FR 4 7 POP TEE SAENIE ERROS nds. POP, (UE PORTO A OCT Macare LIBRARY OF THE MUSEUM OF es D Z00L0GY. 1/0 / D) di pin Î REVUE DES SCIENCES NATURELLES , f ; Montpellier. _—— Typogr. Bo [ | REVUE DES SCIENCES NATURELLES PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE M. E. DUBRUEIL, Membre de plusieurs Sociétés savantes, AVEG LA COLLABORATION DE MM. Andouard,— Baillon,— Barthélemy,— Baudon,—Bavay,— Bleicher,— Bonneau,—Cazalis de Fondouce (P.), — Collot, — Contejean, — Corre (A.), — Dieulafait, — Doûmet-Adanson, —Drouët,— Duchamp(G.),— Durand,—Duval-Jouve,— Estor, — Fabre (G.),— Faure (4A.), — K. Fontannes. — Genevier, — Giard (A.\,— Godron, — Heckel, — Hesse, — Jobert, — Joly. — Jordan, — Jourdain, — Leymerie,— Lichtenstein (J.), — Loret, — Marchand (Léon), — Marès (P.), — Martins (Ch.), — Matheron, — Miergues,— Peccadeau de l'Isle, — Perrier, — Planchon (G.),— Planchon (J.-E.),-- Robin, — De Rouville, — Sabatier, — De Saint-Simon, — De Saporta,— De Seynes, — Sicard (H.),— Vaillant (L.), -Valéry-Mayet,— Vieillard,. — Vézian. HONTE VER N1T 2 15 JUIN 1879. ET MONTPELLIER C. COULET, LIBRAIRE-ÉDITEUR , GRAND RUE, D. PARIS + SAVY, LIBRAIRE-ÉDITEUR, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 1% en Ju d SUR MOTTE) ROUE BRL D | a | | ÿ PENSER # RTE a RS Fe RURALE CE RL ES MU : hante } RS je AN ÉTANITE ES au l D "e à f4 + we ‘4 MÉSAUT ES PUF ‘ a+ MR ALU DeLT I CARE REVUE DES SCIENCES NATURELLES D mere MÉMOIRES ORIGINAUX. SUR LES APHIDES DU TÉRÉBINTHE ET DU LENTISQUE Par M. L. GOURCHET, Licencié ès-Sciences. Bieu que les anciens botanisles eussent connu les productions à formes quelquefois si étranges qui se développent sur les feuilles et les rameaux du Lentisque et du Térébinthe, on ignora jusqu'à Réaumur que des Pucerons étaient les auteurs de ces galles, et avant les travaux de Passerini on ne s'était jamais appliqué à observer ces pelits insectes et les diverses phases de leur évolution. Mais, vivant dans une contrée où ne croissent pas ces deux végétaux et n'ayant pu faire ses observations que sur les échantillons que lui envoyait Pietro Savi (de Pise), le profes- seur Passerini ne put connaître toutes les espèces d’Aphides qui vivent sur ces plantes et ignora même plusieurs des phases de celles qu'il avait pu voir par lui-même. Les observations de Giovanni Passerini furent reprises par le professeur Derbès, qui en fit connaître les résultats dans les Annales des Sciences natu- relles, en 1869 et 1871. Voici en quelques mots l’histoire de ces Aphides, telle que l’avaient fait connaître ces dernières études. M. Derbèés distinguait cinq sortes de galles sur le Térébinthe et une sur le Lentisque ; chacune de ces galles est habitée par une espèce spéciale de Puceron. Toutes les espèces d’Aphides habi- tant le Pistachier térébinthe appartiennent au genre Pemphigus d'Hartig, et quatre d'entre elles avaient été signalées déjà et décrites en partie par Passerinisousles noms de P. cornicularius, VIII. il 2 MÉMOIRES ORIGINAUX. P. utricularius, P. semilunarius, P. follicularius ; M. Derbès y a joint le P. pallidus, dont les caractères sont parfaitement distincts et la galle toute spéciale. Quant au Puceron du Lentisque, il avait été observé et décrit déjà en 1856, sous le nom d’Aploneura lentisci, par le professeur Passerini. D’après M. Derbès, on verrait arriver sur le tronc et les bran- ches du Térébinthe vers le mois de mai, mais à une époque que l’on ne saurait préciser d’une manière absolue, des Pucerons ailés qui déposeraient, par voie agame et vivipare, de jeunes indi- vidus aptères qui constitueraient la génération sexuée. Après accouplement, les femelles produiraient chacune un seul œuf, qui tantôt serait pondu par elles, tantôt demeurerail dans leur abdomen; dans ce dernier cas, le corps desséché de linsecte formerait autour de l’œuf cette enveloppe protectrice cu kyste que M. Derbés avait observé sur le Térébinthe déjà en 1856. Ces œufs passeraient l'été et l'hiver sans éclore, mais au prin- temps suivant il en sortirait de petits Pucerons à couleur foncée qui seraient les véritables fondateurs des galles et s’y enfermeraient isolément. Là ils donneraient naissance, dans le courant de l'été, à deux générations asexuées el vivipares, dont la première (éndi- vidus de la première génération de M. Derbès), dépourvue d’ailes, produirait des individus vivipares et agames encore, mais pourvus d'ailes (individus de la seconde génération ou aülés d'automne). Ceux-ci quittent les galles vers la fin de l’été, et émigrent vers des lieux que les observations attentives de M. Derbès n’ont pu faire connaître. Ge naturaliste avait reconnu cependant que si l’on retient captifs les ailés émigrants, ils produisent par viviparité une troi- sième génération d'individus dont la forme et les allures ne rappel- lent en rien les individus qui leur ont donné naissance. Ces jeunes Aphides (troisième génération de M. Derbès), nés ainsi dans des conditions forcées et loin des lieux auxquels la nature les destine, n'avaient pu être étudiés qu'à l’état d'extrême Jeunesse, et, par suite, d'une manière fort incomplète. M. Derbès avait été, en outre, conduit à supposer que les fondateurs des galles ne naissaient pas directement des individus sortis des œufs au printemps, mais APHIDES DU TÉRÉBINTHE ET DU LENTISQUE. a) qu'ils étaient produits par une génération intermédiaire, laquelle aurait habité de petites galles provisoires au sommet des feuilles. En résumé, d’après M. Derbès, le cycle évolutif des Pemphiqus du Térébinthe serait le suivant : 1° Aïlés agames arrivant au printemps sur le Térébinthe et déposant les sexués (ailés du printemps) ; 2° Sexués aptères déposés par les précédents, qui s’accouplent et pondent des œufs (un œuf), lesquels n’éclosent que l’année suivante au printemps; il en sort : 30 Les agames aptères, qui forment les galles provisoires ; 4° Les aplères agames, qui sortent des galles provisoires et forment les galles définitives ; 5° Les agames aptères, qui restent et meurent dans la galle définitive, et produisent: 6° Les ailés agames, qui s’envolent et déposent quelque part (ailés d'automne) 7° Ceux qui sont peut-être les ailés du printemps. « En tout, ainsi que conclut M. Derbès, deux années pour parcourir toutes les phases de l'espèce ; seulement, à chaque génération, 1l y a production d’un nombre variable d'individus.» J’ai repris, au mois d'août 1878, les observations de M. Derbès, et, bien que l’état trop avancé de la saison m'ait empêché de voir les premières phases évolutives de ces Aphides, j'ai pu cepen- dant étudier et décrire assez en détail leurs galles et les trois généralions étudiées par M. Derbès, et ajouter à leur histoire quelques faits nouveaux assez intéressants. Dans ce travail, j'ai tâché tout d’abord de grouper en un tableau synoptique les cinq espèces de Pemphigus qui habitent le Téré- binthe. Je me suis servi pour cela de la classification générale que donne Passerini du genre Pemphigus, en la modifiant légèrement pour y faire entrer le Pemphigus pallidus de M. Derbès, et une espèce ou variété nouvelle dont les caractères zoologiques sont très-voisins de ceux du P. pallidus, mais dont la galle offre des caractères assez spéciaux pour que j'aie cru devoir distinguer celte forme, au moins provisoirement, sous le nom de P. retroflezus. MÉMOIRES ORIGINAUX. Genre Pemphigus (HaArTIG). Antennes à six articles. Ailes antérieures à quatre nervures obliques toutes simples. Aïles postérieures avec deux nervures obliques. S POSTÉRIEURES SÉPAREES. > NERVURES OBLIQUES DES AILE Nervures des ailes an- térieures minces et pâles ; ire et 2e nervures obli- ques réunies à la base. r , ASSeZ ÉPaisses ; Nervures des ailes antérieures de couleur fauve {re el 2e nervures obliques complétement s leur base. , éparées à , Sixième article des antennes égal au précédent ou à peine plus long. Les deux premières nervures obliques réu- MES ETENNIN COIN HAEtoocoovanudee Sixième article des antennes plus long que le précédent de toute la moitié. Les deux premières nervures obliques réunies à leur base sur un long trajet. Sixième article des antennes de beau- Connie plus ones ootassausesston | Dessins des | antennes ovales ; tubercules très- prononcés sur les quatre derniers EMNCIES EVENE Sixièmearticle des antennes presque égal au précédent en longueur. Troisième article égalant à peu près les deux sui- vants réunis. Cercles clairs au nombre de 24 à 27 sur le troisième article ; galles à la partie in- férieure du limbe. Tubercules presque nuls. Re mm Cercles clairs plus petits au Dessins des antennes circulaires à double contour. nombre de 30 au moins sur le troisième article ; oalles à la partie supérieure du limbe. P. utricularius (Pass.). P. cornicularius (Pass.) P. semilunarius (Pass ). P. follicularius (Pass.). P. retroflexzus. P. pallidus (Derbès). APHIDES DU TÉRÉBINTHE ET DU LENTISQUE. : 5) Voici maintenant un résumé rapide des caractères distinctifs de chaque espèce et de leurs galles respectives. Pemphigus utricularius (PAssERINI). Galles utriculiformes, jaunes ou rouges, de grosseur variable, naissant non-seulement sur la nervure médiane d'une foliole, ainsi que l'indique M. Derbès, mais encore, comme je l’ai observé moi-même, sur le pétiole secondaire indépendamment de la toliole. J’ai trouvé quelques-unes de ces galles vides déjà à la fin d'août. PREMIÈRE GÉNÉRATION, — Corps trapu, aplère, rouge orangé intense ; antennes de longueur médiocre, à cinq articles, dont le troisième est le plus long de tous, le cinquième fusiforme. Rostre atteignant ou dépassant même la deuxième paire de mem- bres. DEUXIÈME GÉNÉRATION. — Vymphe. — Corps ovale, d’un rouge moins intense; antennes à cinq articles, d'épaisseur à peu près égale dans toute leur étendue. Ailé., — Corps ovale allongé ; tête et thorax noirs; antennes à six articles, dont letroisième est le plus long, le cinquième et le sixième à peu près égaux; les quatre derniers articles, le troisième suritout, sont ornés de dessins ovales ou elliptiques, formant sur les bords des saillies assez prononcées. Aïles à ner- vures peu marquées; première et deuxième obliques des ailes antérieures unies par leur base sur un court trajet ; stigma jaune verdâtre, à contour inférieur arrondi; nervure infrà-marginale bordée, ainsi que le stigma, par une ligne sinueuse peu marquée. TROISIÈME GÉNÉRATION. — Corps ovale, comme tronqué en arrière ; antennes à quatre articles dont le troisième est le plus long ; le rostre ne dépasse pas la troisième paire de membres, Pattes et antennes velues. 6 MÉMOIRES ORIGINAUX. Pemphigus semilunarius (PASSERINI). Galles semi-lunaires sur les bords des folioles, qu'elles défor- ment; couleur jaune verdâtre ou partiellement rouge, surface plus ou moins bosselée. — Abondantes dans les environs de Montpellier. PREMIÈRE GÉNÉRATION. — Caractères analogues à ceux qu'offre la génération correspondante du P. utricularius, mais la colo- ration du corps est moins intense ; les antennes, moins épaisses, ont cinq articles, dont le cinquième et le troisième sont les plus longs. DEUXIÈME GÉNÉRATION. — Nymphe n’offrant aucun caractère bien spécial. Ailé. — Six articles aux antennes, le dernier aussi long que les deux précédents réunis; troisième article de longueur à peu près égale à celle des cinquième, quatrième, second et premier. Les trois articles médians sont ornés de taches claires, ovales lransversalement, formantdes saillies sur le bord. Aïles à nervures un peu plus accentuées ; première et deuxième nervures obliques largement séparées dans toute leur étendue ; stigma fauve, forle- ment coudé postérieurement ; nervure infrà-marginale et stigma bordés d’une ligne sombre siaueuse. TROISIÈME GÉNÉRATION. — Corps plus allongé que chez la forme correspondante du P. utricularius, de couleur vert foncé; an- tennes longues à cinq articles, dont le troisième est de beaucoup le plus long. Rostre atteignant presque l’extrémité de l'abdomen. Cette génération m'a fourni la quatrième, dont j'indiquerai plus loin les caractères. Pemphigus follicularius (Pass.). Galles occupant, comme les précédentes, le bord supérieur du limbe, mais plus peliles, non arquées, jaunes ou rouges, et géné- APHIDES DU TÉRÉBINTHE ET DU LENTISQUE. 7 ralement au nombre de deux ou plus sur chaque foliole. — Très-communes dans les environs de Montpellier. PREMIÈRE GÉNÉRATION. — Elle offre les mêmes caractères géné- raux que le P. utricularius; cinquième article des antennes à peu près égal au quatrième ; trompe atteignant à peine la deuxième paire de membres. DEUXIÈME GÉNÉRATION. — Mymphe. — Troisième article le plus long de tous; cinquième et sixième à peu près égaux. Les autres caractères comme chez les précédents. Ailé, — Corps plus petit que chez les espèces précédentes; antennes à six articles, dont le troisième est le plus long et les trois derniers à peu près égaux. A l’exception des deux premiers, tous ces articles sont ornés de taches claires formant de fortes saillies sur le bord. Ailes antérieures à stigma fauve, très-coudé postérieurement. Nervures très-marquées, les deux premières obliques très rapprochées, mais séparées à leur base. Une ligne sinueuse entoure le stigma et lanervure infrà-marginale. TROISIÈME GÉNÉRATION. — Corps ovale de couleur fauve orangé; cinq articles aux antennes, le troisième de beaucoup le plus long, le cinquième fusiforme. Trompe dépassant l'abdomen. Jai obtenu la quatrième génération de cette espèce. Pemphigus cornicularius (Pass.). Galles en corne à l’extrémité des jeunes rameaux, de grosseur variable, droites ou rerourbées ; surface s'llonnée longitudinale- ment, verte d’abord, puis rouge dans l’arrière-saison. PREMIÈRE GÉNÉRATION. — Antennes courtes à cinq articles, le dernier plus long que le troisième. Trompe courte atteignant à peine l’espace compris entre les deux premières paires de mem- bres. Les aulres caractères comme chez les espèces précédentes. 8 MÉMOIRES ORIGINAUX. DEUXIÈME GÉNÉRATION. — Nymphe. — Corps petit; anten- nes à cinq articles, dont le troisième est le plus long. Les autres caractères comme chez les espèces précédentes. Ailé. — Antennes à six articles, dont le troisième est le plus long ; les trois médians sont ornés de dessins plus clairs, peu nombreux, transversaux, formant de léoères saillies ; le dernier n’en porte qu'un seul. Nervurespeu marquées; les deux premiée- res obliques des ailes antérieures sont réunies à leur base sur un assez long trajet; stigma formant en arrière un coude arrondi. Pas de ligne sombre sinueuse. TROISIÈME GÉNÉRATION. — Corps petit, ovale, blanc verdâtre; antennes à quatre arlicles, dont les deux derniers à peu près égaux. Trompe dépassant la troisième paire de membres. Pattes et antennes velues. Pemphigus pallidus ( Dersës). Galles occupant le bord supérieur du limbe, aplaties, non ar- quées, d’un vert peu différent de celui de la feuille, dont la forme n'est presque pas altérée.— Trouvées en abondance au Jardin des Plantes de Montpellier, ainsi que dans les bois de la Valette. PREMIÈRE GÉNÉRATION. — Corps aplati, trapu, d’une couleur fauve orangé; tronqué en arrière; antennes à six articles de longueur à peu près égale. Trompe atteignant à peine la deuxième paire de membres. DEUXIÈME GÉNÉRATION. — Nymphe.— Corps ovale, vert pâle ; antennes à cinq articles, le troisième étant le plus long, les deux derniers presque égaux. Le reste comme chez les autres espèces. Ailé, — Antennes à six articles, le troisième étant le plus long, cylindrique; les deux derniers sont presque égaux. Pre- mier article lisse, le deuxième marqué de taches claires peu nombreuses, petites; les autres articles portent des dessins circu- APHIDES DU TÉRÉBINTHE ET DU LENTISQUE. 9 laires à double contour, peu saillants sur les bords, au nombre de trente environ sur le troisième article. Nervures des ailes assez accentuées; les deux premières obliques des ailes antérieu- res naissent séparément de la nervure coslale; stigma fauve, à coude arrondi; pas de ligne sombre sinueuse. TROISIÈME GÉNÉRATION. — Corps allongé, brun foncé; anten- nes assez courtes, à cinq articles, le troisième étant le plus long. Trompe dépassant un peu la troisième paire de membres. Pemphigus retroflexus. Je n’ai décrit cet insecte sous un nom nouveau que d’une ma- nière en quelque sorte provisoire. La galle occupe la face infé- rieure du limbe, et, de toutes celles qui naissent sur les folioles du Lentisque et du Térébinthe, elle est seule à présenter ce ca- ractère. — Abondante au Jardin des plantes de Montpellier ; je ne l'ai point trouvée ailleurs. Les dessins des antennes, plus gros et moins nombreux, spé- cialement sur le troisième article, l’écartement moins considéra- ble des deux premières nervures obliques à leur naissance, enfin l’abdomen un peu plus élargi chez le produit de l’ailé, sont les seuls caractères distinctifs que j'ai cru remarquer chez cet insecte; les autres sont ceux du ?. pallidus. Genre Aploneura | Passerini ). Séparé du genre Zetraneura (Hartig), dont il ne diffère que par les ailes horizontales et les antennes, dont le sixième article est le plus long de tous. Les autres caractères communs avec les Tetraneura sont : quatre nervures obliques simples aux ailes antérieures, une seule oblique aux postérieures. Aploneura Lentisci | Passer). Galle semi-lunaire occupant ordinairement toute une moitié de la surface supérieure du limbe, verte d’abord, puis rougeûtre ; 10 MÉMOIRES ORIGINAUX. ordinairement remplie d’une abondante matière laineuse que sé- crètent les Pucerons. PREMIÈRE GÉNÉRATION. — Corps trapu, jaune foncé ; antennes à cinq articles, dont les trois médians sont à peu près égaux et le cinquième le plus long de tous. La trompe, assez épaisse, atteint à peine la moitié de l’espace compris entre les deux premières paires de membres. DEUXIÈME GÉNÉRATION. — VMymphe. — Corps allongé, jaune verdâtre ; cinq articles aux antennes, dont le troisième est le plus long de tous. Ailé. — Antennes à six articles, dont les quatre médians sont à peu près égaux, le premier court et large, le dernier le plus long de tous. Pas de tubercules saillants, mais de fines stries annulaires, et une tache claire à la partie antéro-inférieure de chaque article. Ailes posées à plat sur le corps, à nervures assez accentuées ; sigma fauve clair, anguleux ; les deux pre- mières obliques des ailes antérieures réunies à la base sur un espace assez considérable. Une ligne sombre sinueuse entoure le stigma et la nervure infrà-marginale. Les ailes postérieures n’ont qu'une seule nervure oblique. q q TROISIÈME GÉNÉRATION.-— Corps petit, ovale, jaune verdâtre ; antennes courtes à quatre articles à peu près égaux en longueur; trompe s’arrêtant à peu près au niveau de la troisième paire de membres. Voici maintenant les quelques observations que j'ai pu faire sur ces petits insectes dans le courant de l’été et de l’automne derniers. D'abord l'apparition des ailés émigrants est plus précoce que ne le supposait Passerini. Déjà, vers la fin d'août, j'ai trouvé des galles vides du P. utricularius dont j'ai aperçu les aïlés dès la première quinzaine du même mois, C’est vers le milieu du même mois que j'ai aperçu ceux dé l’Aploneur a du Lentisque , APHIDES DU TÉRÉBINTHE ET DU LENTISQUE. 11 mais ceux-ci sont peu nombreux jusque vers la mi-septembre. Le 30 août, j'en ai observé pour la première fois chez le P, pal- lidus ; le P. cornicularius m'en a offert à partir du 2? septembre. Ce n’est guère que dans la première quinzaine du même mois que j'en ai observé chez le P, retroflexus; mais comme ces galles sont relativement rares, je ne puis dire encore si les Pu- cerons qui les habitent sont réellement moins précoces que les autres. Quant au P. follicularius, ce n'est qu'aux premiers jours de septembre que j'en ai aperçu d’aïlés ; mais, d’après les rensei- gnements que je dois à M. J. Lichtenstein, on en trouverait déjà à la fin d'août. Pour ce qui concerne les phénomènes biologiques qu’ofirent ces curieux insectes, j'ai déjà dit que M. Derbès avait essayé en vain de les suivre au-delà des ailés émigrants. Cependant M. J. Lichtenstein m'avait appris qu’il avait trouvé aux racines d’un Bromus sterilis un Aphidien ailé dont les caractères concordaient presque exactement avec ceux de l’Aploneura du Lentisque, et qui produisit sous ses veux des individus sans ailes ni rostre et sexués; il avait, d’après ses observations, émis l'opinion que les Pucerons ailés du Lentisque pourraient bien aller accomplir sur des Graminées les phases évolulives qui, jusqu’à ce jour, se dé- robaient aux yeux du naturaliste. J'ai done tenté de faire vivre l’Aploneura du Lentisque sur des Graminées ; je n'ai tout d’abord obtenu aucun résultat : les insectes ailés ont péri, et leurs pro- duits ont disparu sans que j'aie pu jamais les retrouver dans le vase où je les avais mis. J'ai tenté la même expérience sur les Pemphigus du Térébin- the. Le 28 septembre, j'ai déposé dans un vase, où j'avais fait germer de l’orge, des ailés du Pemphigus cornicularius. Un grand nombre d’entre eux se sont envolés le jour suivant ; quel- ques-uns seulement sont restés sur les tiges d’orge et y ont mis bas. Huit ou dix jours après, tous les jeunes aptères provenant des ailés ont disparu, sauf trois ou quatre qui, fixés au collet des tiges, avaient grossi considérablement ; mais ils ont péri avant d’avoir pu se reproduire : les tentatives que j'ai faites pour en 12 MÉMOIRES ORIGINAUX. élever de nouveaux ont été inutiles; la dispersion complète des ailés d'automne m'a empêché de faire de nouveaux essais sur cette espèce. À l’état complétement développé, ces aptères ont acquis à peu près la grosseur d’une nymphe à fourreaux d'ailes de la même espèce ; leur couleur est d’un gris verdâtre et les anneaux de leur thorax et de leur abdomen sont très-marqués. Ils ne m'ont ofïert aucune sécrétion laineuse, mais une goutte d’un liquide limpide sortait fréquemment de leur anus. J'ai été plus heureux avecles Pemphigus semilunarius et P. fol- licularius. Ayant retenu captifs des ailés de ces deux espèces afin de les forcer à mettrebas, jeles ai déposés, ainsi que leurs produits, sur de jeunes Graminées. Beaucoup d’ailés se sont envolés dès que j'ai misà la lumièrele vase qui les contenait; d’autres, qui n’a- vaient pas encore déposé leurs embryons, sont restés fixés au sommet des tiges, y ont mis bas et sont morts peu. de temps après. Au bout de quelques jours, un certain nombre de jeunes ap- tères pondus par eux avaient enfoncé leur rostre au bas des tiges, cachés plus ou moins profondément dans le sol, et avaient déjà notablementaugmenté de volume; la sécrétion qu’ils faisaient fréquemmentsortir de leur abdomen dénotait une nutrition active. Nés dans les premiers jours d'octobre, les produits de l’ailé du Pemphigus semilunarius portaient déjà visiblement des embryons vers le milieu du mois. C’est le 24 que j'ai vu pour la première fois des jeunes Pucerons à côté d’eux. Ces derniers étaient de forme allongée et leur couleur était à peu près nulle. Sous le microscope, ils m'ont offert des caractères identiques à ceux qui distinguent leurs parents à l’état jeune; ils n’en diffèrent que par leur corps à peine teinté de vert, et l’exiguiïté de leur taille. Quant aux P. follicularius, ils s’attachent aussi au bas des tiges, ordinairement enfoncés dans le sol. Leur grosseur augmente ra- pidement, et leur abdomen, ovale d’abord, devient presque glo- buleux. J'ai aperçu des embryons dans leur corps presque en même temps que chez l’espèce précédente. Le 25 octobre, j'ai APHIDES DU TÉRÉBINTHE ET DU LENTISQUE. 13 vu de jeunes individus jaunâtres à côté d’eux. Ils m'ont offert aussi les mêmes caractères que les individus de la troisième géné- ration peu de temps après leur naissance. Je me suis assuré d’ailleurs qu'ils étaient bien les descendants de ceux-ci, en met- tant à part dans un tube un produit de l’ailé du P., follicularius près de pondre, et en étudiant le jeune qu'il avait déposé. J'ai mis aussi en expérience les P. pallidus et P. retrofleæus , mais les résultats sont loin d’être aussi satisfaisants. J’en ai pour- tant conservé quelques-uns vivants pendant dix ou quinze jours, et j'ai pu remarquer que ceux-ci se tenaient sur les parties vertes des tiges, et non au collet, comme les espèces précédentes. Leur couleur, au lieu de pälir comme chez ces derniers, était de- meurée brun foncé et luisante; ils grossirent peu, et disparurent l’un après l’autre sans s’être reproduits. Je n’ai pu expérimenter sur le P. dtricularius, ses galles étant vides au moment où j'ai commencé à nourrir les autres espèces. Ainsi que je l'ai dit déjà, j'ai mis en expérience l’Aploneura du Lentisque ; mais une seule fois j'ai trouvé un aptère de la troisième génération fixé par sa trompe à une radicelle d'orge. Toutefois, dans un tube ouvert aux deux bouts où, le 8 octobre, j'avais déposé quelques ailés sur des tiges d’orge, j'ai trouvé, un mois après environ, fixés aux radicelles, trois ou quatre Puce- rons aptères, d'un jaune verdàtre, entourés de flocons blancs et de gouttelettes sécrétés par eux. Leur grosseur est celle des nym- phes prêtes à acquérir des ailes, mais les anneaux de leur corps sont plus marqués et leur abdomen plus distendu. Ces insectes ne s’élaient point encore reproduits lorsque j'ai rédigé mon tra- vail; mais peu de jours après ils avaient mis bas dans le tube de verre. Il me reste à signaler un fait que je ne puis rattacher directe- ment à l’évolution de ces Aphides et qui est peut-être une sim- ple anomalie. J'ai trouvé, le 20 octobre, dans un vase où j'avais secoué des galles du ?. pallidus au commencement du mois, un aptère appartenant à la première génération de ces insectes, dont l'abdomen s'était considérablement élargi. Ce sujet s’était donc 14 MÉMOIRES ORIGINAUX. nourri sur les Graminées. L’ayant écrasé sous le microscope, j’en ai fait sortir plusieurs embryons à divers états de développe- ment, fait qui m'a paru d'autant plus singulier qu’il se présen- tait à une époque de l’année où ces aptères ont depuis long- temps cessé de pondre, et où leurs produits ont même déjà presque tous émigré. Des faits qui viennent d’être signalés, il me paraît légitime de conclure : Lo Que les produits des ailés vivent sur les tiges ou les racines de Graminées, ou tout au moins de plantes herbacées, et non sur l’écorce des Térébinthes ou d’autres arbres; 2° Que ces individus restent toujours aptères, et ne sont point ceux qui viennent au printemps déposer les sexués sur l’écorce des Térébinthes. ÉTUDES MORPHOLOGIQUES SUR LA FAMILLE DES GRAMINÉES Par M. D.-A. GODRON, Correspondant de l’Institut. (Suite el Fin.) Occupons-nous maintenant des épillets. Comme nous l'avons fait dans notre Flore de France, à l'exemple de Desvaux, nous nous servirons, dans cette dernière partie de notre travail, des mots : glumes, glumelles, glumellules, termes dont la signification est bien connue, pour désigner les organes qui entourent les étamines et le pistil. Mais, en même temps, nous nous attacherons à recon- naître la nature morphologique de tous ces appendices, en nous aidant des observations faites par les savants éminents qui nous ont précédé dans celte étude. Nous avons déjà dit que les glumes et la glumelle inférieure ÉTUDES MORPHOLOGIQUES SUR LES GRAMINÉES. 15 sont de véritables bractéoles ‘ ; elles en ont tous les caractères, et comme les feuilles, dont elles sont une véritable réduction, elles sont alternes-distiques et embrassent par leur base l’axe qui les porte. Nous n'insistons pas sur ce point, qui u’est pas contesté. Mais ces bractéoles vont donner lieu à quelques observations nou- velles. Les épillets latéraux des Lolium n’ont qu'une seule glume, tandis que l’épillet terminal en a toujours deux. Suivant Aug. Saint-Hilaire, la seule glume qui existe «est une production » immédiate de l’axe commun de l’épi *». [l n’indique pas les molifs de son opinion; mais si l’on examine avec attention l'insertion des épillets inférieurs, principalement sur les individus les plus robustes des Lolium strictum Prosl., perenne L., temu- lentum L., on constate sans peine que cet appendice s’insère, non directement au rachis, mais à un trés-court rameau, attei- gnant quelquefois un à deux millimètres, peu visible toutefois dans les échantllens grêles. Ce rudiment du rameau naît du rachis commun, au-dessus d’une ligne saillante transversale, un peu déprimée en arc de cercle, et qui constitue, comme nous l’avons établi, la trace d’une bractée avortée; ce très-court rameau est ordinairement dégagé en arrière et sur les côtés. La glume unique appartient donc à un axe de second ordre, et l'axe de l’épillet forme le troisième ; ce qui ie prouve encore, c’est que la glume persiste sur le second axe lorsque l’épillet mür se détache. Les mêmes faits se voient aussi, et bien plus saillants, surle VNardurus Lachenalii Godr. et surtout dans les espèces du genre Brachy- podium. J'ajouterai que le petit rameau peut s’allonger chez les Lolium perenne 1. et strictum Presl., qu'il rend alors l’épi rameux et que ces rameaux peuvent porter de deux à neuf épillets. Nous en possédons des exemples en herbier. Dans ce cas, l’épillet infé- 1 Turpin (Mém. du Muséum, tom. V, pag. 38) les nomme braclées, ainsi que Aug. Saint-Hilaire (La Morphologie végétale; Paris, 1841, in-80, pag. 288.) Nous les nommons bracléoles à raison de la bractée qui devrait exister à la base de l’inflorescence. 2 Aug. Saint-Hilaire ; Op. cil., pag. 289. 16 MÉMOIRES ORIGINAUX. . rieur conserve sa position et le rameau s’allonge en dehors de lui, de telle sorte qu’il se trouve comprimé entre ce rameau et le rachis commun ; aussi est-il ordinairement moins développé que les autres. Chacun des rameaux se comporte, du reste, comme l’axe primaire, relativement à la présence d’une ou deux glumes aux épillets . Puisque l’épillet terminal de l’épi des Lolium possède deux glumes, dégagé qu'il est de toute pression contre un axe, on se demande pourquoi les épillets latéraux n’en possèdent qu'une. Si la seconde existait, elle serait en rapport immédiat avec l’échan- crure du rachis commun. Puisque la compression exercée par les gaînes foliaires a déprimé celui-ci profondément, il nous paraît évident que la glume serrée entre lui et l’épillet n'a pu se développer et a disparu par avortement. Kunth et Düll ont reconnu des rudiments de cette glume sur le Lolium temulen- tum? L. Quel est le rang qu’occupe, sur l’axe de l’épillet, la glume qui fait défaut ? Celle qui existe, étant alterne avec la glumelle inférieure de la première fleur placée contre l'axe commun, est nécessairement la supérieure, et celle qui manque l'inférieure : la symétrie l'exige. Les Nardurus, Agropyrum et Brachypodium ont deux glumes à tous leurs épillets, bien qu'ils soient aussi alternes-distiques et appliqués sur le rachis commun ; mais c’est par l’une de leurs faces qu'ils le sont, et les deux glumes, placées latéralement par rapport à l’axe, se développent en pleine liberté. Le Psilurus nardoïdes Trin., contrairement à ce qui existe chez les Lolium, montre une véritable bractée, trés-petite il est vrai, mais s’insérant exactement au nœud (elle manque quelquefois). Au-dessus d'elle se trouve un très-court rameau ne mesurant 1 Je possède aussi d’autres Graminées à épillets alternes-distiques sur le rachis commun, dont l’inflorescence est quelquefois rameuse, par exemple les Nardurus Lachenalii Godr. et tenellus Rchb., Agropyrum campestre Godr., Triticum vulgare Nill. On connaît depuis longtemps le Blé de miracle, race du Trilicum turgidum L. à épis rameux, et j'ai vu le même fait sur le Secale cereale L. 2 Kunth: Flora berolinensis, édit. 2; Berolini, 1838, in-80, tom. I, pag. 404. — Düll; Reinische Flora ; Frankfurt ad M,., 1843 , in-80, pag. 62. ÉTUDES MORPHOLOGIQUES SUR LES GRAMINÉES. 17 qu’un demi ou un tiers de millimètre ; il se prolonge parfois au-delà et porte à son sommet un second épillet demi-avorté et stérile. La glumelle inférieure existe bien développée, ainsi que la supérieure, qui est fendue à son sommet. Les glumes man- quent absolument. Fant-il s’en élonner? Les épillets de cette espèce, u'ayant qu'une seule fleur fertile, sont incarcérés très- étroitement, chacun dans une profonde gouttière ; d’une autre part, leur base est fixée dans une pelite cavité conique, qui ne laisse pas place au développement des glumes, L’épi lui-même est finement subulé. Les choses se passent à peu près de même dans le Wardus stricta L. Le Tripsacum dactyloïdes L. nous offre des faits plus curieux encore que les précédents. L’épillet femelle est aussi uniflore et logé profondément au centre d’un article épais et très-làâchement spongieux au centre '. Il s’y est facilement creusé une cellule assez grande, fermée hermétiquement par une bractée coriace qui, au moment de la fécondation, s’entr'ouvre légèrement pour laisser passer les stigmates, puis se reftrme. Gette bractée appar- tient à l’axe commun de l’infloresc:nce; elle s’insère sur un prolongement long de deux ou trois millimètres, placé à la base et sur le milieu du seuil de l’ouverture, isolé de chaque côté par une échancrure qui est transformée en un trou rond par la base élargie de la bractée. Ces trous ronds pénètrent dans la cavité qui renferme l’épillet et au-dessous de lui. Seraient-ils destinés à lui fournir de l’air dans sa prison ? C’est sur ce même prolon- gement, en arrière de la bractée coriace servant de porte, que s'insère l’épillet, dont le développement est relativement assez grand. On y reconnaît très-bien les parties constituantes de l’épillet et ce la fleur femelle. La glumelle supérienre des Graminées a des caractères qui la différencient des bractées et des bractéoles, dont il a été jusqu'ici question. Elle est scarieuse, mince, blanche, bifide ou échan- ee == 1 On peut constater facilement cet état spongieux dans les articles où la fécon dation n'a pas réussi. VIII, 7 18 MÉMOIRES ORIGINAUX. crée au sommet; elle possède deux carènes symétriques et dis- tantes l’une de l’autre, n’a pas de nervure médiane, naït au- dessous de la fleur etl’embrasse par ses deux replis, qui partent des carènes et se croisent devant elle; enfin elle est toujours adossée à l’axe de l’épillet. Elle joue donc le rôle d’enveloppe par rapport aux organes de la fleur, et c'est pour ce motif que Turpin lui a imposé le nom de spathelle, en la comparant à ia spathe des Palmiers'. Cette assimilation ne nous paraît rien moins que rigoureuse; elle a dû être jugée telle par les bota- nistes, puisqu'ils ne l’ont pas acceptée en ce qui concerne les Graminées. Nous la désignerons sous le nom de bractéole double bicarénée, car elle est réellement formée de deux bractéoles laté- rales soudées, comme l’admet Turpin. Ce qui le prouve, c'est qu’elle est parfois séparée en deux parties distinctes *. Robert Brown avait reconnu cette dualité avant Turpin ; mais le savant anglais admettait que la glumelle inférieure appartient au même verlicille, ce qui rendrait celui-ei ternaire et en ferait dès-lors un calice*. Turpin n’admet pas cette opinion et différencie ces deux glumelles par ce caractère : & c’est que ces deux organes » n’appartiennent pas au même axe ou plutôt au même degré de » végétation, et qu’en conséquence on n'aurait jamais dû les » accoupler ensemble ‘». Dôll et Rœper admettent sur ce point l'appréciation de Turpin *. Hugo von Mohl l’appuie de faits nouveaux observés sur le Poa alpina L., forma vivipara. Il à reconnu sur cette monstruosité que toutes ou presque toutes les glumelles inférieures de l’épillet se transforment chacune en une véritable feuille qui par sa base embrasse la circonférence entière de l’axe de l’épillet, mon- tre des traces évidentes de ligule et même de petites oreillettes 1 Turpin; Mémoires du Muséum, tom. V, pag. 448 et 449. 2 Turpin; Op. cit., tom. V, pag. 450. 3 R. Brown: General remarks geographical and systematical on the botany of Terra australis. London, 1874, in-40, pag. 58. 4 Turpin ; Op. cif., pag. 450. 5 Dôll; Reinische Flora. Frankfurt ad M., éd. I (1843), in-80, pag. 58. — Rœper ; Zur Flora Mecklenburgs, ? Theil. Rostock, 1844, in-80, pag. 93. ÉTUDES MORPHOLOGIQUES SUR LES GRAMINÉES. 19 latérales qui l’accompagnent, el enfin se termine par un limbe court et plurinervié. Si l'on examine l’aisselle de ces petites feuilles, on y découvre des débris de la glumelle supérieure, ce qui démontre avec évidence que cette dernière est insérée au- dessus de l’inférieure. L’épillet ainsi transformé montre à sa base son axe aussi grêle qu'à l’état normal; mais celui-ci s’é- paissit de bas en haut, ses entre-nœuds s’allongent et écartent ainsi ses petites feuilles les unes des autres. Dans cet état, il ressemble complétement à une petite tige de Graminée en voie de développement. Vers l’automne, la base de son axe se dessè- che et se rompt, absolument comme cela se produit dans l’épil- let normal portant graines. Cette petite tige tombe à terre; elle prend racine et multiplie ainsi l’espèce. Cette observation de Hugo von Mohl a saus doute été faite par les anciens botanistes, qui ont désigné ce Poa sous le nom de vivipara!, ?. Un autre ordre de preuves nous est fourni par les recherches organogéniques de Payer. Ce savant à constaté que la glumelle inférieure se développe la première sous forme d’un bourrelet qui embrasse l’axe de l’épillet; que la glumelle supérieure mon- tre, dès ses premiers développements, deux bourrelets plus petits, parfaitement distincts, et qui sont placés latéralement au. dessus du premier bourreiet. Mais en grandissant, la distance qui les séparait du côté de l'axe diminue de plus en plus, et il arrive un moment où ils sont connés et ne forment plus qu'une seule écaille bicarénée, bidentée au sommet, et qui est la glumelle supérieure. Les glumelles supérieure et inférieure sont donc de génération différente, la supérieure appartenant à l’axe floral, tandis que l’inférieure appartient à l’axe de l’épillet ?. oo , ! Hugo von Mohl; Ueber die Bedeutung der untern Blumenspelze des Graeser. (Botaniche Zeitung, 1845, pag. 36 à 38, tab. I, part. 2, fig. 1-8.) ? Le Poa bulbosa L. offre souvent la même anomalie, ainsi que le Dactylis glomerata L., le Cynosurus cristatus I. et Festuca nemoralis L. (Moquin- Tandon ; Éléments de tératologie végétale. Paris, 1841, in-8°, pag. 232.) $ Payer; Traité d'organogénie comparée de la fleur. Paris, 1857, gr. in-8e, pag. 701, tab. 148, fig. 4, 16, 17, 29, 30, 36 et 37. 20 MÉMOIRES ORIGINAUX. Il résulte de tous ces faits, définitivement acquis à la science : 1° que les glumes doivent être considérées comme de vraies bractéoles ; 2° que les glumelles ne forment pas un verticille floral ; 3° que la glumelle inférieure est une bractéole au même titre que les glumes, avec cette différence toutefois que celles-ci ne produisent pas d’axe à leur aisselle; 4 que la glumelle supé- rieure, formée de deux éléments d’abord libres, puis soudés, est toujours adossée à un axe contre lequel elle est comprimée ; 5° que la pression, ne s’exerçant pas sur les parties essentielles de la glumelle supérieure, c'est-à-dire sur ses nervures carénées, n’en produit pas l’avortement, mais soude habituellement les bords chevauchant l’un sur l’autre des deux parties qui la constituent. Nous ferons observer combien grande est la ressemblance de cette bractéole double bicarénée avec l'expansion bicarénée dont nous avons parlé. Ce sont certainement deux organes con- siruits sur le même modèle. Si le premier enveloppe la fleur, le second embrasse les bourgeons axillaires du chaume et la base des rameaux qui en naissent. Nous trouvons dans l'embryon lui-même des faits qui ne sont pas sans quelque analogie avec les précédents. Le premier nous est fourni par l’organe que Mirbel a nommé piléole‘ ; il est conique ei coiffe la gemmule. Cette enveloppe s’insère sur la tigelle im- médiatement au-dessus de l’écusson, ou un peu plus haut; il se fend au moment de la germination, pour laisser passer la gem- mule, et cette déhiscence s'opère du côté opposé à l’écusson *. Schacht constate que cette piléole est binerviée®. M. Van Tieghem explique ce fait en démontrant qu'elle reçoit deux faisceaux vas- culaires distincts, et il en conclut qu’elle est formée de deux feuilles autonomes‘. D’une autre part, il existe dans quelques 1 Mirbel; Éléments de physiologie végétale. Paris, 1815, in-80, tom. I, pag. 64. 2 Van Tieghem; Annales des Sciences naturelles, série v, tom. XV, pag. 248 et 249. 8 Schacht; Lehrbuch des Anatomie und Physiologie des Gewächse. Berlin, 1856-1859, tom. II, pag. 462. # Van Tieghem; Op. cit., pag. 250. ÉLUDES MORPHOLOGIQUES SUR LES GRAMINÉES. 21 Graminées un ou plus rarement deux bourgeons à l’aisselle de la piléole, du côté de l’écusson. Ces bourgeons ont pour appendice le plus extérieur une petite feuille binerviée et double, tournée vers l’axe et fendue vers la feuille mère". S'il existe des verticilles floraux dans les Graminées, les glu- mellules, les étamines el jusqu'à un certain point le pistil, peu- vent seuls nous en montrer des exemples. Il est vrai qu'il n’existe, dansle plus grand nombre des espè- ces de cette famille, que deux glumellules, quelquefois irréguliè- res, libres ou soudées plus ou moins par leurs bords contigus. Elles sont toujours insérées à la même hauteur et placées du côté opposé à l’axe de l’épillet. Devant ce même axe elles laissent, au contraire, un espace vide qui pourrait en loger une troisième. Ce qui prouve que cet élément d’un verticille complet manque, c’est qu'il reparaît habituellemeut ou accidentellement dans un cer- tain nombre de Graminées, L’existence de trois glumellules ver- ticillées se voient toujours sur les espèces des genres Stipa, La- siagrostis, Piptatherum, Macrochloa, dont les épillets finement et longuement pédicellés ne possèdent qu’une seule fleur qui est terminale et hermaphrodite, de telle sorte que l’axe de l’épillet est remplacé par l’axe de la fleur, qui dès-lors ne peut, comme le ferail le premier, servir de point d’appui à une pression exté- rieure; ce fait nous explique la présence de la troisième glu- mellule. Il en serait sans doute de même dans toutes les fleurs terminales des épillets multiflores, si celles-ci n'étaient pas, par suite de l’épuisement des sucs nourriciers de la plante, à peu près complétement avortées. Le Tripsacum dactyloïles L. possède aussi trois glumellules tronquées au sommet, comme je l’ai constaté moi-même sur le vif. L’épillet uniflore de cette espère, se développant dans une cavité remplie d’un tissu sans résistance et à parois dures, s2 _trouve ainsi à l'abri de toute pression extérieure ou intérieure ; ses bractéoles et sa fleur s’y développent librement, protégées qu'elles sont par leur prison. —— 1 Van Tieghem ; Op. cit., pag. 253. —— D MÉMOIRES ORIGINAUX. Enfin, dans les Bambusées, la présence de trois glumellules est de beaucoup le cas le plus fréquent. Toutefois elles manquent complétement dans les genres Schyzostachyum Nées, Dendroca- lamus Nées, Melocanna Trin., ce qui ne modifie pas la symétrie florale. Nous ferons observer que si les glumellules ont disparu dans ces trois genres, ils sont pourvus de six étamines placées sur deux rangs et alternes d’un rang à l’autre. Il n’en faudrait pas conclure qu'il y a eu dans ce cas transformation des glu- melles en élamines. Dans d’autres genres, notamment dans les Bambusa Schreb., Wastus Jussieu, Gadua Kunth, Cephalosta- chyum Munro, il existe à la fois trois glumellules et six étamines symétriquement disposées. Il résulte de ces faits, que là où l’une des glumellules est adossée à l’axe de l’épillet et pressée contre lui, elle avorte presque toujours, et qu’elle se conserve, au contraire, quand elle échappe à cette compression. Les glumellules manquent dans le Lygeum Spartum Lœi., dont les épillets uniflores, géminés ou ternés, sont soudés entre eux et renfermés inférieurement dans un tube charnu. Dans le Cornucopiæ cucullatum L., dont les épillets également uniflores sont fasciculés et soudés par leur base au fond d’un invyolucre, il en est de même. Enfin, dans les espèces des genres Alopecurus, Cenchrus, linperata, dont les épillets sont serrés les uns contre les autres pour former une panicule spiciforme très dense, on trouve aussi les conditions les plus favorables aux avortements et aux soudur.s. Il arrive que les glumellules et même la bractéole double bicarénée peuvent se souder, mais tardivement, au pistil ou ca- ryops, probablement par la pression exercée contre ces parties par le développement rapide du pistil après la fécondation. On constate cette soudure chez les Vulpia, Festuca, Bromus, Serra faicus, etc. Les glumellules doivent donc être considérées comme repré- sentant le périanthe de la fleur des Graminées. Les étamines sont généralement au pombre de trois ; elles ÉTUDES MORPHOLOGIQUES SUR LES GRAMINÉES. 23 alternentavec les slumellules, et, lorsque l’une de celles-ci manque, l'alternance n’en existe pas moins avec le point qu’elle devrait occuper. Il en résulle également que les deux étamines les plus rapprochées de l’axe de l’épillet alternent toujours avec lui et échappent ainsi aux effets de la compression. On ne rencontre toutefois que deux étamines, au lieu de trois, dans quelques espèces, telles que le Crypsis aculeata Aït., le Glyceria Michauœii Kunth, qui appartieonent à des genres dont toutes les aulres espèces sont triandres. Nous ne pouvons expli- quer cette anomalie ; elle est constante et doit constituer un avor- tement héréditaire. Nous n'avons pas compris, parmi les deux espèces dont il vient d’être question, les ÆHierochloa et les Anthoxzanthum, qui n’ont aussi que deux élamines à leurs fleurs hermaphrodiles, mais par constitution el non par avortement, comme nous l'éla- blirons plus loin. Il existe aussi quelques Graminées qui sont pourvues d'une seule étamine, celle qui est placée du côté de la glumelle infé- rieure ; cetle exception est fournie par les Vulpia myuros Rchb., pseudo-myuros Soy.-Willm., éncrassata Parl. et par le Psilurus nardoïdes Trin. Toutes les espèces du genre Vulpia ont des ca- ractères morphologiques qui en font un genre très-naturel, et cesendant les autres espèces possèdent trois étamines. Ge carac- tère distinctif est constant, et il en est de même dans le Psilurus nardoïdes Trin. Il est beaucoup de familles naturelles où le nombre des feuilles carpellaires n’est pas en rapport avec celui des autres verticilles floraux ; on constate qu'il est souvent moindre. Ainsi, parmi les familles monocotylédones, nous citerons les Cypéracées, qui nous montrent un caryops uniloculaire et uni- ovulé par avortement de deux carpelles, dont il reste toutefois un ou deux stigmates. Chez les Palmiers, où l'ovaire est formé de trois feuilles carpellaires, comme le Cocos nucifera L., on ne trouve qu'un seul ovule ; le Lodoïcea moldavica Pers. en a habi- tuellement deux, rarement uu, plus rarement le nombre primitif 24 MÉMOIRES ORIGINAUX. trois. Pans le Phænix dactylifera L., le pistil est pourvu d’abord de trois loges et de trois ovules, dont un seul se développe. Il est à noter que le noyau de cette espèce, comme le caryops de beaucoup de Graminées, est creusé d'un sillon longitudinal sur sa face interne. Dans les conditions où se trouvent placées les fleurs des Gra- minées, il ne faut pas s'étonner de ce qu’elles ne renferment jamais qu'un seul pislil et un seul ovule. Cependant il reste presque toujours chez elles des traces évidentes de deux ou de trois feuilles carpellaires. Dans les genres Bambusa Schreb., Arundinaria Jussieu, /'astus Nées, la présence de trois stigmates indique, si elle ne complète pas, la symétrie de tous les verti- cilles floraux. Toutefois, parmi les espèces qui n'en possèdent que deux, on en trouve accidentellement trois. Kunth l’a cbservé sur le Coïx Lacryma L., le Briza mœdia L., l'Uniola latifolia' Mich., et Palisot de Beauvois sur le Psamma litioralis P. de B., et l’Artha- lherum pungens P. da B. (4ristida pungens* Desf.). Host a décrit un Phalaris trigyna qui n’est pas autre chose qu’une forme à trois stigmates du Pheum Micheliüi® Al. Mutel a signalé une fleur trigyne de l’Arundo Donax* L. Le fait le plus curieux est celui que Nées von Esembeck* a observé sur le Sehenodorus elatior P. de B. (Festucca elatior L.); — II s’exprime ainsi : Ovarium iaveni obovato-globosum, sulcis 3 divisum, tricolle, stylis 3 stigmatibusque binis soliüiæ formæ præditum. Positio col- lium ea erat, ut ? extrorsum spectarent, unus autem axin respi- ceret; qui cuncti magnitudine æquales, in circulo positi, fructum { Kunth; Agrostographia synop., tom. IT, tab. IV, fig. n et p, et tab. XXV et XX VII, fig. 4 en a. 2 Palisot de Beauvois; Essai d’une nouvelle agrostographie. Paris, 1812, atlas, tab. VI, fig. 1, et tabl. VIII, fig. 9. l 3 Host; Zcones et descripl. Graminum austriac. Vindobonæ, in-fol., tom. IV (1809), tab. XX. # Mutel; Flore franç. Strasbourg, 1837, in-18, tom. IV, atlas, fig. 588. $ Nées von Esenbeck; Etwas über die Anlange zu einer dreizähligen Frucht bi den Gräsern, in Linnæz, tom. V, pag. 679 et 680. - ÉTUDES MORPHOLOGIQUES SUR LES GRAMINÉES. 25 completum nmuwmero partium ternario monstravere. Ad horizontem disseetum ovarium triloculare videbatur. Ces faits exceptionnels doivent, ce me semble, être consi- dérés comme un retour au plan primitif des Graminées, dont les Bambusées nous offrent plus ou moins des représentants. D'une autre part, Payer, en étudiant dans ses premiers déve: loppements l'ovaire d’un Panicum et du Triticum monococcum, croit avoir constaté que cet organe se montre à l’origine sous forme d’un bourrelet circulaire, au centre duquel on aperçoit l’ovule naissant du réceptacle. Ce bourrelet, en s’allongeant, se divise en deux saillies qui sont l’origine de deux stigmates écartés l’un de l’autre". Nous nous demandons s’il est bien certain qu'il n'existe dans ce cas qu'une seule feuille donnant naissance à deux sligmates. Il nous semble difficile d'admettre celte division d’une feuille sur la ligne médiane pour former deux organes importants. N’y aurait-il pas pilulôt ici deux feuilles carpellaires formant l’ovaire et devenant l’origine de deux stigmates plus ou moins écartés l’an de l’autre ? L’obser- valion recueillie par Nées von Esembeck, et que nous venons de transcrire, peut être invoquée à l'appui de notre opinion. Enfin, les Graminées elles-mêmes sur lesquelles Payer a fait ses ob ervations, ont leur pistil muni de deux lohes d'variqués, et le Festuca elutior 1. a deux stigmates à un pistil encore plus profondément bilobé. _ Une dernière question se présente en ce qui concerne le pis- til des Graminées, et spécialement le nombre des stigmates et leur position relative. Dans les Bambusa et les Nastus, qui por- tent deux rangs d’étamines, le stigmate, qui manque habituelle- ment à nos espèces européennes, doit être, dans ces deux gen- res, placé en dehors des deux autres par rapport à l’axe de l’épil- let, comme l'indique très-bien un diagramme de la fleur des Bambusa comparé à celui de la fleur des Liliacées, et que nous 1 Payer; Traité d'organographie comparée de la fleur. Paris, 1857, gr. in-8°, pase02 ap M8") O0 MP 12e 26 MÉMOIRES ORIGINAUX. devons à M. Sachs ‘. L'observation l’a conduit à ce résultat, et théoriquement il doit en être ainsi. Mais serait-il rigoureuse- ment logique d’en conclure qu’il en est de même dans les autres Graminées qui sont pourvues de deux seulement ou de trois stigmates? On n’a Jamais constaté chez elles l'existence, même éventuelle, de deux verticilles d’étamines, et rien n'autorise à admettre que le second verticille de ces organes avorte constam- ment sans laisser aucune trace. On est dès-lors naturellement porté à conclure qu’un stigmate supplémentaire doit être, dans ces espèces, placé en sens inverse que dans les Bambusa et les Nastus, c’est-à-dire du côté de l’axe Ge l’épillet. C’est précisé- ment ce que constatent deux figures dessinées par Kunth ? et qui représentent sous deux faces un pistil de Coïx Lacryma L., por- tant accidentellement trois stigmates. Le supplémentaire est plus court que les deux autres. Ces figu- res montrent aussi la position relative de trois étamines courtes et demi-avortées, qui sont elles-mêmes accidentelles. On recon- naît nettement que le stigmalte supplémentaire, ainsi que les deux stigmates normaux, alternent parfaitement avec l’androcée, formé de trois étamines réunies en un seul verticille ; par con- séquent ce troisième stigmate est placé en sens inverse que dans les Bambusa et les Nastus. D'une autre part, dans le travail sur les Bambusées que nous devons au colonel Munro”, on constate, dans une des figures de la table 1", représentant les organes floraux de l’Arthrostylidium longiflorum, espèce décrite pour la première fois par lui, l'absence d’un des stiomates, Or celui-ci, s’il existait, alternerait avec les deux étamines et serait opposé à la glumelle adossée à l’axe de l'épillet. 1 J. Sachs: Traité de botanique, trad. par Van Tieghem. Paris, 1873, grand in-8°, pag. 686, fig. 319, a. 2 Kunth; Agrostogr. synop. Stutgardiæ, 1835, suppl., tabl. IV, fig. n et p. $ À Monograph of the Bimbusacæ including Descriptions of all the Species, by Colonel Munro, in The Transactions of the Linnean Society, tom. XXVI.—Je dois à M. Eug. Fournier la communication de cet ouvrage et lui en adresse mes remerciments. ÉTUDES MORPHOLOGIQUES SUR LES GRAMINÉES. O1 Dans le Festuca elatior L. observé par Nées von Esenbeck, dont nous avons parlé plus haut, ce savant indique de la ma- nière la plus précise que le stigmate supplémentaire est tourné aussi du côté de l’axe de l’épillet. Il résulte de tous ces faits que, dans les Graminées à deux stigmates, celui qui manque est précisément celui qui correspon- drait à l'axe de l’épillet. Les fleurs des Graminées dontil a été jusqu'ici question présentent donc, malgré un certain nombre d’avortements et de soudures , la symétrie florale ternaire. Mais deux genres euro- péens de cette famille ‘ font exception, savoir : les Anthoxan- thum et les Æierochloa, dont les fleurs hermaphrodites sont construites d'après le système binaire. Les Anthoxanihum ont six bractéoles stériles, alternes-disti- ques. En procédant de bas en haut, on constate que la première est plus petite que la seconde ; celle-ci dépasse et enveloppe les suivantes. Les deux médianes sont égales et émarginées ; l’une porte, au-dessous de son milieu , une arête dorsale tordue en spirale; l’autre montre vers son sommet une arête droite. Enfin les deux supérieures sont membraneuses , très-concaves, ovales obtuses, uninerviées, mutiques. Ces appendices ont-ils tous les caractères de simples bractéoles ? On serait tout d’abord porté à l’admetire, et on reconnaît comme telles, dans les genres Was- tus et Bambusa, les quatre appendices stériles de leurs épillets. Cependant R. Brown, s'appuyant sur l’organisalion florale de plusieurs genres voisins des Anthoxanthum, a été conduit à con- sidérer chacune des deux bractéoles médianes aristées comme représentant à elles seules deux fleurs avortées, de telle sorte que l’épillet, au lieu d’être uniflore, serait primitivement triflore ?. Cette manière de voir a été admise par Palisot de Beauvois”, par 1 On pourrait ajouter aussi le genre Raynaudia de Kunth, et peut-être le genre Imperata. 2R. Brown; General remarks geographical, etc., pag. 62. $ Palisot de Beauvois; Essai d'une nouv. agrostogr. Paris, 1812, in-8°, pag. 65, et atlas, tab. III, fig. 15. 28 MÉMOIRES ORIGINAUX. Kunth ‘, Endlicher ?, Rœper *, Dôüll ‘, etc. Nous ajouterons qu'il n'existe aucune trace d’un périanthe , que nous retrouverons dans les Hierochloa. Les étamines, toujours au nombre de deux, sont placées devant la nervure médiane de chacune des brac- téoles propres de la fleur terminale, c’est-à-dire dans le même plan que tous les appendices alternes-distiques de l’épillet. Les deux stigmates sont, au contraire, disposés dans un plan per- pendiculaire à ce dernier. La fleur terminale des Anthoxanthum présente doncla symétrie binaire. Les Hierochloa nous feront mieux comprendre la conforma- tion des épillets des Anthoxanthum et viennent donner raison à la théorie de Robert Brown, établie cependant sur des données moins précises. L’épillet des Æierochloa possède deux glumes et trois fleurs, dont une terminale hermaphrodite et deux latérales mâles. Chacune de ces dernières est entourée par une glumelle inférieure unicarénée, par une glumelle supérieure bicarénée et par deux glumellules placées du côté opposé à l'axe de l’épillet, enfin les trois étamines sont disposées comme dans les fleurs à symétrie ternaire. Il en est tout autrement de la fleur terminale hermaphrodite: elle a deux glumelles unicarénées, deux glumel- lules alternant avec les glumelles, et deux stigmates dirigés dans un plan qui coupe à angle droit celui des glumellules. Il existe donc des fleurs de Graminées dont les parties con stiluantes sont disposées suivant la symétrie binaire. Nous avons constaté, dans cette étude, l’action modificatrice exercée par la compression des gaînes foliaires et qui détermine la dépression des axes, l’irrégularité, la soudure et l'avortement de plusieurs des organes constitutifs des inflorescences , des épil- 1 Kunth; Agrostographia synop. Stutgardiæ, tom. I (1833), pag 37, ettom. II, pag. 28, tabl. VIII. 2? Endlicher; Genera plantarum. Vindobonæ, 1836-1840, gr. in-8°, pag. 81. 3 Rœper ; Zur Flora Mecklenburgs. Rostock, part. 2 (1844), pag. 120 et suiv. * Dôll; Beitrage zur Pfanzenkunde (Jahresbericht des Mannheimer Vereins fur Naturkunde). Mannheim, in-80, 1868, pag. 42). — Voir, pag. 33 du même travail, le diagramme de l’Æierochloa borealis. ÉTUDES MORPHOLOGIQUES SUR LES GRAMINÉES. 29 lets et des fleurs. Nous avons spécialement insisté sur les effets produits sur ceux des organes appendiculaires directement oppo- sés à l’axe de l’inflorescence ou à l’axe de l’épillet. Ce n’est pas seulement dans les Graminées que la pression des fleurs contre l’axe de l’inflorescence en détermine l’irrégu- larité et provoque des avortements d'organes. On l’observe aussi dans d’autres familles naturelles à fleurs habituellement irrégu- lières. Lorsqu’elles échappent à cette action modificatrice, elles prennent la forme régulière et deviennent parfaitement symé- triques relativement à l’axe floral. C’est là ce qu’on constate lorsqu'elles naissent au sommet de l’axe de l’inflorescence ou au sommet des axes latéraux étalés en dehors dès leur naissance, et qui dès-lors se sont développées en toute liberté. On dit ces fleurs péloriées. Il est à remarquer que les pélories les plus fréquentes se ren- contrent généralement dans les familles dont les fleurs sont le plus irrégulières, tant la cause que nous signalons est puissante. Est-il besoin d'indiquer les Labiées, les Scrophularinées, les Rhinanthées, qui reviennent à une régularité parfaite et retrou- vent une étamine qu’elles avaient perdue ? J’ai fait connaître aussi depuis longtemps d’autres exemples d’un retour parfait à la régularité, dans des familles à fleurs aussi irrégulières que les précédentes, par exemple sur le Corydalis solida Sm., le Delphi- nium consolida L., enfin, sur un vieux pied de Wistaria chinen- sis DG. qui, au Jardin des Plantes de Nancy, a donné, en 1865, entre la floraison du printemps et celle d'automne, une florai- son intermédiaire. Celle-ci a livré à mon observation un assez grand nombre de fleurs isolées au sommet d’un long pédoncule représentant l’axe nu de l’inflorescence ; elles ont montré la transformation d’une fleur papilionacée en une fleur rosacée ‘. Nous concluons de tous les faits établis dans ce travail : 1° Que les gaines des feuilles des Graminées exercent une 1 Ces trois pélories ont été décrites dans les Mémoires de l'Académie de Sla- nislas, de Nancy, pour 1864, pag. 182, tabl. I; pour 1865, pag. 56 et pag. 371. 30 MÉMOIRES ORIGINAUX. compression sur les entre-nœuds des chaumes qu’elles envelop- pent et qui se montre eurtout active sur la partie inférieure de ceux-ci, chez presque toutes les Graminées ; 2° Que c’est par cette partie inférieure des entre-nœuds que se continue principalement l'accroissement du chaume en longueur ; 3° Que, s’il se produit à l’aisselle d’une gaîne foliaire un bourgeon qui, se développant sous la gaine, devient un rameau, il y a aux surfaces de contact dépression du chaume et du rameau ; 4° Que si, au contraire, le bourgeon axillaire se fait jour direc- tement à travers le tissu de la base de la gaïne, ou s'il se déve- loppe après sa chute, le chaume et le rameau restent arrondis ; 5° Que les inflorescences, encore rudimentaires, molles et en voie d’évolution, subissent l’action des gaînes foliaires, qui empêche le développement des bractées qui devraient se déve- lopper à leur base el à leurs divisions principales ; 6° Que, dans ces conditions, les axes de ces inflorescences deviennent plus ou moins anguleux et que le rachis commun lui-même peut quelquefois subir des déviations brusques et alternatives dans le sens de sa longueur ; 7° Que les épillets, leurs bractéoles et les organes floraux subissent souvent, par l’action de la même cause, soit des défor- mations, soit des soudures, soit des avortements ; 8° Que ce sont les organes directement opposés au rachis commun ou à l’axe de l’épillet et pressés contre eux, qui avor- tent et masquent ainsi la symétrie des organes floraux ; 9° Que cette symétrie, ramenée à son type originel, est ternaire et bien plus rarement binaire; | 10° Qu'il s’agit ici, en partie du moins, d’une véritable ques- tion de mécanique végétale fonctionnant sous l’empire de la vie, et dont la force principale réside dans les gaines foliaires. 31 SUR. QUELQUES PLANTES RÉCOLTÉES EN 1877 AUX ENVIRONS DE MONTPELLIER, Par M. DUVAL-JOUVE!. Le Geranium molle L. est dans toutes nos Flores noté comme annuel ; mais, aux environs de Montpellier, là plupart des pieds conservent les restes desséchés des tiges qui, l’année précédente, ont fleuri et fructifié, et ainsi il peut être considéré, sinon comme vivace, au moins comme bisannuel. Plus d’une fois déjà on a signalé les différences qui existent entre les feuilles « radicales » et les feuilles « caulinaires » des Lathyrus, comme dans le L. Aphaca, où les premières feuilles ont deux paires de folioles, tandis que les feuilles caulinaires sont réduites à de gigantesques stipules accolées à un pétiole se terminant en vrille et dépourvu de folioles. Le Lathyrus Nissolia L. m'a fourni un nouvel exemple de ces différences, et, sur cette espèce, la dimorphie affecte non-seulement les feuilles mais les tiges elles-mêmes. Les premières tiges, celles qui passent l'hiver, très-courtes et atteignant au plus 5 ou 6 centim., sont tortueuses, rampantes et toujours stériles (PI. I, fig. 1, a); les tiges du printemps sont droites, s’élèvent de 25 à 40 centim., et sont fructifères. Leurs feuilles (ou si l’on aime mieux leurs pétioles foliacés) sont espacées, longues, linéaires, effilées-aiguës, de façon à ressembler à des feuilles de Graminées (/g. 1, b); mais les feuilles des tiges inférieures, de moitié plus courtes que les au- tres, sont ovales-lancéolées, le plus souvent aiguës, quelquefois un peu obluses ou même rétuses, avec des stipules trois ou quatre fois aussi longues que celles des tiges fructifères (Ag. 1, c). Et ce qui est digne de remarque, c’est que les feuilles à l’aisselle desquelles naissent ces premières ramifications sont réduites à 1 Cette Note a été présentée à l’Académie des Sciences et Lettres de Montpellier. 32 MÉMOIRES ORIGINAUX. leur nervure médiane, longue de ! à ? millim., entre deux sti- pules lancéolées quatre fois plus longues que cette pointe et que les stipules des feuilles des tiges florifères (/ig. 1, d). La dimorphie est tout aussi complète sur le Vicia gracilis Lois. ; ses premières tiges sont courtes, rampantes ; leurs feuilles, très- rapprochées, sont réduites à une paire, rarement deux, de folioles quatre ou cinq fois plus courtes et un peu plus larges que les folioles des autres, ovales, très-obtuses, sans vrille, à peine mu- cronées ; tandis que les feuilles des grandes tiges florifères ont des folioles « linéaires, étroites, allongées, très-aiguës' ». Au sujet de cette dernière plante, et à l'intention de ceux qui la distinguent spécifiquement de l’£rvum tetraspermum L., je ferai remarquer que le nom adopté n’est pas celui qui a droit de priorité. Voici en effet la synonymie chronologique. Ervuu rENUISsIMUM M°!. de Bieb. Tabl. Casp., pag. 185, app. 55 ; 1798. — Georgi. Beschr. d. Russ., R., IT, 4, pag. 1171 ; 1802. _— Pers. Syn., IL, pag. 309;1807. Vicia gracilis Lois., Fl. gall., ed {?, pag. 460, tab. 12 ; 1807. Ervum gracile DC., H. m., pag. 109; 1813. — aristatum Raf., Préc , pag. 38; 1814. — gracile DC., F1. fr., 5, pag. 581 ; 1815. — tenuifolium Lagasc., Gen. et spec., pag. 22; 1816. Vicia laxiflora Brot., FI. lus., 1, pag. 123, tab. 52; 1816. Ervum tenuissimum M° de Bieb. est donc le nom le plus an- cien et à conserver. Le 20 avril 1877, mon excellent ami M. Courcière me fit récolter dans la mare de Grammont, près Montpellier, un Calli- triche qui nous a paru répondre au C, truncata Guss. Il rentre dans la section « Carpellis parallelis », de Lebel ; ses pédicelles ont trois fois au moins la longueur des fruits mürs ; les loges, ré- duites à deux, sont soudées dans toute leur longueur et munies d'une très-large carène ; pour tout le reste, la plante répond à la (oo 1 Le spécimen figuré par Loiseleur-Deslongchamps, #1. gall., tab. 12, est déjà dépourvu de ses premières tiges et n'en a plus qu’une intermédiaire et une florifère. QUELQUES PLANTES DES ENVIRONS DE MONTPELLIER. 33 diagnose de Gussone : « Gaule radicante, foliis wniformibus linea - » ribus univerviis fruncatis subconnatis, fructibus inferioribus pe- » dunculatis, superioribus subsessilibus » (F1. sie. syn., I, pag. 9); seulement tous les fruits sont longuement pédicellés sur notre plante. Elle croit au printemps sur le bord de la mare de Grammont; ses tiges ramipantes et radicantes se détachent et flottent quand le niveau de l’eau s’élève avec les pluies d'avril et que le mistral en agite fortement la surface. Cette plante figure dans l'herbier que M. Barrandon a fait pour la Flore de Montpellier; mais les deux auteurs de cette Flore la considèrent comme une forme du C. hamulata Kutz. Ses fruits ne répondent à aucun de ceux que Mutel a figurés F1, fr., pl. XVIIE Un Linaria qui croit abondamment entre les pierres des murs de soutènement aux environs de Ganges me paraît digne d’atten- tion. Il a élé jusqu'ici rapporté au L. origani/folia DC. : ilest en effet vivace comme ce dernier, mais l'aspect général est tout différent, ainsi que quelques caractères signalés dans les flores : l’éperon n'est point conique et les graines, au lieu d’être «oblon- gues, ridées par des côtes anastomosées » , sont en cône tron- qué, coupées carrément à chaque bout, munies de côtes longitu- dinales parallèles, non anastomosées, mais légèrement tubercu- lées. En attendant une étude plus sérieuse, je le désigne sous le nom de L. Ganygitis, dont on fera à volonté une dénomination de variété ou d’espèce. En 1753, Linné établissait son Sherardia muralis sur cette diagnose : « foliis floralibus binis oppositis binis floribus » ( Sp. pl, ed. 1°, pag. 103). Neuf ans plus tard, il confirmait l’espèce et ajoutait à la même diagnose la description suivante: « Caules decumbentes. Folia ovato-lanceolata, inferiora sena, »media quaterna, summa bina. Flores bini propriis pedunculis, »pallidi, plani. Fructus oblongi, hispidi. Semina subarcuata; vix »ac ne vix coronata » (Sp. pl., ed. 2°, pag. 149 ). VIII. 3 3# MÉMOIRES ORIGINAUX. En 1761, Gérard, mentionnant cette plante, la rapporlait avec raison au genre Galium , en disant : « Huic corolla plana, quà notà differt a Sherardià » (F1. gall.-prov., pag. 228 ). En même temps, il citait la diagnose de Linné, mais en la ponctuantcomme il suit : « foliis floralibus binis, oppositis, binis floribus » (0. et l c.), ce qui en changeait complétement le sens. Le plus léger examen fait voir en effet qu'aux verticilles supérieurs de cette plante, où il n’y a plus que deux feuilles, elles sont rapprochées et situées sur un côté de la tige, et que le plus souvent les deux pédicelles sont à l'opposé sur l’autre côté; et ainsi l'expression de Linné signifiant que les feuilles florales géminées étaient op- posées aux fleurs également géminées, se trouvait complétement changée par la ponctuation de Gérard. En 1785, Alione profite de l'observation de Gérard, et — sans en mentionner l’auteur — la reproduit pour établir son Ga- lium murale (FI. ped., 1, pag. 8, tab. 77, fig. 1). Il l’a de plus figuré et en est demeuré le père définitif, sans grande justice tou- tefois, puisque la figure qu'il en donne est inexacte et que, en citant la diagnose de Linné, il l'avait, lui aussi, détournée de son véritable sens par l'introduction d’une virgule après le terme « oppositis !», Soit que Linné n’eùt eu à sa disposition qu’un spécimen in- complet, privé de fruits aux verticilles inférieurs ; soit que son attention ne se füt portée que sur les verticilles supérieurs, il avait cru voir que les pédicelles des deux fleurs étaient opposés à deux feuilles florales, et avait fait de cette disposition un carac- tère constant, ce qui n’est plus tout à fait exact. En effet, cette espèce, sur tous les pieds qui s’étalent librement et sans être gènés par un gazon trop serré, porte des fleurs à tous les verti- cilles de ses tiges, aux inférieurs qui ont six feuilles , à ceux du milieu qui en ont quatre, à ceux de la moitié supérieure qui n’en ont guère plus de deux. Aux verticilles de six et de quatre feuilles, 1 Est-ce pour ces raisons que De Candolle, après avoir, dans sa Flore française, IV, pag. 264, mentionné le nomet la figure d'Allione, n’en fait plus mention dans le Prodr., IV, pag. 610 ? QUELQUES PLANTES DES ENVIRONS DE MONTPELLIER. 39 les pédoncules sont constamment et rigoureusement axillaires et opposés entre eux; mais aux verticilles supérieurs il n’en est pas toujours ainsi. L'un d'eux est bien quelquefois axillaire, mais le plus souvent ils occupent la place des feuilles absentes, et ces pédoncules rapprochés, « géminés », semblent ainsi opposés aux feuilles florales. Quelquefois aussi subsiste au-dessous de l’un d’eux. une feuille plus ou moins réduite ou même abortive. Cette apparence a occasionné l'expression employée par Grenier : « Fleurs solitaires, géminées ou ternées sur un couri » pédoncule extra-axillaire (terminal)», Gren.et Godr., F1. Fr., H, pag. 46 ; expression dont, je l'avoue, je suis impuissant à me rendre exactement comple, allendu que chaque fleur a son pédoncule propre, et que le même a'teur place son G. murale dans le groupe « G. Fleurs axillaires, pédoncutes uniflores », de sa section « B. Plantes annuelles », pag. 15 et 41, (out en disant, par un lapsus, pag. 46, que le G. murale est vivace. Tous les autres auteurs attribuent au G. murale des pédon- cules axillaires, des fleurs solilaires et une durée annuelle (Jordan ; Obs. pl. nouv., 3° fragm., pag. 183, pl. VI, fig. F; — Pouzols ; #{. du Gard, 1, pag. 472 ; — Willk ; Prodr. fl. hisp., IT, pag. 326) ; à l'exception de Gussone, qui dit aussi : « floribus extraxillaribus» (F1. sic. syn., I, pag. 190). Cette revue des textes concernant le G. murale me fut imposée par la récolte d’un Galium trouvé en abondance sur les terrains salés de Gramenet, près Montpellier, le 27 mai 1877, et qui, à première vue el par vague souvenir, fut rapporté par moi au G. murale. Mais en consultant la Flore de France de Grenier et Godron sur le &. murale, mon regard tomba sur ces mots: « Nous ne l'avons pas vu du Languedoc % », Il, pag. 46. Or, ma plante élant du Langueüoc, étant anauelle, ayant la plupart de ses pédoncules axillaires, et d’autres carüctères que ceux indiqués, le doute me força de recourir aux herbiers, aux figures et aux textes ci-dessus rappelés. Dans les herbiers, je trouvai tous les G. murale identiques au mien, et par suite en désaccord 906 MÉMOIRES ORIGINAUX. avec les textes et les deux figures données de cette plante depuis Linné". La première de ces figures est celle d’Allione, f{. ped., tab. 77, fig. 1 ; l’ensemble de la plante est à peu près exact, mais la figure du fruit grossi est absolument mauvaise, en ce qu’elle reproduit un fruit glabre, à méricarpes accolés, tandis qu’à la diagnose on trouve: «fructibus hispidis ». Je reproduis cette figure, PI. EL fig. 2, G: a, b. La seconde figure est celle de M. Jordan (0. c., PI. VI, jig. F); et c’est en l’examinant que me vinrent les doutes les plus sérieux sur ma détermination, car ma plante, déjà en désac- co:d avec le texte de Grenier, ne répondait en rien, — sauf la gracilité de l’ensemble, -— à la figure donnée par un auteur qui, pour l’observation des détails, inspire à juste titre une confiance absolue. En effet, la figure d'ensemble représente tous les verticillés supérieurs, sans exception, avec quatre feuilles au moins, et à ces verticilles ma plante n’en avait que deux, comme l'avait vu Linné ; es feuilles (grossies) sont représentées avec les bords garnis de nombreux poils étalés (reproduites PI. T, fig. ?, D, c, d), alors que ma plante a les siens si appliqués qu'ils simulent de petites dents. Le fruit (grossi) est figuré avec ses méricarpes « elliptiques oblongs », tous les deux également « hérissés d’aiguillons blancs, crochus au sommet », puis con- servant cette forme et continuant à être accolés après l’anthèse (/ig. F, 3, reproduite PI. I, fig. 2, D, b, a), tandis que sur ma plante et sur celles des herbiers un seul des deux méricarpes est hérissé sur toute sa surface ; l’autre, lout à fait glabre, n'est hérissé qu’au sommet, et aussitôt après l’anthèse les méricarpes s’allongent jusqu’à devenir linéaires, se séparent et s’écartent même considérablement l’un de l’autre, le hérissé se courbant en arc de cercle, le glabre demeurant à peu près droit (fig. 2, b, c). On eût douté à moins, ces derniers caractères n'étant ni figurés ni mentionnés dans les Flores précitées. 1 Je n’ai pu consulier la figure donnée par Sibthorp, FL. græc., tab. 115. QUELQUES PLANTES DES ENVIRONS DE MONTPELLIER. STI Mais De Candolle avait constaté cetio élongation des méri- carpes et l’avail même prise pour caractère distinctif da groupe « 13, AsPER... Mericarpiis angustis elongatis», Prodr. IV, pag. 610 ; 1830 ; —- mais L. Reichenbach avait dit: « G. murale... fructus oblongo-leretes, divisi, juniores conniventes», FL, germ. eæc., pag. 206, et par suite Mutel : « fruits cylindriques, jeunes connivents, à la fin divisés », F1. fr., II, pag. 87; — mais dans la description qui suit la diagnose de Gussone , je trouvais : « Fructus jam perfecli ineurvi et inter se parum remoti», (o. et l. ce.) ; et enfin dans Lange: Mericarpiis singulis subeylindricis, apicem versus incurvo-conniventibus » (Willk. et Lange, Prour. fl. hisp., I, pag. 326). Linné lui-même avait dit: «Semina subarcuata ». J’en arrivai donc à conclure que ma plante pouvait en réalité recevoir la dénomination que J'avais soupconnée. Je ne veux pas mettre en doute l'exactitude des figures de M. Jordan, je crois simplement que ce savant et habile obser- valeur n'aura vu qu'une plante très-jeune, — à ce moment les méricarpes (sauf l'inégalité du vestimentum ) répondent bien à sa figure, — et qu'il ne se sera pas arrêté à suivre les modifications du fruit. Car, s’il existe un Galium dont les deux méricarpes, également hérissés d’aiguillons, demeurent accolés en mürissant, au lieu de s'allonger et de se diviser, il faudrait admettre une espèce distincte du G. murale, et dont je n’ai pas trouvé de re présentant dans nos herbiers méridionaux. La corolle répond à la description de la Flore de France, Il, pag. 46 ; le calice est si réduit qu'on peut le dire presque nul ; les styles. très-courts, presque nuls, supportent deux gros stigma- tes capités. Les deux fleurs d’un même verticille ne fleurissent pas toujours en même temps, et, si l’une est axilaire, elle est toujours la pre- miére épanouie. Les méricarpes se séparent sans qu’il y ait apparence d’une déchirure des tissus; deux petites lignes blanches, à peine saillantes, marquent les limites du plan de contact prinutif. Et non-seuiement ls se séparent et s’écartent après l’anthèse, mais 38 MÉMOIRES ORIGINAUX. la division s'étend même un peu sur le pédoncule, de manière à simuler deux fruits isolés portés sur un rameau bifide, ayant cha- cun un très-court pédicelle. Ne serait-ce point là ce qui a fait illusion à Grenier et l’a porté à dire du fruit qu'il est subcylindri- que et que les fleurs sont géminées sur un court pédoncule, tan- dis que chaque fleur a son pédoncule propre ? Il est à remarquer d’abord que dans son ensemble l’ivflores- cence semble unilatérale, car toutes les fleurs sont tournées d’un même côté de la tige ; ensuite que, des deux méricarpes, le gla- bre est toujours à sa maturité et aprés l’inflexion du pédoncule, le plus éloigné de la tige (PI. [, fig., 2, B, b, c). Mais comme alors, par suite de la courbure du pédoncule, sa position est inverse de celle que pendant la vernation il occupait par rapport à l'axe‘, on voit qu'il était à ce moment appliqué contre l’axe (fig. 2, À, b), position qui pourrait concourir à rendre compte du non-développement des poils sur ce méricarpe. La position des deux pédoncules fructifères, qui sur les verti- cilles supérieurs, au lieu d’être opposés entre eux e! auxiliaires à des feuilles également opposées, sont rapprochés et contigus, en correspondant ainsi précisément au point axillaire des feuilles non développées ou abortives? ; cette position, dis-je, présente une véritable difficulté morphologique, laquelle s'ajoute aux objections élevées contre l'interprétation de De Candolle. On sait que cet éminent botaniste, croyant que les «bourgeons des Ru- » biacées ne naissent qu’à l’aisselle de deux feuilles opposées » entre elles», présumait «que ces deux feuilles, munies de » bourgeons, sont seules les vraies feuilles, les autres devant être » considérées comme des stipules foliacées». (Org. vég., I, pag. 339 et 340 ; Prodr, reg. veg., IV, pag. 341. — Voir aussi Duchartre, Élém. bot., 2° édit., pag. 448, 449 et 1175. 1 Cf. Sachs ; Élem. bot., trad. de Van Tieghem, pag. 739, fig. 416. 2 J'ai constaté qu'un fait analogue se présente fréquemment sur les verticilles les plus élevés du Rubia percgrina L. ; les feuilles se réduisent à deux opposées ; à l’aisselle de chacune existe un rameau, puis un troisième rameau se présente intermédiaire, quelquefois à l’aisselle d'une troisième petite feuille, tout aussi souvent sans ue feuille au-dessous de lui. QUELQUES PLANTES DES ENVIRONS DE MONTPELLIER, 39 Au résumé des caractères ci-dessus énoncés, je joins quelques figures qui les feront mieux comprendre et, je l'espère, épar- gneront à autrui les doules que j'ai eu à sublir. GALIUM MURALE. — Folia inferiora, sena, media quaterna, summg sæpissime bina (L.) et tunc non semper opposita sed sæpius in uno eodemque latere contigua, lanceolata, ad marginem pilis raris appres- sisetdentes minimos mentientibus vestita. Flores bini subunilaterales, propriis pedunculis insiti (L.), rarius duo eidem pedunculo bifido, inferiores axillares, in superioribus autem et diphyllis extraxillares et quasi foliis oppositi (L). Fructus per anthesim erecti, oblongi, meri- carpiis tum coadunatis et omnino conjunctis, exterioreex toto hispido, altero glabro ad apicem vix pilis paucis coronato, post anthesim mox deflexi, mericarpiis tunc elongatis (DG.), subcylindraceis, inter se valde remotis incurvis (L. et Lange), præsertimexteriore . Dans le courant de l'hiver dernier, MM, Biche et Triadou, de Pézenas, me communiquèrent un Rhamnus trouvé par eux au printemps de 1877, dans plusieurs localités de leurs environs. Comme à ces botanistes, il me fut impossible de le rapporter à aucune espèce décrite. Ses feuilles alternes et la forme de ses fruits le rapprochaient un peu du Rhamnus Alaternus, mais ses feuilles étroites, lancéolées, profondément dentées, et même lo- bulées (PL I, fig. 4, a), s’opposaient de prime- abord à ce qu’on l'y réunît. Cependant, comme, d’une part, la Flore de France, I, pag. 337, indique ure forme de cette espèce «à feuilles ellipti- ques ou étroitement lancéolées», qu’elle rapporte au R. Clusii Willd. ; et que, d’autre part, la Flore de Montpellier mentionne une semblable forme et en fait une variété B du À. Alaternus, qu’elle rapporte au R. Clusii Willd., ainsi qu’au R. Clusii Serres, (Bull. Soc. bot., pag. 274), je pensai que peut-être nous avions affaire simplement au R. Clusii Willd., que ce fût une espèce irréductible, ou une variété, ou une simple forme. Il était facile de s’en assurer, puisque Willdenow, qui n’avait fait de la plante qu’une variété du R. Alaternus (Sp. pl., I, pag. 1101) avant d’en faire une espèce sous le nom de À. Clusii (Enum. Hort. berot., pag. 250), cite dans l’un et l’autre cas, comme type de sa plante, 40 MÉMOIRES ORIGINAUX. la fig. ? de Clusius (Rar. pl. hist., pag. 50, Alaternus 1). Or, cette figure, très-bien dessinée, est celle du À. Alaternus à feuilles qui ne sont pas plus al//ongées que celles de la figure II de la même page, Alaternus IT, que Willdenow prend pour type du R. Ala- ternus. Et Clusius, comparant les deux plantes représentées par lui, dit que la seconde, Alaternus IT (R. Alaternus L. et Willd.), n> -ifière de l'autre qu’en ce que ses feuilles supérieures sont plus petites et plus arrondies : «folia illi superiora miuora magis cireinalæ rolunditalis», pag, 50. — Comparaison que notre plante n'aurait pas permise. Mais ce que Willdenow n'a pas remarqué (et cela surprend de sa part), c’est que Clusius a voulu représenter par sa fig. I un Alaternus qui ne porte pas de fruits: que l’on désignait autrefois sous le nom de terrain diluvien. Les couches profondes remontent à l'époque tertiaire et sont recouvertes d'allnvions récentes. Au-dessus des argiles et des assises de sable et de cailloux, auxquelles on a donné le nom de conglomérat bressan, s’éta- gent des boues glaciaires, du limon jaune ou rougeâtre, ou lehm, mé- langé d'éléments ferrugineux, qui forme une couche imperméable, retient les eaux à la surface du sol, et contribue à la formation des étangs et des marais disséminés en grand nombre dans toute la région ». La Saône, le Doubs et leurs affluents alimentent le sol, dont la surface est peu accidentée; il est partout couvert de pâturages et de culture; les bois y sont d’une étendue médiocre. Le flore revêt un caractère silicicole. — Classification du Règne animal, par le professeur A. Giard (Bull. Scientif. du départ. du Nord, 1878, et Rev. internat. des Science. 27 juin 1878). Craniota (Vertébrés des anciens). l. Vertebrata....{ Acrania (Amphiovus). Protochordata (Tuniciers). Crustacea. Insecta. Arachnida (avec Merostomata (Trilobites, Eury- 2. Arthropoda ..…. ptérides et Limules), Tardigrada, Pycnogo- nida et Linguatulida. Myriapoda. Malacopoda ([Peripatus). 150 REVUE SCIENTIFIQUE. | Mollusca {avec Neomenia,Polyplacophora (Chiton), Schaphopoda (Dentale).) Annelida [avec Hirudinea, Gymnotoma (Polygor- dius et Rhamphogordius), Caætognatha (Sa- gitta), Gephyrea (avec Chiætoderma), Entero- pneusta (Balanoglossus) et Myzostomida). Bracchiopoda. Ciliata (Bryozoa et Rotifera.) 3. Gymnoteca... Nematoida [avec le genre Sphærularia). Desmoscolecida (Desmoscolex et Trichoderma). 4, Nematelmia. …… ue Acantocephala. Nematoryncha (Gastrotricha (Chætonotus, etc.) et Atricha (Echinodères).) Actinozoa (Æchinoidea, Æteroidea). Seytodermata (Æolothuridea (avec Rhopalodina), Apoda.) Pelmatozoa (Crinoidea, Cystidea, Blastoidea). 5. im Platyelmia (Turbellaria (Planaires, Rhabdocèles | et Némertes), Trematoda et Cestoida). Dicyemida. Orthonectida (Rhopalura, Intoshia). Ctenophora. Hydromedusa. | Anthozoa. Porifera (Spongiaria et Physemaria). | Suctoria (Acinétiens). 7. Cœlenterata... 8. Infusoria. ....{ Trichophora (Ciliés). Catallacta (Magosphæra). 9. Rhizopoda…. POP) poraminifera. Labyrinthulida. Protoplasta (Protamæba). 10. Amœæboida..…. \ { Amœboida. Myxastrea (Myxastrum, Protomyxa) 11. Gregarinida . 7 Gregarinida. Monera. Radiolaria. Nectilucida. 12. Flagellifera..{ Flagellata. Peridinea,. SOCIÉTÉS DE PROVINCE, 151 — Sur les Cysticerques, par R. Moniez ‘ Bull, scient. du départ. du Nord, novembre 1878). — Si on est d'accord sur leur provenance, il existe encore des doutes sur les développements des Cysticerques. Dans le cours de ces dernières années, les idées de Stein, Siebold et Meissner sur le mode de formation des animaux qui nous occupent ont été géné- ralement remplacées par celles de Leuckart. M. Moniez apporte des faits nouveaux qui sont de nature à modifier ces dernières idées. «Ces faits sont empruntés à l’histoire du Cysticerque pisiforme du Lapin.» Les vrais rapports du jeune Tænia avec la vésicule qui le renferme se montrent de la facon la plus évidente sur les coupes microscopiques des Cysticerques ; l’aniinal sort de son enveloppe à la manière d’une Tortue qui aurait rentré la tête dans sa carapace: tel est le résultat d’une pre- mière inspection, entièrement contraire au retournement complet décrit par Leuckart, à propos du Cysticerque de l'Arion empiricorum. «La tête, formée en même temps que la dépression, se perfectionne et se dé- veloppe conjointement avec elle, et les parois de celle-ci lui forment une enveloppe qui est naturellement interne à la vésicule. » On voit, sur la paroi interne de la cavité d'invagination entourant la tête du Tænia, de nombreux plis semblables à ceux qu'offriront plus tard les anneaux ; M. Moniez explique la présence de ces plis en faisant observer qu'ils sont dus « à ce que le cercle décrit par la paroi externe est de plus court rayon que celui de la paroi interne. Cette paroi interne plissée se continue, d’une part avec la paroi externe de la vésicule, et d'autre part elle se rattache à la partie de nouvelle formation qui suit la tête du Tænia>. Quant à la paroi externe de l’invagination, elle n'est autre chose que le receptaculum capitis de Leuckart, qui, selon ce dernier, serait constitué par une enveloppe limitant l’invagination. M. Moniez a de plus observé chez les Lapins et ailleurs, lorsque le Tænia est déposé dans un intestin qui lui convient et qu'il se dévagine, le reiversement de la paroi interne de l’invagination et la solution de con- tinuité dont est entaillée sa partie inférieure, solution de continuité «qui va en diminuant vers le haut, ce qui établit un passage insensible à la vésicule, qui n’est plus séparée que par un repli». La forme du Tænia résultant de ce Cysticerque sera bien celle décrite par Siebold, Leuckart ete., comme celle d’un corps « relativement gros et large qui, à partir de la tête, augmente assez rapidement de largeur et se termine par la vésicule » ; mais avec la vésicule se détache aussi la portion susmen- tionnée faisant partie de l'enveloppe de la tête. Les diverses formes qui se rencontrent fréquemment trouvent leur explication dans les degrés très-divers de développement auxquels le Cysticerque peut arriver chez 12. REVUE SCIENTIFIQUE son hôte : moins il sera développé, plus ilaura d’adhérence avec la partie dans laquelle il est invaginé.» Les faits fournis par le Cysticerque de l’Arion, étudiés par Siebo!d et Meissner, sont comparables à ceux que fournit le Cysticerque du Lapin; il en est de même des phénomènes présentés par le Cysticerque du Tene- brio molitor, sur lequel ont porté les recherches de Stein, car sa queue correspond à la vésicule. L'auteur ajoute qu’il est facile de rattacher, par l'intermédiaire du Cysticerque du Caryophyllé, le Cysticercoïde du Tœænia cucumerina avec le Cysticerque si différencié du Lapin, et, en comparant ces ani- maux au Scolex polymorphus, de former une intéressante série à la- quelle se rattachent les Échinocoques et le Cœnure cérebral ; chez ces derniers, en effet, «la disposition de la tête invaginée se trouve la même, en réalité, que chez le Cysticerque du Lapin, si l’on tient compte de l’état si différent des tissus dans les deux cas». La division en Cysticerques et Cysticercoïdes cesse donc d’avoir une raison d'être, en réservant toute- fois la question de l’hydropisie des premiers. En résumé, la vésicule des Cysticerques est formée par le corps de l'embryon hexacantne qui a produit le Tænia. Ce fait permet à M. Mo- niez d'interpréter rationnellement ce qui a trait à la question qui nous occupe. — Un Vertébré annuel, d’après R. Collett ; par le prof. G. Giard (Bull. scient. du départ. du Nord, novembre 1878). — Le premier exemple d’un Vertébré annuel nous est signalé par Collett pour un Poisson Gobioïde, le Crystallogobius pellucidus, dont le corpsest trans- parent comme celui de l'Amphioæus ou des jeunes Congres. Ce Poisson « pond en juin et juillet ; les œufs éclosent en août, ils acquièrent toute leur taille d'octobre à décembre. À ce moment, les sexes sont tout à fait identiques »; aussiont-ils été décrits par quelques auteurs comme des espèces différentes. En avril commence la transformation des mâles, dont les mâchoires deviennent plus longues et plus robustes, en même temps que le corps s’épaissit ; «les femelles re changent pas. En juillet et août, tous les adultes meurent et, en septembre, on ne trouve que des jeunes». Sans vouloir insister sur une particularité d'ordre purement physiolo- gique, M. Giard remarque que les espèces de Tuniciers qu’on a le mieux étudiées sont aussi annuelles, etquen 1874 il a indiqué ce fait pour le Molgula socialis, et qu’il . désirable que l’on possédät de sembla- les renseignements biologiques sur lAmphioæus. — Particularités de reproduction de certains Echinodermes en SOCIÉTÉS DE PROVINCE, 153 rapport avec l'éthologie de ces animaux, par le professeur A. Giard (Bull. scient. du départ. du Nord, novembre 1878).— Dans ce Mémoire très-intéressant, M. Giard nous fait observer que « le nombre des Échino- dermes appelés vivipares est plus grand qu’on ne l'avait supposé jus- qu'ici >. Pour ne parler que des Ophiures, étudiées par lui plus spéciale- ment, le professeur de Lille croit pouvoir affirmer « que, dans les mers tempérées ou froides, les formes à larves pélagiques constituent l’excep- tion ». De plus, M. Giard a observé un fait très-curieux dans la reproduction des Ophiures : ce fait consiste dans la présence d'embryons, à un cer- tain moment de l’année, dans toutes les Ophiures non infestées par les Orthonectida, que l’on ouvre indistinctement. L'idée de l’hermaphrodi- tisme se présente naturellement : c’est vers cette idée qu'incline M. Giard ; elle est confirmée per l’existence d’un mouvement très-vif, d'apparence vibratile, qui se voit dans les vésicules situées au milieu des pièces cal= caires, placées elles-mêmes aux points des bords de la cupule où s’insè- rent les bras. Ces vésicules renferment un contenu granuleux assez ana- Jogue à des éléments testiculaires : seraient-elles les glandes mâles ? Metschnikoff n’hésite pas à l’affirmer pour des organes semblables qu'il a figurés chez l'Amphiura squammata ; il a même vu les sperma- tozoïdes plus nettement que M. Giard. Ces testicules ont une origine exodermique, ce qui vient à l'appui dela loi sur l’origine des organes génitaux émise par Ed. Van Beneden. — Note sur un Cyclamen nouveau pour la flore du Gard, par M. G. Féminier (Bull. Soc. Étud. Sc. nat. de Nimes, 1378).— Une seule espèce de ce genre, Cyclamen repandum Smith in Sibth., était connue dans notre région : déjà, dans le département de l'Hérault, cette espèce était mentionnée en 1676, par Magnol, aux Cambrettes, où on la recueille encore; dans le Gard, le même Cyclamen se rencontre à La- motte, Anduze et dans les fissures des rochers qui bordent la route de cette dernière ville à Saint-Jean-du-Gard, enfin aux abords du moulin de Labaume. Au C. repandum, on devra ajouter le C. neapolitanum Tenore, äâé- couvert à Nozières (Gard) par le D' Reïlhe. C’est dans un bois de Chênes- verts, au milieu d'un vallon assez sauvage et peu cultivé, que se trouve la plante qui fait l'objet de la Note que nous analysons ; sa spontanéité ne saurait faire l’objet d’un doute. « La région de Nozières se rattache par sa flore à la région moyenne du département {zone du Chêne-vert), et les plantes qu'on y rencontre sont celles que l’on peut récolter sur toutes les garrigues néocomiennes de la partie inférieure du Gard. » 154 . REVUE SCIENTIFIQUE. —ÆEssaisur les Cheiroptères du département des Pyrénées-Orientales, par le docteur Ch. Dépéret (Soc.agr. scient. et litt. des Pyrén.-Orient., tom. XIIT, 1878). — La détermination spécifique des Cheiroptères, né- gligée en France, a été en Allemagne poussée jusqu'aux dernières limites dans la seconde moitié de ce siècle, par les travaux de Blasius, de Key- serling et surtout de Kolenati, sur les Cheiroptères de l’Europe centrale. Sans chercher si l’on a plus ou moins exagéré les caractères différentiels, reposant souvent sur une valeur mathématique attachée à la mesure de certains organes, M. Dépéret donne la liste suivante, accompagnée d’ob- servations critiques des Cheiroptères qui habitent les P yrénées-Orientales. Plecotus auritus L., Synotus barbastellus Daud. Schreb., Miniopterus Schreibersii, Bp.ex Natterer, Vesperus serotinuws Daub. Schreb. Vespe- rugo noctula Daub.Schreb., V. Kuhlii Natterer, V. pipistrellus Daub. Schreb., V. Nathusii Blasius, Vespertilio murinus L., V. Cappaccinii Bp., Rhinolophus ferrum equinum Daub. Schreb., R. Euryale Blasius, R Hipporideros Bechston. Nous devons dire que l’auteur de ce Catalogue n’a jamais rencontré dans le département Plecotus auritus, Synotus barbatellus, Vesperugo serotinus et le Rhinolophus hipporideros, et qu'il les énumère d’après Companyo. Quant au Vespertilio emarginatus de Geoffroy, indiqué aussi par Companyo et dont la détermination scien- tifique est encore loin d’être rigoureuse, M. Dépéret ne le cite qu'avec doute. Enfin il remarque qu’il est le premier à signaler en France ia pré- sence du Vesperugo Nathusii, que Blasius avait découvert dans les environs de Berlin et qui a été depuis retrouvé dans presque toute l'Europe. — Notes sur la distribution géographique des Oiseaux dans quelques archipels de l'Océanie, par M Henri Jouan (Mém. Soc. nation. Sc. natur. de Cherbourg,tom. XXV).— Quelques auteurs, pour expliquer la formation de l'Océanie, admettent que les îles qui la constituent sont les points culminants d’un continent effrondré. D’autres, au contraire, tout en acceptant l'existence de ce continent à une autre époque géologique, «sont d'avis que les îles actuelles, surtout dans la partie orientale appe- lée Polynésie par la généralité des géographes, au lieu d’être des poir ts de ce continent restés émergés, ont surgi depuis sa disparition sous les eaux à la suite de poussées de bas en haut, quelquefois très-violertes, des éruptions volcaniques puissantes paraissant dans certains cas avoir eu lieu en plusieurs reprises, après de longs temps d'arrêt.» On rencon- tre en outre, dans l'Océanie, des attels madréporiques, à la formation desquels l'hypothèse de Darwin semb'e à M. Jouan être seule applica- ble : cette hypothèse repose sur les oscillations de la croûte terrestre, les SOCIÉTÉS DE PROVINCE. 155 affaissements dans certaine . localités d’une part, de l’autre la croissance des Polypiers pour atteindre la surface des eaux. Pour résoudre cette question d'origine, il n’est plus possible d'invoquer la communauté de race et de dialecte des hommes habitant les îles situées tant au nord qu'au sud de l’Équateur, sur un espace mesurant 1500 li ues du N.-E. au S.-0. et 1700 lieues de l'Est à l'Ouest ; il est aujour- d'hui prouvé que c’est par suite de migrations, dont le point de départ était le grand archipel d'Asie, que ces terres ont été peuplées. Mais si la formation des îles de l'Océanie et surtout de la Polynésie est due à des actions volcaniques, les germes des corps organisés y ont été nécessairement apportés du dehors, «à moins que chaque île ou au moins chaque archipel n'ait été un petit centre de création ». C’est sur ces points difficiles, encore bien loin d’être résolus, que portent les considérations de M. Jouan qui, dans ce Mémoire, se rapportent à la distribution géographique des Oiseaux dans quelques archipels du con- tinent en question. Il a naturellement choisi les archipels où il a pu observer directement et voir ses observations contrôlées par celles dè na- turalistes compétents, les îles Sandwich, les îles Marquises, les îles de la Société, la Nouvelle-Calédonie et même l'archipel Néo-Zélandais. Les travaux de naturalistes faisant autorité ont servi à M. Jouan de moyens de comparaison pour les terres qu'il n’a pas visitées. Ses études l’ont conduit à constater que la faune ornithologique, relativement riche et variée sur les terres occidentales de l'Océanie tropicale, perd de sa richesse et de sa variété à mesure qu’on s'avance vers l'Est, jusqu’à devenir très-pauvre sur les îles situées à l’extrémité orientale de la Polynésie.» Des espèces d'oiseaux identiques ou présentant des différences minimes, dans lesquelles on doit voir des variations locales, se retrouvent dans les divers groupes d'îles, quelquefois à des distances considérables. Toutefois il existe un caractère bien particulier dans la faune ornitholo- gique de l'archipel Hawaii (îles Sandwich}, situé à la limite du Tro- pique, à l'extrémité du N.-E. de l'Océanie : «on y retrouve entre autres des espèces voisines des types européens, sinon les mêmes». M. Jouan ajoute que, «à l’autre extrémité de l'Océanie, au S.-0., la Nouvelle- Zélande montre des espèces terrestres qui lui paraissent propres, et quelques-unes des îles tropicales, même des îles Sandwich, ou ne présen- tant, avec des espèces de ces îles, que des différences insensibles, malgré une distance de 1500 lieues ». M. Jouan a aussi publié, dans les Mémoires, tom. XXI, de la Société nationale des Sciences naturelles de Cherbourg des considérations sur la faune ichthyologique de la côte nord-est d'Australie et du détroit de Torrès, comparée à celle de la Nouvelle-Calédonie. 156 REVUE SCIENTIFIQUE. — Mouvement du sol de la Flandre depuis les temps géologiques, par MM. J. Gosselet et Henri Rigaux | Soc. Géol. du Nord, 1878). — Les auteurs rapportent à l’époque quaternaire toutes les couches infé- rieures à la tourbe sur le littoral flamand. Elles sont constituées par des sables et des argiles avec coquilles marines, d’une épaisseur de 36 mèt. à Dunkerque, 38 à Calais, 22 à Bourbourg et22 à Ostende: à la base deces sables on a rencontré, à Calais comme à Ostende, une couche de cailloux roulés; dans ce dernier lieu, cette couche contenait le Cyrena flumi- nalis, aussi trouvé dans le terrain diluvien d'Angleterre. C’est sur l'argile de Flandre que lesdits sables reposent directement. « Comme les cailloux roulés qui sont à la base indiquent une profondeur peu considérable, ilen résulte que le littoral flamand s’est affaissé de plus de 30 mètres pendant l'époque diluvienne. » Pendant l’époque néolithique, ainsi que pendant les périodes gauloise et gallo-romaine, ce mouvement d'affaissement fut interrompu, pour recommencer vers le 1v° siècle de l’ère chrétienne; «puis, après un nouvel arrêt accompagné peut-être d’un exhaussement, il a repris sa marche progressive ». — Mémoire sur le terrain crétacé des Ardennes et des régions voi- sines, par le D' Ch. Barrois { Soc. Géol. du Nord, 1878).— Le terrain crétacé des Ardennes fait, comme on le sait, partie du bassin de Paris; c’est à indiquer les changements qui ont eu lieu dans chaque subdivision du terrain dont s'agit qu'est consacré l'important Mémoire de M. Ch. Barrois.Il en a suivi les couches au Nord, dans les départements de l’Aisne, du Nord et du Pas-de-Calais jusqu’à la mer; puis au Sud, en Champa- gne, dans les départements de la Meuse, de la Marne, de l'Aube et de l'Yonne : les Ardennes ont été son centre d'étude. Le cadre de ce travail est done la même que celui que d’Archiac s'était proposé, en 1836, dans son Mémoire sur le groupe moyen de la formation crétacée. Par l'effet d'affaissements dont l'inégalité est certaine, affaissements survenus à cette époque, on peut distinguer dans le massif crétacé arden- nais, en aljant du Sud au Nord, trois régions naturelles, déjà tracées par d'Omalius d'Halloy : l’Argonne, le Réthelois et le Thiérache. « L’Ar- gonne n’est qu'une petite bande étroite qui forme la continuation septentrionale du Perthois et qui est caractérisée par la présence de la gaize; ce petit pays est en général couvert de forêts; les couches crétacées supérieures à la gaize forment, à l’ouest de l’Argonne, le pla- teau aride de la Champagne. D'Omalius restreint le Rhételois aux parties centrales du département des Ardennes, formées de terrains jurassique et crétacé moyen.» M. Ch. Barrois comprend dans sa description «les couches crayeuses situées à l'Ouest et qui font encore partie de la Cham- SOCIÈTÉS DE PROVINCE. 157 pagne. La Thiérache est la subdivision la plus orientale de la Haute- Picardie; on s'accorde généralement à lui donner pour bornes, au N. le Hainaut et le Cambrésis, au S. le Laonnais, à l'E. l’Ardenne paléozoïque et à l'O. le Vermandois. » Telle est la région que M. Barrois a étudiée, en prenant pour base de ses recherches la série stratigraphique adoptée par M. d’'Orbigny et par M. Hébert dans leurs travaux sur le terrain crétacé de l’est du bassin de Paris ; ses premières publications sur le terrain crétacé des Ardennes, quiremontent à 1873, le rendaient apte plus qu'un autre à mener à bonne fin un pareil travail. — Les Myxogastres, par le D' L. Quélet{Rev. mycolog., janv. 1879). — On sait que, de tous les Champignons , les Myxogastres ou Myxo- mycètes sont ceux qui s’éloignent le plus du règne végétal. Avec Berkeley et Brongniart, M. Quélet pense qu'ils doivent former une fa- mille de l’ordre des Péridiés. « Privés de thèques ou de basides, ils se montrent d’abord sous l’aspect d'une pulpe ou gangue muco-gélatineuse.... qui joue le rôle de mycé- lium, se convertit par une transformation rapide en péridiums isolés, groupés ou adnés, de forme et de couleur très-variables. Ces derniers sont remplis d’une glèbe diffluente, opaline puis colorée, qui, par la for- mation du capillin ou des élatères et des spores, devient floconneuse et pulvérulente. > Les péridiums ainsi formés, à mesure que la gangue acquiert de la consistance, peuvent être uniques, recouverts d'un voile furfuracé ou composés d’une croûte épaisse et vernissée, commune à toute la masse {l’intérieur de la gangue étant divisé en cellules qui sont autant de péridiums connés ou soudés ensemble }, ou enfin ils peu- vent être propres à chacun des individus de l’agglomération. Le premier mode se remarque dans les espèces simples ( Lycogala, Dydimium), le second dans les espèces composées ( Licea), et le troisième dans les espèces libres ou espacées, mais réunies par un mycélium maliculiforme (Trichia), ramifié (Physarum ) ou réticulé [Diachœæa). Une couche, souvent très-délicate, que tout porte à considérer comme le résultat de la concrétion de la gangue, compose le péridium, qui peut adopter diverses formes et diverses colorations, mais qui prend «à la maturité une teinte irisée et un éclat métallique tout à fait propres à ce groupe de Champignons ». La déhiscence et la dissémination varient avec les genres : «le péri- dium s'ouvre à la maturité : 1° par un orifice irrégulier [Lycogala ); 2° par une déchirure en éclats ( Physarwm) ; 3 par un opercule qui tombe de bonne heure (Crateriwm); 4 par la chute de la moitié supé- 158 REVUE SCIENTIFIQUE, rieure, la base persistant sous forme de cupule (Arcyria); 5° enfin, il tombe en entier ainsi que le voile, au plus léger frottement, en fragments très-menus et souvent impalpables [Siemonitis). » La transformation de la glèbe a lieu pendant que se forme le péridium; on voit apparaître les spores avec le capillin ou les élatères, ressorts destinés à projeter les spores au loin. La glèbe est souvent traversée par un autre organe, le stilidium, continuation du stipe et servant de point d'attache au capillin qu'il relie au péridium. Des formes variées sont adoptées, lorsqu'elle s’affaisse, par la spore sphérique ou ovale; cette spore est « munie d’un véritable hile par lequel le carillin ou l’élatèrela porte et la nourrit. L’épispore est coloré et ocellé; il en sort des boyaux ciliés comme les zoospores (de Bary), se contrac- tant et rampant à la manière des Amibes. Ces cils disparaissent bientôt, le germe s'accroît en une masse muqueuse irrégulière ou plasmodium (de Bary), sorte de pseudo-mycélium » que M. Quélet appelle encore mycélium, pour simplifier le langage mycologique. —Cordons litioraux méditerranéens (Bull. Soc. Languedoc. de Géo- graphie, mars 1879). — Émilien Dumas a distingué les cordons anciens très-caillouteux et les cordons supplémentaires sablonneux ; il a reconnu que ces cordons ne sont pas au nombre de quatre, moins encore au nombre de huit à dix. Dans cette étude, un élément nouveau à été apporté par M. Martins; cet élément est «l'influence exercée par la Durance lors de sa direction ancienne, qui était autre que l’actuelle, et dont il est facile de retrouver les traces par la nature toute spéciale des roches qu’elle entraîne ». Aux faits déjà connus, il faut joindre l’observation de M. Pagz:zy, consignée dans son ouvrage sur Aigues- mortes, démontrant la formation, postérieure au xin° siècle d’une partie du dernier cordon littoral. Aux indications précédentes, le professeur P. de Rouville ajoute «que les grès qu'on trouve sur le littoral dans les cordons sablonneux ont été arrachés à d'anciens cordons». Encore aujourd’hui, du reste, se forment les concrétions qui se formaient aux époques géologiques ; quelquefois même un examen très-attentif permet seul de distinguer les produits anciens des produits modernes. Tous les âges géologiques, ont vu se former des concrétions analogues ; c’est ainsi qu’il faut rapporter au si- lurien supérieur un spécimen énorme recueilli aux environs de Gabian, dans l'Hérault, et conservé à la Faculté des Sciences de Montpellier. Des pyrites sont quelquefoisrenfermées dans de telles concrétions, mais jamais dans celles de la Pompignane. «Le silex présente souvent pour centre VARIA. 159 d'attraction des Polypiers. On sait d'ailleurs que la matière organique aime la silice, comme le prouvent les Oursins fossiles, qui se sont silici- fiés, tandis que l’enveloppe est restée calcaire. » E. DUBRUEIT. Notre collaborateur M. FoNTANNES, nous adresse la Note additionnelle suivante à son Mémoire inséré dans la présente livraison. Le gisement des marnes à Limnées de la Mosson est représenté (loc. cit.,) comme une lentille intercalée dans les alluvions. J'ai bien en effet constaté, au-dessus de ces marnes, la présence d'un cailloutis qui les ravine et supporte lui-même des alluvions récentes, mais il m'a été impossible d'en observer le substratum. Je ne sais si d'autres ont été plus heureux; mais en attendant de pouvoir contrôler un premier examen, je crois devoir faire toutes mes réserves à l’égard d'une disposition stratigraphique dont je n’ai reconnu aucun indice sur le terrain. Quant aux marnes grises M B, qui reposent sur le calcaire moellon de Juvignac, elles ne peuvent être comprises eu amont, entre ce der- nier et les assises qui supportent la grange de Caunelle, celles-ci étant, non pas superposées, ainsi qu'il est figuré sur ladite coupe, mais bien subordonnées aux couches qui plongent sous le pont de Juvignac, NVEAE LA: Notre collaborateur L. Collot s'était embarqué sur la Junon pour faire des conférences aux passagers réunis par la Société des Voyages d'études pendant les longues traversées de leur voyage de circumna- vigation. Actuellement il est rentré depuis peu parmi nous, sans que les circonstances lui aient permis d'aller aussi loin qu'il l’espérait. Dans ce voyage rapide autour de l'Amérique du Sud, M. Collot a exploré, autant que ses moyens d'action limités le lui permettaient, tout ce qui lui était immédiatement accessible au point de vue de l'histoire naturelle. [Il a rapporté une collection de roches, des animaux marins et des reptiles destinés à la Faculté des Sciences de Montpellier. Il a donné ses insectes à un spécialiste distingué, M. Valéry-Mayet, et il a réparti des graines à semer entre le Jardin 160 VARIA. botanique de Montpellier, celui de l'École de Pharmacie et celui de M. Mazel, à Anduze. Des coquilles et des plantes ont aussi été ramassées partout sur son passage par notre zélé collaborateur. M. Collot a communiqué à la Société Languedocienne de Géographie le résumé de ses observations météorologiques et des remarques sur les colorations accidentelles de la mer. Pendant son voyage, M. Collot avait déjà écrit à l'Académie des Sciences (janvier 1879) une lettre sur la découverte du Phylloxera sur des vignes sauvages à Panama. Nous enregistrons d'autant plus volontiers la rentrée de notre col- laborateur et ami qu'il a failli nous être enlevé à son retour, entre Rio et Marseille, par la fièvre jaune. Son cas, d’ailleurs, . n’était pas isolé; il s'agissait d’une véritable épidémie, et avant d'avoir à se soigner lui-même et après l'avoir fait, M. Collot, médecin improvisé, a soigné ses compagnons de voyage avec une constance et un dévoue- ment qui lui ont valu du Ministre de la Marine une médaille d’or de première classe. E. D. La flore du département de l'Hérault vient de s'enrichir d'une nou- velle espèce. M. Bonneau, notre collaborateur, a trouvé, le 22 juin 1879, dans la commune de Villetelle, sur les confins des départe- ments de l'Hérault et du Gard, le Tordylium cpulum L. Gette plante croissait en quantité considérable sur une contenance assez étendue, et tout porte à croire qu'elle y est naturalisée depuis longtemps. HD Le Directeur : E. DUBRUEIL. Montpellier. — Typogr. BOEHM et FILS. REVUE DES SCIENCES NATURELLES MÉMOIRES ORIGINAUX. ES SH M SUR LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES POISSONS DE MER Par M. L. TILLIER, Lieutenant de vaisseau. DIFFÉRENCES, AU POINT DE VUE DE LA DISTRIBUTION GÉOGRA- PHIQUE, ENTRE LES POISSONS DE MER ET D'EAU DOUCE. — On a essayé quelquefois d'établir une distinction fondamentale entre les Poissons suivant qu’ils habitent les eaux salées de l'Océan ou les eaux douces de nos fleuves et de nos rivières. Ces tentatives ont toutes échoué, car, si l’on voit quelques familles dont tous les genres et toutes les espèces ne vivent pas à la mer, il n’est pas rare, par contre, de rencontrer dans un groupe marin bien naturel des genres entiers habitant exclusivement dans l’eau douce, et quelquefois dans le même genre des espèces marines et d’autres fluviatiles. On peut même citer des exemples, plus concluants encore, de formes spécifiques marines vivant indis- tinctement à la mer et en rivière, soit suivant les époques, comme tous les Poissons migrateurs de la famille du Saumon et du genre des Aloses, soit en tout temps, comme certains Muges et certains Gobies. Il ne serait même pas impossible de trouver quelques espèces qui, sans qu'on en puisse donner les raisons, vivent par- faitement dans l’Océan sur certaines côtes, et seulement au sein des fleuves dans d’autres régions. Si l’on ajoute à cela que beau- coup de formes paraissent habiter de préférence les eaux sau- mâtres de l'embouchure des grands cours d’eau et remontent plus ou moins dans l’intérieur suivant les cas, il faudra convenir que 11 162 MÉMOIRES ORIGINAUX. rien no serait plus arbitraire qu’une division des Poissons en deux classes, suivant leur habitat. Ces faits sont du reste trop connus pour qu’il soit utile d’insister beaucoup. Mais on pourrait peut-être conclure, de cette impossibilité d'établir une ligne de démarcation bien nette entre les espèces marines ef fluviatiles, qu’elles ont eu un lieu d’origine commun, et il serait alors logique de penser, si l'on réfléchit à la formation géologique des bassins fluviaux, que ce lieu d’origine est la mer. Vraisemblablement, les formes ancestrales des Poissons actuels vivaient dans l'Océan, et ce doit être à la suite d’adaptations suc- cessives à la vie dans les eaux douces que celles-ci se sont pro- gressivement peuplées. Ces adaptations, du reste, sont aujour- d’hui même plus ou moins complètes : nous voulons dire que, suivant les espèces, les Poissons supportent plus ou moins facile- ment un changement d'habitat. On voit en effet des formes marines périr très-rapidement dans l’eau douce, tandis que d’au- tres paraissent y souffrir assez peu, et des phénomènes analogues se produisent pour les formes fluviatiles que l’on transporte à la mer. Si nous pouvions avoir sous les yeux une collection géné- rale de toutes les espèces ayant vécu à la surface du globe, il faudrait s'attendre à trouver parmi celles ayant habité les mers voisines de l'embouchure des fleuves les ancêtres directs des formes spécifiques habitant actuellement ces mêmes fleuves. ll ne doit donc pas y avoir de différence essentielle entre l’en- semble des lois de distribution géographique des deux groupes de Poissons de mer et d’eau douce ; mais il n’en est pas de même pour les résultals actuels de ces lois. Et en effet, dans le cours des siècles, lorsque les espèces fluviatiles ont assez différé de leurs formes parentes pour ne plus pouvoir supporter les caux salées de l'Océan, de nouveaux éléments sont intervenus. Les bassins fluviaux étant définitivement séparés les uns des autres par d’infranchissables obstacles, les espèces non marines ont dû trouver, s’opposant à leur extension, des barrières qui n'exis- taient pas pour les formes marines ; d'autre part, les différences sensibles dans la composition chimique des eaux des différentes DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. 163 rivières n'ont sans doute pas été sans influence sur les Poissons qui y vivaient plongés, et, enfin, les causes accidentelles, qui jouent un si grand rôle dans la dispersion des êtres, ont cessé à ce moment d'être les mêmes et d’agir de la même facon. Il en est résulté, en somme, une localisation beaucoup plus grande pour toutes les formes spécifiques d'eau douce. Nous voyons souvent certains groupes abonder dans l’affluent d’un grand fleuve, par exemple, et ne se retrouver nulle part ailleurs, malgré des communications directes avec les cours d’eau voisins. Il semble en résulter, en dernière analyse, qu'il faudrait faire entrer en ligne de compte, dans la distribution géographique des espèces non marines, la nature des bassins fluviaux, autant et plus peut- être que leur position géographique. Quoi qu'il en soit, du reste et que les considérations dans lesquelles nous venons d'entrer soient ou non conformes à la réalilé des faits, il nous paraîtra toujours bien difficile, à moins de rester dans des généralités très-vagues, de traiter, dans un même sujet, de la distribution géographique des Poissons de mer et des Poissons de rivière; et ce sera, dans tous les cas, par les espèces marines qu’il faudra logiquement commencer l’étude de la question. HISTOIRE NATURELLE DES Poissons DE CUVIER ET VALENCIENNES. — Nous croyons qu'il est possible d’arriver à des résultats suf- fisamment exacts en basant les raisonnements et les calculs que l’on peut faire sur les seuls faits contenus dans l’histoire de Cuvier et Valenciennes. Sans doute, ces mêmes résultats eussent été incomparablement plus complets si nous eussions pu catalo- guer la classe entière des Poissons, et profiter en même temps des travaux qui ont dû être publiés récemment sur toutes ces questions de distribution géographique ; mais n'ayant pu, à cause de la nature de nos occupations, nous procurer tous les rensei- gnements bibliographiques de nos bibliothèques, et obligé de nous restreindre au seul ouvrage que nous ayons eu à notre dis- position, nous pensons qu'il est utile, avant d'entrer en matière, de dire quelques mots du nombre total des espèces que nous 164 MÉMOIRES ORIGINAUX. avons envisagées et de présenter un résumé succinct des règles qui ont été suivies pour la répartition de ces espèces. Le lecteur pourra juger, en toute connaissance de cause, du degré de certi- tude que présentent nos conclusions. k Dans son plus récent Mémoire sur l’état actuel des connais- sances ichthyologiques, le prince Charles Bonaparte porte à 6,500 lenombre des formes spécifiques de Poissons vivant actuel- lement dans nos eaux. Cuvier et Valenciennes, dansles vingt-deux volumes de leur ouvrage, en décrivent, presque toujours d’après nature, 4,023 appartenant aux deux grandes divisions des Acan- thoptérygiens et des Malacoptérygiens abdominaux ; c’est, sur le nombre total des espèces connues, une proportion de 62 p. 100 environ. Cette proportion paraîtrait peut-être déjà suffisante ; mais il faut remarquer que beaucoup de formes que nous avons dû négliger appartiennent vraisemblablement à des genres dont nous tenons compte, et qu’en les faisant entrer dans nos calculs elles ne pourraient les modifier qu’à un point de vue purement relatif. Il en est de même, parmi les formes laissées de côté, de toutes celles assez nombreuses qui habitent les rivières. En ré- sumé et en tenant compte de ces deux considérations, on trou- verait peut-être que les 4,023 espèces dont il sera question représentent à peu de chose près, du moins au point de vue où nous nous plaçons, 75 p. 100 ou les trois quarts environ des Poissons connus. On peut sans erreur, croyons-nous, considérer comme exacts dans leur ensemble les résultats acquis en raison- nant sur un aussi grand nombre de faits. Ceci étant admis, nous dirons quelques mots des règles suivies pour la répartition des groupes dans le Catalogue général que nous présentons à la fin de ce Mémoire, et duquel ont été extraites toutes nos données. On a dressé une liste complète de toutes les espèces de Cuvier et Valenciennes, en inscrivant en regard de chacunes d'elles son lieu d'origine et tout ce qu’on sait de ses mœurs et de ses habi- tudes. Afin d'introduire le moins possible d’éléments incertains, toutes les formes données comme douteuses ou mal connues ont été retranchées tout d’abord, et il en a été de même de celles DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. 165 dont on ignorait la provenance exacte. Aucune supposilion, quel- que probable qu’elle puisse être d’ailleurs, n'a été faite à cet égard. En ce qui concerne les Poissons d’eau douce, qui, comme nous l'avons dit, sont en dehors de notre sujet, les deux grandes fa- milles des Silures et des Cyprins, et celle des Pharyngiens la- byrinthiformes, ont élé laissées de côté. Elles n’ont, en effet, que par exception quelques-unes de leurs espèces à la mer, et peuvent êlre considérées comme ayant au plus haut degré le caractère flu- viatile. Les genres des autres familles ont élé divisés en catégories, suivant la proportion de leurs espèces vivant dans l’eau douce, Lorsque toutes ou presque toutes les formes spécifiques sont marines, le genre est considéré lui-même comme marin; lors- qu'au contraire toutes ou presque toutes les espèces sont d’eau douce, le genre est considéré comme fluviatile, et, à ce titre, ne paraît pas dans notre Catalogue. Les formes génériques qu’on peut appeler mixtes, c’est-à-dire qui contiennent à la fois en proportion presque égale des espèces marines et fluviatiles, sont classées parmi les genres marins si la moitié des espèces vivent à la mer, et parmi les genres d’eau douce si le fait inverse se produit. Dans quelques cas assez rares, lorsque ces groupes mixtes sont très-pauvres en formes spécifiques, on a tenu compte du carac- tère général de la famille naturelle dont ils font partie. Toutes les espèces vivant exclusivement dans l’eau douce, à quelque genre qu’elles appartiennent, ont été naturellement mises de côté; celles, assez peu nombreuses, qui vivent à la fois dans nos fleuves et dans l'Océan, mais en tout temps et non par pé- riodes régulières, sont considérées comme marines. Enfin, les formes vivant dans l’eau saumâtre des embouchures des grands cours d’eau ontété classées parmiles formes marines. Ceux qui ont quelque pratique de la pêche à la mer comprendront les motifs de cette détermination, car ils auront sans doute remarqué, comme nous l'avons fait nous-même, qu'il arrive fréquemment de pren- 166 MÉMOIRES ORIGINAUX. dre au large et dans l’eau complétement salée des Poissons d’eau saumâtre, tandis qu'il est assez rare de prendre ces mêmes Pois- sons dans l’eau tout à fait douce. Nous avons hésité longtemps relativement à la place qu'il fallait assigner aux Poissons migrateurs, analogues par leur genre de vie aux Saumons et aux Aloses ; mais il nous a paru qu'en dernière analyse il fallait les laisser parmi les Poissons d’eau douce. Nous avons été guidé, pour les Saumons et genres vor sins, par le caractère général de la famille où les espèces nelte- ment fluviatiles sont en grand nombre, et, pour les Aloses, par le motif que ces Poissons habitent plus longtemps les fleuves que la mer. Toutefois, nous nous serions peut-être décidé à consi- dérer comme marines toutes celles de ces formes spécifiques qui descendent à l’Océan, si nous eussions pu avoir des renseigne- | ments exacts sur les pêches que l’on en fait à la mer et sur les habitudes de ces formes lorsqu'elles se sont éloignées du rivage. Après tous les retranchements dont nous venons de parler, nos calculs porteront encore sur 2,283 espèces, se répartissant en 289 genres et en 19 familles. Des notes prises par nous-même sur des pêches que nous avons pu faire dans différents pays et dans de nombreuses tra- { Voici une récapit lation générale de la répartition des 4,023 espèces de Cuvier et Valenciennes, ainsi que des genres dont elles font partie : Genres marins, c'est-à-dire dont toutes ou presque toutes les espèces Vent BI) MEL on oovomdoscuduoboodeno aout É GO 0 000 .e 289 Genres d’eau douce, c'est-à-dire dont toutes ou presque toutes les es- pèces vivent dans l'eau douce.,.....,.,.... RO TR NUE set 54 441 Genres mixtes, c'est-à-dire ayant des proportions variables d'espèces deanwdoucerertieautalée tte ere cree 0.0 0 49". 0.6 000% 0 Dan obE 11 Genres dont le lieu d'origine est inconnu......,.., LS ART Gblo gti6 2 ROPAE US NSENTES Error SAS GE 443 Espèces marines appartenant à des genres marins,...... or : 183 Espèces marines appartenant à des genres d'eau douce. ..., 36) Espèces d’eau douce appartenant à des genres d'eau douce... Eu en Espèces d'eau douce appartenant à des genres marins, ...., 45 Espèces douteuses ou d'origines inconnues... ...se..s.uee s.. 209 TOTALNTESMESDECER A. Cher ee cent reeeee ee UE Les ŒTS DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. 167 versées ont élé aussi utilisées dans le cours de ce Mémoire, Nous en indiquerons l’origine chaque fois que nous aurons l’oe - casion de nous en servir. Aucun changement, quelque léger qu'il soit, n’a été introduit dans la classification suivie par les auteurs de l'Histoire naturelle des Poissons. Il peut, croyons-nous, y avoir un intérêt majeur à ce que les caractères sur lesquels se base le groupement des espèces en genres et en familles soient toujours les mêmes, et à ce que leur importance relalive soit subordonnée à un plan fixe, conçu par le même esprit. On admettra sans doute que les deux naturalistes célèbres sur les travaux desquels nous nous appuyons ont toujours su, mieux que personne, saisir les rapports des êtres entre eux. Leur classification, il est vrai, principalement en ce qui con- cerne les familles, a été fortement discutée dans ces derniers temps. Sans prendre parti ni pour ni contre, ce que du reste nous ne saurions faire, nous ferons remarquer simplement que, dans le cours de ce travail, nous n'avons pas eu à nous occuper de la répartition des familles, et que, quels que soient les change- ments qu'on ait à introduire à l'avenir dans la fixation de ces grands groupes naturels, ils ne pourraient en rien modifier nos résultats. Enfin, il ne faudra point s'étonner de trouver dans notre Cata- logue général des genres une subdivision en tribus. Ces subdi- visions n’ont pas été établies pour les besoins de notre cause en suivant nos idées personnelles : elles sont l’œuvre de Cuvier lui-même, et on les trouve, soit dans les récapitulations qui sui- vent les monographies des familles, soit dans les tables des matières de chaque volume. Malheureusement, on ne peut pas toujours s'appuyer suffisammentsur cesgroupes, car lorsque, après la mort de son illustre maître, Valenciennes continua la publica- tion de l’ichthyologie générale, il ne crut pas devoir faire suivre l'étude des familles de tableaux dichotomiques analogues à ceux de Cuvier. Dans des préfaces plus ou moins étendues, on voit bien un résumé des idées qui ont présidé à l’établissement des 168 MÉMOIRES ORIGINAUX. genres, mais on ne trouve pas toujours les éléments nécessaires à la réunion des formes analogues dans des groupes importants. Dans ce cas, nous avons laissé les genres isolément à la suite les uns des autres, et nous nous sommes borné à envisager les familles dans leur ensemble. RÉGIONS ZOOLOGIQUES DU DOCTEUR SCLATER ET IMPOSSIBILITÉ DE RÉPARTIR LES POISSONS DE MER DANS CES RÉGIONS. — On a depuis longtemps constaté que la terre se divise, au point de vue de la distribution géographique des espèces, en un certain nom- bre de régions bien distinctes les unes des autres, et que des groupes particuliers d'animaux et de plantes peuvent servir à caractériser chacune de ces régions ; mais c’est en 1859 seule- ment que la première Carte approximativement exacte des grandes provinces zoologiques a été dressée par le D' Sclater. En étudiant les Oiseaux (les genres et les familles plutôt que les espèces), ce naturaliste est arrivé à établir six divisions prin- cipales, et il a été prouvé depuis que ces zones de distribution s'appliquent, à part desexceptions peu nombreuses, aux Quadru- pèdes, aux Reptiles, aux Insectes et aux Mollusques terrestres. Les divisions du D’ Sclater sont les suivantes : 10 La région néo-tropicale, comprenant l'Amérique Sud, le Mexique et les Indes Occidentales ; 2° La région néo-arctique, renfermant tout le reste de l’Amé- rique ; 3° La région paléo-arctique, composée de l’Europe, de l’Asie septentrionale jusqu’au Japon et de l'Afrique au nord du Sa- hara ; 4° La région éthiopienne, qui contient le reste de l’Afrique et Madagascar; 5° La région indienne, comprenant l'Asie méridionale et la moitié occidentale de l'archipel Malais; 6° La région australienne, comprenant la moitié orientale de l’archipel Malais, l'Australie et la plupart des îles du Paci- tique. DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. 169 On voit que ces délimitations sont en général l’expression de _ faits géographiques. Chaque zone est assez largement séparée des autres, soit par des barrières naturelles (larges océans, mers pro- fondes, hautes montagnes), soit par des différences de climat, pour qu'il soit facile de comprendre combien leurs faunes et leurs flores doivent être nettement distinctes. Nous avons dû tout d’abord, dans l’étude qui nous occupe, rechercher si ces régions, établies par le D' Sclater pour les espèces terrestres, ne s'appliquent point aux espèces marines habitant les mers environnantes, ou du moins (car nous ne prétendons pas aller plus loin) aux Poissons d’eau salée. Une première difficulté se présente relativement aux zones in- dienne et australienne. Ces deux zones, d’après les travaux de Wallace , sont nette- ment séparées par une ligne traversant le détroit de Lombock et laissant à gauche les grandes îles hollandaises, la partie occi- dentale de la Malaisie et l'Inde, et à droite le reste des îles mala'ses, l'Australie, et tous les archipels du Pacifique. En clas- sant les Poissons de mer séparément dans ces deux régions, nous voyons que 169 genres ont des espèces dans toute l’étendue de mer qui sépare l'Afrique de l'Amérique du côté de l'océan Indien. Laissant de côté les formes qui ne comptent qu’une seule espèce, ce total de 169 se réduit à 151, sur lesquels 50 genres seulement sont localisés dans une région ou dans l’autre, et encore faut-il remarquer que la plupart de ces genres localisés sont très-pauvres en formes spécifiques, tandis que les 101 genres restants sont au contraire représentés par de nombreuses espèces. Presque tous parmi ces derniers habitent depuis la mer Rouge jusqu'à Taïti et même aux Sandwich, c’est-à-dire de la côte d'Afrique aux confins vers l’est de la Polynésie. D'autres, quoique occcupant une étendue moins considérable, empiètent largement de chaque côté de la ligne idéale qui devrait servir de limite. On ne peut pas, pensons-nous , trouver de dé- monstration meilleure de l'obligation où l’on est de réunir en une 170 MÉMOIRES ORIGINAUX. seule les deux zones indienne et australienne, ni de preuve plus évidente du peu de différence qu’il y a entre les faunes ichthyologiques du Pacifique et de l’océan Indien. D'un autre côté, il existe, comme nous le verrons, un certain nombre d'espèces habitant la haute mer se rapprochant rarement des rivages et organisés de manière à pouvoir accomplir de très- grandes traversées. Ces Poissons, dits pélagiques, à cause de leur genre de vie même, ne sont point confinés dans une région spéciale, mais peuvent se retrouver indistinctement sur tous les rivages; il faudra donc créer pour eux une zone particulière comprenant presque toutes les mers. Lors même donc que nous n’aurions plus rien à dire pour les autres divisions, on voit que la classification du D' Sclater ne s'appliquerait point dans tous ses détails aux Poissons de mer, et qu'il faudrait la modifier, au moins surles deux points particu- liers dont il vient d’être question. Mais il est facile de faire voir en outre que la séparation en quatre zones qu’on devrait établir pour l’océan Atlantique, en suivant cette classification, ne con- corde point, non plus, avec les faits. Pour cela, il suffit d'essayer de répartir dans les provinces du D’ Sclater et d’après leur habi- tat marin tous les Poissons de l’Atlantique, et de voir quels sont les résultats auxquels on arrive. Ces résultats sont consignés dans le tableau ci-dessous : Genres paléocarctiques "2" ee Pen Genres neoarcLiques REP CP PRE ENNIES Genres NÉCUTODICAUX Se ARR EME e detre Le CGENTESÉMODIÈNS A PET OR CORNE Genrestindo=paciiques TMMENCENN IIS. RAT Torar des genres localisés... 134 Genres appartenant à plus d’une région.. 131 Il faut remarquer que dans cette récapitulation nous avons laissé de côté tous les genres pélagiques, quine peuvent, ainsi que nous l'avons dit, appartenir à aucune région en particulier. Nos calculs portent encore sur un total de 2,317 espèces, ce qui DISTRIBUTION DES J'OISSONS DE MER ll paraîtra sans doute suffisant, surtout lorsqu'il s’agit d’une preuve purement négative. Le total des formes génériques localisées, c’est-à-dire n’occu- pant qu'une seule région, est de 134; celui des formes plus ou moins cosmopolites, c’est-à-dire occupant à la fois plusieurs pro- vinces, serait de 131. La moitié des genres, à peu près, ne ser- virait donc point à caractériser les régions; mais ce qui doit surtout frapper dans l'examen de notre tableau, c’est ce fait que l'Amérique du Nord n'a que trois genres qui lui soient absolu- ment propres, et que l’Atlantique africain n’a également que six formes génériques indigènes. Ces deux rivages cependant sont fort riches, comme nous le verrons, et en espèces et en indivi- dus, et un tel résultat doit forcément tenir à ce que les lois qui ont régi la distribution des espèces terrestres, lois qui nous per- mettent aujourd’hui de trouver des dissemblances remarquables entre les faunes des deux Amériques, de même qu'entre celles d'Europe et d'Afrique, n’ont point pu produire les mêmes effets en ce qui concerne les Poissons de mer. Nous croyons être parvenu à démontrer ce qu'il fallait faire tout d’abord : que les régions terrestres ne peuvent pas servir à la répartition des espèces marines qui en habitent les rivages, et nous pouvons maintenant rechercher s’il n’est point possible de délimiter d’autres grandes provinces ichthyologiques rendant un compte suffisamment exact des faits de la distribution géogra- phique des formes marines. CONDITIONS NUISIBLES OU AVANTAGEUSES A LA MIGRATION DES PorssoNS DE MER.— Aux causes nombreuses qui s'opposent à la dissémination indéfinie des êtres, causes qui rentrent toutes dans ce que Darwin a appelé la concurrence vitale, il faut ajouter pour les espèces terrestres des obstacles matériels souvent insurmon- tables : tels que les fleuves, de hautes montagnes, la mer elle- même; ou bien encore des différences de climat quelquefois très-brusquement tranchées. À la mer, ces divers obstacles n'existant pas, l’on pourrait croire à priori que les groupes 172 MÉMOIRES ORIGINAUX. d'êtres semblables ont dû plus facilementserépandre, ou du moins occuper chacun un espace fort étendu, surtout en tenant compte de cette circonstance que les climats marins sont beaucoup plus constants et varient beaucoup moins rapidement que les climats de la terre ferme. Il n’en est rien cependant, et le fait que fort peu d’espêces sont communes aux deux côtes de l'Atlantique, par exemple, côtes qui ne sont éloignées que de 500 lieues ma- rines, du cap Saint-Roch aux Bissagos, attire forcément l’attention du naturaliste. (Nous laisserons de côté provisoirement, et pour y revenir bientôt, les Poissons que nous avons nommés pélagiques et dont l'habitat normal est la haute mer.) Pour expliquer ce qui, à première vue, peut paraître une anomalie, il faut admettre qu'une vaste étendue de mer très-profonde constitue pour les Poissons un obstacle difficilement franchissable, analogue par exemple à ce que ce serait un fleuve pour des animaux terrestres incapables de le traverser. Sans doute, les raisons qui s’opposent à ce qu’une espèce des côtes d'Afrique franchisse de l'Est à l'Ouest l'Atlantique du Sud, pour venir habiter le rivage du Brésil, sont nombreuses, el nous ne pouvons pas les connaitre toutes, du moins dans l’état actuel de la science; mais il semble cependant que, dès aujourd'hui, on peut admettre que ces raisons tiennent à trois causes distinctes : 1° Les difficultés qu’auraient les Poissons à trouver leur nour- riture pendant le trajet ; | 2° L’impossibilité où ils seraient de se reproduire ; 3° Les différences dans la constitulion physique de rivages très-éloignés. 1° Nous avons peu de chose à dire relativement à la première cause, La plupart des Poissons se nourrissent à la côte, soit de Crustacés, soit de Mollusques, soit de plantes marines, soit enfin, et c’est le plus grand nombre, de Poissons plus faibles. Ainsi que peuvent le constater tous ceux qui ont fait des traversées assez nombreuses, on ne voit, loin de terre, que les espèces que nous avons nommées pélagiques, et en dehors de la mer Sargasse, où les immenses amas de Fucus natans abritent une population ma- DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. 173 rine variée et considérable, nous avons rarement rencontré à la mer, et plus rarement encore ramené dans les petits filets trai- nants, les animaux des côtes que l’on trouve en général dans l'estomac des Poissons. Les nouvelles découvertes viennent de démontrer, il est vrai, que la vie était possible dans les plus grandes profondevrs, et on pourrait objecter que les Poissons trouveraient peut-être les ali- ments nécessaires à leur subsistance en suivant l’une des rives de l'Océan à l’autre. Il y a quelques années, une semblable question n’eüût été discutée par personne, caril semblait résulter des travaux de E. Forbes que la vie était impossible à une certaine profondeur, et tout le monde admettait avec lui un zéro de la vie animale au-dessous duquel aucun organisme ne pouvait subsister. Los draguages du Lightning, du Porcupine et du Challenger viennent de démontrer d’abord qu’on avait exagéré la profon- deur des Océans, et ensuite que certains êtres ont pu s’adapter aux conditions d’existence des eaux les plus profondes; mais les ani- maux que les dragues ont ramenés à la surface sont d’une orga- nisation de plus en plus simple à mesure que l’on descend. A 200 mètres, toules les plantes ont disparu ; vers 2000 mètres, on ne trouve plus en grande quantité que des Protozoaires, et les na- turalistes du Porcupine affirment que les êtres vivant au-delà de 1000 bBrasses doivent, pour subsister, pouvoir se nourrir par simple absorption. Les Poissons, s’il en est ainsi, ne pourraient vivre à partir d’une certaine limite, et toute traversée d’une mer profonde et large en suivant le fond leur devient impossible. On doit donc admettre, en résumé, que les Océans d’une srande étendue opposent une barrière à la dissémination des espèces, car il serait, ou bien difficile ou impossible à la plupart d’entre elles de subvenir à leur subsistance pendant la traversée, soit au fond, soit à la surface. 2° Si l’on envisage le problème au point de vue de la repro= duction, onse trouve en face d’impossibilités plus grandes encore. I est difficile de nier, en effet, que presque tous les animaux 174 MÉMOIRES ORIGINAUX. dont nous nous occupons ne viennent à la côte pour frayer. Les pêcheurs de l'Ouest qui draguent au chalut, par conséquent sur le fond, sont obligés pendant l'hiver, malgré les dangers auxquels ils s’exposent, d'aller jeter leurs filets par 120 ou 150 mètres, c’est-à-dire fort loin du rivage. Au commencement du printemps, les instincts de reproduction amènent presque toutes les espèces dans les fonds moindres, et la pêche n’est réellement productive que par 50 à 60 mètres. Il devient à cette époque à peu prèsinu- tile d’aller plus au large, et aucun fait n’est mieux connu et mieux démontré par une expérience de tous les jours. Il serait en effet bien difficile de comprendre comment les œufs pourraient être fécondés, et ensuile se développer au fond des mers, sous les pressions énormes d’une colonne d’eau qui atteint quelque- fois cinq kilomètres, avec la température assez basse et surlout avec l’absence de lumière naturelle qui doit résulter de ces pressions et de ces profondeurs. Aussi peut-on conclure que les instincts seuls de la reproduction, instinets en général si puis- sants chez tous les êtres, doivent retenir les Poissons à une dis- tance de la côte variable, il est vrai, mais ne dépassant jamais une certaine limite, afin qu’ils puissent à chaque ponte atteindre facilement le rivage, el trouver au moment voulu les conditions qui leur sont indispensables pour l’accomplissement de cette fonction. Sans doute, il est quelques exceptions à cette règle ; mais elles se rapportent en grand nombre, et peut-être toutes, à des espèces ayant uu mode particulier de reproduction. On peut citer, comme exemple de ces exceptions apparentes, le cas du Requin de Setubal, que l’on pêche, même à l’époque de la ponte, par des fonds de 890 mètres, et qui précisément, comme beau- coup de Plagiostomes, se reproduit autrement que la majorité des Poissons. 3° Nous pouvons dire maintenant quelques mots de l'influence que doit avoir sur la distribution géographique la constitution physique des rivages eux-mêmes. Considérons une espèce en particulier : si elle est adaptée aux conditions de la vie sur une côte rocheuse, formée de falaises abruptes tombant perpendi- DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. 175 culairement dans la mer avec de grands fonds à toucher le rivage, elle trouvera difficilement des conditions favorables le long d’une plage de vase ou de sable s’avançant graduellement vers le large, avec des profondeurs presque constantes sur de larges espaces, et semée de bancs à fleur d’eau. Nous voulons dire, en prenant un exemple, quil est facile d’admettre que la faune de notre côte de Bretagne puisse différer sensiblement de celle des Landes. On comprend dès-lors qu’une espèce africaine qui, en raison de circonstances favorables, serait parvenue à émigrer sur les côtes du Brésil, y trouverait peut-être des condi- tions d'existence trop différentes et changeant trop brusquement pour pouvoir vivre dans son nouvel habitat. Nous devons aussi étudier, avant de conclure, les obstacles qui pourraient s'opposer à la dissémination des espèces le long d’un rivage continu sans interposition de mers profondes, c’est- à-dire infranchissables. En envisageant une très-crande étendue de côte, toutes les conformations nalurelles dont nous venons de parler, conformations qui résultent de phénomènes géologiques, se reproduisent, en s’allernant, à des distances quelquefois très- petiles. Les falaises s'interrompent brusquement pour donner naissance aux grandes plages des embouchures des fleuves ou pour former des baies de sable ou de vase. Les plages sablon- neuses elles-mêmes sont de temps en temps coupées par des pointes rocheuses plus ou moins abruptes. Sans donc accomplir en une seule fois de bien longues traversées, une espèce peut retrouver, si elle y estforcée par son organisation, ses conditions normales d'existence, du moins au point de vue de la configu- ralion des fonds, en suivant une ligne de côte ininterrompue. Le climat, il est vrai, intervient si le déplacement est consi- dérable en latitude ; mais il faut remarquer que son influence est infiniment moindre, toutes choses égales d’ailleurs, que sur Ja terre ferme voisine de cette même côte. En effet, on doit tenir compte de l’action constante des courants océaniques qui, trans- portant sans cesse les eaux froides des pôles à l'équateur et inversement, tendent à établir un certain équilibre. Vraisembla- 176 MÉMOIRES ORIGINAUX. blement du reste, les Poissons doivent suivre ces courants dans leur migration. Il faut remarquer aussi que la température de l'Océan est, à cause de sa nature même, infiniment plus indé- pendante de la latitude que celle de la terre, etqu’en tous les cas les espèces marines peuvent, en s’enfonçant plus ou moins dans les profondeurs, trouver facilement à ce point de vue l’ha- bitat qui leur convient. En résumant ces différentes considérations, on peut conclure que les espèces trouveront relalivement peu d'obstacles à leur dissémination le long d’un rivage continu, et qu’elles en trouve- ront probablement, au contraire, d’insurmontables dans la traver- sée de grandes étendues d’eaux profondes. ÉTABLISSEMENT DE SIX GRANDES RÉGIONS ICHTHYOLOGIQUES. — Si ces conclusions, qui sont, il faut bien le dire, de simples hypo- thèses dont nous aurons à démontrer la vérité, se trouvaient jus- tifiées par des faits, nous pourrions nous attendre à trouver des différences notables entre les faunes ichthyologiques des rivages suivants : 1° Côtes ouest d'Europe et d'Afrique. 2° Côtes est des deux Amériques. 3° Océans Indien et Pacifique. 4° Côtes ouest des deux Amériques. 9° Régions circumpolaires. On comprend, pour ces dernières zones, que, dans des pays soumis pendant la plus grande partie de l’année à un froid rigou- reux, les conditions de l’existence soient assez différentes de ce qu’elles sont dans les mers chaudes ou tempérées, pour donner dans tous les cas naissance à une faune bien spéciale et bien caractérisée. Toutefois, nous remarquerons qu’en ce qui concerne la région polaire antarctique les renseignements nous font presque absolument défaut. Cette partie du globe a été très-rarement explorée au point de vue de l’histoire naturelle, et elle était, dans tous les cas, fort peu connue au moment où furent DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. 19 publiés les ouvrages sur lesquels nous nous appuyons dans celte étude. Nous nous sommes donc trouvé dans l'obligation de la négliger complétement. Il est permis de croire, du reste, que la vie animale y est peu abondante, car les terres du pôle Sud sont constamment recouvertes d’une très-grande épaisseur de glace dont les banquises presque ininterrompues s’avancent en tout temps fort loin vers la haute mer. Ïl faudrait, en outre, créer pour les espèces vivant habituellement au large, une région particulière qu'on pourrait appeler pélagique, et qui comprendrait à la fois toutes les mers loin de la côte. En résumé, on peut diviser la terre entière en six grandes ré- gions ichthyologiques : 1° Région de l’Atlantique oriental, comprenant tous les riva- ges de cet océan, depuis les mers froides du Nord jusqu'au eap de Bonne-Espérance, avecle golfe méditerranéen et les îles océa- niques les plus rapprochées des continents; 2° La région de l'Atlantique américain, s'étendant du nord des États-Unis jusqu'aux environs du cap Horn; 3° La région Indo-Pacifique, renfermant tout l'immense espace semé d'iles qui s'étend de la côte occidentale d'Afrique aux li- miles Est de la Polynésie, bornée au Nord par le parallèle du Ja- pon et au Sud par les mers froides des deux Océans; 4° La région du Pacifique américain, formée par les côtes des deux Amériques, du côté du Pacifique, depuis Quadra et Vancou- ver jusqu'au Sud; 9° La région circumpolaire, dont la limite serait, dans l’At- lantique, une ligne inclinée allant de New-York à l'Angleterre, et, dans le Pacifique, le parallèle de la Californie septentrionale ; 6° La région pélagique, empiétant à la fois sur toutes les au- tres, en ce sens qu'elle comprendrait toutes les mers du large sans exception. Nous pouvons rechercher maintenant, en répartissant les fa- milles, les genres et les espèces, si les considérations presque complétement théoriques qui nous ont amené à élablir six ré- gions sont justifiées par les faits, c’est-à-dire si chacune de ces 12 178 MÉMOIRES ORIGINAUX. grandes zones est suffisamment caractérisée par une faune ichthyo- logique spéciale. DISTRIBUTION DES FAMILLES. — Les 22 familles d’après la répartition desquelles nous essayons d'établir nos régions n’of- frent pas toutes, au point de vue spécial de la distribution géo- graphique des espèces marines, la même importance. Deux d’en- ire elles et des plus riches en genres et en espèces, les Silures ei les Cyprins, na contiennent presque que des formes d'eau douce et peuvent être laissées complétement en dehors de celte étude, et il en est de même du groupe bien naturel des Pharyngiens labyrinthiformes. Les autres se classent de la manière suivante : 1° Famille dont tous les genres et toutes les espèces habitent ja mer : Spares, Ménides , Squammipennes, Teuthies, Tænioï- des, Athérines, Peetorales-pédiculées et Labroïdes. 2° Familles marines ayant une faible proportion d'espèces d’eau douce : Mulles 3 °/,, Sciènes 5 °/, , Joues cuirassées io iBercoïdes Me) 3° Familles marines ayant une forte proportion d’espèces d’eau douce : Gobioïdes 13 °/,, Mugiloïdes 16 °., Ésoces 23 oo, Clupes 24 °/.. 4° Familles d’eau douce ayant des espèces marines : Salmo- noïdes et tribus intermédiaires entreles Ésoces et les Clupes. On pourrait peut-être, sans beaucoup d'inconvénients, ne pas s’occu- per des deux familles dont il est question en dernier lieu. Ces deux groupes, en effet, comptent plus d'espèces d’eau douce que d’espèces d’eau salée, et comprennent en outre la plupart des Poissons à instincts migrateurs, vivant tantôt dans les fleuves et tantôt à la mer. Cependant, comme les résultats de l’ordre de ceux que nous voulons obtenir sont d'autant plus sûrs que les raison- nements sont basés sur plus de faits certains et bien démontrés, nous avons cru qu'il fallait faire entrer dans nos calculs toutes les formes spécifiques de ces deux divisions habitant à la mer etne se trouvant jamais ailleurs. Les familles sont presque toutes, du reste, représentées dans plus d’une région, etil n’en a été ques- DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. 179 tion ici qu'au point de vue de la répartition de leurs formes dans les eaux douces et salées, sans qu’on ait voulu tirer de leur dis- tribution géographique aucune preuve sur la distinction des fau- nes par régions, On peut toutefois remarquer, dès à présent, que les Tæuthies et les Squammipennes sont Indo-Pacifiques, tandis que les Tœnioïdes et les Salmonoïdes marins sont caractéristiques de la région Atlantique oriental, et que les Scombéroïdes ont un caractère pélagique bien marqué. Nous renverrons du reste, pour les détails, à la description particulière de chaque région, où sont envisagés les groupes de genres analogues , groupes aux- quels nous avons donné le nom de tribus, sans attacher à ce mot de sens bien précis ni de valeur bien exacte, et nous enta- merons immédiatement l'étude de la répartition des genres pro- prement dits. DISTRIBUTION DES GENRES. — Les genres se distribuent dans les régions de la manière suivante : Genres propres à l'Atlantique oriental ........... 59 — à l'Atlantique américain......... AO — à la région Indo-Pacifique........ 78 _ au Pacifique américain.......... 5 — à la région circumpolaire. ....,... 15 GENRES PÉlACIQUESE AMEN PPS RER D 720) Toraz des genres localisés. ....,........ 192 Genres appartenant à plus d'une région à la fois.. 95 ToTAL 287 On voit, par la seule inspection de ces chiffres, que chaque zone est, en somme, suffisamment caractérisée par un certain nom- bre de formes indigènes qu’on ne retrouve pas ailleurs, et que la proportion totale de ces genres, relativement à ceux que l’on pour- rait appeler cosmopolites, est assez grande, On peut, il est vrai, faire des reslrictions en ce qui concerne les zones Pacifique et Polaire, et nous allons entrer dans quelques détails à ce sujet. L’Océan septenirional a été moins exploré, relativement, que toutes les autres parties du globe, et il n’est point étonnant que, ute 180 MÉMOIRES ORIGINAUX. surtout à l’époque où écrivait Cuvier, peu d’espèces fussent en- core connues. Peut-être aussi la faune de l'extrême Nord est- elle pauvre en formes spécifiques et les découvertes, à cause de cela même, plus difficiles qu'ailleurs. Mais si les groupes sont peu nombreux, ils sont d’un autre côté bien distincts et bien par- ticuliers à la région. Il faut remarquer, du reste, que le petit nombre des formes arctiques indigènes données ci-dessus comme caractéristiques des zones glaciales, tient en grande partie à ce que les calculs ne portent que sur deux grandes divisions des Poissons, et que cette zone serait sans doute mieux déterminée si l’on avait envisagé Ja classe entière. Nous n'avons pas pu tenir compte de la grande famille des Gades, par exemple, et l’on sait que de nombreux genres dans celte famille habitent les parties froides de J’océan Atlantique nord. En résumé, nous sommes convaincu que là, comme partout ailleurs, il sera toujours indis- pensable d’établir une région spéciale pour les formes arctiques. Pour le Pacifique américain, on se trouve en face des mêmes difficultés. L’immense étendue de côté qui se développe du nord des États-Unis aux environs du cap Horn n'avait point, tant s’en faut, été mise à contribution par les naturalistes du com- mencement de ce siècle autant que le reste du monde ; sauf les espèces découvertes par Dorbigny, qui sont en grande partie d’eau douce, et les envois de quelques autres naturalistes, on ne trouve pas trace, dans Cuvier, d’une collection complète et générale faite dans ces parages. Cette lacune est sans doute comblée aujourd’hui, et de nombreux ouvrages ont dù être publiés sur cette partie du monde ; mais nous n'avons pas pu nous procurer ces travaux, et c’est paranalogie avec ce que nous avons démontré pour l'Atlantique, que nous avons établi une région Pacifique américaine. On aura du reste à revenir sur ce sujet dans le cours de ce travail. On pourra peut-être trouver que le nombre des genres appar- tenant à plusieurs régions, 95 sur 287, c’est-à-dire 33 ‘/,, est un peu élevé, et que nos zones, à cause de cela même, ne sont point suffisamment distinctes les unes des autres ; mais si l’on DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. 181 veut bien étudier attentivement le tableau général de la répar- tition des espèces, on verra en face de quelles difficultés l’on se trouve en cherchant à établir de grandes divisions géographi- ques rendant un compte aussi exact que possible de la différen- ciation des faunes ichthyologiques. Le milieu dans lequel vivent les Poissons est si pénétrable, les facilités d’émigration et même d'adaptation si grandes, qu’un mélange plus complet encore ne devrait pas nous étonner. On voit du reste, dans ce même tableau, que beaucoup des genres que nous avons dù classer parmi les cosmopolites, parce que leurs espèces appartiennent à différentes régions, sont pour la plupart cependant localisés, en ce sens que la majeure partie des formes spécifiques qui les composent vivent dans une région parliculière, tandis que quelques-unes seulement, et en très- petit nombre, quelquefois une ou deux dans un genre très-riche, ont pu émigrer et s'adapter ailleurs sans se différencier beaucoup. Si l’on voulait se borner à considérer comme localisés dans une province tous ceux de ces genres qui n’ont pas plus de deux représentants, par exemple, sur un grand nombre dansles zones voisines, on arriverait à réduire de 95 à 77 le total des formes génériques réellement cosmopolites, et par conséquent la propor- tion dont nous parlions tout à l'heure, de 33 à 27 0/0. DISTRIBUTION DES ESPÈCES. — Si, laissant de côté les genres, on envisage seulement les formes spécifiques, on voit qu’en dehors des Poissons du large, sur 2,483 espèces, 33 seulement occupent plus d’une région à la fois, et encore de ce petit nom- bre faudrait-il peut-être retrancher quelques formes que des observations ultérieures rattacheront aux espèces pélagiques'. 1 Les espèces cosmopolites se répartissent ainsi : Espèces traversant complétement l'Atlantique. .....ssssse0v4ss Espèces traversant l'Atlantique, de la côte américaine aux iîles....,:. Espèces communes aux deux côtes du continent américain. ....,.0ee Espèces communes à l'Atlantique et aux océans Indien et Pacifique. QU | = © 122 © =} YNiomooatedob 000100000000 182 MÉMOIRES ORIGINAUX. Ce fait, étonnant au premier abord, ne sarprendra point ceux de nos lecteurs habitués aux recherches qu’entraine l'étude de la distribution géographique des êtres. Toutefois, il est bien évident que, plus on étend les régions, moins il doit y avoir d'espèces communes ; c’est seulement en rapprochant ce résultat du précédent que nous nous croyons autorisé à considérer notre division en six zones comme concordant suffisamment avec les faits. En un mot, et pour résumer en même temps les considé- rations et les calculs précédents, il nous paraît probable que les six grandes régions dont il vient d’être question correspondent à des différences réelles et suffisantes dans les faunes ichthyolo- giques. On en jugera mieux, du reste, après les descriptions suivantes de chacune des zones adoptées. Région de l'Atlantique oriental. (Côtes Est d'Europe et d'Afrique.) LIMITES DE LA RÉGION. — Notre première région se compose, comme nous l'avons dit, de toutes les côtes Est de l'Atlantique, depuis les mers froides du Nord jusqu’au cap de Bonne-Espé- rance, et comprend en outre le golfe méditerranéen et les îles océaniques. Elle s'étend donc du 47° parallèle Nord jusqu’au 36° de latitude Sud, et présente un développement de rivage d’envi- ron 1,700 lieues marines. Il est difficile de fixer ses limites en lon- gitude, ou en d’autres termes sa largeur; mais on peut dire d’une façon très-générale qu’elle s’avasce vers l'Ouest à des distances variables de la côte, suivant les fonds, et qu’elle s'arrête aux profondeurs où les Poissons, pour une raison ou pour une autre, ne trouvent plus les conditions nécessaires à leur existence’. Une premiére difficullé se présente relativement à la fixation de la limite méridionale de la région. Nous avons admis que 1 Il faut toujours avoir présent à l'esprit, dans ce qui va suivre, le fait que . nous établissons pour les Poissons vivant au large, et par conséquent habitant plusieurs régions à la fois: une zone particulière dite pélagique, que nous étudions spécialement plus loin. DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. 183 cette limite était le cap de Bonne-Espérance ; mais la latitude du Cap n’est pas assez élevée (360 Sud), ni les mers environnantes assez froides pour que l’on puisse comprendre quels obstacles insurmontables s’opposeraient, du fait seul de la température, à ce qu'une espèce des côtes Est d'Afrique doublât le banc des Aiguilles pour se transporter du côté de l'Inde, ou inversement. Cependant, si l’on se place à un point de vue très-cénéral, c’est- à-dire si l’on envisage l’ensemble des formes, on voit que sur 289 genres, 55 seulement ont des espèces à la fois du côté de l'océan Indien et du côté de l'Atlantique. En admettant même, ce qui n'est point le cas, que ces 55 genres soient représentés tout près de l'extrémité méridionale de l’Afrique à l'Est et à l'Ouest, la proportion serait encore assez faible pour qu’on puisse considérer le Cap comme le point précis où s'effectue le mé- lange des deux faunes. Mais il n’en est pas ainsi: les formes spécifiques propres aux mers du Cap appartiennent en majorité à des groupes européens ou africains, et le petit nombre seule- ment à des groupes indiens. Toutefois, la ligne de démarcation, comme on doit le comprendre, n’est point bien nettement ni bien brusquement tranchée, et on pourrait, sans crainte de commettre une grave erreur, considérer comme indienne une espèce qui serait isolée au cap de Bonne-Espérance, tandis que le genre dont cette espèce fait partie serait trés-nombreux dans les mers de l'Inde. Il en est de même pour la limite de la région vers le Nord; elle ne peut poinise fixer d’une facon absolue à tel degré de latitude. Les formes circumpolaires s’avancent plus ou moins au Sud, quelques-unes jusqu’à la Manche, d'autres jusqu'à l'Irlande, et les mêmes faits se reproduisent sur la côte des États-Unis. Cepen- dant une ligne joignant New-York au sud de l’Angleterre servi- rait à peu prés de ligne de séparation du côté du pôle aux régions atlantiques. ESPÈCES MÉDITERRANÉENNES. — Nous ne faisons point une province particulière de la Méditerranée, et, comme on pourrait 18% MÉMOIRES ORIGINAUX. être tenté de croire, à première vue, qu’un golfe aussi étendu et aussi nettement séparé de l'Océan doit avoir une faune distincte, nous croyons utile de répondre à cette objection : Sur 104 genres représentés par des espèces dans la région atlantique, 06, c’est-à-dire plus de la moitié, se trouvent à la fois dans l'Océan et dans la Méditerranée ; 48 par conséquent seulement sont propres à cette dernière mer. Il y aurait peut-être des raisons suffisantes, malgré ce petit nombre, pour établir une zone médi- terranéenne, si l’on ne remarquait pas en même temps que ces genres sont très-pauvres en espèces, 21 sur 48 n'en ont qu'une seule, et surtout si, en poussant plus loinl e calcul, on ne s’aper- cevait point que sur 217 formes spécifiques de la Méditerranée, 68 passent le détroit de Gibraltar et se retrouvent plus ou moins loin, vers ls Nord ou vers le Sud, sur le littoral de l'Océan. C’est surtout en comparant ce nombre de 68 espèces communes aux deux mers à celui des espèces habitant plus d’une région à la fois, partout ailleurs 33 sur 2,483, qu’on peut voir combien les formes méditerranéennes sont peu localisées, et comprendre pourquoi il n’est pas possible d'établir une région spéciale pour cette mer intérieure. ÎLES OCÉANIQUES. — On trouve dans la région atlantique orientale un certain nombre d’archipels et d’iles isolées dont les rivages sont habités par d'assez nombreuses espèces, et que nous devons forcément faire entrer dans notre cadre, ne serait-ce qu'à cause de l'importance toule particulière de leur faune lorsqu'on s'occupe de la distribution géographique des espèces terrestres. Ce sont les îles des Açores, de Madère, des Canaries, du Cap-Vert, de Sainte-Hélène et de l’'Ascension. Il serait peut-être possible d'envisager séparément celles qui sont très-éloignées du continent, comme Sainte-Hélène et l’Ascension ; mais, dans une division en zones fort étendues, nous ne croyons pas qu'il y ait beaucoup d’inconvénients à étudier Jes faunes de tous les groupes d’iles en même temps ; les éléments nous manqueraient du reste pour spécialiser davantage. DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. 185 En faisant un relevé exact des espèces qu’on indique comme ayant été pêchées sur le rivage des îles, on voit qu'à une seule exception près toutes leurs formes appartiennent à des genres qu’on retrouve la plupart sur les côtes d'Afrique ou d'Europe, quelques-uns sur celles de l'Amérique du Sud ou des Antilles. Ce fait d’un seul genre réellement indigène paraît une preuva bien évidente de l'impossibilité où l’on est de créer une province spéciaie pour les îles océaniques. Les formes spécifiques réellement insulaires, c’est-à-dire trouvées dans les îles, sont au nombre de 54; on peut en ajouter 1 1 autres qui traversent l'Atlantique Sud, d'Amérique en Afrique, et qui, quoique n'ayant pas été vues dans les environs des îles elles-mêmes, doivent vraisemblablement s'y arrêter dans le trajet. Ces 65 espèces peuvent se répartir de la manière suivante: Espèces appartenant à un genre indigène insulaire. 2? Espèces appartenant à des genres presque tous eu- ropéens ou africains et ne se trouvant que sur les Espèces propres aux iles : ; rivages des îles..... DAME RS CRIE LOROR AR GR AE EI D Espèces Espèces habitant l'Atlantique Est et traversant des communes | côtes d'Europe ou d'Afrique aux îles. ,...... UT aux îles \Espèces habitant l'Atlantique américain et traver- et aux deux) sant de la côte d'Amérique aux îles... ...,.,,.... 8! régions FES atlantiques TOTALE. Si etes O0 On peut conclure de ces quelques chiffres que la faune des iles océaniques appartient à notre première région, mais que leurs rivages, isolés dans l'Océan, offrent jusqu'à un certain point le caractère de station intermédiaire pour les espèces qui ont pu traverser l'Atlantique. FAUNE DE L'ATLANTIQUE Esr. — Si les différentes conclusions qui résultent des renseignements précédents sont admises, il faut, ! Le vapeur le Raphaël, qui pêche auxiles du Cap-Vert, vient de rapporter de Ténérife le Uhætodon barré, qui n'avait été vu jusqu'ici que sur la côte américaine. Il y aurait donc 9 espèces traversant desAntilles aux iles océaniques. 186 MÉMOIRES ORIGINAUX. comme nous l'avons fait, réunir dans la région Atlantique Est toutes les côtes de l'Océan et de la Méditerranée, en y ajoutant les îles océaniques. Cette région est habitée, en ne considérant toujours, bien entendu, que les Acanthoptérygiens et les Malaco- ptérygiens abdominaux , par 378 espèces appartenant à 105 genres et à toutes les familles , à l'exception de celle des Teu- thies. Sa faune, sur les rivages d'Europe, est à peu près complé- tement connue, et, sauf peut-être quelques espèces vivant sur les fonds inaccessibles aux filets de pêche ordinairement employés, on peut croire qu'il restait, au moment où écrivait Cuvier, peu de découvertes à faire. Il n’en est pas de même pour les plages de l'Afrique; Gorée, le Cap et les îles étaient à cette époque les seuls points réellement et complétement explorés. Nous ne trou- vons dans l’histoire naturelle des Poissons que peu d’espèces de toute la côte comprise entre le Sénégal et les environs du cap de Bonne-Espérance. Il est probable qu’en s'appuyant sur les cata- logues les plus récents, on trouverait à ajouter un assez grand nombre de formes spécifiques à celles que nous avons pu réunir; mais il est probable aussi que les résultats généraux ne seraient pas sensiblement modifiés, vu les nombres déjà considérables sur lesquels sont établis nos calculs. Quoi qu'il en soit, il est facile de voir dans le tableau général des genres que les groupes ou tribus qui peuvent servir à carac- tériser la région de l'Atlantique sont les suivants : 10 Joues cuirassées à une dorsale et à tête parallélipipédique (Trigles et Malarmats). — Sur quinze espèces de Trigles dont le lieu d’origine est bien connu, quatre seulement sont étrangères. Le plus grand nombre habitent les mers d'Europe, quelques-unes le Cap, sans qu’on en ait trouvé sur la côte de l’Afrique tropicale. Le Malarmat est propre à la Méditerranée. Ce genre des Trigles est représenté en Amérique par les Prio- notes, qui n’ont que des différences de dentition avec le groupe qui les remplace en Europe ; aussi Cuvier peut-il les appeler avec raison des Trigles américains. DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. 187 2° La famille tout entière des Sparoides. — Les 14 genres ex- clusivement marins qui composent cette famille ant tous des re- présentants en Europe, à l’exception d’un seul. Quelques-uns de ces genres ont, ilest vrai, des espèces dans l'Inde et d’autres en Amérique, mais l’Atlantique oriental est la seule région où tous soient représentés, et c'est ce fait qui, à notre avis, donne à cette grande division son caractère neltementi européen . 3° Première tribu de la famille des Ménides. — (Picarels et Mendoles).— Deux espèces de Picarels sont étrangères, mais elles ressemblent à tant d’égards à la deuxième tribu de celle famille que Cuvier hésite à les y ranger. L° Tænioides. — Ce groupe à un caractère nettement atlanti- que Est ; sur 19 espèces, on n’en trouve en dehors de la région que 3, et un seul genre, ne comprenant qu’une seule forme spé- cifique, est américain. Nous remarquerons que cette grande divi- sion naturelle, comme celle des Spares et celle des Ménides, n'a pas une seule espèce d’eau douce. 5° Blennies et Photis. — On se trouve, pour diviser la famille des Gohioïdes, en face des difficultés dont nous avons parlé. Le petit groupe qu’on peut former avec les Blennies el les Pholis est de l’Atlantique Est, sauf 5 espèces qui passent aux Etals- Unis par la mer de Sargasse, où on trouve parmi les fucus un certain nombre de ces petits Poissons adaptés à la vie du large. 6° Labres et genres voisins. — Si les Cossyphes qui habitent dans l'Inde n'étaient pas, d’après les propres expressions de Cuvier, intermédiaires entre les Labres et les Crénilabres, on au- rait là un bon exemple d’un groupe riche en espèces et bien caractéristique des mers atlantiques Est. Malgré cette exception, il reste encore 57 espèces appartenant à 4 genres bien analogues et propres à notre région. 1° Salmonoïdes.— Cette famille compte 15 genres et 52 espè ces à la mer, contre 36 genres et 219 espèces d’eau douce. En 188 MÉMOIRES ORIGINAUX. l’envisageant dans son ensemble, on peut, malgré d'assez nom- breuses exceplions, la considérer comme circumpolaire ; c’est aussi l'opinion de Valenciennes, mais les genres marins sont plu- tôt des mers tempérées d'Europe. Si l’on recherche quels sont les caractères del’Atlantique Est que l’on pourrait appeler négatifs, caractères qui offrent une cerlaine importance, on voit que cet Océan ne possède aucune espèce de Teuthies ; 3 Squammipennes seulement sur 140, et enfin 4 espèces de Sciénoïdes sur 181. En dehors des groupes qui servent, comme ceux dont il vient d’être question, à spécialiser la région, la plupart des genres très- nombreux en espèces sont représentés dans les eaux de l’Atlan- tique Oriental. On trouve dans ce cas : les Serrans, les Scorpenes, les Caranx, les Muges, les Clinus, les Gobies, les Girelles, les Hémiramphes et les Orphies. Le nombre des formes spécifiques de ces genres habitant cette zone est de beaucoup inférieur à celui des formes étrangères, et on ne peut, dans aucun cas, les considérer comme indigènes. Les espèces cosmopolites appartenant sûrement à l'Atlantique Est, c’est-à-dire celles qui peuvent être considérées comme origi- naires de cet Océan, mais qu’on retrouve sans changement dans d’autres parages, ne sont qu’au nombre de deux : un Trigle et un Clinus. En dehors de ces deux exceptions, toutes les formes cosmopolites émigrent au contraire des autres rivages vers ceux d'Europe et d'Afrique, ainsi que le prouve le seul examen de l'habitat principal des genres dont elles font partie. (A continuer.) 189 LS OU DE DANS LE SOL ET DANS LES VÉGÉTAUX Par Ch. CONTEJEAN, Professeur à la Faculté des Sciences de Poitiers. nT Ayant essayé d'appliquer l’analyse optique à la recherche de la soude, dans le but de reconnaître si certaines plantes appar- tiennent à la flore terrestre ou à la flore maritime, j’arrivai tout de suite à des résultats qui me surprirent tellement que j’élargis aussitôt le cercle de mes investigations. Penaant plus d’une année, j'examinai des milliers de spécimens représentant plus de 700 espèces, et mes analyses portèrent indifféremment sur des plan- tes fraîches et sur des plantes d’herbier, de toutes provenances. Mais l'instrument que je maniais est d’une telle délicatesse, qu’on est porté à lui attribuer les défauts de ses qualités. Publiées na- guère', mes premières conclusions furent accueillies avec une circonspection qui frisait l’incrédulité. De nombreuses objections me furent adressées, portant pour la plupart sur le procédé d'analyse et sur la manière d'opérer. « La soude existe partout, m'écrivait un savant membre de l’Institut; elle est en suspension dans l'air, nos vêtements en sont imprégnés au point qu’il suffit de frapper la manche de son habit à côté d’un bec Bunsen pour en colorer vivement la flamme. Incessamment exposés aux pous- sières atmosphériques, les végétaux sont recouverts d’un véri- table enduit de soude, principalement dans leurs parties velues, Vous voyez cette soude superficielle, mais vous ne savez pas s’il en existe dans l'intérieur, et vos résultats sont pour le moins suspects.» 4 La Soude dans les végétaux (Comples rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences, tom. LXXX VI, pag. 1151, 6 mai 1878). 190 MÉMOIRES ORIGINAUX. Toutes ces choses, je les sais aussi bien que mon éminent con- tradicteur ; je les sais mieux, peut-être, car je doute qu'il ait fait autant d'analyses que moi. Comme les inconvénients qu'il signale existent dans une certaine mesure, je dois faire connaître les précautions à employer pour y obvier, ainsi que ma manière d'opérer. Mon but n’élant point de doser la soude (ce qui est d’ailleurs extrêmement difficile), je me suis borné à soumettre les plantes à l’action du chalumeau à gaz, au moyen duquel on peut appré- cier la teneur relative en soude d’après l'intensité de la colora- tion de la flamme, et qui décèle encore d’autres bases, telles que la chaux, la potasse, la lithine. Ce mode d’étude offre le grand avantage d’être fort expéditif, de permettre d'isoler les diverses parties d’un végétal, et de laisser voir si la soude ou toute autre substance réside à la superficie ou dans l’intérieur des tissus. Il est d’ailleurs d’une délicatesse et d’une sûreté que dépasse seule l'analyse spectrale. Cette dernière a été aussi employée, mais seulement pour rechercher la soude dans des terrains qui n'en donnaient aucun indice au chalumeau. Mes expériences ont eu lieu dans le laboratoire de chimie de la Faculté des Sciences de Poitiers et dans des conditions défa- vorables en apparence. L'air y est, en effet, chargé de soude ; mais dès qu’une parcelle sodée tombe dans la flamme, celle-ci jette un éclat vif et passager dont il est bien facile de reconnaître ja cause. C’est donc absolument comme si rien n’était arrivé. J'ajouterai que, dans presque Lous mes essais, j'ai été assisté par mon excellent ami À. Guitteau, dont les yeux, non daltoniens, savent, beaucoup mieux que les miens, distinguer les couleurs et les nuances. La plupart de nos analyses ont porté sur des plantes d’herbier qui peuvent avoir pris de la soude à l'air et au papier employé à la dessiccalion. Celui dont je me sers en renferme. Néanmoins, cela n’influe en rien, le plus souvent, sur les résultats. Beaucoup de plantes, même parmi les plus velues et les plus hérissées (Galium anglicum, Erigerum Canadensis, Filago avensis, F, ger- SOUDE DANS LE SOL ET LES VÉGÉTAUX. 191 manica, Andryala sinuata, Stachys alpina, etc.), n’ont donné aucun indice de soude. Un bien plus grand nombre en accusent seulement dans la racine et dans le bas de la tige. Or, il serait merveilleux que les poussières atmosphériques ou le papier à des- sécher eussent respecté une partie du végétal plutôt qu'une autre. Dans tous les cas analogues, la plante sèche vaut la plante vivante. Si l’on trouve la soude uniformément distribuée, on peut ne pas tenir compte de la première coloration produite par la com- bustion de l’épiderme et des téguments ; mais, dès qu’un organe est complétement carbonisé, il n’y a plus lieu d’hésiter : jamais la cendre incandescente n'indique de la soude quand il n'yena pas dans les tissus profonds. Il arrive réellement, surtout pour les plantes litlorales, que la poussière sodée de l’atmosphère adhère à l’épiderme végétal et colore la flamme, quand bien même la plante ne renferme pas de soude. Chose remarquable, le fait a été principalement con- staté sur des spécimens vivants (surtout Luzerne, Lotus et autres Légumineuses). Avec un peu d’habitude, on distingue aisément cette cause d’erreur et l’on en tient le compte qu'il convient. J'ai beaucoup expérimenté sur les plantes fraîches, pour savoir quelle confiance je devais accorder à l’analyse des plantes sèches, et aussi pour étudier séparément les organes superficiels et les or- ganes profonds. Tantôtles spécimons étaient passés au chalumeau immédiatement après avoir été cueillis, tantôt ils ne subissaient cette épreuve qu'après une immersion de plusieurs jours dans l’eau distillée. J’évitais de tenir à la main les parties à essayer, car les doigts humides laissent de la soude sur les objets qu'ils ont touchés. Les scalpels et les pinces employés pour isoler les or- ganes intérieurs avaient été rougis dans la flamme et ne servaient que lorsqu'ils ne donnaient aucun indice de soude. Ces précau- tions minutieuses étaient d’ailleurs en grande partie inutiles, car, je le répète, après quelques tâtonnements préliminaires, rien n'est plus facile que de discerner et d’écarter les causes d’erreur. Mais on doit comprendre que je tienne à donner tous ces détails 192 MÉMOIRES ORIGINAUX. Je n'hésite donc pas à déclarer que mon procédé d’analyse est irréprochable : c’est ce que reconnaitra sans peine toute personne qui voudra expérimenter, avec un bec Bunsen, sur les premières plantes venues. Voici maintenant les résullats de mes recherches. 1. La soude n'existe d’une manière apparente que dans les terrains salés, qui, en France, ne se trouvent guère que sur les bords de la mer. En général, la zone salée maritime est extrême- ment étroite, surtout quand le rivage est rocheux ou qu'il con- sise en plages et en dunes sablonneuses. Autant, en effet, la chaux se maintient avec obstination dans les sables, autant la soude s’empresse de les délaisser. Cela s'explique aisément par la différence de la solubilité des sels qui servent de véhicule à ces deux bases. Le carbonate de chaux ne cède que lentement à l’action dissolvante des pluies, et subsiste presque partout en plus ou moins grande abondance; au contraire, le chlorure de sodium est immédiatement entrainé, et ne se montre d’une manière permanente que dans la zone recouverte par les marées. À quelques pas plus loin, le sable de la ligne des premières dunes, et même celui du haut des plages, ne précipite plus Île nitrate d'argent, et c’est à peine si le chalumeau à gaz y décèle quelques traces de soude. Plus loin encore, dès qu'on pénètre dans la région des dunes proprement dite ou dès qu’on aborde les premiers gazons à Ephedra, l’analyse optique n’indique plus rien. Et cependant la soude est portée beaucoup plus loin par les embruns de l’atmosphère. Toutes ces circonstances, j'ai pu les constater bien souvent sur nos côtes de l'Océan, entre Arcachon et la Rochelle. 2. À plus forte raison la soude fait défaut dans l’intérieur du pays. Jamais, en effet, la flamme du chalumeau n’a été colorée par la terre que reteraient entre leurs racines des plantes re- cueillies dans presque toutes les contrées de l’Europe. L'analyse spectrale, que nous avons appliquée à une quinzaine d’échantil- lons de terre végétale provenant de la Saintonge, du Limousin, du SOUDE DANS LE SOL ET LES VÉGÉTAUX. 193 Poitou, du pays de Montbéliard et des Vosges, a toujours donné des résultats négatifs. Cependant, comme la plupart des espèces non maritimes renferment de la soude, cette base existe évidem- ment partout, mais en proporlions infinitésimales, qu’elle ait d’ailleurs son origine dans le sol ou dans l’atmosphère. Il en résulte que les végétaux sont des appareils d'analyse d’une mer- veilleuse subtilité, puisqu'ils savent trouver de la soude dans des milieux où les procédés les plus délicats de la physique et de la chimie sont impuissants à en découvrir. 3. Toutes les eaux douces des environs de Poitiers que nous avons essayées (el nos analyses sont nombreuses), renferment de la soude, principalement celles des rivières. De l’eau pluviale prise dans le creux d’une roche granitique à Ligugé (Vienne) a constitué une exception unique. 4. Toutes les plantes de la flore maritime (halophytes des au- teurs) renferment de la soude ; plus des trois quarts de celles de la flore terrestre en renferment également ou peuvent en renfer- mer, et quelquefois en proportion notable. . Les plantes qui vivent dans les eaux douces sont à peu près saturées de soude dans toutes leurs parties immergées, mais n’en contiennent pas {oujours dans leurs parties aériennes. 6. La quantité de soude que peut absorber une même espèce dans les terrains non salés varie suivant les lieux, je dirai pres- que suivant les individus. Sur 168 plantes non maritimes re- présentées chacune par des spécimens de diverses localités, j’en ai trouvé au plus 50 où la teneur en soude fût pareille chez tous les individus d'une même espèce, et où les divers organes en conlinssent respectivement une égale proportion. L'écart peut devenir très-grand. Ainsi, des Filago germanica de Brest et de Belgique étaient gorgés de soude, tandis que d’autres échantillons récoltés dans les environs de Paris n’en laissaient apercevoir aucune (trace. 7. Dans les terrains non salés, la composition chimique et 19 194 MÉMOIRES ORIGINAUX. minéralogique du milieu exerce, au moins en apparence, une influence appréciable sur la richesse en soude des végétaux. Élimination faite des régions littorales, j'ai pu connaître la nature du sol de 262 localités différentes. Dans les unes (granite, gneiss, argile, sable siliceux, diluvium et alluvions), la terre végé- tale ne contient pas de chaux ou n’en contient que des traces; dans les autres (calcaires et dolomies), elle en renferme une énorme proportion. Les premières sont au nombre de 130, et les secondes au nombre de 132. Les plantes des sols privés de chaux n'ont pas de soude ou n’en accusent que de faibles indices 32 fois ; la teneur est médiocre 18 fois, elle devient très-grande 80 fois. Sur les calcaires et les dolomies, il n’y a pas de soude ou il n’y en a que des traces 81 fois ; il y en a médiocrement 16 fois, il y en a beaucoup 41 fois. Les proportions sont presque exactement inverses. Le contraste est assez sensible pour qu'on ne puisse hésiter à regarder le sol calcaire comme le moins favo- rable aux plantes sodées. En s'appuyant sur un très-petit nom- bre d'analyses, MM. Malagutti et Durocher' arrivent à des résul- tats opposés, et pensent que la même plante absorbe plus de soude sur le calcaire que sur le schiste ou l'argile. Il me semble que les chiffres ci-dessus tranchent la difficulté. Néanmoins, je me garderai d'en déduire aucune loi, ne sachant si le terrain agit par lui-même, en tant que milieu calcaire ou granitique, ou si plutôt les plantes amies de la soude ne recherchent pas les sols argileux ou granitiques, parce qu’étant imperméables, ils entretiennent les eaux slagnantes el les marécages. Or, nous avons vu que les végétaux aquatiques sont particulièrement riches en soude. J’incline à penser qu’en réalité la nature minéralogi- que du sol est sans grande influence, parce que, bien que cer- tains granites renferment du feldspath albite et du feldspath oli- goclase, qui fournissent, en se décomposant, du carbonate de 4 Recherches sur la répartition des éléments inorganiques dans les princi- pales familles végétales (Annales de chimie et de physique, 3e série, tom. LIV, pag. 282; et Annales des sciences naturelles, Botanique, 49 série, tom. IX, pag. 245). SOUDE DANS LE SOL ET LES VÉGÉTAUX. 195 soude assimilable, la comparaison des localités granitiques avec celles où le terrain consiste en sables, schistes ou alluvions, fait voir que les plantes de ces dernières ont de la soude peut- ètre plus souvent que celles du granite. 8. Dans les terrains inégalement salés, la proportion de soude absorbée par les représentants d’une même espèce est en géné- ral d'autant plus grande que le sol en contient davantage. Aïnsi, des Silene Portensis recueillis par moi-même sur la plage du cap Ferret, près d'Arcachon, renferment une quantité notable de soude dans toutes leurs parties; d’autres, que j’ai pris à Sou- lac (Gironde) et à la Coubre (Charente-Inférieure), beaucoup plus loin de la mer, n'en ont plus guère que dans leurs racines ; d’autres, enfin, provenant du département de Vaucluse, n’en laissent apercevoir aucune trace. De même, les Trifolium resu- pinaitum, Rosmarinus cfficinalis, Armeria plantaginea, Daphne Gnidium, Salsola Kali, Polygonum maritimum, Euphorbia pa- lustris, Carex arenaria, Polypogon Monspeliensis, Hordeum mari- timum des régions littorales, ont donné beaucoup de soude, tandis que d’autres échantillons des mêmes espèces récoltés dans l’in- térieur en contiennent à peine ou n'en contiennent pas du tout. J'ai pu constater aussi que les plantes de Bretagne, de Norman- die, de la Gironde, sont quelquefois plus chargées de soude que leurs similaires continentales. ‘9. Cependant la richesse relative en soude provient surtout des aptitudes particulières des espèces. Il y a, en effet, des plan- tes constamment riches ou pauvres en soude, quels que soient le terrain et les pays d’origine. Dans un milieu non salé, les Linuim Radiola, L. gallicum ;, Lobelia urens, Cicendia filiformis, C. pusilla, Juncus pygmæus de Coulombiers (Vienne), renferment beaucoup de soude , à côlé des Trifolium lævigatum, Spiranthes autumnalis, Juncus bufonius, J. capitatus, Carex glauca, qui n’en ont point ou n'en ont que fort peu. Dans un milieu salé, les Tribulus terrestris, Linaria thymifolia, Euphorbia Peplis, Æ, 196 MÉMOIRES ORIGINAUX. polygonifolia!, Cenchrus racemosus, se refusent obstinément à la soude, ou tout au plus l’admettent dans leurs parties souterraines par une sorte d’imbibition mécanique et comme malgré elles, tandis que les plantes aquatiques savent la trouver partout. 10. Quelquefois même, dans une localité déterminée, la ri- chesse relative en soude parait dépendre de l'individu, tel pied absorbant plus d’alcali que son voisin. D'ailleurs, le fait est assez rare, et peut trouver soa explication dans la nature du sol, dont la composition chimique n’est jamais absolument identique, même aux distances les plus faibles. i 11. La teneur en soude ne peut être regardée comme un caractère qui permette de distinguer les végétaux maritimes des végétaux terrestres que dans le cas où l’espèce en litige habite un terrain salé et n’absorbe point de soude. On ne doit pas crain- dre d’exclure de la liste des halophytes les Tribulus, Linaria, Euphorbia, Cenchrus, dont il vient d’être question, et l’on n’y admettra qu'avec réserve les Silene Portensis, Eryngium mariti- mum”, Artemisia maritima, Euphorbia Paralias, toujours moms chargés de soude que beaucoup de plantes exclusivement terres- tres. 12. Certaines espèces maritimes fortuitement introduites dans des milieux non salés, sont inhabiles à assimiler de la soude, à côté de plantes terrestres qui savent en extraire du même sol. Par exemple, plusieurs Salsola Kali provenant, les uns du dépar- tement de Vaucluse et les autres des sables de la Loire, près d'Orléans, ont à peine laissé entrevoir la soude dans leurs raci- 1 Plante américaine signalée, il y a quelques aunées, sur un point unique aux Sables-d'Olonne, et que j'ai trouvée, en 1877, dans les sables maritimes des deux côtés de la Gironde, entre Soulac et l'embouchure de la Seudre. Elle est certai- nement plus répandue, dans ces limites, que l'£uphorbia Peplis, avec lequel on pourrait la confondre. 2 MM. Malagutti et Durocher constatent déjà cette pauvreté en soude de l'Eryn- gium maritimum (Annales de chimie et de physique, loc. cit., pag. 282; et Annales des sciences naturelles, ibid., pag. 244). SOUDE DANS LE SOL ET LES VÉGÉTAUX. 197 nes, tandis que la potasse abondaït dans tous les organes aériens, d’ailleurs moins fermes et moins succulents que chez les indivi- dus nés sur le littoral. Un Carezx arenaria des environs de Berlin renfermait très-peu de soude; plusieurs autres des environs de Bordeaux en manquaient absolument. De nombreux pieds d’Aor- deum maritimum qui s'étaient développés à la gare des Lour- dines, près de Poitiers, ne montraient la soude dans aucune de leurs parties; au contraire, les Trifolium maritimum et T. resu- pinalum, qui croissaiert pêle-mêle avec eux, en accusaient des quanlités notables. 13. L’affinité pour cette base varie suivant les familles, les genres elles espèces. On peut désigner comme amies de la soude les Linées, les Légumineuses, les Composées corymbifères, les Éricinées, les Gentianées, les Lentibulariées, les Plumbaginées, les Plantaginées, les Alismacées, les Potamées, les Joncées, cer- tains groupes d’Alsinées, de Chénopodées, de Gypéracées et de Graminées; et en particulier, abstraction faite des halophytes, les genres Batrachium, Linum, Inula, Gnaphalium, Helichry- sum, Lobelia, Erica, Erythræa, Cicendia, Pinguicula, Litiorella, Plantago, Atriplex, Alisma, Potamogeton, Juncus, Cyperus, Scir- pus, Crypsis. On peut signaler comme rebelles à la soude fab- straclion faite des halophytes et des espèces aquatiques) les familles des Renonculacées, des Crucifères, des Cistinées, des Géraniacées, des Rosacées, des Paronychiées, des Crassulacées, des Saxifragées, des Ombellifères, des Rubiacées, des Composées cynarocéphales et chicoracées, des Borraginées, des Rhinantha- cées, des Labiées, des Primulacées, des Chénopodées (sauf les Atriplex), des Polygonées, des Euphorbiacées, des Urticées, des Amentacées, des Conifères, des Orchidées, des Asparaginées, des Iridées, des Liliicées, des Graminées et des Fougères; et en particulier les genres Helianthemum, Silene, Genista, Sedum, Saæifraga, Galium, Ewphrasia, Linaria, Veronica, Teucrium, Lysimachia, Primula, Chenopodium, Rumex, Polygonum, Buxus, Ewphorbia, Quercus, Juniperus, Pinus, Ophrys, Epipactis, Iris, Allium, Luzula, Panicum, Eragrostis, Festuca, Bromus. Ces 198 MÉMOIRES ORIGINAUX. énumérations, beaucoup plus longues que celles des plantes amies de la soude, sembleraient prouver le contraire de ce que j'avance, si je n'avais hâte d’ajouter qu’il s’agit ici de l'abondance plutôt que de la fréquence de cet aleali. | 14. Rien de plus irrégulier, de plus imprévu, que la réparti- tion de la soude dans les genres d’une même famille et les espè- ces d’un même genre. Il est bien rare que les groupes les plus homogènes ne présentent çà et là des disparates, et l’on recon- naît partout l'indépendance de l'espèce, sinon de l'individu. Néanmoins, les plantes aquatiques, à quelque famille qu’elles appartiennent, sont les plus riches en soude, et celles des lieux azotés (quelquefois chargées de nitrates au point qu'elles fusent et crépitent dans la flamme) sont les plus pauvres. A l'égard de ces dernières, j indiquerai les genres So/anum, Lycium, Ama- rantus, Chenopodium, Rumex, Polygonum, Urtica, Parietaria, Setaria, Panicum. On dirait une réelle antipathie entre la soude et l'azote, ou tout au moins entre cette base et les composés ni- treux ou ammoniacaux'. 15. Tous les organes du végétal n’ont pas une égale aptitude pour la soude. Presque toujours elle s’accumule à la base de la plante, principalement dans la portion souterraine, et diminue d’abondance au fur et à mesure qu’on s’élève dans la portion aérienne. Sous le rapport de la teneur en soude, les organes se succèdent dans l’ordre suivant, à commencer par les plus saturés : racine et rhizome; base de la tige et feuilles radicales; tige moyenne et feuilles moyennes ; sommet des tiges, avec rameaux et feuilles supérieures; pédoncules et bractées ; fleurs et fruits. Souvent la fleur, avec les pédoncules et les bractées, et même la tige feuillée, n'indiquent aucune trace de soude, quand la racine et quelquefois le bas de la tige et les feuilles inférieures en ren- ferment beaucoup. Les Crucifères, les Rhinanthacées et les Labiées 1 M. Peligot signale cet antagonisme de la soude et des azotates (Observations sur une note de M. Velter, etc., dans les Annales de chimie el de physique, 4e année, tom. XVIII, pag. 353). SOUDE DANS LE SOL ET LES VÉGÉTAUX. 199 sont surtout remarquables à cet égard. Il semble donc que la soude répugne aux végétaux terrestres, qui l’acceptent, malgré eux, plutôt par tolérance que par sympathie, qui en prennent le moins qu'ils peuvent, et l'éloignent autant que possible des or- ganes de la reproduction. Ces remarques s'appliquent aussi, dans une certaine mesure, aux végétaux maritimes, qui renferment quelquefois plus de soude à leur base qu’à leur sommet. C’est ce que j'ai constaté chez les espèces suivantes : Aster Tripolium, Chrysanthemum maritimum, Convolvulus so:danella, Salsola Kali, Polygonum marilimum, Euphorbia Portlandica, db: Paralias, Carex arenaria, C. extensa, Hordeum maritimum, Lepiurus in- curvatus. 16. Cette tendance de la soude à se concentrer à la partie inférieure des végétaux et cette difficulté à s'élever se remarquent jusque dans les organes isolés. Les feuilles de plusieurs Chênes renferment de la soude dans le pétiole et à la base des grosses nervures, mais n’en accusent aucune trace vers les extrémités des mêmes nervures ainsi que dans le parenchyme. Un Osmunda regalis de Terre-Neuve et un Pteris aquilina de France ont offert de la soude, le premier en grande abondance, mais uniquement dans les pétioles et les nervures principales : au fur et à mesure que la combustion gagnait les ramifications de ces nervures etle pourtour du limbe, on voyait la coloration de la soude dimi- nuer d'intensité, puis s’évanouir complétement. 17. Presque toujours les diverses parties de la fleur sont exemptes de soude au même degré : c’esl ce que j'ai pu consta- ter même sur des Nénuphars blancs, fortement sodés dans tous leurs organes submergés, mais dont les pétales, les étamines et le pistl ne coloraient pas la flamme du chalumeau. Le fruit a toujours paru se comporter comme la fleur. 18. La soude fait défaut dans les jeunes organes, et, en géné- ral, dans les tissus en voie de développement rapide. On a vu, en effet, que l’extrémité des axes n’en donne le plus souvent au- cun indice. J’ajouterai que cette particularit se remarque sur- 200 MÉMOIRES ORIGINAUX. tout chez les plantes à évolution centripète. Des pousses de Lau- rier-cerise, de Lierre, de Sureau, de Curnouiller sanguin, de Troëne, de Bruyére à balai, de Viorne boule-de-neige, de Laurier- rose, de Buis, de Romarin, examinées à diverses dates pendant toute la période de leur développement printanier, ont constam- ment fourni des résultats négatifs, tandis que les axes de l’année précédente, dont elles émergeaient, ont toujours coloré la flamme du chalameau. Le moment de l’année où l’on récolte une plante influe donc beaucoup sur sa richesse en soude, et l’on peut sou- vent observer des différences du tout au tout. 19. La soude se tient à l’intérieur plutôt qu'à la périphérie. Abstraction faite de la racine, dont toutes les parties sont d'ha- bitude également imprégnées, ce sont les faisceaux fibro-vascu- laires qui en contiennent le plus, toutes les fois qu'il est possible de constater une différence entre les divers éléments anatomiques. Ensuite vient l'écorce, puis la moelle centrale, et en dernier lieu l'épiderme. J'ai déjà dit que le parenchyme des feuilles en man- que fréquemment. Les tubercules farineux la repoussent de même. La grande voie de circulation de la soude est donc le système vasculaire. Les organes voisins s’en imprègnent quelquefois, mais lorsqu'elle ne peut plus les gêner ; elle fait défaut dans les cellules où s’élaborent les produits nécessaires à la nutrition et à la reproduction : on peut donc la regarder comme une substance nuisible. Je dois ajouter que ces résultats n'ont cependant rien d’absolu ; ils résument un très-grand nombre d’analyses, dont ils représentent une sorte de moyenne, mais les exceptions ne sont pas rares, et il nous est même arrivé de trouver moins de soude dans la racine que dans d’autres organes. 20. Les végétaux les plus riches en soude, tels que les halo- phytes et les plantes aquatiques, sont également ceux où celle base se trouve le plus uniformément répartie entre les divers organes. 21. Les espèces qui ne donnent pas de soude au chalumeau, el tous les organes où la soude ne pénètre pas dans les plantes SOUDE DANS LE SOL ET LES VÉGÉTAUX. 201 qui en contiennent ailleurs, accusent toujours la potasse et sou- vent la chaux, plus rarement la lithine et peut-être la strontiane. Mais je n'ai voulu et je n'ai pu me préoccuper que de la soude, qui est toujours facile à reconnaître sans qu’il soit nécessaire d’avoir recours au spectroscope, tandis que les autres alcalis se superposent etse confondent dans la flamme du chalumeau, quand ils ne sont pas masqués par ia soude. 22. Ce n'est donc qu'à titre de renseignement que je cite les espèces suivantes, qui nous ont donné la coloration non équi- voque de la lithine : /elianthemum salicifolium (Poitiers), Tribulus terrestris (Fouras), Sedum acre (Poitiers), Buplevrum aristatum (Fiume), Galium Cruciata (Vaucluse), Euphorbia Peplis (ile d’Aïix), Parietaria officinalis (Poitiers), Juniperus Sabina (Dauphiné), £phedra monostachya (Hongrie), £. Villars (Dauphiné). 23. On vient de voir que la soude ést absorbée par les racines et transportée jusque dans les nervures des feuilles, sinon dans le parenchyme. Dans les plantes aqualiques, l'introduction de celte base a lieu, en outre, par ous les organes immergés, dont le tissu spongieux à grandes cellules et l’épiderme rudimentaire favorisent singulièrement l'absorption par endosmose. Néanmoins celte absorption n’est point un fait purement mécanique, elle ne s'opère que sous l'influence de la vie. Du papier, diverses étof- fes n'ont donné aucun indice de soude après avoir séjourné plu- sieurs semaines dans les eaux où des Potamogeton, des Hippuris, des Hottonia, en accusaient de fortes proportions. Comme la richesse en soude est à peu près constante chez les végétaux im- mergés, à quelque famille qu'ils appartiennent, et que, dans les genres les plus rebelles à la soude, les espèces aquatiques obéis- sent à la loi commune, il semble évident que la nature spéciale du tissu en contact avec l’eau est la cause principale de l'égalité et de la constance de l’imbibiticn sodée pour tous les organes, quels qu'ils soient ; d’où il résulte que l'aptitude de ces espèces pour la soude tient uniquement à la nature de leurs lissus. 202 MÉMOIRES ORIGINAUX. 24. Gette conclusion doit s'étendre aux végétaux aquatiques non flottants et même à ceux des lieux secs. Il est clair, en effet, que la nature spéciale du tissu plongé dans le sol doit influer sur la teneur en soude des plantes terrestres, qui trouvent plutôt cet alcali dans les eaux et les terres imbibées que dans les sta- tions arides , où les principes solubles n’ont pu être aussi com- plétement saisis par les liquides du sol. 25. La plante est donc une sorte de machine vivante, mais inconsciente, dont la capacité d'absorption et de sélection dépend en réalité de la structure fortuite de ses organes et du milieu où ils sont plongés. 26. Tous les faits ci-dessus justifient l'opinion des auteurs qui pensent que la soude est nuisible, sinon inutile, à la plupart des végétaux; que les racines absorbent sans discernement tous les principes solubles qu’elles rencontrent, mais que plus tard il s'opère une sorte de tirage empêchant certaines sub- stances délétères de pénétrer dans les organes où leur présence pourrait devenir funeste. 27. Il est probable que plusieurs plantes maritimes admet- tent la soude par tolérance plutôt que par nécessité, et qu’elles occupent surtout les lieux salés, parce que la végétation conti- anentale leur laisse le champ libre. Ge qui peut jusüfier cette manière de voir, c’est que la soude refuse de monter dans les organes supérieurs de ces plantes, dont la fleur ne renferme que de la potasse ; d'où il semble résulter que la soude ne peut remplir les fonctions de la potasse, non plus que la remplacer dans l’organisme, chez quelques-unes, sinon chez la totalité des halophytes. SUR LES AMMODYTES DES COTES DE LA MANCHE Par S. JOURDAIN, Professeur à la Faculté des Sciences de Nancy. Gunther (Catalogue of the Acanthop. Pharyngognathi and Ana- cant., in the collection of the British Museum, tom. IV, pag. 384) caractérise ainsi le genre Ammodytes : Corps allongé, bas, subeylindrique, couvert de très-petites écailles. Peau avec des plis longitudinaux s'étendant dans toute la lon- gueur de l’abdomen. Une dorsale et une anale longues, composées de rayons flexi- bles et courts, pouvant être reçues dans un sillon. Mâchoires dépourvues de dents ; l'inférieure proéminente. Ouies largement ouvertes; membranes branchiostéges non réunies en dessous, à sept ou huit rayons. Une fente en arrière du quatrième arc branchial. Pseudobranchie lamelleuse. Point de vessie natatoire. Un appendice pylorique. Pendant longtemps les zoologistes ne reconnurent qu’une seule espèce de ce genre. Ce ne fut qu'en 1825 (Bull. des Scienc. nat., IVe part.) que le D' Lesauvage, de Caen, étudiant de plus près les Ammodytes, abondamment répandus sur certaines grèves du Calvados, démontra l'existence de deux espèces, confondues sous la même dénomination. Pour l’une, il proposa la dénomination spécifique de lanccolatus, et conserva à l’autre celle de tobianus. Gunther admet avec raison les deux espèces de Lesauvage. Il est même porté à considérer la forme lanceolatus comme type d’un sous-genre auquel il applique le nom de /yperoplus, mais auquel, dans son ouvrage, il joint la mention m. 204 MÉMOIRES ORIGINAUX. Nous nous proposons, dans cette Notice, de donner quelques renseignements complémentaires sur la caractéristique du genre Ammodytes, et de décrire une troisième espèce (Ammodytes semi- squamatus) que nous avons rencontrée sur les côtes françaises de la Manche. Le corps des Ammodytes n’est pas toujours recouvert d’écailles eur toute sa surface ; dans notre semisquamatus, et c’est même à cette parlicularité que nous avons emprunté la dénomination spécifique, les écailles n'existent que dans la région caudale. Dans tous les cas, les écailles sont comprises dans l'épaisseur des téguments. Dans l’Ammod. lanceolatus et tobianus, elles sont disposées en séries obliques d’une parfaite régularité, séparées par des lignes déprimées. Sur la région abdominale, de chaque côté de la ligne médiane ventrale, règne un mince repli membraneux, saillant, d'un mil- limêtre environ sur les grands individus d’Ammod. lanceolatus (fig. 17, rr). — Ce repli va s’effaçant graduellement en arrière de l’orifice anal. À la surface de la peau viennent déboucher les orifices d'un trés-grand nombre de follicules glandulaires, bien visibles en par- ticulier dans les espèces à corps strié (4mmod. lanceolatus et tobianus). Ces orifices sont distribués en séries d’une assez grande régu- larité. À Dans l’espace compris entre les deux replis membraneux (fig. 17,rr), et qu’on peut appeler zone sous-abdominale, on en voit trois séries longitudinales. L'une, impaire (fig. 17,om), s’étend depuis la symphyse coracoïdienne jusqu à l’anus. L'autre paire est peu distante de la précédente et a la même limite en arrière (fig. 17, asm). Une autre série paire, longitudinale également (/ig. 17, ov), se trouve un peu au-dessus des replis membraneux (rr, fig. 17). Enfin, mentionnons une derniere série, parallèle aux précé- dentes, occupant la ligne des flancs (fig. 17, ol). AMMODYTES DE LA MANCHE. 205 Ces deux dernières séries règnent dans toute la longueur du corps. Outre ces séries longitudinales, il existe des séries obliques correspondantcomme direction aux interstices aponévrotiques des muscles latéraux, c’est-à-dire obliques de bas en haut et d’arrière en avant au-dessous de la série latérale 07 (fig. 17) et ayant au- dessus de cette série une obliquité en sens opposé. Ces orifices multipliés, irrégulièérement répartis sur les séries que nous venons de décrire, ont probablement pour usage de verser une grande quantité de mucus à la surface du corps, de sorle que le Poisson, ainsi lubréfié, glisse avec une admirable facilité dans le sable mouillé, dont les particules n’exercent sur ses téguments aucune action nuisible. La ligne latérale (ig. 17,1) est très rapprochée de la ligne médiane dorsale. Elle est droite. Sa structure n’est pas la même dans toutes les espèces de nos côtes. Dans les deux formes à corps obliquement strié (Ammod. lanceolatus et tobianus), elle consiste en une série de tubes portés chacun par une écaille, comme c'est le cas ordinaire (fig. 14), et munis chacun d’un orifice. Dans l’Ammod. semisquamatus, la ligne latérale se compose d’un tube cylindrique d’où naissent supérieurement, à angle droit, de courtes tubulures (jig. 13, h) ouvertes à leur extrémité, tandis qu'inférieurement on voit une série régulière de prolongements coniques (fig. 13, 0) percés à leur sommet et en nombre double de celui des tubulures supé- rieures. La bouche est très-dilatable, seulement le jeu des màchoires n’est pas le même dans toutes les espèces. Dans l’Ammod. semisquamatus et l'Ammod. tobianus, l’abais- sement du maxillaire inférieur détermine mécaniquement un mouvement de glissement des intermaxillaires sur le vomer, comme nous l'avons expliqué dans notre Note sur les muscles de l'appareil mavillo-mandibulaire de quelques Poissons osseux (Revue des Scienc. nat., juin 1878). 206 MÉMOIRES ORIGINAUX. Dans l’Amimod. lanceolatus, le cintre de l’are formé par le maxillaire supérieur et l’intermaxillaire exécute au-dessus de l’éperon vomérien un mouvement de charnière, de telle façon que le point z (fig. 1 et 3), qui correspond aux extrémités de cet arc, Se trouve porté en avant. La bouche ainsi ouverte représente un large infundibulum et permet aux saillies dentaires du vomer d’agir efficacement. Ce mouvement de projection en avant du, point ; est limité par l'existence de deux cordons fibro-cartilagi- neux, l’un ratiachant le point z à l’apophyse coronoïde (cordon maæillo-coronoïidien (fig. 3, le), l’autre reliant ce même point z à la portion symphysaire de la mandibule (cordon maæillo- génien, fig. 3, lg). Il existe un cœcum pylorique (fig. 12). Les Ammodytes vivent par troupes sur les fonds de sable. A mer haute, on peut les prendre au filet. À mer basse, on a re- cours fréquemment à un autre procédé de pêche assez singulier. On trace, avec un instrument approprié, un sillon dans le sable mouillé, comme le ferait un laboureur dans un champ. Les Pois- sons mis à découvert doivent être saisis avec une grande prestesse, sinon ils se dérobent dans le sable avec une merveilleuse agilité. Leur chair est délicate, et de plus ils constituent un appât. très-apprécié des pêcheurs. Nous distinguerons trois espèces, ainsi que l'indique le tableau suivant : [2 Des écailles Vomer armé de deux sur toute la surface saillies dentiformes. Ammod. lanceolatus. du corps : Vomer sans dents.... Ammod. tobianus. Des écailles dans la région caudale seulement: Ammod. semisquam. Ammodytes lanceolatus Lesauvage. Vulg. orbrune, à Saint-Malo; — cigare, à Saint-Vaast-de-la- Hougue. The greater Sand-Eel or Launce des Anglais. Corps à peu près cylindrique, présentant à sa surface un grand nombre de sillons obliques parallèles. AMMODYTES DE LA MANCHE. 207 Mâchoire inférieure plus longue et plus saillante que dans les deux autres espèces". La dorsale commence, chez les adultes, à une certaine dis- tance en arrière de l'extrémité de la pectorale (/ig. 18). Les intermaxillaires (/ig. 4) portent à leur point de jonction deux courts stylets apophysaires articulés avec eux et représen- tant l’apophyse montante ou vomérienne de l’intermaxillaire d’un grand nombre de Poissons. (Voir la fig. que nous avons donnée de l’intermaxillaire du Zeus faber dans la note ci-dessus citée.) L’arc formé par les intermaxillaires est uni à son sommet avec le vomer, de manière que la protractilité de ces os est presque nulle. La mâchoire supérieure exécute, lors de l’ouverture de la bouche, un mouvement de charnière que nous avons décrit (fig. 3). Le vomer est pourvu en avant de deux saillies dentiformes (fig. 11). Le dos de cette espèce, qui atteint jusqu’à 40 centim. de lon- sueur, est coloré en vert foncé ou en bleu sombre ; les flancs et le ventre sont argentés, très-brillants et à reflets irisés. La couleur du dos disparait dans l’alcool. Le lanceolatus est très-vorace: il avale tout entiers des indivi- dus des deux autres espèces, et probablement de sa propre espèce, mesurant plus de 10 centim. Sa chair est moins estimée que celle de l'espèce suivante. Au mois de mai, les organes génitaux étaient bien développés. OP IT M SEA RO ER CE MO MP EL 18) Ammodytes tobianus Lesauvage. Lançon, à Saint-Malo ; Equille, sur les côtés du Calvados ; The lesser Sand Eel or Launce des Anglais. Coupe du corps elliptique. Téguments à stries obliques. 1 Pour cette espèce, ainsi que pour les deux suivantes, nous ne mentionnons point les proportions relatives de la tête et du corps, de la mandibule et de la tête, le nombre des rayons des nageoires, etc., parce que ces divers éléments varient avec l’âge, et que, pour la diagnose spécifique dans le genre pau ils n’ont qu'un intérêt très-secondaire. 208 MÉMOIRES ORIGINAUX. Dorsale commençant un peu en arrière du milieu de la pec- torale (fig. 18°”) | Intermaxillaires à apophyses vomériennes plus développées (fig. 6) et par suite prolractiles: Vomer dépourvu de dents (fig. 10). La coloration est assez semblable à celle de l'espèce précédente. Il est beaucoup plus commun que le lanceolatus et atteint une taille beaucoup moindre (environ 15 à 17-centim,). Sa chair est très-estimée. Il paraît se reproduire plus tard que le lanceolatus. (Voir fig. 6, 7 et 10.) Ammodytes semisquamatus S. Jourdain. La nouvelle espèce que nous proposons esl parfaitement dis- tincte des deux précédentes. Elle est plus rare. Les pêcheurs de Saint: Malo, qui la recherchent beaucoup comme appât, la nom- ment communément Jolivet. À en juger par la description que Gunther donne de l’Ammo- dytes siculus de Swainson (Zocol illust. 2 nd. sér., 1, pl. 63), elle est très-voisine de l’espèce méditerranéenne. Nous n'avons pu comparer nos spécimens à ceux du British Museum, mais nous ne serions pas surpris qu'il y eüût identité". Les téguments sont dépourvus de stries obliques. Le corps, nu antérieurement, ne montre des écailles que dans la région caudale ; encore celles-ci sont-elles très-petites (un tiers de millimètre chez les individus adultes). Elles sont en outre pla- cées à distance les unes des autres, el se dislinguent des écailles RE 1 La synonymie des espèces d'Amimodytes est très-embrouillée. J1 y a des raisons de penser que l'Amm. cicerellus de Rafinesque n'est autre que l'Ammod. siculus de Swainson. D'autre part, Canestrini regarde comme une même espèce l'Ammod. tobianus, Ammod. cicerellus de Rafinesque, Ammod. argenteus de Risso, et Amimod. sicu- lus de Swainson. Il est difficile de décider à laquelle des trois espèces que nous décrivons il ‘convient de rapporter de Short-snouted Launce de Couch (vol, IT, pag. 144). AMMODYTES DE LA MANCHE. 209 des deux espèces précédentes par la réduction de leur champ postérieur. Elles appartiennent du reste au même type (fig. 16). Nous avons indiqué, aux généralités, la disposition caractérisli- que de la ligne latérale (fig. 13). Nous devons ajouter que cette ligne s’interrompt brusquement à une certaine distance de l’ori- gine de la caudale (18 millim. sur un individu dont la longueur totale est de 155 millim.). L'origine de la dorsale correspond à peu près à l'extrémité de la pectorale ( fig. 18". Les intermaxillaires (fig. 8) sont pourvus d’une longue apo- physe vomérienne comprimée en lame de sabre; aussi jouissent- ils d’une pretractilité étendue. L’extrémité articulaire des maxillaires supérieurs est conformée sur le même type que celle du éobianus ; cependant elles’en distin- gne par un plus grand développement de ses apophyses antérievre et postérieure, ainsi qu'on peut s’en assurer en comparant la /ig.7 (extrémité articulaire du maxillaire supérieur de l’Ammod. tobianus) à la fig. 8 bis (même partie dans l’Ammod. semisquamatus. Le vomer est dépourvu de dents. Le dessus du corps est le plus souvent brun, plus ou moins sombre’; le ventre et les flancs surtout sont argentés, avec des reflets irisés. Au mois de mai, les organes de la génération étaient bien développés. EXPLICATION DE LA PLANCHE. 1. — Tête de l’'Amnod. lanceolatus, vue de profil (Grand. nat.). Fic. 2. — Tête de la même espèce, vue en dessus (Grand. nat.): c, ligne suivant laquelle s'exécute le mouvement de char- nière de la mâchoire supérieure au-dessus de l’éperon vomérien; 7, rostre formé par la portion symphysaire du maxillaire inférieur. 4 Comme chez beaucoup de Poissons dont la peau renferme de nombreux chro- moblastes, la couleur est difficile à préciser. 14 210 MÉMOIRES ORIGINAUX. Fic. 3. — Tête de la même espèce, vue de profil, la bouche ouverte (Grand. nat.): 2, intermaxillaire; »#, maxillaire supérieur ; ma, maxillaire inférieur ; {c, cordon ligamenteux maxillo- coronoïidien ; {g, cordon ligamenteux maxillo-génien; b..., membrane buccale; gk, muscle génio-hyoïdien. Fr. 4. — Tnter-maxillaires de la même espèce (Grand. nat.). F1. 5. — Maxillaires supérieurs du même (Grand. nat.). Fi. 6. — Inter-maxillaires de l’'Ammod. tobianus, vus en dessus (Gross.: 4 diam.). Fi. 7. — Partie articulaire du maxillaire supérieur gauche de l'Am- mod. tobianus, vue par la face interne (Gross.: 9 diam.). Fire. 8. — Inter-maxillaires de l’Ammod. semisquamatus, vus de profil (Gross.: 9 diam... Fc. 8 bis. — Partie articulaire du maxillaire supérieur gauche de l’'Ammod. lanceolatus, vue par la face interne (Gross.: 9 diam.). Fic. 9.— Rostre formé par la portion symphysaire du maxillaire inférieur de l’'Ammod lanceolatus (Gross.: 5 diam.). Fic. 10. — Éperon vomérien de l'Ammod. tobianus (Gross.: 9 diam.). FiG. 11. — Même partie de l’Ammod. lanceolatus ; dd, saillies denti- formes (Gross.: 9 diam.). F1G. 12. — Région pylorique du tube digestif de l'Ammod. lanceo- latus: e, estomac; 2, intestin grêle. FiG. 13. — Portion de la ligne latérale de l'Ammod. semisquamatus : Rk.…, tubulures supérieures ; b..., saillies coniques infé- rieures. (Gross.: 15 diam.). Fic. 14. — Portion de la ligne latérale de l’Agmod. lanceolatus (Gross.: 12 diam.). Fic. 15. — Écaille de l'Amod. tobianus (Gross.: 50 diam.). Fic. 16. — Écaille de l'Asnmod. semisquamatus (Gross.: 80 diam.). Fic. 17. — Coupe transversale (région abdominale) du corps de l’Am- mod. lanceolatus (Grand. nat.}: p , nageoïire dorsale; l, ligne latérale ; >, repli membraneux longitudinal; o/, ligre d'orifices latérale; or, id. ventrale; osm, id. sub-médiane ; o%, id. médiane. | Fr&. 18. — Diagramme des rapports de l’origine de la dorsale » avec l'extrémité de la pectorale P:* Ammod. semisquamatus; "* Ammod. tobianus ; *** Ammod. lanceolatus. ETUDES SUR LA SPERMATOGENESE CHEZ LA PALUDINE VIVIPARE Par M. Mathis DUVAL. L'étude que nous avons précédemment publiée sur la Sper- matogénèse chez quelques Gastéropodes" nous avait amené à penser que les deux formes de spermatozoïdes signalées, depuisles travaux de G.-V. Siebold (1836), chez la Paludine vivipare, ne représen. taient sans douie que des élals successifs du développement d'une seule et même espèce de filaments spermatiques. Les pre- mières recherches bibliographiques que nous entresrimes à ce sujet, et notamment la lecture des Mémoires de Kælliker et de Baudelot*, paraissaient devoir nous confirmer dans cette idée, et nous nous attendions, avec les nouvelles notions aujourd’hui acquises sur la spermatogénèse, à pouvoir facilement retrouver, dans ce que Baudelot décrit sous le nom de twbes cilifères, de simples grappes de spermatoblastes, ne différant que par la lon- gueur de leur pédicule des grappes de spermatoblastes si faciles à étudier, chez les /elix, dans toutes leurs périodes d'évolution. Il n’en fut rien cependant. Grâce aux précieuses indications que voulut bien nous donner M. E. Dubrueil, sur l'habitat et les mœurs de la Paludine, nous ävons pu nous procurer en abon- dance ce Mollusque*, soit en le recueillant aux environs de 1 Voy. Revue des Sciences naturelles, om. VIT,fn° 3, décembre 1878, pag. 277, et planches X, XI. 2? Voyez ci-après les indications bibliographiques dans la Revue historique qui termine ce Mémoire. 3 Tous les auteurs qui ont parlé des spermatozoïdes de la Paludine n'ont pas pu se procurer ce Mollusque et en étudier directement la glande mâle. Ainsi Kælliker, habitant alors Zurich, n'a pu se procurer la Paludine vivante, et s’en rapporte aux figures de Siebold. (Voy. ci-après la Revue historique.) 1e MÉMOIRES ORIGINAUX. Paris, soit en le recevant de plusieurs points de la France à di- verses époques de l’année. Dans ces circonstances, nous avons pu suivre l'état de ses éléments spermatiques aux diverses saisons, et saisir chez lui toutes les phases de la spermatogénèse. Nous avons ainsi constaté que cet animal possède bien réellement deux formes distinctes de spermatozoïdes, qui évoluent l’une à côté de l’autre indépendamment et à peu près parallèlement, et que, malgré l'opinion émise par Kœælliker et par Baudelot, les sper- matozoides vermiformes de l’un (tubes cilifères de l’autre) ont leur existence parfaitement indéperdente, et ne représentent pas une phase du développement des autres filaments spermatiques, ces derniers ayant été de tout temps reconnus comme tels, vu leur forme pour ainsi Gire classique, c’est-à-dire semblable à celle des spermatozoïdes des autres Mollusques (comme du reste à celle des spermatozoïdes de divers Vertébrés'). Ce résultat, quine répondait pas à notre attente, n’en était pour nous que plus intéressant, car il nous permettait d'étudier parallèlement la spermatogénèse de deux formes de spermato- zoïdes chez un même animal, de voir si pour les deux formes le développement procède d’une manière analogue ; il nous per- mettait enfin derectifier une opinion qui, appuyée sur des noms comme ceux de K@ælliker et de Baudelot, semblait devoir être définitivement acquise à la science. En reprenant à ce sujet les recherches bibliographiques, en consultant notamment un Mémoire publié par Leydig en 1850, et que M. E. Dubrueil avait tout particulièrement signalé à notre attention, nous avons constaté que cet auteur, et Siebold avant lui, avaient déjà insisté sur la réelle indépendance de ces deux formes de spermatozoïdes, et cherché dans l’étude de leur déve- loppement les arguments propres à démontrer que l’une ne dérive pas de l’autre, mais qu’elles naissent et évoluent chacune a ————_—_—————— 1 Tréviranus , qui l'un des premiers a examiné au microscope le produit de la glande mâle de la Paludine, n'avait vu que les gros spermatozoïdes vermiformes (tubes cilifères de Baudelot). — (Treviranus; Ueber die Zeugungstheile der Mollusken. Zeitsch. f. Physiologie, Bd 1. Hft 1, pag. 31, Tab., IV, fig. ? bis.) SPERMATOGÉNESE CHEZ LA PALUDINE VIVIPARE. 21: de leur côté, sans que rien permette de considérer les tubes cilifères comme un état imparfait des autres filaments spermati- ques. Malheureusement ce travail de Leydig parait être demeuré complétement inconnu de Baudelot, qui n’y fait aucune allusion dans le courant de sa monographie et ne le comprend pas dans sa liste bibliographique. Telles sont les circonstances qui nous ont amené à donner au présent Mémoire une étendue plus considérable que ne semblait le comporter tout d’abord l’étude d’une question aussi restreinte. Sans entrer dans les détails de l’anatomie descriptive de la glande mâle de la Paludine, étude pour laquelle nous renvoyons au Mémoire de Baudelot, nous avons dû décrire avec tout le soin possible l’évolution des produits figurés de cette glande : ici nous avons trouvé, d’une part des faits qui confirment simplement les résultats de nos études précédentes sur la spermatogénèse chez les Gasléropodes, et d’autre part des faits qui donnent une signification plus générale aux résultats précédents. Enfin, nous avons dû exposer d’une manière complète l’historique de cette question, historique dont quelques points des plus essentiels paraissaient avoir échappé aux auteurs les plus récents. Nous suivrons dans cette étude l’ordre suivant : 1° Description des deux espèces de spermatozoïdes à l’état de complet développement ;: 2° Étude du développement de ces deux ordres de filaments spermatiques, et plus spécialement des filaments dits éubes cilifères. 3° Étude historique et critique de la question. Les deux espèces de spermatozoïdes de la Paludine vivipare se distinguent par leurs formes, leurs dimensions, leurs mouve- ments. Les uns, qu'on peut nommer, avec Siebold et Leydig, sperma- tozoïdes vermiformes, se présentent sous l’aspect d'un long tube Te Æ 21: MÉMOIRES ORIGINAUX. ( Jig. 18, A) dont une extrémité plus mince (a) se renfle légè- rement en une sorte de tête, tandis que l’autre extrémité, un peu plus épaisse , donne implantation à un bouquet (b) de cils vibratiles. Ces spermatozoïdes vermiformes ont en moyenne une longueur totale de 180 4, dont 150 x pour le corps (cy- lindre et tête) et 30 y pour le pinceau de cils, Les mouve- ments de ces spermalozoïdes différent complétement de ceux qu’on est habitué à observer sur les filaments spermatiques des divers animaux : ce sont de véritables mouvements de reptalion, c'est-à-dire que des ondulations lentes et régulières parcourent le corps du spermatozoide, en même temps que les cils sont agités d’oscillations irrégulières, et que l'extrémité céphalique se porte alternativement à droite et à gauche ; au premier abord, en présence de ce mode de mouvements, on est tenté de se croire en présence d'un parasite el non d’un simple élément anatomi- que ; il faut toutefois remarquer que ces spermatozoïdes, du moins dans les préparations entre deux plaques et même en chambre humide, s’agitent presque entièrement sur place, c’est- à-dire que malgré l’activité de leurs mouvementsils ne se dépla- cent que très-peu et très-lentement dans le champ du microscope. Les autres, qui par leurs analogies avec les filaments sperma- tiques des autres animaux peuvent recevoir le nom de sperma- tozoïdes filiformes (B, fig. 18), sont immédiatement reconnaissa- bles à leur extrémité céphalique (c) contournée en tire-bouchon ou en pas de vis ; ce pas de vis présente cinq tours com- plets et se continue au niveau du sixième tour avec une portion droite (corps du spermatozoïde : B), laquelle se termine insen- siblement (en d, fig. 18) par une partie à bords moins nets que nous nommerons queue de spermatozoïde filiforme. — Ces sper- matozoïdes filiformes sont de moitié moins longs queles vermi- formes, leur longueur totale étant au maximum de 90 y, dont 15 pour la tête et 75 pour le reste du filament (corps et queue) .— Leurs mouvements, très-vifs et presque insaisissables, consistent surtout en une rapide rotation de leur extrémité céphalique, accompagnée d’oscillations vibratiles de la partie caudale. SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LA PALUDINE VIVIPARE. 215 IULR Si, après avoir rappelé ces faits, relatifs à la morphologie des deux éléments spermatiques complétement formés, nous passons à l’étude des phases successives de leur développement, nous verrons ces deux ordres de spermatozoïdes prendre naissance indépendamment l’un de l’autre, quoique d’après des modes entièrement analogues de genèse. Nous ferons d’abord remarquer que la Paludine ne présente pas les mêmes facilités que l’Æelix au point de vue de l'étude de la spermatogénèse ; tandis que chez l’Aelix il nous avait été facile de saisir, à la fin de l’automne et au commencement de l'hiver, un moment où la glande sexuelle ne contient pas de spermato- zoïdes, mais seulement les formes initiales qui vont se développer en spermatoblastes et ultérieurement en spermatozoïdes; chez la Paludine, au contraire, le testicule est toujours plus ou moins rempli de spermatozoïdes complétement développés. En automne et en hiver, ces éléments voilent presque complétement les for- mes plus jeunes, dans lesquelles on peut alors difficilement rechercher les divers stades du développement ; en avril, la sécrétion continue, mais rémittente, reprenant avec une plus grande intensité; on peut rencontrer en abondance dansle testicule les formes diverses des cellules mères et des spermatoblastes en voie de développement ; mais, ici encore, on ne peut réussir à trouver, comme chez l’AHelir, cette glande sexuelle ne renfermant que des spermatoblastes à un même degré de formation ; tous les stades de développement sont méêlés, et c'est grâce aux connaissances empruntées à l'étude de la snermatogénèse chez l’Helix qu’il devient possible de reconnaître chez la Paludine les formes qu'il faut considérer comme plus jeunes, et celles qui représentent un état plus développé des premières. Ainsi, les fig. 1, ?, 3 et 4 de la PI. IIT, reproduisant les éléments du tes- ticule de la Paludine en avril, nous montrent à la fois des cellules mères (Ag. 3), des grappes de spermatoblastes (fig. 1 et 2), 216 MÉMOIRES ORIGINAUX. et même des faisceaux de spermatozoïdes presque complétement formés (fig. 4, en a). Parmi ces formes, il nous est facile de reconnaître dans la fia. 3 des cellules mères telles que nous en avons déjà rencontrées chez l’Helix ; ces cellules mères se composent d’une masse de protoplasma, sans membrane d’enveloppe distincie, masse dans laquelle on distingue : 1° un gros noyau (NP, fig. 3) de forme ovalaire s’il est vu, comme ici, en coupe optique ; c’est ce que, pour les cellules mères (ou ovules mâles) des spermatoblastes de l’Helix, nous avons appelé lenoyau principal ; —?° un plus ou moins grand nombre de jeunes noyaux, provenant d’une forma- tion endogène. — Les deux cellules mères (ou ovules mâles) que nous avons figurées ici (a et b, fig. 3) sont manifestement de dimensions différentes : la cellule a est, ainsi que son noyau prin- cipal, moins volumineuse que la cellule » et que son noyau; nous allons voir, dans la série de l’évolution, se poursuivre cette même différence de volume entre les spermatoblastes et les grappes de spermaloblasies provenant de chacune de ces cellules jusqu’à ce que nous arrivions, par les éléments de petites dimen- sions, aux petites spermatozoïdes ou spermatozoïdes filiformes, et, par les éléments de grandes dimensions, aux grands spermato- zoïdes ou spermatozoïdes vermiformes. La transformation des cellules mères en grappes de spermato- blastes, pour laquelle nous renvoyons du reste à notre Mémoire précédent, nous est représentée par les fig. 1 et 2. fai La fig. 1 est un fragment de coupe d’un testicule durci par l'acide osmique : les granulations graisseuses qui remplissent le protoplasma de la cellule mère ont été (en x, x) fortement colo- rées en noir par ce réactif, et voilent complétement le noyau principal de cette cellule ; on voit seulement les spermatoblastes rattachés, sous forme d’une grappe peu saillante, à une masse noire granuleuse par laquelle est établie leur adhérence avec la paroi propre du cul-de-sac glandulaire. — Mais si l'on examine une coupe analogue pratiquée sur une glande durcie par l'alcool absolu, on voit très-nettement correspondre au point d'implan- SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LA PALUDINE VIVIPARE. 17 tation (fig. ?) des spermatoblastes un grand noyau ovale ( noyau principal), c'est-à-dire que ces grappes de spermatoblastes sont en tout comparables aux grappes que nous avons décrites chez l’Helix ; elles sont seulement un peu moins saillantes et plus étalées en surface : c’est du reste un caractère qui se montrait déjà dans la forme aplatie des cellules mères de la fig. 3. Dans la fig. L comme dans la /ig. ?, nous avons représenté deux grappes de spermatoblastes: l’une (a) petite etcomposée de petits élé- ments, l’autre(b), plus considérable et composée de spermatoblastes relativement gros. Or, tandis que les grosses grappes ne subissent que lentement leur évolution pour donner naissance aux sper- matozoïdes vermiformes, les petites, au contraire, marchent très- vite vers leur achèvement en spermatozoïdes filiformes, de sorte que déjà à la fin d'avril on trouve (fig. 4) des faisceaux de ces spermatozoïdes (en a) complétement constitués, à côté de grosses grappes de gros spermatoblastes parvenues seulement aux premières phases de leur évolution (bb). — Nous ne nous arrêlerons pas ici sur la formation des spermatozoïdes filiformes : elle a lieu d’une manière identique à ce que nous avons observé pour les spermatozoïdes de l’AHelix, mais d'une manière bien moins facile à étudier, vu les petites dimensions de ces éléments ; de sorte que l’Aelix et la Limace sont encore les meilleurs sujets d’obser- vation pour l’évolution des spermatozoïdes de forme ordinaire. L'étude des grosses grappes de spermatoblastes et leur trans- formation en faisceau de spermatozoïdes vermiformes doit au contraire nous arrêter tout spécialement. Cette transformation est représentée successivement par les fig. 1, 2, 4, 5 et 6. Tandis que dans les fig. 1 et ? les bourgeons dits spermatoblastes (en b) sont encore peu isolés, c'est-à-dire attenants à la cellule mère par des pédicules très-courts, peu visibles, dans la fig. 4 nous voyons se produire un allongement qui donne aux spermato- blastes (en bb) un aspect piriforme. Dans leur portion la plus large se trouve le noyau du spermatoblaste. La fig. 5, empruntée à- un animal étudié vers la fin de mai, nous montre des grappes () identiques aux précédentes el des grappes (c et d) beaucoup 218 MÉMOIRES ORIGINAUX. plus avancées en évolution : 1° Dans la grappe c, les spermato- blastes sont très-allongés, en raquette, remarquables par la dimi- nulion de volume et de netteté de contour de leur noyau (tou- jours situé dans la partie la plus large), remarquables surtout par l'apparition de petits appendices ciliés à leur grosse extrémité. Nous reviendrons dans un instant sur ces transformations intimes du spermatoblaste, mais n’étudions en ce moment que la grappe ou le faisceau qu'il forme; ?° Cette grappe présente en effet déjà l’aspect d’un faisceau, en d (fig. 5) : ici, les spermatoblastes sont très-allongés, presque cylindriques, seulement un peu renflés à leur extrémité libre, qui contient toujours une trace du noyau et porte plus nettement encore que précédemment les appendices ciliés. Enfin la fig. 6 (juin), qui, vu l’inégal développement de grappes voisines, nous présente des éléments dans le même état que précédemment (en &, b, c,), nous montre aussi un faisceau (en d) de spermatozoïdes vermiformes complétement développés, c’est-à-dire formé de filaments à peu près régulièrement eylin- driques, sans traces de noyau à l'extrémité libre. — Dans toutes ces préparations, faites à l’aide de l’acide osmique, le corps de la cellule sur laquelle sont implantés les éléments des grappes ou des faisceaux est représenté par un amas de fines granulations d’un noir foncé (granulations graisseuses colorées par l’acide osmique). Cette rapide étude des grappes de spermatoblastes et de leur transformation en faisceaux de spermatozoïdes montre déjà clai- rement qu’il n’y a pas à chercher, comme l’avaient supposé nom bre d’auteurs, une transformation des spermatozoïdes vermifor- mes en spermalozoïdes filiformes, puisque nous voyons ces deux ordres de spermatozoïdes se développer indépesdamment lesuns des autres, et même les filiformes précéder les autres dans leur évolution. Celle première conclusion, qui en somme est la plus importante de celles où nous voulons arriver, va résulter égale- ment de l'étude plus intime de la formation du spermatozoïde vermiforme dans son gros spermatoblaste, étude qui de plus confirmera les principaux points que nous avons établis pour a spermatogénèse chez l’Aelir. SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LA PALUDINE VIVIPARE. 219 Ce n’est pas sur des coupes, c’est-à-dire sur des grappes ou faisceaux conservés en place, et où les éléments se recouvrent etse voilent réciproquement, que cette étude peut être entreprise, c’est sur les éléments dissociés de testicules pris successivement aux époques précédemment étudiées ( mai et juin). Les pièces fraiches, simplement placées par fragments entre deux verres, sont déjà très-bonnes pour cette étude, parce que le contenu du testicule se dissocie facilement; mais, pour faire de ces éléments des préparations qui puissent être conservées en séries et sou- mises ultérieurement à une étude comparative, il est préférable de se servir d’acide osmique ou de chlorure d'or. Déjà, sur les éléments dissociés d’une glande prise au mois d'avril, nous avons été assez heureux pour voir quelques éléments s'isolant d’une grappe de gros spermaloblastes et se présentant sous la forme représentée dans la fig. 7. On voit ici le sper- malcblaste piriforme avec une extrémité légèrement effilée , il contient son noyau; de plus, chose remarquable, il est déjà pourvu de cils vibratiles : il est done tout à fait comparable à une cellule à cils vibratiles ; il en diffère cependant en ce que ces cils pénètrent assez profondément dans le corps cellulaire et semblent s'implanter sur une petite masse plus foncée que le protoplasma ambiant. Que représente cette petite masse, point de convergence des cils ? C’est ce qu'il nous serait difficile de préciser. Quoique l'aspect représenté dans la fig. 7 ait été observé par nous avec précision un certain nombre de fois, c'est cepen- dant une forme qu'il est assez rare et difficile de bien réussir à isoler, et 1l est surtout difficile de rencontrer les stades de déve- loppement qui succèdent immédiatement à celui-ci. Ce que nous avons observé le plus souvent comme état plus avancé d'évolution, c'est la forme représentée par la fig. 8, où, dans le spermato- blaste conservant encore son noyau, est déjà apparu le corps cylindrique du futur spermatozoïde , avec les cils adhérents à l’une de ses extrémités. La petite masse sombre qui dans la fig. T formaii le point de convergence des cils était-elle donc le premier rudiment du corps du spermatozoïde ? Mais alors où est 220 MÉMOIRES ORIGINAUX. le globule céphalique, dont on constate si facilement la présence précoce dans les spermatoblastes de l’Æelix ? Ge sont à des ques- tions auxquelles nous ne saurions répondre, voulant ici rappor- ter uniquement des faits observés et non émettre des hypothèses; nous pouvons cependant remarquer que sur le spermatozoïde ver miforme achevé, la tête est relativement assez peu disüncete, et que par suile il n'est pas étonnant que le globule céphalique, pre- mière trace de son apparition, puisse demeurer complétement in- visible. C’est par l’acide osmique, parfois aussi avec le chlorure d’or, et toujours en colorant les préparations par l’hématoxyline, que nous avons obtenu les aspects représentés fig. 7 et 8. Dans les préparations dissociées sans réaclif, on ne distingue, dans l'inté- rieur du spermatoblaste plus ou moins allongé, aucune partie en dehors du noyau (fig. 9). De sorte qu’on serait tenté de croire que le spermatozoïde vermiforme se produit purement et simplement par une élongation successive de la substance même du spermatoblaste; mais, toutes les fois qu'après avoir fixé l'élément avec un réactif approprié on le colore conve- nablement, on voit que le corps du spermatozoïde se forme, comme du reste nous l’avons vu pour les spermatozoïdes de l’Ae- liæ, dans l’intérieur du spermatoblaste (fig. 18); on rencontre du reste souvent des aspects tels que celui représenté par la fig. 11, et où le spermatozoïde, bien distinct dans le spermatoblaste, dé- passe celui-ci par chacun de ses bouts. Enfin, en opérant la dissociation sur des teslicules pris en mai et juin, on obtient sur des spermatoblastes plus avancés (en forme de raquette très-allongée) des préparations encore plus démon- stratives et telles que nous les avons représentées dans la fig. 12. À cette époque il suffit, pour obtenir l'aspect que nous allons décrire, de dissocier des testicules macérés pendant vingt-quatre heures dans l’alcool étendu de deux fois son volume d’eau, puis de colorer parle picro-carmin. Ici nous voyons (fig. 12, a etb)le spermatozoïde bien distinct dans le spermatoblaste, et d'autant plus distinct que, par l'effet du réactif, il s’est contourné en une SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LA PALUDINE VIVIPARE. 221 série d’ondulations irrégulières; le spermatoblaste qui le contient renferme encore une trace de noyau, lequel ne prend donc,’ bien évidemment, aucune part à la formation du spermatozoïde. Dans ces mêmes préparations, on rencontre des spermatozoïdes vermiformes à peu près achevés (c, fig. 12), c’est-à-dire qu'ils émargent par les deux tiers de leur longueur (portion antérieure) des faibles restes de protoplasma du spermatoblaste, restes accu- mulés en une masse piriforme vers l'extrémité où s’implantent les cils. Que ce reste de protoplasma du spermatoblaste soit en- tièrement résorbé, et nous nous trouverons en présence du sper- matozoïde vermiforme à l’état qu’on pourrait appeler adulte, c’est- à-dire achevé, et tel qu'il est représenté dans la fig. 18, en b. Avant de tirer de ces faits, relatifs à l’évolution des sperma- tozoïdes vermiformes, les conclusions qui en découlent, nous de- vons encore exposer les résuliats de quelques expériences sur l’action comparée de divers réactifs sur les spermatozoïdes ver- miformes et filiformes. On sait que, d’une manière générale, on produit avec l’eau distillée, les acides, les alcalis, des modif- cations plus ou moins spéciales des diverses parties dont se com- pose u spermatozoïde'. Nous avons, pour chercher par ces moyens à établir une homologie entre les diverses parties des spermatozoïdes vermiformes et filiformes, examiné parallèlement sur chacun d'eux l’action de divers réactifs, et nous signalerons plus particulièrement celle de l’eau, de l’acide acétique et de l'acide chromique. Par l’action de l’acide acétique (fig. 14), les spermatozoïdes fili- formes sont très-modifiés : la base de la têle se renfle fortement (fig. 14, c), de telle sorte que, des cinq ou six tours de spire que _ présente normalement la partie céphalique, les deux tours extré- mes restent seuls intacts, les autres élant remplacés par une dile- tation plus ou moins globuleuse, que le carmin colore ensuite fortement ; Le corps (a, fig. 14) du spermatozoïide présente des contours plus distincts ; enfin son extrémité, la portion caudale 1 Voyez : La Valette Saint-Georges (in Stricker, tom. I). 222 MÉMOIRES ORIGINAUX. proprement dite (, fig. 14), devient diffuse etcomme à demi dis- soute. — Cette dernière modification est la seule qui se produise bien distinctement sur le spermatozoïde vermiforme : en effet, à peine peut-on dire que sa tête (d, fig. 14) se soit un peu gon- flée; son corps (c) a peut-être acquis des contours plus distincts, mais ses filaments vibratiles (f) sont devenus diffus et souvent ne forment plus qu'un léger nuage floconneux. — Comme com- plément à ces indications, ajoutons que souvent le spermatozoide filiforme se contourne doublement (x, fig. 14), et au point de jonction entre la tête et le corps, et au point de jonction avec le corps et la partie caudale proprement dite. Pour bien mettre en évidence la portion céphalique des sper- matozoides vermiformes, nous n'avons obtenu de bons résultats qu'avec le chlorure d’or; ce réactif dessine très-nettement les contours de la tête, et, accentuant le rétrécissement qui la sépare du corps, il lui donne, peut-être selon la position d’où est vu l'é- lément, la forme d’une petite palette droite ou parfois courbe (fig. 15). Ces faits nous montrent déjà que les deux ordres de sperma- tozoïdes sont tous deux composés de trois parties distinctes, que nous avons déjà nommées dans les descriptions qui précèdent : tête, corps et partie caudale ; la partie caudale des spermato- zoïdes vermiformes n’est autre chose que leur pinceau de als vibratiles ; c’est une queue composée de plusieurs filaments (8 à 10); mais on sait que chez nombre d'espèces animales les sper- matozoïdes ont une queue multiple et notamment composée de deax filaments *. Le corps (c, fig. 14) du spermatozoïde vermiforme est aussi l’homologue du corps (a, fig. 14) du spermatozoïde filiforme ; c’est du moins ce que tend à démontrer l’action de l’eau distillée : ce réactif produit sur les spermatozoïdes filiformes une double 1 Notamment chez le Crapaud. (Voyez les Leçons de Balbiani publiées dans le Journal de Micographie; et G. Balbiani, Lecons sur la génération des Vertébrés, 1879, pag. 150.) SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LA PALUDINE VIVIPARE. 223 brisure ou courbure qui amène souvent un enroulement plus ou moins complet(comme du reste en +, fig.1 4), par l’action del’acide acétique ; l’unedeces courbures se produitau niveau dela jonction de la tête avec le corps, et l’autre au niveau de la jonction du corps avec la partie caudale. Or, en examinant ces points de courbures et d’enroulement, on voit qu’ils sont le siége (a,a, fig. 16) d’un gonflement particulier des parties correspondantes (les deux ex- trémités du corps du spermatozoïde); ces points se dilatent en une vésicule très-transparente et qu'il devient facile de distinguer lorsque la courbure va jusqu’à l’enroulement (formation d’une boule). — Or, dans les mêmes circonstances, les mêmes aspects de brisure, n’allant cependant que rarement jusqu’à l’enroulement, se produisent, par la même dilatation vésiculaire (4, À, fig. 16), aux deux extrémités du corps des spermatozoïdes vermiformes. Par l’action de l’acide chromique dilué (3 sur 1000 d’eau), il ne se produit qu'une seule courbure avec enroulement (boucle) sur les spermatozoïdes filiformes et vermiformes; cette courbure (fig. 17) siége à la jonction de la tête avec le corps, sur l’une comine sur l’autre espèce de spermatozoïdes. Il est encore une circonstance dans laquelle nous devons indi- quer les modifications des spermatozoïdes : c’est celle de leur mort naturelle dans la chambre humide. A cet effet, nous dispo- sons sur une lame porte-objet un mince anneau de moelle de su- reau ; cet anneau est imbibé d’eau, de telle sorte que, recouvert d’une lamelle couvre-objet, il constitue par son espace central, li- mitéd’autre partentre lame et lamelle, unechambre humide. Quand on dépose sur la face inférieure de la lamelle, avant d’en recou- vrir l’anneau de sureau, une goutte du liquide blanc crémeux exprimé du testicule de la Paludine, on peut voir pendant plu- sieurs heures les deux espèces de spermatozoïdes se mouvoir sous le microscope, leur dessiccation étant empêchée par le fait de leur disposition en chambre humide. Or, si l’on conserve de vingt- quatre à quarante-huit heures une semblable préparation, en ayant soin de prévenir la dessiccation de l’anneau de sureau, on constate qu'environ au bout de trente-six heures tous les spermatozoïdes 224 MÉMOIRES ORIGINAUX. vermiformes sont morts, el qu’on a peine à en retrouver trace, leur -corps s'étant comme dissous dans le liquide ; les spermatozoïdes filiformes sont au contraire encore très-reconnaissables, quelques- uns sont encore agités de faibles mouvements; les autres, quoique immobiles et morts, ont encore conservé toutes leurs parties carac- téristiques, comme le montre la fig. 13; on voit même que dans ces conditions quelques parties de leurs contours se sont plus accen- tuées (fig. 13). Ce fait de la disparition, pour ainsi dire par fonte et dissolution, des spermatozoïdes vermiformes, n’est pas sans importance, car nous verrons bientôt que Baudelot s’ap- puie sur ce fait même, observé dans d’autres circonslances, pour considérer les spermatozoïdes filiformes comme la seule forme définitive, dont les tubes cilifères n’auraient élé qu'une phase de développement. IT. Les opinions émises sur la nature des deux ordres de sperma- tozoïdes de la Paludine, et plus particulièrement sur la significa- tion des filaments vermiformes, présentent les plus singulières fluctuations. Le premier auteur qu'ilconvient de citer, et dansl’ordre dedate et dans l’ordre d'importance, C. Siebold, pensa d’abord à voir dans les spermatozoïdes vermiformes une phase du développe- ment des filiformes ; puis, dans un Mémoire publié en 1836 ‘ et dans lequel il étudie avec soin l’action des différents réactifs sur les spermatozoïdes (0p. cit., pag. 247) et l’évolution des fila- ments vermiformes (/bid., pag. 249), il s’attacha à démontrer, par l’étude de l’évolution, l'indépendance de ces deux ordres de spermalozoïdes*; mais, il faut le dire, les figures sur lesquelles it 1 Carl von Siebold; Ueber die Spermalozoen der wirbellosen Thiere. (Archiv. f. Anat., physiol. von J. Muller, 1836, pag. 245.) 2 Car! Siebold; Qp. cil., pag. 250. . « Peut-on suivre le développement des spermatozoïdes filiformes ? Au début de mes recherches, je fus tenté de penser que ceux-ci proviendraient des spermato- SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LA PAILUDINE VIVIPARE. 225 s'appuie ne sont rien moins que démonstratives, et telles que quelques auteurs, s'en tenant à l'examen de ces figures, ont pu at- tribuer à Sieboid nne opinion contraire à celle dont il s’est à cette époque fait le premier défenseur. Du reste, Siebold n’était pas lui-même bien convaincu par sa propre démonstration, car quel- ques années plus tard, dans son Traité d'Anatomie comparée, il revient sur celte question, et cette fois il veut voir dans les fila- ments vermiformes, non pas des spermatozoïdes, mais des sper- matophores?. zoïdes vermiformes, qui représenteraient une sorte de tube contenant les sperma- tozoides filiformes ; les mouvements de leurs cils vibratiles semblaient confirmer cette opinion, et ces cils auraient été considérés comme une extrémité déjà libre des éléments filiformes. Cette interprétation erronée se présente surtout lorsqu'un spermatozoïde fiiforme, mort et immobile, se trouve accolé à un spermatozoïde vermiforme, et, par les mouvements de ce dermer, semble se détacher suc- c?ssivement au milieu des cils de l'extrémité libre ; on dirait alors que le pre- mier spermatozoïde émerge du second. Mais une observation plus atlentive m'a permis de constater que tous les aspects de ce genre ne sont que des apparences trompeuses. Du reste, les considérations suivantes me paraissent propres à réfu- ter toute idée de parenté entre ces deux formes. Les filiformes se meuvent avec vivacité et en serpentant , tandis que les spermatozoïdes vermiformes n’ont que des mouvements d'oscillation pendant lesquels ils présentent toujours une certaine raideur ; d'autre part, jamais je n'ai pu apercevoir dans le corps trans- parent des vermiformes la moindre apparence qui rappelle la partie contournée en vrille des spermatozoïdes filiformes.Enfin, avec quelque attention qu'on examine le produit séminal, on n'y rencontre jamais de tubes vides, c’est-à-dire de sper- matozoïdes vermiformes ayant perdu leurs cils vibratiles. » { Notamment les fig. 9 et 10 de son Mémoire ( Arch. f. Anat. Physiol. von d. Müller, 1836) sont telles qu’elles ont pu être cause qu’on lui ait attribué l'opinion que les filiformes proviendraient des vermiformes. ? Nous pensons devoir donner ici intégralement le passage en question : « L'existence de deux espèces de spermatozoïdes dans le sperme dela Paludina vivipara est un fait très-remarquable. Outre les spermatozoïdes capillaires men- tionnés plus haut, il existe encore de longs cils cylindriques, à l'une des extrémi- tés desquels font saillie plusieurs filaments grêles qui exécutent des mouvements très-vifs. Ehrenberg (Symbolæ physic. Anim. Vertebr. Decas, I, appendice) les a décrits comme des parasites sous le nom de Phaceluru paludinæ. Paasch les re- garde, au contraire, comme des faisceaux de spermalozoïdes de forme normale, et Kælliker a pris ces deux formes pour des états différents d’une seule espèce de spermatozoïdes; il considère la seconde comme étant des cellules mères allongées renfermant plusieurs spermatozoïdes ordinaires. Pour ma part, je ne sais trop com- 15 296 MÉMOIRES ORIGINAUX. En 1850 parut le Mémoire de Leydig sur l’anatomie et le dé- veloppement de la Paludine ;, l'étude histologique de l’appareil génital de ce Mollusque est une des parties les plus complètes de ce travail‘. Après avoir rappelé les travaux de Siebold et de Paasch *, lequel avait considéré les spermatozoïdes vermiformes comme un faisceau de spermatozoïdes filiformes, Leydig déclare (Op. cit., pag. 182) que pour sa part il n’a pas pu suivre complé- tement le développement de ces derniers; pour ce qui est des premiers, il décrit avec soin tout ce que peuvent donner, relati- vement à leur formation, les préparations faites par dissociation. Dans ces conditions, il est évident que Leydig n’a pu voir en place les grappes de spermatoblastes, et que par suite il parle de cellules filles devenues libres *. A part cette interprétation, résul- tant fatalement du mode de préparation, sa description est par- faitement exacte, si ce n’est toutefois encore lorsqu'il parle (voyez ment expliquer ce fait, et je rangerais volontiers la seconde forme dans la catégorie des spermatophores s'il n’y avait pas à objecter contre cette opinion, de même que contre celle de Paasch et de Kælliker, qu'on ne rencontre jamais sur la seconde forme les extrémités épaissies et contournées en spirale qui sont propres à la première, et que toutes deux se développent simultanément dans le testicule.» Siebold (in. Anat. comp., par Th. de Siebold, et H. Stannius, trad. fr. , 1850, tom. I, pag. 339.) , 1 Franz Leydig, Ueber Paludina vivipara. Ein Beitrag zur Kenntniss dieses Thieres, in embryologischer, anatomischer und histologischer Bezichung. (Zeil- schrift. f. wissenschftl. Zoologie, Bd. 2, 1850, pag. 128.) 2 Paasch; Ueber das Geschlecht syst. einger Zwitlerschnecken — (Wiegman's Arch. f. Naturgesch., 1843, pag. 49.) 3 Leydig (Op. cit., pag. 183) : « Les spermatozoïdes vermiformes dérivent d’une vésicule renfermant ur grand nombre de petites cellules entremêlées de granula- tions d'un jaune orange, souvent si nombreuses qu'elles rendent toute la prépa- ration opaque. Cette vésicule mère des spermatozoïdes vermiformes ressemble du reste à la cellule mère des spermatozoïdes filiformes, mais elle est au moins deux fois plus volumineuse; les cellules filles qu'elle contient sont aussi plus grosses que les cellules filles des autres vésicules. Ces cellules filles, devenues libres, chan- gent de forme; de sphériques, elles deviennent allongées , présentant d’abord un prolongement dans un seul sens, puis un second prolongement dans le sensopposé, le noyau demeurant dans la partie moyenne. Ce noyau s’atrophie successivement, le corps de la cellule devient cylindrique, et l'une de ses extrémilés se fendillepour former le pinceau de cils vibratiles.» SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LA PALUDINE VIVIPARE. 227 la note ci-dessus) de la formalion des cils caudaux par fendille ment d’une extrémité allongée de la cellule ; nous avons vu, au contraire, que ces cils apparaissent de très-bonne heure sur le spermatoblaste dont ils émergent, de manière à donner à celui- ci l’aspect d’une cellule à cils vibratiles. Toujours est-il que Leydig arrive à cette conclusion (pag. 185) : «Qu'il se développe deux espèces distinctes de spermatozoïdes , et que les études faites sur l'appareil femelle montrent ces deux espèces toutes deux présentes dans l'enveloppe albumineuse de l'œuf ; les sper- matozoides vermiformes ne sont donc pas uno forme non mûre, un stade de développement des autres spermatozoïdes. » Ce dernier fait est important à noter ; il suffira pour réfuter l’hypo- thèse de Baudelot. Quoique Kælliker n'ait pas étudié directement les spermato- zoides de la Paludine , le nombre et l'importance de ses travaux sur la spermatogénèse sont trop considérables pour que nous ne rappelions pas ici son opinion : « La Paludine vivipare, dit-il", est célèbre par ses deux formes de spermatozoïdes, déerits pour la première fois d’une manière complète par Siebold. Quoique je n’aie pas eu occasion d'étudier ce Gastéropode, qu'on ne ren- contre pas dans les environs de Zurich, je suis de plus en plus confirmé dans l'opinion déjà émise par moi (Ueber die Samen- flussigkeit wirbelloser Thiere, pag. 63), puis par Paasch, à savoir: que toutes les formes décrites par Siebold ne sont que des stades de développement d’une seule et même espèce de spermatozoïdes; les derniers doutes qui m'étaient restés à ce sujet, notamment eu égard aux dimensions de ces spermatozoïdes, me paraissent faciles à résoudre. En effet, je considère les prétendus gros sper- matozoides comme des cellules mères allongées renfermant plusieurs spermatozoïdes proprement dits, déjà libres par leurs extrémités caudales ; c’est là un aspect que les celluies mères montrent souvent chez les Æelir, dans les stades intermédiaires 4 À. Kœælliker; Die Bildung der Samenfæden in Blæschen, als allgemeine Ent- wicklungsgeselz, pag. 41 et 42. 298 MÉMOIRES ORIGINAUX. de leur développement. Il est cependant étonnant de trouver à ces cellules mères allongées une configuration si uniforme, et de les rencontrer dans les femelles fécondées ; mais ce fait, excep- tionnel chez les Gasléropodes, nesaurait suffire pour faire consi- dérer ces cellules comme représentant une véritable espèce de spermatozoïdes simples.»—Ce que nous avons dit précédemment suffit pour réfuter l'interprétation de Kælliker. Nous terminerons par le passage que Baudelot consacre à celte question. Quoique le travail de Baudelot soit plus connu que les précédents, il importe de reproduire ici ces lignes". .….. Le testicule, en se déchirant, laisse écouler un liquide jaunâtre assez épais. — Lorsqu'on soumet ce liquide au micros cope, on y distingue deux espèces de corps sur la nature desquels on est loin d’être tombé d’accord jusqu'ici. Parmi ces corps, les uns ressemblent à de petits filaments dont l’une des extrémités est contournée en spirale ; les autres, beaucoup plus gros, offrent l'aspect de tubes effilés par un bout el surmontés à l’autre d’un petit pinceau de cils vibratiles. Pour faciliter la description, je désignerai désormais les premiers sous le nom de filaments à tète spirale et les seconds sous celui de tubes cilifères. Ces deux espèces de corps se meuvent avec une extrême rapidité... .... Ehrenberg a décrit les tubes cilifères comme des parasites, sous le nom de Phacelura paludinæ. Paasch les regarde au contraire comme des faisceaux de spermatozoïdes de forme normale. Kœlliker a pris les deux formes pour des états différents d’une seule espèce de spermatozoïdes, les tubes cilifères étant des cellules mères allongées renfermant plusieurs spermatozoïdes ordinaires ; contrairement à cette manière de voir, Gratiolet pense que ce sont les filaments à tête spirale qui donnent naissance aux tubes cilifères en subissant une espèce de méta- morphose. Enfin quelques savants ont regardé ces deux produits comme deux espèces différentes de spermatozoïdes.— D’après mes 1E. Baudelot; Recherches sur l'appareil générateur des Mollusques Gastéropodes. (Thèse Faculté des Sciences de Paris, 1863, pag, 80.) SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LA PALUDINE VIVIPARE. 220 propres observations, j'ai acquis la certitude que ni l’opinion d'Ehrenberg ni celle de Gratiolet n’ont pour elle l'appui des faits, et je vais donner ici les raisons qui militent contre elles : 10 La présence constante des tubes cilifères dans le testicule doit écarter l’idée de parasitisme; ?° Il est facile de suivre toutes les phases du développement des tubes cilifères, depuis l’état de simple cellule jusqu'à celui où ils se présentent habituellement, ce qui prouve d'abord que ces corps ne sont pas des parasites, et ensuite qu'ils ne proviennent pas des filaments à tête spirale ; 3° J'ai examiné souvent pendant l'hiver le sperme contenu dans le réservoir séminal de la Paludine femelle : il m’est arrivé trois fois de ne plus trouver dans ce sperme que des filaments à tête spirale, l’autre espèce de filaments avait complétement disparu. Or, en l'absence de preuves directes, cetle disparition des tubes cilifères dans un organe où le sperme doit nécessairement revêtir ses qualités définitives, nous indique clairement qu'ils ne sont qu'une forme transitoire et que le filament à tête spirale représente bien le zoosperme à l'état parfait. Reste maintenant à savoir si le tube cilifère renferme seulement un ou bien plusieurs sperma- tozoïdes ; c’est là, je l'avoue, un point encore douleux.» En présentant, sur l'hypothèse de Baudelot, Les observations critiques qui résultent de l'exposé des faits précédemment éludiés, nous donnerons en même temps nos conelusions : io Si les deux ordres de spermatozoïdes ne se trouvent pas toujours dans les organes de la femelle, c’est que les vermiformes se détruisent et disparaissent facilement, tandis que les filiformes résistent à la destruction). Du reste, l’observation de Leydig monire qu'on peut retrouver les deux formes dans l'enveloppe albumineuse de l'œuf. 2° En étudiant, aux diverses saisons de l’année, le développe- ment des spermatozoïdes de la Paludine, on voit que les vermi- formes et les filiformes se développent indépendamment les uns des autres (faits déjà bien entrevus par Siebold et par Leydig). 3° Pour acquérir cette démonstration, il ne saurait suffire de 230 MÉMOIRES ORIGINAUX. préparations faites par dissociation, mais il faut, sur des pièces convenablement durcies , suivre la formation des grappes de spermatoblastes, qui, avec des caractères distincts dés le début, se transforment, les uns en spermatozoïdes filiformes, les autres en spermatozoïdes vermiformes (tubes cilifères de Baudelot ). Telle est la recherche à laquelle nous nous sommes plus spéciale- ment appliqué dans le présent travail *. EXPLICATION DE LA PLANCHE Ill. Fi. 1. — Fragment d’une coupe du testicule de Paludina vivipara en avril; pièce durcie par l’acide osmique : b, grosse grappe de gros spermatoblastes; — a, petite grappe de petits spermatoblastes; — à,a, cellule mère représentée par d’abondantes granulations graisseuses noircies par l'acide osmique. Fi. 2. — Même objet, pièce durcie par l'alcool absolu ; aussi voit-on (en NP, NP), le noyau principal de la cellule mère de la grappe de spermatoblastes. FiG. 3. — Cellules mères contenant un noyau principal (NP ) et une abondante génération de jeunes noyaux. L'une de ces cellules (a) est moins volumineuse et composée d'éléments plus petits que la cellule b. F1G. 4. — Fragment d'une coupe du testicule de la Paludine à la fin d’a- vril; — a, un faisceau de spermatozoïdes filiformes déjà constitués ; — b, b, grappes de gros spermatoblastes. Fic. 5. — (Fin mail; à, petite grappe de petits spermatoblastes ; — a’,@’, faisceaux de petits spermatoblastes; — c, grappe de gros sper- matoblastes; — b,:bid., à un état plus avancé. Fic. 6.— (Juin); a, faisceau de spermatozoïdes filiformes; — b,b, grap- pes de gros spermatoblastes ; — c, faisceau de gros spermatoblastes très-allongés; — d, faisceau de spermatozoïdes vermiformes. Fi. 7 et 8. — Gros spermatoblastes obtenus (en avril par dissociation et coloration avec l’hématoxyline. 1 Depuis le Mémoire de Baudelot, les spermatozoïdes de la Paludine n'ont été, à notre connaisance, l’objet d'aucune recherche particulière. La Valette Saint- Georges, qui s'est spécialisé dans l'étude des spermatozoïdes, n’accorde à ceux de la Paludine qu’une courte mention, et en donne une très-mauvaise figure (/andb. de Lehre v. Geweben, v. Stricker. Bd. 1, pag. 178, fig. 532), dans laquelle les cils caudaux sont représentés aussi épais que le corps du spermatozoide. SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LA PALUDINE VIVIPARE. 251 Fic. 9. — Spermatoblastes (mai) obtenus par dissociation sans réactif (dans la lymphe de l'animal). Fig. 10. — Même objet, mais après l’action de l’acide osmique. Fic. 11. — Jd. — =— — Fig. 12. — Spermatoblastes { mai-juin ) obtenus par dissociation après macération de vingt-quatre heures dans l'alcool au tiers { Eau : 2; al- cool à 36 : l); coloration par le picro-carmin. Fic. 13. — Spermatozoïde filiforme examiné après mort naturelle dans la chambre humide. (Dans les mêmes conditions, les spermatozoïdes ver- miformes finissent par se dissoudre et disparaître à peu près complé- tement.) Fic. 14. — Action de l’acide acétique. — ( Coloration ultérieure par le earmin.) Fra. 15. — Actioz du chlorure d’or. Fic. 16. — Action de l’eau distillée et des alealis forts. Fig. 17. — Action de l’acide chromique. Fic. 18. — Spermatozoïdes intacts : À , spermatozoïde vermiforme (a, tête; b, cils caudaux vibratiles); — B, spermatozoïdes filiformes {c, tête en pas de vis; d, extrémité caudale). (Gross. 500.) HPSMSIPULES CON EE OR S CAIN CEE ED 2 NS OL A SROCIEAUER Par le Dr D. CLOS. A. — DES STIPULES A L’INFLORESCENCE. Dès 1827, De Candolle reconnaissait la nature des bractées stipulaires. «Les bractées, dit-il, sont souvent triples ou trifides, et, dans ce cas, les deux latérales ou les deux lobes latéraux de la bractée, unique en apparence, sont les rudiments des stipules; ainsi, dans les plantes où les stipules sont distinctes du pétiole, on trouve souvent, soit à la base des branches florales, soit à la base 1 Ce Mémoire est le résumé d’une Communication faile par Mr D. Clos à l'Aca- démie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse. 232 MÉMOIRES ORIGINAUX : des pédicelles, trois bractées distinctes dont les deux latérales sont les plus petites. Dans les plantes où les stipules adhérent au pétiole, on trouve souvent des bractées à trois lobes ; quelque- fois les stipules conservent dans cet état de bractées un assez grand développement, et la vraie feuille avorte en tout ou en partie.» De Candolle constatail aussi dans le Cliffortia l’exis- tence de deux stipules remplaçant une bractée (Organogr., [, 400). Douze ans après, Steinheil écrivait : « Dans les Géraniums à pé- doncules biflores, on voit très-bien des bractées formées par deux stipules dont la feuille a avorté»; et encore : « Pour moi, fort de l'appui que je trouve dans l’opinion émise par M. De Candolle, je reconnais que dans les Papillonacées chaque fleur naît à l’aisselle d’une bractéole solitaire représentée le plus souvert par deux petites stipules (in Ann. Sc. nat., Bot., 2° série, XI, 186). De son côté, M. Bentham proclamait ainsi cette origine des bractées des Légumineuses : «It is far more frequent in Legu- minosæ that the bracts are formed by stipules, than the main leaves» (in London Journ. of Bot., VII, 585-586). Mais l'observation démontre que le nombre de plantes à brac- iées stipulaires est très-considérable; en dehors des Papillonacées, des Geranium, des Cliffortia, on les trouve réunies en séipulium (calicule des auteurs) chez la plupart des Malvacées' et des Géraniacées, chez les Hélianthèmes, plusieurs Rosacées”?, et dans use revue récente des familles de plantes envisagées sous ce rapport *, j'ai pu me convaincre de ja fréquence des bractées sti - pulaires : elles existent chez plusieurs Rubiacées appartenant notamment aux tribus des Cinchonées (Cinchona), Rondélétiées (Rondeletia) , Hédyotées * (Oldenlandia ramosa), Muyændées 1 Voy. le Bull. de la Soc. Bot. de France, tom. I, pag. 298-303. 2 Jbid., tom. IT, pag. 5, tom. IV, pag. 185-1992. 3 Travail inséré dans les Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse pour 1878, pag. 117. On y trouvera la preuve tes assertions émises dans cette Note, relativement aux genres ou aux espèces cités dans chaque famille. 4 Dans le genre Hedyotis, l'involucre de la section Znvolucrella (ia Benth. et Hook , Genera, II, 57) paraît être formé par des stipules. STIPULES A L'INFLORESCENCE ET DANS LA FLEUR. 290 (sertia coccinea, Urophyllum, Sabicea), Haméliées (Berteria), Ixorées (Iæora), Coussaréées (Faramea), Psychotriées (Psychotria), Anthospermées (Coprosma). Dans presque toutes les tribus des Légumineuses, les épis ou les grappes, inflorescences les plus fréquentes, ont des bractées stipulaires, les feuilles disparaissant le plus habituellement au voisinage des fleurs ; je crois suverflu de reproduire ici les exemples que j’ai cités dans le travail men- tionné, le fait ayant élé, comme il a été dit d’abord, reconnu par De Candolle, Steinheil et M. Bentham. Chez les Pomacées, la sature stpulaire des bractées est manifeste dans Amelanchier, Eriobotrya japonica, Pirus Pollveria, dialus baccata, Cydonia vul- garis, C. chinensis, Sorbus terminalis, S. scandica, plusieurs Ra- phiolepis, Cratægus et Cotoneaster, Siranwæsia glaucescens, etc. Les familles suivantes offrent encore, notamment dans quelques genres ou espèces, des braciées stipulaires : Guttifères (Tourou- lia), Sapindacées (Paullinia, Nataha), Maïpighiacées (Coleosta- chys, Bunchosia, Echinopteris, Heteropteris, Triaspis, Byrsonima, Galphimia, Peirotoa, etc.), Erythroxylées ( £rythroxylon), Sa- mydées (fomalium), Balsamifluées (Liquidambar), Hamaméii- dées (Corylopsis, Parrotia, Disiylium), Passiflorées (les Pussiflora orbiculäta, Murucuia, biflora, rotundifolit, quadrangularis, holosericea, où les bractées sont réunies en stipulium), Bégoniacées (Begonia Galeottiana, bulbillifera, angustiloba), Rosacées (Rosa, Ancistrum repens, Fragaria collina, F. virginica, Geum triflorum, de nombreuses Potentilles), Trigoniacées (Trigonia Cepo), Gélastri- nées (£læodendrum australe), Ochnacées (Luxemburgia), Tiliacées (Sparmannia, Greffæa, Luhca rufescens, Triumfetta Fabreana, icrocos tomentosa, le stipulium étant pluriflore dans le premier genre, uniflore dans les trois autres espèces), Chlénacées (Schi- colæna rosea, à slipuliums üGimères), Bombacées (Adansonia, Cheirostemon, munis aussi, près de la fleur, de bractées verticillées), Sterculiacées (Sterculia Tvira), Hélictérées (Æelicteres brevissima., Myrodia, Pterospermum semisagittatum), Bythnériacées (Comsner- sonia), Dombeyées (Trochelia triflora), Biébersteiniées (Bieber-- steinia), Hugoniacées (Hugonia), Maguoliacées (Magnolia pumila, 294 MÉMOIRES ORIGINAUX. M. Figo), Garyophyllées-Alsinées (Spergularia), Caryophyllées- Polycarpées (Polycarpæa, Microphyes), Paronychiées (Paronychia, où la ressemblance des bractées et des stipules a été signalée par plusieurs phytographes), Polygonées (Polygonum, Rumex), Eu- phorbiacées (4manoa bractcosa), Urticées (Pouzolzia, Margaro- carpus), Cannabinées (Écailles des cônes du Houblon), Ulmacées (« stipulæ... nunc in inflorescentiis ia bracteas conversæ», écrit M. Planchon de cette famille }. Les Pomacées et les Amygdalées méritent à cet égard une menlion particulière. C'est un phénomène d’un haut intérêt que de pouvoir constater des modifications analogues dans les bourgeons foliaires et flo- raux, quant aux rapports des écailles et de leurs stipules. Da Candolle a figuré dans son Organographie, tab. XXI, les transi- tions que montre l’écaille du Pirus hybrida dans son passage à la feuille et aux stipules; ce n’est d’abord qu’une écaille ovale, fusion de la gaine et des stipules (jig. 7), écaille qui ne tarde pas à offrir au sommet trois pointes, représentant les stipules avec un premier rudiment de feuille (fig. 8); et enfin la pointe médiane se détache sous la forme de feuille pétiolée (/ig. 9). J'ai pu suivre ces mêmes phases de développement sur les rejets du Xerria japonica. Les bourgeons floraux ou boutons les montrent aussi chez quelques arbres avec une entière évidence. Le Coignassier de la Chine a les boutons à fruits formés d’écailles bilobées, et, entre les lobes des écailles internes, on trouve un rudiment de feuille plus développé qu'entre les lobes des écailles extérieures : «On reconnait, dit Poiteau, ces rudiments de feuilles en ce qu'ils sont sensiblement velus, tandis que les écailles, qui ne sont que des stipules, sont glabres » (Pomologie ). Dans les boutons du Cerisier, les écailles les plus intérieures se rétrécissent, deviennent trifides, le lobe médian étant parfois remplacé par une petite feuille pétiolée, les deux lobes latéraux formant des stipules. Enfin, M. Rossmann 3 fait sur plusieurs plantes, et notamment sur le Prunus Padus, des observations pleinement confirmatives STIPULES A L'INFLORESCENCE ET DANS LA FLEUR. 239 des précédentes, constatant que les bractées de cet arbre sont des phyllodies formées du pétiole et des stipules soudées avec lui ‘. Modes de formation des bractées stipulaires. — I] convient de distinguer sous ce rapport les plantes à stipules caulinaires de celles qui les ont pétiolaires ; chez les premières, tantôt les feuilles s’atténuent pour former avec les stipules trois bractées, soit distinctes, soit connées (nombre de légumineuses, de Rosacées, de Malvacées); tantôt la feuille disparaît, et il ne reste surl’axe que lesstipules (nombreux Geranium et Pelargo- nium ); chez les secondes , ces deux modes se présentent avec cette modification que les deux stipules deviennent connées dans toute leur longueur, par suite de l’avortement total du limbe de la feuille ‘plusieurs Rosiers, les Potentilla alba, caulescens, crassiner- via, petiolulata, etc.) ou que, connées à leur base, elles divergent au sommet, laissant sortir de l’angle de séparation un rudiment de feuille (quelques Rosiers et la plupart des Potentilla à feuilles digitées, les P. potentilloïides, alpestris, collina, hirta, inter- media, etc.), ces deux dispositions pouvant se présenter sur une même espèce (?. Fragariastrum). M. Müller, dans sa Monographie des Euphorbiacées, écrit: 1° Des Amanoa bracteosa et strobilacea : «Bracteæ... dorso sub apice breviter stipulari-bilobæ, secundæ et ulteriores, tota \VE fere tota longitadine stipulares. . binerviæ, sc. e stipulis duabus bracteæ ipsius obsoletæ formatæ...(in DG., Prod., XVI, 220) ; 2° Dans la description du genre Bridelia : « Bracteæ stipulares, se. limbo destitutæ, profunde bicuspidatæ, interdum rudimento limbi præditæ et tune tricuspidatæ. » (Jbid., 492.) B. — DES STIPULES DANS LA FLEUR. J'ai montré jadis (/oc. cit.) que les calices des Géraniacées sont formés par les stipules. M. Fermond dit avoir vu deux verticilles 1 «Es sind Phyllodien, bestehend aus dem Blattstiele und den ganz mit him verwachsenen Nebenblaettern » (Phyllomorphose, pag. 29 ). 235 MÉMOIRES ORIGINAUX. calicinaux, au lieu d’un seul, chez le Geranium Robertianum et l’Erodium alpinum (Essai de Phytomorph., I, 477); il aurait été bien intéressant de constater si ces organes floraux supplémen- taires étaient intermédiaires de forme entre les stipules ou brac- tées et les sépales normaux, ou s'ils ressemblaient en tort à ceux-ci. L'identité des stipules et des sépales se retrouve dans le genre #onsonia el dans plusieurs petites familles étroitement alliées aux Géraniacées : Biébersteiniées, Hugoniacées, Oxalidées, Nitrariées, Zygophyllées (quant aux genres Ræpera, Tribulus). Même résultat pour deux genres d’Élatinées (Merimea, Bergia). Dans les Violariées et les Sauvagésiées, dans les deux tribus de Caryophyllées désignées sous le nom de Polycarpées et Alsinées, dans quelques Tiliacées ( Triumfetta cordifolia, Prockia Crucis , Corchorus humilis, Greffæa calyculata'), on peut suivre les modifi: cations des stipules en sépales et aussi dans les Aelianthemum, quant aux deux sépales extérieurs. On a décrit comme sépales, chez le Magnolia Figo, deux paires de stipules, et si, avec Payer et M. Baillon, on tient pour des stipules les quatre divisions exté- rieures de la fleur dans le genre A/chemilla, pourquoi ne pas les appeler plutôt sépales stipulaires que bractées stipulaires ? Dans les Malvacées, le calice des Callirhoe paraît avoir la même ori- gine. La ressemblance des sépales et des stipules s’observe chez plu- sieurs Urticées et Rubiacées (Hedyotis Lapeyrousii in Dum'-Durv.,. 4strol., PI. 23, Stylocorina corymbosa Labill., Sert., tom. 48). Dans certaines plantes de la dernière famille, on voit parfois une feuille pétiolée occuper tout entière, avec son pétiole, la place d’un sépale (Pinckneya pubens in Mich., Flora boreali-amer, T, tom. XIII, Mussænda luteola in Caillaud, Voy. à Meroë, PI. LXU, fig. 1), les autres sépales reproduisant parfois (comme dans le Mussænda ) la forme des stipules. M. Baïllou a essayé de déterminer var l’organogénie la nature 1 La figure de cette espèce donnée par Seeman ( Flora Viliensis, tom. VI) ne peut laisser aucun doute sur la nature stipulaire des bractées et des sépales chez cette espèce. STIPULES A L'INFLORESCENCE ET DANS LA FLEUR. 201 de la couronne des Peliosanthes, des Narcisses, des Pancratium, el la, voyant naître après tous les autres organes de la fleur, il s’est cru en droit dela ranger dans les disques (Adam, I ,90-100,. Dès 1848, Hochstetter n’hésitait pas à assimiler la couronne florale des deux derniers genres à la ligule des Graminées. La même opinion, relativement aux Narcisses, a été soutenue par M. Doell, et aussi par J. Gay et par M. Fouruier (in Bull. Soc. Bot. de Fr., NI, 132). On a même voulu voir des stipules dans les fornices des Silene, opinion combattue par Alexandre Braun, qui tient cependant pour des stipules les écailles des filets stami - naux des Cuscutes. Turpin déclarait « stipules d’étamines » les déux appendices en croissant placés à la base de trois des élamines de l’Ornitho- galum thyrsoides (Esquiss. d'organogr., 36), et Kützing les dents des filets staminaux des Alliwm et des Pancratium, dents qui se soudent dans ce dernier genre ( Grundz., II, 196). M. Planchon énonce à son tour que chez les Simaroubées l’écaille du filet, ne faisant qu’un avec lui, est ce que sont les stipules aux feuilles (in Mém. Soc. d'Orléans, NII), et il est notable que les Zygo. phyllées à stipules aient seules des appendices aux étamines. Pour M. Van Tieshem, toutes les étamines des Malvacées ap- partiennent à cinq feuilles, dont elles sont autant de ramifications latérales, les pétales eux-mêmes n'étant que les «dépendances stipulaires soudées deux par deux de ces cinq feuilles » (in Sacbs, Traité de Bot., trad. fr., pag. 622, note). On a voulu retrouver les stipules jusque dans l'organe femelle; d’après Aug. de Saint-Hilaire, ie pistil à style basilaire des Alchemilla est formé par la soudure de deux stipules avec le pé- tiole (Horphol., 519). Enfin, M. W.-G. Smith, professant que tous les organes de la fleur peuvent offrir des stipules florales libres ou confluentes, a considéré comme telles les branches stigmatiques des Iris (The internat. Congres, held in London). CATALOGUE DES MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DU DÉPARTEMENT DE L'HERAULT. (Suite). Par &. DUBRUEIL. Tribu IE — CÉPHALÉS OPERCULÉS, Moq., Hist. Moll., Il, pag. 490, 1855. ORDRE [. — OPERCULÉS PULMONÉS, Moq., loc. cit. Famizce V. — ORBACGÉS, Lam., Phil. zool., I, pag. 320, 1809. Genre XXI. — Cyciostomma, Drap., Tabl. Moll., pag. 30, 37, 1801. Cyclostoma elegans. Nerita elegans, Müll., Verm. Hist., IT, pag. 177, 1774. Cyclostoma elegans, Drap., Tabl. Moll., pag. 38, 1801, et Hist., pag. 32, pl. 1, fig. 5-7, 1805. Cyclostoma elegans, Dup., Hist. Moll., IF, pag. 504, pl. xxvr, fig. 8, 1847. Cyclostoma elegans, Moq., Hist. Moll., Il, pag. 496, pl. xxxvur, fig. 3-23, 1855. Var. — fasciatum, Moq., loc. cit., pag. 496 (var. y, Drap., Hist.). — maculosum, Moq., loc. cit., pag. 496 ( var. 8), Drap., Hist.). — pallidum, Moq., loc. cit., pag. 496. — purpurascens, Moq., loc. cit., pag. 496 (var. 4, Gratel.). — violaceum, Moq., loc. cit., pag. 497 (Des Moul., Moll. Gironde, pag. 56, 1827). — ochroleucum, Moq., loc. cit., pag. 497 (Des Moul., loc. cit., pag. 56). — albescens, Moq., loc. cit., pag. 497 (Des Moul., loc. cit., pag. 56). Le Qt OT CS 1 Voir les numéros de juin, septembre et décembre 1877, mars, juin, septembre, décembre 1878, mars et juin 1879. MOLLUSQUÉS DE L HÉRAULT. 239 Hag.— Cette espèce, des plus communes dans le département, se trouve indistinctement dans la région des plaines et dans la partie montagneuse ; on la rencontre au sommet du pic Saint- Loup, de la Sérane, de l’Escandorgue, aussi abondamment répandue qu’à Montpellier, à Castries, à Pézenas, etc., etc. La var. violaceum, assez rare, habite surtout la région septentrionale. Le C. elegans est indiqué dans toute la France. Note. — Aucun individu sénestre de cette espèce n’a été, à notre connassance, trouvé dans le département de l'Hérault. Cette monstruosité est indiquée par M. Moitessier comme ayant été rencontrée aux environs de Toulouse. GENRE XXII. — Hromatias, Hartm., Syst. Gasterop., pag. 34, 1821. Pomatias patulus. Cyclostoma patulum, Drap., Tabl. Moll., pag. 39, 1801, et Hist., pag. 38, pl. 1, fig. 9-10, 1805. Pomatias patulum, Christ. et Jan., Catal., XV, no 2, 1832. Pomatias patulum, Dup., Hist. Moll., pag. 520, pl. xxvi, fig. 16, 1847. Cyclostoma patulum, Moq., Hist. Moll., IT, pag. 505, pl. xxxvir, fig. 59-41, 1855. Var. — albinos, Nob. — labiatum, Moq., loc. cit., pag. 505. HA8. -— Montpellier, Saint-Pons, Saint-Chinian, Bédarieux, la Salvetat, Saint-Martin-de-Londres, Ganges, le Caylar, etc., etc.; la var. albinos, dont nous n'avons vu qu’un exemplaire, les environs de Montpellier; la var. labiatum, La Valette, près Montpellier, Montarnaud (Moquin), Saint-Bauzille (montagnes du Thaurax). Pomatias septemspiralis. Helix septemspiralis, Razoum., Hist. nat. Jor., I, pag. 278, 1789. Cyclostoma patulum, var. b, Drap., Tabl. Moll., pag. 39, 1801. Cyclostoma maculatum, Drap., Hist. Moll., pag. 39, pl. 1, fig. 12, 1805. Pomatias maculatum, Dup., Hist. Moll., pag. 518, pl. xxvi, fig. 15, 1847. 240 MÉMOIRES ORIGINAUX. Cyclostoma septemspirale, Moq., Hist. Moll., IT, pag. 503, pl. xxxvir, fig. 37-38, 1855. Var. — Immaculatus (Cyclosioma immaculatum), Moq., loc. cit., pag. 505. Ha. — Nous n'avons trouvé le type de cette espèce qu'une seule fois dans les environs de Ganges; la var. immaculatus, Saint-Martin-de-Londres, Saint-Bauzille, Ganges, le Causse-de- la-Selle, Saint-Guilhem-le-Désert, Saint-Maurice, le Caylar. Monstruosités sénestres des environs de Montpellier et de Saint-Martin-de-Londres. Nore. — Le genre Gyelostome ‘ a été créé par Lamarck vers la fin du siècle dernier, mais les espères groupées ainsi par l’auteur étaient marines. Plus tard, Draparnaud et Stüder élimi- nérent celles-ci et ont constitué le genre Cyclostome tel quil a été adopté depuis. Il comprend des Mollusques pulmonés et pourvus d’un opercule calcaire. Le Cyclostoma elegans peut être pris pour type de cette coupe, qu’on a subdivisée depuis quelques années, par suite de la découverte d’un grand nombre d’espèces, presque toutes étrangères à l'Europe. En 1821, Stüder et Hartmann séparèrent des vrais Cyclostomes les operculés terrestres, caractérisés par une coquille conoïde allongée, striée, et dont l’opercule présente des tours assez nom- breux. Ils créèrent ainsi un nouveau genre, auquel ils donné- rent le nom de Pomatias. Getie nouvelle coupe a été adoptée par plusieurs auteurs, mais d’autres ne l’ont almise qu’à titre de sous- genre. Il appartenait aux anatomistes de trancher cette question. L'histoire de leurs travaux va faire le sujet de cette Note. Les premières observations sérieuses dont j'ai eu connaissance sur l’onatomie des Gyclostomes et des Pomatias, remontent à 1856. Mon regretté professeur et ami Moquin-Tandon, qui a étudié avec soin le cartilage lingual des Palndines dans l'ouvrage 1 Cette note est entièrement due à M. A. de Saint-Simon, dont tous les mala- cologistes connaissent la compétence en cette matière. MOLLUSQUES DE L HÉRAULT. 241 fondamental connu de tous, n’a parlé qu'en passant du radula du Cyclostome élégant. Il donne en outre quelques détails sur l'appareil reproducteur mâle de cet operculé. En 1856, Troschel découvre cette pièce buccale très-intéres- sante que l’on appelle lorica palatina. À mon avis, on doit lui donner le nom de mâchoire, car sa position est la même que celle de la pièce cornée que possèdent les Gastéropodes terrestres dépourvus d’opercule ; elle ne diffère de celle-ci que par le peu d'épaisseur de la membrane chitineuse qui en est l'élément con- stitutif. En outre, le bord libre est plus ou moins dentelé. Cet appareil n'existe pas chez les Gyclosiomes. Le même auteur a décrit et figuré les dents linguales des Cyclostomes et des Poma- tias. Le D' René Glaparède a étudié le Cyclostoma elegans dans une Thèse qui est le travail anatomique le plus complet que je con- naisse sur les operculés de ce genre. L'abbé Joseph Stabile a publié, en 1864, une excellente analyse de ce Mémoire dans l'ouvrage intitulé : Mollusques terrestres du Piémont. Il a eu pour collaborateur Sordelli, anatomiste de Milan. Je me bornerai à faire connaître ce qu'il v a de plus important, sous le rapport anato- mique, dans le travail original et dans le compte rendu de Sta- bile et Sordelli. Le système sensitif du Cyclostoma elegans se compose de l'an- neau central ou collier médullaire ; celui-ci est constitué par trois paires de ganglions : les sus-æcophagiens antérieurs ou pharyn- giens supérieurs, les latéraux, les inférieurs ou pharyngiens infé- rieurs. Chaque ganglion latéral donne naissance à une commis- sure qui se termine par un petit ganglion. Le fait le plus remarquable qui a été observé à cet égard par Claparède, c'est l'existence d’un chiasma que présentent les deux nerfs. Le ganglion latéral droit est en communication avec le ganglion accessoire gauche; il en est de même pour les deux autres ganglions. Il existe encore deux paires de ganglions beaucoup plus petits que les précédents ; ce sont : les viscéraux nerveux et les audilifs. 16 2249 MÉMOIRES ORIGINAUX.. L’organe de l’ouie renferme un nucléus central formé par les ololithes, qui sont réunies en une seule masse. Le conduit qui met en rapport la poche audilive avec l'exté- rieur est très-apparent. L’œil du Cyclostome élégant a été décrit, en 1851, par Charles Lespès. Claparède donne, de son côté, de nombreux détails sur cet organe. Toutes ces observations démontrent que l’œil des Cyclostomes est un des appareils sensilifs les plus parfaits qui - existent chez les Mollusques et qui rappellent le plus ceux des Vertébrés. Lespès a décrit en outre l’appareil olfactif du même operculé. (Voir le Journal de Conchyliologie, tom. III, pag. 299.) Quant au système digestif du C. elegans, il est caractérisé par l'absence de mâchoire. Brard a signalé le premier les deux pièces calcaires qui favorisent la mastication. Le ruban lingual (radula) présente des dents pectinées ; les rangées sont assez nombreuses. L'estomac est terminé à la partie supérieure par un petit cœcum. ; L'inteslin se compose de trois couches : un épithélium, une couche médiane cellulaire, enfin un tissu composé de cellules graisseuses. Claparède entre dans de nombreux détails sur la constitution des éléments divers dont le tube digestif est formé : fibres musculaires, glandes, cellules, etc. Les glandes salivaires sont petites; on y remarque un grand nombre de follicules qui aboutissent à un canal; celui-ci traverse l'organe dans toute sa longueur. Le foie renferme trois éléments : des globules colorés (ceux-ci, soumis à l’action des alcalis, ne prennent pas une teinte plus foncée, mais ils se dissolvent complétement), des cellules hépa- tiques, des globules arrondis et adipeux qui réfracteni les rayons du soleil. Le cœur ne présente pas de particularité notable. Lerein (sac de Bojanus) est triangulaire ; les cellules parais- sent arrondies et transparentes; elles sécrêtent des corpuscules jaunes, agolomérés et inégaux. Claparède signale une glande volumineuse partculière au MOLLUSQUES DE L'HÉRAULT. 245 Gyclostome élégant, et qui probablement sert à éliminer certains produits de la digestion de la même manière que le sac de Boja- aus. Un autre organe, glanduleux aussi, se trouve au-dessous de la bouche et à la partie antérieure du pied, D’après Claparède, le mucus sécrété par cette glande sert à lubréfier la partie antérieure de ce pied. Je crois qu'il doit aussi servir à lubréfier les parties de la coquille qui sont en contact avec l’opercule. L'appareil générateur mâle de la même espèce se compose d’un testicule assez volumineux, d’un canal défêrent, d’une vési- cule ovoïde (prostate) située à quelque distance de la verge, dont elle est séparée par la prolongation du canal excréteur des sper- matozoïdes. L'appareil femelle présente un ovaire grêle et contourné, un oviducte assez semblable au canal défêrent, une glande ovoïde qui ressemble au talon des Hélices ; celle-ci vient s’appliquer à une poche vaginale très-grande et qui se rétrécit à mesure qu'elle se rapproche de l'ouverture vaginale. L’utérus contient des cor- puseules semblables aux eorpuscules sanguins des Grenouilles, et qui sont solubles dans les alcalis. La membrane de ces corpus- cules n’a pas pu être observée. Je ne ferai qu'une sunple réflexion sur le remarquable Mémoire de Claparède. [l n’y est question qu’en passant des différences qui existent entre les Cyclostomes el les Pomatias. Or, chez ceux-ci, il existe une mâchoire ; les dents du cartilage lingual sont sim- ples au lieu d’être pectinées ; enfin, les corpuscules auditifs sont isolés au lieu de former un nucléus presque compacte et arrondi. L'auteur de cette Note s’était donc aperçu que de nombreuses lacunes existaient relativement à l'anatomie des Pomatias. En outre, il ne savait pas si l’organisation interne du C. sulcatum différait de celle du C. elegans. Afin de résoudre ces différents problèmes malacologiques, il a publié trois Mémoires successifs : le premier en 1866, le second l’année suivante, et enfin le troi- sième en 1868. Le peu de détails anatomiques contenus dans le premier de ces travaux se rapporle au lorica (mâchoire) et au ruban lingual 244 MÉMOIRES ORIGINAUX. (radula) des Pomatias. La partie anatomique du second et du troisième Mémoire est plus importante. Voici les observations les plus dignes d’être citées. Le ruban liugual du C. sulcatum est composé de dents pecti- nées qui se soudent en partie vers la partie antérieure de la plaque, de sorte qu'il n’en existe plus que trois rangées, tandis qu’on en observe onze à la postérieure du ruban. Le C. ferrugineum , espèce d'Espagne dont la coquille ressemble à celle des Tudora des Antilles, est caractérisé par un ruban lingual plus simple, car il ne présente que sept rangées de dents. Le système nerveux du C. sulcatum se compose des mêmes éléments que celui du C. elegans, mais les ganglions pharyngiens supérieurs sont cordiformes, tandis que ceux représentés par Claparède se composent de deux lobes inégaux et arrondis. Les pharyngiens inférieurs du €. sulcatum sont crochus au lieu d'être ovoïdes, comme ceux du C. elegans. Le curieux chiasma existe dans le Cyclostome provençal comme dans l’autre espèce. L'anatomie des Pomatias lient une place assez large dans les deux Mémoires publiés en 1867 et 1868. Les détails sur les différentes pièces buccales y sont assez nombreux. Troschel, Claparède, Stabile et Sordelli avaient fait connaître les lorica palatina et les radula des Pomatias patulus et septemmspiralis. L'auteur de cette Note a étudié ces appareils chez les espèces sui- vantes de France : Pomatias carthusianus, Nouleti, crassilabris, Arriensis. Toutes ces espèces sont munies d’un /orica composé de deux pièces visiblement soudées , le bord libre forme une ligne con- tinue de denticules cornées, nombreuses et arrondies. Le ruban lingual est armé de cinq rangées d’épines semblables aux crochets marginaux des Vitrines et des Zonites hyalins. Il est très-long et très-grêle. Les pièces buccales et les pièces linguales suppléent au défaut du développement du radula. Celles-ci varient, pour la forme, selon les espèces de Pomatias. Les systèmes reproducteurs mâle et femelle ressemblent à ceux du €. elegans, mais leur description est incomplète. Il est ques- MOLLUSQUES DE L'HÉRAULT. 245 tion dela matrice. Se confond-elle avec le vagin ? C’est ce que des recherches ultérieures feront connaître. L’anatomie des Pomatias est difficile à compléter, par suite de la nature des tissus, qui sont consistauts, et du peu de largeur des tours de la coquille sur lesquels l'animal est moulé. L’anneau nerveux a été l’objet d’une étude plus conscien- cieuse. Il en est de même pour les principaux ganglions du système médullaire. Les pharyngiens supérieurs sont bilobés dans le P. Nouleti, contournés chez le P. crassilabris ; il existe un chiasma qui rappelle celui des Gyclostomes, mais il est formé par des nerfs qui partent de la partis interne des ganglions que je viens de citer. Les anses des ganglions latéraux sont assez longues et ceux-ci sont trigones ; Les pharyngiens inférieurs m’cent paru trés-allongés. Enfin, les ganglions auditifs, qui sont séparés dans le C. elegans, se touchent chez le P. crassilabris. Ces ganglions, observés chez le P. Nouleti, sont petits et très- peu distincts. Quant à l'appareil visuel du même genre, étudié chez la même espèco, il présenie une cornée mince, un grand crislallin paraissant tombé, ovoïde allongé, un peu tronqué à l’un des bouts, légèrement granuleux et transparent, et offrant une légère teinte brune, On remarque dans l'œil une sclérotique épaisse, la pupille est grande et l'iris paraît noir. Il résulte des observalions qui vienneut d’être énumérées que les différences de structure interne qui séparent les Pomatias des Cyclostomes sont assez grandes pour que les deux genres ne soient pas réums. Des observations comparatives ultérieures viendront probablement justifier cette manière de voir. 1 L'auteur de cette Note a publié en 1869. dans la Revue de Zoologie, un tra- vail sur les Pomalias; mais, à part quelques descriptions de pièces buccales, ce Mémoire est presque entièrement étranger à l'anatomie. —— D 6—=———— REVUE SCIENTIFIQUE. TRAVAUX FRANÇAIS. — Zoologie. Les phénomènes {| Compt. rend. Acad., 28 avril 1879) de contraction musculaire chez les Invertébrés ont été peu étudiés. M. Ch. Richet a cru intéressant «d'examiner si les muscles de l'Écrevisse diffèrent par leurs propriétés de ceux de la Grenouille ». Il résulte, entre autres choses, de ses expériences que la secousse musculaire des muscles de la queue de l’Écrevisse est très-brève et semblable à celle du gastro- cnémien de la Grenouille, tandis qu’au contraire la secousse du muscle de la pince est très-allongée, « beaucoup plus longue que celle des muscles des Vertébrés [eu exceptant lemuscle cardiaque) ». Ges deux muscles s'épuisent très-rapidement; mais l’un s'épuiseaux excitations électriques rapprochées, l’autre aux mêmes excitations isolées, touten restant extrêmement sensible aux excitations de la première nature. Ges faits sont, pour M. Richet, en rapport avec les mœurs de l'Ecrevisse : elle est, en effet, incapable de parcourir en nageant de très-grandes distances ; d'autre part, dès qu’elle tient une proie entre ses pinces, elle «ne la lâche pas, et meurt presque plutôt que de la lâcher ». Une différence au moins aussi considérabie que celle qui existe entre les muscles lisses et les muscles striés des Vertébrés se rencontre donc entre les deux principaux muscles de l'Écrevisse. M. Ch. Richet [Compt. rend. Acad., 12 mai 1879) a aussi étudié l'influence de la chaleur sur les fonctions des centres nerveux de l'Écrevisse. Il est possible de voir ces diverses fonctions disparaître, en soumettant des Écrevisses vigoureuses à des températures de plus en plus élevées, à mesure que la température s'élève. L'asphyxie pro- duit aussi des résultats semblables. — M. J. Lichtenstein (Compt. rend. Acad., 28 avril 1879) a découvert ure nouvelle Cochenille vivant sur l'Ormeau. Par sa forme bizarre et les circonstantes particulières de son évolution biologique, cette Co- chenille doit être rapportée à un «genre à part, très-tranché, for- mant la transition entre les Coccidiens et les Phylloxériens ». L’ha- bile entomologiste a donné à cet Insecte le nom de Rütsennia pupifera, désignation spécifique rappelant le mode de reproduction, anthogé- nèse, daus lequel intervient une forme donnant des pupes mâles et femelles d'où sortent les sexués pour s’accoupler immédiatement. TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 2#7 —Le même auteur (Compt. rend. Acad., 26 mai 1879) fait une Com- munication très-intéressante sur les métamorphoses de la Cantharide Lytla vesicatoriw, Fab., jusqu'ici inconnues. Les œufs, pondusde la fin de mai au commencement de juin par la Cantharide, éclosent quinze jours après et donnent la larve connue sous le nom de Triongulin, qui change de peau du cinquième au sixième Jour, elle perd ses soies caudales et sa couleur brune : «c'est un petit Ver blanc, hexapode»; cinq jours après, nouveau changement de peau avec accentuation des premières modifications, qui ont surtout porté sur les yeux et sur les mâchoires. Enfin, au bout de cinq autres jours se produit une nou- velle mue, à la suite de laquelle se remarque la disparition complète des yeux; la forme de l'Insecte rappelle une petite larve de Scarabée: il est destiné à fouir la terre. Gette larve scarabéoïde s'enfonce dans la terre immédiatement, et subit au bout de cinq jours une nouvelle mue ; «mais cette fois-ci ce n'est plus une larve qui se présente, c’est une pupe, assez semblable à une pupe de Muscide, et sur laquelle se détachent quatre petits mamelons au sommet et trois paires de petits mamelons à la place où étaient les pattes». Cet état dure l'entier hiver ; mais le 15 avril cette pupe brise son enveloppe, une larve blanchâtre apparaît de nouveau, larve ressemblant beaucoup à celle que M. Lichtenstein a appelée scarabéoïde, mais différant surtout de cette dernière par l'absence des ongles et des mâchoires, et par les pattes, qui ne sont que rudimentaires. Elle ne tarde pas, du reste, à se métamorphoser, et, le 30 avril, une nouvelle mue nous donne un Insecte rentrant dans «les formes connues de toutes les nymphes de Coléoptères ; enfin , le 19 apparaît la Cantharide, qui a donc mis un an à accomplir son évolution complète. — M. Ch. Rouget (Compt. rend. Acad., 5 mai 1879), l'auteur d'une Communication sur la contractilité des capillaires sanguins, établit « que, chez tous les Vertébrés, une même tunique contractile, moui- fiée seulement dans la forme de ses éléments, enveloppe toutle système de canaux vasculaires sanguins, y compris le cœur jusqu'aux capil- laires inclusivement, et que la contractilité, modifiée aussi dans les caractères de ses manifestations suivant les régions, est une propriété essentielle de toutes les parties du système vasculaire sanguin ». —Les recherches de M.E. Heckel (Compt. rend. Acad., 5 mai 1879) surl’action des sels de strychnine (sulfate etoxalate) sur les Mollusques gastéropodes, lui permettent de conclure à l'immunité remarquable de ces Mollusques en ce qui concerne lesdits sels. Ghez ces animaux, comme chez les Vertébrés sur lesquels on a expérimenté, le degré 248 REVUE SCIENTIFIQUE. de nocivité du poison est en raison inverse du poids de l'animal. Comme chez les animaux supérieurs, la strychnine exerce son action sur le système nerveux. — À l'occasion des observations précédentes, M. Vulpian (Compt. rend. Acad., 23 juin 1879) donne le résultat de ses recherches relatives à l’action des poisons du cœur chez l'Helix pomatia : l'extrait alcoolique d'inée produit chez cette Hélice des effets analogues à ceux que ce même poison entraîne chez la Grenouille. On sait que chez ce dernier animal le ventricule reste en systole, tandis que les deux oreillettes demeurent en diastole. Le dépôt de quelques gouttelettes d’une solulion aqueuse de sulfate d’atropine sur le cœur de l'Hélice vigneronne a été impuissant à rappeler le moindre mouvement. Ces mouvements ont pu être rappelés par ce dernier sulfate après l'injec- tion, au travers du pied, dans la cavité viscérale, d’une solution aqueuse de muscarine; comme chez la Grenouille, dans ce dernier cas, les mouvements du cœur sont arrêtés, le ventricule restant en diastole. De l’antagonisme de la muscarine et du sulfate d’atropine chez les Mammifères, les Batraciens et les Mollusques, M. Vulpian est porté à conclure à une certaine analogie entre le mode d’inner- vation du cœur de ces différents animaux. — Au nombre (Compt. rend. Acad., 5 mai 1879) des parasites qu’hé- berge l'intestin des Batraciens anoures d'Algérie, M. E. Maupas a ren- contré une espèce d'Opaline qui lui paraît ne pas avoir été décrite; cette Opaline, que l’on peut considérer comme le géant des Infusoires, car sa longueur dépasse quelquefois un millimètre, «ressemble beaucoup à l'Opaline trouvée par Siebold chez Planaria torva, et figurée par Max Schutze sous le nom de Opalina polymorpha». Adoptant les coupes génériques établies par Stein dans la famille des Opalines, M. Maupas la désigne sous le nom d'Haptophrya gigantea. — Les expériences de M. Ranvier (Compt. rend. Acad., 12 mai 1879), qui ont porté sur des Lapins, tendent à démontrer que la repro- duction et la nutrition du revêtement épithélial de la cornée sont indépendantes du système nerveux, car la régénération des cellules de l’épithélium de la cornée précède celle des nerfs. Cette Communication est terminée par l'exposé d’une conception systématique reposant sur les faits rapportés par M. Ranvier et sur quelques expériences qu'il publiera ultérieurement. Cette conception est appelée par le savant physiologiste «théorie du développement con- tinu du système nerveux. «Le plexus sous-épithélial et les nerfs intra- TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 249 épithéliaux ne jouent pas un rôle nécessaire dans la conservation de la cornée. La preuve en est dans ce fait que, après leur extirpation complète, l’animal défend encore parfaitement son œil contre toutes les injures extérieures». M. Ranvier «pense donc qu'il ne faut pas voir la raison de l'existence de ces petits appareils nerveux dans -un but physiologique qui leur serait spécial. Cette raison serait tout autre : 1l faudrait la chercher dans un fait de morphologie très- géné- ral. Les dernières ramifications nerveuses, tout en suivant le plan qui leur estimposé par leur organisation, auraient une tendance à végéter continuellement à la périphérie, et elles ne seraient arrêtées dans leur croissance que par les obstacles qu'elles rencontrent, comme les racines des plantes dans l'intérieur du sol.» Les recherches expérimentales de M. Ranvier sur la signification physiologique du plexus nerveux terminal de la cornée luiont prouvé qu'il n'y a pas de nerfs trophiques dans la cornée, sa nutrition conti- nuant à se faire régulièrement après que l’on a supprimé tous les pe rfs qui s’y rendent; queles fibrilles nerveuses entrant dans la consti- tution de son plexus terminal forment un plexus et non pas un réseau, elles conservent jusqu'au bout leur individualité physiologique et anatomique; que la disposition plexiforme des nerfs dela cornée pa- rait uniquement relative à la transparence de cette membrane ; enfin que les nerfs de la cornée sont des nerfs de sensibilité générale, dont la fonction n'est pas indispensable. Enfin, M. Ranvier (Compt. rend. Acad., 30 juin 1879) fait une Com- municalion sur une substance nouvelle de la cornée et sur le procédé de kératinisation des nerfs épidermiques. — Il est aujourd’hui hors de doute {(Compt. rend. Acad., 12 mai 1879) que les Ampullaires possèdent une branchie et une poche comparable au poumon des Gastéropodes terrestres. Notre collaborateur et ami le professeur Jourdain revient sur cette démonstration et nous fait connaître les rapports de ces deux organes de respiration. ; C'est à la face interne de la voûte de la chambre palléale, située, comme chezles Pectinibranches, à la région dorsale antérieure, qu'est p'acé l'appareil respiratoire : «comme chez un grand nombre de Pecti- nibranches, il consiste en une double branchie, l’une normalement développée, l’autre avortée. Entre la branchie normale et la branchie rudimentaire existe un espaceirrégulièrementelliptique, occupé par la chambre pulmonaire. Celle-ci paraît être un dédoublement de la voûte palléale donnant naissance à un sac aplati, dans le feuillet inférieur duquel est pratiqué le pneumostome. Sur le plancher de la chambre 250 REVUE SCIENTIFIQUE. palléale on voit un repli saillant, courbe, qui, lorsque ce plancher se trouve en contact avec la voûte qui le recouvre, vient se placer dans le sillon de même courbure qui sépare la grande branchie du sac pul- monaire, Il paraît pouvoir se constituer de la sorte, comme l'a remar- qué.M. Bavay, un double compartiment palléal, l’un situé du côté droit, qui renferme la branchie normale, l’autre placé du côté gau- che, correspondant au poumon et à la branchie avortée». C'est avec le compartiment droit ou branchial qu'est en rapport le siphon rudi- mentaire, tandis que le grand siphon établit une communication en- tre l'extérieur et le compartiment gauche ou pulmonaire. Enfin la glande rénale est placée en arrière de la branchie . Mais il était très-intéressant de savoir comment se comportent les vaisseaux à l'égard de cet organe de respiration si exactement décrits par M. Jourdain, et de voir si leur disposition concordait avec l’exis- tence de cette respiration aérienneet aquatique. C’est sur ce point que porte la seconde partie de la Communication que nous analysons. Le sang veineux qui revient de diverses parties du corps se rend par deux troucs, l’un à droite, l'autre à gauche, dans une arcade veineuse placée dans la voûte de la chambre palléale, à une cer- taine distance du bord libre de celle-ci. D’une part, cette arcade recoit le sang veineux du bord antérieur de la voûte, et, d'autre part, distribue son contenu au rein, à la grande branchie et au pou- mon ; pour cela, elle émet une veine rénale afférente, une veine bran- chiale aussi afférente qui reçoit les branches afférentes du rein, enfin plusieurs branches qui se ramifient dans le poumon. Quant à la branchie rudimentaire, c’est un organe sacrifié, car le sang qui en re- vient se déverse dans l’arcade palléale. Ainsi, la branchie et le poumon fonctionnent comme organes d'hématose, seulement la comparaison du degré de perfectionnement organique des deux appareils porte à regarder la branchie comme jouant le rôle le plus essentiel. Hâtons- nous d'ajouter qu'après avoir traversé le réseau pulmonaire et le ré- seau branchial, «le sang hématosé se rend dans un tronc situé dans l'intervalle des deux organes de respiration. Ce vaisseau aboutit à l'oreillette, dans le voisinage de laquelle il reçoit une certaine quan- tité de sang veineux revenant de la glande dite de la pourpre ». — Cette Communication est suivie d’une Communication du pro- fesseur Sabatier sur le même sujet {Compt. rend. Acad., 25 juin 1879). Dans la circulation de l'Ampullaire est signalé un sinus rectal, qui est un diverticulum de la cavité générale du corps et dont les affluents sont reçus par le vaisseau afférent de la branchie, ainsi TRAVAUX FRANCAIS, — ZOOLOGIE. 9251 qu'un vaisseau profond, à parois musculaires, se ramifiant dans l'é- paisseur d'une grosse glande indiquée par M. Sabatier comme un organe intermédiaire entre le foie et le rein, et reconnue par le professeur Giard comme étant morphologiquement en rapport avec ce dernier. Ce vaisseau, après avoir formé un réseau, donne nais- sance au vaisseau profond du rein qui est propre aux Ampullaires. Quant au vaisseau superficiel du même organe, «correspondant à tous égards au vaisseau afférent unique des autres Pectinibranches », il recoit les autres vaisseaux naissant de la grosse glande. Le sang qui a traversé cette glande n’arrive au cœur qu'après avoir traversé le rein d'abord, et les organes respiratoires ensuite. Une disposition spéciale est celle du gros tronc aboutissant à l’oreil- lette, sur le bord gauche de la branchie, entre celle-ci et le poumon. Les vaisseaux provenant des orifices efférents de la voûte et afférents du plancher pulmonaire qui garnissent ce tronc, convergent en un tronc spécial débouchant dans l'oreillette. L'oreillette reçoit donc, et ce fait est en relation avec la double respiration des Ampullaires, deux veines afférentes : l’une branchiale et pulmonaire, l'autre exclu- sivement pulmonaire. Enfin, une sorte d'arcade résulte de l'abouchement en avant du vaisseau de la branchie et du vaisseau afférent propre du poumon. C'est sur cette arcade que vient s’aboucher le tronc intermédiaire, très-obliquement et suivant un angle très-aigu ouvert à gauche. Il se produit ainsi un éperon valvulaire qui explique, selon M. Sabatier, la fonction des deux organes respiratoires pendant le séjour des Ampullaires dans l’air et pendant leur séjour dans l'eau. — Un nouveau genre (Compt. rend. Acad., 12 mai 1879) de Batraciens anoures d'Europe est signalé par M. F. Lataste. Quel- ques exemplaires du genre dont s’agit, confondu jusqu'ici avec l'Alytes obstetricans, ont été capturés à Mérida (Espagne). — D'après une Note de M. François Franck (Compt. rend. Acad., 19 mai 1879), la théorie «qui subordonne les variations du diamètre de la pupille aux différents degrés de réplétion des vaisseaux sanguins de l'iris» , est applicable aux changements de diamètre de la pupille suivant les attitudes ; mais quant aux variations durables de l'orifice pupillaire produites en excitant certains nerfs par voie directe ou réflexe, elles résultent, non pas seulement de cette cause, mais de l'action des muscles de l'iris. — M. P. Picard {Compt. rend. Acad., 19 mai 1879) explique les 252 REVUE SCIENTIFIQUE. contractions de la rate, dans la vie régulière, par l'effet d'une «action sensitive qui parvient aux centres en suivant les troncs des deux nerfs pneumogastriques, tandis que l’action centrifuge qui lui fait suite passe par la moelle et les nerfs splanchniques.» Mais si la con- traction de la rate peut être obtenue expérimentalement, il n'en est pas de même pour sa dilatation, et tout porte M. Picard à attribuer ce dernier état aux actions nerveuses exercées sur le tube digestif. —-L'emploi de l’éosine hématoxylique (Compt. rend. Acad., 19 mai 1879) en histologie est indiqué par M. J. Renaut. A laide de ce réactif, il a pu constater que les cellules des glandes salivaires de l’Helix pomatia appartiennent à deux variétés différentes. — M. W. Sürensen | Compt. rend. Acad , 19 mai 1879) a été à, même, pendant son séjour à l'embouchure du Riacho del Oro, dans le Paraguay, de faire des recherches sur la manière dont plusieurs Poissons de ces rivières, notamment ceux des familles des Siluroïdes et des Characins, font entendre des sons particuliers ; il a constaté que ces sons ont pour principal organe la vessie natatoire, et que c'est chez les Siluroïdes que cette vessie acquiert son plus grand dévelop- pement comme organe du son. Chez ces Poissons, on remarque qu'avec des particularités suivant les genres, la vessie est divisée, par des cloisons incomplètes, en plusieurs chambres restant en com- munication libre entre elles; on observe en'ore que « les apophyses transverses des deux ou trois premières vertèbres, et souvent une de l'arceau de la première vertèbre, sont partie liées non-seulement entre elles, mais encore avec la partie postérieure du crâne et les apophyses des premières vertèbres, par des membranes élastiques très-fortes. » Enfin, sont liées aussi à la vessie natatoire les apo- physes transverses de la seconde et de la troisième vertèbre, taillées en forme de ressort. Le son est dû à l'action des muscles qui s’in- sèrent, soit directement à la vessie natatoire, soit à l’apophyse trans- verse de la troisième vertèbre. Il importe de noter que chez les Siluroïdes une certaine élasticité à peu près égale existe dans toute l'étendue de la vessie natatoire qui n’est pas ossifiée, et que la même élasticité se rencontre chez les Characins, mais dépendant surtout de bandes plates ou de cordons ronds dans la paroi. M. Sürensen ajoute qu'aucun des nombreux genres de Poissons qu'il a pu étu- dier sous ce rapport ne respire par la vessie natatoire. — M. Cosmovici { Compt. rend. Acud., 26 mai 1879) présente une Note sur la cavité du corps des Annélides sédentaires et leurs orgaues TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 255 segmentaires. Quelques remarques sur le genre Phascolosoma accom- pagnent cette Note. Le Phascolosoma vulgare offre, «sur la partie anté- rieure des deux longues poches noirâtres, un tube pourvu d'un pavillon à deux larges lèvres ciliées ». La structure des poches nous montre des « corps rénaux auxquels sont annexés les organes segmentaires ». C'est à la base de la paire des muscles rétracteurs de la trompe quest placée la glande génitale mâle ou femelle. Un filet élastique, qui probablement doit être un vaisseau sanguin, retient fixée la glande en forme de grappe. A la surface de la membrane vitelline de l œuf on observe la présence de cils. Les papilles de la trompe pa- raissent jouer un grand rôle dans la respiration. «ÆEn effet, toute la couronne est en communication avec l'appareil circulatoire. Les glo- bules montent le long des parois el descendent par le centre de la papille. Des prolongements des parois à l’intérieur de la cavité papillaire font que les globules restent un certain temps en contact avec la paroi si mince de ces organes et facilitent ainsi un échange de gaz.» — Une espèce nouvelle de Tænia (Compt. rend. Acad., 26 mai 1879), qui a été créée par M. R. Moniez sous le nom de T. Giardi, et qui se rencontre assez fréquemment chez le Mouton, «se caractérise très- nettement par la position de ses produits mâles, situés au-delà des vaisseaux, entre ceux-ci et les faces étroites, et par l’arrangement des œufs, groupés au nombre de six à dix dans des sortes de coques “fbrillaires qui donnent un aspect grenu tout particulier à la cassure des anneaux.» Dans cette espèce, une marche particulière seremarque dans l’évolution des produits femelles. Ajoutons que «trois courants de spermatozoïdes partent du recep- taculum seminis chez le T. Giardi; deux d’entre eux se perdent dans l'ovaire voisin ; le troisième parcourt tout l'anneau et va féconder l'ovaire de l’autre côté. » M. Mouiez a vu à plusieurs reprises «des spermatozoïdes du même côté se joindre au troisième courant au lieu de sortir avec les autres par la poche péniale» , et il lui a semblé parfois «que le troisième courant était uniquement formé de spermatozoïdes nés dans la même moitié de l'anneau, à côté de l’utérus, et non de spermato- zoïdes de fécondation. On peut assez souvent observer la fusion de la troisième branche d'un côté avec celle du côté opposé. Cette fé- condation adjuvante d'un ovaire par les spermatozoïdes arrivés en excès au côté opposé à lieu probablement chez toutes les espèces à organes génitaux doubles.» 254 REVUE SCIENTIFIQUE. — D'après les expériences de M. Cadiat (Compt. rend. Acad.,? juin 1879), la digitaline, donnée aux animaux en proportion toxique, agit comme poison du cœur. Une tétanisation du ventricule et une diastole de l'oreillette résultent de son action sur cet organe, action qui ne se manifeste, ni sur les centres nerveux, ni sur les nerfs péri- phériques, ni sur les muscles. — Des œufs (Compt. rend. Acad., ? juin 1879) mis en incubation dans l’eau chaude et ouverts après deux ou trois jours d'immersion, ont tous présenté à M. Dareste des faits d'évolution. Un seulembryon, décomposé au bout de ce temps, avait atteint un certain degré de dé- veloppement ; il offrait la modification tératologique découverte par M. Dareste et décrite par lui sous le nom d’omphalocéphalie. Sans pouvoir résoudre actuellement la question, le savant embryogéniste se demande si c'est là la forme extrême de l'évolution embryonnaire dans l’eau chaude. | Dans certains cas (Compt. rend. Acad., 23 juin 1879) on remarque un défaut complet d'amnios ; mais l'embryon est frappé d'une mort précoce, ou, s’il vit quelques jours, tout porte à croire qu'il mourrait prochainement, car la présence de l’amnios est indispensable dans la vie embryonnaire : c'est, pour l'embryon, un moyen de protection contre toutes les actions mécaniques qui tendraient à le comprimer. — Un cas de trichinose (Compt. rend. Acad., 2 juin 1879) a été observé par M. E. Heckel chez un jeune Hippopotame du Nil, mort en captivité au Jardin zoologique de Marseille. — M. E. Maupas (Compt. rend. Acad., 16 juin 1879) range, avec Cohn et la grande majorité des auteurs, les Volvocinées parmi les Algues, à côté des Palmellacées, des Conjuguées et des Zoosporées, et revient sur la question débattue des limites entre les deux règnes organiques. Pour Stein, la présence simultanée de cils ou flagellum vibratiles, de vacuoles contractiles, et d'un nucléus réunis chez un seul être, est un critérium certain pour distinguer un Proto- zoaire d'un Protophyte, le premier seul réunissant ces trois organes, aucun végétal bien caractérisé ne les possédant ensemble ; pour M. Maupas, cette caractéristique cest sans valeur et elle se retrouve chez les Algues, sur la nature végétale desquelles Stein lui-même n'oserait pas élever des doutes». — Une Note {(Compt. rend. Acad., 14 juillet 1879 ) sur la ponte des Amblystomes au Muséum est présentée par L. Vaillant. On ne peut plus contester aujourd’hui la fécondité des Axolotls transformés, et «on TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 255 x est conduit à reconnaître qu il faut les considérer, non comme une forme aberrante résultant en quelque sorte d'une modification patho- logique, — mais bien comme une métamorphose normale conforme au cycle habituellement connu chez les Urodèles ». La reproduction de ces animaux, dans certaines conditions biologiques, s'effectue sous deux états, l'état larvaire et l'état de complet développement, mode de reproduction qui, suivant la remarque de M. Blanchard, faite en 1868, présente des analogues chez les Vertébrés inférieurs et certains Articulés. — Sa ressemblance extérieure (Compt. rend. Acad., 14 juillet 1879) et sa vie en parasite sur un Batracien d'Algérie, le Discoglossus pictus, avaient fait prendre pour le Glossiphonia algira une petite Hirudiniée rapportée par M. C. Viguier au genre Batrabdocelle, sous le nom de B. Latasti. La disposition du système nerveux et de l'appareil circu- latoire est bien celle que l’on observe chez les Glossiphonies, mais celle des organes génitaux est plutôt la disposition qu'on remarque chez les Pontobdelles. Enfin la disposition des cœcums et la présence d'un renflement hépatique différencient le tube digeslif de ce qu'on observe chez les autres Hirudiniées. — Chez les Vertébrés à sang froid (Compt.rend. Acad., 24 juillet 1879) la portion antérieure du ventricule du cœur «séparée par une section ou par une ligature du reste de l'organe demeure inerte, tandis que l’autre segment du cœur (base du ventricule et oreillette) continue ses battements rhythmiques pendant un certain temps. La pointe du cœur est dans les conditions d’un muscle ordinaire muni de ses termi- naisons nerveuses, puisque, comme celui-ci, il ne se contracte qu'au- tant qu'on l’excite». Cette circonstance a permis à MM. Dastre et Mo- rat d'étudier méthodiquement le muscle cardiaque en comparaison avec les muscles volontaires, de préciser l’action que les divers sti- mulants produisent sur ce muscle, et de vérifier les lois de l'excitation électrique. Dans la présente Communication, les auteurs se bornentà signaler les particularités relatives à l’action du courant continu et des courants induits se succédant à court intervalle; ils établissent qu'une succession de courants induits très-rapprochée peut avoir sur le cœur l'effet d'un courant continu, effet qui doit être assimilé à celui du courant de pile. — ÎÏ] résulte (Compt. rend. Acad., 21 juillet 1879)entre autres choses, des recherches expérimentales de M. J.-L. Prévost sur l'action phy- siologique du bromhydrate de conine, que «la paralysie produite par 256 REVUE SCIENTIFIQUE. ce sel est le résultat de la paralysie des nerfs moteurs, qui perdent aussi leur excitabilité». La paralysie du nerf pneumogastrique se remarque avant celle des autres nerfs, mais aussi on observe que son excitabilité réapparaît plus promptement que celle de ces nerfs dans la période d'élimination du poison. En outre, le bromhydrate de conine produit une excitation sur les sécrétions urinaire, salivaire et lacrymale ; il ne modifie en rien la contractilité musculaire, et il est fort douteux qu’il agisse directement sur les centres nerveux. — On doit rapprocher (Compt. rend. Acad., 21 juillet 1879) la sé- crétion biliaire de la sécrétion rénale, quant aux conditions physio- logiques qui la déterminent, et établir avec M. P. Picard ces diffé- rences entre ces deux secrétions, que la première est fournie par un système vasculaire veineux, tandis que la seconde est donnée par un svstème vasculaire artériel ; de plus, dans la sécrétion biliaire, le mou- vement de sortie du liquide entraîne certaines substances formées dans le foie. — La Revue a déjà rendu compte de deux Communications à l'Académie de M. Villot, sur les Trématodes (13 septembre 1875 et 5 juin 1876). Ces Communications sont le résumé du Mémoire sur l'organisation et le développement des Trématodes endoparasites marins inséré par le même auteur dans le tom. VIIF, n° 2 et 3 (VI® série) des Annales des Sciences naturelles. Fidèle à son principe, qui « consiste à rechercher par l'observation et en s'aidant des corrélations harmc6- niques les divers animaux successivement habités par le parasite, et à établir ainsi la série de ses métamorphoses», M. Villot nous fait connaître d'abord le Distome parasite de l'Echinorhinus spinosus, en nous faisant remarquer que bien des points sont encore à con- naître dans son histoire. Les Cercaires dont proviennent ce Dis- tome, comme tous les Distomes nourrissent les Squales, s'enkys- tent dans les tissus des Poissons qui leur servent de nourriture. M. Villot a eu recours, pour l’étude du Distomum insigne Risso, au procédé indiqué par Flemming, et qui consiste à plonger des in- dividus entiers, durcis dans l'alcool absolu, dans une solution de savon à la glycérine, obtenue à l’aide de l'alcool et du bain-marie; au moyen de cette préparation, il a pu obtenir de fort belles coupes et étudier successivement les téguments, les parenchymes, les ventouses, l'appareil digestif, le système nerveux, les organes de la génération et 1 Tom. IV, pag, 362, et tom. V, pag. 231. TRAVAUX FRANCAIS.— ZO0OLOGIE. 2 on l'appareil vasculaire. Il a constaté que la couche externe de la peau, se composant de deux couches, est fort mince, et que la couche interne est formée de petits granules réfringents; que le parenchyme com- prend trois sortes de fibres musculaires disposées d’une façon qu'il signale, et des éléments aussi musculaires qui conservent, pendant toute la vie de l'animal, leur caractère primordial ; que la ventouse buccale est petite, orbiculaire, tandis que la ventouse ventrale est très- grande, à rebords saillants. Après avoir examiné la charpente des ventouses, M. Villot étudie l'appareil digestif, qui se divise chez le D. insigne en trois parties bien distinctes: la ventouse buccale, déjà décrite, le bulbe œsophagien et les deux branches intesti- nales. Pour le système nerveux, dont la disposition générale avait été parfaitement reconnue par Blanchard, en 1847, l'auteur a pu consta- ter l’existence d'une masse ganglionnaire formée de fibres et de cel- lules, située au-dessous de la ventouse buccale et de chaque côté du bulbe œæsophagien. Une commissure passant sur la base de ce bulbe réunit les deux ganglions, dont chacun émet en outre un gros cordon longitudinal se dirigeant sur le côté du corps, versles parties inférieu- res. Le D. insigne, hermaphrodite comme la plupart de ses congénères, ne possède ni vésicule séminale interne ni pénis; quant à la soi-di- sant ;oche du cirre, elle n'est autre chose « qu'une armature muscu- laire qui a pour fonction essentielle de produire l'éjaculation; elle em- brasse la vésicule séminale externe, et le conduitéjaculateur est consti- tué par une trame très-serrée de fibres longitudinales et transverses. Des détails nous sont fournis sur le pseudovitellogène, qui, avec l'ovaire et l'oviducte, compose l'appareil génital femelle : un grand nombre de vésicules glandulaires, à contours polyédriques, entrent dans la consti- tution de cet organe, formées elles-mêmes par des cellules qu’on peut considérer comme endothéliales; une cavité représentant sans doute son canal excréteur occupe le centre de la vésicule. L’orifice génital commun «présente une structure tout à fait analogue à celle d'une ventouse ». Cest par juxtaposition que l’accouplement doit avoir lieu. On sait que les fonctions du système vasculaire sont très-contro- versées ehezles Trématodes; M. Villot ne le considère ni comme un appareil circulatoire ni comme un appareil excréteur, mais bien comme l'équivalent physiologique de ces deux sortes d'organes. En- fin, à l’occasion de la portion périphérique de cet appareil vasculaire, il nous signale l'erreur de quelques observateurs qui ont pris pour des cellules les dilatations produites par les vaisseaux qui, en s’anas- tomosant, forment de véritables sinus. 47 (a) 28 REVUE SCIENTIFIQUE. En second lieu, M. Villot décrit deux Trématodes rencontrés par lui dans l'intestin du Tournepierre (Strepsilas interpres) : l'un est le Monostomum petasatum, l'autre l’Holosiomum squamosum ; l'embryon contenu dans l'œuf de cette dernière espèce possède une tache oculi- forme analogue à celle que l'on observe chez certaines Cercaires et beaucoup d'embryons de Distomes; tout porte à croire « que l'em- bryon de l'A. squamosum, au sortir de l'œuf, vit pendant quelque temps à l'étatlibre dans l'eau de mer avant de s'enkyster; cet enkys- tement doit s’opérer chez quelque Mollusque. Le Distomum brachysomum, nom proposé par Creplin, se trouve fré- quemment dans les appendices cœcaux du Tringa variabilis et aussi du Strepsilas interpres; mais l'espèce la plus remarquable qui habite à l'état adulte le tube digestif des Oiseaux aquatiques, et notamment du Bécasseau brunette, est le Distomum leptosomum, appartenant au sous- genre Échinostomum, dont toute la surface du corps est tapissée de nombreuses épines en bandes transverses. Enfin, un fait très-intéressant nous est révélé par M. Villot: il a pu constater que la Cercaire parasite de l’Anthura gracilis Leach, Crustacé qui sert de nourriture au Tringa variabilis, devient dans Lin- testin de cet Oiseau un Trématode sexué, le Distomum brachysomum, don | il a donné plus haut la description. Un autre Isopode, le Lygia oceanica, qui par son mode de nourriture remplit «sans doute des conditions d'existence très-favorables au parasitisme », a présenté à M. Villot deux espèces de parasites péri- viscéraux. La plus curieuse de ces dernières, hébergée souvent par une seule espèce en nombre très-considérable, est un nouveau Néma- toïde, de forme rhabditique, à tête obtuse, sans armature spéciale, à extrémité postérieure très-acuminée, à sexes séparés (C. ovata). Les Mysis sont aussi habités par une belle Cercaire enkystée, dé- signée sous le nom de C. megacotylea, remarquable par la di- mension de ses deux ventouses. Ce n'est pas seulement le passage du Cercaria brachysoma au Distome du même nom qu il a été permis à M. Villot d'observer, mais aussi celui du Cercaria leptosoma au Distomum leptosomum. Cette Cercaire vit à l’état d'enkystement dans le pied du Scrobicularia tenuis, Mollusque qui est pour les Cercaires marins une pépinière aussi abondante que l'est le Bythinia tentaculaia pour les Gercaires d’eau douce. Chez ce Mollusque, en effet, outre de nombreux pa- rasites, une Infusoire ciliée, un Rhabdocælien, etc., et la Cercaire dont nous venons de parler, on retrouve le Cercaria setifera, espèce décrite, en 1850, par J. Müller. Et, à ce propos, hâtons-nous de dire TRAVAUX FRANCAIS. — Z0OLOGIE. 259 que, en constatant sa présence dans la cavité viscérale du Scrobicu- laria, contenue dans un Sporocyste, M. Villot a comblé une lacune qui régnait parmi ses devanciers sur le point de savoir si cette Cer- caire sort d'un Sporocyste ou d’une Redie, et quel est l'hôte qui l'héberge sous cette première forme. Le Cercaria setifera, dont la queue n'acquiert que tardivement les soies qui doivent constituer son armature, se rencontre, enfermé dans son Sporocyste,avec une Cercaire inédite, provenant aussi d'un Spo- rocyste que l’auteur nomme C. myocerca, à raison de sa queue, qui est une véritable queue de rat ; ces deux espèces doivent aussi se trans- former en Amphistome, en passant dans le corps de quelque Poisson marin. Chez les Mollusques de mer existent aussi, mais en nombre moins considérable que chez les Mollusques d’eau douce, les Cercaires for- mant le groupe des Cercaires à queue fourchue. A ce groupe appar- tient le Cercaria désigné par le nom de fissicauda, trouvé, enfermé dans son Sporocyste, dans la cavité viscérale du Scrobicularia. Le Mémoire est accompagné de six planches dues ‘au crayon de M. Villot. — Dans un Mémoire inséré dans le même numéro des Annales, le même auteur développe les Communications qu'il a déjà présentées : à l'Académie sur les Métamorphoses des Tænias des Musaraignes !. — La Revue des Sciences naturelles a déja inséré un très-intéres- - sant article de M. Marion, intitulé : Deux jours de draguages dans le golfe d'Alger?. Justement persuadé que de pareilles recherches sont le seul moyen de nous éclairer sur le mode de distribution des animaux marins, notre savant collaborateur a continué ses draguages en fai- sant, cette fois, porter ses opérations sur la mer, au large de Marseille etsur la région Sud-Est, qui offre un mélange de vase, de graviers et de sables vaseux : la faune de ce rivage revêt un caractère tout spécial. Déjà, du reste, dans le golfe de Marseille, sur les fonds coralligènes de Riou et de Podesta, M. Marion avait rencontré, à des profondeurs moyennes, plus de deux cents espèces, sans tenir compte des Spon- giaires, et seulement après seize draguages. La liste de ces espèces, déterminées par le professeur avec une parfaite compétence, mal- heureusement bien rare de nos jours, devait certainement lui offrir 1 Voir Rev. Sc. nat., tom, IV, pag. 184, 299, et tom. VII, pag. 67. : 2 Tom. VII, pag. 137. 260 REVUE SCIENTIFIQUE. d'excellents termes de comparaison pour les draguages qu'il se pro- posait d'effectuer au large de cette localité, en dehors du golfe de Marseille. En effet, malgré les orages fréquents de l'été de 1877, ces draguages ont été entrepris; M. Marion a pu indiquer la nature des associations animales qui se succèdent depuis 60 jusqu'à 350 mètres, et constater la diminution des espèces à mesure qu'on descend, sur nos côtes, à de telles profondeurs. Le Mémoire de M. Marion est principalement un Mémoire de zoologie pure, comme nous n'avons pas assez souvent l’occasion d'en analyser; pour cette raison, on nous permettra d'insister sur le compte rendu de ce travail lors de son entière publication. ! — Le Mémoire de M. Alph. Milne-Edwards, inséré dans le même numéro des Annales, est aussi un Mémoire de zoologie pure. Il a pour sujet les Crustacés décapodes du genre Dynomene. Ce genre, établi en | 1829 par Latreille, rentre dans la famille des Dromiens, de la tribu des Crustacés Brachyures, famille ainsi décrite par Claus : « La dernière ou les deux dernières pattes raccourcies et tout à fait insé- rées sur le dos. Céphalothorax arrondi, subtriangulaire ou quadran- gulaire. » L'organisation du genre Dynomene était jusqu'ici peu connue. «Pendant longtemps le Muséum n'en possédait qu'un seul exem- plaire, provenant de l’île de France. » Une nombreuse collection est venue combler cette lacune et a permis à M. Alph. Milne-Edwards d'étudier ce genre. Il y admet les espèces suivantes : D. hispida Des- marest, D. ursula Simpson, et y ajouta D. prædator, facile à distin- euer du D. hispida « par sa couleur, par la forme de la caparace et des pinces, et par la nature des poils qui revêtent le corps et les pattes ». Le D. prædator a été trouvé aux îles Samoa et à la Nouvelle- Calédonie. E. DUBRUEIL. M. le D'Osman Galeb, professeur à l'École de médecine du Caire, a soutenu devant la Faculté des Sciences de Paris une thèse de doc- torat ès sciences naturelles ayant pour titre : Recherches sur les Ento- zoaires des Insectes; organisation et développement des Oxyures. Depuis longtemps on connaît les Oxyures, dont une espèce habite le gros intestin de l'homme et avait déjà fixé l'attention d Hippocrate. On n'avait d’abord observé ces Entozoaires que chez les Vertébrés; c’est à Dugès qu'appartient le mérite de les avoir signalés chez les In- sectes. TRAVAUX FRANCAIS. — Z0OOLOGIE. 261 Les recherches de Léon Dufour, Hammerschmidt, Leidy, Schneider n'avaient amené la découverte que d'un très-petit nombre de ces para- sistes dans les Insectes. M. Galeb, en portant ses investigations sur une grande quantité d'Orthoptères et de Coléoptères (Blattides et Hydro- philides) ,a reconnu l'existence de plus de quarante espèces nouvelles. M. Galeb rétablit d'abord la caractéristique du genre Oxyure rec- tifiée et complétée par ses recherches personnelles, puis il décrit les espèces par lui observées dans les Blattides et les Hydrophilides. Il s'est assuré qu’à chacune de ces familles correspond un groupe naturel d'Oxyures. Il pense même qu’on pourrait créer pour les for- mes vivant dans les Hydrophilides un sous-senre particulier, auquel il propose d'appliquer la dénomination d'Helicothrix. Après avoir fourni quelques détails sur les mœurs et l'habitat des Oxyures , quine sont pas soumis à ces curieuses migrations qu'on observe chez d'autres Entozoaires, M. Galeb aborde la partie anato- mique de son travail. Les tégnments se composent de deux couches. La couche superficielle, la cuticule, est anhiste et sillonnée par de nombreux plis annulaires , s'effacant sur les flancs dans certaines espèces. Cette première enveloppe se prolonge en un appendice cau: dal en forme de cône plus ou moins aigu et de longueur variable, suivant le sexe et l'espèce. Chez beaucoup d'Oxyures, la cuticule constitue des expansions latérales , en forme d'ailes ou de bour- relets, qui paraissent propres au sexe femelle. Enfin les prolonge- ments sétacés, de dimensions variables, qui se voient sur le corps de certains de ces Entozaires, sont encore une dépendance de ce revête- ment cuticulaire. , Au-dessous de la cuticule se trouve la couche hypodermique à structure cellulaire plus ou moins reconnaissable. Les muscles sont groupés en quatre colonnes longitudinales, appli- quées immédiatement contre la face interne de l'enveloppe tégumen- taire. Chaque colonne est formée par deux rangées de cellules mus- culaires losangiques, en partie juxtaposées, mais parfois séparées par une bande submédiane. Le champ dorsal (intervalle compris entre les deux bandes muscu- laires supérieures ou dorsales), le champ abdominal {intervalle com- pris entre les bandes musculaires inférieures ou abdominales), et les aires latérales ( intervalles compris de chaque côté entre la colonne dorsale et la colonne ventrale correspondante } sont occupés par une substance homogène, contenant de très-gros noyaux et de fines gra- nulations. 262 REVUE SCIENTIFIQUE. Dans l'épaisseur des aires latérales sont logés quatre longs tubes en cœæcum, convergeant vers un point du champ abdominal et débou- chant dans un réservoir commun (saccule), lequel s'ouvre à l'extérieur par un orifice (pore). Le nom d’appareil gastro-vasculaire, sous lequel l'auteur désigne ce système de tubes, paraît peu lui convenir; il s'agit plutôt d'un appa- reil excréteur. Dans la cavité générale sont enfermés le tube digestif et les organes de la génération. Le tube digestif quien occupe l’axe et la traverse dans sa longueur, est pourvu de deux orifices et est divisé par des étranglements en trois régions : l'æsophage, le bulbe dentaire et l'intestin. La bouche possède des replis cuticulaires dont le nombre ordinaire est de trois dans les Oxyures des Blattides, et de six dans les Oxyures des Hydrophilides. L'æsophage, de longueur variable, avec ou sans dilatations, se com- pose d’une charpente de fibres à direction transversale et d une masse granuleuse à fins noyaux, contenant dans son épaisseur un grand pombre de vacuoles. Cette charpente est tapissée extérieurement et intérieurement d'une couche cuticulaire d'une épaisseur variable. Les mêmes éléments anatomiques entrent dans la constitution du bulbe dentaire, dans lequel on distingue un col et une partie dilatée. Le revêtement cuticulaire interne de cette région forme des pièces chitineuses d'une structure assezcomplexe, fonctionnant comme appa- reil triturateur. L'orifice qui établit la communication entre le bulbe et l’intes- tin est pourvu d’un appareil valvulaire composé de tigelles chiti- neuses. L'intestin débute par une dilatation. Simple d'ordinaire, ilest muni parfois, mais chez la femelle seulement, d'un diverticulum ou poche latérale. Il se compose d'une charpente musculaire à fibres longitu- dinales et transversales, associées à un tissu à cellules polygonales pourvues de noyaux visiblementnucléolés. Cette charpente est tapissée à l'extérieur et à l'intérieur par une couche cuticulaire. La portion rectale est séparée de l'intestin proprement dit par un étranglement entouré de grosses glandes unicellulaires. L'anus est situé à la base de l’appendice caudal, sur la face ven- trale. Les recherches de M. Galeb lui ont permis de constater que le tube digestif naît de deux bourgeons : l'un antérieur, qui donne naissance à l’œsophage, au bulbe dentaire et à la première partie de l'intestin; TRAVAUX FRANÇAIS. — ZOOLOGIE. 263 l’autre d’où procède le reste du tube intestinal avec le rectum. Ces deux bourgeons, en se réunissant par leurs extrémités, établissent la continuité du tube digestif. C'est au point de soudure que s’en- gendrent les nouveaux tissus qui permettent à ce tube de croître en longueur. _ La couche cuticulaire externe et interne ne se constitue que tar- divement; par contre, avant l'éclosion, l'appareil masticateur est déjà visible. Le diverticulum intestinal n'apparaît qu'avant la dernière mue, sous forme d'un bourgeon plein qui s'allonge et se creuse graduelle- ment. L'auteur a fait diverses observations curieuses sur la digestion et la nutrition. L’Oxyure se nourrit des matières mêmes qui traver- sentle tube digestif de l'Insecte : c'est donc un commensal plutôt qu’un parasite. Dans les Oxyures, les sexes sont séparés. L'appareil femelle se compose habituellement d'un ou de deux cœæcums enroulés autour du tube digestif, et qui débouchent au dehors par l’intermédiaire d'un canal vaginal. L'orifice externe est sujet à varier de position : on le voit tantôt dans le voisinage de la bouche, tantôt dans celui de l'anus. Le cæœcum génital, relié par un réticulum aux parois de la cavité générale, est pourvu de muscles qui sont surtout apparents dans la portion vaginale. [] est tapissé par un épithélium pavimenteux. À son extrémité aveugle on remarque une grosse cellule pourvue d'un noyau. Dans l'intérieur du tube génital, les œufs se disposent en file, comme dans un grand nombre de Nématoïdes. L'œuf est ellipsoïdal ou ovoïde. Arrivé à maturité, il se compose essentiellement : {° d'un vitellus granuleux qui présente en un point variable de sa masse une vésicule germinative ; 2° d’une matière fluide comparable à l’albumen de l’œuf d’Oiseau ; 3° d'une membrane vitelline ; 4 d’un chorion dont la surface présente parfois des appen- dices remarquables, tels, par exemple, qu’un prolongement en spirale s’enroulant autour de l'œuf et servant à le fixer. Cette coque ou cho- rion peut être d’une seule pièce ou de deux. Elle est en outre traver- sée par une multitude de fins canalicules. Comment se forme l'organe génital femelle ? he observations des naturalistes ne sont pas concordantes sur ce point. Voici ce que M. Galeb a observé. Le rudiment de l'organe femelle, qui ne devient visible qu'après 264 REVUE SCIENTIFIQUE. le complet développement des organes de la vie végétative, se montre sous l'apparence d'une cellule enfouie dans le champ abdominal, au voisinage de l'intestin. Cette cellule est le siége d'une prolifération qui la transforme en un bourgeon, lequel se bifurque pour constituer les deux tubes ovariques, acquérant plus tard une tunique propre. Les cellules terminales des tubes ovariens prolifèrent de facon que ces tubes se trouvent remplis de cellules nues qui deviendront autant d'ovules. Peut-être même ce travail de prolifération est-il limité à la grosse cellule qui en occupe le fond. Ce qui est certain, c'est que tous les ovules proviennent de ce fond et qu'il n’y a point trace de rachis. D'où vient la matière vitelline ? M. Galeb ne croit pas à l'existence d'un vitellogène ; pour lui, le protoplasme de l'ovule est primitive- ment limpide, etl'apparition des granulations vitellines danssa masse est un simple phénomène de nutrition de celle-ci. Ces ovules n’acquièrent de membrane vitelline que postérieure- ment à la fécondation. Les organes mâles se composent du testicule et de l'appareil copulateur. Le testicule est un tube aveugle, à peu près rectiligne, dont la partie profonde est affectée à la production des spermatozoïdes, tandis que l’autre sert de conduit déférent et débouche dans une sorte de cloaque où s'ouvre aussi le rectum. L'appareil copulateur consiste en un crochet chitineux, uuique, qui peut faire saillie au dehors du cloaque. Les bords de celui-ci sont munis de trois paires de tubercules dont le rôle est mal connu. Les spermatozoïdes sont à. peu près cunéiformes et ne jouissent que de mouvements amæboïdes, visibles surtout lorsque l'élément mâle est déposé dans le réceptacle séminal de la femelle. Les mâles sont de plus petite taille et moins nombreux que les femelles. L’auteur n'a pu observer le développement de l’organe mâle, mais il fournit des renseignements sur la spermatogénèse. Les cellules mères des spermatozoïdes sont constituées par un amas de protoplasme contenant un noyau nucléolé : ce sont des gymnocy- todes. Ces masses®le protoplasme acquièrent une enveloppe et devien- nent de véritables cellules dont le contenu se segmente en un grand nombre de petites pyramides. Chacune de celles-ci correspond à un spermatozoïde dont l'appendice caudal est dirigé vers le centre de la cellule mère. L'accouplement est de longue durée. TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 265 Le sperme est transporté jusqu'au réservoir séminal par les con- tractions antipéristaltiques du cœcum génital femelle. Les œufs sont fécondés au passage. M, Galeb a vu le spermatozoïde s accoler à l'œuf et se fusionner avec sa couche la plus superficielle. L'œuf n a pas encore acquis à ce moment de membrane vitelline n1 de coque : celle-ci paraît sécrétée par les cellules de la face interne de l’oviducte. La ponte est antérieure à la segmentation. Ge dernier phénomène est précédé d'un fractionnement de la vésicule germinative, lequel est accompagné d'un retrait de la masse vitelline, qui devient le siége de mouvements amæboïdes. La vésicule se partage d’abord en deux por- tions inégales, autour desquelles se groupent les granulations vitel- lines, de manière à constituer Les deux premiers blastomères. Ceux-ci se subdivisent à leur tour pour produire en définitive une morula avec une petite cavité centrale [cavité de Baër). Cette cavité s’'a- grandit, et la couche unique qui la circonscrit se divise en un double feuillet. Cette morula devient une gastrula par un processus que l'auteur n'indique point, M. Galeb a constaté que les œufs des premières pontes donnent naissance à des mâles, et que chez ces derniers la durée de l'évolution embryonnaire est plus longue. Il restait à parler de la propagation des Oxyures; c'est ce que lau- teur a fait dans un chapitre terminal. Les œufs expulsés avec les matières fécales doivent passer dans le tube digestif d'une Blattide ou d'une Hydrophilide, suivant les cas, pour trouver les conditions nécessaires à leur évolution future. Beau- coup d'œufs périssent évidemment, faute de rencontrer ces condi- tions ; cependant il faut remarquer que, d’une part, l'habitude qu'ont les Blattides de vivre en société facilite la transmission, et que, d'autre part, le fil spiral à l’aide duquel les œufs des Oxyures des Hydrophi- lides s'accrochent aux plantes aquatiques les expose à la voracité des Insectes herbivores. | M. Galeb est parvenu à infester très-aisément de jeunes Blattes qu'il avait élevées, en leur donnant à manger des substances aux- quelles il avait mêlé des œufs d Oxyures. Le nombre de ces Entozoaires est parfois tellement considérable dans un même individu, qu'on est en droit de se demander si tous les individus sont issus d'œufs venus du dehors, et si un certain nombre ne provient point d'une reproduction sur place. L'auteur se croit auto: risé à déclarer que les choses se passent effectivement ainsi. 266 REVUE SCIENTIFIQUE. Le Mémoire de M. O. Galeb, qui est accompagné de 10 Planches d'une bonne exécution, constitue un début encourageant pour ce jeune professeur. Nous l’engageons à poursuivre sur les Entozoaires des Insectes des études qui ne peuvent manquer de fournir des résultats d'un haut intérêt. S. JOURDAIN. A — Botanique. M. le professeur Contejean a bien voulu nous adresser l’entier Mémoire dont est extraite sa Communication à l'Académie (28 avril 1879). Ce Mémoire a été inséré dans le dernier fascicule de notre Revue. — M.E. Mer (Compt. rend. Acad., 16 juin 1879) croit pouvoir attribuer les différences qu'offrent les racines, suivant les milieux où elles se déveioppent, aux variations d’allongement des racines prin- cipales. Parmi les causes multiples d’où peuvent provenir ces va- riations, est rangée en première ligne la quantité d’eau mise à la disposition de ces organes. — On peut, d'après M. J. Vesque {(Compt. rend. Acad., 30 juin 1879), reconnaître les types suivants dans le sac embryonnaire des Phanéro- games angiospermes : {° Deux cellules mères spéciales ; antipodes, sans anticlines (Fluviales, Renonculacées, Crucifères, etc.) ; — 2e Trois ou quatre cellules mères spéciales ; deux tétrades, des anti- podes ; une ou deux anticlines inertes {la plupart des Liliacées et familles voisines ; les Euphorbiacées, Papavéracées, Rosinées, Ca- prifoliacées, etc. }; — 3° Trois ou quatre cellules mères spéciales ; : une seule tétrade; pas d’antipodes ; une ou deux anticlines inertes Onograriées, Saxifragées, Borraginées, Solanées, Apocynées, Com- posées, etc. }; — 4° Quatre ou cinq cellules mères spéciales ; une seule tétrade ; pas d’antipodes ; une ou deux anticlines actives, une anticline inerte ou cotyloïde (Aristolochées, Santalacées, Scrofula- rinées, Labriées, Éricacées, etc.)». — L'étude des corps gélatineux singuliers (Ann. Sc. natur., Bot., Ge sér., tom VII, n° 3 et 4, 1878) que déjà depuis longtemps les fa- bricants de sucre ont observés sur les sacs où l’on presse la Betterave râpée, ne date que de l'année 1874. C'est en effet à cette époque que Scheibler analysa ces corps pour la première fois, et indiqua le pro- TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 267 toplasma des cellules de la Betterave comme leur provenance directe. Suivant lui, «ces cellules ne seraient autre chose que ce protoplasma lui-même, concrété en grumeaux pendant le râpage etla compression». Vers la fin de la même année parut un travail de M. Jubert, qui, s'appuyant sur des expériences très-simples, rapporte la production des gommes de sucrerie (c'est le nom qu'on donne en France à ces corps), production végétale, au sucre de Canne ; une fermentation spéciale avec dégagement de gaz y est provoquée par leur développe- ment. Peu de mois après, M. Texeira Mendès donna la première étude microscopique des mêmes corps, et, trompé par l'apparence, y distingua six espèces , dont l’une est tout à fait comparable à un Nostoc, ou assimilation très-inexacte à un Myxomices ; ils sont voi- sins du genre Ascococcus, établi par Cohn en 1875, et doivent être rapportés à la famille des Bactéries. La sélution de la question, qui semblait définitive, aétéinutilement retardée par l'apparition de deux Mémoires : l’un de M. Borscow, l’autre de M. Durin, tous les deux publiés en 1876. Pour M. Borscow, des corps gélatineux sont tout simplement un précipité ternaire qui tire son origine des cellules de la Betterave»; ils ne sont pas, comme le croyait Scheibler, son protoplasma concrété, et ne renferment, contrairement à l'opinion de ce dernier, aucune combinaison azotée. Pour M. Durin, ces corps «sont de nature inorganique, de composi- tion exclusivement ternaire», et «dérivent passivement du sucre de Canne au même titre que la glycose et par un simple didoublement». M. Van Tieshem a entrepris de vérifier cetle question ; ses obser- vations ont porté d’abord sur des organismes rencontrés par lui dans des macérations de Dattes et de Carottes, quil a reconnus identiques aux gommes de sucrerie et voisins du genre Ascococcus, puis sur des gommes de sucrerie véritables. En même temps que le savant français s'occupait de cesrecherches, Cienkowski, professeur à l’Université de Kharkow, reconnaissait la nature organisée de ces productions , et affirmait «que par leur na- ture et leur développement elles présentent la plus grande analogie avec l’Ascococcus Billrothii de Cohn. Cependant il croit devoir les en séparer sous le nom d’Ascococcus mesenteroïides ». Mais, tout en créant une espèce pour ces organismes, Cienkowski n'en reste pas moins convaincu qu'ils peuvent provenir de Bactéries de formes les plus diverses ( Micrococcus, Torula, Bacterium, Bacillus et Vibrio). Sur ce point important, M. Van Tieghem est d’un avis contraire. M. Van Tieghem examine les caractères morphologiques de l’orga- nisme en question, et prouve que c'était avec raison que Scheibler 268 REVUE SCIENTIFIQUE. avait accusé dans ces corps la présence de principes azotés. Ces prin- cipes sont, en effet, contenus dans les cellules génératrices de la gan- gue gélatineuse, laquelle, à sontour, représente seule le principe immédiat de composition appelé dextrane par Scheïbler; mais celui-ci commettait l'erreur de croire ces corps homogènes, entièrement «formés d'un protoplasma mêlé de dextrane, et surtoutde faire dériver ce protoplasma de la Betterave ». Pour M. Van Tieghem, l'appréciation de ces sortes de masses géla- tineuses a été exacte quand on les a comparées à un Vostoc, avec cette seule différence que les cellules, beaucoup plus petites, sont dé- pourvues de chlorophylle ; aussi croit-il devoir en faire un genre distinct sous le nom de Leuconostoc, qui diffère notamment du genre Ascococcus; la découverte des cellules reproductives n'a pas tardé à convaincre M. Van Tieghem de ces différences. Voici la diagnose du nouveau genre : «Cellulæ achromaticæ minimæ globosæ, in catenas laxas flexuoso-curvatas et implicatas, vagina gelati- noso-cartilaginea lobata crassissima circumdatas, consociatæ. Vaginæ in thallum gelatinoso-cartilagineum, subglobosum, vel crassissime mem- branaceum, irrequlariter expansum, extus cerebroideum, intus pseudo- parenchymaticum aggregaiæ. Sporæ singulæ, globosæ, majores, lermi- nales vel intershihales, pachydermaticæ, intus homogeneæ.» Ce Leuconostoc recoit le nom spécifique de mesenteroïdes; «c'est une plante qui n’a pas le caractère ferment, mais qui, dans les sucreries dans lesquelles elle se développe dans le jus de Betterave avec le con- cours de l'oxygène dissous, en iutervertit le sucre, et se nourrit en- suite de ce sucre interverti. » —Les Siylidium(Ann. Sc. natur , 6° sér., tom. VII, n° 4, 1878) four- nissent un exemple d’un cambiun unilatéral, formant de nouveaux éléments; M. J. Vesque n'y a jamais observé de liber secondaire. — À l’occasion des expériences de Francis Darwin que la Revue a déjà relatées , M. Duchartre | Bull. Soc. Bot. de France, tom. XXV, n°2 1878) fait remarquer qu'avant d'admettre comme rigoureuse la con- clusion à laquelle arrive le physiologiste anglais, « il resterait peut- être à prouver que c'est par les feuilles qu'a été opérée cette absor- ption, et quil n'y a pas eu, pour une cause qui a pu échapper à l'attention de l'expérimentateur, arrivée du résultat de la digestion jusqu'à la mousse dans laquelle les Drosera étaient plantés, puis de { Tom. VIII, pag. 186. TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 269 là jusqu'aux racines...». M. Duchartre ajoute «que, désirant s’éclairer à cet égard, il s'est mis en mesure de provoquer des expériences semblables à celles de M. Francis Darwin, mais dans le courant des- quelles l’expérimentateur tâchera de reconnaître si l'absorption se fait par les feuilles ou par la voie normale des racines». — La preuve (Soc. Bot. de France, tom. XX V, n° ?, 1878) résulte des observations du professeur Brun, de Genève, rapportées par M. P. Pe- tit, et faites en janvier 1878 dans la vallée de Chamounix et dans le Valais suisse, à 2,600 mètres d'altitude, que la vie et même le déve- loppement des Diatomées peuvent s'effectuer dans de l’eau à 0 degré, avec une température ambiante de 9 à 18 degrés au-dessous de 0, Toutefois quelques rayons de lumière sont indispensables. Parmi les espèces quiontété communiquées par M. Brun à M. Petit, figurent les Melosira arenaria, Cymbella Ehrenbergii, Cyclotella Kuñzingiana, Epithemia turgida, E. gibba. Or, ces espèces habitent, en même temps que les eaux des lieux précités, la plupart des eaux des environs de Paris. — I] y a déjà plusieurs années (Bull. Soc. Bot. de France, tom. XX V, n° 2, 1878), M. de Seynes recueillit au mois de janvier, dans un jardin aux environs de Montpellier, sur une brindille de bois, un Chambpi- gnon de la famille des Sphériacés, ne pouvant se rapporter à aucune des espèces connues. Ce Champignon, désigné par M. de Seynes sous le nom générique d'Euritheca et sous le nom spécifique de Monspelien- sis, peut être considéré comme un intermédiaire entre la famille des Sphériacés et celle des Tubéracés , avec laquelle il a plusieurs ca- ractères communs ; l'absence d'apothécies ne permet pas de le ran- ger parmi les Myriangiés. — En présentant à la Société (Bull. Soc. Bot. de France, tom. XXV, n° ?, 1878) le premier fascicule d’un ouvrage de MM. André et Joseph Rebauças, intitulé: ÆEnsaio de indice geral des madeiras do Brazil (1877), M. BP. Duchartre attire l’attention sur l Introduction, qui peut fournir les remarques suivantes : Parmi les 213 bois brésiliens énu- mérés dans cet ouvrage, de densité très-différente, celui dont la densité est la moindre est le Cordia excelsa, puis en seconde ligne l'Aspidospomum Peroba, eten troisième rang, Enterolobium lutescens, le Pindahiba et le Rabugem. Quant à ceux dont la densité est la plus grande, on peut citer : Pellogyne Guarabù, Cæsalpiniia ferrea, Brosimum Aubletii, Guaiacum officinale, etc. Notons que par une particularité singulière, les auteurs attribuent à plusieurs bois des densités varia- 270 REVUE SCIENTIFIQUE. bles, et cela dans des limites très-grandes, par exemple au Guaiacum officinale et au Mimusops elata, etc. A quelle cause faut-il rapporter ces variations? C'est ce qu’on ne peutdire, en l'absence de tout rensei- gnement. «Aurait-on pesé dans certains cas le bois d'arbres en- core assez jeunes pour n'avoir que de l'aubier, tandis que dans d'au- tres cas ce serait précisément le seul bois de cœur dont la densité aurait été déterminée ? Les différents échantillons examinés provien- draient-ils d'arbres venus dans des conditions de sol, d'humidité, d'altitude, etc., très-dissemblables. On ne peut former à cet égard que des conjectures très-vagues. » — M. J. Poisson (Bull. Soc. Bot. de France, tom. XX V, 3, 1878) a constaté que pendant l’épanouissement de la fleur mâle du Dioon edule se produit une élévation de température d'au moins 10 degrés, et que «le dégagement de chaleur est favorisé par la lumière ; 1l est par con- séquent plus marqué du côté éclairé que du côté qui est dans l'ombre ». — Une Note (Bull. Soc. Bot. de France, tom. XXV, 3, 1878) sur quelques plantes du midi de la France est communiquée par M. Ed. Bonnet. Ces plantes sont: Brassica fructiculosa Oir. (Perpignan), Bellis Bernardi Boiss. et Reut. (Corse), Coniza Naudini sp. nov. (pa- trie inconnue), Echium pyrenaïcum L. Suivant M. Bonnet, cette der- nière espèce, confondue par la plupart des auteurs avec l'E. talicum, «se reconnaît à ses tiges dressées, simples, tachées de pourpre, tou- vertes de poils nombreux blancs ou jaunâtres, raides et piquants ; à ses rameaux Courts, étalés ou légèrement recourbés, s'allongeant peu après la floraison ; à ses fleurs réunies en cymes denses ; à ses corolles carnées avec des veines plus foncées, infundibuliformes, à cinq divisions presque régulières; à ses étamines, toutes longuement exsertes, àanthères globuleuses bleuâtres... Les deux plantes fleuris- sent à la même époque et croissent en société dans les lieux incultes secs et pierreux du midi de la France.» Toutefois M. Delacour a re- marqué que l'E. italicum se rencontre seul aux environs d'Avignon et dans la plus grande partie du département de Vaucluse. — Une monstruosité très-remarquable | Bull. Soc. Bot. de France, tom. XX V, n° 3) est offerte par un pied de Croccus sativus AÏl., pré- senté par M. P. Duchartre à la Société botanique. Les seoments du périanthe de la fleur sont transformés en autant d'organes de repro- duction ; on voit dans cette fleur, de dehors en dedans : «{° trois stigmates ; 2° trois étamines d'origine anormale surmontant le tube TRAVAUX FRANCAIS.— BOTANIQUE. 271 du périanthe; 3° les trois étamines normales ; 4° au centre, le pistil normal. » Il importe de remarquer que depuis cinq ou six ans tous les pieds venus de la multiplication de celui sur lequel elle s'était montrée à l'origine ont été affectés de la monstrucsité sus-indiquée : ce n est donc pas un fait isolé, ainsi que le sont la plupart des transfor- mations tératologiques. M. Duchartre donne des détails sur les deux sortes d'organes anormaux qui proviennent de la transformation des segments du périanthe, et se demande si la continuation de la culture et la sélection pourraient « faire franchir à cette remarquable mon- struosité le faible intervalle qui la sépare encore de l'état caractéristi- que des stigmates du Safran ». Toutefois, dans le pied vivant de Croccus sativus présenté par M. Du- chartre, ainsi que dans quelques fleurs desséchées, les caractères d'é- tamines, d'une part, de l’autre les caractères de styles stigmatifères, ont été revêtus par des verticilles distincts. Or, cette distinction n existe plus dans une fleur sèche de Croccus græcus soumise par le même botaniste à l'examen des membres de la Société. «Ici, le périanthe et le gynécée ont conservé leur état naturel ; même l’une des trois étamines normales ne présente rien de particulier, si ce n’est que son connectif se termine, au niveau dun sommet des loges, par un petit bouton ou mamelon coloré en rouge vif; mais sur les deux autres le connectif s’est prolongé, au-delà des loges non modifiées, en un processus long de 4 ou 5 millim., charnu et assez épais, coloré en très-beau rouge vif, que termine un eñtonnoir à bord évasé et chargé de papilles, c'est-à-dire en un stigmate. Celte monstruosité offre ainsi deux exemples d’étamines devenues stigma- tifères sans que leur constitution propre ait été altérée.» Moquin- Tandon, d’après Spach, indique un exemple de cette dernière mon- struosité dans le Thalicirum minus, tandis que la monstruosité pré- cédente a été signalée sur le Sempervivum tectorum et montanum, des Pavots, le Cheiranthus Cheiri, des Saules, etc.; toutefois, elle n’a été rencontrée qu'une seule fois, par Moquin-Tandon, dans le genre Croccus, et encore l'affection tératologique était moins avancée et seulement partielle. E. DuBRuUzIz. On sait qu'après la Communication de M. Trélat à l'Académie des Sciences, Communication d'après laquelle les lenticelles seraient des productions de suber au-dessous de l’épiderme, M. Stahl fit paraître plusieurs Mémoires dont il découlait : Que chez les végétaux où le liége a une origine profonde, ce n'est qu'après la chute des couches one REVUE SCIENTIFIQUE. corticales extérieures que les lenticelles se développent dans le péri- derme, ce qui exclut toute idée de relation avec les stomates; que chez les végétaux où le liége a une origine superficielle, les lenticelles sont dues à une production de suber au-dessous du stomate, et alors trois cas peuvent se présenter : ou bien il se développe isolément une lenticelle sous chaque stomate, ou bien une lenticelle se développe sous un groupe de siomates ,ou bien il ne se développe de lenticelles que sous une partie des stomates. Dans un Mémoire publié dans le Bulletin de la Société botanique de France, tom. XXIV, 12 et 16 janvier 1877,et sur lequel on nous per- mettra de revenir, M. d Arbaumont signale un quatrième mode de formation de lenticelles observé par lui sur le Cissus où Arapelopsis quinquefolia, et qui est en quelque sorte intermédiaire aux trois modes que désigne M. Stahl. Dans une première partie de son Mémoire, M. d'Arbaumont décrit les stomates du Cissus, dont il distingue trois formes : {° Les uns prennent naissance tout près du sommet végétatif, aux dépens d'une cellule encore indifférente, mais qui bientôt se fait remarquer par sa grosseur (cellule prostomatique) et se remplit de granulations amylacées. D'abord sphérique, cette cellule ne tarde pas à prendre la forme d'un tronc de cône sous la pression qu'exercent sur elle les cellules voisines qui la soulèvent, même au-dessus de l’épiderme ; en même temps ses deux faces de troncature s arron- dissent en forme de calotte. Le stomate se forme aux dépens de cette cellule par le procédé normal. Le tissu sous-stomatique entre alors en voie de multiphication et produit une plaque composée de cellules à chlorophylle laissant entre elles des méats en communication avec la chambre respira- toire. Tout en conservant un maximum d'épaisseur sous le stomate, cette plaque verte émet ensuite tout autour des prolongements fusi- formes sur lesquels repose le phellogène. C’est la plaque prolenti- cellaire. 2 Cest sur les prolongements de la plaque prolenticellaire que naissent les stomates de seconde formation, aux dépens de cellules déjà spécialisées, mais de la même manière que les premières naissent des cellules prostomatiques, avec cette différence qu'ils de- meurent plus petits. Au-dessous de chacun d'eux se forme une plaque prolenticellaire qui s'unit par confluence aux plaques prolen- ticellaires voisines, en sorte qu’il se produit une grande plaque verte sous un groupe de stomates ayant un grand stomate pour centre. 3° Ceux de troisième formation naissent aussi de cellules bien TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 273 spécialisées ; mais ils demeurent plus petits, et souvent même le dédoublement de la cloison d'où doit résulter l'ostiole ne se produit pas Gu reste incomplet. Le stomate se formant au-dessus du phello- gène et du collenchyme déjà bien développés, la chambre respiratoire est à peine indiquée, et il ne naît point au-dessous de lui de plaque prolenticellaire. Bien qu'on doive attribuer cet avortement des stomates à leur apparition tardive, on pourrait aussi le considérer comme une conséquence du trouble fonctionnel résultant de la pré- sence, au-dessous d'eux, d'un tissu déjà bien spécialisé ; ce trouble fonctionnel aurait ici une cause interne, inhérente à l’organisation même du végétal. Quand la prolifération des cellules à chlorophylle cesse, celles-ci se décolorent en commencant par les plus voisines des stomates : ses éléments profonds, entrant en voie de division centripète, consti- tuent alors ce que Stahl nomme couche de rajeunissement. Ien résulte uve sorte de suber dont les cellules sont plus petites et moins tabulaires que celles du suber proprement dit, et laissent entre elles quelques méats. D'autre part, fait spécial à signaler, la chambre res- piratoire persiste jusqu’au moment où les tissus voisins se détruisent. Enfin le stomate disparaît par déchirement des cellules épidermiques, et il se forme une crevasse qui s'étend sur le suber, qui repose sur les prolongements dela plaque prolenticellaire. Le tissu pseudo-subéreux fait alors saillie par la crevasse, que bordent deux petits mamelons bruns de tissu cicatriciel. Sous les prolongements de la crevasse, le tissu vert prend déjà, à la fin de la première période végétative, et plus encore dans les années suivantes, les caractères du collenchyme. Rarement on voit deux gros stomates servir à la fois de centre aux plaques prolenticellaires ; quant aux stomates de deuxième formation, ils ne servent jamais qu'au développement des prolongements fusi- formes. On trouve encore de ces plaques vertes sur les pétioles, nervures principales des feuilles, vrilles, pédoncules floraux; mais elles ne sont abondantes que sur les pétioles. Elles se forment là absolument comme sur la tige; mais on n’y trouve pas d’autres stomates en dehors de ces plaques prolenticellaires, si ce n'est sur les bords du canalicule des pétioles, où ils se trouvent en deux rangées parallèles, chacun d’eux surmontant une masse de tissu chlorophyllien. Au moment de la chute des feuilles, ces plaques prennent une coloration d'un rouge intense sur lequel se détachent en vert les stomates de seconde for- mation ; les gros stomates sont alors détruits et remplacés par des lenticelles. 18 DT REVUE SCIENTITIQUE. M. d’'Arbaumont termine son Mémoire en signalant une modifica- tion singulière du mode de formation de ces lenticelles. Souvent, sur les jeunes pousses de Cissus, la couche de rajeunissement donne nais- sance à un tissu pseudo-subéreux dont les cellules restent réunies en une masse qui sans rompre l'épiderme le soulève peu à peu, de facon à constituer bientôt un corps ordinairement globuleux et pédicellé, rarement cylindrique, lequel est formé : à l'extérieur, de l’épiderme qui se moule sur lui et conserve sa cuticule ; à l'intérieur, de cellules incolores qui passent vers le bas à des files de cellules à parois plus épaisses, qui semblent naître, en divergeant, du pédoncule. Le sto- mate reste à la partie supérieure de ce corps et la chambre respira- toire est conservée. Ces excroissances se détruisent de bonne heure et sont remplacées. par un tissu charbonneux, lequel l'est bientôt à son tour par une vé- ritable lenticelle. D'après l'examen du contenu des cellules, M. d'Arbaumont nest pas éloigné d'attribuer à ces corps une nature glanduleuse. La production de ces corps est-elle normale, ou bien n’a-t-elle lieu que sous certaines influences de végétation ou de culture? Les ren- contre-t-on sur le Cissus dans son pays d'origine (l'Amérique sep- tentrionale) ? Ce sont là des points sur lesquels M. d'Arbaumont ne saurait se prononcer, n'ayant expérimenté que sur des rameaux tenus dans des conditions de culture toute spéciales. — À l’occasion du travail publié par lui, én 1877, dans le Bulletin de la Société de Botanique, M. d'Arbaumont vient de faire paraître un nou- veau Mémoire intitulé : Contribution à l'histoire des racines adventives à propos des lenticelles du Cissus quinquefolia (Bull. Soc. Bot. de France, tom. XX V, n° 3, 1878.) Il a expérimenté sur des boutures de Cissus dont le pied plongeait dans l'eau. Ses observations ont tout d'abord une fois de plus con- firmé qu'il n'existe aucun rapport d'origine entre les lenticelles et les racines adventives, mais que celles-ci avaient simplement une ten- dance à profiter des lenticelles pour apparaître au dehors. - Quant à leur point d’origine dans les tissus de l’axe générateur, c'est dans le premier type, signalé par Reinke, que doivent être rangées les racines adventives du Cissus, car elles naissent sur le prolongement d'un rayon médullo-ligneux, entre deux faisceaux fibro- vasculaires. Commencé dans le cambium, le travail de prolification gagne le parenchyme, qui unit le Liber mou de deux faisceaux conti- gus, et peut même atteindre, mais sans le dépasser, le niveau des TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. AE faisceaux libériens. La racine tire ici son origine première à la fois du cambium et du tissu interfasciculaire primordial; c'est en quoi ce mode de formation diffère du premier type de Reinke. Les cel- lules du tissu interfasciculaire s’arrondissent, subissent d'abord une division cruciale, puis leur mode de multiplication devient beaucoup plus confus; en avançant toujours, la jeune racine pénètre, après avoir écarté les faisceaux du liber, dans la couche herbacée, dont les élé- ments se détruisent sur son passage ; elle fait éclater enfin le collen- chyme et le suber, qui d’abord, par leur résistance, l'ont forcée à pren- dre une forme ramassée, étranglée à sa base. C'est au moment où elle atteint le liber que se forme la pilorhize; la différenciation première des vaisseaux à sa base semble avoir lieu en même temps. Peu après, tous les tissus dépendant de la pilorhize, du plérome et du périblème se montrent spécialisés, ce dernier n'étant bien développé en largeur que dans le parenchyme cortical. ORIGINE DES Tissus. — Cylindre externe. — a. Pilorhize. — La pil- orhize résulte tout d'ebord de la segmentation et de la différenciation du tissu interfasciculaire primordial ; la couche calyptrogène et le massif initial du périblème ont une origine plus profonde, bien que toujours extérieure au cambium. Primitivement en connexion, sans aucun doute, avec leliber mou, le cylindre cortical s’en isole plus tard, en sorte qu'il est assez difficile d'en saisir les rapports , qui, du reste, sont prouvés par la présence des grandes cellules à raphides qui ont été mécaniquement entraînées du tissu interfasciculaire par les assises extérieures de la jeune pilorhize. Celle-ci forme une petite calotte brune, à cellules remplies de tannina et d'amidon, qui se désagrégent extérieurement à la manière ordi- naire, tandis qu elles se régénèrent à l'intérieur par division centripète de la couche calyptrogène, qui latéralement se confond avec le dermatogène. b. Dermatogène. — N'offre rien de bien spécial. Ses cellules, nées par division interne de la couche calyptrogène, se revêtent d'abord d'une cuticule, mais elles ne sont que transitoires. Be même, les for- mations pileuses n'apparaissent pas ou sont incomplètes et éphé- mères, phénomènes dus vraisemblablement à l'influence du milieu. c. Périblème. — Se développe rapidement aux dépens des couches profondes du tissu interfasciculaire. Les grandes cellules à parois minces et plissées, rangées en files, dont il est composé, se montrent mêlées à quelques grandes cellules à raphides. Les cellules de la gaîne 276 REVUE SCIENTIFIQUE. protectrice qui se développe immédiatement contre le cylindre cen- tral sont plus petites et n'offrent des plis que dans la portion interne de leurs paroïs latérales. CYLINDRE CENTRAL. — Le plérome, qui à l'encontre du cylindre ex- terne prend naissance dans un tissu normalement générateur, le cambium, se divise bientôt en deux zones concentriques : le péricam - bium en dehors, en dedans le cylindre axile de la racine. a. Corps aile et faisceaux vasculaires. — Les premiers rudiments des faisceaux apparaissent à la base même de la racine, où 1ls forment, autour du cylindre ligneux, une sorte d'épatement. De ce massif se détachent bientôt d'autres groupes de constitution analogue qui, s’anastomosant, forment une sorte d'entonnoir ou de cône ren- versé, dont la charpente est constituée par des cellules vasculaires con- tractées et que M.d’Arbaumont considère comme un tissu de consolida- tion. L’anneau qu'elles forment autour des faisceaux fibro-vasculaires les sépare du cambium. L'intérieur du cylindre est occupé par un parenchyme qui n’est qu’un prolongement du rayon médullaire, et dont les éléments, en dehors du cône, se spécialisent en cellules cam- biformes, ce qui vient à l'appui de l'opinion émise par M. Trécul , « que le cylindre central d’une racine est toujours de même nature que le tissu de la tige sur lequel il s'appuie, à la base de l'organe au moins. » M. d'Arbaumont a constaté dans quelques cas des vaisseaux contractés se développant isolément dans le cylindre cambial radicu- laire, pour s'étendre ensuite à la fois vers l'extérieur et vers l'anneau basilaire. Le nombre des faisceaux primaires, normalement de trois ou de quatre, est quelquefois de deux, de cinq ou de six ; peut-être, dans ce dernier cas, y avait-il eu soudure de deux bourgeons radicellaires. Les faisceaux primaires ne se rejoignent pas au centre, et c'est dans leur prolongement que se forment les rayons médullaires primaires. Le liber est très-volumineux ; ses faisceaux s'insinuent dans l'écorce parenchymateuse, et le groupe libérien unique de chaque faisceau est situé, dans une racine à deux couches de cellules subéreuses, vers le milieu ou Îe tiers externe du faisceau. b. Couche rhizogène. — Ses cellules forment quatre ou six assises concentriques ; les radicelles et les formations secondaires y prennent naissance par des cloisonnements de la zone externe qui tôt au tard deviennent centripètes: il se produit ainsi un cylindre subéreux autour du cylindre central, demeuré seul dans la racine adulte. TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. DA c. Radicelles. — 1° Elles prennent normalement naissance, chez le Cissus, en face d’un faisceau primaire. 2% Limitée d'abord dans l'assise externe de la couche rhizogène, l'activité de prolifération s'étend ensuite aux couches internes. Le développement des groupes fibro-vasculaires se fait comme dans les racines adventives. 3° Les faisceaux des radicelles, souvent au nombre de deux, nais- sent dans le même plan, à peu près vertical, au contact des faisceaux primaires, et sont très-rapprochés les uns des autres à la base. 4° Les éléments figurés du bourgeon radicellaire ont en général un calibre un peu plus grand que celui des racines adventives. 5° Rencontrant moins de résistance, la radicelle ne forme point d’épatement avant d'apparaître au dehors. 6° Un seul tissu homogène, le péricambium, donne naissance à la radicelle. Cette dernière différence entre la radicelle et la racine adventive pourrait du reste n'être qu'apparente, car la relation de la zone génératrice avec le liber de la racine à l'extérieur, et à l'intérieur avec l'aire cambiale qui se constitue de chaque côté des faisceaux, relation bien évidente quand le tissu fibro-vasculaire secondaire commence à se constituer, pourrait bien être contemporaine de l’origine même du bourgeon. L’assise externe primitive de la pilorhize se fait aux dépens de la gaine protectrice, mais jamais ses cellules ne présentent de divisions tangentielles. Elle ne peut donc se régénérer ni engendrer la couche calyptrogène qui provient de l'assise externe du péricambium. La gaîne protectrice est continue autour de la jeune racine, puis elle se sépare à [a base, par rupture, du tissu qui lui a donné nais- sance. Son rôle est de protéger la jeune racine tant que les assises véritables de la pilorhize ne se sont pas consolidées, fait que M d'Ar- baumont rapproche de celui signalé par M. Janczewski dans le Fago- pyrum. L'auteur fait ensuite remarquer combien sont nettes les différences qui sépareni les radicelles des racines adventives, et propose de dis- tinguer celles-ci en deux groupes : 1° celles qui se développent norma- lement sur certains points des axes; 20 celles qui se développent anormalement sur des troncons d’axes ou d'appendices isolés. Quant aux modifications que subissent Les tissus de l'axe générateur au contact de la jeune racine adventive, elles consistent, d'après M. d'Arbaumont, surtout dans la production d'un parenchyme parti- culier, peu consistant, fugace et promptement mortifié, qui se déve- 2178 REVUE SCIENTIFIQUE. loppe au-devant d'elle, par suite d’une mulüplication des cellules de la couche du phellogène et des cellules parenchymateuses sous- jacentes. Ce parenchyme, qui ne peut être comparé au suber, que M. Arloing a vu se développer dans les mêmes circonstances chez les Cactées, est surtout abondant lorsque la racine adventive sort par une lenticelle ; il fait alors hernie en forme de bourrelet autour de l'organe naissant, qui paraît entouré d'une double coléorhize. Les racines adventives des Cissus ne se forment guère qu'à l’extré- mité des fragments de tige plongés dans l'eau, et surtout au niveau des nœuds. Lorsque la tige a été coupée à la hauteur d’un nœud, c'est surtout sur les bords de la section qu'apparaissent les racines; jamais elles ne naissent sur la surface même de la section. Cette section, quand l'ex- trémilé de la tige ne se désorganise pas, se recouvre ordinairement d'un tissu cellulaire provenant de la prolifération de tous les tissus, à l'exception de la moelle; ses cellules ont une tendance à la subéri- fication. ; M. d'Arbaumont a observé un de ces fragments de tige chez lequel le cambium avait encore formé quelques couches ligneuses, bien que la moelle füt désorganisée et le vieux bois pourri par endroits. L. COURCHET. RER >— — Géologie. Au mois d'avril 1878 (Compt. rend. Acad., 12 mai 1879), M. F. Cai- rol a rencontré dans les gypses d'Aix une mächoire à peu près com- piète de Cainotherium, quil rapporte au C. Courtoisii, signalé par M. Gervais dans les lignites de la Débruge, près d'Apt (Vaucluse); il conclut à l'existence de ce genre à l’époque de ces gypses. On n'avait jusqu'ici, et d'une manière certaine, en fait de débris de Mammifères, trouvé dans les gypses d'Aix qu'une aile de Chauve-Souris apparte- nant à l'espèce pour laquelle M. de Saporta a proposé la désignation de Vespertilio aquensis. — Un petit groupe d'Échinides (Compt. rend. Acad., 9 juin 1879), composant la famille des Salénidées, est caractérisé « par la présence, au milieu de l'appareil apical, d’une ou plusieurs pièces suranales qui rejettent le périprocte, soit directement en arrière, soit à droite ». Six genres sont compris dans cette famille : Acrosalenia Agassiz, Pseudo- salenia Cotteau, Heierosalenia Cotteau, Peltastes Agassiz, Goniophorus TRAVAUX FRANCAIS. —— GÉOLOGIE. 279 Agassiz etSalenia Gray. Il résulte d'une Communication de M. Cotteau que, sur les dix-neuf espèces de Salénidées qui ont été trouvées dans le terrain jurassique de la France: {° quinze sont propres aux divers étages dans lesquels on les rencontre, et doivent être regardées comme essentiellement caractéristiques de ces terrains; 2° quatre passent d'un terrain dans un autre, mais Ces passages se produisent presque toujours dans des terrains en contact immédiat. E. DuBruEIL. — M. Ch. Barrois (Ann. Sc. Géol., tom. X, 3° sér., 1879) vient de faire paraître un important Mémoire-sur le terrain crétacé d'Oviédo (Espagne), Mémoire complété par M. Cotteau pour la description des Échinides de cette contrée. Le terrain crétacé de la province d'Oviédo offre de grands rapports avec le crétacé de la région pyrénéenne ; il se présente sous deux as- pects : {° sur la côte, sous la forme de lambeaux isolés par dénuda- tion, qui ont recu le nom d'oulliers et qui sont au nombre de trois : celui de Llanes, celui de Luanco et celui du cap Prieto, découvert par M. Barrois et rapporté au carbonifère par les cartes géologi- ques d'Espagne; 2° sous forme d'un grand bassin central. L'outlier crétacé de Llanes, qui est analogue à l’outlier de Luanco, est constitué par des calcaires gris compactes, alternant avec des cou- ches marneuses inclinées à 10° vers l'Est, et reposant sur les strates du carbonifère inclinées à 60° On y rencontre principalement, de haut en bas, des grès à Orbitolines, parmi lesquels se trouvent des li- onites; des couches calcaires avec Ostrea, Nerinæa, Caprina Verneuili ; des calcaires compactes à Rhynchonellu depressa; des calcaires et des schistes ligniteux; des grès et des calcaires à Cérithes; des grès calca- ifères blancs et rouges sans fossiles. D. G. Schulz cite à Llanes des Hippurites que M. Barrois n’a pu retrouver. Au cap Prieto, à l’ouest de Llanes, se trouve un lambeau crétacé très-riche en fossiles, reposant sur des grès blanchâtres paléozoïques, comprenant, de haut en bas: des grès calcareux de 15 mètres d’épais- seur, à fossiles peu nombreux, parmi lesquels nous mentionnerons Rhynchonella Gibbsiana, Ostrea Boussingaulti, et divers Crustacés; des marnes sableuses, d’une épaisseur de 2 mètres, avec Échinides, Orbi- tolines; des grès calcareux contenant en grand nombre Ostrea macro- ptera, des Mollusques dimyaires, des fragments roulés de roches pri- maires, de houille. Outre un Crustacé macroure, l’auteur y a rencontré Vermicularia Phillipsii Rœm., Serpula antiquata Sow., Belemnites?, Anvmonites fissicostatus Phillips (identique à l'A. consobrinus d'Orb.), 280 REVUE SCIENTIFIQUE. Ancyloceras pulcherrimus ?, Scaphites ?, moules de Dimyaires, Mytilus Morrisii Scharpe (plus petit que le type), Janira atava d'Orb., Pecten nov. sp., Plicatula placunea Lk., Ostrea macroptera Sow., 0. Cassan- dra Coq., 0. Boussingaulti d'Orb., variétés, Spondylus Remeri Desh.?, Terebratella Verneuiliana Dav.. Terebratula prælonga Sow., Waldheimia pseudo-jurensis Leym., W. Tamarindus Sow., Rhynchonella Gibbsiana Sow., R. regularis Leym., R. depressa Sow., Pentacrinus annulalus Rœm., Polypiers hexactiniaires, Distheles inflata de Fromentel, Manon pezizsa Golf., Scyphia furcata Golf., Orbitolina conoidea A. Gras, Orbitolina discoidea À. Gras. Les Échinides suivants ont été déterminés par M. Cotteau: Cidaris Malum A. Gras, C. Mac-Phersoni Cotteau, C. baculina Gauthier, C. Barroisi Cotteau, Rhabdocidaris Cortazari Cotteau, Pseudodiadema Malbosi Cotteau, P. dubium Gotteau. Quant à l'outlier de Luanco, il est formé de couches calcaires dont l'inclinaison est très-variable et qui peuvent avoir une puissance totale de 40 mètres. Ces couches calcaires, dans la série desquelles la faune reste la même d'une manière générale, sont composées d'une alternance de calcaires compactes bleu clair et de bancs argilo-sableux plus tendres; dans les premiers abondent les Polypiers, les Nérinées et les Caprotines ; dans les seconds se trouvent les Orbitolines, les Brachiopodes et les Échinodermes. Luanco a fourni à M. Barrois : Neritina nov. spec., Neritopsis navis? Land., Trochus logarithmicus ? Land., Trochus sp., Tylosiomapunctatum Sharpe, Nerinœa Titan Sharpe, N. Archimedi d'Orb., N. Coquandiana ? d'Orb., N. Coimbrica Sharpe, Turbo sp., Strombus sp., moules indéter- minables de Dimyaires. Avicula sp., Caprotina Lonsdalei, Caprina Verneuili Bayle, Janira atava d'Orb., Ostrea Boussingaulti d'Orb., Tere- bratula prælonga Sow., T. Moutoniana d'Orb., Waldheimia Tamarindus Sow., Rhynchonella parvirostris Sow., Astrocænia radiata Meneghini, Pseudodiadema sp. indet., Echinoconus sp. indet., Cidaris sp., Orbitolina conoidæa À. Gras, O. discoidea À. Gras. Les couches de Luanco sont encore bien développées dansles falai- ses d'Antromero, entre Luanco et Candas. L'étude des trois oultiers que nous venons de mentionner permet d'établir la composition du terrain crétacé sur la côte d'Oviédo: c’est ce qu'a fait M. Barrois dans une portion spéciale de son Mémoire. D'après lui, le terrain crétacé de la côte cantabrique peut se subdi- viser en deux groupes : le groupe inférieur, constitué par le calcaire de Llaues à Cerithium; le groupe supérieur, représenté par le calcaire de Luanco à Caprotina Lonsdalei et qui correspond à l'urgonien des Pyrénées, décrit par Leymerie, Hébert et Magnan. . TRAVAUX FRANCAIS.— GÉOLOGIE. 281 Pour le bassin central de la province d'Oviédo, il est formé de couches crétacées souvent profondément dérangées par les mouve- ments Gu sol, et dont l’inclinaison peut varier de la verticale à l’hori- zontale. Ce bassin est limité en grande partie par des failles que M. Barrois n’a pas eu le loisir d'étudier, malgré l'intérêt qu'elles pré- sentent; on y rencontre, en commencant par les couches les plus infé- rieures du terrain crétacé : {° Des bancs de poudingue calcaire alter- nant avec des lits de sable rouge marneux, à petits cailloux de quartz. Cet ensemble peut être suivi dans la plus grande partie du bassin, sauf au Sud, et repose indifféremment sur tous les terrains antérieurs. Ce poudingue, que M. Barrois désigne sous le nom de poudinque de Posada, s'étend beaucoup dans l’ouest de l'Espagne; c'est du reste incontestablement le représentant du conglomérat de Camarade des Pyrénées, que Magnan a décrit et rapporté au céno- manien : la mer cénomanienne était donc plus étendue que la mer urgonienne, dont les dépôts se sont arrêtés aux outliers de la côte, disordance se rattachant à un mouvement général de la région Pyré- néenne déjà reconnue par d'Archiac, Garrigou et Magnan;— 2° Immé- diatement au-dessus du poudingue de Posada, des sables marneux passant au tuffeau avec fossiles très-nombreux, mais peu divers et peu variés (Ostrea africana Coq., Orbitolina concava, etc.), qui permet- tent de ranger ces couches dans le cénomanien. Ces sables ferrugi- neux peuvent être facilement observés à l’ouest de San-Bartholomé de Nava ; —30 Le tuffeau de San-Bartholomé, supportant des calcaires sableux passant au tuffeau avec des nodules ou des bancs de calcaires plus homogènes qui se développent avec une épaisseur de plus de cinquante mètres sous le village de Ceceda, mais qui sont surtout fossilifères à Castiello, à l’est du bassin; dans les couches inférieures dominent le Periaster Verneuili, les couches supérieures contiennent l’Inoceramus labiatus. Les fossiles suivants ont été recueillis par M. Barrois dans la tranchée de la grand’route : Ammonites Roche- bruni Coq., Amm. cf. Deverianus, Amm. cf. Lewesiensis, Amm. spec., Chenopus spec., Turritella?, Eulima?,Cardium?, Arca Noueliana? d'Orb., Inoceramus labiatus Schlt., In. undulatus ? Mant., Spondylus trunca- tus d'Orb., Pecten nov. spec., Ostrea Hippopodium? Nilss., Ostrea de- cussata, O.Caderensis, O. columba LK., 0. Mermeti?, Terebratula inversa Arnaud, Waldheimia sp., Periaster Verneuili, Pseudodiadema Ver- neuili?, Trochosmilia compressa ? Edw. et H.. C'est la faune du turo- nien du sud-ouest de la France. Ces couches sont recouvertes vers Ceceda, etplus au Sud vers Lozano, par des calcaires plus compactes avec Strombus abondants el où on trouve en outre : Hippurites orga- 282 REVUE SCIENTIFIQUE. nisans, Nerinœa moniliferæ, Orbitolina spec.; ils paraissent appartenir à l'angoumien etpeut-être au provencien. Au nord d'Oviédo, le turo- nien n'apparaît que vers Lugones, mais cet étage est très-développé à l'ouest du bassin de Loriana ; — 4° Enfin le turonien, supportant en stratification concordante dans tout le centre du bassin d'Oviédo des couches à peu près horizontales de marnes et de calcaires à couleurs roses brillantes sans aucun fossile et d'une épaisseur totale d'une quarantaine de mètres : on peut les rapprocher avec doute du séno- vien des Pyrénées. Le tertiaire n’a pas encore été nettement reconnu dans le centre de la province d'Oviédo. Le gypse des Pozo del Yeso, qui repose en couches horizontales et concordantes sur le crétacé, ne contient pas de fossiles. Cependant M. Barrois a rencontré sur la route de Lugones des blocs de calcaire avec Planorbes et Limnées, qu'il ne peut attri- buer qu’au système des marnes et gypses d'Oviédo. Ces fossiles, étu- diés par M. Tournouër, appartiennent, d'après ce savant, probablement à l'éocène supérieur. A Colombres, au contraire, à la limite des pro- vinces d'Oviédo et de Santander, on trouve au-dessus de la craie le terrain nummulitique, qui la recouvre en stratification concordante. De ces faits et du manque complet du miocène dans la province d'Oviédo, on est conduit à rattacher la formation du bassin synclinal de cette province à la fin de la période éocène. Les recherches de M. Barrois viennent appuyer l'opinion de M. Hébert, tendant à admettre qu à l'époque du néocomien il yavait eu seulement deux golfes, l’un à l’est, l'autre à l’ouest de la chaîne des Pyrénées, au lieu d'un canal continu, comme pourrait le faire croire la Carte de MM. de Verneuil et Collomb. En effet, les couches à Orbitolines de la province de Teruel et de Biscaye ne se sont pas déposées dans les régions qui séparent ces deux contrées. De plus, le néocomien supérieur, composé dans les Pyrénées de marnes et de calcaires schisteux noirs à Ostrea aquila, s'avance au plus, d'après M. Barrois, jusqu'à Santander, tandis que M. Hébert le faisait suivre des Pyrénées jusqu'aux Asturies. Il résulte encore de l'étude de M. Barrois que la faune du terrain crétacé d'Oviédo est une faune de mer peu profonde, et qu à cette époque géologique les eaux urgoniennes de la dépression atlantique ne se sont pas avancées jusque dans le bassin central d'Oviédo, qui partage avec les bassins de l'Écosse, de l'Irlande, de la Loire et du sud-ouest de la France, le caractère de ne pas présenter le gault et le néocomien, et de n'avoir été recouvert par les eaux crétacées qu à l'époque cénomanienne. TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 283 —Dans une Note surle terrain nummulitique de la Mortola, près de Menton, M. F. Fontannes (Bull. Soc. Géolog. de France, 3° série, tom.V, 1877) fait l'étude des couches qui affleurent sur les flancs du petit vallon de la Sorba, sans toutefois comparer les résultats de cette coupe avec ceux qu a fournis l'étude du même horizon sur d’autres points. M. Fontannes signale du reste dans cette localité une faune beaucoup plus abondante et plus variée que celle qui était connue jusqu'à ce jour. De la route de Gênes au Monte-Bellinda, ce géologue a rencontré : 1° le terrain crétacé sur lequel passe la route, représenté probable- ment par le sénonien et le danien ; — 20 des bancs de calcaires num- mulitiques plus ou moins marneux, d'une quinzaine de mètres d'é- paisseur, remplis à la base de cailloux siliceux, à arêtes vives, de tou- tes dimensions, et trèes-riches en fossiles, au nombre desquels nous citerons : Nummulites perforata d'Orb., N. Lucasana Defrance, NW. Guettardi d’'Arch., Trochocyathus cyclolitoides Bellardi, Troch. Van den Heckei, J. H.— 3° une assise de calcaires marneux gris foncés peu fos- silifères ; -— 4° des calcaires marneux avec Orbitoïdes Fortisi d’Arch., qui, réunis à la zone précédente, occupent une trentaine de mètres d'é- paisseur; —- 5° une alternance de lits de marnes foncées d’aragonite; — 6° des marnes feuilletées alternant avec des bancs plus compactes. Cette dernière couche forme la berge occidentale du ruisseau dela Sorba. De l’autre côté du ruisseau, sur les pentes du Monte-Bellinda, on rencontre successivement : 7° des marnes argileuses avec bancs degrès fins, argilo-micacés, d'une épaisseur totale de vingt mètres; — 8° une dizaine de mètres de grès fins argilo-micacés, schisteux ; — 9° une alternance de marnes et des grès qui précèdent, de cent trente à cent quarante mètres de puissance, ne présentant comme fossiles que quel- ques débris de végétaux sans aucune empreinte d'Algues, et quil est difficile d'attribuer avec certitude au flysch; — 10° au-dessus de ces marnes et dé ces grès se rencontre une épaisseur de qua- rante à cinquante mètres d'un calcaire nummulitique très-fossi- lifère, débutant par une brèche de cailloux siliceux noirâtres, qui diffèrent par certains caractères de ceux des couches numéro ?, mais que M. Potier n'hésite pas attribuer à un retour de ces calcaires nu- méro ?, déjà rencontrés sur la route de Gênes. La faune estduresteici plus variée, et, malgré le mauvais étatdes fossiles, M. Fontannes peut dopner la lisie d’une trentaine d'espèces bien déterminées (Turritella imbricataria Lk., Ostrea gigantica Brander, Pectunculus strialissi- mus Bellardi, Nummuliles perforata d'Orb., N. Lucasana Defrance, N. strialu d'Orb., etc., etc.)}; — 11° après ces couches reparaissent des alternantes de marnes et de grès micacés qui surmontent enfin au 284 REVUE SCIENTIFIQUE. sommet du Monte-Bellinda de nouvelles couches de calcaires à Num- muliles qui ne sontencore, d’après M. Potier, qu un nouveau retour des assises numéro 2. M. Fontannes ne peut s'empêcher cependant de constater dans ces nouvelles couches de légères différences dans les caractères pétrographiques et surtout paléontologiques. — La Revue internationale des Sciences du 15 mai 1879 contient la traduction d'un remarquable Mémoire du D' Th. Kjerulf sur l’épo- que glaciaire. — Les grottes des environs de Cagliari ont été fouillées par M. Or- soni, qui a chargé M. Chantre de faire connaître le résultat de ses fouilles (Bull. Soc. Anthropol., 3° sér., tom. IT, 1% fascicule, 1879); parmi ces grottes, celles de Saint-Barthélemy et de Saint-Élye sont parti- culièrement intéressantes par les rapports qu elles ontavec les dolmens et les grottes de l'époque néolithique dans le midi de la France. La première présente trois niveaux : le premier etle plus bas, se rapportant probablement à l’époque paléolithique, a fourni des outils d’obsidienne, des ossements de bœufs et des ossements humains; dans le niveau moyen, on a découvert des débris de colliers faits avec des dents per- cées de carnassiers et des coquillages; enfin, dans le niveau supérieur, des dents percées, des débris d'obsidienne, une petite hache plate en bronze, des poignards de même métal et des ossements humains. La seconde grotte de Saint-Elye a donné des résultats analogues; on y a trouvé de plus des perles et des poincons en os et des haches en diorite. — M. S. D. d'Acy (Matér. pour l'hist. de l'Homme, ?° sér., tom. X, liv. IV, 1879) fait observer que le gisement quaternaire avec silex taillé de Thennes (Somme) est beaucoup moins élevé au-dessus du fond de la vallée que ne l’est celui de Saint-Acheul, et que le type acheuléen y «paraît très-sensiblement plus prépondérant qu’à Saint-Acheul même ». — L'exploitation de la carrière du Champ de Mars, à Abbeville (Somme) (Mat. pour l'hist. de l'Homme, 2° sér., tom. X, liv. IV, 1879), a donné comme fossiles, dans le banc situé un peu au-dessus de Moulin- Quignon : des dents de l’Elephas primigenius, un fragment de l'El. antiquus, une dent d'Hippopotame, des ossements de Bœuf, Cerf, etc. — Le département des Côtes-du-Nord doit, d'après M. Lemoine (Mai. pour Ll'hist. de l'Homme, 2e sér., tom. X, lix. IV, 1879), être ajouté à la liste des lieux où ont été trouvés des objets en jadéite. M° ViGuIER, Préparateur à la Faculté des Sciences. TRAVAUX ÉTRANGERS. Revue Allemande et Italienne. Vienne, 31 décembre 1878 et 10 mai 1879. ZooLoGiE. — Dans ses Matériaux pour la faune vénitienne (Inst. se. de Venise), le comte Nini donne la liste des Chéiroptères des pays vénitiens. Ces Chéiroptères appartiennent aux genres suivants: Rhino- lophus (4 espèces), Plecotus (1 espèce), Synotus [1 espèce), Vespertilio (7 espèces), Vesperugo (6 espèces), Miniopteris (1 espèce). — L'auteur donne ensuite la description de quelques Poissons de l’Adriatique: Zeus faber, Z. pungio, Gadus euxinus, Callionymus lyra, C. maculatus, C. fasciatus ; cette dernière espèce est nouvelle pour Ia faune italienne. — De Betta (oc. cit.) parle du Tiliguerta de Celli; c'est le Lacerta tiliguerta Auctor. de la Sardaigne, considéré généralement comme iden- tique au Podarcis muralis ; après avoir exposé les opinions de Came- rano, de Genée, de Philippi et autres, il conclut que ledit Tiliguerta du Celli n’est autre qu'une variété locale du Podarcis muralis; que le Tiliguerta de Philippi de la vallée du P6 est la variété campestris du- dit Podarcis et le Tiliguerta de Camerano est identique au Podarcis v. lineata de Betta ou Genée, et par conséquent une variété de coloration du P. muralis. — De Betta, dans ses Notes erpétologiques (loc. cit.), donne des détails sur la distribution géographique du Phylleodactylus europeus, Pelodytes punctatus, Salamandra atra, Triton Blasii, etc. — Le docteur Fitzinger (Ac. des Sc. de Vienne) a composé un traité sur les Poissons qui habitent les deux lacs de Lunz et Erlaph, dans l’Au- triche inférieure. On trouve dans le premier : Salmo salvelinus, Trutta lacustris, Tr. fario, Cephalus dobula, Phoxinus Marcilii et Cottus gobio; dans le second : Æsox lucius, Salmo salvelinus, Cephalus dobula, Phoxinus Marsilii et Cottus gobio. — Dans les lacs de l’Au- triche supérieure se rencontre un plus grand nombre d'espèces (de 17 à 27 esp.). La cause du moindre nombre des espèces des lacs de l’Autriche inférieure dépend, d’après Fitzinger, de leur plus grande altitude au- dessus du niveau de la mer et aussi du mode de leur connexion avec les fleuves. — Notre Société ornithologique, qui est dans la seconde année de son existence, fait tous ses efforts pour propager dans le public la connais- sance de l’ornithologie de la monarchie austro-hongroise, Le nombre 286 REVUE SCIENTIFIQUE. de ses savants collaborateurs et de leurs écrits s'étend de plus en plus. Dans les derniers numéros de son journal, on trouve des discussions critiques sur le Vultur cinereus et sur l'Aquila fulva; —1le D' Brehm décrit le Passer roseus, donne des détails sur sa distribution géogra- phique et fait aussi mention de l'invasion des Sauterelles à Villafranca (Vérone), qui attira à cette occasion près de 10,000 de ces derniers Oi- seaux, qui nichèrent dans le pays même ; — Rüdiger traite du Chryso- mitris Spinus et de sa manière de vivre en captivité ; — Talsky décrit un Circaëtus brachydactylus assez rare en Moravie ; un individu tué à Neutittchein avait une longueur de 0,67. Il décrit aussi un A quila chrysaetos qui avait une longueur de 0,82. — Rowland donne l’énu- mération des Oiseaux du comté d’Arva et de la partie limitrophe de la Tatra (Hongrie), basée sur sa propre collection ; — Neweklowsky fait observer que l’Anas boschas est l'espèce typique de l’Anas domestica, et que les changements dépendent essentiellement d’une vie toute parti- culière, puisque le premier donne des signes de vivacité et de prudence, dont manque l'espèce domestique, ete. ; — Fournes à fait un Traité sur la manière de recueillir, préparer et conserver les œufs des Oiseaux ; — Givanner s'adresse aux ornithologistes des pays orientaux, auxquels il demande des détails sur le Gypaetus europœus, dont il voudrait avoir des individus vivants ou morts, ainsi que des œufs, dans le but de faire un travail critique sur cet Oiseau. Ce savant possède une riche collec- tion d'individus des Pyrénées, de l'Espagne, de l'Italie, de la Suisse, de la Grèce, etc.; il voudrait se procurer des sujets de pays orientaux. — Il a été adressé par de Tschusi à la Société zoologique et botani- que de Vienne, pour être inséré dans les Actes de cette Société, un ma- nuscrit sur la bibliographie de la faune ornithologique de la monarchie austro-hongroise. — Un essai (Soc. Entom. de Florence) sur la faune des Lépidoptères de 14 Sicile est l’œuvre de Faïlla Tedaldi ; à cause du climat et de la flore de ce pays, cette faune est fort riche et a beaucoup de rapports avec celles de l'Espagne, de l'Égypte et de la Barbarie; quelques espèces y présentent une double et quelquefois une triple génération, etc. —Hôfner (Musée de Klagenfurt) donne l'énumération systématique des Lépidoptères des vallées de Lavant et des Alpes, dites de Æor et Sawalpe, dans la Carinthie ; cette faune, quiest très-riche, renferme dès représen- tants de divers autres pays de l’Europe, tels que: Zicæna optilete, Jaspidea celsia, Catocala conversa, Euzophora Welseriella, ete., etc. TRAVAUX ÉTRANGERS. 287 — Le D'Ragazzi (Soc. Ent. de Florence et Soc. nat. Modène) donne une liste des Coléoptères qu'il a récoltés lui-même dans la province de Modène. — Présentation est faite par le D'Kuh, à la Société bolanico-z00lo- gique de Vienne, d’un tableau des Arachnides récoltés par le D' Finsch dans la Sibérie occidentale. — Le professeur Canestrini et Fanzago {/nst. Se. de Venise) donnent l’énumération systématique descriptive des Acariens italiens ; il y en à 150 espèces, parmi lesquelles beaucoup d’espèces nouvelles et figurées sur six planches jointes à ce travail, dans lequel on trouve des détails historiques sur ces Insectes. —Les Æunice (Soc. Se. nat. de Breslau) doivent, d’après le D' Grube, être divisés en trois classes: Labidognatha (Eunicea, Lysidicea, Onuphæa), Lumbriconereidea | Oenoidea, Lysaretea, Ninoidea, Luimbriconeroidea, Loidea, Larandidea) et Staurocephalidea |(Stau- rocephalus). — Le D’ Grube (Loc. cit.) décrit aussi quelques Annélides du Japon (Serpula diplochone, Sabella suavis, Samytha oculata, ete., et enfin il fait observer que la Pontobdella de l'océan Indien pourrait bien être l'Hirudo indica de Linné. — D'intéressants détails sur le développement des Chétopodes (Acad. Sc. de Vienne} sont donnés par le professeur Michel Stossich. Ses obser- vations ont eu pour objet des œufs de Serpula uncinata et de S. glo- merata obtenus par fécondation artificielle ; une granderégularité et une extrême promptitude ont présidé à la formation des premiers stades, puisque le second jour après la production on pouvait déjà observer la gastrula; au cinquième et sixième jour, les larves prirent une forme anormale ou moururent. Les germes se produisent dans certaines glandes à la paroi interne de la cavité du corps, et, au temps de la ma- turité, se rassemblent dans celle-ci pour sortir ensuite par de petits trous qui se trouvent dans chaque segment. — Stossich rapporte aussi les observations de Schenk, qui, en partie, diffèrent des siennes pro- pres. On trouve ensuite la description de la blastula et gastrula avec les caractères qui leur sont particuliers. —Le D' Gasco (Soc. des Lettr.de Gênes) donne les caractères généraux des Cétacés vrais, qu'il distingue des Sirénéides et subdivise en Cetodonti et Misticeii ; aux premiers il rapporte le Dauphin, le Marsouin, l’Orque et le Narval; au second, les Baleines et les Baléinoptères, les Mégaptè- res, etc. — Gasco fait mention de la Baleine basque, qui pourrait bien 288 REVUE SCIENTIFIQUE. être une espèce distincte de celle du Groënland, maïs qui est la même que l’espèce des Baleines basques émigrées dans les régions septentrionales. — Le D'Rosenhauer (Soc. zo0log. et minéral. de Ratisbonne) décrit un nouveau Coléoptère qui vit dans les poils de l’'Æwphorbia characias en Espagne, et que l’on pourra sans doute trouver dans d’autres pays où croît cette Euphorbe. Ce Coléoptère est le Tamnurgus characiæ,sembla- ble au Tham. varipes, mais plus petit, plus délié et plus cylindrique, etc. — La description (Znst. Sc. de Venise) est présentée, par le prof. Ca- nestrini, de quelques nouvelles espèces du genre Dermaleichus, dont quelques-unes vivent sur les ailes des Oiseaux, d’autres sur des Insectes. Le Derm. Parzanæ vit sur l'Ortygometra Parzana ; il est voisin du Derm. acredulinus, mais Canestrini le regarde plutôt comme une forme juvénile que comme une espèce distincte: le Derm. Cerambycis sur le Cerambyx cerdo; le Derm. Colymbi sur le Colymbus minor, ete. On observe que les femelles des diverses espèces sont assez ressemblantes entre elles, ce qui rend leur classification impossible, à moins de connaître les mâles respectifs. Quelques auteurs ont décrit des formes avec un appendice caudal et les ont présentées comme étant des espèces distinctes, quoique devant être rapportées à d’autres espèces. BOTANIQUE. — Le D' Pantoczek (Jowrn. bot. de Skofitz a Vienne) donne la description d’un nouveau Trifoliuwm de la Hongrie qu’il nomme Trif. Haynaldianum, et qui se rapproche en partie du 7rif. pratense et en partie du Trif. medium. Il fait mention du Teucriuim scorodonia, espèce nouvelle pour la flore hongroise. — De Vucotinovic fait connaitre (/oc. cit.) quelques plantes nouvelles pour laflore de la Croatie, telles que: Asérantia croatica, voisin de l’Astr. carniohca, Lilium martagon albiflorum, etc., et fait mention des diverses formes de Quercus pubescens, pedunculata, sessilifolia, etc. — Quelques hybrides (loc. cit.) observés près de Budapesth sont énu- mérés par Borbas: Polygonum bicolor (P. tomentocum X mite), Centaurea hemiptera (C. rhenana X solstitialis), Cirsium Sepe- liense (C. arvense XX lanceolatum, v. nemorale ou C. nemorale lanceolatum), Linaria oligotrica (L. italica X vulgaris), etc. Il parle ensuite de l’Astrantia major L., v. illirica Borb., identique à l’As- trantia saniculæfolia Stur, regardé comme un échantillon défectueux. — Deux lettres écrites de Sumatra par Beccari et insérées dans le Bulletin de la Société d’horticulture de Florence font mention d’une TRAVAUX ÉTRANGERS. 289 Aroïdée de grandeur démesurée, que Beccari considère comme un Cono- phallus et nomme C. titanum. Le tubercule d’un individu avait 1",40 de circonférence et donnait naissance à une seule feuille dont le pétiole atteignait à la base une circonférence de 0%,90 cent., s’amincissant vers le haut et ayant une hauteur de 3,40 ; la feuille, lisse à la superficie, était de couleur verte et parsemée de petites taches blanches ; les trois divisions du pétiole, à son extrémité supérieure, avaient la dimension d’une jambe humaine et se subdivisaient plusieurs fois, en soutenant chacune une expansion longue de 3,10 ; la feuille entière couvrait une surface de 15 mètres de circonférence. La hampe d’un individu fructifère avait la dimension du pétiole; la partie fructifère était cylin- drique, de 0®,75 cent. de circonférence et longue de 0,50 cent.: les fruits, en forme d'olives, étaient de couleur rouge; la fleur ressemble à celle de l’Amorphophallus campanulatus; le spadice est long de 1°,75 et de 07,18 à 0,20 de diamètre à la base, de couleur jaune sale dans le bas et presque livide vers le sommet, etc. — On doit aussi faire mention du Catalogue de plantes publié tout récemment par l’Inspecteur du Jardin botanique d’Insbruck, Stein. Dans ce Catalogue sont représentées les flores de la France, de la Belgique, de l'Angleterre, de la Norvége, du Danemark, de la Finlande, de la Germanie, de l’Autriche, de la Hongrie, etc. — Il contient des espèces d’un grand intérêt pour beaucoup de botanistes, telles que : Bellevalia Webbiana, Anemone baldensis, Aquilegia Einseliana, Campanula Morettiana, Grosseki, Waldsteiniana, Centaurea Sadleriana, my- riotoma , Dianthus Felsmanni, D. Helluigii, Hieracium Gandini, H. tyrolense, Primula Fachinii, Portæ, Florkeiana, Ranunculus, Traunfellneri, Rosa australis, Stroehleri, Uechtritziana, Saxæifraga, Zimmeteri, Hausmanni, montafoniensis, arachnoidea, Viola ba- densis, Haynaldi, mollis, et beaucoup d’autres. Quant aux Salix, y est énumérée la collection de défunt Wimmer, en 103 exemplaires, Vient ensuite la liste des Lichens, Mousses, Champignons, etc.— Ce Catalogue sert aux savants de la Société d'échange mutuel de plantes pour les besoins de leurs demandes et de leurs offres, moyen fort commode pour enrichir leurs herbiers. Ceux qui ne voudraient ou ne pourraient pas faire des échanges peuvent se procurer les plantes qu’ils désirent, au prix de 10 marks la centurie. — Le Prof. Reichardt (Soc. bot. zool. Vienne) décrit un Champignon fort rare, le Clathrus corallioides, trouvé dans les environs de Lubiana ; Reichardt fait ensuite mention d’un travail de Thümen et Voss sur la flore des Champignons de la basse Autriche. 19 290 REVUE SCIENTIFIQUE. — Schulzer de Müggenburg (Jouwrn. bot. de Shofitz) décrit quelques espèces de son nouveau genre Æalchbrenneria, qui, ea effet, est un Ozonium fertile dont on n'avait aucune connaissance jusqu’à ce jour. — Une Communication de M. Eidam (Soc. Sc. natur. de Breslau) a trait au développement de l’Æelicosporangium parasiticum, observé par Karsten sur une Carotte tenue dans une humidité constante; ce Champignon, quant à la formation des spores, ressemble à l'Urocystis et forme le passage entre les Ustilaginées et les Érisiphées. — Le Prof. Cohn (loc. cit.) donne une Notice sur quelques parasites végétaux qui vivent sur divers Insectes, comme l'Empusa muscæ, Jassi, aulicæ ; le Tarichium megaspermum, qui couvre pendant l'hiver la chenille de l’Agrotis segetum; l'Isaria farinosa, qui se développe sur les chrysalides du Sphinx galii, convolvuli, sur le Dianthæcia albi- maculata ; le Gymnascus Rossii, que l’on observe à la partie inférieure de la chrysalide du Sphinx galii, pendant que l’on voit l’Zsaria farinosa sur la partie supérieure, etc., etc. Cohn ({oc. cit.) parle aussi de ce qu’on appelle Fleuwr d'eaw, qui est ordinairement formée par les Phycochromacées (Oscillariées, Nostocées, Chroococcacées), et qui donne à l’eau une teinte verte, brune ou rouge. Sur le fleuve Leba, en Poméranie, on a observé que cette Flewr d’eau était formée par un Rivularia que Cohn nomme fluitans, et qui com- munique à l’eau une couleur verte. Cette même couleur est aussi donnée à l’eau par un Anabæna circinalis. — Une intéressante Notice (loc. cit.) est présentée par le D' Thalheim sur les Bacillaires artificielles construites par lui avec de la paraffine et du savon de glycérine. Après avoir exposé les diverses méthodes qu'il a expérimentées, il fournit quelques observations sur chaque espèce ; il remarque, par exemple, que la variété du Campylodiscus costatus figu- rée par W. Smith n’est autre que la partie interne du même Campylo- diseus; que Campylodiscus surizella et trybionella, ne doivent pas être séparés ; que Amphora et Cymbella sont alliés, etc. — Le D' Peter (Jôuwrn. bot. Skofitz) donne une esquisse de la flore de la Babiagora, un des plus hauts sommets (1770 mèt.) des Beskides, en Hongrie. Au milieu des grès carpathiques dont se compose cette mon- tagne, on trouve : Campanula Scheuchzeri, Arabis arenosa var. com- pacta, Rhodiola rosea, Rosa urbica, Knautia carpatica, etc. — Dans la séance de l’Académie des Lyncéens, à Rome, de décembre dernier, présentation à été faite par le D’ Lanzi d’un travail publié dans » TRAVAUX ÉTRANGERS. 291 les Actes de la Socièté de Microscopie de Bruxelles, dans lequel il démontre que, parmi les Diatomées {chaque individu quoique étant consi- déré comme une Algue unicellulaire), quelques espèces sont réunies par groupes au moyen d’une substance plasmatique qui les unit et en consti- tue une greffe. Lanzi parle de l’origine de cette substance et de sa for- mation, etc. — Nous devons aussi mentionner dans la même séance une Commu- nication du comte Castracane sur la distinction de la flore des Diatomées marines en littorale et pélagique; sur la relation des divers types des Diatomées avec les circonstances de climat; sur la localité et les con- ditions dans lesquelles se présente chaque forme. Cette distinction pourra intéresser le géologue, qui reconnaîtra dans un banc de Tripoli ou dans un dépôt de Diatomées, non-seulement si la formation à été marine ou la- custre, mais aussi si une formation marine à eu lieu près du rivage ou au large dans les profondeurs de la mer. — De Thümen (Jour. bot. de Shofitz) décrit un nouveau genre, Vogessia, appartenant aux Ustilaginées et assez voisin du genre Pilletia. g » API D (e) L'espèce V. Moliniæ se trouve sur l'ovaire du Molinia cœrulea. — Le D* Lorinser (loc. cit.) décrit un nouvel Agaric, le Lepiota ruw- goso-reticulata, qw'il faut ranger près du L. amianthina. —Le premier volume des Actes de la Société cryptogamique, dirigée par le Prof. Ardissone, à Milan, vient de paraître. Cette publication fait suite à celle du défunt professeur Notaris. Il faut observer que les mem- bres de cette Société, ne payant aucune cotisation, doivent contribuer, par leurs écrits, à la publication des Bulletins. Les dépenses de publi- cation et celles de l’entretion de l’herbier sont à la charge du directeur. Nous trouvons dans ce volume la description faite par le comte Castra- cane d’une nouvelle forme de Melosira Borrerii; la liste des Diatomées récoltées à Ostie par le D' Lanzi ; le genre Pyrenomycetum hypocreac- ceorum, par le Prof. Saccardo; les Algues italiennes (Rodomelacées) par Ardissone ; des notices bibliographiques, etc. Six planches accompagnent le volume. — Je dois faire aussi mention du Journal botanique publié cette année par le Prof. Kanitz, à Klausenburg, en Transylvanie. Ce journal doit contenir sans aucun doute des faits et des notes botaniques d’un grand intérêt ; malheureusement il ne pourra être lu à l'étranger que par bien peu de botanistes, étant écrit en langue hongroise. Il gagnerait beaucoup à donner un résumé en français ou en allemand, etc. 292 REVUE SCIENTIFIQUE, GÉOLOGIE ET PALÉONTOLOGIE. — Le prof. Stoppani avait déjà soutenu, dans son Cowrs de Géologie, en 1869: 1° que la période glaciaire avait succédé sans aucun intervalle à la période pliocène; — 20 que les sables jaunes subapennins superposés aux argiles bleues de la période pliocène étaient contemporains des terrains glaciaires ; — 3° que, pendant l’époque glaciaire, la mer ne s'était pas retirée des Alpes et pénétrait encore dans les baies qui les découpent profondément jusqu'au moment où ces baies ou vallées alpines furent occupées par les anciens glaciers : ceux-ci obstruèrent l'embouchure de ces antiques fiords, interceptèrent le cours des eaux et les forcèrent à se convertir en glaciers. Ces idées de Stoppani ont été combattues par plusieurs géologues ; aujourd’hui, dans son Mémoire intitulé : Caractère marin des grands amphithéâtres morainiques de la Haute-ltalie, Stoppani démontre et soutient ces mêmes idées basées sur des études fondamentales relati- ves à deux des principaux amphithéâtres morainiques de la Haute-Italie, celui de Côme et celui d’Ivrée. Stoppani établit qu’il a rencontré dans le bassin pliocène glaciaire de Balerna, parmi les argiles bleues pliocènes, des blocs et des cailloux glaciaires , d’où il conclut que la mer avait occupé le bassin de Balerna lorsque le glacier y atteignit et y déposa ses galets. Traitant ensuite du caractère littoral marin de la moraine située près de Cassina Rizzardi, il fait savoir qu'il à trouvé dans cette localité, parmi les cailloux striés et les blocs, des coquilles marines possédant encore leur couleur et leur brillant primitif. : A l’appui de son opinion, le professeur donne quelques notions sur les glaciers polaires, et présente un catalogue des fossiles marins de l’époque glaciaire recueillis dans les moraines de l’ancien glacier du lac de Côme. La conclusion tirée par Stoppani est que le terrain glaciaire de la Lom- bardie est contemporain ou équivalent du pliocène supérieur (sables jaunes subapennins), et que l’on doit considérer la faune glaciaire de la Lombardie comme très-récente parmi les faunes fossiles ; quant à la faune glaciaire marine de l’emplacement morainique du lac de Côme, c’est une faune littorale qui dénote un climat doux, un climat méditerra- néen. Enfin les caractères également marins de l’amphithéâtre morai- nique du lac Majeur et de celui de la Dora Balsea sont expliqués par le même savant. Hâtons-nous de dire qu’il existait déjà dans les Actes de la Société des Sciences naturelles de Milan (tom. XVIII, 1875-1876) un travail de l’auteur précité sur Les rapports du terrain glaciaire avec le pliocène dans les environs de Côme. Le regretté A.-G. Bianconni avait aussi TRAVAUX ÉTRANGERS. 293 inséré sur ce même sujet, dans les Mémoires de la Société des Sciences de Bologne (1875), un article sur les preuves de la contemporanéité de l'époque glaciaire avec la période pliocène à Balerna et à Monte-Mario, sur le Réno. Dans les Actes de la même Société, on trouve aussi des Mémoires de Spreafico, swr les coquilles marines du terrain erratique de Cassina Rizzardi, de F. Sorvelli (Zoc. cit., XVIII), sur la faune marine de Cassina Rizzardi. En outre, nous mentionnerons les ouvrages de Rütimeyer : Ueber die Eisperiode aufibeiden Seiten der Alpen (Basel, 1876), Desor, Schimper, Gastaldi, etc. — Une courte Notice (Acad. de Vienne) est faite par le D' Bresina sur une météorite qui tomba à Dhulin (Hindoustan) en 1877. Cette mé- téorite, analysée à Bombay, contenait 32,62 de matières métalliques (fer nickelé, fer magnétique), 34,73 d’acide silicique, 24,17 de magnésie, 6,66 de fer oxydé, 3,82 de chaux carbonatée. — C’est en préparant un Asterophyllites présenté par une plaque de schiste que le sous-directeur de l’Institut géologique de Vienne, Stur, y trouva incorporée un rameau de Sphenophyllum. Déjà, dans sa Flore de Culm, ouvrage que nous avons eu déjà l’occasion de citer, Stur avait démontré que de vraies Calamites portaient des épis de Bruckmannia et de Volkmannia, et que ces espèces devaient être considérées comme étant une seule plante. La découverte précitée prouve en effet que le Sphenophyllum forme un rameau d’un Asterophyllites, et porte un épi de Volkmannia. Aïnsi donc le genre Sphenophyllum, sensu proprio, est constitué par un rameau qui porte les macroscopores d’un Astero- phyllites, genre équivalent à une Calamite. Des observations sur les Neggerathiæ sont aussi fournies par Stur, au sujet d’un Mémoire du comte de Saporta, swr la nature des Végétaux réunis dans le groupe des Neggerathiæ. Ses observations portent aussi sur un Mémoire du défunt Professeur Visiani, qui à pour titre: De quel- ques genres de plantes fossiles. — M. Zwanziger (Mus.sc. nat. de Klagenfurth) est l’auteur d’une énumération systématique et descriptive des plantes fossiles miocènes de Liescha, en Carinthie. Ladite énumération est accompagnée d'une es- quisse géologique de la localité. — La première Notice sur cette flore, dans laquelle furent décrites onze espèces de plantes, a été composée, en 1857, par feu Unger ; Stur fit connaître, en 1874, deux nouvelles espèces: Schumacheria Weberniana et Dillenia ‘Lipoldi, que Zwanziger rap- porte au Castanea atavia Ung. — Dans la flore fossile de Liescha, on * rencontre en grand nombre: Taxodium distichum, miocenum, Carpinus 29% REVUE SCIENTIFIQUE. à grandis et Ficus tiliæfolia. Ces espèces, d’après Zwanziger, ont dû constituer des forêts miocènes ; les représentants des deux premières se trouvent dans la Louisiane et dans la Caroline; il està noter qu'un Car- _pinus (C. betulus) vit, avec des feuilles de moitié plus petites, dans la localité même de Liescha, et un autre (C. americanus) en Amérique. Pour le genre Ficus, il a son représentant dans le F. nymphæfolia du Brésil ou dans le F°. populifolia de l'Afrique. La flore de Liescha indique donc que deux climats différents ont régné pendant cette période, puis- qu'on y rencontre des espèces du type européen septentrional et des es- pèces du type de celles de l'Amérique septentrionale, de la zone froide et de la zone chaude, avec des mélanges de forme subtropicale. A la fin de ce travail est un tableau comparatif de la flore de Culm avec les autres flores tertiaires et leurs représentants respectifs actuellement existants. — L'ouvrage est orné de 28 Planches. — Le professeur Kusta (Znst. géol. de Vienne) donne des détails d'un grand intérét pour la flore fossile sur diverses plantes qu’il a trouvées dans le bassin de Rakonitz, en Bohême ;— il fait mention de l'Annularia radiata, Sphenopteris obiusiloba, Sigillaria alveolaria, Alethopteris Mantelli (en tout identique à la figure de la partie supérieure de Pecopte- ris Mantelli, dans la flore fossile de Lindley et de Hutton). Il parle en- suite d'un tronc de Sigillaria alternans, en position dressée, d’un demi- mètre de haut et d’un quart de mètre de grosseur, d’un autre tronc de Sigillaria d'un demi-mètre de longueur avec une couronne de longues feuilles, etc. — Divers Mollusques (Jowrn. de Conchyl. de Paris) tertiaires de la Slavonie, de la Croatie et de la Dalmatie, sont décrits par le professeur Brusina. — Le prof. Sylvestri (Bull. vulcan. ital., Rome) fait connaître une éruption de boue survenue dans les annexes de l’Etna. Dans un large bassin il s’est formé de nombreux cratères qui vomissent avec force des torrents de! oue salée d’une température de 40o à 45°, à laquelle se trouvent mêlées des matières grasses contenant de l’acide carbonique, de l'hydrogène et des hydrocarbures liquides constituant une espèce de pétrole. On croit que ces phénomènes dépendent des diverses secousses qui ont eu lieu dans la province de Catane en octobre et novembre derniers. Le Vésuve avait déjà donné en avril quelques signes d’éruption; on avait ressenti de fortes secousses de tremblements de terre; on avait observé des flammes, des projectiles; ces phénomènes s'accrurent, etc. Ici, je dois faire mention d’une importante découverte du profes-#l TRAVAUX ÉTRANGERS. 293 seur Rossi (consignée dars son Bulletin du vulcanisme italien) qui consiste dans l’application du microphone à ce travail intérieur du vol- can, de manière à pouvoir connaître les phases et la nature de ce travail. Cet instrument révèle la durée des ondes, il reproduit le phénomènes des tremblements de terre, donne la raison de la mobilité de certaines ré- gions terrestres, etc., etc. PALÉOETHNOLOGIE.— Le D'Engelhardt (Soc. Isis de Dresde), en parlant de l’homme fossile, fait la description des dolicocéphales, subdolicocé- phales, brachicéphales, etc., et discute ensuite sur les races de l’homme diluvien. Il distingue la race de Canstatt, de Cromagnon et de Furfooz. La première est connue par ledit crâne de Néander, qui se distingue par sa dolicoplatycéphalie. Elle habita en Europe, depuis la Germanie jusqu’en Espagne. La race de Cromagnon était dolicocéphale, mais cependant avait le diamètre vertical bien développé; la grandeur du cerveau dénote une grande intelligence. La race précédente vécut au temps du déluge moyen et existait encore à la fin de ce déluge. La troisième race, de Fur- fooz, dont Dupont trouva encore des restes dans les cavernes du Belgio, était de moindre stature, subbrachicéphale ou mésaticéphale ; elle était moins intelligente que la race précédente et vivait à la fin de la période diluvienne. —Parlons du Bulletin paléoethnologique italien, dont nous avons fait mention plusieurs fois, et qui fait connaître les progrès toujours croissants de l'étude des sciences préhistoriques en Italie. Le dernier numéro de ce Bulletin qui nous est parvenu contient, dans ses nombreux articles, une Notice du professeur Chierici sur l’importante découverte de divers silex mégalitiques (javelots, haches, coins, couteaux, etc.) opérée, dans les graviers d'alluvions, sur le mont Chieti, peu éloigné de la ville du même nom. Nous y trouvons des observations critiques faites par le professeur Strobel au sujet d’un travail du D' Regazzoni, Sur l'homme préhistorique dans la province de Côme. Regazzoni fait remarquer que pendant l’ère préhistorique l’homme a habité plusieurs localités du territoire de Côme, principalement la partie méridionale ; dans l’âge néolithique, l’homme s'établit de préférence sur les palañttes lacustres habitées aussi dans l’âge du bronze; mais à cette époque, comme à celle du fer, l’homme préhistorique habita les régions plus élevées, les collines morainiques et les vallées du bassin du Lario; l’homme pré- historique était chasseur et pêcheur, il était d’une nature inerte, etc. Le professeur Strobel critique le travail de Regazzoni, sur divers points, par des raisonnements basés sur ses propres études et des faits entière- ment contraires à ceux exposés par l’auteur, 296 REVUE SCIENTIFIQUE. — Enfin, nous devons parler de la perte douloureuse faite pour la science de trois éminents naturalistes italiens : le 25 avril 1878 est mort le D' Jean Zanardini, remarquable par ses études sur les Algues ; le travail sur les Fucacées nouvelles et les plus rares des mers Adriatique et Méditerranée, qu’il publiait dans les Mémoires si remarquables de l’Institut des Sciences de Venise, accompagné de planches précieuses, rendra son nom illustre dans les annales de la science. — Le 4 mai 1878 a succombé le professeur Robert Visiani, à l’activité duquel la flore seule de la Dalmatie suffit pour élever un monument impé- rissable; il faut joindre à ses travaux la description de plantes nouvelles de la Servie, faite en collaboration d’un botaniste distingué, le professeur Pancic, de Belgrade ; parmi ses travaux antérieurs, n’oublions pas celui sur la fécondation et fructification de la vanille, etc. Visiani s'était aussi appliqué aux études phyto-paléontologiques en s’aidant de sa riche col- lection de plantes fossiles du Véronais etdu Vicentin. Mais ce qui était l’objet le plus constant de sa prédilection, c'était le Jardin botanique, au- quel il avait voué toute son activité: il ne reculait devant aucun sacrifice pour l’enrichir d'espèces nouvelles et de variétés, afin de le tenir con- stamment au niveau actuel de la science. Ce jardin sera un monument éternel pour Visiani. — Le 14 décembre 1878 est décédé, à l’âge de 74 ans, à Bologne, le professeur Joseph Bertoloni, botaniste et entomologiste distingué. > SENONER. a E— Revue Botanique Hollandaise. Hugo de Vries; Sur la perméabilité des membranes précipitées (Archives neerlandaises des Sciences exactes et naturelles, tom.XXIII, pag. 344-355). — Les différends qui sont venus surgir récemment à propos des cellules artificielles de M. Traube, ont engagé M. de Vries à publier les résultats de recherches faites, en partie, il y a quelque temps déjà. L'auteur admet d'avance que les propriétés des mem- branes précipitées, comparées par M. Traube à celles des parois des cel- lules vivantes, « ne peuvent être retrouvées dans les parois cellulaires, mais tout au plus dans le protoplasme ». Pour qu'un précipité puisse, d’après M. Traube, prendre la forme d’une membrane, il faut que les interstices entre ses molécules soient si étroits que les molécules des composants ne puissent pas y passer. Ainsi, les TRAVAUX ÉTRANGERS. 297 membranes précipitées doivent être imperméables pour les membrano- gènes. C’est à cette assertion de M. Traube qu'ont rapport les expé- riences et les considérations critiques de M. de Vries. Lorsque la membrane précipitée n’est pas perméable, elle continuera à rester hyaline et à ne pas s’épaissir ; lorsque, au contraire, sa perméa- bilité n’est pas douteuse, il se pourra qu'un des membranogènes seule- ment la traverse, ou bien qu’elle soit perméable pour ses deux compo- sants. Dans les cas qui sont possibles dans notre seconde hypothèse, la paroi de la cellule, dès sa première constitution, devra constamment s’accroître en épaisseur, et cet épaississement ne pourra s'arrêter que lorsqu'un des membranogènes sera entièrement consommé. M. de Vries arrive à ces déductions théoriques : & 1° Si la conclusion de M. Traube est juste, et que la membrane pré- cipitée soit imperméable pour les deux membranogènes, cette membrane conservera indéfiniment son épaisseur primitive. » 2° Si la membrane précipitée est perméable pour l’un des membra- nogènes ou pour tous les deux, son épaisseur devra augmenter conti- nuellement, jusqu’à ce que l’un des membranogènes soit complétement épuisé. » L'auteur a fait ses principales expériences sur des cellules flasques de ferrocyanure de cuivre, obtenues de la manière connue {le chlorure cuivrique dans la cellule). La goutte bleue commenca parêtre recouverte d'une membrane extrêmement flexible; la cellule ne grossit pas, mais au bout d’une demi-heure la membrane hyaline présenta quelques taches d’un aspect brun clair et floconneux; la paroi entière prit en- suite une teinte brun clair. Après vingt-quatre heures, la cellule n'avait pas grandi du tout, elle avait perdu sa flexibilité et était devenue raide et fragile ; sa paroi était brun foncé et complétement opaque ; elle ne renfermait plus de sel de cuivre dissous. M. de Vries ajoute : «Je pouvais voir d’ailleurs, distinc- tement que son contenu était coloré en jaune, qu’elle était par con- séquent remplie de ferrocyanure de potassium ». Cette expérience donne lieu, à M. de Vries, aux conclusions suivantes : « La paroi de la cellule de ferrocyanure de cuivre était perméable pour l’un des membranogènes ou pour tous les deux. — En tout cas, il est certain que l’assertion de M. Traube, concernant l’imperméabilité de la paroi pour chacun des deux sels, est inconciliable avec le fait que je viens de décrire. » L'expérience a été répétée plusieurs fois, avec diverses modifications : toujours le même résultat à été obtenu. Aussi l’auteur considère, d’après 298 REVUE SCIENTIFIQUE. ses expériences, l'accroissement continu en épaisseur comme propriété générale des membranes précipitées ; il a vu se produire cet épaississe- ment tant chez les cellules flasques de ferrocyanure de cuivre que chez celles qui croissaient. M. de Vries a fait en outre plusieurs expériences avec des membranes précipitées formées par d’autres composants, entre autres avec diffé- rentes cellules siliceuses : un épaississement progressif des membranes se présentait toujours. L'auteur termine son article en disant : «Il est clair que, par ces ré- sultats, la prétendue analogie entre les membranes précipitées et le pro- toplasme vivant est réduite à une simple apparence, dépourvue de toute signification. » — F.-J. Dupont; Nog een paar opmerkingen naar aanleiding van het nieucoste werk van C. von Nägeli (Maandblad voor Natuuwrwet, 8*° année, pag. 115-124). — Depuis longtemps M. Dupont étudie tout ce qui concerne la putréfaction et la fermentation. Dans le présent article, il s'occupe des vues récentes de M. Nägeli sur l’unité morpho- logique des Schizomycètes : on sait que le célèbre professeur de Munich admet cette unité, en s’opposant par là aux opinions de M. Cohn. M. Nägeli considère même les Bactéries qui affectent la forme de bâtonnets et de filaments comme constituées par de courtes cellules disposées en rangée longitudinale ; ces éléments cellulaires deviendraient plus distincts à l’aide de plusieurs réactifs. Les recherches de M. Dupont se sont surtout portées sur les Bacillus du foin, qu'il a étudiés avec les plus fortes lentilles, entre autres avec les nouveaux systèmes à immersion homogène de M. Zeiss. Malgré tous ses efforts, l’auteur n’a jamais réussi à découvrir dans ces bâtonnets, quatre à cinq fois plus longs que larges, la moindre trace de cloisons transversales. Dans plusieurs expériences, M. Dupont à opéré la colora- tion des Bacillus, notamment par l’iode, la fuchsine, le brun d’aniline et le violet de méthyle, sans obtenir un meilleur résultat ; en séchant les Bactéries, comme le conseille M. Nägeli, M. Dupont n’a pas non plus pu constater la présence de cloisons transversales. Traités par l’iode ou le brun d’aniline, les Bacillus deviennent plus ou moins toruleux ; d'après M. Dupont, cela n’indique pas cependant une nature pluricellulaire des baguettes, comme le pense M. Nägeli. Les légers renflements que peuvent présenter les Bactéries après un traite- ment par des solutions d’iode ou de brun d’aniline ne tiendraient qu'à une coagulation du protoplasme en masses plus ou moins distantes, causées par l'influence de ces réactifs. TRAVAUX ÉTRANGERS. 299 M. Dupont a étudié encore de grandes Spirilles et le Leptothriæ buc- . calis, sans obtenir d’autres résultats qu'avec les Bacillus du foin ; aussi l’ensemble de ses recherches ne l’a nullement conduit à se déclarer par- tisan des vues de M. Nägeli sur la morphologie des Bactéries. — C.-A.-J.-A. Oudemans ; De ontwikkheling onzer kennis aan- gaande de Flora van Nederland (Nederl. Kruidk. Archief,2° Reeks, IT, 1, 1878, pag. 1-75). — Dans cet article, M. Oudemans publiela troi- sième partie de ses recherches historiques sur la Flore des Pays-Bas. Cette partie est consacrée aux travaux de Hondius, Knijf et Vorstius. Petri Hondii, Dapes inemptæ, Of de Moufe-Schans.. Fot Leyden, 1621. — Dans ce travail, Hondius à fait la description poétique d’une soixantaine de plantes sauvages ; cinq d’entre elles sont citées pour la première fois comme indigènes aux Pays-Bas. Deux plantes dont les descriptions ne peuvent avoir rapport, d’après M. Oudemans, qu'aux Sambucus nigra, var. leucocarpa, et Physalis Alkekengi, n'ont Jamais été retrouvées ici. G. J. Knijf, doctoris medici, Goylandiæ Libri duo, seu, Vera ejusdem Regionis descriptio historia reruwmq. memorabilium in ea EXACIATUM nue Amstelodami, AÀ°1521.— Ce livre, qui n’est pas cité par Pritzel dans son Thesaurus, renferme une liste de 195 espèces indi- gènes, décrites en vers latins. Les plantes suivantes sont indiquées pour la première fois : Ornithopus perpusillus, Comarum palustre, Vale- rianella olitaria, Crepis biennis, Calluna vulgaris, Hydrocharis, morsus Rance. Adolf van Voorst (Vorstius), nommé directeur du Jardin botanique de Leyde en 1624, publia cinq fois de suite un catalogue du Jardin, suivi d’une énumération des plantes croissant dans les environs de Leyde. Vorstius cite 300 espèces, dont 43 reconnues pour la première fois comme indigènes. — W.-K.-J. Schoor ; Onderzoek naar de afscheiding van zuren bij de kieming van tarwekorrells (Nedert. Kruidk. Archief, 2° Recks, III, 1, 1878, pag, 104-107). — M. Schoor s’est proposé de déterminer la nature de l’acide sécrété par les racines du froment pendant la germi- nation ; dans ce but, il place sur les bords d’un plat en porcelaine un triangle en verre traversé par des fils de platine ; le fond du plat est re- couvert d’un mélange d’eau et de-carbonate de calcium. Des grains en voie de germination sont déposés, dans de l’asbeste humide , sur le triangle ; bientôt les racines atteignent, en s’allongeant, le liquide qui recouvre le fond du plat. Chaque matin, ce liquide est versé dans un autre vase et remplacé par de l’eau fraiche. Ce liquide, dans lequel 300 REVUE SCIENTIFIQUE . avaient crû pendant vingt-quatre heures les racines, en présence du sel de calcium, a servi à M. Schoor dans ses recherches chimiques. Il serait . possible, d’après ces recherches, que l’acide sécrété par les racines fût l’acide arabique ; ce qu’il y a de sûr, c’est que l'acide en litige peut pro- duire, en se décomposant, de l’acide acétique. Malheureusement, l’auteur n’a pas pu continuer ses investigations assez longtemps pour obtenir des résultats plus positifs ; toutefois, ces données fournies par lui peuvent être d’utiles indications pour des recherches ultérieures. — K.-W. van Gorkum; De ziekte der Kina-plant op Java (Ver- slagen en Mededeel. d. Koninkl. Académie, Afd.Natuurk., 2° Recks, pl. XIII, pag. 25-38, 1878). — En 1868, une maladie inconnue est venue menacer de dévastation les plantations de Quinquinas à Java. La maladie commence par se manifester aux feuilles. Dans quelques endroits de la feuille, il y à une augmentation pathologique de tissu cellulaire, et l’ac- croissement de la feuille est entravé localement. Le parenchyme envi- ronnant continue à s’accroître, et par suite la feuille prend un aspect frisé. La maladie avance jusqu'aux jeunes sommets des plantes ; ces som- mets semblent être morts et totalement subérifiés. Seulement, lorsqu'on les casse, ils se trouvent être encore frais et verts à l’intérieur. Heureusement les Quinquinas paraissent mieux résister qu’on ne le croyait d’abord, car les plantes, quoique affaiblies et endommagées, res- tent en vie ; elles peuvent même à la rigueur redevenir très-vigoureuses. Cependant, la maladie continue encore maintenant, de manière à causer de sérieux dégâts dans les plantations : il n'ya, à ce qu’il paraît, qu'une taille énergique qui puisse rendre les plantes plus résistantes. On s’est longtemps donné beaucoup de peine pour découvrir la nature de l’agent dévastateur, sans obtenir des résultats positifs. Ce n’est que dans les derniers temps qu’on a cru pouvoir attribuer la maladie, avec certitude, aux piqûres d'un petit Hémiptère. M. van Gorskum, qui a adressé à l’Académie des Sciences d’Amster- dam la Communication dont je viens de faire l’analyse succincte, est Inspecteur général des cultures, autrefois Directeur des plantations de Quinquina à Java. — M. Treub; Quelques recherches sur le rôle du noyau dans la division des cellules végétales (publié par l’Académie Royale Néerlan- daise des Sciences, 35 pages in-4°, avec IV pl. ; Amsterdam, 1878). — L'aperçu historique qui se trouve entête de ce travail se termine par ces mots : « En rappelant les phases principales dans l'historique de la division des cellules végétales, j'ai eu pour but de faire ressortir comment on a TRAVAUX ÉTRANGERS. 301 pu, jusqu’à nos jours, ne pas remarquer que c'est le partage du noyau qui initie et qui détermine généralement cette division. Il me semble que deux causes ont concouru à ne faire attacher, jusqu'en 1875, qu’une médiocre importance au noyau dans ce phénomène : »l° Une réaction contre l'hypothèse si peu fondée de M. Schleiden (Beitr. zur Phytogenesis), réaction inconsciente pour ainsi dire, quel- quefois se montrant plus distinctement ; » 2° La préférence, très-naturelle d’ailleurs, qui s’est toujours mani- festée pour les Algues lorsqu'il s'agissait de recherches sur la division des cellules végétales, tandis qu'on admettait 4 priori une grande ana- logie, quant à la division cellulaire, entre ces végétaux d'ordre inférieur et les plantes supérieures (Pringsheim, Planzenzelle). C’est M. Stras- burger qui a prouvé que cette analogie, admise théoriquement, fait dé- faut en réalité. » Dans mes propres recherches, je m'étais proposé d'étudier en premier lieu la division cellulaire, dans les Phanérogames , sur des cellules vi- vantes;, de suivre ainsi toute la question sous le microscope, de la même manière que cela à été fait par M. Straÿburger et d’autres pour les Spirogyra, Cladophora, Ulothrix, etc. Dans le cas où j'obtiendrais de la sorte des résultats présentant des différences avec ceux auxquels est arrivé M. Strasburger, j'avais l'intention d’étudier ensuite différentes plantes, afin de pouvoir juger de la généralité des différences constatées. C'est dans les Orchidées que j’ai pu étudier la division sur les cellules vivantes, notamment dans les suspenseurs des embryons de l’'Orchis latifolia, et dans les cellules qui constituent la couche externe des ovules de l’Epipactis palustris. A l’exception de ce qui se rapporte à la formation de la membrane de cellulose, mes résultats s'accordent, quant aux points essentiels, avec ceux obtenus par M. Strasburger dans ses recherches sur les cellules tuées par l'alcool. Il paraît que dans les plantes supérieures le noyau cellulaire se compose, avant la formation de la plaque nucléaire, de gros granules qui se dirigent ensuite vers un plan équatorial pour con- stituer ensemble cette plaque. Pendant que les deux moitiés de la plaque nucléaire sont en train de s'éloigner, le noyau s'étend en sens latéral d’une manière très-prononcée; cette extension est suivie d’un rétrécisse- ment tout aussi considérable, atteignant son maximum au moment où les moitiés de la plaque nucléaire ont pris la forme de noyaux. On voit alors un faisceau de fils parallèles unissant les deux jeunes noyaux. De nombreux petits granules, à un mouvement très-vif, se dirigent alors vers le milieu de ce faisceau pour aller former la plaque cellulaire ; le faisceau commence ensuite à s’élargir de tous les côtés, en formant 302 REVUE SCIENTIFIQUE. ainsi un tonneau partagé en deux par la plaque cellulaire transver- sale. Quant aux stries et fils protoplasmiques entre et dans les noyaux en voie de division, je suis induit à leur attribuer une moindre impor- tance qüe ne le fait le savant professeur de Iéna. J'ai inséré dans mon travail plusieurs tableaux où se trouve indiquée la durée des stades successifs que parcourt le noyau en se divisant. Pour ce qui concerne la formation de la membrane de cellulose et de la plaque cellulaire, mes opinions diffèrent essentiellement de celles de M. Strasburger. D'après M. Strasburger, la plaque cellulaire, une fois formée, ne s’accroîtrait pas ; le tonneau ne ferait que s'étendre latéralement autant que possible ; aussi les bords de la plaque cellulaire resteraient d’or- dinaire séparés des parois de la cellule par une partie de la cavité cel- lulaire. La plaque cellulaire serait complétée alors par un anneau s’éle- vant sur le protoplasma pariétal ; il se produirait d'abord une fente dans l'anneau, et dans cette fente serait sécrétée la cellulose. Aussitôt que l'anneau aurait atteint la plaque cellulaire du tonneau, le reste de la cloison de cellulose se formerait en une fois (simultanément). Ainsi le nucléus n'aurait, selon M. Strasburger, qu'une médiocre importance pour la formation de la jeune cloison. Tant pour les cellules vivantes que pour celles tuées par l’alcool que j'ai pu étudier, je suis arrivé moi-même aux deux résultats sui- vants : « 1° La plaque cellulaire formée dans le tonneau entre les deux jeunes noyaux, s'accroît par ses bords jusqu'à ce que de tous les côtés elle tou- che aux parois de la cellule ; » 2 Jamais je n'ai vu la plaque cellulaire formée dans le tonneau, complétée par un anneau s’élevant à partir de la paroi cellulaire; jamais non plus je n’ai vu de membrane annuliforme de cellulose croître à la rencontre de la plaque cellulaire. » Avant d'entrer dans plus de détails, il me faut distinguer tout de suite deux cas : ou bien le noyau reste, en se divisant, au centre de la cellule, ou bien il se trouve tout près d’une des parois cellulaires. Dans le premier cas, la plaque cellulaire s’accroïît partout par ses bords, le tonneau s'étend de tous les côtés, et la plaque cellulaire touche partout, à peu près en même temps, aux parois de la cellule-mère. Je n’ai pu dé- cider si la membrane de cellulose ne se forme qu’'alors, en une fois, ou bien si d'avance il y a déjà un disque de cellulose au milieu de la pla- que cellulaire ; ce disque devrait, dans ce cas, s’accroître par ses bords, à mesure que la plaque s’avance, et finir par se rattacher partout aux parois de la cellule. TRAVAUX ÉTRANGERS. 303 Dans le second cas, lorsque le noyau, en se divisant, se trouve d’abord tout près d'une des parois de la cellule, la plaque cellulaire touche, tout de suite après sa formation, à cette paroi, tandis que de l’autre côté elle est séparée de la paroi opposée par la plus grande partie de la ca- vité cellulaire. J'ai pu constater qu’alors le tonneau se dirige vers ce côté opposé de la cellule, en même temps que la plaque cellulaire s’ac- croît. J’ai très-distinctement vu la plaque se fendre à mesure qu’elle se complète , à partir du lieu où elle touchait, dès le commencement, à la paroi cellulaire; dans cette fente, il se forme une membrane de cellulose se rattachant à la paroi de la cellule : cette membrane se forme ainsi successivement, son agrandissement suit de près l'accroissement de la plaque cellulaire; un peu après que celle-ci a atteint la paroi cel- lulaire opposée, la membrane de cellulose s’y rattache aussi et la cloison séparatrice est complète. Ainsi, pour les cellules que j'ai étudiées, le rôle du noyau est beau- coup plus important que ne l’admet M. Strasburger. Le noyau com- mence par se diviser ; entre les deux jeunes noyaux résultant de cette division, il se forme d’une manière ou de l’autre une plaque cellulaire complète, et cette plaque fournit la membrane de cellulose. Ainsi, c’est par l'intervention directe des jeunes noyaux que toute la plaque cellulaire, et par conséquent toute la membrane de cellulose, est formée. —Phanérogames reconnus indigènes aux Pays-Bas ([Nederl. Vor- nik. Archief, 2° Reeks, IIT, 1878). Senecio sylvaticus L., var. denticulatus. Utricularia neglecta Lehm. J'uncus conglomeratus L., var. effusus. — Nouvelles Muscinées des Pays-Bas (loc. cit., pag. 101): Bryum Warneum Bland. Bryum luridum Ruthe. Hymenostomum tortile B.S$. — C.-A.-J.-A. Oudemans ; Aamoinsten voor de Flora Mycologica van Nederland (Nederl. Kruidk. Archief, 2° Reeks, ITT, 1, pag. 142- 161, 1878).— Dans cet article, M. Oudemans fait connaître une cinquan- taine d'espèces devant être rangées parmi les Champignons indigènes aux Pays-Bas ; l’'énumération complète de ces espèces so trouvera dans le Jahresbericht de M. Just, pour 1878. Je fais suivre ici les descriptions des quatre nouvelles, établies à cette occasion par M. Oudemans. 304 REVUE SCIENTIFIQUE. Coniothyrium Pinastri Oud. Perithecia membranacea, sublilissima, atra, sub microscopio saturate violacea, e cellulis minutissimis composita, irregulariter rumpentia, sparsa vel cæspitose crescentia, hinc vario modo compressa. Pulpa achroma e sporis mucilagine conjunctis conflata. Sporæ minimæ, ovales, utrinque obtusæ, continuæ, 0,003 mill. longæ, 0,0015 mill. latæ. — Ad squamas strobilo- rum maturorum Pini Pinastri e pineto quodam Neerlandico. m. Martio. ao 1877. Seploria Poræ Oud. Perithecia sparsa, minutissima. Sporæ achromæ, 1 — septatæ, lanceolatæ, 0,001? mill. iongæ, 0,00?3 mill. latæ. — In caulib. siccat. Poæ nemoralis. Discella Platani Oud. Perithecia in ramis junioribus mortuis sub peridermate in strato corticali externo nidulantia, tandem prominula et, peridermate supra verticem eorum rupto, sporas suas emittentia. Ipsæ sporæ achromæ, continuæ, ovales vel ovatæ, majores quam in. D. microsperma minores quam'in D. platyspora. Longitudo sporarum... 1n D. Platani..... (0,007 — 0,012 mill. » » D. platyspora.. 0,003 — 0,035 » Platitudo » » D. Piatani,..., 0,0035 — 0,007 » » » D. platyspora.. 0,0125 » In ramis Platani orientalis. Ramularia Prismatocarpi Oud. Cæspites densissime stipati totam faciem infe- riorem foliorum tomenti suborisei ad instar obtegunt. Hyphæ conidiiferæ in quoque cæspite numerosæ, brevissimæ, achromæ. Ipsa conidia variæ formæ (ovalia, oblonga, ovata) et magnitudinis (longa 0,012 — 0,023 mill., lata 0,0045 — 0,008 mill.). achroma, indivisa, soluta una extremitate pristinæ conjunctionis cicatrice insignia, altera integra, rotundata. — In fol. Prismatocarpi Speculi. Voosrchoten, près Leyde. Juillet 1879. M. TREUL. Le Directeur : E. DUBRUEIL. ES Montpellier, — Typogr. BOEHM et FILS. REVUE DES SCIENCES NATURELLES — MÉMOIRES ORIGINAUX. EE So A I SUR LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES POISSONS DE MER Par M. L. TILLIER, Lieutenant de vaisseau, (Suitet) Région de l'Atlantique Américain. ( Côtes Est des deux Amériques. ) LIMITES DE LA RÉGION. — Nous regardons comme comprises dans cette région les côtes des deux Amériques, depuisles mers sententrionales jusqu'aux environs du cap Horn. Les Antilles, qui forment une chaîne d’îles ininterrompue et continuent pour ainsi dire le rivage de la Floride au Venezuela, font naturelle xent partie de cette zone et ne peuvent, à aucun point de vue, être con- sidérées comme océaniques. Loin delà, beaucoup des formes qui les habitent se retrouvent vers le Nord jusqu’à New-York, et au sud de la ligne jusqu’à Rio. Il n’est presque pas un seul genre, du reste, qui n’ait des espèces à la fois aux Antilles et au Brésil, et rien n'est vraisemblablement plus nettement démontré, en fait de distribution géographique, que le caractère absolument amé- ricain de ces îles. s Il n'en est peut-être pas de même des Bermudes et de la Tri- nité, qui, situées beaucoup plus au large et se trouvant, de ce fait, dans des conditions toutes différentes, doivent présenter des phé- nomènes analogues à ceux des archipels de l’Atlantique africain. La faune de ces deux stations est, à ce point de vue, des plus 1 V, le no de septembre 1879. 2° sér., TOM 1. 20 306 MÉMOIRES ORIGINAUX. intéressantes à connaitre, et il serait vivement à désirer qu’on püt faire une comparaison attentive entre les espèces qui habitent leur rivage et celles du continent voisin. On ne trouve malheu- reusement aucun des éléments nécessaires à cette comparaison dans l’histoire naturelle de Guvier, et nous sommes obligé de négliger complétement cette question. Nous donnons comme limite septentrionale de la région amé- ricaine les mers froides de l’océan Atlantique Nord, et, sans qu’on puisse, là plus qu'ailleurs, élablir une ligne de démarcation bien tranchée, c’est, à notre avis, dans les environs de New-York que les faures américaines et circumpolaires commencent à se séparer suffisamment. On trouve, en effet, un grand nombre d’es- pèces propres aux Antilles et au Brésil remontant jusqu'à New-York et presque aucune ne dépassant cette latitude. La zone arctique descend ici sensiblement plus au Sud qu'en Eu- rope; cela tient sans doute à cette loi générale, bien connue quoi- qu'en partie inexpliquée, d’après laquelle les côtes Ouest des continents sont, à latitude égale, plus chaudes que leurs côtes Est. Il est probable même que, sans l'influence bien évidente, et sur laquelle nous aurons à revenir, du courant du golfe, zone circumpolaire descendrait plus au Sud encore. En ce qui concerne la limite méridionale de la région, on ne se trouve pas en face des difficultés que présente le cap de Bonne-Espérance, car le cap Horn est à une latitude assez basse (56° Sud) pour que les formes habitant les eaux environnantes soient sûrement circumpolaires. Mais il faudrait, pour pouvoir déterminer l’extension vers le Sud de la zone antarctique, con- naître exactement les espèces de la côte depuis Montevideo jus- qu'aux environs des détroits, et, du temps de Cuvier, cette grande étendue de rivage n'avait pas encore été explorée. Nous ferons toutefois remarquer que par le parallèle de 49° et un peu au large des Malouines, nous avons pris en grande quantité des Poissons dont nous n'avons pu déterminer l’espèce, mais qui certainement étaient très-voisins des Morues, du banc de Terre- Neuve, et se péchaient de la même facon et dans les mêmes cir- DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. L 307 constances. Si l’on admet que les formes spécifiques de ce genre sont caractéristiques des pays circumpolaires, il faudra admettre en même temps que la région américaine ne descend pas plus au Sud que le 49° de latitude. FAUNE DE L'ATLANTIQUE AMÉRICAIN. — L’Atlantique améri- cain est habité, en ne considérant toujours, bien entendu, que les seuls Poissons décrits dans notre ouvrage, par 380 espèces réparties dans 95 genres, c’est-à-dire, à peu de chose près, par le même nombre de formes que l’Atlantique Est. En entrant dans le détail des familles el des tribus propres à la région, on trouve que celles qui peuvent jusqu'à un certain point servir à la carac- tériser, sont les suivantes : 1° Sciénoïdes à une dorsale. — Gette tribu comprend 14 genres et 47 espèces. Tous les genres, sauf un, sont représentés dans la région, et la plupart même ne se retrouvent nulle part ailleurs; ceux qui ne sont pas dans ce dernier cas, c'est-à-dire qui on! quelques-unes de leurs formes spécifiques dans d’autres parages, ont toujours la majorité de leurs espèces en Amérique. 2° Hæmulons (de la tribu des Sciénoïdes à deux dorsales). — Ce genre, assez riche en espèces, est propre aux côtes de l’At- lantique américain, qu'il habite exclusivement et depuis New- York jusqu'à Buenos-Ayres. Aucune des espèces pouvant y être rattachées ne s’est rencontrée sur d’autres points. Un certain nombre des genres du groupe dont les Hæmulons font partie ont aussi des représentants américains. 3° Sparoïdes à molaires arrondies. — Les Daurades et les Saroues, les Pagres et les Pagels, se distinguent des autres formes génériques de la même tribu par lenombre et la forme de leurs dents tuberculeuses ; ce sont aussi les seuls de ce groupe qui aient des espèces en Amérique. Les Sargues et les Pagels sont à peu près également répartis des deux côtés de l'Atlantique. 4° Pomacanihes. — Ce genre de Squammipennes à préopercule 308 MÉMOIRES ORIGINAUX. épineux compte 5 espèces, toules de l'Atlantique américain; ils. représentent dans cette mer les Holacanthes indo-pacifiques. 5° Malthées.— 5 espèces ayant des analogies avec les Baudroies et habitant de New-York et même de Terre-Neuve au Brésil. 6° Lachnolaimes. — Ces Poissons représentent, dans les mers d'Amérique, nos Labres et genres voisins ; ils font partie de la même subdivision. 1° Anchois. — Le genre est cosmopolite ; mais, comme sur 10 espèces 7 sont américaines, on peut le considérer comme américain. Les groupes que nous venons d’énumérer sont propres à la région que nous étudions, mais ils sont loin d’en former à eux seuls toute la faune. Comme dans l’Alantique Est, nous avons un orand nombre de formes appartenant aux genres cosmopolites riches en espèces, tels que : les Serrans, les Mésoprions, les Plectropomes, les Holocentres, les Upéneus, les Scorpènes, les Gerres, les Chetodons, les Chironèmes, les Caranx, les Athé- rines, les Muges, les Gobies, les Chironectes, les Batracoïdes, les Girelles, les Scares et les Orphies. Nous trouvons aussi, comme caractères négatifs, que les trois srandes familles des Teuthies, des Salmonoïdes et des Tænioides n’ont chacune qu’une seule espèce dans les mers d'Amérique. En résumé, celte faune américaine n’est pas parfaitement ca- ractérisée ; on trouve bien, ainsi que nous venons de le voir, un certain nombre de genres réellement indigènes, mais ils appar- tiennent à des groupes d’autres régions, et, sauf les Sciénoïdes à une dorsale, qui sont nettement américaines, on ne voit pas qu’au- cune autre tribu soit exclusivement propre à cette zone. Il peut être, en ce cas, utile de rechercher quelle est la faune dont celle de l’Atlantique Ouest se rapproche le plus, et il suffit pour cela de voir quels sont les caractères des formes génériques auxquel- les appartiennent les espèces américaines non localisées. Un simple coup d'œil jeté sur le tableau général de répartition DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. 309 permettra de s'assurer que presque toutes ces formes habitent la région Indo-Pacifique. Il s'ensuit qu’il paraît y avoir un certain mélange auquel on ne devait pas s'attendre, d’après la configu- ration des continents, entre les groupes indiens et américains. Les quelques hypothèses qu'il est possible de faire pour expliquer ces faits, rentreraient dans l'étude de la migration des espèces. Un fait particulier dont nous devons dire quelques mots se présente relativement à la dispersion des formes génériques et spécifiques le long du littoral américain tout entier. Dans la liste des Poissons propres à l’Atlantique Esi, nous avons vu, comme Cuvier en avait déjà fait la remarque, que souvent des genres ou même des espèces méditerranéennes se retrouvaient sans chan- gement au cap de Bonne-Espérance, et n’habitaient pas cependant le littoral intermédiaire. Il y a entre les côtes de l’Europe et celles de l’Afrique, où la houle du large crée une barre pour ainsi dire perpétuelle, assez de différences de configuration pour qu’il soit inutile de chercher ailleurs l'explication de ce phénomène. Rien de semblable ne se produit sur les rivages des deux Amé- riques ; aussi voyons-nous un grand nombre de genres répandre leurs espèces sans interruption sur le littoral, depuis les États- Unis jusqu’au Brésil, et même beaucoup de formes spécifiques habiter tous les points de cette immense étendue : sur les 95 genres représentés dans cette région, 27 se retrouvent de New- York à Rio et à Buenos-Ayres, et 22 plus particulièrement des mers chaudes, sans occuper un aussi vaste espace, vivent à la fois au Brésil, aux Antilles et à Bahama. Les courants, comme on le verra, doivent avoir une certaine influence dans le cas qui nous occupe; mais vraisemblablement la remarquable similitude de conformation physique des côtes des deux Amériques n'est pas étrangère à ce résultat. Il y a, au Nord comme au Sud de la ligne, de grands fleuves avec de vastes estuaires, des golfes et des baies assez profondément séparés du large pour jouir d'un calme relatif, et en général des creonslances analogues à la mêine distance de la terre. Dès-lors il peut paraitre moins éton- nant, toutes choses égales d’ailleurs, que des êtres semblables 310 MÉMOIRES GRIGINAUX. puissent trouver des conditions qui leur conviennent dans toute la partie de l'Océan baignant à l'Est les côtes du Nouveau- Monde. Il ne reste plus maintenant, pour compléter ce que l’on peut dire de la zone atlantique américaine, qu’à citer les espèces cosmopolites qui lui sont particulières. On en trouve deux seule- ment appartenant à des genres sûrement américains ; ce sont les suivantes: un Anchois, traversant complétement l’Atlantique Nord, et un Savonnier, qui habite à la fois le Brésil et les îles Océaniques, mais qui n’a pas encore été recueilli sur la côte d'Afrique. - Nous laissons provisoirement de côté les formes communes à l'Atlantique et au Pacifique américain, sur lesquelles nous aurons à revenir, Région Indo-Pacifique. (Océans Indien et Pacifique.) LIMITES DE LA RÉGION. — Cette région comprend tout l'im- mense espace semé d'îles et de bancs qui s'étend depuis la côte occidentale d'Afrique jusqu'aux dernières îles polynésien- nes, c’est-à-dire jusqu'au méridien des Pomotou. La limite sep- tentrionale est donnée par le parallèle de 40° environ du Ja- pon au nord de la Californie. La limite méridionale, plus diffi- cile à fixer, serait une ligne sinueuse partant des environs du cap de Bonne-Espérance, remontant assez loin au Nord dans l’océan Indien, redescendant du côté de l'Australie, contournant ce continent et longeant ensuile, à une certaine distance dans Île Sud et par lo parallèle de 30°, toutes les îles de la Polynésie. Au point de vue de la configuration géographique des rivages, cette zone se divise en deux parties bien distinctes que nous al- lons passer en revue: la première, à l'Ouest, comprend les mers de l'Inde; la seconde, plus à l'Est, tout le Pacifique. L’océan Indien, qui baigne à la fois les côtes d'Afrique, l'Aus- tralie, Sumatra, et, dansle Nord, les rives méridionales de l'Asie, renferme un certain nombre d'îles, surtoutvers l’orient de Mada- DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. A gascar à l’Hindoustan. Dans ces parages, les archipels des Ami- rantes, des Seychelles, des Chagos et des Maldives forment une espèce de chaîne, du canal de Mozambique à l'Inde, Maurice et Bourbon, avec Rodrigue et les Gargados, constituent un autre pe- tit groupe situé à deux cents lieues à peine et au vent de Mada- gascar. Du reste, on trouve cà et là, entre ces îles, quelques banes où la sonde rencontre le fond à d’assez faibles profon- deurs. Assez au-dessous de la surface pour être sans importance, en général, au point de vue de la navigation, ces bancs sont ha- bités par de nombreuses espèces marines et ont pu servir de station aux Poissons traversant d’une île à l’autre; on peut citer, parmi les plus remarquables, celui que les Portugais ont nommé Saya de Malha, à 80 lieues des Seychelles, et où nous avons fait nous-même des pêches extraordinairement abondantes, par des fonds variant de 20 à 60 mètres et plus. La partie non insulaire de cette subdivision indienne de notre région Indo-Pacifique se compose du littoral africain, de la mer Rouge, des côtes de l’Arabie, de celles de l'Inde anglaise et de la Chine; elle ne présente rien de bien particulier au point de vue de la conformation des rivages, et toutes les configurations possi- bles de plages, de falaises, de récifs ou de bancs s’y trouvent à peu près reproduites, sans que, sauf en de certains endroits, l’une de ces formes l'emporte beaucoup sur l’autre. La zone Est du Pacifique, qui s’étend des Pomotou aux grandes iles hollandaises et à la Chine, est semée dans toute son étendue d’une quantité innombrable d’archipels, de récifs et de coraux. Entre l’Australie et le continent asiatique, les îles sont si serrées et si rapprochées les unes des autres qu’on a pu les considérer dans leur ensemble comme une terre coupée en tous sens par des canaux nombreux et étroits ; vers l'Orient, à partür des Viti, les groupes sont plus clairsemés, et cependant, sauf de rares excep- tions, il serait difficile de trouver une terre qui soit à plus de cent lieues de la terre la plus voisine. Des bancs restant en général au-dessous du niveau des basses mers s’intercalent aussi entre les archipels et viennent encore diminuer l’élendue il MÉMOIRES ORIGINAUX. d’eau profonde qui les sépare les uns des autres. Tout à fait à l'Ouest, une ligne oblique joignant les Sandwich aux derniers groupes des Pomotou, laisse entre elle et la côte d'Amérique un espace assez large où les îles sont peu nombreuses et fort éloi- gnées l’une de l’autre, Cette ligne sert de limite à la zone dont nous nous occupons et la sépare du Pacifique américain. Toute cette partie du monde avait été, à l’époque où fut écrite l’histoire naturelle des Poissons, suffisamment explorée par les naturalistes voyageurs, à l'exception toutefois du littoral de la Chine. Il est probable que sur cette côte, et par analogie avec ce qui se passe en Amérique, les formes circumpolaires doivent s’avancer assez loin vers le Sud. Dans des pêches faites aux environs de Shang-Haï, à l'entrée du Yang-isé-Kiang, nous avons en général trouvé des espèces plutôt des mers froides. Quoique nous n’ayons malheureusement point gardé de catalogue exact des genres, nous n'hésiterons point, en ce qui nous concerne, à rapporter la majorité des Poissons de ces parages à la faune arctique. Des recherches ultérieures plus sérieuses et plus com- plètes pourront éclaircir ce point douteux. Les mêmes remarques faites sur les Poissons du Japon, pêchés, soit à Yokohama, soit à Nagasaki, nous portent à croire que cette grande île est sur la limite des deux régions Indo-Pacifique et circumpolaire. Il est hors de doute, dans tous les cas, quele Nord, dans les environs d'Hakodadé, a une faune essentiellement arctique. Quoi qu’il en soit, la région, dans son ensemble, est suffisamment connue pour que des découvertes nouvelles ne puissent plus sensiblement changer les résultats généraux actuellement acquis. On peut remarquer incidemment que les formations dont le corail est la base abondent dans les deux mers Indienne et Paci- fique. On en trouve en quantité prodigieuse entre le 30° paral- lèle, de chaque côté de l'Équateur, et beancoup aussi dans les golfes Asiatique et Persique, ainsi que dans cetle partie de la mer des Indes qui s’étend entre la côte de l’'Hindoustan et la grande île de Madagascar. Nous croyons avoir démontré déjà d'une façon indiscutable DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. DS que ces différences dont nous avons parlé dans les configurations physiques des deux Océans n’ont point donné naissance à des faunes ichthyologiques spéciales et distinctes. En effet, ea cher- chant à établir que les provinces indienne et australienne du Dr Sclater ne pouvaient s'appliquer aux espèces marines ou du moins aux Poissons de mer, nous avons vu que 101 genres sur 151 ont des espèces, soit depuis la mer Rouge jusqu’à Taïti, soit, dans tous les cas, beaucoup en decà et en delà de la ligne de dé- marcation que M. Wallace a tracée entre les faunes terrestres de l'Inde et de l’Australie. Nous eussions pu ajouter qu'un très-grand nombre d’espèces se retrouvent sans changement dans la mer Rouge, à Bourbon, dans l'Inde et aux Pomotou, en même temps que dans tout l’es- pace intermédiaire. Cette similitude entre les deux faunes ichthyo- logiques de deux provinces ayant au contraire des faunes terres- tres bien distinctes, est un fait indiscutable et des mieux prouvés de tous ceux qui ont trait à la distribution géographique. Du reste, ceux de nos lecteurs qui auront admis Ce que nous avons essayé de démontrer relativement aux difficultés que les Poissons éprouvent lorsqu'ils ont à traverser de très-grandes étendues d’eau profonde, et aux facilités extrêmes de la dispersion le long d’un rivage continu, n'auront pas de peine à comprendre, après ce que nous venons de dire sur les conformations des océans In- dien et Pacifique, comment une forme, même spécifique, peut ha- biter à la fois tout l'immense intervalle séparant Madagascar des Sandwich. On peut, en effet, considérer comme formant un ri- vase presque ininterrompu, ces îles sans nombre qui, sans parler des bancs intermédiaires, ne sont presque jamais éloignées de plus de cent lieues l’une de l’autre. FAUNE INDo-PaciriQuE. — La région Indo-Pacifique est peu- plée par 1395 espèces réparties dans 169 genres. Sur ce nom- bre, comme on l’a vu, 78 sont exclusivement indigènes et nese retrouvent nulle part ailleurs. Malgré cela, la faune est un peu moins nettement caractérisée qu'on ne pourrait le croire à priori, SE MÉMOIRES ORIGINAUX. Il ya,ilest vrai, beaucoup de tribus el même des familles entières réellement propres à la région; mais il faut remar- quer que les formes génériques assez riches en espèces Indo- Pacifiques pour pouvoir être considérées comme originaires de cette zone et ayant, malgré cela, un petit nombre de représentants étrangers, sont très-nombreuses aussi. La nomenclature en seraitlongue, car elle comprendrait la ma- jeure partie de 94 genres non localisés (il est inutile que nous la donnions ici, nous nous bornerons à renvoyer le lecteur au Ta- bleau général). On doit en conclure que les mers de l'Inde et du Pacifique ont élé, pour beaucoup de genres, un centre de création, et qu'un cer- tain nombre d'espèces appartenant à de nombreuses formes géné- riques ont pu ensuite émigrer et s'adapter définitivement ailleurs. Si même on généralise davantage et si l’on tient compte de ce fait considérable que, sur 261 genres non pélagiques d’Acanthopté- rysiens et de Malacoptérygiens abdominaux vivant à la mer, 92 seulement n’ont pas de représentants dans les mers de l’Iude, on pourrait peut-être en venir jusqu’à considérer la région Indo- Pacifique comme un centre de création général pour la classe entière des Poissons. C’est là, à la vérité, une simple hypothèse que nous n’avançons qu'avec la plus extrême réserve, mais qu'il est permis de faire en face des résultats obtenus d’après la répar- tition des êtres. Quoi qu’il en soit, les groupes caractéristiques sont si nom- breux et se retrouvent si souvent ailleurs sous des formes voi- sines, qu’il est inutile de les citer, et qu’il est peut-être préférable de rechercher les caractères négatifs, c’est-à-dire de voir quelles sont les principales tribus complétement étrangères à la région; ce sont les suivantes : 1° Les deux tribus de Sciénoïdes à deux dorsales.— La première est en majeure partie européenne et la seconde circumpolaire. A l'exception d’un Trigle de la Nouvelle-Zélande et de quatre autres habitant les environs du Cap, mais ne dépassant guère ces DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. 545 parages, toutes les espèces de ces deux tribus sont étrangères aux océans Indien et Pacifique. 2° La tribu des Sciénoïdes à une dorsale. — Sur 14 genres et 47 espèces, 4 genres et Î l espèces seulement sont Indo-Pacifiques. 3° Famille des Tænioïides.— Cette famille, qui est de l’Atlanti- que Est, n’a que trois représentants dans l'Inde : ce sont deux Cépoles assez mal connus jusqu'ici et un Gymnètre. 4° Famille des Salmonoïdes.— L'absence des Poissons de cette grande famille dans les mers de l'Inde est un fait fort remarqua- ble ; parmi les espèces marines, nous n’en trouvons que 6 sur 53 dans la région Indo-Pacifique. La plupart des Poissons cosmopolites appartiennent, comme on devait s’y attendre, à des genres dont la majorité des espèces sont indiennes. Dans un certain nombre de cas sur lesquels nous reviendrons, on voit une forme générique nombreuse en espèces Indo-Pacifiques avoir quelques représentants dans l’Atlantique américain, et une de ces dernières espèces sortir de la région et se retrouver, soit sur la côte africaine, soit dans les îles océaniques. D’autres iois le genre à forme indienne est fortement cosmopolite lui-même et une de ses espèces le devient tout à fait. Région du Pacifique américain. (Côtes Ouest d'Amérique.) IMPOSSIBILITÉ DE CARACTÉRISER LA RÉGION DU PACIFIQUE AMÉRICAIN AVEC LES SEULES ESPÈCES DE QUVIER. — On ne trouve dans l'Histoire des Poissons que 35 espèces dont le lieu d'origine appartient d’une façon certaine aux rives des deux Amériques, du côté de la mer du Sud. Ces 35 espèces se répar- tissent en 21 genres, parmi lesquels 5 seulement sont indigè- nes, c'est-à-dire n'habitent vulle part ailleurs. Les 16 autres se divisent de la manière suivante : 10 genres cosmopolites, À genres américains ou indiens ayant des formes améri- caines; enfin, 2? genres réellement indiens. Vraisemblablement 310 MÉMOIRES ORIGINAUX. le nombre des espèces Pacifiques actuellement décrites ou réunies dans les collections est considérable, et il doit être facile à ceux qui peuvent se procurer ces renseignements de décider aujour- d'hui ce qu'il en est de la région Ouest américaine ; mais avec le seul ouvrage de Cuvier nous n'avons pu, comme on vient de le voir, réunir qu'un nombre insignifiant d'espèces, et par consé- quent le résullat auquel nous sommes arrivé, étant basé sur des faits trop peu nombreux, ne peut mériter toute confiance ; c'est seulement par analogie avec ce qui se passe dans l’Atlantique, que nous avons admis une faune ichthyologique distincte pour les eaux du Pacifique américain. Les découvertes modernes peuvent tout aussi bien démentir que confirmer cette supposition. Il s’agit de savoir en effet si l'intervalle de mer profonde qui sépare les Pomotou et les Sandwich de la terre ferme constitue pour les Poissons un obstacle réellement infranchissable. À considérer 5 clement la distance, qui est de 800 lieues, c’est- à-dire beaucoup plus considérable que la largeur de l'Atlantique entre l'Afrique et le Brésil, il ne peut y avoir aucun doute, et il faudrait admettre immédiatement que les espèces restent en général confinées dans une des régions Indo-Pacifique ou Amé- ricaine. Mais si l’on jelte un coup d’œil sur les cartes actuelles, on voit qu'un certain nombre de récifs s'étendent au large de l'ile de Salas y Gomez assez loin vers l'Est, c'est-à-dire du côté de l'Amérique. Ceux de ces récifs qui peuvent gêner la naviga- tion, et dont la position géographique a dû par conséquent être déterminée, ne sont pas éloignés de 100 lieues les uns des autres. Les marins pensent, en outre, que tous les écueils n’ont pas encore été découverts, et que, de plus. il existe entre eux des bancs où les profondeurs sontassez faibles, quoique bien supérieures à celles qui sont dangereuses pour les bâtiments. Qu'elle soit ou non assez continue pour permettre la migration des espèces marines, la ligne des hauts fonds s'étend au moins jusque dans les environs du méridien de 97, et on compte 240 lieues de ce méridien à l'ile de San-Félix, qui est assez rapprochée de la côte du Chili. D'un autre côté, de l’île Salas y Gomez qui sert de point de dé- DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. Sly part à cette espèce de chaîne sous-marine aux derniers groupes des Pomotou, à faune sûrement Indo-Pacifique, il y a environ 200 lieues. Si cette conformation particulière des fonds de l’océan Paci- fique vers le 30° parallèle crée réellement une communication entre les archipels polynésiens et la côte ferme, on ne devra point s'étonner de trouver un certain mélange entre les faunes des deux régions voisnes ; mais le problème, pour nous, reste entier, et nous ne pouvons actuellement le résoudre. HYPOTHÈSE DE SIR CHARLES LYELL SUR LE MÉLANGE DES FAU- NES MARINES DES DEUX CÔTES DE L’ISTHME DE PANAMA. — Les genres indiens ne sont pas les seuls qu’on puisse rencontrer en grand nombre parmi les formes de la mer du Sud. Il résulte d’un calcul du D' Gunther, cité par sir Charles Lyell dans ses Éléments de géologie, que 48 espèces sont propres à la fois à l'océan Pacifique et à la mer des Antilles. L’illustre savant cite ce fait excessivement remarquable dans un très-court chapitre consacré à la migration des Poissons, et paraît admettre que les Oiseaux d’eau (au plumage desquels le frai peut rester attaché, ainsi que Île prouvent d'assez nombreuses observations) doivent jouer un certain rôle dans cette circonstance, en transportant les œufs des espèces marines d’un côté à l’autre de l’isthme de Panama. Nous voyons là, d'abord, une preuve bien évidente de l’im- perfection des connaissances acquises au temps où écrivaient Cuvier et Valenciennes, sur les formes des côtes Ouest d’Améri- que, car en compulsant attentivement l’hisloire naturelle des Poissons, qui ne traite, il est vrai, que des Acanthoptérygiens et des Malacoptérygiens abdominaux, on ne trouve pas plus de dix espèces communes aux eaux américaines orientales et occiden- tales. L'hypothèse de sir Charles Lyell relative à la migration pos- sible par un transport aérien des œufs fécondés, demanderait avant d’être admise qu'on puisse étudier en détail les quarante- 318 MÉMOIRES ORIGINAUX. huit espèces cosmopolites du D' Gunther et surtout leur frai. Nous croyons qu’il existe peut-être une autre explication d'un fait aussi remarquable que celui bien démontré, paraît-il, d’une aussi forte proportion (un tiers) de formes spécifiques commu- nes à deux mers si nettement séparées. Les Poissons peuvent en effet éviter de doubler le cap Horn, et traverser cependant d’une mer à l’autre en prenant la route actuellement sui- vie par les vapeurs, c'est-à-dire les canaux latéraux. Ces canaux débouchent dans le Pacifique à la latitude de 430, toui près de la Conception, dans des mers déjà très-tempérées ; du côté de l’At- lantique, il est vrai, leur embouchure est beaucoup plus au Sud, mais des Poissons même indigènes des pays chauds trouveraient pendant la belle saison des conditions de température peut-être suffisantes, et dans tous les cas infiniment plus favorables que celles qu'ils pourraient rencontrer en doublant le cap Horn. Les différentes considérations qui viennent d’être présentées sont, jusqu’à nouvel ordre, de simpies hypothèses, el nul plus que nous ne reconnaît combien elles sont sujettes à discussion. On peut toutefois résumer en quelques mots tout ce qu’il est pos- sible de dire sur la région dont nous nous occupons : si, au mé- lange probable des faunes Indo-Pacifiques, il faut ajouter encore une certaine similitude entre ces dernières et la faune Atlanti- que Est, on doit avouer que les mers baignant les côtes Ouest des deux Amériques ne présentent pas de caractères bien distincts. Mais, d’un autre côté, les analogies indiscutables entre les con- ditions particulières à cet Océan et celles de l’Atlantique per- mettent de croire qu’il sera toujours possible de trouver les élé- ments nécessaires à l'établissement d’une zone Pacifique. En tout cas, et comme nous l’avons déjà dit, l'étude des seuls faits connus du temps de Cuvier ne permet pas de résoudre le problème. Région Circumpolaire. FAUNE CIRCUMPOLAIRE ET LIMITES DE LA RÉGION. — Les con- ditions difficiles faites dans la lutte pour l'existence aux êtres organisés habitant lesclimats rigoureux des pôles ont donné nais- DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. 319 sance en général à des groupes de formes bien caractérisées et bien distinctes de ceux de leurs congénères vivant dans les pays chauds ou tempérés ; aussi, dans toutes les branches de la géo- graphie zoologique et botanique, trouvons-nous toujours une région spéciale pour les espèces circumpolaires. Les naturalistes, qui n’attachent point une importance bien grande à l'influence du climat sur les espèces animales, expliquent parl’action spéciale de la période glaciaire les remarquables ressemblances des faunes alpines et septentrionales; mais il semble que cette manière d'envisager les choses revient, en dernière analyse, à dire que l’action propre du climat a été fort importante au moment où les glaces ont envahi une grande partie des régions aujourd'hui tem- pérées, et à avouer, par conséquent, qu'il existe réellement une relation entre la faune et la température. Quoi qu’il en soit, du reste, on doit reconnaître que les pro- vinces ichthyologiques circumpolaires ne sont pas moins nette. ment accusées que celles correspondantes de la terre ferme; etsi au lieu d’être réduit, par la nature des documents à notre dispo- silion, à l'étude des Acanthoptérygiens et des Malacoptérygiens abdominaux, nous eussions pu ajouter à nos calculs les divisions des Malacoptérygiens subbrachiens et apodes, le résultat eût été beaucoup plus concluant encore. C’est, en effet, dans la grande famille des Gades qu’on pourrait trouver les groupes ayant au plus haut point le caractère arctique. Malgré cela, et quoiqu'il ne nous reste qu’un assez petit nombre de genres bien nettement cir- cumpolaires, la faune de la région a un caractère si spécial qu'il est possible de la bien délimiter avec ces seuls éléments. Nous avons déjà fait remarquer et nous devons répéter ici qu’il ne nous a pas été possible de comprendre dans ce travail les mers du pôle Sud, dont presque aucune espèce ne nous est connue; peut-être les formes de ces mers sont-elles analogues à celles du Nord, mais peut-être aussi sont-elles suffisamment dif- férentes pour conduire à l'établissement d’une région antarctique spéciale, Il paraît difficile de rien préjuger à cet égard, et dans tous les cas il ne sera question ici que de la zone cireumpolaire arctique. 320 MÉMOIRES ORIGINAUX. Nous yÿ trouvons 15 genresindigènes, comprenant 75 espèces. Toutes les formes génériques, sauf deux, sont exclusivement pro- pres à la région, et on comprend aisément qu'il en doive être ainsi, et que des organismes adaptés à la vie dans le Nord ne puissent que difficilement s’avancer beaucoup dans les mers chaudes. Ceux des genres qui sont nombreux en espèces sont répandus, soit dans l'Atlantique, soit dans le Pacifique, et même quelques formes spécifiques vivent dans les deux Océans à la fois. On est donc autorisé à comprendre dans la région loute la calotte sphérique avoisinant le pôle. L'extension de la zone vers le Midi est variable suivant les longitudes. Des circonstances locales font souvent que les espèces s’avancent plus ou moins au Sud : ainsi, tandis que certains Cha- boisseaux ne se trouvent qu’au Groënland et au Kamtschatka, d'autres espèces peuvent vivre sur nos côtes de l’Océan, tout en devenant plus nombreuses en individus à mesure que l’on remonte plus au Nord. Mais, comme on l’a vu, on peut toutefois affirmer qu'à part de rares exceptions, la Manche en Europe et les environs de New-York en Amérique servent de limites plus ou moins fixes à la région. Dans le Pacifique, les espèces américaines sont trop mal con- nues pour qu'il soit possible d’indiquer d’une façon exacte jus- qu’où descendent les formes arctiques du côté de la Californie. Mais en Asie, le Japon est certainement sur la limite des zones Indo-Pacifique et circumpolaire, et le mélange entre les deux faunes est déjà assez grand dans les environs de Nagasaki, les espèces au Nord de cette grande île sont au contraire plutôt arc- tiques. Il est probable qu’il faudrait encore descendre de quel- ques degrés le long de la côte de Chine pour trouver une majorité de formes Indo-Pacifiques. Nous avons vu du reste le même phé- nomène se produire dans l’Atlantique. Près du pôle, les espèces s'étendent jusqu'aux limites extrêmes où la mer, toujours recouverte d’une épaisse couche de glace, rend vraisemblablement la vieanimale impossible. On peut du reste considérer comme formant un rivage continu toutes les côtes des DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. D pAi| mers glaciales. Le nord de l'Amérique septentrionale est en effet composé de grandes terres à peine séparées les unes des autres par d’étroits canaux, et dont l'extrémité orientale n’est qu'à 50 lieues du Groënland. Ce dernier pays est éloigné de l'Islande d'environ 40 lieues, et l n’y en a pas plus de 80, de cette île aux Færoë. De là, par les Schetland, le nord de l'Écosse et la Norwége, on ve trouve plus d'interruption jusqu'au Kamtschatka et au détroit de Behring. La mer de Behring elle-même est semée de nombreux archipels, et, d'aprèsles baleiniers américains, les fonds y son! en général très-peu considérables. Le nombre des espèces que nous avons pu réunir est assez petit pour qu il paraisse inulile d'entrer, comme nous l'avons fait au sujel des autres régions, dans le détail des groupes indigènes; mais on peut remarquer d'une manière générale quesi les formes ne sont pas très-nombreuses, les individus le sont au contraire extrêmement : le Hareng et la Morue en sont une preuve pour les parties sud de la région, et la grande abondance des Phoques dans l’extrème Nord prouve aussi que les Poissons de ces lati- tudes élevées, dont ils se nourrissent, multiplient ea général pro- digieusement. Région Pélagique. PoIssoNS PÉLAGIQUES. — Tous les marins savent que l’on prend loin de terre certaines espèces de Poissons vivant à la surface, où on les aperçoit en assez grandes troupes, animant par des bonds répétés sur les flots les immenses solitudes du large. Ces espèces, appelées pélagiques, sont, comme nous le verrons, assez nombreuses, et peut-être en reste-t-il encore quelques-unes à découvrir. Si er effet, dans l’état actuel de la science, on doit présumer que les Poissons ne peuvent plus subsister sur le fond lorsqu'il est à plus de 1,000 brasses, rien ne s’oppose à l’exis- tence, loin des côtes et entre deux eaux, de formes spéciales ne se rapprochant jamais de la surface des mers, et se reproduisant dans les profondeurs qu’elles habitent. On doit dire toutefois que ces formes, si elles existent, sont aujourd’hui absolument incon= ASSET MOI NTe og 322 MÉMOIRES ORIGINAUX. nues et le resteront longtemos encore, puisque aucun des sytë- mes de pêche en usage ne permet de les recueillir. Il ne pourra done être question ici que des formes spécifiques vivant au- dessus des abimes de l'Océan, mais à de três-faibles profondeurs, el qu’on capture, à cause de cela même, plus ou moins facilement. Ces Poissons océaniques sont sans doute, en général, moins connus que ceux du littoral, qui font l’objet des pêches ordinaires ; cependant on a pu se les procurer presque tous par différentes méthodes que nous passerons rapidement en revue. Tout d’abord, un certain nombre d’entre eux se rapprochent des rivages à un moment donné, vraisemblablement à l’époque du frai, et peuvent êlre alors pêchés en même temps que les espèces côtières. D’autres, qui sont d'assez grande taille et appartiennent en général à la famille des Scombres, se prennent, soit au harpon, soit à la ligne de traîne que la plupart des bâtiments accom- plissant de longues traversées installent à leur arrière. Cette ligne, toujours très-forte et plus ou moins longue, suivant que le navire est à la voile ou à la vapeur, se termine par un hame- con à une ou deux pointes dissimulé dans un morceau de toile bourrée d’étoupe, imitant autant que possible la forme d’un Poisson- Volant. L’appât, entraîné par la marche, sautille dans le sillage d’une crête de lame à l’autre, et, grâce précisément à la vitesse, peut tromper les Poissons qui poursuivent leur proie. C’est ainsi que nos marins de l'Ouest, surtout ceux de Groix, font au prin- temps la pêche au Maquereau et en été celle du Germon et du Thon, qu'ils chassent depuis le fond du golfe de Gascogne jus- qu’à la hauteur de Belle-Ile. Ün système analogue, également en usage ei réussissant mieux avec certaines espèces, consiste en une petite ligne tenue à la main que l’on fait sauter à l’avant du navire, en employant toujours comme appt un simulacre d’Exocet. Les Poissons-Volantseux-mêmes, qui ne mordent jamais à aucune espèce de ligne, tombent souvent pendant la partie aérienne de leur trajet sur le pont des navires les plus élevés au- dessus de l’eau (on en a vu se précipiter sur la dunette d’un 9 DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. 0) vaisseau à deux ponts), et on réussit en outre, comme nous l'avons fait, à en prendre d'assez grandes quantités dans des trémails installés verticalement du bout du beaupré à l'extrémité de la guibre des grands bâtiments. Quant aux espèces d'assez faible taille et nageant moins bien que les Scombres, elles viennent quelquefois en troupes autour des navires quand il fait calme, et on peut, quoique ce soit en général difficile, les prendre avec des lignes ordinaires. Les très-petits Poissons de la mer de Sargasse sont facilement capturés par des filets trainants, ramenant de grandes quan- tilés de raisins des tropiques, au milieu desquels on les trouve embarrassés. Enfin quelques formes pélagiques ont été découvertes dans l'estomac des grandes espèces ou de Cétacés de la famille du Marsouin. Ce qui vient d’être dit suffit pour faire comprendre combien quelquefois il peut rester d’indécision lorsqu'il s’agit de décider si une espèce est certainement de haute mer. A côté de formes spécifiques qui semblent préférer la vie du large et qu’on ne rencontre jamais près des côtes, d’autres, tout en paraissant organisées de manière à pouvoir habiter loin du rivage, s’en rapprochent cependant plus ou moins dans certains cas. Entre les deux extrêmes, il y a place pour de nombreux degrés de transition, et on se lrouve en face de difficultés analogues à celles de toute classification. On entrera plus loin dans quelques détails sur les considérations par lesquelles on peut avoir été amené à considérer les genres et les espèces comme appartenant au groupe pélagique. Nous donnons ci-après une liste, qui présente un certain in- térèt, des espèces que nous avons prises à la mer, en indiquant pour chacune d'elles les lieux de pêche etla distance à la terre la plus voisine pour les individus qui ont été pris le plus loin de la côte. 324 MÉMOIRES ORIGINAUX. BonirE. — Mer Rouge, parages de Socotora, des Seychelles, l'Atlantique Sud............... ... 900 lieues. Ton. — Golfe d’Aden, parages de Poulo-Condore, de Ceylan, du Cap-Vert mere RAT 200 — Tassarp. — Détroit de Banca, parages de Madagascar, HEAGORCE MAMIE LR RPC duree AUS Dorape.— Golfe d'Aden, Socotora, Atlantique Sud, pa- 3 TAQES ULCADAR ES 0 ET AP TC RE 200 — Bécuxe. — Mer Rouge, golfe d’Aden, parages des Antil - | J és" De RAD ER URE GE st A EOODIEEES Porssoxs-VoanTs. — Dans toutes les mers chaudes... 310 — REqQuiN. — Dans toutes les mers chaudes.....,. seses S00MEe Pirore: "Avec les VRequins Ponte PER EEE CNN EEE 300 — PiImÉLePTÈRE. — Atlantique Nord, remous du gulf- SIREN ere PORTA ARE La .... 200 — CHIRONÈCTES. — Mer de Sargasse......... Sens nee: ce SUUTE BLENNIES. — Mer de Sargasse........ ee ne MN . 300 — NUTRITION ET REPRODUCTION DES POISSONS PÉLAGIQUES. — Les espèces océaniques, comme on peut le comprendre d’après ce que nous avons dit des différents genres de pêche au moyen des- quels on se les procure, peuvent être partagés en trois groupes distincts : 1° Les Poissons de grande taille, appartenant pour la plupart à la famille des Scombres ; 2° Les petites espèces, peu différentes par leur organisation oénérale de tous les autres Poissons et réparties dans différents senres du littoral ; 3° Les Poissons-Volants, que Cuvier classe : les Exocels parmi les Ésoces, et les Dactyloptères parmi les Joues cuirassées !. Les formes spécifiques de la première catégorie, qui sont tout particulièrement adaptées à la vie en pleine mer, doivent être comptées parmi les meilleurs nageurs de l'Océan. Il nous est arrivé de prendre des Thons dans la mer de l'Inde et avec des 1 Nous n'avons pas à nous occuper ici des Squales, qui sont essentiellement pé- lagiques et qu’on rencontre au milieu de toutes les mers ; mais leur présence seule est une preuve de l'existence au large d'autres espèces pouvant leur servir de nourriture. DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER 325 lignes de traîne sur des navires filant plus de 12 nœuds (23 kilo- mètres à l'heure), et nous avons vu à bord d’une frégate à voiles une Dorade ordinaire (Coryphena hippurus) suivre pendant huit jours le sillage du bâtiment, qui dans cette période atteignit et dépassa même souvent des marches de 10 nœuds (18 kilomètres et demi à l’heure). Il n’est pas rare non plus de rencontrer sous les tropiques des troupes de Coryphènes et de Bonites faisant avec la plus grande facilité le tour des bâtiments à grande vitesse. Il est probable, du reste, qu'une lrès-grande rapidité de locomotion est indispensable aux Poissons de cette classe pour la poursuite de leur proie, et qu'ils sont tous organisés de manière à pouvoir accomplir en très-peu de temps de prodigieuses traversées. Vrai- semblablement la plupart d’entre eux peuvent en outre, comme les Squales, supporter de longs jeünes sans en souffrir outre mesure. On ne peut faire que des conjectures qui resteront encore quel- ques temps hasardées, sur les moyens qu’emploient ces espèces pour subvenir à leur subsistance, mais il est à croire que les Poissons- Volants forment la base de leur nourriture ; du moins, n'ayant jamais négligé d'ouvrir tous les grands Scombres que nous avons pris à la mer, nousavons presque toujours trouvé dans leurs viscères des débris reconnaissables de différentes formes d’Exo- cels. Il est certain aussi que quelques-uns d’entre eux arrivent sur nos côtes en même temps que les bancs de Sardines et d’An- chois, car c'est au moment où ces petites Clupées quittent les grands fonds pour se rapprocher du rivage que nos marins de l'Ouest commencent la pêche du Germon de l’Allantique, et c’est à la suite des bancs de Sardines qu'ils le poursuivent jusqu’à la latitude de Belle-Ile, mais en se tenant à près de soixante milles de la côte en moyenne. On peut remarquer, ce qui rentre dans notre sujet, que les Germons paraissent préférer le séjour de la surface des mers pro- fondes à celui des petits fonds du littoral. Près de Saint-Jean-de- Luz et de Biarritz, où les falaises descendent à pie à la mer, on pêche avec succès assez près du rivage ; mais le Poisson s'éloigne de terre à mesure qu'il remonte au Nord, et les chaloupes de 320 MÉMOIRES ORIGINAUX. Groix doivent elles-mêmes, pour obtenir des résultals salisfai- sants, se tenir d'autant plus au large qu’elles se rapprochent plus du parallèle de la Loire. C'est précisément ce qui se passerait si le Germon, quoique vivant à la surface, ne trouvait pas les con- ditions nécessaires à son existence dans des parages où les fonds seraient inférieurs à 200 mètres environ. | Pour les espèces de moindre taille, à moins qu'elles n'habitent la mer de Sargasse, si riche en petits Crustacés, ou que, comme les Pimeleptères, elles ne suivent les troncs d'arbres couverts de coquilles, il est assez difficile de savoir par quel moyen elles peu- vent se procurer leur nourriture. Il en est de même des Poissons-Volanis, sur lesquels on nesait rien de suffisamment démontré, M. Valenciennes ne cite pas un seul exemple d'examen des viscères dans sa Monographie des Exocets. On est encore plus ignorant , s’il est possible, du système de re- production des espèces pélagiques. Gomme cependant il n’est pas rare de rencontrer à la mer de larges bandes jaunâtres flottant à la surface, et qu’on a pu, dans certains cas, reconnaître ces ban- des pour du frai de Poisson , il est logique d'admettre que les œufs ainsi abandonnés sur les eaux appartiennent à des formes spécifiques habitant la haute mer. Mais il est hors de doute aussi que quelques-unes des espèces océaniques se rapprochent de terre au moment où elles ressentent le besoin de se reproduire ; les jeunes habitent alors le littoral et ne gagnent le large que lors- qu'ils sont parvenus à l’état adulte. Dans ce cas, comme dans les questions relatives à l’alimentation des Poissons pélagiques, des observations bien faites et nombreuses sont indispensables pour qu'on puisse décider ce qu’il en est; on trouvera sans doute beaucoup de difficultés à acquérir une certitude absolue, mais ces difficultés mêmes ne peuvent qu'augmenter l'intérêt des dé- couvertes à faire. LIMITES DE LA RÉGION. — On doit, croyons-nous, conclure des quelques remarques qui précèdent, que certains Poissons sont DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. Do organisés de façon à pouvoir vivre aussi loin que possible de toute terre, et, dès que ce fait sera admis, il faudra reconnaitre immédiatement la nécessité de créer pour ces espèces une région spéciale en comprenant forcément plusieurs autres. Pour nous borner à un seul exemple, comment comprendrait- on qu’une forme spécifique trouvant les conditions nécessaires à son existence dans les alisés du sud-est de l’Atlantique, ne les trouvât pas aussi bien du côté de l’Afrique que du côté du Brésil, puisque les circonstances sont, aulant que nous en pouvons juger, absolument analogues? L’Allantique méridional tout entier serait alors la région propre à cette espèce, tandis que nous avons vu les formes littorales différer profondément sur les deux rivages de la Guinée et du Brésil. Il n’est plus possible de donner ici de limites régionales dé- terminées comme pour les autres zones. Les Poissons océaniques, étant précisément organisés pour la vie loin de toute terre et pouvant, en général, se transporter très-facilement et très-rapide- ment d’un point à un autre, doivent occuper une aire très-éten- due, et c’est précisément ce qui arrive. Sans les obstacles que les mers froides entourant le cap Horn et le cap de Bonne-Espé- rance opposent à la migration des individus, il est probable que l’on pourrait constater une diffusion plus complète encore dans toutes les mers des Poissons de cette catégorie ; mais cet obstacle, auquel il faut probablement ajouter quelques différences dans la nature des eaux et dans les conditions physiques de l'Atlantique et du Pacifique, est assez grand pour que nous puissions, même ici, constater une certaine différence entre les formes de ces deux Océans. Nous ne trouvons en effet, sur 169 espèces qui peuplent la région pélagique, que ?24 Poissons communs à la fois aux deux mers’; mais si d’un autre côté on envisage la répartition 1 I] faut tenir grand compte, dans ce petit nombre d'espèces pélagiques com- munes aux deux Océans, de ce que nous disons plus loin des difficultés que l’on rencontre à se procurer les collections de Poissons de haute mer. Nous n'avons pu parler que de ceux dont il est question dans Cuvier et Valenciennes, mais vraisemblablement le nombre des formes cosmopolites est bien plus considérable. æ- 328 MÉMOIRES ORIGINAUX. des formes génériques, on voit que, sur 35 genres, 28 sont ab- solument cosmopolites, ce qui suffit pour faire admet're l’im- possibilité de créer deux régions pélagiques distinctes, eten même temps faire comprendre combien est grande la ressemblance des formes océaniques atlantique et indo-pacifique. FAUNE DE LA RÉGION PÉLAGIQUE. — En nous plaçant au point de vue spécial où nous nous mettons, nous avons dû, dans la lisle générale des espèces, ne classer dans la zone océanique que les seules formes indiquées comme ayant élé sûrement prises au large et dans des conditions ne laissant aucun doute sur ieur genre de vie. Les formes génériques appartenant en totalité ou en partie à la région se sont alors trouvées réparties en trois ca- tégories : les unes composées tout entières d'espèces pélagiques, d’autres ayant une forte proportion de ces espèces, d’autres enfin renfermant, au contraire, une majorité d'espèces littorales el quel- ques formes de haute mer seulement. Pour le premier cas, il ne peut y avoir d’hésitation, et le genre entier doit être considéré comme pélagique. Dans la catégorie suivante, où les genres renferment, d’après des renseignements indiscutables, des espèces recueillies en plein Océan, et d’autres, en plus petit nombre, décrites d’après des individus pêchés sur les côtes, il est plus difficile de trancher la question. Afin de mieux fixer les idées, prenons, par exemple, le groupe des Coryphènes. Sur 12 espèces, 9 sont indiquées par Guvier et Valenciennes comme ayant été sûrement prises au large, et pour les 3 autres on donne comme lieu d’origine l’'Hindoustan, la Martinique et le littoral du sud de la Méditerranée. On n'entre du reste à leur sujet dans aucun détail, on ne dit pas si les natura- listes qui ont fait les envois de ces trois pays avaient pris leurs individus à une certaine distance de terre ou tout près du rivage. En tenant compte des difficultés qu’on éprouve à se procurer des Poissons en plein Océan, il est possible d’admettre que ces trois Goryphènes, quoique habitant le large comme leurs congé- néres, n'y aient pas encore élé découvertes par les navigateurs, DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. 329 et, en réfléchissant aux grandes analooies de structure de toutes les espèces d’un même genre, c’est probablement cette manière de voir qu'il faudrait adopter. Les probabilités sont donc pour que le genre entier soit pélagique. Beaucoup de formes généri- ques rentrent dans cette catégorie, et nous avons en général raisonné comme nous venons de le faire pour les Coryphènes, c’est-à-dire que dans la plupart des cas nous avons considéré toutes les espèces comme océaniques. Il nous reste à envisager les groupes, assez peu nombreux composés d’une forte proportion d'espèces côtières et de quelques formes seulement prises à la mer. Sans entrer dans le détail de toutes les considérations donton peut tenir compte pour la répar- tition des espèces de ces genres, nous dirons simplement que nous nous sommes borné à rattacher chaque forme à la région dont elle fait partie, en plaçant parmi les Poissons pélagiques tout ceux qui ont été recueillis au large. De cette facon, aucune con- jecture trop hasardée n’a pu être faite. Il est possible, pour ce cas, que des découvertes ultérieures viennent infirmer quelques- unes de nos données, car beaucoup de petits Poissons de haute mer sont peut-être encore à découvrir, et les habitudes du plus grand nombre d’entre eux sont aujourd'hui totalement inconnues. Actuellement, en tenant compte des faits certains rapportés dans l’histoire naturelle des Poissons et de quelques observations personnelles, les différents genres se répartissent de la façon suivante : Genres ne renfermant que des espèces pélagiques....,....,....., 16 Genres renfermant une forte proportion d'espèces sûrement péla- giques et dont toutes les autres le sont probablement......... 11 Genres littoraux ne comprenant que fort peu d'espèces pélagiques 8 _ Ces 35 genres comprennent ensemble 169 espèces, si l’on admet notre manière de voir relativement aux groupes renfermant une majorité de formes sûrement océaniques, et 121 seulement, si l’on ne veut compter que les Poissons pêchés jusqu'ici loin de toute terre. Nous en donnons ci-après le détail . 2e sér., tom, ï. 29 330 MÉMOIRES ORIGINAUX. 1° Scombéroïdes à fausses nageoires.— Cette tribu se compose de 12 genres et de 57 espèces non douteuses ; sur la totalité, 2 genres seulement, ne comprenant que 3 espèces, sont indiqués (les Lépidopes et les Trichiures) comme étant des Poissons litto- raux, et encore faut-il remarquer que deux de ces formes spéci- fiques sont fortement cosmopolites. Le seul Lépidope connu habite en effet la Manche, la Méditerranée et le Cap, et un Trichiure traverse l'Atlantique, puisqu'on en a reçu à la fois du Brésil et du Sénégal. Tous les autres genres ont un caractère pélagique. On pourrait toutefois faire quelques réserves en ce qui concerne les Maquereaux et les Tassards. Les premiers sont peut-être des Poissons voyageurs plutôt qu'océaniques. Maïs la distance de la côte à laquelle nous en avons vu à la mer et à la surface, le système de pêche employé spécialement pour eux dans l'Atlantique, et aussi leur analogie avec les Thons, nous portent à croire qu'ils peuvent parfaitement habiter au large; ce serait cependant une erreur de les assimiler complétement aux grands Scombres : ils sont certainement plus littoraux et font partie de ces groupes in- termédiaires entre les formes vivant très-loin de terre et celles qui s’éloignent assez peu du rivage. Il en est de même des Tassards. Cuvier n’en indique aucun comme ayant été pris au large ; mais nous pouvons suppléer à ce manque de renseignements, en ayant pêché nous-même cinq, appartenant à trois espèces, dans différents parages et à une certaine distance de la côte. Il n’ya rien de particulier à dire sur les autres genres, dont les espèces sont, d’après Cuvier lui-même, en majorité pélagiques. 2° Scombres sans fausses nageoires ni épines dorsales. — Le choix de caractères purement négatifs pour cette tribu a forcé- ment produit comme résultat la réunion dans un même groupe d’un assez grand nombre de genres fort différents les uns des autres. Cinq de ces formes génériques, les Nauclères, lés Porth- mées, les Pteraclis, les Coryphènes et les Lampuges, sont océani- ques, c’est-à-dire que la plupart de leurs espèces ont été vues en pleine mer. Deux autres genres, les Centrolophes et les Psènes, sont DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. 331 peut-être dans le même cas, quoique nous ne les ayons pas com- pris dans nos groupes du large. Enfin, nous trouvons trois Sérioles sûrement pélagiques dans un genre qui compte en tout 14 espèces. Il faudrait peut-être ajouter, à la suite de nouvelles observa- tions, quelques formes spécifiques appartenant aux Stromatées et aux Rhombes, et deux genres connus jusqu'ici par de très-rares échantillons. ; 3° Pimeloptères et Castagnoles (Squammipennes).— Les Pime- loptères ne sont peut-être pas précisément des Poissons de haute mer; mais l'habitude qu'ils ont de suivre, soit les navires, soit, ainsi que nous l'avons constaté nous-même, les troncs d’arbres recouverts de coquilles, prouve qu’ils peuvent aisément s'adapter à la vie du large. On en compte en tout 9 espèces, dont 4 au moins ont été prises en plein Océan. On ne connait actuellement que trois espèces de Castagnoles, Poissons très-voisins des précédents. Celle de la Méditerranée est probablement littorale ; mais les deux formes étrangères ont été recueillies dans l’estomac de Germons pêchés loin du rivage. 40 Gobioïdes de la mer de Sargasse, — La famille des Gobies et celle des Pectorales-Pédiculées ont quelques représentants qui semblent habiter exclusivement au milieu de l'immense amas de fucus que le remous du gulf-stream aceumule dans l’Aflantique Nord : ce sont 2? Blennies, 1 Blennechis et 2 Chironectes. Nous avons pris nous-même trois de ces espèces dans de petits filets trainants disposés à l'arrière d'un navire. 5° Ésoces. — Cette famille ne compte que 6 genres marins comprenant 87 espèces. Deux des formes génériques, les Micro- stomes et les Stomias, qui ne sont composées chacune que d’une seule espèce, n'ont pas de représentants océaniques. Dans les Hémiramphes et les Orphies, qui viennent ensuite, on ne trouve, relativement au nombre total, que peu de formes spécifiques sûre ment capturées en haute mer; mais les découvertes ultérieures pourront apporter à cet égard quelques modifications aux chiffres 332 MÉMOIRES ORIGINAUX. que nous donnons. Quant aux deux genres restants, les Scombré- soces et les Exocets, ils sont tout entiers pélagiques. Ces derniers sont même, si l’on peut s'exprimer ainsi, les plus pélagiques de tous les Poissons. Nous pouvons sans inconvénients, quoiqu'ils appartiennent à une fanille bien différente, rapprocher des Poissons- Volants le groupe des Dactyloptères, dont le genre de vie est analogue, et qui sont, au même degré, sûrement océaniques. 6° Sphyrènes. — Guvier ne cite pas d'exemple de Bécune prise à la mer, mais nous en avons pêché nous-même plusieurs à la li- gne de traine et à des distances de terre variant entre 3 et 20 lieues marines, dans la mer Rouge et au large de la Martinique. En Chine, où l’on a fait des pêches considérables, elles se prennent assez loin du rivage el toujours à la surface, et, quoiqu'il nous soit arrivé d’en ramener quelques-unes dans la seine au Sénégal, nous sommes porté à croire que le genre est pélagique, à peu près comme le sont les Maquereaux et les Tassards. Ge qui est certain, c’est qu’elles mordent à Pappât figurant un Poisson-Volant. 7° Salmonoïdes. — Trois genres de Salmonoïdes marins ont un caractère très-nettement océanique : cesont les Chauliodes, les Argyropelecus et le Sternoptyx; c’est à propos de ce dernier Pois- son que Valenciennes dit quelques mots des difficultés que l’on éprouve en général pour se procurer les espèces vivant exclusi- vement au large. Il faut ajouter aux sept formes spécifiques de ces genres trois Scopèles recueillies en pleine mer, mais faisant partie d’un groupe dont presque toutes les formes se prennent à la côte. POISSONS ABSOLUMENT COSMOPOLITES. -— Il nous reste à parler de quatre genres composés chacun d’une seule espèce, et qu'on retrouve partout, sans qu’il soit possible de trouver de différences spécifiques entre les individus et sans qu'ils paraissent cependant avoir un genre de vie océanique : ce sont les Saurels, les Temno- dons et les Vomers, appartenant à la famille des Scombres, el l’Élope, du petit groupe des Élopiens. Ces Poissons n’ont jamais élé vus au large, et il nous est, au DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. 390 contraire, arrivé fréquemment de prendre sur nos côtes le Saurel à la ligne de fond; mais il semblerait résulter de la dispersion même de ces espèces qu'elles doivent pouvoir à un moment donné traverser, comme leurs congénères de la région pélagique, de grandes étendues de haute mer en s’adaptant temporairement à une existence spéciale, Ce serait un fait analogue à celui que nous avons vu de formes spécifiques pouvant habiter à la fois l’eau douce et l’eau saée. Résumé.— Le lecteur peut juger maintenant, en toute connais- sance de cause, de l'exactitude des résultats qui viennent d’être présentés. Nous n’avons pas la prétention de croire que tous soient indiscutables, et nous n'avons point non plus dissimulé dèsle début l'imperfection forcée d’un travail de ce genre, alors qu’il nous a été impossible de faire entrer dans notre cadre tousies Poissons connus. La question est de savoir si le nombre des faits sur lesquels nous nous appuyons est suffisant pour que l’adjonction de faits nou- veaux ne puisse pas apporter de modifications essentielles. Nous pensons qu'au contraire la répartition dans les zones ichthyologiques des espèces dont il n’a pas été tenu compte, ne ferait qu'apporter une preuve de plus à l’appui de notre clas- sification. Nous pouvons du moins affirmer qu’il en est ainsi pour la famille des Raies de Duméril, que nous n’avons pu malheu- reusement faire entrer dans notre travail, n'ayant pas eu assez longtemps à notre disposition les deux premiers volumes de l’ou- vrage intitulé : Suites à Buffon. Quoi qu'il en soit, il nous parait établi qu’il faudra toujours tenir grand compte, dans la géographie ichthyologique, des diffi- cultés que les espèces rencontrent pour traverser de grandes étendues d’eau profonde, et au contraire des facilités qu’offrent à leur migration les rivages ininlerrompus sur de longs espaces. I nous semble aussi hors de doule qu’un certain nombre de formes spécifiques se sont adaptées ou peut-être sont restées adaptées à la vie en plein Océan et loin de toute terre. (À continuer. } 334 MÉMOIRES ORIGINAUX. NOTE ANATOMIQUE SUR QUELQUES POMATIAS Par M. A. de SAINT-SIMON. Le lorica du Pomatias striolatus est assez large, médiocrement atténué aux extrémités. Sa forme est très-voisine de celle du 2. crassilabris des Pyrénées, mais les appendices membraneux du ruban lingual sont atténués antérieurement et le biseau paraît moins obtus que celui de cette dernière espèce. La mâchoire et le ruban lingual du P. Partioti ne diffèrent des mêmes organes du crassilabris que parles denticules du bord libre maxillaire et par les crochets linguaux qui sont plus développés. Quant au P. Hidalgoï, var. Laburdensis Grosse (P. Berilloni Fagot), l’analogie deces pièces dans cet operculé et chezle P. Partioli est si grande qu’il est bien difficile de les distinguer. Si ce sont deux espèces distinctes, ce qui me paraît douteux, elles sont bien voi- sines l’une de l’autre. Il estutile, à mon avis, de donner la description du lorica et du radula qui se rapportent au P. crassilabris. La plaque maxillaire de ce Pomatias paraît assez grande, en forme d’écusson, élargie et fortement échancrée antérieurement, faiblement échancrée en arrière, mince el flexible ; ellesecompose de deux pièces, dont la soudure divise l’appareil en deux parties égales ; celui-ci est d’un jaune ambré, rugueux; on voit au mi. croscope composé qu'il présente des lignes parallèles de spinules qui forment des chevrons dont la pointe est dirigée vers la partie postérieure de la plaque ; les extrémités libres de celle-ci sont médiocrement atténuées et le devant du bord libre présente un re- bord linéaire sans trace de soudure, d’un roux presque noir, à denticulations nombreuses (20 environ), serrées et arrondies). Le ruban lingual est long, très-étroit, transparent ; il présente ‘ NOTE ANATOMIQUE SUR QUELQUES POMATIAS. 390 cinq rangées longitudinales d’épines crochues, dirigées d'avant en arrière etqui s’enchevêtrent. La partie antérieure de cette pièce est flanquée de chaque côté d’une pièce mince, cartilagineuse et transparente, à laquelle jai donné lenom de plaque linguale, et qui supporte, à son bord interne, une ligne de crochets extrème- ment petits et espacés. Celte disposition se retrouve chez tous les Pomatias que j'ai eus à ma disposition. TS € PE EE SUR QUELQUES QUIDÉN ROSES DES ENTIRONS DE COXSTANTINE Par M. Ph. THOMAS, vétérinaire en 1er au 10° Hussards. ï. S'il est une contrée du vieux monde où le Cheval, en tant qu'auxiliaire de l’homme, a joué un rôle politique et social im- portant, c’est assurément l'Afrique septentrionale. De l’Arabie aux colonnes d’'Hercule, depuis l'invasion des pasteurs Hyksos en Égypte jusqu’à celles des Vandales et des Arabes, le Cheval a toujours servi de véhicule aux torrents humains poussés par la main de Dieu ou par la fatalité dans le nord de l'Afrique; de même, entre les mains de ses autochthones, le Cheval a été le principal élément de la résistance opposée par eux à ces inva- sions. Et pourtant c’est à peine si nous savions, il y a quelques années seulement, qu'il existe une espèce chevaline essentielle- ment africaine, liée à l’histoire la plus reculée de ce pays, inhérente à son sol et soudant, à travers les âges, sa noble gé- néalogie aux êtres des temps géologiques. C’est à M. André Sanson, professeur de zootechnie à l’Institut agricole de Ver- sailles, que nous devons la connaissance scientifique de cette espèce africaine dont les descendants, plus ou moins alliés au Cheval oriental, couvrent aujourd’hui tout le nord de l'Afrique, l'Espagne et le sud-ouest de la France, sous les noms de races 330 MÉMOIRES ORIGINAUX. Barbe, Andalouse, Navarrine et Limousine.' : détermination basée, non sur de simples vues théoriques ou systématiques, mais sur des caractères anatomiques des plus importants , tels que la brachycéphalie, la forme bombée du frontal, et surtout l’absence d’une vertèbre dans le rachis. Les recherches de ce savant zootechnicien ont en effet établi qu’il existe dans le nord de l'Afrique un type spécifique de Cheval dont le nombre des vertèbres lombaires n’est que de cinq, tandis que toutes les autres espèces connues en ont six. Et, chose remarquable, ce même caractère ostéologique est également propre à deux autres espèces d'Équidés essentiellement africaines : l'Ane d'Afrique (Equus asinus africanus) et le Zèbre ( Equus zebra ). D'après l'hypothèse du célèbre paléontologiste F. Pictet, les Équidés du vieux et du nouveau monde auraient été entièrement détruits par le grand cataclysme diluvien quaternaire, sauf en un point privilégié du continent asiatique, d’où ces espèces auraient ensuite , par la voie de migrations successives et parallèles à celles des races humaines, repeuplé le vieux monde d’abord, puis, beaucoup plus tard, le nouveau monde*. Mais si cette hypothèse est admissible pour l'Amérique, où, en dépit de ses: richesses en Équidés fossiles’, ces êtres semblaient complétement inconnus au moment de sa récente découverte, et pour une vaste portion du vieux monde presque entièrement submergée par les grands courants diluviens , il ne paraît pas qu'elle soit applicable au continent africain. En effet, si celui-ci avait participé au repeuplement préhistori- que provenant du centre unique admis par Pictet, il n’y aurait aucune raison pour que ses Équidés ne fussent spécifiquement semblables à ceux provenant de ce centre unique. Mais il n'en est pas ainsi, car, ainsi que nous venons de le voir, l’Afrique septentrionale possède au moins trois types spécifiques d'Équi- 1 À. Sanson; Trailé de Zootechnie, ?° édition. J'accorde au mot espèce, dans ce travail, le sens donné à ce mot par cet auteur. 2 Pictet; Traité de Paléontologie, vol. I, pag. 316. 3 C.-0. Marsh; Discours à l'Association scientifique américaine. 1877. ÉQUIDÉS FOSSILES DE CONSTANTINE. 391 dés nettement séparés des types asiatiques par un caractère ostéologique des plus importants. Il faut donc admettre que le ca- taclysme diluvien a laissé subsister un centre zoologique africain, lequel a dû contribuer pour sa part au repeuplement du vieux monde à l’aide des espèces qui y avaient pris naissance aux temps géologiques. C'est ce que ne manqueront pas de démontrer les recherches paléontologiques, quand elles seront suffisamment eucouragées, sur le riche sol africain, et c’est seulement à titre de simple contribution à ces futures recherches que je consi- one ici les quelques observations que j'ai pu faire. joe Les environs de Constantine sont sillonnés par des vallées larges et profondes sur les flancs desquelles s’étagent, jusqu’à une allitude qui ne dépasse guère 600 mètres, les lambeaux d’une formation fluvio-lacustre pliocène caractérisée à sa base par des marnes gypsifères et à son sommet par des conglomérats gréseux, des sables et des poudingues. Dans le sud et dans le sud-ouest de Constantine, ces dépôts reposent en parlie sur les escarpements d’un vaste plateau triangulaire dont les grands cô- tés sont limités par les vallées des Oueds-Rhummel et Bou Merzoug ; ce plateau est essentiellement constitué par des dé- pôts lacustres anciens, consistant en de nombreuses alternances de traverlins vacuolaires ou sub-compacts très-durs et de mar- nes calcaires sanguines, dont l’ensemble régulièrement stratifié a, sur quelques points, une puissance atteignant cent mètres. Cette dernière formation lacustre ne m'a livré comme Vertébrés fossi- les que quelques fragments d’une dent ayant pu appartenir à un Mastodonte et un maxillaire de Suillien dans lequel M. A. Gaudry trouve des caractères indiquant une tendance vers la forme des Phacochæres ". Avec ces débris de Vertébrés, j'ai recueilli dans ces dépôts lacusires de nombreux Limnées et Planorbes appartenant aux Lypes pachygaster et solidus du miocène, ainsi que des Aé- 1 À. Gaudry; Enchaïinements du Monde animal, pag. 73. 338 MÉMOIRES ORIGINAUX. lices et des Bulimes très-voisins, mais différents, deceux du pliocène algérien ; cette faunule semble indiquer, par ses carac- tères mixtes, que ces terrains appartiennent à la fin du miocène et sont peut-être des équivalents terrestres et lacustres du sahé- lien algérien de M. Pomel, ou tortorien des Italiens". Le fluvio-lacustre, en contact avec ce lacustre ancien, se sub- divise en deux étages bien distincts et directement superposés: 19 un étage inférieur, dont la puissance est trés-variable, formé decouches marneuses dont quelques-unes renferment du gypse cristallin en grande quantité et d’autres parfois lignitifères ; 20 un étage supérieur à éléments détritiques, constitué à sa base par un conglomérat gréseux à éléments petits et ronds, souvent siliceux et solidement soudés par un ciment calcaire, conglomé- rat surmonté de lits irréguliers de sable et de cailloux roulés pas- sant en quelques points à un poudingue assez dur. Cet ensemble fluvio-lacustre a été profondément raviné et démantelé par les grands courants diluviens ; il ne présente plus, sur les flancs des anciennes vallées d’érosion qu'il avait primilivement comblées, que quelques corniches éparses surmon- tant des couches meubles etmamelonnées, profondément ravinées par les cours d’eau actuels. Les plus inférieurs de ces dépôts ne m'ont livrés que quelques rares ossements de Mammifères indéler- minés et une nombreuse faune lacustre et terrestre parmi laquelle je citerai elix subsemilis, Jobæ, Semperiana, Vanvinequiæ, Desoudiniana, Unio Dubocqui, Bulimus Jobæ (Grosse), Melanopsis Thomasi (Tournouër), etc.; les plus supérieurs présentent à leur base une riche faune de Vertébrés parmi lesquels : un Fipparion, un Cheval, plusieurs Antilopes et Bovidés, mêlés à une faune terrestre el fluviatile composée d’Aélices différentes des précé- dentes, d’Unio cirtanus, de Néritines, etc. Ces dépôls ont été classés par MM. Coquand et Hardouin dans le pliocène ; les pre- miers semblent correspondre assezexactement aux couches 6, c, d, des dépôts fluvio-marins d’estuaires à dents d’Aipparion et à 1 Pomel ; Le Sahara, pag. 47. ÉQUIDÉS FOSSILES DE CONSTANTINE. 399 Potamides Basteroti, Helix acuta et Melanopsides, des environs d'Oran (puits Kharoubi), décrits par MM. Pomel et Bleicher' et classés par eux à la base du pliocène algérien ; quant aux seconds, je les considère, principalement à cause du caractère de transition de leurs faunes de Vertébrés et de Mollusques, comme appartenant à l'étage le plus supérieur de ce pliocène. Les débris de ces terrains sont recouverts par les plans étagés d’un vaste manteau d’atterrissement quaternaire, constitué par des bancs assezirréguliers de galets incohérents ou faiblement cimentés. Ces bancs alternent avec des lits de graviers et des limons terreux, rougeâtres ou Jaunâtres, souvent recouverts par une croûte de cal- caire grumeleux, ou en certains points par des corniches traverti- neuses renfermant des carapaces d’une Tortue voisine de l’Emys sigriz actuelle, et une flore étudiée par M. G. de Saporta et appar- tenant, d'après ce savant paléontologue, au quaternaire ancien. À une altitude constamment inférieure à celle de ce quaternaire ancien gisent, dans le fond des vallées, des dépôts limoneux et tourbeux plus récents qui forment sur plusieurs points les berges des cours d’eau actuels. Ges dépôts ont dû se former à l’époque où, les grands fleuves diluviens ne suffisant plus à remplir leurs vastes lits, un régime tourbeux s’établit dans le fond des vallées sillonnées par les eaux plus calmes, régime qui ne cessa sans doute que lorsque ces eaux se furent entièrement canalisées. Dans ces dépôts plüs ou moins tourbeux se trouve une riche faune de Vertébrés herbivores, parmi lesquels des quidés et de grands Bovidés associés à des Mollusques semblables à ceux actuels ; au-dessus d’eux se succèdent des alternances, à stra- lification assez diffuse, de graviers et de limons dont la formation se continue jusqu'à l’époque actuelle, et n’a dû cesser qu'avec le tarissement des grands fleuves quaternaires. Les rives du Rhummel, en amont de Constantine, et celles de son affluent l’Oued-Seguen, sont particulièrement favorables à l'étude de ces dépôts quaternaires. 1 Bulletin Soc. Géol., 1874, pag. 258 et 295 ; Zbid., Compte rendu de la séance du 17 juin 1878, et Revue des Sciences naturelles, mars 1875. 340 MÉMOIRES ORIGINAUX. Afin de ne pas excéder les limites de cette simple note, je résume dans la coupe idéale ci contre les relations stratigra- phiques des terrains dont il vient d’être question : LÉGENDE. À Travertins et marnes calcaires rouges, à Helix Dee SAUT “ie ins Semperiana, Bulimus du type Bavouxi, (Sahélien ? Limnées du type pachygaster, Planorbes du type solidus, à dents de Mastodonte |?) et d'un Suillien voisin des Phacochæres. B Marnes brunes gypsifères et lignitifères (Pliocène inférieur?) à Helix subsemilis, Jobæ, Vanvine- quiæ, Semperiana et Desoudniana, à Bulimus Bavouxi et Jobæ, Unio Dubocqui, Melanopsis Thomasi, etc., etc., et à ossements de Vertébrés indéterminés. C Conglomérat gréseux, sables et poudingues (Plio- cène supérieur) à Hélices, Bulimes, Unios, Méla- nopsides et Néritines indéterminés, à Hipparion, Equus caballus, Antilopes et Bovidés à leur base. C'est vraisemblablement dans ce terrain qu'a été trouvé, par M. Papier {de Bône), l’Æippopotamus Hipponensis (Gaudry)!. Fluvio = Lacustre Pliocène. D Alternances de marnes rougeâtres ou jaunâtres et de galets. J’ai trouvé parmi les galets quelques | Quaternaire fragments d'Ostrea crassissima et Villes. ancien. E Corniche de travertin très-dur à Tortues du genre Emys et à empreintes très-nombreuses de végé- taux. F Marnes tourbeuses à Mollusques terrestres et fluviatiles semblables à ceux actuels, à nombreux ossements de très-grands Bœufs semblables au Quaternaire Bos taurus primigenius d'Europe, de Bubalus récent. antiquus (Duvernoyÿ), d'Équidés et d'Antilopes. G Marnes grises entrecoupées de lits de cailloux roulés, à silex taillés et à Vertébrés et Mollus- ques semblables à ceux actuels. H Terre végétale. I Terrains anciens (néocomien et suessonien ?). 1 Compte-rendu Soc. Géol. 1er avril 1878. ; T. ‘SO9]Q022p SINIINEIT (0) PRET 0e 7 PAU ART PA Ds 7 LEE, / ST AC LENS III TARA Her de œ ol LL 1 Di, ho - 1) == A 4 7 LECTURE] PIN —k&]\ a —— EE — , AgrTuwy e suqupysuon) ep 2qno2 PT 2h euCEUPOTÈ] OL 342 MÉMOIRES ORIGINAUX. C’est aux couches Cet F de cette coupe idéale, c’est-à-dire au pliocène supérieur et au quaternaire récent, qu’appartiennent les Équidés que je vais décrire. [IT. ‘ ÉQUIDÉS DU PLIOCÈNE. M. le professeur À. Gaudry, à qui j'ai communiqué le produit de mes recherches, a reconnu parmi les fossiles de ce terrain des ossements appartenant aux genres Hipparion et Cheval (Equus caballus). A. L’Hipparion de Constantine est représenté dans mes col- lections par six à sept dents et par quelques os des membres. On sait que les déterminations spécifiques des Hipparions repo- sent à la fois sur le plus ou moins de développement des doigts latéraux, lesquels correspondent aux deuxième et quatrième doigts du groupe pentadactyle, et sur la forme du denticule et de l’émail d'encadrement des molaires. Malheureusement je n'ai pas pu trouver d’ossements des membres assez bien con- servés pour pouvoir me rendre compte du développement des doigts latéraux dans cette espèce africaine ; seule ses molaires supérieures sont assez bien conservées pour fournir les éléments d'une détermination. L’émail d'encadrement de ces molaires, ainsi que l’émail qui entoure leurs croissants centraux, présen- tent des plissements assez simples ; sur le milieu de leur face interne, ces matières portent un fort denticule solidement soudé au corps de la dent, mais indépendant et situé endehors de l'é- mail d'encadrement : l'extrémité de cet îlot, usée par le frotte- ment, présente une forme ovoide, allongée d'avant en arrière et comprimée latéralement, La forme et les dimensions de ces dents, ainsi que celles des quelques os connus, semblent indi- quer une taille analogue à celle d’un Zèbre et des proportions plutôt légères que lourdes; enfin, la compression latérale du denticule des molaires supérieures de cet Hipparion doit le faire ranger parmi les types qui, comme les genres américains Proto- ÉQUIDÉS FOSSILES DE CONSTANTINE. 9343 hippus (Leidy), et Pliohippus (Marsh), ont des lendances vers les formes chevalines. B. Parmi ces ossements d'Hipparion et dans des conditions de gisement et de fossilisation identiques, j'ai recueilli une molaire supérieure, un métatarsien, un calcanéum, un astragale et une première phalange, ayant incontestablement appartenu à un Equus caballus ou Cheval proprement dit. Les dimensions de la molaire, qui est très-usée, sont celles des dents de nos Chevaux d'Afrique actuels, c’est-à-dire bien supé- rieures à celles des Hipparions. La disposition de son émail d’en- cadrement et des croissants centraux est analogue à celle des Chevaux actuels : comme chez ceux-ci, l’émail d’encadrement est soudé à celui du denticule interne, lequel se trouve ainsi réuni au centre de la dent par un isthme d'ivoire. Mais cette dent diffère essentiellement de celles des Chevaux actuels par la forme de son denticule interne, qui, au lieu d’être comprimé latérale- ment, a une forme très-arrondie. Par ce dernier caractère et aussi par la grande simplicité des plissements de son émail cen- tral, celte dent se rapproche beaucoup de celles de l’£quus Ste- nonis (A. Gaudry) du pliocène supérieur de France. Non loin de cette molaire gisait dans les mêmes couches un métatarsien principal de Cheval. Get os est entier, mais malheu- reusement roulé et un peu fruste; ses dimensions correspondent à la taille de 1°,45 centim. de nos Chevaux actuels; sa forme générale est élancée, sa diaphyse eylindrique; les parois de celle-ci sont remarquables par leur forte épaisseur, ce qui réduit à un faible diamètre son canal médullaire. Ce métatarsien ne pré- senie aucune trace de soudure avec les péronés ou deuxième et quatrième métatarsiens rudimentaires, lesquels, à en juger par l’é- tendue encore visible de leur surface de contact avec le métatarsien principal, ne devaient pas avoir des dimensions sensiblement différentes de celles des mêmes os de nos Chevaux actuels. Seule- ment, si l’on admet que ce métatarsien et la molaire ci-dessus décrite ont appartenu au même animal, ce qui paraît probable, « l’âge indiqué par ceile-ci étant supérieur à 14 ans, d’après 344 MÉMOIRES ORIGINAUX. nos données actuelles, il faudrait admettre que dans cette espèce la soudure des métatarsiens rudimentaires au métatarsien prin- cipal s’effectuait beaucoup plus tard que chez nos espèces actuel- les, chez lesquelles ces os sont toujours soudés à l’âge de 6 ans. J'ai omis de dire que tous les ossements dont il est ici question sont complétement fossilisés. Ainsi donc, nous trouvons vivant côle à côte, dans le pliocène de Constantine : 1° un Équidé ayant à peu près la taille d’un Zébre, appartenant au genre Æipparion ; 2° un Cheval d’une taille de 1%,45 centim. environ, très-rapproché par sa dentition de l’Equus Stenonis du pliocène d'Europe, espèce que M. À. Gaudry consi- dère comme l'ancêtre probable de nos Chevaux‘. Le rapprochement de ces deux espèces, dans des conditions qui ne permettent pas de douter de leur contemporanéité, semble constituer une contradiction avec l'hypothèse de la descendance directe généralement admise entre l’Equus caballus el l’Hipparion. Ce fait contradictoire n’est d’ailleurs pas isolé dans les.annales paléontologiques, car déjà Cautley et Falconer ont cité plusieurs espèces de Chevaux vrais dans les Lerrains tertiaires supérieurs de l'Himalaya, à côté de leur Æippotherium ou Hipparion Ante- lopinum?, et d'autre part M. Aymard a trouvé de véritables Che- vaux associés aux Mastodontes et aux Tapirs dans le pliocène de la Haute-Loire *. À Constantine, l’Hipparion et le Cheval vivaient donc côte à côte, au milieu d’une faune de transition dans la- quelle dominaient les Bovidés et les Antilopidés. Faut-il tirer de ce fait la conséquence que l’Æipparion, ayant reculé vers les lati- tudes Sud, pour une raison ou pour une autre, s’y serait perpé- tué assez longtemps pour y avoir été associé au Cheval pliocène et aux premiers Bovidés, ou que le Cheval y a fait plutôt son appa- rition ? Ces questions ne peuvent être élucidées que par des faits plus nombreux. 1 À. Gaudry; Enchainements du Monde animal, pag. 129. 2 Fauna antiqua Sivalensis. 3 Pictet; Paléontologie, tom. Ier, pag. 315, la Note au bas de la page. ÉQUIDES FOSSILES DE CONSTANTINE. 34 (14 ÉQUIDÉS DU QUATERNAIRE. Leurs débris proviennent de la couche tourbeuse F, qui affleure en quelques points au-dessus du niveau actuel des Oued-Seguen et Rhummel, et des marnes grises G qui la surmontent immédia- tement (voir la Coupe ci-dessus). À. Équidés des alluvions tourbeuses F. — Ils consistent en un maxillaire supérieur d'£quus caballus, en un maxillaire inférieur d’Équidé asinien, lequel présente un caractère particulier qui rappelle les Hipparions; enfin, en une série complète de six mo- laires inférieures provenant probablement d’un Cheval. a. Le mawillaire supérieur d'Equus caballus gisait à la limite supérieure de l'argile tourbeuse, au point à peu près où com- mence la marne grise. Un éboulement récent de la berge l’avait mis à découvert, et il avait beaucoup souffert du contact de l’air; aussi ai-je eu beaucoup de peine à en conserver quelques parties. Cependant, bien que la presque totalité du crâne ait disparu, je pus encore en voir quelques fragments dans leurs rapports physiologiques, avec le maxillaire, ainsi que l’os du nez du côté droit en place : il me sembla que le frontal et le sus-nasal avaient une forme bomhée; mais ces os tombèrent en poussière dès que j'y voulus toucher, et je ne pus vérifier l’exactitude de cette observation. Ce qui reste du maxillaire supérieur consiste dans la moitié droite de la voûte palatine, les deux arcades molaires au complet, la moitié droite de l’arcade incisive avec la barre du même côté ; cette dernière est pourvue d’une forte canine ou crochet dont le développement complet établit avec certitude que ce maxillaire a appartenu à un individu mâle et adulte. Je pus prendre sur place, avec toutes les précaulions nécessaires, quelques mesures que voici : la longueur totale de ce maxillaire, mesurée de sa tubé- rosité postérieure ou mastoïdienne droite au bord antérieur de la pince du même côté, était de 0°,312 ; sur cette longueur totale, l’arcade molaire occupait un espace de 0”,173, la barre 29 sér., tom. 1. 23 346 MÉMOIRES ORIGINAUX. mesurait 0",052, et la distance totale qui séparait la première avant-molaire du coin ou incisive externe correspondante était de 0°,074 ; la largeur de la voûte palatine, mesurée entre les bords alvéolaires internes des deux premières arrière-molaires, égalait 0®,080. Or, en comparant les dimensions de ce maxil- laire supérieur avec celui d’un étalon barbe actuel âgé de 5 ans et ayant une taille de 1°,50, de la race dite du Hodna, j'ai trouvé les éléments de comparaison suivants : ESPACE LONGUEUR séparant l’incisive LARGEUR ue de l’arcade externe de la voûte du maxillaire de la première : molaire. s supérieur. avant-molaire. LONGUEUR totale palatine. ]| Cheval quaternaire DES 0m,173 || Cheval barbe actuell 0,376 0m,175 Les dents incisives et molaires ne présentent pas, au point de vue de leur structure, de différences notables avec celles du Cheval africain actuel ; elles paraissent seulement un peu plus longues et un peu plus épaisses, toutes proportions gardées. J'ai remarqué que l'échancrure postérieure dela voûte palatine s'étend, dans le fossile, presque jusqu’au niveau du bord antérieur de la deuxième arrière-molaire, tandis que, sur le spécimen actuel que j'ai examiné, cette échancrure atteint à peine le bord postérieur de la même molaire. De ces comparaisons, il semblerait résulter que la région faciale de l’espèce quaternaire était beaucoup plus courte, plus large, plus massive, en un mot, que celle du Cheval barbe actuel ; que la dentition du premier était relativement plus puissante que celle du second et l'ouverture postérieure de ses cavités nasales plus grande. b. La seconde pièce provenant de ce gisement est un maxil- laire inférieur d'Équidé ayant appartenu à un individu âgé d’un an au plus. Elle gisait dans l’épaisseur de la couche tourbeuse ; aussi sa conservation est-elle plus parfaite que celle de la précé- ÉQUIDÉS FOSSILES DE CONSTANTINE. 347 dente. Ses deux branches sont réunies par la soudure de la sym- phise mentonnière ; ses arcades molaires se composent chacune de trois avant-molaires caduques rasées, plus d’une première arrière-molaire faisant à peine saillie entre les bords écartés du maxillaire et n'ayant pas dû percer les gencives ; les six alvéoles de l'arcade incisive sont largement ouvertes, mais elles sont vides ; la portion ascendante du bord refoulé des branches, les deux condyles, ainsi que l'extrémité dès apophyses coronoïdes, manquent. Notons l'existence, en avant de chacune des premières avant-molaires caduques, d’une petite alvéole vide n'ayant pas plus de 0°,003 de diamètre, ayant dû servir à l'implantation de pré-molaires. La longueur totale de cette pièce, mesurée de l'extrémité con- servée d’un des bords refoulés au bord alvéolaire antérieur de la pince du même côté, est de 0,185. Les surfaces de frottement des avant-molaires caduques ne paraissent pas, tout d’abord, différer de celles des Équidés actuels, mais un examen plus attentif y fait découvrir un caractère très- intéressant, qui, je crois, n'a pas été signalé jusqu'ici. Ce carac- tère consiste dans la présence, sur la table de frottement de chacune des deuxièmes avant-molaires, d’un denticule supplé- mentaire dont l’émail est parfaitement indépendant de l’émail d'encadrement de la dent. Ce denticule est situé à l’angle pos- térieur-externe de la dent, en dehors de l'émail d'encadrement et comme noyé daus le ciment qui l'entoure ; sa section supé- rieure, due au rasement, est légèrement ovale et mesure trans- versalement 0m,002 de diamètre. En face de ce denticulé, c’est- à-dire à l’angle postérieur-interne de la dent, l'émail d’encadre- ment de celle-ci dessine une boucie étroite et très-allongée, formant. une pointe qui domine notablement le niveau de la sur- face de rasement du denticule. Comparé aux maxillaires inférieurs d’un Poulain barbe âgé de 1 an et demi et de trois Anons âgés de 1 an, l’un appartenant à la race dite saharienne et les deux autres à la race dite kabyle ou de montagne, ce maxillaire m’a paru présenter des. caracté- 348 MÉMOIRES ORIGINAUX. res asiniens incontestables, mais je n’ai retrouvé sur aucune des espèces vivantes le denticule si remarquable que présente sa deuxième molaire de lait, denticule qui rappelle par sa forme, sinon par sa position, ceux qui ornent les molaires inférieures des Hipparions. On sait en effet que, chez ces derniers, les molaires in- férieures présentent, comme caractères constants, des colonnettes où denticules dont la position et même le nombre sont variables selon les espèces, variations sur lesquelles le regretté P. Gervais avait basé sa classification des Hinparions en 1° A. prostylum, dont le denticule est situé à l'angle antéro- externe du premier lobe de chaque molaire inférieure’; 20 H. mesostylum, dont le denticule est situé entre le premier et le second lobe de chaque dent ; 30 A. diplostylum, qui présente deux denticules à chaque dent, disposés comme dans les deux espèces ci-dessus *. Tous les autres caractères de ce maxillaire inférieur me parais- sent asiniens. Ces caractères sont les suivants : 1° des dimen- sions générales qui, pour un animal de cet âge, ne peuvent cor- respondre qu'à un développement ultérieur analogue à celui de nos Anes africains actuels ; 2° l’étroitesse excessive de l’inter- valle compris entre ses deux branches; 3° l’étroitesse de l’ar- cade incisive, et surtout la direction presque horizontale de ses alvéoles; 40 l'épaisseur relativement considérable de ses molaires, épaisseur due à l'abondance du cément qui les revêt. D’après les travaux de MM. Goubaux , Sanson et Arloing sur les caractères différentiels des Équidés, ceux qui viennent d'être énumérés sont essentiellement asiniens ; mais je n’ai pu trouver chez ces au- teurs aucun renseignement sur la signification dun denticule sup- plémentaire de la deuxième avant-molaire caduque. Je ne tirerai donc aucune conclusion relative aux indices de filiation directe ou par atavisme que semblerait indiquer ce dernier caractère, sa- chant combien, en pareille matière, il faut être réservé et pru- DIU AN I ERA EP LR ER PAIE PER 1 Voir Comptes rendus hebdomadaires Académie des Sciences, tom. XXIX, pag. 285. ÉQUIDÉS FOSSILES DE CONSTANTINE. 346 dent; s’il y a là un indice précieux au point de vue de la théorie de la descendance, il convient de ne rechercher sa confirmation qu’à la source positive des faits que recélent sans doute en grand nombreles riches alluvions des Oued-Seguen et Rhummel. c. Les mêmes dépôts m'ont livré, dans le voisinage du maxil- laire précédent, une série complète de six molaires inférieures d’Equidé, molaires encore en contact dans leur ordre normal. Elles proviennent d’un adulte de taille peu élevée ; relativement, elles sont moins épaisses, moins cémenteuses, mais plus longues que les précédentes; la longueur de l’arcade qu’elles forment, étant placées dans leurs rapports normaux, n'excède pas 0,160; leur structure et les dessins de leurs surfaces de rasement ne paraissent pas différer de ceux des Chevaux africains actuels. Avec ces débris d'Équidés gisaient, dans la même couche, de nombreux ossements appartenant à des espèces éteintes et à d’au- tres encore vivantes, telles que: 1° un grand Bœuf très-voisin, si ce n’est lui, du Bos taurus primigenius (Bojanus), espèce dont j'ai trouvé un astragale et probablement aussi un libia dans le pliocène à Hipparions; ?° le Bubalus antiquus (Duvernoy), Buffle colossal dont j'ai signalé l’existence, il y a quelques années, dans des alluvions tourbeuses de l’Oued-Djelfa (département d'Alger), semblables à celles du Rhummel et de l’'Oued-Seguen'; 3° des Antilopes Bubale (Pallas) et Corinne (Id.). Quant à la faune ma- lacologique de ces alluvions, elle ne paraît pas différer de celle actuelle. M. Tournouër a reconnu les espèces suivantes dans celle de l’Oued-Djelfa : Succinea debilis (Morelet). Buliminus decollatus (Linné). Zonites (conulus) Mandralisei (Bivona). | Pupa granum (Draparnaud). Helix pulchella (Müller). Ferrussacia 2ndélerm. — Poupilleri (Bourguignat). Limnæa limosa. var. petite (Linné). — lanuiginosa,var.denudata (Boissy) | Planorbis cristatus (Draparnaud). — aspersa (Müller). Amnicola Dupotetiana (Forbes). — lacertarum (Bourguignat). Hydrobia dolichia (Bourguignat). — Reboudiana, var. zonata (/d.). Ancylus Peraudieri (/d.) — subcostulata (/d.). Pisidium cazertanum (Poli). 1 Voir Journal de Zoologie, tom. IV, 1875, pag. 72. 300 MÉMOIRES ORIGINAUX. B. Équidés des marnes grises A.— Ces marnes surmontent directement les alluvious précédentes; elles sont parsemées delits irréguliers de graviers plus ou raoins roulés et supportent, à leur sommet, une couche de terre végétale brune. Leur puis- sance peut atteindre 5 à 6 mètres et même plus. Sur une berge de l’Oued-Seguen, j'y ai vu, à 1 mètre au-dessous de la surface du sol, de nombreux tessons de poteries romaines; 1*,50 plus bas, j'y ai recueilli quelques éclats de silex dont quelques-uns ont été grossièrement, mais manifestement taillés par la main de l'homme; 3 mètres plus bas encore gisait, à la limite supérieure de l’alluvion tourbeuse, le maxillaire supérieur de Cheval qui a été décrit ci-dessus. Danstoute l'épaisseur de ces marnes j’ai rencontré de nom- breux débris d'Équidés et de Bovidés que je n’ai pu distinguer des mêmes ossements des espèces actuelles. Je citerai seulement un tibia de Cheval adulte, dont la longueur est de 07,382 et qui se distingue par ses proportions massives, surtout par la largeur de ses surfaces articulaires :.son plateau mesure 0,95 sur 0%,86; cet os gisait à 4 mètres au-dessous du niveau du sol. RÉSUMÉ. Ce n’est point le désir de conclure qui m’a porté à rédiger cette Note : c’est celui de montrer quelles richesses recélent nos terrains tertiaires et quaternaires algériens, et d'engager les cher- cheurs à diriger leurs investigations de ce côté. Les produits de mes recherches dans les environs de Constantine sont d’ailleurs en ce moment entre les mains de deux savants compétents, MM. Gaudry et Tournouër, auxquels il appartiendra, mieux qu'à moi, d'en tirer les conclusions scientifiques qu'ils seront suscepti- bles de fournir. Je résumerai seulement en quelques mots ce qui précède : 1° Il existe dans les environs de Constantine des dépôts fluvio- lacustres appartenant probablement au pliocène supérieur, et contenant une faune de transition composée de grands Verté- ÉQUIDÉS FOSSILES DE CONSTANTINE. 301 brés, parmi lesquels il y a lieu de distinguer deux espèces d’'Équidés, savoir : a. Un Hipparion ; b. Un Cheval très-voisin, si ce nest lui, de l'Equus Stenonis (Gaudry) du pliocène d'Europe. 2° Dans le fond des vallées de la même région, à la base des berges des grands cours d’eau, existe un dépôt tourbeux apparte: nant, selon toute probabilité, au quaternaire récent, dans lequel gil une faune se reliant à la précédente par quelques caractères, mais cependant plus semblable à celle actuelle. Cette faune se distingue surtout par ses grands Bovidés et par quelques Équidés, Savoir : a. Un Cheval (Equus caballus), ne paraissant pas différer que par des caractères secondaires du Cheval africain actuel ; b. Un ÆEquidé asiniforme de petite taille, présentant un carac- tère particulier dans sa dentition qui rappelle le genre Hipparion, disparu depuis l’époque géologique précédente. 3° Dans les marnes grises qui surmontent directement ces alluvions tourheuses et qui semblent appartenir autant à l’épo- que actuelle qu’à l’époque quaternaire, on trouve, de leur base à leur sommet : a. Des Équidés, des Bovidés et des Mollusques qui ne paraissent pas différer des espèces actuelles ; b. Des silex taillés (à 2,50 au-dessous de la surface du sol) ; c. Des vestiges de l'occupation romaine (à 1 mètre au-dessous de la surface du sol). 202 DES PYRÉNÉES DE L'AUDEH Par M. LEYMERIE, correspondant de l'Institut. {Suite 1.) I.—MASSIF OU PLATEAU GRANITIQUE NORMAL DE ROQUEFORT. 1° Coupe du terrain de transition au sud de Montfort. — Le granite du plateau de Roquefort descend à une certaine distance (3 kilomètres) au sud de Montfort, où il se trouve abordé par un granite pâle à petits grains mêlé de schiste. Ge schiste est assez brillant, satiné, et se charge de petits cristaux bruns très- visibles, surtout sur la tranche, d’un minéral considéré générale- ment comme mâcle. Ce schiste, que les habitants appellent à écailles de Poissons, à cause du reflet argenté de ses fragments écailleux, et qui pourrait être regardé comme cambrien, occupe la protubérance quisépare la Boulsane du ruisseau de Margarida, et s'étend de là à l'Est et à l'Ouest. Si l’on revient maintenant à la Boulsane, en continuant à descendre cette petite rivière au-delà de l’assise des schistes précédents, on rencontre, après être descendu de la région granitique et avoir traversé ces schistes cristallins, une assise de schistes argileux bleuâtres, en partie ardoisiers, associés à quelques couches de calcaire gris. Ge sont les schistes que l’on suit en direction en montant au col de l'Hommenet, par lequel on peut se rendre à Sainte-Colombe, et là, on les voit passer du schiste ardoisier exploité à un schiste gris un peu rayé et comme xyloïde, et l’on y remarque de rares accidents quartzo-ferrugineux. Ces derniers schistes pourraient être siluriens; toutefois j'ai eru y voir quelques parties offrant la couleur verte habituelle aux schistes dévoniens. Entre l'étage a ——_—— 1 Voir le nc de mars 1879. APERCU DES PYRÉNÉES DE L'AUDE. 309 schisteux que nous venons de décrire et qui traverse la Boulsane, notamment à la scierie, et Montfort, existe une assise calcaire d’un genre particulier, d’une teinte sale, à stratification troublée, irrégulière en partie, caverneux et probablement ferrugineux, où l’on a recherché et exploité des gîtes de minerais de fer hydroxydé. Cette assise m'a rappelé celle qui, au nord d'Amélie-les-Bains, offre à peu près le même aspect, qui renferme également des gites ferrugineux, et que j’ai cru devoir considérer comme devo- nienne. Elle s’étend jusqu’à Montfort, où commence une assise très- épaisse composée d’un calcaire noir en partie dur et siliceux, que nous rattachons à la zone marmoréenne. 29 Sud de Sainte-Colombe. —La petite rivière de Guette, qui descend du plateau de Roquefort, recoit à Sainte-Colombe un ruisseau qui coule au fond d’une petite gorge dont l’origine est au Sud-Est, dans les hauteurs de Frontfide. Cette gorge est tout entière dans le terrain de transition, dont la largeur atteint deux kilomètres au sud de Montfort, au point de donner naissance à une baie qui s’avance considérablement dans le plateau granitique. La partie supérieure de cette gorge est probablement, dans les schistes argileux fissiles, en partie ardoisiers, de Montfort, et, à partir des Bergeries, elle coupe une crête calcaire précédée par des schistes noirs carburés. Cette crête, qui s'élève à 1259 mètres au castel de Binal, nous paraît devoir être considérée comme devonienne. En effet, ces tranchées vives pratiquées pour le chemin de Sainte- Colombe, sur la droite du défilé et que ce chemin traverse, accusent des calcaires marmoréens à pâte très-fine, blanche ou gris-clair nuancé, prenant parfois des parties roses qui lui donnent l’aspect du marbreincarnat. En sortant du défilé, on voit ce calcaire alterner avec des schistes de transition qui sont exploités même comme ardoises sur le côté gauche du ruisseau. Au-delà, en vue de Sainte-Colombe, les berges du chemin offrent des alternances de calcaires et de schisles, et le tout se termine par une assise de calcaire irrégulier, de couleur sale, qui n’est qu’un prolongement 304 MÉMOIRES ORIGINAUX. de celui de Montfort. Le village de Sainte Colombe se trouve sur le calcaire, vers sa limite. Du village même, on voit le même calcaire passer de l’autre côté de la Guette, ainsi que les schistes, et enfin la crête de Binal qui se dessine à droite de la route de Roquefort comme un cordon saillant légèrement recourbé. Il y a donc lieu de s’atten- dre , lorsqu'on monte à Roquefort par cette route, à couper ce. rocher. C’est en effet ce qui arrive : on rencontre successivement diverses assises schisteuses et enfin d’autres schistes avec des: calcaires non marmoréens, mais en partie rubanés, qui rappellent ceux du terrain silurien de la Haute-Garonne (voir la Coupe géné- rale déjà citée). Cette série de transition, où l’on remarque à la fois des traits de ressemblance avec les étages silurien et devonien des Pyré- nées centrales, offre d’ailleurs une régularité que l’on trouve rarement ailleurs, ce qui peut tenir en partie à l’absence des accidents quartzeux. Elle affecte dans son ensemble une incli- naison générale au Sud, même aù contact du granite, dont elle est séparée par une salbande de terre jaune. 3° Montée de Gesse au Bousquet, par le col de Malagrède. — Cette montée permet de couper encore une série régulière inclinée en masse vers le Sud, large de 3 kilomètres environ, qui est presque entièrement formée par des calcaires gris-bleu d'apparence secondaire. Ce n'est qu'après être sorti de la forêt, en montant au col, que l’on voit quelques schistes dont la cou- leur vert clair semblerait indiquer le type devonien. Près du col, les calcaires deviennent cristallins, blancs et bleuâtres, comme ceux de la zone marmoréenne, et présentent des dolomies blan- ches et rousses. Cette coupe est assez insignifiante , mais elle acquiert un certain intérêt si on lui rapporte certaines couches que j'ai rencontrées, en 1866, en descendant du même col de la Malagrède à la chapelle de Bourbel, par un sentier différent de celui qui nous a fourni la coupe précédente. En effet, je trouve, dans les notes prises à cette époque, que la descente se termine APERÇU DES PYRÉNÉES DE L’AUDE. 399 de ce côté par des schistes avec grauwacke passant au poudin- gue d'un gris verdàtre, auxquels succèdent des schistes verts et rouges et des grès de la même couleur associés à des bancs de talschistes subamygdalins, caractères où l’on ne saurait mécon- naître l’indice certain de l’étage devonien (partie supérieure). 4° Escarpement de l'Aude (E.-0) et Fontan2s. — Nous avons dit que la ligne de séparation et de transition passait au milieu du château d’Usson, dont les dépendances sont assises sur la tranche de grandes couches presque verticales d’un calcaire bleuâtre rubané. Si, à partir de ce point, on continue à descendre le défilé de l’Aude, sur la rive gauche de cette rivière, on voit succéder à ce calcaire des calcschistes veinés de spath et de nouveaux calcaires rubanés par une matière brune qui se dessine sur un fond noir ou bleuâtre. Il y a aussi du calcaire ordinaire assez compacte el un peu de schiste carburé, et le tout rappelle les roches siluriennes de la Haute-Garonne. C'est dans ce système que sort l’eau minérale d’'Usson, exploitée dans un petit établisse- ment, et qui, malgré sa température basse, possède d’une manière très-prononcée la saveur caractéristique des sources sulfureuses. Ce système, dont l’inclinaison, ordinairement forte, est encore constamment au Sud, ne subit pas de variations bien notables jusqu'à la métairie de Lafargue ; mais, en montant à Fontanes par un nouveau chemin pratiqué en écharpe sur le flanc de la berge escarpée de l’Aude (rive gauche), un voit succéder aux couches précédentes de nouvelles roches qui portent quelques- uns des caractères proprés à l'étage devonien. ù Ce sont d’abord des caleschistes sub-satinés, puis des calcaires et d’autres calcschistes bleuâtres en couches presque verticales, mais cependant portées au Sud comme à l'ordinaire. Plus haut, vers l'endroit où le chemin passe sous un petit tunnel, les cal- caires compactes prennent des teintes assez vives, rouges et lie de vin, et passent même au marbre incarnat par l'association avec le blanc de parties d’un rouge clair. Il y a aussi, dans cette montée, des schistes verts et lie de vin qui ont été également 356 MÉMOIRES ORIGINAUX. signalés par M. Vène, de l’autre côté de l'Aude, au nord d’Esca- louche. En montant directement à Fontanes, on coupe une série de calcaires gris en partie esquilleux, en partie sub-cristallins et dolomitiques ; enfin, l’étage parait se lerminer par une assise de teinte sombre qui s'élève en talus au-dessus du village et qui est composée d’une grauwacke schisteuse assez terreuse et de pou- dingue à galets ovoïdes ou nodules de grès gris ou jaune, sys- tème qui est couronné au Nord par un chapeau calcaire. Gette dernière roche règne, en effet, sur les hauteurs qui séparent le vallon de Fontanes de la plaine d’Aunat, où elle commence à entrer dans le système marmoréen. 5° Coupe du Haut-Rebenti. — La zone, après avoir conservé une largeur moyenne assez uniforme dans la région que nous venons de traverser, s’élargit en passant à l'Ouest dans la contrée arrosée par le Rebenti. La partie supérieure de la longue gorge au fond de laquelle coule cette petite rivière est tout entière, jusqu'à Mérial, dans le terrain que nous étudions, terrain dont la régularité n’y est troublée que par quelques irrégularités secondaires qui laissent dominer une inclinaison générale assez forte dans le Sud. Les travaux de la nouvelle route que l’on construit pour monter à traversles forêts du fond dela vallée au col de Pradelles, parlequel on peut passer dans l’Ariége, sont en grande partie dans ur puissant étage de schistes carburés alumineux où la pyrite se trouve dis- séminée en abondance et même en cristaux dans certaines veines. Il n’est pas douteux que ces schistes appartiennent à l'étage silurien. Entre cette assise silurienne et le village de Lafajole, le faciès devonien semble se prononcer par la couleur vert clair des schistes. Il y a là aussi des calcaires de couleurs variées et même assez hyalins, et d’aulres qui n’offrent rien de caractéristique. Entre Lafajole et Mérial, les roches devoniennes s’accusent d’une manière encore plus prononcée. Ce sont encore des marbres blancs purs ou tachés de rouge et passant à l’in- carnat, el d’autres associés à des schistes verdâtres. L’étage finit par des calcaires compactes en partie marmoréens, et enfin par APERÇU DES PYRÉNÉES DE L’AUDE. DOÛ une grauwake sombre, qui n’esisans doute qu’un prolongement de l’assise de même nature que nous avons indiquée précé- demment, en bas du col de Malagrède, près de l'Aude, et au-dessus de Fontanes. La bande que nous venons de suivre depuis Montfort jusqu’à Mérial se continue à l’Ouest jusqu'à une petite distance au sud de Camurac, où se trouve, au moulin del Bosc, un relèvement granitique qui a amené au jour des schistes satinés et d’autres mélangés de quartz ferrifère que l’on a cherché à exploiter comme minerai de fer. [ y a là aussi un peu de schiste car- buré, mais la roche dominante est un schiste argileux ordi- naire. Nous ninsisterons pas d’ailleurs sur ce gîte, qui n’est qu'une lisière de la région primaire de l’Ariége. II. — INDICATION DES MATIÈRES UTILES OFFERTES PAR LA BANDE DE TRANSITION. Le terrain de transition des Pyrénées de l’Aude ne renferme pas de gîte métallifère réellement exploitable ; quelques-uns ont été autrefois l’objet de recherches et de travaux assez considé- rables. Nous en dirons quelques mots d’après les renseignements que nous avons trouvés dans les notes de M. Vène. Au nord d’Escalouche, non loin du granite normal, on a essayé d'exploiter des filons de quartz ferrugineux pyriteux mêlés de schiste, dont l’un courait dans une assise de schiste carburé et contenait des traces de carbonate vert et d'oxyde de cuivre. Plusieurs galeries de recherches avaient été creusées suivant la direction de ces filons, notamment dans le second ; l’une de ces dernières a élé poussée jusqu’à 43 mètres. Un gite un peu plus sérieux consiste en une masse bréchiforme d'apparence jaspoïde, en partie dolomitique, avec fragments de quartz et de calcaire gris compacte, iraversée par des veines de galène mêlée de spath calcaire, avec du cuivre carbonaté vert et du cuivre oxydé. Le minerai est disséminé dans la masse d’une manière irrégulière. Ce gîte, qui semble traverser le ruis- seau . d'Escalouche, est séparé du précédent par un ravin et est 398 MÉMOIRES ORIGINAUX. précédé par un système de schistes, les uns ardoisiers, les autres verdâtres et lie de vin, avec de la dolomie siliceuse qui appar- tient probablement au système devonien. Nous rappellerons ici le minerai de fer et de manganèse qui a été cité dans notre description, vers le haut de la montagne du Calvairon, près Montfort, et qui gît au sein d’un calcaire irrégu- lier d’un blanc sale un peu jaunâtre. L'exploitation de ce mine- rai à eu lieu pendant quelque temps , mais elle a dû cesser avec les forges catalanes qu'il pouvait contribuer à alimenter. Il faut ajouter ici pour mémoire le schiste quarlzo-ferrugineux, sur lequel on a essayé une recherche au moulin del Bosc, un peu au sud de Camurac, à la lisière de la zone de transition, où l’oxyde de fer semble avoir été infiltré sous l’influence d’une petite éru- ption granitique. Enfin, quelques veines de minerai de fer ont été indiquées par Gensane (tom. IV, pag. 360) dans la forêt de Lafajole, en haut du val de Rebenti, où il dit avoir retrouvé des traces considéra- bles d’anciens travaux. Le même auteur fait aussi mention (pag. 363) d’un filon de cuivre panaché dirigé du Sud au Nord, qui passerait un peu en aval de Lafajole, à la têle du pont, pres d’une scierie. Les calcaires devoniens de la région qui nous occupe offrent des bancs marmoréens blancs ou colorés qui seraient susceptibles d’être utilisés comme marbre, si la concurrence des grandes exploitations à la proximité des voies de communication faciles ne venait pas arrêter les efforts que l’on serait tenté de faire dans ce sens. Le Haut-Rebenti, notamment, offre, dans la commune de Lafajole, des espèces d’incarnat et même un marbre vert d’un effet agréable, el il existe au N.-0. du village, au sommet de la montagne de Montcalmp, des bancs presque verticaux d’un cal- caire saccharoïde à très-petits grains, doux à la taille, qui serait probablement susceptible d’être employé pour la sculpture et même pour la statuaire, ll y a aussi quelques gîtes gypsifères insignifiants dans le même APERÇU DES PYRÉNÉES DE L'AUDE. 359 terrain, notamment de part et d'autre de la métairie de Lafar- gue, dans la vallée de l’Aude, sur le chemin de Campagne à Rouze et dans le ravin qui descend à l'Aude, du côté droit de cette rivière. Enfin les schistes de transition fournissent d’assez bonnes ardoises dans la partie orientale de la zone, notamment près de Montfort ; on se rappelle que nous avons signalé une ardoisière au fond du ravin qui monte au col de l’'Hommenet, une en amont de la métairie de Cortal. Il en existe deux encore dans le ruisseau de Sainte-Colombe : l’une assez près du village, en aval du massif de calcaire devonien, et l’autre plus haut dans le vallon; toutes les deux sur la rive gauche. La dernière paraît fournir des ardoises de meilleure qualité. III. — DE LA GRANDE RÉGION SECONDAIRE. : Nous avons déjà indiqué plus haut les principaux caractères orographiques de cette région, qui constitue la partie la plus éten- due et la plus essentielle des Pyrénées de l’Aude. Il nous reste à estimer sa largeur et la puissance des terrains qui la composent. La iargeur est assez uniforme dans toute l’étendue de la zone, et diffère peu par conséquent d’une valeur moyenne qui serait comprise entre 13 et 14 kilomètres. La région se termine d’ailleurs d’une manière nette et prononcée par une ligne d’es- carpements calcaires assez droits du côté oriental, sinueux dans le sens opposé, qui forme la limite naturelle qui sépare les Pyré- nées des Corbières, et qui correspond à une faille, ainsi que nous le verrons plus loin. La puissance de cette grande masse de calcaires et de schistes est plus difficile à évaluer, parce qu’on ignore jusqu'où peuvent aller les inflexions ou ondulations de la stratification, surtout dans la bande septentrionale. En supposant que les choses soient réellement ainsi qu'elles paraissent l’être, nous serions plutôt en decà qu’au-delà de la vérité en adoptant le chiffre de 8,000 mètres. Dans nos Considérations générales, nous avons fait compren- 300 MÉMOIRES ORIGINAUX. dre l'opportunité de diviser cette région en deux zones à peu près parallèles, qui, liées entre elles par d’assez grandes ressem- blances, offrent cependant des différences qui permetteat de les distinguer. Nous examinerons plus loin jusqu'où ces différences peuvent nous entraîner ; mais, quant à présent, elles nous pa- raissent suffisantes pour que nous soyons autorisé à les décrire chacune particulièrement. Nous trouvons d’ailleurs dans cetle manière d'agir une plus grande facilité pour l'exposition. Nous nous occuperons d’abord de la zone la plus ancienne, que nous appelons marmoréenne; nous décrirons ensuite le grès vert, qui est beaucoup plus développé. À. De la zone marmoréenne.— Nous avons déjà dit d’une manière générale pourquoi nous avons établi cette zone. Le nom que nous lui donnons ne signifie pas qu’elle se compose entièrement de cal- caires cristallins, mais que ces calcaires yjouent un rôle important, tandis qu’ils manquentabsolument dans la bandesuivante, que nous appelons grès vert. Nous rappelonsd’ailleurs que la zone que nous allons étudier diffère du grès vert par l'absence de fossiles détermi- nables, el est la seule qui offre des gîtes dispersés ou sporadiques de roches anciennes, principalement granitiques, qui semblent avoir exercé une influence générale sur les calcaires, dont les caractères marmoréens pourraient leur être attribués au moins indirectement. Limites. — La zone dont ils’agit n’est nullement accusée sur la Carte géologique de France ni sur la Carte des Corbières de d’Archiac. Elle setrouve confondue, dansl’une et dans l’autre, dans une seule teinte représentant le terrain crétacé inférieur. M. Vène seul l’a distinguée ; mais ses limites s’éloignent notablement de celles que nous avons adoptées et laissent au dehors certaines contrées marmoréennes, par exemple celle de Salvizines, dans la vallée de la Boulzane, qui comprend un îlot granitique très- remarquable. | La ligne par laquelle nous séparons, un peu arbitrairement, la APERCU DES PYRÉNÉES DE L' AUDE. 361 zone dont il s’agit de celle du grès vert, au-delà de laquelle il n’y a plus de marbres ni d’ilots granitique, suit d’abord la direction Est-Ouest au sud de Puylaurens ; mais à partir du point où elle vient co1per l'Aude, au nord des gorges de Saint-Georges, elle se dirige obliquement vers les rochers d’Aple, vers le coude du Rebenti. Après avoir traversé cette rivière à la plaine de Sault, elle passe au nori de Belcaire, entre deux petites montagnes cal- caires, pour aller couper la rivière de l’Herz au-dessus du point où elle commence à devenir la gorge sauvage qu’on appelle la Frau, laissant au Sud, en dedans, toute la contrée de Comes et de Camurac. Cette région, moins irrégulière que la ban le de transition, est loin cependant d’avoir partout une largeur égale. On peut y considérer sous ce rapport deux tronçons, dont l’un, oriental, s'arrête, à l'Aude, à Saint-Georges et à la Guette, au-dessous de Sainte-Colombe. Celui-ci a une largeur assez uniforme de cinq kilomètres environ et une direction régulière de l'Est à l'Ouest. L'autre tronçon va en s’élargissant à partir de l'Aude, où il a le minimum de largeur detrois kilomètres, jusqu'au Rebenti, où il atteint le maximum, plus de six kilomètres. Orographie.— Le premier tronçon participe dela régularité des crètes des Pyrénées-Orientales et sa direction Est-Ouest lui est imprimée par celle de sa crête septentrionale, qui passe au sud de Puylaurenset qui, à l'Ouest de ce village, formele bord d’un plateau élevé dont le point le pusélevé (pic d’Estable) atteint 1512 mètres d'altitude. L'autre partie a bien quelques éléments dans cette direc- tion, qui domine dans l’ensemble de ces montagnes depuis leur extrémité orientale; mais généralement son relief, composé de crêtes calcaires découpées laissant entre elles des évasements linéaires ou irréguliers correspondant à des roches peu consistantes, particulièrement schisteuses , est irrégulier et inégal. Les points culminants sont le mont Durrieu (1248m), au nord du village du Clas, et le pic d'Ourdrizet (1482), au sud-est de Niort. C’est dans cette section principale de la zone que se trouvent, à Re , L 2e série, tom. 1. 24 362 MÉMOIRES ORIGINAUX. 900 ou 950 mètres d'altitude, ces plateaux cultivés et qui res- semblent à des plaines qui auraient été transportées à cette hauteur, où elles sont néanmoins entourées d’une enceinte for- mée par les parties les plus élevées des montagnes. La principale, la plaine de Sault proprement dite, se trouve à gauche du Rebenti de Niort, qui la sépare d’une autre plaine * beaucoup plus reslreinte, que l’on désigne par le nom du village de Rodome, qui en est comme le chef-lieu, ef qui devrait être dans le prolongement de la précédente avant la rupture ayant donné naissance à l’étroit vallon du Rebenti. Ces plaines, plus ou moins fertiles et fort bien cultivées en céréales, à une hauteur de 400 mètres au-dessus de la véritable plaine au niveau de Nebiac, forment un étage de cultures tout à fait insolites et très-remar- quables. La zone rocheuse qui nous occupe est coupée à pic et tra- versée en trois endroils différents par des gorges ou défilés qui sont étroits, abruptes et sauvages dans ies parties qui correspon- dent aux crêtes calcaires, qui semblent avoir été fendues par une action violente exprès pour le passage des rivières. La principale de ces fentes, bien connue pour ses beautés sau- vages que les touristes visitent et admirent, estcomprise dans notre coupe générale, et consiste dans les gorges de Saint-Georges, où l’Aude, réunie à la Gesse, prend une direction méridienne, après avoir coulé jus que-là de l’Ouestà l'Est, et qui sert de séparation entre les deux tronçons que nous avons ci-dessus distingués. — Une deuxième fente plus sinueuse consiste dans la vallée de la Boulsane, entre Montfort etPuylaurens. La troisième, dirigée au Nord-Est, plus étendue que les deux autres, consiste dans l’étroite vallée de Niort, comprise entre Mérial et Belfort. Ces coupures, où les terrains de la zone marmoréenne . Émile Kone, Sachs dans la récente édition de son Manuel, Celakowsky, adop- tent la manière de voir de Cramer. Enfin, nous dirons qu’un bouton axillaire de la feuille carpellaire antérieure est regardé comme l’ovule des Composées par Eichler, qui croit cependant que « cette question ne peut pas être décidée d’une manière objective à l’aide des observations dont nous pouvons disposer»; nous dirons aussi qu’un ovule axile est attribué aux Composées dans la dernière édition du Manuel de Luerssen. Des faits sont indiqués par M. Békétoff, qui lui permettent de conclure que les feuilles plus où moins charnues trouvées par lui dans la Chicorée à des degrés différents du développement et dans des conditions assez variées, «doivent être prises positivement pour des feuilles ovulaires ». — Sur cinquante et une plantes (Bull. Soc. Linn. de Normandie, 3° série, 2e vol., 1877-78) qui ont été envoyées de Pologne à M. Lecovee, avec prière de les déterminer, quarante-six croissent en Normandie et cinquante appartiennent à la flore francaise. — M. Ralph Taste (BI. Soc. Linn. de Normandie, 3° série, 2° vol., 404 REVUE SCIENTIFIQUE. 1877-78) a fait à la Société géologique de Londres, dans sa séance du 7 février 1877, une Communication dans laquelle il annonce avoir dé- couvert dans les couches tertiaires moyennes d'Australie les genres Belemnites et Salenia, inconnus jusqu'ici à ce niveau. Selon M. Lodin, la découverte du genre Salenia à l’époque tertiaire n'a rien que de fort naturel : non-seulement les Saléniés abondent dans les terrains crétacés, mais encore une espèce vivante de Salenia est signa- lée par les naturalistes du Challenger. Mais difficile serait à expliquer la réapparition du genre Belemnites, éteint depuis la fin de l’époque eré- tacée. «Dans la discussion qui s’est élevée à ce sujet entre les membres de la Société géologique de Londres, on a rappelé les diverses indica- tions qui viendraient en confirmer l’existence. On a cité déjà des Be- lemnites dans le terrain tertiaire de Rouen, mais elles pourraient, à la rigueur, n'être que des débris roulés d’une formation antérieure. On a également indiqué le même genre dans les terrains tertiaires de l’Aiïle- magne, mais cette seconde donnée est encore plus incertaine que la première». D'ailleurs, la figure donnée par M. Taste à ce sujet ne permet pas d'assurer que les fossiles en question soient bien des Bélemnites. «Néanmoins, toujours d’après M. Lodin, le problème soulevé dans cette discussion présente un grand intérêt, car rien ne prouve qu'il soi possible d'établir une correspondance rigoureuse entre les divisions géologiques de l'Australie et celles de l’Europe. À une distance aussi grande, les faunes contemporaines peuvent avuir présenté de notables différences, analogues à celles qu’elles présentent actuellement. Ilny auraitrien de surprenant à ce que la faune australienne eût offert, dès l’époque miocène, ce caractère archaïque si frappant de nos jours.» — Note sur les Morinda de la flore éocène du Mans et d'Angers; par M. Louis Crié (Bull. Soc. Linn. de Normandie, 3° sér., 2° vol. 1877-78). Les syncarpes si curieux, dont l’organisation dénote l'existence de Rubiacées intertropicales et dont les empreintes se rencontrent dans la flore éocène du Mans et d'Angers, se présentent sous trois états: jeu- nes et à peine fécondés, à moitié développés, complétement mûrs. Ces derniers fruits offrent une organisation identique avec certains fruits de Morinda rapportés de la Nouvelle-Calédonie par M. Vieillard. M. Crié à constaté récemment dans les grès de Saint-Pavace, près du Mans, la présence de syncarpes plus volumineux, de la grosseur d'une petite pomme. « Les semences, ou du moins les parties du fruit qui lui correspondent, sont très-allongées, ovoïdes, aigués.> Ce sont encore SOCIÉTÉS DE PROVINCE, 405 des fruits de Rubiacées que M. Orié dédie à Ad. Brongniart, qui, le premier, fit voir dans ces fruits des syncarpes d’une plante voisine des Morinda : MoriNpA BRONGNIARTI Crié : — «Syncarpis pedunculatis, ni fallor, drupaceis. Drupis in capitulum dense aggregatis, 2-sper- mis, mulua pressione compressis. Spermis ovoideis elongato-cylin- draceisve ad basim perforatis, nec non et ad apicem calycis vestigio impressis. Foliis usque adhuc ignotis.» — Note sur un tronc fossile paraissant se rapporter au genre Cycadcomyclon (Saporta) ; par M. Morière (Bull. Soc. Linn. de Nor- mandie, 3° sér., 2° vol., 1877-78). — Avec M. de Saporta, M. Morière désigne »rovisoirement sous le nom de Cycadeomyclon une portion de tronc découverte dans le grès liasique de l'Orne. Cet échantillon paraît «devoir se rapporter à une Cycadée dont il représenterait l’étui mé- dullaire moulé sur l'écorce, qui a ensuite disparu». Tant que la décou- verte des parties extérieures du moule ne fera pas modifier ce nom spé- cifique, on peut adopter pour cet échantillon la désignation de Cycadeo- myclon Hettangense de Saporta; les caractères de ce dernier s’appliquent presque complétement au spécimen de l'Orne. En terminant, M. Morière fait remarquer que «si tous les étuis médullaires moulés et convertis en un cylindre solide, des anciennes tiges de Üycedée, se ressemblent en- tre eux, il existe cependant parfois d’une tige à une autre des différen- ces appréciables dans la forme au réseau». _ Hettange et les carrières de Sainte-Honorine-la-Guillaume, dans l’Orne, ont fourni, à diverses reprises, des échantillons analogues à celui que M. Morière vient de faire connaître. L’un d'eux, d’un mètre de hauteur au moins, est conservé dans une commune voisine de Carrières. — Note sur une Astéride fossile nouvelle trouvée dans l'oxfordien des Vaches-Noires, entre Dives et Villers-sur-Mer; par M.J. Morière (Bull. Soc. Linn. de Normandie, 3° sér., vol. 2, 1877-78). — Les deux seuls ordres d’Échinodermes trouvés jusqu’à présent à l’état fossile dans le département du Calvados appartiennent aux Oursinset aux Crinoï- des. Aussi est-ce avec raison que M. Morière signale comme très-rare et décrit comme espèce nouvelle, sous le nom d’Asterias Delongchampsi, une espèce d’Astéride, ordre très-peu fréquemment trouvé en France. Celle-ci, recueillie dans l’oxfordien des Vaches-Noires, est l’Astérie la mieux conservée que l’on ait encore recueillie dans les terrains juras- siques. L’Astérie de Deslongchamps offre trois rayons à peu près complets, et diverses parties du squelette admirablement conservées. On peut 406 REVUE SCIENTIFIQUE. parfaitement reconnaître les cinq fourches osseuses placées autour de la bouche. « La face supérieure des rayons est couverte de tuborcules courts, irréguliers, pointus, d'autant plus volumineux qu'ils se rappro- chent de la partie centrale du disque et du sommet de l'angle obtus formé par deux rayons consécutifs. Ils avancent même sur une partie de la face ventrale. Parmi ces tubercules se voient des épines plus gré- les et des pédicellaires, organes singuliers dont le rôle n’est pas bien connu et qui n’avaient pas encore été signalés sur les Astérides fossiles trouvées en France. Les surfaces ambulacraires sont très-vastes et bor- dées de deux rangées marginales de plaques minces qui s’appuient obli- quement l’une sur l’autre en s’inclinant vers le sillon ; elles portent sur leur face inférieure et convexe quatre ou cinq protubérances à sommi- tés concaves et dans lesquelles les épines mobiles et marginales des rayons sont articulées. Les surfaces ambulacraires sont unies et dimi- nuent de largeur versla bouche et l'extrémité des rayons, où elles se terminent en pointe ; une étroite sinuosité vers le centre indique la su- ture par laquelle les ossicules de l’ambulacre étaient articulés le long de la ligne médiane du rayon; ces petits osselets sont de forme étroite, linéaire, offrant l'apparence d’une courbe à peu près sigmoïde. Cet effet résulte de l’évasement en forme de quille de navire que chacun des osselets forme en s’abaissant. Évidés dans les deux tiers de leur lon- gueur, les osselets sont déprimés et marqués de deux impressions creu- ses dans le voisinage des sillons ambulacraires. Les extrémités des ossi cules qui aboutissent au sillon sont légèrement denticulées. L’incurvation des ossicules est d’ailleurs adaptée à la disposition des tentacules aspirateurs, qui dans le genre Asterias sont disposés en quatre séries. Les ouvertures sont légèrement ovales dans notre espèce.» Tels sont les détails fournis par M. Morière sur l’Asterias Deslongchammpsi, détails que nous avons cru important de faire connaître. Nous devons dire aussi que parmi les espèces fossiles intéressantes qu’offrent les schistes et psammites à fucoïdes bilobés de Fauguerolles, inférieurs aux calcaires ampéliteux, une nouvelle Astérie est signalée par M. de Tromelin, qui lui donne le nom de Palestrina Morierei. — Les Staphylinides del’ Afrique boréale; par M. Albert Fauvel (Bull. Soc. Linn. de Normandie, 3° sér., 2° vol., 1877-78.) — Nos connaissances entomologiques sur l'Afrique boréale se sont tellement accrues depuis dix ans qu'il était nécessaire de donner une énumé- ration nouvelle de Staphylinides de cette région ; M. Fauvel s’est chargé de ce soin, et, dans le Catalogue que nous annonçons, il élève à plus de 440 le nombre des espèces, qui n’était que de 330 environ dans SOCIÈTÉS DE PROVINCE. 407 Ja liste publiée, en 1869, dans les Mémoires de la Société Linnéenne de Normandie. Le but de ce Catalogue est surtout, en précisant les loca- lités, de fournir des points de repère et de direction aux explorateurs sédentaires ou de passage dans le nord de l'Afrique. — On lit dans les Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux (4° sér., tom. II, 6° livr., 1878): « M. Benoist annonce que notre collègue M. Wattebleded, dans des fouilles récemment faites à Mérignac, a trouvé un exemplaire du genre Truncatella, inconnu jusqu’à ce jour dans le sud-ouest de la France. Notre collègue dit que ce curieux genre com- prend 27 espèces vivantes, dont une sur le littoral de la Méditerranée. Quant aux espèces fossiles, une seule espèce quaternaire est mentionnée par Bronn; Deshayes en décrit deux du terrain éocène dans le bassin de Paris. L'espèce de Mérignac porte donc à quatre le nombre des re- présentants de ce genre dans les formations tertiaires. » M. Benoist décrit ainsi cette Truncatelle, qu’il dédie à M. Wattebled : « TRuNcA- TELLA WATTEBLEDI : 2. éestaminima, cylindracæ, apice obtusissima, anfractibus quaternis,conveæiusculis, longitudinalibus striatis, striis œæqualibus ; sutura profunda, basi imperforato, ultimo anfractu ovato, apertura elongata, postice angulata, antice rotundata, mar- ginibus conveæis, peristomate continuo. Cicatricula apiciali obtu- sissima monospirali. » — Les plantes suivantes | Aci. Soc. Linn. de Bordeaux, 4° sér., tom. II, 6°livr., 1878) sont signalées par M. Debeaux comme nouvelles pour la flore de France : Brassica fruticulosa Cyrillo (de Vernet à Ri- vesaltes), Ranunculus neapolitanus Ten. (Argelès-sur-Mer), Erodium arenarium Jord. (Canet. Pyr.-Orient.), Lavatera cretica Li. [Château- Roussillon), Laflingia hispanica L., (sables de Canet), Dianthus pungens L.(id.), Barkhausia recognita D.C. (Canet), Sonchus glaucescens Jord. (sous Château-Roussillon), Verbascum floccososinuatum O.Deb., (sa- bles de la Tet), Mentha candicans Crant. (id.), M. sylvestris-rotun- difolia Wortg., M. rotundifolia sylvestris Wortg., Cuscuta trifolir Bab. (Perpignan), Potamogeton densus L. (la Tet), Astragalus cicer L. (le Soler), Juncus striatus Schomb. (Argelez), Typha Shuthbworthii Koch (la Tet}, Carex provincialis Salz. (Salses), Cyperus distachyos Al. (Salses), Scorpiurus Savii Lab. (Salses), S. éabernemontaris L. (la Tet), S. australis L. (la Tet), Linaria commutata Resh. (Argelez), Preslia cervina (Argelez). — Il résulte (Act. Soc. Linn. de Bordeaux, 4 sér., tom. IT, 6° livr., 1878) des recherches de M. Waltebled que l'Æelix constricta Boubée, 408 REVUE SCIENTIFIQUE. espèce des Pyrénées réputée très-rare au moment où Moquin-Tandon écrivait son Histoire des Mollusques de France, et depuis lors devenue moins rare, est abondamment répandue dans ie département des Basses- Pyrénées (Pas-de-Roland, Mondairain, Isatsou). M. Waltebled nous dit aussi qu'en cherchant sous les pierres qui recouvrent le sommet du Mondairain, il a recueilli plus de vingt Zelix Quimperiana Fer. La présence de cette espèce, qui, comme on le sait, habite aux environs de Quimper, avait été signalée dans la région pyrénéenne par M. Danthon, capitaine de frégate, et récemment constatée par le général de Nansouty. Moquin-Tandon relate l'opinion de Petit de la Saussaye, que ce Mollusque a probablement été apporté dans le Finistère avec le lest de quelque vaisseau. Le Clausilia Pauli et l'Azeca tridens Pultney sont assez communs dans la même région. — L'Anthracotherium hippoideum découvert à Armissan (Aude); par M. le D'J.-B. Noulet ([Mém. Acad. Scienc. Inscript. et Bell.-Lett. de Toulouse, T° sér., tom. X, 1878). — La station d’Armissan a acquis une grande notoriété pour les empreintes végétales si nombreuses et si va- riées que présentent les dalles d’origine lacustre qu'on y rencontre. Mais jusqu à ce jour on a négligé d'étudier la tranche épaisse constituée par des assises argilo-calcaires et calcaires, surmontant les lits qui se laissent si facilement séparer en ces dalles que nous venons d'indiquer. C’est dans une de ces couches argileuses, appartenant à la colline qui borne, au Nord-Ouest, le bassin d'Armissan, qu'ont été trouvés des débris de mà- choire d’un grand Mammifère appartenant au genre Anthracotherium. Ces débris sont les premiers restes de la classe des Mammifères retirés du miocène narbonnais. Les doutes sur la détermination spécifique de ces débris doivent cesser après l'examen qu’a bien voulu faire du des- sin qui les représentait le professeur de Bâle, M. Rutimeyer, «qui n’hé- sita pas à reconnaître dans le fossile de l’Aude un représentant de l'An- thracotherium hippoidewm d'Arwangen (canton de Berne), retiré de la mollasse d’eau douce inférieure (terrain aquitanien) de la Suisse, horizon géologique correspondant par conséquent à celui» attribué par M. Nou- let, en 1858, au terrain tertiaire du bassin de Narbonne, «détermination que vient confirmer la présence, dans cette formation, d’un Pachyderme caractéristique de cet âge ». — Au commencement de l’année 1844, une Girafe (Cameleopardalis Giraffa Gmelin, récemment arrivée d’Abyssinie en France, vint mourir à Toulouse. Le cadavre de cette girafe, acquis par le Conseil municipal, SOCIÉTÉS DE PROVINCE. 409 permit à MM. Joly et Lavocat d'étudier tous les systèmes de ce curieux animal et de consigner le résultat de leurs études dans un travail inti- tulé Recherches historiques, zoologiques, anatomiques et paléontolo- giques sur la Girafe. La Société du Musée d'histoire naturelle de Stras- bourg eut la bonne fortune d'insérer ce travail dans ses Mémoires. Avant l'œuvre très-importante de MM. Joly et Lavocat, en fait de travaux que possédait la science sur l’anatomie de cet animal, citons en première ligne les deux Mémoires de Richard Owen, qui eut l’occasion de disséquer deux Girafes, mortes, l’une dans les jardins de Regent's-Park, l'autre dans ceux de la Société zoologique de Londres ; outre le système osseux sur lequel avaient déjà parlé les beaux travaux de Pander, d’Alton, de Cuvier et Duvernoy, Owen a étudiéavecgrandsoinles organes digestifs du Ruminant dont il s’a:it et le système circulaire. Nous rappellerons qu’à la base du cœur il a trouvé «un os recourbé, long de deux tiers de pouce anglais (0,168), et logé dans le cercle tendineux qui donne attache aux fibres musculaires du ventri’ule ». L'auteur anglais a aussi donné une excel- lente description de l'appareil génital mâle et femelle ; les auteurs .repro- duisent la première partie et ont eu l'occasion de contrôler la seconde, le sujet qu’ils ont disséqué étant femelte. L’attention de MM. Joly et Lavocat s'est surtout portée sur l’angéio- logie, la névrologie, la myologie de la Girafe. Ils ont constaté, entre autres choses, une particularité remarquable dans l’appareil veineux : c’est qu’au lieu d’être double, comme chez les Ruminants domestiques, la jugulaire est simple, comme chez le Cheval ; la simplicité de ce vais- seau s'explique, selon eux, par le peu de volume de la tête et la longueur du cou. Ils se sont assurés que la moelle épinière se distingue surtout par l’extrême longueur de la portion cervicale, et par la singulière ori- gine des nerfs de cette même portion. «En effet, les racines de ces nerfs, au lieu d’avoir les filaments qui les composent très-rapprochés les uns des autres, les ont, au contraire, fort éloignés et dispersés sur une éten- due très-considérable. Ajoutez que, dans les racines postérieures des nerfs cervicaux, un et quelquefois ceux des filaments les plus inférieurs d’un nerf se continuent sans interruption avec les filaments les plus su- périeurs du nerf suivant du même côté.» Notons aussi que l’on remarque chez la Girafe, comme chez le Bœuf et non chez les Monodactyles, de remarquables anastomoses entre les nerfs laryngés inférieurs et laryn- gés supérieurs, d’abord à la face postérieure du larynx par des filets plexueux, puis en dessous du cartilage thyroïde. Enfin, une particularité est fournie par le cordon cervical du trisplanchnique, qui est pourvu de distance en distance de renflements d’un volume très-inégal, «conséquence nécessaire de la longueur de ce cordon ». r 9 ; 2e série, tom. 1. & 3 410 REVUE SCIENTIFIQUE. M. Lavocat, qui, en 1844, était surtout occupé de la myologie de la Girafe morte à Toulouse, revient sur ce sunjet(Mém. Acad Sc., Inscr. et Belies-Lettr. de Toulouse, T° sér., tom. X, 1878), «parce que, depuis le temps, les déterminations et la nomenclature des muscles sont devenues plus positives, à mesure que les comparaisons méthodiques se sont éten- dues ». L’habile anatomiste fait d'abord observer qu'une particularité bien remarquable est l'absence complète des muscles sous-cutanés : une forte aponévrose les remplace; elle maintient les muscles, favorisant ainsi J’énergie de leurs contractions. Là où de puissants efforts doivent se pro- duire, à la base du cou, sur la croupe, etc., se trouve une couche de tissu fibreux jaune, élastique, adhérente aux muscles, couche qui dou- ble l’aponévrose en question. « À ces premières conditions d'énergie, remarque M. Lavocat, s'ajoutent des dispositions très-favorables. Ainsi, dans le casge levierinter-puissant, on voit souvent l'insertion musculaire s'éloigner du centre du mouvement et augmenter l’action de la puissance. Ailleurs, au contraire, l'insertion du muscle se rapproche du point d'appui, et ce n’est plus l’action contractile qui est favorisée, c’est son résultat, c'est-à-dire le mouvement produit, qui gagne en étendue et en rapidité proportionnellement à la longueur de la tige sollicitée. — On rencontre aussi, surtout au cou, de longs muscles pour lesquels Ja len- teur des contractions est évitée par des interruptions tendineuses, qui subdivisent et diminuent la longueur des fibres musculaires, sans préju- dice pour l'intensité de leur action. — Dans d'autres cas, ce sont des muscles qui, au lieu de s’étendre d’une extrémité à l’autre de la colonne mobile, se subdivisent en digitations et s’attachent à ses diverses pièces, pour plus de précision et de variété dans les mouvements. — On voit aussi les muscles réunir leur action sur des leviers différents et inverse- ment mobiles ; il en résulte que le mouvement des rayons acquiert unité et rapidité, puisqu'il devient simultané au lieu d’être successif.» Après ces réflexions générales, M. Lavocat s'occupe, pour le moment, des muscles du cou et de la tête, dont nous ne signalerons que les prin- cipales particularités. Dans la région cervicale antérieure, le cléido-mastoïdien est beau- coup moins long chez la Girafe que chez le Cheval et le Bœuf; ses inser- tions ont lieu, inférieurement sur l’épine de l’omoplate, et supérieure- ment sur les apophyses transverses des cinquième et sixième vertèbres cervicales. Le sterno-mastoïdien, qui Se rapproche beaucoup de celui du Cheval, est caractérisé par un tendon qu’il offre vers son milieu, en outre des deux tendons que présentent ses extrémités. Quant à l’omoplat- hyoïdien, il procède de l’apophyse transverse de la troisième vertèbre cervicale. Les insertions des deux scalènes ont lieu, inférieurement sur SOCIÉTÉS DE PROVINCE. 411 les trois premières côtes, et supérieurement sur les deux dernières ver- tèbres cervicales. L Les muscles de la région cervicale postérieure se font remarquer par leur peu de développement. Parmi ceux formant les diverses couches musculaires de cette région, le trapèze a sa partie claviculaire à l’état aponévrotique et se termine, par sa partie dorsale, à la tubérosité de l'épine scapulaire. Son peu d’étendue distingue le rhomboïde 5, & l'angle cervical de l’omoplate, sur les faces externe et interne du car- tilage supplémentaire, se termine ce muscle. C’est aux apophyses transverses des deux dernières vertèbres cervicales que vient s'attacher l’angulaire, moins grand et moins fort chez la Girafe que chez les autres quadrupèdes. Le rebord antérieur de l’angle cervical et le muscle sur- épineux sont les points où s'effectue sa terminaison. Il importe de remar- quer la disposition du petit complexus, qui est simple. Quant au grand compiexus, par la fixation du tendon terminal, ainsi que de celui du muscle opposé, à la crête occipitale, il agit comme un puissant releveur de la tête. Très-développé est l'appareil sur-épineux cervical de la Girafe, sauf la lame complémentaire ; le faible développement de cette dernière a pour effet de permettre «que le balancier cervical puisse facile- ment déplacer en avant le centre de gravité ». M. Lavocat termine la première partie de cette revue par l'examen rapide des principaux muscles de la tête, examen ayant surtout pour but de rectifier leur ancienne nomenclature. — Etude stratigraphique sur l'étage sénonien auæ environs de Sens; par M. J. Lambert (Bull. Sce. Se. hist et natur. de l'Yonne, vol. 92, 1878).— Dans cette Note, comme dans les ouvrages detous les auteurs qui se sont occupés de la craie du département de l'Yonne, M. Lambert a d'abord divisé la craie sénonienne en deux grands sous-étages : à la base, la craie noduleuse, qui correspond au sénonien moyen de M. Hébert, et au-dessus la craie blanche & Bélemnites, correspondant au sénonien supérieur du même savant. Il à subdivisé chacun de ces sous-étages en plusieurs zones caractérisées par des fossiles spéciaux. En outre, il a été conduit « à reconnaître dans ces grands horizons un certain nombre de couches qui évidemment n’ont plus l’importance générale des pre- mières divisions, mais dont la distinction permet d'introduire plus de méthode et de clarté dans une étude essentiellement locale ». — kecherches sur la composition chimique et les fonctions des feuilles; par M. B. Corenwinder (Mém. Soc. Scienc., À gricult. et Arts de Lille, 1879). — L'auteur tire les conclusions que nous reproduisons des 412 REVUE SCIENTIFIQUE. belles recherches entreprises par lui, il y a déjà quelques années, sur cet important sujet. «Les feuilles des végétaux, dans leurs rapports avec l'air atmosphérique, sont le siége de deux fonctions distinctes. Par leur protoplasma, elles absorbent l’oxygène et elles produisent constamment de l’acide carbonique, Par leur chlorophylle, elles inspirent au con- traire, pendant le jour seulement, l’acide carbonique, et elles expirent de l'oxygène. Dans le premier âge, le protoplasma prédomine dans les cellules, la chlorophylle y est peu abondante ; aussi pendant toute cette période la fonction respiratoire l’emporte-t-elle sur la fonction chloro- phyllienne, et, conséquemment, les feuilles exhalent de l'acide carboni- que sans interruption. A mesure que les feuilles grandissent, le proto- plasma diminue, la chlorophylle augmente: on voit alors s’atténuer ra- pidement chez elles la capacité d'émettre pendant le jour du gaz acide carbonique ; bientôt elles ne dégagent plus que de l'oxygène. Ce n’est désormais qu’en les plaçant dans l’obscurité, ou au moins dans de la lu- mière diffuse, c'est-à-dire en suspendart plus ou moins l’action de la chlorophylle, qu’on peut mettre en évidence l'effet de la respiration. — Il n’y à donc chez tous les êtres qu’une seule et véritable respiration, et elle est la même pour tous. Le rôle que joue la chlorophylle est d’un ordre différent, c’est un acte d’assimilation.» ; M. Corenwinder nous dit, en terminant, que ce n’ést pas la première fois qu’on émet cette doctrine, mais elle ne reposait pas sur des preuves suffisantes. — Synopsis des Hémiptères-Hétéroptères de France, de la famille des Ligæides ; par M. Puton (Mém. Soc. Scienc., Agricult. et Arts de Lille, 1879). — Le nombre des Insectes de cette famille énumérés dans le Synopsis de M. Puton atteint le chiffre de près de deux cents. Dans ce nombre figurent les espèces créées par l’auteur, espèces qui ont acquis définitivement leur place dans la science entomologique ; ce sont: Orsillus Reyi, Plociomerus calcaratus, Rhyparochomus nitidicollis, Peritrechus gracilicornis, P. meridionalis, Drymus pu- milio, Notochilus Andrei, N. Damryc. Le Synopsis de M. Puton est précédé du passage suivant, que nous ne pouvons pas résister au désir de reproduire: «Si tous les naturalistes qui s'occupent d'étudier les richesses naturelles de notre pays s'impo- saient la tâche de publier, chacun dans leur spécialité, le résultat de leurs recherches, la Faune française serait beaucoup plas avancée qu’elle ne l'est aujourd’hui, et nous n’aurions pas à regretter de voir beaucoup des pays voisins plus favorisés que nous sous ce rapport.» SOCIÉTÉS DE PROVINCE. 413 — Indications du Vicia Cassubica X.. et de l'Oxalis stricta EL. comme espèces nouvelles pour la flore du Gard, par M. B. Martin (Bull. Soc. d'Étud. des science. nat. de Nimes, mars 1879). — La pre- mière de ces deux espèces, qui a été recueillie dans les bois de la Char- treuse de Valbonne, n’était signalée ni dans le Gard, ni dans les flores voisines des contrées avoisinant ce département. Boreau et Grenier et Godron l’indiquent dans le centre de la France et lui donnent une aire d’ha- bitation assez restreinte. La seconde espèce, qui a été récoltée au Pont- Saint-Esprit, « où elle végète abondamment le long des routes, dans les oseraies des bords du Rhône et de l'Ardèche, et qui est mentionnée dans beaucoup de départements, est une plante étrangère apportée par ses graines du Nouveau-Monde. «Il est singulier que dans le Gard, où notre espèce virginienne a décidément acquis l’indigénat, elle présente la par- ticularité d’avoir fait sa première apparition dans une station où il lui est donné de vivre dans le voisinage de l’Asclepias Cornuti Decaisne, autre espèce introduite et depuis longtemps naturalisée sur les bords du Rhône. » — N'oublions pas de mentionner un compte rendu (Bull. Soc. d'Étud. Scient. de Nimes, 1879) fait par M. de Sarran d’Allard del’excursion de la Société d'Études Scientifiques de Nimes dans les terrains jurassique et crétacé à la limite septentrionale du département du Gard, excursion qui a porté sur les environs de Vans et le bassin de Berrias. — Géologie des environs de Montpellier; par M. H. Rouzaud (Union des Ecoles, 1879). — « Ontrouveautour de Montpellier ane formation su- perficielle qu’on désigne généralement sous le nom de fufs de Castelnau, très-développée autour du village de ce nom. Descalcaires concrétionnés, friables ou compactes, sablonneux ou argilo-calcaires, de couleur ordinai- rement blanchâtre, quelquefois rougeâtre, composent cette formation, dont Marcel de Serre a donné la coupe suivante, prise aux bords du . Lez, près du moulin de Castelnau: terre végétale, 0,50; — couche de tuf, avec troncs, tiges et feuilles, 1%,00; — marne calcaire endurcie, 0,30 ; — argile plastique, avec bois compactes et noirâtres, 1,60 ; — calcaire très-sablonneux, assez compacte, 1",60 ; — calcaire sédimentaire formant le fond de la coupe ou tuf compacte. Cette surface tufasée, considérée longtemps comme lacustre, à fait soupconner, soit par l'aspect particulier des roches qui la composent, soit par leur faciès concrétionné, un mode de sédimentation spécial. La formation des tufs de Castelnau est généralement attribuée à des eaux incrustantes. L'idée de ce mode de formation a été adoptée, pour les 414 REVUE SCIENTIFIQUE. terrains qui nous occupent, par M. G. Planchon, dans sa thèse de doctorat ès-sciences ; d’ailleurs, les caractères des dépôts les plus élevés, tels que l'irrégularité de la stratification, la présence des mousses incrustées, la structure fréquemment tubulaire de la roche, concourent à faire regar- der cette explication comme la vraie. Dès 1818, M. de Serres donnait la liste suivante des Mollusques qu'on rencontre : Lymnæœusovatus, L. corvus, L. palustris, Succinea amphibia, Planorbis carinatus, Bythinia impura, Nerita fluviatilis, Cyclas fontinalis, Unio pictorum, Cyclostoma elegans, Bulimus acutus, B. lubricus, B. decollatus, Helix variabilis, H. rhodostoma, H. nemoralis, H. vermiculata, H. ericetorum, H. cespitum, H. cinc- tella, I. limbata, H. striata, H. lucida, H. nitida, H. rotundata. La présence de la plupart de ces espèces a été constatée par M. G. Planchon, qui a bien voulu nous soumettre le résultat de ses recher- ches, et par M. Rouzaud. Pour eertaines des autres qui n’ont pas été re- trouvées depuis Marcel de Serres, nous doutons fort de leur présence dans les tufs de Castelnau, l’Æelix obvulata par exemple, dont la pré- sence à été signalée à tort, selon nous, par M. Moitessier dans la faune malacologique actuelle de l'Hérault. De plus, nous avons pu, avec le concours de Paladilhe ‘, constater que les divers Zonites lucidus qu’on rencontre dans cette formation sont typiques, et ajouter quelques espèces à l’énumération faite peut-être, comme tout ce qu’il faisait, un peu légè- rement par Marcel de Serres. Enfin, outre une Phryganide du genre Rhryacophila, sont ajoutées à ce dénombrement, par M. G. Planchon, les espèces végétales que voici: Clematis vitalba L., Acer monspessulanum Len. (x), À. opulifolium (x), Vill., var., neapolitanum Len., Vitis vinifera L., Ilex aquifolium L., Rubus discolor Weïlhe et Nees., Cotoneaster piracantha (x) Pers., Hedera helix L., Cornus sanguinea L., Viburnun tinus L., Rubia peregrina L., var., angustifolia Gr. God., Fraxinus eæcelsior L., F, ornus Li (x), Phyllirea media L., P. angustifolia L., Laurus nobi- lis L., Ficus carica L., Ulmus campestris Sm., Quercus sessilifiora Smith., Q. ilex L., Salix cinerea L., Alnus glutinosa Gœrtn., Pinus Laricio (x) Poir., var. Salzmanni? Dun., Smilax aspera L., Typha angustifolhia L., Sparganium ramosum Huds., Pleæis aquilina, L., Scolopendrium officinale Sm., Fegatella [Marchansia) conica. {Nous avions entrepris avec Paladilhe l'étude des tufs de Castelnau au point de vue conchyliologique ; sa mort est venu interrompre une œuvre que nous rez prendrons peut-être un jour. Un petit nombre de paléontologistes, parmi lesquels nous citerons MM. Tournouër et Fontannes, ont compris que l'étude bien faite des formes fossiies récentes ne pouvait résulter que de l’étude des formes actuelles. SOCIÉTÉS DE PROVINCE. A5 Le fait que la plupart des espèces que nous venons de signaler se're- trouvent encore vivantes dans les environs de Montpellier prouve que, géologiquement parlant, l’origine des tufs de Castelnau est tout à fait récente. Parmi les espèces r arquées d’un (x), la présence de Acer opuli- folium a été constatée dans les Cévennes, sur la Sérane, l’Escandorgue, et celle du Laurus nobilis au pic de Saiuit-Loup où Magnol l’indiquait il y a deux siècles, à Mireval, Saint-Martin-de-Londres, la Sérane, le Causse-de-la-Selle et Pézenas. M. Rouzaud fait remarquer dans ces tufs la présence du Vréis vinifera L. et l'absence de l’Olea europæa; ajoutons, avec le professeur Martins!, que cette espèce de vigne, sur 250 espèces que renferment les genres Cissus et Vitis, est la seule indigène en Europe, et que, sous le nom de Lambrusque, elle est spontanée dans la Crau, la Camargue, et d’autres localités, parmi lesquelles nous indiquerons la Sérane et ses alentours ; ajoutons aussi que la remarque de M. Rouzaud vient à l’appui de ce que l'Olivier, quelle que soit sa patrie, seraif un arbre importé. Sur 85 espèces du genre, d’après Bentham et Hoocke, l’Olivier cultivé est la seule qui se reproduise en Europe, et chacun sait qu'aux alentours de Mont- pellier elle se rencontre assez souvent dans les garrigues et sur les rochers. « Les tufs ne forment pas un dépôt unique et continu; ils constituent des lambeaux isolés, épars autour de la ville de Montpelllier et surtout bien représentés à Castelnau. » lei se présente une question intéressante. « Les environs de Mont- pellier présentent une série de plateaux d’égale hauteur, de superficie assez considérable, séparés entre eux par des dépressions plus ou moins profondes. Tous ces plateaux sont recouverts par un cailloutis à élé- ments siliceux entremêlés d'argile rouge, excessivement caracté- ristique. » L'examen des éléments, très-atténués, qui la composent, font admettre que ce cailloutis rouge ou crès vient de très-loin et est arrivé des Alpes entraîné par les eaux, allant toujours des parties élevées vers les parties basses, On rencontre encore dans cette chaîne les roches quartzeuses qu’on observe dans le cailloutis. À ces phénomènes diluviens se rapporte le remplissage des cavernes par les débris des animaux qui alors habitaient la région. Telle sont celles, devenues classiques, de Lunel-Viel, situées environ à douze kilomètres à l’est de Montpellier. Marcel de Serres, mon père, et M. Jeanjean, dans leurs Recherches sur les ossements humatiles des 1 Mém. Acad. de Montp. (Sect. des Sciences, tom. IX, fer fasc., 1871). 416 REVUE SCIENTIFIQUE. cavernes de Lunel-Viel, ont denné la liste suivante des espèces anima les signalées dans les cavernes sns-mentionnées !. 4 Ursusspelœus, U. arcioideus, U. meles, Mustela putorius, M. lutra, Canis familiaris,C.lupus, C.vulpes, Viverra genetta, Hyæna spelæa, IT. prisca, H. intermedia, Felis spelæa, F. leo, F: leopardus, F. ser- val, F. ferus, Castor Danubii, Muscampestris major, Lepus timidus, L.cuniculus, Elephas primigentius ?, Sus scropha, S. priseus, Rhino- cerosincisivus?, R. minutus,Equus caballus, Cervus intermedius, C. coronatus, C. antiquus, C.pseudo-virgininus, Ovis tragelaphus, Bos ferus, B.intermedius, B.taurus; Strix?, Loxia?, Ardea ?, Anas olor, A. ancer ?, Testudo græca, Rana marina, R. bufo ; Squalus cornu- bicus, S. vulpes, S. glaucus ; Helix variabilis, H. rhodostoma, H. nemoralis, H. fruticum, Bulimus decollatus, Cyclostoma elegans, Paludina vivipara, Ostrea, Pecten, P. opercularis?, Arca Noe? ; Bala- nus miser, B. tintinnabulum ?, Carabus, Trichius, Cetonia, Helops, Chrysomela. À ce dénombrement, il faut joindre certaines espèces de Carnivores et de Rongeurs découverts dans les cavernes de Lunel-Viel par P. Gervais, et quelques espèces de Mollusques que nous possédons encoreet dont il avait bien voulu nous confier la détermination (Zeliæ lapicide, H. striate, Bulimus obscurus, Chondrus quadridens, ete.). Dans la collection de Paladilhe figuraient, de la même localité : Bul- mus acutus et B. vestricus. L’àge respectif des deux terrains superficiels dont nous venons de par- ler, tufs et cailloux, pourrait seulement être déduit, résultat qui n’a malheureusement pu être obtenu, de la constatation d’un contact nor- mal entre les deux termes ou de la présence dans l’un des matériaux provenant de l'autre. Aussi M. Rouzaud se borne-t-il à dire que les tufs se sont déposés dans des «dépressions de la campagre de Montpel- lier; que la plupart de ces dépressions se sont formées bien après l’arri- vée du cailloutis, et qu’il pourrait bien se faire que les tufs fussent pos- térieurs à ce cailloutis. Dans ce cas, le revêtement douteux du sol par le diluvium rouge, le remplissage des cavernes signalées par M. de ; Christol, seraient des phénomènes d’érosions récentes ayant remanié le cailloutis alpin depuis longtemps installé sur les plateaux.» Le système lacustre, à l’étude duquel l’auteur du Mémoire passe après celle du caïlloutis, a été récemment mis en lumière par la Notice publiée par M. de Rouville dans les colonnes de notre Revue. C’est seulement 1En 1836, l'énumération des animaux des mêmes cavernes avait été faite d'une manière moins complète par Marcel de Serres, dans son Essai sur les cavernes à ossements. SOCIÉTÉS DE PROVINCE. 417 à la découverte des fossiles terrestres et fluviatiles dans iles travaux en- trepris pour la construction du nouveau Palais de Justice, en 1845, qu'il convient de rapporter la reconnaissance de cet horizon ; ces fossiles ont été énumérés par Marcel deSerres et F. G::vaie. Le premier constata en outre la succession, de haut en bas, /:% ccuches suivantes: Limon rougeâtre avec galets calcaires, quelques-u.s siliceux, 2" à 2",50; — Poudinguees caleaires, 0,50; — Sables et graviers fluviatiles, 0®,50;— Marnes argileuses blanchâtres, 1" à 1®,50; — Marnes jaunes inférieu- res, 1" à 12". Nous connaissons l'erreur c:mmise par ce géologue, erreur aujourd’hui bien évidente, en synchronisant les couches du Palais de Justice avec les marnes à Potamides et à Auricules de la Gaïllarde t. Toutefois, « dans les environs de Montpellier et dans beaucoup d’au- tres points de la région littorale du département, on rencontre à la sur- face ou immédiatement recouvert par le diluvium, un conglomérat cal- caire à éléments souvent volumineux. Ces éléments sont plus ou moins roulés et s’atténuent sur plusieurs points, jusqu'à passer à une sorte de grès calcaire.» * Ce conglomérat, constitué par des calcaires identiques à celui des col- lines oxfordiennes ou néocomiennes qui bordent l horizon de Montpellier, nest pas venu de loin et doit être attribué à des phénomènes diluviens antérieurs à ceux qui ont entraîné le cailloutis que nous avons fait con- naître. Affectant vis-à-vis des termes sous-jacents une indépendance re- marquable, le conglomérat en question se retrouve . & © À = , Ce +, ——————…—_—_.…————…—…—— Gt OMMO E0 O0 5110 7 Morse —————_—— ———————— —————_—_— —————————————— PNUD EEE EEE ht PErCOPIUSR eme SE | il DE TUE 6e Tribu : Percis ae ion nb Ce PS NT Jugulaires. Vivese rer ere 4 BOVICHIES NE ARC ' RIRE 1 : Ù Uranoscopes Cr" titre EME IGN AT LMP Sa PARdlé DIS RTE in ele le Te PASTEUR + | 7e Tribu: SUR ENE co06 AE SA A PTE A OS A AL Abdominaux. SDHVTENES er R ee -reee ee ie Ven el dE] Polynèmes 1.2 DA SAMOA Sous-Famille des Mulles. TT ae Le ; Du | ue AE EE RENAN ban 501224 | sole Famille des Joues cuirassées : Malanmats "Re PP" R "En 100 SPA A PC TRS RL 1re Tribu: Prionoles: ne csnnr nee 2 AP ARR AA Re Deux dorsales Céphalacantes............ 2 LEA OM AE ARE tête parallélipipède. MLOIES EE are et 11 4 |. AIS Dactyloptères..... DR ë | c Neuf nl Cotes etre ile le 9e Tribu : Aspidophores send fat 21 SN RO DEN Deux dorsales Oplichtes. celelele @fnie 0 ee = ! à . Ô Î têt d HÉMIEMDIerES ER PERTE SE MR Le SO Cyronge: Hémilénidotes............ CA RPC PE AT Bembras ee ee PER elec 3e Tribu : | De dorsalee. { Platycéphales Te se | | 120 | 5 | j | : Le Tribu : Une dorsale. ire Tribu : Deux dorsales. 2e Tribu ; Une dorsale. ire Tribu : Dents coniques ou en tubercules. MÉMOIRES ORIGINAUX. Américain. Indo-Pacifique. Atlantique Est. Atlantique PÉÉTOIS ME ne. HOT DIS TES eee tele Die IMATOUS NAME ere AL : BÉlORS RASE EUR eee SVTAMOÉRL 6666 80000 0ba . Monocentres............. : HOploste Mes A EEE Re OrÉvsOomesS APTE LEE ; BST con o6bbeosoude CNE) En CE ARODES Eee dat e SeDASstes. mes RER 3 5 = = O Qt à Co O1 (ap) Q © ES T (2 (=) (eo) a e L2 Le [SA 2 Famille des Sciènes. DÉlOSTOMES PEER PTE Chevaliers..." etes INÉDIIS RER ERA ne Boridiesse rt ser Ancylodons Perret ÉONES ado0vesenpdouo Micropogonse.....os.oee. Elécinus 0 EnRECEr . Larmes etes Arr 1 Malone Serie TE Tee 2 JOUR EN ECM TA EEE L (OT A ER RARE D 2 Ombrines OLONTHES ARE RANCE 1 SCOIODSITES AR Nr eNRe A TT CE AMPbIPrIONS. PRIME INR A er Bremnades enr errr reeee DAS CVIeS Eee een IHÉMRONESS Le 2o01ao00o0oc BRSnonSS Léo ogooouac LOOOESs co0ddooocavvouoe atlUS rer net Diaorammes ee ECC CCE POTENTIEL EE 26006 00000 HÉNEEES o sobsro0oovooo GVPDHISOTONS EE PER EEE EE Chellodactyles.e "enr er SE) ME Pristipomes erreur 5 |11 Famille des Sparoïdes. CLATAL PAR RR ERA AE E 1 Pagels ordinaires......... 8 Pagels à plumes. ........ à o PeéntRpodes 2e ce rectrete SA) ae EU BÉTOTINUS MAMA ESRI 1 . [42 Canthères 2eme 7 5 A © =) © a © [=] a . L] DIN N _ + FES IDD: = QI © VI & © DUO: D III Ge - = ‘2 Æ re C9 = Re O1 O I à à PASTES REC 6) SRE UE ee ere D'OUME) Drm: D Pacifique Américain. > « SO D e A ————————— — ——————_——————————————————— ——————— — —_———————__—……—_—_—…——————_—…———————— er SL Ts te Le sr s'est ee te - aa Line que) L'snheilsernce Su eo Meilie . he ere dre ° . Circumpolaire. Pélagique. DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER. 445 Atlantique Est. Atlantique Américain. Indo-Pacifique. Pacifique Américain. Circumpolaire. Pélagique. | SRE 9e Tribu : SCADNANE SEM ot reste 1 PEIPÉ ROBES REA de slm ee Sn al Dents tranchantes. À Gblades................. 1 i Pas de molaires. Chénnense Moeaere at ; 1 Famille des Ménides. un AO AN ES HEGEEE | 4 : | : 1 & IPICATEIS RAT eee COR 110 ? : CESIDS ME NP ORPUE DRE WE SN les | Le , DE AD) BE : , TRAINS ES Famille des Squammipennes. Ghætolons ne ë il 1re Tribu : 26 Tribu : (SA [Sal Apharens et sr TRRER Ares GELRES A EMI ARE ES Chelmon ser rene HeMOCHUIS MERE ERA EEE Drépanes...... RNA RE ire Tribu: SCALOphA SES MEL NPMEAEARE Dents en brosses. HauniChtES Ar EN RER 9 19 2 © > Co 22 . sn... HolaCantne SAN É ÉDRIDDUS See Pr cer 1 PSCETUS UE AMAR Î 29 Tribu : Diptérodons ere nr | 1 Dents tranchantes. { Bimelepienes ere eee : © © & +2 Ve: 3e Tribu : BEMPhÉNAESEMEEMEAPEANE Dents en velours. ATCHERS eme ET ee ent me ns | SCORDISN 0 ete CASA TAOIES ANNEE EE Î Famille des Scombéroïdes. las ae PABMOES EEE RE NE Ù PURES, MODES inasanndss à à dune ae Re DRYLSITES SE Re Dr Cuet eee CEMPyIES Are PRE Er : MOIErSRE SR re Carène à la queue. RÉDRAIDIUTE SE CEE CCE jre Grande tribu : NURITOS EE en damien . . . Sans tribu: ESpadons.s 0. APR EECEr | ; | ; | Sans tribu : { Lépidopes......... die | 1 Pas de carène. BIC RIUIRES A OP PP EE Épines isolées à la CHITONEMES FE NA PER É 4 1 Are dorsale. IMLACIAOES Re & | 8 {10 CCC CCC CEE | DOIGTS EE MO PER ARS ARE Sala 9e Tribu: Hlacatess LS Nes 4 : 3 : | à à (Ù 2e série, tom. 1. 3 446 MÉMOIRES ORIGINAUX. = | .| S Due Mlés| slosls | o [Sal = se| © EE =] s.2 o =. = D A a'e œ = fe £ En = S8 Eù Se SUIS — © e ED SIREN RENE 4 = S AMgYTEIOSES.. a NE DNSÉES AN ANS RER ER D AVES 3e Tr ibu : Seyris 0'ù D 6 D 000 0016 ha 000 010 { Î GAS ne CU MERE 2 De PE Lo Latérale cuirassie. BIEDRATIS ERNEST D el | Carangues FPS 12 MI A5 Ale RER) Momers. 3.225 Cosmopolite.|| SAUTEIS:.e DER RER ES Cosmopolite.|} Centrolophes ARR terre 3. Rae Al ROM ES AE EPER EP EEES Cl D ES A ACL SE A EEE Ce Sn op Alle IRURTS Re I ME me cine A PP te: ! 4e Tribu : PSÈNES Eu ee M ENRANEE ue 2 [Pas de fausses pinnules BAS TEULS ONE ANNEES ARE 1 1 ni d'épines. HÉMMOlONS EP PPRPEERTEETE Cosmopolite ; Stromalees eee ARS SÉTIDIES 7 NOTA CREER Qi D au | 3 NAUCIÈr ESP ARP ERP ERE 1 6 POINTÉES ES Aube da dopo : : Te 2 il CONVDRENESE AE EEE LAS EURE Se RASE RÉAL EE DU UE done de . Jo NEIL HOME EIRE alto 0 vou 0 6 CAPTOS PS TEL EEE Î ! 4 e UN DÉTENUS SHovocsouobsoae : è : d'u ! HQUUIA CF ECE RECETTE EL ailes 17211 Bouche protractile. MENÉS cn Rec Cu salu PATES Se Duoto de diet ao 560 il Famille des Teuthies. | AmMphACANIes ee Eee : ne 6 NAS RE MEET EU $ "| © é RONA ooacovodovouuo ; 2 AIRE SEA ARC Iee k ei PHOTOS EPA DA LEE ET ACANIQUIES ER NEA PAEREET RONA Famille des Tænioïdes. MrACHYPLÈTES EME MENT GO PENTIER Bouche peu fendue : } Styléphores. ............. 1, RE IER GYM ETES ER EEE 7 LS CURE 3 DODhOeS A NE 1 1 MAIRIE AQU autre: Ce AO GS IR Cie 0 où | l | : | c2 | : | ; | ATHÉRINES. » (Athérines me nr Perr l 8 178 (VGA MENT DISTRIBUTION DES POISSONS DE MER 447 en . : An 2 o A los los) s | 9 “= | Eee 5 || 2 |SS| = |es| à el = 2 EN CR = ,— = E cc TE £ ec E ER ARuse) 5 | S =) © & 5 <<|3 MalEl|* “ = © Mucss. TÉONNTENI EEE Musset FRE re ae ea 2 Famille des Gobioïdes. CIRENIDA DES EEE Î PHONSE MERS PORN ASE 3 É ; L ; CHasmodes rer Rene s ; k é k ire Tribu: MyxodeS nes A De SEA AS Genres VOISins des Blennechis HO DU 0 CC 000000 ES 0 : :  À | _ ; : Al 2 Fr > : & O1 © Eater DripDtÉRyPIeNns TEL il CUS EEE RE 9 9e Tribu : GOnEllesr FN Res : 6 . Salarias: 24020. Mu Ene . Blenniés ie der 20 Blennies à corps comprimé. BOAT CS eee LIT IAMARTNIQUESE ECM = + Opistognathes "ere ; 1 | : ; ADOCIVDIE SEE ERA EEE ; TOO 3e Trilu: Anblyopes-ern m0 Vues dents PDA Genres voisins des AN cor Er Gobies. 1 21 à 9 146 Boléophthalmes. ......... GObIDITES EAST GOODIES RME PAR MARIA HÉéMErOCE ts A NE | ; | ; Callyonimes 9 ss. IMATEN ES SRE Men ENT fo: 6 $ Halouthées eee rene à : 1 è PB AUCROIES EC PAR 2 12 | 3 ou OL: » [PBatrachoides CAC CrE DA2ES Famille des Labroïdes. CTÉMIADrES ETES 26 ë Acantholabres., .:....... 7 . . CLÉNOlADr ES RER 5 CO: ire Tribu : Cleptiques Groupe des Labres. ChEONSEMERESMEARIPREE COSSYDhES FA MEERRSET TOMDAUESS REP E MATADIÈRES ER MAlacanthes er EE ere ss... GOMPhOBES SEP PER ETES ATAMPSCS Rene ET eee : Novacles hf. 2 CLecerE 2° Tribu : Céines eee à cc MO D EDIDUIES EEE EE EE ; RASONSR Anse eme 1 CREER AR RE ee 9 +2 Groupe des Girelles. C9 00 > 2 O OT O2 22 > : co o 418 MÉMOIRES ORIGINAUX. A D RE EE RE Le MiSe|l Slesls ls 8 [831% [EeSl Sa lE => EE S = 'E £ œ = œ 2 CA © «© || MSN NÉS ENMEURE | s [S<|S |F<) JA < = S a ’ 9 L) 3e Tribu : Odax ho GPOENO oO Di 7 NO NOT CO | ; 6 | G se Clone EEE TETE IR TROADESDES CORAN STE RS ee UMA 220062 | Famille des Ésoces. Microstomes Re l . {| SIOMIAS AE EE LME il 1]fre ; | r . D] À Hémiramphes- #2 en rIe 1 | 4 N17 2 | à Osphiesee AMPTREENE 22 |RONRS 4 || SCOMDIÉSOCES. .. MEL É 4 || ÉXOCOLS EPA ce en nee ; : 2 ; - 133 | Familles intermédiaires entre les Ésoces et les Clupes. / Alépocéphales............ 1 ; ACNITOCCNIES ER PEER ë 1 ChanOSe PRE RER EEE “ Gonnhorynques.......... 2 x DUuSSUMIENIES PMP E EE all Mécalopes et REA LATE AIRE Elopes te hace 1 | 1 |Cosmopolite. BULITINS ces mue LR RS AN tee Famille des Clupes. ROSÉMEST RME PR ANTRE il SERRE SET M ARTE 1 FCOVAIS RME NRA ARRET 2 GIUDÉQMES EEE ET" ! |A CHATOESSE PEER EE AE ne ÉriStigastres mie el : ter » SPACE SARA ET 1e A NE : HATONE SP LEE Re CEnR à cle re NT SARINENESE PORC MMS 20 AAA Harencnles ter ere SRE Pellones en PR INRA RIRS METETE SEE UN RATE En ue) | 4 AMNChoISR Ter ro are LG MS | 1 l Famille des Salmonoïdes. IAATÉCUNES PE PR RER 4 | GONOSOMES EEE ENS 1 Odontostomes............ 1 AJÉDISAUTES PEL RE ANA 2e Farioneles AREA a bi SATA RE ANEAUIeNE AA 1 SAULITES ARS MITA RIT Re x » EPErlans EAP 20e RE A GA te lee Capelans ee een : . : 7 | RTE Ghauliodes 2420 mer 2 || Areyropelecus Men 4 DICFDOPIyYX EM EUR . il AMOPES Rens 22 PRE SAUTUS + TRE M LERANE gt 1 SCOPDOIES MEN ER 15 ? SUR LA CONFORMATION DE L'APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DE L'HELIX ASPERSA DANS LE JEUNE AGE Par M. S. JOURDAIN. Si les recherches des naturalistes modernes ont fait suffisam- ment connaitre l’organisation si complète des organes de la reproduction dans les Gastéropodes pulmonés du grand genre Helix parvenus à l’âge adulte, elles ne fournissent point de documents sur l’évolution des diverses parties de cet appareil. Des observations qui ont porté sur l’Aelix aspersa, si répandu dans nos jardins, nous ont montré que, lors de l’éclosion, et même longtemps après, l’appareil générateur est dépourvu de certaines parties que les zoologistes regardent comme caracté- ristiques des représentants du genre Æelix. Avant d'exposer le résultat de nos recherches, il nous a paru utile de préciser ici la terminologie, fort variable pour plusieurs raisons, des diverses parties de l’appareil reproducteur. Nous proposons les désignations suivantes, dont un certain nombre ne sont pas nouvelles, et dont nous donnons les princi- paux équivalents, pour bien fixer les idées. Les lettres qui sont jointes à chacune des désignations cor- respondent à la fig. 1 de la planche. Ovaire (Lister, Cuvier....}). — Testicule a. — Glande hermaphrodite. . (Treviranus, Erdl....).— Glande ou organe en grappe (Moquin-Tandon). Oviducte (Lister, Cuvier.., .).—Premier oviducte (de Blainville). — Canal dé- b. — Canal efférent de la glande férent (Treviranus....). — Trompe de hermaphrodite. ....... Fallope et canal déférent invaginés {(Siebold.… .)}. — Canal vecteur de la glande hermaphrodite ( Dubrueil }. 450 MÉMOIRES ORIGINAUX. Laite (Lister). — Testicule (Cuvier, Mec- À kel, Carus....). — Ovaire ([Trevira- ce. — Glande de l'albumen.... nus, Wohnlich....). — Organe de la glaire. — Glande mucipare, Glande utérine, [Var.). d.— Gouttière déférente re- vêtue par la prostate... e. — Gouttière ovigère.....,,.| Utérus et matrice (Var... f. — Canal déférent. g. — Flagellum. Testicule [Wohnlich). à. — Verge. k. — Oviducte. Diverticule du réceptacle du sperme 1. — Branche copulatrice..... (Siebold). Vessie à long col (Cuvier). —Vessie uri- naire (Treviranus). — Réceptacle du sperme, poche de fécondation (Sie- bold). m.— Poche copulatrice...... n.— Sac du dard. : isicules multific es multifide 0.— Glandes mucipares...., LME IREM US AS mn au (Var.). p.— Vagin. r. — Vestibule génital. ......| Cloaque génital [Siebold). Spermatophore..... ...| Capreolus | Var.). Dans les jeunes spécimens d’Æelix aspersa, l'appareil générateur se présente avec une grande simplicité (/ig. 3.). La glande hermaphrodite, composée d’un petit nombre de follicules, donne naissance à un canal efférent rectiligne. Ce canal prend brusquement un diamèfre plus considérable (/ig. #) et se divise, suivant sa longueur, en deux gouttières, la souttière déférente et la gouttière ovigère. La première ne montre encore aucun vestige de la prostate. La seconde, à son origine, constitue une sorte de talon, recouvert de quelques follicules glandulaires, rudiments de la glande de l’albumen (ig. 4, c.). La gouttière déférente se sépare de bonne heure de la gout- tière ovigèie, pour se constituer à l’état de tube complet. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DE LH. ASPERSA, 451 La gouttière déférente, devenue le canal déférent, forme une anse à convexité interne, qui se renfle graduellement vers son extrémité terminale pour former la verge. Le flagellum n'est point développé ou est à peine indiqué par une saillie légère. La gouttière ovigère, transformée en canal, donne bientôt naissance à un diverticulum en forme de cœcum étroit et al- longé, qui remonte le long de la gouttière déférente et de la gouttière ovigère, auxquelles il adhère, et se termine à peu de dislance du rudiment de la glande de l’albumen. Ce cœcum re- présente la branche copulatrice f. Comme on le voit dans la fig. 3, la portion du canal complet qui fait suite à la goutlière ovigère, et qui est comprise entre la terminaison de la gouttière déférente et l’origine de la branche copulatrice, portion que nous nommons l’oviducte, n’a pas une grande étendue en longueur. Au contraire, le tronçon qui s’é- tend du point de naissance de la poche copulatrice au vestibule génital, et que nous appelons le vagin (p), présente un dévelop- pement relatif bien plus considérable que chez l’adulte. ‘A celte première période, l'appareil génital de l’A. aspersa, ainsi qu'on peut en juger d’après la description qui précède, diffère beaucoup de celui que nous connaissons chez l’adulte et qui est représenté dans la jig. 1. Bornons-nous à remarquer ici que le flagellum est absent ou tout à fait rudimentaire, que le sac du dard fait défaut et que les glandes mucipares n'existent pas encore. Nous pouvons, théoriquement au moins, concevoir une Hé- lice ayant conservé cette forme primitive et simplifiée, et privée de flagellum, du sac du dard et de glandes mucipares. Nous ne connaissons pas d'espèce dans laquelle on ait con- staté l’absence simultanée de ces diverses parties et qui, par suile, réaliserait ce type idéal. Mais il existe des formes dans 1 À cause de l’époque avancée de l'année, nous n'avons pu nous assurer du moment où la poche copulatrice se sépare de la branche du même nom. 452 MÉMOIRES ORIGINAUX. lesquelles le flagellum manque, d’autres enfin où le sac du dard est absent. A l’époque où le péristome mesure envircn 7 millim. de son bord supérieur à son bord inférieur (fig. 6), on distingue aisément le rudiment du flagellum sous l’apparence d’un court diverticulum conique (g) de l'extrémité de la verge. On découvre aussi une légère bosselure placée sur le côté externe de l’oviducte, bosselure qui correspond à un diverticu- lum de ce canal et représente le rudiment du sac du dard. Comme le vagin (fig. 3, p) possède une bien plus grande longueur relative que chez l'adulte, le sac du dard se trouve rejeté fort en arrière et à une grande distance de l'orifice externe du vestibule génital. Il apparaît donc en un point tel que, sil y demeurait, il ne pourrait remplir le rôle qui lui est dévolu. Le diverticulum, qui constitue au début le sac du dard, ne contient pas d’abord de stylet calcaire. Ce corps ne se constitue que beaucoup plus tard. Néanmoins, le fond du sac se relève de bonne heure en mamelon conique. Cette première forme du sac est un argument en faveur de l'homologie que nous avons établie entre cet organe et le sac exsertile, jouant le rôle d’organe excitateur chez certains Lima- ciens ‘. La distance qui sépare le sac du dard de la terminaison du vagin dans le vestibule génital va diminuant progressivement à mesure que l’Hélice grandit, de façon qu’à l’époque où l'ouver- ture péristomienne mesure en moyenne 18 à 20 millim., les proportions normales se trouvent à peu près réalisées. Lorsque le péristome mesure 10 à 11 millim., on com- mence à distinguer les rudiments des glandes mucipares sous l'apparence de deux mamelons, silués, l'un à droite, l’autre à gauche de la base du sac du dard (ig. T et 8, 0). Ces diverticulums de l’oviducte se subdivisent à leur extrémité EEE 4 Voir nos Recherches sur les organes de la génération de quelques Limaciens. (Revue des Sc. nat., mars 1879.) APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DE LH. ASPERSA. 453 libre, de manière à donner naissance à des diverticulums secon- daires qui n’ont plus qu’à s’allonger pour constituer les glandes mucipares, désignées parfois, à cause de leur apparence, sous le nom de vésicules ou prostates multifides (fig. ?). Selon que le bourgeon primitif s’allonge, sans se subdiviser, ou selon encore qu’il se subdivise en un plus ou moins grand nombre de parties et plus ou moins profondément, nous obte- nons les différentes formes signalées dans les glandes mucipares des représentants du genre Helix. Toutes ces modifications dépendent donc de simples inégalités dans le développement. Si l’un des bourgeons avorte, nous avons la sind mucipare unique de l’Aelix obvoluta. Si le bourgeon s’allonge de chaque côté, en demeurant indivis, la forme observée chez les Helir cornea, Helix lapicida, etc., se trouve réalisée. Si l’un des bourgeons seulement se subdivise, nous tombons sur le cas de l’Helix Rangiana. Si chacun des bourgeons s’accroit en longueur, en se subdi- visant à son extrémité, nous avons, suivant le mode de subdi- vision, la conformation réalisée dans les Helir splendida, H. ver- miculata, H, nemoralis, H. hortensis, H. sarthusiana, H. his- pida, ete. Enfin, si la subdivision du bourgeon est très-profonde et ré- pétée un grand nombre de fois, nous rencontrons la disposition que présentent les glandes mucipares de l’AÆelir aspersa et la forme extrême dont l’Aelir pomatia nous offre un exemple ‘ Ces chservations nous montrent qu'après l’éclosion, pendant longtemps, puisque bon nombre d'individus hivernent ainsi, les organes génitaux de l'Aelir aspersa demeurent sous une forme simplifiée. Cette forme paraît être un point de départ commun pour divers types dans lesquels il doit être possible de l’observer directement, en s'adressant à des individus suffisamment jeunes. 1 Nous devons à l’obligeance de M. E. Dubrueil les renseignements sur les glandes mucipares que nous avons utilisées dans cette notice. 454 MÉMOIRES ORIGINAUX. EXPLICATION DE LA PLANCHE IV. Nora. — Toutes les figures de cette planche se rapportent à l'Helix aspersa. Les lettres employées ont la même signification dans toutes les figures. a. — Glande hermaphrodite. b.— Son conduit efférent. e. — Glande de l’albumen. d.— Gouttière déférente recouverte par la prostate. e. — Gouttière ovigère. f. — Canal déférent. g. — Flagellum. h. — Muscle rétracteur de la verge. i. — Verge. k. — Oviducte. l. — Branche copulatrice. m.— Poche copulatrice. n. — Sac du dard. 0. — Glandes mucipares. p. — Vagin. r. — Vestibule génital. Fiac. 1. — Organes génitaux dessinés sur un individu disséqué en janvier 1880 (grand. nat.). Fi&. 2. — [L'une des glandes mucipares (gross. 5 diam.). Fi@. 3. — Partie terminale de l'appareil générateur d’un individu examiné peu de jours après l'éclosion (gross. 30 diam.). Fic. 4. — Rudiment de la glande de l’albumen (gross. 50 diam.). Fic. 5. — Portion de l'organe génital d'un individu dont le péri- stome mesurait 9 millim. de diamètre (gross. 35 diam... Fig. 6. — Verge d’un individu dont le péristome mesurait 7 millim. (préparation colorée par l’éosine) — (gross. 40 diam.). FiG. 7. — Portion des organes génitaux d’un individu dont le pé- ristome mesurait {3 millim. (gross. 40 diam..). Fig. 8. — Coupe optique d’une portion de l'appareil génital d'un in- dividu dont le péristome mesurait 14 millim. (40 diam.). Fig. 9. — Partie terminale de l'appareil génital d’un individu dont le péristome mesurait {8 millim. (gross 6 diam }. TS x CT APERCÇCU DES PYRÉNÉES DE L'AUDE Par M. LEYMERIE, correspondant de l’Institut. (Suite 1) Gorges de Saint-Georges. Les gorges de Saint-Georges con- sistent en deux grandes fentes verticales d’un aspect sauvage et pittoresque, ouvertes dans un massif calcaire presque vertical ; on distingue cependant une inclinaison marquée au Sud, inter- rompue vers son milieu par un évasement restreint dû à la pré- sence d’une assise de calschiste et de schiste moins consistants. Deux routes entaillées de part et d'autre de l'Aude, au-dessous du point où celte rivière reçoit les eaux de la Guette, permettent de cheminer commodément dans ces défilés et d'étudier à pic la nature des roches, coupées sur une hauteur de plus de 100 mé- tres dans la première partie du défilé. Ce sont, à l’entrée, les calcaires marmoréens blancs et bleus, déjà indiqués sur la rive droite de la Guette, accompagnés de brèches calcaires pâles, à fragments blancs jaunâtres, auxquels se mêlent des élémentsbleus, roches dont nous avons signalé plus haut l’analogie avec celle de Saint-Briat. À cesroches, uniformément marmoréennes, succèdent des calcaires grisâtres à pâte très-fine, d’autres bleuâtres com- prenant quelques parties marmoréennes, simples ou bréchoïdes. Entre les gorges, la route nationale .de Mont-Louis à Carcas- sonne passe sur la rive droite, se confond avec celle de Roque- fort et traverse l’assise peu consistante citée plus haut, où domine un schiste argileux et calcarifère noirâtre, entrecoupé de cou- ches de calcaire bleu veiné argilifère. La deuxième gorge, la principale, plus sauvage encore que la précédente, est encaissée entre de hautes parois verticales de calcaire assez uniforme, à pâte 1 Voir les n°8 de mars et décembre 1879, 456 MÉMOIRES ORIGINAUX. fine, d’un gris clair, tirant sur le café au lait, très-légérement nuancé de rosâtre. Il n’y a pas de véritable calcaire marmoréen dans cette partie, où je n’ai pu distinguer, pas plus que dans la première, la moindre trace organique. Où sort de celte fente étroite, où la route à dû être entaillée en éncrbellement, par une issue assez majeslueuse entre des rochers qui se terminent en haut par des saillies en forme de tours, pour entrer dans le bas- sin d'Axat, qui montre d’abora des schistes noirs et des cal- caires de même nature que ceux où nous aurons à signaler plus loin, des fossiles crélacés. Val de la Boulsane. — Nous avons vu que la bande de tran- sition comprenant l’assise de calcaire irrégulier ferrifère, s’arrêtait à Montfort, dans la vallée de la Boulsane. C’est donc là aussi que cette petite rivière entre dans’ la zone qui nous occupe. Tout l’espace compris entre Montfort et les forges de Ginela offre un puissant étage que nous avons déjà assimilé à celui de Rodome. En effet, il est principalement composé de calcaire im- pur souvent bitumineux, d’une teinte généralement noirâtre, et il comprend du calcaire avec dolomie blane où blevâtre:cristallin ; cependant il y a ici cette différence, que les calcaires noirs, qui renferment assez souvent des prismes de couzeranite, sont plus compactes, plus durs, généralement argilifères, passant à des schistes durs et même à des roches noires non cu peu efferves- centes, sortes de lrapp qui sont souvent remplis de points pyri- teux. Ces roches, comme celles de Rodome, ont une tendance à se diviser en fragments rhomboïdaux ou rectangulaires, et l'on y remarque cette particularité que ses joints naturels sont enduits d’une pellicule blanche de carbonate de chaux. L’inclinaison de cet étage porteses couches du côté du Sud, conformément à l'allure générale déjà signalée, avec une valeur variable qui atteint presque 900 vers le milieu de l'intervalle qui sépare Montfort de Gincla. Au-dessus des forges de Gincla, on rencontre le bassin grani- tique de Salvesignes, entouré et dominé par une ceinture calcaire; APERCU DES PYRÉNÉES DE L'AUDE. 457 la Boulsane coupe cette enceinte en amont et en aval du granite, dans deux pelits défilés. Le premier s'ouvre dans des calcaires compactes,où l’on voit cependant des bancs noirs et des schistes de même couleur; il se termine par des brèches assez grossières. Le contact des schistes satinés associés au granite en amont est dis- simulé par une salbande rouillée remplie de fragments. Je n'ai pu observer les relations des roches anciennes avec celles du deuxième défilé qui sépare le bassin de Salvesignes de celui de Puilaurens. Cette gorge, dont l’étendue est également peu consi- dérable, montre d’abord une brèche marmoréenne, à laquelle succède un calcaire compacte veinulé; mais la roche dominante est un calcaire à pâte très-fine d’un gris clair, nuancé de jaunâtre et de rosûtre, identique à celui de la gorge de Saint-Georges. J'ai remarqué en un point un banc vivement coloré de rouge qui offrait une analogie éloignée avec le marbre de Sarroucolin. Ce défilé est très-rocheux et caverneux, et en somme pittoresque. La Boulsane, en sortant, a corrodéles calcaires, et l’on voit même à gauche, en entrant dans le bassin de Puilaurens, au-dessus du niveau du chemin, nne cavité courbe à parois arrondies el qui a du être creusée par cette rivière dans les temps diluviens. Vallon du Rebenty.—— Le vallon du Rebenty coupe notre zone dans sa plus grande largeur de S.-0. au N. E. et forme un coude qui la porte brusquement à l’Est dans la direction d’Axat. Dans cet intervalle, la fente qui a donné naissance à la vallée semble avoir suivi à peu près la direction des strates, ou les a coupés très-obliquement, de telle manière que les roches y offrent peu de variation. L'élément schisteux est très-prédominant en aval du petit château de Cazelle, où il forme une puissante assise dirigée au N.-E. avec une forte inclinaison au S.-0.La route d’Esperzel, qui serpente sur le flanc de la montagne à partir de Cazelle, doit son existence à cetle circonstance si favorable aux travaux qu'il a fallu faire pour l’établir. Il en est de même de celle de Quillan, qui conduit au plateau de Sault, dans la direction de Con- 458 MÉMOIRES ORIGINAUX. doms. Des schistes surajoutés et ressemblant plus à ceux de transition existent aussi entre Mérial et Niort,où ils s’associent à des couches calcaires. Ces dernières roches se montrent surtout entre Niort et Cazelle, où elles forment des crêtes rocheuses pa- rallèles à la vallée, coupées d’une manière bizarre et offrant çà et là des saillies protubérantes parmi lesquelles nous signalerons un sommet couronné par une vieille tour indiquée sur la grande Carte de France. La vallée, dans cet intervalle, se trouve réduite à un défilé que la puissance de quelques faibles assises schisteuses ont évasé un peu en quelques points. Ges calcaires sont gris compac- tes ou esquilleux, quelquefois bréchiformes, flambés çà et là de parties blanches marmoréennes, dont l’uniformité est interrom- pue, un peu en amont de Gazelle, par le prolongement déjà si- gnalé de l’assise noire bitumineuse schisto-calcaire de Rodome. [LOTS GRANITIQUES DE LA ZONE MARMORÉENNE. — Généralités. — C'est dans la région dont Rodome est le centre que se trou- vent principalement les gîtes granitiques circonscrits qui consti- tuent, pour la zone que nous étudions, un trait distinctif des plus: curieux. On compte dans cette région trois de ces gîtes qui s’ac- cusent sur la Carte par des taches à contours arrondis, colorés en rose foncé, dont l’un pourrait être désigné par le nom d’ile, les autres n'étant relativement que des îlots. Deux de ces derniers se trouvent à l’est de Gallinargues et l’autre au sud de Rodome. Le troisième oîte, que nous appelons île, est beaucoup plus considéra- ble. Il occupe au N.:0. de Bessède, sur la croupe des montagnes, une surface allongée dont la forme est rectangulaire. — Il y a encore un gîte granitique assez étendu et très-intéressant dans la partie orientale de la zone de la vallée de la Boulsane, où il remplit un bassin dont le village de Salvesignes es£ le centre et qui est entouré de toutes parts par des crêtes calcaires prédominantes. Il est à remarquer que les autres gîtes granitiques ne se distinguent pas par un relief particulier el qu’ils s’harmoni- sent sous ce rapport avec les surfaces extérieures de la zone, où ils forment simplement des taches qu’il serait difficile de distinguer APERCU DES PYRÉNÉES DE L AUDE. 459 orographiquement. Enfin, dans la région de Comumes et de Camu- rac, au N.-0. de Belcaire, vers la limite occidentale de la zone, on trouve deux ou trois points où le phénomène dont nous nous occupons se montre d’une manière si exiguë qu'à peine s’il est susceptible d’être marqué sur la Carte, mais qui n’est pas moins intéressant par son existence même. Dans tous les gîtes, les roches granitiques sontaccompagnées de schistes cristallins généralement peu développés, qui doivent être considérés comme cambriens. Nous avons annoncé que ces roches granitiques adventives différaient beaucoup du granite qui consti- tue le plateau de matières schisteuses ou autres matières de sédi- ment. Ces roches, dont nous nous occupons, très-variables de leur nature, n’ont rien de la vivacité des granites du grand mas- sif ; elles sont généralement pâles et ternes, facilement réductibles en fragments qui jonchent le sol, sans cependant donner lieu à des amas d'arène, et qui seuls accusent leur présence, car elles ne renferment presque jamais des roches où il soit possible d’aller les étudier en place. La roche dominante est un granite feldspa- thique à petits grains, à mica sub-argentin, passant à la leptynite et à la pegmalite avec des accidents de roches quartzeuses ayant les caractères d’un silex grossier, quelquefois jaspoïde. Les schistes subsatinés qui accompagnent le granite ont une teinte grise clair ou verdàtre, et sont traversés par des filons d’un quartz grossier qui y amène fréquemment avec lui de l’oxyde de fer hydraté. Nous ajouterons que nulle part on ne voit le granite pénétrer dans les calcaires dont cette roche interrompt la continuité. On ne trouve pas non plus, au contact, aucun de ces phénomènes de dislocation ou de transformation métamorphique qui ont étésigna- lés ailleurs dans des circonstances analogues. Il est difficile de refuser néamoins toute influence au granite, lorsque l’on observe que les calcaires marmoréens se trouvent justement dans la zone où paraissent exclusivement les roches granitiques ; mais cette influence, si elle existe, n’a pu s’exercer que d'ane manière géné- rale et indirecte. 460 MÉMOIRES ORIGINAUX. Ï ne paraît pas que ces gîtes sporadiques aient été distingués par M. Dufrenoy, quia rattaché, dansla Carte géologique de France, celui de Salvesignes, le seul qu’il y ait indiqué, au granite des Pyrénées orientales. M. d’Archiac n’a fait, à cet égard, que copier cet éminent géologue ; M. Vène, le premier, a reconnu ce fait curieux, et la minute de sa Carte accusetous les lieux où ces gites se montrent. Ja n’ai eu qu'à reconnaître ceux qu'il avait indiqués et à mettre plus de précision dans leurs limites. Il n’y a que la bande granitique au N.-0. de Bessède pour laquelle je pour- rais revendiquer presque le mérite d’une création nouvelle, cette importante région n'étant indiquée, près Dellessur, que par une tache très-restreinte, accotée à l’ouest du village que je viens de nommer. Après avoir esquissé les caractères généraux des gites grani- tiques de la zone que nous étudions, il ne sera pas inutile de donner pour chacun d’eux un rapide aperçu où nous aurons l’occasion de signaler quelques caractères particuliers qui ne sont pas sans importance. Nous commencerons par le gîte de Salve- signes, qui est le plus oriental et qui offre un intérêt tout parti- culier ; nous nous occuperons ensuite de lä bande de Bessède et en dernier lieu des îlots circonscrits de Rodome et de Gallinar- gues. Enfin nous dirons quelques mots des points ci-dessus signalés dans la région de Comes et d’autres encore qui se mon- trent près de Mazaby. [lots de Salvesignes. — Le gile est très-curieux par sa précision et ses relations avec les terrains qui l’entourent, et par sa com- position, comprenant plusieurs variétés de granite vif qui en font comme un intermédiaire entre le granite normal de Roqueïort et le granite terne qui domine dans les autres gîtes que nous avons cités. Il est aussi plus rocheux que ne l’est habituellement le granite adventif de la même catégorie. Nous avons déjà dit qu’il occupait dans la vallée de la Boulsane l’intérieur d’un bassin dont le village de Salvesignes est le centre. En effet, il est entouré de toutes parts et dominé par une enceinte rocheuse de calcaire APERCU DES PYRÉNÉES DE L'AUDE. 461 qui résulte du prolongement des crêles dont la forme linéaire semble s'être recourbée dans l'intention de former une enceinte continue qui n'offre d'autres issues que deux défilés pour l'entrée et la sortie de la rivière. Cette curieuse disposition est d’ailleurs nettement accusée sur la Carte du Dépôt de la guerre et con- stitue un fait topographique très-remarquable et qui pourrait être considéré comme un élément précieux pour l'explication du phé- noméne de la présence des îlots granitiques en général au sein du calcaire. Quant à la composition de cet îlot granitique, elle est assez variable, ainsi que nous l’avons déjà dit; le filon blanc y joue le principal rôle. La variété qui domine estle granite à petits grains passant à la leptinile avec mica sub-argentin ou vert. Il y a aussi une variété de granite verdâtre, par le plus grand rapprochement du micatalcoïde de cette couleur. On y voit aussi une variété où le mica noir, très-condensé, communique cette teinte à la roche ; mais celle-ci ne joue qu un rôle secondaire et elle est habituelle- ment associée au granite blanc et comme soudée, de manière à offrir des lignes de séparation droites ou anguleuses très-nettes. Comme accidents de ce massif granitique, nous signalerons des amas vu filons d’une sorte de pegmatite et d’une roche feld- spathique lamellaire très-blanche, quelquefois rosée, où se trou- vent quelques lamelles de mica irrégulièrement disséminées. — Ces roches sont massives ; cependant vers la jartie méridionale, où elles poussent un prolongemert en amont, arrêté au défilé de Gincla, on y remarque comme de grandes écailles parallèles qui simulent une stratification. Aux deux extrémités du massif, au voisinage des étroits passages qui permettent à la Boulsane d’entrer dans le bassin et d’en sortir, la roche granitique est bordée par un peu de gneiss et de schiste sub-satiné verdâtre. M. Vène a signalé, du côté de l’aval, du schiste maclifére. Il est probable que ces roches schisteuses existent aussi en d’autres points du parcours du bassin; mais elles ne paraissent pas y avoir pris assez de déve- loppement pour qu'il soit possible de leur assigner une place à part sur la Carte. Gensane (lom. IV, pag. 176) cite des gites 2esér., tom. 31 462 MÉMOIRES ORIGINAUX. cuprifères en ämont du bassin de Salvesignes, et un filon de pyrite prétendu aurifère. Ile au nord-ouest de Bessède. — Je me sers ici du mot d’ile, pour exprimer l'étendue relativement considérable de ce gîte, que j'ai reconnu dans ma dernière campagne (1870). Elle commence au village même de Bessède, qui est assis sur un massif princi- palement composé d’un gneiss caractérisé, nettement stratifié, associé à une roche granitoïde, d’où eile se prolonge un peu au sud du village, en descendant de ce côté par la gorge qui se dirige vers Gesse, où l’on ne tarde pas à la voir buter contre le calcaire marmoréen, à stratification discordante. Au nord de Bes- sède, le terrain qui nous occupe remonte jusqu’au Picou de la Garde, s'appuyant à l’Est contre les montagnes calcaires de Myairo. De là, il s’étend au N.-0., sur une largeur de 4,500 me- tres, occupant la croupe des montagnes jusqu’au-delà du Roi, roc de la Serre, au-dessus de Joucou, sur une largeur de 1,500 à 2,000 mètres. Toute cette surface, qui a grossièrement la figure d’un rectangle, ne se compose pas de granite. Une ligne parallèle à sa direction, passant à peu près par le milieu, en sépare une bande du côté N.-E., qui serait presque entièrement formée par un schiste cris- tallin que nous avons distingué sur la Carte par la teinte affectée au sol de transition. C’est ce terrain particulièrement qui domine sur la ligne cul- minante de la région. Il consiste en un schiste gris ou verdûtre, souvent ondulé, subsatiné, que nous considérons comme cam- brien, que traversent quelques filons de quartz amenant ou non une malière ferrugineuse qui se mêle au schiste en lui donnant un aspect rouillé. Le roc de la Serre, qui domine le ravin de Jou- cou, en vue de ce village, est composé de schiste où l’on voit un de ces filons ferrugineux. La bande granitique consiste prin- cipalement en un granite blanchâtre à pelits grains passant à la leptinite, à la pegmatite et au gneiss, et dontle feldspath est dis- posé à passer à l’état de kaolin. Ces roches granitoïdes sont ter- APERCU DES PYRÉNÉES DE L AUDE. 403 nes, variables, nullement vives, nullement rocheuses, et le ter- rain dont elles font la partie essentielle ne se manifeste à la sur- face du sol que par des fragments et par des morceaux de roches quartzeuses passant au silex grossier, parfois jaspoide ou ferru- gineux, provenant, soit du schiste, soit du granite lui-même. Nous rapporlons à cette île de terrain ancien un gîte de galène indiqué par Genssane (loc. eit., tom. IV, pag. 171) près du village de Bessède, ainsi que des veines de gypse qui existeraient un peu au-dessus (le ce village, au voisinage de roches talqueuses, fait à l'égard duquel nous ne pouvons nous empêcher de conserver quelque doute. Ilot de Rodome. — Get ilot se trouve au $. 0. du village de Rodome, où il occupe un espace ellipsoide d'environ 1? mèlres de longueur. Il consiste en un granite lerne à petits grains, sujet à la décomposition et qui même passe à un kaolin impur, mais très- blanc. Il y a aussi de la pegmatite bien caractérisée avec tourma- lines, du gneiss offrant les caractères ordinaires de cette roche. Le terrain, de même que celui de Bessède, n'offre pas des roches saillantes et s’accuse sous la forme d’une molle prolubérance. fl est bordé au N.-E. par une zone de schistes plus ou moins cris- tallins, accidentés par le quartz, vers le bord desquels nous signalerons ci-après la présence de gîtes ferrugineux sans impor- tance. [lot de Gallinargues. — Celui-ci, inexactement délimité sur la carte de M. Vène, offre une figure allongée de l'Est à l'Ouest dans une étendue d’un kilomètre du côté droit du ravin qui descend à l'est de Gallinargues. C’est loujours le granite à petits grains qui en est le principal élément; mais il offre une particularité curieuse qui doit être l’elfet d’une éruption ophitique, dont il sera ques- tion ci-aprés. Points gran'tiques. — Non loin des deux îlots précédents se trouve le village de Mazulenze, près duquel se manifestent des 464 MÉMOIRES ORIGINAUX. traces d’éruplions pluloniques qui consistent en des traces de roches granitiques en décomposilion avec modules d’argiles ver- dâtres traversant un calcaire cristallin. Genssane y a signalé ce qu'il appelle un banc de kaolin ou terre à foulon d’une grande blancheur (Hist. nat. du Languedoc, tom. IV, pag. 170), qui n’est autre chose qu’une stéatite terreuse qui est en effet très-blanche. Elle se trouve au pied du roc calcaire qui domine le village au S.-0., en relation avec un affleurement granitoïde. Deux autres points de ce genre existent dans le canton de Belcaire: l’un à un kilomètre au N.-N.-E. de Comus, où se trouve une roche granilique en décomposition passant au kaolin, accompagnée d’un schiste argileux de transition qui a traversé le calcaire, entraïnant avec lui des émanations ferrugineuses; l’autre point, qui se trouve à deux kilomètres au S.-E. du même village, est carac- térisé par la présence de la même stéatite blanche terreuse ci- dessus indiquée à Mazuby. Gites ophitiques. — M. Dufrénoy, et d’après lui M. d’Archiac, ont marqué un gîte d’ophite à l’ouest de Gincla, sur le ravin qui descend du Sud dans ie bassin de Salvesignes. Ce dernier géo- logue n’a rien dit d'ailleurs dans son Mémoire de cet accident, dont je n’ai pu vérifier l'existence. Je n'aurais à citer qu’un seul point où l’ophite apparaisse d’une manière cerlaine, et un autre où son existence comme roche laisse encore quelques doutes. Le premier, dont nous devons la connaissance à M. Vêne, qui l’a marqué sur sa carte, se trouve en amont de Niort, à cheval sur le Rebenty, qu'il iraverse pour se montrer principalement du côlé gauche, où il semble avoir pénétré au sein d’un calcaire mêlé de schiste, presque en face d’un poiut où était jadis une forge, aujourd'hui remplacée par un moulin. La roche principale est marmoréenne, verte, quelquefois assez tendre, présentant des cristaux d’amphibole en cerlaines places et dont les fissures offrent des veines de sidérose subspathique en décomposition; celte roche s’associe à des schistes qui deviennent violacés et à calcaire durci et diversement coloré, et passe à une spilite ca- APERCU DES J'YRÉNÉES DE L AUDE. 465 ractérisée par la présence de petits noyaux ou géodes calcaires remplissant des vacuoles. Le deuxième gîte, où je ne fais que soupçonner l'existence de la roche ophitique, se trouve en haut du ravin évasé qui des- cend au nord de Gallinargues vers le château de Gazelie, au bord occidental du gîte granitique dont il a été ci-dessus question. 1 y a là un point qui offre tous les caractères d’une véritable érup- tion et des roches qui ont été verdies sans doute par l’ophite; mais ce qu il ya de plus remarquable est une petite assise agréa- blenent rubanée de brun ou de noir, de verdâtre et de blanc (calcaire), et courbée en demi-berceau régulier, dont un ruban extérieur m'a offert un calcaire ferrugineux jaunâtre, tapissé de lignite micacé très-brillant, fait absolument semblable à celui qui vient d’être signalé à Niort. MINERAIS, MINÉRAUX ET AUTRES MATIÈRES UTILES DE LA ZONE MARMORÉENNE. Minerais. — Dans les notes recueillies par M. Vene, je lrouve l'indication de quelques gites de minerais ferrugineux qui ont élé l’objet de recherches et même d'exploitations aujourd'hui aban- données, etque nous nous contenterons de mentionner. À environ uv kilomètre au sud de Rodome, on trouve des traces d’anciennes exploitations abandonnées depuis un temps immémorial,et qui se rapportent à deux genres de minerais et de gisement. Le premier consiste en une limonite gisant entre les couches d’un calcaire compacte, tandis que dans le second c’est un minerai d’oligiste et de magnétite qui est disséminé dans un filon de quartz tra- versant des schistes associés au calcaire, mais qui doivent dé- endre du massif granitique décrit plus haut. Nous trouvons dans l'Histoire naturelle dw Languedoc par Genssane, tom. IV, pag. 176, l'indication de minerais cuprifères aux environs de Salvesignes, notamment vers le ruisseau qui tra- verse ce village, où il a été fail des travaux de recherches. Cet auteur indique encore un filon de pyrite supposée aurifère en bas du col des Blan dans le même bassin. 466 MÉMOIRES ORIGINAUX. Il 7 a aussi quelques gîtes insignifiants dans la haute région de Comurac et de Comus, à l’ouest de Belcaire. Il a été fait men- tion, à l’article consacré à la bande de transition, d’un gîte qui se trouve au moulin del Bosc, à la limite de cette bande. Nous avons encore à mentionner plusieurs affleurements dans le calcaire marmoréen lui-même, qui, dans la région dont il s’agit, porte des traces assez fréquentes de l’action des agents souterrains. M. Vène en signale un très-exigu à un kilomètre au nord de Co- us, où il est associé à des calcaires à couzeranites et à des schistes noirs carburés qui sans doute ont été amenés là par le soulèvement granitique dont il a été question plus haut. Le mine- rai consiste en un mélange d’oligisle, de calcaire et de schiste noir pyriteux. Matières utiles non métalliques, — Les calcaires saccharoïdes qui abondent dans la zone pourraient peut-être fournir des mar- bres pour la sculpture; mais il faudrait pour cela les choisir avec soin. Jusqu’? présent, malgré la belle apparence-de ces calcaires marmoréens, On n'a pu en lirer aueun parti, si ce n'est pour la fabrication de la chaux grasse. Ils sont trop peu tenaces et trop aigres pour être employés, même comme pierres de taille. Je serais porté à croire toutefois que les parties bréchoïdes de ces calcaires pourraient former des pierres susceptibles de prendre le poli et d’entrer dans le commerce de la marbrerie. Ges brèches seraient un peu pales en général, mais celles qui renferment des fragments bleus ne manqueraient pas d’un certain agrément. Les calcaires noirâtres siliceux de la région de Rodome et de Gincla seraient susceptibles d’être employés pour la fabrication de la chaux hydraulique. Un essai de ce genre, pratiqué par M Bonnet (notes de M. Vène) avec des calcaires 1bleuâtres à couzeranites, extraits entre Gincla et Montfort, paraît avoir réussi. Nous ne connaissons dans la zone marmoréenne ni ardoises, ni sisements de gypse, à moins qu'il n'y ait quelque réalité dans la présence des veines gypseuses signalées au-dessus de Bessède par Genssane. Mais on y trouve, près de Mazuby d’une part, et de APERÇU DES PYRÉNÉES DE L'AUDE. 407 Comus de l’autre, aux points granitiques indiqués plus haut, une stéatite terreuse d’une grande blancheur qui pourrait être em- ployée à divers usages, notamment comme matière mélangée au savon de qualité inférieure. Minéraux.—Les minerais de fer se rapportant à l'espèce limo- nite et à l’oligiste peuvent être indiqués ici comme minéraux accidentels du terrain que nous étudions; mais il y a lieu d’y citer particulièrement l’oligiste écailleux brillant qui tapisse les roches des gites ophitiques, et la sidérose blonde ou ocracée qui accom- pagne ce minéral. Nous ajouterons la mention des cristaux dodé- caédriques de pyrite d’un beaa volume signalés par M. Véne, au sud de Rodome, dans un calcaire cristallin contenant de la couzeranite. Parmi les espèces pierreuses, nous n'avons à mentionner ou plutôt à rappeler que les gîtes de stéatite terreuse de Mazuby et de Comus ou Comurac,quelques cristaux d’amphibole dans l’ophite, et enfin des prismes carrés, frêles et allongés de staurotide de Ro- dome: et de la région de Comus. Nous en avons également observé dans un calcaire noirâtre assez brillant à Niort, sur le chemin direct qui monte à la plaine de Sault, dans la direction de Belcaire. (4 continuer.) Ha M4 DE LA CORRÉLATION DES FORMES ET LES TYPES INTERMÉDIAIRES Par M. SABATIER. La doctrine du transformisme est appelée à faire sentir puis- samment son influence sur la manière d'envisager les rapports des phénomènes biologiques de toute sorte, et, par conséquent, sur les principes et les méthodes adoptés pour la recherche de la vérité dans le domaine de la vie. Îl est une loi que l'autorité de Cuvier a élevée à la hauteur d’un axiome : c’est celle de la corrélation des formes. Appliquée 468 MÉMOIRES ORIGINAUX. par ce grand naturaliste à l’étude des ossements fossiles, elle a donné de très-brillants résultats, qui ont valu à l’homme de génie l’admiration du monde scientifique, et à la loi un crédit presque absolu. Et pourtant, malgré l’appui d’une si grande autorité, malgré la valeur des résultats qui, entre des mains aussi puissantes, ont découlé de l'application de cette loi, il n’est plus permis aujourd’hui de l’envisager du même œil que Cuvier et de l’appliquer avec cette foi et cette assurance qui semblaient tenir quelque chose de l’infaillibilité. L’explication, je ne dirai pas d’un pareil discrédit (le mot ne serait ni juste ni vrai), mais @e cette diminution d'autorité ou de portée, doit être recherchée dans le mouvement imprimé à l'étude des sciences naturelles par les théories transformistes. C’est à ce mouvement qu'est dû, en effet, la poursuite ardente et passionnée des formes intermédiaires, des types de passage ; et la connaissance presque entièrement récente de ces formes doit conduire à modifier profondément le sens qu'il faut donner à la loi de la corrélation des formes, et à restreindre les limites de son application. La formule de Cuvier se présente avec un caractère de géné- ralité qui ne permet ni doute ni restriction. « Tout être organisé, dit-il, forme un ensemble, un système uni et clos, dont les parties se correspondent mutuellement et concourent à la même action définitive par une action réciproque. Aucune de ses parties ne peut changer sans que les autres changent aussi, ei par consé- quent chacune d'elles, prise séparément, indique et donne toutes les autres... tout comme l'équation d'une courbe entraîne toutes ses propriétés ; et, de même qu'en prenant chaque propriété sépa- rément pour base d’une équation particulière, on retrouverait et l'équation ordinaire et toutes les autres propriétés quelconques, de même l’ongle, l’omoplate, le condyle, le fémur et tous les au- tres os, pris chacun séparément, donnent la dent ou se donnent réciproquement, et en commençant par chacun d'eux, celui qui posséderait rationnellement les lois de l’économie organique pourrait refaire fout l'animal. » CORRÉLATION DES FORMES ET TYPES INTERMÉDIAIRES. 469 On le voit, dans l'esprit de Cuvier le principe de la corrélation des formes se présentait avec une précision mathématique, et n'avait rien à envier à la rigueur absolue d’une équation. Ce point de vue ne saurait être respecté, et il convient de modifier le principe de la corrélation des formes dans son esprit et dans son application. Voici un fait frappant qui vient à l'appui de celte opinion. Quand fut découvert, en 1861, le premier exemplaire d’Ar- chæopteryx, le grand naturaliste Owen, un élève de Cuvier et un maitre dans l’art d'apprécier les divers restes fossiles, de les coordonner et d'en reconstituer l’ensemble, émit sur la nature de l'animal auquel avaient appartenu ces débris une étude très- raisonnée, fortement appuyée sur les considérations d'anatomie comparée, el sur le principe de la corrélation des formes. Les membres postérieurs, dont la constitution est identique avec celle des muscles correspondants des Oiseaux, la forme de l’i- léon, qui s'étend en avant et en arrière, la présence de plumes, soit aux membres antérieurs, soit sur les vertèbres caudales, fu- rent pour Owen des points de départ suffisants pour induire Ja forme de la main, de l'épaule, du bassin, dont les éléments étaient incomplets, et même la forme de la tête et des vertébres cervicales et dorsales qui faisaient entièrement défaut. Pour le célèbre naturaliste anglais, il ne pouvait être question que d’un Oiseau dont les mains et la queue rappelaient un peu la struc- ture reptilienne, mais d’un véritable Oiseau cependant, avec une têle d'Oiseau, un bec, un furculum, un sternum, un coracoïde d'Oiseau, etc. Tout cela était logiquement déduit, conforméinent au principe de la corrélation des formes, et l’unanimité des zoologistes souscrivit sans restriction à des résultats si bien éla- blis, à des conséquences si naturelles et si bien en harmonie avec les méthodes considérées alors comme légitimes et rà- tionnelles. Un second exemplaire d’Archæopteryx est trouvé, il y a peu de temps, par le Dr Hæberlein, et l'examen de la précieuse pièce, confié à M. le professeur Vogt, permet d'étudier et de connaître 26 sér., tom. I. Ne 470 MÉMOIRES ORIGINAUX. la plu part des parlies qui manquaient au premier exemplaire. L'animal est presque complet. La têle, la colonne vertébrale, la ceinture thoracique et surtout les membres antérieurs sont con- servés et permettent une étude satisfaisante et une détermination certaine du groupe auquel appartient l’animal. Or, contrairement à toutes les prévisions basées sur le principe de la corrélation des formes, il se trouve que l’Archæopteryx n’est point un Oiï- seau, que c’est un véritable Lézard, à mains tridactyles, à tête reptilienne pourvue de dents, à côtes reptiliennes, à ceinture thoracique reptilienne, Lézard pourvu de plumes sur les membres antérieurs et sur la queue seulement, et possédant des membres postérieurs identiques à ceux de certains Oiseaux, et des Faucons en particulier. | Voilà doncdes membres postérieurs surlesquels sont accumulés, sans qu'il en manque un seul, tous les signes si particuliers et si caractéristiques des membres postérieurs de l'Oiseau, des membres postérieurs que nul zoologiste n’eût songé à rapporter à aucun autre animal qu’à un Oiseau, et qui, pour Cuvier, eussent été le point de départ d’une restauralion exemple de tout doute, et eussent donné infailliblement la main, la tête, les côtes, la ceinture thoracique de l'Oiseau. Et pourtant, ni la main, ni latête, ni les côtes, nila ceinture thoracique, n’appar- partiennent à l’Oiseau, et chacune des parties, prise séparément, ne saurait indiquer et donner toutes les autres. Un tel fait est gros de conséquences favorables aux théories transformistes, mais il n’est pas moins plein d'enseignements au point de vue de l’idée qu'il convient de nous faire de l'organisme animal, et au point de vue des principes qui doivent présider à la détermination des organes et à l’apprécialion des organismes auxquels ils appartiennent. L’Archæopteryx n’est point le seul animal qui puisse donner lieu aux réflexions qui précèdent. Les types intermédiaires que l’on recherche et que l’on étudie aujourd’hui avec tant d'inté- rêt sont tous, à des degrés divers, susceptibles de conduire à de semblables conclusions. CORRÉLATION DES FORMES ET TYPES INTERMÉDIAIRES. 471 Pour n’en citer qu'un autre exemple, on peut dire que l’Hes- perornis de la craie américaine était un Oiseau pourvu de dents, ayant des pattes palmées comme nos Oiseaux nageurs, nos Pal- mipèdes, mais dont la tête et le sternum, sans brechet, étaient semblables à la tête et au sternum de l’Autruche. Que devient la loi de la corrélation des organes en présence d’un pareil fait ; et est-il possible de déduire du pied palmé la forme du reste de l'animal, et de la dent la conformation du sternum ou de la tête ? | Puis donc qu'en prenant séparément les membres postérieurs de l’Archæopteryx pour base d’une équation particulière, on re- trouve deux équations différentes, dont l’une s'appelle Oiseau et l’autre Lézard, il y a lieu de se demander si l’on n’a pas exagéré, tout au moins au point de vue morphologique, l’idée de l'unité de l'organisme et s’il ne convient pas de restreindre l'influence réelle de la corrélation. : Pour ma part, je suis disposé à penser qu’il faut considérer la corrélation des formes comme renfermée dans des zones de valeurs différentes, où elle acquiert elle-même une valeur varia- ble. Ces zones peuvent être elles-mêmes englobées en nombre plus ou moins grand dans des zones plus étendues, et ainsi de suite ; la corrélation des parties, étroite et puissante dans l’inté- rieur des petites zones, perd en intensité et en rigueur à mesure que le champ des zones s’aggrandil, et l’on passe ainsi de la corrélation absolue et constante de Cuvier à la corrélation essen- tiellement relative et variable de la biologie moderne. Aux zones étroites correspond une corrélation étroite; aux zones plus lar- ges une corrélation plus large. Il y a donc en quelque sorte une subordination des corrélations. Pour expliquer ma pensée par des exemples, il peut y avoir un premier degré de corrélation élroite entre les parties d’un même organe, un deuxième degré plus large entre les organes d’un même appareil, et enfin un troisième degré, plus large encore, entre les appareils différents. | Les os d’un même membre locomoteur sont le plus souvent 479 MÉMOIRES ORIGINAUX. reliés entre eux par une étroite corrélation. Le membre posté- rieur de l’Archæopteryx, qui rappelle si exactement le membre postérieur de l'Oiseau, peut servir à comprendre ce premier degré. Les modifications des diverses parties de ce membre se sont faites simultanément, et comme enchaînées les unes aux autres par une dépendance mutuelle. Mais les os d’un membre n’ont qu’une corrélation éloignée avec les os d’un autre membre. Le membre postérieur de l’Ar- chæopteryx est devenu identique à celui de l’Oiseau, alors que le membre antérieur et la ceinture thoracique en particulier n’ont subi que de très-faibles modifications dans la voie d’une conformation ornithique. Il y a entre le membre lui-même et la ceinture à laquelle il est attaché une corrélation moins étroite qu'entre les parties mêmes du membre. Ces deux portions du squelette peuvent donc être considérées comme deux zones étroites repfermées dans une zone plus large. Les modifications du membre peuvent n’entraîner dans la ceinture que des modifications relativement moins prononcées. Le bassin de l’Archæopteryx, par exemple, paraît aussi voisin de celui des Dinosauriens que de celui des Oiseaux. La ceinture thoracique, au contraire, est franchement rep- tilienne comme le membre antérieur. Les dispositions du crâne, de la colonne vertébrale, sont à un haut degré indépendantes de celles des membres. À des verté- bres et à une tête reptiliennes peuvent correspondre des mem - bres ornithiques. C’est le cas de l’Archæopleryx, pour les mem- bres postérieurs au moins. Ces parties se trouvent dans la circonscription d’une zone plus étendue, et les liens de la corré- lation se relâchent. IL faut en outre penser qu'un grand nombre des dispositions que l'on a cru devoir attribuer à la corrélation des organes doivent être considérés comme des effets de l’adaptation ; il est naturel en effet qu'un même milieu produise sur les diverses parties de l'organisme des effets qui se répètent d’un organisme à l’autre el qui déterminent des combinaisons de structure semblables CORRÉLATION DES FORMES ET TYPES INTERMÉDIAIRES. 473 dans les cas semblables. C’est ainsi que les animaux nageurs, les animaux fouisseurs, les animaux volants, tendent tous à se ressembler par des dispositions qui tiennent aux mêmes habi- tudes et au même milieu. Les os des membres des animaux nageurs tendent, par exemple, à acquérir une forme aplatie, rac- courcie daus les articles basilaires, étalée et allongée dans les articles terminaux, forme que l’on retrouve chez les animaux nageurs, qu'ils soient Amphibiens, Reptiles, Oiseaux ou Mam- mifères. Il y a là des formes générales que l’on serait disposé à attribuer à une corrélalion, mais qui ne sont que le résultat d'une adaptation et le produit d’une influence simultanée sur chacune des parties du membre. Les modifications apportées aux fonctions de tel ou telmembre par l’action du milieu, peuvent impressionner ce membre dans un sens déterminé, sans qu'il y ait des changements opérés sur la constitution des parties qui sont étrangères à ces fonctions spé- ciales, Les habitudes fouisseuses peuvent modifier les membres antérieurs et la forme du museau, sans influer en rien sur les parties de l'animal qui ne jouent aucun role dans le fouissage. Il est incontestable à cet égard qu’il n’y ait dans la conforma- tion générale des membres antérieurs de l'Échidné et de la Taupe, qui sont l’un et l’autre fouisseurs, un degré de ressem- blance assez considérable pour que Parker ait qualifié ces deux animaux de proches voisins. Et pourtant, quelle distance entre ces deux types pour tout ie reste de l'organisme ! Ce fait particulier est d’ailleurs d’un très-grand intérêt, en ce qu'il permet de distinguer très-clairement l'influence de l'adap- tation de celle de la corrélation des formes. Il est remarquable en effet que l'influence d’un même milieu ait produit dans-la conformation générale des membres antérieurs des similitudes de formes qui présentent ceci de très-frappant qu'elles portent sur des organes qui n'ont pas la même signification et qu'elles leur donnent une ressemblance trompeuse. Ainsi, le coracoïde puissant et trapu de l'Échidné semblerait trouver son homologue dans un os de même forme de la ceinture thoracique de la Taupe. 474 MÉMOIRES ORIGINAUX. Mais les connexions et l’histoire du développement de ce dernier os démontrent d’une manière très-positive qu'il est une clavi- cule. Voilà donc des formes, pour ainsi dire identiques, imposées par le même milieu à deux os de significations entièrement diffé- rentes, et qui démontrent clairement l’influence de ce milieu en dehors de toute considération de valeur morphologique. Il fallait, dans les deux cas, un arc-boutant puissant; le coracoïde l’a fourni dans un cas, el la clavicule dans l'autre. Mais les autres parties des deux types ont conservé leurs tendances particulières et n’ont point participé à cette assimilation. Un type peut donc se modifier profondément dans une de ses parties sans qu'il y ait un retentissement corrélatif sur les autres parties. C’est ce que démontre tous les jours l'étude des ani- maux, et particulièrement l’étude des types intermédiaires. Les faits qui précèdent conduisent à se demander si l’on n’a pas exagéré l’unité de l’organisme animal et s'il n'y a pas lieu de considérer ses diverses parties comme plus indépendantes l’une de l’autre que l’on ne l’a généralement cru. Les expériences de greffe animale faite dans ces dernières années par M. P. Bert et par d’autres tendent à appuyer fortement cette manière de voir. Il y a peut-être moins de distance qu’on ne l’a pensé entre l'organisation même des animaux supérieurs et celle des végé- taux supérieurs. Comme ces derniers, l'organisme animal pour- rait bien être un composé de parties qui posséderaient entre elles un degré d'indépendance assez remarquable. La modification de l’une des parties peut en effet n’entraîner pour les autres que des changements de moindre importance. L’une des parties peut se modifier sans que les autres éprouvent le moindre changement ; et enfin la modification dans un sens d’une ou de plusieurs parties peut coïncider même avec des mo- difications en sens contraire subies par d’autres parties. Ces considérations biologiques nous ramènent aux réflexions par lesquelles a débuté cet article et qui ont trait aux principes Qt MOLLUSQUES DE L'HÉRAULT. 47 qui sont appelés à diriger le naturaliste dans ses recherches et dans la solution des problèmes qui se présentent à lui. Il résulle en effet, de ce qui précède, qu'il convient de res- treindre singulièrement, le crédit accordé à la loi de la corré- lation des formes, et qu'il faut apporter prudence et réserve dans ses applications aux recherches et aux restaurations paléon- tologiques. CATALOGUE DES MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DU DÉPARTEMENT DE L'HERAULT. (Suite et fin!). Par E. DUBRUEIL. ORDRE II. — OPERCULÉS BRANCHIFÈRES Moq., Hist. Moll., IT, pag. 512, 1855. FamiLze VI. — PÉRISTOMIENS, Lam., Extr. cours Anim. sans vertèbr., pag. 117, 1812. GENRE XXIIL. — Paludina, Lam., loc. cit., pag. 117. OBs. — Parmi les démembrements subis par ce genre, nous n acceplerons que le genre Bythinia (Bithinia}, établi par Gray en 1821, et le genre Hydrobia, créé par Hartmann la même année. La séparation des deux premiers repose, comme on le sait, sur des particularités anatomiques; quant à la création du dernier, elle est basée sur des caractères d’une valeur bien moins grande, tirés surtout de la structure et de la position de l’oper- cule, Les Paludines, comme les Cyclostomes et les Pomatias, sont unisexuées et de plus ovovivipares; les Bythinies et les sie bies, aussi unisexuées, sont ovipares. —————— —————————— …—— …— —…—.—————"—…———…— — ….…"— ——"— …"—"—…— —…—"— ." — _— — ——_—_]_]_]—]]]—— " ———" ——— Ra 1 Voir les numéros de juiu, septembre et décembre 1877, mars, juin, septembre, décembre 1878, mars, juin et septembre 1879. 476 MÉMOIRES ORIGINAUX. Opercule à nucléus subcentral et plus rapproché du bord in- terne. Disposition en filaments de l'appareil branchial. Paludina contecta. Cyclostoma viviparum, Drap., Tabl. Moll., pag. 40, 1801, et Hist., pag. 34, pl. 1, fig. 16-17, 1805. Cyclosioma contectum, Mill., Moll. Maine-et-Loire, pag. 5, 1813. Paludina vivipara, Stud., Kurz. Verzeichn., pag. 91, 1820. Vivipara vulgaris, Dup., Hist. Moll., pag. 537, pl. xxvnr, fig. 5, 18511. Paludina contecta, Moq., Hist. Moll., IT, pag. 532, pl. x1, fig. 1-24 1855. Has. — Espèce très-répandue dans le canal du Midi et dans le Vidourle, auprès de Lunel. O8s. — La Paludine commune a été naturalisée par P. Gervais dans un des grands bassins du jardin botanique de Montpellier, dans lequel elle abonde; les mâles sont un peu moins fréquents que les femelles. C’est sur deux sujets des deux sexes que nous avons pu constater l’exactitude des détails rapportés par Moquin- Tandon comme spécifiques sur l’organisation de cet animal, détails applicables à tout le genre. Les mâchoires de Ja Paludine commune, de nature cornée, sont situées latéralement à droite et à gauche, et l’œsophage, avant d'arriver à la poche stomacale, décrit deux courbures très- prononcées. Le foie atteint un grand développement, ainsi que les canaux hépatiques et le canal de la glande précordiale, glande qui est de petite taille. Branchie normalement développée etbranchie rudimentaire. On sait que les deux tentacules sont cylindracés, subulés et obtus, mais que, chez le mâle, le tentacule droit est plus obtus, deux fois plus gros que le gauche et un peu plus court que lui. Il 1 Nous avons assigné par une faute d'attention, dans la 2me édition de notre Catalogue et dans la partie précédente de la 3e édition, la date de 1847 à l'ou- vrage de Dupuy, tandis que ce livre, publié en six livraisons et commencé en 1847, n'a été achevé qu’en 1852. MOLLUSQUES DE L HÉRAULT. 477 contient une verge simple, dépourvus de flagellum, qui en sort, pour la copulation, par un trou oblique pratiqué dans son extré- mité supérieure. Cette verge est suivie d’un canal déférent assez court, qui offre une prostate fusiforme très-marquée el va aboutir, en diminuant de volume, à un testicule d’une couleur jaunâtre, d'une grosseur très-forte, bilobé et tordu en spirale. — Dans l'appareil génital femelle, nous signalerons à l'attention l’organe sessile et creux décrit par Siebold comme un réceptacle copulateur, et considéré par Moquin-Tandon comme l’analogue d’un corps plus étroit, allongé, porté par une sorte de pédicule, situé à l'extrémité du sac utérin dela Nérite fluviatile. — Les très-jeunes Paludina contecta offrent, sur la coquille, trois carènes munies de poils. La Paludine fascice (Helix vivipara Lin.) manque dans le département de l'Hérault. Cependant son extension dans les temps oéologiques récents a été plus grande que celle de notre espèce, puisque, selon M. Arnould Locard, elle a été trouvée dans le pliocène inférieur d'Hauterive, le pleistocène moyen du Dauphiné el du Jura; tandis que le P. contecta n’a été rencontré que dans le pleistocène inférieur d'Allemagne et d'Angleterre. GENRE XXIV. — Esythinia (Bithinia), Gray, Nat. arrang. Moll., in Med. repos., XV, pag. 239, 1821, et in Turt., Shells Brit., pag. 90, 92, 1840. O8s. — Opercule calcaire, à noyau subcentral, entouré de cinq ou six stries concentriques, affleurant au bord du péristome. Mâchoires nulles; point d’appendice du côté gauche du cou; verge bilobée, nue, extérieure, située derrière la base du tenta- cule droit; disposition en rides de l’organe branchial. Bythinia tentaculata. Helix tentaculata, Lin., Syst. nat., éd. X, [, pag. 774, 1758 Cyclostoma impurum, Drap., Tabl. Moll., pag. 41, 1801, et Hist., pag. 86, 1805. | Bithinia tentaculata, Gray, Turt. man., 2° éd., pag. 93, 1840. Paludina tentaculata, Dup., Hist. Moll., pag. 528, pl. xxix, fig. 7, 1851. 478 MÉMOIRES ORIGINAUX. Bythinia tentaculata, Moq., Hist. Moll., Il, pag. 528, pl. xxix, fig. 23-24, 1855. Var. — producia, Menke (Drap., loc. cit., pl. r, fig. 19). — ventricosa, Merke. HaB. — Tout le département; les var. producia et ventricosa mêmes localités que le type. GENRE XXV.—Hydrobia, Hartm., Syn., Gastérop., pag. 31, 47, 57, 58, 1821. OBs. — Opercule à nucléus excentrique, à rayons divergeant du centre vers la périphérie et enfoncé dans le dernier tour de la coquille. Mâchoires nulles ; il existe des rudiments de mà- choires chez l’Hydrobia viridis. Poir. Ce genre se réduit selon nous, pour le département, aux espèces suivantes. Hydrobia Ferussina. Paludina Ferussina, Des Moul., in Bull. Soc. Linn. Bord., IX, pag 65, fig. Lxxvi, 1827. | Hydrobia Ferussina, Dup., Hist. Moll., pag. 565, pl. xXVIN, fig. 5, 1851. Bythinia Ferussina, Moq., Hist. Moll., IT, pag. 516, pl. xxxvin, fig. 20-28, 1855. Has. — Le département de l'Hérault (Ambiel), la source de Lamalou, à Rouet. O8s.— Moquin-Tandon, qui a spécialement étudié l'anatomie de l’animal, dit que les caractères de la verge sont semblables à ceux de la verge du genre précédent. Hydrobia Cebennensis. Hydrobia Cebennensis, Dup., Hist. Moll., pag. 569, pl. xxvin, fig. 7, 1851. Bythinia Ferussina, var. Cebennensis, Moq., Hist. Moll., II, pag. 516, pl. xxvui, fig. 7, 1855. | Paludinella Cebennensis, Paladilh., Étud. monogr. Palud. franc., pag. 47, 1870. MOLLUSQUÈS DE L HÉRAULT. 479 Has. == La rivière de Saint-Martin-de-Londres (ruisseau de Rieutord), les ruisseaux se rendant dans la Vis, auprès de Pégai- rolles. O8s. — Nous rapportons à la var. Cebennensis le Paludinella Anianensis de Paladilhe. Hydrobia marginata. Paludinamarginata, Mich., Compl., pag. 98, pl. xv, fig. 58-59, 1831. Hydrobia marginata, Dup., Hist. Moll., pag. 573, pl. xxvin, fig. 10, 1851. Bythinia marginata, Moq., Hist. Moll., II, pag. 518, pl. xxxvur, fig. 29 à 32. Hag. — Un ruisseau (fontaine de Boulidou), affluent de Lama- lou, à peu de distance du Moulinet, dans la commune de Saint- Martin-de-Londres; vit sur les plantes aquatiques et surtout sur les pierres submergées. O8s. — Nous avons signalé pour la première fois, en 1869, cette espèce parfaitement typique au nombre de celles que l’on rencontre dans le département. Hydrobia Paladilhi. Testa perforata, ovato-rotundata, pellucida, vitrea, vix sublente tenuissime et irregulariter striata ; apice obtusiuseulo; anfracti- bus 3 1/2 ad 4, sat convexis, sutura impressa separatis, ultimo majore, dimidiam partem altitudinis adæquante; apertura sub- oblique rotundata,.adimam columellam arcuata; peristomate con- tinuo, simplice; labro externo vix incrassato, columellari ad marginem culumellarem subpatulo. — Operceulo in aperlura pro- funde sito, tenuissimo, pellucido, substriatulo. Coquille à fente ombilicale très-marquée, ovale arrondie, vitrée, pellucide (très-souvent encroûtée par un enduit limo- neux), laissant à peine apercevoir au foyer d’une forte loupe quel- ques stries trés-fines et irrégulières ; spire composée de 3 1/2 à 4 tours séparés par une suture très-prononcée, le dernier très- 480 MÉMOIRES ORIGINAUX. grand, égalant et quelquefois. surpassant la moitié de la longueur de la coquille; ouverture arrondie, présentant à peine vers la parlie supérieure un léger indice d'angle; péristome continu, simple ; bord externe un peu épaissi et jamais projeté en avant, bord interne fortement réfléchi sur la columelle. — Opercule enfoncé, très-mince, transparent. HAUTE PRE 1 millim. 1/2 Ditneire, ere 1 millim. Has. — La rivière de Lamalou. au lieu dit le Moulinet (can- ton de Saint-Martin-de-Londres). Hydrobia vitrea. Cyclostoma vitreum, Drap., Tabl. Moll., pag. 41, 1801. Hydrobia vitrea, Hartm., Syst. Erd u.. Süssw. Gasterop., in Sturm, Deutsh. Faun, 5° part., pag. 58, 1821. Hydrobia vitrea, Paladilh., Nouv. Miscell. malac., pag. 17 (1° fasc., 1866), et Rev. et Mag. Zool., pag. 93, mars 1866. Belgrandia vitrea, Palad., Etud. monogr. Palud. franc., pag. 62, 1870. Has. — Les alluvions de l'Hérault, près de Ganges ; les allu- vions du Lez, auprès de Montpellier ; sous la chaussée du moulin des Guilhems (Paladilhe). OBs. — Cette espèce, qui a été, ainsi que l’a écrit Paladilhe, l’occasion de beaucoup d’erreurs parmi les naturalistes, a élé récoltée dans les alluvions ; c’est surtout dans les alluvions de l'Hérault, près de Ganges, que nous en avons recueilli des indi- dividus en parfait état de conservation et presque de fraîcheur, ce qui nous fait penser qu'elle vit dans la région. Quant au véritable type de |’. bulimoïdea, Mich., nous ne l'avons jamais rencontré dans le département, même dans les alluvions; Paladilhe en a trouvé deux exemplaires dans les allu- vions du Lez. | Nous en dirons autant pour le véritable type de l'A. diaphana, Mich”® MOLLUSQUES DE L HÉRAULT. 481 Hydrobia abbreviata. Paludina abbreviata, Mich., Gompl., pag. 98, pl. xx, fig. 52-53, 1831. Hydrobia abbreviata, Dup., Hist. Moll., pag. 564, pl. xxvur, fig. 4 1851. Hydrobia abbreviata, Moq., Hist. Moll., II, pag. 519, pl. xxxvin, fig. 37-38, 1855. Paludinella abbreviata, Paladilh., Etud. monogr. Palud. franc., pag. 51, 1870. ) Has. — Sources d’eau froide des environs d’Anjane et de Lieu- ran-Cabrières (Paladilhe). Ogs. — Espèce signalée dans quelques départements limitro- phes et notamment dans celui des Pyrénées-Orientales. Hyÿdrobia gibba. Cyclostoma gibbum, Drap., Hist. Moll., pag. 38, pl. xin, fig. 4-6, 1805. | Hydrobia gibba, Dup., Hist. Moll., pag. 557, pl. xxvuni, fig. 13, 1851. Hydrobia gibba, Moq., Hist. Moll., IF, pag. 521, pl. xxix, fig. 4-6, 1855. Belgrandia gibba, Paladilh. EÉtud. monogr. Palud. franc., pag. 58, 1870. | Var. — uniplicaia, Moq., loc. cit., pag. 521. — marginata, Moq., loc. cit., pag. 521. — aplexa, Moq., loc. cit., pag. 521. — tecta, Nobis(Hydrobia Moitessieri, Bourg., Moll. nouv. litig. ou peu connus, pag. 191, pl. xxx1, fig. 8-11, janvier 1866). Has. — La source du Lez; les sources limpides des environs de Montpellier. Ogs. — L’accroissement de cette coquille à son dernier tour est très-irrégulier, et l'ouverture se trouve quelquefois presque excentrique, c’est-à-dire hors de l’axe de la spire. L'animal a été très-bien étudié par Moquin-Tandon ; il n’a pas oublié de signaler la forme du pédicule «caché en partie par la coquille, assez gros, se confondant avec le cou», ni celle de la 482 MÉMOIRES ORIGINAUX. bouche, «rapprochée beaucoup du bord antérieur, grande, en forme d’A, très-large en arrière». Ces caractères se retrouvent chez la variété tecta. Le type de l’espèce nous a été communiqué du département du Gard. : Hydrobia conoïdea. Paludina conoïidea, Reyn., Lettr., pag. 4, pl. r, fig. 4-6, 1845. Hydrobia conoïidea, Dup., Hist. Moll., pag. 559, pl. xxvu, fig. 14, 1856. Hydrobia conoïidea, Moq., Hist. Moll., II, pag. 522, pl. xxxix, fig. 3-D, 1855. Hydrobia conoïidea, Paladilh., Étud. monogr. Palud. franc., pag. 70, 1870. Has. — Montpeyroux (Paladilhe). Os. — Nous indiquons, sur le témoignage de Paladilhe, cette espèce, que nous n'avons jamais rencontrée dans le département. Elle avait été mentionnée d’abord par cet auteur dans les petits ruisseaux de Saint-Martin-de-Londres; reconnaissant qu'il s'était trompé, il n’a pas énuméré, dans son Étude sur les Paludinées françaises, cette localité, qu'il avait consignée dans ses Nouvelles Miscellanées et que M. Moitessier a reproduite dans son Histoire malacologique du département de l'Hérault. Hydrobia brevis. Cyclostoma breve, Drap., Hist. Moll., pag. 77, pl. xrnr, fig. 23, 1805. Hydrobia brevis, Dup., Hist. Moll., pag. 360, pl. xxvurs, fig. 1, 1851. Bythinia brevis, Moq., Hist. Moll., IT, pag. 533, pl. xxxrx, fig. 6-10, 1855. Paludinella brevis, Paladilh., Etud. monogr. Palud. franc., pag. 40, 1870. Var. — Dunalina, Moq., loc. cit., pag. 523, pl. xxxix, fig. 3. Has. — Espèce rare dans le département; les fontaines de Ganges, le département de l'Hérault (Moq.), Aniane, Montpeyroux MOLLUSQUES DE L HÉRAULT. 483 et Villeselle, près Lamalou-les-Bains (Paladilhe), Lieuran-Ca- brières (Moitessier); la var. Dunalina Montpellier (Moq.). Hydrobia Perrisii. Hydrobia Perrisii, Dup., Hist. Moll., pag. 563, pl. xxvurr, fig. 3, 1851. Hydrobia brevis, var. Perrisi, Moq., Hist. Moll., II, pag. 523, pl. xxxIx, fig. 6 à 10, 1855. Paludinella Perrisii, Paladilh., Étud. monogr. Palud. franc., pag. 42, 1870. Has. — Arboras, fontaine d’Aubély (Paladilh.). Hydrobis similis. Cyclostoma simile, Drap., Hist. Moll., pag. 34, pl. 1, fig. 15, 1805. Hydrobia similis, Dup. , Hist. Moll., pag. 552, pl. xxvur, fig. 9, 1851. Bythinia similis, Moq., Hist. Moll., If, pag. 526, pl. xxx1x, fig. 18-19, 1855. Amnicolasimilis, Paladilh., Etud. monogr. Palud. français., pag. 21, 1870. Has. — Le département de l’Héraull (Draparnaud, Moquin), les environs de Montpellier (Dupuy), la Vène, près Balarue, Île Rieutord, près Saint-Martin-de-Londres. Os. — Nous manquons complétement de renseignements anatomiques sur cette espèce, que Moquin-Tandon range parmi celles ayant l’opercule à noyau excentrique. GENRE XX VI. — Moîitessieria, Bourg., Rev. et Mag. de zool., 1863. Os. — Ce genre, encore très-imparfaifement connu, quiselon nous se réduit, pour le département de l'Hérault, à une espèce unique, a été l’objet de grands changements dans la méthode et doit être placé à la suite des Hydrobies, dans la famille des Péristomiens. Charpentier, en 1848, rangea celte coquille d’al- luvion parmi les Paludines; sa manière de voir fut adoptée, en 1853, par Küster, qui la réunit à ce même genre. Déjà, en 1849, Dupuy en avait fait une Bythinie et, en 1851, une Hydrobie. 484 MÉMOIRES ORIGINAUX. Cette place dans la classification lui avait été aussi primitivement assignée par Moquin-Tandon (1843), qui plus tard (1855) la con- sidéra comme une Acmée. Enfin, en 1863, M. Bourguignat, regardant «d’après toutes les probabilités» lanimal encore inconnu de cette coquille comme un pulmobranche et non un branchifère, en a fait un genre nouveau, «type d'une famille nouvelle qui devra prendre place auprès de celle des Limnæideæ» . A son avis, et contrairement à l’opinion de Charpentier, de Küs- ter, de Dupuyet de Moquin-Tandon, l'animal n’a pas d’opercule, «mais possède un disque pédieux qui le remplace ». Il raisonnait sur des coquilles de l’animal desséché qui avaient été recueillies dans la fontaine de Fouradada (Pyrénées-Orientales), et qui lui avaient été communiquées par le D' P. Massot. Celui-ci, parta- geant l'opinion de M. Bourguignat, mais seulement pour l'ab- sence de l’opercule, plaça, en 1872, le genre Moitessieria entre le genre Cæcilioides etle genre Pupa. En 1866, M. Ralph Tate, dans son appendice à la Conchyliologie de Woodward, suit la manière de voir de Charpentier, de Küster et de Dupuy, et M. Bourgui- anal, revenant à la même manière de voir, en fait un branchifère, conserve toujours la famille des Moitessierideæ, mais la transporte après les Melanideæ. «Je n'avais pu autrefois, écrit-il dans les Mémoires de la Société des Sciences physiques ei naturelles de Toulouse, pour l’année 1877, découvrir d'opercule. Actuellement je sais qu'il existe au centre du disque pédieux une toute petite plaque microscopique, faisant fonction d’opercule, plaque tout à fait insignifiante pour fermer hormétiquement l'ouverture”. » mm) 1 Voici la description que M. Bourguignat donne de l'animal et de la coquille : «Corps allongé, possédant un pied distinct, muni d'un disque pédieux au centre duquel se trouve une plaque operculoïde, microscopique. Manteau dont le collier est terminé par un repli membraneux qui, à l'instar du manteau de certaines Physes, se renverse en dehors sur cette partie du bord externe sillonnée de stries longitudinales et non malléée comme le reste dela coquille.— Coquille excessivement petie, d'une extrême fragilité, cristalline, cylindrique, allongée, caractérisée par un test recouvert, en série régulière, par d'innombrables malléations creuses, au centre desquelles on remarque un léger mamelon et offrant vers l'ouverture un rebord externe sillonné de stries longitudinales ». MOLLUSQUES DE L HÉRAULT. 485 Moîitessieria Simoniana,. Paludina Simoniana, Charp., in Saint-Simon, Miscell, malac., 1, pag. 38, 1848. Hydrobia Simoniana, Dup., Hist. Moll., pag. 374, pl. xxvun, fig. 12, 1851. Paludina Simoniana, Küst., in Ghemn. und Martins, Syst. Conch. cab., pag. 58, pl. x, fig. 9-10, 1855. Acme Simoniana,; Moq., Hist. Moll., pag. 516, pl. xxvun, fig. 17-19, 1855. Moitessieria Simoniana, Bourg., Monogr. Moitessieria, Rev. zool., pag. 440, décembre 1863. Var.— Rollandiana Nob. (Moitessieria Rollandiana, Bourg., loc. cit., pag. 435, pl. xx, fig. 1-7. — Gervaisiana Nob. (Moitessieria Gervaisiana, Bourg., loc. cit., pag. 437, pl. xx1, fig. 6-9). Hag.— Alluvions de la Mossonet du Lez, Nous recommandons d'une manière spéciale, pour rencontrer cette coquille, la chaus- sée du moulin des Guilhems, sur cette dernière rivière. FAMILLE VII — MÉLANIENS, Lam., Anim. sans vertèbr., VI (2° part.), 1822. GENRE XXVII — Paladillhias Bourg., Monogr. Palad., 1865. Paladilhia Moitessieri. Paladilhia Moitessieri, Bourg., Monogr. Palad., pag. 18, fig. 9-13, 1865. HaB.— Le Lez, près Montpellier. Ogs. — C’est la seule espèce récollée vivante, du moins dans le département, d’un genre qui, d’après M. Bourguiguat, com- prend sept espèces caractérisées « par une fente pleurotomoïdale échancrant plus ou moins fortement la partie supérieure du bord externe et formant saillie sur les derniers tours : par une ouverture dont la base projetée en avant dépasse le bord supé- rieur; par un bord externe excessivement arqué et projeté en 28 sér., tom. 1. 35 486 MÉMOIRES ORIGINAUX. avant; enfin, par un péristome continu, très aigu et toujours évasé à l'instar d’un pavillon de cornet acoustique" ». Paladilhe, qui a recueilli cette espèce vivante, ne nous donne aucun renseignement sur la configuration externe et interne de l’animal. Le même auteur a établi de plus un genre nouveau, Bugesia, trouvé au nombre de trois exemplaires dans les alluvions du Lez, et dont, par les raisons données dans notre Préface, nous ne discuterons pas la valeur. Famize VIII. — VALVATIDÉS, Gray, in Turt. man., pag. 79-06, 1840. GENRE XX VIII. — Walvata, Müll., Verm. Hist., II, pag. 198, 1774. Valvata piscinalis. Nerita piscinalis, Müll., Verm. Hist., II, pag. 172, 1774. Valvata piscinalis, Fér., Ess. Syst. conch., pag. 75, 1807. Valvata piscinalis, Dup., Hist. Moll., pag. 583, pl. xxvur, fig. 13, 1851. Valvata piscinalis, Moq., Hist. Moll., II, pag. 540, pl. 540, pl. xut, fig. 1-25, 1855. Var. — umbilicata, Moq., loc. cit., pag. 54 (Valvaia wmbilica, Parreys). Has. — Les eaux de tout le département ; espèce moins répan- due dans les régions N. et N.-0.; la var. umbilicata a été trouvée dans le Lez, près de Castelnau. OBs. — La Valvée piscinale a élé rencontrée par nous dans les tufs de Castelnau. Valvata minuta, Valvata minuta, Drap., Hist. Moll., pag. 42, pl. 1, fig. 36-38, 1805. Valvata minuta, Dup., Hist. Moll., pag. 585, pl. xxvin, fig. 14, 1851. Valvata minuta, Moq., Hist. Moll., II, pag. 543, pl. xzr, fig. 26-28, 1855. | 1 Bourgtuguai; Description de deux nouveaux genres algériens, etc., pag, 45. 277 Toulouse, 1877. MOLLUSQUES DE L HÉRAULT. 487 Has. — Espèce trouvée dans les fossés d'irrigation de Maurin, près de Montpellier, et de la campagne de Rondelet, près de la même ville. Ogs. — Cette espèce est regardée par Gray comme un jeune individu du Valvata cristata. Valvata cristata. Valvata cristaia, Müll., Verm. Hist., pag. 198, 1774. Valvata plunorbis, Drap., Tabl. Moll., pag. 42, 1801, et Hist., pag. 41, pl. 1, fig. 34-35, 1805. Valvata cristata, Dup., Hist. Moll., pag. 587, pl. xxvin, fig. 16,1851. Valvata cristata, Moq., Hist. Moll., IT, pag. 544, pl. xzr, fig. 32-42, 1855. Has. — Tout le département. Valvata spirorbis. Valvata spirorbis, Drap., Hist. Moll., pag. 41, pl. 1, fig. 32-33, 1805. Valvaia cristata, var. B spirorbis, Moq., Hist. Moll., [T, pag. 554, pl. x1i, fig. 37, 1855. Has. — Mêmes localités que le V. cristaia. Valvata exilis. Valvata exilis, Paladilh., Nouv. Misc. Malac. (2° fasc.), pag. 51, pl. 11, fig. 27-30, 1867. Has. — Cette Valvée, qui se trouve en quantité considérable dans les alluvions de la Boyne, près de Fontéès, a élé recueillie vivante dans les fossés d'irrigation de la rive droite du Lez, à la hauteur du hameau de Lattes, près Montpellier. Fawizce IX. — NÉRITACÉS, Lam., Phil. zool., I, pag. 321, 1809. GENRE XXIX. — MNerita (partim) Lin., Syst. nat., éd. x, I, pag. 776, 1758. Nerita fluviatilis. Nerita fluviatilis, Lin., Syst. nat., éd. X, pag. 777, 1758. Nerita fluviatilis, Drap., Tabl. Moll., pag. 36, 1801, et Hist., pag 31, pl. 1, fig. 1-4, 1805. 488 MÉMOIRES ORIGINAUX. Neritina fluviatilis, Lam., Anim. sans vertèbr., VI, 1, pag. 188, 1822. Neritina fluviatilis, Dup., Hist. Moll., pag. 591, pl. xxix, fig. Î, 1851. Nerita fluviatilis, Moq., Hist. Moll., IT, pag. 649 pl. xzur, 1855. Var. — scripta, Moq. (sous-var.), loc. cit., pag. 552. — vitiata, Moq. (sous-var.), loc. cit., pag. 552. — lineolata, Moq. (sous-var.), loc. cit., pag. 552. — Jousseaumiana, Nob. Coquille comme dans le type, plus ou moins verdâtre, avec des lignes en zig-zag s'anastomo- sant entre elles et formant un réseau. — Reynesiana, Paladilhe. Coquille plus petite que le type, fond d’un beau noir avec des taches triangulaires d'un blanc très-pur. — unicolor, Moq. (sous-var.), loc. cit., pag. 552. — Bætica, Moq., loc. cit., pag. 550, pl. x1x, fig. 39-40 (Weri- tina Bætica, Lam., Anim. sans vertèb., VI, n1, pag. 188, 1822). ; — zebrina, Moq., loc. cit., pag. 550 (Nerita zebrina, Recl., in Rev.zool., pag. 341, 1841). Ogs. — Tout le département; les var. scripta, vitiaia, lineolata le Lez, l'Hérault, etc.; la var. Jousseaumiana la fontaine du Che- vrier, à Saint-Guilhem-le-Désert; la var. unicolor l'Hérault, Lamalou, près de Saint-Martin-de-Londres ; la var. Bætica près de Montpellier (Moquin), à la source du Martinet (Paladilhe); la var. zebrina abonde dans la partie septentrionale du départe- ment. O8s. — Tout nous porte à croire que la var. Bourguignati, Moq. (Werita Bourguignati, Recl., in Journ. Conch., pag. 293, septembre 1852), indiquée par Moquin-Tandon dans les eaux de Ganges, ne se rencontre pas dans le département. La même re- marque sera faite par nous au sujel de la var. thermalis, Moq. (Neritina thermalis, Boub., Neritina Prevostiana, Dup.), men- tionnée par Des Moulins dans les eaux des environs de Mont- pellier. MOLLUSQUES DE L HÉRAULT. 489 Classe IL. --- AGÉPHALES, Cuv. Tribu. — ACÉPHALES LAMELLIBRANCEHES, Moq., Hist. Moll., II, pag. 554, 1855. ORDRE. — BIVALVES LAMELLIBRANCHES, Moq., loc. cit. Fauizze X. — NAYADES, Lam., Extr. cours anim. sans vertèbres, pag. 106, 1812. GENRE XXXI. — Anodonta, Lam., Mém. Soc. hist. nat. Paris, pag. 89, 1799. Anodonta cygnea. Mytilus cygneus, Linn., Syst. nat., éd. X, I, pag. 706, 1758. Anodonta cygnæa, Dup., Hist. Moll., pag. 601, pl. xv, fig. 14, 1851. Anodonta cygnea, Drouët, Étud. Naïad., E., pag. 5, pl. 1, 1854. Anodonta cygnea, Moq., Hist. Moll., Il, pag. 557, pl. xzrir,xuiv, 1855. Var. — ventricosa, Moq.. loc. cit., pag. 557. (Anodonta ventricosa, C. Pfeiff., Deutschl. Moll., LI, pag. 557, 1825). — Cellensis, Moq., loc. cit., pag. 557. (Mya arenaria, Schrôüt., Fluss-Conch., pag. 165, pl. 11, fig. 1, 1779. — Anodonta cygnea, Drap., loc. cit., pl. xir, fig. 1, 1805. — Anodonta Cellensis. G. Pfeiff., Deutsch. Moll., pag. 110, pl. vr, fo MAS ES) Hag. — Le type, très-bien caractérisé, la Mosson; la var. ventricosa la Mosson, le Lez, l'Hérault, la Peine, les fossés d’irri- gation de la plaine de Pézenas; la var. Cellensis la Mosson, près Villeneuve, les fossés d'irrigation de la campagne de Maurin, près Montpellier (Paladilhe). Ogs. — Selon Dupuy, le type de cette espèce est très-rare; cette opinion est partagée par Drouët. Moquin-Tandon, dont nous adoptons la manière de voir, lui assigne pour localité presque toute la France; on peut voir, en effet, dans les collections de la 1 Voir. Brot.; Étude sur les Naïades qui habitent le lac Léman, pag. 33, 1867. 490 MÉMOIRES ORIGINAUX. Faculté des Sciences de Montpellier et de Paladilhe, des sujets de cette espèce venant de la Mosson et parfaitement typiques, plus typiques peut-être que les échantillons de Paris et de l'Aube’. — La var. ventricosa est assez peu fréquente dans les eaux du dépar- tement, mais il n’en est pas de même pour la var. Cellensis, qui est très-répandue, notamment dans la Mosson, près du pont de Villeneuve. Anodonta anatina. Mytilus anatinus, Linn., Syst. nat., éd. X, I, pag. 706, 1758. Anodonta anatina, Lam,, Anim. sans vertèbr., VI, I, pag. 85, 1819. Anodonta anatina, Dup., Hist. Moll., pag. 610, pl. xrv, fig. 13, 1851. ‘Anodonta anatina, Drouët., Étud. Naïad., I, 2, pag. 4, pl. 1v, fig. Î, 1854. Anodonta anatina, Moq., Hist. Moll., IT, pag. 558, pl. xzv, fig. 12, 1855. Has. — Le Lez, près Montpellier, la Mosson, l'Hérault et ses affluents, près de Pézenas, etc. OBs. — Les individus de cette espèce recueillis dans le dé- partement paraissent tous se rapporter au type. C’est vainement que nous avons cherché parmi eux la var. coarctata, Moq. (Ano- donta coarctata, Pot. et Mich., 4. parvula, Drouët) dont nous avons reçu un échantillon du département de l’Aude. : Anodonta variabilis. Anodonta variabilis, Drap., Tabl. Moll., pag. 108, 1801. Anodonta anatina, Drap., Hist. Moll., pag. 133, pl. x, fig. 2, 1805. Anodonta piscinalis, Nill., Moll. Suec., pag. 116, 1822. Anodonta piscinalis, Dup., Hist. Moll., pag. 612, pl. xxr, fig. 17-18, 1851. Anodonta piscinalis, Drouët, Etud. Naïad, I, 2, pag. 11, pl. v, fig. 1, 1854. Anodonta variabilis, Moq., Hist, Moll. IT, pag. 561, pl. xx, fig. 5-6, et xLvi, fig. 1-6, 1855. 1 Nous possédons un échantillon typique de l'A. cygnea venant d'Avignon. MOLLUSQUES DE L'HÉRAULT. 491 Var. — subcompressa, Moq., loc. cit., pag. 561 (Anodonta pisci- nalis, var. III, Drouët, Anod. Aub., pag. 11.) _— subinflata, Moq., loc. cit., pag. 561. (Anodonta piscinalis, var. II, Drouët, loc. cit.) — crassula, Mogq., loc. cit., pag. 561. (Anodonta piscinalis, var. I, Drouët, loc. cit.) — rhomboïdalis, Moq., loc. cit., pag. 561. Ha. — Letype et les var. le Lez, la Mosson, l'Hérault et son affluent Lamalou, près Saint-Martin-de-Londres, et spécialement le canal du Midi, près Béziers, etc. Anodonta incrassata. Mytilus incrassatus, Shepp., in Trans. Linn., pag. 85, pl. v, fig. 4, 1821. Anodonta ponderosa, G. Pfeiff., Deutschl. Moll., IT, pag. 31, pl. 1v, fig. 1-6, 1825. Anodonta ponderosa, Dup., Hist. Moll., pag. 604, pl. xvinr, fig. 12, 1891. Anodonta ponderosa, Drouët, Etud. Naïad, I, 7, DA DIE SVE, fig. 8, 1854. Anodonta Avonensis, Moq., Hist. Moll., IT, pag. 562, pl. xzvi, fig. 1,8, 1809. Has. — La Mosson au pont de Villeneuve, près Montpellier ‘. Os. == Nous avons été le premier à signaler, en 1869, l’exis- tence du type de l'A. incrassata dans le département. GENRE XXXII. — Hnio. Philipps., Nov. test. gen., pag. 16, 17882. Mya rhomboïdea, Schrôt., Fluss-Conch., pag. 186, pl. u, fig. 3, 1479; Unio littoralis, Guv., Tabl. élément., pag. 425, 1798. A 1 Un sujet de cette espèce nous a été rapporté à l’état vivant de cette localité par M. Barrandon, conservateur de Botanique à la Faculté de Médecine. 2 Nous retranchons de l'énumération des espèces de ce genre l'Unio nanus:; tout nous fait croire que cette Mulette ne se rencontre pas le département et que l'indication donnée par Marcel de Serres est inexacte. 492 MÉMOIRES ORIGINAUX. Unio littoralis, Drap., Tabl. Moll., pag. 107, 1801, et Hist., pag. 133, pl. x, fig. 20, 1805. Unio littoralis, Dup., Hist. Moll., pag. 632, pl. xxnr, fig. 8, et xxIv, 5 et 8, 1852. Unio litioralis, Drouët, Étud. Naïad., IL, pag. 111, fig. 1, 2, 1854. Unio rhomboïdeus, Moq., Hist. Moll., II, pag. 568, pl. xzvin, fig. 4-0 Netxnixs Ho nee MG Type. — normalis, Moq., loc. cit., pag. 568 ( anormalis, Rossm., . Iconogr., XII, n° 4, fig. 340, 1844). Var.— Barraudii, Moq., loc. cit., pag. 568 (Unio Barraudii, Bonh., Moll. bival. fluviat. Rodez, in Mém. Soc. Aveyr., pag. 430, 1840). «— minor, Rossm., loc, cit., XI, pag. 14, fig. 742. — cuneatus, Moq., loc. cit., pag. 569. { Unio cuneala Jacq., Guid. voy. Arl., pag. 124, 1835.—Unio Asterianus, Dup., Cat. extramar. test., n° 325, 1849. — elongatus, Dup., Moll. Gers., pag. 86, 1843. — subtetragonus, Moq., loc. cit., pag. 569, pl. xzviu, fig. 9. (Unio subtetragonus, Mich., Compl., pag. 5, pl. xvr, HN EI) | — Draparnaudi, Moq., loc. cit., pag. 569, pl. xzix, fig. 1, 2.. (Unio Draparnaldi, Desh., Coq. terr., pag. 38, pl. xiv, fig. 6, 1831. H4B. — Presque tout le département, la var. Barraudii le Lez, la Mosson, l'Hérault, l’Orb; la var. cuneatus, très-peu caracté- risée, la Mosson; les var. subtetragonus et Draparnavwdi le Liron, la Mosson (Barrandon). Unio Requienii: Unio pictorum(partim), Drap., Hist. Moll., pag. 131, 1805. Unio Requienii, Mich., Compl., pag. 106, pl. xvi, fig. 24, 1831. Unio Requienii, Dup., Hist. Moll., pag. 652, pl. xxvnr, fig. 18, 1852. Unio Requienii, Drouët, Etud. Naïad., II, pag. 93, pl. va, fig. 1-3, 1854. Unio Requienti, Moq., Hist. Moll., IT, pag. 574, pl. 1, fig. 5-7, 1855. Var. — Ardusianus, Moq., loc. cit., pag. 575. (Unio Ardusianus, Reyn., Lettre, pag. b, pl.1, fig. 7, 8, 1843.) — minor; Nob. Coq. plus petite, bord inférieur moins sinueux que dans le type. MOLLUSQUES DE L'HÉRAULT. 493 Has. — L'Hérault, la Mosson, Lamalou, ete. C’est dans cette dernière rivière que nous avons trouvé, une seule fois, la var. Ardusianus bien caractérisée. Ha. — Tout le département, l'Hérault et notamment Lamalou. Unio Turtonii, Unio Turtonii, Payr., Cat. Moll. Corse, pag. 65, pl. n, fig. 2, 3, - 1826. Unio Turionii, Dup., Hist. Moll., pag. 651, pl. xxvur, fig. 17, 1852. Unio Turtonii, Drouët, Étud. Naïad., If, pag. 93, pl. vi, fig. 1, 1854. Unio Requientii, var. Turtonii, Moq., Hist. Moll., IT, pag. 575, 1855. Has. — Espèce répandue dans l'Hérault et dans son affluent Lamalou. Ogs. — C’est, sans aucun doute, à cette espèce qu’il faut rap- porter les échantillons de l'Hérault indiqués par Paladiihe et Moitessier sous la désignation erronée d'U. Aleroni, Comp. et Mass. Ces échantillons sout jeunes et sont loin d’avoir acquis leur entier développement. Unio pictorum. Mya aan Lin , Syst. nat., éd. X, I, pag. 671, 1858. Unio piciorum, Philhipps., Nov. test. gen., pag. 17, 1788. Unio pictorum (partim), Drap., Tabl. Moll., pag. 106, 1801, et Hist,. Moll., pag. 131, 1805. Unio pictorum, Dup., Hist. Moll., pag. 647, pl. xxvr, fig. 20, 1852. Unio pictorum, Moq., Hist. Moll., IT, pag. 576, pl. 1, fig. 8-10, et LI, fig. 4-10, 1855. Var. — rostratus, Moq., loc. cit., pag. 376 (Unio rostrata (partim), Lam., Anim. sans vertèbr., VI, I, pag. 77, 1819.) Has. — La Mosson, près Montpellier (Robelin, Touchy, Bar- randon), les fossés de Maurin (Paladilhe), Lamalou, etc.; la var. rostratus Montpellier (Moq.). Ogs. — M. Arnould Locard, dans sa Malacologie Lyonnaise, donne pour extension géographique à cette espèce « la plupart 494 MÉMOIRES ORIGINAUX. des rivières de la France septentrionale; l'Angleterre, la Suisse, la Belgique, le Danemark, l'Allemagne, la Suède, l'Espagne, le Portugal, la Russie; la Sibérie, le lac Baïkal, le fleuve Amour: l'Algérie, la Haute-Kabylie, etc. » Cette extension est-elle appli- cable au type de l’Unio pictorum? La plupart des malacologistes regardent celte forme, en ce qui concerne notre pays, comme propre aux rivières de la France septentrionale. Nous ne saurions adopter cette manière de voir et faire une variété minor d’échan- tillons ne différant du type que par une taille un peu plus petite". L’Unio pictorum est signalé par Marcel de Serres dans les tufs de Castelnau; cette Mulette n’a jamais été observée par nous dans les mêmes tufs. Famizce XI. — GARDIACÉS, Cuv., Règn. anim., [I, pag. 476, 1817. GENRE XXXIII. — ÆPisidium, C. Pfeiff., Nat. Deutsch]. Moll., I, pag. 17, 123, 1821. Pisidium Moitessierianum. Pisidium Moitessierianum, Paladilhe, Nouv. misc. malac., pag. 29, fig. 11-17, février 1866. Has. — Fossés d'irrigation de la campagne de Maurin, près Montpellier (Paladilhe). OBs, — «Gette espèce de la section des Æenslowanum se dis- tingue de toutes les coquilles de ce groupe par son extrême exiguité, par son test plus cunéiforme, par les stries qui ceignent d’une facon si nette et si régulière la partie externe des valves ; enfin, surtout par le bourrelet saillant qui forme comme un cercle autour des sommets. » (Paladilh., loc. cit., pag. 30, 31.) Pisidium amnicum. Tellina amnica, Müll., Verm. Hist., II, pag. 205, 1774. Cyclas palustris, Drap., Tabl. Moll., pag. 1801, et Hist., pag. 131, pl et MOSS 1 Un sujet typique de l'U. pictorum, pèché dans les fossés de Maurin, mesure 0,78mm de longueur. MOLLUSQUES DE L'HÉRAULT. 495 Cyclas obliqua, Lam., Anim. sans vertèbr., V, pag. 559, 1818. Pisidium amnicum, Jen., Monogr., Cycl. and. Pisid., in Trans. Camb. phil. Soc., IV {2° part.), pag. 309, pl. x1x, fig. 2, 1832. Pisidium amnicum, Dup., Hist. Moll., pag. 679, pl. xxx, fig. 1, 1852. Pisidium amnicum, Moq., Hist. Moll., IE,-pl. zu, fig. 11-15, 1855. Pisidium amnicum, Baud., Ess. monogr., pag. 37, pl. mi, fig. 6. 1857. Var. — læviusculum, Moq., loc. cit., pag. 583 (var. y, Jen., loc. cit.) — striolatum, Moq., loc. cit., pag. 583 (var. 8. Jen., loc. cit.). — flavescens, Moq., loc. cit,, pag. 583. — intermedium, Moq., loc. cit., pag. 583 ( Pisidium interme- dium Gass., Descript. Pisid. Aquit., pag. 11, pl. 1, fig. 4, 1855. Has. — Tout le département; la var. flavescens les ruisseaux des environs de Montpellier, la var. intermedium paraît plus répandue que le type. Ogs. — Nous considérons, avec Moquin-Tandon el le D' Bau- don’, le Pisidium intermedium, Gass. comme une variété du P. amnicum «ofirant dans loutes ses parties une plus grande dé- licatesse. Pisidium Cazertanum. Cardium Cazertanum, Poli, Test. Sicil., I, pag. 65, pl. xvr, fig. 1, ITÈULE Pisidium Cazerianum, Bourg., Catal. Moll. Orient, pag. 80, 1853. Pisidium Cazertanum, Moq., Hist. Moll., IT, pag. 584, pl. zu, fig. 16-32, 1855. Pisidium Cazertanum, Baud., Ess. monogr., pag. 30, pl. 11, fig. 6, 1857. Var. — lenticulare, Baud., loc. cit., pag. 32 ({Cyclas lenticularis, Norm., Cat. nouv. Cycl., pag. 8, fig. 7, 8, 1844. — Pisidium lenticulare, Dup., loc. cit., pag. 681, pl. xxx, fig. 2). — SuB-var. minimum, Baud., loc. cit., pag. 43. L Essai monographique sur les Pisidies françaises, par Aug. Baudon, pag. 41 1857. 496 MÉMOIRES ORIGINAUX. — pulchellum, Moq., loc. cit., pag. 584, pl. ur, fig. 24-28 (Pisidium pulchellum, Jen., Monogr. Gycl. and. Pisid., loc. cit., pag. 306, pl. xxxi, fig. 1-3). —_ Iratianum, Moq., loc. cit., pag. 585 (Pisidium Iratianum, Dup., Cat. extramar. test., n° 234, 1849). — Gassiessianum, Moq., loc. cit., pag. 585, pl. zur, fig. 31, 1852 | Pisidium Gassiessianum, Dup., loc. cit, pag. 685, pl. xxx, fig. 7.— Pisidium limosum, Gass., Moll., Agen., pag. 206, pl. 11, fig. 10, 11, 1849). — caliculatum, Moq., loc. cit., pag. 585, pl. zur, fig. 32 (Pisidium caliculatum, Dup., loc., pag. 684, pl. xxx, fig. 4). H48. — Le type et les var. lenticulare et Iratianum lout le département; la var. pulchellum Lodève, le Caylar, Saint- Maurice, etc. ; Gassiessianum le ruisseau du Rieutord, à Saint- Martin-de-Londres; la var. caliculatum aux environs de Montpellier (Paladilhe). Os. — Un ruisseau des environs d’Arboras nous en a offert des sujets d’une très-grande taille. Pisidium nitidum. Pisidium nitidum, Jen., Monogr. Cycl. and. Pisid., in Trans. Camb. phil. Soc., IV (2° part.), pag. 304, pl. xx, fig. 7-8, 1832. Pisidium nitidum, Dup., Hist. Moll., pag. 692, pl. xxxr, fig. 5, 1852. Pisidium nitidum, Moq., Hist. Moll., Il, pag. 586, pl. ur, fig. 33-37, 1855. Pisidium nitidum, Baud., Ess. monogr., pag. 23, pl. r, fig. A, 1857. Var, — minimum, Baud., Nouv. Cat. Oise, pag. 42, 1862. Has. — Fossés de Maurin, près Montpellier; la var. minimum les ruisseaux du parc de Castries. Pisidium pusillum. Tellina pusilla, Gmel., Syst. nat., pag. 3231, 1788. Cyclas fontinalis (pars), Drap., Tabl. Moll., pag. 105, 1801, et Hist., pag. 130, pl. x, fig. 11-12, 1805. Pisidium pusillum, Jen., Monogr. Gycl. and Pisidium, in Trans. Camb. phil. Soc., IV (?° part.), pag. 302, pl. xx, fig. 4-6, 1833. Pisidium fontinale, Dup., Hist. Moll., pag. 691, pl. xxx1, fig. 3, 1852. MOLLUSQUÈS DE L HÉRAULT. 497 Pisidium pusillum, Moq., Hist. Moll., II, pag. 587, pl ani, fig. 38-42, 1855. Pisidium pusillum, Baud., Ess. monogr., pag. 20, pl. 1, fig. G, 1857. Var.— siriatum, Moq., loc. cit., pag. 587 (var. +, Jen., loc. cit, pag. 302). — umbonatum, Moq., loc. cit. (var. B, Jen., loc. cit., pag. 302). Ha. — Presque fout le département, très-rare partout; les var. striatum et wmbonatum les prés d’Arènes, près Montpellier, les fossés de Maurin. Note. — Nous n’avons jamais recueilli dans le département de l'Hérault aucune forme se rapportant, soit au Pisidium Hens- lowanum, soit au P. obtusale. GENRE XXXIV.—@yelas (partim), Brug., Encycl. Illust., pl. cou, ccarr, 1791. Cyclas cornea. Tellina cornea, Linn., Syst. nat., édit. X, [, pag. 678, 1758. Cyclas cornea (partim), Lam., Anim. sans vertèbr., V, pag. 558, 1818. Cyclas cornea, Dup., Hist. Moll., pag. 666, pl. xx1x, fig. 4, 1852. Cyclas cornea, Moq., Hist. Moll., IT, pag. 591, pl. zur, fig. 17-30, 1855. Var. — xucleus, Moq., loc. cit., pag. 592 (Cyclus nucleus, Stud., Kurz. Verzeichn., pag. 93, 1820). Has. — Tout le département; la var. nucleus les fossés qui - bordent les chemins de la ferme Saint-Pierre, aux environs de Montpellier (Paladilhe). Cyclas rivalis. Tellina rivalis, Müll., Verm. Hist., IT, pag. 202, 1774. Cyclas rivalis (partim), Drap., Hist. Moll., pag. 129, 1805. Cyclas cornea (parüm), Lam., Anim. sans vertèbr., V, pag. 558, 1818. Cyclas rivalis, Dup., Hist. Moll., pag. 668, pl. xxix, fig. 5, 1852. Cyclas cornea, var. rivalis, Moq., Hist. Moll., II, pag. 591, 1855. HaB. — Espèce aussi répandue que la précédente. 498 MÉMOIRES ORIGINAUX. Cyclas lacustris. Tellina lacustris, Müll., Verm. Hist., Il, pag. 204, 1774. Cyclas caliculata, Drap., Hist. Moll., pag. 130, pl. x, fig. 14-15 (13-14), 1805. Cyclas caiiculata, Dup., Hist. Moll., pag. 672, pl. xxiv, fig. 8, 1852. Cyclas lacustris, Moq., Hist. Moll., IT, pag. 593, pl. zur, fig. 34-39, 1855. Var. —major, Dup., Ess. Moll. Gers, pag. 91, 1843 (var. B, major, Moq., loc. cit., pag. 594, pl. zurt, fig. 36-37). — minor, Nob. — Coquille de même forme que Le type, beau- coup plus petite. — ovalis, Moq., loc. cit., pag. 594, pl. zur, fig. 38 (Cyclas lacus- tris, Drap., loc. cit., pag. 130, pl. x, fig. 6-7. — Cycias ovalis, Fér., Cat. coq. Lot-et-Garonne, in Ess. Méth. conch., pag. 128, 136, 1807). Has. — Tout le département; dans les régions N, et N.-E., il n’y a pas de flaques d’eau où on ne trouve cette espèce en abon- dance ; les var. major et minor mêmes localités que le type; la var. ovalis se rencontre à Montpellier (Moq.}), notamment à Mau- rin (Moitessier), dans le ruisseau qui coupe à quatre kilomètres la grande route de Palavas (Paladilhe), à Lunel, Castries (Bar- randon), Pézenas (Robelin). FaniLe XIL. — DREISSÉNADÉS, Gray.,in Turt., Shells Brit., 227, 299, 1840. Genre XXXV.— Mreissena, Van Bened., Bull. Acad. scienc. Bruxelles, I, pag. 105. 1834. Dreissena polymorpha. Mytilus polymorphus (partim), Pall. Voy. Russ., app., pag. 212, ANA Dreissena polymorpha, Dup., Hist. Moll., pag. 659, pl. xx1x, fig. 11, 1852% Dreissena polymorpha, Moq., Hist. Moll., IL, pag. 298, pl. iv, 1855. Var. — angusta Golb., Faun. malacol. de Belgique, pag. 12, 1859. Has. — Espèce s'étendant, depuis peu, dans tout le canal du Midi. 499 . REVUE SCIENTIFIQUE. TRAVAUX FRANÇAIS. — Zoologie. L'action du curare (Compt. rend. Acad., 27 octobre 1879) n'em- prunte rien aux divers sucs végétaux où animaux que les Indiens ajoutent le plus souvent à ce produit. Certains de ces sucs, celui par exemple du Cocculus toxicoferus Weddel, le venin des Serpents, etc., touten paraissant agir sur l'excitabilité du nerf moteur périphérique, ne possèdent pas les propriétés du curare, propriétés quil tire unique- ment d’un Sérychnos ou de quelque autre Liane de ia même famille servant à sa préparation. Ge fait a été constaté par les MM. Couty et de Lacerda sur le Strychnos castalnæa, qui suffit à fournir un curare actif et complet; toutefois cette dernière espèce, quoique plus riche que le Str. triplinervia, est moins active qu’on aurait pu le supposer « et le produit d’ébullition de 50 gram. de fragments de tige n'a pas suffi à curariser un Chien de petite taille ». Le principe posé plus haut a été vérifié (Compt. rend. Acad., 10 novembre 1879) sur des curares complexes fabriqués par les tribus les plus diverses du bassin des Amazones. Enfin, MM. Couty et de Lacerda (Compt. rend. Acad., 15 déc. 1879) signalent l'existence d’un curare dont l'action se rapporte aux muscles lisses et qui tue l'animal. — Les recherches expérimentales (Compt. rend. Acad., 27 octobre 1879) de M. A. Bonnal sur la chaleur de l'Homme pendant le repos au lit sont surtout intéressantes au point de vue pathologique. — Une espèce nouvelle (Compt. rend. Acad., 10 novembre 1879) de Rongeurs appartenant au genre Anomalurus et désignée par M. Alph. Milne-Edwards sous le nom d'À4. erythronotus, a été reconnue dans la collection de Mammifères et d'Oiseaux formée au Gabon par M. La- glaize et porte à six le nombre de représentants de ce genre; « tous sont originaires de la partie occidentale de l'Afrique tropicale, où ils semblent représenter les grands Ecureuils volants ou Pteromys de l'Asie». — M. Ch. Richet (Compt. rend. Acad., 10 novembre 1879), poursui- vant l'étude du muscle de la pince de l'Écrevisse, établit que, pour le cœur comme pour ce muscle «la contraction {systole) épuise l’élé- ment musculaire, qui cesse alors de se contracter ; mais il se répare 500 REVUE SCIENTIFIQUE. très-vite, et c'est pendant la période d’épuisement (diastole) que se fait la réparation. La cause du rhythme paraît être la même pour le cœur et le muscle ; dans l'un et l’autre cas, c'est un épuisement rapide et une rapide réparation. — À la Communication précédente nous joindrons celle de M. Ch. Livon (Compt. rend. Acad., 1* décembre 1879); tendant à dé- montrer, entreautres choses, que, tout en se faisant aussi vite, la répa- ration des muscles n’est pas aussi complète que celle du cœur; cet effet est attribué à ce qu'ils ne possèdent pas un appareil ganglionnaire semblable à celui du cœur, « ainsi que le suppose M. Ch. Richet pour la pince del Écrevisse ». — M. G. Lebon (Compt. rend. Acad., 17 novembre 1879), a pu effectuer la mesure des capacités de quarante-deux crânes ayant appar- tenu à des hommes célèbres (Descartes, La Fontaine, Boileau, Gall, Volta, etc.) et conservés au muséum d'Histoire naturelle. Il en con- clut que la «capacité moyenne étant de 1430°° pour la race nègre, et de 1559 pour les Parisiens modernes du sexe masculin, elle est de 1682 en moyenne pour les crânes dontil s’agit. La capacité moyenne de vingt-six sujets les plus remarquables atteint le chiffre énorme de 1732, C’est tout à fait exceptionnellement que l’on trouve une grande intelligence unie à une faible capacité du crâne. » — Les cas de viviparité chez les Gastéropodes terrestres nous paraïs- sent moinsrares qu on ne le croit, et, en ce qui concerne les Mollus- ques de France, ce fait se rencontre notamment chez certains Pupa et certains Zua ; mais, pour le genre Helix, c'est seulement dans l'A. ru- pestris qu'il a été constaté par Moquin-Tandon. En ce qui a trait aux Hélices étrangères, un nouveau cas nous est révélé par M. C.Viguier pour l'A. studeriana Fér., des îles Seychelles {Compt. rend. Acad., 17 novembre 1879). Cette espèce n’a ni poche du dard n1 vésicules multifides. Quels sont les caractères à tirer de la mâchoire? Ces carac- tères sont encore inconnus ; aussi croyons-nous devoir ne pas nous prononcer sur la place générique à lui assigner. Mais hâtons-nous de dire qu'en ce qui regarde l'A. inæqualis Pfeiffer, énuméré par M. Vi- guier, d'après M. Fischer, comme deuxième exemple de viviparité, l'absence de mâchoire, de poche du dard, de vésicules multifides, des particularités dans la dentition linguale et dans l'ensemble du sys- tème nerveux! nous semble devoir lui faire attribuer dans la méthode 1 Voir Journ. de Conchyliol., pag. 8, 1873. TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 501 une autre position et rapporter à un autre genre que le grand genre Helix. Nous en dirons autant pour la troisième espèce, indiquée par Viguier comme vivipare, le Partula gibba Quoy, dont Deshaye a fait un Bulimus, et qu'en l'absence de caractères malacologiques, ses ca- ractères conchyliologiques, bien que d’un ordre inférieur aux pre- miers, engagent à rapporter au geure Partula. — Un Mémoire (Compt. rend. Acad., 24 novembre 1879) relatant des recherches expérimentales sur une nouvelle propriété du système nerveux, lu à l'Académie par M. Brown-Sequard, se termine par les conclusions suivantes : «Les faits mentionnés dans ce travail, ainsi que d’autres très-nombreux, tendent à établir l'existence d'une pro- priété toute spéciale du système nerveux qui se caractérise, dans les parties qui la possèdent, en ce que celles-ci peuvent, sous l'influence d une irritation, déterminer soudainement ou à peu près une aug- mentation notable des propriétés ou des activités motrices ou sensi- tives d’autres parties de ce système ». — M. H. Viallanes (Compt. rend. Acad., 24 novembre 1879) a constaté sur deux Echidnés qu'il a eus à sa disposition, que chez cet animal, les glandes parotides, sous-maxillaires et sublinguales existent comme chez la plupart des autres Mammifères. Les parotides, dont l'existence est niée par Owen, se rencontrent bien développées et situées bien en arrière, au niveau même du cou». «Owen et Cuvier ont indiqué la glande sous-maxillaire profonde; mais de plus on en observe une superficielle, qui a échappé jusqu'à ce jour à l'attention des anatomistes et qui apparaît la première lorsqu'on dépouille un Échidné de ses téguments, appliquée sous la peau, contre le muscle pectoral. Une disposition des plus curieuses, qui n’avait été observée ni par Cuvier ni par Duvernoy, et quia été en partie décrite par Owen, se remarque dans le canal excréteur de cette glande, canal qui est reçu par celui de la glande profonde au moment où ce dernier perce le grand muscle transverse, constituant la couche superficielle du plancher dela bouche. « Le canal excréteur dont il s’agit, après s'être un peu dilaté, se dirige en avant en décrivant quelques flexuosités et diminuant assez rapidement de volume. Après avoir longé le bord interne du maxillaire inférieur, il atteint la symphyse du menton. De son côté interne se détachent des branches latérales qui, à leur tour, se divisent plusiears fois et s'ouvrent sur le plancher de la bouche par des orifices fort nombreux, disposés sur une seule file longitudinale étendue de la base de la langue à la symphyse du menton.» Les glandes sublinguales ont été décrites par Cuvier. 2° sér., tom. 1. . 34 502 REVUE SCIENTIFIQUE. — Des solutions de fuchsine (Compt. rend. Acad., 1° décembre 1879), de bleu de Lyon, de violette de Parme et de nitrate de nickel, ont été employées par M.E. Serrano Fatigati poursoumettre des Infusoires à l'influence de couleurs à peu près monochromatiques. Il a observé que le développement des organismes inférieurs est activé par la lu- mière violette et retardé par ia couleur verte; que dans cette dernière couleur la production d'acide carbonique est plus petite que dans les autres lumières, mais bien inférieure à sa production dans la lumière violette. La conclusion à tirer de ces faits est que cette couleur active plus la respiration des Infusoires que la couleur blanche; enfin que cette respiration est plus active dans celle-ci que dans le vert. — La différence (Compt. rend. Acad., 8 décembre 1879) qui existe entre le vol des Oiseaux et le vol des Insectes a été établie par les tra- vaux de M. Marey. Les Oiseaux peuvent imprimer une direction à leur vol, car ils peuvent modifier l'angle sous lequel ils font vibrer leurs ailes, qui leur servent non-seulement à se soutenir, mais encore à prendre pendant leur vol différentes directions; tandis que les Insectes, dont ce même angle esten général invariable pour chaque espèce, ne jouissent pas de la même facilité ; Le point d'insertion des museles du vol est chez ces derniers, non pas l'aile, mais la pièce du thorax qui la supporte. C’est donc ailleurs qu'il faut chercher la fonction de direc- tion. De nombreuses expériences faites sur des [usectes des différents ordres ont montré à M. Jousset de Bellesme que chez eux la di- rection est déterminée par la position de la partie du corps qui fend l'air, tête etthorax, position dépendant de la place respective du centre de gravité et de l'axe de sustention, et que les fonctions motrices et les fonctions directrices sont confondues chez un petit nombre des Articulés en question. Comme type de cette dernière catégorie est cité l’Æschne, chez lequel, par exception, les muscles de l’aile ont un lieu d'insertion semblable à celui des muscles de l'aile des Oiseaux. Aux mouvements desOiseauxse rapportent les mouvements des Lépidoptères,qui, jusqu'à plus ample connaissance de leurs muscles thoraciques, doivent être compris dans la même division. Les essais de séparation entre les deux ordres de fonctions se ren- contrent chez les Hyménoptères ; on constate dans les espèces de cet ordre un automatisme rigoureux dans les ailes, une grande mo- bilité dans l'abdomen, qui devient pédiculé, et, dans beaucoup de cas, un allongement très-inarqué des pattes postérieures. Ge sont les TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 503 pattes postérieures des Orthoptères qui sont presque exclusivement chargées de la fonction directrice, à laquelle elles ne s'approprient que fort incomplétement, par suite de leur différenciation en vue d'une autre fonction de locomotion, le saut. C'est une paire d'ailes qui, dé- tournées de la fonction motrice, devient un organe directeur chez les Coléoptères: ceux-ci sont soutenus uniquement par la paire d'ailes postérieures ; l’élytre va être affectée au changement de centre de gravité. Un très-petit groupe de Coléoptères, celui des Gétonides, vole avec les élytres rabattues. Ge fait constitue un passage vers l'état de diffé- renciation complète qui s’observe dans l’ordre des Diptères ; la se- conde paire d’ailes de ces derniers est en effet transformée en un organe spécial à la fonction de direction, le balancier, agissant pour déplacer l'axe de sustention. —En présentant à 1 Académie (Compt. rend. Acad., 15 décembre 1879), au nom de M. Hamy et au sien, la huitième livraison des Crania Ethnica, comprenant la fin de la description crâniologique des races australiennes et une partie deleurs études sur la race nègre africaine, M. de Quatrefages entre dans quelques considérations sur les pre- mières de ces races. Aujourd'huiilest hors de doute que les Mélanésiens et les Indoué- siens ont traversé le détroit de Torrès et mêlé plus ou moins leur sang à celui des indigènes australiens. Mais « on ne doit tenir compte ni d’eux ni de leurs métis dans l'étude des races indigènes », dont les têtes et les bassins ne présentent que des différences de sexe. — De mêmel'examen crâniologique confirme le fait que les indigènes de l’in- térieur et ceux du littoral appartiennent à une seule race australienne. Toutefois est acceptée comme distincte «la race caractérisée par Huxley d’après quelques crânes provenant des tribus méridionales des environs de Port- Western et de Port-Philipp, race que le savant anglais a rapprochée, avec raison, de l'Homme fossile de Néan- derthal ». Après avoir donné brièvement les caractères crâniologiques de cette dernière race et de la race australienne, caractères séparant les Austra- liens des Néo-Guinéens aussi bien que des Tasmaniens, M. de Quatre- fages ajoute que des rapports nombreux entre les langues australien- nes et les langues dravidiennes parlées dans la presqu'ile gangétique résulte la preuve « que la race australienne a occupé jadis une aire géographique beaucoup plus étendue qu'aujourd'hui et qu'elle a con- tribué à former les populations très-variées, profondément métissées 504 REVUE SCIENTIFIQUE. et composées d'éléments multiples, que désigne l'épithète générale de dravidiennes ». —De nouvelles remarques sur les Orthonectida (Compt. rend. Acad., 15 décembre 1879) sont communiquées par M. Giard !; notre colla- borateur répond aux critiques contenues dans deux notes de M. Elias Metschnikoff. — Les recherches (Compt. rend. Acad., 15 décembre 1879) de M. T.Jolyetet M. Laffont ont eu pour objet les nerfs vaso-dilatateurs contenus dans divers rameaux de la cinquième paire. — Un Ver vésiculaire (Compt. rend. Acad., 15 décembre 1879) d’une forme nouvelle a été trouvé par M. Mégnin dans un kyste situé sur la face externe de la cuisse d’une Gerboise. Chacune des concré- tions fibreuses qui semblaient constituer la tumeur n’était autre qu’un Ver vésiculaire d’une figure étrange et différant entièrement des formes types qu’affectent les larves des Téniadés. Le Ver en question est un Ver polycéphale à scolex invaginés, mais appartenant à la sur- face externe, et constitue un fait de plus à ajouter à l’histoire du poly- morphisme chez les Téniadés. — C'est d’après les observations directes de M. C. Dareste (Compt. rend. Acad., 15 décembre 1879), à l'arrêt de développement des la- mes dorsales, « c'est-à-dire des deux plis du mésoderme qui limitent le sillon médullaire et qui sont le point de départ du derme, de l’axe vertébral et de la voûte crânienne, des méninges », que doit être attribué l’écartement partiel ou total des lames vertébrales, l’écarte- ment partiel ou total des os de la voûte du crâne, qui tantôt existent isolément et tantôt coexistent chez le même sujet. Les lames verté- brales et les os de de la voûte du crâne se constituent isolément, en laissant le canal rachidien ouvert dans une étendue plus ou moins grande, soit que l’union des lames dorsales ne puisse s'effectuer, soit que l'union ne se fasse qu'avec les parties devant produire le derme et les méninges. Mais un état particulier du système nerveux cérébro- spinal, qui peut être tantôt frappé lui-même d'arrêt de développement, tantôt modifié dans sa forme par un arrêt de développement du capuchon céphalique de l’amnios, est toujaurs la cause déterminante de l'arrêt partiel ou total du développement des lames dorsales, Cela 1 Voir tom. VIII, pag. 516. TRAVAUX FRANCAIS. —- ZOOLOGIE. 505 peut se faire de quatre facons décrites par M. Dareste dans sa très- intéressante Communication sur la formation de la fissure spinale. — Des détails (Compt. rend. Acad., 22 décembre 1879) sur le nid des Halictes (Halictus lineolatus Lep., H. sexcinclus Latr.), sont conte- nus dans une Note de M.J.-H. Fabre. Ces nids consistent en excava- tions ovalaires, rétrécies en goulot à la partie supérieure. » Un enduit hydrofuge, d’origine salivaire, en garnit la paroi et la protége contre l'humidité. Les Hyménoptères dont s’agit ont deux pontes par an: l’une printanière et sexuée, provenant des mères qui, fécondées en automne, ont passé l’hiver dans leur cellule ; l’autre, estivale, est due à la parthénogénèse. » De celle-ci proviennent à la fois des femelles et des mâles, tandis que de celle-là naissent uniquement des femel- les. Le Myodites subdipterus est parasite de l’'Halicte à six bandes et dévore sa larve quand celle-ci a fini sa provision de mier. — Les recherches très-intéressantes (Compt. rend. Acad., 29 décem- bre 1879) faites sur des Insectes par M. G. Carletl’autorisent à conclure que chez eux les pattes se meuvent « comme l’indique le tableau sui- vant, où les pattes sont disposées à leur place naturelle, les chiffres indiquant leur ordre de soulèvement. Lg 4 5) 2 3 6 6 Le tableau ci-après reproduit le même ordre de mouvement des pattes chez les Arachnides femelles ; chez ces dernières, il est possi- ble de saisir cemouvement, impossible à noter chez les mâles, à cause de la rapidité de leur marche : il Ni D 6 7 3 4 7 8 nt 4 — Les naturalistes attachés aux différentes expéditions pour l'ob- servation du passage de Vénus devant le Soleil, le 9 décembre 1874, ont aidé par leurs recherches à la connaissance de la répartition des êtres vivants à la surface du globe, et notamment dans les îles même les plus petites qui couvrent les océans. Les Archives de Zoologie expé- rimentale et générale! ont déjà inséré un Mémoire de M, Ch. Velain 1 Voir Rev. Sc. naiur., tom. VI, pag. 488. 506 REVUE SCIENTIFIQUE. sur la faune des îles Saint-Paul et Amsterdam, situées dans l’hémi- sphère austral, entre le 37° et le 38° parallèle sud, sous le 75° degré de longitude à l’est du méridien de Paris. «La Société royale de Londres | vient de faire paraître sur les travaux de l'expédition anglaise à Ker- guelen et à l'île de Rodriguez un beau volume dont la majeure partie est consacrée à la zoologie ». C'est de cette partie, relative à Ker- guelen, que s'occupent les fascicules 5 et 6 du tome VIIT (6° série) des Annales des Sciences naturelles. La Terre de Kerguelen est placée par 49°,54 de latitude sud et 67°,52 de longitude est. Des collines et des montagnes rocheuses d'origine volcanique, origine essentielle à Saint-Paul et à Amsterdam, consti- tuent presque entièrementcetteîle, dont des baies et des fiords décou- pent les côtes ; de nombreux lacs, étangs, tourbières, trous boueux, cours d’eau souterrains, en interrompent les parties basses, tandis que le centre est occupé par des champs de neige dont les glaciers se rendent dans la mer. Des vents violents règnent presque constam- ment à Kerguelen, qui a un climat froid et humide et dont la végé- tation est, du moins actuellement, très-misérable. L'absence complète de Mammifères terrestres a été constatée à Ker- guelen par les naturalistes anglais (M. Velain avait indiqué aussi le manque de Mammifères terrestres, non importés, à Saint-Paul et à Amsterdam). Mais ils signalent la présence, dans les parages de cette terre, de quatre espèces de Phoques et de deux espèces de Cétacés : Phoca lectonyz Blainv., Ph. leonina Lin., Olaria gasella Peters, Otarie à fourrure, Balæna australis Desm., enfin un Dauphin rapporté par M. Flower au Globicephalus melas. A l’aide des sujets rapportés, et, en outre, de divers documents, M. B. Sharpe a décrit la faune avienne avec un soin tout particuher Chionis minor, Larus dominianus, Siercorarius antarcticus, Sterna vir- gata, St. vittata, Pelecanoïdes urinatriæ, Daption Capensis, Majaqueus æquinoctialis, Puffinus Kuhli, Thalassoica tenuirostris, Æstrellaia bre- virostris, Æ. Lessoni, Æ. mollis, Procellaria Nereis, Oceanites tropica, 0. oceanica, Prion vittatus, P. desolatus, Halobæna cœrulea, Ossifraga gigantea, Diomedea eæulans, D. melanophrys, D. culminata, D. fuligi- nosa, Phalacrocorax verrucosus, Tachytes aquila, Aptenodytes longiros- tris, Pygoscelis tæniata, Eudyptes chrisolophus, E. saltator. À cette liste, composée à peu près exclusivement d'Oiseaux nageurs et d'espèces se retrouvant pour la plupart à Saint-Paul, il faut ajouter une Sarcelle désignée par M. Sharpe sous le nom de Querquedula Eatoni. Quant aux œufs recueillis dans la même localité, ils appartiennent, selon M. Howard Saunders, à seize des Oiseaux précités. | TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 507 L'expédition anglaise n’a rapporté de Kerguelen aucun Reptile ni Batracien et seulement quatre espèces de Poissons, dont trois étaient déjà connues. Ces dernières sont: Harpagifer bispinis, Chænichthis rhinoceratus et Notothenia coriicops; une Raie voisine du Raja Smithii (R. Eatoni Günther) représente la quatrième espèce. Enfin une autre espèce du même genre, trouvée par le Challenger, le Notothenia cyanobrachia Richardson et le N. antartica Peters, recueillis par les naturalistes allemands de {a Gazelle, complètent les données acquises sur la distribution des Poissons à Kerguelen. Nous avons déjà dit que le climat de cette île était humide ; cette condition, jointe à son étendue (elle mesure dans sa plus grande lon- gueur 130 kilom.) et aux différences d'altitude qui s’y remarquent, était suffisante, d'après M. Eaton, pour que cette terre püût convenir aux Articulés terrestres ; «il a vu beaucoup de petits animaux de la classe des Insectes « grouillant sous les pierres ou se tenant sur les feuilles des Pringles ». Le caractère d’être aptère est, toujours selon M. Eaton, le trait saillant de la faune entomologique kerguelienne, Quoi qu’il en soit, un nombre très-restreint d'espèces compose les collections ; parmi elles nous signalerons sept Coléoptères, deux lar- ves ou chrysalides de Lépidoptères, sept Diptères, un Névroptère, trois Thysanoures, plusieurs parasites des Oiseaux pélagiens qui sont presque tous nouveaux. N'oublions pas de mentionner six types de l’ordre des Diptères, érigés au rang de genres par MM. Eaton et Ver- rall: Amalopteryx , Lymnophrys, Calcopteryx, Apetenus, Anatalania, Halorytus {. Quant à la classe des Arachnides, elle est représentée par un petit nombre d'Acariens et une Aranéide se rapprochant des Tégénaires et des Agélènes. La classe des Myriapodes, existant à Saint-Paul, manque dans les collections rapportées de Kerguelen, ainsi que toute espèce d’Isopodes terrestres. On sait que l'Oniscus asellus Lin. est assez répandu dans les stations explorées par M. Velain. En fait de Mollusques terrestres, une seule espèce d'Helix (H. Hoockeri Reeves) a été récoltée; une seule coquille très-jeune appartenant à une forme intermédiaire entre les Helix et les Zoniles, a aussi été ob- servée dans l'île d'Amsterdam; cette dernière a beaucoup de ressemblance avec les espèces rapportées de Açores par Morelet. Mais, au nombre des Mollusques marins ramassés sur les côtes de Kerguelen, nous devons citer, outre le Terebratula dilatata Lk. ou 1 Un Lépidoptère (Noctuelle) et un Hyméuoptère (Apis inellifica) sont indiqués à l'ile Saint-Paul. 508 REVUE SCIENTIFIQUE. T. Gaudichaudi Blainv., découvert d’abord sur les côtes de la Pata- gonie , Eatoniella kerguelensis, E. caliginosa, E. subrutescens, Sola- nella gigantea, Lisarca subrofusca, Saxicava bisulcata, toutes espèces nouvelles décrites par M. Smith. Peu de renseignements nous sont fournis sur les Bryozoaires ren- contrés sur le littoral de Kerguelen ; plusieurs d'entre eux, apparte- nant à des types déjà connus, sont identiques à des espèces des côtes de l'Amérique du Sud, dela Nouvelle-Zélande, de l'Australie ou du cap de Bonne-Espérance. Parmi lepetit nombre de Crustacés rapportés par l'expédition, nous signalerons deux espèces d'Entomostracés, vivant, l'une dans les lacs d’eau douce (Centropagos brevicaudatus Brady), l’autre dans l’eau sau- matre (Harpacticus fulvus Fischer). Quant aux Vers marins, aux Échinodermes et aux Rayonnés, ils n’offrent rien de particulier à noter. — L'ordre des Lernéides (Ann. Sc. naiur., 6 sér., tom. VIII, n° 5 et 6) estétabli par M. Hesse pour un Crustacé décrit par lui sous les noms générique et spécifique de Stylophorus hippocephalus. Ce Crus- tacé, le plus grand de tous les Lernéopodiens, présente les particula- rités les plus remarquables dans sa manière de vivre et de se fixer sur sa proie. Ses appendices brachiformes le rangent dans cette fa- mille ; mais, entre autres caractères, «au lieu d'être réunis à leur » sommet dune manières permante par un bouton corné, ces ap- » pendices sont, au contraire, libres au besoin, et... ne se réunissent » que facultativement pour maintenir entre les palmes qui les termi- » nent un osselet dont ils peuvent se dessaisir. » L'osselet, muni de deux pointes recourbées, agit évidemment pour contribuer à l’adhé- rence du parasite sur sa proie. M. Hesse a trouvé plusieurs fois, dans les cavités nasales du Raja rostrata, la femelle du Siylophorus hippo- cephalus, mais il n’a jamais pu se procurer un mâle; aussi notre savant collaborateur se demande-t-il si ce Crustacé ne serait pas hermaphro- dite E. DuBruEIL. M. Paul Hallez a soutenu devant la Faculté des Sciences de Paris une thèse de doctorat ès-sciences naturelles, ayant pour titre: Con- tributions à l'histoire naturelle des Turbellariés. (1 vol. in-4ode 213 pag., avec 11 planches. Lille, 1879.) Cet important Mémoire est divisé en trois parties. La première TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 509 traite de l'anatomie et de l'éthologie des Turbellariés; la deuxième concerne l’'embryologie et la troisième est consacrée à la description des espèces nouvelles observées par l’auteur. La première partie débute, suivant l’usage, par une revue histori- que des travaux publiés sur les Turbellariés, après quoi J’auteur expose le résultat de ses recherches sur l'anatomie des animaux de ce groupe. L’épiderme, qui paraît dériver de l’exoderme de la gastrula, est constitué par des cellules à noyau très-apparent, portant en général des cils vibratiles et quelquefois, en outre, des prolongements sétifor- mes plus allongés et rigides. Au-dessous du revêtement épidermique, et non plus profondément, comme on l'a admis à tort, existent des cellules renfermant des corps allongés nommés bâtonnets. Ces formations paraissent avoir la même signification morphologique que les nématocystes, mais leur rôle véritable est encore assez obscur. L'existence de fibres musculaires, longtemps niée, a été mise hors de doute par les recherches modernes. Ces fibres se disposent même en quatre couches assez régulières. C’est dans la couche musculaire que sont placées les cellules dont le protoplasma se différencie en pigment de couleur variable. Au-dessous des couches musculaires et comblant les interstices des divers organes, on trouve un réticulum conjonctif, qu’on a sou- vent désigné sous le nom de parenchyme. On rencontre, associés aux fibres conjonctives, des muscles sagit- tés, des glandes et parfois aussi des matières colorantes dissoutes dans une substance d'apparence graisseuse. Dans les Planaires marines et dans les Turbellariés autres que les Planaires d’eau douce et terrestres, où le résultat des investigations a été négatif, on observe un système nerveux parfaitement diffé- rencié. Les organes des sens consistent en soies tactiles simples ou fasci- culées, en appareils de vision tantôt réduits à de simples amas de pigment, tantôt pourvus de corps réfringents, enfin en otolithes dans quelques espèces. L'appareil digestif est constitué par un sac simple (Rhabdocæles) ou moins ramifié (Dendrocæles), muni d'une ouverture anale dans le seul genre Dinophitus. L'intestin des Rhabdocæles et des Dendrocæles d'eau douce est tapissé à l’intérieur par des cellules à concrétion centrale qui, d’après les observations de M. Hallez, se goufleraient au moment de l’absor- 510 REVUE SCIENTIFIQUE. ption digestive et tomberaient dansla cavité digestive, où elles forme- raient une sorte de deliquium. L'auteur insiste sur la disposition du pharynx, laquelle, à son sens, possède une importance taxonomique plus grande que la ramification ou la simplicité du tube digestif, considérées jusqu à présent comme caractéristiques. Le pharynx présenterait deux types : Le type dolioliforme, qu'on reu- contre chez la grande majorité des Rhabdocæles, et Le type msn qui s'observe dans la presque totalité des Dendrocæles. Il existe chez les Rhabdocæles un système de tubes plus ou moins ramifiés, à parois pourvues de fouets vibratiles, venant s'ouvrir au- dehors : ce sont les vaisseaux aquifères. M. Hallez nie l'existence de ces vaisseaux chez les Dendrocæles, opinion que nous partageons pleinement, au moins en ce qui concerne les Planaires marines. Un chapitre spécial est consacré à une partie qui a fort excité la sagacité des observateurs : nous voulons parler de la trompe. La plu- part des auteurs s'accordent à la considérer comme un organe de tact, maison ne peut douter qu’elle soit aussi employée à la préhen- sion. L'auteur décrit la trompe du Prostomum mamertinum d’après les observations de Graaf et celle du Prostomum lineare d’après les siennes propres. Puis il discute la question controversée de l'homo- logie de la trompe des Turbellariés et de celle des Némertiens. Il admet l'existence de relations homologiques entre cet organe chez les Rhabdocæles et celui qui existe chez un certain nombre de Némer- tiens. De cette discussion, il dégage cette conclusion que le Steno- sitomum leucops doit être regardé comme un Némertien, tandis que le Prorhynchus stagnalis est plus voisin des Rhabdocæles que des Né- mertiens. L'auteur aborde ensuite l'histoire de la reproduction chez les Tur- bellariés. Un certain nombre de ces animaux, occupant les rangs inférieurs du groupe, se reproduisent par fissiparité en même temps que par le concours des sexes. Tous les Turbellariés possèdent des organes générateurs qui pré- sentent même un grand développement et une différenciation poussée tres-loin. Recherchant tout d’abord l'origine des organes reproducteurs, l’au- teur déclare que ses observations personnelles sont favorables à la doctrine de E. Van Beneden, d'après laquelle l'ovaire naîtrait aux dé- pens de l’'endoderme, tandis que le testicule procéderait de l'ecto- derme. TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 511 Chez le plus grand nombre des Turbellariés, les sexes sont réunis; toutefois, d’après M. Hallez, le produit mâle et le produit femelle ar- riveraient à maturité à des époques différentes. À propos de l'hermaphrodisme des Turbellariés, l'auteur déclare qu il ne peut admettre d’homologieentre le testicule et l'ovaire. Les testicules ne sont pas établis sur le même type dans les Rhab- docæles et les Dendrocæles. Dans les premiers, ils consistent en deux cœcums très-allongés, que l'on voit se souder exceptionnellement chez le Prostomum lineare en un tube unique et médian. La face interne de ces tubes produit des cellules-mères contenant un nombre considérable de cellules-filles d'où naissent les spermatozoïdes. M. Hallez fournit des détails sur les organes mâles des Monocelis et des Enterosiomum, qu’il range parmi les Dendrocæles. Dans les Dendrocæles, les testicules sont toujours en grand nom- bre. Dans la plupart des Rhabdocæles, on rencontre des glandes acces- soires, consistant en cellules plus ou moins allongées, pourvues d’un noyau et d’un nucléole, et réunies en grappe par leurs conduits excré- teurs. On observe des glandes semblables dans le voisinage du pénis des Dendrocæles. M. Hallez suppose que le produit de leur sécrétion, qui est versé dans le receptaculum seminis, est destiné à entretenir la vi- talité de l’élément mâle. Dans les Rhabdocæles, les canaux qui servent à évacuer le produit mâle présentent des dilatations où séjournent les spermatozoïdes et qui aboutissent à un organe copulateur de forme variable. M. Hallez s’est appliqué à reconnaître les modes divers de connexion entre ces canaux et les glandes accessoires dont il vient d’être question. Il a constaté que la vésicule séminale et le réservoir des glandes accessoires peuvent être : {° distincts et communiquant ensemble; 2° réunis en une vésicule unique; 3 distincts et sans communica- tion : dans ce dernier cas, les glandes accessoires fonctionnent comme un appareil vénénifique. Dans les Dendrocæles, les testicules disséminés seraient en rapport avec les vésicules séminales par l'intermédiaire de conduits déliés, d’après Moseley et Minot. M. Hallez n’a pu retrouver ces conduits. Dans les Rhabdocæles, il n'existe qu'une paire de glandes femelles. Dans les Dendrocæles, les ovaires sont multiples, comme les testi- cules, et ces masses ovariennes sont disséminées au milieu du tissu conjonctif. A? REVUE SCIENTIFIQUE. L’'œuf est pourvu ou non de Dotterzellen ou éléments deutoplasma- tiques. Comment se forme l'ovule ? Il ne paraît pas provenir d’une condensation de matière protoplas- matique autour de noyaux libres engendrés dans le germigène:; il y a tout lieu d'admettre qu il apparaît d'emblée avec tous ses éléments fon- damentaux. Chez certains Rhabdocæles du genre Mesostomum , il existe deux sortes d'œufs. Les uns, à coque dure et opaque, sont dits œufs d'hiver, ils sont pondus et éclosent au printemps. Les autres, à enveloppe molle et transparente, nommés œufs d'été, éclosent dans l'organe femelle. Après A. Schneider, M. Hallez a reconnu: 1° Que les individus nés des œufs d'hiver produisent d'abord unique- ment des œufs d'été, puis, à la fin de la saison, des œufs d’hiver ; 20 Que les œufs d'hiver résultent d’une fécondation croisée et que les œufs d'été sont fournis par des animaux se fécondant eux-mêmes; 3° Que les individus provenant des œufs d’élé ne donnent que des œufs d'hiver. Il existe des dépendances de l'organe femelle qu'on a coutume de nommer vitellogènes. On en rencontre deux chez les Rhabdocæles, un grand nombre chez les Dendrocæles d'eau douce ; ils manquent chez les Dendrocæles marins. Le rôle de ces vitellogènes a été diversement compris par les zoologistes. Certains veulent y voir simplement une portion différenciée de l'ovaire, opinion à laquelle l’auteur se rallie. : Nous trouvons des renseignements intéressants sur la genèse et l'indépendance des éléments nutritifs de l’œuf ou Dotterzellen, que l’auteur considère comme des œufs avortés. Après s'être occupé des canaux excréteurs, de l’utérus et du receptaculum seminis, il termine la partie anatomique de sa thèse par des considérations sur les Ræshselhaftes où organes de A. Schmidt, qu'il regarde comme des pseudo-spermatophores, c’est-à-dire des spermatozoïdes agglomérés d’une certaine facon. Dans le chapitre intitulé Éthologie, l’auteur, négligeant les détails déjà connus sur la biologie des Turbellariés, s'étend longuement sur les faits de mimétisme, autrement dit de ressemblances protectrices, qu’il a constatées chez les représentants de ce groupe. Plus loin il étudie certains corps cristalloïdes formés de matières albuminoïdes associées à des corps gras, qui se rencontrent, vers la fin de la belle saison, dans le Mesostomum Ehrenbergti. Enfin il nous donne l’'énumération des parasites qu'il a remarqués dans les Planaires d’eau douce. TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 513 La deuxième partie du Mémoire de M. Hallez traite de l’embryo- génie. Il s'occupe d'abord du développement des Planaires marines. Celles-ci possèdent deux formes larvaires. L'une adaptée à la vie pélagique et possédant des appendices natatoires (Planaires à larves de Müller); l’autre dont la forme diffère peu de celle de l'adulte (Pla- naires à larves non pélagiques). L'auteur fait précéder l'exposé de ses recherches personnelles d’une revue historique et critique des travaux publiés sur ces deux formes de larves. Il expose ensuite l'embryogénie d'une espèce à larve sans métamor- phose, le Lepioplana tremellaris (Polyceis lævigatus de Quatr.\. La fécondation précède évidemment la ponte, mais elle a échappé à l'observation directe. Peu après que l’œuf a été pondu, le nucléole disparaît; puis le noyau, qui a perdu de la netteté de son contour, prend ure position excentrique, s'allonge et s'étrangle pour donner naissance à deux asters inégaux, dont le plus petit constituera le globule polaire. Sorti du vitellus, ce globule se subdivise en deux autres qui demeurent sous la coque. Après la sortie du globule polaire, l’œuf est soumis à une sorte de pétrissage lent qui le déforme, puis 1l finit par reprendre son contour sphérique. Son noyau reparaît alors dans toute sa netteté. À ce moment se produit la segmentation suivant le processus ordi- naire, puis la gastrula se forme par épibolie. Entre les deux feuillets, on voit se constituer un mésoderme qui dérive, comme dans la plupart des cas, de l'endoderme. M. Hallez, à propos de l'étude des phénomènes de segmentation, pose certaines règles qui lui paraissent régir le mécanisme de la division cellulaire. Il donne aussi la détermination géométrique des divers plans de segmentation de l'œuf. Nous ne suivrons pas l’auteur dans la description des différents stades de l’œuf, qui rentrent d’ailleurs dans les faits déjà connus; bornons-nous à citer l'apparition d’une cinquième cellule mésoder- mique {on sait que celles-ci sont d’abord au nombre de quatre, déri- vant des quatre cellules endodermiques). La signification de cette cinquième cellule est difficile à saisir, et nous ne sommes pas sûr que l'explication que propose l’auteur soit la bonne. Avant que l’épibolie soit complète et alors que les cellules exoder- miques ne recouvrent encore que le tiers inférieur ou oral de l'em- bryon, on voit ces cellules se recouvrir de cils vibratiles. 514 REVUE SCIENTIFIQUE. Puis l'exoderme, croissant toujours, arrive à envelopper l'endoderme de manière que l'ouverture de la gastrula, qui pourrait bien corres- pondre à la bouche définitive, n'apparaît plus que comme un orifice punctiforme. La paroi intestinale de la larve semble dériver des quatre grosses cellules endodermiques, par voie de bourgeonnement. L'intestin est d’abord rhabdocæle et sans communication avec l'extérieur. Déjà, au moment où le vitellus est segmenté en quatre masses (stade 1v des embryologistes), on aperçoit une cavité de segmentation, mais cette cavité disparaît et l'embryon se présente comme une masse pleine. La cavité générale n’a donc point pour origine la cavité de segmen- tation. Elle est formée probablement par la régression de l'endoderme et la différenciation du feuillet moyen en fibres musculaires de l’enve- loppe générale d'une part et en réticulum conjonctif de l’autre. A cette période, l'embryon présente une symétrie radiaire ; il pos- sède un bourrelet céphalique qui ne tarde pas à disparaître. L'ouverture pharyngienne se constitue par invagination, lintestin devient rameux, les ganglions cérébroïdes se différencient et les points oculiformes apparaissent, d'abord au nombre de deux, puis de quatre. Enfin, la larve sort de la coque de l’œuf et se meut avec agilité. M. Hallez expose ensuite les principaux traits du développement embryogénique de l'Eurylepta auriculata O.-F. Müll, dont la larve est pélagique. Les stades qui précèdent la formation de cette larve ne diffèrent guère de ceux qu'on observe chez le Leptoplana tremellaris; seulement leur succession s’opère avec une bien plus grande rapidité. La lame, qui mesure environ un demi-millimètre de longueur, reste cylindrique et possède des appendices au nombre de deux dans la région céphalique et de six sur le reste du corps. Ces derniers peu- vent être distingués en une paire ventrale, une paire latérale et une autre dorsale. En outre, à l'extrémité antérieure estimplanté un long cil raide et immobile. Il existe aussi trois points oculiformes. M. Hallez a pu observer la genèse des divers organes et des princi- paux tissus ; mais un accident l'a empêché d’être témoin dela trans- formation en adulte. À. la fin du chapitre traitant de l'embryogénie, nous trouvons un examen critique de la comparaison qu'on a cherché à établir entre la larve pélagique des Planaires et le pilidium des Némertiens. L'au- TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. DES teur considère la ressemblance entre ces deux formes comme pure- ment adaptative et dépourvue en réalité de toute valeur morpholo- gique. L'étude embryogénique des Rhabdocæles n'a pas été négligée par M. Hallez, seulement l’opacité de la coque d'une part et l'abondance des Dottersellen d'autre part, rendent cette étude d’une grande diffi- culté. L'auteur, après un examen des travaux publiés sur la matière, entre dans quelques détails relativement au développement des œufs d'hiver des Prosiomum. Il n’y a pas de métamorphose : la larve passe graduellement à la forme de l'adulte. La troisième partie du Mémoire de M. Hallez traite d'abord de la classification. On y trouve la réfutation des arguments qu'on a fait valoir en faveur d’un rapprochement entre les Turbellariés et les Gastéropodes ; c’est évidemment avec les Vers plats que les affinités réelles existent. Après avoir longuement discuté les caractères qui distinguent les Rhabdocæles des Dendrocæles, l’auteur les résume dans le tableau suivant: RHABDOCOELES. DENDROCOELES. Réticulum relativement peu dé- Réticulum oblitérant presque velo ppé. complétement la cavité générale du corps. Pharynx dolioliforme. Pharynx tubuliforme. Un système de vaisseaux äqui- Pas de vaisseaux aquifères. fères. Ovaires et testicules le plus or- Ovaires et testicules en géné- dinairement au nombre de deux. ral nombreux et disséminés au milieu du reticulum. Corps plus ou moins cylindri- Corps plus ou moins aplati. que. Suit un arbre généalogique des Turbellariés. M. Hallez termine sa thèse par une description, accompagnée de nombreux détails zoologiques et anatomiques, d'espèces nouvelles de Turbellariés recueillies à Wismereux et aux environs de Lille. Voici la liste des espèces : RHABDOCOELES. Microsiomum giganteum. — Dinophilus metameroides. — Vortex Grafii. — Prostomum Giardii. 516 REVUE SCIENTIFIQUE. DENDROCOELES. Var. luteum du Vorticeros pulchellum $S. Schm. — Vorticeros Schmi- diii.— Turbella inermis. — Monocelis balani. — Dendrocælum Anga- rense , Syn. de Planaria Angarensis Gerstfeld. Le travail étendu de M. Hallez contient un grand nombre de faits intéressants et nouveaux : il prendra une place honorable parmi les publications modernes d'histoire naturelle. S. JOURDAIN. La Revue a déjà rendu compte des Communications à l’Académie de M. À. Giard, sur un groupe de Versinférieurs , les Orthoncatidas. M. A. Giard (Journal de l’Anat. et de la Physiol., tom. XV, sept.-oct. 1879) vient de publier récemment un Mémoire très-détaillé sur le même sujet; aussi croyons-nous devoir revenir sur cette question. Des formes appartenant à ce groupe avaient à peine été signalées dans des publications antérieures : en 1868, Keferstein rencontra dans le tube digestif d'une Planaire (Leptoplana tremellaris) des orga- nismes singuliers dont il donna un dessin assez vague et qu'il dési- gna sous le nom de Parasite problématique!. Dans sa Monographie des Némertiens d'Angleterre, Mac-Intosh siguale des êtres analogues trouvés par lui dans la peau, la couche pigmentaire et les parois intestinales du Lineus gesseriensis ; 1l donne des dessins et une description assez détaillée de ces êtres, sans se pro- noncer sur leurs affinités. Il dit à ce sujet : «.…. l’état de segmentation caractéristique des individus bien développés et leur structure in- terne semblent indiquer un type plus élevé que les Opalines ordi- naires. » M. Giard observa d’abord dans les Lineus gesseriensis et sanguineus, abondants à Wimereux, les animaux entrevus par Mac-Intosh ; il ne ne put, malgré de nombreuses recherches, retrouver dans le Lepto- plana tremellaris le Parasite problématique de Keferstein. C'est à propos de recherches sur des Échinodermes à embryogénie condensée que M. Giard a découvert les deux formes d’Orihonectida décrites et figurées dans le Mémoire que nous analysons. Ces deux formes, différentes de celles apercues par Keferstein et Mac-Intosh, 1 Keferstein, Beitræge zur Anatomie und. Entwicklungsgeschichte einiger Seeplanarien von Si-Malo. Güttingen, 1868 2? Mac-Intosh; À Monograpk of the British Annelids; part. L. The Nemerteans, 1874. (Ray. Society.) TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE 517 sont Rhopalura ophiocomæ et Intoshia gigas. Elles habitent, ensemble ou séparément, le corps de l'Ophiocoma neglecta; quand on les ren- contre, ce qui est assez rare, elles sont en quantité considérable. Pour les observer, il faut enlever la cupule dorsale de l'Ophiure et dilacérer les organes reproducteurs suspendus de chaque côté des cloisons interradiales. On voit alors s’agiter dans l'eau du porte- objet des animalcules d'aspect porcellanique, cylindriques ou ra- massés, ressemblant à de gros Infusoires ciliés. Ces êtres sont animés dun mouvement rapide de translation en ligne droite (d’où leur nom) et se présentent toujours sous la forme de planula. On dis- tingue un exoderme à éléments ciliés et un entoderme formé de grosses cellules granuleuses limitant une cavité centrale sans bou- che ni anus. RHoPaLuRA OPHI0cOMÆ (Giard). — Cette espèce est divisée en six segments d'inégale grandeur et présente l'aspect d'un fuseau plus ou moins renflé. « Le premier anneau se termine en cône émoussé à sa partie an- térieure, qui porte un bouquet de cils raides. Il est suivi par un an- neau cylindrique de même longueur, dont toute la surface est héris- sée de papilles qui paraissent disposées suivant quatre ou cinq rangées transverses et le long de huit à dix lignes longitudinales ; cet anneau est la seule partie du corps qui ne présente pas de cils vibra- tiles. ni » Le troisième anneau est plus grand à lui seul que les deux pre- miers réunis; il va en s'élargissant légèrement vers son extrémité postérieure. » La quatrième métamère est de même dimension que l'anneau papillifère ; il est suivi par un anneau terminal garni de cils plus longs formant pinceau à son extrémité postérieure; ce dernier an- neau est conique et subdivisé en deux métamères moins nets que les précédents. « Les derniers anneaux forment une sorte de massue avec laquelle l'animal fouette l'eau indépendamment du mouvement des cils, par des coups brusques, qu'on est immédiatement tenté d'attribuer à la contraction d'éléments musculaires. » Il y a des individus qui sont moins allongés que la forme précé- dente; ils sont plus ventrus et représentent l’état jeune de la forme allongée. La partie renflée du sac endodermique présente des bandes muscu- laires parallèles, rappelant l'aspect de la couche musculaire endoder- 2e sér , tom. 1. 39 518 REVUE SCIENTIFIQUE. mique de plusieurs Nématoïdes. M. Giard ne croit pas que ces ban- des soient constituées par des cellules endodermiques devenues mus- culaires ; il pense qu'elles sont formées par une partie de ces cellules jouant ainsi un double rôle physiologique. Ge serait l’analogue des cellules épithélio--musculaires décrites par Korotneff chez les Po- lypes Hydraires. Tandis que ceux-ci posséderaient un pseudo-méso- derme somato-pleural, les Orthonectida auraient un pseudo-mésoderme splancho-pleural. Ixrosaia &iGas (Giard). — Cette espèce est plus grande que le Rhopalura Ophiocomæ ; elle ne présente pas d'anneau papillifère. Le corps est d’une largeur régulière et les deux extrémités sont émous- sées. Les métamères sont moins distincts que dans l'espèce précé- dente ; ils paraissent être au nombre de neuf. « Après l'anneau céphalique et un anneau cervical correspondant à l'anneau papillifère, viennent trois métamères de grandeur décrois- sante...On trouve ensuite un anneau beaucoup plus grand qui sem- ble parfois se subdiviser en trois, puis deux métamères très-petites, etenfin la partie terminale. » «La dimension variable de ces métamères n'est plus liée, comme chez le Rhopalura, à la grandeur des cellules qui les composent. » « Chaque métamère est, en effet, formée de plusieurs rangées de cellules, les cellules de toutes les rangées étant régulièrement placées les unes au-dessous des autres dans le sens longitudinal. C'est à cette disposition que sont dues les stries longitudinales apercues par Mac- Intosh, et qui avaient conduit ce naturaliste à rapprocher des Opa- lina le parasite du Lineus. » « Les cellules endodermiques de l’Intoshia gigas sont donc beaucoup plus petites et beaucoup plus nombreuses que celles du Rhopalura. Toutes ces cellules, sans exception, sont longuement ciliées. La tête porte, comme chez le Rhopalura, un bouquet de cils raides dirigés en avant. Ge caractère est d'ailleurs commun à toutes les espèces connues d'Orthonectida ». Le sac endodermique est ovoïde et possède des cellules polygonales à la surface, et des cellules arrondies dans sa face interne. M. Giard n’a pu apercevoir de bandelettes musculoïdes analogues à celles des Rhopalura, mais il pense qu’elles existent, réduites dans leur dimen- sion, et par cela mème difficiles à mettre en évidence. M. Giard a observé chez les Orihonectida une reproduction asexuelle par bourgeonnement et une reproduction ovipare (sexuelle?). Dans la reproduction gemmipare, les cellules de l'endoderme se TRAVAUX FRANCAIS. —— ZO0OLOGIE. 519 multiplient et forment une masse sphérique qui rompt l’endoderme, abandonne celui-ci, et devient un véritable sporocyste. Dans l'inté- rieur du sporocyste se développent des bourgeons primaires (dont la nature cellulaire est difficile à mettre en évidence) qui peuvent à leur tour produire des bourgeons secondaires. Quand les bourgeons ont acquis leur développement, ils paraissent constitués par une couche unique de cellules qui se dédouble plus tard par délamination. On arrive ainsi à une sorte de Planula qui prendra peu à peu les caractères de l'individu adulte. Il semble donc que les cellules endodermiques produisent seules les embryons gemmipares. M. Giard fait observer à cet endroit «que l’anneau papillifère du Rhopalura ou celui qui le remplace chez les Intoshia présente une grande obscurité, et qu'il est possible qu'en ce point certaines cellules endodermiques pénètrent à l'intérieur du sac endodermique. » La reproduction gemmipare est très-active dans les sporocystes et ceux-ci sont fort nombreux dans un Ophiure infesté. À côté de ce procédé rapide de reproduction, M. Giard décrit une reproduction ovipare ; les éléments mâles n’ont pas été observés, à moins qu’on ne considère comme des spermatozoïdes des « corpuscu- les agiles sortis des côtés du corps (Rhopalura) entre la troisième et la quatrième métamère ! ». Les œufs n'ont pas été vus non plus dans leur état primitif ; M. Giard a seulement observé, dans les Ophiures infestées, un grand nombre de masses cellulaires qu'il considère comme des œufs à di- vers stades de segmentation. Chez le Rhopalura, M. Giard n a pu observer qu'un petit nombre de stades embryonnaires ; la segmentation lui a paru irrégulière et la planula semble se constituer par épibolie. La segmentation des cellules de la masse framboisée est précédée du phénomène des asters. Chez les Intoshia gigas, M. Giard a pu suivre un plus grand nombre de stades embryonnaires et constater que l'œuf forme d’abord une blastula parfaitement régulière ; les cellules de la blastula sont très- allongées dans le sens radial. La planula se forme par délamination. Bientôt l'embryon s’allonge, l'exoderme se couvre de cils vibratiles, les métamères se dessinent, et l'on arrive à la forme adulte. SYSTÉMATIQUE.— M. Giard caractérise comme suit les Orthonectida : « Animaux métazoaires gardant pendant toute leur existence la forme 1 Giard ; loc. cit. pag. 456. 520 REVUE SCIENTIFIQUE. planula : à exoderme cilié (cils raides en touffe à la partie céphalique antérieure, cils vibratiles sur les autres parties du corps) ; présentant des métamères qui ne correspondent à aucune division intérieure ; à endoderme sacciforme, donnant naissance à un pseudo-mésoderme splanchno-pleural. Keproduction double : 1° gemmipare à l'inté- rieur de sporocystes constitués par le développement de l'endoderme ; 2° ovipare, s’accomplissant à l'aide de produits mâles et femelles for- més probablement chez des individus différents. « La classe comprend jusqu'à présent deux genres : »[. Rhopalura, caractérisé par un anneau papillifère, un exoderme formé de cellules en nombre déterminé, un endoderme nettement musculaire. » Espèce unique : Rhopalura Ophiocomæ (Giard). » IL. Intoshia, sans anneau papillifère, à exoderme formé de cellu- les petites très-nombreuses ». Trois espèces : Intoshia gigas (Giard). Intoshia Linei (Giard). Esp. aperçue par Mac-[ntosh. Intoshia Lepioplanæ (Giard). Esp. apercue par Keferstein. À cause de la métamérisation du corps, M. Giard place les Ortho- nectida à la base du phylum des Vers. fl les fait inférieurs aux Di- chemida, ceux-ci ayant conservé dans leur état de parasitisme des organes (bâtonnets du Dicyemida de la Seiche et wrna des embryons) qui sont la trace d'une organisation autrefois très-élevée. Des remarques d'un ordre élevé font suite au Mémoire si intéres- santde M. Giard. Les plus importants ont trait à la gastrula par inva- gination, qu il considère comme le prototype des métazoaires, malgré l’appui que l’évolution des Orthonectida semble apporter aux théories de Ray Lankester et Metschnikoff. D’autres tendent à démontrer qu'une métamérisation absolument exodermique, analogue à celle décrite chez les Orthonectida, a dù exister dans le début pourle groupe des Annélides. H. Rouzaup. Dans un Mémoire sur la morphologie et sur la position systéma- tique des Éponges, reproduit par la Rev. internat. des Scienc. (15 décem- bre 1879) du Quaterly micr. Journ., M. Balfour signale la difii- culté résultant de ce que ce sont les cellules ciliées et non des cel- lules granuleuses qui s invaginent. « Ges cellules granuleuses repré- sentent des individus nourrisseurs de la colonie; c'est elles qui devraient former la face interne de la cavité gastrulaire, d’après les TRAVAUX FRANCAIS. — ZO0O0LOGIE. Hal vues généralement admises relatives à la morphologie des Éponges.» C'est sur une vue nouvelle relative à la nature et aux fonctions des feuillets germinatifs chez l’Eponge adulte que repose, pour la solution de cette difficulté, l'hypothèse suivante, émise par l'auteur du Mé- moire. « Lorsque l’ancêtre libre et nageant de l'Eponge vint à se fixer, les cellules ciliées par lesquelles ie mouvement était produit se trouvèrent en grande partie dépourvues de fonction. En même temps, les cellules nutritives amiboïdes s'étalèrent pour former une surface aussi large que possible. On peut peut-être trouver dans ces deux cir- constances une explication suffisante de linvagination des cellules cihées et de la croissance par-dessus elles des cellules amiboïdes. Quoi- que la respiration fût sans doute aussi effectuée par les cellules ciliées, il n'est pas probablequ'elle fût totalement localisée dans ces cellules ; mais la fonction fut conservée par suite de la formation d'un oscule et des pores. Les cellules ciliées et pourvues d'une collerette qui tapis- sent les chambres ciliées, ou dans quelques cas les tubes radiés, déri- vent sans aucun doute des cellules invaginées..…..; les cellules à col- lerette des Eponges adultes doivent être destinées beaucoup plus à la respiration qu à la nutrition, tandis que les cellules épithéliales nor- males qui couvrent la surface de l'Eponge et qui dans la majeure par- tie des cas tapissent les tubes qui traversent l'Eponge, doivent étre surtout destinées à la nutrition. Si c'est le contraire qui est vrai, la théorie tout entière tombe. Il n'a pas encore été nettement établi, à la connaissance de M. Balfour, «dans quel point ladigestion s'effectue. Lieberkühn paraît admettre que les cellules amiboïdes qui tapissent les passages out pour principale fonction la digestion, tandis que Carter estime que la digestion est effectuée par les cellules à collerette des chambres vibratiles. » — Selon M. Héron-Royer (Bull. Soc. zool. de France, 15 novein- bre 1878), les œufs de nos Batraciens anoures n'arrivent à bien que daus les conditions nécessaires à leur développement ; ce développe- ment dans des caves obscures n’est dû qu'aux conditions normales qui ont précédé les expériences; «l'évolution ne peut commencer sans avoir reçu préalablement quelques rayons lumineux. » —M. G. À. Boulenger (Bull. Soc. x0ol. de France, 20 décembre 1873) propose « de former de toutes les espèces de Salamandrides mécodon- tes à queue comprimée, dont la langue n'est libre que sur les côtés ou plus ou moins en arrière, et dont le æ est dépourvu de crêtes dor- sales, un seul genre, friturus Rafinesque, qui se diviserait en sous- UT REVUE SCIENTIFIQUE. genres, comme suit: Î. Triturus Rafin. Pas de pli gulaire. & por- teur, à l'époque des amours, de brosses copulatrices aux membres pos- térieurs. Orifice anal longitudinal chez la ©, arrondi et à bords fran- gés chez le S' en amour... Espèce typique: Triturus viridescens Raf.— 2. Euproctus Gené. Pas de pli gulaire. Pas de brosses copulatrices chez le . Anus de la @ conique, à orifice circulaire. Espèce typique : Molge platicephala Otto.— 3. Pleurodeles Michahelles. Un pli gulaire. porteur, à l'époque des amours, de brosses copulatrices aux membres antérieurs. Orifice anal longitudinal chez les deux sexes. Espèce typi- ques : Pleurodes Waltlii Michah.—4. Tylototriton Anderson. Un pli gu- laire. Tête entourée d'une arête osseuse très-saillante (Rien n’a été publié relativement à la génération de l'espèce unique de ce sous- genre. Cependant sa grande analogie avec Pleurodeles permet de sup- poser qu'elle se rapproche de ce dernier sous ce rapport). Espèce typique : Tylototriton verrucosus And., de Chine. » — Chezle Tropidosaura Algira Fitz (Bull. Soc. zool. de France, 20 décembre 1878), espèce de Saurien paraissant habiter non-seulement les côtes d'Afrique baignées par la Méditerranée, mais encore les con- trées méditerranéennes de l'Europe, la particularité la plas intéressante que nous signale M. V. Collin de Plancy, est la voix dontil est doué. Les sons produits par cet animal sont beaucoup plus forts que ceux du Psammodromus ; ces sons, qui ressemblent à une sorte de sifflement, se font entendre toutes les fois que le Tropidosaure est tourmenté, qu ilse voit poursuivi, etqu il se met surla défensive.» — Nous reproduisons, en partie, le sommaire d'un Mémoire de M. F. Lataste sur ses tentatives d'hybridation chez les Batraciens anoures et urodèles (Bull. Soc. zool. de France, 6 décembre 1878). « Les Tritons femelles, deux jours après avoir été séparés des mâles, pondent encore des œufs fertiles, mais ils ne conservent leur fécon- dité, dans ces conditions, que fort peu de temps après ce délai. — Le Triton crêté (peut-être aussi le marbré) peut sans inconvénient rester à l'eau après la métamorphose. — Les œufs pondus par des femelles depuis deux jours au moins éloignées du mâle donnent presque exclu- sivement naissance àdes femelles.—L’aptitude des Batraciens anoures mâles à la reproduction subsiste fort longtemps quand ils sont empê- chés d’en faire usage. — Les femelles des Batraciens anoures ne pon- dent pas en captivité, ou pondent des œufs stériles. — Elles peuvent, sans le secours des mâles, émettre les œufs déjà descendus de l'o- vaire. — Les œufs retenus dans les utérus et les oviductes s'y altèrent TRAVAUX FRANCAIS. —- BOTANIQUE. 523 rapidement. — L'absence de direction dans le développement ou l’in- subordination à la loi morphologique héréditaire paraît être le carac- tère saillant des œufs hybridés et des tétards qui en proviennent.» E. DuBruEIL. à Botanique. En 1845, M. Trécul, dans un travail sur la structure et le déve- loppement du Nuphar luteum Smith (Nymphæa lutea L.), «a décrit et figuré les poils qui tapissent l'épiderme de la face intérieure de la feuille et du pétiole de ce végétal, Ce savant a le premier constaté que ces poils se désarticulent au-dessus de la cellule basilaire et que cette dernière persiste pendant toute la durée de la vie de la plante en participant à son accroissement ». M. Ed. Heckel (Compt. rend. Acad., 3 novembre 1879) a poursuivi l'étude de ces formations dans toute une série de la famille des Nymphéacées ; il a retrouvé ces mêmes productions exodermiques sous la forme d’une cellule unique dans le Nymphæa odorata Aiït., N. scutifolia DC., N. ampla DC. et N. alba L.; «plantes chez lesquelles ces formations existent dans toutes les parties, soit foliaires, soit florales. Ces organes, passés à l’état glandulaire, peut-être par adaptation de la plante à la vie aqua- tique, proviennent probablement d'un soulèvement de l’épiderme et ont été destinés dans le principe à donner naissance à un poil, ce qui conduirait à admettre que le « genre VNymphæa a eu dans le temps une existence terrestre ». Dans le Nuphar luteum Smith et N. pumilum DC., un rôle d’'ab- sorption, et peut-être d'excrétion, paraît être rempli par les cellules basilaires succédant aux poils, « lesquels existent seuls dans les par- ties jeunes de la plante ». Enfin, le genre Euryale se trouverait dans des conditions semblables à celles du genre Nuphar, car « dans l'Euryale ferox Salisb., dont les feuilles sont épineuses sur les deux faces et dont le calice porte les mêmes aspérités sur sa face externe seulement », M. Heckel a constaté la présence « dans l'intervalle des épines, en tres-grand nombre, des poils multicellulaires cadues et de glandes (glandes pileuses) très-développées ». La même disposi- tion nous est aussi signalée sur la partie verte extérieure du calice, à la face interne de cet organe {elle est colorée en violet et sans épines}, sur les deux faces des pétales, des étamines; enfin, ces glandes, et rien que ces glandes, se remarquent sur le stigmate. — Ses recherches (Compt. rend. Acad., 10 novembre 1872) sur l’or- 524 REVUE SCIENTIFIQUE. ganisation et sur la forme cellulaires dans certains genres de Mous- ses permettent à M. Ed. Heckel d'établir une relation de plus entre les Gymnospermes et les Cryptogames. — Pour M. Guinier {Compt. rend. Acad., 3 novembre 1879), dans une Communication sur l'accroissement des tiges des arbres dicotylédones et sur la sève descendante, ce n’est pas seulement de la quantité de matière nutritive élaborée dans les feuilles et de la progression plus ou moins rapide de cette matière dans les tissus en voie d'accroisse- ment, mais aussi de la constitution de la zone génératrice, que dépend la formation de la couche ligneuse annuelle. {serait peut-être temps de renoncer à la théorie de la séve descendante, car, outre que cette théorie ne peut servir à expliquer tous les phénomènes d’accroisse- ment, elle consacre une expression inexacte, puisqu'il n y a pas de courant véritable en sens inverse de la séve ascendante, « mais seu- lement des migrations, à travers les tissus, des sucs nutritifs que les parties en voie d'accroissement fixent dans une proportion varia- ble. M. Guinier a pu se convaincre, par un examen des renflements produits fréquemment aux points d'insertion des branches sur les tiges, que «souvent des nœuds se forment, à l'inverse de ce qu'on observe le plus ordinairement, au-dessous de l'obstacle qui est censé s’opposer à la progression de la séve descendante ». — La chlorophylle (Compt. rend. Acad., 8 décembre 1879) ne con- stitue pas à elle seule un organe ; ce principe immédiat « n’existe jamais seul dans les végétaux ; il est toujours associé au protoplasma qui l’a sécrété et qui peut former, dans les cellules, le plus souvent de petits corps arrondis ou lenticulaires, les grains de chlorophylle. Quelquefois on trouve le plasma vert remplissant tout à fait de jeu- nes cellules ; d’autres fois, quand celles-ci se sont agrandies, il esten une couche plus ou moins étendue, que l’on peut voir se diviser en parcelles, d’abord accusées par des proéminences, qui deviennent autant de grains dechlorophylle. Chaque grain, composé du proto- plasme et de lachorophylle qu'il a sécrétée, doit être considérécomme un organe particulier vivant, ou un organite, si l’on veut ». Cet or- gane se comporte comme une petite cellule dont, dans certains cas, il est possible d'apercevoir la membrane délimitante. Telle est en par- tie la réponse formulée par M. A. Trécul aux questions de M. Che- vreuil relatives à la chlorophylle. — L'examen (Compt. rend. Acad., 15 décembre 1879) de nombreux exemplaires d'Aloues marines désignées sous le nom de Bryopsis, a TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 525 prouvé à M. Max. Cornu que les Bryopsis orangés ne sont pas des plantules occupées par des parasites. «Les corps agiles orangés, dont la longueur est moitié moindre que celle des autres, n’ont pas germé; mais une altérabilité semblable se montre chez les zoospores vertes, particularité rare parmi les Algues marines. Les rares germinations qui s'effectuent ont lieu par la formation de sphérules à double con- tour signalées par Thuret.» M. Cornu, même en attendant le repos des zoospores vertes, n'a remarqué aucune conjugaison entre les deux sortes de corps agiles ; il s'est assuré qu’il n'y a pas d'organes femelles en forme d'oogone, et que dans les filaments végétatifs ou reproducteurs « s’isolent çà et là irrégulièrement des articles courts dont le rôle peut être celui de spores asexuées». — Un certain nombre (Compt. rend. Acad., 22 décembre 1879) de caractères communs se retrouvent dans la structure du bois et de l’é- corce des diverses espèces de Strchynos. Ainsi M. G. Planchon a re- marqué dans les écorces, au-dessous d'une première zone de tissu subéreux, une zone parenchymateuse à cellules contenant de nom- breux cristaux et remplis d'une matière rougeâtre, puis une zone à cellules pierreuses ; enfin, une zone libérienne à éléments principaux bordés de nombreuses cellules à cristaux. Le bois est caractérisé par l'existence de lacunes au milieu des couches ligneuses. Ces lacunes, provenant de la destruction de tous les tissus, sont uniquement li- mitées par les débris de ces tissus, et le plus souvent elles restent vides ; quelquefois elles renferment une substance résinoïde qui les a fait décrire comme de longues fibres entremêlées au bois. — L'étude (Compt. rend. Acad., 29 décembre 1879) de certaines des préparations végétales exécutées par M. B. Renault dans les silex du terrain houiller de Saint-Étienne, a pronvé à M. Ph. Van Tieghem que, dans les marécages de l’époque carbonifère, la dissolution quon constate dans nos marais actuels était causée par le Bacillus Amylo- bacter dans les mêmes régions des tissus des mêmes plantes. —« On sait (Bull. Soc. Bot. de France, 10 janvier 1879) que les fais- ceaux libéro-ligneux primaires de la tige s'incurvent aux nœuds pour entrer dans les feuilles en traversant l’écorce. On sait aussi que, chez les Gymnospermes et la plupart des Dicotylédones, la portion infé- rieure de chacun de ces faisceaux comprise dans le cylindre central de la tige s'accroît bientôt en épaisseur par le moyen d'une assise génératrice intercalée au liber et au bois, et qui produit, en dehors, contre le liber primaire, du liber secondaire.» Mais on ne semble pas 526 REVUE SCIENTIFIQUE. s'être occupé du point de savoir si cette assise génératrice se prolonge dans ia portion supérieure du faisceau qui traverse l’écorce et pénètre dans la feuille, ou bien si elle cesse brusquement à la limite du cylindre central. M. Ph. Van Tieghem a réuni, depuis longtemps déjà, des preuves qui lui font adopter la première de ces deux solu- tions. La Note du savant botaniste porte uniquement sur les Gymno- spermes et les Dicotylédones, où la tige ne s’épaissit pas, ou n'épaissit que très-peu ces faisceaux, car naturellement il ne saurait être ques- tion ici des autres végétaux. D'ailleurs il est facile de comprendre le rôle de pareilles formations, et notamment du bois secondaire. « [à où elles se développent, il arrive qu'une fois les faisceaux primaires totalement différenciés, la feuille grandit encore. Alors c'est le bois secondaire qui, par ses fibres, vient renforcer le pétiole et lui permettre de soutenir la feuille deve- nue plus pesante; qui, par ses vaisseaux, vient augmenter la capacité de transport du pétiole et lui permettre d'alimenter la transpiration plus abondante de la feuille, devenue plus large. » — En annonçant, le 18 mars 1850, à l'Académie de Berlin, que la cellulose fermente, Mitscherlich ajoutait qu'il se pouvait que les Vibrions contenus dans le liquide actif « soient, ici aussi, l'agent du phénomène ». Pour M. Van Tieghem (Bull. Soc. Bot. de France, 24 janvier 1879), confirmant l'opinion de Mitscherlich, ces corpuscules amylifères ne sont autre chose que le Bacillus Amylobacter, Bacille anaérobie qui jouit de la propriété de dissoudre la cellulose et de la faire fermenter avec dégagement de gaz, et qui est le ferment figuré de la cellulose. Ce Bacillus, percant cà et là la membrane d'une cel- lule, va terminer son développement dans sa cavité. Mais il n’attaque pas indifféremment toutes les membranes des cellules végétales, sauf toutefois à l'état d'embryon. M. Van Tieghem a constaté, à l’aide d'une méthode qu il fait con- naître, que « ce qui résiste, c'est d'abord toute membrane où, par le progrès de l’âge, la cellulose s'est transformée ou incrustée, cuticulée, par exemple {cuticule)}, ou subérifiée (liége, périderme, endoderme), ou lignifiée (fibres et vaisseaux du bois, cellules scléreuses), ou miné- ralisée (cellules à membrane siliceuse ou calcaire)». Résistent aussi à plusieurs tissus où la cellulose s’est pourtant conservée pure [fibres du liber, laucifères, moelle des tiges à partir d'un certain âge). Outre l'embryon, l’albumen et les jeunes extrémités des tiges et des racines, ne peuvent, au contraire, résister: le parenchyme séveux de l'écorce, de la moelle jeune, des feuilles, des fleurs et des fruits, les divers élé- TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. C7 ments du bois mou, du liber et du cambium , le parenchyme de réserve des tuberculés, rhizomes et bulbes. Mais cette énumération, vraie pour les Phanérogames aériennes, cesse de l'être pour les Pha- nérogames aquatiques submergées : dans celles-ci, en effet, « la cel- lulose de tous les éléments de la tige et des feuilles résiste aux Amy- lobacter. » Le même fait se remarque, parmi les Cryptogames, chez les Characées et les Algues, et notamment, parmi ces dernières, chez l’Amylobacter ; chez les Champignons, excepté dans les tissus de réserve des sclérotes, la cellulose reste aussi le plus souvent inal- térée, de même que chez les Mousses, les Sphaignes, les Hépatiques et les Lycopodes ; une résistance semblable s'observe encore dans les feuilles des Fougères, mais cette résistance ne s'étend pas à leur rhi- zome, non plus qu'à la tige des Prêles. Parmi les conséquences qui découlent de ce travail et qu'énumère M. Van Tieghem, il en est une relative aux chances inégales de fossi- lisation dans l'eau que présentent les diverses plantes suivant leur nature : ces chances seront d'autant plus grandes, toutes choses égales d’ailleurs, « que la cellulose résiste mieux à l'Amylobacter et que l’eau est moins propre à son développement ». Quant à l’action de ce Bacille, elle se réduit à dénuder le corps de la cellule, et ne porte ni sur la forme ni sur sa structure, action qui se produit sans l’intermédiaire d'une diastase et par le contact direct de l’'Amylobacter avec la cellulose. — Poursuivantses observations (Bull. Soc. Bot.de France, 14 février 1879) sur les Bacillus, M. Ph. Van Tieghem considère les prolonge- ments indiqués par lui chez ce genre et par divers auteurs chez les autres genres de Bactéries, « non comme des cils vibratiles de nature protoplasmique et doués d’une motilité propre, mais comme des appendices gélatineux de nature ternaire, entièrement passifs dans le mouvement. Ils sont des dépendances, non du corps protoplasmi- que de la cellule, mais de sa membrane, dont ils continuent la gaîne gélatineuse. » La relation de cause à effet existe toujours ; toutefois, dans ce cas, l’appendice n'est pas la cause, mais l'effet du mouve- ment qui précède sa formation et qui la détermine. « Aussi, cet effet n'étant pas nécessaire, l’appendice peut manquer. » Nous n'avons pas besoin de faire remarquer l'intérêt qui s'attache à ces observa- tions au point de vue de la classification de la famille des Bactéries dans le système naturel. —Une autre Communication de M. Van Tieghem (Bull. Soc. Bot. de 528 REVUE SCIENTIFIQUE. France, 28 février 1879) a pour objet un Spirille nouveau se dévelop- pant dans la gomme de sucrerie, à côté du Bacillus Amylobacter et dans les mêmes conditions de nutrition ; comme ce dernier, il peut vivre sans oxygène libre, et, comme lui, il devient alors un ferment énergique. Tandis que les spores de Bactéries n'avaient été observées jus- qu'ici que dans le type cylindrique et dans le seul genre Bacillus, M. Van Tieghema pu découvriret étudier, comme il les avait précédem- ment décrites dans le genre Leuconostoc du type rond, les spores dans ce nouveau Spirillum, désigné par le nom de $S. amyliferum; ce nom spécifique indique assez, pour que nous n insistions pas sur ce point, que ce genre, ainsi que quelques autres de la même famille, possède la propriété, qui n'est pas exclusive au Bacillus Amylobacter, de « se constituer une réserve amylacée pendant la période qui précède la formation de spores, pour la dépenser plus tard pendant et après cette formation. » | Un autre intérêt s'attache à la découverte des spores dans ce Spi- rillum : c'est qu'elle rend très-probable leur existence dans le Spiro- chœte : elle permettrait ainsi de se rendre compte de la particularité des phénomènes dans la fièvre récurrente, toujours corrélative, ainsi que l’a démontré Obermeier en 1873, d’un Spirochæœte nommé par Cohn Spirochœte Obermeieri ; « il pullule dans le sang pendant les accès et ne s’y montre pas du tout dans les intervalles. Or, admettons que ce Spirochæte ait des spores comme notre Spirilum amyliferum. Introduite d’abord dans le sang, la plante y pullule et l'épuise, ce qui dure de six à sept jours: c'est le premier accès. Après quoi, elle fait ses spores et disparaît : il y a rémission. Pendant ce temps, le sang répare ses pertes, et après huit jours, durée de la première rémission, il se retrouve sensiblement dans les conditions initiales. Les spores y germent alors, la plante y pullule de nouveau et l'épuise encore, mais plus vite que la première fois : c’est le second accès, qui ne dure que cinq jours. Puis elle fait de nouveau ses spores et disparaît : c'est la seconde rémission, pendant laquelle le sang exigera, pour se réparer, plus de temps que la première fois, et qui dure en effet neuf jours. » Enfin, nous devons dire que, conformément à ses prévisions, l'exis- tence des spores (Bull. Soc. Bot. de France, 28 mars 1879) a été con- statée par M. Van Tieghem chez un Spirochæœtle obtenu dans des hiquides où 1l avait mis à putrifier divers Mollusques. — L'Hypocrea alutacea, espèce très-rare en France, est signalé par TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 529 M. Max. Cornu (Bull. Soc. Bot. de France, 24 janvier 1879) non loin du fort de Joux, dans les environs de Pontarlier. Décrivant et figu- rant ce végétal, M. Tulasne admet que ce n’est pas au Champignon lui-même, mais en grande partie au substratum sur lequel il se déve- loppe qu'est dû le stroma. « [l pense en effet que le Clavaria Ligula Schæff. est envahi par un Champignon qui le déforme notablement, comme cela a lieu pour le Lactarius deliciosus, quoique à un moindre degré, et qu'ilse couvre aussi d’une fructification ascophore qui lui estétrangère. » Sans pouvoir se prononcer sur la question du parasi- tisme ou du non-parasitisme de cette plante, il paraît démontré à M. Cornu qu’on ne saurait la regarder comme développée aux dépens du Clavaria Ligula. — Les tubercules (Bull. Soc. Bot. de France, 14 mars 1879) qui couvrent les racines des Légumineuses ne doivent pas être considé- rés, selon M. Prilleux, comme une radicelle tubérifiée, mais comme « une sorte de tumeur, une excroissance maladive des tissus profonds de la racine ». Il semble naturel d'admettre, comme résultat de nombreuses recherches microscopiques auxquelles s'est livré ce botaniste, que c'est à un organisme étranger au tissu de la plante qu appartiennent les revêtements muqueux des cellules spéciales de la masse du paren- chyme situé en dedans de la zone amylifère, aussi bien que les cor- dons et les renflements en forme de tête. Cet organisme est un para- site « qui pénètre de l'extérieur dans la racine, s’y étend, s'y déve- veloppe et produit une altération spéciale qui a pour effet la formation de cette sorte de galle qui est le tubercule». Le mode de propagation du parasite et le rôle qu’il convient d'attribuer, soit aux corps nucléi- formes, soit aux corpuscules bactériformes, que Woronine regarde à tort comme des Bactéries, fourniront à M. Prillieux le sujet d’un prochain travail. — La monstruosité du Linaria Elatine (Bull. Soc. Bot., 14 mars 1879) décrite par M. L. Marchand consiste en ce que, au lieu dese compo- ser de folioles sagittées alternes et plus ou moins divisées, le système végétatif se compose de pièces ovales aiguës, tantôt opposées, tantôt verticillées, pétiolées ou non munies de pétiole. De petites corolles plus ou moins déformées, décolorées, souvent virescentes, sont mé- langées à ces touffes de folioles ; elles sont « traversées par des tiges et des ramules qui donnent eux-mêmes des folioles, puis encore des corolles et des fleurs anormales de toute sorte.» — M. Mar- 530 REVUE SCIENTIFIQUE. chand nous dit qu'en observant cette monstruosité, il ne pouvait s'empêcher de rapprocher certains des états qu'il voyait de certains autres qu'il a figurés autrefois dans l'Anagallis arvensis (Adansonia, IV, pag. 159), et fait ressortir « comment deux familles aussi éloignées et aussi différentes que le sont les Primulacées et les Scrofularinées, peuvent, sous l'influence des agents extérieurs, sans doute, être telle- ment dérangées dans l'harmonie de leurs formations, qu ‘elles os nent presque complétement identiques. » — Dans une réponse (Bull. Soc. Bot., 28 mars 1879) à MM. Boulay et Lefevre sur l’espèce dans le genre Rubus, M. Malbranche étudie la valeur des caractères qui séparent du Rubus rusticanus Merc., type qui lui paraît très-bien caractérisé, une quarantaine d'espèces que l'on a créées à ses dépens. — D'après M. G. Bonnier (Bull. Soc. Bot. de France, 28 mars 1879), c’est sur la face inférieure que se montrent chez l'Helleborus fœtidus L. les quatre sacs polliniques de la feuille staminale. — Les observations de M. Ed. Prilleux (Ann. Sc. natur., Bot, 6° sé- rie, tom. VIII, n°3 et 4, 1878) ont porté sur la coloration et le mode d’altération des grains de Blé roses. Ce phénomène est dû à des Bac- téries appartenant très-probablement au genre Micrococcus de Cohn, qui, pénétrant dans les grains et s'y multipliant, en corrodent les tissus. Les éléments constitutifs du grain, d'abord l’amidon, puis les matières protéiques, enfin la cellulosedes parois cellulaires, sont ron- gés par le Micrococcus. Mais cette action est produite tout autrement que par la diastase : tandis que « l'attaque du grain par le ferment se manifeste par l'apparition des feuillets concentriques et par la forma- tion de fissures et de canalicules qui s'étendent à partir du centre à travers la masse du grain, » l'attaque du grain par les Bactéries se produit par une diminution de taille progressive sans aucune appari- tion de fissures et de canalicules et sans division en fragments irrégu- liers; les grains se réduisent par une corrosion extérieure s accusant plus particulièrement « sur les bords des gros grains lenticulaires par les contours qui deviennent sinueux, et aussi par l'apparition de lignes concentriques dans les points plus profondément corrodés où plu- sieurs couches du grain se trouvent entamées ». Notons queles grains de Blé roses offrent à l'extérieur cette colo- ration, mais que c'est « la couche extérieure de l’albumen qui est d’un rose pourpré et qui apparait au travers par transparence. » TRAVAUX FRANCAIS.— HOTANIQUE. 531 — M.B.-Julien Vesque (Ann. Sc. nat., Bot., 6° sér. , tom. VII. n® 5 et 6, 1878) répond et complète les détails qu'il a publiés, il y a un an, sur le développement du sac embryonnaire des Phanérogames angiospermes. Depuis lors, « un nouvel horizon s'est ouvert, vaste et plein de révélations inattendues, concernant la taxinomie aussi bien que la morphologie générale de l'organe femelle.» Les recherches de M. Vesque empruntent un vif intérêtà la discussion des travaux de Strasburger, qui, malgré la renonciation à la théorie schleiderienne, est venu toutremettre en doute. Le point de départ de ces recherches «a été la découverte faite par M. Warming de quelques cloisons épaisses, collenchymateuses, quiapparaissent et se résorbent de nouveau dans la grande cellule à laquelle le botaniste danois a donné le nom de cel- lule-mère primordiale du sac embryonnaire. M. Warming compare les cellules ainsi formées aux cellules-mères du pollen des Phanéro- games et des spores des Cryptogames vasculaires. 11 pense que les quatre noyaux provenant d'un seul, ainsi que l'a prouvé M. Strasbur- ger, doivent être considérés comme une tétrade de spores. » Cette opinion est confirmée par M. Vesque, qui n’a plus à s'occuper que de ce que deviennent les cellules-mères spéciales, comment elles se comportent pendant le développement du sac embryonnaire, et quelle est la véritable délimitation et le contenu de cette cavité con- sidérée comme un organe unique. Pour cela, il fait d'abord l'histoire du développement du sac embryonnaire et ensuite décrit le déve- loppement de ce sac dans lesdifférentes familles angiospermes. — Pour M. Baïllon (Bull. Soc. Linn. de Paris, 3 décembre 1879), l'état normal de l'inflorescence des Dipsacées répond assez exacte- ment à ce qui s’observe chez les Echinops, sinon que ceux-ci ont les bractées sous-florales alternes et non connées. Les Calycérées (Boo- pidées), qu'on les considère, soit comme formant ure famille distincte des Dipsacées, avec lesquelles elles sont très-voisines, soit qu’on les regarde comme constituant une simple série de cette dernière fa- mille, viennent confirmer cette interprétation. « Dans ces plantes, chaque bractée porte dans son aisselle un glomérule de fleurs, et les fleurs souvent stériles ou peu développées, qu'on décrit comme inter- posées cà et là aux fleurs fertiles, ne sont que les fleurs périphéri- ques des petites cymes, très-retardées dans leur évolution relative- ment aux fleurs centrales. [l y a même des Boopidées, dans lesquelles certains glomérules ne comportent que des fleurs ainsi retardées dans leur évolution. » — Le savant botaniste, dans une Note sur quelques Ourouparia 592 REVUE SCIENTIFIQUE. (Bull. Soc. Linn. de Paris, 3 décembre 1879), signale la présence d’une de ces plantes à Madagascar, et la nomme 0. madagascariensis, sans pouvoir toutefois affirmer que ce n'est pas une simple forme de PO. africana (Uncaria africana Don.) Le même botaniste nous fait re- marquer que les genres VNauciea et Uncaria ne diffèrent que par le fruit et que son étude nous fera connaître que le Nauciea potycephala A. Rich. (Cinchona globifera Pav.) est une espèce du genre Ourou- paria. — La désignation (Bull. Soc.Linn. de Paris, 7 janvier 1880) de Strychnos Crevauxiana est appliquée par M. Baïllon à une espèce bien différente du S$S. Castelnæona Wedd., nouvelle espèce indiquée par M. Crevaux comme faisant la base du curare des « Indiens Trios, lesquels habitent le haut Parou, l'un des affluents de l’Amazone du côté de l'océan Atlantique, au sud de la Guyane française, et à une vingtaine de degrés à l'est du centre de production du S. Castelnæana Il s’agit d'une espèce d'une section toute différente, à petites feuilles elliptiques-lancéolées, qui n'ont que de 5 à 9 centim. de long et sont généralement aiguës aux deux extrémités et penninerves ; les deux nervures secondaires qui se détachent à un même niveau de la base du limbe et longent ses bords demeurent très-fines et souvent à peine visibles. La nervation caractéristique des Strychnos existe au fond dans cette plante, mais elle est peu apparente au premier abord. Les diverses parties de cette liane sont glabres, et M. Crevaux estime qu'elle s'élève sur les grands arbres à plus de 40 mètres. L'inflores- cence est une grappeaxillaire simple, à bractées décussées. Le pédi- celle floral, un peu plus long que la bractée, supporte un calice quin- concial et une corolle en entonnoir, claviforme dans le bouton, à cinq divisions profondes, étroites, valvaires, réfléchies. Presque toute sa surface intérieure est hérissée de longs poils qui enveloppent en partie les anthères. Celles-ci sont linéaires oblongues, dorsifixes, in- trorses, plus longues que la corolle, à peine plus longue que lefilet. Le gynécée n'offre rien de caractéristique que son long style exsert, à petite tête stigmatifère à peine bilobée. Cette espèce a parfois des crocs fortement enroulés et longuement atténués à la base ; mais elle pré- sente en ouire une transformation singulière de certains rameaux... * Ces rameaux deviennent grèles, filiformes même, et plus ou moins ramifiés ; ils portent un grand nombre de feuilles décussées qui re- présentent, à l'échelle d'un millimètre de long au plus, tous les ca- ractères réduits de la feuille normale ; ces petits rameaux sont sté- riles. » TRAVAUX FRANCAIS— BOTANIQUE. 339 —M. Courchet a eu pour but, dans le Mémoire que nous analysons, d'étudier les principales galles produites sous l'influence des Aphidiens au triple point de vuede leur développement, de leur valeur morpholo- gique et de leur structure. Ils abstient de toute discussion au sujet de l'action intime qu exerce la piqûre sur les tissus végétaux ; mais il fait cependant les remarques suivantes, au début de son travail. 1° Si l'influence mécanique pouvait prendre une part quelconqu dans la formation des galles, ce serait certainement dans celles des galles d'Aphidiens, l'insecte demeurant toujours vivant et actif au sein des nouveaux tissus. 20 L'action du venin animal auquel, avec M. de Lacaze-Duthiers et autres naturalistes, est attribuée la production des galles, n'est pas absolumentcomparable à celle d'un virus sur les tissus animaux : ce- lui-ci n a nul besoin d’être inoculé et renouvelé sans cesse pour dé- terminer la production de phénomènes spéciaux, tandis que M. Cour- chet a toujours vu les galles qui, pour une cause quelconque, avaient été abandonnées de leurs habitants, s'arrêter dans leur croissance. Il n a en vue, bien entendu, queles galles d'Aphidiens, les seules qu'il a observées. M. Courchet passe ensuite à l'étude des galles du Térébinthe, du Lentisque, du Peuplier noir ou de l'Orme, en insistant plus particu- lièrement sur les premières, qui sont les plus intéressantes peut-être, et les moins étudiées. GALLES DU TÉRÉBINTHE. — Galleen corne. — La galleen corne, com- plétement développée, offre l'aspect d'une gousse énorme (jusqu à 0,15 centim. et au-delà de longueur), amincie en pointe à son extré- mité libre, et généralement insérée par l'autre extrémité au sommet d’un rameau recourbé en crosse. Assez souvent solitaires, ces pro- ductions se rencontrent aussi fréquemment groupées en nombre va- riable à l'extrémité de l'axe, où elles forment alors un verticille d'un aspect bizarre. Les premiers phénomènes qui trahissent l'apparition de cette galle consistent eu une torsion du bourgeon à peine éclos, dont une foliole est piquée par l'insecte (Pemphigqus cornicularius). L'auteur attribue cette torsion à l'afflux des sucs, qui, se portant en abondance sur le côté où se trouve l'organe atteint, y cause un accroissement en lon- gueur beaucoup plus rapide. Le Puceron se fixe sur la foliole, à la base de la nervare médiane, dont les tissus s’infléchissent et s’inva- gment de haut en bas, formant ainsi une petite poche conique, sail- 2e sér., tom. 1. 306 534 REVUE SCIENTIFIQUE. e lante au-dessous du limbe et s’ouvrant en dessus par une fente bor- dée par les portions droite et gauche de la nervure demeurées en place. La petite croissance gagne promptement en longueur, tandis que les bourrelets qui circonscrivent l'ouverture s'épaississent et s’ap- pliquent fortement l'un contre l'autre, amenant ainsi la clôture com- plète de la jeune galle. Le rachis commun ne s’allonge pas au-des- sousde l'excroissance , mais il s'hypertrophie beaucoup dans le sens de l'épaisseur. Quelle que soit la foliole atteinte, 1l ne s’en développe jamais d'au- tres au-dessous d'elle. La galle est, de plus, toujours terminale en apparence, ce qui tient à un arrêt de développement du sommet vé- gétatif. Ce phénomène est dû à une cause purement mécanique, le rachis commun hypertrophié s'appliquant étroitement contre le sommet de l'axe. Au point de vue de lastructure, la galle en corne offre les particu- larités suivantes à considérer. Les parois de cette excroissance sont formées d’un parenchyme ou tissu fondamental au sein duquel cheminent des faisceaux fibro- vasculaires assez nombreux, rangés en deux cercles concentriques autour de la cavité centrale. Chaque faisceau en lui-même est composé d’une partie ligneuse ([trachées, fibres ligneuses et cellules allongées), et d’un canal à résine dépourvu de parois propres, entouré d'un îlot de parenchyme spécial, très-délicat et nettement distinct du tissu fondamental. Ces organes sécréteurs sont tournés en dehors dans la rangée externe ; ils sont au contraire tournés en dedans dans la ran- gée interne, de sorte que les portions ligneuses de la rangée externe et de la rangée interne sont dirigées en sens inverse, l'une en face de l’autre. Cette disposition, singulière en apparence, s'explique si l’on tient compte du mode d'évolution de l’excroissance. La nervure mé- diane est formée elle-même d'un tissu fondamental que parcourt un cercle de faisceaux fibro-vasculaires dont chacun estaccompagné en de- hors d’un conduit résineux. Or, sousl'influence de la piqüre cette ner- vure s’aplatit d'abord, puis s'invagine dans sa partie médiane, tandis que la moitié supérieure du cercle defaisceaux vient s'appliquer contre la moitié inférieure. Il est aisé de voir, d'après ce processus, que les parois de lapocheainsi constituée seront traversées par deux systèmes de faisceaux, dont ceux de la rangée externe, correspondant à la moitié inférieure du cercle ligneux de la nervure, auront leurs ca- naux tournés en dehors, et ceux de la rangée interne, correspondant à la moitié supérieure du cercle ligneux de la nervure, auront leurs éléments dirigés en sens inverse. Len. ds cuites TRAVAUX FRANCAIS— BOTANIQUE. 535 A mesure qu ils pénètrent dans les parois de la galle, les faisceaux se ramifient à angles aigus, puis s anastomosent de nouveau et s’u- nissent en anseau-dessous de la pointe, en avant de la grande cavité centrale. Ils forment donc, en réalité, deux réseaux coniques, emboi- tés l'un dans l’autre. M. Courchet est fondé à croire qu'il n'y a, à l'extrémité de la galle, rien de comparable à un sommet végétatif; il admet toutefois qu'il existe, pour les faisceaux comme pour le parenchyme, un foyer de développement situé sous la pointe. Galle utriculaire. — Uette galle, déterminée par la piqûre du Pemphigqus utricularius, offre l'aspect d'une excroissance arrondie, ré- gulière ou diversement lobée, quelquefois multiple en apparence, in- sérée par une sorte de pédicule à la base de la nervure médiane d’une foliole, un peu latéralement. Ce qui distingue, à première vue, cette formation de la précédente, indépendamment de sa forme, c'est que la feuille à laquelle appar- tient la foliole atteinte se développe en général d’une manière nor- male, et que l'axe qui porte cette feuille s'allonge, comme à l'ordinaire, par son sommet. La galle utriculaire est donc toujours manifestement latérale. Elle prend naissance d'une façon tout à fait comparable à celle qui préside à la formation de la galle en corne, c'est-à-dire par un refou- lement et une invagination de la nervure médiane de la face supé- rieure du limbe, vers la face inférieure. On doit donc prévoir que sa structure offrira avec celle de la précédente beaucoup d’analogie. Il y a lieu toutefois d'établir les distinctions suivantes. 1° La galle utriculaire s’accroissant à peu près également dans tou- tes les directions, les faisceaux fibro-vasculaires s’y montrent pres- que partout également développés. 2° Les ramifications et les anastomoses des faisceaux sont moins régulières et se font à angle beaucoup plus ouvert que dans la galle en corne; il se constitue ici, non pas deux cônes, mais deux réseaux fibro-vasculaires plus ou moins sphériques, emboîtés l'un dans l’autre. 3° Dans chacun de ces réseaux, les faisceaux sont plus inégaux entre eux et moins régulièrement disposés. 4° Les faisceaux du réseau interne sont beaucoup plus rapprochés de la cavité centrale que dans la galle en corne; ils déterminent même sur les parois de cette dernière des réticulations saillantes. 5° Les cellules de l'épiderme, très-semblables, du reste, à celles de la galle en corne, n'offrent aucune tendance à se disposer en files 536 REVUE SCIENTIFIQUE. longitudinales, conséquence naturelle du mode d'accroissement de cette excroissance. Galles formées aux dépens du limbe seul. — Nous passerons très- rapidement sur les trois productions suivantes dans cette analyse, où nous devons nous borner à signaler les traits les plus saillants du remarquable travail que nous analysons. Leur production est due aux Pemphiqus pallidus, P. semilunarius, et P. follicularius; toutes trois sont formées par un repli des bords du limbe sur la face supérieure de Ja foliole, repli qui s'accompagne toujours d’une hypertrophie plus ou moins considérable du paren- chyme, avec altération de ses éléments. Les cellules en palissade et le parenchyme lacunaire se fondent en un tissu formé de cellules irré- gulièrement arrondies, offrant généralement une tendance à s'apla- tir parallèlement à la direction des parois vers les limites supérieure et inférieure. Quant aux faisceaux fibro-vasculaires, ils sont à peine modifiés. Comme particularitéintéressante à signaler, est citée la déformation toute spéciale que fait éprouver au limbe la présence de la galle du P. semilunarius: celle-ci est au début une bourse aplatie, située dans le plan même de la foliole ; mais bientôt, la face interne de cette bourse ne suivant pas l’externe dans son allongement, la jeune galle s'incurve de facon à décrire un arc concave du côté de l'axe; de plus, elle se déjette plus ou moins en dehors, de sorte que son plan forme un angle avec le plan même du limbe. Celui-ci est entraîné dans le mouvement de torsion que subit l’excroissance. L'étude des galles du Térébinthe est terminée par les conclusions suivantes : {° Les cinq sortes de galles bien distinctes observées jusqu'à ce jour sur le Térébinthe sont toutes dues à des transformations ou à des déformations de folioles. 2 Au point de vue morphologique, on peut les diviser en deux grou- pes : l’un comprenant les deux galles des Pemph. cornicularius et P. utricularius, formées l'une et l’autre aux dépens des tissus de la nervure médiane, l’autre comprenant celle des P. pallidus, P. follicula- rius, P. semilunarius, qui toutes sont constituées par le limbe, replié de différentes manières. — La même distinction en deux groupes persiste si on les considère au point de vue anatomique des hypertro- phies des tissus ; les altérations sont autrement considérables dans les premières que dans les secondes, où certains éléments n'ont même subi que des modifications à peine sensibles. TRAVAUX FRANCAIS — BOTANIQUE. FA ÿ 3° Les deux galles formées aux dépens de la nervure médiane se dis- tinguent l'une de l’autre, d’abord par leur mode d'accroissement et par leur forme, en second lieu par leur insertion sur le rameau, la galle en corne y étant immédiatement appliquée, l’utriculaire en étant sépa- rée par le pétiole; elles diffèrent enfin par l'influence qu’elles exercent sur la végétation de l'axe, la première amenant un arrêt dans le déve- loppement du sommet végétatif, la seconde ne s’accompagnant que d'un épaississement plus ou moins marqué du rachis. GaLLE Du LENTISQUE. Au point de vue morphologique, cette galle produite par un Aploneura est tout à fait analogue aux galles des Pemph. pallidus et P. follicularius, qui croissent sur le Térébinthe. Comme ces dernières, elle est formée par le limbe seul, dont le bord s'est replié sur la face supérieure. Le Lentisque différant très-peu comme structure du Pistacia Tere- binthus, on peut présumer d'avance que la galle limbaire qu'il porte doit très-peu différer comme organisation des galles du second groupe étudiées sur le Térébinthe. C'est ce que l'observation confirme pleine- ment. Le mésophylle est remplacé par un parenchyme plus épais, à cellules irrégulièrement polyédriques, aplaties légèrement vers les surfaces interne et externe, parenchyme à travers lequel passent les faisceaux des nervures à peine modifiés. GALLES DU PEUPLIER Noir. — M. Courchet a observésur le Peu- plier noir cinq espèces différentes de galles dont chacune représente un type bien distinct, et prend naissance par un procédé particulier. 1° La galle dite en spirale produite par le Pemph. spirothecæ, a été connue de tout temps, et M. de Lacaze-Duthiers a donné de sa structure une description très-exacte dans son Mémoire pour servir à l'histoire des galies. Cette production est formée par le pétiole de la feuille enroulée une, deux ou plusieurs fois sur lui-même en une spirale dont les bords se sont ensuite accolés de facon à circonscrire une ca- vité interne; cette torsion s'accompagne d'un accroissement de tis- sus, surtout dans ie sens de la largeur. L'hypertrophie porte spéciale- ment sur le parenchyme, les faisceaux vibro-vasculaires qui traver- sent le pétiole en ce point étant simplement écartés les uns des autres par la multiplication du tissu cellulaire qui les sépare. 2° La galle du Pachypappa marsupiulis se présente sous la forme d une bourse généralement rouge, comprimée latéralement, qui fait saillie à la face supérieure du limbe et qui s'ouvre en dessous par une feute longitudinale terminée par deux bourrelets. Ceux-ci, étant 538 REVUE SCIENTIFIQUE. appliqués l’un contre l’autre, opèrent la clôture de la bourse; mais ils peuvent facilement être écartés si l'on vient à tirer sur les moitiés droite et gauche de la feuille. Fréquemment située au milieu même du limbe, elle se trouve assez souvent le long de la nervure mé- diane, à droite ou à gauche, ou même sur la portion du limbe comprise entre la nervure médiane et le bord de la feuille. Comme chez la galle précédente, le parenchyme subit seul des mo- difications profondes. Il est, dans les parois de l’excroissance, com- posé de cellules arrondies vers le milieu, aplaties de haut en bas vers les parties supérieure et inférieure. L'épiderme de la feuille se conti- nue en dessus de la galle; mais l’épiderme inférieur a été remplacé, dans l’intérieur, par une assise de cellules délicates, gorgées de sucs, formant des saillies arrondies très-prononcées, souvent même pro- longées en poils droits ou recourbés, simples ou rameux, tantôt uni- cellulaires, tantôt offrant un commencement de division en articles transversaux. 3° La galle du P. bursarius peut naître sur une tige ou sur un pétiole ; dans les deux cas, le mode de formation et la structure sont les mêmes. L'insecte enfonce sa trompe à travers l'épiderme, dans la couche herbacée ou parenchyme cortical, et celui-ci s'élève tout autour de l’insecte en un bourrelet uniquement cellulaire, dont les bords tendent peu à peu à venir se rencontrer, sans cependant arriver jamais au contact. Au milieu de ce parenchyme, d’abord indifférent, on voit se former peu à peu des files de cellules allongées, qui, semblables à des faisceaux de procambium, viennent se mettre en relation avec le point le plus voisin du cambium de l'axe. Bientôt apparaissent sur les pa- rois de ces cellules des marques rayées et spiralées, et ainsi se trouvent constitués les faisceaux fibro-vasculaires de la galle. Ceux-ci, étroite- ment unis en cercle dans le pédicule, divergent ensuite en se ramifiant dans toutes directions et en parcourant les parois de l'excroissance. Les éléments qui les constituent diffèrent sensiblement de ceux des faisceaux de l'axe ; les vaisseaux paraissent formés de tronçons courts, contractés en quelque sorte, et unis entre eux par des sutures très- obliques où leur calibre est diminué. La direction des faisceaux est aussi très-sinueuse, surtout à leur point d'origine; on voit certains de leurs éléments s'écarter même de la marche générale suivie ee eux pour aller se perdre dans le parenchyme. La grosseur'de cette galle, à l’état adulte, peut atteindre celle d’une noix ordinaire ; sa forme est un peu différente, suivant qu'elle a pris naissance sur un raneau Ou sur un pétiole. TRAVAUX FRANCAIS — BOTANIQUE. Da Cette production de la galle des P. bursarius est comparée à la for- mation d'une feuille ou d'un bourgeon axillaire qui sont toujours au début un simple mamelon cellulaire émanant des périblèmes ; ce n'est que plus tard qu'on voit apparaître au sein de ce parenchyme indiffé- rent des faisceaux de procambium et finalement des faisceaux fibro- vasculaires. 4° M. Courchet a désigné sous le nom de Pemphigqus populi l'insecte d'une galle, non décrite encore, qui présente les caractères suivants : Cette galle s'insère par un pédicule plus ou moins allongé à la base de la uervure médiane d’une feuille et sur sa face supérieure. Elle est arrondie ou ovoïde, quelquefois lobée ; sa surface est verte et lui- sante. Au point qui correspond à son insertion on aperçoit, à la face inférieure du limbe, une fente que limitent deux bourrelets for- tement appliqués l’un contre l’autre. Les échantillons ont fait maiheureusement défaut à l'auteur de la publication pour étudier la structure de cette production, mais il est fondé à croire que les tissus de la nervure médiane prennent la plus large part à sa constitution. 5° Les déformations que causent le Pemph. affinis méritent à peine le nom de galle. Elles consistent simplement en un reploiement de la feuille Le long de sa nervure médiane, de telle sorte que, les bords droit et gauche venant à s’accoler, il reste une vaste cavité interne entre les deux moitiés du limbe. Les tissus de la feuille ont été très- peu modifiés ; on remarque seulement un épaississement assez faible du parenchyme, dont les éléments ont été plus ou moins déformés, et une altération de la chlorophylle, qui est en grande partie rempla- cée par une matière colorante d’un vert jaunâtre. 6° Natre collaborateur, M. Lichstenstein a trouvé dans les environs de Lamalou une galle assez singulière que M. Courchet n’a pu voir qu'à l’état sec, mais qui n’esttrès-probablement autre chose que celle du Pemphigus vesicarius de Passerini. Elle est de la grosseur d'un petit œuf de poule, très-étroite à sa base ; elle s'évase ensuite rapide- ment en émettant des sortes de ramifications irrégulières, de grosseut et de longueur inégales, au sommet de chacune desquelles on aper- çoit une ouverture arrondie, à bords légèrement repliés en dehors. Les parois en sont minces et ridées longitudinalement. Cette galle, dont le développement n'a pu être suivi, pourrait bien résulter de la soudure et de la croissance anormale des feuilles d'un bourgeon par un phénomène analogue à celui qui préside à la forma- tion d’une des galles de l'Orme. Nous trouvous donc sur le Peuplier noir six sortes de galles, dont 540 REVUE SCIENTIFIQUE. une seule se forme aux dépens des tissus d’une tige, les autres étant toutes de nature foliaire. Gazzes DE l'ULMUS CAMPESTRIS. — ‘Très-peu de faits originaux sont ajoutés, en ce qui concerne ces productions anormales, par M. Courchet, qui se contente de reproduire un tableau qui en donne, d'après M. Lichtenstein, les caractères les plus saillants. Galle petite, unie, verte ou jaune clair....., Tetranera ulmi Galle arrondie por- Kaltb. tée sur un pé-(Galle plus grosse, velue, Galle s'élevant sur la\ tiole. irrégulière, blanche surface de la feuille ou jaune, plus ou sans la déformer. moins teintéederouge. Tetr. alba Ratz. Galle aplatie en DÉE CENCOC neo ..... Colopha compressa Koch: Galle charnue conique sur ie bas de la feuille, et ressortant des deux côtés en forme de pois chiche..... ...... Pemphigus ulmi Licht. La feuille estsimplement enroulée vers le bas sur Gaile déformant la la moitié de sa largeur, feuille elle-même. formant un cylindre verruqueux, blanchà- tre, elle est générale- ment au milieu des . Bale cuicpantiel branches" OSGhizonenne Mae ulmi Kaltb. dérrma D La galle est formée par feuille. des feuilles terminales agglomérées, formant une vessie de la gros- seur d’une noix ou même d'un petit œuf; elle est jaune vert tein- tée de carmin..t..." Schizon. lanu- \ ginosa Hartig. Voici les conclusions qui terminent le Mémoire de M. Courchet. 1° Aucune des galles produites par les Aphidiens ne prend naissance au milieu même des tissus d'un organe ; les unes commencent par une simple invagination du limbe d'une feuille (galle en corne, galle utriculaire du Térébinthe), ou par un bourrelet cellulaire qui se forme et s'élève peu à peu tout autour de l'insecte fondateur, comme dans la galle du P. bursarius du Peuplier noir ; ou bien encore un pétiole s'en- roulant sur lui-même enferme le Puceron dans un utricule cellulaire qui devient enfin une véritable galle, comme il arrive pour celle du P. spirothecæ, etc.; en d’autres termes, toutes se rangent parmi celles que M. de Lacaze-Duthiers désigne par le mot de fausses galles internes. 2° Leur cavité est toujours spacieuse et leur paroi relativement TRAVAUX FRANCAIS — GÉOLOGIE. 041 mince, particularité rendue nécessaire par la présence dans leur in- térieur d'une quantité d'insectes vivants parfois prodigieuse et tou- jours considérable. 3° Leur structure tient toujours plus ou moins de celle de l’organe qui les porte, et qui s'est transformé en toutou en partie pour les pro- duire. En général, leurs parois sont composées d'un tissu cellulaire fondamental assez homogène que parcourent des faisceaux fibro-vas- culaires en nombre variable. Il n y a point là, comme on l'observe dans les galles que déterminent les Gynips sur les Chênes, par exem- ple, des couches concentriques bien distinctes au point de vue de la forme des cellules et de leur contenu. ; 4° Toutes les galles d'Aphides quil a été donné à l’auteur d'ob- server de près, sauf une seule, représentent des organes appendicu- laires ou des parties d'organes appendiculaires transformées ; seule, la gale du Pemph. bursarius se forme latéralement sur un axe ou un pétiole par une simple prolifération de la couche herbacée, et d’une facon indépendante. Le Mémoire dont nous venons de donner l’analyse a été présenté par M. Courchet pour obtenir le titre, de création nouvelle, de docteur en pharmacie. Nous ne pouvons que l'encourager à poursuivre sur un sujet encore bien imparfaitement connu, ses remarquables études, fai- tes avec une qualité essentielle au naturaliste, la précision dans l’observation. —Nous rendrons compte, dans notre prochain fascicule, de la thèse présentée à la Faculté des Sciences de Montpellier par M. Ant. Magnien pour obtenir le titre de docteur ès-sciences naturelles. Cette thèse est intitulée : Recherches sur la géographie botanique du Lyonnais. E. DuBRuUEIL, Géologie. — Des considérations (Matér.pour l'hist. primit etnatur. de l'Homme, 2e sér., tom. X, livres 4 et 5, 1879), dans lesquelles il entre relative- ment à l'origine des animaux domestiques, ont conduit d’abord M. de Mortillet à parler brièvement de l'origine du Chien. L'opinion qui fait dériver ce dernier du Renard n'estpas probable, « car il existe dans les yeux du Renard une disposition particulière qu'on ne retrouve pas chez les Chiens. On a dit aussi que le Chien descendait du Loup ou du Chacal. Cela est possible, mais ce n'est pas vraisemblable : les Loups 542 REVUE SCIENTIFIQUE. et les Chacals ne s’accouplent pas volontiers avec les Chiens.» Des dé- bris d’un Canidé, plus voisin des Chiens domestiques que ne le sont les deux animaux que nous venons de nommer, se rencontrent dans les gisements et terrains quaternaires de France, mais tout à fait excep- tionnellement, d'où il est permis de conclure que si ce Canidé a donné naissance à quelques-uns des Chiens domestiques, ce qui est fort pos- sible, cela ne doit pas être dans nos pays. Le fait a dû s'accomplir là où ce Ganidé quaternaire était dans sa véritable patrie, là où il abon- dait et se trouvait en contact continuel avec l'Homme. Parmi les ani- maux sauvages qui ont pu donner naissance au Chien domestique se trouventle Colson etie Buansu, véritables Chiens sauvages. [ls habitent actuellement les régions de l'Inde entre le bas Himalaya et la côte de Coromandel, «sont peut-être les descendants émigrés du Canidé qua- : ternaire » dont nous parlions tout à l’heure, et, de fait, ils ont de grands rapports ostéologiques. Nos races actuelles de Chiens sont si nom- breuses, si variées de forme, si différentes, que très-probablement elles ont diverses origines. Certainement il en est qui proviennent du Cabéru, Chien sauvage de l’Abyssinie, qui se rencontre jusque dans le centre de l'Afrique. Certainement, une des plus anciennes races de Chiens de l'Egypte est le Cabéru domestique. En effet, dans les peintures égyptiennes qui remontent aux temps les plus reculés, à la quatrième et même à la troisième dynastie, c'est-à-dire 2000 à 4000 ans avant notre ère, nous voyons de grands Levriers. Or, le Cabéru est extrêmement voisin des Levriers. » Pour les autres espèces d'animaux domestiques, Le Cheval, le Bœuf, la Chèvre, le Mouton, le Pore, leur apparition a eu lieu dans l’Europe occidentale en même t-mps que les haches polies et la poterie. Mais pour M. de Mortillet, contrairement à l'avis de certains naturalistes, malgré leurs ancêtres quaternaires, ils ont été importés associés à une civilisation nouvelle et doivent être considérés comme des pro- duits étrangers introduits dans le pays par de nouveaux arrivés, par des envahisseurs. Une preuve de détail vient à l’appui de cette preuve générale de la non-domestication indigène : c'est l'absence, dans les terrains quaternaires, de représentants ancestraux du Mouton, excepté sur le littoral méditerranéen, limite nord de son habitation. Pour savoir d'ou viennent les animaux domestiques, ilimporte de se rendre un compteexact del’aire géographique de leurs types ancestraux sauvages ; cette étude conduit à admettre que «la seule contrée contenant tous les types ancestraux des animaux domestiques amenés dans l'Europe occidentale à l’époque q e M. de Mortillet a appelée roben- hausienne (époque de la pierre polie} est cette partie de l'Asie qui TRAYAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 543 s'étend entre la Méditerranée, T'Archipel, la mer Noire, le Gaucase, la mer Caspienne, les limites de l'Afghanistan, le nord de la Perse et l'Assyrie. C’est donc de là que sont sortis les animaux do- mestiques avec la grande invasion nous apportant la civilisation de la pierre polie. Cette conclusion est confirmée par l'étude des plantes cultivées ; en effet, à la même époque robenhausienne ont paru ces céréales, portées par les envahisseurs, n'ayant pas d’ancêtres chez nous et venant (le fait est à peu près certain), des régions caucasiques: le blé, l'orge et le seigle ; M. de Mortillet reconnaît au lin la même ori- gine robenhausieune et aussila même patrie. La migration est arri- vée par le bassin méditerranéen. Le mouvement rétrograde artistique et l'introduction de l’ar- chitecture, le dolmen, confirment encore les faits que nous avons rapportés à la migration robenhausienne, antérieure , selon toute probabilité, à la grande civilisation égyptienne. —Notre collaborateur M. L. Collot, dont le nom est bien connu des lecteurs de la Revue, a soutenu devant la Faculté des Sciences de Montpellier une thèse de doctorat ès-sciences naturelles, ayant pour titre : Description géologique des environs d'Aix en Provence. Cette thèse, qui est le résultat d’études sur la région depuis longtemps entreprises et savamment conduites, est certainement appelée à devenir classique et à rester dans la science comme le travail le plus complet et le mieux fait sur la constitution d'une contrée qui a eu le privilége d'attirer l'at- tention des géologues. Dans la préface, l’auteur, après avoir indiqué que la variété des forma- tions géologiques autour d’Aïx et l'intérêt que les géologues ÿ ont attaché à plusieurs reprises l'ont engagé à entreprendre une description générale, définit le champ embrassé et expose les méthodes qu’il a suivies : 1° dans la description et la discussion des sédiments, qui sont séparées d’une ma- nière complète; 2° dans l’étude des fossiles ; 3° pour le coloriage de la carte; 4° pour les coupes. Le premier embranchement est réservé exclusivement à la description lithologique et paléontologique des couches. Le terrain le plus ancien de la région étudiée est le keuper. Il se ren- contre aux environs de Rians (Var) et ne s’avance pas plus loin à l'Ouest. Ji consiste en marnes contenant du gypse et de l’anhydrite, cargneules, cal- caires cristallins. La séparation d'avec linfrà-lias manque de netteté. L’infrà-lias, outre quelques dolomies et cargneules, est formé principa- 044 REVUE SCIENTIFIQUE. lement de calcaires gris ou vivement colorés en jaune, en rouge. C’est dans les plaquettes de calcaire gris de la base que se trouvent les fossiles Avi- cula contorta et quelques autres Lamellibranches. Les faunes à Ammonites planorbis, à Am. angulatus, celle à Gryphée arquée et Am. Buklandi, manquent aux environs d'Aix et de Rians. Aux portes de la ville, des calcaires généralement durs, de couleur foncée, ren- ferment la faune à Ammonites oxynotus, nodotianus, lacunatus, pla- nicosta, Bonnardi, salisburgensis, Gryphæa obliquata, Térébratules et Rhynchonelles. Le Belemnites acutus est abondant dans le haut de cette assise. C’est la partie la plus élevée du lias inférieur. Vient ensuite une épaisseur considérable de calcaire plus ou moins sili- ceux, à peu près sans fossiles, excepté dans les derniers bancs, qui sont au contraire riches en Bélemnites et Ammonites : B. umbilicatus, virgatus, niger, etc.; Am. Bechei, fimbriatus, normanianus, eic.; Spiriferina Hart- mani, etc Le groupe supérieur du lias moyen est constitué par deux assises : d’a- bord marne schisteuse, où ne s’est rencontré qu’un seul fossile, un gros spé- cimen d’Am. margaritatus. Cette espèce a fait son apparition, mais de petite taille, dans les bancs fossilifères à Am. fimbriatus. Sur quelques points on y rencontre le Tisoa siphonalis, que Marcel de Serres décrivit des environs de Montpellier. Ensuite une assise calcaire plus mince, quelque- fois entièrement siliceuse, et caractérisée par Belemnites niger de grosse taille, B. breviformis, Amalthei , elongatus, apicicurvatus ; Am. spi- natus, etc.; Pecten æquivalvis, textorius, strionalis, Harpax lævigatus, Ostrea sportella. Le Terebratula punctata et quelques Encrines abondent à la jonction des deux assises de ce groupe. Le lias supérieur, constitué par des marnes noires schisteuses, peu dé- veloppées, n’est pas séparé, sur la Carte, de l’oolithe par une couleur spéciale. Les fossiles y sont à l’état calcaire : Belemnites tripartitus, sulca- tus Quenst.; Am. annulatus, Levisoni, bifrons, insignis, mactra, cornu- copiæ. Ces schistes s’entremélent graduellement de lits calcaires régulière- ment espacés, et on passe ainsi à l’oolithe inférieure avec Belemnites Blainvillei, longus; Ammonites Murchisonæ, Braikenridgi; Cancello- phycus scoparius. À la limite de ces couches et de celles, souvent plus marneuses, qui appartiennent à la grande oolithe, se rencontrent : Am. niorlensis, subradhatus, Caumontii, garantianus, Humphryesianus, etc. Dans la grande oolithe, on peut distinguer une partie inférieure mar- neuse et une partie calcaire et dolomitique. La première est seule fossili- fère, quelquefois très-abondamment. Les Ammonites dominent de beau- coup: Am. tripartitus, aspidoïides, linquiferus, Parkinsoni, polymorphus, subobtusus, Kudernatschi, Adeloïdes ; Cancellophycus Marioni. TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 545 Au-dessus vient la longue série des schistes gris oxfordiens, à petites Ammonites ferrugineuses, qui paraissent atteindre, dans le milieu de Ja vallée de Vauvenargues, jusqu’à 260 mètres d'épaisseur. A la base, les fos- siles sont très-rares. Les quelques Ammonites qu’on y rencontre, Am. contrarius, Subdiscus, paraissent plutôt appartenir à la grande oolithe qu’au callovien. Mais immédiatement au-dessus de la première se rencontrent l'Am. Duncani et bientôt Am. suscostarius, lunula, macrocephalus, athleta, qui indiquent nettement loxfordien inférieur. Un peu au-dessus du milieu de l'épaisseur, un certain nombre de couches sont un peu plus calcaire, et renferment, à l’état de moule calcaire, Am. anceps, Bakeriæ, in d'Orb., hecticus, lunula, Hommairei. Les marnes à Ammonites ferrugi- neuses reprennent au-dessus et sont caractérisées par Am. Lamberii et Am. tortisulcatus vrai. La zone à Am. cordatus (oxfordien moyeu) se signale dans la vallée de Vauvenargues par un cordon rouge de marne ‘avec nodules calcaires : Am. cordatus, Goliathus, Henrici, Lalandeanus, per- armatus, Arduennensis, Christoli, à l’état de moules calcaires. Le niveau de ces fossiles souvent cités de l’oxfordien, d’une marière un peu vague, se trouve ainsi précisé par l’auteur. Il en est de même pour beaucoup d’au- tres. Un deuxième cordon rouge existe dans les marnes dans les environs de Rians : il appartient à la zone Ammonites transversarius. Outre cette espèce, on y trouveles suivantes, décrites par Oppel: Am. tricristatus, cal- licerus, microdomus, Gmelini, lophotus, Bachianus, tenuiserratus. 1%,50 au-dessus de ce dernier lit noduleux, les marnes sont couronnées par du calcaire en petits banes dont les inférieurs sont séparés par des lits marneux schisteux abondants. Ces marnes sont noduleuses et les calcaires sont fortement mouchetés. Ces caractères s’affaiblissent graduellement à mesure qu’on s'élève dans cette série, et les calcaires sont de plus en plus purs, à pâte fine, en assez gros bancs dans le haut. Les premiers bancs de calcaires mouchetés contiennent encore Am. transversarius, qui y est associé à Am. flezuosus, Gmelini, tricristatus, microdomus, stenorhynchus, subelausus, Œgir, plicatilis (d'Orb., non Sow.), Schilli, etc. Les Am. Frotho, Weilandi, lophotus, fleœuosus, nudus, virgulatus, biblexz impressæ, birmensdorfensis, occupent un ni- veau un peu supérieur. Cette dernière liste indique qu’au moins la partie supérieure des calcaires monchetés, alternés de feuillets marneux, répond d’une manière peu nette et avec des mélanges à la zone à Am. bimam- matus des auteurs. Les Ammonites callicerus, canaliculatus, hispidus, arolicus, sont communs à tous ces calcaires mouchetés. Les Ammonites compsus, Lothari, polygyratus, inconditus, discobolus, lictor, Loryi, occupent un niveau encore plus élevé: ce sont les bancs sublithographi- ques sans marnes ; c’est la zone à Am. polyplocus ou à Am. tenuilobatus 546 REVUE SCIENTIFIQUE. des auteurs. Les bancs calcaires les plus élevés, plus épais que ceux qui les précèdent, n’ont pas fourni de fossiles. Les divers niveaux sont caractérisés par les Ammonites ci-dessus, mais quelques autres fossiles y sont associés. Dans le haut des marnes, ce sont des Rhynchoteuthis, des Aptychus, des Crinoïdes, le Belemnites hastatus et les espèces méditerranéennes B. Sauvaneausus, Coquandi. Les Bélem - nites plates, B. Didayanus et congénères, bien qu'ayant de rares analo- gues dans les marnes, sont spéciales aux calcaires mouchetés. Des Échini- des se montrent dans les zones à Am. cordatus et à Am. transversarius de . Rians. Quelques Spongiaires sont disséminés dans les calcaires mou- chetés. Au-dessus de tous les calcaires précédents règne une assise dolomitique . après laquelle recommence une nouvelle série de calcaires gris, assez durs, absolument dépourvus de marne, ou bien apparait la masse très-épaisse (200 mètres environ), des calcaires blancs coralligènes qui forment essen- tiellement la montagne de Sainte-Victoire. Les calcaires gris sont sans fossiles. Les calcaires blancs sont le prolongement de ceux de Rougon (B.- Alpes), et par suite contemporains de ceux de la Sérane dans l'Hérault, de l'Échaillon dans l'Isère. Dans la surface embrassée, le calcaire blanc ne supporte aucune forma- tion immédiate. Le néocomien fait suite aux calcaires gris sans qu’on puisse établir entre eux une démarcation précise. Le néocomien, dans son ensemble, est plus marneux. Il est bien caractérisé, dans sa partie infé- rieure, par la faune d’Ammonites de Berrias et plus haut par la faune de Brachiopodes, Lamellibranches, des Échinides, des calcaires à Spatangues. La constitution du jurassique et du néocomien est résumée dans le schema de la planche I, où les assises sont figurées avec leurs épaisseurs relatives, portant chacune la liste des principaux fossiles qu’elles contiennent. Dans la description des terrains secondaires marins, M. Collot s’est attaché à définir avec une précision remarquable les nombreux fossiles recueillis par lui, en renvoyant pour chacun d’eux en particulier à une figure d'auteur et indiquant les différences avec cette figure, pour peu que les échantillons s’écartent du type. Il faut espérer qu’un jour M. Collot pourra joindre à ces remarques descriptives un atlas où seront figurées les nombreuses variétés qu'il signale, comme il le désire lui-même. Il nous a fait connaître la belle faune de Céphalopodes de la grande oolithe proven- çale et celle de loxfordien. Beaucoup de fossiles cités vaguement d’un étage reçoivent ici une place précise. Après cette longue série de terrains marins secondaires, l’auteur fran- chit une lacune correspondant à une grande partie de l’époque crétacée, pour entrer dans la formation lacustre, dont la base est, selon Leymerie et TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 547 M. Matheron, contemporaine de la craie supérieure du Nord et du centre de FEurope, tandis que sa partie supérieure est franchement tertiaire. D'ailleurs, rien, dans la stratigraphie, n’indique ce partage d’un grand ensemble de couches en deux périodes distinctes. La paléontologie seule motive cette séparation. Par le bas, les couches lacustres se lient intime- ment aux couches d’eau saumâtre, et par elles aux couches marines sous- jacentes du terrain crétacé ordinaire qui se développent dans le sud du département. Dans la partie inférieure de la formation lacustre sont les couches exploitées des lignites de Fuveau et de Gardanne. Cette partie ancienne ne se montre pas dans le périmètre embrassé par la carte de M. Collot. Le long de Sainte-Victoire et des collines de Pourrières, la super- position du lacustre au jurassique supérieur se voit et les couches les plus anciennes sont les calcaires qui, dans la série typique du sud de Lar, af- fieurent entre les lignites de Fuveau et les calcaires de Rousset et de Rognac (garumnien, Leymerie.) Au nord du massif jura-néocomien de Sainte-Victoire, Concors, plateau de Pourrières, c’est-à-dire dans le bassin de Ja Durance, les eaux douces paraissent n'avoir envahi le sol qu’un peu plus tard que Îa totalité de la vallée de Lar, lorsque se déposaient les grès et marnes grisâtres, un peu bariolées, qui supportent les calcaires dits de Rousset et de Rognac. Malgré l’importance du lacustre ancien dans cette partie de la vallée de la Durance, il avait passé inaperçu jusqu’au travail actuel. Les brèches connues depuis longtemps sous le nom de brèches de Tho- lonet ont été suivies avec soin par M. Collot. Il montre qu’elles se sont produites à tous les niveaux du système lacustre, autour du petit massif jurassique de Sainte-Victoire et Concors, surtout sur le revers sud de la première, avec les débris calcaires qui s’en sont détachés. M. Collot a en- core éclairé l’hydrographie de cette époque en montrant, par l'étude des cailloux roulés, qu’un cours d’eau venait des Maures et de l’Esterel. Le terrain lacustre auquel appartiennent les gypses d'Aix a eu une cir- conscription toute différente de celles du terrain lacustre ancien. M. Collot en suit les bords en étudiant les variations des sédiments littoraux qui cor- respondent à des embouchures de torrents et de rivières. Il y trouve des cailloux rayés d’un nouveau genre dont il voit l’origine dans le tassement des cailloux sous le poids des sédiments supérieurs, avec interposition de menus débris de silex. Il se prononce pour l'apport des gypses par des sources d’origine profonde. La présence du sulfate de strontiane, en cristaux assez volumineux, qu'il a rencontré dans ce terrain vient, selon lui, à l’ap- pui de cette idée. Pour le terrain miocène supérieur débutant par des couches marines et finissant par un petit étage lacustre, nous nous bornerons à renvoyer à 548 REVUE SCIENTIFIQUE. l'étude que M. Collot a insérée dans la Revue ‘, en rappelant qu’il a suivi de proche en proche et analysé les deux formations dans tous leurs détails, de manière à en raccorder et à en placer très-exactement à leurs niveaux pro- pres les diverses couches. Il est arrivé ainsi à démontrer la continuité pri- mitive, sur une surface à peu près plane, des formations des environs de Cucuron avec celles de Jonques, Puyricard, Aïx. Au-dessus du miocène, il n’y a plus de dépôts marins ni même de dépôts de lac, mais seulement des dépôts restreints abandonnés par les eaux cou- rantes. Le plus ancien est le poudingue jaune de la Durance, qui n’est que le prolongement de celui des Mées. Il atteint, sur les plateaux et mamelons isolés autour de Peyrolles, une altitude presque supérieure de 100 mètres à celle de la Durance actuelle. Beaucoup plus bas, au plus 20 mètres au-dessus de la Durance, sont les alluvions anciennes, ou poudingue gris de la Durance, qui se distinguent par l'abondance des roches vertes (variolite, diorite, etc.) et par la couleur grise due à ce que les cailloux ne sont pas décomposés. M. Collot a ingénieusement rapproché ces deux poudingues des deux qu’il a le premier distingués dans la Crau, atteignant des niveaux différents et ayant des compositions absolument différentes. Ensuite sont décrites les alluvions modernes de la Durance; un lehm de cette rivière ou des ruisseaux affluents , qui contient des coquilles d'espèces encore vivantes ; les alluvions de Lar, caillouteuses ou limoneuses suivant les lieux ; enfin les éboulis plus ou moins cimentés qui recouvrent certaines surfaces peu inclinées. Les tufs quaternaires avec empreintes de plantes et coquilles d'espèces vivantes, rencontrées sur neuf points différents, ont leur description spé- ciale à la suite. Ceux de Myrargues paraissent antérieurs à l’alluvion an- cienne de la Durance. Le deuxième embranchement est consacré à l'étude de l'extension hori- zontale des étages et des faunes et à celle des mouvements orogéniques qui sont la cause première des variations dans cette extension. Il existe au-dessus de linfrà-lias une lacune d’autant plus considéra- ble qu'on s’avance plus à l'Est (dans les limites de la Carte.) Les lignes de séparation des faunes à Lamellibranches d’avec celles à Céphalopodes pa- raissent parallèles à celles qui limitent les sédiments. Les couches à 4m. transversarius et celle au-dessus, qui semblent s'être effectuées sur un fond très-uniforme et dans une mer largement ouverte, ne contiennent guère d'autres fossiles que des Céphalopodes. A la suite de ces remarques 1 Tom. VII, pag. 189 et 302. TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 549 vient la comparaison des couches jurassiques d'Aix et Rians d’abord, avec celles toutes voisines des Basses-Alpes et du Languedoc. Dans le bas de la série, tantôt il y a conformité, tantôt non ; dans le haut, au contraire, très- grande conformité dans les sédiments, qui sont du calcaire à pâte très-fine, et dans les faunes. Un caractère commun à tout le Sud-Est est la richesse plus grande des dépôts anciens en ordres divers de Mollusques et Rayonnés. Un tableau montre la ressemblance très-grande de l’oxfordien et couches supérieures d'Aix et de Crussol (Ardèche). Passant à la comparaison du jurassique aixois avec celui des pays plus éloignés, M. Collot signale le peu de conformité du premier avec celui du bassin anglo-parisien, tandis qu’en Suisse et même dans les Karpathes, en un mot dans le bassin méditerranéen, la grande oolithe, Poxfordien et les couches supérieures ont sensiblement les mêmes faunes. À cause de cette ressemblance du jurassique d’Aix et Rians avec celui du Wurtemberg, on peut souvent prendre l'excellent livre de Quenstedt, der Jura, pour guide dans l'étude de ce terrain, et M. Collot a parallélisé ses assises avec celles du géologue de Tubingue dans un grand tableau synoptique. Le même ta- bleau donne aussi la correspondance avec la division du bavarois Oppel. La discussion du jurassique supérieur et du passage du jurassique au néocomien a été réservée pour le deuxième embranchement, comme tou- tes les questions qui ne sont pas de pure description, mais sont plus ou moins théoriques. De cette manière, ces vues pourront être ébranlées ou dé- truites « sans que la vérité des faits exposés d’abord en souffre la moindre atteinte», comme le dit l’auteur (préface, pag. 5). M. Collot, tout en tenant compte des travaux de M. Iébert, l’éminentprofesseur de la Sorbonne, et de ceux de quelques autres géologues, se montre très-impressionné par les arguments qu'ont fournis les géologues suisses et allemands, p'açant la zone à Ammonites polyplocus dans l'époque kimméridgienne. Considérant l’état des sédiments et des faunes dans le pays qu'il a étudié et dans le bassin mé- diterranéen en-général, entre les marnes oxfordiennes et le néocomien, il incline à croire que la formation jurassique supérieure du Jura est, par ses sédiments et ses faunes variés, plus ou moins sublittorale, tandis que les Alpes nous offrent la formation pélagique contemporaine. La haute mer aurait été du côté des Alpes, où dès-lors les émersions auraient eu beaucoup moins de chance de se produire. D'ailleurs le faciès pélagique parait s’accu- ser d’une manière continue et croissante depuis l’oolithe jusque vers le commencement du néocomien. À partir du néocomien, auquel appartien- nent souvent des faunes de moins grandes profondeurs (Gastéropodes, La- mellibranches), plusieurs surfaces ont été émergées, particulièrement les environs d’Aix. Plus tard l’auteur nous fait assister à la réinvasion d’une partie de ces 2e sér., tom. I. DA 550 REVUE SCIENTIFIQUE. surfaces par l’eau venant graduellement du Sud au Nord, mais cette fois c’est par les eaux douces du lac où se sont formés les lignites de Fuveau. Il ne le fait qu'après avoir analvsé (chap. II du 2%° embranch.) la situa- tion des dépôts restants de cette époque, dans l'étude très-minutieuse et très-bien faite des dislocations qu'ont subies les couches jurassiques, néoco- miennes et lacustres anciennes. Les accidents orographiques (c’est-à-dire antérieurs au terrain à gypse) du sol sont généralement envisagés par l'auteur comme dus à des pressions verticales et horizontales tendant à pro- duire des plis ; ceux-ci, dans une période plus ou moins avancée de leur formation, se sont brisés et des failles ont fait disparaître une partie des couches qui s’y trouvaient engagées. La structure très-compliquée de la vallée de Vauvenargues est habilement analysée dans une longue série de: coupes transversales parallèles entre elles, et une explication synthétique permet de concevoir simplement l’ensemble. Ce groupement et les détails de la dissection sont présentés à la fois dans une planche où toutes les coupes sont non-seulement figurées les unes au-dessus des autres, mais mises en perspective. Aïnsi le lecteur reçoit Pimpression qu’il aurait en regardant d'Aix vers le fond de la vallée, si celle-ci était coupée par une série de profondes tranchées transversales. D’autres coupes, dessinées avec soin, donnent les détails de structure de tous les points de la Carte qui offrent quelque intérêt. Sur la Carte, les failles sont généralement in- diquées par un signe spécial. Dans le quatrième chapitre sont analysés les mouvements qui ont donné naissance aux hauteurs d'Éguille et dela Trévaresse, dans l’ancien bassin à gypse : ils sont démontrés nettement postérieurs au miocène supérieur ma- rin et même lacustre. La conformation du sol sous-marin à l’époque du miocène supérieur se trouve elle-même retracée. Les directions des acci- dents orographiques sont indiquées pour le terrain à gypse comme pour le jurassique et le lacustre ancien. Deux paragraphes spéciaux sont consacrés à l’histoire du cours de la Durance et de celui de Lar, depuis l’époque miocène, où leurs vallées ont commencé à se dessiner. Ce n’est qu'après avoir décrit le pays que M. Collot rappelle brièvement ce qu'en ont dit les auteurs antérieurs : cela constitue, avec une très- courte indication de ce qu'il a fait lui-même, le troisième embranchement (historique). Le quatrième embranchement est consacré à l’explication dé- taillée des quatre planches. Une carte chromo-lithographiée par M. Wubrer, à Paris, et ayant pour base la topographie de l'État-major, au 1/80000°, fait partie de cetouvrage. Nousavons cru devoir insister sur le compte rendu du travail de TRAVAUX ÉTRANGERS. 551 M. Collot, en regrettant de ne pouvoir reproduire les explications fournies par lui dans la soutenance d’une Thèse qui a été honorée d'une médaille d'argent par le Ministre de l'Instruction publique. E. DuBruEzïx. TRAVAUX ÉTRANGERS. Zo010G1E. — L’énumération (Soc. bot. zool. de Vienne) des Verté- brés observés dans la Sibérie occidentale est faite par le D'Finsch. — Suivant le professeur Caruceio (Soc. des natural. de Modène), les KRhinolophus hyposidereus, Vesperugo noctula, Vesperus serotinus, Crossopus fodiens et Lutra vulgaris doivent être énumérés au nombre des espèces qui composent la faune mammalogique du Modenais. — À l’occasion (Term. füz. Budapest) d'un Xema Sabinii Leach , observé en Hongrie, nous signalerons la remarque d'Hermann, que la description de cette espèce n’est pas claire, et qu’on réunit sous le même nom plusieurs espèces différentes. — Nous signalerons aussi (Soc. Sc. nat. de Gratz) l'article du profes- seur Hanf sur les Oiseaux rapaces utiles et nuisibles ; parmi les pre- miers, sont, entre autres, énumérés : Striæ ous, acadica, brachyotus ; parmi les derniers: Astwr palumbarius, nisus, Falco peregrinus, subluteo. Hanf, déplorant à ce sujet l'ignorance des chasseurs, qui tuent très-souvent des espèces utiles, voudrait que les écoles publiques s’occupassent de ce sujet. — Présentation est faite (Soc. des natur. de Modène) par le D" Picca- glia d’un Cursorius gallicus, espèce nouvelle pour la faune du Mode- nais. — Il a étélaissé par le D' Bianconi un Mémoire sur une sorte de vase formé de l’ongle d’un Rapace d’une taille extraordinaire. Cetobjet d'art, qui fait partie du trésor de Saint-Denys, pourrait bien, d’après l’opinion de Bianconi consignée dans les Actes de l'Académie de Bologne, avoir été confectionné avec l’ongle d'un Æpyornis, Oiseau qui à été spéciale- ment l'objet des études du savant regretté, études dont nous avons déjà entretenu les lecteurs de la Revue. Pourtant, il se pourrait que la sub- stance de ce vase fût de la corne empruntée à la tête d’un Ruminant, et il faudrait avoir cet objet à sa disposition pour pouvoir donner quelques éclaircissements sur cette question. —De Betta (Inst. des Sc. Venise) fournit des observations critiquessur les Amphibiens et les Reptiles de l'Italie, observations qui ont pour but 552 REVUE SCIENTIFIQUE. d'éclairer le plus possible quelques doutes sur la matière, de reformer quelques erreurs, enfin de donner une erpétologie italienne des plus com- plètes et des plus exactes. Puis il fait l’'énumération des diverses formes et variétés du Podarcis muralis, se rencontrant en Italie, et entre dans des détails sur le Gymnodactylus Kotschii, Phyllodactylus Doriæ, Lyognathus cucullatus, Euproctus platycephalus, et donne un cata- logue descriptif des espèces conservées dans sa propre collection. De Betta parle ensuite de la Vipera ammodytes Latr., et de sa distribution géographique en Italie (le Tyrol cisalpin, la Vénitie, la Sicile) ; il fait aussi mention de la Vipera Latastei, de l'Espagne, et arrive à consti- tuer un anneau de transition entre l’aspis et l’ammodytes. — Un tableau synoptique (Term. füz.) de Serpents observés en Hon- grie est l’œuvre du D’ Karoly. — Mention (Soc. de Mecklembourg) est faite par Rettig d’une Anguille pêchée dans le golfe de Wismar, à une profondeur de seize pieds. Le dos était de couleur jaune orange, ainsi que les côtés, tandis que l’abdo- men était d’une couleur jaune clair et blanc rougeâtre ; la peau était si transparente qu’on apercevait à travers les intestins et la colonne verté- brale, On constatait, en outre, sur les vertèbres dorsales et anales, la pré- sence de veines d’une ténuité extrême. Serait-ce une forme nouvelle parmi les Anguilles ? — Six espèces nouvelles (Acad. Sc. de Vrenne)de Poissons d’eau douce de l'Amérique méridionale sont décrites par le directeur Steindachner. La description est aussi faite (loc. cit.) de genres nouveaux (Pary- chus longipes et Dorsipys uncinnata), accompagnée de quelques ob- servations sur l’organisation de ces Poissons, par Kerschner. — Le D' Bertolini (Soc. entomol. de Florence) présente la relation de son excursion dans la vallée de Fiume (Tyrol), avec l’énumération des Coléoptères qu'il en a rapportés. Parmi les plus intéressants sont indi- qués : Tillus elongatus, Chrysochus pretiosus, Cistela fusca, Carabus alpinus, Nebria Germari, Pterostichus maurus, etc. — Un intéressant Mémoire est celui de Cavanna {/oc.cit.) sur l'identité de l’Oryctes nasicornis et de l'O. grypus. Cavanna cite les caractères distinctifs de ces deux espèces donnés par Mulsant, par Erichson, par Camerano, et ceux observés par lui-même. Il conclut qu’il n'y a en Eu- rope qu'une seule espèce d’Oryctes, l'O. nasicornis, à laquelle il faut rapporter comme synonyme l'O. grypus. Quant aux variétés, il n’en existe pas de constantes, et celles que l’on croit reconnaître comme telle sont uniquement dues à l'alimentation, au développement précoce ou tardif des larves. TRAVAUX ÉTRANGERS. 553 — Le professeur Brauns (Soc.de Mecklembourg) est l'auteur du Ca - talogue des Coléoptères nouveaux pour la faune du Mecklembourg. En 1853, Clasen a rédigé la liste de ces Insectes, qui aujourd’hui, pour cette contrée, atteint le chiffre de 2,847 espèces. —Un voyage(Soc. bot. zoo, de Vienne) en Croatie et en Slavonieaété effectué par Reitter, dans le but d’étudierla faure des Coléoptères de ces régions. Reitter décrit quelques espèces nouvelles. — Frivaldsky (Term. füz. Budapest) présente la diagnose de quel- ques Coléoptères deHongrie jusqu'ici inconnus: Anophthalmus cognatus, ressemblant beaucoup à l'A. Milleri, Scotodipnus brevipennis, Oxyo- mus porcellus, voisin de l'O. sus ; Kendeeny, celle d’une espèce d’A- nophthalmus, À. Budæ, découverte dans une grotte dela vallée de Hat- zez et tellement semblable à l'A. Merklii qu’il est à peine possible d’en faire la différence à l’œil ; Moscary décrit (Zoc. cit.) Schizocera vittata, se rapprochant du S. sudellata Pz., l'Emphylus temesiensis, semblable à l'E .serotinus K1., et diverses espèces de Pompilus, de Cerceris, ete.: tous ces Insectes habitent aussi la Hongrie. — C'est à la faune du Tyrol (Soc. bot. zool. de Vienne) qu'il faut rap- porter les espèces d'Hyménoptères suivantes décrites par Kohl : Crabro Kriechbaumeri, C. bulsanensis, Ceropates pygmæa, Nysson Che- vriert, etc. —Farsky (Soc. bot. zool. de Vienne) présente la description de deux Diptères qui occasionnent de grands ravages dans les champs de Bette- raves, le Lonchæa alba et l'Anthomyia conformis, et le D' Low for- mule les caractères distinctifs du Schizsoneura compressa Kch. et du Tetranewra alba Rizb., qu’il reconnait pour deux espèces différentes. — Un travail (Zsis, à Dresde) du prof. Rostock, sur les Éphémé- rides de la Saxe, est l’objet de quelques observations critiques de Shil- ler, qui énumère les espèces se rencontrant dans les environs de Dresde et remarque qu'il convient d'étudier ces Insectes, si fragiles à l'état frais, afin de pouvoir bien en déterminer les organes générateurs. — Une Note (Soc. entom. de Florence) du professeur Stefanelli est consacrée à la conservation des Libellules, qui très-souvent, pour ne pas dire toujours, perdent leur couleur par le mode ordinaire de préparation. — Voici la manière employée par Stefanelli pour la prépa- tion de ces insectes : Les Libellules, récoltées dans un cornet de papier fin, sont assujéties à l’aide de petites plaques de verre sur des planchettes avec rainure de forme semi-circulaire ; ensuite le tout est placé sous la cloche de la machine pneumatique, en même temps qu’un vase conte- 554 REVUE SCIENTIFIQUE . nant de l’acide sulfurique concentré ; grâce à ce procédé, les Libellu- les ne se décolorent nine se décomposent, et ne répandent aucune mau- vaise odeur. — La liste (oc. cit.) des Libellules des environs de Pise et de Li- vourne est dressée par Spagnolini et Ragazzi. —Le Catalogue(/oc. cit.) des Orthoptèresitaliens du Musée de Florence, au nombre de 128 espèces, est fait par le professeur Targioni-Tozzetti. Ce catalogue est accompagné de remarques sur quelques espèces telles que Forcinella annulipes Dohrn, et Brachylaphis mœsta Gené, qui constituent deux formes différentes ; la même distinction devra être également établie entre Forficula Orsinii Gené, et F. bimaculata, ete. — Un nouvel organe (Soc. bot. zool. de Vienne) à été découvert par Brunner de Wattenwyll chez les Acridides : à la partie inférieure de la cuisse postérieure et sur les bords existe un petit tubercule dont, - sous la loupe, la masse chitineuse est pourvue d’un orifice arrondi au fond auquel on voit une glande molle, grise ou blanchâtre, avec des poils blancs. — Le professeur Canestrini(/nst. des Sc. Venise) décrit quelques nou- velles espèces de Dermaleichus, telles que : Derm, squatarolæ, cha- radii, nisi, totani et autres, qui toutes vivent sur les ailes de certains Oiseaux. Canestrini fait observer que les mâles de ces parasites sont plus rares que les femelles, et ces dernières, dans les différentes espèces, sont assez semblables entre elles, ce qui en rend la classification presque impossible si on ne connaît pas leurs mâles. Il fait aussi des ob- servations au sujet de quelques formes munies d’ur appendice caudal et décrites par quelques auteurs comme des espèces différentes. On trouve dans ce genre de Dermaleichus un phénomène de métamorphisme qui est celui-ci : outre les formes masculines et féminines qui s’accouplent, il existe aussi dans quelques espèces une forme féminine qui ne s’ac- couple jamais. — Au nombre (Acad. Se. de Vienne) des trente espèces d'Annélides du Japon qui sont l'objet d’un Mémoire de Marenzelier, on en remarque vingt-quatre jusqu'ici inconnues ; quant aux six autres, elles ont été déjà signalées dans les mers de l'Europe, la mer Rouge, etc.; ces Anné- lides offrent un mélange de formes tropicales et septentrionales. — Arndf(S. de Mecklembouwrg) communique le résultat de ses recher- ches sur la reproduction du dard de l’Æelix nemoralis, qui commence quelques heures après la copulation. Des observations sont aussi four- uies par lui sur les fascies de la coquille; la troisième bande est la TRAVAUX ÉTRANGERS. 99 première formée. Les cinq fascies se produisent chez des individus des- cendant de sujets avec une fascie (003/00) et même sans fascie (000/00). — La marquise Paulucci (Soc. malacol. de Pise), dans ses Communica tions malacologiques sur la faune italienne, décrit quelques nouvelles espèces de Pomatias, et fait quelques remarques sur certaines espèces de ce genre. Donnant ensuite une Notice sur la partie malacologique de l'Exposition de Paris, elle cite les Mollusques recueillis par Ze Nordens- kiold dans son expédition polaire, en 1875 (Neptunea glacialis, plu- sieurs Foldia) et ceux de la section hollandaise, de l’île de Java, de Bornéo, de Sumatra, parmi lesquels Conus Thomæ, aurisiacus, ami- ralis, circumcisus, nimbosus, etc., et, en outre, une série d'Hélices, telles que Æelix mamilla, ungulina, diverses variétés de Nanina ci- trina. Boucard avait exposé, venant de la République de Guatemala, des échantillons de Glandina fusiformis, Helix Grisbrechti, de très-grands exemplaires d'Ewcalodium Walpoleanum. — C. de Stefani {/oc. cit.) décrit un nouveau Daudebardia, Daud. ta- rentina, qui aquelque analogie avec le Daud. Langi de la Hongrie, avec le Daud. transylvanica de Bielz et avec le ZLibania peculiaris du pliocène de Sienne. Ces trois Daudebardia forment un type intermé- diaire entre les Daudebardia et les Libania, type pour lesquels de Ste- fani propose une nouvelle section, sous le nom de Pseudo-Libania. — I! reconnaît (/. c.) le Hyalina de Natale Ren. et le Hyal. Uziellei Iss. pour espèces identiques; on peut en effet considérer la forme toscane comme étant une variété de celle de la Sicile ; il admet que le Hyal. Regnolir est une variété fossile qui se trouve dans les brèches post-plio- céniques de Parignana (Pise). — Nous trouvons aussi (2. c.) la description des Pomatias vivants et fossiles des Apennins, ainsi qu’une liste descri- ptive des Mollusques vivants de l'Italie centrale, dans laquelle est consi- gnée l'observation que l’Xelix Vallisnieri de Stefani se rapproche de l’'Xel. micropleuros. | — La liste (Zoc. cit.) est dressée par le D’ del Prete des Mollusques des Alpes Apuennes, et par l'ingénieur Valentini de ceux du bassin du Tronto, avec un essai géologique sur ce territoire accompagné de quel- ques observations, comme, par exemple, que l’Æelix martensiana Tiv. vitavec l’apennina Porro et présente des rapports étroits avec celui-ci. .— Valentini cite une forme scalaire de l'Xelix setipila L. ; il regarde la var. depilata Ors. comme une variété du seéipila, tandis que Tiberi la considère comme une espèce distincte et lui donne le nom de pubes- cens. — Le D' Entz (Term. füz. Budapest) décrit quelques espèces d’Infu- 550 REVUE SCIENTIFIQUE. soires du Jac salifère de Szamosfalva, en Transylvanie ; parmi eux se trouvent diverses espèces nouvelles; il citele Sparotricha vexillifer, qui se rapproche beaucoup du genre Stichotricha, dont les représentants vi- vent autant dans les eaux marines que dans les eaûx douces ; en géné- ral, les Infusoires des lacs salins appartiennent autant à la faune marine qu’à celle des eaux douces. BoTANIQUuE.— Le professeur Sestini(Jowrn. bot. ital. de Pise) donne le résultat de ses études relatives à l’action de la vapeur de diverses sub- stances sur les semences en germination. Les graines ne germent pas dans une atmosphère de chloroforme, d'acide acétique, de phosphore, etc. —Quelques-uns admettent que l'acide carbonique est décomposé par les feuilles sous l’action de la lumière, et d’autres que les feuilles l’absor- bent sans le décomposer; qu’étantabsorbé il arrive aux racines, pour, de là, aller se mêler aux matériaux utiles à la végétation. À ce sujet, Mer- cadante et Calori (loc. cit.) ont entrepris quelques expériences dont le ré- sultat est que les racines n’émettent pas d’acide carbonique, et que la constatation contraire n’indique pas une fonction régulière de nutrition, mais bien une altération des racines. — Macchiati a fait aussi des expé- riences qui lui ont démontré qu’une partie de l’acide carbonique absorbé par les parties vives pent arriver jusqu'aux racines sans être décomposée. — Le D' Stôhr (Acad. imp. des Sc. et Soc. bot. zool. de Vienne) pré- sente le résultat de ses études, qui lui ont permis de constater que l’épi- derme des organes verts des Gymnospermes à larges feuilles et celui d'une grande partie des Dicotylédones contient de la chlorophylle qui semble manquer le plus souvent aux organes verts des Gymnospermes à feuilles en forme d’aiguilles et aux Monocotylédones ; ordinairement la chlorophylle se trouve à la partie inférieure des feuilles et y reste pendant tout le temps de leur vie. Très-rarement la chlorophylle se trouve sur les deux faces de la feuille ; venant à la partie supérieure, elle est détruite par une lumière trop intense, au moment de son apparition. — Le professeur Caspary (Soc. phys. écon. de Kônigsberg ) décrit une racine fasciée de Spiræa sorbifolia, anomalie que l’on observe plutôt sur les Monocotylédones que sur les Dicotylédones. Il fait aussi aussi mention d'un Pinus viminalis. (Pinus picea, var. viminalis Casp.) de 60 pieds d’élévation, existant en Prusse. —Le D" Molisch (Acad. imp. des Sc. de Vienne) a étudié l'anatomie du bois des Ébénacées. Il à trouvé que les bois des Ébénacées, Sapotacéees, Styracées, Anonacées, Olacinées et Ternstræmiacées ont tous la même constitution. Le Diospyros Ebenus contient, dans son système trachéen, TRAVAUX ÉTRANGERS. 557 de la gomme qui se forme dans les couches intérieures de ses cellules, et cette gomme se change, plus tard, en un corps semblable à l’humus. Le bois dudit Dyospyros contient 3,90 ‘/, de substance minérale et envi- ron 90 °/, de CO* CA. — Le Journal de Pise renferme la description, faite par Mori, de la structure histologique du bois et des racines des Crassulacées. — La description du fruit (/oc. cit.) du Donattia est donnée par le baron Müller; suivant lui, le fruit devrait faire classer cette plante parmi les Stylidiées ou Candolacées, et non parmi les Saxifragées. — Une nouvelle espèce (loc. cit.) de Commélinacées d'Australie, le Cartonema tenue, est décrite par le professeur Caruel. Ce savant four- nit une Note sur les fleurs renversées des Phaséolacées, c’est-à-dire celles ayant l’étendard en dessus, en avant ou en arrière par rapport à la tige d’inflore scence, et donne des éclaircissements sur l’Arisarum proboscideum et sur le fruit des Rosacées pomifères. — Caruel entre- prend aussi l'historique des Tulipes des environs de Florence et dit que la plupart de ces Tulipes viennent de l'Orient, ont été introduites d’abord dans les jardins et se sont ensuite répandues dans la campagne. — La provenance de l'Orient de ce: plantes est niée par le D" Levier, qui les rapporte à la transformation, transformation qui a fini par donner des formes spécifiques nouvelles différant entièrement des formes ancestra- les d’Orient.—Caruel n’accepte pas la création deces nouvelles formes et maintient, avec peu de modifications, la provenance orientale des Tuli- pes. Les Tulipes dont il est question sont: 7. Fransoniana, T. sero- tina, T. stranqulata, T. Bonarotiana 1, etc. 1 Nous empruntons le passage suivant au compte rendu du Mémoire de Caruel publié par le Bulletin de la Société Botanique de France ; «M. Caruel termine par »des réflexions fort sensées sur le peu de preuves que les Darwinistes apportent »à l'appui de leurs théories, qu'il leur faudrait, dit-il, éclairer d'une autre lumière »que celle d’affirmations toutes pures ou de simples suppositions enchaînées les »unes aux autres. Sans nier, quant à présent, le transformisme en lui-même »génériquement parlant, pour ainsi dire, le savant directeur du Jardin de Pise »voudrait que les adeptes du système en vinssent, par des observations et des »expériences, à rendre compte spécifiquement des modes de transformation dans »tel ou tel cas, et à nous apprendre quelle part de vérité il peut y avoir daus les »conditions de vie invoquées par Lamarck, ainsi que dans l'analogie darwinienne ventre la sélection intelligente de l'homme et le jeu des forces inconscientes de la »nature. » (Tom. XX VI, Rev. Bibliogr. D.) E. DuBruEIz, 508 REVUE SCIENTIFIQUE. — Nous trouvons aussi dans le même recueil des détails phénologiques sur les plantes des environs de Florence, de 1848 à 1864. — Une esquisse (Soc. Adriat. Sc. nat. de Trieste) de la flore du pro- montoire d'Isola, en Istrie, est présentée par le D' Marchesetti ; il traite, dans ce Mémoire, de l'influence du sol sur la végétation. Là, quelques plantes croissent exclusivement sur les terrains calcaires, tandis que d’autres ne poussent que sur les grès. Les premières se développent quel- ques jours avant les secondes, à cause d’une plus grande absorption des substances fournies par le sol. — P résentation est faite par de Vukotinovic à l’Académie de Za- grabia (Agram) d’un Mémoire intitulé: Novæ Quercuum Croaticarum formæ. Dans ce Mémoire, dont un résumé a paru dans le Jowrnal bota- nique de Skofitz, l'auteur donne les caractères pouvant accidentelle- ment rendre laplante différente du type fondamental. Cette définition est suivie de la description de seize espèces de Chêne des groupes des Quer- cus pubescens, Q. sessiliflora, Q. pedunculata. — Quelques observations (Term. füz. Budapest.) sont formulées par de Janka sur la flore du Banat, et particulièrement sur le Vesicaria mi- crocarpa Vis. (A. microcarpum Vis.), que quelques botanistes confon- dent avec l’Alyssum edentulum. W.Janka, se fondant sur la Flore dal- matique de Visiani lui-même, et, tout en trouvant à ladite plante de grandes ressemblances avec l’4. edentulum, nous dit qu’elle en diffère: «Siliculis solo centro convexis, margine planis, ete.» Il tient pour er- ronée l'identité du Vesicaria microcarpa avec l'Aurinia corymbosa Gries, in Pantoseck, F4. de l’'Herzégovine. Janka constate cependant l'identité de l'A Zysswm edentulu x W. avec l'A. petrœum Ard. (Alys- sum gemonense Wulf.); il donne enfin les caractères distinctifs de ces trois Alyssum. — Borbas (Journ. bot, de Skhofjitz) fait mention d’un Convallaria qui se distingue de la forme normale par une feuille du cercle intérieur du périgone semblable à celle du cercle extérieur, tant par la forme que par la couleur ; Borbas a montré un rameau de Castanea vulgaris sur lequel on voit germer le fruit, quoique encore sur l'arbre. A l’cccasion des recherches botaniques de Borbas, notre amour pour la science nous force, à notre grand regret, de faire mention d’un article critique de M. Hermann (Term. füz. Budapest) sur les travaux de cet auteur. — De Jabornegg (Carinthie) à rencontré quelques espèces nouvelles pour la flore de la Carinthie, telles que : Scabiosa graminifolia, Phyteuma comosum, Viola pinnata, Daphne alpina, ete, TRAVAUX ÉTRANGERS. 559 — Le professeur Hackel (Jowrn. bot. de Skofitz) est l’auteur d’ob- servations critiques sur quelques plantes, et démontre que le Xoeleria carniolica de Kerner est identique avec le Koeleria eryostachya de Pancic; que l'Arwndo pygmæa Spreng. du Monte-Baldo est un Tri- setum gaudinianum ; que le Bromus transylvanicus Schur, qui est réuni par Janka au Br. variegatus et par Borbas au Br. angustifolius M. B., doit recevoir le nom de Bromus fibrosus. Le Nardurus uni- lateralis Boiss., de la flore méditerranéenne, vient d’être découvert dans le Tyrol. — I. Wiesbauer (loc. cit.) décrit quelques nouvelles espèces de Rosa : telles que Rosa zalana de la Hongrie, Rosa kalksburgensis (arven- sis X austriaca), Rosa Christii (canina XX trachyphylla), ete., etc. - —P.Menyharth (loc. cit.) décrit un Roripa Borbasii (Ror. auriculata Men.) voisin du Roripa hungarica Borbas et en partie des Ror. au- striaca et amphibia. Cette plante doit être placée entre ces deux derniè- res espèces. — Borbas pense qu’il serait plus convenable de donner au Roripa Borbasii le nom de Roripa napifolia, à cause de la ressem- blance de ses feuilles avec celles des Brassica napus, glaucescens et virgata. — Trente nouvelles espèces d’Epilobium des Indes (Loc. cit) sont dé- crites par Hausknecht, parmi lesquelles Æp. rigidum, voisin du latifo- lium, Ep. frigidum, voisin de l’algidum, Ep. sertulatum, voisin de l'anagallidifolium, etc. — Des observations critiques (Soc. du Mecklembourg) sont présen- tées par Fisch et Krause sur quelques plantes de Mecklembourg et spé- cialement sur celles des environs de Rostock. — Le Directeur de Heldreich(Jowrn. de Shkofitz) décrit un Teucrium Halacsyanum de la flore grecque qui est très-voisin du 7. Montbut B. — Porta (Jowrn. bot. de Pise) présente un résumé du voyage fait par lui en Calabre en compagnie de Rigo et Hurter. Il donnela liste des plan- tes récoltées par eux, parmi lesquelles on trouve plusieurs espèces nou- velles: Bellis margaritæfolia, Polygala anne, Leontodon in- termedius, Festuca calabrica, etc. — Une esquisse (loc. cit.) de la flore du Monte-Generoso, en Lom- bardie, est tracée par Penzig. Le bas de cette montagne est composé de calcaire rouge ammonitique, tandis que le haut est formé de schistes calcaires en couches superposées au gneiss. On y rencontre des espèces très-intéressantes: Physalis Alkekengi, Cytisus laburnum (jusqu’à une taille de 5 mètres) Carduus defloratus, Daphne laureola, Laser- 560 REVUE SCIENTIFIQUE. pitium Gaudini, Campanula pusilla, cœspitosa, pubescens, linifolia que Penzig considère comme autant de variétés du Campanula rotun- difolia, Paradisia liliastrum, etc. —On doit ajouter à la flore italienne [A cad. d'agricult. de Vérone) un Prunus nouveau, P. chamæcerasus, qui vit sur le sol basaltique du Vé- ronais et que nous fait connaître le professeur Goiran. Mention est aussi faite par ce dernier du vrai Carex brachystachys Schrank, rencontré aussi dans le Véronais ; cette espèce avait été prise jusqu’à ce jour pour le Carex ferruginea. — Valdesi (Jowrn. bot. de Pise) décrit un Polygala à fleurs jaunes auquel il donne le nom de Polygala pisaurensis. — Le professeur Arcangeli ({oc. cit.) décrit un nouveau Taccurum, T. cylindricum, qui est cultivé au musée de Florence et qui a quelque ressemblance avec l’Amorphophallus ; il fait une description détaillée de l’Amor. titanum. Nous trouvons aussi diverses observations de lui sur la floraison du Dracunculus vulgaris. — La Viscum laxum (loc. cit.) a été observée par le professeur Sac- cardo sur le Pinus sylvestris. — Le premier fascicule dn deuxième volume de la Société cryptoga- mologique de Milan vient de paraître ; ce recueil renferme des Notices et des Mémoires très-intéressants, comme, par exemple: les Champignons de Parme énumérés par le professeur Passerini; les Mousses du pays napolitain du professeur Giordano ; la description de l’'Amphora bul- bosa par lacomtesse Fiorini Mazzanti, plante qu’elle avait prise, il y à quelques années, pour un Collaetonema. — Parmi les Notices bibliogra- phiques, nous devons mentionner les mémoires de Reïnke, Falkenberg, insérés dans les écrits de la station zoologique de Naples dirigée par le D' Dohrn, dont on apprécie l’activité et le talent pour la science, — Le professeur Reichardt (Soc. bot. et zool. de Vienne) offre un ta- bleau de la collection cryptogamique du Musée impérial de Vienne, ainsi que celui des Champignons de la Sibérie décrits par Kalkbrenner. — Le résultat (loc. cit.) de ses recherches sur le prothallium du genre Scolopendrium est communiqué par le D' G. Beck. Il décrit les spores de cette espèce et fait connaître le développement des anthéridies et des archégones. L'acte de la fructification a lieu seulement lorsqu'elles sont exposées à la lumière, les anthéridies sont ou unicellulaires ou tricellu- laires en forme d’anneau; quant à la conformation des archégones, leur développement se rapproche de celui des vraies Fougères. TRAVAUX ÉTRANGERS. 561 — $es excursions (loc. cit.) lichénologiques dans le Tyrol sont pour- suivies par le D' Arnold. — Baglietti (Jowrn. bot. de Pise) a rédigéle catalogue des Lichens de Sardaigne. — Hauk (Journ. de Shofitz) entreprend la description de quelques Al- gues de l'Adriatique. Parmi les nouvelles espèces on remarque : Myrio- trichia? repens qui vit sur le Liebmannia lencilla, Symploca violacea sur le Fissurella costaria, etc. Il ÿ joint des observations critiques au sujet de beaucoup d’autres espèces. —AÀ l'abbé comte de Castracane fut confié, par la Commission britan- nique des naturalistes préposée à l'expédition du navire le Challenger, l'examen etl’étude des Diatomées recueillies pendant le cours d’un voyage de trois ans et demi dans les sondages des naturalistes de ce navire. Dans les écrits de l’Académie pontificale des Lyncéens, le comte de Cas- tracane donne diverses notices et observations. — Taranek (Soc. des Sc. de Prague) est l’auteur d’un essai systé- matique sur les Diatomées qui vivent dans les tourbières du Hirschberg, en Bohême ; il observe que sur quelques points il ne vient seulement que des Navicularia (spécialement Nav. crassinervis et sur d’autres points le Nav. viridis) ; ailleurs eten plus grand nombreles Epithemiea ; enfin, plus loin et plus nombreuses encore, les Gomphonemea. Par con- tre, les Meridicea, qui vivent dans les eaux courantes, y manquent tota- lement. — Taranek écrit aussi (en langue bohème) sur la manière de re- cueillir et de préparer les Diatomées, afin d'aider les jeunes naturalistes dans cette étude. — L’énumération des Desmidiacées de la Prusse orientale {Soc. phys. économ. de Künigsberg) est entreprise par le D' Klebe; une extrême variabilité tant dans la forme que dans la constitution des cellules se re- marque dans celles-ci, variabilité sur laquelle est basée leur classifica- tion. — Le premier fascicule du Catalogue descriptif des Champignons co- mestibles et vénéneux des environs de Rome, rédigé par le D' Lanzi, vient d’être inséré dans les Mémoires de l’Académie des Lyncéens, Déjà, dans une précédente publication de ladite Académie, Lanzi avait exposé les caractères distinctifs des Lepioti etdes Armillari; il avait sur- tout insisté sur les attaches des lamelles, sur la couleur et sur l'insertion du pied. Le premier fascicule publié renferme la description de douze espèces et variétés, parmi lesquelles figurent l'Agaricus coccola Scop., etl À.cæsareus, var. albus. Ce fascicule contient aussi des notes histori- 562 REVUE SCIENTIFIQUE. ques sur les botanistes qui se sont occupés de cette étude. — La deuxième livraison est en cours de publication. — Quelques Champignons (Rev. viticult. et d’enol. ital. de Casal.) parasites de la Vigne, tels que Lophiostoma Thümenianum (spec. nov.), Teichospora mesacium (de Not. Sacc), T. oæyostoma (Sace. Spes.), Lep- tosphæria Cerletii (Speg.) font l’objet d'un travail de Spegazzini. — Nous avons connaissance (Soc. bot. zool. de Vienne), par un Mé- moire de Thümen, de quelques formes de Mylitha, Pachyma, ete. Ce botaniste donne à une Ustilaginée le nom de Vossia; mais Kôrnicke fait observer que cette dénomination a été déjà appliquée à une Graminée, et propose de la remplacer par celle de Neovossia. — Le professeur Caspary (Soc. phys. économ. de Künigsberga) décrit une nouvelle ospèce de Chroolepus, Chr.subsimplex, se rapprochant de Chr. aureus. — Le professeur Goiran {Acad. d'Agric. de Vérone) fait des obser- vations sur l’Ustilago Fischeri, nouvelle espèce découverte par le pro- fesseur Passerini dans le rachis des épis femelles du Maïs; cet Ustilago avait été confondu jusqu'ici avec l’Ust. maydis Tul. — Les professeurs Caruel et Mori (Jowrn. bot. de Pise) parlent sur la variole des Orangers, maladie observée sur les Orangers cultivés à Grottamare (Ascoli-Piceno) et qui est caractérisée par des taches obscu- res, avec des crevasses dela pellicule dans lesquelles on trouve des Hypo- mycètes (Fumago Citri Pers.) — Nous avons déjà déploré la mort de l’excellent professeur - Parla- tore, arrivée le 9 septembre 1878. Un éloge dicté par un sentiment d'es- time et d'amitié a été lu à l’Acad. des Sc. de Budapesth par S. E. le cardinal Haynald, qui a dépeint le caractère du défunt dans la science, dans ses sentiments religieux, et dans sa vie de famille. Il donne la liste des ouvrages publiés par le savant regretté, qui, d'après ce que nous en pouvons savoir, était un adversaire de la théorie de Darwin. La mort à encore enlevé à la science, le 28 avril 1879, la comtesse Éli- sabeth Fiorini Mazzanti. Elle a laissé, sur la science cryptogamique, de nombreux et très-remarquables ouvrages, qui se trouvent insérés dans les Annales de l’Académie pontificale des Lyncéens, à Rome. GÉOLOGIE ET PALÉONTOLOGIE.— Nous trouvons la description faite par le professeur Roth | Inst. géol. de Vienne) d’une variété particulière d’une roche de structure granitique de Dobsechau, en Hongrie, composée de feldspath, d’amphibole et de calcaire, avec de l’augite, du diallage et du quartz. TRAVAUX ÉTRANGERS. 563 — Le D' Hussak (Soc. Sc. natur. de Gratz) traite des trachytes des environs de Gleichenberg, en Styrie, entre autres augito-andésite rhyo- lite, augito-trachyte, etc. — Une Communication nouvelle du professeur À. ïissel (Bull. du Vul- can. Italien, Rome) porte sur l’acide borique des solfatares de la Toscane. Ce sujet avait déjà été l’objet de recherches de la part de Menechini, Bombicci, d'Achiardi, de Dieulafait; certaines opinions de ce dernier auteur ne sont pas partagées par Issel, pour qui les gypses proviennent du métamorphisme des calcaires ; les jets de vapeur de la Toscane sont analogues aux émissions geysériennes, dont elles ne diffèrent que par une température plus élevée, par l’état gazeux qui en est la conséquence et par la production d’acide borique au lieu d’acide silicique. — Des éclaircissements (Rev. marit. de Rome) sur la malaria le long des rivages de la mer tyrrhénienne, dans l'Italie centrale, sont l’objet d'un Mémoire de Ponzi; il présente l’histoire physique de cette région, sa géographie et sa géologie, ainsi que les moyens qui ont été mis en œuvre pour se préserver des tristes effets de l: #alaria. Pour ce qui touche à la partie géographique et physique, etc., nous renvoyons les lecteurs au Mémoire du professeur Ponzi et nous donnons seulement quelques détails sur la partie géologique. À l’époque diluvienne, outre un soulèvement général, il y eut aussi un soulèvement d’un long reliefdes sa- bles subapennins qui font digue au bassin pontin, et, par ce fait, une partie de la mer étant close, il se forma un vaste golfe dans lequel se rassem- blèrent toutes les eaux des ravins environnants, des fleuves et des tor- rents ; les eaux douces chassèrent les eaux salées, et le golfe pontin fut converti en lac d’eau douce ; la flore et la faune marines disparurent pour faire place aux êtres organisés des eaux douces. Alors suivit l’époque a'luvionnaire, et sous le lac pontin se précipitèrent de larges plaques de travertin produites par des sources calcarifères. Après de telles for- mations eurent lieu fréquemment des éruptions violentes auxquelles on doit attribuer un lent soulèvement du sol pontin; il s’y forma de petits lacs qui, sous l'influence des rayons du soleil, furent convertis en au- tant de foyers de putréfaction, cause efficiente de la malaria. Ponzi fait observer que, malgré les quelques résultats partiels obtenus par un travail intelligent, la configuration du sol s’opposera toujours à l’accom- plissement d’un assainissement général {. — À propos des dernières éruptions en Italie, nous remarquons la 1 Les D's Lanziet Terrigi ont écrit sur ce sujet un ouvrage intitulé : La malaria e il climal di Roma, 1877, avec une carte topographique. 564 REVUE SCIENTIFIQUE. mention dans le Bull. du Vulc. Ital. de l’éruption de l’ile Vulcano (1878, 1879) et de l’éruption de boue près de l’Etna (1878, 1879) ; une partie de cette masse fangeuse resta dans le bassin, tandis que l’autre s’écoula lentement, aidée par la configuration du sol, en couvrant une su- perficie de 7,000 mètres carrés. Cette boue étant devenue consistante par le dessèchement, il s’y forma des crevasses dans lesquelles s’enten- dait le sifflement de matières gazeuses, etc. — Le même Bulletin donne des détails sur l’éruption de l’Etna en mai 1879; sur les tremblements de terre arrivés, la même année, à Florence, Bologne, ete.; sur le sirocco observé à Palerme le 24 février, accompa- gné de la chute d’un sable de couleur jaunâtre, comme à Naples, et dans lequel furent trouvées de petites sphères noirâtres de fer métallique, cas important et peut-être nouveau, parce que dans les poussières de sirocco recueillies en Sicile le fer n’a jamais été observé ; en outre, on y rencontre quelques filaments du Penicillum glaucum, du Protococcus fluviatilis, des fragments de conferves, des cristaux de spath cal- caire, etc. — Le professeur Stoppani, dans une réunion de l’Acad. roy. des Lyncéens à Rome, a donné lecture d’un Mémoire très-intéressant sur le mode de vérification des oscillations les plus récentes du conti- nent européen; sur l’origine sous-marine, littorale, des grands amphi- théâtres morainiques élevés par les anciensglaciers dans la haute Italie; sur l’amphithéâtre morainique du lac de Garde, qui marque l’axe sur lequel se serait opérée cette récente oscillation de la région subalpine par laquelle, postérieurement à la période glaciaire, la partie sud-ouest du lac même s’est soulevée d'environ 500 mètres, tandis que la partie à l'Est s’abaissaif d’une quantité inconnue. Stoppani fait ensuite observer qu’à partir de la période éocène les aires à l'Ouest de l'axe eurent une tendance à s’abaisser, tandis que les aires de l'Est se soulevèrent, etc.; il termine par quelques observa- tions sur les volcans anciens des Euganiens, du Vicentin, du Véronais, du Tyrol; sur les tremblements de terre, les émanations gazeuses, la conformation du lac de Garde, qui a tous les caractères d'une profonde crevasse répondant à l'idéal d’un axe d’oscillation qui aurait fonctionné jusqu’à l’époque crétacée, etc. — Le D' Rogev (Soc. min. Zool. de Regen) nous présente un essai systématique sur les Mammifères fossiles connus jusqu’à présent, basé en partie sur ceux de Blainville et de Huxley et sur ses propres études ; il y observe que les deux familles des Édentés et des Cétacés représentent un type de développement et d'intelligence très-inférieur, TRAVAUX ÉTRANGERS. 565 modifié dans les formes du corps et de la dentition ; que chez ces ani- maux le développement du cerveau est loin d'être en proportion avec leurs formes gigantesques. — Des restes de Marmotte (/nst. géol. de Vienne) ont été trouvés dans le diluvium de Prague. Le professeur Laube, qui rapporte cette découverte, parle aussi de la magnifique collection de fossiles siluriens que possède M. Dusl, à Beraun, en Bohême. On remarque, parmi ces fos- siles, des Trilobites gigantesques, des exemplaires d'Asaphus ingens, ete. — Sont décrites par le D' Issel (Muws. civ. de Gênes) deux dents mo- laires d'Ælephas primigenius, trouvées à Campo-Santo, près de Venti- migle, dans un terrain argileux ; cet Eléphant, ainsi que le Rhinoceros tichorhinus, le Bos primigenius, l’'Ursus spelœus, etc., ete., sont ori- ginaires de l’Asie septentrionale et ont émigré vers la fin de la période quaternaire. — Le D' Fuchs (Znst. géol. de Vienne) parle d’une dent d’'Anthra- cotherium recueillie dans le tuf basaltique de Saaz, en Bohême (Loc. cit.), du Bithynia tentaculata et Valvata piscinalis, dont on à trouvé des fragments de coquilles, en grandes masses, dans le lac Aussee, en Styrie, dans un état de mollesse tel qu’on pouvait les pétrir ; mais, exposés à l’air, ces fragments s’endurcissaient aussitôt. Ce fait est intéressant pour ren- dre compte d’un état d’aplatissement dans lequel on trouve quelques fossiles. Fuchs faitaussimention {/oc.cit.) de quelques fossiles d’Ajnaisko, en Hongrie (Tapyrus priseus et hungaricus, Mastodon arvernensis et Borsonii, Castor Ebeczhyt et autres) ; il discute sur leur distribution géographique, et termine en donnant une classification des faunes des Mammifères les plus récents dans les miocène, pliocène et pleistocène. — Fuchs (Ac. des Sc. de Vienne) donne aussi une Notice sur quel- ques fossiles tertiaires de la Perse, et traite (Inst. géol. de Vienne) de la faune pliocène des Mammifères de la Hongrie ; il fait mention des restes fossiles de Mastodon arvernensis de Devoszlo, que l’on ren- contre conjointement avec le Melanopsis martiniana, Melan. Bouei, Unio Wetzleri et Vivipara Sadleri? Par les couches supérieures à Congéries et par les restes d’Elephas meridionalis dans le gravier flu- viatile de Varos Hidveg et dans le gravier alluvial près d’Aszod, etc., Fuchs croit pouvoir confirmer l’opinion, qu’il a d’autres fois exposée, que le Mastodon arvernensis et l’Elephas meridionalis appartiennent à deux faunes différentes ; que les dépôts et les couches avec le dit Mas- todon doivent être rapportés aux couches à Congéries et les couches avec le dit &lephas à la formation quaternaire. 2e 5Ér., tom I. 38 566 REVUE SCIENTIFIQUE. —Dansla caverne de Vypustek, en Moravie ont été ramassés divers res- tes fossiles d'Ursus spelœus, Felis spelæa, Hyœna spelæa, Cervus ela- phuset capreolus, Capra ibeæ, Elephas priscus, Bos priscus, Rhinoce- ros tichorhinus, Lynx vulgaris, Felis catus, Vuilpes vulgaris et lagopus, Fæœtorius putorius et concinia, Arvicola amphibius, Myoxus glis, ete. Le D' Liebe [Ac.imp. des Sc. de Vienne) déduit de ce relevé que jadite caverne avait servi pendant longtemps de domicile aux Hyènes et aux Ours, et quelque temps aussi au Bœuf, au Renard et au Lynx, et, dans les galeries latérales, au Puiorius, Arvicola, ete.; beaucoup de ces animaux trouvèrent la mort dans ces galeries, d’autres furent tués - par des Carnassiers, ete. Cette faune dénote une région forestière. — Nous sommes redevables au D' Bassani (Znst. géol. de Vienne) d'une Notice préliminaire sur la faune ichthyologique fossile de l’île de Lesina, en Dalmatie, avec une liste des espèces respectives, parmi les- quelles on en compte de nouvelles, telles que : Aphanopygus elegans, Leptolepis meocomiensis (auquel il faut joindre comme synonymes Megastoma apenninum Costa, et probablement aussi Sarginites pyg- mœus Costa), Elepopsis Haueri, Hemiolopopsis gracilis, qui a quelque ressemblance avec le genre ÆElopopsis et Ælops, etc.); quant à la for- mation de cette faune de Lesina, Bassani la rapporte au néocomien su- périeur. Bassani donne aussi (loc. cit.) une Notice sur les Poissons fossiles tirés des dépôts bitumineux de Comen, parmi lesquels il cite comme espèces nouvelles l’Elopopsis Haueri, Lepiolepis neocomiensis ; ces dépôts sont d’un âge plus ancien, mais cependant voisin de celui de Lesina. — Lawley (Soc. Sc. nat. Pise) parle da Notidanus Thevenardi, dé- couvert par le professeur Delfortrie dans le Bordelais ; il décrit ensuite quelques nouvelles dents iossiles d'Orca du Pisanais, et fait savoir qu'aujourd'hui on compte neuf espèces de Notidanus trouvées dans le pliocène toscan. . — Nous signalerons la publication récente, par le savant professeur Fritsch, de Prague, du premier fascicule d’un travail très-important et ne le cédant en rien aux ouvrages remarquables dont il est l’auteur, qui se rapportent à la géologie et à la paléontologie de la Bohême. Ce dernier travail, qui est en cours de publication, a trait à la faune du charbon à gaz du calcaire permien de la Bohême (Fauna der Gaskohle u. der Kalksteine der Permformation Bôhmens, tom. I; Prague, 1879); il est orné de douze planches et d’un grand nombres de figures interca- liées dans le texte. À cause de la situation des restes d'animaux fossiles, TRAVAUX ÉTRANGERS. 567 l’auteur fait remarquer qu'il ne lui est pas encore possible de déterminer jusqu’à quel point, en Bohême, s'étend la formation carbonifère et où commence la formation permienne ; cependant on peut, en toute sûreté, constater qe les Sauriens et les Poissons qu'on observe dans le char- bon à gaz de Nyran et dans le charbon de ia formation permienne de Braunau, forment un type distinct. Fritsch entre ensuite dans un essai stratigraphique du bassin de Pilsen et de Rakonitz, avec l’énu- mération des fossiles qu’ils contiennent ; après, il traite dela classifica- tion des Labyrinthodontes, en y joignant deux relations de la British Association (1873 et 1874) sur ce sujet. Il donne aussi l’énumération descriptive des Branchiosaures, des Stégocéphales (Labyrinthodontes), avec les genres Branchiosaurus, Sparodus, Hyloniomus et Dawsonia. Les matériaux qui ont servi de base à ce travail sont d’une grande im- portance pour les études sur la théorie de la descendance, et par cela même d’une grande valeur pour les naturalistes. L'ouvrage, composé de trois volumes ornés de planches nombreu- ses, comprendra les Labyrinthodontes , les Poissons et les Arthro- podes. Le premier volume seul contiendra 40 planches. Les restes fossi- les qui y sont décrits et qui se trouvent au Musée national de Prague sont très-nombreux et magnifiquement conservés. Dans la préface du premier fascicule, Fritsch nous donne une esquisse du voyage qu’il a fait en Angleterre et en Écosse, afin de connaître et d'étudier lesdiverses collections paléontologiques. — Le D' Wiechmann (Société des Amis de l'Hist. nat. de Meklem- bourg) entreprend l’énumération définitive des Pécilopodes de l’oligocène supérieur de Sternberg, et le D' Koch donne la liste des Foraminifères ainsi que des Poissons de la même localité, suivie d’une classification des Pleurotomidés du Mecklembourg; cette classification est basée sur celle de Weinkauf, formant des Pleurotomidés une sous-famille des Conidés, et mettant en tête de la classification le genre Cryptoconus, qui est le passage naturel du Conuws au Pleurotoma. — Un tableau est présenté par Mascarini, d’Ascoli, des fossiles qu'il a découverts dans les argiles marneuses bleuâtres de Grottamare et qui, placés sous les sables jaunes pliocéniques, sont d’une hauteur considéra- ble, paraissant, à l’état de siccité, avoir les caractères d’une vraie roche. Cex fossiles doivent appartenir, pour la plupart, à des espèces encore vivantes. Mascarini distrait du genre Natica le N. Josephinæ et Guillemini, pour les placer dans le genre Neverita de Risso, à cause de l’opercule, qui est corné et non calcaire, etc. — L'abbé Mazzetti (Société des Nat. de Modène) fait connaître la 568 REVUE SCIENTIFIQUE. richesse et le caractère de la faune fossile de la mollasse marneuse du Modenais et de Reggiano, ainsi que la contemporanéité de la dite mol- lasse et du schlier, — Le professeur Hoernes (Soc. des Sc. nat. de Graïz) donne la description des dépôts sarmatiques des environs de Gratz, qui se distin- guent par le petit nombre des fossiles compensé par la richesse des individus et la variété des formes. — Hoernes entre aussi dans quelques détails sur le vulcanisme de la lune. — Le professeur Ettingshausen parle (loc. cit.) des moyens de déter- miner avec certitude les plantes fossiles, soit en se servant de l’em- preinte naturelle, au moyen de laquelle on reconnaît exactement la ner- vure des feuilles, soit en employant la méthode phytogénétique. L’au- teur enseigne aussi le moyen d’obtenir presque en entier l’empreinte des plantes : c’est en mouillant les pierres et en les exposant à un froid intense qu’on arrive à ce résultat; les petites fissures et les trous se remplissent d’eau, qui, en se gelant, fait éclater la pierre le plus sou- vent aux points où se trouvent les empreintes. — Les phytopaléontologues diffèrent encore sur l'opinion de réunir certains restes de plantes aux Calamariées : par exemple, l’Astero- phyllites doit-il être considéré comme un genre propre on comme une branche de Calamites. À ce sujet, E. Feistmantel |Inst. géol. de Vienne) décrit un Cyclocaladia major Lind., du bassin tertiaire de Rad- nitz, dont quelques fragments d’écorce furent trouvés; il fait remarquer qu’il faudra encore bien des études pour savoir si ce Cyclocaladia doit être inscrit parmi les restes des Calamariées!. — Deux espèces de Plumeria | Term. füz. Budapest) ont été ren- contrées à l’état fossile dans le charbon de Œdenbourg, en Hongrie; ces espèces se rapprochent, suivant le D'Staxb, du PL, austriaca Eit., et du PI. neriifolia Wess. Web. —wanzisger(Journ. Carinthie) donne un essaisurla flore tertiaire en général; il traite des nervures des feuilles, organe important pour la dé- termination des plantes fossiles ; il parle des caractères du climat aux périodes pliorène, miocène, oligocène, éocène, et fait ensuite mention du . développement génétique de la flore présente et de la flore éteinte. — Le D' Eug. Geinitz (Soc. Isis, Dresde) décrit quelques bois diluviens silicifiés de Kamenz, en Saxe ; leur structure organique étant presque entièrement détruite, il en résulte que ces bois, avant leur silici- fication, avaient dû séjourner longtemps dans l’eau. — Valle (Soc. des Sc. nat. de Trieste) fait mention d’un tronc d’ar- TRAVAUX ÉTRANGERS. 0069 bre pétrifié trouvé dans une carrière de calcaire à Rudistes près Ce Buic; ce tronc mesure 1,80 de longueur et 66 centim. de diamètre ; il est de couleur gris clair avec beaucoup de cristaux de quartz à la superficie ; il appartient au Thuyoæylon ambiguum Ung. — Nous avons à regretter la mort du professeur B. Gastaldi. G. Sella (Acad. des Lyncéens de Rome) donne des détails nécrologiques sur ce savant, à qui on doit une parfaite connaissance de la géologie des Alpes piémontaises. Il a publié aussi de nombreux travaux sur la paléontologie de l'Italie, et, à ce propos, il faut dire qu'il fut toujours contraire à l’opi- nion sur l'existence de l'Homme à l’époque pliocène et miocène, comme le prétendent de nombreux auteurs. PALÉOLTHNOLOGIE. — Le D' Riccardi (Arch. d’Anthrop. et d'Ethnol. de Florence) fait la description des ustensiles de pêche existant dans le Musée d'anthropologie de Florence. Ils appartenaient à des peuples essentiellement pêcheurs. Riccardi dit ensuite que, dans les temps pré- historiques, l’homme était déjà pêcheur dans la période du Mammouth et du Renne ; le Saumon était sa principale nourriture ; il se servait, pour le prendre, d’un hamecon fabriqué avec une petite écaille d'os lon-. cue de 0,04 centim., lésè:e et pointue des deux bouts. Ce hamecon fut = remplacé, dans la suite, par d’autres plus perfectionnés, c'est-à-dire faits de fragments d’os ou de corne de Cerf, ayant d’un côté de profondes et larges entailles, formant des dents ou des barbes aiguës. Ces divers ob- jets ont été trouvés dans les grottes de la Dordogne. On a aussi rencon- tré, appartenant à l’âge du Renne, des harpons en corne de cet animal, longs de 0,22 centim. et dentelés, d’autres en silex et en dents de San- glier, des filets flottants et d’autres plus lourds. Dans l’âge de bronze, abondent les hamecons de ce métal, de diverses formes et dimensions. — Les découvertes faites à la Madeleine sont d’un grand intérêt : ce sont des fragments de corne de Renne sculptés en relief, et d’autres en creux, avec des figures de Poissons. — Le prof. Rossi (Bull. du Vulcan. ital., Rome) parle d'un sépul- cre creusé dans le travertin fluviatile, à Anagni, près de Sgurgola, et renfermant un squelette d'Homme, des armes de pierre, des flèches de bronze et un vase de terre cuite très-grossièrement fait. Rossi fait aussi mention du Musée de Ripatransone, dans la Marche, qui possèce environ 150 armes appartenant à des stations archéolithiques et néolithiques, et, parmi ces armes, plusieurs haches en jadéite, des flèches de forme élégante, etc. — Le professeur Pellesrini (Acad. d'A gricult. de Vérone) décrit des 570 REVUE SCIENTIFIQUE. sépulcres situés dans le gravier à Povegliano, près Vitlafranca [Véronais). Les tombes ne présentaient aucun signe extérieur, pas même une pierre où un caillou à la superficie. À environ 1 mètre de profondeur ont été découverts des squelettes tout à fait altérés et qui tombèrent en pous- sière, comme s'ils avaient été calcinés. Dans quelques tombes, on ne reacontra que des charbons avec des cendre; concrétionnées ; dans d’au- tres, il y avait des vases de terre en fragments, renfermant des restes humains brûlés; on recueillit des objets de bronze, tels que lames d'épée, poignards, aiguilles pour attacher les cheveux d’une forme sin- gulière, des disques d’ambre troués au milieu, d’un beau rouge de feu, etc. Pellesrini pense que ces objets appartiennent à la fin de la pé- riode du bronze et au même peuple qui habitait les erramare de l'Émi- lie et les palafittes du lac de Garde. Ce Mémoire est orné de planches représentant les figures des objets décrits, et d’une carte orographi- que, etc. — Tischler (Soc. phys. économ. de Kônigsberg) donne une descri- ption détaillée des tumulus de la Prusse orientale, qui appartiennent au premier siècle après J.-C. Ces tumulus contenaient des squelettes, des vases, des urues, des boucles de bronze, de fer, quelques-unes d’or, de: anneaux, des bracelets et des colliers avec des perles de verre et d'ambre, émaillés et à mosaïque, etc.; ensuite des poinçons, des aiguilles et des couteaux de bronze, etc. Tischler donne de tous ces objets une exacte description, qu il accompagne de figures et d'observations historiques, ete. — Dans le Bulletin de la Sociité anthropologique de Vienne, nous trouvons, parmi plusieurs articles du plus grand intérêt, celui du profes- seur Woldrich, dans lequel il parle d’ossements d'animaux de la période diluvienne ; ces os sont ou rongés par d’autres animaux, ou travaillés par la main de l’homme, au moyen d'instruments tranchants de silex. Il observe que très-souvent on considère comme produites par l’entaille- ment certaines figures qui ne sont que les effets de la dent d’autres animaux. Depuis quelque temps, il y à eu à ce sujet plusieurs discus- sions scientifiques. — Mention est faite par le D' Much de cavernes creusées dans le loëss, et qui sont assez communes dans l'Autriche inférieure. Ces cavernes ont servi d'habitation ou de refuge en temps de guerre, ete. — Ce savant parle de l’usage des anneaux d’or chez les Germains : ils étaient donnés en prix dans les combats et servaient aussi de monnaie. Il donne un aperçu sur l’usage d’anneaux semblables chez les Nubiens, les Ara- bes et les Nègres. — Heger décrit quelques objet: en silex de la Guadeloupe, des haches TRAVAUX ÉTRANGERS. ya de néphrite de la Nouvelle-Calédonie et autres, conservés dans le Musée Impérial de Vienne; Rzehak, quelques tumulus découverts près de Monitz, en Moravie, et dans lesquels on a trouvé des vases de forme et de grandeur diverses, des objets de bronze, des squelettes, etc. — Le D' Benedikt donne des éclaireissements sur les plans crâäniomé- triques. Quoique le meilleur système de mesurer un crâne soit celui de Broca, il n’est pas toujours applicable. A ces observations est jointe une lettre du prof. Broca, dans laquelle il donne des éclaircissements sur le plan horizontal, le plan alvéolaire, condylaire, etc. — Neudek présente une esquisse des fortifications des Germains dans la vallée de la Waag (Hongrie), et décrit le matériel de construction, les diverses formes de boulevards préhistoriques; le tout avec des dessins renfermés dans cinq planches. — La Communication est faite à l’Académie Impériale des Sciences de Vienne d’un Mémoire de Deschmann et Szombathy sur les sépulcres de la Carniole et sur les squelettes trouvés dane les sépulcres de Roje. Ce Mémoire est accompagné de vingt-deux planches. Les objets de bronze trouvés dans les sépulcres de Klenik sont tout à fait identiques à ceux de Hallstadt, et, de l’absence complète d'objets romains, on peut déduire que ces sépulcres ont appartenu à la tribu celtique des Turiski qui travaillait dans les mines de sel à Hallstadt. — Les squelettes de Roje appartiennent à une période plus récente, (1v° et vrr‘ siècles). — Dans l'excellent Bulletin de Paléoethnologie italienne, se trou- vent plusieurs Notices des plus intéressantes : Desor décrit la pierre de croix de Piève de Teco, dans les montagnes de la Ligurie. Cette pierre est de forme carrée, mesurant 4%,90, sur une hauteur de 1 mètre, et por- tant à sa surface une quantité de croix taillées dans un grès dur de 8 à 10 centim. Ce n’est pas un monument mésolytique, c’est une pierre charriée par les glaciers, etc. — Une Note est présentée par le prof. Pigorini sur une station lacustre, près d'Ascoli-Piceno, dans laquelle vécut un peuple qui travaillait simultanément la pierre et le bronze. —Pigorini donne aussi un aperçu historique de Paléoethnologie italienne commencant au xvi° siècle ; Mercati fut le premier à attirer l’atten- tion sur les armes de pierre, que l’on prenait alors pour des pierres de foudre; il cite, après Olivi, Chiacco, Moscardo, Fortis et autres. — Castelfranco parle d’une tombe, près Coarezzo, vers Golasecca, dans laquelle on à recueilli une urne cinéraire de terre noire, ni polie, ni gravée; des bronzes (poignards, bracelets, anneaux, aiguilles, etc.). Cette tombe, qui est ia plus antique parmi celles de la nécropole de 572 REVUE SCIENTIFIQUE. Golasecca, est de l'âge de transition, c’est-à-dire de l’apparition du fer. Castelfranco décrit aussi quelques tombes gallo-italiques de la Prianza, qu'il rapporte à 400 ans après J.-C, ce qui lui fait proposer les conclusions suivantes : 1° les tombes gauloises de la Transpadane sont difficiles à distinguer de celles des Gallo-Romains et des Romains pro- prement dits; 2° les tombes de Golasecca, Montorfano et autres analogues de l’âge du fer, sont de beaucoup antérieures au v° siècle de Rome, et n’appartiennent pas aux Gaulois de la deuxième invasion. — Mollini fait mention des nombreux entassements de scories appelées fabbrichili, rosticcei, schiumali, qui se trouvent dans l’île d’Elbe, dans les environs des gisements ferrifères.— Cafici décrit les stations de l’âge de la pierre, situées à Saint-Cono, province de Catane, dans laquelle on trouve des ‘objets de silex, tels que haches, coignées, pointes de flèches, etc.; des objets de basalte et pierre verte [massues, haches et coignées); obsidienne (petits couteaux, pointes de flèches); des grès (poids) ; en outre, des noyaux de silex auxquels on à enlevé des éclats; ensuite des cailloux granitiques de porphyre et autres étrangers à ce lieu. Ces diverses trouvailles font penser à Cafici qu’il a existé en cet endroit un peuple qui n’était pas encore expert dans l’art de travailler la pierre. — Le résultat de ses recherches paléoethnologiques dans les environs de Cagliari est communiqué par Orsoni; au commencement de l’époque néolithique apparut en Sardaigne un peuple qui y prolongea son séjour jusqu'après l’âge du bronze. Ce peuple n'avait pas été contemporain de l'époque quaternaire, même lorsque le terrain alluvionnaire de récente formation commençait à se déposer ; mais il avait paru postérieurement à tous les phénomènes de soulèvement. , SENONER. Vienne, octobre 1879. (Traduction A. Bonneau.) ERRATUM. — Pag. 517, 27e ligne, au lieu de : La quatrième métamère, lisez : Le quatrième métamère, et ainsi de suite. Le Directeur : E. DUBRUEIL-: Montpellier. — Typogr. BOEHM et l'ILs, REVUE DES SCIENCES NATURELLES TABLE DES MATIÈRES Contenues dans ce volume (Tome VIII, 2° série, Tome I). MÉMOIRES ORIGINAUX. ZOOLOGIE. Note sur les Aphides du Térébinthe et du Lentisque; par M. L. COURCHET Catalogue des Mollusques terrestres et fluviatiles du départe- ment de l'Hérault; par M. E. Dusrueir (suite et fin). 44, 238, 475 Des matières à inclusion. — Emploi du collodion pour les coupes microscopiques ; par M. Mathias Duvaz......,.... D8 Essai sur la distribution géographique des Poissons de mer; pDareMeNLS ILE ACER Rene .... 164, 305, 449 Sur les Ammodytes des côtes de la Manche; par M. S. Jour- pAIN (PI. II) RS TE A oc Lo PP OT OPEN PAR 203 Etudes sur la Spermatogénèse chez la Paludine vivipare; par MMathias Duvar (PI TE EE ARR ne de AS QE eu 211 Note anatomique sur quelques Pomatias; par M. A. de Sainr- SIMON Rene PR MN re SA a NU OR 234 Sur la conformation de l'appareil génital de l'Helir aspersa dans . le jeune âge; par M. S. Jourpanx (PI. IV.)............. . 449 La loi de la corrélation des formes et des types intermédiaires : DAT MP AE SABADIERSRRNEES se cree Dee Ca de ee 467 BOTANIQUE. Etudes morphologiques sur la famille des Graminées DA MD SA GODRON SU AE TES le ee sente 14 Sur quelques plantes récoltées, en 1877, aux environs de Montpellier ; par M. J. Duvaz-Jouve (PI. 1).......... RE ON Pourquoi l'on rencontre quelquefois les plantes du Calcaire associées à celles de la Silice ; par M. Ch. CONTEJEAN..... 82 Le Soude dans le sol et dans les végétaux ; par M. Ch. CoNTEIEAN 189 574 TABLE DES MATIÈRES. Des stipules à l'inflorescence dans les fleurs ; par M. D. Czos. Les bourgeons axillaires et les rameaux des Graminées; par M: D == AG ODRO NS NET ee A ETS GÉOLOGIE. Note sur la découverte d’un gisement de marnes à Limnées à Celleneuve, près Montpellier, par M. F. FONTANNES...... Note additionnelle ; par M. F. FONTANNES.............,...., Pettre de MP. Ge ROUILLE 000. 0) CEE RE Note sur quelques Équidés fossiles des environs de Constantine; paciMe PE NDAOMAS CREER ET RER CRE EEeERE Aperçu des Pyrénées de l'Aude; par M. Leymeric (suite) (PI. V). 75, 352, REVUE SCIENTIFIQUE. TRAVAUX FRANCAIS. Zoologie; par MM. S. JourpaIN, H. Rouzaup et E. DuBruzIL. 87, 246, 370, Botanique ; par MM. L. Courcxer et E. Dusrueir. 109, 266, 384, Géologie; par MM. M°® Vrcurer et E. Dusrueis. 120, 278, 388, Société des Sciences naturelles de Province; par M. E. DuBrueit. } 145, TRAVAUX ÉTRANGERS. Revue allemande et italienne; par M. SENONER........ ane Revue botanique hollandaise ; par M. TREUB.......,..,. PCT BIBLIOGRAPHIE. (Voir la dernière Table.) 231 455 499 523 542 395 551 296 TABLE DES MÉMOIRES ORIGINAUX par ordre alphabétique des noms d’Auteurs. Clos (D.) Des stipules à l'inflorescence dans les fleurs. 231 Contejean (Ch.). Pourquoi l'on ren- contre quelquefois les plantes du calcaire associées à celles de la silice. 8? — La soude dans le sol et dans les végétaux. 189 Courchet (L.). Note sur les Aphides du Térébinthe et du Lentisque. 1 Dubrueil (E.). Catalogue des Mollus- ques terrestres et fluviatiles du dé- partement de l'Hérault. 44, 238, 475. Duval-Jouve. Sur quelques plantes récoltées, en 1877, aux environs de Montpellier. 31 Duval (Mathias). Des matières à in- clusion. Emploi du collodion pour les coupes microscopiques. 98 — Etude sur la Spermatogénèse chez la Paludine vivipare. 211 Fontannes (F). Note sur la décou- verte d'un gisement de marnes à Limnées à Celleneuve, près Mont- pellier. 64 — Note additionnelle. 159 Godron (D.-A). Étude morphologique sur la famille des Graminées. 14 — Les bourgeons axillaires et les rameaux des Graminées. 429 Jourdain (S.). Sur les Ammodytes des côtes de la Manche. 203 — Sur la conformation de l'appareil génital de l'Helix aspersa dans le jeune âge. 449 Leymerie. Aperçu des Pyrénées de l'Aude. 75, 392, 455 Rouville. (P. de). Lettre. 86 Sabatier (A). La loi de corrélation des formes et des types intermédiaires. 467 Saint-Simon (A de). Note anatomi- que sur quelques Pomatias. 234 Thomas (Ph.). Note sur quelques Equidés fossiles des environs de Constantine. 335 Tillier (S.). Essai sur la distribution géographique des Poissons de mer. 104, 305, 442 TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS des Communications et des Publications Analysées dans la Revue scientifique et bibliographique. Acy (d). Gisement quaternaire de Thennes. 284 Arbaumont (J. d'). Lenticelles du Üissus quinquefolia. Pi — Racines adventives. 274 — Faculté germinative des graines de Melon. 398 Arcangeli .Taccurum cylindricum, etc. 966 Arcelin. Argiles à silex. 129 Ardissone. Algues italiennes. 291 Arnaud (H.). Craie du nord et du sud-ouest de la France. 140 — Etage turonien dans le, sud- ouest et le midi de la France. 141 Arndt. Reproduction du dard de l'Helix nemoralis. 554 Arnold. Excursions ‘lichénologiques dans le Tyrol. 061 Arsenval (d'). Chaleur animale. 372 Asa Gray. Géographie et archéologie forestière de l'Amérique du Nord. 115 Baglietti. Lichens de Sardaigne. 361 Baïllon (H.). Mathurina et son arille. 118 — Expérience sur une Aroïdée grimpante. 118 _— JInvolucre des Dipsacées. 9531 — Quelques Ourouparia. 931 — Plantes à curare. 532 Balfour. Morphologie des Rene ie 52 Barrois (Ch.). Terrain crétacé des Ardennes. to — Terrain crétacé d'Oviedo. 279 Barrois (J.). Embryogénie de l'Aste- riscus verruculatus. 98 Barthélemy. Dipsacées. 381 Bassani. Poissons fossiles de Lesina et des dépôts diluviens de Comen. 266 Beauregard. Coloration des bâton- nets de la rétine. 100 — Graines du genre Daphne. 116 Beuarr. Conophallus tilanum. 288 Beck. Prothallium du genre Scolopen- drium. 560 Békétoff. Monstruosité de la chicorée. 403 Benedikt. Plans crâniométriques. 571 Benoist. Truncatella Wattelbledi. 406 Bertolini. Excursion dans la vallée de Fiume. 552 Bescherelle. Mousses du Paraguay. 401 Betta (de). Notes erpétolosgiques. 285 — AmphibiensetReptiles del'Italie. Do Bianconi. Vase formé de l'ongle d'un Rapace. Do 1 Bitot. Expansions pédonculaires. 90 Bleicher et Fauvel. Etude préhis- torique de l'Alsace. 148 Bonnal (A.). Chaleur de l’homme pendant le repos au lit. 499 Bonnet (Ed.) Plantes du midi de la France, 270 Bonnier (G.). Des Nectaires. 111, 387. — Sacs polliniques de l’Helleborus fetidus. 230 — ét Flahaut (Ch.). Conditions physiques actuelles de 12 dis- tribution des plantes. 112 Borbas. Convallaria, etc. 552 Bouillaud. Battements du cœur et des artères, elc. 371 Boulenger. Salamandrides méco- dondes. 521 Brandt. Système nerveux des Insec- tes. 319 Brauns. Coléoptères nouveaux du Mecklembourg. 50? Brésina. Météorite de Dhulin. 293 Brown-Séquard. Puissance, rapi- dité d'action et variétés de certaines influences inhibitoires de l'encéphale sur lui-même, etc. SN Brun. Diatomées. Brusina. Mollusques tertiaires de Slavonie. Cadiat. Action de la digitaline. 2 Cafici. Stations de l’âge de pierre Saint-Côme. 57 Cairol. Cainolheriuin Courtoisi da le gypse d'Aix. 2 TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEUR. Calderon. Phosphates d'Almaden et de Puerto de Espiel. 394 Caldesi. Polygala pisaurensis. 560 Canestrini. Genre Dermaleichus. 288-554 — et Fanzago. Acariensitaliens.287 Carez (L.). Fossiles marins de Rilly- la-Montagne. 139 — Marnes marines des environs de Château-Thierry. 139 Capus. Tissu conducteur des plantes. 386 Carlet (G ). Ecailles des Poissons os- seux. 89 — Truite mopse. 99 — Ecailles des Poissons téléos- téens. 311 — Locomotion des Insectes et des Arachnides. 205 Carrière d'Abbeville. 284 Caruccio. Addition à la faune mam- malogique du Modenais. 291 Caruel Carlonema tenue. 907 — Fleurs renversées des Phaséo- lées. 997 — Tulipe des environs de Florence. 097 — et Mori Variole des Orangers. 262 Caspary. Racine faciée de Spiræa sorbifolia. 296 — Chroolepus subsimplex. 562 Castracane (de). Diatomées littora- les et pélagiques. 291 — Melosira Borrerii. 296 — Diatomées recueillies par le Challenger. 561 Castelfranco. Tumulus de Coarrezzo et de Prienza. 571 Cavana. Üryctes nasicornis. 552 Certes (A). Préparations d'Infusoires. 90 Chantre. Grotte de Cagliari. 284 Charpentier (A.). Sensibilité de l’œil à l’action de la lumière colorée. 87 Chatin (A.). Appareil préhenseur ou complémentaire dans les plantes Phanérogames. 109 Chatin (J.). Labium des Orthoptères. 327 Chierici. Silex mégalithiques. 495 Choffat (P.). Callovien et oxfordien dans le Jura occidental et le Jura méridional. 390 — Couches à Ammoniles acanthi- cus dans le Jura occidental. 390 Cohn. Végétaux parasites de la Vigne. 290 Collenot. Argiles à silex. 125 — Phosphate de chaux de l'Auxois. 132 977 Collin de Plancy. Tropidosaura algira. D22 Collot (L.). Description géologique des environs d'Aix en Provence. 543 Contejean. Plantes du calcaire asso- ciées à celles de la silice. 266 Coquand. Terebralula janitor. 127 — Terrain à pétrole et à ozokérite du versant méridional du Cau- case. 137 — Terrains tertiaires et trachitiques de la vallée de l’Arta. 390 — Géologie des environs de Pan- derme. 390 — Géologie de Corte. 394 Corenwinder. Composition chimique et fonctions des feuilles. 411 Cornu (Max.). Type nouveau de tiges anomales. 110 — Maladie des Rubiacés de serre chaude. 110 — Agaricus cirraius. 116 — Reproduction des Algues ma- rines. 924 — Hypocrea alutacea. 527 Cornuel. Poissons fossiles de la Haute- Marne. 131 Cosmovici. Poche ganglionnaire des Annélides polychætes sédentaires. 89 Cossigny (de). Argiles à silex. 126 Cotteau. Echinides tertiaires des îles Saint-Barthélemy et Anguilla. 127 — Terrain tertiaire marin de la Corse. 135 — Salénides jurassiques de France. 278 — Voir Gauthier et Péron. Courchet. Galles produites sous l'in- fluence des Aphidiens. 33 Couty et Lacerda (J.). Venin du Bothrops juraracussu. 312 — Curare extrait du Strychnos tri- plinervia. 376 — Origine des propriétés toxiques du curare. 499 Crié (L.). Asques de quelques Pyré- nomycètes. 111 — Pyrénomycètes des iles Saint- Paul et Amsterdam. 111 — Dépazées. 111 Dareste (C.). Granules amyloïdes du jaune d'œuf gl — Evolution de l'embryon dans des œufs mis dans l’eau chaude. 254 — Absence de l’amnios dans des œufs de Poule. 254 — fissure spinale. 504 ëj 018 Daubrée. Conformité du système de cassures terrestres obtenues expé- rimentalement avec le système de joints qui coupent les falaises de la Normandie. 121 — Météorites et bolides 388 — Joints et diaclases dans les cou- ches tertiaires des environs de Fontainebleau. 388 Debeaux. Plantes de France nouvelles ou rares. 407 Delafond. Terrains jurassiques supé- rieurs et crétacés de la côte Châlon- naise. 1225 — Arpgiles à silex. 125 Dépéret. Chéiroptères du département des Pyrénées-Orientales. 154 Deschmann et Szombathy.Tombes de la Carniole. o71 Desnoyers. (Alf). Ossements fossiles du nord de Paris. 1er Deser. Anciens glaciers dans les Alpes Maritimes. Il — Pierre de croix de Piève de Teco. 571 Dieulafait. Terrain traversé par un tunnel destiné à mettre en commu- nication la mer et le bassin à lignites de Fuveau. 120 — Lithine dans les roches de forma- tion primitive et dans les eaux de la mer. 120 — Etages de France et de Suisse compris entre l'horizon de l'Ammoniles transversarius et le piérocérien. 138 — Cuivre dans les couches primor- diales. 389 Doïlfus et Vasseur. Coupes géoloci- aues du chemin de fer de Méry-sur- Oise, entre Valmondois et Bessan- court. 142 Duchartre. Lilium ligrinum. 116 — Sur le Mémoire de M. Cazzuola. 117 — Altération des fruits. 118 — Expériences de Fr. Darwin. 258 — Densités des bois du Brésil. 269 — Monstruosité du Urocus sativus. 270 Dufour. Empreintes végélales dans le calcaire grossier d'Arthon. 130 — Eocène et miocène de Safré. 394 — Voir Vasseur. Dupont (J.-F.). Des Schizomycètes. 298 Dutaiily. Hydrocleis et Menyanthes. 119 Duval (Mathias). Ligne primitive de l'embryon de Poulet. 95 TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE. Ebray. Terrains du bois de la Bâtie, près Genève. 126 — tage valanginien. 131 Eidams. /le'icosporangium parasi- ticum 290 Engellardt. Homme fossile. 295 Entz. Infusoires du lac salifère de Szamosfalva. | 556 Eruption de l’île de Vulcano et de l'Elna. 563 Ettingshausen. Détermination des plantes fossiles. 568 Fabre (J.-H.). Mœurs et parthénogé- nèse des Halictes. 506 Fagot (P.) et Malafosse (de). Mol- lusques terrestres et fluviatiles de la Lozère. 147 Failla-Tedaldi. Lépidoptères de la Sicile. 286 Faivre (E.). Formation du latex et des laticifères pendant l'évolution du Tragopogon porrifolius: 109 Fanzago. loir Canestrini. Farski. Diptères ravageant les champs de Betteraves. 293 Fauvel. (Al). Voir Bleicher. — Staphylinides de l'Afrique bo- réale 406 Favre (E.). Géologie du sud-ouest de la Crimée. 132 Feistmentel (E.). Cyclocadia major de Radnitz. 568 Féminier. Cyclamen nouveau pour la flore du Gard. 153 Finsch. Vertébrés de la Sibérie occi- dentale. 291 Fisch et Krause. Plantes du Mec- klembourg. 259 Fitzinger. Poissons des lacs Luz et Erlaph. 285 Flahaut. Voir Bonnier. Fontannes (F.). Terrain nummilitique de la Mortola. 283 — Terrain miocène du plateau de Cucuron. SU — Période tertiaire dans le bassin du Rhône. 401 Franck (Fr.). Changements de dia- mètres de la pupille. 251 — Filets nerveux entre le nerf la- ryngé supérieur et le nerf la- ryngé récurrent. 312 Frederieq (L.). Innervation respira- toire chez le Poulpe. 83 Friant. Nerfs trijumeau et facial des Poissons osseux. 104 Fritsch. Faune du charbon à gaz du calcaire permien de la Bohème. 568 Frivaldsky. Coléoptères de la Hon- grie, D93 DES NOMS D AUTEURS. 579 Fuchs. Ant'acolherium de Saaz, etc. 569 de la Perse. 565 Mammifères pliocènes de la Hon- grie. 565 Galeb (Osman). Entozoaires des In- sectes. 260 Gasco. Cétacés vrais. 287 Gaudry (A.). Saïgas en France à l'é- poque du Renne. 120 Gauthier (G.). Voir Timbal-Lagrave. Gauthier. Voir Péron. Geinitz (Eug.). Bois silicifiés de Ka- menz. 56? Gérard (B.). Orchidées. 388 Gillot. Flore de la Bresse Châlonnaise Fossiles tertiaires et Louhannaise. 149 Godron. Tératologie végétale. 402 Goiran. Prunus chamaæcerasus. 560 — Ustilago Fischeri. 56? Gosselet (J.) et Rigaux (H.). Mou- vement du sol de la Flandre depuis les temps géologiques. 156 Gorkum (R.-W.-Van.). Maladie des Quinquina à Java. 300 Gréhant (N.). Endosmose du sang à travers le poumon. 97 Grossouvre (de). Phosphates de chaux de Nevers. 142 Grube. Eunice. 287 Haeckel. Quelques plantes. 299 Hallez (P.). Turbellariés. 508 Hamy. Voir de Quatrefages. Hanz. Oiseaux rapaces utiles ou nui- sibles. 9o1 Harpe (Ph. de la). Nummulites des environs de Nice et de Menton. 143 Harro. Plantes phanérogames crois- sant spontanément dans la ville de Rome. 148 Hauk. Aloues de l'Adriatique. Doi Hausknecht. Ephémérides de l'Inde. 299 Haynes. Silex laillés d'Egypte. 145 Hébert. Terebralula janitor dans l'Ardèche. 138 Heckel (E.). Action des sels de stry- chnine sur les Mollusques gastéro- podes. 247 — Trichinose chez un Hippopotame. 254 — Etat cléistogamique du Pavonia hastala. 389 — Poils et glandes pileuses de quelques Nymphéacées. 523 Organisation et forme cellulaire de certaines Mousses. 523 Heger. Objets en silex de la Guade- loupe. 570 Heldreich (| for Teucrium Halacsya- num. 099 Henneguy (F.). OEufs de Batraciens. 102 KHéron-Royer. Développement des Batraciens anoures de France. 5921 ‘Hermann. Xema Sabinu. 251 Hermite Unité des forces en géologie. 120 —. Trochotroma, etc. 132 Hesse. Crustacés nouveaux des côtes . de France. 93, 378, 508 Heude. Voir Rathouis. Hoernes. Dépôts sarmaliquesde Gratz. 568 MHofner. Lépidoptères de la vallée de Lavant et des Alpes. 286 ssel. Acide borique des solfatares de Toscane. 563 Molaires d'Elephas primigenius de Campo-Santo. 565 Jabornegg. Plantes nouvelles pour la flore de Garinthie. 598 Janka (de). Observations sur la flore du Banat. 298 Jeanbernat. Voir Timbal-Lagrave. Joksert (C.). Action des Strychnées de l'Amérique du Nord. DUT Joliet. Organe segmentaire chez les Bryozoaires endoproctes, 88 Jouan. Oiseaux de quelques RUE de l'Océanie. 154 Jourdain (S.). Appareil respiratoire des Ampullaires. 249 Jourdan (E.). Zoanthaires malaco- dermés des côtes de Marseille. 374 Journiac. Excitation sécrétoire chez le Lapin sous l'influence de la fara- disation de la corde du tympan. 371 Jousset de Bellesme. Foie des Cé- phalopodes. 87 Direction dans le vol des In- sectes. 202 Kanitz. Journal botanique de Klau- senburg. 29) Karoly. Serpents de Hongrie. 552 Keneendy. Anophthalinus Budæ. 553 Kjeruif (Th.). Epoque glaciaire. 284 Klebe. Desmidiacée de la Prusse Orientale. 561 Koch. Foraminifères et Poissons de l'oligocène supérieur de Sternberg. 567 Kohl. Hyménoptères du Tyrol. 953 Krause. Voir Fisch. Kuh. Arachnides de la Sibérie orien- x 281 Kunckel. Système nerveux des Dip- tères. BI) 580 Kusta. Plantes fossiles du bassin de Rakonitz. 294 Lacaze-Duthiers (de). Caryophyllie de Smith et Balanophyllie royale. 380 Lacerda (de). loir Couty. Lacroix (A.). Perdix perlosa dans les environs de Toulouse. 147 Lacvivier (de). Turonien dans l’A- riége. 391 Laffon. Innervation et circulation des mamelles. SE Lambert. Etage sénonien aux envi- rons de Sens. 411 Lanessan (J.). Poissons volants ({rad. de Karl Mæbius). 102 Lanzi. Diatomées. 290 — Diatomées récoltées à Ostie. 291 — Champignons des environs de Rome. 561 Lapparent (de). Argiles à silex. 125 — Bassin silurien de Mortain. 131 — Granit du mont Saint-Michel. 139 Lataste. Genre nouveau de Batra- ciens anoures d'Europe. 251 — Hybridation chez les Batraciens anoures et urodèles. 061 Laub. Mammifères du diluvium de Pragues. 61 Lavocat. Myologie de la Girafe. 408 Lawley. Notidanus Thevenardi Delf. 566 Le Bon. Variations de volume du cer: veau et du crâne. 103 — Mesure de la capacité de crànes d'hommes célèbres. 00 Lecovec. Plantes de Pologne. 403 Legros (Ch.)et Magitot (E.). Fol- licule dentaire chez les Vertébrés. 91 Lefèvre. Reproductiondes Rubus. 115 Lemoine. {V.). Terrains tertiaires de Reims. 122 Lemoine. Objets en jadéïte des côtes du Nord. 284 Leuduger - Fontmorel. Diatomées marines de Saint-Brieuc et du littoral des Côtes-du-Nord. 1417 Lévy (Mich.). Ophites des Pyrénées. 139 Lichstenstein (J.). Nouvelle Coche- chenille de l'Ormeau. 246 — Métamorphoses de la Cantharide. 246 Liebe. Reste d'animaux de la caverne de Vypustek. 566 Livon. Contraction rhythmique des muscles sous l'influence de l'acide salicylique. 500 Lodin. Belemnites et Salenia des ter- rains tertiaires d'Australie. 403 Magitot. Voir Legros. TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE Malafosse (de) Voir Fagot. Maïlbranche. Espèce du genre Rubus. 29 Marchand (1). Monstruosité du Li- naria elatine. 529 Marchesetti. Flore du promontoire d'Isola. 558 Marey. Poissons électriques. 87 — Excitation électrique du tissu musculaire du cœur. 370 Marenzeller. Annélides du Japon. 594 Marion. Draguages au large de Mar- seille. 299 Martin (B.). Vicia Cassubica et Oxalis stricta dans le Gard. 413 Martin (J.). Argiles à silex. 124 — Callovien et oxfordien du versant méditerranéen de la Côte- d'Or. 128 Martinet (L.). Poulets pentadactyles. 103 Mascarini. Argiles marneuses bleuà- tres de Grottamare. 267 Maupas. Haplophrya gigantea. 248 — Position systématique des Vol- cocinées. 254 — Protorganismes et végétaux multinucléés. 370 Maurel. Homme préhistorique à la Guyane française. 143 Mazzetti. Faune fossile de la mollasse marneuse du Modenais et de Reg- giano. 967 Mégnin (P.). Acariens du tissu sous- cutané des Oiseaux. | 101 — Ver vésiculaire trouvé chez une rerboise. b04 Mémoires de la Société cryptogami- que de Miüan. 560 Menyhart. Roripa Borbasi. 559 Mer (E.). Poils radicaux. 170 — Structure des racines. 266 Mercey (de). Calcaire lacustre de Mortemer. 140 — Limon glaciaire du département de la Somme. 140 Meugy. Terrain quaternaire du nord de la France. 130 Meunier (Stan ). Sables supérieurs de la vallée de Pierrefitte,près d'Etampes. 390 Miklucho-Maclay (N. de). Papaous de la côte Maclay. 145 Milne-Edwards (Alph.). Tatou à neuf bandes. 89 — Perameles Raffrayana. 92 — Crustacés décapodes du genre Dynomene. 260 — Espèces nouvelles du genre Anomalurus. 499 DES NOMS D'AUTEURS. Moissan (H.). Emission de l'acide carbonique par les végétaux. 386 Molisch. Bois ces Ebénacées. 256 Moniez (R.). Cysticerques. 151 Morel Voir Dastre. Moreau. Action des sulfates de mag- nésie et de soude. 91 Mori. Bois et racine des Crassulacées. GT — Voir Caruel. Morière. Grès de Bagnols (Orne). 141 — Tronc fossile paraissant se rap- porter au genre Cycadcomy- clon. 404 — Atéride fossile de l'oxfordien. 406 Mort de Zanardini, Visiani, Bertolini. Parlatore, Fiorini-Mazzanti, Gastaldi, 296, 562, 569 Mortillet (de). Gisements de la ja- déite. 134 — Critique du mémoire intitulé le Chronomètre de Penhouël. 136 — Origine du Chien. 541 Moussaye (de la). Grès de la vallée de la Velde. 134 Much. Caverres de l'Autriche infe- rieure creusées dans le loëss. 570 Müller. Fruit du Ponatlia. Don Musset (Ch.). Pluie de séve. 109 Naudin (Ch.). Influence de l’électri- cité atmosphérique sur la croissance des plantes. 389 Neudek. Forüfications des Germains dans la vallée de Waag, 571 Nini. Faune vénitienne. 285 Noulet. 4nthracotherium hippoideum d'Armissan. 408 Œhlert (D.). Thylacocrinus Vannioti et Clorocrinus Bigsbyi. 393 Orsoni.Recherches paléoethnologiques dans les environs de Cagliari. 572 Oudemans (C.-A.-J.-A.). Recherches historiques sur la flore des Pays-Bas. 299 — Flore mycologique des Pay-Bas. 303 Pantoczek. Trifolium Haynaldia- num. 288 Paulucci. Pomatias. 999 — Exyosition de Paris. 299 Pellat. Calcaire à Astarte. 142 Pellegrini.Tombes de Povegliano.569 Perzig. Flore du Monte-Gereroso. 559 Pérez Ponte de l'Abeille reine. 97 Péron, Gauthier et Cotteau. Echi- nides jurassiques et crétacés de l’Al- gérie. ; 1p72 081 Péron. Calcaires à Echinides de Ren- nes-les-Bains. 130 Peter. Flore de la Babiagora (Hon- grie). 290 Picard. Changements de volume de la rate. 251 Piccaglia. Cursorius gallicus dans le Modenais. 551 Pierret (D.). Orthoptères de l'Alsace et de la chaîne des Vosges. 148 Pigorini. Station lacustre d'Ascoli- Piceno. 571 Pilide. Bassin néogène au nord de Plæsci (Valachie). 132 Planchon (G.). Ecorce et bois des Strychnos. 525 Plantes des environs de Florence, 1818 à 1864. 298 Plantes phanérogames des Pays-Bas. 303 Poincaré. Liquides non miscibles à l’eau ayant pénétré par la voie pul- monaire. OI Poisson (J.) Fleur mâle du Dioon edule. 270 Pommel. Hipparion du puits Karouli, près d'Oran. 141 — Géologie de la petite Syrte et de la région des Chotts tunisiens. 141 Quatrefages (de) et Hamy. Cränio- logie des races australiennes. 907? Quélet. Myxogastres. 157 Ragazzi. Coléoptères de Modène. 287 — Voir Spaggnolini. Ranvier. Nerfs de l’épithélium de la cornée, etc. 248 — Plexus nerveux terminal de la cornée, ele. 249 — Substance nouvelle de la cornée. 249 — Cellules du corps muqueux de Malpighi. 3 Rathouis et Eude. Poches auditives des Trionyx de Chine et de l'Emys Reevesii. 91 Regazzoni. Homme préhistorique dans la province de Côme. 295 Reichardt Clathrus curallioïdes. 289 — Collection mycolologique du Mu- sée impérial de Vienne. 960 — Champignons de Sibérie. 960 Reïitter. Coléoptères de Slavonie et de Croatie. 993 Renaut (J.). Eosine hématoxilique. 25? — Organes lymphoslandulaires et pancréas des Vertébrés. 370 Rettig. Anguille du golfe de Wismar. 552 082 Rey-Lescure. Dislocation des terrains du sud-ouest de la France. 128 Riccardi. Ustensiles préhistoriques de pêche du Musée de Florence. 569 Richet (Ch). Forme de la contrac- tion musculaire des muscles de l'E- crevisse. 246 — Muscle pendant les diverses pé- riodes de sa construction. 370 — Excitabilité rhythmique des mus- cles de l'Ecrevisse. 499 Rietsch. Sur la Bonellie ( Analys. d'un Mém. de J.-W. Sprengel.) Rigaux. Voir Gosselet. Robert (F.). Volcans de la Haute- Loire.) 134 Roger. Mammifères fossiles. 964 Rosenhauer. Thamnurgus Chara- ciæ. 288 Rossi. Sépulcres d'Anagni. 969 Roth. Roche de structure granitique de Dobsechau (Hongrie). 962 Rouget (Ch.). OBufs et ovaires des Mammifères après la naissance. 90 — Contractilité des capillaires san- guins. 247 Rouzaud. Géologie des environs de Montpellier. 413 Rouville (P. de). Cordons lit'oraux méditerranéens. 158 Rzehak. Tumulus de Monitz. 971 Sabatier (A.). Appareil respiratoire des Ampullaires. 249 — Ceintures thoracique et pelvienne des Vertébrés 395 Saccardo. Pyrenomyretum hypocre- aeorum. 291 — Viscum laxum sur le Pinus sylvestris. 260 Saint-Simon. (A. de). Mâchoire et ruban lingual de quelques Vertigo du sud-ouest de la France. 145 Sanson (A.) Parthénosénèse de l'A- beille reine. 9f Sauvage. (H.-E.). Pseudopode de Pallas. 94 Sarran d’Allard. Excursion dans les terrains jurassique et crétacé à la limite septentrionale du département du Gard. 413 Schiller. Ephémérides de Saxe. 553 Schnetzler. Aruin crinitum. 384 Schoer. (W.-K.-J.). Acide sécrété par les racines du Froment pendant la germination. 299 Schulzer. Genre ÆXalchbremeria. 290 Serrano-Fatigati. Influence des diverses couleurs sur le développe- ment des Infusoires. 902 Sestini. Action de la vapeur de di- TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE verses substances sur les semences en germination. 996 Seynes (J. de). Apparence amyloïde de la cellulose chez les Champignons. til — Euritheca monspeliensis. 269 Soronsen. Appareil du son chez di- vers Poissons de l'Amérique du Sud. - 20 Société ornithologique de Vienne. 285 Spagnolini et Ragazzi. Libellules des environs de Pise et de Livourne. 254 Spegazzini. Champignons parasites de la Vigne. 262? Staub. Plumeria dans le charbon d'OEdenbourg. 567 Steffanelli. Conservation de Libellu- les. 253 Stefani (de). Daudebardia tarentina. 559 — Pomatias des Apennins. 599 — Mollusques de l'Italie centrale. 299 Steindachner. Poissons d'eau douce de l'Amérique méridionale. 552 Stein. Jardin botanique d’Inspruck. 289 Stohr. Chlorophylle dans les Gymno- spermes. 256 Stoppani. Amphithéätres morainiques de la Haute-Italie. 202 Strobel. Critique du Mémoire de Rag- gazoni. 295 Stossich (M.). Développement des Chétopodes. 287 Stur. Sphenophyllum. 293 — Neggerthia. 293 Sylvestri. Eruption de boue dans les environs de l'Etna. 294 Thaïiheim. Bacillaires artificielles. 290 Taranek. Diatomées des tourbières d'Hirschberg. 561 Tardy. Stratigraphie de l'époque mio- cène. 126 — Stratigraphie de la région sud- est du bassin de la Saône. 132 — Age des civilisations d’après les alluvions de la Saône. 139 — Silex de Saint-Acheul et classi- fication de l’époque quater- naire. 393 — Oscillations des époques miocè- ne, pliocène et quaternaire. 393 Targioni-Tozzetti. Orthoptères ita- liens du Musée de Florence. 594 Terquem. Foraminifères. 140 Thümen (de). Genre Vogessia 291 — Mylitha, Pachyma, etc. 562 DES NOMS D'AUTEURS. Timbal-Lagrave, G. Gauthier et Jeanbernat. Ligularia sitirica. 117 Tischler. Tumulus de la Prusse ori- entale. 210 Tombeck. Faille du terrain corallien à Vouécourt (Haute-Marne). 126 Topinard. Crâne d'un Tadjyck de Tashkend. 114 Tournoüer. Tufs quaternaires de la Celle, près Moret. 131 Townsend. Veronica lilacina. 117 Trécul. Chlorophylle. D24 Treub. Rôle du noyau dans la divi- sion des cellules végétales. 300 Tribolet. Dépôts glaciaires de l'ile Bréhat. 140 Trouessart. Distribution géographi- que des Cheiroptères. 379 Trutat (E.). Mammifères des Pyré- nées. ] 46 Tschusi. Faune ornithologique aus- tro-hongroise. 286 Vaillant (L.). Ponte des Amblystomes au Muséum. 254 Valentini. Mollusques de Tronto. 555 Van Tieghem. Leuconostoc mesen- teroides. 266 — Ferment butyrique à l'époque de la houille. 929 — Formations libéro-ligneuses des feuilles. 525 — Fermentation de la cellulose. 526 — Prétendus cils des Bactéries. 527 — Développement du Spyrillum amyliferum. 527 Vasseur (G.). Gite fossilifère de Bois- Gouet, près de Saffré. 137 — et Dufour. Dépôts éocènes de la Loire-Inférieure. 135 — Voir Dollfus. Vesque (J.). Sac embryonnaire de Phanérogames. 266, 531 — Stylidium. 268 283 Viallanes. (H.). Gésier du Carpo- phaga Goliath. 92 — Lophorina superba. 93 — Glandes salivaires de l'Echidné. »01 Viguier (Ch.). Squelette des Stelél- rides. 106 — Batraco!della Latasti. 255 — Viviparité de l'ÆJelix studeriana. 900 Viguier. (M.). Chéiroptères de l'Hé- rault et du Gard. 4? Villot. Trématodes endoparisites ma- rins. 256 — Métamorphose des Tænias des Musaraignes. 259 Virlet d'Aoust.Chaines de montagne des trois Amériques. 142 Vries (H. de). Perméabilité des mem- branes précipitées. 296 Vucotinovic (de). Plantes nou- velles de Croatie. 288 Vulpian. Action des poisons du cœur chez l’Helir pomalia. 248 — Effets sécrétoires et circulatoires produits par la faradisation des nerfs qui traversent la caisse du tympan. 311 Waltebled. Âelix constricta, etc. 407 Wiechmann. Pécilopodes de l’oligo- cène de Sternberg. 567 . Weisbauer (I.). Nouvelles espèces du genre Rosa. 559 Woldrich. Ossements d'animaux de la période diluvienne. 570 Yung (E). Chaine ganglionnaire des Décapodes. 88 Zigno (de). Sirénides fossile de l'Italie. 539 Zwanziger. Plantes fossiles miocènes de Tiescha. 293 LA FR A ne fn. VINS ER É: ; un Le | ‘ du SÉMATT Fi do fi Re tN: se que ra Jai SR HET LE S HAT UE Dee 0 HA fi j y Dr SE RSR RSA Ft Qu ng: me Ko te LL n à ñ à sui ! RER us sie . A Au né Es Jui MARS ur FDL ot k PR AnTTRe 2 ea à 1 se CT AGE HAN UE EVE Ë is 15 We EU à mio j LI HER me du si RENE 1BE. PRIME PRIT LA a” ane HO REA LAS DRE Het Le EM “it CRE #r enr AAGT te Te bb: Hilo AI PIE “Aft SABE TONNERRE EVENE AN 20 M tobtreqh {né Ve Auot Hot 1 PAATEER BE" D LUNA END bits His ( aoû Le ; ae Êre HER Sue F Te 4 Ha éhibh Fa k DINGE Ja dE: je Qi Revue des Sciences Naturelles Tom. VIII pli WITIe TJ Duval Jouve at. Zoe Poele 8 is, Mont 7 TL (Dmbes, UC. RES à ts RME Tom .I.p2./7 | PSV Te Fee - CSS OPUS LE (CS GR RTS era eee à Revue de Sciences Naturelles. Z.Combes. lit}. lüih Poehm @fils, MontpT S'/ourdain del. TU | 1 LUTTER 1f ni (nl 4 ALES OUT Revue des Sciences naturelles Tom. I. PL JL. Llômbes, lith. Tnp.Boehm A Fils, Montp” Fe des Rats naturelles, 2% Série. Torni. PI W | | | lp. Boëhm 8 Fils Montp* À Bifnoneau. Revue des Sciences Naturelles 2°Serie Tom PI Y. DEU eMe PAR passant par NIORT et ESPÉZEL prolongée jusqu à PUIVERL. montrant deux plaines culuvées à des hauteurs qui différent de 330 mètre 1 ï Echelle 56000 Hauteurs doublees 1482. E Niort. 800 Roc des Caunes. 1139. Plaine de Sault. Forêt de Rcausset. Puivert 9002 | RE Château. Fe 7 M bi R = 583. 674: IT ; (ES Plaine de Pie Espezel. Dévonien. Marmoréen. Grès - Vert. S=0: Leymerie. Féct- Niveau de la Mer. lmp Boekne His