VIII* VOLUME. 23' LIVHAlSON. jMttaffim™^^ REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ANALYSE RAISONKl^E DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LlTTtRATURE y LES SCIENCES ET LES ARTS. jo Sciences physiqites et malkeinatif,de Paris; — Al. de ia BoflnE , de I'Institut ; — Aknee ; — Absoid ,. de Strasbourg ; — Babey; — Barbie-Dubocage, de I'lrtst.; — J. J. Baude; — Ba»E!v- OEK: — Bucron; — Coosiw^' — DEGERAND0,(1e rinst., — Deppikg; A. Dufrateb; — JoMARD, de I'last.; — Alek. Lameth^ — P. Lami; — LaffokdeLaokbat;— DELASTEKRiEj^-MKYERjd'Amsterd^m; — Naudet, de I'lnst.^-rOn. B.\r«»t; — Parert-Realj — G. M. HayMOWD ; — E. SalVERTE; — SACfJPAinE-SotJLIGWE j -►-StlllOJIDE DE .SisMosBi ; — <• Stapper ^ — Thiekry J etc. . , 3" Litteraturefrancaise et etrai:g(ire, Biblioerapkie, Arckeolo- ^ie et ^e«ua:-^;-/j;MM. AsDRiEtJSjAMAURY-DcvALjLEHERCiER, lie I'Institut; — A. Mabul ^-- Henbicks ; — Barmeh, coasapva- leur des bibliolheques du Roi ; — S. A. Bervillje j -<-> D. Rah- i-ot; — Michel Berr 5 — Cadet db Gassicodrt; ■'— CEftBiEo; — Champou-ios-Figeac, correspond, del'inst.; — Ph. Chasiixs; — CoiiAKCEZ; — Derche; — J.Dkoz; — Ddmersa?;; — Emeric-DUvid, de rinst. ; — Fauriel; — Goepp; — Ph. Golbery, de Colmar; — Heiserg; — Kbafft; — Laiscles, del'lnst.; — Lepileur; — LlorentE; — Marron; — A.Metral; — NicoLo-Pouioj — Gber- LiNj — PouGFxs, de rinst.; — Saefi; — SchweighjSuser (ils, de 6frasb.; — Segur, Stcard, deWnst. ;— deStassaet; — Thiessk; — VESniERj — Warden, anc. ConsuldesEtats-Unisd'Am., etc. PARIS, AtJ BCREAC CEKTRAL DE LA HEVCE EJfCTCEftPEDIQCE, B«e u'Enfcr-Saint-SItcliel , HQmero i8. ET CHEZ ARTfiUS-BERTRA\D , SKE ItAL'TEFEUILLF: , N° LONDRE?! — TREUTTEt ET wiJETZ, EI DOLAt: F.T C"^. NOVEMBRE iS^O. CONDITIONS DE LA SOU SCRIPT I ON. Depuis le mois dc Janvier 1819, il paralt , par annc'e , douze cahiers de ce Kecueil; chaquc cahier , public le 3e du mois , se compose d'environ douzu feuilles d impression. Onsouscrit, a Paris, au Bureau central irahonnement ct d'expcdttion indique siir le titre. Prix de la Souscription .- A Paris 4^ f'- pour un an. Dans les departcmens .... 48- Dans I'Etranger 54- La dificrence rntre les prix d'abonnemeBt, a Paris, dans les departcmens , et diiiisr etranger, devant ^tre proporlioDnelle aiix frais d'expedition par la j)osle , a servi de base a la fixa- tion definitive portce ci-dessus. Le montant de la souscription ; envoye par la postc, doit €tre adrcsse d'avance , etjranc de poit, ainsi que la corrcs- pondance , au Directcur de J,a Revue Eitcyclopikhqne , rue d'T.nJer-Saiiit-MiclLel, n" iS. C'est ;i la mi'mc adrcsse qu'on devra cnvoyer les ouvrages de tout genre et les gravures qu'on voudra faire arinoncer, ainsi que les articles dont on de'sii'era I'insertion. On pcutaussi souscrire chez les directeurs des posies et chezles princi])aux Itbraircs, a Paris, dans les departemens et dans les pays e'trangers. 'I'rois cahiers ou livraisons formeront un volume. Cbaque volume sera termiue par une table dos matieres, alphabe- lique et analyliquc. AVIS ESSENTIEL. MM. Les Souscrlpteurs de la Revue Encjclopedi- que sont invites a fairfc renouvelerleur abonnemeu! pour I'annee prochaine, dans le courant du mois dc decembre , afin que la Dircctior, ^uisse prendre a terns les mesures ive'cessaires j" • cju'ils soieni cxactemeni servis. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES RATSONNEES Des productions les plus remarquablts darts la Lilttratuif , les Sciences et les Jrts. .'VWWVVVVVVVV^A'VVVVVVk.VVVVVVVVVVVVVXVVVVWVt^WVWWVVX'VVWVWVWVWVWWVWVVWW* I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. NOTICE Sur I'e'lat acluel des bateaux a. vapeur aux Etats-ZJnis d' Amerique. La belle decouverte qui met en monvement de grands corps floltans par Taction de la vapeur , et le degre de perfectionnement qu'elle a commence d'atteindre, ne sont pas seulement le fruit de qnelques annees de recherches et de travaux. Cela prouve quelle combinaison d'efforts et de connaissances il a fallu, pour inventer et perfectionner un procede qui fait epoque dans I'histoire des progres de notre fiiecle. Le premier qui eut I'idee d'nppliquer les vapeurs rarefiees , comrae force motrice , fut le marquis fVoi'chester ^ qui publia , en i663, sous le titre , .^ TOME viu. 23* Cahiev. i5 ■ji(i NO'llCE d'Un Steele d'inventions ( A century of inventions ), un ouvrage contenanl beancoiip de vues originales , mais dont la plupart sont inipralicables. Ce fut dans cet ouvrage qu'en 1669, Savary puisa la premiere conception d'une machine a va» peur , qu'il conimenca meme a executer d'nne ma- n\ere encore imparfaite •, ce fut ensuite en 1706, qu'un nomrae Newcommen fit I'une des decouvertes les plus essentielles, en inventant le cylindre dans lequel la vapeur elastique agit sous un piston. Newcommen, par le moyen d'un grand levier, ap- pliqua cette force a une ponipe; et, de la , le nom de pompe a feu que recut cette machine. En 1 7 17, Beighton y fit quelques changemens utiles •, mais il etait reservd an genie superieur de M. Watts , de Glascow en Ecosse , d'eriger I'art des machines a vapeur en systeme theorique. II prouva evidemment que I'eau , convertie en vapeur, oc- cupe , sous la pression ordinaire de I'atmosphere , un espace dix-huit cents fois plus grand que dans son etat liquide. Les experiences faites el les ameliorations pro- gressives obtenues parM. Watts, depuis Tan 1765, surpasserent toutes ses esp^rances ; mais , ce fut en 1781 qu'il parvint au faite de sa gloire , en de- couvrant le moyen de produire un mouvement cir- culaire autour d'un essieu fixe. La decouverte de ce niecanisme donna un nouvel essor aux manufac- tures de la Grande-Bretagne , qui , par son indus- irie natioualc , s'eleva bicntot a un degre de force SUR LES BATEAUX A VAPEUR. 227 et de sj)lendeur dont Ics annales du monJe ii'ont jusqu'ici presente auciui exeniple. En 1802, M. Fulton constrnisit un bateau a vapeur sur la Seine; ce n'^tait qu'une experience bien imparfaite, coniparee a celle du bateau le Clermont, qui fnt lance depuis,en 1808, a New-York. Fulton, par Texperience qu'il fit alors , reussit enfin a perfectioiiner cette belle invention. Depivis le moment ou Ton s'est apercu de la force expansive de la vapeur , il s'est ecoule pres d'un siecle et donii , avant qu'on soit parvenu a appli- quer cetle decouverte avec succes a la navigation •, ce qui prouve la lenteur des progres de I'esprit hu- main en lout genre. Celte maniere de naviguer sur les lars , et de re- monter les grandes rivieres , doit a la fois faciliter les cornmunicalions , ouvrir de nouvelles routes aux entreprises commerciales , et repandre partout le bien-eire et les richesses •, mais , c'est surtout dans de vasies contreeSj conitne I'^merique oula Russie, ({u'elle contribuera puissarament a rapprocher les Uommes , et a resserrer de plus en plus les liens d'une fraternelle union entre les habitans des con- trees les plus eloignees. En Angleterre et eu P^iance, les bateaux a va- penr ne peuvent etre qu'un diminulif de ce qn'ils sont dans le Nouveau-Monde , ou ils ont pris des dimensions analogues au caraclere noble et impo- sant des rivieres de cc continent. Aussi, c'est ea Amerique seulement quoa a pu appliquer avec i5* aa8 JNOTICE succes , et perfection ner, une invention dont on avail bien congu I'idee avant Fulton , uiais qu il lui etait reserve de rendre essentiellement utile. En considerant les lacs inimenses du Nouveau- Monde , ainsi que les grands fleuves du Mississipi , du Missouri et de I'Ohio , avec leurs rivieres tribu- taires qui parcourent un espace de 5o,ooo milles ou 16,666 lieues de contrees differentes, et en cal- culant que celte decouverte influera dans I'avenir sur le bien-etre de tons ces fitats , on apprecie tout ce quelle a de magnifique et de prodigieux. Pour montrer la lenteur ordinaire avec laquelle on adopte , en Europe , des decouvertes utiles , et le peu de confiance qu'elles inspirent, je rappellerai que le premier bateau a vapeur fut mis en mouve- ment en Amerique , en 1808 , sur la riviere d'Hud- son, et en Ecosse , seulement au mois de mai 181 3. A New- York, des I'origine, ce bateau fut continuel- lement rempli de passagers , et Ton accueillit ge- neralement la nouvelle invention avec une grande confiance 5 tandis que le nombre des passagers sur le bateau a vapeur etabli sur la Clyde , en Ecosse , ne suffisait pas, dans le commencement, pour cou- vrir les depenses du chauffage et de I'entretien jour- nalier. II existe a New- York dix bateaux a vapeur qui ne sont destines qu'au transport des passagers et a I'eta- blissement de communications promptes , stires et commodes entre cette ville et les routes qui vont a Philadelphie et a Boston. Le voyage de New-York SUR LES BATEAUX A VAPEUR. 229 a Allbany se fait enlierement sur des bateaux a vapeur. lodependamment de ces dix bateaux , il existe encore a New-York deux bacs a vapeur , sur lesquels on passe les chevaux et les voitures pour aller dans le New-Jersey, a Paul's-Hook , ou sur Long-Island a Brooklyn 5 ces bacs entreliennent une communication perpetuelle entre la ville et ces deux endroits qui , par ces ponts flottans , sont de- venus des faubourgs de New-York. A la Nouvelle- Orleans , on ne compte pas moins de cinquante bateaux a vapeur, de differentes grandeurs, qui par- courent le Mississipi , le Missouri et I'Ohio , jusqu'a Pittsbourg en Pensylvanie ; ces bateaux font le cabotage et comprennent , ensemble , sept mille trois cent six tonneaux de port. Un grand nombre des bateaux du Mississipi ont les roues placees a I'arriere , et le cylindre pose horizontalement. On a observe cet arrangement pour menager la largeur du batiment , quand on rencontre des endroits ou le passage se retrecit, a cause des arbres enfonces qu'on trouve quelquefois dans le Mississipi. Le plan de ces roues (il y en a une a chaque cote du gouvernail ) est parallele a ligne projetee de la quille. Le gouvernement des Etats-Unis , voulant avoir un poste avance sur le Missouri , et faire explorer tout le pays, jusqu'a la riviere de la Vierre-Jaune (Yellow-Stone-River), vient d'employer deux ba- teaux a vapeur pour cette expedition importante. Je n'ai pas eu I'occasion d'entreprendre des voyages a3o KOTICE SUV Ic lac Erie, dans le grand bateau TT^alk in the ■water; j'aiirais pu alors mieux observer le (angage et le roulis de ces balimens , et Teiret qu'ils auraient produit sur la niacliine ^ cependant, en allant de New-Haven dans le Connecticut , et longeaut le de- troit de Long- Island qui, a I'euibouchure de la ri- viere Connecticut , a quatre lieues de largeur , nous essmanies un violent coup de vent d'ouest , accompagne de grele •, les lames etaient assez fortes , principalement vis-a-vis de remboucliure de la riviere ; le roulis du batiment etait tel, qu'une des roues sortait entierement de I'eau, pen- dant que I'autre s'y enfoncait dans la meme pro- portion. Malgre tela , je ne pus remarquer aucune difference dans le mouvement de la macbine, qui paraissait etre toujours le meme. Si je dois m'en rapporter a cc que d'autres per- sonnes m'ont dit a ce sujet, on semble fort peu s'inquieter du mouvement du batiment ; on m'a assure que des bateaux a vapeur tiaversaient sans danger, et presque en tout terns, les grands lacs, ou cependant la lame est courte, rapide et forte. A New- York, on construit plusieurs bateaux a va- peur, destines pour la Nouvelle-Orleans , qui, dans leur Irajet, sont exposes a une cole ouverle et non abrilee, pendant au moins deux cents lieues 5 et Ton n'a encore entendu parler d'aucun accident arrive a ces bateaux. On lanca, I'automne dernier, un bateau construit dans le chantier de M. Ecbford, a New-York, destine a navigucr comme paquebot enlre SUR LES BATEAUX A VAPELIR. 23i la Nouvelle-Orleans et cette ville. J'en ai observe la construction. Ce bateau est de la meme longueur que ie Chancellor Livingston , dont le pont est de cent soixante pieds ; il est un peu plus large que ce dernier ; il lire dix pieds d'cau lorsqu'il est charge , et il est du port de sept cent quarante tonneaux. Les salons en sont vastes et orues avec elegance 5 il peut contenir environ deux cents pas- sagers •, la machine est une des plus puissantes, et fortement construite ; le cylindre a quarante- trois pouces de diametre. On a nomine ce bateau le Robert Fulton. Ses ailes, ou supports, sent ouvertes en dessous, pour donner moins de prise a la lame, et n'out que la longueur necessaire pour que la roue puisse tourner librement. Je vis ce beau ba- timent, lorsqu'il partit pour la Nouvelle - Orleans 5 et, tel qu'il etait alors , il revenait a 200,000 dollars. On avait erige a bord du Robert Fulton trois mats tres faibles et Ires peu grees ; on les destinait a porter trois voiles carrees , a peu pres de la forme de celles des lougres ou chasse-marees , pour s'en servir par un beau terns, avec un vent favo- rable, en meme terns que Ton emploierait la ma- chine. Mon opinion, cependant, est qu'il ne faudrait pas se risquer par un gros tems et avec une mer agitee ; car, dans cette position, la lame pourrait briser les ailes et les roues , malgre la force ex- traordinaire qu'on tache de leur donner. La seule manoeuvre pour conserver les roues, dans ce cas , serait de presenter la proue du bateau droit au vent 333 NOTICE et a la lame ; faisant toujours travailler la machine et no donnant pas au bateau plus dc sillage qu'il n'en faudrait pour le gouverner et le lenir dans cette situation, tant que durcrait la tempete. II est absoliimenl inutile d'appliquer cette inven- tion aux vaisseaux marchands ordinaires ; d'abord , on perdrait I'economie (pi'on fait en epargnant le grcement sur les bateaux a vapeur 5 en second lieu , la machine avec la chaudiere occuperait tant de place , qu'il y aurait pen d'espace pour la cargai- son 5 enfin, plusieurs maichandises seraient sujettes a se gater par la chaleur excessive des chaudieres. Le vaisseau a trois inats le Sahwanna , sur lequel on inslalla une machine a vapeur, et qui, pendant I'annee 18x9, fut dirige sur la mor Baltique , n'a pas repondu aux esperances qu'on en avait concues. J'avoue que mes informations , relativement a la batlcrie de vapeur a New-York, sont tres incom- pletes : M. Maresquier , ingenieur-constructeur dis- tingue , qui vient aussi de voyager en Amerique pour etudier lout ce qui a rapport a cet objet, four- nira sans doute des renseignemens plus posilifs et plus e'endus que les miens. Pour donner une idee suflSsante de la force parti - culiere aux machines a vapeur, je citerai seulement le fait suivant. Lorsque la batterie flottante a vapeur le Fulton , dont la capacite est de deux mille quatre cents tonneaux, fut lancee a JNf^w^-York, le bateau a vapeur le Para- gon., du port de trois cent irente-un tonneaux , ayant SUK LES BATEAUX A VAPEUK. 233 un cylindre de trente-qnatre ou trenle-cinq pouces de diametre seulement , prit la batterie a la tnue et la remorqua , en filant pi'es de quatrp noeuds, jusqu'a Paul's Hook dans le Jersey, ou la balterie recut sa machine : ce fait a ete atteste par tons les habitans de New-York. Quelque lems apres que les bateaux a vapeur eurent ete n«is en usage, on iraagina qu'il y avail un grand danger attache a ces batimens; et, parce qu'ilsont rte une ou deux fois atteints par le tonnerre, on a voulu en conclure que , dans un terns d'orage, le fluide electrique etait attire par la machine en mou- venient. J'ai, cependant, essaye plusicurs fois de ve- rifier si les parties de la machine qui sont exposees au plus grand frottement, etaient sujettes a se ma- gneliser , comme ii arrive souvent au fer lorsqu'il est dans une position verticale ; mais , je n'ai jamais troHve que, soit la barre du piston, soit les autres parlies de la machine qui sont dans cette position et dans un etat de frottement perpetuel , aient ofTert quelque indice de magnetisme : aussi , ne suis-Je nullement porte a croirc qu'elles aient pu exclu- sivement causer I'attraction du fluide electrique. Le fer est d'ailleurs tres bon conducteur de ce fluide, et Ton a vu la foudre frapper iVmbouchure dun d'autrcs encore de 1162, 1234 et 1236, qui font raention d'ecoles flo- rissantes dansdifTerentes villes de rEcosse,Roxborougli, Stirling , Ayr et Aberdeen. En 1680 , le P. la Salle elablit en France, sous la forme (^'un ordre monastique , une Sociele' pour I'edu- cation des pauvres. Les ecoles de ces Freres avaient produit tant de bien a Paris, qu'en 1713, le lieute- nant de police atfesfa que, depnis leur fondation, la depense dc son departcraent , dans le faubouig Saint- Antoine, avail diininue de 3o, 000 f. par an. Apres avoir rappelc la bulledu pape Benoit, rendue en 1738, pour inculqner la nccessite de donner dc I'instruction aux pai;vrcs , M- B. cite le bref de Pie Vil , du 29 septembre dernier , par lequel ce ponf ife conjure le clerge catho— liquc , dc la nianiere la plus louchante , de se charger lui-meme du soin d'instruire le peuple. Au surplus, M. B. desire que cet cnseignement iie sorte pas des limites tracees aux classes inferieures par leur situa- tion , et se borne a la religion, I'ecriture et Tarithine- tique. Onpourrait neanmoins ajouter avccsucces le des- sin lineaire ou geometrique , la geometric elementaire , qui trouverait son application dans tontes les profes- sions mecaniquesetindustrielles, et le cliantqui adoucit les mceurs et embellit la condition des classes pauvres et laborieuses. JJne des principales objections des adversaires dc I'instruction repandue parmi ces classes, etant tiree du degout qu'elle est censee leur donner pour leurs FAIT PAR M. BRODGHAM. 247 occupations obligees et iournalicrci , M. B. y rppnnd en faisant lecture d'line lettre aJressee an docleur Currie par uii simple paysan , frere .Ic Robert Burns, poete ecossais, dont ies dispositions exlraoidinaires ont du leur deveioppement a I't'tat florissant de Tenseignement populaire dans le pays tfu'ii a illustre. « Je puis asnrer par experience , dit ce cultivateur de ]a plus humble condition, iju'il n'y a pas un seul des travaux du fermier , qui ne soit compatible avec Ies jouissances d'un esprit cullivc , antant que j'ai pu Ies gouter , le battage en grange cxcepte. Aussi, je pense que I'inventeur de 'a machine a baltre le ble merite une statue , a cole de celui qui a porte en Eu- rope Ies premieres pommes-de-terre. » Apres ces remarques preliminaires, M. B. prcsente Ies resultats des recherches du comite qui I'a charge du rapport. Le nombre des enfans qui recoivent de rinstruction dans Ies ecoles non dotees est , pour toute i'Angleterre , de 5oo,ooo ; celui des enfans qui fre- quentent Ies ecoles dotees est de 166, 433 ; ce qui forme un total de 666,433. Le nombre des individus qui re- coivent de I'instruction est done, a la population de I'Angleterre, dans la proportion d'eaviron i a i4 ou i5, au lieu d'etre dans celle de i a 10. A cela il faut ajouter que 53, 000 enfans sont eiivoyes dans des ecoles tenues par des femmes , ii un age trop precoce pour que cette instruction piiisse etre cofuplee; et , qu'a- vant i8o3, epoque de I'eJablissement de I'enseigae- ment inutuel , il y avait i5o,ooo enfans de moins dans Ies ecoles d'instruction ; ce qui donne, pour 1802, une proportion d'un vingt-unit?me seulement de la popu- lation entiere qui reciit alors de I'education, tandis qu'a la meme epoque, cette proportion, en Ecosse , a.}8 EX'i'RAlT D'UN RAPPORT etait. d'liii sur ueuf ; el trim siir vingt-six , dans le pays dc C.allcs, oil elle est maintenant d'un sur vingt. A la suite de ces details sur I'etat de rinstruction du pcupio dans. la Grande -Fretagne, M. B. offre a la cliamlire quelques donnees relatives a I'enseignement olrnionfaire, sur plusieurs points du continent, four- iiies a I'h-onorable menilire par MM. le due de Broglic , le baron de Slael , Cuvier ct le comte de la Border autorilds, dil-il , qui j'espcre inspireront toute con- fiance a la chambre. Un million soi\ante-dix mille individus rccoivent de rinstruction en France; c'esl-a-diie , un vingt-hnilieme de la population , si on I'evalne a 3o millions. Tl y a trois ans que le nombre des enfans qu'on instruisait , n'etait quede866,4oo, ou untrente-cinquicmede la po- pulation ; proportion aussi aflligeante que celle qu'of- frait le comte de Middlesex, le pays de I'Enrope le plus neglige sous le rapport de I'instruction du peuple. Tel a etc le zcle de quelques amis du bien, assistes du gouvernemeut, que 7,120 nouvelles ecoles, pouvant contenir 5,o4,ooo enfans , out ete fondees en France depuis trois ans. Si ces soins cbaritables continucnt avec le meme succcs , il n'y aura plus , dans dix ans , un seul enfant en France privc d'instruction. Pour la Suisse, M. B. se borne aux renseignemens que lui a transmis son ami M. Dumont, dans une lettre Ires bien ecrite de la main de son domeslique, jeune paysan qui n'a recu d'autre instruction que celle de I'ecole de sa paroisse. D'apres ces renseiguemens, on j.e irouve pas, dans le canton dc Vaud, une personne sur sQixante qui ne saclie lire et ecnre. La Hollande offrait , en 1812, selon M. Cuvier, FAIT PAR M. BROUGHAM. 2,9 4,45i ecoles , contenant ic)o,ooo enfans ou un dixieme de la population. Revenanl a I'Angleterre , M. B. preseiite le rcsultat des calculs qu'il a etablis sur des informations exactes, prises dans les 12,000 districts ou paroisses qui fonnent la division ecclesiaslique du royaume. Dans 3,5oo de ces paroisses , il n'y a pas le moindre vestige d'ecole ; elles comprennent une populatjon de i,og4)<>oo habi- tans. Trois mille paroisses jouissent d'ecoles dotees. Dans le reste des paroisses , elles ne sont pas dotees , et , par consequent, ce sont des etablissemens entiere- luent precaires. EnEcosse, I'etat de I'instructiou est infmiment pins satisfaisant. Chaque paroisse possede au inoins une ecole dotee ; beaucoup en ont deux, et merae trois, qui ont servi de base a toutes les autres institutions scholaires. Dans le Middlesex (cointe qui comprend la parlie de Londres situe'e a I'ouest de la cite), les pauvres qui regoivent quelque instruction forment le vingt- sixierne de la population. Avant I'introduction des ecoles a la Lancaster , cette proportion n'etait qued'ua quarante-sixieme. Dans le Lancashire, elle etait dun vingt-huitieme ; et, maintenant , elle s'eleve au vingt- quatrieme. Les corates du nord ofFrent un resultat piusconsolant. Dans ceuxde Durham, de Cumberland et de Northumberland , un dixienie de la population jouit des avantages de I'enseigneracnt ; dans le conite de Westmoreland , c'est un huitieme qui les obtient; pro- portion qui s'approche de I'etat de I'instruction dans le pays de Vaud. Dans les six comtcs du milieu (Berks, Bedford, Cambridge, Huntington, Hertford et Nor- thamptonshire), les bienfails de I'education ne s'e'- 25o LXTRAIT D'UN RAPPORT lendentqu'an vingt-qualrieme; dans Irs conitesd'Esscx, de Suffolk el de Norfolk, auvingt-unieme; daiisleSom- nierselshire et le Wiltsshire , an ?.4° de la populalion. De ces de'tails, arides en apparence , M. B. s'eleve a des consideralions d'line haute importance pour tout hoinme qui n'est pas indifferent aux grands interets de la vertn et de I'hurnanite. Partout il apercoit et il montre , par des calculs evidens , line correlation nia- nifeste entre le manque d'instruction et la quantitedes pauvres, entre le de'faut d'education et la masse des crimes. Tandis que, dans les quatre comtes du aord , le nombre des pauvres ne forme qu'un quatorzieme ou unquiuziemedelapopulation,il monteaun dixieme cii- ■ viron dans le reste de I'Angleterre. Dans ce royaume , en y comprenanl la principaute de Galles , sur qua- torze cents individus , on compte un detenu pour crime ; dans les c[uatre conite's du uord , un criminel sur quatre mille deux cents ; et , dans les six comtes du milieu , un sur deux mille. Ici , M. B. , certain de I'effet que devait prodnire sur I'esprit d'hommes sensibles au bonheur et a la inoralite de leurs semblables , des rapprochemens aussi feconds en lefons saliitaires, croit devoir les mettre en garde contre les meconiptes de rinipatienceetde la precipitation ; il les averlitde u'at- tendre d'une amelioration de I'instruction des classes pauvres, quehjues changemens sensibles dans leiir etat physique et moral, qu'au boutd'un certain iiitervalle de terns, et en recompense d'effarts persf^veraiis. Une autre circonstance appelie I'attention dos amis du bien public. Dans les comtes du nord , dont le bon esprit a deja ete remar([ue , le nombre des en- fans pauvres, iiistruits gratuitement , ne s'eleve pas a la moitie de ce'ui des enfans pour qui les parens ^ FAIT PAR M. I3R0LGHAM. aS. paient une retribution. Uii resultat tout oppose s'offre a I'observateur , dans les cointcs du milieu et du sud. En revanche, rinstruction entiererneiit gratuite est line chose a peine connue en Ecosse ; et Ton y voit les gens Jes plus pauvres se faire un point d'honneur de payer les instituteurs de leurs enfans. Le seul luoyen , dit M. B. , de preparer I'abrogation graduelle de cc code de lois qui regit et inulliplie les pauvres, et qui de'sole notre pays, est de faire naitre dans les classes inferieures du peuple anglais le hesoin d'imiter , pour la fondalion des ecoles, la conduite gene'reuse de leurs compalriotes du nord. Apres avoir rapporte des preuves touchantes de I'im- portance que les Ecossais , les plus denues de res- sources , atlachent a I'instruction de leurs enfans, ct cite quelques exemples des sacrifices qu'ils s'imposent dans la vue de leur procurer ce bienfait , il passe a I'ex- position du plan qu'il croit propre a amener un meil- leur ordre de choses dans cette partie essenlielle des intercts moraux de la societe. Quoique ce plan soil fortsagement concu, et qu'il paraisseoffrir un modele de cette prudence qui raltache les essais d'ameliora- tion a ce qui existe, et qui vise a tirer tout le parti possible des ejpmens existans ; nous pouvons d'autant mieux en supprimcr les details dans cet extrait, qu'il sera indubitablement , a la prochaine session du parlc- ment, Tobjet d une discussion approfondie et de I'at- tention de I'Europe eclairee. II nous suffira de dire que les membrcs les plus distingues du parti ministeriel et de I'opposition se sont reuuis pour reinercier M. B. du travail auquel il s'est livre, et pour reconnattre la haute importance des donnees qu'il a communiquees a la Chambre. Sir James Mackiulosh joint a ses remer- a53 EXTRAIT D'LN RAPPORT, etc. cimens qnelqnes ol)servations relatives a I'lnfliience morale ile rinstruction sur les classes du peuple. « .Tai eu , dit-11 , pendant ma refeideuce dans I'Inde , de fre- quentes occasions de comparer la condnite des per- sounes qui avaient eu le malhenr de ne recevoir ancune education , avec la conduite de celles qui , ayant appns a ecrire , etaient en etat de correspondre avec leurs fa- milies. Cette seule circonstance contribuait efficace- nienta nourrir dans de simples soldats , dans desma- telots grossiers, des sentimens d'honneur etdes dispo- sitions vertueuses; tandis que ceux qui etaient dans I'impossibilite de se mettre en communication directe avec leurs amis absens , perdaient I'idee de cetle sur- veillance morale , de cette responsabilite imposee par la presence invisible de personnes cheries , qui sont des freins salulaires , des sources d'ordre. d'economie et de pudeur , et s'abandonnaient a nne insouciance des- tructive de toute reserve et de tout respect pour eux- m.^mes, ainsi que de tout besoin de se menager une bonne renommee. » •^;V WVWV' WVWVWV VWVW VW VWVW VW VV\' VWV W VWVW VWVW \J\i\/ . N'est-il pas ridicule en effet cle Ure qii^ il est plus aisti d'aller de la constellation du Lion a celle de la LyrCj que de la rue du Petit-Lion a. la rue de la Harpe ; qu'une coinete qui n'a pas reparu a I'epoque predile pour sou retour , est une injidele qui a manque au ren- dez-vous ; que les plauetes marchent tantot adroite, tantot a gauche, tandis que le s(Jieil tient sans tcart le haul du f)ai'^ ; et plusieurs autres locutions aussi bi- zarres, qu'il est inutile de rappeler? Le passage suivant est , dans ce genre ridicule , une sorte de modelc ( page io3 ) : « Le soleil , qui n'est reeilement qu'une etoile , est cependant le souverain du plus vaste empire que nous connaissions; roi par la grdce de Dieu , il regue sur plusieurs vassaux et aniere- vassaux qu'il eclaire de sa lumiere, qu'il echaufFe , vivifie et feconde par &a chaleur, et qui, par reconnaissance et par interet , tournent respectueusemeut autour de leur monarque , chacun a la place qui lui est assignee , sans jalousie , sans ambition, sans chercher a se supplanter et a se rapprocher du Irone. II faul que le prince et les sujetJ soient mutuellement satisfaits de ce gouvernement feodal , puisque , de memoire d'liorame , il existe de- puis 5824 3"s. II est vrai que cet empire si etendu a Irouve I'art d'etre heureux et sage avec un modeste code de Irois lois calculdes par Kepler, et de'montrt?es par Newton; tandis que tel autre petit Etat , qui n'en est pas la cent-millionieme partie, n'a trouve ni sa- gesse , ni bonheur, dans quelques milliers de lois fa- briquces en trente ans. » Ces vassaux du soleil sont les planetes. En parlant de la planete Mars , I'auteur dit : << Le dieu terrible des batailles, satisfait d'etre le quatrieme SCIENCKS PHYSIQUES. a6i des vassaux du soleil , n'a jamais pense, tlcpuis soiKante aiecles, a secouer le joiig de soo souvcrain legitime. Bel exemple qii'il donne a ses favoris les guerriers fran- cais ! » La page io3, quia pour objet I'exposition de I'etat de noire systeme planetaire, est encore une que- relle qu'il intentc a la revolution francaise. II dit quelque part : Nc faisou.i pan cht soleil ini conqueranl ; les conqu^rans ne sont bans ni dans le ciel , ni svr la terre. Sans parler de I'inconvenance de ces sorties-, dans uti livre d'astronomie , de ces traits lances au hasard , de ces excursions oiseuses dans le domaine de la politique, je demanderai s'il est permis d'avancer les opinions les plus liasardees dans un livre oil tout doit etre demontre , et oil ce qui ne I'est pas doit etre donne pour ce qu'il vaut. Assurement, les conquele* entraineut de grands maux ; mais elles produisent quelquefois des biens reels. Celies de Sesostris , des Grecs , des Romains , qui apportaient avec eux la civi- lisation, les arts et I'industrie a des peuplades bar- bares , ont merite la reconnaissance, memedes nation^; vaincues. La legislation, le systeme administratif des Francais survit a leur puissance en Espagne, en Itilie el en Allemagne. Les croisades reieme, ces entreprises folles , desastreuses et injustes, ont eu quelques resul- tats avantageux. La nation eiiropeenne qui ferait la conquete de I'Afrique, et la delivrerait du joug de ses mille tyrans barbares qui se font un jeu des trailemens les plus feroces , et ralTranchirait de I'obeissance stu- pide qui enchaine le courage et fletrit I'liumanite, produirait un bien reel , meme quand des vues moins genereuses seraient le but de cette entreprise. Les con- quetes sontcomnie les vents impetueux, qui apportent quelquefois la devastation , raais qui sont necessaires a a6a SCIENCES PHYSIQUES. I'e'tat pliysiqiie du globe, dont ils sont une des causes de regeneration. La mauvaise humeiir de M. H conlre les idees libcrales, trouve une compensation dans sou penchant aapprouver I'inquisition. Onnes'attendaitpas, en 1820, a lire, dans iin traite d'astronomie, que Galil 'WX VW ^VVVWV\\'VV\ ar celui de I'immense majorite. Cette disposition de la masse e'claire'e etait le resultat simultanedeplusieurs causes qu'il est bon de rappeler. Depuis la revolution de 4688, I'Angleterre avail marclie d'un pas ferme el regulier vers uue grande 378 SCIENCES MORALES prosj)(?rilo nationaleet iiii systemede liberte publiqiif, le phis complet , peut-elie, qu'il soil possible d'oble- nir: ce n'est pas que les lois anglaises ne laissent a ti('sirpr finns plusieurs points ;.niais je considere ici reiiseiiible et iioii les details. La France , au contraire , depuis la revocation de I'edit de Nanles , qui preccda dc trois aiis la revolu- tion d'Ang'eterre , avail visiblemenl suivi une marche retrograde. Le dix-huitienie sieole offre , dans sa duree, la reunion decirconslances fort injportaniesel fori op- posees entre elles , (jui out en , sur le sort de la France , une influence dont nous ressentons encore les efTets. Le conimencenienl est marque par la vieillesse de Louis XIV, epoque de decrepitude et d'huniilialion. ('e roi , Ires chretien , apres avoir donne a la nation le spectacle d'un priisce insultant aux moeurs publiques par une excessive galanterie, achevait sa carriere dans nneansterile de piali(|uesqui nerempechaient pas d'a- voirdes relations intimes, ni ostensiblemenl legitime'es, rii ouvertenienl avouecs , avec une i'enirae spiriluelle , adroilc , aj'aiit encore de la beaufe , et surtoul le ta- lent d'ecarter les ennuis qui assiegeaient un inonar- (lue vieux et chagrin , survivant a sa gioire et a ses enfans. Au gouvenienient despotique, niais glorieux, a qucl- ques e'gards , de Louis XIV, succedenl la regence et fe regne de Louis XV. Si Louis XIV avail beaucoup Irop laisse voir sa pas- sion pour les fcnimes , el s'etait donne eu spectacle pendant sa jeunesse, an moius il avail conserve quelque respect huixiain dans ses amours ; mais , sous le regent et sous Louis XV , le dereglement des moeurs fut porte si loin que Ja raajeste rojale se trou-va compromise , ET POLI'JIQUES. S79.. iiieme degraclee ; et la consideration pnlili([ue, aban- donnaul la couroime , chercha oil s'attachcr. A cette nieine epoqiie , pararent des ecrivains ce- lebres qui donnereut une nouvelle direction aux idees eta I'esprit public. Daus le siecle precedent , des poefes, dont la France s'hoaorera toujours, avaienl cominande i'admiratiou de leurs contemporains ; dans celui-ci , on devint altentif aux ecrits des pliilosophes et des publicistes-. Le spectacle de la liberie auglaise rendait encore plus sensibles les inconveniens de la forme du gouvernement; et lous les esprits eclaires, reagissant sur la multitude par la publication de leurs meditations, amenerent I'esprit public an poiut oil nous I'avons vu , a Touverture des etats-generaux. Louis XVI , eniuontant sur le trone, fit plusieursacles d'une bienfaisauce et d'une philanthropic eclairees; il raanifesta des intentions droitesetpures ; niais , pour arreter la marche de I'opinion , il fallait plus que des intentions. Bientot, un grand evenement vint donner une direction au besoin de changement qui , j usque-la, n'avait pas eu de but fixe. L'emancipation des colonies anglaises d'Amerique ; la part qu'y prit la France , corame puissance; la gloire qu'y acqiiirent plusieurs de ses enfans , ouvrirent une nouvelle carrii^re a Tani- bition des grands, dont I'exemple sur les classes infe- rieures est toujours d'un si grand efFet ; plusieurs bri- guercnt la faveur publique, en se ruontraut favorable* aux nouvelles idees , aux interets populaires ; et le pouvoir fut ebranle. On pent elever des doutes sur le resultat des deter- minations que le pouvoir aurait pii prendre, lorsqu'il s'apercut du changement moral qui s'operait dans la nation; jnais on ne pent douter que, pour conimau- uSor, SCIENCES MORALES der I'opinion, ces determinations ne dnssent porter I'einpreinle de la superiorite et de I'unite de vues , et surtout de la ferniete de celui qui voiilait les faire exe- cuter. Mallieureusement, Louis XYI, qui a monlre dans plusieurs circonstances d« sa vie, iin si haut courage de resignation, n'a jamais eu un courage bien plus important chez un souverain , et bien plus fer- tile en rcsultats salutaires : le courage d'action. Doue d'un bon jugenient, il etait ne'anmoins incapable de se conduire seul , de prendre et de faire executer une resolution qui lui futpropre , parce qu'il avait une me- fiance de lui-meme qui allait jusqu'a la faiblesse. De-la, le besoin de conseillers qui , dirigeant les affaires dans le sens de leur interet personnel, de leur propre opi- nion, et non dans le sens de Tinterel general, de I'opinion generate , lui faisaient prendre des mesures aussitot repoussees qu'elles etaient connues ; de-la , encore, cetle marche retrograde qu'il suivait, des qu'il trouvait de Topposition , ou que sa bonte natu- relle lui faisait craindre des'etre trompe; de-la, enfin, ces continuelles tergiversations qui donnerent le secret de sa faiblesse, la montrerent bientot jusqu'a la dcr- niere evidence, et fournirent a ses ennemis des pre- textes pour I'accuser de faussete. Pour satisfaire I'opinion publique , donner une direction utile a I'activite d'esprit qui se manifestait de toufes parts, regulariser les mouvemcns, il fallait ne pas attendre, mais prevenir I'evenement ; et pour y parvenir, il n'y avait qu'un seul moyeu , dont le succes paraissait infaillible ; c'ctait que les conse:IIei-s du roi I'amenassent a agrandir , de sa propre volonte , la sphere d'aclivitc legale des citoyens ; qu'il intro- duisit plusieurs institutions nouvelles, proprcs a ga- r ET POLiriQUES. 281 rantir, a la fois , les droits individuels et les libertes pnbliques; enfin, qu'au lieu de se laisser eutrainer par I'opinion publique, il la precedat pour la diriger, et qu'il lui fit promptement la part necessaire. Toutefois , il faut etre juste : Louis XVI avail le bien public pour objet. En convoquant les etats-ge'ne- raux , il crut faire et il fit reellement une chose agrea- ♦ble a la nation ; mais le parlemeut ajant eu I'iuitia- tive , ce n'etait des-lors qu'une mesure sugge'ree , coin- mandee, pour ainsi dire, dont le merite n'appartenait pas en entier a la couronne ; ensuite , les circonstances meme decette convocation prouverent suffisamment la faiblesse de caractere qu'on reproclie au monarque , et cette malheureuse facilite a se laisser conduire a des actes entierement opposes entre eux. Cette epoque etant certainement la plus importante de notre histoire moderne , je vais en rappeler som- mairement les traits principaux. Les peuples et les souverains peuvent y puiser plus d'un genre de lecons. Le parlement refuse d'enregistrer les edits bursaux prescntes par I'archeveque de Toulouse, successeur de M. de Calonne , jusqu'a ce qu'il lui soit juslifie de la legitlmite des besoins , par la communication del'e'tat des finances. Cette communication lui ayant ete de- niee, il declare qu'il ne pent enregistrer les impots , et reconnait que les etats-generaux seuls sotit co rape- tens pour les accorder. On se rappelle tout ce qui suivit cette declaration; le projet de grands bailliages destines a reduire les parlemens a la seule condition de cours de justice; celui d'une cour plenierc , dans laquelle ce coup d'Etat devait etre annonce ; la seance du parlement oil ces divers plans furent revele's, et dans laquelle .>sj sciences morales tr>Espreincsnil el Monsabert fuient arretes ; le lit de justice tenii a Versailles pour faire enregistrer les edits ordonnant ces divers changemens qui ne recurcnt pas d'execution. Ou se rappelle encore que M. Nccker , ayant etc reinis a la tete des affaires , apres la retraite de M. de Brieune , preseata , le 27 septembre 1788, a renregislreuieut duparlemeut, I'cdit de convocation des etats-generaux. Le parlemeut y niit cctte clause :^ i< Qu'ils seraient assembles, scion la forme observee pour les clats de iGi,|. » A cetie nouvelle , I'esprit public se souleve. On n'a- vait pas oublie , a la verite , qu'a I'cpoque de ces etats- generaux de i6i4, les deruiers qui eussent cu lieu on France , sous Louis XIJI , le parlenient avait joue un role important ; qu'il s'etait rendu populaire en s'em- parant de la proposition faite par le tiers-elat , et re- poussee par les deux autres ordres , de reconnaitre solennellemeut rinviolabiliie du souverain (j), et qu'il avait coiisacrii ce priiicipe par un arret dans lequel il avait rappele les lois qui assuraient I'independance de la couronne ; mais on n'avait pas oublie , non plus, que , les trois ordres deliberant isolemeut , le terns de la duree de ces e'tats s'etait ecoule en discussions , en querelles , et saris produire aucun bon resultat. On n'avait pas oublie, surlout, (ju'a la seance d'ouver- (i) Les circonstances pari ir.uliercs aux assassinats d'Henri IJI et d'Henri IV, dirigrs par <1cs prclres fanatiqiies ct se'ditieiix rjui protneltaient Ic cicl aux vils instrumons de Imirs fui'eurs , enga- gerent le tiers-etat a proposer, et ce fut en vain , quit fill dcciile que niiUe puissance spirituel/e n'u le droit de dtfjoscr les rois , et de dclier les sujets de leur serment de fidelitc. ( Yoye/iV/Iistoire dt!S Cornices de Home , des J'Aiils-(}iniiraux de In France et du Pnrleinent d''y/ni^/( liire ; tome ■-!, pag. i'i3.) ET POLITIQUES. 253 tiire, le prevotdes marcliancls, president du tiers-elat , saccedant a ceux du clerge et de la noblesse qui s'e- taient appiiyes sur mi nccondorr prepare f.rpres , pour reporidro , au noni de leur corps , au discours du roi , avail du se lueltre a genoux pour le haranguer. Enfiii , i! aurait ete impossible d'oublier que. danscette nieiue scaace , !c pr('sidcntde la noblesse avait dit, dans sou discours au roi, en parlantdu tiers-etat : «Qu'ils appren- neiit que, bien cuie uoussoyons tons sujetsd'un nicmc roi, nous ne soniines pas tous egalemenl traites. lis ver- ront , tantot , la difference qu'il y a d'eux a nous ; ils la verront et s'en souviendront , s'^il leur plait. » M. Necker , qui sentait bien que de telles formes tic pouvaient plus conveuir aux circonstances dans les- t[uelles on se trouvait , proposa au roi de declarer qu'ou opinerait en commun et par tcte , et que le tiers-etat aurait une representation double de celle de chacun des deux ordres: ces deux formes n'etaient pas sans excraplo ; mais le roi , ne voulant pas prendre sur lui celte decision, coutrairc au dernier raodele, convoqua, pour la seconde fois, les notables, auxquels il soumit la question. Le ministre citoyen s'etait flattc que celte as- sembleeprend rait la couleurde Topi niongenerale; mais, sur cinq bureaux dontellese coniposait , un seul , celui preside par Mo\sieur, aujourd'hui le roi regnant, sede- clara pour ledouble vote. Toules les insinuations furent iuutiles aupresdesautres ; I'espril de corps remporla. Dans celte nouvelle position , M. Necker , qui ne per- dait pas de vue le but qu'il voulait atteindre , adressa un nouveau rapport au roi , en son conseil , dans lequel il proposa de poster le nombre total des deputes , au moins a niille ; et de decider qu'il serail, en raison com- posee de la population et des contributions de chaque 384 SCIENCES MORALES bailliage , et que celui ties representans dii liers-elat serait egal a celui des deux autres ordres reunis. Cet avis ful adopte. Quant a la question de la deliberation par ordre oupar tele, el, par consequent, dela division ou de la reunion des Chambres , le conseil n'osa la de- cider. C'etait mettre les etats-generaux , c'est-a-dire , les deux partis, quand ils seraient en presence , dans la necessite de combattre. Ainsi, au lieu de regulariser par avance leurs mouvemens , on les abandonnait au desordre que devail produire le contact de pretentions, d'opinions et d interets opposes. Qu'arhva-t-il ? Fidele aux souvenirs de i6i4 , on donna aux deux premiers ordres des costumes brillans , et aux deputes du tiers celui d'hommesde loi, quoiqu'il dut efre porte par des individus de toutes series de pro- fessions. Dans la presentation au roi , Ton ouvrit au clerge et a la noblesse , les deux battans de la porte de son cabinet dans lequel il les rejut ; mais on n'ouvrit qu'un battant de la port? de la chambre de Louis XVI, oil le roi recut les deputes du tiers , et oil ils defilerent avec rapidite. A la procession des elats-generaux , le haiit clerge et les grands du royaume etaient presses autour du dais ; et les deputes du tiers , qui semblaient pdrter le deuil , suivaient en file ; mais ce cortege d'liomines a grandes cravattes et a raanteaux noirs fut couvert des applaudissemens du peuple, qui voyait en eiixses de'fenseurs. Eufin , le jour memede I'ouverture des etats, les deputes des deux premiers ordres entre- rent avec la cour et le roi , par I'entree principale , dans la salle de convocation , oii les deputes des communes ne fureul admis que par une porte de derriere , abritee par un hangar. Ainsi , les deputes du tiers recevaient des humilia- LT POLITIQUES. a85 tions de tontes natures ; mais la cour ne tardera pas a s'en repentir et a connaitre oil est la veritable force. Le soir nieme , ces deputes des communes, rassem- bles par provinces, convinrent qu'ils se reuniraient dans la salle des etats-generaux, et qu'ils y attendraient les autrcs ordres pour deliberer en commun. On sait ce qui suivit. Les deux autres ordres ayant refuse de se reunir aux communes, et voulant cependant paraitre disposes a satisfaire i'esprit public , renoncereut successivement, le clerge le premier , a leurs privileges pecuniaires. C'e- tait beaucoup , sans doute ; mais , dans la situation des esprits , ce 'n'etait plus assez. Enfin, apres plusieurs tentatives de conciliation dans lesquelles le clerge pa- rut. dispose a ceder , inais oil la noblesse montra , au contraire , une tenacite extraordinaire dans ses preten- tions ; au bout de six semaines, perdues en negocia- lions inutiles avec les deux autres ordres, les commu- nes , auxquelles plusieurs raembres du clerge (des cures) s'etaient reunis, se constituerent, le 17 juin 1789, en Assemblee nationale . Maiutenant, les evenemens vontse presser avec une efFrayante rapidite. Le 19 juin, la majorite du clerge vota pour la reu^ nion ; le 20 , jour oil le clerge devait se joindre aux communes, les deputes , trouvant la salle de I'assera- blee fermee , apres avoir erre quelque tems dans les rues de Versailles , se rendent au jeu de paume , eljn- rent de ne se dissoudre qu apres avoir donnd une consli- tuiion a la France Le 28 , seance i-oyale , dans laquelle le roi casse les arretes pris le 17 par les deputes des com- munes , et ordonne aux membres de se retirer et de se rendre , le lendemain, chacun dans la chanibre affectee ,86 SC1E^CES IMOllALES a son ordre. Mais, apres le depart du roi , des dopules tie la noblesse et d'line parlie de ceux du cierge, le reste de rasseiublee luaiutienlses precedens arieles, et declare, les dtputc's iiwiolables. Le 24 , la majorite du cierge se reunit aux communes ; le 25, la ininorite de la noblesse se reunit egalement ; et , le 27 , sur rordre Ibrmel du roi , la majorite de la noblesse '1) et la mi- norite du cierge , qui avaient continue a dt'liberer se- parement , vinreul se joindre an reste de I'assemblee. Que d'evenemens en pen de jours, et quels cvenemensl La France en fut e'cclrisee. La presse , libre de fait, par I'impossibilite oil Ton etait de la reprimer, p;odui- sait, dans des sens dilFerens, ime multitude d'ecrits qui porterent I'agitation, la crainte et I'esperance au plus haut degre. Si Ton n'a pas vecu a cetle epoque , et si Ton n'a pas habile la capitale ou Versailles , il est im- possible de se faire une idee de I'agitation des esprits. Aucune epoque posterieure de la revolution ne pent rappeler celle-la. Parmiles circonstanccs parliculieres de ces derniers eveneniens, il en est deux, surtout , que Ton ne pent se dispenser de rapporter, parce qu'ils mcttent , pour ainsi dire , les eveneniens menies sous les yeux. Le jour dela seance royale , apres le depart du roi et des deputes de la noblesse et du cierge qui obeirent , Mirabeauprit la parole (2). Lorsqu'il eut fini de parler , (i) Quar;iiifc-cin({ mcmbres protostereut centre la reunion. (a) Voj'ez, dans Touvrage meme que j'annonce, le tcxte du clis- cours si energique (1c INlirabeau , tiaus lequcl I'orateur donne , a plusieurs reprises ^ au roi , le litre de manJalaire da peuplc ; toiur I-,pagc8. ET POLITIQUES. 287 M. le marquis de Dreux-Rreze , grand-maitre cles core- monies, s'approcha tlu president et dit : « Messieurs, vous avez eatendu Ics intentions du roi. » «Oui, reprit Mirabeau , nnus avons entendu les intentions qu'on a suggerees au roi ; mais, vous qui ne sauriezetreson organeaupi'csdc I'Asseuibiee nationale, vous quin'avezicini place, iii voix, ni droit de parler , vous n'etes pas fait pour nous rappeler son discours. Cependant , pour eviter toute equivoque et tout delai , je vous declare que , si Ton vous a charge de nous faire sortir d'ici , vous devez demander des ordres pour em- ployer la force. Allez dire a votre inaitre que nous sonimes ici par la puissance du peuple, et qu'on ne nous en arrachera que par la puissance des baionnettes. » L'assemblee applaudit, et plusieurs membres ayant propose de persister dans les precedentes resolutions : « Messieurs , dit I'abbe Sieyes , nous sorames aujour- d'iiui ce que nous etions hier; deliberons. » Et I'assem- Lleedelibera qu'elle niainlenait ses arretes , et declara I'inviolabilile de ses membres. Des-lors, tout etait consomme. Les trois ordres aux- quels le roi ordonnait , le 23 , de delibe'rer en parliculier etant reunis , le 27 , egalement par son ordre , devaient arriver promptement a I'omnipotence ; et la lutte entre leroiet l'assemblee ne pouvaitguere etre pour le troue qu'une longue agonie. De ce moment aussi, la revolu- tion etait reellement operee , puisqu'il y avait depla- cement du pouvoir, et Ton pouvait predire la chute du monarque qui nc s'etait pas cru pu n'avait pas ele reellement assez fort, ou pour se mettre franche- inent , avec les deputes de la nation , a la tele de la regeneration politique, ou pour dissoudre ulilenient i88 SCIENCES MORALES une asseinblee manifestant des intentions contraires a ses volontes. Je crois que I'expose qui precede justifie ce que j'ai dit de la faiblesse de Louis XVI , et que le simple recit des faits demontre deja qu'il u'etait malheureusement pas capable de diriger, et encore moins deuiaitriser, les evenemens (i). Dans un second article, pour mieux faire apprecier la nature de I'importante collection historique qui nous fait passep en revue toute notre revolution , j'exami- nerai rapideitient I'ensembledes changemens politiques survenus depuis I'epoque a laquelle je viens de m'ar- reter , et le caractere particulier des jjrincipaux dis- coursdans lesquels furent traitces les grandesquestioiTS d'interet general et de droit public. Plusieurs de ces discours ne furent pas seulement des monumens , mais aussi des evenemens politiques, par I'influencesalutaire ou funeste qu'exercerent les orateurs qui les avaient prononces. Pour fixer I'opinion sur la nature des re- formes qui etaient appelees par un voeu presque una- nime, je consulterai les cahiers des' baillages con- tenant les instructions donnees aux deputes de 1789, et je les rapprocherai de ceux des deputes du tiers aux etats-generaux de i6i4- Get examen comparatif fera bien connaitre les progres de I'oiiinion daus cet inter- valle de terns. P. A. (La suite a I'un des prochains cahiers. ) (i) 11 ne faut pas oublier que je ne considere ici rinfortiuie Louis XVI que comme homme public. Comnae horame prive, il offrait le modeie des plus rarts verfus, qui lui out fait donner, avec raisun, le litre du plus honn^te homme de son rofaume. liT POLITIQUES. 285 ,(W VW W\i V\'V\ W WVVW WWW VWV W \Wf wv Annuaire historique nisivERSEL POUR iSi^, par C. L. Lesur ([). Jupiter est cjuodcumtfue viJes , quocumquc nioveris. Ce que Caton disait de Jupiter , on pent le dire dc I'histoire. EUe est tout ceqiie nous voyons, touted qui se ineut autour de nous. II n'y a pas une circoristance relative a la legislation , on aux moeurs d'un penple, qui ne rentre dans son domaine ; il n'y a pas un eve- nement , frivole en apparence , qui nepuisse avoir des resultats dignes d'etre recueillis par elle. Dans les mo- narchies absolues , I'intrigue d'un luinistre, le caprice d'une maitresse, la jalousie d'un courtisan , out plus d'une fois cause des troubles civils ou desguerres etran- geres. Dans les pays libres , oil chaque citoyen peut veiller sur les interets de tons, et oii la publicite revele sans cesse les intrigues secretes, elles sont loin d'avoir la meine puissance. Mais les passions y sont plus vive- nient excitees j^ar ce qui louche a I'honneur ou au bien de I'Etat , et souvent un ecrit*un discours,un mou- vement oratoire , y souleveut ou y calment les tem- petes. Partout les lois et les institutions contiennent le gernie des plus grands eveneniens ; et des articles dc code , qui , comme celui qui consacre I'egalite des suc- cessions , ne semblent destines qn'a regler les rapports •entre les citoyens , peuvent exercer sur la richesse et je bonheur des nations une influence plus grande que des revolutions sanglantes, ou qu'une longue suite de conquetes. Enfin , les travaux des savans ont quelque- fois change la face des Etals ; et, quoiqu'il ue reste (1) Paris, iSao. Un fort voluaie in-S" Je 768 pag. Fantin et Wicole, rue dc Seine , no 12. Treutlell et Wiirtz. Prix , lo fr, TOME vut. 19 jigo SCIENCES MORALES peut-efifi pins a faire de decouvertes aussi importantes que celles de la boussole, de la poudre a canon, de riiupiimerie, de la vaccine; cependant, il est encore telle invention nouvelle qui pent transporter, d'une na- tion a I'autre , la superiorite des amies ou le sceptre de I'industrie. Long-teuis, parmi les niodernes, I'histoire a man- que de maleriaux. Des anuales insignifiaiitcs, ecrites sons la dictce des prince^ ; des legendes superstitienses, redigees par'des nioines, iie nous apprenuent que les noms des monarques , leurs conquctes et leurs revers , les eglises ou les couvens qu'ils ont fondes. Quand les luniieres commencereut a se repandre, et les gontils- honimes a savoir ecrire , plusieurs de ceux qui ctaient adniis aupres des rois , apjDeles a quelque partie de I'administration , redigereut des meuioires qui jeltent qnelque clarte sur les nioeurs du terns et sur les in- trigues des cours. C'est surtout depuis le regne de Louis XIV , que ces Meuioires se sont multiplies ; et, les nioralistes s'etant attaches a peindre la societe , tandis que la pluparflfdes objets relatifs a I'adininis- tration des Etats etaient livres a la discussion des poli- tiques , on put reunir tons les eleinens de I'histoire , et en tirer ces grandes lecons , qui, si elles etaient suivies, feraient tourner les nialheurs des generations passees au profit des generations qui leur succedent. Lorsque les revolutions arrivees dans divers pays vinrent affranchir les esprits de toutes les entraves , et donner a un grand noinbre de ciloyens le besoin de s'interesser aux affaires publiques, on vit colore une fbule de gazettes et de brochures, qui, s'emparant de toutes les trompettes de la renommee , devinrent , ainsi qu'elle , Pu vrai commc du faux lus iirompte.s messagt-res. ET POLITIQUES. ay, Maintenant , il parait, chaque jour, dans tons les pays et dans toiiles les langues, deux ou trois mille feuilles d'impression , dans lesquelies les ecrivains qui depeigneul les eveneniens, a mesure qu'ils les observent, leguent aux historiens leurs recils et leurs reflexions. L'embarras de I'aboudance a succede a celui de la disette , et tant de materiaux rassembles formeraient un labyrinthe inextricable, si le fil de la methode ne donnait le moyen de ne pas s'y egarer. La methode a ses principes , conime toutes les autres sciences; et si Ton voulait les etablir d'une maniere positive , et en developper toutes les applications , I'ordre s'etablirait partout , et nuUe part la inultipli- cite des faits ne pourrait plus enfanter la •confusion. Mais , soit que les hommes ne veuillent pas s'enchainer par une methode uniforme, soit qu'on n'ait pas su les convaincre encore de son existence et de son utilite, les procedes en denieurent ejjars dans I'administratioa publique , dans le commerce, dans I'etude des sciences , sans qu'on songe a les reunir pour en composer une theorie, et pour generaliser les avantages que Ton en retire. Cependant , comnie les principes sont dictes par le simple bon sens, ils se presentent naturellement aux hommes qui , dans leurs travaux , eprouveut le besoia imperieux de I'ordre ; et souvent un d'eux , apercu et applique par un ecrivain , sulfit pour produire des ou- vrages pleins d'interet et d'utilite. Ainsi, I'auteur du livre que nous annonfons a ele frappe d'une pensee qui s'etait egalement presentee aux redacteurs de la Revue Encjclopedique (i); il a (i) Voy.la note de M. M. A. JuUien, insere'edans ce recucil, ca- 19* aga SCIENCES MORALES senti que , toules les fois qu'un grand nombre de faits se succedaient Jes uns aux autres, il fallait, a dei> epoques fixees , en arreter, en quelque sorte, le compte, et les resumer, en ne conservant que ceux qui ont une importance reelle et durable , et en rejetant tous ces evenemens , enfans morts-nes du tems , qui n'ont ofFert quelque inler^t que le jour oil ils sont arrives. 'C'est d'apres cette idee , qu'il a trace le plan de V Annuaire hislorique universel, dont il a successive- ment public deux volumes jjour les deux annees 1818 et i8ig (0- II a egalement suivi les regies de la methode , en dis- tribuant les difFerentes parlies de son ouvrage , d'une maniere simple et commode. Le premier chapitre renferme le precis desdebatsde nos Chambres legislatives. II retrace ces discussions pleines d'un si puissant interet , oil toules les grandes questions de la politique sont agitees tour a tour, et oil une lutte s'etablit entre le pouvoir qui redoute d'etre envahi par la liberie, et la liberie qui craint toujours de trop accorder au pouvoir , de manifere que I'une se trouve arretee , des qu'elle louche a la licence, et I'autre , des qu'il s'approche de I'arbitraire. Tel est du moins le beau ideal du Gouvernement representatif, et de la balance du pouvoir. Sans doute, nous ne I'a- vous pas encore atleint. II existe, de part et d'autre , hierde novembre i8i9(T. Ill, p. 186), et la Pref ace deP Annuaire de 1819 , oi' Tauteur veut bien se feliciter de s'etre rencontre, a cet egard , avec les re'dactenrs de la Reuue. (1) \oyez I'article de M. Alexandre de la Borde sur V^nnuaire de 1&18, dans le cahier ci-d«ssDS cite de la Revue ( T. III. pag. aSc). El POLiriQUES. 293 des interets places hors de la sphere des interets natio- naux, qui ne peuvent produire qu'une opposition irre- guliere et fausse. Mais ces interets eurent peu d'in- fluence sur la session de 1819. La duree des lois d'ex- ception etait expiree ; elles ne se renouvelerent point On proposadesubstituer des lois durables a des mesures momentanees. Les lois sur les abus de la presse furent discutees avec une loyaute de la part des ministres , et une confiance de la part des Chambres, qu'on n'avait pas observees jusqu'alors. Le Gouvernement obtint la raa- jorite, en s'appuyant tour a tour sur les deux partis. D'un cote, il repoussa I'attaque dirigee centre la loi des elections; de I'autre, il fit rejeter dans la Chanibre des deputes les petitions sur le rappel des bannis , dont en menie terns leroi autorisait un grand nombre a rentrer dans leur pa trie. Les travaux de cette session sont fidelement analyses dans V Annuaire historique , qui cite avec exactitude les passages les plus importans des discours prononces par les orateurs des deux partis. Le second chapitre embrasse les divers evenemens quiappartiennent a notre histoire. L'annee 1819, heu- reuse pour la France , ne fut ni souillee par des crimes funestes , ni agitee par des troubles serieux. La vo- lonte prononcee du gouvernement de ne soufiFrir les exces d'aucun parti, suffit pour niaintenir a Nimes la tranquiliite qui avait un instant paru menacee. Les mouvemens qui eurent lieu a I'Ecole de Droit de Paris furent promptement apaises , et ne portaient point uu caractere hostile contre le gouvernement. Quel- ques agitations sont inseparables de la liberte , et de cet etat de civilisation oil I'esprit humain tend sans cesse a developper toutes ses forces. On doit sans doute 29$ SCIENCES MORALES y redouter les tempetes ; inais , il ne faiit pas s'y ef- frayer Dii moindre yen! qui fVavenlure Vient rider la face de Teau. Exiger iin repos absolu , ce serait risquer tie paralyser le corps politique; et , ii force de donner de I'opium aux peuples pour les cndormir, on finit par les luer. C'est surtout en lisant la seconde parlic de I'y//?- nuaire , consacree a I'histoire elrangere, qu'on en ap- precie I'utilite. Lorsqu'on lit les journaux quotidiens , rattentioii est absorbee par ce qui regarde la Fiance ; et Ton se contenle de parcourir les articles relatiis aux pays et rangers. Sous ce rapport, la lecture de I'An- nuairea, en quelque fagon, le cliarnie de la nou- ■veaule , parce qu'on y trouve , resumes dans une his- toire siiivie , les evenenieiis dont on n'avait vu que les sommiles, sans descendre dans les details parlesquels elles sont liees les unes aux autres. On peat, en jSig, diviser I'Europe en trois parties, suivaut la disposition des gouvernejnens etdes peuples. Dans la premiere , le pou\oir absolu existe dans son in- legrite , et lecoursdela civilisation nelui a encore porte aucane atteinte. Dans la seconde , la lutte s'etablit , et les peuples s'agitent pour obtenir des constitutions qu'on leur a promises , et qu'on tarde le plus possible a leur accorder. La troisierae , enfin, jouit a la fois des bienfaits d'une monarchie legitime et d'une liberte moderee , et ne tend plus qu'a defend re et a perfec- tionner les institutions qu'elle a couquises. Dans la zone du despotisme, se trouvent places le Danemarck, oii le pouvoir est si paternel qu'on ne songe pas meme a lui deraander de garantie , et la ET POLITIQUES. 295 Russie et la Turquie , oii la meme nature cle gouver- neinent se preseute avec des caracteres entierement op- poses. A Constantinople, dessupjilicesatroces, desincendies, des emeutes sanglantes n'ont pour resultat que d'elever un visir ou un pacha sur les ruiues d'un autre. Chaque revolution nouvelle ne fait que plouger de plus eu plus les peuples dans Tiguorance et dans I'esclavage ; il »emble que , comme le Freron de la Dunciade , la Tur- quie a des ailes placees a I'envers. Plus elle s'agile , plus elle s'enfonce. Un seul evenemetit parait, dans cette annee, lier ce pays au reste de I'Europe. C'est la ces- sion de Parga , livree aux. Turcs par les Anglais. La poesie a cclebre le patriotisrae des Parganiotes ; leurs itifortunes ont excite rindignatioii de TEurope ; et des cominissaires anglais ont trouve le moyen de les eva- luer en argent, a raison de cent francs par tete , qu'a- pres bien des reductions el des retards , ces nobles exiles ont obtenus « en echangc de leurs proprietes, de leur patrie , de leur existence sociale. » (1) En Russie, on est frappe des efforts continuels du gouvevnement pour accelerer la marche de la civilisa- tion. Des ukases qui encouragent I'industrie , I'ensei- gnement niutuel porte jusqu'en Siberie , la liberte des cultes consacree , raffrancliissenient des paysans pre- pare par des inesures sages et successives, le recrute- mentdes troupes regularise, le commerce devenu plus facile et plus avaiitageux avec la Perse et la Chine, des etablissemetis coloniaux se formant dans I'Ocean paci- (i) j4nnuciire liistorique. Voy. ci-dcssus , pa^es up, Hi , Ba , le's details de ce hoiiteiix marcln!, veritable traitc tins blutics , qui accuse le gnuvertiement d'une nation qui s'honore travoir fnit Asser I'horrible traile des noirs. M. d. H.. age SCIENCES MORALES fique : tels soiit les evenemensqui composent, pendanf i8iq , rhisloire dc la Rn.ssie , et qui , plus que ne pour- raieiit lo faire dos siicces guerriers , assuient la gloire de I'ernpereur Alexandre. La Pologue a retrouvt; son rang parmi les nations dp TEiirope. Elle a una constitution — Cepend<>nt, le« Polonais serablcnt trouver que leur liberte se rfssent encore de> rautocratic qui la leur a donnee. De legers troubles se sont eleves a Varsovie. La puissance de I'ernpereur et quelqucs nicsures repressives les ont fait cesser. D'un autre cole, les anciens membres de la confederation polonaise , parlages encore entre la Prusse , I'Autriche et la Russie , tendent a se reunir au corps qui vient de se reformer. Ijes bruits qui se.re-' nouvellenl sans cesse sur cette reunion semblent pre- sager qu'elle doit se realiser mi jour, et completer I'organisation politique du Nord. C'est surtout en Allemagne que I'ou voit exister ce malaise qui existe partout oil les lumirres ont pene- tre , et oii la puissance des rois et des grands n'a pas encore su se concilier avec la liberte. Le 7\igends- Bound , cette association qui a si puissamnient con- tribue a secouer le joug qui pesait sur la Teutonic , a repandu dans beaucoup d'esprits « une sorte de pa- triotisme mystique et liberal, dont plusieurs profes- scurs celebres ont ete les infatigables apotres. >• Au mi- lieu de cette fermentation , le fanatisme s'est exalte' , et I'assassinat de Kotzebue par Sand , la tentative faite par Loeming , sur le president de la regence de Nassau , ont jete I'alarme dans toutes les cours. De-'a les me- sures prises par la diete de Francfort apres le congres de Cnrlsbad , pour diminuer I'espoir qu'avaient les peuplesd'obtenir des constitutions foudeessur leside#e ET POLITIQUES. ag^ entierementliberales, pour enchainer la presse, detruiie les societes secretes, rendre plus severe le regime des universites, et enfin ranger toiite rAlleraagne sous une police uniforme , dont la lete serait a Mayence , et dont les bras s'elendraient a tons les Elats de la confederation. Du reste, cetle dietes'est montree pres- qu'entierement dominee par I'ascendant de « la dua- lite » de I'Autriche et de la Prusse ; elle n'a point ose se prononcer sur les points les plus essentiels de I'organisation du corps germanique , et n'a guere eu d'autre resultat que de regler les difFerens eleves entre quelques petits princes , et d'abandonner k I'arbitraire du grand-due de Hesse les acquereurs de domaiues nationaux, auxquels on avait enleve ces biens, qu'ils regardaient comrae Icgalement acquis. - Des divers pays de rAUemagne, la Prusse paraissait la plusexposeeaux agitations. L'Autrichey etait la plus etrangere. La douceur du gouvernement, une longue habitude de soumission, et , dans quelques pays, d'an- ciennes formaliles qui , en presentant au penple Tombre de laliberte , lui font supporter le pouvoir absolu , as- suraient la tranqnillite des litats hereditaires. Mais il n'en etait pas de meme de I'llalie , si souvent conquise et toujours ennemie de ses conquerans, a quelque na- tion qu'ils appartiennent. Elle etait sourdement agitee par les Carbonari , qui s'engagent, dans leurs reunions secretes, « a tout faire pour purger la campagne ( I'lta- lie) des loups (lesetrangers ).» Une conspiration fut de- coiiverte , ou du moins soupfonnee, pendant le voyage de I'empereur dans la Lombardie ; et plusieurs de ceux qu'on en croyait les chefs, furent arretes ous'enfuirent de lenr palrie. En meme tems , des brigands impunis ravageaient les Etats romains, tandis que des colleges •i.)8 SCIFNCES MORALES de jesnites se formaient a Rome , et deja disputaienl i la coiir flu Pieraont I'lieritage du vieiix roi de Sar- daigne, qui etaitmort sous leur habit. A Naples et en Sicile, lesvolcanssemblaient paisibles ; mais une erup- tion terrible se preparait Ceppiidant, I'Espagne etait enproie, dans quelqucs- iines de scs provinces , a la fievre jaune , dans toutes au despotisme, etaux conspirations saus cesserenaissantes. En vain de sages conseillers demandaient au gouver- nemenl de la moderation et de la clemence ; en vain I'arrivce d'une jeune reine faisait esperer qu'on accor- derait aux deiits politiques une amnistie qu'on ne re- fusait pas aux assassins. Le pouvoir ne voulait ricn ceder : il se tenaif continuellement dans une defensive oil il ne pouvait manquer d'etre un jour vaincu. II faisait marcher a I'echafaud des homines qui , I'annefe suivante , devaient etre houores comme des martyrs de la liberie. Les Portugais etaient dans la meme position quo les Espagnois , et iis se trouvaient , de plus , separes de leur roi par TOceau , et doinines chez eux par des etrangers. Enfin, I'Angleterre, si souvent citee comme la terre classique de la liberie, voyail ses antiques institutions luenacees par ses propres citoyens et par les fautes de sou gouvernement (i). « Elle etail livree aux dissen- sions intestines qui resullentde I'excessive inegalitedes fortunes el du poids des impots , de la surcharge d'une population laborieuse sans travail , de I'exageration du systeme industriel (2), du decouragement de I'agricul- 'i) j4nnuaire, ]>ages 4|9 p* snivantes. (■^\ Vfut-on nne prouve do cettc exagt-ration j)oiissi;c jii.=(jM'a ET POLITIQUES. 299 lure qu'on ne pouvait relever que par des lois odieuses our les grains , du fardeau d'un papier inonnaie dans le plus riche pays de I'univers , et des progres des doctrines subversives de la societe dans I'Etat qui se croit le inieux constitue des l^.tats anciens et ino- dernes On n'a pas du s'etonner de I'lnfluence qu'ont pu prendre des factieux, la oil la misere faisait cliaque jour des mecontens; car la societe doit a tons ceux qui la composent du travail ou du pain Les reunions populaires , que la Constitution anglaise autorise , que des honimes d'l^'tat ne regardaient au- trefois que coinme des saturnales dont on faisait cesser le tumulte par I'apparition d'uu constable , etaient devenues des emeutes legalement organise'es , oil il ne s'agissait plus du redresseinent de qnelqiies griefs , mais du renversement de tout I'ordre politique et social de la Grande-Bretagne. » Des assemblees de veformateurs eurent lieu dans plusieurs comtes. Pien- u'nc incroyable barbaric? Un bill, rendu en 1819, a ordonnti iVabre'ger et d'adoucir le travail impose aux enfans employes dans les filatures. « On en compte plus de cincjuante mille, et iin petit nombre d'entre eux ne sont pas meme ^ges de 6 ans. lis travaillent, de treize a seize beures par jour, dans des ateliers echauffes, ou la temperature est entretenue entre 70 et godegre's. Us sont ohlige's de travailler tanl que la macbine va ; et, pendant ce terns, il ne leur est perrais ni de s'asseoir, ni de sortir de I'ate- lier... La maigreur et la difl'ormite sont ordinairement le re'sultat de CCS travaux; et, souvent, on est oblige d'avoir recours aux machines de fer ou d'acier , pour redresser les jambes des mal- heui-cux enfans. Tels sont quelques-uns des inconvenicns ausquels ils sont exposes ■ et , lorsque les forces viennent a leur manquer, ils sont renvoyos de I'atelier, et viennent a la charge des com- munes ; ou bien , ils se iivrcnt a des occnpations funestes pour la societe. n 3oo SCIENCES MORALES tot 5o,ooo hommes soreunirent a Birmingham, 8o,oo» dansun faubourg de Londrcs,uK plus grand nombre en- core a Manchester. L'autorite legale, si respecteeen An- glelerre , et qui a\ait pu encore , au milieu desrasscni- blemensdeSmitbfield , arrelersansobstacle undeschefs desreforraateurs, fut enfin meconnue. Les forces raili- taires furent deployees , et Manchester vit le sang an- glais couler sous les baionnetles anglaises. I.e ministere obtint du parlement des moyens de reprimer ces trou- bles, lis lui furent accordes , malgre les protestations de I'opposition conlre lesmassacres , « qu'elleregardait comnie des infractions des liberies anglaises, et des violations de la grande Charte. » QueUjues orateurs demandaient qu'on s'occupat d'une reforine modere'e , et la proposition faite a eel cgard par M. Tierney fut rejetee par 38 1 voix conlre i5o ; « minorite assez forte dans le systeme electoral de I'Anglelerre , pour elre remarquee. » Parmi les peuples qui out su , par des constitutions regulieres , consacrer et limiter tons les droits , on remarque laSuedeetla Norwege oiis'etablit trantiuil- lementune dynastienouvelle, adoptee par les suffrages de la nation ; la Suisse, oil quelques cantons seniblent retrograder versl'aristocralieet rinlolerancereligieuse, et oil lemigration augmenle a mesure que la liberie diminue; les Pays-Bas , composes de deux peuples dif- ferens de moeurset d'inte'rets, etqui conservent encore le souvenir des institutions francaises ; enfin , quelques £tals d'Allemagne , qui, prenanl jiour modele la France qu'ils eurent si long-teins pour soulien , out recu des Charles oii les Irois pouvoirssonl plus ou moins habilemenl combines. La, aussi , l'autorite eprouve des resistances ; mais aucune n'est accompagnee de mou- tr POLITIQUES. 3oi veniens populaires. Elles sont toutes regnlieres et le- gales. Dans les Pays-Bas , le budget decennal est rejete par runanimite ties deputes aux etals-generaux. En Baviere, les depenses tie la guerre sont reduites d'un million de florins, et le roi se voit force de declarer que, s'il est necessaire d'augmenter les depenses, il irn- putera I'excAlant sur la liste civile. A Bade , I'edit qui maintient un€;,partie des privileges de la noblesse est formellemeat repousse par la Chambre des deputes. Elle n'adopte que les jJropositions faites pour I'aboli- tioa des corvees et des peines corporelles en matiere de police ; et son zele pour I'interet des peuples se nioutre dans les reductions qu'elle fait subir au budget. Le Wurtemberg presenteun autre spectacle. Le prince et les communes y sont reunis pour coinbattre les pre- tentions de la noblesse. Le systeme municipal y est organise , comme le systeme politique , de la nianiere la plus favorable aux citoyens ; aussi , « il est difficile de peindre I'enthousiasme avec lequel fut re9ue , dans tout le Wurtemberg , la nouvelle Charte. On en celebra la fete le 8 septenibre, en meme terns que I'anniversaire du roi , regarde coninae le restaurateur de la liberte wurtembergeoise. Les resolutions de la diete de Francfort suspendirent un moment I'alle- gresse publiqne.... ; mais le roi ne difFera poiut pour cela I'execution de la Constitution. II partit inconti- nent pour Yarsovie , oil se trouvait alors I'erapereur de Russie Et, si Ton en croit les bruits qui furent alors repandus , il quitta cette ville avec la certitude que rien ne serait change au pacte sacre qu'il venait de faire avec son peuple. » Tel est, en abrege, le tableau de I'Europe en 1819; tableau oil brille une foule de contrastesj et oil Ton est 3o2 SCIEKCES MORALES frappe dcs chaHgemens qu'ont amencs trente annees , quaml on voit d'uu cote I'aucien luaitre absolu d'lin electoral, roi coiistitutionnel de ravibre, deniander aux electeurs de son royaunie des lepresentans sans peitr el sans rtproche; de I'autre, le depute d'un des cantons de la Vieille-Helvetie assurer a la diete fede- rate « qu'oTi pent feliciter sa patrie de ce que la liberie de la presse y est encore inconnue, » ^ Les aulres points du globe out pour nous moins d'importance. Ccpendant, on observe avec iin vifin- lerel leslitats-l nis se prf'jjarant a rivaliser sur les mers leur ancienne inetropole, et attendant s'ils tiendront les Florides du roi d'Espagne, ou s'ils les possederont nialgre lui ; tandis que les vastes contrees de I'Aineri- que meridionals sont le theatre d'une guerre entre- prise pour I'independance , el soulenue par des exploits et des succes ])resque mervei'.leux (i). Nous ajoulerons pen de clioses sur les aulres parties de VAnnuairc , sur les documens ofSciels qu'il contieut, tanl pour I'histoire de France que pour I'histoire etran- gere, et parmi lesquels on remarque les notes diplo- matiques des cabinets de Vienne et de Berlin, et le« 2o5 articles de la Constitution du royaume de Wur- temberg ; sur la Chronique oil sont relates, dans des especes d'ephemerides, les anecdotes du jour, les nou- veautes theatrales , les ceremonies des cours , les juge- mens qui ont attire raltention et quelquefois eveille le scandale, enfin tons ces hors-d'cEuvre de J'histoire , qu'il ne convient pas a sa dignile d'admettre , mais qui (i) Voyez le recit de la inarcbe de Bolivar, siir la Nouvelle- Grenade, pag. ^\Z. ET POLITIQLES. 3o3 sont qnekniefois phis amusans qu'elle. Nous ne parle- roiis III (111 tableau slatistique de TEiiiope, ni des ta- blettes necrologiques des liomnies celebres inorts eu 1819, ni des melanges et des notices qui contienneiit un jugement exprime en pen de mots sur les ouvrages litteraires et scientifiques, ou sur les productions les plus remarquables des beaux-arts et de I'industrie. Nous nous contenterons de dire que peu d'ouvrages contiennent jjIus de materiaux interessans que VAii- iniaire historique ; qu'iis y sont ranges dans I'ordre le plus favorable aux recherches ; que le style en est pur ct elegant ; qu'enfia , ce que I'Almanach royal est pour les fonctionnaires publics , ce que celui des 25, 000 adi-esses est pour les gens d'affaires ou pour les etran- gers qui arrivent dans Paris , I'Annuaire doit I'etre pour les amis de la philosophie, de la litterature et de I'histoire, et doit Irouver, a ce litre, sa place daus la plupart des bibliotheques. E. A. LITTfiRATURE. (LITTERATDRE ANGLAISE.) La Destruction de Jerusalem^ poeme dramatique; par le ret^erendH. H. Milman (i). La terrible catastrophe qui terinine la merveilleuse histoire du peuple juif, la destruction de Jerusalem par Titus , est sans contredit un des evenemens histo- riques les plus memorables. Une nation divisee et peu nombreuse , sans allies, sans discipline , presque sans approvisionneraens militaires, lutte avecenergiecontre un puissant empire, defend chaque village, chaquemur, avec aulautde courage que de resolution , et fait pleu- rer ses defaites aux vainqueurs par le nombre des raorts couches sur la poussiere; elle est enfin reduitc a s'enfer- mer dans les remparts de la ville sainle, oil elle pre- sente I'elonnant spectacle des contrastes les plus bizarres : la, le fanatiqne, le meurtrier, le blasphe- mateur, foulent aux pieds les lois sacrees , et s'aban- donnent a leurs passions impetueuses; tantot ils tour- nent leurs armes les uns contre les autres ; tantot ils nnissent leurs fureurs contre I'ennenaicommun ; mais, du milieu de leurs crimes, tons eievent la voix vers le Seigneur, et lui demandent de reconnaitre son peuple et de le delivrer. Les prodiges qui precederent la chute de la <• cite ddicide (2) ; » raccomplissement des redou- tab!es predictions lancees contre ses habitans, leurs soufFrances, leur totale disjiersion , tout, dans cet im- (i) Londres , 1820. i vol. in-80, 8econde edition. Murray. Prix, 8 shellings 6 pence. (a) Expression deM.de Chateaubriand. LITTER ATU RE. 3o5 niense tableau, pretait de riches couleurs a la poesie , et de beaux efFets au taleut M. Milman s'est eiiij)are de ce vaste sujet, et I'a traite avec beaucoup de supe- riorite. Les eveiieniens sont resserres dans un espace de trente-six heures, et se tennineut par I'incendie du temple. Sans s'astreindre a suivre en tout I'historiea Flavins Josephe, le poete lui emprunte les faits princi- panx, etquelques-uns des personnages fanieux de cette epoque : tels sont Jean et Simon , chefs des deux fac- tions qui divisaient alors le peuple juif. Comme Josephe accuse les sectateurs de Jean de debauche et d'impiete , M. Milman a donne a ce dernier les dogmeset les so- phismes comniuns aux sadduceens, tandis qu'il a fait de Simon un pharisien zele et fanatique. L'opposition de ces deux caracteres est bien menagee , et parfaite- inent soutenue jusqu'a la fin. Le premier chant nous transporte sur le niont des Oliviers , oii Titus, entoure de ses soldats, contemple, pendant le calme d'une belle soire'e, la cite superbe dont la destruction s'approche. Emu de pitie a cet as- pect, et pousse par une force irresistible a remplir les decrets de la Providence , il communique aux Romains qui I'entonrent les sentimens dont il est agite. La des- cription de la ville et du temple , puisee dans Josephe , est fort belle ; I'antique Sion , si long-tems I'orgueil du peuple de Dieu , et aujourd'hui son dernier refuge, apparait aux yeux du lecteur attendri, qui redoute deja les affreux inalheurs dont elle est menacee. Cette scene sert , en quelque sorte , d'introduction au poeme ; il ne s'ouvre qu'au moment oil Javan attend, sur les bords de la fonlaine de Siloe, la vierge timide qui doit s'y rendre, au peril de ses jours. La lane eclaire de ses rayons paisibles les eaux de la source , les plaines par- TOME Vlir. 20 3o6 LITltRATURE. semees d'oliviers, les lours de !a ville coupable, et le camp des Romains. Javan a emLrasse ladocliine lue- prisee de Jesus de Nazareth ; il a quitte Sioii avec le reste dcs fideles ; mais il aime Miriam , la fille du cruel pharisien Simon; et , chaque jour, a rapproche de la nuit, il brave luilie dangers pour la revoir et pour lui porter les provisions qui soi;lieniieiit la vie de son pere, au milieu des horreurs de la famine. Miriam appar- tient aussi a la croyance divine de I'homme de Galilee: vierge tremblante et sans defense , elle en impose , dans sa faiblesse , aux farouches ennemis du Dieu qu'elle adore. Dcpuis deux nuits, Javan I'a vainement alien- due : il se plaint de son absence , il crainf de nouveaux malbeurs; mais la voix de sa bien-aimee le delivre de ses inquietudes ; il la presse de fuir avec lui a Pella, oil les Chretiens se sonl refugies; il lui depeint les scenes sanglantes dont Jerusalem va devenir le theatre. Rien ne pent ebranler la Constance de la jeune chretienne : sondevouement filial Temporte sur tout. Elle veutpar- tagcr le sort de son pere, quel qu'il soil : elle sail que la haine des hommes le poiirsuit, et que peut-etre il I'a merilee ; mais elle veut que sa tendresse pour lui rem- place toutes les affections qu'il a perdues. Touche de sa vertu, Javan la laisse retourner a Jerusalem, char- gee du pain et du vin qu'elle destine a Simon. Elle re- gagne sa demeure par un escalier en mines, dont elle seule conuait Tissue mysterieuse : c'est la que , dans son enfance, elle aimait a se retirer loinde ses jeuiies com- pagnes. La description qu'elle donne de ce lieu , et les souvenirs qu'elle y rattache , sont remplis de gritce et de naturel. « Dans les jours heureux de raon enfance, je me plaisais a parcourir les detours de cet escalier a denxi LITTfeRATURE. 307 rompu, qui conduit de notre demeure a la vallec. Jadis, ce passage mysterieux servait aux vierges qui descen- daient a la Fontaine pour s'y rafraichir daus ses eaux transparentes , au milieu des brulantes ardeurs de I'ete. Que de fois , cachee dans le tronc d im oli vier sau vage , ou assise a rombredu sycomore entoure de lierre, j'di tresse en guirlandes les fleurs qui semblaient m'inviter a les cueillir. J'aimais ce lieu avec une sorte de predilec- tion, parce que seule je le connaissais. J'aimais sa soli- tude, qui n'etait troublee que par le gemissement des tourterelles se jouant aux rayons du soleil du midi, Mais , helas I les oiseaux consacres a la paix et a I'a- mour n'habitent plus cet asile. Tout a I'heure, comme je montais d'un pas rapide les marches brisees , uu noir vautour s'est eleve au-dessus de ma tete ; ivre du sang des enfans d'lsrael , il agitait peniblement ses ailes pesantes dans les airs. » Le poete introduit ici un nouveau personnage, Sa- lome , soeur de Miriam : enthousiaste de la loi de Moise , €lle croit encore a la gloire future d'lsrael ; les feux de I'amour et de la religion brulent a la fois dans son ame, et en font une prophetesse , inspiree tour a tour par sa jjassionet par son zele. Elle raconte les visions brillantes qui lui apparaissent pendant son sommeil; et, lorsque Miriam semble douter de la verite de ses predictions , et qu'elle les attribue a un long jeiine et a I'etat d'exalta- tion de son esprit , Salome I'accuse d'etre chretienne , et la menace de la denoncer a son pere. Celui-ci rentre alors, et raconte I'inutile recherche qu'il vientde faire pour se procurer des provisions : il termine son triste recit par la description de deux enfans endormis dans les bras I'un de I'autre. Cette image rappelle a Salome ie^i liens qui I'unissent a Miriam, leurenfance, leurs 20* 3o8 LlTTEKATUKE jeuxet leiirs chagrins , si long-tems partages; elles'at- tentlrit, elle n'a plus la force dedevoiler son apostasie. Simon quilte ses filles, et revient bientol apres , ayant decou vert les provisions qu'il croit etre apportees chaque nuit par un ange protectenr.Miriamn'oseledesabuser ; elle craint qu'il ne rejette loin de lui les mets qui lui sont ofterts par un chretien , et qu'il ne perisse dans sa fanssecroyance. Elle se retire pour eviter de s'unir a ses actions de graces , et chante seule un hymne sur la nais- sanceel la misericorde du Dieu qui soutient son courage, en le priant de flechir I'liumeur farouche de son pere et de se njanifestera lui. Le jour commence a poindre ; Simon contemple les cieux avec une inquietude melee d'espoir : il y cherche le signal de la prochaine delivrance de sa patrie. Ce qui, dans Salome, n'est que le reve d'une imagination ardente , est en lui le re'sultat d'une foi ferme et ine- branlable, mais impure et ambitieuse; ses meditations sont interrompues par I'arrivee de Jean , le sadduceen, d'Amariah son fils , jeune homme bouillant et impe- tueux,qui, sans s'interesser aux discussions religieuses, aime et desire la guerre, et se plait au milieu des dan- gers et du carnage : Eleazar et le grand-pretre les ac- compagnent. Jean insulle a son rival et I'accable de reproches ; mais les tronjpettes qui annoncent un par- lementaire envoye par les Romains, font cesser la dis- cussion. Les chefs s'empressentd'aller sur les murailles, oil Titus les somme de mettre bas les armes et de s'a- bandonner asa clemence. Jean repond a cette proposi- tion par de sanglans sarcasmes, et par le tableau des crnautes exercees contre les Juifs fugitifs. Simon prend alors la parole et adresse auxGentils un discours plein d'eloquence et de force. Apres avoir depeint I'immeuse LITT^RATURE. Sog pouvoir de Rome , si faible devant le Seigneur, il s'e- crie : « Orgiieilleux Geutils ! a I'heure oil je vous parle, vous marchez entoures de ruines et de jjrodiges. L'air que vous respiiez est lourd , sombre et chaige de votre condamnation. Si notre terre , dans son dedain , sup- porte encore vos legions armees , c'est qu'elle attend, dans une douloureuse impatience, le signal de voire dispersion. \ oyez ! les montagnes abaissent sur vous leurs ombres immenses et menacantes , pretes a s'eian- cer de leurs bases pour vous engloutir. Les vents, ar- retes dans leur course, soupirent apres la presence tardive de celui qui doit nous venger : et, du fond de leurs tombeaux, nos ancetres se rient de vos efforts; ils s'indignent a la pensee qu'un conquerant paien as- pire a regner sur la Jerusalem du Seigneur. L'abinie profond et tenebreux de I'enfer s'entr'ouvre pour vous recevoir. C'est la qu'liabitent les rols superbes et les chefs de la terre dont I'orgueilleuse idolatrie osa s'elever centre la cite sainle et contre le peuple de Dieu. Ils t'attendent , oTitus ! Se'duit par leurs folles esperances, tupartageras leur chute fatale : turejoindrasrEgyptieu Pharaon, que la mer Rouge devora, ainsi que son armee ; les rois de Chanaan ; lesPhilistins,adorateursdeDagon; Moab , Edom , le feroce Amalek , et le souverain de Babylone dont les nombreux soldals couvraient ces memes collines oil brillent aujourd'hui vos lances. Dans le court espace d'une nuit , I'ange invisible du Seigneur frappa cette multitude de son aile sombre et muette ; et le camp qui , la veille , retentissait de cris d'alle- gresse , ne presenta plus, aux premiers rayons del'au- rore, qu'une vaste sepulture, semee de cadavres sans tombeaux : Sennacherib aussi ; tons , tous, ont secoue la poussiere qui couvrait leurs ossemens. Ils s'avan- 3io LlTTl^RATURE. cent ; ils enlonnent un liymne pour celebrer rarrivee de celui qui, semblable a eux , a tourne ses armes im- pies centre les murs dc Sion, et qui, dans sa raisere , est tombe devant le Dieu vengeur d'Israel. » « Ce discours raiiinie le courage des Juifs ; ils conju- rent Simon de les mener a la victoire. L'historien Jo- sephe , alors captif des Romains, adresse aux habitans de Jerusalem une exhortation energique et lendre , dans laquelle il essaie de leur montrer leur erreur , et les conjure de ceder a la force. Un javelot, parti de la main d'Amariah, le blesse et I'oblige a s'arreter. Cet outrage acheve d'etouffer la pitie dans le coeur de Titus ; il s'abandonne a la terrible impulsion qui le presse d'executer la vengeance du ciel. Salome, qui veut etre temoin du combat , monle sur les remparts , d'oii elle decrit a sa soeur les progres des deux armees : a travels le brouillard sanglant qui s'eleve du champ de bataille , elle suit des yeux Aniariah qu'elle aime, et dont les exploits signalentla valeur. Son langage est plein de poesie et de passion. Tandis que ce terrible spectacle captive son ame tout entiere, sa soeur se joint aux fiUes d'Israel qui vont implorer dans le temple la protection du Tres-Haut, resolue cependant de ne pas s'unir a leurs prieres , mais d'adresser ses voeux au divin Messie. Un bel hymne, imite du chant deMoise, rappelle alors le passage de la mer fiouge et les mi- racles que Dieu fit eclater en faveur de son peuple. Le crepuscule du soir lutte avec les dernieres lueurs du jour, lorsque Salome accourt epouvantee ; son voile est rejete en arriere , ses cheveux flottent en desordre ; elle a vu le triomphe desGentils,les defenseurs d'Israel sont repousses. La voix courroucee de Simon se fait en- tendre au loin , ralliant les fugitifs. II revient , suivi LITTERATURE. 3ij cle Jean qu'il accuse d'avoir attire par ses crimes les malheurs de la nation. Ce dernier lui reproche a son tour ses cruautes et son hypocrisie. Celte scene est in- terrompue par I'entree dn grand-pretre , qui vientde- mander justice de I'afFront fait a la majeste du temple. Le nomdu «Nazareen, dupretendu fils de Dieu,'- are- tenti sous ces voutes sacrees : un adorateur de Jesus s'est niele parmi les vierges israelites. Salome , cer- taine que la coupable est Miriam , s'elance pour la denoncer ; mais seule , sans voile , an milieu d'un cercle deguerriers dont les regards sont attaches sur elle, sa fermete s'ebranle ; elle hesite, elle balbutie : elle se rappelle la priere que sa naere lui fit en mourant , d'ai- mer, de proteger sa soeur. Tandis qu'elle balance entre un reste de tendresse et un zele insense, le peuple , frappe de son aspect surnaturel , et pousse par le faux prophete Abiram , demande a grands cris son mariage avec Amariah, fils de Jean, afin de faire cesser, par I'union de leurs enfans , I'animosite des deux chefs. Simon y consent ; il croit deja voir sortir de cette union , formee au milieu des angoisses d'Israel , le Messie, attendu depuis si long-tems. Pendant qu'ils se livrent tous aux transports d'une joie efFrayante, Mi- riam profite des tenebres pour se rendre a la Fontaine de Siloe, malgre les nuees d'orage qui s'amonceleut a I'horizon. Javan la presse de nouveau de fuir avec lui ; il lui rappelle les paroles du Christ a ses disciples: « Lorsque la desolation habitera dans le lieu saint, que ceux qui sont dans la Judee s'enfuient sur les mon- tagues. » Vainement il I'implore, au nom de sa ten- dresse ; elle resisle , et ils se ^eparent sans esperance de se revoir jamais. Un calme sinistre , avant-coureur de la tcmpete^ 3ia LITTERATURE. rcgne sur la terre et dans le cie! ; les lampes nuptiales s'allumenl ; elles eclairent au loin des ruines, des ca- davres et la foule afTaiuee qui se presse dans les rues de Jerusalem , avide d'apprendre Ics nouveaux lualheurs qui la menacerit. L'un raconle comment un me'tcore, suspendu depuis plusieiirs niois au-dessiis de la ville, sous la forme d'une cpee flaniboyaiite , vient de s'agiter dans les airs : un autre rappelle la lumiere qui eclata autour de I'autel el du temple, lors de la fete solenuelle de Paques. Un troisieme dit comment le ciel du nord parut couvert de chariots de guerre et d'hommes ar- mes. Tout-a-coup, la musique se fait entendre; des sons doux et joyeux s'elevent de la maison de Simon , oii I'on celebre les rits du mariage. Les chants retracent les anciennes coutumes des Juifs, et leur ricbe et brillante liarmonie forme un terrible conlraste avec les dangers et la desolation qui regiient dans la cite sainte. Nous re"-rettons de ne pouvoir donner qu'un extrait de ce passage. Des voi'x dp jeiines filles chantent en choeur dans le lointain : «Nous avons porte la vierge jusqii'asonheu- reuse dem^nre, au son des tambourins et des harpes antiques. Les flambeaux d'llymen brillaient dans les tenebres ; son manteau d'ecarlate, agite par les vents, la voilait a tous les regards , et le dais qui ombrngeait sa tete, vacillait dans nos mains tremblantes. O vierge ! tu as quitlc la fete joyeuse, et les plaisirs se sont en- fuis. Nous t'avons deposee a la porte de ton epoux : bientot eHe s'oy vrira pour lui ; il calmera tes vaines frayp'irs. Ne crains done rien , 6 fiancee d'Israel ! car des accords plus vifs t'ann9nceront bientot la venue de ton bien-aime. » « Premier juif. — Ces chants d'allegresse celebrent le LITTERATURE. ".ir. mariage d'Amaxiali avec la belle Salome. La jeuno vierge n'a pu quitter la maison de son pere , ainsi qne I'ordonnent nos lois ; on a craint les dangers qui nous entourent; mais Tepoux prepare la chambre nuptiale. » » line voix sefait entendre : — Malheur ! malheur ! malheur I... » » Second juif. — Helas! c'est Josue, le fils d'Ananus. » » Troisieme juif. — Que dit-il ? » » Second juif. — Es-tu done si etranger dans Jerusalem , que tu ne connaisses pas ce redoutable prophele? » Le juif raconte alors comment Josue , fils d'Ananus, fut saisi d'un esprit prophetique , lors de la fete des Ta- bernacles , et s'ecria : « Malheur a Jerusalem ! et mal- heur a son peuplel" comment, depuis sept ans , il re- pete ces sinistres paroles, en depit des persecutions qu'on lui a fait subir ; comment, enfin , il a cesse son la- mentable cri , depuis le commencement du Siege, qui semble devoir confirmer sa triste prediction. Mais il est interrompu par leprophete lui-meme. « Malheur! mal- heur ! Une voix s'est elevee du cote de I'Orient ! une voix est sortie de I'Occident ! une voix contre Jerusa- lem etcontre le temple du Seigneur! une voix a me- nace les fiancees, leurs epoux, et tout le peuple choisi ! Malheur ! malheur ! » ^^ Second juif. — Ce sont les memes paroles que nous avons entendues si long-tems ; et , cependant , il me semble distinguer une sorte de triomplie solennel dans cesaccens, qui, jusqu'a ce jour, m'avaient a peine emu. Ses yeux, jadis fixes sur la terre, lancent main- tenant autour de lui des regards inquiets, comme s'il contemplait , avec un etonnement mele d'affliction , les progres denotreruine. Silence ! j'entends de nouveaux accords. » ii4 LITTfeRATURE. •• Le cJiceur des jeiines Jllles. — Celebrons dans nos chants joyeiix la fiancee de la race royalede David. Son sein agite s'eleveets'abaisseavec iin doux IVemissement ; ses yeux voiles par ses longues paupieres ressemblent aux violettes , quand la rosee du soir brille en gouttes de perles sur leiir calice a denii-fenne : enveloppee de son voile virginal , elle demeure iniinobile et si- Jencieuse , jusqu'a ce qu'une amie de son enfance venant a entrer , elle se leve el courbe a denii sa taille flexible et gracieuse , pour lui rendre son ten- dre salut. Paix!... de qui ces sons vifs et liarmonieux annoncent-ils la presence? — La porte s'entr'ouvre — — C'est lui ! c'est lui I. . . Ainsi , nous celebrons la venue du bien aime ; ainsi nos luths se nnarient a ses louanges. Mais, 6 vierge d'Israel ! toi seule possedes I'art de lui plaire ; seule, tu peux lui faire un accueil digne de lui. » » Josne , JiJs d'Ananus. — Malheur! nialheur ! Voix du cote de I'Orient! voix du cote de I'Occident! voix contre Jerusalem et contre le temple du Seigneur! voix contre les fiancees et leurs epoux I voix contre le peuple de Dieu ! Malheur ! malheur ! » Bientot le grand-pretre s'avance : son ephode etin- cele atravers I'obscurite de la nuit ; sa mitre d'or brille comme une lampe allumee; et les clochettes , quigar- nissent sa longiie robe , annoncent an loin son appro- che. Retire dans le sanctuaire , il a senti le pave du temple s'agifer sous ses pieds. Les coionnes out trem- ble sur leurs bases ; I'arche s'est ebranlee ; un bruit epouvantable a fait retentir le lieu saint ; et une voix aussi eclatante que le tonnerre a profere ces terribles paroles : <• Sortous d'ici ! » » Plusieurs juifs : — O douleur ! parlez , parlez ! De quels aulres affreuxprodiges avez-vousete le temoin?» LlTT]feRATtlRE. 3i& » Le grand-pretre : — Helas ! il me sembla que je venais d'etre exile du temple, et je m'enfuis loin de son enceinte deserte. » » Plusieurs juifs : — 0 Dieu d'Israel ! pere de no» peres , nous as-tu done abandonnes ! » Le choeur des vierges reprend iei ses liymnes dejoie r un guerrier jiiif arrive siir ce theatre de desolation. II ajoute a I'efFroi du peuple par le recit de nouvelles horreurs. Une mere a plonge le couteau dans le sein de son enfant ; elle a devore ses membres palpitans. « Le choeur : — Rejouis-toi , belle et modeste fiancee ; rejouis toi ! I'orgueil et la joie doivent etre ton par- tage. Tu t'eleveras comme une vigne feconde eutouree de nobles rejetons : la malediction des epouses steriles ne s'appesantira pas sur ta tete : bientot un jeune en- fant , endormi dans tes bras , te fera gonter les douces joies d'une mere. Une suite d'heures delicieuses effa- cera le souvenir de quelques instans de douleuretde peine. Rejouis-toi I fille d'Israel. » Jean et Simon sortent du banquet nuptial ; ils op- posent leurs vaines esperances a la consternation du peuple , et ordonnent aux citoyens de regagner leurs demeures. lis se separent ensuite pour aller rever aux honneurs qui atlendent leur race. Jerusalem est mainte- nant silencieuse comme la tombe. Miriam traverse seule les rues abandonnees.Tout-a-coup, I'orage eclate dans les cieux : les craquemens des machines de guerre , la chute des murs qu'elles renversent , les cris des soldats ennemis se luelent aux eclats de la foudre : les Ro- mains ont penetre dans la ville. Les Juifs epouvantes se precipitent en foule vers le temple, afin d'y cher- cher un refuge contre le carnage et la mort. Simon essaie de dissiper leurs terreurs ; il leur promet une 3i6 LITTER ATU RE. delivrance prompte et certaiiie. Dieii lui-meme se df- clare pour eux ; il aneanlira de son (onnerre les eii- neiuis dTsraiil. Tandis que Miriam parcourt d'un pas cbancelant les avenues qui menent au palais de son pere , elle rencontre un vieillard qui a ete temoin du supplice du Christ , et qui s'est eerie : « Que son sang reloinbe sur nous et sur nos enfans ! » II croit,mais troptard, a la divinitede celui qu'il a niaudit. Dans son desespoir, il repousse les consolations et I'esperance de salut que lui ofFre la douce Miriam : il la quitte , en I'accablanl de maledictions. Elle apercoit alors la de- meure de ses peres consumee par les flammes. Salome s'elance du milieu de I'incendie : lacouronne virginale est suspendue a ses tresses flottantes ; le manteau nup- tial couvre encore ses epaules, mais ses yeux ont perdu leur eclat. Elle est pale , demi-nue , et le sang qui coule de son sein a souille ses veLemens. Reveille en sursaut par le tumulte des amies, Amariah s'est jete hors de sa couclie ; il a vu le triomplie des Gentils , il a en- tendu les cris de joie des.faronches guerriers ; dans son delire, il est retourne pres de sa jeune epouse , et I'a poignardee pour la mettre a I'abri de la brutale inso- lence des vainqueurs. Salome expirante appelle son bien aime ; elle meurt entre les bras de Miriam. Tan- dis que celle-ci s'abandonne a sa douleur, un soldat remain I'enleve et I'entraine loin de ce lieu d'efFroi. La"scene change alors , et nous transporte devant le temple. Jean a ete fait prisonnier : son fils Amariah est tombe sous les glaives ennemis ; mais Simon espere encore ; il attend le seconrs celeste. La flamrae rou- geatre qui s'eleve du sanctuaire embrase , lui parait le signal precurseur de la venue duTres-Haut. Titus s'avance : vainement il ordonue qu'on epargne le tern- LlTTliRATDRE. 817 pie. Simon toinbe aupouvoir des Gentils ; il reconnait enfin , dans I'embrasement du voile qui derobait aux regards profanes le Saint des Saints , le symbole de la colere du Seigneur qui abandonne le peuple rebelle de Judas. Cependant , le soldat romaiu conduit Mi- riam a la Fontaine de Siloe, et se decouvre a elle, au luoiuent oil elle se jette a ses genoux jjour le supplier de rimmoler a sa vengeance. C'est son fidele Javan, qui , a I'aide de ce stratageme , est parvenu a la sauver. Des torrens de flamme el de fumee couvrent Jerusa- lem ; le temple apparait tout en feu , et sa ruine a quelque chose de divin et de solennel. Entoures de Chretiens, les anians, frappes de respect et d'epou- vante,contemplent raccomplissement des redoutables propheties. Un hymne , dans lequel la " desolation du magnifiqiie edifice est depeinte comme I'einbleme et I'image de celle des iiiondes , termine majestueu- sement le poeme. Get ouvrage n'est point exempt de defauts; mais on J remarque du genie, et parfois de grandes beautes : nous n'avons pu que les indiquer dans cette rapide analyse. Les situations sont Iragiques et bien ainenees; les caracteres, bien concus et traces avec energie ; le style , quelquefois sublime et toujours harmonieux. Mais , I'auteur a peut-etre tropmultiplie lescontrastes. II laisse voir rintention de faire effet , et cela nuit souvent a celui qu'il veut produire. L'accusation de Miriam, par Salome, et la promptitude avec la- , quelle le peuple et le grand pretre adoptent le projet de mariage propose par Abiram, sans songer davan- tage au coupable jirofanateur du temple, sont deux circonstances qui manquent de vraisemblance. Mais , sans nous arreter aux critiques , nous aimons mieus 3i8 LITTfeRATURE. Jouer le talent de M. Milman , et niontrer comment il a su vaincre les difficultes que lui presentait son sujet. D'abord , la marche qu'il a suivie, affranchie a plusieurs e'gards des regies ordinaires, est celle qui se piete le niieux an developpement de plusieurs faits historiques, resserres dans un court espace de terns : elle dispense d'une foule de details qui affaiblissent I'inte- ret. Tout se passe en action: ce n'est, a bien dire, ni un poeme , ni une tragedie , inais une hisloire ra- contee en dialogues. Cetle inaniere d'e'crire en vers a ele imaginee par Soulliey , poete laureat, qui I'a in- troduite avec succes dans plusieurs de ses ouvrages. Les Ultra-classiques s'eleverent contre une semblable innovation ; elle triompha , en depit de leurs censures, et ouvrit une nouvelle carriere au genie , ennemi des entraves et de la contrainte. On ne pent nier qu'elle est d'un efFet tres dramatique , et (ju'elle sauve beaucoup de longueurs et d'inutilite's. La facilite qu'elle donne de changer la mesure des vers, suivant I'insfant et le personnage qui parle, est un avantage inappreciable. Ainsi,M. Milman a rime, en vers alexandrins, lesredou- tables predictions du prophete, tandis que le choeur des vierges chante , en belle poesie lyrique, les joies qui attendent la jeune epouse. Cette brusque transition rend le contraste plus frappant , et ajoute a I'effroi qu'on eprouve. Les choeurs d'Esther et d'Athalie peuvent donner I'ide'e de ce genre de compositions, et le plan de ces deux adinirables pieces n'est peut-etre pas sans quelque analogic avec celui que s'est trace I'auteur de la Destruction de Jerusalem. Les caracteres des deux scKurs Salome et Miriam sont d'heureuses creations du poete, et soutiennent raerveilleusement I'interet, lorsque I'absence des grandes catastrophes LITTERATURE. Big Texposerait a languir. En tout, ce poeme est iine production fort distinguee, et merite d'etre compte au nombre des ouvrages qui horiorent la litterature anglaise (i). L.-Sw — n. iW\ 'W%AAWV\'WX4/VVWVW«'W>'W^'VV\'VV*i\A/V La D^mence de Chaules VI, tragedie en cinq actes par M. JYepomuceneh. Lemercieu, deTIns- titut rojal de Fiance, et qui devait elre repre- sentee sur le second Thedtre - Francais , le 20 septembre 1820. 2' edition (2). | La France vendue a I'Angleterre, sous un roi en de- mence , forme le sujet de cette tragedie. Des dissen- sions sanglantes, des haines invete'rees , de noires perfidies , des vengeances atroces , des guerres souil- lees par des parricides, la paix ensanglante'e , des princes assassines , faisaient de la France un theatre d'horreur et de carnage. Alors , la politique de Londres, enorgueillie de quelques trioraphes , mais toujours fe- conde en artifices, concoit, soulient et accomplit le dessein de faire passer la France sous son obeissance , a la faveur de ces calamites, en soufTlant de tous cotes le feu de la discorde. Comme la tragedie vit surtout des mallieurs du genre humain , et que ces malheurs font une sensation d'autant plus etonnante sur nos (i) Nous possedons , en France , un poeme intitule Solyme con- quise , ou la Dispersion ties 7u(/i ; par M. Desquiron de Saint- Agnan. D embrasse la seconde et la derniere dispersion du peuple Is- raelite. Nous renvoyons le lecteur, curieux de comparer le tra- vail des deux poetes,au compte quel'on a rendu del'ouvrage fran- cais dans ce recueil. ( Voy. T. V, p. i74') (3) Paris, 1820. In-80. J. W. Barba, libraireau Palais-Royal. 320 Lll'ftRATURE. ames, qu'ils ont ete ceux de notre patrie; on ue pou-* vait choisir un sujet ni plus he.ureux, ni plus national ; inaisil presenlait des difficultes a vaincre. Les eveneniens , les inosurs, les caracleres de cette epoque desaslreuse sent ensevelis dans des liisloires in- fornies , encombrees de details inutiles ou puerils , et couvertes des obscurites de la barbarie ; de maniere rju'avant d'etre poete , I'auleur doit se livrer a des re- cherches penibles , comme historien : difficulte qui nc se renconlre point dans lessujets tires des terns anciens, oil I'histoire prele sescouleurs et ses pinceaux a la Ira- gedie. « J'avais copie mes personnages , dit Racine dans la preface de Britannicus , d'apres le plus grand peiutre de I'antiquite ; je veux dire , Tacite. Et j'etais alors si renipli de cet excellent historien, qu'il n'y a presque pas un trait eclalant dans ma Iragedie , dont il ne m'ait donne I'idee. » Le? beautes de Tite-Live revivent dans les Horaces. On voit aussi la scene tra- giqneoccupeeparles lieros derKpopee,qui n'estqu'une histoire d'nn ordre plus releve , embellie jjar de ma- giques fictions. Ainsi M. Lemercier, sans le secours d'une histoire bien faite , a ete, pour ainsi dire, oblige de fondre les statues de ses personnages, et de les faire penser avant de les faire agir. Mais il s'elevait un autre obstacle, que la seule liar- diesse de I'invention pouvait francbir : c'e'tait de trans- porter sur la scene un roi insense. Comment paraitra ce roi, dans cet etat de degradation de la nature hu- maine? II fallait faire ressortir son caractere de la pro- fondeur des abimes de la demence. Quelle sera son attitude ? Quelle passion se peindra dans son regard egare? Quel langage tiendra-t-il ? Sous quel veteraent se inontrera-t-il aux yeux du spectateur ? Sa demence LITTERATURE. 32 1 sera-t-elle sillonnee cle quelque eclair de luniiere ? La 2"aisoa repreiidra-t-elle un moment son empire, poiu lui decouvrir I'horreur de son infortune , qui entraine apres elle la mine de I'Etat? Ces reflexions piqiient sinfifulierement la curiosite. On est avide de savoir de quoi est capable I'esprit liumain dans une enlre- prise si neuve? Cependaut , elle n'etait pas sans exemple : les ecri- vains classiques connaisseat V Ajax Jlagellateiir , piece dontle heros est represente dans les agitations da de- lire, et composee par Sophocle, le plus grand inodele quepuisse suivre I'ecole de Melpomene. Est-ce aujour- d'hui une singularite, unebizarrerie , qiied'imiter So- phocle? Un exemple dii meme genre , plus recent, et non moins digne d'imitation , se trouve dans I'admi- rable tragedie de Shakespeare , inlitulee : Le roi Lear. La tragedie de Charles \ I ne paraitra point avec la pompeet le prestige de la representation theatrale; an milieu d'un concours do spectateurs nombreux et eclai- res ; dans I'enthousiasme de ces emotions produites par I'aniour du pays ; parmi ces transports animes de terreur, de pitie et de nielancolie, quisontune source feconde d'interet , et qui, remnant si puissainment le coeur, fontcouler des larmes utiles a la vertu, a I'aspect de I'mfortune des heros el des catastrophes des Etats. Ua conseil deministres, enveloppepar les pieges de la cen- sure , a ete surpris dans sa sagesse au niilieu du tourbil- lon des affaires publiques ; et Ton a interdit I'entree de la scene a Charles VL C'est done privee des charmes de rillusion scenique, sans lesquels une piece perd une grande partie de sa valeur , et dans le calme de la re- flexion, que se montre cette tragedie. Mais I'opiniou, TOME VIII. 21 Ja* LITT^RATLRE. devant qui s'abaissent les rois et les empires , la relevera de cette iniiiste proscription dont elle a ele frappee. La jireuve de celte injustice est dans I'exameasoigneux et rigoureux de I'ouvrage meme ; examen qui demon- trera que la representation , loin d'avoir aucun danger, etait une grande lecon d'experience. La scene s'oiivre par deuxpersonnages reraarquables: I'un est le due de Bourgogne , prince dont le caractere est un melange de bravoure et de ferocite. Sa haine etait pleine dc noires perfidies; il assouvissait sa ven- geance dans lesang ; il avait assassine le due d'Orleans, et rempli Paris de tumulte et de carnage. L'autre est Warwich , ambassadeur d'Angleterre , politique subtil , qui medite la mine del a France, llsemeladiscordeparrai ses princes , et ne flatte tour a tour les partis que pour mieux exciter leur fureur , dans le dessein de les af- faiblir , de les comprimer , et d'elever la domination anglaise sur leurs ruines communes. lis s'occupent des malheurs qui desolent laFrance. Le ducde Bourgogne, long-tems dupe des stratagemes de la politique d'An- glelerre , eprouve le repentir de n'avoir pas tourne ses armes contre cette dangereuse ennemie , et se plaint de ce que Warwich a eu , sans son consentement , une en- trevueavec le dauphin. Ce dauphin, avec lequel le due fait la guerre, est un jeune homme ehez qui la bra- voure est unie a la eandeur : ses vertus relevent I'eclat de son courage ; la corruption d'une cour ou regnaient la perfidie , I'adultere, le crime, n'a point encore em- poisonne son ame, trerapee de bonne heure dans les revers ; fils tendre , ami sur , loyal ennemi , il est I'espoir de la pa trie. Dans la crainte de I'union du due de Bourgogne avec le dauphin , I'ambassadeur anglais cherche a les LlT'l'feRAl'URE. 393 perdre tous deux , durant une conference qu'ils doi- vent avoir pour la paix au pont de Montereau ; et, pour cet objetjil se sert de la reiue Isabelle, prete a raarier sa fille au roi d'Angleterre , qui se naontre en appa- rence un vainqueur plein d'une rare generosite. Cette reine , instrument de la politique etrangere, est une femme fiere , inconstante , souillee d'adultere , mere denaturee , revoltee contre son propre sang, abusant de la demence deson e'poux pour perdre I'Etat. EUese fait un jeu des attentats les plus noirs , pour ravir la cou- ronne a son propre fils et la placer sur la tete d'un roi etranger et ennenni, en lui donnant sa fille en raariage. Apres I'effroyable peinture des desordres de la cour, oil sont representes les favoris enrichis des depouilles des sujets , des princes egorges sans pitie , des fetes qui niettent la France en deuil , le due de Bourgogne fait a I'ambassadeur le recit des causes de la demence d'un roi dont le nom etait partout respecle; demence a la- quelle il a lui-meme contribue par un singulier et infame stratageme : Las de tant de licence, il courut la punir : Ses v^ssaus le suivaient : sa colere allumde S'indignait des lenteurs de sa pesante arinee : L'eelat le plus brCtlant du soleil de Tete' Fit bouillonner I'ardeur de son front irrite; Et son foagneux esprit, dont s'animaient les flammes , Ne r^vait qu'attentats , que pie'ges et que trames. Tout-a-coup, au detour d'un ravin enfonce, A travers son corte'ge un homme s'est lance' , Hideux, tout revetu de lambeaux execrables ; Et, pour le consferner d'augures formidables, Ayant saisi les crins de son noble coursier, « Arrete! on te trahit, » osa-t-il lui crier. 32^ LITTER ATU RE. Un dard tombe avec bruit. Charle emu , plein d'alarmes, Sur sa troupe et ses chefs tourne en fureur ses urmes , Frappe , immole , et les coups de son glaive sauglaut Hevancent son regard de rage e'tincelant. On recule : chacuu evitant sa poiirsuite, Le respect de son rang force tout a la fuite. La raison , ce flambeau de la carritre humaine , Des-lors oteintc en lui , se rallumunt a peine , Ne sut plus le conJuire , et sa sombre vapeur Produit tanlot sa rage et tantot sa stupeur. Ce rocit fait desceiidre dans le cocur un interet puis- sant , soutenu par une pitie qui va durer dans une gradation, progressive, jusqu'a la fin de la piece. La demence , objet de compassion dans le sort com- mun deshomnies , donne au pathetique une force ex- traordinaire , quand elle frappe une tete couronnee ; elle prend alors une prodigieuse grandeur , surtout si de Lautes vertus , des actions eclalantes , et la bonte d'ame forment le caraclere du heros tragique : des larmes vont bientot couler. Cependant, de nouveaux malheurs, causes par le delireduroi, se preparent dans deux scenes opposees I'une a I'aulre, et traceesdans un dialogue energique : une reine doublement perfide va perdre le due de Bour- gogne et son propre fils , pour assouvir Tambition de I'Angleterre. Elle les entretient separement , eu fei- fiiant avec tous deux d'abjurer sa haine , de leur rendre son araitie , de vouloir se soustraire au joug des Anglais et retablir la France dans sa splendeur pas- see. Le due, qui connait la perversite de la reine, de- mande sa main , par suite d'un divorce avec le roi , pour gagede la reconciliation. La perfide reine a I'air de sacrifier son orgueil a celte indignite ; mais, pour LITTERATURE. SqS prix de ce sacrifice , elle exige que le due immole le daupliiii a leur vengeance commune ; qu'il lui tende des pie'ges dans la conference du pont de Montereau , et qu'il le jette impitoyablement dans les fers. Cette mere denaturee oppose aussilot le crime au crime : elle voit son fils; la haine el la vengeance sont au fond de son coeur. Mais I'oubii du passe , la reconciliation , une vive tendresse sont sur ses levrcs ; et apres avoir adroitement irrite I'aninaosite de son fils par le sou- venir d'outrages et de crimes recens , et par I'efFroi de I'avenir , elle lui propose d'assassiner le due , dans cette meme conference. A la vue de cet attentat qui ensan- glantera la paix , le vertuoux dauphin est saisi d'un trouble extreme. Alors , la reine, pour accomplirson horrible dessein ^ jette les 3'^eux sur Duchatel , ofllcier de la suite du dauphin, et dont I'ardeurpour le crime ou pour la vertu est egale , selon les circonstances. Pendant qu'ou medite I'execution de ce double at- tentat , I'interet varie et s'accroit au second acte. Ua chagrin profond agite I'ame du dauphin , qui vient de voir son pere plonge dans un affreux acces de de- mence , et qui ne I'a pas meme reconnu : situation neuve et dechirante pour le coeur du fils d'un roi. C'est a Duchatel qu'il confie sa douleur: Dans sa chambre introduit, des que j'osai paraitre , D'un ceil morne et sinistre envisageant mes traits, 11 s'est tu devant moi : tremblant, je soupirais. 11 ofTrait, demi-nu, Taspect de I'indigeriCej De ses cheveux souille's la Iriste negligence, Son immobilite, son maintien, sa pSleur, Etonnerent mes yeux fixes sur son malheur. J'etends vers lui les mains, et je I'approche a peine Que , le front colore d'une flamme soudaine , Maudissant les avgus dont il fut entoure, II me prend pour I'un d'eux ; moi qui, de'sespe're , 3>6 LITXfeRATURE. Et d'un coeur filial partageant sa ddtresse, Ne venais qn'e'pier nn retour de teurlresse. rt Sors d'ici, porle aillcurs ton zele I'uricux, » M'a-t-il dit, transporte d'un acces curieux. J'en ai fre'mi : des-lors, en un cruel sourire, Atroce changement des traits de son delire , Sur moi son amertume a paru s'exhaler, Et par sa vois terrible il m'a fait reculer. Combien est touchant le tableau de cette entrevue ! les coiileurs en sont tristes , naturelles el vraies: ce qu'il offre de sinistre et de noir , est adouci par la douce esperance que Duchatel apporte au coeur du dauphin , en lui disant que I'instant approche , oil le roi a cou- tume de repreodre I'empire de la raison , et qu'il sor- tira du sonimeil de la demence pour voir le retour de la paix. Mais il lui revele que cette paix sera achete'e par le meurtre du due, assassin d'Orleans son maitre ; que la reine Fa choisi pour cet attentat , qui doit as- souvir son ressentiment , sauver le dauphin , et metlre ■un terme a la guerre civile. La vertudu dauphin s'op- pose constamment a cet assassinat, quel que soit le fruit qu'il en puisse recueillir. II ne veut point souiller de sang un traite de paix , donner I'exemple du crime , Iroubler sa vie par des remords qui ne s'eteignent ja- mais. C'est a la vengeance des lois qu'il livrera le cou- pable. Ainsi , le prince demeure etranger an forfait ; mais la reine n'en poursuit pas moins I'execution de son atroce dessein; elle prete de nopveau ses fureurs a Duchatel , qui n'est que trop dispose a la servir. Le roi , qu'on attend avec une curieuse impatience , parail. II est accompagne d'Odelle, femme d'une ame bonne, sensible, qui lui prodigue les soins les plus genereux. La pitie , deja descendue dans le coeur , produit toLit-a-coup des sensations nouvelles. On cher- LIXXfeRATLRE. 327 clie en vain ce prince illustre dans la guerre, plus grand dans la pais , environne des honimages et des respects de la terre; les regards etonnes s'arretent sur un fan- tome quisesurvit a lui-merae. C'estla demence assise sur le trone ; mais , cette demence o£fre les mines d'une raison superieure. Duchatel est la premiere per- sonne qui se presente au-devant des pas du rol qui le reconnait. Sa presence fait naitre dans un cceur en proie aux egaremens de la folie , des souvenirs tendres , mais pleins d'une apre melancolie. Les horreurs dont le due de Bourgogne se souilla dans le siege de Paris , se peignent a son imagination. II voit Duchatel sau- vant et emportant son fils dans ses bras. II lui rappelle cat heroique devouement ; mais, aussitot , par un con- traste frappant , sa reflexion se reporte sur son e'tat d'ignominie, d'indigence , d'abandon ; et Ton voit un roi reduit a demander un cercueil a la pitie de celui qui sauva son fils au berceau ; idee sublinae , et admi- rablement rendue par ces mots : lis m'ont prive de toutj vivant, m'ont de'laisse t IVlort, aurais-je leurs pleurs?... Odelle observe avec attention les mouvemens de I'ame de son maitre ; elle craint que des emotions trop violentes ne dechainent sa fureur; et sa crainte impose silence a Duchatel , qui maudit le due de Bour- gogne, auteur de la demence du roi. Charles epanche son ame soufFrante et egaree aupres de I'amie qui adoucit son infortune ; et c'est dans ces epanchemens que le coeur humain se montre sous un aspect aussi sombre que nouveau : Dieu cre'ateur! qui seul nous fais ce que nous sommes, Degrades-tu si bas U majeste des hommes , 328 LiTrfcRATURi:. Pour nous niieux aveiiirdc nc point I'oiiblter, Et sous tes cliatimcns nous tnieux luiniilier? Rien n\sl done srtv pour nous, sous ICmpire celeste.. . Ah! frai;ilrs liumains, vous \oiis epouvanlez Des prompts rrnverst-mens do vos prospi'rite's! C'est peu de voir toniber vos ^randeius, vos fortunes, Ijc coura<;e souliunt des perles si conimunus : Mais, decliusde raison, implorcz le tombeau, Avaiil cprainsi vos pas s"egarent sans flambeau. Ces retloxions contluiscnt sa pensee vers ses enfans ; il s'aflfligede n'avoir pas lecoiiiiu son fils , de ne I'avoir pas accueilli par dc tendres embrassemens , ce fils a qui appartient un trone donl un pere a ete precipite par la demence. Le mariage de sa filie vient occuper sa tendresse ; il se nourrit de I'espoir que celte union etoufFera le feu de la guerre civile ; raais, aussilot , par un retour dechirant sur lui-meme , il s'ecrie : Mais , sierait-il qii'un spectre allSt par ses douleurs Attrister les autels orne's pour toi de fleurs, Et, sous I'heureux eclat des flambeaux d'hymenee, Monlriit aveuglenient sa pSIeur couronnee? Son coeur ne cesse de nourrir de douloureux souve- nirs. Une princesse qu'il aimait avec passion , Valen- tine, veuve d'Orleans , egorge , dans les guerres civiles , parmi d'autres princes de la cour , ne fait qu'accroitre salanguissante et sauvage melancolie. Ellene s'adoucit que par les pleurs d'Odeile , dont la touchanle amitie lui inspire ces vers , oil sont traces avec tant de deli- catesse et de charme les vertus des ferames : Je me perdrais sans toi , guide aimahic et fidele! O femines! de vos soins adorables etfels! La vie humainc entitre est due ;i vos bienfaits. A rheure du declin , comme des la naissance, Votre sexe estl'appui de notre double cnfancc^ LITTERATURE. 37.9 Et , de nos jours sereins prolongeant le tlambeau, Berce encor nos douleurs ans portes du tombeau : Vos secours, votie sein et vos bras nous attendent : Les c.oiisolatioDS de vos levres descendi^nt. Quand nous a fni Tjmour et meme I'arnitie, Dieu , pour nous , dans vos cceurs met encor la pitie'. Angos de charile dans les pieux asiles, Qu'au lit des rois soufl'rans vos vertus sont utiles ! A la vue du due de Boiirgogne , son indignation se souleve ; il lui reproche ses crimes , I'accable des noras" les plus odieux , et predit sa mort. Cette prediction epouvante le due, qui est d'ailieurs averti de son peril par tine Jetlre. 11 ne voit plus dans Charles un prince qui est prive de la raison ; mais un organe des enfers. Ce- pendant, ilrappelle son courage accoutume; sa terreur s'evanouit. II se rend au pont de Montereau , pour perdre le dauphin. Durant cette conference, la reine qui les a engages a se tendre mutuellement des embuches, est tourinen- tee d'une inquietude extreme , ne sachant de quel cote triomphera la sceleralesse. Sa confiance se repose da- vantage sur Duchatel, dont le bras est exerce au meui- tre. L'ambassadeurd'Augleterre vientlui annoncer que Fun des deux a succombe. Apres I'affreux reeit de la mort du due frappe par Duchatel , I'ambassadeur , en habile politique , saisit cette circonstance , pourcju'elle rejette la noirceur de eel assassinat sur le dauphin , et fasse signer un traite qui Texclut de la couronne , qu'on fera passer a I'enfant qui naitra du mariage de sa fille avec le roi d'Angleterre. L'assassinat du due ayant cause un turaulte efFroya- ble dans la ville , Charles , abandonne aux soins d'O- delle , s'echappe dans un aeces de fureur; il est errant sous les murs du chateau. Son egareraeiit le conduit 33o • LlTTfeRATURE. pres de la reine, qui , pour rester seule avec lui , fait sortir Odelle. Ici se passe une scene pleine d'effroi. C'est le conible de Tart d'avoir mis un roi , dont I'aliena- tion d'esprit ne dement point le noble caractere, en presence d'une reine dont riea n'egale la fourberie, si ce n'est sa cruaute. Le delire du inonarque est tcl qu'il se croit seul , quoique la reine re'ponde a son discours : invention d'un genre neuf et d'une dif- •ncile execution. £gare dans les labjrinthesdc Ja folic, il s'irrite et s'etonne d'etre prisonnier dans son palais ; mais son etonnement cesse , lorsqu'il songe qu'il est au milieu d'une cour oil regnenl i'etranger , la per- fidie et le crime ; oil mille trames sont ourdies pour son abjection. Son bras desarme assure I'impunite ; il se voit en proie a la haine , a I'insulte, a I'abandon, et cette terrible verite sort de sa bouclie: Un roi n'a point d'ami ; c'est le malheur du trone. Tout-a-coup , son discours est rompu ; on ne trouve aucune liaison dans ses idees ; c'est bien la demence surprise sur le fait : Aux heures du sonitneil pourquoi me reveille-je? La unit couvre ces murs... Quelle est sombre!.. R^ve'-jei' ]Von, j'agis; iion, je marche. .. Ab! j'ignoreen quels lieux... Que mon front est pesant? quel voile est sur mes yeux! Une melancolie sinislre accable son imagination et s'exhale dans des paroles entrecoupees , qui partent d'un coeur rongc par I'amertume. Cependant, il aper- foit une personne qui converse avec lui. La demence le fait tomber dans une etrange meprise. Sons les traits de la reine , il voit Valentine qu'il aima dans les belles annees de sa vie; ii oublie qii'elle a expire, victime du chagrin ou du poison. La surprise de la reine se LirrERATLRE. 33 r change bientot en frayeur ; lorsque son epoux lui pre- dit une luort execrable , en lui rappelant le supplice de Brunehaut: Les grands qu'elle opposait en coupablcs rivaux, Uniseniin contre elle, ont, aiix pieds des clievaax, Siir des ronces, traine sa dcpouille abliorree, Qu'en lambeaux tout sanglans le j)euple a dechire'e... . Noir exemple ou du ciel c'clate la riguoiir ! Cette prediction la glace d'horreur , d'autant mieux que celle de la niort du due veuait de se realiser sous ses yeux. Ici la terreur se joint a la pitie ; et cette ter- reur redouble, lorsque Charles s'assied , et arrete, dans un moment de calme , des regards iminobiles sur une reine doat le coeur est petri de fiel et de crime. Ce calme precede un violent orage , qui s'eleve dans son ame , lorsqu'il apprend que le due a ete assassine , parce qu'il voulait faire la paix et marier sa fille au roi d'Angleterre, et que I'assassin est son propre fils. Des parricides , des trahisons , des princes noyes dans leursang, des attentats nouveaux, se melant a I'imagt? charmante de I'innocence de sa fille , environuent la scene d'affreux nuages. Les tourmens de Charla> font succomber son ame sous la violence d'un acces de de- mence , et le livrent aux perfidies de la reine , qui va lui faire signer I'acte remis par I'ambassadeur anglais ; mais il n'a pas plutotjele les yeux surcetacle d'op- probre et d'infamie , qu'il se reveille de sa stupeur. Sa fureur est a son comble. Les gouflres de I'enfer appa- raissent a son imagination frappee de terreur; et, parmi les ombres infernales , il rencontre Isabelle. Je dois m'arreter sur cette rencontre, parce qu'elle me parait le dernier effort de I'art : c'est le plus beau passage de la plus belle scene de la tragedie. Charles 33a LITT^RATURE. commence par iine apostrophe vehemcntcaux courti- sans perfides , aux arabitieux qui se tourmentent , s'a- gilent ets'egorgent pour de vaiiis tilres et de vains hon- neurs ; aux ministres pervers qui se sent enrichis des depouilles descitoyens ,qui out proscrit Thonime juste, qui ont fait couler les larmes de la veuve et de I'orphe- lin, qui se sont souilles de trahisons ou de meurtres , et dont les hurlemens dans les enfers n'apaiseront point les plaintes de leurs victimes. Le speclateur est ainsi prepare a I'emotion de'cliirante produile par tout ce que Charles va dire a la reine : Et comment a mes yeiix foses-tu presenter , Teme'raire Isabelle?.. Est-ce pour m'lnsulter? Est-ce dans le dessein d'arrachcr aux supplices Des princes sans honneur , tes fcroces complices':'.. Si j'en crois tes discours, men esprit est blesse... Examine mes traits... Dis : qu'ai-je d'insense? Est-il done e'tonnant que men ceil soit farouche, Voyant un monstre aflreux qu'aucun remords ne touche.^' Quel desordre e'gare t'effraie en mon regard?.. ~ Jamais sur les mortcls levai-je le poignard? Si je pleure en ma cour lout le sang qui Tinonde, Est-ce un dere'glement, que ma pitie profondc? Le delire est aux cceurs qui , dans un froid repos , Excusent Thomicide , et taisent les complots... Mais, moi, j'ai bien Thorreur de tes lilchcs maximes, Bien I'amour des vertus , bien la liaine des crimes... Quelle est ma de'raison? Parle... Pourquoi trembler? C'est toi dont la froiJcur doit faire reculer... Toi qui souillas mon lit, qui de'gradas mon trone ; Toi qui vendrais TElat , et jusqu'a ma couronne j Toi, fille de discorde , et qui , par tes forfaits , Dans I'usage du crime as su trouver la pais : Va t'asseoir aux enfers , nouvelle Fredegonde : La , ton arret t'attend pour I'esemple du monde. Energieetprofondeur de pensees , beaute des images , LITTERATURE. 333 eris de donleur et de fremissemeut coiitre le crime, accens passionues de la vertu , tendre amour du pays , horribles imprecations centre I'aiiteur des calamites puljliques : tout se trouve reuni dans cette scene, comtne daus le foyer d'un vaste embrasement, dont les flammes repandent au loin la pitie et la terreur. Cest dans cette situation tragique, oil Charles s'ima- gine voir Isabelle dans les enfers, que le visage de Joanny , qui devait remplir le role du roi , se couvre d'une fureur noire: ses traits, de I'etat d'immobilite oil renchaine le courroux comprime de la demence , s'animeat tout-a-coup , et avec une telle impe'tuosile, que sa voix semble tonner dans les profondes cavernes de la mort. Son regard est etincelant d'une sombre rage; il recule epouvante. Son aspect a je ne sais quoi de funebre et de redoutable ; au point que , pendant les repetitions , et sans aucun prestige theatral , un fre- missement iuvolontaire s'emparait de toutes les per- sonnes employees au theatre. Qu'on se figure TefFet qu'aurait produit cette situation sur les spectateurs. Apres une pareille scene , I'ame a besoin de repos. Le voyageur , fatigue des beautes sauvages , terribles et imjjosantesde la nature , se plait dans un tranquille vallon. Le dauphin conserve toujours la candeur de son caractere, dans un entretien avec Duchatel sur I'as- sassinat du due de Bourgogne ; assassinat qu'il avait vu et qu'il voit encore avec horreur. Comme les lois sont arme'es pour punir cehii qui les outrage, la sceleratesse du due n'est pas pour lui une excuse ; il exile de sa presence Duchatel qui n'eprouve aucun remords, etqui veut servir encore son prince , avant de s'eloigner. Bienlot il aura la genereuse audace de le justifier, ea preaant sur lui seul tout I'odieux de sou forfait, et en 334 LITTERATUKE. disant avec fierte, devant Charles et ses compagnons d'armes : La liaine en vain impute un tel meurlre a sa gloire : ]Vloi seal je I'ai coromis ; j'en charge ula mcmoire. Le roi rcparail ; sa raison a lepris son empire : ses velemens souilles el dechires sont remplaces par la pourpre et les orneniens de la royaute ; son regard , son air, sa dc'marclie , son langage , sont assures Ainsi , Charles est presenle sous ce double aspect : d'abord, dans un etat de denience progressif et traverse de quel- ques eclairs de luniiere ; ensuite, jouissantde toutesses facultes intellectuelles, sans que la folie altere la beaute de son caractere. Amour de la vertu , haine du crime , tcndresse paternelle , horreur pour la domi- nation etrangere , zele ardent pour la gloire et le bouheur de la France: voila les pre'cieuses qualites , ornement de I'ame d'un roi , qui , s'il pouvait renaitre , s'indignerait encore du dernier outrage qu'on fait a sa memoire , en lui defendant I'entree de la scene. Tou- jours les maux de I'empire sont presens a sa pensee. Celte fois , c'est dans le sein d'un fils vertueux appele au trone , qu'il depose ses noires anxiete's. A peine lui reste-t-il un souvenir confus de tout ce qu'il a dit ou fait dans les scenes precedentjes. II apprend qu'il a signe I'arret de I'exil de son fils , faussement accuse d'avoir trempe ses mains dans le sang du due ; c'est alors qu'il adress« undiscours rempli d'une eloquence pathetique, oil se trouve I'e'panchement du coeur d'un pere pro- fonde'ment malheureux et indignement trompe : Plains-mo' ! ne me hais pas I excuse un triste pere , Demandant ton pardon, dementant sa colere... Et priant ta vertu, mon fils, de surmonter Jus(]u'aux secrets raepris qu'il a pu mcriter. LiTTfeRATURK. 335 Cet entretien da pere et du fils est interrompu par Duchatcl : Jl vient annoncer que la garde de la reine assiege Tune des portes du chateau, pour surprendreet arreter le dauphin , qui court sur-le-champ aux armes. Duchatel a Vassemble sa garde, et va racheter par la valeur le crime qu'il vient de commettre. La reine assemble son conseil. Sa politique artificieuse represente la France desolee par la guerre civile , vain- cue par I'Angleterre ; ses princes divises , assassines, tour a tour oppresseurs et opprimes ; Bourgogne , I'es- poir de la patrie , tombe dans une enibuche mortelle dressee par le dauphin : elle ajoute que I'aurore d'une paix ensanglantee etait pire que la guerre ; que la sa- gesse lui prescrivait d'unir sa fille au roi d'Angleterre , de placer sur la tete de I'enfant qui naitra de cette union, la couronne dont le dauphin s'est renduindigne. Charles se montre d'une maniere inaltendue dans ce conseil , et y parle en maitre ; il protege I'innocence de son fils , quisaura vaincre I'Angleterre. Mais, un nouveau sujet d'alarme et de desespoir s'erapare de cet infortune ino- narque, lorsqu'il apprend qu'il a signe I'acte qui livre la France. C'est dans cette circonstance que Tam- bassadeur anglais parle plus que jamais de vertu , de moderation, de generosite , pour mieux deguiser la trahison. Le roi Ic penetre , fait eclater sa colere, et s'abandonne a I'amertume du desespoir. Le daujjhin , esperant relever la fortune de la France dans les com- bats , vient adresser des paroles menacantes au conseil , el proteste hautement centre son exheredation. Mais la raison n'a prete sa lumiere a Charles , que pour lui faire mesurer avec plus d'effroi I'abime oil la France est plongee ; ce qui cause un tel ebranlement dans son cerveau , que ses forces I'abandonnent , et qu'ii 336 / LITTERATURE. rentre dans les horribles labjrinthes cle la dcinence , en s'ecrianl : Pleurez!.. non les lourmens d'un prince qui snccombe, Mais le spectacle affreux d'un empire qui lombe. Ainsi se termine Taction de la piece , dont le sujet est la France vendue a rAngleterre. C'est parce qu'on n'a ni soigneuseinent analyse, ni profondf'nient inedite la tragediede Charles VI, que Ton a pretendu que celte piece n'avait pas de fin ; et que, d'ailleurs, elle pechait par defaut d/unite d 'action , la mort du due de Bour- gogne ayant lieu entre le deuxieme et le troisieme acte. D'abord , la protestation du dauphin, et I'espe- rance de le voir un jour couronne > loin de prolonger Taction, prouve qu'elle est acconiplie ; car on ne pent pas protester centre un evenement qui n'est pas arrive; et, si cet evenement est accompli , le denouement ne laisse rien a desirer ; d'autantmieuxque la restauralion du dauphin, sur le trone, est un autre evenement inde- pendant, soumis aux hasards de la guerre. La mort du due ne forme pas duplicite' d'action , parce qu'elle n'est qu'un incident: lien ne finit apres cette mort. Le roi n'a pas encore signe Tacte de tra- hison ; et, apres avoir signe cet acte, la reine ne Ta pas encore fait approuver dans le conseil. Cette sanc- tion etait le denouement naturel de la piece ; denoue- ment qui devient une nouvelle source d'interet et frappe Timagination , parce qu'il est environne des prestiges de la demence d'un roi , qui n'ouvre les yeux a la lu- miere de la raison , que pour voir la France sous le joug odieux d'une domination ennemie; d'un roi qui represente, en quelque sorte, la patrie entiijre victime dans sa propre personne. A. Metral. LiTllllATURE. 337 Anthologie arabe, ou Choix de poesies arabes inedif.es, traduites en francais , avec le texte en regard y et accompcignees d'une version litterale ^ pari. Humbert, de Geneve (i). « Erf publiantce recueil, ditM. Ilumbertdans sa pre- face , moa but a ete d'oifrir a ceux qui commencent I'etude de la poesie arabe , des morceaux de vers moins difficiles que ceuxqu'on a imprimes jusqu'a ce Jour.... On pourra me reproclier , ajoute-t-il un peu plus loin, de n'avoir pas fait un choix assez severe ; d'avoir im- prinie plusieurs more aux infecles de jeux de mots et d'enflure — Mais je voulais fa ire connaitre le goiit des Arabes, tel qu'il est reellement, et uon publier des poemes oii le goAt e'jjure des Europeens n'eut rien a reprendre. » Ces deux passages, reunis, sembleraient annoncer que M. Humbert, en composantce recueil , a voulu le faire servir a deux eboses distincles , bien qu'assez etroite- meut liees I'une a I'autre: d'abord , a faciliter I'etude de la poesie arabe, quia efFectivement grand besoin de I'etre; et, de plus, adonner une idee du goiit et du genie qui caracterisent cette poesie, et la distinguent de celledes autres peuples asiatiques, presqu'aussi net- tement que de eelle des Europeens. Mais, il ne faut pas prendre trop a la leltre cette derniere partie du dessein de M. Humbert ; ou bien il (i) Paris, 1819. I vol. in-S". Impriraerie royalc. Treuttel et Wurtz, libraires, rue de Bourbon, n» i", TOME VIU. 22 338 LITT^RATURE. faudrait avouer qu'il ne I'a pas remplie. II s'en faut bieei , en effet , que le choix de poesies aiabes public par lui soilassezricbeet assez varie, qu'il soil concu comme il devrait I'etre , pour donner une idee generale de la poesie arabe. Cette poesiea eu , comme le peuple dont elle est la creation , ses epoques de vigueur, de jeunesse et de gloire, oii les jeux d'esprit, qu'on lui reprocbe niaintenant , lui furent etrangers ; et nieme a dater des terns oil le mauvais gout a commence a s'y intro- duire , il s'en faut bien que Tenflure et la recbercbe soient le caractere dominant de loutes ses productions: il en est un tres grand nombre oii ces defauls ne pa- raissent que comme des taclies accidentelles et locales, a travers des beautes francbes, pures et hardies. II faut done, pour rendre justice au travail de M. Humbert, se borner a le considerer relativement a son objet evident et principal : celui de rendre plus agreable, et en meme tems plus aise'e, I'elude de la poesie arabe. C'est sous ce rapport qu'il merite la re- connaissance des orientalistes. L'Anihologie arabe de M. Humbert est divisee en deux parties distinctes , dont la premiere renferme le texte original des morceaux sur lesquels il a travaille. Ces morceaux sont au nombre de soixante-cinq , qu'il a tires, la plupart, des Mille et une Nuits. Plusieurs sont extrails d'une Anthologie poetique compilee par Soj-oitti , et tres repandue dans I'Orient. Quelques-uns ont ele fournis par les nonibreux recueils des poetes arabes d'Espagne. D'autres enfin appartiennent a la precieuse collection, si ceiebre parmi les orientalistes, sous le titre des Hamasa. II eut ete facile a M. Hum- bert de mettre plus de variete dans le choix de ces LITTER ATU RE. 33$ niorceaux , et de le rendre plus piquant ; mais il semble avoir ete gene, ii cet egard, par la crainte de trop mul- tiplier, dans sa collection , le nombre des pieces diffi- ciles ; ce qui eut ete direcleraent cotitraire a son projet. Le texte de chaque piece est accompagne d'une note qui en indique le metre, sulvaut les formiiles de la versification arabe , et d'une traduction francaise , que les oricMtaliste^ eux-niemes airoeront a rapprocher de I'original. Cette traduction sera particuiierement agreable a ceux qui, sans savoir I'arabe , voudraient neanmoins se faire (juelqu'idee du ton et du gout qui regnent dans une grande multitude de composi- tions poetiques eu cptte laiigue. La seconde partie du travail de M. Humbert , speciale- ment destiiie'e aux orientalistes, en est la plus elendue, comme la plis importante. El!e renferme une version latine de cliacune des soixante-cinq pieces du recueil ; version accompaguee de notes de tout genre, principale- ment destinees a faciliter I'intelligencedu texte auquel elles ont rapport. Cette simple annonce rnontre assez , ce me semble, que I'auteur n'a neglige aucun moyen d'etendre ou d'assurer I'utilite de son travaiL Outre I'avantageaccessoire d'etre iinprime avec beau- coup d'elegance , le texte de cette anfhologie arabe a le merite plus important d'etre remarquablement correct. La version latine est ce qu'elle devait etre , pour repondre aux vues du traducteur, et au besoin des commencans ; c'est-a-dire, exacte et aussi litterale que possible. Les notes sont nombreuses, variees et toutes interessantes et utiles ; les unes, sous le rapport philologique ; les autres, comme renfermant des traits curieux sur la litte'rature, I'histoire et les moeurs des 34o UTTERATDRE. AraLes en general. Plusieurs sont agreablement entre- mclees de fiagniens poetiques, qui foruientunesorle de supplPHiont aux pieces dont se compose le corps meme du recueil. Que!ques-uns de ces fragnieiis , aiusi epars dans les notes qu'ils enrichissent, sont empi untes de la langue et de lapoesie des Persans, et peu\ent donner lieu a des rapprochemens agreables entre le genie poetique de ce dernier peuple et celui des Arabes. Ce n'est pas tout : quelques-unes des pieces les plus in- teressatites du recueil ont inspire a M. Humbert I'idee de les traduire en vers grecs. Ces traductions se trouvent aussi parnii les notes , et font preuve, dans leur auteur, d'uu sentiment delicat et exerce de la langue et du style d'Anacreon. Quant a la version franyaise des textes de cette an- thologie , elle est elegante, animee, et peut-elre aussi concise que puisse I'etre une traduction franfaise de vers arabes. On y trouve bien 9a et la quelques passages qui seraient susceptibles d'etre entendus autrement qu'ils n^ I'onteteparM. Humbert ; niais cela etait ine- vitable dans la version de pieces pleinesde jeux d'ima* gination ou d'esprit, si bizarres ou si hardis, que Ion ne saura t etre toujo'ttrs bien assure d'avoir rencontre la veritable peusee de I'anteur, en adoptaut celle qui s'est presentee comme la plus natureile ou la inoins obscure. On pourrait aussi noter , dans la traduction dont it s'agit , quelques traits qui ne rendent pas avec toute la justesse possible, les traits correspondans de I'original , lors meme que le sens de cfeux-ci n'a rien de douteux. Aiusi, par example, M. Humbert a compris dans son choix un fort beau laorceau des Hamasa , dont il tra- Ln'TERATURE. 341 cluit ainsi le premier vers : « Tai dk ii mon ame : marchons mi cfl>jr/>at ; ct dtja rile s\-m>ole , saisie de frareur ^ aVidte. dts Iwros eniiftnis. » Pour ctre exact, il aurait fallu dire : « J'ai dit a mon anie , mt moment oUelles'envolail, etc., » 011 qaelque chose d'equivaient. Mais ce sont la des itiexactitudes bien legeres ; et je n'en ai point rencontre d'un genre plus grave. Je presume faire une chose agreab!e au lecteur,'pn le mettant a portee de juger hii-meme , an moins par un evemp'e, du style da is l«quel M. Humbert a rendu des originaux touiours difficiles a traduire , et souvent intraduisibles. Voici done une des pieces de son recneil, qu'il a donaee sous le titre d'Elt^gie d'un Jrahe d'E.spagne. Get Arate , revenautde Damas ou '^ a fait que'que seiour, adresse aux amis q I'i! y a Ifa;ssPS I'expression des lendres regrets que lui inspireut et le souvenir de leur amitie , et celui des cliarmes de 'eur pays : » 0 mesbons amis de Damas , n'airai-j" done aurune nonvelle de vos contrees cheries ! car le feu du desir brule mon sein et le consume. Un espace immense me separe de vous ; mais, j'en attesle Dieu meine ! depuis I'instant oil je vous ai quittes , mes yeux n'ont eu de plaisir ni a se ferraer an sommeil , ni a s'ouvrir a la lumiere — Qaand je me rappelle ces jours de bouheur routes delicieusement pres de vous , mon coeur est sur le point de se briser Quel n'etais-je pas alors , au matin, dans le vallon de Niren ; dans ce vallon oil les fleurs ne cessent de sourire , arrosees des larnies du ciel ; oil roucoulent les colombes , oii se balancent les ra- meaux , oii les torrens et les arbres font ouir sans cesse un agreable murraure ! Et cetle plaine au pied des 34a LlTTERA'l'URE. monls ! oii sont les soirees cle bouheur qu'elle a fait naitrepour luoi , et dontune seule valait, amesyeiix, line vie tout entiere ? Plaiiiecharinante, que Dieu t'ar- rose du tribut de mes lanucs !... » Du rcste, en facilitant I'elude de la poesie arabe , M. Humbert a fait,parcela seul, quelque chose quidoit contribuera etendreet a perfectionnerl'etudede I'arabe meme. L'on ne peuten effet, a ce qu'il me semblc, avoir une idee complete de I'etonnante abondance de cette langue, de son inimitable energie, des nuances aussi pre- cises que delicales de sentiment et de pensee aux- quelles elle se prete, si on ne I'a pas etudie'e dans les poe- sies qui en sont la principalerichesse, et les monumens les plus anciens et les plus caracteristiques. Les con- naissances , I'exactitude et le goiit dont M. Humbert a fait preuve, dans ce premier fruit de son etude des lan- gues et des lettres orientales, font desirer qu'il y perse- vere, etautorisent a esperer qu'il s'y distinguera. F. L. **vvVVvvv«wvvvvvvvvvTV^\'Vvv\^^(Vvvvv\vvvv\'v\^^v\\vvv\^^'V\'Vv\vvv^'vvv\^\vvv^A/\\v*^ III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. LIVRES ETRANGERS (i> AMERIQUE. ETATS-UNIS. joi. — JVoith Americnn Review and Mhcellnneous Journal. — Revue de rAmerique du Word , et Journal de Melanges. Boston , i8'-o. HiUiard et Metcalf. IN" XXVI. Cette Revue parait tons las trois mois, et deux cahiers for- ment un volume de 420 a 45o pages. Fllle se recommande par Je bon choii et la sage distribu'ion des matieres. Etrangere a toule secte religieuse exclusive, cotnme a tout esprit de parti politi- que, elle s'occupe seulement de la discussion des siijets qui sent d'un intcret ge'ne'ral , et particulierement de rexatnen desouvrages publics dans les Etats-I]nis. Le N" XXVI contient les articles suivans : Me'naoires historiques des e'tudes et des productions du docteur G. Bernardo de Rossi , professeurde langues orientales, e'crits parlui-meme^ — Paysages du Mississipi ; poetne descriptif de I'inte'rieur de TAmerique sep- tentrionale, par Charles Mead, citoj^en des Etats-Unisj — Dis- coiirs sur diffe'rens sujets , par Jeremy Tatlor, chapelain ordi- naire de Charles l", et eveque de Down et Connor; — les Aventures du capitaine GoLOWNTN, de la marine russe imperiale, durant son emprisonnemtnl chez les Japonais , en 1811, i8ia et i8i3; avec ses observations sur I'empiie du Japon et sur ses habi- tans, etc.; — les Souvenirs de Curran et de q«elques-uns de ses contemporains , par Charles Phillips , e'cuycr ; — Quelques de'ci- sions importantes rendues par des Cours de judicature des Etats- Unis ; — Procede's et rapport des commissaires pour I'Universite de Virginie, presentes le 8 de'cembre 1818; — Substance de deux discours prononces au Se'nat des Etats-Unis, par Thnnorable (i) Nous indiquerons, par unaste'risque (*) place a cote du litre de chaque ouvrage , ceux des livres etrangers ou francais qui paraitront dignes d'une attention particuliere, et dont nous rendrons quelquefois compte dans la section des analyses. 344 LIVRES ETRAKGERS. Hufus King , dc New- York , a I'occasion d'un acte intitule' Alis- iouri-BiU , relatif a I'escLivage des noirs dans eel Etat; dlscours reniarquahlesparcetteprofondeiirde vuesqiii raracterise Phomme d'Etat , et par la saine pliilosophie sur la((ui;lle elless'appuient; — IVl?'moire sur le commerce ct ia navigation de la mer INoire, et sur le commerce ct la ;;eographie marilime df. la TurquiectderEgypte; par Ileiiry A. S. DEAnnoRN; — Meniaircs de la vie el des campa- gnes de Thonorable ^Nathaniel Greene , major-gr'neral dans I'ar- me'e des Elats-Unis , ct commandant du departement me'ridional , pendant la guerre de la revolution 5 par ^Aa/'/ei Caldwell, D.M.; professeur d'histoire nalurelle dans llJniversile de Pensylvanie; — Sermons du feu reverend F". J . Buckmikster, avec une notice biographique le conccrnant. Wonsespe'rons pouvoir, dans le cours de ranne'eprochaine,ela- blir des relations plus suivies avec I'Ame'rique du Word ,et rendre compte du contenu des principaiix recueils de lilterature et de sciences publics dans ces contrees. ASIE. CHINE. jb5. — Snn tsae tot) h-wuy. ■ — Recueil de gr&vures sur les I'rbis departemens des sciences , savoir : le del , la terre et I'hom- ine. Pekiii. 64 vol. in-8°. On donnege'neralementa cetouvrage, en Europe, le-nomd'En- Cyclopedie chinoise , quoiqu'il ait peu de droit u ce litre, n'etant qu'un recueil de figures suivies de courles explications. 11 fut compose' par Wang-Hung-Chow, qui oecupait un rang distingue datis la litterature , sous leregne de Wan-Leih ( en 1600 ). Ce fut Vers cette ep'jque , que les Europe'ens visiterent la Chine pour la premiere fois, depuis la dccouvertedu cap de Bonne-Espe'rance, et il est park' dans ce recueil des fusi's d'Europe. L'auleur se fit aider dans son travail par son fils , qui partageait son goflt pour les lettres. Le but qu'il semble s'rtrc propose , est de decrire les objets in pie'seut-ant a Foeii leur copie exacte. Aussi, l'auleur de la preface dit-il que le savant Wang-Hung-Chow « a place les figures a gaurlie ct ^^.•s livres a droitc ; » ce qui signifie que des representations exactes doivent toujours prec^der les explica- LIVRES ETRAINGEKS. 345 lions. II ajonte « que les gravures sont Tessence et I'csprit d'lin livre; ce (|ui lui donne de la vie. » Les sujets sont ranges dans Tordre suivant: \° rastronomiej 2" la geographic; 3" poFfrails di' personnages e'minens , et des diflerentes tribns d'hommes dc cliaque region; 4° les mysteres du Cycle et de Pa-Kwa ; 5° I'architertare ; 6° rameuhlement, les uslensiles de menage , les instrumi'ns propres au jardinage, a la pecbe , a la guerre; les armes, etc.; 7° grarures d'analotniej 8° parties des vetemens, robes, manteaux , etc.; 9" les ech<-cs , et aufres jeux ; io° anciens caracteres chinois ; 1 1° la bot.iniqite et rhisloire naturelle de difloren? pays; 12" Tart de boxer et de fairedes armes; i3'^ I'exercice du sabre; i^^'a danse du menact; iS" differentes attitudes, et secrets pour fortilier la «ante' et prolonger la vie; 16° les combats de tauruaui, de coqs, et antres amusemens du meme genre; 17" me'dailles et pieces d'ar- gent gravc'es. Telle est a peu pres la division des Sujets dont traite le San tsae too hwuy. Chaque gravure est accompagnee d'unc expli- cation qui rend Touvrage amusant et instructif. On assure que les planches en sonl perdues, et qu'on ne peut s'en procurer d'exemplaires qu'avec beaucoup de peine et a un prix exorbitant. Cependant, il en existe quelques exemplaires en Anglctene et sur le continent. EUROPE. ANGLETERRE. io3. — General Zoology; or systetnatic natural history ; etc. — Zoologiege'ne'rale, ou Systemed'histoire naturelle; commence'e par feu Georges Shaw , membre de la Societe royale de Lon- dres , el continuee par J. Stfphens ; orne'e de gravures. Londres , 1820. Walker. Vol. XI; parties i et 2. 1 vol. ia-S". GS6 pages. Prix, 2 pounds, 12 shellings 6 pence. L'etendue progressive des decouvertes et des observations , dans I'etude de rbistoire naturelle, a fait sentirle besoin d'j^in- froduire un systeme d'ordre pins rigoureu* que la nomen- clature de Linnee. Les naturalistes, iUiger, Temniinck, Vieit- iot, et autres , ont pt-opose d'e'tablir un ordre systemalique pour tanger les diflercntes classes de romithologie , et en faciliter I'e'- 346 LivRES Strangers. tude, en la rendant plus simple et plus claire. M. Slepheftsn profile (le leuis travaux , et son onvrage y a bpaucoiip gague. Le ODzicme volume , qu'il vient do faire paraitre, traite dos qnllina- ce'es, des struthiones , des cursores et Acs grallce. 11 y releve plu- sieurs errcurs imporlantes e'chappe'es aux savans qui Tont pre- ci-'ile' dans cette carriere; mais il ne s'applique pas assez a de'crire Tinstinct et les habitudes de chaque espece. Tout occupe do sa niethode dc classification, il neglige trop souvent les de'lails. Quelques fautes de langage ont aussiechappe a son attention. Ce sout , au reste , de l^j^eres imperfections , quand on les compare a Fexeculion gene'ralc de I'ouvrage, qui ne laisse rien a desirer , sous le rapport des recherches et des de'tails scicntifiques. io4- — 1 he characters of the classes, orders, genera, and species; or the characteristic rfthe natural history system of mineralogy , etc. — Caractcres des classes , des ordres, des especes, ou Sys- teme d'histoire iiaturelle applique a la mineralogie, pour appren- dre aux etudians a distinguer les mineraux , d'apres des principes serablables a oeux de la botanique et de la zoologie ; par Fbede- mcMous, professeur de mine'ralogie. Freyberg, 1820. I'raduit en anglais. Londres. Colburn. i vol. in-S". Prix, 6 shellings 6 pen- ce , cartonne'. io5. — ^duice and maxims for young students and practitio- ners of medicine , etc. — Avis et maximes pour lesjeunes e'tudians en me'decine et pour les jeunes me'decins, suivisde remarques sur le pouls ; par le doeteur Johnson. Londres, 1820. Colman. Bro- chure. Prix , I shelling 6 pence. 106. — An Introduction to arithmetic , etc. — Introduction a Tarithme'tique , dans laquelle les premieres regies sont entrrme- lees d'instructions biographiqucs et historiques; par Richard Chambers. Nouvelle edition, revue et augmentee. Londres, 1820. Colburn. i vol. Prix , 2 shellings , relie'. 107. — j4n inquiry into the present state of the British navy, etc. — Enquete sur J'ctat pres'ent de la marine anglaise, conteuant des reflexions sur la derniere guerre dvec I'Arae'riquc , etc.; par un capitaine de la marine anglaise. Londi'es , 1820U In-S". 6 shcl. 6 pence, cartonne. 108. — An Account of the Arctic Regions, wth a history and des- cription of the JYorthern whale fishing , etc. — Description des LIVftES ETRAWGERS. 347 regions arctiques, suivie d'une relation des pcches duNord, et particulieremtint de celle de la baleine ^ par W. Scorestsy. Lon- dres, 1820. Coltnan. Edimbourg. Olivier et Boyd. 2 ■vol. in-S" onies de 24 gravures. L'auteiir de cet ouvrage a fait dix-sept voyages au Greenland et a Spitzberg, pour la peche de la baleine. Son experience et les renseignemens qu'il a lire's des meilleurs auteurs , I'ont mis en ublier la collection que nous annoncons ici. Le premier volume parut en iSi''. 11 commence par \i Constitution des £tutsUiiis de 1787. Quoique ce pays ne fasse point partie des Etats d'Europe , sa constitution devait trouver place dans cette collection, puis- qu'elle est calquee sur celle d'Angleterre, etqu'cUe a servide mo- dele a la premiere constitution francaise de 1 791, qui a ete' suiviede cinq autres. Toutes ces constitutions , avec celles des Pay^>Bas, depuis 1 798 , forment le contenu du premier volume. A la tete du second volume, egalement publie'en 1817, on trouve la Cons- titution des Payi-Bos, du 24 aoftt i8t5. Elle est suivie des trois Ccmtitutions polon^'ises, puis de la Constitution de la ville libre de Ciacot'je. Vienueut eusuite les Constitutions allemandes, sa- LIVRES STRANGERS. 353 Toir : de la Confederation du Rhin , des Etats du Tyrol , du ci- devant royaunie de Westphalie, de la Baviere, du grand-duchd deFrancfort, des duche's d'Anhalt-Coethen, de Waldeck, de Nassau, de Saxe-Cobourg , de Weimar et de Schwartzbourg-Ru- dolstadt; la nouvelle constitution de la ville deFrancfort et celles de Suede et de la Norwege. Le troisieme volume commence par FEspagne. Viennent en- suite la nouvelle constitution de Baviere , celles de W^urtemberg, de Bade , de Saxe-Hildburghausen , de Lippe-Schaumbourg , de Lippe-Detmold, et de la principaute de Lichtenstein. Les pays constitutionnels de Tltalie , depuis 1797 , terminent ce vo- lume , savoir : Genes , la re'publique Italienne , le royaume Lom- bardo-Venitien , Lucques, Naples et la Sicile. Quoique plusieurs de ces constitutions ne soient plus en vi- gueur , elles offrent neanmoins un grand interet historique. Le quatrieme volume de cet ouvrage, actuellement sous presse , completera la collection des constitutions qui toutes doivent , pour ainsi dire , leur origine a la premiere constitution francaise de 1791. 126. — Sophronizon Oder , etc. — Sophronizon, ou Memoires impartiaux et libres pour servir a Fhistoire de la legislation et de la statistique eccle'siastique et civile , publies par M. le docteur Padlcs , conseUler intime du grand-due de Bade, professeur de philosophie et de theologie a I'universite de Heidelberg. Franc- fort-sur-le-Meia , 1820, in-8°. Lie Sophronizon , d'apres son e'tymologie grewjue , promet de la moderation et de la prudence. Ce recueil , re'dige par un des savans les plus distingues de TAllemagne , est uu depot qui con- tient des pieces tres curieuses en allemand et en francais. 127. — Metnmingers Beschreibung von Jf^urtemberg. — Des- cription du royaume deWurtemberg, parJ.-D.-G. Memminger. Stuttgard et Tubingen, 1820. Libraii-ie de Cotta. i vol. in-8'' de 53o pages. , M. Memminger, deja connu par d'autres ouvrages du meme genre , est du nombre de ces auteurs qui cultivent une science sans la professer, qui travaUlent par goftt et nullement par be- soin ou par devoir. Cette nouvelle production de ses loisirs offre une description complete du royaume de Wurtemberg , et laisse TOME Viir. 23 354 LIVRES ETRANGEKS. pen a desirer. L'ouvragc est divise en trois parties principales. La premieie donne un precis liistorique de Wurtcml)erg. Co n'est point riiistoire des princes fjui se trouvaienl place's a la tete du gOiivorncmrnt, mais Texpose des causes qui ont concouru au dd- Telo[ipement de cet Etat, ct qui I'onI portc au degrc de prospc'- rite dont il jouit aujourd'hui. La seconde parlie en donne une description ge'ographique tracee en grand , et d'ou Ton a exclu les de'tails minutieux qui trop souvcnt rendcnt Tetude de la geo- graphic aride et rebutante. La troisieme partie est consacrce ex- clusivement alastatistique,et cette partie est remarquable par une rare precision, jointe a des recherches infatigables , dirige'es par un esprit vraiment philosophique. ia8. — Chronolngische Ceschichte dei Herzogthums Ateyer- miirh. — Histoire chronologique du duche de Stjrie, par J.-B. WiMKLERN. Gratz , i8'2o. Ferste. L'encouragement que Tarchiduc Jean a accorde' aux recherches sur rhisloire et la geographie de TAulriche interieure, a eu pour re'sulfat la publication re'cente de plusieurs ouvrages plus ou tnoins importans qui s'y rapportent, et I'histoire chronologique de M. Winklern est de ce nombre. C'est un manuel pre'cieux pour quiconque n'a pas le loisir ou I'occasion de recourir a des ou- trages ■volumineux , pour chcrcher un fait liistorique relatif a la Styrie.Ony trouTe , disposes dans un ordre ingenieux, tous ces laits , ainsi que les persoDi'ages marquans cjui ont figure' dans rbistoire de ce pays, depuis le terns ou il e'tail encore habite par des peuples sauvages et independans, jusqu''a nos jours. La Styrie est le berceau de la plus ancienne noblesse de la monarchie au- trichienne , et d'nn grand nombre de ses plus illustres guerriers ; elle est proportionnellpment riche en litte'rateurs et savans dis- tingues, tels que Sigismond Pusch , Erasme B'rohlich , Aquilin- Jule Casar, Popowilsch, Biwald , Soda et Liesgang, qui ont il- lustre le i8» siecle; et, parmi les contemporains : Francois de Zeiller, a qui I'Aulriche est en grande partie redevable de ses <^(les civil et penal; Joseph dc Hammer, I'un des premiers orieiitalistes de I'Europe; le celebre metailurgiste Hermann, le comte Vincent Battbiany , Wilfling, Weissegger et Fiiger ^ 1.? chevalier Kalchberg; I'liabile typographe Degen ; I'infatigable savant Wartiugcr, etc. La plupart de ces hommes distingues ont LtvRES Strangers. 355 recu le jour dans la ville de Gratz, qui semble avoir e'te aussi le temple de Melpomine et de Thalie. C'esl la ville nafale de Brock- mann, premier trage'dicn que rAlltiuagne alt posseJe , de Ko- salie INouseul, deCatlicrine ft Marianne Jacquet, etde Fre'de'rique Bethmann-Unzelmann. Tous ces de'tails reudenl Touvrane de !V|. AVinklem tres important, non-seulrment a ses compatriotes, mais a tous les hommes de letfres qui s'occupent de reeherches historiques. lag. — Rom , Romerund Ronierinnen. — Rome et ses habitans 5 par \V. M0LLER. Berlin, 1820. a vol. in-8''. L'auteur de cet ouvrage ne sarrete point aux ruines , aux eglises , aux musees , etc. ; il ne parle point des objets de I'anti- quite et des arts, dent tant d'antres voyageurs ont fait avant lui la description; il prefere introduire le lecteur au milieu du peuple remain , dont la vie sociale n'est guere connue. Les tableaux ani- me's de ce peuple, traces par M. Miiller, attestent I'esprit d"ob- servation et Timagination feconde qui distingucnt I'auteur. On rencontre , a la verite , de legers de'fauts dans la composition , quelquefois une couleur trop fieurie, et peu d'harmonie dans les details ; mais Tensemble ne deplait point. M. Miiller a choisi pour son ouvrage la forme e'pistolaire : son style reunit le double merite de I'elegance et de la puret^. i3o. — Handbhch iter schimen Hedekiimte. — Manuel de Rhe- torique, par J. H. M. Ernesti. Quatricme edition, entierement refondue et tres augmentee. Leipsick, 1830. Voss. 2 vol. in-S". Prix , 1 1 fr. Cet ouvrage est un recueil demorceaus choisis des auteurs clas- siques allemands. Non - seulement I'e'diteur a bien me'rite' de ses jeunes compatriotes , en contribuant , par ce raoycn , a former leur goftt ; mais il a rendu un ve'ritable service aux Strangers qui s'occupent de Tetude de la langue allemande , en les indemni- sant de leurs peines, par un choix bien entendu de la litte'rature germanique. Le premier volume est consacre a la podsie , et le second a Teloquence. i3i. — DieJMusen. — LesMuses, ou Recueil de morceaux choi- sis des meilleurs poetes et prosateurs allemands , par T. Heinsius . Leipsick, 1820. Fleischer, a vol in-S". Prix, 6 fr. Ce Recueil est du mime genre que le pr^c^dent, qiioique plus 356, LIVRES feTRANGERS. particulicrement destine a Finstruction de la premi«^re jeunessc. Les auteurs que M. Heinsiiis a ex|(loites, sont : Gellert , Hage- dorn , Lichtwer, Gleim, Herder, Rrummachcr, Liebeskind, Engel, H. INicolaii, Langbein, Kosegarteii, Kiirger, Schiller et A. Schlegel. 1 32. — Komisckes Theater von yldolpfi Bauf.rlf.' — .Theatre co- mique d'Adolphe Bauerle. Peslh , i8-;!0. Harlleben. 2 vol. in-S". L'auteur de ces pieces jouit , en Autriche , de la faveur du pu- blic, et sa muse est d'unc grande fe'condite. Cependant, la col- lection dout il s'agit ici ne renferme pas tout ce qu'il a ecrit , niais leulement les pieces quiont eu un succes non equivoque a la pre- miere representation. Ce sont des farces, pour la plupart. H. — s. SUISSE. 133. — The population and riches of nations , considered toge- ther, not only with regard to their positive and relatu'e increase, but with regard to their tendency to morals, prosperity , and happiness. By sir Edgerton Bftdges, Baw. K.J. — La poi)u- lation et les richesses des nations, considerees dans leur en- sembie , non-seulement sous le rapport de leur augmentation po- sitive et relative , mais encore dans leur tendance a perfectionner les moeurs et a auj^menter la prosperite et le bonheur. Geneve , aoftt, 1819; imprimerie de Luc Sestie. i vol. in-8<> de XXIX et 343 pages. Prix , 4 fr. L'auteur, qui a publie' avant celui-ci divers ouvrages de litte- rature et d'e'conomie politique, parait s'elre plus specialement occupe , depuis quelques annees , de celte derniere science , et avoir combattu , au parlemeut d'Angleterre , les abus et les er- reurs qu'il signale dans I'ouvrage dont nous rendons compfe. Di.sciple d'Adam Smith, sans approuver sa me'thode, qui n'est, dit-il , destinee qu'a de'velopper les principes de la production des richesses et les naoyens de les porter au plus haut point possible . il releve diverses erreurscommises par Say dans son Traite d^eco- nornie politique, ainsi que par Kicardo, qui les a adopte'e,* dans ses ouvrages. II entreprend ensuite d'elablir les rapports qui existent entre Tagriculture, les manufactures et le com- merce , d'une part, et la sante', la moralite et les jouissances de toute uue nation , de Tautre. LivRES Strangers. 357 Ne reconnaissant aucune richesse iinmaterielle , et n'admeltant que les rlchesses mate'rielles qui sont susceptibles d'etre echan- gees contra une valeur semblable, consistant soit en une autre matiere, soit en quelque chose d'immatdriel, il soutient la dis- tinction que fait Adam Smith du travail producfif et improduc- tif, et combat Say etGarnier, qui rangent duns la classe des producteurs les individus qui contribuent a produiredesricbesses immate'rielles. Suivant I'auteur, il est indispensable de maintenir constamment une certaine proportion entre les produits de Tagriculturc etceux des manufactures: ilderaontre qu'en Angleterre les manufactures ont depasse' la proportion convenable. 11 combat ensuite les lois sur les pauvres, et surtout la mau- vaise application qu'on en a faite, a quelques e'gards. II de'fend les lois sur les bles , par le principe qu'une population agricole est preferable a une population manufacturiere , la premiere offrant plus de sante', de moralite' et de jouissances que la dcrniere. En consequence , il reprouve la dime , comme etant une taxe qui re- pose sur le premier prix des objets de premiere necessite ; mais , ilavoue qu'il est trcs difficile d'en trouver une autre qui puisse lui etre substitue'e sans inconveniens. II e'tablit que les taxes doi- ■venletre assises de maniere a ne pas diuiinuer les produits fu- turs, et qu'elles doivent 1 etre avec la plus grande e'galile pos- sible ; qu'elles doivent encore avoir pour base le revenu, a moins que celui-ci nesoit extremement modique. II estime que le com- merce etranger doit etre regi par les memes principes que le commerce interieur; que la plus grande libcrte' doit etreaccordee a I'un coramd*a I'autre , et qu'il a tout lieu de douter de la jas- tesse des anciennes idees sur la balance du commerce. Finalement , il pose en principe : qu'une grande population n'est avantageuse, qu'autant qu'elle est proportionne'e aux moyens de subsistance , et que les richesses sont distribuees dans une juste proportion et employees d'une maniere conservatrice de la morale ; que les richesses qu'ou ne pent se procurer qu'aux de- pens de la vertu et d'un travail qui entretient la saute , sont des maux qu'il faut eviter et non des biens a rechercher j qu'en con- sequence , pretendre qu'un paysdont les productions ne suffiscnS pas a sa coasommatiou , doive se mettre dans le cas d'avoir re- 358 LIVRES feXRAlVGKRS. cours a I'e'f ranger, pour y supple'er, en faisant abandonner la charrue au cultivafeur pour le faire passer au travail plus profi- table des manufactures, sous le pretexte qu'on obtieni par-la line plus };rar'de masse de richesses, est unc des doctrines les plus futiestes et les plus aboodantcs en conse'qucDces dcsastreuscs, qu'onait jamais imaginecs pour tromper I'esprit public. 134. — Berne et les llernois. i vol. in-12 de 169 pages. Zurich, iSao.Orell, I'ussli et comp. Avec 5 gravures. (Jet ouvrage est e'crit en langue franoaise. L'auteur , M. Henri Meister, a public, I'anneo derniere, une semblable description de Zurich, sa patrie. Voici Tesquisse g^nerale qu'U trace de Berne. Cette ville lui paraU jouir « d'une richesse solide, d'un honheur parfait, d'un luxe sim|)le et commode ^ sa temperature trop uni- forme, quelquefois meme un peu lourde, ne scrt peut-etre qu'a rendre plus srnsilile encore le caractere de force et dc repos, de moderation et de stabilite , vers lequel tendaient habituellement toute lasagesse et tout Toigueil de son ancionne aristocratic. » II dit (lus loin : « Je ne pcnse pas qu il y ait jamais eu dans le monde aucun pays oil la grande masse du pcuple ait joui d'un bien etre plus complet et plus reel ; oil les ressources et les tre- sors amasse's par la sage e'conomie du souvcrain aient e'te' consa- cres avec plus de jirolnle', plus de desinteressement , plus de grandeur meme, au maintien de la chose publique , a Tencoura- gemmt de ragriculture (t de Tindiistrie, au soulagement de tous les besoins . a la subsistance de< infortunes de toutes les classes. » ToutTouvra^ede M.Mei--l.eroflVf un inferetsoutenu,etfaitnaitre le desir d'alier visiter un cays dont la description a tant d'attraits. Mais, on ne peut sVmj.echer d"im])uter a Tauteur lln sentiment de partiiiite' , souvent aveugle, en favour du gnuvernemcnt ber- npis. 11 n'a voulu voir et pre'senter qiTun des cotes de la me- daiUe, Pautre cote pourrait oflHr un e'trange contraste. l35. — yilletitamsche Cretlici.tejiir I'rcunde (dndlicherJVaturund Sitten . etc. — Poi si^s dediees mix amis des moeurs champetres et de la siuple iiiturr , par J. ?. hEinosco/ies, oupre'- tendiis epoptes , avec lesqiiels il se met en rapport, en leur Ian- cant du bout de ses djigts un pre'tendu fluide (i). 157. {*) — Traite iVanatnmie veterinnire , ou Ilistoire abr^gce de i'anatomie et de la physiologie des principaux animaux doniestl- qucsj par J. GiivvRn, directeur de 1 Ecole roj'ale d'oconomie ru- raleet vete'rinaire d'Alfort, etc. Paris, iJiu). 3 vol. in-S"; 2" edi- tion Ciiez ni.idame Hazard, librairc , rue de rEperon-Saint- Andre'-des-Arts , n° 17. L'anatomie est proprement I'e'tude physique des corps organises, et des parties constitutives de ces corps. On appelie tissus , les plus simples de cos parties; organes , la re'union d'un certain noqnbre de ces tissus; appareils, la reunion d'un certain nombre de ces organes, et en corps organise' , la reunion de ces tissus , de ces organes et de ces appareils. L'etude des tissus primilifs , abstraction faite des organes, ou des groupemens varies de ces tissus, se nomme anatomic gcnIiysiologic, ou a la peintiirc, etc. L'anatomie chirurgicale n'cst pas, comme on le dll souvent, una simple anatomic descriptive. Elle de'cril, pour guider la main de I'opcrateur vers un organe altc're, conime Ta- natomie pathologiquc dccrit pour connaitre les alle'rations de cct organe. La description n'esl qu'un nioj'en, et ce mojen sert e'ga- lemcnl a ces deux anatomies, ou plutot a ces deux applications de l'anatomie. L'anatomie vele'rinalre , ou des animaux domesliqiies, n'est encore ni ge'nc'rale, ni palhologique, ni reellement compara- tive , etc. ; elle n'est gutre qu'une anatomie descriptive. Depuis Bourgclat, qui, le premier, donna une description a peu prts complete des parties du clieval, et princijialemcnt des parties osscuses et musculaires , on n'a guere fait que reproduire et per- fcctionner Bourgeiat. Vitet et quelqiies antres, a la ve'rite , ont essaye' de comparer entre eux certains animaux domestiques; mais, ce ne sont la que des essais. Plusieurs points d'anatomie vete'riuaire se trouvent enfin traites avec une grande habilete' dans Ifss ^liuitoinies comparees de Monro , Camper, Daubenton , et sur- toul do M. Cuvier, etc. M. Girard a eu I'heureuse et utile idee d'offrir, dans un li vre eh'- menlaire , le re'sume de ces divers travaux sur l'anatomie vele'ri- nairc. Ce livre est, sans contredit, ce que nous avons de phis complet encore en ce genre. La clarte' de Tcxposition , I'ordre rai- sonne des matieres , I'emploi d'line nomenclature philosophique lui ont deja valu une scconde e'dition. Cetle seconde edition est tout a la fois un succcs et un service rendu par M. Girard aux ecoles ve'terinaires. Flodrepis, D.-M. 1 58. — Conipte rendu fles trai'aux de la Societe royal e d'ngrc- culture, hisloire luiUirelle et arts utiles de Lyon , depuis la i^'fe- frier 1819, jusquau i"' man 1820; par L. F. Progkier, profes- LIVRES FRANC AIS. 371 sewr ve'terinaire , secretaire de la Societe'. Lyon, 1820. Ia-80 de 356 pages. J. M. Barret. Ce rapport , fait avec me'thode , clarte et concision , sera une acquisition precieuse pour les personnes qui suivent avec inte'ret Ics travaux des Socie'te's savantes et utiles. On y reraarquc plu- sieurs articles de statistique rurale, des recherches importantes snr les diyers genres d'engrais , des observations sur la culture des vege'taux herbace's, sur celle des arbres, sur quelques progrds de Tart vcteriuaire el dautres arts utiles j plusieurs recompenses, decernees par la Societe' , a titre d'encouragement ; la designation des agriculteurs les plus recomraandables de rarrondissement de Lyon ; enfin , des notices biographiques sur des honimes qui ont rendu des services essentiels dans les professions de me'decin , d'artiste veteiinaire et de pharmacien , quils ont exercees avec autant de de^interessement que de capacite. Au Compte rendu, est annexe un tableau ou sont exposees les expe'riences faites par M. de Martinel, celcbre agronome, sur les produits de soixante- treize varietcs de pommes de terre ; tableau egalement curieus par les resultats oflerts , et par les observations dont ils sont ac- compagnes. 1 59. — Notice des travaux de la Societe royale de medecine de liordeaux , depuis sa derniere seance publique , jiisqunu 28 aoilt 1820; par M. Dupuch-Lapointe , secretaire general. Bordeaux, 1820. Brochure in-8° de 3^ pages. Lawalle jeune et neveu, alle'es de Tnurny , n" 20. CBtte IVotice est divisee en autant d'articles , qu'il y a d'objeta importans dont la Socie'te s'est occupee. On remarque avec satis- faction que la Socie'te voit , chaque annee , le cercle de ses tra- vaux s'agrandir , et qu'elle ne neglige rien de ce qui pent lui faire atteindre le noble but de son institution. 160. — £xamcn critique de ri^ssai sur V indifference en matiire de religion, de ]\1. Vahbede La Mennais; par Le Joteux de Saiw^- AcRE. Ouvrage indispensable a tons ceux qui ont lu celui qui y est examine, et qui venge les gouvernemcns , les peuples, les re- ligionnaires , la philosophie, les sciences, la raison et le gofit , outrages par M. Tabbe de La Mennais. Paris, -aux archives des Lettres, Sciences et Arts, quai Voltaire, no 3. Prix, 3 fr. L'Essai sur C indifference en matiere de religion, par M. Tabbe 24* 3-/i LIVRKS FRAINCAIS. les ; il en est nieme qui pcuTent etre considerees, a juste titre , comme coupables , comme subver- sives de tout ordre sociid fonde sur la tolerance , de tout ef at qui nese confond point avecl'Eglise. On s'apereoit, trop souvenl, que M. de La Mennais n'est point assez lidele au devoir de paix et de charite' que I'Evangile impose a son miuistcre; qu'il substilue au langage calme et simple de la raison ct de la verite, Tempor- tement du fanatisme etla petitesse de la superstition ; niais, apres tout, M. de La Mennais est un ecrivain de talent; et si, dans ses eloquentes de'clamations, il oublie trop souvent et le caracterc dont il est rev6tu , et la majeste des sujets qu'i! traite, il e'tait digne de son adversaire de s"en souvenir pour Ini , et de lui don- ner encore unc lecou de mode'ration. Le reproche que nous fai- sonsaM. Le Joyeux de Saint-Acre s'adresse plus particulieremcnt a Tespecc de caricature qui sert de frontispice a son ouvrage. jamais un bon livre ne fut detruit par des epigrammes de dessin, et par des satires passionnees. Employer de telles armes centre un livre , mediocre on mauvais , c'est le recommander aupres de beaucoup d'esprits qui n'ont point oublie cet axionie du legis- iatcur dn P^masse : La verite' iia point cet air inij>otueus. Au reste, Te'crJt de M. Le Joyeux de Saint-Acre sera lu avec plaisir. Ilofl're de la varic^te, ct il interesse snrtoutjiar les citations luultipliees des passajje^ dc Tauteur quU combat. Si Ton est Irop LIVRES lUAlNCAIS. 3:^ frappe de Talisence ties raisonnemens , on y trouve mi vrai pa- triotism« , un amour ardtnt pour la liberie et pour les ii\sti- tutions que M. de La Mennais attafjiie avec une trop grands inconsideration. 11 e'tait utile de rappeler a cct ecrivain que TE- vana;ile ordonne d'ob(?ir aux puissiinccs civiles, et qu'il serait fA- cheux, pour la religion elle-mcme, que des ministres declaras- sent qu'on no puut etre bon catholique sans ctre mauvais citoyen. L. Thiesse. tGi. — Beautes de Sturm, tirees des Considerations siir les ceu- I'res de Dien dans le regne de la JVature et de la Proi'idence, pour les quatre saisons de iannee ; niises a la portee de la jcunesse , en Jhnne de lecons ; par inadame Eliza Awdkews. Traduites de Tan- glais, sur la sixienie edition. Paris, 1820. Gabriel Dufour, li- braire, ruede Vaugirard, n° 3^. In-ia de 4jo pages. Prix, 3 fr., ct 4 f'"- franc de port. II n'est besoin qtie de parcourir an hasard quelqucs pages de cet ouvrage , pour apprecier son utUite , qui ne se borne pas au premier dge de la \ie. L'auteur conduit ses j«unes lectcurs, pap la contemplation des merveilles de la cre'ation, a la reconnais- sance envers Teternelle Providence. La sage ordonnance de notre globe, les fcux souterrains, les pluies, les brouillards, la merveil- leuse structure de Toeil, Tutilite de nos sens, legale distribution des saisons, les soins paternels du Createur pour la conservation de rhomme dans toutes les parties du monde : tels sont les ob- jets des principales lecons pendant la saison de I'hiver. Le prin- tems, outre une foule de considerations profondes, nous ofl're les rapports des creatures cntre elles, et des reflexions sur la mul- tiplication des vegetaux , sur le retour des oiseaux, la vertu yi- vifiante du soleil, la rosee, I'stilite' des plantes ot des b^es ve- nimeuses, sur la sagesse qui se reraarqne dans la structure du corps des animaux. Dans Te'tc , les plantes e'trangeres , Tarc-en- eiel, les me'tc'ores, les singularites de la mer, la terre, sa cons- titution primitive, ses zones, la marche des corps celestes et les moeurs , les metamorphoses des insectes , se succedent pour diri- ger nos mc'ditations sur les mysteres do la nature. L'antomnc fixe nos regards sur les petrifications, les difTe'rentes especes de tcrre, la migration des oiseaux, les divers climats ct la division du tems, les besoins et les jouissanecs de rhomme, Forigine des fontaines 374 LIVRES FRAWCAIS. et des sources, les revolutions acciclcntelles tie la terre, etc. On peut reconimandcr ce livre aux jiarpns ct aiix instituteurs qiri eprouvent souvent bcaucoup d'cmbarras dans le choix des ou- vrages a placer sous Ics yeux de lours enfans on de leurs eleves. 163. — (*) Lecons de pliilosophie , ou £ssai mr les Jacidtts de Pame^ par P. La Romicbiere, professeur de philosophic a la Facultc des Lettres de lAcade'inie de Paris, Deuxittne e'dition. Paris, 1820. Brunot-Lahbc, libraire de rUniversilc, quai des Auguslins, no 33. 2 vol. in-So. Prix, 12 fr. , et i5fr. francs do port. Idem papier velin , dont il n'a efe' tire' que i5 excmplaires , 25 fr. , et 28 fr. francs de port. i63. — Le Porte-Jeuille %'ert, ouRccueilde contes etd'entrcticns, a Fusage de la jcunesse ; par Campe , traduit de Tallcmand. Paris, 1820. I vol. in-12. Prix, 3 fr. Locard et Davy , quai des Augus- tins , n" 3 . Ce petit livre , imprirae' avec soin et orn^ de jolies gravures , est e'crit dans les meilleurs principes nioraux et rcligieus. II ofll're d'ailleurs une instruction reelle et varie'e sons des formes agre'a- bles ; par exemplc, au sujet d'un chene, Tauteur s'etend sur tows les genres d'utilite de cet arbre, sur les divers insectes qui Tha- bitent , meme sur les differens e'tats ct metiers qui emploient son bois, son ecorce. La vue d'un vaisseau fournit egalemerit Focca- sion d'expiiquer les principalis proce'des employes pour sa cons- truction , etc. 164. — Pelits Contes ntoraux a Ptisage-des enfans, en parlie traduits librement ou imite's de I'anglais de miss Maria Edce- ■woRTH, par mademoiselle Anna Lodise S. — n., avec gravures. Paris, i8ao. 3 vol. in-i8, xii , 1^6 et 182 pages. Eymery , rue Mazarine , no 3o ; Colas, rue Dauphine, no 32. Prix, 2 fr. Ce petit ouvrage, publie sous les auspices de la Societe etahUe a Paris pour r amelioration de Venseis;nement eh'mentaire , ct admis par elle au nombre des livres qui doivent faire partie d'une Bibliothequepopulairt', specialcment destinceaux eleves des e'coles d'enscigncment mutucl et a leurs families , se recommande a la fois par le noni et Ihonorable reputation de la dame anglaise qui en a concu la premiere idee et les principaux sujets ; par le choice judicieux, le goftt pur, Famonr eclaire de Fenfancc, qui ont di- rige la dame francaise, auteur de la traduction ou de rimitatioB. LIVRES FRAKCAIS. ' S-jS et surlout par le but eininemment moral que rune ct Tanlre se sont propose. Les petits conies renfermes tiansces deux volumes, sont au nonibre de quatrc. Le premier, intitule' : Suzetle on Li Heine Je niai, occupe tout le premier volume : il olTre im modele touchant de pie'te' iiliale , et des scenes de famille a la fois gra- cieuses et attachantes , toujours a la porte'e des enfans. Les trois autres contes : Laureitt-Ie-Paresseux , les Orphelins, Pardon et Oubli , n'ont pas moins d'interet, et font vivcment de?ircr que mademoiselle A. L. S. , deja connue par un tres bon Petit nia- nuel de morale L'lcntentaire ^ (Voy. tome V, pag. 348) remplisse bientot I'engagement quelle prend avec ses jeunes lecteurs , de continuer a faireparaUre la suite des Petits contes nioraux , dont la collection cntiere pourra former six volumes. Elle conseille, avec raison, d'appliquer a son nouvel ouvrage, comme au Petit manuelde Morale, la liJethode des questions adressees aux enfans sur la lecture qu'ils vienncnt de faire , soit par les instituteurs i style pur et cor- rect. 11 ecrit avec beaucoup de clarte et de methode. Ce volume se recommande par lui-meme , et fait desirer que Fouvrage soit continue. I'j'i. — I. IJe la Simplification des jrlncipes cnnititutifs et aJ- ministratij's , ou Commentaire nouveau sur la Charte constitu- lionnelle j par M. L. D. D. L. V. Paris, 18-20. i vol. in-S° do 120 pages. — 2. Uu Systeme general des Jiimnces , par M. L. D. D. t.. V. Paris , 1820. In-S" , 28 pages. Paris. Didotaine. — 3. Uu Droit de cite ; des droits d^eleclioii qui en dcrii>ent , ou Recherches et Propositions sur I'organisation locale, las droits civiques ct les elections, et specialemcnt sur lc3 fonctionnaires de Tordre admi- nistratif, jugesdepaix , gardes nationaleset depulc's; par G. , avcc cette epigraphe : le Pioi et la Charte. Paris , octobre , 1820. In-80 de 164 pages. Mongie aine. — 4- Doctrine sociale, ou Princippi universels des lois et des rapports de peuple a peuple , deduits de la nature de Thomme et des droits du genre humain ; par C. J. R. RoNNiN. Paris, 1820. Ih-8o dc 188 p. Brissot-Tbivars. II n'est pas e'tonnant que , dans la situation oii se frouve la France, on voie se multiplier les ecrits sur le gouvemement de ce royaumejles uns, au detriment de la Charte, ct au profit des privileges ou de la grandc propriete'j d^antres , au profit de la toute puissance parlementaire ou ministerielle ; d'autresenfin, dans le but de maintenir les textcs ct Fesprit de cette mcme Charte. A cette derniere classe appartiennent les trois premiers ouvrages qui font le sujet de cet article; mais , dans le quatrieme, on suppose apparemment que les suspensions et les violations de la Charte amenent la ne'cessite' d'une constitution nouvelle , ct Ton s'occupe a Favance de rediger une declaration des droits; celle-ci est tellement spe'cialc et absolue , qu'il scrait difficile de •So LI VRHS irain(;ais. la concilier avec !e systemc de la monarchie. Tant il est vrai qiier « le sol politique a etc fouille , dans ces derniers tems , avec iinc excessive imprudence (i)! » Tant il est manifeste qu'on ne sau- vait trop si: h.1ter , pour la justice et pour la paix, de revcnir ik la Chart(>, ft de reglor un mode particulicr pour sa rdvision. K I/opiuion de stabilite unc fois ebranlet- , les controverses pul- liilcnt ; eiles nous lancent plus loin qu'on ne prcvoyait ; eilcs me- nacont do tout pcrdrc. » II serait peut-otre facile, quant au premier et au troisieme ccrit, de percer le voile des lettres initiales , et do de'couvrir , dans celui-la , un dc nos plus illustres ot de nos plus habiles per- ponnaf^es de I'ancien-et du nouveau regime, Tun dc nos meilleurs citoyens ; ct, dans celui-ci, Fun de nos niaCTistrats et de nos ])U- blieistcs les plus eclaiics. Mais nous aimons mieux obsei-ver que CO \oile, mis en avant par drs royalistes constitutionnels, purs et tres sinccrrs , qui nVcrivent que pour le maintien et le deve- loj)pcmt'nt de la Charte, qui montrcnt a chaque page leur vif altachement pour le Hoi, la dynastie et nos libertes publiques, "st un phenomtne digue d'al tent ion. Comment en sommes -nous ' veaus a ce point , que Ton so deguise ])onr defendre , par le rai- sonnement, la loi de nos lois? Quoi qu'il en suit, ]M. L. D. D. L. V. apres avoir rendu a la leligion de la niajorite' des Francais un eclalant et juste hom- niage, enonce le vani birn raisonnable de voir cortcentrer tous les niissionnaires dans Tinterienr des Cj^lises j il demandc auSsi Tobservation de la loi , mise en oubli , qui exige , pour les nou- veanx etablissemcnserclesiastiques, I'intei'vention des Chambres; il voudrait qu'on ne fit pour le clerge aucune depense nouvelle , ayant d'avoir pourvu a I'augmentation du traitemcnt des cure's ct des vicnires, etc. II ne reconnalt de vraies corporations dans FEtat, qiic les deux Chambres le'gislativcs. II defend, comme sages et conformes a la Charte, les dispositions quant a present snspenduesdecettcmemc Joi; et, sans examiner quelle est, en droit, la force obligatoirc des loi.- contrairesa la constitution, ilrecommandepourellesle respect et (i) Voyez mon F.xnmen du systime de fll. /''/miq^rgiies. tH-8", 1819. Baudotlin frtres. LIVRTIS FRAlNrAIS. 3,Sj memelcsilrnce.Or, il se declare partoul con^itiilionnel, ct sa le Coniaianda) icii , presentee commeabsoliic, j-.etit, S('mljler dilUcile a concilier avec ic maintien tie la constitution. L'illiistve aiiteur n'a vou^usansdoute, ici, que donner un conseil salutaiie qiTou ne ptlt iiii reprocher , etdoat on ne saurait au inoinscoulester la prudence <)n aime aTentendre, pages 28, 44' "^> '''^ reconnaitre « op- j'lesse par notre Code penal, » et deraander que ce Code, qui «-,-L, dit-ii, en plusieurs dispositions , « un ho iiihle monument de despotisQie, soit mis ea accord avec le systeme d\me mo- iiarchie constitutionnelle , et. qu'on nous donne la loi neVessaire |.ijur prevenir et pour re[)rinier les arrestations arbitraires. » 11 ojC dire , page 29, que « Tarbitraire est le plus grand vice de tout ;;ouvernement , et la ruine eutierc du gouvernement monarchique ti^mpere! » En consequence, il pre'sente, pour assurer la respou- sabilite reelle des ministres et de tous les agens secondaires , un I'rojet, conforme presqu^en tout, comme il Tobservc iui-memc , ^ un plan d('ja propose par M. le baron de Cormenin , mattrc des ri (juetes. On regrette qu'il veuille fixer delinitiveinent Porgani- .-ation ct la procedure ci iminelle des Cbambres , par de simples reglcmens , ct qn'il ne paraisse point biesse que les jiairs, en France comm? en Auglfterre, demeurenttouta lafois jugcs d'ius- l ruction ct d accusation , jures et juges, ct que Icurs actes soient afi'ranchis de toute re'vision et cassation, nieme devant une sec- tion de leur Chambre. Cependant, il sollicite, pages 40 et suivantes, le retabiissement dujurj d'accusation, et une formation des jurys qui leur ote le caractere de commission. II donne aussi le projet de cettc forma- tion, et un projet quiseml)le judicieu.\'. II demande , avec grande raison , pages 57 et 58, un ordre judiciaire legal pour juger Ic contentieux de Tadministration. II iudique un nioyen d'assurer la librc de'libcration des Cbambres, sans rien changer a 1 annee ii- nanciere : ce moyen aurait Tavantage d etablir la fixile de la con- tribution fonciere. II reclame le maintien de la loi du recrute- ment, etil reprouve tout traite de commerce , corame toujours nuisible aux. plus pre'cieux interets du commerce et de Tindustjie. llpresente, d'ailieurs, beaucoup d'apercus politiques et denoiious oonstitutionuelles qu il faut voir dans I'ouvrage memo. Dans la brochure intilulae : Syitttme gcneri;t Jes Jintitaes . ie 382 LIVHIiS IKANCAIS. ineme auteiir ilcploie des vues ((ui nous ont senible profondcs t'; trcs dignes dc I'attention de nos ministrcs. V Lc livre du Droit dc Cite, etc. , prt'sente sur cc droit, et siir Ic elections, des recherches historiqucs, savantcs, in^enieuses , ct lort bien re'digees. Quant au choix des nicmbres dc la cliamhro. t-kctive, I'auteiir voiidrait (^ue, sauf le cas d'exclusion oude sus- jicnsion necessaires, tous les milles francais pajant une contri- bution , iJges de ii ansaccomplis, inscrits sur lo registre civique, a'3'ant acquis depuis par inscriplion un domicile politique, con- courusscnt a nonimer les clccteurs. En deux mots, il est pour lc sufl'ras^e a pcu pros univcrsel des contribuahles, et pour les deux dcgres d'clcction. II est permis do croire que le sifffrago univcr- sel, au picmier degre, nc serait qu'un avantage tresillusoircpour Jes pelils contribuables, et pcut-ette qu'ici , conime en autre chose, le micux scrait Tcnnemi du bion. L'auteur demande que, pour choisir les conseils de municipa- lite's d'arrondisscment et de departemcnt, les contribuables, Sges de •21 aus , jouissant dc Icur raison , et hors I'e'tat du service do- me.ilique, concourent aux elections; il donne de sages moyens pouroblenir aisement ce concours. 11 laisse au roi ou avi pit-ietle choix dc tous les maires , ponrvu qu'ils soicnt pris dans le conseil municipal. Relotivcment aux juges de paix , il vote pour que le roi les choi- sissc sur une double prescniatiou des citoyens de Tarrondisse- nient, suivant la derniere loi rendue sur ce sujet ; il de'raontre qu'il conviendrait, a tous cgards, dVn laisser I'election libre aux citoyens du ressort de chaque justice de paix. Quaut aux gardes nalionales, il ne voudrait tout au plus que des gardes municipales , ct il demande , pour le pouvoir executif , Je choix de tous les officios : comme si le droit d'anciennete qui alrcii, meme dans la ligne, pouvait paiaitre ici dangereux ! Si Ton n'a que des gardes municipales pour escorter la procession , et pour faire cortege ou parade , comme dit Tauteur, on ne concoit pas qu'il y ait de rinconve'nient a laisser choisir tous les ofTicicrs par ecus qui font le service, comme cela se praliquait ien beaucoup d'endroits, avantla revolution, sans aueun resultat fAcheux. II faut voir, dans lc ILvre dc M. Bouniu , ses yiphorismes sur LIVRES FUANCAIS. 383 les droits de riiomme , et gi articles formant un abrege de ces memes apliorismes. Parmi des ide'es, la f)lupart fort justes, et d'une application ge'ne'rale, il en est qui ne peuvcnt convenir pour une vieille civilisation, ct surtout pour servir unc Tieille monarchie. L'auteur prtitpnd, ne'anmoins, qu'elles doivent servir di; modtle a tous Ics peuples , sans exception. Get ouvrage est termine par des reflexions judicioxses sur Mon- tesquieu , et sur les plus ce'lebres pliilosophes et publicistes. Ce- lui que l'auteur prefcre a tous , est Montesquieu. On ne voit pas Lien comment il pourralt s'accorderavec lobjetde sa predilection. Montesquieu etait singulierement frappii des <.bus de la correction mdm^. II disait que « la plus grande preuve de la bonte' des lois d'un peuple, est qu'elles ne soient applicables ;i aucun autre », et il a ecrit cette phrase : « Si je pouvais faire en sorte que tout le monde etU de nouvelles raisons pour aimer son prince et «es lois , qu'on pflt mieus sentir son bonlieur dans chaque gouvernement , je me croirais le plus heureux des mortels. » Enfin , Montesquieu etait bien loin de croire que « I'idee de Dieu doive etre totalement ^trangere au gouvernement des horames. « L'auteur n'a point rempli ce que son fitre annonce. II promet les Principes unwersels des lois et des rappoits de peuple a peuple ; et it n'a traile' que du droit public inte'rieur, des rapports des ci- tojens avec leurs magistrats , et entre eux. Quelle que soit notre critique, I'ouvrage de M. Bonnin merite, a beaucoup d'e'gards, I'attentioa des pliilosophes, des iegislateurs et des citojens e'claire's. Lanjdiivais. 1^4- — Examen des lois des ij, 26 mars ,QJuin 1819, et3i mars 1820, relatives a la repression des abus de la liberie de la presse ; par M. Carnot, auteur de plusieurs ouvragcs sur la legislation. Paris, 1820; in-8° de 266 pages. Chez INeve. Les trois premieres de ces lois ont, en plus d'un sens, trompe les voeux des partisans de I'arbitraire, et surtout le juste espoir des amis d'une sage liberte'. La quatrieme loi est ouvei'tement constitutionnelle; son malhcureux titre de loi de passage-suDit pour la faire appre'cier : elle a de'ja dure long-tems. Les trois au- tres sont, a quelques e'gards, tresvicieuses; l'auteur eji de'monire ici Ics graves inconveniens, et indique les dispositions qu'il fau- drait adnleltl^:i il signale, en atlendaut, les abus d'exe'cutiou qui •38i LIVPvF.S rRAXr.AJS. sont.veniis ac;j;raver encore le joiig de ces mCmcs lois. Cct rxamoa est uu nouvcaii scrvit « que M. C. a rendu a la I'Klric. JNos Icgls- latciirs, comnie nos |iiris<;oiisulles, trouvoront ilans sod livre ilts iioctriiics aiissi cNactes qirutiles, et qiroii no saurait Iroj) lot voir ailopte'i-s. Lanjuinais. irfj. — Un di'imtc dnit-il accepter tics places :' Par KtsLr.:; Salverte, dii ilcjiartcmcnt »1e TAube. Paris, iS'JO. Brochure in-8'' de 238 pages. Paris, 1820, chez Doublet. Khotan , dont nos geographes parlcnt a peine sous le nom de Coten, est le nom transforme d'une ville et d'un pays de la Tar- TOME Yill. 2,5 386 LIVRES FRANCAIS. tarie ind^pendante , qui formorent autrefois un assez puissan!' royaume, dans la petite Boukarie, vers le milieu de cc que nous appelons la Tartaric ind^pcndante, an midi dc la ville et du royaume de Kashgar. Lc nom original est le mot samscrit Kous- tana , qui signifle tenv mnmelle , excellent pays , ou la ma- melledela ten'e.Eneflet ,le Rhotandonne le muse dont leparfum et le beau iioir sont tant ce'le'bre's par les poetes orient aux. Les ri- vieres du pays charient la precieusepierre de cash, ou le jaspe an- tique, notre jade oriental , autremcnt la pierre dyif, dont le gisse- mentest lefabuleux mout Merou, I'Olympe des Indous, YHcemodus desanciens, en samscrit A i/M«/o/a,le ntonttiutroul ,ou Himalaya, place du Froid (i). Cctte pierre est encore aujourd'hui Tobjet d'un commerce dont le pays et la ville de Khotan sont le princi- pal entrepot , et dont Torigine paratt remonter aux premiers 3gcs du monde. Des avant F^re chre'tienne , ce pays etait connu des Chinois ; il servait de passage pour communiquer de Focci- dent de TAsie dans la Chine, et entretenir des rapports de com- merce. II ^tait, il y a plus de 1600 ans couvert de monasteres, oil les boudhistes des regions orientales allaient chercher les livre» sacres et les traditions de leur croyance. II parait avoir con- serve' son independance jusqu'a Tinvasion de Gengiskan. i Tels sont les faits importans recueillis dans la premiere parti« de ce volume. La seconde est une monographie de la pierre d'yu , la plus complete qui esiste, et Ton y trouve sur la nature des fameux vases murrhins une exciirsion tres curieuse. L'auteur nous promet sur J^erAian^, Kashgar, Bishbalick et autres pays situ^s entre le Tibet et les limites meridionales de I'empire russc actuel, et tous en des contre'es qui repondent sui nos cartes a de grands espaces Wanes, des extraits exacts et preci." de ce qu'en disent les livres chinois. On pent pre'voir que ses profondes recherches et son e'rudition profonde, le mettront un jour en dtat de tracer Thistoire du culte de Boudha dans la Tartaric , et de re'diger le tableau des revolutions qui ont conduit les antiques Samane'ens[ si loin do leur contrde originaire , et etendu dans le nord Finfluence des (i) De hima et de himmala viennent sans doute le mot hiems des Latins, (d'ou sort notre mot hither), Ki\c hinimel et ses analogues, qui designent le del, dans les langucs teutoniques. / LIVRES FRANCAIS. 38; religions, des institutions et des lanj^Ties qui ont tantfleuri dans la presqu'tle de I'lnde, apres y avoir ete apportees de regions asiatiques plus eccidentales. Lanjcikais. 1 83. — (*) Histoire de la -vie et des outrages dej.de Lafontaine , par C.-A. Walckehtaer , membre de Tlnstitut ; avec cette epi- graphe : « De ma reveuse enfance 11 a fait les de'iices. » (Ducis.) Paris, 1820. I vol. in-8° de 535 pages. Nepveu , libraire , passage des Panoramas , n° a6. 184. — Essai surla vie, les opinions et les ouvrases de Barthc- leiny t'aujas de Saint- fond , administrateur du JardinduRoi, professeur de geologic au Museum d'histoire naturelle, membre dediversesSociete's savantes, et chevalier de la Legion d'honneur; par M. DE Fretcinet, proprie'taire. Valenpe, 1820. De I'imprime- rie de Jacques Montal. 56 pages in-4''. Le de'partement de la Drome fut le bcrceau de Barlhelemy Faujas de Saint- Fond , et c'est dans ce meme de'partement, au domaine de Saint-Fond , que repose sa de'pouille mortelle. Ce sa- vant est mort a I'Sge de 78 ans, apres avoir e'te' Tami de BufTon et avoir parcouru une carrierc aussi brillante dans les lettres, qu'u- tile dans les haules sciences : il etait attache au Jardin du Roi comme administrateur, et, au Museum de cet ctablissement , comma professeur charge' de la chaire de geologie. II laisse de pre'cieux et nombreux ouvrages. II eftt ete penible pour le de'partement, d'attendre que I'eloge de ce savant fftt public par des hommes etrangers a la Drome : aussi annoncons-nous avec plaisir cet e'logc, dft a Tun de ses amis (M. Freycinet). Comme tribut paye a la me'moire d'un ami, il est fait pour inte'resser : il renfcrrae , en outre, des opuscules in^dits de Barthelemy Faujas , qui consistent en pense'es divcrses, en un dernier voyage geologiquc , suivi d'un discours ex professo, pro- nonce par Barthelemy Faujas al'ouverturc dc son dernier cours de geologic, en i8i8; a la fin , est une notice bibliographiquc de 48 ouvragesimprimes, et d'autres qui n'ont point encore paru. L'ou- vrage dc M. Freycinet , imprime avec soin sur tres beau papier velin d'Annonay, est destine par Tauteur aux amis les mieus connus de Barthelemy Faujas , a qui il en fait hommage. Quant au resle de Tedition , il n'est plus que d'un petit nombre d'esem- plaires : on lestrouvera chez MM. Freycinet, iLoriol,et Montal, 25* 388 UVRES FRAWCAIS. imprimeur duRoi, a Valence. Prix, 2 francs, si I'ouvrage est retire a ces deux adresses , el a fr. aS c. franc da port. 1 85. — f'^ie cV Horace Nelson, commandant en chef dcs flottes britanniques, baron duJNil, chevalier de I'ordre du Bain , etc.; traduite de Tanglais, sur la troisii-me edition defionEni Sodthey, par M. F.... R....; in-S** de442 pages, avec le portrait de ]Nelson. Prix, 5 fr., et 6 fr. 5oc. , franc de port. Scherfl', libraire, rue de rOratoire-St.-Honore , n" 6. Cet ouvrage , qui est a sa troisieme edition , a obtenu un grand succes en Anglcterre. Les Anglais devaient accuelUir avec em- pressement la vie d'un des grands capitaines qui ont honore leur marine. L'editeur francais ne doutc pas que cefte vie n'inte'resse vivement ses comp;itriotes , que iVanciennes rwalites n' ont jamais empMies de remlre justice au merite de ceux de leurs ennemis qui leur ont fait le plus de iiial. Nous dcvons lui savoir gr^ de ce motif qui Ta decide a publier sa traduction, nous, surtout, qui aimons a fairc valoir les hommes et les choses utiles, sans dis- tinction de pays ni d'opiuions. Celui qui demandait, a I'Oge de cinq ans , ce que c'est que la peur, d^vait etre un jour un hcros. Doue d'une ame forte , que Ton aurait a peine soupconnc'e dans un corps aussi debile que' le sien, il eut a vaincre beauconp d'obstacles dans le commence- ment de sa carricre. On aime a recueillir le temoignage qu'il se rend a lui-mcme , dans re'panchemcnt de I'amitiL^ « J'ai termine cettc guerre, dit Nelson dans une de seslettres, sans avoir fait- ma fortune j niais ma reputation est sans tachc. La gloire veri- table, jc I'espere, sera toujoursd'un plus grand prix, araesyeux, que les richesses. » C'cstainsi que pensait ce grand homme, qui, mort a /(Sans , avait consacre 34 annees a servir son pays. II moii- rut, comme il avait ve'cu, en triomphant, a la bataille de Tra- falgar, le 20 octobre i8o5. « Nous avons perdu bien plus que nous ne pourrions jamais gagner, » dit le monarque anglais, en apprenant la victoire et la mort de I'amiral Nelson. Le traducteur a rendu fidclement le teste de I'auteur , en n"y joignant que deux ou trois notes , et en se dispensant de relever plusieurs assertions hasarde'es, telles que celle-ci: « L'Angleterre n'a peut-Stre pas employd assez souvent ce genre d'artillerie (I'or) dont la France a tire un si grand parti pour subjuguer le conti- nent. » Nous imitet'ons en moderation, laissant au lecteur le soiu LIVRES FRANCAIS. 389 de faire justice Je ccs passages, qui de'parent un peu rouvrage de M. Robert Southey. 186. — Dissertation sur cette question : Cujas fut-il refuse dans ^a demande qu'il fit d'une cbaire de profcsseur a Toulouse? par M. Bebriat Saint-Prix. In-S" de Sa pages. Paris, 1820. Baudouin freres. Cette dissertation , ou le refus e'prouvc par Cujas est de'montre par une Icltrede lui-meme, etdont I'original existe , fait parlie d'un Eisai sur la vie de Cujas, que I'auteur se propose de publier a la suite d'une Histoire du droit romain. 187. — Eloge hislorique de Jean-Marie Cailleau, docteur tiiede- mn; par E. B. Revolat, ancien tncdecin principal des arme'es, etc. : lu dans la seance publique de la societe royale de me'decine de Bordeaux, le 28 aoftt 1820. Bordeaux, 1820. ln-8° de 32 pages. Lawalle jeune et neveu ; Alle'es de Tourny , n" 20. 188. — Ode hehra'ique sur la naissance de Mgr. le due de Bor- deaux ; par M. D. Drach , rabbin , docteur de la loi , directeiir de I'ecole consistoriale israelite de la Seine, avecla traduction fran- caise en regard du teste : prc'sentee a S. M. Louis XVIII, par I'auteur, dans I'audience du 23 octobre 1820. Paris, 1820. Impri- merie he'braique de Setier. i8g. — Surles at'antages des belles-lettres j discours prononce par M. Mathias, censeur de I'Ecole militaire pre'paratoire des BouUais ( le 16 octobre i82o,a I'ouverturedecetteEcole royale). 1820. Didof aine; li pages. 190. — Le vieux Cet'cnol, ou Anecdotes sur j4nibroise Borely. Paris, 1820, I vol. in-18. Klefler, rue d'Eiifer, no 2. Prix, 3 fr. C'est une jolic rcimpression dun roman contre Tin tolerance j roman historique , ingenieux, et bien ecrit, oti Ic celcbre et in- fortune Rabaut Saint-Etienne mit autrefois en action les lois et les principales mesures exe'cutivcs dirige'es contre les protestans , sous le regne de Louis xivctdepuis. L'ouvragecut unassez grand succes lorsqu'il parul j il est pre'cc'de' ici d'une inte'ressante notice sur I'auteur, par M. le comte Boissy d'Anglas, et d'liu eloge de M. de Bec-de-Litvre, e'veque do Kinies, prclat qui, pour sa bienfaisance et sa charite, fut aussi regrettc par ses dioce'sains protestans , que par les catholiques. '9'- (*) — ^^ -^^ ^' "" Jour, ttaduit librement de Tanglais, par madame La baronne Isabelle de MOMOLiEn ; 3 volumes in-12. Sgo LIVRES FRANQAIS. Prix, pour Paris, 7 fr. 5o c. ; par la poste, g fr. Paris, i8ao. Arthus Bertrand , rue Hautefeuille , no a3. 19a. — ChansonnierJrancais,ou Etrennes des dames jredige par quelques convives du Caveau moderne et des Soupers de Mo- mus. XVIIl' anne'e. Paris, 1820. i vol. in-)8. Caillot, lib. , rue St.-Andre'-des-Arts, n^S^. Prix, i fr. 5o c, et 2 fr., francdeport. ig^.—Chansonnier des demoiselles , par les memes auteurs , et chezle mime libraire. XVII' annee, i v. in- 18. i fr. et i fr. a5 c. 194. — Arch'wes des lettres , sciences et arts ; nouvean journal. Format in-4'. Paris, quai Voltaire, n»3, au premier. Prix, i5 fr. pour la France , par annee , et 1 7 fr. 5o c. pour I'e'tranger. Le premier nume'ro de ce journal a paru le 7 decembre 1819. Le 17 septembre dernier, il avait deja annoncd : 1167 articles de librairie, 176 de gravure , et ii6de musique. Les Archives ne se bornent pas a donner les titres et les prix des ouvrages, et a n'en presenter ainsi qu'une froide nomenclature ; elles en font aussi connaitre le plan et le but, dans des annonces rai- sonnees. Livre etranger imprimi en France. ig5. — Memorias para la Jiistoria de las Constituciones espafio- las, etc. — Memoires pour servir a I'histoire des Constitutions espagnoles. — 1" Me'moire sur la Constitution golhique-cspa- gnole; par Jean Sempefe. Paris, 1820. 1 vol. in-8°. Rodriguez, cour des Fontaines , n" 4- L'ouvrage que nous annoncons , et dont I'auteur est connu par un grand nombre de productions estimables , traite de la Consti- tution politique de I'Espagne, pendant les trois siecles de la mo- narchic gothique. ■ — II n'existait pas , a proprement parler, de Constitution e'crite ; mais Thistoire et les lois publie'es sous le roi Enrick , cinquante ans apres la conquete , et sous les s«ccesseurs d'Enrick, oflrent des monumens qui constateut I'existence d'une organisation politique, re'sultat du melange descoutumes, des moeurs et des opinions apporte'es en Espagne par les conque'rans, avec les coutumes, les moeurs et les opinions des Romaius, sous le Bas-Empire , et avec celles que les Espagnols avaient pu con- server des terns anterieurs a la domination romaine. M. Sempere pense que la Constitution, depuis Enrick jusqu'a Recarcde , n'ad- mettait pas les Espagnols ( appeles Romains ) a I'administration LIVRES FRAKCAIS. Sgi du royaume , ni a la formatioo ties lois. La conversion de Recarede au catholicisme , vers la fin du si^ieme siecle , fut I'origine du pouvoir politique des eveques : ils acquirent alors , quoique d'o- rigine espagnole, une autorife illimitee, et sViigtreot en le'gisla- teurs , meme dans les Conciles gt'neraux de la nation. La cou- ronne des Visigots e'tant e'leclive, ils participerent a I'e'lection des rois; et, si la force ou I'intrigue en decidaient, I'elu ne sc croyait pas solidement assis sur le trone, a moinsqiie les eveques, re'unis dans un Concile avec les grands, n'eussent approuveTelec- f.ion. Le pouvoir executif etait confondu avec les pouvoirs le'gislatif et judiciaire ; car, le roi e'tait a la fois chef du gouvernement , president des Conciles , et juge supreme. Aucun impot n'etait etabli. Le souverain soutenait sa maison et sa dignite' avec le pro- duit des terras assignees aux rois , et cultive'es par des Espagnols attaches aux memes lerres , comme serfs adscripti glebce. Outre cela , le roi s'appropriait les biens confisques sur ceux qui encou- raient cette peine, d'apres la loi, ou en vertu d'un jugement du roi. Les Conciles de Tolede nous font connaitre que les rois visi- gots abusaient tres souveut de ce droit. La liberie' individuelle n'etait pas garantie : 11 est vrai qu'un jugement inique pouvait etre refornae par une cour superieure; maisle malheureux qui ne parvenait pas a constater rinjusticedevantle juged'appel,perdait son proces , et pouvait etre puni corporellement ; circonstance qui faisait trembler tous les pauvres, et ceux meme qui nel'etaient pas. M. Sempere s'etonne, avec raison , des eloges que des ecrivains eclaires ont donne's a la Constitution espagnole des Visigots j il avoue franchement que les eveques espagnols ont quelquefois tempere ledespotismedes rois, dans les Conciles de Tolede : mais il ne dissimule pas les motifs interesses qui les determinerent sou- vent , dans des occasions critiques , a pencher en faveur des hommes ambitieus qui avaient usurpe le trone. Enfin , I'ou- vrage deM. Sempere presente des apercus neufs et curieux: ceux qui cherche't a s'instruire dans I'histoire critique des peuples, y trouveront un grand nombre de verites utiles , et penseront peut- etre qu'un travail du meme ordre , execute pour la France, re- pandrait quelques iumieres sur les siecles de la premiere dynas.- tie. J. A. Llokente. VVVM^VVVVVVVVVVVVv VVVXA/V VVVV\/V VVV bVVVVVVVVVVVV/VV VVVVVVXW V\^ VWVW WWVM wv vv% w» ly. NOUVELLES LITTERAIRES ET SCIENTIFIQUES. AMltRIQUE. ETATS-UNIS. CoNHECTicut. — Wew -Haven. — Physique. — Elcctriciti gal- fnniqui. — M. Robert Hare, professeur de cliimie vt runivcrsite de Pensylvanie, a propose*, dans The Anieiican Journal oj Science and Alls ^ une nouvellc thtforie de la jnle tie f^olta , qn'il a ap- puye'e d'txperituces interessantes. Le puissant agent de'veloppc par Taction galvanique, lui parait etre une combinaison de calo- rique et d'cl.'Ctricite ordinaire. II reproche aus pbysiciens , peut-che injustt-ment, d'avoir presque constamment preUre des piles galvaniqnes a plaques nombrfuses , au lieu d'avoir employe' des surfaces plus etendues, avec un plus petit nombred'e'Mmens. Au moyen d'unc seule paire decuivre et de zinc , mais de 49 pieds Carres, il est parvenu a rougir tres fortrment un lil nietallique. M. Hare nous seuoble trop ne'gliger raclion chimique , qui doit jouer un role important dans la theorie de cet appareil. Poussicre atmospherique. — M. Rafinesque a public , dans le Journal deja cite, un Mc'moire sur ce qu'il nomme la poussicre at- riiospherique. 11 pense que, sans cesse flottantc dans I'air , c est elle qui sc depose si abondamment dans nos maisons ; qu'elle totnbe aussi en rase campagne , et en egale quantite , par un terns sec et par un terns brumeux ; qu'elle est principalement composc'e d'alumine, et que la chute progressive de celte poussicre , jointe an de'tritus des plantes, permetde concevoir comment les anciens edifices de la Grcce et de Rome ont e'te presqti'entitrement en- sevelis. 11 pretend enfin Tavoir vue en Sicile, sur les Alpes, sur les montagnes de I'Amerique , et nieme au milieu dc I'Oce'an. . M. R. ne paratt pas avoir eu connaissance du fait suivant, dont sans doute il n'aurait pas manque de tirer parti. Lorsque, vers la fin de 1819, le gouverncment anglais tit ouvrir , dans le ch3tean d'Edimbourg, la chambre 011 ctaient deposes li.-s ornomens royaux des anciens souverains d'Ecosse , on remarqua sur Icplanclieruno AM^RIQUE. 393 couche de poussiere de plus de Irois pouces d'epaisseur , qui sV- tait accumulc'e pendant un siecle dans une salle exacteraentferme'e. New-York. — Mete'orologie. — M. John Rech a pre'scnle au lyce'e de cette villu un Me'moire sui- ce qu'il nomme oroges sales. En 181 5 , un violent ouragan , -venant de la mer, occasionna d'af- freux ravages , at de'posa sur les maisons et sur les plantes une couche cristalline de sel marin. M. J. B. se demande dans quel etat le muriate de soude existe suspendu dans I'atmosphere ; et , quoiqu'il n'entreprenne pas de resoudrc cette cjuestion, illuia paru interessant de constater de nouveau un fait qu'avaient deja remarque , dans Tlnde et en Egypte, MM. Forbes et de Volney. ViRGiwiE ET Tennessee. — Geologic. — M. Elias Cornelius a fait plusieurs Obseri'ations geologiques importantes, duns ces deux Efats. II dccrit le ce'lebre pout naturel de la l^irginie ; les strates infe'rieures d'une montagne ajant ete' emporte'es dans quelque grande revolution, les couches superieures sont reste'es, formant une arche magnifique de 214 pieds d'ele'vation. — 11 a visite dans leTeunesse'e une grotte caicaire doiit les parois oflrent aux habitans une abondante re'colte de salpetre, qu'ils puriQent par des cristallisations successives. L'acide nitrique, ne'cessaire a la formation du vitriol de polasse, provient sans doute de la de'cora position des cadavres deposes dans la grotte, qui servit long- terns de cimetiere aux Indiens. II a observe aussi, chez la nation Cherokee, un vaste tumulus, ou pyramide conique, deplus de 1000 pieds de tour. En Amerique, la construction de ces nionu- mens primitifs reraonte a une si haafe antiquite, que les Indiens n'ont conserve aucune tradition de leur origine. Province de Ch.vctaw. — Zoologie. — Mouche veninieuse. — A cent milles des Natchez , une grande route a ete' rendue impra- licable pour les chevaux , a cause des altaqiies d'une mouche veni- nieuse qui les fait pe'rir, trois heures apres les avoir pique's : jus- qu'a 40 chevaux ont etc' tuesdans un seul hiver. M. Elias Corne- lius n'a pas pu determiner Tespece de cet inserte. Ce fait rappelle que, dans rAmerique mcridionale, M. de Humboldt avait observe un ruisscau dcvenu impraticabie pour les mulcts , parce que les nnguilles electriqiies ( gymnotus electricus ) les foudroyaient a leur pas.'ago. 394 AMtRIQUE. AVashikcton. — Publication nouvetle. — M. Georges Otis, qui a traduit rccemment Touvrage de IVl. Tabbc de Pradt, intitule : De I' Europe, aprcs le congres d'Aix-la-Clutpelle, vient aussi de J'aire passer dans notre langue I'histoire vcritablenient classique de notre glorieuse Re'volution , par M. Botta, ccltbre auteur ita- lien, maintenant citoyen francais, el rectrur de I'Academie de Rouen , qui semble avoir pris pour modcles les grands historiens de Tantiquite. REPtJBLIQUE d'hAITI. Port-au-Prince. — Enseignenient niutuel. — Des lettres de cette ville annoncent que I'instituteur designe par la Socie'te de Paris, M. Ricatte, a recu I'accueil le plus favorable; son ecole est en pleine activite. Sur cent eleves, il n'y en a qn'un bLnc. M. Pradcres, correspondant de la Societe' pour renseigqement eiementaire , demande une institutrice pour le memelieu. NOUVELLE-GRENADE. Bagota. — Instruction pubUque. — Le general Bolivar a fait convertir le convent des capucins de cette ville en un college , pour servir A Te'ducation i°des enfans des citoyens mis a mort par Ics autorite's espagnoles ; 2° de tous les autres orphelins ou enfans dont les parens se trouvent re'duits a I'indigence ; 3° enilo de tous les enfans trouve's. Les depenses de leur nourriture et de Jeur education seront supportees par la republique. Les enfans dont les pcres ou les protecteurs sont morls au champ de bataille ou sur I'e'cliafaud , pour la cause de i'inde'pendance , seront seuls imme'diatement admis dans ce coile'ge. On y enseignera la langue espagnole , les principes de la religion, de la morale, de la logi- que, des mathe'matiques , de la philosophie cxpe'rimentale , du dessin, de I'histoire, de la geographie et de la topographic. Les fonds speciaux du coile'ge ne consisteront, pour le moment, que dans les i5,ooo dollars (environ 80,000 francs) que le doctfur J. Y. Guitterez a legue's par son testament a I'instrurtion publi- que,etdans les fonds appartenant au convent eta la romniu- naute des capucins qui se sont enfuis de cette ville. Si ces res- sources ne sont pas suffisantes , le deficit sera comble par la tieso- rerie nationale. AM^RIQUE. — ASIE. 3^5 NOUVELLE-ESPAGNE. Mexico. — Enseignement nmtiiel. — Exlrail d'uue leltre ecnte parM. Alaman. — « J'ai troiivc inon frere , qui est chanoine, a la t^ted'un de nos colleges, aiujiiel est jointe une ecole primaire. Je me suis occupe d'y introdiiire Vcnseignement ?nutuel ; et quoique j'aie commence depuis pen dc teins, on s'apercoit deja du succes de cette methode. » PEROU. JVecrologie. — M. Thaddee Hoenkc , celebre naturaliste de la Boheme, vient de mourir au Pe'rou. 11 se disposait a revenir en Europe , pour refondre el publier son ouvrage inti- tule la Flore des yilpes. Cette perte prive les savans d'une fouie d'observations curieuses sur la \ie des plantes et sur Taction inte- rieure de la nature , etde beaucoup de rerherclies faites, pendant un sejour de quinze ans, dans la province deCochabamba, Tune des plus belles et des plus ferliles contre'es du monde. A la nouvelle de cette mort, le vice-roi adonne ordre qu'on transport^! tout ce qu'avait recueilli M. Hcenke, d'Arica a Lima. Sa collection con- sistait en extraits de quinquina, et en autres plantes fort esti- me'es. Ce naturaliste etait eleve de Jacquin. BRESIL. Rio-Janeiro. — Enseignement mutuel. — M. le comle de Scey, ancien pre'fet du Doubs, a e'crit de Rio-Janeiro a la Societe pour 1 enseignemeut elementaire , afln tie la remcrcier des secour* qu'elle a offerts et qui seront trcs utiles pour la formation des ecoles dans ce pays. ASIE. INDES ORIENTAL ES. Calcutta. — AeroUthe , ou pterre tombee de Vatmospliere. — Tous les physiciens sont aujourd'hui d'accord sur la realite des aerolithes. II n'en est pas de meme a Tegard de Torigine et de la formation de ces corps : les ims les regardent comme des debris de plant-tes, ou comme des produits des c'ruptions volcaniques de la lune ; d'aiitres pensent qu elles se forment de toutes pieces dans ratmosphere. II existe, dans le museum de la compagnie 396 ASIE. pourrait ctre cnvoyc en Chine, ou, a I'aidc des habitans , il formerait un iijN ASIE. jardm botaniqiic ilont \es plantcs seraient ensuitc transportees en Angletcrre, suivant leur utilite t-t le mode de culture qu'elles exigcraient. La difliculle qu'eprouvent les voyageurs a penetrer dans rintcreiir du pays, ue serait plus un obstacle a rexecution de ce desscin , si Ton cnscignait a quilques- uns dcs naturcls les principes de la botauiquc europecnne , par lesquels ils seraient a meme de jugcr des pro])rietes particulieres a chaque plante, et de transmcttre leurs connaissances au savant charge de diriger leurs liavaux. Le reverend docteur Movrison a repondu qu'il approu- vait le plan dc M. Livingston; que, des la fondation du coUe'ge anglo-chinois a Malaca , il etait convenu qu'on y joindrait un jardin botaniqi;ej mais que les occupations dont les missionnaires etaient surcharges ne leur avaient pas permis de donner suite i ce projet. Cependant , il promrt de rechercher tous les ouvrages chinois qui traitcnt desplantes, et de les reunir a la bibliotheque du collt'ge. Dans Ic cas ou la Societe liorticulturale consentirait a seconder leurs efTorts , il I'engage a envoyer en Chine, sans perdre du tems, uu jeune botaniste, afin qu'il puisse etudier la langue , et revoir la traduction en chinois des meilleurs ouvrages europeens qui traitent de la botanique. Le Memoire adresse par M. Livingston a la Societe anglaise contient plusieurs del ails inte- ressans sur les obstacles qui se sent opposes jusquMci a Fintroduc- tion des plantes chinoises en Angleterre, et sur les precautions ii prendre pour reme'dier a ces inconveniens. — SociETEs BiBLiQUES. — Le Glaiieur indo -chinois donne les details snivans sur les progres des missions dans Flnde. Le 5 Jan- vier 1819, on a celebre a Bellary le premier anniversaire de la fondation d'une Societe biblique dans cette ville. Tout s'y est passe avec le plus grand ordre : a la fin de la cei emonie , quelques naturels se sont fait inscrire sur les registres, comme souscrip- teurs. Les quetes de la derniere annee se sont eleve'es a deux cents louis. Les membres de la Socie'te esperent pouvoir distri- buer, sous peu, plusieurs exeniplaires des saintes ecritures tra- duites en chinois. Le 18 du meme mois, le nombre des institu- tions chretiennes cxistant deja a Bellary a ete augmente par la fonnation d'une nouvelle Societe biblique parmi les jeunes gens. Soixante enfans ont voulu concoiirir a cet e'tablissemcnt , et ont soascrit pour une certainc somme. Le maitre qui dirige ITlcole de charite a , Ic premier , donne Tide'e de ce projet, dont I'exe'cu- ASIE. Sgg lion est entierement due a son zele et al'activite d'un des eleves, auparavant connu par sa mechancete, et chez lequel une bonne instruction reliyiense a produit le plus heureux changeraent. De- puis long-tems , les membres de la grande Societe biblique desi- raient acheter iin e'difice situe an centre de la ville , afin de pou- voir s'y rendre de tems en terns , ct converser avec les naturels sur des sujets religieux. lis ont enfin , non sans peine, fait Tac- quisition d'une maison bStie en pierre , et contenant deux appar- temens oa ils doivent aller, tous les soirs, lire et expliquer les dif- ferens passages de la Bible qui ont rapport aux catechismes et aux dialogues religieux, etc. ; ils re'pondront aussi aux questions quileur seront adressees. M. Taylor a fait dernitremcnt, au nom de la Societe , une tourne'e pour inspecter les ecoles. Elles sont presque toutes fort bien tenues ; cependant, les progi'es sont ge'nd- ralement plus rapides dans le calcul, que dans la lecture. L'e'cole de Boodial est une des plus satisfaisantes. Quoique M. Taylor nV fftt point attendu , il I'a trouvee dans un ordre parfait : treize des eleves ont recite le premier catechisme ; sept savaient par coeur le cinquieme chapitre de Te'vange'liste Mathieii ; enfin , tous mon- traient de la bonne volonte et de Tapplication. La liste suivante fera connaitre les ecoles fonde'es et soutcnues par cette mission ; le nombre des eleves qu'on y instruit, et les connaissances qu'ils acquierent sur la religion. Nombre des ecoles , onze. Enfans qui suivent les classes regulierement : L'ecole de Gentous 5o cleves, Ecole pour enseigner I'indo-anglais aux naturels. . i^. Ecole pour les pariahs , ou hors de caste , qui habi- tant dans le voisinage 24. A Kowl Bazar 22. A Seedharaguddy 16. A Kupgul 24- A Arsoondy 26. A Tholamamady 23. A Boodial' fio. A Heerial ^o. A Paltoor 55. Total 347. 4oo ASIE. Nombrc des enfans qui peuvent reciter le premier Catechisme ii3, Le second Cate'chisme ao. Le Sermon sur la montagne 47- Les dix Commandemens de Dieu i.^. Les Prieres du soir ct du matin a I'usage des ccoles ... 'j. Le petit Catechisme sur la creation 3. En ge'ne'ral , les eleves sont asscz avanccs pour la lecture, Te- criture et le calcul , etc. La Societe' a i'ait ecrire une lettre dans la langue du pays , contenant un expose de Tetat actucl des ccoles ; elle en a envoye des copies a tous les maitres , afin que les louanges donnees a ceux ((ui s'acquittcnt bien dc leurs impor- tans devoirs, les cncouragent a continuer, ct que les plus indo- lens reconnaissent leurs fautes et s'en corrigent. — Les naturels commencent a sentir le prix de Teducation : 24 d'entre cux sont derniercment venus otl'rir de payer, tous les mois , une somme d'argent pour Tentrctien des ecoles. 11 est satisfaisant de les voir dispose'sa accueUlir Tinstruction et les lumieres que s'empressent de repandre des philanthi-opes aussi recommandables par Icur piete, que par le z^le avec lequel lis serveat la cause dc la religion et de I'humanite. — Bibliotheque ilu College anglo-cliinnis. — Plusieurs philan- thropes se sont empresses de concoui'ir a Fetablissement du Col- lege anglo-chinois etabli dans cette viile, en versant des fonds considerables entre les mains des respectables fondateurs, ct en offrant des ouviMges estimes pour la bibliotheque de cette insti- tution. Nous donnerons ici lindication de ceux qui ont deja ete recus , afin de faire juger la direction imprime'e a linstruction des jeunes eleves dans ce pays. M. J. Davis a offert les ouvrages suivans : Rirchere , i vol. in- folio ; les Ambassades hollandaises au Japon , 2 vol. in-fol. ; I'His- toire de la Chine, par Semedo , i vol. ; THistoire du Japon , par Koempfer, 2 vol. ; FHistoire universelle de la Chine, par Se- medo , I vol. in-40 ; les Voyages par terre de Moscou en Chine , par Ides , 1 vol. in-4°. Livres ofl'erts par plusieurs Anglais, amisdel'institution : fiiblia sacra, i vol. in-fol.; Recueil evangelique , 24 vol. in-8°; Vie de Joseph Allein, 5 exemplaires , i vol. in-8°; Histoire de TEurope, ASIE. 4ot par Bigland , 2 Tol. in-S"; Repertoire de TEvangile, 4 vol. in-8° Revue eclectic , pour 1818, 1 vol. in-80 ; I'Observateur chre'tien pour 1817, 1 vol. in-80; le Joui-nal des Missions, pour 1817 I vol. iii-80 ; le modele d'uii chretien , par Thomas A- Rempis I vol. in-13; Traite sur le gouvernement divin, par Williams I vol. in-80. Livres donna's par le docteur Chalmers : la Vie de Calvin , I vol. in-8° ; les Observations d'Youug, i vol. in-8° ; Essai sur Forigine et le de'clin de la rehgion ehretienne dans Tlnde, 1 vol. in-8" . Le docteur Morrison a donne les livres ci-apres : Traduction francaise de Tinvariable milieu, par M. Abel Rt:musat, i vol. in-4° j (Les originaux de cet ouvrage sont ecrits en chinois et en tartare; la traduction est francaise et latine , avec des notes. ) Le Parallele , par Montucci, i vol. in-jo ; le Journal desSavans, cahiers de juin et d'aoftt 1817 5 la Grammaire chinoise de Morri- son, 4 exemplaires, i vol. in-4o- (En tout , cinqus^nte volumes.) — Publications nouiJelles et prochaines. — On doit publier in- cessamnient dans cette ville {Maluca) une Revue des travaux dc la mission prolestaiUe en Chine, pendant les dir premiere! annees , accompagne.' d'un grand nombre d'observations curieuses sur le langage , I'histoire , et la mythologie de la Chine ; sur le carac- tere moral et intelleclucl de quelques-unes des nations indo-chi- nolses, et sur les missions chretiennes; par I'editeur du Glaneur indo-chinois. 1 vol. in-S", en papier iudien, d'environ aSo pages. Les souscripteurs paieront f^ sicca roupies ( 8 fr. 20 c. ) j on pourra .souscrire chez iV!!Vl. Alexandre et compagnie, a Calcutta; a Ma- laca, chez MM. H. Kraal et. Brooks , eta fjondres , chez M. J. Nisbet , libraire, n° i5, Castle- Street , Oxford Road. — Pendant les maladies qui ont re'gne' ici, et qui ont enleve un grand nombre de personnes , les missionnaires ont fait paraitre un petit e'crit en chinois , intitule' : Devoirs de Vliomme dans les calamiles publiques. Cet ouvrage a pour but d'apprendre aux payens a se soumetire sans murmure aux de'crets de Dieu, et de leur faire admirer et connaitre les voies dc la Providence. M. Tay- lor a aussi fait imprimer en malai quelques hymnes, et des re- jlexioDS sur la depravation humaine. TOitfE viu. 26 4oa ASIE. — AFRIQUE. — EUROPE. CHINE. Canton. — Publications iioiu'ellcs. — Le docleur fllorrisnn it. enfierement terniine sa traduction ties j>ro]>litlts Kalinni , Aggoc , Habacuc , Ezt'chiel, Zacharie, et Malacbic. II a aussl comjiose et pubiie en cliinois iin ouvrage Cnntenant un J'^oya^e aulouidu monde, qui unit rintciet a I'instruclion. PERSE. Tehepan. — f'^oyage scientiji/jue. — Le celcbre pliilologue ct voyageur il^mois , M. Bask, aprcs avoir traverse I'Astracan, le Caiicase et la Georgie, est arrive an mois dernier dans cette ville, d'ou ii comple se rendre a Boaibay. AFRIQUE. SERR A-LEONE. Freetown. — Progres de la civilisation. — Depuis deux ans, u» journal intitule' : The royal gazette and Serra- Leone advertiser , se public dans cette ville , qui est la capitale de la colonic. — On ^levcaujourd'hui des temples dans cette conlree, ou , il y a qua- rante ans , on Irouvait a peine quelques mise'rables huttcs. L'a- gricuUure y est dans un e'tat florissant, et les e'coles lancasterieu- nes, qu'on y a etablies en grand nombre , obtiennent des succes toujours croissans. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. LoNDREs. — Societeroyale. — Geologic. — Le doct. Nugent a pr^ sente, a la Societe royale de Londres, des observations curieuses sur la geologic de I'ile d''Antigoa, dans I'archipel des Antilles : situee presqu'au milieu d'un systcme volcanique, elle ollre vers le sud des couches calcaires d'une formation tres recentc , et qui parait contemporainc de cellc des environs de Paris et de Tile de Wight. Au-dessons de ces conches, il a trouvc des coquilles ceri- thes dans des bancs siliceux. La riche vegetation des tropiques et des forets de palmiers ombragent cette formation remarquable. EcossK. — Glasgow. — Economie rurale. — Meniere de dttruire (as chenilles. — Un jarJinier de cette ville a decouvert par hasard^ EUROPE. 4o3 line maniere simple et certaine dc de'truire les chenilles. Un pelit morceau iVetoffe de laine ayant ete porte par le vent dans ua buisson de groseillers, il I'y trouva couvert de ces insectes des- trucloiirs. II mil alors plusieurs morceaux d'e'toffes dans diflTerens ;irbustes de son jardin, et les chenilles s'y refiigierent en grand nombre pendant la nuit. Decette maniere , il en a tue plusieurs milliers, et il est parvenu a les faire disparaitre tout-a-fait. LoNDRES. — Agriculture. — P^cher-amandier. — M. Andrew Khight, de Londres, ayant feconde les fleurs d'un amandier a amandes douces avec la poussiere fecondante des etamines du pecher, re'ussit a obtenir un J mil inteniiddiaire , qui semble indi- quer entre les deux arbres une analogic que ni leur port, ni leurs caracteres n'auraient fait soupconner. II incline a penser que les deux especes pourraient bien n'en faire qu'une , et que les amandes ne sont que des p^ches imparfaitement de'veloppees. Le fruit qu'il obtint formait un globe d'a peu pres sept pouces de circonference , ctait trcs chamu, d'un beau jaune a Tcxterieur et d'une le'gere teinte citron en dedans ^ le goflt n'en etait pas tres prononce. 11 espere,a force d'essais, reproduire et repandre cette varie'te' (i). — ^rts mecaniques. — Pont en chaines. — Le capitainc de vais- seaii Brown , charge de diriger les travaus du pont de chaines jete sur la Tweed , vient de le terminer. II est ouvert au public : les voitures et les charriots de toute especey circulent librement. Ce pont leger , d'une construction facile et peu coftteuse , est d'une grande solidite : c'est le premier de ce genre qu'oa ait fait en Angleterre. La riviere a 437 pieds de large, et Ic pont n'est soutenu au centre par aucun pilier. Le capitaine Brown , qui en est rinventeur et le constructeur, s'engage a en garantirla dure'c, — Publications prochaines. — Sir Robert Ker Porter doit pu- blier incessamment des f^oyages en Georgie , en Perse , en ^r- menie , etc., faits pendant les annees 1817, 1818, iSiget i8ao. Ces voyages embrassent une vaste e'tendue de pays , et en parti- culier presque tout ce qui etait compris dans les anciens em- pires assyrien, babylonien et persan ; depuis les bords de la Mer- (1) Philosophical Magazine. Mars, 1820. Transactions de la •Socidte Uorticullurale de Londres. 26* 4o4 EUROPE. Noire jnsqn'y I'Euphrate, et drpuis TEuphrate jnsqu'a Tembou- chure'du polfe Pcrsique. Les moeurs , les costumes et les cou- tumes des hi'.bituns de ces regions y seront scrupuleusemont de- crits, et compare's aux mceurs des races dlionimes qui lesont pr^- ce'des. Des gravures , faitcs d'apres les dessins de IM. Porter, re- presonteront les antiquite's curieuses qui subsistent encore au- jourd'hui dans cette partie de TAsie. — Popsie dramatique. — Hugo Foscolo , I'auteur des Lettres de Jacopo Oitis , imitation reraarqnable de Werther , a fait im- primer ici une trage'die italicnne dont on parle beaucoup, et qui a pour litre Ricciardu. 11 a cherche' a re'unir dans cette piece le pathetique sombre anglais avec la simplicite d'Alfieri. — M. Rinney, poete dramatique estime en Angleterre, est ac- tuellement a Paris , ou il a traduit les p^tpres siciliennes. Cette ti'agedie sera jouee prochainement a Londres au theatre de Drury-Lane. — Archeologie. — VerslaCn de Fannee derni^re , M. J. S. Cot- mAN , artiste anglais, auteur de V Architecture ancienne du comte de JYorfolh , a fait paraitre le prospectus d\m ouvrage intitule' : IfArchitecture du nioyen age en JVoimandie , d'apres les dessins qu'il a faits pendant les ete's de 1817 et 1818, accompagne'e dc notices historiques et descriptivcs. L'auteur ayant eu son attention dirige'e durant plusieurs an- nees par I'architccture de sa province natale , il a naturellement porte' SOS regards vers le rivage oppose' du continent. II ne pou- vait sVmpecher de croire que la plupart des edifices curieux qu'il rencontrait dans le cours de ses voyages pittoresques en An- gleterre ne tirassent leur origine de la Kormandie , quoique at- tribues communement aux Anglo-Saxons. Ve'rifier ce point qui, depuis long-tems , a forme' un sujet de recherche parmi les plus savans antiquaires, et en nieme tems tracer lesprogres de I'archi- tecture gothique en Normandie, en mettant des specimen de ses plus beaux restes sous les yeux de ses compatriotes , et en leur soumettant des de'l ails dont les dates soient irre'cusables ; voila I'entreprise qui lui semblait meriter de I'inti'ret, d'autant plus que tout ce qui est connu a le'gard de ces monumens, du moins en Angleterre , se r«dait a peu de chose. Ses eflorts ont encore EUROPE. 4o5 die excites par un motif plus puissant : I'espoir que son travail pourrait , quelqiie limite qu'il pftt etre , jetcr quclques traits de lumicre sur Thistoirc d'un pays inlimempnt lie avec le sien par le langage , par les coutumes, par les lois, meme en quelque sorte par le sang , et gouverne pendant plus d'un siecle par les memes souverains. Dans ce but, dos que la paix parut aflermie, il traversa la Manche ; et , il se hasarde maintenant a souracttre le re'sultat de ses recherches au tribunal du public des deux pays, Une semblable entreprise, M. Cotman le reconnail bicn, aurait pu se faire avec plus de fruit avant Touragan politique qui est venu fondre avec une force e'pouvantable sur les temples de la religion , sur les palais des rois et sur les chateaux des ba- rons; et c'est pour lui un sujet de regret que Tentreprise n'ait pas ete faite alors. Cependant , bien des restes precieux ont e'chappe a ces ravages : heureusement les deux abbayes royales de Caen, quoique dc'chues de leur splendour primitive, sont en- core presque cntieres 5 les chateaux de Falaise , dArques et de Gaillard conservent assez de leur magnificence ancienrie, pour at- tester ce qu'ils pouvaient etre dans leurs beaux jours. On re- trouve les villes et les chstteaux qui ont etc' les berceaux de tant de families les plus nobles et les plus illustres de lAngleterre, telles que les Harcourts, les Vernons , les Tancarvilles , les Spen- cers, les Courtnays, lesTracys , les Montgomeiys, etc. , etc.; et des e'difices sans norabre , d'une beauts achevee , qui datent des tems moins anciens oxx les Henri et les Edouard se ressaisirent da sceptre normand , se rencontrent partout. Dans le choix qu'il a fait parrai tous ces raateriaux , et dans la partie descriptive de son travail, Fauteur a eu le bonheur d'etre dirige et aide par quelques amis instruits, ses compatriotes, ainsi que par quel- ques savans antiquaires de la Normandie ; et, a moins qu'il ne soit porte a attacher trop d'importance a ses propres re- cherches, il espere que I'ouvrage dont il s'agit sera juge digne d'encouragement et d'approbation. 11 sera public' in-folio, en quatre parties , dont chacune contiendra aS planches , avec des descriptions. La premiere partie a deja paru vers le commence- ment de cette anne'e , et les autres se suivront par semestre , au prix de trois guinees par livraison ( ^5 francs 60 centimes). 11 doit y avoir ciuquante exemplaires sur grand papier ve'lin , avee 4o6 EUROPE. des ^prenves a cinq guine'es (126 francs). On souscrit chez les h- braires des villes capitales de TEurope. J. S. S. , de r Acadeviie de Caen. Brighton. — Beaux-Arts. — Galerie de tableaux. — On vient d'ouvrir au public, dans cette ville, une galerie do tableaux qui en contient plusieurs d'un tres grand prix. Les plus eslimes sont : 1° un Mo'isejrappant le rocher d^oii jaillit une source d^eau vive 5 par le Poussin; '2" un Mariage de Ste.-Catherine, par Parmigiano, peint pour le grand-due de Toscane ; les amateurs I'admirent pour la vigueur du pinceau et la richesse du coloris ; 3** un por- trait de Mengs , d'un fini admirable ; 4" Cupidon dans les forges de f^ulcain; la t^te de T Amour est charmante ; son visage ex- prime a la fois la grdce et la malignite ; il montre a sa mere la pointe de la fleche que les Cyclopes ont aiguisee. Ses formes sont ele'gantcs et legeres ; elles se dessinent sur un fond de cou- leur brune : la lumiere , repandue avec art , produit un efl'et nia- gique. Ce tableau rappelle le Correge et ses contours gracieux, tandis qu'on y retrouve aussi les beautes d'expressions du Domi- niquin. On Tattribue a I'un de ces grands peintres , sans savoir avec certitude auquel des deux il appartient. Cette galerie ren- ferme des productions des e'coles italienne, francaise, hoUan- daise et anglaise : ainsi qu'ime riche collection du peintre fla- raand Loutherbourg, compose'e de trcnte et un tableaux. Edimbourg. — JYecrotogie. — Le docteur John Murray , pro- fesseur de philosophic naturelle, de chimie , de matiere medi- cale et de pharmacie , est mort a Edimbourg, vers la fin du mois de juillet. Ce savant possedait a un degre eminent les connais- sances ne'cessaires a sa profession. Dans ses discours , il unissait a Fesprit le plus phdosophique , la clarte , la pre'cision et Tenergie. n a public' en i8oi, 10 des Eldmens de chimie, 2 vol. in 8°, reimprime's en 1810; 1° Aes Elemens de matiere medicale el de phamiacie, 1804, a vol. in-80 ; 3o un Sjsteme de chimie , 1806, 4 vol. in-80; 4° ^^ Supplement au sjsteme de chimi' , 1809, i vol. in-80; un Sjsteme de matiere medicale et de pharmacie, 1810, 2 vol. in-8o. RUSSIE. Instruction publique. — On compte actuellement , dans les di- EUROPE. 407 verses parties de IVmpire riisse , 58 (-coles cccWsiastiqiics , dont /J academies, 36 se'minaires et 18 e'coles infe'rieiires , ou I'on en- seigne principaleraent la langue riisse , Faiithine'tique et la reli- gion chretienne. cs6,ooo jeunes gens y recoivent actuellemcht rinstruclion, en grande partie aux frais du gonvernement. Le nombre de ceux qui font leurs etudes dans les quatre acade'mies est d'environ 4000 ; ils ont 5o professeurs. Les ?)fi se'minaires comp- tent au-dela de 20,000 eleves , avec 207 precepteurs , et les 18 ecoles inferieures ont 80 pre'cepteurs et environ 20,000 ecoliers. Casan. — Litteratures tartare , arabe et turcjue. — L'imprimerie du College ( Gymnasium) de Casan a fait paraitre, depuis le commencement dii siecle actiiel, plusieurs onvrages en langue tartare , et a contribue par-lii a propager la culture d'une lltte'ra- ture qui n'est connue en Europe que d'un petit nombre do per- sonnes. Ces ouvrages ne sont, a la verife, qu'au nombre de trois, et d'une valeur intrinseque fort mediocre ; mais ils ne sont pas sans prix aux yeux du philosophe, puisqu'ils prouvent les prO" gres de la civilisation : car lout peuple qui lit, cesse d'etre bar- bare. Deux de ces ouvrages traitent de la morale, ou plutot de la religion, et paraissent avoir etc traduits du persan. Le premier, en vers tartares, est intittd^ : t'eusun-Redschal , ou le Bonheur du Salut. 11 a ete' imprime en 1802, el forme nn volume in-4" de 176 pages. Peut-etre est-ce la traduction d'un ouvrage persan d^ Ebi All Meskuje , sur diverse? questions dogmatiques. L'auteur tartare commence son livre par la division des devoirs en de- voirs ne'cessaires , et prescrits par I'exemple du prophctc ; en devoirs requis, volontaires, permis , indifl'crens et defendus. Viennent ensuite les devoirs de I'aWution et de la priere: mais la majeure partie de cet ouvrage consiste en prdccptes moraux, entremele's d'anecdotes. — L'autre ouvrage est intitule : Sebatul- Aadschisin ; c'est-a-dire , la fermetc des faibles. 11 est e'galement ecrit en vers tartares , et a ete publie' en 1807 ; in-4'' de 108 pag. L'auteur, apres avoir chante les louanges du Seigneur, traite d'abord des dogmes , mais plus particulidremcnt des huit qualites de Dieu , savoir : I'existence ou la vie ( hajat ) , le savoir ( ilm ) ,, la puissance (kudrel) , \a \ue (bassr), I'ouie {semi), la volonte {fradet), la parole (helam) , la creation (lekwin). II parle en- Suite des autres articles de foi, savoir : des aoges , des pro- 4o8 EUROPE. phctes, des peines du tombcau et de I'enfer , de la resurrection , du jugeiiicnt dernier, de la balance de la justice, du pont, dc se'- paration , du bassin d'eau du paradis , et dc Pinterccssion du pro- phete. Le restu de I'ouvrage est consacre a I'ethique, et traite du bonheur, du conteiitetnent , de I'avarice, de la ferveur , dc la confiance el de Torgueil; puis, de la necessite de garantir Tceil de Taspect des choses defenducs , des suites funestes du munquc de reflexion , du nionde trompour et de la vanilc d« la vie. Le tout est entreuiele de pclites liistoires it d'anccdotes sur des personnes pieuses et sages. Le dernier article traite des mauvaises disposi- tions de Tame, de robligation de tenir sa promesse, du bonheur d'avoir un bon guide j el, apres avoir raconte Thistoire de Said ct jjaad, Tauteur termine son livre par des observations sur la ne'- cessite dc se soumettre a son sort. — Le troisieme ouvragc est riiistoire du prince SeiJul-AluUi , conte rime'; i vol. in-4''- 1807. Ce heros est le meme que colui qui figure dans fc.s Mille et unc Nulls. Cependant, Ics deux contes diflerent cssentiellcmcnt quant au sujet. Rien de plus absurde que les avenlures accumule'es dans ce poeme. Mais , c'est le seul conte tartare qui, a Texception des poesies romantiqugs Ae. Mir-Ali-Schir , nous soil connu , et , sous ce rapport, ~u"est precieux. 11 fait voir la pauvrete de la lil- terature tartare , qui n'a ni la couleur fleurie de celle de la Perse , ni rexuberance de celle de PArabie, et qui, cultive'e sur le sol russe , n'a fail aucun progres depuis le celcbre 31ir-Ali-Schir, connu comme poete, sous le nom de lYewaji, el dont la Biblio- theque royale de Paris pos8ede les ceuvres en deux magnifiques volumes in-folio. Outre ces ouvrages, rimprimerie de Casan a fait sortir de ses presses, en 1809, les clemens de la grammaire tartare, a Pusage des eleves du college de cetteville; 1 vol. in-8° de 106 pages. En y ajoutant une grammaire et un diclionnaire tartare de Jojepb Giganow , impiimes a Petersbourg, et une autre grammaire pu- bliee dans la meme ville, en 1814, par Alexandre Trogan^ky, professeur de langue tartare, on connait tout ce qui a ete mis au jour en Russie sur celte langue. Quant aux autres ouvrages en langues orientales , qui ont ele imprimes a Casan, ils se bornent aux suivans : i" Le livre tPUstu- wani Mohammed Effhndl, sur les pre'ceptes de Ja purification EUROPE. 409 selon la loi , ct de la priere repete'e cinq fois par jour, en langue turque. 180G ; in-8° de 168 pag. — 2°. Prissalei JJergewi, ou Ins- truction religieuse de Scheich Jtfohammed Ben Ali Bergeli , egaiemenl en langue turque. 1808. In-4° de la'i pag. — 3°. Le merae ouvrage en rimes turques; 1807. — 4". '-''-' li^oran, en langue arabe. 1816. Vol. in-folio de 478 pag. — 5°. Enfin , un extrait ou des fragmens du Koran, en langue arabe. i8ifi. Vol. in-8" de 208 pages. Un ouvrage sur la vaccine a ete' impriine' a Peters- bourg, i8o3, en langue turque, in-80 de 72 pages ; 'el c'esl dans cette collection de quatorze ouvragcs que consistent toutos les publications en langues lartare , arabe et turque, qui, depuij une vingtaine d'annees , ont ete faites en Russie, pour la plu- part aux frais de particuliers. POLOGNE. Extrait du rapport fait a la Diete par M. le comte Mottnwski sur la situation actuelle de la Pologne. — Un recensement exact de la population du royaume, la porte a 3,438,728 individus; ainsi, la diminution cause'e par la guerre se trouve de'jA a peu pres compensee. Plusieurs causes ont concouru u cct accroisse- ment, et, entre autres, les nombreux etablissemens de colons e'trangers, le retour d'une grande quantilc de Polonais dans leur patrie, la multiplication des manages, qui suppose plus de bien- etre dans Te'tat social, et le bienfait de la vaccine qui augmente les chances de vie dans la classe des enfans, oii la pctite-verole de'vouait tant de victimes a la mort. Avec la population et la paix, Tagriculture s'e'tend et s'ameliore ; les races de besliaus s'ameliorent, en meme tems qu'elles s'augmentent, par les secours qu'elles tirent des e'tablissemens ou le gouvernemcnt reunit les plus belles especcs. Des e'coles d'agriculture, des dcsse'chemcns do marais , des constructions de routes, contribuent aussi aux hcureux changemens qui se font sentir dans le pays. — Les villes ne se ressentent pas nioins que les campagnes de I'impulsion vers le bien , donnee a toutes les parties de Tad ministration. Les soins de Tautorite pour les objets tenant a la salubritc, ct notamment pour le pavage et I'eclairage , ont e'te couronne's de succes. La multiplication des briqueteries donne lieu a des constructions plus solides. Une Compagnie d'assurances contre les incendies 4io EUROPE. garantit les proprietc's. Lc service des hopitaux et maisons de detention est mieux regie. Des manufactures s'elablisscnt , cl des fabriques do draps commenccnt a fournir aux besoins communs. La re'duction des droits d'enlre'e favorise lc commerce d'un pays que sa position topographique privc de debouches naturels. — Les travaux des mines et carrieres prcnnent cliaque jour de I'acti- vite. — L'armc'e polonaise , si distinguee par sa bravoure , a gagne encore sous les rapports de Tordre du service et de I'administra- tion j elie est presque entierement habille'e avec des draps du pays, ce qui decharge la nation d'un Iribut de deux millions de florins, qu'elle payait pour cet objet a Tetranger. — Un comitd a ete charge de presenter un projet dc banque nationale. Cracovie. — DfouvelleSocietecr agriculture. — Unesociete' s'est formee en Pologne, sur la proposition de IM. Obrich de Szanicky, proprie'taire dans cette ville, pour faire I'acquisition dc bicns- fonds considerables , dans la vue de multiplier partout les fermes expe'rimentales , de fonder des fabriques et des manufactures? afin de perfectionner I'agriculture, de tirer parti de ses produits «n tous genres, et d'ameliorer le sort des paysans. SUEDE ET NORWEGE. Instruction publique. — Universite de Christiania. — Depuis la J'ondation de TUniversite' de INorwe'ge , etablie dans la ville de Christiania, il y a e'te' inscrit cent quatre-vingt-dix-neuf e'tudians. A la fin du mois d'aoftt dernier , le nombre de ceux qui y faisaient leurs etudes, s'elevait a quatrc-vingt-dix-neuf pour toutes les faculte's des sciences. On applaudit ge'ne'ralement a la sc'veritd avec laquelle les professeurs attaches a cette Universite' n'ad- mettent a faire leurs examens publics de re'ccption, que les e'tu- dians qui sent en e'tat de justifier d'etudes soutenues, et de la solidite de leurs conuaissances. DAISEMARCK. IslAnde. — Sources bouillantes. — Le professeur Menge, de. Hanau , dans un voyage qu'il a fait en Islaode , c'crit de sa tente, en juillet 1819 , au pied nieoie du Gry.ser , la description des phe- nomenes que lui presentaient ses sources bouillantes. Un entonnoir EUROPE. 4ii de 700 pieds dc tour, ct d'une ptofondeur inegale, sc vidcet so remplit alternaliveiueiit d'eau cliaude. Dans un inlervalle , M. Menge a eu le courage de penetrer dans son inferieur i;t iVy ramasser qiielques pierres du fond, qui n'est que dii tuf siliceux, dent la silice est en veritable diss.olution dans les eaux de la source. II suHisait de jeter une pierro dans I'entonnoir, pour deter- miner une explosion. Au milieu d'une dcs nuits qu'il a passees aupres du Geyser, le voyageur lut reveille par un fracas sembla- ble a celui du tonnerre ; il s'elanca hors de sa tente, et vit les eaux du Stroch projete'es a une telle hauteur, cfue la Jinnee de la colonne cVeau houdlante sanblait atteindre les etoiles ; tandis qu'au milieu d'l'xplosions terribles, le grand Geyser c'talait tnagni- fiquement sa montagne colossale de vapeur. La clarte de la lune et les premiers rayons de I'aurore eclairaient, de chaf|ue cote, les nuages ondoyans forme's par ces volcans d'eau. Dans son entliou- siasme, le professeur Menge se felicite d'avoir ete tcmoin du plus beau spectacle que, selon lui, la nature puissc ofl'rir aux regards d'un mortal. CopENUAGUE. — Ouverture d'un cours de langue stiiiiscrite. — INI. Nyerup, professeur et bibliothe'caire a TUniversitc deCopen- hague, connu par plusieurs ouvrages sur la bibliographie, This- toire et les antiquite's du Kord , vient d'ouvrir un cours de langue samscrite. La bibliotheque possede, ainsique Tassuro M. Kyerup, une collection extremementprecieused'ouvrages saniscrits,qu'elle doit aux soins infatigables de restiinablo M. Nathanael Wallich, directeurdu jardin botanique a Calcutta , qui ne s'estpas borne a obtenir de la bienveillance des deux societe's litteraires asiatiques de Calcutta etde Fort-Williani, une collection considerable de livres precieux, mais qui s'est mcme de'pouille de ses propres richesses en ce genre , pour en faire don a sa patrie. II est bon peut-etre d'ajouter, pour confondre ceux qui mcpriseilt ou qui feignent de mepriser les juifs, que M. le docteur AVallich pro- fessc la religion de Moise. M. Nyerup attribue a la langue sams- crite une si haute importance , qu'il croit qu'avant un derai-siecle il sera necessairement e'tabli dans toutes les IJniversite's de I'Eu- rope des cliaires pour cette langue , ainsi qu'il y eu a dopuis long- tems ppiir I'liebreu, Tarabe ct les aulrcs langues orieiitales , tant Tportcs que vivantes. 4ia EUROPE. ALLEMAGINE TcBiNGEN. — Chimie. — Lnues. — Le docteur Gmelm , de Tu- bingen , a trouve, dans les Liues phonolites (clinsrstein on pieiTC sonore par Je choc), qui renfcrmcnt la natrolite ( mesotype de M. Haiiy ) , line ceitaine quantilJ d'ammoniaqne , qu'flles Inissent de'gagcr par la distillation. 11 I'a aussi rcncontre'e dans les basaltes colonnaires. Jl serait extremement interessant de deraontrer que les laves conliennent une substance aniniale. — Poison animal decoiwcrt dans les Sancissons fumes. — Le docteur J. Kcrner a de'couvert que les saucissons fume's, mets fa- ■voris des babitans du Wurtemberg , causent souvent des empoi- sonnemens mortels. L'efiTet du poison se manifeste ordinaireraent tous les printems au mois d'avril, d" une manierc plus ou moins alarmante. Dcja, dans une feuilic pt-riodique qui parait a Tubin- gen , M. Kerner a fait connaJtre plusieurs observations relatives a ce sujet, et il a acluellemcnt sous presse un ouvrage qui le traite plus en de'tail. II rapporte que sur ^6 personnes , tombe'es malades pour avoir mange de ces sancissons, 3^ sont mortes en pen de tems, et que d'autres sont resides valetudinaires pen- daut des anne'cs. Les saucissons de foie paraissaient etre les plus dangereux. En ge'ne'ral , le poison qui se forme dans toutes les chairs crues , hachees et assaisonne'es , et passe'es a la fume'e , apres avoir e'.e renferraees dims des bojaux, ce poison animal, dit M. Kerner, se distingue de tous les autres , en ce qu'il n''attaque point le cerveau et la moelle epinitre, tandis qu'il ebranle tout le systeme Ijmphatique. Qiielquefois Ic nialade nc sent plus son coBur battre pendant plusieurs mois , quoique le battement des arteres reste invariable. Toutes les observations de M. Kerner sont appuyees par des exemples tires de sa propre expe'rience. L'ouvrage paraitra cbez M. Osiandcr, a Tubingen. WcRTEMBERG. — Stuttgard. — Arts mecaniqites. — Reclaviation. — II a e'te' question (T. VII, page Sga ) d'une machine inventce a Vesoul, par un oflicier du genie, et destine'e a faire connaitre lo point precis oil un inccndic vient d'cclater. Le Morgenblatt (feuille du matin) reclame la ptiorite do Tinvcnlian en favour d'un Danois , I'adjudant general et chambellan, M. de Ries, qui EUROPE. 4i3 fit cette decouverte , il y a plus de vingt ans, a Copenhague , et a qui I'Acadtimie de cette ville envoya , a cette occasion , una me- daille d'hontieur. L'instrument de M. Ries sert de plus a de'ter- miner la distance des vaisseaux en mer. Priisse. — Beulin. — Socicte savanie. — Medecine. — L'Acade'mie royale a propose un prix de cinquante ducats a I'auteur du meil- leur Memoire sur I'emploi esterieur de Teau froide dans le trai- tement dcs fievres. — U Academic germnnique , spt'cialement charge'e de veiller au maintien de la purete de la langue allemande, vient de choisir, pour un de ses membres correspondans, M. le professeur Simon, de Paris, auteur d'une grammaire allemande fres esfimee (f^oy- Tom. VI , page 379 ) , et qui s'occupe en ce moment d'un nouveau Dictionnaire allemand-francais , et francais-allemand , que nous avons deja annonce (Tome VII , page 4o5 ). Cette Academie ce'- lebre , a laquelle M. Simon a soumis ses ouvrages, n'a pas cru pouvoir mieux te'moigner toute I'importance qu'elle y attache , qu'en recompensant d'une maniere aussi honorable, surfout pour un Fran(;ais, le succes avec lequel ce f.rofesseurest parvenu i expliquer, d'une maniere lumineuse, Its difficultL's sans noaibre qu'on rencontre dans TeUide de la langue allemande. Bayiere. — ' Munich. — P^oyage siieniijique. — Les docteurs Spix et Martins , tous deux membres de FAcademie des Sciences de cette ville, qui sont arri\e's, dans les derniers jours du mois d'aoftt, a Lisbonne, de retour de Icur voyage scientifique au Bre'sil , ont deja euvoye tine grande quantite de caisses con- tenant des objets d'histoire nuturelle d'un grand prix, et ils en apportent avec eux qui n'ont pas une moindre valeur. La rela- tion de leur voyage est attendue avec impatience. Saxe. — Altembcrg. — Publication prochaine. — Dictionnaire encyclopedique. — Le succes du Dictionnaire encyclope'dique ou de conversation ( Conuersations Lexicon ) , publie par M. Brock- haus , a Leipsick, en dix gros volumes in-S", au prix modique de cinquante francs , et dont il a etd fait , en dix ans , cinq edi- tions , formant un ensemble de quarante k cinquante mille exemplaires , a de'termine M. le docteur L. Hain , Tun des colla- borateurs de ce Dictionnaire, a publier un ouvrage semblable, 44 EUROPE. sous Ic litre de Dictionnaire encyclopediqne ties sciences , des arts' et des metiers ( AllgTicini's encyclo|iadisfhes Worterburch). La librairic <)e M. Halin en a dislribue la prcinii'rc fcuille d'iinpres- sion , pour servir de prospectus. En la comparant a ccWp du Dic- tionnaire de IV1. Rrockhaus, on trouve que, dcpuis A jusqu'a ARUC , I'une contient au-dila de trois cents articles, tandis que I'autre n'en ofl're que cinquante ; d'ou il resulte une grande iliH'^- rence entre ces deux Dirtionnaires, sous le rap]iort de Tetendue des articles. Un ne pent guere meme s'atlendre a trouver dans le Dictionnaire ile M. llain, qu'une simple nomenclature , avec f|uel- ques lignes de renseigntmens oud'explications. Quoiqu'il en soit, cette nouvelle entreprisc est utile sous tous les rapports , el peut servir a completer la traduction francaise que M. Brockhaus pre- pare de son Dictionnaire encyclopediqne, et a lui donner Tuni- formitc et I'impartialite qui manquent a I'original- L'ouvrage de M. Hain formera liuit parties, en qualre volumes. La premiere li- vraison paraitra encore avant la fin de cette annee , et la derniere est promise pour I'an iSjj. Le prix de souscriplion pour tout Touvrage est de 4o francs. Prtisse. — Berlin. — Journal offlciel. — La redaction de notre gazelle oflicielle vient d'etre confie'e a M. le conseiller aulique Heun , avantageuseunent connu, dans le monde litteraire, j)ar des poesies , des contes et des romans , publics sous le nom de Clau- ren, et qui ont eu plusieurs editions. Grand-Duche de Bade. — Caulsrdhe. — Beaux-Arts. — Pein- ture. — M. Mezler possede un tableau que les connaisseurs atlri- _ buent a Carlo Dolce, et qu'ils considerenl comme le clief-d'ceuvre I de cat artiste. En voici le sujet : Dans un pay sage d'un grand ■ style, quoique subordonmialafigure principale, un jeune homme, d'unc beaute remarquable, est a genou.x , a moilie pench(' sur le bord d'une fonlaine , oil il conteraple son image; un chien de cliasse est couche a ses pieds el le regarde allentivement. Cen'est point un Narcisse ordinaire : aussi dirait-on que I'artiste a voulu exprimer une ide'e bieu differente ; qu'il a eu dessein de reprt?sen- ter un jeune homme sortatit de I'cnfance, et senlant les premieres e'molions de I'araour. II semblo soi fir d'un profond somnieil, et ne voir encore qu'iniparfaitcment les objels. En un mot, I'artiste a exprime ici , d'une manierc admirable, le sentiment qui aniaiq lii EUROPE. 4i5 Galalhee de J. -J. Rousseau, lorsqu'elle prononce les premieres paroles : Cest moi ! HoNGRiE. — Pest. — IVecrologie. — Jean de Bardozzi , ancien Jirecteur cUi gymnase royal, et conservateur de la biblotlicque de Leutschau, est mort a Pest, dge de 8t ans. II occupait un rang distingue' paruii les litterateurs de la Hongrie. II a public' plusieurs ecrits inte'ressans sur I'histoire de cc pays. SUISSE. GewiTve. — Societe heluetique des sciences natiirelles. — Eii 1817 , cette compagnie savante avait mis au concoursla question de savoir : « S'il e'tait vrai cpie les Hautes-Alpes de la Suisse fus- sent dcTcnues plus Spres et plus froides, depuis une serie d'annees. » Le pi'ix vient d'etre donne a M. Charles Kasthofer, inspectcur des forets a Unterseen , dont le IMemoire , plein de re- cherches laborieuses et de vues nouvelles , quoique borne dans ses ajiplications a I'un des cantons , au lieu de s''e'tendre a toute la Suisse comme le voulait le programme , a paru digne de cet en- couragement. M, Kasthofer a fixe particulieremcnt son attention sur les ava- lanches. II les distingue en quatre especes : avalanches de neige en poussiere , avalanches on masse , avalanches de glaciers , et avalanches glissantes. Les premieres , dit-il , sent les plus nui- sibles a la vegetation, en raison du courant d'air violent qu'elles etablissent ; ruunies aux secondes , ellcs commencent les glaciers. Apres avoir expose' les divers phenomenes des glaciers, il conclut qu'il y *d'autres causes de Taccroissement des glaciers, que Tin- fluencc des anndes froides ; qu'il n'est point prouvd que la quan- tite absolue de glace ait augmente sur les hautes montagnes de- puis des si^cles , mais que c'est un fait que ces glaciers sont des- cendus plus has , sans que ce fait cependant prouve rien pour le refroidissement de la terre ; enfin , qu'on ne pent demontrer que la limite inferieure des neiges soit plus basse, dans les Alpes, qu'eUo ne I'e'tait il y a plusieurs siecles. Aucune des quatre es- peces tVavalanches ne pent avoir lieu la ouily a des bois. Dans les endroits ou la force v^g^tative a diminue , il n'est pas possible, de prouver que cet efftt soit dft au refroidissement du climat. L'actionplus forte des vents et la diminution du terrain , dont ell« 4i6 EUROPE. cstla consequence, sonl lescansesimmediatesde ce decroissement , qui so fait remai<[uer surtout dans les lieiix ou les fovets ont etc dc'truites ,' parce que les courans d'air, plus violens qu'ailleurs , emportent la terre vegetale dcpouiUee de gazon par im trop long sejour de la neige. Ces fails et ces rdsultats une fois etablis, M. Kasthofer s'oc- cupe des inoyens d'y porter rcmede. Le premier do tons, a son avis , est le retablissement du gazon , que Ton avivera par des semis de plantain, plaiitn^o aljnni , de fenoiiU des Alpes, phel- laiiJrium iiiutcLliaa, ct par des engrais ; surtout, par des arrose- mens de Teau quis'ecoule des etables. II veut qu'on me'nage plus particulierement les bords supe'rieurs des forets, ettous les arbres egrenes qu'on trouve au-dessus de la limite des bois; que, lors- qu'on doit couper des arbres dans les hautes regions , on laisse au tronc un metre au moins hors de terre, pour prote'ger les jeunes plantes et contenir les neiges surles pentes escarpees. II conseille, 10 de seraer partout de jeunes azaleas, azalea procianbens ; sous les vieux sapins et sur les pointes les plus eleve'es , des aulnes des Alpes, hetula viridis , et des sorbiers, surbiis aucuparia ; dans les lieux escarpe's, au midi, le genevrier des Alpes, et igSo metres ou 6000 pieds plus bas , des melezes ; a" d'etablir des haies vives cntre ces plantations, principalement du cote du nord et de I'ouest j 3" enfin de conserver, avec une rcligieuse attention, les forets existantes sur les hautes montagnes, et de menager, dans leur interieur, les arbres qui se trouvent sur des roes proemi- nens. Tous ces moyens sont d'une application difEcile, quand on aa vaincre Thabitude des pftturages communs, la paresse,*l'interet personnel et de vieux prejuges ; mais on saura en proliter partout oil Tamour de la patrie et le bien-etre de ses enfans seront la pre- miere loi des Citoyens et de TEtat. — Histoire niiiurelle. — Musce. — Les salles de cet etablisse- ment national, dl\ en entier au patriotisme des Genevois , et qui ne compte qu'une anne'e d'exislcnce, seront bieutot insufEsantes pour contenir tous les dons qui lui sont faits journellement. Deja on est force de construire une salle supplementaire, rlestmee a recevoir I'eldphant noir tue a Geni^ve , au commencement de cette anne'e. — Ecoles de mathemaliques pures et appliquecs. — < Con- EUROPE. 4t7 vaincusde la grande importance il'une ecole oil les mathemati- ques [)mes et appliquees seraient enseignees siiivant Ics methodes uiodernts, et appuyts dc I'.ipprobation de professeiirs distingues, MM. Schaub, professeur honoraire de matbematiques a Tacade- mie de (.ieneve , etDuf'our, lieutenant -colonil dii ge'nie fede'ral, ool I'orme le piojet de cie'er un pareil etablisseraent, ou les jeunes gens d'une certaine force, aussi bien que les commencans , pour- j'ont entrer a diherentes epoques de Tanuee , pour suivre les le- cons a leur portt-'e. Get etablissenivi'nt , ouvert aux jeunes gens de tous les pays, q-ui yiennent chercber I'instructioi. a Geneve , sera utile tn par- liculier aux jeunes Francais et aux jeuues Suisses qui aspirtnt a I'e'coie polytccbnique ; ils y puiseront, en peu de tems et a peu de frais , toutes les connaissances txigees pour radmission. Enfln, les militaires suisses, qui en auront suivi les cours, se trouveront bien prepares pour tirer tout le fruit des exercices-pratiques aux- quels ils peuvent 6tre appele's dans les uouvelles e'coles militaires federates. Les eleves seront partage's en deux divisions, d'apres leur ins- truction. Chaque division recevra, chaque jour, une lecon alter- nativement de M. Schaub et de M. Dufour. 11 sera permis, en outre, aux eleves de la premiere division, d'assister aux lecons donaees aux commencans; ils pourront ainsi repasser facilemtnt les branches elementaires, qu'il est si important de se rendre fa- milieres. Les heures des lecons seront choisies de maniere a ne point empecher les jeunes gens de suivre les cours publics de philoso- pbie ou de belles-lettres. M. Schaub enseignera , a la deuxieme division, premiere annee : L'arithme'tique , I'algebre, la trigono- Hietrie rectiligne, la trigonoraelrie sphe'rique, avec ses applica- tions a TastronomiH-pratique, et Tusage de quelques instrumens j a la premiere division , seconde annee : Les eleraens du calcul diffe'rentiel , ceux du calcul integral, la dyramique. M. Dufour, a ladeuxieme division, premiere annee : La r,eome'trie, I'application de I'algebre a la gpometrie , coinprenant ies sections coniques , les applications de la trigonometric recliliyne a la ge'ode'sie, I'u- sage des instrumcns pour les levers sur le tenai'- \ a In premiere tlivition, seconde annee : La statique, la geonaetrie descriptive 5fOWE VIH, 27 4i8 EUROPE. avec ses applications a la perspective , a la thdorie des ombres , a la coupe des pierres, a la charpt'iile et aus elemensdes macliinesj la ge'ometrie analy tique superieure. On suivra dans cos difl'erentes Iccons les oiivrages les plus estimi-s. Les jeunes gens ne serontpas adtnis avant rttge de douze ans accomplis, et s'ils ne sent deja familiarises avec les premiers cal- culs de rarithmctique-pratique, sur lesquels on les examinera en particulieravanl leur entree. Les paieinens se feront par tri- inestre , et a I'avance , a raison de cent cinquanle j'rancs de France par trimestre. Celui qui ne voudra suivre qu'une des deux lecons, suivant sa convenance , en aura la faculte; il ne paiera alors que cent francs par trimestre. L'ecole ne s'ou vrira pas avant que douze personnes ne se soient inscrites , chez MM. Schaubet Duiour , de- meurant a Geneve, rue de la Cite, n° 221. ScHAFFousE. — Etnbliisement Je secoitrs pour les aveugles. — La direction de cet etablissement , forme dans cette vUlc, il y a neuf ans , a rendu compte de sa gestipn pendant Tannee re'volu* le 8 juin dernier ( brochure in-8° de iG pages ). Les dons faits, tant par des gens du pays que par des bienfaiteurs etrangers et par des voyageurs traversant le canton, ont augmente de pres d'un quart le fonds capital de la societe , qui s'eleve maintenant a plus de 5, 000 florins (1 1,000 francs). L'augmentation de revenu qui en resulte a de'cide les directeurs a etendre les bienfaits de I'institution. Ddja, dans Tanne'e qui vient de sVcouler, ils ont augmente les secours accordes aux aveiigles; ils se proposent maintenant de faire soigner a leurs frais , par des oculistes expe- jimentes , tous les individus appartenant a la bourgeoisie , que la crainte de la de'pense pourrait empecher d'en appeler assez tot pour prevcnir cette cruelle infirmite. Depuis I'anne'e 181 5, e'po- que a laquelle la societe a pu , pour la premiere fois , faire par- ticiper les aveugles a ses bienfaits , il a ete employe plus de 2400 francs a soulager 26 aveugles , dont i4 ont encore part a ce secours. Les dons faits a Fetablissement , pendant I'anne'e expiree auSjuin, s'elevent a environ 2700 francs. On remarque parmi les donataires la reine de Suede , la duchesse douairiere de Bade, les freres Casa de la Havane , M. Moorat , negociant a Madras , et M. Thornton, tresorier de la societ<$ biblique anglaisc et fitran"ere. EUROPE. 4,g 1TA.LIE. Knseignement mutuel. — Les progres de3 e'coles vont toujours croissant dans ce pays. D s"en e'tablit a Valence sur la P6 , a Ri- voli, etc. La Socie'te de Florence entretient des relations saivies avec le conseil de la Societe de Paris j elle a fait executer des porte-crayons solides et economiques , dent elle a envoye un «chantilloQ. PiEMOWT. — TuRitf. — Bibliogrnphie. — De'couferte de manuscrits classiques. — Labbe' Amadeus Peyron, professeurde langues orien- tales a Funiversite de Turin , a decouvert quelques fragmens de Cic^ron dans un manuscrit du monastere de Saint-Coloraban du Bobbio , ville sur la Trebia , dans les Etats du roi de Sardaigne. Ce manuscrit contient plusieurs fragmens de harangues dejA «onnues , telles que celles de pro Scauro , pro M. TiilUo , et des passages entiers de discours qui ne sont malheureusement pas ar- rives jusqu'a nous. Quelques-uns deces fragmens avaient deja e'te publics par M. Majo, d'apres un manuscrit tire' de la meme bi- bliothequc , et depose ensuite dans la bibliotheque ambrosieune Les tableaux re'dige's enlangue grecque sont deja traduits, en partie, en langne moldave, et nous esperons voir, souspeu , des ecoles s'etablir dans les autres villes et les principaux bourgs de la Moldavie. L'instruction primaire se repandra ainsi dans toutes les classes de la population.... w Ns. deRossetto Roznovano. Progres de la litteratwe — Graces aux progresrapidesdesGrecs modernes dans la civilisation et dans la litle'ralure ( voy. ci-des- sus pag. 190, et Tome VII, pag. 620) , leur langue commence .t se populariser en Europe. Weigel , libraire de Leipsick , a publie' un excellent Dictionnaire et une Grammaire degree modenie, par le professeur Schneider. On a dernierement fait parattre aussi , en Angleterre , une petite Grammaire de la langue grecque moderne, par le docteur Robertson, membre de la Societe des Philomuses d'Alhenes, et de I'Academie des lies loniennes. Les editions ste're'otypes des auteurs grecs , publiees par Tauchnitz , de Leipsick , circulent dans toute la Grece , el s'y vendrnt a un prix tres mode're'. Weigel prepare dans ce moment une edition soigneusemeqt corrigee des principaux ^crivains en prose, et EUROPE. 423 des meilletirs poctes gvecs, sous le titre general de Bibliotlteca Grceca. Les obstrvations sur la ge'ogragliie de ce pays acquicrent chaque jour un nouveau degre de certitude. Les ouvrages topo- graphiques du savant sirWilliam Gell, sur Argos, ithaque , et la Moree , peuvent passer pour classiques ; son Jtinerairede la Grece est aussi une acquisition pre'cieuse, dont nous avons rendu compte ( voy. T. IV, pag. 493). II est muintenant occupe a dresser une carte de toute la Grece , sur une e'chelle d'un pied par degre: le colonel Leake I'aide dans ce travail. —La Societe athenienne des Philomuses , iostitue'e en i8i5, se propose d'envoyer oiiattv- jeunes Grecs en Italie et en Allemagne, pour achever leur e'duca • tion. Cette Societe' est compose'e de 3oo membres , dont la plupart sont e'trangers. Enseignement inutuel. — Extrait .FERir.rBE. — Agricullure . — M. Chal fils, proprie- taire, est parvenu , avec un zele qui miTite lis pbis grands e'lo- ges , a naturalisfr, dans C(' dc'partement, le beau fcuvlier baumier (paupulus balsumifera ) tie la Virginia et de la Caroline. 11 serait a de'sirer que la culture de cette utile varie'te se re'pandit de plus en plus; elle est anssi remarquaiile par la de'licatesse de son feuil- lage que par son oJeur, qui parfume I'air a Finstant de sa flo- >aison. Meuse. — Chinirgie. — SuriJite. — On avail annonce que M. Deluau, me'decin dans le de'partement de la Meiise, avait pra- tique avec suoces Tope'rafion de la perforation du tympan , qui a pour but de ri'ndre le sen? de Touie aux sourds-muets. M. De- leau n'e'ft point I'inventeur de cefte operation, qui est decouverte depuis long-tems. 11 le reconnait lui-meme , et annonce qu'il va publier un (Meraoire sur un instrument de son invention, dont il a obteau d'utiles re'sultats. M. Del'-au n'est point le seul qui ait tourne ses m<'ditations vers ces utiles perfci'tionnemens: M. Du- camp,jeune medecin d'un grand merite, qui exerce sa profession a Paris, est aussi I'inventeur d'lm instrument qui a e'galement pour but de faciliter I'ope'ralion de la perforation du tympan. Ille-Et-Vilaine. — DoL. — Techmtlngie. — fabrication des huiles. — M. Ecouchart, de Del , est parvenu a introduire, dans 4a6 EUROPE. les piocdde's ordinaires pour Yexpression dc ihuiU 9 EUROPE. 4*7 beau marble. Ces decouvertes , propres a faciliter Fetude de Tart chez les .mciens, ne sont qu'un pn'ludc a d'aiilres pin*: impor- tantes it plus nombreiises. Ues colonnades tie marbre etde gianit, que Ton a tiouvees en faisant un fosse a Touestdu biitiment tber- mal projete , ne laissent pas de doute sur Texislence d'un ancien temple. OisE. — ]\oGENT-LEs-ViERGEs. — ^On avail deconvert , en 1816, dans cette comaiune , une grotte qui rent'ermait un nombre considerable d'ossemens bumains. En continuant, cette annee, .les fouilles, on est parvenu a deblayer le reste de cette grotte, situee a gauche de la route de Creil a Clermont , et elev^e d'en- -viron cinquante pieds au-dessus du niveau du chemia. C'est en creusant le tuf de la montagne , qu'on a trouve cette espece de galerie , dont la paa'tie superieure , formee d"un banc de rocbe , nepermettait point de se tenir debout. La longueur, dans la di- rection du nord au sud , est d'cnviron trente-six ou trcnte-sept pieds, et sa largeur, de sept. Lorsqu'on pene'tra dans cette ga- lerie, eUe renfermait des corps qui paraissaient avoir ete couche's par lits, les uns sur les autres , et recouverts dun sable sec, des- ■ tine , sans doute , a les conserver. Le sol e'tait couvert de dalles brutes , d'un pouce ou deux d'epaisseur, et telles qu'on en trouve encore a peu de distance de la , dans le lit d'un torrent. Les dif- fe'rentes asperite's ou concavites que pre'sentaiint ces dalles, e'taient egalisees au moyen de pierrcs plus petites. C"etait sur cette couche de dalles , que I'eposait le premier lit de corps. On n'en a trouve' aucun entier ; tous les os e'taient detache's les uns des autres, mais on a garde' un certain nombre de tetes restees dans leur entier. On a remarque qu'en general eUes avaient le nez tres enfonce' et au niveau des yeux, que le menton elait tres pro- nonce et les dents infe'rieures presque toutes intactes. Ces tetes paraissent, en grande partie, avoir appartenu a des hommes forts et robustes. Parmi elles, sY-st trouve un cr3ne dont To* parietal gauche oil re une grande ouverture, provenantd\me bles- sure qui, cependant, n aurait pas empeche Tindividu de vivre en- core long-tems apres cet accident. Au milieu de tous ces corps , on a rencontre une petite hache de pierre , d\in silex blanc tres dur, et un autre instrum-ml egalementen silex , mais d'un travail- plus grossicr. De nouvelles fouilles ont perrais d'ai-river jusqu a 498 EUROPE. Tentre'e de la galerie, dont il nc rostc qu'nne partip : c'est iiti« pierre de roche de quatre pieds dc largeur, forraanl line cspore dc marche ct deux montans, dont Ic haul a ete brise et emport^ probablenipnt avec les tcrres qui formaient la voftte de cette j>artie. Tmit aiitour de cette pierre regne unc fcuillure, qui semble indiquer rrmpjacemenl de la porte ; mais il serait dillicile d'aflir- mer avec quelle espece d'instrumcnt cette feuillure a pii etre trace'e , car tous ses angles , soit rcntrans , soit saillans, sont ar- rondis, et semblent avoir ete formes avec beaucoup dcdifEciilte's. J. G. B. DoB. SOCIETES SAVANTES ET d'uTILITE PUHLIQUE. Angocleme. ( Charenle. ) — Socicte d' agriculture.. — Dans la seance publiqiie.du 4 mai i8-2t, cette compagnie de'cernera une medaille d'or, de la valeur de deux cents francs , a Tauteur dii meilleur proce'de « pour oter a Thuile de noix les principes e'chauffans et nauseabonds qu'elle contient, afin de la rendre propre a remplacer Fhuile d'olive sur les tables, et a etre em- ploye'e pour reclairage. n Une medaille d'argent sera accorde'e a celui qui , sans avoir rempli toutes les conditions du concours , " aura apporte' dans cette partie les ame'liorations les plus impor- tantes. En 1822 , cett Soeie'le', a Tinstar de celle de la Haute- Garonne , remettra cinq prix , de cent francs chacun , aux cinq me'tayers les plus me'ritans ( un par chaque anoudissement de la tharente). Les concurrens devront fournir un ccrtificat du pro- prietaire au service duquel ils seront, constatant une residence d'au moins dix annees dans le domaine , de bonnes moeurs , une probite a toute epreuve, un grand soin des bestiaux , de Teco- nomie dans les fourrages, une grande aptitude au labour, et de la diligence dans les differentes facons a donner aux terres , cnfin toutes les qualites qui concourent a former un bon metayer. Bordeaux ( Girnnde). — Socicte royale de medecine. — Seance publique du 28 aoClt 1820. — La Soriete, d'apres le voeu que feu M. le docteur de Ponsard, membre honoraire de la Societe, avait exprime dans son testament, proposa en 1818, pour sujet d'uu prix de la valeur de 400 francs, dontM. de Ponsaid avait fail les fonds, et qui doit Itre de'cerne dans la se'ance de ce jour, la ques- tion suivante : « Quelle est la me'thode la moins coftteuse , et en EUROPE. 429 * m^me terns la meilleure, d'engraisser les terres a froment? j) Le Memoire porlanl pour e'pigraphe ce vers de Delille : L'or natt dans ces sillons qu'enricliit la culture, a paru a la Societe' remplir le voeu du donataire. L'auteur est le docteur Guillon, ancicn chirurgien-major des armecs du roi , membre correspondant de plusieurs Socie'te's sa- vantes , doinicilie proprietaii-e et cultivateur a Kauzan, arron- dissement de Libourne , departement de la Gironde. La compa- gnie lui a decerne' le prix. La Societe' avait remis au concours Tannee derniere la questioa Auivante : « Quels sontlesresultatsd'unaccroissementtroprapidc? Quels sont les moyens d'en mode'rer les j.rogies , s'ils deviennent nuisibles , et de remedier aiix accidens qui en sont la suite?« Elle avait pronais dedecerner, dans la se'ance de ce jour, un prix de la valeur de 3oo francs a l'auteur du Memoire qui auraitle mieux traite cette question. Parmi les Memoires que la Societe' a recus, elle a distingue celui qui porte pour e'pigraphe la sentence sui- vante : « Le devoir du medecin est de se preserver de tout es- prit de systeme, de s'appliquer a connaitre les cas ou il doit agir, etceux ou ildoit etre simple spectateur. » (Bordeu , malad. chron. , pag. 99. ) Ce Me'inoire est I'ouvraged'un praticien eciain: et bon observateurj mais il a c'te compose avec precipitation , et- sans avoir ete' suffisamment m^dite. La Societe' voulantne'anmoins re'compenser les efforts de l'auteur , lui accorde une mention ho- norable. Cette question , qui n'a point encore etc traile'e d'une maniere satisfaisanle, a paru trop importante pour la relirer. La Socie'te la remet au concours, et elle promet un prix de la valeur de 3oo francs , avec une medaille d'or de la valeur de 100 francs, qu'elle decernera dans sa seance publique de 1822. La Societe rappelle aux concurrens qu'ils ne doivent point se livrer a des re- flexions tirees d'une subtile ide'ologie. Elle veut un Me'moire rempli de faits positifs, que la medecine pi-atique puisse avouer sans contestation. Dans son programme de Tanne'e derniere, elle a propose un prix de la valeur de 3oo francs , qui sera de'cerne dans sa seance publique de 1821 , a l'auteur du meilleur ouvrage e'le'menfaire sur Ceducation physique des enfans. L'auteur devra se borner a expo- ser, avec concision et sagesse,lesbonsprincipes sur le regime des 43o Europe. enfans, et toutes les regies qui doivent diriger ceux qui sont charge's de leur education corporelle. Les relations raarilinies que le commerce de Bordeaux cntre- tient avec le nouveiiu monle, les Indes et le Levant, exposant cctte ville a reeevoir de ccs contrees les maladies contagieiises qui y regnent presquc constammi'ut, il a e'te reconnu res observations sur les eflets particuliers de cette me'thode salutaire. Dans le noinbre des Rlemoires qui lui ont ete' envoye's, la Societe a dis- tingue : 1° « Un tableau des vaccinations pratique'es dans le can- ton de Sainte-Foy, pendant I'anne'e 1818, avec un rapport his- torique de la propagation de la vaccine dans ce canton , » par M. le docteur Broca , medecin a Sainte-Foy; » 2" « Un tableau des vaccinations pratique'es a Bordeaux pendant I'anne'e 1819, m par M. le docteur Liaiibon , medecin a Bordeaux. La Societe accorde a chacun de ces medecins une mc'daille d'argent. La Compagnie promet d'aulres medailles aux praticiens de ce departement qui , dans le courant de I'anne'e , lui enverront de nouveaux tableaux, en se conformant aux conditions suivantes : « Les tableaux, dft- ment le'galise's , doivent renfermer le nom, le prenom, I'^ge, le sexe, le domicile , I'etat des enfans vaccines, el les observations interessantes a recueillir. » Les Me'moires , ecrits en latin ou en francais, doivent etre remis chez M. Dupuch-Lapoiate, secre'taire- ge'ne'ral de la Socie'te', avant le i5 juin. Chalons {Marne). — Societe d' Agriculture , Commerce, Sciences et Arts. — Stance du 5 septembre 1820. — M. Gobert- BoissELLE, pi-esident annuel, ouvre la seance par la lecture de « Conside'rations sur les avantages des petites proprietes rurales.u M. Caquot , secretaire , rend sommairement compte des tra- vauxde la Socie'te, depuis saderniere se'ance publique, et du re'- sultat des concours. M. Vanzdt lit un discours sur « I'Etat com- pare des sciences et des arts, particulierement de I'agriculture chez les anciens et chez les modernes. » M. le docteur Prin lit un discours sur a I'Hygiene publique en general. » M. le secretaire 433 EUROPE, donne lecture du progiamnie di'S prix jiroposc's pour 1821 et 182a. IVI. If prefet , occupant le fiiuteuil . apres avoii' adrcssc a M. Lois- son , membre 1 orrespnndant , dUionoi.iblf's iclicifalions, lui rc- jni!t , an notn de ba Majeste, une meuaille d'argont qui lui est decernre pour ses travaux agrirolcs. M. le president annuel pro- clatne , ainsi qu'il suit, les notns des coucurren'; que la Socie'te a cru devoir distJDguer : 1". Line mention honorable a M. A. A. S. ' Bedfort, auti-ur du Memoire sur cette question : « Quels sont, sous I'empire de la Charte, et dans letat aclutl de la trance, les moyens les plus pro (rres adevclopperet a fortifier Tesprit public ?» 2". Une medaille de premiere classc a M. P. E. Kemy, chirurgiea a Ch9tillon-sur-Marne , auteur d'un Mi'inoire sur cette question : « La cloture en haies vives des terres arables et des pres , serait- elle avaiitageuse a raf;ricnlture du duparttment de la Marne? » 3". Une mt'daille df pr' rait'veclasse a M.CIialette, ge'ometredu ca- dastre, auteur d'une « titatistique du cantondc Sompuis. » 4°. Une medaille de premiere classe a M. Francois Mandel, doyen des pharmacicus a Nancy, auteur d'un proccde simple etpeu dispen- dieux , pour pre'server les murs de craie des atteintes du salpelre. La Socie'te' de'cernera , dans sa se'ance publique du mois d'aoflt i8ai : i". Une medaille 4'or de 3oo fr. an moilleur Memoire sur cette question : « Quel est , dans Te'tat artuel de la France , et dans ses rapports avec les nations etrangeres , le degre d'extension que rindustrie , dirige'e vers I'inte'rct national, doit donner aux difle- rens genres d'inventions qui suppleent le travail des hommes par le travail des maclunns?)) 2°. Une medaille d'or de 200 francs au Memoire le plus safisfaisant sur ce snjft : « Dt'terminer quelles sont les maladies qui attaquent particulierement les labourturs , les jardiniers et les viguerons du de'partcment de la Marne j en re- chercher les causes j indiquer les moyens de les pre'venir et ceux de les gue'rir. » Ella continue d'oflrirdes prix d'encouragement , 10 a Tauteur de la meilleure Statistique d'un canton du dt'parte- ment de la Marne ; 2° au mcdecin ou chirurgien de ce departe- ment , qui aura vaccine le plus grand nombre de sujets pendant Tanne'e 1821. Le prix sera decerae dans sa seance publique du mois d'aoCit 1822. Dtjon ( Cote-d'Or ). — Acaddmie des Sciences , Arts et Belles- EL ROPE. 43J f.ettrcs de Dijon. — Reclamation. — Siir la foi de plusieurs jour- naux , nous avions annonce ci-dessus , page 204 , que TAcademie de Dijon avail mis au concoiirs !a question siiivantc: « Quelle est I'iuflucnce des tiieiltres secondaires sur les moeurs des peuples, sur la litte'rature et le goftt? w Le secre'taire de celte Societc'nous ccrit qu'elle n'a jamais propose celte qucslion , ct qu'il ii^nore quelle est TAcademie a qui elli'appaitient. — Celle de Dijon a mis auconcours, pour 1821, la question de piiysique suivante : aJus- qu'a quel point pcut-on, dans Te'tat actuel de la physique, expli- quer les phenomenes me'tc'orologiques aqueux? » Le prix est une medalUe d'or de joo fr. ; les Menioires doivent etre adresse's au secretaire de I'Academie, avant le i'^'' mars procliain. PARIS. Institut de France. — JYote sur les dernieres de'couuertes dans les jners arctiques , lue a V^lcadcniie des Sciences, dans sa-seaiice du 20 novenibiv 1820, par A/. Moreaij de Jojvnes, correspondant de r Academic. — Si , dans le petit nombre de de'tails j)ublies jus- qu'a present par Famiraute d'Angleterre, surl'expedition du com- modore Parry . on cherche quels sont les re'sultats geographiques donnas par un premier apercu, il s'en pre'sente deja plusieurs d\m grand interet. On salt que, dans le voyage de de'couvertes exe'cute en 1818, sous le commandcment du capitaine Ross , les b^timens anglais I'A- lexandre et I'Isabel/e s'avancerent dans I'ouest de la mer de Baffin , iusqu'au-dela du 80' dcgre' de longitude occidentale, meiidiende Londres. Le commodore Parry ayant pe'n^tre' , cette anne'c , par la passe de Lancastre , jusqu'au meridien de la riviere Mine-de- Cuivre, decouverte par Hearne, il doit avoir atteint le iio^ de- gre de longitude occidentale, et consequemment etre parvenu a 3o degres plus a Touest , qu'on n'avait encore pu le faire. Comme il parait ne s'etre pas e'carte beaucoup , dans sa route , du ^oe parallele, et que, sous cette latitude, le re'tre'cissement des degre's de longitude est tel qu'ils ne contlennent plus chacun que qiiinze milles et demi , c'est d'environ cent quarante lieucs au-dela du rivage , deja reconnu , de la mer de Baffin , que Fex- pe'dition anglaise s'est avance'e, vers Toccident, dans I'Oce'an-Arc- tique. D y a a peu pres 20 degres entre la riviere Mine-de-Cuivre TOME VUI. 28 4^4 EDROPlv et c«'l!e ej 3° que la mer dc Baffin u'est point une baie, comme on Ta cru pendant si long-tems; qu'elle forme Tune des j)ariies de TOcean-Arctique , el qu'elle commu- nique avcc lui par le detroit de Lancastre, de meme que, par le detroit de Behring , avec la mer du meme nom; /[" que le Green- land ,<|ui n'appartient point, ainsi us avons pu Tobserver : le' et 2' comptoirs. — Cos deux, comptoirs ou divisions presontent deux dogre's distincts de la science elemenlalre du commerce , et sorvcnt a preparer les e'leve* pour entrer dans 1« 3' coinptoir dc pratique simulee; la ligne de ELROPK. 437 demarcatioti est tellement tracee cnlre cux , qu'aucun elevc ue peat passer du i" au 2e comptoir et do celui-ci au 3*, sans avoir subi trois examens tres rigoureux , d'abord dn chef de son cimp- toir , ensuite , dii censenr des etudes, enOn , du directeur. 3'' comptoir. — Celui-ci distingue e'mintranient TEcole spe'ciale de commerce de toutes les autres institutions. Qu'on se figure des jeunes gens installe's chacun dans un bureau separe . oil se ras- semblent leurs livres , leurs cartons , leur caisse. leur porte- fenille , etc., etc.; qui reooivent, en y entrant, un fonds capital com- pose de billets de banque graves a Tusagc de I'Ecole , de monnaies factices de toutes valeurs pour les appoints, et de letti'es- de- change sur diverses places de TEurope. Ces jeunes gens , qui representent chacun nne maison de com- merce d'une ville de France ou de Tetranger, correspondent entre eux , comme de vrais negocians , lient des ope'rations de commerce de tous les genres , font des recettes et des paiemens , des achats, des ventes et des livraisons, se transportent a la bourse qui est dans le local , et la , les uns , comme agens de change, les autres, comme courtiers de commerce; ceux-ci, comme spe'culateurs , armateurs ou banquiers; ceux-la, comme simples commissionnaires , negocient leur papier , ou traitent des marchandises d'apres les cours publics qu'ils ont sous leurs yeux, pour les diflerentes places de TEurope. N"est-il pas vraiment interessant ce musee commercial , e'rig^ dans Tetablissement ou ces negocians fictifs apprennent a con- naitre toutes les marchandises et les matieres premieres, tant in- digenes qu^exotiques , qui entrent dans la circulation du com- merce ; se famUiarisent avec leurs nuances et leurs qual.tes , avec leurs avaries , leurs poids , leurs tai'es , leurs enveloppes , les con- ditions de vente , d'achat , de livraison , et , a Taide d'echantillons qui leur sont fournis, trafiquent aussi reelleraent qu'ils le fe- raient dans les ports de Londres ou d^Amsterdam? Le cours d ins- truction comprend, d'uncote, les langues vivantes , le francais, i'anglais, Tallemand et Tespagnol, qui sont enseignees par des pro- fesseurs habiles et verses dans les usages et dans la science du com- merce ; de Tautre, la le gislation commerciale , Feconomie politique, la geographic et la statistique commerciale. Onnepeutdouterque Jes jeunes gens qui auront voulu proliter de tous les moj'ens 438 EUROPE. d'instruction qui leur sont ofTerls, nc tlevifinncnl des honimes ca- pables de i'aire distingucr leurs noms dans riionorable caniurc a laqiielle ils sc destinent. \S Ecole specinle Je commerce est elablie rue Saint-Antoine , n" i43 , dans un fort bel hotel (jui fut autre- fois occujie par Sully. — Conseivatoire Jes ails et metiers. — La liouvelle erole fonde'u dans ce bel elablissement , a I'ancienne al>haye Saint-Martin, rue Saint-Martin , doit .s'ouvrir Je samedi 2 decenibre, et les cours se continueront ainsi qifil suit : CouRS tie ntecanlqiie appliquee aiix aits; professeur, M. Cliarles DupiN, de rAcademic dcsSciences; Ic hinJi dc chaque seniaine, a unehrurc aprcs-midi. CouRS rix de la souscription est do 120 francs popr les homraes, et de 60 francs pour les dames. — Le bureau pour les abonncmens est ouvert , tous les jours , au se- cretariat de rAthenc'e, rue do Valois (ci-devant rue du Lycee) , n" 1 , au coin dc la rue Saint-Honore et de la place du Palais- Royal. PuRLTCATiows NocvF.LiEs ET PROCHAiifES. — Methode pour Tcn- seignemenl des langues ; par M. J. -J. Ordinaire , recteur dc I'Acadeaiie de Besancon, — Tel est le titre dun ouvrage duplus hautinteret, public chez Colais, rue Dauphine , n''?ia, et qui est attendu avec la plus vive impalience par les raembres du corps enseignant, et par les peres de fjniille auxquels M. Ordinaire a communique ses idees. D'apres cs que nous avons pn savoir, cet ouvrage se divise^^n deux parties. La premiere, qui est actuel- lement sous pressc , comprend : lo I'exposition des prinripes de I'auteur; 1° leur application a la langue latine, avec les tableaux tst le manuel ne'cessaires tant a I'instituteur qa'aux cleves. II pa-" rait qu'aii moyen de cctte methode , non-seulement les e'leves ap- 44o EUROPE. prendraknt phis \\le, mais encore que leurs coiinaissances sc- raiont plus titenducs , niicux liccs ct , par consequent, plus du- ra'iles. INous donncrons, dans notre prochain cahier, Tanalyse d'un ouvra;^c qui scmble devoir amener d'importantes rcformes dans rinstriictiin publique et particulicre. — /)e forguniifition de la puissance civile , dans Fintcret mo- narchique , ou De la ndcessild d'institucr les administrations de- vartementales et municipides en agcnccs collectives. — L'auteur s'est propose de deraontrer : i° que radministration doit etre or- ganisee cojnnae la justice , Tune et I'autre etant des parties de la meme puissance appliquee a des objets difl'erens; 2" quale mo- narquedoit s'interdire toute juridiction directe , ou cense'c telle, dans les contestations administrativcs ct judiciaires; 3° qu'il n'y a plus d'unite dans le pouvoir, et,par conse'quent, point de mo- narchie, qnand Ic pouvoir ne re'side pas entre les mains des mi- nistres auxquels il est delegue ; 4° enfin , qu'on ne peut arreter le coursdt'S delegations subsequentes, fixer invariablcment le pou- voir an jiied du trone , e'touflerle germe sans cesse renaissant des ambitions et des entrcprises polygarchiques, qu'en donnant aux agenccs inferieures des formes composees , et , au systeme muni- cipal , le caracture d'une administration veritablement communale. Nous oflrirons a nos lecteurs , en tems utile , ime analyse de cet ouvrage , dans laquelle on exposcra et discutera les principes qui servent de base aux propositions de I'auteur ; principes de- duits de I'examen et de la comparaison des divers systemes judi- ciaire , administratif et municipal qui se sont succedes depuis le cinquieme siecle jusqu'a nos jours. M. Denugon, imprimeur, rue du Pot-de-Fer ,no i4, est I'e'di- teur de cette iraportante production , qui sera raise en vente, dans les premiers jours de decembre 1820, chez A. Eymery, rue Mazarine , no 3o; Be'cbet, quai des Augustins, n" 67 } et Uelau- nay , Palais-Royal , galeries di; bois , n"s 243 et 244- — Traite des nullites de tout genre , de droit et de forme, ad- vnses en matieres civiles par les noiweaux Codes et la jurispru- dence des coiirs , avec I'esprit de Pancien droit j par M. BinET, an- cicn jurisconsulte, juge de paix a la Rochelle , auteur de divers ouvrages de jurisprudence, de morale, etc. EUKOPE. 4 if Le pris lie Touvrage sera de lo francs , pour les personnes qui souscriront aviint la mise en vente du second volume. Passe cette e'poiiue, le prix sera de lafrancs. Pour recevoirles deux volumes, par la poste, on ajoiitera a fr. 5o cent. Le premier volume sera en vente Ic i"' de'cerabre , et le second, le i"' Janvier 18-21. Pour etre souscripfeur, il suflit de se faire inscrire chez Arlhus Ber- trand , libraire-e'ditcur, rue Hautefeuille, n" 23, a Paris. — Description lie VEgy-j'te, ou Recueil des observations et des recherches faites en Ee;ypte pendant Pexpe'dition de Tarmee fran- caise. Seconde edition , dediee au roi. Publie'e par C. L. F. Panc- KoccKE ; aS vol. in-80 de teste et 900 sravures format grand atlas, grand aijile , grand monde , format dit grand Egypte , etc. Ces gravures sonl imprime'es sur les cuivres memes de la premiere edition , dont il a ete tire peu d'exemplaires. L'ouvrage paraitra par livraison de cinq planches, chacune format iOTrt/if^flt&i , imprime sur papier fin et satine. Ce papier est aussi beau que celui de la premiere e'dition. Le prix sera de 10 francs chaque livraison etiquete'c. On paicra en souscrivant deux. ' livraisons a Vamince, qui seront les deux dernieres de Touvrage. Lorsqu'il sera inse're'uneplanclie^^ra^Jrttij/eou forma t;^'rflnr7mo;irfe ou Egyple dans tine livraison , cette planche representera deux planches du grand atlas pour le prix, et la livraison tie contiendra alors que quatre planches, dont le prix sera toujours de to francs. II n'existe que vingt-quatre planches des plus grands formats dits grand monde et Egypte (t). Les volumes de texte in-8°, imprimc's avecdes caracteres neufs cice'ro, sur tres beau papier, sont accompagnes de vingt-huit planches. Le prix de chaque volume de texte, j- compris ces uingt-hitit planches , sera de 7 francs , et franc de port, de 9 francs. La liste (1) Ainsi , grSce a la munificence du gouvernement, chaque planche d'un format gra'id atlas, sur tres heau papier satine, sera drmnee aux souscripteurs pour 2 francs, et chaqu. planche frand nigle et grand Egypte, pour 4 francs; les premieres vau- raienl dans le commerce 36 francs : un portrait de ce format a coflte Gooo fr. de gravure; les plus grandes planches vaudraient dans le commerce 6n a 80 francs : des planche j de'tachees oat ete payees dans les ventes 100 a 1 5o fr. 4J9 EUROPE. lies souscripfcnrs sera imprime'e a la iindc I'ouvrage, sous le titer de souscrii'tenrs associes et Jondateurs ile cctle cililion. Aiicum- souscription ne pouvait ctre annoncce sous des auspices plus ia- vorahles. La preraiire edition sera bienlot entieremenl achevec. Lcs souscripteurs sent assures qtie la secoudc edition u'attendra , pour efro terminee, que le tenis qn'ils cxigeront eux-niemes : ici la celerile ue pourra nuire a la perfection. Dans les cinq plan- ches de chaque livraison , on placera deux ou trois d^anliquites, uue oudeux d'etat moderne , une dliistoire naturellc ou de geo- graphic. II paraitra une ou deux livraisons tous lcs vingt jours , ce qui fera une dc'pense de moins de vingt francs par mois. Plus tard , les livraisons se succederont jilus rapidement, selon ledesirdes souscripteurs; et, comme toutes les planches sont gravees, la pu- blication entiere pourra etre terminee dans deux ans, ou deux ans et demi. La souscription est ouverte a Paris, dans les bureaux de la seconde edition de la Description de I'Egypte , rue des Poi- tevins , u" i4 , oii Ton pourra voir une partie des planciies irapri- mees, et chez tous les iibraires de Paris, de la France et de I'e- tranger. lY. B. Les jouruaux annonceront la publication de la premiere livraison. — Le libraire Galignanifera paraitre, a Paris, dans la premiere quinzaine de de'cembre , les f^oyages , recherc/ies et decoui'erles de M. Belzoni dans P Egypte et la Nubie , siiivis de ses excur- .sions a Tancienne Berenice et a TOasis d'Ammon j traduils de Tanglais , et accompagne's de quelques notes, par M. Depping. i vol. in-S". On pourra joindre a cetle relation un atlas de gra- vures coloriees qui se vcndra separement , et qui representera les objets decouverts par le ce'lebre voyageur dans les temples, py- ramides, tombes, etc. , des bords du Wil. — Corps des auteurs latins , ou Collection complete des ecri- vains de I'ancienne Rome , avec la traduction frani^aise en regard du texte. — Resolus a proliter des travaux philoiogiques , qui, dans les diverscs contre'es de TEurope , ont si puissamment con- tribue a rinteliigence *le la docte antiquite', les c'diteurs ont en- trepris de rassembler, dans une seule ct mtme edition, tout C€ qui nous reste de la litte'rature latine propremeul dite , avec uue EUROPE. 4P version francaise place'e en regard du loxle. Ce qui n'a pas e'tc tra- duit, le sera avec le plus grand soin ; ce qui I'a dcja etc' plus ou moins heureuseraent , reparaitra avec les changemens et fes cor- rections ne'cessaires ; entin , les auteurs qui ont eu dc mauvais interpretes, seront reprodiiits d'line maniere plus digne du terns actuel. Ainsi , tout Touvrage aura le mcme caractcre , et semblera sorti de la meme main. Les noms des liommes de lettres charges de tons les travaux relatifs a sa publication, ofl'riront aux snus- cripteurs une sftre garantie du merite de celte imporfante collec- tion. M. TissoT, successeur de Delille a la chaire depoesie latine d u College de France, donnera des soins a I'entreprise. M. Aigwan, te serie. AUTEURS. OUVRAGES. VOLUBIES. Caton De rEconomie rurale. — Fragmens. ... i Varron De rEconomie rurale. — Dc iaLanaiie la- tine. — Fragmens 2 ViTRCVE. ,. .... De i'Arclntecture a .PojiponiusMela. . (Josmograpliie i Columelle .... Di, lEconomio rurale— Des Aibrcs . . . 2 :l 4!i4 EUROPE. R Pliwe Hisloire naturelle lo Fbontin Des Aqiifdiicsdc la villc JcRome. — Qua- tre Livres de Stratagcmes. — De la Qua- lite des Tcrres a Aulu-Gell£. . . . Nuits altiques 3 Apulee L'Ane d'Or. — Discours siir la Magie. — — Livre du Monde. — . Livre du Dicu de Socrate. — Trois Livres sur ie phi- losophe Platon. — Fiorides 3 Ampeltus Me'morial "1 Censorin Du Jour INatal > i Julius Obsequens. Des Prodiges .J Palladius De rEconomie rurale i SoLiw Livre des choses nie'raorablesdu Monde."' Apicius Des Mets et Assaisonnemens. . . MoDESTUs Sur TArt mililaire Sextcs RuFus. . . Appendice des Victoires et Provinces du Peuple romain. — Livre sur les Diffe- J rens Quartiers de la Villede Rome. PoBLirs Victor. . Livre sur les Differens Quartiers de la i Ville de Rome Symmaqce Dix Livres de Lettres Vecece Appendice de I'Art roilifaire. — Quatre Livres sur I'Art ve't^rinaire i Macrobe Les Saturnales. — Commentaire sur le SongedeScipion. — Difle'rences et Rap- ports des Langues grecque et latine. 3 SiDoiNE Apoliikaire. Ncuf Livrcs de Lettres. — Discours. — Vingt- quatre Pieces de Poe'sie, parmi lesquelles se trouvent trois paue'gyri- ques 2 Total 3G Chaque livraison sera composee de deux volumes ; il en pai-aitra une chaque mois. La souscription est ouverte, pour la quatrieme s^rie seulement, chez Everat, imprimeur-libraire, rue du Ca- dran , n" i6 , » Paris. Prix, G fr. le volume, pour Paris, et 9 fr. EUROPE. 445 5oc. pour les de'partemens. En recevant la premiere livraison, on paiera la premiere et la deuxieme ; en recevant la deuxieme, on paiera la troisieme , et ainsi de suite. La souscription , pourcette qnatrieme se'rie, devait etre ferinec au i5 oclobre dernier, et le prix de chaque volume porte a 7 fr. pour Paris, et a 8 fr. 5o c. pour les deparlemens. On pourra souscrire se'parrment pour les Saturnalias de Ma- crobe ( qui composeront la premiere livraison , et dont aucune tra- duction n'a encore e'te publie'e jusqu'A ce jour) , a raison de 6 fr. 5i) cent, le volume, pour Paris, et de 8 fr. pour les departemens. Beaux-Arts. — Quatre tableaux de HI. Ducis , re:irtsentant les pri/icipaux epenemens de la vie du Tasse. — M. Ducis , I'un de nos plus agreables peintres d'histoire ct de genre , neveu df notre celebre poete tragique Ducis, et beau-frere de notre grand acteur tragique ya/wa, a complete, pour la derniere exposition du Muse'e, la collection de tableaux qu'il avail comraencee , il y a pres de dix ans , et dans laquelle il s'etait propose de representer les prin- cipales scenes de la vie du Tasse. Ces tableaux , au nombre de quatre, forment une sorte de drame en quatre parties , qui reunit le double meritc de runite dlnter^t , puisqu'il s'agit du mem« personnage conside're' dans quatre epoques difl'erentes , et dune grande variete , puisque les divers ev^ncmcns, ainsi rapproches, ofl'rent souvent des contrastes remarquables. La premiere de ces compositions nous montre le Tasse lisant it la princesse Leoiiore , qu'il aime, un episode de la Jerusniein dt'- liiree, ou file est representee sous les traits de Sophronie. La physionomie du poete brille alors de tout re'clat de la jeunesse , de Fesperance, de Tamour et du bonheur. Le sujet du second tableau est la captwile du Tasse , et Fdtat de demence et d'abandon ou le trouve Michel Montaigne , en passant a Ferrare. Les yeux et les traits du chantre d'Armide peignent a la fois le ge'nie et la folie. Ses yeux egare's , qui lancent des eclairs et semblent trahir les secrets de son ame , font ressor^* tir davantage la figure calme et froide du philosophe , qui vient observer le poete dans ce cruel etat de degradation et d'infortune. Dans le troisieme tableau , le Tasse , apres avoir brise ses fers , «st parvenu, convert des lambeaux de la misere , jusqu'a Soi-- reato, sa patrie , dans la maison de sa soeur ainee Cornelia. You- .',.,6 EUROPE. hint eproiiver si le tems <;t le malheur nc lui ont point enlcvc son afl'eclion, il tvite crahord do sc faire connaitie a die , et s'annonce comme un niessager charj^ii de lui icmcUre une leltre dii Tasse. Emu de la doulcur oil la plonge la lecture de cette lettre, qui conticnt le recit des inl'oitiines de son frcre , celui-ci ne pent so contiaindrc plus long-lenis, ct on le voit au moment de sc jetcr dans les bras de ccttc tendre sreur. La uiortdu Tiisse est le sujet du quatrieme tableau. Le peintre nous oU're sa pompe funeraire celebree au couvent de Saint- Onuphre , le jour mcme ou se preparait pour lui au Capitole unt- pompe triompliale. Ce contraste douloureux des palmes de la gloire destinees au poete, et des lugubres cypres qui les rempla- cent, reveille dans Vame des reflexions ct des souvenirs melanco- liques , et font mieux appre'cier la vanite de nos dtsirs et de no* esperances. Tous les sufi'rages sc sont reunis pour louer la maniere dont M. Ducis a traile son siijet, en se pliant avec un art et une grdce toute particuliere aux ditlerens tons propres a chacune des seines quHl a choisics. On a surtout admire ce caractere de verite locale cpill a su conserver, sans nuire arintcrel dramatique , ni a reli'et general de ses compositions. Les quatre tableaux sont maintenaiit re'uuis dans le salon de madame la princesse douairiere de Talmont , qui en a fait Tae- quisitiou. M. A. Julliek. Theatres. — Odeon. — Phocion , tragedie en cinq actes de M. (J. RoYoc. — Celte piece, qui avait deja obtenu un succcs d'estime au premier Theiltre-Francais , vient d'cn avoir un du meme genre au second. 11 ne faut y chercher ni des caractcres vraiment dramaliques , ni des situations tris atlacliantes. Le per- sonnage principal , Phocion, dont on prevoitla mort des le com- mencement de la piece , se trouve toujours dans la meme situa- tion, opposant a une fortune eiinemie cette stoique vertu , ce courage inebranlable (jui sans doute excitent Tadmiration, mais qui emeuvent dillicilementloisqu'il ne s'y raelepas quelques-unes de ces faiblesses qui doivent rapprocher les lieros tragiques des autres hommes, et augmenter ainsi Tinleret qu'ou leur porte. Ce- pendant, nous devons citer comme vine scene d'un ties grand eflet celle ou Phocion , apres avoir ordonue qu'onouvre les portes F.tROPF. 4^,7 aux furieux qui viennenl riaimoler , les desarme en leur racon- tant sa vie , et en leur montrant les cicatrices dont sa poitrine est couverte. Les autres personnages sent tres secondaires et n'inte- ressent que faiblement .; ainsi que Phocioii, ils n'eprouvent au- cun de ces changemens de fortune qui font passer les spectateurs alternativement de la crainte a I'esperance. Le style fait le prin- cipal merite de cet ouvrage ; il annonce un liomme qui a long- fi'ms etudie les anciens. Peul-etre meme est-ce a un trop grand de'sir de les imiter, qu'il faut atlril)uer nn certain nombre de ti- rades qui laissent voir le rhe'teur, et rcfroidisseut encore une piece deja froide par eUe-meme. — V Accident en I'oya^e , ou les Hencnnlres de f^alognes , co- medie en trois actes et en prose , de M. (ieorges Duval. — Cette piece n'a eu que deux representations. Quelques mots spirituels n'ont pas paru au public une compensation suflisante des invrai- somblances , des scenes d'un coniique faux ou force , et des ex- jiressions triviales qu'on trouve dans cet ouvrage, ou Ton n'a jias reconnu le talent dont Tauteur a fait preuve dans laJournee k f^ersailles. NEcnoLOGiE. — Francois - Lourcnl Lamande , inspecteur-gene- ral du corps royal des ponts-et-chaussees, odicier de la Legion d'honneur, chevalier de Pordre du Roi, membre de I'Academie royale des sciences, belles-lettres et arts de Rouen , ne' a Diiian , en Brctagne , le i5 avril 1735, est mort a la Fleche, le i5 niai 1819, a I'dge de 84 ans. Les ports de Rouen, Dieppe, Fecamp, Siiint-Valery et Honfleur lui ont dti successivement de nom- brcuses ameliorations; mais c'est surtuut au HAvre qu'il a de- ])loye ses grands lalens et ses vastes connaissances, dans le plan general du port dont on contitnie aujourd'lmi Texe'cution , qu'il avait commencee sous Louis XVL II eut pour maltre, dans I'e- liule lies mathematiques, Tabbe de la Cadle ^ et, pour condisci- pies, Fabbe Marie, Bailly et Bernardin de Saint- Pierre. C'est lui que ce dernier cite dans ses Harmonies de la nature, comme ayant sauve' une partie de la ville des Sablcs-d'Olonne de I'enva- hissement prochain de la mer. C'est a lui tpi'un des proprietaires dc cette ville, niouraut sans enfant, laissa comme marque de la reconnaissance publlque , et long - teuis apres le service rendu, un legs conside'rable. 448 El'Rf)?!^.. — Jean-Antoine Maddru, ancion t'vr((iie ilc Saint-Die, ni le 5 niai 17/^8, a Adomp, d^partcmcnt des Vosges, est mort A. Belleville, pres Paris, Ic i3 septembre dernier. » Lorsqu'une reforrlae salutaire tenta do ramener en France la discipline pri- mitive, M. ISlaudni, e'lu par ses conipatriotes , fut institue et sa- cr^ de la maniere que present le quatrieme canon du concile de Wicee; de la meme maniere que le furent tous les f;rands pontifca des premiers siecles Kn 1801 , a Ja demande du chef de I'Eglise, il s'empressa de donner sa demission d'une place ac- ceptee dans des terns difllcilcs, et nniquement pour que les ii- deles ne fussent pas prive's des consolations de la religion. Descendu du premier rang, mais pe'netre du principe que tout est honorable dans la maison de Dieu, il accepta la cure de la ville de Stenay. L'invasion du territoire francais par des legions e'trangeres four- nit a ses enneniis Toccasion de satisfaire leur animosite' Pen- dant sept mois, une redoutable inquisition le poursuivitsans re- liJche L'ordre arbitraire dun ministre lui enjoignit de sc rendre sur les rives de la Loire ; et , pendant un an , relegue a Tours dans un galetas, il fut rn proic a toutes les privations Libre enlin de quitter son exil, il vint fixer sa residence ^ cinq lieues de Paris Tcndrement attache au chef de I'Eglise, comme catholique, comme eveque; a sa patrie, a nos liberte's constitutionnelles , comme citoyen , il rendii a Cesar ce qui est a Cesar , a Dieu ce qui est a Dieu » Kous avons extrait ces notes d\m Disco urs prononce a Belle- ville par M. Grcgoire , ancien eveque de Blois , lors de Tinhuma- tion du ve'neral)le M. ISIaudru, en pre'sencc de plusieurs e'veques, pretres, magistrals et laiques , dont il avait su se concilier Fes- time et Faflection. Ce discours, qui se trouve insere tout entier dans le tome V de la C/imniq-ie re/igieuse , contient des particu- larites remarquables sur le pieux personnage qui en est Fobjet. ERRATA. Page aag , 24' ligne , au lieu de a ligne , lisez a la ligne. — Page 069, lii' ligne, au lieude et en corps organise, lisez et corps or- ganise. — Page 372, ai° ligne, au Zieu c/e la pctitesse , lisez les petitcsses. Revue Encfclopedtque. — f^ingt-quatriime Cahier. TABLE DES ARTICLES. I. MlfcMOIRES, NOTICES, ET MELANGES. T. Extraitdu discours d'ouverture duCoursde m^canique applique'e aux. arts. Ch. Dupin. p. 449 •J.. Notice sur Its decouvertes philologiques de I'abbe Angelo Majo. Henrichs. Iffji 3. Notice necrologique sur M. Louis de Br^me, de Turin. J. C. L. de Sismoftdi. 4/7 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4. Histoire naturelledes poissoDsde la riviere Ohio. L.S. /^8t 5. Traite de topographic , d'arpentage et dc nivellement. t'rancoeur. 4^7 C. De I'e'cononaie publique et rurale des Perses, etc. Thiebaut de Berneaud. 49' ^. Li'Europe au moyen 3ge. Le comte de Segur. 5y3 8. Essai sur Thistoire de la Nouvelle-Russie. 1). de Gavedell-Geanny. Sog 9. Aperca desre'volutions survenuesdans le gouvemement d'Espagne. Depping. 617 10. Choix de rapports, opinions et discours , etc. Session de 1819. St. A. BetvlUc. 5m 11. Quatorzieme rapport des directeurs de i'institution africaine. habej. 638 i a. Methode pour I'enseignement des langues , par M. Or- dinaire. A. Michelot. 554 III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de 96 ouvrages, francais et etrangers. 5^4 IV. NOUVELLES LITT^RAIRES ET SQENTIFIQUES. Amerique : Etats-Unis. — Bue'nos - Ayres. — Asie : lies de la Sonde. — Russie asiatique. — Afbique : Egypte. — — EnRopEtGrande-Bretagne. — Polo;;ne. — Danemarck. — AUemagne. — Suisse. — Italic. — Turquie d'Europe. — Gr^ce. — Espagne. •— Portugal. — Fays - Bas. — France. — Paris. 616 ON SOUSCRIT AUSSI A PARIS: ChezMM. J.LAFFtTTEjbanquiers, nie«lelaChaus.-d''Antin, no ii; Au Bureau oe nEDACTiofr, rq ; o'Eiifcr- Saint- Mi- chtl, li" i8, ou doivent Clre emoyes Ics livres,des- sins ct gravures, dont on desire I'annonce, et Ics Lcttrcs, Mcmoircs, ^Notices ou Extraits, destines pour ce Kecueil. Tkeuttel et WiinTZ , rue dc Bonrbo»i , n** t- ; Eymeky, lihraire, rue Mazarine, no 3o; MoNGiE aiue', boulevard Poissonnit're, n" i8; Ret et Gravier , <)uai des Aiigiislins , ii° 5i) ; Chasseriatj et Hecart, rue oe (Jhoisteut, h° 3; TiAtDOfiw fiv^rcs , rue de Vangiitinl . n" 'Mi; DEfcACMAT, Pelicier, Cor.BEARn , au Palais-Royal ; Madame Cei/Lis, rue du GUerclic-Midi , n** 4» A u Cabinet dc lecttircdos journaux allemands et etrangers, Palais- Royal, galeric de bnis, n° 2o5; Aux Oercic etSiUou littdraii'cS, rae jNtave-n«AND, ptof. de techno- logic, etC-i'^'-'^loLFON; — ^A. MlCHELOTj — COQCEREI/; FtOUREKS, D.-M.; — Adelonj Ballt ; EktjuiBOL^ Frar-DLAxDERj Mackitoie; Orficaj Pahiset; Phiquepal, D.-M.; — Cma^tal, del'lnstij — DeSMAREST^ MOREAU DE JoSWliS, CtC. 20 Sciences philosophiques et morales, prilitiqttes bt kistori- qtK^s: MM. Lanjcisais; — M. A. Jutur.SjdePiif-is; -^At. de ha BonoE:, deVInstitiit ; — jA^^ee 5 ■ — ArnoI/D , dc Strasbcnirg ; — ■Babey^ — BARBiE-DunocAGE, d«? rjnst.-, — B^!CHO^; — ^Gousitr^ — f)EGEnAlSDO,derinst.,— *DEPl'f!VG;---A.DuFRATER; JoMAKDjdc rinsl. ; — Ales, {ja^weth j ■-- P L■A^«^,• ---LAFFoif iibLadeeat 5 — t»c iMstErRte ; ■'-T- Metek dlAm s terdaca ; -rt- NAtJOEt, de I'lnst. 5 — Parent-Real; — G. M. R.«Mr>?jD ; — E. SAtTfcRfEj -^ S^moKde DB SiSMONDT; — ^StAPFER; ■— 'dFHIERHT, etc. 3« Litteratwefrancaise Vt etraitgbre, Jiibiiographie^ Arch66lo- aie et Heawx-Aiis : MM. Andriedx, AMAtmr-DuvAL, {iTiMEcciER, de I'lnstitnl: — A. Mauol ; — Hethbtchs ; — Barbier , coriserya- teur ties blbliolheques du Iloi ; ^- S. A. BervillE; — t). Mail- lot;— Michel Bear; — Cadet de Gassicourt; — Ce'reied; — Champollion-Figeac , correspond, de Flnst. ; — Coraivcez; — Derche; — J. Dfioi; — Dcmersak; — EsiTnic-DATID,derinst.; ■ — Fauriel; — GoEPP; — 'Ph. Golisehy, deColm.nr j — Heiberg; — Krafft, — LAj;cLiS,'dcrinst.; — Leore'xte; — Maeropt; — A . Metr \l; — KicM.o-PooLO; — PouGEns, de I'lnst.; — Salfi; — ScKWEiGHAusER (ils , deSErasb. ; — de Si^Guli, Sicard, de I'lnst. ; — deStassakt; — TaiEssK; — VERDiER;—WARttEH,anc. Consul desEtats-Liiisd'Am. , etc. PARIS, AU BUBBAU CENTRAT. DE LA RETCE ENCTCtOPEDIQTIE , Roe d'Enfrr.S»iBt''Mic1>«I , numiro j8. ET CHEZ ARTHUS-BERTRAND, RUE IIAUTEFEUILLE , n" 23. LOMDRES. — TREUTTEL ET WU8TZ, ET DCLAU ET C'«. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTIOK Depuis le mois de Janvier i8ig , il paratt , par ann(^ , douze cahiers de ce Recueil ; chaque cahier , publie le 3o duii\ois, se compose d'environ douze feuilles d impression. On'souscrit, a Paris, au Bureau central eTabonnemcnt et d'exp^dition indique' sur ie titre. Prix, de la Souseription ; A Paris /^1 {t. pour un an. Duns les de'partemens .... 48. Dans I'Etranger 54- La diflerence entre les prix d'abonnement, a Paris, dans les departemens , et dans Vetranger, devant^tre proportionnelle aux frais d'expedition par la poste, a servide base a la fixa- tion definitive porte'e ci-dessus. Le montant de la souscription, envoye' par la poste, doit ^tre adresse' d'avance , et franc de port, ainsi que la corres- pondance , au Directeur de la Retme Encyclopedique , rue d' EnferSaint-Michel , n" 18. C'est a la meme adresse qu'on devra enyoyer les ouvrages de tout genre et les gravurei qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on desirera I'insertion. On pcut aussi souscrire cliez les directeurs des posies et cbezles principaux libraires, a Paris, dans les d^part-cmens et dans les pays Strangers. Trois caniers ou lirraisons formeront un volume. Chaque volume sera termine' par une table des matieres, alphane- tique et analytique. Independamment des CoUaborateurs nommes a la suite du titre , plusieurs Savons, Publicistes et Litterateurs distingues ont promis de concourir indirectement a la redaction dece Re- cueil, enfoumissant des indications et des renseignemenspour les branches des connaissances dont ils s'occupent. JVous esperons que d'autres amis des sciences et des lettres , appreciant le but d'une entreprise a lafois nationale et eu- ropeenne, qui a pour objet de concentrer dans un foyer comnivn , le compte rendu des progris de I'instruction puhli- que , des sciences, des lettres et des arts, sur tous les points du globe, voudront bien aussi, par leur cornespondance et par uutiles communications , s'associer a nos trncaux. La Table des Matieres du Tome VIII sera en- voy ce avec le Cahier du mois de Janvier 1821. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES RATSONNEES Des productions les plus remarquabhs dans la Lilterature , les Sciences et les Arts. tf\VvVV^VVVVVVVVVVVVVVVVVVV\VVVV\^'VVVt/VVVVVVVVVWWVWVVWVWvW«A/VWVVVVWV\'WVW I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET IMELANGES. EXTRAIT Du Discours d'ouverlure du Cours de MECA>riQUE appli- QCEE AUx ARTS , prononce dans la seance genc^rale d'ouverturd des Cours du Conservatoire des arts et METIERS, le 2 de'cembre 187.0 ,par 31. Charles Dlpin, menibre de V Academic des Sciences (i). La m^canique , telle que nous devons I'envisager dans notre cours , a pour objet de considerer les forces de riiomme et de la nature , dans leur appli- cation aux usages de la vie, ainsi qu'aux travaux des arts. Nous parlerons, en premier lieu, des forces de (i) C'est le 1 dJceuibre cju'a eu lieu la stance (Touverlure des trois cours des sciences mecanicfues ^ chimitj'ies et economiques , appliquces aux arts, qui composent le noiivel enseignement crei pres du Conservatoire des arts et metiers. S. Eic. le comteiji- TOME Viii. 24* Cahier. ag 45o EXTRAIT riiomnie : los lines soiit physiques ou materiellcs ; Ics aiities , moralrs ou inlellecluellcs. Jusqu'ici, la pliilosopliie ralionuelle a fait son clomaine cxdusif de rexanien ck's fucultes inlellec- tuelles de rhomnie ; el la pliilosopliie nalurclle a fait le sieu de toutcs les forces physiques des elres ani- mes ou inaninit's. Pour arn'vcr aux apph'cations dont nous devons exposer les principes, faire counailre Tesprit , ct demon trer les lesullats, nous cnipruntcions a ccs deux philosophies , tout ce qu'elks pourront nous presenter d'utile. Sans nous egarer en de vaines lecherches sur des causes premieres qui nous sont encore ct nous seront prchablement a jamais in- connues, nous chercherons seulemcnt a bien con- meon , ministre de rinte'rieur, qui devait presider la seance , n'ayant pas pu s'y rendre, M. le due de la Rochefoucault-Lian- court, pair dc France, a tenu la place du ministre , et a portc la parole, comme pve'siclent. 11 s'est attache' a faire appre'cier les iniportans services d('ja rendus par Tindustrie , el les nouveaux bicnfaits que la Societe' a droit d'en altendre, a mcsure que cette indiistrie , source de la richesse des nations, et noii moins bicn- faisanle sous le rapport du dc'vcloppcment moral que sous cehii dela prospe'rite pubiique , sera excilceet perfcctioiine'e, aii moyen d'une instruction j)lus soliJe, plus geue'raleuient repandueet phis comiilttc. Les trois proftsseurs du Conservatoire , MM. Ch. Du- piiv , Clemekt etSaTont rnsuite expose !e plan et les vucsgene'ralcs de lours cours : de nti'cnnlque , de cliiiuie ajipHquee et d^ccnnoniie indiistriel/e. Ces trois discours ont e|;al('mcnt Gxe Tattention et ob- tenu les applaudissemens d%in audiloire nombreux el eelaire. Nous crojons faire plaisir a nos lecteurs , en bur ofTrant ici Textrait du discours qu'a prononre noire coUaborateur M. Dupin , et qu'il a bitn voulu nous communiquer. M. A. J. DU DISCOURS D'OUVERTURE,etc. 45i naitre ct a bien jnger des ctTcls appreciables. Nous considercrons, comme aulant de fails, tout ce que nous apprend iiotre observation , sur les ressources de nos forces intcllectuelles et sur les secours qu'elles pcuvent nous oflrir dans la direction de nos forces physiques. II n'existe peut - etre aucune espece de travaux executes par rhomme , ou ces deuxespeces de forces ne soient pas combiuees pour se preler un mutuel secours. Mais , quoiqu'elles soient presque toujours employees en nieme terns, ellcs le sont dans des proportions qui varicnt a des degres presque in- finis. Tantot, comme dans les travaux des beaux-arts , tcls que le dessin , la peinturc, la gravure , il faut faire un tres grand emploi de la force intellec- tuelle , et un emploi tres mediocre de la force cor- pnrelle •, dans f[uelques arts, tels que la sculpture, et certaines constructions d'architecture , il faut faire un grand emploi des deux forces •, enfin , dans beau- coup d'autres, il faut priucipalcnient se servir de ses facultes physiques. A mesure que ces metiers ou ces arts ont ete crees et developpes , ils ont pris un rang plus ou moins eleve dans I'opinion des hommes. On a gene- lenient place plus haut ceux qui demandaient les plus grandes actions de la force iiitellcctuelle. Ainsi , les travaux d'invention ont ete regardes cnmnie superieurs aux travaux d'imilation. Ainsi , Ton a mis tons ceux qui demandaient uue plus ■2Q* 43a EXTi'.AIT * grande puissance d'attenlion , de meinoire , de ju- gement et d'iiDagination , au-dossus de ceux qui ne demandant qu'un grand eflort pour lirer, presser, pousser ou frappcr j en un mot , pour agir niate- riellement. Cepcndant , quelqucs phllosophes entraint's par unc vaine manie du paradoxe , et par le desir de renverser toutes les idees rccues , ont voulu nous persuader qu'il fallait au coulraire accorder le plus d'eslime aux Iravaux qui demandent le plus grand eraploi de nos forces physiques. Si Ton veut rcduire celte discussion a dcs pree- minences fondees sur des considerations plus ou moins vagues , plus ou moins ingenieuses , avec un genie sublil et des formes entrainanies, on pourra rendre la derniere opipion aussi plausible que la premiere. Mais, dans I'esprit d'application qui doit nous diriger , nous n'envisagerons pas une telle discussion sous le point de vue d'une vaine pree- minence enlre les oeuvres de la main ou du cervcau , de la maliere ou de la pensee. Nous ra- menerons la question a des elemens beaucoup plus simples. Que serait riiomme , et que pourrait-il faire, s'il etait reduit a ses simples farulles instinctives et physiques ? qu'cst-il, et que pevit-il faire, en ajou- taut a ces facultes toutes celles de son intelligence? C'est riiistoire de Findustrie qui doit nous fournir de§ a present la reponsc a ces questions inipor- tantes. Ensuite, Tcnsemble mcmc des connaissauccs DU DISCOURS D'OUVERTURE, etc. 453 qui seront developpees dans ce cours , fera con- naitre , dans ses principaux resultats , ce concours de toutcs uos facukes ponr augnienter notve bien ^tre , nos plaisirs et notre puissance. S'il fallait en croire les hisloriens de I'age d'or, les hommes des terns heroiques auralent ete beancoup plus forts que les bommes des premiers tems ul- terieurs ; et ceux-ci , neanmoins, plus forts encore que les hommes des tems civilises. Ainsi , les pro- gres de la soclete n'auraient eu d'autre resultat que de faire degenerer I'espece humaine. C'etait aussi I'opinion de quelques philosophes modernes , qui , se formant des idecs cliimeriqucs sur I'etat de nature , se sont plus a doner Thomme qui vit dans la liberte des sauvages , d'une force ]>lus grande que celui dout tous les mouvemens sont genes par des entraves sociales , depuis le maillot et le berceau jusqu'au linceul et a la tombe. Mais , depuis qu'on sait raesurer des efforts rad- caniques par des instrumens exacts , I'experience a prouve que la force physique des sauvages est sen- siblement moins grande que celle des hommes ci- vilises. Ainsi , I'experience nous confirme dans cette idee que la raison seule aurait du faire adopter : la force corporelle de I'liomme , au lieu de decroitre par les effets de la civilisation , s'accroit au contraire par I'exercice d'un travail que la raison dirige el modere*, et par les effols d'un genre d'existence, ou , grace a noire prevoyance , a notre experience , nos be- 454 EXTRAIT soins sont satisfnls avoc regularite, nos maux gucris des Icur naissance , et nos iiifirniiles soulagres ou prevenues. Ce n'est pas qu'on puisse esp^rer, par tons ces moyens reunis , d'amener un tres grand change- raent dans la force niaterielle absolue dont riionime est susceptible : c'est a I'aide de nos facultes intel- lectuellos qu'on pout faire produire a cette meme force des eflc!ts incomparablement superieurs, nou- seulement clicz quelqnes liomnies privilegies de la nature-, mais cliez des peuples enliers, dont la raison tres cultivpo s'appHque a developper a la fois toutes les facultes qui peuvent nous elever au-dessus de nous-m6nies : c'est ce dont I'education de quelques peuples de I'aiuiquile nous oflfrira Texemple. Sans remonter mainienant a des epoqueseloignees, jetons les regards autour de nous : nous verrons dans les actions les plus communes de la vie , et dans tons les travaux des arts, que, sans accroitre sa force absolue , Thomme pent en augmenter sin- gulierement les effcts , par renoploi que sait en faire une heureuse intelligence. Lorsqu'on observe avec soin les travaux d'un ate- lier nouibreux, on est frappe de la difference des resultats obtenus par les divers ouvriers dont il se compose. On voit les uns, doues par la nature d'une Ires grande force malerielle , s'epuiser en efforts pro- digieux , et neannioins produire un travail egaiement mediocre , soit pour la quantite du produit , soil pour la qualite de I'execution. DU DISCOURS D'OUVERTURE, etc. 453 Oil en voit d'autres dont le corps grele ou la com- plexion delicate ne promet guere de grands efforts physiques 5 mais ils compensent ce defaut par une rare intelligence , et par Thabitude d'observer, de comparer et de reflcchir. lis ne perdent pas un seul mouvement ; ils n'appliquent a la production de cliaque effet particulier , que la portion de forces strictement necessaires pour le produire ; ils evi- tent et les faux coups , et les pressions superflues et les frottemcns inuliles ou contraires; et, par cette economic de leurs moyens , ils font plus vite , plus parfaitement et avec peu da fatigue , ce que les hommes les plus robustes s'epuisent a produire. Des dispositions naturelles a I'observation, une dex- ter! te dont la source est dans la flexibilite de certaiues articulations, dans la souplesse et Tagilite de cer- tains mouvemeus , doivent rendre moins long et moins iraparfait I'apprcntissage de chaque art mi- canique. Mais , dans cet apprentissage tneme ou , trop souvent , on conGe tout au hasard , au tems , a la routine , la science pent offrir d'utiles euseigne- mens , pour atteindre , par une vole plus sure , plus directe et plus facile , au but dont sans elle on ne peut approclier que par des a peu pres et des talonnemens. Cest au directeur d'ateliers et de manufactures a faire , au moyen de la mecanique appliquee , une etude speciale de tons les moyens d'economiser les forces de ses ouvriers : il y gagnera donblement. II pro- duira de plus grands resultats, avec im merae norabrc 456 EXTKAIT d'hommes ; il pourra les faligucr moins , cl pour- tant en oblenir davantage. Eux-merues apprciidront, dans un tcms donne , non-seulement a faire plus , mais a faire mieux. Ainsi , la main-d'ceuvre deviendra , dans I'indus- trie fiancaise , de plus en plus economique 5 et, clia- que jour, elle approchera davantage de la perfection. Les produits de nos arts , mieux appropries a nos besoins , accroitront les jouissances de la vie ; et ces produits , livres a la sociele , pour des valeurs moins elevees , mulliplieront le nombre des homraes qui peuvent se procurer ces jouissances. Par ces moyens divers , tantot balan9ant I'industrie etrangerc , tan- tot remportantla palme , les produits perfectionnes de notre Industrie , toujours croissante , iront ap- pioiidre nos litres de gloire dans les bienfaisans travaux de la paix , aux peuples qui tant de fois ont \u nos litres a la gloire dans les ti'avaux de la guerre. Pour alleindre ce but , il faut inspirer , des I'en- fance, aux jeunes ouvriers , I'amour de la raison, de I'ordre el de Taclivite ;. il faut de bonne heure les fa- conner aux dures habitudes du travail. Mais, gardons- nous d'imiter certains manufacturiers d'une contree voisine , qui , pour assouvir leur avarice, ont fait travailler de malheureux enfans de huit a dix ans , jusqu'a douze et quatorze heures par jour. Abus cruel , prolonge jusqu au moment oii la legislature indignee a cree des comites d'enquete , pour con- nailre a ibliolheque Laurentienne de Florence, un manuscrit contenant le discours d'Isocrate irsc'i a.vxio6tA&)vo? ToO louJatou nspi ApzTrig , zc.i twv ravT'/;? po- pi'M. — Philonis Judcei de virtute ejusque parlibus. I/.- DE L'ABBE AINGELO MAJO. 469 venit et iiiterpretatus est A. Mains ; preponilitr disser- tatio cum descriptione librorum aliquot incognitorum PhiloTiis , cwnque partibus nonnullis chronici medili Eusebii Pampliili , et aliorutn operuin notilia e codi- cibus armeniacis petita. Mediolani , regiis tj'j)is, i8i6; in-S" ; 108 pages. II s'est trouve plus tard que, dans le litre du manus- crit , I'ouvrage nspi apsrvis avail ete faussement atlri- bue a Philon , et que le meme ouvrage etait deja pu- blic, d'apres un autre manuscril, comme une produc- tion de George Gemistus. Quant aux manuscrits ar- meniens , dout le litre fait mention , ils meritent une attention parliculiere. II existe , a Venise , une congregation d'ecclesiasli- ques armeniens, qui, sous la protection des lois du pays , et a la portee des moyens de civilisation qu'ils trouvent en Europe , clierchent a contribuer aux pro- gres inlellecluels de leur nation , en faisant imprimer pour elle des livres utiles, et en donnant une instruc- tion soignee a des jeunes gens destines a I'etat eccle'- siastique. M. Majo savait que ces ecclesiastiques etaient en possession de plusieurs ouvrages inedits de Philon , traduits en leurlangue; et , n'etant pas encore de- trompe alors a I'egard du Traite mpl ajoerij?, il crut de- voir s'adresser a euxpouren obtenirdeseclaircissemens. L'un de ces savans armeniens , Jean Zohrab , se rendit en personne a Milan , portant avec lui tous ses tresors philologiques. M. Majo y trouva , en e£fet, beaucoup" d'ouvrages inedits de Philon, mais non pas celui qu'il cherchait. II y trouva aussi la traduction de la Chro- nique d'Eusebe, et d'autres ouvrages grecs que nous ne connaissons pas en I'original. Ces traductions da- tent, la plupart , ducinquieme sieclo, particuliereineut 470 NOTICE SDR LES DtCOtVERTES fHILOLOG. du regne cle Theodosc, ot lors(|iie I'Armeuie , sous le patriarclie Isaac et son digne soutien Mesrob , I'inven- teurdes caracteres armeniens , avail d( vaiitelle la pers- pective d'uiie civilisation graduelle. Des homnies qui cherissaient les lettres , avaient ete envoyes aAlhenes, a AlpxaiiJrie, a Constantinople, pour agrandir la spliere de leurs connaissances , ct c'est par eux que les traductions dont il s'agit ici ont ete faites. Vers ce meme terns, I'auteur armenien, Moise de Chorene, ecrivait, danssa langne niaternelle, les ouvrages tju'en 1^36 les deux freres Whiston ont fait connaitre en An- gleterre , et dont Zohrab fera incessamment paraitre une edition plus complete, d'aprt?s un inanuscrit ar- raeuien , qu'il derouvrit, en 1791 , a Lemberg, ou re- side un arclieveque de sa nation. II oblint la permis- sion de prendre ce manuscrit avec lui, a Venise , pour le copier a son aise. Les lacunes qui s'y trouvaient ont ete reinplics ensuite, d'apres un autre manuscrit de Couslantiaople. Celui-ci date de i258, tandis que le inanuscrit de Lemberg est de 1296. La traduction meme parait avoir ete faite dans le cinquiemesiecle , et peul- t'tre ne I'altribuerait-on pas a tort au celebre Moise de Cii'jroTe. Elle fait connaitre treize ouvrages de Piiilon. De huit de ces ouvrages, les originanx grecs sont perdiis. On sail , au reste, que Philon etait juif, et vivait, dans le premier siecle, a Alexandria. Ses ou- vrages sout tres important pour les theologiens. Quant a la (^Lronique d'Eusebe, nous en parlerons plus bas. XT. nopyuoto'j ytX'jrroyou nfj'oi Mc.oxfO.xv. — Porjjhjrii philosophi ad Marcellam. Jnvenit , inlirprelalione no- tisqiic d. daravit A. Mains. Accedit ejusdem Porphj-rii jweticuwfragmtiitum. Mcdiolani ^ regiis ijpis. 1816 ; in-S", 76 pages. DE L'ABBE AKGELO MAJO. 471 Le philosophe Porphyre , natif de Syrie , etait disci pie d'Origcue , cliretien , et de Longiii et Plolin , paiens. Pen de ses nombreux ecrits nous sout connus. On sail que rempereur Constanlin a fait detruire son ouvrage contr<'. les chr^liens , ouvrage important pour I'histoire ecclesiastique. Le present fragment d'un Discours ou Traite, que Porphyre adresse a sa femnie Marcella , se trouvait dans un des inanuscrits qui ont fourni , a M. Majo , les fragmens de Denys d'Halicarnasse. Le fragment poetique que I'editeur joint ici, est du dixieme livre d'un poeme sur la philosophic des ora- cles , du meme auteur. XII. liSQlr,'; loyo^ iS. — Sibjlliv lihri XIV, editore et interprete A. Maio. Additur sextus liber et pars oc- tavi , cum multa vocinn ft versuum varielate. Medio- lani, regiis tj^pis. 1817 ; in-8°, 54 pages. Dans I'avant-propos de celte publication , M. Majo expose , en peu de mots, toutes les recherches qui ont ete failes au sujet dcslivres des sibylles. Selon le gram- mairien Servius, les oracles sibyllins , au nombre de deux mille , furent brules par Auguste , lorsqu'il etait grand pontife. Une centaine de ces oracles avaient ete conserves ; on en connait huit imprimes. M. Majo a joint ici, a I'original dii quatorzieme , une elegante traduction latine, dans la meme mesure. Leraanuscrit sur lequel ce livre a ete transcrit, renfermait en outre tout le sixieme livre , et la partie du huitieme qui con- tient les acrostiches sur le Christ. Et, comme le texte du manuscrit differe beaucoup du texte imprime, M. Majo communique ici I'original , sans y ajouler de version. XIIL Itinerarium Alexandri, ad Constnnliitni Au- qnstum ., Conslantini 31. Filiutn, edente jjuijc primmn 472 KOTICE SUR LES DECOUVERTES PHILOLOG. cum Tiotis yi. Maio. Mcdiolani , regiis tjpis. 1817. in-8°. 100 pages. XIV. Julii Valerii , res gestce Alcxandri Macedo- nis , translalce ex ylEsopo Grceco , prodeunt nunc pri- inum cdente , notixque ilhistranle A. Maio. Mediolaniy regiis tjpis , 18 17. in-y*^. 270 pnges. Ces deux ouvrages se trouvaicnt dans un meine ma- miscril dii cinquienie sii?cle. Scion la dedicace du pre- mier , I'auteur anoiiynie avail fait des recherclies sur ]es carapagnes d'Alexandre ct de Trajan dans I'Orient, a I'occasion des preparatifs de guerre de I'enijjereur Constaiilin contre les Parses. La partie qui traile de la campagne de Trajan , est apparemment perdue pour toujours. Le present ouvrage ne contient que la cam- pagne d'Alexandre. L'autcur paien parait avoir ete contemporain de Symmaque et d'Ammien Marcellin ; et,quoiqu'il se rencontre souvontavec Arrien, plusieurs des fails qu'il rapporte out un caractere d'originalite. L'autre ouvrage doit etre tres ancien , puisqu'il parle du temple de Serapis a Alexandrie , et du toni- beau d'Alexandre, comme de choses existantes. L'au- teur el le traducteur, tons les deux paiens , etaient , a ce qu'il parait, originaires d'Afrique, le premier, vrai- semblablement d'Alexandrie. Au reste, cet ouvrage ressemble beaucoup a la traduction connue de I'his- toire romanesc[ue de jirceliis magni Alexandri Mace- donis ; mais le latin de Julius Valerius est meilleur , et c'est pour cela que M. Majo a juge cet ouvrage digne d'etre imprime. XV. M. Tullii Ciceronis sex orationum paries ante noslrani a^tatem inedita; ; cum antiquo inlerprele ante nostram item a^tatem inedito , qui videtur Asconius Pedianus , ad Tullianas septem oraliones. Accedunl DE L'ABBt AIXGELO MAJO. 478 scolia minora vetera. Ediiio alura , quam ad codices Amhrosianos rccensuit , cmenda^'it , el auxit , ac des- criptione Codicum CXLfX, I'ild Ciceronis aliisqite ad" diiamcnlis instruxit A. Mains. Mediolani ,regiis tfpis. 1817. 372 pages. C'est la deuxieme edition corrigee et augmentee des deux oiivrages II et III, ci-dessus iudiques. M. Majo. apres avoir de noiiveau compare les nianuscrits , a retabli plus de cent passages, taut dans le texle de Ciceron , que dans le commentaire , et il a entierement refondu ses notes. II ne croit pas que les lacunes qui restent dans le texte puissent jamais etre remplies, puisque les reclierclies qu'il a faites a cet egard sur les cent quarante-neuf nianuscrits de la bibliotlieque Am- broisienne , ont etc infructueuses. XVI. Philonis Judcei de cophini feslo , et de colcn- dis parentibiis cum brevi scriplo de Jond. Edilore ac inleiprete A. Maio. Mediolani ,regiis Ljpis. 1818. in-S". 5'o pages. M. Majo, en faisant une excursion a Florcucc , con- fera , dans la bibliotheque Medicis, un manuscrit de Pbilon , du douzieine siecle, avec I'edition publiee en Angleterre par Mangey. Quoique cette edition solt la plus complete des oeuvres de ce philosophe juif , elle ne renferme pas deux ouvrages qui se trouvent dans le manuscrit, I'un de colendis parenlibus , faisant partie de son grand commentaire sur le decalogue, I'aulre de cophini festo (offraude des premices des fruits de la terre), dont aucuue mention n'est faite dans le traite de feslis Hebrceorum. M. Majo donne ici ccs deux ouvrages inedits , selon sa coutume , en I'ori- ginal grec, accompagne d'une version lalinc et de notes critiques. II ajoule h. la fin un fragment du ma- 47i NOTICE SUR LES DECOUVERTES PHILOLOG. nuscrlt armcnieii de Philon , Iraduit en latin par Zolirab. XVII. Virgilii Maronis tnlerpreWs veteres : Asper, Cornulus , Haterianus , Longus , Nisus , Probus , Scan- rus, Sulpiciiis el anonj-miis. Edente nolisqiie illustrante A. Maio. Mediolani , regiis tjpis. 1818, in-8'*, 124 p. M. Majo fit cette decouverte a Verone , dans un ma- nuscrit paliinpsesle du neuvieine siccle , oii Ton a transcrit les oeuvres de Gregoire- le-Grand siir un Virgile, avec des scolies du quatpieme siecle. L'editeur ne donne ici que les scolies inconnues, en y ajoutant des notices lilteraires , des notes critiques , etc. XVIII. Eusebii Pamphili chronicorum caiwnutn li- hri duo. Opus ex Haicano codice a doctorc Johanne Zohrabo , collegii armeniaci T^eneliarum ahmino , di- ligenter expressum et castigaluin Angelus Maius el Joli. Zohrabus nunc primujn conjunclis curis lalinilate do~ natum notisque illustratum , addilis grcecis reliqidis , ediderunt. Mediolani , regiis Ijpis . i 8 1 8 ( liber prior), in-4°, 218 p. XIX. Eusebii chronicorum canomtm liber alter, etc. Au dixieme article, en parlant d'un ouvrage de Pliilon , nous avons donne quelques details sur la congregation d'ecclesiastiques armeniens a Venise , sur les luanuscrits precieux que cetle congregation possede, et sur les liaisons intimes que le meme ou- A rage de Philon a fait naitre entre les deux savans philologues Majo et Zohrab. C'est a cette heureuse rencontre que le monde litteraire doit la publication de cet ouvrage, si important pour I'histoire en general, mais plus particulierement pour I'histoire ecclesias- tique. Eusebe etait le favori du premier empercur chretien, et il cherissait tellement les sciences, qu'il DE L'ABBE AA'GELO BIAJO. 4-5 clemancia a Constantin , pour toute grace, le libre usage des archives de I'empire. La celebre chronique de ce savant archeveqiie , resultat de ses iinraensos tra- vaux , est en deux Hvres dont le premier etait perdu, ct le second ne nous etait connu qu'imparfaitement, par une traduction interpolt'e de saint Jerome, et par quelques fragmens de {'original grec , qui ont ete conserves dans la chronique du Syncelle de Byzance. Ce fut en 1792 qu'un Armenien , nomme Giorgio di Gio\>aniii ^ decouvrit, a Constantinople, iin mauuscrit en langue armenienne de ce tresor perdu. Zohrab , en etant prevenu , engage aussitot le menie George a lui copier le manuscrit qui , ecrit sur parchemin , pa- raissait etre du onzieme ou du douzieme siecle. Le cachet du manuscrit porte le nom d'un patriarche Gregoire : Gregorius calholicus armeniorum. On salt ([ue TArmenie a eu plusieurs patriarches de ce nom. La publication de cette decouverte en langue arme- nienne, avait rencontre bien des di/licultes, et peul- etre fut-elle encore restee long-tems ignoree, si Zoh- rab n'avait pas pris la resolution d'aller trouver , avec son manuscrit, le philologue Majo , a Milan. Nous avons deja annonce, dans le second volume de la Revue Encjclopediqiie {t^ \']5) , la publication, en langue la tine , du premier volume de cette chronique , et nous attendons que le second volume nous soitaussi parvenu, pourrendre a la foiscompledetout I'ouvrage. Les autres ouvrages que nous devrons aux recherches assidues de M. Majo, et qui vont successivement pa- raitre , sont : XX. Didjmi Alexandrini , mannorum et lingontin quorumvis inensurce , grcece ex Ambrosiano codice y cum lalind editoris interpretationc et notis. 4;6 NOTICE SUR LES D^COUVEKTES, etc. XXI. Des fi-aginens d'Homere , avec cinquante- huit images d'apres un ancienmanuscrit du cinquieme siecle. XXII. Enfin, le complement de la traduction go- tliique de la Bible d'Ulfilas, du quatrieme siecle, d'apres un manuscrit palimpseste de la bibliotheque Ambroisienne. Les caracleres gothiques pourcelte edi- tion sont nouvellement fondus. Nous terminerons cet article en rappelant que M. Majo a exprime le desir que la langue arnienienne devint Tobjet des etudes de nos orientalistes , iion moins que les laugues arabe, persanne , copbte , sy- riaque et autres. Le critique de Vienne applaudit a cette idee, et ajoute que la France possede le moyen le plus heureux de la realiser , en meltant a profit les ressources de sa belle bibliotheque et les luniieres de ses savans orientalistes (i). Henkichs. (i) Ceci s'aJresse naturellemcnt a JM. Cerbicd , professcurd'ar- me'nien a I'Ecole des langnes orieutales, efablie prcs la bibliothe- que du roi. Cf savant professeur ne neglige rien do ce qui pent contribuer a I'illustration de son idionie paterncl. Kous avons sous les yeux un travail e'tendu qu'il a fait snr la grammaire ar- mcnienne. Nous regrettons que les homes et la nature de notre recucil ne nous permetlent pas d'y inserer Fouvrage de M. Cer- bied , qui ne pourrait etre justement apprecie' que par les orien- talistes. (N. D.R.) 4:, *A)%VVVVVW.\VV\\-VVVVVVV\'\iVVV vvv v-vv vw wv NOTICE NfiCROLOGIQUE Sur M. Louis de Breme , de Turin. Ac moment oil raurored'uu jourglorieux allait com- mencer a luire pour I'ltalie , un des hommes les plus faits pour Iionorer sa patrie renaissante, pour servir ses concitoyens, pour les eclairer, pour s'associer a tous les triomphes de la cause commune , de la Hberte, de la morale et de la vertu , Louis Arborio Gatlinara de Breme, a cesse d'exister. Issu d'une des families les plus illustres du Pieraont , d'une famille qui joignait a tout I'eclat d'un grand nom, tout le credit de I'opu- lence, tout le pouvoir attaclitf aux faveurs des cours, au ministere qu'avait exerce son pere, aux ambassades remplies par son frbre ; engage lui-meme dans les ordres sacres , et assure , s'il faisait usage de tous ses avantages, qu'il parviendrait un jour a la pourpre romaine , jamais il ne se ralentit dans la noble carriere des defenseurs du peuple ; jamais il n'hcsita a recher- cher , de toule sa puissance , I'emancipation de I'esprit humain , rafFranchissement de sa patrie ; jamais , comme homme de qualite, il ne se crut d'un autre sang que le commun des hommes ; jamais , coinme tomme en place, il ne crut que les lois etaient failcs pour lui centre les autres ; jamais, coilimepretre, il ne voulut faire de la morale un monopole , et de la re- ligion un tarif pour racheter le vice. Quoique done par la fortune de tous les biens aux- quels le vulgaire porte le plus d'envie , I'abbe de Breme fut constamment malheureax. Jeune encore, il perdit «a mere , aux lecons et a I'exemple de laquelle il avait 4;;8 KOTICE AECKOLOGIQUE du et cette elevation d'e caractere, et cette sensi- Lilite profonde, et cette delicatesse de gout, qui le rendaient lui-meine si cherascs amis. Ilcommenfait a peine a recouvrer ses forces apres cette douloureuse epreuve, Jorscju'un autre chagrin, d'une nature plus secrete, le plongea de nouveau dans le desespoir. II perdit, j'ignore par quelle circonslance , tont espoir de s'unir a la personne qu'il aimait. C'est alors, que pour se derober a de nouveaux orages du coeur, il se fit pretre : il voulul se fa ire inoine, ct , par des voeux irrevocables, il condamna sa vie a un irrevocable mal- heur. 11 etaitsincerement attache a «ne religion douce, philosophique , eclairee ; mais I'etat de pretre ne lui convenait pas. Aucun homme n'avait un coeur plus airaant , aucun honime n'avait plus besoin de loutes les affections de famille. S'il avait pu prevoir que les passions les plus orageuses se calnient , que les douleurs les plus dechirantes s'assoupissent , il aurail attendu , il aurait recueilli !e benefice du tems , et il aurait un jour trouve dans le mariage le bonheur dont il etait digne. L'abbe de Breme fut nomme aumonier de la cour de Milan. Ramene alors , aprl'S quelques annees de re- traite , au sein d'une societe brillante , il s'y fit dis- tinguer par son esprit, par Tamenile de son caractere, par son gout pour les letlres , par son talent pour la poesie. Au milieu des courtisans qui ne songeaicnt qu'a s'elever, il aima et se fit aimer; et, lorsque le boule- versement de I'Europe eut precipite dans le malheur ceux qu'il avait vus long-tems au-dessus de lui , il saisit avec empressement I'occasion de rendre un homnir.ge putlic a ceux que la foule abandonnait. Ce fut le but principal du Hvre qu'il publia en francais, sous le litre SUR M. DE br£:me. 4;y de Grand Commenlairc sur un pelil article. M. de Breuie, qui n'avait jamais vu la France, ne maniait qu'avec effort une langue etrangere pour lui , et Ton doit chercher dans son livre bien plutot ses nobles sentimens qwe ses litres litteraires. M. de Breme avait etudie la plupart deslangues de TEurope : il connaissait tres bien, outre sa propre litterature et celle de rantiquite, la francaise, i'an- glaise, Tallemande et I'espagnole. II s'elait adonne avec ardeur a I'etude de rarnionien , dans I'esperance de retrouver, dans cette langue, des traductions et quel- ques-uns des chefs-d'oeuvre perdus de la Grece. Son amour pour la liberie , se porlant sur la litterature comme sur les sciences socialos, lui avait fait adopter les systemes nouveaux que les Allemands ont opposes aux enseignemens plus precis de I'ecole. II aimait Ic genre romantique , et en attendant qu'il put attaquer d'autres dominations non moins absolues , il faisait la guerre a rorthodoxie pedanlesque de quelques poe- tiques. Ce fut le sujet de plusieurs ouvrages qu'il pu- biia a Milan , et , en particulier, d'un journal qu'il entreprit avec quelques amis, sous le litre de Concilia- tore. II croyait qu'il aurait beaucoup faits'il ramenait ses compatriotes a I'habitude de penser , de juger d'a- pres eux-memes, n'importe sur quel sujet. La critique litteraire lui paraissait un aclicminement vers rexameu de tous les principes sociaux , et il sentait dans son coeur que la poesie , la litterature, I'liunianite , la morale, la liberie , sont toutes soenrs, et qu'ellcs s'appellent I'une I'autre. Cetle menie liaison en Ire toutes les jouissances liberates fut egalement sen tie par ses adversaires, el il fut altatjuc avec ce debordement d'injures, avec celle amertume de zele, avec cet arro- 48o NOTICE NECROLOGIQLE SL'R M. DE BKliME. ganl niepris pour tout ce qui u'est pas eux-memes , auxquels on reconnait ceux qui se disent aujourd'hui les champions de I'autel el du tione. Dans son pays, la presse est asservie , en sorte que I'outrage dans les journaux y a toujours la sanction de I'autorite. En effet , on lacha centre lui tous les dogues litteraires qu'on a soin de garder a I'attache, dans la cour du maitre, et de nounir sur son fumier. La defense lui All interdite ; on lui supprima enfin sou journal. M. de Breme etait en bulte a toutes ces petites vexations, a toutes ces pelites persecutions, lorsqu'uu affreux malheur plongea sa faniille dans le deuil. Sou frere aine et son nieilleur ami , le marquis de Sarli- rano , fut noye dans leTesin, avec un medecin qu'il conduisait a son pere alors malade ; son second frere , enveloppe dans la meme catastrophe , fut rappele a la vie par les soins de ceux qui le relirerent de I'eau. Cette nouvelle frappa au coeur d'un coup mortel M. Louis de Breme : il se rendit aussitot a Turin pour prendre soin des enfans d'un frere clieri ; mais , quelque effort qu'il fit pour vivre, pour se conserver corume un second pere a ces enfans auxquels il se consacrait sans partage, sa^ force etait brisee et son temperament de'truit par Ja douleur:il a langui quelqucs mois encore au milieu d'eux , et il a enfin succombe au chagrin. J. G. L. DE SlS3I0>DI. WtVVVVVVW*VVV\AVVVWVVVVV\W^l.VVVVVVVVV\VVVl.VVVVVVVVV\VVVVVlVVVVVVVVVVVVVVVVVVVk II. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. Natural histouy of the fishes of the Ohio ravER and its tribulary streams , etc 5 HiSTOiRE NATURELLE DES POISSOINS DE LA RIVIERE Ohio et desfleuves ses tributaires ; par C. S. Ra- FiNESQUE , professeur tie botaniqup et cFliistoire naturelle^ TUiiiversite do Ponsylvanie (1). Get ouvrage, dont nous ne possedons encore que rintroduction et les jiremieres feuilles , paraif une acquisition imjiortante pour I'lustoire nalureHc, taut par les observations iuteressantes qu'il renfenue, que par le talent distingue du savaut naturaliste qui le public. Nous allons en extraire quelques passages : « Aucun naturaliste n'avait encore decrit les pois- sons de I'Oliio , ni ceux do rimmense bassin qui de- cliarge ses eauxdans le Mississipi ; a jjeine en connais- sait-on douze especes , lorsque j'entrepris , en r8i8et en i8ig, de les observer et de les decrire. Je parvios , la premiere annee , a decouvrir pres de quatre-viiigts especes, et, celte annee, j'en ajoutai vingt autres, forniant en tout une collection de cent especes de pois- sons, dont les neuf dixiemes sont nouvelles , et n'ont jamais ete dccrites. » « La science de I'ichtyologie a ete cousiderable- menl augmenlee dans les i^tats-Unis. Catesby, Kalm, Forster, Garden, Linne, Schoepf , Castiglione, Bloch , - ■ — / (1) ]Nev/-York, 1820. 2 vol. in-S". TOME viir. 3 1 48a SCIENCES PHYSiQUES. 13osc el Laccpede onl tlonne renumeration de quelques- uns ties poissons allaiitiques ; mais le docleur Samuel Mitchell a enrichi cette branche d'hisloire natureile de cent nouvelles especes , sur lesquelles il a publie des observations dans deux Menioire.s sur les poissons de New-York. Le premier a etc public, en i8i4, dans les Transoclions de la Sociele philosoj)hique et litteraire de New-York , et , !e second , en i8ig, dans le journal americain qui a ))Our litre : the American Monthly magazine. M. Lesueur fut le premier naturalisle qui vi- sita les lacs Erie et Ontario, oii il decouvrit un grand nombre de nouvelles especes. II a deja parle de quel- ques-unes , dans le journal de V Academie des sciences de Philadelphie J et il les fera toutes connaitre dans son Histoire generale des poissons de V Amerique , ou- vrage redige sur le jjlan de V Ornilhologie de JVilson , auquel il travaille depuis long-tems. » On connail mainteuant environ cinq cents especes de poissons de I'Amerique du nord, tandis qu'il y a dix ans , I'on en comptait a peine cent vingt. « II est probable que quelques-uns des poissons qu'on trouve dans le Mississipi , sortenl tons les ans du golfe du Mexique, et viennent di'poser leur frai dans ce fleuve et dans ses branches iuferieures ; mais ceux de rOhio I'habitent conlinueliement , ou ne descendenl, en hiver, que j iisqu'au Mississipi : le plus grand nombre se refugie , pendant cette saison, dans les profondeurs de rOhio, et on les voit reparaitre au commencement du printems. Les poissons abondent dans cette riviere ; on les y peclie par railliers a la senne. II y en a pen qui aient le gout sale ; mais ils n'ont pas un gout fade, comme le poisson d'cau douce en Europe. La chair e\\ est ordinaircment fsrme el blanche. Les plus reclicr- SClENCIiS PHYSIQUES. 483 dies sont la perclie saiimone'e , le poisson-buffle ( buf- faloe-fish), I'estiirgeon , le chat marin, etc. II n'est pas rare d'en pecher, de ces especes, qui pesent depuis treiite jusqu'a cent livres , et Ton en prend parfois de monstrueux qui out le double de ce poids. Les pecbes de rOliio se font habituellement a la senne, ou avec desharpons, la nuit, dans les endroits oil I'eau a moins de profondeur ; enfin , avec des bamecons, des lignes , et meiue des paniers. I/Ohio est forme par le confluent des rivieres Al- legany et Monongahela , dans la Pensylvanie , a Pittsbourg , pres le quarantieme et demi degre de la- titude nord. Quoique son cours soit plein de sinuosi- tes , sa direction generate est sud-est, ct ouest-sud- ouest. II prend toutes les autres directions, mais coule rarement du cote tout-a-fait oppose. II se decbarge dans le Mississipi , pres du trente-septieme degre de latitude , et separe I'Etat de Kentuckey de celui des Illinois qui est au nord. De Piltsbourg jusqu'a sou embouchure, il a 5oo milles geographiques ( soixante au degre ) de cours direct, et q6o de cours regulier. Sa largeur est conimunement d'un demi-miile, ou de deux mille cinq cents pieds. Ses eaux sont un pen troubles ; ce qu'on attribue a de petites particules de matiere terreuse qui s'y dissolvent ; maiselles sont ce- pendant fort salubres. L'Ohio coule dans une etroite vallee jusqu'a Utique, au-dessus de Louisville. Celte vallee a environ un mille de largeur, ct trois cents pieds de profondeur ; dans quelques endroits , sa pro- fondeur est d'environ cinq cents pieds. On a des preuves evidentes qu'elle formait autrefois le lit de la riviere qui la rcmplissait entierement. L'Ohio a plu-ieurs i!es : on en compte jusqu'a cent Irente; elles sont la plupart 3i* ^^ SCIENCES PHYSIQUES, etroiles et longues. Quelques-uns dcs bancs de sablff qui se trouvent an milieu de la riviere, devienneut graduellement des iles , qui sont inondees , lors des grnndes eaux. La navigalioa de I'Oliio est difficile , a cause des bancs de sable dont il cst'renipli : on les Irouve surtout dans !e voisinage des Iles. lis produisent dcs bouillonnemens et des remoux ; quelques-uns ont a peine six pouces d'eau , a la baisse des eaux. Les bords de la riviere sont Ions forme's par les alluvions , on terrcs que les eaux ont rejelees en se retirant et en cliangeant leur cours. Le sol en est riche et fertile. II y a dans plusieurs fonds deux et trois rives , toutes tres escarpees, et de dix a quarante pieds de haul. La premiere est entieremeut couverte , a maree haute ; la seconde ne Test jamais. On noinme bajoitb , d'etroits canaux dans lesquels I'eau coule a une certaine epoque de la crue de la riviere, et entoure des parties de terre dont elie fait des iles. Le plus long de ces canaux est situe au-dessous d'Evansville , et coupe en deux une vallee qui forme alors une grande lie. Vis-a-vis Hcn- dersonville, I'OIiio est sujet a des crues periodiques , et a plusieurs autres qui sont accidentelles. La plus haute arrive au printemps , quand la neige se fond dans les montagncs d'Allegany ; on I'a vu s'elever jusqu'a quinze pieds au-dessus du cours ordinaire, couvrir toutes les iles, et inonder les villes baties sur ses rives , telles que Marietta , Sliippingport , etc. , a une profondeur de plus de dix pieds. Une autre a lieu a la chute des premieres pluies ; toutes deux s'ecoulent promptcment. Les inondations ne montent pas si haut dans les vallees basses ; mais elles s'elendent partout , et laissent, en se retirant, des etangs et des marecages. Les tournans oil I'eau s'engoufFre avec bruit sont cona- SCIENCES PHYSIQUES. 485 muns dans I'Ohio, mais n'y sont pas dangereux. La vallee est presque toujours couverte, ea hiver et an printemps , d'epais brouillards qui se rassemblent des le matin, et durent jusqu'u ce que le soleil les dis- sipe. lis garantissent cette conlree des fortes gclees , et rendent son climat plus doux que celui du pays (jui I'avoisine. Les orages sont frequeus en ete , et amenent quelquefois des ouragans qui rendent la navigation dangereuse, a cause des vagues qui s'elevent contre ie courant. Apres les inondations, il rcgne souveiit des fievres intermitlentes , particulierement dans les lias- fonds ; mais elles durent peu , el le climat est en gene- ral salubre. Les rives et les coUines qui bordent I'Ohio, ainsi que ses iles, sont presque partout couvertes d'arbres , parmi lesquels on distingue \e jilatanus occi- (leiitalis , le sycomore , \e populus angulaia, le collon- nier , et le salix nigra (lesaule). Les paysages spnt varies ; les sites romantiques et la culture augmentent encore ces beautes naturelles, surtout pres de Cincin- nati, de Maysville , de Pittsbourg, etc. La riviere est navigable pour les bateaux a vapeur , les grandes barques , les petites goelettes , les bateaux a rames , les bateaux plats, les pirogues, les radeaux , etc., dont plusieursmilledescendentrOhio tousles ans. Lenombre de c^ux qui le remontent n'es,t guere moins grand ; on en compte plusieurs centaines , entre autres plus de soixante bateaux a vapeur , de i5o tonneaux chacan. Outre la vapeur, on s'aide, pour voguer contre le cou- rant, de voiles , de rames , de cordes , etc. La princi- pale difficulte de la navigation consiste a eviter les ecueils , les bois flottans , le moment de la crue des eaux ou de leur baisse,lcseaux basses, les tournans, les remoux , etc. Au prinlcms , I'eau s'eleve a uuc telle 48(5 SCIENCES PHYSIQUES, hauteur, que Ics vaissoaux de 5oo tonneaux y soiit a flot. Plusiours graiuls navircs fiircnt conslruits a Pilts- bourget a Marietta, et gagiierent la mer sans acciJent ; ruais , depuis riulroducLiou des bateaux, a vapour , on a cesse de faire usage des vaisseaux jiour uaviguer sur les rivieres. II y a dcja plus de cent vingt-cinq villes et villages batis sur les bordsde I'Ohio. Pittsbourg , situee a la source de ce fleuve, contient pres de quinze niille liabitans ; la population de Cincinnati est de plus de dix ruille ames. ].es aulres villes principalcs, sont : Louisville, dans le Kentuckey, cinq niille ames; Ston- benville , environ trois mille ; Maysville , dans le Ken- tuckey, deux mille; Beavertown , dans la Pensylvame; Wheeling, dans la Virginie; Marietta , a I'embouchure tin Muskingum ; Gallipolis; Portsmouth, a i'embou- chure du Scioto ; Augusta, dans le Kcntucke}' ; New- Port , a I'embouchure de la riviere Licking ; Owens- borough, Hendersonville , Vevay, dans I'lndiana , etc. L'Ohio recoit a peu pres quatre cents rivieres , dont vingt ont plus dc cent milles de longueur. Les autres ne sont que des torrens ou des ruisscaux grossis par les pluies^ Pieaucoup prennentleurs sources dans les moufs Allegany. II y- a Ireute - quatre especes de poissons de'critcs dans les feuilles que nous possedons. La pUipart sont thorachiques (on nomine ainsi I'ordre de poissons dont les nageoires sont situees un peu en arriere des pecto- rales), etsemblenl appartenir exclusivcment aux ri- vieres qu'ils habitent. L'inte'rcssant travail de M. Rafinesquc doil etre maintenant termine, et les naturalisles pourront jouir du fruit de ses recherches et de ses savantes observa- tions , deja connues en France par un Memoire qu'il SCIENCES PHYSIQUES. 487 envoya , il y a tin an , a M. de Blainville de Paris, pour etre public dans sou Journal de phjsique , sous le litre de Prodrome de soixante-dix nouvelles especes cPannnaitx , et cinquante nouvelles especes de planlcs de V Anierique seplentrionale. L. S. WVVWV\\'VWVWVWVWVWVV\(WWi\VWV\% TrAITI!: de TOPOGRAPniE , T)'Ara'EHTAGE ET DE NI- VELLEMENT ; par L. Puissant, officier superieur aucorps royal des ingenieuj-s-geographes, etc. (1). La science qui enseigne a mesurer et a partager la lerre , est cultivee depuis des tems si recules , qu'on la regarde comme I'origine de la geometrie, cette base de loutes les sciences. Ce qui est certain , c'est qu'elle se lie a tons nos besoins , a toutes nos jouissances, et meme a notre systeme social , par la navigation, le commerce et la division des proprietes territoriales , aux({uelles sont attaches les droits politiques. Enfin, de nos jours , cette science a ete I'objet des medita- tions des geometres les plus profonds; et les travaux des Borda, Laplace, Delambre et Le Gendre I'ont elevee au plus haut degre de perfection. On la divise en deux parties ; Tune Iraite les questions relatives a la figure du globe terrestre , et se rattache a I'astronomie; elle se nomme ffdodc'sie. L'autre partie, moins elevee et presentant des diificultcs beaucoup moindres , est la topograpliie , qui s'occupe de la forma- tion des cartes et de la levee des plans de detail. Pour former la carle d'un grand Ltat , on distingue d'abord les points les plus remarquables , a la distance de 6 a 10 lieues, d'oii les lunettes des instrumens les font (1) Paris, 1820. I vol. 111-4". Seconde edition. TM.sdime veuve Coarcier, libraiie, rue ilu Jardinct-Saint- Andre-des-Arcs. 48S SCIENCES PHYSIQUES, apercevoir. Ces points, joints Irois a trois par des li- gnes dioiles, coiistitnput un reseau de grands trian- gles (|iii s'encliainent. C'cst la geodesic qui montre a trouver les dimensions de ces triangles de premier ordre, a en determiner les dispositions mutuelles , a assigner les longitudes el latitudes de leurs sommets , ainsi que lenrs elevations au-dessus du niveau dcs mcrs. Ce travail , diiEcile et long , a e'le fait pour plusieurs royaumes , avec un talent sujoerieur , et les ingenieurs du de'pot de la guerre ont acquis en Bavierc , en France, en Italie, et dans les monlagnes alpines, une renoni- mee de savoir, cgale a celle de valeur qu'ils avaient merite'e sur les champs de bataille. Ces grands triangles determines , il reste a combler leurs vastes surfaci s, en y rapportant les points moins importans qu'on y rcmarque, C'est ici que la topogra- phic recoit ses applications. M. Puissant, olhcier superieur au corps des inge- nieurs-gcographes , charge specialement d^ I'ensei- gnemenl des eleves recus dans ce corps , a public' deux editions de ses Traile's de Geodesie el de Topographic. Ces deux ouvrages, egalemenl distingues sous le double point de vuc de la pratique et de la theorie, sonldij;nes de faire suite I'un a I'autre. Le premier a paru il y a deux ans, et nous en avons rendu compte ( voyez 2' vol. , pag. 24. Avril 1819 ). C'est de la scconde edition dc la Topographic que nous devons parlcr ici. Apres avoir raoutre, par dcs excmples convenable- ment choisis, comment on pent Her un plan par- ticulier a I'un des grands triangles donnes par une operation gencrale et pr('liminairc, I'auteur resout plu- sieurs problemes dc geometric pratique , et donne Ics principales regies de I'arpentagc. II expose avec soin la construction etl'usage des divers instrumens, lels que SCIENCES PHYSIQUES. 489 la planchelte, la boussole, le cercle repe'tileur, le theo- dolite , le sextant et le cercle de reflexion, dont I'emploi doit desormais elre repandua raison des facilitesqu'ori trouve a s'en servir , et de la rapidite avec laquelle on pent operer. M. Puissant niontre les avautages propies a cliacun de ces iustruniens , et indicjue les cas oli il doit elre prefere. II de'crit aussi ceux qui servent a trans- porter les observations sur le papier, tels que le coin- pas de proportion, le pantographe , etc. Un cliapitre entier est destine a traiter du nivelle- ment et du calcul des terrasses ; avec des applications d'une utilite journaliere dans les travaux des ponts et chausse'es et du genie niilitaire. TJn autre chapitre a pour objet I'art de construire les cartes et de les dessi- ner. Ce dernier sujet nous a semble digne d'altirer I'at- tention d'une maniere particuliere. Autrefois , le dessinateur croyait que , dans le figure d un terrain, il pouvait se livrer a ses inspirations , et que son but e'tait reinpli lorsque la carte etait presen- tee d'une maniere agreable et pitloresque. On a menie des cartes oli les objets sont dessines en perspective : niais, le plus souvent , on preferait donner aux mon- tagnes , aux coteaxix , une sorte de saillie , a I'aide du jeu des ombres. On faisait venir le rayon de lumiere de Tangle superieur a gauche, et Tombre se dirigeait vers la region opposee. On a roconnu, depuis, qu'outre le grave inconvenient d'emjjloyer deux sortes de pro- jections pour designer un meme objet, I'epaisseur des ombres derobait aux yeux les details interessans a conserver. II est indispensable qu'une carte permette revaluation des distances et des hauteurs, ainsi que les plis du terrain et les accidens varies du sol , avec la precision geometrique. 4g4 SCIENCES PHYSIQUES. Maintenant les ingeaieurs sont convenus dc couper ]es inontagncs par une suite de plans horizonlaux equidistatis , qui y forraent des sections curvilignes, qu'on projette sur la carte. En nombraut ces ligncs, il est clair que, d'apres rintcrvallc convenu des plans , il est aisc d'evaluer exactement la hauteur des sommcts , comine avec iin compas on peut evaluer les distances d'apres I'echelle du plan. II y a plus , ces courbes etant d'autant plus rapprochees que la pente a plus de ra- pidite , on peut , d'un coup-d'ocil , juger dc la declivitc desjilans, et prendre une idee vraie et generale du terrain qui y est desslnc. Des ligiies dirigees selon la plus grande pente en indiquent les diverses directions. Lorsque le plan est construit sur une petite ecliello , on se borne a la simple indication de ces lignes de pente , qui suffisent al'objet qu'on a en vue : on reconnait de suite les mouvemens du terrain , par les oppositions de clair et d'ombre, puisque les traits sont plus serres et les hachures plus courtes et plus denses lorsc^ue la pente pst plus rapide. La maniere d'eclairer le terrain est un sujet de con- troverse entre les gens de I'art. Le systeme des Allc- luauds , qui a pour defenseur M. le colonel Bonne , veut que le soleil soit toujours suppose au zenith , en sorte que le sol est eclaire comme sous la Zone-Torridc. Le fond d'une vallee, le plateau oli aboulit une chaiue de montagnes , sont marques d'une teinte egalemcnt claire : c'est le blanc nieme du papier. Diverses teintes, de pure convention, indiquent ensuite les degres de pente. L'arbitraire qui regne dans cette distribution des ombres , la difliculled'exercer son ceil areconnaitrc le degre d'une pente a la teinte qu'elle a recue , la ne- cessite de figurer de la racme maniere un cone et un SCIENCES PHYSIQUES. <}.j. crcux conique, donnent aux opposans de ce systeme dcs armes bien fortes ( i ). A la tele de ccux-ci, on voit MM. Puissant, Chretien de la Croix, ct la plupart des ingenieurs francais. C'est dans le Trailecle'^ropographie qu'on pent voir et jnger I'elat de cette question devenue Ires importante dans la circonstance actuelle , oli le Gouvernement se dispose a faire , sur une grande cclielle , une nouvelle carte de France , qui devra ctre dessinee d'apres I'un ou I'autre des systemes que nous venons d'exposer. M. Puissant resout les nombreux problemes du vasle sujet qu'il embrasse, au moyen d'unc analyse savante, genre dans Icquel il a donne des preuves norabreuses d'liabilete. C'est par ces applications des sciences du calcul etde la geometrie, que I'art, et je dirais presque le metier de I'arpenfeur et du niveleur, s'est eleve sur la mome ligne que Ic niathenialicien et I'astronome , dans les reclierches et les travaux des grandes mesures de la terre et de ses contrees. D'apres I'exposc que nous venons d'offrir, on recon- natt que le Traitc de Topographic de M. Puissant est digue et de I'habiie professeur qui le publie, et des savans ingenieurs auxquels il est destine. Le succes en sera sans doute aussi assure que celui de la premiere edition , a laquelle on remarque de nombreux clian- gcmens, que I'experience a indiques a I'auteur, et qui ajoutent un nouveau prix a son travail. Fu.\ncoeur. (i) Les personnes qui voudront jnger des effets de ce systeme, n'ont qu'a jefer les yeux sur les cartes del'ouvrage de M.de Hum- boldt. La diflicnlte' de faire sentir les pentes, qiiand I'e'chcUe est tres petite , a conduit M. Brue a se conformer a ce genre dans son Alias (Voyez la Revxie , ci-dessus, page 1G2 ) , et dans sa grande Mapperaonde. Ces belles cartes e'tant a point trcs petit , cet liabile geographe a cru devoir preferer le systeme allemand. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. De 1,'EcONOlMlE PTJBLIQUE ET llUPiALE DES PeRSES ET DES Phekicieks , par L. Reysier (i). Ce volume , dont nous avons a rendre cornpte de- puis long-tems, est le second du grand oiivrage entre- pris , il y a deux ans (2) , par le savftnt M. Rejnier, sur Vdconomie politique et riirale des plus anciens peuples connus. II enibrasse non-seuleracnt les Perses et les Pheniciens , mais encore les nations qui out fleuri, sous differens noms , dans les contrees renfermees cntre 1 Euphrale et I'Indus, la mer Caspienne ellegolfePer- sif[ue. Le travail de I'auteur a , dans cette circonstance, etc; d'autant plus epineux, qu'il avait moins de sources a consulter, et qu'il tievait parler des Assyriens el des Medes qui ont precede les anciens Perses. « Les ouvra- ges de la plupart des Iiistoriens grecs qui ont ecril sur ces peuples, comine il le dit lui-meme, ne sont point parvenus jusqu'a nous; ceux dont les ecrits subsistent, en ont plutot donne des episodes qu'une histoire re'elle ; et encore ces episodes ont la plupart un coloris fabuleux qui detruit la confiance. Les historiens orientaux , qui auraient pu fournir d'autres rcnseignemens , sont pos- terieurs a I'introduction de I'islaniisuie , et leurs ouvra- ges fouriniUent de fables sur les epoques anteneures a ce culte. Ces deux sources oil il e'tait possible de pui- ser, presentenl de telles difficultes, qu'elles pourraient decourager I'ecrivain le moins susceptible del'etre. » (i) Lausanne , 1819. i vol. in-S" dexx et 416 pag. Se trouve a Paris, chez Pasclioud, lib. Prix, 7 fr. 5o c. , et 9 fr. franc deport. (2) Voyez I'analyse que uoiis avons donnee de V Histoire dfs Ccltes et des Girimdns , du nieme aiiteur, T. Ill, p. aSi et suLv. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. 493 Dans cet etat de choses, il fallait plus que da I'.ele pour remplir la tache difficile, mais honorable, que M. R. s'est imposee, en publiaut son premier volume. Comment s'en est-il acquitte? Quel parti a-t-ilsu tirer des e'venemens romauesques, des reveries mytbologi- ques raconlees par les auteursgrecs, et desmonumens en tres petit nombre qui ont survecu a ces ages recule's? Comment est-il parvenu a concilier des traditions epar- ses et trop souvent defigurees , avec quelques usages populaires conserves jusqu'a nos jours? L'examen at- lentif de son livre nous a prouve que M. R. a surmonte toutes les diincultes : en critique habile, il a penelre dans la nuit des terns; il s'est fraye une large route, que son lecteur parcourt avec plaisir, avec un inte'ret toujours croissant. L'ouvrage consacre aux Perses et aux Pbeniciens est divise en trois parties. Dans la premiere, I'auteur jette un coup-d'oeil rapide sur les antiquites de I'Asie, an- terieures aux terns bistoriques, duquel il resulte que les connaissances astronomiques y etaient tres eten- dues , et qu'uue periode de luniieres , dont le souvenir se perd au-dela des cippes de I'histoire, a precede I'etat de decadence oil nous trouvons aujourd'hui presque tous les peuples des contrees asiatiques; Dans la seconde partie, M. Revnier s'occupe des Perses sous le rapport de leur organisation politique et de leurs institutions religieuses , des finances, du commerce, de I'industrie et de I'agricuUure. La troisieme partie traite des Pbe- niciens, consideres dans leur origine, dans leur exis- tence politique , dans leurs travaux industriels et agri- coles. Le vaste empire auquel Zoroasirc donna des lois, a successiveineat ete le theatre oii les Assvriens, les 49i SCIHNCES MOKALKS Medes, Ics Persos , les Pailhcs et les Pcrsans out devc- lojipe leiir puissance. Cette contiuuilc de re'volulioris plus ou moins de'sastreuses , ces phases de grandeur el de calamites , ces mutations subites de dynasties et ineme de langages , de lois et de couturaes differentes , monlrenl la dislocation d'ua ancien grand Etat fedc- ratif, dontcliacua de ces peuples faisait partie ; elles font voir d'antiqucs pretentious a la domination gene- rale, et en mcMiie terns I'impossibilite d'en retrouver les premiers liens , d'en coordonner I'bistoire , d'en re- connailre les institutions. Cependant , les recherclics protondes de M. Rejnicr repandent sur ces points eloi- gnesune lumicre assezgrande, pour nous faire accuser la puissance extraordinaire iniprudemment accordee aux pretres cbaldeens , les rigueurs du despolisnie qui si long-tems desolerent I'antique berceau de la civilisa- tion. L'cpoque de Cyrus fut celle de la discijiHne mi- litaire; celle d'Alexandre , celle des plus granges divi- sions d'iutcrcts et d'opinions entre les nombreuses provinces de I'einpire perse. Sans Irop rappetisser le lieros de la Cfropcdie, sans trop vanter ce soldat auda- cieux qui detruisit les institutions les plus respecleesdc sa patrie, qui substitua au gouvernement representa- tif, seule sauvegarde des lois et de la liberie, le des- 2>otisme d'un seul , le droit du sabre et de I'heredite des premieres places de TElat , M. Reynier nous le repre- sente tel qu'il fut; et, lorsqu'il arrive a I'epoque d'Alexandre , il arrache la brillante couronne de I'adulation, que de serviles ecrivains placerent sur sa tt'te, pour legitimer les monstrueuses entreprises des conquerans. Cette partie de son ouvrage appelle la me- ditation des personues vouees aux sciences politiques. En traitant de la religion , nous voyons avec peine ' ET POLITIQUES. 495 que notre savant auteur adopte le systeme absurde de I'astrotheologie , et qu'il suit trop complaisainmentles opinions deDupuis, a qui cependant nous sommesbien loin de refuser de vastes connaissances, une critique peu coinmuue , et un talent remarquable. M. Reynier s'appuie, il est vrai, du temoignage de Strabon , qui nous assure (i) que les disciples de Zoroastre adoraient le soleil. Mais , en ouvrant les livres attribues a ce re- formateur de la religion persanne , on ne trouve nulle part le culle des aslres ; partout il parle , au contraire , d'un Dieu, maitre de toutes choses , dontllEoMo, le legislateur de I'antique Asie , avail long-terns avant lui proclame la puissance et public les bienfaits. Mitlira, que le pere de I'liistoire grecque (2) compare a la Venus de Guide , et que Xeuophon (3) , qui vecut a peine un demi-siecle apres lui , nous peint comnie un dieu, n'est point le syinbole du soleil, ainsi que H3'de (4) et Mos- hemius (5) I'ont fort bien deinontre. Les nionumens qui avaient servi de preuves a cetle opinion, apparliennent a des ciseaux grecs oa romains que I'iniagination ou les croyances du terns ont egares. La religion primi- tive des Perses etait purement^eocratique ; et , si elle admettait deux sortes de genies, les uns bons (ceuxde Ehoromez-duo), les autrcs mauvais (ceux de Ahriman), elle les regardait plulot comnie des agens interme- (i) Ge'ogr. , lih- XV, pag. 1064. (2) Herodote, fib. I , cap. i3i. (3) Cyroped. , Jib. VII. 16. OEconom. IV. Son opinion a ^te adoptee par tousles e'crivains grecs et latins; le seul Ambrosius {contra iSymmachum, pag. 840) a siiivi HEnoDOXE. (4) Hisloria religionis veterum Persaruni , cap. IV , pag. lo4 i 122. (5) Au rapjiort de Brlcker , Hist, philos. , torn. I, pag. 169. .{i)G SCIKNCES MORALES diaircs cntro la tlivinile el les bommes , que comine dos dieux tout-puissans. En eflet , les livres Zend nous le proiivent dans la distribution qu'ils font , et les prero- gatives (ju'ils attribuent a ces differens gcnies. Les bons gcnies sont divises en qnalre classes: les Aniscliapands, on les excellens , qui sonl au nombre de six , inspirent les vertus publiques et privees; les Jezd ,a.ix nombre de vingt-quatre , sont leurs ministres directs aupres dcs honimes ; les Hamkars sont cbarges des biens de la terre,etles GahsAw cours regulier des astres. Les mau- vaisgenies sont divises en trois masses : \esDeoiianm, au nombre de six, (jui luttent sans cesse contre les ams- cbapands ; les Dewes , dont le nombre s'eleve a qua- rante , et les Daroiidj qui promenent partout les maladies , enveniment les passions et multiplient les accidens facheux autour des bommes qu'ils Iravaillent en tous sens. Mithra appartient a la classe des jezd et occupe parmi eux le septieme rang ; son nom en zend signifie justice et bonle ; comme bon , il pre'side a la fertilite de la terre ; le livre de VIzeschne lui donue mille oreilles et dix mille yeux pour entendre et exau- cer les voeux des boniq|es. Comme juste, il est place sur le pent Tchenoueto, qui separe le ciel de la terre, et la, il pese les actions des morts : il est seconde, dans celte fonction, par un autre genie bienfaisant appele Raschnt-rast. 11 est impossible , a mon sens, de trouver ici de quoi juslifier une religion astrotheologiqne. Lesysleme des finances a beaucoup varie' ;il a suivi les vicissitudes politiques de I'Elat. Sous le gouvernrmcnt absolu des Assyrians , tous les tributs arrivr.ient a ua seul centre, apres avoir ete preleves au milieu dcs ex- torsions de toiis les genres. Sous la domination militaire des Medes , les Salrapes , inamovibles dans leurs char- ET POLITIQLES. 497 ges , devoraient tous les revenus publics et ceux des malheureiix qu'ils accablaient. Sous les Perscs, le gou- vernement ayant commeiioc par avoii- les formes mjli- taiies , d'oii il a passe au despolisme t^ui eu est la suite naturelle, i'obeissance passive etantla base de la dis- cipline , les vices auleriems de rad;iiinistration sesont conserves, ou, pour mieux dire , legitimes. Les tresors des rois de Perse etaient entre leurs mains des masses steriles , que la circulation aurait transformees ea ri- cbesses productives, et que leur stagnation a retidues inutiles a la nation , el fatales a Xerccs, a Darius et a leurs successeurs. Quant a I'agriculture , elle etait sacree ; les lois veil- laicnt a ses travaux et a la conservation desesprodults, meme pendant la guerre. C'est a tort que Xenophon fait lionueur de cette loi a Cyrus ; elle lui etait ante- rieure de plusieurs siecles. En effet , la grande fertilite des terres dans ce pays , la richesse et la variete des cultures qui firent I'admiration des Grecs , dout le terri- toireexigu etait loin d'ofFrir les memes a vantages, enuu mot, I'etat florissant du premier des arts , se rattachent aux plus vieilles institutions de la civilisation asiatique. L'agriculture et la procreation de nombreux onfans etaient specialement recommaudees par ks jireraiers legislateurs de la Perse ; on retrouve encore le meme precepte dans le Zend-Avesta, qui doit avoir ete ecrit plus de deux mille ans avant I'ere actuelle. Cette lecou des ages les plus recules s'est conservee au milieu de toutes les vicissitudes ; elle est tellement enracinee dans les tetes persanes, qu'aujourd'hui, malgre' le change- ment de culte, le bien labourer, le soin de semor de I bons grains , d'ouvrir partout des canaux d'irrigation , de creuser des reservoirs d'eaux dans les regions mon- TOIHE viit. 32 498 SCIENCES MORALES tagneuses , le dessechemenl des sols trop liumides , etc. , sonl encore regardes comnie des actes de piete , comme Jes plus utiles de toutes les occupations. Le soin des bestiaux et I'iniportance de leur multi- plication l)ien enlendue furent, apres la culture des terres , an nonibre des preceptes les plus recommandes par le culte des Perscs; aussi , nulle part on ne vit des betes a cornes aussi belles que dans le pays des Aspiens : ils reservaient le boeuf, uniquement pour les rustiques travaux; le clieval , 'pour la nionture des guerriers et des hommes investis du pouvoir. Les betes a laine , dont le nombre etait considerable , se faisaient re- marquer par leurs riches toisons; les chevres jouissaient surtoutd'une haute faveur ; ce sontellesque nouscon- r.aissons niaintenant sous le nom de chevres cV Angora, Dans les basses-cours, onnourrissait beaucoup de vola- liles, surtout des poules et des coqs; c'etait une obli- gation religieuse d'avoir un coq dans son habitation. L'Europe a beaucoup emprunte a I'agriculture per- sane. Nous lui devonsplusieurs cei-eales : I'orge nue de la Cappadoce, le riz, la luzerne, appelee long-tems herbe de Medie; le raisin qu'on cultive, de nos jours, dans les lies loniennes, sous le nom de raisin de Conn— the, etc.; plusieurs arbres, le citronuier , lenoyer, le pistacliier originaire de la Bactriane , le pecher et le jujubier. On joignait nagueres encore le cerisier a cette lisle assez nombreuse, sans songerque cet arbiede nos forets efait cite par les naturalistes grecs et latins , comme indigene, long-tems avant que Lucullus eut rapporte de Cerasonte la guig-ne ou le bigarreau. D'apres Herodote et Strabon , il parall que I'olivier n'entra point dans la culture des Perses ; cette particu- larite frapjja les Grecs , qui consideraient son huile ET POLITIQUES. . 499 conime un objet de preii.iere necessite ; mais c'est a tort que M. Rejnier en infere que le clirnat de ce pays ne convenaitpas a I'aibre de Minerve , pnisqu'au rap- port d'Olivier, qui a long-tenis habite la Perse et visite les diverse* contrees de cette partie de I'Asie , avec les yeux d'un naturaliste profond , on y trouve partout cet arbre daus I'elat sauvage (i) ; oa assure meme que c'est de I'Asie occidentale qu'il s'est repanJu dai:s ['Eu- rope, et qu'il passa sur les cotes autrefois habiteespar les Phenicieus et leurs colonies, oil sou liuile etait une branche de commerce tres considerable. C'est aussi des contrees asiatiques que nous est venu le mais, long-lems regarde comme originairedu Nou- veau-Monde ; il etait cultive dans la INatolie , bien avant le douzieme siecle de Fere vulgaire, pnisque c'est de-la qu'il flit apporte en Itaiie I'an i2o4 (2). Le pere de la poesie italienne en parle comme d'une plante fortcon- nue , et Dante florissait avant la decouverte de I'Aiae- rique. M. Reyiiier ne parle pas du mais; ii I'asansdoute confoudu avec le sorgho , holcus bicolor, quise cultive depuis plusieurs siecies en Itaiie ; mais c'est une erreur qu'il partage avec beaucoup d'autres. Lorsque notre savant auteur cite les palmiers qui oc- cupaient , chez les Perses et les plus ancieas peuples de I'Asie, le premier rang parmi les arbres utiles, il lui echappe quelques erreurs relativement a la conuais- sance des sexes, dans les flenrs de tons les vegetaux, (i) Et plus particulierement dans rancienne Me'sopotuuie . au has des montagnes qui rendent si pittoresques les environs de Merdin ou Marde. (2) J'ai public a ce snjet un excellent Mrmoire de M. Caffa- KELLi dans le VI" volume, pag. 334 s' suiv. de ma Bibliotliequ physico-economiquc. 3a* Soo SCIENCES MORALES qu'il refuse aux anciens ; il va nieme plus loin : il accuse Theophraste d'un defaut d'atlention a cet egard. Je lui demande la permission de peuser tout aulrement, et de voir , au contraire, dans I'illustre eleve et successeur d'Aristote, I'auteur de la grande decouverte des sexes dans les plantes (i); decouverte que Zaluziansky arap- pelee le premier en 1692, que Grew el Malpiglii prou- verent en 16 6, etque Linnee fixa d'une nianiere irre- vocable en 1737. Theopliraste nous apprend positi- veujenlquela reproduction des vegetai'x a lieu, comme clicz les aniraaux, par I'union des sexes (2) ; ce sont , dit-H, les corpuscules pulverulens xoviopTOj qu'on re- niarque dans les fleurs males aoorivac, sous I'aspect d'un leger duvet , qui fecondent les fleurs femelles 5r,lsiocg , leu r font porter des fruits , et les amenent a une parfaite maturite (3). Jamais ces dernieres ne pro- duiraient sans le secours des fleurs males. L'hymen s'accomplit par le ministere des vents, ou par la main des homines , dans les palmiers , dans les arbres et les herbes dioiques (4) , dans le genevricr et toutes les plantes sinoiques ; soit qu'elles habitent les eaux , ou qu'elles couvrent le sol, les organes sexuels sont reunis (i) IM. Thiebaut de Berneadd prepare sur ce natnraliste un grand travail , qui a de'ja Gxe ruttcntion de I'lnstitut de France et de plusieurs autres corps savans de I'Europe. Ce que MM. Ccvier et DE MinBEL en out dit, Tun duns son rapport sur les travaux de rAcademie des Sciences, annee 1814, Tautre dans ses Ejcmens de fihysiologie vegetale et de botaniqite, en fait de'sirer la pu- blication. (N. n. K.) (2) lliUoirc des plantes , liv. Ill, rh. 9. (3) Hist. Plant. , lib. II , cap. 8 et 9. (4) De Causis, lib. I, cap. 7 j lib. U, cap. la, et Hist. Plant., lib. 11 , cap. 8. El' POLITIQUES. 5oi 8ur le meme individu , et sont places de manierc a pou- voir egalenient payer le tribul coajiigal (i). D'apres ce peu de faits que je pomrais eteiidre da- autage, et que chacun est enmes'jre de verifier aisenient, il ii'est point possible de refuser a Theophraste la parfaite conuais- sance des sexes chez Ics vegetaux , et d'avoir donne a cette decouverte tout le developperaent dont elle etait susceptible, en un siecle ou I'oeil n'avait point, dans les verres, le puissant auxiliairequ'ils nous fournissentau- jourd'hui ; en un siecle oil Ton etail plus occupe h ras* sembler des observations en tout genre , que de les coordonner metbodiqueraent. Une loi reniarquable des Perses defendait d'aug- menter les impots, sous le pretexte des ameliora- tions qu'une bonne culture avait produites ; une autre ordonnait aux homnies charges du pouvoir, denefaire usage que des productions agricoles et industrielles du pays. Dictees par la justice et la raison , ces lois font I'eloge de leurs auteurs et des peuples qui les conser^ vent encore. La premiere est une critique amere des gouverneniens Irop fiscaux de notre Lurope; la der- niere est la base d'une prosperite durable, et le motif constant d'une perfection ceriaine. Nous avons fort peu de choses a dire de la troisierae parlie de I'ouvrage que nous examinons. Les Pheni- ciens , qui eleverent les murs de Tyr et ceux de Sidon , n'elaient point un peuple autochtone, mais une famille de coinnier9ans , occiipee du soin de s'enrichir et de former des colonies partout oil les relatiins commer- ciales pouvaient leur assurer lous les genres de specu- lations, lis avaient des lois affreuses ; 'eur culte exigeait (i) JJist. Plant. , lib. Ill, cap. 6. 5o3 SCIENCES MORALES queles autels fussent arrosesde sang humain ; leurs pre- tres et leurs magistrals etaient sans pilie ; I'oligarchie ecrasait le pauvre : il elait voue au plOs dur esclavage. Les penples sans agriculture ne font que passer; le commerce entasse I'or , et , lorsfju'il en est gorge, il s'eiirlort clans les bras du despolisme , sans lais^er d'au- tres souvenirs que ceux de la haiue et d'un luxe levol- tant. On attribue ordiuairenient aux Pheniciens une decouverte importante, la fabrication du verre ; niais M. Reynier nous apprend que c'est sans raison , puis- qu'ilseii ontemprunle les procedpsauxlthiopicns, cliez qui celte industrie etait tres anciennement connue , et que les figyptiensavaicntdeja perfectionnee avant I'ar- rivee des colonies pheuiciennes sur les cotes dela Me- diterranee. Quoiqu'il ensoitdes observationscritiques auxquelles nous nous sommes livres dans cet article, nous devons de tres grands eloges au savant qui nous prepare, sur les plus anciens peuples , un corps d'histoire politique et morale , unique en son genre ; il merite les encoura- gemens de tons les amis des sciences, et la reconnais- sance de tous les hommes appt'les a I'administration. Les lejons du passe doivent servir au present. ThiEBAUTDE BEaNEAUD. ET POLITIQUES. 5o3 VW\WV\'WV\» L'SutlOPE au moyen age , traduit de I' anglais de M. Henry Hallam, par MM. P. DuDOuiT^ ai^ocat a la Cour rojale de Paris , et A. R. 15ok.g- HEus. TomeP'", ronlenant, iThistoiie dc France, depuis Clovis jusqu'a rinvasion de Naples par Charles VIII •, 2° I'exposilion du systeme feodal •, 3° I'hisloire d'Espagiie, jusqu'a la conquele de Grenade (i). CETOuvrage , remarquable a tous egards , sera lu avec un grand interet par tous les honimes qui ,enetudiant riiistoire , ont un autre but que celui de surcharger leurmenioired'uneserie fastidieusedenoms etde dates , ou d'une suite monotone de villes prises , de pays ra- vages , de batailles gagnees ou perdues. Ce qui est reellement singulier, c'est de voir que les menaes personnes qui se plaignent de I'ennui attache a Ja lecture de laplupartdes histoiresmodernes, semon- trent en lueme tems ennemies opiniatres de la seule science qui pourrait fairedisparaitre cetennui, rendre la vie a I'histoire, expliquer les causes des e'venemens, et connaitrelesprincipesquielevent , soutiennent ou rui- nent lesEtats. L'histoire separee de la philosophic n'est qu'un froid squelette qui attriste les regards et glace lecceur. Laphi- losophie seule peutressusciter etranimer cette foulede morts, dont la nomenclature n'est que fatigante lors- qu'on ne fait pas revivre leurs passions, et lorsqu'on ,(0 Pari', 1820. 1 vol. in-S". Delestre-Ronlage, libraire de TEcole de Droit, rue des Mathurius-Saint-Jaajues, n° i. I'rix-, 7 fr. et 8 fr. 5o c. franc de port. 5o4 SCIENCES MORALES n'explique point leurs actions, en retracant leurs lois el en peignant leurs iTiORUrs. (/est i'influeiice reciproque des lois sur los mocurset des mceurs sur les lois, qui seule, lorsqu'elle est ob- servee avec sagacile , eclaire la nuit des tems , allume Ic ftaiubeau de la verite , eclaircit tons les mysteres de la politique, fait pour nous de I'histoirc, la plus morale, la plas a'tachaiite, la plus utile desetudes , etnousaide surloiit a nous preserver , pourl'avcnir, des erreursdont le passe nous- retrace le tableau. Personne ne veut assurement m son propre malheur niceluidesa patrie, et I'onverraitprobablement dispa-/^ raitre uue grandepartie des passions qui nous divisent, ] el des semences de discorde qui fermentent aujour- d'hui parmi nous , si Ton parvenait a dissiper cetle ignorance plus ge'nerale , plus profonde, et plus gros- siere qu'on ne le croit , cette ignorance inconcevable de nos premiers tems , de nos premieres lois , et des varia- tions successives introduitesdansnos institutions etdans nos mceurs. Rien n'est si commun que d'entendre partout une jcunesse passionnee, une vieillesse mal instruite, des femmes irrr.scibleset frivoles, des militaires tranchans ot de pretendus liomraes d'Etat , repeter avec ineptie leurs lameutations sur la chute d'un ordris de choses qui , pendant qualorzesiecles, disent-ils, a faitlagloire et le bonheur de la France. On voit par-la qu'ils ignorent corapletement les premiers elemens de leur propre histoire; ils ne con- naissent ni la democratic des premiers Francs, ni la servitude des Romains-Gaiilois , ni les liraites et-roites de I'ancien pouvoir royal , ni les progres rapides d'une aristocratic belliqueuse, mais qui, pendant plusieurs ET POLITIQDES. fo5 siecles , n*eut aucun rapport avec I'aristocratie de nais- sance , ni la constitution presque representative iPiS'-s- citee et organisec par Charlemagne, ui le cliaoi nans leqiiel les successeurs de ce monar [iie laisserent toinber la France, envahie parune foule innombrablede grands et de petits usurpateurs seignetiriaux , ni la regiilari- sationquele sysleme feodal parvinta porter dans cette anarchic , aux de'pens de la liberte des pen pies et du pouvoir des rois. lis ignorent egalement tontes les revolutions succes- sives qui rompireat et detruisirent cette chaine feodale , par des conquetes, par des successions, par des confis- cations, et qui, sans donner une base legale an pou- voir concentre du roi , ci-devant e'lectif , fit seulement de lui un seigneur feodal , absorbaot les droits de tous les autres. lis nesavent pasdavantagepirquels degres lepeuple a passe de I'independance a rasservissement , et dc I'es- clavage a la franchise ; la formation des parlemcns pour remplacer les barons, ennemisdu travail etdeslois, leur origine , la variete, le pen de fondement de leurs pretentions ; I'institution irreguliere des etats-gene- raux , jjrives de toute part a la legislation et revetus d'un seul droit, celui de consentir I'impot ; I'absence de toute fixation dans leslimites des differenspouvoirs ; la forceet la fortune, tantot soutenant les pretentions des plus petits gentilshommes , autorises legaleraent a guerroyer conlre le roi, tantot soiimettant letroneau clerge, tantot appuyant les empieteinens du sceptre, qui brisaita son gre les liens feodaux; enfin , les efforts lents et graduels de la raison humaine , depuis la re- naissance des lettres , et la decouverte de riraprimerie , pour sortir des decombresde cette longue barbaric: ce 5oG SCIENCES MORALES sont touteschoses tjuisemblentaussietrangcrcs aupUis grand noinbre de nos poliliques raoderncs , que si elles avaient exisle dans quel(jues peuplades obscures, aux extreiiiites de I'Asie. Mais, si quel([iies-uns d'entre eux veulent prendre la sage resolution de lire avanl de parler, et deconnailre avant de jnger, d'autres ecueiJs les atlendentsur leur route. lis y renconlrent des auteurs domiues par I'esprit de sjstemect de parti, plus proprcs a egarer leurs pas qu'adiriger leur raarche; chacund'eiix vient , avec des lunettes arrangees poiTr son systeme, observer et pein- dre , a sa maniere, le berceau de notre monarchie. Aussi , un homme de bonne foi, qui veut s'enfnncer dans les tenebres du nioj^en dge , se trouve dans une in- certitude et dans un embarras extremes, lorsqu'il en- tend des homraes te\s que Mablj'- , Diibos , Daniel, Md- T/cray , T^elj , Montlausier , Boiilainvilliers , Robertson, Montesquieu , Henaut, se contredire , sechoquer, et ex- pliquer les faits , lesecrits , les lois , suivant les doctrines differevites qu'iis ont professees. Tous ces phares diflerens ne presentent que desclarte's douteuses ; ils ne laissent point distinguer avec certi- tude le cliemin qu'on doit suivre ; et dans ce laby- rinthe, le fil d'Ariane est encore attendu. II me parait queM. Hallam reunit toute la sagacite et toute la sagesse necessaires pour le trouver. II a etudie tous les systemes , et n'en a embrasse aucun en particulier. C'est la raison, et non I'esprit de parti, t[u'il a prise pour guide dans ses laborieuses recher- ches : aussi , loin d'appuyer son opinion . comme d'autres, sur quelques faits isoles , il les compare, it les rassemble tous en faisceaux pour en faire jaillir la lumiere. ET POLITIQUES. Soy Les vieilles chroniques, les longs commentaires , les histoires des provinces, ies capitulaires, les recueils d'ordonnances, les proct-s-verbaux des etals , les cou- tunies diverses ont ete explores par lui avec un soin severe , et c'est le fruit de ses etudes longues et peni- bles qu'il nous presente aujourd'hui. Les epiues de ce travail nous sont epargne'es , il ue nous en fait cueillir que la fleur ; son ouvrage est com- pose dans une forme si neuve, qu'il seraitenibarrassant de lui trouver un nom : ce n'est point une dissertation, car on n'y voit ni pesanteur , ni aridite ; ce n'est pas non plus une histoire ordinaire , car on n'y trouve que des fails principaux , point de details inilitaires ; les eveneraens n'y servent qu'a reclaircissemeiit de la le- gislation, a I'explication de la politique , et a la niora- lite de la narration. « Lorsque j'ai traite ( dit I'auleur ) des tems les plus interessans et les plus instructifs de ce periode, je nie suis efforce de ne point olFrir une aride serie d'annales. Voulant tracer une esquisse fidele, et , autant qu'il m'elait possible, hardie et animee , plutot que de peindre une miniature, j'si du supprimer tons les faits qui ne se lient pas essentiellement a d'antres , ou qui ne sont point propres a jeter du jour sur des resultats importans. » Un autre caractere qui surprend dans ce livre , c'est son plan. Le sujet, c'est-a-dire , le tableau de V Europe au niojren age , excluait necessairement I'unite d'inte- ret. L'auteur est force de passer sans cesse d'un pays qu'il decrit a une contree difFerente , et d'une legisla- tion expliquee a une autre qu'il doit aussi faire con- naitre ; mais, cette unite , qui ne pent pas exister dans la division de son ouvrage , existe dans la moralite de son but. Par-la, il cree un ordre reel au milieu d'un 5o8 SCIENCES MORALES desordre apparent; et cette variete de maticrcs repose, au lieu de fatiguer. « Ce plan (continue M. Ilallam) differe probable- ment de celui des revues historiques qui existent dt'ja. Cliaquc cliapilre a son snjet p.irticulier , et pent etre considere conime indt'peadant du reste ; aussi Tordre dans lequel on les lira est a peu pres indifferent. Cette division par cliapitre , a lacjuelle j'avoue que ]e tiens assoz , m'a ele suggcree par le desir d'eviter les transi- tions continuelles , et de laisser subsistcr la liaison na- tureilc des fails. J'ai trouve dans cet arrangement si pen d'inconveniens pour la composition , que je ne puis penser qu'il doive occasionner beaucoup d'em- barras aux lectenrs. » M. Hallam a raison ; ces cha- pitres sppares gagnent en clarle ce qu'ils semblent perdre en suite nietliodique d'evenemens ; on Taccom- pagne toujours dans sa marche avec le m^me interet , parce que I'etude du coeur humain est son grand but ; la reciierche irupartiale de la verite , son moyen ; et que toutes les pieces oules faits qu'il cite, sont autant de preuves sur Icsquellcs il s'appuie, pour s'assurer de ses decouverles. Nous donnerons , dans un autre calu'er, une courte analyse des dilFrrens rhapitres que contient ce vo'ume: elle prouvera , j'espere, a nos lecteurs , que , s'ils veu- lent percer les teuebres de notre origine et de nos teias serai-barbares, que, s'ils cherchent la cle de nos revolutions successives et de notre situation actuelle , ils trouverout , en suivant M. Hallam, un conseil im- partial , un gai<]e sage et un eloquent interprete. La noble simplicite , la clarte et quelquefois I'elo- quence du style doivent faire partager aux traducteurs I'honneur dusucci^s dont jomt deja cet ouvrage. Le comte de SiicuR . ET POLITIQUES. Sog vwwvvwvwv.wvtvvwvwtwvwwvwww EsSAI SUR l'HiSTOIRE ANCIKNNE ET MODERNE DE LA NouVKLLE-RussiE : Siatisliqtie des provinces qui la coniposbnt. Fondation d' Odessa; ses pro- gres , son elat actuel ■ details sur son commerce, f^ojage en Crimee dans I'interet. de V agriculture et du commerce '^ avec carles , vues , plans , etc. ; dedie a S. M. TeiTipereur Alexandre I«'' (i). M. DE Castelnau a fait un sejour de quinze ans dans le pays dont il ecrit I'lilstoire; il a employe la plus grande partie de ce tems a recueiUir les materiaux de son important ouvrage. L'histoire de la nouvelle Russie presentait plus de difficultes que ceile d'aucun autre peuple de I'Europe. Cette portion de I'empire russe, nouvellement reunie, fut tour a tour possedee , coTiquise et ravagee par plus de soixante et dix nations diffe'rentes , depuis le tems d'Herodote. Au milieu de tant de cliangemens et de devastations , ses annales devaient ofFrir de frequentes lacunes. A force de soins, de Iravaux et de recberches, M. de Castelnau est parvenu a nous offrir un corps complet d'histoire , auquel il donne modestement le tilre d'Essai. L'ouvrage est divise en trois dpnqites principales : la premiere commence a I'antiquite la plus rer.ulee, et finit a la conquete de la Tauride par Mahomet II, en 1475, douze ans apres la prise de Constantinople. Dans cette premiere partie, I'auteur s'appuie sur (i) Paris, 1820. 3 vol. in-S*. Key et Gvavier, libraires, quai de« Augustius, n° 55. Prix, i5 fr. , et 18 fr. franc de port. 5 10 SCIENCES MORALES Htfrodote et sur les auteurs grecs et latins qui ont parle des Scythes. II fait pieuve d'uiie vasle erudition et d'une saine critique , en rapportant les notions que les anciens nous ont transmises touchanl les moeurs, les migrations, les guerros , les institutions des peuples indigenes on coiiqueraiis de la Tauride , et des contrees qui formaient I'ancienne Scythie ; il rectifie plusieurs opinions erronees , et retablil quelquefois le texte des autenrs d'une mauiere lieureuse,el quis'accorde mieux avec les fails et les localites ; il rend conipte des rap- ports de politique , de colonisation et de commerce que ce pays eut successivement avec les Perses , les re- publiques de la Grece, les rois du Bosphore , les Ro- mains, les Grecs du Bas-Empire et les Sarmates ; il parle ensuite des etablissemens des Genoisen Tauride, de la conquete qu'ils y firent de I'ancienne Cherson , des progres des Venitiens, leurs rivaux , qui , par leur colonic de Tana, s'emparerent d'une partie du com- merce de rOrient , dont ils jouirent concurremment avec les Genois , jusqu'a ce que les uns et les autres furent chasses par les Turcs de tons les ports de la mer Noire etde la mer d'Azoff. Cette premiere partie est terminee par la descrip- tion de quelques restes d'antiquites, et par celle des principales medailles trouvees dans les mines d'an- ciennes villes et dans les fouilles des Kourganes ; ce sont des monticules de terre , comme on en trouve dans toutle nord, dont on surmontait le tombeau des chefs de hordes et des guerriers distingues. Les medailles representent , d'une raaniere allegorique, plusieurs villes de la Tauride, et les trails de quelques rois du Bosphore. La seconde ^poque ofFre plus de certitude, sous le ET POLITIQUES. 5ii rapport des faits bistoriques. Elle comprend un espace de trois siecles, depuis la conquete de la Criniee par lesTurcs, jusqu'a la cession qu'iis en firent alaRussie, en 1784 ; ce fut alors qu'elle reprit son ancien nom de Tauride. Pour faire passer sous nos yeux les evene- niens de cette epoqiie , I'auteur ne s'est pas contenle de puiser les details les plus authentiques dans les ecri- vains russes et polonais ; nous savons qu'il a encore entrepris a ses frais , et par le seul amour de la verite, des voyages iraporlaus en Pologne et dans les diffe- rentes parties de la Russie ; il a visite les champs de Pultawa et les bords du Pruth, si difFereniment celebres dans I'histoire de Pierre \". II a eu enlre les mains les Memoires manuscrits les plus interessans ; il a profile des ricbesses de ce genre accumulees pendant des siecles dans plusieurs couvens ; et ses heureuses investigations, secoudees par les autorite's publiques, se sont etendues dans la plupart des contrees du vaste empire auquel la nouvelle Russie venait d'etre agregee. Aunioyen de tant de secours , de recbercbes laborieuses, de traditions et de communications soumises a un jugemient eclaire , M. de Castelnau a pu nous donner le premier une bis- toire complete et impartiale do peuples jusqu'a ce jour peu connus en Europe ; de ces Tartares belliqueux, si souvent revoltes centre la Porte, et presque toujours en guerre avec les Polonais et les Russes, affrancbis du joug ottoman par le secours de ceux-ci dout ils sont enfin devenus les sujets; de ces Kozaks Zaporogues , allies peu surs , enneniis terribles , qui pre'senterent la triple singularite d'avoir existe long-terns en corps d'etat sans femmes, de s'etre fixes sur ces meraes bords oil les anciens avaient place de fieres amazones, bannissaut les hommes de leur republique ; et d'avoir 5i, SCIENCES MORALES eiifin ete detruits saus relour par une feinmc. Ccttc iiiesure qu'orclonna Catherine I'ut generalement bla- Uicc en Europe ; I'aulcur clierche a la juslifier par dcs luotifs dehaule politique. L'HctiuanCLineluiski, parmi ces kozaks ; le Khan Selim-Gherai , eu Crimee , grands tous les deux par leurs vertus guerrieres et civiques , merilai>'nt ogalement d'etre celebres. Voici comment I'auteur s'exprime en parlaut de ce dernier : « Parnii tant de souverains , deshonorant cet au- gustenoru, on distinguera ce brave Selini - Gherai , rhonneur de son pays , peut-etre nicmc de son siecle , si les belles actions qui illustri^rent sa carriere eussent etc developpees sur uu plus vaste theatre. La vie de ce prince ignore se comjjoserait d'un homniage perpe- tuel rendu a la vraie gloire, a la vertu eprouvee ; mais Selim n'a pas eu d'historien ; son noni , reste confondu avec celui des princes qui I'ont obscureraent precede ou suivi , n'a point ete accompagne de la ce- lebrite qu'il a si bien meritee — » Cet homnie extraordinaire , snperieur a la fortune et bien digne de la fixer, mourut apres avoir laisse les plus beaux exemples de valeur, de Constance , de mo- destie, de patience , de fidelite , de justice dans I'ad- ministration ; de prudence et de savoir dans les con- seils ; de piete et d'amour paternel. Selim! ailleurs ton noin evit passe a la posterite sur les ailes de la recoonaissance et de la gloire; mais , chez une nation peu connue, pen ec'airee, pen estimee surtout, il est reste dans I'oubli. Puisse un jour un historien digne de toi , peindre avec energie des vertus que je n'ai su qu'esquisser I Puisse- t-il rendre a rimmortalite un prince fait pour elle , et ajouter a la liste des grands, des bons souverains , un nom d'autant plus glorieux , ET POLITIQUES. ,5.3 que celui qui I'a ilhistre naqiiit an milieu des Tatars, qu'il eut a vaincre I'ignorance d'uue educatiou vi- ciense et n'enseignant aux chefs que le parjure et le pillage ! 1) Le i-egne des predecesseurs de Selim et de ceux qui luisuccederent fournit au contraireuii continuelesem- ple des vices les plus odieux. Mahomet II , en se reser- vant la suzerainete de la Criuie'e, s'etait engage a ne placer sur le trone qu'un priuce de la famille de Gen- gis-Khan. II avait jure solennellement que ni lui , ni ses successeurs, ne pouiraient condamner a inort uu prince de cette race. Aussi , les Khans, ajipeles au ])ouvoir , deposes , retablis sur le trone , suivant le ca- price de la Porte , se hataient-ils de devorer leur regne d'un moment , siirs que la perfidie , I'oppression et les massacres des sujets , I'incendie des villes, la desola- tion des campagnes , la revolte envers le suzerain, n'auraient d'autre punition que I'exil en Ronielie , ou bien leur rappel a Constantinople. La, souvent , au milieu d'uue intrigue de serail, ils parvenaient a sc faire investir d'un pouvoir, et a se venger dun visir eimerai. Dewlet-Gherai , comptant sur un butin considerable, s'etait vivemenl oppose a la suspension d'arraes que le grand visir Mehemet accorda au czar sur les bords du- Pruth. II s'emporta jusqu'a provoquer ce premier nii- nistre avec violence, el soutint que le traite ne jiou- vait avoir lieu qu'apres la ratification du grand sei- gneur. Un ami du visir, present a cette altercation , s'ecria : « Me permet-on de faire voler d'un seul coup la tete du khan ? » Get argument le calma ; la paix fut signee. Bientot apres, Dewlet-Gherai est depose ; il se rend TOME VIII. 33 5.4 SCIENCES MORALES a Constantinople et oblient de noiiveau la souverai- nctc. •' 11 existait dans cette villo un usage bien siiigu- lier, qui promait a la fois !e credit d'liu Ivhaii de Cii- mee et la faiblcsse du goinernemcnt Inrc. Lorsqn'un d'entre enx prenait conge du grand seigneur, apies avoir ete reconnu et installe khan, il niontait a cbeval, a Tissue de I'audience^ et, s'il avait une dernande a faire , il niettait un pied a I'etrier et rcteiiait I'antre sur la pterre du montoir ; cela voulait dire : Je suis pret a me rendre a men poste, oil luon ze!e egalera ma fidelite ; mais je suis retenu par un enipcchement que vous seul pouvez lever. Le grand seigneur fit deniander a Dewlet ce qu'il desirait de lui ; le khan repondit qu'il ne pouvait partir jiist|u'a ce qu'on lui eut envoye la tete du grand visir Mehemet , qui avait trahi la Porle par le traite du Pruth : on cnvoie aussitof couper cette tete, et,par la menie occasion , celles du reys-effendi et de Taga des janissaires , dont le khan etait inecontent. Cette operation faite, Dewlet acheva de se inellre en selle et partit pour la Crimoe. » L'anteur ne nous parle pas de la triste fin du der- nier de ces soiivorains. Chaini-Gher^ai qui , ayant cedc' a la Russie ses droits et ses possessions , en 17H4 ' passa dans une province de cet empire, y vecut obscure- nient jnsqu'en i-jSG , et oblinl alors I'agrenienf de Ca- therine pour se rendre en Turquie ; le grand seigneur Vy avail autorise ; mais a peine y ful-il entre, qu'il s'aperciit du ressentinienl qu'inspirait encore sa con- dnite passce ;.exiie' a Rho'les , il y fut etrangle, en 1787. Aiiisi , la Porte qui avait, trop religieuseinentpeul-etre, observe pendant trois siecles le serment de Mahomet IT, en epaignant la vie de ces khans, souvent rebelleset toujours barbares , le \iole pour la premiere fois, en ET POLITIQL'ES. 5.5 faisant metlre a mort celui qui avait cesse d'etre son sujet. Ce fait, et les reflexions qu'il entraine , meri- taient peut-etre une mention clans I'ouvrage de M. de Castelnau. La troi'sieme ^poque de I'histoire de la Nouvelle-Russie est la partie de I'Duvrage qui ofTre le plus d'interet aux amis de I'humanite, a ceux qui preferent les conquetes de la civilisation, les progres de I'agriculture , du commerce et des arts , I'etablissement des canaux et des ports de mer, a I'invasion des provinces, a la fon- dation et a la destruction des places fortes, aux triom- phes sanglans des armees. Ces contre'es , si long-tems desolees, presentent au- jourd'hui I'aspect d'une felicite generale. Leur situation sur les bords de la Mer Noire, plusieurs fleuves navi- gables, la fertilite des lerres , I'appel fail a de nom- bi'cux colons proteges et secourus par le gouverneraent, une viile nouvelle et deja considerable, centre de riches capitaux et d'un grand commerce , ont fait de la Nou- velle-Russie un des pays les plus heureux de I'Europe. L'auteur traite en detail ces differens points ; il s'e- tend principalement sur Odessa ; il dit ce qu'elle etait avant la conquete,ce qu'elle est deveuue jiisqu'en i8o3, ce qu'elle est actuellement , et quelles brillantes desti- uees lui paraissent reservees. Au milieu de tant d'avan- tages , un fleau destructeur infesta cette ville eu i8ia. M. de Castelnau fait connaiire les mesures prises pour arreter les developpemens de la pesle ; elles eurent pour resultatdessuccesetonnans.Ce fleau, ajoule l'auteur, ne peut etre proraptement etsurement arrete, que lorsque celui qui omraande ne le craint pas. On sait qu'a cette epoque, un homme gouvernait a Odessa, qui soatint honorablement le litre de Francais. Parmi les traits 33* oi(5 SCIK^CES MORALES cites dans cet oiivragc, nous en ferons connaitre un. seul, paice qvi'il sera loujours bean , indepondauinient des lieux, dcs lenis , des-opinious : « Pour inspirer du courage anxliabitans de Pclri-Kowka, (|ui se rcliisaient a enscvelir les homines inorts de la prste, M. le due de Richelieu pril une Lectie , et leur donna un excnijjle auquel on ne pu^ resister. » Nous ne devoas pas laisser ignorer une circonstauce que, par njoucslie, M. de Casleluau a passee sous si- lence ; c'est que lui-ineme aprodigue les plus gciie'- reuxsecours aux malades, taut (ju'a dure la conlagion, et qu'il a partage les soins el les veilles de son noble ami. Apres avoir depeint les fnnesles cfi'ets de la pesle , dans celte occasion , Tautenr chorclie a prouver que le floau ne se propage (jue par le contact; il a raltache a son opinion le systenie des animalcules dc Loewenhrrk. Cost aux physioloi^istes et aux jihysiciens a ji'.gcr du ra^erile de cetle liypolhese. L'ouvrage est termine par la relation d'un voyage que M. de Castelnau a fait en Crimce. Geologic, his- toire uaturelle, numismali(jue , position des anciennes villes , statist'^jue , agriculture, commerce et naviga- tion , tout parait avoir ete embrasse et Irailii par I'au- tcur d'uuc maniere salisfaisaule , dans cetle ))ai-lie, comnie dans les" precedenlcs. De beiles cartes de la Nouvelle-Russie en gejieral , el de la Crimce en parti- culier, accompaguenl le premier et le second volume, et tous les trois soul cnrichis de gravures a Vncqtia- ! tinta, qui representeiit les sites les |)lus pitlorcsques de ]a presqu'ile. Cet ouvragp, vrniment estimable, ne pent man- quer de plaire el d'insLruire. Aprcs I'avoirlu, on for- ET POLITIQUES. Si; mera comme nous un voeu , ou Ton eprouvera pcul- etre un regret : que ne fut-il donne a ceux que les dis- cordes civiles eloignerent de leur palrie, de pouvoir, en rentrant dans son sein , lui faire lionimage de vues aussi philantliropiques, et de taut de richesses morales, acquises par I'etude , la philosophie pratique et un travail honorable ! D. de Gavedell-Geanny. 'V\'\'VV\'W\^^ NOTICIA DE LOS rRIJJCIPALES SUCCESSOS OCCXJKIDOS EN EL GOBIERNO DE EsPAAA, CtC. Lc mem«| ouvrage , en francais , sous le titre d'ApER(,;u des KEVOLUTIOJNS SUUVENUES DANS LE GOUVERNEMEWT d'Espagne, depuis le premier moniant de T insur- rection , en i8<)8 , jusqua la dissolution des cor- tes ordi/iaires , en 18 t4, traduit sur T original , ecrit par un Espagnol a Paris (i). Tout le monde connait les evenemens qui out donne lieu a !a revolution d'Espagne en 1808. On sait que Bonaparte , en vcrtu d'un acte de cession signe par le roi , pretendit avoir le droit de souverainete sur ce royaume , I'envahit, lui doniia des lois , et imposa a la nation un roi de sa familie. II est evident que cet acte de cession n'avait aucuiie valeur. Bonaparte avait beau faire des proclamations el des decrets ; cela ne lui donnait pas le moindre droit sur I'Espagne, et la na- tion restait entierement libre dans le choix de ses moyens de saint. Elle fit lout ce que prescrivaient les circoustances cxtraordinaires oil elle se trouvait. Pri- vces d'un gouvernement central , les provinces s'insur- (1) Paris, 1820; in-8''. Correard, librairc. 5i8 SCIENCES MORALES gerent isolement , et se donneient des jiinles : ces insur- rections parlielles se lierent peu a peu ; les juiites s'associeieat ; le systeme federal unit de nouveau lc> pays (|ue la chute du trone avait separes. Dans ce mo- ment, les juntes elaient le veritable gouverncment. Crec'es par la volonte nationale, elles agirent dans un esprit viaiment espagnol, el furent le seul orgauc de la naliou. Cet esprit public ([ui les animait, leur fit promplc- ment sentir le besoin de substituer un centre de gou- veraement a celui que I'usurpalion venait de defruire ; mais, pour que ce centre conservat le veritable esprit de son institution, les juntes resolurentde le composer de de'pules des juntes provinciales : la junte centrale fut une veritable emanation des juntes de province , qui, par un genereux sacrifice, digne de I'clan ge- neral, se demirent de leur pouvoir des qu'elles eurent donne un gouvernement a I'Espagne. Cependant, ce nouveau gouvernement ne futcreeque provisoireraent , et avec la mission expresse de prejiarer la convocation des cortes , qui seuls pouvaienl fonder un ordic de clioses durable. La junte centrale, composee de trenle-six dejiutcs des juntes provinciales, se reunit en 1808, a Aran- juez, an milieu des progres de I'invasion. Fidele a sa mission , quoique errante de ville en ville , elle s'occupa de la convocation des cortes; mais, comma les circons- tancesimperieusesd'alors cxigcaientunegrande promp- titude dans les mesures de salut public, elle se subs- titua une regence composee de cinq membres, el plus propre a gouverner dans des raomens aussi difficiies. La regence ne ceda point en patriotisme a ses commelf ans ; refugicc arextremltc de I'Espagne, dans I'ilede Leon, ET POLITIQUES. 5i<) elle convoqua , en 1810, les cortes generaux et extraor- dinaires. Les provinces encore libres se Latereut d'en- voyer a Leon lears deputes ; celles que Tennemi oppri- mait nominerent spenlaneinent leurs reprpsentans , des qu'elles parent s'affrancliir du jong elranger. Cadix devint , en 181 1, le siege de cette assemblee auguste , appelee a la grande mission de donner un nouveau gouvernement a I'Espagne. C'est alors qu'oa vit le singulier spectacle d'une assemblee conslituante de'liljerant avec un calme admirable, et avec la sagesss d'un senat antique, sur tous les articles de la nouvelle constitution , tandis que les bombes ennemies volaient au-dessus de la salle des seances. Profondement pene- tree de I'obligation d'assurer le bonlieur, non-senle- ment des conlemporains , mais aussi de !a posterite, elle crea ce code constitutionnel ceiebre sous le nom de Conslitation des cortbs de Cadix. Tous les souverains qui ne se croyaientpas forces de ceder a I'influence de Bonaparte, s'empresserent de re- connaitre I'Duvrage des cortes. De ce nombre furent I'infante de Portugal , les rois d'Angleterre, de Prusse et dc Suede. L'empereur de Russie declara en propres termes , par I'article 3 du traite de Weliki-Louki , qu'il reconuaissaityjoj/r legitimes les cones generaux el exlraordinaires , ainsi que la conslilittion decrelee et sanctionnde par cetts assemblee. Ceci se passa pen de tems apres que les souverains eureut tous reconnu la libre election d'un autre souverain, dans un pays du Nord. Faite et sanctionnee par les representans legitimes de la nation espagnole , acceptee par le peuple , re- connue comme acte fondamenfal par les puissances elrangeres, la constitution de 1812 etait obligatoire 52b SCIENCES MORALES pour tout Espagnol. Le roi renfra en Espagiie avcc rintenlion, a ce qu'il parail , d'acccpter la consliUi- tion ; niais, a Valence , I'iatrigue rcussit a le troinper, et a I'engager a servir les projefs d'un parti. I/aulcur de I'Duvrage que nous annoncous met a dt'converl les ressorts de cetle intrigue anti-nationale, qui a fait ge- inir I'Espagne pciidaul six ans sous Ic despotismed'une faction. II faut nous arreter quelques instans avec lui aux causes qui produisirent cette espece d'interregne. Par un exces de prudence patriotique , I'asseniblee constituante avait decretc qu'aucun depute ne pour- rait elre elu deux fois de suite. II en resulta qu'aucun luerabre de cette assemblee n'etant eligible aux pre- miers cortcs ordinaircs qui furent convoques , I'Espagne futrestreiutedausscsclioix, et qu'elleenvoyaaux cortes ordinairesdes deputes dout les opinions etaient enpartie equivoques. Les serviles qui avaient ete dejoues, lors des premieres elections , eurent le terns d'intriguer, et de faire entrer dans la representation nationale beaucoup d'hoiuinos qui leur etaient devoues. Une assemblee ainsi melee n'iuspira plus la meme confiauce que la preceJenle , et n'eut pas le m^me ascendant sur I'es- prit public : le parti servile en profita pour atlaquer et ruiner les libe'raux. Ce que le machiavclisme des ministres les plus corrompus a jamais invcnte de pins puissant pour perdre ses adversaires , fut employe par ce parti; des plans de conspiration furent artificieu- sement oundis, et attribues a des bommes connus par leur patriotisrae. On mit en avant un Francais se disant le general Audinot , arrete conime agent secret de Bonaparte, pour declarer qu'Arguelles , liomme probe et incorruptible , s'etait vendu a lui. Ce parti formidable se grossissait de tons ceux qui s'olaient ET POLiTIQUES. Sar nonrris des abus de I'aricien regime ; il seprecipita aii- (levant du roi , le circonvint, et I'obseda pour en ob- lenir le retablissement de loutes les vieilles insliliilious.. II ne fut pas possible au roi de sortir du cercle que la faction servile avait trace autoiir de lui a Valence : tons ceux qu'il consuUait, s'accordaient a lui repeter que I'Espagiie soupirait apres le retablissement de I'an- cien regime. 11 restait une inquietude a la faction; elle craignait les dispositions de Tarniee : le general Elio , qui conimandait dans Test, fut gagne; des-lors elle ne niasqua plus son audace. Des troupes furent cnvoyees contre la capitale pour disperser les cortbs et arreter tons les liberaux. Le decret ordonnant le renversement de la constitution fut signe et promulgue, et lous les deputes serviies coururent souscrire une protestation contre les cortes , des qu'ils surent que cet ac!c de bas- sesse leur vaudrait des pensions , des places et des deco- rations. Les mesures de despolisme se succederent en- suife avec une telle rapidite, que les liberaux, loin do resister a tant de violence , ne purent soiiger qu'i sau\ er leur vie , ct que la plupart furent saisis et jelt-s dans les cachots. II restait a notre auteur a combattrc une objection dont quelques liornmes se sont scrvis pour infirnier la validite des actes des cortes : ils ont pretendu que les cortes etaient gagnes par I'Anglelerre, et agissaient sous son influence. Ce serait la premiere asserab'e'e nationals que leministi?rc anglais aurait soudoyee; il esld'aillcurs nn pen difficile d'acheter une reunion de quelques ceutaines de mcmbres. Si Ton disait que le ministere anglais s'est contente d'acheter les personnages les plus marquans , on ferait une injure gratuite a des liomuu's qui jouisscul de I'eslime generale, et de plus , on serait 523 SCIENCES MORALES obligp de convenirque ces hoinmes ont bien mal gagnc I'argent qii'ils aiiraieiil consenli a recevoir. « En efTct , dit i'ai:tpur, le niiiiistere anglais, qui a ete et qui est encore I'un des membres les plus dislingues des cortes , CTilania aiipres de cetle asserublee trois negociations iiuportautes. II demandait, dans la preiuiere, la faculte de comracrcer librenient avec les possessions des Espa- gnols en Anierique; dans la seconde , il ofTrait la nie- dialion de son gouvernenicnt pour la pacification des provinces aniericaines qui s'etaient soulcvees; enfin , I'objet de la Iroisit-me ctailde faire conlerer an due de Wellington le corainandeinent des armees d'Espagne. Les deux premiers points lui fu rent refuses ; il oblint le troisieme quand ii ne le demandait plus. » Ainsi, Ton trouve toujours les cortes sur la ligue de la legalite et de rhonnenr ; et , quelque chose que t'asse le parti ser- vile pour altaquer la legilimitedes actesdecette assem- blee , il reslera prouve aux yeux de I'Europe que les cortes de 1812 ont eleve un monument national, seul niojen de salut et vrai jialladium de leur patrie. Depplxg. IW> 'VV\\^V\'VV\'\/V\V\\'VV\/W\!iinc, n" ji. LriTEP.ATUHE. 555 sions qui exigent le plus tie savoir, telles que la mede- oine, rinstruclion publique, la jurisprudencfi , etc.; 2° (Ic ceux ([ui , nos dans une position brillaute, croieut avec raisonqu'ils ne sauraieut acquerir tropd'iiistruc- tion pour exercer dignement les emplois auxquels ils aspirent, ou pour devenir les bienfaiteurs de I'liuiua- nite, en repandant les lumieres et les ricliesses surceux. que le sort en a prives. Cetle troisit;me classe doit par- courir tons les degresde I'enseignement, el trouvedans ]esj'aculte's\ei inoyens de completer I'instructionqu'elle a deja recue dans les ecoles pnmaires etdanGo LlTrERATL'KE. dout les produils peuvcnl elre corisideres comine for- juant deux branches distiiictes de riiilelligence. La pre- miere , Vattenlion , conforiuement a I'etyinologie de son nom, tendere ad, porlc Ics forces de I'ame sur les ob- jets exterieurs qui frappent les sens; elle preside a la formation des images : loutes les idees de fait naissent et resJeut sous son empire. Les coimaissances qui sout du ressort de I'usage dans les laugues , comrne les faits qui sorit la base de toules les sciences , n'ont pas d'autre origine. La deuxieine faculte, la reflexion [Jlcatere retro), qui suppose que I'exercice de I'attenlion est tres familier, replie les forces de la pensee sur la pensee ineuie , et lui fait counaitre ses propres actes ; elle pro- duit les dddiictions , les notions , (ju'oii pent encore appe- ler idees reJLectives. La conriaissance des principes dans line science quelconque, et spccialenieut en gram- maire , suppose I'einploi anterieur et I'exercice de la reflexion. La separation des idees endeuxesjoeces, dontchacune est du ressort d'une faculte differente , demandeque I'en- seignement des langues soit divise en deux parties bien distinctes. La premiere, consacree a I'enseignement des idees de fait, n'cxige que I'exercice de I'atlention , de celte faculte qui , cliez les enfans, est en meme tenis si forte et si mobile; tandis que la seconde partie, qui donne les moyens de transmettre aux eleves les deduc- tions , necessite de plus I'exercice de la reflexion, dont les operations , d'abord Ires lentes cliez ces memes en- fans , deviennent de plus en plus rapides a mesure qu'ils avancent en age. La reflexion ne pent s'exercer qu'apres I'attention, puiscjue c'e.=t cel!e-ci qui ras- senible dans I'intelligence les collections d'idees de faits, dont la reflexion, si j'ose m'exprimer ainsi , fait jaillir. LITTER ATURE. 56 1 en les pressant les unes conlre les aatrps, I'klee de de- duction. La reflexion agit en qnelque sorte siir les idees de taft, coninie nne lentille de crista! sur les rayons solaires, lorscii-'elle les rassenibie en un seui point , en un foyer unique, oil reunis , ils deterniineut une to>-.i- bustion qu'ils n'avaient pu produire isoleraent. II devient desormais tres facile de reconnailre a quelle espece appartient une idee qnelconque; car il suffit pour cela de determiner quel est I'acte de I'intel- ligence qui preside a la formation de cette idee. Si on applique cetteriigle aux denominations grammalicales, on verra qu'eiles sont toutes mixtes, c'est-a-dire, qn'elles renferment a la fois des idees de fait et une idee de deduction. Par exemple, le noni d' o/jI/iI if ionne an. sixieme cas , convient a toutes les terminaisons, qui le marquent dans les declinaisons diffe'rentes : ce sonl-la. les idees de fait ; niais il expriuie aussi le rapport d'ex- traclion que designe ce cas , et voiia I'idee de deduction.. Celle-ci ne pouvant resuitor que de la connaissance des premieies, si le maitre commence par presenter I'idee de deduction a son eleve, celui-ci repetera les mots qui la composent, mais il n'y atlachera point un sens re- gulier. Ainsi , malgre les efforts du maitre et la bonne volontede I'eleve, ilsarriveront tous lesdenx a lafind'uu cours, ayant parle cliacun une langue diifererile avec les memes mots. Get exemple prouve a la fois I'cxistence des deux especes d'idees , I'avantage de leur separation , de I'ordre etabli dans leur presentation successive a I'esprit, etenfin ics inconveniens qui resultent du de- rangement de cet ordre. Dans toute raethode, soit pour les sciences, soit pour les langues , on doit done eviteravec le plus grand soin d'exciter en meme tcms les deux especes d'idees; et k TOME VIII. 3S :Ga LITTERATLRE. plus forte raison de tomnieucer ]'enseign(?ment des de- ductions, avaiit d'avoir Iransmis les idc'os do fait qui seulcs pcuvcnt los fairc naitre. (-'est a cc ujt'Iaiigo, 6ii a ce reiiverseiiicnl de I'ordre naturel , qui aflccleut plus ou inoins toules nos grammaiies , qu'il faut attri- bueilo trouble, le dcgout el tousles autres inconveuieiis qui s'attacbeut a renipioi dcs precedes que leurs au- tcLirs indiquent. En etfet, Jorsi[u'on prcseiite a I'esprit dcs eufans ies deduclio is avanl les idees de fait, il est impossible que los pieiuii-'ies aient iiti sens pour lui , pulsqu'i! ne connait pas les fails dont elles exprinient les rapports. Sa inemoire ne recevra done qu'une suite de njots, ou (ju'elle ne conservera pas, ou qui serouL pour e!!e un fardeau aussi pesanl qu'inutile. Car, de deux choses I'uno : ou renlaut ne rer.ueille jamais. Ies collections de fails aux(|uelles se rapporlent les de- ductions, el alors I'inutiliie de leur expression eiit in- contestable ; ou le hasard , qui preside seul a Tenseignc- inent actuel , lui fournira ces collections d'idees dont les deductions expriment les rapports ; niais , dans ce dernier cas, qui est le plus favorable, on n'avait pas besoin de charger sa inenioire d'une formule insigni- fiante, qu'il est oblige de rctrouver a nne epoque eloiguee par le secours d'e la reflexion. Loin de lui . epargner aucune peine, on I'a inutilemcnt fatigue, tandis qu'on aurait du I'exerccr sur les fails qui seuls etaient a sa portee. Maintenant, si nous considurons les resullats du me- lange des deux especes d'idees , nous les trouverons non moinsdeplorables. Lorsqii'ellessont oflerles sans ordre, etc'est ceqiii arrive par nosprelendues melhodes, il est evident que les deductions ne naisseut pas plus que dans le cas examine precedemment, et qu'elles sont de LITTERATURK. f;63 nieme un fardeaii inutile pour la memoire , qui ne re- tieiidraqii'un ]ietit iioiiibre d'idecs cle fait sans liaison. Chacun se convaincra de la justesse de ces observations, s'il veut examiner de honne foi quels ont ete les re- sultats de scs etudes collegiales. II reconnaitra qu'a I'exception des idees de fait, dont , avec le terns, il a acquis I'usage , et au moyen desquelles il compose par routine des themes et des versions, soit en latin, soit engrec, il ne trouve dans son intelligetice que des notions vagues , incompletes et sans enchainemenl. • Quel noni donner a la methode qui , en inlervertis- sant ainsi I'ordre qu'appelle le developpemeiit naturel de nos facultes , porte la confusion et le trouble dans les idees de fait , sans parvenir a exciter uettement les deductions, ni a transmettre les principes dont elles sont la source , et a la recherche desquels dix anne'es de la jeunessesont cependantconsacrees? Si Ton considere les suites d'une telle lacune , dans les classes oil Ten' seignement s'eleve jusqu'a la litterature et a la philo- sophie, apercoit-on, dansun tel etatde choses,quelque possibilite de succes? Ces sciences supposent la connais- sance des fails classiques et des notions qui doivent en etre deduites ; si ces notions n'existent pas, a quoi le professeur rattachera-t-il le developpement des liautes considerations, qu'il est charge de presenter a seseleves? Telle est la veritable raison qui fait regarder comme inutile, a quelques bons esprils , I'etude du latin et du grec. lis n'y voient qu'nne etude de mots; tandis que si ces langues etaient bien enseignees , ils recon- naitraient qu'ea les apprenant aux jeunes gens , on a un puissant moyen d'exercer leur reflexion, deleur former un jugement droit et sur, qui ne leur sera pas moinS utile dans leur conduite morale, que dans leurs tra 36* • 564 LlTTtUATDllE. vaux inlellecluels. Telle est encore la vraic cause clu discredit oil est lombe I'enseignement de la phlloso- phie , de cette science qui doit coordonner loulcs nos connaissances , ct re\eiller les rapports qui les eu- cliainenl. D'apres ce qui a ele dit pre'cedemment des deux es- peces d'idees et de I'ordre de leur presentation a I'es- prit, il est evident qu'elles ne pen vent elreni transmises, ni excitees par les memos procedes, el que M. Ordinaire a du d'abord diriger ses recherclies vers ceux dont on doit se servir, pour enseignerles idees de fait. II refle- chissait sur cet important sujet, a I'epoque oil I'ensei- gnement mutuel se repandlt en France. Alors il etudia avec le plus grand soin cette methode , ainsi que celie de I'enseignement simultaue : il vitbienlot qu'elles doi- vent leur succes a ce que les idees qu'elles embrassent sont toutes de meme nature, sont toutes des ide'es de fait ; en meme terns il reconnut que I'enseignement mutuel est supe'rieur a tons les autres , par la rapidite et la surele des mojens de transmission qu'il emploie. Cette methode presente a I'esprit des enfans les signes cxcitateurs des idees de fait que renfermeot la lecture et I'ecriture, dans I'ordre le plus propre a rendre ces signes familiers,a lesfairereconnailre aussi facilement dans les combinaisons qu'ils afl'ectent , que dans leur isolement elementaire. De plus , les connaissances de ce genre se rangent dans I'esprit , et se manifestent en-- suite conforme'ment a I'ordre selon lequel elles ont ete excitees. Ainsi, toule cette methode repose sur la classification exterieure des signes dont les idees de fait sont les images. Remarquons aussi qu'elle a le grand avantage de commander et d'obtenir remploi le plus complet de rattention des eleves. LITTf.RATUHv:. 5fi.i Si TM. Ordinaire a des obligations a I'enseic^iiemeiit miituel , celle iiielhode iie lui eu aura pas iiioins : d'a- bord , parce (|ue son ouvrage donne les bases d'apres lesquelles on doit applicjuer les procedes de cet ensei- gneinent ; ensuite , parce qu'il prouve (jue, si les ap- plications c[a'on en a faites a diverses sciences n'ont pas renssi , c'cst non a la nielliode qu'il faul s'en pren- dre , luais bien a cenx qui I'ont employee nial a propDS. En effet , ces applications ne peuveut avoir aucun suc- ces,, si Ton n'a separe preliminairement les idees de deduction des idees de fait, qui sont les seules pour les- quelles les procedes de renseignement niutuel puissent etre fruclueux. Les tableaux synoptiques qu'on forme avec les notions et les principes d'une science quelcon- que , ne peuvent donner immedialement des connais- sances qui ne s'acquierent que par un acle interieurde I'intelligence, par la reflexion; ils ne servont qu'a maintenir dans I'esprit I'ordre qui doit exister entre les difFerentes parties d'une science, et a donner les jxioyens de classer les nouvelles idees qui se rattachent a I'une de ces parties. M. Ordinaire ayant ainsi trouve les bases de I'en- seignement des idees de fait, pour quelque science que ce soit , chercha a decouvrir quelles sont dans les lan- gues les connaissances de ce genre, afin d'y appliquer les procedes de I'enseigneinent mutuel , qui rem- plissent loutes les conditions necessaires pour operer la transmission de cette espece d'idees. Considerant la langue latine sous ce point de vue , il vit bienlot que les significations , les desinences et les forraules t-nonciatives des regies , sont les ide'es de fait de cette langue , et qu'elles en constituent la partie positive et matcrielle. En effet, les connaissances relatives i la ^66 LlTTtRATURE. signification s'acquierent par I'lisage, comme celles qui soiit relatives aux lettres el aiix syllabes : il en est de mojiie des desinences. Je fais observer ici que le mot latin, declinable , presenle deux choses bien diilerentes: le radical qui, charge seul de la signification, denieure invariable coimue cllc ; el la desinence qui eprouve di- vers cliangemeus, suivant le nombre de rapports qu'elle doit indiquer entre les significations : I'un el I'aulre sont encore des fails comme les lettres , les syllabes et les significations. Ne considerant d'abord la regie que relativeiueut a Tacte de I'intelligence necessaire pour en connaitrela valeur el engeneraliser I'emploi , I'au- leur perdait de vue I'expression nialerielle dcstinee a la manifester. II ne tarda pas a la regarder comme une lorraule palpable , qui ofTre le modele des desinences precises el des formes delerminees qu'on doit em- ployer pour cxprimer correctement sa pensee, dans toutes les circonslances intellecluelles semblables. Sous ce point de vue, les regies peuvent etre classees, comme les significations et les desinences ; elles doivent i'elre, pour que I'esprit saclieoii les prendre dans lameruoirc. Apres avoir degage les idees de fait relatives a la langue latine , des idees de deduction qui en font ega- lenient partie , bien certain que les premieres, comrae celles que Iransmel I'enseignement mutuel , sont im- inediatement excitees par les objets qu'clles represen- tent , el reveillees par les signes qui remplacent ces objets , M. Ordinaire senlil le besoin de placer sur des tableaux disliucls, et dans I'ordre le plus favorable a leur excitation et a leur reproduction , lous les fails relalifs aux significations, aux desinences et aux regies., Trois especes de tableaux conliennent done , dans sa inetliode , le genre entier des fails de la langue laline : litt£rature. 567 1*. TaJAeaux de nomcnclalurc on do radicaiix, pour donner la coiinaissance des significations. Ces labloaux sent destines a remplacer le dictioiinaiie , dans I'ein- ploi duquel I'auleur a reconnu de graves inconveniens. II a juge au moins inutile de faiie connaitre , par an- ticipation , aux eleves, des significations, dont ]a plu- part ne leur serviraient que plusieurs annees apres. Les premieres qu'il leur importe d'Spprendre sont celles des mots employes dans le premier oiivrage qu'ils auront a expliquer, c'est-a-dire , dans V Epitome His- torice Sacrce. Ce livre e'tant dans les mains de tons les eleves des classes elementaires , M. Ordinaire n'a pas cru avoir a examiner s'il est bien ou mal clioisi soirs le rapport de la purete du style ; il a pense qu'en lui en subsliluant un autre, quelque bon qu'il fiit, il com- promettrait I'amelioration importaute qui est le but iinmediat de sa melhode , et empecherait qu'elle ne fiit profitable au nombre immense d'eleves qui freqnentent les institutions publiques. C'est done du texte de V Epi- tome que M. Ordinaire a extrait les premiers mots , dont la signification doit etre apprise aux enfans. Apres les avoir separes par especes , et rapproches dans cliacune d'elles par families, il les a places sur des ta- bleaux distincts , vis-a-vis des mots francais qui en ex- priment le sens. 2°. Tableaux de desinences. Ces tableaux pre'sentcnt toutes les terminaisons tant re'gulieres qu'irregulieres que les mots variables peuvent recevoir, et les termi- naisons fixes que les mots invariables alFecteut. lis com- prennent ainsi I'ensemble des parties du discours. Chacun d'eux porte un uumero de rappel ; ce numero est repete au-dessus de chaque famille de mots, ren- fermee dans les tableaux de nomenclature, et reveille 568 LITTER ATU RE. aiasi les desinences du tableau-niodele, auqiiel cettc --fauiille so rapporle. 3°. Tableaux de regies. lis ne doivcnt etre presentes a I'eleve que lorsque les precedens lui soiit j)aifaite- ment faiuiliers. A cette cpoque du cours , I'ordre dans lequel les cas se succedent etant invanablemont fixe dans la mnnoire des enfans, I'auteur a choisi cet ordre pour la classification des rcj^les. Dix tableaux con- tieiinent la totalite des regies epar-es dans lo rudiment de I.honiond : chacune d'elles , placee sons I'enoncia- tion du cas precis (|u'elie gouverue, reveille I'esptce de desinence particuliere a ce cas , et se trouve a son tour rcveillf'e par la desinence qu'elle determine, (.e pro- cede a I'avantage d'exiger de I'elevc des analyses re- £;uli(M-Ps , Jusque dans les moindres details , et de 1e familiariser parfailement avec la synlaxe purement pratique. Les tal)leaux de desinences et de regies sont destines a remplacer le rudiment de Lhomond , dans lequel I'auteur en a ])uise les elemens. M. Ordinaire , sans regarder ce livre comme digue de toute la confiance qu'on lui accorde, I'a employe parce qu'il est , comme V Epitome Historian Sacra; , entre les mains de tous les etudians; et que, dans ce moment, il est plus important de reformer le mode d'enseignement que la matiere enseignee. Je n'entrerai pas dans tous les details que I'auteur donne sur la formation et I'emplpi des tableaux. Pour elre bien compris , ces de'tails doivent etre etudies dans rouvragcnieme. Je renvoie done les lecteurs dc la /xew/r a la prciniiire partie de la Mtthode pour V cnscignement des langues. Cette premiere partie, la seule qui soit cucore pu- LITTfeRATURF. CG.) Liiee, contient, i" wne Jnlrodiiclion oil raiitcur expose ses priiicipcs ; a" im Manuel qui explique la maniere d'einployer les tableaux et cl'enchaincr les exercices relatifs a leur eniploi ; 3° cent tiente tableaux iri-folio, qui sout , coraine je I'ai deja dit, tie trois especes ; 4° enfiu des livrets in-i?, , qui sont la repetition des ta- bleaux, h' Introduction et le Manuel forinent un vo- lume qui peut etre achele separeaient. Ladeuxieme partie, dont on doit deslrer la prompte publication, traitera de la formation des idees reflec- tives ou deduclives, de leur classification, et des nioyens de les exciter en presence des chaines d'idees de fait auxquelleselles correspondent. Ellerenfermerales prin- cipss de la graniinaire generate , ainsi que les elemens de la philosophie. Pour faire encore mieux apprecier I'importance du service que M. Ordinaire a rendu a renseignement en publiant la premiere partie de son ouvrage, j'indiquerai rapidement ici les pn'ncipaux avantages que doit pro- duire I'adoption de sa Methode. L'eraploi des tableaux donne tous les raoyens de iiiettre I'eleve en etat de traduire spontaneraent, a la fin d'une annee d'etude , V Epitome Historice Sacnv. Ainsi , a cette epoqiie , il pourrait entrcr en sixieme , resultat qu'on n'obtient pas en deux ou trois ans , par la Methode en usage aujourd'hui. Le dictionnaire, qui fait perdre un terns conside- rable, est remplace, de la maniere la plus avantageuse, par les tableaux de nomenclature. Les exorcices , qui y sont relatifs , n'exigent pas dans la premiere annee , ou ils emploient plus de terns, la vingtieme partie de celui qui serait consacre a la recherche des mots dans le dictionnaire. lis n'en exigent paseusuite lacentieme. 5^0 LITTtRATURE. puisqu'a mesnre qu'on avancc flans I'etude du latin , Jes nomenclatures deviennent moins considerables. Ajoutons que cette Methode donnc aiix eleves tant de facilile pour traduirp, qii'au lieu de se borner, comme dans nos ccoles', a expliquer quelques pages d'un au- teur , ils rcxp'.iquenten enlier. Au uioyen des livrets qui ofTrent la representation exacte des grands tableaux, ct que chaque eleve cm- porleclicz hii, il empIoieutilenicnt,ctd'aprcs les ordres du ma lire, le terns qui s'e'coule cntre les leoons. Les parens peuveut etre eux-mcmes les repetiteurs de leurs enfans, s'assurer chaque jour de leurs progres, sans que 2>our ccla I'uniformite de I'enseignement soit de- truite. La nouvelle Metliode , quoiqu'elle exige toute I'at- tention des eleves, loin de les ennuyer, les captive, les interesse , ct influe ainsi de la maniere !a plus favo- rable sur leur caractere et sur leur sante, trop souvent alteres par I'ennui. II parait qu'en suivaut les precedes de M. Ordinaire, les eleves pourront, en trois ans , dans une ecole bien dirigee, etre mis en elat d'expliquer Tite-Live et Tacite. Les avantages de la nouvelle Methode sont deja prouve's par la pratique. M. Ordinaire etablit, il y a quelques annees , une ecole a P.esancon. Lorsque MM. les iri'ipecleurs geueraux des etudes, Rendu et Ampere, la visiterent, elle n'avait encore que quatre mois et deuii d'existence. lis recounurent, dans un premier examen , que les eleves de la division la plus avancee reprodmsaient, avec une imperturbable faci- lite, 1° toutes les desinences, tant regulieres qu'irre- giilieres , que les substantifs , pronoms , adjectifs ct \erbes peuvent aifeclcr ; 2° qu'ils savaient la significa-- LITTERATURE. 571 tion (le 1,200 a i,3oo mots latins, malgre les clian- geuiciis faits aiix tableaux , pendant la durce du cours ; 3° que I'un d'eux, plus jiiccoce , avail appris, en outre, les premiers tableaux de regies , et qu'il expli- quait correctement, et a livre ouvert, les passages de Y Epi'loine Histonce Sacrce , toutes les fois que ces pas- sages n'oftraient pas des inversions et des combinaisons de phrases etrangeres au ge'nie de la langue francaise ; 4° que les eleves du deuxieme groupe suivaienl ceux du premier a une assez petite distance. Dans un second ex~amen , MM. les jnspecteurs generaux chercherent a recouivaitre jusqu'a quel point I'emploi des tableaux , qui avail si bien developpe la memoire , avail mis en jeu le jugement: ce second essai ne les satisfit pas moins que le premier. lis applaudirent aux travaux de M. Ordinaire, a ses vues pour Taveiiir, et I'engage- rent , avec la plus grande chaleur, a perse'verer dans cette belle eutreprise qu'il avail si bien commencee , et dont ils rendireut le compte le plus favorable a la commission d'instruction publique. Je ne puis mieux faire I'eloge de la theorie de M. Ordinaire, qu'en disant qu'elle me semble avoir la plus grande aualogie avec la inethode experimentale, ressuscitee par I'immortel Bacon , long-tems etoutfee par les faux systemcs el par les miserables arguties de recole; et qui, reparaissant au dix-huitieme siecle avec una nouvelle vie, a imprime, aux sciences phy- siques et aux arts qui en dppe;;dent, ce mouvement rapide , auquel ils doivenl les immenses progres qu'ils ont faits depuistrente ans. Tous les amis des progro> des bonnes etudes forme- ront , sans doute , avec inoi des voeux , pour que les chefs de I'instruction publique examinent attentive- 571 LITTERATUllE. ment, et fassent recevoir , dans Icso'coles, une methodc dont la direction logique a de si grands resultats. U est a dcsirer que les peres de fatnille, les institu- leiirs et lous les amis de la jeunessc, prennent con-> naissarce de crfte uu'tliode. Ea I'etudianl avec soin , qu'ils ecarlent siirtoiit de leiir esprit les idees poli- tiquesqni, dans I'epoque oil nous vivons, se melent trop souvent a des olijels qui leur sont absolunient etrangprs, ct ernpt-client de les considerer sous leur veritable point de vuc. L'autcur ue demaude I'appui d'aucun parti ; il desire simplement qu'on decide s'il est avantagcux pour les jeunes gens do leur faire ap- ])rendre plus prompteinenl et j)lus sureiuent les \an- gues anciennes , a I'etude desquellrs ils consacrent la plus grande partie du tcnis destine aux etudes , el de Jeur perniettre par-la d'a\oir une education plus com- plete. C'est une question qu'on pent examiner avec impartialite dans tons les pays et sous tous les gouver- nemens. Au milieu de I'agitation qui se manifeste parmi les homraes , rien n'estplus utile que deles occuper des ameliorations paisibles qu'appelle la philanthropic. J'emprunte a I'lntroduction de M. Ordinaire , ce pas- sage, qui me parail digne de I'attention des hommes d'Etat : « La tendance des csprits vers les recherches qui peuvent ameiiorer les melhodes , est la suite ne'- cessaire du progres des Inmieres. L'homme reflechi, loin de s'en eflrayer, doity voir legermedu repos de I'Europe. Ce mouvement, facile a regler , ne pent pro- duire que d'utiles resultats; il fait naturellement di- version a d'antres impulsions coiilemporaines, dont il prcvient les cxces, dont il oloigne le danger; mais, s'il ctait maladroilemeut comprime , si on otait ini- LITTliRATURE. S^S prudemment a la prodigieuse aclivite des esprits les moyens raisonnables de s'exercer el de se satisfaire, il serait a craiiulre qu'elle nc prlt cles routes moins innoceiites , et qu'elle ne fiit couime refoulee vers de redoutables aberrations. » M. Ordinaire a dedie son onvrage a son plus aij- cien , a son nieilleur ami, M. Droz, auteur de VEssai siir Van H'elre heureiix , et des Eludes siir le beau dans les arts. Les redacteurs de la Revue invitent les inslituteurs franjais et etrangers qui adopteront la nouvelle Me- thode , a leur faire connaitre les succes qu'ils auront obtenus. Nous entretiendrons nos lecteurs de la propa- gation d'une nicthode qui peut prodiiire, dans I'en- seignement public , des ameliorations de la plus haute importance. A. MiCHELOT , ancien elhve de I' E cole Polj technique. \\\VVVVVV\iV\'VV'\'Vi/VVVVVVVVVVVVVVW\\VV\'\\VVVVvVVV.\\ith other pieces y by a South Carolinian.. — Le retour de IVsiie' , conte ca 3 chants ^ suivi d'autres pieces. Par un habitan/u de la Caroline meridionale. CLarics-Town , i8iy. EUROPE. AKGLETERRE. aoi. — The theory and practice of gas lighting , etc. — Theorie et pratique de Tcclairage par le gaz h^'drogene : avec un apercu bistorique sur la naissance et ies progri-s da cotte decouverte j des theories suf la lumlere, la combustion et la formation du charbon ; ct, enfin, une description claire et detaille'e du meillcur appareil a employer pour produire, rassembler et distribucr U 5:6 LfVRES ETh ANGERS. giiz destine a Teclairage ; ornc di; quatorze plancfies. Pap T.-S. Pecrson, Londi'es , i8ao. Colburn. i vol in-S" dc 4^8 j.at;. Cct ouvragc est iin manui'l jiratique d'uae graiidu ulilite pour K's fondatcurs ou direcfcurs des (itublissemens d'eclairage par le gaz. Les deux preuners chapitres sout consacres a devtloppcr Ics avantages de cette nouvelle metliode sur Tancienne. On Irouve ensuile des reiuarques sur ies qualites du charbon, sur la ma- liiered'en tirer une plus graude quantite de gaz, etc. Le reste de Touvrage consiste en observations pratiques sur I'usage des re- lortes, des cuves dans lesquilles le gaz se purifie , des gazome- tres, des vases destines a recevoir la substance liquide, qui de'- charge le gaz j en sorlant du fourneau,elle est. noire, epaisse , re- sineuse, et les Anglais la nomnient Inr (goudron). On trouve en- core, dans cet ouvrage , des renseigneinens sur les reservoirs, les vases oil , apres la piemiere puriGcation, le gaz depose I'liuilu enipyreuraatique ; sur les siplions des principaux tuyaux; sur les bees par ou s'echappc le gaz enflamiac, avec des details exacts sur leur construction, la dimension qu'ils doivent avoir. L'auteur donne des calculs e'tendus sur la de'pense de ces ctablis- semens , et la vuleur de leurs produils j savoir : le gaz , le charbon i>rftl^, le goiidroii et Thuile cmpyreumatique. 11 recommande le re'gidateur de M. Clegg, pour la repartition e'gale du gaz dans les tuj'aur.. 11 indique la manicre de purifier le gaz , en le dislillant , des matieres e'trangeres ([ui s'y inelent quelquefois ; il donue aussi la metliode j suivre pour extraire du gaz liydrogine carbone de difl'e'rentes substances , telles que le papier et plusieurs sortes de bois, et fait conn^ttre le resultat qu'oa en peut obtenir par la quantite de gaz qu'elks produisent. M. Peckson a joint a son travail des notes interes^antes sur les usages auxquels on peut appiiquerlesproduitsde la cJistiilation du gaz. (Voycz cidessus, pag. 212.) ._,o2. — The Emigrants' Guide to Upper Cnnnila , etc. — Le Guide des ^migrans dans le Haut-Canada, ou Esquisses de I'etat pre'sent de cetteprovince, tracees durant les annees 1817, 18 et 19; par C. Stuart, capitaine retire', un des juges de pais du district occidental du Haut-Canada. Londres, 1820. 1 vol. in-12. 8 shel. cartonne. ao3. — The Emigrants' true guide to the British settlemtnt» in LlVllES ETRANGERS. $77 Upper Canada, etc. — Le -veritable guide ties e'migrans aui eta- blissemens anglais du Haut-Canada, par un fermierde Lancastre, Vresidant, precede de reraarques sur IVmigralion, rjui de'mon- trent les avantages que las etablisseiiitns anglais , dans Ics deux Canadas , ont sur ceux du Cap de Bonne - Esperance. Londres, 1820. ao4- — IVotes on Rio Janeiro, and the southern parts of Brazil. — Notes sur Rio Janeiro, et sur les parties sud du Bresil , prises pendant un se'jour de dix annees dans ce pays , depuis 1808 jus^ qu'a 1818, avec un appendice oii sent dtfcrits les signaux ne'ces- saires aux vaisseaux pour entrer dans le port de Rio Grande du Sul; avec de nouibreiises tables de commerce, des cartes et un plan, etc.; par John LnccocK.^oudres , 1820. Colburn. i vol. in-4° , 689 pages. Ces Notes manquent d'ordre ; Tauteur a rassemble toutes ses observations et tous les faits dont il a e'te temoin. Aupres de quelques details puerils ou de'ja connus , on en rencontre de fort interessans ; mais le cadre de I'ouvrage est vicieux. 2o5. — Rules proposed for the governement of gaols, houses of correction, etc. — Reglemens proposes pour le regime inte'rieur des prisons, maisons de correction, de penitence, etc., suivis de plans pour la construction des prisons , et d'une description d'uu moulin a ble et d'un moulin a eau pour employer les prisonniers. Londres, i8'jo. Hatchard. i vol. in-S" de 65 pages , orne de plu- sieurs planches. Prix, 9 shellings. Get ouvrage, publie par une association eminemment utile et philanthropique ( la Societe pour rainelioration des prisons et la reformation des jeunes nialfaiteurs) , renferme tous les actes du Parlement d'AngleteiTe , relatifs aux prisons et a leur dis- cipline. La plupart de ces reglemens n'etaient plus en vigueur depuis long-tems, et I'liumanite, ainsi que la morale publique, avaient egaiement a souflVir de I'etat de misere et de dt-'pravafion oij languissaient les prisonniers. Les membres de cette respectable Societe' ont rassemble ici tous les documens qui leur sent parvenus sur rinterieur des prisons ; ils y ont joint des remarquts iort ju- dicieuses sur la necessite d'introduire des travaux rcguliors dans les maisons de detention ; d'assainir et de diviser le local de ma- niere a eviter les communications entro les prisonniers des deus TOMR yur. 37 S58 LIVRES ]fcTfiA]\GKr.S. SBjCt"^, ct ii, classf r les tiiali'aileurs siiivant leurs degivs ile criuii - uiJilu. On troiivu Uans lapi>eiiciir,e, jilMCo a la fin de rouViaf;e , line indication dcs travaux qui convieiineni pailiciilitTfmpnt aux detenus , ainsi que les niodeles ti'iin luoulin a hie ct d'un niou- liu aeau, proprcs a employer plnsieurs porsonnes et a leur dou- ner Tin esercice utile ;i leur santc: on y a joint plusicnrs plans p;;opose's pour la conslinclion dcs prisons, qui so recommantient par dts viics sagos, morales et philantliropiqnes. La publication de cetouvrage est un nouvcau bicnfait de la ijocietc' britanniquc, qvi ne se borpe pas a remedier anx maux de rAngletcrrc, niais qui elend sa sollicitude sur riiucaanite en gcnc'ral. ao6. — A Sjiteni nf'educn lion for the inj'nnl King of Rome , And other french princes of tfft O/oofl , etc. — ^ Plan d'education pour le Roi dc Rome et les autres princes du sang, dresse par in Conseil-d'litat imperial, sous rinsprction personnelle de I'em- pereur Wapok'on. Londres, 1820. Longman, i vol. in-8". Prix , 8 siiellkigs. (.Voy. /fe^•. Eni-ycL, lomeV I , p.ng. 612.) 307. — Obscrfiitions on the political, moral, etc. — Observa- lions sur iVtat moral , politique et ri-ligieux du monde civilise' , au cominencemcnt du dix-neu\i^me sitcle; par H. G. Macnat. , D. i^I., «Ic. Londres, 1820. A Paris, chcz Galignaui, rue Vi- vicnne , n° 18. ao8. — IHentoirs of Grimville Sharp , esq. — Memoires de Gianville Sb»ip esq. , redif;c's d'aprcs sts manuscrits originanx , ct d'apres les documens aulhenliques qui sont en la possession de sa famille elderinstitulionafricaine; parPRiKCElloARE, accbni- pagne's dJobserTations sur les e'crits de crilitjue biblique de Rl. Sharp ,, par !e trts reverend lord, e'vcque de S.-Uavid. Lon- don, printed fqr Henry Colburn and co. 1820. ln-4"- ■ M. Granville Sliarp, un dcs philanthropes les plus dislingnc's de TAngletcrre, homme religieux et ami de la liberie, a public sur ces deux objels une fonle d'ccrits inle'ressans; majs il s'est distin- gue spccialcment par son zcle a defcndre ks maliieureux Africains. ITaprcs ses efforts, f'ut ailonlee dt'fiuitivement la maxime ((u'en meltant le pied sur le sol de la Grandc-Brctagne les noirs sont lilires. Quantl on apprit qn'un iuiiime m-grier ( Collingv^food ) , voyant )a cialadio sur son b;\timent cb.argc d'esclaves, en avait LIVRES ETRAKGERS. f^^ij ■ fait jefer i33 a la mcr, M. Granville Sharp fit retcnfir dans loule TEurope un cricrhorreur, etcefut pour iui une occasion nouvelle de di'ployerscs talenset sonactivite en f'avcur dcs noirs. II fut ua desprincipauxcooperateurs dela fondationde la colonic do Scrra- Leone. Get homme dc bien est mort a Londres, en i8i3, ^ ■jS ans. La socit'te intitulee Institution africaine Iui a erige', en iSifi, un monument a Westminster. Ses Me'moires , publies par Prince Iloare, sont un peu difl'us, c'est le dcfaut dc la plupait des bio- graphies anglaises j mais en general ils sont tres curicux et riches en documcns. 209.^ — JYotices illustrative of the dmwinf^s. — Notices servant a expliquer les dessins et les esqiiisses de quolquas-uns dcs meiUrcs les plus dislingues de tontes les principales ecoles de dessin ; par feu Henry Revelet. Londres, 1820. Lougruan ; i vol. iii-b". 2^8 pages. Get ouvrage a ete laisse' imparfait par Tauteurdont la mort est venue arreter les travaux Son ills , M. Revelej', c daul yux soili- citations des amis des beaus-arls, a consciiti a ij.\w piirailre le manuscritqueluiavaitlegue sonpere; m.iiscen'est qii'apres I'avoir fait retoucher par un litterateur qonuu , et verse dans I'etude de la peinture. 11 existait deja , en Angleterre, plusieurs ouvrages remarquahlcs spr cet art, et sur celui de la gravure ; mais, per- sonne n'avait encore peose a oflVir au 'public des rechcrchcs et des remarques surles dessius et les esquisses des grands mailres. Quoique ces ebauches soient souvent imparfaites , elles ne peu- vent manquer d'inlo'resser les artistes, en leur montrant , pour ainsidire, le premier jetde la pensee du peintre. Toute I'inten- tion , toute Tenergie du genie se retroiive presque toujnurs dans Tesquisse d\in tableau, 011 le lini dc la eomposition n'afFaiblit pas Texpression premiere. On regrette que I'auteur n'ait pas eu le terns ou le talent de de'velopper les idt'es que nous venous d'ex- primer. II s'est trop souvent borne a des details arid( s, mais qui sont encore precleux pour les peintres. Le nombre de ces notices comprend les oeuvres de pres de 3oo artistes celebres. Elles sont classees dans Fordre suivant : 1° peintres d'histoire 5 2° peintres de portraits; j" peintres d'anitnaux 5 4° paysagistes; 5° peintres de marines. Ghacjue classe est rangee chronologiquenient; et un index alphabe'tique aide les rechcrchcs. INous citerons une de ces 58o LIVRES ETJIAKGERS. notices , pour ilonner a nos lecteurs line ide'e du style et du rnc- rite de I'ouvrage. t< Jf^illiam Hogarth s'acquit line le'pntalion immortelle, non- seulement en AnglcterrCj inais dans toutc TEurope, par la ma- niere dont il cxecuta I'heureuse et originalc id(Je d'instruire ct de corrigcr avec son pinceau , en reprcscntant les incidens gais ou tristes qui composent la vie , et en les ratlachant a un but moral. 11 adoptait un sujct qu'il dirisait en scenes dramatiques , et conduisait par degr(?s les spectatcurs a un denouement habile- nient prepare. Les dessins qui nous reslcnt de ce grand maitre sont en petit nombre et a peine ebauches. Ce soot presque tous des figures dctachdes, choisies ca et la dans le monde , et desti- ne'esa faire partie de quelques-uns de ses tableaux. A I'expositiou des dessins appartenant a IVl. Millington, a Haymarket, en 1^84, on remarquait trois dessins historiques de cet artiste : una es- quisse satirique sur les arts , une autre sur le theatre, et une troisieme repre'sentant I'apprenti de Londres. La premiere e'tait compos^e de figures grotesques, esquisse'es a I'encre de Chine , et fort remarquables par une expression fine et plaisantc. Laseconde e'tait executee au crayon noir, sur du papier bleu ; mais, il etait presque impossible de de'couvrir ce qu'elle devait reprcsenter. Sur la troisierae, dessinee avec de la mine de plomb , on voyait I'apprenti attache a une croix. » Sans ctre aussi ctenducs et aussi compl(5tes qu'on pouvait le desirer, ces notices contiennent des faitsinteressans, et serontap- preciees par les artistes. POLOGNE. 310. — Podroz do Wloch, etc. — Voyage en Italic dans les anne'es i8i5 et 1816 , par le Comte Stanislas Duwrn Borkowski, I vol. in- 8". Varsovie , N. Gliicksberg, 1820. Malgre le grand nombre d'ouvrages qui existent sur I'ltalie, on lit encore celui-ci avec interet. L'auteur donne souvent du neuf, et montre qu'il est aussi profond observateur que savant philologue et connaisseur dans les arts. 9.11. — ^ Pielgzym w Dohromilu , etc. — Le Pelerin a Dobro- rail, ou Lecons champetres, suivies de Wouvelles ; troisieme LIVRES ETRANGERS. 58r edition, I vol. in-12, orne de 4> figures litbographie'es. Var- sovie , IV. Gliicksberg. 1820. Get ouvrage, destine a servir de lecture an peuple dus cam- pagnes, est de la princesse Isabelle Czartoryska. II contient iin abre'ge dc I'Histoire de Pologne , avec qiielqiies contes mo- laux. Lc style de ce livre est simple, a la porte'e des lecteurs auxqiiels il est destine. Un second volume dans lequel seront exposes sous une forme agrcable, les principcs de la morale, est (leja sous presse, el paraitra incessamment. 212. — Marzenia Tassa, etc, — Les veille'es du Tasse , traduites de Pitalien par Adam Rasperowski, i vol. in-S", Varsovie, im- primerie de Nowolipie, 1820. Le traducteura rendu un grand service a la litte'rature polonaise, en I'cnrichissantd'une des prod uctionsderimmortel poetedeFerrare. 2 1 3. — Dziela dramalyczne Boguslawshiego , etc. — OEuvres dramatiques de Bogdslawski , i5 vol. in-S", avec Ggures et por- traits. Varsovie, imprimerie dc N. Gliicksberg. 1820 • Get ouvrage est une des plus belles entreprises litte'raires qui aient e'te faites en Pologne ; il parait par livraisons de trois vo- luqies accompagnes de gravures. La premiere est de'ja en vente ; les autres paraitront succc^sivement de trois mois en trois mois. Le nom de I'auteur se recommande principalement par les ser- vices qu'il a rendus a la nation polonaise. Ci-devant directeur du theatre national, il en est aussi le fondaleur, et ce sont ses ou- vrages qui ont servi de base a ce monument de sa gloire. Le prin- cipal me'rlte de ses pieces consiste dans leur originalite' et dans les caracteres bien trace's des personnages qu'il met en scene. Beaucoup sont traduites du francais , de I'italien , de I'anglais et de Tallemand, et ces dernieres sont principalement remarquables par la ve'rite avec laquelle elles sont rendues. Ghacune d'elles est precedee d'une notice biographique sur leur auteur original , d'unc analyse de la piece traduite, et d'une critique des autres productions du meme auteur. Dans le premier volume se trouve rhistoire de la fondation et des progres du Tlie'atre polonais , et a la fin de chacun , une biograpliie d'un des principaux acteurs de ce the'iltre , mort ou retire de la scene. L'auteur n'a rien neglige pour rendre Te'dition qu'il donne de ses OEuvros digne dc Finteret du public. L'impression surtout est iSa LIVRES tXRANGERS. exlrumeracnt soignee, et prouvc que lart de Timprimerie qui avail t'ttj si long-tims neijlige en Pologne , a fait aujouril'hni ties progrcs qui rendcnt nos pn-sses dignes de rival.stir avec celles des autres pays de rKiirope. Cetle amelioration est due surlout a M. Gliicksberg, qui , seconde d'un protc qui a travaillc a Paris , chez r'irinin Didot, est parvi nu a ^galer presque la beaulede I'ejccution des livrcs qui sortint des presses de ce ct'lebre typo- graphe. 2 1 4- — Hjhvan , dziennifi iwtih Icsnyck , etc. — Sylvain , jour- nal des Forets. Varsovie, IN. Gliicksberi;, 7820. Get ouyragc, qui parail partrimestre , et dont il a e'te deja publiti trois numrros accocnpagnes d'un grand nombre de planches, est rcdige par plusieurs savans, et par les principaux professciirs de rUnivcrsite dc Varslovie. 11 traite de la zoologie, de I'arpenlage , de la bofanique, de reconoinie rurale, de radministration des forSts , etc. II suffira, pour le recommander, de nommer son principal reJacteur , M. Ic comte Louis Plater, deja connu par ses vastes connaissances et sa profonde erudition. 2i5. — Portrety -wstawionjch Polaliow, efc. — Portraits des celebres Polonais. Livraisons i''^, 2« ctS'^, grand in-folio , pap. -vt'l. Varsovie, imprimerie dc N. Gliicksberg , 1820. — Opvrage redige par M. le comte Chodkiewicz ct M. I'abbe' Czarnecki. On a fait de cerecueil unouvrage de luxe par les soius qui ont t'te donna's a son impression , ainsi qu'aux portraits lithographies qui Tenrichissent. Les derniers sont d'une resserablance parfaite, ct approchent pour le Cni dc la taille-douce. lis ont ele executes par INI. Sliwicki. ALLEMAGNE 21G. — Algce aquatica. — Herbes aqualiques qui se trouvent surles cotes du pays de Jever , et de la Frise orientale, recueil- Iles et se'chees par O. H. B. Jcrgens, de Jever. i — iGcahiers , 1816— 1819. 21 pages de texte in-folio, et looalgues sechees. Prix, 20 fr. Hanovre , Ham. M. Jurgens merite la rtconnaissance de tons les amateurs de la botanique, surlout de ccux qui dcmeurent a unc grande dis- tance de la nicr, puisqu'il leur oflVe le moyen do remplir, a peu dc frais , une lacuce iraportante qui so trouve dans la piupart LIVRES ETRANGERS. 583 des Iierbiers. Pour formei- la collection d'unc si.grande quant itc de jijantes, il avail plus d'une diliioultc a vaiacre, surtout en les j)reparant pour etre conservc'es. EUcs sont secliiies avec un soia extreme, et sc trouvcnt place'es dans les caliiors entre deux icuilles blanches, accompagne'es de leur description en langue latine. Les plus fragiles de ces algues sont collees siir une i'euiile (le papier detaclie'e, et les plus tcndres des coascrves sur une ffcuillede verre de Moscovie. 2 1 J. — Symbolik unci MylJiologik — Symbolicjne , et My- Ihologique des anciens pcuplcs, ctprincipalementdes Grecs, par I'VeJcrich Ceedtzer, professeur de litferature ancienne, a Hei- delberg. Tom. II, 2' edition. LeipsicU. , 1820. ]\1. Creutzer, justement ce'lebre par les lecons qu'il donne A rUniversite de Heidelberg, a cre'e pour la Mythologie une ere nouvclle : ce n'est plus une serie iucohe'rente de fables inge'- nicuses, o'est un systeme complet de fictions utiles, dont la base repose toujours sur des notions d'agriculturc , ou sur des pre^ ceptes de morale, c'est la philosophio elle-memc rendue sensible par des images, parlant quelquefois un langage intelligible an vulgaire, mais conservant toujours toute sa majcste'. Plus d'une fois, M. Creutzer, en dc'veloppant cette scionce noavello (|iii lui appartient, a excite I'enthousiasme et letounement de, ses nombreux auditeurs, Cest pour eux qu'il a public' sa premiere edition. II voulait, a ce qu'il nous apprend modestement, leur donncr un guide pour Tetude de la mythologie ; mais ils s'a- percurent promptement que ces premieres esquisses e'taient un traitc complet sur la matiere. L'Ailemagne y rcconnut partout la main du maitre. Dc toutes parts on demandait une seconde edition; M. Creutzer la donna, et ce fut vraiment un ouvrage nouveau. L'lade , la Perse , TEgypte , remplirenl le premier vo- lume. L^examen que Tauteur fait des religions de ces contre'cs , familiarise son lecteuravec I'etat des beaux-arts, chez les peuples (|iu les habitaient : les monumens de I'archilecture sont decrits ; ceux de la litteratnre sont analyse's. Tout ce qu'on a public re- eemment, tant en Angleterrc qu'en Francs, sur les regions onen- tales , a ete soigneusemcnt mis a profit. M. Creutzer ns dit riea qui ne soit fonde en fait : il a pour garans les auteurs les plus eslimcs, tels que le president Joaes, Klcnker, lieeren , Hammer, 584 LIVRES ETRANGEKS. Polief, Gcerros , la commission d'Egyptc, etc. , etc. Tontes leHrs rechcrclies lui appartiennont ; car il en a fait unc ctiidc profondc, el en a compose un corps de doctrine qui, jusqifa cc jour, imin- qiiail aux sciences. Dans le second volume, I'anteur s'arrete encore ud moment aux religions de I'Asie. II y trouvc Venus, Cybclc , Adonis, Aite'mise, Priape , etc., etc. De-la il nous conduit a Carthage j puis il nous fait aborder a Lcmnos , et nous entretient dii cidle des anciens Pelages. Deux grands poefes paraisscnt cnsuite sur la scene mythologique ; cc sont Horn) re et He'siode. M. Creufzcr examine surtout les cliangcmens que la Myf hologic a subis de leur tcms. Enfin il passe en revue toutes les Diviniltis grecques , et celles qui appartiennent a la vieille Italic. L'on s'occupe de tra- duire cet ouvrage en francais. Ce sera un veritable service rendu a noire littc'raturc; peut-etre conviendra-t-il de faire d'assez, nombreux retrancliemens : si les longueurs he dc'plaisent pas aux Allemands , elles rebutentles lecteurs francais. Pu. Golbert. 218 — lahrbuch tier hdusliclien Andacht, etc. — Annuaire dejla devotion domestique et dc Televalion du cceur, public par F. S. Vater, pour I'annee 1820. 1 vol. in-S" de 344 P''S^*) avec gravures et 2 planches dc musique. Gotha , Becker. Presqu'un huitieme des productions litte'raires, qui paraissent en Allemagtic, sont des livres theologiques et asce'fiques ; il n'est done point etonnant que l'on ait adopte aussi pour eux la forme de publication pe'riodique , par mois, par trimestre ou par anne'e. L'ouvrage que nous annoncons paraitdepuis 1819, et sera continue, les annees suivantes. L'e'diteur et le plus grand nombre des collaborateurs occupent de hautes dignite's eccle'siastiques et jouissent d'une grande re'putation litleraire. Parmi les divers morccaux qui composent cet ouvrage, nous avons remarque deux traites de la priere , I'un par Demnie et I'antre par Veillodter ; plusicurs meditations de Fiedge et de Munter ; un cantique admirable par Rosenmiillcr ; et plusieurs prieres sublimes par madamc de Reck , ne'e comlesse de Medem , dont le nom n'est pas inconnu en France. 219. — jEncyclopaedie tier gcsamtnlcn treymauercy . — EnCy- clopc'die de toutc la franc-macouncrie ct des autres socicfes se- LIVRES ETRANGEKS. 585 rretes qui s'y ratlachent: par C. Lenning. 2 vol. in-8°. Leipsick, 1830. Chez Brockhaus. Depuis que Ic rife de la franc-maconneric nest plus un mys- tere, les livres qui divulgufnt tout ce qui sc passe dans le sanc- tuaire dcs loges sent en si grand nombrc, qu'ils, foraient una branche de la litte'rature alletnande, et que M. Lenning a ete a meme d'y recueillir environ 4000 articles qui, range's par ordre alphabctique, font connaitre I'origine, I'histoire, la geographic , la stalistique, le systtine, ies sectes , les grades, la hierarchie, les hieroglyphes , les symboles, les usages, la terminologie , la bibliographie et la biographie de la franc-maconnerie. Comine M. Lenning est lui-meme membre de cette societti , comme il a beaucoup voyage, et possede lesnombreux ouvragesqui traitent, dans toutes les langues, de la franc-maconnerie, il est a pre'su- mer que son encyclopddie offre un ensemble couiplet. 220. — Der t'ehlheir nach F^orbihlern der Allen. — Le Chef d'arme'e, d'apres le modcle des anciensj par le general comte de BisMARK, au service de Wurtembcrg. 1 vol. in-B". Carlsrhue, chez Midler. 1820. L'auteur, hanovrien denaissance, et olEcier dans I'armee d'un Etat constitutionnel , se niontre dans cet ouvrage en penseur profond , foulant aux pieds les prcjuge's de la noblesse de son pays natal. Anime de principes ve'ritablement nobles, il marche avec son siecle, professe les maximes de la ve'ritable inde'pen- dance, et rapporfe toutes ses pensees , toutes ses actions, au bien-etre ge'neral de la societe'. Pour ne pas heurter de front des pre'juges qui ne sont encore qu'a peine ^teints, et des passions qui, dans ces dernicrs tems, se sont rallume'es avec assez de vi- vacite', M. de Bismark a eu le bon esprit de developper ses ide'es par des exemples tires de Fhistoire ancienne , en leur laissant ce- pendant toute leur fraicheur, et en mettant le lecteur a memo d'en faire aisement Tapplication au besoin artuel. 11 considere le chef d'une armee comme le garant de la sftrete du citoycn et de la liberte de la nation dont il est le serviteur principal , et qui lui a confie ce qu'elle a de plus cher et de plus sacre; il'le considere comme I'organe de la divinitc qui veut incontestahlement que les hommes , tant dans lenrs rapports individuels que nationaux, soient en tout tems prott'ges, libres ct Iieuretix. II s'ensuit qu'un 5SG HVRES ETRAKGERS. general no snurait clre rinstrument de rojipressibn, sans ilerogei ii ses tlignitcs, sans fic'trirson lionnenr. 221. — J-oaiinis Jauiv Elenienta araninicce linsuce. — Ele'raens de la langue clialda^o - syricnne par J. Jahw, traduits de Falle- inand en lalio par A. Oberleixner. Yienne, 1820. Schmid. I vol. in-80. Deja, en 1793, fen le professeiir Jahn fit paraitreen langue alle- mande la premiere edition de cette gramuiaire. Le profcsseur Ober!i:itiicr, en publiant celte metnc gratninaire en langue latine, la enliu'cnient rcfondue, d'apres les reclierches des philologucs modernes Ics plus cstimes. Plusicurs clioses superflues ont ele supprimees, et I'ensemble a cte mis au niveau de I'etat actuel de la science. 222. — Ma^tfiou ipiAo(70(pou ■ZBi-'i KZTXfX^^ recensuit , et cum an- noUitionihus criticis eiUdit Euuardus Gjeehaisdius. Lipsis. 1831. Maximus i-tait contemporaiu de Fcmpcreur Julien , qui fut son eleve. 11 nous reste de lui un poeme astrologiquc. Jusqu'ici ce poeme n'avait ])as cte' imprime scparement ; on le Irouvait dans la bibliotlitque grecque de Fabricius, acconipagne d'une detestable version latino. Le texte est fort altcre , sans qu'on puisse y remc'dier par la coraparaison des manuscrils, attendu que jusqu'a ce jour 011 n'cn connait qifun seul, celui de Medicis. Les iraprimeurs ineme avaienl conspire contre c„t auleur, en ajoutant leurs fautes a celles des copistes et des traducteurs. Cest dans cct ctat deplo- rable que Maximus fut reimprime' dans la seconde edition de la Bihliolheca grceca, publiee par Haries. Toutefois Wesseling et Dorville avaient signale' un grand norabre d'incorrcctions. Sans doutc JMasinius est uu auteur bien mediocre j mais , il y aurail eu de la part d'un editeur quelque me'rite a profiter des rcmarques dc ses devanciers, en y ajoutant les siennes : il nous aurait du moius donne un fextc lisible et (]ne!ques notes utiles. Cest ceque n'a point fait I\I. Gebhard , qui d'ailleurs laisse apcreevoir une ne- gligence impardonnable. II n'a pas meme juge a propos de fairu une introduction : il a lance son Maximus dans Ic monde comma s'il etait connu de tous , et que sa rcnommee le dispens:tt de tout averlissemenl prealable. Ceprndant, I'oa peut etre fort instruit sans connattrc!\lasimus; K's savans meme sont divine's sur la ques- tion de savoir si le poeme (mi'ou lui altribue est cflecliTemeDt dw LIVRES i:rR ANGERS. 587 lui, ou si ion doit ie donrnT a (|iiel(|iic pocle plus ancicn dii terns de Callimnque ou d'Apollonjus. C'esfun point (i4j"il iinpor- tait d'examiiier. Autre fjuestion : Les fiajjincns dii poamc dcs Travaiix et des Jours, attribue fuussement u Orplie'e, concordent jiarfois mot poiu' mot avec les vers de Maximus. Wesscling ct 'J'jTwhitt en conclueot qiieces IVaginens appartieuncnt efi'ective- menl au mcme pocmc. Lunz contesfe celte concliisioD. Que de- cider? M. Gebhard se tail... II ne s'occupe, dans le cours de ces notes, qu'a enseigncr a Maximus les regies de la grammaire do Jiuttmann. Apres cela, il s'iiiquiete peu de defigurer sou auteur, et de lui enlever la seule chose qui le caracterise. Je veux parler de la division du poeme en chapilres : c'est une diflormitc en poc'sie, sans doutej uiais, il s'agit bleu dc pof-sie dans Touvragc de Maximus. 11 n'a de prix que pour I'histoire iilteraire : il ne fal- lait done pas en oter ce qui fait le cachet des poemfs didactiques du uieme terns. On sail que le poeme des Pierres , attribue' a Or- phee ; celui des Plantes , dont Tautcur est inconnu; enfin, ua fragment de Marcellus Sidetes , sont pareilleiucnt divises en cha- pitres. Cette division e'tait a Tecrit ce qu'est une inscription a un monument de mauvais goflt, et M. Gebhard a arrache Tinscrip- tion sans re'parer le monument. Pour conclure , IMaximus n'a pas encore rccu les honneurs d'une t'llilion ; et .Vi. GcMiard , en pu- bliant son opuscule , n'a fait que Find quer a des hommes plus liabiies. Ph. Golbert. 223. — Pindarus JVerke. — 0/\uvres de PinJare ; Poriginal ct la traduction mefrique; avec des notes. Par T. Tuiehsch. 2 vol. grand in-8'^. Leipsik, 1820. Ch .z Itilsrher. Prix, 22 fr. C'est pour la premiere fois qui jamais ils liseot cette page , que leur anciep frere d'armes n'a 5j)o LIVRES feriiAKGERS. point oiil)!ie Ifnrs bons ofllccs- (j'.i'il porle iin cceiir rrconnuissini.' , et (|iril SL' gloiiiu'ra loujours dc pailagemvcc eux le litre J'au- cicn e'lfve tic l''l£(.o!(; iiolytechnique w L'ovivrafje est accninj);ij;n<; dc stpt planches; on Ics doit an hti- rin de MM. Dcville et A. Boiivier, I'it vcs dislingiius de I'Ecok- de gravure, institue'c par les soiiis de lu Soricte pour I avaiiccuK iit desarts, sons la direction dii cclc'bro yraveur Kicolas ischenker. Ces jeunes artistes ont etc couronncs tous deux au coiicoiirs do culle annee. Ce n'est assuromenl pas uo des moindres services rendus a Geneve, depuis sa restauration , que retabJisscntunt dans ses niurs, d'une ecole de cette esptxe ; en efietjdans unpajis ou ron ciiltive , a"voc autant de succes et un 2cle aussi soutenu , les arts el Ics sciences, ili'tait plusqu'extraordinairc de r.e pas trou- ver un seul artiste en e'lat de graver convenaliliment les ))luncbcs des ouvrages scientifiques ou autres qui sortent journellcnicnt de nos presses , et d'etre , sous ce rapport , tributaires de pays etran- gers que nous sommes accoutume's a envisiiger conimc les nulrcs, en maticrc d'ohjet d'art. Gr^ee a i'interel l)ienveinant que ii- gou- verntment et la Sociefe des Arts tenioii^ncnt a cetfe nouveile ins- titution; grSce a I'habilete du mailre, i.t a rc'mulatlon deseleves, il y a lieu d'esperer que sous trts pen uanuecs nous possederons plusicurs bous artistes dans Ic genre de la gravure. A. 229. — Le Lac etc Geneve , imitation libre de rallemand j avec cetle epigraphe : A/on lac est le pivniier — Voltaire. Brochure in-S" de 24 i)ages. Gen^v'e, an maga.sin de riiutel du (Musce. iS^o. Prix, I fr. La ]iresence rt'cenle de M. Maftliis^on, a Geneve, a fait relire, au Iradnctcur, la charmante piece de' vers qne notre iac a inspiree a cet aiinable poete ; regrelt;int qu'nn si petit nombre des habi- tans dc ses rives fftt a meme dVn jouir, il a essa>e' de bur en donner une iJle'c. Sachons done gr^ au spiritue! Iraducleur davoii^ fait coanaitfe anx leclenrs franrais cette joSie production, qui , quoique composce par M. Matlhisson , presque au commence- ment de sa carriere politique , nVn jiitsse pas moins , avec raison , pour un de ses chefs-d'oeuvre. Les poesies de M. IMatihisson ont etc reimprime'es ii plusieurs reprises; la piece dont nous- nous oc- cupotis aujourd'hui , n'avait , dans le principe , que trcnl'c-.si.^ strophes; Tauteur Ta augmcntee , depuis ^ de sept autres. qui LIVUKS ETRAINGERS. nyt ne sont pas los moins intcres«antes de I'oiivrage. Ce sont les ^^' , S'jG', 32', 33«, j\' ct 35^^ dos dernitres editions. Lcs notes se sont aussi accrues a proportion. Ce nVst pas, comma on sail, le seul poeme dans lefjiiel IM. iMatttiisson ait consacre' ses ac- cens a di.'crire notre belle contre'e. Lc i-ecneil de sr s poc'sics est parseme (le plusieiirs aiitres pieces de vers, qui celtbrent soit notre lac, soit des villes on villages situe's siir ses bords. Ra;e- ment sa muse entreprend des Iravaux d'une si longiie liaicine que le petit poeme dont nous rcudons comple; le plus souvcnt, file se plait a hriller dans ce genre vague et gracieux, dans lequel les Alleraands excellent , et sont si riches; duns ce genre , en un mot , dont les productions exhale'es au moment d'une emotion un pcu vive , seniblent ne pas devoir cl(?passer la duree du soupir qui les a fait nailre. Les raorceaux enchanteurs des Annies de renfaiice et de VElrsee , sont des modeles de griJce et de naivete. Un sa- Tant allemand , lieinsius, en donnant a M. Malthisson une place distinguee , pa''mi ses rivaux , dansTotle, I'ele'gic et la chanson, le place a leuv tele dans la partie de la poe'sie descriptive qu'il ap- poUe pocsie du paysagf . L'imitation, dont nous avotis a rcndre compfe, n'est pas fn's riche do poesie ; cependant, elle n'est pas sans mc'rite , quoiqu'on y rencontre plusieurs ne'gligences et quelques expressions pro- saiques. Le traducteur ayant ecrit son poeme en strophes de six vers, tandis que celirs de son auteur n'en ont que quatre, il s'est Tu tres souvent dans la ne'cessite' d'ajouter au texte. Au reste, ces additions ne de'parent nullemcnt I'ouvrage , ptiisque lc traducteur a su y faire contribuer les diverscs autrcs pieces de I'auteur stir lc memo siijet. 11 a le me'rite d'avoir enrichi sa traduction dc notes intere?santes , ct d'une esptce de nomenclature assez agreable des ecrivains qui, soit en prose , soit eu vers, ont ce- Icbre' le lac de Geneve , ou ses environs. Line jolie vignette , due a M. Ansparh, jeunc graveur qui donne beaucoup d'espe'rance , orne le litre de I'ouvrage ; die represente le lac de Geneve , et la chainc des Alpes, vus du joli village de Prcgo)', pr^s Geneve. 23o. — L'electrontotore per/}eiuo , etc. — L'elcctromoteur per- pdtuel. Traile'de I'abbc Giuseppe Zambohi, profcsseurdc physique 592 LIVRES ETllATNGFRS. au lyct'e Imp. Roy. dc Verone. Vc'i'onc, iSao. Iii-8° avec <\c.» planolies. L'oiivragc est ilivise en deux parties, dont il n'a paru jusqirA present cjue la premiere. L'atitcur est avantageusemcnt coniin par ses decoiivertes, et par sa pita eteltrica secco , qu'on voudrait iifiwlcv c'/eclroinotcur perpeluel. 11 avait public, des 1812, une dissertation sur ce sujet ; il I'a reproduite , en y joignant tout ce qu'il y a de favorable a sa dccouverte jusqu'a present. On lui impute un pen de redondance et quelques superQuiles ; c'est <[u'en s'adressant aux professeurs de la science, il n'a pas oublie les eleves. Au reste, on ne pourra lui refuser le me'rite d'avoir expose les idees d'autrui avec assez de precision, et d'y avoir ajoutc plusieurs observations toutes neuves et tres curieuses. i^i ■ — Deir enianazione dei fluidi acrijormi dalla terra , etc. — Des fluides aeriformes qui emanent dela terre, etde leur analogic avecla matiere rayonnante qui emanc des astres doue's d^une lu- uiiere propre ; theorie d'^fZ^Z/^/ie Corti. Venise, 1820. In-S". L'auteur, s'appuyant sur Tclasticite parfaite de Fair, et sur son extreme rare'faction vers sa circonference , pretend que le mouvenient le plus le'ger, communique aux parties inferieures de I'air, doit devenir excessif dans les parties superieures. De-la, il de'duit, avec un peu trop de confiance, qu'une quantite d'air est continAment lancee au-dela de Fatraosphere , et assez loin pour qu'attire'e par des globes voisins, elle nc retourne plus au uotre. Quelleque soit la probabilite de satlie'orie, M. Corti ne rend pas raison pourquoi notre atmospliere n'a pas ete' , dcpuis long- tems, epuise. II n'a ni calcule ui determine le terns qui serait ne- oessairepour apercevoir une sensible diminution de I'atmosphere. 232. — De' coningi et delta cura de' lori ejfetti , etc. ■ — • Des contagions et du traitement de leurs effets : lecons medicales pratiques, par M. f^'aleruino-Luigi Bbera, professeur dans FUni- versite I. H. de Padoue, etc. Padoue, 1818. i"^"^ vol. in-S". On distingue , dans ce Traite , Tesprit de sagesse et de prudence de l'auteur. 11 suit toujours les faits et les observations^ mais, parfois , il avauce quelque tiieorie que ne sauraient adopter ses collegues. IMalgre quelques idees hypothe'tiques , les praticiens pourront puiser, dans cet ouvragc , des lecons fort utiles. 333. — Sulla resiitinione del naso, etc. — Sur la reproduction LIVRES ETRANGERS. SgB du nez. Rapport fait par M. ^/te/'t de Schowberg. Naples, 1819; avfc Jes planches. Cette operation cliinirgicale t'tait jadis connue et pratiquee, des le Sfizitinc siccle , dans la Sicile, par les deux Branca , pere et flls; et , dans la Calabre , par les families Vianco et Bojano-' Ensuite, Gaspare Tagliacozzi la pratiqua a Bologne , et Cortesi, aprus lui , vers la moitie du dix-sej)tieme siecle {voy. Portal, UUloire de la chirurgie). L'ne me'tliodc dill'e'rente , pour parvenir au mcme but, est usite'e, dit-on, dans les Indes , et vient d'etre introduite en Europe par M. Carpue, Anglais; elle a ete beau- coup perfectionnc'c parGraefe, chirurgien prussien. M. de Schon- berg a prefere , a la iniitliode indienne , malgrc' les ameliorations f[u'el!e a subies , la methode ancienne des Italien* ; il en donue les uiolifs dans son opuscule. 234. — Sulla neceisith di proibire le citazioni dcgV tnterpreti , etc. — Sur la necessite de prohiber les citations des intcrpretes et des ublie dans le meme format , en 1816 ; il traite des mijriles distinguds des ^'iiitcrdamois dans lajixation et le perfeclionnemcnt de la langite 598 LIVRES ETRAINGERS. hollandaisc. Lcs deux discours font e'i;alemcnt honncur u Icur savant iuiti-ur, que I'on aurait cru trouver dans une autre car- ri«''re , a en jugiT par sa premiere produclioD , publiee a Amster- dam , en 1 81 2, aotis cii tHre : ylriitoielis quasiiones mecktinico! , clifZ Pierre Den Ucngst et fils j in-S". ■2]\. — Dissertritio historlco-polttica inaiigtiralis, — These b'ls- torico-politifjue de droit ])ublic sur Guiliaume III, prince d'O- ran{;e , vcngeur de lu libeito de TEurope contre Ic di'spolisme par Guiliaume V Att IIogekdopp, pour sa promotion puhll(jue au doctoral en droit a I'Universite ile Leyde, le 27 niai 1819. Lejde, Hazenberg jeune. 1819; in-8° de 236 pag. M. dc Hogendorp, tils de celui qui a si honoruMement conlri- bue au dernier afl'ranchissement de sa pafrie, a eu le boniieur d'e'cbapper aux dangers de cctte .g'^T^e (Vhonneur, dans laquelle , en 1812 , il ne s'eiirola pas plus librement que ses autres jeunes conciloyens. Sous d'autres auspices, il n'a rirn eu de plus presse que de retourner a des etudes aiixquelles il n'avait ete'arraclid que par la violence. Quoi que I'on ])uisse penser de son systerae poli- tic|ue , on doit rendre justice a I'etendue dcs connaissances liis- toriques du jeune publiciste, et recoiinailre qu'il s'est applique' a Jes puiser aux meilleures sources. Apres une introduction, ou il est principalement question du f-imeux sysfeme dc la balance de ['Europe , M. de H. fait, pour ainsi dire, trois comparliraens dc I'ejjoque qu'il a pris a t;1clie de decrire. Son premier chapitrc va de ififiS :i i(!rS ; le second , de 16-8 a 1697 i ^'^ troisicme, dc 1697 a 171 3; ct il termine son ouvrage par quelques corollaires, qui tendent essentieilement a I'apotheose de son heros, cfue tous les liistoriens n'ont pas juge' avec la nieme faveur. 245- — Perihles van yJthene , par C. J. Van Assen , doctcur en droit. LaHaye. Veuve Allart el compagnie; 1819; in-8°de 95pag. M. Van Asaen , qui , en prenant ses degre's en droit a TUniTer- site' de Leydt; , con»raenca a se faire connaitre avantageusement , en 1809, par sa Disputaiin juridico-litterarin de M . Tull'u Cice- ronis oratinne pro yiul'i Cluentio Ai>itQ, nous ofTre ici une monogra- pliie Ires inte'ressanle pour Thistoire de I'ancienne Grece. Cesont deux IMe'inoires pre'sente's , en i8i(l et en 1818 , a la Socicte phi- lologi([ue hoilandaise ile Leyde , et dont la lecture y produifit un grand iuteret. Le premier nous rc] resente Pericles , a I'epoquc me- \ LIVRES FRANCAIS. 599 morable 011 il parut ^ pend.inf fes ctiulcs, arcc ses grands l.ilens et ses (iminentes qualitcs, Jans sa cavrierc politique, dans ses relationsavec Aspasic, dans sa mort ■< eriiablompnt philosophique. Le second est un plaidojcr stijiposd prononcc par Pericles lui- nieme, centre les accusations qui liii e'tai.'nt infenlecs par Lacre- tidesj et nousne feronspas un trop grandclogcdeccmorceau, en le de'clarant digne du grand personnage auqucl U est atlribue; per- sonnage a la fois si remarquaWe par I'elcvatioa de son caractere et par son rare talent pour reloquencc. IM. LIVRES FRANCAIS. 2^6. — Annuaire presents au roi par le burean Jes longitudes , pour I'an 1821. Paris, 1820. I11-18 de cinq feuiiles. Chez madame veuve Courcier. Prix, i fr. 247 Memoi/'e sur la coitsen'al'ioiides bles -^ parM. d'ARTiGDES, membre du conscil general des manufactures et proprie'taire de diflerentes fabriques; lu a la se'ance de la Societe I'oyale et cen- trale d'agriculture, le i5 ducembre 1819, et itiiprime par ses or- dres. A Paris , cliez madame Huzard. 2)8. — Le Guide du cullifateur ct du fleuriste , annuaire de la Societe linne'enne d'c'mulatlon do Bordeaux, pour Fan de gi'ilce 1 82 1. In- 12 de cinq feuiiles. Bordeaux, 1821. Brossier. 249. — Menioires sur le Brcsil\ pour servir de guide a ceux qui desirent s'y etablir. ParM. le cbevalier G. de Lakgsdoef, con- sul-general de Russie au Bresil. Paris, 1820. ln-4'' de deux feuiiles etdemie. Imprimerie de Denugon, a Paris. 25o. — Histoire des vampires et des spectres inalfcnsans -^ avec nu esamen du vaniplrisme. Paris, 1820. Chez Masson, libraire, quai des Augustins , no 19- i vol. in- 12. Prix , 3 fr. Apresles romans et les pieces de IheStrc sur les vampires, il est juste que Ton fasse aussi leur liistoire et leur bibliographie. C'est a quoi est destine ce petit volume, extrait en grande partie de la compilation de dom Calmet, On a fait suivre cet abre'gc de I'article spiritucl de Voltaire sur le vampirisme , qui vaut les deux volumes du compilateur bene'dictin; et d'une notice sur les ouvrages que la vogue des vampires a fait naitre, ou qui en ont parle pre'ce'demmcnt. L'auteur aurait pu pousser ses recherches plus loin; pei.tetre aurail-il alors approche' davantage dc Tori- 6oy LIVRES FIIANQAIS. gine 6e$ usages barbarcs par Icsquels on a pre'tcndu pre'vcmv I'etat de vaiiipirifnie chez les morts. II a neglige, cntre autrcs pays , l;i Soandinavie, qui pourtant oilre dcs esemples plus an- ciens dc cette superstition qued'autrcs contrees. J'en citerai deux qui sent reraarquables par les circonstanccs qui les ont accompa- gne'es ; ils pourront servir de supplement a I'article du (■■ am- pirisme inse're dans la Revue, torn. VII , pag. 225 (i). Le premier de ces esemples remonte jusqu'au sixiemc siecle. Deux jeunes princes danois, compagnons d'arnies , Asmond et Asuite, sYhaient jure une amitie etcrnelle. Dans rcnthousiasme de leur attachement , ils sVlaient meme promis He se faire enso- velir ensemble. Asuite ctant mort, on le de'posa dans uiic de ces tombelles communes dans le nord, et perco'es fre'quem- ment d'une chambre ou caverne sepnlcrale, Asmond se fit enfcr- nier dans ce tombeau aupres du corps de son ami , apres s''elre muni dc provisions qui nc devaient servir qu'a prolonger sa vie de quelques semaines , ou peut-etre de quelques jours. Ce fut alors que la superstition engagea le jeune guerrier a empe- clier son defunt ami de devenir vampire. II lui coupa la tete , hii pcrca le corps d'un pieu et attendit lui-mcme patierament la fin de ses tristes jours. Quelquc terns apres, des Suedoisayantde'bar- ([ue' sur la cote , et a^ant apercu la tombelle, penserent qu'ellc pourrait renfermer un tre'sor , parce que les anciens Scandinaves ensevelissaient souvent avec le mort les efTets les plus pre'cieux qu'il avait posse'des. Ils resolurcnt en consequence d'ouvrir Ic tombeau. Ils'pratiqiurent, dans le haul, une ouverture par la- quelle ils firent tlescendrc, Ic long d'une corde, un des leurs. As- mond vivait encore. Quand un rayon de jour vint luire dans cette caverne alTrense , I'amonr de la vie se ranima dans son ame ; il repousse le Sucdois , s'empare de la corde , et se fait hisser jusqu'au haut de la butte. A la vue de cet homme inconuii, plus semblable a un spectre qu'a un etre vivant , qui remoote au lieu du compagnon qu'ils ont fait descendre, les Suedois sont saisis de frayeur ; s'iqnaginant que c'est le mort qui les poursuit pour avoir viole' sa torribe, ils prennent la fuite. Asmond les rappelle et f i) (let articli^ a etc traduit et inse're depuis dans des jnurnnux ailcmands et anginis- mais aucun d'eux n'a cite ni luiileur, ni la Hcfui: Encyclopi^J'ujuc J d'oii ils To^it tive. LIVRES FRANCAIS. Goi ne parviont qu'avrc bcaucoup .(> juin 1820 ; par le secretaire perpetucl de la Societe hibliothe'caire de la ville. Provins, 1820. in-8° de i5 feuilles et deniie. A Paris , chez Ma- dame Huzard. 2G6. — Notice sur la constitution de Siciie de Cannee i8i 2 , et sur Facte d'union donne a Caserte, ea Tanne'e 1816 , par S. M. le roi des Deus-Siciles. Paris, 1820. In-S" de 2 feuilles trois quarts. Chez Rousseau et Ponthieu. Prix, i fr. Bo centimes. (*■) 267. — Histoire physique , ciuile et morale de Paris, depuis les premiers terns histariques jusqu'h nos jours ; contenant, par ordre chronologique, la description des accroissemens successifs de cette ville et de ses monumens anciens et inodernes ; la notice de toutes ses institutions, lant civiles que religieuses ; et, a chaque periode , le tableau des raoeurs, des usages et des progrcs de la civilisation j ornee de gravures repre'sentant divers plans de Pa- ris, et ses monumens et ('difices principaux; par J. A. DutAURE, delaSociete royale desanliquaires de France. Tome I'"', in-8° de J2 feuilles , plus dos planches. A Paris , chez Guillauine et com- pagnie. Pris , 8 fr. L'ouvrage formera 6 vol. iii-8° , et ne dc'passera pas Ic prix de 48 fr. pour les souscripteurs, qui paieront un tiers ept pieds. 620 EUROPE. Ce monument sera place en face dii palais 3e Carlton-llouse, a Londres. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. Medecine.^RenieJe contre rempolsonncm'-ni par le deiito-mu- riate de nienure. — Unenfunt de deuxans ayant avale uncdifsolu- tion de suhlinie corrosij, dent on comptait se servii' pour dclruire les rats, ftit pris instautane'ment de vomissemcns. On lui (it Loire de riiuile d'olive en grande quantite. M. John Moi timer , chirur- gien, levoitau bout dc six lieures;levomisserneDtnes''arrelait point, le pouls e'tait accclere , la peau devcnait froide , la soif excessive ; il fit dissoudre un gros de suliure de potasse dans une pinte et demie d'eau sucre'e tiede rju'il fit Loire au maiade alternatiyement avec douze Llancs d'cenfs battus ; il prescrivit aussi Ics lavemens d'eau de savon. Dans I'espace de vingt-quatre lieurcs environ , I'enfant avala soixante-sept blaucs d'ceufs et Lut toute la disso- lution de sulfure de potasse : des le troisieme jour, il etait pres- que dans son etat habituel de santc. WoLwiCH. — Constructions navales. — On a conslruit derniere- ment, dans notre chantier, trois corvettes de 20 canons, ayant exactement les memos dimensions , et L9ties , la premiere en chene , la seconde en sapin de Riga, et la troisieme en sapin tire' d'une foret qui fait partie du domaine du due d'Atliol, en Perts- hire. Le premier de ces biitimens, nomme VEtoile du Nord , sera mis a I'eau tres incessamment; le second, nomme le JVieman , a ete' lance lundi dernier, et le troisieme, nomme I'Athol, mer- credi. Le Lut da gouvernement est de determiner, d'une manierc precise , le rapport entre la force et la duree des navires cons- truits avec ces trois especes ce Lois, ainsi que les depenses qu'exi- gent leur construction et leur entretien. LoKDRES. — Societc rnjale. — Le 3o novembre dernier, jour de St .-Andre , cette Societe a tenu sa seance annuelle , a Som- merset Place. La medaille d'or a ete de'cernee au professeur Jean Chretien Oersted, pour ses de'couverles electro -magne'tiques ( voyez ci-dessus page 18O. La Societe a procede ensuite a la nomination du president , en rcmplaccaicnt de feu Sir Joseph Banks ; tous les suHVages se sont reunis sur le celebre chimisle A'ir Humphry Dai'j. EUROPE. 6a I EniMBOURG. — Societe royale irEcosse. — IVomination. — Sir Jumes Hall , ayant donne sa demission des fonctions de president de cette Societe , les tnembrcs qui la comjiosent out choisi pour le remplacer Sir 1'f^'alter Scott- Ce clioix honorable est la digne recompense des travaus litteraires du peintre celebre des mceurs ecossaises. POLOGNE. Cracovie. — Monument en Vhonneurde Kosciusko. — Le 16 no- vembre dernier , le monument e'leve aux milnes de Koscidsko , a etc' consacre sur la montagne de Bronislara , voisine de cette villa. On ne pouvait choLsir un emplacement plus convenablc pour de'poser les restes du heros de'fenseur et vi^time de la cause de la liberte' polonaise. Cette ce're'raonie avait reuni plus de 13,000 personnes de tout sesc ct de tout e'tat. On y voyait les fonctionnaires publics a cote des citoyens, les nioines parmi les soldats, et partout le meme esprit, le meme enthousiasme. — Apres le discours funebre , prononce paF le gene'ral Paskowski, le pre'sident du senaf, Stanislas Wodiski , a depose le proces- verbal et autres documens dans un vase de terre renf'erme' dans unc boite detain; letout, place' dans une urne de pierre, a e'te mis dans le caveau prepare a cet efl'et. En ce moment, la multi- tude des assistans , ce'dant a la vivacite des seutimens dont elle e'tait pe'ne'tree , s'est elancee vers le monument; cbacunTOulait remplir le devoir pieux de jeter une poignee de terre pour re- couvrir Turne du he'ros polonais. Alors la musiqueafait entendre les airs nationaux : la Polonaise de Kosciusko , la marche de Dombrowski , aux armcs , mes freres ! A rcntrc'c de la nuit , les hauteurs voisincs etaient couvertes de feux. Au Ihe'lltre , une piece analogue a la circonstance a termine cette journe'e vrairaent pa- triotique. Varsovie. — Societe royale litteraire. — Extrait d\n rapport de M. le conseiller d'Etat Stanislas Staszie, president, sur les trnvaux de la Societe pendant huit annees. — Cet expose' donne ride'e la plus avantageuse du but que s'est propose cette re'union de savans , et de I'activite' deploye'e par la plupart d'entre cux pour Fatteindre. Fonde'e en 1800, sous le gouvernement du roi de Prusse, encourage'e par le roi de Saxe , et protege'e mainte- Bant par reuiiiorciir de Russie, ellc a pour ohjct « tie fixer ft (IVj)urcr la langue nationalu, cle conserver et dc perfect ioniiei* Thistoire ilu pays, tic Fetudicr a fond sous le rapport dc la topo- graphie , de la stalistique , de riiisloire natureUc ct du commerce j et enfin de reparidre parmi les Polonais les arts et les connais- sances ne'cessaires au bonheur et a la prosperite' de la nation. » ■ — Les travaux de la Societe, relatifs a la langiie nationale, ont tendu principaleracnt a fairc adopter un m^me systeme d'orto- graphe et de prononciation : ellc a charge un de ses membres de la confection d'unc grammaire qui pftt servir dc regie , et se propose dc donner clle - meme a la nation un diction- naire complet de la langue polonaise. Rclativcment a Thistoire nationale , les travaux ont ele repartis entre plusieurs membres , qui se sonl charges chacun d'une e'poque ou d'un point particu- lier ; on a fait fouiller dans les archives du pays et dans celles des pays voisins ; on a consulte les anciens monumens , les md- moires de families , les m<$dailles , etc. ; rien n'a e'te ne'glige pour se procurer un coi-ps complet de docuraens historiques. La So- ciete a dc plus fait publier , a Tusage de la jeunesse , un abrege de rhistoire de Poiogne, et a I'imitation de Lavater en Suisse , a repandu parmi le peuple un recueil de chansons nationales ovi sont retraces les hauts faits et les belles actions des Polonais. — La section des sciences s'est pi-incipalement occupee de recher- ches utiles au pays ; il a ete public' divers me'moires sur la nature du sol et sur les diflerentes mines de cette contrc'e : on s'occupe en ce moment d'une carte geognostique de la Poiogne : on a donne une attention particuliere a la cochenille qui etait autre- fois unobjet important pour le commerce exterieur, et qui main- tenant sert encore a la teinture des e'tofl'es grossieres 5 plusieurs membres de la Societe pensent que cette branche pourrait etre ra- nimeeau moyen de soins et d'encouragemens. L'ambrejaune,dont la formation est encore un problenie, aaussi occupe'la Societe. Un de ses membres, possesscur d'une mine considerable dc cette •substance, a prouve qu'elle n'dtait qu'une resine fossile decoulant d'une espece d'arbre dontle fruit ressemble a une pomme de pin , et que I'ambre en grandc masse se trouvait ordinairement pres des troncs de ces arbres. — La section d'agriculture a mis le plus grand soin a faire counaltre les nouvelles me'lhodes de culture , et EUROPE. GaS les instrumens aratoires que rexpe'rience a juge's propres a rem- placer les anciens avec avantage. EUe a cherche' a bien determi- ner les causes et les symptumes des epizooties si frequentes en Pologne, et les moyens les plus elEcaces pour les faire cesser. — Enfin la section de medeciae a dirige ses travaus sur les maladies propres au pays, et en particulier sur la plique. — 'I'elle est Tes- quisse rapide des travaux nombreux et varies de cctte Societe savante , qui parait animee du patriotisme le plus pur, et du zele le plus ardent pour I'avancement des arts et des sciences. Independamment deTimpuIsion salutairequ'une telle Socie'le' doit donner aux esprits , par sa scule existence , les moyens auxiliaires pour alteindre le but quelle s'est propose, sont i" des rae'dailles et des prix destines a ceux qui ont presente les meilleurs Me'moires •ur des questions proposeesj 2° uue bibliotheque publique ou- verte a toutes les personnes qui de'sirent y puiser de I'instruction; 3" ua cabinet d'histoire naturelle ^ 4° enfin , plus que tout cela , le soin d'entourer d'honneurs et de gloire les noms de ceux qui ont illustre leur pays par leurs talens et leurs grandes decou- vertes. C'est dans ce but que la Societe vient de faire un appel a la nation pour Ferection d\m monument a Thonneur de Coper- nic ( ne a Thorn ). Get appel ne peut etre fait en vain , lorsqu'il est adresse a un tel peuple , et pour un tel genie. — Wous donne- rons dans un prochain numero Fextrait d'uu discours fait ace tujet. DAWEMARCK. Bledecine. — Progres de la vaccination. — La vaccine produit dans ce pays les plusheureux re'sultats. D'apres un rapport de la commission nomme'e par le gouvernement , en 1818 , pour sur- veillcr cette branche de la medecine , il parait que le nombre des enfans vaccines s'elevait, dans cette seule annee, a 2^,994, dont 22,638 avaient ete vaccines par des hommes do I'art; 3,688, par des eccle'siastiques, ct 1,^68 par differeus individus. Suivant un calcul approximatif , le pays avail perdu par la petite vcrole, dans Tespace de cinquante ans , depuis 17^9 jusqu'a 1798, a,ioo,ooo personnes : Ainsi la vaccine, qui y a e'te introduite en 1802 , aurait conserve la vie a 73,000 creatures humaiues. IsLANDE. — Lilttniiuie iilandaite. — D'apres un rapport de U 6a4 EUKOPE. Hociete lilteraire (VlslanJe , il paiait que Ic grand ouvragc isl.in- dais , nomine Sturbringa scga , et iormnnt cent vingt fetiilles d'iinpression , vient d'etre achevc'. On a aussi public , depuis pcu , line Geographic gencrale tie Tlslande, et on imprime dans ce moment une collection des OEuvres des poetes qui ont illustre ce pays. ALLEMAGNE. WuRTZEOURG. — Programme des cours oiwerts , a riiniuersUe cle cetie fille, le 2 nouembre. — Trois professeurs enseignenl la phi- losopliie ; sept cours sont destines aux sciences exactes et natii- relles. Parmi les cours d'histoire , au nombre de dix , on en remar- que iin , dont Timique but est tie developper le systeme actuel des Etats de I'Europe, surtout en ce qui conccrne riiiflucnce de la revolution francaise. Les professeurs , Blum et Mathias, don- neront des details sur THistoire litterairedesGrecs et des Romains. Enfin, les mathematiques elles-memes auront Icur historien. Le programme annonce de plus deux cours de philologie 5 neufde the'ologie ; quinze de droit. Quatorze cours sont compris sous la denomination de staats vifsen Schast (sciences des Etats) , quoi- que, parini ces derniers, huit seulement aient pour but les sciences politiques, et que les autres s'occupent de choses qui y ont un rapport moins direct ; par exemple, des mines , des forets , de re'conoraie rurale. Enfin, dix-sept cours sont ouverts aus eleves en me'decine. Des maitres particuliers enseignenl I'art du graveur, le dessin, la musique, etc., etc. Berliiv. — TjCTiiU'crsitc a repris ses exercices des le 16 ocfobre. Voici le de'tail des lecons qu'on y donne : il 3 a dix cours dp tbdo- logie; dix-huit de droit; soixante de medecine; onze de pliiloso- phie ; seize de mathematiques ; quinze de sciences naturclles ; sis de sciences economiques et politique'?; deux de L..aux-arts ; dix d'histoire ; vingt de philologie. La bibliolheque royale, le muse'e et le jardin botanique sont a la (disposition des e'leves. Parmi les noms des professeurs de cetlc Universife, on cite ceux do MM. de iSafigny , Hufelond , Ficlite et Osann. Ce dernier a re- ccmment publie des idecs ncuves sur la tragf'die d'Ajax , a^sez mal jugee jusqu'a ce jour. M. Osann Fa venge'e a la fois des in- justices de ses dutraclcurs ct des maladresses de ses defenseurs. EUROPE. 6a5 Aiusi , (Jans Ic mSme lems, )a France el rAllemagnc or.t vii fe- mettre, a la place qu'ils doivent occuper, driix chefs-cropuvre iinciens. Qui ne se rappelle , avec plaisir, le rharmant morceau lu par M. Andrieux a rAcademie? II appailenait a celiii f|iiia enriclii la sct'ne francaise d'ouvragrs classiqucs, de faire rendre justice au PromiJthee d'Escli}ile. Pii. Goltkrv. MnivicH. — Sortete pnur Vimitation des manusciits orientaur. — II s'est forme clans celte vilie une Socie'te' qui va taiie lilliogra- pliier, stir les niiilleurs manuscrits, les ouvr.iges les plus estimes qui existent en turc, en arabe , en persan et en lanj^ue lartare , pour les re'pandre dans lout rOrient , par la voie de Trieste. Ce qui s'est oppose a I'introduclion de Timprimerie, chi z Irs orien- taux, ce sent d'aboid les cabales des copistes de profession; mais bien plus encore rimpossibilito ou Ton est de rtndre, an moyen de caracteres fondns, les divers ornemens que les Turcs et les Arabes sont habitue's a voir accooipaijner chacun des ca- racleres ecrits. La litliograpliie oflre de grandes re^soui'ces a ce^ egard, et Ton va s'appliquer a imiter parfaltcmrnt , tant la cal- ligraphic, que la relii^re des manuscrits. 11 y a tout lieu de croire que le prix modique, auquci on pourra fournir les exem- plaires lithographie's, leur procurera un grand debit, et que le nouvel c'tablisseraent contribuera beaucoiip a repandre les lumieres dans TOricnt. Publications nouvelles. — Tubingen. — Traduction iPiin oii~ pfngefrancais. — M. Jean Charles Hocck , conseiiler auliquo de re'gence a Gaildorf , a publie a Tubingen , chez le libraire Hopfer defOrme, unetraduclionallcmardedL-rouvrage de/l/. M.A.Jul- lien , de Paris, intitule : Agenda general , ou AJemnrial porlatif universel, dont la troisieme edition a e'te iuipi iniee a Paris , en i8i5. Le Iraducleur a adaple' son ouvrage a I'annee 1821 , et y a ajoute quelques observations , ainsi qu'un siipple'inrut. Leipsick. — Pof-iie. — L'Allemagne coutinue a s'enricliir de traduction-! des grands poetcs de I'antiquite : les coine'dios de Plaute, les fables de Phcdre, les odes de Pindare et ct-llts il'Ho- race ont ete reccrament mises en vers allemands, et les aufeurs de ces Iradiictions ont partoul conserve le raerite de I'original. Cet avanlage de Tallemand siir les autres langues est inapprc'- ciable. Les Francais n'ont pas rebllement une senle traduction TOUR viir. /jo 6a6 EUROPE. des jioelcs ancicns : la prose ne Icur en a donne (|ue des copies decolorees, l;i pot-sic ne nous les a moutre's que dans des imita- tions fjuolqucl'ois elegantes , mais toujours iiilidcles. Chez les Allemaiids, an conlraire , quand on fail parler Pindare ou Ho- race, c'est lui-mcrae qui parle. Le traducteur n'est la que pour subslituer aus mots grecs on latins des mots aileunands do menie luesure : son merite cousiste dans I'elegauce et la iidelite dc ce clioix , et la difliculte de ce travail est encore fort grande , puis- qu'ilfaut, pour la vaincre , que Ic traducteur soit poete lui- inenie. Aussi voit-onque les homnies qui se sont distingucspardes ouvrages d'iuiagination , sont pre'cisement ceux qui ont le niieux. traduit lesanciens. Pour le j)rouver, il suflirait de nommer f^oss, et de rappeler que Tauteur de Louise a etc Tinterprete dun grand , nombre de cliefs-d'ceuvre. Plicdre vient d'etre traduit par M. Vo- gelsang. Son style est en general facile et elegant. Quant a Pin- dare , c'est la premiere fois que ses odes ont e'te rendues en ver.* de la meme niesure. M. Tiersch n'a pas craintde faire imprinier en regard le teste grec, il y a joint un Traite sur les vers de Pin- dare, et plusieurs savantes dissertations non moins inte'res- santes. IM. Ticrscli a cte plus que traducteur: il s'est montre poete , de telle sorte que les chants de Pindare sont natura- lise's en Allemagne. L'interprete d'Horace a suivi deux fois pour une le preceptc nonum prematur in annum, car c'est depuis 1802 que M. Rlamtner Schmidt est occupe' a polir son livre. II n'en fallait pas moins pour entrer en lice avec Rammler , Eschon et Voss. Le dernier surtout est un terrible adversaire, devant lequel ]M. Schmidt paratt avoir succombe. On lui fait aussi le rcproche d'avojr denature' son auleur par un exces dc scrupule , et d'avoir snbstitue des noms de Giles a ceux dc garcons , partout ou il t'tait question d'une espcce d'amour que la nature reprouve. M. Voss, cet infatigabli; traducteur des chefs-d'oeuvre anciens, vient d'etre mi;; lui-memecn vers latins. M. Fischer a publie'sa Louise, avec le texte alleniand. Wous recommandons cet opus- cule aux Francais qui veuleut connaitre Louise : aucune tra- duction francaise ne pourrait micux les satisfairc. M. Voss tra - vaille aussi a une traduction importantejil ne s'agitderien moins que de faire parler Shakespeare en vers alleniauds. — IM. Butlmanns'occupeencemoaieiit do pubiier wn reeueil de EUROPL. 627 Scolles d^IJoiridfe. Son but est de rasseiuhler tout ce que les grammuiritiis, aulres iiu' Eusthathe , ont dit siir ce prince des j^oetes. En s'aiJant des travaux de ses devanciers, M. Buttmann donnera bcaucoup dc scolies inedites, tirees d'liti nianuscrit de Heidelberg. Ce niamiscrit avait deja t'te indiquc par le savant professeur Creutzer , qui en parle dans ses Melelemata de anti- quitate. M. Bultmanu rend un veritable service aux amis des lettres qui pourront, en joignant /iuit/iat/ie a sa collection , se procurer facilement un cours compltt d'crudition sur Ics poesies d'Homere. — M. Mulier a public un petit e'crit intitule' : Carninuni ncc latinorum specimen. Les journaux allem:iuds pretendent qu'il s'est servi avec succes des vers employe's par Horace. Us louent Gurtout les strophes sur le voyage du prince de Hardemberg k Kari».bad^ cependant ces strophes nous ont paru prosaiques. Veut-on saroir comment Tauteur designe le wist et le vin de la comete : Coena nos simplex variusque pictis llegibus lusus tacitos hahebat , Et JVotm undence pia testaj'undens Pocula Rheni. Ph. G. Darmstadt. — Archeologie. — M. MoUerfait paraitre une collec- tion de dessins des monumens du moyen Age. Los 9^ et loe cahiers repre'sentent le couvent de Lorsch , que Ton dit etre du temps de Charlemagne; on y vnit aussi le cloitre du chapitre d'Asc^iafi'en- burg, le dome de Worms , Thotel de ville d'Hanovre , etc. , etc. Berlin. — Beaux-Arts.— t'oiidation d^un muse'e. — On a fonde dans cette viUe un musee, oil Ton doit reunir les sta- tues les plus remarquables, les medailles les plus curieuses et les plus beaux tableaux , disperses dans difle'rcns e'difices. Le roi pro- te'ge cet etablissement , et a nomme M. le consciller Hirt pour pre'sider au choix et au placement des divers objets qui doivent composer cette collection. ViEswE. — Architecture. — Erection (Tun temple. — L'empf- reur d'Autriche a donne des ordres pour faire construire dans ?ette ville im temple , qui doit ^tre en tout semblable a celui de 40* 6i8 EUROPE. TWs^e crige a Atlu^nes. Le celebre gronpe do Thc'se'e, par Ca- nova , doit orner rinterieur de ret edifice. Leipsick. — Theatre. — Cnligiiy'. — M. Marsclincr vient de donncr inic tragodie de Coligny, que Ton dit e'critc avec beau- coup de force. L'auteur s'est attache a poindrc dans toutc leur horreur les cxces du fanatisine religieux. Oh assure ((ue cot ou- vrage est surtout remarquable par la fide'lite historique des ca- racteres , par la verite des images , et par la chaleur toujour* soutenue du dialogue. IVluNicH. — Ni'crolngie. — Le lo avril nous a enlcve deux hommes dislingues. — Le premier , M. de llittershausen, redi- geait autrefois un journal intitule : Die Pfalzbaicrische muse ; plus recemment (de tSo'j a 1808), il en avait publie un autre sous le titre de Dcuhchlands-Aujklarung. — Le savant qui est mort le nieme jour est J\J. Sebastien Gunther, connu par d'excel- lens travaux historiqucs sur la Raviere. AuGSBonRG. — Charles Arbuthnoth , Ecossais de naissance , et prelat du chapitre ecossais de Saint-Jacob , est mort le 19 avril , a I'iige dc 84 ans. Dans le cours de sa longue et honorable car- rierc , il avait cueilli plusieurs palmes acade'miques. II etait fort jeune encore lorsqu'il entra au chapitre e'cossais , dont il fut en- suite le directeur pendant dix-scpt ans. M. Arbuthnoth etait niembre de FAcademie des sciences de Munich. Ph. Golbert. SUISSE. Geneve. — Rlaison ile fnr/e pciiitentiaire. — Le conseil d'Etat a prolonge de deux mois le terme danslequel devaient etre depose's les plans et devis d^une nunson dejbrce peniteritiaire , au sujet de laquelle il a ete publie des progiamnies dans le commencement de cette aiinee. Par le premier , on ofiVait un prix d'environ Goo fr. a Fauteur du meilleur projet d'une maison de detention pour 45 a ,50 crimincls, projet qui devait etre adapte a un edifice deja existant. Lesauteurs, dispose'sa se servir des piisons actuelles, etaient avertis qu'ils devaient y conserver une place sufEsanle pour pouvoiry renfermer, inde'pcndamnient des45 a 5o malfaiteurs ci- dessus, un nombrc a peu pres egal de prevenus, de detenus pour dettss ou d'individus condamnes ii remprisonnement, et qu'ils de- EUROPE. fi^g Taient, en outre, pouivoir, aiitant qn'il scrait possible , alasepa- ralion de ccs diversesrlasses cle prisonniers, en ayant e'gard a leiir sexe. Par le- second programme, on mettait aussi an concours nn prix d'environ Soo fr. pour rauteurdunioilleur projet d'une mai- son du meine genre a construire a neiif pour iinc cinquantaine de criminels. Qnalorze conditions principales devaient etre rem- plies indispensablement par CCS deux programmes. On exigeait, entre autres, au moins deux grandes salles de travail, suscepti- bles d'etre divise'es en cas de besoin 5 un refeitoire ; une chapelle , commune aux deux cultes ; une chambre de bain , etc. , etc. On recommandait surtout aux concurrens qui n'adopteraient pas le systeme panoptique, ou tout autre analogue , de disposer les chambres des guiclietiers et.des inspecteurs du travail, dc ma- niere a faciliter la surveillance des diflerentcs parties de Tadmi- uistration. Tons les renseignemens de qacl([ae utilite, ainsi que les meilleurs ouvrages ])ublit's , sur ce su jet , tant en France que dans d'autres pays , avaient cte' mis a la disposition des personnes qui etaient dans Tintention de disputer les prix. Un assez grand nom!)re de projets ont eie' envoy e's au concours , et, quoiqu'il soit ferme uepuis le i^'' no\,embre dernier, on n'cn connait pas encore le resultat. Publications kouvklles. — Claris. — Le docleur Uegets- thweilcr vient de faire paraitre une notice inte'ressante sur la composition , I'usage et les facultes di-Teau miuerale quon trouve pres dc Lintlilhal, dans notre canton. — flLiloiie lie la Suisse. — MM. Fiissli et compagnie viennent de pub'ier lecinquiemecahierues principales scenes delllistoire des Suisses; le sixieme et dernier cahier piiraitra incessamracnf. Cet ouvrage soutient la reputation qu'd s^est acquise. — Zurich. — Trndttction d'un ouvmge franctds. — Les li- braires, Orell, Fiissli et com])agnie, annoncent une traduction allemande de Fouvrage <[ue M. le docteur Josepb Coullon a public', a Paris, cu i8j<), sous le titre de liecherches et conside- rations medicates sur Vacide hvdrocy.iiiiju^, son radical, ses composes et ses antidotes. — Berne. — La publication de la Chronique Suisse de Juttin- ger a e'te si bien accueillie , que les e'diteurs se sont determine's a faire impriincr les e'crits historiqnes des autres chronitjueurs du 63o EUROPE. toms, Tschac/itlau, Schihing el f^alenus Anshelm. L'ourrage ux ardens au pere dcs lu- EUROPE. 653 mieresetde lavJrite, pour qu'il vous condiiise dans le scnlier de la vraie philosophie et de la vertu, saus lesquelles toutcs les inslilutions humaines finissent par s'ecrouler, etc., etc. » Le tliscours ilu jeune Soulzos a tail beaucoiip de sensation sur Tau- ditoire, et a ete convert d'applaudissemeiis. II est question d'eta- blir aussi a Biikarest une hibliothiique publique bien compose'e. Ci- grand bicnfait, qu'on attend de la [luissante energie du nou- veau prince, ne pent qu'ajouter a sa gloire, d'aulant plus que les livres utiles sont tris rares en Valacliie. Le prince est aide dans ses grands projcts par M. Sj)iridion Vaie'tas, homme plein de savoir et de vcitiis, et que tons les babitans rcgarJent comme le plus bel ornement de la cour. C'est lui qui, sous le nora d'Aiis- toaienes, a public', il y a deux ans, une elegante traduction , en grnc moderne , du celcbre discours de Kousseau, sur rincgulite lies coniHlions. (Jelte traduction passe dans toute la Grece pour iin modcle de style. M. Vaie'tas e>-t natif d'los , I'une des lies cy- clades de rArchipel , et appartient a une des families les plus distinguc'es. — Le the'^tre, etabli depuis peu aBukarest, sous larflirectiondc M. lean Nicoio-Poulo , Tun des plus riches negocians grecs, fait toujours des progres ; on vient d'y ajouter une troupe de mu- siciens italiens ; et tout fait espe'rer que le goAt de la bonne musi(|ue se propagera bientot dans toute la Valachie, ainsi que dans toute la Grece. 11 vieodra pent etre cc tems heureux, ou Ton f ntrndra de jeunes Grecs chanter avec entliousiasnie les clioeurs sublimes d'Escliyle , d'Euripide et de Sophocle !.'! G. N. G P. E C E . Iles Ioniennf.s. — Sainte-Maure. — Enseigiieinent r/iutuel. — Circulaire mlressce , en i Sao , mix habitttiis de cette (le, par M. Ma- cariiis , ci-dei'anl evSijue de liogous , cnndjiUeur de l\trchei'^(/ue de Corcyre. — « II est nofoire que bcaucoup de savans, frappes des obstacles qui s'opposent a I'instruction de la jeunesse, dans k mode actuel d'enseigncment, et j)renaut en consideration lu perte de tems , le degoflt de Te'tude , et tous les niaux qui en sout la suite , se sont occupes serieuseraeiit dis moyens de remedier » ces graves inconveniens. Dtja ces savans voient lenrs nobles el- forts couronues de succes , par I'introduction de la pre'cjsiise 634 EUllOPE. mt'thode de Yenseigiienienl mutuel , dont la dccouverle a fait I'iidiniration de I'F.urope civilise'e , ct qui a ete accueillie avec trunspoi't paiiout ou elle a pene'tre. Elle vient de vous elre ofl'ertc par M. Atlianase Volitc , votre couipatriole, aussi vecom- iTiandahle par scs liitnitTes quo par le dr'sintcresseraent avcc le- qiicl il a sacrifie ses intc'rets pour efre utile aux iennes gens de voire pays. Cependant , corame la jalousie s'atlache a toufe innovation, quelque utile qu'elle so\t, Venseigneinent inutuela dft rcncontrer de I'opposition. Des personnes if;noranles, ou enne- mics du pro£;rt' s dcs luiiiitres , out reprcsente' la nouvclle me'lhode rnnunc incompalihle avcc les sentimons religicux; et chaque jour, on ics voit delourner les jeunes gens de frequeuler les e'coles , et. dissuader leiu's parens de les y envoyer. » Pour dissiper ccs filcheuscs preventions , ou en ncutraliser reflet , il est de notre devoir de de'clarer que cette precieuse in- novation doit etro cmbrassee avec; ztMe ct reconnaissance i°parce que, loin d'etre contraire a la religion, elle facilite a la jcunesse la connaissance de ses devoirs erfi'ers Dieu , et cnvers les liommes; ■i" parcc quVlle epargne beaucay^, Duvriers occupe's des Iravaux des marais salans. II est encore plus necessaire aux paludiers Ac savoir bien lire, ccrire et compter, et meme d^avoir quelques notions du dcssin lincaire , qu'a toute autre classe du peuple, et le gouvernement, qui en a senti Tim- portance, accorde sa protection a Te'cole de Kervalet , forte de soixante eleves, pendant la saison d'hiver. M. le cure de Batz en a aussi reconnu toute Tutiiite' , et il se fait compter parmi ceux qui Tencouragent hautCment. Sehve-Inferieure. — D'apres le tableau presente' a la Socie'te' d'encouragement pour Tenseignement niutuel dans ce de'parte- ment, LI y a maiutenant 3o e'coles en plcine actiTite, et 2000 enfans y recoivent le bienfait de Tin^truction priraairc. Ces eta- blissemens se subdivisent ainsi qu'il suit : Arrondissement de Rouen , 8 e'coles , dont une de fiiles. — Arrondissement de Neuf- chStel, 5 ecoles ; — d'Yvetot, 3; — de Dieppe, /( ; — du H<^- vre , g. CVst au zele et a la protection de M. le baron Maloiiet. a qui Tadministration de ce de'partement etait pre'cedemment contiee , que ces progres sont particulierement dus. M. Uaniel, qui parcourt TEuropc avec une mission de I'empereur de Russie pour examiner touteslcs ecoles d'enseignement mutuel, aconsigne »ur les registrcs de celle de Rouen , quelle etait une des plus belles et des mieux tenues quHl edt encore visite'es. DouBS. — Mandecre. — yintiquitrs. — Mandeure, appelee Epamnndondurum dans I'ltineraire d'Antonin , etait rme ville considerable dc la Gaule cellique, sur le Diihis (ie Doubs), a 64o EUROPE. quelque distance au noid-cst de f^esontlo (Besancon). Jules- Cesar parle souvent dans ses Conimcntaires des Maridiibiens, lia- bitansdV','/j(/m(i/iout sur le Uoubs : on croit qu'elle ful dc'triiite par Attila. D'apres ccia , il n'est pas clonnant qu'on decouvre aujourd'hni un monHuit'nt considerable sur Tantique emplacement d'Kpa- mandondurum, dans )e voisinage de Mandeure. Celui dont une partic vient d'etre deblayee par Ics soins de M. le sous-prei'et de IMontbeillard, nest ni uu cirque, ni un amphitheatre , mais un beau et vaste theatre. Les immenscs debris de ce thr.lire ont ete' successivcmcnt reconverts, non par la culture (la main delhomme ne travaille pas ainsi en giand), mais par la marche Irnte, uni- I'orme et constante du terns, qui a entraine les tcrres de la partie superieure de la montai,ne sur les rcstcs de cet edifice, e'chappe's a la barbaric et au vandalisme des sieclcs precedens. Les princes de Montbeillard avaicnt fait exe'cutcr, de t^8o a 1789, quelqucs fouUles, mais irrcgulieres et incompletes, et qui leur avaicnt seulement procure difie'rcns o!)jets d'arts en usage chez les Romains, et phisieurs medailles. Cest a M. de Villiers du Terrage, prefet du deparfement du Doubs e^ 1818, jiarfaite- ment seconde par ]M. de Montrond , sous-pre'{?t dc Montbeillard, que Ton doit les premieres rechcrches regijlieres qui ont mis sur la voie de la de'couverte actuelle. Le cons(til ge'ne'ral du depart e- mcnt du Doubs, dans sa session de 1820, a vote' une somme de 1200 f'r. pour continuer ces fouillcs, et a te'moigne le desir que 5o,ooo IV. provenant de recouvremens arrieres du departement fusscnt employe's au raenie objet. Espc'rons que ces belles ruines seront cntierement mises a decouvert. Cette operation doit pro- duire des resultats precieux sous le rapport des arts , soit en iso- lant toutes ces constructions antiques pour faire juger de leur ensemble; soit en exhumant des statues, des marbres precieiix et des inscriptions qui- ornaient toiijours les theatres des peuples de I'antiquite. Mais pour obtenir de pareils re'sultats , il faut que le» fends soirnt proportionne's a Tentreprise ; et le gouvei-neraent , instruit de Timportance de cette recherche , ne manquera sans EUROPE. 641 doute pas de consacrer la somme que Ic conseil general du depai- tenicnt du Doiihs a designee; a cet etliet. Nous instruirons nos Icc- teuis des r>'suUals iiltdiituvs de ces recherches, en Icur donnant quelques details sur les dimensions du bel edifice dont uous ve- nons de parlor. SUCIETES SAVA^VTES ET d'utILITE PUP.HQUE. riESA^icosi {/)ouhs). — r.it Sociele roynle tP'tgricullure , dont les seancos aVaient ete interrompues pendant plusieurs annees, les a reprises de;iuis 1819, avec uue aetivite nouVelle. Cctte So- ciete , cotnposee comme elle Test iinjourd'hui , aj'ant recu une somme de 1,000 francs du gouvernement, et soutenue par Ic conseil general le (>hantrans, membre associe' de I'lnsti' tut , savant aussi distinijue que inodeste. Cetle Societe, desirant oflrir des excmplcs pratiques, des ame- liorations , et d^s assolemens qu'ii imporle le plus de propager dcins les campagm^s , etn'ayaut pas des fonds assez conside'rables pour creer et cntrelenir ;i sf s Irais une I'crme experimeutale , est parvenue a en recutiliir cependaot tous les resultats par une conception simpl^S et iugonieu.^e, qui tn^'rite de trouver des imi- tateurs. M. Bruand, Tun des merabres de la Societe, et proprie'- faire ifiin domaine a Woiroute, village pres de Besancon, so contentant de retirer de son domaine i'ancien prix d'aniodia- lion , a laisse' , a fa Societe d'agriculture, la tathc .le re'gler toufes les conditions de culture d'ua nouveau bail. L'ancien fermier, instruit par elle, s'est cliari^e d'executer les conditions preserltes; de cettc nianiere, laSocietu, seule rej,ulatvice de Tasso- lement et de toutes les conditions du bail, en survedlc et en cou'^tite les resullats. Le fermier un solde le prix an proprie'Iaire, et la S >ciete', qui se charge d^ndemuiser le fermier , dans le cas ou il serait en perte par Tefiet seul .Hes assoleoiens ^t r.i's proce- de's de culture qu'elie lui reud obligai"ircs , oirre par c laoyen une fermu d'eype'.riences agricoles, q'ji reunir tous les avautages pratiques a toute Teconomie possibl ; do radministratiou et des capitaux. Prix proposes jjonr 1821 et 1822. — 1°. La Socie'te de'cernera , TOME fill. 4' 64a KlJIiOl'K. dans la soance tlu qi (l(!ccml)rc i8->.i, Jcs me'claillcs dhonneui- aux ciillivaleurs les plus recommandablcs du dt'i]artfinent: a" en dt'ccnibre i8ua , ime mcdaille d^or, de deux cents francs , an cultivateur proprielaire du de'parlement , qui, a dater dc la pu- blication du j)rogramnie, se sera occupe, avec le plus de succes, des irrigations de prcs on. de terres en culture , sur nnc dtcndue de deux hectares au nioins; des raedailles d'eucouragenient seront accordees^ux diflt'rens accessits. Les IMcnioircs descriptifs des travaus executes, devront elre adresse's au secrt'tarial. de la So- ciete, avant lo i"' novembrc 1822, au plus tard; 3° dans la se'ance publiqne de deccmbre 1822, unc mcdaille d'orde la valeur de 3ooJrancs , a ragnculleur qui aura Ic micux de'crit , dans un Memoire, les eirets que produisent sur la vegetation du froment les engiais suivans : 1° les recolles enterrees en vert; 2" lesfumiers de basse-cour-j 3° le parcage des nioutons-^ 4° '^^ compostes anglais ; 5° la gadoue ; 60 Vurine liquide ou Pitrate calcaire ; 'jo les tourleaux qui restent apres V extraction de Vhuilc des diffcrentes graines ; 8° les engrais animaux solides, tels (jue rupur. s de cnr- ncs.d^os, poih, etc Ceuxqui ne coneourront (|iic pour une parlie de ces engrais , recevrout , s'il y a lif u , des nic'dailles d'cncoura- gement. Les Memoires dcvrout elre adresses a la Socie'te , avant Je 1 5 novciTibre 182a. •' — yJcadiTiiic des sciences , belles-lettres et arts. — Prix propose fmur le sj. aoiil i8.u. — Sujct dti tliscours : n Quelle a ete',sous le rappoit des arts, des sciences et des lettres, diuis le comte d« Bourgogne, linflucncc dc la reunion de cette province a la franco? » L'etenduede chaque discours devra ne pas esce'der trois quarts d'heuro de lecture, non conipris les notes. Le prix consist e en uneniedailled'or , dc la valeur de 200 francs. Lesouvrages devront .^tfe adrcsses a M. le secretaire perpetuel , avant le i*'' juin 1821 . (jAes (Cidt'ados). ^— Acadende royale des sciences , arts et belles-lettres. — Seance du 10 nouemhre. 1 — JExtrait d^une note, liiK par M. Pattit , -sur un nouveau procede pour imprimer des des- 'sin.t at'ec des planches de porcelaine^ — La lithographic olfrc aux dessinateurs les moyens de multiplier a leur gre les dessins origi- naux , mais clle cntrainc de grandes diiliculte's pour le tirage. Si les picrres sont del'ectueuses, si rouvrier n'a p.i«s une grande in- EUROPE. 643 telligcncc et une longue pratique, Ics dcs.^his font pi-oinplcment yltere's. Aussi les directcurs des jircniievcs iiuprimeiies lilliogra- phiqucs do Paris sont-ils obliges de vcilier avcc le plus grand soin aux tiragc^s, et n'emploient -lis pour Ics dessins precienx que des pieiTcs d'AUemagne. On desire done generalement que la litlio- graphic soit rendue plus simple , que !cs trails ne puisstnt s'elar- gir, et qu'il soit facile de nettoyer les paities de la piernS non ocr cupc'es par le dsssin. On a lieu do croire que M. Ltinglois , fa- bricant do porcclaine a Bayeux, a resolu ce probleme qui liii a ete propose par M. Pattu , membre do rAcademic , apres phisicurs on- tretiensque celui-ci a eus avec ses confreres, M" Thierry et Hcrault. M.Langlois a decouvertunc compositionparticulicrequiluidonne le moyen de tracer avec le pinceau , et de fixer par une scconde cuis- son , des dessins sur les planches de porcelainecouvertes d'e'mail, et de rendre les traits assez rudes , pour qif ils retiennent I'cncre d'impi-ession dans le tirage, pendant qu'on nettoie Temail qui les entoure. Par ce moyen , on peut multiplier les e'preuves a rinfini , sans alterer les dessins. Ceux que M. Pattu a presente's a TAca- demie ont prouve' qu'on obtient par ce procc'de' des traits extre- mement delie's , des graine's fins et meme des teintes plates. M. Langlois, don t les talens sont conniis , poursiiit ses reclier- ches, et on a lieu d'esperer qu'il portera'ce nouvcl art a un degre" de perfection, qui le rendra exlremenient utile anx artistes. Macon ( Saone -el- Loire). — La Socicle ties sciences, oris et belles-lettres avait propose, en 1820, «n prix pour la uieillcurc ode sur ce sujet : Louis XI F' venge de ses dctractcurs ; pile n'a pu accorder que deux mentious honorables ; la premiere a Todo ayant pour epigraphe : Heu pietas! heu prisci fides ("^a seconde a Tode dont fcpigraphe commence par ces mots : Je ne consicttrc pas seulcmcnt Louis XIV , etc. La meme Societe met au concours cette f[uestion : 'c L'e'duca- tion publique offre-t-elle assez de garantie , lorsquVlle n'est pas confie'e a un ou phisicurs corps qui tiuand il nc s'c'leve plus de yapeurs dc ia raatiers . FUROPK. 6',: on la laisse refroidir , on la lave ensiiitc pour cnlcver los sels, et on reoufille les paillettes brillantes , violettes et micacecs qui torahent au fond les premieres ; ce sont elles (\>n, e'tendues siir iin cuir, adoucisscnt le tranchantdu rasoir et le font couper par- faiteincnt. On trouve de cette ipoudre prc'parce chcz M. Car- deilhai ,coiitelicr, rue du Roule, no ^, a Paris. — La Snciete biblique protestante s'esi reun'ie, le 4 decembre, *en assemble'e ge'nerale, sous la pre'sidence de M. le marquis de Jaucourt, pair de France, dans les salons qui avaient ete' mis a sa disposition par la Societe d'encouragement de Findustrie na- tionale. On y a entendu , avec le plus grand intc'ret , un rapport sur les travanx du comite , parM. Vincent Saint-Laurent, seerc'taire en fonction , et un morceau sur les l)ienfaits de la lec- ture integrale dcs livres saints, par M. Stapfer. Societe pour I'enseignenienl eldmenlaiic. — Valuers lithogra- phies. — Les sixpremiers nume'ros des cahiers lilhograpliies, des- tines a apprcndre a lire dans Fe'criture, ont ete' adresscs au con- seil de la Societe' par M. Selves fds, qui a execute' Theureuse idee de composer ces lectures de maniere a donner en meme terns des notions utiles, tel que Varpentage et I'art de lever les plans.; les elemens de I'agriculture, la connaissance des ccreales et I'ame'- nagement destcrres. Ces cahiers sont dejaen usage dans les ecoles fondecs par M. le prefet de la Seine. lis vont etre essayes dan> celles de la Societe. Instruction publique. — Ecoles isrnclites. — Les ecoles ele- mentaires , pour la jeunesse israe'lite , continuent de s'etablirsnr tons les points du royaume 011 cette classe de citoyens est repau- due. L'ne distribution solennelle de prix a eu lieu , pour la pre- miere fois, a Paris, le 3i octobre, a I'ecole Israelite de la rue d"< Singes. M. le chevalier Japhe, mairc-adjoint du ^^ arrondissc- ment, a prononce', dans cette ceremonie interessante par sa non- veaute, un discoiirs plein de sagesse et de philanthropic. M. li: chevalier Cologna, grand-rabbin , president de la Commission consistoriale de surveillance et d'adniinistralion de cette ecolc, ( commission dans laquelle siegcnt plusieurs des Israelites les pins f'claires de la capitale, tels que MM. A. Cerfberr, Michel Berr, E. Hale'vy, etc.), et M. R. Rodrigues, nicmlMC laitjiie du con;.i,.- 6^6 EUROPE. toire departcmcntal , ont aussi prononce d« discoiirs dans Ics- quels ils ont fait sentir avec force combicn ies israt'litcs francais doivent de reconnaissance ii ceux qui , Ies premiers, reclaraerenf en leur favour ces principes do tole'rance et de iuf:lice universcllc dont I'application leur est maintenant assuree pajr le bienfait com- mun a tous Ies Francais, cclui dc la Chartc constitutionncUe. M. Cologna a paye aussi un juste tribut d'eloges au professeur d^ I'e'cole, M. D. Drach; ce jeune rabbin vient depublier, en bcbreu eten francais, YOcle qu'il a eu Ihonneur de pre'senfer a S. M. le roi, sur la naissance de S. A. R. Mgr. le due de Bordeaux. II marche honorablemcnt sur Ies traces de ceux de ses co-reli£;ion- naires, qui, dc nos jours, en France et en^lemagne, ont cultive avecsucces, et dans leur piirete, la langue et la litlerature lie- braique. II vient de publier aussi un yllnianach is/aelite, en fran- cais , le premier qui parait dans cette langue , avec un avertisse- ment fortcurieux pour ceux qui aimenta connaitre Ies diflerentes manicres de mesurer le tems, usitees chez Ies diverses nations et a diverses epoques. il s'etait fait connaitre pre'cedemment par une traduction complete des prieres juiues. Tons ces ouvrages ont ete imprirae's , et se trouvent chez Se'tier, imprimeur des langues orientales, rue Cimetiere Saint-Andre'-des-Arts, n" 7. Les eleves ont recite' en francais, comme syntbole de la Jbi juive , I'extrait des treize articles fondamentaux , rediges par le celebre MaV- monide, rabbin du 12' sicclc. Ces articles etaicnt originairement destine's a cet usage, et commencent a y etre consacres dans les synag'jj^ues les plus e'clairees. A Metz et a Nancy, les eleves Israelites des ^coles des deux sexes ont recu dans les distributions de prix , et pour la seconde fois, YabiX'ge de la Bible, avec un choix de morceaux de piete et de morale , public a Tu.sage des israelites francais, par M. Michel Berr, et dont nous avons deja eu occasion de parler. Une €cole a ete institue'e aussi a Strasbourg , par les soins du consistoire Israelite du Bas-Rhin , pour les israelites de cette contree ou le besoin d'un etablissement semblable se faisait particulierement sentir. — L'e'cole Israelite de Bordeaux , instituee la premiere , continue aussi de prospe'rer. On assure qu'une e'cole semblable est e'tablie a IN'arseille. L'heureusc ame'lioration qui .s'oprre ainsi dans reduciition de la jeunesse isrnelite, as.suie, a colte classe de rcli- gionnaires, si long -tems perseeute'e, les bicnfails qui re'siiUcnt EDKOPE. G47 d'une des plus utiles concjiieU's du siecle de la philosopliie. PuBLicATiows KouvELLES. — liibliothef/iie tlejiiiiiille , ou Choix d'instruclions familitires sur la ieli;;ion , la morale , h's e'lJnicns des connaissancos les plus essenticlles , et sur rindustrie et les arts. — Rccueil periodique , public par livraisons mensuelles, in-12 de "ji pages; a compter du premier Janvier 1821. Prix de rabonnement pour I'anne'e , 12 fr. pour Paris , 14 fr. pour les de- partcmens. De'sirant combiner dans un meme plan I'essentiel , I'utile et Tagre'able, les re'Jacleurs ont classe leurs sujets dans I'ordre sui- vant : 1" Religion et morale. — Cctte premiere parlie se compo- sera de fragmens tires des ouvrages rcligieux et moraus les plus estimes, de notices sur des hommes bienfaisans dont les vertus honorent riiumanile ; on y trouvera le rccit dequclques belles ac- tions, recueillies surtout dans les classes industrieuses; en un mot, tout ce qui peut tendre a elever Tame et a faire aimer le bien. 20 La seconde partie, consacrco aux arts niecaniques et indiis- triels , presentera des extraits' des meilleurs journaux ecrits sur ces matieres, et les observations des hommes instruits, des me- caniciens , des artistes qui voudrout bien donner leurs conseils. 3o. Melanges. — Cette troisieme et derniere partie compren- dra tour a tour des contcs ou des anecdotes tire's des meilleuft ouvrages populaires de la France et des pays e'trangers , etles principaux actcs de I'autorile qui auront pour objet le soulage- ment des classes pauvres et luborieuses : on annoncera aussi avec soin les ouvrages du meme geni'e, propres a intcresserlcslecteurs. On invite toutes les personues qui desireraient concourir a cette entreprise, a s'adresser directement , par \Mrt:s Jranches de port, a \a Jirection lie la Bihliolhequedcjiimille, chez ArtuusBer- TRAND , libraive ,rue Hautefeuille,n° aS, oil Ton souscrit, ainsique chez Colas, libraire de la Socirte d'e'ducaiion, rue Dauphine, n° 32. INoTA. On accorucra uue remise particiiliere aux chefs d'insti- lutions , aux Societcs d'cducalion , et aux personues qui souscri- ront, a lafois, pour cinquanto exemplaires. Les p^auy-dc-f^ire d'Olnner Bnsselin, pocte normand du commencement du xv' siecle, snWxsA'wa ihoix d\incteimes Chan- sons normandes inedites, publiees avec d■ (i) Cette trage'die vient d''etre imprime'e , et se irouve au cabi- net litteraire de madame Cellis, libraire-e'diteur, rucduCherche- Midi , no 4, ou Ton trouve aussi toutes les nouveaute's politiquas et litteraires. TOME vin. 4 2 65o EUROPE. leur role dcs parties reniarquables. Lc style a parfois de la force et dc I'cclat ; mais il nianqne pvcsque toujours dc iiaturel ; je ferai aussi observer que lc premier he'mislichc d'un vers tres applaudi : « Lc trone est deserte, fy monte, je suis roi » , est incorrect , et que M. de Ferment doit se de'fier d'applaudissemens ebtenus aux de'pcns de la purete' du langage. J'avoue qu'en sortant de la re- presentation du due de Bourgogne, je u'ai pu m'empecber de me demandor : Pourquoi a-t-on de'fendu a M. Lcmercier de faire jouer la Demence de Charles J^l ? — V Amour et le Proces , comddie en un acte et en vers par, M. Nanteuil. — L'auteur de cette piece semblait avoir renonce au the'Stre. lly a reparu, le meme jour ou M. de Formont s'y est montre pour la premiere fois. Je ne pense pas que son nouvel ouvrage ajoutc a sa reputation : lc fond en est tres le'ger; le style est pretentifux , et rappelle trop I'e'cole de Doratj cependant , quelques jolis mots dits par une excellente actrice , ont determine le succes de cet acte, qui n'aura probal)lement que tres peu de representations. — Odeon. — Eugene et Guillaume ou les Amis d'^enfance , co- me'die en quatre actes et en prose. Cette piece est tire'e de I'ou- vragedelVl. Picar J , qui porte le meme titre. La conception du roman est fort lieureuse , mais c'c'tait une entreprise impru- dente que de vouloir la resserrer dans les bornes e'troites de la comi'die. II faut dire cependant que la punition a surpasse' la faute ; et que la prevention de'favoral)te , dont une partie du pu- blic paraissait anime'c, n'aurait pas dft la rendre severe et meme injuste , au point de refuser d'entendre deux actes entiers. II y avait de la gaief e et de Tesprit , dans le premier acte ; et si dans le second quelques scenes longues et froides ent indispose les speclateurs , Tauteur pouvait les de'dommager dans les actes sui- Tans. D'ailleurs^ il me semble qu'on devrait te'moigner plus dV- gards et plus de bienveillance a ceux qui travaillent pour nos plaisirs et qu'il faudrait ecouter leurs ouvrages, ou au raoins les laisser ecouter a ceux qui veulent juger d'une maniere equitable. — Don Carlos , tragedie en cinq actes , par feu Lefevre , auteur de Zwua. — Cette piece , recue il y a trente-sept ans au premier TIie'Atre-Francais , et imprime'e depuis long-tcms , vient d'etre joue'e avec succes a I'Ode'on. Le sujet a ele traite' si souvent et il est si connu , qu'il serait iuutilc d'cu faire Panalyse. Les deux EUROPE. 65i premiers actes sont intcressans, et renferment des vers remar- qiiables; I'inte'ret diminuc deja au troisicme ; le quatrieme est un peu obsourj et le cinquieme a excite' quel([iies marques d'im- probatioQ : mais de le'gers changemens ont suffi pour qu'a la deuxieme representation la piece n'ait recu que des applaudisse- mens. II y a un grand charmc dans le role de la reine, beaucoup de noblesse et de sensibilite dans celui de don Carlos. Le style est facile , quulquefois recherche , ce qui ticnt au terns ou I'ouvrage a et(i ecrit j mais on y trouve beaucoup de vers de sentiment, et jiusieurs morceaux pleins de force et de noblesse. II serait inte'- ressant de comparer cette piece avec celles qu'Alfleri, Schiller et Chenier onl faites sur le meme sujet. On sait que M. Ray- nouard a dans son porte-feuille une tragedie de Philippe II ; tous les amis de I'art dramatique de'sirent vivement qu'il se determine a la donner au the'iJtre. (Voir ci-dessus , pag. 6!^^. ) Necrologie. — Petersen. — La ville de Strasbourg a perdu , il y a quelque tems^ un de ses citoyens les plus distingues , I'E- glise re'f orme'e un de ses plus dignes pasteurs , les sciences physi- ques et naturelles, im dcs liommes qui les cultivaient avec le plus de succes, dans la personne de M. H.Petersen, presi- dent du consistoire calviniste de cette ville , et professeur de phy- sique. L'eloquence de M. Petersen, dont les discours etaient ecrits ou prononce's en allemand, etait douce, onctueuse , per- suasive ; son style plein d'elegance et de simplicite'. Sa charite etait ardente, inge'nieuse, infatigable. Son zele philanthropique a multiplier les te'moignages de son amitie' envers les bommes vertueux de toutes les croyauces , etait au-dessus de tout e'loge. Celui qui trace a la h^te cette faible expression des regrets pu- blics et des siens , pent lattester par son propre exemple : disci- ple de la loi de Moiise , il a recu les preuves de I'amitie la plus sincere de ce digne ministre de la loi de Luther et de Calvin ; et il lui doit , en partie , les relations les plus cheres a son esprit et 3 son coeur. A Te'poque oil nous vivons, la reconnaissance des contempo- rains doit surtout s'adrcsser aux hommes (pii , satisfaisant au ve'- ritable besoin du siecle , cimentent I'union de la tolerance la plus unlverselle, et des vertus sociales avec toutes les croyances et les vertus religieuses: H. Petersen a occupe une place distingue'e parmi ces lionunes. Le Recueii de ses seimons et de ses travaux 6J2 KLKOPK. rcligieux murite d'etre rccljerche avec cmprcsscmentpar Ics ami* deS lettrcs , de Thistoire et do la religion ; les amis des sciences physiques ct naturellcs acciieiilcraient , on peut le croire , avec interSt, le Rccueil de ses principales observatinns sur le ifalvanis- me , dont il s'est particuli^rement occiip^. N^ en- ^uisse , ou , dans ses premieres annees , il avail connu Lavater , dont k- caractere avait quelque analogic avec le sien , il etait venu dc bonne heiire a Strasbourg s'instruire dans les institutions savan- tes, et sous les auspices des hommes ce'lclircs dont celte ville peut s''dnorgucillir. II e'tait Age d'environ 55 ans , il laisse unc veuve inconsolable et des enfans pour qui le nom et le souvenir de leur pere sent , des ce moment , dans les contrees qu'il a ha- bitees, la recoramandation la plus honorable. IVliCHEL Berr, de Tiirique. — SAiKT-AuiiiN. ■ — 'Get e'crivain politique est mort, le 8 dc'- cembre, Sge' de 68 ans. 11 etait ne aux Deux-Ponts. II vint en France , avant la revolution ; et il etablit a Sens, pour les lan- gues vivantes , un lyce'e oii il comraenca sa reputation. Amene dans les prisons de Paris, par les persecutions re'volutionnaires , il se fixa dans cette ville, lorsqu'il fut rendu a la liberte. II s'y fit d'abord connattre par une petite brochure pleihe de sel et d'ori- ginalite , intitulee : De I'expedition dc D. Quichotte contre les moulins a "vent , ou des causes de ragiotage et de rinutilite des poursuites contre les agioteurs. Get opuscule ayant attire' I'atten- tion de quelques hommes d'Etat , ils chercherent a sc lieravec I'auteur, qui, pen de terns apres , publia , sous cetitre: Donnons notre bilan, uu ecrit excellent , sur la situation financiere de la France. Sa reputation croissant tous les jours, les cre'anciers de I'Etat recherchirent sa plume. II plaida leur cause avec e'nergie et perse've'rauce , dans une foule de jximphlets tous remarqua- bles par un ton d'originalite et de plaisanterie dont ces matieres ne paraissaient gueres susceptibles. A I'e'poque du Gonsulat, M. de Saint- Aubin fut nomnie tribuu; mais , ayant pris rang dans I'opposition , aVec IVIM. B. Constant, Andrieux, Ghe'nicr, Ginguene, etc. , il fut (^limine comnie eux. Depuis, il ne remplit plus aucune fonction publiquej mais, il continua d'exercer quel- qu'influence par ses ecrits. FIN DU HUITlksiE VOLUME. 2 FEB.9S /• 11,^ rl(i'}('iliqne, — f''in!^i-iioiilcrne Ctihif.i. Tx\BLE DES ARTICLES. I. MfiMOIHES, NOTICES, ET MELANGES, r. Notice sur Pt-tat actuel des bateaux a vapeur aux Etats- Unis d'Amerique. A.KUiickowitriJm. p. 225 ■i. Sur les Courses de chevaiix , et surles moycns d'ame- liorcr les races dc ces auiinaux. Ferry. a35 3. Es-trail d'un rapport fait par M. Brougham siirre'latde I'education des classes inl'c'ricures, en Angleterre. i\\ II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4. Le Globe celeste, cours d'astronomic contemplative, par M. H... francOeur. 253 5. P.evue des actes d''enregislremont des esclaves des co- lonies anglaiscs, etc. Jiabej. aG5 6. Choix de Rapports, Opinions et Discours , prononces a la tribune nationale depuis 1789 jusqu'a cejour. P. A. a^C ;;. Annuairc historiq^c universol pour 1819, parC. L.Lc- sur. E. A. a8t) o. La Destruction de Je'rusalem , poeme dramalique ; par le reverend H. II. Milman. L.-Sw. — n. 3o4 9. La De'mencc de Charles Vi, trage'die de M. Kepomu- cenc L. Lemercier. A. Mctral. 319 10. Anthologic arahe, par J. Humbert. t'.L. oS^ III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonccs de gS ouvrages, francais et etrangers. jj < IV. NOUVELLES LITTfiRAIRES ET SCIENTIFIQUES. Ameriqce : Elats-Unis. — Rc'publique d'JIaiti. — Nou- velle-Greuade. — Kouvelle-Espagne. — Peron. — Bre'sil. — AsiE. — Indes-Oiientales. — Chine. — Perse. — Afri- QBE : Serra-Leone. — EoRorE: Grande-Bretagne. — Uus- sie. — Pologne. — Suede ©iKorwoge. — Danemarck. — — Allemagne. — Suisse. — Italic.— Turquic d'Europe. — Grece. — France. — Paris. 392 ti iRfflwi^^ ON bOUSCRlT AUSSI A PARIS ChezMM.J.LAFHTTE.banquiers, ruedelaChaus.-d'Antin, n" ii All BcHEXu DE nsoAcTiON, riic d'Enfer-Saint-IMi- chel , n" 1 8, oil doivent fitre enroycs Ics livres.des- sinsct graTBrcs, dont on ddsire I'anDonce, et Its Lettres, Mdmoires, Notices ouExf raits, destines pour ce hecueil. Trkotiel et WiJRTz, rue de Bourbon, n" 17: Eymery, libraire, rue Mazarine, no 3o; MoNciE aine?, boulevard PoissoniiitTe, n* 18; Rey et Gbavieh, cjuai des Augustins , n" 55 ; CHAS8ERIAU ET HicABT, rue tk Choiseul, n® 3- Baudociw freres , rue de Vaugiraid , n" 36 ; ' Delaunat, Pemcier, ConriAHD, au PaJais-Royal: Madame (Jelxis , rue du Cherche-Midi , n* 4; AnCabinetde lecturedes joumaux allemaudsctetrangerS, Palais- Kojral, galeric de bois, n** ao5; AuxCercle et Salon littdrffire»/»iue Ke«Te-des-Petits-€liamps , n** 5, au premier. AVIS ESSENTIEL. M!NJ. les Souscripteurs rfe la Revuf: sorit 'nvitis a renouveler leur abonnement , (ians le courant dn mois de deccmhre , afin qu'ils nVpronv'ent aucu;! retard dans I'eitvoi de leurs Cahiers. AVIS ^ MM. les Abonncs du lAct.F. Fra\cais. Ij^S Auteurs du Lrcf^ Francai's . piiblio a Pi •is d( puis line aunee , ayant discontinue la pul)lication d. ce Journal, out pn^pose a la Societe de la Rcvi/c Encj - clop4diqae de servir leurs abonjies , en*devenant eiix- riiemes coHaboraleurs de ce Reciieil. MM. Ics auciens Abonnes 4u Ljcee Francais son! •"i-ies de faire connaitre , avarit le 25 decembre , s'il- .)nt Tiutenlion de continuer, {)Our I'annee prochaiuo , a la Revue, i'abonnement (|u'ilsavaient precedemraeut a u Lyc.ee. Alors, on leur accorderait , a titre d'ii.doj i- nite pour ce qui leur reste du par les proprietaires du Ljcee , uue diminution de huit francs snr \c ^vi^i to- tal de I'abonnement, qui est de 42' fr. pour Paris, f do 48 fV. pour le.i dey)artcmeas. cliez Arthis-Behtiiaijd , rne HatsteflcuiUe, ii" i i 1 Mazarine, n" 3o, et Bacoodis frires, rue de Vaugiraid , u"^ J-i UIPfiIMC«l£ HE BAUnUI/IM FRERES.