyageur, ont observé qu'il se ouide à la vue, et qu'il ne s'engage jamais dans les fourrés un peu épais, de sorte que des plantations assez minces de Figuiers, d'Orangers ou de Grenadiers suffisent pour le dé- tourner et pour préserver les champs qui les avoisinent, car il ne revient point sur ses pas. Maïs ce sont surtout des maquis touffus, composés d'espèces de la famille des Lau- riers, qui préservent le district de Paphos des ravages du Criquet voyageur, parce qu'il ne peut pondre que sur des espaces dénudés, ou couverts d’une maigre végétation, telle que celle des Serpolets, dont se nourrit le Mouton. En Al- série, le seul remède sérieux serait donc de couvrir de four- rés et de taillis les terrains dénudés où il dépose ses œufs, et de les protéger contre la dent de la Chèvre et du Mouton. L'’essence à choisir devrait être la plus vivace parmi les es- pèces indigènes. LA BERNACHE MARIÉE s (CHLOËPHAGA JUBATA) PAR M. GABRIEL ROGERON. La Bernache mariée au Jubata tient par sa beauté parmi les Oies et les Bernaches, la place du Mandarin et du Carolin parmi les Canards, avec encore plus de grâce, plus d’élé- gance et de distinction dans sa personne et ses mouvements. Son plumage moins éclatant, moins chargé, mais d’une grande fraicheur sous sa couleur gris-perle et ses fines ha- chures, n'exclut pas non plus tout ornement, puisque ses ailes sont également parées d’un miroir d’un vert métallique aux nuances les plus vives. Malheureusement Poiseau, trop modeste, a l'habitude de presque toujours cacher sous son manteau de plumes cette partie la plus riche de sa toilette. Quant à ses formes, à sa démarche, elles sont irrépro- chables. Svelte, dégagée, extrêmement jolie de corps et de tournure, cette Bernache est en même temps l'idéal de la te- nue, de la correction et du bon ton. Ses manières sont déli- cates et distinguées. Jamais de ces mouvements brusques, de ces bruyants ébats, de ces querelles maussades et surtout de ces cris sauvages si fréquents parmi le personnel souvent assez mal élevé de nos pièces d’eau et de nos basses-cours. Tout chez cet oiseau est calme, réglé, je dirai même un peu com- passé. Sa voix ne domine jamais; au contraire, il parle bas, et si bas, que quand il veut exprimer ses sentiments, pour peu qu’on soit éloigné de quelques pas, il faut se borner à lui voir ouvrir et fermer le bec sans rien en entendre sortir. Je ne connais pas d’ailleurs d'oiseau dont la voix fasse aussi complètement défaut ; elle ne consiste en effet chez lui qu’en un sourd et léger sifflement. Cette jolie Bernache, de la taille d’un Canard à peine, est en outre de mœurs et d’habitudes si douces, qu'elle est tou- jours dans les meilleurs termes avec ses autres compagnons de captivité, qui sentant qu’elle ne leur donne aucun om- brage, qu’elle ne cherche querelle à personne, la respectent d'ordinaire d’un commun accord. Aussi passe-t-elle ses LA BERNACHE MARIÉE. 479 journées heureuse, tranquille et sans bruit, à paître près de sa femelle sur les pelouses et gazons dont elle est un des plus oracieux ornements; où bien encore à nager paisiblement sur la pièce d’eau qu’elle est bien loin de mépriser à l’égal des autres Bernaches. Elle aime même beaucoup à s'y baigner, y nager, barbotter et presque autant que les Canards dont elle se rapproche par la souplesse et l’aisance de ses ma- mières, et avec qui, sur l’eau, le vulgaire d'ordinaire la confond. Puis elle possède, en outre, cet avantage précieux pour un oiseau d'agrément et aussi joli, de n'être nullement farouche, se laissant approcher, admirer de si près qu'on serait tenté de la toucher et de la caresser de la main. Et même bientôt, si l’on cherche à entrer en relations amicales avec elle en la gratifiant de temps à autre de sa friandise préférée, de quelques mies de pain (car elle n’est pas gourmande et au bout d'une ou deux petites bouchées elle est rassasiée), on a bien vite conquis ses bonnes grâces, et on ne sortira plus dans le jardin, sans la voir, de son petit pas méthodique et correct, et en même temps léger et coquet, venir à votre rencontre réclamer sa modique redevance habituelle. En un mot, la Jubata est un oiseau ravissant, accompli, formant tour à tour le plus gracieux ornement de la pelouse et de la pièce d’eau, puisqu'il aime à se partager également entre les deux, et en même temps si modeste, si peu bruyant, si peu génant et encombrant, qu'il parait pour ainsi dire ne tenir pas de place. Cependant, comme on n’est jamais plei- nement satisfait même des meilleures choses, il faut bien ajouter pour être sincère, que peut-être aimerait-on mieux cette jolie Bernache moins parfaite, moins correcte, avec un peu plus d'animation et de vie, de cet entrain des Canards, par exemple, qui plus bruyants, plus remuants, bien que, tout chez eux ne soit pas du meilleur goût, et que la plupart semblent même d'assez mauvais sujets, sont aussi plus ré- créatifs et plus amusants. Maïs, comme on le voit, si cette Bernache pèche, ce n’est que par excès de perfection. Tout le corps du mâle est, comme je l’ai dit, d’un gris uni- forme, formé de petites hachures blanches et noires, à l’ex- ception de deux bandes noires s'étendant longitudinalement de chaque côté du dos et de petites mouchetures de même cou- 480 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. leur sur la poitrine. La tête et le cou sont d’un brun marron uni, ce dernier revêtu par derrière, à partir de la nuque, de plumes plus allongées, de telle sorte que quand elles se hé- rissent sous l'empire de quelque émotion, elles donnent assez l’idée d'une crinière d’où son nom latin Jubata, à cri- nière. Mais à son état normal cet appendice ne paraît pas, La Bernache mariée mâle. le cou est parfaitement lisse en même temps que mince et dégagé. | La femelle sensiblement de même couleur que le male, n’est pas rayée comme lui de fines hachures en zigzags, mais parsemée sur le corps de taches brunes et blanches se fon- dant dans le cendré du reste du plumage. Sur le dos et la poitrine se retrouvent les mêmes bandes longitudinales et les mêmes mouchetures. La tête et le cou sont également d’un brun marron plus clair et moins franc de ton avec absence complète de crinière et deux bandes blanchâtres passant l'une au-dessus, l’autre au-dessous de l'œil. Quant au bril- sas ré LA BERNACHE MARIÉE. | 48! lant miroir de l'aile, il est chez elle à peu près supprimé et remplacé par une teinte olivâtre presque sans reflets. Son corps est aussi un peu plus épais et arrondi, bien que les formes en soient toujours fort gracieuses. Mais où les deux sexes chez cette espèce en viennent à différer com- plètement, c’est dans la voix. La femelle, en effet, bien loin La Bernache mariée femelle. d'être à peu près muette comme son époux, jouit au con- traire d’une forte voix qui, jointe à une ressemblance presque parfaite avec celle d’un gros chat, ne laisse pas d’étonner tout d'abord et de paraître tant soit peu ridicule venant d'un oiseau de tournure si délicate et distinguée. Aussi son langage manque-t-il rarement son effet et provoque-t-il un mouvement de bonne humeur quand on l'entend la pre- mière fois. Mais il est fâcheux qu'un aussi charmant oiseau, si doux, si familier, semblant si bien destiné à l'agrément et à l’or- 482 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. nement de nos jardins et pièces d’eau, ne soit pas répandu comme le Carolin et le Mandarin qui, par la modicité de leurs prix, sont devenus à portée de toutes les bourses. Car, tandis que ces derniers, depuis une douzaine d'années, sont des- cendus au tiers ou au quart de leur prix primitif, cette Ber- nache a à peine varié le sien qui est toujours resté relati- vement élevé. Différence qui vient de ce que ces Carolins et Mandarins, bien qu’en apparence de nature fort sauvage et moins maniable, se sont plus facilement domestiqués et se sont mis à reproduire presque régulièrement comme de simples Canards domestiques. La Jubata, au contraire, importée d'Australie, n'avait encore reproduit en France ces dernières années, que chez un de nos collègues M. Courtois (1), et depuis, en consul- tant le Bulletin de notre Société ainsi que les journaux d'élevage, je ne crois pas qu'il y ait eu beaucoup d’autres succès de cette nature, car je n’ai jamais vu un seul jeune de cette espèce mis en vente dans leurs annonces. Ce fut en octobre 1884 que je fis pour la première fois l'acquisition d’un couple de ces oiseaux ; et leur arrivée chez moi où cette espèce était entièrement inconnue, causa autant d’'admiration et d’étonnement qu'autrefois mon premier Mandarin. Déjà on avait eu beaucoup de mal à se figurer que celui-ci fût un canard, mais quant à faire croire qu'un oiseau d'aussi petite taille que la Jubata et aussi joli, püt être une Oie, personne ne voulait ladmettre. Et il faut avouer, qu’en effet, si cette espèce a bien tous les caractères distinctifs des Ansériens, la coloration de son plu- mage, ses habitudes plus aquatiques, sa plus grande agilité dans l’eau, ainsi que sa tournure générale, la feraient à pre- mière vue bien plutôt ranger parmi les Canards, que parmi les Oies dont la lourde race domestique sert naturellement de type parmi nous. Cette tendance à vouloir faire de cette Bernache un Canard, est du reste si naturelle, que les amateurs les plus distingués s’y laissent prendre parfois. C’est ainsi que notre honorable collègue M. Courtois, dans son inté— ressant article sur l'élevage de ces oiseaux (2), s’oublie dans (1) Bulletin de 1882, p. 195. (2) Zhid. et) LA BERNACHE MARIÉE. 485 plus d’un endroit, à désigner sous le nom de Cane la femelle, Jubata. Le plumage sur tout, est bien plus celui d’un Canard que d’une Oie ou d’une Bernache. Non seulement les couleurs s’y tranchent et s’y disposent à la facon des Canards, mais les plumes cendrées du corps, spéciales à ces derniers, se retrou- vent chez le mâle Jubata absolument semblables. Ce sont, en effet, bien évidemment ces mêmes fines hachures et légers zigzags du Canard sauvage, du Pilet et la plupart des oiseaux de cette famille. D'ordinaire les nouveaux oiseaux m'arrivent dans un tel état de surexcitation, d'effarement après les terreurs de l’'effrayant voyage en chemin de fer, qu’il est de toute pru- dence de les tenir renfermés au moins les quelques jours nécessaires pour reprendre leur sens. Sans cela, la plupart au sortir de leur panier de voyage s’enfuiraient, comme de vrais oiseaux sauvages, et on ne les reverrait plus. Mes deux Bernaches Jubata, au contraire, me parurent tout d’abord si apprivoisées, si calmes, si peu impressionnées de leur longue route et de leur changement de résidence, qu’au bout de quelques heures je jugeais qu'il n’y avait aucun risque à les laisser en liberté avec mes autres palmipèdes. . En effet, contrairement à l’usage des nouveaux arrivants, parfois si effarouchés qu'il leur faut plusieurs jours pour se décider à prendre la moindre nourriture, elles s'étaient mises aussitôt à faire honneur au repas qu'on leur avait servi et ensuite à brouter l'herbe de la pelouse avec un appétit qu'expliquait assez du reste, près de vingt-quatre heures de jeune forcé. Tout semblait donc me présager que les oiseaux qui montraient si peu d’étonnement et de contrariété de leur changement de résidence, qui paraïissaient de suite si à l’aise chez moi, ne tarderaient pas à s’y acclimater parfaitement et finiraient sans aucun doute par reproduire. Et il y avait d'autant plus lieu de l’espérer, que se nourris- sant de végétaux, d'herbe et de grain, ils trouveraient bien plus facilement chez moi les aliments appropriés à leurs besoins, que mes Canards par exemple, à qui une nourriture plus animalisée était nécessaire, et qui, bien que ne pouvant l'y trouver qu'imparfaitement (1), s’y reproduisaient cepen- (1} On conçoit, en effet, que les Vers et Limaces deviennent vite rares 484 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. dant, pour la plupart. Néanmoins un premier printemps se passa, puis un second, sans qu'ils montrassent la moindre velléité de reproduction, et cela bien qu'ils eussent été une partie de leur séjour chez moi dans les conditions les plus exceptionnellement favorables qu'on puisse supposer, car elles s'y trouvaient en outre, sans que je m'en doutasse, et pendant combien de temps je n’en sais rien, dans un état de liberté complète. | Leurs ailes que je m'étais figurées éjointées quand je les recus, mais dont les plumes étaient seulement coupées, avaient repoussé sans que je m'en doutasse. Dans cette espèce, en effet, les couvertures des ailes recouvrent les pennes jusqu’à leur extrémité et il est assez difficile de savoir d’où en sont ces dernières. Un beau jour donc je ne fus pas peu surpris de voir un Canard au volet à l’aspect inconnu faire nombre de circuits et d’évolutions autour de ma pro— priété, puis finir par s’abattre dans ma pièce d’eau. Consta- tation faite cet oiseau étrange n'était autre que mon male Jubata. Comme il était seul, sans sa femelle, je fus un instant in- quiet. Mais tout s’expliqua bientôt ; celle-ci était restée ren— fermée le matin par mégarde dans le local où couchent mes oiseaux d'eau, et le mâle, ne sachant où elle était passée, avait pris son vol pour aller à sa recherche. On se saisit de la fe- melle, et ayant constaté qu'elle avait aussi elle toutes ses ailes, on les lui coupa avant de la rendre à son époux. Puis il en fut fait de même à celui-ci aussitôt qu'on put mettre la main dessus. De ce fait, il semble qu'on puisse induire ceci : que pour un oiseau, être habitué et être acclimaté sont deux choses sou- vent différentes. Si ces Bernaches, en effet, ne se fussent pas trouvées bien chez moi et par conséquent n'y eussent pas été habituées, elles n’y fussent pas restées, puisqu'ayant leurs ailes elles avaient toute facilité de quitter un lieu qui ne leur eût pas convenu. Cependant elles n’y étaient pas acclimatées, puisque je les eus deux ans sans qu'elles cherchassent à re- produire. Ainsi pour qu'un oiseau soit réellement acclimaté dans un endroit, il faut que non seulement il s’y plaise, mais que son corps, si je puis m’exprimer ainsi, y soit aussi lui là où il se trouve soixante ou quatre-vingts Canards et qu’il n’y en ait pas pour tous. LA BERNACHE MARIÉE. 485 habitué, s'y soit assimilé dans les conditions les plus favo- rables pour la reproduction ; ce qui souvent arrive longtemps après que l'oiseau est parfaitement habitué, et parfois même jamais. Supposant donc qu’en attendant davantage je n’obtiendrais rien de plus, puisqu'elles étaient restées deux années chez moi dans les conditions les plus favorables sans arriver au résultat désiré, je songeai à m'en défaire. Mais, je l’'avouerai, ce ne fut pas sans regret que je me séparai de ces char- mantes Bernaches. Car, si leur passage chez moi, comme les règnes paisibles et heureux, a laissé peu de faits notables à raconter, aucun de ces combats héroïques dont la vie des Casarkas et Bernaches du Magellan est semée, ces jolis et oTracieux oiseaux, si doux, si familiers, avaient conquis les sympathies de tous, on s’y était attaché pendant les deux années que je les avais possédés. Quoi qu'il en füt, je tentai de nouveau l'expérience avec un nouveau couple dont je fis l'acquisition pendant l’au- tomne 1886. (A suivre.) LA MALADIE DES CAFÉIERS AU BRÉSIL Par M. LE Dr MEYNERS D'ESTREY. Le docteur Goldi a remarqué que la maladie des Caféiers au Brésil est causée par des micro-organismes qui paraissent naître spontanément dans la racine des plantes. Ces orga- nismes sont-ils de nature végétale ou animale ? Ceci est une question que le savant naturaliste n’a pas encore pu résoudre. TI croit cependant avoir reconnu des vers. M. Glaziou a trouvé des insectes microscopiques dans la partie tendre des racines, mais il n’a pu rien préciser. Il croit néanmoins pouvoir recommander des remèdes préventifs. Dans un rapport officiel, nous trouvons les renseignements suivants, qui nous paraissent intéressants parce qu'il s’agit ici d'un nouvel ennemi du Caféier, et non de la maladie des feuilles du Caféier qu'on a observée en d’autres pays. Le docteur Goldi a fait un rapport détaillé de ses re- cherches au Ministère de l'Agriculture du Brésil, qui l'avait chargé d'une mission à ce sujet. Ce rapport ayant été soumis par le dit Ministère au Directeur général du Muséum national de Rio-de-Janeiro, le docteur L. Netto, a été classé par ce dernier dans les archives du Muséum sous le titre : Relatorio sobre a Molestia do Cafeeirona Provincia do Rio de Janeiro. Il est illustré de quatre planches représentant les parties atteintes de la plante et les organismes causes de la maladie, ainsi que d’une carte sur laquelle est indiquée la contrée éprouvée et qui a pour centre la ville de San-Fidelis. Les investigations du docteur Goldi ont surtout pour but d'établir le diagnostic de la maladie du Caféier. D’après les instructions qu'il avait reçues dans sa mission, la découverte de la cause véritable ou présumée dé la maladie devait for- mer l’objet principal de ses recherches. Cependant il ne considère pas sa tâche comme terminée, car la seconde partie de son rapport, qui traite de la prophylaxie ou des moyens préventifs de la maladie, n’est guère qu'ébauchée, comme on LA MALADIE DES CAFÉIERS AU BRÉSIL. 487 verra plus loin. Le docteur Goldi nous promet de faire con- naitre ultérieurement la suite de ses études. Le rapport dont il s’agit est le développement d'une com- munication faite antérieurement et dont on avait fait une vingtaine de copies qui furent envoyées par l’auteur à des spécialistes, européens principalement, bien au courant de la pathologie des plantes. Ceci lui procura un grand nombre de collaborateurs compétents qui lui prêtèrent gracieusement leur concours. Un aperçu historique de la pathologie du Caféier au Brésil lui fut donné par le docteur Ph.-A. Caire. Il y est dit que la maladie a été rencontrée depuis environ vingt ans déjà dans le nord de la province de Rio-de-Janeiro, la première fois à proximité de la ville de San-Fidelis, à 12 ou 15 kilomètres au sud-est des monts Collesio, sur les bords de la rivière Pa- rahyba, dans la plantation Pureza, où la mortalité en 1869 et 1870 fut si grande que les propriétaires se décidèrent à aban- donner la culture du Café et la remplacèrent par celle de la Canne à sucre. Aujourd'hui l'étendue géographique du mal est estimée à 84 milles géographiques carrés, c’est-à-dire environ 3,000 kilomètres carrés ou 300,000 hectares. Pour donner une idée de l'intensité du mal, l’auteur établit un tableau comparatif des récoltes des dernières années sur trois plantations atteintes : - BONNE RÉCOLTE RÉCOLTE MOYENNE MEILLEURE RÉCOLTE ACTUELLE. DES ANNÉES D’AUTREFOIS. PRÉCÉDENTES. Plantation À ..... 700 13,800 16,000 arobes. — Eco: 700 10,000 14,000 — = | PARC ER 2,500 11,000 20,000 — L’arobe est égale à 14 1/2 kilogr. Un député donna, en 1886, l'extrait suivant comme résultat d’une liste de quarante plantations atteintes par la maladie. RÉCOLTE GRANDE RÉCOLTE MEILLEURE ACTUELLE. D'AUTREFOIS. RÉCOLTE. [ms ——— 26,580 128,840 234,000 arobes. 4S8 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Le même député, qui cultive du café et qui est très au courant de la question, estime le préjudice causé par la mala- die à pas moins de 5 millions de livres sterling (125 millions de francs), pour les trois villes de Cantagallo, San-Fidelis et Santa-Maria-Magdalena. | Dans un chapitre suivant, le rapporteur passe au dates de la maladie. Celui-ci se reconnait facilement, il est visible à l'œil nu aussi bien pour le non-initié que pour le cultivateur. Toutes les parties extérieures de la plante changent de cou- leur, les feuilles jaunissent, les branches prennent une teinte brun foncé, la plante se dessèche et finit par mourir. L'examen attentif, à l'œil nu, nous apprend que, parmi les organes principalement atteints, les racines occupent la pre- mière place. Les modifications pathologiques de celles-ci consistent en l'apparition d’un grand nombre d’excroissances. Cette formation précède la période où la maladie devient visible à l'aspect souffrant de la plante. Il est donc évident que le mal prend sa naissance dans la racine et qu'il est utile d'étudier les causes et la nature des excroissances. Pour résoudre cette question, le docteur Goldi a eu recours au microscope, et il conclut aujourd’hui à ce que les excrois- sances tuberculeuses des racines du Caféier sont plus ou moins la cause directe de la maladie, qu'elles sont le résultat d'une inflammation locale des tissus parenchymateux causée par la présence d'organismes étrangers à la plante. Ces orga- nismes sucent non seulement les tissus de la tendre racine, mais s’attaquent également au système fibreux. Les organis- mes qui habitent les tubercules sont des descendants d'un Ver microscopique. En outre, la moisissure, causée par une petite plante parasite, contribue également à ces changements pathologiques. De ces deux éléments de destruction, il est probable que le Ver, de l’crdre des Nematodes, est la première cause des tubercules, la moisissure doit être considérée comme une cause secondaire {1}. Les parties extérieures de la plante ne présentent que des altérations qui ne sont uniquement et (1) À l’occasion d'un examen microscopique des racines de canne à sucre atteintes du mal appelé serek, le docteur Treub reconnut également deux pa- rasites, l’un animal, un ÂÆcterodera auquel il a donné le nom de A. javanica, l’autre végétal, une espèce de Pythium, que l’on considéra ensemble comme les causes de la maladie, Le docteur ‘Freub était également d’avis que le para- site animal était la cause première de la maladie de la canne, en même temps que le parasite végétal complète l’œuvre de destruction. Dr: M. d’E. LA MALADIE DES CAFÉIERS AU BRÉSIL. 489 clairement que des conséquences secondaires de la destruction primaire des racines. Selon le docteur Goldi, il n'y a aucune raison, fondée sur l'analyse comparée de la plante malade et de la plante saine, qui puisse faire supposer une autre cause de la maladie du Caféier ; il n’existe aucune indication capa- ble de mettre en doute le fait que le Ver en question joue le rôle principal dans l’origine de cette maladie. Dans un chapitre suivant, l’auteur du rapport nous dit que toutes les plantations, où la maladie a fait irruption sont situées, sans exception, sur un terrain très sablonneux et il a constaté que ce fait est un facteur important dans la ques- tion dont il s’agit. Comme règle générale, nous dit-il ensuite, on peut admettre que les plantes ayant plus de quatre ans succombent toujours, car la mortalité est grande surtout parmi les plantes de quatre à dix ans. Un fait entièrement nouveau est que les racines sont généralement tant soit peu atteintes du mal déjà chez les toutes jeunes plantes. Cette observation du docteur Goldi n’a pas manqué de produire une grande émotion parmi tous les planteurs. Le Ver, cause première du mal, habite la plante dès sa première jeunesse. Le mal existe pour ainsi dire à l'état latent. Il commence ses ravages plus tard. Il est probable que la jeune plante a plus de force de résistance qu'à un âge plus avancé. | Au chapitre consacré à la diffusion de la maladie, le docteur Goldi fait remarquer que les planteurs ont eu grand tort de se passer de jeunes plantes, trafic qui s’est fait sur une grande échelle et qui a eu pour conséquence de propager la maladie à des distances considérables. De l'avis du docteur Goldi la maladie est positivement contagieuse ; toutes ses expériences prouvent ce fait et il a la certitude que les grains de semences sont parfaitement sains. L’infection se produit dans le sol, les racines de la plante mère contaminent celles de la jeune plante, c’est le Ver qui déménage dans les couches supérieures de la terre. Le docteur Goldi donne aussi une description détaillée du Ver et de son développement. Le docteur C. Jobert qui a déjà quoique très superficiellement traité ce sujet en 1878 suppo- -sait que le Ver en question était un Anguillula, il n'avait même pas pu établir son sexe. Le docteur Goldi nous dit au contraire que c’est une femelle qui s’enkyste dans les tuber- 20 Mai 1889. 392 490 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. cules de la racine ét dont les œufs donnent naissance à de nouveaux individus. Il hésite à l’admettre dans la famille des Anguillula et préfère en faire l’objet d’une race à part à laquelle il donne le nom de Melcidogyne exigua, d’après la forme particulière du Ver dans son kyste. En parlant des maladies du caféier en d’autres pays l’auteur observe que l’on ne rencontre nulle part au Brésil la maladie des feuilles connue sous le non de Æesnileia vastatrix. Jusqu'à présent le Caféier du Brésil n’a pas été visité par cette espèce de moisissure. Il nous reste encore à signaler la partie propane des recherches du docteur Goldi. Dans un second rapport adressé également au ministère de l’agriculture, il a donné son avis relatif au traitement de la maladie et à sa prophylaxie. Pour ce qui est du traitement lorsque le mal existe, il croit qu'il sera difficile sinon impos- sible de trouver un remède infaillible. Il en est ici du Caféier comme de la Vigne atteinte du Phylloxera, car lorsque le mal éclate au point de devenir visible, on n’a plus affaire à un patient mais bien à un agonisant. L'état des racines est alors tel qu'il n’est plus possible de les sauver, vouloir guérir une plante en pareille situation équivaudrait à la prétention de vouloir guérir un homme dont les deux poumons n’existe- raient plus. Les moyens préventifs indiqués par le docteur Goldi ne doivent pas non plus être considérés comme infaillibles ; il a soin de nous le dire lui-même et est loin de prétendre à ce que ses travaux soient complets et parfaits. D'ailleurs le temps lui a manqué pour terminer cette dernière partie de ses expériences : Il s’agit d'éviter soigneusement les terrains sablonneux et de choisir de préférence les terres grasses ou argileuses. Le cultivateur qui ne veut pas s’exposer à voir le mal envahir ses plantations, doit refuser rigoureusement les plants d’ori- gines inconnue ou douteuse et prendre d'autant plus de pré- cautions si ses terres sont peu éloignées des terres eee nées. Le plus sûr est de ne sé servir que de plants qu'on a élevés soi-même et de ne les introduire dans une nouvelle planta- tion, qu'après les avoir soumis à un examen minutieux. La moindre irrégularité dans la grosseur des racines doit pa- Us LA MALADIE DES CAFÉIERS AU BRÉSIL. 49€ raître suspect et Goldi conseille de brûler sans hésitation les plants qui présentent ces irrégularités. Avec ces précautions il n’y a guère de danger que la ma- ladie éclate dans des plantations parfaitement saines. La génération spontanée n’est pas admissible avec les progrès des sciences biologiques. Donc si le mal se représente, il a dû être introduit par un accident quelconque. Un seul plant dont les racines sont atteintes, peut causer la perte d’une planta- tion entière. Le docteur Goldi s'occupe actuellement de nouvelles re- cherches sur les jeunes plants. Il voudrait trouver un remède certain pour les sauver lorsqu'ils sont atteints du mal à l'état latent. Mais la solution de ce problème réclame des expé- riences nombreuses et prolongées. Il promet de faire con- naître ultérieurement le résultat de ses recherches, de même que le résultat de ceux se rapportant aux engrais qui con- viennent le mieux au Caféier. CULTURES DIVERSES EN CALIFORNIE ET EN FLORIDE Par M. H. BRÉZOL. L'Arachide ou Pistache de terre, Arachis hypogæa, la légumineuse africaine bien connue, fut introduite au Brésil par les nègres enlevés jadis aux régions sénégaliennes et congolaises, et s’est rapidement naturalisée dans l'Amérique méridionale, qui en possède aujourd’hui cinq ou six espèces poussant à l’état sauvage. On l’a également acclimatée aux Indes, en Espagne et en Chine, mais on ne cultive qu'une espèce de très petite taille dans cette dernière région. La fabrication de l'huile d’Arachide prenant de plus en plus d'extension, les Américains, qui consomment chaque année sous les noms de pea-nut, pois-noix, de pindar et de goober, 1,090,440 hectolitres de ces graines, ou 30 millions de kilogrammes, valant 17,095,000 fr., soit 0 fr. 55 environ le kilog., ont créé des plantations, en Virginie, en Géorgie, dans le Tennessee, et plus récemment en Californie, où la dernière récolte était estimée 194,660 francs. Cette plante annuelle se cultive très facilement en Cali- fornie, dit le Chicago-Times, dans une bonne terre à blé sablonneuse mais assez humide, conditions que réalisent sénéralement [les champs voisins des rivières débordant en hiver ou au printemps, champs où les Melons prospèrent également. Après un labour de 15 centimètres environ de profondeur et un hersage, la semaille s’effectue quand les gelées ne sont plus à craindre, en mars, et jusque vers le milieu d'avril. On doit préalablement écorcer les graines sans froisser l’amande, ce qui s'obtient en les martelant avec un léger maillet. Ces graines se plantent par trois ou quatre à chaque pied, en files parallèles écartées de 50 centimètres, avec un intervalle de 1",20 entre les pieds ; on recouvre en- suite de 5 centimètres de terre. On opère d’une facon différente dans le sud de la Californie, les graines étant déposées par groupes de deux seulement, CULTURES DIVERSES EN CALIFORNIE ET EN FLORIDE. 493 dans des sillons parallèles écartés de 90 centimètres, avec un intervalle de 45 centimètres d’un pied à l’autre. Quand les fruits sont formés, la plante recourbe leurs pé-- tioles, et les fait pénétrer dans le sol où s'effectue la mâtura- tion, généralement atteinte en octobre. On doit donc les sortir du sol pour les récolter. Cette opération s'exécute au moyen d'une charrue de forme spéciale, ouvrant un sillon à droite et à gauche de chaque rangée de pieds, pour découvrir les orains qu'une herse étroite et légère arrache ensuite avec leurs tiges souterraines. On choisit pour la récolte une pé- riode où le sol ne soit pas humide, et un temps clair, afin que les graines se dessèchent rapidement. Les plantes sèches sont - ensuite entassées sur une couche de paille, autour d’une perche solidement enfoncée dans le sol, les fruits placés vers l'intérieur, et chaque meule est recouverte d’un capuchon de paille attaché à la perche. Au bout de trois à cinq semaines, on détache les graines, ce qui constitue une opération assez longue à effectuer, mais les inventeurs ont déjà imaginé plu- sieurs types de machines, procurant une grande économie de main-d'œuvre. On donne enfin un aspect net et luisant aux Arachides, en les faisant passer dans un tarare. Deux variétés d’Arachides se cultivent en Californie. La première, à tiges rampantes, fournit des graines blanchâtres qu'on achève parfois de décolorer en les soumettant à des fumigations d'acide sulfureux. L'autre pousse en touftes droites, plus faciles à cultiver que la variété blanche, ses araines sont de couleur rouge brun. L’acre de bonne terre, 40 ares 47, peut fournir une récolte de 36 hectolitres. La Californie produit, on le sait, une grande quantité de fruits, muürissant plusieurs semaines avant ceux des autres régions des Etats-Unis, ce qui leur assure un écoulement très facile et les fait même expédier vers l'Europe, l'Australie et les îles Sandwich. La récolte des Orangers, plus abondante, parait-il, qu'en 1887-88, est aussi de qualité supérieure. Les Oranges californiennes sont beaucoup plus estimées du reste par les Américains du Nord, que celles du Mexique ou de la Chine. Les Noyers, plantés en véritables forêts tout autour des habitations, ont produit 681,000 kilos environ de Noix, va- lant 77,000 francs. Chaque arbre en fournit 36 à 37 déca- litres, pour 20 à 22 francs en moyenne, et on extrait 500 _ 494 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. ; orammes d'huile de 1 kilog. de Noix. Jusqu'à présent ces ar- bres de nos contrées plus inclémentes cependant, étaient restés confinés sur la partie méridionale de la Californie. S'ils pouvaient prospérer dans le Nord, quand une succession d'hivers peu rigoureux favorisait leur croissance, une forte gelée les abattait, ou stérilisait ceux qui avaient résisté. Vers 1874, lisons-nous dans un journal américain, le Fruit Groncer, les Californiens songèrent à substituer des types plus robustes à leurs Noyers indigènes, à leurs os Angeles, et s'adressèrent aux variétés françaises, qui ont pleinement justifié cette pré- férence, car le froïd ne les a pas incommodés, tandis que des los Angeles voisins étaient tués par la gelée. On estime beau coup leurs Noix à écale mince, et n’ayant pas l’amertume des fruits des {os Angeles. Les variétés introduites sont : le Juglans preparturiens, très productif, qui rapporte de bonne heure, et se plante surtout auprès des vieux /0s Angeles, aïin de les féconder. L’A. Bijou, le plus grand des Noyers, variété très productive également, quoiqu’elle ne jouisse pas de la même réputation en France ; ses fruits sont moins denses, il est vrai, que ceux d’autres types. Le Juglans serotina, portant lui aussi des fruits moins estimés, mais entrant assez tard en végétation, ce qui le rend précieux pour les contrées où les gelées tardives sont à redouter. Les variétés Chaberte et Mayette, à végétation assez tar- dive également, et ne pouvant être exploitées qu'à partir de la septième année. Ces arbres vont remonter progressivement vers le Nord, et des essais sont déjà en voie d'exécution dans les vallées de la Sierra-Nevada. La variété de Grenoble est déjà cultivée en divers autres points des États-Unis, mais ses fruits se vendent près de moitié meilleur marché que les noix à écale excessivement mince, dites Paper shell, écale de papier, celles du Noyer Princess, par exemple. Si un arbre des pays froids, tel que le Noyer, supporte difficilement les hivers, peu rigoureux cependant, de la Cali fornie septentrionale, certaines espèces tropicales se retrou- vent d’une extrémité à l’autre de cet état. Le Faux Poivrier, Schinus molle, y croît en magnifiques avenues, respectées par CULTURES DIVERSES EN CALIFORNIE ET EN FLORIDE. 495 les innombrables insectes ennemis des végétaux, qui n'osent attaquer son bois et son feuillage fortement odorants. La Cali- fornie est le seul État de l’Union où cet arbre ait pu être cultivé. Le Caféier, par contre, n’y a pas donné de meilleurs résul- tats que dans les autres régions des États-Unis. Depuis vingt- cinq ans, le département de l'Agriculture répartissait chaque année un certain nombre de plants entre les États où on supposait que cet arbuste pourrait s’acclimater, mais ces essais sont toujours restés infructueux. Quelques drupes ont bien müri sur la rivière Manatee, en Floride, il y a plusieurs années, mais à grand renfort d’abris pendant l'hiver, et les arbustes qui les avaient produites furent ensuite détruits par une gelée exceptionnelle. Même quand l'hiver s'écoule sans gelée, ces fruits ne mürissent généralement pas; aussi le gouvernement américain, reconnaissant que le Caféier peut seulement être productif là où le froid ne descend pas au dessous de limites généralement dépassées dans les États les plus favorisés, a-t-il renoncé à poursuivre ces essais. La Californie possède un grand nombre d’Oliviers, et il y a quelques années, M. Redding songea à y introduire la variété dite Piquelin, cultivée dans le midi de la France et en Italie où elle porte des fruits de petite taille fort estimés. Il distribua un certain nombre de plants à plusieurs agriculteurs, mais les résultats ne furent pas favorables, et on pensait généralement que ses correspondants européens lui avaient adressé des plants d'Oliviers sauvages. M. Redding, qui ne se laissa pas décourager, expose actuellement à San-Francisco de l'huile obtenue de ses Oliviers. Cette huile serait de beaucoup supé- rieure, d'un goût plus fin que celle des olives de la variété Mission, généralement cultivée en Californie. Le Figuier de Smyrne et le Figuier de l’Adriatique y pros- pèrent également, et nous lisons dans le journal américain Garden ana Forest, que la Californie exposera à Paris, en 1889, toute une série de figues sèches, conservées par diffé- rents procédés, confites dans le sucre, dans le vinaigre, etc. La Vigne se multipliant de plus en plus dans cet État où les vendanges de 1888 auraient rendu 9 millions de kilo- orammes de raisins, les vins français, sauf quelques crus de choix, ont été absolument chassés de la côte ouest des États- Unis, et d'importantes agences de vente, établies à New-York, à Philadelphie et dans d’autres villes importantes, créent 496 . REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. chaque jour de nouveaux débouchés vers l'Est aux produits californiens. La Louisiane, l’État où il se boit le plus de vin, ne consomme plus guère que des crus nationaux. D'après un journal allemand, la National Zeitung, la Californie songerait maintenant à exploiter une autre indus- trie européenne. Il y a dix ou quinze ans, on avait vaine- ment essayé de cultiver la Betterave aux environs de San- Francisco. La nature du sol paraissant cependant être très favorable au développement de ces racines, un industriel compétent, M. Claus Spreckels, le plus riche fabricant, le roi du sucre des États-Unis, vient de fonder à une quarantaine de lieues de la capitale californienne, une importante fabrique de sucre, alimentée par de vastes champs de Betteraves. Si la Californie empiète sur les cultures européennes, l'Europe lui a fermé, par voie très indirecte, il est vrai, un de ses marchés de consommation. Entre tous les États amé- ricains, c’est elle qui recueille le plus de miel, et des cargai- sons entières de ce miel étaient dirigées sur l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Une centaine d’Abeilles, venues d’Angle- terre, mises en liberté dans cette dernière île, il y a trois ans, aux environs de Littleton, afin d'assurer la fécondation des fleurs du Trefle par le transport des grains de Pollen, et d'éviter l'importation de ses graines qu'on devait faire venir d'Allemagne, se sont si rapidement multipliées que la Nou- velle-Zélande produit aujourd’hui le miel nécessaire à sa consommation. Un seul essaim a donc supprimé le commerce des graines allemandes et celui des miels californiens. On propage beaucouples ÆEucalyptus sur les digues longeant le Sacramento et la rivière San-Joaquim, qu'ils maintiennent par un lacis de racines enchevêtrées, dit l'Overland Monthly. Ils contribuent, en outre, à améliorer les régions stériles grace aux matières organiques retenues entre ces racines, ramènent les éléments assimilables ensevelis dans le sous-sol, et les cèdent sous forme de feuilles mortes aux couches supé- rieures. Fréquemment abattus au ras du sol, les Zucalyptus californiens ne tardent pas à repousser et fournissent un bois ferme et résistant, très estimé pour la construction des na- vires, celle surtout des baleïiniers ; on en fait des poteaux télé- graphiques, des traverses de chemins de fer, des clôtures de pâturages, etc. Les branches donnent un charbon assez esti- mé, et l’incinération, dans de vastes fosses des feuilles et des CULTURES DIVERSES EN CALIFORNIE ET EN FLORIDE. 497 menus rameaux, fournit une excellente potasse perlasse dont M. Von Mueller évalue le rendement à 23 par 1,000 kilogs. La Graminée, connue sous le nom d’ÆZerbe des Pampas, dont on avait primitivement fait quelques pâturages aux environs de Santa-Barbara, s'étend maintenant en vastes prairies, et sa vogue croît sans cesse, car elle fournit une erande quantité de Foin avec une faible main-d'œuvre. Nous signalerons enfin, comme dernière innovation, l'essai d'introduction de la Cochenille mexicaine en Californie, que tente en ce moment M. Charles Turrill. Tout en restant largement rémunératrice sur la partie Sud- Ouest des États-Unis, la culture de l'Ananas y réussit moins bien cependant qu'en Floride où l'extension qu'elle a prise en fait actuellement la principale ressource de cet État. Les plan- tations ne sont pas très vastes, 6 à 8 hectares seulement, mais l’acre de terre, 40 ares 5 centiares environ, recoit 46,000 pieds, valant 52 c. le mille, ce qui donne un chiffre total de 250,000 à 500,000 pieds pour chacune d'elles. L’Ananas rapporte autant dès la deuxième année que des Orangers de dix ans. On le cultive sans abri dans tout le sud de la presqu'ile, et sa haute valeur commerciale permet de sacri- fier une certaine somme pour le garantir du froid dans la partie Nord, où une légère couverture suffit généralement du reste. Un certain nombre de ces fruits se vendent frais ou confits, mais on en fait également un vin possédant un fin bouquet, une sorte de cidre, d'excellents alcools et un vinaigre supé- rieur à tout autre. La variété Grande Trinidad donne peu de fruits, magni- fiques, il est vrai, et se vendant de 5 c., 20 c. à 7 c., 80 c. La variété, dite Reine d'Égypte, est la plus estimée comme rap- port, mais ses fruits ne peuvent être confits. La fabrication des essences parfumées, qui prend un grand développement aux États-Unis, a amené la création de vastes cultures de plantes odoriférantes, de Tubéreuses principale- ment, dans certains États méridionaux. Il existe, en Floride, une plantation de Tubéreuses s'étendant sur 80 hectares, à raison de 420,000 pieds environ par hectare. On trouve, dans la Caroline du Sud, de nombreux champs contenant 150,000 pieds de Tubéreuses, 200 ou 500,000 pieds de Jorquilles, 10 ou 15,000 pieds de Violettes. IT. CHRONIQUE DE L’EXPOSITION UNIVERSELLE. —— UNE PROMENADE À L'EXPOSITION Par L. MAGAUD D’AUBUSSON. La Revue inaugure aujourd'hui la série des chroniques qui paraîtront à cette place pendant toute la durée de l’'Exposi- tion universelle. Le Conseil de la Société nationale d’Acclimatation a décidé, en effet, de consacrer quelques pages de chaque numéro à ces grandes assises de l’industrie humaine qui mettront en lu- miere, sous des aspects si nombreux et si variés, les applica- tions des sciences naturelles. Ces causeries bi-mensuelles formeront une sorte de guide à l'usage de nos lecteurs, car l'Exposition y sera examinée dans toutes les parties qui les intéressent particulièrement. Ils risqueront moins d’omettre quelque coin curieux, au point de vue de leurs études habi- tuelles, de cet immense bazar de l'intelligence et du travail. Promettre de s'étendre sur tout ce qui touchera par quelque point à l'histoire naturelle appliquée serait prendre sans doute un engagement difficile à tenir, car si on en juge par les ins- tallations encore inachevées le sujet offrira une ampleur peu commune. Trouverait-on d’ailleurs une grande utilité à reve- nir sur des applications déjà anciennes, connues, admises, lorsque les produits qu'on aura sous les yeux ne porteront pas la marque d’un progrès nouveau et véritablement remar- quable ? Nous estimons au contraire que la Revue des sciences naturelles appliquées qui est bien là sur le vaste domaine qui lui appartient doit surtout en faire parcourir à ses lecteurs les endroits encore inconnus ou incomplètement explorés, sauf à leur signaler en passant les accidents de la route qui méritent d'être vus sans être dignes de les retenir longtemps. Nous allons faire ensemble, en attendant, si vous le per- mettez, une promenade rapide, très rapide, dans ce pays des merveilles au milieu des caisses qu'on décloue, des ballots qu'on éventre et de la cohue des ouvriers de toutes les cou- PPS LS. ns à di nd ou dm UNE PROMENADE A L’EXPOSITION. 199 leurs, de toutes les langues et de tous les costumes. On par- lera certainement aux pieds de la tour Eiffel plus d’idiomes divers que n’en a entendus la tour de Babel. En cette saison printanière, les fleurs ont droit à notre première visite. Entrons dans le jardin du Trocadéro aux pentes parfumées et aux fontaines jaillissantes. Nous voilà dans l'empire de Flore, comme on disait au siècle dernier. L'Exposition d’horticulture fleurit partout ce parc charmant. Bien que la température n'ait pas été, au début, très favo- rable, d'élégantes corbeilles s’étalent dans tout leur éclat sur le tapis vert des pelouses. La Pensée est ici la reine, reine de quelques jours ; car les concours se succéderont avec les saisons des fleurs. I y en a de toutes les teintes, blanches sans taches, bleu clair, bleu foncé, à fond cuivré, acajou, dorées, argentées, bronze, d’un violet profond et d’un violet plus adouci, deuil et demi-deuil disent les horticulteurs, d’autres sont panachées, striées de la plus ravissante façon. Plus loin des Résédas élèvent leurs pyramides odorantes et les petites étoiles bleu-pâle des Myosotis mettent une note douce à côté de la tonalité éclatante des Giroflées violettes et des Kiris rouge-sang. | La Hollande, patrie légendaire des amateurs de Tulipes, a entouré la pelouse du grand bassin d’une magnifique guir- lande de sa fleur de prédilection. « Nouveauté de semis, n’est pas dans le commerce », porte l'étiquette. Cette variété est dé- diée à Darwin. Tige frêle et délicate, soutenue par un mince corset de métal, corolle conjuguant tous les tons du rouge. Cette création a dû être un gros événement à Haarlem. Son auteur se nomme Krelage, fournisseur du roi. Ne quittons pas le royaume des Pays-Bas sans jeter un coup d'œil sur ses conifères qui sont fort remarquables. Sa voisine, la Bel- gique, a fait également un envoi très intéressant. Avant d'entrer sous les tentes qui décorent les deux côtés du jardin, dirigeons-nous vers le carré de l'Exposition japo- naise. On le reconnaît de loin à sa palissade de Bambous. Ce sera la grande curiosité horticole lorsque les jardiniers ja- ponais auront réparé les malheurs qu'ils ont éprouvés dans l'expédition de leurs plantes. Par suite d’un emballage défec- tueux leurs envois sont arrivés, paraît-il, en grande partie avariés. Ce qui reste n’en offre pas moins un intérêt d'ordre très spécial. 500 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Les horticulteurs du Japon pratiquent un art singulier, celui de fabriquer des monstres et des naïns. L’art horticole des Japonais se ressent de cet amour du grotesque, de cette fantaisie souvent un peu macabre, qui à, côté de productions artistiques pleines de délicatesse et de charme leur fait imaginer ces masques grimaçants et ces corps déformés que prodiguent leurs sculpteurs et leurs peintres. Ils prennent donc un arbre destiné à atteindre, dans son état habituel et normal des hauteurs de vingt à trente pieds, parfois davan- tage, et par des procédés dont ils gardent le secret le tortu- rent savamment jusqu'à ce qu'ils soient parvenus à le main- tenir dans des proportions lilliputiennes. On voit au Trocadéro plusieurs échantillons de ces essences dont la taille a été réduite à 50 ou 60 centimètres. Ils paraissent assez bien portants, mais leur tronc noueux et tordu rappelle le traite- ment violent auquel ils ont été soumis. C’est original, étrange, curieux, mais j'avoue, pour mon compte, que ces malheureux végétaux ainsi rabougris artificiellement m'ont causé une émotion pénible comme celle que me fait éprouver la vue d'un être humain contrefait. Afin de ne pas rester sur cette facheuse impression allons faire une visite aux jolies fleurs exposées dans les pavillons et reposons nos regards sur les superbes collections de Jacinthes, d'Anémones, de Renoncules, de Cinéraires, de Calceolaires, d'Œillets et de Tulipes dont les couleurs variées et chaudes sont un enchantement. Mêlés à ces dons de Flore, quelques dons de Pomone. Des fruits conservés, Pommes et Poires, dont la merveilleuse fraicheur rivalise avec l'éclat des plus belles fleurs. : Le pavillon des Eaux et Forêts, originale construction toute en bois laissés sous écorce, nous arrête quelques instants. Au milieu du désordre qui y règne, car les travaux d'aménagement intérieur ne sont pas encore terminés, nous voyons çà et là des échantillons des différentes essences d’ar- bres qui croissent dans nos bois, des modèles de l’industrie de la forêt, et des ustensiles forestiers de toutes sortes. Troiïs vues dioramiques des travaux exécutés dans les Alpes et les Pyré- nées pour le reboisement des montagnes décorent la salle du rez-de-chaussée et au bas de l'escalier qui conduit à une galerie soutenue par des colonnades faites avec des arbres séculaires coupés dans les forêts nationales, une pièce d’eau UNE PROMENADE A L’EXPOSITION. : 901 est très pittoresquement entourée de plantes aquatiques et de spécimens des grands animaux de nos forêts, envoyés par le propriétaire d’un des plus importants équipages de chasse, M. Servant, lieutenant de louveterie, membre de notre Société. Tout à côté de ce pavillon s’allonge, parallèlement au quai, l'élégant hangar qui abrite les couveuses artificielles de la maison Voitelier, de Mantes. Nous franchissons enfin la Seine au pont d'Iéna et, en sui- vant des jardins délicieux qui sont comme une continuation de l'exposition d'horticulture, nous arrivons au dôme cen- tral. Dans la grande galerie de 30 mètres, par laquelle on pénètre dans les groupes français, nous nous arrêtons devant la sixième porte du côté gauche. A défaut de toute autre indication, la décoration même de cette entrée monumentale nous invite à entrer. Les piliers sont des arbres sous écorce surmontés l’un d’un Vautour fauve, l’autre d'un Aigle balbu- zard, tous les deux les ailes déployées. Des filets disposés. avec goût forment d'élégantes et légères draperies, surmon- tées de têtes et de massacres de cerfs. À droite, un Lion rugit sur un rocher dénudé ; à gauche, un Ours blanc en fait autant sur un glacon. Au fronton cintré, un Crocodile, la gueule ou- verte, se détache sur un fond d’or. Toutes ces bêtes à physio- nomies peu rassurantes semblent défendre les abords de cette galerie, consacrée principalement à des produits de chasse et de pêche. Dans la première salle nous retrouvons une exposition forestière. Des échantillons de la mise en valeur des landes de Gascogne, puis une collection de bois des îles, Palissandre, Acajou moucheté de Cuba, moiré de Santo-Domingo, bois de Camphrier de Chine. Des Lièges et une exhibition de l’indus- trie française du Rotin. Un phénomène! Une pile d'Acajou du Mexique de 4 mètres de hauteur, 2",25 de diamètre et 6m,80 de circonférence. Exemplaire unique. C’est du moins ce que m'assure son propriétaire. Au centre de la salle une vitrine renferme toute une série de défenses d'Éléphants, quelques-unes énormes, capables de rivaliser avec les deux défenses de Mammouth déposées là sans doute en souvenir des ancêtres. Quelques ustensiles indigènes en dents d'Élé- phants, très grossièrement faconnés, entre autres un casse- grain du centre de l'Afrique, et une sorte de cornet ou de 502 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. trompe du Congo. Encore des Lions rugissants, groupes ex- posés par M. Deyrolle. La salle suivante doit être intéressante, si elle justifie dans une bonne mesure les promesses de son titre : chasse, pêche, cueillette. Malheureusement beaucoup de vitrines sont encore vides. Parmi les produits que nous avons pu examiner, nous citerons une belle collection d'Éponges. Ce précieux zoophyte, qui affectionne les eaux chaudes et tranquilles, est abondant dans la Méditerranée, la mer Rouge, le golfe du Mexique. Il est toujours fixé sur des corps étran- cers, comme nous le montrent quelques échantillons des exposants, et se trouve en général dans les fonds de 5 à 20 brasses. Il forme une masse d’un tissu léger, élastique, de couleur roussàâtre ou noiïrâtre, habité par une colonie de Po- lypes, espèces de tubes transparents, susceptibles de contrac- tion et d'extension, qui s'écoulent en matière gluante lorsqu'on retire l'éponge de l’eau. C’est donc après avoir recu une pré- paraticen assez compliquée que celle-ci se présente sous l'aspect que nous lui voyons chez les marchands. Elle donne lieu à une pêche très importante principalement exploitée par les Syriens et les Grecs, depuis Beyrouth jusqu'à Alexandrie. Jlya un grand nombre d'espèces d’éponges qui se distinguent _en plusieurs sortes, suivant leur forme, leur qualité et leur origine. Les plus estimées proviennent des côtes de Syrie, de l'Archipel et des côtes de Barbarie. La consommation de l'Éponge va toujours e en augmentant, et comme sa récolte est faite, sur divers points, sans direc- tion intelligente et sans prévoyance préservatrice, l’exploi- tation menace d’appauvrir d’une manière inquiétante les fonds peuplés de ces zoophytes. Il est donc extrêmement désirable que sa culture devienne une des industries de la mer. La Société d'Acclimatation s’est préoccupée autrefois de cet. état de chose, et en 1862, elle prit l'initiative d'expériences pour étudier les moyens d'obtenir la reproduction et la cul- ture des Éponges du Levant sur les côtes méditerranéennes de la France. Cette première tentative, faite du reste dans des conditions peu favorables, ne réussit pas, maïs elle eut ce résultat avantageux de provoquer quelques essais à l’é- tranger, notamment sur les côtes de Dalmatie. Pourquoi ne pas reprendre cette intéressante question à l’occasion de LA = c25 "gs | dr dis iris UNE PROMENADE A L’EXPOSITION. 50 l'Exposition universelle où nous pourrons trouver des élé- ments d'enquête et recueillir des renseignements utiles ? L'intérêt engagé en vaut la peine. La naturalisation des meilleures espèces d'Éponges sur les côtes de France et d’Al- série deviendrait une nouvelle et importante source de ri- chesse. Nous cherchons en vain dans cette salle un autre zo0o- phyte industriel, le Corail. IL est absent. Nous le retrouve- rons sans doute prochainement dans une des vitrines ac- tuellement vides. Notons en passant une collection de cornes de Bovidés de différentes provenances, de Hongrie, du Cap, de Rio-Janeiro, de Saïgon, de l’'Uruguay, de Montévidéo; toutes les catégories de soies de Porc et de crins de Cheval; des fanons de Ba- leine ; du duvet de plumes pour divers usages domestiques, édredons, coussins; une jolie vitrine tout éclatante de blancheur, renfermant des peaux en duvet d’Oies et de Cy- ones et des objets de fabrication, houppes à poudre, boas, manchons. Le Lapin tient ici une grande place, peaux et poils coupés, fourrures et feutres. C’est étonnant tout ce qu'on peut faire avec la dépouille de ce pauvre animal. A citer encore de belles peaux de Chèvres venues de Corse, des pelleteries et des spécimens de l’industrie de la Nacre, coquilles brutes et décapées. Parmi les sections étrangères de cette partie de l'Exposi- tion, nous signalerons en première ligne celle où la Grande- Bretagne expose les produits de la province de Victoria, Australie, et de la Nouvelle-Zélande. Cette exposition est in- téressante à plus d’un titre et mérite qu’on y revienne dans quelque chronique spéciale. Des laines, naturellement, et en srande quantité, des fourrures en peaux de Kangourous et des collections de faunes locales, mammifères, oiseaux, ser- pents, insectes. Une utilisation assez curieuse des œufs de Casoars, sculptés comme des coquilles à camées. De magni- fiques plumes d’Autruches. La Norwège et la Russie ont en- voyé un grand nombre de superbes pelleteries qui nous fourniront également de précieux matériaux d’études. Hâtons-nous d'arriver dans cette rue du Vieux-Caire si pittoresque et, paraît-il, d’une restitution si fidèle. Nous y trouverons les Anes d'Égypte dont notre première section s’est occupée à plusieurs reprises et qu’elle pourra venir oÙ4 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. examiner là sur le vivant. Ce sont de beaux animaux à robe blanche, d’une taille assez élevée. Ils ont une physionomie plus vive et plus intelligente que les représentants de ‘nos races asines européennes, et aussi, assure-t-on, des allures beaucoup plus rapides. On ne peut guère en juger ici, du moins pour le moment, car les àniers égyptiens, revêtus de leur longue chemise bleue, les promènent lentement au milieu de la foule avec une nonchalance toute orientale, mais à voir cependant le port fringant de la tête et les impatiences du sabot de ces baudets du pays des Pharaons, on est disposé à croire qu’ils vaincraient de plusieurs longueurs, à la course, la plupart de nos ânes de France. | Nous traversons le Champ-de-Mars, en regrettant que beaucoup de pavillons étrangers ne soient pas encore ouverts au public, notamment ceux des puissances de l'Amérique du Sud, où nous aurions eu certainement à noter beaucoup de choses intéressantes, êt passant devant l’histoire rétrospec- tive de l'habitation reconstituée depuis les abris sous roche jusqu'aux constructions élégantes de la Renaissance, nous arrivons à l'Exposition d'Agriculture établie tout entière sur le quai d'Orsay. Il faudrait un gros volume pour passer en revue comme il convient les richesses agricoles étalées sous nos yeux. Tout ce qui constitue la vie rurale est là, méthodiquement classé, étiqueté, catalogué, sauf les bestiaux et les animaux de basse- cour qui auront une exposition à part. Magnifique lecon de choses qui montre les trésors que l’homme a su arracher à la terre à force d'intelligence et de labeur, car cette mère nour- ricière du genre humain veut être violentée pour livrer le fruit de ses entrailles fécondes. Mais qu'il est beau le spec- tacle des efforts de l’homme, et comme les merveilleux résul- tats du travail opiniâtre qui lui est imposé le dédommagent largement de ses sueurs. Tout ici serait à noter et à admirer, machines agricoles et matériel viticole, produits du sol et leurs dérivés, spécimens d'exploitations rurales et d'usines agri- coles. Nous ne pouvons que vous recommander d’aller voir et tout voir de vos yeux. Vous ne regretterez pas votre visite. Nous sommes heureux de constater que l'impulsion donnée à notre agriculture nationale depuis une trentaine d'années ne s’est pas arrêtée et que, sous bien des rapports, elle occupe toujours la première place. Péturage et labourage sont les UNE PROMENADE A L'EXPOSITION. 905 deux mamelles qui alimentent la France, disait Sully. Eh bien ! malgré la crise que nous traversons, dont les causes diverses peuvent se résumer en une seule, le malaise forcé d’une époque de transition et de transformation économique, la parole est toujours vraie. C’est notre sol, la terre de France, qui fait notre véritable richesse, quoique cette terre soit actuellement bien loin de donner tout ce qu’elle pourrait rendre si le paysan savait le lui demander par des cultures intensives. Nos écoles d'agriculture, nos stations agronomiques, nos écoles vétérinaires devenues des pépinières de savants, et des auxiliaires plus modestes, nos instituteurs communaux, vul- garisateurs précieux des saines doctrines agricoles dans nos campagnes, se sont efforcés à l’envi d'enrichir cette expo- sition. Que de collections instructives, nous ne dirons pas seulement pour le savant, mais aussi pour le simple éleveur ou amateur d'animaux. Par exemple, dans l'exposition de l'école vétérinaire de Lyon, les pièces anatomiques des ani- maux domestiques, l'étude comparée du crâne dans l'espèce galline, et ceile de l’âge, sur cette même espèce, par le déve- loppement de l'éperon du mâle; des spécimens des pièces servant à l'étude de l’âge du Cheval et du Chien, exposés par l’école d’Alfort, ainsi qu'une belle tête de bœuf fato aux ca- ractères bien accusés. L'école d'agriculture de Montpellier nous envoie des Vers à soie et des Cocons élevés à la station séricicole. ME Plus loin, nous rencontrons des ruches et des articles d’a- piculture, des échantillons de miel et de cire. Une belle col- lection de séricigènes, classés par régions, exposée par notre collègue, M. Fallou ; un tableau d'insectes utiles et nuisibles à l’agriculture et aux forêts, avec pièces à l'appui des ravages causés ; un autre d'insectes employés en médecine et dans l'industrie. Toute l’entomologie pratique et appliquée. Les sections étrangères offrent un genre d'intérêt très varié. L’Angleterre est surtout remarquable par ses machines agricoles. Les Etats-Unis nous ont envoyé des produits de toutes espèces, coton, tabac, laines, plantes textiles, ramie et chanvre d'Hindoustan, soies, cocons, céréales en épis et en grains, houblon. L'Italie nous présente ses pâtes alimentaires, la Hollande ses fromages, le Danemark des poissons séchés et des engins de pêche. 20 Mai 1889. 33 e 506 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. En Norwège, la Morue avec tous ses dérivés règne en souveraine, salée, séchée ; langues de Morue, tripes de Morue, rogue de Morue saumurée, appaät employé par les pêcheurs de Bretagne pour attirer la Sardine, Morue en bâtons (stockfische), vertèbres de Morue séchées pour la fa- brication des engrais, huile de foie de Morue. La pêche de ce poisson et des autres espèces de la même famille susceptibles d’être salés et séchés est une source de richesse pour les habitants de ces froides régions. Ils pos- sèdent une pêcherie qui ne le cède pas à celle de Terre- Neuve. Elle est située au nord-ouest, et comprend un espace de mer de neuf milles de long sur quelques milles de large. Les Morues y viennént tous les ans par millions pour frayer sur des fonds sablonneux, et depuis des siècles que ces pa- rages sont fréquentés par les pêcheurs, les Morues n’ont jamais manqué de s’y rendre. | Les Norwégiens pêchent aussi le Hareng et se lancent à la poursuite des Baleines. Ils nous en montrent des produits, fanons de Rorqual, de Baleinoptère de Sibald, de Jubarte, os de Baleine pulvérisés, farine de Baleine pour la nourriture des bestiaux, huile de Baleine. Mentionnons encore, des peaux de Phoque salées, des Moules énormes, appât destiné à prendre la Morue, des huiles de Hareng, de Requin arctique, d'Épaulard, de Pho- que, et des peaux de Cobite tannées, mouchetées comme des robes de panthère. Enfin, pour compléter la physionomie particulière de cette exposition de pêcheurs, des canots de pêche et des engins de toute sorte. La pêche nous fait tout naturellement songer à l’aqui- culture, si l’une récolte, l’autre sème. Mais l'installation qu'on est en train de lui préparer n’est pas encore achevée. Seule la salle réservée à l’ostréiculture a ses bassins construits. Quand le moment sera venu, vous savez quelles plumes com— pétentes vous décriront les progrès accomplis dans la culture des eaux, progrès dus en grande partie, en France, aux efforts de notre Société. Après avoir jeté un coup d'œil sur la laiterie et le moulin anglais, et la beurrerie suédoise, qui méritent d’être examinés de près par les spécialistes, nous arrivons sur l’Esplanade des Invalides. C'est incontestablement la partie la plus pittoresque de UNE PROMENADE A L’EXPOSITION. 907 l'Exposition. Ici les races les plus étranges ont des représen- tants, et presque tous les styles de constructions exotiques des svécimens. C’est une orgie de couleurs éclatantes sur les maisons et les vêtements. Le bleu, le rouge, le jaune, le vert, tirent l'œil de toute part. Et quelle population variée s’agite autour de vous, peaux jaunes et noires, bronzées, cuivrées, olivâtres. Des exhibitions ethnographiques, on en a mis par- tout, non seulement dans ces villages d’une exacte restitution, spécialement affectés à ce genre de curiosités, mais aussi dans tous ces pavillons d'architecture bizarre aux tons vio- lents sur limmaculée blancheur où des trafiquants indi- senes vendent les produits de leur pays. C’est à ravir d’aise ethnographes et anthropologistes, car ils ne pouvaient ré- ver une pareille réunion de types intéressants et divers. Tout y est, le cadre et la figure. Il semble qu'une fée propice à l’ethnographie ait transporté d’un coup de sa baguette tout un coin de chacuné de ces contrées lointaines, habitants et habitations. Il n’y a guère d’absent que le paysage, et encore. Des Cactus, des Aloës, des Palmiers, disséminés aux alen- tours, complètent l'illusion. Et puis, il ne faut pas être trop exigeant. C’est déjà très beau de pouvoir contempler sur l’'Esplanade des Invalides, à Paris, une famille d’Alfourous, venue en droite ligne du Congo et vivant dans ses cases au milieu de ses meubles inconnus et de ses ustensiles singuliers. Ils sont très vigoureux et très bien campés ces noirs, et nulle- ment de physionomie inintelligente. Tout à côté, des Canaques ont établi leurs paillotes, plus loin des Pahouins du Gabon, des Sénégalais, des Annamites, Cochinchinois, Tonkinois à la face aplatie et jaune et aux petits‘ yeux rusés, Javanais avec leur orchestre et leurs bayadères. De temps à autre, un Chinois affairé, à la robe de soie, passe rapidement du pas si- lencieux de ses babouches feutrées, et quelque Arabe, grave et digne, apporte la note blanche de son burnous dans cette foule bariolée. Quant aux produits entassés soit dans les pavillons, soit dans le palais central qui abrite sous son toit toutes les colo- nies qui n'ont pu avoir-de bâtiment particulier, la place nous manque même pour en dresser seulement la liste. Ils seront étudiés avec soin dans la suite des chroniques que la Revue se propose de publier. II. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 12 AVRIL 1889. PRÉSIDENCE DE M. A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. . — M. le Président proclame les noms des membres récem- ment admis par le Conseil : MM. BaiLzztFr (Armand-Joseph-Alexandre), an— _cien notaire, 78, rue du Mail, à Angers | (Maine-et-Loire). BRIDET (François), entrepreneur de tra- vaux publics, à Champoulet, par Ou- _zouer-sur-Crezée (Loiret). Couppa (Nicolas), négociant, 23, rue 55) -l'Arsenal, à Marseille ( Bouches-du- - Rhône). Crépin (Félix), président de la Cour { &’Appel, à Saint-Denis {Ile de la Réu- nion). Foucxé (Camille), propriétaire, château de Haut-Lieu, à Saint-Cyr, par Tours _(Andre- -et-Loire). Lan. À ces (Paul), ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées, à Orléans (Loiret). Dourle, commune de Lisle (Dordogne) LESAGE-FONTAINE ed 12, rue de l’Ancienne-Comédie, à Boulogne-sur- Mer. \ Lannoy (Jean-Baptiste), propriétaire, ; MxiszECH (André), rentier, 47, rue Bois- sière, à Paris. MOREAU (Louis-Paul), négociant, 4, ae Christine, à Paris. PRÉSENTATEURS. Am. Berthoule. Marquis de Sinéty. L. Vaillant. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Marquis de Sinéty. L. Vaillant. ; Comte Gilbert des Voisins. C. Rambaud. D' A. Sicard. Am. Berthoule. A. Geoffroy Saint-Hilaire. De Quatrefages. Am. Berthoule. Raveret-Wattel. L. Vaillant. É. Baroux. Am. Berthoule. L. Guillon. Am. Berthoule. A. Geoffroy Saint-Hilaire. A.-N. Pautier. A. Adam. Am. Berthoule. É. Carmier. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. Paul Geruzez. A. Geoffroy Saint-Hilaire. A. Porte. Ed. Roger. — M. le Secrétaire procède au dépouillement de la corres- pondance. PROCÈS-VERBAUX. 509 — M. le vicomte Martin du Nord adresse des remercie- ments au sujet de sa récente admission. — Des remerciements pour les envois qui leur ont été faits sont adressés par MM. Dr Gruyère, comte de l’Espéron- nière, Denizet, D'Jeannel, Dupouet, Mackensie, Alfred Rous- sin, Leroy (d'Oran), de Lépinay, Clarté, F.-E. Blaauw, Pac- quetau, A. Rouvière, comte de Mondion et Heughebaert. — M. A. Fontaine appelle l'attention de la Société sur la destruction des oiseaux, et particulièrement de la Caille et de la Bécasse. — Renvoi à la 2° Section. — M. L.-Lucien Merlato adresse une note sur la chaleur développée par les œufs d’Autruche en incubation. — M. de Barrau de Muratel écrit du Montagnet (Tarn) à M. le Président : « Je viens vous signaler l’arrivée bien précoce des Hirondelles dans notre département. Ce n’est certes pas le beau temps qui les a attirées, car, jusqu'ici, le froid a été très vif dans nos régions, et depuis trois jours seulement la neige a disparu de nos montagnes. La première Hirondelle a été vue par mon fils avant-hier 29 mars par une journée ensoleillée mais très froide, le thermomètre était descendu le matin à — 2° et ne marquait que + 10° dans la journée. Elle a sans doute été satis- faite de son exploration, car hier j'en ai aperçu cinq ou six décrivant leurs grands cercles avec de petits cris joyeux. La venue hâtive de ces charmants oiseaux nous présage-t-elle enfin la véritable arrivée du printemps”? Espérons-le, car l'hiver a été bien long et plus rude dans notre midi qu’à Paris. Déjà aujourd’hui la température s’est bien ra- doucie, les IHirondelles auront donc eu raison d’arriver. » — M. Albouy, conducteur des Ponts-et-Chaussées, écrit à M. le Secrétaire général : « Les Salmo quinnat continuent leur croissance dans d’excel- lentes conditions. Leur taille varie de 35 à 60 millimètres, les dimen- sions étant prises du bout du museau à l'extrémité de la queue. La grandeur la plus commune est celle de 50 millimètres. L’encombre- ment va commencer dans les bassins de Quillan. Il devient nécessaire d’y éclaircir les rangs. Cette opération sera faite incessamment et dès que le temps sera revenu au beau. En attendant, on veille de près à la santé de la jeune colonie; on tâchera, surtout, de lui éviter tout accident grave susceptible de troubler sa quiétude et de compromettre l’entreprise. » Les œufs de Truite saumonée sont en parfait état. Les éclosions ont commencé de bonne heure. On peut en compter un bon tiers à la date de ce jour. » 910 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. — M.J. Hurst, de la Petite-Raon (Vosges), adresse à M. le Président, une note sur'ses travaux de pisciculture. — M. Ch. Delagrange annonce l'envoi d’une note sur le Lasiocampa OLus. — M. le comte de Galbert, secrétaire général de la Société horticole dauphinoise, écrit de Grenoble : « En parcourant la Revue-bulietin de la Société d’Acclimatation, je lis que l'Osmonda regalis (N° du 20 fév. 89, p. 213) est .devenue une rareté. » Je suis heureux de vous informer qu’elle existe en très grande abondance en Dauphiné, dans les parties tourbeuses des Chambarands entre La Côte Saint-André, Roylan et Saint-Marcellin. > Dans le cas où la Société d’Acclimatation en désirerait quelques beaux exemplaires, vous n’auriez qu'à me l'écrire, jé pourrais à peu de frais vous en procurer. » Aux Chambarands, se trouve aussi un Sphagnum excellent pour la culture des Orchidées. Peu de personnes le savent. Un de mes amis, possesseur d’une belle serre, ne s’est jamais servi d'autre espèce et toutes ses plantes sont d’une magnifique venue. » — M. le Président donne lecture de’la lettre suivante qu'il a reçue de M. Gastinel Pacha, ancien directeur du Jardin d’'Acclimatation du Caire « J'ai l'honneur de vous informer qu'ayant quitté l'Égypte pour venir me fixer à Marseille, après mon admission à la retraite, je serais heureux de pouvoir me rendre agréable à la Société d’Acclimatation, en introduisant en France la culture de quelques Végétaux utiles, susceptibles de fournir à notre pays de nouvelles ressources alimen- taires ou industrielles. Ces végétaux, dont la culture est inconnue en France, sont: 1° la Colocase (Arum colocasia), très belle plante dontles tubercules, riches en matière amilacée, constituent un très bon aliment; 29 la Garotie rouge ([Daucus carota rubra), excellente variété riche en principe sucré; 3° le Bamieh (Æibiscus esculentus,, dont les fruits consti- tuent un bon légume alimentaire; 4° la Mélokhieh ou Corète (Corchorus olitorius), plante mucilagineuse très employée aussi comme légume alimentaire ; 5° le Sésame (Sesamum orientale), dont les graines, conte- nant abondamment une huile douce, peuvent offrir de uouvelles res- sources économiques ou industrielles. | » La culture de ces diverses plantes, exigeant une température un peu élevée, il n’est pas certain que le climat tempéré de la France puisse offrir des conditions favorables. Mais je pense que le climat privilégié d'Hyères, pouvant nous offrir des chances de réussite, il serait important d'y tenter quelques essais de culture. » Veuillez me permettre, Monsieur le Président, de vous offrir un PROCÈS -VERBAUX. : [ o11 exemplaire de mon travail sur la Zoi de reslilutions appliquée aux cultures colonnières, que j'ai communiqué à l'Institut égyptien. Ce tra- vail a pour objet de faire comprendre la nécessité de reconstituer les ‘terres à Coton à l’aide d'engrais appropriés, afin d’oblenir des récoltes satisfaisantes. J'ai tenu, avant de quitter l'Égypte, à laisser un docu- ment renfermant des préceptes dont l'application permettra, je l'espère, d'atteindre ce but. J'aurai ainsi la satisfaction, malgré l'éloignement, de rendre encore quelques bons services à ce pays si digne d'intérêt. » — Il est déposé sur le Bureau les programmes des Congrès internationaux d'horticulture et d'agriculture, à Paris, en 1889. — M.le Président fait connaître à l'assemblée que, par suite d'une lacune dans la liste des candidats présentés par le conseil, les élections, qui devaient avoir lieu aujourd’hui, sont ajournées à quinzaine. M. le Président propose ensuite de procéder, dès à présent, à la nomination des scrutateurs qui pourraient alors se réunir avant la séance générale, de façon à opérer le dépouillement des votes recus de province et de l'étranger. Le résultat du scrutin serait de la sorte proclamé, le jour même, en présence de nos coliègues. Cette proposition est adoptée et MM. d’Aubusson, Chap- pellier, J. Cloquet, comte d’Esterno, J. Grisard, Mailles et Rathelot sont désignés pour faire partie de la commission de dépouillement des votes. | — M. le Secrétaire général donne lecture d’une nouvelle lettre qu'il a recue du Révérend Père Camboué, missionnaire apostolique, à Madagascar, sur les Valala comme aliment. Les insectes annoncés par le Révérend Père sont mis à la disposition des membres présents. — À propos d'une communication de M. de Confevron sur la disparition de certains oiseaux dans la Haute-Marne, M. le marquis de Sinéty dit qu'on pourrait en trouver la cause dans Fabsence de nourriture animale qui forme la base de l’alimen- tation de beaucoup d'espèces mêmes granivores. Un grand nombres d'insectes, en effet, n’ont pu subir leurs dernières transformations et c'est ainsi que la Cétoine dorée a été. fort rare dans la localité habitée par notre confrère ; les Bousiers qui y sont ordinairement très abondants ont également man- qué. Les coléoptères nommés vulgairement Rhinocéros, qui se tiennent habituellement dans les fumiers et les terreaux, ne se 512 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. sont pas montrés à l’état parfait, et en retournant les couches, on les a trouvés encore à l’état larvaire. Une de nos plus grandes Chauves-Souris, la Sérotine a fait presque complètement défaut. M. le marquis de Sinéty signale encore un fait curieux. Le rossignol lui-même semble avoir modifié son chant et il ne répète plus entièrement ses mer- veilleuses roulades. — M. le docteur Camille Dareste fait hommage à la Société d’un mémoire sur l’origine des races d'animaux domestiques. Ce travail est le commencement d’une série d’études analogues qui seront publiées successivement par notre confrère. — M. Raveret-Wattel donne communication d’une lettre qu'il a reçue de M. Alphonse Lefèvre d'Amiens, sur ses travaux de pisciculture. Notre confrère dépose ensuite sur le bureau un petit sac de Haricots Saint-Ciboire qui lui paraissent tout à fait recom— mandables. C’est une variété naine extrêmement productive et d'excellente qualité, en quelque état qu’on le consomme. — M. le Président fait connaître que le Jardin zoologique d'Acclimatation possède en ce moment des Syrrhaptes venant directement de Chine. La note publiée dans la Revue, par M. d’Aubusson donne un intérêt tout particulier à cette im— portation. M. le Président entretient ensuite l’assemblée d’un fait remarquable de précocité dans la reproduction des Casoars d'Australie qui, à l’âge d’un an, donnent des œufs féconds et élèvent parfaitement leurs produits. De jeunes sujets nés le 1er avril et dont on peut admirer la vigueur, sont placés sous les yeux de la Société. : Enfin, M. le Président présente une intéressante série d'œufs allant par gradation croissante, de l’œuf de pigeon à l'œuf d'Epyornis. — M. le Secrétaire général, en l'absence de M. le docteur Sauvage, communique à la Société un mémoire sur la pisci- culture en Espagne. — M. Jules Cloquet donne lecture, au nom de la section d'Aviculture, d’un rapport sur la vente des Caïilles en temps prohibé. M. le docteur Ménard fait remarquer que le vœu émis par la section devient sans objet, la vente des Cailles venant PROCÈS -VERBAUX. 513 d'être autorisée à titre exceptionnel pendant la durée de l'Exposition. Une discussion, à laquelle prennent part MM. le docteur Laboulbène, le marquis de Sinéty, docteur Ménard et Berthoule, s'engage à nouveau sur cette question. Les avis sont très partagés et M. le Président propose de renvoyer à la section l'étude des voies et moyens à prendre pour arriver à une entente internationale. — Adopté. — M. le docteur Ménard donne lecture d'une note de M. Merlato sur la chaleur émise par les œufs d’Autruche pendant l’incubation. — M.le docteur Dareste dit que les observations recueillies par M. Merlato viennent confirmer l'exactitude d'expériences analogues faites, il y a déjà longtemps, par Moitessier et d’Arsonval et par lui-même. — M. Rathelot entretient l'assemblée de diverses améliora- tions qu'il a apportées dans la construction de son Augette à éclosions et soumet un modèle réduit de cet appareil. — M. le docteur Ménard donne lecture d’une lettre qu'il a reçue de M. Maisonneuve, de Challans (Vendée), sur une poche trouvée dans l'estomac d’une Dinde. La poche membraneuse, examinée par M. le docteur Ménard, présentait l'aspect d'un œuf sans coquille, à paroi épaisse et suffisamment résistante puisqu'elle renfermait 1 kilog. 500 d'un liquide albumineux transparent, assez épais, et à demi coagulé ayant absolument l'apparence du blanc d'œuf. On se trouve sans doute en présence d'un kyste, mais M. Maisonneuve n’a pas observé la place qu’il occupait dans la cavité abdonimale de la Dinde, et on ne peut que le regretter. Il est probable que cette poche était dans le voisinage des ovaires. Ce fait d’un kyste de l'ovaire chez les oiseaux est des plus intéressants. — M. le docteur Laboulbène place sous les yeux de la Société des œufs de Stauronotus Marocanus, agglutinés en petites masses. M. Fallou veut bien en surveiller l’éclosion et porter son attention d'une facon particulière sur les parasites de ces œufs, s’il en rencontre. Pour le Secrétaire des séances, JULES (GRISARD. IV. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS. 4 SECTION. — SÉANCE DU 26 MARS 1889. PRÉSIDENCE DE M. FALLOU, PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. le Président anronce que M. Delagrange a bien voulu envoyer à. la Société une boîte contenant une Chenille, une Chrysalide et deux Cocons de Zasiocampa Otus. M. Delagrange doit faire suivre prochai- nement cet envoi d’un mémoire sur ce lépidoptère. M. le Président demande s'il est arrivé à quelques-uns des mem- bres de la section de trouver des œufs de Hannetons dans ia terre. M. le D' Laboulbène désirerait avoir des renseignements sur la ponte de ces insectes. M. J. Grisard dit qu’il lui est arrivé d’en trouver quelquefois, mais qu'il n’y avait atlaché aucune importance, croyant que l’histoire des transformations du Hanneton était bien connue. M. le Président présente à la Section les résultats de ses éducations de PBombyx Mori, en 1888. Non seulement M. Fallou s’est occupé lui- même de ces éducations, à Champrosay, mais il a distribué à beaucoup de personnes des environs une grande quantité de graines. Plusieurs jardiniers entre autres ont fait ces éducations en serre. Le résultat a été complet. Cette industrie ne doit donc pas être abandonnée dans notre région. Chez M. Marchand on a essayé l’éducalion en plein air; mais mal- heureusement les grandes pluies, qui ont régné pendant la saison, ont détruit toules les Chenilles. à M. Mailles demande si pour ces éducations en plein air on n’arrive- rait pas à un meilleur résultat en faisant des plantations de Mûriers le long des murs. M. Fallou est de cet avis. Il se propose de continuer ses essais cette année espérant que le temps sera plus favorable. | M. le Président présente ensuite un cadre contenant une série de Cocons anormaux. Les Cocons anormaux ont depuis longtemps fait l'objet d’'expée- riences très intéressantes. Commencées en 1846, par M. Lucas, elles furent continuées par M. Blanchard. En 1863, le regretté Maurice Girard les reprit et, en 1869, travailla de concert avec M. Fallou qui se trouvait alors dans l'Ardèche. On conslata toujours dans la majorité de ces Cocons anormaux, la réunion des deux sexes. En 1888, M. Fallou recommencça ces études sur une grande quantité. Le résultal s’est toujours trouvé le même. Ces Cocons doubles sont en PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS. 919 défaveur dans le commerce, car on prétend qu'ils sont formés par des individus malades. Ce qui est.erroné comme l'ont prouvé toutes les expériences faites à ce sujet. M. Magaud d'Aubusson demande à M. Fallou si la formation de ces Cocons obéit à une loi quelconque et si le Papillon offre des défor- mations. M. Fallou répond que les Cocons anormaux donnent de très beaux Papillons. Bien souvent il y a accouplement dans le Cocon même : mais notre confrère n'a pas remarqué que des Chenilles mal confor- mées fassent des Cocons anormaux. M. Magaud d’Aubusson dit que ce fait serait à étudier. Il peut y avoir une reiation quelconque entre l’état de la Chenille et le Cocon anormal. M. le Président présente ensuite des sachets de graines d’après le procédé Pasteur, des Cocons et des Écheveaux de soie tissés par le laboratoire de la Chambre de commerce de Lyon, représentant le produit d'environ cinq cent soixante Cocons pesant ensemble 250 grammes. M. J. Grisard annonce que la Société vient de recevoir du Révérexnd Père Camboué un Cocon et des Papillons de l’Urania Ripheus. Il est reconnu maintenant que ce beau Papillon est un Nocturne. Les renseignements qui seront donnés par le Révérend Père Camboué seront très intéressants. M. le Président offre à la Sociélé de la graine de Sericaria Mori et une certaine quantité de Cocons d'Af/acus Cynthia. M. Grisard parle des migrations de ce lépidoptère. M. Fallou dit qu’en effet, ce Papillon est apparu pour la première fois, à Lagny, il y a trois ans. On ne sait d’où il venait. Il pense qu’à Paris, ils réussissent mieux que dans les campagnes où ils ont comme ennemis les Guêpes, les Frelons, les Corbeaux et les oiseaux de nuit qui en détruisent de grandes quantités. Le Secrétaire, Jules CLOQUET. V. JARDIN ZOO0LOGIQUE D’ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE. CHRONIQUE. TEMPÉRATURES DU 25 AVRIL AU 9 MAI 1889. Mzexima. Minima. y LEE En Plus haut, Plus bas, Plus haut. Plus bas, Bois de Boulogne. .…......se. 1-6 240 41 5e 100,5 + 3 Jardin de Marseille........... + 239 + 16° + 13° + 40,8 Jardin d'Hyères.......... …. + 30° + 170 + 129 + bo Jardin de Tours Ua + 23,5 + 139,2 + 1205 + 50,8 Nous avons déjà entretenu les lecteurs de ces chroniques du couple de Casoars Emeus qui reproduit régulièrement ici, depuis quelques années déjà. Du 26 octobre 1888 au 2 mars 1889, la femelle a pondu quarante œufs. Six laissés dans le nid ont été cassés par la gelée. Le mâle ne se décidant pas à couver, quinze œufs ont été mis dans une couveuse artificielle le 5 février; dix étaient clairs, un jeune est mort dans la coquille, un autre, né avec la tête difforme, la face et le bec contournés, le corps mal équilibré, a succombé après quelques jours ; trois autres, venus à bien, prennent un rapide accroissement, mais ils ont la face beaucoup plus courte que des oiseaux normaux. Il sera curieux de voir si ce défaut de conformation, dû très certaine- ment aux conditions dans lesquelles l’incubation s’est faite, disparaîtra quand ces élèves auront pris leur développement. L'incubation dans la couveuse artificielle a duré cinquante-six jours. L'éclosion s'est faite le 17 avril. La température de l’appareil a été maintenue entre 35° et 409 (moyenne 37,5). Le mâle Casoar s’étant décidé à couver, le 5 mars, nous lui avons confié quinze œufs ; le 3 mai, neuf jeunes étaient éclos. L'incubation naturelle avait duré cinquante-neuf jours. Les neuf jeunes poussins de Casoar se montrent très vigoureux. Nous pouvons signaler un fait de mœurs assez curieux. Dans le pavillon de la grande volière vivent réunis des Ibis de diverses espèces. Dans le nombre se trouve un couple d'Zbis religiosa qui, chaque année, donne plusieurs jeunes. A côté de ces bons reproducteurs, s’est formé un comple composé d’un mâle Jbis religiosa d'Égypte et d'une femelle Ibis Macei de Cochinchine. Les nids des deux couples sont côte à côte dans une boîte de 0",55 >< 0,40 et renferment chacun deux œufs que les femelles couvent assiduement depuis le commencement de mai. Les deux mâles n’abandonnent guère les approches du nid et vivent dans la plus parfaite intelligence. Les mâles couvent-ils à leur tour ? Jusqu'ici il nous a été tout à fait impossible de le constater. JARDIN D’ACCLIMATATION 917 L'accord qui existe entre ces deux couples d’Ibis est un fait assez curieux que nous n'avions pas encore observé. Jardin zoologique de Marseille. — Dans la dernière quinzaine, l’éta- blissement a recu d’Ausiralie un certain nombre de Perruches : des Edwards (Zuphema pulchella); des Ondulées (Melopsiftacus undulatus) ; des Diamants à moustaches ou Moineaux Mandarins (Amadina casta- notis). Les services marilimes qui ont mis le port de Marseille en com- munication directe avec l'Australie, font que nous recevons nainte- nant, sans intermédiaires, ce que nous allions chercher en Angleterre. D'Egypte, notre jardin marseillais a reçu, comme chaque année, un lot assez important de Flammants (Phænicopterus antiquorum) et quel- ques Pélicans (Pelecaunus onocrotalus). Les Flammants font preuve, dans le long voyage qu'ils accomplissent pour venir des environs de Damiette à Marseille, d’une singulière vigueur, car le séjour de ces oiseaux dans les paniers où ils sont réunis dix par dix doit être particuliè- rement pénible. En effet, ils restent toujours debout, tantôt sur une jambe, tantôt sur l’autre. En route, un Flammant qui se couche peut êlre considéré comme mort. Pour le Flammant méditerranéen, on pourrait presque dire français, car le Phœnicoplerus antiquorum visite chaque année les marais de la Camargue, depuis longtemps déjà, nous savons le faire vivre dans nos parcs ; mais pour le Flammant du Mexique (Phœnicopterus ruber) note succés est tout récent. Parmi les naissances obtenues au Jardin de Marseille il faut citer celle d’un Chevreau d’Angora, complètement noir, né de parents im- portés directement d’Asie-Mineure. Plusieurs fois déjà nous avons eu l’occasion de voir naître des Chevreaux de cette race présentant des colorations anormales. Outre les produits noirs, comme celui de Mar- seille, nous en avons observé de gris, de bruns, de fauves. Quand on sait qu'en Asie-Mineure on fait entrer, chaque année, dans les trou— peaux de Chèvres d’Angora, des Chèvres ordinaires qui donnent des produits avec les Boucs choisis comme élalons, on comprend bien comment la coloration peut varier fréquemment dans les jeunes. La qualité des poils des Angoras noirs ne le cède en rien à celle des Angoras blancs ; même brillant, même finesse, mêmes ondulations : mais il est plus avantageux d’avoir des toisons blanches, car elles peuvent être teintes de toutes les couleurs, et on sait quels beaux tissus donnent ces laines de mobair dont la fabrication est en quelque sorte le mouopole de l’Angleterre. Depuis trente ans, la production du mohair a pris un développe- ment considérable, grâce à l’introduclion des Chèvres d'Angora au Cap de Bonne-Espérance. Aujourd’hui, si nous sommes bien informés, l'Afrique australe fournit à l'Europe plus du tiers des laines de mohair employées par l’industrie. L’Asie-Mineurc fournit le reste. VI. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. Le Syrrhapte paradoxal. — Que nous faut-il attendre de l’im-- migration des Poules des Steppes (Syrrhaptes paradozus) ? S'acclimate- ront-elles dans l’Europe occidentale ? Profiterons-nous de celte accli- matation ? Au printemps et pendant l'été de l’année passée, la présence de cet- oiseau fut signalée en bien des endroits de l’Europe occidentale, de la- Norvège jusqu'à la Haute-Italie; mais ces nouvelles devinrent de plus en plus rares, puis les Poules des steppesdisparurent de la plupart de ces lieux. Il n’y a guère que sur la côte occidentale de Sleswig, en Danemark et surlout en Angleterre que des troupes plus ou moins nombreuses furent encore rencontrées. Depuis l’ouverture des chasses’ d'automne, il y a encore eu, en Allemagne, de nouvelles immigrations. Les communications relatives à la nidification de ces oiseaux furent bientôt reconnues erronées pour la plupart. Pourtant, quelques cas. d’incubation sont constatés, dans l’Allemagne septentrionale, en Hol- lande et en Angleterre. Et pourquoi ces immigrants n’auraient-ils pas couvé puisque la nourriture ne manquait pas ? Jusqu'à présent, les Poules des steppes n’ont pas eu trop à souffrir du froid et il n’y a pas eu beaucoup de neige, quoique la température ait été parfois assez basse et humide et que de temps à autre nous ayons eu une geléc assez prononcée. Pourlant nos Poules des steppes n’ont pas ressenti l'envie de voyager; il y a partout de la nourriture suffisante pour ces oiseaux. Il paraît que le climat et la nature du sol de maints endroits d'Allemagne et d’autres contrées de l’Europe occi- dentale leur conviennent et il faut croire que les Poules des steppes supporteront aussi bien que nos animaux indigènes des hivers froids et neigeux. Quoique importante, la présente invasion ne sera pas plus suivie de l’acclimatation définitive de l'espèce, plus que l'invasion de 1863 ne l’a été. Il en est de même avec nombre d'autres oiseaux qui, à l’improviste, font leur apparition dans une contrée et en disparaissent sans sy établir. Cependant l'habitat de cette espèce s’est étendu, car les Poules- des steppes se sont déjà acclimatées sur le Don et le Volga inférieur. Chez nous, le nombre des Syrrhaptes immigrés n’a pas cessé de dé- croître visiblement; c’est une preuve que leur présence en Europe a: été seulement passagère et probablement nous verrons ce qui reste se. retirer vers l’Est comme en 1863, sinon, ils succomberont. La Poule des steppes aura-t-elle une valeur pratique pour nous ? Nous donnera-t-elle un gibier? Probablement que non ; quant à sa viande, il y a divergence d'opinions sur sa saveur. Et puis, il faut croire que la chasse aux Poules des steppes sera très difficile, car ces animaux sont excessivement farouches. Ils aiment à se tenir en pleine : CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 519 campagne, où il est difficile de les approcher à portée de fusil. Un coup de fusil heureux même, dispersera sans doute les autres oiseaux de telle sorte qu’on ne pourra pas les tirer de nouveau. Dans leurs steppes natales, les Syrrhaptes se nourrissent des grains des « plantes salines » : chez nous, on a trouvé leurs jabols remplis de semences de Blé et de Trèfle et de mauvaises herbes. A plusieurs reprises, on a complé 700 à 850 grains de Seigle dans l'estomac d’un oiseau. On peut alors se demander si les Poules des steppes en troupes nombreuses ne porteront pas un grand dommage à nos champs ensemencés à l’au- tomne et au printemps ? Les Poules des steppes n’ont pas paru cette année en Transcaucasic. (Der Zoologische Garten, n° 12, 1888). G. RADDE |Tiflis). Le Loir gris en captivité. — D'après des observations failes à flanôvre, il semble que le Loir gris (Myovus glis) aime la terre calcaire; toutefois, il est possible que dans d’autres conditions il n’ait pas été apercu à cause de sa vie nocturne. Un jeune mâle qui s'élait bra— vement défendu au moment de sa capture prit sa nourriture à la main dès le second jour après, c’est un prompt apprivoisement. Néanmoins cet animal n'aime pas être touché, il ne tarde pas à mordre quand on l'excite et se met sur le dos afin de pouvoir faire usage de ses griffes pour sa défense. Sur le plancher, il saute maladroitement, comme un Écureuil, en tenant les pattes serrées. Il grimpe fort bien, même aux bordures polices d’un miroir. En cage, le Loir a toujours une pose gracieuse, il examine de ses grands yeux son voisinage; les oreilles sont d’une grande mobilité ; pareilies à celles de la Chauve-Souris, elles sont constamment agitées d’un mouvement tremblant. Parfois, on voit le Loir pendu au pla- fond, accroché simplement par les pattes de derrière et prenant sa nourriture, ou bien, il mange en étant assis comme un Écureuil et tenant la nourriture dans les pattes de devant. Il est d'une grande propreté ; la nuit, il fait souvent du lapage dans la cage, tandis que le jour, il aime à se tenir caché. Du pain trempé au lait, des fruils savoureux, des pommes et des poires, c’est ce qu'il aime; il ne sait pas ouvrir les noisettes. En colère, il grogne et grasseye ; pendant la nuit, on l’entend souvent siffler comme les souris. Lors- qu’en octobre la température de la chambre était descendue à + 7° Réaumur, les signes de l’hibernation se faisaient voir. Le corps était roulé presqu’en cercle, la queuc touffue couvrait le front. La tête était tenue entre les deux pattes de devant. Les yeux restaient fermés même quand on touchait la bête; alors, il ne mordait plus, mais re- poussait des pattes l'objet qui le gênait. Quand la chambre fut chauf- fée, il se réveilla pleinement. (Der Zoologische Garten, n° 12, 1888). C. COESTER. 320 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Mœurs des oiseaux. — On sait, depuis quelque temps, que le Coucou couve parfois ses œufs lui-même, ce qui a élé confirmé par ce fait que l’on a trouvé une femelle de Coucou sur son nid ct portant sur le ventre une place dépourvue de plumes de la grandeur d'une pièce de cent sous en argent où la peau nue touchait directe- ment les œufs couvés. C’est à l’Université de Giessen que l’on a cons- talé ce cas. Souvent les oiseaux choisissent des lieux étranges pour nicher et font leurs nids avec des matériaux très curieux. Un Rouge-Queue nicha dans le tuyau d’une pompe fréquemment employée ; un Merle noir dans une gouttière, comme les Moineaux. Une Lavandière avait fait son nid dans le las de terre servant de but à un tir, sans se laisser déranger par les coups de fusil et le sifflement des balles. Un Pinson ordinaire avait enlacé dans son nid quantité de rognures de papier provenant d’une librairie incendiée. Un Chardonneret avait décoré le sien de Myosotis et une autre Lavandière construisit son nid exclusi- vement de tournures d’acier mesurant 1m" de grosseur et 12 cent. de longueur. Le Casse-Noix a été vu en Allemagne, l’an passé, dans beaucoup d’endroits. (Der Zoologische Garten, n° 12, 1888). K. ECKSTEIN. Le rachitisme. — Le D' Cheadle de Londres, à l'occasion des Lions du jardin de cette ville, fait une communication sur le rachi- tisme, cette maladie si fréquente dans les jardins zoologiques. Jus- qu'ici, tous les jeunes Lions nés dans le jardin, le nombre en dé- passe 20, ont succombé à cette maladie, sauf une portée. M. Cheadle recommande comme remède de donner aux jeunes animaux de la graisse animale, élément principal'du lait et des os pulvérisés. Feu le Directeur du Jardin zoologique de Francfort-sur-Mein, M. Schmidt donnait aux jeunes carnassiers depuis longtemps el avec succès, de la viande de Mouton avec les os ainsi que de petites bêtes, comme Poules, Pigeons, Lapins et Cochons d'Inde qui venaient d'être lués. C’est un changement fort utile de la nourriture ordinaire qui est la viande sèche des Chevaux. Er" (Der Zoologische Garten, n° 12, 1888) (1). D' KOERNER. (1) Ces divers extraits sont empruntés au Der Zoologische Garten, rédigé par M. le Professeur D: Noll, à Francfort-sur-Mein. Le Gérant : JULES GRISARD. I. TRAVAUX INÉDITS ADRESSÉS A LA SOCIÉTÉ. LISTE DES ESPÈCES CONNUES ET DÉCRITES JUSQU’A CE JOUR FAMILLES DES CERVIDÉS, CERVULIDÉS TRAGULIDES ET DES MOSCHIDÉS Par M. HUET Aide-naturaliste au Muséum d'histoire naturelle. CSUITEN") RÉGION INSULAIRE INDIENNE. CERVUS NIGRICANS. The blackish Deer. Philippines ? Brooke, Proc, Zool. Soc,, 1857, p. 51. pls. 9-10. — Proc. Zool. Soc., 1878, p. 902. Poils médiocrement longs, plutôt durs ; coloration générale noiratre légèrement teintée de roux, plus foncée sur le cou et les épaules ; les membres sont brun-gris ; le ventre est roux- brun ; la lèvre inférieure et l’intérieur des cuisses sont blancs; … une glande sur les tarses, formée de poils blanc-jaunâtre ; oreilles ovales, très petites presque nues extérieurement. Au coin des lèvres on voit une petite tache brune, le nez et le front sont presque noirs ; la queue est brune en dessus et garnie de poils blanc-roux en dessous. . Cette espèce, dont nous ne connaissons que la description qui en a été donnée par le zoologiste anglais d’après un sujet femelle, et par une figure, nous semble se rapprocher beau- coup du C. Moluccensis. (*) Voyez Bulletin, 1888, p. 721. 5 Juin 1889. ” 34 522 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. CERF DES PHILIPPINES. The Philippine Rusa. Cervus Philippinus. Lucon. Cervus Philippinus, H. Smith, Grif. Anim. Kingd., v. 4, p. 147 et v. 5, p. 319. — Brooke, Proc. Zool. Soc., 1877, p. 51, pl. 8. — Brooke, Proc. Zool. Soc., 1818, p. 901. — Gray, Knows Ménagerie, pl. 63. Les poils sont durs, secs et cassants. Le dos, le dessus du cou et les côtés sont brun foncé, cette teinte est plus pâle sur les épaules, ainsi que sur les flanes où elle passe au roux surtout sur les cuisses ; le devant du cou est blanc-gris ; les membres en dehors et inférieurement gris- brun, en dedans ils sont plus clairs. La tête sur le front et entre les cornes est brun foncé, tiquetée de roux-fauve ; au dessus de l'œil, on voit une tache rousse séparée de l'œil par deux lignes noires qui se rejoi- gnent en avant et parcourent le nez jusqu'en arrière des narines ; les côtés de la tête sont bruns, tiquetés de roux, FAMILLE DES CERVIDÉS, CERVULIDÉS, ETC. 923 teinte qui va jusque sur les lèvres supérieures, former une tache triangulaire, en arrière de cette tache, on en voit une autre plus foncée, l'extrémité de la lèvre est blanche ainsi que la gorge. La région de la poitrine et le ventre sont brun foncé, presque noir, la région inguinale est blanchâtre, ainsi que le bord des fesses. La queue qui est courte, est de la couleur du dos jusqu'aux deux tiers de sa longueur, le reste est brun fauve, en dessous elle est dénudée et les poils qui la bordent de chaque côté sont blancs. Les oreilles sont longues et larges, elles sont presque nues en dehors et en dedans, mais à la base on voit quelques poils blancs. Les jeunes n'ont pas de livrée. CERVUS ALFREDII. The Prince Alfred's Deer. Philippines, Malaisie. 1870, Sclater, Nature, t. Il, p. 147. — 1877, Brooke, Proc. Zool. Soc., p. 59. — 1878, Brooke, Proc. Zool. Soc., p. 902. Forme et apparence générale d’un petit Cerf Axis avec cette différence que la teinte est uniforme brun-chocolat foncé, surtout sur les parties qui avoisinent la poitrine ; les côtés du corps sont mouchetés de taches jaunâtres,; la ligne dorsale est bien écrite par une teinte brun foncé, et sous cette ligne, se trouve une rangée de points jaunâtres, qui la suivent jusqu'à la base de la queue. La tête est de couleur roux doré, plus foncée en avant des cornes ; une ligne brune prend au coin postérieur de l'œil et remonte jusqu'à la base des cornes ; le dessus et les côtés du nez ainsi que les lèvres supérieures et le menton, sont brun- marron foncé, cette teinte s'étale sur les joues, pour se con- tinuer encore plus foncée sur le cou et tout le corps ; le des- sous de la mâchoire, la gorge, le devant de la poitrine et le ventre, ainsi que les parties internes des membres, sont roux pâle. | La queue est revêtue en dessus de poils de même couleur que le corps, en dessous les poils sont roux pâle. 524 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Les oreilles sont petites, arrondies, garnies de poils noirs, en dessus, intérieurement Île pelage est clair semé et blan- châtre. CERF HIPPELAPHE. The Mijangau Banjoie. Cervus Hippelaplius Cuv. Java, Borneo, Sumatra. Cuvier, Oss. oss., 64.13, t. IV, p.40,1éd. 4, t:/VL,:p. M,1pl°466/ 62 5182 — Cervus Rusa, Müll., Verh. Nat.Gesch. Ned. Bez, Zool., p. 217, pl. 43-44, fig. 1-6. — Pucheran, Arch. du Mus., 1852, p. 402. — Brooke, Proc. Zool. Soc., 1818, p. 903, fig. 3. Coloration générale gris-brun foncé en hiver, brun-roux en été ; le dessus de la tête, le chanfrein brun ; les côtés au dessous des meules et des oreilles sont roux : en arrière des narines, se trouve une bande blanc-jaunâtre, qui en s'éclair- mn \ N A À cissant longe la lèvre supérieure jusqu'à la commissure, où se trouve une tache roux fauve ; le menton est blanc; les poils du dessus et du dessous du cou étant plus longs que sur le corps, forment là une véritable crinière, ces poils sont FAMILLE DES CERVIDÉS, CERVULIDÉS, ETC. 525 blanc-jaunâtre à la partie antérieure du cou, ils sont brun foncé à la partie supérieure. Les oreilles sont garnies en dessus de poils roux, en de- dans, les poils sont blanchâtres, à la base se voit une tache rousse. | La queue est couverte en dessus de poils bruns et elle se termine carrément au bout par un flocon de poils de même couleur un peu plus foncée, elle est rousse en dessous. L'intérieur des membres est fauve, ainsi que les parties latérales du ventre, du thorax et de la région inguinale, où les poils sont plus longs et plus blanchâtres ; une ligne étroite foncée, commence à la. partie postérieure et inférieure du cou en dessous et s'étend sur la poitrine jusqu'en arrière de l’in- tervalle des membres antérieurs, il y a une grande tache triangulaire de même couleur, qui occupe le dessous du ventre ; les parties externes des membres sont aussi brunes, mais en dedans la coloration est fauve. Comme taille cette espèce tient le milieu entre le Daim et le Cerf commun. CERF CHEVAL. The equine Deer. C'ervus equinus. Bornéo, Sumatra, Singapoor. Cuvier, Oss. foss., t. IV, p. 454. — Éd. 4,pl. 201, fig. — Müller, Verk. Nat. Gesch. Ned. Bez. Zool., p. 243, pl. 42-45, fig. 7-11. — Brooke, Proc. Zool. Soc., 1878, p. 901. — Rusa esquina, Gray, Knows. Ménag., pl. 43. Animal de très grande taille atteignant celle d’un fort Cheval, mais très voisin du Cervus Aristotelis avec lequel quelques auteurs le confondent. Le pelage est long et dur, de couleur marron clair ou roux crisatre, suivant la saison. Le dessus du nez, le front et les joues un peu plus foncés que le reste de la coloration ; le tour des yeux, le bord des lèvres supérieures et le menton sont blanc-jaunâtre ; la poi- trine, le ventre ainsi que les membres sont gris-roux, mais jamais on ne voit les teintes rousses, qui se trouvent aux parties inférieures chez le C. Aristotelis. 526 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. La queue est assez longue, très touffue et revêtue de poils brunâtres et ondulés. CERVULUS MUNTJAC. The Kijang. Malaisie, Sumatra, Java, Bornéo. Cervus muntjac, Zimmermann, Gecrg. Gesch, Baud, I, p. 131. — Cervus munt- jac et vaginalis, Bodd., Elench. Anim., v. 1, p. 136. — Cervulus aureus, Jerd, Mamm., p.264. — C'. amostylis et tumulicus, Gray, Hand-hst. Rum., p. 165. — C. muntjac, Brooke, Proc. Zoo!. Soc., 1878, p. 899. C'est la plus grande espèce du genre Cervulus; la colora- tion générale est d’un beau rouge orangé brillant, sur le cou, le dessus du corps et les jambes extérieurement ; la tête, le dessus du cou et les côtés, les joues et les jambes intérieure- ment sont roux jaune ; le nez est brun et entre les yeux pren- nent deux lignes brunes formant un véritable V, qui en passant sur chaque sourcil vont aboutir, chez la femelle, à deux touffes de poils bruns et chez le mâle, se prolongent jusque sur les longs pédoncules des cornes et en dedans; le menton, la gorge, le devant du cou, la poitrine, postérieure FAMILLE DES CERVIDÉS, CERVULIDÉS, ETC. 505 ment et intérieurement des bras et une ligne en avant des jambes sont d’un blanc pur. Les oreilles sont dénudées en dessus et elles sont brunes, presque couleur de suie, elles sont garnies de poils assez longs intérieurement, d’un blanc pur. Sur les quatre pieds en avant, au-dessus des sabots, il y a une tache blanche, au-dessus de laquelle on en voit une autre brunâtre. La queue est rouge orangé comme le corps en dessus, elle est fournie de longs poils blancs en dessous. Cette espèce vit très bien en captivité, ce sont des animaux très doux qui s’apprivoisent avec facilité et qui supportent très bien nos longs: jours d'hiver, ne paraissant pas souffrir des froids. Pendant les jours glacés de 1879-1880, nous en avions une paire qui a résisté à une température de 18 degrés au-dessous de zéro. Les jeunes lorsqu'ils naissent ne sont pas mouchetés comme dans les espèces que nous avons eu occasion de voir. Les mâles ont, comme le Musc, de longues canines à la mâchoire supérieure. Sur le front et de chaque côté, on observe deux sillons ou clandes frontales ; les larmiers sont très grands. CERVUS LEPIDUS ? The litile Rusa. Java. Sandwal, Pecora, p. 57, 1844. — Rusa lepida, Gray, Knows. Menag., pl. 62. — Brooke, Proc. Zool. Soc., 1878, p. 902. Coloration rouge-brun, le dos et les côtés plus pâles ; quel- ques taches blanches sur le corps ; un petit disque blanc, les doigts noirs en avant ; queue garnie de longs poils blancs en dessous, le dessus est revêtu de poils noirs. Le type de cette espèce se trouvait au Musée de Francfort, où M. Brooke avait pu l’'observer une première fois et qui lui avait paru ressembler à un C. Sika, mais à une seconde visite de ce zoologiste, le type avait disparu et depuis rien n’est venu Confirmer la valeur spécifique de ce Cerf; c'est donc encore un nom à rayer des nomenclatures, ou au moins à in- diquer avec un point de doute. 528 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. CERF DES MOLUQUES. The Molucca Deer. Cervus Moluccensis. Bourou, Amboine, Celèbes. Quoy et Gaimard, Zool. du l’Astrolabe, t. 1, p. 133, pl. 24. — Eydoux et Ger- vais, Mag. de Zoologie, t. VI, p. 26. — Eyd. et Gerv., Zool. de la Favorite, t. V, Mamm., p. 26. Espèce très voisine du C. Timoriensis, mais de formes plus délicates et plus sveltes. Les poils comme dans les espèces voisines sont rudes et cassants. La coloration générale est brun-marron sur le nez, le front, le dessus du cou et les côtés, les épaules, le corps et les cuisses ; le menton, la gorge, le devant du cou et la poi- trine, l'extérieur et l’intérieur des jambes sont blancs gris- jaunètre ; l'intérieur des cuisses, à la portion inguinale est blanc presque pur. La queue de moyenne longueur est revêtue en dessus de poils de même couleur que le corps, en dessous ils sont rous- satres. | Les oreilles sont courtes et presque nues en dessus, en dedans elles sont garnies de poils blanchâtres. CERF DE TIMOR. The Timor Deer. Cervus Timorensis. Timor, Samoa. Blainville, Journ. de Phys., vol. XCIV, 267. — Frédéric Cuv., Mamm., pl. 361. — Cervus Peronii, Pucheran, Arch. du Mus. Eve 409. — C. Timo- riensis, Brooke, Proc. Zool. Soc., 13178, p. 903. Brun foncé tiqueté de roux sur les flancs et la partie supé- rieure du cou, plus foncé sur la ligne médiane du dos, plus pâle sur la partie des flancs qui avoisine le ventre, ainsi que sur l'extérieur des membres où la teinte fauve prédomine. La tête est plus pâle que le reste du corps, surtout sur le pourtour des lèvres supérieures qui sont rousses, l’espace entre les meules et les yeux est brun tiqueté de roux clair. Les oreilles sont presque nues sauf quelques poils bruns tiquetés de roux en dedans, les poils sont assez longs et FAMILLE DES CERVIDÉS, CERVULIDÉS, ETC. 529 blancs, une tache de même couleur à la base, une tache blanche en arrière des narines, une autre fauve pâle en avant de l'angle des lèvres, la gorge et le devant du cou sont blancs crisatre. Les membres au-dessus des sabots sont roux, plus clairs en dedans et plus foncés en avant et en dehors des membres antérieurs, tandis qu'aux membres postérieurs, la teinte rousse est au contraire plus foncée en arrière. Entre les membres antérieurs ainsi que la moitié des parties inférieures sont noirâtres, blanchâtres en dedans des mem- bres, la moitié postérieure est blanc roussâtre ; la queue est en dessus, de la même couleur que le corps, terminée par un flocon de poils roux foncé, blanche en dessous ainsi que le pourtour des fesses. CERF DE PÉRON. The Small Rusa. Cervus Peroñiti. Timor, Bourou, Amboine. Cervus Peronti, G. Cuvier, Ossements fossil., t. IV, pl. 5, fig. 41. — C'. Timo- riensis, Blainville, Journ. de Phys., v. 84, p. 267. — C. Peronii, Pucheran, Arch. du Mus., 1852, p. 409. — Cervus Timoriensis, Brooke, Proc. Zoo. Soc., 1818, p. 903. La coloration générale est brun foncé, tiqueté de roux sur les flancs et la partie supérieure ‘du cou plus foncée sur la ligne du dos; les flancs et les parties externes des membres sont fauves ; sur la tête, la coloration est jaune roussâtre et surtout sur la lèvre supérieure qui est rousse, une teinte brune tiquetée de roussâtre se trouve derrière les yeux ainsi qu'entre les oreilles et le dessus du cou. Les oreilles sont petites, en dessus elles sont presque nues sauf quelques poils bruns tiquetés de roux, en dedans et à leur base, les poils sont blancs ; il y a une tache blanche derrière la narine et, en avant de l’angle des lèvres une autre tache jauve. Les membres antérieurs sont roux, plus foncé en avant et plus clair en dedans, au contraire le roux est plus foncé en arrière aux membres postérieurs. La queue en dessus est de la couleur du corps, en dessous elle est garnie de poils blancs, ainsi que le bord des fesses. 930 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Espèce plus petite que le Cerf Hippelaphe, à poils durs et cassants. Pour M. Pucherau, C. Peronïi, C. Moluccensis et C. Timo- riensis ne serait qu'une seule et même espèce. CERF DES MARIANNES. Cervus Mariannus. Iles Mariannes. Desmarets, Mammalogqie sp., p. 436. — Quoy et Gaimard, Voyage de l'Uranie Zool., p. 33. — Brooke, Proc. Zool. Soc., 1877, p. 53. — Brooke, Proc. Zool. Soc., 1878, p. 901. Cette espèce est de la taille d’un fort Chevreuil, le pelage est dur, un peu ondulé et d’une couleur brun grisatre sur la tête, le cou, tout le corps et les membres, à l'exception des fesses qui sont garnies de poils blancs ; la queue est courte, garnie en dessus de poils de la même couleur que le corps, en dessous, ils sont blancs. FAMILLE DES CERVIDÉS, CERVULIDÉS, ETC. 931 Les jeunes sont roux cannelle, un peu plus foncé sur le dessous du ventre ; le dedans des jambes de devant est d’un roux pâle, extérieurement les pieds sont fauves, et les mou- chetures dans ces jeunes font complètement défaut. CERF FAUX AXIS. Cerf pseudaxis. De Java ou des Philippines ? Cervus pseudazis, Eydoux et Souleyet, Zoo!. du voy. de la Bomite, t. I, p. 65. — Pucheran, Arch. du Museum, p. 236, pl. 27, fig. 2 à 8. Cette espèce, acceptée par quelques auteurs, repoussée par d'autres, a cependant quelques caractères qui peuvent facile- ment la faire distinguer du C. Axis avec lequel elle est très voisine. En effet, si nous comparons le bois du C. Pseudaxis avec celui du C. Axis, nous verrons que le maître andouiller a bien la direction en avant que nous voyons chez l’Axis, mais l’an- douiller supérieur au lieu de naître en dehors, se trouve placé en dedans ; à ce caractère déjà d'une certaine impor- tance, viennent s’en ajouter d’autres que nous allons faire connaitre en les empruntant aux auteurs. Le Cerf Pseudaxis a la taille de l'Axis ; son front est moins 532 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. plat ; le hausse col, certaines parties des membres, le tour des yeux, au lieu d’être blancs comme chez l’Axis, sont de couleur crisàtre ou café au lait ; la queue a du noir au-dessus de sa base ; les formes sont un peu moins élancées, et les taches des flancs, quoique semblablement disposées, paraissent moins serrées. Mais ce qu'il y a de remarquable, c’est que les poils s’allongent davantage en hiver et qu'ils effacent presque complètement les taches blanches ; en même temps, les poils gris de la gorge et du devant du cou prennent plus de déve- loppement, et ils forment une espèce de cravate qui rappelle ce que l’on voit chez le. C. Hippelaphe. Nous devons ajouter une omission de caractères relevée par M. Pucherau, loc. cit. C’est l'existence d’une bordure noire à la queue, et d’une demi-ellipse noire, qui cerne le blanc des fesses, à droite et à gauche. | Les oreilles sont aussi plus longues chez le C. Poe que chez le C. Axis. CHEVROTAIN MEMINNA. Indian Chevrotain. Tragulus Meminna, Erxleben. De Ceylan. Meminna, R. Knox, An historial relation ofthe Island de Ceylan, 1681.— Che- vrotain de Ceylan, Buffon, Suppl. à l’Hist. nat., 1716,t. LIL, p. 102, pl. 15. Moschus merinna, KErxleben, Systema Reynti animalis, 11117, p. 322. — Moschus meminna, Gray, Proc. Zool. Soc., 1836, p. 63, Ænows. Ménag., 1850, p. 42, pl. 32. — Traqulus menninna, À. Milne Edwards, loc. cit., pp #e2 Le T. Meminna est le moins gracieux de forme du genre, il a le corps lourd, épais, porté sur des jambes fines. La coloration est jaune d’ocre verdàâtre, la nuque et le dos sont brunâtres, ainsi que le ‘dessus de la tête et le tour des yeux ; le menton, la gorge sont blanc pur, mais les bandes du cou, au lieu d’être bien divisées, comme dans les espèces qui vont suivre, forment une masse blanche en avant du cou, une bande s'échappe du dessous de la gorge et suit la mâchoire inférieure qu’elle dépasse au-delà des oreilles, puis le plastron qui couvre le cou en-dessous forme deux échan- crures, et sans interruption la bande en collier se continue entre les jambes de devant et s'étale sous le ventre et la par- tie interne des cuisses. FAMILLE DES CERVIDÉS, CERVULIDÉS, ETC. 099 Une bande formée de taches très rapprochées les unes des autres prend naissance sur l’omoplate, et va, en suivant les ondulations du corps, jusqu'à la naissance de la queue, au- dessus, une autre rangée commence en arrière de l’omoplate et va, en se relevant, enseller le dos vers la portion lombaire, Fig. 28, Traquius meminna. deux autres prennent sur la ligne principale et remontent sur la portion lombaire même, enfin, nous en voyons une série de quatre autres qui commencent à la ligne principale en-dessous, et qui s’avancent obliquement sur la cuisse; quelques taches inégales s’observent aussi en arrière du coude. La queue est courte et brunâtre. Les jeunes sont semblables aux adultes comme disposition, mais d’une coloration plus claire. (A suivre.) NOTE SUR LE LASIOGAMPA OTUS peury Par CH. DELAGRANGE. Cet intéressant Séricigène, d’après divers auteurs, a pour patrie la Grèce, quelques îles de la mer Egée, notamment Cos et l’Asie-Mineure. Je crois que l’Anatolie doit être un de ses habitats de prédilection, car pendant le court séjour que j'ai fait à Smyrne, en 1888, je l’ai rencontré en grande abondance dans les cimetières turcs de cette ville. Chacun sait qu'en. Orient, les cimetières sont plantés de Cyprès, atteignant des dimensions gigantesques ; ils ne le cèdent en rien, en hauteur et en circonférence, à nos Peupliers les plus prospères. Ces arbres sont très rapprochés les uns des autres et entretien- nent, en conséquence, un ombrage constant dans la demeure des morts. Dans certains endroits, les rayons du soleil percent à peine ces masses sombres. C’est sur cet arbre toujours vert et au branchage compact que vit la Chenille du Séricigène dont je vais m'occuper ici. C'est fin avril que j'ai découvert la première Chenille de ce Lasiocampa ; elle était, je crois, parvenue à toute sa taille et ne mesurait pas moins de 11 centimètres de longueur. C'était le premier échantillon de cette espèce que je rencontrais, et ce jour-là, n’en ayant pas trouvé d’autres, je crus ne rien faire de mieux que de la souffler, ne me souciant nullement, je ne pourrais dire pour quel motif, de terminer son éducation. Le lendemain, tout en cherchant des Coléoptères dans le même cimetière, je dérangeai une tombe de marbre plate, couchée contre un Cyprès ; quel ne fut pas mon étonnement, en apercevant, dans l’angle formé par la pierre tombale et l’arbre, tout une masse de Chenilles semblables à celle que j'avais trouvée la veille ; elles étaient comme collées les unes sur les autres et formaient une boule aplatie du plus singulier effet. Je les renfermai toutes dans ma boite de chasse : il y NOTE SUR LE LASIOCAMPA OTUS. 939 en avait une vingtaine. Cette découverte me donna l’idée d’en chercher d’autres et d'en faire une éducation. Par ci, par là, j'en trouvai des isolées contre les troncs des arbres et sous les premières branches. Mais où j'en découvris le plus, ce fut dans les crevasses plus ou moins profondes formées par l'écorce et dans les cavités que l’on trouve fréquemment à la base des vieux arbres. Dans une seule de ces excavations, mesurant environ 30 centimètres de hauteur et 20 de diamètre, avec une ouverture par laquelle je pouvais facilement passer l'un de mes bras, je sortis plus de cent Chenilles. La quantité incroyable de peaux vides et d’excréments qui se trouvaient dans le fond de cette cavité, me démontra que c'était là que se réunissait sans doute une partie de la colonie de l'arbre pour y passer la journée et y opérer ses mues. J'avais ainsi, en moins d’une heure, récolté environ deux cents Chenilles que je logeai dans une petite sacoche de cuir que je portais constamment dans mes excursions. C’en était assez pour les conduire toutes à bonne fin, vu les difficultés que j'allais éprouver à leur procurer de la nourriture. Les premières branches des arbres sont à une hauteur telle qu'il est fort difficile de les atteindre avec la main, ce n’est qu'à l’aide d’un crochet, fixé à l'extrémité d’un bâton, que l’on parvient à briser les petits rameaux et puis, en second lieu, les Turcs sont très superstitieux quant à ce qui touche à leurs cimetières ; quiconque serait surpris à maltraiter leur arbre sacré, risquerait fort de S’attirer un mauvais parti, C’est d’ailleurs, ce qui arriverait chez nous à quiconque briserait des branches aux arbres de nos cimetières. Aïnsi, à part la peine que j'avais à détacher quelques menues branches, il me fallait éviter soigneusement d'être vu dans ma besogne par des passants turcs, toujours intrigués de la présence d’un Ghiaour dans leur cimetière. Quand j'avais la quantité voulue de ramilles, je les enfer- mais dans une petite valise que je prenais avec moi, pour rentrer en ville. C'était donc pour moi, à l'approche de chaque corvée, une appréhension bien justifiée et ce n’était pas sans éprouver de grandes craintes que je m’acquittais de ma beso- gne. J'ai, plusieurs fois, proposé à des jeunes Grecs pauvres de me chercher des branches de Cyprès, à prix d'argent, et aucun n’a voulu le faire. Je dois dire ici que le Cyprès ne se trouve que dans les 036 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. cimetières et les jardins particuliers; ici, difficulté encore plus grande d'aller briser des branches à cet arbre. Cependant, tout allait bien, mes Chenilles prospéraient et le plus grand nombre d’entre elles étaient sur le point de filer leur cocon, quand je me décidai, vers le 15 mai, à faire un petit voyage dans la vallée du Méandre. Adieu, mon édu- cation ! et quitte à recommencer plus tard si je trouvais encore des Chenilles. Je remis mes élèves dans ma sacoche et je leur rendis la liberté dans le lieu même où je les avais pris. | Quelques jours après mon retour à Smyrne, qui eut lieu le 2 juin, je retournai dans le cimetière où j'avais fait ma pre- mière récolte et je me mis à la recherche des Chenilles qui auraient bien voulu attendre mon retour avant de se méta- morphoser. Cette fois, la chasse ne fut pas aussi fructueuse que précédemment et je dus me rendre dans un second cime- tière pour. compléter le nombre que je désirais. Je réunis environ deux cent cinquante exemplaires et je me mis à ma : deuxième éducation toujours avec les mêmes difficultés que l'on connaît et aggravées par une grande mortalité qui se déclara dans ma petite colonie. Chaque jour je perdaïs de dix à quinze sujets. En voici la cause: la caisse dans laquelle j'avais logé ces Chenilles n'avait pu trouver place que sur la terrasse de la maison où j'habitais et se trouvait, en consé- quence, exposée toute la journée aux rayons brülants du soleil, dont l'intensité avait considérablement augmenté dans l'espace de trois semaines. Mes pauvres Chenilles étaient littéralement dans une étuve, ce qui explique le déficit que j'avais à constater quotidiennement. Chaque fois que je cherchais de la nourriture, je rapportais de nouveaux pen- sionnaires pour combler les vides qui se produisaient. Par suite de circonstances imprévues, mon départ de Smyrne dut s'effectuer un mois plus tôt que je ne devais le faire. Cette fois encore mon éducation fut manquée en grande partie, et le moment de mon embarquement, qui eut lieu le 12 juillet, concorda précisément avec l’époque à laquelle mes Chenilles commencaient à filer. Six cocons seulement étaient achevés : c'était un bien maigre résultat après tant de peines. Mais que faire ? il fallut partir. En emballant mon matériel de chasse, je trouvai une trentaine de boites postales vides ; dans chacune j'enfermai une ou deux des plus grosses Che- NOTE SUR LE LASIOCAMPA OTUS. 937 nilles, selon la dimension de la boite, puis je reportai les autres..,. au cimetière. Les quarante et quelques captives restèrent, dans le fond d'un colis, vingt et un jours avant d’être rendues à la lumière. A jeur arrivée à Besançon, j'eus le plaisir de constater que vingt s'étaient métamorphosées d'une façon régulière. Toutes les autres étaient encore en vie. Quelques-unes faisaient: encore bonne contenance, d’autres s'étaient singulièrement rapetissées. Je leur donnai pour nourriture du Thuya; cet arbuste se rapprochant du Cyprès, un certain nombre man- serent pendant quelque temps et les autres périrent rapide- ment. Fin août j'avais encore cinq Chenilles, mais je n’en pus sauver aucune. La longue privation de nourriture et d’air qu'elles eurent à supporter pendant le voyage et le brusque changement de température leur avaient été fatal. Les vingt-six cocons obtenus me donnèrent une douzaine d’éclosions, sans résultat, quant à l’accouplement, et les autres chrysalides moururent. Après ce petit historique de mes éducations du Lasiocampa Otus et de leur résultat, je passe aux quelques observations qu'elles m'ont suggérées et je commencerai par faire une courte description de la Chenille. De même que celles de toutes les autres espèces de ZLasio- campa, cette Chenille est plate en dessous et convexe en dessus ; lorsqu'on la trouve à l’état de repos contre un arbre, elle semble ne faire qu'un avec l'écorce. Sa couleur est d’un beau gris-perle dans ses jeunes âges et devient plus foncée dans ses dernières mues, elle se confond sensiblement avec celle de l’écorce du Cyprès. La base de chaque anneau est munie d’une touffe Ge poils très longs, dont la plupart sont gris et quelques-uns noirs : dans chaque touffe on distingue des poils courts terminés en spatule. Les touffes des trois premiers anneaux sont beaucoup plus longues que celles des autres anneaux, et elles sont dirigées en avant, les autres en arrière. Le tout encadre la Chenille d’une collerette produi- sant le plus bel effet. Le dessus de la Chenille est couvert de poils ras et des deux côtés de la ligne dorsale de chaque anneau se trouve une agglomération de poils courts terminés en spatule, res- semblant à de petites écailles. Le deuxième et le troisième anneaux contiennent une 5 Juin 1889. 33 938 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. poche s’ouvrant et se refermant par une fente invisible lorsque l’animal est à l’état de repos et n'est pas inquiété ; mais dès qu’on le touche, ces deux poches s’ouvrent et de chacune d'elle sortent brusquement deux aïgrettes de poils courts d’un beau rouge vif, en forme de pompons. Après la mort de la bête, les poils de ces aigrettes deviennent couleur orenat. Cette Chenille fuit le soleil lorsque la chaleur devient forte : en juin et juillet on n’en trouve que très peu contre le tronc des arbres: il faut les chercher dans les endroits bien ombragés et en conséquence frais. Les cicatrices et les cavités des vieux arbres en recèlent un grand nombre ainsi que je l’ai dit plus haut. Dans son jeune âge, la Chenille vit constamment dans les parties élevées de l’arbre, ou en tout cas dans les branches basses. Ce n’est qu'arrivée à une certaine taille qu’elle des- cend, pour se réfugier pendant la journée, dans les en- droits frais. Elle acquiert une très grande taille, souvent plus de 12 centimètres de longueur. Contrairement aux Chenilles des autres Lasiocampa, elle vit en société pendant le jour, rarement on la trouve solitaire. Son maniement oCccasionne aux mains une forte déman- geaison, produite sans doute par les poils ras dont elle est recouverte et qui se détachent facilement. Chaque fois que j'ai recueilli de ces Chenilles, à la démangeaison habituelle succédaient de petits boutons blancs poussant dans les par- ties sensibles de la main, principalement entre les doigts. Le Cocon produit aussi la même sensation, mais à un degré moindre que la Chenille. Il est probable que cet effet dispa- rait par les diverses opérations que subit la soie dans le dé- vidage, le filage et le tissage, sinon, cela expliquerait l’aban- don qu’en ont fait les anciens. Si ceux-ci ont utilisé le produit de ce Séricigène, il ne s’en est conservé aucun sou- venir, à travers les siècles, dans la population de ces con- trées, car je suis persuadé que moins d’un habitant sur mille ne connaît l'existence de ce Ver à soie et le profit qu'on pourrait en tirer. Parvenue à sa maturité, la Chenille file son cocon dans les ramifications des branches, quelquefois dans les crevasses et les cavités du tronc et rarement dans les trous des murs NOTE SUR LE LASIOCAMPA OTUS. . 1! 939 entourant les cimetières. J’en ai cependant trouvé quelques- uns des années précédentes dans ces derniers endroits. Les Cocons déposés dans les branches basses s’apercoi- vent facilement, mais ils sont peu nombreux; il est à présu- mer que la plus grande partie se font plus haut, ceux-ci ne peuvent être aperçus d'en bas et il serait fort difficile d'aller les recueillir ; l’homme le plus agile ne parviendrait jamais à se frayer passage dans le branchage touffu et compact du Cypres. L'éclosion du Papillon a lieu environ un mois après la formation de la Chrysalide ; les premières apparitions ont lieu, sans aucun doute, fin juillet et elles doivent se succéder en août, septembre et peut-être bien encore dans le com- mencement d'octobre. C’est ce que confirmerait la présence de Chenilles parvenues à toute leur taille fin avril, et d’autres petites en juin, dont le développement complet ne peut avoir lieu qu’en août. La température douce dont jouit l’Ana- tolie, est sans doute la cause de cette particularité. Les Cocons filés dans les conditions normales sont très oros, de forme ovale, pas plus pointus à un bout qu'à l’autre, très peu agglutinés, en conséquence mous; l’inté- rieur est faiblement lisse. La soie est blanche, brillante, assez fine et résistante : effilochée, elle a quelque peu l’as- pect d’une laine très fine, comme celle-ci, elle frisotte fai- blement. Je crois qu'il serait préférable de carder cette Soie, plutôt que de chercher à la dévider, comme on fait de celle du Sericaria mori ou d’autres Séricigènes ; d’ailleurs, je ne suppose pas que le fil soit d’un seul jet, il doit être souvent interrompu, ou plutôt rompu par la Chenille pendant les quatre jours qu'elle passe à former sa coque. Évidemment cette soie peut servir à confectionner des étoffes superbes et très fortes, donc, acclimater ce Sérici- sène dans le midi de la France et en Algérie, serait doter notre pays d’une nouvelle source de richesse. La chose n’est pas impossible, d'autant plus que la Che- nille paraît pouvoir s’accommoder pour nourriture de toutes les espèces de Cyprès, et même du Frêne et du Chêne. Quant au climat, nul doute qu'il ne puisse lui convenir. | Reste à se procurer pour cela, les éléments nécessaires. Obtenir directement des œufs fécondés me paraît bien diffi- cile, sinon impossible. Il faudrait être en rapport avec quel- 940 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. qu'un possédant en entomologie les connaissances tout au moins élémentaires, habitant ce pays, et qui voudrait bien se charger de récolter quelques couples de Papillons au mo- ment de l’éclosion. Je ne connais personne qui pourrait se charger de cette besogne-là. Recueillir des Chenilles dans leur jeune àge et les expédier par la poste en courriers rapides, dans des boîtes spéciales, me paraît plus facile. La voie de Brindisi nous apporte le courrier d'Orient en six jours au plus; en si peu de temps des Chenilles récoltées le jour du départ du paquebot, ne pourraient souffrir du voyage au point de n'en sauver aucune. J'ai donc déjà écrit à ce sujet à trois amis qui résident à Smyrne ; jaime à espérer que l’un ou l’autre me fera des envois que je conduirai à bonne fin, et je me ferai un plaisir de tenir au courant de mes essais quiconque s’intéressera au succès de mon entreprise. LE JUJUBIER DE LA MÉSOPOTAMIE Par 'M. C.-C. MÉTAXAS. Un arbre très répandu dans la Mésopotamie méridionale, à partir du 34° de latitude, est certainement une variété du Jujubier arabe (Zisyphus lolus var?) portant dans le pays le nom de Nébouk. Le Nébour atteint en Mésopotamie une hauteur de 12 à 15 mètres, et a la vie aussi longue que le dattier. On le plante dans les jardins, parmi les dattiers, ou à côté des hab!- tations, et même dans les cours ouvertes des maisons arabes qu'il dépasse quelquefois en hauteur. C’est un arbre supersti- tieusement vénéré par les habitants, et personne n'’oserait lui porter un coup de hache par crainte de s’attirer quelque mal- heur. Aussi ces arbres poussent, grandissent et meurent sans jamais être taillés. Les indigènes sont friands de ses fruits, qui, quoique de orosseur moyenne, ronds, fades et ordinairement ridés, sont cependant assez rafraichissants, sinon toujours agréables à manger. À voir ces gens faire une énorme consommation de ces fruits, on pense involontairement aux {otophages d'Héro- dote et de Théophraste qui habitaient les côtes de Libye (Afrique). C’est là, paraît-il, que Théophraste avait rencontré un arbre pareil au nôtre, qu'il appelle Lotus, et qui, d’après la description qu'il en donne, et que je traduis littéralement, était « un arbre grand, aussi grand que le poirier, ayant » des feuilles découpées comme celle de l’yeuse, le bois noir ; » se divisant en plusieurs genres qui différent par leurs fruits, » son fruit a la grosseur d’une fève, et en mürissant il change » de couleur comme le raisin ; il est doux, léger et digestif; » on en tire aussi du vin, car cet arbre pousse et fructifie » beaucoup. On dit même que l’armée d’Ophellus, en mar- » chant sur Carthage, ayant manqué de vivres, se nourrit de » ses fruits pendant plusieurs jours. » | En lisant cette description détaillée, on a le droit de penser que le Lotus de Théophraste ne peut étre ni le Lotus aqua- 942 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. tique qu'Hérodote cite comme un «lis des eaux » (Nénuphar), ni le Rhamnus lotus des botanistes, qui est un arbrisseau buissonneux atteignant à peine 1,30 de hauteur, mais bien un arbre grand, très fructifère, qui, à part la forme des feuilles, a une grande ressemblance avec le Jujubier en question. Le Jujubier Nébouk fleurit surtout en automne, et ses fleurs, très abondantes, exhalent une odeur légère et agréable. Ses fruits mürissent au mois d’avril-mai, et pendant leur ré- colte, il essaie une seconde floraison estivale, qui donne quel- quefois des fruits dans l’espace de deux mois, mais moins bons que ceux du printemps. Le Nébouk a le tronc fort et contourné, le bois extérieure- ment noirâtre et intérieurement rouge-vineux ; dans sa jeu- nesse, il a les rameaux épineux, surtout aux aisselles des feuilles qui sont alternes, ovales, peu épaisses, d’un vert foncé, à trois nervures principales ; fleurs verdatres, petites ; fruits isolés ou réunis par groupes de trois à quatre. à pédon- cule court, ressemblant à ceux des pommiers microcarpes ; verts d’abord, ils deviennent jaunâtres, puis roux-gris ; ils sont ronds, et ordinairement aussi gros qu'une cerise; en avril, époque de leur maturité, on les vend dans les marchés au prix de cinq centimes le kilo. J'en ai remarqué quatre variétés distinctes dont voici les noms et les principaux caractères : lo Barbane, fruit petit, comme une noisette ronde, à chair jaune, acidulée, à noyau rond très dur ; assez agréable à man- cer. Sous-variété à chair farineuse. 2 Esseressi, fruit deux fois plus grand que le précédent, ressemblant à la pomme à cidre ; oblong, ovale mais obtus, vert-pâle, devenant extérieurement roux comme l'oignon, mais restant intérieurement blanc ; assez agréable à manger. 3° Histaivi, le plus petit de tous les fruits, mais celui qui a le meilleur goût; rond comme une petite cerise, à chair jaunâtre. 4 Zéitouni (à forme d'olive). C’est une variété entre la jujube et le nébouk; la chair est farineuse ; l'épiderme, un peu épais, se détache du fruit ; le noyau est oblong comme celui de l’olive à laquelle ce fruit ressemble par la forme, ayant seulement le bout pointu. Dans quelques jardins d'amateurs on rencontre aussi quel- LE JUJUBIER DE LA MÉSOPOTAMIE. 943 ques pieds du Jujubier commun. Mais ils sont, parait-il, d'introduction antérieure dans le pays, et on les distingue tout à fait du Jujubier arabe. A ceux-là on donne le nom de Hennab qui est le nom ture de la jujube ordinaire. Les fruits de ces Jujubiers se vendent seulement chez les épiciers, en petite quantité, et sont employés à la préparation des potions laxatives. | On rencontre le Mébouk dans tous les pays situés sur le Tigre et l’'Euphrate, à partir de Bagdad et de Hilleh (Baby- lone) jusqu'à l'embouchure des deux fleuves. À Bushire et aux autres villes persanes sises sur les côtes du golfe Per- sique, dans le Nédjed et dans toute la côte orientale de la péninsule arabique, le Jujubier de la Mésopotamie croit abon- damment. Il se multiplie de lui-même, de noyaux. On pra- tique aussi quelquefois la greffe en écusson pour changer les variétés inférieures qui sont nombreuses, car dans un jardin où il n'y a qu'un seul arbre, on peut enlever chaque année un bon nombre de petits Jujubiers provenant de noyaux de fruits tombés, qui poussent vigoureusement, aidés par la chaleur et l'humidité du sol. I. CHRONIQUE DE L’EXPOSITION UNIVERSELLE. LES PRODUITS COLONTIAUX LES TEXTILES (CLASSE xxxi) Par MM. JuLESs GRISARD ET MaxiMiLtEN VANDEN-BERGHE. Au moment où nos possessions coloniales prennent une si orande extension, il nous a paru utile de faire connaitre à nos collègues les produits végétaux les plus intéressants de ces pays, qui figurent en ce moment à l'Exposition univer- selle. Parmi ces produits, les textiles tiennent une large place, soit qu’on les rencontre cultivés, soit qu'on les recueille à l’état sauvage. Notre intention n’est pas de présenter un exposé complet de ces productions, mais seulement d'attirer l'attention sur les principales d’entre elles, c'est-à-dire sur celles qui sont exploitées avec le plus de profit, dont l'usage est le plus répandu ou qui donnent lieu à des transactions commerciales importantes. Nous examinerons successivement le Jute, l’Abaca, le Phormium ou Lin de la Nouvelle-Zélande, l’Ananas, le Sunn, l’Agave, le Yucca, le Sansevière, puis ensuite, les diverses espèces de la famille des Malvacées et enfin, les fibres d’ori- oine végétale d'ordre secondaire. Nous ne parlerons pas de la classe si nombreuse des Palmiers, qui a déjà été traitée d’une facon étendue dans ce Recueil même {années 1887-88), non plus que de la Ramie qui, au mois d’août prochain, doit être l’objet d’un concours spécial dont il convient d'attendre les résultats. Disons toutefois, pour les personnes qui s’inté- ressent à cette question, qu’elles trouveront exposés dans la classe XXXI, des échantillons de Ramie sous divers états, et dans le Palais des machines, des décortiqueuses de plusieurs systèmes. . LES PRODUITS COLONIAUX : LES TEXTILES. 949 1° JUTE, CHANVRE DE BENGALE OU DE CALCUTTA. Ce n’est guère que depuis un demi-siècle environ, que l'in- dustrie européenne emploie ce produit. L'importation du Jute, qui était en France, en 18%, de 2,600,000 kilogrammes environ était montée en 1886 à près de 8,000,000. Ces chiffres ont leur éloquence et on voit l’im- portance que ce textile a pris chez nous. Il ne faut pas croire cependant que c’est à ses qualités propres que le Jute doit la faveur dont il jouit actuellement, mais bien à son extrême abondance sur les marchés, et par suite, au bas prix auquel on peut se le procurer. La facilité avec laquelle on le travaille, soit seul, soit assc- cié à d’autres textiles, a contribué également pour une large part à son exploitation industrielle. Les applications multiples qu'il a trouvées dans nos régions, ont fait rapidement du Jute un article commercial qui est devenu aujourd'hui une source de richesse, pour les pays qui le produisent. Le Jute est fournit particulièrement par deux plantes assez voisines de la famille des TILrACÉES, les Corchorus olilorius et CapSUlaris. Le C. olitorius L est une plante herbacée annuelle, haute d'environ 1-2 mètres et quelquefois plus, dont la tige, droite, simple, est plus ou moins ramifiée dans sa partie supérieure ; ses feuilles, alternes, ovales ou lancéclées, dentelées, son: lisses et d’un vert brillant. Cultivée dans-plusieurs parties de l'Inde, et notamment aux environs de Calcutta, cette espèce est certainement la plus intéressante du genre. Le C. capsularis L offre une très grande ressemblance avec le C. olitorius, mais il s’en distingue par les deux dernières dents de la base des feuilles, qui se terminent par un fila- ment très fin, ainsi que par le fruit qui est globulaire et ridé, tandis qu'il est allongé, cylindrique et lisse dans le C. olilorius. Ces deux plantes sont cultivées dans la péninsule de temps immémorial ; elles se plaisent surtout dans les terrains d’allu- vIion ; mais, sauf les sables et les graviers, elles viennent à peu près partout, pourvu qu'elles trouvent dans le sol le degré d'humidité qui leur est nécessaire. 946 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Leur liber fournit, par macération, une filasse iongue, souple et soyeuse, susceptible de se diviser en filaments très fins qui se travaillent aisément. Le moment le plus favorable pour {a récolte est l’époque de la floraison ; plus tard, la plante se lignifie, les fibres en sont plus grossières et leur coloration est plus accentuée. Après un séchage de quelques jours à l'air libre, les tiges sont plongées dans l’eau pendant un laps de temps de quinze à vingt jours, après quoi la fibre se détache parfaitement du bois. La plus fine, celle qui a subi un rouissage plus prolongé, est exportée en Europe; celle que l’on destine à la consom- mation locale est d'apparence plus grossière, mais sa résis- tance est plus grande et sa durée plus longue, par suite d'une macération moins longue. | Les fibres de Jute servent, surtout dans l'Inde, à la fabri- cation de toiles communes, désignées sous le nom de gunny, employées le plus souvent dans la confection des sacs en usage pour l’expédition des céréales, sucre, café et auires denrées coloniales. La population pauvre se vêt de toile de Jute tissée par les femmes indigènes; cette industrie locale est surtout exercée par les Hindous du Bengale inférieur. En Europe, le Jute est employé à la confection de cordes, de toiles grossières pour emballage ; ces tissus constituent la partie résistante du tapis linoléum. I est aussi recherché pour la fabrication de tapis communs à couleurs voyantes, dont une grande partie est exportée dans l'Amérique du Sud. On en fait également des rideaux, des étoftes pour sièges, des passemen-— teries, etc. Ce textile prend bien la teinture, maïs la conserve mal, car il a toujours une tendance à brunir en vieillissant. On trouve actuellement dans le commerce, sous le nom de velours de Jute, un tissu dent la trame est en Coton et le poil en Jute; cette étoffe, qui se prépare d’ailleurs comme les velours ordinaires, porte souvent des impressions gracieuses et variées, que l’on obtient à l’aide de plaques et de cylindres chauffés, portant superficiellement des motifs de décoration en relief. Pour empécher le poil aplati de se redresser par l’action de l'air et surtout de l'humidité, après son passage sous la presse, on a soin d’enduire préalablement le tissu d'une légère solution de gomme, qui, en pénétrant dans l’étoffe, donne aux dessins une adhérence parfaite. Les déchets de Jute, les sacs de rebut, peuvent entrer dans LES PRODUITS COLONIAUX : LES TEXTILES. 517 la préparation de la pâte à papier, soit seuls, soit associés à d’autres matières papyrifères. Les filateurs sont parvenus à donner au Jute une certaine souplesse qui permet de le mélanger à des textiles de qualité supérieure. C'est surtout en Angleterre que cette fabrication, que l’on peut considérer comme une véritable fraude, se pra- tique sur une grande échelle. Pendant longtemps les moyens de reconnaître cette addition, ont fait défaut, mais aujour- d'hui on est parvenu à constater la présence du Jute, dans les toiles de chanvre, de lin et de coton. Une solution pure de sulfate ou d’azotate d’aniline colore le Jute en jaune, tandis que le chanvre et le lin sont réfractaires à cette action chimique. L’écorce de la tige des C. {rilocularis, tridens et acutan- gulus fournit également des fibres textiles, mais dont l'usage est moins répandu. 20 ABACA. CHANVRE DE MANILLE. L'Abaca (nom tagal de la plante) est un: espèce de Bana- nier sauvage (Musa textilis) dont les iruits, durs et petits, ne sont pas comestibles. Originaire des Philippines, où on le rencontre dans la plaine, sur le littoral et sur le versant des coteaux élevés, il est presque exclusivement cultivé dans les deux provinces de Camarines sud et Albay. Cette espèce est encore cultivée dans certaines parties de la Chine meridionale. On en trouvera des échantillons dans les vitrines de nos possessions dans l'Inde où elle est exploitée comme textile. Le Musa texlilis demande un sol riche, gras et humide; il se plait dans les terrains d’origine volcanique. Les fibres extraites des feuilles et de la tige mesurent ordinairement de 1",30 à 1",80 de longueur ; elles sont blan- ches, quelquefois brun-jaunâtre, souples, soyeuses et très résistantes ; de plus, elles prennent facilement la teinture. Leur légéreté est considérée comme pouvant atteindre un tiers de plus que celle de notre Chanvre. L'iode, le sulfate d'aniline et la soude caustique colorent les fibres en jaune et en jaune pale, l'acide sulfurique, ajouté à la solution iodée, fait passer la teinte du jaune d’or au verdâtre ; elles sont légèrement bleuies par l’oxyde de cuivre ammoniacal. 948 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Aux Philippines, où la production et le commerce de l’'A- baca constituent une. des ressources principales du pays, la récolte se fait en coupant le Bananier au ras de terre, puis à 10 ou 20 centimètres plus bas que la naissance des feuilles ; après avoir enlevé la première enveloppe qui n’est d'aucune utilité, on fait des sections transversales à 8 ou 10 centimè- tres les unes des autres, puis on déroule chacune des gaines comprises entre chaque section ; on étend ces bandes sur le sol afin de faire évaporer l’eau qu’elles renferment, sans ce- pendant les faire sécher complètement et en évitant de les exposer au soleil, ce qui les rendrait plus rembrunies et em pêcherait de les blanchir. Les bandes sont ensuite passées. sous une lame tranchante dont la pression, sur l'écorce, se fait graduellement par un homme au moyen d'une pédale ; l’'Indien prenant la bande d'Abaca par un bout, la fait glisser sous le couteau et enlève d’un côté la partie charnue ; il la repasse jusqu'à ce que la fibre soit nette; il ne reste plus qu'à la faire sécher, à la battre et à la peigner. Sauf quelques légères modifications, dont la principale consiste à faire bouillir les fibres dans de l’eau de savon ou à les laver à grande eau, le procédé d'extraction en usage dans l'Inde est le même que celui que nous venons d'indiquer. Dans quelques pays, cependant, on se sert de cylindres superposés pour l’écrasement des feuilles, puis on fait bouillir le tout dans une lessive de soude et de chaux, et finalement, en lavant à grande eau les fils qu’on retire de la masse. On peut-commencer à couper l’Abaca la première année quand les plants proviennent de rejetons, et la deuxième quand ils proviennent de semis ; seulement, on n’en coupe qu'un pied à chaque touffe. La récolte doit se faire autant que possible avant la floraison, mais surtout avant la fructi- fication, car après cette époque le travail d'extraction des fibres devient alors plus difficile; les filaments sont plus orossiers et d’une ténacité plus faible. Le Musa textilis vit en moyenne une dizaine d'années. Les indigènes fabriquent plusieurs genres de tissus awec l’'Abaca, soit seul, soit associé à la soie et au coton. À Manille. l’'Abaca est désigné sous différents noms suivant son degré de blancheur et la finesse de sa texture, selon que les fila- ments sont extraits des couches extérieures médianes ou intérieures des feuilles. Ainsi, la qualité la plus inférieure se LES PRODUITS COLONIAUX : LES TEXTILES. 949 nomme bandala, la qualité ordinaire fwpoz et lupis, et les qualités supérieures sorsogon et bolosan; enfin, le blanc supérieur quilot et l’extra blanc lipis. Les tissus fins d’Abaca, vendus sous le nom de Zuwpis et Lipis, ne doivent pas être confondus avec le Mipis, provenant des fibres d'Ananas. Les fibres ordinaires sont employées pour tisser le Medrinaque, le Gumaras et le Sagaran. Les étoffes ainsi nommées dans le commerce sont raides et rugueuses au toucher lorsqu'elles sont écrues ; sous cette forme, elles peuvent être avantageu- sement substituées au bougran comme garniture intérieure des vêtements. Les tissus décrués sont souples, frais, légers et résistants, on les emploie à divers usages. La largeur du Medrinaque écru est de 1 mètre, mais cette largeur est réduite à 70 centimètres après décrûment. Son prix varie ordinaire- ment entre 0 fr. 80 cent. et 1 franc le mètre. Les indigènes retirent aussi des Musa sylvestris et {roglo- dilarum, des fibres qu'ils mélangent avec celles du Musa texætilis, mais qui n’ont ni la finesse, ni la blancheur, ni la même consistance que celles-cr. Les fibres extraites des Musa paradisiaca et sapientum fournissent des fibres assez semblables à celles de l'Abaca, mais d’une résistance inférieure. Aux Philippines, le commerce de l’Abaca n’a pris une erande extension qu'à partir de 1860; depuis cette époque, c'est l'Amérique et l'Angleterre qui, sous le nom de Chanvre de Manille, en importent la plus grande quantité. Ce n’est qu'après 1870 que l'attention a été attirée sérieusement en France sur ce textile, où il entre dans la fabrication des tissus d'ameublement et dans la préparation de la pâte à papier. On en fait également des nattes, des paillassons, des cordons de sonnettes, etc. En Afrique, dans les Indes et à MER l’Abaca est recher- ché pour faire des cordages et des voiles pour la marine. En Chine, les tissus en fibres de Musa textlilis sont vendus sous le nom de Tsiao-pou et se fabriquent principalement dans les provinces de Kouang-toung et de Nean-hoei. L'Abaca en nature nous arrive de l'Inde en balles rectan- gulaires, du poids de 100 kilog. et même plus, lacées avec des cordes de sa provenance. (A Suivre.) III. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 26 AVRIL 1889. PRÉSIDENCE DE M. A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté sans observations. — M. le Secrétaire procède au dépouillement de la corres- pondance. — MM. Lesage et J.-B. Lannoy adressent des remercie- ments au sujet de leur récente admission dans la Société. — Des remerciements pour les envois qui leur ont été faits sont également adressés par MM. Adour, Bruzon, E. de Regel, Burky et F. Mathey. — M. Jonquoy adresse une demande de Haricots Saint- Ciboire. | — M. Cool informe la Société qu'un bâtiment, arrivé de Stavanger (Norwège), au mois de’'février, a débarqué à Hull (Écosse) trois Rennes des monts Haukelid, région cen- trale de la Norwège, dont on veut tenter l’acclimatation dans les montagnes écossaises. — M. Pays Mellier écrit de la Pataudière, en date. du 12 avril, à M. le Président : « Je viens d'obtenir dans mes parcs la reproduction de la Gazelle d'Arabie (Gazella Arabica), c'est la première fois, je crois, que cette espèce délicate reproduit en Europe. » Le jeune Antilope pygmée (Cephalopus Mazxwelli) qui est né chez moi, s'élève bien. il se développe le mieux du monde. » J'ai un couple de Pigeons Goura {Goura coronata) qui couve depuis huit jours déjà. » — M. Francisco Beltran écrit de Monterey (Mexique) : « Contrairement à ce que disent certains ouvrages, il n'existe pas au Mexique de race de Poules indigènes. Les volailles de basse-cour sont des Poules communes d'Europe plus ou moins croisées avec la race Andalouse. » En fait de Gallinacés on n’a jamais fait ici attention pour l'élevage qu'aux Coqs de combat, spectacle très favori encore, quoique défendu par la loi, dans la plupart des pays, et même pour les Cogs de PROCÈS-VERBAUX. | 991 combat, il y en a une foule de variélés. Pour n’en citer que quelques- upes, je mentionnerai celle de pico (à bec) d'origine anglaise et des- tinée pour le combat à éperon naturel, elle est vaillante et hautaine, porte ses coups à la tête, et supporte sans fuir n'importe quelle durée de combat ; on voit souvent ces Cogqs le crâne fendu et les yeux crevés à coups d’éperon, épuisés de fatigue et de douleur se coucher par terre après une heure de lutte, et là toujours la tête fière, quoique sanglante et hideuse, chercher du bec son adversaire ; et s’ils arrivent à l’attraper, en s'appuyant sur la partie que le bec tient, ils se rele- vent et dans un dernier effort ils parviennent parfois à enfoncer leurs deux éperons dans le cerveau de l’autre et à le tuer instantanément, pour tomber lui-même, mort à son tour, après avoir employé dans ce dernier effort tout ce qui lui restait de vie et d'énergie. » Cette race est petite, son poids de combat est de 1 k. 1/2 à 2 kilo- grammes, jamais davantage. Les autres Coqs sont appelés en général de navaja (à lame tranchante), ils sont destinés à combattre avec le couteau qu’ils portent attaché à la jambe gauche au-dessous de l’épe- ron préalablement raccourci. Ces Coqs frappent le corps sans choisir l'endroit, et les combats ne sont pas longs; en trois on qualre mi- nutes, l'un d'eux a enfoncé tout son couteau dans le corps de l’autre: cependant, quelquefois le combat se prolonge, quoique les deux ad- versaires soient fortement blessés, faute d’un coup décisif. De ces Cogs, il y en a de blancs, de noirs, etc., de pelits dont le poids de combat est de 1 k. 1/2 jusqu'aux grands qui atteignent celui de 3: et il y a au moins cent villes dans le pays qui se disputent le triste honneur des plus vaillants et plus habiles combattants. » Ceci dit, vous comprendrez aisément qu'il n’y a point de race mexicaine proprement dite. » En fait d'élevage pour obtenir des œufs ou de la viande, on n’a rien fait jusqu'à présent, et c’est maintenant seulement que nous commencons à entreprendre nos premiers essais. Il n’y a eu que les amateurs qui possédaient en petit un certain nombre de volailles va- riées mais dégénérant rapidement faute de renouvellement du sang, et encore c’élaient plutôt des races d'agrément que d'utilité. Et comme nous sommes si près des États-Unis, c’est là qu’on va chercher les races pur-sang qu'ils disent posséder, mais ce ne sont que ‘d’affreux métis incapables de transmettre à leurs descendants les améliorations qu'on est en droit d'espérer. » — M. Albouy, conducteur des Ponts-et-Chaussées et direc- teur du laboratoire de pisciculture de Quillan (Aude), écrit à M. le Secrétaire général : AL à « J'ai pu enfin éclaircir les rangs dans les bassins de Quillan. Il y avait encombrement réel depuis quelque temps, nos jeunes Saumons californiens ayant atteint, pour la plupart, une longueur de cinq 592 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. à six centimèlres. Mais, ainsi que je vous l’avais écrit, les intempé- ries incessantes de la saison, l'eau continuellement trouble de l’Aude, ses crues soutenues, tout semblait conspirer pour m'empêcher de remettre mes précieux hôtes à la mère nature. J'ai profité de deux belles journées, qui ont réjoui ce pays les 10 et 11 avril, pour en mettre en liberté une vingtaine de mille. Le transport s’est fait dans les meilleures conditions et avec le plus grand soin, entre Quillan et Axat, en six voyages. Au premier, il y a eu huit morts. Les autres se sont effectués sans aucune perte. Les points choisis présentaient un fond graveleux, un faible courant et une profondeur variant de 30 à 60 centimètres. La température de la rivière atteignait + 8 de- grés centigrades; c'était celle des bassins. La surface de l’eau était rendue quelque peu houleuse par le vent ; mais nos jeunes conscrits, après un moment de lutte qui n’était pas au dessus de leur force, gagnaient assez rapidement le fond, où ils jouissaieut immédiatement d’une tranquillité salutaire. Ils savaient, d’ailleurs, trouver des cachettes sous le gravier et se mettre à l'abri des indiscrets. Dans les bassins, ils se plaisaient à prendre la pâtée a&ans le creux de la main. Dans la rivière, ils ne connaissaient plus personne. Quoique à jeun, ils n’accep- taient aucune nourriture ; mais si d'aventure une proie vivante venait à surnager au-dessus de leur tête, à la surface de l’eau, certains d’entre eux ne la laissaient pas échapper. Cela prouve qu'ils s’étaient bientôt trouvés chez eux. C'était un plaisir de les voir opérer; on eùt dit de vieux habitants de l'onde. Je suis heureux de ce résultat. » Les sujets qui restent encore dans les bassins de Quillan, soit près de 30,000, sont dans un état parfait de santé. A chaque tour- née, j’en prendrai successivement une petite portion, de manière à ce que le lâcher soit terminé vers la fin du mois de mai, sauf, peut-être, un millier que je conserverai pour les faire grandir soit à Quillan, soit à Gesse. | » J'ai reçu la caisse renfermant huit nouvelles Augettes. J'ai ins- tallé les quatre me revenant au laboratoire de Quillan et j'y ai placé la Truite saumonée. Il était temps, car la moitié des Alevins étaient passés par les trous des grilles à Saumon, où je les avais pla- cés et garnissaient le fond inférieur, tandis que d'autres, une trentaine environ, avaient péri, parce que, après avoir passé la tête, ils n’avaient pu ni achever de descendre ni remonter. À part cet accident, la Truite saumonéc est très prospère ; les perles quotidiennes ne dépassent pas trois. » — M. A. Lefebvre écrit d'Amiens {Somme ) : « J'ai reçu de la Société d’Acclimatalion, le 31 octobre 1888, 955 œufs de Saumon de Californie, sur lesquels j'ai compté 60 morts dans ies trois premiers jours et 35 pour les jours suivants jusqu'au 13 novembre, date des dernières éclosions, dont le nombre .. PROCÈS -VERBAUX:,: 2. 553 s’est élevé à 860, Depuis cette époque, jusqu à ce jour, la mortalité constalée par moi, dans l'aquarium où ils sont placés, s’est élevée au chiffre de 81, dont 3 seulement pour le mois de mars, y compris un tué en nelltoyant les glaces à l’intérieur. Il semble résulter de cela que le chiffre de mes élèves est actuellement d'environ 779. Il pour- rait se faire cependant que quelques-uns des plus petits soient de- venus la proie des plus gros ; mais je ne me suis même pas apercu que ceux- ci poursuivissent ceux-là. Ils se développent admirablement avec la nourriture que je leur distribue chaque jour, consistant en _Naïs, larves de Chirononcs et viande musculaire de Cheval crue, fine- ment hachée. » Je considère ce salmonide comme le plus facile à élever et celui dont le développement est le plus rapide. » — M. Le Beau, commissaire de la marine à Nantes, écrit à M. le Secrétaire général : « Un de mes camarades de collège, avec lequel je viens de renouer connaissance, me dit qu'il s occupe de pisciculture dans sa villa Malgrétout, à Pornichet, près de Saint-Nazaire. « La pièce d’eau dans » laquelle j’ai mis des Saumons et des Truites, me dit-il, est toute » pelite ; elle n'a guère que 40 mètres de circonférence el 2 mètres de » profondeur en hiver, mirimum 60 centimètres en été. Lys Malgré cela, j'ai mis, au mois de novembre 1887, cinquante ale- » vins, Truite des lacs, Truite arc-en-ciel, Saumon de Californie. » Les alevins avaient trois ou quatre mois et mesuraient 4 à 5 cen- » limètres de longueur. Aujourd'hui, ils ont 25 centimètres, se portent » admirablement et sont très vigoureux. » J'ai voulu, dernièrement, pêcher des Tanches à la ligne. J’ai pris » quatre de mes Saumons. Le dernier étant pris très creux par l’ha- » mecon, je n'ai pas pu la remettre à l’eau. Nous l'avons mangé. La » Chair était exquise et très rosée, absolument comme celle du Saumon. » M. Rogalien Lévêque en a mis dans ses étangs à Paimpont (près » Rennes) et il a très bien réussi. — Le D' Dianoux en a mis aussi » à Saint-Gildas, dans un étaug, et il a également obtenu un succés; » ses poissons reproduisent. » | » Voilà l’état de la pisciculture et de l’acclimatement du Saumon de Californie dans les environs de Nantes. — J'ai supposé que cela vous intéresserait. » | — M. Dupouet, notaire à Saint-Mathurin (Maine - et - Loire), écrit : « Par le mème courrier, je vous adresse dans un flacon uu certain nombre de boutons desséchés, renfermant encore, pour la plupart à l'intérieur le Ver rongeur qui les détruit, et je vous serais bien recon- naissant de me faire savoir si ce fléau vous est connu et surtout s'il y a un remède efficace. » — {Voyez page 556.) 5 Juin 1889. 36 554 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. — M. le Dr Tholozan écrit de Téhéran à M. le Président : « Depuis la réception de votre lettre du 17 novembre, je me suis occupé, comme vous le demandiez, de la question du Safran (Crocus Haussknechtii), j'ai fait prendre des renseignements dans diverses lo- calités entre Kirmanchah et Hamadon. On m'a répondu d’une manière négative. Personne ne connaît, à ce qui paraît, cette plante que le . savant botaniste allemand n’a trouvé, d'ailleurs, que sur les pentes du mont Déléchani au-dessus de la localité appelée Soungour. » J'ai envoyé au gouverneur de cette localité la figure que vous m'avez transmise, en lui demandant de vouloir bien faire faire quel- ques recherches aux environs, à la fin de l’été ou en automne, on suivra pour l'envoi des bulbes les instructions indiquées. Avant mon départ pour l'Europe, au commencement de mai, je rappellerai ces recommandations et je ferai mon possible pour m'’associer ainsi au … but poursuivi par la Société d’Acclimalation. » — M. Bleskoff fait connaître à la Société que le mn. des domaines exécute de vastes plantations d’Oliviers dans le Caucase. Cette décision a été prise à la suite de différents rapports du gouverneur de Koulaïs, constatant la vigueur et la fécondité des Oliviers qui poussent à l’état sauvage dans les districts d'Artoine, Soukum-Kaleh, Elisabetpol et Lan- keran. Les essais faits depuis quelques années sur les bords de la Mer Noire, à Gagra, et Novo-Afona, et à Artoine, au Sud de Batoum donnent du reste les meilleurs résultats. — M. W. Mac Allister demande des renseignements sur l'emploi des Pavots pour garantir les talus contre l’action des eaux. — À cette occasion, M. le Secrétaire fait connaître que le Pavot double a en effet été employé avec succès par M. Cambier, chef de section aux Chemins de fer de l'État, pour le maintien des terres récemment remuées. Le semis fait en mars ou en octobre donne au bout de quelques semaines un enracinement suffisant pour empêcher les glissements. — M. José Augusto de Sousa fait hommage à la Société d'une certaine quantité de graines de Pastèque (Melon d’eau), et transmet la photographie d’un bel exemplaire de Jubæa spectabilis planté dans ses propriétés il y a quatorze ans. — M. le Secrétaire général donne quelques détails sur le Saumon bécard et fait passer sous les yeux de l'assemblée les photographies prises par l'Ingénieur en chef des ponts et PROCÈS - VERBAUX. 555 chaussées du département de l'Eure, de deux de ces pois- sons, l’un mâle, l’autre femelle. Aux détails donnés par M. Berthoule, M. Raveret-Wattel ajoute: « S'il subsistait encore quelques doutes sur la question de savoir si le type Bécard constitue, chez le Saumon, une espèce distincte, ou si ce n’est simplement qu’une forme présentée par certains individus, il suffirait, je crois, pour les lever entièrement, de rappeler que ce type se montre aussi bien chez le Saumon dit de Californie ou Quinnat (Oncorkynchus chouicha\, des cours d’eau américains tributaires du Pacifique, que chez le Salmo Salar. Ce caractère apparaît habituelle- ment chezles sujets d’un certain âge. Il en est de même pour le genre Truite, où l’on voit beaucoup de sujets adultes chez lesquels la mâ- choire inférieure présente une conformation tout à fait semblable à celle qui s’observe chez le Saumon bécard. Ce caractère n’est pas uniquement propre aux mâles ; il se montre également, plus ou moins accentué, chez beaucoup de femelles âgées. » — M.7J. Grisard rappelle qu’il a été question, dans une des dernières séances, d’une plante textile, le Kanaïff, qui paraît offrir un certain intérêt. Des renseignements ayant été demandés par lui à M. Ch. Naudin, notre confrère s'empresse de répondre ce qui suit : « Je ne connais pas la plante textile des bords de la mer Noire, mais le nom de Kanaff, manifestement de mêine racine que le nom de Cannabis, peut faire supposer qu’il s’agit tout simplement du Chan- vre, plante asiatique connue de toute antiquité, et qui porte divers noms, suivant les pays, se rattachant tous à la même étymologie. » Cependant on applique souvent à des plantes des noms empruntés à d’autres, à cause de certaines analogies dans leurs usages, et si c’est le cas ici, le Kanaff pourrait être l’Apocynum Sibiricum, dont j'ai recu des graines de M. Zolotnitski, président de la Sociéte Impériale d’Ac- climatation de Moscou, qui me dit que les fibres très fortes et très résistantes de cet Apocynum sont employées pour faire des filets d’une bien plus longue durée que les filets de Chanvre. » M. Zolotnitsky m'en a envoyé des graines, mais toutes les plantes que j'en ai obtenues ont successivement péri, malgré lout ce qu’on a pu faire pour les faire vivre dans notre sol et sous notre climat. D’a- près quelques botanisles cet Apocynum serait le même que l'A, vene- tum de Linné, ce que je n’ai pas été à même de vérifier. » Vous me ferez plaisir en m'envoyant quelques graines de l’envoi du P. Camboué ; cependant je dois vous dire que, de toutes les plantes exoliques que nous essayons ici, ce sont celles de Madagascar qui réussissent le moins. Pourquoi? Peut-être plutôt par le fait du terrain que par celui du climat. Du reste, un bon nombre des graines du 596 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. . P. Camboué n’ont pas 8 germé. La plante la mieux réussie de cette pro- venance a été jusqu'ici le Voandzeia Ssubterranea, po ECO très répandue entre les tropiques. » De son côté, M. de Regel, directeur du Jardin botanique de Saint-Pétersbourg, auquel nous nous sommes également adressé, nous écrit : « La plante textile nommée Kanaff par les indigènes de la mer Cas- pienne est probablement l'Apocynum Sibiricum, mais je n ai pas trouvé ce nom dans notre littérature botanique russe. » — À propos de l'envoi de M. Dupouet (voyez page 553), M. Fallou donne communication de la note suivante sur l’'Anthonome du Poirier (Athonomus piri), Schœnberr : « La larve vit en avril dans les bourres à fleurs du poirier, et est désignée par M. Forest, dans ses cours d’arboricullure, sous les noms vulgaires de Ver d'hiver ou de Ver des bourgeons à fleurs ; l'insecte par- fait paraît en mai. Il passe l'hiver caché dans les crevasses des écorces et sous les Lichens ; il se réveille au commencement de mars pour s’accoupler; la fécondation opérée, la femelle perce les bourgeons avec son long bec et y dépose un œuf qui éclot au bout de huit jours. Aucun bourgeon renfermant une larve ne fleurit. Un cercle noirâtre se forme à sa base et lui-même finil par noicir et se dessécher. Avant les années 1855 et 56 (1), cet insecte était presque inconnu aux envi- rons de Paris, mais depuis il est devenu un vérilable fléau pour les Poiriers en quenouille ou en espalier. Son apparition dans nos jardins ne remonte au-delà des années déjà citées. La mélamorphose a lieu dans le bourgeon. Pour détruire cet insecte, on recommande d’enlever en avril tous les bourgeons attaqués et de les brûler (2). » — M. le Président dépose sur le bureau une note rédigée par M. Brézol, sur des documents publiés par le professeur Nebring (de Berlin), relatifs à l’origine de deux de nos ani- maux domestiques le Cobaye et le Canard de Barbarie. Cette note paraîtra dans la Revue. « Vous savez, dit M. Geoffroy St-Hilaire, combien l'origine de nos animaux domestiques est confuse; pour la pluparl, nous ignorons quelles sont les espèces sauvages qui leur ont donné naissance. Le Cobaye et le Canard de Barbarie ont été introduits en Europe après la conquête de l'Amérique. Pour ces animaux relativement nouveaux, nous ne connaissons pas encore leur véritable patrie à l'état sauvage. Cette question si intéressante au point de vue de l’acclimatation des (1) Essai sur l’entomologie horticole, par le D' Boisdaval. Librairie E. Doa- naud, Paris, 1867. (2) Voir 1e Bulletin de la Sociét4 d'Acclimatation. Mars 18352, page 491. PROCÈS - VERBAUX. 997 animaux a été étudiée par M. le professeur Nebring. Le Cobaye ou Cochon d’Inde était réputé originaire du Brésil — vous trouverez celte nolion dans tous les livres — elle est erronée : il est originaire du Pérou. Le Canard de Barbarie passe aussi pour être brésilien ; lui aussi est originaire du Pérou. » — M. le Président dépose également sur le bureau une note de M. Doumet-Adanson, ayant pour titre: L’ulilité des arbres, la diminution rapide des forêls, le rôle des essences étrangères dans le reboisement. Dans cette conférence, l’auteur a passé en revue les dif- férents végétaux qui ont été introduits en Europe depuis une centaine d'années, Il termine par les lignes que voici : « Qu'il me soit permis, en terminant leur éloge — (l'éloge des plantes dont il a été question) — d'avancer que je n’ai pas cédé aux entrainements de l'enthousiasme d'amateur, ni à des suppositions illu- soires, mais que les conseils que je me suis proposé de donner aux sylviculteurs sont appuyés sur des observations suivies et compara- tives, sur des faits et sur l'expérience acquise par trois générations successives. » Vers le commencement de ce siècle, une femme d'intelligence, de savoir et d'énergie, se dérobant spontanément, quoique jeune encore, aux séductions trompeuses de la vie mondaine, se fixait en Bourbon- nais dans sa terre de Baleine. Tenant de son père, Michel Adanson, un goût prononcé pour les études botaniques, passionnée pour la culture des arbres et des plantes, elle entreprit la création d’un parc d'expé- rience, où jusqu’au dernier jour de sa vie, elle ne cessa de réunir et d'observer toutes les espèces exotiques ou étrangères susceptibles de vivre sous le climat du centre de la France. Il y a trente-sept ans qu'Aglaë Andanson (Madame Douwmet) n’est plus de ce monde, mais son œuvre lui a survécu et ses héritiers recueillent aujourd’hui le fruit de ses travaux et de ses essais de naturalisation. Bel exemple à imi- ter! profitant de l'expérience acquise, plantons; plantons sans savoir le temps qui nous reste à vivre, afin, comme elle, de léguer à nos des- cendants un capital dont ils pourront à leur tour recueillir les fruits, et n'oublions pas qu’en agissant de la sorte, nous ne ferons pas seule- ment œuvre de sagesse et de prévoyance, mais encore de patriotisme, car le particulier qui plante et reboise, développe et accroît la richesse de la patrie. » Le parc de Baleine, en effet, a réuni une collection de végé- taux du plus haut intérêt, une collection dans laquelle les spécimens ont atteint aujourd'hui de grandes dimensions. Enfin, M. le Président fait connaître que la pêche de l'étang de M. Bertrand n’a pas donné les résultats qu’on en 558 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. attendait. Les jeunes Perches argentées de la dernière ponte étaient tellement petites qu’il n’a pas été possible de les. saisir. Néanmoins, désireux de faire honneur à ses engage- ments, notre confrère mettra à la disposition de la Société un certain nombre de sujets ayant reproduit l’annnée der- nière. La quantité n’en sera pas considérable, maïs par contre ces poissons seront aptes à donner des œufs dès cette année, La distribution en sera faite prochainement. .— M. le Dr Camille Dareste donne lecture d'un mémoire sur l'étude physique de l’incubation artificielle. — M. À. Geoffroy Saint-Hilaire fait une communication relative au Lepus sylvaticus qui a été récemment importé de l'Amérique du Nord à Terre-Neuve. Puis il entretient l'assemblée des Jardins zoologiques et des Ménageries qui ont été successivement créés sur différents points du globe et aussi des naissances d'animaux obtenues dans ces établissements. ; . En terminant, il annonce à la Société que le gouvernement des États-Unis a décidé la création d’un Jardin zoologique national à Washington, et donne lecture de l'extrait suivant d’une lettre de M. Conklin, directeur de la ménagerie du Central Park, à New-York : « Le Gouvernement des États-Unis a décidé qu’une somme de 300,000 dollars (1,500,000) serait affectée à la création d’un jardin zoologique national qui sera situé à Washington, la capitale de la République. » ; Cette création, faite par les Américains, ne peut man- quer de donner des résultats absolument remarquables. Ils disposent de moyens d'action très puissants et leurs nationaux ne manqueront certainement pas de lui prêter un concours ardent, en sorte que nous apprendrons bientôt que les États-Unis sont dotés d’un établissement nouveau et tout à fait extraordinaire. M. Geoffroy Saint-Hilaire fait savoir en outre que S. M. le Sultan se préoccupe de faire établir à Constantinople un grand jardin zoologique d’acclimatation où seront réunis les animaux intéressants pour la science et pour l’acclma- tation, avec ceux qui peuvent être utiles à l’agriculture. Voici en effet ce qu'on lit dans le Journal de la Chambre de commerce de Constantinople (n° 218 du 2 mars 1889) : PROCÈS - VERBAUX. 509 « La Commission nommée, d'ordre de Sa Majesté Impériale le Sul- tan pour s'occuper sous le haut patronage du Souverain, des mesures à prendre en vue d'améliorer les espèces et les races d'animaux de toutes sortes, Chevaux, Bœufs, Moutons, Chèvres, ainsi que de la volaille, est composée de S. E. Zihni pacha, ministre du Commerce et des Travaux publics, président ; Mehmed pacha, général-président de la Section de cavalerie au Séraskérat ; Muzaffer pacha, directeur des haras Impé- riaux ; Azarian effendi, président de la Chambre de commerce de Constantinople ; Fazil bey, membre du Conseil d'État ; Serkiz bey Balian ; Nouri bey, directeur de l’agriculture au ministère du Com- merce et des Travaux publics ; et du lieutenant-colonel Mehmed Ali bey, inspecteur vétérinaire au même ministère. » « Vous voyez, Messieurs, dit en terminant M. le Président, que la création dont le Sultan a pris l'initiative personnelle, car c’est lui- même qui a concu l’idée de cet établissement, prend un caractère non seulement zoologique mais agronomique. Sa Majesté a voulu que cet établissement püt, à la fois, servir les intérêts de la science zoolo- gique et ceux de l’agriculture. Le Sultan me fournit là, une transition pour vous présenter une idée, qui n’a rien de bien nouveau mais que je crois excellente. Nos jardins zoologiques d'agrément et d'intérêt scientifique ne sont plus aujourd'hui suffisants, il faut absolument que, dans la conception de ces établissements et en particulier pour ceux qui seront créés dans l’avenir, nous ayons en vue, absolument, l'étude de nos animaux domestiques. Ces idées ne sont pas neuves. Lorsque la Société que j’ai l'honneur de diriger au Bois de Boulogne, a été créée, dès les premières années de son existence, elle s’est préoccupée d’annexer à l'établissement une partie agricole dans la- quelle, reprenant alors les idées de Lanjuinais, de Richard (du Cantal) et de mon père, on viendrait refaire cet établissement de Versailles, qui a été détruit en 1851, au grand détriment de l’agriculture et de la prospérité du pays. — À propos de cette dernière communication, M. Richard {du Cantal) insiste sur l'importance d’une sélection judi- cieuse dans le choix des animaux reproducteurs. — M. Magaud d’Aubusson donne lecture au nom de la Com- mission du scrutin du résultat du dépouillement des votes. Le nombre des votants était de 47%4. Voici le chiffre des voix obtenues par chacun des candidats : Président : M. A. Geoffroy Saint-Hilaire.......... 473 Mioe-présidents: : MM,e Fort: ::35 0. sat faire 468 de Quatrefages............. 471 Marquis de Sinéty.......... 469 HéaniValants "1. or 468 260 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Secrétaire général : M. À. BeTODIBO TE SELECT 472 Secrétaires : MM. Dupin (Intérieur)............. Ù 471 Raveret-Watel (Conseil). .... re 471 Saint-Yves Ménard (Séances)... 470 Piéhof (Hiranger) METEO & 471 ATESOT UE EM ONTATITASS eee ne e UE HO D DU 471 Archiviste : M. Magaud d'Aubusson.............. 471 Membres du Conseil : MM. Edgar Roger........... 470 & Dr CDarestienr ts STE 479 D'/Paboutbene. 21"? 281 469 DPMIChonr. Er PRE 470 GTATAIMEr FT RTE ‘469 Perriee+ ff: Le MERS 469 En conséquence, sont élus pour 1889 : Président : M. À. Geoffroy Saint-Hilaire. | Vice-Présidents : MM. Le Fort, de Quatrefages, marquis de Sinéty, Léon Vaillant. | Secrétaire général : M A. Berthoule. Secrétaires : MM. Dupin (Intérieur), Raveret-Wattel (Conseil), Sainl- Yves Ménard (Séances), Pichot (Étranger). Trésorier : M. Mathias. Archiviste : M. Magaud d’Aubusson. Membres du Conseil : MM. Edgar Roger, D' C. Dareste, D' Laboul- bène, D' Michon, Grandidier, Perrier. — M. Jules Grisard donne lecture d’un mémoire de M. Vanden-Berghe sur l’Agave d'Amérique et ses produits. — M. le Dr Joseph Michon fait connaître à l'assemblée qu'il a réussi à obtenir quelques graines de Topinambour qui jusqu'à présent n'avait pas fructifié dans le sud de l'Europe. Le semis donne des types qu'il serait intéressant d'étudier. Les graines que M. Michon offre à la Société seront confiées à ceux de nos sociétaires qui voudraient renouveler ou con- tinuer les expériences commencées par notre confrère. Pour le Secrétaire des séances, JULES GRISARD, Secrétaire du Comité de rédaction, IV. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS. 5° SECTION. — SÉANCE DU 2 AVRIL 1880. PRÉSIDENCE DE M. PAILLIEUX, VICE-PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté sans ob- servations. M. Paillieux donne lecture d'une lettre qu’il a recue de M. Latour Marliac, horticulteur, à Temple-sur-Lot, lequel fait ses offres de ser- vice pour la culture de l’Igname plate du Japon, puis d'un mémoire de M. Joseph Clarté sur ses cultures expérimentales de plantes nou- velles. A celte occasion, M. Paillieux exprime ses regrels de voir la culture du Physalis Peruviana si peu répandue ; chaque hiver, la confiserie manque des fruits nécessaires pour satisfaire à la consommation. M. Hédiard fait connaître à la seclion qu'il a recu d’un de ses clients de Bretagne, des rhizomes souterrains dont la forme rappelle assez exactement le Stachys. La plante dont il s’agit est l’Arrhenaterum bulbosum ou Avoine à chapelet qui présente à sa base des bulbes superposés au moyen desquels elle se multiplie très rapidement. M. Hédiard donne ensuite quelques détails sur le Maïs sucré, variété très appréciée en Amérique. L’épi, cueilli lorsque le grain est encore à l’état laiteux et passé sur une râpe à fromage, donne une excellente purée qu'on assaisonne à la facon ordinaire et qu'on sert avec les viandes. M. Paillieux lit une note sur une nouvelle analyse des Crosnes. Ces tubercules renferment une cerlaine quantité de Galactane, substance intermédiaire entre l’amidon et le sucre, qui, jusqu’alors, n'avait été rencontrée que dans le Lupin. M. Chappellier rappelle à celte occasion les travaux d'analyses fails par notre confrère, M. Dautreville (1). M. le Secrétaire général fait remarquer que, suivant la saison, les tubercules soumis à l'analyse peuvent varier dans leur composition intime et qu’il importerait de les étudier aux diverses phases de leur végétation. M. Paillieux donne lecture d’une note sur le Zewisia redivira \Voye Revue, p. 442). M. Pol Nicard cite à l’occasion de cette communication des faits remarquables de vitalité parmi les plantes de la famille des Crassu- lacées. Le Secrétaire, Jules GRISARD. (1) Voyez Bulletin, 1886, p. 231 et 410. 562 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. 1re SECTION. — SÉANCE DU 9 AVRIL 1889. PRÉSIDENCE DE M. DECROIX, PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté, sans obser- vations. M. Cloquet signale un article de journal, où il est dit que la Société d’Acclimatation, sur la demande de la Société Centrale des Chasseurs, s’est occupée de la question de l'introduction en France du Lepus sylvalicus. M. Magaud d'Aubusson, membre du Conseil, déclare n'avoir pas connaissance de ces faits. Divers membres discutent sur les qualités de plusieurs espèces du genre ZLepus, et sur l'opportunité de sa naturalisation chez nous. Selon toute probabilité, ce rongeur est un Lapin et non un FES ce qui explique sa grande fécondité. M. Grisard dit que la Société prendra des informations sur cet animal, afin que la section puisse s'occuper utilement de la question. M. Fallou annonce le décès de M. Chevreul. La section exprime ses vifs regrels, pour la perte que la France vient de faire, en la personne | du doyen des étudiants, dont un grand nombre de travaux se rappor- taient, plus ou moins directement, à ceux que poursuit la Société d’Acclimatation. Répondant à M. Decroix, M. Magaud d’Aubusson dit que les essais de transmission du choléra des Poules, aux Lapins d'Australie, d'après le système Pasteur, n ont donné que des résultats négatifs. M. Decroix pense que 1ôt ou tard, une épizootie quelconque rava- gera les rangs, devenus trop serrés, des Lapins en Océanie. D'ailleurs, la chair des animaux morts, de quelque maladie que ce soit, peut être consommée sans inconvénients après cuisson assez complète pour que les parties les plus éloignées de la surface aient été soumises à une température de 100° centigrades. M. Decroix rappelle, à cette occasion, plusieurs des expériences qu'il a faites, et sur lui-même, et sur d’autres personnes, sans qu'il en soit résulté aucun inconvénient. D'ailleurs, à Paris, malgré la surveillance, de nombreuses viandes provenant d'animaux phtisiques sont vendues, ce qui devrait décider les consom- mateurs à renoncer aux viandes saignantes. Quant au lait, en le faisant bouillir, on lue les microbes qu'il peut contenir, s’il provient de Vaches malades. M. Mailles fait observer que malheureusement, le lait, en Ps PE perd une partie de sa valeur nutritive, et ne peut, dès lors, servir à l'alimentation des enfants. Le Secrétaire, Ch. MAILLES. V. CHRONIQUE DES COLONIES ET DES PAYS D'OUTRE-MER. Extraits du rapport consulaire de M. J. Wheeler, sur l’agriculture de la Colombie. (SOUTH AMERICAN JOURNAL, 25 février 1889 el suivants). La principale nourriture dans les terres chaudes est fournie par la Banane, le Maïs, le Riz et le Yucca; dans les terres tempérées, le Maïs, la Banane, le Yucca et l’Arracacha ; et dans les terres froides la Pomme de terre, le Maïs et le Froment. Le Cacao et le sucre tiennent aussi une large place dans les trois territoires, peut-être égale à celle des autres aliments. Les districts agricoles les plus importants dans les terres froides existent dans les plaines élevées de la Cordillère Orientale, dans les départements de Cundimarca et de Boyaca, dont la plaine de Bogota est la plus étendue et la plus populeuse. Ces plaines s'étendent depuis Bogota sur 150 milles vers le nord, dispersées cà et là entre les divers sommets de la Cordillère. Leur élendue n’a jamais été mesurée, elle doit dépasser 4,000 milles carrés. Leur altilude est de 8,000 à 9,000 pieds. Plusieurs de ces plaines étaient d'anciens sacs, et la fertilité de leur sol est prodigieuse. Dans le sud du département de Cauca, quelques districts appartiennent à la terre froide, ceux de Tuquerres et d’Ipiales, près de la frontière de l’Équateur, sont plus élevés que les plaines de Bogota et sont très peuplés. Les villes de Tuquerres et d’'Ipiales possèdent une allitude de 10,000 pieds. Dans les départe- ments de Santander et d'Antiochia, dans certains petits districts iso- lés, la culture s'élève jusqu’à une altitude de 7,000 à 9,000 pieds. Les principales cultures des terres froides sont, la Pomme de terre, le Froment, l’Orge, la Fève et divers fruits et végétaux européens. Les races bovines dans la terre froide, et spécialement dans la plaine de Bogota, sont très supérieures à celles de la terre chaude. Dans la première localité on rencontre beaucoup de croisements de races euro- péennes avec l’ancien fond espagnol qui s'y trouvait, et ils y sont mieux nourris et mieux soignés. Dans les terres chaudes, les bes- tiaux sont à moitié sauvages et parcourent de grandes étendues de plaines, de forêts et de montagnes, et ne sont réunis qu’une ou deux fois par an pour être comptés, marqués, elc., mode de vie excellente pour développer l'activité et la longueur des jambes, mais non pour produire les qualités qu’on recherche généralement dans le bétail. Dans les premières années, on importa principalement des Herefords pour améliorer la race, mais plus lard ce furent les Durhams qu'on introduisit dans les plaines de Bogota. Quelques propriétaires d'Haciendas de la plaine de Bogota pos- 964 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. sèdent aujourd'hui de beaux troureaux de Durhams ayant de la valeur, mais en général on ne prend pas assez de soins pour conserver la pureté de la race, il en résulte une amélioration trop lente. Les révo- lutions fréquentes apportent plus de troubles à l'élevage des bestiaux qu'aux autres branches de l’agriculture, car les soldats affamés choi- sissent et tucnt les bêtes du premier choix qui appartiennent aux races d'importation étrangère. Le bétail de la savane fournit ordi- nairement de 400 à 450 livres de viande, et de 75 à 100 livres de graisse, au moins le double que dans les terres chaudes et la viande est de première qualité. Dans quelques Haciendas appartenant à de riches propriélaires, on trouve exceptionnellement des bêtes de pre- mier choix qui fournissent 1,200 livres de viande et 600 de suif. Une grande quantité de graisse est chose importante, car elle se vend 16 dollars le quintal, tandis que la viande n’en vaut que 12 ; et la pâture de la Savane semble mieux convenir à la graisse qu'à la viande. Dans deux bœufs cités par l'Agricultor, le premier a fourni 850 livres de viande et 512 livres de graisse, le second 750 livces de viande et 400 livres de graisse. | On nourrit le bétail de l’herbe naturelle de la Savane, qui est très riche et donne beaucoup de graisse. Les fourrages artificiels sont rares; on voit seulement CARS champs de luzerne dans un petit nombre d’haciendas. Les racines et l’ensilage sont inconnus. Les moutons ne prospèrent pas dans la Savane. Ils sont atiaqués par une espèce de tiquets, contre lesquels les fermiers n’ont aucun remède. Quelques troupeaux existent dans les montagnes qui entou- rent la plaine de Bogota et un plus grand nombre au nord de Boyaca. Quelques Southdown, Lotswold et Leicester ont été importés de temps .en temps, mais ils dégénèrent rapidement. Les Pommes de terre viennent à l’état sauvage dans quelques dis- iricts des Andes Colombiennes, spécialement dans la région monta- gneuse qu’on appelle Paramo de las Papas, dans le sud du départe- ment de Cauca, et à de grandes altitudes, elles sont très productives et de bonne qualité dans toutes les terres froides. Probablement elles y sont cultivées depuis plusieurs siècles, car lorsque les Espagnols ar- rivèrent dans le pays ils en trouvèrent de grandes plantations particu- lièrement dans le sud du Cauca. Selon l’Agricultor, la consommation annuelle à Bogota serait de 3,000,000 de quintaux de Pommes de terre contre 1,000,000 de quintaux de maïs, et seulement 300,000 quintaux de blé ; de sorte que la pomme de terre est la principale nourriture des terres froides. On connaît deux variétés principales — les Criollas qui sont d'un rouge marbré de jaune et d’un jaune orangé à l'intérieur : et la Pomme de terre ordinaire blanche qui n’a pas de nom particulier et qu’on appelle Szbanera où Paramunia, selon qu'elle est récoltée dans la savane ou sur les montagnes. Celles qui poussent sur les flancs des CHRONIQUE DES COLONIES ET DES PAYS D’OUTRE-MER. 365 montagnes, à l'altitude de 9,000 pieds, sont les meilleures et très grosses. La Pomme de terre ordinaire ne donne qu'une récolle par an, tandis que la Criollas en donne deux et quelquefois trois dans les bonnes terres de la Savane. La maladie qui était inconnue aupara- vant a attaqué les récolles en 1865, mais son intensité a diminué chaque année, variant, cependant, selon l'intensité des pluies. En 1865, ia maladie avait une telle intensité qu'un grand nombre de champs de Pommes de terre furent détruits en quelques jours. Il faut remarquer que les récoltes à l’altilude de 9,000 à 10,000 pieds furent entièrement préservées. L'Aloës américain (A gave Americana) appelé « Figue » dans ce pays, bien qu'étant plutôt une plante sauvage qu’une plante cultivée, est d’une grande importance à cause des usages mulliples auxquels sa fibre est employée. Il pousse dans tous les sols, dans tous les climats, depuis le bord de la mer jusqu’à l'altitude de 10,000 pieds. On s’en sert pour former des haies, et dans les provinces où se pratique l'in- dustrie, d’en extraire la fibre. On le cultive aussi dans les champs. Les feuilles arrivées à l’âge convenable sont cueillies, mises dans l’eau pour rouir, puis battues avec un maillet sur un billot de bois, on peut alors retirer les fibres avec un couteau. Par cette mélhode un bon ou- vrier peut arriver à extraire dix livres de fibres. Une machine simple et facile à construire augmenterait considérablement la produclion. Le nombre des plantes cultivées est limilé par le manque de bras ; sa culture ne demande ni soins ni dépenses ; si une machine peu coû- teuse était introduite, la production augmenterait et le prix de la fibre diminuerait. Les usages principaux de cette fibre, les A/purgulas, où sandales dont se scrvent toule la classe pauvre en guise de chaus- sures, les sacs, les cordes, les sangles, et beaucoup d’autres objels. Les estimations des objets fabriqués avec celle fibre ne peuvent êlre certaines, mais elles peuvent s’élever de 10,060,000 à 30,000,006 de dollars, et c'est certainement une des industries les plus importantes de la Colombie. On ne se sert ici d'aucune autre partie de la plante, le Pulque, si employé au Mexique, est inconnu. On se sert aussi de la fibre d’une espèce de Furcræa, nommée Piffa, plus longue et plus forte que celle de l’Agave et dont on fait des nattes, des hamacs, el d’autres objets exigeant une grande force. (A suivre.) VI. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. Les fourrures de la Sibérie. — A la foire d'été d'Irbit, où viennent se concentrer presque toutes les pelleteries de la Sibérie, on a vendu cette année : 3,180,000 peaux de Petits-Gris, dont 200,000 venant d'Irkoutsk, et 300,000 de la Transbaïkalie ; un grand nombre de ces peaux pénètre en outre directement er Russie, ou passe de Sibérie en Chine, 500,000 peaux d'Écureuils noirs, chiffre inférieur de moitié à celui de l’année précédente, 1,300,000 peaux de Lièvres, 140,000 peaux de Marmottes, 50,000 de Putois; 11,000 de Renards bleus (Canis lagopus), 2,000 de Renards, 10,000 de Blaireaux, et un certain nombre de peaux d'Ours et de Loups. De telles hécatombes ont du reste détruit Lous les animaux à four- rure, les Petits-Gris principalement, sur de vastes espaces de la Russie d'Asie. (Hamburgsche Nachriehten). Les Chevaux en Tunisie. — M. Playfairs, consul général anglais à Alger, vient de transmettre au marquis de Salisbury quel- ques renseignements sur les Chevaux tunisiens et leur élevage, indi- cations que nous résumons ci-dessous. La rareté des pluies en Tunisie, y rendant toute tentative agricole très aléatoire, devrait, dit M. Playfairs, faire uniquement porter les efforts des propriétaires sur l’élevage des Chevaux et du bétail. Outre ses 300,000 Anes, la Tunisie possède environ 100,000 Chevaux dont la race est spécialement adaptée au pays et au climat, tout en ayant des défauts qu’un croisement judicieux pourrait, il est vrai, faire disparaître. M. Playfairs pense que cette modification réussirait plutôt avec le sang syrien et le sang arabe, qu'avec celui d'animaux du Nord, moins bien constitués pour résister aux influences climatériques. On avait installé à Sidi-Tabet, sur un terrain primitivement concédé au comte de Saulcey, et devenu ensuite la propriété de la Société franco- africaine, un vaste haras, appelé à améliorer la race tunisienne, mais. le manque d’eau vient d'obliger la compagnie à vendre une grande partie de ses Chevaux, et cet insuccès, en empêchant d’autres tenta- tives de se produire, retardera sans doute la transformation des Chevaux du pays. JE: Les Autruches que le docteur Sketchley a récemment importées.de Los Angeles à Red Bluff, ne paraissent guère souffrir du froid ni de la pluie. En novembre dernier, un des plus beaux mâles de la bande a réussi à s'échapper et n’a pu être repris qu'après une course d’une trentaine de milles. Ilavait traversé le Sacramento river deux fois à la nage et était aussi vaillant lorsqu'on l’a recapturé qu'avant son esca- pade, quoiqu'il eut été poursuivi par une légion de chasseurs. J. G. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 067 Requins dans l’Adriatique. — Le percement de l'isthme de Suez a eu des conséquences que M. de Lesseps ne prévoyait certaine- ment pas : l'introduction des Requins dans la Méditerranée. Jadis on signalait tous les quatre ou cinq ans, la présence dans ces parages d’un Squale qui avait contourné l'Afrique et franchi le détroit de Gibraltar à la suite d'un navire, mais le nombre de ces. terribles poissons s'accroît maintenant d'une facon fort appréciable, principalement dans la mer Adriatique où se rendent de nombreux navires passant par le canal de Suez. On a capturé il y a quelque temps, dans le golfe de Fiume, une grande femelle de Requin qui s’était prise dans des filets de pêcheurs de Thons ; au commencement du mois d'août, un matelot du feu flottant de Pola harponnait un jeune Requin devant l’établissement balnéaire de cette ville, et le 14 du même mois, un autre jeune Requin long de 2,15, et âgé d’un mois environ, se faisait prendre dans les eaux de Medolino, non loin de Pola. Ce jeune Squale, aux mâchoires armées de dents de 2 à 6 centimètres, constituait déjà un danger pour les baigneurs. LR A Les coques de cacao. — La coque formant l'enveloppe exté- rieure des fèves de cacao, constilue pour les fabriques de chocolat un déchet industriel assez encombrant, car si cette coque est très mince dans les fèves de Surinam et de Ceylan, elle représente en moyenre 10 p. 100 du produit brut dans celles de Caracas et de Guayaquil. C’est ainsi que les fabriques allemandes ont produit, en 1886, près de 1,500 quintaux de celte matière. Certains industriels peu loyaux, broyant contenant et contenu, introduisent, il est vrai, la coque dans les chocolats de qualité médiocre, mais cette pratique n'est pas appli- cable aux produits ordinaires. Jusqu’à présent on s’est débarrassé de ce déchet de différentes facons. A Haïti et sur le continent américain on l’incinère pour en faire une polasse très estimée, on le brülait sous forme de briquettes dans certaines parties de la Belgique et de l'Allemagne, où on le déposait en guise d’engrais dans les vignes. En 1883, M. Boussingault proposait d'en nourrir les Moutons, et depuis, on a reconnu qu'il constituait un aliment de grande valeur pour les Chevaux. La composition chimique de cette coque est, en effet, ana- logue à celle de l'avoine, du son, des tourieaux oléagineux, des pousses de maïs, de la farine de cocotier, etc., et elle contient en plus 0,6 à 0,7 p. 100 de théobromine, alcaloïde, formant le principe actif du cacao. En excitant le système nerveux central, la théobro- mine exerce une action très prononcée sur les nerfs et les muscles cardiaques, dont elle facilite le fonctionnement. Les coques de cacao se donnent aux Chevaux le matin et le soir, en deux rations de 500 grammes qu’on mélange à l’avoine. H° 8. OUVRAGES OFFERTS À LA SOCIÉTÉ. Maillot (E ). Rapport fait à la Chambre de commerce de Lyon sur de nouvelles races de Vers à soie du Märier. Lyon, 1888. Imprimerie du Salut Public, 33, rue de la République. L'auteur. Wardle (T.). Silk. Zés entomology, history and manufacture. Lon- don, 1887. Edward Bumpus, 5 el 6, Holborn Bars. L'auteur. Grisard (J.. Vanden-Berghe (M.). Les Palmiers utiles et leurs alliés. Paris, 1889. J. Rotchschild, éditeur, 13, rue des Saints-Pères, 13. Les auteurs. Henry (L.). Éléments d'arboriculture fruilière. Paris, 1887, G. Mas- son, éditeur, 120, boulevard Saint-Germain. Gand, 1887, Ad. Hoste, éditeur, 6, Marché-aux-Grains. L'auteur. Joly (Ch.). Note sur la statistique horticole en France el aux États-Unis. Extrait du journal de la Société nationale d'florticulture de France. L’auleur. LE MÊME. MNoles sur l'exposition d’horticullure et sur le Jardin des Plantes de Rouen. Paris, 1888. Extrait du journal de la Société natio— pale d'Horticulture de France. L'auteur. LE MÊME. Une visile aux expositions de Londres et dz Liverpool. Paris, 1886, G. Rougier et C°, imprimeurs, 1, rue Cassette. L'auteur. LE MÊME. Nofe sur trois arbres gigantesques. Paris, 1888. Extrait du journal de la Société nationale d’Ilorticulture de France. L'auteur. Marguerite-Delacharlonny (P.'. Ze Fer dans la végétation. Paris, librairie agricole de la Maison Rustique, 26, rue Jacob. | L'auteur. Mueller (B°* F von). Zconography of Australian Species of Acacia and cognate genera. Melbourne, 1888 (fascicules 7 à 10). L'auteur. Sahut (F.). Les Eucalyplus. Montpellier, 1888. C. Coulet, libraire- éditeur, 5, Grande rue. Paris, 1888. A. Delahaye et E. Lecrosnier, libraires -éditeurs, 23, place de l'École-de-Médecine. L'auteur. Schomburgk (R.). Reparé on the Progress and Condition cf the _Botanic Garden during the Year 1887. Adélaïde, 1888. L'auteur. Le Gérant : JULES GRISARD. I. TRAVAUX INÉDITS ADRESSÉS A LA SOCIÉTÉ. LA BERNACHE MARIÉE (CHLOËPHAGA JUBATA) PAR M. GABRIEL ROGERON. (SUITE ET FIN *) Ces nouvelles Bernaches se trouvèrent encore, le mâle surtout, plus élancées, plus délicates, plus fines de corps, en un mot plus jolies que les précédentes. Il arrive, en effet, soit par la dégénérescence de plusieurs générations de servitude, soit parce que le type primitif était moins beau (la beauté des individus est très variable même à l’état sauvage), il arrive, dis-je, que parmi ces oiseaux d'ornement il se rencontre des races beaucoup plus belles de formes et plus riches de cou- leur les unes que les autres. C’est ainsi qu'il se trouve des Carolins et Mandarins aux nuances bien plus éclatantes, des Casarkas roux épais et ventrus et d’autres d’une élégance parfaite, etc. Quant aux mœurs, aux qualités morales de mes nouveaux oiseaux , elles étaient absolument les mêmes que chez le couple précédent. Même facilité à s’habituer, même douceur de caractère, mais aussi, bien qu'ils ne se quittassent pas, même froideur apparente de sentiments l’un vis-à-vis de l’autre. | | Il en fut ainsi près de deux ans, et le printemps même passait inaperçu sans apporter la moindre heureuse modi- fication dans la manière d'être des deux époux. Aussi cette année, après un second printemps écoulé sans plus de succès, je me promis bien de m'en défaire et de tenter pour la troi- sième fois l'expérience avec un nouveau couple. Mais voici qu'au commencement de juillet, alors .que toutes mes couvées finies, la plupart des jeunes avaient (x) Voyez plus haut, page 478. 20 Juin 1889. 37 370 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. atteint la taille de leurs parents et que ces derniers, en pleine mue, étaient dans cet état d'indifférence et de tristesse propre à cette sorte de maladie, mes Bernaches au contraire me parurent plus vives et plus gaies qu’elles n'avaient jamais été. Et modèles jusque-là de tranquillité et de sagesse, elles cherchèrent tout à coup à s'émanciper tant soit peu. Ainsi elles n'avaient guère jusque-là l'habitude de quitter ma pièce d’eau ou la pelouse d’à côté, et encore moins d'en- freindre les règlements en violant les clôtures. Maïs prenant tout à coup un petit air mutin et indépendant, inconnu jusque-là, elles restèrent beaucoup moins tranquilles et s’en vinrent promener jusque dans la basse-cour et aux extré- mités du jardin, Une fois même ayant trouvé une porte des orillages ouverte, elles osèrent la franchir et poussèrent au- dacieusement la reconnaissance à cent mètres de là, jusqu'à une petite douve couverte d’appétissante canetille. Sur- prises ainsi en flagrant délit de vagabondage, je les réinté- grai dans mon jardin avec une telle expression de méconten- tement que j'espérais qu’elles allaient en tenir compte et ne seraient plus tentées de renouveler de si tôt une pareille es- capade, mais ce fut peine perdue, et d’une facon ou d'une autre, elles trouvaient moyen de passer soit par une porte mal fermée, soit par quelque partie faible de mes grillages observée dans leurs fréquentes promenades. Et malgré mes menaces et réprimandes réitérées, il ne se passait guère de jours sans qu'il ne me fallut ramener ces coureuses. En un mot, je reconnaissais si peu mes Bernaches sous leurs nou- velles allures, que j'allai jusqu'à penser, sans m’arrêter tou- tefois à une idée, aussi invraisemblable à pareille époque de l’année, que ces oiseaux étaient peut-être tourmentés du désir de nicher. Il en était ainsi depuis une ou deux semaines, quand un matin je ne retrouvai plus que le mâle seul dans le jardin. Le cas ne pouvait être qu'extrêmement grave de toute facon. Les deux oiseaux ne se séparaient jamais. Il fallait done, ou qu'il füt arrivé malheur à la femelle dans les promenades en dehors des grillages, que le couple avait sans doute pous- sées trop loin du côté de la campagne, ou bien encore (mais je n'osais m'arrêter à cet espoir tant la déception pouvait être cruelle), n’était-elle fpas à pondre ou à couver quelque part ? LA BERNACHE MARIÉE. 571 Immédiatement je me mis à aller fouiller toutes mes boites et nids de Mandarins et de Carolins. Dans le premier nid où je mis la main, je trouvai un œuf plus gros et plus blanc qu'un œuf de Carolin ou de Mandarin, mais ayant la coquille beaucoup plus fine que ceux de Poule. Les Poules d’ailleurs n'allaient guère de ce côté-là, et les Carolins et Mandarins ne pondaient plus depuis longtemps. Maïs quelque étrange et inexplicable que me parut cette découverte elle ne me rendait pas ma femelle Jubata. Je me dirigeai sur une autre partie des bords de ma pièce d'eau fouiller un nouveau nid; et là, bonheur exagéré, je trouvai enfin ma bête au fond de la boîte, sur une belle nichée d'œufs. Quand elle fut sortie de sur son nid, car la ponte n'était pas terminée, je comptai huit œufs que je remplacai par des œufs de Poule de crainte d'accidents. Elle pondit encore deux jours de suite, puis elle se mit à couver. Ce qui me faisait onze œufs, y compris (celui trouvé dans le premier nid qui, véri- fication faite, lui appartenait bien. Sans doute elle avait trouvé, pour des motifs que je ne me charge pas d'expliquer, ce nid défectueux sous certains points de vue, puisqu'elle en avait choisi un second. Bien entendu je ne voulus pas courir les risques de laisser ainsi cette Bernache couver au dehors dans un endroit nullement clos du côté de la campagne et où toutes sortes d’ennemis pouvaient pénétrer la nuit. Je pris donc le parti de confier ses œufs à des Poules couveuses dont je n'avais à ce moment que l'embarras du choix. Mais restait une autre difficulté. Ayant observé plusieurs fois à mes dépens combien ma présence et mes soins per- sonnels étaient nécessaires pour l'éducation première de mes jeunes oiseaux, je m'arrangeais de facon à ne m'absenter de chez moi que le moins possible le printemps, réservant mes promenades et voyages pour le moment des vacances où toutes mes bêtes étaient élevées. Cette année entre autres je devais m'absenter depuis la mi-août jusque vers la seconde semaine de septembre; c'était probablement dans l'intervalle de cette période que devaient éclore mes jeunes Bernaches. Quant à reculer mon voyage jusqu’à l'époque de leur éclosion, cela m'eüt dérangé sans grand profit puisque les petits éclos réclament encore longtemps des soins minutieux. D'ailleurs était-il bien certain qu'il dut même en éclore? C'était au moins douteux, depuis deux ans que je possédais ces oiseaux. 912 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. n'ayant jamais surpris le moindre indice qui püt me faire présumer que ces œufs étaient fécondés. Dans de telles conditions il n'y avait donc lieu de rien modifier, et le plus naturel était de laisser les événements suivre leur cours. Le 30 juillet je mis les onze œufs à couver sous deux Poules. Quelle était la durée de l’incubation ? Elle pouvait varier de vingt et quelques jours à cinq semaines (car je ne possédais aucun indice pour le savoir), et dans ce dernier cas je serais peut-être de retour. Au bout de quatre ou cinq jours, je pus constater que mes craintes n'étaient pas fondées et que tous les œufs étaient fécondés, hormis trois. La situation devenait donc sérieuse et digne d'intérêt, aussi je m'occupai avant mon départ de tout préparer pour recevoir les nouveau-nés. Je choisis mon meil- leur petit parquet, le plus aéré, le plus ensoleillé dans l’in- térieur de ma chambre à Canards, j'y arrangeai et y installai tout, comme si on devait y apporter les jeunes oiseaux sous quelques heures ; puis je remis un règlement détaillé et cir- constancié des soins à donner, à la bonne, fort intelligente du reste, qui devait présider à la naissance ainsi qu'à l’'édu- cation première des jeunes nourrissons. Le 30 août, je recevais à Laval, où j'étais alors, une lettre de la gouvernante de mes jeunes Bernaches, que j'osai à peine ouvrir tant j'étais inquiet de son contenu. Mais je res- pirai en y lisant que six petits venaient d'éclore et semblaient bien portants pour l'instant; puis on me donnait ensuite les détails de leur naissance. Dès le 27 août les œufs étaient craquelés et on entendait les petits ; le 28, deux éclosaient naturellement ; mais le 29 six œufs étaient encore à éclore, sans que les petits eussent fait aucun progrès depuis la veille. On s'était alors mis à aider leur sortie, ce qui avait bien réussi pour quatre d’entre eux, mais les deux autres avaient succombé peu d’instants après leur naissance, sans doute des suites de l'opération. Le 5 septembre, je rentrais chez moi; je n’avais pas recu d'autres nouvelles ; mais dans huit jours, à cet âge si tendre, que d'événements avaient pu se passer! Ces oiseaux devaient être, en effet, bien délicats, puisque lors de la lettre écrite quelques heures après leur naissance, il y en avait déjà deux de morts ; combien y en avait-il de reste à présent, et en restait-il même ? LA BERNACHE MARIÉE. 573 Mes appréhensions étaient vaines. Non seulement personne n'était mort, mais les six petites Bernaches avaient grandi et srossi d’une facon étonnante ; on leur eüt donné au moins quinze jours. Et, de plus, elles avaient un air de prospérité et de fraicheur qui faisait plaisir à voir sous leur léger duvet de couleur cendrée. A leur vivacité et surtout à leur tournure vénérale, on eût bien plutôt dit de jeunes Canards que des Bernaches. Mais là ne se bornait pas mon succès ; la femelle Jubata s'était remise à pondre. Elle avait commencé, comme la pre- mière fois, par semer ses œufs dans différents nids. Deux furent retrouvés ainsi, l’un à temps encore, l’autre gâté, et il est probable qu'il y en eut plusieurs de perdus. Puis elle finit par adopter un nid dans la chambre où je la renfer- mais la nuit. Chaque fois qu'elle avait à pondre, elle reve- nait stationner devant la porte jusqu'à ce qu’on lui ouvrit, ce qu'elle faisait régulièrement tous les deux jours, à la différence de sa première ponte, où ses derniers œufs, du moins, avaient été pondus de suite. Elle pondit ainsi trois œufs, dont le dernier le 6 septembre. Puis elle cessa tout à coup sa ponte sans chercher à couver comme la première fois. Mais revenons à ma jeune couvée. Suivant mes prescrip- tions, on avait donné à mes Jubata, dès leur naissance, à discrétion tous les mets que sont susceptibles de manger de jeunes oiseaux (car la nourriture convenant à des Bernaches de cette espèce nouvellement nées m'était entièrement incon- nue), pain égrainé dans de l’eau, dans du lait, viande hachée, laitue hachée avec du pain, canetille, pâtée d'œufs durs et de pain, œufs de fourmis, etc. Mais de tout cela, ce qu’elles re- cherchaient de préférence et ce qu’elles mangeaïent le mieux à mon arrivée, c'étaient les œufs de fourmis, qu’elles dévo- raient avec une avidité telle qu'il fallut les en rationner sous peine de les voir négliger toute autre nourriture. Puis ve- naient la lentille d’eau, la paätée d'œufs durs et la laitue hachée. Elles semblaient aussi de temps à autre manger quelques graines, petit blé et blé noir. Quant à la viande hachée, si recherchée des Carolins et Mandarins, elles sem- blaient avoir un souverain mépris pour cette sorte de cui- sine. A l’âge de quinze jours je supprimai les œufs de fourmis et, un peu plus tard, les œufs durs, ne leur laissant plus que 974 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. la laitue hachée avec le pain, la canetille et le blé noir, qu'elles recherchaient de plus en plus. Leur croissance continua toujours avec une rapidité vrai— ment extraordinaire, et comme je n’en ai jamais vu d'exemple chez les autres espèces de palmipèdes que j'ai élevées jusque- là. À l'âge de trois semaines, elles étaient déjà en partie emplumées, et le 7 octobre, c'est-à-dire à l'âge de cinq semaines, j'étais obligé de leur couper les ailes de crainte qu'elles ne s’envolassent, opération que je ne faisais guère chez mes Carclins, Mandarins et Canards sauvages les mieux venus, avant l'âge de deux mois. Cependant ces jeunes oiseaux mangeaient relativement fort peu pour une crue aussi rapide, je n'en ai jamais eu de pe faciles à élever et demandant moins de soins. Comme ces oiseaux sont très propres, ne salissent pas leurs plats comme les Canards et ne dépensent que relativement fort peu de nourriture, il me suftisait, tout le temps que je les ai tenus dans leur parquet, c’est-à-dire cinq semaines, de les panser chaque matin et il y en avait après cela pour vingt-quatre heures. Une ou deux fois par jour seulement j'allais les visiter, leur renouveler l’eau qui était à peine salie, et leur jeter quelques poignées de canetille. Quant à ma seconde couvée de quatre œufs, mise sous une Pouie le 9 septembre, trois petits perçaient la coque, le 6 oc- tobre (un œuf s'était trouvé clair). Le 8 octobre les œufs étaient dans le même état que la veille. Enfin le 9, voyant que les petits ne faisaient aucun progrès, je les en fis sortir de force avec toutes les précautions voulues en pareil cas. Les petits étaient parfaitement à terme et n’attendaient que cette opération sans doute depuis longtemps, car ils parais- saient assez affaiblis par les vains efforts faits jusque-là pour sortir de la coque. | Je les laissai sous leur mère le reste de la journée, et le lendemain je les plaçai dans le parquet de leurs aînés, qui avaient bien voulu céder la place pour la circonstance, les entourant seulement de la nourriture que cette fois je savais leur convenir. Ce premier jour-là, ils n’y firent guère hon- neur, mais ce fut par la canetille qu'ils débutèrent, et ne mangèrent guère autre chose, les deux ou trois jours qui suivirent. Puis ils se mirent aux œufs de fourmis, à la pâtée d'œufs durs, etc., etc., et au bout de huit jours, ils étaient LA BERNACHE MARIÉE. 575 dans le même état où j'avais trouvé leurs aînés à mon arri- vée de voyage et continuèrent à se comporter de même, si ce n’est que leur crue fut un peu moins rapide, retardée sans doute par les froids exceptionnels du mois d'octobre de cette année. Après avoir coupé les ailes de mes Bernaches de la pre- mière couvée, je leur donnai pour elles seules un grand par- quet couvert de gazon où elles se mirent aussitôt à paître l'herbe avec avidité et autant d'adresse que si elles l’avaient toujours fait. Quinze jours plus tard, voyant qu'elles avaient pris à peu près toute la force et la rusticité des adultes, je les làächai dans le jardin et la pièce d’eau avec tous mes autres palmipèdes. Leurs parents qui évidemment ne reconnaissaient pas leurs enfants et les prenaient pour des étrangers, ne furent pas d’a- bord pleinement satisfaits en les voyant. Ils essayèrent bien quelque peu de leur témoigner leur mauvaise humeur, mais ne sachant comment s’y prendre et n'étant nullement armés pour la lutte, après quelques coups de becs inoffensifs, ils fini- rent par les laisser tranquilles, allèrent paître sur d’autres pelouses et ce fut tout. Depuis ils n’ont jamais cherché à leur faire la moindre opposition. Dans ce moment (mi-décembre) aînés et cadets sont à peu près de même taille et de même force. Seul le plumage diffère. Chez les premiers, mâles et femelles ont déjà presque entière- ment le plumage des adultes, c’est-à-dire à trois mois et demi à peine, tandis que les seconds ne sont encore revétus que de la livrée des jeunes qui ne diffère guère de celle de la femelle, si ce n’est par le brillant miroir vert que les mâles portent seuls. C’est même à cette unique remarque qu’on peut d’abord distinguer les sexes chez les jeunes. Avant que ces plumes vertes de l’aile aient commencé à paraitre, ce qui a lieu un peu avant que ces oiseaux ne soient croisés, il est absolument impossible par la forme du corps, par la couleur des pattes, du bec ou du plumage, de distinguer le mâle d'avec la femelle. Dans ces deux couvées les sexes se sont trouvés répartis aussi également que possible, quatre couples plus un mâle. Tout a donc tourné au mieux dans mon élevage de Berna- ches Jubata, car je compte garder tous ces couples, espérant 576 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. que des oiseaux nés chez moi de parents y ayant vécu depuis plusieurs années, seront dans les meilleures conditions d’aceli- matation, et par là même de reproduction. De cette sorte, si mes espérances viennent à se réaliser, comme je l'espère, j'aurai contribué à multiplier et à vulgariser un oiseau encore rare, bien qu'il soit un des plus jolis et des plus méritants parmi nos espèces d'ornement. Ces Bernaches de mœurs si douces, ont, en effet, ce pré- cieux avantage sur beaucoup d’autres oiseaux, de pouvoir vivre en paix plusieurs couples réunis. Tout du moins me le fait espérer. Et pour l'instant rien n’est plus joli chez moi que ce charmant petit troupeau de ces neuf gracieuses et mi- gnonnes Bernaches paissant paisiblement ensemble sur les pelouses autour de ma pièce d’eau. CROSNE ÉPIAIRE A CHAPELETS HISTOIRE D'UN NOUVEAU LÉGUME Par A. PAILLIEUX ET D. BOIS (1). Kañn-lu. Tsao che tsan. Tignou tzé. Chine. TSyo rogi. Choro-gi. Daima giku. Daima gik. Japon. Stachys affinis. Bnge, Enum. pl. chin. n° 289. S. Sieboldi Miq. Prol. F1. Jap. p. 44. S. tuberifera Ndn. Bull. soc. nat. d’accl., 1887, p. 394. FAMILLE DES LABIÉES. Le 4 janvier 1887, M. Paillieux présentait aux membres de la section des végétaux, dans la Société nationale d’Ac- climatation, la note qu’on va lire : Messieurs, Si vous le permettez, je vous parlerai aujourd'hui encore du Stachys. Ce sera sans doute la dernière fois. Vous savez que pendant trois ans j'ai offert et donné à tout le monde, à Paris et hors Paris, du plant de notre nou- veau légume. Cependant, j'ai prévu, au printemps dernier, que cet hiver encore il ne serait pas présenté au marché et qu'il ne serait cultivé que dans quelques jardins d'amateurs. Il n'était pas possible de prédire à quelle époque la plante serait adoptée par les cultivateurs et pourrait entrer dans la consommation générale. (1) En présence de l'importance si considérable et si rapide qu’a prise la cul- ture du Sfachys, nous n’hésitons pas à reproduire à nouveau quelques-uns des documents qui ont été déjà publiés dans notre recueil. Nos nouveaux confrères pourront se rendre ainsi mieux compte des efforts faits par M. Paillieux pour propager cet intéressant légume d’hiver, 958 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Or, je suis chargé d'années et pressé d'agir avant que l’âge m'interdise tout travail. Je savais que le Cerfeuil bulbeux, introduit en 1726 dans l'Europe occidentale, n'était connu en France que depuis cinquante ans à peine et qu'il était encore peu répandu au- jourd'hui. Si je consultais mes souvenirs, ils me disaient que, dans l’espace de cent ans, il n'avait été introduit chez nous que deux légumes nouveaux, l'Igname de Chine, à peu près abandonnée, et le Cerfeuil bulbeux que j'ai cité tout à l'heure. Je désirais éviter au Stachys la longue incubation qu'ont subie les plantes antérieurement introduites. Je voulais tenter de réaliser en trois mois la propagation de l'excellent légume que notre Société a introduit, et qui, selon moi, est destiné à occuper une large place dans la consommation générale. J'ai pensé que je ne pourrais atteindre mon but qu'en me faisant immédiatement producteur et vendeur. Les considé- rations qui précèdent m'ont fait prendre ce parti. J'ai loué quelques pièces de terre autour de mon jardin et j'y ai planté du Stachys, m'assurant ainsi une récolte qui n’est pas encore achevée et qui me donnera environ 3,000 ki- logrammes de tubercules. Convaincu que les mots S{achys affinis ne pouvaient pas être prononcés par nos Cuisinières, j'ai donné aux tubercules le nom de Crosnes, qui est celui de mon village. J'ai fait imprimer trois mille cartes-prospectus qui font connaître le légume et qui m'ont été d’un grand secours. J’en ai distribué quelques-unes aux membres présents à la séance du 4 janvier, et j'en mets encore aujourd'hui à votre dis- position. Dès les derniers jours de novembre, j'ai fait la place, j'ai cherché des acheteurs, rebuté par le plus grand nombre, bien accueilli par quelques-uns. En ce moment, j'ai à Paris dix acheteurs dont la vente s'accroît chaque jour. J’expédie notre légume à Lille, Rou- baix, Amiens, Reims, voire même à Bruxelles. J'attends des aemandes de quelques autres villes. J’ai la satisfaction de constater que les achats se renou- vellent sans cesse. Notre succès n’est pas un feu de paille; c'est un feu qui ne s’éteindra pas. CROSNE, ÉPIAIRE A CHAPELETS. 579 J'ai fait déguster nos tubercules par Brébant, le sympa- thique et renommé restaurateur que vous connaissez tous. Il a reconnu leur mérite, les a mis sur sa carte du jour, les a fait entrer dans la salade japonaise, ce mets à la mode dont la recette est plaisamment donnée dans Francillon, et l’au- teur connaît maintenant le Stachys. MM. X..., de Paris, ont employé 100 kilogrammes de Sta- chys à la confection de leurs Pickles. Ils en expédient à une maison de province et m'écrivaient le 30 janvier : « Hier, samedi, le messager nous a remis de votre part une caisse de Stachys. Veuillez nous en faire livrer de nou- veau : : » 30 kilogrammes mardi prochain; » 30 kilogrammes samedi prochain. » Dans le cas où votre récolte s’épuiserait, veuillez nous en réserver environ 100 kilogrammes. Ces, Stachys sont tous expédiés en province et mangés comme légumes frais. Le succès nous paraît assuré, et nous croyons que l’année pro- chaine vous pouvez en faire faire sans crainte. » L'Art culinaire du 30 janvier dernier contient une petite note sur les Crosnes du Japon, avec figure très exacte du tubercule : « Sous le nom de Crosnes du Japon, la Société nationale d'Acclimatation vient d'introduire et veut propager ce nouveau légume. Nous ne pouvons qu'applaudir à cet essai. » Ne paraissant qu’en hiver, au moment où nos excellents produits français sont très rares, ce légume peut être d’une véritable utilité dans le service culinaire. Sa forme est ori- ginale et gracieuse; son goût rappelle celui de l’Artichaut. La cuisson en est très facile et très rapide; son emploi est en réalité multiple. » Pour répandre de plus en plus l’usage de notre légume, je viens de m'entendre avec un jeune homme actif et intelligent qui poursuivra l'œuvre commencée. Il est malheureusement douteux que ma récolte suffise aux demandes pendant le mois de février. Je ne pouvais pas entreprendre à tout hasard une culture plus étendue. Aussitôt que le Stachys paraitra aux Halles, est-il besoin de vous dire que votre confrère disparaîtra comme vendeur et redeviendra purement et simplement le chercheur de Stachys affinis. — Rameaux avec fleurs. D'après un échantillon récolté à Aomori (Japon), par M. l’abbé Faurie, le 2 septembre 1885. (Herbier du Muséum d'histoire naturelle.) LA BERNACHE MARIÉE. 571 Immédiatement je me mis à aller fouiller toutes mes boîtes et nids de Mandarins et de Carolins. Dans le premier nid où je mis la main, je trouvai un œuf plus gros et plus blanc qu'un œuf de Carolin ou de Mandarin, mais ayant la coquille beaucoup plus fine que ceux de Poule. Les Poules d’ailleurs n’allaient guère de ce côté-là, et les Carolins et Mandarins ne pondaient plus depuis longtemps. Mais quelque étrange et inexplicable que me parut cette découverte elle ne me rendait pas ma femelle Jubata. Je me dirigeai sur une autre partie des bords de ma pièce d’eau fouiller un nouveau nid; et là, bonheur exagéré, je trouvai enfin ma bête au fond de la boîte, sur une belle nichée d'œufs. Quand elle fut sortie de sur son nid, car la ponte n’était pas terminée, je comptai huit œufs que je remplaçai par des œufs de Poule de crainte d'accidents. Elle pondit encore deux jours de suite, puis elle se mit à couver. Ce qui me faisait onze œufs, y compris ‘celui trouvé dans le premier nid qui, véri- fication faite, lui appartenait bien. Sans doute elle avait trouvé, pour des motifs que je ne me charge pas d'expliquer, ce nid défectueux sous certains points de vue, puisqu'elle en avait choisi un second. Bien entendu je ne voulus pas courir les risques de laisser ainsi cette Bernache couver au dehors dans un endroit nullement clos du côté de la campagne et où toutes sortes d’ennemis pouvaient pénétrer la nuit. Je pris donc le parti de confier ses œufs à des Poules couveuses dont je n'avais à ce moment que l'embarras du choix. Mais restait une autre difficulté. Ayant observé plusieurs fois à mes dépens combien ma présence et mes soins per- sonnels étaient nécessaires pour l'éducation première de mes jeunes oiseaux, je m'arrangeais de facon à ne m'absenter de chez moi que le moins possible le printemps, réservant mes promenades et voyages pour le moment des vacances où toutes mes bêtes étaient élevées. Cette année entre autres je devais m'absenter depuis la mi-août jusque vers la seconde semaine de septembre; c'était probablement dans l'intervalle de cette période que devaient éclore mes jeunes Bernaches. Quant à reculer mon voyage jusqu’à l’époque de leur éclosion, cela m'eût dérangé sans grand profit puisque les petits éclos réclament encore longtemps des soins minutieux. D'ailleurs était-il bien certain qu'il dût même en éclore? C'était au moins douteux, depuis deux ans que je possédais ces oiseaux. 572 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. n'ayant jamais surpris le moindre indice qui püt me faire présumer que ces œufs étaient fécondés. Dans de telles conditions il n’y avait donc lieu de rien modifier, et le plus naturel était de laisser les événements suivre leur cours. Le 30 juillet je mis les onze œufs à couver sous deux Poules. Quelle était la durée de l’incubation ? Elle pouvait varier de vingt et quelques jours à cinq semaines (car je ne possédais aucun indice pour le savoir), et dans ce dernier cas je serais peut-être de retour. Au bout de quatre ou cinq jours, je pus constater que mes craintes n'étaient pas fondées et que tous les œufs étaient fécondés., hormis trois. La situation devenait donc sérieuse et digne d'intérêt, aussi je m'occupai avant mon départ de tout préparer pour recevoir les nouveau-nés. Je choisis mon meil- leur petit parquet, le plus aéré, le plus ensoleillé dans l'in térieur de ma chambre à Canards, j'y arrangeai et y installai tout, comme si on devait y apporter les jeunes oiseaux sous quelques heures ; puis je remis un règlement détaillé et cir- . constancié des soins à donner, à la bonne, fort intelligente du reste, qui devait présider à la naissance ainsi qu'à l’édu- cation première des jeunes nourrissons. Le 30 août, je recevais à Laval, où j'étais alors, une lettre de la gouvernante de mes jeunes Bernaches, que j'osai à peine ouvrir tant j'étais inquiet de son contenu. Mais je res- pirai en y lisant que six petits venaient d’éclore et semblaient bien portants pour l'instant; puis on me donnait ensuite les détails de leur naissance. Dès le 27 août les œufs étaient craquelés et on entendait les petits ; le 28, deux éclosaient naturellement ; mais le 29 six œufs étaient encore à éclore, sans que les petits eussent fait aucun progres depuis la veille, On s'était alors mis à aider leur sortie, ce qui avait bien réussi pour quatre d’entre eux, mais les deux autres avaient succombé peu d’instants après leur naissance, sans doute des suites de l’opération. Le 5 septembre, je rentrais chez moi; je n'avais pas reçu d’autres nouvelles ; mais dans huit jours, à cet âge si tendre, que d'événements avaient pu se passer! Ces oiseaux devaient être, en effet, bien délicats, puisque lors de la lettre écrite quelques heures après leur naissance, il y en avait déjà deux de morts ; combien y en avait-il de reste à présent, et en restait-il même ? 2 CROSNE, ÉPIAIRE A CHAPELETS. 581 plantes nouvelles auquel vous avez toujours accordé sym- pathies et encouragements. Le succès était donc assuré dès le commencement de l'année 1887. Il a grandi sans cesse. M. Paillieux a été accablé de demandes auxquelles il a satisfait de son mieux. Des cen- taines de publications en France et à l'étranger, journaux spéciaux, bulletins de sociétés d'horticulture, bulletins scien- tifiques des grands journaux, ont à l’envi célébré la nouvelle plante. Cet hiver enfin (1889), les commissionnaires aux halles ont recu, et vendu sans difficulté, une grande quantité de tubercules. Le prix a baissé et baissera encore. La con- sommation sera générale, immense. Il y a là un fait acquis, une conquête définitive. Dans le Potager d’un curieux, nous avons, les premiers, parlé de la culture du Stachys, il y a de cela quatre ans. Nous pensons qu'il est temps de publier tous les renseigne- ments que nous avons depuis lors recueillis en indiquant les sources auxquelles nous les avons puisés. DESCRIPTION. — MORPHOLOGIE. Plante vivace. Souche émettant de nombreux rhizomes souterrains, tubéreux, Tubercules formés par une succession de nodosités, ressemblant assez aux collets de racines renflés de l’Avoine à chapelets (Arrhenatherum elatius, var, bulbo- sum Gaud. Avena precatoria Thuill). Tige simple ou rameuse, dressée ou couchée à la base, quadrangulaire, haute de 25 à 40 centimètres, hispide sur les angles. Feuilles oppo- sées, pétiolées, rugueuses, hispides, à base cordée, acu- minées, dentées, crénelées ; les inférieures ovales oblongues, sraduellement plus petites à mesure qu’elles s’insèrent plus haut. Fleurs sessiles, réunies par 6-4 en faux verticilles distincts. La fleur se compose d’un calice subcampanulé ou infundi- buliforme obconique à dents égales aiguës. Corolle de 10 à 24 millimètres de longueur, purpurine, à tube exert, ayant un anneau de poils à l’intérieur. Les tubercules ont la même valeur morphologique que ceux de la Pomme de terre. Ce sont des rameaux renflés, tu- Stachys affinise — Tubercules. D'après un échantillon récolté à Hirosaki (Japon), par M. Pabbé en novembre 1888, (Herbier du Muséum d'histoire naturelle.) Faurie, CROSNE, ÉPIAIRE A CHAPELETS. 581 plantes nouvelles auquel vous avez toujours accordé sym- pathies et encouragements. Le succès était donc assuré dès le commencement de l’année 1887. Il a grandi sans cesse. M. Paillieux a été accablé de demandes auxquelles il a satisfait de son mieux. Des cen- taines de publications en France et à l'étranger, journaux spéciaux, bulletins de sociétés d'horticulture, bulletins scien- tifiques des grands journaux, ont à l’envi célébré la nouvelle plante. Cet hiver enfin (1889), les commissionnaires aux halles ont recu, et vendu sans difficulté, une grande quantité de tubercules. Le prix a baissé et baissera encore. La con- sommation sera générale, immense. Il y a là un fait acquis, une conquête définitive. Dans le Potager d’un curieux, nous avons, les premiers, parlé de la culture du Stachys, il y a de cela quatre ans. Nous pensons qu’il est temps de publier tous les renseigne- ments que nous avons depuis lors recueillis en indiquant les sources auxquelles nous les avons puisés. DESCRIPTION. — MORPHOLOGIE. Plante vivace. Souche émettant de nombreux rhizomes souterrains, tubéreux. Tubercules formés par une succession de nodosités, ressemblant assez aux collets de racines renflés de l'Avoine à chapelets (Arrhenatherum elatius, var, bulbo- sum Gaud. Avena precatoria Thuill). Tige simple ou rameuse, dressée ou couchée à la base, quadrangulaire, haute de 25 à '40 centimètres, hispide sur les angles. Feuilles oppo- sées, pétiolées, rugueuses, hispides, à base cordée, acu- minées, dentées, crénelées ; les inférieures ovales oblongues, graduellement plus petites à mesure qu'’ellés s’insèrent plus haut. Fleurs sessiles, réunies par 6-4 en faux verticilles distincts. La fleur se compose d’un calice subcampanulé ou infundi- buliforme obconique à dents égales aiguës. Corolle de 10 à 24 millimètres de longueur, purpurine, à tube exert, ayant un anneau de poils à l’intérieur. Les tubercules ont la même valeur morphologique que ceux de la Pomme de terre. Ce sont des rameaux renfilés, tu- Stachys affinis. — Tubercules. D’après un échantillon récolté à Hirosaki (Japon), par M, l’abbé Faurie, en novembre 1888. (Herbier du Muséum d'histoire naturelle.) CROSNE, ÉPIAIRE A CHAPELETS. 983 berculisés sous l'influence de la station souterraine. En se renflant, chaque entre-nœud du rameau modifié perd, pour ainsi dire, en longueur, ce qu'il acquiert en diamètre. Sur une section transversale d’un de ces entre-nœuds renflés et parfaitement ronds, on trouve comme dans le rameau aérien, quatre faisceaux libéro-ligneux occupant la place des angles arrondis. L’écorce est peu épaisse, tandis que les tissus médullaires prennent un développement consi- dérable et forment presqu'à eux seuls toute la masse du tu- bereule. Les racines latérales, qui naissent directement du nœud, se forment de chaque côté du faisceau libéro-ligneux - angulaire, de telle sorte qu'on a huit racines au même niveau, un peu au-dessus de l'émergence des feuilles. Il peut se pro- duire d’autres racines latérales au-dessus de celles-là, et toujours de la même manière. Les bourgeons qui doivent se développer en rameaux et tiges, lorsqu'on plante le tubercule, sont ceux qui se trouvent le plus rapprochés de l'extrémité supérieure (1). (A suivre.) (1) P. Maury, Association française pour l’avancement des sciences. Alger, 1888. SUR LA CULTURE DU VER À SOIE DU MURIER SERICARIA MORT [Lixwé) SOUS LE CLIMAT DE PARIS Élevage expérimental fait à Champrosay (Seine-et-Oise) PAR J. FALLOU: (2 xoTe *.) Ainsi que je me le proposais, j'ai donné suite à mon projet d'utiliser les Müriers de notre contrée, en y popularisant la culture des Vers à soie. Les œufs que j'avais récoltés l’an dernier ont été conser- vés à Paris pendant l'hiver de 1887 à 88, dans un sachet en canevas, et placés dans une chambre non habitée, pre- nant jour au nord, ventilée par un courant d’air froid pen- dant toute la durée de l'hiver. Le 4 mai 1888, je les ai transportés à Champrosay (Seine-et-Oise), et à l'apparition des premiers bourgeons de Mürier, qui cette année a été très tardive et n’a eu lieu que du 12 au 15 mai, j'ai mis en incubation environ la moitié des œufs dans une chambre non habitée, exposée au sud et dont la température moyenne était de 14 degrés centigrades, le sac étant enveloppé d’une ouate, en laissant le reste dans un endroit frais. Le 20 mai, les premières Chenilles éclosaient, et le 22, plusieurs milliers attendaient leur premier repas. Il me fut facile d'y pourvoir avec les feuilles tendres des Müriers plantés à proximité de mon habitation. Après leur première mue effectuée, ce qui eut lieu du 28 au 30 mai, je fis ma dis - tribution aux personnes qui, ayant des Müriers dans leurs habitations, avaient manifesté le désir de tenter l'éducation de ces intéressants insectes. | Je gardai de cette première levée environ la moitié des (*) Voir le Bulletin de la Société nationale d’Acclimatation, 5 juillet 1888, page 678, SUR LA CULTURE DU VER A SOIE DU MURIER. 289 Vers, les placant dans une chambre également non habitée, prenant jour par deux fenêtres, dont l’une exposée au sud- ouest et l’autre au nord-est, et dans laquelle la température naturelle a varié pendant l'éducation de 14 à 25 degrés centi- erades. Les Vers de cette première levée ont été le sujet des soins les plus assidus, bien espacés, nourriture régulière de Mürier noir et blanc, six à sept repas selon la température. Ils ont accompli leurs mues régulièrement, bonne montée, cocons réguliers et bien fournis. Jusqu'à l’éclosion des papillons qui sont d’un beau type, ils ont été très vigoureux, chez les deux sexes, et les femelles ont opéré leur ponte dans les meilleures conditions. Pendant toutes leurs trans- formations, aucune maladie ne s’est produite. Les quelques décès ne sont qu'accidents et sont dus soit à des chutes des claies, soit à des blessures faites par les fourmis. La seconde moitié des œufs qui me restait, a été traitée d’une manière toute différente. Désirant savoir si mes élèves de sains qu'ils étaient en 1887 avaient une disposition à étre atteints d’une de ces maladies si pernicieuses à l’industrie séricicole, j'ai placé les Vers éclos de ces derniers œufs, dans des conditions tout à fait insalubres. De l'endroit frais où j'avais laissé les œufs, je les transportai dans la même chambre où j'élevais la première levée; les Vers sortirent naturellement du 26 mai au le juin, à la chaleur de la chambre ayant une température moyenne de 18 degrés. Les éclosions terminées, je mis mes nouveaux venus, au nombre d'environ 3,000, sur une claie dont la surface n’excé- dait pas 1 m. 50 c. Pendant le premier âge, cet emplacement leur suflisait largement, mais après la deuxième mue, il devint un peu restreint. Je commencçai alors à les faire pâtir en les privant pendant un certain temps de nourriture, puis après leur donnant les feuilles à profusion, .en y mélant quelquefois des feuilles avariées, puis en faisant des delite- ments laissant sur tous points à désirer. Au cinquième âge, ils étaient tellement entassés que pour prendre leur nourri- ture, ils passaient les uns sur les autres. Des repas pris dans de telles conditions pouvaient singulièrement gêner leurs fonctions nutritives et contribuer à déterminer chez eux cer- taines maladies auxquelles cet insecte est disposé; il n’en a rien été et je n’ai pu découvrir aucun symptôme de maladie. Cependant, il s’est manifesté un trouble remarquable dans 20 Juin 1889, 38 986 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. toutes les phases de leur existence. D'abord la croissance des Vers qui a été tout à fait disproportionnée; il y a eu manque d'ensemble dans leurs mues, la montée s’est aussi prolongée; leurs cocons ont été de dimensions très variées et un certain nombre d’une petitesse extrême. L’éclosion des papillons a eu lieu par intervalles, mais cependant les avortements ont été presque nuls, et ceux de la plus petite dimension ont été aussi vigou”eux. pour l’accouplement que ceux de la plus grande. Üne soixantaine de Vers paresseux se sont chrysa- lidés sans filer leur cocon; cependant les papillons qu'ils ont donnés sont bien constitués; de plus, j'ai constaté 124 co- cons anormaux (1). J'ai constaté encore que cette dernière chambrée a mis un laps de temps plus prolongé pour cpérer toutes ses trans- formations que la première ; celle-ci a mis Cinquante-cinq jours, et la deuxième soixante-dix. Nous avons aussi tenté l'élevage en plein air sur des Mü- riers appartenant à M. Marchand fils, à Champrosay. Ces Müriers sont parfaitement exposés au sud et ombragent une basse-cour modèle. Les premiers jours du mois de juin 1888, nous avons disposé sur de jeunes pousses de Mürier noir garnies de magnifiques feuilles 200 Vers qui aussitôt placés en prirent possession; les jours suivants, on pouvait les voir sur les plus hautes branches, dévorant leurs feuilles: Là, exposés à toutes les intempéries, ils ont supporté la basse température de 8° au-dessus de zéro ; ils ont ainsi vécu jus- qu'au troisième et quatrième âge, et nous comptions avoir de beaux cocons sur les Müriers lorsque des ouragans terribles sont venus détruire nos espérances. L'une de ces tempêtes, accompagnée d’une trombe d’eau, s’est abattue sur notre commune dans la nuit du 18 au 19 avec une force telle que des arbres furent cassés et des oiseaux tués, le matin du 19, nous avons constaté la mort d’hirondelles et de moineaux, 16 de ces derniers, entraînés par l’eau, ont été ramassés devant mon habitation. Je m'empressai d'aller visiter mes pensionnaires, M. Del- place, chef jardinier du château, qui a aussi élevé avec zèle et intelligence de ces mêmes Vers dont il a obtenu les meil- leurs résultats, me montra les Müriers où la veille ces Vers (1) Je reviendrai sur ce sujet dans une note spéciale. SUR LA CULTURE DU VER A SOIE DU MURIER. 587 étaient en si bonne santé. Ces derniers avaient été lancés sur le sol par la tempête et par l'eau et dévorés par les poules. Ainsi finit si mal la tentative de notre élevage en plein air. Avec une espèce aussi rustique et une saison moins mauvaise, ne serait-il pas possible de réussir ? il me paraît intéressant de renouveler l'épreuve. En résumé, le résultat de nos éducations a réussi au-delà de mes prévisions et vient donner raison à ce vieux dicton — Où vient la Vigne vient la soie. Les œufs provenant de mon éducation de 1887 nous ont rapporté en 1888, 7,800 cocons, représentant en cocons fermés un peu plus de 8 kilos, nous avons par conséquent obtenu un orand nombre d’accouplements et des pontes abondantes, pour ma part j'ai choisi pour grainer les plus beaux sujets. Quarante femelles ont été mises en sachets (procédé Pasteur: pour y opérer leurs pontes, il sera facile d’en faire l'examen. D'autres femelles ont déposé leurs œufs sur des toiles ou des cartons, ce qui me permet de pouvoir en offrir un grand nombre. Toutes les personnes qui ont élevé les Vers que je leur avais confiés ayant parfaitement réussi, se trouvent plus que sufi- samment pourvues de graines pour leur éducation de l’année prochaine. Je puis mettre à la disposition de la Société ce qu'elle désirera de ma récolte de cette année ; soit : cocons ouverts ou fermés en plus grand nombre, des Papillons pré- parés ou non, ainsi que les œufs de femelles pondus par sélec- tion et autres (1). En terminant cette note, je me plais à témoigner ici ma reconnaissance et mes sincères remerciements aux personnes qui ont bien voulu me prêter leur concours pour arriver à faire renaître, dans notre contrée, la culture des Vers à soie, si florissante autrefois et si délaissée aujourd’hui, espérons qu'avec un peu d’émulation on reconnaitra les LISE qu’elle peut produire sans occasionner de dépenses. M. Gallaiïs, instituteur, à Saint-Michel-sur-Orge (Seine-et- Oise) ; M. Castellant, instituteur, à Draveil (Seine-et-Oise) (2) ; ? (1) Je me réserve les œufs pondus par les plus petits Papillons que j'ai fait accoupler ensemble, afin d’en faire, l’an prochain, l'éducation dans de bonnes conditions et voir s’ils reviendront à leur état normal, (2} N'ayant pas pu suivre les éducations de M. Gallais, comme je l'ai fait pour 588 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. M. Mignon, instituteur, à Vigneux-sous-Draveil, habite au centre des plantations de Mûriers du domaine de M. A. Cou- vreux: fils s | M. Georges Desplace, jardinier-chef au château de M. Mar- chand, fils, à Champrosay (Seine-et-Oise) ; M. Bricé, chef-jardinier au château de notre confrère, M. Minoret, à Champrosay ; M. Remi, premier jardinier à l’ancien château du comte Boissy-d’Anglas, M. Pinatel, propriétaire actuel, à Cham- prosay ; Moe Isidore, employée au château de M. Alphonse Daudet, à Champrosay ; Éducation faite en commun avec M. Lucien Daudet: Mme Truchot, employée au château de Me Béranger, à Champrosay. | Je dois à l'extrême obligeance de M. A. Couvreux, fils, des remerciements tout particuliers, pour l’autorisation qu'il m'a donnée de prendre des feuilles de Müriers dans son domaine de Vigneux-Draveil. les autres personnes, sur ma demande il a bien voulu me faire connaître le pro- duit qu’il en a obtenu. LE CORÉGONE MARÈNE (COREGONUS MARÆNA) Par M. H. BRÉZOL. Le repeuplement des lacs et des étangs, au moyen des Corégones, préoccupe les nombreux pisciculteurs étrangers. C’est ainsi que la station d’éclosion de Brescia (Italie), vient de déverser 800,000 alevins de ces salmonides dans les eaux du lac de Côme. Certains spécialistes allemands s'intéressent surtout à la propagation du Coregonus Maræna ou grande marène, variété très estimée si l’on s’en rapporte au nom de Kaiser fisch, poisson impérial, sous lequel elle est souvent désignée dans le Nord de l'Allemagne. Cette question remonte à une vingtaine d'années du reste, car, en 1867, l'assemblée vénérale des sociétés allemandes de pisciculture, constatant la rapide décroissance de ces poissons dans certains lacs, mettait le sujet suivant au concours : « Étude des causes de la raréfaction de la grande Marène dans le lac Maduc, et des moyens de la prévenir. » Le professeur Dohrn Stettin s'oc- cupait immédiatement de cette étude, et M. Eckardt de Lubbinchen, dont la brochure récemment publiée nous a fourni les éléments de cette notice, se procurait des alevins de Corégones marènes afin d'en suivre le développement, mais ils moururent presque aussitôt, et, pendant six ans, ses efforts pour en obtenir d’autres se heurtèrent au mauvais vouloir de l'administration. Les pêcheurs du lac Maduc lui en avaient cependant procuré quelques-uns, dont la crois- sance, dans des étangs à Carpes et à Tanches, faisait voir quel appoint ils pouvaient apporter au repeuplement des eaux douces, si on éliminait les causes de destruction. Dépassant tous les autres poissons comme rapidité de développement, ils atteignaient une longueur de 30 centimètres à la fin de la première année, et de 40 centimètres à la fin de la seconde. On trouve souvent, du reste, en Allemagne, des Coregonus Maræna pesant 9 et 10 kilogs. Depuis 1876, M. Eckardt a obtenu l'autorisation de prélever, chaque année, dans le lac Madue, le frai de trente Corégones, 100 à 200,000 œufs envi- 590 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. ron, dont la moitié arrivent à éclosion, ce qui lui a permis de répandre ces poissons en Allemagne, en Autriche, et même en Amérique. Il a pu constater que les Brochets étaient l'unique cause de leur disparition des eaux de ce lac. Fort avides de Corégones, ils les poursuivent dans les bas-fonds de 50 et 60 mètres où ceux-ci se tiennent de préférence. L'existence de ces fosses, dans le lac Maduc, avait fait admet- tre, sans aucune expérience contradictoire, que le Coregonus : Maræna ne pouvait vivre qu’en eau très profonde, et on n'avait jamais essayé de l’élever dans des étangs ordinaires. A la suite des expériences de M. Eckardt, en 1882, M. Joseph Susta, directeur des établissements de pisciculture du prince de Schwarzemberg, à Rosemberg, près de Wittingau (Bohême), entreprit son élevage dans des étangs à Carpes, et sa tenta- tive a obtenu un plein succès. En 1887, il expédiait à Prague et à Vienne 800 Corégones pesant de 1 kilog 5 à 2 kilogs, qui se vendirent 70 et 80 florins, 172 et 197 cents aux 100 kilogs, tandis que des Carpes de même taille atteignaient seulement un prix de 153 cents. En 1888, on en a débité 30 quintaux qui avaient été obtenus en un temps excessivement court. Le Coregonus Maræna exige d'assez vastes surfaces liquides, mais présente le grand avantage de doubler le ren- dement des étangs, car il se nourrit de larves dédaignées par les Carpes, et les deux espèces peuvent ainsi prospérer côte à côte, sans que l'introduction des Corégones nécessite une diminution du nombre des Carpes élevées primitivement dans les mêmes réservoirs. II. CHRONIQUE DE L’EXPOSITION UNIVERSELLE (1). LE PHORMIUM TENAX OU LIN DE LA NOUVELLE-ZÉLANDE Par MM. JULES GRISARD ET MAxIMILIEN VANDEN-BERGHE. MM. Weddel et Ci exposent aux colonies anglaises (section de la Nouvelle-Zélande) des échantillons de filasse de Phor- mium, obtenue mécaniquement après rouissage préalable. Ces fibres, quoique belles et très longues, sont cependant loin d'égaler celles préparées par les indigènes ; on pourra, du reste, se rendre compte des diverses qualités de ce textile en examinant le groupe en cire qui figure au Champ-de-Mars, en costume du pays. | Le mode d'exploitation le plus primitif consiste à employer les feuilles du Phormium simplement séparées en minces lanières : c’est ainsi qu'est fabriqué le manteau imitant une peau de bête, dont est couvert un des personnages, et le cabas à dessins jaunes et noirs tenu par la femme. Les feuilles de Phormium se roulant naturellement, les Maoris en font de curieux manteaux ou Xarauai, avec lesquels ils se drapent, et des pagnes ou Poi-poi pour les femmes. Ces feuilles roulées portent circulairement des incisions annulaires, colorées en noir, alternant avec des parties décortiquées, souples, de même nuance, ce qui leur donne une assez grande ressemblance avec des tiges de Prêle. Disons, à ce propos, que l'esprit inventif des Maoris a trouvé un procédé d’une grande simplicité pour fixer les couleurs végétales sur les objets qu'ils veulent teindre. Après avoir fait bouillir pendant plusieurs heures de l'écorce de Toatoa (1) Dans notre précédente chronique, faite un peu à la hâte, nous n’avons pu donner d'indications suffisantes sur l’emplacement occupé par les produits que nous avons décrits. Un classement définitif était encore à faire et ce n’a été que grâce à l'extrême obligeance de MM. les Commissaires, que nous avons pu réunir les éléments de notre premier article. 992 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. (Phyllociadus trichomanoïdes), ils obtiennent une couleur rouge foncé dans laquelle ils laissent tremper la filasse pen- dant quelque temps. Le noir s'obtient ensuite en faisant séjourner les fibres, déjà colorées en rouge, dans une terre détrempée, riche en péroxyde de fer ; au bout de dix à douze heures, la réaction est terminée et le produit, après avoir été tissé, peut alors supporter un grand nombre de lavages. On remarque encore, dans ce groupe, un petit cabas com- posé de fibres d’une finesse remarquable, soyeuses et très brillantes. Mais pour arriver à cette perfection, il faut une persévérance et un {ravail Spécial dont nous croyons les industriels européens peu capables. En effet, pour l'exécution de certains tissus de luxe, de même que pour la fabrication des fils employés pour coudre les étoffes, les fibres n’acquiè- rent toute la beauté et le moelleux désirables, qu'après avoir été mdchées isolément par les indigènes. Les étoffes dont les autres personnages du groupe sont vêtus, sont plus finies et elles sont composées de fibres extraites par les procédés ordinaires en usage dans le pays. se M. Camille Malfroy, ingénieur en charge du gouvernement, Officer assistant pour la Nouvelle - Zélande, auquel nous devons en grande partie les renseignements qui font la base de cette note, a bien voulu nous promettre quelques graines de variétés choisies pour en faire l'essai en France, où il pense que le Phormium pourrait facilement s’acclimater. Rap- pelons à ce sujet que des cultures entreprises en Irlande, dans le midi de la France et en Algérie donnèrent d'excellents résultats et que, si elles ne furent pas continuées, cela tient à une cause que nous indiquerons plus loin. Le Phormium tenax Forst. Koradi ou Mouka des indi- œeènes, de la famille des Liliacées, est une plante herbacée, vivace, dont les feuilles radicales, nombreuses, coriaces et d’un vert glauque, atteignent une longueur de 1-2 mètres sur une largeur de 6-8 centimètres. Tous les trois ans, il sort du centre une tige ou hampe florale, haute de 3 mètres environ, portant au sommet un grand nombre de fleurs, allongées, rouges, jaune orangé, ou jaunes et striées de vert, selon les variétés. Originaire de la Nouvelle-Zélande où il fut observé la pre- mière fois par Cook, en 1769, le Phormium tenaz croit communément dans les terrains bas et humides, sans étre cependant trop marécageux. LE’ PHORMIUM TENAX. 593 Les feuilles contiennent une grande quantité de fibres, ordinairement dures et rudes au toucher, que l’on confond avec le Jute et que l’on trouve souvent dans le commerce sous ce nom. Si nous commençons par examiner les procédés d’extrac- tion usités chez les Maoris, en dehors de celui que nous avons signalé ci-dessus, nous voyons que leur manière de faire est encore très rudimentaire et, ensuite, que le produit brut ne dépasse guère une vingtaine de fibres par feuille. Au moment où la plante a acquis son complet développement, c’est-à- dire à partir de la troisième année, les indigènes coupent et choisissent avec soin les feuilles dont ils veulent se servir et les fendent en deux dans toute leur longueur; après avoir gratté et râclé l’épiderme de ces lanières avec un fragment de coquille, ils en retirent, au moyen de l’ongle, d’un clou ou d'un instrument pointu quelconque, les fibres renfermées dans les vaisceaux fibro-vasculaires de la feuille. La filasse qu'ils obtiennent est ensuite lavée à grande eau, pour la débarrasser des impuretés qui s’y trouvent et surtout pour faire dissoudre la plus grande partie d’une sorte de gomme résineuse, qui se rencontre en quantité plus ou moins grande dans le tissu parenchymateux. Nous ajouterons même que la présence de cette substance dans les fibres a toujours été un obstacle réel à leur application industrielle dans nos régions, car elle résiste à tous les réactifs chimiques capables de ne pas dénaturer et endommager la fibre elle-même. Lorsque les Maoris veulent obtenir des filaments plus fins et plus doux, ils procèdent encore avec plus de soin : ils font macérer la filasse brute dans de l’eau tiède pendant trois ou quatre jours ; après l’avoir fait sécher, ils la battent avec des cailloux ou des marteaux pour l’assouplir. Cette opération est ensuite recommencée plusieurs fois avant l’utilisation des fibres. Les indigènes de la Nouvelle-Zélande classent la filasse de Phormium sous dix numéros différents d’après sa finesse et l'origine. des variétés qui la produisent, car les produits donnés par celles-ci sont loin d’être de même nature et de même qualité. ‘Les qualités supérieures sont blanches et presque soyeuses, tandis que les qualités les plus inférieures n'offrent guère qu’une bourre grossière plus ou moins brune. L'extensibilité de ce textile et sa tenacité remarquable, d’un tiers plus grande même que celle du Lin cultivé, eurent 594 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. bien vite attiré l'attention des colons anglais ; aussi après des expériences qui leur parurent concluantes, n’hésitèrent-ils pas à l’exploiter industriellement. Cependant, au bout d'un cer- tain temps, on s’apercut que la durée des cordages de marine et des toiles à voiles fabriqués avec le Phormium, ne répon- dait pas à l’espoir conçu au premier moment: ce textile se détériorait rapidement sous l’action de l’eau de mer et l’in- fluence d’une température alternativement chaude, sèche et humide. L'importation du Phormium en Angleterre se fit un moment dans des proportions considérables, mais une nouvelle déception attendait encore les industriels : les fibres obtenues par le procédé mécanique, au moyen de machines spéciales, avaient augmenté, il est vrai, en quantité, mais elles demeuraient inférieures en qualité et en tenacité à celles préparées à la main par les Néo-Zélandais. C’est après ces observations et les expériences qui suivirent, que le chiffre d'importation diminua graduellement et que les cultures furent à peu près abandonnées. Sans être un textile de premier ordre, comme on le crut tout d’abord, le Phormium mérite cependant une certaine considération en raison des services nombreux qu'il rend et pourrait encore rendre. En nous reportant à son pays d'origine, nous apprenons que le Lin de la Nouvelle-Zélande était autrefois très recher- ché pour confectionner des manteaux, des toiles d’une grande blancheur pour sacs à grain et à laine, des filets, des cor- dages, des nattes, etc. Cette fabrication se continue encore de nos jours, excepté toutefois, en ce qui concerne les vêtements, dans les localités fréquentées par les baleiniers et dans celles où sont établis les colons. M. Bernardin rapporte que le Thames advertiser, journal de la Nouvelle-Zélande, est imprimé sur un papier fabriqué dans la colonie et dont le Phormium fournit une partie notable, et il cite même un ou- vrage sur cette plante, qui a figuré en 1865 à l'exposition de Dunedin, dont le papier était uniquement composé de sa fibre. En Europe, le Lin de la Nouvelle-Zélande n’est guère em- ployé que pour la corderie, la sparterie et comme papyrifère ; la fibre brute, frisée comme le crin végétal, sert quelquefois à rembourrer les matelas, les coussins, etc. Des industriels ee LE PHORMIUM TENAX. 295 ne se font aucun scrupule de mélanger ce textile dans les tissus de Lin et de Chanvre, mais les caractères différentiels des fibres sont assez tranchés pour qu'on puisse reconnaitre aisément la fraude; de plus, les filaments du Phormium sont colorés en rouge par l'acide azotique à la température ordi- naire, tandis que le Lin devient rose et le Chanvre jaune pâle. Comme importation, la France reçoit annuellement environ 10 millions de kilog. de Phormium, soit brut, soit en fils ou en tissus. A certaines époques, les feuilles du 2. tenax laissent exsuder à la base une gomme incolore, gluante qui, recueillie dans des conditions favorables, pourrait être utilisée au be- soin pour l’apprêt des étoffes de coton et autres usages in- dustriels. Le P. Cookiamum, espèce très voisine de celle dont nous venons de nous occuper, donne également les mêmes produits et ne s'en distingue que par ses fleurs rouges et la dimension un peu moins grande de ses feuilles. Indépendamment de ses qualités comme textile, le Phormium est encore une fort jolie plante d'appartement, mais il est surtout d’un grand intérêt pour orner les jardins paysagers. Isolé sur les pelouses, il forme de fortes touffes du plus bel effet. Rustique dans le midi de la France, le Phormium demande l'orangerie sous le climat de Paris. Une terre substantielle, fraiche et légère, lui est nécessaire et, en été, il réclame des arrosements copieux. On le multiplie généralement d'éclats au printemps. III. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 10 MAI 1889. PRÉSIDENCE DE M. A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. le Président proclame les noms des nouveaux membres admis par le Conseil. MM. PRÉSENTATEURS. 22 PTE . Devès. ALBERT (Félix), négociant, 45, rue Bor- Po ghèse, à Neuilly-sur-Seine. nt) | Am. Berthoule. BérAUD (Louis), avocat, à La Rochelle. J. Michon. Ch. Pacquetau. Émile Dupont. A. Geoffroy Saint-Hilaire. À. Porte. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. Ed. Wuirion. Am. Berthoule. E. Le Blanc. J. Micbon. Am. Berthoule. D' Laboulbène. Raveret-Wattel. | ( | Am. Berthoule. | | | | | _ BLANKAERT (Romain), tailleur, à Steen- woorde (Nord). CHARTIER (Eugène), négociant, 137, rue du faubourg Saint-Martin, à Paris. Denys (Roger), ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées, à Épinal (Vosges). DurorT (Eugène), maître d'hôtel, proprié- taire, à Beauvais (Oise). ORBAN (Paul, 13, rue Forgeur, à Liège Albert Orban. (Belgique). Edmond Perrier. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. A. Vavasseur. Am. Berthoule. A. Geoffroy Saint-Hilaire. A. Milne-Edwards. ? Am. Berthoule. Victor Dutocq. A.-G. Lemoine. Am. Berthoule. E. Leblanc. J. Thory. PELÉ (René), propriétaire, 46, boulevard Maillot, à Neuilly-sur-Seine. STECHMANN (H.), directeur du Jardin zoo- logique de Breslau (Allemagne). TriLHA (Maximilien), rentier, 45, avenue de Neuilly, à Neuilly-sur-Seine. UGINET (Paul), propriétaire, 15, rue des Bouches, à Paris. PROCÈS - VERBAUX. 997 VALLOT (Joseph), membre du Conseil { A. Berthoule. d'administration de la Société botanique j G. Mathias. de France, 61, avenue d'Antin, Paris. | D' Laboulbène. , Le Conseil a, en outre, admis comme Société agrégée : LA SOCIÉTÉ DE CHASSE D'AIX-LES-BAINS (Savoie). — M. le Dr Saint-Yves Ménard, nouvellement élu secré- taire des séances, remercie les membres de la Société qui, par leurs votes, l'ont appelé à ce poste de confiance. Il fait ensuite le dépouillement de la correspondance. — MM. Roger Denys, J. Vallot, Louis Béraud et Paul Orban adressent des remerciements pour leur récente admission. — MM. Chandèze, marquis de Kérouartz, Albert de Mon- necôve, Martineau, Châtot, Auriol, F. Mathey, Dreyfous, Thauvin et Burky remercient la Société pour des envois de poissons, d'œufs, de graines et de plantes. — Notre confrère, M. Leroy, nous communique un extrait du South American journal, annonçant que le Cheval de pur sang « Ormonde » qui a rapporté à son propriétaire, le duc de Westminster, $ 28,465 (711,625 fr.), quitte l'Angleterre. Il a été acheté $ 14,000 (350,000 fr.) comme étalon destiné à la République Argentine. — M. Brunet rapporte que les Américains se sont livrés à la chasse du Raton laveur (Procyon lotor), au point d’en détruire presque complètement l'espèce dans certains États de l’Union, notamment dans le Connecticut. Il fait remarquer combien cette destruction a été utile. « Dernièrement, dit-il, les poulaillers de Quakertown étaient ravagés chaque nuit par des animaux maraudeurs restés invisibles. Une battue organisée fit découvrir trois jeunes Ratons, jouant dans l'herbe, non Join d’une grotte dont le solétait couvert d’os de volailles. Que serait- ce, si les Ratons étaient nombreux comme autrefois ! » — M. Delaurier, d'Angoulême, écrit : « J'ai acheté une paire de Diamants de Gould qui ont niché dès leur arrivée et qui actuellement élèvent des jeunes. Le Mirabilis qui ressemble tant au D. de Gould doit être, lui aussi, rustique et pro- lifique. Je vais m'en procurer. J'ai vu enfin reproduire les F'aisans d'Elliott cette année; j'ai obtenu dix-neuf œufs presque tous fé- condés. Sur une première couvée de neuf, j'ai eu quatre jeunes éclos, quatre morts dans les coquilles, un œuf clair. J'attends l’éclosion de la seconde couvée (dix œufs). 598 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. » J'ai deux jeunes Éperonniers Chinquis bien vigoureux et deux œufs à l'incubation. Les Éneronniers de German n’ont encore rien fait. Je crois que les pontes en général seront moins abondantes que l’an dernier. » J'attends chaque jour les premiers œufs des Gallo-perdrix ; le coq et la poule font des nids partout. > Onze paires de Colombes ordinaires ont ou des œufs ou des jeunes. De même les Colombes grivelées et poignardées. » — M. l'ingénieur en chef Bouffet, de Carcassonne, nous donne de bonnes nouvelles de nos Saumons de Quillan. — M. de Beauchamp envoie des spécimens d’un insecte qui mange les feuilles des Melons sur couche, qui détruit les jeunes semis et qui attaque également les fleurs de Fraisiers et les Pivoines. Cet insecte n’est autre que la Gétoine stictique, com- mune aux environs de Paris depuis quelques années (voir le n° 8 de la Revue des Sciences naturelles appliquées, page 395, note de M. Fallou). Ce serait la première fois qu'on signalerait sa présence sur les feuilles de Melons. — M. Maxime Barbier a semé, à Versailles, des noix de Juglans nigra et de Carya alba qu'il avait recues de la Société en 1887. C’est tout récemment qu’il a vu lever trois Juglans nigra et un Carya alba. — Notre confrère, M. Albuquerque, de Saint-Paul (Brésil), rend compte de ses cultures de nombreuses variétés de Vignes américaines et des résultats obtenus. Il annonce l'envoi à la Société d'une caisse contenant dix-huit bouteilles de vins à déguster. — M. Châtot rend compte de l’état de son cheptel de Canards. — À l’occasion de la correspondance, M. Ollivier dit avoir semé quatre noix de Juglans nigra. C'est la seconde année seulement qu'une d'elles a germé et a donné une pousse de 20 centimètres environ. — M. Berthoule annonce que M. Feddersen a apporté pour l'Exposition de curieux engins destinés à la pêche du Saumon dans la mer Baltique. il présente ensuite, dans six bocaux, des montées d’An- guilles, recues de M. Le Beau, commissaire de la marine, à PROCÈS -VERBAUX. 999 Nantes. Ces Anguilles sont indiquées comme appartenant aux espèces suivantes : Flacon n° 1. — Civelles dites de Loire ou encore Anguilles franches — nées en Loire — paraissent de décembre à juillet, — deviennent duces et peu comestibles à partir de mars ; — prennent leur complete croissance comme la petite anguille noire du flacon n° 5. Flacon n° 2. — Civelles de mer, — pêchées en Loire le 30 avril, en même temps et avec le même tamis que les civelles du flacon n° 1. Deviennent des Anguilles vertes semblables à celle qui est dans le flacon n° 4, — ont le nez moins effilé que les Civelles de Loire ; — ont les nageoires plus rapprochées de la tête ; — paraissent en avril seulement ; — sont appelées Jarqguain par les pêcheurs ; — sont plus foncées en couleur que la Civelle de Loire. Flacon n° 5. — Petite Anguille noire de Loire, correspondant à la Civelle du flacon n° 1 (qui monte la première et qui cesse d’être bonne à manger vers le 1°" mai). — Cette Anguille est à son plein dévelop- pement et ne grandit plus, disent les pêcheurs ; —- a le nez pointu et les nageoires éloignées de la tête. Flacon n° 4. — Grosse Anguille verte, de #er, correspondant à la Civelle du flacon n° 2, nez camard ; — nageoires rapprochées de la tête. Flacon n° 5. — Anguille de #arais, de couleur jaunâtre. — On trouve rarement en Loire de Civelles de cette espèce d’Anguille, qui ne vient elle-même dans le fleuve que par l’effet des grandes eaux. Flacon n° 6. — Anguille de roche; — devient très grosse; — de couleur brune. — On ne pêche pas sa Civelle, au dire Ces pêcheurs, on ne la trouve jamais. Cette Anguille ne vit que sous les rochers et les cailloux ; — Ne sort jamais de sa retraite ; — Il faut lever les pierres ou creuser des trous sous les roches pour les arracher. Civelle charbonnière. — Il] existerait encore deux autres espèces d'Anguilles en Loire dont on va essayer de se procurer des Civelles et des sujets adultes. L’Anguille charbonnière, reconnaissable à ce qu’elle est toute noire avec des taches blanches sous le ventre. — La Civelle prend naissance dans les marais et se répand en mer et en Loire. — L’Anguille adulte vit bien en Loire. Dans une lettre postérieure, M. Le Beau annonce l'envoi d'un nouveau flacon contenant des Civelles charbonnières : « D'après les pêcheurs, ces Civelles sont toutes des s4les. Ils disent les reconnaître à leur vivacité, à leur plus forte taille, à ce qu’elles sont plus difficiles à prendre, à la forme de leur tête. » Les Anguilles aduites de cetle espèce passent pour être meilleures comme goût que toutes les autres. Elles sont aussi plus recherchées et plus chères, mais elles sont plus méchantes et mordent fortement. 600 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. » Ce ne sont pas là des caractères scientifiques, mais ces indications peuvent cependant être utiles. » — M. le Président donne lecture de deux lettres, l’une du Ministre des Travaux publics, qui accorde à la Société une nouvelle subvention de 1,000 francs pour l'introduction dans les eaux françaises du Saumon de Californie, l’autre du Ministre de la Marine qui annonce une subvention de 500 francs pour le même objet. — M. le Président signale les fécondations artificielles d'œufs de Truites arc-en-ciel qui se font actuellement au pavillon de pisciculture du Jardin d’Acclimatation. — En l'absence de M. Paul Thomas, M. le Secrétaire général donne lecture d’une note sur les diverses races de Chèvres de la Suisse. | — Enfin, M. Jean Dybowski donne de longs et intéres- sants développements sur la culture des oasis de l'Algérie qu'il a eu l’occasion d'étudier dans une mission qu'il vient d'accomplir. Le Secrétaire des séances, D' SAINT-VVES MÉNARD. IV. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS. 29 SECTION. — SÉANCE DU 16 AVRIL 1889. PRÉSIDENCE DE M. HUET, PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la séance précédente est lu el adopté. À l'occasion du procès-verbal, M. Lemoine confirme la nécessité d'ajouter à l’alimentation des gallinacés des petits graviers. Notre confrère dil avoir fait venir du Japon des petites Poules noires Nanka- saki qui moururent sitôt leur arrivée. A l’autopsie, on remar- qua qu'il n'existait dans le jabot aucun grain de sable. M. Lemoine se fit expédier une seconde fois un lot de ces petites volailles, mais il eut la précaution de recommander au capitaine du navire qui devait les transporter, de veiller à ce qu'il y eût du sable dans les cages. Ces Poules arrivèrent en parfait état el il ne se produisit aucune mortalité. M. le Président dit, qu’en effet, du moment qu’un gallinacé ne peut mêler à sa nourriture quelques graviers, c’est un animal complètement perdu ; tous les granivores, du reste, avalent des petits cailloux. M. Cloquet annonce que le rapport sur la Caille qu’il a présenté, au nom de la section, à la séance générale du 12 avril, lui a été renvoyé afin qu'il soit procédé à une deuxième discussion. Les avis ont été très partagés. M. le docteur Ménard a annoncé que, du moins, pour cette année, le vœu que la Société pouvait émettre serait sans objet ; le Ministre venant de prendre un arrêté autorisant pendant l’année de l'Exposition, la libre vente de la Caille. La majorité s'est prononcée pour une entente internationale. M. le Président estime que l'entente internationale est une chose impossible. La Caille, dans tous les pays où elle se trouve, est chassée à outrance. M. Rathelot rappelle qu'il existe au Ministère des Affaires étrangères up bureau chargé de l'examen des questions internationales. M. Mailles rappelle qu'il a parlé dans la séance précédente du Syrrhapte paradoxal. En Angleterre, en Allemagne, il a été pris des mesures pour la protection de cet oiseau afin de chercher à le fixer dans ces pays. Nos voisins ne se sont pas occupés pour cela de ce qui se faisait en France, où du reste, malheureusement, on n’a rien fait. M. Decroix rappelle qu’au dernier Congrès international pour la pro- tection des animaux, Congrès qui s’est tenu à Vienne et où il avait l'honneur d’être délégué, la question de la protection des oiseaux migrateurs avait été agitée. Etant, à nouveau, délégué au Congrès qui se tiendra à Dresde cetie année, M. Decroix promet de reparler de cette question. M. le Président dit que le commerce de la Caulle se fait actuellement sur une grande échelle. Il ne croit pas que son interdiction amène une diminution dans le nombre des oiseaux qui viennent dans nos contrées. 20 Juin 1889. 39 602... REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. M. le Secrétaire général dit que si la Caille verte est abondante en ce moment dans nos régions, les chasseurs constatent.tous les ans, au moment de la-chasse, qu’eile diminue de plus en plus. Les iueries de Cailles se développent d'années en années depuis que l’on peut en vendre librement en France. Le DODEE de Cailles importées est im- mense. On cite des chiffres de 50 à 60,000 Cailles par bateau. De l'Egypte, ces tueries s’étendront à la Tripolitaine, à la Tunisie, et peut-être même à l'Algérie, et la destruction complète arrivera à bref délai. — Du reste à leur passage sur les côtes de la Méditerranée, les Cailles sont maigres, épuisées, et sont ainsi caplurées facilement. Leur valeur comestible est donc bien médiocre. En terminant, M. Berthoule dit qu'il verrait avec plaisir la Société prendre sérieusement en main cette quéstion, et provoquer la protec- tion à accorder à cet oiseau, non seulement agréable mais utile. M. Rathelot dit que du moment que c'est un oiseau migrateur, l'in- terdiction de son entrée en France n’empêchera pas la destruction tant qu’on pourra le chasser à l'étranger. M. le Président estime que la question est bien petite pour qu'elle fasse l’objet d’une demande de la Société. Quand on a demandé d’in- troduire dans nos forêts certaines esnèces de Cerfs et d’Antilopes, pour le repeuplement de nos chasses, on n’a pas réussi, malheureuse- ment. | M. le Secrétaire général pense qu’il ne faut pas assimiler les deux questions. Pour l'introduction de certains Cerfs dans nos forêts, il s'agissait d’aliéner de grands espaces couverts pendant plusieurs an- nées, chose qui aurail pu soulever de grandes récriminations. Quant à la question qui occupe la section en ce moment, il ne s’agit que de la protection d’un oiseau migrateur. M. Fallou ajoute que la permission de chasser la Caille en France est soumise au libre arbitre de l'autorité préfectorale. Ainsi il a vu, il y a quelques années, dans les Pyrénées-Orientales, chasser la Caille en plein mois de juillet. M. le Secrétaire général ajoute qu'il faut trancher la niet On ne peut protester contre l’arrêté que vient de prendre le Ministre pour cette année. Mais rien n empêche la Société de présenter un vœu ultérieure- -ment. 11 y aura lieu alors, pour l'administration, d'étudier des mesures “de répression et de provoquer une entente internationale; mais il faut avant tout résoudre la question de principe. Il est procédé au vote sur la question. A la majorité, la section décide. que le rapport de M. Cloquet sera maintenu en y ajoutant le paragraphe suivant : « Qu'une démarche soit faite auprès de M. le Ministre des aies étrangères, afin de provoquer une entente internationale pour la pro- tection et la conservation de cette espèce. M. Lemoine présente la photographie nn Oie, ayant u une exCrois- PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS. 603 sance sous le bec. Notre confrère demande à quoi ‘attribuer ce fait. M. le Président répond que cette particularité provient probablement d’un polype produit par un accident interne. Du reste, ces excrois- sances se produisent souvent. On les remarque fréquemment dans les couvées de Faisans et elles proviennent de coups de bec. Les plumes ne repoussent pas toujours sur ces excroissances. M. Decroix ajoute que ce fait se rencontre fréquemment aussi sous les pattes des Poules, et se produit toujours à la suite de blessures. La séance est levée à cinq heures un quart. Le Secrétaire, Jules CLOQUET. 3e SECTION. — SÉANCE DU 17 AVRIL 1889. PRÉSIDENCE DE M. MAGAUD D'AUBUSSON, MEMBRE DU CONSEIL. Le procès-verbal de la dernière réunion est lu et adopté sans obser- vation. M. le professeur Vaillant s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. M. Mailles fait une communication sur l’accouplement de Rana Latastei Boulenger, et sur l’accouplement de À. agilis 6 avec R. La- tastei O. Dans les deux cas, les ® sont mortes, pendant ou après la ponte; par suite des blessures profondes que leur avaient faites les É» en enfoncant leurs poings dans les chairs. L'embrassement avait duré 31, 32, 30 et 35 jours, ce qui est extrêmement long, même pour des Grenouilles appartenant au groupe des {emporarie. MM. Berthoule et Magaud d’Aubusson parlent des essais d'élevage artificiel d'œufs de Homard et de Langouste, essais faits en Amérique et même en France, notamment aux îles Glénan. M. Berthoule estime que ce qu'il y aurait de mieux à faire, serait de protéger les Crustacés marins, y compris les Crevettes, au moment du frai. Selon toute probabilité, cette protection suffirait et dispense- rait de l'élevage artificiel peu pratique et peu rémunérateur. M. le Secrétaire général donne quelques renseignements sur l'enquête que fit la Société, il y a quelques années, sur la maladie des Ecre- visses. Les résultats n'en ont pas eu l'importance désirée, par suite de l'impossibilité de se procurer des sujets, malades mais vivants. . M. Rathelot présente un appareil de pisciculture et un déversoir inventés et établis par lui. Tous les membres présents reconnaissent les améliorations que notre confrère vient d'apporter dans ce genre de fabrication. Le Secrétaire, CH. MAILLES. V. CHRONIQUE DES SOCIÉTÉS SAVANTES. Société entomologique de France. — M. le D' Alex. Laboul- bène communique les résultats qu’aurait obtenus le D' Terc, de Marbur (Autriche), sur l’utilisation des piqûres d’Abeilles en thérapeu- tique. Un ancien membre de la Société, le D' Télèphe Desmartis, avait déjà essayé ce mode particulier de traitement révulsif. Le D' Terc croit à un antagonisme entre les piqûres d’'Abeilles et le rhumatisme ; ses recherches embrassent une période de sept années et portent sur 173 sujets ayant subi 39,000 piqûres d’Abeilles ( Wiener medic. Presse, 1888, n°5 35-40). M. Terc est persuadé qu’une piqûre, sur un homme sain, confère, pendant un certain temps, une immunité relative pour une piqüre subséquente ; cette immunité va s’augmentant au fur et à mesure que se suivent d’autres piqûres. Il y aurait ainsi une sorte d’inoculation vaccinale contre le venin de l’Abeille par son propre venin. L’immunité persisterait six mois, quelquefois moins. Mais, en outre, les personnes alteintes de rhumatismes posséde- raient l’immunité contre les effets du venin d'Abeiïlle. Dans le rhuma- tisme aigu, les piqûres, pour agir, doivent être très nombreuses; une piqûre ne produirait ni tuméfaction, ni érythème consécutifs. Dans les états pathologiques pseudo-rhumatismaux, la réacltion aux piqûres d’Abeilles est la même qu’à l’état de santé. L'auteur ajoute que c’est seulement après avoir acquis l’immunité définitive contre les effets du venin d’Abeille, que les malades rhumati- sants sont complètement guéris de leur affection rhumatismale. Aussi longtemps qu’ils conservent cette immunité, ils sont à l’abri des réci- dives. _ Telles sont les principales données du travail du D' Terc; elles peuvent intéresser les entomologistes, les apiculteurs et aussi les mé- decins de campagne, à portée dés ruches d’Abeilles et pouvant con- trôler ces assertions avec des rhumatisants de bonne volonté. _ M. A. Léveillé, à la suite de cette communication, fait observer que la piqûre des Abeilles finit par perdre de sa virulence, par suite d’une espèce de vaccination, sur des sujets qui y sont fréquemment exposés. Un de ses parents, possesseur d’un rucher assez important, quand il est attaqué par ses Abeilles, ce qui est rare, n’en souffre pour ainsi dire plus. La piqüre qui, autrefois, était suivie de l’enflure caractéris- tique, est maintenant parfaitement bénigne ; c’est à peine si les tissus se gonflent autour de la blessure. VI. CHRONIQUE DES COLONIES ET DES PAYS D'OUTRE-MER. Le Papier au Japon. Le papier japonais a depuis longtemps attiré l'attention des Euro- péens, tant par sa souplesse, sa consistance, sa résistance, que par les nombreux emplois auxquels il est journellement affecté dans le pays. Le papier japonais a obtenu les plus hautes récompenses à toutes les expositions où il a figure. I1 diffère autant du nôtre par ses qualités physiques que par sa composition et sa fabrication. Ses variétés sont fort nombreuses; on en compte plusieurs centaines portant des noms différents suivant la provenance, la couleur, la consistance, les préparations accessoires, l'usage auquel il est destiné, etc. Les espèces végétales employées pour sa fabrication sont peu nom- breuses : ce sont l’Edgeworthia papyrifera et le Wikstræmia canescens, de la famille des Thymélées, et surtout le Broussonelia papyrifera, de la famille des Artocarpées. Le Broussonetia papyrifera que nous appellerons simplement Müûrier à papier, originaire de la Chine, est répandu et cultivé dans tout le Japon; sa croissance est rapide, ses branches atteignent de grandes dimensions ; il peut s'élever jusqu’à 2,50 ou 3 mètres. Le tronc est droit, à écorce brune, résistante, le bois cassant; les branches et rejetons très gros, couvert, d’un épais duvet, Les feuilles sont très variables; un dicton populaire assure qu'il n'y en a pas deux sem- blables sur le même pied, tantôt à 3, tantôt à 5 lobes, dentées en scie, quelquefois étroites, quelquefois inégalement divisées, rugueuses, minces, vertes en dessus, blanchâtres en dessous, à pétiole de 5 à 6 centimètres, mince, velu, brun, pourpre. Le fruit axillaire mûrit en juin et juillet; il est un peu plus gros qu’un pois, entouré de longs poils pourprés. Ce fruit est plein d’un jus douceûtre. Ce Mürier abonde sur les collines et les montagnes, et sert de bor- dure aux champs et est planté sur les talus des terrains cultivés en étages superposés; là, il forme des haies. Au Japon, où les plaines de quelque étendue sont la très rare exception, où l’on rencontre surtout des vallées encaissées entre de hautes collines, les terrains avoisinant ces vallées cultivées en rizières sont disposés en étages successifs des- tinés à d’autres cultures. Ces talus, comme nous l’avons dit, sont presque toujours, dans beaucoup de provinces, plantés de Müûriers à papier. On le multiplie par boutures ou par marcottes. Les boutures placées dans de bonnes conditions donnent des pousses de près de 3 mètres. par an. On les coupe quand elles ont trois ou quatre années; une 606 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. plantation en bonne vigueur peut donner jusqu’à 1,800 kilogrammes d'écorce par heclare. - Quand les Européens ont renoué leurs relations avec le Japon, plu- sieurs se sont occupés de connaître les procédés employés par les Japonais pour la fabrication de leur papier. Son emploi, en effet, est de tous les instants. La ficelle dont on attache les objets que vous venez d'acheter, papier ! En voulez-vous une ? Déchirez une feuille de papier, roulez-la entre les doigts, il faudra un poignet solide pour la rompre |! — Le mouchoir de poche qu'on jette après usage, papier | Les cloisons qui divisent les maisons, papier ! Le carreau à travers lequel vous regarde un œil indiscret, papier ! Ce carreau, à vrai dire, n’est pas bien transparent, j'avoue même qu'il ne l’est pas du tout, el les Japonais, surtout les Japonaises, tout aussi curieuses qu'on l’est en bien d'autres pays, n’en sont pas plus embarrassées pour voir, sans se déranger, ce qui se passe au dehors. Le moyen est bien simple : on passe un doigt à travers le papier, voilà tout ! Quandon a bien vu, On - colle, avec un grain de riz, un petit morceau sur celte ouverture, el tout est dit. Cette petite ouverture que vous apercevez dans toutes les maisons, à hauteur d'homme, et surtout de femme assise, remplace le coin de rideau presque toujours soulevé aux fenêtres des maisons de - nos villes européennes. Papier encore, le chapeau du yakounine qui passe; papier, le man- teau du portefaix qui transporte en chantant en cadence son fardeau sous la pluie, le vêtement du batelier qui vous reconduit à bord; papier notre blague à tabac, notre porte-cigares, toujours papier, ces fleurs : élégantes qui ornent la belle chevelure des Japonaises, et ces cols de robes, de différentes couleurs que l’on prend pour du crêpe, etc. Plusieurs notes ont été publiées sur la fabrication du papier au Japon, des communications et des rectifications ont élé faites à di- verses reprises. Malgré toutes ces études, la chose n’est pas encore bien connue chez nous, elle est encore enveloppée dans un nuage mystérieux, semblable à celui qui d'ordinaire et pour cause enveloppe: les dépôts de brevets d'invention. Ici comme ailleurs, il reste un Fe de main que nous n’avons pas encore découvert. | Pour nous, le mieux renseigné parmi nos compatriotes est sans au- cun doute le D' Savatier, médecin principal de la marine, qui a eu occasion d'étudier sur place tous les détails de cette fabrication. - En novembre ou décembre, alors que la sève n’a plus aucune acti- vité, on récolte les tiges du Proussonetia; on coupe les jeunes rejetons en morceaux de 1 mètre de long, on les réunit en petits fagots qu'on soumet à un premier lavage; on les lie fortement, puis on les met dans une chaudière bien couverte, où ils subissent une ébullition prolongée. Après refroidissement à l'air, chaque morceau est divisé suivant sa longueur pour retirer l'écorce, qu'on sèche d’abord, puis on la trempe pendant trois ou quatre heures dans l'eau courante. Avec. CHRONIQUE DES COLONIES ET- DES PAYS D’OUTRE-MER. 607 un. couteau, on détache l’'épiderme, et la partie verle sous-jacente est mise de côté pour le papier de qualité inférieure. C’est à ce moment qu'on enlève les nœuds et les parties trop dures et trop vieilles, l'écorce de l’année donnant de plus beaux produits. Le liber ainsi séparé, on pétrit et remue l'écorce toujours dans l’eau courante, puis on l’'expose au soleil jusqu'à ce qu'elle soit deve- nue bien blanche. On la fait bouillir dans une lessive de cendres de sarrazin, pour en détacher les matières gommeuses et résincuses. Le lavage qui suit ést une opération qui demande beaucoup de soins, car c'est d'elle, en grande partie, que dépend le succès. Si l'écorce n’est pas assez lavée, le papier est plus fort il est vrai, mais grossier et de peu de valeur. Avec un lavage trop long, il est plus blanc, mais sujet à boire et peu commode pour l'écriture. Après cette opéralion, on met l'écorce dans un crible à travers lequel l'eau s'écoule, et on l'agite constamment jusqu'à ce qu’elle ait la consistance d'un duvet doux et délicat. Si l’on veut du papier plus mince, il faut laver encore une fois, mais en ayant soin de mettre un linge fin sur le crible pour empêcher la pâte d'être entraînée avec l’eau. On bat ensuite l'écorce à grands coups de maillet, sur une table de bois, jusqu à ce que la masse ressemble à du papier qui aurait été réduit en bouillie par une longue macération dans l’eau et on la mé- lange, dans une grande cuve en bois, avec de l’eau additionnée d'eau de riz et de décoction gommeuse d’écorce d’Æorlensia ou de racine d'AHibiscus manihot, et on agite jusqu’à ce que le mélange soit bien homogène. ‘Il n’y a plus alors qu'à retirer de la cuve la quantité de matière nécessaire pour faire les feuilles de papier, une par une. On se sert de formes ou châssis faits de joncs, ou de fins morceaux de bambous parallèles reliés par des fils de soie. C'est dans le sens où l’on avait à étendre les fibres que le papier a sa plus grande résistance ; si l'on ajoute une seconde couche dont les fibres seront perpendiculaires aux premières, on aura un papier très fort. Cette résistance est due à ce que les fibres très solides du Brous- sonelix ne sont pas complètement désagrégées quand on prépare la pâte. On fait au Japon mille petils ustensiles légers et solides avec une sorte de carton ressemblant au papier mâché d'Europe ; avec le papier fin on fabrique de nombreux objets de toilelte pour dames. Il faut avoir visité le pays pour se faire une idée de lout ce que l’industrie japo- naise peut faire avec son papier. On répand un mélange de colle forte et de coquilles pulvérisées sur les feuilles, pour avoir du papier de tapisserie, puis on imprime des dessins toujours fort jolis. Quelquefois on se borne à saupoudrer la 608 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. feuille avec du mica pulvérisé pour lui donner une apparence ar- gentée. te Veut-on imiter le cuir ? On froisse le papier et on l’élend, avec une brosse dure sur une planche portant en creux le dessin à reproduire : on l’enduit de vernis ou d'huile, on le colore diversement, quelquefois même on le recouvre d’or ou d'argent. Cette préparation a toute l’appa- rence et la solidité du cuir et sert à faire des tapisseries de luxe. Tels sont les procédés employés par les Japonais pour faire leur papier. Cette industrie est très ancienne, car il existe des manuscrits du vire siècle bien conservés, sur un papicr tres beau et très fin. Mais ces procédés sont longs, minutieux, demandent beaucoup de main- d'œuvre, et celle-ci devenant plus chère, le prix du papier est plus élevé. Le développement de la presse quotidienne en augmentant beau- coup la consommation, on a établi des papeteries sur le modéle de celles de l’Europe. Il en existe qui donnent de très beaux produits et alimentent les journaux. Pour les autres usages, le papier indigène sera difficile à détrôner. On traite de la même manière l’écorce de l’Edgeworthia papyrifera, charmant arbuste, de 1 m. 50 c., à capitules or et argent, qui mérite- . rait bien de: figurer parmi nos plantes ornementales, par sa forme gracieuse, l'éclat de son feuillage, la beauté de ses fleurs et sa florai- son hivernale alors que l’arbuste est encore dégarni de feuilles. Avec le Wäiksiræmia canescens on fait du papier pelure, transparent, précieux pour Calquer, qui a le grand avantage de n'être pas attaqué par les insectes. Il est d’une finesse et d'une souplesse incomparables ; 100 feuilles de 0,50 X 0,36 ne pèsent pas 250 grammes ; on peut le plier, le froisser, le chiffonner, le rouler en boules, sans que le dessin en souffre. Plus fin, il perd ses qualités ; mais à ce degré de finesse et de transparence, il remplace, collé sur les vitres, le verre dépoli ; et on l’agrémente de dessins variés et de différentes couleurs. Dr H. MEYNERS D ESTREY. VII. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. Moutons et fromages de la Nouvelle-Zélande. — Les agriculteurs néo-zélandais qui, jusqu'à présent. écoulaient très diffici- lement la viande de leurs innombrables moutons, rassemblés dans chaque ferme par troupeaux variant entre 14 et 36,000 têtes, fondent aujourd’hui les plus grandes espérances sur l'introduction en Angle- terre de cette viande conservée par un refroidissement intense. La vente en a été assez rémunératrice pour les éleveurs pendant les douze mois qui expiraient le 30 juin de l’année dernière, mais les petits pro- priétaires se sont peu à peu relirés, abandonnant le terrain à des con- currents plus puissants. Il y a trois ou quatre ans, la New-Zealand Refrigerating Company traitait avec cent vingt fournisseurs, elle en avait soixante-onze seulement l'année précédente, quoique son chiffre d’affaires, considérablement accru, ait porté sur trente-quatre mille moutons pendant les huit derniers mois de cette campagne. Le béné- fice de l’éleveur est de 1 penny ou 10 centimes par livre de 453 grammes, soit 6 francs pour un mouton pesant 27 kilogs, il y a en plus la peau qui vaut 1 fr. 35 et le suif L fr. 15. Le bénéfice tolal s’éiève donc à 8 fr. 50 par tête, mais on peut arriver à près de 10 francs pour les plus beaux échantillons. Pour que leur exploitation soit dent rémunératrice, les éle- veurs voudraient voir le Mouton congelé atteindre en tous temps, à Londres, un prix variant entre 45 et 55 centimes par livre ; ils esti- ment qu’il en résulterait une majoration de 20 à 30 0/0 sur la valeur de leurs terrains, plus-value dont se ressentiraient les prix du blé et de la laine néo-zélandais. On signale aussi l'extension prise en Angleterre et en Amérique par la vente des fromages de la Nouvelle-Zélande. Ces fromages sont de qualité assez inégale, mais les meilleurs se comparent avantageusement avec les produits similaires du Somersetshire. On les vend à Londres sur le pied assez rémunérateur de 46 à 52 francs les 51 kilogs. H.B. La longévité des oiseaux.— Le Roitelet vit trois ans; la Grive et la Poule domestique, une dizaine d'années ; le Rouge-Gorge, l’Alouette et le Merle, douze ans; le Rossignol, dix-huit ans ; le Pigeon et le Li- not, de vingt à vingt-trois ans ; le Serin, la ue et le Paon, vingt- quatre ans ; l'Oie et le Pélican, cinquante ; le Héron etle Perroquet, soixante ; l’Aigle, enfin, le Corbeau, le Cygne et la Corneille, peuvent devenir centenaires. JP: Les Éléphants au Tonkin. — Peu de personnes savent qu’il existe de grandes quantités d’'Éléphants vivant à l’état sauvage dans certaines régions du Tonkin; ainsi on signale depuis un certain temps 610 REVUE DES SCIENCES DÉPENS APPLIQUÉES. les dépradations Meheuie de tele ‘bandes de ces pa- chydermes dans la province deTuyen-quan. Tout dernièrement, le maire et les notables du village de Yen-duc, près du poste de Bac-moc, venaient demander l'autorisation de -se seryir de quelques munitions modèle 1842 qui leur ont été confiées, pour en faire usage contre une bande de- 60 Éléphants qui dévastaient leurs récoltes et saccageaïent leur village. ù Quelques jours après, ils accueillaient une nouvelle attaque à coups de fusil et tuaient un petit Éléphant tout jeune, n’ayant pas encore de défenses, Des battues sérieuses vont être organisées. (L’Avenir du Tonkin) f La Poule géante de Padoue. — Padoue, déjà célèbre en avicul- Lure pour sa race « Polverara », avec raison très estimée, possède main- tenant une nouvelle variété de volaille, due à l'intelligence et aux soins assidus d’un aviculteur expérimenté, le docteur Mazzon, dont les essais remontent à l’année 1850. Le premier et unique croisement fut obtenu avec un Coq Cochinchine et des Poules de Padoue de premier choix. A Milan, à Turin, à Padoue, et récemment à Rome, la poule géante de Padoue a été appréciée, mais plutôt par le public que par le jury (excepté à Padoue) qui, sans tenir compte d’une sélection poursuivie pendant plus de trente ans, l’a jugée à l’égal d’autres races croisées, sans se préoccuper de ses mérites propres. Cette Poule géante de Padoue diffère uniquement par le volume el par l’apparence extérieure, de la « Polverara » dont elle a les qualités. Sa chair est exquise; sa graisse, très. délicate et abondante, son ossature relativement légère. Excellente pondeuse elle donne des œufs très gros, mais elle est peu ou point couveuse. Précoce ni plus ni moins que la race « Polverara. », cette espèce atteint chez les mâles le poids de 6 kilogrammes et de 5 chez les Poules, Elle est plutôt sédentaire et ne nuit pas aux récoltes des champs, préférant gratter la terre dans le voisinage de son M ou s’ébattre à l'ombre toujours réunie par troupes. | La plume est d’un beau noir luisant, à reflet vert chez la Poule ; le Coq, à deux ans et quelquefois ayant, orne son cou et son manteau de plumes longues, flexibles, d’un beau jaune rouge comme chez le Faisan doré, ou mieux comme chez le Coq « Polverara » doré. Il est fier et batailleur. La race géante de Padoue vit aussi bien à l’air libre que renfermée. Elle est parfaitement domestiquée et un Coq de cette espèce serait un bon reproducteur pour nos races nationales (italiennes) qui tendent à dépérir par suite de l'abandon dont elles sont l’objet et par suite aussi des croisements peu étudiés -et moins judicieux encore qu’on leur fait subir, :- (Extrait du Z/ Secolo (de Milan). Traduit de l'italien par M. Louis BADOUR. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 611 Procédé de conservation des Œufs. — Le Geflügel Markt signale un procédé très simple employé en Angleterre, et permettant de conserver des Œufs frais pendant tout l'hiver. Ce procédé consiste à envelopper séparément les Œufs dans de vieux journaux, et à les placer par 40 ou 50, dans un filet à légumes, étroitement lié du haut pour empêcher tout ballottement. Le filet ainsi garni est suspendu dans une cave aérée, et ou le retourne chaque semaine, mettant en bas la partie qui se trouvait en haut. J. LE: Les poissons d'aquariums, d'après M. Brenau. — L'élevage des poissons d'ornement pour aquariums, est une branche de la pis- ciculture dont l'extension s’est considérablement accrue en Allemagne depuis plusieurs années. A côlé des Cyprins, des Poissons rouges, seuls connus autrefois, l’attention des éleveurs s’est dirigée sur les poissons de la Chine, du Japon, de l'Inde, de l'Afrique, des deux Amériques, successivement introduits en Europe par M. Carbonnier et divers autres marchands; les Allemands ayant bientôt suivi la voie primitivement frayée par les Français et les Anglais. Le nombre des types ainsi acclimatés n’est pas très considérable, il est vrai, et les plus curieux nous sont venus de Chine et du Japon. En première ligne, figure le poisson de Paradis, grand nageur ou Macropode, Mucropodius venustus. Long comme le doigt, ce charmant petit poisson a le dos drapé de bleu, de jaune, de rouge, et paré de bandes transversales d’un vert métallique, le ventre jaune clair ou brun, les ouïes bordées de rouge. La queue, longue et large, et les na- geoires, sont d’un bleu verdâtre. La femelle se reconnaît à ses cou- leurs moins vives, et à ses nageoires plus courtes. Le Macropode ne sépare pas, à l’aide de ses branchies, les globules d'air fortement oxy- géné dissous dans l’eau, mais il vient respirer à la surface comme un amphibie. La minutieuse pisciculture japonaise et chinoise, imitant leur arbo- riculture, créatrice d'espèces aux formes bizarres et rabougries, a fait subir différentes modifications au poisson rouge ordinaire. Une de ses productions les plus bizarres, est le poisson Télescope, qui doit ce nom à ses gros yeux saillants, lui donnant un âsspect tout particulier. Le Télescope est habituellement rouge comme nos Cyprins, avec un corps. court et ventru, et une nageoire caudale double, mais on en obtient des variétés argentées, brunes, rouges tachetées de noir ou de blanc, à nageoire caudale simple et allongée, etc. Il en existe même, qui n'ont pas d’écailles. Le Japon a encore tiré du poisson rouge, un Cyprin japonais, à, queue en éventail, portant une gigantesque nageoire caudale double, et le Cyprin à queue en voile chez lequel cet appendice retombe comme un voile simple ou double, aussi long.quelquefois que le poisson lui- 612 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. même. Ces deux variétés sont également d’un rouge uniforme, bigar- rées, ou dépourvues d’écailles. Les dérivés du Cyprin, sont aussi résistants, aussi robustes que le Cyprin lui-même, mais on ne saurait les conserver avec des poissons indigènes d'étang ou de rivière, car ils exigent une température plus élevée, et ne peuvent vivre que dans une eau dépassant 6 à 7. Nos poissons indigènes mutilent aussi ces variétés anormales, en tirail- lant et déchirant les longues nageoires caudales constituant leur prin- cipal ornement, qu'ils prennent sans doute pour des plantes aqua- tiques. Les poissons Télescopes doivent en outre être séparés des Ma- cropodes, qui les mutilent en s’attaquant soit à leurs nageoires, soit à leurs yeux saillants. | L’Orieut nous fournit encore un autre poisson voisin du Macropode, le Gourami, mais il est assez rare jusqu’à présent. Tous ces poissons doivent avoir dans leurs bassins des plantes aquatiques sur lesquels ils fraient; les Cyprins japonais, les Cyprins à queue en voile et les Télescopes, exigent en outre plus d'espace que les Macropodes. Les tiges chargées d'œufs sont coupées après le frai, et déposées dans des réservoirs spéciaux exposés au soleil, où les alevins éclosent au bout de trois à six jours. L'eau de ces bassins d’éclosion doit avoir une température comprise entre 18 et 15° ; les jeunes poissons ne recoivent de nourriture, que quand ils ont atteint 1 centimètre 1/2 de longueur. Les poissons d’aquarium qui nous ont été fournis par l'Amérique septentrionale, sont : la Truite arc-en-ciel, la plus jolie de tous par ses vives couleurs, la Perche truitée, et la Perche noire, mais ces trois espèces sont assez rares et ne se trouvent encore que Chez quelques pisciculteurs. L'élevage des poissons exotiques en Europe a fait con- sidérablement diminuer leur prix; une paire de Macropodes par exemple, que M. Carbonnier le premier introducteur de ces poissons vendait autrefois jusqu’à 300 francs, se paie une dizaine de francs au- jourd’hui. | Outre de nombreux dépôts existant en Espagne, on a créé en Alle- magne de vastes établissements, qui se sont surtout consacrés à l'éle- vage des Poissons rouges. Le plus important de tous est celui que M. Christian Wagner ins- talla à Oldenbourg. Il se compose de cent viviers de 100 mètres carrés chacun, séparés par des digues, et échelonnés sur 3 hectares de ter- rain tourbeux voisin du Huntefluss. Ces viviers, communiquant ensemble pour la majeure partie, sont alimentés par l’eau tiède sor- tant d’une filature voisine, et l’eau de diverses sources captées à cet effet. L'eau de source est saturée d'air par son agitation dans les tuyaux avant d'arriver aux différentes catégories de viviers, consti- tuant l'installation : viviers à frai, viviers d'élevage, viviers de cou- leur, et viviers d'endurcissement, séries que les poissons parcourent CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 613 successivement. La perméabilité du fond et des rives maintient une hauteur d'eau constante dans tous les bassins, hauteur variant suivant les saisons, entre 15 et 63 centimètres et alteignant 1M,25 environ, aux tuyaux de sortie. Des dépressions sont ménagées sur le fond des viviers et on plante dans ceux où s'opére le frai des touffes d'Æippuris vulgaris et d'Elodæa Canadensis, pour que les poissons puissent y dé- poser leurs œufs. L'établissement de M. Wagner entretient habituellement trois mille femelles pondeuses, soigneusement triées parmi les plus beaux types ; on y élève aussi des poissons Télescopes, des Cyprins japonais et di- verses autres espèces ou variétés choisies surtout de forme ou de couleur anormales. On obtient deux ou trois séries d’éclosions chaque année, fournis- sant 2/3 enviror de femelles et 1/3 de mâles. Quand les circonstances sont favorables, la première s'effectue en mars ou avril, la deuxième en juillet, la troisième vers la fin d'août. L'importance du nombre des éclosions est surtout due à l’aération artificielle de l’eau, à une ali- mentation intensive, et aux mutalions périodiques des mâles, permet- tant d'obtenir un fort rendement, avec un nombre relativement faible de femelles. Les poissons sont en outre partagés suivant leur taille en différentes catégories ayant chacune ses bassins isolés. Quant à l'alimentation l'injecteur refoulant l’eau de la filature dans les vingt viviers d'élevage aspire en même temps un mélange d'’infu- soires et d’'insecles, que la température de cette eau, voisine de 38°, tue avant qu'ils n'aient atteint les réservoirs, et on distribue en outre par intervalles aux poissons, du sang caillé, des débris de viande ou des germes d'orge provenant des malteries. Ils se trouvent très bien de ce régime, car les alevins de l’année atteignent en automne une longueur de 3 centimètres 1/4 à 7 centimètres. La coloration artificielle qui s'obtient dans les vivicrs à couleur, passe pour être aussi importante que l'alimentation. Le fond et les rives de ces viviers doivent contenir les éléments minéraux : oxyde - de fer et chaux, produisant cette coloration, et quand ils n’y existent pas.-naturellement, on en ajoute une certaine proportion. Malgré les soins dont on entoure les poissons, quelques-uns attei- gnent parfois leur pleine croissance. sans. être suffisamment colorés. On les place alors dans un grand vivier, contenant une nappe d’eau très mince, où ils sont bien exposés aux rayons solaires qui exercent surtout l'action colorante. Comme une insolation continuelle pour- rait devenir dangereuse, on ménage des places ombragées sur cet étang. Avant d'être expédiés, les poissons qui ont atteint une taille mar- chande font un certain séjour dans les viviers d’endurcissement ou d’acclimatation, dont l’eau fortement ferrugineuse et chargée de sels calciques, a la propriété de durcir leur peau. Ils sont ensuite envoyés 614 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. aux détaillants qui en tiennent commerce dans toutes les parties de l'Europe. J, L. L’exposition d’apiculture en Alsace-Lorraine. — La société d’apiculture « L'Union des apiculteurs alsaciens-lorrains », fondée voilà vingt ans par l'inspecteur Bastian, et qui comprend actuel- lement près de quarante mille membres groupés en soixante-dix sec- tions, avait pris dernièrement l'initiative d’ane exposition des divers moyens d'élever les abeilles et de tous les produits que l’on relire de ces précieux insectes. C’est à Strasbourg que cette exposition a été tenue sous la presi- dence du professeur-directeur Zvilling. _ La variété des différentes formes de ruches était innombrable autant que celle des différentes espèces d’abeilles et autres insectes mel- lifères. Parmi les ruches les plus remarquées citons celle du D' Karl Zvil- ling qui permet de tripler la récolte de miel. Faisons également mention d’un appareil électrique, d’une assez grande simplicité, annonçant le moment où va se faire là migration des jeunes. c'e Dans la deuxième section renfermant les produits dérivés du miel et de la cire: miels blanc, jaune, brun, hydromels, liqueurs, vins et eaux -de-vie de miel, etc., la première mention revient certainement à M. Breton qui est arrivé à fabriquer des produits d'un goût exquis. Mais ce qui intéresse le plus les apiculteurs c'est le succès obtenu par M. Robert Simon, membre de l’ « Union des apiculleurs alsaciens- lorrains », propriétaire à Draben-Keda (Algérie). Cet apiculteur a _ remarqué que les feuilles de l’Excalyptus (E. globulus et autres) étaient une nourriture de premier choix pour les abeilles qui produisaient ainsi une cire et un miel abondants et de première qualité. Ces essais mériteraient certainement d'être imités tant en Algérie que dans le Midi de la France, où l'Eucalyptus vient avec assez de facilité. Nos lecteurs remarqueront avec plaisir que les apiculteurs qui ont obtenu le plus de succès sont des Français et nous nous en féli- citons. ._. D'J. PAGÈS-GRIGORIEFF. Les Vignes géantes. — A Oggau, en Autriche, un congrès de botanistes a signalé l'existence d’un cep de Vigne qui, par son déve- _loppement extraordinaire et sa surprenante production, peut être consi- déré comme un véritable phénomène. Celte Vigne magique produit environ 700 grappes, et pour soutenir ses rameaux, dont un seul supporte 60 raisins énormes, on a dù em- ployer 32 étais. La Vigne, cette belle plante, pleine de flexibilité et de grâce, atteint fréquemment des proportions fabuleuses. C’est ainsi que la botanique a euregistré quelques Vignes géantes qui sont les merveilles du monde CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 615 végélal. En première ligne se trouvent les « Vignes de la Mission », ainsi nommées parce que ce furent les missionnaires espagnols qui en plantèrent les premiers ceps aux Étals-Unis, sur la côte du Pacifique. Ces plantes, d'origine européenne, se sont reproduites et, par leur ac- croissement véritablement merveilleux, sont devenues absolument gi- gantesques. Les « Vignes de la Mission » sont au nombre de deux. La première, l'antique, la vénérable, dont un treillage soutient les branches colos- sales, couvre un espace de 10.000 mètres carrés! En moyenne, la récolte de ce végétal surprenant atteint 11,000 livres de raisins superbes. Les grappes pèsent l’une dans l’autre 5 à 6 livres. _ La seconde « Vigne de la Mission », quoique loin de la premiére, promet bien. Si l’on songe qu'elle n’a pas plus de 25 années et qu’elle produit déjà 6,000 livres de raisin par an, on a lieu d’espérer qu’elle ne dégénèrera pas. Me:urée à un mêtre du sol, sa circonférence est de 1m,30. A cette hauteur, le tronc se partage en plusieurs rameaux qui, s'étendant sur une vaste lonnelle, y développent leurs sarments dont quelques-uns ont déjà acquis une longueur de 50 pieds. Cette sœur cadeïle qui, comme on le voit, est un beau brin de vigne, dépassera un jour son ainée en dimensions et eu fécondité. — On marche vite en Amérique. _ Laissant les États-Unis pour passer en Angleterre, nous trouvons là encore deux Vignes célèbres dans les fastes de la botanique : la pre- mière est la vigne de Hampton-Court, que lous les voyageurs ont ‘admirée à Londres ; la seconde est la Vigne de Cumberland’Loge, dans le parc de Windsor, qui produit 2,000 livres de raisin chaque année. Voici maintenant la fameuse Vigne de Cochinchine, dont on a tant parlé. Comme un jet de verdure, elle s’élance vers le ciel à plus de 50 mètres de hauteur. Jusqu'à sa cime, cette admirable plante se . couvre de fruits énormes et excellents. Reste à savoir si cette Vigne _prodigieuse est vraiment apte à s'’acclimater en France et en Italie; mais nous doutons beaucoup qu’elle puisse donner un vin rappelant même de loin le Chianti, le Barbera et le Bordeaux. | Ces Vignes gigantesques sont assurément dignes d’admiration. Elles émerveillent le regard et il semble qu’elles grandissent la nature. Mais le nectar qui réjouit le cœur de l'homme ne vient ni des colosses, ni des géants. 11 coule pour nous, comme en Champagne et en Bour- gogne, des petites grappes dorées de nos humbles vignobles qui .S’étendent dans nos plaines et sur nos riants coteaux, réchauffés par le soleil de notre belle presqu'ile. (ZI Secolo de Milan.) Traduit de l'italien par M. Louis Bapour. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. Trolard. Zes foréts de l'Algérie et la colonisation. Mémoire présenté à M. le Ministre de l'Agriculture. L'auteur. Annual report of the curator of the Museum of comparative z0ology at Harvard college to the president and Fellows of Harvard college for 1887-88. Cambridge, 1888. Blanchard (Em.). Za Vie des Êtres animés. Paris, 1888. G. Masson, éditeur, libraire de l'Académie de Médecine, 120, boulevard Saint- Germain. L'éditeur. Forbes (S.-A.). Biennal report of the director of the state laboratory of natural history, Champaign, Illinois. Champaign, 1888. L'auteur. The Twenty-Fourth Annual Report of the Zoological and Acclimatisation Society of Victoria. Melbourne, 1888. W.-H. Newlands, Printer: Diguet (Ch.). La Vie rustique, 1887-1888. Paris, 1888. E. Dentu, éditeur, libraire de la Société des Gens de lettres, 3, place Valois. : L'auteur. Lataste (F.). Publications scientifiques de l'auteur. Bordeaux, 1889. J. Durand, imprimeur, 20, rue Condillac. L'auteur. Maturi (S.). Uno Sguardo generale sulle forme fondamentali della vita. Naples, 1888. Vincent Morano, iypographe. L'auteur. Menault. Zecons de choses faites au concours général agricole de Paris en 1888. Librairie Hachette et Cie, 79, boulevard Saint-Germain. | L'éditeur. Richard {du Cantal). Mofée sur l'Agriculture et les Remontes de l'ar- mée adressée à M. le Président et à MM. les Membres du groupe agricole de la Chambre des Députés. Paris, 1888. V° P. Larousse et Ci, impri- meurs, 19, rue Montparnasse. L'auteur. Negrescu {V.-Gh.). Anghina difterica. Focsani, 1888. Alexandre Codreanu, typographe. | Le Chili et ses avantages pour les émigrants européens. Leipzig, 1888. Imprimerie de Fischer et Wittig. Publication officielle de l'Agence générale du gouvernement du Chili en Europe pour l’émigration et la colonisation. M. J. Errazuriz. Le Gérant : JULES GRISARD. I, TRAVAUX INÉDITS ADRESSÉS A LA SOCIÊTÉ. NOTE SUR LES PRODUITS OBTENUS D’UNE MULE AU JARDIN D’ACCLIMATATION Par M. LE D' SAINT-YVES MÉNARD. Messieurs, La question d'hybridation qui devait être traitée par M. le professeur Dareste, avec la compétence que vous lui connais- sez, me donne l'occasion de vous signaler une naissance qui présente, au point de vue de l’hybridité, un certain intérêt. Il s’agit d’une Pouliche venue au monde le 18 février 1888 au Jardin zoologique d’Acclimatation. La mère de cette Pouliche est une Jument croisée Tarbes et Siamois. Ce n'est pas d'elle que vient l'intérêt ; mais le père est un hybride. C’est un hybride de l’espèce asine et de l’es- pèce chevaline, non pas un Mulet ordinaire, mais bien un hybride trois quarts sang Cheval ; j'ai eu l’occasion de vous le faire connaître, au mois d'avril 1886, sous le nom de Kroumir. Kroumir est le fils d’une Mule et d’un Cheval. Il appartient à la famille d'hybrides dont j'ai entretenu déjà la Société d'Acclimatation ; mais comme je vois que l'assistance est beaucoup plus nombreuse aujourd'hui qu’en avril 1886, je vous demande la permission de rappeler les faits pour ceux qui ne les connaissent pas. En juillet 1873 est arrivée au Jardin d’ Aceine Eat en une Mule arabe (Catherine) accompagnée d'une jeune Pouliche, sa fille (Constantine) née en mars 1873, et d’un Cheval barbe {Caïd) son étalon. Le fait d’une Mule fécondée par un Cheval, sans étre nou- veau, était assez rare pour attirer l'attention, et ce qui frap- pait particulièrement, c'était la vigueur de la petite Pouliche qui paraissait devoir s'élever très facilement. Dans les exemples de reproduction des Mules connues jus- qu'alors, on remarque une sorte de gradation de la fécondité. 5 Juillet 1889. 40 618 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Les femelles fécondées ont été peu nombreuses, souvent elles . ont avorté, rarement elles ont donné des produits viables, et c'est très exceptionnellement que ceux-ci ont pu étre élevés comme des animaux ordinaires. Eh bien, Constantine a pris un très beau développement, elle a atteint la taille de son père, 1,45 environ, et elle est devenue une bête de service remarquable. | ( À son entrée au Jardin d'Acclimatation, la Mule Catherine était encore pleine du même Cheval. En avril 18%4, elle a donné le jour à une seconde Pouliche « Hippone » qui s’est développée comme sa sœur ainée, qui a fait paire avec elle à la voiture, et qui est aujourd’hui une des meilleures bêtes de selle du manège du Jardin d’Acclimatation. Ces deux produits de la Mule, qui sont trois quarts de sang Cheval, ressemblent absolument à des Chevaux. Les personnes, non prévenues, les considèrent comme tels, et l'examen le plus approfondi des caractères extérieurs (oreilles, . : crinière, queue, etc.) ne décèle en rien le quart de sang d'Ane. Seul, le hennissement présente une petite différence avec celui du Cheval. La descendance de Catherine ne s’est point arrêtée là. Notre Mule, accouplée avec un Ane d'Égypte, a donné nais- sance à deux sujets mâles: « Salem » en juin 18%, et « Athman » en janvier 187,8. Ce sont des animaux d’une vigueur peu commune, d’une grande vitesse, d’une résistance au travail tout à fait extraordinaire. Chose curieuse! ces produits trois quarts de sang Ane, que l’on pourrait s'attendre à voir rapprochés de l’Ane, autant que les autres sont rap- prochés du Cheval, ressemblent absolument à des Mules. Toutes les personnes qui les voient faire le service du tramway de la Porte-Maillot au Jardin d’Acclimatation, les prennent pour des Mulets. Ils ont les oreilles demi-longues, la crinière un peu courte et tombante, la queue à moitié garnie de crins vers le haut; leur voix tient le milieu entre le hennissement et le braiment. | Enfin, Catherine a été représentée à son premier étalon Caïd ; elle a avorté en 1879, puis elle a donné, en juin 1881, un cinquième produit « Kroumir », qui ressemble à un Cheval, comme Constantine et Hippone, qui travaille fort bien, et qui ne le cède en rien à ses frères et sœurs, sous le rapport de la bonne constitution et de l'énergie. NOTE SUR LES PRODUITS OBTENUS D’UNE MULE. 619 Ces animaux présentent un réel intérêt scientifique, et peuvent éclairer plusieurs points de la question de l'hybri- dation : Ils démontrent tout à la fois, et la rapidité en certains cas du retour à l'espèce, qui peut intervenir dès la seconde génération (Constantine, Hippone, Kroumir) et l'ir- régularité de ce retour (Salem et Atman). Nous avons voulu nous rendre compte de la fécondité des enfants de la Mule. Accouplée avec Caïd, puis avec un Cheval japonais « Nip- pon », Constantine a été pleine deux fois ; elle a mis bas à terme, en 1881, puis en mars 1886, mais elle a eu des produits chétifs, incapables de se porter, hors d'état de vivre. Ces produits avaient tous les caractères du Cheval. Hippone, livrée au même étalon japonais, sujet très vigou- reux, a été pleine également et a eu, en août 1882, un produit débile, semblable aux précédents, qu'elle n’a pas élevé. Salem a été accouplé avec plusieurs Juments ; les résultats négatifs donnent une présomption de son infécondité. Enfin, Kroumir vient de nous donner une preuve de sa fécondité, c’est là l'intérêt de la naïssance que je vous annonce. Il semble donc que la fécondité des hybrides présente des conditions aussi variables que leurs caractères extérieurs. À l’occasion de cette communication, je vous signalerai un détail qui ne touche plus à l’hybridité, mais qui n’est pas indifférent au point de vue de l'élevage : Le produit de Kroumir et de Julie est né à terme (la gestation a duré du 7 mars 1887 au 18 février 1888), il était vigoureux et de bonne constitution, et se portait avec avidité aux mamelles de sa mère, mais il n'y trouvait pas assez de lait. Désireux de le faire vivre, nous nous préparions à user de tous les moyens pour l’allaiter artificiellement et nous avons été favorisés d'une manière toute particulière. Il y avait précisément dans un box voisin une petite Jument chilienne « Volage » nour- rissant un Poulain de trois à quatre mois ; nous l’avons fait téter par la petite Pouliche trois jours après sa naissance, en la maintenant comme la prudence l’exigeait. Non seule- ment la nourrice s’y est prêtée sans difficulté, mais encore elle nous a surpris en adoptant immédiatement le nourrisson qui a pu être substitué à son propre Poulain, Je ne pense pas que le fait s’observe souvent chez des Juments. NOTE SUR LA DESTRUCTION DES OISEAUX PAR LES FILS. TÉLÉGRAPHIQUES ET AUTRES ENGINS ANALOGUES Par ALBERT CRETTÉ DE PALLUEL. Le gibier et les oiseaux insectivores diminuent, dit-on sou- Y vent, tandis que les insectes et autres bêtes malfaisantes aug- mentent au détriment de nos récoltes, malgré les mesures prises par nos législateurs et les progrès de l’aviculture. Il ne faut pas s’en étonner, jusqu'à présent rien de sérieux n’a été fait et ne sera probablement fait pour remédier au mal, si l’on suit les mêmes errements. Chaque fois qu'il s'agit de réfor- mer la loi sur la chasse, cette question soulève des discus- sions irritantes, s’égare et finalement n’aboutit à rien, parce que le principe fondamental de notre législation est faux et n’est plus en rapport avec la situation actuelle. Ce qui était vrai il y a encore un siècle; et reconnu provisoirement vrai en 1844, car la loi du 3 mai 1844 n’a été votée qu'à titre de re-. glement provisoire sur la police de la chasse, est maintenant faux : le gibier n'existe plus à l’état sauvage naturel, il n'existe plus de gibier que dans les chasses repeuplées, gar- dées, entretenues, pour mieux dire cultivées. Or, qui dit cul- ture, dit récolte, et par cela même propriété; le gibier ainsi obtenu est maintenant un bien au même titre que nos autres animaux, il ne peut donc plus être considéré comme /a chose de tout le monde, et tant que ce principe ne sera pas reconnu, il est inutile de penser que l’on pourra protéger efficacement cette source de richesse et de plaisir que la France est la première à posséder; car il faut bien en convenir, notre oibier est sans rival, non seulement nos espèces indigènes : l’'emportent sur leurs similaires des autres pays, mais encore les espèces exotiques médiocres sur le sol natal deviennent excellentes chez nous. Il en est de même des Cailles et autres NOTE SUR LA DESTRUCTION DES OISEAUX. - 621 gibiers de passage qui nous arrivent détestables de l'étranger, tandis qu'après un court séjour ici ils deviennent de fins morceaux. Je le répète, il est inutile pour ne pas dire puéril de penser, que toutes les tentatives que l'on fera pour accli- mater des espèces utiles et en repeupler nos bois et nos plaines, seront couronnées du succès auquel nous aurions droit de nous attendre, tant que nous n’aurons pas obtenu une protection efficace, le respect dû à cette récolte comme à toutes les autres productions de nos cultures. Le défaut d’une législation sur la chasse n’est pas la seule cause de la diminution du gibier: et des oiseaux insectivores, il en existe d’autres malheureusement fort nombreuses, à en juger seulement par celles qui nous sont connues, et pour y trouver remède il faudrait les étudier mieux qu'on ne l’a fait jusqu'à présent. Le cadre d’une simple note ne comporte pas l'exposé, même succinct, de toutes les causes connues de destruction des oiseaux en France; il en est une cependant que j'ai déjà signalée à la Société d’Acclimatation, et sur laquelle je reviens aujourd'hui parce que loin de diminuer ou de rester au moins dans les mêmes limites, elle menace d'augmenter dans des proportions que je considère comme inquiétantes : je veux parler des fils télégraphiques, engins de destruction permanents qui échappent à toute juridiction et détruisent certainement autant de gibier et d'oiseaux que tous les chas- seurs et braconniers réunis. Depuis l'invention du téléphone, les communications qui se font par le même moyen, c'est-à- dire par des fils de métal tendus à une certaine hauteur et supportés par des poteaux, le nombre de ces fils devient chaque jour plus grand, et si cette invention se répand en province comme aux environs de Paris, la France sera cou- verte d'un réseau de fils destructeurs ; là réside le danger que je voulais d’abord signaler, car ces fils ainsi établis consti- tuent l'engin de destruction le plus dangereux que je con- naisse, ils sont permanents, jour et nuit, en toutes saisons ils sont tendus, les oiseaux sédentaires et migrateurs vien- nent s'y heurter et de ce choc résulte toujours leur perte, qu'ils soient tués sur le coup ou simplement blessés. À première vue, onne peut pas se figurer comment ces fils de métal peuvent faire tant de victimes, on est même tenté de croire que la mort des quelques oiseaux trouvés sur 622 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. lt les voies ferrées est due à un cas fortuit, au hasard, enfin que cela arrive rarement. Longtemps je l’ai cru aussi, mais mon attention ayant été attirée par certains faits sur lesquels je vais revenir tout à l'heure, j’ai voulu me rendre un compte plus exact de ce qui devait se passer et, après une étude de plusieurs années, je suis aujourd'hui à même d'affirmer ce que je viens de dire en commençant, c’est que ces fils détrui- sent une quantité d'oiseaux dans des proportions que l’on a peine à se figurer, vu la difficulté de le constater, parce que la plus grande partie, pour ne pas dire la totalité des victimes, disparaissent presque aussitôt qu’elles ont été tuées ou bles- sées, et voici comment: les petits oiseaux, pour commencer, vu l’exiguïté de leur taille, échappent à l'œil le plus exercé à ce genre de recherche; ceux d’une certaine grosseur, comme les Perdrix, les Bécasses, et même les Caiïlles et les Gærives, sont précieusement ramassés par les employés qui nuit et jour circulent pour la surveillance des voies ferrées. Dans les pays giboyeux ces hommes sont généralement ac- compagnés d’un Chien de chasse ou d'un Roquet quelconque parfaitement dressé à retrouver le gibier tombé mort ou blessé sur la voie. Maïs ces employés chasseurs ont des con- currents bien plus habiles qu'eux, ce sont tous les carnassiers à poil et à plume qui savent par expérience que la place est bonne ; nuit et jour, eux aussi, suivent les voies de chemins de feret se tiennent aux environs, et aussitôt qu'un oiseau est tué ou blessé, il leur échappe rarement. Les gardes-barrières et autres employés des chemins de fer, ne se contentent pas de rechercher pendant leurs tour- nées, le gibier qu'ils trouvent sur la voie; ils ont toujours l'oreille au guet et je vous l’assure fort bien exercée, ils en- tendent et connaissent parfaitement le bruit particulier que produit le choc d’un oiseau sur les fils qui passent au-dessus de leur loge, à ce signal, ils sortent avec leur Chien et se mettent en quête du gibier. Souvent ils sont déçus, car l’oi- seau ne tombe pas toujours assommé sur place, s'il est dé- monté il sort de la clôture de la voie et sehâte de fuir à pattes ; si le coup a porté sur la tête et n’a pas amené la mort immédiate, l'oiseau file en ligne droite fort loin, puis s’arrè- tant tout à coup, il monte pour retomber raide mort, hors portée de toute recherche. Il ne faut pas s'imaginer que l’on trouve des oiseaux tués NOTE SUR LA DESTRUCTION DES OISEAUX. 623, ou blessés tout le long des voies ferrées et à chaque pas, ce serait une erreur ; tous ceux qui ont été à même de l’obser- ver, ont toujours remarqué qu'à certains endroits, on ne voyait presque jamais d'oiseaux abattus, tandis qu'à d’autres places, au contraire, on en ramassait fréquemment en plus ou moins grand nombre. Tout bizarre que cela paraisse à première vue, rien n’est plus simple cependant à expliquer quand on sait que les oiseaux, aussi bien les migrateurs que les sédentaires, suivent invariablement les mêmes chemins dans leurs courses aériennes, chemins invisibles pour nous il est vrai à première vue, mais qui sont aussi bien tracés pour eux que nos grandes routes et nos sentiers sur terre, aussi réguliers que la voie suivie par les navires sur mer. Si les fils meurtriers viennent à barrer ces chemins, les oiseaux s’y heurtent tout naturellement. Il en est de même pour les phares, autres engins de destruction ; autour de certains phares, on trouve des quantités assommés, tandis qu’auprès d’autres phares, on n’en trouve que rarement, toujours pour le même motif : c’est que parmi ces phares, les premiers se trouvent sur la route des oiseaux voyageurs, tandis que les autres n'ont attiré, par leurs feux, que par hasard des oi- seaux égarés par la tempête, ou dévoyés par une perturbation atmosphérique quelconque. À certains indices, les chasseurs et les braconniers savent fort bien découvrir ces chemins suivis dans l’air par les oi- seaux dans leurs voyages ou dans leurs simples déplacements, et ils en profitent pour y tendre des pièges qui ont beaucoup d'analogie avec les fils télégraphiques ; ce sont d'immenses filets tendus sur des supports ou poteaux, et selon la place où ils sont placés, diverses espèces d'oiseaux viennent s'y enchevêtrer, les plus grands comme les plus petits y sont pris. Dans les grands filets tendus à l'embouchure de la Somme, l’une des routes les plus suivies par les oiseaux voyageurs, le Cygne comme le Roitelet y trouve la mort. Il en est de même pour les fils télégraphiques, nos plus petits oiseaux migrateurs même viennent s'y briser, ainsi que j'ai pu le constater après des recherches minutieuses, car il est fort difficile ainsi que je l’ai déjà dit, de retrouver ces petits oiseaux, parce que : outre l’exiguïté de leur taille, ils deviennent promptement la proie des animaux carnassiers 624 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. ou des insectes rongeurs et fouisseurs, dont le rôle est de faire disparaître tout ce qui doit devenir un foyer d'infection. Faut-il espérer et croire que les oiseaux apprenant à con- naître le danger que leur offrent les fils télégraphiques, fini- ront par les éviter conme certaines personnes nous l'ont affirmé, je crois trop légèrement, après lavoir cru remarquer: que dans des localités où les fils faisaient beaucoup de vic- times lors de leur établissement, plus tard, les Perdrix no- tamment, savaient les éviter et ne s’y heurtaient plus. C’est là une erreur qui résulte d'un défaut d'observation. Tant qu'il y aura des fils télégraphiques établis dans les condi- tions actuelles, des pantières, des tramails et autres filets du même genre, les oiseaux iront s’y prendre, les Perdrix comme les autres, absolument comme les Mouches viennent se pren- dre dans . toiles d’Araignée, tant qu'il y aura des Mouches et des Araignées. La remarque précédente résulte d’un défaut d'observation et voici pourquoi; si les Perdrix, qui dans un temps allaient se briser dans les fils, n’y viennent plus maintenant, c’est tout simplement parce que ces fils ne sont plus sur leur chemin, autrement dit elles ont changé de route soit comme direction soit comme hauteur dans leur vol, et cela pour des motifs tout à fait étrangers à une mesure de prudence, mais résultant de causes qui n’ont pas été bien observées ou même découvertes. J'avais moi-même fait des observations identiques et ce n’est qu'après bien des recherches que j'ai pu découvrir la vérité. Exemple : entre deux postes de passage à niveau d’une voie ferrée situés à quelques kilomètres l’un de l’autre, j'a- vais constaté pendant plusieurs années que les employés ramassaient jusqu'à cinq ou sx Perdrix par semaine. L’an- née dernière, il n’en fut ramassé que trois dans toute l’année, d'où pouvait provenir une telle différence? Les Perdrix étant aussi nombreuses que les années précédentes dans ce canton. Cette partie de voie ferrée traversait une lande im- mense de plusieurs centaines d'hectares qui était le rendez- vous et le refuge des Perdrix des environs; les levait-on d’un côté de la lande ou dans les bois et les champs voisins, elles passaient la voie au vol pour gagner l’autre partie de la lande et souvent elles venaient se briser sur les fils télégraphiques. Cette lande fut défrichée et cultivée, les Perdrix alors chan- gèrent de chemin, autrement dit de remise, elles allaient in- NOTE SUR LA DESTRUCTION DES OISEAUX. 625 variablement se cacher dans les bois, ou, prenant leur vol à une grande hauteur, elles passaient bien la voie, mais alors au-dessus des fils, afin de se rendre à une autre lande fort éloignée de leur point de départ. Ce n'était donc pas par mesure de prudence qu'elles avaient changé de chemin comme direction ou comme hauteur dans leur vol, mais bien à cause du défrichement de la lande en question. Toute modification survenant dans l’aspect ou la disposi- tion des lieux peut amener un changement dans les habitudes des oiseaux qui les habitent ou qui ne font même que d'y passer, et par conséquent faire varier les chemins qu'ils suivent dans les airs. L'usage des armes à feu à longue portée et de fort ca- libre les rend plus farouches, leur fait prendre un voi plus élevé et plus long, enfin peut changer leurs habitudes; les armes de gros calibre, disons-le en passant, contribuent dans une certaine mesure à la diminution du gibier, parce qu'avec de tels fusils, on blesse beaucoup de pièces qui vont mourir au loin sans pouvoir être retrouvées en temps utile. Il est sans doute beaucoup d’autres causes qui amènent des changements dans les habitudes des oiseaux, mais ce serait sortir de notre sujet que de nous étendre davantage sur cette question, cependant je ne puis passer sous silence un fait bien typique qui prouve combien les oiseaux, et notamment les Perdrix, tiennent à leurs habitudes et ne s’écartent guère de leurs routes habituelles, combien ils oublient vite le dan- ger passé et comment, sous l'influence de la peur, ils viennent s’y exposer de nouveau : un Chien surprend une compagnie de Perdrix, elles se lèvent effrayées et deux d’entre elles tombent assommées par les fils télégraphiques, le propriétaire du Chien enchanté de J’aubaine tente les jours suivants de recommencer le même coup, et manœuvre si bien qu'il ra- masse ainsi jusqu'à la dernière Perdrix de cette compagnie, qui vint se briser sur les fils télégraphiques. On se demande comment les oiseaux si habiles dans leurs évolutions aé- riennes, doués d’une vue si puissante vont si souvent et si in- considérément se jeter dans les fils télégraphiques. Je le répète quand les oiseaux se trouvent influencés par la peur, ils oublient toute prudence et ne se rendent plus bien compte de la valeur des obstacles qu'ils peuvent rencontrer dans leur vol; surtout quand ces obstacles ne paraissent pas 626 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. présenter par leur nature, une résistance qu'ils possèdent cependant en réalité : comme les fils de métal des télé- graphes, les fils de soie ou de chanvre des filets, les plantes grimpantes, les petits branches, les vitres, etc. ; — aïnsi j'ai vu bien souvent des oiseaux se heurter à ces obstacles, reve- nir à la charge plusieurs fois de suite et finalement se blesser ou même s'assommer. — Je ne connais pas toutes les causes qui amènent les oiseaux à se jeter dans les fils télégraphiques, mais je crois que c’est en général tout ce qui peut ou les elfrayer au point de leur faire perdre leur prudence et leur habileté habituelles, ou dissimuler l’écueil sur lequel ils vont se briser. Aïnsi les Chiens qu'on laisse errer nuit et jour dans la campagne, les Loups, les Renards et autres fauves, sur- prennent les oiseaux qui partent affolés sans penser aux obs- tacles qu'ils pourront rencontrer dans leur course aérienne. Les lumières de toute sorte et de diverses couleurs qui scin- üillent sur les voies ferrées y attirent les oiseaux surtout pen- dant les nuits noires ‘et les temps brumeux. Enfin, les trains en marche rapide produisent sur presque tous les animaux un effet tout particulier qui mériterait d'être étudié; est-ce bien la peur ? Je ne le saurais le dire, à mon avis c’est plutôt une sorte de vertige qui les attire irrésistiblement vers la masse en mouvement, au lieu de les en éloigner comme il serait naturel de le penser s'ils obéissaient seulement au sentiment de la peur. Il arrive fréquemment qu'au passage des trains rapides, des Perdrix levées dans le voisinage vont se jeter dans les fils télégraphiques, et que celles qui sont ainsi blessées au lieu de fuir, viennent se faire broyer sous les roues des wagons; les Lièvres et même les Sangliers se font assez souvent écraser ainsi. Certains oiseaux voyagent à de grandes hauteurs dans les airs, et devraient échapper au danger des fils télégraphiques, cependant on trouve des indi- vidus appartenant à ces espèces assommés sur les voies ferrées. Rien de surprenant dans ce fait : les bourrasques, les perturbations atmosphériques forcent assez souvent ces o1- seaux de haut vol à descendre au niveau des fils télégra- phiques et même à raser le sol comme j'en ai été bien des fois témoin. Plus les fils télégraphiques sont nombreux et rapprochés plus le danger est grand pour les oiseaux, cela va sans dire; mais il ne faudrait pas croire qu'un ou deux fils, comme il NOTE SUR LA DESTRUCTION DES OISEAUX. . 627 s’en trouve dans bien des localités pour relier les bureaux de poste par exemple, soient inoffensifs.J’ai été à même de le cons- tater par moi-même et d’après le rapport des cantonniers très intéressés à le savoir, qu'il arrive fréquemment de voir des oiseaux se heurter à un seul fil ainsi établi. Les chemins de fer attirent plutôt les oiseaux qu’ils ne les éloignent ; dans les pays où le sol est humide et pauvre en calcaire, les oiseaux recherchent les voies ferrées parce qu'ils y trouvent une station plus sèche et du sable. Les grands oiseaux se perchent volontiers sur les poteaux télégraphiques ; les petites espèces recherchent les fils ; à l'automne on voit des files de Bruants, de Pipits, d'Hirondelles, de Traquets, etc., qui se réunissent là pour profiter des derniers beaux jours de soleil de la saison. Les oiseaux de proie affectionnent ce genre de station, là ils peuvent voir de loin et se reposer sans crainte d’être sur- pris; ils font tranquillement leur digestion, ou attendent qu'une proie se présente à leur portée. De plus rusés atten- dent le passage des trains, alors tous les petits oiseaux qui sont perchés sur les fils s’envolent et voltigent jusqu’à ce que le train soit passé, mais le rapace prend son vol en rasant les haies de clôture ou en se tenant dans l’ombre pro- jetée par le train ou la fumée de la machine, il s'approche à l'improviste et, grâce à cette manœuvre habile, il manque rarement son coup. | À l'origine des télégraphes électriques, on avait bien remarqué que l’on trouvait des oiseaux tués sur la voie et l’on attribuait leur mort à l'électricité; ici les renseignements nous font défaut, je ne crois pas que maintenant, les courants qui suivent les fils soient capables de tuer des oiseaux, mais peut- être au début des télégraphes électriques, le fait a-t-il pu se produire, ce qu’il y a de certain, c'est que maintenant tous les. oiseaux que j'ai eu l’occasion d'examiner, portaient les traces d'un choc violent sur les fils. MM. Vian, Billaud et Petit viennent de présenter derniè- rement à la Société zoologique de France, un rapport sur la destruction des Hirondelles par l'électricité. Il paraît que des chasseurs, si toutefois on peut les nommer ainsi, ont eu l’idée d'installer des fils de métal semblables aux fils télégraphiques sur nos côtes du midi, pour engager les Hirondelles à venir s y reposer des fatigues de leur traversée. Aussitôt ces engins 028 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. garnis d'oiseaux, on fait passer sur ces fils un courant élec- -trique énergique qui foudroie les malheureux volatiles. On détruit ainsi des milliers d'oiseaux destinés aux modes, qui soit dit en passant sont une des causes les plus déplorables de la destruction de nos oiseaux insectivores. Depuis quelques années, on s'occupe plus que jamais de l'électricité, on veut l’appliquer à tout, c’est une passion. Des découvertes importantes ont été faites, mais on est loin de bien connaître ce fluide et tous ses effets, les dangers et les divers inconvénients qui résulteront de ces applications usuelles. Mais toutes ces inventions constituent un progrès et, ne l’oublions pas, tout progrès comporte des éléments de des- truction, c’est un pas, un acheminement vers le néant. Il ne faut pas se faire d'illusions, si l’on se met à détruire les oiseaux au moyen d'appareils électriques, et celui qui vient d'être signalé n’est pas le seul employé, dans quelques années il ne restera plus que les spécimens empaillés déposés dans les collections et au Muséum. Il est encore temps d'agir, mais ne tardons pas et surtout n'oublions pas que si nous pou- vons inventer de merveilleuses machines électriques, nous ne pourrons jamais créer des oiseaux quand il ny en aura plus. | À l’appui de tout ce qui précède et comme complément je pourrais Citer un grand nombre de faits et de détails qui ré- sultent des observations et des recherches que j'ai faites pendant plusieurs années sur la destruction des oiseaux, sur les modes et procédés mis en usage à cet effet, mais ce serait dépasser les limites d’une note comme celle-ci. Avant de ter- miner je ne puis cependant pas passer sous silence un fait qui a rapport à l'effet attribué aux fils télégraphiques sur certains animaux. En voyant les loups disparaître des forêts qui sont tra- versées par des lignes de chemin de fer récemment établies. on s'était imaginé que le bruit particulier produit par les sup- ports des fils télégraphiques, avait fait fuir ces fauves et les éloignerait pour toujours de la ligne, on avait même remarqué qu'ils n’osaient plus traverser d’une partie à l’autre des forêts coupées entièrement par une voie ferrée. C’est une erreur à laquelle longtemps aussi je me suis laissé prendre. Ce n'est pas le bruit en question qui empêche les loups de traverser les voies, mais tout simplement le treillage de clôture ; non pas NOTE SUR LA DESTRUCTION DES OISEAUX. 629 que ce treillage constitue un obstacle infranchissable pour eux, mais par la raison que jamais un loup n'oserait le tra- verser même dans les endroits où il y a des ouvertures, dans la crainte que ce ne soit un piège, le fait m'a du reste été con- firmé et démontré par tous les gens qui, vivant en forêt, sont plus à même que qui que ce soit d'observer ces animaux. Les loups peuvent s'éloigner momentanément d’une forêt ou d’une partie de forêt, mais ils y reviennent tôt ou tard et ne tardent pas à se familiariser avec les chemins de fer ; non seulement ils ne les fuient pas, mais ils s’en rapprochent attirés par l’'appât que leur offre les victimes des fils télégraphiques. Et quand avec le temps, les haïes ont remplacé les treillages de clôture, ils ne craignent plus de traverser les voies ferrées ; ils ne se gênent nullement d’ailleurs pour traverser les pas- sages à niveau, quand les barrières restent ouvertes la nuit, comme cela arrive parfois. SUR UN NOUVEAU SÉRICIGÈNE ORIGINAIRE DU MEXIQUE PAR M. JULES GRISARD Secrétaire du Comité de rédaction. La sériciculture et particulièrement l'introduction et la propagation des producteurs de soie exotiques ont toujours été l’objet de la constante sollicitude de la Société. Les nom-— breux travaux insérés dans les trente-cinq volumes du Bulletin publiés depuis sa fondation, et les nombreux encoura- sements décernés dans ses séances publiques en font foi. Je ne doute donc pas qu'elle accueille favorablement l’an- nonce de l'introduction possible d'un nouveau Ver à soie, originaire des parties froides du Mexique. Il y a quelques mois notre collègue, M. Gaëtan Partiot, ministre de France à Mexico, me remettait pour la Société, en même temps que différentes graines de végétaux, quelques Cocons de divers Lépidoptères dont l’un surtout me parut mériter une sérieuse attention en raison de la quantité et de la beauté de la soie qui le composait. La Société étant en vacances, je mis soigneusement de côté les cocons offerts par M. Partiot, me réservant de les soumettre à la section compétente lors de la reprise de ses travaux. Quelques semaines après je fus fort étonné de trouver, dans la boîte qui renfermait ce cocon, un superbe Papillon dont £ l'espèce m'était inconnue. Je ne m'attendais pas à obtenir, cette éclosion et j'en fus agréablement surpris. C'est en vain que je consultai les ouvrages les plus complets et les plus récents sur les Séricigènes exotiques, notamment ceux de MM. Natalis Rondot et Thomas Wardle. Ni le texte. ni les figures ne purent me mettre sur la voie. C'est grâce à l’obligeance bien connue de notre collègue, M. Jules Fallou, qui a mis fort gracieusement à ma dispo- sition ses connaissances approfondies en entomologie et ses Séricigène. 632 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. riches collections, que j'ai pu enfin reconnaître que le Pa- pillon obtenu du cocon mexicain appartenait à l'espèce Attacus Orizaba WEsTw : et c'est un spécimen prêté aima- blement par M. Fallou qui a servi à M. Clément pour établir le dessin ci-contre. Je crois devoir ajouter que le Papillon _éclos à la Société était un peu plus grand, mais il n’a pu servir de modèle le sujet s'étant brisé les ailes en s’agitant dans son étroite prison. L'Attacus Orizaba est fort peu connu chez nous, puisque, même dans les collections d'amateurs, on rencontre rarement le Papillon et plus rarement encore le cocon. Cependant, au dire de M. Partiot, cette espèce est très ré- pandue dans les parties froides du Mexique. Cette abondance est pour nous de bon augure, elle nous permet de croire que les oiseaux insectivores dédaignent la Chenille de l’Attacus Orizaba ; ce serait un précieux mérite, car, en général, ils se montrent assez friands des Vers des autres espèces du même genre. Le cocon de ce séricigène est assez semblable, comme forme, à celui de l’Attacus Cynthia, maïs la soie en est plus brillante et d’un joli ton vieil or rappelant celle de l'Attacus aurota. Celui qui m'a été remis par M. Partiot était fixé par un pédoncule soyeux à une légère brindille, et entouré de quel- ques feuilles que j'ai reconnu de suite pour appartenir au genre Berberis. Il y a de fortes présomptions pour conclure de ce fait que l'espèce vit sur l’Epine-vinette, et dès lors il sera facile de lui procurer chez nous la nourriture qui lui convient. Le Papillon est caractérisé par les taches transparentes ou vitrées qui ornent les deux ailes. Ces taches sont triangu- laires, le côté supérieur un peu rentrant. Il a donc une très orande ressemblance avec l’Attacus aurota, chez lequel on rencontre également des taches de même forme et de même apparence, mais il en diffère par ses dimensions plus petites; son COCon, moins gros que celui de l'Awrota, est aussi tres différent et se rapprocherait plutôt de celui du Cynthia. En- fin, l'habitat des deux espèces les différencie complètement : l’'Avrota est des parties chaudes du Brésil et ne saurait réussir chez nous, tandis que l'Orizaba provient des parties À | À SUR UN NOUVEAU SÉRICIGÈNE ORIGINAIRE DU MEXIQUE. 633 froides du Mexique et a de grandes chances de succès, même sous notre climat parisien. M. Partiot a eu l’amabilité de me donner les adresses de deux amateurs d'histoire naturelle du pays et bientôt, nous l'espérons, l'essai pourra enêtre tenté. La Société vient en effet d'écrire à ces correspondants dont l’un, M. le Dr Dugès, vous est déjà connu par les notes qu'il a publiées dans notre recueil, en 1868, sur la faune de Guanajuato. Nous ne dou- tons pas qu'il mettra tout son empressement, de même que M. le Dr Fénélon, de Mexico, à satisfaire au désir que notre association lui à exprimé. En faisant l'expédition des cocons au moment de leur formation, on peut être à peu près certain qu'ils pourront voyager sans risques, l'expérience faite, en très petit il est vrai, par M. Partiot n'est-elle pas un gage de succes ? Avant de terminer, nous signalerons encore à l'attention de ces Messieurs une espèce tout aussi rare chez nous que l'Orizaba. Nous voulons parler de l’Æucheiria socialis, dont les Chenilles vivent en communauté dans une large poche soyeuse. Il paraît que les anciens Aztèques utilisaient cette enveloppe pour confectionner des tissus de luxe. Les renseignements sur les autres séricigènes du Mexique seront du reste accueillis avec la même reconnaissance, car ils nous sont fort peu connus et il y a peut-être dans le nombre des espèces que nous aurions intérêt à intreduire. Disons, en terminant, que l'A. Orizaba figure dans la collection d'insectes exposée au pavillon du Mexique, mais, à notre grand regret, nous n'avons pu recueillir aucun rensei- enement sur la soie qu'il produit. 5 Juillet 1889. 41 CROSNE ÉPIAIRE A CHAPELETS HISTOIRE D'UN NOUVEAU LÉGUME Par A. PAILLIEUX ET D. BOIS. (SUITE ET FIN *) HABITAT. — DÉNOMINATIONS. Un savant botaniste russe, lui-même explorateur bien connu de l’Asie orientale, M. de Maximowicz, dans un mé- moire ayant pour titre : Fragmenta fioræ orientalis (Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou), vol. 54, n° 4, a donné sur la labiée en question des renseignements brefs, mais précis, concernant son histoire, sa patrie, sa syno- nymie, j'ajouterai même ses particularités alimentaires. Dans le mémoire précité, il est dit en substance: Sfachys affinis Bunge, Enum. pl. ch. bor., n° 289. S. Siebotdi Miq., Prolusio, p. 44. (Suit la description). Hab. — Le nord de la Chine à Kantaï (Bunge); Pékin (Tatarinow), où la plante est cultivée sous le nom de Kan-lu, à cause de sa racine charnue, co- mestible d’après Skatschkow et le Dr Bretschneider qui l’a retrouvée sur le mont Po-hua-shan. Au Japon, la plante a été observée à Yédo, où elle est rarement cultivée sous le nom de Daima Güik (Siebold). Le botaniste japonais Tcho- nowski l’a observée dans la principauté de Nambu. (M. de Maximowicz ne dit point ici si c'est à l’état de culture ou spontanée.)... On sait que le Sfachys affinis Bunge, est cultivé dans plu- sieurs provinces de la Chine. Il en est assez longuement question dans le volume IV (plantes potageres), de la grande encyclopédie chinoise qui a pour titre : Tchi wou ming Chi thowu Kao, et la plante y est assez habilement figurée au trait, (*) Voyez plus haut, page 577. CROSNE, ÉPIAIRE A CHAPELETS. 635 sous le nom de Tsao che tsan (plante pierre ver à soie) (1), comme on-.en peut juger par la reproduction ci-jointe. Je dois à l’obligeance d'un prêtre des Missions étrangères, le R. P. Mutel, savant sinologue, la traduction de l’article con- cernant le Stachys affinis, et je la donne ici en supprimant les passages inutiles au sujet : « Le Tsao che tsan a été divulgué et mentionné pour la » première fois dans la grande Flore appelée Pen-tsao-hou- » eipien ; c’est le Kan-lu {douce rosée); sa tige, ses fleurs » ressemblent à celles du Thym aquatique (Lophantus ?); la » racine a des Unions (perles unies). Dans les terres du nord, » on en cultive beaucoup comme légumes. » Tou-peu-tsucun (poète quelconque) dit ceci dans son » poème du Ya-houah-tsai (légume de l'anneau de Jade): » la plante appelée Kan-lu, que produit-elle ? À son déclin, » elle porte des anneaux de Jade liés ensemble et cependant » mobiles, indépendants les uns des autres. Ces anneaux sont » précisément le légume dont il s’agit. » Le passage de l'Encyclopédie chinoise que je viens de citer donne une description du Kan-lu faite dans un goût tout à fait oriental, c’est-à-dire qu’elle procède par voie de compa- raison avec des objets qu'on peut avoir constamment sous les yeux. Il en ressort néanmoins qu’elle est cultivée surtout dans les provinces septentrionales, et que l'imagination du descripteur a été tout particulièrement frappée par TE nacré et l'apparence de jade de ses rhizomes. Aïlleurs, il est dit que le Kan-lu tient une place parmi les plantes alimentaires qui sont énumérées dans le Kiou- Houang-Pentza (Flore du Salut de la disette), ouvrage sou- vent cité dans les livres chinois. A ce titre, le Kan-lu mérite d'attirer l'attention, et la multiplicité de ses rhizomes, jointe à leurs qualités alimentaires, indique que sa culture peut, dans une certaine mesure, offrir une ressource qui n’est pas à dédaigner. Tout récemment, M. Delavay, missionnaire au Yun-nan, a envoyé à l’'Herbier du Muséum de beaux spécimens en fleurs (1) Sans doute à cause de la dureté et de l’aspect blanc nacré des rhizomes, qui ont plus ou moins l’aspect de petits cocons de vers à soie. Du reste, la déno- mination de Zsa che tsan paraît s'appliquer, dans l’article précité, non seule- ment au Kan-lu dont il est ici question, mais encore à une autre plante n’ayant avec lui qu’une lointaine ressemblance et qui est peut-être le Gingembre. 636 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. et en fruits du Stachys affinis; ils étaient accompagnés de l'étiquette suivante : « n° 3079. Fleurs rouges. Plante culti- vée pour sa racine comestible ; petits tubercules en chape- lets. Nom chinois : Tignou-tze (bouton de terre). Récolté à Tcheou-choui, près de Tapin-tze ; 23 septembre 1887 ». Une autre étiquette porte : « Les bois à Talong-tan, près de Tapin-tze. » Ceci montre que la plante n’est pas seulement cultivée dans le nord de la Chine, mais aussi dans les provinces austro- occidentales de l’empire, où le nom qu’on lui donne n'est point celui de Kan-lu, sans doute en raison d’un dialecte particulier, mais qui n’en offre pas moins un sens analogue à celui de : perles unies, anneau de jade, qui, ainsi que je l’ai dit plus haut, sert ailleurs de terme de comparaison aux rhizomes de la plante. Siebold a recu le Stachys affinis du Jardin de Decima, au Japon, mais il parait avoir ignoré que c'était une plante ali- mentaire et il ne lui donna point de nom. De son côté, M. de Maximovwiez le vit à Yédo, dans les jardins, où, dit-il, il est rarement cultivé et où le D" Savatier en récolta un seul individu. Miquel, Prolusio, p. 44, avait attribué à la plante de Siebold la dénomination de Stachys Sieboldi; mais, à l’aide des matériaux nombreux qu'il obtint, Maximowicz démontra que celui-ci ne différait pas du Stachys affinis. Enfin, plus récemment, M. Faurie, missionnaire au Japon, a fait parvenir un exemplaire de cette espèce avec cette men- tion : « Aomori (prov. sept. de Nippon); la plante y est cul- tivée pour la racine. » D'autre part, elle est figurée sous le nom de 7syo rogi, Chorogi, dans le vol. XT, pl. 13, du recueil japonais ayant pour titre Somokou dusets (1). INTRODUCTION EN FRANCE. — CULTURE ET RENDEMENI. Au printemps de 1882, nous avons recu de la Société d’Ac- climatation une boîte contenant des rhizomes de Stachys affinis, qui lui étaient envoyée par M. le Dr E. Bretschneider, médecin de la légation russe à Pékin. Ces rhizomes, sauf cinq ou six. avaient pourri pendant le voyage ; mais la puissance de la multiplication de la plante (1; M. A. Francher. Le Jardin, n° 50, 20 mars 1889. CROSNE, ÉPIAIRE A CHAPELETS. 637 est telle que la perte du plus grand nombre ne nous a pas laissé de regrets. Dès la première année, chaque tubercule planté sur vieille couche, nous a donné une récolte satisfaisante, et, dès la fin de la seconde année, les touffes laissées en place nous don- naient deux à trois cents pour un. La plante est rustique. Depuis 1882-83, elle a supporté nos hivers sans en souffrir. Elle résistera probablement aux plus orands froids, car elle appartient à la Chine septentrionale. Nous cultivons le Crosne depuis sept ans, ce qui nous per- met d'indiquer le procédé de culture, fort simple d’ailleurs. qui lui est applicable. La plantation des tubercules doit se faire en février ; plus tard, ils commenceraient à végéter. Ils sont sensiblement disposés à sortir de leur repos. Si l’on couvre de fumier une plantation pour que la gelée ou la neige n’interrompent pas l’arrachage, les rhizomes germent aussitôt. Nous ne pouvons dire quel est le sol préféré par le Crosne. Toutes les terres lui conviennent ; mais il nous semble que dans une terre compacte et argileuse l’arrachage serait très laborieux et trop souvent suspendu pour cause de gelée, de neige ou de pluie. Nous conseillonsdonc de choisir un sol un peu sablonneux, en tout cas, bien ameubli. Nous plantons dans des trous de 20 centimètres de profon- deur, espacés de 40 centimètres en tous sens, à raison de trois tubercules par trou. Nous répétons les binages jusqu'au 1° octobre, pour tenir le sol en parfait état de propreté. En pratiquant le dernier binage, nous croyons qu’il est bon de butter légèrement les touffes. Nous ne binons plus après le 1e octobre parce que l'outil couperait les rhizomes qui s'étendent horizontalement. Sous le climat de Paris, nous croyons qu'il est sage de ne pas commencer l’arrachage avant le 1er décembre. Les tuber- cules ne sont parfaits qu’à cette date. Ils se reprennent à végéter dès le 1er mars. | Dans les jardins particuliers, on arrache au fur et à mesure des besoïns de la table. La gelée n’est pas à redouter. Dans les champs, on arrache pour la vente d'assez grandes quantités à la fois. On peut conserver les tubercules dans du 638 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. sable, dans un lieu sec et {rès froid. Exposés à l'air, ils se flétrissent et ne sont plus présentables au bout de douze à quinze jours. Lerendement, comme toujours, est plus ou moins considé- rable selon la fumure et selon les soins apportés à la culture. Nous n’osons pas dire ce qu’il peut être dans un jardin, mais nous avons vu qu’il dépassait toujours les prévisions. En grande culture, nous pensons qu’on pourrait compter sur 12,000 kil. à l’hectare ; mais la plante est surtout, et peut être exclusivement destinée à la petite culture à cause des difficultés de l’arrachage et de la conservation de ses produits. Quelque attention qu'on ait apportée à l’arrachage, une foule de rejetons apparaissent au mois de mai. Ce plant peut être repiqué et donner une récolte égale à celle que pro- duisent les tubercules ; mais, si on le laisse en place, on est désagréablement surpris, l'hiver venu, de ne récolter abso- lument rien. Une exposition trop chaude n’est pas sans danger. Il nous est arrivé, une seule fois, il est vrai, de perdre une plantation brûlée par le soleil, et nous avons toujours craint que cet accident se renouvelât. Nous ne connaissons pas au Crosne d'autre ennemi que le ver blanc. Il faut environ 600 tubercules pour faire 1 kilogramme. COMPOSITION DES TUBERCULES {1}. Les tubercules connus dans le commerce sous le nom de « Crosne du Japon » et qui sont formés par les entrenœuds renfiés des rameaux souterrains d’une Labiée (Stachys tube- rifera) sont particulièrement intéressants au point de vue chimique. Ces tubercules, dont l'usage se répand tous les jours de plus en plus en France, en Angleterre et en Suisse, constituent en effet un aliment de première qualité, et la nature des substances qu'ils renferment n'était connue que d'une manière très inexacte. Je n'insisterai pas ici sur le détail des procédés que j'ai (1) À. de Planta. Ce travail a été fait au laboratoire de chimie agricole du Polytechnicum de Zurich, dirigé par le professeur E. Schultze. Revue générale de botanique, 15 février 1889, p. 85. | CROSNE, ÉPIAIRE A CHAPELETS. 639 employés pour l'analyse chimique des tubercules (1) et je laïsserai de côté leur développement morphologique. Voici quel est le résultat de l'analyse des tubercules à l’état de vie ralentie, tels que celui représenté par la figure 6 et récoltés au mois de février, à Paris. TUBERCULES. Frais. Secs. RSR QE Ed CU nude osate 18.33 Substances protéiques.............. : 1.50 6.68 A LL rar ads cat be «ee AT Feat Graisse (extraite par l’éther) .......... 18 82 Hydrates de carbone, principalement formes de galactane................ 16.57 16.71 SR ANS Can Melais dla a D atels do e elata 13 3.38 RATER en PUR EUR ERA US. s'e 1.02 4.70 100.00 100.00 Les tubercules contenaient donc 21.67 p. 100 de substance sèche, dont la composition centésimale est indiquée ci-dessus dans la colonne de droite. On voit que les substances azotées se trouvent en propor- tion notable dans cet aliment et que les hydrates de car- bone, en très forte quantité, sont surtout représentés par la galactane, substance découverte en 1886 par MM. E. Schultze et Steiger dans les graines de Lupin (Lupinus luteus). La galactane, cette nouvelle substance, est intermédiaire entre l’amidon et le sucre ; c’est une matière analogue à la dextrine, mais qui est très nettement caractérisée. La pro- portion d'environ 5 p. 100 de galactane dans les tubercules de Stachys tuberifera est tout à fait remarquable, et l’on ne connaît jusqu'à présent aucune plante qui, à aucun état de son développement, contienne une semblable proportion de cette substance. Les sucres ne se trouvent qu'à l’état de traces dans ces tubercules, et encore leur présence n’est-elle pas certaine, car il se forme du glucose après l’interversion de la galactane par l'acide chlorhydrique étendu. J'ajoute que, parmi les substances azotées, j'ai pu, en outre, isoler la glutamine et la tyrosine. (1) Voir l’article que j’ai publié dans les Versuchsstationen de Nobbe, 1888. 610 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. La richesse en matières non azotées, et surtout en galac- tane, qui est une substance très facilement assimilable, fait voir que les Crosnes du Japon constituent un aliment pré- cieux en bien des cas pour les malades et pour tous ceux qui souffrent d’un estomac délicat. La seule analyse de ces tubercules que j'aie pu trouver dans mes recherches bibliographiques a été publiée par M. Car- rière dans la Revue horticole, en 1885. Or, le chimiste qui a donné cette analyse trouve 68.96 p. 100 d’amidon et les tubercules que j'ai analysés au mois de février n’en renfermaient pas trace. On peut, il est vrai, ainsi que l'a remarqué M. Dufour {de Lausanne), trouver quelquefois des traces d’amidon dans les tubercules de Stachys tuberifera récoltés en automne, mais ce n'est là que de l’amidon transitoire qui, selon toute appa- rence, se transforme en galactane pendant l'hiver. Ce fait intéressant montre qu'une étude chimique de ces tubercules à divers stades de leur développement pourrait fournir de remarquables résultats. En tout cas, ce n’est pas cet amidon transitoire (n° on qu'à l’état de traces), qui peut avoir été trouvé dans l’analyse que je viens de citer. C’est, sans nul doute, la galactane qui a été comptée comme amidon, et la différence entre ces deux corps est assez importante au point de vue physiologique, comme au point de vue alimentaire, pour mériter d’être signalée. USAGES ALIMENTAIRES. Les Crosnes sont d'autant meilleurs qu'ils sont plus frai- chement arrachés. On ne les pèle pas; il suffit de les laver avec soin pour qu'il ne reste ni terre, ni sable dans les entrenœuds. Ils cuisent en 12 à 15 minutes ; s’ils restaient trop long- temps sur le feu, l’eau les pénétrerait et ils deviendraient paâteux et fades. Les cuisinières ont fait le meilleur accueil au nouveau venu ; il n'existe pas en effet de légume dont la préparation soit aussi prompte et aussi facile. Celui-ci n'a donc rencon- tré aucune résistance et est devenu d'emblée un habitué, un ami de la maison. na fiat ét fi ER CROSNE, ÉPIAIRE A CHAPELETS. 641 Sa saveur est agréable, mais faible. La cuisson doit se faire dans une eau plus salée que d'ordinaire. Nous ne savons pas comment les Chinois le préparent pour la table, mais il accepte ici toutes les préparations qui nous sont familières, et cela suffit. Il est probable que les Japonais l’accommodent avec leur excellente et inévitable sauce, « le Shoyu » ; mais nous n’a- vons réellement, sur son usage au Japon, d'autre renseigne- ment que celui-ci : Le Choro-gi a des racines tuberculeuses qui ressemblent à des Chenilles ; on les conserve, pour les mähger, dans du vinaigre de prunes (1). En France, on accommode le plus habituellement les Crosnes comme les Haricots flageolets frais, avec ou sans Persil haché. Ils sont délicieux en garniture d’un ragoüt de veau, et, en cet état, les cultivateurs de notre village en raffolent. Is sont excellents en friture. Un amateur conseille de les cuire la veille et de les frire, froids et raffermis, le lendemain. On les mange aussi au gratin. Ils sont parfaits en salade, simple ou panachée. La maison Potel et Chabot les fait cuire quelquefois, préalablement, dans du bouillon. Enfin, ils font très bonne figure dans les conserves au vinaigre, associés aux Cornichons, aux Oignons Catawissa, etc. Comme on le voit d’ailleurs, toutes nos préparations usuelles leur sont applicables et la maîtresse de maison na que l'embarras du choix. (1) Ze Japon à l'Exposition universelle de 1878, Paris. À la Commission im- périale du Japon, 15, avenue de Matignon, 1878. II. CHRONIQUE DE L’EXPOSITION UNIVERSELLE. L'OSTRÉICULTURE PAR M. AMÉDÉE BERTHOULE Secrétaire général de la Société. L'Exposition d'aquiculture a ouvert ses portes depuis plu et déjà, par leur concours, ses visiteurs témoignent de l’inté- rêt qu'elle présente; établie sur les bords de l’eau, comme il convenait, dans un pavillon spécial élevé sur les berges de la Seine, à quelques pas du pont d'Iéna, elle forme, en ce qui concerne plus spécialement l’ostréiculture, un tout assez complet, qui permet de se rendre un compte exact des pro- grès réalisés depuis le temps encore très rapproché, où M. Coste en révélait les précieux secrets. C’est au cours d’un voyage d'exploration sur les bords de la Méditerranée, nous le rappelons d’un mot, au fond de la Campanie, que le savant professeur en découvrit les pra- tiques, conservées, à travers dix-huit siècles, par quelques pauvres pêcheurs ; si rudimentaires qu’elles fussent, elles n'en contenaient pas moins des germes féconds, qui se dévelop- pêrent aussitôt dans son esprit. Il rentra en France enthou- siasmé, désormais obsédé de cette pensée qu'on allait pouvoir fertiliser nos plages, même les plus stériles, et donner la for- tune à tous nos marins, en « transformant, selon sa propre expression, les rivages français en une vaste huiîtrière ». Ce rêve ne s’est pas encore entièrement réalisé ; néan- moins, le chemin parcouru depuis trente années prouve qu'il était loin d’être chimérique. Les projets de M. Coste furent adoptés avec ’entrain et gé- néreusement soutenus, nous nous plaisons à le proclamer, par l'Administration de la Marine. M. le commissaire général de Bon s’en fit le vulgarisateur le plus ardent: par ses soins, un parc d’expérimentation fut installé dans le port Solidor à Saint-Servan. Un an plus tard, en 1859, il adressait au Minis- tre des sections de planches couvertes de jeunes Huitres. L'ostréiculture était née en France. L’OSTRÉICULTURE. 643 Cependant, jusque vers 1870, les progrès s'accomplirent lentement, entravés qu'ils furent par l’inexpérience, les tàton- nements, l’hésitation des capitaux, et par quelques épreuves inséparables d'un début ; mais, depuis cette date, ils ont été constants et rapides. À ce point de vue, l'exposition de cette année marquera l'importance d’une longue étape victorieu- sement parcourue. | Les bassins sont disposés en longueur dans le milieu de la salle, sur quatre lignes parallèles ; leur contenance totale est de 15 mètres cubes ; il est pourvu à leur alimentation au moyen de deux grands réservoirs, construits en dehors du hall, et sur lesquels se branchent pour chacun d'eux des con- duites distinctes. L'eau de la Vanne est recue directement dans ces cuves, où notre savant collègue, M. Ed. Perrier, la transforme en eau de mer de la meilleure qualité. Tout est si bien combiné que, même en son absence, l'opération pourrait être conduite par un simple employé, au moyen de dosages préparés à l'avance. De ces réservoirs, l’eau, par sa propre pression, passe à travers un double jeu de filtres, et va dans les bassins; alternativement, tous les deux jours, ceux-ci sont mis à sec, nettoyés, et remplis de nouveau en quelques heures ; leur eau est remontée dans l'un des réservoirs, au moyen d’une pompe à bras, filtrée, et remise en usage; elle servira ainsi à peu près indéfiniment, surtout lorsqu'on aura pu assurer sa circulation, et son aération à l’aide d’un moteur mécanique. La formule adoptée est la suivante, que l’éminent profes- seur à bien voulu nous autoriser à publier ici : bhldrure de Sodium............ 180 grammes. Bulfate de magnésie........... 50 — PHMAte deichauxs.. : 2... 000. 36 — 1.000 gr. Chiorure de magnésium ........ 109 — Chlorure de potassium......... 25 — Ce dosage, dont le prix de revient est de 26 fr. 75, est em- ployé pour 3 mètres cubes d’eau douce ordinaire, qui mar- quera alors 3° à l’aréomètre de Beaumé (1), il serait suffisant, rigoureusement, pour 4 mètres cubes ; la marge est donc assez large. “ (1) L'eau de mer naturelle, prise à Saint-Vaast, à la température de 220; marque 3°,5, 644 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Il n’a pas fallu moins de dévouement à la chose publique, de courage et de hardiesse, que de science éprouvée, pour concevoir et mener à bien une telle expérience, il serait in- juste de le méconnaître ; car jamais essais de laboratoire n'avaient été faits avec une telle ampleur, jamais ils n'avaient été tentés au grand jour, avec cette solennité, sous des yeux prévenus ou défiants, et dans des conditions générales qui pussent les rendre aussi aléatoires. Les longs transports en chemins de fer, par de fortes chaleurs, des fractures de co- quilles, l'émission du lait, précipitée par le voyage méme, effectué en pleine saison de fraye, l’affluence simultanée de nombreux envois, et de coquillages mal nettoyés, déjà cou- verts, pour la plupart, d’animalcules ou d’éponges en putré- faction dont la seule présence pouvait, en quelques instants, contaminer l’eau d’une manière désastreuse, tout cela consti- tuait un ensemble de conditions absolument défavorables. Néanmoins, la mortalité a été peu sensible, jusqu'au moment où nous écrivions ces lignes ; elle n’eût certainement pas été. moindre dans l’eau de mer la plus pure. Qu'il nous suffise de citer les claires de M'e Guézennec de Lézardrieux, où, sur cent cinquante Huitres de belle taille, mises en place depuis le commencement de juin, trois seulement avaient péri, après vingt jours de stabulation, et celles de M. Grenier, d'Arca- chon, où, durant la même période, il ne s ee pas produit une seule perte. Le succès incontestable des débute de cette expérience, quoi qu'il advienne par la suite, peut avoir une portée écono- mique considérable. Disons d’abord que l'application de ce procédé scientifique a permis de réaliser une exposition à laquelle on se trouvait contraint de renoncer. La dépense d’eau de mer naturelle, en 1878, s'était élevée à un chiffre tellement considérable, qu'avec le maïgre budget de la classe, pour 188, il était de toute impossibilité de songer à exhiber des produits vi- vants (1), ce qui eût été un incalculable dommage pour nos srands bassins de production. Mais la vulgarisation de cette méthode ne va-t-elle pas permettre l'exportation de nos produits, si justement re- (1) L’alimentation en eau de mer naturelle n’avait pas coûté moins de 40 à 50,000 fr. en 1878 ; les crédits nécessaires pour sa fabrication, cette année, n'atteindront pas, à beaucoup près, le dixième de cette somme, L'OSTRÉICULTURE. | 645 nommés, à des distances qu'on ne pouvait atteindre ? Les intermédiaires, éloignés de la mer, ne seront-ils pas plus hardis dans leurs commandes, quand ils se sauront en état d'attendre le consommateur, en conservant, au moins pen- dant quelques jours, les Mollusques invendus, dans de l’eau qu'ils prépareront eux-mêmes, suivant leurs besoins, facile- ment, et à bon marché (1)? L'Exposition actuelle diffère de celle de 1878 en ce que celle-ci comportait surtout une exhibition d'appareils d’éle- vage, tandis que, cette année, les parqueurs ont envoyé leurs produits, et, à bon droit, ils peuvent en être fiers. À cet égard, Belon occupe toujours la première place, et rivalise même avec Ostende ; les délicieuses Huîtres de ce bassin se vendent facilement jusqu'à 6 francs la douzaine, à Paris. Les Sables-d'Olonne, le Trieux, Tréguier, Auray, Marennes, Cancale viennent apres. Arcachon est brillamment représenté ; ses produits gagne- ront à être mieux connus, car ils ne jouissent-pas encore de la réputation qu'ils méritent. Cet immense bassin de 15,000 hectares est d’une merveilleuse fécondité ; on y pratique, si- multanément et avec profit, sur près d’un tiers de sa surface, toutes les opérations qui se rapportent à l’ostréiculture, re- production et élevage. Les parcs en bordure sur les chenaux, où gisent de riches bancs naturels, reçoivent chaque année, au commencement de juin, 17 à 18 millions de collecteurs, sur chacun desquels, en moyenne, on ne recueille pas moins de soixante à cent jeunes Huitres, c’est-à-dire plus qu'il n’en faut pour le peuplement de tous les parcs d'élevage. Il n'y a ouère plus d’une vingtaine d'années que l'ostréiculture y a pris naissance : c’est en 1867 que M. Grenier, un des pro- moteurs les plus actifs et les plus persévérants de cette in- dustrie, installait sur les crassats les premières claires d’éle- vage ; quatre années plus tard, en 1871, on comptait autour de la baie 724 parcs, couvrant ‘788 hectares ; en 1875, ils s’étendaient, en nombre triple, sur 2,669 hectares. Aujour- (1) L'état des bassins est moins satisfaisant, depuis quelques jours ; ce chan- gement tient, pour ure large part, aux causes générales ci-dessus indiquées ; mais il en faut accuser aussi la stagnation trop prolongée de l’eau. Il paraît démontré que s’il eût été possible d’établir un courant continu, la mortalité se- rait restée normale, car la qualité même de l’eau n’est pas contestable. Des mesures immédiates vont être prises pour l’aérer, et la renouveler plus acti- vement. 616 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. d'hui, 4,000 hectares sont occupés par cette culture, qui ne livre pas moins de 300 millions d’Huîtres à la consommation ou à l'élevage ; elle occupe 4 à 5,000 bras. Le défaut d'espace nous empêche de parler de la très ingé- nieuse organisation imaginée par M. Grenier, pour l’exploi- tation de ses parcs du Cap Féré; une maquette très ha- bilement construite, où les divers travaux des parcs, leur agencement, et jusqu'au mouvement des marées, sont figurés, en montre aux visiteurs l’heureuse économie. Pour la première fois, figurent, à une grande exposition, des Huiîtres de Bourg-Neuf. Cette station, de création toute récente, supérieure en étendue au bassin d'Arcachon, et susceptible de rivaliser bientôt avec lui, est due à l'initiative personnelle de M. Bouchon-Brandely, inspecteur général des pêches maritimes, et de M. le commissaire de la marine Le Beau, si profondément dévoués l’un et l’autre à la fortune de nos marins. Les concessions s’y étendent déjà sur un millier d'hectares, et'les résultats obtenus jusqu'à présent permet- : tent d’augurer pour cette nouvelle station le plus brillant avenir ; en l’espace de six semaines de pousse, les Huitres ont grandi de près de 2 centimètres, ce qui ne se voit ni à Auray, ni à Arcachon. Rien ne prouve mieux et l'excellence des fonds et la qualité des eaux. On peut donc prévoir que Bourg-Neuf sera, dans un temps rapproché, un de nos foyers de production les plus puissants. Notre collègue, M. le commissaire de la marine Roussin, a eu l'excellente idée de figurer sur une carte la situation ac- tuelle de l’ostréiculture en France. Le tableau qu’il a exposé montre, d’une manière saisissante, l'importance prise par cette industrie au point de vue économique. Les bancs naturels ne comptent plus que pour un chiffre insignifiant dans la pro- duction générale; c'est l'élevage artificiel. qui fait face, presque à lui seul, aux demandes de la consommation : ainsi, pour 1887, le produit moyen des parcs naturels a été de 570,030 francs, tandis que celui des parcs de dépôt et d'élevage s'élevait à 11,087,873 francs ; dans ce dernier chiffre, Arcachon est entré pour 3,214,300 francs, Marennes pour 2,595,200 fr., Auray pour 638,250 francs, et Cancale pour 465,505 francs. Le rendement des bancs d'Huîtres portugaises s’est chiffré, cette même année, par 1,931,306 francs. Durant la dernière campagne, les ventes, à Arcachon seulement, ont atteint près L’OSTRÉICULTURE. 647 de 4,500,000 fr., laissant en parcs une réserve de plus de 300 millions de jeunes huîtres. Dans de sembiables conditions, l’abrogation des mesures ad- ministratives prohibant la vente des Huitres, durant la saison de fraye, dans l'intérêt, alors bien compris, de la protection des bancs naturels, s’imposait fatalement; aussi bien, sur la proposition du comité consultatif des pêches maritimes, un décret a-t-il été rendu, en date du 30 mai dernier, autorisant le colportage et la vente en tout temps des Huitres de plus de 5 centimètres destinées à la consommation, et de celles de taille moindre, pour le peuplement des parcs d'élevage. En présence d’une telle production, on pourrait s'étonner de voir les prix de vente se maintenir à des taux relativement élevés, si on ne savait les causes qui s'opposent à leur abais- sement, et paralysent l'essor de l’industrie; nous voulons par- ler de l'élévation des tarifs de transport en grande vitesse, et des droits d'octroi et de douane. Ainsi, une tonne d’'huiîtres paye, du Havre à Paris, 60 fr. 50, des Sables, 71 fr. 5, d'Arcachon, 138 francs; sa réexpédition de Paris la grèvera, en outre, de 95 fr. 80 pour Moulins, de 143 fr. 45 pour Lyon, et de 186 fr. %5 pour Modane. Ce n’est pas tout, à l'octroi de Paris cette même tonne sera imposée d’un droit de 180 francs pour les Huitres ordinaires, et de 60 francs pour l'Huitre portugaise ; si on ajoute à ces charges les profits que prélèvent les intermédiaires, on verra que le prix de vente par le producteur est plus que triplé pour le consommateur. Quant aux tarifs de pénétra- tion à l'étranger, ils ne sont pas moins écrasants. | Ajoutons que la consommation grandit d'année en année; grâce à la multiplicité des moyens de transport, les Huitres arrivent aujourd'hui jusque dans les plus petites villes de province, tandis qu'’autrefois elles ne pouvaient être deman- dées que par les grands centres. Si donc quelque chose est surprenant, dari les prix de vente, c'est qu'au contraire ils ne se soient pas élevés en même temps que la consommation; ils seraient assurément inabordables pour elle si on en était réduit comme autrefois, pour la satisfaire, aux Huitres de dragage. A cet égard, l'Exposition de 1889 aura ce double résultat de montrer la qualité même des produits de l'élevage artificiel, et leur énorme importance économique. III. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 24 MAI 1889. PRÉSIDENCE DE M. A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président ne les noms des membres récem- ment admis. MM. PRÉSENTATEURS. pe Saint-Hilaire, TT: ri ar Templeuve (Nord). BonNier, château du Treillard, par la Pacaudière (Loire). A. Geoffroy Saint-Hilaire. Magaud d’Aubusson. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. J. Grisard. { Le comte d’Esterno. A. Geoffroy Saint-Hilaire. P. de Sainte-Croix. Am. Berthoule. A. Geoffroy Saint-Hilaire. | Edg. Roger. Ducxemix (Alphonse), publicisie, 33, rue de Naples, à Paris, DuRIEU DE LACRETELLE (le comte), 1, rue Lord Byron, à Paris. FRÈRE, au château de la Barre, par Ou- zouer-sur-Trezée (Loiret). HuET (Désiré-Elphège), à Iville, par Le A. Geoffroy Saint-Hilaire. Neubourg {Eure). A. Porte. Wuirion. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Raveret-Wattel. J. Grisard. MAGALHAES MACHADO (Edmondo de), mé- decin, à Aveiro (Portugal). — M.le Président annonce que le ministère de l’agriculture vient d'accorder à la Société une nouvelle subvention pour l'aider dans sa tentative d'introduction du saumon Quinnat dans les eaux° de la Méditerranée. — M. le docteur Saint-Yves Ménard procède au dépouil- lement de la correspondance : — Lettre de M. Bonnier adressant des remerciements au sujet de sa récente admission dans la Société. — Remerciements pour graines, œufs de volailles, œufs de poissons, de MM. Comte de Montlezun, Gorry - Bouteau, PROCÈS - VERBAUX. | 649 A. Fontaine, F. Mathey, Leroy (d'Oran), Bivort de la Saudrée, G. de Keranflech, Fabre-Firmin et Turner. — Remerciements pour des Perches argentées de MM. le comte Gustave de Preux, de Lépinay, Henning et Châtot. — Demandes de graines de MM. Romanet du Caïllaud, C. de la Croix, Colcombet, Paul Uginet, Ed. Terrillon, Zeiller, Georges Mion, Maisonneuve, Denizet et Paul Orban. — Un correspondant nous signale une acclimatation re- marquable var sa réussite, non par ses bons effets : « Il y a quelques années, dit-il, un M. Otto Plock, de New-York, a importé d'Europe, de la Forêt-Noire, neuf Sangliers de l’espèce la plus forte et la plus sauvage. Il voulait les établir sur ses propriétés près des monts Shawangouk qui séparent les comtés d'Orange et de Sullivan, comptant qu'ils détruiraient les Serpents et les autres ver- mines qui infestent cette région. » Or, ces animaux ont très bien rempli leur rôle et, en plus, ils se sont considérablement multipliés. Mais quand ils ont eu dévoré tous les reptiles de ce domaine, mis en appétit, ils ont voulu étendre leur champ de chasse, ils ont creusé le sol sous les clôtures, se sont échappés et se sont établis dans les retraites que leur offraient les montagnes voisines. » Aujourd'hui leur nombre, leur taille et leur férociteé constituent un véritable danger ; les chasseurs les plus hardis hésitent à les attaquer. Chez ces animaux, la tête, les épaules sont énormes, et l’arrière-train, au contraire, semble aplati ; ils possèdent des défenses formidables. » — M. J. Loz nous adresse la note suivante relative à l'alimentation des Syrrhaptes : « L'espoir qu'on avait fondé de voir les Syrrhaptes se fixer dans nos régions ne s’est malheureusement pas réalisé, et ils ont à peu près disparu de l’Europe occidentale à l’époque actuelle. Certains zo0- logistes étrangers admettent qu'il y a eu, chez ces oiseanx voyageurs, nostalgie des immenses steppes natales, et qu’ils manquaient des jeunes pousses de Soude, Salsola et de Salicorne, Salicornia, dont ils font habituellement leur nourriture. Les Syrrhaptes retrouvaient ce- pendant nombre de genres, sinon d'espèces asiatiques dans nos régions. » En 1863, déjà, Altum avait signalé une grande quantité de grains de Seigle et de Froment dans des estomacs de Syrrhaptes qu’on lui avait présentés. Ils étaient accompagnés de semences de Glycérie écartée, Glyceria distans, de Spergulaire, Spergularia media, de Suæda maritime. La Société botanique de Magdebourg ayant fait semer les graines extraites de l’estomac de plusieurs Syrrhaptes tirés l'an der- 5 Juillet 1889. 42 650 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. nier dans les plaines de Schœnebeck et de Neuhaldensleben, leur ger- mination a donné naissance à des tiges d’Avoine, de Setaire, Sefaria viridis et Setaria glauca, de Digitaire, Digitaria filifornris. » L’estomac d'un de ces oiseaux tiré au mois de décembre 1888. dans les bois du Steigergewald, Bavière, a fourni au professeur Harz de Munich, des fruits et graines de Seigle, d'Orge à deux rangs, Æor- deum distichum, de Trefle, 7rifolium pratense, de Sélaire, d'Ansérine des murailles, Chenopodium murale, de Silène de nuït, St/ene noetiflora, de Silène gonflée, Silene inflata, de Renouée liseron, Polygonum convol- vulus, de Renouée à feuilles de patience, Polygonum lapathifoliur, d'Arroche étalée, Afriplex patula. Toutes ces plantes, ou du moins des espèces très voisines appartiennent à la flore des steppes de l’Asie centrale qui nous a même fourni quelques-unes d’entre elles. » — M. Paillot-Forest, d'Epinac (Saône-et-Loire), adresse un compte rendu de son élevage de Lièvres en captivité. Il indique le nombre de Bouquins et de Hases qu'il met en re- production et les produits obtenus. Il signale le fait d’une Hase ayant donné le 40 mars de l’année derniere, un jeune, et le 42 avril Suivant, trois autres jeunes. Trente-deux jours seulement se sont écoulés d’une mise bas à l autre. — M. Alfred Waiïlly, de Londres, adresse une note sur les Sericigènes sauvages qu'il a observés depuis quelques an- nées, puis il offre des Cocons de Cecropia qui pourront vrai- semblablement étre distribués aux membres de la Société qui en désireraient. — M. Baker, d'Édimbourg, nous signale la disparition d'une espèce végétale : | « Le Scheuzeria palustris, un des représentants les plus rares de la famille des Alismacés qui a pour iype l’Alisma plantago, le plan- tain d’eau, ne se rencontrait plus en Écosse que dans un élang voisin de Methven Meorr, près de Perth, habitat connu de tous les botanistes calédoniens qui venaient y chercher le précieux végétal. Dans le cou- rant du mois de janvier, plusieurs centaines de Mouettes noires ayant pris possession de l’élang de Meihven, eurent bienlôt détruit par leurs battements d'ailes les touffes de Scheuzeria garnissant ses rives. Cette plante n’a vas absolument disparu du territoire britannique, car on la trouve encore dans quelques étangs en Angleterre, celui de Bomere, entre autres. » — M. le Ministre du Commerce, de l'Industrie et des Colo- nies envoie une circulaire relative au Congrès international du commerce et de l’industrie, qui tiendra ses séances du 22 au 28 septembre 1889, au Conservatoire des Arts-et-Métiers. PROCÈS - VERBAUX. 651 — Enfin, M. Simmonds, de Londres, communique à la So- ciété des tableaux statistiques très intéressants sur les impor. tations et exportations des textiles d’origine animale. — M. Raveret-Wattel fait hommage à la Société de quel- ques exemplaires d'une conférence qu’il a faite à la dernière exposition des insectes : sur les insectes utiles et les insectes nuisibles à la pisciculture. Il dépose ensuite sur le bureau un rapport du département fédéral de l'industrie et de l’agriculture, à Berne, sur sa ges- tion en 1888. Il le doit à l’obligeance de M. Cotz, inspecteur général des eaux et forêts à Berne. M. Raveret-Wattel communique à la Société des renseigne - ments que lui a fournis M. Lugrin sur ses essais de piscicul- ture industrielle en aquarium. Tout le monde sait qu'il est difficile d'entretenir un grand nombre de poissons carnivores dans des bassins ; la nourriture distribuée est inégalement répartie, quelques sujets prennent un développement plus ra- pide et dévorent les autres. Au contraire, en stabulation étroite, il est facile de trier les poissons suivant leur taille et de leur donner une alimentation convenable. M. Lugrin a construit des aquariums fort simples, en bois, qui présentent 1",80 de longueur, sur 0",40 de largeur et 0®,50 de profondeur. Il y fait vivre jusqu'à mille alevins de un an à la condition de renouveler l’eau à raison de 12 litres à la minute. — M. d'Audeville, d’Andecy, dit qu'il pratique l'élevage en stabulation depuis quatre années. Ses rigoles, alimentées par des sources, ont de 0m,60 à 1 mètre de largeur. Il estime que l'accumulation des poissons dans un espace restreint n’a pour ainsi dire pas de limite, pourvu que l’eau soit suffisamment renouvelée et la nourriture distribuée à discrétion. Les cir- constances lui ont permis d'établir que 100 kilos de Truites exigent un renouvellement d’eau de 7 litres par minute. Une discussion s'engage à laquelle prennent part MM. Ra- veret-Wattel, d’Audeville, Geoffroy Saint-Hilaire, Decroix et Ménard. À cinq heures et demie, M. le Président lève la séance et déclare terminée la session 1888-1889. Le Secrétaire des séances, D' SAINT-YVES MÉNARD. IV. CHRONIQUE DES SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des sciences. — Séance du 17 juin 1889. — Le Tanguin, le célèbre poison judiciaire des Malgaches, a donné lieu à de nombreuses recherches et dissertations au point de vue historique, botanique et physiologique ; mais, jusqu'ici, les études chimiques ayant pour but d'isoler et de définir la substance active sont restées- sans résullat. Cependant on sait d’une façon positive que le principe toxique se trouve pour ainsi dire concentré dans l’amande du fruit du. Tanghinia venenifera Porr. de la famille des Apocynées. Cette amande sert, du reste, exclusivement, à Madagascar, à la préparation du: Tanguin. M. Arnaud, poursuivant le cours de ses études sur les poisons vé— gétaux, soumet aujourd’hui à l’Académie des sciences le résultat de. ses recherches chimiques sur la Tanghinine. Les amandes de Tanghinia renferment environ 35 pour 100 de matière grasse, de consistance butyreuse, qui ne peut être séparée facilement par simple pression, l’eau contenue dans l'amande formant une sorte d’émulsion qui rend impossible l'écoulement de la partie huileuse. Pour éliminer celle-ci M. Arnaud a eu recours au sulfure de carbone, après s’êlre toutefois assuré que ce dissolvant ne s’emparail. pas du principe toxique, fait qui s'accorde très bien avec les obser- vations antérieures constatant la parfaile irnocuité de l'huile de Tanguin. En traitant les amandes épuisées, au moyen du sulfure de carbone, par l’alcool concentré bouillant, on obtient par évaporation une subs- tance cristallisée douée d’une grande toxicité. La Tanghinine ainsi préparée est un poison cardiaque se rapprochant de la Strophantine et de l’Ouabaïre ; elle diffère cependant de ces deux dernières par une action convulsivante générale, ainsi qu'il résulte des expériences encore inédites du D' Gley. La Tanghinine est incolore, elle cristallise en rhombes parfaitement formés par évaporation spontanée de sa solution alcoolique; elle est. anhydre et n’agit pas sur les réactifs colorés. Très peu soluble dans l’eau, elle est au contraire très soluble dans l'alcool concentre. Séance du 24 juin. — M. À. Rommier adresse à l’Académie une note sur la possibilité de communiquer le bouquet d’un vin de qualité à un vin commun, en changeant la levure qui le fait fermenter. En introduisant une levure active dans une vendange, au commen- cement du foulage, et par une température basse elle se développe rapidement, envahit bientôt toute la cuve, paralyse la germination des levures naturelles, el communique ainsi au vin les principes aroma- tiques qui la distinguent de ses congénères. JG V. CHRONIQUE DES COLONIES ET DES PAYS D'OUTRE-MER. Extraits du rapport consulaire de M. J. Wheeler, sur l’agriculture de la Colombie. (SOUTH AMERICAN JOURNAL, 3 Mars 1889). Quinquina. — La culture du Quinquina sur une vaste échelle est plutôt une espérance qu'un fait accompli, bien que la convenance du sol et du climat soil une assurance de succès, car il y existait autrefois à l’état sauvage. En 1884, le gouvernement de la Répu- blique a promulgué une loi pour encourager la plantation des Quin- quinas, des Cacaoyers et des Eucalyptus. Cette loi autorise le pré- sident à accorder un prix de 1000 dollars pour chaque plantation de 10,000 parvenus à l’époque de la récolle. On cultive les Cinchona Ledgeriana, officinalis, lancifolia et Pilayensis (les deux dernières es- pèces sont indigènes). Des prix moins importants sont donnés aux plantations de Caout- chouc, et particulièrement à une espèce indigène qu'on appelle dans le pays « Cauchovirgen » et qui pousse dans les terres froides su- périeures à 6,000 pieds d'altitude. Le président est autorisé à faire l'acquisition de 1,000,000 d’arbres pour les distribuer parmi les planteurs. Pour le moment, il existe trois plantations importantes de Quinqui- nas. La plus considérable se trouve près du village de Colombia, dans le sud de Tolima, appartenant à la Compagnie de Colombie qui, depuis plusieurs années, exporte une grande quantité d’ecorces du C. lanci- folia, qui est indigène. La plantation possède 80,000 arbres appartenant tous à l'espèce du C. Zancifolia, elle est siluée sur le même emplace- ment où cetle espèce croissait à l'état sauvage. Les écorces envoyées en Europe contiennent environ 6 0/0 de quinine. Une autre plantation, également dans le Tolima, à Chaparral, dans la Cordillère centrale, possède 450,000 arbres, de 1 à 5 ans, dont beaucoup commencent à produire. Les propriétaires ont donné la direction à M. Robert Thomp- son, autrefois superintendant du Jardin botanique de la Jamaïque. On y cultive diverses espèces : C. ZLedgeriana, C. succirubra, C. officinalis, etc., aiusi que les espèces indigènes. Nous donnons ici les analyses des espèces d’écorces de la plantation de la Compagnie de Chaparral, faile par M. D. Howard, qui fait voir la supériorité des écorces de Colombie sur celles d’autres provenances, excepté peut-être sur celles du Ledgeriana de Java. 654 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. 5 Se ROUE CU 1. C. Ledgeriana Re 3 ans. 8,000 4,33 3,24 0,66 traces 0.80 DAC SAC Pr Ne es Map 1,500 : 5,00. 3,15 23,08 0140001 3. GC. Spa de l’Équaleur... 5,10 24,28 010,287 , LC Thomsoniane... 2% 2 >». 3,30 2,48 00/01 40/55 00 (nommée provisoirement). D RC 00 CELRQlS. 2 SUR 8,000 4,30 3,22 "023" (0PDTe0/07 6. Hybride de la Jamaïque. 3 1/2 7,900. 3,12 2,34 2,46 20/6200702 Te Le qe ana. eee 22 mois. 1,900 ‘2,71 ‘2,03 20/5508 » En considérant l'âge des arbres, ces analyses donnent de bonnes promesses pour l’avenir. La troisième plantation se trouve dans les environs de Bogota, mais je n’ai pu me procurer de renseignements la concernant. Des deux espèces indigènes cultivées dans le pays, C. Zancifolia et C. Pitayensis, la première est la plus précieuse par la quantité de qui- nine qu’elle contient, mais les autres alcaloïdes ne sont qu’en minime proportion. Le C. Pitayensis, au contraire, n’est pas très riche en qui- nine, mais son écorce est celle qui contient la plus forte proportion de quinidine ; en fait, c'est la seule variété qui présente une quantité aussi considérable de cet alcaloïde précieux. Dans les analyses de l’écorce de Pitayo, M. Howard en a trouvé de 2 à 3,75 0/0. La planta- tion de Chaparral est voisine du territoire où croissait originellement le C. Pitayensis. La meilleure altilude pour la culture des bonnes écorces en Colom- bie se rencontre entre 6,000 et 8,500 pieds, dont la température varie entre 56° et 620 (Far.) — (102 à 15° cent.) — Les arbres qui produisent l'écorce cuivrée « Cupreabarh » (Remija Purdeiana), et qui croissent à une altitude aussi basse que 2,000 pieds ne méritent pas d’être culti- vés. La grande exportation de cette écorce, qui a eu lieu en 1881-1883, qui avait donné de l'inquiétude aux planteurs de l'Inde et de Ceylan, a presque cessé. Elle ne peut être profitable qu'autant que subsisteront les arbres à l’état sauvage sur les bords de la rivière de Magdalena et que les écorces se maintiendront à un prix élevé. L'espèce voisine, (Remija pedunculata), qui exisle en quantités considérables sur les pentes des montagnes qui entourent les « Llanos », n’a pas encore été beaucoup exportée à cause de la cherté des transports. Plusieurs sortes d’arbres produisent le Caoutchouc, principalement les « Castillons », sont indigènes dans la Colombie, mais on ne cul- tive qu’une seule espèce, et pour le présent, elle n'a pris que peu d'extension. C’est une espèce non décrite, appartenant à la famille des Euphorbiacées, alliée aux Ceara et Hevea du Brésil. A Chaparral CHRONIQUE DES COLONIES ET DES PAYS D’OUTRE -MER. 655 il en existe une plantation de 70,000 arbres à une altitude de 6,500 pieds, qui croît parfaitement. C’est à l’âge de dix ans qu'on peut faire la récolte. Les Eucalyptus sont aussi extrêmement plantés, depuis vingt ans, spécialement dans la Savane de Bogota. Particulièrement l'E. Globulus, quoique les Æ, citriodora, rostrata et saligna aient également été essayés. On a tenté d'introduire quelques espèces dans les terres chaudes, à Carthagena et dans la vallée de la Magdalena, mais sans succès, selon ma croyance. Les gages des travailleurs dans la Savane de Bogota sont de 30 à 40 cents par jour, ou de 5 s. par semaine (7 fr. 50 en monnaie fran- caise). Ils sont logés et possèdent la jouissance d’une pièce de terre, dans laquelle ils cultivent du Maïs, des Pommes de terre, des Fèves, elec , pour leur nourriture et celle de leur famille, ils élèvent générale- ment des Cochons et quelques volailles, dont la vente leur procure quelques douceurs, telles que la viande, le Tabac et la boisson. En somme, ils sont probablement plus heureux que les gens de la même condition en Angleterre, sous le rapport de la respectabilité et du con- fort, aussi bien qu’en ce qui concerne la nourriture, l'habillement et le logement. Dans les terres chaudes, les gages sont moins considérables, mais les dépenses aussi sont moins élevées. En fait, la Colombie, une des plus riches contrées du globe, quant au Sol, au climat, serait une des plus prospères si quelques années de paix lui permettaient de développer son agriculture et d'augmenter sa population. (Traduit par M. Ch. deS.) VI. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. La résistance électrique des animaux. — 1] y a environ un an, les députés de l’État de New-York décidaient en principe que les criminels condamnés à la peine capitale seraient désormais foudroyes, exécutés par l'intermédiaire d'un courant électrique, et non plus mis à mort par pendaison. Depuis cette époque le type de l'appareil devant servir aux exécutions n’a pas encore été choisi, mais on a procédé à quelques expériences sur la plus ou moins grande résislance que le corps d’un animal vivant oppose au passage du courant électrique. Une commission de spécialistes, dit le journal Za Press, de New-York, a consacré toute l'après-midi du 2 février, à déterminer la résistance électrique des différents animaux de la ménagerie Barnum et Bailey, de Bridgeport-Connecticut, mis à la disposition de la science par leurs propriétaires. À | La batterie employée se composant seulement de 40 éléments Leclanché, le courant était du reste trop faible pour pouvoir amener la mort. : On choisit d abord un Babouin, qui opposa la plus vive résistance, et mordit cruellement les quatre gardiens chargés de le présenter à la commission. Quand on fut parvenu, et non sans peine, à le maîtriser, on lui introduisit dans la bouche une éponge mouillée, fixée à l'extrémité d’un des conducteurs, et une seconde éponge adaptée à l’autre con- ducteur fut attaché à l’une de ses jambes, afin de fermer le circuit. Soumis d’abord à l'action de deux piles seulement, le quadrumane manifesta la plus vive irritation et essaya de briser ses liens. Sa fu- reur s’accroissant à mesure qu'on faisait entrer de nouveaux éléments en action, atteignil son maximum au 28° élément, puis il sembla tom- ber dans un état comateux, léthargique, regardant çà et là comme un homme ivre, et paraissant insensible au courant porté progressivement de 28 à 40 éléments. La résistance s’éleva à 8,000 ohms. Il fut, du reste, pris d'un véritable accès de rage quand on l’eut replacé dans sa cage. D’autres Singes de petite taille poussaient pendant le passage des cris semblables à ceux des enfants, puis semblaient tomber en sym- cope. Un d’entre eux s'empara aussitôt qu’on l’eùl mis en liberté de la grosse éponge servant d’électrode et se mit à la déchirer, comptant sans doute y découvrir la cause de ses douleurs. La résistance de ces ani- maux varia de 5,100 à 7,050 ohms. Ce fut ensuite le tour d'un Phoque apprivoisé. A l'appel de son gardien, il se présenta dans le cercle formé par les électriciens, se laissa docilement attacher un fil de cuivre autour du cou, et un autre autour de la nageoire caudale, mais le courant le fit bondir si violem- CURUNIQUE- GÉNÉRALE ET-FAITS DIVERS. 657 ment qu'il renversa les opérateurs. Le nombre des piles ayant êlé aug- menté, il coupa ies fils. La résistance ne put être déterminée à cause de la mince couche d’eau humectant sa peau, qui servait de conduc- teur extérieur. Les résultats furent tout aussi incertains, pour la même raison, avec l'Otarie et l'Hippopotame..Le premier de ces animaux parut fortement irrité ; quant à l’autre, il fut absolument insensible au courant de 40 éléments. Le Gnou refusa tout d'abord de sortir de sa cage, un des savants qui y avait pénétré faillit êlre mis en pièces, et ne fut délivré qu’à grand” peine par trois gardiens. La résistance électrique atteignit 11,000 ohms, le courant semblait le paralyser. La résistance électrique des autres ruminants fut trouvée beaucoup plus faible; 7,280 ohms pour l’Élan; 7,010 pour l'Oryx ; 5,090 pour le Nylgau. La résisiance des carnassiers fut en général très élevée, de 8,000 à 15,000 ohms. Tous étaient profondément affectés par l'électricité qui leur donnait l’ailure d'animaux enragés, même avec le courant d’une seule pile. Un Chien, dont la résistance à travers le cerveau avail at- teint 8,000 ohms, manifesta une demi-heure après l'expérience des symptômes d'hydrophobie et dut être immédiatement abattu. Un Loup excila beaucoupl'hilarité de l'assistance par ses hurlements pitoyables et l'attitude qu'il prit en s’asseyant sur son train de derrière. Le courant d’un certain nombre de piles ne produisait aucun effet sur les Eléphants, qui ouvraient bénévolement la bouche pour recevoir l'éponge conductrice. L'électricité dégagée par toute la batterie les plongeait dans un état de béatitude extrême, ils frottaient leurs jambes l’une contre l'autre, caressant de la trompe savants et gardiens, en poussant de petits cris de plaisir. Leur résistance variant avec les points d'application des électrodes, atteignit en moyenne 11,950 ohms. Des expériences analogues se poursuivaient vers la même époque en pleine Océanie, à Honolulu, où l'on aurait, suivant le Pacific Adver- tiser, l'intention d'appliquer aux Chiens errants la peine de mort par l'électricité. Le docteur Faulkner, directeur de l’éclairage électrique de cette ville, a foudroyé en quelques secondes un certain nombre de Chiens pris à la fourrière. Les conducteurs aboutissaient tantôt au cou de l'animal, dont on mouillait le pelage, afin de faciliter la circulation du courant, lantôt à des aliments qu'on lui présentait. H. BRÉZOL. La disparition des Éléphants. — Dans les premières années du x1x° siècle, les Éléphanis erraient encore par troupes nombreuses sur les confins orientaux de la colonie du Cap, ét à travers la cein- ture de forêls qui couvre sa partie méridionale. On commenca à les poursuivre dans l’est et en Cafrerie vers 1830, mais le gouvernement, 65S REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. prévoyant une destruction prochaine, édicta, dans la partie sud de la colonie, des mesures probibitives qui ont eu une certaine efficacité, de sorte qu'aujourd'hui on rencontre plus d'Éléphants à une faible distance de la mer qu’à 2,500 kilomètres à l'intérieur. Ils sont assez nombreux dans la forêt d’Addo, non loin de Port-Elisabeth, dans les forêts du Knyma et du Zitzikamma, et sur les pentes broussailleuses des monts Winterhæk. A Natal, par contre, où ils n’ont pas été protégés, et en Cafrerie, on n'en trouverait plus un seul à l'heure actuelle. Les immenses troupeaux qui parcouraient le Zoulouland, ont été détruits de 1850 à 1875 par Baldwin, Drummond et autres Nemrods ; puis les régions plus septentrionales de l’Amatongasland ont été rui- nées à lcur tour. La contrée où il reste actuellement le plus d’Eleé- phants est la zone insalubre dont une partie porte le nom d’Unuzita- land, qui borde le Transvaal à l’est et au nord, zone dont les fièvres et la Mouche Tsè-Tsè défendent énergiquement les approches pendant la saison chaude. L'état libre d'Orange, peu boisé, n’a jamais été très riche en Éléphants, tandis qu’ils abondaient dans le Transvaal, où le capitaine Cornwallis Harris et le boer Voer Trekkers en entreprirent. la destruction vers 1837. Quand le Transvaal eut été complètement dé- peuplé, les chasseurs pénétrèrent sur le Matabele et le Mashona Land situés plus au Nord, où les Éléphants abondaient encore vers 1871 et 1875, dit le chasseur C. Selous, tandis qu’on n’en voit plus un seul à l'heure actuelle. Vers l’ouest, on peut en dire autant du Bechuanaland, où Gordon, Cumming, Oswell, Varden et Baldwin commencèrent l’œuvre de destruction en 1846 et 1850, la poussent progressivement jusqu’au lac N’Gami, le Zambèze et le Mababe veld. Plus à l'Ouest encore, se trouvent le Kalahari aussi peu épargné que le Bechuanaland, le pays des Namaquas et des Damaras où la dis- parition des Éléphants commença vers 1850 et 1860, avec les explo- ralions d’Anderson qui y fraya la voie à des bandes de chasseurs de profession. Il faut, pour rencontrer quelques Éléphants, remonter au nord du pays des Damaras jusqu'à l’'Ovampoland, non loin de l'Atlantique, dont les indigènes interdisent rigoureusement l'entrée aux chasseurs étrangers. Cette décroissance continue du nombre des Éléphants fait progressivement diminuer les quantités d'ivoire ex- portées. En 1875, la colonie du Cap en expédiait pour 1,500,000€, et Natal pour 430,000€. Ces chiffres s'étaient abaissés en 1886 à 54,000 pour le Cap et 102,000€ pour Natal. Julien PETIT. Le Chêne-Liège (Quercus suber, L.) est un arbre de moyenne grandeur à feuilles persistantes, ovales-oblongues, entières ou dentées en scie, cotonneuses en dessous, ressemblant beaucoup par le port et le feuillage au Chêne Yeuse. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 659 _Ilest indigène de la région méditerranéenne où on le rencontre dans les sols secs et arides. Son bois est très solide el peut être employé dans les constructions navales, pour genoux et membrures, quand les sujets sont bien con- formés, mais son usage consiste principalement comme combustible. L'écorce de celte espèce fournit le Ziège du commerce, dont les ap- p'icalions industrielles sont considérables. Pour obtenir un liège de bonne qualité, la première récolte ne doit pas être faite avant que les arbres, sur lesquels on la pratique, aient atteint environ une quinzaine d'années d'existence ; encore ne donne- t-elle qu'un produit dur et peu épais. Le Liège n'arrive à son parfait état et ne peut être avantageusement utilisé dans l’industrie, qu'après la troisième récolte et même quelquefois plus tard. Un Chêne-Liège, dit M. Fabre, peut ordinairement fournir vingt récoltes de Liège, dont la qualité est d'autant plus supérieure que l'arbre qui le produit est lui-même parvenu à un âge plus avancé. Sur un arbre séculaire et vigoureux, on peut récolter jusqu’à 100 kilog. ; et même sur quelques sujets très grands, on parvient à en relirer jus- qu'à 400 kilog. ; mais s’il veut calculer approximativement quel peut être le produit d'une récolte de liege, le sylviculteur expérimenté a coutume, dans les conditions ordinaires, d'évaluer le produit de son écorçage à raisou de 50 kilog. par arbre. Les mois de juillet et d'août sont ceux que l’on choisit pour cette opération. On fend longitudina- lement l'écorce, de distance en distance, jusqu'au collet de la racine, puis on fait une incision circulaire aux deux extrémilés de ces fentes. On frappe l’écorce pour la détacher et l’on introduit entre elle et le bois le manche de la cognée. Ces incisions ne doivent pas entamer le liber, mais seulement le tissu cellulaire qui constitue seul le Liége proprement dit, et qui se reproduit après peu de temps. Dés que cette partie de l'écorce est enlevée, on l’étend dans l’eau pour l’assouplir et on la soumet à une forte pression pour la redresser el lui donner la forme d'une grande plaque ; puis on la sèche très lentement afin de lui con- server sa flexibilité. On partage le Liège par planches ; on en gratte la surface pour la rendre unie et on la flambe pour en rétrécir les pores. Les principaux pays de reproduction du Liège sont la France, l’Al- gérie, l'Espagne, le Portugal et l'Italie. L'emploi principal du Liège consiste dans la fabrication des bou- chons de toutes dimensions, mais on s’en sert aussi très souvent pour faire des ceintures de natation, des bouées de sauvetage, des flotteurs pour les lignes à pêcher, des semelles et des garnitures de chapeaux bygiéniques, des plateaux et des enveloppes de toutes sortes, pour recouvrir les tuyaux de conduite dans les machines à vapeur. La chirurgie tire un grand parli du Liège pour la confection des appareils à fracture et à luxations. En raison de son élasticité constante, de sa -660 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. durée et de son prix relativement peu élevé, Ce produit est.également appelé à rendre quelques services dans la construction mécanique. Des expériences faites dans les ateliers de la Compagnie du chemix de fer du Nord ont démontré que des rondelles de Liege, au nombre de douze renfermées dans une boîte cylindrique en mélal, pouvaient êlre subs- tituées, dans une certaine mesure, aux ressorts d’acier des crochets d'attelage des wagons. Ces rondelles d’un diamètre de 175 millimètres sur une épaisseur de 15 millimètres soumises à une pression de 1000 kilogrammes par centimètre carré, ont élé réduites à une épais- seur de 3 millimètres et se sont redressées en dix minutes, aussilôt qu'elles ont été dégagées de la charge d’épreuve. Cette propriélé du Liège a engagé, depuis une vinglaine d'années, la Compagnie des mines de Lens à faire usage de ces rondelles dans le service de Ja traclion. En Angleterre, on fabrique une sorte d’étoffe dont la trame est eu fil de Liège, obtenu au moyen d’un outillage spécial. et la chaîne en laine, en lin ou tout autre textile. Ce produit, inventé par M. W. Jack- son, preud facilement la teinture et offre un aspect absolument sem- biable à celui des tissus ordinaires. On s’en sert principalement pour faire des vêtements de bains qui possèdent la propriélé de soutenir sur l'eau ceux qui en font usage. Les équipages des baleaux de sauvetage peuvent également mettre à profit les qualités du drap de Liège pendant leurs excursions. Le Liège pulvérisé sert à fabriquer les tapis de Zinoleum. On en forme un enduit épais en le mélangeant avec de l'huile de lin cuite; on recouvre de cet enduit un tissu écru, commun, peu serré, générale- ment du Jute, et on règle l'épaisseur en faisant passer le tout au lami- noir. Le linoleum est ensuite porlé au séchoir, puis recouvert d'une -Composilion analogue à celle de la toile cirée, ce qui permet de lui donner, par impression, les couleurs et les empreintes de divers sujets de décoration, tant pour les tapis d’antichambres et d’escaliers, que pour les panneaux d'ameublement. Le travail du Liège laisse après la nas une grande quantité de déchet sans valeur, que l’on n'utilisait guère autrefois que pour l'emballage des fruits destinés à l'exportation. Il n’en est plus de même aujourd'hui, car depuis un certain temps déjà, en Autriche et plus récemment à Paris, les déchets de Liège sont employés à la confection de pierres artificielles, d’une grande légèreté ct résistant très bien aux influences atmosphériques. Ces sortes de briques sont employées pour cloisons, dessous de parquets, etc. Leur préparation consiste sim plement à pétrir les menus morceaux dans un mortier léger de chaux et d'argile, puis à comprimer fortement cette masse pâleuse dans des moules pour leur donner la forme appropriée à l'usage auquel on les destine. Parmi les nombreux emplois des résidus de Liège, nous mention- te ds CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 661 nerons encore l’asphalle-liège, qui est une agglomération d’asphalte et de poussier de Liège ou de petits morceaux déchiquetés. Cette matière est un isolant complet de la chaleur, du froid et du bruit ; elle offre toutes les conditions de ‘durée, de légèreté et d'’élasticité relatives, d'imperméabilité et de salubrité. D'un nettoyage facile et exempte de toute odeur désagréable, elle convient parfaitement pour recouvrir le pont des navires. Le Liège étant un des plus mauvais conducteurs de la chaleur, M. A. Paillieux a conseillé de se servir des déchets pour protéger les végétaux sujets à souffrir du froid ; il suppose même que ces déchets, recueillis et séclés après la mauvaise saison, pourraient servir une seconde fois. La poussière de Liège sert à polir les métaux ; calcinée en vase clos, elle fournit un charbon doux, noir bleuâtre, précieux pour la pein- ture, l'imprimerie et la lithographie. Cette substance connue sous le nom de zoir d’Espagne, entre dans la composition de l'encre de Chine. Le Liège se trouve dans le commerce en tables ou en planches, d’une longueur de 1 m. 50 c. environ sur une largeur moyenne de 50 c.; leur épaisseur est très variable, mais elle ne dépasse pas 5 cent. | La valeur de ce produit est en raison de son épaisseur et de son homogénéite ; le Liège de bonne qualité doit être ferme, souple, élas- tique et d’une teinte légèrement rougeâtre. On rencontre dans la flore Ouest de l'Europe une espèce voisine, le Q. Occidentalis J. GAY, qui a été longtemps confondue avec le Q. suber quoiqu’elle en diffère cependant par certains caractères nettement tranchés. Elle est également exploitée pour le Liège qu’elle produit, principalement dans les Landes et dans les Basses-Pyrénées. J. GRISARD. Un nouveau Champignon comestible parasite du mais. — Un de nos lecteurs assidus, M. don José Carbou y Rodriguez, qui arrive du Mexique, rous a communiqué sur la culture de la Vanille et de la Kamie dans ce pays, ainsi que sur d’autres questions non moins intéressantes, des renseignements que nous nous empresserons de mettre à profit pour notre Revue. | Nous parlerons aujourd’hui d’un aliment assez original, très re- cherché des gourmets mexicains : il s’agit du grain de Maïs envahi par un Champignon parasite, l’Ustilago maydis (Clinosporées. Léveillé), dont le développement, au dire de notre correspondant, mériterait d’être favorisé en France. Cet aliment porle le nom de AÆuillacoches dans la capitale, et de Cuzrvos dans certaines provinces, principalement à Guamajuato où l’on en consomme de grandes quantités. | 662 REVUE DES. SCIENCES. NATURELLES APPLIQUÉES. 22 L'Ustilugo ne demande aucun soin de culture, mais des pluies abon-. dantes semblent être favorables à sa rapide extension. Peut-être quelques autres condilions climatériques ou la nature du terrain ont- elles aussi une certaine influence sur son développement. En tout cas, cette question mérite d’appeler l'attention à divers points de vue, d'autant plus qu'une vive discussion vient de s'élever au Mexique sur l’innocuité de ce parasite comestible contestée par quelques personnes. L'Ustilago maydis se développe dans l'épaisseur des enveloppes florales, mais principalement dans l’intérieur de l'ovaire qui s’hyper- trophie considérablement au point d'acquérir souvent le volume d'une noix, si ce n’est plus encore. En cet état, les parties attaquées se présentent sous la forme de ca- vités contenant un mucilage rempli de spores noires. Peu à peu le nucilage üäisparait, et il ne reste plus bientôt qu’une poussière d’un brun foncé que recouvrent les bales ou glumes dont le parasite ento- phytce respecte toujcurs la superficie. Vues au microscope, les spores représentent des sphérules hérissées de nombreux tubercules. | Bien que les Cuervos servent depuis fort longtemps de nourriture .à des milliers de personnes, on a attribué à diverses reprises et tout récemment encore à l’Uséilago maydis des propriélés nocives assez in- tenses. Quelques savants ont prétendu, par exemple, que ce crypto- game occasionnait la calvitie, la chute des dents et surtout l’avorte- ment, etc. On comprendra combien de pareilles accusations méritaient d'être prouvées ou réfutées. Je crois devoir rappeler à ce propos que l'Uséilago maydis appartient à une classe de Champignons (Clinosporées de Léveillé), qui renferme un grand nombre d'espèces dangereuses à divers titres ; c’est à celte classe qu’appartiennent en effet les Champignons qui causent le char- bon, la carie ou rouille des végétaux, ceux qui constituent le favus, le pityriasis et autres affections cutanées, etc. C’est également à un Champignon du groupe des Ustilaginées que Haller a attribué la pro- duction du choléra. 11 se peut néanmoins que l'Ustilago maydis Soit absolument inof- fensif contrairement aux espèces voisines de la même classe. Rappelons enfin que divers médecins ont attribué, en Europe, la pellagre à ce parasite de même qu’à une espèce voisine {Serrafia mar- cescens) qui se développe sur la farine de Maïs, et que Haselbach, se basant sur une observation et des expériences faites par lui, a déclaré que ce Champignon était incontestablement doué de vertus abortives comme l'ergot du Seigle. Cependant, malgré la similitude de nom et en me basant sur les conclusions diamétralement opposées, que vient de publier au CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 663 Mexique le savant docteur Dugès, à la suite de nombreuses observa- tions qu’il a prises avec soin à Guanajuato et à Silao, je me demande si en Europe et au Mexique on ne donne pas le nom d'Ustilago maydis à deux plantes voisines, mais différentes en tant qu'espèces et pro- priétés. « Quant aux propriétés aborlives de l’AZuiflacoche ou Cuervos, pour ne parler que de celles-ci en ce moment, dit le D' Dugés je les nie d'une facon formelle. J’ai vu, Dieu sait combien de fois, des milliers de personnes manger, souvent en grande quantité, de ce cryptogame apprêté de différentes façons, et je n’ai jamais observé le moindre acci- dent de cette nature. Je pourrais citer le cas d’une personne de mes amis qui, dans un seul repas, en consommait jusqu'à une demi-livre sans en éprouver le moindre malaise, pas même un embarras gas- trique. » J'ai pu voir moi-même beaucoup de femmes, les unes avant ou pendant leurs mensiruations, d’autres pendant une grossesse, d’autres enfin après un accouchement, qui en mangeaient sans aucun inconvé- nient et je puis même ajouter que je n'ai jamais pu retrouver un cas authentique d’avortement ou d’accident produit par cet aliment. Ce- pendant on doit s’imaginer aisément, vu la quantité incroyable de Cuervos que l'on consomme ici, combien ces cas devraient être fré- quents si réellement ces Champignons avaient les propriétés qu’on leur attribue. » Et plus loin ce docteur conclut ainsi : « Ce Champignon, riche en matière azolée comme ses congénères, constitue un excellent aliment du moment qu'il ne renferme aucun produit vénéneux spécial; je suis donc d’avis que loin de le prohiber, à moins de contre-indication for- melle ÿue j'ignore, il serait au contraire avantageux de favoriser sa propagation. » Des essais de ce genre méritcraient donc d’être tentés en France, ne fût-ce que par curicsilé, mais en ayant soin de se servir de l’Ustilago maydis du Mexique. D' J. PAGÈS-GRIGORIEFE. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. Decroix (E.). Le Tabac et mon Testament. Paris. 1889. Au siège de la Société contre l’abus du tabac, 38, rue Jacob. S L'auteur. LE MÊME. Le Tabac devant l'hypnotisme et la suggestion. Paris, 1888. Au siège de la Société contre l’abus du tabac, 38, rue Jacob. L'auteur. Annuaire statistique de la France pour 1888. Nancy, 1888: Imprimerie Berger-Levrault et Cie, 11, rue Jean-Lamour. Ministre du Commerce et de l' indie Lanessan (I.-L. de). L’Indo-Chine française (étude politique, écono- Mique et administrative sur la Cochinchine, le Cambodge, l'Annam et le Tonkin), Paris, 1889. Félix Alcan, éditeur, 108, boulevard Saint-Ger- main. L'éditerrr: Souvenir de la Séance solenneile du 2 centenaire de -la fondation ‘de l'Académie des Sciences et Belles-Lettres d'Angers. Angers, ‘1886. Lachèse et Dolbeau. Hamonville Beté d’}. Note sur quatre œufs d'Alca AA appartenant à notre collection oologique (Extrait des Mémoires de læ Société zoologique de France). “Re 1888. Au siège de la Société, 7, rue des Grands-Augustins. + L'auteur. - The Seventeenth annual report of the-board of directors ae zoological Society of Philadelphia. 1589. 3 Sousa (José Augusto de). Aves da Huilla (Angola) remetlidas a0 Museu de Lisboa pelo R. P. Antunes. (Extracto do Jornal sciencias mathematicas, physicas e naturaes). - L'auteur. Bergman (Ernest). De Paris en Norwège. (Notes de voyage). Meaux, 1889. Imprimerie Destouches! | L'auteur. Rouzaud (H }. Lettre sur les Escargots nuisibles à la vigne. (Extrait du Progrès agricole et viticole. Montpellier, 1889. L'auteur. Agassiz (Alexandre. The Coral reefs of the Havaïiian tislands. Planches. Cambridge, 1889. - Harvard collège. Règlement et programme de l'Exposition internalionale rurale et agricole que la Société rurale argentine inaugurera le 20 avril 1890 dans la ville de Buenos-Aires. | Le Ministre de la République Argentine. Victorian year-book for 1887-8. (Fifteenth year of issue) by the govern- ment statist of Victoria. Vol. I : Introductory remarks. population, finance, vital statistics. Vol. Il: Interchange production, law, crime, etc. Hayter (H. H.). Census of Victoria, 1881. General report with Summary tables, Diagrams and Map. Melbourne, 1883. Le Gérant : JULES GRISARD. I. TRAVAUX INÉDITS ADRESSÉS À LA SOCIÉTÉ. LISTE DES ESPÈCES CONNUES ET DÉCRITES JUSQU’A CE JOUR DANS LES FAMILLES DES CERVIDÉS, CERVULIDÉS TRAGULIDES ET DES MOSCHIDÉS Par M. HUET Aide-naturaliste au Muséum d'histoire naturelle. (SUITE *) CHEVROTAIN KANCHIL. Tragulus Kauchil. Java, Penang, Bornéo, Malacca, Siam. Moschus Kanchill, Raffles, Descript. Cat. of a collect. made in Sumatra, Linn, Trans., t. XII], p. 262, — Gray, An the genus Moschus of Linneus, With description of toi new species, Proc. Zool. Soc., 1836, p. 64. -— Tragulus Kanchill, À. Mine Edwards, Recherches Anat., Zool. et Paléont., sur la famille des Chevrotains, 1864, p. 75. Comme dans le groupe des Muscs proprement dits, les ani- maux dont nous nous occupons, n'ont pas de cornes, mais ils ont des canines supérieures très développées chez les mâles. Ce Chevrotain est le plus petit de tous dans cette famille, ses jambes fines, sa tête fine que supporte un cou très bien proportionné en font un animal charmant, malheureusement les teintes de cette espèce n’ont pas le brillant de ses con- génères. Cela est dù à son poil, qui est plus doux et par conséquent moins lisse et moins apte à recevoir la lumière. Le pelage est roux rougeàtre plus foncé sur le dessus de la tête, les côtés du nez, les joues et le tour des yeux, le dessus du cou, le dos et la portion lombaire ; le menton et le dessous de la maächoire inférieure sont blanc pur, deux bandes blanches latérales prennent naissance sous la gorge et vont (*) Voyez Bulletin, 1888, p. 721, et Revue, 1889, p. 521. | 20 Juillet 1889. 43 666 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. obliquement jusque sur l’avant-bras, une autre parcourt le devant du cou, mais prend un peu au-dessous de la réunion x Ie. 29. Tragulus Kanchil. des deux bandes latérales, où elle commence en pointe et s'élargit jusqu'au point où elle est coupée par un collier de même couleur que le corps; cette teinte forme une ligne étroite qui passe sur le sternum et va jusque sous le ventre, de chaque côté de cette ligne, entre les pattes nous voyons deux taches blanches qui se continuent sous le ventre et l’in- térieur des cuisses et se répandent même en avant des jamhes postérieures et aussi en avant des jambes de devant à la hau- teur du coude. | La queue est rousse en dessus et blanche en dessous et au bout où elle forme un pinceau touffu. Les jeunes sont semblables aux adultes, mais encore un peu plus ternes. CHEVROTAIN NAPU. The Napu. Sumatra. | Moxchus Nanu, Raîffles, loc. cit., Linn. Trans. t. XII, p. 262. — Benn., re Garden of the Zoo!. Soc., 1830, p. 41, bonne fixure. — A. Milne Edwards, loc. cit., p. 70 et suivantes, pl. 2, fiu. 2. Cette espèce est plus forte que le T. Javanicus, mais moins FAMILLE DES CERVIDÉS, CERVULIDÉS, ETC. 667 que le T. aquaticus; les formes sont aussi beaucoup plus lourdes et seul le T. Stanleyanus pourrait lui être comparé au point de vue de la taille. Chez le T. Napu, le fond de la coloration est rousse, mais les côtés du nez, les joues, le cou, le dos et les parties ex- ternes des membres sont marron fauve, la base des poils est blanche et la pointe est brun foncé, les côtés du corps sont Fig. 30. Tragulus Napu. cris jaunâtre, cette dernière teinte va en s’atténuant, jusque sous le ventre où elle est gris jaunâtre clair ; le menton et la gorge sont blanc pur, cette partie blanche se divise en avant du cou en trois bandes, l’une qui est très courte se dirige presque horizontalement au-dessus de la mâchoire infé- rieure, une autre plus oblique va se terminer sur l’articula- tion de l’omoplate et enfin la troisième occupe le devant du cou qu'elle parcourt jusqu’à sa base, il y a là une ligne brune qui sépare cette bande et qui forme un collier, puis le blanc reparait sur la partie antérieure du sternum et passant entre les pattes va se confondre avec le gris du ventre ; en avant des pattes postérieures et intérieurement la coloration est aussi blanche. | La queue assez longue et de la teinte du corps en dessus et blanche en dessous ainsi qu'à son extrémité. 668 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. - Les jeunes sont semblables aux adultes aussi bien pour la coloration que pour la disposition des taches. CHEVROTAIN DE JAVA. The Java Chevrotain. Tragulus Javanicus, Pallas. Tragulus Javanicus, Pall., Spicil. Zoot., fas. 12, p. 18, 1817. — Moschus Javanicus, Desm., Mamm,, 1820, p. 428. — Tragulus Javanicus, À. Milne Edwards, loc. cit, Cette jolie espèce est colorée d’une facon fort élégante, la tête, le corps, les parties externes des membres sont teintés de roux brillant, la portion supérieure du cou et du dos ainsi que la croupe ef les fesses, sont un peu plus foncées, plus marron; une ligne plus foncée prend entre les oreilles et vient se terminer en pointe entre les yeux sur le front; le - Fig. 31. Traqulus Javanicus. tour des yeux est aussi d’une teinte plus foncée, le côté du cou quoique étant de la même coloration que le corps parait gris, cette coloration est due aux poils, dont la pointe est grisätre, dans ces parties qui semblent être irisées de gris. . Le menton et la gorge sont blanc pur, cette coloration blanche se divise en trois lignes ou taches, deux qui se di- rigent obliquement et latéralement sur les côtés du cou et de chaque côté, vont jusque sur la base des omoplates, une © FAMILLE DES CERVIDÉS, CERVULIDÉS, ETC. 669 médiane, très rétrécie à sa portion antérieure suit le devant du cou, en s’élargissant jusqu'à la moitié, là elle est arrêtée par une bande rousse qui forme une espèce de collier à la base du cou, au-dessous de cette bande un peu avant la partie antérieure du sternum, le blanc reprend pour se con- tinuer sur le ventre et les parties internes des bras et des jambes où, inférieurement, le blanc est lavé de jaunâtre. La queue est assez longue, elle est garnie en dessus de même couleur que le corps, en dessous les poils sont blancs et en garnissent l'extrémité. Les oreilles sont couvertes en dessus de poils courts et roussâtres, en dedans elles sont presque nues. Les jeunes ressemblent exactement aux adultes. CHEVROTAIN DE STANLEY. Stanleyan Chevrotain. Tragulus Stanleyanus, Gray. Iles de la Sonde. Moschus ecaudatus, Teimminck, Museum Leyden, 1845. — Gray, Knomwsley Menagerie, 1850, p. 43, pl. 33. — A. Milne Edwards, loc. cit., p. 80, pl.3, fig. 1-1 4. . Ce Chevrotain est le plus brillamment coloré de tout ce groupe, la teinte générale est d’un beau roux-jaune brillant mélangé de brun foncé, surtout sur les parties supérieures de la tête, la nuque au dessus du cou et encore plus sur les par- ties postérieures; le tour des yeux, et une ligne longeant les côtés du nez et une tache en arrière des narines sur la lèvre supérieure sont teintés de brun foncé, le menton et le dessous de la mâchoire inférieure sont blanc pur, deux bandes blanches suivent le bord inférieur des mâchoires qui s’ar- rêtent sous les oreilles, deux autres bandes de même couleur prennent naissance un peu au-dessous de la gorge, laissant un espace roux entre les deux premières et celles-ci, et s’en vont obliquement se perdre au défaut de l’omoplate, puis un autre espace roux et une cinquième bande blanche qui affecte la forme d’un V renversé, se voit sur le devant du cou qu’elle garnit jusqu'à sa base, une autre bande rousse et enfin, la pointe du sternum, la poitrine entre les deux jambes sont 670 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. blancs ainsi que la portion inguinale et les parties internes des cuisses, une ligne brune parcourt le ventre en dessous. La queue est brune en dessus et garnie de poils longs et blancs en dessous jusqu'à sa pointe où ils forment un pinceau. | ei: Fig. 32. Tragulus Stanleyanus. Dans cette espèce, souvent le ventre est de couleur rousse ou brune, et Gray en avait fait deux espèces, les nommant T. fulviventer, et T. intermedius ; mais ces deux espèces ont été reconnues fausses par leur auteur, je ne les signale donc qu’à titre de renseignement. _ Les jeunes sont semblables aux adultes, mais varient un peu de coloration. (A suivre.) DES STROPHANTHUS Par MM. DUJARDIN-BEAUMETZ er EGASSE. Les peuplades des pays tropicaux qui vivent encore en dehors du contact de la civilisation, ont besoin, pour ne pas succomber dans ce s{ruggle for life aussi ardent dans les espaces immenses et déserts qu'elles parcourent, que dans nos villes à population surabondante, d'ajouter à leurs moyens naturels de défense ou d'attaque. Ils ont à combattre deux ennemis toujours présents, la faim et leurs voisins im- médiats. Pour vivre, ils chassent, pour ne pas mourir, ils combattent et, à défaut des armes plus sûres que le traitant leur vend aujourd'hui à grand prix en échange des produits naturels de leur sol, ils avaient su trouver dans la végétation luxuriante qui les entoure, dans les animaux malfaisants dont ils ont appris par expérience à redouter les atteintes foudroyantes, les moyens de rendre leurs armes informes et primitives aussi, sinon plus, meurtrières que nos engins les plus perfectionnés. Préparés avec des précautions mysté- rieuses par les prêtres ou sorciers, car ces deux professions se confondent chez ces peuples, ces poisons, empruntés le plus souvent au règne végétal, servent à enduire l'extrémité des flèches dont le fer ou le bambou aiguisé, frayant sa voie dans l'épaisseur des tissus, prépare à la matière toxique un terrain des plus favorables pour son absorption presque im- médiate. Quelque légère que soit la blessure, si la surface mise à nu est en contact avec le poison, l'animal ou l'homme succombe après un temps plus ou moins long. Les poisons des fleches jortent différents noms suivant les peuples qui les préparent. C’est l’'Upas Antiar de Java, obtenu avec le suc de l'Antiaris toxicaria, le Curare des Guyanes qui a pour base différents Strychnos, c'est enfin l’Znée où Onaye que les Fans ou Pahouins du Gabon, sur la côte occidentale d'Afrique, emploient de temps immémorial. C’est grâce à ce poison que les indigènes peuvent attaquer les plus grands animaux plus sûrement qu'avec nos carabines rayées. Toutefois son 672 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. action n’est pas assez rapide pour que le fauve blessé ne puisse franchir encore une certaine distance. Mais cette proie ne peut leur échapper, car l'intoxication se fait plus rapide par les efforts de l'animal qui fuit, et la patience du sauvage est trop à l'épreuve pour qu'il perde la trace du gibier monstrueux qui doit le soustraire à la faim. Il lui suftit d'enlever la partie avoisinant l'endroit lésé pour man- cer sans inconvénient la chair de sa victime. Nos commerçants, nos missionnaires connaissaient les effets de l’Onaye et savaient que c'était un extrait végétal. Mais la plante qui le fournissait était restée inconnue jusqu’au jour où Griffon du Bellay, médecin de la Marine au Gabon, put l’étudier sur place et se procurer des graines qui figu- rèrent, avec les armes empoisonnées, en 1865, à l'Exposition permanente des colonies françaises. Cette plante avait déjà été observée au Sénégal par Heudelot, qui en envoya des échantillons au Muséum de Paris. Elle fut décrite par de Candolle, sous le nom de Sfrophanthus (fleur contournée) en raison de la torsion particulière de ses pétales, Smeathmam la signala dans les environs de Sierra-Leone. Plus tard, des Strophanthus furent observés par Bakie à Nupa, et récoltés par Mam à 1 degré de latitude nord dans l'Afrique occidentale sur les bords des Mune-River et Sher- low-River. On les a retrouvés depuis dans le centre de l’A- frique, sur sa côte orientale, à Madagascar, dans l'Inde, à Malacca, à Bornéo. à Java, etc. Les Strophanthus appartiennent à la famille des Apocyna- cées qui fournit à la matière médicale tant de produits utiles, mais qui renferme aussi les plantes les plus meurtrières. Ce sont des lianes à suc laiteux, qui croissent au milieu des forêts, s’enroulent autour des arbres, au sommet desquels elles s'élèvent pour retomber sur les arbres voisins et former ainsi des fourrés inextricables. | On avait admis tout d’abord qu'il n’en existait que deux ou trois espèces, originaires de la Sénégambie et du Gabon, mais on en connait aujourd'hui une vingtaine, et ce nombre tend à s’accroitre de jour en jour, à mesure qu'on les re- cherche davantage. Deux espèces ont surtout attiré l'attention, le Sirophan- thus hispidus et le Strophanthus kombé. Le premier, origi- naire de la Sénégambie, du Gabon, le second de l’Afrique DES STROPHANTHUS. 6173 tropicale orientale, du centre de l'Afrique, de Java, de Cey- lan, de l'Inde anglaise. | Une étude plus attentive a démontré à Oliver, qui les avait nommées et différenciées, que ces deux espèces n’en faisaient qu'une, et que les caractères tirés des graines et servant à les distinguer n’ont aucune valeur botanique sérieuse. Le S. hispidus présente une tige creuse, cylindrique, de la erosseur du poignet, à écorce rugueuse gris foncé. Les rameaux sont flexibles et couverts, quand ïls sont jeunes, de poils jaune pâle ou blanchâtres, qui se retrouvent sur les jeunes feuilles, les axes d’inflorescence, les calices. Les feuilles sont opposées, rarement verticillées par trois, ellip- tiques, oblongues, presque sessiles, arrondies, obtuses à la bases, aiguës au sommet, entières, penninerves, de 10 à 12 centimètres de longueur sur 5 centimètres de largeur. Les fleurs sont disposées en cymes terminales paucifiores. Calice à cinq lobes aigus. Corolle gamopétale, à tube court, à limbe campaniforme, à cinq lobes tordus dont le sommet se prolonge en une languette droite, subulée, de 10 centi- mètres et plus de longueur, sur 1 millimètre à peine de lar- seur. La gorge de la corolle porte cinq appendices courts, obtus, un peu charnus. Les étamines au nombre de cinq sont libres et leurs anthères sont plus ou moins collées sur le sommet du style. Le gynécée est formé de deux ovaires petits, surbaissés, coniques, libres, à une seule loge renfer- mant un grand nombre d’ovules. Les styles sont gréles et surmontés de deux petits lobes stigmatifères. Le fruit est un follicule cylindrique, plus gros que le pouce en son milieu, atténué à ses deux extrémités, brun, de 30 à 40 centimètres de longueur et même plus. Ses parois sont minces, fragiles, et à la maturité se séparent d'une longue lame filamenteuse plus mince, d’un jaune pâle qui porte les graines. Les graines très nombreuses, ovales, comprimées, cou- vertes de poils courts, fins, très serrés, à reflet chatoyant, sont tantôt d'un vert pâle (S. zombé), tantôt brunes (S. his- pidus). Leur extrémité inférieure se rétrécit et se prolonge en une tige grêle, rectiligne, de 4 à 7 centimètres de lon- gueur, surmontée d'une aigrette de poils en couronne, fins, brillants, d’un blanc argenté étalé, et de 3 à 5 centimètres de longueur. Ces graines constituent la partie la plus active du 20 Juillet 1889. 4% pr R) 2 LA CLS POSE a ——— RER ES s Loic x s: FRE A = cs Tr re en Jo ue = RS = = = = = z 5 = ce ei —- . > Er A ASTM HI EDRUR DES RSS MR ELLES = So PT mt A Pl DES D pen em pe = a ADI PER D LEE HatcreT QE RSS 0 — 1 UNIT a — — EE ES = IUT ae et rS EHESS d, flèche de d’ em- de M. Hardy (Gabon) ; M. Gley (Zanzibar, Kombé); boîtement de deux pièces de la flèche face dorsale ; 1/2 grand. nat. précédente. V, Strophanthus hispidus, fruit vu par sa &, flèche de M. Polaillon ; 6, c, flèches ES, === = —_—— DES STROPHANTHUS. 675 végétal et celle sur laquelle ont porté les expériences dont nous parlerons plus bas. Outre les graines du $. hispidus où kombé, on en connaît encore un certain nombre d’autres qui ont été étudiées au Strophanthus Kombé, À et 2, graines de Strophanthus Kombé, variété ». a, graine vue de côté ; b, graine vue de face et pourvue Ce son ai- grelte ; c, graine vue de dos. — 3, graines de Srophanthus Kombeé, variété €, mêmes lettres, — 4, graines de Strophanthus Komlé, va- riété 6, mêmes lettres, 676 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. point de vue botanique, par R. Blondel (Bulletin de théra- peulique, 1888) et dont l’espèce n’est pas encore suffisam- | __: ment connue. Nous cite- rons les $. du Niger, le S. glabre du Gabon qui est encore rare, le S. de Sou- rabaya, le S. laineux du Zambèze, le S. aurantia- cus de Madagascar. Nous ne nous arréterons pas ici à donner des caractères différentiels de ces graines que nous avons décrites dans notre ouvrage sur les plantes médicinales exo- tiques et indigènes (Doin, éditeur). Les graines du S. hispi- dus sont inodores, leur sa- veur, primitivement dou- | ceàtre, devient rapidement très amère. D'abord assez rares pour que les expé- riences des physiologistes | et des chimistes qui s'en sont occupés les premiers aient été interrompues faute de matériaux, elles sont aujourd’hui assez ré- pandues dans le commerce pour que nous n'ayons plus à craindre de pareils mé- ; È comptes. 20 62 Ce furent Pelikan, de Strophanthus du Niger. a, graine vue de Saint-Pétersbourg, et Vul- côté; b, graine vue par sa face antérieure pian qui, de leurs essais et munie de son aigrette; €, graine vue Ê . . de dos. (6/5 grand. nat.) physiologiques faits avec des graines provenant de l'exposition permanente des colonies, conclurent que les graines du $S. hispidus agissent comme toxiques du cœur. Le professeur Fraser, d'Edinburgh, entreprit une série PAPE ETÉEAT EPS mer DES STROPHANTHUS. 677 de recherches minutieuses et des mieux conduites, à la suite desquelles il conclut également que le Strophanthus est un poison du cœur qui, à haute dose, agit en tétanisant ce muscle sans influencer directement l’innervation centrale ou intra- cardiaque. Legros et Paul Bert employèrent la matière qui enduisait les flèches et constatèrent l’arrêt du cœur en systole. Polaillon et Carville approfondirent cette étude. Fraser, qui avait été obligé d'interrompre ses études faute de matériaux, ainsi du reste que Huchard et Eloy en France, mais qui, comme nous l'avons dit, avait déjà prouvé son action physiologique et thérapeutique, étudia le Sfrophanthus comme médicament cardiaque, en 1872 et en 1885. Les études furent continuées en France par Gley et Lapicque, Dujardin- Beaumetz, Bucquoy, Combemalle et Mairet de Montpellier, Prevost, Lepine de Lyon, Lemoine de Lille, G. Sée, en Alle- magne par Paschkis, Lauggaard et Rossemburgg, en Amé- rique par Lodwitch. Il y avait intérêt à rechercher, comme on le fait toujours aujourd'hui, à quel principe ces graines dévaient leur ac- tivité. Fraser avait signalé, en 1869, un principe actif qu'il nomma Sthrophanthine, mais dont l'étude était incomplète. Hardy et Gallois, qui opéraient sur des graines que nous savons aujourd'hui être celles du S. glabre du Gabon, dési- sgnèrent également sous le nom de Sfrophanthine, un prin- cipe actif retiré des graines mêmes, qui pour eux n’était ni un glucoside ni un alcaloïde, et sous celui de Zneine, la subs- tance obtenue des aigrettes, qui, elle, n’a aucune action sur le cœur. Fraser reprit ses recherches chimiques, en 1887, sur le S. kombé et obtint une Strophanthine imparfaitement cristal- line, glucoside se dédoublant en présence des acides étendus et à l’ébullition en sucre réducteur ou glucose et Strophan- lidine. Cette dernière substance est pour lui la SHorAeE thine de Hardy et Gallois. Etudiée par W. Elborne, Gerrard, Helbing, en Angleterre, par Wurtz, Catillon, en France, la S{rophanthine a été enfin isolée à l’état pur par Arnaud, préparateur au Muséum d’his- toire naturelle de Paris. C'est une substance blanche, inodore, amère, cristallisant 678 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. en aiguilles groupées autour d’un centre et présentant un aspect micacé. Chauffée à l’air, elle devient pateuse à 65%, brunit, puis brüle sans résidu. Elle est peu soluble dans l’eau (1 pour 13 à 18), assez soluble dans l’alcool, insolable dans l'éther, le sulfure de carbone et la benzine. Sa composition chimique est représentée par la formule C31 HS O2. Cette substance est un glucoside se dédoublant en une matière résineuse et en sucre. Outre la Sfrophanthine, les graines renferment de 30 à 35 0/0 de matières grasses solubles dans l'alcool et l’éther, des substances gommeuses et albumineuses. Dans le $S. glabre Arnaud a découvert un glucoside iden— tique à celui qu'il avait retiré de l'Ouabaio et qui serait la Strophanthine que Hardy et Gallois n'avaient obtenue qu'à l’état impur. Elle se présente en lamelles rectangulaires, minces, transparentes, fondant à 180°, solubles dans quinze parties d’eau froide, très solubles dans l'alcool à 85°, inso- lubles dans l'alcool absolu, l’éther anhydre et le chloroforme, et se dédoublant en isodulcite et en une résine insoluble. Sa formule correspond à C3° H*° 022, H2. Ce glucoside est plus actif que la Strophanthine du Aombé, car pour le Cobaye, la dose limite mortelle est de 1/10 de milligramme et la mort survient au bout de 25 minutes, tandis qu'avec la Strophan- thine elle est de 4/10 de milligramme et la mort ne survient pas avant 50 minutes (Gley). D’après Catillon, le S. Aombé renfermerait aussi une subs- tance azotée non toxique, qui, d’après un petit nombre d’es- sais, lui paraît être le principe diurétique de la graine. Nous connaissons maintenant d’une facon suffisante les graines du Strophanthus pour pouvoir étudier rapidement leurs propriétés physiologiques et thérapeutiques. Mais nous devons ajouter que bien que M. Arnaud n'ait pu retirer du S. hispidus de substance cristallisable, ressemblant à la Sfro- phanthine du Kombé, l'analogie étroite qui existe au point de vue botanique entre ces deux variétés, se retrouve dans leurs propriétés physiologiques. Aussi peut-on employer in- différemment en thérapeutique le Kombé ou l'hispidus. Le Strophanthus est un poison fort énergique, car cinq gouttes de sa teinture, à 1/10, en injection sous-cutanée, tuent les cobayes en quelques minutes. Les symptômes de DES STROPHANTHUS. 679 l'intoxication sont les suivants : mouvements lents, pénibles, tête lourde que soutiennent difficilement les muscles du cou, parésie qui gagne peu à peu le reste du corps. La respiration se ralentit, le cœur bat d’abord rapidement, puis ses mouve- ments diminuent. On voit ensuite survenir des tremblements, des convulsions, du trismus, et la mort arrive par arrêt du cœur et des mouvements respiratoires. Lemoine, de Lille, a observé que la teinture, injectée à petite dose, tue les ani- maux en quelques jours, après avoir produit de la diarrhée et des vomissements, et que, par suite, le poison doit s’ac- cumuler dans l’économie. Fraser attribue au Strophanthus les propriétés suivantes : Son action est plus rapide, plus durable, plus marquée sur les affections du cœur que celle de la digitale. Il ne s’accumule pas dans l'organisme et n’irrite pas l'ap- pareil gastro-intestinal. Il ne contracte pas, comme la digi- tale, les vaisseaux périphériques. Il ralentit et régularise le pouls, renforce les contractions ventriculaires, augmente la tension artérielle et soulage la dyspnée cardiaque. Il possède des propriétés diurétiques et combat avanta- geusement les hydropisies, surtout quand elles ont une ori- gine cardiaque. Pins, de Vienne, Drasche, Zerner, Lœw, Bucquoy, Pou- let, etc., adoptèrent les conclusions de Fraser. D'un autre côté, Rovighi, Luckling, Huchard, Fraenkel, n’obtinrent que rarement des succès analogues à ceux des premiers expéri- mentateurs, et Fuerbringer compte trois morts parmi les malades qui avaient pris le Strophanthus à doses élevées. Il faut accuser peut-être de ces divergences d'opinion la di- versité des graines que l’on trouve aujourd’hui dans le com- merce, et dont la valeur thérapeutique peut fort bien n'être pas la même. Fraser employait le S. Xombé. En France, c'est aussi sur lui qu'ont porté les expériences thérapeutiques. Dujardin-Beaumetz le regarde comme un agent cardiato- nique de valeur, agissant d’une facon merveilleuse dans les maladies mitrales, l’affaiblissement du cœur, à la condition toutefois que la dégénérescence du myocarde ne soit pas trop accentuée, car le Strophanthus ne peut évidemment agir sur un muscle qui n'existe plus. C'est un diurétique puissant, excitant l'appareil rénal, mais pouvant, quand le rein est atteint d'altérations aiguës, provoquer, à hautes doses, la 680 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. congestion du parenchyme néphrétique, et même les lésions qui caractérisent la néphrite. G. Lemoine a montré que les reins présentent de l'hypérémie, de petits foyers hémorra- oiques dans la zone corticale, et que les animaux ont tou- jours de l’albuminurie et de la polyurie. Chez l’homme sain, il a pu doubler les quantités d'urine avec une dose de cinq à dix gouttes. Chez les cardiopathes, la diurèse augmente dans des proportions considérables. Il ne faut donc le donner que lorsque les reins sont intacts, car, si la diurèse augmente tout d'abord, elle subit un peu plus tard une diminution bien marquée. Un élève de Dujardin-Beaumetz, Cazeaux, dans sa thèse inaugurale, Paris, 1887, cite un malade qui rendit des urines sanglantes au cours de son traitement. Cette héma- turie est un fait isolé qui, selon Dujardin-Beaumetz, ne s’est pas reproduit dans sa pratique. Contrairement à l'opinion de Fraser, Lemoine a vu le Stro- phanthus donné à doses un peu élevées déterminer, par suite de l'irritation de l'intestin, des diarrhées noires, liquides, striées de sang, qui peuvent être utiles au commencement chez les cardiaques avec œdème. Il suftit de suspendre le mé-— dicament pour les arrêter. Si on en continuait l'usage, elles pourraient amener rapidement le collapsus et le refroidis- sement. | Le Strophanthus agit d'une facon favorable sur la dyspnée, qu'elle soit cardiaque, catarrhale, ou liée à l’emphysème. L'action antihémorragique que lui attribue Poulet n’a pas été vérifiée de nouveau par les expérimentateurs les plus récents. | Préconisé par Fraser et Pins contre les néphrites, le Stro- phanthus, entre les mains de Dujardin - Beaumetz et Le- moine, a fait au contraire augmenter dans les urines la quan- tité d'albumine, ce que devait faire prévoir l’irritation rénale constatée par la physiologie. | Hutchinson l’a recommandé pour calmer les coliques né- phrétiques et favoriser l'élimination des calculs. Il n’agit évi- demment dans ce cas que par la diurèse abondante quil provoque. En résumé, le Strophanthus, tant vanté par les uns, tant décrié par les autres, est un toni-cardiaque de valeur, un diurétique des plus précieux, plus actif, plus rapide, plus durable que la plupart des médicaments du même genre, et DES STROPHANTHUS. | 681 par suite tout naturellement indiqué, quand il faut réveiller les fonctions des reins, à la condition toutefois que cet organe ne soit pas déjà atteint. Il peut être fort utile dans les mala- dies du cœur contre lesquelles la digitale est impuissante ou ne peut être donnée par suite de l'irritation gastrique qu'elle provoque, dans le cas de cœur faligué, dont il calme l’arythmie et relève la tonicité. C'est un médicament difficile à manier, pouvant même devenir dangereux ; l'incertitude dans laquelle on était de la valeur des graines dont on disposait avait fait préconiser le principe actif, la Strophanthine. Mais ici on se heurtait à une difficulté particulière, car il fallait compter, comme nous l'avons vu, la strophanthine de Fraser, celle de Hardy et Gallois, sans les autres. En présence des divergences de pro- priétés que possèdent ces divers principes, il convenait de s'en tenir à la graine elle-même sous forme de teinture alcoo- lique, laquelle a fait ses preuves et peut les faire encore en s'adressant à la même variété, le S. kombhé par exemple. Mais la Strophanthine d’Arnaud présente tous les caractères d’un principe chimique parfaitement défini. I1 y a donc lieu de penser qu'en continuant avec elle les expériences commencées par G. Sée avec celle de F. Wurtz, qui s’en rapproche, mais ne parait pas complètement pure, on aura entre les mains un médicament fidèle et d'action constante. C’est à l'expérience à prononcer sur sa valeur réelle. La teinture employée par Fraser se prépare de la facon suivante : on réduit en poudre modérément fine les graines dépouillées de leur aigrette et on sèche la poudre pendant 12 heures à la température de 50 degrés environ. On tasse la poudre (1 partie) dans un percolateur et on ajoute de l’éther jusqu'à ce qu’elle en soit saturée. Dès qu’il commence à couler on obture l’ouverture inférieure et on laisse en contact pen- dant 24 heures. On laisse couler l’éther et on en ajoute s’il le faut de facon à obtenir 10 parties de liquide. L’éther doit être incolore ; s’il n’en est pas ainsi, on en ajoute d'autre. La poudre ainsi épuisée de matière grasse est desséchée à l’air ou chauffée à 40 degrés, pulvérisée et tassée dans le percola- teur, où on la laisse en contact pendant 48 heures avec une quantité suffisante d'alcool. On laisse ensuite l'écoulement se faire jusqu'à ce qu'on ait obtenu 20 parties de liquide. Ce procédé est basé sur ce fait que l’éther enlève les matières 682 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. colorantes et grasses qui sont inactives, et n’agit pas sur le principe actif ou strophanthine, qui est insoluble dans ce liquide. Cependant Bolleston (Pharm. journ., 19 mars 1887) a constaté que l’extrait obtenu en évaporant l’éther de lavage possédait des propriétés analogues à celles de la Strophanthine elle-même, et que celle-ci est donc soluble dans l’éther, au moins dans une certaine proportion, et cela grâce à la présence de l'huile. La teinture ainsi préparée est, par suite, au 1/20. La dose de cette teinture, dite de Fraser, est de 5 à 10 gouttes. On peut aussi la donner à la dose d’une demi-goutte à deux gouttes fréquemment répétée. Cette teinture est d'une teinte jaune pâle, neutre, d’une saveur extrêmement amère, et persistante. Elle se mêle à l’eau et n’est pas précipitée par le tanin ; en l’additionnant d’éther elle devient opalescente. En France, Dujardin-Beaumetz emploie le même mode de préparation, mais en ramenant la teinture au taux normal des alcoolés du Codex, c’est-à-dire à 1 pour 5. La dose est de dix gouttes à quinze gouttes. Bocquoy préconise l'extrait et G. Sée a surtout vanté la strophanthine, comme possédant au plus haut degré les pro- priétés cardiaques des graines à laquelle il dénie l’action diü- rétique. Laborde s’est également rallié à cette opinion. ESSAIS D’'ÉLEVAGE D’AUTRUCHES DE M. NILL, DE STUTTGARD Par M. H. BRÉZOL. M. Nill, propriétaire d’un Jardin zoologique à Stuttgard, poursuit assidüment depuis plusieurs années l’incubation naturelle ou artificielle des œufs d’Autruche sous le climat de l'Europe centrale, et si le succès n’a pas encore entiè- rement répondu à ses efforts, il est cependant à supposer que l'expérience progressivement acquise lui permettra enfin d'aboutir. En 1882, M. Nill recevait de la maison Hagenbeck une paire d'Autruches du pays des Somalis, Struthio molybdophanus, qu'il plaçait dans une maisonnette susceptible d’être chauffée l'hiver. Cette écurie, entourée d’un parc contenant 2 ares environ, est une construction en bois, planchéyée, occupant une surface de 9 mètres carrés. On la chauffait primitivement au moyen d’un poële pendant la mauvaise saison, mais M. Nil fit ensuite installer une canalisation d’eau chaude sous le plancher. La température moyenne y est de 10° en hiver, elle atteint parfois un maximum de 15° et descend souvent jusqu'à 0, quand les nuits sont très froides. On lèche les Autruches dans leur parc dès que l'atmosphère extérieure se maintient aux environs de 6°, et que la terre est dégelée. Dans l’été de 1883, la femelle de ce premier couple se met- tait à pondre et donnait onze œufs de forme régulière et de grosseur normale, dont le contenu représentait celui de trente-six œufs de poule; sept de ces œufs ayant été involon- tairement cassés par elle, on lui enleva les quatre autres pour les déposer dans une couveuse construite à cet effet, mais ils n'étaient pas fécondés et l'expérience resta, bien entendu, sans résultat. En 1884, les deux Autruches commencèrent à s’accoupler de bonne heure, et jusqu'à dix fois par jour. La femelle se mit à pondre vers la fin de mars, avec un intervalle de trois 681 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. semaines entre le premier œuf et le second, les autres vin- rent ensuite régulièrement tous les deux jours ; elle donna ainsi dix œufs, dont un était dépourvu de coquille. Une cause ‘ quelconque vint-elle troubler l'incubation, ou le nid de paille qu'on avait cependant aménagé le mieux possible ne plut-il pas aux autruches ? En tout cas ils brisèrent de nou- veau une partie des œufs, dont deux donnaient toute espé- rance, et l'incubation artificielle des autres n’aboutit pas. Voulant éviter toute cause matérielle d'accident, M. Nil modifia le nid dès que la femelle manifesta l'intention de pondre dans les premiers mois de 1885 et se rapprocha des conditions normales de l’incubation libre, en placant dans l'écurie un gros tas de sable de rivière, auquel il substitua par la suite une caisse pleine de même sable. La femelle com— mença à pondre, mais avec une grande irrégularité, le deuxième œuf vint seulement deux mois après le premier, et les autres suivirent tous les cinq ou tous les sept jours ; elle en fournit ainsi sept, dont deux privés de coquilles. Cette ir- régularité jointe à la faible dimension des œufs, à la présence de ceux qui n'avaient pas de coquille, et à la constatation de l’état morbide de l’oviducte, laissaient peu d'espoir de réus- site, et l’incubation fut sans effet sur les trois œufs qui étaient intacts. Des symptômes de maladie s'étant révélés, M. Nill craignit de .perdre la femelle, mais, contre toute attente, elle guérit bien, et deux mois après, le 15 juillet, elle recommençait à pondre, donnant un œuf tous les deux jours ; le 28, six œufs bien conformés avaient été déposés dans le sable. Les Autruches se mirent alors à couver, le mâle s’ac- quittant de cette fonction la nuit et souvent pendant le jour quand la femelle ne le relevait pas, de sorte que les œufs ne restaient jamais découverts plus de quelques minutes. Pas un ne fut cassé. Après dix jours d’incubation on constata que deux d’entre eux n'étaient pas fécondés, et le matin du cin- quantième jour, le 15 septembre 1885, M. Nill trouva à sa srande joie, une petite Autruche couchée près de la mère, tandis que la tête d’une deuxième sortait de dessous son aile où elle avait cherché un abri. Les deux œufs restant avaient été abandonnés ; l’un contenait un petit entièrement déve- loppé, l’autre un petit ayant atteint la moitié de son déve- loppement. Vers midi, les jeunes Autruches, se trainant de leurs jambes débiles à quelque distance des parents, s'expo- ESSAIS D’ÉLEVAGE D’AUTRUCHES.. . : 685 -sèrent étendues sur le sol aux rayons vivifiants du soleil, qui brillait alors en plein éclat. Ce fut toute une opération pour les faire rentrer à l'écurie le soir, car les nuits sont déjà fraiches au milieu de septembre. Les parents, qui ne s’en étaient nullement occupés pendant la journée, et leur avaient même refusé l’abri de leurs ailes, ne cherchaient pas à les rappeler, mais ils attaquaient énergi- quement quiconque tentait de s'approcher de leur progéni- ture. Leur excitation fut encore accrue par des chiens, ani- maux qui leur étaient absolument inconnus, et elle se changea en fureur aveugle à la vue d’un chat noir. On put enfin, mais non sans de grandes difficultés, leur faire réintégrer l'écurie, où les jeunes passèrent la nuit sous l’aile de la mère. L’atmos- phère étant devenue froide et pluvieuse le troisième jour après l’éclosion des jeunes Autruches, M. Nill les transporta . dans la ménagerie des Serpents, où il conserve d'ordinaire les animaux sensibles, et il les placa dans une sorte de volière occupant une surface de 20 mètres carrés, construite à leur intention, et dont le plancher, recouvert d’une couche épaisse et très unie de sable et de terre, est chauffé par des tuyaux d’eau bouillante qui maintiennent sa température entre 18 et 21°. Dans un angle de cette cage, séparée du public par un vitrage, on avait disposé une mère artificielle, un ré- duit fait de toiles pendantes où les jeunes Autruches pussent se retirer pendant la nuit. Elles se tenaient presque constam- ment, du reste, sous cet abri remplaçant l'aile de la mère. - Quant à celle-ci, elle se vengeait sur le mâle, en le poursui- vant à grands coups de bec, de l'enlèvement de sa petite famille, qui l'avait fortement irritée. Au moment de leur éclosion, les jeunes Autruches avaient la taille d’une poule _ordinaire. Les pattes et leurs deux orteils, dépourvus d'ongles, étaient de couleur chair; des ongles de 5 "/" de longueur apparurent le deuxième jour à l'extrémité des grands orteils. Elles étaient couvertes d’un fin duvet à travers lequel per- caient, sur le corps de forme ovoïde, de nombreux rudiments de plumes longs de 20 m/", semblables à des chaumes, et donnant à ce corps l'aspect d’un Hérisson. La couleur dominante était le jaune rougeâtre, passant au blanc sous le ventre ; la tête et le cou portaient quelques taches et bandes noires. Les jeunes Autruches ne se déplaçaient le premier jour, 686 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. qu’en se soulevant lourdement sur leurs pattes, pour retom- ber aussitôt ; elles purent se tenir debout et faire quelques pas le deuxième, et étaient solides sur leurs jambes le troisième. Leurs cris, comparables aux croassements des grenouilles, s’entendaient de fort loin. Les deux premiers jours, elles ne mangèrent que du sable et du fumier, sans faire attention au fourrage qu'on leur avait jeté, le troisième et le quatrième, elles prirent un peu de salade, de jeune trèfle, d'œufs cuits durs, de pain, et semblaient très avides de raisins ; leur appé- tit, croissant du reste en même temps que leur taille se déve- loppait, dégénéra bientôt en voracité. Cette éducation semblait donc promettre un plein succès, quand elle fut brusquement interrompue; l’une des jeunes Autruches se cassa la jambe à l’âge de quatre semaines, et mourut de sa blessure, l’autre vécut trois mois et demi et succomba à la suite d’une dislocation de l'articulation du ge- nou, qui avait déchiré les ligaments et la peau. La fécondité de la mère laissait quelque espoir à M. Nil] ; deux semaines, en effet, après la mort du deuxième petit, au milieu de janvier 1886, on trouvait un œuf dans son écurie, mais trois jours plus tard elle était enlevée par une courte maladie. Avant de se livrer à de nouveaux essais, M. Nill voulut savoir de quoi dépendait cet insuccès. Les jeunes Au- truches étaient mortes toutes deux à la suite d’une rupture des membres inférieurs. Toute cause extérieure devait être écartée, le sol de leur habitation étant très uni, couvert d’une épaisse couche de sable, et les précautions prises allant jus- qu'à supprimer l'emploi de tout vase, en faisant déposer leur nourriture sur le sol. La faiblesse du système osseux, due à l'élevage dans une salle close, et peut-être aussi la nourriture, étaient donc les seules causes qu'on püt faire intervenir. L'’éclosion ayant eu lieu au début de l'hiver, les jeunes volatiles . avaient été immédiatement enfermés dans une salle chauffée artificiellement où la privation de liberté nuisait certainement à leur croissance. Quant à la nourriture, elle se composait d'œufs cuits durs, de pain noir, de fromage blanc et de choux d'hiver. Comme ces aliments manquaient de principes miné- raux susceptibles de participer à la constitution du système osseux, M. Nill leur avait ajouté des os pulvérisés et des co- quilles d'œufs, Ayant remarqué la préférence que ses Au truches accordaient au fourrage, il leur en donna à satiété. ESSAIS D'ÉLEVAGE D’AUTRUCHES. 687 Ces modifications ne l’empêchaient cependant pas d'attribuer son insuccèes à la nourriture. Si le fourrage satisfaisait le féroce appétit des jeunes Autruches, cette alimentation trop végétale ne renforçait pas assez les os et les tendons pour leur permettre de supporter l'énorme poids du corps. Au commencement de février 1886, une nouvelle Autruche femelle, ayant la même origine que la précédente, venait la remplacer. Quand le printemps fut venu, elle se mit à fuir le mâle qui la poursuivait sans cesse, et en arriva même à ne plus quitter l'écurie. M. Nill fut donc assez étonné en apprenant au milieu de juin qu'elle avait commencé à pondre. Elle donna six œufs bien réguliers de forme, mais plus petits d’un tiers que ceux de l’autre femelle. Ni l’un ni l’autre des volatiles ne paraissant décidé à couver, on enleva les œufs afin d’exciter la femelle à pondre de nouveau. Elle recommençait vers la fin de juillet et donnait jusqu'au 20 août treize œufs d'assez forte taille et de belle apparence. Les Autruches ne manifes- tant pas plus que la premiere fois l'intention de couver, on enleva les œufs, dont six n'étaient pas fécondés. Sur les sept autres qui furent placés dans la couveuse, on n’obtint seule- ment qu'un jeune qui mourut de la diarrhée au bout de quinze jours. Cette année n’était donc pas favorable, mais la fécondité de la femelle se trouvait du moins établie. | En 1887, elle continuait à témoigner la même antipathie pour le mâle et l’acconplement n'eut lieu que deux fois pen- dant toute la premiere période de ponte qui commenca en avril et fournit quinze œufs, tous trouvés stériles. La ponte d'août en donna treize autres et les deux Autruches se déci- dèrent enfin à les couver en se relayant, mais leur zèle eut peu de durée, le matin du troisième jour on trouvait le nid abandonné, et les œufs refroidis. Huit d’entre eux qu’on re- connut avoir été fécondés, lurent immédiatement placés dans la couveuse, mais les embryons étaient morts dans quatre, l’éclosion réussit pour trois des autres, quant au quatrième, le poussin n'eut pas la force de briser sa coquille. Les trois jeunes Autruches furent transportées dans la partie de la ménagerie des reptiles, spécialement affectée à leur éducation. Au bout de trois mois, elles avaient atteint une belle taille, orâce sans doute aux modifications apportées à la nourriture par M. Nill. Les œufs durs, le riz bouilli et le fromage blanc, 658 ; REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. en constituaient la base, tandis que le pain et le fourrage. leur étaient donnés plus modérément ; elles ne voulurent pas goûter aux moineaux hachés qu'on leur avait présentés, espérant renforcer leur système osseux par cette nourriture animale. Aux aliments primitifs, on ajouta ensuite de l’Orge, du Sarrazin et du Maïs, et on rechargeait souvent le sol de leur demeure avec des décombres tamisés de vieilles macon- neries, du sel et de l’argile. | Malgré la sage coordination de cet essai, il ne réussit pas mieux que les premiers. L'année 1888 fut encore moins favorable, et le 2 août, M. Nillécrivait à M. le Président que la seconde ponte n'étant pas encore commencée, il craignait bien de n'avoir pas d’édu- cation à faire cette année. Les modifications qu'il a successi- vement introduites dans sa. méthode laissent cependant tout espoir de réussite, c'est pourquoi nous avons tenu à résumer l'ensemble de ses expériences. H. CHRONIQUE DE L'EXPOSITION UNIVERSELLE. LE CONCOURS UNIVERSEL D'ANIMAUX DOMESTIQUES AU PAENIS'TDE"L'INDUSTRIE Par E. PION, Inspecteur au marché de la Villette, RACES BOVINES. Certes, c'est un rare spectacle que de voir réunis par races, par régions et par catégories, un aussi grand nombre d’ani- maux venus de tous les coins de l’Europe. Le goùt qui a pré- sidé à ce choix, les soins dont ces bétes ont été l’objet, l’or- gueil des éleveurs, l'émulation qui porte à faire grandement les choses, tout cela nous procure un plaisir zootechnique des plus fins et des plus variés. La puissance de l’homme s'affirme dans ce bel eftort, et si l’on peut admirer de l’autre côté de la Seine les merveilles de l’industrie et des arts, il est séant d'admirer ici cette autre industrie et cet autre art qui consis- tent à faire naître, élever, engraisser et arrondir musculaire- ment les animaux, à préparer de beaux reproducteurs et à former des femelles bonnes pour la progéniture et pour la lactation. ; Un intérêt très vif saisit l'amateur lorsque, d'ensemble, il voit un groupe de sujets d'élite, et qu'il peut de suite les com- parer au groupe voisin dont la sélection n'est pas moins remarquable. Voilà de ces duels pacifiques dont on voudrait toujours être le témoin. Que le duc âe Hamilton remporte le prix d'honneur pour les Porcs anglais, que les Dishleys de M. Ellis de Summershury soient honorés du même titre, nous y devons applaudir. Que les hollandaises triomphent et soient prisées presque à légal des normandes, nous n'y trouverons point à redire. Si les Vaches suisses pénètrent chez nous et y 20 Juiliet 1889. 45 690 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. montrent les meilleures qualités, nous ne nous plaindrons pas de cette invasion là. Dans ce siècle de production intensive, où les appétits sem blent de plus en plus exigeants, les races de forte taille qui consomment beaucoup et rendent beaucoup doivent avoir la préférence sur les petites races : il est facile de le constater ; il n'y a qu'à examiner ces lots de durhams, de normands, de charollais, de nivernais et de hollandais, qui forment, dans leur ampleur et leur prospérité, la plus grande partie de cette Exposition. Je vous parlerai donc des bovins qui sont de tous ces gros seigneurs les plus lourds et les plus étoffés. Voici d’abord les durhams, si célèbres en decà et au delà du détroit, à robe variée où le rouge plus ou moins lavé domine, à cornes fines et courtes aplaties dans le sens verti- cal, à physionomie douce ; c’est l'idéal de la précocité mus- culaire et graisseuse et l'idéal du parallélipipède monté sur quatre jambes gréles. Pour un résultat merveilleux de soins, de sélection et de nourriture appropriée, cette race en est un dans la force du terme. Mais il est des qualités qui, outrées, se changent en des défauts. Trop de graisse nuit à la fécon- dité, et ce muscle trop vite grossi par une suractivité fonc- tionnelle n’aura plus la saveur que lui avait donnée la nature. Malgré l'enthousiasme des amateurs qui veulent plus ou moins durhamiser toutes nos races françaises, je trouve ces repro- ches fondés, et j'estime, par exemple, que de purs nivernais ou de purs charollais, poussés par les méthodes zootechniques, n’ont rien à envier aux durhams. Chose curieuse à constater et qui prouve la valeur de notre sol et le talent de nos éle- veurs, les durhams purs, nés en France, sont, cette année, supérieurs aux durhams nés en Angleterre, et ce, de l'avis impartial des connaisseurs. Il y aurait beaucoup à dire là dessus. D'une façon générale nous réprouvons les croisements, et nous pensons que les races peuvent s'améliorer grande- ment par elles-mêmes. Somme toute, il n'y a pas de mauvais animaux, il n’y a que de mauvais éleveurs. Ce que nous dirons tout à l'heure de quelques races communes le prouvera amplement. | Je n’étonnerai personne en disant que la catégorie des normands et des normandes est richement et plantureuse- ment représentée. Ces robes bringées, ces robes cailles, ces robes mouchetées où le blanc, le roux et le noir jouent de LE CONCOURS UNIVERSEL D'ANIMAUX DOMESTIQUES. 691 mille facons, semblent faites pour flatter les regards; le soyeux des poils, l'ampleur des mamelles, la largeur du bas- sin, le féminin de l'expression opposé aux mâles vigueurs et à la carrure des taureaux, en faut-il plus pour séduire et pour proclamer que cette race où le beurre, le lait et la viande sont si estimables, est une des premières races du monde ? Les hollandaiïses ne seront pas sans nous arrêter non plus : ce type dont le pelage est pie prend tout son développement dans les contrées humides du nord : surabondance de lait, non sans un certain embonpoint, voilà ce qui le caractérise. C'est une race lymphatique, peu nerveuse, peu résistante. De nombreux sujets sont rangés dans les stalles, parmi lesquels je remarque une bête primée appartenant à M. Michiels de Malines. Je ne pense pas avoir vu jamais un plus large écusson de flandrine ; il mesure 23 centimètres à sa partie supérieure. Pour les pays qu’elle habite, cette race, très soi- gnée d’ailleurs, donne tout ce qu’elle peut donner. On ne peut demander davantage. La Suisse nous a envoyé de fort jolis spécimens de ses diffe- rents bovins qui prosvèrent dans leur milieu montagnard, qui en font l’opulence traditionnelle et qui ne craignent ni d’être supplantés par une race rivale, ni d’être touchés par les croi- sements. Le type principal a la robe souris avec des dégra- dations plus ou moins claires. Cette race est fine, quoiqu’elle ait de forts membres, nécessaires à ses allures et à ses montées dans les pâturages alpins. Des cloches de bronze ci- selé et gravé suspendues par un gros collier de cuir à la barre des râteliers nous rappellent les ranz poétiques et les longs troupeaux cheminant dans la montagne. Il n’y a là aucune comparaison à établir avec les autres bovidés de l'Europe. Les Suisses peuvent s’enorgueillir : ce bétail-là est parfait. M. Charain du Vigen (Haute-Vienne), ainsi que M. Leo- bardy, nous ont amené certainement les plus beaux échantil- lons de la race limousine que l’on puisse désirer. Le grand prix d'honneur, décerné par un jury d'autant plus impartial que les étrangers y avaient voix délibérative, est une confir- mation éclatante de la célébrité conquise par ces animaux. Is partagent avec leurs voisins de robe blanche, les charol- lais, l'honneur de disputer les plus hautes récompenses au 692 . REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. bétail anglais, et l’on sait, que, patriotisme à part, les palmes ont été le plus souvent cueillies par nous. Un lait meilleur et plus abondant, une viande de beaucoup plus savoureuse — d’aucuns prétendent que la viande des limousins est la pre- mière des viandes — tout cela compense largement, je pense, quelque retard dans la précocité. Il est vrai de dire que nous avons parfois battu les Anglais avec leurs propres armes, c'est-à-dire en leur empruntant quelques gouttes de sang durham. Maïs améliorées par elles-mêmes, ces deux races, entre les mains d’éleveurs intelligents, peuvent arriver à la perfection. Rien ne manque pour cela dans les fortunés ter- roirs où elles habitent. Telles sont, à grandes lignes, les races les plus puissantes et les plus connues. cf Mais j'aurais grand tort de laisser dans l'ombre les petites races, nées dans les pays secs ou les pays pauvres, petites races que peut seul développer un plus large appoint de nour- riture. Ce qu'elles sont précieuses, et comme elles méritent peu le dédain ! T1 y a quelque quarante ans plusieurs de ces agglomérations, perdues dans de lointaines provinces, étaient à peu près ignorées. La variété merchoise, les types du Mézenc, les Salers même, qui ont tant gagné, et ont affiné leur charpente enfermée dans leur robe acajou (voyez le joli lot de M. Lenègre du Puy-de-Dôme), la race bazadaise, la garonnaise, très fortes toutes deux, vivaces, violentes, char- bonnées, cuites au soleil du Midi, les vaches de Lourdes qui sont les vraies laitières des Pyrénées. Ces variétés vendéenne,. parthenaise et'choletaise si estimées, si considérables par leur nombre et par leurs produits de boucherie ; ces bretonnes, si fameuses, les miniatures de l’espèce, dont le lait n’a pas d’égal, ces Vaches de Jersey, couleur froment, à face brune, à la figure de Biche, au chignon relevé, beurrières sans pareilles, qui ont valu le premier prix à M. Nicolas, d’Arcy-en-Brie ; croit- on que tous ces types spéciaux à chaque pays soient des quantités négligeables ? Tout ce bétail-là, dans son milieu, a des vertus spéciales. Des races misérables ont été, depuis peu, tout à fait transformées. Par quoi? par une meilleure hygiène et par une plus abondante nourriture ; d’où je conclus que la race elle-même n’a jamais tort. Le secret n’est que là, et pas dans les croisements ; car il ne suffit point de donner de la taille ; il faut avant tout nourrir. t II. CHRONIQUE DES SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des sciences. — Séance du 41° juillet 1889. — M. Blanchard présente au nom de M. le professeur Léon Vaillant les observations suivantes relatives à la Montée d'Anguilles : « Le Ministère de la Marine, à la suite de difficultés qu'avait sou- levées dans nos départements du sud-ouest la pêche de la Civelle ou Pibale, c’est-à-dire la Montée d'Anguilles encore très jeunes, a fait faire par MM. les Commissaires de l’Inscription maritime une enquête générale sur l’état de cette industrie dans leurs quartiers respectifs. Les rapports communiqués au Comité consultatif des Pêches mari- times portent ainsi sur toute l'étendue de nos côtes et fournissent sur la question, encore peu connue, de la montée des renseignements d'autant plus précieux que, le mode de reproduction de l’Anguille vulgaire, on le sail, n’étant pas connu, tout ce qui s’y rattache peut être regardé par cela même comme offrant quelque intérêt. » Un premier point qui se dégage de l’enquête, c’est que le phéno- mene n’est connu que des pêcheurs et ne donne lieu à une exploita- tion industrielle que dans un nombre de quartiers relativement res- ireint, douze environ, tous situés sur nos côtes océaniques, générale- ment là où se trouvent des cours d’eau d’une certaine importance. » Pour ce qui est des époques auxquelles commence et finit la montée, on observe certaines variations suivant les lieux. A Caen, Dinan, Saint-Nazaire, Nantes, elle apparaît en février; à Marans, Ro- chefort, Paulliac, en janvier; en décembre à Bayonne. Quant à $a terminaison, elle présente plus de régularité ; partout on l'indique comme ayant lieu en avril, sauf à Nantes et à Rochefort où la montée se prolongerait plus ou moins dans le mois de mai. Dans les pays étrangers, en s’avancant vers le Nord, cette dernière époque, d’après les documents fournis par les auteurs, se trouverait reculée, car elle n'arriverait qu'en mai pour la Tamise, qu’à la fin de juillet pour l’Ir- lande, la fin de juin pour l'Elbe. D'une manière générale, en n’admet- lant toutefois ces dates qu'avec certaines réserves, vu les difficultés de semblables observations, on pourrait conclure de là que le phéno- mène a lieu d'autant plus tard que la latitude est plus élevée. » Des remarques particulièrement bien faites sur l'Orne montrent que la marée exerce une influence sensible sur l'arrivée de la petite Anguille. La pêche est surtout fructueuse dans les deux jours qui pré- cèdent et dans les trois jours qui suivent, soit la nouvelle, soit la pleine lune. I1 semble que le fretin, encore trop faible pour lutter contre le courant, cherche à profiter de l’aide que lui offre les vives eaux pour pénétrer dans le fleuve, Ceci peut sans doute expliquer pourquoi sur nos cours d’eau tributaires d2 la Méditerranée on ne pra- tique pas la pêche de la Civelle; la montée y est connue, elle a été 694 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. parfaitement éludiée et décrite par diférents observateurs, Crespon entre autres ; mais, dans une mer sans flux bien sensible, le phéno- mène doit pouvoir se passer en quelque sorte à toute époque de la pé- riode du frai. ce qui ne permet pas une exploitation régulière et facile comme sur les côtes océaniques. » On est également frappé de voir le banc n’apparaître qu'à une certaine distance de l'embouchure et la pêche cesser rapidement en amont. Ainsi pour la Gironde, où l'étude a été la plus complète et porte sur une longueur du fleuve d’au moins 35 lieues, la pêche est très peu active à Royan, prend une importance considérable à Verdon, diminue sensiblement dès Dignac, plus encore à Pauillac, pour de- venir insignifiante ou nulle à Blaye, à Bordeaux et Langon pour la Garonne, à Libourne pour la Dordogne. Cette décroissance ne tient nullement à la pêche plus ou moins active faite en aval; de l’aveu de tous, la quantité prise est insignifiante par rapport à la masse que forme le banc serré de ces petites Anguilles, long de plusieurs cen- taines de mètres, large de 3 mètres ou 4 mètres, épais de 0,80 à 0M,50, mais dépend surtout de ce que la métamorphose de la Civelle en Montée proprement dite s'opère très rapidement, une fois le pois- son arrivé en eau douce, el en modifie profondément la nature. » Sous le premier état, l'animal est iransparent, comme gélalineux, se décelant au milieu du liquide par les points noirs répondant aux yeux et la tache colorée rougeâtre que forment le cœur ei les bran- chies; il meurt rapidement hors de l’eau, quelque soin qu'on prenne pour le conserver. Sous le second état, la peau s’est épaissie et chargée d’un pigment noir, qui colore toutes les parties supérieures, tandis que les parties inférieures sont d'un blanc argenté; l'être sous cette nouvelle apparence représente, sauf les dimensions, une véritable An- guille ; sorti de l’eau, il résiste d'une façon remarquable à l’asphyxie, pourvu qu'on le maintienne dans un milieu humide, fait bien connu en aquiculture, et c’est sous celte forme de Montée proprement dite qu'on peut l’expédier au loin pour le repeupiement. » Cetle différence d’aspect s'accompagne de modifications dans les qualités alibiles du poisson, très recherché sous sa première forme, dans les localités où on le prend, car il ne supporte pas le transport, rejeté sous la seconde comme indigeste et de mauvais goût. La Givelle, en effet, est constituée par des tissus à l’état en grande partie em- bryonnaire et surtout renferme encore dans son abdomen une quantité notable de la réserve nutritive vitello-ombilicale, substance d’une as- similation facile, tandis que la Montée nroprement dite, qui, à ce moment, après avoir épuisé la réserve embryonnaire pour former ses tissus définitifs, n’a pu encore se nourrir suffisamment, est maigre el n'offre aucune des qualités recherchées pour l’alimentation, ce qui explique assez l'abandon de sa pêche. » IV. CHRONIQUE DES COLONIES ET DES PAYS D'OUTRE-MER. La Pisciculture, la pêche et la chasse en Nouvelle- Zélande. Les questions d'acclimatation en général, et plus spécialement d’in- troduction des espèces, les plus appréciées, européennes et américai- nes, de poissons d’eau douce et d eau salée (Truites, Saumors, Tan- ches, Carpes, Perches, Harengs, Homards, elc., etc.) ont vivement préoccupé le législateur Néo-Zélandais et les initiatives privées, pen- dant ces quinze dernières années. Les rivières Néo-Zélandaises présentaient dans le passé des res- sources médiocres : des Ecrevisses, que les Anglais n’apprécient pas du tout, et une espèce de Lamproie, qui atteint d'énormes proportions, mais d’une saveur peu délicate. Par contre, les poissons de mer, dans les eaux Néo-Zélandaises, sont d'espèces très nombreuses, dont plusieurs d'excellente qualité ; le Butterfish, le Flounder (variété de Sole), le Barracutta, le Teraki, la Langouste, elc., etc. Aujourd'hui, chaque région possède sa Société d’Acclimatation, ayant une existence légale, des pouvoirs de réglementation et un budget. Grâce à l'aide du gouvernement et à une législation protec- trice (la Mouche artificielle est seule autorisée ; les filets sont inter- dits dans les rivières), les principaux cours d’eau possèdent mainte- nant en abondance plusieurs variétés de Salmonidés. Les autres espèces introduites sont encore dans la période de formation. Les permis de pêche (25 francs pour la saison de trois mois) alimentent les budgets de ces Sociétés, sans prélèvement de l'État. J'ai visité récemment l'établissement de pisciculture de Masterton (Wairarapa, île du Nord), qui est dirigé par M. William Beetham, de la Société de Wellington. J'y ai vu plus de dix variétés de Salmo- nides, de tous âges et de toutes dimensions, jusqu’à 12 livres. Cet établissement très bien agencé, n’est pas inférieur, comme tenue, à ceux que J'ai visités en Suisse et en Amérique, bien que dans des proportions encore modestes. Il alimente de jeunes alevins une ving- taine de cours d’eau de la région et j’ai pu constater dans plusieurs la présence d'excellentes Truiles, la plus grosse pesant 13 livres. Je mentionnerai ici, à titre de renseignement, que les perfectionne- ments introduit: dans les procédés et les installations frigorifiques, sur les steamers directs, ne sont pas seulement utilisés pour le trans- port des œufs. Ils permettent aussi, dès à présent, d'alimenter le marché Néo-Zélandais de poissons provenant des rivières et des côtes anglaises. Il serait possible d'exporter de même, en Europe, les es- pèces d’eau salée Néo-Zélandaises dont plusieurs y seraient très ap- 696 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. préciées. Il suffirait d'entrer en-arrangement soit avec la Vew-Zealand Shipping Company, soit avec la Skaw Sawill and Albion Company dont les sièges sont à Londres. On pourrait, par exemple, approvisionner le marché de Paris d'Huitres d’Auckland et de l’île Stewart — espèces excellentes — expédiées par frigorifique, du mois de mai au mois de septembre, à raison de l’interversion des saisons dans les deux hémis- phères. Cette innovation serait rémunératrice au moment de l'Expo- sition universelle. C'hasse. — La Nouvelle-Zélande, au moment de sa découverte, ne possédait, en fait de mammifère, qu'une espèce de Rat indigène au- jourd’hui presque disparu. Par contre, les oiseaux y étaient assez nombreux, dont plusieurs espèces comestibles : les T'uis, sorte de Merle, une Caille indigène, une petite Alouette, les Cygnes noirs, des Pigeons verts de grosse espèce, des Canards, etc. . L'’acclimatation du gibier européen, poil et plume, a donné des ré- sultats plutôt trop féconds : témoin le Lapin, introduction néfaste en Ausiralie, qui a ruiné plusieurs districts agricoles, et infeste encore les deux tiers de la colonie ; le Lièvre qui dévaste nombre de planta- tions, et le Moineau qui par endroits constitue un vérilable fléau. Pour détruire les Lapins. on a introduit des Fouines, des Belettes et des Furets, qui vivent avec eux, dans les mêmes terriers, en irès bonne intelligence, et ne sont en définitive que des animaux nuisibles, désastreux pour les poulaillers et les jeunes couvées de Faisans et Colins. Le Renard n’a pas été introduit. Les Cochons sauvages, d’origine domestique, sont en grand nombre dans le bush (forêt vierge), mais font peu de dégâts. On y rencontre également les EApÊCeS bovine et ovine, dont de nombreux représen- tants ont passé à l’état sauvage et s’y reproduisent. Les Cerfs, descendants d’un mâle et de deux femelles importés is Y a vingt-cinq ans, vivent en troupeaux dans un district de l'ile du Nord. La grande chasse n’a pas encore éié inaugurée dans ce pays. Ces animaux sont peu inquiétés et se multiplient rapidement. Le Faisan et le Colin de Caïifornie constituent avec le Lièvre un gibier déjà très abondant. La chasse du gibier indigène est autorisée pour les Cygnes, Pigeons et Canards. Elle est intercite pour les Tuis et autres espèces menacées de disparition. Les Étourneaux et les Ortolans ont très bien réussi. Comme les permis de pêche, les permis de chasse (25 francs par saison du 1°" mai au 1% août) alimentent les budgets des Sociétés d’'Acclimatation, qui ont, comme autres ressources, les souscriptions et dons de leurs membres et des subsides de l'État. Vicomte de JOUFFROY d’ABBANS, Vice-consul de France en Nouvelle-Zélande. 4 ‘ Mn el oi abc V. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. Fondation de stations agricoles en Portugal. — Choix d’agronomes-praticiens étrangers. — Opposition de la presse portugaise. — Plusieurs journaux de Lisbonne annoncaient tout dernièrement que M. Rodrigues de Moraes avait élé chargé par le Ministre de l'Agricul- ture et des Travaux publics d'une mission à l'Etranger dans le but d’en ramener six agronomes- praticiens qui doivent être nommés dans les « stations chimiques et agricoles » fondées depuis peu, pour y enseigner spécialement la fabrication rationnelle et l'épuralion des huiles, la vinification, etc. Là-dessus la Presse portugaise protesta avec énergie mais parfois aussi avec assez peu de logique. — « Une telle mesure, dit la Gazette de Portugal, dénoterait l’insanité ou la mauvaise foi de celui qui l’aurait décrélée et tout Poriugais pro- tesle:ait avec indignation contre celui qui oserait assumer une lelle responsabilité. » Est-il admissible, conclut le rédacteur, qu’au moment où la crise agricole pèse si lourdement sur nos contrées, qu’au moment où nous devons tous nous efforcer de relever notre pays par l’agriculture, unique moyen, auquel nous puissions recourir aujourd'hui avec con- fiance pour maintenir notre indépendance, est-il admissible, qu'un ministre, consente à soumettre à un pareil discrédit ses compatriotes sur lesquels il pouvait fonder cependant de grandes espérances et à exposer son pays à la honte et au ridicule devant des étrangers appelés à constater de visu 1e misérable état de nos procédés de culture et de nos arts agricoles ! comme si cet état n'était pas dû uniquement à l'abandon prolongé dans lequel le gouvernement a laissé l’agriculture jusque dans ces derniers temps. » Comment le gouvernement pourrait-il se justifier d'entretenir une école supérieure spéciale — l’Institut agronomique —, s’il osait pro- clamer de la sorte l'incompétence de ceux qui reçoivent leurs diplômes de celte même école? » Le journal d’agricuiture © cumpeao das Provincias, approuvant ce langage, se demande à quoi servirait d’avoir apporté tant de modifi- cations uliles, d’avoir introduit tant de réformes frurtueuses dans les écoles spéciales du gouvernement si l’on se décidait réellement à ap- peler des spécialistes de l'étranger; et il ajoute: — « Notre climat n'étant pas le même que celui des autres pays d'Europe, les moyens de culture doivent forcément varier ct des pro- fesseurs étrangers ne pourraient qu’êlre nuisibles pär cela même à notre pays. » Is nous feraient gâcher nos meilleurs vins en leur faisant perdre 698 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. le cachet qui les caractérise et fait toute leur supériorité, si tant est que nos vignerons consentissent à les écouter. » D'ailleurs, est-ce que les provinces d'Italie où l’on fait le vin sui- vant les procédés dits scientifiques ne sont pas justement celles qui exportent le moins de vin, tandis que celles du Sud trouvent un facile placement du leur encore fabriqué par les procédés praiiques qu’on appelle routiniers ? > De ce côté les « praticiens » d'Italie ne feraient donc pas notre affaire ; ceux d'Espagne, encore moins, attendu que les Espagnols ne font ni de meilleurs vins, ni de meilleure huile que nous. Beaucoup d’entre eux font même exporter leurs produits par nos ports pour les faire passer comme produits portugais bien mieux cotés à l'étranger. » Les journaux portugais ne parlent pas des agronomes des autres pays d Europe. Quoi qu’il en soit le Ministre de l'Agriculture ne s’est pas encore laissé émouvoir par l'opposition d’une partie de la presse et tout fait supposer que sa décision sera maintenue. Nous avons cru devoir porter ces détails à la connaissance des agro- nomes français et nous complèterens ces renseignements s’il y a lieu. D' J. PAGÈS-GRIGORIEFF. L’'Élan en Scandinavie. — La chasse de l'Élan sur la pres- qu'ile scandinave, où son extinction paraissait imminente il y a quel- ques années, a été assez fructueuse l’automne dernier. dans la partie méridionale de la Norvège. Les paysans de la province de Namdalen en ont abattu quatre-vingt-huit, et les concessionnaires du droit de chasse, qui sont étrangers, anglais pour la plupart, en ont tué vingt- six autres. L’Elan reparaît également en Suède, sa chasse ayant été prohibee par le roi Oscar sur les provinces de Norrbotten, Gottemburg, Krono- berg et le sud de la province de Kalmar. On en a tué 2,178 en 1887, et 1996 en 1888, dans la région où la chasse des animaux, âgés d’un an au mnins est permise, région comprenant : le nord de la province de Kalmar, les provinces de Kopparberg, Karslad, Vesteraar, Veste- noorland, Gefleborg et Upsal. | (Land and Water.) Les œuîs de Vanneau. — Le Vanneau a toujours été tenu en haute estime par les habitants de la Frise hollandaise, mais ils adoraient cet oiseau, autrefois, tandis qu'ils le mangent aujourd'hui, ainsi que ses œufs fort estimés des gourmets hollandais. Le premier œuf de Vanneau de l’année 1889, trouvé le 24 mars, a immédiatement été vendu 15 florins, 31 fr. 85. Cette découverte re- latée par tous les jourraux des Pays-Bas, éveille chaque printemps une grande émotion parmi les populations des campagnes frisonnes, où se recrutent les spécialistes adonnés à la recherche des œufs de RS 2 di us it md. ni. SO me SC TE LA | CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. © 699 Vanneau, profession qui exige du reste une longue expérience, et une parfaite connaissance des localités où ces oiseaux pondent de préfé- rence. Si tous les œufs de Vanneau ne se vendent pas 30 francs, leur prix reste assez élevé pour que de nombreux chercheurs parcourent les prairies des l’aube, observant le vol des oiseaux, les endroits où ils se posent. L'activité avec laquelle ces battues se pratiquent pro- voque du reste une rapide diminution du nombre des Vanneaux fréquentant les marais de la Hollande, car une bien faible partie des œufs de la première et de la seconde ponte arrive à éclosion. La recherche des œufs est interdite, il est vrai, à partir du 30 avril, et les vropriélaires tendent de plus en plus à prohiber le passage sur leurs terres, mais les paysans frisons, qui peuvent recueillir jusqu à deux cents œufs pendant les quinze jours où la ponte est surtout ac- tive, se soucient fort peu, paraît-il, de ces restrictions, qu'ils enfrei- guent, sauf à subir quelques jours de prison quand le moment de ia récolle est passé. H;:B; Le repeuplement de l’Hudson. — L'Alose, très abondante jadis dans l'Hudson, diminuait progressivement, les nombreux filets tendus d’un bord à l’autre, empêchant les femelles de remonter jusqu'aux ‘endroits où elles ont l’habitude de frayer. Depuis quelques années, une large application de l’éclosion artificielle est venu modifier cet état de choses. On fait pondre des Aloses femelles capturées à cet effet, qui .sont ensuite remises en liberté ou envoyées au marché, et les 2 à 5 millions d’alevins oblenus des œufs sont jetés dans le fleuve pen- dant les premiers jours de mai. Avant l’époque où ce repeuplement fut mis en pratique, 500.000 Aloses étaient prises annuellement dans l’'Hudson, tandis qu’on en a capturé 2 millions en 1887, aussi le prix de cet excellent poisson a-t- il diminué de moitie. Le succès oblenu avec l’Alose a poussé les riverains à introduire le Saumon dans l'Hudson. En 1882, on y jetait des alevins provenant de poissons pêchés dans la Penobscote, rivière de l’État du Maine, et ils prospérèrent si bien, qu’en 1886, une quarantaine de Saumons pesant de 4 à 9 kilogrammes chacun, élaient pris dans l'Hudson. On en pécha 100, entre Albany et New-York en 1887, et 300, dont le plus gros pesant 12 kilogrammes, avait 1,06 de longueur dans les sept premiers mois de l’année courante. La longévité des Tortues. — Les Tortues passent d'ordinaire pour atteindre un âge très avancé, et le fait suivant, relaté par le Morning News, de Savannah (Etals-Unis), ne peut que confirmer cette hypothèse. Il y a bien des années, vivait à Rondout, Etat de New-York, un in- dividu, nommé Whittaker, qui avait l’innocente manie de prendre des 100 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. - Tortues et de graver son nom sur leur écailie. Un fermier de cette localité rencontra au mois d'octobre dernier une Tortue presque para lytique, qui se traînait péniblement sur le chemin ; s’en étant appro- ché, il put déchiffrer l'inscription suivante gravée sur son écaille : W. D. Whittaker, 10 août 1771. Ce. chelonien avait donc plus de cent dix-sept ans. su JE Un Esturgeon monstre. — Vers le milieu du mois de juillet, un habitant de Chico, Californie, se disposait à jeter ses lignes dans la rivière voisine de cette localité, quand il aperçut un énorme Esturgeon que l’abaissement du niveau de l’eau avait abandonné dans une petite mare, d’où il ne pouvait regagner le courant. Le pêcheur élant aussitôt allé chercher du renfort, le poisson fut tué à coups de fusil, et hâlé sur la rive; cet Esturgeon monstrueux pesait 120 kilogrammes, son corps était plus long que le chariot sur lequel on le ramena à la ville. H. B. Les Vers à soie en Grèce et en Amérique. — La sérici- culture suit une marche décroissante en Grèce, où elle était très pros- père à une certaine époque, et s’est peu à peu concentrée sur la partie sud du Péloponèse, en Laconie et en Messénie. Vers 1855, dit le Journal de la Chambre de commerce de Constanti® nople, la production de ce petit royaume se chiffrait par 1,200,000 à 1,400,000 cocons:; elle descendait à 500,000 cocons environ, de 1570 à 1880, puis s’abaissait encore à partir de 1884, pour aticindre à l'heure actuelle 200,000 cocons environ, représentant 18,000 kilos de soie brute, dont 10,000 kilos embarqués à Calamuta sont expédiés à Marseille. Cette diminution est attribuée aux maladies sévissant sur les Vers et aux prix peu rémunérateurs des soies brutes. L'élevage des Vers à soie tend par contre à prendre une certaine importance aux États-Unis. Pendant l’année 1888, la Women’s silk culture Association, associa- tion féminine de sériciculture, qui recoit du gouvernement une sub- vention annuelle de 26,000 cocons, a distribué 2,686 Mûriers à diffé- rents éleveurs répartis sur toute la région orieniale des États-Unis, depuis le Michigan, le Minnesota et l'État de New-York au nord, jus- qu’à la Floride à l'extrême sud. Dans la région occidentale, de nom- breux propriélaires ont créé des plantations de Müûriers de 4 et 5 hec- tares, principalement aux environs de San-Diego, Californie. Le bureau séricicole californien a fait en 1888 une distribution de 80,000 Vers, et M. Neumann à qui on avait accordé une subvention de 2,500 dollars, 18,000 cocons, pour ses essais d'élevage d’un Ver à soie indigène, demande que la somme soit décuplée, afin de pouvoir élablir des stations d'observation dans toutes les régions .où pousse l’arbuste servant à l'alimentation de ce bombyx. San-Francisco recoit chaque année pour 62 millions de francs de CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 701 soie japonaise, aussi M. Neumann n'hésite-t-il pas à dire que sa découverte sera pour la Californie aussi fructueuse que celle des mines d’or. | Je E: _ La culture du Tabac en Alsace-Lorraine. — Nous trou- yons dans le journal la Pos{ de Strasbourg quelques renseignements intéressants sur la culture du Tabac en Alsace-Lorraine. Une reunion des cultivateurs et manufacturiers de Tabacs a eu lieu sous la présidence de M. Schmitter, directeur de la manufacture de Strasbourg, afin d'aviser sur les mesures à prendre pour arrêter la di- minulion toujours croissante de cette culture en Alsace-Lorraine et remédier à la dépréciation dans laquelle sont tombés les Tabacs de cette contrée. Cette année, encore, la superficie de terrain livré à la culture du Tabac a diminué de plus de 800 hectares, ce qui fait une diminution de plus de 2,500 hectares en peu d’années pour l’Alsace-Lorraine.'De ce chef, il en résulte pour le pays une perte annuelle de 2,400,000 marks, soit 3 millions de francs. Le président qui a déjà publié une brochure sur cette question intéressant à un si haut degré les agriculteurs d’Alsace-Lorraine a résumé dans un discours son opinion conforme d'ailleurs à celle du D Bessler, conseiller d’État, chef du laboratoire de chimie agricole de Carlsrube. D’après ces deux spécialistes, la cause principale de cet état de chose proviendrail de Ce que la méthode de culture est restée sta- tionnaire, tandis que depuis quelques années un grand changement s'est opéré dans le mode de consommation du Tabac. L'usage du cigare s’est de plus en plus généralisé et, dans bien des contrées, la pipe a été complètement détrônée. Or, pour le cigare, il faut produire des Tabacs légers, qui, pour un poids donné, puissent recouvrir la plus grande surface possible. - Que le Tabac brûle bien et qu’il soit léger, telles sont les qualités que les manufacturiers recherchent dans cette plante. Quant à ce qui concerne le poids, on comprend sans peine que les intérêts du pro- ducteur sont diamétralement opposés à ceux du manufacturier, le premier vendant sa récolte au poids, le deuxième vendant ses cigares au nombre. La facon dont le Tabac est imposé dans les divers pays influe aussi considérablement sur cette exigence. En Angleterre, par exemple, où le Tabac est imposé au poids, les manufacturiers ont tout intérêt à n’acneter que des tabacs peu lourds, ce qui leur permet, pour un poids donné, de fabriquer un plus grand. nombre de cigares, et, après l’acquittement des droits, d'augmenter le poids des tabacs dits coupés (pour pipe et cigarette), en leur faisant absorber le plus d’eau possible. : | 702 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. C'est surtout à cause de sa légèreté et de la largeur de ses feuilles que le Tabac de Sumatra se maintient à un prix si élevé {5 à 600 marks, soit à 625 à 750 francs les 100 kil.) et est si universellement recherché. Avec une livre de ce Tabac on recouvre deux, trois et même quatre fois plus de cigares qu'avec les produits d’Alsace-Lorraine. Aussi le préfère-t-on à tout autre pour les « couvertures » de cigares. On sait, d’ailleurs, que le cigare est la forme sous laquelle le Tabac tend de plus en plus à être consommé dans la plupart des pays civi- lisés et qu'il est pour le manufacturier, qui cherche à lui donner le plus bel aspect et le plus de grosseur possible pour un poids moindre, la plus grande source de ses bénéfices. Le cultivateur de tabacs doit donc sans retard changer d'espèces et de moyens de culture pour obtenir ces derniers avantages. Dr J. PAGÈES-GRIGORIEFF. L'Ac2cia dealbata Link. ou Cassie blauchissante (4. érrorafta, StEB., Mimosa dealbata HorT.) est un arbre d’une hauteur moyenne de 12-15 mètres, mais qui, dans des conditions favorables de développe- ment, peut atteindre jusqu’à 30-35 mètres, sur un diamètre propor- . tionné : tronc brunâtre, à rameaux faiblement anguleux couverts, ainsi que les pétioles, d’un léger duvet glauque ou blanchâtre ; les feuilles bipennées sont composées de 12-16 paires de pinnules portant de 30 à 35 paires de folioles linéaires, petites, obtuses et pubescentes blanchâtres. Cette espece offre une grande analogie avec l'A. decurrens, dont le feuillage est d’un beau vert foncé. $ Originaire de l'Australie, des provinces de Victoria, N. S. Wales et de la Tasmanie, où il est connu sous le nom de Silver Waïitle, l'A. dealbata affectionne particulièrement les bords des cours d'eau. 1/4. dealbata est depuis longtemps naturalisé dans le Midi de la France ; il est assez rustique, dit M. Charles Naudin, pour qu'on en voie de beaux échantillons en Bretagne et même sur les côtes de Noc- mandie. A la Réunion, il porte le nom d’Acacia Bernier, du nom de son introducteur. En Provence, où on le cultive sur une grande échelle pour la pro- duction des rameaux fleuris, qui donnent lieu à un commerce assez important, cette espèce ne vient pas également bien partout ; les ter- rains calcaires lui conviennent peu, tandis qu'il prospère dans les ter- : rains dérivés du granit et du gneiss ; c’est pour cela qu'il vient bien à Cannes et mal à Nice. En outre, dans les conditions naturelles, la flo- raison en est un peu tardive; aussi sentait-on qu'il y aurait intérêt à trouver les moyens de l’avancer. Le procédé qui pouvait conduire à ce résultat vient d’être trouvé et a pu déjà être employé avec un tel avan- tage commercial, que quinze jours d'avance dans la floraison ont suffi pour élever à 3 et à 4 francs le prix du paquet de branches fleuries, CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 703 qui, à l’époque normale, ne vaut que T5 centimes ou 1 franc. Ce procédé consiste simplement à soumettre à une chaleur de 30 à 35 degrés les rameaux qu'on a coupés au moment où ils portaient des boulons formés. Sous l'influence de cette chaleur, ils se développent beaucoup plus rapidement qu'ils ne l’auraient fait s’ils étaient restés sur l'arbre. Les fleurs de l'A. deulbata, bien connues à Paris sous le nom ‘de Mimosa, sont réunies par petites têtes globuleuses disposées en grappes paniculées jaunes, très odorantes Les rameaux fleuris nous sont envoyés du Midi, en quantités considérables, au commencement du printemps. D’autres espèces du même genre arrivent également sur le marché de Paris, mais le feuillage qui accompagne les fleurs se borne à de simples et lourdes phyllodes, ce qui fait que la préférence est toujours accordée à l’A. dealbata dont les fines et nombreuses folioles sont du plus gracieux effet. Ces fleurs arrivent aux Halles centrales dans des paniers en osier, dits paniers de Nice, qui ont 60 centimètres de longueur sur 20 d'épaisseur. Le département des Alpes-Maritimes en fournit une quan- tité considérable. Les fleurs sont tassées, serrées, pliées et à l’abri autant que possible de l'air, de la lumière et de l'humidité. Les Mimosas sont vendus à la criée; leur prix de vente varie de 7 à 13 francs les 5 kilos, car les lots sont plus ou moins avantageux et les marchands recherchent les branches qui ont le moins de bois. Celui-ci, en effet, a quelquefois plus de 3 centimètres d'épaisseur, ce qui représente un certain poids. Puis les marchands vont parcourant les rues et offrant leur mar- chandise aux amateurs. En détaillant leurs lots, plusieurs arrivent à les vendre le triple du prix d'achat. Le bois de l’4. dealbata est de couleur blanchâtre, à grain assez gros, à cassure courte et sèche. IL est assez facile à travailler, mais il est peu résistant et on ne l'emploie guère que comme bois de chauffage, mais on peut cependant en tirer un bon parti dans la tonnellerie ou pour faire des planches aussi tenaces et aussi ligères que celles que l'on obtient avec le Peuplier. Il fournit aussi un excellent charbon. Sa densité de coupe fraîche est de 0,773. L’A. dealbata donne une gomme, qui se rapproche de la gomme arabique. L'écorce peu épaisse qui entoure le tronc estutilisée pour le tannage des cuirs légers. Sous le climat de Paris, l'A. dealbata est une des plus belles et des plus gracieuses plantes ornementales de nos serres tempérées. Max. VANDEN-BERGHE. OUVRAGES OFFERTS À LA SOCIÉTÉ. Forbes (S.-A.). Séudies on the Chinch Bug 1885-1888. Springfield, 1889. Springfield printing C°, State Printers. : L'auteur. RAR (M). Conspectus avium imperit Rossici. Saint-Péters- bourg, 1884. MM. Eggers et Cie et J. Glasounof. | L'auteur. ae (An.). La Sériculture en Russie et M. Stéphane Maslof | L'auteur. Dannevig (G-M.). Berefning om flodevigens Udklekningsanstalts Virksomhed i Femaaref 1885-1888. Arendal, 1889. "L'auteur. Clark (S.-R.). Before purchasing your Wraps, etc. for the coming Winter read a few Hints to the Unwary! Melbourne, J. Batten. printer, 19, Queen S'. M. P.-L. Simmonds. Piétrement {C.-A.). L'origine et l'évolution intellectuelle du chien d’arrét. Paris, 1888. Typographie A. Hennuyer, 7, rue Darcet. L'auteur. Dareste. Mémoire sur l’origine des races chez les animaux domes- tiques. Paris, 1888. je ÉLRSeo, éditeur, boulevard Saint-Germain. L'auteur. Paris (Mi de). Mofes el conseils sur l'emploi des engrais chimiques pour la culture agricoleet maraîchère. La Brosse-Montceaux, 1888. L'auteur. Bernardin. La légende des Nuttons et l'homme de l'âge du Renne.' Annecy, 1878. Imprimerie Aime Perrissin et Cie. : L'auteur. Thevenin E.) et Varigny (H. de). Dictionnaire abrégé des sciences physiques et naturelles. Paris, 1889. Félix Alcan, éditeur, 108, boulevard Saint-Germain. Les auteurs. Heylyn-Hayter (H.). Handbook to the Colony of Victoria. Mel- bourne, 1885. By authority : John frères, Government Printer. M. P.-L. Simmonds. Gastinel-Pacha. Éfude agricole sur la loi de restitution appliquée aux cuilures cofonnières. Le Caire, 1888. Imprimerie nationale. L'auteur. Mueller (Le baron F. von). Zconography of Australian species of Acacia and cognate genera. Melbourne, 1888. Robt. S. Brain, Govern- ment printer. 12° et 13° décades. L'auteur. Deschamps..Manuel complet du jardinier. Paris, 1889. Delarue, libraire-éditeur, 5, rue des Grands-Augustins. L'éditeur. Doumet-Adanson. L'utilité des arbres. Moulins, 1889. Imprimerie _ L'auteur. Et. Auclaire. Le Gérant : JULES GRISARD. I, TRAVAUX INÉDITS ADRESSÉS A LA SOCIÉTÉ. LA SUISSE ET SES CHÈVRES PAR M. PaAuz THOMAS Membre de la British Goat Society de New-Malden (Surrey) Angleterre. Il y a en Suisse, d’après le recensement fait en 1886, 416,216 Chèvres, divisées en plusieurs races bien distinctes les unes des autres, savoir : 1° La Chèvre du Haut-Valais dite Schwartzhals qui est moitié noire devant et blanche derrière, à long poil avec cornes. C’est une magnifique Chèvre, très grande et très bonne laitière. Elle n’a jamais plus d’un Capri (nom donné aux chevreaux dans le pays) à chaque portée (1). Ces ani- maux aiment leurs montagnes et la liberté et s’accoutument difficilement au régime de l’étable. 2° La Chèvre de la Sarine (Saanenziege) de taille moyenne, poil ras, toute blanche et sans cornes. Leur rendement est entre 3 et 4 litres de lait par jour. On les trouve dans la vallée de Simmenthal (canton de Berne). A l’automne il arrive de nombreux troupeaux de ces animaux sur le marché de Berne, où ils se vendent au prix de 10 à 15 francs par tête. 3° La Chèvre de la Gruyère (Greyerzerziege), la plus grande Chèvre de la Suisse. Elle mesure à l'épaule jusque 90 cen- timètres de hauteur. Elle est de couleur brun foncé comme celle du Chamois, avec de longues cornes. Ces animaux sont disgracieux, étant très minces de corps avec de très longues jambes. Leur tête est longue et très massive et leur dos est voûüté comme le dos d’une Carpe. Leur pis est très développé ; ils donnent, m'a t-on dit, jusqu'à 5 litres de lait par jour. 4 La Chèvre d’Emmenthal (Emmenthalerziege,; dite Schwartzhorn, à long poil noir avec longues cornes. Ces animaux ressemblent aux Chèvres des Pyrénées, — ce sont (1) Cette variété de Chèvres est depuis plusieurs années déjà au Jardin d’Acclimatation et y réussit très bien; contrairement au renseignement re- cueilli par M. Paul Thomas, elle donne réxulièrement deux jeunes à chaque portée et souvent trois. (Æédaction.) ! 5 Août 1889. 46 706 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. des Chèvres de montagne qui ne sont guère vantées pour leurs qualités laitières. 5° Il y a dans le canton d’Appenzell, deux races de Chèvres bien distinctes : | a) Les Chèvres destinées à être gardées en troupeau durant l'été sur le paturage communal. Elles sont en général d’une taille moyenne ; elles portent des cornes et ont une robe foncée presque noire sur le dos, tandis que les extrémités et le ventre sont d'une couleur claire, de même que les signes dont la tête est marquée et qui rappellent un peu ceux de la tête du Chamois. | b) Les Chèvres destinées à être gardées à la maison pour fournir le lait nécessaire au ménage, sont par contre tout à fait blanches, grandes, à poil long et sans cornes. P Les habitants d’Appenzell sont très fiers de leurs Chèvres et ne voudraient pas les croiser avec d’autres races, afin de conserver leur type. Presque dans chaque maison, chez les riches comme chez les pauvres, on garde trois ou quatre Chèvres. On les laisse paitre pendant toute la bonne saison dans les prés entourant les habitations et l’on en obtient un rendement très considérable. On compte qu'elles produisent par année de 500 à 550 litres de lait chacune. — Elles peu- vent être rangées parmi les meilleures laitières qu'il y a en Suisse. 6° La Chèvre de Fribourg. Il n’y a pas dans le canton de Fribourg de race bien prononcée ; les Chèvres y sont un peu de toutes les couleurs et de toutes les formes, grandes ou petites, à poil ras ou à poil long. Dans la partie montagneuse du canton, c’est-à-dire dans les vallées de Charmes et de Bellegarde où existent encore les grandes bergeries commu nales, les Chèvres ne dépassent pas la taille moyenne. Dans la plaine, où on les garde à l’étable, pendant la plus grande partie de l’année, elles sont en général assez grandes. Les Chèvres des bergeries donnent relativement peu de lait, parce qu’on s'applique plutôt à avoir une grande quantité de bêtes que de les élever avec soin. e La Chèvre de Toggenburg. Les Chèvres de ce canton sont d’une couleur uniforme, gris clair, à poil ras et sans cornes. C’est la Chèvre la plus recommandable de toute la Suisse, parce que ces animaux sont d’abord très gracieux et très intelligents et qu'ils s’accoutument aussi bien à la mon- LA SUISSE ET SES CHÈVRES. 707 tagne qu’à l’étable. Ces Chèvres s’acclimatent très facilement et acceptent n'importe quelle espèce de nourriture. Elles ont en plus l'avantage d’être d'excellentes laitières. J'ai eu occa- sion de voir à l'Ecole d'agriculture de Rütti les trois Chèvres de Toggenburg qui ont obtenu à l'Exposition d'agriculture de Neuchâtel en 1887, la grande médaille de vermeil. Quoique très âgées, elles donnent encore une énorme quantité de lait et sont très appréciées à la ferme. Plusieurs grands éleveurs avec lesquels je suis en relations et que j'ai eu occasion de voir à mon dernier voyage en Suisse, ont essayé d'obtenir, par le croisement de différentes races, des animaux donnant un plus grand rendement de lait. Tout ce qu'ils ont obtenu, c'est d’avoir quelques animaux de plushaute taille, mais donnant moins de lait. Tous sont du même avis, c'est de conserver leurs races primitives. M. le professeur Anderege, de Berne, et M. Klening, directeur de l'Ecole d'agriculture de Rütti, sont également de l'avis qu’il n'y a rien à obtenir par le croisement des Chèvres. Depuis plusieurs années, j'ai moi-même essayé de croiser différentes races de Chèvres. Aucune des expériences que j'ai tentées n'a donné de bons résultats. J'ai essayé de croiser mes Chèvres de Nubie, mes Schwartzhals et mes Toggenburg avec nos Chèvres anglaises. Aucun des produits n’a répondu à mon attente et je suis également d'avis de laisser chaque race se propager entre elle. M. le directeur de l'Ecole d'agriculture de Rütti a eu l’o- bligeance de me laisser visiter toute la ferme. Différentes races de Chèvres ‘y sont entretenues ; leur lait sert pour la consommation des élèves, tandis que le lait des Vaches qui y sont très nombreuses, sert pour faire le beurre et le fro- mage de Gruyère, qui sont expédiés à Paris. Il y a en Suisse plusieurs grands établissements de ce genre où on élève les Chèvres, savoir : La Société d'agriculture de Brigue (Valais). L'administration de l'hôpital de Soleure (Valais). La Société économique de Berne. La Société d'utilité publique d’Uri (Altdorf). La Société d'agriculture d'Herisau (Appenzell). La Société d'agriculture Rhodes Ext. et Int. (Appenzell). NOTES : SUR LES PALMIPÉÈDES LAMELLIROSTRES FAMILLE DES ANATIDÉS PAR M. LE COMTE DE MONTLEZUN (*!. SOUS-FAMILLE DES ANATINÉES. Genre Dendrocygne. _e Le genre Dendrocygne réunit treize espèces ou variétés, plus ou moins distinctes et qui portent les noms suivants : Dendrocygna tviduata — D. autumnalis — D. discolor — D. arborea — D. guttulata — D. fulva — D. virgata — D. major — D. arcuala — D. vagans — D. Javanica — D. Africana — D. Eytoni. Le Dendrocygna Africana me paraît être une espèce très douteuse. Plusieurs autres ne sont point encore suffisamment déterminées et peuvent être coniondues : ainsi, le D. ar- cuata, le D. vagans et le D. Javanica qui ont été considérés par certains auteurs, comme des espèces distinctes, ne sont probablement qu'une seule et même espèce ; si j'avais à me prononcer à ce sujet, j'opterais pour cette dernière hy- pothèse et j'admettrais a priori, même avec les sujets des diverses provenances sous les yeux, que le D. vagans et le D. Javanica ne sont que de simples variétés qui devraient toutes porter le nom adopté par G. Cuvier : D. arcuata: La ressemblance est telle entre ces diverses variétés qu'il me paraît impossible de ne pas les confondre, quoique venant de contrées très éloignées. IL en est de même du D. vir- gata du Brésil, qui ne diffère, pour ainsi dire, en rien du D. fulva. Le D. discotor lui-même, malgré la coloration par- ticulière de certaines parties de son plumage, pourrait bien n'être qu'une variété du D. autumnalis. Il semble donc que l’on pourrait, tout en attendant des renseignements plus pré- (*) Voyez Bulletin, 1888, p. 1014. NOTES SUR LES PALMIPÈDES LAMELLIROSTRES: 709 cis, réduire les treize espèces à huit : Dendrocygna viduata, D. autumnalis, D. arborea, D. gultulata, D. fulra, D. major, D. arcuata, D. Eyloni. Ainsi que l’on pourra en juger par les descriptions qui sui- vent, toutes les espèces ci-dessus énumérées sont de char- mants palmipèdes, de petite taille, il est vrai, mais très oracieux dans leurs allures. Ils redoutent malheureusement les hivers rigoureux ; ce qui fait que l’on ne saurait les aban- donner en plein air aux intempéries de notre climat, sans risquer de les perdre. En revanche, ils sont doués d’un na- turel très sociable et peu craintif, ce qui fait que l’on peut les conserver sans difficulté, à la condition de les abriter pendant l'hiver dans des volières assez spacieuses et abritées du froid ; sans cela, ils ne tarderaient pas à avoir les pattes gelées, ce qui entraînerait leur mort. J'ai le regret, malgré toutes mes recherches, de ne pou- voir présenter un travail aussi complet que je l’aurais voulu. Les documents qui concernent ce genre sont si sommaires et si difficiles à grouper, que je me trouve forcé de réclamer l’indulgence de la Société, la priant de vouloir bien ne tenir compte que de ma bonne volonté et des efforts que j'ai dù faire, pour réunir les observations qui suivent et que j'ai cru devoir joindre à celles recueillies par moi-même sur des espèces vivantes. PAIN DENDROCYGENA VIDUATA, Linn. (Cat. G:. Gray, n° 10613). ÉTYMOLOGIE. Dendrocygna, de Gôévôpov, arbre, xdxvos, cygne, cygne des arbres. — Viduata, de viduatus, a, um, devenu veuf. SYNONYMIE. Anas viduata, Linn., Syst. nat., 1205. Eyton., Mon. anat., 110. Dendrocygna viduata, Eyton., Mon. anat., 109. T’schudi, Fauna Peruan, 54. Canard de Maragnon, Buff, Plan. enl. 808. Palo cara blanca, Azara, Apuntam, III, 440. Tsiri-tsiri, Churu-ru, Wywy. Cet oiseau habite, suivant les différents auteurs, les ré- gions suivantes : la Colombie (Mus. S. et G.); la Guyane 110 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. (Schomb.) ; Rio-Brancho (Natt.) ; la Trinité (Leotand) ; Up- per Amazons (Bartlett.);le Pérou (Tschudi); la Bolivie (d'Or- bigny); le Paraguay (Azara); Tucuman (Burmeiïster); le Brésil (Maximilian) ; Rio Parana et Cuyaba (Natterer) ; l’A- goa Santa (Lund); Bahia (Wucherer) ; Cuba (Gundlach). Le Dendrocygna viduata (1) est très répandu dans l’Amé- rique du Sud; quoiqu'il soit fait mention de quelques rares apparitions de cet oiseau à Cuba, on ne l’a, en réalité, ja- mais rencontré dans l’Amérique du centre. À partir de la vallée de la Madeleine son aire de dispersion s'étend sur tout le continent,"en y comprenant l'ile de la Trinité et les envi- rons de Buenos-Ayres. Azara en vit un grand nombre dans le Paraguay, par vols de plus de deux cents. Il raconte que ces oiseaux faisaient entendre en volant, à toute heure de la nuit, une sorte de cri aigu qui ne saurait mieux se traduire que par des bi-bi-bi répétés. Ils volaient en ligne droite ou en croissant. Brehm (2) rapporte que tous les voyageurs qui ont exploré l'Amérique méridionale y ont rencontré des quantités in- croyables de Dendrocygnes dans les marais des steppes : il ajoute, que ceux qui ont parcouru l’Afrique les y ont ren- contrés en aussi grand nombre, soit dans l’ouest, soit dans le sud : il les a lui-même trouvés par bandes très nombreuses sur les bords du cours supérieur du Nil bleu; ils en cou- vraient les rives et formaient en s’enlevant de véritables nuages. | Le Dendrocygne veuf est un des plus jolis sujets de son genre, tant par ses couleurs variées que par ses formes gra— cieuses. Il occupe un des premiers rangs parmi les palmi- pèdes qui ornent les volières des jardins zoologiques. I serait à désirer que cette espèce fût plus répandue qu'elle ne l’a été jusqu’à ce jour. Les éleveurs qui ont des installations bien disposées pour la conservation des oiseaux délicats, trouveraient un charme particulier à élever ce Dendrocygne, qui pourrait peut-être se reproduire dans les départements méridionaux. | | DESCRIPTION (prise sur nature), Bec noir; onglet de même couleur, entouré par un cercle _{1) Sclater et Salvin. Neotropical anatide, P. Z. $S., 1876, p. 377. (2) Brehm, p, 757. NOTES SUR LES PALMIPÈDES LAMELLIROSTRES.. 711 gris; front, joues et milieu de la gorge blancs ; contour pos- térieur de la tête et du cou noirs ; jabot brun-clair-rougeatre ; milieu de la poitrine à partir du haut du sternum et ventre noirs ; sous-caudales noires ; scapulaires brun-verdâtre, plus rousses vers les épaules, avec bordures fauve-clair-verdàtre Le Dendrocygna viduata. sur les extrémités des barbes externes et internes. La cou- leur brun-rougeàtre du jabot se fond dans la teinte rous- sàtre du haut des côtés de la poitrine, avec rayures trans- versales noirâtres ; flancs rayés transversalement de petites raies noires et blanches intercalées ; tectrices noires ; sus- caudales noires; pattes gris de plomb plus noirâtre sur l’a- rête des doigts; plumes du dos noires ainsi que les rémiges. 712 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. : La femelle est pour ainsi dire semblable au mâle ; maïs ses couleurs sont un peu moins vives et sa taille est un peu plus faible. Ç MESURES DE L'OISEAU. Longuenritolale s$s 2. nue .. O0M,4318 Lonsuenride d'ailes.se tr "TEE 0m,2286 Longueur de la quene, .e. 2. 2. 0M,0635 Eonsneur duaese 207... 27 0m,0508 Longueur du doigt médian avec ongle 0®,0660 Loncueurde becs te 22.2. 0. 0M,0558 Suivant Brehm, il aurait 0",50 de long, 0,88 d'envergure, 0®,24 de long. d’aile et sa queue mesurerait 0,07. REPRODUCTION. M. Sclater (1) ne fait pas mention de la reproduction de cette espèce, et il n’est pas à ma connaïssance qu'elle se soit reproduite dans les jardins zoologiques de l'Europe. N° 2. DENDROCYGNA AUTUMNALIS (2). (Cat. G. Gray, n° 10615). ÉTYMOLOGIE. Dendrocygna, Dendrocygne, autumnalis, d'automne, SYNONYMIE. Red-bullet whistling Duck, Edw., t. 194 Anas autumnalis, Linu., S N. i., p. 205 (1766). Dendrocygna autumnalis, Eyton., Mon. anat., p. 109 (1838). Ce dernier nom a été adopté par Cassin, Sclater et Salvin. Cette espèce habite Mexico suivant Grayson ; Guatémala, suivant Salvin ; Honduras, suivant Taylor; Costa - Rica, suivant Arée; Panama, suivant Léannan. MM. Sclater et Salvin (3) relatent les faits qui suivent : La description que Latham a faite de son Anas autum- nalis était prise sur la planche d'Edwards. En nous en rap- portant à cette figure, il n’est pas douteux que le dessin (1) List of the certainly known species of anatide. P. Z. S., 1880, z. 509. (2) P. Z.S., 1876, pp. 313-374. (3) Sclater et Salvin, Veotropical anatide, P. Z. S., 1816, pp. 374-315. NOTES SUR LES PALMIPÈDES LAMELLIROSTRES. : 713 d'Edwards ait été établi en ayant sous les yeux un sujet pro- venant de l'Amérique centrale. Edwards ajoute, dans le texte de son ouvrage, que son spécimen provenait de la partie ouest de l'Inde. Les oiseaux du Rio grande, frontière du Texas, décrits par Baird, ressemblent évidemment aux spécimens de l’Amé- rique centrale ; mais il semble que cet auteur devait avoir vu aussi, avant ceux-là, d’autres spécimens appartenant à l'Amérique du Sud, au moment où il écrivait ses notes sur cette espèce, dans l'ouvrage intitulé : Oiseaux de l’Amé- rique du Nord. Il attribue la nuance grise de la partie infé- rieure du cou et de la poitrine que l’on remarque chez les spécimens provenant de l'Amérique du Sud, aux sujets les plus adultes. Cette manière de voir peut être hardiment soutenue, si l’on considère que cette particularité de plu- mage ne se rencontre, d'après notre propre expérience, que dans les sujets de l'Amérique du Sud. Dans l'Amérique du centre on ne rencontre cet oiseau que dans les régions les plus chaudes et dans les lagunes qui avoisinent le rivage de la mer; particulièrement dans celles qui se trouvent à tout instant le long de la côte du Pacifique de Guatémala. Pendant le séjour que Salvin fit dans ce pays-là, en 1863, il rencontra fréquemment des petites troupes de ces Ca- nards et put s’en procurer des spécimens. Dans le Honduras, M. Taylor a trouvé que ce Dendrocygne abondaït sur le lac Yajoa. Nous avons aussi un sujet de Costa-Rica, capturé par Arcé sur le golfe de Nicoya et un autre provenant de Pa- nama, Où il n’est pas rare. M. Léannan avait une paire de ces oiseaux vivants lorsque M. Salvin s'arrêta à son habitation de Lion Hill. L'oiseau, rencontré sur le Truando par le lieutenant Mich- leris, appartient probablement à cette espèce, mais nous ne pouvons rien préciser sur ce point. Le Dendrocygne se répand jusque sur la côte occidentale, aussi loin que Guaya- quil, mais cela mérite encore confirmation. La limite de son aire de dispersion du côté de l’est ne peut pas encore étre bien déterminée. La variété trouvée à la Trinité appartient certainement, d’après la description de Léotaud, à l'espèce la plus voisine. Le Dendrocygna autumnalis ou Canard à bec rouge, est encore un magnifique oiseau à effet très ornemental. que l’on 714 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. ne saurait trop recommander aux éleveurs soucieux de réunir dans leurs volières des sujets qui joignent à la beauté de leur plumage les allures les plus gracieuses. DESCRIPTION (prise sur nature). Bec rose carminé à onglet gris clair bleuâtre, tirant sur le jaune orange, en remontant des narines vers le front ; front Le Dendrocygna autumnalis, Î brur roux, passant au brun pur sur le vertex en suivant le contour supérieur du cou jusqu'à la moitié de sa longueur et sur une largeur d'environ 15 millimètres; joues et parties supérieures des côtés du cou, à partir du bec, de couleur grise, tirant sur le fauve ; œil noir finement entouré de pau- pières blanchâtres ; cou, roux brun, dans sa partie médiane, NOTES SUR LES PALMIPÈDES LAMELLIROSTRES. 715 cette dernière couleur passant au gris vers les épaules et le haut de la poitrine. (La teinte grise n'existe que chez la femelle, le mâle adulte a la partie inférieure du cou, le jabot et le haut de la poitrine brun-clair-rougeitre.) Dos ou scapu- laires de couleur brun rougeàtre ; flancs et haut du ventre noirs, à partir du haut de la poitrine; sous-caudales blanc grisaätre, avec mouchetures noires ; tectrices grises, passant au blanc roussâtre vers les extrémités en suivant le contour de l’aile ; pattes rose-carminé, tirant sur la couleur de chair ; cuisses gris-blanchâtre, comme le bas du ventre ; rémiges primaires et secondaires noires; rectrices noires; dos et sus-caudales noirs. La femelle a beaucoup de ressemblance avec le mâle, elle n'en diffère que par le point que j'ai indiqué plus haut et par des couleurs moins vives. MESURES DE L'OISEAU. Poneueurinialienn ie nt. tele. 38 0®,4064 LT SRANNENE AG NE MEN OP RRMETARNOEET ETES 0Mm,2159 horneurtide la queue. -#42...6... OO Bonueur du bec (2 rich}... 3.0. 2. 0m,0508 MTS MeNEN AU ATSE. A7 0 ei de aide « 0",0508 Longueur du doigt médian avec ongle. 0",0660 REPRODUCTION. Tout me porte à croire d’après les données que j'ai pu avoir que la reproduction de cette espèce n'a jamais encore été obtenue. | N° 3. DENDROCYGNA DiscoLoR (1). (Ne figure pas dans le cat. G. Gray.) ÉTYMOLOGIE. Dendrocygna, cygne des arbres, discolor, qui diffère par la couleur. SYNONYMIE. Dendrocygna autumnalis, Cab. in Schomb. Guian., iii, p. 762. Canard siffleur de Cayenne, Buff., pl. enl. 826. Dendrocygna discolor, Sclat. et Salv., nomencl., p. 161 (1873). Habite la Colombie ; Smartha (Deppe in Mus. Berol) : (1) Sclater et Salvin ou Mcorropical anatide, P. Z. S., 18176, p. 375. 716 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Surinam (Kappler) ; la Trinité (Léotaud) ; Guyane (Schomb) ; Cayenne (Bufton); Ucayali (Bartlett) ; Barra do Rio Necro et Minas Geraes (Natterer). MM. Sclater et Salvin disent que cette espèce est semblable à celle qui précède, mais qu’elle a la partie supérieure du dos et la poitrine de couleur grise, au lieu de l’avoir marron. Ils ajoutent : que cette variété du Dendrocygna autumnalis qui provient du sud se distingue de celle de l'Amérique du cen- tre, en ce que la partie supérieure du dos est d’une couleur différente de celle qui en recouvre le milieu et la partie infé- rieure. La première partie a une teinte grise, alors que les autres sont d’un beau brun marron ou châtain. Dans l’espèce du Nord cette différence n’est pas appréciable, toute la surface supérieure est de la même teinte brun châtain ; le jabot aussi est gris dans la première variété et châtain dans la seconde. Le Dendrocygna discolor, disent-ils, ainsi que nous nous proposons de le nommer, se trouve dans la partie nord de l'Amérique du Sud, il s'étend du littoral de la Colombie et de la Guinée, dans la grande vallée de l'Amazone, on le rencontre quelquefois vers le sud, aussi loin que Mato Grosso, et à l’in- térieur de Minas Geraes où Natterer se procura des spécimens de cette espèce. DESCRIPTION. Tête, partie antérieure du cou, poitrine et partie supérieure du dos, grisätres; coiffe plus sombre; gorge blanchâtre ; collier de la partie inférieure du cou généralement châtain ; milieu du dos châtain vif ; ventre, ailes et queue noirs ; pe- tites tectrices internes des ailes, couleur ocrée ; moyennes orisâtres tirant sur le blanc; externes blanches; barbes externes des rémiges, sauf les extrémités des plumes blan- ches, ainsi que leurs tectrices ; région anale variée de blanc et de noir ; bec rouge, à onglet noir ; pieds jaunes. MESURES DE L'OISEAU. Longueur totale. terre ee rene Om,406+ Lonsueur delaile Perret 5e 04 1108 208 PONSUEUNAeTAIUENC. CTP ENERREE 0M,0635 Longueur du bec (à ricéu) ........... 0M,0558 ongueurduntarse COCLECRE LME 0",0508 Longueur du doigt médian avec ongle. 0",0635 NOTES SUR LES PALMIPÈDES LAMELLIROSTRES. 717 J'ai cru bien faire de retracer les lignes qui précèdent, c'est tout ce que j'ai pu trouver concernant cet oiseau qui n’est, très probablement, qu'une variété du Dendrocygna autunmmnalis. N° 4. DENDROCYGNA ARBOREA. (Cat. G. Gray, n° 10614.) ÉTYMOLOGIE. Dendrocygna, cygne des arbres, arborea, d'arbre. SYNONYMIE. Anas arborea, Linn., S. N. i., p. 207, 1766. Dendrocygna arborea, Eyton., Mon. anat., p. 110 (1838). Black-billed whistling Duck, Edw.. Glean., t. 193. Canard siffleur de la Jamaïque, Buff., Plan. Enl., 804. Anas Jacquini, Gm., S. N. i., p. 536, ex Jacquin, Beitr., p. 5, n° 3 (?). Cette espèce habite Cuba (Gundlach) ; la Jamaïque (Gosse, March.) ; Sainte-Croix (Newton fr.) Suivant MM. Sclater et Salvin {1}, ce Canard arboricole se trouve à Cuba, où il serait commun, suivant le rapport du docteur Gundlach. On raconte qu'il est stationnaire pendant le jour et qu'il visite les lagunes pendant la nuit. Ses couvées ont lieu de juin en septembre. M. March dit qu'il habite la Jamaïque d’une facon permanente et qu'il fréquente les lagunes et les marais, où abondent les Palétuviers, sur les- quels il cherche sa nourriture, aussi bien pendant le jour que pendant la nuit. Les mœurs de cette espèce, dans la Jamaï- que, ont été entièrement décrites par M. Gosse. Dans ce pays, de nombreuses troupes de ces oiseaux fréquentent les champs de Maïs à partir de décembre jusqu’à la fin de février. On ra- conte qu'ils coupent le Maïs lorsqu'ils descendent en troupes compactes, et qu'ils le foulent sous leurs pattes, afin de picoter le grain qu'ils ne pourraient détacher sans cette pré- caution pendant que la tige est encore debout; ils causent ainsi des dégâts considérables. On tue facilement cette espèce, mais il parait qu’elle ne vit pas en domesticité. M. Newton relate que le Canard des Palétuviers est com- mun à Sainte-Croix ; mais on ne sait pas au juste où il peut se nourrir dans cette île. Ayant l'habitude de se rendre au (1) MM. Sclat. et Salv. P. Z. S., 1876, p. 376. F 718 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. pâturage où il prend sa nourriture pendant la nuit et de se cacher pendant le jour dans les parties les plus solitaires des bois de Palétuviers, on l'entend plus souvent qu'on ne le voit. | DESCRIPTION (1). Brun sombre, tête plus ocrée, nuque et ligne du derrière du milieu du cou noires ; collier du cou varié de noir ; plumes du dos et tectrices des aïles ornées de bordures plus pâles, ces dernières ayant aussi des macules noires ; dessous de la gorge tout blanc, poitrine jaunâtre ; abdomen principalement sur les flancs, varié de blanc et de noir ; partie postérieure du dos et queue noires; ailes cendrées; remiges terminées de brun noirâtre ; pieds et bec noirs. MESURES DE L'OISEAU. Longueur totem RES 0®,4699 Longueur de la queue. HO RE 0m,0762 Longueur du bec (à rictu)..,........ 0",0558 longueur duliarse PL EEE 0",0635 Longueur du doigt médian avec ongle. 0"M,0711 Je n’ai jamais rencontré cette espèce vivante et n'ai pu juger de l'exactitude de cette description qu’en la comparant à des sujets montés et assez défectueux. (A suivre.) (1) P.Z. S., 1876, p. 376. L’AQUICULTURE EN BELGIQUE EXPOSÉ DES TRAVAUX DE LA COMMISSION BELGE DE PISCICULTURE Par M. Amédée BERTHOULE, Secrétaire général de la Société. € Parmi les États qui ont pris à cœur la reconstitution de leurs richesses ichtyologiques, la Belgique n’est pas un des moins ardents à y travailler ; une Commission, instituée il y a quelques années auprès du Ministère de l'Agriculture et des Travaux publics, est spécialement chargée de mener à bien cette importante entreprise. Les cours d’eau du pays étaient ruinés ; la Meuse, coupée par de nombreux barrages, était abandonnée par le Saumon, les anciens règlements en vi- oueur napportaient au libre exercice de la pêche que d'insignifiantes entraves — il y avait donc tout un ensemble de mesures à prendre pour remédier à ce fàcheux état de choses. La Commission, aussitôt formée, se mit résolument à l’œuvre, poursuivant à la fois ces deux objectifs : d’une part, le réempoissonnement des eaux, par de nombreux déverse- ments d’alevins ; de l’autre, l'ouverture de voies de migra- tion aux poissons anadrômes ; elle se préoccupa, enfin, d’é- tudier les réformes à apporter à la législation en vigueur, et de provoquer la conclusion de conventions internationales, en vue d’une réglementation uniforme à appliquer aux cours d’eau communs à plusieurs nations. | Les déversements d’alevins ont commencé en 1885, et se continuent, depuis lors, à chaque saison. Ils se sont élevés, pour les deux premières années, au chiffre de 740,000 jeunes poissons, répartis entre différentes rivières; en 1888, le nombre des alevins mis en liberté a été de 350,000. On peut remarquer que les Saumons n’y figurent que pour une dou- zaine de mille ; la commission a jugé, non sans raison, que le réempoissonnement avec cette espèce, ne pourrait être pra- tiqué utilement que le jour où ces grands cours d’eau seraient 720 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES, soumis à un même régime de protection sur toute leur lon- gueur ; jusque-là on s’exposerait à semer en Belgique pour voir les récoltes moissonnées par les pêcheurs hollandais ou allemands. Rien n'est plus juste ; malheureusement, la diver- gence des intérêts entre les États en cause, suivant la por- tion de bassin soumise à leur domination, rend l'accord laborieux sur une réglementation commune et véritablement protectrice. Le moment choisi pour la mise en liberté des alevins est celui qui suit immédiatement la résorption de la vésicule om-— bilicale ; la plupart des praticiens sont d'avis que c’est, en réalité, le plus favorable, alors surtout qu’on fait un élevage très important. Outre les difficultés qu’on éprouve à con- server les jeunes dans des réservoirs toujours trop étroits, et à leur assurer une alimentation suffisante et appropriée à leurs besoins, on les expose à une mortalité accidentelle qui peut, en quelques heures, devenir désastreuse. Nous ne craignons pas d'ajouter que la stabulation trop longtemps prolongée est. fâcheuse aussi à d’autres points de vue : les Poissons gran- dissent, il est vrai, à l’abri des dangers, si, par de fréquents triages, on veille à les diviser par tailles dans des réservoirs séparés, et s’habituent à recevoir, à heures réglées, leur nourriture sans la chercher. Dans ces conditions, leurs ins- tincts naturels se développent mal, s’atrophient en quelque sorte, ou s’'émoussent, et plus tard, ils se trouveront, une fois abandonnés à eux-mêmes en eaux libres, dans un état d’infé- riorité notoire. Il n’y aurait véritablement avantage à ce système que si on disposait à la fois de larges crédits, d’un personnel nombreux, d'eaux abondantes, de viviers étendus, de manière à faire le lâcher des alevins, non pas à sept ou huit mois d'âge, c'est-à-dire à l'entrée de l'hiver, mais bien au printemps de leur deuxième année, à un moment où la faune inférieure s’est multipliée suffisamment pour les pré- server de jeunes dangereux, toutes conditions qui se réunis- sent rarement. On a effectué, en outre, en Belgique, quelques déverse- ments d’autres espèces, comprenant, en 1887, 11,000 Carpes Miroir, en 1888, 40 à 50,000 Carpes, et plusieurs milliers de Tanches et d'Anguilles. « En 1889, a bien voulu nous écrire M. le Secrétaire de la commission, nous avons déversé jusqu'à présent près de L’AQUICULTURE EN BELGIQUE. 721 200,000 Truites ordinaires, et 40,000 Truites de lacs. Je si- onalerai aussi un déversement de 23,000 Carpes et de 1,000 Perches dans le canal d’embranchement de Hasselt et des tentatives d’acclimatation au moyen de la Perche noire, la Perche-Truite, la Truite Arc-en-ciel, la Carpe Miroir et la Carpe Cuir. Les essais faits avec la Carpe Cuir et la Truite des Fontaines ont donné de mauvais résultats. — Au contraire, la Truite Arc-en-ciel se reproduit admirablement et donne des résultats superbes. Il en est de même pour la Carpe Miroir. » En même temps qu’elle remplissait cette partie de sa tâche, la commission étudiait les moyens d'ouvrir tous les barrages par l'établissement d’échelles ou passes migratoires. Elle a adopté quatre types principaux, qui sont conçus de manière à ne nuire en rien à la navigation, à la manœuvre des écluses, ni au libre écoulement des eaux ; construits en maçonnerie, à plan incliné subdivisé en compartiments par des cloisons en pierre, ils offrent au poisson des chemins d’abords faciles. Cependant, leur pente nous semble trop forte, elle atteint jusqu'à 0,227 p. 100, tandis que, pour les rendre aisément praticables, il ne faudrait jamais dépasser 10 à 12 p. 100. Le modèle n° 1 est applicable aux murs de déversoirs et sur terrains fermes, le n° 2 aux grosses piles, les n° 3 et 4 sont destinés aux piles culées et aux piles isolées; ils s’éta- blissent dans l’épaisseur même de la maçonnerie. Les deux figures ci-après reproduisent exactement les plans qu'a bien voulu nous communiquer la commission ; malgré leur réduc- tion, elles nous paraissent donner une idée suffisamment claire du mécanisme de ces ouvrages. Ils présentent ces avantages de s'ouvrir au centre même et à la base du flot, et d'offrir peu de prise au braconnage ; le courant y est assez bien rompu; peut-être cependant les passes sont-elles un peu trop resserrées ; en tous cas, nous venons de le dire, leur pente devrait être ramenée à un maximum de 10 à 12 p. 100. Vingt-cinq échelles seront établies, d’après ces données, à brève échéance, sur la Meuse. On a prévu, de ce chef, une dépense de 100,000 francs. Tous ces travaux, toutes ces dépenses seraient en pure perte, si le législateur n’intervenait de son côté, pour pro- téger l’œuvre de reconstitution entreprise, et si, par des mesures concertées entre tous les États riverains d’un même fleuve, on n’assurait sur son parcours le libre passage des 5 Août 1889. 47 = a a — DD & © D = HIS ue Ts a mn Er ES, £9"Q9 $ Ér0=0 ? WYD PP 0 PAF gl 2/0} 2 *SHIOSHAAHC HG SON XAV aa vol'Iddv 1 cu odf, — 'SNOSSIOd V 4'TTAHOH °F %0:0 20: 70429 1° be + = oæ T O0 Es = 7, < 72 £ D /T/ AN 2 SEC e £ 4 ® À VA K à 274 A 5 V4 RS > W NS = = = se sd Q Sen Pa ten PANNN : | == LA ï ES (y > = à ; à = = ER — —< | = BE | — Se = = —— 7 + 23 # FA H _. Ve _ Il F ui , à +" SEL en P99D PUVMMF op 227 ‘SA'TId SHSSOUYD KXAV W'IIVOl'Iddv & oU OdÂT — ‘SNOSSIO4 V A'T'IAHIOA 724 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. poissons adultes, au temps de la reproduction. La com- mission n’a pas manqué de se préoccuper aussi de cette question, et elle a élaboré, dans cette pensée, un projet de conventions franco-hollando-belge, dont voici l'économie générale : Interdiction de barrer, en aucun point, le cours de la Meuse, au moyen d'engins de pêche, sur plus de moitié de la largeur de son lit. — Fermeture annuelle de la pêche aux filets flottants et à la senne péndant deux mois, du 16 août au 15 octobre en Hollande, du 27 août au 26 octobre en Belgique ou en France, avec prolongation de cette période jusqu’au 31 décembre dans la Meuse supérieure et dans ses affluents, où se trouvent les frayères. — Interdiction, pen- dant tout le reste de l’année, de la pêche au Saumon et à l’Alose, vingt-quatre heures chaque semaine, du samedi soir au dimanche soir. — Défense de pêcher au même moment et au même endroit avec plus d’un filet. — Enfin, détermination de la taille au-dessous de laquelle le Saumon ne pourra être capturé. | Ce projet de convention est à peu près conforme à celui qui a été adopté, dans un traité, dit traité du Saumon, par l'Allemagne, la Hollande et la Suisse, à la date du 1° juin 1886. L'esprit en est excellent, il serait à souhaiter que l’ac- cord se fit dans ce sens entre tous les intéressés, et que l’exé- cution en füt partout sévèrement assurée. Qu'il nous soit permis, toutefois, d’y faire ces quelques observations : Et d’abord, la période de clôture annuelle nous paraît un peu courte; sans doute, dans le cours supérieur, elle se pro- longe jusqu'au 31 décembre ; mais, en aval, l'ouverture au 15 ou au 26 octobre est prématurée, la remonte des poissons reproducteurs n'étant assurément pas terminée encore à ce moment. | En second lieu, les traités prohiberaient seulement la pêche au moyen de la senne et du filet flottant, la laissant libre, par conséquent, au moyen de tous autres engins. Cette lacune, si elle n’était pas comblée, serait profondément re- orettable. Ne serait-il pas bon, enfin, que chaque puissance s’enga- geàt à défendre rigoureusement le colportage et la vente du poisson à protéger, quelle que püt être sa provenance, sur son territoire, pendant la durée de la fermeture ? Cette me- L’AQUICULTURE EN BELGIQUE. 725 sure nous parait être le complément obligé de toute loi de protection, car l'expérience prouve, d'une manière manifeste, qu'elle est la seule garantie sérieuse de son exécution. On ne trouvera pas de telles dispositions trop sévères, on les subira partout sans se plaindre, si on veut bien se con- vaincre que les récoltes produiront bientôt au centuple ce qu'on aura ainsi épargné. | Nous sommes fortement intéressés, en France, à la con- clusion de traités semblables. La Meuse et la Moselle sont absolument dépeuplées de Saumons, tandis qu’autrefois leur pêche y avait une importance réelle. Ainsi, d’après les vieux comptes du chapitre de la cathédrale de Metz, le produit des pêcheries de Pont-à-Mousson constituait un revenu considé- rable ; il y a moins de quarante ans, la pêche des Renays, ou jeunes Saumons, à Remiremont, était aussi abondante que celle de la Truite. Ce dépeuplement a pour cause première la création des barrages d’aval, et celle des grandes pêche- ries de Hollande, lesquelles envoient, annuellement, sur le marché de Kralingen, des Saumons de Meuse pour une va- leur d’au moins 5 millions de francs. Aussi bien, est-ce avec une vive satisfaction que nous avons vu, après le Comité consultatif des pêches maritimes, la commission de législa- tion, instituée au Ministère des Travaux publics, sous l’ac- tive présidence de notre éminent collègue M. Ed. Leblanc, inspecteur général des Ponts-et-Chaussées, partager les idées que nous n'avons cessé de défendre, et formuler des vœux dans ce sens. L'importance de l’œuvre entreprise par la: Belgique n’é- chappera à personne. Tous les États soucieux de l'accrois- sement de leurs richesses naturelles, qui ne l’ont pas pré- cédée dans cette voie, devraient sans hésiter, l'y suivre avec une généreuse émulation. II. CHRONIQUE DE L’EXPOSITION UNIVERSELLE. L'INDUSTRIE DE L’AUTRUCHE Par L. MAGAUD D'AUBUSSON. On a parlé ici assez souvent de l’Autruche et des fermes d'Autruches pour que je n’aie pas à revenir sur des généra- lités que tout le monde connaît. Mais à une époque où le train des choses va d’une allure vraiment vertigineuse, où l'oubli des origines s’épaissit d'autant plus vite que les progrès ac- complis ont été plus rapides, il n’est peut-être pas inutile de rappeler, au moment où bat son plein la plus admirable ma- nifestation industrielle qui fût jamais, que ce fermage des Autruches dont les produits sont exposés au Champ-de-Mars, au quai d'Orsay, à l’esplanade des Invalides, et sur lequel, dans la colonie anglaise du Cap, se sont édifiées des fortunes si considérables, est due à l'initiative de la Société d’Accli- matation de France. Nos voisins d’outre-Manche, grâce à cet esprit pratique qui est dans le génie de la race, grâce aussi à l’heureuse si- tuation de leur colonie du Sud-Africain qui, par son climat et la nature de son sol, se prétait merveilleusement à l'établis- sement d'une telle industrie, en ont profité plus que nous. C’est une conséquence de la lutte pour la vie : mieux armés, ils ont mieux réussi. À cela je ne trouve rien à redire. Mais ils me paraissent cependant, pour me servir d'une expression vulgaire, tirer un peu trop la couverture et mettre une in- sistance légèrement irritante à vouloir que les premiers à la peine soient les derniers à l'honneur. Je visitais ces jours-ci, en compagnie d’un Anglais du Cap, parfait gentleman, la section britannique du quai d'Orsay. Nous nous arrêtàmes devant la collection de plumes d’Au- truches, fort intéressante, je me hâte de le dire, exposée par les éleveurs de la colonie. Comme je faisais observer à mon guide que cette industrie de l’Autruche, qui les avait tant en- richis à son heure, avait pr's naissance sur une terre francaise et par les efforts persévérants d'éleveurs français, il ne ré- L'INDUSTRIE DE L’AUTRUCHE. 127 pondit rien, mais je vis passer sur ses lèvres un sourire iro- nique. Ce sourire, je l’ai sur le cœur, et c’est lui qui a ins- piré ma chronique. Je veux donc raconter en quelques lignes, avant de parler des produits exposés, l'histoire vraie de l’origine des fermes d’autruches. Ce qu'il faut bien savoir tout d’abord, c’est que la domes- tication proprement dite de l’Autruche n’est pas une inven- tion moderne et récente. Elle remonte, au contraire, aux temps les plus reculés. On en trouve la preuve irrécusable non seulement dans les auteurs anciens, mais aussi dans l'Écriture sainte et dans les inscriptions assyriennes et égyp- tiennes. Malheureusement, si le fait est bien établi, on ne possède aucun détail sur cette domestication à une époque aussi lointaine, et c'est seulement vers le commencement de ce siècle, lorsque le continent africain fut parcouru par quelques hardis explorateurs, qu’on put obtenir des ren- seignements sur l’Autruche domestique. On apprit alors que certaines tribus de la Haute-Égypte et du Kordofan s’adon- naient à l'élevage de cet oiseau pour en recueillir les plumes et qu'elles obtenaient même des reproductions par l’incuba- tion artificielle au moyen de fours appropriés à cet usage, On sut aussi qu'au Maroc on élevait en domesticité, dans le palais impérial, des Autruches qui s’y reproduisaient; que dans l'Afrique centrale, depuis de longues années, plusieurs tribus capturaient ces oiseaux et les nourrissaient dans leurs huttes ou dans des enclos formés de roseaux et leur enlevaient des plumes qu'elles vendaient aux trafiquants. Un Français (1), qui fut longtemps prisonnier dans le haut pays des sources du Sénégal, rapporta également que les Au- truches y sont tenues en captivité. D'autre part, un voyageur suédois, qui vivait à la fin du siècle dernier (2), dit avoir rencontré plusieurs fermiers du Cap qui entretenaient des Autruches apprivoisées sur leurs terres, et que ces oiseaux leur fournissaient des plumes pour confectionner des éven- tails destinés à chasser les mosquitos. Jules Verreaux vit aussi au Cap, en 1818, un fermier qui possédait six Autruches domestiquées. Elles couvaient leurs œufs hors de la ferme et y ramenaient leurs jeunes. 1) M. Raffinel, (2) Sporrman. 728 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Mais tous ces faits ne constituent pas un élevage ra- tionnel de l’Autruche, une exploitation spéciale organisée pour assurer sa reproduction et la récolte de ses produits, un véritable fermage. LA On continua done, comme dans le passé, à se procurer la plume si précieuse de cet oiseau à l’aide de chasses destruc- tives qui ne tardèrent pas à éveiller des craintes sur la dis- parition prochaine de l’Autruche dans les pays de plus en plus nombreux où on lui faisait une guerre acharnée. Notre Société fut la première à jeter le cri d'alarme par la voix de deux de ses membres, M. Gosse, savant physiolo- giste de Genève, et M. Chagot, négociant en plumes de Paris. Le premier appela à plusieurs reprises l'attention de la So- ciété sur les avantages qu'offrirait, particulièrement pour l'Afrique, la domestication de l’Autruche et sur la possibilité d'arriver à un résultat si désirable !1). Le second, préoccupé à juste titre de la rareté croissante d’un oiseau dont les plumes forment une branche importante de commerce, et voulant prévenir sa destruction, offrit généreusement un prix de 2,000 francs pour la multiplication et la domestica- tion de l’Autruche, soit en France, soit en Algérie, soit au Sénégal. Le montant de ce prix fut versé par M. Chagot, le 5 février 1858, entre les mains du trésorier de la Société d'Acclimatation. Il fut décerné à M. Hardy, directeur de la Pépinière du gouvernement, à Alger. Déjà, en 1857, M. Hardy avait obtenu d’un couple d’Autruches enfermées dans un en- clos du Jardin d'essai, un jeune bien constitué qui s’éleva parfaitement (2). Encouragé par ce succès, le directeur s’en- tourant de tous les renseignements qu'il put recueillir apporta les soins les plus empressés à tenter une nouvelle reproduc- tion, et le 13 mai 1858, il eut la satisfaction de voir sortir du nid une bande de neuf petits Autruchons. Sur douze œufs, neuf petits étaient éclos, des trois autres œufs, un avait été sorti du nid à dessein par les Autruches, il était clair, un autre était gâté et le troisième contenait un petit mort (3). Les (1) Les articles de M. Gosse qui ont paru au Bulletin de la Société nationale d'Acclimatation, revus et complétés, ont été publiés à part sous ce titre : Des avantages que présenterait en Algérie la domestication de l’Autruche. Paris, in-8°, 1857. (2) Sur un fait d'incubation de l'Autruche à Alger. Bulletin, 1857, p. 524. (3) Note sur l'incubation des Autruches à la pépinière centrale du qgouverne- ment à Alger. Bulletin, 1858, p. 306. L’INDUSTRIE DE L’AUTRUCHE. 129 années suivantes, M. Hardy eut de nouvelles reproductions. Ayant rempli toutes les conditions imposées pour le prix Chagot, qui exigeait de l’éleveur d’avoir obtenu deux géné- rations au moins et de justifier de la possession de six indi- vidus produits à l’état domestique, ce prix lui fut attribué par la Société d’Acclimatation dans sa séance solennelle du 10 fé- vrier 1862. A la même époque, des essais tentés par le prince de Démi- doff, dans son domaine de San Donato, près Florence, par M. Graells, au jardin du Buen Retiro, à Madrid, par M. Suquet, à Marseille, par M. Bouteille, à Grenoble, vin- rent confirmer, par leur réussite dans une proportion plus ou moins grande, la possibilité de la multiplication de l’Autruche à l’état domestique établie par l'expérience de M. Hardy. C’est de cette expérience due à l'initiative de la France qu'est sortie l’importante et lucrative exploitation des fer- mages d’Autruches dans la colonie anglaise du Cap. Les An- glais avaient suivi, en effet, avec un grand intérêt ces diffé— rentes expérimentations, et ils surent mettre en pratique, il faut le reconnaitre, avec une méthode et une activité admi- rables, l’idée que des Français avaient conçue et réalisée. L'aveu du reste est implicitement contenu dans les docu- ments d’une polémique qui surgit en 1874 entre deux fermiers du Cap. L'un, dans une lettre adressée au Field, réclamait l'honneur d’avoir été le premier à obtenir la reproduction des Autruches à l’état domestique. L’autre lui répond, dans le même journal, qu’il est dans l’erreur, et il lui rappelle que cette reproduction a eu lieu, à sa connaissance, dans le dis- trict de Georges en 1870, et croit-il, à Beaufort, en 1864. Or nous venons de voir que depuis 1857, le Jardin d'essai d'Alger obtenait régulièrement une reproduction annuelle des Au- truches en captivité. Voilà donc les choses remises à leur place, et l'exactitude d’un point d'histoire rétablie. Cette industrie de l’Autruche qui, comme je l’ai démontré, a son point de départ en Algérie, ne tarda pas à prendre dans la colonie du Cap un développement qui ne peut être com- paré qu’à celui non moins extraordinaire imprimé par l’Aus- tralie au fermage des Moutons. Le nombre des parcs d’Au- truches s’accrut avec une rapidité étonnante, et les profits 730 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. que les éleveurs en retirèrent furent immenses. En 1865, on ne comptait dans toute la colonie du Cap que quatre-vingts Autruches domestiques, dix ans après, le recensement de 1875 révélait l'existence de 22,247 oiseaux, et en 18717, un nouveau recensement indiquait le chiffre de 32,247. Cet ac- croissement vraiment merveilleux était dû principalement à l’habileté des éleveurs dans l’incubation artificielle des œufs d'Autruches qui fut longtemps leur secret. Les appareils in- cubateurs du D' Laurence et de M. Thick, perfectionnés par M. Arthur Douglas, permirent de quintupler la reproduction annuelle. L’engouement devint général, on ne songea plus, dans la colonie, qu'à s’enrichir par la culture de l’Autruche. En 1880, le nombre des oiseaux s'élevait à 50,000 et l'exportation des plumes à 1,000,000 de livres (25,000,000 de francs). Pendant les trois premiers mois de cette année, l'exportation des plumes dépassa de 82,000 livres ce qu’elle avait été pendant la période correspondante de l’année 1879. En 1881, l'exportation fut de 81,106 kilogrammes de plumes, d’une valeur de 22,356,000 francs. Les oiseaux atteignirent un prix exorbitant, il s’éleva jusqu’à 300 livres et plus (7,500 francs). Les poussins, à la sortie de l’œuf, se vendaient 5 livres (125 francs). Un fermier refusa 700 livres d’une paire d'oiseaux reproducteurs, affir- mant qu'il ne les donnerait même pas pour 1,000 livres (25,000 francs). A cette époque, du reste, les plumes avaient acquis également un prix très élevé. À Port- Élisabeth et à Captown, les plumes blanches valaient jusqu’à 1,500 et 1,800 francs la livre, et celle de second ordre de 600 à 900 francs (1). Le jour vint cependant où les folies d’une spéculation ef- frénée coïncidant avec la mortalité soudaine qui décima les meilleurs parcs, amenèrent des écroulements d'autant plus rapides que la panique succéda aussitôt à l'enthousiasme exa- géré dont presque aucun fermier n'avait pu se défendre. Ce désastre ne ruina pas cependant l’industrie de l’Autruche dans le Sud-Africain. Les premiers moments d’affolements passés, les anciens fermiers qui purent disposer de ressources suffisantes se remirent à l’œuvre avec plus de prudence et de (1) The Colonies and India. Voir aussi Bulletin, 1886, faits divers et extraits de correspondance, Berthoule, es Fermes à Autruches. L’INDUSTRIE DE L’AUTRUCHE, 131 mesure que dans le passé, mais avec une énergie et une acti- vité aussi grande qu’au début, et le mal fut en grande partie réparé. Actuellement c’est encore le Cap de Bonne-Espérance qui fournit la plus forte quantité des plumes distribuées dans le monde. L'Égypte en exporte, de son côté, pour plus de 6,000,000 de francs par an. Ces plumes proviennent de dépouilles d’oi- seaux sauvages et principalement des oiseaux domestiques élevés dans quelques tribus du Haut-Nil. Bien que très esti- mées, elles ne prennent rang qu'après celles qui sont expé- diées de la Barbarie, de Tripoli, d'Algérie et du Maroc. La Tripolitaine exporte à peu près pour 2,500,000 francs de plumes qui lui arrivent par les caravanes du Soudan, le Maroc pour 500,000 francs, l'Algérie à peine pour quelques milliers de francs. Ces plumes remarquables par leur lon- eueur, leur ampleur et leur grâce sont généralement dirigées sur les marchés français par la voie de Marseille. Les plumes du Sénégal qui leur sont inférieures sont expédiées sur Bor- deaux par les navires français ou par les steamers anglais qui font le service du Cap, en touchant au Sénégal. L’impor- tance de ce commerce est évalué environ à 87,500 francs. Enfin, la Syrie jette sur le marché pour 150,000 francs de plumes, les plus parfaites en longueur, en élégance et en couleur (1). Celles de l'Arabie sont, au contraire, maigres et pauvres et forment la dernière classe (2). Pendant que les Anglais s’assuraient le monopole du com- merce des plumes d’Autruches par l'énorme développement qu'ils avaient donné à l’industrie des fermages, les Français n'avaient accompli aucun progrès sérieux en Algérie. On finit cependant par comprendre que la voie ouverte par M. Chagot, vingt ans auparavant, était la seule à suivre et qu'il était urgent d’y entrer si l’on ne voulait être étouffé par le monopole de l'Angleterre. Au mois de mars 1878, quelques négociants de Paris se constituèrent en société et vinrent établir un parc important aux environs d'Alger, à Aïn-Mar- mora, près de Coleah, sur un domaine d'une superficie de 200 hectares environ. Ce parc est aujourd'hui en plein rap- (1) Ces plumes, dites plumes d'Alep, deviennent de plus en plus rares ; actuel- lement il est à peu près impossible de s’en procurer. Elles valent un prix exces- sivement élevé. (2) Ces plumes sont connues dans le commerce sous le nom de yamanis. 132 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. port, et on peut voir des produits de cette provenance expo- sés dans le pavillon algérien. Les autres parcs qui ont été créés, à des dates différentes. en Algérie, sont : celui du Jardin d'essai du Hamma, le pre- mier de tous,"dont le directeur, M. Charles Rivière, a donné une forte impulsion à cette industrie et a concouru, par le succès constant de ses reproductions, à la formation de tous les parcs algériens ; celui de Misserghin, dans la province d'Oran, appartenant à M. ie'commandant Crépu; celui de Kouba, près d'Alger, ‘propriété d'une dame d’origine an- glaise ; celui de Zeralda à M. Laloue; celui du Planteur à M. Marchal. Ces parcs ont eu des fortunes diverses. Des résultats qui ne furent pas toujours heureux joints à la crise qui frappa le commerce des plumes d’Autruches encouragérent peu les colons à se livrer à l’industrie des fermages, et l’Angieterre demeura la maitresse incontestée du marché. Espérons tou- tefois que la reprise des affaires et le succès de nouvelles expérimentations rendront les capitaux moins hésitants à se porter vers un élevage qui, né sur le sol algérien, peut devenir, pour notre colonie, une source abondante de richesse. L'industrie de l’Autruche n’est pas restée circonscrite en Algérie et dans le sud de l'Afrique, elle a gagné peu à peu d’autres pays. Il existe une ferme très prospère en Égypte, à Matarieh, pres du Caire. En Amérique, des établissements de ce genre ont été fondés en Floride, en Californie, à Anaheïim, et en dernier lieu dans le sud de cette contrée, à Kenilworth, près de Los Angeles. La création de ce parc ne remonte qu’à 1885. L'exploitation a commencé avec des Autruches origi- naires de Natal. Cette importation fut excessivement onéreuse, car le gouvernement colonial africain fit payer un droit d'ex- portation de 50 livres par bête embarquée. En ajoutant les frais de transport, une Autruche revint, rendue en Californie, à 1000 ou 1250 dollars, soit environ à 5,000 francs. L'instal- lation du parc de Kenilworth est très vaste, parfaitement aménagée et faite dans une région dont le climat paraît être très favorable à la culture de l’Autruche. La République Argentine a essayé également cet élevage. L'Australie y a réussi dans la province de Victoria et nous envoie des pro- duits excellents exposés dans la section britannique du L'INDUSTRIE DE L'AUTRUCIHE. 133 Champ de Mars (1). En Nouvelle-Zélande, les premiers couples d'oiseaux ont été introduits, il y a peu d'années, par M. John Matson, qui créa sa ferme malgré les conseils les plus décou- rageants. 11 n’a pas eu à s’en repentir, car le succès le plus décisif est venu consacrer sa hardie tentative. Enfin, des essais d’élevage’æAutruches ont été faits à l'ile Maurice, dans la propriété de Chébel, appartenant à M. Chéri Liénard, par les soins de M. Paul Lepervenche, administrateur de cette pro- priété, qui en a rendu compte à notre Société au mois de juin 1881 (2). Cette expérience, entreprise avec des oiseaux pro- venant du Cap, parait avoir assez bien réussi. Les collections de plumes qui figurent à l'Exposition don- nent une idée assez exacte de la qualité qu’on peut obtenir par l'élevage des Autruches en captivité. La plume de l'oiseau sauvage à une valeur marchande beaucoup plus grande que celle de l’oiseau domestique. Cette dernière n’a pas une retombée aussi souple et aussi gracieuse, elle est plus pauvre, plus raide, plus maigre, plus légère. La plus importante de ces collections est, sans contredit, celle des éleveurs du Cap de Bonne-Espérance. Dans une vaste vitrine heureusement disposée, une série de bouquets ou panaches de plumes, provenant d'oiseaux élevés par les exposants, est présentée avec art pour faire valoir les pro- duits offerts à l'examen. Les plumes, classées d’après leur qualité, se soutiennent, s’étoffent mutuellement et paraissent ainsi plus floconneuses et plus fournies. Malgré cet artifice très légitime et bien que ces plumes aient été évidemment choisies et triées avec le plus grand soin, l’œil un peu exercé reconnait néanmoins les caractères inhérents aux produits de cette provenance. La plume possède, il est vrai, une couleur brillante, mais elle est toujours un peu raide et manque de orace. | Ces défauts sont encore plus sensibles chez celles que j'ai vues dans le pavillon du Transvaal, où le ministère du commerce de cette république a exposé un lot de plumes dont quelques-unes sont singulièrement maigres et raides. Les exposants du Cap, MM. Hilton Barber, de Halesowen- Cradock, W.-C. Hobson senior, de Wheatlands, Rabie, de (1; Exposant: C. M. Officer and Ce, Kerang, Victoria. (2) Bulletin, 1881, p. 423. 134 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Worcester, nous présentent, cette réserve faite, de très inté- ressants spécimens de leur élevage. Les plumes premières blanches extra et les plumes noires longues, premier choix, de M. Hilton Barber, les plumes blanches, premier choix, de M. Hobson, les longues plumes noires de M. Rabie, et de belles plumes femelles grises sont de magnifiques échantillons. J'ai la satisfaction de retrouver dans les plumes d’origine algérienne l’ensemble des qualités requises par les connais- seurs. Le magnifique bouquet de plumes exposé par le Jardin d'essai d'Alger offre la preuve évidente de la supériorité des produits de notre élevage. La vue de ces plumes amples, élé- gantes, souples, floconneuses, fait regretter plus vivement que notre colonie occupe le dernier rang dans la production. Ces belles plumes ont été préparées, comme l’indique l’inserip- tion, par M. Forest, membre de la Société d’Acclimatation, ancien éleveur, dont les connaissances pratiques ont rendu les plus réels services à la cause de l’industrie de l’Autruche en Algérie. Le lot de la ferme de Aïn-Marmora, présenté par: MM. Viol et Duflot, bien qu'un peu inférieur, est aussi fort remarquable. J'aurais voulu, pour terminer, dire quelques mots des pro- duits de fabrication et parler notamment de la curieuse expo sition de notre collègue, M. Laloue, l’un des fondateurs de la ferme d'Aïn-Marmora, et, comme je l’ai dit, propriétaire de celle de Zeralda, malheureusement la place m'a été mesurée et j'ai déjà dépassé de beaucoup le nombre des lignes qui m’a- vaient été accordées. III. CHRONIQUE DES. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des sciences. — Séance du 8 juillet 1889. — L'origine de la couleur Pourpre des anciens a été l’objet de nom- breuses recherches de la part des savants. Il y a une trentaine d'années, M. le professeur de Lacaze-Duthiers avait fait connaître la structure des glandes qui, chez divers Mollusques, secrétent cette matière co- lorante, et il avait montré que la Pourpre, incolore et inodore dans son siège physiologique, devenait, soumise à l’insolation, avec le con- cours de l'humidité, d’un beau violet. Quand la couleur se développe, une odeur félide, analogue à celle de l’essence d’Ail, se produit. M. Augustin Letellier reprend, aujourd’hui, l'étude de la Pourpre au point de vue chimique, et présente à l’Académie les observations qu'il a recueillies : La bandelette purpurigène est, chez le Purpura lapillus, constituée par un épithélium sécréteur formé de cellules ciliées, à protoplasme presque incolore ou jaune chlore, ayant leur noyau très près de la base d'insertion. Toutes les cellules ne sécrètent pas les matières qui donnent la pourpre, beaucoup ne produisent que du mucus; c’est le cas notamment des cellules de cette partie de la bandelette qui ne longe plus la glande anale et qui est la plus profondément située ; aussi, quand on casse la coquille et qu’on expose l’animal, vivant ou mort, à la lumière, elle ne se colore jamais en violet pourpre. La pourpre est produite par trois substances : l’une d'elles est jaune et non photogénique, les deux autres virent rapidement au bleu et au rouge carmin sous l'influence des rayons du soleil. La substance jaune cristallise en prismes cbliques à quaire faces ou plus généralement en tables losangiques très minces. Cette substance est soluble dans la potasse caustique et elle peut en être précipitée par un acide faible, sans changement dans la forme de ses cristaux. Les deux substances photogéniques sont l’une vert-pomme et l’autre vert-cendré. Les cristaux de la première ont l’aspect de la fuchsine; ia lumière les altère avec une grande rapidité et ils deviennent opaques en virapt au bleu fonce. L'eau les dissout difficilement, mais le chloro- forme et surtout l’essence de pétrole les dissolvent facilement. Le troisième corps, photogénique comme le précédent, constitue des amas de cristaux, incolores si on les prend isolément, mais vert-cendré si on les considère en masse. Ils sont relativement assez solubles dans l’eau, ce qui explique la diffusion de la couleur rouge dans les cellules du manteau, car ils deviennent rouge plus ou moins violet ou carmin à la lumière, suivant leur état de pureté. JC IV. CHRONIQUE ÉTRANGÈRE. Les Grives en Hollande et en Allemagne. La température relativement douce dont nous avons joui l’au- tomne dernier ayant empêché les Grives de s’arrêter dans les bois au moment de leur retour des régions du nord-est, en a rendu la capture fort peu lucrative dans les quelques départements où la tendue des lacets amorcés de baies de sorbier est autorisée. Les mêmes causes ont amené des résultats analogues, en Hollande et en Aïlemagne. Les Hollandais tendent surtout aux Grives, aux environs de Rotter- dam, dans les bois du Goasterland non loin d'Amsterdam, et dans la province de Drenthe. Les oiseleurs temporaires se comptent par milliers, dans cette dernière région et chacun d’eux dispose des milliers de lacets, qui lui procurent dn bénéfice variant entre 80 et 150 francs, pour la durée du passage. Les Grives capturées en Hollande, où elles valent 20 et 28 centimes la pièce, sont surtout expédiées à Bruxelles. Les habitants d'un village du Drenthe, Balk, prirent en une seule saison pour 27,200 francs, de ce gibier de passage. Les Grives sont également, et depuis de longues années, capturées au lacet par les Allemands, et d’après une statistique récente, on en aurait pris 71,618 en 1885-86, dans le Wurtemberg. On pread exclusivement les Grives sur l'aire d'oiseleur dans les montagnes de la Save, dont l'altitude atteint 500 mètres environ, entre la Lenne et la Wipper, ainsi que dans l’Ebbegebirge et aux environs de Rotenstein, régions peu favorisées sous le rapport climatérique, l'hiver, disent les Allemands, s’y prolongeant neuf mois sur douze. Les villes pepuleuses et industrielles de la Marche, où ces oiseaux sont surlout consommés, préfèrent de beaucoup les Grives prises sur l'aire, repues de baies de genévrier, leur donnant un fumet spécial, à celles qu’on capture au lacet, amorcé de sorbier. L'aire se prépare dès le mois d’août, sur le versant nord d’une colline assez haute, placée en travers d'une vallée allant de l’est à l'ouest, car une pralique ultra-séculaire a appris que ces vallées servaient de grandes routes aux oiseaux migrateurs. L'autorisation de dresser une aire est généralement accordée par le propriétaire de la forêt. L'oiselcur choisit alors un terrain en pente et bien dénudé, de 70 à 85 mètres carrés, situé un peu en contre-bas du sommet de la colline, afin que les oiscaux arrivant au-dessus de l'aire ne voient pas l’autre versant, ce qui les engagerait parfois, à passer outre. Les broussailles, les bruyères, les hautes herbes, sont coupées . à l’aide d’une solide faux, ou extirpées à la pioche et à la houe, le sol soigneusement nivelé est recouvert de bandes de gazon ras, et on abat CHRONIQUE ÉTRANGÈRE. 737 les arbres les plus proches, sur lesquels les Grives pourraient aller se poser. Une rangée de jeunes arbres, généralement des chênes, hauts de 4 à 6 mètres, dépouillés de leurs feuilles, est plantée à intervalles réguliers, déterminés par l'expérience sur trois côtés de l'aire, et décrit un fer à cheval présentant son ouverlure, le quatrième côté, vers le bas de la colline ; ces branchages ont recu des oiseleurs le nom de stickeln. À l'intérieur du fer à cheval, se trouve le wall, constitué par une plantation de branches de genévrier, portant le plus possible de baies bien mûres. Un fossé soigneusement dissimulé longeant le som-— met de l'aire, abrite le filet, le garn, qui se déploiera en temps voulu sur les oiseaux tentés par les baies savoureuses. La corde servant à le manœuvrer, aboutit à une hutte située à l'extrémité opposée, et sur le grand axe du wal!, du côté de la vallée par conséquent. Cette hutte d’où l’oiseleur surveille l’aire, ne doit pas, bien entendu, attirer l’at- tention des Grives naturellement fort défiantes. C’est une simple excavation, sur laquelle on jette un toit de planches ou de branchages couvert de gazon, et re présentant qu’une faible saillie. Une petite trappe, la kapp, permet à l’oiseleur d'observer la vallée inférieure, il ne voit ce qui se passe sur l'aire, que par d’étroites ouvertures. A 10 mètres environ à droite et à gauche de la hutte, on dresse deux tas de gazons, ayant 20 à 30 centimètres de hauteur, et 40 à 50 centi- mètres carrés de surface, servant de socles aux perchoirs des Chante- relles chargées d'appeler leurs congénères passant à proximité de l’aire, et de les faire tomber entre les mains du chasseur, dent elles sont les complices inconscients. Retenues par un ruban noir, peu visible par conséquent, large d’un centimètre, aboutissant à la hutte, et passant autour de leur poitrine et sous les ailes, elles peuvent être mises en liberté au moment opportun. Douze à seize autres Chanterelles se ré- partissent entre les arbres de l’enceinte, ou se placent dans de petites cages sur le wall. Celles-ci vivent toujours recluses, tandis que les autres jouissent d’une certaine liberté au domicile de leur propriétaire. Toutes sont tenues éloignées du bruit, et on les nourrit d’une bouillie de farine d'orge et de lait. Pour se rendre à l'aire, l’oiseleur enferme chaque Chanterelle non élevée en cage, dans un petit sac à coulisses qu'il tient à la main. Ces appelants sont souvent exposés aux attaques des oiseaux de proie ou des Chiens, mais leurs cris d'effroi avertissent immédiatement l’oise- leur, on doit cependant en tenir un certain nombre en réserve, pour combler les vides résultant des accidents et des désertions. La Grive proprement dite, le Turdus musicus, est l'appelant qui rem- plit le mieux son rôle. Les Grives se mettant en voyage de bon matin, la tendue s'ouvre avant le jour. Les appelants installés à leurs postes reçoivent à man- ger, et l'aube ne commence pas encore à poindre que trompés par la vue des arbres, par la nature qui les environne, ils se croient rendus 5 Août 1889. 48 138 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. en liberté, se mettent à sautiller, à voleter, en poussant des cris d'appel. D’autres cris leur répondent bientôt, une volée de Grives plane au-dessus de l'aire. L’oiseleur précipite le dénouement en tirant sur les cordons de ses chanterelles pour activer leurs mouvements, et les voyageuses trompées par ces allures, alléchées à la vue des baies savoureuses, se laissent tomber sur le sol. Le filet cédant à l’action de la corde que le chasseur manœuvre vient aussitôt s’abattre sur toute la bande. En quelques secondes, les Grives ont le cou tordu, ou le crâne broyé entre le pouce et l'index, le filet est ramené dans son fossé, en ramasse la moindre plume qui pourrait donner l'éveil aux autres volées, et on attend un second passage. Les oiseaux capturés, dont le nombre très variable s'élève de quinze à trente en moyenne, sont réunis par groupes de trois à l’aide de deux pennes liées ensemble et passant dans leurs narines. Chacun de ses groupes forme une Gebund ou ligature, qui se vendra de 75 centimes à 1 franc. Outre la pratique nécessaire à l’oiseleur, le succès dépend encore du temps qu'il fait et de la direction du vent. Si le ciel est pur, si le soleil brille, le passage cesse au jour. Le vent du Nord et le vent d'Est sont défavorables, tandis qu’un vent du sud-ouest et un ciel couvert permettent de chasser jusqu’à onze heures du matin environ. La Grive proprement dite (Twrdus musicus) émigre la première, par petits groupes et par individus isolés. Après ce passage très court et peu important, vient celui de la Grive à collier (Turdus torquatus) qui s'effectue dans des conditions à peu près aualogues. La Grive mau- vis (Turdus iliacus) reconnaissable à la couleur rousse des plumes si- tuées sous les ailes, traverse l'Allemagne vers le 8 ou le 10 octobre, et voyage d'ordinaire par bandes d’une centaine environ. | L'émigration de la Grive draine { T'urdus viscivorus) est à peu près in- siguifiante. Le Litorne (Turdus pilaris), oiseau d'assez forte taille, forme l’arrière-garde. Il vole en grandes troupes, de plusieurs cen- taines d'individus dont le cri caractéristique s'entend de fort loin. Cette espèce très defiante, ne se laisse pas facilement tromper, mais quand on en prend c’est par soixante et quatre-vingts à la fois. Vu la grosseur des Litornes, ciles se vendent par gebund de deux seulement. Leur chair est du reste beaucoup moins estimée que celle des autres espèces et elles ne se paient pas plus cher malgré la différence de taille. Plusieurs espèces passent souvent en même temps, et on cons- tale depuis quelques années une certaine extension dans la durée de la migration, qui se prolonge jusqu'en décembre. Beaucoup de Grives mauvis et litornes séjournent pendant des se- maines dans la même région, principalement là où ie sorbier abonde, mais les bandes ainsi localisées n’ont aucune valeur pour les oiseleurs, car elles ne se laissent pas attirer sur l'aire, et comme leur présence trouble les appelants en pure perle, on les éloigne à coups de fusil. (Kalnische Zeilung). V. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. Exposition de Buénos-Ayres en 1890. — La Société natio- nale d’Acclimalation vient de recevoir de M. le Ministre de la Répu- blique argentine, à Paris, le Règlement et programme de la seconde exposition internationale, rurale et agricole que la Société rurale ar- gentine inaugurera, le 20 avril 1890, dans la ville de Buénos-Ayres, sous les auspices et avec la coopération de la province et du gouver- nement national. La Société rurale argentine prendra toutes les mesures nécessaires pour que l'élevage et l’agriculture des provinces argentines soient largement représentés à cette exposition. Un pavillon sera spéciale- ment aménagé pour les produits agricoles, tels que : vins, alcools, huiles, cafés, fruits, graines, sucres, etc. D'autre part, les organisateurs de ce concours désirent vivement que la participation des exposants étrangers des nations amies s'ajoute aux apports des Argentins, pour accroître l'éclat, l’ulilité effective et les avantages internationaux qu’il est permis d’en atlendre. Ceux de nos confrères qui s'intéressent à celte entreprise pourront, du reste, prendre connaissance du document sus-énoncé dans nos bureaux. JG Les grandes chasses du pays grison. — Dans certaines parties de l’Europe, mais principalement en France, les grandes chasses deviennent de plus en plus rares. La plupart de nos forêts sont à peu près dépeuplées; le gros gibier surtout ne se rencontre plus guère aujourd'hui que dans des chasses particulières entretenues à grands frais. Mais quelle différence entre ces chasses restreintes, réglées et réglementées, où rien pour ainsi dire n’est laissé à l’imprévu, et ces chasses au Cerf, au Chevreuil, au Chamois, auxquelles on peut se livrer encore, suivant son goût, suivant son caprice, en pleine liberté, à travers les plaines, les ravins et les montagnes, dans certains cantons de la Suisse. Malheureusement les points du pays grison où tous ces animaux abondent le plus, en compagnie d’une grande variété de Gallinacés sauvages, sont pour la plupart encore privés de chemins de fer; mais les vrais amateurs de plaisirs cynégétiques ne reculent pas devant la fatigue occasionnée par un long voyage en diligence, et leur nombre s’accroit chaque année. Aussi le Chamois commence-t-il déjà à devenir plus rare dans ces contrées où naguère on voyait, par exemple, arriver à Coire jusqu’à cent bêtes et plus abattues dans une seule journée. Les armes de précision, faut-il le dire, et l'hiver exceptionnel de 740 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. 1887-88 sont aussi en grande partie Ja cause de ce dépeuplemen relatif. Il ne faut cependant pas s’exagérer cette diminution et longtemps encore on pourra appeler avec juste raison cette partie de la Suisse l'Eldorado des chasseurs. Dr J. PAGÈES-GRIGORIEF. Standard (1) pour la volaille aux États-Unis. — Le Séan- dard en usage aux États-Unis pour les expositions de volailles, recon- naît dix classes de Poules, formant dix-neuf races et soixante-neuf variétés. Ce sont : I. La classe asiatique, qui comprend trois races : 1° la Brahma- poutra, à variété claire et à variété foncée ; 2° la Cochinchinoise, à variétés de couleur noire, chamois, perdrix et blanche ; 3° la Langshar. IT. La classe de combat, qui comprend huit variétés : variété rouge à gorge noire, variété brun-rouge, variété jaune à ailes de Canard, va- riété argent à ailes de Canard, variétés rouge, blanche, noire et le Coq de Sumatra, classé parmi les oiseaux de combat, mais qu’on n’élève pas dans ce but aux États-Unis. JII. La classe des Hambourgeoises, avec six variétés : variété à paillettes d’or, à paillettes d’argent, variétés tachetée d'or, tachetée d'argent, variété blanche, variété noire. IV. La classe Espagnole, avec quatre races : 1° la race à face blanche ; 2° la race noire; 3° la race andalouse ; 4° la race de Li- vourne, Leghorn, celle-ci comprenant les six variétés suivantes : brune à crête simple, brune à crête rose, blanche à crête simple, blanche à crête rose, Dominique noire, Minorque noire et Minorque blanche. V. La classe de Dorking, trois variétés : la variété blanche, la va- riété colorée, la variété gris d'argent. VI. La classe américaine comprenant cinq races : 1° la Dominique américaine ; 2° la race Plymouth rock, qui a trois variétés : la blanche, la noire, la pailletée ; 3° la race Wyandotte, avec trois variétés égale- ment : la variété blanche, la variété blanc d'argent, la variété jaune d'or ; 4° la race de Jersey. VII. La classe polonaise, comprenant huit variétés : la variété blanche, la variété noire huppée, la variété or, la variété jaune d’or, la variété blanc d'argent, la variété jaune d’or à barbe, la variété blanc d'argent à barbe, la variété blanche à barbe, la variété chamois dentelées. VIII. La classe francaise, trois variétés : Houdan, Crèvecœur, La ‘Flèche. (1) Le mot Srandard doit être pris ici dans le sens de Régulateur, règlement. CHRONIQUE GÉNÉRALE El' FAITS DIVERS. 741 IX. La classe Bantam, divisée en deux sections : 1° les Bantams de combat, sept variélés : variété rouge, variété rouge à gorge noire, variété brun-rouge, variété jaune à ailes de Canard, variété argentée à ailes de Canard, variété rouge et blanche, variété noire ; 2° les Ban- tams ordinaires, huit variélés : variété dorée, variété argentée, va- riétés noire à crête rose, blanche à crète rose, blanche bottée, Pékin, Japonaise et polonaise blanche à huppe blanche. X. La classe mixte, formée des six variétés suivantes : Poule Russe, Poule Sultane Poule Silky, Poule Frizzly, Poule Malaise rouge, et Poule Malaise à gorge noire. Un certain nombre de variétés ne sont pas encore admises à figurer dans le Standard de l’American Poultry Association. Telles sont : les Wyandottes noires, les Ancûnes, les Courtes-pattes, etc. Action de l'alcool sur les Garpes. — L'alcool possèderait, paraît-il, la propriété de rappeler à la vie certains poissons déjà asphyxiés par un long séjour hors de l’eau; deux carpes de l’aquarium de South-Kensington gardées à sec dans une caisse pendant quatre heures, paraissaient absolument mortes quand on les remit dans leur élément. Quelques gouttes d’eau-de-vie ayant été introduites dans la bouche d'une d'elles, elle reprit immédiatement ses sens et se remit à nager, quatre heures plus tard encore, le même procédé permettait . de rappeler la seconde Carpe à la vie. L'expérience fut continuée avec d’autres poissons, mais si elle réussit pour la Truite, l'alcool fut, par contre, sans action sur un Saumon, Un morceau de pain ou d’éponge imprégné d’eau-de-vie, placé dans la bouche des Carpes appelées à subir des transports de longue durée, leur permettrait par conséquent d'arriver vivantes à destination. HrHE >pp>hbhphphphbt} 932 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. LA RE A. Berthoule. SOUFFRONT (J Sp propriétaire, à Saint- À: Geoffroy Some Astier (Dordogne. N. Pâulier! A. Berthoule. VASSET (Henri), propriétaire, à Soyé- À. Geoffroy Shut nie) court, par Estrée-Demiecourt (Somme). D'AVANT VERD (Joseph), docteur en médecine, pro- { A. Berlhouie. vince de Santa-Fé, à San- Lrde | A. Geoffroy Saint-Hilaire. (République Argentine). Léon Vaillant. A. Berthoule. Dautreville. Magaud d’Aubusson. 2, | A. Berthoule. A. Geoffroy Saint-Hilaire. | Raveret-Watlel. WiET (Edmond), docteur en médecine, 156, rue Gambetta, à Reims. Société d'Horticulture ét de Botanique, 52 rue Thubaneau, à Marseille. 549 — Des remerciements au sujet de leur récente admission sont adressés par MM. Paul Baratte, Fernand Bellot, Bon- nier et Flaunet. — MM. C. dela Croix, A. de la Brosse, W. Turner et Paul Uginet remercient des envois de graines et d'œufs de volailles ou de poissons qui leur ont été faits. — M. Damour écrit de Bourriers : « J'ai cherché dans les traités d'élevage, de médecine vétérinaire, etc., etc, et n’ai trouvé cité nulle part le fait suivant ayant rapport au sevrage des jeunes Chiens. Le chenil possède deux Chiennes, Grand- Danois Mastiff, qui, après avoir nourri seulement de leur lait leurs Chiots, quand ils ont deux mois, parfois un peu avant, se gavent de nourriture, une fois remplies pleurent à la porte du chenil tant qu’elle n’est ouverte ; rentrées avec leurs petits, les rassemblent, choisissent une place et vomissent une partie de leur nourriture qui est aussitôt mangée par les Chiots. — Avec ces deux Chiennes, nous ne perdons pas de jeunes au sevrage, celui-ci se faisant naturellement ; j’ai cru ce fait assez rare pour me permeltre de le citer. 11 y a là un merveilleux instinct, qui existe chez les animaux sauvages tels que le Renard, le Loup, etc., et qui a reparu chez ces deux Chiennes. » — M. Olivier Larrieu écrit du Château de Badich (Lot- et-Garonne) : « Au printemps 1887, j'eus de belles couvées de Canards Manda- rins, Casarka et d'Oies d'Egypte, que je négligeai d'éjointer. Je fus tenté de laisser toute leur liberté à ces jeunes oiseaux, tellement j'étais émerveillé de voir, soir et matin, leurs magnifiques randon- nées. PROCÈS - VERBAUX. 933 » Je dus bientôt renoncer à ce projet, car les rangs de mes pension- naires étaient journellement éclaircis par l'erreur, volontaire ou non, des nombreux chasseurs du pays. » Un couple de Mandarins, particulièrement apprivoisés, fut laissé libre, et c'est sur eux que j'ai fait les observations que je vous envoie. » Ces oiseaux viennent chaque jour se nourrir dans les divers par- quets de mon jardin, ils passent le reste du temps à barbotter dans les fossés et les mares du voisinage. Ils restent la nuit sur les bords de ma pièce d'eau. » Les Mandarins, à l’état de nature, pas plus que les Canards Caro- lins, doivent peu fréquenter les grandes rivières, car le Lot coule à cinq ou six cents mètres de ma propriété : ils le traversent journelle- ment quand ils prennent leur vol, mais je ne crois pas qu'ils s’y soient jamais abattus. » L'année dernière, la femelle pondit deux ou trois œufs dans un des parquets; elle ne les couva pas et ils étaient vieux et gâlés quand ils furent trouvés. » Ce printemps, au commencement de mars, je m’'aperçus que la femelle ne faisait son apparition qu’une ou deux heures par jour et que, sans doute, elle devait couver quelque part. Je mis deux ou trois personnes en observation, et nous reconnümes que la femelle arrivait régulièrement ie matin à 9 heures 1/2 et le soir à 6 heures. Elle res- tait avec le mâle, qui lui faisait fête, une heure et demie environ, puis tous deux partaient à tire-d’aile dans la direction du nord et huit ou dix minutes plus tard, le mâle revenait seul. » J'envoyai surveiller de ce côté et on vit les charmants oiseaux s’abatitre chez un de mes voisins, dans une pièce d’eau éloignée de près de 1,500 mètres. Après quelques ablutions, la femelle vola sur un plalane de l'avenue et s’introduisit dans un trou creusé par des Pics-Verts, le mâle revint chez moi. » Je dus faire agrandir l'ouverture pour m'emparer des œufs qui étaient au nombre de quatorze. » Pendant près de deux mois, mes Canards vécurent de leur vie à peu près sédentaire, mais au bout de ce temps la femelle recommenca ses absences et nous reconnûmes qu’elle couvait dans un creux d'arbre, voisin du premier, et à 6 mètres de hauteur. Le trou était percé de bas en haut, dans une écorce très lisse, et la Cane devait faire des prodiges d'adresse pour s’y introduire. » Elle couvait neuf œufs dont je m’emparai, ainsi que de la mère, à qui je roguai les ailes et que je plaçcai dans un des parquets du jardin. » Le lendemain matin, elle avait disparu, et ce n’est que le soir qu'on me l’apporta, elle avait été trouvée au pied de l'arbre où était son nid. » Le voyage qu’elle avait dû faire à pied me paraît prodigieux : 934 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. d’abord, elle avait dû grimper au-dessus de la grille de son parquet, franchir la grille du jardin, la grille qui clôture ma propriété, et enfin gagner le pied de l'arbre à travers des champs de froment et les hautes herbes des prairies. » Cette fièvre d’incubalion était d’ailleurs bien inutile, car ses prc- miers œufs, comme les neuf derniers, n’élaient pas fécondés. » J’en suis d'autant plus surpris, qu'ils avaient été pondus dans des eonditions particulièrement favorables, et je ne puis attribuer ce peu de réussite qu’à la consanguinité, puisque le mauvais temps de tout ce printemps n’a pas empêché la fécondation des œufs de mes autres Canards. » Je n’en serai pas beaucoup plus avancé, car cette année mes di- verses nichées sont presque entièrement détruites par une légion de gros rats qui ont envahi ma propriété et dont il m'est impossible de me débarrasser. Je n’ai guère que mes Oies d'Egypte qui soient assez méchanties pour les éloigner de chez elles, même pendant la nuit. » — M. Aymé Darblay écrit de Saint-Germain-lez- Corbeïl, en date du 1: octobre, 1889 : « J'ai cette année une grande quantité de F'aisans venérés ; assez pour permettre à un amateur de peupler une chasse. Cet oiseau, vous le savez, se cantonne beaucoup mieux dans les bois que le Faisan ordinaire ; jen ai plus de deux cents dans le parc, qui ne vont jamais dans nos remises de la plaine. » — Dans une seconde lettre, en date du 9 octobre, notre collègue fait parvenir les renseignements ci-après : « Le Faisan vénéré est le plus bel oiseau de chasse que je con- naisse, par sa reproduction facile et abondante, ses qualités de vol et le bon goût de sa chair. » Quant au fait qu'on lui a si longtemps reproché de ne pouvoir vivre avec les Faisans ordinaires, je puis vous dire qu'ici, soit dans le parc, soit dans une forêt voisine, j'ai toujours remarqué que ces deux espèces vivaient en parfait accord : la seule différence observée a été que les Cogs sont toujours ensemble par bande de 20 à 25, et de même pour les Poules. » Ils se cantonnent tellement que, dans une enceinte de forêt où il y en avait l'an dernier une douzaine, ils y sont toujours restés, en compagnie d’une centaine de Faisans communs. » On en a tué, mais ceux qui ont élé épargnés soni demeurés au même endroit. » — M. le prince de Wagram écrit en date du 10 octobre 1889 : « Je commence à chasser les Faisans vénérés dans le pare de PROCÈS-VERBAUX. 939 Gros-Bois ; quoiqu'il en ait été pris vivants cent quatre, il y en a encore beaucoup. » 4 — M.le Directeur du Jardin d’Acclimatation communique l'extrait suivant, d’une lettre, qui lui est adressée par M. Bou- guet, d'Huningue : « Le mâle de mon couple de Paons spicifères ayant pris sa lon- gue queue l’automne dernier, la femelle a pondu celte année (qui est sa troisième) huit œufs, dont cinq sont fécondés ; un a été cassé, et deux sont clairs. » Je pense que ce premier résultat est assez beau, si l’on tient compte surtout que ces oiseaux sont en volière. » Je n’ai pas osé leur donner toute liberté, vu leur prix élevé, crai- gnant que s'ils étaient effrayés par un chien ou autre cause, ils ne trouvent la mort dans le Rhin qui coule devant ma maison. » — M. Landmark, inspecteur des pêches en Norwege, adresse de Christiana, à M. le Secrétaire général, des docu- ments statistiques sur la pêche du Saumon dans les cours d’eau norvégiens. — M. Albouy, conducteur des Ponts et Chaussées à Quil- lan, écrit à M. le Secrétaire général, à la date du 17 juin : « {,a réussite de nos Salmo Quinnat dans l'Aude est parfaite : on en voit àâes quantités considérables. Quelques-uns des sujets lâches en avril ont été pris, ils mesuraient dix à onze centimètres, tandis que leurs congénères des bassins n'avaient que huit à neuf centimètres. II est donc démontré que le séjour de la rivière est préférable à celui des laboratoires, .... » La population de nos laboratoires s'établit actuellement ainsi qu'il suit : ( Truite saumonée.. . :.. 19,587. RO) he. Oumar 102. OL 13,488. » À Gesse ... Dr QUIDTAES ESS 7e RE 13,650. » La plus grande prospérité règne dans les bassins. » — M. le Secrétaire général reçoit de notre confrère M. Lebeau, la lettre suivante : « Dans les études que l’on vient de faire sur la montée d'Anguilles, il a été établi comme à peu près certain que cette montée s’arrêlait vers le mois de mai ou même de juin dans la Loire. C’est ce qui résulte de la communication qu’a faite M. Vaillant à l'Académie des Sciences le 1° juillet 1889, communication qui a été reproduite dans la Kevue de la Société d’Acclimatation du 20 juillet. » Or, je viens de constater qu'il y a encore de la montée d’Anguilles au mois d'août en Loire. J’ai, en effet, devant ma maison de campagne 956 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. à Port-Launay, près Couéron, sur le bord de la Loire, un pré dans lequel a été creusé un lavoir alimenté, à chaque marée, par les eaux de la Loire. J'ai fait faire des réparations à ce lavoir et en les exami- nant hicr, j'ai été fort surpris de voir l’eau sillonnée d’une multitude de Civelles noires, au plus longues comme le petit doigt. A côte d'elles, il y avait d'autres Civelles de couleur rougeâtre, paraissant plus plates et d’une longueur beaucoup plus grande. Tout cela frétille et paraît se bien porter. Le maçon qui faisait mes réparations m'a dit qu'ilen avait vu, le matin même, plus d’un millier à la vanne séparant mon lavoir de la douve par laquelle pénètre l’eau. Les Civelles venaient donc bien de la Loire. Ont-elles été amenées par la dernière grande marée, qui a élé exceptionnellement forte en Loire. Cela confirmerait l'observation qui attache une grande influence à la marée sur la montée plus ou moins abondante des Civelles. » — Le R. P. Camboué écrit de Tananarive, à la date du 15 juillet : | « Conformément à ma promesse je vous envoie en même temps que ces lignes la Chenille de l’Urania Ripheus. Je suis heureux d’en faire hommage à la Société Nationale d’Acclimatation de France, qui sera ainsi la première et sans doute la seule, pour le moment, à possé- der les états imparfaits ou larvaires, si longtemps introuvables, de ce magnifique Lépidoptère. J'aurai du reste l'honneur de vous communi- quer par la suite de nouveaux spécimens de l’insecte à l'élat parfait, et les nouveaux détails ou notes biologiques que je pourrai trouver concernant l'Urania Ripheus. » | — M. de Confévron écrit de Flagey (Haute-Marne) : « Dans une planche de Fraisiers remontants, dits Fraisiers de tous les mois, j'ai trouvé une agglomération de Fraises à demi mûres réu- nies en tas ou amoncellement, dans un but évident d'approvisionne- ment. Voulez-vous porter le fait tel qu'il se présente à la connaissance de nos confrères plus érudits que moi, qui pourraient me dire quel est l’insecte ou l’animal assez friand et prévoyant pour se livrer à de sem- blables agissements. » — M. le D' Dugès écrit de Guanajuato, en réponse à la demande de renseignements qui lui a été adressée concer- nant des Lépidoptères mexicains : « J'ai recu votre lettre du 24 mai avec l'épreuve qui l'accompagne. Le Papillon que nous avons ici est bien plus grand que celui dont le dessin accompagne l'épreuve ; je suis à peu près certain que c'est l'A ttacus splendidus, De B. Je ne connais pas l'Orizaba, mais, du reste, d’après John B. Smith (Proceed. U. S. Nat. Mus. ; 1887, p. 421) il est très possible que les deux espèces n’en forment qu’une. L’A. splendidus commence à peine à se montrer maintenant à Guanajuato ; je vais PROCÈS - VERBAUX. 937 tâächer d'en obtenir des œufs ; les cocons ne se trouvent que vers la fin de l'été. La larve est une chenille grise qui peut arriver à 10 et 12 centimètres : elle vit sur le Cazahuate (Zpomea murucoïdes), et par conséquent, pourra être élevé en France sur cet arbre. Je vais tàcher d'obtenir les œufs et les cocons lorsqu'il y en aura, et je les enverrai par l'entremise de notre ministre à Mexico. Quant à l'Zucheiria socialis, quoiqu'il habite les montagnes froides qui entourent Guanajuato, surtout la Sierra de Santa-Rosa qui a fourni ses échantillons à M. de Humboldt, nous ne pouvons jamais l'obtenir à l’état de chrysalide et je n’en possède que deux Papillons. Il ne me sera possible de vous remettre que les cocons énormes que j'expédierai sans les ouvrir; j'ignore quelle est la plante qui nourrit ce Lépidoptère, mais il est pro- bable que c’est un Arbutus. Pour ce qui est du genre Berberis, s’il est représenté à Guanajuato, ce doit être d’une manière tout à fait excep- tionnelle, car je ne l’ai jamais rencontré. » Par une seconde lettre, en date du 15 août, M. le D" Duges adresse les renseignements ci-après : « Malgré mes demandes et mes recherches personnelles, il m'a éle impossible, jusqu’à présent, de me procurer des cocons de l’Attacus d'ici. Un de mes élèves ayant apporté dernièrement à la classe de Zoologie une femelle en train de pondre, je l’ai prié de me céder les œufs, que je vous expédie de suite par la poste dans une petite boîte. J'ignore s’ils sont fécondés. Dans le cas où des chenilles en sortiraient vous pourriez les nourrir avec des feuilles de Zponæa murucoïdes. » Je n’en continuerai pas moins à chercher des cocons, et si j'en obtiens je vous les ferai parvenir par la même voic. » Les œufs annoncés par M. le D' Dugès étaient fécondés, malheureusement l’éclosion s'est faite en route et les petites Chenilles étaient mortes à l’arrivée. — M. le D: À. Lecler écrit de Rouillac {Charente) : « Je vous adresse une pelite boîte renfermant cocons, chrysalides et insectes parfaits d’un Lépidoptère dont la chenille ronge les feuilles du Marronnier d'Inde. Une note accompagne cet envoi. » J'ai recu de la Société des graines de Radis et de Pitch-Pin. Jusqu'à ce jour aucune germination. Pour les Radis, les graines étaient trop vieilles assurément; car d’autres, semées le mêmejour, ont parfai- tement levé. » J'ai recu également des Ignames du Japon, jusqu’à ce jour, 4 sur les 17 que j'ai recucs ont poussé. — Les Bambous cette année ont une végétation luxuriante, les Viridi-glaucescens en particulier. » — M. Raveret- Wattel communique l'extrait suivant d'une lettre qui lui est adressée par M. le Dr baron von Mueller, botaniste du gouvernement à Melbourne : 5 Novembre 1889, 61 028 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. « J'ai le plaisir de vous expédier, pour la Société d’Acclimatation, un paquet de graines d'Æucalyplus corynocalyx lout nouvellement ré- coltées. Cette espèce est la seule, peut-être, à l'exceplion de l'£Z. Gun- mi, dont les Moutons acceptent le feuillage, qui n'a qu'un goût peu prononcé. Mais, alors que l’£. Gunnii croît seulement dans ies régions humides, l'E. corynocalyx est une espèce du désert; ce qui peut la rendre particulièrement intéressante à introduire dans les parties sèches de l'Algérie, comme plante fourragèere d’élé. Peut-être même serait-il possible de naturaliser cet Æwcalyptus dans le Sahaia, où il rendrait de grands services pour l'alimentation des Chameaux. » M. Raveret-Wattel insiste sur l'intérêt que présente le gé- néreux envoi de M. le baron von Mueller, auquel la Société doit déjà de si nombreux et si précieux dons de graines, qui ont puissamment contribué à la propagation, dans la région méditerranéenne, de végétaux australiens utiles à divers Libres. — M. Zeiller écrit de Lunéville : | « J'ai l'honneur d’accuser réception du sachet de graines de Piéch- Pin, que la Société a bien voulu m’accorcer. Je ne me souviens pas que la Revue ait indiqué quel était le sol convenable à cette essence. Si cela n’a pas été dit, c'est un renseignement indispensable à donner à ceux qui en ont recu des graines. Il y a peu d’arbres résineux abso- lument indifférents au sol : on ne fera jamais pousser un Pin maritime sur un terrain calcaire, ni un Pin noir d'Autriche sur du sable. Le Pitch-Pin peut être exclusivement silicicole, comme le maritime, ou exclusivement calcicole comme le Pin noir, ou encore indifférent comme le Pin sylvestre. L’ignorance à cet égard produirait des échecs, dont on rendrail à tort cette essence responsable. » — M. le Dr Jeannel écrit de Villefranche : « Vous m'avez fait l'honneur de m'adresser l’année dernière des graines d’une plante grimpante recommandée comme productrice de Caoutchouc, le Duvernoya odontoîdes. Cette plante se montre ici très vigoureuse, elle a passé l'hiver en plein air, et est maintenant en fleurs. Je vous en adresse un rameau fleuri qui, à l’état frais, exhalail une forte odeur d'amandes amères. » Les Ignames à tubercules plats qui m'ont été adressés en mars dernier sont en bonne végétation. » — M. Aymé Darblay écrit de Saint-Germain-lez-Corbeil : « J'ai lu avec intérêt dans la Revue du 20 octobre, une note sur la longévité des arbres. J'aurais bien à la rectifier en ce qui concerne ies Crmes. Cent trente ans pour un Orme doit être peu de chose en Alle- magne comme en France, et si l'Orme du Comté de Shinnston en Vir- ginie avait 33 mètres de hauteur, c'est peut-être autant que deux PROCÈS - VERBAUX. 939 Ormes que j’ai vus à Pelvésy, chez le marquis de Montmège, commune de Saint-Genies, arrondissement de Sarlat (Dordogne); mais le plus gros de ces Ormes dépassait de beaucoup les 8,30 de l’arbre améri- cain, puisqu'il mesurait 11,50 de tour à 1 mètre au-dessus du sol. » Le plus gros de ces deux Ormes est tombé il y a peu d'années, en démolissant, dans sa chute, une des ailes du château. On a tiré près de 100 stères de bois de ses branches. » Voici les dimensions des deux Ormes de Pelvésy, dont l'histoire a été écrite par M. Alexandre de Bosredon, ancien sénateur : D: Crconférence A Idtbagdn.. nn 1 ne Lt 15m, » — à L mètre au-dessus du sol........ 11:90 — des branches verticales. ........... 6 60 — des branches horizontales......... 3 60 Hauteur des branches verticales........... 29:, > 2 rcomtérence, à la base.:.... is. em 13m, » — à 1 mètre au-dessus du sol........ CRT DS 10 — des quatre branches principales 5 90 qui s'élèvent verticalement..... 585 3 80 Hauteur approximative. 1 en danse ut 50 » — M. Guy ainé écrit de Toulouse : « Je viens de nouveau vous entretenir des vignes chinoises dont je vous parlais l’année dernière (voir Bulletin de lu Société, n° 15 du 5 août, page 803). Cette année, ce même pied a poussé avec une vigueur extraordinaire. Il couvre une grande tonnelle, où le soleil ne peut pénétrer tant son feuillage est épais ; il vient d’y avoir plus de 3,000 belles grappes de fleurs, mais aucun grain de Raisin ne s'est formé. Il y a quatre ans, je plantai un pied de ces vignes (que je croyais presque mort, tant il était chétif) dans une plate-bande devant un treillage de grandes volières, à côté d’un grand Cerisier ; il y a aussi dans cetle plate-bande, à côté, un fort pied de Rosier-Thé grimpant, et un fort pied de Houblon cultivé, la végétation de ces plantes forme une tapisserie très fourrée; il y a un mois, en cueillant des Roses- Thé, je remarquai d’abord que ce pied de vigne chinoise que j'avais totalement oublié, avait poussé parmi tous ces feuillages, et que ses sarments avaient grimpé jusqu’au bout du Cerisier, mais quelle fut ma surprise en y voyant une quinzaine de petites grappes portant chacune quatre, cinq, six et jusqu’à quinze grains. Vous comprendrez la joie que j'éprouvai de voir ces grains formés, après avoir perdu espoir de voir produire ces espèces. Enfin, je possède un pied qui produit, c’est la première année qu'il a fleuri. Aujourd'hui, ces grains ont la grosseur d'un gros pois; l’année prochaine je tâcherai de le faire soigner pour qu'il soit plus vigoureux, et les grappes plus fortes. 940 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. » D'après la note détaillée, communiquée à la Société, sur ces deux vignes chinoises, par MM. Vilmorin-Andrieux, dans le Byletin de juillet 1882, pages 384 à 388, l'espèce qui vient de fructifier serait le Vitis Romaneti. Si, comme je l'espère, ces fruits viennent bien, et que vous croyiez que cela puisse être utile pour la Société, je m’empres- serai de vous envoyer ces petites grappes sitôt qu'elles seront par- venues à leur maturité. » — M. Maisonneuve, de Challans (Vendée), accuse récep- tion et remercie de l'envoi de graines d'Épinard rouge qui lui a été fait. — M. Raveret-Wattel écrit de Chaville : « Les trois petits pieds d’'Elæagnus edulis que la Société a bien voulu me remettre, à la fin d'Avril dernier, ont parfaitement repris et abondamment fleuri; ils paraissent devoir prendre un fort déve- loppement au printemps prochain. » J'ai cultivé, de nouveau cette année, le Haricot Hédiard ou Saint- Ciboire. Cette variété paraît surtout recommandable pour être mangée en vert; elle donne de très nombreuses aiguilles, et le goût en est excellent. Je suis heureux de mettre de la semence à la disposilion de la Société, pour ceux de nos collègues qui voudraient, de leur côté, essayer ce Haricot. » Cheptels. — M. le Président de la Société d'Horticulture de la Sarthe rend compte de la mort d'une des deux Chèvres du Sénégal remises en cheptel à cette Société. Cette Chèvre avait donné récemment deux Chevreaux ; l’autre n'a donné qu'une Chevrette. — M. Blaauw, d'Amsterdam, écrit à M. le Président, en date du 12 septembre : « Mon cheptel de Kangurous de Bennett est en très bon état. Le jeune nél’an passé était une femelle et a reproduit cet été, ainsi que la vieille femelle. Je me trouve avoir maintenant cinq animaux. » — M. Zeiller écrit de Lunéville : « Mon cheptel de Colombes Lumachelles, recu au printemps de 1888, continue à se bien porter ; ces oiseaux sont aussi peu sauvages que les Lophotes, nés chez moi depuis plusieurs générations, sont farouches ; mais ils ne manifestent aucune velléité de reproduction; le mâle est indifférent. » — M. le D" J.-J. Lafon, de Sainte-Soulle (Charente), adresse les renseignements ci-après, sur son cheptel de Lophophores : PROCÈS - VERBAUX. 941 « L'état de santé du mâle et de la femelle est excellent; cette der- sière a pondu en avril cinq œufs qui, mis en incubation, ont donné naissance, les 23 et 24 mai, à cinq jeunes ; de ces cinq jeunes, il ne reste plus que deux vivants ; un est mort le 27 mai, un deuxième le 15 juin et le troisième le 27 juin. complètement emplumé si ce n’est à la tête, et pesant 138 grammes, c'était le plus fort en apparence. » La femelle a fait en mai une deuxième ponte de trois œufs, dont le dernier, ayant recu un coup de bec, n’a pu être mis en incu- bation. De ces deux derniers œufs, il est né le 3 juillet deux jeunes qui paraissen: donner plus de facilité pour l'élevage que les premiers, en raison très probablement de l’état atmosphérique bien différent de celui qui régnait à l’époque de la première naissance, état qui était déplorable, pluie extraordinaire, vents et tmpêtes, orages. » — M. Léopold Dupuy écrit de Garries-Mérignac : « Les F'aisans versicolores de mon cheptel sont en très bonne ” santé. La ponte a été très abondante, malheureusement beaucoup d'œufs étaient clairs, et, en outre, parmi ceux qui étaient fécondés, il s'en est trouvé plusieurs qui ont donné des petits qui étaient imparfaits, puisqu'ils n’ont voulu prendre aucune nourriture ; ils sont morts après quatre ou cinq jours. C’est la première fois que ce fait se présente chez moi, sur un aussi grand nombre d'œufs. » Le 22 juillet, mis à couver huit œufs, tous clairs. Il me reste trois Faisandeaux âgés de trois mois, et un quatrième qui a aujour- d'hui un mois. Quand on pourra distinguer les sexes, j'aurai l'honneur de vous en rendre compte. » — M. Alfred Chapard annonce la mort du Canard Carolin qu'il avait en cheptel. Le Secrétaire du Conseil, C. RAVERET-WATTEL,. IV. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. La Chèvre en Angleterre. — M. le Directeur du Jardin Zoo- logique d’Acclimatation nous communique les extraits suivants de lettres qui lui sont adressées d'Angleterre par M. Paul Thomas : « Je vous remercie infiniment des numéros de la Revue de votre Société, contenant un travail sur la Chèvre par M. Pion; je l'ai lu avec beaucoup d'intérêt. » J'y vois que vous croisez actuellement le Bouc Nubien avec la Toggenburg. J'ai fait la même expérience il y a trois ans, et j’ai obtenu 2 Chevrettes qui tiennent de leur mère comme marques et comme couleur; elles n’ont pas pourtant les deux petits appendices sous le cou, et elles ont les oreilles un peu plus grandes, sans cependant être pendantes, comme celles de Nubie. » L'une d'elles, que j’ai gardée, vient de mettre bas 3 Chevreaux. Cette bête, qui a 2 ans et 1/2, est restée de taille moyenne ; elle donne une très grande quantité de lait. » Je vous adresse, par ce même courrier, 2? numéros d’un petit journal ‘illustré beaucoup lu par les jeunes gens. M. Peyler y publie quelquefois des articles afin de développer chez eux le goût de la Chèvre, ce qui a très bien réussi, car, aprés la publication, j'ai eu plusieurs visites de ses lecteurs qui se sont vivement intéressés à mes animaux. » Je compte exposer à Windsor: 4 Chèvres de Toggenburg, 1 ma- gaifique Bouc de 3 ans, 2 Chèvres pleines et une en lait avec son Chevreau. » Les prix sont : » € 4 pour le 1°r prix, € 2 pour le 2€ prix, € 1 pour le 3° prix. » I1 y a 6 classes distinctes : I. Boucs sans cornes (au-dessus de 2? ans). II. — cornus ( — )- III. Chèvres sans cornes ( n 2 IV. — cornues ( — à R V. Boucs au-dessus de 2 ans, avec ou sans cornes. VI. Chèvres —— — — » Il y a deux médailles d'argent à décerner, en plus des prix, l’une pour le meilleur Bouc, l’autre pour la meilleure Chèvre de l'Exposition. » Le montant des prix est de 12,000. » Chose singulière à vous signaler : cette année, presque toutes mes Chèvres ont eu 3 Chevreaux ; il en a été de même chez plu- sieurs éleveurs. » Nous aurons, dans le courant de l’année, neuf expositions : L1 CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 943 Aliricham, Southport, Whitby, Edgworth, Fodmorden, Dairy show à Londres, Halifax, Coventry, Windsor. » Je comple également exposer à Halifax et au Dairy Show où j'enverrai une belle Chèvre Nubienne et un jeune Bouc Nubien de l'âge de 8 mois. » Grâce aux efforts constants de notre honorable secrétaire et aux miens , nous sommes parvenus à réhabiliter la Chèvre. Plusieurs membres de notre Société ont imité notre exemple dans le Nord de l'Angleterre et avant peu cet animal, si délaissé et si dégénéré, sera rétabli au niveau de sa valeur. » Je vous serais toujours très reconnaissant de me tenir au courant des importations que vous feriez au printemps prochain. » « Je me fais un plaisir de vous adresser quelques détails sur la grande Exposition royale de Windsor. » Généralement nous avons une centaine d’exposants à chacune de nos expositions; mais cette fois, les frais d'entrées et de transport ont réduit leur nombre à quarante. » Les espèces exposées élaient fort nombreuses : Les Cachmir, Angora, croisement des Nubiens, les Toggenburg, Ecossaises, Irlan- daises, Galloises (pays de Galles) et Anglaises y étaient représentées. » Sa Majesté la Reine a exposé un Bouc, deux Chèvres et quatre Chevreaux purs Cachmir, provenant de son troupeau. » Ces animaux sont d’une grande pureté de race; ils descendent d’un Bouc et d’une Chèvre dont on avait fait cadeau au roi Georges IV, en 1828. » Le spécimen d’Angora provepait du troupeau du duc Wellington. » C’est mon magnifique Bouc de Toggenburg, âgé de trois ans, qui a eu tous les honneurs de l'Exposition. Il a obtenu le premier prix dans la classe des animaux sans cornes,ie prix d'honneur et la médaille d'honneur comme étant le meilleur Bouc exposé. La reine l'a admiré lorsqu'elle a passé en revue les animaux médaillés. » Dans la classe des Boucs à cornes, c’est un animal venant d'Ecosse qui a obtenu le premier prix. Il est âgé de dix ans, possède de longs poils noirs et des cornes splendides. » Le deuxième prix a été donné à un Bouc du pays de Galles. » Les premier et deuxième prix de la classe des Chèvres ont été décernés à deux de mes Chèvres de Toggenburg. » C’est une des quatre Chèvres que j'ai achetces en 1887, au Jardin d'Acclimatation, qui a eu le premier prix ; le second a été gagné par une jeune bête de trois ans que j'ai élevée ici. » Dans la classe des Chévres à cornes, c’est un demi-sang de Nu- bien qui a eu les honneurs, il lui a été décerné le premier prix et la 944 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. medaille. Le deuxième prix a été donné à une jolie Chèvre irlandaise et le troisième à un croisement de Toggenburg avec une Chèvre anglaise née chez moi. » C’est encore un croisement de Nubien qui a élé en tête dans Ja section des jeunes bêtes. » Enfin, dans la classe des Anes, il y avait de magnifiques spécimens» entre autres un Ane égyptien tout blanc appartenant à la reine. J'ai fort apprécié également un âne sauvage. DAerÉez, 20100 La culture du Cocotier en Floride. — Le Cocotier est l’objet d'une importante cullure en Floride, mais cette culture ne constitue une exploitation proprement dite que sur les Keys, les îlots rocheux bordant la côte et, jusqu à la rivière Caloasahatchi dans l'intérieur des terres. On le plante seulement pour son port décoratif au nord de ce cours d eau, quoiqu'il donne parfois encore une abondante récolte de fruits jusque sous la latitude de Tampa et du Cap Canaveral. Les plus beaux arbres fournissent deux cents noix environ chaque année. Un peu plus petits que ceux des tropiques, les Cocos floridiens ne sont jamais employés comme semence, toutes les noix plantées dans la région venant des Antilles ou du Honduras. Celles qui n’ont pas germé pendant le trajet passent un an ou dix-huit mois dans des pépinières, avant d'être définitivement mises en place. La ger- mination s'opère presque toujours, mais elle se fait parfois attendre un an et même plus. Les seuls soins donnés aux jeunes arbres consistent à enlever deux fois par an, au printemps et en automne, les mauvaises herbes et les broussailles poussant autour de leur tronc. J.-P: Les Nymphéacées aux États-Unis. — M. Benjamin Gray, de Malden (Massachusetis), nous donne, dans le journal Tke Garden, une manière intéressante de sortir de la culture stéreéotypée des roses, œillets et violettes en cultivant des Nymphæa pour la vente de leurs fleurs au marché. M. Gray est un habile jardinier, un horti-- culteur enthousiaste, fils de M. Gray, l’éminent orchidophile d’Al- bany (New-York). Il n’a ni vastes bassins ni serres spéciales pour ses Nymphæa, mais sur la plate-bande qui s'étend devant une serre à Rosiers, on voit en rangs pressés et d’un bout à l’autre de cette plate-bande de grands vases à lait et de larges terrines à semis, sans trous, remplis par moitie de terre et d’eau dans lesquels poussent les Nymphæas et de l’autre côté du sentier arrangées en files basses el sous l’ombre des touffes encore des vases à lait en métal et des ter- rines à semis, derrière dans la terre à Rosiers de grands exemplaires dans des cuviers, ils ne nuisent pas aux Rosiers, mais au contraire leur sont utiles en servant d’évaporateurs. J1 y a là vingtaines sur vingtaines de terrines, centaines sur centaines de plantes. Les vieilles CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 945 plantes garnissent les cuviers, dans chaque vase à lait il y a trois plantes de même espèce, partout des masses de semis à moitié poussés. . Les vases à lait ont 0,44 cent. de diamètre sur 0,60 cent. de hauteur et sont de la forme ordinaire ; les terrines à semis ont à peu près la même largeur sur 0,18 cent. de profondeur. Les feuilles poussent droites et s'élèvent au-dessus de l’eau et des vases, mais tant que la racine et la couronne centrale sont immergées, elles poussent solides et vigoureuses jusqu’à ce que la fin de l'été les fasse périr. Les espèces cultivées sont: La variété rose du N odorata, le N. Devoniensis, le N. cærulea, le N. dentala et le N. flavu. Le premier est une belle forme rose de notre NW. odorata des ma- rais, une de nos fleurs favorites. 11 est naturellement parfaitement rustique et n’est rentré l'hiver que pour des raisons de cullure com- merciale. Le N. Devoniensis est de premier ordre el donne abondamment, pen- dant l’éleé, des fleurs d’uu rose brillant et très larges. Les feuilles sont d'un vert lirant sur le rouge, il pousse vigoureusement pendant l'été, mais est assez difficile à hiverner, c’est un hybride produit il y a envi- ron sept ans en Angleterre entre le N. rubra et le N. lotus b'anc. Le N. cœrulea (le lotus bleu du Nil) est le plus commun des Nym- phæa de serre tempérée, c'est une belle plante très florifère et de cul- ture facile. Le dentala est à fleurs blanches el très vigoureux, il est indigène de Sierra-Leone. Le AW. flava est celui qui, retrouvé en Floride il y a quelques années par M. Treat, a fait Lani de Lruit dans les cercles bota- niques, avant qu'il ait été retrouvé on n'avait d’autre connaissance de celte plante que par un dessin d Audubon dans son ouvrage sur les oiseaux du Nord de l'Amérique. Il pousse fac lement ct vigoureusement et se multiplie à l'excès par des filels cemme les Fraisiers. Les vieilles plantes fleurissent abondamment, les jeuncs fleurissent peu. Les N. cerulea et flava hivernent très bien à la température crdinaire d’une serre froide, mais le dentata et surlout le Devoniensis demandent unc température élevée de 15 à 18°. Malgré la multitude de ces Nymphæa cultivés, la demarde de leurs fleurs excède la production. L’année dernière un fleuriste de Boston s'était assuré toute la récolte, cette année, d’autres fleuristes cher- cheront à se l’attribuer. Une bonne méthode pour les Nymphæa est de les culliver dans des cuviers enterrés jusqu'à ras de terre et tenus pieins d'eau. M. Picxering de l'Observaloire du collège se féli- cite de ce sysième tant au point de vue ornemental qu'au point de vuc de la production des fleurs. Le genre Nymphæa comme les Clématiles, les Aquilegias ct quel- 946 REVUE DES SCIENCES -NATURELLES APPLIQUÉES. ques autres, est un cas frappant de fleurs blanches, bleues, rouges, jaunes produites par ses espèces. Certaines personnes se sont plaintes, en Angleterre, du peu de satisfaction que leur avait procuré la cullure ces Nymphæa. Nous espérons que les quelques avis, fruits de l'expérience de M. Edmund D. Sturievant, seront utiles à ses amis transocéaniens. Les causes d’insuccès sont le manque de chaleur et d’eau chaude. Sous notre climat de New-Jersey, dit M. Sturtevant dans le journal précité, presque toutes les espèces de Nymphæa capables de supporter nos hivers prospèrent et fleurissent dans les étangs naturels. Mais je suis obligé de culliver la plus grande partie de mes collections dans des bassins ou citernes étanches faits de briques et ciment ou de ciment pur, probablement semblables aux bassins construits à Kew pour les plantes aquatiques rustiques. J'en ai deux à côté l’un de l’autre qui ont 16 mètres sur 12 et un de 10 mètres sur 6 pour le Wicioria regia. Dans les grandes citernes, non seulement les Nymphea et les Nelum- bium sont rustiques, mais toutes les espèces tropicales sont cultivées sans chaleur artificielle. Les premiers sont laissés dans les citernes toute l'année et en hiver la glace a eu quelquefois 24 centimètres d'épaisseur ; deux périodes de froid ont donné cet hiver jusqu’à — 18°. Quant aux espèces délicates on les met en végétation sous verre et elles sont placées en terre au 1°r juin. Elles poussent vigoureusement et commencent aussitôt à fleurir jusqu'aux derniers jours d'octobre. La plus belle floraison ayant lieu naturellement pendant les mois les plus chauds d'été. Ils sont rentrés pour l'hiver. Voici précisément un des points que je veux signaler à mes amis anglais, c’est la tempé- rature à laquelle le sol et l'eau peuvent être élevés par le soleil dans les bassins et citernes semblables à ceux que j'ai cités plus hauts que celle qui peut être obtenue dans aucun étang naturel ou artificiel, n'ayant pas d'autre fond que la terre ou la glaise naturelles. Si une disposition semblable à la mienne est utile avec notre soleil el notre chaleur pour amener à la perfection les espèces tropicales, pourquoi ne serait-elle pas également utile en Angleterre pour la culture des Nymphea tels que l'Odorata et autres qui, bien que supportant l'hiver, ne poussent pas vigoureusement pendant l'été ? Les bassins. — Je ne crains pas d'affirmer que si les grandes et ma- jestueuses espèces de VMymphea sont jamais cultivées avec succès on Angleterre, ce sera dans des bassins en maçonnerie peu profonds. En disposant ces bassins pour recevoir les plantes, je ne garnis jamais tout le fond avec de la terre. Pour faire pousser des spécimens extra de Nymphea tropicaux quelques coffres ou lits sont immergés. Ils ont 33 centimètres de profondeur et 1",33 carré chacun; d'autres lits sont faits latéralement en ciment sur deux rangs de briques sur champ. Ces lits sont divisés en carrés ou parallélogrammes selon l'es- pace à donner à chaque espèce. Il est nécessaire de planter les espèces CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 945 distinctes de Welumbium dans de semblables compartiments sans quoi ils envahiraient tout le bassin. Le premier bassin que j'ai construit était destiné au Victoria regia que j'espérais faire fleurir ainsi. Il était placé au midi d’une serre à vignes, en plein soleil, ses dimensions étaient de 10 mètres sur 6 avec une profondeur de 45 centimètres et un coffre au milieu pour main- tenir la terre. On pouvait au besoin chauffer l’eau lorsque la chaleur du soleil n’élait pas suffisarcte. Ce bassin était à proximité d’une serre chaude ; de la chaudière de celte serre un tuyau allait au bassin et ex faisait le tour sans pénétrer plus loin. Les extrémités de ce tuyau sont laissées ouvertes de sorte que tant que le feu est maintenu dans le fourneau de la chaudière, il y a une constante circulation entre la totalité de l’eau du bassin et celle de la chaudière, ainsi la température désirée est obtenue. Comme l’eau est toul à fait exposée au soleil et à l'air, cette manière de chauffer n’a aucun inconvénient et les plantes s’en trouvent mieux que dans toute construction vitrée avec les tuyaux immergés dans l’eau. Telle est la clef d'une culture satisfaisante en Angleterre de Nelumbium ct de beaucoup d'espèces de Nymphæa. Cette disposition est beaucoup moins coûteuse que les édifices en verre, élevés dans ce but, et je ne comprendrais pas com- ment votre manque de chaleur en été ne pourrait être compensé de cette manière assez pour donner un résultat satisfaisant. L'expérience m'a encore appris qu'il était nécessaire de donner beaucoup de place aux racines des Nymphæea et d'espace à couvrir par leur feuillage. La seconde saison après la construction du bassin du Vic{oria, j'essayai la culture des N. Devoniensis et dentata dans la même-:position, le coffre du centre a 1",33 carre et contenait leriche compost ordinaire- ment affecté au Vic{oria. Dans ce coffre un pied de M. Devcniensis ct un de N. dentata furent placés. Le résultat fut une révélation ; ces plantes poussèrent de manière à couvrir un espace de 6,50 de diamètre avec des feuilles larges de 66 centimètres et des fleurs de 36 centimètres. Les années suivantes, je traitai de la même manière les Nymphea rustiques et les Melumbium avec le même succès. Le sol que je donne à presque toutes les plantes aquatiques consiste en bonne terre de jardin ou gazons consommés et le meilleur fu- mier de Cheval (ou de Vache), possible par moitié, le tout saupoudré d'os réduits en poudre et recouvert d’une couche de sable de 3 centi- mètres d'épaisseur, pour empêcher l’engrais de s'échapper, une épais- seur de ce compost de 27 centimètres à 30 est largement suffisante. Je n’ai jamais trouvé que la vase fût essentielle, un Velumbiuim peut bien pousser et fleurir dans un mètre carré, mais pour obtenir une abon- dante floraison, il faudrait 2,66 ou 2 mètres carrés pour chaque espèce. Nymphea tropicaux. — Les N. Devoniensis et rubra cultivés en exem- plaires uniques pour chaque compartiment couvrent ici un espace de 948 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. 6m 50 carrés. J'ai vu jusqu’à cinquante fleurs de différentes tailles ouvertes à la fois sur un sujet. Le N. cerulea cultivé en bassin donne des fleurs d’une richesse de ton et atteint des dimensions qu’il n'aurait jamais dans des terrines de 45 centimètres de diamètre. Il ne supporte pas l'hiver au dehors. Victoria regia. — Cetle plante a parfaitement réussi en plein ax dans le bassin construit pour elle, elle est mise en végétation en serre comme d’usage et plantée le 1% juin. La chaleur artificielle est entre- tenue pendant les premiers jours de l'été et de l’automne. Mais pen- dant six ou huit semaines du plein été la chaleur solaire suffit. Les feuilles ont 2 mètres de diamètre avec un rebord de 9 centimètres. Elle commence à fleurir en juillet, continue jusqu’en octobre et mürit parfaitement ses graines. Nymphea rustiques. — N. alba s'’accommode parfaitement de notre climat et fleurit plus et plus longtemps que notre N. odorata. Le N. candidissima est une des meilleures plantes de ma coilection. Il com- mence à fleurir en mai et continue jusqu'aux gelées, un mois plus tard que notre N. odorata. Mais comme mérite de beauté, il ne peut sou- tenir la comparaison avec notre N. odorata rosea indigène. Je lui con- sacre une large place dans mon jardin de Nymphea, c'est la reine des plantes rustiques, et elle mérite tous les soins qu'on lui donne. Le N. odora rosea pousse ici plus vigoureusement que le N. odorata. Le N. flava (de la Floride) est tout à fait rustique ici, il m'a paru difficile à établir dans les bassins nalurels, mais il a parfaitement réussi dans les chauds bassins cimentés. Il n’aime pas les pots et les lacs, cependant il faut lui mesurer l’espace au moyen de comparti- ments à cause de son expansion exubérante. Il lui faut beaucoup de place, soit 1 mètre carré ou plus. À sa seconde année de plantation, il donne abondamment ses fleurs jaune canari à délicieuse odeur : elles sont presque égales en taille à celle du AN. odorata. La culture des Nymphæa tropicaux à l'air libre a été une révélation pour beaucoup de personnes dans notre pays, et l'établissement de bassins du modèle indiqué plus haut fait partie de beaucoup de jardins publics et privés. A Fairmount-Park (Philadelphie), une belle collec- tion cultivée de cette manière a excilé l'admiration générale. V. BIBLIOGRAPHIE. Expéditions scientifiques du « Travailleur » et du « Talis- man » pendant les années 1880, 1881, 1882, 1853. Ouvrage publié sous les auspices du Ministre de l’Instruction publique, sous da direction de A. Milnc-Edwards, membre de l'Institut. Poissons, par L. Vaillant, Paris, 1888, in-4°, planches. M. le professeur Léon Vaillant a récemment présenté à la Société d'Acclimatation le premier volume des Æ£Expéditions scientifiques du Travailleur et du Talisman, publié sous les auspices du Ministre de l’Instruction publique, ce volume est exclusivement réservé à l'étude des poissons. Il se divise en deux parties, la première a un intérèt trop spécial pour qu'il soit utile d'y insister ici. Elle comprend la des- cription des poissons rencontrés dans ces expéditions, un cinquième à peu près d'entre elles peuvent être regardées comme nouvelles. Les poissons des régions profondes ayant été généralement décrits d'une facon très insuffisante, souvent non figurés, il y a de très grandes difficultés pour savoir si les espèces qu’on avait sous les yeux n'étaient pas celles qui avaient été déjà vues. On peut signaler à l'attention de la Société une description de la pêche des Squales par grandes profondeurs, telle qu’elle se pratique sur les côtes du Portugal. Il existe à Sétubal, petit port au dessus de Lisbonne, une industrie séculaire, pratiquée par un très petit nombre de bateaux, et qui consiste à pêcher des Squales à la ligne par des profondeurs de 13 à 1,800 mètres. On a pu, dans la cam- pagne de 1882, avec un bateau monté par ces pêcheurs, faire exécuter l'opération sous les yeux de la commission des dragages sous-marins. La manœuvre, fort intéressante, consiste à pionger une iongue ligne sorte de palangre qui n’a pas moins de 1,800 à 2,000 mètres de longueur, à la laisser un certain temps dans les fonds, puis à la re- tirer, opération qui, dans des conditions très favorables, par fort beau temps, n a pas demandé moins de six heures. On a rapporté 17 Squales et un certain nombre d’autres poissons voisins de la Merluche, le Mora ifediterranea RissSo. La partie qui peut plus particulièrement intéresser la Société d’Ac- climatation est relative aux considérations générales sur les poissons que l’on trouve dans les grandes profondeurs. Il y a encore très peu de temps, sur la foi d'observations, d'ailleurs fort bien faites, par Forbes dans la mer Egée, on admettait que la vie animale ne pouvait pas descendre au-delà d’une profondeut très faible ; qu'à 3 à 400 mètres la vie devait cesser complètement d'exister, et sans doute le fait est exact là où Forbes a fait ses études. Comme on a pu le remarquer dans les expéditions françaises, qui se sont faites, la première dans le golfe de Gascogne, la seconde dans la Méditerranée pour revenir à Rochefort en longeant les côtes de l'Espagne et du Portugal ; la troisième dans 950 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. le golfe de Gascogne, sur la côte du Portugal à Madère, enfin, la qua- trième la plus considérable : celle du Tulisman, dans laquelle, partie de Rochefort, la Commission a longé les côtes du Portugal, du Maroc, du Soudan, pour revenir parles Acores et la mer de Sargasse. Dans la Méditerranée nous avons vu que la faune profonde est comparative- ment peu riche, et, au contraire, dans l'Océan offre une abondance extrême de types appartenant à toutes les classes d'animaux marins et surtout de poissons. À quoi tient cette différence ? On peut l’attribuer à l'élévation du détroit de Gibraltar, par suite de laquelle le renou- vellement de l’eau dans les parties profondes de la Méditerranée doit se faire plus difficilement que dans l'Océan, d'où il résulte que les ani- maux doivent en général se trouver dans des conditions de vie moins favorables. Il existe, en effet, dans les conditions biologiques des ani- maux des profondeurs, un fait très singulier et que nous ne nous ex- pliquons que difficilement. A partir d’une certaine profondeur (là, le fait est constant) c'est-à-dire à partir d'environ 350 à 400 mètres, les végétaux cessent d'exister. Or, d’après les idées que nous nous faisons de l'équilibre entre les animaux et les végétaux, au point de vue de la respiration, on ne comprend pas bien comment les premiers qui: consomment l’oxygène pour rendre de l’acide carbonique, peuvent se trouver dans un point où n'existent pas de végétaux décomposant l’acide carbonique pour reconstituer l’oxygène. Dans l'Océan, par suite des courants constants qui existent entre les eaux de la partie supé- rieure et les eaux de la partie profonde, le renouvellement de l'eau aérée, de l’eau oxygénée doit se faire d’une façon suffisante. Les con- ditions particulières de la Méditerranée s’opposent-elles à ce renou- vellement? C’est une hypothèse admissible, mais ce n’est qu’une hypo- thèse. Dans tous les cas, le fait paraît bien constaté, à savoir que, dans les faunes profondes, la Méditerranée est beaucoup moins riche. Il est donc probable que les observations de Forbes, qui portaient sur la partie reculée de cette mer, sont en grande partie exactes et qu'il avait formulé un fait très juste pour la région qu’il avait observée. On a eu tort seulement de les généraliser, car il est incontestable aujour d'hui que des animaux existent dans des profondeurs énormes. Parmi ceux-ci on s'étonne au premier abord de rencontrer et en abondance des poissons, Vertébrés qui, par suite de leur élévation orga- nique, ne paraissaient guère à priori pouvoir se contenter des conditions de vie défavorables qu’on rencontre dans les profondeurs. Il est admis; en effet, que la lumière n’y pénètre pas et quil doit exister en ces points une obscurité complète: Les animaux se trouvent de plus soumis à des pressions dont nous ne pouvons nous faire aucune espèce d’idée, puisque, arrivés à 4,000 et 4,500 mètres, on a même pêché à des profondeurs plus grandes, des pressions de 4 à 500 atmosphères paraîtraient devoir s'opposer complètement à la vie. Nous trouvons pourtant des animaux en très grande abondance. À bord du Talisman; BIBLIOGRAPHIE. 951 dans la dernière campagne, 3,947 poissons ont élé pris, et un seul dragage a rapporté plus de 900 poissons. Une autre considération assez intéressante est relative aux altitudes, si je puis dire différentes que ces êtres peuvent occuper dans la hauteur. Ici nous n'avons, pour juger cette question, que des renseignements un peu vagues, et il est nécessaire d'insister sur ces difficultés qu'il faut savoir présenter à l'esprit dans les conclusions générales que l’on cherche à tirer de ces études. Les instruments habituellement usités pour la pêche dans ces profondeurs laissent à désirer sur bien des points : la drague et le chalut sont surtout employés. Bien qu'on ne serve de ces instru ments avec une grande sûreté aujourd'hui, car il est rare qu’on ait des dragages infructueux, ces engins ne nous donnent pas des renseigne- ments absolument précis. D’une part, il est très certain qu'ils ne prennent en fait de poissons, les seuls animaux dont je m'occupe en ce moment, qu’une très pelite partie des êtres qui se trouvent à portée. Par exemple pour ce qui est des Squales pêchés à Sétubal, on peut en prendre une très grande quantité en très peu de temps avec l’engin spécial des pêcheurs. Dans les dragages du Talisiman on n’en a pris que deux ou trois. Ces Squales, trouvés sur des points très éloignés, depuis les îles du Cap-Vert jusqu’au golfe de Gascogne, démontrent qu’il existe de ces animaux sur toute cette étendue, et ils n’y doivent pas être plus rares qu’à Sélubal ; seulement les Squales nagent avec une très grande rapidité et ne se laissent pas prendre par un chalut qui les effraie et qu’ils peuvent éviter facilement. Aussi prend-on surtout les poissons, comme les Apodes, les Anguilles, les Macurus, les Gades qui n'ont pas de nageoire caudale développée, le corps se terminant en pointe effilée et sont par suite de mauvais nageurs. On n’a donc en somme qu’une idée incomplète de la faune de ces régions puisqu'on ne prend d'une facon courante que les animaux sédentaires. Le chalut. a un autre inconvénient, c'est que nous ne savons pas exactement si tous les êtres qui se trouvent renfermés dans son intérieur proviennent bien exactement de la profondeur. Lorsqu'il s’agit de ces Apodes, de ces Anguilles qui vivent dans la vase, évidemment ce ne sont pas des animaux qui soient susceptibles de se trouver à une grande hauteur, de même lorsqu'il s’agit également de ces Macurus qui ont élé rap- portés par le chalut, de la profondeur. Mais dans certains cas, l’engin lorsqu'on le remonte, peut ramasser dans sa roule des êtres d’un tout autre niveau. Ce mélange possible n’altère cependant pas les résultats d’une manière aussi grave qu'on pourrait le croire au premier abord : ilest facile de reconnaître, en effet, que les poissons de profondeur ont généralement un aspect assez particulier qui permet de les reconnaître, ils sont généralement de couleur très sombre, leur forme indique des poissons ayant une locomotion peu active. On doit avoir égard à ces considérations pour ne pas prendre les conclusions générales qu’on peut chercher à tirer de ces études, d’une façon trop absolue. 952 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Deux faits cependant paraissent se dégager de la considération de ces poissons des faunes profondes, c’est sur quoi je crois devoir in- sister en terminant. Pour le premier, ce sont les rapports que pré- sentent ces animaux, si on les compare avec les êtres de surface ou les êtres côtiers, avec les poissons que l’on rencontre aux deux pôles, c'est-à-dire les faunes arctique et antarctique. Le fait paraît devoir s'expliquer par la température des eaux qui, dans la profondeur de la mer, est toujours très froide, quelques degrés au-dessus de zéro dès qu'on atteint les profondeurs de 700 à 800 mètres. Le second fait, c’est l'extension que peuvent prendre certaines espèces. On peut en citer qui paraissent être absolument identiques au Japon et dans l'océan Atlantique. Ces faits peuvent s'expliquer également par l'uniformité des condilions biologiques résultant de cette température, la même sur de grandes étendues, l'absence de lumière, de végétaux, la PreSsien et autres conditions énoncées tout à l'heure. Pour donner une id£e plus générale de ce qu'est cette faune pro- fonde, il se trouve dans ce travail un relevé non seulement des espèces qui ont été trouvées dans les expéditions du Travailleur et du Talisman, mais de toutes celles qui ont été citées par les auteurs et qui nous font. connaître aujourd'hui un nombre assez considérable d'espèces, puis- qu’on a pu en rassembler 316. Un tableau indique les profondeurs rela- tives auxquelles se rencontrent ces animaux. Il y a là une difficulté, qui ne peut être tranchée que d’une facon un peu arbitraire, c'est la délimitation de toutes ces faunes. Pour les animaux marins, on peut admettre en premier lieu une faune littorale, on désigne ainsi la faune qui se trouve comprise entre les limites de la basse mer et de la haute mer, région qui se découvre et se recouvre plus ou moins complète- ment à chaque marée. Pour les poissons, cette région littorale peut être négligée ; car si on trouve à mer basse sous les pierres du rivage, dans les flaques d’eau certains poissons, la plupart ne sont pas spéciaux à la zone ct. dans tous les cas, sont en très petit nombre. La seconde région, qu on peut appeler région côtière, reste toujours immergée, mais elle participe aux conditions biologiques de la précédente, les condi- tions de lumière, de température étaient à peu près les mêmes que dans la région littorale. A partir d'un certain point, nous trouvons alors la région abyssale que, arbitrairement, on peut proposer de fixer vers 300 ou 400 mètres, c'est-à-dire au point où la végétation cesse et où la lumière, d’après les expériences les plus récentes, ne pénètre pas. De cette profondeur de 300 mètres, on descend jusqu’à 5,394 mètres, pro- fondeur la plus grande à laquelle ait été trouvé un poisson . le P/ecéro- nus crassiceps. À bord du Talisman la plus grande profondeur à laquelle ait été pris un poisson, l'Alexeterion Parfaiti, est de 5,005 mètres. G. DE GUÉRARD. Le Gérant : JULES GRISARD. I. TRAVAUX INÉDITS ADRESSÉS A LA SOCIÉTÉ. CRÉATION D'UN JARDIN ZOOLOGIQUE EN RUSSIE Par M. FALZ-FEIN. Extrait d’une lettre adressée à M. le President de la Société. L'intéressante création due à M. Falz-Fein est un exemple frappant de ce que l’homme peut sur la nature. Au milieu des steppes immenses de Pérékop (Russie), vastes plaines où aucune élévation n'arrête le regard, où aucune végétation arborescente ne le repose, un jardin zoologique est en formation. Nous sommes heureux de faire part de ce fait à nos con- frères et nous pensons qu'ils liront avec intérêt la notice ré- digée par le créateur de ce nouvel établissement. « Ma propriété Tschaply est située à 50 kilomètres de Kachowka, au bord du Dnieper, et à 40 kilomètres de la petite ville de Pérékop, au nord du gouvernement de Tau - ride. Sur des cartes à grande échelle, la propriété est appelée Cascania-Nova. » Les steppes appartenant aux propriétés de ma famille, sont aujourd'hui, encore pour la plus grande partie, des terrains vierges, non défrichés, des prairies servant au pà- turage de nos troupeaux de bétail, surtout de moutons, pour l’abreuvage desquels nous nous servons d’eau de puits d’une très grande profondeur. » Le climat est inconstant; les hivers sont généralement d’une courte durée; le thermomètre descend rarement au- dessous de —10°R. et il est rare que nous ayons de la neige en quantité suffisante. Les exceptions ne manquent pas, comme par exemple les deux derniers hivers qui ont été très rigou- reux et d’une longue durée, pendant plusieurs jours le froid atteignait — 19° R. Par suite du manque de forêts et d’éléva- 20 Novembre 1889. 62 954 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. tions, les vents du N. E. ne rencontrent aucun obstacle, ce qui augmente sensiblement le froid hivernal. » Mon jardin, qui couvre 20 hectares de terrain, n'était donc autrefois qu'une partie de l'immense steppe de Pérékop. Aujourd’hui il présente un parc avec une solide clôture en planches tout autour, traversé en divers sens de canaux d'une largeur de 2 mètres à 2 m. 5 sur 1 m. 25 de profondeur, communiquant entre eux et avec un étang. Cet étang ras- semble les eaux de pluie et de neige, ainsi que le surplus d'eau des canaux. Ces canaux sont alimentés par des puits assez profonds, à l’aide de moteurs à vent. Sans ces pro- visions d’eau la végétation de mon parc serait mauvaise, par suite des sécheresses prolongées qui font souffrir les arbres. Ce parc n'est pas boisé dans toutes ses parties, à sa péri- phérie les arbres et arbustes diminuent, formant une zone de pâturage pour les animaux tout le long de la clôture, ce qui facilite la surveillance tant des animaux que de la clôture. » J'ai l'intention de donner à mon jardin un caractère purement zoologique. Le côté botanique ne serait pris en considération qu'autant que l’embellissement et l’agrandis- sement de parcs et de plantations dans d’autres parties des steppes le réclameraient, Aussi, si la société voulait me charger de quelques essais de plantation et d’acclimatation de plantes, je serais bien aise de me mettre à sa disposition, pour les tenter aussi consciencieusement que possible. » Presque tous mes animaux se trouvent à l’état de com- plète liberté dans le pare, à l'exception des palmipèdes en hiver, et des petits oiseaux, qui habitent une volière, avec du gazon, des bocages, une chute d’eau, un bassin d’eau, etc., etc. Cette volière est en communication avec un com- partiment chauffé, leur servant de séjour en hiver. » Cette volière est habitée en ce moment par les oiseaux suivants : Ofis letrax, Œdicnemus crepitans, Charadrius pluvialis et morinellus, Glareola pratincola, Vanellus cris- tatus, Scolopax gallinaria, Machetes pugnax, Phalaropus hyperboreus, Totanus calidris, Himantopus candidus, Li- mnosa Mmelanura, Numenius arquata et phæopus, ATdea garzetta et minuta, Gallinula chloropus, Rallus aquaticus, Crax pratensis, Perdix cinerea, Colurnix vulgaris, Syr- rhaplus paradomus, Slerna macrura et quelques petits LATULSE RS CRÉATION D'UN JARDIN ZOOLOGIQUE EN RUSSIE. 955 » Comme vous voyez ces oiseaux présentent une collection intéressante de gibier de notre pays, et je les ai réunis comme embellissement instructif du jardin. Outre cette vo- lière j'ai construit plusieurs parquets, qui jusqu'à présent ne sont habités que par quelques couples de faisans ordinaires — Colchicus et Torquatus — et par 16, et 2©Q Telrao tetrix. Il y a beaucoup de Faisans ordinaires, mais je les ai mis en liberté dans le parc, tout en leur coupant la dernière articu- lation d'une aile. Ils prosperent et se multiplient très bien; les jeunes faisans s’envolent, mais se tiennent tout près du parc. Il est certain que l'acclimatation de ces oiseaux a été une réussite, mais il est à regretter qu'ils ne puissent se dis- perser, à cause du manque complet de végétation arborée dans nos steppes. De la même manière les Dindes sauvages, les Paons et les Pintades prospèrent et se multiplient. » L'étang et les canaux sont peuplés de : Cygnus musicus et olor ; Anser cygnoîdes, cinereus et Ægypliacus, Casarca rutila et tadorna; Anas boschas, strepera, acula, penelope, querquedula, crecca, clypeala, ferina, nyroca et cristala et Fulica atra. » Dans ce nombre ont couvé l’année passée et l’année pré- sente, Cygnus olor; Anas tladorna, boschas, Slrepera, querquedula, nyroca et les Fulica atra. » Les Grus virgo, Olis tarda et les Rhea Americana se promènent dans toute l'étendue du parc. Les Grus virgo ont eu cette année deux petits qui prospèrent. La femelle Nandou s'est mise à pondre maintenant; tandis que le mâle est devenu très furieux. De ces Nandous j'attends des petits cette année ; les Olis tarda n'ont pas encore pondu, et comme je le crois, à cause de leur jeunesse. » Dans le nombre des mammiferes, je possède outre quel- ques Cervus dama et Cervus capreolus, des Antilopes cer- micapra, saiga, et sSubgutiturosa et des Macropus Bennetti. Les Cervicapra, Kangurous et les Ehea americana, que j'ai reçus l’année passée au mois de juillet, ont parfaitement bien supporté les grands froids de l'hiver passé (— 19%R) et se trouvaient tout l'hiver à l’état de liberté dans mon parc ; seu- lement aux jours de grande gelée, ils se tenaient dans des cabanes de roseaux, avec une couche de paille. » Quant aux Antilope Subgutllturosa je les ai recus tout dernièrement. Mes premières expériences avec les Saïga ne L 956 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. voulaient pas réussir, et seuls les exemplaires actuels sont devenus très familiers et se portent très bien. » Vous avez maintenant à peu près un tableau de nos landes, de notre climat et de mes installations, qui peuvent être agrandies suivant les nécessités, Je viens vous prier de me dire votre opinion sur mon choix d'animaux déjà fait, et de m'honorer de vos conseils, quant aux essais et aux acqui- sitions à faire. Quels seraient surtout les gallinacés à recom- mander pour les élever à l’état demi-sauvage, et qui suppor- teraient notre climat si sévère ? » Pour ce qui concerne les mammifères, la famille des Antilopes m'intéresse le plus. Les Cerfs seraient probable- ment les plus avantageux, mais il leur faut une riche végéta- tion arborée, et dans un parc tel que le mien, ils détruiraient mes arbres. | » Comme vous avez dù le remarquer au choix de mes nammifères, je suis obligé, à cause du manque de forêts, de porter mon attention avant tout sur des animaux de steppe, : ou habitant des contrées d’un caractère à peu près analogue. — Outre les animaux à destination du parc, qui devront par conséquent supporter les rigueurs de notre climat, j'ai l'in- tention de m'occuper de l’acclimatation d’autres animaux, tels que quelques grandes Antilopes, des Zebres, des Autru- ches, etc., etc., qui dans la suite pourraient devenir complète- ment animaux domestiques. Pour ces animaux, qu'on devra garder en hiver dans des installations plus ou moins tem- pérées, je suis en train de construire une écurie, devant laquelle il y aura un grand enclos de steppe. » Il y a deux ans, j'ai voulu acquérir des Bisons d’Amé- rique pour en faire le même essai de domestication et d’hy- bridation, quia si bien réussi à M. Johns, à Kanzas, mais tous mes efforts pour me procurer ces animaux ont été vains ; nonobstant, je n’y renonce pas, surtout si la Société voulait m'aider dans l'acquisition de ces bêtes. » PT NN TE L'NGE*DEC:CHEVREUÉL DERCRER" ET DT SANGLIER PAR L'EXAMEN DES DENTS Notre DE M. H. BRÉZOL, D'APRÈS LE PROFESSEUR NEHRING. Nous résumons dans les lignes suivantes l'intéressant arti- cle publié par le Dr Nehring dans la Forstwissenschaflliches Blait, journal de la science forestière, sur l’évolution den- taire du Chevreuil, du Cerf et du Sanglier. Les dents de lait de ces animaux sont toujours plus déli- cates que les dents permanentes, et se reconnaissent facile- ment, surtout les canines et les incisives; quant aux molaires, leur détermination exige un peu plus d'habitude, sauf la troi- sième de la mâchoire inférieure dont la couronne est allongée et trilobée dans la dentition temporaire, tandis qu'elle est plus courte et comprend seulement deux lobes dans la den- tition permanente. L'époque normale, théorique, pour la naissance du Che- vreuil, est le 1°" mai ; le jeune vient au monde pourvu de ses incisives temporaires, et avec les trois prémolaires prêtes à apparaitre ; le Chevreuil étant dépourvu de canines et ne pos- sédant d’incisives qu’à la mâchoire inférieure, la dentition du Faon répond à la formule suivante vers la quatrième semaine : tre : L42%3 . y Incisives : RO molaires : Era Suivant la méthode de Ritsche, nous représentons les dents:de lait par des chiffres arabes, et les dents permanentes par des chiffres romains, indiquant leurs positions respectives dans les deux demi- mâchoires de gauche. La première grosse molaire, IV, perce à l’âge de cinq mois. La deuxième, V, apparaît à six ou sept mois. Vers la même époque, la première incisive permanente, I, vient remplacer la dent de lait, 1. Au mois de décembre de sa première année, le Chevreuil a donc la dentition ci-contre : Incisives : SR eez 125 4eNeV D masi. 958 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Le remplacement des deuxièmes incisives s’effectue vers le neuvième ou dixième mois, celui des troisièmes vers le onzième ou le douzième mois et celui des quatrièmes vers le douzième ou le treizième mois. A cet âge, le Chevreuil a donc toutes ses incisives permanentes, ce qui constitue une grande différence avec le Mouton, la Chèvre et autres animaux domestiques chez qui la substitution commence seulement vers cette époque pour se prolonger jusqu'à trois ans et trois ans et demi. Le remplacement des trois prémolaires, 1. 2. 3, s'effectue à peu près simultanément vers le quatorzième ou le quinzième mois, et la dernière vraie molaire, VI, apparait presque aus- sitôt. En décembre de sa deuxième année, l’animal a toutes ses dents permanentes, et sa dentition est représentée par la formule suivante : Incisives : molaires : LR ADS INT ON DVI DEL UT TI VS VENTE L'évolution dentaire du Cerf est analogue à celle du Che- vreuil, mais plus lente. Le Faon, qui devrait théoriquement naître vers le ler juin, possède ses incisives temporaires en venant au monde. Les trois prémolaires 1. 2. 3 apparaissent pendant le premier mois ainsi que les canines C de la mà- choire supérieure. Le jeune animal a alors sa dentition tem- poraire complète répondant à la formule : Incisives : IPS APARSTE À l’âge de quatre ou cinq mois, en octobre, apparaissent tes premières vraies molaires : IV. L'animal reste dans cet état jusqu’au mois de mai de l’année suivante, époque où sortent les deuxièmes vraies molaires : V. Quelques mois plus tard, en août, le remplacement des incisives du milieu (1) et de la canine s'effectue sur l’animal alors âgé de quinze mois. En septembre ou octobre, remplacement de la deuxième paire d'incisives 2, puis quelques mois plus tard, remplacement de la troisième paire 3. La dentition de l’animal devenu daguet, est alors figurée par la formule ci-contre : Incisives : 198 La quatrième paire d’incisives 4 est seulement remplacée en mars de la troisième année, quand l’animal a vingt-un mois. En mai, à vingt-trois mois, apparaissent les troisièmes. vraies molaires : VI. E2 IL ET SANTE x AT canines : —, molaires : 9 C 5 canines : —, molaires : L’AGE DU CHEVREUIL, DU CERF ET DU SANGLIER. 959 A l’automne, vers l’âge de deux ans et demi, s'effectue le remplacement des trois prémolaires. La dentition est alors complète et peut être représentée par la formule ci-contre au mois de décembre de la troisième année d'existence : Inci- LU: HLAPAVEr I: IN. LIÉE, IV, VAN L'évolution dentaire du Sanglier ne suit pas exactement la même marche que celle des animaux précédents. L'époque de la mise bas varie aussi considérablement, beaucoup de jeunes naissant en automne et non au printemps. Un Marcassin vient au monde avec huit dents: quatre canines de lait et les quatre incisives externes 3 qui ressem- blent beaucoup à des canines. Les incisives du milieu 1 apparaissent peu après, puis les incisives intercalaires 2 et les six prémolaires temporaires de chaque mâchoire 1. 2.3, mais elles percent assez lentement, car c’est seulement à l’âge de trois ou quatre mois que le Marcassin possède sa dentition temporaire complète, qui a la formule ci-contre : Incisives : 1. 2. 3 C ONE D CAINES ; —, molaires : an La première vraie molaire, IV, apparait à cinq ou six mois, puis un peu après celle qui est désignée dans la formule den- taire par le signe : Ia. Très rapprochée des autres molaires dans la mâchoire supérieure, elle en est complètement déta- chée dans la mâchoire inférieure. Cette dent qui manque au Chevreuil et au Sanglier, fait souvent aussi défaut à la mâ- choire inférieure du Sanglier ou à un de ses côtés. En pre- nant le 1% avril comme époque théorique de mise bas, au mois de décembre la dentition du Marcassin, âgé de huit mois, aura f Re 8 AE LC C la formule suivante: Incisives: sos CIUNeS 2 m0 Ja. 1.2. 3. IV ae RAA 2 ST IV : L'animal reste Marcassin tant qu'il conserve des dents de lait. Vers le dixième ou le onzième mois s'effectue le remplace- ment des canines temporaires et des incisives externes 3. La deuxième vraie molaire, V, apparait vers le douzième ou le treizième mois. Vers le quinzième mois a lieu le remplacement des pre- mières incisives 1. A seize ou dix-sept mois, le remplacement des prémolaires temporaires, en commençant par celles du devant. En octobre SIVES : 5 y > Canines : —, molaires : laires : 960 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. ou novembre de sa deuxième année, l'animal, âgé de dix-neuf à vingt mois, a donc la formule dentaire suivante : Incisives : 12,2, LIN T'as JL. TON HAUT Ta. 1 IL NE Quelques individus, nés en mars de l’année précédente, ont parfois aussi les incisives permanentes : Il, sinon aux deux mâchoires, du moins à la màächoire inférieure, dont l’évolu- tion précède généralement de quatre ou cinq semaines celle de la mâchoire supérieure. Ces incisives apparaissent le plus souvent en décembre, quand l’animal est âgé de vingt ou vingt-un mois. Les molaires VI percent au mois de mars de l’année sui- vante, quand l'animal est âgé de deux ans, mais elles mettent un certain temps à se dégager complètement, vu leur forme compliquée, et restent assez longtemps encore recouvertes en partie de chair. Le Sanglier possède donc à deux ans, parfois même à vingt-deux ou vingt-trois mois, sa dentition perma- nente complète, suivant la formule ci-contre : Incisives : ATOUT C La. T: AE TMS NE NE Ron nn DO DILNCS Se molaires : Ta L'INTLAIT PANEMIES ; C ! canines : +; molaires : SUR LA NOURRITURE DE QUELQUES POISSONS DE MER (2° NOTE *) Par M. H.-E. SAUVAGE. Ainsi que nous le disions dans la notice publiée dans ce recueil, la nourriture des Poissons de mer est encore si peu connue qu'il y à quelque intérêt à donner le résultat d'obser- vations, si incomplètes qu'elles puissent être, aussi dans cette notice indiquons-nous le résultat de nos nouvelles recher- ches, faites, en grande partie, sur des poissons capturés en rade de Boulogne. Scyllium catulus, Cuv. Des poissons adultes capturés en juillet contenaient dans le tube digestif des débris de Carci- nus Mmœnas ; dans un individu pêché un peu plus haut que Calais nous avons trouvé Nephrops Norvegicus. Galeus canis, Rond. Nourriture trouvée en juin : Ophio- try fragilis, Ammodytes tobianus, Zeus faber jeune, Mer- lan ; en août: Morue, jeune. Acanthias vulgaris, Riss. Nourriture trouvée en juin : Crangon vulgaris, Porlunus holsalus, Eupagurus Ber- nardus, Ammodytes totianus, ASpidiphorus calaphractus, Trachinus vipera, Merlan; en août: Ophioglypha textu- rata, Trochus magus, Natlica Alderi avec Bernards her- mitte. Raia clavata, Lac. Au mois de juillet et août on prend, en abondance, au petit chalut, de jeunes Raïes bouclées ayant de 50 à 90 millimètres. Nous avons trouvé dans le tube digestil Carcinus mænas jeune ; Crangon vulgaris, Mysis, Bodotria arenosa. Trigla gurnardus, L. Des individus péchés par fond de (*) Cf. Bulletin de la Société nationale d'Acclimatation, 5 juillet 1888. 962 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. sable contenaient : Crangon vulgaris, Mysis, ces derniers em grande abondance. | Trachinus vipera, Cuv. Nous avons trouvé Crangon vul- garis, en juillet, dans le tube digestif de cette Vive. Scomber scombrus, L. On prend le Maquereau en juillet non loin des côtes du Boulonnaiïs ; nous avons trouvé des débris d’Annélides dans le tube digestif. Caranx trachurus L. Nous avons trouvé fin octobre des débris de Hareng dans l’estomac de la Caringue. Pliatessa vulgaris, Gott. Des Carrelets adultes, capturés en mai, contenaient : Donax anatinum, Arénicole, Nereiïs, Crangon vulgaris, Carcinus mœnas jeune. Gadus tuscus, L. Nous avons trouvé Carcinus mænas jeune dans des Tacauds capturés au mois de juillet en rade de Boulogne. Gadus morrhua L. Nourriture trouvée en octobre: Cran- gon vulgaris, Gobius minutus. Merlangus vulgaris, Bon. Sur 20 Merlans péchés en no- vembre sur fond de sable 8 contenaient dans le tube digestif : Arénicole, Annélides ind. Crangon vulgaris, Ammodytes tobianus. Clupea harengus, L. Bien que nous, ayons, comme les an- nées précédentes, examiné un grand nombre de Harengs pro- venant des localités les plus diverses, depuis la pointe sud de Shetland jusque par le travers du cap d’Aïlly, peu d’entre eux contenaient des débris de nourriture; nous avons pu cependant nous procurer des Harengs chez lesquels les rési- dus de la digestion ont été étudiés. | Depuis les recherches faites par les zoologistes norvégiens, on admet généralement que, lorsqu'il est prêt à pondre, le Hareng ne prend plus de nourriture, Bien que vraie, en gé- néral, cette observation n’est pas sans être parfois contredite et nous avons assez souvent trouvé des débris de nourri- ture dans le tube digestif de Harengs dont les laitances et les rogues étaient développées, bien que le Poisson ne füt pas encore tout à fait sur le point de pondre. Voici d’ailleurs le dépouillement de nos observations faites en 1889 : Poissons pêchés le 17 juillet à 80 milles à l’est de Peter- headi. Harengs huileux ayant encore, pour la plupart, les axonges ; peu d'animaux adultes ; nourriture trouvée : Copé- SUR LA NOURRITURE DE QUELQUES POISSONS DE MER. 963 podes, Annélides ind. À la même date, mais à 20 milles plus près de terre, les Harengs étaient plus développés ; nous avons trouvé la même nourriture que chez les Poissons cap- turés plus au large. Il en est de même pour des Poissons péchés vers la fin de juillet à 60 milles E. $S. E. de Montrose et pour ceux pris le 13 août à 40 milles du cap d’St. Abbs. Bien que les rogues et que les laitances soient bien déve- loppées chez des Harengs pêchés le 5 août à 60 milles E. $S. E. d’Aberdeen et le 25 du même mois dans le N. N. E. de l'ile Coquet, nous trouvons des résidus de la nourriture chez près de la moitié des individus examinés ; ce sont des débris de Copépodes, d’Annélides, de petits Gastropodes ; chez des Harengs pris le 10 août à 70 milles E. 1/4. S. E. de Montrose et à la fin du même mois dans les parages de l'Outer Dowsing, nous reconnaissons dans le tube digestif des fragments d’un petit Gobioide, d'Annélides et de Copépodes, principalement de Temnora, Centropages, Pontella. Les Copépodes, principalement les 7emora, étaient plus particulièrement abondants dans les résidus de la digestion de Harengs pêchés le 1e septembre, à 40 milles E. de Hartle- pool et à 45 milles E. S. E. de Whitby, bien que les Poissons fussent adultes et presque sur le point de pondre. La même observation a pu être faite pour des Harengs pêchés pendant le mois de septembre dans le fer à cheval du Dogger Bank ; nous avons trouvé des fragments de petits Gastropodes, d'Annélides, de Copépodes, avec quelques débris de Diato- mées. Par contre, des Harengs presque adultes, pris dans les parages de Lowestoff, ne contenaient pas de nourriture dans le tube digestif. Les Harengs capturés du 5 au 17 octobre, dans les parages de Silver Pit et du Smith Knolls, contenaient des débris d’Annélides et de Copépodes. C’est vers le milieu d'octobre que commence la pêche côtière du Hareng dans les parages de Boulogne; pendant ce mois, le Poisson n’est pas encore prêt à pondre, bien que la rogue et la laitance soient généralement bien développées, surtout vers la fin du mois ; nous avons trouvé des débris de Copé- podes, surtout de Temora longicornis et quelques débris d’Annélides. La ponte du Hareng est ordinairement terminée, sur les 964 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. côtes du Boulonnaïs, dans les premiers jours de janvier ; les Harengs qu’on pêche après cette époque sont vides, très maigres, aussi, trouve-t-on alors souvent des débris de nourriture dans le tube digestif. Dans les premiers jours du mois d'avril 1889, le Hareng s’est rapproché à ce point des côtes de Boulogne, qu’on a pu en prendre jusque dans le port ; plus des deux tiers des Harengs examinés contenaient des débris de nourriture : Annélides diverses, Nereis, Co- pépodes (ZTemora), œufs de Crustacés, Crangon vulgaris, Ammodytes tobianus. Alosa sardina, Cuvy. À la fin de l’année 1888, le Ceylan a été assez abondant sur les côtes du Boulonnais, surtout par le travers d'Ambleteuse au Portel. Nous avons trouvé dans le tube digestif : Annélides ind. ; Gammarus locusta, Carcinus mænas, jeune. Conger vulgaris, Cuv. Nous avons trouvé dans le tube digestif du Congre, en juin et en juillet, le Merlan et le Car Cinus InœnaS, jeune. ion cine. LE CHÊNE ET SES APPLICATIONS PAR M. MAXIMILIEN VANDEN-BERGHE. Le Chéne est une des essences les plus répandues, en même temps la plus importante et la plus précieuse de la flore fores- tière française. Parmi les espèces nombreuses du genre Quer- eus, soit environ trois cents, il en existe deux auxquelles on applique plus particulièrement le nom générique : nous vou- lons parler des Q. pedunculata et sessiliflora, réunis par Linné sous le nom botanique de Quercus robur, qui consti- tuent véritablement le CHÊNE par excellence. Les autres espèces sont beaucoup plus distinctes sous le rapport de leurs caractères et se désignent communément sous des noms spé- ciaux, tels que Chêne Yeuse, Chêne Tauzin, Chêne Zéen, etc. L'espèce indigène, la seule dont nous nous occuperons en ce moment, comprend elle-même plusieurs sous-espèces et variétés que nous énumérons £i-dessous : ESPÈCE. SOUS-ESPECES. VARIÉTÉS. vulgaris. fastigiala. pendula. | pedunculata...... | Apenninu. Quercus robur Lixx. ji | COMMmunis. sessilifiora. .- . .... . { lanuginosa. Q. r. p. var. vulgaris. - Chêne blanc, Chéne à grappes, Chêne femelie, Gravelin. Grand et bel arbre à cime arrondie, d’une hauleur de 20-25 mètres sous branches ; tronc d’un fort diamètre, quelquefois tortueux et irré- gulier dans son jeune âge, mais se redressant ensuite et s’élevant à une grande hauteur sans divisions. Feuilles ovales-oblongues, sinuée:, bordées de lobes aigus et même arrondis, glabres sur les deux faces ; fruits disposés en grappes d’unc longueur de 6-8 centimètres. Commun en Auvergne, dans les Ajpes, le Jura, la Suisse septen- trionale, le Caucase, on le rencontre dans les sols francs, profonds et 966 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. un peu frais, à une altitude variant entre 700 et 1,000 mètres, mais dépassant rarement cette hauteur. Q. r. p. var. fastigiata. Chêne pyramidal, Chêne cyprès, Chêne des Pyrénées. Arbre ornemental dont le port majestueux le fait rechercher pour la décoration des grands parcs et des jardins paysagers ; d’une taille moins élevée que le Chêne pédonculé commun, cet arbre porte des branches dressées le long du tronc, comme celles du Peuplier d'Italie ou du Cyprèes. Feuilles semblables à celles de la variété précédente, mais moins épaisses, plus allongées el à pétiole plus court. Commun dans les montagnes des Pyrénées. Q. r. p. var. pendula. Chêne pleureur. Ses caractères généraux sont assez semblables à ceux des autres variétés, mais il se distingue de celles-ci par ses rameaux tombant le long de sa tige comme le Saule pleureur. Q. r. p. var. Apennima. Chêne de l'Apennin. Arbre de moyenne grandeur. Feuilles couvertes inférieurement d’un duvet blanchâtre, presque glabres supérieurement. Habite les lieux élevées et arides. Q, r. sS. var. communis. Chêne sessile ordinaire, Chêne rouvre, Durelin. Arbre forestier dont le tronc est moins élevé et moins droit que celui du Chêne pédonculé; feuilles moins ovales, d’un vert un peu plus foncé ; fruits presque sessiles. Croissant en Auvergne, dans les Alpes francaises et suisses, dans le sud de la Grèce, la partie septentrionale de la Norvege, en Irlande et dans la région orientale du Volga, ses conditions de végétation sont les mêmes que celles du Qwercus pedunculata. Q. r. s. var. lanuginosa. Chêne pubescent. Arbre ornemental, recherché pour son feuillage printanier et om- breux ; tronc moins élevé et moins rameux que la variété commune. Feuilles plus petites, oblongues-ovales, légèrement échancrées en cœur à la base, glabres en dessus, blanchâtres ct pubescentes en dessous, surtout au printemps. | Affectionve les endroits secs. LE CHÈNE ET SES APPLICATIONS. 967 Considéré dans l'ensemble de ses variétés, le Chêne est un arbre majestueux dont le port, la beauté et les qualités pré- cieuses justifient jusqu'à un certain point le culte qu’on lui rendait dans l'antiquité ; il a été de tout temps l’emblême de la force et du courage. Les Romains décernaient une cou- ronne de Chêne au citoyen qui s'était distingué par ses vertus civiques ou qui avait sauvé la vie à un de ses semblables. Cet arbre formait jadis à lui seul d'immenses et sombres forêts où les prètres gaulois, armés d’une serpe d’or, allaient recueillir le Gui mystérieux ; c'était aussi sous son ombre épaisse que les peuples superstitieux venaient consulter les oracles et que Louis IX rendait la justice. Aujourd'hui, si la hache a accompli son œuvre de destruction dans nos antiques forêts, si le Chêne n’est plus consacré au Maitre des dieux, cet arbre superbe n’en reste pas moins un des agents les plus actifs de la civilisation moderne ; il conserve aussi, malgré tout, le rang le plus élevé parmi les végétaux forestiers de nos régions européennes, qui se recommandent par leur utilité. C'est de cette partie seulement dont nous allons mainte- nant nous occuper, en commençant par donner les noms vulgaires du Chêne les plus répandus et qui ont pour racines les mots : Ac de l’anglo-saxon, Quer et Rove du celtique, Däru, Dru et Bhug du sanscrit. ALLEMAND : Ziche : ANGLAIS : Oak : ARABE : Beluth; ARMÉ- NIEN : Gaz; BERBÈRE : Xerou ;: DANotis : Ege-tree, Ballut ; ÉCOSSAIS : Dair, Dear: ESPAGNOL : Encina, Roble ; GREC : Drus (Apue) ; HOLLANDAIS : Eîken, Eikenboom ; IRLANDAIS : Daire ; ITALIEN : Quercia : JAPONAIS : Cacico-qui ; KIMRO- BRETON : Deru, Dero: KIMRO-GALLOIS : Derw, Derwennic ‘jeune Chêne); PERSAN : Buk : POLONAIS : Dab: PORTUGAIS : Carvalho ; RUSSE : Dub ; Suépois : ER ; Turc : Chascha. Écorce — L'écorce du Chêne adulte est épaisse, crevas- sée, raboteuse, brune sur le tronc, lisse et cendrée sur les jeunes branches. Dépourvue d’odeur, elle offre une saveur amère, àcre et très astringente. L'écorcement des jeunes Chênes se fait très facilement, soit après l'abattage des arbres, soit sur pied. Dans ce dernier cas, on souleve alors les lanières d’écorce de bas en haut 968 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. et on les détache au moyen d’une incision faite sur le pour- tour du tronc. L’écorcement des vieux Chênes se pratique de la même manière, seulement les arbres sont toujours abattus avant cette opération. Lorsque l’écorcage est terminé, les écorces recueillies sont ensuite séchées à l’air ou sous des hangars, puis mises en bottes ou en fagots de 1 mètre ou 2 de longueur, sur un diamètre de 1 mètre environ. L'écorce de Chêne fréquemment employée en médecine autrefois, y recoit encore aujourd’hui diverses applications. Elle doit ses propriétés thérapeutiques au tanin et à l'acide gallique qu’elie renferme dans des proportions plus crandes que les autres parties de l'arbre. On l’a regardée pendant longtemps comme un des meilleurs fébrifuges indigènes, et son mélange avec la Gentiane a même porté le titre de Quin- quina francais. L'emploi de ce médicament est maintenant entièrement abandonné. Avant la découverte des propriétés antiseptiques de l’acide phénique, on se servait souvent, en lotions, de la décoction d’écorce de Chêne pour combattre la pourriture d'hôpital ; le tan était également recherché pour saupoudrer les ulcères atoniques. Les propriétés astringentes, dessiccatives et antiputrides de cette écorce la font employer assez souvent dans l’art vétéri- naire. On l’ordonne en décoction pour l’usage externe, dans les distensions articulaires récentes, le décollement du sabot, les engorgements non spécifiques des membres ; en décoction Ju en poudre pour dessécher les vieilies plaies, les crevasses, les eaux aux jambes et pour tarir les écoulements purulents des muqueuses apparentes. Les plaies gangréneuses et char- bonneuses sont traitées avec de l'écorce de Chêne pulvérisée avec du charbon, du camphre et autres matières de ce genre. A l’intérieur, cet agent est rarement administré seul : on y adjoint le plus souvent du vin, du laudanum ‘ou de l’amidon. D'après les indications relevées par M. le professeur Ta- bourin, Gohier fait usage du tan associé à la poudre de Gen- tiane dans les affections putrides ; dans le cas de pourriture chez le Mouton, il l’associe encore dans les provendes, avec des baies de Genièvre; dans les cachexies des grands ru- minants, M. Didry ajoute à chaque breuvage de décoction d'écorce de Chêne 12 à 16 grammes d’essence de térében- thine : mêlée avec l’alun, c’est un bon médicament contre les hémorrhagies passives, les affections vermineuses, les ( “int dé. dim is LE CHÊNE ET SES APPLICATIONS. 969 maladies lymphatiques, comme le farcin, la ladrerie, etc. La Noix de galle rend les mêmes services à'l'art vétéri- _ naire et s’administre dans des conditions analogues. L'écorce de notre Chêne commun est quelquefois employée en teinture ; on obtient avec elle une teinte désignée sous le nom de gris au tan, qui sert dans les genres soubassements. On produit ce gris, dit M. A. Coutance, en foulardant les pièces dans un bain renfermant : tan, mordant rouge et pyro- lignite de fer, à parties égales. Après deux ou trois jours de repos fixe avec de l’eau bouillante ou avec de la bouse de vache; on lave et on teint à la température de 35 à 40° dans un bain contenant 1 kilogramme de tan par pièce. M. H. Schlum- berger dit que la poudre d’écorce de Chêne, ajoutée dans un bain de garance, dans la proportion de 3,40 0/0 de cette matière colorante, équivaut à un poids de garance méme égal à 25. | L'écorce de Chêne est aussi une des meilleures matières tan- nantes indigènes et la plus recherchée. Pulvérisée dans des moulins spéciaux, elle porte le nom de {an ; la poudre de tan qui a servi à la préparation des cuirs est connue sous le nom de tannée. Ge résidu, riche en détritus animaux, forme d’ex- cellentes couches dans les serres chaudes, mais son emploi principal consiste dans la fabrication des mottes usitées comme chauffage économique. Les mottes brülent sans flamme, mais associées à du bois, dit un auteur philosophe, elles peuvent encore illuminer le foyer et répandre, dans les pauvres demeures, un peu de lumière et de chaleur: c’est finir utilement ! (A suivre.) 20 Novembre 1889. 63 il, CHRONIQUE DE L’EXPOSITION UNIVERSELLE. LES TISSUS D 'ANANAS PAR M. JULES GRISARD. L’Ananas (Bromelia Ananas L.) est une plante herbacée, à racines fibreuses, à feuille radicales divergentes, longues de 50 centimètres à 1 mètre sur 5-6 centimètres de large. Originaire de l'Amérique méridionale, selon toute probabi- lité, il a été introduit par les Européens dans la plupart des pays chauds. De «ses feuilles, on extrait des fibres textiles. fort belles et très fortes, utilisées dans la confection de tissus remarquables par leur extrême finesse. | La coupe doit se faire lorsqu'elles ont atteint leur complet développement, c'est-à-dire peu de temps avant la maturité du fruit de façon à ne pas nuire à ce dernier. M. Arsène Rou- zaud, de Bordeaux (1), estime ce produit supplémentaire dans la culture en grand de l’Ananas, à 50 grammes par pied en plaine, soit 500 kilos à l’hectare. Les fibres se retirent des feuilles fraîchement coupées en raclant au moyen d'un couteau la pellicule extrême; les fila- ments mis à nus se détachent alors facilement et on les en- lève à la main dans toute leur longueur. L'Ananas est complètement naturalisé aux îles Philippines et le pavillon des colonies espagnoles au quai d'Orsay nous a fourni l’occasion d'admirer les merveilleux tissus qu'on y confectionne avec ses fibres. Cette toile légère lisse et diaphane ne peut être comparée à aucun de nos tissus européens les plus beaux, même à la batiste la plus transparente, elle est d'une telle finesse que l’ouvrier qui la fabrique est obligé de s’enfermer soigneuse- ment de peur qu'un coup d'air ne vienne rompre son délicat travail. (1) Bulletin mensuel de la Société d'Acclimatation, 1886, p. 329. LES TISSUS D’ANANAS. 971 « Cette fabrication, dit M. de la Gironière dans son voyage aux Philippines, est un travail de patience et qui exige beau- coup de temps ; la feuille de l'Ananas n’a pas plus de deux pieds de longueur, l'ouvrier en retire les fils, les choisit en- suite un par un, tous de la même grosseur et les colle ensem- ble bout à bout. » On comprend que des tissus exécutés dans de semblables conditions reviennent extrêmement chers et ne puissent être très répandus. La vitrine du pavillon espagnol renfermait des chemises, des mouchoirs, des robes de baptême de Nipis brodés du plus merveilleux effet comme élégance et fini de travail. On fait ces broderies principalement dans la province de - Tondo et aux environs de Manille, et c’est en Espagne et à Cuba qu'elles sont surtout exportées, et elles y sont tres recherchées. Les fibres d’Ananas sont connues dans le commerce sous le nom de Pina ou Piña et la toile unie sous celui de Nipis de Piña, elle vaut de 2 à 5 francs le mètre de 35 à 40 centimètres de large, celle où la soie est mêlée aux fibres se nomme Sirna- may de Piña ; elle vaut de 2 à 6 francs le mètre de 40 à 45 centimètres de large. Enfin, le tissu où le coton est ajouté au Piña porte le nom de Palinqué, il vaut de 1 à 4 francs le mètre de 40 à 45 centimètres de large. Un mouchoir brodé vaut de 10 à 100 francs selon le fini du travail. Ces tissus ne pèsent guère plus de 15 à 20 grammes le mètre. Les tissus de Nipis que l’on rencontre dans le commerce sont des écharpes, des robes, des mouchoirs brodés en coton très fin avec des jours, des mantilles et autres objets de la toilette des dames élégantes. A Manille, les métisses et les tagalles portent des chemi- settes de Sinamay et de Palinqué. L'Ananas sauvage (Bromelia sylvestris) donne également une belle fibre, douce et souple. 111. CHRONIQUE DES COLONIES ET DES PAYS D'OUTRE-MER. Culture et maladie du Gacaotier à la Guyane. ( SUITE ET FINF) D'après le journal le Grocer de Londres et l’Znsfitut international de statistique la consommation du Cacao s’élève en moyenne pour les di- vers pays de l’Europe, en grammes par tête, à : HSRAMDe.: core 403 Allemagne "ee nil PIPAMCC:. : LEO CEUeRS 312 Norwège ,:. 26e 53 ANOleLEDEE Se te L 155 Suêde :, LCR 22 Danemarene rer te ee 122 AMITICHE + OPERPER as 000) Les pays non dénommés en consomment très peu ou point. Comparés à ceux relatifs au Café, ces chiffres sont peu importants, presque insignifiants même; mais il est certain que le Cacao, avec une: production plus considérable, ne tarderait pas à faire une concurrence sérieuse au Café. La tendance se fait déjà sentir en Angleterre et par- tout ailleurs. Parlons enfin des maladies du Cacaotier, qui forment l’ombre de notre tableau, et dans ce but consultons les récentes recherches de M. T. Liheriador Ellis, de Demerara, qui nous paraît très compétent en la matière. Il s’agit d’abord du défaut de certains Cacaos- de se noircir, et au sujet duquel M. Ellis se demande s’il faut l’attribuer à un état morbide inhérent au fruit ou bien à une cause extérieure. Pour lui, il faux attribuer le fait tout simplement à une trop grande production de l’arbre qui empêche une certaine quantité de fruits de mürir, ce qui est le cas chez toute autre espèce d’arbres fruitiers d’un certain âge. Chez le Mope et le Manja les fleurs et les fruits tombent. mais comme ceci n’a pas lieu chez le Cacaotier, il faut bien qu'il se passe quelque autre chose, or, le fruit se dessèche, noircit et durcit. Quant aux parasites, M. Ellis en a reconnu deux sortes, l’une que . l’on découvre à l’œil nu et l’autre visible seulement à la loupe ou au microscope. Parmi les premiers il classe une espèce de Fourmi qui, à son avis, remplit un rôle fort utile au cacaotier au point de vue de la reproduc- tion; ce sont ces insectes qui servent d’intermédiaires entre les fleurs mâles et femelles pour transporter les éléments de fécondation, une espèce de poudre farineuse très fine. Il suffit de bien observer ces travailleuses pendant la floraison pour s’en convaincre. Au début de (*) Voyez plus haut, page 862. CHRONIQUE DES COLONIES ET DES PAYS D'OUTRE-MER. 93 ses investigations, M. Ellis crut que ces fourmis étaient également la cause de ce que certains fruits noircissent, opinion partagée par quelques autres naturalistes. Comme elles ne font pas leur travail s’en y voir un certain intérêt, c'est-à-dire qu’elles mangent une partie de celte poudre farineuse, il se pourrait qu'elles délériorent le reste et le rendent improductif, tout en y mettant la meilleure volonté du monde pour le faire produire. Dans ce cas, les Cacaos noirs eussent été des avortons. Mais des observations plus fréquentes ont eu pour résultat de faire abandonner cette supposition par M. Ellis. Cette espèce de Fourmi ne fait d'ailleurs aucun mal au cacao; elle n’est pas acide. Les Scarabées, auxquels on a attribué beaucoup de mal, ont aussi : été l’objet de minutieuses recherches de la part de M. Ellis, et il nous dit qu’il a trouvé ceux-ci également très occupés, à leur soin, à débar- rasser les jeunes fruits de leur trop grand nombre de fleurs de boutons, etc., qui ne servent plus, mais ici, ajoute-t-il, il est probable que, malgré leur instinct, ces Scarabées attaquent quelques-uns des jeunes fruits et les font dépérir et noircir. Viennent ensuite les véritables ennemis du Cacaolier que l'on ne distingue pas à l'œil nu, et parmi lesquels il y a des microbes pour desquels le microscope dont M. Ellis se servait, n’élait même pas assez puissant. Pourtant il a pu se convaincre que ces microbes ne sont utiles ni aux fruits ni aux fleurs du Cacaotier. Il a pu constater que leur besogne est uniquement une œuvre de destruction, et qu’ils com- mencent leur travail de préférence dans les endroits les plus ombragés, par exemple à la tige, juste au dessous du jeune fruit. Quoique l’on n’apercoive pas ces individus à l'œil nu, on reconnaît facilement leur présence à certaines dépressions dans la tige près du fruit, provenant d’une partie qui est déja devenue la proie de leur voracité. A l’aide du microscope, ces dépressions présentent des milliers de petits trous entourés d'un tissu très soyeux, semblable à la toile d'araignée et qui provient probablement des excréments de ces insectes. En rongeant ainsi la tige il arrive qu’à un moment donné celle-ci n’est plus en état de pouvoir fournir au fruit le suc nutritif dont il a besoin, d’où dépé- rissement de ce Gernier. | Comme ces malfaiteurs, ainsi que nous le disions plus haut, tra- vaillent de préférence et presque exclusivement à l'ombre, M. Ellis conseille également de ne pas trop ombrager le Cacaotier, comme nous l'avons déjà dit, on a l'habitude de le faire, au Surinam surtout. Cet arbre a besoin d'air et de lumière, l'ombre que réclame le sol autour de son pied, il le procure lui-même par ses larges et abondantes feuilles. M. Ellis n’a pas eu le temps de terminer ses intéressants travaux, mais il nous promet de les reprendre bientôt et de les continuer jusqu’à parfaite solution de la question. Les investigations ont eu lieu 074 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. sur douze Cacaotiers qui se trouvent dans son jardin à Paramaribo et sur un autre plus grand nombre de la plantation de Mon Tresor. D'autre part M. Jenman de Demerara, dans la Guyane anglaise, nous parle d'une autre maladie, une espèce de Fungus qu’on aurait remarqué sur le Cacaotier, dans cette contrée, mais il ajoute qu'il croit que ceci est plutôt la conséquence que la cause de l'aspect maladif de certains arbres. M. R.-J. Kelly, de la même localité, a trouvé des cosses de Noix de cacao percées complètement d’un côté et remplies de Mouches répan- dant une odeur des plus désagréables ; la forme du trou fit présumer qu'un autre animal l'avait rongé et que les Mouches avaient profité ultérieurement de l’occasion qui leur était offerte, pour pénétrer dans la cosse, Mais il paraît qu’un véritable fléau à Demerara pour les Cacaotiers est une sorte de Coléoptère dont les petits Vers rongent les jeunes fruits. On les a observés en grand nombre dans les plantations de: M. William Smilh, à Essequebo. Ils sont d’un brun jaunâtre ou blancs, longs d’un pouce anglais et munis de solides mâchoires. Ces Coléop- tères ont des cornes tres allongées, c’est-à-dire des antennes sur la tête. M. C.-0. Waterhouse, le coléoptériste du British Museum of natural science, classe les vers parmi les Srirastoma depressa et les Tœniotes furiosus. Il] est probable que les Coléoptères déposent leurs œufs dans l'écorce de l’arbre pendant qu’il est jeune ou dans les iné- galités de l'écorce des vieux arbres oubliés encore au pied de l'arbre. Dans ces cas, une émulsion de Kérosine pourrait rendre de grands services pour les détruire. On sait qu’on prépare cette émulsion en dissolvant une demi-livre de savon dans quatre litres d’eau et en y ajoutant à l’état bouillant huit litres d'huile de Kérosine. Il faut que le mélange soit bien baratté et rendu parfaitement homogène pour que les éléments ne se séparent pas en refroidissant. On y ajoute ensuite pour l’emploi neuf fois la quantité d’eau. Ce mélange n’est pas nui- sible au Cacaotier, et tue généralement toute espèce d’insectes. Il faut en arroser toutes les parties de l'arbre. Quant aux jeunes branches atteintes par le mal, il vaut mieux les couper. C’est un remède plus- radical. D' H. MEYNERS D'ESTREY IV. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. L'origine du Chat domestique. — On connaît les honneurs religieux, presque divins, rendus aux Chats par les anciens Egzyptiens, dont le langage imagé désignait ces animaux sous le nom de #4, de même qu'ils appelaient les Chiens wau, wau. Ils avaient une autre expression, il est vrai, leur servant à dénommer à la fois le Chat, l’Ichneumon et la Belette. Si les Egyptiens ne possédaient pas pour la domestication des animaux sauvages le talent extraordinaire des In- diens de l'Amérique tropicale, des anciens Péruviens principalement, ils ont cependant obtenu d'importants résultats dans cette voie. Le Serval ou Chat du Cap, Felis serval, le Guépard, Guepardus jubatus, le Chien hyénier ou hyénoïde, Æyenoides picts, jouaient chez eux jus- qu’à un certain point, le rôle d'animaux domestiques ; on pouvait donc en déduire qu'ils avaient également domestiqué le Chat, mais il s’agis- sait de déterminer celle des nombreuses espèces de Chats sauvages qui fut la souche du Chat actuel. Suivant le professeur Kretschmer, de Francfort-sur-le-Mein, le Chat égyptien dériverait du Chat ganté nubien, Felis maniculata et il serait lui-même l’ancêtre du Chat euro- péen. Le professeur Wilckens de Vienne voit dans le Chat domestique et le Chat sauvage, Felis Catus, deux animaux si parfaitement iden- tiques, qu’on peut affirmer qu'ils dérivent l'un de l’autre, le Chat sau- vage est du reste domesticable, ainsi que le professeur Altum d'Eberswald j'a prouvé par expérience. D'après le professeur Kretschmer, le Chat domestique arriva assez tard en Europe, en Grèce; c'était une race assez petite qu’Aristote fut le premier à mentionner. On trouve bien à une époque antérieure dans les pays germaniques et scandinaves, la trace d'un animal nommé Chat, Kafzo, mais ce nom s’appliquait là comme en Egypte à des Be- lettes apprivoisées. Le professeur Virchow a étudié récemment de nombreux ossements de Chats exhumés par l'archéologue Naville, à Bubaste, où se trouvait le temple de Bast, la déesse des Chats, temple qui servait de nécropole à ces animaux. Les ossemenlis y étaient enterrés avec des images de Chats en bronze, et quoique les Arabes aient bouleversé les fouilles pour en extraire ces statuettes, le D' Naville est amené à penser qu'ils proviennent d'animaux préalablement incinérés. L’état de blanckeur des os tendrait à confirmer cette hypotlèse à laquelle le professeur Virchow ne peut cependant se rallier entièrement. Les cadavres de Chats n'étaient du reste pas toujours traités de cette facon. Un véritable gisement de Chals momifiés, ensevelis à 8 ou 10 pieds de profondeur. a élé découvert à Beni-Hassan, et 90 de ces momies, que le Dr Reisz a sauvées du moulin où on les pulvérisait pour en faire de l’engrais, ont été offertes par ce savant à l’école su- 956 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. périeure agronomique de Berlin, où M. Nebring les a soigneusement étudiées. Du travail auquel il s’est livré, M. Nehring croit pouvoir cen- clure que le Chat, de même que le Cheval, le Bœuf et la plupart de nos animaux domestiques, n'a pas une origine unique, et a dù, depuis son introduction dans l’Europe centrale, recevoir par croisement, du sang de chat sauvage. Cetle opinion, il croit pouvoir l’établir sur le mélange des caractères, la forme du canal intestinal, la structure de la tête osseuse, etc. La plupart des momies de Chats découvertes à Beni- Hassan comprennent seulement la partie antérieure du corps, jusqu'à la 4€ ou 5° vertèbre lombaire ; elles étaient entourées de bandes de toile et de fil, disposées régulièrement d’abord, avec le plus grand soin, puis d'une facon beaucoup plus négligée. Le D' Brugsch qui a assisté à l’exhumation de 10,000 momies de Chats environ qui furent immé- diatement incinérées par les Arabes, avait également constaté qu'elles contenaient seulement des moitiés de cadavres. On n’a jusqu'ici fourni aucune explication de cette particularité. M. Nebring a déter- miné deux types spécifiques dans les momies de Chats égyptiens. Ce sont le type serval, Felis serval, qui comprend les échantillons les plus grands. les plus robustes, et ie type Chat des steppes nubien, : comprenant les plus petits échantillons. Les Chats du type serval, qui sont de beaucoup les plus nombreux, ont dû mourir étant encore en pleine force, l’âge n'a pas usé leurs dents, ce qui fait supposer que leur caractère divin ne les a pas préservés d'une mort violente, et qu'ils ont éié sacrifiés, ou tués à la chasse. La puissance de leurs formes, leurs vigoureuses mâchoires, l'absence de toute dégénéres- cence osseuse, tendent à prouver qu’ils vivaient en liberté ou à demi sauvages. Les exemplaires paraissant, d’après leur squelette, appartenir au type Chat des steppes nubien, présentent des traces manifesies de domestication. On y trouve des animaux morts à l’âge de deux se- maines environ, encore pourvus de toutes leurs dents de lait, et évi- demment élevés dans les habilations; on en voit d’autres aux dents complètement usées, morts dans un âge très avancé où la chasse leur étail devenue impossible, et quoique le Chat des steppes ait une grande tendance à varier même à l’élat de nature, on est en présence de difformités, de variations dans la couleur du pelage laineux et la longueur des oreilles, qui ne se rencontrent jamais chez les animaux sauvages. Le Chat des steppes nubien serait donc un des ancêtres de notre Chat domestique actuel, c’est lui qui pénélra en Europe par la Grèce, et fut mentionné par Aristote. Un Chat de l'Asie orientale, domestiqué de toute antiquité par les Chinois, en serait une autre souche et le Chat sauvage européen aurait mêlé son sang à celui de ces deux espèces. Les trouvailles de Bubaste, qui remontent à la quatrième dynastie, contiennent des os d’Ichneumons mêlés aux os de Chats, tandis que les fouilles de Beni-Hassan, faites dans des sépullures contemporaines CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 977 de la douzième dynastie, ont fourni très peu des restes de cet animal. Il est donc admissible que l'Ichneumon défendait primitivement les anciens Egyptiens contre la trop grande fécondité des Souris et des Rats, et qu'il fût progressivement remplacé par le Chat. La Mangouste, l'Ichneumon ou Rat de Pharaon Æerpestes ichneumon est encore bien souvent employé à la destruction des Rats. Le Jardin d'Acclimatalion du Bois de Boulogne entretient ordinairement un couple de ces animaux dans le greuier de la maison des Singes et les Rats trouvent dans ces carnassiers de redoutables ennemis. J. L. Les nids d'Hirondelles. — Les nids d’hirondelles, cet élément _ important des potages chinois les plus délicats, dont la vogue va s’ac- centuant auprès des gourmets du monde entier, viennent de l'Archi- pel indien, où on les recueille sur la vaste zone limitée au nord et au sud par les tropiques, à l’est et à l'ouest par le 95° etie 160° degrés de longitude est, zone qui comprend les îles de la Sonde, les Philippines et les Moluques. On trouve même ces nids beaucoup plus à l’ouest, aux îles Maurice et de la Réunion. Ils sont l'œuvre d’un certain nombre d'oiseaux appartenant au genre Collocalia, nom dérivé des deux mots grecs: x0) h4w, j'agglutine, et xx, nid, et plus connus sous le nom de Salanganes qui est leur dénomination usuelle aux Philippines. Les Collocalia sont des oiseaux de très pelite taille, longs de 10 à 11 centi- mètres, au plumage presque noir, ayant les caractères extérieurs des hirondelles ; quoique cerlains ornithologistes les aient rangés dans les hirundinées, ce ne sont pas des hirondelles, mais des cypsélides, des Marlinets. Les deux espèces principales, celles dont on recueille sur- tout les nids, sont le Collocalia troglodytes, et l'esculenta. Les avis ont longtemps différé sur la nature de la matière servant à construire ces nids. Poivre, qui était au xvin® siècle, intendant aux îles de France et Bourbon, y voyait du frai de poisson ramassé à la surface des flots par les Salanganes, ‘el ayant subi une premiere di- gestion dans leur gésier. En 1845, Lamouroux en faisait des fucus, des gélidinées, composées surtout du Sphærococcus cartilaginosus, éga- lement déglutis, puis regurgités. Aujourû hui, on admet que c’est une sorte de salive secrétée principalement par les deux glandes sub- linguales, qui acquièrent un grand développement au moment de la pariade,-et s’atrophient presque pendant la ponte. Vu ce mode d’obten- lion de la matiere, il faut deux mois environ pour achever un nid dans lequel la femelle viendra déposer deux œufs, mais les chasseurs procè- dent à leur récolte avant qu’elle ait eu le temps de les couver. Les infatiga- bles Salanganes recommencent aussitôt la construction d’un nouvel abri qui subit le sort du premier, puis d’un troisième et d’un quatrième, ce dernier seul étant respecté par les dénicheurs, afin d'empêcher l’ex- tinction de ces oiseaux. L'incubation dure environ quinze jours. Les nids ont la forme du quart d’une coquille d'œuf, coupée suivant son 978 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. grand axe, et sont fixés à leurs deux extrémités par des prolonge- ments fibreux. Le rocher calcaire de Karang-Ballong, sur la côte sud : de Java, est un des endroits les plus renommés pour l'abondance et la qualité de ses nids d'Hirondelles dont la récolte présente, il est vrai, certaines difficultés. S'élevant à pic jusqu à 60 ou 70 mètres de hauteur et bordé de brisants sur lesquels la mer déferle continuellement, il est percé de neuf grottes aux parois tapissées de nids, mais dont l’accès est seulement possible en descendant au moyen d’échelles de corde le long de la falaise. Avant de commencer leurs opérations, les chasseurs de nids ont graud soin de procéder à différentes cérémonies reli- gieuses, en adressant d’ardentes prières à Njai-Loro-Kidæl, la déesse des mers. Les Salanganes vivant dans ces rochers en innombrables volées comparables à des essaims, la récolte y est fort abondante, et occupe 1,500 hommes environ chaque année. Pendant longtemps, la population du district de Karang-Ballong était tenue de faire la récolte des nids au profit du fisc, moyennant une faible rétribution. Eu 1872, les grottes furent affermées pour 37,000 florins (78,440 francs), à une compagnie qui les exploite à ses risques et périls, et le montant de la rétribution annuelle va croissant sans cesse depuis ceile époque ; elle était de 138,660 florins ou 293.960 francs en 1887, et de 178,416 flo- rins ou 378,240 francs en 1888. Tous les nids récoltés sont accaparés par la Chine qui en recoit chaque année pour 8 à 9 miliions de francs, et réexpédie ensuite ceux qu’on consomme en Europe; ces nidsse paient à Java de 4 à 5,000 flo- rins, de 8,480 à 10,600 francs le p'kul de 50 kilogs. Les Chinois les classent en quatre catégories, ceux de la première se vendant 5 fr. 25 le nia, et comme il en faut une centaine pour faire un poids d’un kilog., on arrive pour cette précieuse denrée au prix très élevé de 525 francs le kilog. J. Re Les Grenouilles aux États-Unis. — Dans son numéro du 5 février 1889, la Revue des Sciences naturelles appliquées, signalait l'extension considérable que la consommation des Grenouilles a prise aux États-Unis, où ces Bâätraciens figurent depuis quelques années seulement dans les menus. L'élevage nalurel menaçant de devenir insuffisant, la pisciculture américaine comprendra bientôt une nouvelle branche : la ranicullure, l'élevage artificiel et l’engraissement des Grenouilles, qui dotera les marchés de produits bien supérieurs à ceux que nous connaissons en France. Nous croyons donc devoir donner quelques détails complémentaires sur cette intéressante question, dont différents spécialistes poursuivent la solution. Ce sont les Français et les Italiens, qui ont introduit en Amerique, l'usage de manger les Grenouilles; les Allemands ne tardèrent pas à les imiter, puis les Américains eux-mêmes. En 1860, on ne vendait pas 10 kilogr. de cuisses de Grenouilles en une journée sur les diffé- CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. y rents marchés de New-York ; on en débile de 1,000 à 1,500 kilogr. aujourd'hui, et l'ensemble des États-Unis absorbe, en une année, 10 fois autant de Grenouilles que la France elle-même. La Californie, qui figure parmi les principales régions de production et de consom- mation, est surtout alimentée par les îles West ou Kimball, sur la rivière San Joaquim où pullulent d'énormes Grenouilles vertes diffé- rant beaucoup, paraît-il, de nos espèces françaises, autant par leur taille volumineuse, que par la délicatesse de leur chair. Le marché de San-Francisco vend chaque jour 500 kilogr, environ de cuisses de ces Grenouilles, qui se paient 50 cents ou 2? fr. 60 la livre de 453 grammes. Quant à New-York et aux autres villes de l'Est, elles sont approvi- sionnées par les marais voisins, ceux surtout du Canada, dont les Grenouilles s‘expédient dans de grands paniers bourrés de mousse et d'herbes humides où elles se maintiennent vivantes pendant de très longs parcours ; on en a même expédié à diverses reprises en Europe par ce procédé. Les Grenouilles consommées dans certains États sont simplement le produit de la pêche, tandis que dans d’autres on les cugraisse dans des bassins soigneusement clos. Le premier système est exclusivement en usage dans l'Ontario, où les Canadiens français ont introduit la coutume de chasser ces Batraciens avec des arbalètes qui présentent l’avantage de ne pas effrayer le gibier. D’autres sports- men les tirent avec des fusils de pelit calibre ou des carabines Flo- bert. Ces chasses ont généralement lieu la nuit et en baleau, un puis- sant fanal placé à l'avant de l’embarcation fait miroiter les yeux des Grenouilles qui se signalent ainsi aux tireurs. Certains pêcheurs les harponnent au trident comme on fait des Anguilles ; les Indiens se servent à cet effet de longues lances ; d’autres individus les prennent dans des filets, ou les pêchent, suivant le procédé connu de longue date, avec des lignes amorcées d’un chiffon rouge. Quant aux établissements d’engraissement, on en trouve dans l'Ontario, le Tennessée, le New- Jersey, l’Élat de New-York, ceux de l'Ouest, et au Canada, et ils {our- nissent des produits de taille très différente. Les Grenouilles du New-— Jersey et de New-York sont les plus petites ; 12 paires de leurs cuisses représentent un poids d’une livre, ou 453 grammes, tandis que le même nombre de cuisses de Grenouilles de l'Ontario, pèse 3 ou 4 livres, et que les cuisses d’une douzaine de Batraciens du Tennessée et du Missouri atleignent un poids de 5 ou 6 livres, de 2 kilogr. 265 à 2 kilogr. 718. Les Grenouilles de New-York apparaissent les pre- mières sur le marché, elles valent tant qu’elles restent seules de 1 fr. 50: à 2 fr. 60 à la livre, mais elles tombent à 1 franc, dès que les produits de l'Ontario et de l'Ouest viennent leur faire concurrence, tandis que ceux-ci se vendent facilement de 2 francs à 3 fr. 20. Il y a une ving- taine d'années, les prix étaient inférieurs de moitie, à ce qu'ils sont aujourd'hui. Dans un entretien que M. Blackford, membre de la Commission de 980 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Pisciculture de l’État de New-York, a eu récemment avec un rédacteur du journal Mail and Express, il déclarait que l'élevage des Grenouilles. tel qu’on le pratique actuellement aux États-Unis, est un état em- bryonnaire, et que bien des difficultés doivent encore être surmontée: avant d'obtenir des résultats assurés. Le frai des Grenouilles est tres abondant, son éclosion s'opère facilement ; les Têiards se nourrissent bien avec des viandes grossières, du foie, du cœur de bœuf hachés; leurs métamorphoses s'effectuent dans d’excellentes conditions, mais ces aliments ne conviennent plus aux Grenouilles vers l’âge de 6 mois, et faute d'insectes qui leur deviennent alors indispensables, elles sont atteintes d’une maladie qui en fait souvent périr 95 0/0. C’est là ce qui fit échouer toutes les tentatives de M. Seth Green, à Canandaiga. Les Grenouilles adultes étant en outre d’une voracité excessive, se re- paissent avidement de leurs jeunes congénères et des Têtards élevés dans les mêmes bassins. Cette voracité permettrait, disent les Améri- cains, de substituer facilement les grosses Grenouilles des États-Unis à nos espèces indigènes dans les marais européens. RCE: Le Patchouli. — On attribue généralement une origine indo-chi- noise au Pogostemon patchouli, à la plante produisant le Patchouli, mais cette hypothèse est assez douteuse, le Pogostemon ne croissant spon- tanément qu'en de rares endroits de la presqu'île de Malacca où son existence peut être attribuée à des plantations abandonnées. Les indi- sènes de Perak ct de Paltang le cullivent il est vrai depuis une époque tres reculée, on le rencontre jusqu’à 1800 mètres d'altitude chez les Sakaïs des montagnes, et M. Wray, naturaliste anglais, en a trouvé des échantillons loin de tout village malais, dans les districls de Bernam, Batang-Padang et Kintla de Pérak, ainsi que chez les Semangs du haut Pérak. Les femmes de ces régions tressent les feuilles du Patchouli en guir- landes, en ceintures, et en pendants d'oreilles, qu’elles considèrent cumme des amulettes contre les démons. Les Sakais de Batang-Padang nomment le Pogostemon Boon kalif, et l’auraient connu avant les Malais qui le désignent sous le nom de Poko nilam, où plante saphir. Le Patchouli fleurit rarement, jamais même suivant les indigènes, des échantillons ont parfois été cultivés pendant une irentaine d'années, sans produire de fleurs. On a cependant quelquefois recueilli des graines, mais les plantes résultant de leur germination, étaient abso- lument dépourvues de principes odoriférants. Le même fait a du reste été constalé pour le Santal. Les Chinois seuls se livrent à la culture du Patchouli et sur une faible échelle, l’étendue de leurs plantations variant entre 1/2 acre et 1 acre, entre 20 et 40 ares; la faible importance des demandes ne permet pas de leur donner plus d'extension. La terre est disposée en billons, en bandes bombées et parallèles de CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 981 50 centimètres ou de 1",30 de largeur, sur lesquelles on piante pen- dant la saison des pluies, une ou deux rangées de drageons de 30 cen- timètres de haut, écartés de 65 centimètres, en les abritant avec des feuilles mortes, jusqu'à ce qu'ils se soient cnracinés, l’ardeur du soleil gênant ces plantes délicates. On procède à une première récolte de tiges garnies de feuilles six mois après la plantation, quand les arbustes atteignent une taille de 65 centimètres à 1 mètre; 2 autres récoltes sont ensuite opérées à des intervalles de six mois, puis on extirpe les racines, on retourne le terrain et renouvelle la plantation après une abondante fumure. La mise en planches, la quantité d’engrais exigée, les nombreux binages et les arrosages qu'on doit multiplier pour per- mettre aux drageons de s’enraciner quand le temps est sec, rendent cette culture fort coûteuse. Le Patchouli réussit surtout sous un léger ombrage, mais il fournit alors beaucoup moins d'huile quoique la récolte des feuilles soit plus abondante. Souvent aussi, on le plante avec des caféiers, des muscadiers ou d’autres arbres de culture permanente, plantation dont les frais d’éta- blissement sont payés par le Patchouli qu’on arrache ensuite quand ces arbres ont atteint une taille suffisante. Les rameaux de Patchouli récoltés sont exposés au soleil pendant le jour et mis à l'abri la nuit ou quand il pleut. Après cette dessiccation, qui dure de quatre à six jours, on les emballe pouries vendre aux mar- chands et aux distillateurs, à raison de 42 francs le pikul de 60 kilos, Ces marchands les classent en Patchouli de première qualité composé seulement de feuilles, qui vaut 166 francs le pikul, en Patchouli de se- conde qualité, composé de feuilles, de jeunes rameaux, et de quelques branches plus fortes, valant de 88 à 103 francs le pikul, et en Patchouli de troisième qualité qui vaut 73 francs le pikul. La qualité serait probablement meilleure si on se contentait de cueillir les feuilles pour les faire sécher à l'ombre et non au soleil dont la haute température atteignant parfois 48°, diminue le rendement en huile. Le Patchouli est l’objet de nombreuses adulléralions; les Chinois l’additionnent souvent de feuilles de l’'Ocimum basihcum, variété pilosum, plante nommée rwkuw en malais, qui pousse abondamment dans les cacaoyères. Cette fraude se reconnaît facilement sur le Pafchouli en branches, plus difficilement sur le Patchouli en feuilles, quoique les feuilles du 7ku soient plus blanches et aient des pétioles plus fins et plus arrondis que celles du Patchouli. Les feuilles de l'Urena lobata, le perpulut des Malais, semblables à celles du Patchouli, mais dépourvues de toute odeur, s’emploient dans le même.but. L'huile de Patchouli ne préexisie pas dans les feuilles fraîches, elle se forme à la suite de la dessiccation, et s’extrait par l’intermé- diaire d’un courant de vapeur. On place les feuilles sèches dans des cylindres de cuivre, récipients à double fond perforé, communiquant 982 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. avec un générateur. La vapeur qui se dégage sous une assez forte pres- sion, entraîne l'huile odoriférante en gouttelettes, abandonnées en- suite dans un réfrigérant. Un pikul de Patchouli sec, en branches, four- nit de 750 à 950 gramumes d'huile; un pikul de feuilles sans branches en donne le double; si on distiHlait sans élévation de pression, on n’obtiendrait que la moitié de ce rendement. L'huile de Patchouli, très volatile, émet un parfum excessivement pénétrant; on en distingue 2 variétés commerciales; l’une verte, qui scrait fournie par les plus vieilles feuilles, l’autre d’un brun rougeâtre par les feuilles les plus jeunes. Elles valent du reste le même prix, 2 fr. 50 les 381 grammes à Penang, mais ne se vendent jamais simultanément. (Xew Bulletin.) Les Liquidambars. — Les Liquidambars constituent un genre végétal comprenant 3 ou 4 espèces caractérisées par leurs fleurs unisexuées, réduites aux étamines d'une part, au pisiil de l'autre, et qui, après avoir appartenu à la famille des Platanées, sont rangées aujourd hui dans celle des Hamamélidées. L'espèce la plus importante, le Ziquidambar styraciflua des États-Unis, élève à une hauteur de 50 mètres son tronc élancé, de 1,30 à 1®,70 environ de diamètre, couvert d'une écorce d’un brun pâle, légèrement crevassée. Sa ramure présente un aspect tout particulier; les branches, relativement courtes et grêles, commencant seulement à se détacher du tronc à plus de moi- tié de sa hauteur. Les jeunes branches sont renforcées par des ner- vures d'origine subéreuse, les feuilles minces et luisantes, de foime étoilée, penta ou heptalobées, portées par un pétiole assez délié, prennent à l'automne, une brillante couleur écarlate. Le bois de cet arbre est dur, d’un beau brun légèrement veiné de rouge, sa lexture fine et satinée le rend susceptible de recevoir un beau poli, sa den- sité est intermédiaire entre celles du Noyer et du Chêne, mais il pré- sente une assez faible résistance. La facon dont il se voile et se con- tracte, lui tait toute valeur autrefois, on a créé des procédés de dessiccation qui permettent de l'utiliser aujourd hui, et on l’emploie beaucoup, principalement dans l'Ouest, comme bois de charpente ou : sous forme de planches et de pavés. L'habitat primitif de ce Liquidambar était limité à la côte du Con- necticut bordant le détroit de Long-Island, mais il s’est rapidement étendu vers l'intérieur, ct on le rencontre maintenant sur toute la partie orientale et centrale des États-Unis, jusque dans l'Illinois au Nord, le Texas au Sud, où la vallée de la rivière Trinidad constitue sa limite occidentale. Le climat de la partie Ouest du Texas semble trop sec pour cette essence, mais elle réapparaît dans le Centre et le Sud du Mexique, où elle représente un élément important de la végé- talion forestière. Au Guatémala et dans l'Amérique centrale, on trouve sinon le Ziquidambar styraciflua lui-même, du moins une ou deux espèces très voisines. Fort abondant dans le bassin du Mississipi, il y CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 983 alteint son maximum de taille, et y pousse souvent en terrain sub- mergé, avec le Nyssa uniflora où Cotton gum et le Populus monilifera, peuplier de Virginie ou Coflon wood. Se contentant d’un sol sur lequel aucune culture ne pourrait réussir et qu'il conservera sans doute indé- finiment, le Liquidambar constitue pour l'avenir une importante réserve de bois d'œuvre, et suppléera à la disparition d’essences plus estimées aujourd'hui. Le nom générique de Liquidambar lui fut donné par Linné, à cause de l'espèce de résine que sécrète son écorce, sécrétion dont l'importance diminue du reste à mesure qu'on s’avance vers le Nord, pour devenir nulle à la limite septentrionale de son habitat. Le ZLiquidambar orientalis, arbre du même genre présentant quelque analogie avec le Platane, forme de vastes forêts dans le Sud-Ouest de l’Asie-Mineure où il atteint une taille de 10 à 14 mètres, Les Turco- mans nomades eu extraient la résine s/orax, dont l’odeur est intermé-— diaire entre celles de la Vanille et de la Canelle, qui joue un certain rôle dans la pharmacopée et la parfumerie des Indous et des Chinois. Le Sud et l'Est de la Chine, le Japon et l'ile de Formose, possèdent le Liquidambar Torinosana, ou feng, äont le bois sert à confectionner des caisses à the. (Garden and Forest.) Le Roseau des sables.— La publication anglaise The Garden re- commande pour fixer les dunes et les plages de sables mouvants, l'em- ploi d'une graminée qui pousse abondamment au bord de la mer dans toute l'Europe occidenlaie : le Roseau des sables, Psamma arenaria. Ceite plante peu exigeante prospère dans les sables les plus arides où elle émet parfois un rhizome tracant long de 10 à 12 mètres. Ses tiges ligneuses atteignant une hauteur de 65 à 80 centimètres portent des feuilles glauques longues de 40 à 70 centimètres, terminées en pointe acérée, que le bélail refuse absolument de manger. | Après avoir longtemps servi à fixer les dunes en Hollande et en Angleterre, le Psamina tomba pour ainsi dire dans l'oubli. Un acie du Parlement anglais, édiclé sous la reine Elisabelh, et qui ne fut du reste jamais rapporté, interdisait de le détruire là où il croissait. On s'en occupe de nouveau depuis quelques années, et il a donné d'’ex- cellents résultats dans le Nord du pays de Galles, auprès de Rhyl. Le meilleur mode d'emploi du Psamma consiste à planter ses rhizomes dans le sable en lignes parallèles écartées de 45 centimètres environ, avec 35 centimètres d'intervalle entre les pieds d’une même ligne. (The Garden). V. BIBLIOGRAPHIE. Traité de la culture fruitière commerciale et bourgeoise par Charles Baliet, horticulteur à Troyes. 2° édition avec 350 figures dans le texte. Paris, G. Masson, 1889. La culture fruitière a pris, dans ces dernières années, une extension considérable, elle est devenue une branche importante de richesse aussi bien en France que dans les diverses autres contrées de l’Europe qui s’y adonnent. Dans le Nouveau-Monde, les Etats-Unis tiennent la tête du mouve- ment et la production des fruits dans ce pays vient immédiatement après celle des céréales, non seulement comme valeur marchande, mais encore comme importance dans l'alimentation. En présence des progrès constants faits par l’arboriculture fruitière, les propriétaires et amateurs réclamaient depuis longtemps un guide pratique,.concu dans une forme nouvelle, qui püt les guider d’une facon certaine dans leurs plantations. Ce livre, M. Ch. Baltet, un maître en la matière, l'avait ébauché dans un opuscule intitulé : Culture des arbres fruitiers au point de vue de la grande production. Le succès de ce premier travail a déterminé notre Cenfrère à lui donner plus d’ampleur et de là esi né le livre que nous analysons. « Notre but, dit M. Baltet dans sa préface, est de guider le planteur dans son œuvre, en lui indiquant les travaux à faire, les meilleures espèces à cultiver pour chaque saison de l’année, et comment il devra les exploiter de manière à en obtenir un bénéfice prompt, certain et durable. Nous avons voulu surtout appuyer nos conseils par des faits acquis, des résultats indiscutables. » L'auteur traite en détail de la préparation du sol, de la plantation des arbres et de leur bon entretien ; il insiste particulièrement sur le choix des variétés à cultiver et leur adaptation au sol, en plein vent ou en espalier. Il n’a pas négligé l'emploi économique des fruits et la maîtresse de maison y trouvera des indications sur l’aptitude des principales variétés à la fabrication des confitures, sirops, etc. Enfin une étude est spéciale- ment consacrée aux maladies, parasites et animaux nuisibles aux arbres. De nombreuses gravures, d’une exécution parfaite, ajoutent encore à l’intérêt déjà si puissant du texte. Écrit avec une compétence et une autorité incontestables, l'ouvrage de M. Ch. Baltet remplit complètement le but qu'il s'est proposé, et nous souhaitons de voir répandre ce livre éminemment pratique dans nos campagnes où la culture fruitière est encore dans l’enfance. ‘.. 'iGRisAn Le Gé LU JULES GRISARD. "NY st 1. TRAVAUX INÉDITS ADRESSÉS A LA SOCIÉTÉ. NOUVELLES OBSERVATIONS SUR. LES HYBRIDES DES ANATIDÉS Par A. SUCHETET. Rouen, le 19 novembre 1889. Monsieur le Secrétaire général, Vous m'avez fait l'honneur de reproduire dans le dernier . Bulletin de la Société la Note sur les Hybrides des Anatidés que j'avais écrite en 1888 ; depuis cette époque plusieurs nouveaux faits de croisement m'ont été signalés. — Ces indi- cations m'ont été fournies en grande partie par MM. A. A. van Bemmelen, directeur du Jardin zoologique de Rotterdam, le D: Heck, directeur des Jardins de Berlin, Ch. van Kem- pen, de Saint-Omer, qui a réuni un très grand nombre de pièces hybrides {1}, J. B. van Wickevoort-Crommelin, de Harlem, dont la riche collection contient également des Hybrides remarquables. __ Permettez-moi donc, Monsieur le Secrétaire sénéral, de faire les additions suivantes à la note que vous avez bien voulu publier. | CROISEMENTS ENTRE ESPÈCES APPARTENANT A UN MÊME GENRE. Genre Anas (2). Canard à bec de lait 6, Anas pœcilorhyncha et Canard obscur, AnaS ObsCcur«. Femelle adulte, morte en captivité, achetée en peau en - (1] M. van Kempen possède, en outre, dans sa collection d'histoire natu- re:le qui compte près de huit mille sujets, une série de mammifères et d’oi- seaux d'Europe présentant des anomalies ou des variétés de coloration dont la description a été donnée dans le Bulletin de la Société zoologique de France, année 1888. . (2) Dans lequel je réunis les genres Mareca, As, Da fila, Chaulelasmus, Dre. Tadorna et Querquedula. 5 Décembre 1889. 64 986 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Angleterre par M. van Kempen. Plumage plus clair que chez la femelle du Canard obscur ; bec du père. Canard de Bahama, Anas Bahamensis et Canard man- darin, Aix galericulata.: M. J. Pays-Mellier, de la Pataudière (Indre-et-Loire), me fait savoir qu'il possède deux Hybrides ayant cette prove- nance. — Ces oiseaux sont nés chez lui en 1887. Ils sont absolument pareils de plumage et de forme. — M. van Bem- melen a acheté en Hollande un Hybride ayant la même origine. Cet oiseau, quoique de plus petite taille que l'A. gale- riculata &, lui ressemble beaucoup; les éventails rudimen- taires et la poitrine sont plus ou moins conformes au Baha- mensis à. | -Canard casarka 6, Anas rulila ou (Anas rubra ou encore Tadorna casarka) et Spatule variée, Spalula variegata. M. le D' Heck m'écrit qu'il a possédé l'Hybride deces deux espèces; cet oiseau avait la couleur des deux parents. Canard à bec orangé, Anas æanthorhyncha et Ganard à sourcils blancs, Anas Superciliosa. Plusieurs Hybrides sont nés de ce croisement au Jardin zoologique de Rotterdam. Ils sont semblables à l'4. æantho- rhyncha, mais le bec a moins de jaune et le miroir est plus terne. — Un mâle hybride ressemblait tellement au super- ciliosa qu'il était difficile de trouver une différence entre cet individu et un superciliosa & pur sang. Canard pilet, Dafila acuta et Canard mignon. M. le baron Edm. de Selys-Longchamps a parlé dans sa Récapitulalion des Hybrides observés dans la famille des Analidés. (1j d'un 4. boscha 6 et d'un À. acuta ® qui ont donné un Hybride &. — M. van Bemmelen me fait savoir qu’un Canard appartenant à cette dernière espèce s’est accou- plé dans le Jardin de Rotterdam avec une variété de l'A. bo- schas, le Canard mignon gris, et que des Hybrides sont nés (1} Extrait du t. XII, n° 10, p. 20, des Bulletins de l’'Aradémie Hé de Brucelles. va hat À tt +. à do er OBSERVATIONS SUR LES HIYBRIDES DES ANATIDÉS. 987 ‘de ce croisement. Ils sont semblables à l'acuta, ïls sont cependant de couleur plus claire et ont les longues régimes plus courtes. — On a vu dans les Jardins BOCIGEMIECS de Berlin un Hybride semblable (1). Canard à bec de lait, Anas pæœcilorhyncha et Canard mignon blanc. Le Canard mignon s’est également croisé avec le pæcilo- rhyncha chez M. Sharland, à la Fontaine-Saint-Cyr, près Tours. M. Sharland possède deux individus & nés en 1888. Ces oiseaux sont à peu près semblables. Une Q mignon blanc accouplée avec l’un de ces Hybrides n’a point pondu. . Sarcelle dÉté à, Anas Querquedula (ou À. circia) et Canard sauvage ©, Anas boschas. Dans ma Note sur les Hybrides des Anatidés(?2), j'avais cité à tort le croisement de ces deux espèces. Aujourd'hui M. van Kempen m'apprend qu'il possède deux Hybrides & et Q adultes, nés en captivité, achetés vivants dans la Dordogne, en 1887. Le mâle a le plumage de l’A. boschas, collier blanc du cou plus grand cependant ; la femelle a aussi le plumage de la Cane sauvage. La taille est du Canard siffleur. Sarcelle de Formose &, Querquedula Formosa (ou Anas _ Formosa ou encore Anas glocilans) et Canard siffleur ©, Anas penelope. Dans la collection de M. van Kempen, il existe un mâle adulte, acheté et monté en Angleterre en 1879; taille de la Sarcelle de Formose, dessus de la tête brun, le reste du cou maillé brun, gris noir, avec quelques petites plumes vertes; dessus du dos fond gris avec plumes plus foncées, ailes grises, miroir vert, queue grise; haut de la RUE roux maillé noir; . abdomen blanc. VARIÉTÉS DOMESTIQUES CROISÉES ENTRE ELLES. CANARD DU LABRADOR €6f CANARD DE ROUEN. - M. le Président de la Sociélé nalicnale d'Acclimätation {1} Communication de M. le Dr Heck, (2) P. 907. 588 . REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. fit savoir dans la séance du 10 août 1860 (1) qu'il avait recu de M. Turrel, de Toulon, une paire de Canards du Labrador croisés avec le Canard de Rouen. Dans une Étude sur la basse-cour (2), M. Paul Letrone a fait plusieurs re- marques sur ce croisement. « Le Canard du Labrador, dit-il, s’allie volontiers au Canard domestique et donne avec celui ci des générations fécondes qui tiennent, pour l'aspect et la taille, des deux parents... Lorsque l'une des espèces mères est le Canard de Rouen, la livrée est en général ardoisée avec les pieds et le bec de même nuance. » VARIÉTÉS DOMESTIQUES CROISÉES AVEC L'ESPÈCE SAUVAGE, CANARD DE PÉKIN @ €t CANARD SAUVAGE ©. M. Henrionnet, de Champigny (Ardennes), m'écrit qu'il possède un oiseau mâle, produit du croisement d’un Canard de Pékin à avec un Canard sauvage ©. 4 CANARD DU LABRADOR ® €f CANARD SAUVAGE 6. Mre de G., de Maltaverne, a obtenu le métissage du Canard sauvage à avec une femelle du Labrador. Ce premier croise- ment lui a donné une quantité de Métis tenant autant du père que de la mère, mais ayant les allures du Canard sau- vage. Les œufs des jeunes femelles se trouvent tous fécondés et les Canes font quelquefois trois pontes par an lorsque leurs œufs sont détruits. Une troisième génération de ces Métis a été ainsi obtenue cette année. | CANARD DU LABRADOR @ €t CANARD MIGNON BLANC ©, Métis Q adulte, faisant partie de la collection de M, Ch. van Kempen, de Saint-Omer. Blanc avec quelques plumes noires bleuâtres éparpillées çà et là, taille du mâle. MÉTIS © DU LABRADOR et du MIGNON BLANC GO: AVEC CANARD ORDINAIRE. La femelle dont je viens de parler, et qui avait été achetée (1) P. 462, Extraits des procès-verbaux. (2) Bulletin de la Société d’Acclimatation, p. 534. «+ C7 UESS OBSERVATIONS SUR LES HYBRIDES DES ANATIDÉS. 98% vivante par M. van Kempen, a ar avec un Canard de basse-cour. Genre : Anser. Hybride de l'Oie du Canada, Bernicla Canadensis et de l'Oie domestique, Anser domeslicus avec l'Oie domes- tique. M. van Bemmeen m'écrit qu'il a obtenu deux jeunes de l’accouplement d’un Hybride de B. Canadensis et A. domes- ticus avec une Oie domestique. On se rappelle que M. de Selys-Longchamps avait fait savoir, dans sa Récapitulalion des Hybrides observés dans la famille des Anatidés, que des . Hybrides de l'A. Canadensis et A. cinereus qu'il possédait s'étaient montrés stériles avec « des Oies, Cygnes, ainsi qu'avec des Métis de la Bernache et de l’'Oie domestique ». Dans les Addilions à sa Récapilulation, son observation se trouvait confirmée par S. Morton qui considérait lui-même comme stériles les Hybrides de l'A. Canadensis et A. ci- nereus. Oie à bec court Anser brachyrhynchus (ou À. breviros- tris) et Oie des Moissons Anser segelum. Doit-on considérer ces deux types comme espèces dis- tinctes ? M. van Wickevoort-Crommelin les regarde plutôt comme deux variétés. Il conserve dans sa collection un Hybride né au Jardin zoologique de Rotterdam; cet oiseau ressemble presque entièrement au premier type. ENTRE ESPÈCES APPARTENANT A DES GENRES DIFFÉRENTS. | Genres : Fuligula et Anas. Canard sifileur huppé, Anas rufina (ou Anas cryhroce- phalos, ou Anas cristata flavescens, ou encore Anas ca- pile rufo major), et Canard ordinaire Anas boschas. 4 . Hybrides nés au Jardin zoologique , de Rotterdam. Les mâles ressemblent beaucoup aux mâles du Rufina, nullement au Boschas. Ils different cependant du Rufina par leur taille 990. REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. ; qui est plus grande, par leurs flancs qui sont gris au liew d'être blancs, par leur dos qui est plus foncé et par leur poi-. trine plus claire. Le miroir des ailes est d’un blanc sale, le bec est jaunätre. Ils en diffèrent surtout par la couleur de leur tête d’un brun pourpre à reflets métalliques, magni-. fique à voir, paraît-il. Les femelles ont également de grandes ressemblances avec les femelles de cette dernière espece, mais la teinte de leur plumage est en général plus claire. M. van Bemmelen, qui me donne ces détails, ajoute qu il a obtenu neuf paires de ces Hybrides. L'Anas rufina a également été croisé avec une variété de l’Anas boschas, l'A. Labradcrius. Les Zoologischen Garten de Berlin ont possédé deux individus provenant de ce croisement ; ces oiseaux avaient en partie la forme du rufina et la couleur du boschas. C'est à l’obligeance de M. le Dr Heck que je dois ces derniers ren- seignements. Hybride & d’'Anas rufina et d'A. boschas avec Anas superciliosa ©. _ Pendant l'été de 1883, un des Hybrides & dont nous ayons parlé plus haut s’est accouplé avec une femelle d'A, superci- liosa ; de cette union naquit un jeune qui ne vécut que trois mois. Canard siffleur huppé 6 et Canard à bec rose, Meto- piana peposaca ©. Male adulte ayant tous les caractères du peposaca, cou- vertures des ailes blanches, scapulaires plus claires que le type male, ailes brun-rouge, bec jaune ; acheté en peau en Angle- terre en 1882 et conservé dans la collection de M. Ch. van Kempen à Saint-Omer. Canard siffleur, Anas penelope, et Macreuse ordinaire, Oidemia nigr«a. _ Mâle adulte, acheté monté en Angleterre, aucune indica- tion ; forme, grandeur et grosseur du Milouin, tête, cou haut et dos d’un roux vif, sus-caudales blanches, le reste du dos, scapulaires et couvertures supérieures des ailes d’un cendré roussätre, rayé en travers de zigzags d’un cendré noiratre ; OBSERVATIONS SUR LES HYBRIDES DES ANATIDÉS. 925 haut de la poitrine rouge se joignant au-dessus du dos, abdo- men et flancs blancs, rectrices brunes. (Collection de M. van Kempen.) Hybride de Canard ridenne à, Anas slreperea et de Canard sauvage © avec Canard milouin, Fuliqula ferina (ou Nyroca marila). Croisement fécond qui m'est indiqué’par M. van Kempen. Sarcelle d'été &, Querquedula crecca (ou Querquedula minor) et Canard milouin Fuligula ferina (ou Anas rufa ou ruficollis). Mâle adulte, obtenu en captivité, acheté vivant dans la Dor- dogne en 1887 ; taille du Milouin, plumage gris cendré. (Col- lection de M. van Kempen.) Faligula milouin et Sarcelle sarcelline ou Canard ordinaire ? Je lis dans les Proceedings of the zoological Society of London (1) que M. Sclater montra, de la part de M. Peters Juchbald, à l'une des réunions de cette Société, un Canard curieux qui avait été tué sur une pièce d’eau près de Darling- ton (comté de Durham). Il paraissait être le résultat d'un croisement entre la Fuligula ferina et un Canard d’eau douce la Querquedula crecca où l'Anas boschas. Canard fiacé et Fuligula Nyroca, Fuliqula Nyroca (ou Anas glaucion, ou Anas leucophthalinos). Hybrides nés pendant plusieurs étés chez un amateur renommé de Rotterdam qui les vendait sous le nom de petits Canards plongeurs du Japon. (Communication de M. van Bemmelen). Fuligule milouin, Fuligula ferina (ou Anas ruficollis ou Anas rufa, où encore Nyroca ferina), et Canard de la . Caroline, Aix Spons«. J'ai déjà parlé de ce croisement d’après Demarest et Duver- noy dans ma Mofe sur les hybrides des Anatidés. Mais (1) P. 134, 1882. 992 REVUE DÉS SCIENCES NATURELLES ‘APPLIQUÉES. M. de Selys-Longchamps n’ayant point cité ce croisement dans la Récapitulation des Hybrides observés dans la famille des Anatidés ni dans les Additions à celte récapitulation, j'ai supposé qu’il y avait eu confusion avec le croisement du Mo- rillon et du Carolin indiqué par Geoffroy St. Hilaire. Aujourd'hui M. van Bemmelen me fait savoir qu'il a acheté en Hollande le produit de F. ferina et A. sponsa. Je crois donc devoir faire mention de ce croisement. L’individu acquis par l’éminent directeur du Jardin zoologique de Rotterdam ressemble au F. ferina &, cependant la tête et la poitrine sont semblables à l'A. sponsa &. De son côté, M. J. P. van Wickevoort-Cro 0 me fait savoir qu'il existe dans sa collection un Hybride, couvé en domesticité, qui est le produit d’une Cane de la Caroline et d'un mâle sauvage. Ce mâle sauvage s'était abattu lors de sa migration du printemps sur un étang où vivait la Cane de la Caroline et il s'était accouplé avec cette dernière. Genres : Cygnus et Anser. Cygne domestique & (ou Cygne tubercule), Cygnus olor et Oie domestique, Anser cinereus. _ Samuel Morton avait parlé de ce croisement (ir Hybridity in Animals) (1), mais comme il le citait d'après Fr. Cuvier qui avait, au contraire, parlé du croisement du C. musicus et de l'A. cinereus, M. de Selys-Longchamps (2) s'était demandé avec juste raison si le savant américain n'avait point fait erreur, | | Un exemple du croisement du C. olor et de l'A. cinereus a été raconté, en 1867, par M. J. P. van Wickeyoort-Crommelin dans les Archives néerlandaises des Sciences exactes ét naturelles (3), publiées par la Société hollandaise des Sciences à Harlem (4). Dans sa collection, M. J. P. van Wickeroo de possède deux poussins qui lui ont été offerts gracieusement (1) The american journal of Sciences and Arts, 1847, cité par M. de Selys- Longchamps, p. 7, Additions. (2) P. 7, Additions, (AM, Il. 4, On sait que le récit de M. van Wickewoort- Commelin a été reproduit dans le Bullerin de la Société d’Acclimatation de Paris (p. 185, 1868). OBSERVATIONS SUR LES HYBRIDES DES ANATIDÉS. 993 par un de ses cousins. Les deux jeunes oiseaux avaient été produits par l'accouplement d’un Cygne domestique & et d’une Oie domestique Q qui vivaient en captivité sur un étang. Les croisements que je viens de citer donnent lieu à quel- ques remarques. | | Plusieurs Hybrides ressemblent presque complètement à l'une des espèces mères et par conséquent ne varient point sensiblement entre eux. Sept espèces nouvelles ont contribué à ces croisements, ce sont : Spalula variegata, Querque- dula Formosa, Anas Bahamensis (1), Anser brevivostris (2), Fuligula rufina, Metopiana peposaca, Oidemia nigra. En sorte que l’on peut compter actuellement chez les Anatidés, en dehors de Xanthorhyncha, Pæcilorhyncha et Superci- liosa (qui ne sont peut-être que des variétés de l'A. boschas), environ cinquante et une espèces capables de se marier en différents sens et de donner naissance à des Hybrides. Mais ceux-ci ne paraissent point, pour la plupart, jouir de la fécondité de leurs parents, ils sont restés sans descendance. Jusqu'alors l’hybridation des espèces n’a point formé de races durables ; chez les mammifères comme chez les oiseaux, les Hybrides que nous connaissons se sont tous éteints sans pos- térité. Il n’en a pas été de même des Métis, c'est-à-dire des individus provenant du croisen#ent des variétés d’une même souche ; plusieurs se sont perpétués avec leurs caractères et ont ainsi formé de nouveaux types. (1} N'a point été cité par erreur dans ma première Vote sur les Hybrides des Anatidés. | (2) Si toutefois, comme je l’ai fait remarquer, ce type n’est point une variété de l’À, segetum. ÉDUCATION VUDE A | LOPHOPHORES RESPLENDISSANTS PAR M. LE Dr J.-J, LAKFON. Extrait d'une lettre adressée à M. le Président de la Société d’Acclimatation. Sainte-Soulle, le 25 octobre 1889. Lorsqu'en mars 1888, la Société nationale d’Acclimatation de France me fit l'honneur de m'’accorder, en cheptel, l'unique couple de Lophophores resplendissants dont elle disposait, M. le Rapporteur de la Commission des cheptels faisait remar- quer que ces superbes gallinacés indiens avaient été l’objet de bien des convoitises. À ce sujet, M. le Rapporteur disait que les amateurs avaient une tendance marquée à préférer l'éducation des animaux de luxe à celle des animaux utiles, ou considérés comme pouvant le devenir, quand c’est le contraire qui devrait avoir lieu; et à l'appui de cette ten-: dance qu'il qualifiait de fàcheuse, il ajoutait que ce seul couple de Lophophores avait été l’objet de onze demandes, quand la Commission des chéfitels n'avait eu à donner satis- faction qu'à une seule demande d’un parquet de Poules. Certainement, le Lophophore resplendissant, par son haut prix, est un oiseau de luxe, c’est incontestable. C’est aussi un oiseau de luxe en raison de son riche et splendide plumage ; mais est-il bien ou sera-t-il un oiseau d'agrément ? IL faut l'avouer: que cette splendeur ! que cette beauté! sont donc bêtes, malgré l’éblouissement qu'elles donnent. Quelle lour-- deur empätée dans la démarche, et quelle stupidité dans l'attitude ! Je ne vois quelle satisfaction sensuelle, en dehors de son splendide manteau, peut donner à son heureux pos- sesseur ce nouveau phénix ; pas même le plaisir de le montrer facilement à ses visiteurs. Si l'oiseau est convenablement logé, il se tient la plus grande partie de la journée dans les lieux sombres et couverts, ce n’est que le matin et le soir qu'il se montre au grand jour, À mon sens, ce n’est point un ÉDUCATION DE LOPHOPHORES RESPLENDISSANTS! 995: oiseau d'agrément, quelle différence sous ce rapport avec le charmant et coquet Faisan Lady Amherst et bien d’autres. Vraiment lorsqu'on l’a eu en sa possession si on désire le posséder de nouveau, ce n’est point pour ses qualités d’élé- gance ; sa gaucherie crève les yeux, c'est un Monsieur qui possède un splendide costume, il est vrai, mais qui ne sait le porter, ni le faire valoir. Je me plais à croire que si cet oiseau est l'objet de tant de désirs, c’est qu'on voit en lui autre chose qu'un oiseau de luxe et d'agrément. D'abord, son utilité est incontestable au point de vue de sa dépouille qui aura certainement toujours une grande valeur, tant que sur la terre une partie du genre humain sera si avide des objets éclatants. Et s’il faut en croire M. Pomme et ses convives, le Lophophore, rôti à point, est un mets si délicieux qu’on n’en laisse que les os; de ce côté encore son utilité-est évidente, et son volume joint à ses qua- lités premières n’est pas à dédaigner, si jamais on parvient à obtenir une reproduction facile et régulière, mais hélas ! nous n'en sommes pas encore rendus là. Pour mon compte, c'est au point de vue utilitaire que j'ai entrepris, une deuxième fois, l'essai de l'élevage du Lopho- phore, qui ne me semble pas aussi aisé qu'il a paru l'être dans certaines circonstances heureuses antérieures ; ce qui prouve que cet élevage n’est pas aussi facile d’une façon suivie qu'on semble le dire, c'est que la plupart des éleveurs qui l'ont tenté, malgré certaines réussites, n’ont pas continué l’éduca- tion de cet oiseau qui, en raison de sa splendeur et de son prix élevé, devrait apporter profit et honneur. C’est qu'en réalité cet élevage présente d'assez sérieuses difficultés qui nécessitent pour réussir des soins assidus et intelligents et qu'on ne peut sérieusement confier au premier venu. Chez moi, cet oiseau s’est toujours montré très capricieux, au point de vue de la nourriture, cela semble indiquer que dans nos volières, il n’a pas sous le bec toujours l’objet de ses désirs ou de ses besoins, Oiseau piocheur à ses moments, mais non journellement ; bien adroit qui pourrait dire sûre- ment l’objet de ses recherches : des insectes? des racines ? des vers ? on se le demande. Pour ma part je n'ai rien pu découvrir. J'ai vu les adultes piocher le sol de la partie cou- verte de leur volière, sol recouvert de sable, complètement abrité, nullement humide, qu'y peuvent-ils rencoatrer ? je 996 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES.. l'ignore, et ils vont jusqu'à démolir le mortier qui joint les pierres du socle de cette partie de la volière. Un jour on les voit se gaver de Mil, puis ils seront un mois sans y toucher ; ils mangent du Maïs, du Blé, du Chénevis et toujours de la mie de pain sèche ; mouillée de lait ou de café. ils acceptent moins, je n’ai jamais pu leur faire accepter du Flan ; ce qu'ils ne refusent jamais, c’est une ration de viande: crue fraiche coupée à morceaux; le tiers d'un cœur de Mouton dans ces conditions est promptement absorbé; ils broutent avec plaisir le gazon, surtout la Laïtue et la Chicorée ainsi que le Chou; je ne les ai jamais vus toucher à aucun bourgeon d'arbres ou d’arbustes. Chez moi les Lophophores adultes sont toujours rentrés d'eux-mêmes sous la partie cou- verte de la volière, qui en est complètement isolée, ils -y trouvent plusieurs perchoirs dont un situé à deux mètres du sol, c’est sur celui-là qu'ils passent la nuit et la plus grande partie de la journée, à l'exception du soir et du matin, où ils sortent à l’air libre. C’est donc le perchoir le plus élevé qu'ils affectionnent, ce qui peut faire supposer que ces oiseaux se tiennent presque continuellement sur les branches d’arbres élevés et à l'ombre, ne descendant que le soir et le matin pour la recherche de leur nourriture. Ainsi nourri et logé, le couple adulte que je sosselé en cheptel, est en ce moment, fin octobre, d’une santé luxuriante et le mâle entre même en amour; je viens de le voir auprès de sa femelle qui, indifférente, broute placidement une laitue, tandis que lui est auprès d'elle, dressé sur l'extrémité de ses doigts, la gorge trainant à terre, tandis que la tête surmontée de son aigrette étalée en rosace paraît rentrée dans la poitrine au milieu d’un encadrement de velours noir, formé par le redressement des plumes vertes des joues et du pourtour de la tête, en même temps ses ailes étalées laissent voir la large tache blanche du dos, surmontée de la queue qu'il dresse perpendiculairement, ainsi que les larges plumes vertes qui sont à sa base. dans ce moment il n'y a pour lui que sa femelle tant il parait absorbé dans sa contemplation ou, peut- être, dans le désir d'attirer son attention; on dirait alors qu’il est sur le point de faire la culbute en avant. La femelle de ce couple m'a donné dans une- première ponte cinq œufs pondus les 7, 11, 15, 19 et 22 avril, repré- sentés chacun dans l’ordre de la ponte par les poids de 84, 85, ÉDUCATION DE LOPHOPHORES RESPLENDISSANTS. 997 86, 82 et 82 grammes; voyant la ponte terminée, je me décide le 26 avril à 8 heures du matin à mettre sous une poule cou- veuse les cinq œufs que j'avais recueillis, et les 23 et 24 mai.j'ai constaté la naissance de cinq jeunes. L’incubation avait donc duré de 27 à 28 Jours; Depuis le 4 ou 5 mai le mâle paraît plus assidu auprès dé la femelle, il prend de nouveau ses attitudes amoureuses, la ponte recommence et donne successivement un œuf les 16, 19 et 22 mai pesant chacun 82, 82 et 85 grammes, ce dernier œuf recut un coup de bec, je suppose provenant du mâle et fut impropre à l’incubation ; l’an dernier encore la fin de la ponte avait été signalée par un coup de bec donné au dernier pondu. La femelle ayant cessé de pondre, les œufs des 16 et 19 mai furent mis en incubation le 3 juin et donnérent deux naissances le 1e juillet ; la durée de l’incubation avait été de 28 jours. Les cinq jeunes de la première couvée se sont montrés tres frileux ; à cette époque la saison était pluvieuse et la tempé- rature peu élevée, la terre humide, et certainement, s'ils n’a- vaient pas eu une Poule excellente couveuse, ils auraient suc- combé dès les premiers jours ; la grande difficulté de ces pre- miers jours, selon moi, c’est que la mère mercenaire et ces jeunes étrangers ne se comprennent pas, ils restent complète- ment sourds aux appels réitérés de cette nourrice, et je crois aussi qu'ils seraient morts de faim, si on n’avait eu l'extrême précaution de leur mettre sous le bec, présentées à la pointe d'une aiguille, de petites proies vivantes, un ver de farine par exemple qu'ils avalent facilement en son entier, lorsqu'ils se sont décidés à le saisir ; mais que de tentatives patientes il faut renouveler pour en nn er là ; ils semblent faire peu de cas des larves de fourmis, et cen _ qu’au bout de plusieurs jours qu'ils se décident à y toucher, ainsi qu'à la pâtée, mais ils sont très avides d’asticots et d’une facon générale de tout insecte vivant. | Malgré toutes sortes de soins attentifs, un des cinq est mort 27 mai, un deuxième le 15 juin (1) et un troisième le 27 du même mois, c'est-à-dire à l’âge de 33 jours, presque complè- tement emplumé sauf à la tête, il pesait à cet âge 138 grammes, (1) Celui qui a succomké le 27 mai n’a jamais pu marcher ni manger et le deuxième, mort le 15 juin, n'a vécu jusqu’à ce jour qu’en lui ingérant des ali- ments, 1998 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. c'était certainement le plus volumineux de la petite troupe. Les deux jeunes de la deuxième couvée, nés le 1e juil- let, paraissent les premiers jours d’un élevage plus facile, ils acceptent sans se faire prier les vers de farine et les asti- cots ; mais le 22 juillet on trouve l’un d'eux mort, depuis quelques jours, il était triste, mangeaïit moins bien, il pesait à ce moment 67 grammes. L'autopsie que j'ai pu faire, a révélé un foie volumineux et très pâle et une petite tumeur de couleur brune de 7 millimètres de diamètre adhérente à l’in- testin par un pédicule très mince et flottant dans l'abdomen ; le jabot contenait cinq vers de farine et un asticot, le gésier contenait du gravier en quantité suffisante et deux vers de farine incomplètement digérés avec quelques pellicules. de Mil, et l'intestin était à peu près vide dans toute son étendue. En somme, sur sept œufs mis en incubation, il y a eu sept naissances et aujourd'hui il reste trois jeunes atteignant les deux tiers de la grosseur de leurs parents ; ils mangent des grains de Maïs, de Blé, de Mil, de Chènevis, de la mie de pain, force Chicorées et Laïtues, et trois fois par semaine de la viande fraîche crue, dont les deux aïinés sont très friands, et que le plus jeune accepte avec beaucoup moins d’empresse- ment. Je les crois très susceptibles à l'humidité et pendant les jours de pluie continuelle que nous traversons, je ne les laisse que peu sortir au dehors. Malgré toutes ces difficultés du moment, on ne peut pas dire que l'avenir soit désespéré pour l’acclimatation de ce superbe oiseau, qui, à mon modeste avis, serait plutôt appelé à faire un oiseau de parc, et même de basse-cour, que de volière. | La femelle Lophophore montre de grandes dispositions pour l'incubation, ne serait-il pas intéressant de lâcher un couple de ces oiseaux dans un vaste parc à terrain sec, à l'abri des animaux nuisibles ? Une entrave placée à une aile de chaque oïseau suffirait pour l'empêcher de.sortir de l’en- ceinte, et ne serait pas un obstacie pour se percher, si lon avait soin de poser des degrés pour atteindre au sommet du perchoir qui lui-même serait placé sous un abri, dans un lieu sombre, ou bien sous de grands arbres. mnt Éd és ed" à à à, à Rues LES AQUARIUMS A MOSCOU Par M. ZOLOTNITSKY. Je n’exagère pas en disant qu'aucune ville de Russie ne possède autant d'amateurs de pisciculture et d’aquariums que Moscou. Presque inconnu, il y a quelques années, le goût des aquariums s’est tellement répandu qu'il est rare de voir maïin- tenant une maison riche sans un ou même sans plusieurs aquariums de luxe. Quant aux amateurs sérieux, ils en ont jusqu'à vingt et vingt-cinq de toutes dimensions, à partir de la grandeur d’un bocal jusqu'à des bassins contenant des dizaines et même des centaines de seaux d’eau. Les plus sérieux amateurs appartiennent à la section ichtyologique de la Société impériale d'Acclimatation de Russie dont je vous donnerai prochainement une plus ample description. Chaque membre s’est choisi une spécialité : les uns s'occupent de la multiplication des poissons exotiques, d’autres des poissons indigènes, des plantes aquatiques, du perfectionnement des injecteurs d’air, etc. Parmi ceux qui s'occupent de la multiplication des poissons exotiques, je citerai premièrement M. André Mestchersky et M. Ovschinnikofïf. M. Mestchersky possède plus de dix espèces de ces poissons et il est parvenu à multiplier dans de tout petits aquariums, les Macropodes, les Poissons rouges, les King-yu, les Télescopes et les Poissons-Chats (Amiurus catus) (1). Ces derniers sont surtout intéressants parce que, autant que je sache, aucun pisciculteur, après Pierre Carbon- nier, n'est parvenu à les faire reproduire dans de petits aqua- riums. Maintenant M. Mestchersky possède plus de soixante petits Poissons-Chats (quelques-uns ont atteint la taille de leurs pères) et une centaine de Télescopes (2) de toutes cou- leurs, formes et dimensions. Quant à M. Michel Ovschinnikoff, il ne s’occupe que des Télescopes. Il en comptait, il y aun an, plus de deux cents qui sont nés dans son aquarium. Maïs ce (1) Travaux de la sect. icht. de la Société impériale d'Acclimatation de Rus- sie, tome I, 1887, pages 118 et 198. (2) Idem, p. 142. 1000 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. qu'il y a de plus ‘curieux c’est que le ‘hasard a:voulu qu'il ait une espèce qui ressemble aux célèbres Ya-tan-yu (1) de l’em- pereur du Japon, espèce dont les, queues longues de 10 à 15 centimètres sont aussi transparentes que la gaze et tombent en plis comme une voile. Malheureusement, l’été dernier, presque ie ses téles- copes et surtout cette belle espèce ont été atteints d’une ma- ladie incurable et sort morts sans laisser de progéniture. Il ne lui reste de cette belle collection que quelques Télescopes sans valeur et les reproducteurs, mais il n’est pas certain s'ils auront de nouveau des Ya-tan-yu. Outre ces deux ama- teurs, il y en a beaucoup d’autres qui s'occupent de la multi- plication des Poissons rouges et des Macropodes, mais ils sont loin d’être aussi passionnés que ceux dont j'ai parlé. Les poissons indigènes ont aussi quelques partisans qui s'occupent de leur multiplication avec succès. Entre autres, le secrétaire de la section d'Ichtyologie, l’auteur de cette note; qui s’est donné la tâche de faire reproduire dans son aquarium la Bouvière, ce poisson curieux qui pond ses œufs dans les coquilles des mollusques Unio et Anodonta (2). Les premiers essais n’ont pas réussi, car il était fort difficile, premièrement de faire pondre ces poissons dans un aquarium, deuxième- ment de faire éclore les œufs posés dans l'intérieur du mol- lusque, et troisièmement de faire en sorte que les alevins sortis des mollusques ne soient pas mangés par leurs parents. Mais à force d'étudier les mœurs de ces poissons, la période de leurs pontes qui ont eu lieu depuis le mois de mars jusqu'au mois de mai, et qui s'effectuent tous les huit.jours, il est par- venu à surmonter toutes ces difficultés. Il possède mainte- nant plus de soixante petits poissons qui ont passé toutes ces phases dans un aquarium. Outre ces espèces, il a multiplié avec succès l'Épinochette (3) et le Véron et a fait des obser- vations sur la faculté des poissons de distinguer les cou- leurs (4), sur l'influence des rayons colorés sur la coloration des poissons et sur l'instinct des Carpes miroitées et des Tanches (5). N. Zolotnitsky, Poisson rouge et ses varictés . Moscou, 1886, ». 35-43. . Travaux de la sect. ich. p. QE doper 146- ie (1) (2) |. Jdem, p.56. ) ) 1 2 Zolotnitsky, re d'un am teur. es ‘4885, p. 0 .i enog A (4 (>) Idem, p. 133 et 147. LES AQUARIUMS A MOSCOU. 1001 Quant aux amateurs de la culture des plantes aquatiques, ils sont très nombreux, mais les plus connus à Moscou sont le consul de Danemark, M. Thor Lange et M. Walter, tous les deux membres de la section ichtyologique. Is s'occupent de préférence de plantes exotiques, mais on peut voir chez eux quelques plantes indigènes dont ils essaient de conserver le feuillage tout l'hiver. M. Walter excelle surtout dans ce genre de culture. Il a réussi à conserver, pendant cette saison, différentes espèces de Volants d’eau, des Chara, de Nénuphars et de Potamots. Les plantes exotiques que cultivent ces deux amateurs sont surtout des plantes submergées. Les Nym- phæa cœrulea, sculifolia, fleurissent dans leurs aquariums ainsi que les Æichornia azurea, Eichornia speciosa et beau- coup d’autres. La seule plante qui ne leur réussit pas malgré tous les soins, l'Ouvirandra fenestralis, a cependant réussi à merveille chez un autre amateur à Moscou, M. Hamburger qui l’a cultivée avec succès, pendant plusieurs années de suite, dans un petit baquet en bois, en ayant soin d'y mettre chaque printemps des œufs de Grenouille, d’où sortent de petits Tétards, qui nettoient les feuilles de cette plante si délicate (1). En moins de trois ans, en divisant la souche, M. Hamburger a eu trente plantes, les unes plus belles que les autres. Quelques essais sur la culture de cette plante, et sur l’acclimatation des plantes exotiques dans les eaux de Moscou ont été aussi faits par le secrétaire de la section. Enfin, pour terminer ma note qui peut vous paraitre un peu longue, je n’y ajouterai que quelques mots sur l’injecteur d'air, inventé dernièrement par M. Tchernichoff. Cet injec- teur se compose d’un petit moteur à vapeur dont la grande roue met en mouvement une pédale, et d’une boule en caout- chouc qui, pressée par cette pédale, s’emplit et se désemplit d'air amené du dehors. Le même appareil peut distribuer de l'air à plusieurs aquariums à la fois. Ce simple injecteur fonc- tionne si bien qu'il remplace l’eau courante et que les poissons les plus délicats, tels que Sterlets, Gremils et Goujons, peuvent vivre dans de petits aquariums où l’eau ne se change que très rarement. (1) N. Zolotnitsky, Les Plantes agustiques, Moscou, 1887, p. 63-65, . 5 Décembre 1889. … 65 RUSTICITÉ DU CHAMÆROPS EXCELSA DANS LE NORD DE LA FRANCE Par Me PAUL ZERILTEER: Tout le monde connaît aujourd'hui le Palmier à Chanvre de la Chine, Chamærops excelsa (Thunb.}), Ch. Fortunei (Hook.), Trachycarpus excelsus, var. Fortunei (Wendi.) ; car c’est la même plante que les horticulteurs désignent sous ces deux noms spécifiques, qui figurent également dans la classification de Wendland. La distinction qu'ils prétendent faire ne repose que sur des différences individuelles, princi- palement sur le plus ou moins d’allongement des pétioles. J'avais cru pouvoir attribuer ce genre de variation à la diffé- rence des sexes, regardant les sujets les plus vigoureux comme des pieds mâles. Mais M. Naudin, membre de l'Insti= tut, directeur du laboratoire de botanique de la Villa Thuret, à Antibes, que j'ai questionné à ce sujet, a bien voulu me ré- pondre qu'il n’en était rien : les deux sexes ne se distinguent qu'à la floraison. . Ce Palmier, de beaucoup le plus robuste de tous en appar- tement, est aussi le seul qui puisse végéter en pleine terre dans l’intérieur de la France ; il est même susceptible de résister aux hivers des environs de Paris moyennant certains soins... On peut en voir trois sujets admirablement beaux au jardin fleuriste de Trianon ; on les abrite en hiver sous une cabane formée de panneaux assemblés ; on entoure leur tronc de feuilles sèches, et on couvre avec des chàssis vitrés qu'on peut soulever pour donner de l’air le jour, et qu’on garnit pour la nuit de paillassons. Aïnsi protégés, ces arbres ont résisté aux grands froids de l'hiver de 1879-1880. Du reste, je dois dire que partout où il gèle un peu sérieu- sement, un abri est indispensable au Chamærops ; lorsque ses feuilles sont gelées, il faut les soustraire à l'influence directe du soleil et à l’action du vent ; le premier les roussit, le second les brise, et l'hiver passé, la plante n’a plus une feuille présentable. Comme preuve à l'appui, je citerai la différence d'aspect que présentent à Marseille, au mois de mars, les Chamærops du square de la Bourse, bien abrités « Été héhé dE à RUSTICITÉ DU CHAMÆROPS EXCELSA. 1003 par les maisons, et ceux, qui bordent la grande allée de Long- champs, derrière le Palais ; ces derniers, exposés au plein soleil et au plein vent, sont absolument grillés, bien que le thermomètre ne descende pas au-dessous de — 6° ou — 7 cen- tigrade. J'avais essayé à différentes reprises de conserver dans mon jardin, à Lunéville, des Chamaærops excelsa en pleine terre, en les abritant simplement de la neige, du soleil et du vent ; ils ont pu passer ainsi deux ou trois hivers de suite ; mais chaque fois que le thermomètre est descendu au-dessous de — 160, ils ont succombé malgré l'abri. J’attribuais cet insuccès à ce que, ces plantes étant jeunes, leurs racines n'avaient pas pu s’enfoncer à une assez grande profondeur pour que les spongioles fussent soustraites à l’action de la gelée. Enfin, il y a trois ans, je voulus faire une expérience déci- sive: j'avais en caisse un Chamærops excelsa, ayant 0",80 de tour de tronc, 2 mètres de diamètre de feuillage, et 1",80 de haut. Il n'était rentré dans le vestibule qu’à la fin de no- vembre, on le ressortait.en mars ; élevé ainsi presque en plein air depuis dix ans, il était de propre à résister au froid qu'un sujet élevé en serre. Je le sortis de sa caisse pour le mettre en pleine terre au printemps de 1886 ; ses racines pénétraient à 050 de pro- fondeur. A l'entrée de l'hiver, je le couvris d’une sorte de serre mobile, comme on le fait à Trianon ; le thermomètre ne descendit cette année-là qu'à — 16°, le Palmier résista, et c'était en automne 1887 une plante superbe. Je l’abritai avec les mêmes soins pour le second hiver. A la fin de décembre 1887, le thermomètre descendit à — 20°, puis à —?22; ce grand froid dura huit jours, pendant lesquels il fut impossible, naturellement, d’aérer le Palmier. Lorsqu'en janvier 1888 la température se détendit, et que je fis donner de l'air, j'eus le désagrément de trouver les feuilles de mon. Palmier, qui étaient restées bien vertes jusqu'alors, devenues grises et marbrées ; les plus jeunes; composant le bourgeon terminal, étaient comme re plante semblait avoir été arrosée d’eau bouillante. Au mois de mars, j'enlevai la couverture, et je supprimai toutes les feuilles ; je conservais l'espoir que le cœur n’était pas mort, ou que peut-être mon Palmier pourrait rejeter du: pied. Il n’en fut rien. tnt 1904 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. J’abritai encore le tronc pour l'hiver 1888-1889. Au prin— temps, comme il ne donnait aucun signe de vie, je le fis arra- cher. Le tronc était gorgé d'humidité, pourri seulement au sommet ; les racines étaient parfaitement saines, La conclusion que je veux tirer du résultat de ce dernier essai est que dans le nord-est de la France, c’est-à-dire dans les départements des Ardennes, dela Meuse, de Meurthe-et- Moselle, des Vosges, et sans doute aussi de la Haute-Marne, il n’est pas possible de conserver le Chämærops excelsa en pleine terre, plusieurs hivers de suile, même sous un abri complet, mais non chauffé. Dans chaque période de cinq à six ans, le thermomètre descend chez nous à —20° ou au- dessous, et quand le froid se prolonge assez pour que l’inté- rieur de l’abri descende au même niveau, la plante est perdue. Les Chinois conservent, dit-on, ce palmier en pleine terre à Pékin, en l’entourant de châssis en papier huilé, bien joints, à l'intérieur desquels on fait brûler une petite lampe. Il fau- drait évidemment faire de même sous notre climat. Mais je suis convaincu qu'au sud des Vosges et du plateau de Langres, c'est-à-dire à partir des départements de la Haute-Saône et de la Côte-d'Or inclusivement, le Chamærops excelsa résis- terait l'hiver en pleine terre, sous un abri. Les plantes sont un thermomètre d'une sensibilité extraordinaire, et elles succombent ou elles prosperent pour des différences de tem- pératures qui nous paraissent insignifiantes. Je me rappelle avoir vu à Gray (Haute-Saône), un Oranger des Osages (Ma- clura aurañntiaca), à l’état de grand arbre, chargé de ses gros fruits d’or, tandis qu’à Lunéville, cette espèce . presque tous les ans jusqu’en terre. Partout où résistera le Chamærops excelsa on pourra cul- tiver avec lui en pleine terre certaines fougères du Japon, d'un type tout à fait différent des nôtres : Diclyogramme Japonica, Lastræa podophylla ou Pycnopteris Sieboldi, Cyr- tormnium falcatum, et sans doute aussi les Cyrtomium atra- tum et caryotideum de l'Inde septentrionale. À J'ai toujours échoué dans la culture en plein air de ces belles espèces ; seuls parmi les fougères du Japon, le Cyrto-. mium Fortunei, l'Aspidium setosumet le Polypodium decur sive-pinnalum, ou Lastræa decurrens se sont montrés rustiques sous le climat que j'habite. I. CHRONIQUE DES COLONIES ET DES PAYS D'OUTRE-MER' Traitement industriel de la Ramie, C’est un fait reconnu que la production de la Ramie sur une grande échelle serait une des industries agricoles les plus importantes et les plus lucratives de notre époque. Aussi étudie-t-on dans toutes les parties du monde le traitement industriel de celte plante, notamment aux Indes anglaises, aux États-Unis et depuis quelque temps égale- ment dans nos colonies françaises. Il y a une vingtaine d’années le gouvernement des Indes-Brilanniques promit une récompense de 5,000 livres sterling (125,000 fr.) à celui qui trouverait la meilleure mélhode pour préparer les fibres de la Ramie afin de pouvoir les tisser. Il s’agissait surtout d'inventer un outillage bien approprié à celte opération, ce qui n'est pas chose facile, car déjà en 1803 le Docteur Roxburg avait fait des tentatives dans ce but, et plus tard en 1840 le Colonel Jenkins avait attiré de nouveau l'attention sur ce produit et toujours sans arriver à des résultats salisfaisants. L'offre de 5,000 livres sterling en 1869 fit surgir une foule de compé- titeurs, mais aucune des machines proposées ne répondant complète- ment aux exigences posées ; le gouvernement était obligé, au bout d’un certain temps, de retirer les offres. Depuis cette époque des sommes considérables ont élé dépensées en essais de toutes sortes et toujours sans succès. Ni la chimie, ni la mécanique n’ont pu résoudre celle difficile question. Parmi les innom- brables procédés qui ont été présentés aux industriels un ou deux seu- lement sont employés tant bien que mal, en allendant que la science trouve quelque chose de meilleur. Au début on esseya naturellement les procédés employés pour la préparation du Chanvre et du Jute, mais on ne tarda pas à se convaincre que pour le traitement de la Ramie ces procédés étaient absolument impraticables. Le plus grand embarras qui se présente dans la prépa- ration de la Ramie pour la filature, est que les fibres de cette plante sont prises dans une matière gommeuse. L'année dernière un concours international de la Ramie fut tenu à Paris dans une des dépendances déjà construites, sur le quai d'Orsay pour l'Exposition actuelle. Toutes les parties du monde y étaient représentées. Il y avait là d’une part des inventeurs et d’autre part des planteurs directement intéressés dans la question, Notre Ministère de l'Agriculture avait procuré la force motrice nécessaire aux expériences et une grande provision de Ramie fraîche (de l'espèce Boehmeria nivea) cultivée dans ce but aux environs de Paris, et sèche provenant de l'Algérie. 1006 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. En prévision de ce concours 19 machines et 10 procédés chimiques avaient été inscrits au Ministère de l'Agriculture, mais le jour des essais trois machines et un procédé chimique seulement furent pré- sentés au Jury. Les trois machines en question étaient la De Landisheer, la Barbier, et celle de la American Fiber Company. Le procédé chimique était de M. Royer présenté par son inventeur sous le titre de: Dégommage de la Raïnie brute. Système E. Royer, Paris. Le traitement industriel complet de la Ramie brute par ce système constitue une dépense de IU à 12 francs par 100 kilos de matière brute. : Les détails de ce procédé chimique sont restés secrets. Nous savons seulement que les fibres de la plante furent couchées horizontalement dans de petits baquets de bois et soumises successivement à des bains chimiques de diverses compositions. Enfermées ensuite dans un cylindre de fer hermétiquement clos, elles furent exposées au pouvoir dissolvant de la vapeur à haute pression. Les fibres obtenues ainsi étaient tantôt d’un beau blanc, tantôt mélangées d’écorce et d'une couleur moins franche. Le jury, après beaucoup d’hésitation, émit un avis peu favorable au procédé chimique Rover et accorda seulement 600 francs à De Landtsheer et 400 francs à la Compagnie Américaine des Fibres de New-York et à M. Armand représenté à Paris par M. Barbier. Tels élaient, en peu de mots, les résultats obtenus à ces expériences de Paris. Ils étaient incontestablement peu encourageants et loin de répondre aux promesses et aux prétentions des inventeurs. Il est à remarquer que l’on n’a pas vu figurer à ce concours, ni le système Favier, dont on se sert en Espagne, ni la Deafh machine, de Death et Ellwood de Leicester, que l’on a essayée déjà dans plusieurs pays cultivant la Ramie. Le procédé Favier est également un secret. La fibre obtenue par ce procédé a été employée en France, mais pas en quantité suffisante pour pouvoir émettre une opinion favorable à une exploitation en grand. En tout cas, il est certain que M. Favier, qui faisait partie du jury de 1888, est un des meilleurs experts francais dans la matière. D'après son système, le seul qui ait eu quelques succès jusqu'à pré- sent, il faut sécher la Ramie avant de procéder à sa préparation, et c'est précisément pour celte raison que l'exploitation de cette plante deviendra finalement une industrie réservée plus spécialement aux colonies tropicales, où on pourra obtenir plusieurs récoltes par an et les faire sécher à mesure qu'on les travaille. Cetle considération est d'autant plus importante que la Ramie se développe et pousse surtout pendant la saison des pluies, et demande à être coupée aussitôt qu’elle est mûre, ce qui est d’ailleurs très utile pour la récolte suivante. Au mois de juin de l'année dernière, M. Maries de Durfhungah, au Bengale, envoya à Kew une série d'échantillons de fibres de Ramie ayant déjà subi un certain degré de préparation. Il avait inventé une CHRONIQUE DES COLONIES ET DES PAYS D’OUTRE-MER. 1007 machine qui fut manœuvrée par deux hommes dans les champs, et qui séparait l'écorce fibreuse du bois de la plante. Cette écorce fut ensuile travaillée par d'autres procédés et débarrassée finalement de la partie gommeuse et visqueuse. Les fibres obtenues convenaient assez bien à la filature. MM. Ide et Christie disent que ces fibres sont longues, assez bien nettoyées, et d'une valeur de 98 livres sterling la tonne anglaise de 1015 kilogr. Les particularités de la méthode trouvée par M. Maries ne sont pas connues, mais nous apprenons qu'une importante maison de Calcutta a acheté le brevet, et se prépare à mettre le procédé en pratique sur une vaste échelle. Le Times a donné dernièrement la description d'une machine in- ventée par M. John Br. Wallace, qui avait figuré à l'exposition irlan- daise. Elle porte le nom de Machine brevetée pour battre et neltoyer la Ramie, le Chanvre, etc., et quoiqu'elle ne soit pas destinée spéciale- ment au traitement de la Ramie, il paraît qu'elle netloie assez bien cette plante, et l'inventeur prétend qu'avec quelques légères modifica- tions, elle serait à même de travailler la Ramie verte aussi bien que la Ramie sèche, et de produire une fibre pure à raison de 50 kilogr. l'heure. Un moteur de la force de deux chevaux suffit pour la faire fonctionner, et il ne faut que deux hommes pour l’alimenter et la di- riger. On a fait quelques essais avec cette machine qui ont donné un assez beau résultat. L'inventeur se propose de la refaire spécialement pour la Ramie, et de la faire fonctionner à Paris. Disous encore que nous lisons dans le rapport annuel du Jardin royal botanique de Calcutta que, nonobstant les difficultés que rencontre la préparation de la Ramie, cetle plante est plus demandée que jamais. Arrivons enfin au concours qui vient d’avoir lieu à l'Exposition universelle internationale actuelle, dans la galerie des Machines, classe 54, devant de nombreux intéressés français, anglais, américains et hoïlandais. On a commencé les essais par la machine Favier pour les tiges humides. À noire avis, cette machine ne fonctionne pas d'une manière très satisfaisante. Afin d'éloigner les feuilles vertes, les tiges passent d'abord sur une sorte de peigne pour arriver une à une au cylindre. Ceci présente un grand inconvénient; lorsque les tiges sont trop épaisses, elles ne peuvent passer par le peigne. et, au cas contraire, lorsqu'elles sont trop minces, le peigne ne les débarrasse pas des feuilles. 11 faudrait donc préalablement classer les tiges suivant leur grosseur ou bien avoir des peignes de diverses dimensions. Le premier procédé demande beaucoup de temps, et pour plusieurs peignes, il n’y a pas de place parce que la machine n’est pas assez large. Quoique la machine soit enfermée dans une caisse de tôle, et par conséquent invisible, elle doit se composer d’une série de cylindres, à vitesse différente; chaque tige y entrant séparément, les rubans de chaque 4008 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. tige en sortent nécessairement de même, ce qui réclame beaucoup de main-d'œuvre pour les rassembler. Le débit est assez beau, mais il y a souvent des accrocs provenant surtout de ce que l'écorce humecte de son jus les cylindres, et les rend trop glissants. En qualre minules, la machine traitait 10,950 kilogr. de tiges à feuilles, et rendait 2,820 kilogr. de pelure verte, ce qui ferait 42,300 kilogr. l'heure. La machine Favier, pour les tiges sèches, a donné des résultats irès satisfaisants ; malheureusement le traitement des tiges sèches n'aura jamais grand intérêt. C'était l'avis de toules les personnes présentes au concours. Il est très difficile de sécher l’écorce, à plus forte raison de sécher les tiges. Après la machine Favier, vint la machine Barbier. Cette machine, dont M. de Landtsheer est l'inventeur, se compose de quatre cylindres brisoirs, deux inférieurs et deux supérieurs, derrière lesquels se trouvent deux batteurs qui séparent le bois brisé de la pelure. La machine avance et recule, ce qui occasionne une grande perte de temps. Elle décortiquait en quatre minutes 10 kilogr. de tiges sans. feuilles, el en dix minutes et dix secondes 26 kilogr. de tiges avec feuilles en donnant 2,200 kilogr. de pelure, soit environ 20 kilogr. l'heure, ce qui n’est pas beaucoup. La machine Favier donnait 2,820 kilogr. avec 10,950 kilogr. de tiges à feuilles, tandis que celle de Barbier ne donnait que 2,200 kilogr. avec 26 kilogr. de tiges à feuilles. Cette différence provient de ce que la machine Barbier perd par son recul beaucoup de fibres, qui tombent avec les déchets. Vint ensuite le tour de la machine Michotte, dont le principe est à peu près le même que celui de la machine Barbier, sauf le mouvement de recul qui n'existe pas ici. Comme chez la machine Favier, le méca- nisme était caché dans des boîtes de tôle, et faisait un bruit assourdis- sant, en donnant un rendement assez considérable, mais de qualité médiocre. Il existe encore dans la galerie des Machines, celles de Leclerc et Damuzeaux, qui n’ont pas fonctionné. A l'Esplanade des Invalides se trouvait l’ancienne machine de M. de Landtsbeer, qui s'occupe depuis des années de cetle question. Cette machine ressemble à celle de Barbier, avec cette différence, que les cylindres ne sont dentés que sur la moilié de la circonférence, de sorte que la partie dentée ou cannelée du cylindre se trouve tou- jours en face de la partie lisse de l’autre. Cette machine décortiquait en dix minutes 24 kilogrammes de tiges et donnait 6,500 kilogrammes de pelure. On ne trouvait que peu de fibres dans les déchets. La nouvelle machine de M. de Landtsheer consiste en quatre cy- lindres brisoirs et deux baiteurs, mais elle n’a pas de mouvement de recul. Contrairement aux autres machines, elle rend des rubans très CHRONIQUE DES COLONIES ET DES PAYS D'OUTRE-MER. 1009 larges ; on dirait qu’elle fend les tiges en longueur et les débarrasse avec soin de l'écorce. En traitant 46 kilogrammes de tiges à feuilles, elle donnait en six minutes 15 kilogrammes de pelure humide. Pas un seul accroc même pendant le temps qu’elle marchait après le concours. Un moteur de la force d’un cheval suffit pour la faire fonctionner. A notre avis, cette machine est la meilleure et quoiqu'elle ne soit pas parfaile, elle répond assez bien aux besoins de l’industrie. La machine de MM. Crozat, de Fleury et Moriceau se distingue des autres par des brosses rondes placées entre les cylindres qui servent probablement à nettoyer la pelure. Celle-ci n’a pas fonctionné ; nous croyons qu elle était détraquée. Voici les prix des machines qui nous ont été communiqués : De Landtsheer, ancienne 500 à 1,200 francs. — aouvelle...1# 1,800 — Michottes ss: 5. HAVE VS SN ER es 2,500 — Barbier na teeaE. LS te 1,500 — Ainsi que nous venons de le voir, la nouvelle machine de Landishecr est décidément la meilleure, et nous croyons pouvoir affirmer que parmi les autres machines qui ont pris part au concours, aucune ne Surpassait même l’ancienne machine de Landtsheer qui a élé cou- ronnée l’année dernière. Quant aux produits de l’industrie de ce textile, nous ne pouvons mieux faire que de fixer l'attention sur ceux de la Compagnie de la Ramie, dont les tissus sont superbes et comprennent depuis le linge de table jusqu'aux rideaux de guipure la plus fine et des tapis de table en peluche. Dans presque toutes les secticns coloniales à l'Exposition, on remarque des vitrines contenant des tissus de Ramie. et l’on nous informe que notre gouvernement emploie des cordages de Ramie pour les ballons de l’armée. D' II. MEYNERS D'ESTREY. III. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. Le Poney des Hébrides. — On rencontre aujourd'hui sur l'ile Barra et les deux îles d'Uist du groupe des Hébrides, une race de Poneys, susceptibles de rivaliser avec les trpes originaires des She- tland et d'Islande. Le Poney des Hébrides plus haut au garot est beaucoup micux fait. L'origine de cette race remontcrait à 1588, année où la flotte espagnole, la fameuse Armada fut détruite sur les côles anglaises. Les Chevaux embarqués à bord des navires auraient nagé jusqu'aux îles voisines où ils se seraient croisés avec les animaux amenés jadis du Danemark parles Vikings qui gouvernaient l'archipel. On retrouve, en effet, dans le Poney des Hébrides quelques-uns des caractères de la race espagnole et de la race scandinave actuelle. F8; Les Castors de l'Elbe. — Les Castors seraient encore assez nombreux sur les rives de l’Elbe, où ils ont renoncé, comme dans la Camargue française, à leurs travaux d'ingénieurs, à la construction des digues, pour vivre dans des terriers de 5 à 15 mètres de profon- deur, creusés dans les talus des rives et débouchant sous l’eau. Une galerie latérale à courte courbure, se détache ordinairement de la ga- lerie principale, et toutes deux aboutissent au donjon, chambre voûtée, garnie d'herbes sèches, dont le sol est à un niveau plus bas que celui des galeries. Quand son domicile est submergé par les crues hiver- nales, le Castor s’aménage un refuge dans une haie ou un taillis voi- sin, en disposant à 1 mètre environ au-dessus de la nappe d’eau une sorte de plate-forme faite de branches coupées. Il s’y installe alors avec ses jeunes, au nombre de deux généralement, et attend tranquil- lement que l'inondation se soit retirée. ATEN Vaches hollandaises en Italie. — On vient d'expédier en Italie cent Vaches laitières hollandaises payées de 750 à 875 francs l’une, et destinées à divers domaines de la vallée du P6. Les herbagers italiens espèrent que cette race résistera à l’ar- deur du climat, mais les journaux anglais, dans un but intéressé, peut-être, pensent que l’acclimatation des Jerseys offrirait plus de chances de réussite. Ja Le F'uret aux pieds noirs. — M. W. Hornaday a présenté un Furet aux pieds noirs vivant, Puforius nigripes, à la Société biologique de Washington, lors de sa dernière assemblée. Cette espèce étant excessivement rare, aucun échantillon vivant n’en avait encore pu être examiné par des naturalistes. Audubon la décrivit le premier, en 1852, mais d’après un individu mort, qu’il lui fut impossible de CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 1011 conserver, et on était assez enclin à admettre qu’il avait été induit en erreur. En 1874, le Muséum national des États-Unis se procura deux deépouilles de ce petit carnassier, dépouilles dont une était incom- plète, et depuis il a pu acquérir dix autres échantillons ; le D' Mer- riam en possède également dix. La plupart de ces peaux ont élé achetées dans le Kansas, où les Furets aux pieds noirs se nourrissent de Chiens des prairies, qu'ils poursuivent dans leurs galeries. (Forest and Stream.) Les Canards du Maryland. — La chasse aux Canards sur la rivière Susquehanna est renommée dans tous les États-Unis. C’est probablement la plus belle du monde. Les Canards se trouvent aussi en abondance sur d’autres tributaires du Chesapeake, dans les détroits d’'Albemarle et de Pamlico, dans la Caroline du Nord, dans la Floride, sur les tributaires du golfe du Mexique et autres cours d’eau ; mais il n’ont pas la saveur des Têtes noires et Têtes bleues qui vivent autour de l'embouchure du Susquehanna. Cette saveur est due à leur ali- mentation qui consiste en Céleri sauvage. Le Céleri agreste est très recherché parle Canard sauvage. Ce palmi- pède délaissera tout autre terrain de nourriture pour affluer au Sus- quehanna. L'eau dans laquelle croît le Céleri est douce ou légèrement saumâtre. Au-dessous de l’île Spesutia, l’eau est un peu salée, et les Canards y viennent en moins grand nombre. Ce Céleri sauvage est une herbe à longs rubans qui pousse si dru, en été, qu’elle empêche souvent les bateaux d'avancer. Elle prend racine dans la vase et sa tête effleure l’eau pendant la marée. La tête se dessèche pendant l'hiver et est emportée en masses. La racine, agréable au goût, est longue de 4 ou 5 pouces, est ce que recherche le Canard. Il plorge pour s’en emparer et ia mange avec délice. La plante dont il s’agit ressemble quel- que peu au paturin comprimé. Le caractère de la racine, constamment imprégnée du suc d'un sol fertile que lui amène l'eau douce, active sa croissance et lui donne un goût particulier. Au-dessous de Spesutia, l'herbe est moins abondante ; les Canards qui prennent leur nourriture dans l’eau salée, qui s’alimentent de poissons ou d’autres substances ne sont pas aussi bons que ceux qui font de l’eau douce leur garde- manger. (Forest and Stream.) La laine de bois dans les poulaillers. — Les Poules appelées à passer l'hiver dans un local bien clos et relativement chaud, se portent mieux et pondent beaucoup plus tôt que celles qui sont expo- sées au froid, mais la paille dont on jonche généralement les poulail- lers ne tarde pas à se réduire en fumier envahi par la vermine. La petite publication allemande : Æausfrauen Zeïlung, la gazette des ménagères, recommande, au lieu de paille, l'emploi de la laine de bois, du bois rabotté en fins copeaux, qui sert à peu près partout 1012 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. aujourd'hui pour les emballages. Une couche de 7 à 8 centimètres d'épaisseur sur le sol du poulailler, tient plus chaud qu’un lit de paille; son odeur aromatique chasse la vermine, elle se corrompt plus lentement, et le fumier presque inodore qu’on en obtient convient parfaitement aux sols argileux et compacts. FL: 15 Nouvelle migration de Syrrhaptes. — Les excursions des Syrrhaptes vers l'Occident semblent prendre un caractère régulièrement périodique. Tous avaient en effet regagné l'an dernier les steppes transcaspiennes.saufquelquesretardataires quisontdureste tombés sous le plomb des chasseurs ; or, on signale en divers points de l'Allemagne, le passage d'individus isolés qui seraient les avant-coureurs d'une nouvelle migration. D’après le Geflügel Markt on en a vu une bande de six à Môllensdorf en Axbalt dans le mois de mai; trois autres ont élé apercus le 4 août entre Müllensdorf et Worpen ; le 3 août on en a découvert à Potlow près d’Anclam, un nid récemment abandonné, qui, d’après les débris d'œufs, aurait contenu de quinze à dix-huit jeunes; enfin on en a mis en vente à plusieurs reprises, au marché de Worska, près de Tworog. À JT. Chasseur de Crocodiles et de Serpents. — La Floride est, à l'heure actuelle, le seul des Étais de l'Union où l'on puisse encore trouver des Alligators, mais la facon dont ces Sauriens sont chassés et pourchassés en amèncera certainement à bref délai la disparition complète. La profession la plus rémunératrice que put embrasser un individu dépourvu de capitaux, étant celle de chasseur de Caïmans, l’accrois- sement du nombre des chasseurs amène en effet une diminution rapide de la masse du gibier. Les Sauriens ont fui, bien entendu, les environs des lieux habités, les rivières navigables, et on parcourt maintenant des kilomètres au bord des cours d’eau sans en rencon- trer un seul, car ils se cachent à l’approche de l’homme, ou dès qu'ils aperçcoivent une embarcation. Cette chasse se pratique, dit le Weekly Transcriptor, en étudiant le terrain pendant le jour, cherchant les larges traces que les Alligators fraient dans la vase et à travers les herbes quand ils vont d’un marais à un autre; ci on vient les at- tendre au passage pendant la nuit. L'animal marchant lourdement, annonce son approche de loin, le chasseur prend ses dispositions, et quand il croit le moment favorable arrivé, dirige sur la piste le jet lumineux d'une lanterne sourde. L'Alligator ébloui, s'arrête, laissant le temps nécessaire pour lui envoyer une balle dans l’œil, la bouche ou la gorge, les trois seuls points vulnérables. La plupart des Alligators floridiens vivent maintenant confineés dans le lac Okechobee et la région marécageuse qui l’environne, en compagnie d’autres Sauriens d'espèces diverses de Serpents et d On- CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 1013 datras. Les individus qui se sont fait une profession de cette chasse, vivent sur le lac même, dans des embarcations où ils restent parfois toute une saison et gagnent ainsi de 260 à 500 francs par mois. Le prix de vente d’une dépouille de Caïman, comprenant le cuir qui sert à confectionner une foule d'articles de maroquinerie et les dents qui se montent en épingles ou autres objets de toilette, varie en effet entre # et 52 francs. Il est certains jours où les Crocodiles se tiennent cachés dans les Roseaux, les chasseurs se mellent alors en quête de Serpents dont la peau a également une certaine valeur, ou capturent des Pélicans au moyen de lignes, dont un flotteur maintient l’'hamecon amorcé sur l’eau. La pêche est assez fructueuse, les battements d'ailes des oiseaux pris au piège attirant sans éveiller leur défiance les autres Pélicans qui viennent mordre aux appâts flottants" sur l'eau. Les Serpents sont encore chassés par des spécialistes qui se consacrent exclusivement à ce sport professionnel assez rémunérateur. Une peau de Serpent à sonnette se paie en effet de 1 fr. 25 à 10 fr. 50, suivant ses dimensions ; l’appendice écailleux de la queue, qui a fait donner à ces reptiles le qualificatif sous lequel ils sont désignés, et se monte en broche, en boutons, ou en épingles, vaut de 1 fr. 25 à 5 fr. 25 ; et on extrait de leur corps une huile vendue à raison de 1 fr. 25 l’'once de 31 grammes. Un Serpent de forte taille peut fournir une once d'huile. Les chas- seurs expédient en outre des Serpents vivants aux jardins zoologiques et aux ménageries. L'année comprend deux périodes de chasse, l'une au printemps, quand les Serpents quittent les abris, où ils ont passé la mauvaise saison, l’autre vers la fin de l’automne quand ils se rassemblent en boules, en groupes comptant parfois une vingtaine d'individus, afin de mieux résister au froid. Comme nos laupiers européens, les chasseurs de Serpents sont sou- vent engagés sur les propriétés infestées de Reptiles. Outre les dé- pouilles qui leur sont abandonnées, ils recoivent généralement une rémunération mensuelle de 50 dollars, 260 francs. Les journaux américains citent un de ces individus, Isaac Davis, de North Bolton, qui en quelques années est arrivé à son 1700° Serpent à sonnelte et détruisit en trois jours, au mois d’octobre 1888, 150 de ces reptiles aux environs de Sabbath Bay Point. HE. Les Saumons de l'Orégon. — La station saumonnière de la rivière Mac Cloud (Etats-Unis) établie en 1873, qui n’avait pas fonc- tionne depuis 1882, a élé remise en activité. Les barrages deslinés à empêcher les poissons de remonter ont été placés le 14 juillet, et la masse des Saumons s'étant présentée le 25 août, l'enlèvement des œufs à immédiatement commencé. On espère obtenir de 8 à 10 millions d'œufs, dont la majeure partie servira à repeupler les affluents de l’Orégon,. 1014 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. La récolte la plus abondante 12,250,000 œufs avait été recueillie en 1878 et la plus faible 1,054,825 provenant de 287 femelles en 1882. Le repeuplement de l'Orégon s'impose, car le nombre des prises di- minue graduellement dans ce fleuve. On n'y a capturé cette annéerque 300,000 poissons et 554,055 en 1887, tandis qu'on en avait pêché 500,000 en 1886 et 929,000 en 1883. Les prix, suivant, il est vrai, une proportion inverse, ont doublé de- puis deux ans. Je Ps Une plante à miel. — D'après le journal allemand Pienen Freund, L'Ami des Abeilles, la Californie devrait sa richesse en Abeilles et par conséquent en miel, à une plante de la famille des Hydrophyl- lées, proche voisine de celle des Boraginées, la Phacelia tanacetifolia, qui y croît en abondance et dont les fleurs offrent une facile moisson aux ouvrières. On vient de faire en Allemagne une série d'expériences sur la valeur nutritive de cette plante pour l'alimentation du bétail, vu l'impossibilité d'établir des cultures à l’usage exclusif des Abeilles. La Phacélie peut se semer au printemps, à raison de 250 grammes par are en terrain ordinaire, 160 grammes en sol de bonne composi- tion. Elle lève au bout de huit à quatorze jours et fleurit six semaines plus tard, époque où elle atteint une hauteur de 60 centimètres; elle porte pendant cinq semaines environ des cimes scorpioïdes de fleurs bleues à corolle campanulée. On peut encore attendre le milieu de juin pour procéder à la semaille, la Phacélie fleurit alors en août et mûrit ses graines en septembre, ou même la semer au milieu du mois d'août et la donner en herbe au bétail pendant le mois d’oclobre et le commencement de novembre, car elle résiste bien aux premières gelées. Les bestiaux n’apprécient pas beaucoup, en effet, la plante en pleine floraison, tandis qu'ils la mangent avec plaisir, soit fraîche avant l’apparilion des fleurs, soit sèche et défleurie; ils consomment également ses racines. En supposant qu’on emploie exclusivement la Phacélie comme fourrage vert, la réserve de plantes qu’on doit laisser mûrir pour se procurer de la graine, suffirait encore largement à assu- rer la moisson des Abeilles. Ja le La culture de l'Osier en Allemagne. — La culture de l'Osier a pris une grande extension dans certaines parties de l’Alle- magne, dans la Haute-Silésie, la Prusse rhénane, la Franconie, le Palatinat, le grand-duché de Bade, en Alsace, et a permis d’obtenir des revenus assez importants avec des terrains dépourvus, autrefois, de toute valeur. Quand l’Osier peut être immédiatement utilisé, l'importance de la récolte annuelle sur un hectare varie entre 500 et 1,250 francs. La question de mise en œuvre sur les lieux mêmes de production, joue donc un rôle prépondérant dans cette circonstance, le transport de la CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 1015 malière première diminuant considérablement les bénéfices, aussi s'’occupe-t-on beaucoup en Allemagre de mullipiier les débouchés de cette cullure en introduisant l’industrie de la vannerie dans toules les localités où l’'Osier peut croître. Certaines de ces localités produisent, chaque année, pour 100 et 150,000 francs d’articles de vannerie. L'exportation de ces articles s'accroît de jour en jour ; elle se chif- frait par 3,300,000 kilog., il y a quelques années, et atteint, au- jourd'hui, 5,000,000 de kilog. Les oseraies allemandes ne peuvent, du reste, alimenter la vannerie nationale, et si dans les sept dernières années on a exporté 30,000,000 de kilog. d’Osiers non décortiqués et 13,700,000 kilog. d'Osiers décortiqués, on a importé 54,000,000 kilog. des premiers et 9,200,000 kilog. des seconcs, ce qui laisse une diffé- rence de 19,900,000 kilog. en faveur des importations. Les Osiers employés en Allemagne sont : Le Saliz amygdalina, qui s’écorce facilement et donne un bois d’un beau blanc, dur, flexible, se fendant bien, mais les rameaux latéraux que portent les tiges ne permettent pas de l’appliquer à toute espèce de travail. Le Saiix viminalis, variétés françaises, belges, anglaises et alle- mandes, qui a des rameaux longs et forts, dépourvus de nœuds, mais à texture lâche et peu élastique. Il s'applique bien aux travaux gros- siers et à l'exécution des ligatures. Le Salix purpureu, qui vaut mieux que ces deux premières espèces. Son bois est moins mou que celui du Viminalis, quoiqu'il convienne également pour les iigatures et la confection des paniers. Ses planta- tions supportent parfaitement les alternatives de chaleur et de froid, de sécheresse et d'humidité. L'Hybride purpurea + viminalis, qui pousse dans les mêmes condi- lions que le purpurea, et s'emploie de la même facon, ou après &voir été écorcé. Son élasticité est cependant inférieure à celle du pwrpurea, et les montants qu'il donne après écorcage sont peut-être moins résis - tanis. Le Salix pruinosa acutifolia, originaire des steppes voisines de la Caspienne, qui convient surtout pour les montants conslituant la car- casse des mannes et paniers. Il croît dans les terrains à la fois hu- mides et sablonneux, où ses tiges atteignent une grande hauleur, et un asscz fort diamètre. L'hybride Salix cuprea L viminalis, qui convient surtout pour le rubanage, la confection des manches et la carcasse des fortes pièces. Nous citerons encore : le Sulix purpurea pyramidalis, l'Hybride S$. purpurea + viminalis aurea, le S. amygdalina superba, le S. amygdalina populi[olia, le S. amygdalina canescens, le S. longifolia, et le S. acumi- nata, Hybride composite du populhfolia, du cuprea et du viminalis. J: P. IV. BIBLIOGRAPHIE. Manuel complet du Jardinier. Nouvelle édition ornée de nom- breuses figures, par Deschamps. Paris, Delarue, éditeur. In-8°, 584 pages, 7 fr. 50. La nouvelle édition que nous signalons à nos lecteurs est faite avec un soin qu’on ne rencontre pas toujours dans les publications de cette nature. Des planches en couleurs et des gravures noires ornent agréa- blement ce volume. Le Manuel débute par un calendrier du jardinier; mois par mois, les travaux à faire en pleine terre, sous châssis et en serres, y sont indiqués en grand détail. Puis viennent, longuement traités : la multi- plication des plantes, les différents modes de semis, les greffes, la taille, la culture sur couches, sous châssis, etc., — les plantes pota- geres, — les arbres fruiliers. Enfin, la dernière partie de l'ouvrage, de beaucoup la plus importante, renferme la nomenclature raisonnée des végétaux d'ornement ; des notes succincles accompagnent la descrip- tion de chaque espèce. C’est un beau et bon livre à recommander aux amateurs de jardins. | DAC OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. Bertherand (le D' C.). Le Celastrus edulis (Kat.). Histoire naturelle. Culture. Usage populaire. Analyse chimique. Propriétés médicales. Formules. Imprimerie P. Fontana et Cie, Alger, 1889. L'auteur. — L'Arum Îtalicum au point de vue botanique, bromatologique et médical. Imprimerie P. Fontana et Ci°, Alger, 1889. L'auteur. Bizard et Pommay. Vofe sur deux cas de Mycose de l’Autruche et sur les affections causées par les moisissures. Imprimerie Adolphe Jourdan, libraire-éditeur à Alger, 1885. Les auteurs. Lucas-Championnière (le D' Just). Statistique des opérations faites dans l’espace de deux années à l'hôpital Saint-Louis. Coccoz, libraire-éditeur, Paris, 1889. L'auteur. — Ovarilte. — Salpingite. — Adhérences. Maladies des annexes. Lymphangite. Pathogénie, Traitement. Opérations pour adhérences. Ablation unilatérale et bilatérale des annexes. Coccoz, libraire-éditeur, Paris, 1889. L'auteur. Glos {le D'). Du nauisme dans le règne végétal. Imprimerie Doula- doure-Privat, Toulouse, 1889. L'auteur, Le Gérant : JULES GRISARD. CHEPTELS DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION DE FRANCE. RÈGLEMENT ET LISTE DES ANIMAUX ET DES PLANTES QUI POURRONT ËTRE DONNES EN CHEPTEL AUX MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ EN 1890. Dans le but de multiplier plus rapidement les espèces utiles ou simplement d'ornement, la Société distribue chaque année des cheptels d'animaux et de plantes. Une commission nommée par le Conseil est chargée de la répartition de ces cheptels entre les membres qui se sont fait inscrire. _ Pour assurer le succès de ces expériences, un inspecteur spécial sera chargé, s’il y a lieu, de les suivre et d'en rendre compte à la Société. C'est en multipliant les essais dans les différentes zones de notre pays, que nous pourrons hâter les conquêtes que nous poursuivons, et la vulgarisation des espèces déjà conquises que nous voulons répandre. RÉGLEMENT. Pour obtenir des cheptels, il faut : lo Être membre de la Société. 2 Justifier qu'on est en mesure de loger et de soigner con- venablement les animaux, et de cultiver les plantes avec discernement. | Les membres auront soin d'indiquer les conditions favo- rables et les avantages particuliers qui les mettent en mesure de contribuer utilement à l’acclimatation et à la propagation des espèces dont ils demandent le dépôt. Les demandes qui ne seraient pas accompagnées de rensei- gnements suffisants ne pourraient être prises en considération par la Commission. 3° S'engager à rendre compte, deux fois par an au moins, des résultats bons ou mauvais obtenus. 20 Décembre 1889. | 66 1018 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. On devra donner tous les détails pouvant servir à l’'éduca- tion et à la multiplication des animaux à l’état domestique ou sauvage (mœurs, nourriture, reproduction, soins donnés aux jeunes, etc.; pour les oiseaux : époque de la ponte et de l’éclosion, dre de l’incubation, etc.) ; 4 S'engager à partager avec la Société les produits ob- tenus. Les conditions du partage et la durée des baux à cheptel ne sauraient être les mêmes pour toutes les espèces d’ani- maux et de plantes. Aussi chacun des engagements passés avec les chepteliers stipulera-t-il quelle sera la part de la Société dans les produits et la durée des baux. L’age auquel les jeunes devront être renvoyés à la Société sera également indiqué dans les baux. | Le baïl part du jour de la réception des animaux. 5° Si les chepteliers ne se conformaient pas aux conditions ci-dessus proposées, ou si leur négligence compromettait le succès des expériences qui leur auraient été confiées, les ani- maux ou les végétaux pourraient être retirés par la Société, sur la décision du Conseil. 6° Les membres de la Société qui solliciteront une remise de plantes ou d'animaux devront adresser leur demande par lettre à M. le Président. Ces demandes seront soumises à la Commission des chep- tels, qui statuera sur la suite qui pourrait y être donnée. fe Le port des objets envoyés par la Société à ses chepte- liers sera à la charge desdits chepteliers, ainsi que les frais de nourriture, de soins, de culture, etc. Réciproquement, le port des objets expédiés par les chep- teliers à la Société sera à la charge de la Société. Toutefois la remise en gare devra être faite franco. Les frais d'emballage resteront à la chAEE de celle des parties qui fera l'expédition. Pour le partage des produits ou le renvoi des jeunes, les frais de capture des animaux seront à la charge du chep- telier. 8 La Société se réserve le droit de faire visiter, chez les chepteliers, les animaux et les plantes remis en cheptel. 9° Les chepteliers ne pourront disposer des étalons à eux confiés ou faire des croisements sans en avoir obtenu préala- blement l'autorisation du Conseil. ANIMAUX ET PLANTES A DONNER EN CHEPTEL. 1019 10° Le Conseil pourra également autoriser les chepteliers à exposer les animaux de la Société dans les concours régio- naux Ou autres, à leurs risques et périls. 11° Le cheptelier devra employer tous les moyens en son pouvoir et prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter les croisements et assurer ainsi la pureté de la race des animaux qui lui sont confiés, la Société ne pouvant accepter comme produit que des espèces absolument pures. 12° Un même cheptelier ne pourra être détenteur de plus de deux espèces d'animaux en même temps. 13° Pour éviter les diflicultés de partage, il ne sera pas confié à un sociétaire des animaux qu’il posséderait déjà. 14° Les chepteliers pourront recevoir, en même temps que les animaux qui leur seront confiés, un programme d’obser- vations à faire, qu'ils seront tenus de remplir et d’annexer à leur compte rendu semestriel. 15° En cas de mort d’un animal confié à un membre, ce membre en informe sur-le-champ le Conseil en donnant, au- tant que possible, les détails sur les causes qui ont amené la mort. 16° Tout cheptel décomplété devra être restitué. Le cheptelier ne sera déclaré non responsable, en cas de perte des animaux à lui confiés, que s’il y a eu maladie cons- tatée ou cas de force majeure. 1% Le Conseil décide, s’il y a lieu, de la destination à don- ner aux restes des animaux morts appartenant à la Société. Nora. — Les Sociétaires qui auraient des raisons particu- lières pour s'occuper de l’acclimatation de certaines espèces non portées sur la liste insérée chaque année au Bullelin, pourront faire connaitre leurs desiderata, en les appuyant des motifs qui les engagent à persévérer dans leurs essais. 1020 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. VON mm M Ji Di ei ei bei pe bei ji Hi di ei Hi bd © © M mm ANIMAUX ET VÉGÉTAUX QUI POURRONT ÊTRE DONNÉS EN CHEPTELS EN 41890 4re SECTION. — MAMMIFÈRES. couple Agoutis du Brésil (Dasyprocta À guti). mâle et 2 femelles Chèvres naines du Sénégal (Capra depressa). couple Cervules de Reeves (Cervulus Reevesii). mâle et 2 femelles Cerfs axis (Cervus Axis). couple Kangurous de Bennett (Halmaturus Bennettii). — Lapins géants des Flandres. — — béliers gris. — — argentés. — —ttTUSSeS: 2 SECTION. — OISEAUX. couple Bernaches (grandes) du Magellan (Chlsephaga Magellanica). couple Canards de Bahama (Dafila Bahamensrs). — — de Paradis (Casarka variegata). — — de Pékin (domestiques). — — Carolins (Aix sponsa). — — mandarins (Aix galericulata). — — de Rouen (domestiques). — + id'Aylespury. == — — spinicaudes du Chili (Dafila spinicauda). — Colombes Longhups (Ocyphaps lophotes). — _ poignardées {Phlogænas cruentata). lot de 1 Coq et 2 Poules. Volailles de Houdan. = = — — de Crèvecœur. == de Dorking. — == = — nègres. couple Cygnes à cou noir (Cygnus nigricollis). — — noirs, jeunes (Cygnus atratus). — Faisans de Mongolie (Phasianus torquatus). — _ versicolores (PAasianus versicolor). _ — vénérés, nés en 1888 (Phasianus Reevesti). — — lady Ambherst, nés en 1888 (Thaumalea Amherstie). — de Swinhoë, nés en 1888 (Euplocomus Swinhoei). — — de Wallich (Phasianus Wallichii}. ANIMAUX ET PLANTES A DONNER EN CHEPTEL. 1021 1 couple Oies de l’Inde (Anser Indicus). 1 — — de Toulouse (domestiques). 1 — — de Guinée (Anser cygnoides). 1 — — de Siam (Anser cygnoides, var.). 1 — Perruches à front pourpre (Cyanoramphus Nove-Zelandie). 1 — — calopsiltes (Calopsilta Nove-Hollandie), 2 — — ondulées (Melopsiltacus undulatus). L — — omnicolores (Platycercus eximius\. LL. — — de Pennant (Platycercus Pennanti). 1 — Pigeons romains, bleus. 1. — — — fauves. D — == rouges. 1 — — Hirondelles. : —- — Montauban, blancs. 7 — — queue de paon. A — 15 Salins: 3° SECTION. — POISSONS, CRUSTACÉS, etc. Axolotis du Mexique. | Œufs et alevins de Truite. Œufs et alevins de Saumon. 4° SECTION. — INSECTES. Vers à soie de l’Aïlante. Vers à soie du Chêne de Chine. — du Müûrier. — — du Japon. Vers à soie des Etats-Unis et de l'Inde. 5 SECTION. — VÉGÉTAUX. Pomme de terre Joseph Rigault (potager) et Instilut de Beauvais (grande culture), Chou non pareil, Moutarde tubéreuse, Séachys tuberi- fera, Carotte rouge demi-courte de Guérande, Melon vert grimpant à rames, Laitue frisée de Californie, Merveille des quatre saisons et Romaine ballon, Haricot flageolet Merveille de France, Glaciale, Té- tragone, Pois Téléphone, Radis rose d'hiver de Chine, Eleagnus edulis (longipes), Citrus triptera, Bambous, Eucalyptus, Ortie de Chine, Dios- pyros kaki, etc., elc. I. TRAVAUX INÉDITS ADRESSÉS A LA SOCIÉTÉ. LA CHÉVRE D’ANGOBA EN DEHORS DE SON HABITAT NATUREL Par M. AMÉDÉE BERTHOULE, Secrétaire général de la Société. Sur les plateaux élevés de l’Anatolie, à de longues journées de marche de la mer, dans une contrée montagneuse, à demi sauvage, l’indigène pasteur élevait avec des soins jaloux un animal dont il savait tout le prix ; ses poètes chantaïent les richesses de sa toison « longue et épaisse comme la chevelure de la bien-aimée, plus fine que soye et plus blanche que neige ». Les guerriers veillaient à la garde des troupeaux qui, pendant des siècles, furent sévèrement cantonnés dans cette région, sans qu'aucun individu vivant en franchit jamais les limites, du moins jusque vers le milieu du xvrr* siècle, époque à la- quelle fut faite une première tentative d'importation en Eu- rope, qui, d’ailleurs, resta sans résultats : « Les Francs ont réussi à transporter quelques couples de Chèvres d’Angora dans leur pays, écrivait à ce propos Evliya-Effendi, mais, Dieu en soit loué, elles dégénérèrent promptement ; alors ils tentèrent de travailler chez eux leur laine, sans y réussir davantage. » Ces essais furent renouvelés avec plus de succès tout d’a- bord, mais sans laisser de longues traces, faute de persévé- rance et d'esprit de suite, il y a une centaine d'années, en Tos- cane par le marquis de Ginori, qui, cependant, avait poussé la prévoyance jusqu'à attacher à son service toute une famille turque, habile dans la pratique de l'élevage de ces animaux et du tissage de leur fourrure ; en France, par M. de la Tour- d’Aigues, président de la Société royale d'agriculture, et à la ferme royale de Rambouillet. Enfin, vers 1830, le roi Ferdinand VII réussit à acquérir un troupeau assez nombreux, qui fut placé au Pardo et dans les montagnes de l'Escurial. Peu d'années plus tard, ce trou- LA CHÈVRE D’ANGORA. 1023 peau avait triplé de nombre; mais, d’après les rapports qui relatent son heureuse multiplication, une partie seulement des individus qui le composaient avaient conservé la toison blanche ; d’où il faudrait conclure qu'on ne s'était pas appli- qué à conserver la pureté primitive de la race qui, du reste, parait avoir aujourd’hui disparu. L’acquisition de cette précieuse espèce ne pouvait manquer de préoccuper notre Société ; aussi bien, dès son origine, dès les premiers jours de son existence, peut-on dire, aborda- t-elle résolument cette entreprise. Plusieurs de ses membres, Geoffroy Saint-Hilaire, M. Sacc, M. Ramon de la Sagra, le général Daumas, tous profondément dévoués à son œuvre, en étudièrent les avantages et présentèrent des rapports qui ne laissaient place à aucune hésitation. La Chèvre d’Angora porte une toison dont elle se dépouille chaque année au printemps, et qui ne pèse pas moins de 5 à 700 grammes chez la femelle de 1,000 à 1,200 chez le mâle, parfois même davantage. « Elle est littéralement bardée de soie, écrivait de son côté, M. Lapommeray, ou, pour donner une expression plus saisissante, elle a l’air de sortir d’un manchon fait de duvet de Cygne, la tête et l'extrémité des quatre membres étant seuls visibles. » Les filés de ce poil donnent environ 25,000 mètres de fil par livre anglaise (453 grammes), et valent sur nos marchés de Roubaix et d’A- miens 8, 10 et jusqu’à 20 francs le kilo, suivant leur pureté et le numéro du fil. On peut juger par là de la valeur de la fourrure elle-même. Cette race ne se distingue pas seulement par le luxe exté- rieur de son costume, mais aussi par les qualités de sa chair, incomparablement supérieure à celle de notre Chèvre indi- gène, égale, sinon supérieure, à celle du Mouton ; très mé- diocre laitière, il faut le reconnaître, malgré quelques asser- tions contraires, elle compense en partie cette infériorité par une humeur douce et peu capricieuse, qui la rend d’une garde facile, et, par suite, moins dangereuse pour les cultures. Ces premières qualités ne suffisent-elles pas, au demeurant, pour la mettre hors de pair, et lui mériter une large place entre ces deux autres espèces domestiques, dont elle réunit à elle seule tous les mérites ? L'expérience, aussitôt résolue, fut entreprise avec toute l'ampleur nécessaire pour en assurer le succès. Dès la fin de 1024 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. l’année 1854, la Société recevait un premier convoi de 15 ani- maux, choïsis parmi les plus purs, et offerts gracieusement par l’émir Abd-el-Kader, retiré en Asie-Mineure ; quelques mois plus tard, il lui en arrivait un second, composé de 75 indi- vidus, achetés de ses deniers, par l’obligeante entremise du consul de France à Brousse, M. le baron Rousseau. Ce magnifique troupeau de-près de 100 têtes, fut divisé en plu- sieurs lots, confiés à des éleveurs distingués et répartis sur différents points du territoire, dans les montagnes du Dau- phiné et de l'Auvergne, dans le Jura, dans les Vosges, en Provence et en Algérie. Quelques sujets furent offets à S. M. le roi de Wurtemberg, d’autres au baron Anca, grand pro- priétaire en Italie. De nombreux rapports, consignés dans nos annales, vin- rent, dès lors, confirmer de point en point tout ce que la re- nommée avait dit de ce précieux animal. « L'aspect des Chèvres a quelque chose de féerique, écrivait M. Sacc; elles sont bien une des plus gracieuses, une des plus rte productions de la nature. » Les échantillons de toisons, en- voyées à la Société par les chepteliers, pesaient jusqu'à 1,200 grammes, l’une même : atteignit le poids de 1,588 grammes. — Un maitre en l’art culinaire, M. Chevet, appelé à se pro- noncer sur les qualités gastronomiques de sa chair, formulait ainsi son jugement : « Toutes les parties de l’animal ont été essayées sans préparation spéciale, et quatorze de nos con- frères ont pu se convaincre comme moi que la chair de la Chèvre d’Angora est très bonne à manger, et que, dans les conditions ordinaires, elle doit être au moins égale à la meil- leure qualité du mouton. » Ajoutons que le poids brut de l’a- nimal est sensiblement plus élevé, en moyenne, dans cette espèce. D'Algérie, on témoignait de la situation très satisfaisante du troupeau. « Les bêtes paissent toute la journée, tantôt dans les champs, tantôt dans les broussailles ; elles sont très “ustiques, moins délicates et moins susceptibles sous le rap- port de la nourriture que la Chèvre ordinaire ; elles tondent l'herbe des prés et broutent à toutes les broussailles..... la plupart des femelles sont pleines. » En 1858, soit Pe is années, le troupeau de 10 têtes, confié par la Société à un colon algérien, M. Fruitié, propriétaire à Chéraga, comptait 18 mâles et 29 femelles ; ce qui permettait à bon droit à La Chèvre d'Angora. 1026 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. celui-ci de conclure « que rien ne paraissait devoir contr'a- rier la propagation de la Chèvre d’Angora dans notre colo- nie ». M. Bernis, vétérinaire principal de l’armée d'Afrique, se prononcait dans le même sens, dans un long rapport adressé par lui au maréchal Randon, gouverneur général de l'Algérie (1). Il n’est pas sans intérêt de rapporter, d’après les mêmes té- moignages, qu'à ce même moment la race avait conservé toute sa pureté, le poil s'était maintenu aussi blanc, aussi fin, aussi long et aussi soyeux qu’en Asie « sans qu'on eût encore ob- servé aucune dégénérescence ». La tonte de 1856 produisit, pour trente toisons de race pure, 23 kil. 250. Dans un de ces discours si remarquables, qu'ont eu la bonne fortune d'entendre nos anciens, et qui font époque dans nos annales, notre éminent et vénéré vice-président, M. de Qua- trefages, affirmait hautement la légitimité des espérances que pouvait concevoir la Société d’Acclimatation sur le succès définitif de son entreprise, si chacun soutenait ses efforts : « Ces enfants de notre sol auront-ils des descendants ? Nous pouvons hardiment affirmer que oui... et si l'ennemi se montre, si nous voyons la laine de nos Chèvres perdre quelque peu de ses qualités, combattons avec toutes les armes que la science met à notre disposition. Ayons recours tantôt à la multiplication de la race pure, tantôt au croisement ; varions le régime alimentaire et l'habitat, faisons passer nos bêtes de l’étable au grand aïr ; utilisons jusqu'aux rigueurs de l'hiver et aux chaleurs de l'été, et certainement, plus heureux que Colbert, nous ne serons pas condamnés à attendre qu'un autre Daubenton vienne dans un siècle acclimater cette Chèvre-mérinos (2). » En 1859, une bergerie modèle ayant été créée par l'Etat, à Ben-Chicao, le troupeau y fut placé et confié aux soins de notre collègue M. Durand, ancien vétérinaire du corps d'occupation, et dès lors il devint l’objet d’une surveillance constante et d'observations précises. Dix ans plus tard, il comptait 123 têtes, indépendamment de 121 animaux vendus et d'une cinquantaine d’étalons mis à la disposition des éleveurs, et l'honorable directeur de la ferme pouvait ainsi formuler son avis à son sujet : (1) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. XL VI, p. 1063. (2) Bull. de la Soc. d’Accl., IV, Lret suiv. LA CHÈVRE D’ANGORA. 1027 « L’acclimatation de ces animaux, en Algérie, ne laisse plus aucun doute; ils y vivent et y prospèrent tout aussi facile- ment que les bêtes indigènes, et nous pouvons affirmer qu'ils n'ont perdu aucune de leurs belles qualités, depuis leur im- portation. L'épaisseur de leur toison et l'éclat de sa blan- cheur leur procurent le double avantage de supporter, beaucoup mieux que les Chèvres indigènes, et les intempéries de l'hiver, et les rayons brülants du soleil d'été (1). » L’expé- rience était donc absolument précise et concluante; elle avait, en outre, fait ressortir, avec la dernière évidence, l'énorme supériorité de la nouvelle espèce sur celle du pays, au double point de vue de la qualité de sa chair, et du prix de sa four- rure. Vers la même époque, et avec un égal entrain, mais avec une fortune bien différente, en définitive, la colonie du Cap, mise en éveil, on peut le croire, et stimulée par nos travaux, entreprenait de son côté la même conquête. Le récit nous en a été fait par M. Delage, chancelier gérant du Consulat de France au Cap, dans une longue et intéressante lettre dont nous nous faisons un devoir de rapporter intégralement les termes : « Monsieur le Secrétaire général, » Au commencement de ce siècle les fermiers de l'Afrique australe possédaient un grand nombre de Chèvres d’une race fort ordinaire, dont la chair servait quelquefois de nourriture aux travailleurs de couleur ; le bénéfice résultant de cet élevage consistait principalement dans les peaux qui se ven- daïent facilement à un prix rémunérateur ; les poils mêmes ne représentaient aucune valeur sérieuse, à cause deleur qualité inférieure et de leur peu de longueur. Quelques-uns de ces animaux atteignaient parfois une très forte taille et résis- taient parfaitement à la fatigue. » ]l n'était jamais venu à l’idée d’un colon africain de faire des essais sérieux pour améliorer cette race, lorsqu'un officier de l’armée anglaise des Indes, qui était venu passer au Cap quelques mois en congé, fut frappé du grand nombre de Chè- vres communes qu’on rencontrait sur toute l'étendue de cette colonie ; son séjour aux Indes et en Orient lui ayant permis de constater les progrès qu'on pourrait réaliser en croisant (1) Lettre à M. Geoffroy Saint-Hilaire, Bull, de la Soc. d’'Accl., 1870, p. 337. 1028 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. les races, il se décida à tenter l'expérience ici, et c'est dans ce but que, dès son retour à Bombay, il essaya par tous les moyens possibles de se procurer des « Boucs » de race pure provenant de l’Asie-Mineure, Malheureusement, les lois du pays producteur prohibaient rigoureusement l'exportation de tous les animaux appartenant à l'espèce ovine, et ce ne fut que grâce à certains stratagèmes de contrebande, assez dangereux d’ailleurs, qu’il parvint à se procurer cinq mâles d’une très grande beauté, qu’il expédia immédiatement au Cap; mais on raconte que, sur ces cinq « Boucs », quatre avaient été ré- duits à l’état d'impuissance, par suite d’une opération cachée qui avait été pratiquée au moyen d’un fer rouge au travers des parties sexuelles. Toutefois, l’un d'eux, opéré imparfaite- ment, parvint à former le noyau de la race Angora que possède maintenant l'Afrique australe. Ce premier essai eut lieu dans le district de Calédon, situé à proximité de la ville du Cap, et peu à peu ses effets se firent sentir dans cette partie de la colonie ; en 1857, le D' White, ancien trésorier général du gouvernement, importa directement trois Boucs et dix Chè- vres de race pure à un prix fort élevé ; il se fixa à Swellen- dam (district situé à environ 120 milles de Cape-Town), et conserva les descendants de ces animaux avec un soin relil- gieux ; mais, sa ferme étant mal adaptée à l'élevage des Chèvres, il dut abandonner l'agriculture et vendre sa pro- priété. Un des acquéreurs de ce troupeau, nommé Siervogel, transporta trente-cinq Chèvres et deux Boucs à « Graaïf- Reinet », et introduisit ainsi dans la province de l'Est les « Angora-Goats » telles qu’elles sont connues aujourd’hui, et c'est surtout dans cette partie de l'Afrique australe que cette race donne les meilleurs résultats. » Il y à environ vingt-cinq ans, MM. Mosenthal frères, de Port-Elizabeth, firent à leur tour venir d’Asie-Mineure un chargement qui se vendit en laissant de grands bénéfices mais ces animaux étaient loin d’être aussi beaux que ceux importés antérieurement. Depuis lors, les arrivages ont été fort rares, et il n’est pas à ma connaissance qu'il y ait eu de récentes importations. » Le climat du Cap de Bonne-Espérance semble parfaite- ment adapté à l'élevage et au développement des Chèvres. Angora, une chaleur tropicale ne se faisant jamais sentir, et les froids intenses étant très rares, même sur les hauts pla- s'en nr LA CHÈVRE D’ANGORA. 1029 teaux ; c'est surtout dans les districts de « Somerset East », « Bedford », « Cradock » et « Graaff-Reïinet » que ces ani- maux arrivent à la plus grande perfection comme taille et force ; les poils d’Angora provenant de cette partie de la colonie sont d’une meilleure qualité. On peut attribuer ce résultat aux plantes dont se nourrissent ces Chèvres, ainsi qu'aux broussailles frutescentes qui croissent dans ces ré- gions. » La Chèvre préfère aux pacages herbacés les petites plantes aromatiques sub-frutescentes ; en premier lieu vient le Pentzia virgata Less.,le « Bon Karoo » (good Karoo), puis l'Adenachæna parvifolia D.C. dont les qualités sont égales à la première espèce, mais que l’on rencontre moins souvent, et qui, de plus, est une plante à peu près solitaire. Le Diplo- pappus filifotius D. C. est d’une utilité considérable en tant que changement de nourriture, et aussi comme pis-aller, alors que le päturage devient rare ou est épuisé, mais il donne à la viande un goût et une odeur intolérables de camomille. » Ce sont là les plantes que la Chèvre recherche avec avi- dité, et qu’elle préfère au « Speck-Boom » (Portulacaria Afra JACQ.), à moins que la sécheresse ne soit grande, car alors le Portulacaria apaise à la fois et la faim et la soif, et le Mesembrianthemum floribunduimn HaAw. rend le même ser- vice. » Beaucoup d’autres espèces de plantes sub-herbacées de croissance annuelle ou bisannuelle, telles que Aizoon, Glinus, Moliugo, Hypertelis, et aussi quelques Mesembrianthemum sont d’un grand secours pour l’éleveur, mais surtout quand elles viennent de surgir de terre après le commencement des pluies, car un peu plus tard elles se couvrent d’épines. » L'élevage de Chèvres Angora de haute valeur présente cependant beaucoup de difficultés là où les plantes frutes- centes deviennent si vite des plantes épineuses ; de nom- breuses espèces d'asperges et surtout l’Asparagus stipu- laceus LaAM. sont ici de redoutables ennemis pour l’éleveur. » Cette race de Chèvres réussit moins bien dans les plaines produisant des plantes douces (Swet grass veldt), mais les terrains salés (Salt grass veldt) sont encore pires; les fermiers de l’Afrique australe ont, de plus, constaté que, dans les en- droits humides et sur les bords de la mer, les résultats obtenus étaient loin d’être avantageux. 1030 , REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. » Depuis la première introduction dans cette colonie des Angora, il ne s’est déclaré aucune maladie sérieuse ayant un caractère spécial à signaler. L’épizootie sévissant sur les Moutons a pu faire quelques ravages sur les Chèvres, mais les pertes ont été insignifiantes. » En ce qui concerne le nombre de ces animaux, il est im- possible de pouvoir donner un chiffre exact, non seulement à cause des croisements de races, mais aussi en raison de la vaste étendue de terrain sur laquelle ils sont répartis; on m'assure, toutefois, qu'il doit exister dans l'Afrique du Sud environ deux millions de Chèvres Angora de race plus ou moins pure, et on calcule généralement qu’un Bouc est suffi- sant pour féconder soixante-quinze et même cent femelles. » La valeur de ces animaux varie suivant la qualité; au début, les premiers importateurs obtenaient pour les jeunes Boucs nés dans le pays, jusqu'à £ 50, actuellement ils trou- vent difficilement preneurs à £ 15 et £ 25; ceux de sang mélangé réalisent seulement entre £3 et £4. Il serait peut- être bon d'ajouter que le premier croisement donne un pauvre résultat ; mais Si on à soin d'introduire chaque année dans un troupeau un mâle de bonne qualité, à la troisième génération on arrive à obtenir des poils de 5 et même 8 pouces de lon- gueur. » On distingue ceux de race pure de ceux de race mélangée par le fait que, si on ne coupe pas les poils annuellement sur les uns, ils restent attachés à la bête, tandis que les autres perdent tous leurs poils, qui tombent naturellement, et lais- sent pour ainsi dire l’animal à nu. » Une belle Chèvre de race pure, âgée de deux ans, pèse généralement entre 40 et 50 livres anglaises, mais les mâles qui ont subi la castration atteignent souvent 55 et 65 livres ; leur prix pour la boucherie n’est pas plus élevé que pour les Chèvres ordinaires du Cap, bien que leur viande soit de beau- coup préférable; si, autrefois, les propriétaires obtenaient 25 shillings pièce pour leurs animaux, aujourd'hui les prix sont réduits au moins de moitié. » Le poids des toisons varie sensiblement suivant la pureté de la race: il est généralement de 2 1/2 ou 4 livres, mais on en trouve pesant bien davantage ; la valeur est de beaucoup inférieure à ce qu'elle était autrefois ; il y a dix ans on obte- nait de 12 à 301 par livre. Aujourd’hui, les prix réalisés sur LA CHÈVRE D’ANGORA. 1031 le marché de Londres sont de ‘4 1/2 et quelquefois 12% par livre (1). » Le Royaume-Uni est le seul point sur lequel se font des expéditions de poils d’Angora, Londres servant pour ainsi dire d’entrepôt général au monde entier en ce qui concerne la part produite par cette colonie. » Port-Elizabeth est le port principal d'exportation, 9/10 environ des poils d’Angora provenant de l'Afrique australe étant chargés dans la capitale de la province de l'Est, « East- London » vient en second, et enfin « Cape-Town ». Pendant que le colon anglais de l'Afrique australe menait si brillamment à bien la naturalisation de la Chèvre d’'Angora, le zèle de la première heure, comme il n’arrive que trop sou- vent, il en faut bien convenir, se refroidissait peu à peu chez nous, et s’éteignait bientôt complètement. Notre Société avait pris vaillamment l'initiative de cette acquisition précieuse, elle y avait, sans compter, sacrifié ses ressources ; là s’arrétait son rôle. C'était désormais à l’entreprise privée, pour laquelle on devait compter sur le puissant appui de l'État, qu'il appar- tenait de poursuivre une œuvre à laquelle elle avait imprimé un élan généreux. Quel n’en était pas l'intérêt, et combien ne faut-il pas regretter l'indifférence et l’oubli où nous l’avons vu tomber? Les résultats économiques si remarquables ob- tenus au Cap laissent-ils un doute à cet égard ? La cause de la Chèvre en général a été tout récemment plaidée dans ce même Bulletin, avec autant de chaleur que d'autorité, par M. Pion (2), il serait oiseux d’y revenir. Nous n’hésitons même pas à convenir que notre race indigène, recommandable avant tout par ses qualités de nourrice ré- fractaire à la tuberculose, et qui, pour cela seul, mériterait une place d'honneur dans nos concours, n’a point à céder le pas à la race étrangère ; mais nos territoires de parcours ne sont-ils pas assez vastes pour que l’une et l’autre puissent s'y ébattre à l’aise, chacune contribuant pour sa part, l’une par son lait, l’autre par sa chaude fourrure, à accroître le bien-être de l’homme ? Si, cependant, les conditions écono- miques de la culture en France, et les effets de la formidable (1) D’après le dernier numéro du Bradford observer, le prix des Mohairs a flotté entre 12 et 14 d. en 1888, il s'était élevé au-dessus de 22 d. en 1884. (2) Voy. E. Pion, Utilité de la Chèvre. (Rev. Sc. nat., 1886, p. 180, 234 et 329.) 1032 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. concurrence créée par l'élevage sur des continents lointains où l’espace n'est pas compté, qui ont amené, par exemple, un avilissement des deux tiers dans la valeur de la laine indigène, pouvaient réellement constituer un obstacle à la propagation de la Chèvre d’Angora sur le sol même de la mère-patrie, il semble, du moins, que l'Algérie dût lui appartenir sans con- teste, de préférence à la Chèvre arabe qui n’est guère meilleure laitière, et au Mouton kabyle dont la laine est sans valeur. D’après une chronique très étudiée publiée dans l'Algérie agricole (1), on compte actuellement près de 11 millions de Moutons et 4,800,000 Chèvres, répandus sur le territoire de la colonie, ce qui, pour une population totale de moins de 4 millions d'habitants, représente trois Moutons et plus d’une Chèvre par habitant, et près d’un hectare et demi par tête de petit bétail. Or, la Chèvre indigène est reconnue pour une très pauvre laitière, sa chair est mauvaise, et sa dépouille n'a guère d'autre emploi que pour la fabrication des outres. Quant au Mouton, il donne une toison de médiocre valeur. La laine arabe est généralement courte, souvent demi-longue, rarement longue; les laines kabyles ont, lisons-nous dans le même article, un brin dur et grossier, droit et raide; leur élasticité est nulle, la mèche en est à peine formée et dans la partie la plus rapprochée de la peau seulement, de sorte que les animaux qui en sont couverts semblent revêtus d’une toison de poils de Chèvre. | Dans de telles conditions, la pacifique invasion du pays par la race caprine de l’Asie-Mineure ne devait, semble-t-il, être entravée que par la résistance des indigènes pasteurs, rebelles en principe aux progrès de la civilisation, ou bien par des difficultés climatériques ; mais l'expérience des temps prouve surabondamment que ces obstacles étaient ai- sément franchissables. Les Romains n’avaient-ils pas triom- phé de l’apathie naturelle de l’Arabe, et peuplé la région de leurs races à laine fine, dont les traces subsistent encore, et n'est-ce pas là une des causes qui portèrent leur colonisation à un si haut degré de prospérité ? Quant à l'aptitude de la Chèvre d'Angora à se naturaliser soit dans le Sahel, soit sur les plateaux du Tell, n'est-elle pas démontrée par les faits (1) L'Algérie agricole, 1er-15 oct. 89. LA CHÈVRE D’ANGORA. 1033 _ mêmes rapportés dans cette note? Le sang s'était si bien conservé, qu'à diverses reprises, et jusque vers 1870, plu- sieurs grands éleveurs du Cap, — nous pouvons citer en- tr'autres M. Julius de Mosenthal, — sont venus en France nous acheter des étalons pour maintenir la pureté de leurs propres troupeaux (1)}.Et pourtant, la descendance du troupeau importé en 1855 est-elle bien près de s'éteindre; il n’en reste plus guère, en effet, à notre connaissance, du moins, que quelques individus parqués aux environs de Bône, et sur les- quels, encore, n’avons-nous pu réussir à nous procurer au- cuns renseignements précis. Quant au troupeau de la Bergerie nationale, il était encore de 64 bêtes, en 1885; mais, d’après M. Durand, il aurait été relégué dans une région où son développement deviendrait impossible, ou à peu près (2). L’Administration tient la Chèvre pour un animal si nuisible qu’elle ne se prête pas volontiers à en favoriser la propagation. Quoi qu’on fasse, pourtant, on ne réussira pas à la proscrire en pays arabe; pourquoi donc ne pas essayer de substituer à la race indigène, si médiocre à tous égards, une race de la valeur de celle dont il est ici question ? L'industrie française emploie chaque année plus de 100 mil- lions de kilogrammes de laine, dont un cinquième, seule- ment, est produit sur notre sol. L'Australie et la Plata nous en fournissent pour 300 millions de francs. En l’état actuel de l’agriculture, notre propre production ne saurait nous affranchir de ce lourd tribut; mais, en ce qui concerne le Mohair, il semblait que notre industrie dût secouer le joug anglais, et arriver à se suffire avec les ressources que lui aurait fournies notre colonie d'Afrique. C’eüt été un résultat important, car nos fabriques de tissage de Roubaix et d'Amiens consomment des quantités considérables de filés de poils d’Angora, pour la fabrication des velours dits d'Utrecht, qui joignent l'éclat des tissus de soie à la fermeté des tissus de laine, et sont reconnus à peu près inusables. Les filés des poils d’Angora d'Asie Mineure parurent, pour la première fois, à l'Exposition universelle de Londres, en 1851, sous le nom de Mohair; depuis lors, leur commerce a (1) Les sujets fournis à M. de Mosenthal par le Jardin Zoologique du Bois de Boulogne descendaient de ceux importés dix années plus tôt par la Société, (2) Conf. Bull. de la Soc. d’Accl., 1880, p. 120, et 1887, p. 380. 20 Décembre 1889. 67 1034 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. étémonopolisé exclusivement par l'Angleterre, sur le marché de Bradford. On jugera de son importance par le relevé statis- tique suivant de l'importation des dernières années, dont nous devons la communication à l’obligeance de la maïson John Foster and son, l’une des plus considérables de cette place : TUuRKEY-MOHAIR. BALES. LBS. LRSSÉERE - 53.964 at 180 Ibs. per bale 9.713.520 SES... 39.634 — — 7.134.120 PSS. 2e 53.402 — —— 9.612.360 LÉ EASe 36.827 == _ 6.628.860 lSSC-TEE 56.237 == <— 110: 122/660 LS TE 32.741. = = 9.893.380 1888252004 50.000 — = 9.000.000 _CAPE-MOoHAïR. BALES. LBS. 1882...... 10.122 at 440 lbs. per bale 4.453.680 1865.12 10.555 = — 4.644.200 OS EE A D — — 4.889.280 lS29.:e5 11.285 = — 4.965.400 lSSON PE. 13.767 = — 6.057.480 1SS rare 14.824 — _ 6.522.560 1688... R0 25.000 = — .} T1:000 000 Ce tableau ne fait pas seulement ressortir la place prise par ce produit dans la consommation, mais aussi le déve- loppement rapide et sans cesse grandissant de la production du Cap, qui, bien que née d'hier, en est arrivée, en 1888, après trente années d'élevage, à dépasser, de plus des deux dixièmes, celle du pays d’origine, et par-dessus tout l’im- mense intérêt qui s'attachait, en réalité, à la conquête que notre Société avait entreprise. L'éloquence des chiffres est irrésistible ; quelle autre pourrait mieux nous convaincre du grand rôle économique de l’acclimatation, et nous faire plus vivement regretter de le voir trop souvent méconnu en France ! LA PISCICULTURE AU CANADA Par M. C. RAVERET-WATTEL. Le Ministère de la Marine et des Pécheries à Ottawa vient de publier le rapport sur les opérations de rempoissonne- ment effectuées pendant l’année 1888, sous la direction de M. Samuel Wilmot, surintendant de la pisciculture. Ce docu- ment fournit d’'intéressants détails sur le développement considérable donné à l'industrie aquicole dans le Dominion, qui possède aujourd'hui douze établissements de pisciculture ou laboratoires d’éclosion {hatcheries), entretenus aux frais de l'Etat, savoir : Un dans la Colombie britannique : celui de Fraser River ; deux dans la Nouvelle-Ecosse, à Sidney et à Bedford; un dans l'ile du Prince-Edouard, sur la Dunk- River ; deux dans le Nouveau-Brunswick : ceux de Saint- John-River et de la Miramichi; quatre dans la province de Québec : Ristigouche, Gaspé, Tadouzac et Magog ; enfin, deux dans la province d’Ontario : Newcastle et Sandwich. Bien que plusieurs de ces établissements soient très impor- tants et fournissent, chaque année, des quantités considé- rables d’alevins, le budget annuel de l’ensemble du service piscicole ne s'élève qu’à 35,000 dollars (125,000 francs) envi- ron. En 1888, le nombre des alevins produits, — apparte- nant principalement à la famille des Salmonides, — s’est élevé à 88,109,000, ce qui fait ressortir le prix de revient du mil- lier d'alevins à moins de 1 fr. 50. Ces chiffres montrent dans quelles conditions économiques le service est organisé. Aussi, dans une conférence faite à Londres, à l’occasion de l'Expo- sition internationale des Pêches, M. le professeur Brown Goode, de la Commission fédérale des Pécheries des Etats- Unis, signalait-il le département de la Marine et des Pêche-- ries du Canada comme présentant une organisation des plus remarquables et possédant « un service de statistique dont le » système mériterait d'être étudié avec beaucoup de soin » par d’autres pays ». « ILest admirable, ajoutait-il, de voir » quels progrès ont été réalisés depuis quelques années, spé- » cialement sous la direction de M. Samuel Wilmot, qui a » été un des pionniers de la pisciculture en Amérique. » 1036 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Depuis 1873, époque de l’organisation définitive du service de la pisciculture, il n’a pas été versé dans les rivières du Canada moins de six cent trente-six millions huit cent qua- rante-quatre mille alevins. Le contingent de l’année 1888 s’est réparti ainsi qu'il suit : | | Saumon de l'Atlantique (Salmo salur)........ 8.156.000 alevins. Saumon du Pacifique (S. quinnat et Saw-quai). 5.807.000 — Truite des grands lacs (S. Namaycush)...... 71.820.000 — S'AUMO JON". . 5 LE RSI LRO EEEN 176.000 — Perche dorée (Zucioperca).................. 25.000.009 — Black-Bass (Grystes salmoides).............. 1.000.000 — Whitefñish (Coregonus alus).i te. uit 0, 2e 40.650.000 — 88.109.000 alevins. Quant au nombre d'œufs mis en incubation, il était de 98,214,000. Le déchet a donc été seulement de 10,214,000, soit à peine plus d’un pour cent. Le versement dans les lacs et les rivières de pareilles quan- tités d’alevins représente un travail considérable, toujours assez difficile, parfois même dangereux, à cause de la nature et de la configuration du pays où l’on doit opérer. Après de longs trajets en chemin de fer, il faut encore souvent fran- chir de grandes distances par des routes à peine tracées; fréquemment s'ouvrir à la hache un chemin à travers les fo- rêts, ou remonter, dans de frêles esquifs, des rivières torren- tueuses grossies par la fonte des neiges. Telles sont les voies par lesquelles il faut gagner, à plus de 100 kilomètres peut- être au-delà de tout pays habité, les têtes des cours d’eau où doivent être versés les alevins. Et cependant, malgré ces difticultés de toute nature, les pertes pendant le transport ne sont jamais bien considérables, grâce aux précautions prises, ainsi qu'à l'expérience et au dévouement du personnel em- ployé. Aussi, malgré une pêche des plus actives, parfois même abusive, malgré les défrichements qui modifient le régime des eaux d’une façon défavorable au point de vue de la multipli- cation du poisson, malgré de nombreux barrages trop souvent encore dépourvus d'échelles à Saumons fonctionnant d'une manière vraiment satisfaisante, presque partout, le poisson se montre abondant; des rivières, où la pêche avait presque été ruinée, ont retrouvé leur richesse primitive, et la valeur ii de. LA PISCICULTURE AU CANADA. 1037 des produits obtenus présente, par rapport aux dépenses faites pour le rempoissonnement, un bénéfice considérable pour le pays, ainsi que le font ressortir d’ailleurs les quelques exemples ci-après : Dans les cours d’eau de la Nouvelle-Ecosse, le rendement de la pêche du Saumon avait baissé de 12,5 0/0 environ dans la période de 18% à 1879, par rapport à la période 1870-1874; Mais les effets des travaux d'empoissonnement, inaugurés en 1876, commencèrent à se faire sentir en 1881. Dès 1882, l'augmentation constatée était déjà de 150,000 kilos de Sau- mons. En 1887, elle atteignait 1,000,000 de kilos, représen- tant une valeur de 2,000,000 francs, alors que le chiffre de la dépense faite pour les travaux d’empoissonnement n'a pas dépassé 16,000 dollars (80,000 francs). Dans River Philip et Wallace River (comté de Cumber- land), ainsi que dans les cours d’eau du comté de Pitou, la diminution du Saumon suivait une marche croissante depuis 1870, quand eurent lieu, en 18%6, les premiers versements d’alevins. Cette diminution continua à s’accentuer jusqu’en 1881, époque où pouvaient seulement commencer à se mani- fester les effets de cet empoissonnement. En 1882, la pêche donnait déjà 50,000 livres de Saumons de plus qu’en 1881. En 1887, l'augmentation était de 79,000 livres, soit de 53 0/0, dans une période de cinq années. À raison de 20 cents (1 fr.) la livre, cette augmentation représente une somme de 15,800 dollars (79,000 francs). Or, pendant cette même pé- riode, la dépense s’est élevée seulement à 2,500 dollars (12,500 francs) pour 2,500,000 alevins de Saumon versés dans les cours d’eau de ces deux comtés. Le bénéfice réalisé est donc environ de 6 pour I. De semblables résultats font le plus grand honneur à M. Sa- muel Wilmot, le surintendant de la pisciculture, dont l’excel- lente administration a permis de réaliser tous les travaux dans des conditions extrêmement économiques. LE CHÊNE ET SES APPLICATIONS PAR M. MAXxIMILIEN VANDEN-BERGHE. (SUITE ET FIN*) Bois. — Le bois de Chêne qui atteint toujours dans le commerce un prix élevé, non seulement à cause de ses qua- lités, mais encore par suite de la lenteur qu'il met à se former, est excellent pour la construction civile et navale, car il résiste mieux que les autres essences indigènes aux in- fluences atmosphériques. Son immersion prolongée dans l’eau lui fait acquérir une dureté et une tenacité remarquables, ce qui le fait rechercher dans les travaux hydrauliques, pour piles de ponts, pilotis, estacades, etc. La menuiserie utilise le Chêne pour tous les ouvrages demandant une grande solidité et une longue conservation ; il sert également, surtout dans les campagnes, pour faire des meubles communs, mais l’ébé- nisterie parisienne a su tirer un très bon parti de ce bois pour en faire des meubles de luxe sculptés, quelquefois d’un prix assez élevé, tels que salles à manger, bibliothèques, bureaux, etc, dits en Vieux chêne. | Le Chêne est un des meilleurs bois pour la confection des moulins, des pressoirs, des cuves, des tonneaux, des fouloirs et autres objets nécessaires à la préparation des vins. Comme combustible, il brûle avec une flamme vive et dégage beau- coup de chaleur ; son charbon est très apprécié. Parmi les bois durs, le Chêne est une des essences les plus recherchées pour la préparation des merrains. On donne ce nom à des planches de petites dimensions, obtenues simple- ment au moyen de la fente en suivant exactement les fibres du bois ; ces pièces sont alors plus résistantes et d’un meilleur usage que lorsqu'elles ont été travaillées à la scie. On dis- tingue dans le commerce, sous le nom de merrains à pan- neaux, ceux qui s’emploient en menuiserie; leur longueur varie entre 40 centimètres et 1",50 sur 20 centimètres de lar- genr et 3 centimètres d'épaisseur. Les merrains à fulailles sont fournis par d’autres essences. (*) Voyez plus haut, page 965. LE CHÈNE ET SES APPLICATIONS. 1039 Les sciages de Chêne, nous apprend M. A. Mangin, arrivent à Paris tout préparés; les échantillons sont nombreux et appropriés aux travaux ordinaires de la menuiserie ; ils sont désignés sous les noms de: entrevons, chevrons, planches, membrures, doublettes et battants; leur largeur varie de 1-30 centimètres, la longueur de 1-6 mètres, par fraction de 29 centimètres. Le Chêne de Champagne est le plus estimé ; il est fourni, en partie, par la grande et belle forêt de Chaource (Aube), voisine de la ville de ce nom. On distingue encore dans le Chêne le bois maillé, ainsi nommé à cause de ses #nailles ou veines blanchâtres qui zè- brent la planche. Ce bois est employé dans les travaux de luxe, et c’est sous cet aspect que les peintres en décors le prennent comme modèle pour les imitations de chêne. Enfin, on donne le nom de frises aux bois débités principalement pour parquets ; ils se vendent dressés, blanchis, rainés et prêts à poser. Glands.— Les fruits du Chêne ou Glands sont de forme elliptique, lisses et recouverts d'une légère écorce mince et coriace ; ils sont toujours engagés en partie dans une cupule qui n’est autre chose que l’involucre développé et persistant. Suivant les espèces qui les produisent, les glands de Chêne sont tantôt àâcres et amers, tantôt doux et sucrés. Les glands renferment une proportion assez grande de fécule, mais leur âcreté habituelle les rend impropres à l’ali- mentation humaine; ce n’est qu'exceptionnellement que l’on a vu l’homme en faire usage pour sa nourriture. Sans re- monter aux guerres de l'antiquité et même du moyen âge, nous rappellerons à ce sujet que, pendant la disette de 1709, de pauvres gens essayèrent encore de faire du pain avec de la farine de glands, mélangée à celle qui restait de froment. Quoique d’un goût détestable à cause de son amertume, ce pain rendit alors quelques services et il s’en consomma des quantités relativement considérables. Les glands sont recherchés en hiver par beaucoup d’ani- maux sauvages, notamment par les Sangliers, les Cerfs et les Chevreuils. Le Porc s’en montre également très friand et, dans certaines contrées de la France, par exemple en Bre- tagne et dans le Périgord, ces fruits constituent une ressource alimentaire précieuse pour cet animal domestique. Les oi- 1040 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. seaux de basse-cour en sont très avides et leur chair con- tracte, dit-on, à la suite de ce régime, un fumet particulier qui n’a rien de désagréable. Les Pigeons ramiers ne dédaignent pas non plus les glands. M. le Dr H. Moreau a signalé assez récemment à la Société d'Acclimatation les résultats très sa- tisfaisants qu'il a obtenus de l'emploi du gland de Chêne pour la nourriture des jeunes Faisans et des oiseaux de volière. Les Glands écrasés et méêlés aux Pommes trop douces donnent au cidre que l’on veut conserver l'acide tannique qui lui est nécessaire. Considéré comme médicament, le Gland et son écorce étaient usités autrefois comme anti- dyssentériques ; on en préparait aussi, avec du lait, des gargarismes contre les maux de gorge. De nos jours, les feuilles du Chêne sont encore considérées comme tres efficaces, infusées dans du vin rouge avec addition de miel, contre le relâchement des gencives, l’angine chronique et autres affections de ce genre. Dès la fin du siècle dernier, les Glands décortiqués, torré- fiés et moulus, avaient été proposés comme un succédané sé- rieux du café. On rencontre encore souvent dans le com- merce, sous le nom de café de glands doux, une poudre sans odeur, d’une saveur faible et aromatique, qui se prépare indifféremment avec les Glands àcres de nos contrées et les Glands doux de l'Espagne. Voici le mode ordinaire de cette préparation : Les Glands, débarrassés de leur péricarpe co- riace, sont privés en partie de leur amertume et de leur àcreté par des macérations réitérées dans de l’eau froide. Après dessiccation, on les torréfie avec partie égale de racine de Fougère et même tout autre féculent ; quelques clous de Gi- rofle, 15 à 20 grammes de feuilles de Menthe par kilogramme, complètent le mélange, que l’on rend très intime en le pulvé- : risant finement. Ce produit sert à faire des infusions, soit seul, soit en le mêlant au lait. Le café de Glands doux est une boisson excellente, qui se digère bien et dont l’usage se re- commande aux personnes auxquelles l’état de santé ne s’ac- commode pas du café. L’infusion des Glands torréfiés et pul- vérisés se prescrit avec succès dans les diarrhées infantiles, les hémorrhagies passives et l’atonie des organes digestifs. Cette matière se trouve dans le commerce en paquets de 125 à 500 grammes, préparés comme la chicorée, et sert sou- vent à falsifier le café en poudre. LE CHÈNE ET SES APPLICATIONS. 1041 Dans beaucoup de fabriques de chocolat, rapporte M. A. Coutance, le Gland doux provenant d'Alger est mélangé au cacao. Une petite quantité de cette substance, 10 ou 15 0/0, ne saurait se reconnaitre à la saveur du chocolat; cela cons- titue une fraude véritable. Certains fabricants donnent ce- pendant quelquefois le nom de Chocolat aux Glands doux à leur produit, espérant ainsi en rendre la vente plus facile et rehausser sa valeur alimentaire et analeptique. Le Racahout des Arabes, fort en vogue pendant un moment et toujours d’un prix élevé, est une préparation dans laquelle la farine de Glands doux torréfiés est associée au sucre et au cacao. Le Palamoud, aujourd'hui complètement tombé dans l'oubli, était aussi un aliment léger et aromatique du même genre ; il ne différait du Racahout que par un peu de farine de Maïs en plus. Comme composition chimique, le Gland de Chêne contient environ, sur 100 parties : amidon, 37; sucre incristallisable, ‘7; tannin combiné avec de la légumine, 16; huile fixe, 4; matière extractive, 5 ; ligneux et eau, 31 ; enfin des sels mi- néraux, sulfate de potasse, phosphate de chaux, etc. La ma- tière extractive sucrée, particulière aux fruits du Chêne, est désignée en chimie sous le nom de guercile. Cette substance cristallise en prismes ; elle est dure, inaltérable à l’air, sa sa- veur est légèrement sucrée. Noix de galle. — On donne le nom de galles à des ex- croissances anormales que l’on rencontre sur les organes de certaines plantes ligneuses, parmi lesquelles le Chêne oc- cupe une place importante au point de la production. Les valles, ordinairement sphériques ou pyriformes, de couleur et de grosseur variables, sont le résultat de la piqüre d’un in- secte du genre Cinyps, accompagnée du dépôt d’un ou de plusieurs œufs et de l’effusion d’une liqueur âcre. Ces corps étrangers déterminent alors, sur le point attaqué, un extra- vasement des sucs végétaux et concourent à la formation de ces substances essentiellement végétales, qui sont tantôt dures et ligneuses, tantôt molles ou spongieuses et gorgées d’un liquide plus ou moins aqueux. Les galles ne contiennent toujours que les principes immédiats de la plante sur laquelle elles se sont développées et participent ordinairement aux mêmes propriétés générales que celles-ci. Comme composition 1042 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. chimiques, elles renferment principalement du tannin, de l'acide gallique, une matière mucilagineuse et un peu de car- bonate de chaux. Leur grosseur varie de la dimension d'un pois au volume d’une grosse cerise. Les galles se récoltent généralement dans le mois de juillet, c’est-à-dire à l'époque où l’insecte n’a pas encore terminé sa métamorphose et se trouve encore au centre de la galle. Sa présence est consi- dérée, par les commerçants et les industriels, comme l'indice le plus certain de la bonne qualité des produits. Les galles, qui se développent sur les feuilles et lesrameaux des diverses espèces de Chênes, sont désignées plus commu nément sous le nom de Noix de galle. Parmi celles qui se rencontrent dans le commerce, nous mentionnerons, d’après M. A. Mangin, comme appartenant au Chêne commun (Quer- cus robur), les variétés suivantes : | Galies rondes du Chène rouvre. — On la trouve aux en- virons de Paris, sur les jeunes rameaux des Chênes; elle est _ parfaitement sphérique, très unie, rougeâtre, spongieuse et légère. Sa cavité centrale est tantôt simple et ne loge qu’un insecte, tantôt divisée en trois ou quatre compartiments, dont chacun sert d’abri à une larve. Ces galles sont souvent réunies par trois, quatre ou cinq très rapprochées, à l’extré- mité des rameaux. On en recoit des environs de Bordeaux, mais la plus grande partie se récolte dans les bois qui envi- ronnent Paris. s Galles rondes des feuilles de Chêne. — On en distingue deux sortes, différant seulement entre elles par leur grosseur et nommées, en raison même de cette différence, l’une galle en cerise, l’autre galle en groseille. Toutes deux sont sphé- riques, d’un beau rouge, lisses ; mais elles se rident beaucoup en se desséchant et deviennent alors spongieuses et légères. Leur valeur commerciale est presque nulle. Gale ou gaillon de Hongrie ou du Piémont. — C'est une excroissance de forme tres irrégulière qui se forme sur la cu- pule du gland ; elle est volumineuse et coriace. On mélange ordinairement les galles de Hongrie avec des galles corni- culées. Celles-ci prennent naissance sur les très jeunes branches; elles présentent un grand nombre de cornes légè- rement recourbées à l'extrémité. Leur cassure est rayonnée et de couleur jaune. Il ne faut pas confondre la galle corni- culée, ni celle de Hongrie et du Piémont, avec la galle en LE CHÈNE ET SES APPLICATIONS. 1043 artichaut, ainsi nommée à cause de sa forme et qui se trouve assez communément sur les Chênes rouvres de nos contrées. Poinme de Chêne. — Cette galle est la plus volumineuse de toutes celles qui se forment sur le Chêne ; sa texture est uni- formément spongieuse. Par la dessiccation, elle devient extré- mement légère; comme elle ne contient que fort peu de tannin, on ne l'emploie guère dans l’industrie. L'usage principal de la Noix de galle consiste dans la tein- ture en gris et en noir, au moyen des sels de fer et de cuivre, et dans le mordancçcage des étoffes destinées à recevoir les applications de la Garance. Les galles noires et vertes d'Alep sont les plus estimées; on les recherche également pour la fabrication des encres noires de bonne qualité. Les galles blanches sont légères et percées d’un trou circulaire par lequel le Cinyps est sorti avant la récolte; on les emploie spécialement pour le tannage des maroquins. Employée en médecine, la Noix de galle est un puissant astringent ; elle est d’un bon effet à l'intérieur contre les relächements muqueux et les diarrhées séreuses; à l'extérieur, sous forme de bains, de lotions et d’injections. C’est un réso- lutif énergique des engorgements lymphatiques, des tumeurs indolentes, etc. Une Noix de galle de bonne qualité doit être foncée en cou- leur, pesante et non percée. Les galles de qualité supérieure, dit M. G. Pennetier, sont fréquemment mélangées à d’autres de moindre valeur. Les galles légères sont artificiellement colorées avec de la couperose et les piqüres sont bouchées avec de la cire. Il suffit pour reconnaître la fraude, de faire bouillir la noix dans l’eau : la cire fond et les trous apparais- sent, le sulfate de fer se dissout et on le reconnait avec ses réactifs appropriés. | Les Noix de galle sont principalement fournies au com- merce par l’Asie-Mineure, la Turquie, la Grèce, les iles’de l’Archipel, l'Italie, l'Espagne et le Midi de la France, sous les noms de galles d'Alep, de Smyrne, de Morée, d'Istrie, de galles marmorines, de galles de France et d'Angleterre. On les expédie le plus souvent en balles de crins de 150 kilog. environ ou en futailles du même poids. Les plus estimées sont celles qui nous arrivent de Mossoul. I. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. Quelques résultats de la pisciculture aux États-Unis. — Les chiffres ci-après, donnés par M. Livingston Stone, font res- sortir, mieux que tous les commentaires possibles, le profit qu’on sait relirer de la pisciculture dans les États de l’Union. Pour chacune des deux années 1886 ct 1887 la quantité movenne de poisson pêché dans les Grands Lacs a été seulement de 5,232,947 livres ; en 1888, elle s’est élevée à 8,870,780 livres, soit une augmen- tation de 3,637,833 livres. En 1880, la pêche de l’Alose, pratiquée depuis la Connecticut jusqu’à la Caroline du Nord, n’a donné que 4,140,986 poissons ; en 1888, il en a été pêché 7,000,474; augmenta- tion : 2,859,488 poissons. En 1875 et 1816, les fabriques de con- serves installées sur les bords du Sacramento, en Californie, n’ont préparé, en moyenne, pour chacune de ces deux années, que 5,205,102 livres de Saumon ; pour 1881, 1882 et 1883, la moyenne est montée à 9,596,984 livres ; augmentation de 4.391,882 livres. RÉCAPITULATION. Augmentation du produit de la pêche des Grands Lacs. 3,637,833 li. Augmentation du produit de la pêche de l’Alose (en comptant chaque Alose/a13 livres) tac UC ERCERPE 8,5718,464 Augmentation du produit de la pêche du Saumon du SACTAIMENLOAES MERE CLÉ LEN LR. S DER ME TRE 4,391,882 lotal ie RUES 16,608,179 Liv. Quand on se rappelle qu’une diminution considérable se manifestait dans l'abondance de ces divers poissons quand furent commencés les travaux de pisciculture, les chiffres ci-dessus deviennent encore plus significatifs. De pareils résultats provoquent partout la création d'importants établissements. Une nouvelle station s’installe, en ce moment, à Lead- ville (Colorado), sur un emplacement choisi, au mois d'octobre 1888, par M. John Gay, inspecteur des stations aquicoles de la Commission fédérale des pêcheries. L’établissement, alimenté par de nombreuses sources, suffira pour produire les quantités d’alevins de Truite néces- saires à toute la région des Montagnes Rocheuses. La Truite du Rio- Grande et celle de l’Utah seront surtout cultivées. On n’exclura pas, toutefois, le Salmo fontinalis, ni la Truite Arc-en-ciel, ni le Saumon des Lacs, qui ont déjà prouvé leur aptitude à vivre et à prospérer, à des altiludes considérables, sur plusieurs points de cette région. R.-W. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 1045 . Migration du Doryphora et du Solanum rostratum. — Dans le courant de l’année 1867, les cultivateurs de la vallée du Mis- sissipi constataient l'apparition d’un nouveau fléau de l’agriculture, sous la forme d’un insecte, d’un coléoptère qui ravageait les champs de Pommes de terre en rongeant les tiges ct les feuilles de ces plantes, dont la disparition arrêtait tout développement des tubercules. Cet insecte fut aussitôt nommé pofulo bug, Punaise de la Pomme de terre, et une enquêle sur son origine établit qu’il vivait depuis un temps immémorial dans le centre des Etats-Unis, sur la bande de terre stérile qui sépare le Colorado du Kansas, où il faisait sa nourriture d’une solanée indigène proche parente de la pomme de terre : le Sola- num rostratum. Le jour où la civilisation, en s'avançant vers l'Ouest, mettait un champ de Pommes de terre à sa disposition, il avait renoncé à sa plante nourricière pour se jeter avidement sur le végétal cultivé dont l'abondance accrut le nombre de ses légions. La plante d'élection se trouvant surtout dans l'Est il envahit bientôt toute cette partie des Etats-Unis, et quelques années lui suffirent pour atteindre la côte de l'Atlantique. Pendant ce temps, les Américains modifiant sa dénomination primitive l'avaient baptisé Colorado potato bug, Pu- naise des Pommes de terre du Colorado, et c'est sous le seul nom de Colorado qu'il fut désigné lors de son apparition en Europe. Les ento- mologistes l'avaient d’abord classé dans le genre Doryphora, en lui donnant la qualification decemlineala, empruntée aux dix lignes noires qui marquent ses élytres jaunes. Depuis, on a reconnu que ce coléop- tère appartenait au genre Zeptinolarsa, mais la dénomination Dory- phora est toujours en usage. Du Nouveau-Monde, le Doryphora ou Leptinotarsa fut amené en 1877, sans doute scus forme d'œufs en Angleterre et en Allemagne où il a trouvé de nombreux champs à dévaster. Sa présence n’a jamais été signalée en France, ce qui est un bonheur, vu l’excessive fécondité de cet insecte. Il a, en effet, trois générations par an, en mai, en juin et en août, et on a calculé que 100 femelles pouvaient donner naissance à la première géné- ration à 100 ou 120,000 individus qui en produisaient à leur tour 50 à 60 millions un mois plus tard. Quant au Solanum rostratum, il opère à son tour une singulière migration. Contrairement aux autres végétaux américains qui à la suite de la civilisation marchent de PEst à l'Ouest, il semble s'être mis à la poursuite de son parasite vers l’Est des Etats-Unis. Accroissant sa taille à mesure qu'il s'éloigne de son ère primitive il a gagné le Texas, puis le Missouri, et l'été dernier, le professeur Pammel constatait sa présence à Watertown, dans le Wisconsin. JP: . L'Iceria Purchasii. — Dans son numéro du 20 janvier, la Revue des Sciences naturelles appliquées signalait les ravages exercés aux États-Unis par un nouveau fléau de l'agriculture : l’Zceria pur- 1046 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. chasii. Cet insecte, de la famille des Coccidés, se rencontre, aujour- d’hui, au Cap de Bonne-Espérance, en Californie, en Australie, en Nouvelle-Zélande, et on lui a attribué dans ces différentes régions, un certain nombre de dénominations usuelles. C’est l'Auséralian bug, la Punaise australienne du Cap de Bonne-Espérance, le White scale, le Coléoptère blanc ; le Ribled scale, le Coléoptère à côtes ; le Fufed scale insect et le Coftony cushion scale, le Coléoptère à coussin cotonneux de la Californie, nom sous lequel il est également désigné en Nouvelle- Zélande. Les premiers spécimens américains furent observés en 1872, en Californie. Le 16 septembre de cette année, M. Stretch arnoncaït à l’Académie californienne des sciences qu’au mois de juillet il avait recu, du comté de San Mateo, des échantillons d’un nouvel insecte parasite vivant sur les feuilles d’Acacias. Suivant le professeur Riley, qui étudia minutieusement le nouveau fléau, et proposa de le nommer Fluted scale insect, il aurait été introduit en Californie, en 1868, sur des Acacia latifolia australiens expédiés à M. Gordon, raffineur de sucre à Menlo-Park. Les légions d’Zceria abandonnaient bientôt après, du reste, les Acacias, pour entreprendre le cours de leurs ravages sur les jeunes pousses des céréales, des Pins, des Cyprès, des Genêts, des Orangers, des Citronniers, des Rosiers, qui leur four- nissaient une alimentation plus succulente et surtout fort variée. C’est également sur des Acacias, mais sur des Acacia melanozy- lon, cultivés au Jardir botanique de Cap Town, que ce fléau fut re- marqué en 1873, dans la colonie du Cap, où il avait, sans doute, été amené d'Auetralie. Presque aussitôt, on le retrouvait à Ookiep dans le pays des Namaquas, le Namaqualand, et en 1876, seulement, on constata sa présence sur la région intermédiaire de Stellenbosch. Il se rencontre, aujourd'hui, sur toute la surface de la colonie. En Nouvelle-Zélande, l’Zceria fut remarqué vers 1878, à Auckland, et depuis, on le rencontre abondamment dans les jardins et les forêts, surtout sur les Acacias. Le genre Zceria fut créé en 1875, pour dé- signer un insecte qui ravageait les champs de Cannes à sucre de la Réunion et de l'ile Maurice et auquel on donna le nom spécifique d’Jceria sacchari. M. Maskell qui décrivit le premier le parasite aus- tralien des Acacias, et M. Riley, reconnurent qu'il présentait des ca= ractères communs avec le fléau de la Canne à sucre, et ils en firent une seconde espèce du genre Jceria. La femelle adulte de l’Zceria Purchasii, longue de 5 à 8 millimètres a le corps d’un brun-rouge, saupoudré d’une poussière blanchâtre et portant de nombreux filaments ; elle s'entoure pour pondre d’une coque cotonneuse, particularité à laquelle font allusion la plupart des noms vulgaires donnés à cette espèce. Les larves femelles, de forme ovoïde, longues de 1 millimètre environ sont actives et teintées en rouge sombre. Chaque femelle pond de huit cents à douze cents œufs, CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 1047 qui éclosent en quelques jours et se métamorphosent rapidement, les insectes nés en mars, étant adultes vers la fin de mai. On a compté trois générations par an à Los Angeles, Californie. Le mâle adulte a 3 millimètres, environ, de long, son corps rouge porte une tache noire sur la face dorsale du thorax, il est pourvu d'ailes relativement assez longues. Mâle et femelle sont munis d’an- tennes à longues ramifications. Ces insectes, susceptibles de vivre sur des espèces végétales très diverses, constituent un redoutable fléau pour les régions qu'ils ont envahies, aussi s'occupe-t-on de les détruire tant en Californie que dans les colonies anglaises. Les procédés les plus efficaces en semblable circonstance, sont les moyens fournis par la nature ; le recensement en est malheureusement fort court. Un seul oiseau : le Zoslerops Capensis, du Cap de Bonne-Espérance fait sa nourriture des Zceria. Ils ont, il est vrai, trouvé des ennemis plus redoutables en Californie : la larve d’un Chrysopa non déterminé: un Forficulide, le Rodolia icerie, et la larve d’un petit Papillon, le Blas- tobasis iceriæella. Quant aux parasites, on ne leur en connaissait pas de véritables jusqu'à la fin de 1888. Au mois de novembre de cette année, on en découvrit un d’une espèce nouvelle aux États-Unis, et qui a sans doute été importé d'Australie avec l’Zceria lui-même. (Kew Bulletin.) Le centenaire du Dahlia. — La Société nationale anglaise du Dahlia a célébré le 6 et le 7 septembre 1889, au palais de cristal de Sydenham, le centenaire de cette fleur. Le Dahlia fut, en effet, intro- duit en Angleterre en 1789, par la marquise de Bute. Vu son origine tropicale, le Mexique étant sa patrie, les horticulteurs persistèrent longtemps à vouloir le cultiver en serre chaude, ce qui faisait échouer toutes leurs tentatives. Le Jardin des Plantes de Paris arriva enfin à le voir prospérer vers 1802, puis le Jardin Royal de Kew, mais c’est seulement à partir de 1814, qu’on commenca à le rencontrer dans les jardins particuliers. Le Dahlia fut bientôt fleur à la mode, chacun s’ingéniant à créer des variétés nouvelles : il atteignit son apogée vers 1836, l'engouement déclina ensuite peu à peu, se maintenant jusque vers 1860, et depuis cette époque, on voit simplement dans le Dahlia une brillante fleur de fin d'été occupant, au même titre que tant d’autres, sa place dans nos parterres. HP. Truîffes de Champagne. — Dans une de ses dernières chroni- ques, M. Adrien Marx, du Figaro, reproduit une lettre fort curieuse et fort intéressante de M. Forgeot, sur la récolte et le commerce des Truffes. Nous croyons que nos lecteurs liront ce document avec plaisir, et nous le reproduisons x extenso. » Le département de la Haute-Marne exerce une véritable industrie truffière, dont un petit village de 400 âmes est le centre. Ce petit village 1048 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. s'appelle Richebourg. Il est situé à quelques kilomètres de Châteauwil- lain, rendez-vous des grandes chasses d’hiver du prince de Joinville. Les neuf dixièmes de ces Truffes sont expédiés à Paris ou à l'étranger, mais elles passent (vous devinez pourquoi) par Cahors ou Périgueux. 11 y a, à Paris, des commissionnaires spéciaux pour cette supercherie commerciale. » Les habitants de Richebourg sont tous truffiers. Paysans-cultiva- teurs pendant le printemps et l’élé, ils sèment et récoltent pour les besoins de leurs maisons, en quoi ils ne diffèrent pas des Champenois, leurs voisins. Seulement, si vous traversez Richebourg en été, vous êtes surpris du grand nombre de Chiens noirs ou gris foncé que vous y voyez errants et oisifs. Ces Chiens n’ont pas les allures des autres. Ils sont mornes et ne répondent pas aux caresses. Ils paraissent hargneux. On hésite à les approcher. De moyenne taille, ils ont l'oreille droite et le poil mi-frisé et rude du griffon. On pressent que ce quadrupède a une fonction autre que celle de garder la maison et d'aboyer aux passants. » Dès les premiers jours d'octobre, le paysan de Richebourg met ses longues guêtres et endosse une blouse de toile bleue. Après avoir. chargé sur son épaule un carnier de cuir contenant quelques provisions et un ou deux sacs, il prend un outil en forme de houe à lame pointue et part de chez lui suivi de #n, deux et même érois Chiens tenus en laisse. C’est le chasseur de Truffes et ses collaborateurs. Aussilôt lâchés, de mornes qu'ils étaient, ils s’éveillent et quêtent à la facon des Chiens d’arrêt. Le maître les anime sans les perdre de vue. un seul instant. Le Chien cherche et rencontre facilement. S'il n’est pas bien dressé, au premier Champignon qu'il trouve, il gratte la terre de ses pattes, prend la Truffe, si elle est à fleur de terre, ou bien son maître arrive et la déterre avec son outil. Si le Chien est bien dressé, il s'arrête, pose une patte à l'endroit où est le fruit, et c’est le chasseur qui la prend. Elle est quelquefois assez profondément enfouie dans la terre. » La Truffe, le plus souvent, n’est pas seule. Quand le Chien a mon- tré la première, le maître explore les environs, et il en trouve ordinai- rement une ou deux autres. J’en ai vu déterrer, dans notre parc de Bellefontaine, jusqu’à vingt-deux dars un espace d’un mètre carrél » Beaucoup de Chiens imparfaitement éduqués mangent la Truffe. Leur patron a une rude besogne, quand il en a deux de cet acabit. Il lui faut courir de l’un à l’autre, marquer l'endroit de la Truffe dé- serrée par le Chien, s’il ne veut pas perdre celles qui peuvent être au- jour, et, s’il se trouve, comme je l’ai vu, dans un endroit propice — — où le Chien ne fait pas 10 mètres sans rencontrer — il n'arrive pas à suffire à son travail. Il ressemble au chasseur au miroir qui, dans une troupe d’Alouettes qui se mirent, ne sait plus laquelle tirer et les laisse toutes partir. dés fe stnilitet CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. 1049 » La chasse aux Truffes, comme l’autre chasse ou la pêche, a ses jours et ses bons endroits. Elle règne du 1° octobre à la fin de fé- vrier ; il n’y a d'interruption que lorsque la terre est gelée ou quand elle est couverte de neige. Les truffiers différent d'opinion sur les indices qui peuvent faire trouver ce délicieux cryptogame. J’ai vu prendre des Truffes sous les Chênes, sous les Hêtres, les Charmes, dans les touffes de Noisetiers, et, puisque nous sommes à Bellefon- taine, dans les allées et au milieu des gazons du parc. Cette opéra tion est très intéressante pour qui n’y a jamais assisté. L'animalion du chercheur, l’ardeur du Chien, l'odeur que répand ce champignon caché, tout concourt à lui procurer des prosélytes. Une telle partie, pendant un beau jour, est autrement attrayante qu'une chasse en plaine ou une pêche si souvent infructueuses. » Il y a plusieurs variétés de Truffes : une que les truffiers nomment à fins grains, et une autre nommée & gros grains. La première a des zugosités menues et est le plus souvent ronde ; l’autre est grossière et de forme irrégulière. Cette dernière, toujours au dire des truffiers, est moins estimée que l’autre. Une troisième variété sent l'iris et même æ&n peu le camphre ; elle a la peau rouge brique et sans rugosités. Comme elle n’est pas « marchande », les truffiers la délaissent. Enfin, il y a la Truffe dont la chair est entièrement blanche et une autre dont la chair est uniformément brune. Toutes deux ont la peau noire et on ne peut les reconnaître qu’en les ouvrant; aussi les marchands cherchent-ils à les faire passer au milieu des autres. Mais il n y a de véritablement appréciées que les Truffes à chair noire, ferme et marbrée de blanc. Il faut que le fruit ne cède pas sous le doigt en le pressant ; c’est un des points principaux. Ensuite, il faut veiller à la fraîcheur des Truffes, à la facon dont elles ont été conservées ; amas- sées en grande quantité, elles fermentent; en petit nombre, elles se dessèchent et perdent toute saveur. Au dire des truffiers, une Trufte qui a plus de huit jours ne vaut pius rien. Il est donc bien entendu que la Truffe fraîche, ou bien conservée, c'est-à-dire mise en conserve au moment de sa cueillette, est la meilleure de toutes. » Ilse fait un grand commerce de Truffes à Richebourg. Elles sont livrées en gare — généralement à Chaumont. Le premier choix vaut, en gros, de cinq à six francs la livre. Il part ordinairement pour le Périgord ; le second choix pour la Provence, dans les endroits où l’on fait des conserves. Ce second choix vaut environ quatre francs. Le troisième est vendu dans le pays, ou bien on le conserve en bou- teilles suivant la méthode Appert. » 20 Décembre 1889. 68 ÉTAT DES DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION DE FRANCE du 1er janvier au 31 décembre 1889. DONATEURS. OBJETS DONNÉS. Albuquerque (F.), à Saint-| Vins et graines de végétaux du Brésil. Paul (Brésil). Augy (Guillaume d'), à Chà-| Graines d’Épinard rouge. lons-sur-Marne. | Bertrand (Émile), à Paris. |Alevins de Calico bass. Camboué {le R. P.), mission- | Graines diverses de Madagascar. naire apostolique, à Tana-| Urania Ripheus (Chenille, cocon el narive. Papillor).. Sautcrelles préparées. Chandèze, à Versailles. Boulures d’Eleagnus longipes. Chatôt, huissier, à Saint-|Ail odorant du Japon. Germain-du-Bois (Saônc- ei-Loire). Clarté (J.), à Baccarat (Meur-| Boutures d'Elæagnus longipes. the-et-Moselle). Consul de France, à Trieste. | Graines de Pyreihrum cinerariæfolium. Delagrange (Ch.), à Besan-|Chenille et cocons de Zusiocampa Otus. con. | Dugès (le D'), à Guanajualo | Œufs d'Aééacus séricigène du Mexique. (Mexique). Liénard, à Jonchéry - sur - | Graines de Zapallito. Vesle. Michon (le D' Joseph), à{Graines de Topinambour. Paris. Mueller (le D' Baron von),{Graines d'Eucalyplus corynocalyx. à Melbourne (Australie). Naudin (Ch.), de l’Institut, | Graines de RAus vernicifera. villa Thuret (Alpes-Mari- times). ÉTAT DES DONS FAITS A.LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. 1551 ec EN hé RER D De à ES ER I DONATEURS. OBJETS DONNÉS. Paillieux (Aug.), à Paris. Graines de divers végétaux alimen- taires. Igname plate du Japon (tubercules). Partiot (Gaëtan), ministre de | Graines diverses du Mexique. France au Mexique. Raveret-Waltel (C.), à Paris. | Haricots Saint-Ciboire. Roublot, à Paris. Graines d’Aleurites cordatu. Simon (Mm° veuve), à Bru-| Œufs & Atlacus Yama-mai. xelles (Belgique). Souza (Jose-Augusto de), à | Graines de Pastèque (Melon d’eau). Lisbonne (Portugal). Wailly (Alfred), à Norbiton|Cocons d’Aéffacus cecropia. (Angleterre). Œufs d'Atéacus Perny'. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS MENTIONNÉS DANS CE VOLUME. AzBouv. Pisciculture à Quillan, 509, 0516 940: ALBUQUERQUE (F.). Cultures de vé- gétaux et essais d’acclimatation d'animaux à Saint-Paul (Brésil), 918. AUDEVILLE (d’}. Poissons en stabula- tion, 651. , AuGx (Guillaume d'). Epinard rouge, 451. Avenir du Tonkin. Les Éléphants au = Tonkin, 609. : Banour (Louis). La Poule géante de Padoue, 610. — Les Vignes géantes, 614. BALTET (Ch.). Sur le Pitch-Pin, 362. BÉRENGER (O. Camille}. Incubation artificielle de Nandou, 150. Baxer, Scheuzeria palustris, 650. BarxsBy (D.). Note sur les Sajous au Jardin de Tours, 114. BaARRAU DE MurATEL. Arrivée des Hirondelles, 509. B£ELTRAN (Francisco). Les Gallinacés au Mexique, 550. BERTHOULE (Am.). Le Saumon et la loi sur la pêche 97. — L’Elæagnus longipes, 230. — Les Saumons de Californie dans le bassin de la Méditerranée, 274, — (Eufs de Saumon, 309. — Saumon dans la Baltique, 350. — Le Sucre et le Coton au Mexique, 369. — Pisciculture, 455, 459. — Caille, 457, 602, — L'ostréiculture à l'Exposition uni- verselie, 642, — L'aquiculture en Belgique, 719. — La Chèvre d’angora en dehors de son habitat naturel, 1022, — Dibliographie. Étude du Cheval de service et de guerre, par À. Richard {du Cantal), 168. — Les Faisans, par Pierre Mégnin, 261. Braauw (F.-E.). Note sur la collec tion d’animaux réunie à S'Gra- veland {près Amsterdam), 49. BLaxcHarDp. Montée d'Anguilles, 566. BLesxorr. Olivier dans le Caucase, 954. ; Bzum (J.). La Vipère commune, 214. BourreT. Essais de Pisciculture dans la rivière d'Aude aux labora- toires de Quillan et de (Gresse, 265. BouœuET. Paons spicifères, 935. Brézoz (H.). La longévité des ani- maux, 35. — L’exportation et l’importation des Chevaux en Angleterre, 35. — Les Autrucheries du Cap, 35. -— La disparition des oiseaux mo- queurs, 36. — Le Colombier miiitaire de Mas- saouah, 36. — alimentation des Carpes, 37. — L'acclimatement du Pitch-Pin, 65. — Croisement et domestication du Bison américain, 163. — Services rendus par les Faucons, 164. — Le repeuplement des fleuves alle- _ mands, 207, — Importation de peaux, 209. — Chevaux australiens et Chevaux du Cap, 209. — La récolte des plumes d'Autru- ches, 211. — Apparition et disparition d’espèces végétales, 212. — Sériciculture et nouveaux Vers à soie, 253. — Les fermes à Chiens en Chine. 256. — Une série de fléaux, 258. — L’exportation des œufs, 321. — La pêche de Ambre dans la Bal- tique, 323. — Putois ei Ondatras américains, 371. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. — La Pêche et l’Aquiculture à l’é- tranger, 414. — ÂAstéries et Huîtres américaines, 419. — La Flore des nécropoles égyp- tiennes, 420, — Cultures diverses en Californie ct en Floride, 492. .— Requins dans l’Adriatique, 567. _— Les coques de Cacao, 567. _— Le Corégone Marène, 589. — Moutons et Fromages de la Nou- velle-Zélande, 609. — La résistance électrique des ani- maux, 655. — Essais d'élevage d’Autruches à Stuttzard, 683. — Les œufs de Vanneau, 698. — Le repeuplement de l'Hudson, 699. — Un Esturgeon monstre, 700. — Action de l'alcool sur les Carpes, 741. — L'origine du Cobaye et du Canard de Barbarie, 745, — La laine australienne, 772. — Le Cacao en Colombie, 774. — Le sexe des Poulains, 806. — Mélange de sang et croisement chez les Poules, 818. — Saumons en Allemagne, 838, — Une hécatombe de Phoques au Canada, 865. — Les Huitres d'Arcachon, 867. — La longévité des arbres, 869. — Les échelles à poissons de l'Ems, 884. — Transmission de la robe chez les Chevaux, 902. — Saumons européens et américains, 914. — L'âge du Chevreuil, du Cerf et du Sanglier, 957. — Les Grenouilles aux États-Unis, 97e. — Le Poney des Hébrides, 1010. — La laine des bois dans les poulail- Dies 101 — Chasseurs de Crocodiles et de Ser- pents, 1012. CanTEeLAR (A. de). Colin de Califor- nie, 401. Brisay (le marquis de). Sur la repro- duction de quelques Colombes exotiques encore rares, 52. — Note sur la chasse aux oiseaux dans l'Inde, 340, 1053 BuxsauM (L.). La pêche dans le Mein. Bnoccui (le Dr Paul). Procès-verbaux des séances générales. Séance du 21 décembre 188$, 88. — du 4 janvier 1889, 149. — du 18 janvier 1889, 199. — Maladie des Poissons, 308. Bruner. Raton laveur, 597. Camocé (Le R, P.). Sur l'utilisation de deux Aranéides, Séricigènes de Madagascar, 117. — Vigne et autres végétaux de Ma- dagascar, 150. — L'Urania Ripheus, 403, 439, 936. — Le Voanzo, 893. CHanpèze, Sur ses cheptels de Fai- sans vénérés et Canards caroiïins, 201. CHaPPELLIER. Jgname, 311, 454. Ceéné (le commandant). Vignes ka- byles, 153. Cheptels. Animaux et plantes mis en distribution en 1890, 1017. CLARTÉ (J.). Eleagnus edulis, 403. — Cultures de végétaux exotiques alimentaires, 741. CLzoQuET (Jules). — Procès-verbaux des sections. Séance du 15 janvier 1889, 246, — du 22 janvier 1889, 248. — ‘du 19 février 1889, 407. — du 19 mars 1889, 457, — du 26 mars 1889, 514. — du 16 avril 1839, 601. CLos (Dr). Des arbustes du Chili à cultiver en pleine terre, dans le sud-ouest de la France, 302. CozsrTer (C.). Le Loir gris en capti- vité, 519. ConFEvroN (de). Les Chevreuils dans la Haute-Marne, 199. — Les Pinsons dans l'Est, 362. Cooz. Renne en Ecosse, 550. CreTTé DE PaLzuez (Alb.). Note sur la destruction des oiseaux. 620. Darreaux (Emile). Les Nandous à la Plata, 371. Damour. Sevrage des jeunes Chiens, 932. DarBray (Aymé). Faisans vénérés 934. — Ormes de Pelvésy, 938. DaresTe (Dr C.). Note sur quelques faits relatifs à l’incubation arti- ficielle, 169, 1054 — Note sur l’hybridité animale, 841. Decroix (E.). Importance actuelle de la consommation de la viande de Cheval. 425. — Viandes malades, 562. DELAGRANGE (Ch.). Notes sur le Za- siocampa Otus, 363, 534. DELORT DE GLÉON [le baron). Ânes d'Egypte, 360. DELAURIER. Oiseaux exotiques, 597. DoumET-ADANsON. Pare de Baleine, 997. Duczros [Gilbert). La Perche argentée d'Amérique ou Calico Bass, 12. Dugës (le Dr). Séricigènes du Mexi- que, 936. Dupuy (Léopold). Faisan versicolore, 941. DtrsarpiN-BEauMETz et Ecassr. Des Strophantus, 671. EcxsTerx (K.). Mœurs des oiseaux, 520. EPRÉMESNIL (le comte d')}. Eucalyptus, 308. FarLou {J.). Sur les ravages causés par deux Coléoptères nuisibles des environs de Paris, 58. — Sur quelques insectes nuisibles des environs de Paris, 393. — Lesiocampa Otus, 407. — Anthouome du Poirier, 556. — Sur la culture du Ver à soie du Mûrier, 584. — Sériciculture, insectes utiles et nuisibles à l'exposition univer- selle. 761. — Essais sur l’acclimatation d’une es- pèce d’Aranéide, 821. —_ Observations sur les cocons anor- maux, 914, 888. Farz-Feinx. Création d’un jardin zoologique en Russie, 953. Fanciers Gazette. La Poule grise d'Écosse, 903. FEDDERSEN (Arthur). Sur la pêche du Saumon dans la Baltique, 347. Field. Des Chameaux à une seule bosse, 263. Forest and Stream. pieds noirs, 4010. — Les Canards du Maryiand, 1011. GALBERT (le comte de). Osmonda regalis et Sphagnum, 510. Garden (The). Les Nymphéacés aux États-Unis, 944. — Le Roseau des sables, 983, Le Furet aux REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. Garden and Forest. La Cassave douce aux Etats-Unis, 871. — Les Liquidambars, 982. GaSTINEL-Pacna. Végétaux utiles, 510. Geflügel Markt. Le Lapin belze, 321. — Le Doyen des Perroquets, 469. Gi2Ez. Castor en Bourgogne, 200. GEOFFROY ST-Hizaie (A. Végé- taux exotiques dans le Midi, 310. — Cobaye et Canard de Barbarie, 596. — Perche argentée, 557, — Jardins zcologiques, 558. Germanra. La longévité des oiseaux, 903. Gopry (E.). Note sur les élevages de la faisanderie du château de Gal- manche {près Caen), 8. — Cerf de Virginie et Colombe lu- machelle, 200. GREvé (C.) Le Jardin zoologique de Moscou, 214. GrisarD (Jules). Colorant pour les vins, 38. — La mission de M. Raoul dans les Colonies, 94. — Le Chiendent des Brossiers, 163. — Vin blanc de Canne à sucre, 166. — Jnsectes ct végétaux nuisibles, 325. — Le Bois-dentelle, 325, — Utilisation des résidus de la Canne à sucre, 326. — Expositions, 422, — Pandanées, 453. — Les Autruches, 566. — Semis de Pavot double, 554. — Un nouveau Séricigène originaire du Mexique, 630. — Le Chêne-Lièse, 658. — Exposition de Buénos-Aÿr:s en 1890, 739. — Le Courbaril, 791. — Les tissus d’Ananas, 970. — Procès-verbaux des séances générales. Séance du 1er février 1889, 242. — du 15 février 1889, 305. — du 1er mars 1889, 360. — du 15 mars 1889, 409. — du 29 mars 1889, 449. — du 12 avril 4889, 508. — du 26 avril 18S9, 550. — Procès-verbaux des sechons. Séance du 29 janvier 4889, 311. — du 26 février 1889, 408. — du 2 avril 4889, 561. végétal TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS, — Chronique des Soctétés savantes. Académie des Sciences, 92, 157, 252, 320, 368, 652, 733. Académie de Médecine, 157, 329, 413. Société nationale d'Agriculture de France, 368, 413. Société entomologique de France, 604. — Bibliographie. Les Pigeons voya- geurs par M. Gaston Dencuve. 328. — L'Indo-Chine française par J.-L. de Lanessan, 328. —- Les produits coloniaux dans l'ali- mentation par M. KF. Hédiard, 716. — Le petit jardin par D. Bois, 716. — Traité de la culture fruitière, com- merciale et bourgeoise, par Charles Baltet, 984. — Manuel complet du jardinier par Deschamps, 1016, — et Vaxpex-BERGuE. Les produits coloniaux textiles. Le Jute et VAbaca, 544. — Le Phormium tenax ou Lin de la Nouvelle-Zélande, 591. GuéranD (G. de}. Industrie du Bois courbé, 469. — Bibliographie. Les Champignons, par J. Moyen, 423. — Expéditions scientifiques du 7ra- vailleur et du Talisman. Poissons par L. Vaillant, 949. Gux (aîné). Vignes chinoises, 939. Haacxe (D'}. Le Jardin zoologique de Francfort-sur-Mein, 216, 262. Héorarp. Sur l’Avocatier, 154. Hamburgsche Nachrichten. Les Mu- œuets et les Giroflées de Wit- temberg, 421. — Les fourrures de la Sibérie, 566. — Chenilles européennes aux Etats- Unis, 868. Huet. Naissances, dons et acquisi- tions de la Ménagerie du Mu- séum d'Histoire naturelle pen- dant les six derniers mois de l’année 1888, 161, — De l’hybridité chez les Gallinacés, 438! : — Liste des espèces connues et dé- crites jusqu'à ce jour dans les familles des Cervidés, Cervuli- 1055 dés, Tragulides et des Moschi- dés, 522, 665, 809, 873. Jardin (Le). Le Mûrier du Tonkin ct les Vers à soie annamites, 868. Jardin d’Acclimatation. Chroniques, 27, 89, 455, 205, :250, 314,366, 409, 460, 516. JEANNEL {le Dr). Duvernoya odontoi- des, 938. JourFRoY D’Aupans (Vicomte de). La pisciculture, la pêche et la chasse en Nouvelle-Zélande, 695. Kalnische Zeitung. Les Grives en Hollande et en Allemagne, 736. Ke Bulletin. Le Phylloxéra en Asie- Mineure, 838. — Le Patchouli, 980. KozrKNeER {le Dr}. Le Rachitisme, 520. LABouULBÈNE (A.). Note sur le Ver à soie américain du Prunier, 353. Laron {le Dr J.-J.) Education de Lophonhores, 940, 994. Land and Water. L'Elan en Scandi- navie, 698. Laumonier {le Dr). Courge de Siam, 404. Le Beau, Pisciculture, 553. — Montée d'Anguilles, 598, 935. Leroy (A.). Cultures de végétaux en Algérie, 244. Laxpois (H.). Appareil pour l’aération de l’eau, 214. Larrieu (Olivier). Canard Mandarin, CEA Leczer (D A.). Cultures, 937. Lergevre (A.). Saumon de Californie, 552. Lemoine. Alimentalion des Gallina- cés 601. : » LE Pray [le Dr). Elevage de la Carpe, 455. Levant Herald. La pêche des Éponges et du Thon sur la côte tuni- sienne, 372. Live Stock journal. L'importation @es viandes congelées, 466, — La laiterie aux États-Unis, 468. — Les vins australiens, 469. — Création de mulasseries en Aus- tralie, 837. Loz (J.). Les Oies américaines, 95. — Fécondité de la Morue et du Hareng, 164. _— Le transport de la volaille, 255, — Alimentation du bétail, 322. — L’Agami berger, 418. 1056 — Les Chevaux en Tunisie, 566. — Les poissons d’aquariums, 611. — Procédé de conservation des œufs, 611. — Sur les Syrrhaptes, 649. — La longévité des Tortues, 699. — Les Vers à soie en Grèce et en Amérique, 700. k — Standard pour la volaille aux Etats- Unis, 740. — Citronniers et Orangers en Amé- rique, 741. — Exportation et importation de Che- vaux en Angleterre, 7172. — Culture de la Réglisse aux Etats- Unis, 775. — Les fauves dans les forêts alle- mandes, 806. — Anchois et Marsouins dans la mer Noire, 837. — Renseignements sur la pêche ma- ritime, 843, ' — L'origine du Chat domestique, 975. — Vaches hollandaises en Italie, 1010. — Nouvelle migration de Syrrhaptes, 1012. — Une plante à miel, 1014. Macaup-D'AuBussoN (L.. Le Syr- rhapte paradoxal et sa naturali- sation spontanée en Europe, 217. — Une promenade à l'Exposition, 498. — L'industrie de l’Autruche, 726. — Le Nandou et ses produits, 795. — L’Eider et l’édredon, 896. Maicces (Ch.)}. Procès-verbaux des sections. Séance du 8 janvier 1889, 204, — 16 janvier 1889, 247. — » février 1889, 312. — 20 mars 1889, 459. — 9 avril 4889, 562. — 47 avril 1889, 603. — Syrrhapte paradoxal, 458, 601. — Accouplement entre Æana, 603. MaireT (Alexandre). Note sur les Perdrix-Gallines de l'Inde, 300. Méanix. Oiseaux divers, 457, 458. Mercnan. Céréopse d'Australie, 401. MéxanpD (le Dr Saint-Yves). Procès -verbaux des séunces générales. Séance du 10 mai 1889, 596. — du 24 mai 1889. — Sur la castration des Rennes, 309. — Note sur la maladie des Chiens, 811. — Note sur Îles produits obtenus REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. d'une Mule au Jardin d’Accir matation, 617. MERLATO (Lucien). Sur la chaleur émise par les œufs d’Autruche pendant l’incubation, 150. MéÉTaxas (C.-C.). Le Jujubier de la Mésopotamie, 541. MEyners D’'EstTrey (Dr H.). Papier de Canne à sucre, 30. — La culture du Rizaux Etats-Unis, 30. — Le Thé roussi au Japon, 33. — L'écorce d’une Liane à caoutchouc, 158. — La culture du Quinquina aux Indes néerlandaises, 316. — La maladie des Caféiers au Brésil, 486. — Le papier au Japon, 605. — L'Indigo à Java et dans l’Hindous- tan, 802. — Les Thés de l'Inde, de Ceylan ct de la Chine, 832. — Culture et maladie du Cacaotier à la Guyane, 862, 972. — Traitement industriel de la Ramie, 1005. Micuox (Dr Joseph). Graines de To- pinambour, 560. Ministre des Affaires étrangères. Lettre à M. le Président, 365. Monaco [S. À. le prince Albert de). Sur l’alimentation des naufragés en pleine mer, 92. MonTzezun [le comte de). Notes sur les Palmipèdes Lamellirostres. Famille des Anatidés, 708, 7114. Muezzer (baron von). Eucalyptus co- rynocalyz, 938. NarDy (père). La végétation en Por- tugal, 553, 825. Nature. Jardins Zoologiques, 264. Oxvier (Ernest). Syrrhapte paradoxal, 401. Naunin (Ch.). Les Acacias tannifères d'Australie, 14. — Surle Rhus vernicifera, 404. — Kanaf et Apocynum Sibiricum, 599. Nozz {le Dr). Le grand Guillemot, 167. — Le Bou-Rioun, 167. — Cogs et Poules domestiques à l'était sauvaïe, 201. — Le Dermeste du lard, 215. NorieGa (Thomas). L'’Ahuehuette, 319. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. Orcer (d’). Le Castor d'Europe, 1. — Notes sur Paphos, 473. PaGès-GriGoriErr (Dr). L'exposition d’apiculture en Alsace-Lorraine, 614. — Un nouveau Champignon comes- tible parasite du Maïs, 661. — Fondation de stations agricoles en Portugal, 697. — La culture du Tabac en Alsace- Lorraine, 701, — Les grandes chasses du pays gri- son, 739. — Navire entraîné par une Baleine, 173. — Rendement des céréales en 1888, 840. — Bibliographie. Aquarium d'un ama- teur, par N. Ph. Zolotnitzki, 39. — Plantes d’eau pour aquariums de chambre, de jardin et d’oran- gerie. Manuel pour l’entretien, l'élevage et la reproduction de ces plantes, par N.-F. Zolot- nitzky, 41. — Le Cyprin doré et ses variétés, par N.-Ph. Zolotnitzky, 44. Parzzreux (Auguste). Sur l’Igname plate du Japon et le Gongoulou du Kashmir, 194. — Sur divers végétaux, 311, 561. — et Bois (D.). Lewisia, 442, — Histoire d'un nouveau Légume, 511, 634. PARTIOT (Craëtan). Orchidées et autres végétaux du Mexique, 151. ParLrotT-ForesT. Lièvre en captivité, 650. Pays-Mezzier. Note sur les animaux qui vivent au parc de la Patau- dière, 112, 290, 550. PeTir (Julien). Les Grenouilles aux Etats-Unis, 165. — Quantité de bétail du Globe, 254. — Abondance d'oiseaux aux États- Unis, 321. — Race bovine désarmée, 361. — Le Sorgho à sucre en Amérique, 372. — Fourrures russes et américaines, 418. — Anguilles dans le Danube, 468. — La longévité des oiseaux, 609. — La disparition des Eléphants, 657, — Note sur la Pisciculture d’eau douce en divers pays, 767. 1057 — Les Tortues comestibles aux États- Unis, 773. — Cailles en Australie, 831. — La sériciculture en Hongrie, 838. — Expériences sur des Bœuls de trait, 865, — Les Moireaux aux États - Unis, 866. — La cultüre du Cocotier en Floride, 944. — Les nids d'Hirondelles, 977. — Les Castors de l’Elbe, 1010. — Les Saumons de l'Orégon, 1013. — La culture de l’'Osier en Allema- magne, 1014. Pharmaceutical journal. Culture du Quinquina dans l'Inde, 904. Paicrppr (Dr R.-A.). L'Éléphant ma- rin et Otarie, 216. Pion (E.). Utilité de la Chèvre, 180, 294, 320, — Le concours universel d'animaux domestiques au Palais de l’In- dustrie, 689, — Concours international des Che- vaux reproducteurs, 828. Porte (A.). Note sur les Castors qui vivent dans l'ile de Bute, en Ecosse, 5. RappE (G.). Le Syrrhapte paradoxal, D18. RATHELOT, Oiseaux divers, 457, 458, 602. — Appareil de pisciculture, 603. RAvERET- WATTEL. Séance du Conseil. Séance du 11 octobre 1889, 930. — Peaux et conserves de Lapins en Australie, 162. — Calico bass, 245. — L’échelle Mac Donald perfection- née, 383. — Introduction du Whitefsh dans le lac d'Annecy, par M. F.Lugrin, 435. — Saumon bécard, 555. — Pisciculture, 651. — La Truite dans les rivières de la Nouvelle-Zélande, 805. — La pisciculture à l'Exposition uni- verselle, 854. — La station aquicole de Boulogne- sur-Mer, 925, — Elæeagnus edulis, 940, — La pisciculture au Canada, 1035. Revue scientifique. Sur le Kanaff, 403. 1058 RirrauD (P.). Note sur les jardins de feu Camille Dognin, à Cannes (Alpes-Maritimes), 120. RixXDIGER (E.). Le Serin ou Canari, 215: ROGERoN (Gabrielle). La Bernache mariée, 478, 569. RüniGer (E.). Les Perroquets, 263. SauvaGE (le Dr H.-E.). La Piscicul- ture en Espagne, 388. — Sur la nourriture de poissons de mer, 961. SCcEY DE Brux [le marquis de!. Truite des lacs, 150. — Perche argentée, 307. SCHNEIDER (O.). Jardin Zoolosique de Strasbourg, 163. SUCHETET (André). Sur les Hybrides des Anatidés, 905, 985. THocLozan [le Dr}. Le Safran en Perse, 554. Tomas {Paul}. La Chèvres, 705. — La Chèvre en Angleterre, 942. Times (de Chicago). Le Cresson de Fontaine, 211. — (De New-York), Les Raisins de l'Ohio, 257. VAILLANT (Léon). Sur la présence du Saumon dans les eaux marines de la Norvège, 111. — Sur la montée d'Anguilles, 693. Vaxvex-BERGHE (Maximilien). La l'héine, 96. quelques Suisse et ses . REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. — Usages du Maté, 373. — L’Arganier ou arbre à huile du Maroc, 397. — L’Acacia dealbata, 702. — L’Astragale et sa gomme, 807. — La paille et la fécule de Pia, 838. — L'Agave d'Amérique et ses pro- duits, 848. — Le Chêne et ses applications, 965, 1038. — Voy. aussi GRIsARD. Vizmorin (H. de). Légumes nou- veaux, 408. | Vixsox (le Dr Aug.). Pandanées, 451. VüuizLter, Pisciculture, 402. WaGraM {le prince de). Faisan vé- néré, 934. Waizzy. Bombyciens séricigènes et autres, 450, 786. WueEtEr (J.). L'agriculture de la Colombie, 463, 563, 653. Yvorre (le baron d’} La Morille. Procédé de culture applicable à tous les jardins, 18. ZærzLer. Pitch-pin, 938. — Rusticité du Chamerops excelsa, 1002. Z1PPERLEN (Dr A.). Le Jardin Zoolo- gique de Cincinnati {Amérique du Nord), 216. ZozorTniTskv. Les Moscou, 999, Aquariums de FIN DE LA TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX MENTIONNÉS DANS CE VOLUME. GÉNÉRALITÉS. Chasse, 697, 739. Exhibitions ethnographiques du Jardin d’Acclimatation, 27-29, S9- 94, 205. Faune pélagique, 92-93. Fourrure, laine, peau. 209, 418 Hybrides, 246-247, 905-913. Incubation artificielle, 169-171. Insectes nuisibles, 58-64, 215-216, 259-261, 325, 393-396. Jardins zoologiques, 168, 214,216, 262, 558-559, 953-956. Mammifères, 35, 49-51, 161, 172-179, 206, 234-955, 290-299, 312- 313, 322-3923, 361-352, 466-468. 520, 656-657, 806, 955-956. Oiseaux, 8-11, 49-51, 161-162, 172-179, 250-251, 255-256. 290-299, 321, 340-346, 520, 609, 620-629, 708-718, 711-155, 903, 954-955. Œufs, 321, 611. Ostréiculture, 642-647. Pisciculture et pêche. 39 41, 168, 207-208, 214, 248, 265-289, 347-351, 383-387, 388-392, 402, 414-417, 455, 459, 553, 651, 695-696, 719- 125, 767-111, 843-847, 854-861, 884-887, 925-929, 1033-1037. Abeille, 604, 614. Agami, 418. Ælia, 368. Alose, 699, Anatidés, 005-913, 985-593, Anchois, 837. Ane, 312-313, 360-361. Anguille, 468, 598-600, 693-694, 766, 935-936. Anthonome, 556. Antilope, 10. Aranéide, 117-119, 821-824. Astérie, 419. Attacus cecropia, 253-359. Attacus Orizaba, 630-633, 936-937. Attacus splendidus, 936-937. Autruche, 35, 211, 462, 566, 683- 688, 726-734, 750-752. Baleine, 7173. Bernache, 50, 478-485, 569-576. Bibio, 219. Bison, 163-161. Bœuf, 689-692, 865. Bombyx mori, 514. Bombyx séricigènes, voy. Vers à soie. Cacatois, 250. Cagou, 206. Caille, 457, 601-602, 837. Calico Bass, 12-13, 245, 307-308, 558. Canards, 29, 314-315, 412, 461, 905- 913. 985-993. Canard du Maryland, 1011. Canard mandarin. 932-934. Canard carolin, 202-203. Canard de Barbarie, 56-557, 745-749, Carpe, 37-38, 455-456, 741. Casoar, 206, 251, 367, 412, 512, 516. Castor, 1-7, 1010. Céréopse, 29, 401. Cerf, 200, 251, 315, 461, 521-533, 1060 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. 602, 665-6:0, 809-817, 957-959. Cervule de Reeves, 10. Cetonia stictica, 395-396, 598. Chameau, 263-264. Chat, 975-977. Chenille, 868$. Cheval, 29, 35, 168, 209-211, 25: 425-432, 566, 597, 617-619, 712- 113, 806, 828-831, 902-903. Chèvre, 180-193, 204, 234-241, 312 313, 329-339, 517, 705-707, £42- 944, 1022-1034. Chevreuil, 199-200, 957-959. Chevrotain, 532-533, 665-670, 809- 811. Chien, 91, 232, 256-257, 317-382, 409-411, 932. Chien de prairie, 262-263, 460. Chinch-bug, 260. Civelle, 599-600, 693-694. Coassus, 816-871. Cobaye, 556-557, 745-749, Colin de Californie, 401. Colin Houi, 29. Coiin à poitrine noire, 29. Colombes exotiques, 9-10, 52-57, 201, 940. Coq, voy. Poule, Coregonus albus, 135-438. Corégone Marène, 589-590. Crocodile, 1012-1013. Crustacés, 603. Cut-worm, 261. Cyprin, 44-48, Dauw, 251. Dendrocygne, 708-718, 711-185. Dermeste, 215. Diamant, 597. Dindon, 458, 513. Ecrevisse, 402, 603. Eider, 896-901. Elan, 698. Eléphant, 609-610, 657-658. Epeira, 117-119. Eperonnier, 598. Esturgeon, 700. Eucheiria socialis, 407, 937. Faisans, 8-9, 246, 264, 597, Faisan versicolore, 941. Faisan vénéré, 202, 934-935, Faucon, 164. Flamant, 517. Francolin, 461. Furet, 261, 1010 1011. Gazelle, 550, 873-883, Gallinacés, 433-434, 550-551. Galloperdix spadicea, 309 301. Gnou, 49. Grenouille, 165, 978-980. Grive, 136-738. Grue, 51. Guillemot, 167. Hanneton, 514. Hareng, 164-165. Hérisson, 313. Hirondelle, 569, 977-978. Huître, 419-420, 857. Ibis, 516-517. Lacerta, 167-168. Lapin, 162, 258-259, 562. Lapin géant belge, 321-322. Lasiocampa Otus, 363, 407, 514, 534- 940. Lepus sylvaticus, 548, 562. Loir gris, 519. Lophophore, 941, 994-998. Lucanus cervus, 394-395. Mara, 461-462. Marsouin, 837. Martin, 461. Merle bronzé, 460-461. Moineau, 866-867. Molite couronné, 63-61. Morue, 164. Moschus moschiferus, 195. Mouton, 204, 609. Mule, 617-619, 837, Nandou, 49, 150, 371-372, 195-S01. Oie, 95-96, 314-315, 461, 602-503. Oiseau-moqueur, 36. Ondatras, 371. Otarie, 216, 366-367. Paon, 935. Pigeon, 36-37, 458. Pigeon goura, 550. Pintade, 9, 367. Perche argentée d'Amérique. Voy. Calico bass. Perdrix-galline de l’Inde, 300-301. Peronospora, 261. Perroquets, 250, 263, 460, 469. Perruche, 367. Phoque, 366-367, 865-S66. Phylloxéra, 838. Pibale. Voy. Civelle. Pieris, 868. Pinson, 362. Poissons, 611-614, 949-952, 961-964, 999-1001. Poney, 1010. l'orc; 2259261: INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX. Porte-musc, 153-156. Poule, 201, 315, 411, 457, 601, 610, 740-741, 818-820, 903-904, 922. Purpurea lapillus, 135. Putois, 371. Rana, 603. Raton laveur, 597. Renne, 91, 309, 550. Requin, 567. Sajou, 114-116. Salmo Quinnat, 205-206, 509, 551-553, 935. Sanglier, 649, 959-960. Saperda scalaris, 393-394. Saumon, 97-113, 265-289, 309, 347- 351, 402, 838, 914-917, 1013-1014. Saumon bécard, 554-555. Sautereile, 252. Sericaria Mori. Voy. Ver à soie du mûrier. Séricigènes, 450-451, Serpent, 1013. 1061 Syrrhapte, 156, 217-229, 401, 412, 457, 518-519, 601, 649-650, 1012, Tanche, 308. Thon, 372-373. Tortue, 699-700, 773-774. Truite, 150, 552, 806-807. Urania Ripheus, 151, 402 403, 439- 441, 936. Vache, 1010. Valgue hémiptère, 58-63, Vanneau, 698-699, Vers à soie divers, 253-254, 514-515, 700-701, 761-765, 786-790, 838, 865- 869, Ver à soie du Môûrier, 219, 5S4-588, 888-892. Ver à soie du Prunier. Voy, Attacus Cecropia. Vipère, 214-215, 413. White fish, 435-438. Xylocopa violacea, 316. FIN DE LINDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX. INDEX ALPITABÉTIQUE DES VÉGÉTAUX MENTIONNÉS DANS CE VOLUME. GÉNÉRALITÉS. Végétaux, 41-44, 120-148, 151-152 420-421, 510, 857, 75 11 Abaca, 547-549. Acacia, 14—17, 132. Acacia dealhata, 102-703, 760. Agave, 124-127, 565, 848-853. Ahuehuete, 375-376. à Ananas, 497, 970-971. Andropogon, 165-166. Apocynum Sibiricum, 555-550. Arachide, 492-493. Araucaria, 127, 135. Arbre à huile du Maroc, 397-399, Arganier, 397-399. Arrhenaterum, 561. Aristoteha Maqui, 38, 302. Astragale, 807. Avocatier, 194. Bambou, 127. Bananier, 465. Basella rubra, 451. Berberis, 303. Betterave, 496. Blé, 320. Bois-dentelle, 325-326. Boldo, 303. Broussonetia, 605-608. Buddleya, 141, 303. Cacaotier, 464-465, 567, 111-119, S62- 864, 972-974. Cactées, 132. Caféier, 486-491, 495. Canne à sucre, 30, 166, 326-327, 369- 310, 465. Carludovica palmata, 465. Caroubier de Guyane, 191-791. Cascara sagrada, 253, Cassave, 871-872. Chamaærops, 1002-1004. Champignon, 423-424, 661-663. , 212-213, 244, 302-304, 306-307, 311 312, 6, 869-871, 918-924, 937, 1011-1012. Chêne, 965-969, 1038-1043. Chêne-liège, 658-661. Céréales, 840. Chiendent des brossiers, 165-166. Chrysopogon, 165-166. Cinchona. Voy. Quinquina. Cissus Mexicana, 413. Citronnier, 741. Cocotier, 944. Cocos, 135, 136. Colletia, 302. Copalier d'Amérique, 791-744. Corchorus, 545-547. Coton, 370. Courbaril, 791-704. Courge de Siam, 404-405. Cresson, 211-212. Crosne, 561, 571-583, 634-641, 742. Cycadées, 131. | Dioscorea. Voy. Izname. . Dracæna, 156-751. Duvaua, 303. Duvernoya odontoides, 938. Ecdysanthera, 158-160. Edgeworthia, 605-608. Eleagnus longipes, 230-233, 403, 940. Epinard rouge, 451, Escallonnia, 302. Eucalyptus, 308, 496-497, 655, 921 938. Eugenia, 302. Faqus ferruginea, AT0. Ficus, 143-144, 160. Figuier, 495. Fougères, 123-131. Fraisier, 936. Funqus du Quinquina, 317-318. Giroflée, 422. INDEX ALPHABÉTIQUE DES VÉGÉTAUX. 4763 (Grongoulou, 197-198. Haricot, 940. Herbe des pampas, 497. Horiniscium, 317. Igname, 194-197. 454, 742-743. Indigo, 463-464, 802-805. Ipomea, 937. Ivoire végétal, 465. Jubea, 304, 754-750. Jujubier, 541-543. Jute, 545-547. Kanaff, 403-404, 555-556, Lagetta hintearia, 325-326. Lonisia, 442-448. Liane à caoutchouc, 158-160, 244, 368. Lin de la Nouvelle-Zélande, 591-595. Liquidambar, 952.983. Livistona, 139. Maïs, 561, 661-663, 744. Manihot, 871-872, Maqui, 38, 302. Maté. 373-375. Melon, 219. Morille, 18-26. Moutarde, 744. Muehlenbeckia, 139. Muguet, 422. Mûrier, 868-869. Musa, 547-549. Noyer, 493-494. Nymphéacées. 944-948, Olivier, 495,554. Oranger, 741, 826-827, Orme, 938-939. Osmonde, 510. Osier, 1014-1015. Oxypetalum, 368. Palmiers, 127-123, 139-140, 143. Pandanées, 451-453. Parameria, 158-160. Patchouly, 980-982. Pavot double, 554. Persea, 154, Phacelia, 1014. Phœnir, 139. Phormium tenaz, 591-595. Physalis Peruviana, 561. 743. Phytelephas macrocara, 4655. Pia, 838-840. Pin, 938. Pinus, 65-87. Pitch pin, 65-87, 362-363, 938. Podocarpus, 303. Pomme de terre, 320, 368, 408, 564- 565. Pogostemon, 980-982, Psamina arenaria, 983. Quillaja. 303. Quinquina. 316-319, 653-653, 904. Ramie, 1005-1009. Réglisse, 775, Rhamnus Californica, 253-254. Rhus rernicifera, 404, Riz, 30-33, 244, 744. Roseau des sables, 983, Saccia, 244. Safran, 554. Saliz, 1014-1015. Scheuzeria palustris, 650. Scolyme, 408. | Scorzonera, 743. Sorgho, 373. Sphagnum, 510 Stachys, voy. Crosne. Strophantus, 1517, 671-682, Tabac, 463, 701-702. Tacca pinnatifida, 838-S40. Tanghin, 652. Taxzodium, 315-376. Thé, 33-34, 96, 832-536. Topinambour, 560, Vigne, 150, 153, 257, 469, 495-496, 615-616, 652,.918-921, 923-924. Vigne chinoise, 939-940. Vinsonia, 451-453. Voanzo, 893-895. Washingtonia, 140. Yucca, 128, 140. Zapallito, 743-741. FIN DE L'INDEX ALPHABÉTIQUE DES VÉGÉTAUX. TABLE DES MATIÈRES GÉNÉRALITÉS. E, Gopry. — Note sur les élevages de la faisanderie du château de Galmanche. 2204 ce nr MO PS «ete PARA 3 SRE l'.-E. BLaauw. — Notes sur la collection d’arimaux réunie à S’Gra- VAN. ER Mel ee Rs ER ETS Fe ARE ea. J. GrisarD. — La mission de M. Raoul dans les colonies........... HuerT. — Naissances, dons et acquisitions du Muséum........... AL Pavys-MEzriEr. — Note sur les animaux qui vivent au parc de la Pafaudière ee th mess clanes. Ne MIO RIRES Re sites LT ; H. BRÉzZOL. — Importations de peaux....... A Ce. J.UL02: — "Alimentation du bétail ee ER HE H. Brézor. — La pêche de l’Ambre dans la Baltique.............. ‘ INSECTES ET VÉGÉTAUX NUISIBLES. — (Commission du minislère... J. PETiT. — Fourrures russes et américaines....................... Live Stock Journal. — L'importation des viandes congelées. ......... — La laiterie aux États-Unis............ omeb ot LÉ SRERS de D'Orcer. "Notes isur Paphos 4 255440 uR OU PORN MaGaup-D'AuBussON. — Une promenade à l’Exposition.............. D: KœrNER. — Le rachitisme.................. ET Hamburgsche Nachrichten. — ea Muse de el Sibérie, SECRETS à H. Brézoz. — Moutons et fromages de la Nouvelle-Zélande........ J. Loz. — Procédés de conservation des œufs...... d'aalote Va TPE H. Brézor.. — La résistance électrique des animaux........ FRERES 3 Vicomte DE JourFROY-D'ABBANS. — La pisciculture, la pêche et la chasse en Nouvelle-Zélande. ............. ns ne te s'5 26000 ee Dr J, PAGÈs-GRiGoRIEFr. — Fondation de stations agricoles en Poriurals "807. 0 0 de no 5e JNGRISARD, — Expositions. 5248 RAR SENS ARE Dr J. PAGÈS-GRIGORIEFF. — Les grandes chasses du pays Grison... H. Brézoz. — L'origine du Cobaye et du Canard de Barbarie....... — La laine australienne, ........ se mirreoe oerre era ct CRC NIET Dr J. PAGÈs-GriGorterr. — Navire entraîné par une Baleine. ...... DarEsTE. — Note sur l’hybridité animale, ......:................. F. ALBUQUERQUE. — Cultures de végétaux et essais d’acclimatation d'animaux a Saint-Paul (Brésil)... RS IN Ie OR - Fazz-Fein. — Création d’un Jardin zoologique en Russie........... [. Brézoz. — La laine de bois dans les poulaillers. Ro ue : 172, 290 209 322 323 325 418 466 468 4T3 498 920 566 609 611 656 TABLE DES MATIÈRES. 1065 PREMIÈRE SECTION. — MAMMIFÈRES. PouncEr. — Lo Castor d'Europe... 24e Jeudis bou war 1 A. PorTe. — Note sur les Castors qui vivent dans l’ile de Bute en Hcosse.. ...….. on du eee dora RE ia NOR ul Jia ù H. Brézoz, — Longévité des animaux. — Exportation et importation 0x cn Annie. OR, CL 35 D. Barxssy. — Note sur les Sajous au Jardin de Tours,........ Fer 114 RavERET- WATTEL. — Peaux et conserves de Lapins en Australie... 162 H. Brézoz. — Croisement et domestication du Bison américein..... 163 RE — bilité da la .Chèvrein 4.0... 500080, 180, 234, 329 H. Brézoz, — Chevaux australiens et Chevaux du Cap............ 209 Pr — Quontilé, de, bétail'du.globe...,:....12.41. 2200. 1. 254 He Brézoz. — Les fermes à Chiens en Chine. ...... ss... 256 Geflügel Markt. — Le Lapin géant belge.......................,.. 321 H. Brézor. — Putois et Ondatras américains.......,..... dE U - 371 Dr Sarr-Yves-MéÉnarn. — Note sur la Maladie des Chiens. ...... 377 E. Decrorx. — Importance actuelle de la consommation de la viande an asso eee duo) 2 eu ane de PAPER EN 425 C. Cossrter. — Le Loir gris en caplivité................ RL PE à 519 Huer. — Liste des espèces connues et décrites dans les familles des Cervidés, Cervulidés, Tragulides et Moschidés...,,.... 521, 665, 809, 873 nc Les Cievaux.en, Tunisie... 1., 4.ufter dl... 2 566 L'Avenir du Tonkin. — Les Éléphants au Tonkin....,.............. 609 Dr SainT-YvEs-MÉNaARD. — Sur les produits obtenus d’une Mule au Jo d'Acclimatation.,.!. css... A7 PPS NOTES POP DER ARR 617 J. Peur. — La disparilion des Éléphanis........,................ 657 E. Prox. — Le concours universel d'animaux domestiques (Races mn de Den a A MUST Lire PTT VUES RES 689 Land and Water. — L'Élan en Scandinavie, ...................... 698 Paul THomas. — La Suisse et ses Chèvres..... sante de: RTE 705 J. PETiT. — Exportation et importation de Chevaux en Angleterre . te J. Loz. — Les fauves dans les forêts allemandes. ...,... LE Éénte Re 806 H. Brézoc. — Le sexe des Poulains....,...,........ SR Soie 806 E. Prox. — Concours international des Chevaux reproducteurs. ..... 828 Live Stock journal. — Création de mulasseries en Australie... ........ 837 J. PertiT. — Expériences sur les Bœufs de trait.....,.............. 865 H. Brézor. — Une hécatombe de Phoques au Canada...,.......... 865 — Transmission de la robe chez les Chevaux. .....,............... 902 Paul Taomas. — La Chèvre en Angleterre... ,.............,....... 942 H. Brézoz. — L'âge du Chevreuil, du Cerf et du Sanglier, par l'exa- men des dents... 2... 5. dun ae End r di ati eer CR AA 927 J. Loz. — L'origine du Chat domestique. .....,.........,......... 975 EN Baézor..— Le.Poney des. Hébrides... 34 Mesh ha si a 1010 J. Petit. — Les Castors de l'Elbe...... POP EE CNNAESE DARE PES € 1010 JULoz. — Vaches hollandaises en Italie... ..:....,........ 4.3... 1010 Forest and Stream. — Le Furet aux pieds noirs.................... 1010 À. BertTHOULE. — La Chèvre d'Angora en dehors de son habitat naturel, 1022 20 Décembre 1889, 69 1066 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. DEUXIÈME SECTION. — OISEAUX. H. Brézon. — Les autrucheries au Cap.......... ss SE RARES 35 — La disparition des oiseaux moqueurs, — Le colombier militaire de Massouah.:..1..... ee lee à cà (6e duree de Let done ta eee LIST LE CU EURE 36 - Marquis DE BrisaAy. — Sur la reproduction de Han Colombes exo- tiques encore rares... ....... date ts alla co étaient ere 00 ER RES 92 J.'Loz. — Les Oies américaines 006.9 Re 2 MR 95 H. Brézoz. — Services rendus par les Faucons ................... 164 DaresrTe. — Note sur quelques faits relatifs à l’incubation af cele 169 H. Brézor. — La récolte des plumes d’Autruches....,.,............. 211 Macaup D AUBUssOoN. — Le Syrrhapte paradoxal................,... 217 J. Loz. — Le transport dela volaille. ....... ss as de ORNE 255 Alex. MaiRET. — Note sur les Perdrix-gallines de l’Inde............ 300 HBRÉzOL. — l'exportation des œufs: A PRONE MINE 321 J. PerTir. — Abondance d’oiseaux aux États-Unis......... CA NAT 321 Marquis DE Brisay. — La chasse aux oiseaux dans l’Inde............ 340 Emile DaArREAux. — Les Nandous à la Plata....................... 371 JPervr. —L'Agami berger..." RP PE des cou à - he} 418 Huert. — De l'hybridité chez les Galles ART D 133 Geflügel Markt, — Le doyen des Perroquets 4e PRIE 469 Gabriel ROGERON. — LarBernache mariée, MIE CR 473, 569 G'Raope.— Le Syrrhapte paradoxal. Re RP OR 518 KiLECKeTEIN.:— Méurs des oiseauxs-2 ee ER Re 920 J. Grisarp. — Les Autruches de los Angeles. ,.................... 066 JPérir. {a loncévitédes oiseaux. ..140..22... NN 609 Louis Bapour. — La. Poule géante de Padoue..................... + 610 Alb. CRETTÉ DE PALLUuELzL. — Note sur la destruction des oiseaux..... 620 H. Brézoz. — Essais d'élevage d’Autruches à Stuttgard............ 683 — Les œufs de Vanneau.......... MARAIS. API HN RUE À 698 Comte DE MoxTLEZUX. — Les Palmipèdes lamellirostres. Famille des Anatdés FT SE LARMES 108, 717 MAGAUD D'AUBUSSON: — L'indüustrietde lAtutruches FOR 726 "Le Nandouet :ses-produiisi. 520.50 MARNE TN POP RER 195 H. Brézoc. — Mélange de sang et croisement chez les Poules. .... .. 818 JPerir: —— Cailles'enAustralie. 2eme ER RR MERE 837 MONT es Moineaux aux détats- Unis! A4 MAMAN Een, RER de 666 Macaup D Aususson. — L’Eider et l’édredon..................... 896 Germania. — La longévité des oiseaux............................. 903 Fancier’s: Gazette. — La Poule grise d'Écosse. .....,............,... 903 SucHETET. — Sur les Hybrides des Anatidés. ...........,....... 905, 985 Lucien MERLATO. — Sur la chaleur émise par les œufs d’Autruche pendant l’iacubation.:...….,...…....% SES ETARR MSC SRE 950 J. PETiT. — Les nids d' Fe EM A HER, RSA RE CN 977 Dr J.-J. Larow. — Éducation de Lophophores resplendissants. ...... 994 Fcrest and stream. — Les Canards du Maryland.................... 1011 1012 J. Loz, — Nouvelle-migration. de Syrrhaptes. ............ TABLE DES MATIÈRES. TROISIÈME SECTION. — AQUICULTURE. Gilbert Ducros. — La Perche argentée d'Amérique ou Calico Bass... H. Bnrézoz. — L'alimentation des Carpes........... av ue re nee Am. BErtTHOULE. — Le Saumon et la loi sur la pêche..,........... Léon VaïLLanNT. — Sur la présence du Saumon dans les eaux marines so Norvèse.. .:.. ... 7 TERRES see SORTE Lo rEen rs J. Loz. — Fécondité de la Morue et du Hareng.................... J. PErTiT. — Les Grenouilles aux Etats-Unis...............,...... Bourrer. — Essais de pisciculture dans la rivière d’Aude........... Am. BerTHOULE, —. Les Saumons de Californie dans le bassin de la DETTES US 2. nr RAS RSR L - Arthur FEDDERSEN. — Sur la pêche du Saumon dans la Baltique... Levant Herald. -— La pêche des Éponges et du Thon sur la côte tuni- en rnnorouue LEE ARR AR UT 2 C. Raverer- WaTTELz. — L’échelle Mac Donald perfectiounee,..... Dr H. E. Sauvace — La pisciculture en Espagne... RE H. Brézoz. — Astéries et Huitres américaines.................... C. RavERET-WATTEL. — Introduction du Whitefish dans le dé 1. Se L'or Re RE GO . an" Ausuilles dans le Banube .. .. ....5...........,1.:.,.. eco. — Requins dans l’Adriatiqu:.. ...,...........:....:01. — Le Corégone marène....... 2 dE A M OEIL RE J. Loz. — Les poissons d’aquarium...... D SN en ee cts E Am. BertTaouze. — L'Ostréiculture à l'Exposition universelle....... H. Brézor. — Le repeuplement de l'Hudson...,........,.......... Mae — La longévité des Tortues... ..4..:..:..... 1... Proc. — Un Esturgeon)/ monstre. 224.2... 44 see 1. 2 je Am. BerTHouLe. — L’Aquiculture en Belgique........ ‘ ÉR dl ons H. Brézoz. — Action de l'alcool sur les Carpes.....,........,..... J. Petit. — Les Tortues comestibles aux Etats-Unis............ -- RAvVERET- WaTTEL. — La Truite dans les rivières de la Nouvelle- Zélande. ....... D des ne iiete'e POP HO TRE CRIE SE 7 H. Brézoz. — Saumons en Allemagne.,........ Pac 0e DE J. Loz. — Renseignements sur la pêche maritime.................. C. RAvERET-WATTEL. — La pisciculture à l'Exposition universelle... H. BRÉzoL. — Les Huiîtres d'Arcachon. ..... DRASS RUE — Les Echelles à poissons de l'Ems............... at du pe AUS — Saumons européens et américains... ... ee... eee C. Rayerer-WaTTEz. — La station aquicole de Boulogne-sur- NE 8 D: H. E. SauvaGe. — Sur la nourriture de quelques poissons de mer Le LIÉE TENNIS ON RS DEEE APN: ssh ENT di 2 H. BRÉzoL, — Les Grenouilles aux Etats-Unis.............,...... Zorornirsxy. — Les Aquariums à Moscou........................ H. BRézoz. — Chasseurs de Crocodiles et de Serpents............. J.PETiT. — Les Saumons de l'Orégon.......... SES HE RNUAQNSE 1067 1068 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. QUATRIÈME SECTION. — INSECTES. J. FALLOU. — Sur les ravages causés par deux Coléoptères nuisibles des environs de-Paris. 2 nd CR et PAT PRTEEE : Le R. P. CamBoué. — Sur l’utilisation de deux Aranéides séricigènes de Madagascar... . Rte LE se j06 2 ER . H. Brézoz. — Sériciculture et nouveaux Vers à soie..... Pr Ne D: A. LaBouLeÈène. — Le Ver à soie américain du Prunier.......... J. Fazzou. — Sur quelques insectes nuisibles des environs de Paris.. Le R. P. Cameoué. — L'Urania ripheus....... soniin TORRES Ch. DELAGRANGE. — Notes sur le Lasiocampa Otus. .............. ; J. Fazrou. — Sur la culture du Ver à soie du Müûrier...........,... D: J. PAGÈs-GRIGORIEFF. — L'exposition d’apiculture en Alsace-Lor- J. GrisarD. — Sur un nouveau Séricigène originaire du Mexique... J. Loz. — Les Vers à soie en Grèce et en Amérique...... US RR SE J. FazzLou. — Les insectes à l'Exposition universeille..... se Alfred Warzzy. — Bombyciens séricigènes et autres élevés à Norbi- tont{Anwleterre)}. Re RSS Pros Han ie RE D © ue -- J. Fazcou. — Essai sur l’acclimatation d’une espèce d’Aranéide..... J. PETiT. — La sériciculture en Hongrie................... RP Kew Bulletin. — Le Phylloxera en Asie-Mineure..... PR EE Hamburgsche Nachrichten. — Chenilles européennes aux États-Unis. J. Fazrou. — Observations sur les Cocons anormaux............... | CINQUIÈME SECTION. — VÉGÉTAUX. Ch. Naupin. — Les Acacias tannifères d'Australie. ................ Baron Dp'Yvoire. — La Morille, Procédé de culture applicable à tous les jardins..... RL Sud AE ea MERE see TI PCSPLRECE J, Grisarp. — Colorant végétal pour les vins..................... H. BrÉzoL. — L'acclimatement du Pitch-pin...................... Max. VanDENn-BEerGne. — La Théine. se ee P. Rirraup. — Note sur les jardins de feu Camille Dognin, à CALEES. J. GrisarD. — Le Chiendent des brossiers.:.."......:. — Vin blanc de Canne à sucre.................. PRES 0 à Aug. Parccreux. — Sur l’Igname plate du Japon et le Gongoulou du RASE EE EE SE LS La RE de ET re 0 1 € Times (de Chicago}. — Le Cresson de fontaine...,............. .... H. Brézoz. — Apparition et disparition d'espèces végétales. ........ Am. Berraoure. = LEleggnes longipes SN NS IP ERRE Times (de New-York). — Les raisins de l'Ohio................ or Dr CLos. — Des arbustes du Chiii à cultiver dans le Sud- Ouest de la Erance RMC RRE SR EU PNR A NA A 7 Sn J. GrisarD. — Le Bois-Dentelle.! 1:10. TM ERA RE J. Perxr. — Le. Sorgho,à sucre en Amérique. POSER $ Max. VANDEN-BERGHE. — Usages du Maté...,.................... 58 117 253 333 393 439 534 384 614 630 700 761 786 821. S38 838 868 888 14 18 38 65 96 120 165 166 194 211 212 230 251 302 325 326 373 373 TABLE DES MATIÈRES. 1069 Thomas NoriEGa. — L’Ahuehuete.,..,..... eee nes ee ie Ne 10 Max. VAnDEN-BERGnE. — L’Arganier ou arbre à huile du Maroc... 397 H. Brézoz. — La flore des nécropoles égyptiennes... .............. 420 Hamburgsche Nachrichten. — es Muguets et les Giroflées de Wit- D TE NP PR di RP cr 421 ceux et. D: Bots. — Lewisia. 7 M. 5, TOR Le 412 Live Stock Journal. — Les vins australiens. .....,....... .......... 469 CODE CGUÉRARD. — Industrie du bois courbé. ".,......:.... 0: 469 Dr MEevyners-D'EsTRey. — La maladie des Caféiers au Brésil....... 486 H. Brézoz. — Cultures diverses en Californie et en Floride........… 492 C.=-C. MÉTAxas. — Le Jujubier de Mésopotamie.................... d41 J. Gnrisarp et Max. VANDEN-BERGHE. — Produits coloniaux. Le Jute mn nu aude ste à 6 0 » ee R ton 44 PR AE200. — Les-coques de Cacao... ......... 000... 067 A. Parzzreux et D. Bois. — Crosne. Histoire d’un nouveau légume.. 577, 634 J. GrisarD et Max. VANDEN-RERGHE. — Le Phornium tenaz ou Lin Donne Zélande... 51/444... es Te, à 591 Lans Bapour. — Les Vignes géantes. .............:.........22.. 614 an, —) Be Chéne-lère. ............,...,.....,:44 41 200%. 658 D: J. PacÈès-Gricorierr. — Un nouveau Champignon comestible PER AUEMAS Shen dre 0... pie sp au ane céusde ei 661 DusarniN-BEAUMETZ et EGasse. — Des Strophanthus.........,,.... 671 Dr: J. PaGÈs-GriGorierr. — La culture du Tabac en Alsace-Lorraine, 701 Max. VANDEN-BERGHE. — L’Acacia dealbata................,.... ‘ 702 J. Loz. — Citronniers et Orangers en Amérique. ...,.............. 741 J. CLARTÉ. — Cultures de végétaux exotiques alimentaires........... 741 NarDpy père. — La végétation en Portugal......................... 153, 825 PP PEdanr — Lo|CacaoyentGolombie. 1.44... ..4 f 174 J. Loz. — Culture de ia Réglisse aux Etats-Unis. ............,..... 113 J. Grisar». — Le Courbaril ou Copalier d'Amérique................ 791 Max. VANDEN-BERGHE. — L’Astragale et sa gomme................ 807 er lécnle desPia.. 4... ne unes, 838 DrJ. Pacès- GRiGoRIEFF. — Rendement des céréales en 1888....... 840 Max. Vaxpex-BErRGnE. — L’Agave d'Amérique et ses produits...... 848 Le Jardin. — Le Mûrier du Tonkin et les Vers à soie annamites. ... 868 Ben — La longévité des arbres... ..,....,..,, sas se 869 Garden and forest. — La Cassave douce aux Etats-Unis............ 871 Le R. P. CamBoué. — Le Voanzo.......... ART ONE LEE are 893 Pharmaceutical Journal. — Culture du Quinquina dans l’Inde........ 90% J. Perrr. — Culture du Cocotier en Floride........ M ec cas 944 The Garden. — Les Nymphéacées aux Etats-Unis..,.........., “ve 944 Max. VANDEN-BERGHE. — Le Chêne et ses applications.......... 965, 1038 J. Grisarb. — Les tissus d’Ananas...,...... tn ee rt ie MT DT 970 Kew Bulletin. — Le Patchouli..... DEL dise 2 0 à Re LE 980 Garden and forest. — Les Liquidambars............,.............. 982 The Garden. — Le Roseau des sables, ............,.,.,.... LENS 983 Paul Zeirrer. — Rusticité du Chameærops excelsa dans le nord de la RUE SU, MAS, SIND NS ta at Er el US Me 1002 de Utñe plante & miel... 0.022. esvue nur sis he 1014 J. PETiT. — La culture de l'Osier en Allemagne................... 1014 1070 REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES. EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCES GÉNÉRALES. MAC ernbee MES UN RS RE 400 janvier ASS Lee TC PA NT 2 ORNE TE 449 18 — le JE 199 1%avnil , =: CR Se 508 den février + 1,24 20n40E,. 28 242 26 1558 4 22, NP ES ü90 15 — A AS 0 3905 AO rad 4 ÉRIORSS 596 doremarsquæ ét SM . 1e SOÙ LL: 2 ses 00 RER 6:18 SÉANCE DU CONSEIL. Extrait du procès-verbal de la séance du 11 octobre 1889............. 930 SÉANCES DES SECTIONS. BAjenvienT] 800 M Re 204. À 19 mars 1889, PEER 457 TOURS APE Pr ar 246. | 20 = 6 LEP 459 AONSE A tee DUT. |, 26 0 16 SARNIA 514 DRE SQL ner DNA D AS 2 Avril 8 RES 961 . DEN RSR VAT RER EE ir gi M 562 DUC dE SE 312.146 . = EMI" 601 OR ER RES RAR 77 Et 401 | AT =) RER 603 DRE EN LT ER ru CR REA 408 JARDIN ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. Chronique de quinzaine, 27, 89, 155, 205, 250, 314, 366, 409, 460, 516. CHRONIQUE DES SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des sciences........... C2, 151, 202, 320, 368:1652,1693 1559 166 Aeadémie de médecin£:: vh.:::135#0 01e 1000000 NC SO MERERPS 1457, 320, 412 Société nationale d’agriculture de France......................... 368, 412 Société entomologique de Frances ..-"4 4 MR PEUT RRRREEE 604 CHRONIQUE DES COLONIES ET DES PAYS D'OUTRE-MER. Dr H. Meyxners-Dp'ESTREY. — Papier de Canne à Sucre. — Culture du Riz aux États-Unis, — Le Thé roussi au Japon...!.........). 30 —L'écorte d'une"Tiane à caoutchouc. nee CP ECECREERR EE 158 Eevrepeuplement des fleuves allemands... "Cr ee RE 207 H. Brézos® —= Une série ide fléaux. 288 MEN ERREUR MER ERERES 298 Dr H. Meyxers-D'EsTREY. — Culture du Quinquina aux Indes Néer- landeises RE rater à sec ces doc perce DEC cu RE 316 Am. BERTHOULE. — Le Sucre et le Coton au Mexique.............. 369 TABLE DES MATIÈRES. 1071 H. Brézoz. — La pêche et l’aqniculture à l’étranger................ 414 J. WueELEr. — Sur l’agriculture en Colombie........ A6 fe Te 463, 563, 653 Dr H. Mevyners D’EsTREx. — Le papier au Japon............. sou 605 Kalnische Zeitung. — Les Grives en Hollande et en Allemagne...... 136 H. Brézoz. — Standard pour la volaille aux Etats-Unis............. 740 J. PgrTir. — Note sur la pisciculture d’eau douce en pays divers..... 767 Dr H. Meyxers-D Esrrey. — L’indigo à Java et dans l'Hindoustan.. 802 — Les Thés de l'Inde, de Ceylan et de la Chine........... ....... 832 — Culture et maladie du Cacaotier à la Guyane............... «862; 978 uiement industnel de la Ramie.…...........2%.. ........,..0 1005 BIBLIOGRAPHIE. Dr PAGÈès-GRIGORIEFF. — Aquarium d’un amateur, par M. Zolot- HAISYSS Joe ne ou a stue A PORTE SÉRIE RE «0 VON ne... -: . 39 — Plantes d’eau pour aquariums de chambre, de jardin et d'orangerie, par M. Zolotnitsky........... D SRE ANR ER AE Er à : 41 — Le Cyprin doré et ses variétés, par M. Zolotnitsky.............. 44 Dent Zaologische "Garten ............... DE RITES RAA 2 167, 214, 262 Am. BERTHOULE. — Etude du cheval de service et de guerre, par CA AL... Se ee AU je ot eue a 168 — Les Faisans, par Pierre Mégniu, .... ROC RE RP ARRETE hf -+ 4964 J. Grisarp. — Les Pigeons voyageurs, par G. Deneuve............ 328 — L’Indo-Chine française, par J. L. de Lanessan:................. 328 G. DE GuÉRaR»D. — Les Champignons, par J. Moyen........ -— 423 J. Grisanp. — Les produits coloniaux dans l'alimentation, par MB Hediard: ., 1... danse RTS TEL ARS EE al be dre elaie de 716 — Le petit jardin, par D. Bois..... CE ORNE AR emrabre eur 176 G.p£ Guérarp. — Expéditions scientifiques du Travailleur et du Talisman., Poissons, par M. L. Vaillant.........,..... AA TRES 949 J. Grisarp. — Traité de la culture fruitière, par Ch. Baltet.......... 984 — Manuel complet du jardinier, par Deschamps.................... 1016 Ouvrages offerts à la Société : 88, 245, 424, 471, 568, 616. 664, 704, 716, 808, 812, 981, 1016. FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. PET D ES SE DS EE PE RES TABLE DES GRAVURES Agaves diverses, 125, Attacus Orizaba, 631. Bernache mariée mâle, 480. femelle, 481. Bois de Cerf des Philippines, 522. Hippelaphe, 524. cheval, 526. des Mariannes, 530. faux Axis, 531. de Virginie, 814. de Colombie, 815. gymnote, 815. roux, 8171. anticiensis, 818. des champs, 880. guazowpouccu, 853. Brahea nitida, 121. Cactées diverses, 129. Cervus Mexicanus, 874. Chèvre d’Angora, 1025. Chevrotain Meminna, 533. Cocos botryophora, 147. Cocos Romanzofiana, 137, 147. Dasylirion longifolium, 145. Dendrocyqna autumnalis, 714. _ fulva. 719. _— viduata, 111. Dracæena Draco, 151. FIN DE LA TABLE à grandes oreilies, 816. Echelles à poissons, 384, 385, 386, 122, 7123, 885. Eleaquus longipes, 231. Gresse. Vue et plan du laboratoire, 282, 283. Glacière pour le transport des œufs de Salmonides, 284. Jubæea spectabilis, 755. Lemwisia rediviva, 445. Molite couronné, 63. Morille, 19. Oies américaines, 95. Plan des propriétés de M. Dognin, 123 Quillan. Vue panoramique, 278. — Plan du laboratoire, 279. Stachys affinis, 580, 582. Strophanthus hispidus, 674. — Kombé, 615. — du Niger, 616. Syrrhapte paradoxal, 220. - Traqulus aquaticus, 810. — Kanchl, 666. — Javanicus, 668. — Napu, 6671. — Stanleyanus, 670. Transport d’un Phœnix dactylhifera, 133. Yucca canaliculata filifera, 141. DES GRAVURES. Le Gérant : JULES GRISARD. VERSAILLES, IMPRIMERIE CERF ET FILS, 59, RUE LUPLESSIS. M * 1881] 0... JAN 4 2 1680) Sprmetf re DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES BULLETIN BIMENSUEL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE FONDÉE LE 10 FÉVRIER 1854 — 36° ANNÉE a Not, =. 5 Janvier 1989 1 Semestre © — 1 TE AÙU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 41, RUE DE LILLÉ, 41 PARIS SOMMAIRE 3, Travaux adressés à la Société. _ D'ORCET. — Le Castor d'Europe. : 42. tee CE Ce A, PORTE. — Note sur les Castors qui vivent dans l’ile de Bute, en Ecosse. 8 een ee De a ce De NE NICE RS E. GODRY. — Note sur les élevages de la faisanderie du chateau de Galmanche (près Caen) 4%... 2e EE GILBERT DUCLOS. — La Perche argentée d'Amérique ou Calico Bües.. sé delie che deb ne Hd À E CAE sr DU NRSEES Rs CH. NAUDIN. — Les Acacias tannifères d'Australie. ..... A+ Baron D’Y VOIRE. — La ste — Procédé de culture pota= gère applicable à tous les jardins... ......... Ses crnsesesseres TA Jardin Zoologique d’acclimatation du Bois de Boulogne, Chronique «de quinzaine 2e CT. CORRE RES IIT. Chronique des Colonies et des Pays d'outre-mer. — Amérique du Nord. Papier de Canne à Sucre........ ses ren res TRE La “culture du Riz aux Etats-Unis . ©2522 Le Thé roussi au Japon........,., SE LR PR M oc du IV. Chronique générale et faits divers. V. Bibliographie serres. PSE Cine ele s eee LR RE ee ea La longévité des animaux ........ ......-....... A L’exportation et l'importation des Chevaux en Angleterre Ce à. ie Les-autrugheries.du/Gap:12.0 8 RE URSS OR La disparition des Oiseaux-Moqueurs................ Se Mie Le Colombier militaire de Massaouah.. 2.2. Ce L'alimentation des Carpes.....,........ .... ee ses LOTO RES : Fine Sea Pour CSL VIRS CAS NME CRETE S'bses SRE La Société ne prend sous sa responsabinfs aucune des opinions émises par les auteurs des articles La reproduction des articles publiés dans la Revue n’est autorisée qu’à la condition REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES RÉDACTION Au siège 41, RUE DE LILLE ‘insérés dans sa Revue. d’en indiquer la source. LA Paraît tous les 15 jours ABONNEMENTS de la société s | Paris, province et étranger: | UN AN: 25 FRANCS UN NUMÉRO PRIS SÉPARÉMENT : UN FRANC Les abonnements partent du 1° janvier et sont fails pour l’année entière. La Revue est envoyée gratuitement aux Membres de la Société nationale d’Acclimatation de France. AVIS AUX AUTEURS ET ÉDITEURS La Revue donnera une analyse sommaire des ouvrages qui se rapportent aux travaux de la Société et dont les auteurs ou éditeurs auront adressé deux exem— plaires au bureau de l'Administration, rue de Lille, 41. TER SR PS EE REVUE SUIENCES NATURELLES APPLIQUÉES = — NS RG - BULLETIN BIMENSUEL SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION FONDÉE LE 10 FÉVRIER 1854 36° ANNÉE No 2. — 20 Janvier 18339 1 Semestre & Bag ) , si no” t 908 AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION DE FRANCE HE CRUE DE. LIL EEK, 21 PARIS SOMMAIRE 1. Travaux adressés à la Société. F.-E. BLAAUW. — Note sur la collection d'animaux réunie à S'Graveiand, près Amsterdam... 2.44 SR er RER RS 49 Marquis de BRISAY. — ‘Sur la reproduction de quelques Colombes exo- tiques encore rares. 2.042.868 2% ALES RUE. OS PTE D2 J. FALLOU. — Sur les ravages causés par deux Coléoptères nuisibles des environs de Paris; :.; #62 5 A2 RACE ECS CO CRE 38 H. BREZOL. — Reboisement par les Conifères. — [L’acclimatement du Pitch pin (pinus rigtda et australis).. LITE SERRE PER Rs II. Extraits des procès=verbaux des séances de la Société.............. .. .. 88 SIT. Jardin Zoologique d’acc'imatation du Bois de Boulogne. Chronique de quinzaine. ee EP ER RE 89 . IV. Chronique des Sociétés savantes, Académie des Sciences Ces ic RU SEE RC CE 92 V. Chronique générale et faits divers. La mission de M. Raoul dans les colonies: À 2 A SN RE «2 G4 Les Oïes ‘américaines: 2 2. 5. 2255 0 RS EE 95 La Phémes tee ER ENT CERN MUST A 96 La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans sa Revue. La reproduction des articles publiés dans la Revue n’est autorisée qu’à la condition d’en indiquer la source. LA REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES Paraît tous les 15 jours RÉDACTION ABONNEMENTS u 1 | Au siège de la société, | Paris, province et étranger : 41, RUE DE LILLE UN AN: 25 FRANCS UN NUMÉRO PRIS SÉPARÉMENT : UN FRANC Les abonnements partent du 1° janvier et sont fails pour l’année entière. La Revue est envoyée gratuitement aux Membres de la Société nationale d’Acclimatation de France. AVIS AUX AUTEURS ET ÉDITEURS La Revue donnera une analyse sommaire des ouvrages qui se rapportent aux travaux de la Société et dont les auteurs ou éditeurs auront adressé deux exem- plaires au bureau de l'Administration, rue de Lille, 41. REVUE DES NUEALES NATURELLES APRLUUÉES DOG —- BULLETIN BIMENSUEL SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION FONDÉE LE 10 FÉVRIER 1854 36° ANNÉE No 3. — 5 Février 135389 1 Semestre Te ge Con FEB 19 1889 ge ce Thgoman DER Massari Et AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 41, RUE DE LILLE, Æ%1 PARIS SOMMES 1. Travaux adressés à la Société. Am, BERTHOULE. — Le us et la loi sur la pêche rer AE es 97 Léon VAILLANT. — Sur la présence du Saumon dans les eaux marines. de la Norvège... 55 ts eienaiee cpres-crSsecr these 1142 D. BARNSBYŸ. — Note sur les Sajous au Jardin de Tours. ...........0 114 R.-P. CAMBOUÉ. — Sur l’utilisation de deux Aranéides Séricigènes de Madagascar.i 11.570 5%s sinvs ns Sites ces stereo de ee 1174 P. RIFFAUD. — Note sur les jardins de feu Camille Dognin, à Cannes (Alpes-Maritimes) (fgures hors temté)...................,....:.... 120 I. Extraits des procès=yvcerhaux des séances de la Société, AE À È Séance générale du 4 janvier 1889.......... Fan HT ser TER Re 150 IE. Jardin Zoologique d’acclimatation du Bois de Boulogne. Chronique de-quinzainè.;..:1, 0.22. NO 155 IV. Chronique des Sociétés savantes. ........ SR ER AU Se 157 V. Chronique des colonies ct des pays d'outre-mer. — Indo-Chine............ 158 VI. Chronique générale et faits divers. Naissances, dons et acquisitions de la Ménagerie du Muséum d'histoire natu- relle pendant les six derniers mois de l'année 1888..................... 161 Peaux et conserves de Lapins en Australie....., PR En UT 162 Croisement et domestication du Bison américain........,................ 163 Sérvices-rendus par les Faucons.....+4...2.9. SERRE 164 Fécondité de la Morue et du Hareñg:.....1..... ARR 164 Les Grenouilles aux États-Unis: 2202... 165 Le Chiendent dés brossiers: 1114224400 50e A RE 165 Vin blanc de Canné à sucre .:.:.:,.2:..2.2t06 RON . 199 VII. Bibliographie... .............1.............. PR RE EE +. s101 S.à db nt LS ds SAR ones OR Lo ot de 2 à à DT VAT La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles « insérés dans sa Revue. La reproduction des articles publiés dans la Revue n’est autorisée qu’à la cendition â'en indiquer la source. LA REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES Paraît tous les 15 jours RÉDACTION ABONNEMENTS i | Au siège de la Société, | Paris, province et étranger : 41, RUE DE LILLE UN AN: 25 FRANCS UN NUMÉRO PRIS SÉPARÉMENT : UN FRANC Les abonnements partent du 1°" janvier et sont fails pour l'année en ière. La Revue est envoyée gratuitement aux Membres de la Société nationale d’Acclimatation de France. AVIS AUX AUTEURS ET ÉDITEURS La Revue donnera une analyse sommaire des ouvrages qui se rapportent aux travaux de la Société et dont les auteurs ou éditeurs auront adressé deux exem— plaires au bureau de l'Administration, rue de Lille, 41. tps REVUE SUIENCES NATURELLES APPLIQUÉES CR NES NN BULLETIN BIMENSUEL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE FONDÉE LE (0 FÉVRIER 1854 © 36° ANNÉE ——— No 4. — 20 Février 15839 1 Semestre —_—__———— 1 1 4 > 0 + RS aX TE ‘Ct 1 6! La A Sn ds mg CYR S AU SGR SOC DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 41, RUE DE BIÈRE) %1 PARIS SOMMAIRE I, Travaux adressés à la Société, DARESTE. — Note sur quelques faits relatifs à l'incubation artificielle, .. 4169 PAYS-MELLIER. — Note sur les animaux qui vivent au parc de la Pataudière 2222204 enenten cer cet Lee ue . E, PION. — Utilité de la Chèvre : 2e 2220. 4000 CS 180 PAILLIEUX., — Sur l’Igname plate du Japon et le Gongoulou du Kashmir, 194 EE, Extraits des procès-yerhaux des séances de la Société, ; Séance générale du 18 janvier A889240% 0.52. NN 122 IX, Extraits des procès-verbaux des séances des Scetions. re Section. — Séance du 8 janvier 1889,4.,..,. 20 ME CS 204 IV. Jardin Zoologique d’acclimatation du Bois de Boulogne. Chronique de quinzaine, ...,............. se CRE …. 205 V. Chronique étrangère, — Allemagne...............::........ ......... ..... 207 VI. Chronique générale ct faits divers. Importation dé peaux . .., 2.23, 2.4.0, 280 MCE CREER 209 Chevaux australiens et Chevaux du Cap............. nr 2. 209 La récolte des plumes d’Autruche.................. ..:. nn E Le Cresson de fontaine. s, . 04... et SNS ER 211 - Apparition et disparition d'espèces végétales... ... Lee BE EE REA VIS, Bibliographie. ...:.......20.0% 4rcrmm nm ne AN ERA PE 2 214 La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par Re DS des NE insérés dans sa Revue. La reproduction des articles publiés dans la Revue n’est autorisée qu’à la condition d’en indiquer la source. LA REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES Paraît tous les 15 jours RÉDACTION ABONNEMENTS Au siège de la Société, Paris, province et étranger : 41, RUE DE LILLE UN AN: 25 FRANCS UN NUMÉRO PRIS SÉPARÉMENT : UN FRANC Les abonnements partent du 1° janvier et sont fails pour l’année entière. La Revue est envoyée gratuitement aux Membres de la Société nationale d’Acclimatation de France. AVIS AUX AUTEURS ET ÉDITEURS La Revue donnera une analyse sommaire des ouvrages qui se rapportent aux travaux de la Société et dont les auteurs ou éditeurs auront adressé deux exem- plaires au bureau de l'Administration, rue de Lille, 41. PR pee 7 L ad d'A À ;. el REVUE DES SUIENCES NATURELLE APPLIQUÉES a SG ne a BULLETIN BIMENSUEL SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION FONDÉE LE 10 FÉVRIER 185% 36° ANNÉE No 5, — 5 Mars 13359 1er Semestre © ———— TR des Sale * MAKR 18 is) #74 111 IAN P ee AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Z1, RUE DE LILLE, Æz41 PARIS SOMMAIRE I. Travaux adressés à la Société. L. MAGAUD D'AUBUSSON. — Le Syrrhapie paradoxal et sa naturali- sation spontanée en Europe....................... sacre CORRE Am. BERTHOULE. — L'elæagnus longipes..... ...:....... 230 PION. — Utilité de la ChèvräBite).-..:2. 7552 234 II. Extraits des procès-verbaux des séances de la Soeiété, Séance générale du 1er février 1889......... Re 242 III. Extraits des procès-verbaux des séances des Sections. | 2e Section. — Séance du 15 janvier 1889................ eus ve MR Æ RS 246 3e Section. — Séance du 16 janvier 1889....... ................. . DES PAM 4e Section. — Séance du 22 janvier 1889::... 2 MCE 248 IV. Jardin Zoologique d’acclimatation du Bois de Boulogne. Chronique de quinzaine 23 SR ee SE 250 V. Chronique des Sociétés savantes-....-............-.. SR GATE 252 | VI. Chronique générale et faits divers. | Sériciculture et nouveaux vers à soie. ........................... PTE AUS | Ouantité.de bétail du globe; 54 05/0 ENT ER à s SNA Le transport de la volaille: ::727...,.2 9.000 Re RS 255 | Les fermes à Chiens en Chine....... ........... 256 Les raisins de POhio..... ARE MT: À DA . LUE SES . 257 | VEL. Chronique étrangère. Une série de fléaux....:....... ER D LC 258 VIXL. Bibliographie... .......................... memes... 263 | La Société ne prend sous sa responsabilité aueune des opinions émises par les auteurs des articles | insérés dans sa Revue. | La reproduction des articles publiés dans la Revue n’est autorisée qu’à la condition É L d’en indiquer la source. REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES Paraît tous les 15 jours ABONNEMENTS RÉDACTION Au siège de la Société, Paris, province et étranger : | 41, RUE DE LILLE UN AN: 25 FRANCS | UN NUMÉRO PRIS SÉPARÉMENT : UN FRANC Les abonnements partent du 1° janvier et sont fails pour l'année entière. La Revue est envoyée gratuitement aux Membres de la Société nationale d’Acclimatation de France. D AVIS AUX AUTEURS ET ÉDITEURS La Revue donnera une analyse sommaire des ouvrages qui se rapportent aux travaux de la Société et dont les auteurs ou éditeurs auront adressé deux exem- plaires au bureau de l'Administration, rue de Lille, 41. UC REV Er SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES = — NA BOB — BULLETIN BIMENSUEL SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION FONDÉE LE 10 FÉVRIER 1854 36° ANNÉE Ne 5. — 20 Mars 135389 1 Semestre | © © ——————— 22 ———— à 1 ED 1 — | es Ca 1 1689 & ù YTHsowan js AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION DE FRANCE ÆALTRÜE DE LILIES Z1 PARIS SOMMAIRE I. Travaux inédits adressés à la Société. BOUFFET. — Essais de PUS davs la rivière d'’Aude, aux labo- ratoires de Quillan et de Gresse.. A EE... 0 OR EUORE ERREEE Am. BERTHOULE. -- Les Saumons de Californie (Saimo Quinnat — Salmo Gairdnerti) dans le bassin de la Méditerranée.............,..... PAYS-MELLIER. — Note sur les animaux qui vivent au parc de la Pataudière{(suiteret fin) 22002 CERTES ct Alexandre MAIRET. — Note sur les Perdrix-Gallires de l'Inde PNIRE Ex e Dr CLOS. — Des arbustes du Chili à cultiver en pleine terre dans le sud- ouést de la Francefs. 1242142 Run CM ue RE D PAYS EE, Extraits des procès-verbaux des séances de la Société, Séance sénérale du15 février 1889: !. .....:......LePPR. Merise IIN, Extraits des procès-verbaux des séances des Sections, 5e Section.—" Séance du. 29/janvier 1889, ONE ss. : 3110 fre Section. — Séance du 5 février 1889 LE A0 CEE FRIC Te à 007. SC IV. Jardin Zoolosique d’acclimatation du Bois de Boulogne. Chronique de quinzaine: # 2er ENTORSES CREER 314 « V. Chronique des Colonies et des Pays d'outre-mer, — Indes néerlandaises, 317 | VI. Chronique des Sociétés £avanées.................so.see sisas SSSR ELES 320 VEZ. Chronique générale et faits divers. L’exportation des œufs... :.61.1.21#24.00 a PE CPR RER 321 © Abondance d'Oiseaux aux Etats-Unis....... sueur 2e OU TEE 321 | Le Lapin géant belge. LeRRR RE ORRPEPRrEE + RTE 321 | Alimentation du bétail: 2 US Gp DNS dns ce RS 3224 La pêche de l'anfbre dans la Baltiqué.:.. "1 SR 3230 Insectes et végétaux nuisibles... 3....14 420 REC RER 3254 Le Bois-Dentelle. . 4.22 .eucsecec 00e ete ee 325 Utlisation des résidus de la Cannelà sucre CR RE 321 WIRE, Bibliographiei.....022.iuuc ed NN 398 M La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans sa Revue. La reproduction des articles publiés dans la Revue n’est autorisée qu’à la condition | d’en indiquer la source. LA REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES Paraît tous les 15 jours RÉDACTION ABONNEMENTS | Au siège de la Société, | Paris, province ct étranger : 41, RUE DE LÎLLE | UN AN: 25 FRANCS UN NUMÉRO PRIS SÉPARÉMENT : UN FRANC Les abonnements partent du 1° janvier et sont faits pour l’année enlière. | La Revue est envoyée gratuitement aux Membres de la Sociétés nationale d’Acclimatation de France. AVIS AUX AUTEURS ET ÉDITEURS La Revue donnera une analyse sommaire des ouvrages qui se rapportent aux travaux de la Société et dont les auteurs ou éditeurs auront adressé deux exem= plaires au bureau de l'Administration, rue de Lille, 41. 274 REVUE DES SUIENCES NATURELLES APPLIQUÉES BULLETIN BIMENSUEL SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION FONDÉE LE 10 FÉVRIER 1854 36° ANNÉE —— Dr mes EN yril 1889 1er Semestre A "OF CCE: | ETAT TA Ÿ AP 23 1889 S%z T'usgnian Là e0® oneasnens 2 dns; “tonne, Er DES REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES = — NS BON ———- BULLETIN BIMENSUEL SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION FONDÉE LE 10 FEVRIER 1854 36° ANNÉE ———— Ne S. 120 Avril-:15859 1e Semestre mm 0 ED A 4 GS 0 S'UHAEPS <} \ M AY 5 65 L” = AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 41, RUE DE LILLE, 41 PARIS (Te SONI/ fs D SOMMAIRE I. Travaux inédits adressés à Ia Société. Dr SAINT-YVES MÉNARD. — Note sur la maladie des Chiens........ 377 C. RAVERET-WATTEL. — L'échelle Mac Donald perfectionnée, . 383 D: H.-E. SAUVAGE. — La Pisciculture en Espagne... 5 suce OR 388 J. FALLOU. — Sur quelques insectes nuisibles des environs de Paris... 393 15, Extraits des procès-verbaux des séances de la Société. Séance générale du 15 mars 1889............ PAS PE Base tue «.. 400 BRIE, Extraits des procès-verhaus des séances des Sections. | 4 4° Section. — Séance du 19 février 1889. ......, .......... FRA S st dot 2404 5e Section, — Séance du 28 février 1889. ,.....:,. °° 17} vus ue SR IV. Jardin Zoologique d’acclimatation du Bois de Boulogne. Chronique de quinzaine. ................ CE PAR ee. 409 V. Chronique des Sociétés savantes..............,........... reel ADATS VI. Chronïque des Colonies et des pays d'outre-mer, La Pêche et l’Aquiculture à étranger... es de TE ECC OENRE + 414 VII. Chronique générale et faits divers. Fourrures russes et américaines. ..…. RE A ne PR en 418 L'Agami berger... 5.4... 0 0 OO 418 Astéries et Huîtres AMÉTICAINES +, Ve. 2 de ee 00 UE NN RUE. 419 : La flore des Nécropoles égyptiennes... ....!!:11 Les 420 Les Muguets et lés Giroflées de Wittemborg: +...: "Tete 422 EXPOSITIONS: 2... ne Dr iPi ee Me see ee A 422 VIA, Bibliographie.................. Se Le UNS LS, FAP IS 6 en OC TEE 423 Ouvrages offerts à la Société ..: ...... D un 424 SE La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans sa Revue, La reproduction des articles publiés dans la Revue n’est autorisée qu’à la condition d’en indiquer la source. : LA REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES Paraît le 5 et le 20 de chaque mois. RÉDACTION ABONNEMENTS Au siège de la Société, Paris, province et étranger : 41, RUE DE LILLE UN AN: 25 FRANCS UN NUMÉRO PRIS SÉPARÉMENT : UN FRANC LeS abonnements partent au 1% janvier et sont fails pour l'année entière. La Aevue est envoyée gratuitement aux Membres de la Société nationale d’Acclimatation de France. AVIS AUX AUTEURS ET ÉDITEURS La Revue donnera une analyse sommaire des ouvrages qui se rapportent aux travaux de la Société et dont les auteurs ou éditeurs auront adressé deux exem- plaires au bureau de l'Administration, rue de Lille, 41. T4 REVUE DES SUIENCES NATURELLES APPLIQUÉES ee — RG — + BULLETIN BIMENSUEL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE FONDÉE LE 10 FÉVRIER 1854 36° ANNÉE N° 9. — 5 Mai 1880 Tor «A Æ SN 3 Et Memestre ES 219. ‘er { ë MAY 211888 ; } SY/ LELLT pu nets 7 | | | AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 41, RUE DE LILLE, 41 PARIS SOMMAIRE 1. Travaux inédits adressés à la Société, E. DECROIX. — Importance actuelle de Ja consommation de la viande de : Cheval. TRS tee Et PET OE SRI RE nec sc... 24902 HUËT. — De l'hybridité chez les Gallinacés............. ose PERS CHR C. RAVERET-WATTEL.— Introduction du Whitefish (Coregonus Albus) dans le lac d'Annecy, par M. F. Lugrin........ RS R. P. CAMBOUE. — L'Urania Ripheus BDv. — Quelques notes sur ses états imparfaits ou larvaires................... SSL LORS PAT LS 439 A. PAILLIEUX et D. BOIS. — Lewisia. ....................... TAC 1 p 1. Extraits des procès-verbaux des séances de la Société, D - ; Séance générale du 29 mars 1889............ ses s rer AS II, Extraits des procès-verbaux des séances des Sections. 2e Section. — Séance du 19 mars 1889 ....... RE AR + Ur) 3° Section. — Séance du 20 mars 1889.........................,......: 409! IV. Jardin Zoologique d’acclimatation dun Bois de Boulogne. Chronique de quinzaine. ........................ RE de Le nl V. Chronique des Colonies et des pays d’outre-mer.............-..... RME Lo VI. Chronique générale et faits divers, L’importation des ‘viandes congelées .........2 466 La laiterie aux États-Unis.............. Pt ae Re …5520 00408 Anguilles dans le Danube............ TR no c - ve he ol ie me 468 Le:doyén:dés Perroquets., 47. ut CARRE Far: 409 Bes'vins-australiens, 20 POSE TER eee LRU tareres MAD Industrie du bois courbé. .................. A es 2 x NUE FRS Bibliographie. — Ouvrages offerts à la Société. ............. ARE SRE UT CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1889 BUREAU Président. M. Albert GEOFFROY SAINT-HILAIRE (%), di- recteur du Jardin zoologique d’Acclima- tation du Bois de Boulogne. Vice-Présidents. MM. Léon LE FORT (0. #), membre de l’Académie de médecine, professeur à la Faculté de médecine. De QUATREFAGES (C. %%), membre de l’Institut (Académie des sciences) et de la Société nationale d'agriculture, professeur au Muséum d'histoire naturelle. Le marquis de SINÉTY, propriétaire. Léon VAILLANT (%#), docteur en médecine, Dee au Muséum d'histoire natu- relle. Secrétaire-général. M. Amédée BERTHOULE, avocat à la Cour d’appel, docteur en droit, membre du Comité con- sultatif des pêches maritimes. Secrétaires. MM. E. DUPIN (#), Secrétaire pour l’intérieur, ancien inspecteur des chemins de fer. C. RAVERET-WATTEL (ÿ#), Secrétaire du Conseil, chef de bureau au ministère de la guerre. Saint-Yves MENARD (%#), Secrétaire des Séances, médecin-vétérinaire, docteur en médecine, directeur-adjoint du Jardin zoologique d'Acclimatation du Bois de Boulogne, professeur à l’Ecole centrale des arts et manufactures, membre de la Société centrale de médecine vétérinaire. P. Amédée PICHOT, Secrétaire pour l’étran- ger, directeur de la Revue britannique. BUREAU (suite). Trésorier. M. Georges MATHIAS, propriétaire. Archiviste-Bibliothécaire, M. MAGAUD D’AUBUSSON, avocat, docteur en droit. MEMBRES DU CONSEIL MM. Camille DARESTE, docteur ès sciences et en médecine. directeur du laboratoire de té- ratologie à l'Ecole pratique des hautes études. ‘ A. GRANDIDIER (%), membre de l’Institut, (Académie des sciences), voyageur natu- raliste). LABOULBENE (0. &), professeur à la Facul- té de médecine, membre de l’Académie de médecine. Edouard MENE (3%), docteur en médecine, mé- decin de la maison de santé de Saint-Jean- de-Dieu. Le docteur Joseph MICHON, ancien préfet. A. MILNE EDWARDS (O0. #), membre de l’Institut (Académie des sciences) et de l'Académie de médecine, professeur au Muséum d'histoire naturelle. Constantin PAUL (3%), docteur en médecine, membre de l'Académie de médecine, mé- decin des hôpitaux. Aug, PAILLIEUX, propriétaire. Edmond PERRIER (%), professeur au Muséum d'histoire naturelle. Edgard ROGER, conseiller référendaire à la Cour des Comptes. Le marquis de SELVE (%), propriétaire, Henry de VILMORIN Ce). membre de la Société nationale d'agriculture, ancien membre du Tribunal de commerce de la Seine. ht pe 2 ts sh a. dirhams ds dt dE hd nt Von nt RS RE es - ur REVUE DES SUIENCES NATURELLES APPLIQUÉES BULLETIN BIMENSUEL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE FONDÉE LE 10 FÉVRIER (1854 2e LES er ï 36° ANNÉE SR CAIN ES | UN 3 1889 NPrusonnn pere het Ne 10. — RO Mai 1889 1er Semestre ee Ge > AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 1, RUE DE LILLE, 41 PARIS SOMMAIRE 3, Travaux inédits adressés à la Société. D'ORCET. — Notes sur Paphos.. CS — La Panathec mariée, :.... : Dr MEYNERS D’ESTREY. — La maladie des ce au Brésil. GABRIEL ROGERON. BREÉZOL. EL. re de l'Exposition universelle. L. MAGAUD D'AUBUSSON. — Une Homes à l'Expôsitin.. ILE. Extraits des procès=verbaux des séances de la Société. Séance du 12 avril 1889. + IV. Extraits des procès-yvcrhaux des séances des Scctions. 4e Section. — Séance du 26 mars 1889..,..... ose V. Jardin Zoologique d'acelimatation du Bois de Boulogne. Chronique-de quinzaine. Fi tsn te see. ae cn de VI, Chronique générale et faits divers. Le Syrrhapte paradoxal...... Le Loir gris en captivité...... Mœurs des oiseaux ........ : be Rachismersoressrs : . CONSEIL D ADMINISTRATION POUR 1889 BUREAU Président, M. Albert GEOFFROY SAINT-HILAIRE (%#), di- recteur du Jardin zoologique d’Acclima- tation du Bois de Boulogne. Vice-Présidents. Léon LE FORT (0. #}, membre de l’Académie de médecine, professeur à la Faculté de médecine. De QUATREFAGES. (G. %), membre de Institut (Académie des sciences) et de la Société nationale d'agriculture, professeur au Muséum d'histoire naturelle. Le marquis de SINÉTY, propriétaire. Léon VAILLANT (%). "docteur en médecine, professeur au Muséum d'histoire natu- relle. MM. Secrétaire-général. M. A médée BERTHOULE, avocat à la Cour d'appel, docteur en droit, membre du Comité con- sultatif des péches maritimes. A . DUPIN (%#), Secrétaire pour l’intérieur, ancien a des chemins de fer. . RAVERET-WATTEL (%#), Secrétaire du Conse:!, chef de burçau au ministère de la guerre. Saint-Yves MÉNARD CK); Secrétaire des Séances, médecin- vétérinaire, docteur en médecine, directeur-adjoint du Jardin zoologique d'Acclimatation du Bois de Boulogne, professeur à l'Ecole centrale des arts ct manufactures. membre de la Société centrale de médecine vétérinaire. P. Amédée PICHOT. Secrétaire pour l'ébran- ger, directeur de la Revue brilannique. MM. — Cultures diverses en Cali‘ornie et en Floride. .............… sus sus. 478 1. Re eee . 498 Benin renss cat EE ele) CC ee 6 s's10 0 ete + + sr 0 you) ne e Die cine eo BUREAU (suite). Trésorier. M. Georges MATHIAS, propriétaire. Archiviste-Bibliothécaire. M. MAGAUD D’AUBUSSON, avocat, *-droit. MEMBRES DU CONSEIL Camille DARESTE, docleur ès sciences et en médecine, directeur du laboratoire de té- docteur en MM. nes l'Ecole pratique des hautes tudes. A. GRANDIDIER (%), membre de l’Insiitut, (Académie des sciences), voyageur naltu- raliste” « LABOULBÈNE (OC. X), professeur à la Facul- té de médecine, membre de l’Académie de médecine. Edouard MÈNE (k), docteur en médecine, mé- decin de la maison de santé de Saint-Jean- de-Dieu. Le docteur Joseph MICHON, ancien préfet. A. MILNE EDWARDS (O0. #), membre @e l’Institut (Académie des Sciences) et de l'Académie &e médecine, professeur au Muséum d'histoire naturelle. Constantin PAUL (%), cocteur en médecine, membre de l’Académie de médecine. mé- decin des hôpitaux. Aug, PAILLIEUX, proprictaire. Edmond PERRIER (3%), professeur au Muséum d'histoire naturelle. Edgard ROGER, conseiller référendaire à la Cour des Comptes. Le marquis de SELVE 2). proprittaire. Henry de VILMORIN ESE membre de la Société nationale d'agriculture, ancien membre du Tribunal de commerce de la Seine. 920 473 08 «186 4 492 REVUE DES SUIENCES NATURELLES APPLIQUÉES BULLETIN BIMENSUEL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE FONCÉE LE 10 FÉVRIER 1854 36e ANNÉE INs MR S SPSTIE Les 1 Semestre ——— ——î"@ —————— "2 2 +R 2 ——— —— —— 196 16 Q JUN 217 16894 } . » d 13 coQ> 7 AJ L'ILLRUSS += Lee AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Æ1,- RUE DE LILLE, 41 PARIS SOMMAIRE . Travaux inédits adressés à la Société. HUET. — Liste des espèces connues et décrites jusqu'a ce jour dans les familles des Cervidés, Cervulidés, Tragulides et des Moschidés . 521 Cu. DELAGRANGE. — Note sur le Lasiocampa otus ei ee 534 C.-C. MÉTAXAS. — Le jujubier de Mésopotamie................... 941 El. Chronique de l'Exposition universelle. Juzes GRIS2RD et MaxmmicreN VANDEN-BERGHE, — Les LS a coloniaux. — Les textiles (classe XXXI)............. ss LE 544 HIS, Extraits des procès-verbaux des séances de la Société, Séance cénérale du 20 AVI 8802, 1. Leee Se ; D60 IV. Extraits des procès-vcrhaux des séances des Scctions. Be Section. — Séance du 2 avril 1889....::.... ......... SR d61 1re Section, — Séance du 9 avril 1889.,..:2208 SR 562 V. Chronique des Colonies et des pays d'outre-mer... ....... 563 VE. Chronique générale et faits divers. Les-fourrures dela Sibéries: 4 022 SIN SR 7000 Les Ghevaux.en Tunisie. 222 "%0 0 0 Le OR ORNE 566 Les Autruches.. ... RER TE Rd ee LT 566 Requins dans l Adriatique Rs EE st ee 21561 Les coques: de Cacao sn 8 ce EN RR 567 VEZ. Bibliographie. — Ouvrages offerts à la Société... eee ORNE .. 568 CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1889 BUREAU Président. M. Albert GEOFFROY SAINT-HILAIRE ($), di- recteur du Jardin zoologique d’Acclima- ation du Bois de Boulogne. Vice- Présidents. MM. Léon LE FORT (0. #), membre de l’Académie de médecine, professeur à la Faculté de médecine. De QU ATREFAGES (C. 2%), membre de l’Institut (Académie des sciences) et de la Société nationale d'agriculture, professeur au Muséum d’ histoire naturelle. Le marquis de SINÉTY, propriétaire. Léon VAILLANT (ÿ). docteur en médecine, professeur au Muséum d'histoire natu- relle. Secrétaire-général. M. Amédée BERTHOULE, avocat à la Cour d’appel, docteur en droit, membre du Comité con- sultatif des pêches maritimes. Secrétaires. MM. E. DUPIN (#), Secrétaire pour l’intérieur, ancien inspecteur des chemins de fer. C. RAVERET-WATTEL (#), Secrélaire du . Conseil, chef de bureau au ministère de la guerre. Saint-Yves MÉNARD (%#), Secrélaire des Séances, médecin-vétérinaire, docteur en médecine, directeur-adjoint du Jardin zoologique d'Acclimatation du Bois de Boulogne, professeur à lEcole centrale des arts et manufactures. membre de la Société centrale de médecine vétérinaire. Amédée PICHOT. Secrétaire pour l’étran- ger, directeur de la Revue britannique. BUREAU (suite), Trésorier. M. Georges MATHIAS, propriétaire. Archiviste-Bibliothécaire. M. MAGAUD D’AUBUSSON, avocat, droit. MEMBRES DU CONSEIL MM. Camille DARESTE, docteur ès sciences et en médecine, directeur du laboratoire de té- ratologie à l'Ecole pratique des hautes études. A. GRANDIDIER (%#), membre de l’Inslitut, (Académie des sciences), voyageur natu- raliste\. LABOULBÈNE (0. &), professeur à la Facul- té de médecine, membre de l’Académe de médecine. Edouard MÈNE (3%), docteur en médecine, mé- decin de la maison de santé de Saint-Jean- de-Dieu. Le docteur Joseph MICHON, ancien préfet. A. MILNE EDWARDS (O0. %#), membie de l’Institut (Académie des sciences) et de l'Académie &@c médecine, professeur au Muséum d'histoire naturelle. Constantin PAUL ({%#), cocteur en médecine, membre de l'Académie de médecine, mé- decin des hôpilaux. Aug. PAILLIEUX, propriétaire. Edmond PERRIER (3%), professeur au Muséum d'histoire naturelle. Edgard ROGER, conseiller référendaire à la Cour des Comptes. Le marquis de SELVE 3%). propriélaire. Henry de VILMORIN (4). membre de la Société nationale d’asricullure, ancien membre du Tribunal dc commerce de la Seine. docteur en nn mtnn ce mt. Los aér ii tttsniéntageas ca Se eme | REVUE fl fl | DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES BULLETIN BIMENSUEL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE FONDÉE LE 10 FEVRIER 1854 6 OF € 36 ANNÉE |. 193 183 — (ut, 2 188. at an OT Né:12:.—= 20 Jüin- 18389: 1 Semestre —— "à à 2 ———— AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE et RUE: DE: LILLE,, 21 PARIS SOMMAIRE 1. Travaux inédits adressés à la Société, GaBriez ROGERON. — La Bernache mariée (Chloëphaga jubata) (suite et Én).L SE: ect phnliete nee tetrsts CICROMC NE SET ONE) ere te te)e ets a sed e rues ses ete5 nets A. PAILLIEUX et D. BOIS. — Crosne. Epiaire à chapelets. Histoire d’un nouveau légume ere rare ARR RES ES pe PRE Er J. FALLOU. — Sur la culture du Ver à soie du Môûrier Sericaria mori (Liuné) sous le climat de Paris. — Elevage expérimental fait à Cham- rosay. [Seine-et-Oifo). par. ete 1 SE ES MENT à H. BRÉZOL. — Le Corégone marène (Coregonus marena)..…..... À Es Juzxs GRISARD et Maxiztex VANDEN-BERGHE, — Le Phormium | tenax ou Lin de la Nouvelle-Zélande. . :...... Fes 05 ONCE CE - FES. Extraits des procès=verhaux des séances de la Société, Séance générale du 10 mai 1889............. AT RL ei | 21006 IV. Extraits des procès-verbaux des séances des Scetions. 2° Section. — Séance du 16 avril 1889... Te + Sa ARE Re 8°. OÙ 3° Section. — Séance du 17 avril 1889... .... : DE ct SE 603 V. Chronique des Sociétés savantes...: ..... ge 5 bases AU ONE NON RE . 606 VI. Chronique des colonies et des pays d'outre-mer... ....... .......... 607 VII. Chronique générale et faits divers, Moutons et fromages de la Nouvelle-Zélande... ........ D nie 609 La longévité des oiseaux... ae atae etu rame 0 Ne ES : 609 Les Éléphants au: Tonkimi si... Lier Ur 609 La Poûle féante'de. Padoue. 4 RAT ee RS 610 Procédé de conservation des œufs ............... 611 Les Poissons daquanun er. Je ee RARE! L'exposition d’apiculture en Alsace-Lorraine..…... 614 Les Vifnées géantes sean ere Des TA DE SR RE AE Bibliographie, — Ouvrages offerts à la Société... ............... . Een os 616 CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1889 BUREAU Président, M. Albert GEOFFROY SAINT-HILAIRE (%), di- recteur du Jardin zoologique d’Acclima- tation du Bois de Boulogne. Vice- Présidents. MM. Léon LE FORT (O. #), membre de l'Académie de médecine, professeur à la Faculté de médecine. De QUATREFAGES (C. 3%), membre de l’Institut (Académie des sciences) et de La Société nationale l’agriculture, professeur au Muséum d'histoire naturelle. Le marquis de SINÉTY, propriétaire. Léon VAILLANT (%). docteur en médecine, professeur au Muséum d'histoire natu- relle. Secrétaire-général. M. Amédée BERTHOULE, avocat à la Cour d'appel, docteur en droit, membre du Comité con- sSullatif des pêches maritimes. Secrélaires. MM. E. DUPIN (%#), Secrétaire pour l’intérieur, ancien inspecteur des chemins de fer. C. RAVERET-WATTEL (#), Secrélaire du Conseïl, chef de bureau au ministère de la guerre. Saint-Yves MENARD CH), Secrélaire des S'ances, médecin-vétérinaire, docteur en médecine, directeur-adjoint du Jardin Zoologique d'Acclimatation du Bois de Boulozue, professeur à l'Ecole centrale des arts et manufactures, membre de la Société centrale de médecine vétérinaire. Amédée PICHOT. Secrétaire pour l'étran- ger, directeur de la Revue britannique. BUREAU (suite). Trésorier. M. Gcorges MATHIAS, proprictaire. Archiviste-Bibliothécaire. M. MAGAUD D’AUBUSSON, avocat, docteur ca droit. MEMBRES DU CONSEIL MM. Camille DARESTE, docicur ès sciences et en médeciné, directeur du laboratoire de té- ratologie à l'Ecole pratique des hautes études. . - ‘ À. GRANDIDIER (3%), membre de lInslitut, (Académie des sciences), voyageur natu- raliste”. LABOULBENE (0. %), professeur à la Facul- té de médecine, membre de l’Académie de médecine. Edouard MENE (%), docteur en médecine, mé- decin de la maison de santé de Saint-Jean- de-Dieu. Le docteur Joseph MICHON, ancien préfet. A. MILNE EDWARDS (O0. %), membre de "linstilut (Académie des sciences) et de l'Académie de médecine, professeur au Muséum d'histoire naturelle. Constantin PAUL (%), cocteur en médecine, membre de l'Académie de médecine, mé- : decin des hôpitaux. Aug, PAILLIEUX, propriétaire. Edmond PERRIER (%), professeur au Muséum d'histoire naturelle. Edgard ROGER, conseiller référendaire à Ja Cour des Comptes. Le marquis de SELVE 3%). propriétaire, Henry de VILMORIN (3%). membre de Ja Société nationale d'agriculture, ancien membre du Tribunal de commerec de la Seine. ax OF CC AT RUN UE © JUL 16 1889 se, £ Hrusonan 0e SUIENCES NATURELLES APPLIQUEES = — LS 208 —- BULLETIN BIMENSUEL SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION FONDÉE LE 10 FÉVRIER 1854 36° ANNÉE Mn Le." 5. Juillét LSS9 er Semestre AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 41, RUE DE LILLE, #1 PARIS SOMMAIRE J. Travaux inédits adressés à la Société. D: SAINT-YVES MÉNARD. — Note sur les produits obtenus d’une Mule au Jardin d’Acclimatation....... Re GEL RTE 617 ALBERT CRETTÉ pe PALLUEL : — Ne Cr A destruction Le DIsau par les fils télégraphiques et autres engins analogues ....,.............. 620 Jures GRISARD. — Sur un nouveau Séricigène originaire du Mexique. 630 A. PAILLIEUX et D. BOIS. — Crosne, épiaire à chapelets, Histoire d’un nouveau légume (suite et fin)............ RER EN: à RS 634 EE. Chronique de l'Exposition universelle. AMÉDÉE BERTHOULE. — L’Ostréiculture............. Mae ne 1 BEL, Extraits des procès=yerbhaux des séanccs de la Société, Séance générale du 24 mai 1889................. PRO Rr sister se UAS IV. Chronique dcs Sociétés savantes, .........::...................... ne ROUE L'ORE V. Chronique des Colonies et des Pays d'’ontrec-mer....................... 653 VI. Chronique générale et faits divers. La résistance électrique des animaux........... FRERE ÉTSERSEOR 656 La disparition des Eléphants.......,.....-.. FÉES D RU Le Chêne- Lièse.. rss see messe 658 Un nouveau Champignon comestible parasite du Na 2 5 TESTER 661 PIS 2 Bibliographie, — Ouvrages offerts à la Société............ RTE > LATTES 664 CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1889 BUREAU BUREAU ({(suile). Président, Trésorier. M. Albert GEOFFROY SAINT-HILAIRE (3%), di- | M. Georges MATHTAS, propriétaire: recteur du Jaqu Fi d’Acclima- Archiviste-Bibliothécaire. Or ARABE RE RE M. MAGAUD D'AUBUSSON, avocat, docteur en Vice- Présidents. droit. MM. Léon LE FORT (0. #), membre de l’Académie MEMBRES DU CONSEIL re DR dE ee MM. Camille DARESTE, eq Sens en decine directeur du laboratoire de té- UATREFAGES (C. %), membre de mé Are À Énstitut (Académie des sciences) et de la Rte gie à l'Ecole pratique des hautes It fesseur a de a A. GRANDIDIER (%), membre de l'Institut, Le marquis de SINÉTY, propriétaire. ne des HORNNESE voyageur natu- te) Léon VAILLANT (%#). docteur en médecine, YALTS ; ; : LABOULBÈNE (O. :kX), professeur à la Facul- DENTS Het Dhs té de médecine, no de l’Académie ee de médecine. ire-gé Edouard MÊNE (3%), docteur en médecine, mé- re decin de la maison de santé de Saint- Jean- M. Amédée BERTHOULE, avocat à la Cour d'appel, de-Dieu. docteur en droit, membre du Comité con- Le docteur Joseph MICHON, ancien préfet. sultatif des pêches maritimes. À. MILNE EDWARDS (0. %), membre de Institut (Académie des 2 Ce SU SERRE - . 4100 Le Furet aux pieds noirs................ RARE Dee TE CE EE . A018 Les Canards du Maryland......... Fee de SRE RTE ie sert OR La laine de bois dans les poulaillers. . A EC. due SCT COUR Nouvelle migration desSyrrhaptesi. 2250.00. Re CEE Set A OTE Chasseur de Crocodiles ét de Serpents..... RE A. 1018 Les Saumons de l OLÉEON FE SRE MC ER RSR HS ae: AOF Une plante Amiel PR SR SERRE EEE Fee | 1014 La culture de l'Osier en Allemagne esse dite sen ee ee DE EEE . 1014 EV. Bibliographie . ....... es dti co nl ena re OR SR DE EEE see CRE 1016 Ouvrages offerts à la Société. CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1889 BUREAU Président, M. Albert GEOFFROY SAINT-HILAIRE (%), di- recteur du Jardin zoologique d’Acclima- tation du Bois de Boulogne. Vice- Présidents. MM. Léon LE FORT (0. #), membre de l’Académie de médecine, professeur à la Faculté de médecine. De QUATREFAGES (C. %), membre de l’Institut (Académie des sciences) et de la Société nationale d'agriculture, professeur au Muséum d'histoire naturelle. Le marquis de SINÉTY, propriétaire. Léon VAILLANT (%#). docteur en médecine, professeur au Muséum d'histoire natu- relle. Secrétaire-général. M. Amédée BERTHOULE, avocat à la Cour d’appel, docteur en droit. membre du Comité con- sultatif des pêches maritimes. Secrétaires. MM. E. DUPIN (#), Secrétaire pour l’intérieur, ancien inspecteur des chemins de fer. C. RAVERET-WATTEL (#), Secrétaire du Conseil, chef de bureau au minisière de la suerre. Saint-Yves MÉNARD CH)» Secrétaire des Séances, médecin- vétérinaire, docteur en médecine, professeur à l'Ecole centrale des arts et manufactures, membre de la Société centrale de médecine vétérinaire. Amédée PICHOT. Secrétaire pour l'étran- ger, directeur de la Revue britannique. BUREAU (suite). Trésorier. M. Georges MATHIAS, propriétaire. Avehiviste-Bibliothécaire. M. MA RTRe D’'AUBUSSON, avocat, roit. MEMBRES DU CONSEIL MM. Camille DARESTE, docteur ès sciences et en médecine, directeur du laboratoire de té- ratologie à l'Ecole pratique des hautes études, A. GRANDIDIER (3%), membre de l’Inslitut, (Académie des sciences), voyageur natu- raliste.. LABOULBÈNE (0. &), professeur à la Facul- té de médecine, membre &@e l’Académie de médecine. Edouard MENE (3%), docteur en médecine, mé- decin de la maison de santé de Saint-Jean- de-Dieu. Le docteur Joseph MICHON, ancien préfet. A. MILNE EDWARDS (O0. XX), membre de l’Institut (Académie des «cienees) et de l'Académie @e médecine, professeur au Muséum d'histoire naturelle. Constantin PAUL (5%), cocteur en médecine, membre de l'Académie de médecine, mé- decin des hôpitaux. Aug, PAILLIEUX, propriétaire. Edmond PERRIER (3), professeur au Muséum d'histoire naturelle. Edgard ROGER, conseiller référendaire à la Cour des Comptes. Le marquis de SELVE 3%), propriélaire. Henry de VILMORIN (3%), membre de Soxitté nationale d'agriculture, ancien membre du Tribunal de commerce de a Seine. docteur en REVUE DES SCIENCES NATURELLES APPLIQUÉES —NB0@ A —- BULLETIN BIMENSUEL SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE FONDÉE LE (40 FÉVRIER 1854 \ NA < de FARINE LE OX : © LS 36° ANNÉE CR # N° 24. — 2O Décembre 1889 2% Semestre AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION DE FRANCE 41: RUE DE LILLE, Zi PARIS SOMMAIRE Cheptels de la Société Nationale d'Acclimatation de France. — Règ'ement et liste des Animaux et des Plantes qui pourront être donnés en cheptel aux Membres de la Sociélé en 1890: 72m TRI RC TEST Re PNA 1017 CR I. Travaux inédits adressés à la Société. AMÉDÉE BÉRTHOULE. — La Chèvre d’Angora en dehors de son ae à naturel. HAT RE D de MSC TRS sus DOS MID C. RAVERET-WATEL. — La Pisciculture au Canada. .:.:........... 1035 M. VANDEN-BERGHE. — Le Chêne et ses aphÉCL SE s LE, CESR 3038 53. Chronique générale et faïts divers. Quelques résultats de la pisciculture aux Etats-Unis....... Sera Re Ot 01044 Migration du Doryphova et du Solanum rostratum............ RAD L’Iceria Purchasii........ ROUE SORA exe PRRÉEE RE 04845 Le Centenaire du Dahlia .... ....... be %a sleps ie De ed SOS RP RRRES 1047 Eruftes de Champagnes "He prete se de ol RÉ 1047 Etat des dons faits à la Société Nationale d’Acclimatation de France, du{srjanvier au 31 /décernbre 1889 --re e sr ess «SALLE Table alphabétique des Auteurs Re Re 1052 Index aiphabétique des animaux.............. M T. RG 1059 Index alphabétique des végétaux. ARE uote Re . cs 062 Table des matières........ PCR PR US. 11064 able. des Sravures 504 Eee TER a PAR RE RL 1072 CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1889 J E BUREAU Président, M. Albert GEOFFROY SAINT-HILAIRE (%), di- recteur du Jardin zoologique d’Acclima- tation du Bois de Boulogne. Vice- Présidents. MM. Léon LE FORT (0. #), membre de l’Académie de médecine, professeur à la Faculté de médecine. De QUATREFAGES (GC. 3%), membre de l’Institut (Académie des sciences) et de la Société nationale d'agriculture, professeur au Muséum d” histoire naturelle. Le marquis de SINÉ TY, propriétaire. Léon VAILLANT (ÿ). docteur en médecine, PEOSÈQUE au Muséum d'histoire natu- relle Secrétaire-général. M. Amédée BERTHOULE, avocat à la Cour d'appel, docteur en droit, membre du Comité con- sultatif des pêches maritimes. Secrétaires. E. DUPIN (#), Secrétaire pour l’intérieur, ancicn inspecteur des chemins de fer. C. RAVERET-WATTEL (#), Secrélaire du Conseil, chef de bureau au ministère de la guerre. Saint- Yves MÉNARD CH): MM. Secrétaire des Séances, médecin- vétérinaire, docteur en Cour des Comptes. médecine, professeur à l'Ecole centrale Le marquis de SELVE 3%), propriétaire. des arts et manufactures, membre de Henry de VILMORIN (O %\, membre de la 19 Société centrale de médecine vétérinaire. Amédée PICHOT.. Secrétaire pour l'étran- ger, directeur de la Revue britannique. M. Georges MATHIAS, propriétaire. BUREAU ({(suile). Trésorier. Archiviste-Bibliothécaire. M. MAGAUD D’AUBUSSON, avocat, droit. MEMBRES DU CONSEIL Camille DARESTE, docteur ès sciences et en médecine, directeur du laboratoire de té- ratologie à l'Ecole pratique des hautes études, À. GRANDIDIER (%), membre de l’Insltut, (Académic des seiences), voyageur natu- raliste.. LABOULBÈNE (O. té de médecine, de médecine. Edouard MÈNE (%&), docteur en médecine, mé- decin de la maison de santéde Saint-Jean- de-Dieu. Le docteur Joseph MICHON, ancien préfet. A. MILNE EDWARDS (O. X\, membre de l’Institut (Académie des » PNR NN LONVPN AVR Dar A À ARR AAA AAA AAA ODA AAA Fa | AAA AA MAARRAM À ZA CE rs AAA AAA AK A À D D) PNR NA RANSAAA RAR RRE NAN | AA APT AI AO AAA | Aïa a NN NE AIR ARIANE Ana Le REY, 1) —s); 2) ‘ 2 4 AA “2 Soie AA an naQD ANA aa AAA) AAA AAA ERRRAA RA, RAA AAAA A RRACAR AAA AA a nan ann | A an anner aan | n TARPARRAARA/ Aa AE ANA 8 RAR CRARARIRAA, AA Le BA AAA NRA AAA Ana tan À! ana: 28 NRA an anne | ie 7e FAT A A * AA (as AREA RON NAN AAA ANT AA ANA AA nee AAA2A ANA RAD | SATA AAA AAA RAR LA Ana A NA A PE A VA Ann RTE TRES NT TA te D D Rx à Fe AAA RARES af ete Ré AARRAN A a À AO AAA AA Ar ETS tu AN Dan RNA PARAAANA AR à A MM RAA AAA RAR ARR RAA y 'Aja) , d Le | 11 A) A à | A, AVAYe | à NA a) A) AANAAA n 1 A ANA AAPÈ ANT AN à à RAA ARR ARR AAA AAA AA: A AA ANT. 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