i>.i> i> i> ii i> i> ii M > ii ii iVi^;ii;\i iVii ii.li ^*^iiiiiF iiiiiiliii^ iiiiii wi^!-i!ii;!';;i;!iii^l;l^;}lsil ;iiS«i=: iiiiiiiiM VOLUME. LIVRAISOir *— « ri^ < (Ok < — isi ■« — Si: ,^ «— ^ <— « '^fl REVUE ENCYCLOPEDIQ A1MALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA XlTTKl^ATUar^ XES SCIEHCEr§ £T ttS AETS. 1 « Sdences vhysiqaes et madikmatiqUes et Arts induatrieli; Scfenc&s naturelles e< midicales : MM. €h. DyPiN^ Fohkier, deVlnst.;— FEkkv;' — F.».A*tTJBOc'AGE , de I'lnst. j — 1. i. Baude; — Bu- CilON;— Cous^S;— DjJGilUNDO, de I'Inst. ;— DePMHO ;— A. Dlf- FRATER— Jo:«AKo, de Ulusf .:~-Meybr, d' Ain.*i-*AJr;'— li'alEklc-YjAvirt,, del'lnst. ;-r PAi7KiEl.;-r-G(B.pp;— Pu', 06l.Bl-.Rr; de Colftiar;- C'hauvet;— Hti- jjERG ; — K.R.»-EFt — 'fo.i^CLis! " dc I'lilSt. —1 .LORTNTfe ; — MX.RUftX ; — A. MktRAL;— NlCOLO POULO; — Pot;bEJ,3, do rinst.; — SAX-fl'; — Kghweighoiuseu Ws, dc Sir.TS!>9urg ;— Efi'SiiJira; — ^ SiCar-c^ de l^lnst.; — BE SxAssARgji .-^itiiF"^' ; — '^"'"Ess:fe;— VERBiER; — VioLLFT Lr.r>uc; — WARDtTf, aticien Coii.su 1 des Eiais-Ltuis d'Aiuijii'jiH', jeu successivcment contre deux forces siuiples. n'eut pa? 60 SCIENCES PHYSIQUES. flc peine u les ccraser. D'oii il conclut que la vicluire pro- vcnait de cet emploi simultanc dc tous les vaisseaux an- glais, contre le petit noQibre de ceux que Tamiral francais put leur opposer. Paitant de ces faits , M. Clerk etablit que le principe foudamcntal de I'art de la guerre maritime etait de faire donner de concert tous ses vaisseaux, la oii I'ennemi ne pouvait faire agir tous les siens ; et il en deduisit cette consequence naturelle, qu'entre tous les ordres d'attaque, I'ordre parallele est aussi le plus chanceux et le plus sterile dans ses resultats. II rechercha ensuite par quel precede on pourrait reunir tous les efforts d'une flotte sur le point leplus faible de laligne ennemie; et, al'aide des lumieres de quelques officiers de marine experimentes , il parvint d composer des essais de tactique navale qui , offerts a la meditation des Howe et des Nelson, eurent depuis une si grande influence sur le succes des amies britanniques. 11 nous a paru d'autant plus convenable de citer cet cxemple d'un horame qui, du fond de son cabinet, dictu aux amiraux de son pays les lecons qui les conduisirent a la victoire, que , comme on le voit, il y a, entre le prin- cipe fondamental de I'art de la guerre maritime et celui dela guerre de terre, une identite qui en conflrme pleine- ment la verite. Ce n'est pas pas tout encore; il existe une analogic par- faite entre les travaux des deux auteurs : quelque merite qu'on reconnaisse dans M. Clerk , il n'en a pas fallu moins pour debrouiller le chaos des operations des ar- mee* de tcrre, comme I'a fait le general Jomini. J'ob- serverai mt'me qu'en mer , on se bat toujours sur une surface plane , et sous I'impulsion des vents , dont la direction et les variations sont connues ou prevucs; qu'en- fin Tart de.la gucne nest que celui du combulj ('t que SCIENCES PHtSIQLES. 61 la sfralegic , propremeiit (lite , ii'y a que tres-peu d'im- portance. Mais sur terre , c'est toute autre chose : mille circonstances locales influent sur les combinaisons d'une bataille ou d'un plan de campagne , ct la strategic est un art indispensable aux generaux. II ne leur suffit pas d'aller chercher I'ennemi et de lui livrer bataille ; il faut encore se diriger sur les points decisifs de son territoire , lutter avec lui d'activite , d'adresse , etre toujours en mesure de conibattre ou de se retirer, calculer tous les mouvemens faits hors de la portee du canon, et mCme jusqu'au point de depart de I'arniee qui entre en cam- pagne : chaque jour, chaque heure, exige des combi- naisons varices et nouvelles , qu'il faut soumettre a I'exa- men des preceptes de I'art. Ce n'a done point ete un travail de peu d'importance , de rediger les regies d'aprcs lesquelles il convient de porter ses masses, le plus rapi- dement possible , sur le point decisif de la ligne d'o- peration primitive ou accidentelle de son adversaire ; d'embrasser les lignes d'operations de la maniere la plus avantageuse; enfin de combiner I'effort de sa plus grande masse sur le point important du champ de bataille. Or, ces trois branches importantes de la guerre ont etc de- veloppees dansle Traite des grandes operations mUitaires , de la maniere la plus juste et la plus complete. Apres avoir rendu un juste hommage aux principes enseignes dans I'ouvrage du general Jomini , il serait superflu de s'etendre sur sa maniere d'ecrire I'histoire de la guerre de sept ans. On voit assez quelle est la difference qu'il y a entre lui et les ecrivains militaires, tels que Lloyd , Tempelhof et Boucet , qui I'ont precede dans celte carriere ; quel que soil le merite de la critique, ct I'cxactitude des relations de ces derniers , Icurs histoircs lie 5aur;iient ctrc comparees a celle du gen<^ral Jomini, ^ »;2 SCIENCKS PHYSIQUES. qui, eu discutant leurs laisonnemens, opposant leurs opi- nions, fait jailiir de sa dissertation line foule d'observa- tions liimineuses sur lesquelles repose la nouvelle theo-' rie , a la pratique de laquelle les armees francaises ont ete rcdevables de vingt ans de triomphe et de gloire. Dans un autre article, nous rendrons un compte particu- lierdes parties du grand ouvrage du generalJomini, specia- lement relatives aux guerres soutenues par la rcpubliquc iranoaise et par I'empire francais, contre toutes les forces de I'Europe. Ici le sujet prendra pour nous une double im- portance, celle de la guerre en elle-m^me, qui n'interesse qu'une classe delecteurs, et celle des succes , des reyers, de la gloire et de la grandeur de notre patrie , qui inte- resse tons les coeurs vraiment francais. Ch. Dupin, de I'fnslitiii. wv^Kvy/S/x^x i%\% %% History OF THE Indian Archipelago. — JlistoiredeV Archipel Indieii J conLenantune description dei, mceurs, des arts , des lajigages, des religions , des institutions et du com~ merce de ses habitnns ; par JoHN Cbawfcrd, ex-consul anglais a la courdu. sultan de Jat-'a (i). Cet ouvrage renferme un si grand nombre de faits in- teressans et de renseignemens utiles, que nous regrettons de n'en pouvoir donner qu'un extrait trop succinct. C'est une Histoire complete de cette importante portion du globe , connue sous le nom d'Archipel Indien , et formee d'un groupe d'iles beaucoup plus considerable qu'aucun de ceux qu'on trouve dans les autres mers. M. Crawfurd a su mettre a profit les travaux des voyageurs qui I'ont (l) Lniidrcs, i8ao. Colniaji, 3 »o!. in-S.'. SCIENCES PilYSIQL'ES. 6* precede, et il ajoiUe i. leurs observations celles qu'il ,i faites pendant un sejour de neuf ans dans les contrees qu'il deceit. Ces iles innombrabies s'etendentdans I'Ocean, depuis le nord du grand continent de laNouvelle-HolIande jusqu'aux rivages sud-est de I'Afrique. Toute la chaine embrasse quarante degres de longitude; savoir : de I'extrt;- mite occidentale de Tile de Sumatra jusqu'au parallele des Iles Arrou, sans y comprendre la plus grande partie de I'ile immense de la Nouvelle-Guinee ; et sa largeur est de trente degres de latitude , depuis le parallele du onzieme degre sud jusqu'au dix-neuvieme degre de latitude nord. Borneo, la Nouvelle-Guinee et Sumatra sont des iles de premier ordre. Les autres (u I'exception de la presqu'ile de Malacca) sont Java, les Celebes, Lupon ou Luconie , Mindanao, Bali, Lambok , Sambawa, Chandana, Flore j ou Mangarai, Timor, Ceram, etc., mieux connues ge- neralement sous les noms d'iles Philippines, d'iles de la Sonde, etc., ou bien sous les noms des mers de ces regions les plus frequentees, telles que Macassar, Moluque, la mer de la Chine, la mer du Bengale , etc. L'Archipel Indien est partout d'une nature monta- gneuse, et ses principales montagnes renferment presque toutes des volcans. II est couvert de vastes forets d'une etendue et d'une hauteur prodigieuses. Lesplaines de gazon y sont en petit nombre; on n'y trouve point de deserts arides et sablonneux. Ces iles se distinguent de toutes les autres par les vents periodiques qui y soufllent; leurs pro- ductions animales et vegetales different entierement de celles des autres pays, ou en sont des varietes tres-mar- quees. Les productions de I'Ocean ne sont pas moins re- marquables, par leur abondance et leur variete, que celles de la terre. Les habitans abori genes Torment, comme ecus du pro- 64 SCIENCES PHYSIQUES. luontoii') Slid d'Afrique, deux races distincles : I'unCj d'nii teint brun ou cuivre; I'autre, de I'espi-cedes ntgres (i). II y a en outre plusieurs nuances intermedia ires introduites par les colons chinois, indous, arabes,hollandais et espa- gnols. On pent suivre dans cette population melangee les differens degres de la civilisation, depuis le sauvage brut de la Nouvellc-Guinee jusqu'a I'Europeen que I'amour du gain attire dans ces contrees. Les deux races aborigenes, qui babitent les iles in- diennes, different autant I'une de I'autre que de tout le reste de I'espece humaine. C'est la seule partic du globe qui presente un phenomene aussi extraordinaire. L'une de ces races est d'un brun cuivre, a cheveux plats et droits; I'autre est d'un noir de suie , a cheveux de laine et frises. Ces deux especes d'hommes rappellent, par leurs facultes (i) Depuis la publication del'ouvrage deM. Ciawfuid,deuxsaiivages des iles Adaman ont ete amends a Penang, parl'equipage d'une Jonque cliinoise qui les avail fails prisonniers. Se voyanl pouvsuivis dans I'eaii , ils plongeaienl, el reparaissaienta quelque dislance. Sans etie mal f'ov- mes, leurs membres el leurs bras sonl exlraordinairemenlpetils, L'un a qualre pieds sepl pouces de haul , el I'aut 'e qualre picds six pouccs. lis ue pescnl cliacun que 7G livrcs ; ils ont le venire ires-gros. L'un est ago et d'un aspect fc'roce, I'autre a dix-scpt ans. L'expressioii de sa Cgureesl agvealilr. Us paralsscntlourdset slupides, etforl peu disposes a parler. Lorsqu'ils sonl seuls^el qu'ilscroienl n'etre point observes, ils foDtunbi-uitassezsemblableau cridescoqsdindes. Leurpeau,d'un noir de jai, est luisaiUe. lis ont le corps entlerement latoue. Leur appe'llt est voi'ace. llsrongenllesosdes volailles,lesbrisent et lesmangentcomme le font nos cbiens. Ds grimpent sur l^s aibres, a la maniere des tinges. Us soul toul-a-fait nus, et leur premiere operation est de se couvrir, des le matin , d'une espece de boue, qui, en se sechant , les garantil des piqures des insectes. Us vivent dans le plus deplorable e'tat d'abrulissenienl , et uu Adaman ( qui fpit p.Tiie d'une population d'environ 1 a 3ooo ames ) peut ^U-e place an dernier rang des cHres Inimains. dans I'c'rlielle de la trcation. SCIENCES PHYSIQUES. 65 physiques et^norales, les races blanche et negredumonde occidental. La premiere exerce sur la seconds la menie superiorite que les blancs ont toujours exercee sur les noirs de I'occident. Toute la civilisation indigene de I'Ar- chipcl est nee parmi les bruns cuivres , et les noirs sont constamment restes dans I'ctat leplus sauAage. Cette der- niere race est repandue d'une extremite de rArchipel u I'autre; mais elle est necessairement moins nombreuse dans les parties habitees par les bruns, et elle disparait entierement partout oii la civilisation a etendu ses progres. Les naturels de couleur cuivrce sont petits, replets et ro- bustes. La taille commune est, pour les hommes, de cinq pieds deux pouces ; pour les femmes, de quatre pieds onze pouccs; le papua, ou race a cheveux laineux, est une es- pece de ncgre africain de la plus petite taille. Un de ces sauvages, amene dcs montagnes de Queda, et parvenu a toute sa croissance , n'avait pas plus de quatre pieds neuf pouces de haut. L'auteur n'en a jamais vu un seul dont la taille depassat cinq pieds. Lenrs corps sont minces et greles. Leurpeau n'est pas d'un noir de jais comme celle des Afri- cains , mais d'une couleur de suie, et ils different tclle- ment de ces derniers en plusieurs points , qu'on peut les considerer comme formant une espece distincte et a part de toutes les aiitres. Lorsque les differentes races cuivrees les rencontrent , ils Icur donnent la chasse comme a des bCles feroces et les forcent use refugier dans Its montagnes et dans les forets. Ces barbares ennemis sont, pour la plupart, aussi faibles qu'ils sont cruels. « Toutes les facultes de leur esprit sont dans un etatvoisin del'imbecillite. Leur memoire est incerlaine , leur imagination manque d'ener- gie elde ressort , et leur raison, encore plus defectueuse, est faussc et erronce, des qu'ils vculent I'exevcer sur des sujets qui s'ocartent du cerclc ordinaire de leurs idees. Tome ix. » 66 SCIENCES PHYSIQUES. Aucuii hoinuie ne peul dire son age, ni la date d'un evei* nement remarquable arrive dans I'histoire de sa tribu ou de son pays. Si un paysan s'est trouve temoin de quelque circonstarice extraordinaire, telle qu'iin meurtre ou un vol, et que, dix jours apres, on le queslionne dans une cour de justice, il est probable qu'il ne pourra se rappeler ni le jour ni I'heure auxquels cette action a eu lieu , ct encore moins donner un recit detaille de ce qui s'est passe. » Les insulaires indiens sont fort superstitieux. Dans le chapitre consacre a la description des mceurs et coutumes de ces peuples, I'auteur dit : « II faudrait ecrire des vo- lumes pour raconter toutes les formes que prend leur cre- dulite. lis croient aux reves, aux presages, aux jours heureux ou malheureux, aux dons de facultes surnatu- relles, i la possibilite de se rendre invulnerable, a la sor- cellerie,auxencliantemens, auxcharmes, aux philtres, etc. II n'y a pas une foret, une montagne, un rocher ou una caverne qui ne passe pour I'habitation de quelque etre in- visible; et, non content de tons ceux qu'ils ont crees autour d'eux, ils en peuplent encore les Indes occidentales, I'Arabie et la Perse. Une foi aveugle dans ces croyances absurdes caracterise egalement toutes les classes de la societe, depuis le paysan jusqu'au prince. Quoique ces su- perstitions soient en general innocentes et pueriles, cepen- dant les illusions auxquelles ces peuples sont exposes par leur credulite produisent quelquefois des effets fort dan- gorcux. J'cn citerai pour cxemple I'usage oii sont les vo- leurs de profession a Java, de jeter dans les maisons qu'ils veulent piller une certaine quantite de terre tiree d'une fosse nouvellement creusee ; ils attribuent a cette terre le pouvoir de faire naitre un sommeil lethargique. Des qu'ils ont reussi a en jeter daus la maison, et mOme, s'ils peu- veut, dan* les iils do ses babitans. ils t-onuuencent lours SCIENCES PHYSIQUES. 67 vnls atec line pait'aite seciirito.)) Ce ne sont pas les voleurs seuls qui croicnt a rcfficacito de cc charme; la conviction en est egalement forte clans I'esprit de ceux qui sont vic- times de leurs depredations. «0n m"a plusieursfois appoite, dit M. Crawfurd, lorsque j'exerpais mes fonctions ofli- cielles, de petites boites soigneusement fermees et remplies de terre , qu'on avait saisies sur les voleurs. Ces derniers nemanquaient point, quand on les interrogeait, d'expliquer I'utilite de ce malefice. On voit dans les lois contre la soi- cellerie, trouvees dans I'ancien code de Java, qui est encore aujourd'hui en vigueur a Bali, les pernicieux effets de la superstition sur I'esprit d'un peuple ignorant et credule. « Si quelqu'un, dit cc code, ecrit le nom d'une autre per- « Sonne sur un drap mor luaire,sur un cercueil,sur une image « depate, ou sur une feuilie, et qu'ens-uite il enterre ce siinu- « lacre, le suspende a un arbre, le place dans un lieu hante par « des esprits, ou au point de croisement de deux routes, « c'est crime de sorcellerie. Si un homme ecrit le nom d'un « autre avec un melange de sang et de charbon, sur un i< crane, ou tout autre ossement humain, et qu'il le mette « ensuite dans I'eau sur le seuil de sa porte , il est aussi « coupable de sorcellerie, et doit etre puni de mort par « lemagistrat, quels que soient son rang etsa fortune. Si le « crime est clairement prouve, le chatiment de mort doit « s'etendre a toute sa famille , a ses enfans, a ses petits- « enfans, etc. Personne ne doit cchapper; aucun parent « du coupable ne pent rester sur la facede la terre, et ses « biens, ainsique ceux de sa famille, doivent etre tons con- « fisques. Si les parens ou les enfans, du sorcier liabitent « dans une partie lointaine du pays , on doit tacher de les « decouvrir et de les Kvrer a la justice; leurs proprietes H seront aussi recherchees et confisquees. » II n'est point de superstitions si grossieres qu'on ne puisse 68 SCIENCES PHYSIQUES. t'airc adopter aux insulaires do I'lnde. II y a quclques an- nees qu'on dccouviit, presquc par hasard, que le crane d'un bufile avait ete transporte d'un bout de File de Java a r.uitrc , grace a quelque ridicule croyance. Le point 9ur lequel on insistait , etait qu'il fallait tenir dans un mouvement continuel et progressif le panier oii il clail renfcrme ; el a peine une personne s'en etait- elle de- chargee , qu'une autre le rcprenait, car la prediction al- tachee a ce crane menacait de quelque aiTreux malheur celui qui le laisserait en repos. II passa ainsi d'unc pro- vince a une autre, et , apres avoir circule pendant plus decent milles , atteignit enfin la ville de Samarang, dont le gouverneur etait un Hollandais; il s'en saisit, le jeta dans la mer, et rompit ainsi le cbarme. Les Javanais n'ex- primcrent 4 cette occasion aucun ressenliment, etonn'en- tendit plus parler de cette bizarre transmission; personne ne savait oii elle avait pris naissance. Au mois de mal 1 8 1 4 , on apprit que, dans une partie eloignee , mais tres-peuplee, de Tile de Java, les babitans construisaient une route pour gravir au sommet de la montagnc Sumheng, une des plus hautesdel'ile. Une enquete ayant etefaite, on decouvrit que lacroyance quidonna lieu a cette entreprise, avait son origine dans la province de Banyumas, dans le territoirc de Susu- nan, que de la elle avait gagne celui du sultan, d'oii elle s'etait etendue jusqu'au territoire europeen. La route avait dcjii de 5o a 6o milles d'etendue ; elle etait large de 20 pieds , cxtremement unie et bien faite. II parait qu'un des points consideres comme importans, etait qu'elle ne traversal aucune riviere ; et, afin de ne pas eni'reindre cette regie, on lui avait fait fairc mille sinuosites. Une autre recommanda- tion, non moins peremptoire, etait que la ligne droite de la route nc devait point etre interrompue, par egard pour les proprietes des particuliers ; en consequence, on abattit des SCIENCES PHYSIQUES. 69 arbres, et on renversa des maisons pour frayer le chemin. La population entiere de plusieurs districts, formee par- Ibis de cinq ii six mille laboureurs , travaillait sans re- lache a cette construction ; et , malgre I'aversion de ces peuples pour un travail actif et fatigant, ce penible ou- vrage fut presque acheve au bout de deux mois ; tant on avait su inspirer a ces hommes d'enthousiasme et de zele. Lorsqu'on Youlut remonter a la source de cette entreprise , on apprit qu'une rumeur populaire en etait seule la cause. Une vieille femme avait reve, ou pretendait avoir reve qu'un personnage divin devait descendre du ciel sur la montagne Sumbeng; la piete avait fait naitre I'idee de coni- truire une route pour faciliter sa venue , et le bruit se re- pandit que la vengeance divine poursuivrait I'homme sa- crilege qui refuserait d'aider a un travail aussi meritoire ; ces rapports, recueillis avidement par une populace igno- rante et credule, eveilR'rent ses craintes, et tous se mirent volontairement a I'ouvrage; la vieille prophetesse distri- buait aux laboureurs des feuilles de palmier couvertes de caracteres magiques, qui passaient pour des charmes pro- pres ii garantir des blessures et des maladies. Des que les autorites decouvrirent cette etrange affaire, elles donnerent ordre qu'on cessat aussitot ce travail, et les habitans re- tournerent sansmurmures ix leurs occupations habituelles. Cependant il est rare que des superstitions fort repandues »c terminent aussi heureusement a Java que dans les deux occasions que j'aicitces; elles sontbeaucoupplus frequem- nient accompagnees d'insurrections redoutables, et se re- nouvellent surtout dans des temps d'anarchie , ou dans les provinces soumises a des impots exorbitans, ou qui sont mal gouvernees. Partout oii il y a des sujets de meconte- ment dans ces iles, le plus meprisable chef Irouvera des partisans; c'est la cc qui a encourage cette foule de vaga- 70 SCIENCES niYSlQUES. Ixinds . qui, sous le iiom de Kraman (i), out, dans tou» Ics sitclcs, trouble la tranquillite dc Java. A peine s'ecoule-t- il une annee, sans que plusieurs de ccs miserables ne se de- clarent rois, saints ou prophfetes, proclamant I'intention de redresser les torts, ou d'ouTrir la route du tie!; quclqucs- uns de ces imposteurs pousscnt I'audace jusqu'a precher une nouvelle religion, tandis que d'autres se contenterit de ae dire descendansdc quelque monarque populaire del'an- cienne histoire de Java. De mOmc que tous les peuples orientaux , I'etiquette et les usages domestiques de ceux-ci different beaucoup de ceux desEuropeens. «Parmi eux, c'est une marque de respect de se couvrir la tete, de s'asseoir au lieu de rester debout; tourner le dos a son superieur exprinie le plus haut degre de consideration, et s'adresser i quelqu'un en le regardant en face passe pour une action malhonnete et presomptueuse; si un fils revicnt prfes de son pere apres unelongue absence, il se jctte a ses pieds et les lui baise. Une autre demons- tration d'aniitie est d'embrasser les genoux; mais un cour- lisan , cmpresse a faire sa cour, prend quelquefois le pied du monarque et le place sur sa tCte; un inferieur ne se lient presque jamais debout devant son superieur, ou bien il se courbe le corps en avant; assis, il conserve la memo position, et ses yeux sont constamment fixes a terre. La passion du jeu est trts -commune parmi ces in- sulaires ; ils 1q satisfont de mille manicres. Souvcnt ils s'amusent a faire combattrc deux grillons I'un contra I'autre , et parient des sommes considerables sur le resullat de la lutte; ces petits insectes sont excites au combat par un brin d'lierbe dont on leur chatouille le nez a propos. Les cerfs-volans sont .uissi un de leurs amuse- mcns favoris; ol, por un beau jonr, il n'csl pas rare d'cn voir (l) KrUVnan csl im mot '?c l,i langirc ilr Java, qui .sigiiifir iclicJIc, SCIENCES PHYSIQUES. 71 s'elever cinquante a soixante, an (lessusd'une|ville jaTanaise. La danse fait aussi partie des plaisirs de ces peuples : ils en ont de graves , pour les ceremonies publiques ; de plus gaies , pour les rejouissances particulieres , et enfin de savantcs, que les danseurs de profession executent de- vant le public assemble. Ils possedent quelques notions imparfaites et grossieres de I'art dramatique : les acteurs jouent masques, et remplissent les roles de femmes, ces dernieres ne paraissant jamais sur le theatre ; leur jeu est froid, insipide, et peu naturel. Le principal personnage de la piece est le Dalaug ^ ou souffleur : assis en face des spectateurs, il chante, ou recite a haute voix une piece de vers contenant la narration de I'evenement fabuleux ou historique, dont les acteurs doivent retracer les principales circonstances : il s'interrompt pendant la pantomime, et recommence aussitot que la toile se baisse. II assiste de meme a la representation des ombres chinoises, etannonce les personnages a mesure qu'ils paraissent derriere la toile, mais il s'aventure raremcnt a transmettre leur convei*sation aux auditeurs. Les sujets de ces drames sont puises dans les legendes des Indous, et dans les epoques fabuleuses de I'histoire de Java. II y a de plus , dans cette ile ,.un theatre particulier, ou des hommes, revetus depeauxde tigre, de bufle, de lion, etc., imitent les cris de ces differens ani..- maux, leur instinct et leurs habitudes. » Nous ne pouvons suivre I'auteur dans les details qu'il donnesurles moeurs de ces peuples, leurs amusemens, leurs danses , leurs productions dramatiques, etc.; mais nous engagerons les personnes curieuses de ces details a lire un Guvrage qui rassemble tout ce que les voyageurs anciens et modernes ont ecrit sur ces contrees , et qui a de plus I'avantage de presenter des observations interessantes et des faits dont M. Crawfurd aete temoin pendant son sejour dans les differcntes iles de I'archipel indien. L. S, SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. " Du PRINCIPE COJiSE-RVATEVR, oudelaliberleconsidi^reesous le rapport de la justice et du jury j par 31. le chevalier Mezard, ancien procureur general pres la cour crinii- nelle de Vaucluse, actu^llement premier president de la Cour royale d'Ajaccio (i). Cet ouvrage tiaitc de matieres journellement livrees a la discussion ; et ccpendant il paraitra neuf, par la maniere dont elles y sont envisagees. Dans presquc tous les ou- vrages politiqucs qii'on publie maintenant, on fait I'eloge, sincere ou non , du systeme represcntatif, et I'on no scmble differer que sur le choix des institutions a I'aide desquelles les uns voudraiont le fortifier, et les autres ralYaiblir. Si Ton parle de la responsabilite des ministrcs, on tombe d'accord sur le principe, saufa s'entendre sur la loi qui doit le mettre en action. On proclame la liberto de la presse, meme en faisant I'eloge des lois qui la suspendent. Et, quant au jury, chacun propose ses vucs, ses amelio- rations, mais tout le monde vante ou du nioins respeclc 1 'institution en elle-mCine. M. Mezard sort de la route battue : il nie la possibilite d'un gouverncment recllenient rcpresentatif : les cliambres lui paraissent de grands con- seils qui ne representent rien; il regarde la responsabi-. litcministerielle comme une injustice : selon lui, la liberie de la presse est dangereuse ; et le jury n'est que le resultat d'une fausse theorie qui nous egare depuis 1790, et qui forme le plus grand obstacle a ce que la France jouisse enfin du bienfait d'une justice bien administree. M. Mezard n'est cependant pas I'ami du despotisme; et ce qu'il y a peut-Stre de plus remarquable dans son ou- vrage, c'est de voir des opinions aussi absolues, soulenucs (i) Uu vol. in-b". I'uris , l!^20. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. 75 sans exageialion, et des priiicipes, qui paraissent unique- mcnt dans I'interet dii pouvoir, inspires par ramour du bien public et dc la veritable liberie. On pent certaine- ment ne pas partager les opinions de M. Mezard, et je suis loin, en effet, de les partager toutes : mais on doit des eloges a la purete de ses intentions, a la moderation, a la bonne foi dont son ouvrage porte I'empreinte, et au ta- lent qui le distingue : des erreurs meme, ainsi presentees, ont quelque chose de respectable. Son livre est ini\{\i\k: Du prliicipe conseivatew: C'est ainsi qu'il nomme le besoin de se conserver que la societe eprouve , comme les individus. II en fait deriver la liberie , qu'il definit la joidssance paisible de sa personne et de sa proprieie. C'est la le fondement de son systeme : il est impossible d'en choisir un meilleur ; et, jusque-la, tout le monde sera d'accord avec M. Mezard. Tous les hommes de bonne foi partent a pcu pres du meme point pour arriver au meme but; c'est dans la route qu'ils sc separent. La garantie des personnes et des proprietes; c'est la, selon M. Mezard, la pierre de touclie d'un bon gouverne- ment. II fait des reflexions sur I'inconvenient qu'il y aurait de confondre le mode de gouvernement et la division des pouvoirs, qui ne sont que le moyen d'arriver a la liberte, avec la liberte elle-meme. Une nation n'est pas libre parce que son gouvernement a les formes democratiques, ni esclave parce que tous les pouvoirs y sont confondus : elle est libre si les citoyens y jouissent de la sOrete; s'ils tremblent pour leurs personnes et pour leurs biens, elle est esclave. L'independance nationale meme n'est qu'un moyen pour parvenir ii la sfirete; si I'oppression est ex- treme, la conqucte pent elre avantageuse ; et, selon I'ex- pression encrgique dc I'auteur, on peut dire que la nation 7A SCIENCKS MORALES Irouve sa liberie clans sa defaitc, ct qu'cllc esl Ala Cuis libre et vaincue. II souraet tout a ce prlncipc; et, parcourant rapidement le cercle de nos institutions, il etablit que les rois doivent gouverner eux-mCmes; car ils n'ont d'aulre interet que celui de proteger, sans avoir besoin de protection ; tandis que les ministres ont leurs intcrets personnels comme in- dividus, distincts de ceux de I'Etat. Ou la responsabilite ministericUe est une injustice , ou elle tend a transporter le gouverncment du roi a ses agens; elle repose done sur un principe faux ou nuisible. II faut rejetcr la liberie de la presse, au moins quant aux feuilles quotidicnnes, si elle egare au lieu d'eclairer, si elle compromet les re- putations au lieu de les garantir, si elle jette le trouble au lieu de maintcnir la tranquillite. Dans le systemc elec- toral, il est inutile de rcchercher si les electeurs repre- sentent reellement la nation, et s'ils sont i leur tour representes par les elus. On doit s'attacher uniquement a trouvcr de bons legislateurs ; et les elections graduelles, les epurations successives sont la meilleure garantie des choix. Enfin, rimpflt n'est pas une avance volontaire faite par de pretendus representans; c'est une charge inherente a la propriete, c'est le prix de la protection que I'Etat lui accorde. L'idec premiere de M. Mezard n'est pas nouvelle; et \out le monde sent qu'en derniere analyse, la liberie n'est que la sflrcte des personnes et des proprietes. II n'est pas d'homme raisonnable qui se perde dans de yaines reclier- ches sur les formes du gouvernement, uniquement pour le plaisir de faire correspondre toutes les parties d'un systeme, de calculer des forces, et de les mettre en eqiii- libre : I'avantage des etats est Ic principe qu'on ne doit jamais perdrc de vuc : mais quand le raisonnement et I'ex- ET POLITIQIES. 75 perience sc reiiiiissenl pour montier que Icllc forme dc gouvcrncment est favorable a la liberie , c'est-i-dire a la sflrete des personnes el des biens, et que lelle autre lui est contraire, on regarde ce point comme convenu. Ainsi Ton ne separe plus la liberie de I'exacle division des pou- ▼oirs, et le despotisme de leur concentration ; non pas qu'on confonde des idces reellcmcnt dislincles, mais pour se servir d'unc expression abregce. On doit savoir gre toute- fols a M. Mezard de; nojjs ramener sans cesse surle terrain des fails, dont les theories elevees pourraient trop nous eloigner; et Ton n' peul disconvenir que, dans les plus hautes discussio.s, on ne comballe quelquefois pour des chimeres qui s'evanouiraient, si Ton ramenait les ques- tions i leur simplicile primitive. Mais le principe de M. Mezard ne resout veritablement aucune des difficultes qu'il s'cst faites. Ceux qui ne par- tagentpas ses opinions peuvent lui dire : Nous convenons avec vous qu'il faut juger du degre de bonte de toutes nos institutions , par le plus ou moins de garantie qu'elles ofTrent a la sQrete des personnes el des proprietes. Mais, scion nous , il n'y a pas de plus sfir moyen de parvenir i cette garantie, que de rendre tons les agens du pouvoir responsables, d'effrayer ainsi le despotisme suballerne, et de s'assurer contre les persecutions de detail. Si Ton at- taque nos personnes et nos biens, la liberie de la presse portera nos reclamations au pied du trone ; et ses inconve- niens ne balancent jamais cet immense avantage. En ad- metlant lout ce qui compose la partle saine de la nation a nommer les legislaleurs, nous serons plus sflrs d'avoir des lois faites pour I'utilile generale , et protectrices de tons les interels. Ainsi Ton pent accorder a M. Mezard d'avoir presente les difficultes sous leur veritable point de 76 SCIENCES MORALES yue; niais on dira, aprcs avoir lu son livre, coniuic apres en avoir lu tant d'aiitres : adhuc suh judice lis est. Ce n'est la d'aiilcurs que le commencement, tt pour ainbi dire le preambule de son ouvrage. Ainsi que son titrc I'annonce, ce qui a rapport a la distribution de la jus- tice, et surtout au jury, en occupe la plus grande partic. On ne contestera pas a M. Mezard le droit de parler de I'organisation judiciaire rdes i 788, il demandait lareforme des abus existans dans Tadministration de la justice ; et si les reformateurs n'ont pas rempli son attente, on voit du moins qu'il ne critique pas le present par une preven- tion aveugle pour le passe. Le livre second est consacre au developpement de cette importante verite sur laquelle on ne saurait trop insister; c'est que, sans la justice, la liberte ne serait qu'un droit illusoire. Joignant scs propres observations a I'autorite du raisonncment , il nous monlre I'exemple de la Corse, ou il exerce la premiere place de magistrature; de cette tone malheureuse, oii, suivant ses expressions ,// j^«<< a//er rijlecliir sur la liberte , par cela seulqiielle n'y existe pas. C'est a I'absence d'une bonne justice , et non , comme on le fait ordinairemcnt, aux mccurs de ses habitans, qu'il faut attribuer les desordres sans cesserenaissans dans cette contrec. ((Les mceurs des Corses ,dit-il, sont celles des <( Ger mains decrites par Tacite; ils sont sobres, hospita- <( liersj reconnaissans, braves, Cers, sensibles aux injures; ) rivages ressentirent le choc ou le reflux de sa puissance. »Son nom restera, jusqu'a la fin des temps, marque d'une aempreinte reservee pour lui seul Jamais »on ne vit une rencontre aussi bien concertee, un rapport )>aussi intime des hommes et des choses pour I'exaltation » d'un homme ; aucun age sans doute ne les reverra. II lui »avait ete donne d'effacer tout ce qui parut de grand, de »merveilleux, depuis la naissance du monde. Mais il s'est wrabaisse k force d'orgueil, il a repudie sa noble destinec; »il ne lui a pas suffi d'une premiere place sous le ciel, il a ))detruitvoIontairement sapropre nature; et, au lieu d'etre »a jamais le mortel par excellence, il ne sera, pour lapos- "terite, que le plus celebre des aventuriers. Non , malgre «la transcendance de ses faculles, il ne fut point un genie »du premier ordre; car il etablit le pouvoir arbritaire. Ce- »sar, Trajan, Charlemagne, Louis IX, Henri IV, Gus- »tave-Adolphe, reconnaissaient des limites a leur autorite. nOnvit, au contraire, lous les celebres ambitieux dont »resprit ne s'elevait point au vrai beau, parce qu'ils avaient 86 SCIENCES MORALES. ninoins de genie que de calcul : Augiislc, Cromwell, Phi- » lippe II d'Espagnc, Ferdinand II d'Aulriclic, Charles XI dc » Suede, se montrer impatiens de la moindre resistance ') i leurs volontes. lis n'eurent que cettc ambition des rois "Tulgaires, de dominer imperieusement : la plus sublime «des inspirations, s'elever a rimmortalite , en contribuant )iau bonheui* de leurs scmblables, leur avail manque. Na- xpoleon eleva I'edifice de son pouvoir sur les mines du stroneet de la tribune, sur les debris de I'ancien regime et )>les decombres de I'anarchic revolutionnaire. II debuta par »le langage de Brutus, et finit en agissant comme Tarquin »et Octave. 4 Le monde croira long- » terns que rien n'est impossible , en voyant I'etendard sd'un Corse, ne sans fortune, flotter sur les tours des plus » orgueilieuses capitales du continent. Le merveilleux n'a »plus rien que d'ordinaire pour celui qui dispose, en sc »jouant, des provinces, des etats, des couronnes, qui mot »a ses pieds un peuple de rois. Aujourd'hui, la soldatesquc Ml'admire au bivouac; domain, les hommes los plus polis >)dcs anciennes cours I'ecoutent avec extase dans les »salons II dicte des lois sur un radeau, au »czar Use montre, ct la monarchic de Frederic II s'e- nclipse » C'est avec cette chaleur et cette impartialite; c'cst avce cette franchise que tout I'ouvrage est ecrit , que les evenemens, comme les hommes, sont juges, et que les faits sont presentes comme une galerie de tableaux pi- quans ou vigoureux. II est difTicile, par consequent , de savoir a quel parti, a quelle opinion I'auteur appartient. On ne le cherche pas; il suflit au lecteur de penser qu'il a affaire a un homme franc, loyal ct toujours passionne pour la morale et la vcrtii. En proclamant avec encrgic les principcs d'olcrnollc ET POLITIQDES. 87 veritc que Dieu mit dans le cceur de rhomme , I'auteur $e raontre severe, extremement severe enyers tous las ac- teurs , fautcurs ou proncurs des funestes evcnemens dont il a fait I'investigation, lorsque ces personnages comnlirent sciemment le mal , ou y coopererent par d'in- dignes capitulations avec la conscience. II s'en explique sans detour i\ la fin de son introduction, et chaque ca- tastrophe rallume son indignation contre la perversite des homnies. II est inexorable contre ceux qu'il juge coupables, ou vicieux ou faibles. Ainsi que le satirique du Parnasse, il nomme tout du nom propre. Mais quelquefois cet amour de la vertu I'entraine trop loin, ct il est beaucoup d'evenemens qu'il aurait juges avec moins de rigueur, s'il eQt ete mieux infornie des circonstances qui "les out ac- compagnees. Une aussi grande sevcrite de la part de I'auteur serait reprochable, s'il ne compatissait pas en meme terns i tous les infortunes qu'il apercoit, et s'il necelebrait pas avec une egaleardeur les actes d'un honorable devouement, les sen- timens genereux, la magnanimite, de quclque cote que cela vienne. A cet cgard, qu'on lise, pour avoir I'idee de ses intentions, les passages dans lesquels il retrace les adver- sites, la douloureuse agonie de Louis xvi ! Qu'on lise le long detail du 9 thermidor ! etc. , et les eloges me- rited des hommes qui ont honore la nation francaise a, la tribune, dans les amies, dans les letlres, dans les sciences ! Malheureusemcnt les revolutions , comme les ouragans, ravagcnt la terre et detruisent les plus belles productions de la creation. Le moraliste y trouve pen A louer; il a peu d'objets a contempler sans freniir. Qu'on envisage les revolutions de Rome ; qu'on jette un regard sur les troubles de I'Angleterre ! En cherchanl ce qu'on pcuC 88 SCIENCES MORALES approuvcr, on sentira dans quel cadre etroit on se resserrc; combien est legere la justification permise en laveur de I'homme civilise, alors que ses passions fermentent, ecla- tent et entrainent la societe. Dire que cet ouvrage sort des presses de Firmin Didot, c'est en faire le plus bel eloge , sous le rapport de I'exe- cution typographique. Les renvois, les parentheses, les chiffres, les caracteres tnitaliques oa en petites majuscules, quoiqne infiniment multiplies , ne derobent rien a la clarte du texte. II est a remarquer qu'on ne trouve aucune note ni au bas des pages ni a la fin du volume. Nous engageons les amateurs de la bonne litterature, les amis de la sainc morale, i lire et amediter cet ouvrage interessant qui man- quait h. I'histoire de France. Alex, de Laborde , de finstitut. vvv-ivv*\vliA*vv Tessin ocn Tessiniana. — Biogkaphie du comte Tessin, et anecdotes y relatives (i). Le comte C. G. Tessin naquit en 1695. II appartenait a une des families les plus illustres de la Suede. Apres avoir repu dans son pays une education soignee, 11 la ter- mina par un voyage en France et en Italie. De retour dans son pays, il se distingua par de rares talens, dans les dif- ferentes dietes oii il siegea comme membre du corps de la noblesse. A peine il avait attcint sa trentieme annee , que le roi de Suede le nomma, en 1725, son plenipoten- tiaire, avec une mission extraordinaire i Vienne, ou il conclut un traite, au nom de son souverain , avec I'empe- reur d'Allemagne, represente par le prince Eugene. Lc (1) Stockholm , i8i6 , iu-S" de 43o j)ag. ET POLITIQUES. 89 comte Tessin acquit dans cctte negociation , comme dans beaucoup d'autres missions, i Copenhague et ailleurs, la reputation d'un diplomate du premier ordre; aussi, lors- qu'il fallut, plus tard, negocier un mariage entre Adolphe- Frederic , alors prince royal do Suede , et la princesse Louise- Ulrique de Prusse, soeur dc FrkUric-le-Grand , le roi de Prusse demanda lui-meme qu'on chargeat le comite Tessin de cette mission. Le comte Tessin etait republicain par sentiment et par principes , mais du nombre de ceux qui ne rcgardent pas une organisation republicaine, c'est-a-dire , favorable au libre developpement de I'esprit public et des divers ele- mens de la prosperite publique , comme incompatible avec la monarchie heredilaire. Le roi de Suede e^ une partie des grands de sa cour preparaient une revolution en faveur du pouvoir absolu. Le comte Tessin etait a la tete des hommes gentreux qui combattaient pour la liberie et pour un gouvernement constitutionnel. II dut par consequent se faire des ennemis; et Ton sent combien ces ennemis durent etre nombreux et puissans. Nous ne pouvons mieux faire connaitre sa maniere de penser a ce sujet qu'en citant un passage extrait de ses memoires. « De deux partis (dit-il, page 176), qui sont trop souvent un mal necessaire dans un etat , cclui de la cour est toujours le plus extreme et le plus violent, parce que tout particulier qui s'y trouve engage plaide sa propre cause; il s'occupe d'abord de lui; le bien du roi et de la patrie vient apres , si cela est possible ; au lieu que ceux qui veulent I'observation inviolable des lois se rat- tachent a une cause commune, moins relative a leurs in- terets personnels qu'au corps entier dont ils sont membres; ainsi , 11 est infiniment plus aise de trailer avec eux. Le 90 SCIEiNCES MORALES parti de la cour regarde toute reconciliation comme faitc a ses depens. Lcs hommes de ce parti veulent avoir une part exclusive aiix laveiirs et aux graces , tandis que les autrcs ne demandent pas mieux que de partager lcs avan- tages de la societe avec leurs concitoyens. Ceux-ci sou- haitent une pluie qui fertilise toutcs lcs campagnes ; les autrcs ne la demandent que pour Icurs champs. » Neanmoins la haine du parti de la cour, dont il etait Tobjet, n'empccha pas le comte Tessin d'etre nomme ma- rechal de la diete de 1738, et cela, en depit de la puis- sante opposition de la reine. II eut 5a5 voix contre i4i. Apres la dissolution de cette dif^te , il fut envoye, en lySg, en ambassade a la cour de France , d'oOi il revint en Suede pour ne pliks la quitter, ayant etc rappele en 1742. Le comte Tessin avait ote nomme gouverneur du prince royal, depuis Gustave IIL Quoiquc Ic prince n'eftt encore que six anset demi lorsque M. de Tessin fut remplace , ce dernier avait neanmoins devine le caractere de son royal eleve. II lui avait trouve un penchmt immodere pour le faste, et un gout extraordinaire pour les spectacles. Mal- heureusement le sage, gouverneur n'eut pas le temps de dompter ces passions, et Ton ne saurait trop admirer la penetration dontil fit prcuve, en disant quelque part, dans ses memoires, que lcs grands talens du prince Gustave devaient necessairement en fairc ou un roi incomparable, ou le fleau de la Suede. Enfin, apres quarante ans employes au service dc sa palrie dans des postes eminens et souvent tres-diflicilcs, le comte Tessin , devenu chaque jour moins supportable i\ cause de son imperturbable esprit de justice et de verite, sc vit rnfin oblige dc vendre son patrimoine pour suppleer .T la modicite des traitemens quele gouverncmcnt lui avait ET POLITIQUES. 91 iilloues. « Si j'etais transportable, disait-il, je chercherais a vcgeter ailleurs. Mais, siste viator, soixante-onze ans soot autant de noeuds coulans aux jambes. » Pendant sa retraite, le comte Tessin a ecrit, jour par jour, des inemoires qui remplisscnt vingt-neuf volumes in- tblio. II serait a desirer qu'un homme instruit obtint la permission d'en extraire les notices interessantes qu'ils doivent necessairement renfermer. L'auteur anonyme dont nous annoncons I'ouvrage en a publie plusieurs extraits , qui font naitre I'envie d'en connaitt-e davantagc. Voici comment le comtc Tessin fait lui-meme son por- trait ( page 9 ) : « Qu'on rassemble tous les fragmens dis- perses dans mes journaux, pour en composer mon por- trait, et je ne le desavouerai pas. Un principe avec des nuances a I'infmi; une rapidite de pensee de venue habi- tuelle par la necessite absokie de me distraire ct de m'e- tourdir sur mille circonstances facbeuses ; incapable d'un ouvrage dequelque haleine ; aussi loin de la profondeurd'un Montesquieu que de la volubilite ingenieuse , spirituelle ct inepuisable d'un Voltaire ; une reputation brute en clle- meme, mais mise en oeuvrc et devenue quelque cbose par les situations oii je me suis trouvc. Ne pour le repos, pousse au travail par les epaules, j'ai appris a marcber , les entraves aux pieds ; car rarement je me suis vu a meme de suivre, sans interruption, mes propres idees. Pour mon malheur, je n'ai jamais ete opiniatre; c'est une des qualites d'homme d'etat , qui me manque absolument, que cette couflance en soi-meme. Bilicux de temperament, modere par I'extreme besoin de I'etre, agite dans ma jeu- nesse , tranquille sur mes vieux jours, autant que peuvent I'etre les flots apres une forte tourmcnte ; une connaissance du monde qui parfois me rend misantbrope; un cspoir en Dieu aficrmi par de? experiences sans nombrc ; assez fort 92 SCIENCES MORALES de temperament pour regarder comma un bonheur de n'etre ni jeunc, niriche, ni ala mode: ces illusions seduc- trices m'ont laisse la , apres m'avoir long-tems ballotte. Je suis rctombe sur mes pieds ; et , comme mes preuvcs soul laites, je reponds de moi d"'ici en avant. J'aime Dieu, ma patrie, mon honncur , mon devoir, mon prochain; c'est tout ce qui me restc de mes anciennes habitudes, et je ne demande pas davantage. » Voici quelques traits des memoires de cet hommc d'etat sur la fameuse reine Christine, cJ'ai beaucoup reflechi (dit-il, page 267) sur la vie de la reine Christine, pour y chercher le mervcilleux qu'on s'obstine a admirer en sa personne. « Si je la considere comme reine, je trouve sous son regne des balailles gagnees par les generaux, eleves du grand Gustave, sccondes par des ministres habiles, qui, conduits par un Oxcnstiern, deciderentdu sort d'une par- tie du luondc, tandis que leur reine recueillait ce qu'ils semaient, dansait des ballets, parlait grec, dissipait les finances, ets'ecriait lorsqu'on lui presentait des depeches a signer : N'entendrai-je done jamais parler que de cela ? «I1 est vrai que souvent un ctat n'est bien gouverne que parce que le souverain ne se mele de rien , et qu'une des prerogatives de la royaute est de ne rien faire el d'a- voir tout fait. «Jc trouve, dis-je, en considerant Christine comme reine, qu'elle n'a fait que ce qu'eussent fait madame Under et madame de Scuderl et tels autres esprits ro- manesques , si on leur avait donne des empires a regir. «Je me retourne alors pour chercher dans son coeur. Quel pays, grand Dieu! quel mer agitee ! des fautcs, des repentirs , des accos de fievre, une convalescence de peu do duree, des vertus de parade, uuc ambition demesuree. ET POLITIQUES. 93 Sous la robe d'un philosophe, une pelerine qui, avec son bourdon, aspire i\ la monarchie universelle, s'immiscant en tout et ne se demelant de rien ; un desir de retraite lorsqu'elle regne, une envie de regner lorsqu'elle s'est precipitee du trone ; enfm rien de permanent en elle que sa vanite, ses fanfaronnades et ses changemens. « Sans rappeler le meurtre affreux de Monaldeschi , je demanderais volontiers I'avisde gens senses sur les trois lettres suivantes : IJiiii owoii /; «:jji ir; ^.•' «Je vous croisV'6crit-elle a son Secretaire Davison qu'elle venait d'envoyer en Suede, si peu propre i etre martyr, que je ne vous conseillerais pas de faire une la- chete pour vous sauver la vie. Si la crainte ou I'esperance vous ebranlent, au point de vous faire manquer a voire devoir, soyez persuade que je vous punirai de cetle la- chete , et que toute la puissance du roi de Suede ne m'em- pechera pas de vous donner la mort entre ses bras , quand meme vous vous y seriez refugie. «Sur I'affaire importante d'un musicien, qui de son service etait passe a celui du ducde Sai^oie, elle s'emporta jusqu'a mander a un de ses agens : Je veux qu'on sache que je ne consentirai jamais qn' Antonio Ripani quitte mon service pour un autre; qu'il n'est plus au monde que pour moi, et que, s'il n'y chante pas pour moi, il ne chantera pas long-temps pour qui que ce soil. Quand on voudrait me faire accroire qn'il a perdu la voix, cela n'y ferait rien; car, tel qu'il est, il doit vivre et mourir a mon service , ou malheur lui arrivera. •iLors de I'affaire des franchises, elle leva le bouclier contre le tresorier du pape, en lui ecrivant : Vous desho- norez vous et votre maitre; cela s'appelle aujourd'hui faire justice, dans votre tribunal. Vous me faites assez de pitie, maig vous m'en ferez encore davantage quand vous serez 9A SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. caicliual. Cependant jc vous doiiue ma parole que ceiix que vous avez condamncs a niort vivront, s'il plait a Dieu , encore quelque temps; et que si, par hasard, ils vcnaient a mourir d'une autre mort que de la naturelle, ils ne mourrout pas seuls. « Si Ton s'avise un jour, comme je n'en doute pas de donner un recueil de lettressingulieres, celles-ci neseront pas les moins piquantes. ;f/iolMi(!(!iob t>; ((Sa guerre des sbires a Rome finit par I'arret verbal d' Innoceni XI, qui s' tcri'd : e Uotuia. C'etait iin affront sanglant pour une princesse , qui , pour avoir etc procla- niee roi, pretcndait etre homme. « Christine protegeait les savans, les sciences ct les arts; mais il est inoertain si c'etait par estime ou par va- nite. Ce qu'il y a de sQr, e'figt que son goCit la portait a s'en amuser, et que c'etaient la ses joujoux. «I1 est vrai qu'on a d'elle quelques saillies heurcuses etquelques bons mols; mais il faut considerer qu'elle ne deparlait point. Son flux de paroles et de verbiage res- semblait a une riviere qui de temps en temps charrie dc Tor. » Le comte Tessin mourut le lo janvier 1770. Autant que nous en pouvons juger tl'apres Touvrage que nous annoncons, il n'a pas laisse de posterite , et cette fa- mille semble etre eteinte en Suide. La publication de la biographic de cet homme celebre honore beaucoup I'iliustre personnage qui preside aujour- d'hui aux dcstinees de la Suede. On y rencontre une foule de verites qui auraicnt ele de contrebande sous le regnc du dernier dcs Gustaves. IIeiberc. LITTERATURE. ESSAIS SUR LA LITTiRATURE DES HilBREUX, par J. €h. Montbron (i). S'il est viai que la premiere condition de Tengagemcnt d'lin auteur avec le public soit de justificr d'abord le titie de son livre , il nous semble qu'on devait s'attendre a trou- ver, avant tout, dans I'ouvrage de M. Montbron, quelques considerations philologiques sur I'antiquite et le genie de la langue hcbraique, sur son analogic presuniee avec I'c- gyptien, le phenicien ct d'autres anciens dialectes de I'oc- cident de I'Asie ; un apercu des revolutions qu'ont dQ ne- cessairemenl faire eprouver a cette langue les vicissi- tudes dc la destinee des juifs, dcpuis Abraham jusqu'a leur entiere dispersion ; quelques notions enfin touchant I'e- poque de la redaction de chacun des livres saints, le temps ou ils ont commence a passer d'Orient en Europe, et la priorite tant de fois contestee du texte hebreu sur le sa- maritain ou du samaritain sur I'hebreu, On sait que ces deux points de critique ont ete la ma- tiere d'interminables discussions, entre les samaritains et les juifs qui se sont crus d'autant plus fondes a soutenir chacun leur assertion, que le pentateuque qui nous a et«i transmis dans les deux ecritures de ces peuples , autori- sait chacun d'eux a regarder son caractere comme le pri- mitif, et son texte comme I'original. Nous ne rapporterons point ici les diverses opinions auxquelles cette controverse ^ donne lieu de la part des rabbins, qui ont, pour la plu- (i) Paris , 18:9 , 4 vol. iu-12. Louis Janet , rue St. -Jacques, n.° 5(j. 96 LITTEIUTURE. part, avance commc des preuvcs cc qui n'etait que dcs systemes et des fables. Mais les savans dcs siecles poste- rieurs qui out raisonne de sang Iroid sur cette question , et qui, d'ailleurs, ont voulu suivre, pour reclaircir, la voie de I'observation , s'accordent geneialement a donner la priorite au caractere samaritain ; en effet , ils ont d'abord compare ces deux caracteres I'un avec I'aulre, pour en eta- blir la similitude ou la dilTerencc , et determiner dans lequel des deux on retrouve davantage les traces de I'antique. Ils ont ensuite rapproche ces deux alphabets des lettres grec- ques-phetiiciennes, apportees enGrece par les Pheniciens, Toisins de lu Palestine , parcc qu'il otait important d'cxa- miner s'il n'y avait point, entrc les caracteres d'ecriture de ce dernier peuple et les caracteres hebreux et samaritains, des rapports qui pussent jeter quelque lumiere sur le plus ou le moins d'anciennete do ceux-ci. D'abord , un simple coup d'oeil suffit pour se convaincre de la difference qui existe entre le caractere hebrcu et le samaritain : le premier, net, distinct et regulier, generalement de forme carrce , est plus courant dans I'ecriture et bien plus commode a tracer; I'autre, au contraire, de forme bizarre, beaucoup plus complique et semblable, en bien des points, aux figures symboliques que Ton retrouve encore sur les plus anciens monumens de I'Asie, est difficile a former, et porte avec lui un cachet de rusticite qui est un signe presque irrecusable de son anteriorite. D'ailleurs, plusieurs lettres del'alphabet hebreu semblent evidemment une abreviation des lettres correspondantes de I'alphabet samaritain. Pas- sant ensuite a la comparaison de ce dernier caractere, avec les lettres grecques majuscules, ce rapprochement ne lui parait pas moins favorable; en observant toutefois que, dans le grec, les lettres sont tournees en gens inverse, LITT^RATURE. 97 selon I'usage des occidentaux qui ccrivaient de gauche i droite , tandis que les orientaux ont toujours ecrit de droite i gauche. 0uant a I'histoire de la langue hebraiquc, elle n'est, chez les rabbins, qu'un tissu de fables pueriles et de croyances ridicules. C'est, selon eux, la langue meme dont Dieu s'est servi pour commander aux elemens et par- ler aux anges. C'est la meme aussi dans laquelle il s'est enlretenu avec le premier homme , a qui ceux-ci I'avaient apprise par son ordrc. C'est enfin la langue des bienheureux dans le ciel, et celle que tous les hommes parleront par inspiration au jour de la resurrection. Mais abandon- nons toutes ces absurdites mystiques , et considerons la langue hebraique comme langue purement humaine, c'est- a-dire ayant eu, de mPme que toutes les autres, son commencement et sa fin, son genie particulier, ses beautes et ses defauts. D'abord nous en ignorons absolument I'o- riginc historique ; cst-elle, comme le pretendent les juifs, anterieure i ces grands desastres du monde, compris sous le nom de deluge"? Nous n'oserions I'affirmer; mais , s'il faut en juger par sa pauvrete, sa concision et sa rudesse, elle n'a pu appartenir qu'a un peuple long-tems sauvage et miserable , occupe tout entier des premiers besoins de son existence; car il en est des langues comme des nations, clles sont riches, fecondes et etendues, en pro- portion de la grandeur et de la puissance des peuples qui les parlent; et, malgre leur energie , quelquefois admiree des peuples polices, on pent dire qu'elles sont toujours arides et pauvres chez les sauvages. La langue hebraique, telle que nous I'a transmise I'ancien testament, ne pent etre qu'un melange de I'ancien chaldeen, aAcc un nou- vcau dialecte qui sera dans la suite devenu la langue par- ticuliere des Israelites ; car, quclque grande que nous ToMr, IX. 7 9S LITTKRATLRE. paraisse aujourd'huil'antiquite des i^«/tre«jf, ils n'etaient qu'un peuple nouveau par rapport aux Chaldeens, d'oii Abraham est sorti, des Cananeens et des Egyptiens, chei qui le patriarche et ses fils ont si long-tems voyage. Abra- ham , Chaldeen de naissance , n'a pu parler que le chal- deen. Or, ce dialecte differait sans doute peu du cananeen et de I'egyptien, puisque I'Ecriture sainte ne fait pas men- tion que ce patriarche se soit servi d'interprete chez ces deux peuples, non plus qu'Eliezer et Jacob, parmi les pasteiirs de la Chaldee et dans la famille meme d' Abra- ham. Cependant le tems ne manqua pas d'apporter quel- que difference entre tous ces dialectes; lalangue des Israe- lites continua de se former, en meme tems que celles des Egyptiens et des Cananeens : ceslanguess'ecarterentmeme de leur ressemblance primitive, au point que nous lisons dans la Bible que Joseph fut oblige de recourir i un inter- pretepour s'entretenir avec ses freres; cependant, une fois fixee parMoise, lalangue des Israelites n'eprouva plus de grande variation , comme on peut le voir par les ouvrages des prophetes qui se sont succedes pendant les dix si^cles qui suivirent jusqu'a la captivite de Babylone. Dans I'in- tervalle des soixante-dix ans que dura cette captivite, on pretend que cette langue fut totalement oubliee des He- breux; ils s'etaient habitues au chaldeen que Ton parlait alors k Babylone, et dont ils continuerent k se servir aprfes leur retour. Get oubli absolu de sa langue par tout un peuple nous paraitrait presque incroyable, si, d'ailleurs, il n'etait suffisamment atteste qu'au temps d'Esdras et de Daniel , les Hebreux ne parlaient et n'ecrivaient plus en hebreu ; on doit excepter les pretres et les prophetes qui continuerent i se servir de la langue hebraique, a peu pres comme les savans du moyen age se scrvirent de la langue latine, quoiqiie depuis long-temps elle eOt cesse LITTEIUTURE. 99 d'etre vulgairc. Mais le chaldeen dc Babylonc , devenu la langue des juifs, fut lui-menie sujet a de semblables varia- tions ; et, quoique les juifs aient continue a le purler jus- qu'a leur enticre destruction paries Romains , ce ne fut toutefois qu'en I'alterant de generation en generation par un melange habituel avec le syriaque , I'arabe et le grcc. Disperses ensuite parmi les nations , ils n'eurent plus d'autre langue vulgaire quecellesdesdilTerens peuples chez lesquels ils s'etablirent ; ou, si quelques-uns d'entre eux continuerent a cultiver I'hebreu, ce fut seulement comme langue classique ou sacree , a peu pros comme nous etu- dions aujourd'hui le grec et le latin. Pour ce qui est du genie de la langue hebral'que, on peut dire que c'est une langue pauvre de mots , et riche de sens : ce genre de richesse doit etre considere comme une conse- quence necessaire de sa pauvrete. Une langue essentielle- ment bornee dans le nombre de ses expressions , a ete obligee de donner au meme mot une multitude de Yaleurs, ce qui la rend en meme temps tres-simple et tres-com- posee. En efifet, ce qu'une langue qui se perfectionne ac- quiert en nettete et en precision , elle le perd en energie et en vivacite. Les langues sauvages ont ordinairement un tour particulier qui imprime a chaque pensee un caractere d'originalite ; aussi pcut-on dire que la langue hebraique est vraiment la langue de lapoesie, des propheties et de la revelation. D'ailleurs la vivacite du genie oriental n'a pas peu contribue a donner a toutes les parties de la Bible, qui en etaient susceptibles, cet eclat poetique qui frappe sur- tout dans les hymnes des prophetes. Tels sont les points capitaux dont on chercherait vaine- nient quelques notions dans lout Touvragede M. Monibron. Son texte, qui se compose de la relation d'un voyageur Israelite du douzieme sitcle etde qiiatre noui'ellen, prises. 100 LITTKRATtRE. pour le fond du sujet, des livres de rAucien Testament, ettraitees pour la forme, apeupres commc \g Joseph de Bi- taube, oviXe. leuite iy EphratmAci . i . Rousseau, noussembic plutol une suite A'Essais de UtUrature clans le genre he- hra'ique qu'un Essai sur la litterature des Hebreux. II se- rait cependant injuste d'inferer de la, que I'ouvrage de M. Monthron n'a point d'autre interet ni d'autre merite que celui d'un roman pastoral. Non , cet ouvrage est pre- cede d'une introduction et suivi de notes qui en sont la partie vraiment interessanle , et celle ovi M. Monthron semble avoir voulu faire prenve d'instruction solide; ce qui donne lieu de regretter qu'il n'ait point fait remonter un peu plus haut ses recherches savantes, pour jeter un nouveau jour sur quelques-uns des points dont nous avons parle, etpour fixer, autant que Ic defaut de monumens et I'incertitude des traditions pouvaicnt le peimettrc, des doutes dont la solution importerait si fort a I'histoire de I'esprit humain. Les quatre nouvellcs sont en elles-memes peu susceptibles d'analyse. Quelques passages de la Ge- nese, du livre de Job, du quatrieme livre des Rois, et du second d'Esdras, ont fourni i\ M. Monthron le sujet de ces narrations qu'il a intitulees Rachel, le Meiirtier , les Noces fimeh^es et Nehemie.. Le titre meme de ces his- toires connues de tout le monde dispense suffisamment de les examiner, sous le rapport dc Taction qui est une et simple , comme dans la Bible , a I'exception toutefois de Nehemie ovi se trouvent quelques traits qu'on cherche- rait en vain dans le second livre d'Esdras, regarde, il est vrai , comme un extrait singulierement abroge du livre original, que possede encore, dit-on, unepeupladede juifs retires en Afrique. Les notes qui suivent cliacun de ces petits poemes mcritent spccialcment I'attention des lec- teurs verses dans la connaissance des antiquites grecqucs LITTER ATURE. 101 et oiientales. Mais dies sont tellement volumineuses , ct roulent d'ailleuis sur dcs moeurs , des coutumes et des tra- ditions qui ont si peu d'analogie entre elles, qu'elles sem- bient un veritable chaos scientifique oii le flambeau de la critique la plus lumineuse pouirait i peine porter le jour. Le Voyage dans V Oasis lointaine est la relation d'un juif navarrois, qui avait entrepris, au commencement du douzieme siecle , d'aller reconnaitre tous les etablissemens israelites dans les trois parties du monde. Le voyageur an- glais Jackson semble en effet appuyer I'opinion assez ge- neralement accreditee, qu'il existe dans I'interieur dc I'Afrique un etabKssement juif forme par une des tribus d'lsraiil perdue ou egaree, et que le juif Benjamin de 7k- dele aurait etc curieux de visiter , comme I'atteste la re- lation de son voyage , si toutefois on pent croire a I'au- thenticitedecette relation, que M. Montbron donne comme la traduction libre d'un fragment inedit. II nous reste a dire un mot du volume d'introductioii dont M. Montbron a fait preceder les trois autres qui com- posent son ouvrage. C'en est, k notre avis, le morceau le plus instructif et le mieux traite , quoiqu'il ne soit pas tout-ii-fait exempt de ces longues aberrations qu'on peut reprocheral'auteur. M. Montbron y cherche d'abord acon- cilier le texte des premieres lignes de la Genose sur la creation du monde, avec les notions que la saine philoso- phie et les lumieres de la physique fournissent sur I'age de la terre. II ressuscite I'opinion deja emise par le savant orien- taliste Eichkorn, quele iwoX. Bara^ que les interpretes ont rendu par le verbe il crea, il a credj signifie veritablement creide nouueau , recree , comme le prouve un passage des psaumes o\i cette racine hebraique est cvidemment em- ployee dans ce dernier sens. II faudrait, en consequence , entendre, par Ics premiers mots de Moise, non point une 102 LITT^RATURE. creation ex iiiliiloy mais seulement unc nouvelle disposi- tion d'elemens preexistans et crees a une epoque bien an- terieure. Cette nouvelle opinion fournit 4 M. Montbroii I'occasion d'examiner en passant les diiferens systijmes de Descartes, Burnet, Whiston, Woodward et Leibnitz. Mais les deux auteurs sur I'autorite desquels il s'appuie le plus sent Buffon, dont^il reproduit presque en entier les Epoques de la Nature, et M. Cuvier, dont la geologie lui fournit de longucs et nombreuses citations. II est vrai de dire que ces digressions font bien pcrdre un peu de vue les Hebreux ct leur litterature; mais le lecleur en est suffisamnient de- dommage par les notions curieuses qu'il acquiert sur un point d'histoire aussi essentiel que I'antiquite du monde. D'ailleurs , dans la secoude partie de son introduction , M. Monthron rentre dans son sujet par I'examen de qucl- ques ecrits poetiques des Hebreux et par I'analyse dcs psaumes, des odes et des cantiques inspires par ces ecrits a J.-B. Rousseau, Lefranc dc Pompignan , etc. Nous di- rons done, en nous resumant sur cet ouvrage , que, quoi- qu'il manque d'ordre et de methode, la lecture n'en est pas moins interessante sous le double rapport du style et de I'crudition, et qu'on y trouve I'abrege le plus instructif des ouvrages de Buxtorff , de Schultens et de Michaelis, sur la langue ct la lilleralure hebraiquc. mtti!:rature. los ^^»^ vv\' »».-»\ wi'^ LITTERAT13RE ORIENTAL!. (^Langiie arabe). AaRiCE DBS CONJUGAISONS ARABliS , corrige et augmente par M. Eluotjs Bocthor , professeur cle langue arabe vulgaire a Pecole royale et sp^ciale cles langues orien- tales pwantesy a la bibliotheque du Roi^i). S'il est une langue au monde qui soit digne de fixer I'attention des savans et des philologues , c'est sans con- tredit la langue arabe. Jamais peut-etre I'art de la parole n'a fourni k la pensee un plus grand nombre d'auxiliaires; jamais, dans aucun idiome connu, il ne s'est trouve un assemblage aussi imposant de tons les elemens qui cons- tituent la richesse des langues ; une alliance plus heu- reuse de I'eleganee a la precision , de la hardiesse a la simplicite, des hautes conceptions de la poesie a toutes les subtilites d'une rhetorique savante. Mais, sans nous arreter ici k considerer dans la langue arabe les divers genres de beautes qui peuvent lui etre plus ou moins communes avec les autres langues de I'anliquite ou des terns modernes ; sans lui tenir compte meme ni de la variete de ses metaphores, ni de I'artifice de ses inver- sions , ni de la force de ses ellipses , ni de cette double synonymic de plusieurs mots pour un sens et de plusieurs sens pour un mot, ni enfin de cette prodigieuse fecon- dite qui semble avoir epuise toutes les combinaisons (i) 1 vol. in-8.° de rimpiimerielithogiaphique (leG. Engelraanu^ rue Louls-le-Gr^nd , n." 27. — Prix, 8 fr. lOA LITTERATURE. possibles des sons humains et des signes qui les repre- sentcnt; bornons-nous ii admirer le tableau plus majcs- tueux et plus grand qu'elle offre dans son mecanismc : etu- dions cette vastc ct etonnantc symetrie, qui regie ct anime tout son ensemble ; cette correlation methodique qui , par des liens presqnc imperceptibles, enchaine entrc elles toutes les parties du discours, et les fait deriver, comme antant de rejetons, d'une seule et meme racine. Voila ce qui frappe d'abord les yeux de I'observateur et appellc les meditations du philosophe. En effct , lorsqu'on examine ayec attention I'esprit analjlique qui senible avoir preside A la formation de cette langue, on a peine a se persuader qu'elle soil parvenue a ce degre de perfection u travers les tatonnemens de I'usage, Taction Icnte du terns et les caprices du hasard; on est plutot tente de croire que I'ordre admirable , je dirai presque matheinatique j qui y regne, a ete le resullat des observations reunies d'un nombre de savans etd'hommes d'uajugementsuperieur, qui, ayant mis en commun leurs lumieres et leur experience, se sont dit : «Donnons une langue a nos semblables. » Et comment ne se laisserait-on pas seduire par cette brillante liypothese , lorsque surtout on etudie la theorie du verbe qui, a I'aide de quelques legeres modifications, produit tout-a-coup et comme par cncliantement treize autres verbes, plus ou moins eloignes de la signification primitive, et qui, modifie encore, mais dans un autre sens , devient tour a tour substantif, adjectif, adverhe, participej nom de lieu, nom d" instrument? C'est ainsi que, par des metamorphoses successives, il parcourt a lui seul tout le cercle des divisions grammaticales, et semblc rapporter a soi toutes les attributions de la parole. Mais ce qui augmente encore I'etonnement, c'est que LITTERATURE. JOS cetle mime Jlexihilite dii mot, qui parait, au premier coup d'ceil, devoir jeter une sorte de confusion ou d'instabilite sur reconomie generale de la langue , est au contraire ce qui en fait la regularite et la precision : la methode arabe assigne des fonctions invariables a chaque forme, ou, pour me faire entendre de ceux qui ne sont point verses dans cette (5tude , li un certain assemblage de lettres et de points-voyelles , disposes dans un certain ordre et sur un type convenu. Telle forme de verbe indique simple- ment une action ; telle autre lui donne de I'intensite; telle autre la rend reciproque ; telle autre encore introduit un agent intermediairc entre I'agcnt principal et le re- gime; telle autre enfln exprime le desir que Ton a de faire une chose ou le jugement qu'on en porte. Cette grande variete d'acceptions n'est pas seulement res- treinte au verbe; clle s'etend a toutes les autres parties du discours qui en derivent. Un adjectif, par exemple, designe une qualite simple; on le reproduit sous une autre forme J et il exprime cette qualite portee a un plus haut degre ; on lui fait encore subir un changement , et cette meme qualite, qui n'etait qu'accidentelle , devient con- tinue o\i frequeiUe. Get ordre de choses une fois etabli, une fois connu, on n'a plus besoin que d'une faible habi- tude de I'analyse pour penetrer, a I'aide de ce fil , dans tous les secrets de la langue. On voit, par ce leger apercu, combien ce systeme organique doit favoriser les analogies grammaticales; etcertes, la plus parfaite des langues est celle ou ces analogies sont en plus grand nombre. C'est la une de ces verites fondamentales qu'on pent hardiment ranger parmi les axiomes. Aucune des langues anciennes n'a survecu au terns: on ne parle plus ni le choldeen, ni le pelvhitc, ni le 10<) LITTKRATURE Sanscrit, ni Ic syriaque, ni I'hcbreu, ni le grec d'Ho- mtre, ni le latin, ni tant d'autres idiomes dont le nom meme n'est pas venu jusqu'i nous. La langue arabe seule sub- sistc encore; elle seule a triomphe de toutesles revolutions qui si souTcnt ont change la face du globe, confondu ou disperse lespeuples, aneantilesmonumens, denature toutes les traditions; elle seule, au milieu de tant de naufrages, a traverse les siecles, sans jamais rien perdre de son eclat et acquerant toujours de nouvelles richesses. Outie I'Arabic, son berceau, la langue arabe est encore en usage en Sy- ria, en Egypte, dans tons les etats barbaresques, en Perse, a Constantinople; et, si Ton etablissait une comparaison, 11 en resulterait peut-etre que C'est de toutesles langues vi- vantes cellequi est la plus universellement repandue. II y a environ mille deux centtrente-septans que le Goran a ete ecrit, et c'est encore aujourd'hui un modfcle de style ( i ). Que Ton calcule maintenant par la pensee combien de siecles avaient dft s'ecouler avant que la langue ait pu atteindre ce point de maturite, et Ton aura une idee de I'anciennete de son origine. C'est dans les temsvoisins de la creation, c'est sous les tentes des patriarches, c'est au sein des mceurs primitives que la langue arabe a pris nais- sance. La vie pastorale et guerriere des enfans d'Ismael a laisse de nombreux vestiges dans leur litterature : de la cette foule de termes consacres aux objets qu'ils avaient continuellement sous les yeux et qui occupaient toute Icur (i) Les Mijsulmaus ont meme coutume de I'appeler le Diction~ naire du pauvre , Camous el faquir ^ et ceite de'nomination, tout cu falsarit allusion au piis d'un camous, prouve que les mots out .si pen dc'vie de leur acception premiere , qu'iin livre e'crit, il y a plus dc douze siecles , pcut encore scrvir a e'lablir leur signification. LITTMATIRE. 107 existence. Eiitoiires saus cesse des grands spectacles de la nature, ils Ics faisaient servir a leurs comparaisons et a leurs metaphores: de la encore ce luxe d'images qu'on Icur a reproche, Mais ces memes images, qui, dans les traductions euro- peennes, paraissent si gigantesques et si deplacees, ont dans leur langue naturelle une beaute locale , qui est en harmonic avec les mceurs et les habitudes des peuples qui la parlent. Les ecrivains de I'Europe, nourris , des le ber- ceau, des principes de I'ecole grecque et de I'ecole latine d'oCi leurs langues derivent, et d'oii ils ont memo deduit leurs regies de goQt et de juridiction litleraire, n'ont point asscz reflechi sur la part qu'ils devaient faire a ces mceurs et a ces habitudes; car de ce que plusieurs langues, ayant toutcs une meme source et etant comparees entre elles, peuvent donner de certaines notions de gout, il ne s'ensuit pas que ces notions, qui ne sont que relatives, soient ega- lement applicables a toutes les langues de I'univers. Cc serait supposer que tous les peuples habitent le meme pays, sont entoures des memes tableaux, ont les memes pro- ductions vegetales , le meme costume , le mOme genre de vie, le meme degre de civilisation. Un Arabe, assis au bord d'un torrent, au milieu d'un desert, ayant devant lui un immense ocean de sables , qui n'a pour bornes que I'ho- rizon et recevant sur sa tete les traits d'un soleil ardent , trouverait peut-etre bien froid, bien timide ct bien decolore le poeme europeen le plus elegant et le mieux concu. La litterature arabe est, au reste, trop pen connue pour etre appreciee ; et le nombre des orientalistes qui sc livrent exclusivement a cette t-tude est encore Inip limite, pour esperer que tant dc richesses soient un jour rcvelees a I'Eiiropc savantc. Mais si jam:iis. par 108 LITTERATURE. une de ces combinaisons du sort qu'on ne peut pre- voir, les nombreux ouvrages que cetle languc a pro- duits venaient tout-a-coup a etrc traduits et publics a la fois , il s'opcrcrait peut - etre une grande revolution dans la litterature moderne : ce serait un fajsceau d'idees neuves , jetees comme inopinement sur les routes si souvent rebattucs et deja si delabrees de I'ecole des Grecs et des Latins. Mais de trop grandes difficultes s'opposeraient a cette iniportante entreprise; et de semblables projets ne sont point accessibles aux fortunes privees: un gouvernement seul peut les exeeuter ; il faudrait, pour condition pre- miere, qu'un nombre suffisant d'orientalistes, assembles en corps et reunissant la masse de leurs connaissances acquises, consacrassent i ce travail leur vie entlere. Ne pouvant aspirer i de tels resultats , recevons du moins avec reconnaissance le fruit des meditations par- ticulieres, et encourageons de tous nos efforts les tra- vaux qui tendent a aplanir aux Europeens Tacces des langucs orientales. M. EUious Bocthor, a qui le gou- vernement a confie I'enseignement de I'arabe vulgaire, vient de mettre entre les mains de scs eleves un Ahrege des conjugaisona , ccrit dans la langue meme ct estime chez les orientaux. L'babile professeur a cru devoir ainsi les initier i la connaissance des termes techniques de la grammaire, et les preparer de bonne heurc a la lecture des scoliastes. Le manuscrit, qui a servi a cette publication , a ete ccrit et corrige de sa main; divers endroits memedel'ouvrage laissaientquelque chose a dcsirer , ct M. Bocthor les a completes par des additions judicicuses et puisees dans de bons ecrivains. Quoiquc le titro n'annonce qu'un traitc des conju^Tai- LITTERATIRE. 109 sons, I'auteur arabe n'en a pas molns parlu des autres tleinens de la parole. Seulement Ic veibe , etant la pai lie du discours qu'il importe Ic plus de connaitre, est aussi celle sur laquelle il s'est le plus etendu. i Procedant avec methode et suivant le systeine gramma- lical des Arabes,il a d'abord envisage le discours dans ses trois divisions principales: le nom, le verbe et luparticule. Apres avoir donne les deflnitions de chacune d'clles, indi- que les traits caracteristiques qui les distinguent et jcte an coup d'oeil sur les pronoms en general, il s'arrete surle verbe, objet principal de son ouvrage. Peu de lignes lui suffisent pour en developper le mecanisme et les fonctions: il le divise ensuitc en sept classes connues sous sept de- nominations differentes ; savoir, le verbe sahi ou regulier, le redouble ou sourdj le liamze , I'assiniile , le concave , le naques ou defectueux, le lafif o\i complique. L'auteur donne le paradygme de ces diverses conjugai- sons , signale leurs irregularites, les suit dans toutes leurs inflexions , et termine son ouvrage par des remarques sur les permutations des lettres infirmes. Le style de ce petit traite est en general plus facile que celui du Retab el Tasriph d'Ebn-Mas'oud; il est a la portee de quiconque a deja quelques notions des termes techni- ques ; ces termes, d'ailleurs , sont expliques par l'auteur^ a mesure qu'ils se presentent. Avant de terminer cette analyse, disons un mot du pro- cede lithographique applique aux langues de I'Orient. La beaute de I'ecriture arabe ne consiste pas seulement dans la forme respective de chaque lettre, mais encore dans ses points de contact avec les lettres qu^ I'avoisinent , et c'est en grande partie de cet enchainement reciproque. plus ou moins bien execute , que i"esultent I'clegance et la grace de tout un mot, de toute une ligne , de toutc une 110 LITTliRATDRE. page. Or, cette physionomie de I'ccriture ne peut point passer dans un livre, imprimcavec des caracteres mobiles, coules separement, et dont la forme immuable ne saurait se plier a tous les accidens qui, dans recriture arabe, va- ricnt k I'infini la maniere de grouper les lettres. C'estdonc avoir rendu un service eminent a la calligraphie orienlale que de lui avoir applique le procede lithographique. La lithographic, calquant servilement les traits, peut repro- duire loutes les beautes d'un manuscrit; I'ouvrage que nous annonrons en est unb preuve. Mais, sous ce rapport, nous recommanderons plus par- ticulierement aux orienlalistes un alphabet arabe, que M. Bocthor vient aussi de faire lithographier (i). C'est \k surtout qu'il a deploye toute la grSce et toute la purete dc formes dont I'ecriture arabe est susceptible. Nous croirions manquer ;\ la justice, si nous ne fai- sions pas a M. Engelmann et a M. Demanne jeunc la part d'eloges qu'ils meritent. Ces deux essais leur font honneur et promettent pour I'avenir les resultats les plus importans. Nous ne devons pas desesperer de voir un jour les plus beaux manuscrits orientaux sortir, rajeunis, de leurs presses lithographiques ; un jour peut- etre les EJjtendis etonnes viendront demander a I'Europe des mo- deles dans leur propre calligraphie. Les ouvrages arabes dont ['acquisition a toujours ete si difficile, se trouvant tout-a-coup multiplies et repandus dans les contrees memes du Levant, y ranimeront sans doute le gout des belles-lettres, et les muses de I'Orient devront ce nou- veau bienfait a la France, a cette noble et immortelle France , qui a marche a la tele de toutes les civilisa- (i) Brochure in-4.» dc lO pag., lilliograpliie'e par M. Demanne jfiiiie, — PiiK , C fr. ; cliM. Gonjon , Jilnairc , rnc du Bac , n," 35. LITTlilRATURE. Ill tions, cumule toutcs les gloires, doniie le signal de loutes les decouvertes, hate tous les perfectionnemens, subi tons Ics genres de vicissitudes et de malheurs, et qui, reunis- sant en elle toutes les sortes de grandeur qui fonderent jadis la celebrite de I'Egypte, de la Grece et de Rome, meritera d'etre I'exemple et I'amour du monde. Jh. a.*** «VV%WVWVW\'VW LITTERATURE FRANQAISE- La VIERGE D'ARDUfeNE, tradition gauloise, ou esquisse des mceurs et des usages de la nation j apant Vire chre- tienne^ parmadame Elisa VoIart (i). La Vierge d' Arduene , tel est le titre de Touvrage que nous annoncons, qui est egalement remarquable par le choix du sujet et par la maniere dont il est traite; c'est un cadre heureux, invente avec goftt, et rempli avec talent, pour offrir a nos regards le tableau de nos antiques moeurs. Une juste admiration pour les siecles hero'iques , oii les Grecs et les Romains ont brille , nous a rendus trop indif- ferens sur nos propres antiquites. C'est cependant une mine riche et feconde qui n'attend que quelques genies heureux pour I'exploiter; mais, pendant plusieurs siecles, le sentiment le plus naturel, I'amour de la patrie, etant comprime en France, ou detourne de son but par la ty- rannic feodale et par le pouvoir arbitraire qui lui a suc- cede, on ne pouvait, on n'osait se livrer qu'aux elans d'un (i) Palis, 1820, 1 vol. iu-8.°. Prix, 6 fr. Cliez Biunot-Lablje, i|nni (les Aiiguslins, n. 35 , Br.tr.ille et Roiisquft , Palais-Royal. 112 LITTI^IRATIJRE. patMotisme gicc on romain. La liberte et rcgalite, scm- blablcs pouinoii&aux divinites de la fable, faisaicnt, pour ainsidire, partie d'line mylhologie antique etelrangcrc; mais aujourd'hui leur culte nous estpermis, et nous avons relcvc leuis autels. Dcj;\ nous sentons I'heureuse influence de celte revo- lution sur nos moeurs et sur notre litterature , depuis que le gouverncment et la legislation , cessant d'etre la chose prwiej sont devenus la chose puhliqjie ; I'orgueil national est ressuscite, et I'amour de la patrie arepris sur nous son empire. Ce n'est plus cxclusiA^ement, dans Athenes, dans Sparle et dans Rome, que la jeunesse francaise admire des heros et cherche des modclcs. Tout ce qui est national flatte notre ficrtc, pique notre curiosite, et excite notre interet. Nous voulons savoir ce que nous etions dans tous les tems, dans tous les ages; nous remontons avec res- pect aux sources de notre grandeur, et, comme les Grecs, nous nous plaisons a entourer d'hommages notre heroique berceau. Dejaplusieursecrivains, portant un utile flambeau dans les tent'bres de notre origine , nous avaient prouve que, loin d'etre indignc d'admiration , notre vieille Gaule etait poetique, que ses moeurs simples et Tranches avaient aussi leur heroism e ; que sa mylhologie n'etait pas sans char- mes ; que , nulle part , Ihospitalite ne fut mieux exercee ; qu'aucun autre peuple nc sc montra plus vaillant, et qu'enfin aucune autre nation ne rendit un culte plus delicat a I'amour, et plus noble A I'amitie. Mais jusqu'ici, les savans seuls s'elaient livri-s a res re- cherches, et il fallait un courage quelquefois penible pour les suivre dans leur marche laborieuse. C'etait un champ defriche ; mais il y manquait encore les moissons , les fruits, les fleurs et la verdure. Pour peindre cette Gaule LITTElVATUREl. llS toiil a la fois libro, religieuse el guerrierfi, il fallait une imagination brillante, un pinceau facile , un colons vif et doux, unc palette variee, un esprit delicat, une alliance rare du gout romantique et de la puretc classique, enfin un vif amour de la patrie; car, pour de telles inspirations, c'est la le feu sacre* Une femme , dont I'esprit semble reunir en grande partie toutes ces qualites, madame Elisa Volai't , fait re- vivre avec succes a nos yeux celte Gaule antique , sous le titre de la Vierge d' Arduene , avec des formes aussi nobles qu'elegantes ; il etait naturel que ce fut une femme qui, la premiere , essaySt de peindre avec enthousiasme ce pays oiilesfemmes etaient presque divinisees. L'auteuf, frappe de I'influence que dans tous les terns son sexe exerp a sur nos moeurs , en a cherche I'origine et a cru la trouver fondee sur des principes religieux, eva- nouis dans le vague des siecles, mais conserves jusqu'i nos jours par des traditions populaires. Les Gaulois et les Germains, selon Tacite , attrlhuaieni a leura femmes quelque chose ded win. La reconnaissance et I'amour, con- tinue madame Voiart, rendirent ce culte durable; on vii des bois, des fontaines , consacres partout aux femmes bienfaisantesj aux meres diifiees; leurs conseils etaient des lois, leurs paroles des oracles ; le doux empire des druidesses succeda au pouvoir sanguinaire des Semnothees ; et, long- tems apres que la Gaule cut perdu sa liberty , ces femmes sacrees, retirees dans le sanctuaire des forets, conserverent avec un soin religieux leurs couronnes de chine et leurs serpes d'or. Le genie grave , tendrc el melancolique de la religion chretienne effapa cette sorte d'idolatrie; mais, eclairees par elle, les femmes, en suivant une autre route, reprirenl Tome ix. 8 114 LITTERATLRE. iiard'aulres vertus leur antique .-isceiulant , et cc fut a Clo- tilde que le culte chretien dut sa splcndeur dans la Gaule. La France offrit, pendant un grand nombre d'annees, un etonnant melange des antiques erreurs et des verites nouvellcs : la croyance aux fees , aux etres mysterieux , resista long-tems aux lumieres de la raison, et long-tems les Francais crurent \esforets_, les puits , Its, fontaines , les rochers inaccessibles, habites par les puissances invi- sibles, dont I'amour et la haine semblaient presque egale- ment redoutables. Dans ces jours barbares, ditl'auteur, cette folle croyance aux fees J aux sorciers, remplaga la generation antique du peuple pour les druidesses. Les siecles d'ignorance, siedes marques par le malheur et I'abaissement des femmes, s'ecoulerent avec lenteur; la lumiere parut enfin; avec elle, le culte des Graces rc- prit son empire; plus les moeurs s'amelior^rent, plus le sort des femmes s'adoucit. II semblc que leur prosperite, attachee a celle de la patrie, soit destinee X en marquer les phases successives : de leurs vices ou de leurs vertus dependent le malheur ou la gloirc de leur nation. Lors- qu'on chcrchait a les corrompre, I'etat penchalt sur le bord de Tablme : depuis que des philosophes , amis de la nature , leur apprirent a etre epouses et meres, le respect ^ la veneration les accompagnent , et les homines qui leur doiventla vie, deja dignes d'ellespar lews vertus, illustrent leur patrie et assurent sa prosperite. La fable de cet ouvrage est bien imaginee; I'auteur en place le theatre dans les vieilles Ardennes, long-tems pen connues. Huit si6clc3 apres Tepoque dontmadame /^ow/'i nous trace le tableau , les Ardennes etaicnt encore , sous le regne de Charlemagne, la relraite des solitaires, des LITT^RATURE. 115 hermites, et, pour ainsi dire, la Thiba'ide de la France. Elks renferment encore aujourd'hui des communes iso- lees, qui, au milieu des invasions etrangeres, n'ont jamais ete aperpues par les nombreuses colonnes qui parcouraient la France. Les traditions populaires y conservent toujours les traces des temsmei'veilleux; on y parle encore de latins, defar- fadets. Le voyageur y troure le chene aux miracles , la roclie aux fees , la fontaine aux meres j et de vieilles com- plaintes y rappellent les chants gaulois. Madame Elisa Voiart choisit pour epoque la fin du regne d'Auguste , et ellc suppose I'assemblee des fees pro- tectrices au fond des Ardennes; une tribu gauloise, fuyant dans les forets la tyrannie des Romains , s'y voit attaquee par eux et les repousse; mais ensuite, par le conseil des fees, pour se soustraire a un joug sous lequel il lui serait impossible de ne pas succomber, elle part, et se refugie chez les Sicambres, dans I'espoir de revenir un jour avec cux, sous le nom diC Francs ^ reconquerir son berceau. Theodemir, fils d'un roi Sicamhra, est le heros de cet ouvrage; sa naissancc est long-tems inconnue. II aime la fille de Diciomar , roi de la tribu des Ardennes; ce roimeurt. Hemdalj druide hypocrite et ambitieux, trahit son pays, dans I'espoir d'obtenir la faveur de Rome et d'etre elu strand druide par sa protection. II favoi-ise Famour d'Isnrn , jeune guerrier , fougueux et corrompu ; son desscin est de le placer sur le trone de Diciomar, et de lui donner la main A' Idoine , fille de ce prince; leur parti I'emporte. Les Romains paraissent; mais Theodemir, qui s'est deji rendu celebre en Germanie par sa vail- lance, arrive, combat les Romains, les defait, triomphe 8* 116 LITTERATURE. de son rival, epouse Idoine, et, d'aprisles ordres des fee* protectrices, remm^ne, ainsiquesatribu, dans Ic pays de» Sicambres. La simplicite de cette action dramatique e«t enrichie par un grand nombre de scenes varices, sur lesquelles un style harmonieux , une imagination tantot riante , tantot nielancolique, repandent beaucoup de charmes; c'est une galerie de tableaux qui attachent par la nature de leurs sujets, autant que par la vivacite de leur couleur; les mceurs du pays et du sitcle y sont peintes avec talent et Terite. L'auteur, imitant le -genre des£^^as,des Scandinapes ^ s'elfeve au ton de la poesie , en ornant chacun des livres qui divisent son recit, d'hymnes ou de chants analogues k Taction; par la, I'illusion devient complete, et I'auteur nous fait reellement assister aux ceremonies des Gaulois , ■k leurs fetes, d leurs deuils, a leurs mysteres. Le chantre de Corinne aurait lu avec plaisir le chant du reveil^ ceux du retoiir et de la douleur ; I'hymne Acs f une rallies , celle d'Hercule, et le hardis ou le chant de guerre. Les notes qui suivent chaque livre feraient honneur aun savant , et les lecteurs les plus superGciels y trouveront sans fatigue tout ce qui peut satisfaire leur curiosite. Le style , parfois un peu trop poetique , ferait donner i cet ouvrage le nom de poeme. Le merpeilleiix , con- dition essentielle de ce genre, justifierait meme ce titre , si I'ouvrage n'etait pas ecrit en prose : I'interet du recit le rapproche du roman ; mais cette composition est trop clevee pour un pareil nom. Nous ne lui en donnerons done aucun , et nous dirons seulement avec confiance que la France va voir briller sur son parnasse une nouvelle emule LITTERATLRB. 117 des femmes distinguees dont les talens I'honorent; c'est la ^•ierge dCArduene, qui nous I'annonce. Je suis Gaulois et je crois k ses oracles. Le C.*° de Segur. WWVVVWW%W\« ArtaxeiucE, tragidie en cinq actes et en vers, imitee de Metastase,jDa/- M. Delavilie de Mirmont , yowee a Paris pour la premiere fois, le 25 juillet 1820, au second Tliedtre-'Frangais (1). « Xerxes, rexPersarum. . . . etiam suis contemptui esse ccepit. Quare Artabanus, praefectus ejus, in spem regniad- ductus. . . regiam ingreditur; trucidatoque rege, fiHos ejus dolo aggreditur. Fingit regem a Dario occisum , impellit- que Artaxercem parricidium parricidio vindicare. . . .Dein, re compertu, Artaxerces Artabanumgladiotrajicit. » {Just. Hint. , Liv. in.) Ce recit de Justin, dans lequel on trouve un palais as- siege, un roiassassine, un fils accuse de parricide, envoye & la mort par le jugement de son propre frere; enfin, ce meme frere punissant par un assassinat le veritable meur- trier, devait passer de bonne heure sur la scene moderne , dont les premiers fondateurs recherchaient par dessus tout les intrigues bizarres et les aventures sanglantes ; aussi (l) On a faitprece'der rexamen critique de cette tragedie (qui n'est pas encore livree a rimpressiou ) d'une petite revue des priucipaux ouvrages dramatiques qui out ete fails pre'cedetnment sur le meme sujet; savoir : en i645. Artaxerce, tragedie par MACNOlf. 1682. ^rtaArercCj par BoYER. 1714. Xerxes, par Crebillon. lySo. Arta.xerce , par Metastase. 1766. Arta.xerce, par Lemiere. ;8o8. Arta.xerce, p,»r M. Delribu. m LITTERATURE. n'y eut-il pas moins dc neuf tragedies francalses , dans I'es- pace de deux cents ans,sur la mortde Xerxes, roidePerse; la plupart prirent Ic nom d'Artaxerce, celui des fils du roi qui devint fratricide par erreur. Ce sujet, deDgure par les inventions des poetes qui I'ont mis sur la scene , n'a com- pletement reussi quo depuis Metastase. Avant de parler de lui et de ses imitateurs, nous croyons devoir rappeler les essais malheureux des auteurs qui I'ont precede. C'est en i6'84 que parut, sous les auspices de Magnon, la premiere tragedie A^Artaxerce ; elle fut jouee i Villustre thidtre par Moliere , qui etait un des amis de I'auteur. L'in- trigue de cette piece, nulle deplan, de moeurs etdc style, etait tireedu Couronnementde Darius, drameentroisactes de I'abbedeBoisrobert, tombequelquesannees auparavant. Voici quel en est le sujet : Darius et Ochus, fils d'Artaxerce, aspirent au trone, inoins par ambition que par amour; chacun d'eux voudrait offrir une couronne a Aspasie, petite Grecque intrigante, qui se trouve en Perse , on ne sait trop pourquoi. Tiribaze , ministre du roi, ambitieux forcene, tire un fort bon parti de la rivalite des deux freres, leur fournit des armes et des troupes , et finit par mourir de la main des soldats. Darius epouse Aspasie , et Ochus , rentre dans le devoir, promet de renoncer au trone et k son amour. Dans la piece de I'abbc de Boisrobert, le roi perce son fils d'un coup d'epee; et, quand la mort de Tiribaze decouvre a ce malheureux perc lout le mystere de la conspiration, il se dispose aussi a se tuer ; mais Darius reparait , annonce qu'il n'est point mort , et que , sa blessure etant fort legere , son retablisse- ment sera prochain. Magnon, desesperedu peu de succes de sapiece et degoOte du theatre , publia qu'il allait mettre, en dix volumes , de 20,000 vers chacun, la science uni- vcrselle; il parait que celte nienacc n'eut aucune suite. LITTJfeRATURE. 11» l)es mains de ce poete , Artaxerce passa dans celles de Boyer, le pere de la triste Judith, qui ne fit qu'enjoliver Je Ganevas sur Icquel son predeccsseur ayait travaille. Le roi de Perse, dans sa piece, est un bon homme porte a la Tie pastorale. Epris sur scsVieux jours de ia belle Aspasie, il renonce au trone pour se donner tout entier a ses amours ; mais il trouve un rival dans la personne de son fils Darius qu'il Youlait couronner, et une ingrate dans cette Aspasie k qui il sacrifiait toutes ses grandeurs. Le pere se fache , le fils se revoke, le ministreTiribaze conspire, plonge un poignard dansleseinde Darius et meurt; Aspasie, desolee, prie le roi D'c'tetndie dans son sang ses niallieureux appas. Le roi lui repond : Consolez ma douleur et ue I'augmentez pas. Puis ils s'en vont ensemble al'autel. Deschamps, qui vint aprtsBoyer, setraina servifemeut, avecaussi peu de succes, sur les pas de ses devanciers: le roi de Perse etait peut-etre mort pour jamais, si Crebillon n'eQt paru. Un sujet tel que le meurtre de Xerxes appartenait de droit a ce poete ; il trouvait en abondance, dans les mate- riaux que lui fournissait I'histoire , ces situations terriblcs qu'il recherchait. Mais ce n'etait pas tout ; il fallait dispo- ser ces situations avec art, les Her a une action unique, tracer des caracteres , et mettre les caracteres en rapport avecles faits; enunmot, il fallait rendre le sn)Gi tragique. Magnon et Boyer ne s'etaient point donne tant de souci: travaillant sur une matiere dejii trop compliquee , ils s'e- taient empresses d'y jeter des intrigues secondaires poui' I'embrouiller encore davantage. Crebillon conserva une partie de leur fatras; mais il entreprit d'y joindrc un 120 LITTERATURE. caracteie tragique, celui du Mediant par ambition; sa tra- gedie de Xerxes, jouec en lyi^, n'cut qu'une represen- tation : en revanche, elle fut imprimee au Louvre, aux frais du roi, honneur que n'avaient point eu le Cid, Cinna, niAthulie. L'opinion, bien flxee depuis, etait alors fort partagee sur le merite de cette piece ; la coterie enne- mie de Voltaire la portait aux nues , malgre sa chute, et s'extasiait sur la beiiutedu plan et I'energie du style, pen- dant que Voltaire la trouvait conpue et ecrite, comme les pieces de Cyrmio de Bergerac. Noi|s arrivons a Metastase, qui fut le veritable createur du sujetd'Artaxerce. Le genie de ce grand poete ouvrit una nouvelle carriere dans laquelle les tragiques francais s'em- presserent bientot de le suivre. L'opera A\-Jrtaxerce , joue a Rome en ij30j fut imite successivement par Bursei et Leniiere. Le premier ne fut pas joue, le second obtint quelque succes, malgre la fai- blesse de sa piece. II appartenait a MM. Delrieu et Dela- ville de naturaliser ce sujet sur notre sc6ne. L'Artaxerce de M. Delrieu, joue, en 1808, au Theatre-Franfais, est revu toujours avec plaisir, et celui de M. Delaville, re- presente en 1810 sur les theatres de province, vient d'ob- tenir a Paris de grands temoignages de faveur. Nous nous etions d'abord propose de rendrc un compte particulicr de ces deux dernieres pieces; mais, resserres par les bornes de cet article, nous sommes forces de reu- nir les deux analyses a celle de la piece-mere , et dc les faire marcher ainsi parallelement. Nous ne negligerons point de faire remarquer les changemens introduits , soit dans le plan, soit dans les caracteres; les auteurs francais ont crn devoir etondre en cinq actes un sujet qui n'en a que trois dani- Metastase . et qui n'en comporlc gnere da- van las e. LITTEMTIRi:. 121 Le Iragique italien laisse dans I'oiubic le peisonnage dc Xerxts et les complots qui precedent sa mort. Un vieillard, degrade, cruel envers ses enfans, ingrat envers ses defenseurs, livre aux conseils de scelerats qui le tra- hissent, est un de ces objets qu'il faut, suivant I'expres- sion de Boileau , reculer aux yeux. Les personnages prin- cipaux, Artaban etArbace, sont traces d'unemaniere forte et dramatique. Artaban est un homme d'une ambition ef- I'renee, qui a tout mis sous ses pieds, hors les faiblesses du sang, Idolatre d'un fils que Xerxes persecute , il trouve dans I'amour qu'il a pour ce fils un aliment a son ambi- tion et un obstacle a ses projets. Arbace , aussi vertueux que son pere est criminel , insensible aux illusions de la grandeur, porteau meme degre d'exaltation I'amour filial, I'amitie et la fidelite a son roi : les plus doux liens I'unis- sent a lafamille de Xerxes ; aniiet compagnon d'Artaxerce, depuis son enfance, il aspire a etre I'epoux de Alandane, la sceur de son ami. Nous ne parlerons point de Mega- bise, complice d'Artaban , ni de Semire, fiUe de ce der- nier; ces deux personnages d'opera, fort bien places sans doute dans des quatuor ou des morceaux d'ensemble, sont completement etrangers a I'interet et a la marche de Taction. Les imitateurs de Metastase ont fait justice du role de Semire ; mais ils ont dCi respecter dans Megabise le confident de rigueur. La scene s'ouvre par lesadieuxd'Arbaceetde Mandane. Le jeune guerrier avait reclame pour prix de ses services la main de son amante; mais Xerxes I'a repousse, I'a appele luche, temeraire et le dernier des hommes. Arbace, la rage dans le coeur, part pour I'exil , mais il promet de faire payer cher au tyran ses refus et ses outrages. Mandane parvient a peine & le calmer et le quilte. Artaban parait tout-a-coup, sortant de la chambre du roi. pale, egare, 122 LITTERATURE. UQ glaive sanglant a la main : « Arbace, s'ccric-t-il, mon fils, cache ce sang a tous les regards. — Dieux ! quel est ce sang? — Pars... tu es venge, Xcrxds est tombe sous mes coups. — Ciel! men pore ! qu'cntends-je? — Fils trop cher, c'est pour toi que je suis coupablc. » Arbace prend le fer et s'enfuit. Cette scene, d'un grand effet a la representation, merite certainement le reproche d'invraisemblance dont on I'a taxee si souvent. Pour cviter le meme reproche , M. Delrieu a imagine dc faire assassincr Xerxes avec Tepee suspendue au chevet de la couche royale, et M. Delaville le fait egorger avec son propre poignard. Arbace recon- nait I'instrument de mort , et, par un mouvement de gene- rosite, I'arrache des mains de son p6re. Le sentiment est fort beau sans doute; mais il ne corrige en rien I'lnvrai- semblance de la situation. L'Artaban italien s'est precipito sur Xerxes, I'epee a la main; cette epee est la sienne: laissera-t-il pres de sa victirae ce temoin accusateur? Ef- fraye du crime qu'il vient de commettre , il voudrait que le sang qui souille son epee fut cache a tous les regards. Figlio, nascondi quel sangue ad ogni sguardo ! L'Artaban du tragique francais montre d'abord plus de prudence; mais ensuite il est difficile de comprendre pour- quoi il emporte au milieu du palais le seul indice qui puisse le confondre , et quel besoin il a de s'entretenir avec son fils, le fer sanglant dans la main. Artaxerce arrive sur la scfenc ; Artaban fait lombcr Ic soupfon de son crime sur Darius, second fils de Xerxes, et Artaxerce prononce bien facilement, pour un frere , un arret de mort qu'Arlaban s'empresse d'execuler. C'est un crime lout-a-fait inutile; lespoetesfranpais I'ont epargne a Artaban, etilsont bien fait. Cependant on annoncc que le LITTERATURE. 123 coupable est arrete; mais onne sait point encore son nom. Artaxerce appelle tous ses amis autour de lui ; «Seinire, «Artaban, restez pres de moi; aidez-moi a supporter ma « douleur; » puis oubliant tout-a-coup I'exil d'Arbace : II caro Arbace , Arlabano , dou'e? quest' ,el'aTnore Che mi guidd fino dalla cuna? ei solo M'abbandona cosi? L'assassin desarme , entoure de soldats, arrive sur la scene ; nous emprunterons ici quelqucs passages de la Ira- gedie de M. Delaville. ARBACE. Je suis iDuoceiit. AKTAXERCE. Inuocent ! toi , cruel ! mals ici , tout t'accuse ; Exile par le roi , que faisais-tu dans Suze ? Quel motif t'attirait, la nuit , dans ce palais?. . . . ARBACE. Le ciel conn alt mon innocence ; N'en demaiidez pas plus, c'est toute nia defense. ARTAXERCE. Va, ce calme apparent ne saurait m'abuser. Peut-on d'un crime affreux se laisser accuser , En supporter I'opprobre , et n'etre point coupable .-' ARBACE. Tel est mon sort, seigneur ; le destin qui ni'accable Ordonne le silence a mon coeur abattu : Je deviendrais coupable en prouvant ma vertu. M. Delrieu a deplace cette belle situation, etl'a reportee, dans satragedie, a la scene du jugement d'Arbace; mallieu- reusement, cette transposition lui faitperdre presque tout son effet. Ici , Arbace parait pour la premiere fois sous les in LITTERATURE. yeux de son ami et de sa niaitresse. Que ya-t-il dire? toule sa vertu pourra-t-elle resistor aux premiers assauts de la hontePLe spectateur et les acteurs sont dans I'attente. Plus tard, quand il sera conduit devant le tribunal, Arbace ne fera plus que repeter ce que le spectateur saitdeja; et d'ail- leurs, pourra-t-il etre, aux yeux d' Artaxerce , autre chose que le complice d'un crime qu'il refuse de devoiler? M. Delrieu a fait de grands changemens a la piece ita- lienne. II ne fait arriver la peripetie de la mort de Xerxes qu'autroisiemeactedela tragedie. Les deux premiers actes, qui lui apparliennent en totalite, sont une longue exposition de la situation de la cour. Xerxes ne vientpoiiit sur la scene; mais il est double par une espece de favori .... qui parait pour lui, lorsqu'il en esthesoin. Ce personnage parasite est un grand defaut dans un sujet qui demandait avant tout plus de simplicite, Le premier acte de Metastase forme le troisi^me acte de la piece de M. Delrieu, et les deux premiers actes decelle de M. Delaville. Dans I'espoir de trouver Arbace innocent , Artaxerce charge Artaban de I'interroger. Artaban profite de la con- fiance du roi pour offrir a son fils les moyens de s'evader; Arbace refuse. M. Delrieu a rendu cette scfene a-vec beau- coup de force et de poesie ; nous lui emprunterons le mor- ceau suivant : Artaban. . . . .Mon fils , ecoute-moi ; On tc croit crlminel ; une fausse apparence , Le lenis , le lieu , le fcr, ta fuite, ton silence, Tout t'accuse : Artaxerce est pret a te juger ; On I'apYiellc au conseil : je nepuis y sieger; Si je nie lais , lu meiirs ; si tu paries, ('expire ; Si lu Puis avi'c moi, jc I'cUve a rempirc. LITT^RATURK. 125 Arbace ne sera ni delateur ni complice des atteatals de 3onpfere; il ne veut que inourir. Artaban. 0 trop fatal honneur ! Arbace, O Cruelle conlraiole ! Artaban. Tremble ! Arbace. C'est pouj' vous seul que je connais la ciaintc. Artaban. Je sauverai moii fils ! Arbace. Je sauverai I'e'tat ! Artaban. Je vois ton e'chafaud ! Arbace. Je Tois votre attentat ! Artaban. Au camp I'honneur t'appelle ; ici , ta mort s'apprele ! Artaban veutrentrainer avec lui, Arbace s'ecrie : Soldats! accourez tous, et rendez-moi mes fers. ( a son pere) . On vient!.... Silence!... Arbace est reconduit dans sa prison. Le conseil s'as- semblepour le juger. Artaban accepte la charge terrible de juge: il se leve et condamne son fils. M. Delaville a re- tranche cette scene de sa tragedie , et avec raison. Le spectacle d'un pfere qui condamne son fils est trop terrible : 11 excede trop la commune mesure des ames pour etre jete sans necessite dans I'intrigue d'une pi^ce. Dans Metastase, Mandane en pleurs vientdemaader justice, au nom de son 126 LITTiRATURE- pore, cl rt'clamer la tete de son amant. Le po^lc italicu avail evidcmment en vue la Chimcne de Corneille; il a nieme traduit litteralementquelques versdu tragique fian- fais, tcls que celui-ci : Sipiange di piacer come d^ajfanno, Sire, onpame Je joie ainsi que de tiistesse ! Cependant, a bien considercr les situations, elles sont loin de se ressembler. Rodiigue venge sur le pere de Chi- mene I'outrage fait a sa famille; il obeit a la voix de I'hon- neur. Chimene , comme son amant, est fidele i cet hon- neur qui la lue. Le meurtrier, c'est Rodiigue; on le sait, il I'avoue. Le motif de sa conduite est tel, que Chimene, dans sa douleur , pent encore I'aimer. Mais Arbace n'est que soupconne; il est soupconne d'un crime atroce ; et, lorsque sa vertu balance les indices qui I'accusent, Mandane seule ne doit pas vouloir qu'il soit coupable, ni appeler, sur la tete d'un homme qu'elle aime encore, le supplice des sce- lerats. M. Delrieu a suivi uue marche precisement con- traire, mais qui n'est pas plus vraie. II est faux que Man- dane puisse Ctre I'avocat d'Arbace , avant que celui - ci ait proteste de son innocence. L'estime etramourpeuventfaire de miracles ; mais il est impossible que, dans les premiers dechiremens de la douleur , quand on a sous les yeux le corps sanglantde son pere , onn'acccuse pas celui que tout accuse, et qui tientlepoignard encore fumant. M. Delaville a pris un juste milieu. II peint cette jcune fille incertaine, flottante entre la crainte et I'esperance , Tamour et I'hor- reur , s'efforcant d'arracher a son amant la preuve de son innocence, et selivranl, lorsqu'elle se voit repoussce, aux reproches et au desespoir. Ce second acte de Metastasc forme Ic quatrieme dans la piece dc M. Delrieu, et le troisicmc dans celle de M. De- laville. LITTERATURE. 127 All troisieme acte, la scene represente I'interieur d'lin cachot ; Arbace , cnchaine , deplore son malheur et les crimes de son pere. Artaxerce vient le visiter et briser ses fers; Arbace resiste d'abord aux prieres de son ami; mais il obeit aux ordres de son roi, et consent a partir; cepen- dant, que deviendra-t-il , courbe sous le poids de lahonte , loin de sa patrie et de tout ce qui I'attache au monde ? II compare sa destinee a celle de I'onde, qui, exilee de I'O- cean , murmure et gemit jusqu'a ce qu'elle repose dans son sein. C'estun deces morceauxdepoesiequeVoltaireappelle les ai'iettes sublimes de Metastase. Dans la scene suivante, Artaban, a latete d'une troupe de conjures, vient delivrer son fils; mais ce fils, il ne le trouve plus; sans doute qu'Artaxerce a fait hater son sup- plice; I'ame de ce pere criminel est en proie aux plus af- freux tourmens ; il ne tient plus a la vie que par I'espoir de se venger. Figlio, se piii iion vivi, Mono : nia del mio fate Faio che un re svenato Preceda messagier Ces deux scenes ne se trouvent point dans la piece de M. Delrieu; M. Delaville les a traitees d'une manieredif- ferente, mais touchante et dramatique. Artaban parait le premier dans la prison ; il menace d'egorger Artaxerce , si son fils ne consent pas a le suivre. Arbace lui repond par ces beaux vers : Non , je n'accepte point vos fuuestes services ; Laissez-moi terminer mon destin rigoureux ; Eu expirant pour vous , je mourrai trop heureux. On vous croil innocent : Artaxerce vous aime , Abandomiez Arbace et rentrez en vous-mcme ; Seigneur, pour ramener le bonheur sur vr>s pas , I'lodtez de ma mort, el ne la vengez pas. 128 LITUhUTURE. Jitstitiez du roi la tendre conliancc ; Aidez-le de vos soius , de voire expei'iencc; Reparez vos furcuis par de nobles ellorls ; A force de vertus , dissipez vos remolds ; Oublicz voire Cls .... Nous arrivons au deiiouemenl : Artaxerce se fait con-- ronner roi ; quelques critiques ont trouve la ceremonie un peu prematuree; mais enfin les mages, les satrapes et le peupleentourentle trone;le roi, une coupe a la main, prete le serment d'usage, et va boire la mart, car la coupe a ete empoisonnecpar lessoinsd'Artaban. Tout-a-coup un grand bruit se fait entendre, on annonce que le peuple est sca- le ve et marche contre le palais; les soupcons se dirigent d'abordsur Arbace; mais onvoit arriver le jeune guerrier, vainqueur de la sedition, il depose son epee aux pieds de son roi. II ne lui reste plus qu'a se justiflerdu meurlre de Xerxes. Artaxerce lui propose d'attester son innocence sur la coupe sacree : Arbace s'approche de I'autel ; mais , au moment oix il porte la coupe sur ses levres , Arlaban pousse un cri et s'arrete; tout se decouvre, Artaban et les con- jures vont se precipiter sur le roi; mais Arbace s'ecrie : Baibare , que ce fer tombe de voire main , Ou ce breuvrage affreux va passer daas mon sein. Artaban n'ose avancer; il est saisi paries gardes; mais, en faveur de son fils, on lui fait grace de la vie. Dans la tragedie de M. Delrieu , il prendla coupe etboit le poison; en quoi il ressemble beaucoup a Cleoputre dans Rodogune. M. Delaville le fait mourir d'un coup de poignard, et ter- mine sa piece par ces vers : AaBACE. Mou pere ! Je t'ai donne la mori ; 6 divine colere ! Tout a la fois coupable , innoceiil, avili; Oil me earlier? IipLts ! LITTER ATURE. 129 Artaxerce. Dans le seln d'un ami. En comparant I'arrangement et I'esprit des deux trage- dies francaiscs, on verra qu'une pensee differente a pre- side i la composition de ces ouvrages, M. Delrieu , plus classique que son rival, s'est soumis aux regies que nos poetiques prescrivent rigoureuseinent a latragedie. M. Dc- laville, plus dramalique , a sacrifie quelquefois les prin- cipes a I'interet et a la marche de Taction. En se renfer- niant dans nos regies, M. Delrieu s'est aussi borne aux deux passions qui sont exclusivement en possession de notre scene : I'ambition et I'amour. M. Delavllle a deve- loppe avec plus de complaisance des affections qui jusqu'ici n'y ont pas joue le plus grand role: I'amour filial, I'amitie et I'amour paternel, plus fort que I'ambition , dans le cceur meme du mechant. C'est sur ces peintures que sa poesie et son esprit s'ar- retent de preference. II a peint rheroisme, mais il a voulu que le spectateurfut touche enadmirant; tandis que, dans plusieurs de nos chefs-d'oeuvre, rheroisme nous force a I'admiration sans nous attendrir. Le style de M. Delrieu est en general noble et energique , mais trop inegal. Dans son dialogue vif et serre , le poete affecte la maniere de Corneille, et reussit quelquefois. M. Delaville est toujours elegant et harmonieux; scs vers s'enchainent avec grace et facilite , mais I'extreme egalite deson style y produit un peu de monotonie; du reste , aucune des deux tragedies ne porte son veritable nom. Artaban est le heros de la pre- miere ; Arbace , celui de la secondc : dans I'une et dans I'autre , Artaxerce n'est qu'un personnage accessoire. S. D. Thierry. TosiB IX. III. BULLLETTN BIBLIOGRAPHIOUE. LIVRES ETRANGERS (i). AMfiRIQUE. GUYANE HOLLANDAISE. ' 1. — Judicial, pratical and mercantile Guide, etc. — Guide pour les etrangers , les praticiens et les comnieicans ; traduit en anj^lais da hollandais , de Jean VAN DEa Linden, jurisconsulle , par L. P. Vatt Braam , fils du celebre aniii'al de ce nom , Iraducteur assermenle. — Dt'nieravy, E. J. Heneiy, in-8.° de 5oo pag. Ce sont deux choscs pen communes qu'un livre de cette nature , traduit du hollandais en anglais, et une production typographique dc Demerary. Independamment du merite de I'ouvrage, cette double pavticularite nous commandait d'en faire mention. ASIE. INDES ORIENTALES. 2. — Materia medica of Hindostan ; Madras, printed at the Go- vernment press. — Matiere me'dicale de I'lndostan, et nomenclature des artisans et des agvicultenrs, publie'cs avec permission spe'ciale du gou- vcrnement. Par M. le docteur Ainslie. Madras, i8i5, i vol. in-4. L'ouvrage contient un catalogue detaille ct accompagne' d'un texte explicalif et anecdotique : i" de tous les medicamens introduits en Angleterre, qui sont le prodult de I'lndostan et de I'Asie en geae'ral, avecleurs nomsenlangues tamoul, duklianie , indostanique, telingou, en arabe, persau, Sanskrit et latin; 1° un catalogue d'articles de die'tt'tiq\ie pour le soulagement des malades, qui viennent dc Tamoul , de 1' Arable et de la Perse; 5° un catalogue des objets employes dans les arts et mauufactui'es ; et 4° un autre des productions vege'tales qui servent de uourriture^ avec leurs noms en langues tamoul, dukhanie. (l) Nous indiquerons, par un asterisque (*) place' a cote' du litre de cliaque ouvrage, ccux des livres etrangers ou liaucais qui paraitront digues d'uue attention particuliere , ct dont nous rendrons quelque- fois compte daus la section des analyses. LIVRES ]<:TRANGERS. 131 VeUngoiij en latin et en anglais. L'auteura ajoute, dans un appcndicCj }e nom des maladies, en langues tamoul , diikhanie , telingou et en an- glais, avec une liste assez considerable d'ouvrages de me'decine en langues nialabare, persane, arabe et sanskrite, ainsl qu'un tableau des poids niedicinaux et des diffe'rentes pi'epaiations les plus usite'es parini les Indiens. Ces descriptions ont ete faites dans les diSerens bazars des villes les plus populeuses j I'auteur a ete aide dans ce tra- vail par le reverend docteur Rottler, a qui il a de'die I'ouvrage , et il a tire, en parlie, les notes qui concernent I'emploi des medicamens, d'un ouvrage qui est le plus estime du pays , compose en langue tamoul , par Agasthier. Les me'dicamens inconnus des Europeans , ou qui ne sent pas encore employe's, sont classes a part. Mais I'auteur a surtout therclie a completer le catalogue des alimens, en y ajoutant ceux qui viennent de Guzeratet dcTavencore, ainsi qued'autres con trees e'loi- gnees. Dans les pays ou le regne vege'tal est si riche , et oil la population se nourrit surtout de ve'ge'taux, il y a une grande varie'te d'objets dont une parlie pourrait encore ^tre employee en Europe. Les plantes utiles aux arts et qui servent a la fabrication des diverses etoffes, a donner les belles couleurs que nous admirons et qu'il est si difficile aux Europeensd'imiter, y sont indiquees avec detail. L'auteur a ajoute les noms systematiques des plantes , loutes les fois qu'il I'a pu et qu'il en a trouve quelques notices dans les ouvrages de ses prede'cesseurs : mais la langue du tamoul et celle du talingou, qui sont celles des Indiens les plus savans des provinces du sud de I'lnde, et des bramines des pr.godes de Madura, de Seringliam et deTangor, ne sontpeut-etre pas assez counues. II fallait avoir reside pendant viugt-sept ans dans le pays, et avoir ete place comme M. le docteur Wliitelan Ainslie, qui a e'te premier medecin chirurgien suriutendanl dc I'e'tablissement de Madras, pour donner un travail aussi remarquable, et qui a obtenu nu grand succes dans le pays. M. le docteur Ainslie est le premier qui ait fait du tapioca de Jatro- pha Manihot dans I'Inde : il publia son proce'de' dans le Courrier de Madias, en mars l8l3. Comme cette substance qui nous vient de ''Inde occidentale commence a etre tres-usite'e a Paris, on ne sera peut-etre pas fache de irouver ici la maniere dont il s'y est pris. Le Jatroplia Mauiliot se trouve en grande abondance dans la parlie du sud de rinde ; ou lire la fe'cule de la cacine-fraicbe, coupee en tranches et infust'e daus I'cau fraiche ; on seclic alors ces tranches au soleil et 9* 132 UVRES ETRANGERS. on \e$ reduil eu farine pour I'usage qu'on veut etx talre ; on peut tn I'aire ilu pain ou des biscuits ^ ou I'aiTOser et la f'aire houillir a la vapeur de I'eau. La farine se forme alors en masses visqueuses irregu- lieres, qu'on seche au solcil jusqu'a ce qu'elles deviennenl dures. Oo les casse alors en petits morceaux. Le Jalropba Maniliot est uomme dans la langue tamoul , mara pouillie ; il n'a ni nom Sanskrit, ni nom arabe ou persan , c'est ce qui fait pve'sumer qu'il n'a e'te inlroduit que par les Portugais ; c'est, au reste, la varie'te' appele'e casada douce donton fail usage ; I'espJce ameres'en distingue, en ce qu'elle n'a pas de fleurs , mais une substance tres-ligneuse dans I'interieur de la racine. La I'acine de mara vouillie kaliing est beaucoup en usage cliez les Indiens, el croit aussi a I'ile de Ceylan. Elle est probablement venue de I'lle de France, en 1786 et 87, avec le gouverneur deGraaf ( Voy. Asiatic ann. Register, vol. VII , page 81I. Le docleur Whick nous apprend que la racine est apporte'e conime objet de commerce de Mosambique et de Goa j c'est aux mois de fe'vrier et de mars qu'elle est 111 plus succulente ; et les Indiens la mangent alors comme la pomme de terre. Nous esperons que M. le docteur Ainslie fera re'imprimer son ouvrage en Europe , pour qu'on ait plus de facilite a se le pro- curer. Friedlander, D.-M. EUROPE. ANGLBTERRE. 3 (*'). — Annals of Philosophy ; or, magazine of chemistry , etc. — • Annales de la philosoplue, ou Journal de chimie, de [niineralogie , de me'canique, d'histoire naturelle, d'agriculture et des arts; par Thomas Thomson , de la societe royale , des societes de Londres et d'Edimbourg , professeur de chimie a I'uuiversite royale de Glas- cow , etc. Novembre et decembre 1820. Londres, Baldwin, P.iler- noster-row. Prix : 3 fr. le n°. Ceitelivraison de I'inleressant recueilde M. Thomson contient dix me- nioiressuv des points importans de chimie etdc physique, et, comme dans presque tons les numeros , il y en a deux qui sont de I'lnfatigable vedacteur lui-m^me. lis se rapportent encore au perfcctionnemcnl de la theorie atomislique , these favorite de M. Thomson , et qu'il a lant contribue a repandrc par ses laborituscs espcrienccs, aulaut que par LIVRES ETRANGERS. ISS Ics lumineuK developpemens qu'il lui a doniies daus son journal. On y trouve aussi I'analyse des Transactions de la sociile rqy ale pour 1 820. Premiere parlie ; M. Thomson Be plaint assez amerement de la mai- greur de co volume qui iie conlient, en effet, que sept memoiies sur des sujets de physique et de chimie analytiquc; il crolt decouvrir les causes de cette decadence dans I'afFaiblissenient de la sante du dernier president, le celebre Joseph Bunks. Des tables metfcoi'ologiques tris- detaillees et des nouvelles scientifiques terminent le nuniero. Nous avons distingue dans cette livralson un me'moire qui ne se rapportc peut-etre pas entierement au plan du recueil de M. Thomson, mais qui, par la profondeur des vues qu'il contlent , et I'^legance avec la- quelle elles sont expose'cs, est parfailement bien place daus des annales philosophiques : c'est un travail de M. Carniichael, de la socie'te' royale d'Irlande , sur I'invention de I'ecriture alphahe'tique. Sou hypothese est fort iugeuieuse ; c'est aux besoins de la poebie , a un poete enfia , qu'il fait honneurde cette grande decouverte. Le cahierde decembreest aussi fort inte'resisantj mais nous nous pei- mettrons deux oljservatious ge'nerales tuv le journal de M. Tliomson. 11 nous parait d'abord qu'il contient quelquefois des articles de con- troverse scientifique beaucoup trop virulens ; et en second lieu , qu'on pourrait peut-etre reprocher au redacleur de n'avoir pas assez de tolerance a I'e'gard des chimistes qui balanceut a adraettre, dans toute sa rigueur, la the'orie des proportions definies j theorie qui, loutc gene'rale qu'elle semble, est cepeudant encore expose'e a de fortes objections. C. C. 4 (*). — General indications, which relate to the laws of or- ganic life. By DanielV&iKG , member of the Royal College of Sur- geons of London. — Indications geuerales relatives aux lois de la vie organique. Par Daniel Pring, membre du college royal des chirur- giens de Londres. Londres, 1810, 1 vol. in-S". Nous rendrous compte de cet important ouvrage dans I'un de no» prochains cahiers. 5. — Illustrations of Phrenology , with 17 engravings, by Sir Geo. S. Mackenzie, etc., Edinburgh , printed for Archibald , Constable and comp. 1820, 1 vol. in-S" de 270 pag. Prix : i5 sh. L'auteurde cet ouvrage, avantageusement conuu dans leinondelil- teraire,par son voyage en Irlande pendant I'e'te' de 1810, a dcdie son iiouveau travail a M. le docteur Spurzhcim. Dans un avanl propoi, il 15A LIVRES ETRANGERS. *xpofe coniLieu il desire contribuer a la propagallon d'line science qni lait conuaiue les rapports entre les manifestations de Tauic et de I'esprit, ct I'organisalion ce'rebrale : il vappellc ensuite I'altention de ses Iccteurs, surla dill'erence qu'il y a enlre le niatc'rialisnie et la doctrine qui n'assigne que des instrumens organiques aux inanifestations morales et intellectuellcs. II fait re'nuraeraliou des facultes fondamentales et de leurs organes respectifs , en suivant la classification etablie par M. Spnrzheim. 11 a erne' son ouvrage de planches, pour moDtrevl'ap- plication des principes qu'il professe. Enlre autres figures, il a donoe les portraits de MM. Spurzlieira, du professeur Play fair, du poete Cluichton , de James Vait , de Handel , etc. , en signalant loujours les talcns et les caracteres de ceux qu'il cite, comme preuves de la nou- TcUe doctrine qui se propage cliez les Ecossais, ayec uue rapidite eton- naute. Ces illustrations, a'lnsi qneles Essay son phrenology de M. Geo" Combe , contribueront a propager de plus en plus la pbrc'nologie ou la connalssance des rapports entre le physique et le moral de I'homme. 6. — Historj/ of religious liberty. — Histoire de la liberte rcligieuse ; par Benjamin Brooks. Londres, 1820. Baldwin. 2 vol. in-8°. Prix : 1 louis 4 schellings, cartonne. 7. — Seizieme rapport de la Societe hihlique , britannique el etrangere, comprenant le resume sommaire de ses trat>aux et deceux des socieles bibliques correspondantes , depuis le mois de mars 1819 jusqu'en tnars 1820. Londres, 1820. France. — Le 6 de'cembre 1819, la Societe Liblique de Paris a cclc- bre son premier anniversaire, sous la pre'sidence de M. de Jaucourt. A cette e'poque, 85oo exemplaires des Saintes Ecritures etaient die'ja im- pnmes , et ce nombre ne pouvait suffire aux demaudes que I'on faisail de toutes parts. On a deja forme' plusieurs societe's auxiliaires a Bor- deaux , Moutauban , Toulouse, Moutpellier et dans le de'partemeut des Deux-Sevres. PxYS-BAs. — Du mojs d'avril 1817 jusqu'en arril 1818, la Socie'te biblique hollandaise a distribue 6,o3G Bibles et Testamens , et de 1818 a i8ig plus de g56o ; en tout, 16,596 exemplaires depuis deux ans. On a imprime un Nouveau Testament hcbreu que I'on a cnvoye a Su- rinam, oil les Juifs tc'moigneul le plus vif de'sir de posse'der les Sainles Ecritm-es. Suisse. — ABatle, on a imprime, depuis dix-liuit niois,pIus de C5,oaa LIVRES ETRANGERS. 135 Bibles et Tesiamens. Dans le cautou des GiUons, on impiime uu Nou- veau Testament, en langue lomane. Allemagne. {Jfurtemberg. ) — Depuis retablissement de la Socie'te bibllque de Stuttgard, plus de 55,ooo exeinplaires des SaintesEciituves ont e'te mis en circulation. [Saxe.) — La Socie'te Saxone a distribue l5,ooo Bibles et 6,000 Testamens , et la multiplicite des demaudes I'oblige d'avoir recours a une nouvelle edition. Prusse. — Feudanlle corns del'anneedei'niere,! 3,760 Bibles el il,55o Testamens ont e'te distribue's par Ics diveises Societe's, et cellede Berlin seule a fait circuler, depuis cinq aus, 22^724 Bibles et 8goo Testa- mens allemauds^ polonais, bohemiens et suedois. Dakemarck. — Pres de 20,000 Bibles etTestamens ont ete' impvime's et distribue's par la Socie'te' de Copenhague, et de nouvelles e'ditious sont sous presse. { Holslein .') — La Societe de Slewig-Holstein a mis en circulation 16,000 exemplaires des Saintes Ecritures. Su£de. — La Socie'te biblique suedoise a imprime', depuis quatre ans, 66,700 Bibles et 71,100 Testamens ; eu tout , i37,8oo exemplaires des Saintes Ecritures, dont il8,i4o ont e'te mis en circulation. On im- prime mainteuant une nouvelle edition. RvssiB. — Dansl'espace de six ans, on a forme dans cet empire, outre la Societe' centrale de Saint-Pe'tersbourg, 180 socie'te's auxiliaires; une sommede Xj244,ooo roubles a e'te' produite par des souscriptions volon- laires, et 371,600 exemplaires des Saintes Ecritures ont ete' imprime's, dont plus de 220,000 ont e'te mis en circulation. On a traduit les Livres saints dans toutes les langues et dialectes de I'empire de Russie; en russe , eu esclaron , en moldave , en tatare mongol, en tatare kalmouk , en fiuois, en ostlak , en livonien ^ on esthonien , elc. On a introduit la lecture des Saintes Ecritures dans tous les etablissemens d'instruction publique. Calholiques d' Allemagne.—he professeur Van Ess a , depuis son dernier r.ipport , fait circuler lo6,254 exemplaires de sa version dela Bible; d'oii il re'sulte qu'il a seul, depuis quatre ans, mis en circulation 35o,4l4 exemplaires des Saintes Ecritures dans les etats catholiques de I'Allemague. On aetabli, dans les iles loniennes , une Socie'te' biblique preside'e par le chef du senat. Constaktinople. — On a faitune traduction complete dela Bible en gvec niodernc , et une traduction du Nouvcau Testament en albanien. 13« LIVRES ETRANGERS EoYTTE. — On distrilxie la Bible arabe. On vicnl d'aclietcr une tra- Juclion complete de la Bible en ethiopien. On a deja distiibue quel- ques exemplaires des Psaumes, dans le royaunie d'^6ysjin:e , et le roi a e'crit uue lettre au consul anglais en Egy pte pour lui en dcmander •ncore un plus grand nombre. Calcutta. — On impiime malnlenant une Bible malaise en caracleies aval:es,ainsi qu'un Testament indou , et les Evangllesde saint Mathieu et de saint Jean en bengali , avec la traduction anglaise en regard. Madras. — On imprime dfs Nouveaux Testanienscn tamul, en ma- layalim, en canarien et en teliuga. Colombo. — Dans I'ile de Cejlan, on a public uuc traduction eu ciugalais. Chine et Jafon. — On fail circuler, autaut que possible laiide complete ea chinois. Otahiti. — Dans cette ile et dans les autres lies de la Societe , on a imprime I'Evangile de saint Lug enlangue otaliitieune,et I'onapresque acheve la traduction des autres Evangiles et des Actes des Apotres. On a forme des Societes bibliques a Sumatra , a Amhoine, dans la terre de Diemen , et dans la Nouvelle Galles meridionale. Dans I'Amerique SEPTE]STRioNALE,au Labrador^ on a imprime uu Nouveau Testament dans la lan^ue des Esquimaux. Des Societes scut ^galement etablles dans le Canada , le Noui^eaii- Brunswick, et a Vile de Terre-Neuve. La Societe Americaine des Etats-Unis a e'tabli 207 societe's auxl- liaires, et imprime, depuis quatre aus, plus de l55,5oo exemplaires des Saintes Eciitures, dent 82,2g5 ont etc' distribue's. Elle a iait traduire le Nouveau Testament dans la langue des ludiens de Delaware , qui I'ont recu arec la plus vive reconnaissance. Outre les 82,290 exem- plaires distribues par la Socie'le centrale ame'ricaine , la Societe de Philadelphie en a distribue yg.gSo, et celle de Connecticut 23,ooo. — En tout, i85,24o Bibles etTestamens. A Saint-Domikgue, on a introduit dans les c'colcs la lecture des Livi'es saints. On a forme' des Societe's biljliques a la Barlade , aux iles Bahama, ainsi qu'a Surinam. La sonime produile par les souscriptions aunuelles, les legs ct ventes de Bibles fails ceite anne'c, s'est elevee a g2,738 livrrs ster- ling, ou 2,3i5,325 francs, LIVRES ETRANGERS. iS7 Le nombie de Bibles et Testamens impiinit's a Londies , eu dififc- renles langues, est de 256,885 dans le couis de I'anuee qui vienl de B'e'couler, et de 2,55o,ooo depuis la fondation de la Societe. Les Sainles Ecritures ont ete impiime'es, sous les auspices de la So- ciele, eu 128 langues et dialectes. 8. — The'doctrine and discipline of Divorce. — La doctrine el la regie du divorce en dcuxlivres, suiviesdu Jugement de Martin Bucer sur ce sujet , de Telracliordon et d'uu Abre'ge du Colasterion, par Jean Milton ; reimpiinie'es el publie'es, avecune preface ayantrapport aux. evenemens de I'epoque acluelle • par un jurisconsulte. Londres, 3820. Colburn ; 1 vol. in-S". Prix, 12 schelings. Long-tems avant la reforme, les lois auglaises conceniant le ma- riage n'autorisaient la dissolution de ce lien sacre' qu'en cas de ste- rilite ou d'adullere : aujourd'hui, elles sont encore les memes ; et^ loin de de'sirer des innovations, I'opinion publique les a respcctees, non seulement comme regies de jurisprudence, mais aussl comme se cou- formant aus pre'ceptcs de la religion. Le ce'lebre auleur du Paradis perdu, Milton, essaya de de'montrer_, par des argumens fonde's sur diEfe'rens passages des Sainles Ecritures (mais interpretes dans le sens de son sysleme ), sur les lois des premiers empcreurs chretieus ^ et sur unstatutprojete d'EdouardVI, que la possibilite du divorce ne devait pas etre borne'e aux deus. causes ci-dessus. Regardant un accord et un appui mutuel comme le principal but pour lequel le mariage a ete inslitue', il soulint que tout ce qui pouvait priver les deux e'poux de ce resullat, devait ^ par cela meme, etre considere comme cause le'gale de divorce. Cette doctrine, destructive du bouheur domeslique et de I'ordre social, n'eut que peu de partisans, nialgre le talent et la chaleur avec lesquels Milton les defeudit. II est probable que les circonstances particulieres ou il se trouvail contribuei'ent aussi a decrediter ses argumens. Sa femme, eleve'e dans des habitudes de luxe et d'inde'pendance, ne put se plier a I'humeur sombre de son marina ses gouls retires, et a sa se'vere economic, qui reudaient I'inte'rieur de son menage si peu altrayant. Sous pretexte de faire une visile a sa famille , elle quiita sa maison, etprolongea sou absence pendant plu- sieurs mois : lorsque Milton la somma de revenir, elle eluda cet ordre, et finit par refuser d'y obeir. L'irritatiou que celle conduite causa a Milton lui sugge'ra I'idee d'un divorce, et les obstacles e'leves par I.i loi centre ce projei donnerenl lieu aux ccrils qu'il publia. Le pclit 138 LIVRES ETRANGERS. noniLie de ses proselytes furent nomnie's miltonicns; mais la doctrine et la secto tonibeient Lientot dans I'oubli.L'editeur, qui Icsfaitievivre ai))ouid'luii, pretend y trouver im leniede contie les inconve'niens des canons de I'cglise gallicane, et des codes civils de rAngleterie; incon- veniens auxquels il attribue le debat affligeant et scandaleux des deux e'poux loyaux de la Graude-Brelagne. En un mot, il propose, comme 1 unique moyen de pn'venir les querelles conjugales et tons les maux qui en re'sultent, la dissolution du mariage a la volonte' d'une des par- ties contractaiites. La pre'face ou ces raisonnemens sont de'veloppe's est mal e'critc, et prouve que I'auteur n'a pas plus d'e'rudition que de talent. Malgre les erreurs et les paradoxes qui forment la base du systeine de Milton , il est de'fendu avec tant de force, qu'il acquiert un certaiu degre de vraisemblance. Son ouvrage fut juge' dangereux ; la celebre convocation religieuse , assemble'e a celte c'poque , le censura publi- quement , et en fit pouvsuivre I'auteur. Il e'chappa cependant , et se consola du pen de succes de sa doctrine ^ en publianl deux diatribes fort piquaules contrc ceux qui I'avaient condamne'. 9. — Early Education, or the management of children, considered with a view to their future character. — De la premiere education , ou de la direction des enfaus , relativement a leur caractere futur. Par Miss Appleton. Loudres, 1820, in-S". Chez Whlttaker. L'auteur de ce Tiaite utile, qui en a fall un seniblable sur Te'duca- tion particuliere ( Pwa^e Education, 2" edition. Londres , in-8°), s est propose de guider les parens dans la premiere e'ducalion des enfans. La plupart des instituteurs, tout en faisant senllr dans leurs cents I'importance de la boune direction du pi-emicr age, passent iieanmoins rapidement sur cette partie de la vie , d'ou depend sou- vent le bon ou le mauvais caractere des enfans. .Miss Appleton a pense avec raison que ce ne serait pas une tache inutile , que de compo- ser un Traite pour les meres, a qui seulcs les enfans sont ordinaire- nient confie's dans cet age, et qui n'ont pas toujours refle'chl beau- coup sur I'importance des devoirs qui leur sont imposes sous ce rap- port. Miss Appleton leur a fourni un tres-bon Manuel ; on volt qu'clle a bien observe I'age dont elle s'occupe, et qu'elle a medlte long-tems sur 1 experience que lui ont donne'e ses observations. Son e'crll respire I'amour de I'lionnelete' et de la vertu , et une affection douce ci tendre pour I'enfance; 11 est dlvise en cliapltrcs , dont chaeun poilc une e'pi- LIVRES ETRANGERS. 159 gvaphe lirc'e de la Bible. EUe a consacie un cliapitre a cliaque vevtu en particulier , pour monCier comment les meres ou les premieres institutrices peuvent en inspirer le gout et en donner I'habitude aux enfans. Si toules les instructions conlenues dans ces chapitres ne sont pas neuves, elles ont du moinsle me'rite d'etre utiles et bien expo- se'es. L'auteur termine son e'crit par un examen scrupuleus des livres d'e'ducation qu'on peut raeltre, sans aucun danger et avec succes , eutre les mains des enfans. Pour remplir cette tache en conscience, l'auteur a lu atteutivement a peu pres tout ce que la litterature raoderne anglaise a fourui en livres de ce genre, et n'a admis dans sa Jlet'ue que ceux qui sont reellement a la porte'e des enfans, et que Ton peut leur faire lire en toute surele. Miss Applelon fait observer que cet examen lui a paru d'autant plus necessaire que les journaux. s'occupent rarement des livres ecrits pour le premier age ; ou, s'ils en parlent , c'est en quelques ligncs et d'une maniere qui fait quelquefois soupconner plus de complaisance que de severite. Ceux qui n'ont pas dirige I'enfance ignorent ordinairement com- hien de livres ecrits pour elle ne sont pas a sa porte'e ^ ou lui font plus de tort que de bien. II serait boii qu'uu ami de I'enfance fit une revue des livres fiancais , comme miss Appleton a examine' les livres d'education publies en Anglelerre. DeppiKG. lo. — Ricciarda , tragedia. — Ricciarda , tr.ige'die A'Ugo Foscolo. Londres , 1820, in-8. John Murray , Albermale-street. L'auteur, connu par d'autres productions en prose et en vers,de'die celle-ci a lord JohnRussel. Cette piece, depuisquelque terns, circulait manuscrite en Italic ; elle y avait meme ete' jouee, mais avec peu de suc- ces. Les personuages semblent avoir ce cai'actere d'imprudence ou de ferocite' que le sentiment le plus vif de I'amour ou de la vengeance n'est pas toujours suffisant pour justifier. Mais , -quel que soit le de've- loppement de Faction , on y rencontre des situations tres pathe'tiques, et le style en est si beau, qu'il suffit seul pour que les amateurs de la langue italienne puissent lire celte trage'die avec iuteret. M. Fos- colo est l'auteur d'une autre piece sous le titre d'^jax amoureux, qui est bien plus inte'ressanle que Ricciarda. Le gouvernement du royaume d'ltalie y soupconna des allusions ; la piece fut defendue , et l'auteur exile. Les partisans du gouvernement , non contens de celte perse'cution , voulurent encore exagerer les imperfections de la piece. Malgre' ces censures et ces persecutions, qui ajoulent lAo nvREs Strangers. souvci:t au meiile de I'ccrivain , noui icgaidoiis V. 4Jax comme la trage'Jie la i-'lus lecommandable de M. Foscolo. (Voycz Ref. -Encycl.,T. V'lII,p. 4oi.) 11 — Lochiel,or the field of Culloden. — Loch'ie) , ou le champ de Culloden. Londres , 1820. Longman, 3 vol. : prix, 1 1. i schelling, carlonne. Ce roman est unc bonne imitation des meilleurs ouvvages de I'an- teiir de Waveiley ; la scene est aussi en Ecosse ; les grands eve'nemens nationaux sent lie's a ceux d'une fiction , et ce melange du fauxavec le vrai augmente I'interet, au lieu de le refroidir. La romanesque et desastreuse histoire des Stuarts a encore fourni les inaleriaux de ce nouvel ouvrage. On y retrouve le caractere ecossais dans toutes ses nuances : ruse , aslucieux chez le bas peuple habitant des plaines ; ardent , enthousiasle , courageux jusqu'a la ferocite chez le sauvage uiontagnard qui marche a la tete du clan (1) dont il est le chef. Cependant , la peinture des moeurs ecossaises ne pent etre compa- ree aux charmans tableaux que Walter Scott a traces de son pays natal. Les de'tails manquent souvent de grace , et sont troji niinulieus ; mais en revanche le plan est bien trace', Fintc'r^t soutenu; les ^venemens iout bien amenes , sans secousse et sans confusion. Le traducteur des oeuvres de lord Byron prepare une traduction de ce roman, qui paraitra bientot a Paris. L. S. 12. — u4 Memoir on the origin of printing, etc. — Menioire sur rorigiue de I'iniprimerie , en forme de lettre adresse'e a JeanTopham , par Ralph Willett. Londres, i8ao. Baldwin, 1 vol. in-B". Prix, six schelliugs. i3. — An historical Essay on the origin of printing , etc. — Essai historique sur I'origuie de rimprimerie, traduit du francaisde M. de LA Serna Santander. Londres, 1820. Baldwin, i vol. in-S". Prix, 6 schellings. (1) Clan ou tribu. Les branches les plus eloignees d'une aucieune famille des montagnards d'Ecobse se rallient autoin- du clief de Ja bvanche aine'e , Iiabitent surses terres, ou aux environs de sa proprie'te, marchent a la guerre sous sesordres, s'assembleut au premier signal pou)- le dc'lcndre. Cos clans :,e composenl quelquefois de 7 a 800 in- dividus ; il y en a pliisieurs qui en coniptent jusqu'a mille el au-dela. Cette influence donnait une grande pre'ponderauce aux chefs monta- gnards dans les j^uerres civiles d'£cos$c en favcuv dti prcleiidanl. Au- jourd'hui ces pn'rngallvcs iiont cu panic aljolics. LIVRES J^TRANGERS. Ul i4. — Specimens of gothic architeclure. — Modeles d'arcliitecturego- tliique, recueillis dans plusieuis auciens edifices d'Angleterre ; con- s>istaDt en plans ^ hauteurs, sections, et ge'nei-alement dans toutesles parties de la construction ; ayant pour objet de rendre compte des divers genres et de la construction pratique de cette espece d'architec- ture : le tout accompagne de details historiques et descriptifs. Les de&- sins ont ete fournis par A. PlTGlN , archilecte , et les gvavures par E. TuRRELL.Londres, 1820. J. Taylor , a la librairie d'arcliitecture^ HighHolhorn , Sg. Prix , in-4moyen : L. I., Ch. 6 ; etiu-4 imperial j J. L. 116. On a public beaucoup d'ouvrages sur I'archltecture gothlque ; rnais il en est pen ou Ton trouve des details satlsfaisans pour ce qui regai'dc la construction pratique. Celul que nous anuoncnns est destine a rem- plir relle lacuue. On y trouvera des modeles de la premiere arcliitec- ture d'Angleterre , depuis la dynastie normande jusqu'a la suppression des monasteres, avec un glossaire des anciens mots techniques. L'ou- Trage se coniposera de soixante planches , qui seront publie'es rn trois parties, de yingt chacune. i5. — The Beauties of Mozart , Handel , Pleyel , Haydn , etc. — Beaute's de Mozart , de Handel , de Pleyel , d'Haydn , de Beethoven , de Rossini , et de plusieurs autres compositeurs celcbres, adapte'es aus paroles des psaumes populaires, et des hymncs pour une ou deus voix, avec accompagnement pour le piano-forte, I'orgue, ou la liarpe. Par un professeur deniusique. Londres, 1820. Baldwin, 1 vol. in-4. Prix :il., n schcllings G pence. POLOGNE. 16. — Discours sur Nicolas Copernic, par Jean Sniadecki, re'im- piime a Varsovie, i8i8. In-8 de i54 pages. Ce discours a ete compose en 1802, imprime separe'ment en polc- nais et en francais a Varsovie en i8u3; et plus tard, a Paris, 1820 , in-8. Nous I'avons annonce a cette epoque, (Voy. Rev. Encj^cl., torn. VI, 18". cahier, pag. 5go). Maintenant que I'e'dition polonaise nous est parvenue, nous nous faisons un plaisir de le mentionner de nou- veau. Un second titre est concu en ces termes : Essai d'une reponse a. la question proposiepar la Societe Litteraire de Varsouie. — «Eu p.Tyant iin juste trihut d'eloge a la memoire de Copernic, montrer cc que lui devaicnl les sciences malhematiques, uoniiin'ment I'aslronomie, 1A2 LIVRES ETRANGERS. au siecle ou il veciit; quel parti il a tiie Jes travaiix de ses prc'decc*- seurs ; commeat il en a profile'; dans quelles sources il a puise' ; appre- cier enfin I'iufluence de sa doctrine sur I'e'tat actuel des sciences ea Europe.!) L'auteur, M. Jeau-Bapliste Sniadecki, est un ancieu profes- ceurde matlie'matiques et d'astronomie a I'universite de Cracovie. Son Essai a eteprimilivement e'crit en polonais, ct traduit en francais, sous Tinspection de l'auteur lui-meme , par M. Tegoborski , ci-devant grand secre'taire de Litliuauie, et secre'taire d'etat au de'partement dcs aUaires e'trangeres en Pologne. ALLEMAGNE. 17. — Ilandbuch der neueslen Erdbeschreibung •,-^Mauuel complet de ge'ograpliie , publie' paries soins de Vinstitulion giographique de IP'eimar; par MM. Gaspari , Hassel , Cannabich et Gutsmuths. Weimar, 1820, 8 vol. iu-S". Le liuitieme volume de 974 pages, comprenant la France , vient dc parallre (prix, 1 5 francs }. Les sept volumes pre'ce'dens contiennenti! I'une introduction ge'ne'rale; 1° I'Autriche; 3° la Prusse; 4° et 3° I'AI- lemagne ; 6° la Suisse et I'ltalie ; 7° I'empire britanniquc et Ics lies loniennes.Deusnouveaux volumes,actuellementsouspresse,embrassent I'Espagne , le Portugal , les Pays-Bas , le Danemarck , la Suede et la Norwege. Get ouvrage , que les noms seuls de ses auteurs recom- mandent a I'estime publique , surpasse peut-etre en etendue et en perfection tout ce qui , depuis la pais generale , a paru en Europe dans ce genre. 18. — Einige haupt momente des geivohnlichen cojitradictoris- ehen. — Quelques points essenliels de la procedure contradictoire d'apres I'orgauisation franchise comparee a la proce'dure usite'e en AllemagnCj etc. Munich, i8ig, in-S". Les journaux litteraires de I'Allemagiie analysent un grand nombre d'ecrits sur la legislation francaise; tons les jurisconsultes de ce pays se divisent sur la question de savoir si I'on mainliendra I'iustitu- tion du jury sur la rive gauche du Rhiu , ou elle scmble avoir jete de profoudes racines. Quelques rigorislcs pretendent qu'il faut la detruire sans pitie ; car, ajoutent-ils , elle perpe'tue dans le duche du Rhin I'habitude de franciser (dasfranzosenthurn). Ces rigoristes ont pour auxiliaires les partisans exclusifs des anciennes ide'es, ceux qui, ne voulant point entendre pailer de publicilc dans les debats, se re'voltent a la seule idee que cctle contagion poiirrait passer le Rhin , et chasscr LIVRES ETRANGERS. U3 la Caroline et le secret. L'ouvrage que nous annoncons sera pour ces ulira-germains uu nouveau sujet de scandale. On veut les forcer dans leurs derniers retranchemens. Si I'on en croit I'auteur , au lieu d'ecrire de voluniiueux memoires , on plaidera les proces civils comme on les plaide en Fiance. Seulement on se gardera bien d'admettre toutes ces nulllte's dout le code de proce'dure civile des Francais est he'risse. Les " contestations veibales sont plus courtes et plutot termine'es, que les instructions ecrites. II y aura done molns de juges, moins de conselllers, et presque plus d'employt's de chaucellerie. L'anteur a fait un bon ouvrage, il a frappe juste et fort j mais il a raison de garder I'ano- nyme. Ph. G. 19. — Lucianus num, scriptis suis adjuvare religionem christia- nam voluerit. — Si Lucien a voulu, dans ses e'crits, defendre la religion cluetienne? ParH.C. Eichstadius. lena, 1820. in-4°. Plaisante question ! Ousait que le pape Alexandre VII fit mettre a V index librorum prohibitorum , le Peregrinus et \e Philopatris ; cela u'a pas empe'che M. Kestner de faire ^ en l8ig, une dissertation pour prouver que , loin de se nioquer des chre'tiens , Lucien voulait propager leur croyance. Aujourd'hui un uouveau champion se prc- sente dans I'arene. M, Eiclistadl^ apres avoir arme son nom d'un us, refute, en tres-beau latin, tout ce qu'avait dit M. Kestner ; et voila le pauvre Lucien redevenu pa'ien. Mais qu'etait-il besoin de tout cela? Sansparler du Philopatris, que Ton conteste aLucien, la simple lecture du Peregrinus montre assez combien cet auteur etait eloJgae d'etre chretien. Suidas rapporte qu'a Page de qnatre-vingt-dixans, il fut bien puni de ses sarcasmes, et que les chiens (qui, de puis Je'sabel sont en pos- session de manger les impies ,) I'Dut inipitoyablement de'cbire'. Ph. G. 20. — Das heldenbuch von tran. — Le livre heroique de Tran, extrait du Schah Nameh de Firdussi par J. Goerres , 2.' volume. Berlin , 1820, in. -8°. La France ne connait M. Gcerres que comme un ecrivaln politique qui est venu lui demanderun asile ; I'Allemagne voit encore en lui un savant orientalistej et, dans letems meme oii il occupait nos journaux et etait le sujet de nos conversations , il publiait a Berlin le livre dont nousvenons de transcrire le titre. Les critiques allemands, quirendent corapte de cet ouvrage , regardent ces sortes d'extraits comme tres- comniodes, en ce qu'ilspermcttent a I'auteur de francbir apieds joints les difBcultc's du teste ; il» pre'tendent aussi que, pour Lien entendre Uk LIVRES STRANGERS. le Scliah Nameli , il ue sitffit pas de la connnissance du persan,inais qu'il faut aussi savoir I'arabe ; cufiu , ils accuseut M. Gcerres de iie s'etre point aide d'un assez grand nomhre de manuscrits. Nous remar- quons avec plalsir que, partout ou I'on prononce le nom deM. Silveslie de Sacy, c'est avec une veneration enliere pour son erudilion. En Allenia£;ne comme en France, scs decisions sont des oracles pourles orlentalistes. Ph. G. 21. — Die wahre gegond der drey tagigen Hermanns Schlacht.— Recherches sur la balaille d'Arminius par Guillaume Tappe. Essen , 1820 , in-4°. M. Tappe , arcliitecte a Soest , a fait un travail digne del'attention du public; il a de'termine les diverses positions des legions romaines pendant les Irois jours que dura le funesle combat a la suite duquel elles furent massacre'es avec leur chef Varus. Deja plusieurs ouvrages savans avaient e'te' public's sur cet eve'nement. M. Tappe a plus fait que ses pre'de'cesseurs , il etablit avec beaucoup de clarte' qu'Elsen , a une lieue de Paderborn, est I'ancienne Aliso , ei sa coujccture est confirme'e parja de'couverte d'un castellum remain, quiparait etre celui ou Se- geste soutenait un siege centre Arminius, lorsque Germanicus le vint degager. M. Tappe s'est beaucoup appuye du tfexte de Dion Cassias j il a consulte Sue'tone el Velleius Pateixulus ; niais a-t-il bien fait at- tention a Tacite, lorsqu'il pretend que les tumuli, qui s'e'tendent depuis Elsen par Leppspring Schlangen Doerrenkrug jusqu'a UfFeln, sont les tombeaux des Germains qui ont pe'ri dans Taction. Igitur Romanus, qui aderat exercilus , sextum post cladis annum, trium legionum ossa , nulla noscente alienas reliquias an suorurn hum,o tegeret cmnes utconjunctos ut consanguineos, aucld in hoslem ira, mcesti simul etinfensicondebant. ( Tacit, liv. I , chap. 62 ). II est evident, d'apres cela, que c'est Germanicus qui donna la se'pulture aux Germains, et que le mcesti simul et infensi se rapporte a I'incertitude penible . ou elalt le soldat sur celui auquel ilrendait les derniers devoirs, incer- I titude qui augmentait sa colere, aucld in hoslem ird. Entendre, par ce passage, des liens de parente , entre les Remains eux-m ernes, etait contraire au latin et au ben sens. Quand tons les cousins de Basse-Nor- mandie seraieuttombes dans le combat , il ne pouvait y en avoir assez pour I'arme'e de Germanicus , de manicre que le suorurn de Tacite fut justifie'. Je couviendr.Ti, avec M. Tappe, que, partout oiil'on lenconlre line siirie de tumuli , il est raisonnable de penser qu'ils rappellent une I LIVRES J^TRANGERS. 1A5 grandebataiUe; mais lui-meme avoue que , non loin de la, aux envi- rons de Neuliaus et de Paderboni , on vemarque d'autres tumuli d'o- ligine saxone, que Ton croil du terns des batailles de Charlemagne : quelle diire'rence y a-t-11 entre les uns et lesauLies? Les avuics , les vases , les ossemens qu'on y trouve ne seraient-ils pas absolument les memes ? qu'on nous le disc. Jusque-la je suis do ropinlon de M. de Hammerstein, sclonlequel tous ces monumens sont e'galemenl des tom- beaux saxons. Pn. G. 22. — Frederich Schillsrs hriefe. — Lettres ecrltes par F. Schiller, a M. le baron Heribert de Dalberg , de 1781 a lySS. Carlsrnlie. Ces leltf'es e'taient reslees iuajjcicues dans la succession de M. de Dalberg. MM. de Necker et Walther les reunirent et en firent pre'sent aulyce'e de Carlsruhe.Ecrites dans un terns oule genie de Schiller prenait son essor , elles sont propres a instruire le lecteur des progres que ce grand ti'agique faisalt dans I'art duthe'atre. On le voit, acquerant de plus en plus le sentiment de ses propres forces , s'elever a des concep- tions toujours plus sublimes. Schiller n'etait pas plus al'abri des ca- prices et du mauvais gout des acteurs, que les tragiques francais; 11 se plaint beaucoup de la manlere dont les comedlens de Manhelm out defigure I'une de ses pieces ; surtout 11 accuse la mauvaise huroeur de quelqucs-uns d'eutre eux que la franchise de ses jugemens avait irrite's : tutto il m.ondo e fatto come la nostra ftrnigUa. Ph. G, 23. — Umrisse zur Geschichte , etc. — Esqnisses pour I'histoire de la lit te'rature allemande depuis 1790 jusqu'a l8ig , par Frangois HoRN. Dansun pre'ce'dentouvrage, M. Horn avait parle' dela litte'ralure du dlx-huitleme sieclejcelui que nous annoncons n'en est que la suite. Fichte, Schiller, Lessing, Goethe, les deuxSchlegel etVosssont lesnoms illustres que I'auteur avait acele'brer ; mais on lui repr^che de n'avoir pas su s'e'lever a la hautem* de sou sujet. On trouve trop de presomption et de legerete dans la plupart des jugemens qu'il porte de ses contem- porains ; enfia, on voudralt qu'U conservat un peu plus d'egards en- vers le public , qui , maltraitc par lui, pourrait salsir uue si belle oc- casion d'user de reprcsailles. Ph. G. 24. — Neue Schauspiele von August von Kotzehue. — Comedies nouuellesparAvGusTESEKoTZEBVEjtoxne, 20,21, 22, Leipzig. (Con- tenant Rodolphe et Oltocairc, etc., etc) Tome ix. 10 1A6 LivREs Strangers. Quoique Ton soit ^e'ncralement d'accord siir ce point , que M. de Kotzebue entendait tres-lnen la scene , on convient qii'il s'est raenris en y faisant paraitre Rodolphe de Hashourg et Ottocaire. Cette tra- gediene serait que de I'histoire vime'e , si las amours d'AlbrecIit, fils de Rodolphe, et d' Agnes , fille d'Ottocaire, ne mettaientuneespece d'in- te'rfit a la place de celui qu'on aurait droit d'altendrc, Rodolphe dc Hasbourg livre unc bataille a Otlocaire, precise'ment sous les nuirs du convent oucclui-cl a place' sa fille; Rodolphe est blesse.et s'etablit dans le convent : Ottocaire est tue tout aupres du cimetiere. Imme'dia- temenl apres qu'on a fait le recit de sa niort ^ un raccommodement et un mariage terminent la piece, a la satisfaction des finrviv.ins, mais an grand de'plaisirdes spectateurs et des lecteurs. Ce sont la, disent les critiques allemands , de veritables saW mo r tali , qu'il u'appartenail qn'an seul Kotzebue do hasarder. Le style de cette piece est entache de nonibreuses incorrections ; les lois de la mesure y sont souvent en- freintes , defauts assez ordinaires dans les ouvrages de M. de Kotzebue. Apres cette piece, vient une comedie dout le titre est : p^engeance de la haine el de Vamour : les roles principaux sont remplis par des malfaiteurs dont les atroces mechanceles sont pour le lecteur un sujet continuel de degout. L'action principale n'est pas meme suflisamment motivee, et les invraisemblances sont poussees jusqu'a I'absurde; en revanche , il y a tine grande abondance de coups dc the'atre. M. de Kot- zebue savait a quel parterre il avait a faire. Tjg tome 21 rcnfcrnie trois pieces ; pour celles-la, elles sont au-dessous de la critique. On se de- mande si I'age avait totalement desseche la veine poe'tique de M. de Kotzebue, ou s'il se croyait tellement siir dc son public, qu'il ne craignit pas de lui pre'seuter d'aussi plates productions; tout le pres- tige de la scene ne parviendrait pas a les rendre supportables ; on n'y remarque pas meme une etincelle de cet esprit dont les saillies e'taient si familieres a I'anteur. Le tome 22 continue cette progression de- croissante du talent de M. de Kotzebue ; s'il parait encore un volume de cette collection et qu'il soit autant au-dessous du 22*' que celui-ci est lui meme au-dessous da ceux qui I'ont prece'dc , ce sera vraiment une difficulle' vaincue. Pn. Gs. 25. — Hermes , etc. — Hermes , ou Anuales de la litterature, anne'e 1820, tome III, Leipzig, Brockhaus, in-8°. Parmi les divers articles dout se compose ce nouveau volume de I'excellente Revue litteraireallemande dont nousavons deja parlepln- sieun fois , on en remarque un iur I'abiit que Ton a fait en Allcniagno LivREs Strangers. w} dn niol lomantlque , et sur la signification vague qu'on y a attache'e • et im article cviiique suv lesDocu/nens de I'histoire du goupememem de la Hollande (altiibue's a Louis Bonaparte). L'c'dileiir de VHermea, qui a eu un e'tablissemeut de librairie a Amsterdam sous le regne de Louis Bonaparte, a accompagne cet article de notes curieuses , con- tenant beaucoup d'anecdotes, d'e'claircissemenset de rectifications. Ces notes prouvent que la me'moire a quelquefois trompd I'auteur des Documena , on qu'il n'a pas e'te toujours inforrae', dans son palais, d« I'e'tat des cboses qui se passaient au-deliors. D. 26 — Jenaische allgemeine literatur zeitung. —Journal general de litte'ratured'Ie'na, septenabre , 1820. Dans un pays qu'on regarde comma tres-civilise , ou la presse en- fante journellement beaucoup d'e'crits, il en est dont les journalistes ne rendent jamais aucun compte ; et meme I'annonce d'un livre , par I'insertion seulement du litre dans lems feuiUes, est une faveur qu'ils ne prodiguent pas. Si cepeudant la bienveillance s'e'tend jusqu'a rendre compte d'un livre , au lieu d'une bonne analyse qui en fasse ressortir les beaute's et les de'fauts , commune'ment on se borne a quelques ex- traits ; et, comme on juge I'auteur plutot que son ouvrage , I'ouvrage fut-il detestable, est declare excellent, si I'auteur tieut au parti po- litique du le'dacteur. Dans le cas contraire, le jugement est inverse; ce pays s'appelle , je crois , la Fiance. 11 n'en est pas de meme dans cette savante Allemagne. Quoique les homines y soient, comme ailleurs, susceptibles de passions , les journaux litte'raires en ge'ne'ial sont re'- dige's avec impartialite, et les recensions ou comptes rendus sont des moiceaux ou regne une saine et judicieuse critique. Tels sont ceux d'le'na, Halle, Heidelberg, Leipzig, Gottingen , etc. Le cahier du journal d'le'ua que nous aunnoncons est, comme les pve'ce'dens, rempli d'articles inte'ressans sur les diverses branches des connais- sanccs bumaines. SUISSE. ij.—Obseri'aiions pratiques , relativement a I'amelioraiion des Urres dans le canton de Lucerne , particulievement sous le rapport des engrais, a I'usage du peuple des campagnes. Lucerne. Ignace Thiiiing , in-8." ( en allemaud ). ■i&.—Beschreilung und Abhildung der E^er und Kuenstlichen Ne&ier der Voegel , etc. — Description des oeufs et des uids artifi- i;iels des oiseaux qui couTeut en Suisse, en Allemagne, et dans les 10 * IAS LIVRES ETRANGERS. |)n\s septeiitiionanx adjacens, avec figures coloric'es, par H.R. ScniKz_, D.-M. , Zurich , 1820, 1 vol. in-4", Orell, Fiissli et coinp. Nous avons deja rendu compte de la premiere livraison dc ce recueil ( Voy. tome III, page 6i4), qui parul en 1818. La scconde fut publie'e I'annee suivante. Ce rapprocliement donue unc idee de la lentem- avec laquelle il s'ext'cute. II fait peu de progres quant an lexte, dont une seule demi-feuille est jointe au troisieme cahief qui vient de paraitre ; mais les gravures qui I'accompagnent sont encoi'e supcrieures a celles des piecedentes livraisons. Les trois planches qui representent les oiseaux, les nids et les oeufs du Sylvia troglodytes, du S. Luscinia , et Ju S. Orphea, ont ete tres-biea gravees et colorie'es d'apres les excellens dessins de Hartmann. Dans les trois autres planches sont dessine's , avec une egale perfection , les ceufs de douze espfeces differentes d'oiseaux aquatiques , oeufs dont la majeure partie surpasse en grosseur ceux que nous venons de mentionner. ag. — Classical excursion from Rome to Arpino. — Excursion clas- sique de Rome a Arpino, par Charles Kelsall. Geneve, 1810, I vol. in-S.", 254 pages, fig. Prix 12 schelling , Mauget et Cher- buliez. On trouve a la fois , dans cet ouvrage, de Terudition , de I'esprit, et des pense'es neuves. L'auteur est un adtulrateur ciitUousiaste de Ciccron qu'il cite souvent, ainsi que la plupart des auteurs latins. II visite Rome moderne et ses environs, en y clierchant les sou- venirs de sa grandeur passee. Tantot il mele a son rccit des rc- marques sur les moeui'S actuelles de I'ltaliCj el diffe'rentes episodes ; tantot il s'enfonce dans la nuit des terns , et rend aux mines leur antique spleudeur. Sa premiere visite hors de Rome est pour la campagne d'Horace. D'apres ses reflexions sur ce pocte, on pourra se former une idee de son style : « de tons les poetes latins, Horace est certainement le plus original ; et la mclUeure preuve qu'ou en puisse donuer , est I'impossibilite ou se Irouvent ncis auteurs de I'imiter avec succes. Quelques-uus d'eux ont approclie de la majeste' har- monieuse de Virgile, de la prose reientissante de Lucain , de la dignite' philosophique de Lucrece , de I'ironique cuergie de Juvenal^ de la tendresse elegiaque de Tibulle et de Properce, et des inspi- rations c'rotiques d'Ovide : mais Horace , surtout dans ses satires et dans ses c'pltres, s'est toujours derobd aux plus savans imitateurs. LIVRES ETRANGERS. 149 Pope el Boileau e'choucieul egalenient dans leurs eFForts pour le fahe connaitre a I'Angleterre et a la France. » On pourrait reproclier a M. JCelsall trop de rapidite et de concision dans le recit de son voyage. Les de'tails y sont trop abre'ges, ou, pour mieux dire, il n'y en a point. Exemple : « Subiaco , remarquable anciennement par la villa de Ne'rou, n'est aiijourd'hui qu'une ville modern e , mieux. batie que Tivoli, et commande'e par un vaste chateau feodal. Saint Be- nedictj fotidateurd'uu des ordres les plus hospitaliers et les plus utiles^ s'y retira. On montre encore pres de la ville la caverne oil le saint faisait sps oraisons. C'est .1 Subiaco que s'etablirent les premieres imprimeries de I'ltalie ; et, selon Tuaboschi , les ceuvres de Lactante et VOrateur de Ciceron, furent les premieres productions qui sor- tirent de la presse d'un monastere fonde a Subiaco. Un moine de la famille Altleri a dernieremcnt decouvert sous terre plusieurs appar- tcmens de la villa de Neron. 3o. — Rapport fait a la societe pour V avancement de I'ins- tructton religieuse de la jeunesse , sur les deux e'coles laucastrieunes etablies par cette societe. Geneve, 1820, Paschoudj et Paris^ r. de Seine, n". 48. La socletc genevoise, pour I'instruction , date de 1756; dans les derniers tems , elle a fonde' les deux seules ecoles lancastriennes qui existent a Geneve , une pour les garcons et une pour les filles. La pre- miere avail, a la fin de I'anne'e scolaire, i44 enfans, el laseconde 76.' 3i. — Glossaire genecois, ou Recueil eiymologique des termes dont se compose le dialecte de Geneve , etc. ( Par M. Gaudy. ) Geneve , 1820, in-8.°. L''auleura, dit-il, travaille' surtout pour ses compatriotes : mais il trouvera ailleurs qu'a Geneve des lecLeurs qui sauront I'appre'cier. En relevant les fautes de £;rammaire et de prouoncialion que com- metteut liabituellcraent les Gene'vois, il deviendra plus d'uue fois utile a bien des Fraurais. Quand il signale les mots que les Ge- ne'vois iotroduisent sans scrupule dans uotre langue, et do at plu- sieurs appartiennent encore aux patois de quelques provinces , il nous rappelle que les e'crlvains qui , au seizleme siecle , commen- eerent.T polir I'idiome encore brut de leurs devanciers , Rabelais , Amyolj Montaigne, employaient aussi ces mots ou d'autres sem- blables que I'usage a depuis repousse's. L'aspect des variations d'une langue n'est pas sans instruction pour les gens de gout; iU ainicnfe 150 LivRES Strangers. a examiner si ce que nous avons acquis a toujours egale ce que nous arons perdu , et si , parnii ces locutions , ces mots exile's de la France litte'raire ^ il n'en est pas auxqiiels on pouirait, en Ics re- levant de leur de'cbe'ance, appliquer la pre'diction d'Hovace : Malta renascentur quce jam cecidere vocahula Les liommes enfin qui , dans le langage, voient ua des plus nobles atiiibuts de I'etre rai- sonnable , un des plus dlgoes d'occuper nos meditations, recueil- leront sans doute avec recoonaissauce ce nouvel essai dans un genre instruclif, maispea encourage. On ne connait I'espfece que parl'obser- vation des individus; sans I'elude des dialectes , des idiomca locaux et nieme des patois , on n'eciiva que des romans sur I'hisloire d'une langue , et , a plus forte raison , sur I'histoire ge'ue'rale du langage. E. S. ITAIIE. 32. — Sulla cancrena contagiosa 6 nojocomiale. — Sur le cancer contagieux ou nosocomial, Traite du docteur Alessandro Riberi. Turin, 1820, Angelo Morano. Personne n'avait encore traite en Italia ce sujet important avec tout I'interet qu'il merite; I'auteur y joint c uelques remarques sur une e'rtsypele contagieuse, qu'on doit regarder comme une des plus singulieres que I'oa connaisse jusqu'a pre'sent dans I'bistoire de la medecine. 33. — Storia delta filosofia greca, etc. — Histoire de la philosophic grecque , par le docteur Defendente Sa.cchi. Pavie , 1818-1820, in-12. Chez Giovanni _Tori. Cet ouvrage , que nous avons annonce ailleurs , est parvenu a son 4° vol. Dans le 1"' vol., I'auteur parle des secies ionienue et pytha- goricienne. Le second vol. comprend la secte italique ; le 5' I'elea- lique ; ct le 4' la secte d'Heraclite et la secte des sophistes. L'auteur expose I'esprit el le caractere de ces e'coles et de leurs partisans les plus celebres , avec clarte et avec erudition. 54. — Dell' economia delta specie umana, etc. — De I'e'couomie de I'espece humaine, par j4diodato Ressi, professeur de I'universite' de •Pavie. Vol. Ill el IV. Pavie, Bizzonni, 1819; et chez Carlo Brizzolara, librairc a Milan. Le nom du savant professeur Ressi n'est pas inconnu a noire Revue, qui souvent en a fait mention. L'cs])tcehuniaine, parlagc'c par nations, •"St le iujel ijue I'auleiiv tr.iile dans la ?>' p.irlie de son ouvrage. 11 LIVRES ETRANGERS. 151 expose avec assez de clarte el de precibion les theories de Quesnai , d'A. Smith , de Steward , de G. B. Ortes , de Gioja. II examine tout ce qui concerne la population , les subsistances , la vie , la generation , la richesse, le travail, I'argeut , etc. On y Irouve les opinions des plus illustres economistes , rapportees et appreciees , comme celles de Mal- thus , d'Herrenschwaud , de Lauderdale , de Sismondi , de Lichtens- tein, etc. 35. — Pregettod'un nuovo piano di studi, etc. — Projet d'unnou- veau plan d'e'tudes pour un colle'ge , suivi d'une methode de trailer les sciences , ct de I'exposilion de la faculte de penser et de s'^xprimer, etc. Palerme , 1820, Lorenzo Dato, in- 8". Get opuscule ne comprend que 82 pages , et il nous seuible tvop petit pour trailer a fond le sujet annonce par le litre. II est bon cependant de remarquer que rautein- est verse dans les theories des ideologues modernes, et qu'ilserend tres-ulile en appliquant ces theories a I'ensel- gnement pratique dont il s'est priucipalement occupe. 36. — Simonedi Nantua,osia il mercante di campagna, etc. Milan, 1819. Cetouvrage deM.deJussieu, destine a enseignerlesmaximes de mo- rale les plus necessaires auxpersonnes de toute condition , et qui rem- porla le prix de la socie'le d'instruction elementaire de Paris , a etc traduit en italien par Francesco Coutarini, et public par le marquis d^ Bre.Tie. Ce personnage, vraiment noble, s'est distingue toujours par £on amour du bien public , et pour avoir contribue a ameliorer les hommes et leurs moyens d'industrie. II a destine' I'ouvrage que nous annon- cons a servir de prix aux eleves de son ecole , etablie a ses frais et sous sa direction, a Sartriana. 37. — Osserpazioni sulla revoluzione di Napoli, etc.— Observations sur la revolution de Naples , par le due de Ventignj* vo. Naples, 1820. Chez Louis Nobile. Nousavionsindique ailleurs eel opuscule, remarquable etpar sou ele- gance et parsonpatriotisme; aujourd'hui que nous en connaissonsl'au- teur, il est bon d'observer,ausujetde son nom, que la noblesse napolilaine atoujours e'te favorablealalibertedesonpays^ ce quiprouvequela revo- lution de Naples n'est pas I'ouvrage d'unefaction, mais delavoloute de loutes les classes. Leducde Ventignano , deja connu avantageusement par des productions d'uu genre different , consacrc cette fois sa plume a la situation politique dp sa patrie. II donne un Abre'ge de I'his- 152 LIVRES ETRANGERS. toire dcs derniers teiiis de Naples, fail avec Leaucoiip de precision et de juslesse. II paile de rinfluence politique et militaiie que la Fiance a exeixe'e surl'esprit dcs Napolitains j il en de'termine le developpenicnt et les re'sultats, et conclut, en disant qu'il etait impossible d'arreterune action ou la volonte dela nation se trouvait combinee avec sa force. II recommande ensuite a ses concitoyens cet esprit de mode'ration et de Concorde , qui seiil peut acliever la re'forme si lieureusemenl en- treprise. Quelques personnes n'ont pas adopte toules scs opinions; laais tons out reconnu et lionore' la purele et la noblesse des intentions de 1 auteur. C'est unc uouvelle preuve que les NnpolitaioG Jounenl, dc cet esprit de franchise et de tolerance qui, dans leur position, est si nccessaire pour discuter leurs plus chers inte'rets, et pour reconnaitre ce qui convieut le niieux a leurs besoins. 38. — Famiglie celebri Ilaliane. — Des families cclebres de I'J talie , par le comle Fompeo hnrA. Seconde livraison. Milan, 1S20, chea Paolo-Emilio Giusti. L'auteur de cette belle et patriotique entreprise expose I'origine , les progres, rillustration des families italiennes les plus remarquables. 11 sert en meme tems et la gloire de son pays, etplus encore Javerite qui sera utile a ses conteniporaius. Erudition, critique^ zele, ilemploietout ce qui peuttourner a la gloire et a Tavantagedes Italians. Les families dont parle notre auleur dans cette livraison , sont celles dcs Ecelini, ct des Sanfilali. Son style est ordinairemeut rapide et pitto- lesque; souvent il explique dcs me'dailles pour venir a I'appul de scs rccberciies. II rapporte plusieurs anecdotes et diverses circonstancesqui n etaient pas encore bien connues oubienconstate'es.Quoique I'inteulion principale de l'auteur soit de relever I'illustration de ces families nobles, il ne manque pas d'indiqiicr, avec la plus graude impartialite, les vices ct les crimes de leurs grands liommes. 39- — Degli uomini illustri d'Urbino, etc. — Des liommcs illus- tres d'Urbin. Urbin , l8ig. Vincenzo Guerrini. Urbin est la patrie du grand Raphael , et ce seul titre serait sufli- sant pour faire la gloire de cette ville; mais ellc comple aussi, parmi un nombre tres- grand de pliilosophes, de litterateurs et d'artistcs auxquels elle a donne le jour, Guidobaldo, Comniandino, Baldi , Barocci, BrabantCj etc. Ces noms, plus ou nioins cclebres , doivent prevenir le public en faveur dc cette liistoire littt'rairc, qui raconte leurs me'rites , Lien que I'auieur, commc il arrive trop souvent. dauj LIVRES ETRANGERS. 153 ce genre d'ouvrage , se laisse entrainer par cet esprit de patriolisme local , plus fait pour celebrer les hommes que pour les juger. 4o. — Vila e commercio letteraria di Galileo Galilei , etc. — Vie et correspondance litleraire de Galilee, etc., par Gio-Batlista Cle- mente de Neili, etc. Lausanne, {Florence), 1795, 2 vol. in-4° , cliex Fugi , Stella et compag. , a Milan. Cet ouvrage, quoique imprime des lygS , n'a etc publie qu'eu 1820. L'auteur y raconle I'histoire des etudes, des decouveitas,, des eciils, des relations, des voyages , des querelles, des mallieurs et des ecoles de ce grand philosophe. L'ouvrage est termine par les eloges les plus remarquables qu'on a donne's a sa memoire, et par les me'dailles, inscriptions, portraits, elc. , qu'on lui a consacres. 4i. — Tassortea , poeme de D. S. Oliva. Naples, 1820, cliez Luigi Nobile. Ce poeme a e'te compose a I'occasion de I'anniversaire de la nais- sauce du Tasse , commc I'indique son titre. U est divise en quatre chants, et e'crit en oltapa rima. Le poele s'entretieut , sur le Par- nasse , avec Danle et le Tasse , de la grandeur ct de la gloire a venir du roj'aume de Naples. Quel que soit le succes de I'entreprise , les vues de l'auteur raeritevaient sans doute d'etre suivies par tous ceux qui cultivent les Muses. 42. — Tragedie , elc. — Trage'dies de Francesco RuFFA. Llvourne, iSig. Glamo Mas!, 2 vol. Ces trage'dies sont au nombre de six : Thiramene , ^gare , les Eelides, Codrus , Ninias, la Mart d'Achille. Elles oBient beau- coup d'imperfections , et quant a Taction ^ et quant aux caracteres , maissurlout quant au style. Malgre' ces de'fauts trop fre'quens, le jeune auteur , qui n'a pas plus de vlngt-cinq ans, moutie assez d' esprit et de verve pour qu'on doive concevoir d'heureux presages de ses progres, s'il contiuue a travailler suivant les pvincipes de I'art et du gout. Nous n'aurous garde de lui refuser des eloges bien me'rites , pour s'etre lance dans une carriere utile et glorleuse pour I'ltalie , et que ses eorivaius devraient suivre avec plus d'iuteret et d'intel- ligence. S. ESPAGNE. 45. — Memoria quepresenlo a las Cortes, e/c— Memoire pre'senie' a rassemblee nationale des cortes d'Espagnc , par dom Pierre Afarici y Ortiz, depute de la province de Valence, conceruant les terrcs ibU LIVRES ETRANGERS. que Jes Mainesqiies , c'est-a-dire les Chretiens desccndaiis tics Mauiti , avaicut ijossiide'es dans la province de Valeucc. l vol. in-8°. Madrid, 1820, Gore'a. L'nuteur pretend t'tablir que les Espagnols cliretiens qui s'erapa- rerent des terres posse'de'es paries MaiiresqufS, cxpulse's du roj'aume d'Espagne en 1609, n'ont pas uu titve legitime pour en relenir la possession, moins encore la propriete ; et que meme, dans le cas qu'ds I'auraient eu dans le commencement, il faut faire a present une estiroallon nouvelle du Lail emphyte'otique que les colons, ou locataires perpe'tuels, doivent payer. Pour Lien coniprendrc I'impor- tance de ce memoire, il est bon de savoir que les seigneurs des vil- lages ou les Mauresques habilaient, s'opposerent, dans le'tems, a leur expulsion , en exposant qu'elle leur ferait perdre une tres-graude partie de leurs rentes, parce que les Maui'esques cultivaient leurs terres , et qu'il n'y resterait pas des hommes suffisamment pour la culture. C'est alors que le roi leur accorda la propriete des terres qui sevaient abandonnees par les Mauresques. Si done , a present , Ion declare que la propriete appartenait a I'Etat et non aux sei- gneurs des villages, la nation aurait beaucoup de biens-f'onds a vendrc pour payer sa detle publique. 2- — Represenlacion que en 181 g dirigieron al rey parios pue- blos, etc. — Memoire prt'sente an roi en 1819 par quelques villes, bourgs et villages de la province de Valladolid , pour I'achevement des ca- naux de Castille et des Campos. 1 vol in-8°. Madrid^ 1820, chei Matute. Les habitans de la province de Valladolid oifraient de coutinuer et de teiminer, a leurs frais , deux canaux dont I'utilite pour I'ar- rosement des terres et pour le transport de leurs fruits serait incal- culable. II y a tres-long-tems que ces deux canaux sont comme'jce's, et que nc'anmoins on a cesse d'y travaiUer par suite des evenemens politiques. 3. — Discurso politico , etc. — Me'ditations politiques sur Icsmoyens de multiplier proniptement et facilement, eu Espagne , le nombre des habitaus, les vertus civiles , les richesses et la marine. Madrid, 1820, in-8", cliez Viana. Le sujet est d'une importance si grande, qu'il faut applaudir k I'in- lention de I'auteur , quand meme I'ecrit ne serait point parfail, parce qu'au moins il excitera le zele d'autres Espagnols adonne's a I'etude dc I'economie politique , pour appliquer a la pe'ninsule 'es prineipcs LIVRES ^.TRANGERS. 155 demontres par M. Say et par d'aulies savaiis francais modenies : car I'Espagiie abonde en ouvrages coriceinaiit I'economie politique , composes sous les regnes de Pliilippe III ct de Philippe IV, mais d'apres des principes qui ne sont pas applicables a a eysleme cons- titutioDuel et a I'e'tat des lumieres du jour. J. -A. Llorents. 44. — Conseios que dirige a las cortes , y al pueblo espanol , Jeremias Bentham, traducidos de liiigles,por Jose-Joaquim de Mora. — Conseils qu'adiesse aux cortes et au peuple espagnol Jeremie Ben- THAM, traduit de I'anglais par J.-J. de Mora. Madrid, 1B20, m-12 de igp., Pie'pulle's. Le nom de I'auteur et celui du traducteuv , redacteur du Consti- tulionnel de Madrid, et Tun des hommes les plus populaires de cette capitale , sont fails pour fixer rattention. ROYAUME DES PAYS-BAS. 45. — Chris telyh magazyn, etc. — Magasin chretien , ou Recueil de pieces tendantes a la propagation des connaissances et des vertiis evangeliques , selon les besoins de notre terns, t. IV, parlie 4. — Nieuw christeJyk magazyn, — Nouveau magasin chretien , etc 1'' et 2'-' parties, Amsterdam, Van Djk, 1820, in-8°. Le premier de ces ouvrages comp'ete le Recueil commence par feu M. Beets, pasleur anabaptisle a Zaan,damj en nord-HoUande. Le deuxieme en est la continuation sous le uom d'une societe de pasteurs protestans. Celte publication merite d'etre encouragee ; uu peu plus de se've'rite dans le choix, et un peu moins de traduction y ieraient de'sirables. Le deuxieme cahier du nouveau Magasin est a I'abri de notre dernier reproche. — iQ.Bispulatio de Tnyslicismo, auctore E. A-BoncBK. — Tjaitesur le myslicisme; par E. A. Borger. La Haye ; veuve Allart , 1820, iu-S". 327 p. ■ La direction de la branche theologique de la tondation Teyle- riennc , a Harlem , ayant fait du mysticisme philosophique, dont la vogue n'est peut-etre deja plus la meme en Allemagne , le sujet d'un de ses programmes , a recommande a ceux qui se pre'senteraient au concours la solution des quatre questions suivantes ". x" Quelles sent les causes du succes actuel de celte doctrine, surtout en Alle- magne? 2" Est-elle, ou n'est-elle pas dangereuse pour la religion el la morale? 3" Si elle I'est, quels sont les moyens d'obvier a ces fu- ncstes eflets? 4° Eii fait de religion naturelle etvpv-'-'e, quel comple 156 LIVRES ETRANGERS. faut-U tenir du sentiment? M. Borger a enipoite de la palme tiiora- pliale , et le Sg" volume des mimoires de la soc'iete s'cst cuiiclii de son travail. L'auteur a de plus obtenu la permission de le publier separc'ment. C'est la 2" edition que nous annoncons ; et elle aug- mcnte les regrets de la perte premalurcc que la ville de Lejde vient de faire de ce savant professeur, cnleve depuis pcu a sacelebre universite dans la 36" anne'e de son aj^e. 47. — Geschiedenis der Nederlandsche Heri'Ormde /sTer^.— Ilistoirc de I'Eglise Re'forme'e desPays-Bas, par A. Ypey, docteur ct pro- lesseur en the'ologie a Groniugue , et J. J. Dermoret , secretaire du synode des Egliscs Reforniees des Pays-Bas , et pastcur a la Hay e , torn. I. Breda. Van Bergen ct C , 1819 , in-8" de 616 p. — ^antekeningen , ete. — Remarques sur I'ouvragc pre'cedent, par les memes , ibid. in-8° de 268 p. Apres les ouvrages d' Utenbogaard , de T ri gland , de Brand, de Leydekker et de tant d'autres , I'liistoire de I'Eglise Re'formee des Pays-Bas e'tait encore a faire. Elle ne pouvait tomber en de mcil- leures mains , et le volume que nous annoncons fera atteudre la suite avec impatience. 11 pent elre echappe aux auteurs quelques distractions ; i) pent y avoir quelques longueurs , quelques dispro- portions dans leur ouvrage ; niais c'est bien le cas d'appliquer le ubi plura nitent d'Horace. — k^. BIyne herinneringen, etc. — Mes Souvenirs de la campagne d'Espagne , en 1808 et i8og , par A. J. P. Sxo, M DE Grave, capi- taine au service de Ilollande , alors attache au general de division francais Leval. Amsterdam , Vauder Hey, 1820, iu-8° de 584 p. Ces souvenirs offrcnt une lecture agre'able a la fois et instructive. — 49. Prometheus, etc. — Promethee , imlte du grec d'Escliyle, par J. Da Costa, juriscbnsulte. Amsterdam , Den Hengst , 1820, in-8°. Ce n'cst point une traduction , mais une imitation lUjre, en vers,- du chef-d'oeuvre d'Eschyle : Elle fait honneur aux connaissances et au talent de M. Da Costa. II I'a fait pve'ce'der d'une belle ode d'hommage a Melpomene ct a Eschyle. Nous lui devions de'ja une semblable imitation des Perses , du meme pocte ; et il nous offre en- core ici un fragment de son Agamemnon , qui nous fait espe'rer qu'il n'en demeurera pas la. — 5o. Nederlansche Muzen-Almanak. — Almanach dee Muses hoUandaises, 1811, S*" anne'e. Rotterdam, Immcrzel , iii-i 2. On aurait pu rccueillir beaucoupplus dc pieces; ellesiie gont, dau* LIVRES FRANCAIS. i57 c.r Recueil , cu'au nombre de GSy. On legrette de ne pas lencontiev les productions de plusieurs poeles distlngues ; mais si I'on peut dire ici : sunt bona , sunt quwdarn mediocria , on ne dlra pas du molns sunt mala plura. Le builu hollandais a orne ce livre de sept jolies aravures , pai ml lesquelles on remarqiic les portraits des poeles vivans, . C. Loots et H. Tollens. — 5i.jllgeineen JVoordenboek van kunsten eh wetenschappen , flc. — Vocabulaire universel de sciences et arts , par une societe' de savans hollaudais, sous la redaction de Gerard Nieuwenhuis. ( A. et B.), tome I. Ziitplien. Thieme, in-" de 535 p. Eiitreprise utile, dont I'exe'cution est recommandable. Marron. » LIVRES FRANCAIS. 52. (*) — j4lgehre de M. Reynaud, chevalier de la Legion d'Hon- neur etmembre de plusieurs academies, etc. Paris, 1820, l vol. lu-8". Madame veuve Coursier. Piix, 5 francs. Nos plus grands geometres, u'ayant en vue que I'avancement de la science, ne dedaignent pas de s'occuper des eleniens , et de leur don- ner les developpemens ncccssalres pour en rendre I'etude plus facile, M. Reyuaud , livre a ce travail pe'nible dcpuls un grand nombre d'an- nees, vient d'augmenter ses oeuvres d'un trcs-beau Tralte sur I'algebre. II est inutile d'en falre I'eloge; les talens qui distlnguent son auteur sent un sur garanl du succes qu'il obtiendra. Tout y est demontre avec force , precision et clarte. Un grand nombre de didiculte's, prove- nant des discussions metaphysiques mal elablles , sont discutees et re- solues. Get ouvrage est dlvise en hult chapltres , ranges avec ordre et methode. II renferme un travail des plus interessans sur 1' elimination et les fractions continues. Le binoroe de Newton^ si redoute par les jeunes gens , y est dcveloppe avec une simplicite extraordinaire. La resolution des equations ne pre'sente plus de difficultes pour ceux qui etudieut les elemens. C'est par une me'thode toute nouvelle que M. Reyuaud tralte cette belle the'orie. Les.logarithmes y sont exposes avec les plus grands details. Le liultleme chapitre est consacre a la so- lution d'un grand nombre de problemes , qni out pour objet d'exev- cer les jeunes gens, et de les preparer aux examens del'e'cole poly- technique, et qulmontrent rutlllte des theories pre'ce'dentes. Le pro- blemc qui so t a dcterniiner les nombres parfaits, pre'sente des artifices 158 LIVRES FRANCATS. de calcul incounus jusqu'ici. Celui qui fait conuaitic le iiombie Je boulets conteuus daus des piles est resolu par des fovmules simplei et nouvelles. On y calcule les racines imagiuaires des equations iiu- ineijques, par la recherche dudiviseui'du polyuome.Plusieurs equations liaitees par des raisounemens tous iiouveaux. , termineut ce i"'. vol. M. Reyuaud areuduj par ce beau travail, uu veritable service, noii- seuleraeat a la science , mais encore aux professeurs et aux candldatt del'e'cole poly leclmique. Les nombreux traite's dontcet auteura enrichi les mathematiques, lui ont merite un rang distingue parmi nos grandi geometres. J. L- R. T. 53. — Jsouueau sysleme deponts, en hois et en fer forge , inventepar M. POYET, membre de I'lnstitut , architecte du minislere de I'intt;- rieur et de la Chambre des Deputes. — Rapports de I'Athenee des arts et de la Socie'te' royale acade'mique des sciences de Paris , deve- loppant et constalanl lesavantages de ce nouveau pont. — Proces-verbal dresse par M. le msire de Livry, faisant connaitre que M. Poyet a mis a exe'cution son nouveau systeme de pont daiis le domaine de Rainsy, appartcnant a S. A. S. monseigneur le due d'Orleansj in-4". de 20 pag. Imprimerie de Plassau. 54. — Voyage chez les Mahrattes , par feu M. Tore , colonel d'un regiment d'iufanterie mahratle, traduit del'auglaisparM. M. L. , et public avec des notes sur I'iiistoire, le gouvernement , les moeurs et les usages des Mahrattes, redige'es en forme de glossaire; par L. LxNCLfis^ conservateur administrateur des manuscrits Orientaux de la biblio- th^que du roi, membre de I'lnstitut, etc. Paris, 1820,1 vol. in-l6. Prix, 3 francs papier ordinaire, 6 francs papier velin. Chez Everat , rue du Cadrau , 11° 16, et Nepvcu, passage des Panoramas. Ce volume forme le sixieme de la Collection portative des voyages traduits de diffi- rentes langues orientales et europeennes. On trouve cliez Nepveu les ciuq premiers volumes de cette collec- tion ; savoir : Voyage de I'lnde a la Mekke , par A'bdoul-Kerym, 1 vol. — Voyage de la Perse dans I'lnde, par A'bdoul - Rizzac , 2 vol. — Voyage pittoresque de I'lnde , par Hodges , 2 vol. Chaque ouvrage peut ctre isole de la collection. — Sous presse. Voyage dans I'Indeet a la Chine, par Ebn Wehhdb et Abou Zayd, uatiC de Seyraf, traduction nouvelle, avec le texte arabe et des notes , un rol. iu-l6 , formaut le lomc VII de cette collection, Le texle nrabe est deja imprime. LIVRES FRANCAIS. 159 55. (*) — Les jeunes Voyageurs, ou Leltres surla France, en prose et en vers ; ornees tie 88 figures , ofliant la carte gene'rale de France, les cartes particulieres des de'parleinens , les productions du sol et d« I'iudustrie, les curiosite's naturelles, les nomsdes Iiommes ce'lebres, etc. Par L. N. A*** et C. T*". — Paris^ 1820, 6 vol. iii-18. Lelong, libraira- e'diteur , Palais-Royal, galeries de bois, n" 233. Prix, papier fin, pour Paris, 3o francs , et 33 francs, franc de port. Papier velin superfin sa- line , 60 et 63 francs. Ce fut la manie de tons les terns d'aller dans des climats e'trangers et loiutains explorer les antiques souvenirs des nations e'teiutes. C'est ainsi que nous voyons encore aujourd'hui des homines instruits et la- borieux entreprendre des voyages longs et penibles, dans des con- trees maintenant presque barbaxes, pour e'tudier I'arclioeologie et la numisraatique des aucieos Grecs , tandis que nos antiquite's natiouales qui rapp client egalement de si glorieux souvenirs n'obtiennent sou- vent de ces memes voyagenrs qu'un regard indifferent et stupide. L'honneur de re'parer I'oubli et la coupable insouciance de nos dr- vanciers est peut-etie re'serve a noire siecle. Y)e\a.Yacademie Celli- que , devenue la Societe des antiquaires de France , a prelude a cetle grande re'volution historique, et plusieurs academicieas de province ontsemblere'pondrea sonappel, entre 2L\il\es,Y academie deCamhray , qui compte parmi ses membres des savans et des gens de leltres fort distingues. L'ouvrage que nous annoncons, entrepris suv un plan extrememenl Taste , a pour but de monlrer a la France I'histoire de ses provinces, ses richesses terriloriales , sa gloive antiqae et sa gtoire contempo- raine. Nous ignorons pourquoi I'auteur s'est cru force de trailer avec legerete uu sujet aussi grave et aubsi important ; qa'il soil persuade que ce ne sont , ni ses petits vers , souvcut mediocres , ni ses piopos galans a sa cousine Lame , et autres genlillesscs de meme genre , 111 niemeson petit avant-propos, en forme de roman, qui feront le succef de son livre, mais bien la fidelite des fails , la justesse des observa- tions , I'interet inherent au sujet. Comme ces Leltres sur la France ne peuvent manquer d'avoir du succes, je conseille aux auteurs , dans la seconde edition, de chatier leur style , de supprimer toutes les fadeurs et les inulilite's ; de se gar- der surtout d'arreter I'attention du lectei'" si"' des objels sans auci ne importance pouv li-^ , comme dans la leltio r,ur le depaiK-nipnt dii 160 LIVRES FRANCAIS. P;is-de-Calais, oii, apres avoir trace I'hislorique ile la ville dc Salnt- Onier , et nous avoir park- de la superbe t'glise de Saint-Bcrtin , et d(i grand Dieu Tlit'roiiane, Ics auteiirsajoutent qiiclques details purcment personnels sur un fonctionnaire public, sans doute fort estimable, mais dont le nom et la fanillle se trouvent ici tres de'places. Que les au- tcurs renoncent a leurs partlcularitc's d'amour et m£me d'amitie ; qu'ils ne soient qu'liistoriens , et je promets aux jeunes pqyageurs tin grand nombre de lecteurs et d'c'ditions. Lea gravures , dont la composition est ingenieuseet agre'ablement varie'e, ontbeaucoup con- tribuc au succes de cet ouvrage; les dessins sont de M. Perrot, a qui I'oa doit de'ja plusieurs productions justement cstime'es. 56. — Lettre d'un Israelite fraitgais a ses coreligionnaires , suv I'urgeiitc necessitc de celebrerl'office en francais, le jour de dimanclie, a I'usr.ge des Israelites qui ne peuvent assister a I'ofSce asiatique de la veille, conime unique moyen de rendre de'sormais I'education reli- gieuse possible en France. Paris, 1820. Baclielier, quai des Auguslius, 11° 35, in-S. de l5 pages. Le titre de cette brochure suffit pour en faire senlir I'inconvenance. Depuis long-tems, il est vrai , on desirait gene'ralement quelqueo cliangemens dans les formes exterieures du culte israelite en France , pvopres a le rendre accessible a I'esprit de la multitude, et a le meltre en harmonic avec I'etat des moeurs, du langage et de la sociabilite des israe'lites francais , au dis-neuvleme siecic, et a empecher, en modi- fiant I'expression des sentimens religieux, selon les modifications de la sociabilite, ce maragme moral, qui re'sulte pour les masses d'hommes de la chute des croyances auxquelles manque I'liarmouie qui resulte de ces modification?. Le premier, dansun giand nombre d'ecrits public's depuis plusieurs annees (particulierement dans un Eloge de Furiado , dans une Lellre sur les premieres lifraisons de I'israe'lite francais , et dans Aei Observations sur un passage des Quatre Concordats), j'en ai faitsentirla necessite ; et I'exemple , que j'ai e'te' assez heureux de donner, en publiant un Ahrege de la Bible et uri choix des morceaux de piete et de morale , a I'usage des israelites de France; ouvrage ac- cueilli avec empressemeut par mes coreligionnaires francais, et qui se traduit J en ce moment , pour I'usage de ceux qui sont e'tablis en Italic et en Hollande ; cet exemple, dis-je , a e'te imite par la publication de plusieurs autres ouvrages utiles de ce genre , particulierement un excel- lent Precis elimentaire et religieux, compose par les reispectables et LIVRES FRANCAIS. 161 doctcs rabins de notre coiisislolre centi'al et publie par ce consis- toire, et un petit oiivrage d'instiuclion morale et religieuse , publie par M, Halevy, que le miuistre de I'interieur a honore de sa sous- cription , et auquel rauteur , dans uue seconde edition , ajoutera sans doute quelques testes relatifs a la croyance de rimmortalite de Tame qui fait la base fondamentale de toutes les religions ; deux traductions francaises du Rituel de nos prieres, I'une parM. Drach, a Paris; I'autre, par M. Anspach, a Metz; enfin , un extrait , en fraucais, de la gram- maire liebraique , par M. Lambert, instltuteur a Metz. Des ecoles e'le'- mentaires ont e'te solennellement etal)lies, pour la jeunesse israe'lite , dans no.'i principales communaute's ; ces efforts promettaient les plus heureus resultats, et I'on s'attendait a y voir ajouter bientot I'e'rection , d'abord a Paris, d'uu nouveau temple pour les israe'lites francais, de dilTe'rentes origines , oil soient inculque's, dans la langue nationale les principes du memorable Sauhedrin de 1807, c'est-a-dire les vrais principes de la foi juive ct des cliangemens uuiversellemenl demande's pour I'organisation de la notabilile et des consistoires, au re'glement organique delibeie par I'assemble'e des notables juifsde la mcme anne'e, ct dont je m'lionore d'avoir e'te' membre. C'est dans ce moment, c'est lorsque les dispositions bienveillantes de I'autorite et les sages coDseils des bommes les plus e'claires clierclient a la fois a satisfaire, dans la population religieuse des israe'lites de France ^ les besoins de la societe et ceux de la conscience, que, deleurpropre seiu,unpseudo- nj'me attaque les bases fondamentales de la croyance de nos peres et prodigue les argumens les plus discredites contre les bases communes des principales croyances du monde. Cette brochure^ certeSj ne me'- rite pas une refutation serieuse; il serait facile de prouver que le voeu qui y est exprime tend a faire disparaitre une demarcation essentielle el radicale , qui doit, jusqu'a la fin des tems , exi&ter eutre I'anlique r-'ligion des juifs et la religion des cbre'tiens ; que ce voeu est a la fois absurde et impraticable , contraire a toutes les lois de I'e'qulte' et a lous les droits de la conscience; qu'une ceremonie religieuse, qui serait sans aucun rapport avecle reste du systeme religieux de la classe d'bommes pour laquelle elle est cele'bree , ne pourrait qu'etre ofTensante pour les uns, et derisoire pour les autres; que proposer des cboses aussi inad- missibles, c'est entraver les ameliorations ve'ritablement ne'cessaires et possibles , c'est donner a des e'crivains d'une certaine opinion, une iiouvelle occasion de soutenir mal a propos que les juifs ne peuvent Tome ix. 11 162 LIVRES FRANCAIS. connaitre de milieu eniio I'oiifiodoxie la plus rigoureuse el I'incredu- lite la plus complete , et qu'il y a opposition pour eux cntre leurs devoirs religieux et leurs devoirs sociaux. Si , par hasard , ce projet pouvait recevoir un commencement d'exe'cution parmi Ics israelilcs de France, il aurait pour re'sultat de repandre dans leurs families, qui ont taut besoin d'union ^ les haines et les discordes ; d'y rallumer le fauatisme, loin de I'e'teiudre, et de faire d'eux une secte entieremcnt nouvelle, tout-a-fait separee des israe'lites des autres parties dumonde ; ce qui serait aussi contraire aux lois qu'a I'ordre public. En Alle- niague , oil les controverses relatives a I'etal politique et religieux des juifsont ele traite'es , de part etd'autre, dans cesdernicrs terns , par des liommes tres-cclairt's et connus en partie par la liardiesse de lexirs opi- nions pliilosophiques, jamais une aussi etrange proposition u'a pii nieme elre encore supposee. Mes senlimens d'aflection generale pour les liom- mes vertueux de toutes Icscroyances sont, j'osele croire , assez connus, etl'on saittrop que mon attachement a ceux qui pi'ofessent la mienne ne saurait etre aveugle et exclusif. Mais ma conscience me prescrit de rompre ici le silence. Je mettrais^ a attaquer ce qui pent blesser celle de mes coreliglonnaires , la m^me franchise que j'ai eu si souvent occasion demontrer, en defendant lenrs droits et leur existence po- litique, soil contre des institutions et des gouveruemens injustes , soil contre de funestes prejugcs populaires. Si , parmi ceux auxquels il faut atlribuer celte brochure, quelques homnies , entierement privc's de lumieres, peuvent mdriler do I'indulgence, ceux qui les ont induits dans une pareille erreur n'en meritent aucune. Ces sentimens , je puis le de'clarer, sont partages par tons mes coreligionnaiies raisonnables et bicn intentionnes , quelles que soieut les nuances de leurs opinions religieuses ou pliilosophiques ; ils le seront egalement par les hommes de toutes les classes et de toutes les croyances qui leur resse-mblcnt , et c'est dans ce recueil, depositalre des saincs doctrines morales et so- ciales, que i'aime a les publier. Michel Berr de Turique , membre du comite consistorial des ecoles Israelites de Paris , etc. 67. — Obseri^ations philosophiques sur le diclionnaire philoso- phique de Voltaire, par G. Feydel. Paris, 1S20. Brochure in-12, de 48 pages. Delaunay, libraire , au Palais-Royal. Prix, 1 franc. 58. — Pensees et maximes de J. -J. Rousseau. 2 vol. in-18, avec portrait. Roret et Roussel, libraires, rue Pave'e-Saint-Andre, n.° g. Prix, 3 francs pour Paris, et franc de port 4 francs. LIVRES FllANCAIS. 163 Ces deux volumes font partie dc la collection des Pensees el Maximes des ecrifains illuslres , qui lenfermc tout ce qu'il -^ a de plus piquant dans leurs ecills. Celte iute'rcssante collection sera compose'e d'extraits de nos nieilleurs auteuis, tels que Fenelon , Bossuet, Madame de Sevigne, Rousseau, Voltaire, etc. Chaque au- teur se vendia separement , a raison de i franc 5o centimes le vo- lume, etles peisonnes qui souscrii'ont pour la collection entieie ne paieioul cliaque volume que i fi'anc 25 centimes. Les Pensees et Maximes de Voltaire, eu 2 vol. in-18 , avec son portrait , prix 3 fiancs, et pour les souscripteurs 2 francs 5o centimes , paraitront dans les premiers jours de fe'vrier. Sg. — U Ohservateur au XIX siecle , par A. -J. -C. Saint-Prosper, 2."^ edit. Paris , 1820. A la librairie monarchique de N. Pichard ," quai de Couti , ii.° 5, 1 vol. in-12 de i85 pages. Prix , 2 francs .So centimes, et 3 francs par la poste. Nous avous annonce la premiere edition de cet ouvrage (l8ig, T. IV , p. 435 )j nous avertimes des-lors, dans quels principes po- litiques , diife'rens des notres , il est concu. Les personnes a qui I'auteur s'adresse ont fait son succes. Sous le rapport du talent , il est entierement merite. Du piquant dans le style, mais aussi un pen de pretention ; de I'originalilc dans la pensee , souvent jusqu'au paradoxe : tel fut, en re'sume, notre jugement, et nous y persistons. C'est ici uu de ces livres qu'on censure, mais qu'on lit et dont on parle. Plusieurs cliapitres nouveaux sont ajoutes dans cette secoude edition , notamment celul de la Justice , daiis lequel nous nous sommcs trouvcs plus d'uiie fois d'accord avec I'auteur; et celui des Comediens , qui a fail scaudale dans les coulisses. 60. — Replique de M'^ Dupin pour 31. le chevalier Desgra- viers, legataire universel de feu S. A. monseigneur le prince de Bour- bon-Conti, prince du sang, contro le Roi, en la personue de son procureur, recueillie par le sle'nogi-.iphe, avec les pieces justificatives. Paris, Janvier 1821. Brochure de 122 pages ia-8'-\ 61. — Dissertation sur les decouuerles des anciens dans I'Asie, tradult de I'anglais par M. Boulard. Paris, 1820. M.iradan , in-S". C'est une traduction de I'inlroduction dc I'histoire inte'ressante des decouvertes et voyages en Asie , depuis les plus anciens tems jusqu'.\ nos jouvs, histoire ecrite en anglais, par M. Murray, qui avait publie auparavant luie histoire semblaLle des voyages fails en Afrique. 11 * 16A LIYRES FRANgAIS. Ci. O—IIisloire uniuerseile , par M. le cointe de Sisuii', ile ra(..i- dcmie IVancaise, pair de France, etc., etc. — Ilistoire ancienne , comprenant celle des Medes , dps Assyrieus, des GrecSj etc.; de la Rtpuhlique romaine , des enipereurs remains, et du Bas-Empire , jiisqu'a la prise de Constantinople par Mahomet II, remise en lO vo- lumes in-8° , et alias in-4°, par P. Tardieu. L'edition , maintenaut en vente , est in-i8 et de 25 vol. Prix , 5o f. — On vend se'pare'ment. — L'histoire ancienne , g vol. , i8 fr. — Romaine , 7 vol., t4 fr. — Et du BasEmpire, g vol., 18 fr. Par la poste, ho cent, de plus par volume.— Paris. Alexis Eymery, rue Mazarine, n.° 3o, cliez lequel on souscrit a l'edition in-8° actuellement sous presse. L'atlas comprendra les costumes des peuples anciens; les prin- <;ipaux monumens; leurs machines, instrumens et armes de guerre; Icurs uslensiles aratoircs, usuels et de mc'uage; les meublcs, parures ct bijoux; Ic plan des villes les plus importanles , ct les cartes des principalis empires et royauraes. Le dernier volume sera termine'par une table alplialititique ct analjliquo raisonnee des matieres. Pour cette partie de son Histoire uniuerseile , M. dc Se'gnr a pnise dans les historicns de rautiquile; ct, en s'appropriant leiir maniere , il a heureusement Irnnsportc dans notre langiie I'art d'llerodote , le grand sens de Tliucydide , la concision de Tacite , la narration dramatique de Tite-Live , et la vigueur de Salluste dans les portraits : c'cst ainsi qu'il s'est monlre modele , en imitant ces grands maitres , ct qu'il a eurichi notre langue d'une histoire des peuples de I'anti- quite,qui nous manquait encore , et qui pent lout a la fois satisfairc le jugement et le goiit. Quoiqu'il rapporte les fables et les prodiges racontes dans les annales des anciens , il les signale de maniere a nc pas acci'editer des erreurs. Les reflexions sont courtes , et elles naisseut naturellement des sujets qu'il traite : d'un- mot il peint , comme d'un coup d'ceil il cmbrasse les fails et les terns. "U Histoire ancienne de M. deSegur est plus complete quolcsliis- loires de Eollin, de Crevier ct de Lebcau , quoiqiie dans iin cadre plus circonscrit. II n'cst pas non plus inutile de faire remarquer ici la difference des prix cntre ces ouvrages, et I'economie coiislde'r.ible qui doit eu resuller pour Ifs souscripteurs decelui dc M. de Se'gur. Conditions de la souscription. — L'ouvrage entier (les dix volumes .in-8"ot Tallas) parailra le i5 aoul 1821. Le prix en est fixe a 60 fr. pour les souscripteurs; e t avcc I'nlbs , gravurcs parfaitemcnt [colo- 4 LIVRES FRANCAIS. 16^ 1 iees , 10 fr. cle plus. Les planches seront place'es dans les volumes a la Jemande des personnes qui le desireront. La souscription estoiiverte, sans rien payer d'avance, jusqu'an 38 fe'vrier prochain, terme de rigueur : passe cette epoque , les dii volumes et I'atlas se paieront 80 fr. et 70 ff. sans atlas. On pourra remettie aux souscripteurs qui en auiont le desir, des le niois de fevilei' prochain, les volumes, au lur et a mesure qu'ils s'impriracront, mais a la condition expresse de payer les deiix derniers en recevant les deux premiers. Sous presse : Histoire de France. — Cet ouvrage fait suite a I'edi- tion in-18 du meme auteur. 11 aura de dix a douze volumes aussi in-l8, avec cartes, plans, etc., comme les volumes deja public's. — Son prix sera le meme (2 fr. par volume ). — Pour re'pondre a I'impatience du pidjlic , M. le comte de Se'gur s'est de'termine a publier d'abord la premiere epoque, qui aura quatre ou cinq volumes, et comprendra les premiers tems de notre histoire jusqu'a Hugues Capet, — Elleparaitra au commencement d'avril. 63. (*) — Abrege eUmentaire de V histoire da France, depuis les tems he'roiques jusqu'a nous, par P,-M..Gault de Saint-Germain. Paris, 1820. Masson et fils^ libralres , rue de Tounion, n." 6, 3 vol. in-S" ; broche 12 fr., et franc de port if) fr. Cet ouvrage doit etre distingue du commun des abre'ge's ; I'exac- tltude J 1' erudition et le bon esprit qui le dislingucnt doiveut lui procurer des lecteurs parmi les homines les mieux instrults. 6i. (*) — Discours prononci pour Vouverture du cours d'His- toire moderne , par M. F. Guizot. Paris, 1820. Ladvocat , au Pa- lais-Royal , in-8" , 328 pages. M. Guizot , professeur d'histoire a la faculte des lettres, a ouvert, par ce discours , le 7 decembrc dernier , le cours de I'hisloire du gouvernement reprcsentallf qu'il fait , cet hiver. L'auteur , apres s'etre livre a des conside'ralions gene'rales sur la direction des opi- nions de la generation actuelle , dont une partie dedaigne le passe , tatidis que I'autre en fait I'idole d'un culte aveugle , est d'avis que nous sommes acluellement dans une position qui nous permet de juger impartialement et sainement le passe' j et de profiler des lecons de I'experience. 11 annonce que le systeme representatif sera le centre anquel aboutiront ses etudes historiques pour ce cours. II indique sommaircment les periodes de celle histoire. D'cxcellcntes exhorta- taticns .H la jeuuesse tcrminent ce discours. « Appelcs i posse'der et. 166 LIVRES FMN^AIS. a garder dcs inslitutioiis libres, dit M. Guizol,ellcs aoiis IniposeiU, des la jeimcsse, line piepaiatlou forte, drs liabitudes laboriciiscs ct pcr- sevc'rantcs. Elles veuleut que, de bonne beuve, nous appienions a ne ledouter ni la peine ^ ni la lenteur el I'intensite' des effbrU. Les e'tudes se'veres pre'parent seules aux desline'es graves. La liberie n'est pas un hien qu'on acquiere ou qu'on de'fende en jouantj el, si I'homme y arrive apres n'avoir porle dans ses premiers travaux que des dispo- sitions molles ou impatientes^' clle refuse de lui livrer I'bonneur et les avantages qu'il s'en e'lait promis... Nous savons aujourd'huiqu'elle commaijde a I'honime qui veul en jouir, im plus ferme exercice de lui-nieme. Nous savons qu'elle ne souffre ni la langueur des ames , ni la le'gerete' des esprits, el que les generations , laborieusement stu- dieuses dans la jeunesse, deviennenl seules des generations d'hommes libres. » L'expiessiou , dans ce discours, est quclquefois un peu vague ou ambitieuse; par cxemple, lorsque I'auleur dit que Vauenir seul possede la vertu de l^ attraction. Dep. — 65. Discours sur la naissance de S. A. R. Monseigneur le due de Bordeaux ; prononce' par M. de La BouissE. Caslelnaudary, 1820, imprimerie de G. P. Labadie , in-S" , 16 p. — 66. Calendrier de Thimis , dans lequcl on trouve cliaque jour la date de la mort d'un Lomme ce'lebre dans les fastes du droit ; suivi d'une Notice sur Saint-Yves. Lyon , 1821 , imprimerie de Kiudelen, Paris, B. Ware'e. oncle, au Palais de Justice;' in-S" de J 9 pag- Cette petite brochure est due a M. A. Pi ricaud I'aine, de Lyon ; elle est extraite des male'riaux qu'il rassemble pour une Biographie des hommes celebres dans les annates de Thimis; I'ide'e en est piqiiante , et tout bomnic instruit parcourra ces fastes avec plaisir. Jc ne comprends pas bicn pourquoi je trouve inscrit (an 8 Janvier i8i5) l'"e'nelon, commc auteur dcs Directions pour la conscience d'unioi. Passe encore pour Charlemagne, conime ayanl signe' et fait rediger les Capitulaires ; mais Louis XIV ct Louis XV, pour quelques or- donnances qu'ils ont signees, n'avaient pas plus de litre a I'admis- sion que les autres princes qui se sont trouvc's dans le meme cas. Je n'approuve pas non plus^ dans unc liste speciale de jurisconsultes , I'adniission dcs pul)licisle6 qui ne se sont occupcs que des tiie'orics politiques et encore moins sans doutc celle dcs hommes d't'tal, tcls que Riclielicti , Mazariu , Vcrgennes. Cos uouis-la rac paraissent mal LIVRES FRAN^AIS. 167 places dans le Calendrier de Themis. La notice sur Saint- I'ves de'cele tout a la fois de I'tTudition , de I'esprit et du gout. — 67. Notice sur la vie el les ouurages d' Antoine-Frangois De- landine , blbliotlie'caiie de Lyon; pai' J. B. Dumas, secretaire de I'Acade'mie royale des sciences de cette y'lUe. Lyon , 1820, F. Mistral , in-S" de 78 p. Cette notice , fort bien e'crite , a e'te lue au sein de rAcademie dont I'auteur est le secre'taire. Comme homme de lettres et comme homme politique , M. Delandine meritait de trouver un biographe habile et impartial. Les notes de I'editeur sont d'un ecrivain instruit, et pa- raitront tres-precieuses aux bibliograpbes. 68. C) — Notice sur M. Necker, par A, de Stael Holstein , son pelit-fils. Paris, 1820, 1 vol. iu-8°, 35i pag. Treuttel et Wiirtz. Cet ouvrage donne plus qu'il ne promet. Sous un titre qui est Irop niodesle , il renfernie la biographie complete de I'uu de nos plus celebres uiiuistres des finances, qui fut en meme tems e'crivaiu tres- distingue en morale et eii politique. Sur un sujet tres-connu, I'auteur dit des choses nouvelles , et tout I'ouvrage est d'un grand inle'ret j tant par le style que par le fond des clioses. On retrouve cette bio- graphie en tete de 1' edition des (Eufres de M- Necker, dont I'an- nonce suit. L. ^9" (*) — ^ufres completes de 31. Necker, publie'es par M. le baron de Stael, son petit-fils, i''"' livraison, 3 vol. in-S". Paris, Treuttel et Wiirtz. Strasbourg et Londres, meme maison. 1820, in-8°. 70. (') — (Euvres completes de madame la haronne de Stael, publie'es par sou fils; precedees d'une notice sur le caractere et les ecrits de madame de Stael, par madame Necker de Saussure. Tom. XII, XlII et XIV, trois vol. in-8°, imprimerie de Plassan. Paris, 1820, Treuttel et Wiirtz,- a Strasbourg eta Londres, meuifr maison de commerce. 71. — Commentaire sur I'ouvrage, en 18 chapilres , etc., de M. le lieutenant ge'ne'ral Tarayre , intitule de la force des Gouvernemens , par M. le general Berton. Paris, l8ig, iu-8°. M. Tarayre a fait preuve de civisme , dans son ouvrage de la force des gouuernemens ; et, quoique militaire , il a exprime avec fran- chise les inconveniens et mcnie les dangers qui resultent , pour la liberte des citoycns, d'une force militaire permaneute. M. le general Berton croit qu'ou ne peut se passer d'uue armee reguliere. Cepeu- 16S LIVRES FRANCAIS. tlant les veiitnbles constitutionnels sont pour la pliipart ile I'avis de M. le' gt'nt'ral Tarayrc. On oppose a cette opinion le danger des invasions ; nnais il est rare qu'on attaque un pays qui ne veut rien de ses voisins , ct dans lequel tous les citoyens sont disposes a de'- fendre leur indcpendance. D'ailleurs, le premier grand e'tat qui don- ncrait I'exemplc de la reforme des armees pernianentes, n'auvait-il pas le droit d'exiger de ses allies la mdme mcsure dans un des nom- breux congres , ou Ton s'occupe de la pais du monde. Au reste , la question des aiinees permanentes est susceptible d'une longue discus- sion dans laquelle nous n'avons garde de nous engager. M. le ge'ne'ral Berton pent avoir raison dans plusieurs poiuts de detail , au sujet desquels il combat I'ouvrage de M. le genc'ral Tarayre ; mais, en somme, celui-ci annonce plus le citoyen, tandis que le Commen- taire sera probablement niieux goute par les militaires. D. 72. — Discours de M. le comte Lakiuinais^ pair dc France, prononce le 26 decembre 1820, snr la competence de la cliambre des pairs, en crime d'attentat a la siiretc du roi et des membres de sa faniille. Paris, 1820. Baudouin freres , iu-8° de 3o pages. Ce savant et judicieux discours ayaut e'le imprime et mis en ventc pour le public, nous croyons servir son gout et ses intcrets , eu le mentionnant ici , avec I'eloge que me'ritent les e'crits politiques de sou illustre auteur. 73. — Vues politiques sur les changemens a f aire a la constitu- tion de VEspagne, afiu de la consolider, spe'cialement dans le royaume des Deux-Siciles; par M. le comte Lakjuinais, pair de France, nouvelle edition, corrigie et augmentee. Paris, 1821, Bau- douin freres, in-8° de 72 pages. ( Voyez T. VIII , p. 6o4). On doit remarquer surtout un paragraphe ajoute a I'aTertissement de cette seconde e'dition, et qui repond a certaines objections dont la premiere fut I'objet. 74. — Rapport fait a la cour des pairs, le i5 mai 1820 et jours suivans , par M. le comte de Bastard, pair de France, premier president de la cour royale de Lyon , I'un des pairs commis pour Pinstinction du proces suivi contra Pierre Louvel. Lyon , 1820, 1 vol. in-8°, 444 pages. On y remarque ( page premiere) que la cour des pairs n'a pu con- naitre du crime de Louvel , qu'en vcrtu d'un inuestissementro yal que le public nomme d'un autre nom. Cette doctrine semblera pent- LIVRES FRANCAIS. 169 ^tre au moins douleuse. On dlt qu'elle a ete comLattue et repousse'e dans la cour des pairs pendant la discussion du pieces de Louvel. L. jb. — Memoire sur le moyen de reparer les torls faits au com- merce de la France , par I'insuTrection de I'ile de Saint-Domingue, de'die a MM. les anciens colons de Saint-Domingue ; par le docteur WiiRTZ. Paris, 1818; Treuttel et Wiirtz. Brochure in-S" de 20 pag. 76. — Des projets de I' Aulriche sur I'ltalie , par M***. Paris , l8ai. Librairie universelle de P. Mongie aine' j prix, 2 francs. L'auteur examine les conse'quences de I'occupation militaire dont les souverains, assemble's a Troppau ou a Laybach, menacent , dit-on , le royaume de Naples. II dement d'abord tout ce que des ennemis des rois, caches sous le manteau du royalisme, pour mieux calomniei', ont pu seuls dii'e du rol de Naples, et surtout du prince-i'egent. 11 montre ensuite qu'il serait absurde qu'une nation etrangere , telle que I'Autriche , pre'tendit empecher les reformes jngees necessaires dans le royaume de Naples , re'clame'es par les circonstances et par I'etat actuel des choses. Suivant les observations fort justes de l'au- teur, tous les petits etatsde I'ltalie , et surtout lePiemoat, devraient faire les plus glands efforts pour empeclier les conquetes ulterieurcs ou une influence plus decisive de I'Autriche sur I'ltalie. La Suisse , la Baviere, le Wurtemljerg devraient aussi concourir efllcacement a cette re'sistance. L'auteur ne ne'glige point les interets de la France , de I'Espagne , de I'Angletene ; il demande si elles ne feront rien pour lliaintenir I'independance des elats europeens et leur propre impor- tance ? Laisseront-elles occuper leurs avant-postes ? abandonneront- elles la cause des monarchies constitutiounelles , qui devrait leur etre commune, et ne concevront-elles pas que leur tour approche , que leur tour d'etre jugees au tribunal des monarques absolus est deja presque anive ? » C'est la que l'auteur indique aussi le grand role que la France pourrait jouer encore en Europe, en protegeant les autres nations dans la carriere constilutionnelle. On trouve a la fin de cet opuscule la traduction d'un discours prononce par M. Poerio , au parlement national de Naples, le 8 de'cembre 1820, oiiilsignale plu- sieurs circonstances impovtantes de la re'volutiou de Naples avcc beau- coup de chaleur et de sagacite. 75. — Da congres de Troppau, ou Examen des pretentions des monarchies ahsolues a I'egard de la monarchie constilutionnelle 170 LIVRES FRANCAIS. de Naples, par M. Bignon. Paris, 1821. iri-S". Fivmin Didot , me Jacob, n" 24. II est vraimeiit interessant et fort Iionorable pour cc siecle de voir les plus puissans monarqnes et les plus grauds publicistes de I'Europe, discuter a I'envi les interets les plus graves des nations' europeennes. M. Bignon avait publie' , en 1818, un e'crit suv losdeinele's dcs cours de Baviere et de Bade ; il entreprend aujourd'hui d' examiner les pre- tentions des inonarcliies absolues, a I'egard de la monarchle constitu- lionnclle de Naples. Ne pouvant donner une ide'e complete de I'ou- vrage , nous nous bornerons a indiquer les questions ge'iierales que I'auteur s'occupe d'examiner ct de I'esoudre, 1° Les cabinets reunis de plusieuis puissances ont-ils droit d'empecher un [^autre gouver- nement de recevoir dans sa forme des modificAtions plus ou inoius etendues? 2° Les cabinets re'un is de plusieursrnonarchies absolues, sont- ils fonde's a rompre leurs rapports avec le gouvernement constitu- tionnel de Naples, ou seulement a refuser dele reconnaitre , sous prt'texle que ce gouvernement a e'te elabli en consequence d'une revo- lution , tandis que les puissances s'e'taient miiluellement engagees a garanlir la stabilite des gouvememens , tels qii'ils avaient etereconnus par le congres de Vienne ? 5° Le refus que font les puissances de re- connaitre le gouvernement actuel de Naples^ peut-il etre juslifie par des motifs tires do la nature el des causes de la revolution qui a change la forme de ce gouvernement, des pretendus dangers que cette revo- lution entraine pour I'ordre social, ou de la non liberie desaMajeste Sicilienne? 4° L'Autrlche , en raison du voisinage de ses possessions avec le royaume des Deux-Siciles , a-t-elle, dans cette circonstance, un titrc qui Tautorisea exiger le retablissement du pouvoir absolu a Naples, ou seulement I'adoption de modifications quelconques dans la forme de ce royaume? — 5° Le droit de trailer en ennemi le royaume de Naples, a cause des cliangemens survenus dans son organisation , a-t-11 pu elre produit par des conventions ante'rleures ; et par exemple, ce droit est-il acquis aTAutriche, en vertu du Iraite conclu , en l8l5, entre les deux etats ? — En mettant de cote la question du droit que peu- vent avoir ou ne pas avoir les puissances de trailer en ennemi le gou« vernement constitiitionnel de Naples , cette conduile de leur pari est- elle conforme a leur veritable inte'ret ? — 7° Les cabinets des monarchies al)solues , avant de sc de'cider pour la paix, ayanl juge a propos de se presenter commc mcdiateurs , Ic gouvernement conslitulionuel dc LIVRES FKANCAIS. 171 Naples peul-il les considerer comme tels, etdoit-il accepier cetle pre- tendue mediation? — L'auteur discule ces questions importantes et par elles-memes et par la circonstance, avec beaucoup de savoir. Peut- etiesou tonpourrait paiaitre k quelques lecteurs un peu trop doctoral; mais le nombre de citations et d'aiitorite's qu'il a qiielquefois rappele'es, est plus utile qu'on ne le cvoit a une classe de personnes, pour qui la doctrine et le nom de certains auteurs valent beaucoup plus que ceux de quelques autres , et meme que la raison. "jS [*).—(Eui^res choisies de Mirabeau. Paris, 1821. Brissot-TIii- vars, rue Neuve-des-Petils-Champs , n'^ 22. in-8°, 7 fr. le vol. Voici la distribution des volumes qui ont paru. — LeUres a Sophie, 3 vol., avec un portrait, pre'ce'de'es d'un Essai sur la vieprivee de Mi- rabeau,par M. Cadet-Gassicourt. — Des Lettresde cachet et dis pri- sons d'etat. I vol. — Essai sur le despotisme. — Considerations sur Vordre de Cincinnatus De la liberie I'ela presse. — Jieglemens absences pour les votes en j4ngleterre, i vol. ; en tout^ cinq volumes ; le sixieme est sous piesse pour paraltre dans un mois. II contient VHistoire secrete du cabinet de Berlin ( a^ec la clef), pre'ce'de de 1 anet du parlement qui a condamne cet ouvrage a etre lacere et bi'iile' par I'exe'cuteur des hautes oeuvres. Nous reviendrons sur cette importante collection ^ supe'rieurement exe'cute'e , et I'une des belles entreprises de la librairie actuelle. 79. — Trois chants de Vlliade , tradults en vers francais, suivis de quelques fragniens; par A. BignAN. Paris, G. C.Hubert, 1819. ln-18. L'auteur annonce qu'il s'occupe de la traduction entiere du poeme d Homere. Les trois chants qu'il publle forment comme trois poemes distincts. lis out dt'ja obtenu des suEfrages nombrcux. et flatteurs. lis nous paraissent les me'rlter entlerement. 80. — Mailly , ou le tribut de la reconnaissance , Ode , par A. J. CARBONiiEL, pi'ofesseur au college de Perpiguan, membre de plusieurs Societe's llttc'raires. Perpignan , 1820. Alzine. in-8°, 32 pages. On trouve , dans la preface , une notice Jjiographique sur le inarechal de Mailly, sujet de cette Ode. L'auteur a neglige d'indiquer lelieu de sa naissaucc. La meme brochure renferme un poeme lyrique intitule' . I' Amour de la gloire ; il y a dans tout cela du talent poetique, mais plus d'cle'valion J et quclquefois d'enflure que dc goiit et de flexibilile'. Bi.—Les Seductions , par rnadame Jennj/ L.G . 172 LIVRES FRANCAIS. Paris, 1820, ii la libiairie francaise de Ladvocal, Palais-Rojal, ga- leric de hois , numeios igy et ig8. 82. {*)—Encyclopediemethodique, 89* livraison [architecture), par M. QuATRlMERE DE QuiNCY, Toin. 11,2" partie, in-4° de 48 feuilles. Plauches d'Jnsloire natuielle , 26.° pavlie , oiseaux et quadriipcdes , m-4° de 67 feuilles ; plus 24 planches, impvimerie demadameAgassc. A Paris, chez madame Af^asse. Pri!c,4o I'r. *^3* — Tableau risume d'expiditwefrangaise. Systeme ge'ne'ral de conespondance privce , uiie feuille in piano grave'e. Le me'iite propre ;de ce sysleme geut'ral, la simplicite' de la me- Ihode et la facilite de sa luise en pratique, ont e'te reconuus dignes d eloges et d'inte'rets par la comniission de I'lnstitut chargee d'un rapport, qui fut approuve par Tacade'inie royaledes sciences, et inse're au proces-vcrbal de la seance du i5 mai 1820. Ouvrages piriodiqucs. o4. — Cristiliche mittheilungen. — Comniunications chr^tiennes , !."■ volume, I."" cahier, in-8'' de 64 pages, imprimeriede Silhermann, a Strasbourg, au bureau des Communications chreliennes , rue Sainl- ihomas, n.° 3, et chez Treuttel et Wiirtz, a Paris, meme maison. Le prix. d'uu volume dc 24 feuilles , pour Strasbourg et les de'parte- niens du Haul et du Bas-Rhin , est de 4 fr.j pour I'inte'rieiir de la France el pour I'e'traHger, 5 fr. L objet de cet ouvrage protcslant est iudique par le litre , else trouve amplemenl deVeloppJ dans la preface. Ce premier cahier con- tient un sermon de feu M. le professeur Emmerich , un niorceau suv la divine providence par M. Willin, des melanges recuelllis par IVl. Krallt , et qui, pour la plupart, sont des nouvelles des missions. On y dit seulemeul quelqucs mols concernaut Ramnolium-Roe , qui', selon nous, meritait un plus long article. La Chronique religieuse a donne' une notice de'laillc'e et envoyee'de Calcutta sur ce braniine, qui a pul)lie une foule d'ccrits pour combaltre I'idolalrie des ludous , ses coinpatrioles , et les amener a la connaissance du vrai Dieu. Lc mfime cahier donne des details sur les pevse'culions qui , dans ccsderuieresan- nees , out afflige' les calholiques de la Chine, et les rc'sultals de celtc perseculion'fournissentunenouvellepreuvede ce que disailTerlullien, que le sang des martyrs est une semence de nouueaux chretiens- 85.( )~Dibliographie de la F/-a7Zce(vulgairement appelt'c /ourn. de la libraine);\\ paraii dc cinqnanlca cinquanlc-U'ois numtrospar an. LIVRES FRANCAIS. • 173 rovmantanmicllemeul uii volume de Iniit cents pages au moins , et ile mille pages au plus , y compiis le caliier compose Jes'trois tables. Le jirix (le rabonnemeot annuel esl, franc de port pour toute la France , de 20 fr. On ne pent s'abonnei' que pour un an , et a partir du i/'' Jan- vier. Onsouscrila Paris cliez Fillet aine, imprimeur-libraire, rue Cliristine , n.° 5 ; chez les principaux libraires de France et de I'e- tranger , el chez tous les directeurs des postes. Depuis la fin de 181 r, la. Bibliographie de la France -presente la llste des impressions et reinipresslons faites dans toute I'e'tendue de la France. Tous les huit jours environ, parait a cet eETet un numero d'une demi-feuille, et le plus souvent d'une feuille in-8° (seize pages) d'impression. Tous les ouvrages imprime's, soit a Paris, soil dans les dcpartemens , y sent annonces dans leur nouveaute, et presqueal'ins- laut de leur publication. Le raoindre opuscule est annonce avecautant de soln que I'ouvrage le plus important. Non seulemcnt la Bibliogra- phie de la France esl le seul recueil en France qui comprenne les li- tres , sans exception , dft tous les ouvrages qui s'y impriment ou relm- priment ; la France esl le seul pays qui ait un journal de cette nature aussi complet : le nombre des articles de librairie annonces en 1820 est de pres de cinq raille ; aussi ce recueil convient-il egalement et aux amateurs de la lilterature et aux libraires. S'il est utile aux premiers en leur faisant conuaitre la publication de ce qui les inte'resse , il est indispensalile aux seconds, pour remplir les demandes qui leur sont faites , et leur epargiier des recbercbcs qui trop souvent consumenl uu tems pre'cleux. Le redacleur, M. Beuchot, si connu conime bibliograpbe , par son c'rudition et sa severe exactitude, a eii general I'atteiition de placer en tele de chaque feuille les ouvrages le*plus imporlans, et de mettre a cote I'un de I'autre les ouvrages de menie genre, pul)Ue's en ineme tems; maiscomme, malgre tous ses dcslrs , 11 lui est impossible d'e- lablir dans chaque feuille un ordre rigoureux et uniforme, qui puisse facililerles recherches , trois tables sont dltribue'es a la fin de chaque annee : la premiere esl la table alpliabetique des outrages , la seconde est la table alpliabetique des auleurs , la troisleme est une table sys- tematique ou mithodique , dans laquelle tous les ouvrages annonce's dans 1' annee sont range's par genres ou niatieres. Pour celte derniere table , le redacleur s'ett confornie au sysleme biWiograpliique le plus ge'neralement adopte en France. Ces trojs tiblcs rendcnt la Diblio- 17A LlVRllS FRAN(;AIS. eravhie de la France im onvvage facile a consulter , ci irmi usage jomnalicr. La Grauure (qui comprend les estampes et les cartes gt'ofjra- pliiques) et la Musique ont aussi place dans la Bibliographie de la France , qui , pour ces deux objets encore, est le journal contenanl le plus d'annouces. Depuis i8i4, M. Beucliot a fait successivcment dcs ameliorations ini- portantcs.Sous le litre de Vari£tes, il donne de terns a autre I'indica- tion soit des ouvrages fiancais imprimes a I'eti-angev , soit des traduc- tions en langues etrangeres d'ouvrages francais, soit des ouvrages en langues etrangeres relatifsa la France ou a des Francais'^ soit encore des notices bibllograpliiques sur des livres ou editions. Dans les articles NicROLOGiE, leredacteurne se borne pas a annoncer la mort des auteurs francais , il en donne presque toujours la date precise , et euumere minutieusement tous ceux de leurs ouvrages venus a sa counaissance ; les erreurs et omissions , inevitables dans un tra- vail de ce genre , sonl re'parees franchement. Tous les liuit ou tous les quinze jours , la Bibliographie de la France contient la Table des articles ou extraits que les priucipaux ioumaux de Paris ont consacres a rendre compte des ouvrages. Les lois , ordonnances, jugemens relalifs a la librairie , h. la liberte de la presse, aux proprietes litteraires , sont insures, et le plus sou- vent textuellement , et avec les considerans. A tous ces objcts , qui , sans la faire sortir de ses attributions, ren- dent la Bibliographie de la France autre chose qu'une seclie no- menclature, il faut ajouter que tout ce qui peut iuteresser la librairie francaise y trouve place sous le titre de Mutations de finds , Ou- vrages sous presse , Ai'is divers, Demandes diperses , Changemens de domicile , Lettres , Reclamations , Etats des ventes de livres qui ont lieu a Paris, etc.; ce qui augmente, siuon I'intc'ret , du moins I'utilite de ce journal pour les libraires. Les libraires abonnes ont la facilite de faire circuler sous I'enve- loppe du journal , et en acquittant seulement les fiais de poste , tous leuvs Catalogues, Prospectus, etc., qui parviennent ainsi directe- ment et sureroent aux personnes auxquelles il est le plus important d'en donner connaissance. Cette disposition , avantageusc aux libraires , UP peut qu'etre agvcable aux autrcs abonnes. vv\'wi\'wvvr'4'\vv^vv\v%i;vv\\'vvx\\'vtv%'\\vvia\w\\vw\v\\\i\\\vv\v\vv*\%* IV. NOUYELLES LITIERAIRES ET SCIENTIFIQUES. AM6RIQUE. Groenland (i) Population. — Suivant le dernier rapport dii cou- seil des missions de Danemarck, la population entiere du Groenland est de 3,586 Iiabicans, epars surla cote occidentale, et formant dix-sepl colonies. L'inte'rieur du pays est a peine habile, a cause des mon- lagnes de glaccs qui s'y accumulent coutinuellement ; les rivages n'of- frent pas un sol beaucoup plus hospitaller : ccpendant, depuis 1789, il y a eu une augmentation de 714 individus. Etats-Unis. — Forces miliiaires de terre et de mer. — Selon quel- ques journaux anglais, I'armee reguliere des Etats-Unis ne s'eleve qu'a 8,688 hommes, y compris 626 officiers , I'e'tal-major, et le corps des ingenieurs; mais la milice niitionale se compose de plus de 800,000 personnes. Le nonabre des vaisseaux de guerre est de 82, dout 36 de 74 canons : on ne compte pas dans ce nonibre les fregates , les brigantins, les_ goelettes, les bateaux artnes, etc., etc. -,' Br^sil. — Colonie de Chinois. — Culture du the. — Une colonic de Chinois , qui s'est etablie dans ce pays depuis que le roi de Por- tugal y a fixe sa residence, s'est appliquee a la culture du the avec lant de succes, qu'elle a maintenant trois mille ai'bres'en pleiu rapport. Iles de L'OciAN PAciFiQUE. — Progres du christianisme et de la ciuilisation. — Tous les babitans d'Otahiti , d'Eimeo, de Tapua-Manu, d'Huaneine , de Raitea , et d'un grand nombre d'autres lies voisines , ont recu le bapteme, 11 y a soixante eglises ou chapelles a Otahiti. — La Mission biblique d'Angleterre , dont rien ne ralentit le zele et la charite, a fait imprimer, dans les lies de la Socie'le', une fort belle edition de I'evangile selon St. Luc. On en a tire 3ooo exem- plalres. Les naturels d'Otahiti et des lies voisines temoignaient le plus vif empressement pour se procurer cet ouvrage. (1) Nous coniprenons le Greenland dans I'Ame'riqiie , jusqu'a ce que les geographes aient adopte generalement une denomination parti- culiere pour le continent arctique. 17G ASTE. AFRIQUE. ASIE. Chine* — Persecutions exercees enuers les chreliens. — Tout prelre cliretien, europeeiiou cliiaois, quel'on de'couvreest mis amort sui-le- champ. Les clivetiens laiques, qui ne yeulentpas apostasier , souffient lei. plus cruels tourmeus, et sout bannis ensuite en Tartavie : il y en a dans ce moment ( avrll 1819) deux cents dans les prisons de la province de Se-tchuen. Dans tout I'empire , on ne compte que dix missionnaires , dent cinq sout a Pekin , et ne peuvent comrauniquer avec les Jiahitans qu'cn secret. L'empercur a declare qu'il ne voulait plus avoirui peiutres , ui liorlogers, ni meme malliemaliciens euro- peeiis ; I'eveque de Pekin a e&saye vainement de s'inlroduire dans son diocese sous ce dernier litre. Les missionnaires ne peuvent pe- iietrer dans le pays'qu'en gagnant les courriers qui vont de Macao a Pekin; mais si la chose est dccouverte, le missionnaire et le courrier sont execute's immediatement. Malgve ces persecutions, le nombre des clueliens auginente considerablemeut : il y en a aujourd'lttii 6o,■> Apies ce dis- JSJ EUROPE. eours, qui a ele termini par quelques reflexions savaiiles sur I'aii- tiquite de la langue galloise et sur les vicissitudes qu'elle a eprouvces , le president a iavite les bardes a lire ou a re'citfer Icurs composi- tions poetiques. Plus d'uu simple villageois s'est mele aux concurrens et a enchante I'auditoire par son talent et sa modestie. ie^;re/rajt'r prix sur la question suivaute : « Pa bethyw Awen? ( qu'est-ce que le genie poetique? ) a e'te' reraporte par un joueur dc harpe d'Oxl'ord. 11 n'etait pas present a la seance; plus de cinquante niorceaux de poe'sie avaient ete composes sur le m^rae sujet, Le second prix , sur ce sujet : « Hiraelh cymro am ei wlad mewn bro estronaifl n qui signifie litteralement : a SoupirS d'un Gallois exile' loin de sa Icrre natalc , » a donne lieu a plusieuvs compositions remarquables ; celle que-l'on a jugee la meilleure , et a laquelle le prix a ete ac- corde , est ecrite par un tres-jeune homme. II a lui-meme recite son ode avec beaucoup de chaleur et de sensibilite'; les spectateurs I'ont couvert d'applaudissemens. Le Iroisieme et grand prix sur : « Mar- wolaeth ein diwedder frenin Sior III , » La mort du dernier sou- verain de I'Angleterre, Georges III, a e'te de'cerne a Robert Davies, de Nantglyn , pres Denbigh. Le president I'a invite a prendre pos- session du fauleuil de barde ( bardie chair ) place sur une estrade au fond de la salle; il lui a ensuite adresse les eloges dus a son talent , et lui a place au cou une fort belle medaille. — Deux essais en langue anglaise, sur YHistoire ancienne de la Grande-Bretagne et sur la vie d' Arthur , ont ete juge's digues d'un prix. Dans I'in- lervalle de chaque lecture^ desmusiciens gallois exe'cutaient des airs nationaux. Le lenderaain, i4, un grand nomln'e de curieux remplissaieut , des le matin , la salle de I'liotel-de-ville oii devait avoir lieu le concours des \Q\\eu\s Ae\\a.\T^e,^ouv \sl tiarpe d' argent. Dix s'eialent fait inscrire; mais la lulte principale s'elablit enlre Richard Roberts, de Carnarvon , aveugle et boiteux , et B. Cunnah , de Rhuabon. lis lurent obliges de recomniencer trois fois I'execution de leurs composi- tions musicales, avaut qu'onpiit decider auquel des deux apparlenait le prix. Les aiiditeurs penchaient en faveur du pauvre aveugle , qui fut cnfin declare vainqueur, et recut la harpe d'argent des mams do madamc Cuulifie ( fdle de Lord Crewe ). L'auditoire a temoigne' sa satisfaction par de vifs applaudisseniens , auxquels le musicien a rc'- pondu par ccs mots : « Ce merile ne ni'appartient pas , car loui b EUROPE. 185 talent vieut de Dieu. » Lcs Dadgeiniaid , on chanteuis gallois , ont ensuite concourii pour line nie'daille d'argent : acconipagne's sur la harpe par Richard Roberts, ils ont chante des stances galloises. Celte se'ance a excite le plus vif interet. Avant de congedier I'as- semble'e, MM. Wynn, Heber et plusieiirs autres savans, ont exliorte les spectateurs a soutenir et a encourager les Eisteddfod, comme moyen d'e'purer les moeurs, de faire naitre le talent, et d'eclairer I'esprit des braves et loyaux. habitans du pays de Galles. On a exe'cute , le soir , dans vin concert , plusieuis morceaux de musique galloise, arranges sur des paroles anglaises. Le l5, le co- niite s'est reuui pour accorder des pensions annuelles aux bardes et aux menestrels. On a vole le don d'une lielle piece dargenterie qui doit etre oEferte a M. Parry , en reconnnaissance de son zcle pour la cause de la lilterature galloise. Dans I'apres-raldi du meme jour, sir M. Wynn , president de. I'assemblee , a donne un diner de pres de cinq cents persounes , ou se trouvaient les bardes qui avaient remporle les prix. Les seances du concours ont ete terminees par le chant national God save the King. La prochaine assemble'e ( en 1821 ) se tlendra a Carnarvon. On parle de fonder un concours du memo genre a Londres. LoNDRES. — Publications prochaines. — On doit publier incessain- ment : 1° VEncyclopedie de Famille , par James Jennings, reui'er- mant uu tableau abrege des connaissances les plus utiles daus les arts et dans les sciences ; les decouvertes les plus recentes , et les principaux perfectionnemens en agriculture , en chimie , en e'conomie domcs- tique, en jardlnage, en medecine , etc. L''ouvrage entier form era un vol. in-8° d'environ 1100 pages. 2° Relation des balailles et des sieges les plus memorables , de- puis la chute de Troie jusqu'a nos jours , consideres sous le rapport dc leur Influence sur la situation morale du genre humain , par G. Ha- lisson. 3° Un nouveau ronian de Sir Walter Scott, intitule : Kenilworlh. POLOGNE. > Varsovie. — Beaux-arts. — Extrait d'une lettre parliculiere. — Uu nouveau palais a ete bati pour Tacademie des beaux-arts; on y a joint un observatoire , un jardin de botanique avec tous ses accessolres. Le celebre sculpteur Thorwalsen est passe par ici dans le niois de sep^ tembre dernier, retournant de Copenhague -^ Rome. II est venu voir le 184 EUROPE. lieu oil doit ^tre placee la statue equestre en Itioiue du prince Poiiia- towski , dont il est charge de faire le modile. A la meme e'poque se trouvait, dans cette ville, M. Landini , sculpteur de Carrare, qui a long-tenis travaille' a Rome ayec M. Tliorwalsen , et qui se rend a Saint-Pe'tersbourg. Le gouvernement a profite' dc cette rencontre pour confier an sculpteur italien I'execution de quatre lions en pierre , qui doivcnt ^tre place's aux deux entrees de la grande cour du palais du lieutenant de S. M. Les edifices parliculiers contribuent aussi a I'orne- menl de la yille. Cependant on volt encore s'clever plusieurs batimens qui pourraient etre d'un style plus correct ; mais il est probable que les «rchltectes qui se forment profiterout du gout et .du savoir d'un architecte que le gouvernement a fait venir d'ltalie. — On avail charge trois professeurs, pris liors de I'linlvcrsile , de presenter un projet d'inscription pour le monument du prince Ponia- towski ; aucune n'a ete approuvee de'finitivement. Une quatrienie , qui prete encore a la critique, a reuni le plus de suffrages. Comme rien n'est encore decide a cet e'gard, je vous I'envoie telle que je de'sirerai* qu'elle flit rectifie'e : josepho. vie.o. principi. poniatowski. exercitus. poloni. duci. supremo. In. pugna. ad. Elystrum. Post, ijtsperatam. foederatorum. secessionem. IV. Kal. novembris. an. mdcccxiii. In. urgentia. fata, obnitenti. dum. per medium. flumen. citato. equo, Opfositam. RIPAM. APPETERET. SUBMERSO. BUCI. STRENUO. COMMILITONES. SUEDE. FiNLANDE. — Chimie.— Substance nouvelle , decouverte dans le mineral de Finlande^ nomme quartz Weu.— EUe se compose sur cent parties de 45,5 de silice ; 25 d'aliimine ; 1 o d'une matiere rose-rouge , qui n'a pu etre rapportee a aucun corps connu ; 8,5 de magne'sie ; 5,G d'oxidule de fer; 7/i d'cau. M. Gadoliu , qui en a fait Panalyse, I'ap- pelle steinheilite du nom de M. le comte de Steinheil, gouverneur de la Fiulande, inineralogiste distingue", qui, le premier, a se'pare cctle EUROPE. 185 substance Ju geure quartz , dans lequel on I'avait trop It'gerement placee. Carlstek. — Phare.—l-ie consell de la marine, en Suede , a der- nierement publie una notice, oil il annonce que le pliare de la tour de Carlsten , pres de Marstrand , sera abattu et resonstruit dans le courant de I'anne'e 1822. L'execution de ce pi'ojet commencera le i5 avril 1831 , et la flanime sera eteinte le i5 du menie mois. ■ Upsal. — Don fait a VUniversite. — Le conseiller d'e'tat, corate de Flemming , a fail dou , a Tuniversite de cette ville , de sa bibliotheque , remarquable par le choix des bons livres dont elle est compose'e. &TOCKOLJ1. — Necrologie. — De Jlermnerlin. — Leslettres et I'hunia- nite viennent de perdre M. de Hemmerlin , conseiller des mines. Peu d'hommes ont ete aussi utiles a leur patrie. Possesseur d'uue immense fortune, il I'a cousacre'e tout eutiere au soulagement et a I'instruction de ses conciloyens. Entre autves actions remarquables , M. de Hemmerlin a fait de'fricher sur les frontieres de la Laponie une etendue de terraiti egale a celle du royaume de Portugal. II n'a pas moins fait pour I'illustration de son pays. Cest a ses soins que I'on doit le bel atlas de Suede , dont les cartes egalent en exactitude et eu elegance celles que I'on fait dans le reste de I'Europe. M. de Hem- merlin a paye de ses propres deniers les astronomes et les ingenieurs qui ont parcouru toutes les provinces du royaume. Epuise'e par tant de liberalitc's , sa fortune ne sufKsait plus a ses besoius ; une pension et le titrc de chevalier de I'Etoile du Nord fureut les recompenses d'un liomme dont le nom figurera avec honneur parmi ceux des bienfaiteurs de I'humanite. DANEMARCK. CoPENHAGUE. — Action de la pile voliaique sur I' aiguille ai- mantie. — M. leprofesseur Aersledt, poursuivant le corns de ses belles rechercLes (T. VIII, p. 181^) a constate' que, pour agir sur I'aiguille aimante'e et la de'tourner de sa position , il suflit de I'exposer a Taction d'une seule paire de disques de cuivre et de zinc , se'pares par un corps conducteur; que ce simple appareil agitait meme plus fortement qu'une pile tout entiere , et que par consequent toutes ses expe'riences peuvent etre faites avec succes , a I'aide d'une p.iire unique. Cette simplification de I'appareil galvauique lui a perniis de suspendre deux plaques de cuivre et de zinc, se'parc'es par un U- 186 EUROPE. quidc couducieur, a un fi) tr^s-mince; arrangement qui leur donne unc luobilite extreme et le pouvoir d'obe'ir aux aclioBS exlc'i ieures , quel- qiie faibles qu'elles puissent etre. II a presente alors a celte pile simple et mobile, des baneaux fortement aimante's , et il a constate ce fait tres - important , que ces barreaiix , [selon qu'il prescntait I'un ou I'autre de leurs poles a I'appareil, Ic repoussaient ou I'atti- raient, en lui impiimant un mouvement de rotation autour du point de suspension M.Aerstedt s'est propose de rcsoudre un pro- bleme bien autrement important, celui de construire une pile galva- niqiie qui , librement suspendue , put se diriger vers les deux poles comme une aiguille aimantee ; et, quoiqu'il n'ait pu vaincre encore toutes les difficulte's , les re'sultats pre'cedens doivent faire espcrer que ce savant et modeste physicieu parviendra a son but. AtLEMAGNE. Erfurt. — Histoire naturelle. — De'sormais le roitelet nc sera pasle plus petit des oiseaux de I'Europe. Des naturaMstes ont observe, depuisquelque terns, dans une foret de sapins, a quatre lieues d'Erfurt, un petit oiseau assez semblable au colibri. I-es babitans du pays le connaissent sous le nom de goldhanchen , litteralenient petit coq dore. II est d'une forme elegante, ses couleurs sont vives et varie'es. Rarement on le prend vivant , car la nioiudre pression du filet le fait perir. Nous esperons que I'on nous donnera bientot des de'tails plus precis sur cette de'couverte. Prusse. — Halberstadt.— iVouf eZ instrument de mathematiques. — M. MaertenSjSurintendant eccle'siastique dans cette ville , a invente un instrument de mathematiques , au moyen duquel on peut tracer, dans tons les rapports donnes duparametre al'axe, I'ellipse, la para- bole et I'iiyperbo'e. L'inventeur a soumis cet instrument a I'examen de plusieurs savans matliematiciens de Halle qui en ont reconnu la simplicite et I'exactitude ; il se propose d'en publiev incessamment une description detaille'e. Bavi^re. — Munich. — Voyage scientifique. — D'apres le dc'sir du roi, MM. Spix et Martins, revenus derniferement de leur voyage au Bresil, vont travailler a une description tres-etendue de ce voyage, qui sera publiee aux frais de S. M. , avec des cartes , des plans, etc. Les collections extr^mement interessantes que ces naturalistes ont faitesau Bresil, formeront un musc'e particulier , aupalais Maximilien, EUROPE. 187 sous la deiioniiuation dc collections du Bresil. Les plantes et arbiisles pre'cieux qu'ils ont envoye's a Munich seront conserves dans une sec- tion particuli^re du grand jaidin botanique de la meme villa. Le roi a coufeie a ces deux savans la de'coiation de I'ordre de la Coiironnede Baviere , avec un traitement tres-consideiable. DucHiDE Baden. — Frieourg. — Antiquiles. — M. Jules Leicl>- telen, architecte , a publie des reclierclies sur les antiquites badoises. Dans son opinion, les Agri decumales Aes Romains s'etendaieut sur la rive gauche du Danube jusqu'aus frontiei'es de la Pannonle , et suivaient, sur la rive droitedu Rhin, toutle corns de ce fleuve. Aurelia, aujourd'hui Baden, etaitla capitale de ce vaste pays. L'auteur a fait des decouvertes precieuses sur la direction des routes qui venaient aboutir a celte capitale ; enfiji il a mis beaucoup de sagacite a retrou- yer, dans les noms modernes, les vestiges des noms ancien.s ; niais son opinion sur Tarodunum est fort sujette a contestation. SUISSE. Gbn£ve. — Instruction publique. — Le conseil d'e'tat de ca canton vieul d'arreter I'organisation de la faculle de droit de son academic. Les professeurs seront tenus d'enseigner en quatre ans le droit romain, le code civil, la legislation commerciale, la le'gislation criminelle et la procedure civile. lis donneront egalement, si le teins le permet , des cours de droit naturel , de droit des gens et de droit public. Le grade de docteur pourra , apres divers examens, etre confere par I'aca- demie. Le gouvernement vient aussi d'organiser definitivement la sur- veillance de I'iustruction publique dans les communes cedees par les autorites de Paris et de Turin. Une commission , nominee par le con^ seil d'etat, preside a I'enseignemeut dans le nouveau territoire; elle est coniposee de cinq membres, dont trois au moius de la religion ca^ V tholique. Les cure's sont charge's de surveiller I'instruction religieuse des ecoles. Les re'gens seront nomme's par le conseil d'etat , sur une pre'sentation de la commission d'instructiou ; mais mil ne pourra y pretendre , s'il n'est porteur d'un certificat de capacite delivre par I'eveque. La commission de surveillance rendra annuellement compte de son administration au conseil d'e'tat. Canton de Zurich. — Caisse de secours pour les veuves des pas- leurs. M. le doyen Faesl , dc Rifferschweil, administrateur de cette caisse, vient de publier le qualorzieme compte-rendu de sa gestion, 188 EUROPE. Tous les ecclt'biasiiques protestans du canton pcuvcnL jnendie pari a cette institution bienfaisaule , qui lemonte a I'annee iSoG. On iiigera Jcs succcs qu'elle a obtenus, quand on saura que les recetles de la pre- miere anne'e e'taient de liv. i655, (fr. 1927 ), et que, prelevement fait de toutes les de'penses, il reste niaintenant en caisse liv. 15,162. 7 soli. iV. 17,891). Ce qui a suitout contribue a faire prosperer cet etablis- sement, c'est que son admiiiistralion est absolument gratuite , ct que plusieurs personnes lui ont fait des donations ou des legs. Depuis 1806, cinquanle-iieuf veuves, dontdix-ueufn'cxistent plus, ont ete secourues par cette caisse. Canton de Berne — Fete anniversaire de la fondation de I'insii- tulion d'Hofwyl , pres de Heine. — Le 5 Janvier 1821 , M. de Fel- lenberg a cele'brtij a Hofwyl , I'auniversaire de la fondation de son bel etablissemint. Les parens des jeunes eleves , les amis de M. de Fellenberg, et un grand nombre d'etrangers honoraient cette fele de leur pre'sence. Les eleves ont joue une piece qu'ils avaieiit coin- posee eux-memes ; le spectacle se donnait dans le manege j et , au lieu de de'corations artificielles , on avait dispose des bosquets de lierre et de clievre-feuiUe. Dans la piece, on voyait paraitre tour a tour deux ou trois jeunes gens de cbaque nation'de I'Euvope : deux Ecossais en costume de montagnards ; deux Russes , reprtsente's par les deux petits-fils du fameux SouwaroEf ; deux Italiens ; enfin, deux Suisses, dont I'un e'tait le jeune de Werdh, descendant d'uue fa- Biille illustre de Berne, en costume de chasseur de chamois, el I'autre M. Huler , professeur de musique de rinslitution , habille en laitier ( ZuscAer) de Loberland Bernois. Cc dernier a chanle d'une mauiere lemarquable le ranz des vaches , sur des aiis compose's par lui, et les deux Italiens ont fait le plus grand plalsir a I'assemblce, pavrexecutiori.brillanle de queiqucs petits airs. Cette fele J dans laquelle out rcgne' la gaile la plus franche ct I'ordre le plus parfait , s'est termine'e par un banquet , oii le respec- table fondateur de I'etablissement avait reuni ses holes et toutes les personnes de re'tablissemeiu. Gen£ve. — Ecole de musique. — M. et madame Lamotte, profes- seurs de piano et de harpc, ont ouvert, dans celle ville, le 6 novembre dernier, unc ecole oii ils euseignent la musique d'aprts la niethode dcM.Massiniino.Cetle ecole, desline'c aux denioiscUeB, comple de'ja un EUROPE. 189 araiiil nombre d'eleves. Nous remarqiierons a cette occasion que c'est une en'eur de crohe que M. Massimino alt applique renselgnement niutuel a la muilqiie. Sa nie'lliode n'est que simultance , commc celle de M. Galin ; et, sans vouloir oter au premiev le me'rlte d' avoir pcr- fectlonne I'anclen mode d'euseignement , rinte'ret de la verite nous oblige a dire que les inoyens de M. Gallu, de Paris ,sont plus prompts et nou moins surs que ceux de M. Mahslmluo. Mais la metliode qui Teraporte sur loutes les autres est celle de M. B. Williem , qui seul a su appllquer rigoureusemeat les procedes de I'enselgnement mutuel a la niusique. Les succes qu'il aobtpnus a Paris , dansl'e'cole primaire de Saint-Jean-de-Beauvais(voyT. VIII, p- 128), ont decide la Sociele pour r instruction eiementaire a faire irupi'lmer sa methode, qui maintenant est adoptee pour toutes les ecoles de celte Societe. ITALIE. Trieste. — Bateaux avafeurs- — On a e'tabll un bateau a vapeurs, la Carolina, (\\ii fait re'gulleremenl, tons les deux jours , le trajet entre Venlse et Trieste. TJn second bateau ^ appele VEridano, fait pe'rio- dlquement le voy.Tge de Pavie a Venise sur le P6 , et va avec tant de vitesse , qu'ordinaiiement il ne lul faut que trente-sepl hemes pour faire ce tiajet. — Un batiment a vapeurs, du port de Trieste, a sauvt- dernieremeut un valsseau marchand , richement charge', par \m gros tems qui ne perniettait a aucune autre enil)arcatlon de s'eloigner de la cote. LucQUES. — YiKVi.v.Goio.—Conslruction d'unport. —La. duchesse de Lucques s'occupede former un port a Viareggio, au itiojea d'un mole qu'elle y fait elever ; sou intention est de le rendre assez profond pour y recevoir des fre'gales et de petils valsseaux de guerre. Afin d'encou- rager a batir dans cet endroit, la duchesse ofTre des portions de ter- rain a ceux. qui vlendront s'y etabllr; elle a dc'ja fait construire a Genes une goeletle de douze canons, et quelques chaloupes. Turin. — Nomination academique. — L'acadeniie rojale des sciences , classe des sciences pliysiques et mallie'matiques , a , dans sa seance du ^4 de'cembre dernier , admis au nombre de ses correspondans M. Julllen , de Paris (M. A.) , auquel M. Vassall Landi , secretaire dc Tacademic , a fait part de cette decision par uue lettre du 3o du meme mois. Naples. — Instruction puJAique. — Les persounes les plus instiultes 190 EUROPE- de cepays semblcul s'occuper jnincipaleruent dcriiislnicliou piibliqtie, nt'cessalrc pour toutes les classes de la societe. Le royaume de Naples etaitrcsle stationnaire sous ce rapport. Genovasi avail expose siir celte inalierequelquesiJe'esgene'ralesetBansliaisoii, maisFilangieri est vrai- mentle premier pliilosophe qui aitessaye de donner uu plan coniplet d' education publique et d'cducation privee. Apres lui, qiielques autrcs enontscnti I'importance, mais sans aucunefi'et.M. Galdiap.uLliequel- es idees soient un peu trop generales , on en pourrait tirer beaucoup de consequences tres-utlles. Tous ccs essais ont precede la revolution ; les ouvrages de ce genre qui I'ont suivie, et qui ont e'te public's jusqu'a present sont : nuovi pensieri sulla publica islruzione considerata ne' suoi rapporti colla libertd e col governo, par Giorgio Masdea ; et Delia Riforma delVistruzione pubblica nel regno delle duo Sicilie , par Marco Galti. M. Acasdea, quoique envisageant I'instructiou publique soils beaucoup de faces, sembles'arreter a des idees gene'rales. M. Galti cherche plus particulierement a faire connaitre I'e'tat de I'instruction puKlique dans le royaume de Naples ; et , apres en avoir indique les defauts, il propose une nouvclle me'thode plus convenable , selon lui , aux besoins de la nation , et aux circonstances ou elle se trouve. Rome. — P'qyage scienlijique, — Le docteur Salami^ natif de Pa- lerme , mais re'sidaut a Loudies , et membre de plusieurs socie'tes savantes, est arrive a Rome. 11 a examine avec le plus grand soin et dansle plus grand de'tail les diflerentes administrations et institutions sanitaires de I'ltalie ; il compte partir incessamment pour Constanti- nople , oil il se propose de s'arrcter pendant quelqUe terns , afin d'y observer le caractere et les efiets de la peste ; il est accompagne de M. Rcefe , premier chirurgien de I'armce des Etats-Unis d'Ame'riquc. Nouveau Musie. — On vient de terminer la nouvelle galerie que le pape a faitajouter auCapitole, dans le palais Conservatori. Elle doit conteuir des bustes et d'autres monumens eleves a la me'moire des Italiens qui se sont distingues daus les arts et dans les sciences, et qu'on avail deposes jusqu'a present au Panltieon. Cette galcric est on- EUROPE. 191 tei'te au public depuis le aa septembre. Elle est divisee par oidi-e de classes et de sicclcs. La salle principale est ornce d'un buste du papo par Canova , avec une inscription latine ; elle renferme auBsl un buste de Raphael, qu'on y a transporte' de la rotoude. Milan. — Necrologie. — Zamagna. — L''abbe Bernardo Zamagns , celebve helleniste, est mort le 2 avril 1820 a Milan. II etait ne en 1735, a Raguse, ou il fit ses premieres e'tudes, et entra bientot dans la socie'te des je'suites. II eut pour maitres, dans les belles leltres , Raimondo Ganich; dansles malhematlqueset dans la philosophic, Ruggiero Giuseppe Bos- covich; et dans la the'ologie,Gaspare Segovia et Giacinto Stoppini.L'ele ve se rendit bientot digne de I'eslime et de I'amitie de ses professeurs. Zamagna enseigna, pendant quelque tems, larhctorique et la philoso- phic, dansle coUe'geromainet a Sienne,et depuis, la litterature grecque, a Milan. Sa traduction en latin del'Odyssee, d'He'siode, de The'ocrite de Moscus et de Bion,a fait oublier toutes celles qui I'avaient devancee . On a aussi de lui quelques poemes originaux, tels que ceux. sur le Napire aerien, sur VEcho, etc. Rentre dans sa patrie, il ne cessa de cultiver ses etudes favorites. Le seaat de Raguse I'envoya comma son de'pute a Pie VI. L'abbe Zamagna rendit plusieurs services a se^ concitoyens, 'dans les affaires publiques, et surtout dans I'education des jeunes gens, Sa piete fut toujours pure, sa conversation piquante et instructive. Les personnages les plus remai-quables par leurs qua- lites allaient expres le visiter pour I'entendre. ESPAGNE. Instruction publique. — TMologie et politique. — La litterature de I'Espagne renait de ses cendres , et aunonce devoir faire de grands pro- gres sous le regime constitutionnnel. Les arrets des corteS, concernant le plan gene'ral des e'tudes , ont fail naitre a cet egard un espoir fonde' sur le bon choix des livres qui doivent servir a I'etude des sciences, des arts et de la litterature. On ne parlera ici que des ouvrages de'signes pour les cours de theologie et Ae politique. La ihe'ologie sera enseigne'e d'apres les Institutions theologiques de Lyon. Cet ouvrage suffit pour e'loig-ner les jeunes gens de la theologie- scolaslique , et des doctrines ultramontaines qui ont fait tant de mal en Espagne. Les the'ologiens espagnols appreudront qu'il y a une dif- ference essentielle entre le respect et I'obeissance raisonnable qu'on doit toujours i la personne sacre'c du successeur de saint Pierre, el 192 EUROPE. robligalion de vt'sister aux abus tie la cour deRonie, doiil le gouvfr- ncmenttend, saos intemiplioii, a augmenter le pouvoir pontifical sur les eglises des nations catholiques. lis sauront que les evcqucs out recu du Saiut-Esprit ( d'apres le te'moignage de I'apolre S. Paul) tout le pouvoir spii ituel ne'cessaire pour re'gir I'e'glise de leur dioctse , sans avoir besoiu de recourir aucunement au Saint-Sie'ge , sauf dans quel- ques cas extiaoidinaires, Ires-rares^ et d'une gvande importance dog- matique; et que, pour lout cc qui regarde la discipline exte'iieure , on ne doit pas de'pendre davanlage de Rome. lis appvcndront a empecber que I'argent de I'Espagne n'aille grossir le tre'sor du Saint-Sie'ge, sous le prelextc de I'expcdition de brevets ct de bulles qui u'ont pas e'te ju- gt's necessaircs pendant les buit premiers siecles de Te'glise , et qui ne furent conuus en Espagiie que depuis Ic douzicme slecle. lis con- naitront enfiii la ligne qui separe le pouvoir splritucl des e'veques et des pretres , et le pouvoir tempoiel, de Ja puissance souveraine qui gouveine I'Etat. Une servitude aussi injuste que dispendieuse el prejudlciable aura enfin son ternie; et I'on arrivera a cebut , lorsquelesEspagnols e'tudic- ront les institutions et pratiquerout les maximes du Cours ihiologigue de Lyon. Quant au cours de politique, il a cte arr^tc par les corlcs que cctte science scrait enseignc'e dans les universites , dans les colle'gcs ct dans les institutions, d'apres le cours de politique constitulionnelle que M. Benjamin Constant a publie' ;i Paris. Celte decision, si honorable pour cct ('crivain , parait devoir elre utile a I'Espagne. Les jeuncs gens qui e'tudieront bicn cet ouvrage", y Irouveront les ve'ritablcs maximes d'apres lesquellcs on doit re'gir un pays ou -v-ient de s'c'tablir un gouverneraent constitutionnel et representatif. J. A. Lloejente. Elat des beaux-arts — L'e'iat actuel de I'Espagne , sous le rapport des beaux-arts, n'est pas aussi de'plorable qu'on pourraltle croire. Ce pays possede plusieurs peiiitres de beaucoup de talent, parmi Icsqucls on remarque , avec ralsou : MM. Goya , Lopez , Velasquez, Aparicio , Madrazo , Rivera ,pour les tableaux d'histoire : Montalvo et Sancbez, pour les tableaux de paysages et de marines ■' Parra et Lacoma , pour les tableaux dtjieurs : Rivellcs^Galvez, Branvilla , Tadei (Angel) ct Tadei (Antoine),/70Mr les decorations. Parmi les sculpteins , on distingue principalement MM. Gines , Agveda el Alvarez, qui ont fait, il y a pcu dc tems , un voyage a EUROPE. 193 Rome, jjoiir acquei-ir de nouvelles lonnaiasauces et pour se pei'lec- tionuerdaussonart. Dansrai'cIiileclure,l'Espagnej)ossede dcs homines ties-instruits et ties-eclaiie's , tels que IVIM. Perez , Aguado , Velas- quez et Moreno. Quaut a la gi'avure sur pianche^ MM. Carmona , Esteve, Amulleer et Blanco se sont acquis une reputation justement me'ritee , ainsi que MM. Sepulveda et Sagaii , pour la gravure en mon- naies et en medailles. M. Cardauo , diiecteur de la lithographic recem- nieut etablie , est un excellent graveur pour les cartes hidrogra- pliiques. II existe des ecoles de dessin dans tous les chefs-lieux. de provinces ct dans les diffe'rentes villes du royaume , oil des societe's patriotiques se sont etablies. A Madrid , on enseigaait le dessin dans Tacademie des beaux-arts , connue sous la denomination de San-Fernando : depuis quelque terns , on n'y montre plus qu'a imiter les modeles de I'anti- quite avecle platre, ."i copier les niodiles naturels , a preparer les cou- leurs et a clioislr celles qui conviennent le mieux au sujet. Mais i'a- cade'mie a fonde , dans deux e'difices places dans des quartiers conve- nablement eloigne's pour I'utilite publique, deux e'coles qu'elle-meme dirige. De savans professeurs y enseignent, tour a tour, aux jeunes gens des deux sexes, le dessin et les elemens de geometrie , applique'e an dessin , a la perspective et aux oruemens. Pour faciliter I'etude dela peinture, le gouvernement a etabli , pres de la promenade du Prado , un muse'e qui est ouverl au public une fois par semaine. On y a deja re'uni 352 tableaux , compose's par cin- quante-cinq peintres espagnols d'un merite distingue, depuis le com- mencement du seizieme siecle jusqu'a nos jours. La collection, qui est deja precieuse , le sera bientot davantage, d'apres I'ordre donue par le roi , de transporter au muse'um tous les tableaux originaux es- pagnols qui se trouvent dans les palais royaux de Madrid, Aranjuez etRetiro, ct dans quelques n>aisons royales de plaisance. La loi qui a supprime des couvens, des' moines dela premiere classe (c'est-a- dire, des be'uedictins , des bernardins, des hie'ronimites , des char- treux , des basiliens , des pre'montre's et des trapistes) , enrichira en- core ce museum de plusieurs beaux tableaux ; car le roi , Philippe II avail forme dans plusieurs de ces couvens , et principalement dans celui de I'Escurial , une collection conside'rahle de tableaux precieux , que ses successeurs ont augmente'e, en y reunissant des tableaux de toutesles ecoles ancieiines de I'Espagne , de I'ltalie et de la Flandre. Tome ix. IS 19A EUROPE. Ou a nils a la tile du museuin M. Ensevi , peiiilie en miniature de S. M., et I'uii lies Iiommesquiconnaisserit le inieuxles ecolcs ancleunefc et les caracteres distinctifs de chaque maitre. Ila acquis ces vastes con- iiaissances a force de rechercheb et de compavaisoiis , faites dans ses voyages en France, en Italle , ea Anglcterre, et dans plusleurs autres pays qu'il a visiles dans ce but. On a imprime une notice tres-bien faite dcs tableaux du niusee de Madrid ; bientot I'Espagne aura un des musees les plus remarquables de I'Europe. Meme a present, il n'y a qu'elle qui puisse reuuir, dans un etablissement public, 43 tableaux du celebre Murillo (dont les ou- vrages sont devenus sirares) ; 44 de Velazquez ; 42 de Melendez; 28 de Ribera (surnomnie' \' Espagnoleto) ; l5 de Joannes ; 8 de Cano, et de quantite d'autres peintres de I'anciennc ecole espagnole. De'ja 24 tableaux moderncs ont merite I'honneur d'etre place's dans le museum : ils sont de MM. Bajeu , Paret , Ooya , Aparicio , Ma- drazo , Maolla , Sanchez et Montalvo ; ou continuera de suirre cet usage , lorsque I'occasion s'eu presenters. On reproche assez ordinairemcnt aux peintres espagnols de ne prendre pour leuvs tableaux que des sujels religieux; cependant le muse'um en renfcrrae plus d'un tiers qui n'appartiennent pas a ce genre; savolr : i4 repre'sentant des combats ; i5 sur I'histoire ou suria fable ; 28 vues de villes , de ports , de jardins et d'autres paysages ; i3 tableaux de fleurs; 8 de fruits ; 42 de cabarets et d'auberges ; 32 por- traits de personnes connues, et 21 de personnes imaginaires, donl la moitie dans le genre grotesque. Eufin , des a present, le museum de Madrid doit exciter la curiosite des voyageurs , et meriter I'attention des artistes et des amateurs etran- gers. J. A. LoRENTE. M.VDRiD. — V academie des beaux-artsde San-Fernando , quire'side en cetle ville , a invite tons les artistes espagnols a envoyer leurs pro- jets pour I'erection d'un monument , dout le but est de perpc'tuer le souvenir de la journec du g juillet 1820 , dans laquellc le roi a jure' la constitution. Cetappel a ete fait particulierement a toutcs les academies de province. Celle de San-Carlos de Valence de'cernera une me'daille d'or a celui de ses directeurs ou de ses anciens eleves qui remporlera le prix propose par I'academie de Madrid. PAYS-BAS. Amsterdam, — Experiences sur la ihiorie elecirique de Francklirt- EUROPE. 195 , M. Van-Marum, connu par ses belles recherches sur I't-lectiicite , a presenter a riustitut royal des sciences irAmsterdam, un me'raoire ou il examine s'il existe re'cllenient quelque objection solide centre le systeme des fliiidespositif et negatif do Francklin, pour lequel il se declare. Al'aide de la grande machine electriqne de son invention , qu'il fit construire, en 1784, pour le museum de Teyler, il put obtenir des etincelles de plus de deux pieds et demi de long ; et il remarqua que , lorsque le torrent e'lectrique s'elancait du conducleur de la ma- chiue sur un corps qu'on lui presentait , I'e'tincelle partait evidem- mentdu conducteurmeme, etqu'unc multitude de ramifications etroites I'accompagnaient dans son passage, et aboutissaient a I'l'tincelle , en se diiigeant toutes , dans uu meme sens , de la machine an corps conducleur. Cette apparence slnguliere, que M. Van-Marum assure etre tres-visible , semble fournir une prcuve e'videute qu'en effet le fluide electrique se trouve en exces sur le conducteur de la machine , el parait surtout s'opposer a I'existence des deux fluides vilre et re- sineux, generalement admise par les physiciens francais. M. Van- Marum rappelle que, des I'anne'e 1785, les membres les plus dis- tinguc's de I'Acade'mie des sciences , Brisson , le Roy , Lavoisier , Monge et Berthollet , avaient ele frappes de cette experience ; ou pense bieii qu'elle fut accueillie avec transport par Francklin lul-meme, qui se trouvait alors a Paris. Comme la the'orie de eel homme ce- lebre a ete rejetee eu France, M. Van-Marum a entrepris la prin- cipale difliculte qu'on lui oppose, en donnant une explication fort inge'uieuse de la repulsion observee entre deux corps electrises ni~ galivenient. Ou ne saiirait nier cependant que la theorie des deux fluides , qui a ete forlifie'e par les belles experiences de Coulomb , n'explique la plupart des phe'uomcnes avec la plus grande facilite, et n'ait recu des calculs de M. Poisson une eclatante confirmation, en ce qu'il a deduit, de I'analysc qu'elle fournit , des consequences qui s'accordent parfaitement avec les observations. Bruxelles. — Chimie. — Substances qui ont la propriele de rendre les matieres vegetales incombustibles. — La proprie'te de rendre la toile et le papier incombustibles , avec flamme , que M. Gay-Lussac a reconuue dans la solution de phosphate d'ammouiaque ( voyei ci-apres, art. Paris ) , a de'termiue M. dcHemptinne, pharmacien a Bruxelles , a faire des recherclics sur les substances qui peuvent em- picher la combustion du papier , de la toile et du hois, et sur leiir • 13* 196 EUROPE. emploi dans les iiicendies. U a de'couvert , l.° que le sulfate d'ani- moniaque peut etre employe avec le meme succes que le phosphate pour le papier et pour la toile, et qu'il a »ur ce dernier ravanlage d'etre d'une preparation plus facile et plus e'couoruique; 2.° que le borate et le muriate d'ammoniaque , le muriate de chaux , le car- bonate neutre de potasse et le sulfate de zinc joiiissent, plus ou moins , de la meme propriete. Toutes ces solutions dol^ ent elre cou- ceutre'es ; quaud elles sout faibles , la substance vegetale doit y etre trempee plusieurs fois pour etre tout-a-fait incombustible. A moius que le bois ne ful eu feuilles ou en copeaux tres-miuces , ou expose a une clialeur tres-faible , la simple immersion ne sufll- rait pas pour le garantir de Taction continue d'une bougie , d'une lampe, ou d'uneautre cause seiiiblable.M. de Heraptinne propose deux moyeus pre'servalifs : le premier est de charbonner le bois dc quel- ques lignes , et de le bien imbiber ensuite de solution de phosphate ou de borate d'ammoniaque ; le deuxieme , qui est plus certain , consisle a garnirlebois d'une enveloppe de toile prJparee avec ces deux liqueurs , ou bien encore acharbonner le'geremenlla surface du bois, et a I'imbiber de la solution saline, avant dc le recouvrir de la toile. II demontre que les deux mortiers dont M. Hasseufratz donne la composition dans son Art du charpentier , les enveloppes me'tal- liques , les vernis d'acide phosphorique, etc. destine's a garantir le bois du contact de Pair, ne peuvent pre'server la substance ligneuse que d'un coup de feu vif et passager, mais non d'un feu violent et contiuu. II fait voir aussl que les solutions salines n'ont pas d'avan- tages sur I'eau commune pour ^teindre un feu violent ; cepeudant le phosphate d'ammoniaque pom'rait etre utile pour les toils de cliaume ou autres combustibles de ce genre, qui se trouvent dans le voisinage d'un incendie. A defaut de cette liqueur , M. de Hemp- tlnne couseille d'employer, pour le meme objet , de I'argile ou de la bone delayee , ou des couvertures de laine bien imbibe'cs d'eau. II prouve ensuite qu'on doit commencer par la base , et non par le sommct, comme on le fait ordinairementj I'arrosement d'une meule . ou d'un batiment en feu ; enfin , il fait observer avec raison que, lors- qu'on veut eteindre un incendie par le defaut d'air , comme dans une clieminee ou dans une cave , il faut , apres avoir bouclie toutes les issues , ne plus les ouvrir , m^me . pour y jeter de I'eau , que lorsqu'on a la certitude que le feu est entierement e'temt. EUROPE. 197 IjiioT,. — Universite. — Seance publiquc du 7. octobre 1820. — Uiie assemble'e iiombreiise et clioisle assistait a celte ceremonie inte'res- santesous tons les rapports. M. Ernst, recteur, professeur de la fa- culle de droit, a ouvert la seance pre'side'e par MM. les curateurs de I'e'tablissenient, en prononcant un discoiirs latin , qui roulait principa- lement sur les avanlages et sur les defauts du code civil francais , de vitiis et prcestantia codicis juris civilis Gallorum. L' habile profes- seur , qui a enseigne le droit avec tant de distinction a la faculte dc Bruxelles , a donne , dans cetle partie de son discours , de nouvelles preuves de ses connaissances approfondies dans le droit civil francais et dans la science de la legislation; il a fini par prouver qu'il n'existe aucuue necessite absolue de re'diger pour ce voyaume un code tout- a-fait nouveau , que le code actuel peat servir de base excellente pour le droit civil des Pays-Bas, lorsqu'il sera purge des inconoe'quences, des coutradictious , des superfluite's qui le deparent , lorsque plusieurs principes fondanientaux. auront ete change's ou modifie's convenable- nient , par rapport aux mceurs etaux usages duroyaume des Pays-Bas. Une preuve qui parle plus haul que fous les raisonnemens, et qui n'a pas e'chappe au discernemenl de M. le recteur j c'estque le nombre des proces ditninue graduellenieut , a cause de la clarte' de la le'gislalion , qui commence a etre irre'vocaljlenient fixe'e ; deja meme une foule d'hommes de loi se plaignent de celte extinction rapide des contesta- tions judiciaires , qi i , sous I'ancienne jurisprudence , ou au momeut de I'introduction du code actuel , e'laient une mine abondanle qu'ils savaient habilement exploiter. L'orateur a entretenu ensuite ses auditeurs de ce qui a ete fait a I'u- niversite pendant son rectorat. Voici les resullats qu'il a fait con- naitre dans celte seconde partie de son discours : 1°. L'anangeinent de la bibliotheque par une commission choisie dans les quatre faculte's , et presidee par M. le professeur Warnkoenig. La plupart des liVres ont ete places dans un ordre couvenable ; la re- daction des catalogues est coramence'e sur le modele de la belle biblio- theque de Gottingen ; les achats considerables que Ton a fails pendant celte annee ont porte le nombre des volumes au-dela de 8000. La faculte de medecine et celle de droit possedent deja des ouvrages tres-iiu- portans , et bientot les collections de ces deux facultes seront au com- plet, et n'obligeront plus annuellement qu'a une legere depensc pour Buivre les progres croissans de chacune de ces sciences. 198 ELROPE. 2°. Le jardin boianique sera entierement arraiiga dans le couraiil de 1821 ; le nombre des plantes qu'il renferme s'eleve niaiuteuant a 2000 especes et s'accroit tous les jours , par la Toie des achats, ou par les pie'sens que des Lotanisles zeles de ce royaume , de Paris el de Bonn , out fails a I'uiiiversite. Les serves el I'orangerie, qui sont tres- belles , ont ele' achevees an mois d'oclobre. 5°. Le cabinet de mineralogie , qxn renfermait deja la coUeclioa choisie et envoyee par le cclebre Brugmans , a ele encore t;ODsidera- blement augmente , et il sera place' pendant cet liiver dans les belles ar- moires qulliii sonl deslinees. Le cabinet de zoologie n'a encore vecu qu'une faible paitie des objets qne M. deTemminkd'Armsterdam doit lui faire parvenlr , et que I'on attend de jour en jour : cepcndant il possede deja plusicurs olseaux etrangers d'nne beaute reniarquable. On ne neglige aucun moyen de I'augmenler. 4°. On a dispose, pour facililer les exercices anatomiqucs delayb- culte de medecine , uue grande salie de dissection a cote' du bel am- pbithe'atre , dont la Revue a donue line coiirte description ( tome IVj p. 677) ; les diffe'rentes collections de celte faculte ont ele considera- blement augmentees. Le cours d'hisloire politique de I'Europe a etc fait, pour la premiere foiSj dans le dernier semestre, par M. Wageraann , appelu seulement en 1820 del'universite de Heidelberg , pour enseigner les sciences his- toriques et politiques.Le nieme professeur donne aussi , depuis le mois d'oclobre dernier, des Iccons sur I'histoireuniverselle, la statistique et 1' economic politique. Tous ces objets ont e'le passes en revue dans le discours de M. Ernst , qui a termine la solenuile en appelant les cleves vainqueurs , et eu transmettant le reclorat a M. le professeur Den^inger , de la faculte' de philosophie. Six me'dallles d'or ont ele distribue'es par le pre'sident du colle'ge des curateurs , M. le comte de Liedekerke-Beauforl , gouverneur de la province de Lioge. Les eleves des six universite's du royaume ont le droit de concourir a cliaque uni- versite pour y dispuler les medailles qui sont decernees cbaque anne'e par la munificence royale , d'apres les articles l4l et suivans du re'gle- ment du 25 septembre 1816. Pendant I'anne'e academlque qui vient de finir, 4o eleves ont e'te promus au grade de docleur dans la faculte de droit, et i5 dans celle de medecine J 46e'tudians , recus candldats dans la faculte de philoso- phie, onl ele adniis a sulvre les Icrons de droll. Parml les theses sou- EUROPE. 199 leiiues'cette anne'e^ on distingue celle de M. Cralle, de poriione legi- timd , secundum jus romanum , qui a ete aussi publiee a part ; celle de M. Paimentiei- , de iis qui contrahere\nonpossunt, secundum jus cifile hodiernum , et celle de M. Sauveur , de laesconihus cal- varice ab instrumentis contundentibus , et celle de M. Lejeune de Verviers, deja connu avaiitageuseraent par sa Flore des environs de Spa, de quarumdam indigenarum plantaruni virtutibus Commen- tarii : elle ricnt d'etre re'imprime'e en francais dans le tome 5, p. 33t , des Annates generates des sciences physiques , de MM. Bory S.- Vin- cent , Drapier et Van Mons, sousle litre : Sur les propriites medici- nales de plusieurs planus indigenes. Le nombre des e'tudiaus , qui s'elevait I'anne'e derniere a 38i , a t'te' encore augmente' depuis le mois d'octobre 1820. Les Annales acade'miqucs de I'an 1818 — 1819 seront bientot publiees. — Riclamation. — Je viens de lire dans la Revue Encyclopedique ( T. VII , p. \5l ) une notice assez inexacte d'un ouvrage que j'ai public I'annee dei'niere en AUemagne. L'on me range au nombre des auteurs hoUandais ; c'est un bonneur que je n'ai point merite , en traitant des questions discutecs depuis quelque terns par les juriscon- sultes d' AUemagne. J'ai su que je n'e'crivais guere que pour des lecteurs allemands; mais je n'aurais point reclame contre ime qua- lite' qui doit moins me toucher que les litterateurs hollandais , si je n'eufse reconnu qu'a cote de cette erreur , I'auteur de la notice en commetlait une beaucoup plus grave, en se trompairt tellcmeiit sur le caractere de mon traile que, pour respecter son discernement, je suis force d'accuser sa pre'cipitation , ou de croire qu'il a adopte de confiance une analyse qui en a ete faile en Hollande. Si I'auteur dc la notice avait juge monlivre digne d'attirer un instant sou attention , il aurait pu reconnaitre qu'au lieu d'adopter les principes de Kant , j'avais precisement pour but de combattre la methode de trailer le droit nalurel, suivie par la majeure partie des philosophes de cette e'cole. Je me trouve , au reste , dans une position qui pourrait paraitre plaisante a tout autre qu'a moi; je suis anathematise par la gazette litle- raire de Halle pour avoir ose m' eloigner du maitre , et iuculpe dans la Revue Encyclopedique pour I'avoir trop bieu suivi. Voire impar- tialite fera disparaitre ce contraste ; ct si , dans voire justice , vous tvouvez mon livre indigne dc vous occuper davantage, au moins vous 200 EUROPE. iH'acnidcrez , j'en suis certain^ le detlomningcnicnt d'inse'vev ma justification dans ime de vos pvochaines ILvraisons. Le Docteur L. A. Warnkoenig , professeiir en droit a I'uiiivevsite de Liege. Obseuvation. — Le faux jugement quia donne lieu a cette reclama- tion , vient en effet de ce qu'on avail adoptc de confiance une analyse de I'ouvrage faite dans un journal liollandais. FRANCE. Pas-de-Calais. — Boulogne sitr mer. — Bains de mer. — Le be 1 ctablissenient de bains de mer cliauds etfroids, et de douches, forme dans cette ville par feu M. CL^Ry de BicouRT, a e'te remis en acti- vite , le i5 juillet dernier, parM. Quettier , ne'gociant de cette ville. On s'est efforce de midliplier dans cet elablisssement, le seul qui existe en France, toutes les ressources que I'art pent tiver de I'eau d« mer. La ville de Boulogne , remarquable par la salubrite' de I'air qu'on y respire et par la belle variete' de ses sites , a , dans son voisinage , une fontaine d'eauxmine'rales ferrugineuses, dont I'efficacite a ete reconnue depuis long-tems par les mcdecins^ et dont les personnes qui viennent prendre les bains de mer peuvent faire usage avec avantage. Les bains sont contigus a de beaux appartemens , oii peuvent loger les baigneuis. Le bailment des bains a trente-un metres de facade ; il est fermepar une belle grille en fer. Un obelisque et deuscolonnes en marbre en de'corent I'enlree. II est compose de trois principales voutes place'esl'une sur I'autre et parfaitement eclairees. La retenue d'eau de mer est , a cliaque grande mavee , d' environ trois mille metres cubes. Celle eau , renouvelee tous les jours , est de la plus grande limpidite. SOCIETES SAVANTES ET d'cTILITE PtJBUQTJE. Avignon (Vaucluse'). — Dans la se'ance publique du 3o novembrc , Vacadimie de Vaucluse a de'cerne le prix, fonde en 1811 par M. le baron de Stassart, alors pre'fet , pour le meilleur eloge de Pe'tvarquc. Apres avoir ouvert la se'ance par un discours remarquable, M. de Cot- ton, prefet acluel ct president de 1' Academic, a fait Ja remise dc la mcdaille d'or a M. Liotard. L'analyse de I'ouvrage couroune par M. Morel, secre'lairc pcrpe'luel; nlubieurs Failles rt une Fpilrc pliilosoj)!iic]uc, deM. dc Stassari ; une EUROPE. 201 Uisseitaiiou tie M. Roclie sur les inconviniens des costumes actuels de.'i femm.es ; une Idylle tilegiaque de M. Achille Dulaurent ; la Des- cription des Alpes par M. le docteur Guerin , et uiie Cantate de M. Morel , intitule'e : Orphee vainqueur des Syrenes , qui se tvouve dans I'almanach des Muses de cette aune'e, ont e'te lues successivement ; Tasseinble'e , 'qui etait brillante et nombreusBj a manifesle sa satisfac- tion d'une maniere non equivoque. Bordeaux ( Gironde ). — Acadimie royalc des sciences, belles- .lellres et arts. — Seance du 7 dicembre i.Nao. — D'apretf la demande faite daus la seance du 23 novembre , et sur la proposition dii conseil d'administratiou , I'Academie arrete qu'il sera ouvert cette annee un concours extraordinaire, afin de perpetuer, par un temoiguage particu- lier, le souvenir de la part qu'elle a prise au bonlieur de la France , en apprenant la naissance de S. A. R. monseigneiu' le due de Bordeaiux. En consequence , I'Academie propose , pour un sujet de prix de poe'sie , la uaissance du due de Bordeaux ; le prix , couslstant en une medaille d'or de la valeur de 3oo francs , sera de'cerne' dans la seance publique du 26 aout 1821. L'Acade'mie propose le nieme sujet pour un concours de peiuture, auquel sont exclusivement appeles les ar- tistes nes ou domicilies a Bordeaux, et ceux qui appartiennent a I'an- cienne oua la nouvelle e'coledepeinture de cette vUle, quel que soit le lieu de leur re'sidence , et lors meme qu'ils seraient e'trangers a Bor- deaux. Le prix , consistanl en une valeur de 5oo fi-ancs, sera decerne dans la seance publique de I'Acade'mie, le 26 aout 1821. L'Acade'mie laisse aux artistes le choix des proportions convenable* i la composition de leur tableau; elle les invite seulement a ne pas s'eloiguer dela dimension ordinaire des tableaux de chevalet. Les ouvrages de poesie et ceux de peinlure , envoyes au concours, devront etre remis au secretariat de I'Acade'mie, rue St.-Dominique, n° 1, a Bordeaux , avant le 1"' aout. — Caen (^Calvados). — Academic roy ale des sciences, arts et belles- lettres. -■- Seance du 10 novembre 1820 , presidence de M. de Ma- gneville. — Le secre'taire lit une lettre de M. D. Turner, associe de I'Academie, et con-espondant de I'Instilut, qui fait hommage d'un exemplaire de son ouvrage ayant pour litre : « A tour in Normandy undertaken principally for the purpose of investigating the ar- chitectural antiquities of the duchy, with observations on it's history on the country and on iCs inhabitants , illustrated with 50J EUROPE. numerous en grafings;-/) a vol, grand in-8''. Londies, 1820. Cet 011- ■VTage, e'ciit en anglais et en forme de lettres , est orne' de notnbreuses gravuies e\e'culc'es par madaine et mademoiselle Turner, Tune t'pouse et rautie fille de I'auteur. L'Acade'mie, apres avoir entendu la lecture de la traduction faiteparM. Snijlliede lapreface, et de quelques fragniens de I'ouvrage surla ville de Caen et de ses ctablissemens , charge le secre'- taire de remercier I'auteur j ct de fiiire traduire la partie de cet ouvrage qui a rapport au de'partement du Calvados. M. Boucharlat , membre do I'Atlicne'e des arts de Paris , cnvoie deux ouvrages de sa- composition , I'uu en vers inlitide : la mori d'Abel., I'autve , Trails de calcul differenllel el de calcul integral. L'Athene'e nomme MM. Pattu et de Baudre , commissaires pour examiner ces ouvrages. — M. Lemercier , de I'Academie francaise , associe correspondant , envoie sa tragedie de la demence de Charles FI.—M. J. S. Smjlhe , associe' , offre a I'Academie , de la part de I'auteur , un ouvrage in- titule': aEsquisse d'unessaisur la philosophie des sciences, con- tenant un nouueau projet d'une division generate des connais- sances humaines;-» par M. le chevalier M. u4. Jullien, membre de plusieurs socie'tes savantes et lltte'raires. M. Smythe observe que le journal pe'iiodique , la Rcuue Encyclopedique , dont I'auteur de cet ouvrage est fondateur et dlrecteuTj est le seul recueil litteraire qui r.it rendu un compte satisfaisant de la derniere se'ance publique de rAcade'mie; que ce journal embrasse, dans ses publications men- suelles , des analyses raisonne'cs des productions les plus remarquables dans la litterature, les sciences et les arts, qui paraissent sur la sur- face du globe ; et qu'il est inleressant d'encourager cette utile entre- prise : il demande que I'Acade'mie s'abonne a la Revue Encyclope- dique, La proposition , appuyee par MM. de Magneville et He'bert , est adoptee. — M. Pattu donne communication d'un nouveau pro- cede pour imprimer des dessins, par M. Langlois , fabricaut de porcelaine a Bayeux. ( Voyez T. VII, p. 642.) M. le docteur Lesau- page lit de nouvelles reciicrches sur la circulation du sang dans les poissons. II annonce que cet ouvrage doit paraitre dans un des re- cueils periodiques destine's aux sciences naturelles , pour refuter ime nouvelle thcorie quo M. Blainville vient de substituer a I'an- cienne; M. iesawfa^e defend cclle-ci par des experiences analomiques consigne'cs dans son mcmoirc. — Dans sa seance du 24 novembre, la Socie'tc a enleudu la Iccluie des lemercimens que I'amiral Sidney EUROPE. 20S Smith adiesse a la compagiiie , qui I'a nomme associe concspondant ; ils sont ainsi concus : « M. le secretaire , hautement gratlfie par riionneur que I'acadefnie royale de Caen m'a fait d'acceder a mon de'sir d'etre recu associe' correspondant, je vous piie de lui en tc- moigner toute ma reconnaissance. L'unanimite' des sulfrages m'offre en meme tems la preuve flatteuse que je suis recu conirae I'ancien ami des compagnons de ma jeunesse, titre que je suis jaloux de conser- ver^ comme je pretends le me'riter ; celul d'ennemi elant une denomi- nation purement technique en terns de guerre , comme celul d anta- goniste est purement local pour les combattans sans haiue qui occupent I'arene. Dieu merci, les tems des luttes sanglantes ont cesse' ! et la similitude de nos institutions nous offre Tespoir que notre rivalite ne sera de'sormais que I'ambition louable de se distiuguer dans les sciences, les arts et I'ludustrie productive ^ d'e'tendre la civilisation aux barbares, et de maintenir par ce moyen la pais universelle , sans s'inquie'ter des the'ories abstraites sur des formes de gouvernemeut soutenues. a main arme'e.» Caen ( Calvados ). — Antiquitis arabes. — Rectification. — En rendant compte dans la iJet-Me (^T. VIII, p. ig8, livraison d'octobre 1820) du monument arabe conserve dans le tresor de Tcglise cathedrale de B.iyeux, nous avons , par eneur, pre'sente d'uue maniere incom- plete et fautive la traduction de I'inscription de ce monument faite par RI. le chevalier Hammer, ce qui a doune lieu a une note critique de M. Ellious Bochtor. Voici la version el la traduction envoye'es de Vienna le i5 aoiit dernier^ par le celebi-e orientaliste Hammer, telles qu'elles ont e'le' prc'sente'es dans la dissertation de M. Smythe. Bismillah errahmdnn errahem ! Birhou kamilet ve namihi schamilet. — Tra- duction francaise telle que nous r.-ivons donne'e { T. VII, p. 63o) : . [> a. Maisons de sante destinees aux alienes. JE. Salverle. 2G 3. Tablettes Numismatiques. _ Dumersan. 4?. II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4. Traile des grandes ope'ratioris militaircs, par le ge- ne'ral Jomini. 1''" partie, Ch. Dupin. /io 6. Histoire de I'Archipel Indien, par John Crawford. L. S. Gi 6. Du principe conservateur, par M. Mezaki), Dupin, ai'ocal 72 7. Revue Chronologique de I'Histoire de France. A. de la Borde. 8:/ 8 Biographic dii comte Tessin. Heiberg. 8s g. Essais sur la litte'raturc des HeLreux. Gnay. gS 10. Litterature orientale. — Languc arabe. J. A-'"'* io3 11. La Vierge d'Arduene. Z,ecomte deSegur. 111 12. Artaxerce, tragedie. S. D. Thierry. 117 III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de 85 outrages francais et etrangers too IV.NOUYELLESSCIENTIFIQUESETLITTERAIRES. AMiaiQTJE : Groenland.— Etats-Unis. — Brebil. — lies dc rOcean-Pacifique. Asie: Cliine. Afrique : Sierra-Leone. — St. -Louis. Europe : Grande-Bretagne. — Pologne. — Finlande, — Suede. — Danemarck. — Alleraagne. — Prusse. — Ba-.iere. — Grand Duche de Baden.— Suisse. — Italic, — Espague. — Pays-Bas.— France.— P.Tris. 1 7 Libraires cliez lesquels on pent souscrire dans les pays Hranffera, Jix-la~Chapelle, Ijavuelle fil». yl mslerdam , O. Dnfour. j'trau {Suisse), Saaerlandcr. Berlin, Scliclebiuger. Berne, Clias, au Cabinet litter. Breslau , Tb. Korn. BruxeUes, Lecbarlier. Urates, Bofiaeit, — Dumoi'tier. Florence, Piatii. Fribourg (Suisse), Alois* Ejp- gciidorfcrr. Fr.mcfort'Sur-Mfin, Sr.Uaefier. Genet>e, J. -J. Pascboud. Lausanr.e, Fisclipr. Zfj/*6/c*, Giie.sIiainmCr. Liege, Jalhcaii pt-rc. Lisbonne, Paul Marlin. Londres , Dulau et corap,, Treutial et Wilni. Madrid, Denaee, — Peres, Milan, Gicglor, — Vismara. Moscou, Gauiici', — Ris. Naples^ Boi-el. Neuchdiel (Suisse), Grester. Noui'elle-Orlean&, Jourdon. Palerme ( Sicile ) Pedonne ct jMuratoii. Petenboiirg , Saint-Florent,-— Graeir. Tubingen, Coua-. Turin, Bocca. Var&dvie , Glucksberg , — Za* vadsky. ^i*/w*(,Autriche), GcrolJ. COLOMES. Guadeloupe (Pointe-u-Pitre), Pinli^t aini;. Ih-de-Frarsce (Port Louis), E. Buiostes et che. ,esprincip,uxlibralres, a Paris, dans les departemens et dau. '"VZ caWeTou livraisons formeront uu volume. Cheque vo- lume era termine par une table des matiferes alphabetiquc et analyiique, q-U eclaircira et laclluera les recherches. [ndevendammenl des Collaboratmrs nommis a lasHile du Hire pSurs samns , publwistes el hUrateurs distingus^ ontvromTde concounr Indireclemenl a laredacUon de W Recuel elfourrussantdes ind^caUons ei des rensecgneniens Tour les branches des connaissances dont ih s'occupent. ' NoTsesvirons que d'aulres. amis des sciences et des lettre.. .nTrMtbatdun, enireprise a la Jms natwnale et euro KtTauiavourobjet deconcentrer dans un J oyer com ''"''"''jAomvterendJdesprogres de Vinslruction yublunu Tlenc^^s Teures et dL a%. sur tous les points dujU^, tudrontbien aussi, par leur correspondance el par d'uldc:. ' lommumcalions , s'associer a nos trumux. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNOINGES RAISONNEES Des productions les plus remarquahles dans la Litterature , les Sciences et les ^rts. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. NOTICE Relative au Tableau ei-joint des variations de la temperature pendant I'annde 1820. Malgr£ les progrfes que la physique a fails de nos jours, il restetantde d^couvertes h d6sirerenm6t6oro- logie , qu'il doit etre utile d'avoir h sa disposition une Table des differentes variations atmosphcriques qui ont 6t6 remarqu^es k Paris. Les personnes que leur gout porte vers ce genre de recherches peuvent, en comparant ces r^sultats avec leurs propres observa- tions, en tirer des rapprochemens pr6cieux pour la physique de I'atmosphfere. D^jh, dans cetle vue , quelques savans distingu^s Tome ix. 26'" Cahier. 15 222 NOTICE consacrent une paiiie de leur tems a construire les tables indicatives des divers changemens qu'ils ont observes , et ccs tables sont recueillies par plusieurs journaux r6dig(^s dans les principales villes de I'Europe. Mais , jusqu'ici , ce travail faslidieux n'a encore pu con- duire h la connaissance d'aucune loi importante h la m^t^orologie. Les resultats qu'on lit dans ces tables ne pr^senlent h I'ceil qu'une confusion de nombres et de ftiits si variables , que I'esprit n'en pent saisir les bizarres ^li^mens. II importe done de consigner ces r^sultals sous une forme commode , qui permetle h I'oeil de suivre sans peine leurs principaux changemens , et oil Ton puisse meme retrouver avec precision les nombres des table?, Celles que Ton insure dans la Connaissance des tems , dans les Annates de physique et de chimie , etc. ne semblent pas aussi propres h remplir le but, qu'un ta- bleau figuratif oil ces diverses variations seraient in- diqu^es par des traits. C'est ce qui a d6termin6 M. Campion h composer le tableau qui a H6 ins(^r6 dans le i 7* cahier de notre Revue (mai, 1820. TomeVl,pag. 207). Mais, il faut I'avouer , on a signal*^ dans ce premier travail plusieurs genres d'imperfection , qui ont fait senlir la n<5cessit6 de le refondre d'aprfes un nouveau plan. L'ancien ta- bleau ne presentait que la temperatwe mojenne de chaque mois; en supposant que la figure fut exacle sous ce rapport, quo pent suggdrer h I'esprit une sorte d'escalicr, dont une marche se rapporte ^ un mois entier, et quel usage pourrait-on en faire ? L'ann6e que I'auteur appelle mctdorologique, el qu'il RELATIVE AU TABLEAU M^ITEOROLOGIQUE. 223 fait commencer en oclobre et finir avec le mois de septembre de I'aun^e suivante, est une innovation qui n'a pas de but. Ne vaut-il pas mieux conserver a I'ann^e sa division accoutum^e, de Janvier h la fin de d^cembre, sauf ci joindre ies tableaux de deux anndes successives , lorsqu'on veut comparer le froid , du dernier mois d'une annde , avec celui du mois qui recommence I'anu^e suivante ? II ne faut pas oublier que Ies variations de tempe- rature ne sont qu'une partie des effets que la m6t6o- rologie embrasse : le tableau doit aussi s'^tendre aux observations du barom^tre et de I'hygromfetre , aux ^poques qui ont amend la pluie, laneige, Ies tempetes et la foudre, etc. 11 est vral que le format de notre Revue ne laisse pas la possibility de donner au tableau Ies di- mensions udcessaires pour y consigner tons ces faits. Mais Ies bases qu'on y adopte, pourpeindre Ies variations de la temperature, doivent convenir dgalement aux autres observations m6t6orologiques : le tableau doit etre concu d'aprfes des regies qu'on puisse appliquer k toutes. Forc6, par la nature de notre format in-S", de rdser- ver le tableau h. un seul genre de faits, j'ai prdfdrd , k I'exemple de M. Campion, le construire pour Ies va- riations de la temperature : elles exercent , sur tons Ies corps da la nature , de si puissans effets , qu'on doit Ies regarder comme I'un des agens Ies plus actifs de la nature, soit pour creut-etre communique cette impulsion au genie poetique de son tems, sans le retour de Charles II. Le Parndis Perdu n'avait pas en- core eu le tems de faire impression, quand ce roi vint ap- porter sur le trone, avec la licence dont une vie aventu- riere laisse toujours la trace , une frivolite excessive et un goQt exclusif pour le genre appele classique. Sa cour eut bientut substitue a la majeste , a la sublimite , a I'audace de I'ancienne ecole, une poesie brillante , polie, inge- nieuse, et qui n'avait pas memo ce reste d'originalite que I'ecole metaphysique gardait encore. La force, la grandeur, I'imagination furent bannies sans retour de la poesie : plus de ces vues profondes et myslerieuses du coeur humain, plus de ces combinaisons inattendues, qui , unissantles pensees les plus eloignees, en font jaillirdesverites neuves et lumineuses, qui etonnent et ravissent, comme I'eclair parti a la fois de deux points de I'horizon. L'enthousiasme meurt: rien alors qui eleve Tame au-dessus du monde qu'elle habite; rien qui nous arrache a notre sphere, a nos societes, a nos villes, a nos salons. Ce nouveau genre de poesie avait peu de rapport avec le caractere national ; mais , apres des convulsions longues et terribles, apres tant d'agitations steriles et sanglantes, un pcuple est trop las pour faire aucun effort honorable : la plaisanterie insouciante le console ordinairement de ses pertes; au sein de la moUesse et de la licence, il se re- pose de ses fureurs. Les Anglais adopterentaisement, avec les moeurs de la cour, ce goQt litteraire, decore du titre 23A ESSAI HISTORIQUE imposant de classique , goftt que distingualt d'ailleurs une certaine elegance moiiarchique , en rapport avec les idees du moment. Le premier age de cette ecole est remarquable par une licence sans frein et par une servilite hideuse. On ne prononce qu'avec degoCit les noms de niistriss Be/in, de Rochester Gi de Wyeherley. II n'est pas jusqu'au vigoureux genie de Dryden qui n'ait cede au torrent; et la honteuse empreinte du siecle se montre partout chez cot homme, qui porta, dans tous les genres de poesie, avec un succes egal, la pompe de la versification, la virilite d'exprcssion et la force de raison qui le distinguent. Dryden est le plus grand poete de son terns; mais, dans la foule de vers qu'il aecrits, si Ton en trouve beaucoup de nerveuxetquelques- uns de sublimes, on n'en trouve pas un seul de touchant. A cote de lui, parait I'auteur dramatique le plus pathe- tique de I'Angleterre , Otu^ay , dont toute la vie offre le spectacle du genie aux prises avec le malheur, et d'une sensibilite ardente, delicate, profonde, luttant contre tout ce qui pent degradcr I'liomme. Charles II prodiguait I'or a ses maitresses et a ses favoris , tandis qu'Otway , roya- liste prononce, mourait de faim (dans toute I'horreur de I'expression ) , que Batler, dont la verve satirique avail combattu pour la cause royale plus efficacement qu'une armee , perissait dans le besoin , et que le grand Dryden, qui avait contribue si puissamment, par sa tragedie A'Ah- salon, au triomphe des Torys , etait aux gages d'un li- braire. Apres le regne de Charles II, on dirail que la premiere fievre d'immoralite se calme ; et c'est alors que la nouvelle ecole poetique commence ase perfectionner: la grossierete disparait; la plaisanterie ingenieuse se montre; un ton de bonne compagnie et une elegance delicate se repandent SUR LA POiSIE ANGLAISE. 255 sur loutes les productions; la satire, en sepolissant, s'ai- guise. Pr/orsaisit , avec unbonheur dontles Anglais n'ont pas d'autre exemple , ces graces legeres et fugitives, ce melange d'esprit et de naivete, qui semblent appartenir en propre a la litterature IVancaise. Parnell ft'int la nature avec delicatesse. Chez I'auteur du Mhiestrel, J. Bealtie, des tableaux esquisses largement, une certaine majeste touchante compenserent la steriiite d'invention et la faiblesse del'execution. Je passe legerement sur la simplicite triviale dePAi7/ps,laparodieingenieusede Gay, la poesie coquette de SJienstone, la satire que Smft T^e.lri\. avec de la boue et du fiel, enOn les poesies correctes et pules de I'ingenieux Adisson. Pope est le modele , le chef et I'idole de la poesie clas- sique en Angleterre. La versification anglaise , adoucie par Waller, perfectionnee Tpar Djyden , a recu de lui une har- monic virgilienne, une elegance digne de Racine. Satirique mordant et ingenieux, estimable comme moralisteetcomme poete didactique , heureux dans I'emploi qu'il a fait de la fiction badine et legere, maniant a son gre le langage dont il possede toutes les delicatesses, les beautes et jusqu'aux hardiesses heureuses; c'est toujours un homme d'esprit qui pense juste , qui ecrit avec beaucoup d'tirt, et qui sait cacher cet art meme ; jamais ce n'est un potte createur , un homme d'imagination et de genie. II n'a peint la passion qu'une seule fois, et il a reussi avec le secours d'Heloise et d'Ovide : mais ordinairement il ne sort pas de la sphere des salons et de I'imitation des anciens ; s'il veut offrir un tableau de la nature , ce n'est pas la nature elle-meme qu'il copie, mais bien une copie antique. S'il parle de rhonime etde ses vertus , ou de ses vices , il vous le montre couvert des modes de son tems, et non dans la beaute 236 ESSAI HISTORIQUE oue de ses proportions. Enfin , qui cherchc le poelc chez Pope, trouve un hommc du monde qui versifie (i). Apr^slui, la decadence de sonecoleestrapide. Thompson, ne en Ecosse/eleve parmi les beautes pittoresques et les hommes simples de sa patrie , porte le premier coup a cette poesie artificielle , et reveille chez les Anglais le sen- timent de la nature. II a su la peindre en grand maitre , non.par des esquisses partielles de chacune de ses beautes, mais comme Milton et Homere , a grands traits , sans con- fondre les distances, sans' blesser les lois dela perspective. On iui reproche una versification lourde et embarrassee, une pompe sterile d'images et un manque total d'ensemble ; mais il est si vrai dans, ses tableaux; son Printems est si frais , son Ete si brCilant , son Automne si melancolique , son Hiver si glace, que tous les amis de la Nature ne ccsseront de le cherir. Young, son contemporain, offre un singulier melange du style des deux ecoles. Ne avec un genie vigoureux et bizarre , dont la grandeur irreguliere tient quelquefois de Shakspeare, dont la penetration vive rappelle les bons morceaux de Cowley , il voulut aiguiser et polir, a la ma- niere de Pope, les productions d'une imagination ardente et sombre. De la, le contraste fatigant de ses pensees et de sa maniere d'ecrire (i) , le ridicule de ses hyperboles epigrammatiques, son obscurite si frequente et sa con- trainte perpetuelle ; mais il est grand, energique, original. (i) Voy. I'opiuion de Cowper et de plusieurs critiques a ce sujet. (i) La traduction de Lctourneur ay ant fait disparaitre ses defauts , on ne coiinait gueie en France Young, que coiume un poete me'Jan- collque, sombre et reveur, quelquefois cmphatique , et souvcnt su- blime Sl)R LA POKSIE ANGLAISE. 237 cc qu'on pent seulement regretter do ne pas trouver chez lui, c'est I'expression vraic des affections tendres et douces. La tcndresse et la douceur sont les principales qualites de I'aimable Gray, qui trouva dans la mythologie du Nord une riche source poetique ; scs imitateurs n'eurent ni la mome instruction, ni la meme grace, ni la meme energie, et son ccole ne subsista pas long-tems. Akenside revetit une philosophic abstraitede couleurs brillantes, mais nefit point partager son enthousiasme methaphysique a beaucoup delecteurs. ^r/resiJrorajg-ecrivit avecune pureterare. Smart, nioins connu , parce qu'il a vecu pauvre , mit dans des poesies fort courtes une chaleur de sentiment et une force d'expression admirables : C'est lui, dont on disait qu'il etait grandeinent extraordinaire et extraordinairement grand (i). Une noblesse soutenue , un enthousiasme de liberie profondement senti soutiennent le Leonidas de Glover, d'ailleurs pauvre d'invention, aride et prosaique. II faut citer le pittoresque et tendre Collin, et le bon Goldsmith, qui joignit a un style gracieux une volup- tueuse melancolie , et aux pensees du philosophe la re- verie pleine de charmes. Jamais I'Angleterre n'a joui d'un rcpos aussi doux et aussi continu que depuis la reine Anne jusqu'aux pre- mieres annees de notre revolution. En admettant I'in- fluence immediate de I'etat des mceurs sur celui de la littorature, et en regardant la poesic , suivant la vieille expression de Sbakspeare , comme le miroir des peuple-: et la bi'h'e chronique des terns (2) , on peut trouver la ti'ace de cet etat florissant, de cette tranquillite prolongee dans (1) Irregularly great, and greatly irregular. (2) The abstract and brief Chronicle of the Time. Hnnilou ToMr IX. IC 238 tSSAI IITSTORIQliE les sentimens doux et tcndrcsquc Ics pontes de cette epoque sc plaisent surtoul a cxprimcr. L'cpoquc suivantc, qui precede immediatemcnt lanOtre, nominee quelquelbis Jolmsonnienne ii cause de I'autorite que 7c)/i72so« exefca, memc apres sa mort, surtoute la lit- terature, porte les mimes caracteres que la precedente, ct n'est particuliercment remarquable que par le grand nombre de femmes poetcs qu'elle produisit. Parmi elles , on distingue la spirituelle Piozzi, mistriss Barhault qui a de la vigueur ct de I'energie, la tendre ct gracieusc Seward J, lady JVallace , Hannah More , Hilene-Marie JVilliamsi deux jeunes filles de quatorze et dix-sept ans, qui publierenl leurs poemcs ensemble, HHene et Marie Fal- coner^ enfin jusqu'a une laiticre de Bristol, Anne Years- ley, qui ne manque ni d'originalite ni de verve. Charlotte Smith ct MM. Robinson durent toutes les deux aux malheurs de leur vie le developpement d'un genie tendre et pathetique. Les sonnets de la premiere , composes sous rinflucncc des maladies et des chagrins , respirent la melancolie la plus touchante. L'autre, noe avec tons les charmes de la figure ct de I'esprit, dcvenue ce- lebre (i) par un attachement bien malheureux , a re- pandu sur ses poemes une teinte plus sombre et les traits d'unc ame plus passionnee. Une douce melodic et une charmante delicatesse d'expression caracterisent le style de ses compositions elegiaques. Darwin, qui essaya de faire parler a la science le Ian- gage de la poesic, trouva des imitateurs, meme en France. Sa versification est originale ct barmonicuse. II a un la- lent d'obscrvation fine : il sait combiner ses idecs d'une maniere aussi neuve que le sent les resultats qu'il en tire : (i) Voyei ses Mimoircs< SIR LA POESIE ANGLAISE. 239 ses images ont de I'eclat ; son coup d'oeil est celui du phi- losophe, qui se place au-dessus des choses pour embrasser, lion les parties , mais I'ensemble. Avec ces qualites rares, pourquoi Darwin est-il pen goCite ? pourquoi son ecole esl-elle morte aussitot que nee? C'est qu'il nc dit rien au coeur de I'homine. Sa poesie, toujours nietapbysique ou descriptive, n'eveille jamais un sentiment, ne laisse aucune trace dans I'ame. Eminemment allegorique, ha- bile k donner ( suivant I'expression fine et animec du pocte) aux choses les plus siihtiles et les plus mysterieuses^ la couleur, la forme et le mouuement (i) , elle oublie la chaleur et la A-ie, elle met tout sous les yeux de I'esprit; mais ce n'est pas assez pour la poesie, qui vit de sen- timent et de passion. Pendant que le docteur Darwin prend beaucoup de peine a versifier brillamment ses rcves metaphysiques, un paysan d'Ayrshire , en Ecosse , compose, dans son dialecte , et en labourant la terre, de simples chants qui feront toujours les delices des amis de la nature. C'est I'amour de la pa- trie, ce sont les belles rives du Devonn et de I'Astonn, le retour du soldat dans sa chaumiercj les superstitions na- tionales, la douce soiree du villageois an milieu de ses cnfans ; c'est I'amour surtout , non romanesque ou galant, mais brOlant et irresistible; non sans verite, sans chaleur, mais profond, mais senli, maisplein de delices et d'orages, que Robert Burns aime u chanter. Une verve facile, ener- gique , entrainante , pleine d'une simplicite gracieuse , anime partout les effusions tantot gaies, tantot satiriques, tantot elegiaques de cet aimable poete. Un autre phenomcne litteraire de la mCme epoque , (i) And to most subtile and mysterious things dues colour , strength and motion. Akekside. 16 SAO Bl'VlX-ARTS. Chatterion , public , a dix-huit ans , sous Ic nom dc Th. Rowley i poetc du quinzicmc siecle, des poesies en vieux langage , marquees du sccau du genie. Pendant qu'on discule beaucoup sur leur authenticite , le jeune homme, sans amis i Londres, est en butte a I'avidite des libraires, a I'envie des gens de lettres, a la mechancete des hommes; irritable ct ardent, profond dans tous ses sentimens, fier dans sa pauvretc, naturellement melanco- lique, il meprise le monde oii son genie et sa jeunessc ne servent qu'a son malheur, et se donne la mort. Ph.-E. CHAStES. ^La fin au procjiain Cahier). \J\/\/\/WWW\l\MV\/\ BEAUX-ARTS. —MELANGES. Exposition annuelle des produits des quatre manu- factures R0YALEsrf6P0RCELAINESt/6iS'<^ Je voudrais tous obeir en tout, Madame ; mais, de grace, ne me pnrlez plus de laire des livres, ni meme trop des gens qui en font. Nous avons des livres de morale cent lois plus qii'il n'en faut, et nous n'en valons pas mieux. Vous craignezpour moi le desoeuvrement et I'ennui de la retraite; vous vous trompez, Madame, je ne suis jamais moins ennuye, ni moins oisif que quand je suis seul. II me reste, avec les amusemeas de botanique, une occu- pation bien ch^re, et a laquelle j'aime cbaque jour davan- tage a me livrer. J'ai ici un bomme qui est de ma connais- sance, et que j'ai grande envie de connaitre mieux. La societe que je yais lier avec lui m'empechera d'en desirer aucune autre. Je Festime assez pour ne pas craindre une intimite a laquelle il m'invite; et comtne il est aussi maltraite que moi par les hommes , nous nous consolerons mutuellement de leurs outrages, en lisant dans le cceur de notre ami qu'il ne les a pas merites. Vous dites qu'on me reproche des paradoxes? Eh! Madame, tant mieux; soyez sQre qu'on me reprocherait moins des paradoxes, si I'on pouvait mereprocher des erreurs. Quand on a prouve que je pense autrement nuc le peuple, ne me voib'i-t-il pas bien refute? Un saint homme demoine, appele Ca- .'51 A LITTERATIRK. chot (i), vicnl en revanche do fnirc un gros livrc poui prouYcr qu'il n'y a rien a nioi dans les miens, et que je n'ai lien dit que d'apres lesautres. Je suis d'avis de laisser, pour tbute reponse , aux prises avec sa reverence , ccux qui me reprochent , i si grands cris, de vouloir pcnser autrement que tout le nionde. » On doit s'etonner que les lettres de Rousseau qui se trouvenl dans ce recueil soient rcstees inedites, tandis que beaucoup d'aulres, adressees egalement a la comtesse de Boufflers, font depuis long-tems partie de ses ofiuvres. II est vrai qu'on trouve, dans les nouvelles , quelques pas- sages dont la publication eCit cte dangereuse ;\ I'epoque oii le parlcment avait encore de la puissance; tel est Ic passage suivant :« Vous m'etonnez, Madame, en me re- prochant mon indignation contre le parlementde Paris; je le regarde comme une troupe d'enfans etourdis qui, dans leurs jeui, font, sans le savoir, beaucoup de mal aux hommes; mais cela n'empcche pas qu'en ne I'accusant envers moi que d'iniquite, je ne me sois servi du mot le plus doux qu'il etait possible. Puisque tous avez lu le livre , vous savez bien , Madame , que le requisitoire de I'avocat general n'est qu'un tissu de calomniesqui ne pour- raient sauver que par leur betise le chatiment dO a I'au- teur, quand il ne serait qu'un particulier; que doit-ce etre d'un homme qui ose employer le sacre caractere de la magistrature a faire le metier qu'il devrait punir? u Aujourd'hui meme , il serait dangereux de parler av/c autant d'irreverence d'un requisitoire, fOt-il meme de la force de i:eux du fameux Omer on de Fleuri. II parait que madame de Boufflers etait tres-discrete, et qu'aucune des (i) Rousseau veut pavler de dom Cajot ^ amevir des Plagiats df J. J. Rousseau Jans le livre d'Emile. LITTEllATUiU:. 515 lettres qui lui avaieiu etc adressoes na etc piibliec avoc son consentement. Quant a ses propres lettres, on ne tronve dans ce rocueil que les deux qu'elle ecrivit, comme je I'ai dit plus haut, a Rousseau et i Hume, a I'occasion de leur fameux demele. Cependant on voit, par les re- ponses de Hume, qu'elle lui en ayait adresse un grand nombre; peut-etre se trouvent-elles encore chez les heri- tiers de I'historien anglais; elles doivent etre interessantes par les particularites qu'elles contiennent sans doute sur les hommes et sur les evenemens du regne de Louis XV, epoque oii la France marchait dejd a grands pas vers la reforme totale de ses institutions. Depping. t^-W WW \ Delle odi di Q. Orazio Flacio, etc. Odfs d'Horace, traduites en vers italicns. par M. Thomas Gar- GALLO (l). Dk tons les poetes anciens, Pindare, et Horace qu'on pent regarder sous plus d'un rapport comme le Pindare des Latins, sont, sans contredit , les plus difficiles a tra- duire dans les langues modernes. Toutefois, cette diffi- culte meme semble avoir ete un attrait de plus pour les traducteurs qui se sont presentes successivement dans I'arene , avec I'espoir de surpasser leurs devanciers. Fran- cesco Mezzanotte , de Perouse, et Lucchesini, de Lucques, sont, parmi les Italiens, les plus nouveaux des nombreux t-aducteurs de Pindare. Mais Horace en comptait encore un plus grand nombre avant M. Gargallo, qui cite lui- meme plus de cinquante traductions italiennes de ce poete, parmi lesquelles ii s'en trouve trois encore inedites: (i) Naples, 1820, 4vo]. in-8". M6 UTTliRATURK. I'une conscrvee dans la bibllotheque MagliahecJiiana ; I'aiitre faite par Gianonne, lorsqu'il gcmissait dans los prisons de Turin; et la derni6re de I'abhe Galiani. Entrc ccllcs qni ont ett; publices avec plus ou moins de succes, on distingue les traductions de Stefano Pallavicini , de Giuseppe Solari , de Francesco Vcnini , de Melchiorre Cesarotti, et dc Lodovic Antonio Vincenzi ; mais M. Gar- gallo mc semble superleur i tous. II avail doj;\ public en 1811, a Palerme, une version desodes d'Horace; il donne aujourd'hui la traduction com- plete des ceuvres de ce potte, enrichie de commentaires et de notes, line preface ctendue , accompagnee de notes, se trouve en tete du premier volume, et prouve que I'au- teur est aussi bon prosateur que bon poete. II ne se con- tentc pas de cette correction et de cet emploi continuel du mot proprc qui pourraient suffire au genre didactique ; il recherche encore cette elegance et ce fini qui annoncent peut-etre trop le travail et I'art de I'ecrivaln. Souvent meme, les pensees paraissent moins heureuses que les ex- pressions. II commence par exposer les difficultes de I'art de traduire; il caracterise ensuite le genie poetique et la philosophic morale d'Horace, et cherche mcme a exposer le systeme de ses principes litteraires et philosophiques. Puis suivant la marche, les vicissitudes et les perfection- nemens de la langue ilalicnne , il s'altache a la justifier , peut-etre plus qu'il ne convient, des. reproches que lui font les etrangcrs. Nous nc croyons pas hors de propos de faire remarquer ici que le seul reproche qu'on puisse au- jourd'hui adresser a la langue italienne, est la prolixite et une trop grande redondance qui nuisent souvent d la pre- cision, surtout dans le genre didactique. II est vnu que la richesse actuelle des idees et les progr^s que I'instruction publiquc fait de jour en jour , exigent un choix severe el LITTERATURE. S17 beaucoup d'economie dans les pensees, et plus encore dans les mots. Jamais on n'a plus senti rimportancc de cette maxime : employer le moins do mots possible pour exprimer le plus possible d'idees. Ciceron , imite par Boccace, ctparodie par les imitateurs de celui-ci , semble avoir donne lieu a I'abus que nous signalons. Toutefois cette prolixite meme n'est point un vice inherent a la langue italienne, mais un defaut particulier et accidentel des ecrivains qui en abusent. Le Dante I'a prouve, ainsi que plusieurs ecrivains de son terns , qui, moins corrects et moins elegans que lui, ont la meme concision et la meme force. Quoique Boccace ait detourne la langue ita- lienne de sa premiire direction, on rencontre, dans les siecles suivans, des ecrivains qui I'y ont ramenee : tels sont Machiavel , Segni, Gravina, Parini , Alfieri, etc. M. Gargallo entre egalement dans quelques details sur la versification italienne, et sur les moyens qu'il a em- ployes pour en varier les tours et la plipr de maniere a rendre plus fidelement les idees d'Horace. Le rliythme de chacune de ses odes est ordinairement approprie au sujet ; quant aux epitres et aux satires, il les a traduites en vers blancs ( sciolti ). Plusieurs de ses devanciers s'etaient donne beaucoup de peine pour reproduire le metre ct le rhythme des Latins; ils croyaientyetre parvenus, lorsqu'ils avaient pu rendre rharmonie des vers latins prononces a la maniere italienne, comme si cette espece d'harmonie etait celle que les Latins leur donnaicnt. M. Gargallo, moins superstitieux, au lieu dej'echercher cette pretendue harmonic que nous pouvons tout au plus comprendre par la reflexion, mais que I'ouie seule peut faire saisir ct appre- cier, s'est contente d'accorder la preference aux metres que la versification italienne lui a presentes comme plus conformes ;i la nature des divers sujets qu'il avail a trailer. Tome ix. 21 Sia, LITTIIUATLIU;. Le genre loniantiqiic a occupc aussi rattcnlion cic M. Gargallo, qui lui a consacre une tres-longuc note. II cheiche a nous persuader que, malgre tous ses efforts, il est a peine parvenu a comprendre les ouvrages de MM. Sis- mondi et Schlegel. A I'entendre, ils ne lui offrent que des bizarrerios, des irregularites , et cette manie de varinre pj-odigia liter, coinme s'exprimait Horace , ayant eri vuc peut-etre les romantiques de son terns. Sans approuver toutes les idees de M. Gargallo, nous aurions desire qu'il efit analyse plus severement le genre romantique , au lieu d'en decrire si poetiquemeat les effets. Du reste , il n'est pas etonnant que, forme a I'ecole classique d'Horace, M. Gargallo se soit inontre si severe pour une ecole nou- velle qui lui est si opposee. L'auteur est plus sobre de reflexions dans les notes ou commentaires qu'il a places a la fin de chaque livre des Odes. II se declare peu favorable a la foule des comnienta- teurs qui , au lieu d'eclairer, ennuient ceux qui ont la pa- tience de les consulter. Ses notes sont generalement neuves et judicieuses ; tantot on y compare les deux langueslatine et italienne, tantot on y eclaircit quelqive doutc scienti- fique, et souvent on y rencontre des reflexions qui appar- tiennent entierement au commentateur. Quant i la traduction des Odes , qui est I'objet principal du travail de M. Gargallo, elle estpresquc partout d'une fidelite d'autant plus etonnante qu'il a suivi les regies les plus severes de la versification moderne, et s'est assujeti aux entraves de la rime. Sous ce rapport, je ne crois pas qu'au- cun des traducteurs d'Horace puisse lui etre compare. 'LuBiJyliotJieque hcxlienne a. donne un tableau comparatif tris-curieux de deux morceaux de la traduction de M. Gar- gallo, et des versions correspondantes de ses nieilieurs de- vanciers ; on pourrait tenter la meme comparaison avec les LITTliRATURE. 519 traducteurs etrangers les plus estimes sans craindre de lui voir perdre sa superiorite. Si je ne me trompe, M. Gargallo n'oflre pas la meme perfection dans la traduction des Satires et dies Epttres ; je n'y ai point retrouve d'abord cette tournure originale , ce naturel, ni cette aisance qui, selon I'opinion generale, n'abandonnent jamais Horace; cependant, lorsque j'ai touIu confronter la traduction avec I'original, elle m'a semble si exacte etfaite avec tant d'art et d'habilcte, qu'une seconde impression tres-favorable a efface presque entierement celle qu'une premiere lecture m'avait laissee, Saifi. «/l/\VW\T'VV%'VV\^^ PoisiES DE Marie de France, etc. , ptibliees par B. de Roquefort (i). .Parini les Trouveres normands ou francais des XH* et XIIi° siecles qui porterent et mirent en vogue, en Angle- terre, notre idiome et notre litterature, figure avec hon- neur unp. femme, assez vaguement designee par le nom de Marie de France, et la premiere connue pour avoir fait des vers francais, ou meme pour avoir ecrit en fran- cais. On ne sait guere rien d'elle, sinon qu'elle vivait en Angleterre, vers le milieu du XIIP siecle, et qu'elle s'y fit une renommee par ses poesies. C'est de ces poesies, depuis quelque tems signalees a la curiosite des ama- teurs de notre ancienne litterature, que M. de Roquefort vient de donner une Edition elegante et soignee. Des deux volumes dont se compose cette edition , le pre- (l) Paris, 1820, 1 vol. in-8°. Cliasseiian , lihiaire, au depot bibliograpliiqiie , viie de Choiseul , n." 5. 31 * rM MTTEIUTt'RE. miei rcnferme i5 Lays, et le a'un recueil de io3 fables, outre line legende dc plus de 3ooo vers, sur le Purgatoire de saint Patrice. Lcs pieces de poesie auxquelles on don- nait en France le titre de Lays , dans le XIII° siecle , elaient, pour la plupart, du genre narratif, et se distin- guaient des Fabliaux, en ce que I'argument en etaitd'or- dinaire pathetique et serieux, au lieu que ceux-ci roulaient habituellement sur des aventures plaisantes. Dans les i5 Lays que nous avons d'elle, Marie de France n'a fait probablement que reproduire, en les modifiant dans la forme et les accessoires , des sujets deja traites pur les Trouveres, ses devanciers. II y en a queiques-uns dont le fond ne manque pas d'interet; mais, en general, ces petits poemes ne se distinguent par rien de bien original, ni dans le style ni dans la composition. lis peuventplaire toutefois par quelquc chose de naif, dc facile , jc dirais presque de doux, dans la maniere et dans le ton, qui suf- firaii, si I'auteur n'en etait pas connu , pour faire soup- conner qu'ils sent I'ouvrage d'une femme. Les plus inte- ressans sont ceux qui, fondes sur des croyauces ou des su- perstitions populaires, alors dominantes, ont, par li, quelque chose d'historique , soit dans le fond, soit dans les accessoires. Les personnes versees dans la connaissance de la litte- rature et des fictions du moyen age savent quel bruit faisaient alors les merveilles du Purgatoire de saint Pa-- trice. Le recit de Marie de France parait n'etre que la versification litterale et simple des legendes anterieures sur ce sujetcelebre. Mais celles-ci etaient, pour la plupart, en latin, et il esttoujours utile et curieux d'avoir des mo- numens oCi Ton puisse observer comment on s'y prenait pour rendre dans les idiomes vulgairesjil'epoque de leurs LITTERATIJRE. S21 premiers developpemens , des idees on des fiuts enonces dans une languc fixee, et tres-differentc d'eux dans son systenie et dans ses moyens. Les fables de Marie sent, si je ne mc trompe,la partie la plus agreable et la plus remarquable du recueil dc ses poesies. II resulte assez clairenient des recherches de I'e- diteur, que ces fables ont ele extraites et traduites d'un recueil plus nombreux et plus ancien d'apologues en aft- glals. Des cent trois sujets traites par Marie, il y en a 5oixante-cinq qui appartiennent aux fabulistes de I'anti- quilc classique; les trente-huit autres peuvent etre regar- des comme des inventions du moyen age; ct la plupart, en effet, font directenient etfrequemment allusion u divers traits des usages et des mceurs decetle epoque. La naivete et la simplicite, que Ton s'accorde i regarder coinme le principal merite d'un apologue, distinguent eminemment ceux de Marie de France; mais ces qualites s'y montrent moins comme le caractere individuel et propre du talent de Marie , que comme un des caracteres generaux de la periode liiteraire a laquelle appartiennent les productions dont il s'agit. Pour etre agreables et utiles, des publications du genre de celles-ci exigent presque necessairement, de la part de I'editeur, beaucoup de soins ct de travail; et M. de Ro- quefort n'a rien neglige, ni ouiis, de ce que Ton devait attendre en cette occasion de sa profonde connaissance desanciens monumens denotrelangue et de son zele iles faire connaitre. Dans une notice qui sert d'introduction au recueil, il donne tout ce que Ton sait de positif, et dis- cute fort bien tout ce que Ton peut conjecturer sur la vie de Marie de France. Au teste des Lays qui forment le pre- mier volume, il a cru devoir joindre une traduction en francais modcrne : les lecteurs qui s'cn liendront a ccUc 322 LITTERATURE. traduction pourront la trouver agreable et facile; ceui qui Toudront s'en aider pour etudier le vieux texte auquei elle s'applique, la trouveront beaucoup trop libre et trop para- phrasee. La notice de M. dc Roquefort sur les fables da Marie do France me parait la partie la plus interessante de son tra- vail: on j trouvera quelques taits nouveaux ou peu connus pour I'histoire litteraire en general, et en particulier pour celle du genre de I'apologue. II est curieux, parexemple, de s'assurer que La Fontaine a connu les fables de Marie de France, et y a puise le sujet de plusieurs des siennes. F. %WWk/WiWMVWl« ARCHEOLOGIE. CoMMENXAiHE »E Sextws Ji't. Frontin , sur les aquiducs de la ville de Rome; traduit avec le texte en regard par J. RoNDEiET, architected membre de V Institut de France etc. etc. (i) Les Romains, moins occupes que nous des principes en politique ct en administration , moins livres aux theories et a I'esprit de systeine, allaient droit au fait, a I'appli- cation. Leur prosperitc , I'accroissement de leur puissance, les entretenaient depuis des siecles dans la persuasion qu'une organisation , quelle qu'elle soit , produit toujours des resultats avantageux, quand elle est conflee i\ des hommes d'une probite , d'une vigilance, d'unc habilete superieure; aussi toutes les institutions tendaient acreer, (l) Clie/. rauteur, euclos Ju Panllic'on. La premiere partie, for- iiiaiit 1 vol. et uii alias , sc vend 12 fr. pour les souscripteurs, et 18 fr. pour cenx qui n'ontp.is sousci'it. La deuxieme partie se vendra g fr; pour les ouscripteurs ,.et 1 1 fr. pour les autrcs. LlTTIiRATURE. 525 i former des homines capables. II n'y avait point alors de jiur^'wance J ni cVordre du tableau (i). Le meritc jouissait de la plenitude de ses droits ; mais chaque emploi n'etait qu'une espece de candidature, de noviciat t\ des emplois superieurs ; et les hommes publics , forces de parcourir sans relache et graduellement un cercle d'activite qui embrassait toutes les charges de I'etat, devaient acquerir, en adminis- tration comme en politique , des connaissances aussi varices que profondes et une experience consommee. Voili ce qui explique pourquoi les republiques grecques et les Romains eurent tanl de citoyens superieurs k la fois dans la science du gouvernement, I'administration, la guerre, I'eloquenco, les lettres et la philosophic. Les beaux terns de la repu- blique et de 1 'empire romain nous en offrent des exemples nombreux : les deux Plines et Frontin tenninent, pour ainsi dire, cette galcrie d'honnnes vraiment dignes de ce nom. Plus tard, on ne trouve guere chez le peuple-roi qu'un maitre et des serviteurs avilis. Frontin, ne d'une famillepatricienne, fut preteur sous Domitien , puis consul. Appele ensuite au commandement des armees dans la Grande-Bretagnt, ii soumit la plus puissante et la plus redoutable des na- tions de ce pays. Ami de I'empereur Nerva , qui lui donna la surintendance des aqueducs , il fut une seconde fois consul avec lui. Trajan I'eleva a un troisieme consulat et le nomma augure. Ces charges nombreuses, que Frontin exerca arec une ponctualite qu'on pourrait recommander comme exemple a plus d'un fonctionnaire d'aujourd'hui, ne I'enipecherent pas d'ecrire plusieurs trailes, dont quatre seulement sont parvenus jusqu'a nous ; le premier sur les stratagemes de la ^f^rA'e; le second sur U agriculture etles limites;\e.Xro\s\ivne^ (i) Ces>t ainsi qii'oii ilesignait autielois le rang d'ancienncte. S2A LITTEllATLRE. que quelqucs persomies allribucnla un autre Frontin, traitc dos colonies^ enfin, le quatrieme a pour tilrc : de oquceduc- tibus urhis Homce. Cet ouvrage que Frontin composa, coname il I'annonce, pour sc rendre coinpte alui-mcmc des devoirs de sa place , donne les details Ics plus curieux sur I'administration des eaux a Ronie. Une population immense, placee sous un ciel brCllant. passionnee pour I'usage des bajns, devait regarder I'abon- dance des eaux comme un besoin de premiere necessite; mais le Tibre, quineroule que des flots jaunes et charges de limon, le sol volcanique et absorbant, qui n'offre que quelqucs sources rares et legerement minerales , les ci- ternes clles-memes, ressource insuffisante et precaire, ne pouvaient fournir des eaux assez pures et assez abon*- dantes. II fallutdoncen amcner de loin, tantot en pernant les montagnes , les collines , tantot en soutcnant le cours des eaux a de grandes hauteurs dans les airs, au moyen d'arcs eleves, dont les ruines prolongees se deploient en- core avec tant de majeste dans la Campagne de Rome. Telle fut I'immensite de ces travaux, qu'en ajontanl les unes aux autres les longueurs de chacun des dix aqueducs decrits par Frontin, le total donne 28j,2g4 pas romains, ou 107 lieues de postc. Ces aqueducs apportalent a Rome 3720 metres 760 mil- limetres cubes d'eau, c'est-a-dire autant qu'une riviere de trente pieds de large sur six pieds de profondeur, coulant avec une vitesse egale a celle de la Seine dans sa hauteur moyenne. II faut voir, dans le Traite de Frontin, les details curieux de tout ce qui regardait Tadmirtistration et la distribution des eaux dans la capitale du monde; avec quel soin I'il- iustre auteur recherche, decouvre, signale les abus inlro- duils par la negligence de ses prcdecesseurs, les profit!- I LITTERATURE. 325 illicites des pointeurs ^ enfin les fraudes corjnmiscs par les gardes des eaux et les particuliers. Ce traite est suivi des lois ediles, des senatus-consultes, et des lois imperiales sur les aqueducs jusqu'a Justinien; enfin, grace a ce livi'e pre- cieux, dontle manuscrit futtrouve au Mont-Cassin dansle XV^ siccle par Poggio, sa-vant Florentin, nous connaissons parfaitement aujourd'hui le systeme suivi par les anciens pour I'administration des eaux dans la ville de Rome. Get ouvrage n'avait jamais ete traduit. En i685, M. de Louvois en demandala traduction a rAcademie des sciences. Ce travail futfait, et comme beaucoup d'autres travaux academiques, n'a jamais vu le jour et s'cst perdu. M. Rondelet s'cst charge de nous dcdommager et de remplir cette lacune. Personne n'etait plus capable que lui de traduire cet auteur, qu'il est impossible de comprendre , si Ton ne possede pas a fond la science dont il traite et la connaissance des mesures lineaires et de capacite dont se servaient les anciens. La traduction que M. Rondelet presente au public n'est pas le fruit d'un travail precipite : il a commence a s'en occuper en 1783 ; aussi son ouvrage parpose avec ordre et clarte. L'au- teur ne dit rien de nouveau ; toutes scs ide'es ont ete emprunte'es aux ouvrages du celebre professeur Filippo Re. On a juge ce catechisme fort utile , mais on ne I'a pas Irouvc' assez a la jiortee de la plupart des paysans de I'ltalie, auxqnels il faudrait presenter un autre ouvrage mieux approprie a leur etat ; car ce livre leur suppose plus de con- naissances qu'ils n'en ont reelleinent. 112. (*) — Collezione del classici nietafisici. — Collection des mctaphysiciens classiques, Pavie, 1820. Ce savant recueil eu est a son 18' vol., et Ton annouce le ig" qui contiendra la Critique de la raison pure de Kant. Les editeurs nVpar- ■gnent pas les soins pour donncr a leur travail le plus de perfec- tion possible. lis ont meme obtenu de quelques auteurs vivans, entre aiitres de M. Laromiguiere, des ame'liorations assez reniarquables a leur ouvrage original. Nous dt'sirerions qu'ils n'admissent point dans leur recueil des e'crits qui en imposent bien plus par leur titre ou par I'intention de I'autenr, que par I'exe'cution. 11 nefaudrait'pas imiter ces amateurs de tableaux qui aiment a posse'dcr des galeries plulot riches que clioisies. Mais ce que Ton pourrait craindre n'estpas encore arrive, et nous nous enrejouissous. Lesucces que vientd'obtenir celte entre prise prouvc avec combien d'ardeur les Italiens s'occupeni dece genre d'e'iude , qui ordinairement n'interesse qu'une faible partie du public. LIVRES ETRANGERS. 3A5 ii5.—Collana de^li antichi slorici greci fo/garizza/i.— CoUeciioD , des anciens histoviens , traduits en italien. Milan ^ i8ig et 1820 , in-S". G. B. Soniogno. On tioiive daus le i"^' vol. Dictys de Crete ct Dares le Phrygien , tons deux liistoriens de la guerre de Troie , Iraduils par M. Compa- gnoni ; et dans les trois vol. suivans , les 1" et 2^ livres de la Biblio- theque historique de Diodore de Sicile , traduits aussi parM. Conipa- gnoni ; et les neuf livres d'He'rodotc, traduits et comniente's pat- M. Andreas Mustoxidi de Corfou. Ces traductions sont enlierement ueuves , et elles corrigerout sans doute les imperfections de plusieurs traductions des m^mes auteurs anciens que possedait I'ltalie. lii.—Storia dell' America , etc.— Histoire de TAme'rique, faisant suite a I'histoire universelle de M. le comte de Se'gur. Milan , 1820, 2 vol. avec planches , a la Societe des classiques italiens. Get ouvrage ilalieu , sans nom d'auteur , contient I'introduction a I'histoire de I'Amerique. II oEFre, dans la premiere partie , la descrip- tion physique du Nouveau-Monde , de ses rivieres et de sa tempera- ture ; dans la deuxieme, I'auleur determine les qualites morales des Ame'ricaius ; et dans la troisieme , il peint leursmoeurs et leurs usages. La quatrieme est consacre'e aux animaiix indigenes de I'Amerique , et la cinquieme .i ses vegetans et a ses mineraux. L'ordre des matieres u est pas suffisamment exact j les dernieres parties auraieiit du preceder la premiere , celle qui concerne les qualites morales des Americains. L'auteur abeaucoup profitedes recherches de M. de Humboldt; maisil a oublie celles de MM. de Azara et Sohrevielo. L'ouvrage cOmprend encore une sixifeme et derniere partie, qui traite des langues connues de I'Ame'rique, et de leur origine. Quelqu'un a porte ces langues au nombre de 1264; ce qui parait excessif a l'auteur. On salt d'ailleurs que souvent on rencontre plusieui'S dialectes dans une m^me province de rAmcrique ; mais ces dialectes nesont pas ecrits. L'auteur examine aussi , quoique rapidement , plusieurs questionsplus curieuses qu'utiles , et souvent il oublie d'examiner les opinions ou les hypotheses de divers ecrivains qui pouvaient me'riter son attention. ii5. — Pensieri sulla scienza delta storia , etc. — Pense'es sur la science de I'histoire, par le due cZe Ventignano. Naples, 1820, in-S", a latypograpliie Simoniana. L'auteur de cet ouvrage, dont nous avons annonce quelques tra- gedies, suivant les traces de J. B.Rio, qu'il appelle \e pere de la 3AA LIVRES ETllANGERS. synlhesc de I'histoirej voiuliait soumcllre Ics coiuiaissanccs liislo- liqucs au systemc scientifiqiie , en Icur impiimaut Ic caraclerc li ct qui s'applique aux deux partlcipes. Plus de mUle cxemplcs, lire's des meilleurs auteurs, font passer en revue un grand nonibre de fois tous les genres dc difTicultes , au moyen d'exemples choisis avec soin , qui ne servent pas moins a former le gout , qu'a inontrer des applications de regies d'orthographe. Ce livre intc'ressant ne fait naitre qu'un regret, c'est de u'y pas voir classes par tableaux tous les exemples qui se trouvent eu oppo- sition pour le sens. L'e'tude en serait beauconp plus facile , et I'oti- vrage deviendrait vraiment classique. 358 LIVRES FRANCAIS. Esperons que dans la troisieme edition que prepare M. Besclier , les citations seront place'es sur deux colonnes, dent le sens different se trouvcra oppose et pourra etre saisi du m^me coup d'oeil. Nous uc pouvons trop recommander I'usage de cette tlieorie aux professeurs ct aux eleves jaloux de counaitre et d'ecrire correctement leur langue. i43. — Poesies diuerses , dedie'es au Roi par madame la com- tesse d'Hautpoul, Paris, 1821. Fr. Louis, rue Hautefeuille , n.° 10. Madame d'flautpoul est peut-etre la premiere femme poeie de notre France actuelle. On le disait a I'appariliou de cliacune de ses pieces; on le rcpclera cerlainement aiijourd'liul qu'elle vienl de les reunir en uu volume , que les amateurs de la honne poesie trou- veront encore Irop court. Jamais recuell ue fut du reste plus varie : nous citer-ons les morceaux qui suivent , un poeme intitule' : Achille et Deidamie, imitation de Stace, qui prouve que madame d'Haut- poul est capahle de fournir, quand elle veut, une longue carriere poetique ; la Mort de Sapho , heroide couronne'e aux Jeux Floraux , et qui nous a fait regretter que ce genre de poe'sie soit aujourd'Lui passe de mode; des EpiCres charmantes a madame Verdier, que la Harpe appelaitune autre Deshoulieres, a M. Marsollier , a M. Pougens, a mora Tricot; des Conies Ires-piquaus , el qui pe'llllent de malice; des fables plcines de grace et de naivete'. Le Frere des ordres gris , Bazine et Berlhilie, la Roche sombre, sent de tres-jolies romances. . On annonec que toutes les romances qu'on trouve dans ce volume vont parakre incessamment, mises en muslque avec accompagne- menl son ouvrage che'ri. i45. — Leltres de Blanche, princesse d'Almafl a Adalbert de San Severo , ecriles d la fin du XI'-' siecle , avec cette epigvaphe : « Oil est toujours raailre de ses actions ; on Test rarement de ses'seu- tiraens. » Par le comte J'cBcZorGoLOwKiN. Paris, 1821. 1 vol, iu-S"* orne du portrait de I'auteur. Imprimerie deFirmin Didol. Cliasseriau, libraire , au depot bihliographique, rue de Clioiseul, u° 5. Compose a la suite d'une discussion de societe , ce petit romau est en pariie fondd sur un opera iialien fort mediocre , intitule : la Prin- cesse d'Amalfi. On s.y»\t de'fie I'auteur de trailer d'une manifere pi- quante et neuve ce sujet as^ez fade et deja connu. Sans savoir quelle a ete Tissue de la gageure, nous croyons pouvoir assurer que M. Go- lowkin en a rempli toutesles conditions. Rien de plus ingcuieux que le cadre qu'il a choisi. Elevce avec soin sous les yeux deson pere, la princesse Blanclie possede le talent , fort rare dans le XI" siecle , de savoir exprimer par ecrit ses sentimens et ses pensees. Ella partage ce privile'ge avec Adalbert de San Severo , jeune page lionore' de la con- fiance de son maitre. Descendant d'une illuslrc faniille , Adalbert veut sortir de son obscurite, el conque'rlr la gloire dont son coeur est epris. Mais une autre passion le relient dans le palais. II aime la princesse ; cependant le rang eleve de Blanche , I'liumble charge qu'il reniplit a sa cour, la dignile liautaine avec laquelle elle lui prescrit ses devoirs de respect et d'obeissance , des qu'il semble s'en ccarler, lout lui defend d'cspe'rer aucun retour. Laissee, a dix-sept ans, maitrcsse de ses etats et desamain, la princesse d'Amalfisongea prendre un epoux , afin d'accompUr le dernier voeu forme par son pere expirant. L'annee de deuil va finir : un tournoi se prepare : elle espere trouver, jiarmi les preux que cette ceremonie rassenible, un chevalier digue d'elle ; mais elle ne voit pas approclier sans terrcur I'e'poque qui doit lui ravir sa liberie'. Inquiete de ce changement dans son sort, elle ccrit a Adalbert, dont elle ne soupconue pas ramour : die lui donne ses ordres pour la fete; bieiitot elle lui parle de ses cha- grins et de sou inquietude. Cette correspondance, qui n'e'tait d'abord qu'une diversion a ses ennuis , lui devient peu a peu ne'cessaire. Ou- blianl le langage irapc'ricux du pouvoir , elle preud le ion plus doux de I'amitie. Elle racoute a Adalbert ce qu'elle voit, ce qu'ellc penkc , LIVRES FRANCAIS. 361 enfia ee qu'elle sent. 11 y a infiiiiinent de talent et d'adiesse a mettie dans labouched'une femmela pfeintuie d'un beutimeat qu'elle eprouve presqiie ason insu. Cette foule de nuances delicates dont se compose I'amour echappent a toute analyse , 'et ne se revelent que par un mot, uii geste, ou un regard. Aussi Blanche ignore-t-elle ce qui se passe dans sou cceurj tandis que son trouble , son de'pit , sa teudresse tra- liissent a chaque instant sa passion pour Adalbert. Nous ne continue- rons pas I'analyse de ce joli ouvrage J afia de laisserau lecteur leplaisir de la surprise. Nous craindrions, d'ailleurs , d'alterer la grace et le cliarme des de'tails. A la finesse des apercus, a la dellcatesse des sen- timens , ce roman joint le me'iite d'etre eoiit dans un style elegant, naturel et pur : m^rite que le noni etranger de I'auteur rend encore plus remarquable. L. S. i46. — Histoire de ma petite chienne Hermione ^ par madam e Wyttekbach, ne'e G . . . (Galien). Paris, Renouard, 1820. in-i6 de 110 pages. Madame WjUenbach est la veuve du cclcbre professeur de ce nom, la force de cettc opiuioii. Ce rrcueil en etait a son hiiitiemc volume, loreqiie des cvcneniens, dout la connaissance ne pent iiite'resscr le public , forcerent d'cn sus- pcndre la pulilication ; et lorsqu'ensuile , place's de nouveau dans des circonstances plus favoiables , les redacleuis allaieut reprcndre Ic cours dc cet ouvvage , la mort de M. Delaioche, leur collaboraleur, les obligea de prolonger cette suspension ; elle va cesser enfla , et voici les engagemens que prenneut les re'dacteurs. « Nous donnerous, disenl-ils, ai-ant tout, et dans touie leur ilendue , les observations, les de'couvcitcs , les expe'rienccs qui nous paraitront etre d'une certaine importance , ct nous uous conteutcrons de donuer des extraits on I'analj'se dcs ouvrajjes que nous jiigerons n'etre que d'un interet secondaire. Ces analyses u'auront pas luiique- men t pour but les ouvrages publics origiuairemenl en allemand, mais encore ceux que des niedecins allemauds auroiit Iradiiits d'tujelangue etrangere , autre que la langue francaise. Dans le dernier cabicr d* cliaquc vobime , nous niettrons sous les yeux de nos lecleurs les cri- tiques dcs ouvrages de nos me'decins francais , faites par les medecins allemauds. La gazette niedico-chirurgicale de Salzbourg , sijuslement eslimee dans toutes les parties de I'Allemagne, egalcment riclie ea faits curieux , en de'couvertes utiles et en critiques judicieuscs , nou« fouruira de nombreux articles. Dans la nouvelle Bibliotheque germa- nique , cliacune des brandies de I'art de guerir trouvera sa place, sans qu'il y alt exclusion pour aucuue. » Les faits les plus curieux , les cas les plus rares , Ics iustrumens inventes on perfectionnes seront representes par des grav ures jointes a I'ouvrage. La composition des formules qui nc seront point eonnucs en France, sera donijt'e a la fin du volume oil il en aura etc question. 157. — Journal de pliysiologie experimenlale , par F. Magek- DiB, D. M. Ce journal se composera de qiialre nume'ros par an , qui paraitront regulierement tousles Irois mois. Cliaque numcro contien- dra six fcuilles d'impression in-S", el meme davantage, si I'abondance des matieres le ncccssitait. Des planches y seront ajoutees toutes les fois que cela sera utile. Les quatre numeros fornieront lui volume a la fin de rannee, conscqueniment I'on ne pourra sousciirc pour un numero detacliu. Le prix dc rabonnement pour I'annec sera, pom Paris, dc 12 fr. ; franc dc port pour les departeniens, i3fr. 5o cent.; LIVRES FRANCAIS. 371 tt pour I'etranger, l5 fr. Le premier nume'ro paraitra eii janyier 1821 . On souscrit a Paris , cliez Mequignou-Marvis , libraire , rue de I'Ecole de iMedecine , n° 3 , pres celle de la Harpe. Depuis quelques annees , la science de la physiologie a fait les plus grands progres en Europe ; aujourd'hui des medecins distingues s'en occupent en France, eu Angleterre et en Ecosse, ainsi que dans les difierens e'tats de rAllemagnc et de Vltalie. Cependant, faute de nioyens de communication , les experiences les plus curieuses , les ob- servations les plus interessautes , ne pouvaient souvent qu'apr^s un long espace de terns franchir les limlles de la ville ou elles avaient ete faites ; quelque empressement qu'on put mettre a recherclier les faits nouvellement dc'couverls , ou ne pavvenait jamais a en connaitre qu'une tres-petite partle. Dans de paieilles circoustances , c'est rendre un grand service a la science que de publlerun journal spe'cialement destine a la physiologic experimentale : il appartenait bien sans doute a I'liomme qiii a fait faire a la physiologie moderne les plus grands progres , d'en assurer eucore de nouveaux par une entreprise aussl utile. Le nom seul du redacteur de ce jourual est un sur garant du succes qu'il doit obtenir. Le premier cahier du journal de physiologie expirimentale vieni de paraltre , et il est impossible de rassembler en un aussi petit espace un plus grand nombre de faits interessans. Nous regrettons de ne pouvoir meutionner ici tous les articles qu'il contient; nous citerous particu- lieremeut uu travail de M. Magendie sur I'absorption , travail qui n'a- vait pas encore eLe publie', et qui, sous tous les rapports , ne peut ruanquer de presenter le plus haut degre d'lnterct. i58. — Journal d' agriculture , leUres el arts , redigc par des mem- bres de la sociele d'eniulatiou et d'agriculture du departement de I'Ain. Numeros 11 et 12 de la dlxiemeanne'e, octobre etdecembre 1820. On y lit (page 53g) dans un expose des trai^aux el de Venseigne- mentsuivi a, I'icole d' accouchement de I'Ain , en i8ig ; par le doc- teur Pacoud , cliarge' de riustructiou des eleves accoucheuses : que le docteur Pacoud, eu moius de quatre mois, a forme, par le mode d'enseignement mutuel , sous le rapport theorique et pratique daus I'art d'accoucher , v ngt-sis eleves de I'age de dix-huit a vingl- quatre ans ; et cela d'une maniere si etonuante et si sure que , de I'aveu des gens de I'art, le departement de I'Ain u'a rieu a envier, sous ce rapport , a la capitale. « Le mode d'euseiguement mutuel que S72 '• LiyRiiS FllAiNCAIS. le doclciir Pacoiul a adoptii, dit Tauleur il'iiu rapport qu'on lrou<e les savantes dissertations dont M. Lemaire a enricbl ses clas- siques , on y trouve avec plaisir des rapprocljemens lilteraires : c'est ainsi que , dans le cinquifeme volume de Tacite, il a reimprime les scenes que Corneille, Racine, Cre'billon et Chenier doivent a ce grand liistorien ; le texte latin place an bas de la page permet au lecteur de compai-er exactement I'imitallon et le modele. Sous le rapport typographique , la collection de Paris est superieure a toutes celles qui ont paru jusqu'a ce jour , y compris celle de Stuttgard, qui est aussi cliere. — Frakcfort. — Philologie. — M. d'Arndt vient de publler un Traite sur Vorigine des langues de I'Europe et sur les differens points de rapprochement qui existent entre elles. Cet ouvrage doit scr- vir de supple'ment au dictionnaire de toutesles langues comparees , qui fut entrepris sous les auspices de I'impt'iatrice Callierine , et dont M. d'Arndt fut tin des plus teles collaborateurs. Les explications de ce savant prouvent que plusieurs nations, eutieremeut separees au- jourd'hui, ont ete autrefois intimenieiit unies ; elles jettent un grand jour sur plusieurs parties obscures de I'liistoire ancienne. Le pre- mier volume comprend toutes les langues de I'Europe, de I'Asie, et quelques-unes de I'Afrique; le second conlient des notices rela- tives a I'origine des langues et des peuples , des extraits tires des nieilleurs historiens qui, ont traite le m^me sujel, et un rapprocbe- mentfort ciuicux de quiuzc mots en deux cents langues diffeieutes. Le style est reniarquable par sa simplicite ct par sa clarte, qui le mellenl a la porte'e de lous les lectcurs. 388 EUROPK. — Ducaii r>u Ruin. — Tk£\es. — Antiquitis- On coiiliniie aypc activite lei travaux relatifs a nos antiquit(;s , et le gourernenient prussien aclieve ce qu'avait commence le gouvernement fiaiieais. Dis I'auue'eiS 1 7, 'la ctilebie Porta nigra e'tait entieiement de))layc'e : le loi et le pi'ince royal firent par l;i leur entree soleiinellc dans raiicieniie Augusta Treuirorum. C'est siirtoutau 7.ele de M. Quednow, conseiller a la re'gence dc Treves , que Ton doit les siiccos obteniis aujoiir- d'hui. Ce savant estimable puhlie ic resiiltat des foullles et des re- chercheS qui ont ele faites; il de'crit chaciin de nos monumens et les met sous les yeux dulecteur, an moyen de gravuves. Plusieiirs constructions sont anterieures a I'epnque romaine, entre aulres les restes d'un pout sur la Moselle , et la Porta nigra. En io35, I'ar- cheveque Toppo avail converti ce dernier monument en une e'glise , dediee a saint Simeon: une grande parlie de I'edifice fut caclie'esous des terres rapportees; un escalier exte'rieur de io4 degre's le mas- quait eulierement ; le haut fut I'eglise , et le has la sepulture; on y joignit des cliapelles , des choeuis , ime tour , etc. etc. ; mais au- jourd'hui on joiiit du spectacle de ce monument qui, sans doute , est le plus ancien de toute I'AIlemngne. II paiait qu'il e'lait tout a la fois une fortification ^ une porte et un lieu de reunion pour les chefs de la cite. Sa longueur est de ii5 pieds; le centre n'a que 47 pieds de large, tandis que les deux, extremites en ont 67; enfin la hauteur de I'edifice est de 69 pieds 11 pouces. M. Quednow decrit aussi le palais de Constaiitin ; de la il conduit son lecteiir a I'amphithealre qui est hors de la villa, pres du chemin d'Ohlewig. Son ouvrage contient de profondes observations sur le cimeut romain aux diverses epoques de I'cmpive; sur les routes qui traversaiont le pays en tons sens, et sur les bains des anciens , particulierement sur ceux qui ont ete de'couverts a Treves. Pres de I'ancieune route de cette capitale a Reims et dans le village d'Igel, est un obelisque magnifique, de 70 pieds de haut; un aigle est place au sommet : M. Quednow a donue beaucoup de soin a sa discussion sur I'origiue de ce monument. A uue lleue environ d'Echternach , et dans un lieu sauvage , est un aulel de Diane avec cette inscription : DEAE DIANAE Q POSTHUMIUS V S. Une statue de la de'esse est taille'e dans le roc, et ses chiens sont ek'gammcnt groupt's autour d'ellc. Nous recommandons aux savans francals I'ouvrage dc M. Quednow. Pourquoi les monumrns de cellc parlie dc la Gaule ne feraicnl-ils EUROPE. 589 point I'oljjtt Jes. icclierclics tie racade'mie el de la Socicle lOyaleJes anliqtiaires. Le tvaite de Paris u'a point de'poiiille les antiqiiaiies de letirs droits. SUISSE. Gen:^ve, — Recueil periodique. — L,e& Annales de legislation ei de jurisprudence s'aunoncent avec Leaucoup de succes , et par le me- rite de ses savans ledacteuvs, et par le choix des sujets qii'ils traitent. La deuxi^me partie du tome premier vient de paraitre. Elle contient les memoires suivans : i" de I'histoire du droit remain dans le moyen age , de M. de Savigni , par M. L. Reynier ; 2° sur I'origine, le developpenient et I'iufluerice pi'atique des theories politiques dans I'Europe moderne , par A. H. L. Heeren ; 3° Observations sur la con- venance tie former deux etablissemens destines pour diverses classes de prisonniers , par M. Et. Duniont ; 4° Expose syste'niatique des lois de I'empire riisse, public par la commission legislative de Saint-Pt'ters- bourg , par P. Rossi ; 5" Extrait d'un cours douue par le professeur Luden en 1818 a Je'na , precede' d'un coup d'oeil sur I'histoire des lois penales; 6° le dernier article de ce premier tome est la secoude partie du memoire de M. Rossi, sur I'e'tude du droit dans ses rapports avec la civilisation et I'e'tat actuel de la science. Les travaux de ce savant auteur italien qu'on apprecie cliaque jour davantage, font voir de quelle utilite il serait a sa patrie , si elle etait dans le cas de s'occnper serieusement d'une ve'ritable reforme de sa legislation. M. Rossi a e'te' d'abord eleve ct, depnis, ami ducelebre avocat et professeur le baron Gam!)ara,eusuile professein- du droitcriminela I'universitedeBologue. II soutient les vrais principes du droit avec une jnode'ration dignc du siijet qu'il tralle et du siecle oil nous vivons. ITALIE. ToscANr. — Florence. — Astronomie. — M. Pons, aslrouomedo la ducliessc de Lucques , a decouvert, !c 21 de ce mois, eiitre les six et sept lieures du soir , dans la constellation du Pegase, une nouvelle co- hiete d'une nature fort extraordinaire. Get astre ne parait que comrae line taclie blanche, peu e'paisse , sans forme de noyau , avec une tns- J)etite queue. Le 22 , M. Pons , ayaut cominue' ses observations , s'est apercu que la comete n'avail pas change de place , mais que la queue 'elail devenue plus seuslble, et que la lumiere de la comcle avait acquis xle I'iuteiisitc. II on conclut que cct astre deviendrii plus lumineux , 390 EUROPE. et ccla d'unc mauicre si rapide , qii'on pourra le voir sfliis telescope. Les aslionomes la tvoiiveront a o° So"" d'ascension droile , et a iS^de declinaison bore'ale entie les etoiles de sixifeme grandeur X et Z7 du Pcgase. Rome. — Publications nouvelles. — Le P. D. Oltavia Fraja Franci- pane^ bibliotliecaire et ai-cluviste du monastcre du Mont-Cassin, a publie a Rome dix discouis de saint Aiigustin , qu'il a enrichis d'une preface , d'argumens et de notes. On avalt rempli les lacunes de qnatrc de ces discours ; les autres dtaient reste's ine'dits. L'abbe Cancellieri a prouve, dans une de ses lettres irapvime'es par Bourlie, la beaute , I'lililite' et I'authenticite de ces discours. Les savaus italiens ont ac- cueilli ties-favorablement cette edition in-folio , exe'cutc'e avec beau- coup de soin. Naples. — Madame Cecilia de Luna-Folliero, qui cultivela litte'raturc etla poe'sie italiennes, a adresse^ le 20 octobre i8aO, au Parlement de sa nation, une ode sapbique sur les avantages de la nouvelle reforme , ode qui se fait remarquer par beaucoup de correction et d'elegance. Cette dame aunonce en meme terns iin ouvrage sur V education phy- sique et morale des Jilles , appelees a donner un jour a la soclete'des citoyens forts et vertueux, digues enfin d'une patrie libre. Venise. — Journal armenien. — On imprime , dans le convent armenien , silue dans une des lies des lagunes de Venise, une gazette en langue armenienne , dont les articles sont pour la plupart traduils des meilleurs journaux italiens. Elle compte plusieurs abonnes a Constantiooplej et circule dans tout le Levant; on assure meme qu'elle penetre jusque dans le serail du grand-seigneur. A I'aide de cette gazette, on y controle les bulletins politiques que les hospodars de Mol- davie etdeValacliie sont obliges d'envoycrtouteslcssemaines au sultan. Etats-Romains. — Anliquites. — On a decouvertj sur la droitc de la vole Appienne, deux rangs d'anciens tombeaux, decores de marbres et de peintures; quelques-uns contiennent des urnes cine'raires. C'est Je premier cimetiere qu'on rencontre entoure d'un niur ; les autres lombeaux anciens sont isole's dans les campagnes , surtout le long de grandes routes. La seule me'daille qu'on ait trouvee dans ces tombeaux appartient au regne de Caracalla ; les bas-reliefs qui de'corent trois urnes cine'raires semblent etrc de la meme e'poque: Rome. — Le musee du fatican, qui posscde dejatant derichesses, vieut encore delesaugmenler d'une piece antique, qui est unique dans le monde. C'est uue baignoire de rouge antique d'unc seule piece; elle EUROPE. 391 a six pieils de longueur^ un peu plus de liois pietls dc largeur, et a peu pres autant de profomleur. Cctte baignoire est tres-biea con- serve'e : elle n'a aiicunc veine de calcc'doine ou d'aiicun autre tne- laiifjc. Sa forme est tres-elegante; elle est ornc'e, sur les cotes, de quatre tetes de lion qui remontent aux plus beaux jours de la sculpture , et qui, comme de coutume, tiennent un anneau dans la gueule. On I'a trouvee dans uue maison particuliere de Florence, oil I'on vendait diflerens objets qui ont vralsemblablement appartenu autrefois a la famille des Me'dicis. Des ouvriers romaius , en pierre gemme , qui connaissaient la valeur de cette piece, I'ont achetee a vil prix, et I'ont cede'e au gouvernement pour ■ gooo piastres romaines ( envi- ron 4g,5oo fr. ) Chiari. — Necrologie. — L'abbS 3Iorcelli. — L'ltalie et I'Europe savante viennenl de falre nne perte sensible dans la personne A' Etienne ylnloine Morcelli, le premier des latinistes de noire age, et le cre'a- leur de la science des inscriptions. II naquit a Chiari, dans la province de Brescia, le 17 Janvier i'j5j , de Francois et de Jeanne Rocca , tons deux d'une condition honorable. II avait recu sur les fonts les noms de Jean-Antoine, niais il changea par la suite le premier de ces deux noms en celui d'Etienne, a cause d'un voeu qu'il avait fait a ce saint durant son enfance. II eutpour maitre, dans ses premieres etudes, un certain abbe Fauslini , qui ne sut pas tirer a la verite un grand parti de I'esprit de son disciple j mais qui forma soigneusement son coeur. Envoye a I'iige de quatorze ans au college des jesuites de Brescia , la purete de ses moeurs , la niodestie et I'innocence de son esterieur , unies a une finesse pen commune , plurent si fort a ces peres , que, secondant sa volonte bien prononcee, ils I'admirent dans leur maison a I'age de seize ans, et I'envoyferent a Rome. La , il eut le bonheur de rencontrer pour professeur de rhetorique le P.*Raymond Cunichio , dont le rare savoir et les vertus sont encore cites par tons ceux qui le connurent. Pour prouvei tout le profit que Morcelli lira de ses lecons, il suffira derapporter ce que disait le docte Ragusain : Que, pendant les quarante-cinq anne'es qu'il avait rempli a Rome I'ollice de profefseur de rhetorique , il avait trouvepeu d'eleves qu'il eut cheris autant que Morcelli, et qu'aucun|ne I'avait mieux paye de retour. II eut pour professeur de theologie le P. Favre. J'ignore quels furent ses autres professeurs ; mais je suis certain qu'il reussit, si bien dans chacune des etudes ausquelles il s'appliqua , qu'il sem- blait , cLaque fois , que sou instinct naturel le porlat vers celle-ci , J592 EUROPE, et c'cst ce quia fail qii'il s'est si I'ort dislingut eu plusieuis jjeuiCh, Pour ne pailer que des scieuces qu'il a professees, je diiai qu'envoye a Feiino pour y enseigner la giammaire, il sut y leveiller le gout de In pure latlnile; que, professeur d'liumanites a Raguse, il y fit renaitre le culte des t'crivains de la Grece et de I'aiicienne Rome. Apres avoir fait ses qualre voeux solciiuels en 1771, il fut clioisi pour pvofesser I'dloquence au coUe'ge Vomain, et il serait diflicile de dire combien il oblint de succes aupres des Iiommes les plus savans , et de donner une idee du zele et des aoins qu'il prodigua a ses eleves. Afin de lenir leuv ardeur de plus en plus eveille'e , il institua I'acadc'mie d'archeo- logie, qui se r«unissait a jours fixes dans les salles du musce Kircher, dout il etait prefet , et ou furent lues de doctes dissertations, dont deux out ete publiees il y a peu d'annees a Milan ; quatre autres, res- tees jusqu'a ce moment inedites , ue tavderontpas a elre niises au jour. La compagnie de Jesus ayatlt e'te' abolie en 1773, Morcelli, apres avoir fait un voyage a Cliiari, retourna bientot a Rome , oil il fut accueilli et protege par le cardinal Alexandre Albani, vrai Mecene des hommes de leltres , qui lui confia le soin de sa magnifique biblio- theque. C'est la qu''il concut la pensee de son grand ouvrage du Style des inscriptions , public a Rome par Guinchi , en fc'vrier 1781. C'esl a ce sujet qu'il disait , ce que j'ai entendu de sa propre bouclie ( et je crois qu'il parlait sans cxagei'atiou ), « qu'il conserverait jusqu'a la tombe plus de lecounaissance pour le cardinal , que s'il lui eut doMiie cent mille sesterces ; parceque, poursuivait-il , s'il n'avait eu continuellement a sa disposition cet immense de'pot des productions de I'esprit liumain , il n'aurait jamais pu ecrire ce petit ouvrage, povere opericciuole (ce sont ses expressions), qu'il avail fail, disait-il encore , non pour nioutrer son savoir qu'il reconnaissait fori incom- plet, mais pour la plus grande gloire de Dieu et de la religion. » Ce petit ouvrage , ])our me servir des expressions de son auteur , obtintles (iloges les plus cnmplets de l'abl)e' Marini, de Visconti , de Lanzi^ de M. Dacier ; il merita, dit Antouioli , les sulfiages de toute TEuropc civilisee, en telle sortc, disait le spirituel cardinal Garampio, qu'il n'est pcrsonne qui ne le consulte , pour peu qu^il veuille com- poser une mauuaise inscription. C'esl avec regret que je m'absliens de parler plus longucnicut du mcrite de cc livrc , ainsi que des Insciiptiones coinmentariis sub- jecti^ (1783) et du Taf/pysv (1818) , ouvrages dans losqiiels il mitcn EUROPE. 393 pratique les tlie'oiics tju'il nvait i't;il)lies siir la cinnposiiion ties ins- criptions. Je ne peux passer eutierciiicnt sous silence deux livres dji Sermons {ijSi); V Indication des aniiquitis de la maison jilbani (1785), -el la traduction du grec en latin, acconipagnee de note», du Calendrierde I'eglise de Constantinople ( 1788), calendrier qui sur- passe tout autre eu anliquite. Les bornes etroiles d'une notice me permetjeat seulement d'indiquer les ouvrages suivans, tous remar- quables par I'e'rudition et I'ele'gance da style : Explanatio ecclesias- tica de saint Gregoire, eveque de Girgenti, en dix. livres, grec latiu (1791); le traitc intitide', Electoram, en deux livres (i8i4); V^ga- /?e/a(iSi6) (sur le martyr saint Agape); De la Bulle d'or que por- taient lesjeunes Romains (1816 en italien); VAgone Capitolino (1S17); la MIXAHAEIA (1818); irois petits volumes d'Supres ascetigues ( 1820); et eufia , passant sous silence quelques autres opuscules , le savant et laborieux ouvrage de V Afrique chretienne (1816, trois gvos vol. in-4°). Je dirai quelques mots des qualite's personnclles de Tabbe Morcelli. Ajante'te' invite, en 1791, a venir regir sa patrie en qualite de prevot, quoique peir satisfait de se voir imposer une telle charge, il s'y soumit neanmoiiis de bonne grace. Les regrets et les larmes que ses conci- toyens accordant univeisellenient a sa perte, attesteut liautement avec quelle sagesse il remplit cet emploi delicat et important peudant I'cs- pace de trente annees , enloure de I'alTection , de I'eslime et de la ve- neration publiques. II aima sa patrie jusqu'a la pre'ferer a son agrandis- semcnt personnel, puisque c'estpour elle qu'il vefusa le pallium archie- piscopal qui lui Cut offert par la re'publique de Raguse. Ayant recu de Pie VI le corps du saint martyr Agape , trouve dans le timetiere de Calixte , il en a etabli le culte a Cliiari , oil il est lionore avec la plus grande devotion: Apres avoir rassemble , durant de longues anneVs d'e'tudes et d'economies , une bibliotheque tres-bien choisie , il en fit don de son vivant a sa ville natale, ou il a encore fonde et dote' con- venablement, uii etablissement pour I'education des jeuncs filles; il fonda aussi , restaura ou embellit divers edifices publics et religieux de Chiari. II consacra tous ses revenus an bien des pauvres et de son eglise ; il re'organisa les ecolcs publiques ^ qui se trouvent aiijourd'hui dans I'e'tatle plus florissant; il etablit cnfiu plusieurs pratiques pieuses, qui sent observe'es avec soin par le clerge et le peuple qu'il a diriges «t edifies, Nous ajoiiterons encore que son esprit timore et pieux ne 59A EUROPE. liii iicrmit pas tic voir avec joic les rcvolnlions qui, dans ccs dernin-s te;iis,oiit agile I'Europe et I'llalie. Son cutcrieur etait noble, sa dt-- inarche grave, ses traits r^gulicrs et gracieux, son regard brillant , sa conversation serieuse et savante. Ces quallles, joinles a sa reputa- tion d'liomme juste, pieux et charitable , alliraient sur lui les regards et I'adiuiration partout on il allait. Aussi des hommes distingucs par leur uaissance ou par leur merite , viureut frequemmeut a Chiari , uniqueinent pour le voir et le connailre. II est morl dans celtc ville, le premier jour de I'auuee 1821, a Iniil lieuresapres mldi. Son corps a eteembaume et depose auprcs de celui du saint martyr Agape, pour lequel il eut toute sa vie une grande de- votion , aprcs etre reste expose pendant Irois jours conse'culifs aux regards du public. L't'lite de la population de Cliiari et des pays voi- sins elait accourue a ses fune'railles. (Cette notice est traduite librernent de cello qu'a publiee M. Labus, dans un journal de Milan. M. Labus fut, pendant piusieurs anne'es, charge d'affaires de I'abbe Morcelli a Milan; il s'occupe maintenant de recueiUii' soigneusement ses papicrs , et il ne tardera pas .\ publier la T^ie de celui qui fut son niaitre et son ami : c'est la qu'il fern coh- iiaitre plus amplement tons les services que I'abbe' Morcelli a i-endus am lettres aucieniies.) ESPAGNE. Madrid. — Chimie. — M. Ducbon, professeur d'histoire naturelle , a trouve un specifique qui preserve de la teigne la laine , le drap, 1-e coton , les plumes et le poil des animaux. II I'a employe' e'gale- meut avec sucees pour detruire les punaises ; on dlt meme qu'il s'en est scrvi tres-ulilemeut contrc la peste. Les essais qu'on a fails, dc- puis iSi4, au cabinet d'histoire naturelle de Madrid , out re'ussi corapletemeut, et ne laisseut aucun doutc sur I'utilite de cette de'- couverte pour la conservation des animaux dans les collections. Valladolid. — Agriculture. — Nouvelle charrue.— ha. Socieie royale de cette ville a public la description d'une cliarrue perfec- tionne'e , dont le modclc lui a etc presente par don Andres Her- rarie , I'un dc ses mcmbrcs. En conservant a cet instrument, d'une si haute importance en agriculture , la meme simplicile , cet inge- nieux artiste a change le soc. Celui qu'il a iuvente soulage a la foi« < les besliaux ct le labourcur; il rctournc la icrrc et peneire partout EUROPE. 395 a la meme pvofondeur , iietloie le terrain ties mauvaiscs licrlips , et coupe les racines Ics plus grosses et les plus profomles. PAYS-BAS. Econofnie domeslique, — Conservation des substances animales par Vacide pyroligneux. — M. G. Ramsay a reconnu , par plu- sieurs expe'rienc.es ^ que I'acide pyroligneux, on vinaigre de bnis, contracle une certaine union avec les substances animales qu'on y trempe , et peut ainsi les preserver de la corruption pendant un tenis assez long. Ainsi, un morceau de boeuf frais , plonge pendant une minute seulement dans de I'acide pjroligneux pesant i,oi2, etait , aubout dehuit mois, aussi frais que le jour de Tiramersion. M. Ramsay fait observer que du boeuf, trempe dans du vinaigre ordinaire du poids de i,oog , et roti quatre mois apres, n'avait egalement eprouve aucune alteration. Des liarengs fi'ais mis , pendant un ins- tant, dans du vinaigre de l)oiSj pesant 1^012, ct se'ches a I'ombre, ne conservaient aucun gout desagre'able apres avoir e'te grille's. M. Ramsay , voulant combiner les deux me'tliodes de la salaison et de I'immersion dans I'acide, fit mettre au petit sel , pendant six Iieures , quelques eglefins ( I'anon , gadus eglejinus ) , et ensuite les fit tremper pendant trois secondes dans I'acide , apres quoi on lessus- pendit a I'ombre pendant huit jours. Ce poisson, etant grille, avail un gout de'licieux. Des liarengs prepares de la nieme maniere et tenus au sechoir pendant deux mois, avaient un gout pareil a celui des liarengs frais. Lorsquc les poissons ou la viande restent trop long-tems dans le vinaigre , ils s'y ramoUisseut , et conservent, apres la cuisson , un gout acide qui les rend desagre'ables a manger. Le vinaigre de bois qui, par de frequentes immersions^ se charge d'impurete's J peut etre purifie par une simple clarification aux blancs d'oeufs. On peut employer le meme moyen , combine avec la de- fecation au charbon de bois , pour depurer la saumure qui a sei-vi aux liarengs frais. On commence par I'affaiblir ju^qu'a ce qu'elle pese 1, 160, puis on la passe au charbon , et ensuite on la clarifie aux blaucs d'oeufs. { Annates generales des sciences physiques , T. ri, p. 189. ) Hainau-Hornu. — Machine avapeur. — MM. Lejeune et Billard, maitres de forges et ingenieui s - mecaniciens a Foutaine-l'Eveque , out construit derniereinent , au fourneau de Hourbe, une tres-bclle ma- 396 KUROl'E. fchiiie a Yi'P^^"') 4"' *'' mainteiianl en actlvite dans la inagnifiqiic cxploiiation de houille de M. Degoige , a Hornu , pres de Mons , sur la route de Valenciennes. Cette machine est semhlable a celles pour lesqucUes M. Edwards a obtenu uu brevet en i8i5, et. qui se sont r^pandues tvcs-rapidemeut en France. Aiusi que ces dernieres , la machine coustvuite chez M. Degorge est en meinc tcms a double effet et a double prcssion. Deux pitons de diametres dilTerens ct a garni- ture melalUque suffisent, avec un robinet, pour diriger la circula- tion de la vapeiir , qui pent ctre arretee a volonte' par un second robinet. Les deux cyliudres a vapeur sont renferme's daus une menie piiveloppe en fonle et coiitinuellement environne's de vapeur , qui les entretient an nieme degre de chaleur que celui de I'lnte'rieur de la chau- dicre. La tempe'raturepeut etie portee jusqu'a 121", ce qui produitsur le piton du petit cylindre une pression de quatve atmospheres. Ce petit cylindre a uu diametre de o ™ 2o5i ; et le gi'and, un diametre je o ™ 40G2. La course des deux pilons est d'l "" o 664. La machine a ete faite pour produire une force de dix chevaux, mais elle en donne- rait rigoureusement une de douze. Au moyen d'un mecanisme ingenieux, les deux cufards, qui ppj'- tent la houille tiree de la niiaie , nc peuvent jamais se rencontrer, et finpecheut ainsi les accidens qui arrivent trop fie'quemment dans I'ex- ploitation dos niiues. L'cconomie de combustible est un des grands avantages que procure la machine de MM. Lejeune ei Billard ; elle ne consomme que 18 kil. de houille par heure de travail, ce qui n'est pas la moilie de la quantite employee dans le meme tems par les autres macliines cotinues. {Voyezles Annales generales des sciences physiques, T. VI, page 160.) Anvers. — Societe de lilterature- — Dans sa seance du 24 aout 1821, cette societe dccernera une me'daille d'or pour la meilleure piece de vers en lani^ue nationale'j sur Paul Rubens; une autre medaille semblable, au meilleur me'moire sur cette question: Si la langue jnaternelle doit servir de base a I'elude des langues etrangeres el des sciences , et jusqu a quel point elle doit s'elendre? cnfin une medaille d'argenl a I'auteur de la meilleure piece de i5o a 4oo vers auplus, sur la reunion, en i8i4, des dix-sept provinces des Pays- Bas sous la forme de royaumc. — Les memoires doivent etie en- voyes avant le 1"^ juillet. (Ironikcue. — Antiquiti's. — Font romain. Cc pom, decouver| EUROPE. A97 «!i 1818, dans les marais Je la province de Groninguc , est entierc- nient degage de la tourbe dans laquelle il t'tait cuseveli ; il a trois milles de long, sur douze pieds de large. Construit par la quin- zierae cohorte de Germanicus sur les marais , dont s'est forme'e depiiis la profonde toiirbiere de ces environs , il s'est vraisemblable- nient afPaissti, avec le terns, dans les marais, par son propre poids. Les substances resineuses, qui se trouvent dans les marais, ont con- tribue' a con^erver ce pont qui est entierement en bois. II y avait , de six. en six pieds, des piliers pour soiitenir le parapet, comme on le voit encore par les troiis dans lesquels lis etaient plantes. Get ouvrage colossal, compose d'un nombre immense de pieces, paraiL avoir ete fait avec des jjaches d'une tres-^jraude dimension , et le travail en est d'une grande perfection. Bruxelles. — Societe royale pour T encouragement des beaux Arts. — Extrait du programme du concours et da salon de 1821. — La commission administrative de la societe, conforme'ment aux re- solutions prises dans la se'ance du 20 novembre 1820, a de'cide' de ne point proposer de sujet determine pour le concours des tableaux d'histoire , de conversation et de paysage , ni pour celui de la sculp- ture et du dessin. Elle a juge preferable de soustraire les artistes a la gene de se plier a I'exe'cution d'un sujet qui leur est impose , et a voulu leur laisser la faculte' de profiler de la direction favorite qu'ils ont donnee a leurs etudes , ou qu'ils ont recue de leur genie; elle s'est bornee a exiger les conditions suivantes : Peinture. — 1°. Histoire. — 11 ne pourra y avoir dans le tableau moins de trois figures. Les figures principales devront etre entieres , et n'auront pas moins de go centimetres de hauteur: les dimensions du tableau ue sont pas prescrites. Le prix est une medaille et 2000 flo- lins des Pays-Bas. — 2'. Conversation. — Les figures auront au moins 25 centimetres de hauteur; la grandeur du tableau est fixe'e a 48 sur 65. Le prix est une me'daille et 5oo florins. — 5°. Pajysage. — Les dimensions du tableau sont fixe'es a 65 cent, sur 81. II est de rigueur que la composition soit ornee de figures ou d'animaux. Le pvix est une medaille et 5oo florins. — Sculpture. — Les artistes pourront presenter au concours soit un groupe , soit uue statue , soit un bas- relief de trois figures au moins. Ces ouvrages pourront etre execute's en pierre ou en platre. Le minimum de la dimension pour le groupe ou la statue est de 80 cent, pour le bas-relief de 25. Le prix. est une Tome ix. 26 398 EUROPE. miiilaille oL [wo lloiins. — Architecture. — Plan d'liii hotel en ville avcc lollies SOS ilt'pciidanccs. La Caijade piincipale doit avoir 4o metres de devcloppenient. La piofon Jeur dii terrain est au clioix de Tarliste. L'hotel propose est cense dans une rue, et borne de cliaque cote par I'alignemeut des maisous. On appelle particulierement les soius el I'attenlion dcs artistes sur la distril)ulion. On demande le plan de chaque etage, la facade principalc , et au molns une des coupes. L'eclielle sera dc 2 pour 100. On rejettera lonle copie , ainsi que lout cc qui aurait ete , dans son ensemble , puise dans les o\ivrages connus. Le prix est une medaille et une gratification da 200 florms. — Dessin. — Un dessin de composition au crayon noir , dont les dimensions doivent etre de 48 cent, sur 65. Le prix est uue me- daille et une graticaliou de 100 florins. — Gravure. — II sera de- cerne une medaille pour le ineilleur ouvrage qui sera j)re'sentL' au concours daus les quatre genres suivans ; sa\oir : la gravure au burin , .1 I'eau-forte , en bois et en medaille. Les tableaux, statues, plans, dessins et gravures seront adresse's Iran cs de port , au Muse'e de Bruxelles, au plus tard le i5 aoiit 1821. La commission rejettera les ouvrages qui auraient paru dans d'autres expositions publiques du royaume. Les artistes du royaume sdnt sculs admis au concours; ceux de ces artistes qui continuent leurs etudes en France ou eu Italie , sont compris dans cette admission. Les ob- (ets du concours resteront au salon pendant loute sa durec. Salon d'exposition. — Ce salon sera etalili au Musec de Bruxelles, dans I'emplacement qui y avait ete destine eu i8i5. Ou y rccevra tout objet de peinture^ sculpture, arcliitecture , dessin et gravure, execute par des artistes vivans , quelles que soient leur patrie et leui residence; il n'y aiua d'exception que pour les ouvrages qui peclie- raient centre I'ordre public. Les morceaux destines a I'exposilion y seront adrcsses, francs de port, avant le i5 aout 1821 ; I'artistc ou I'amateur dounera avis de son expedition au secretaire, par une lettre oil il fera connaitre les iiom , pi'cnonis , domicile et demeure de I'auteur , ainsi que les siens. Cette lellre conticudra, de plus, une note analytique des pieces expe'- dices; elle lueulionnera I'galeraent , pour les expeditions du dehors , le roulage par loquel s'est fait I'envoi. On invite Its artistes a signer les articles ipi'ils dcsliuent au salon, on .i y nictlrc un mnnogiamme qu'ils iiidi(|ueront dans Icuis Icltrcs il'avi.s. On n'y admellra aucunc EUROPE. -99 copie a riuiile Je lablcaux points Jc la niKine manlere, niicimc pro- duclioii d'aitistes decedcs , et en general vien de ce qui aura pavu dans les expositions prece'dentes. On n'y adniettra pas non plus de tableaux sans borduies ; aucuue pl.ice ue pourra etre le'serve'e a dcs compositions non produites. Le salon sera ouvert vers la fin d'aout : le monieht de celte ou- verture sera annonce au public , qui y sera admis tous les jours de- pnis lo heures du matin jusqu'a 3 heureS apres nudi. Les fonds qui resteront disponibles, seront employe's en acqui ' sitions d'objets envoye's a I'exposition , et la pre'ference sera donne'e a ceux qui n'aurout pas encore e'te exposes ailleurs. Le president de la socie'tc', le duc d'Ursel. Pour le secre'taire absent,?. L. Godecharles. RECLAMATION. — Les e'diteurs de VAlmanach des Muses hollan- daises . ouvrage que nous avons annonce' dans notre derniere livrai- son , nous e'ciivent pour reclamer sur le nonibre de productions qu'il renferme et qui, par une erreur typograpliique , se trouve porte' a G57 , au lieu de 67 , parmi lesquelles on distingue celles de MM. Bil- derdyk, Feith , Tollens , Wiselius, Borger , Dacosta, etc. Us te'moi- gnent aussi leur regret de n'avoir pu faire entrer dans leur recueil , dont ils sont oblige's de resserrer le cadre , quelques pieces de MM. Van-Hall , Sgravenweert , Lulofs et aiities poetes qui sbnt egalement I'honneur des muses hollandaises. FRANCE. Seine infemetre. —Dieppe. — //js/oz>e naiwreZ/e. La couleur verte que prennent , a certaines t'poqucs de I'nnnee , les buitres de- posees dans les pares, et le gout parllculier qu'elles contractent dans cet e'tal, les fait retherclier de prcfe'rence paries gastronomes. La cause de celte alteration ou de cette ame'lioration , signale'e par le chauge- ment de coideur de I'aninial , e'tait depuis loug-tems I'objet des re- cliercbes de plusieurs natuialistes. On avait presente' diverses bypo- tbesesa cesujet. M. Benjamain Gaillon vient de s'assurer a Dieppe, par des observations microscopiqucs constamnierit suivies, que cette viridite est due a dcs animalcules infuSoires du genre vihrion, qui puUulent par myriades , a certaines epoques de I'aniie'e, dans I'eau desp.ircs, et dontse repalssent les buitres en bum.inl cette can. Celte decouvcrle, qui doit conduirc .t la rcclierclie de I'influence que les 26* Um EUROPE. animalcules infiniment petits peuvent exercev sur Viconomie ani- male , est delaille'e dans un me'moiie adresse a racademie de Caen. ( Voyez ci- apris , pag. 4o2 , a I'article des sociiUs savantes , le compte rendu des seances de celte academie. ) Corse. — Ajaccio. — Enseignement mutuel. — L'ecole d'enseigue- ment miituel, ouverte dans cette ville le 5 aouU 1820, compte au- jourd'hui 98 eleves. lis appienuent la lecture, I'e'criture, I'arithme- tique, la gvanimaire francaise et la morale religieuse ; on y ioindr.i par la suite un choix de maximes tirees de I'Ecriture-Sainte, des ex- traits du code civil et du code penal , et des notions d'agriculture et des arts industrlels. L'universite, qui a etabli cette ecole a ses frais , lui a fait present d'uue collection d'ouvrages analogues a ces diverses connaissances. II est question d'e'tablir en Corse trente ecoles sur cc modele. Loire -Inf£rieure. — Nantes. — Caisse d'epargne el de pre- vqyance- — Par ordonnance du i3 jauvier dernier, le Roi a autorise I'etablissement dans cette ville d'une caisse d'e'pargne pour tout le de'partement , ainsi que la societe anonyme formee pour la direction et I'administration de celte caisse. Meurthe — Nancv. — Theatre. — La trage'die de Constantin-le- Grand ou le Triomphe de la Religion chretienne , qui a re'ussi der- nierement a Nancy, fst de M. Pellet, avocat a Epinal , qui s'est deja fait counaitre avantageusement par plusieurs raorceaux de poesie iuseres dans des recueUs litteraires. — Anliquites. — La commission chargee par le de'partement de la Meurte de la recherche et de la conservation des anciens monuraens , s'est occupe'e de celui qui avait ete e'leve pres de Nancy pour celebrer la delivrance de cette ville , assie'ge'e par Charles-le-Temeraire. Ce mo- nument de la vaillance el du patriotisme des Lorrains est dans le dernier etat de degradation ; cependant , on a calcule qu'une somme de 5oo francs suffirait pour le restaurer , et il a ete ouvert une sous- cription a Nancy pour se la procurer. Gard. — NiMEs. — Antiquiles, — Les fouilles que Ton a faites autour du temple des pelits-fils d'Augusle , dit la Maison carrke , pour de'gager toute sa base recouverte par un exhaussement de terre de plus de deux metres, ont produit la dc'couverle de marbres, de colonnes et de divers autres morceaux d'architecture ou de sculpture, dont les uns ont pu appartenir a la decoration inte'rieurc du temple , EUROPE. AOl mais donl les aulres paraissaient devoir faire parlie de quelque cons- truction voisine. La suite des travaux a justifie cette conjecture. lis ont conduit d'abord a la de'couverte de deux bassins qui ont dii serviv aux purifications et aux sacrifices ; puis a celle d'un mur de fon- dation , au pied duquel on a trouve una colonne renverse'e semblable a. celles qui gisaienl plus loin : d'ou I'on a conclu que la temple avail du aire entoure d'une enceinte ou porbiqua erne de colonnes. Les fouilles doivent etre continuees , pour former autour du temple ime place abaisse'e jusqu'a I'ancien niveau , et entom-ee d'une grille. Par I'executiou de ce projet , ce temple sera vu dans toute la purete de ses ancienues proportions. SOCIETES SATANTES ET d'uTILITE PUBLIQUE. Caen {Cahados). — Academic des Sciences, Arts et Belles-Letlres. — Seance du 24 novembre 1826. — Apres la lecture du proces-verbal da la seance prece'dente, le secretaire ( M. Heberl) lit une lettre de M. I'amii-al Sidney-Smith , qui remercie la compagnia de I'avoir nomme associe correspondant. ( Vqyez ci-dessus , page 202. ) M.Smylke, associe', fait honimage a I'Acade'mied'un exemplaira de la seconde edition de sa Description d'un monument arabe du mqyen age , conserve dans la cathedrale de Bajeux. Cette edition est enri- chie de cinq gravures de la cassette qui reuferme la chasuble de S. Re- gnobert , de I'inscription arabe sur la cassette , de la chasuble , de I'etole et du manipule de S. Regnobert. { Voyez Tome VII , page 63o ; Tome VII , page igS , et ci-dessus, page 2o3.) — M. le professeur Po- tier, associe , envoia un mcmoire sur Vorigine et la filiation des langues grecque , latine etfrangaise. La lecture de ce memoire est renvoyec a la prochaine seance. M. Smythe, associe , presente un memoire da M. P. F. Gaillon , receveur a la navigation des douanes a Dieppe , sur les causes de la- coloration en vert des huttres des pares, a. certaines epoques de I'an- nee. ( ^qyez ci-dessus ^ page 4oo. ) tcLeshuitres, dit I'auteur, ont besoln, avant d'etre livrees a la consommalion, d'etre parquees pour les ameliorer, leur faire perdre leur acrete' primitive , et les rendre plus saiues. Les pares ou elles sont de'posees sont de grandes fosses de 4 pieds de profondeur, de 200 a 25o pieds de longueur, sur 5o de largeur , taille'es en pente sur les bords , de maniere que le liraon puisse s'c'coukr au milieu de la fosse; a leurs extre'mite's sont places Ji02 EUROPE. des condiiils et dcs e'cluses pour leuouvelcr et i'airc tcouler I'cau de la mcr (ju'on y inlrodiiit assez regulierement deux a trois fois par mois. Chaque fosse peut contenir 5 k 600 mllliers d'huitrcs. On en Toil a Mareimes , a I'ile d'Oleron , a Coiirsculles , pres Caen , an Havre, a Dieppe, an Trepovt , etc. A cerlaines cpoques de I'annce , particullerement d'avril a juin, et eiisuitc en septcmbre, Teau prend Hue leinle de vertfouce; alors, les persounes cliargees des pares disent qn'ils tournent en verdeur. En effet, les cailloux qui tapissent le fond du pare sechargent de petits points verdatres ; et, des ce moment, on dispose les huitres cote a cote, de maniere a ne former qu'uu seal lit, et a e'viier qu'elles soient I'une siir I'autre. On suspend le reuou- vellement de I'eau pendant un terns proportionne , suivant qu'on veuC faire acque'rir anx liuitres una plus ou moins grande intensile de cou- leur. Celte couleur verte est produile, selou les uns, par une maladie qui attaque ces moUusquesj selon les autres , elle est due aux parti- cules des plantes marines , dout les liuitres sc repalssent , ou a la couleur verle que la de'composition de ces plantes donne a I'eau , et dont les huitres s'impregncnt. L'auteur combat ces differeus iyslenies. \\ est bien reconnii par I'usage jourualier que I'on fait des luutres vertes, qu'elles sont aussi saines que les blanches; done, leur colora- tion n'est pas le produit d'une maladie. Les uaturalistes qui se sont occupe's de I'anatomie de ce mollusque , n'ont point trouve d'organes digestifs couveuables pour assimiler a leur existence les ulvcs et les coiiferves qui tapissent les pares,- et, lorsque ces plantes se dc'com- posent, elles fiuissent par jaunir sans commuuiquer a I'eau aucune teinle %'erdatre. II restalt a examiner la cause, non encore connue , de cetle coloration ; M. Gaillon croit I'avoir trouve'e dans la pre'sence de myriades d'animalcules du genre des vibrions , et qui pullulent dans les eaux de ces pares. Ces vibrions de couleur verte , auxquels il donue repilhcle d'hultrier, different du vibrion tripoiiclue , de'crit par Bruguiere ct figure' dans V Encyclopedle mithodique , par leurs cxtrc'mites plus pointues et leurs contractions ceutrales , qui ne sont point foriiiccs d'un nomhrc de points regulierement determines , qui ofPrent mcme quelquefois des lignes transversales , et plus souvent line ligne longiludiuale changeant de position et de forme. 11 cherche mainteuant ii de'couvrir ; 1" si eel animalcule est du a la nature du sol ; 2° pourquoi il ne se trouve pas dans tons les pares; 3° quel degre d'iuflucnce nie'lcoriqiic est nccessaire pour son devcloppemeul. L'aii- EUROPE. A03 leur se piopose d'exaniiuer ces questions , loisque la saisoii sera favo- rable pour les ctudier. M. yimeline , professeur d'analoinie a Caen , associe , pieseiile en- suite une jambe et une tete artificielles , faisanl paille de la poupce anatooiique qu'il a invente'e et construite poui- faciliter Te'tude de I'aiiatomie. ( Voyez Rev, Enc. Tome VIII , page 638. ) — Dans la seance du 16 Janvier , I'acadeniie a decerne le piix dc poesie (une medaille de 3oo fr. ) a I'auleur du poeme intitule : le Deuil de la ville de Caenpour la mart du due de Berry. Sept auties ouvrages avaient ete envoyes au concours , savoir : cinq odes et iin poeme assez faibles , et un autre poeme qui a obtenu I'acccssit. Grenoble ( Isere ). — Sociele des Sciences et des Arts, — Une socie'te liltcraire existait a Grenoble avant la revolution , sous le litre dH Aca- demic delphinale , chargee specialement de I'administration de la hibliotlieque de la ville , ct formee des personnes les plus recomman- dables par leuv instruction. Des souscripteurs firent a leurs depens I'acquisitiou de celte bibliotheque, des heritiers de I'eveque de Gre- noble ( M. de Caulet ) , et la rendireut publiqiie. Instituee parletlres patentes de Louis XVI , cetle academic fut, comme toules celles du royaume , supprimee par le decret de la convention du 8 aout 1793. — ^La creation de I'e'cole centrale de I'lsere offrit une occasion favo- rable pour le retablissement d'une societe litteraire dans cette ville , tonjours distinguee par son gout , par son aptitude et par ses succes dans diverses branches impoitantes des connaissances humaiues; et I'une des premieres , Grenoble offrit I'exeniple d'une si utile i"estau- ration. Au mois de floreal an IV (1796), le I/ycee , aujourd'hui Socieii des Sciences el des Arts , fut fonde et autorise par I'admi- nistration del'etat; eu 1799, les anciens membres de I'academie delpbinale, encore existans alors , s'y re'unirent simultanc'raent. Le premier article de son re'glement indique le but de cette societe. Ses travaux , y est-11 dit , ont pour objet les progres des sciences , des arts et des lettres , et specialement tout ce qui peut tendre a I'utilite du de'partement de I'lserc : elle s'interdit toute discussion etrangere a ce but. Le nombredes membres residans est de cmquante, et celui des correspoudans ue peut exceder le double de ce nombre. Nul n'est membre de droit , quels que soieut son rang et ses fonctions , et I'on ue peut etre propose comme candidal , si I'on n'a d'abord pre- sentequelquc ouvrage impi'imt^ ou manuscrit. Les gens de lettres e'tran- /iOA EUROPE. gers a la sociiile sont admis a ses seances parliculieres , sur I'aut©- rlsation Ju president, et I'on y remavque habitucllement un certain nombre de jeuncs gens distiugues par leurs connaissances acquises et par leur zele pour les e'tendre. Ce sont des audileurs litteraires , des- tines a re'parer les pertes que fera la sociele'. Elle est administre'e par un bureau cotnprenant le pi-esideut , le vice-president , le secretaire , le secre'taire-adjoint, le tresorier, et par un comite de cinq membres, charge spe'cialemcnt des finances et de tous les objets re'glementaires. Les fonds de la socie'te sout Ic prodult d'une cotisation payee par chaque membra ; I'administration publique n'y contribue pas. Les travaux de cette compagnie sont de quatre sortes : i° les ouvrages en prose ou en vers,,lus dans les seances particulieres ; 2' les ouvrages publics par ses membres et presque tous commu- niques d'abord , au moins par exlrait ; 3° les me'moires d'utilite pu- blique J redige's sur la demands de radmluistratlon locale et adresses au gouvernement ; 4° les prix qu'on doit decerner. Les premiers sont tres-varies et embrassent la presque totalite des connaissances Lumaines, Les suffrages accordes a ceux qui out ete lus dans les seances publiques, les recommandent suffisamment : tels sont les morceaux litteraires de feu MM. Gattel et Dubois de Fontanelle, les pieces de poesie de MM. Perreton , Laureuce et Mauclerc ; les memoires de physiologic ou de medecine de feu le docteur Trousset, et de MM. Bison , Fournier et Silvy; les memoires de mathema- tiques de M. Fourrier, aujourd'hui membre de I'Institut , de feu M. Bret, et de M. Chabert , doyen de la faculte des sciences ; les recherches approfondies de M. de la Salette sur la musique ancienue et moderne ; les ameliorations agricoles ou industrielles expose'es par M. Camille Tesseire; quelques perfectionnemens en mecanique exe- cutes par M. Bonnin , les travaux sur I'histoire naturelle par feu M. Yillavs et par M. Julien, professeur de botanique , etc. Dans la scconde serie , ou remarque les ouvrages de jurisprudence public's par M. Berriat Saint-Prix, re'ceniment appele a la chaire de jurisprudence a la faculte de droit de Paris ; les me'moires de geologic de M. Ic colonel Barral, les Considerations sur les divers systemes de la musique ancienne et moderne ^ en 2 vol. in-S" , par M. de la Salette , sa Stenographie musicale , etc. ; la dissertatiou sur la Dou- leur, par M. Bt'lot ; les ouvrages d'e'ruditiou de M. Champolliou- Figeac , correspondani de I'Institut, ct eulre aulres iei Aniiquites de EUROPE. A05 Grenohle, 111-4"; ses Recherches sur les patois, in-S"; set, Annales des Lagides , couronnees par I'Academie des insciiptions et formant a vol. in-S"]; les ouvrages de litteiature orientale de M. Champol- lion le jeune, et particulierement son Egypte sous les Pharaons , en 2 vol. in- 8°, et son Examen des catalogues des manuscrits coptes du musee Borgia, in-8°; enfin la Preface historique du grand et magnifique ouvrage sur I'Egyple, composee a Grenoble par M. Fourier. Parmi les travaux fails par la socie'le sur la demande de I'admi- nistration , on pent ciler : i° les recherches sur les contre'es du de- partement qui sout de'signe'es par un nom special , redigees par MM. Berriat Saiut-Prixet CliampoUiou-Figeac ( imprime's in-8°); 0.° un me'moive accompagne de plans et de devis nombreux, sur les moyens de faiie un grand e'tablissement sanitaire pres des eaux ther- males de la Motte (arroudisseraeut de Grambe), memolre demande par le gouvernement; 3° les essais qui se font annuellement pour savoir si la machine propose'e par M. Christian pour broyerle chanvre, peut , an ruoycn de modifications , etre approprie'e a la longueur et a la prol'ondeur des chanvres recolte's dans le de'partemeut de I'lsere , etc. Enfin, les prix propose's par la societe ont produit : l° un memoire sur les moyens- de perfeclionner V education physique et morale des enfans , par M. J. B. Perrier (Paris^ Charles , an XI, in-8°); 2° une statistlque du de'partement de I'lsere, en 4 volumes in-4'' ( non pu- blie'e); les fonds d'un prix de six cents francs furent fails par M. Fou- rier, alors pre'fet a Grenoble ; 3° la mineralogie de d'Oysan (Isere) , par M. He'ricart dc Thury. (L'auteur, qui n'envoya pas son memoire, I'ayant fait inserer dans le Journal des mines , ce sujet de prix fut retire' ); 4° YHistoire des Allubroges et des Voconces , d'apves les au- teurs et les monumens, par feu M. Bourgeat, de Grenoble (non pu- blie'e ), prix egalement donne par M. Fourier. La socie'te tient ses seances a la bibliotheque, dans la salle de 1 an- cienne academic , ou elle a reuni a ses frais. les portraits des horames les plus distingue's du Dauphine', et entre autres du president Expilly, du pre'sident de Valbonnais , de I'ingenieur Bourcet , de Vaucanson, Mably, Condillac, Dolomieu , Mounier, madame de Tencin, etc. Comme toutes les autres societe's lille'raires, celle de Grenoble a subi les eEFeis des circonstances : elle a eprouve dans ses travaux un ralen- A06 EUROPE. tissement qui cesse a niesure que I'ordre et le calmc , en s'aflerniib- sant danslese'tatSjierident, ou pent le dire, les relalious d'liommc a honiine phispaisibles. Du leste , ce qui se passe de nos jours explique assez ce que I'histoire rapporte de la calamileuse iufluence dcs de'- sordres publics sur les proi(rcs des letties j et prouverait aussi, qu'une nation instruite el polie pourrait parvenir a la barbarie par les revo- lutions^ meme malgrc I'alliauce des sciences avec la pliilosophie. M'ETZ { Moselle). — SociSti litteraire. — L'ancienne academic de Metz avait conlribue h re'pandre les idees pliilantliropiques, en propo- sant des prix pour des questions importantes ^ telles que la reforme des lois penales et la regeneration civile et politique des israelites francais. Detruite pendant la revolution, elle vient seulement de I'e- naitre sous le litre de Societe des amis des lettres, sciences et arts. On y a admis de droit les meinbres encore existans de l'ancienne academic , MM. Lacretelle aiiic , Roederer, Emery , Gregoire, Cadet dcMetz, etc. Parmi les nouvcaux membres , on remarque MM. de Maleville fils, Michel Berr, Heipin , Gorcy, Poncelet, Anspach , etc. Elle n'a pas encore tenu de seance publique. On a entendu , avec beaucoup d'interet , dans- ses seances particuli^res , des me'moires de M. Gorcy sur I'economie rurale du pays; une dissertation de M. Anspach sur I'apologue chez les anciens et chez les modernes; des fragmcus d'uu ouvragc incdit sur les Mathe'matiques, que M. le che- valier Poncelet, capitaine d'artillerie, a commence pendant sa capti- vite en Russie, etc. La socie'te lilteraire de Metz repondra sans doute aux esperances qu elle a fait uaitre , et nous rendrons compte de ses travaux. . L*. Institut. — Acadimie des sciences. — Mois de Janvier. — Seance du a Janvier 1821. — M. Jomard adresse un instrument d calculer, en usage en Angleterre , et qu'il a fait executor a Paris. L'Acadt-mie uomme deux commissaires pour I'examiner. — M. Bureau de la Malle lit un memoire sur rorigine des cereales , et notamment du ble et de I'or^e. M. Edwards lit un memoire sur la respiration et I'in- Jluence des saisons sur I'economie animate. Ce memoire est rea- voye a la commission chargt'e de juger les travaux admis au con- cours pour Ic prix aunitel dc physiologic. EUROPE. A07 Du lunch 8.— M. Aiago lit iine leitve de M. BerzL'lius a M. Ber- llioUet, lelalive aux expeiieuces de M. GJistedt. — An nom d'une com- mission, M. Dumeril lit uu rapport siir uue iheorie nouvelle de la fievre jaune , adresse a I'Academie par un auteuv anonyme, mais doiit le memoire est date' de la Martinique, Saint-Pierre, l^'' Jan- vier i8ig. Ce memoire, d'apres I'avis de M. le rapporteur, est en- voye au tninistre de la Marine et des Colonies afia d'appeler I'attention eclairee du gouvemement sur la position iusalubre de I'hopital de Saint-Pierre, et sur les moyens d'y reme'dier. — M. Ampere lit uu me- moire coutenant le calcul de I'actipn qu'exerce , sur un petit aimant qui ne peut tourner qu'autour de son centre d''inertle dans un plan liorizontal , un fil conducteur incline a I'horizon et situe dans un plan vertical passant par le centre d'iuerlie du petit aimant. 11 ajoule quelques reflexions sur la lettre de M, Berzelius. — M. Cassini fils commence la lecture d'un me'moire sur I'embryon des graminees. — M. La Borne lit uue note sur V aimantation par I'electricite. Lundi i5. — Au nom d'une commission, M. Pinel lit le rapport suivant sur un memoire de M. Bertin, relatif aux alterations du coeur. « Nous pensons, dit M. Piuel en terminant, que I'Aca- demie ne sera que juste en accueillaut favorablement les travaux de M. Bertin , et en reconnaissant I'anteriorite de plusieurs de ses re- clierches. Qu'il nous soit permls de nous ftliciter de voir nous com- muniquer le fruit de ses veilles , le fils d'un homme que I'Academie compta parmi ses membres les plus distingues , et qui a laisse des souvenirs glorieux dans les sciences anatomiques. » — Au nom d'une commission , M. BerthoUet lit un rapport sur un memoire de M. Che- vreul , intitule : JEssai sur I'analyse elementaire des corps gras. « M. Chevreul , dit en terminant le rapporteur, re'imit dans ce me- moire les re'sultats des analyses des corps gras et des produits de leur saponification , qu'il avail cxpose's dans les sept me'moires precedens. 11 les compare ; il deduit les proportions desprincipes elementaires, la nature des principes immedials qui en resultent, la raison des pro- prietes pliysiques des corps gras qui sont composes de ces principes imme'diats, et celle des changemens que leur fait subirl'action des alcalis, ou de la re'sistance qu'ils leur opposent. Cette serie de recherclies delicates sur un genre tres-e'tendu de corps dont on n'a vait point approfondi I'ana- lyse , nous parait devoir etre mise au rang des acquisitions les plus im- portantes dela cbiniie. Kous pensons done que ce me'moire me'iite. A08 EUROPE. ainsique ceux qui le precedent, d'etre imprime dans Icrecueil des savans e'trangers. » — M. Mongez lit une notice surl'aune de ProuinsenBrie, transportee et employee en Angleterre. — M. Ampere lit un memoii'e sur Taction qu'exerce, sur iiu petit aimant cyliiidrique assujeli a tourner dans un plan autour de son centre d'inertie, un fil con- ducteur rectiligne d'une longueur assez gvande pour qu'on puisse la regarder comme infinie et situe'e dans un plan vertical passant i)ar le centre d'inertie de cet aimant. — M. Cassini fils continue la lecture du memoue qu'il avait commence dans la dernlere seance. Lundiii. — M. de Lace'pede fait un rapport verbal sur I'ouvi'age de MM. Geoffrey Salut-Hilaire et Fre'deric Cuvier, intitule : Histoire nalurelle des mamniiferes. — M. Cassini fils continue et termine la lecture du memoire commence et continue dans les deux seances pi-e'ce'denles. — M. Grimaud lit un traite' sur la rage. JLundi 29. — Le ministre de I'inte'rieur souniet a I'examen de I'Academie les tableaux de la tontine projeiee par les sieurs Pallard et Audeaud. L'Academie cbarge une commission qu'elle nomme de les examiner. — M. Durville, officier de marine, lit un me'moire sur la campagne hydrographiquc de la gabarre du roi , la Chevrelte , dans le Levant et la mer Noire. — M. Cauchy fait un rapport sur les observations et sur I'ouvrage de M. Libri, relatifa la theorie des uombres. — Academiefrangaise. — Stance extraordinaire du mardi bfefrier. — M. le secre'taire perpe'tuel fait un rapport sur le projet d'une edition de diuers classiquesfranfais avec des notes de I'Academie. — M. Cliarles de Lacrctelle lit mi fragment sur la gaile , tire de son ouvrage intitule : Etudes philosophiques et historiques. — M. Lemer- cier lit un tableau des legislations successives , tire' de son poeme de Mo'i'se. Sociite des bonnes lettres. — La premiere seance publique de cette nouvelle societe , prcside'e par M. de Fontancs , pair de France et membre de I'Acade'mie francaise , a eu lieu vers le milieu du niois dernier : c'est M. Bergasse qui a pronouce le discours d'ojiverture. Les seances seronl partagees en se'ances pidjliques , dans lesquelles on entendra successivement des lecons de litte'rature , d'hisloire, de morale et de sciences naturellcs; et en se'ances particulleres, ou ne seront admis que les fondaleurs el les souscripleurs annucls. Le local de la Societe , sitae rue de Grammoul , n° 27 , vcnferme plu- EUROPE. A09 sieiu'S salonSj qui seront ouverts tous les jours, depuis neuf heures du matin jusqu'a minuit. Cent societaires fondateurs sont proprie- laii'es de I'e'tablissement. Le piix de I'abonnement est de 60 francs par an. Astronomie, — Decouverle d'une nouvelle comete. — Le 21 Janvier dernier, M. Nicollet a decouvert , a I'observatoire royal de Paris , une comete dans la constellation du Pe'gase. Depuis cette epoque, elle s'est peu e'carte'e du lieu ou on I'a apercue d'abord ; niais elle est devenue visible sans lunette. Son noyau est tres-brillant ; sa queue est longue d'environ quatre degre's. Elle est pres de I'etoile nomnie'e algenib , et se couche a liuit heures du soir : c'est environ une demi-heure avant qu'elle est le plus facile a voir. Mais bientot, par I'effet du mouve- nient annuel , elle va se trouver engagee dans les feux du soleil cou- chant , et elle cessera d'etre visible ; mais elle reparaitra peut-etre quelque terns apres a I'orient', avant le lever du soleil. Au resle , on ne peut rien affirmer .\ cet e'gard, non plus que sur les aspects que cet astre pourra pre'senter. La lenteur du mouvement propre qu'on lui a reconnu , qui n'est que de quatre degres environ depuis un mois , ne permet pas de calculer avec certitude les ele'mens approches de I'orbite de ce corps celeste. Nous saisissons aveo plaisii' cette occasion de citer avec eloge une observation interesante faite par M. Nicollet. Ce jeune astronome, instruit a I'e'cole normale de Paris , et deja couronne I'au dernier par I'acade'mie des sciences, continue de donner des preuves de zele et de talent. FRANCffiUR. Prix propose, en 1820, par la ReuueEncyclopedique. — Nous pro- posames , I'annee derniere , a I'occasion d'un e'venement funeste, le pioa gramme d'un concours sur cesujet : L'union intime de la liberie el de la morale publique. [Fqyez T. V, p. 4oo.) Deux discours nous sont parvenus : I'un est date de Saint-Michel , province de Mondovi , eu Pie'mont, et dedie a MM. les Deputes de la France. Ce discours est ecrit en pi-ose et en francais; mais cette langue est peu famUiere a I'auteur, en sorte que son ouvrage ne supporte pas , sous le rapport du style, un examen se'rieux : cette circonstance seule devait I'ecarter du concours. L'auteur a adopte une marche seche et didactique , ce qui n'empeche pas qu'on ne puisse lui reprocher une e'rudition mal digeree^ et de I'incoherence dans les ide'es. AlO EUROPE. Lf» seconds jiitcc est ccrite en vers ct Jatee de Lacnmp , commiino lis Sainl-Jean-du-Gai'd. La lettre d'envoi est signee des letlies iiiilialeb C * * R *. nans cet ouvrage, iuthule : Discours sitr la revolution frangaise , on s'efibrce de piouver I'nuioii qui exisle entve la liberie et la morale , d'iiispirer riiorreur du crime et de toute espece de, faua- tisme , et de venger la nation etla pliilosopliie des calomnies de leurs enneniis. Ce poeme est fort bieu pense; la morale la plus pure et la philosophle la plus vraie en ont dlcte toutes les lignes. On y reconnait iin liomnie qui conserve dans toute lenr integrite Ics pre'cieuses tradi- tions de la veritable liberte. Comme ouvrage de poesie , on y recon- nait un fond de talent naturcl , mais que I'e'tude et le travail n'ont pas suflisamment niurl. "L'auteur s'abandonne sans cesse a une facilite verbeuse et ne'gligee que la poesie francaise ne tolere pas. Ce de'faut est pousse assez loin pour qu'il nous soil difficile de trouver un passage qui puisse etre cite sans alte'ration. L'auteur parlc des gazettes adula- trices du regime imperial : a C'est la, tous les matins , qu'en pleui'ant de tcndressc, Je lisais la toucliante ou la pompeuse adresse , Qu'eu termes elegans, en tours bien arrondls , Sur un plan circulaire arrive' de Paris , Toujours snumis , toujours d'une main re'signce , Pour ses administre's mon maire avait signe'e. » Ailleiirs, il repousse e'uei'giquemcnt , au nom de la liberte, sa rom- plicite avec le monstre re'volutionnairc : «c N'est-ce pas lui qui fit monler sur I'c'cliafaud Les Bailly, lesTliourct, et Barnave et Rabaud ; Tous ces grands citoyens , dont la male eloquence Erit impose peut-etre un frein a la licence, Des civiles fureurs interrompu le cours , Et du regne des lois ramene les beaux jours? » C'est un tres-beau mouvcment que celui par lequel l'auteur re'pond a ceux qui n'ont pas craint d'accuser Ics ecrits de leurs adversaires d'avoir arme' la main de Louvel : « Quand des feux de I'enfer, en secret consume' , Seul , dans rombre , il fovraait son projct parricide. Si, temoin quclquefois des toiirmens de Seide, S'il eut lu les beaux vers ducbantre du bon roi , EUROPE. Alt Uoulez-voiis que bientot , pale ct s;\isi d'effroi , L'aspect desoii ncveiij de sa vivante image, Dans ce faroucl)e coenr n'eut etouRe la rage? Ou , s'il u'eut anete son poignard forcene', Contve son piopre coenr qu'il ne I'eut letourne' ?. . .« Nous citerons encore les vers suivans, tire's de la pe'roraisnn : « Vous done , jeunes Francais , espoir de la palrie , Qui foulez en naissant une terre aflrauchie, Qui plaigiiant , niais toujours ve'ne'rant vos aieux , N'avez qu'a moissonner dans le champ glorieux Fcconde des sueurs et du sang de vos peies , De nos droits lecouquls fortunes le'gataiies , All ! d'un si grand blenfalt sentez-vous tout le prix , Et voulez-vous un jourle transmettre a vos fils? N'ouhliez pas que Rome aux tyrans fut vendue, Quand la voix de Caton cessa d'etre enlendue j Qu'etre libre, en un mot , c'est etre vertueux , C'esl etre juste , humain , modere dans ses vceux; Que la soLf des grandeurs rend les ames serviles. . .» Malheureusement, c'est a peu pres tout ce qui merite d'etre cite. Prlvt's du plaisir de donner la medaille que nous avions ofTerte a I'e'mulation des ecrivains , et dout aucun des memoires envoyes n'a ete juge dignCj nous voulous au moins accorder une marque d'estime a celui qui a tente derepondre a notreappel. La Direction de la Reuue Encyclopedique fait dou a M. C. R. (de Saint-Jean-du-Gard) d'une collection complete des cahiers de la Revue qui ont paru jusqu'a ce jour. ( 8 vol. in-S" de plus de 600 pages cliacun, avec figures et dessins lithographies.) L'ouvrage sera depose, dans le courant de luars, a I'adresse fournie par M. G. R., avec le manuscrit de son poeme. Histoire naturelle. — Exlrail d'un memoirs sur les differens elats de pesanleur des ceufs au commencement et a la fin de I' incubation, lu a I' Academie des Sciences , le 28 aout 1820, par M. Geoffroy- Saint-Hilaire , I'un de ses membres et I'un des administrateurs- professsurs du Jardindu Roi. — IV3 . More'uas, a son retour du Se'- nt'gal oil il etait passe' en qualile d'ngriculteur pour le service du Roi , remit a M. GeolVroy, en nclobrc i8ig, deux oeufs d'autruche ^tout A12 EUROPE. remplis , qu'on ne vida pas a cetie epoque. Ce fut en juillet i8ao qu'on fit cette operation qui donua lieu a un evenement nouveau pour les laboratoires. La coquille , a peine entame'e , se rompit avec explosion ; les fluides qui y e'laient reuferme's furent lance's a une gvande distance el dans toules les directions ; ils exhalaient une odeur tres-fetide. Mais, ce qu'il y a de remarquable , c'est que M. GeolTroy trouva un foetus an milieu des debris de cbaque coquille , et que I'un et I'autre n'a- vaient partlcipe en rien a I'e'tat de putre'faction des fliiidcs environnans, taudis que le contraire a lieu dans les oeufs de la phipart des autres oiseaux. L'c'paisseur et la densite de la coquille de I'oeiif d'autruclie suffisent pour expliquer cette diffe'rence : eu efTet , les gaz qui s'y de- veloppent par la putrefaction , ne pouvaut s'e'chapper, parviennent a un violent etat de condensation; la pvession qui s'exerce alors sur les fcetus empechent la decomposition qui s'opere sans difficulte dans les oeufs a coquUle poreuse. ' II est bien avere' que Vetat de I'atmosphere iufluc sur le develop- pement des oiseaux pendant I'incubation : I'apparilion assez fre'quente de monstres , reifet meurtrier des orages sur les couve'es, le prouvent assez. M. GeofTroy a cherche a s'en assurer experimentalement. Pour cela , il a vernisse des oeufs qu'il a ensuite soumis a I'incubation. L'un d'eux, donne par liasard a M. le docteur Serres, renfermait un embryon de poulet , dont la moelle epiniere etait plus renfle'e, la colonne vertebrale plus forte, et les points osseux des vertebres cer- vicales beaucoup plus ecartes que dans les individus provenant des oeufs uon vernisses. Les trols pouiets qui restaientj au mois d'aout, a M. GeofFroy , presentaient aussi des dlflerences remarquables dans les organes olfaclifs ; cependant, il pense que les falls ne sont pas encore assez multiplies, pour attrlbuer ces defectuosites a la pre'sence du vernis , qui les souslrait jusqu'a uu certain point a I'actlou de I'at- mosphere. Voulant savoir si I'atmospliere donne quelques uns de ses elemens a un foetus d'olseau qui croit dansl'oeuf, ou si, au contraire, ce se- . raient quelques parties des fluides renfermees dans la coquille qui se dissiperaient au-dehors, M. Geolfroy a pris le poids desix oeufs avant I'incubation, et au moment ou elle allait cesser. Ces pesees , faites par MM. Cherreul et GeofTroy avec la balance Ires-sensible du labo- ratoire de cliimie du museum, ont prouve que les oeufs avaient perdu moyennement uir cinquieme de leur poids primilif, pendant les dijL-neuf jours pleins qu'a dure I'incubation. El ROPE. A15 Commission sanilaire da France, creee par decision du minisire de I'inlerieur, en date du i5 novembre 1820. — Un siecle s'e'lait e'coule depuis la funeste t'poque d'une peste qui enleva quatre-vingt miUe persoiines a 110s depaitemens des Bouches-du-Rhone el du Var. Pen- dant ce long intervalle , des iois sans nombre , des oidonnances con- tradictoiies , des publicalions d'eclievins , de commandans d'armes ■ des de'crets de paileinens, des decisions militaires, des anels antiques dont les souvces sont a peine connues, coastituaient la legislation qui regit les lazarets , qui dispose de la fortune, meme de la vie des ci- tojeus. Des qu'oa jette un regard sur ce chaos, on sent combien il etait indispensable de simplifier cette legislation , d'en coordonner toules les parties , et de la soumettre a des formes legales. Cette ge- nereuse pensee , et le danger imminent qui nous a menaces, par le voi- sinage de I'Espagne , out sans doute preside a la decision duministre de I'interieur , lorsqu'il a cve'e une commission composee de trois con- seillers d'etat, MM. de Gerando, pre'sldent, Hely d'Oyssel et Fores- tier , de savans jiirisconsultes , de uegocians eclaires ; d'un chef de division, M. Laffon de Ladebat , et de six niedecins, MM. Desgenettes, Dumeril, Ke'r^udren , Pariset, Deveze et Victor Bally. La composition d'un semblable conseil indique assez qu'il a dans ses attributions trois objets distiucts; aussi, des la premiere seance , s'est- il divise en trois sections : scientifique , administrative el legislative. La premiere doit determiner quelles sont les maladies suscepti- . bles d'importation , les signes auxquels on pent les reconnaitre , et les moyens d'en garantir nos cotes maritimes ou nos froutieres. La deuxieme pre'pare le re'glement etle regime interieur des lazarets etdes quarantaines. La troisienie doit soumettre a une legislation fixe et legale tous les moyens coercitifs. L'ensemble dece travail sera soumis a la sanction legislative. La section scientifique travaille avec ardeur, parce que de ses operations depend en quelque sorte celle des deux autres divisions. Elle a de'ja fixe ses opinions sur les maladies irapor- tables , ainsi que sur les caracteres gcneraux auxquels on pent les reconnaitre ; elle a designe' les lieux de depart des fleaux pestilen- tiels, et les points de la France par ou ils peuvent pene'trer. D'autres questions indispeiisables sont soumises a la discussion la plus appro- fondie, a I'exaraen le plus impartial. D'importans materiaux se prcjia-' rent en meme terns pour les sections administrative et legislative ; il ne restera plus qu'un assemblage a faive ])Our clever rt cousnlidcr Tome ix. 27 AlA EUROPE. I'edifice. Emetlons le voeii de voir les auties nations imiter uu exeniplc aussi utile ; c'est le mojeii le plus ellicace , le plus sur de coucilicr les inte'iets du commerce avec ceux. de la sante publiquc ; un ensemble de travaux bien fails et bieu combines concounalent puis- sammcnt a fixer, a e'claiicir plusieurs points de doctrine medicale, en provoquant des recliercbes , et en mettant sur la voie d'uliles et importantcs observations ; peut-etre aussi parvieridrait-on a extivper du seiu des nations civiiisees ces fle'aux contagieux, qui, conime la fievre jaune el la peste , menacent de dcvorer les populations. Victor Bally, D. M. Mecanique. — Nouveau fauteuil-portoir. — Cemeuble, invenle' par M. Rc'gnier, auquel on doit deja un grand nombre d'invenlious utiles et ingenieuses , a e'le approuve par plusieurs medeclns distin- gues et par la Socle'te royale academique des sciences. II est mainie- nant employe pour transporter les maladcs dans plusieurs hospices de Paris ; des personues iufirmes s'en servent aussi pour monter et descendre les escaliers, etc. L'inventeur demeure rue de I'Univer- site , u." 4. ^rts industriels. — Crajons et lahlettes pour les icoles. — M. Qucsnel, rue de Montmorency -Saint- Martin , a iuvente des crayons qui peuvent remplacer ceux d'AUeningne , et des tablettes en Lois ou eu carton , qui sont moins fragiles , moins lourdes , moius (lures, et surtout moins cheres d'uu tiers que les ardoiscs de Belgique, dont on se sert liabituellement. M. I'abbe Sicard et plusieurs chefs d'inslitutiou emploient de'j^ ces deusnouveaux produits de I'industvie francaise, dont ils ont reconnu la superiorile. Voyage scientifi que. — M. Fontanier, jeune medecin^ ancieo eleve de I'ecole nonnale , et acluellement voyageur du museum d'histoire naturelle , a recu du ministre de I'interleur la mission d'ex- plorer la Turquie et I'Asie-Mineure. C'est ipe'cialcment sous le rapport dela mineralogie et de la f;e'ologie qu'il doit observer ces deux coiitri'es. Jicole royale poly technique. — M.. le comic Cliaptal,pair de France , a ete nomme par le roi niembre du conscil do pcrfeclionnemciit de cette ecole. Publications nouvelles. — (ESuures completes de M. T. Ciceron, iraduites enfranpais, avec le texle en regard; parMoNGAULT, PRi- VOST, d'Olivet, Rene Biket, aucieti recicur de rUnivcrsite ; Atu. EtJROPE. A15 Auger , traducteur d'Isocrate et de De'mosthene; MM. Gueroult , an- cien couseiller titulaiie de rUnivcrsite ; Burnouf, pvofesseur d'elo- queiice latine au college de France; de Wailly, provisein- du college i-oyalde Henri IV; Naudet, memljre de I'lnstitul, etc., et publie'es par iW. Jos. Kiel. Le Clerc , professeurau college royal de Charlemagne. Quelques tentatives ont ete deja faites pour presenter en francais la collection complete des ffluvres de Ciceron. L'edition de Des- nieuniers, qui ne donnait point le texte, a et^ interrompue apres le huitieme Aolume, en 17^9. Celle de M. Foiirnier , libraire, com- inencee en i8i6 et terminee en 1818, a e'te' diversement jugee; et ce n'est point sans doute au defaut de zele ou de lumieies qu'on doit atlribuer les imperfections d une entreprise aussi vaste, achevee pour la premiere fois. On trouvera , dans la collection de M. Leclerc, quatorze discours d« Cice'ron traduits par M. Gueroult , ancieu conseiller titulaire de I'U- niversite , et que ses extraits de Pline ont mis depuis long-tems an premier rang de uos traducteurs francais. M. Burnouf , professeur de rlie'torique au college de Loiiis-le-Grand , et d'eloquence latine au College i-oyal , a traduit six discours et le dialogue des Oraleurs illustres. D'autres discours ont e'te donnes par M. Naudet, inemhre de I'A- cademie des inscriptions et belles-lettres, et par M. de Wailly, traducteur d'Horace. Ou a conserve quelques traductions posthumes de Binet, counu par ses utiles travaux, et plusieurs ouvrages qui sent en possession de I'estime puldique , lels que ceux de Mougault, d'Olivet , Pre- vost, etc. M. Th. Gaillard , pvofesseur-agre'ge de rlie'torique au coUe'ge de Henri IV, a traduit les trois dialogues de V Orateur , et M. Ch. de Reniusat , le traile des Lois. L' edition aura trente volumes ia-8°, imprime's avec soiu par Cra- pelel , sur papier fin d'Auvcrgne semblable .t celui du prospectus. Le premier volume contiendra la Vie de Ciceron , et le dernier, les Index d'Ernesti , augmente's de quelques tables nouvelles. La premiere livraisou , compose'e du second volume, contenant la Rhelorique d Herennius , yrecedee de nouvelles recherchcs sur cet ouvrage , et du sixieme , contenant les six premiers discours , est 5njse en vcnte au i'^'' mars 1821. Les autres livraisons, composee* Air. liiiiiopi;. dc tlcux oii^de tioib voliuiics, sc mcceJciont !t:(EUE. ; — Le jNormakd , piot'. de technoiogie, Ptc. — de MoLto>i ; — A. Michelot ; — Coqufrel; — Flourbns, D. M. j — AdeloN; Bally j Esquirol,- Friedlaii- UER; MaGENDIC ; ORriLA ; Parist.t; Phiquepaj-, D. M. ; — CUAPTAL , dc rluslitut; — DeSjMAREST ; — W. HuTCHlNSONj — MoPv^eau de JoNKi:s; — De FEPa;s3AC:— Desmoulixs, D. M., etc. 2" Sciences philosophiques et morales, politiques et hislo- riques : MM. Lakjuikais ,- — M. A. Juilien, de Paris;— Ai., db LA BoRDE, del'Insiitut; — Assil: ■ — ARKOi.n, de Strasbourg; — BaEEY ; — BARBlt-UcBOCAGE, de rinst. ; — J. .1. RauDE ; — BuCHON- — COUSIK; DEGERANDOdei'InSt.; — DePPIJCG; — A. DnFRAYER; JoMARD^ de rinst..; — Meyer, d' Amsterdam —P. Lami; — J. V. Le- CLERC; — Laffonde Ladedat; — deLasteyrie; — Alex. LaJHETH; — Naudet, de I'Inst. ; — Parent-R^iai.; — G. M. Raymond; — E. SaLVERTE; — SiMONDE DE SiSMOKDI; — StAI'tER; — TniERRY, etc. .5" Littiraturefrangaiseet etrangere, Bibliographie, Archeo- logie et Beaux Arts : MM. Aignait, Andrieux, Amaury-Dcvai, LiMERCiER, dcrinsiitut;— A. Mahul; — HenuIchs; — Artaud — AvESEL; — BARBlERjConseivaleur desbibliolhcquesduRoi; — S A. Bf.rville — Michel Berr; — BuuGuniRrs de Sorsum; — Cabit DeGaSSICOURT; — CeRBIED; — ClIAMPOLLION-FlGEAC^ C07Tesp. de I'Inst. ; — J. DrOZ; — DuMERSAN ; — EmerIC-Uavid ^ de I'lutt. ; — Faitriel: — G(Epr;— Ph. GotRKKY, de Colinar;- Chauvet: — ?Iei- BERG;— KrAFFT; — La^NGLiVs, dcl'InSt.; — LloREIvTE; — MaRRON ; — A. MAtral;— iSicoLO PovLO;— PoucEJJs, de I'Inst. ; — Salfi; — Sen WEIGHSUSER tils, dc Strasbourg ;— DE Se';uR; — Sicard, de. I'Jnst.; — de Stassart; — Thbry ; — Thiessb ; — Verbier; — Vio^let Leduc; — Warden, ancien Consul des Etats-Unis d'Am«jiit{ue, etc. PARIS , AU BUREAU CENTBAL DE LA REVUE ENCVCLOPEDIQUE, Rue d'Jinfei-Saiiit-Micliil , N ' )8, ET CHEZ ArTHUS BeRTRAKD, RUE HAUTEFEUILLE, N." 23. LONDRtS. — Treuttel et Wurtz, et Dul/.tj ct C^ MARS 1821. ^laTrawraiiirairofMOTraiKTOM; p««iiiri, i I Tw»wii ii—iiiiii> iBViiirMifMi LI II iin CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION; Dcpoid !e niois de janvicr iS;^. il paralt, par anij^e, douis caliiers de J«, «e cOHipose d'enviion douze fcuilles d'ijiipifst.ir-ii. On souscrit, a Paris, au Bureau oeniral d'abo7tn«men>t et d'expediiion iudicjue'sui le litre. Prix de la Souscriplion- A Paris 42 fr. pour un an, 24 fr. pout C tnoiiR. UaiisJcsdepartemcus. 48. a8. Dans I'clranger 54. 32. La diire'rcnc© cntve le pvix d'abonnement, a Paris, dans lot dppartemens et daus X'etranger ^ Aey&nl ^tre proponionnelle aux IVais d'exp^dilioD par la poste, aservidt; base a la CxalioK defiuilive portee ci-dcssus. Lemontant de la Souscription, envoy^ par la posle, doit ^r« adrcsse' d'avaiice^ et franc de port, aiusi que la cciTespoDdance, au Direcleur de la liefue Encyclopklique , rue d' Evjer-Saintn Michtl, n" i8. C'cst .\ la meme adresse qu'on devra envnyer les oii\ragcs de tout genre et Ics gravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dnnt on desiiera riiiserlion. On peut aussi sousciire chez les dircctcurs des postes et chez les principaux libvaires, a Paris, dans les departeinens el dans les pays f'trangers. Trois caluers ou livraisons fornieront un volume. Chaquc vo- lume sera termini par une table des matiferes alpLabetique et aualytique, qui dclaircira et iacilitera les recheiches. Ind^pendamment des Collaborateurs nommis a la sui'e du litre , plusieurs savans , pubLicisles et lilieraleurs distingueg ant promts de concourir mdirectement a la redaction de ce Recueil; en fournissant des indications el des renxeignc/aens pour les branches des connaissances dont ih s'occupent. ■Nous esperons que d'autres amis des sciences et des leltres, appreciant le hut dune enlreprise a. lafois nationale ct euro~ peenne, qui a pour objet de concenlrer dans un foyer com- mun le compte rendu des progres de F instruction publiqn'e , des sciences , des leltres el d^s arts, sur tons les points du globa, voudront bien aussi, par leur correspondanOe et pat'^d' utiles uommutiiaations , s'associer d nos trafawx- REVUE ENCYCLOPEDIQUE , ou ANALYSES ET ANNOINGES RAISONNEES Des productions les plus remarquables dans hi Liitterature ^ les Sciences et les Arts, «'V\^^VV\ri'VV\%V\'VVVV^\'V*^\(V%'\VVVVV\/Vl;VVVV\^/V\Vl/VVVVV\f«^'V\\WVW\*V%/WV%-'WV*'\/* I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. EXTRAIT Da Rapport prtsenti, te \o Janvier 1821 , au mi' nistre dc I'intcrieur, par L' administrationdiiMusimn d'histoire natarellc, siir la collection d'kistoirc na- turelle faiteau cap de Bonne-Esperance par M. De- LALANDE. Le cap de Bonne-Esperance , occup6 depuis long- tems par des Europ^ens , paraissait suffisamment ex- ploit, h en juger par quelques ouvrages c6l6bres , publics sur celte conlr^e , tels que les relations de Rolbe, de Sparrman , de Levaillant , etc. , etc. ; mais les col- lections de M. Delalande en donnent une id^e toute nouvelle et trfes-difKrente. Par les soins de ce naluralisie Tome IX. 27' Cahler.—Mai's 1821. 28 A22 EXTRAIT DUN RAPPORT du Museum , nous pouvons maintenant nous flatter dc mieux connaitre , sinon le sol meme, du moins les pro duclions organis^es , les plantes et les animaux de cetle extr6tnit6 australe de I'Afrique. M. Delalande avail donn*^ des preuves de sa capacite , dans trois voyages h Lisbonne , h la mer de Provence , au Br^sil , qu'il avait d^jk fails pour le gouvernement et pour les progr^s de Thistoirc naturelle, quand il fut d^sign6 pour un quatrifeme voyage. Accompagn^ d'un de ses neveux, ag6 de douze ans , qui a partag6 ses fatigues , ses travaux et ses dangers , notre voyageur quitta Paris, le 2 avril 1818 , et fut , le 3 aout suivant , uendu aux attdrages du Cap. Tout en s'occupant d'excursions et de d^couvertes dans les environs de la ville du Cap , il pr^para ses expeditions pour I'int^rieur des terres. Elles ont eu lieu dans I'ordre suivant : II entra dans le pays des Hottentots, le 11 novem- bre i8i8.Revenu au Cap, ce fut pour enrepartirbientot, et se rendre dans les provinces de Berg-Rivifere ( le 5 juillet 1819 ) ; et, aprfes un second retour, il se rendit dans la Cafrerie , le 2 novembre 1819. N'ayant d'Europ6en auprfes de lui que le jeune Ver- reaux, son neveu, aide uniquement par quelques Hot- tentots ou n^gres d^pourvus d'intelligenceetde culture, M. Delalande fut long-tems en expedition , k huit cents milles du chef-lieu de la colonic. II se trouvait ainsi en- fonce dans Touest , k une 6poque 011 les Cafres , fort animes centre les Europdens , leur faisaient une guerre ' acharnee , sans que cetle circonstance , tres-perilleuse pour lui, I'arretat dans raccoraplissement de sa mission. DU MUSEIM D'HIST. NAT. A2.'. Ce n'6tait que dans cet dloignement du Cap qu'il pouvait esp6rer de joindre I'linorme quadrupfede, le rhinoceros a double come , qui lui avail «^l6 trfes- express^ment demands. II lint ferme sur celte terre inhospitalifere, jusqu'a ce qu'il eiit joinl I'enorme bete , de douze pieds de long, dont I'ahsence , celle du sque- lelte surtoul , formait une lacune impatiemmenl res- sentie dans nos colleclions el dans nos ouvrages d'his- toire naturelle. C'est kl'ouesl du Cap qu'il fit cetle chasse heureuse : il se porta bientot aprfes dans Test, pour satisfaire h une autre recommandation. Le squelelte d'un autre animal , d'une taille tout aussi colossale, d'un lu'ppopo- tame , lui avait ^galenient 6t6 d6sign6 comme essentlel- lement ndcessaire h la science. II le poursuil h Berg- Riviere j il est long-lems sans le joindre; enfin , il en surprendune famille et tuele chefje plusgros et le plus redoutable de tous. Une circonstance relative a eel 6v6 - nement honore noire voyageur , en meme tems qu'elle nous faitun devoir d'en t6nioignernotre reconnaissance au gouverneur du Cap, lord Charles Sommersel(i) , el au secretaire colonial, M. le colonel Christophe Bird. Une loi de la colonic porlait diSfense de chasser et de tuer des hippopotames ; mais le gouvernemenl pouvait relever de I'amende de looo rixdales , que rinfracteiir encourait. M. Delalande , grace & la protection eclairee de ces deux chefs de la colonic , qui lui ont procure en (i) Lord Sommerset, devant alter repvendre le commandement de la colonic duCap , sc trouve niaiiiteiiant a Paris. ( lO jniivior 1821 ). 28 • A2A EXTRAIT D UN RAPPORT tout temsles plus grandesfacilitds et les encouragcmens les plus flatteurs , fut pourvu d'instruclions pour com- mettre , par une exception auloris6e , I'infraction h la loi. Dans les intervalles de ces expeditions lointaines , M. Delalande employait ses moniens au Cap h agir sur des animaux d'une bien autre dimension que les gi- rafes , les rhinoceros et les hippopotames. La mer, bouleversee par des coups de vent de la plus grande violence , apportait et venait briser sur le rivage des baleines, qui y restaient quelquefois echou6es. Notre intr^pide voyageur courait aussitot s'emparer de proies aussi importantes; mais celles-cilui 6taient parfois ra- vies par la mer agitte de nouveau , qui faisait rouler et rentrer dans son sein ces monstrueux cadavres , que M. Delalande et son collaborateur de douze ans s'^- taient efforc^s de d^pecer avec tant d'efforts et depeines. Cependant la Constance de nos voyageurs fut r^com- pensee par un r6sultat tr^s-heureux pour nous ; ce sont trois squelettes de baleines , I'un de la baleine franche , un autre de la baleine a ventre plisse , et un jeune age dela premiere. Malgrd tons les d6sagr6mens resultant, sous le ciel brulant du Cap, d'une putrefaction incom- mode ^ I'excfes, aucune peine, aucun soin ne furent ^pargnds ; toutes les pieces , grosses, moyennes, petites, les plus petits os de I'oreille , les fanons , generalement tout ce qui concevne le systeme osseux , tant de pifeces qui vont dcvoiler plusieurs points importans de I'orga- nisalion de ces plus grands aaiaoaux de la creation; lout a eie Irfes-soigneusement rap{\orle. DU MUSEUM D'HIST. NAT. A25 M. Delalande n'a pas born«i ses Iravaux aux resultats, d^ji tr^s-satisfaisans, qu'on vient de faire connaitre : pendant deux annexes de s6jour au Cap , il a recueilli le nombre des oLjcts ci-apr6s : Ea iusecles 10,000 individus 982 esp^ces. En oiseaux 2,5o5 280 En mammif^res 228 59 En reptiles 32 2 i56 En poissons 265 70 En mollusques §87 102 A quoi il faut ajouler 122 squeleltes qu'il a pr^par^s. Total 10,627 individus 1629 espfeces. Dans le nombre des mollusques , se trouvent plu- sieurs individus d'une nouvelle esp^ce de Ut/iies coin- postes, animaux vivant en famiile et adh6rant & un noyau charnu aliment^ par la vie commune ; organisation v6ri- tablement merveilleuse, trfes-r6cemment connue , mais non sur d'aussi gros individus. En un mot , ce voyage nous procure une zoologie a peu prfes complete du Cap. Une science dont on s'occupe aujourd'hui plus que jamais , Vanthropologie, ou la science qui s'applique h faire connaitre les organisations varices de toutes les races hnmaines , n'est pas une des moins redevables aux recherches dclair^es de M. Delalande. II a surtout profits de son s6jour en Cafrerie , pour se procurer des squelettes et des tStes des peuplades de ces contr^es , A26 EXTRAIT D'LiN RAPPOllT dont les races sont aussi remarquables par leur nonibre surce petit coin do terre , qu'elles sont extraordinaires par leur conformation. M. Delalande a donn6 une egale attention h la min^- ralogie, a I'agriculture et ^ la botanique. Trois cents echantillons son t rapport6s en min^ralogie. Sans avoir une trfes-grande valour intrins6que comme mindraux, ils en ont une pour Ic g(^ologiste, qu'ils aver- Ifssent de la constitution des montagnes et de la nature des roches de I'extrdmit^ australe de TAfrique. Ce sont les premiers renseignemens de cette nature qui aient ^te donnt^s. M. Delalande a aussi rapport^ un herbier du Cap , compose d'environ six mille Echantillons , de neuf cent vingt espfeces, appartenant h deux cent trente cinq genres dilKrens. Il.a recueilli des plantes vivantes, qu'il a eu le chagrin de laisser au Cap : la frigate qui I'a ramend a prdferc?! le mouillage plus sur de False- Bay a celui de la baic de la Table , h vue de la ville du Cap. II a done 6t6 dans la n6cessit6 de faire franchir les hautes montagnes qui s6parent ces deux mouillages , dans une dlendue de douze lieues , rude assaut auquel les collections ont heureusement rdsistd. Les plantes vivantes n'eussent pas soutenu ce transport par terre , et M. Delalande n'a enrichi nos scrres que d'oignons , au nombre de cinq cent quatre -vingt- neuf , appar- tenant htrente-lrois espfcces, parmi lesquelles treize sont signaldes comme nouvelles, et de graines, qui se rappor- tent a deux cent cinquante-une esp&ces. Tant de travaux fixerent sur M. Delalande I'atlention des chefs et des habitans les plus distiugues de la co- lonic , dont i^ sul se concilicr la bienveillance par son DU MUSEUM D'HIST. NAT. A27 activit6 , sa modeslie et son obligeancc ; ce qui , sans doute est, une des causes du succcs de son voyage. C'esl ce que prouvent aussi leslettresetlcs discours de M. des Ecolais , agent de France au Cap , ct qui est dans ce mouient h. Paris. Le rapport dont nous avons exlrait ce qui pr(^cfede , renferme une lettre de M. des Ecotais ii MM. les administrateurs du Museum , dans laquelle , entre autres choses honorables pour le voyageur , on remarque le passage suivant : « De plus , le s^jour de M. Delalande au cap de Bonne-Esp6rance aura un r6- sultat puissant pour les sciences. Pr^sentement , on sait au Cap ce que la colonic pent leur fournir , et voil^ plusieurs colons qui veulent marcher sur les traces de M. Delalande; enfin, le zhle des m6decins a <5t^ excite, pour continuer ses recherches sur les vari^tes de I'es- pfece humaine. » Le rapport , sign(5 par MM. Desfontaines , direc- teur, CoRDiER , secretaire , et de Jussieu , tr^sorier, est terming par la demande que MM. les administrateurs du Museum font de la decoration de la Ldgion-d'Honneur, comme une des recompenses que m6ritentles utiles et honorables travaux de M. Delalande. i\/vww\/%\n/v%/\/\/i/\ De L'ATMOSPUliRE DE LA FEMJIE ET DE SA PUISSANCE. Ce sujet est assez singulier, peut-etre mcnie assez nciif, quoique n'ayant pu echapper a robservation; mais on observe mal, lorsqu'on sent vivement. Voyons done I'en- chainement des idees que m'a fait naitre un entreticn dont Tatmosphere do la femme a flni par devenir I'objet. La conycrsatlou rouluit sur Grelry. On paria dc la A28 DE L' ATMOSPHERE DE LA FEMME, confiance avec laquelle il osait contracter I'engagement, et cela dans ses dernieres annees, de reproduire un de ces chefs-d'oeuvre lyriques qui I'ont immortalise. J'ob- servai que si, de cette proposition, Gretry eflt fait une gageure, ellc etait, a coup sOr, perdue. Un pair de France, le comtc de R. R., homme de Jjcaucoup d'esprit et d'une grande instruction, fut de cet avis, parce qu'il faut, ajouta-t-il, pour faire de bonne musique, ce puissant ressort qui exalte Timagination. Kous n'Hes plus ce que rous itiez , pouvait-on dire a Gretry. Oui , sans doute , repris-jc : I'organe generateur et celui de I'imagination , poses aux deux extremites du levier, exercent I'un sur I'autre une reaction dont I'initiative appartient a chacun de nos sens, mais surtout a celui de I'odorat, quand tous a la fois ne sont pas de complicite; ce qui produit, dans ce cas , une de ces commotions simultanees qui s'em- parent de la totalite des sens. Mais bientot nous abandon- nons Gretry, pour revenir philosophiquement sur cette reaction des sens, et sur ce premier rang que j'assignais- a celui de I'odorat. J'appuyai mon texte de I'anecdote que Toici : Me promenant avec un homme de mcs amis, et respirant dans mon jardin I'air embaume des fleurs ; y a-t-il une atmosphere plus sensuelle que celle-ci? me dit-il? — Oui, oui, lui repondis-je. — Laquelle? c'est I'atmosphere de la femme ! — Ils'arrete, se frappe le front, et me dit : Vous me rappelez , a quatre-vingts ans, cette atmosphere qui, a vingt, excrcait une si grande puis- sance sur mcs sens. — Poursuivons notrc entrelien avec le comte de R.... C'ctaitune trop bonne fortune qu'un pareil sujet, pour ne pas lui donner le developpement dont il ctait susceptible ; et les observations qui vont suivre sont le resultat du memc cntretien. Toutefois, repris-)c, n'excluons point les causes d'im- ET DE SA PUISSANCE. A29 pression , plut6t intellectuelles et morales que physiques. Chez Ics homines, par exemple, d'une constitution faible, rimagination, plus calme^ rendra les sens plus silencieux; et ce sera une veritable sympathie sentimentale, un air doux, une physionomie de bonte , un air de melancolie qui opereront la seduction. Si c'est le plus ordinairement par la vue d'une jolie femme qu'on est i\ I'instant frappe, ce sera souyent aussi sa voix melodieuse, sa danse legere qui nous enchante- ront ; mais snrtout ce sera cette emission voluptueuse qui , s'exhalant de la surface du corps de la femme, cons- titue I'espece d'atmosphere, objet de cette observation. Revenons done li la puissance et a I'energie de ce sens de I'odorat. Disons d'abord que, chez les animaux, il est le pre- curseur de I'amour physique, et que I'air en est le messager. Quelle n'est pas , cLez I'homme , I'impression electi'ique que produit, surtout dans la jeunesse, I'atmosphere de certaines femmes, et que la volupte ressaisit meme dans les vetemens dont elles se sont depouillecs la veille ! Le fichu qui aceint leurcol, exhale un bien autre parfum que ces sachets asiatiques , que ces colliers d'ambre du serail. Comme chacun de nos sens a sa memoire, ainsi que nos facultes intellectuelles out la leur , le vieillard con- serve cclle des sensations que cette atmosphere lui faisait eprouver dans sa jeunesse. Transportons-nous chez ces asiatiques qui ne connais- sent ni le vin ni I'amour, dont les jouissances se bornent au repos , a la mollesse et a une volupte que rend plus sensuelle I'ardeur du climat; car les Soliman et les Roxe- lane n'appartiennent qu'au roman des serails. Consul- tons done I'histoire de ces serails, de leurs usages, de Icurs moeurs ; elle a consacre cette atmosphere de la femme, comme devant decider du mouchoir que le sultan va A50 UE LATMOSPIli:i\J': JM, LA FEMMK, doiuicv ii I'esclavc qu'il honorc dc sa couche. C'est ix la plus belle que le berger Paris donnait la pomme ; mais , pour Ic prince asiatique , ce ne sont ni lesyeux, ui les charmcsdc labeautt'i qui decideront son choix; c'est son propre odoral. A cet effet, on choisit des esclaves que , vStues legere- vient, on abandonne a I'exercice dc la course, dans un des jardins du sorail. La legerete d'Atalante ne deciderail point en sa faveur. Lc sultan n'est pas meme temoin de cette epreuve, laquellc va se reduire a I'espece d'atnios- phere que ces concurrentes abandonneront a leurs vete- Tnens Ugers. Ces vetemens sont presentes au sultan ; et la rivals heureuse sera celle dont le lin qui la couvrait revele a son amant I'emanation la plus en harmonic avec son odorat; en sorte qu'un beau visage et d'autres attraits ne seraient plus , pour la favorite , qu'une affaire de luxe. Maintenant, de ces serails asiatiques, revenons aux se- rails de nos rois dont I'histoire amoureuse a egalement consacre cette puissance du sens de I'odorat; et quel ar- gument plus fort, en faveur de I'atmosphere de la femmc, que cet empire qu'elle cxerce, dans tout climat, sur ces mortels environnes de toutes les seductions, et qui, trou- vant si peu de beautes crucUes , ont le choix parmi tanl d'autres charmes et d'attraits? C'est ainsi qu'a I'une des fetes de la cour, Henri II, excede de la danse, entra dans le cabinet de toilette oti la princesse de Conde venait de changer de linge, et, s'essuyant le visage couvertde sueur avec ce lin que venait de quitter la princesse , fut a I'instant epris du plus vio- lent amour. Sans cette circonstance , le roi n'eflt point bride pour die de ces feux qui, a la mort de la princesse, If jelercnl dans un delire alarmant; car sa vie fut cu danger. ET DE SA PUISSANCE. A31 Si c'eOt ete Henri IV, le loi troubadour aurait preyenu Parny, en lui derobant ces vers que, depuis, le poete ero- tique a consacres dans le cabinet de toilette. « Voici le cabinet charmant Ou les Graces fout leur toilette ; Dans cette amoureuse letraite, J'e'piouve un doux ravissement. Ce tin , ce deruier vetement. . . II a convert tout ce que j'aime ;.. . Je crois toucher , dans ce moment , Les atlraits qu'il toucha lui-meme, » Quelle est done cette atmosphere voluptueuse? EUe pent se definir. C'est un melange des emanations corpo- relles et des plus doux parfums, devenus plus suaves , si, an lieu de dominer, ils sont, dans cette liarmonie ol- factive, ce qu'est la basse dans un concert, ce qu'est le parfum de I'air embaume des jardins qui ne laisse distin- guer ni la rose ni I'heliotrope. Cette magie de sensations ne devait point echapper au celebre Parny, et il en a defini I'alliance dans ces quatre vers : « Ce chapeaii, ce ruban , ces fleurs Qui formaient hier sa parure , De sa floltante chevelure Conservent les douces odeurs. « Le phenomene d'une telle sensation de I'odorat , et du desordre qu'a I'instant elle porte dans I'imagination , avail ete pour moi un probleme insoluble , lorsque mon inter- locuteur m'en donna la solution physique ; car il ne pent point en exister d'autre. II me cita une femme de sa connaissance , douee dc toutes les qualites aimables, mais qui ne les possedail pas a un tres-haut degre; en sorte que plusieurs autre;. A32 DE L'ATMOSPHF.RE DE LA FEMME, fenimes dc la inenic ville reflaoaient par la taille , la figure, les grflces, ct memc par I'esprit; mais cettc fcmme les cffacait toutcs, a son tour, sous le rapport de cette im- pression qu'elle faisait sur touthomme, sans nuUc dis- tinction. Le comte de R. , son ami, frappe de cet cffet simultane et comme magique , auquel nul ne se dcrobait, Ten cn- tretint un jour, et lui demanda quelle pouvait etre la cause de cet ascendant qu'elle-meme ne se dissimulait pas; ce secret, que la dame revela, se borne a ces deux mots : line pi-oprete rechercJiie , et des veteniens legers. Ce dernier mot fut pour moi un trait dc lumiere. En effet, qu'une belle femme sepresente dans un cercle, paree de ses attraits et de riches etoffes , on dira ; el.'e est belle; et souvent on n'ajoute rien de plus, parce que le sentiment du beau est froid , comme Test la beaute elle- meme , quand elle se presente seule. Opposons a cette belle femme , et ;\ la sensation qu'elle ■vient de produire, la sensation que fait eprouver notre enchanteresse a vetemens legers j car c'est li le mot de I'enigme. Ce trait de lumiere , echappe de la physique aerienne, est le seul moyen d'expliquer la puissance de ces emanations qui constituaient les charmes , les philtres amoureux du terns de la chevalerie, lesquels exercaient sur nos preux un si puissant empire, et les tenaient en servage, pendant desannees entiores, aux genoux de leurs severes maitresses. Passons maintenant au developpement de notre propo- sition , relativement i cet ascendant que doit exercer sur les sensations, et principalenient sur le sens de I'odorat, la femme telle que je vais la supposer. Nous allons voir en quoi ce charine , ce phiUre vont consister. Avaut tout, une constitution sainc, ce premier bicnl'aii ET DE SA PUISSANCE. A33 de la nature, un regime convenable, I'abstinence du vin et des liqueurs spiritueuses, de bonnes digestions; et les dents conserverontleurblancheur; labouche, safraicheur; I'haleine, sa purete; le teint, son eclat; I'ceil, sa vivacite ou sa tendre langueur; la voix, sa douceur ; les chairs , leur elasticite ; lapeau, ce tendre incarnat qui, dans la rose, contraste avec la blancheur de ses petales ;... un sommeil calme et reparateur, exempt de ces reves qui exaltent ou troublent Timagination : voili ce qui constitue la sante, A laquelle on peut appliquer ces vers que Parny adressait ^ la convalescence : cc 11 est line jeuue deesse Plus agile qu'Hebe, plus fraiche que Veuus; Elle ecaile les maux, la langueur, la faiblesse; Saus elle, la beaute n'est plus. » Voici done les principes de la vie, dont la parfaite harmonie influc si puissamment, et k la fois , sur le physique, sur les facultes intellectuelles et sur les affections de I'ame; ajou- tons, et meme surnos vertus; car combien de virtus, ainsi que de vices , dependent de la constitution , du tempera- ment, enfin de notre etat actuel de sante; tant le moral a de rapports secrets avec le physique!... L'abbessede Fontevraultn'avait, dans son interieur, que de jolies personnes. Envoye par le gouvernement pour y re- gler les premiers objets d'economie qui, depuis Robert d'Arbrissel, le fondateur de cet ordre, n'avaient recu au- cune modification, je fus frappe de celte reunion de jeunes converses etfilles de service, toutes belles; j'en temoignai mon etonnement. Dans le monde, me dit madame I'abbesse, on attache du prix a un beau portrait, a un beau buste; ici , j'en peux jouir en realitc : j'ai d'ailleurs observe, m'ajouta- l-elle , que la fraicheur, I'embonpoint, la regularite dcs traits, la jeunesse et la gaitc de cet age, sont les attributs ASA DE L'ATMOSPHERE DE LA FEMME , de la sanle, ainsi que la caution d'unc ame bonne, d'un boncaracterc, de bonnes moeurs, enfin d'une religion plus douce et plus charitable ;et Madame I'abbesse termina I'en- trcticn , en me designant une de ces filles, agee de seize a dix- sept ans, et me disant : en voici une dont le cceur saigne, sept jours de la semaine, des maux dont on la fait confidente, et que nous soulageons. Maintenant, de cette harmonie qui constitue la sant6 , passons aux soins exterieurs du corps. lis se reduisent a une extreme proprete que tant d'individus negligent dans leur personne, lorsque tant d'animaux passent leur terns a se la procurer. Aussi, a-t-il fallu en faire une Tertu, lors- qu'elle n'est qu'un besoin, et, cliez les femmes, un moyen de plaire; c'est d'elle que Voltaire a parle dame Gertrude : « La simple proprete composait sa parure. » 11 faut, aux ablutions, joindre le melange desdouxparfums, mais qui laissent predominer cette suave emanation d'un corps sain; enfin , sans que cela puisse toutefois prejudicier a la sante, des vetemens qui, legers, laissent enianer sans obstacle cette atmosphere corabinee ; car , retenue sous des ctofFes epaisses et serrees, elle ne tarderait pas a s'alterer , pour ne plus etre qu'une secretion transpiratoire. C'est ainsi que le simple drap dont, en ete, lafemme est recou- verte sur sacouche, conserve la suavite de cette atmosphere qui cesse d'etre la meme, quand elle s'echappe de dessous des couvertures plucheuses. Observons que la jeune fille , ainsi que la jeune plante, exhale cette emanation embaumee : I'une a sapuberte. I'autrc a sa floraison. Poursuivant la comparaison, ajou- tons que, parmi les plantes, il y en a beaucoup d'inodores, et plusieurs qui affectent desagreablement I'odorat; c'est ainsi que la femme, dont les cheveux sont noirs, crepus ET DE SA PUISSANCE. A35 et gras , on d'un blond ardent , ne pent pretendre it cette inagie de sensation. Si line proprete recherchee est la premiere condition requise , si c'est le fin tissu de lin ou une mousseline legere qui doit receler cette emanation , on concoit qu'elle ne pent pas s'exhaler de la surface du corps de nos bergeres cam- pagnardes, qui ne sont point les bergeres de Gessner ni de Fontenelle. La chemise grossiere dontelles sont rcTctues, faite du chanvre qu'elles ont roui , teille et file dans leurs ctables, n'est pas la chemise de la princesse de Conde. Elles corrompraient Todeiir meme de I'ambre. Elles peu- vent etre belles : rarement sont-elles jolies; mais enfin elles n'ont pas cette proprete, ccs doux parfums, et surtout cette atmosphere, le plus puissant des charmes de leur sexe. La fleur des champs n'est pas celle de nos jaidins ; il taut la transplanter et lui donner les soins de la culture. Combien la fleur de I'agreste rosier, plus epineux que la haie de I'epine meme qui lui sei't de berceau, ne difffere- t - elle pas de la rose a cent feuilles, sous le rapport de Tincarnat, du luxe des petales, et surtout de son odeur em- baumee ! Quelques epines n'arretent pas la main qui s'ap- proche pour detacher celle-ci de sa tige, tandis que ce sont des dards que presente I'eglantier : toutefois , c'est sur lui qu'on grcffe les plus belles especes de roses. Mais, n'ecar- tons point de cette comparaison une reflexion qui doit na- turcllement terminer cet episode, c'est que cette espece de roses, ainsi perfectionnees par la culture, est conimunement sterile, et qu'il en est ainsi de la culture de I'espece hu- maine, qui tendrait peut-etre a la faire degenerer, si cette degeneration ne se prevenait par le croisement des races, et surtout des individus forts et vigoureux. Aussi, dans le nombre des heros de notre iige, combien sont nes sous d'humbles toits, et non dans des palais, oi'i cependant A36 DE L' ATMOSPHERE DE LA FEMME, il s'en est forme quelques-uns , mais Lien plus rarement ; c'est le sol qui fait le chene, ct Henii IV no vivait pas a I'ombrc d'un palais. Revenonsa notre atmosphere; et sil'habilante des champs en est privee, nous aliens trouver d'autres exceptions parmi les citadines, qu'un excts de maigreurou d'embon- point fait sortir de I'ordre naturel; en effet, la nature a imprime aux grandes especes animales des formes arron- dies, modifiees par de doux mcplats, dont I'art du peintre et du statuaire ont forme ce beau ideal des Grecs. Or, les deux extremes dont nous venous de parler ne constituent point un etat positif de sante, et noire atmosphere doit en etre alteree : un exces de maigreur suppose la secheresse de la peau, et Fexces contraire, une dilatation dans les poreSj qui determine une transpiration trop abondante et neces- sairement huileuse; en sorteque I'indolentmusulman, qui prefcre a la taille svelte de Roxelane une femme forte et cor- pulente, laisse prendre, par mollesse, I'initiative au toucher sur le sens de I'odorat , blase d'ailleurs par les parfums sans cesse exhales de ses cassolettes. Ceci nous ramene i la necessite du croisement des especes; en effet, que de- viendrait la race imperiale de ces ottomans, si elle ne se greffait sur les tiges vigoureuses des Georgiennes et des Circassiennes ? Je communiquais I'ebauche de ces observations a un savant naturaliste qui , frappe de ces trois mots accouples, atmosphere de la femme , proprete ^ et vetemens Ugers j suspend sa lecture, et me cite, comme venant a I'appui de ces propositions, un fait qu'il n'avait pu jusqu'alors s'expliquer, et dont ces trois mots lui rovelerent I'enigme. Jeunc officier du genie, sonnom, son esprit, une grandc amabilite, et surtout une estimable conduite , lui avaient donne entree dans les meilleures maisons de la villc oii il ET DE SA PUISSANCE. AS7 etait en garnison. II va en visite dii matin chez un homme devenu son ami , an moment oii celui-ci venait de partir pour lacampagne; sa femme achevaitde s'habiller; et, de- vant etre seule ce jour-la, elle invite notre jeune officier a diner. II accepte cet aimable tete a tete; mais, tout-a- coup enivre de cette atmosphere qui regnait dans le ca-!- binet de toilette , il s'effraie de I'engagement qu'il vient de contracter. Pourra-t-il, dans cet etat d'ivresse, ne point violer le respect du i la vertu, a I'hymen , surtout a I'epouse de son ami ? A I'instant , sa raison iui fait un de- voir de la retraite. II s'echappe Ne nous dissimulons pas que les animaux possedent des sens bien plus energiques que les notres. II en est ainsi despeuples sauvages , dont les sens sont plus actifs; il faut qu'ils voient i de grandes distances ; que leurs voix reten- tissent au loin; que, pendant leur sommeil, I'oreille soil ,aux aguets, quand I'orage et la foudre, eclatant au milieu de la nuit, n'ont meme pu nous reveiller. Toutefois , nos sens , moins exerces, el consequemment moins energiques, dans notre etat de civilisation, n'en sont pas moins susceptibles des sensations qui leur sont propres; ils peuvent se distraire, se suppleer I'un par I'autre pour servir nos jouissances ; mais ce premier des pen- ^hans, celui d'un sexe vers I'autre; ce premier des besoins, J'amour, esttoujours de nature k rendre au sens de Todc- jat la sensibilite prononcee que cette atmosphere des sexes , exerce dans toutes les especes d'animaux , car c'est surtout par ce cote-li que nous nous rapprochons le plus d'elles. La princesse de Conde , jeune , belle , douee de tous les .dons de la nature, et vivant habituellement a la cour, ne troublait pas le repos de Henri ; il fallait, pour porter le trouble dans I'ame de ce roi et le delire dans son esprit , cette chemise qu'elle venait de quitter, cette emanation. Tome ix. 29 A38 DE L'ATiMOSFHERE DE LA FE.MME, cette atmosphere dont le lin etait embaume ; un seul mo- ment, une aspiration a sufll : I'aimant ne se dirigc pas plus rapidement vers le pole. Mais, si la physique avoue ces details, ne sont-ilspas de nature i\ scandalisei' tcl severe ct froid moraliste qui croit honorer Dieu , en renonf ant aux jouissances des sens que le Createur a donnees a I'homme, comme la compensa- tion des misei'es de la vie ? Ce lin, ce dernier vetcment... n'est, a ses yeux, que la chemise de Nessus, tcinte de son sang, que le centaure inourant donna a Dcjanire : citons- lui David et Salomon , ce qui doit dissiper tout scrupule. Tel est done sur I'homme I'empire de cette atmos'pht;re du sexe ! c'est ainsi que telle femme, en depit de irente-six printems sur sa tete amasses^ est encore seduisante, quoi- qu'elle ait passe I'age de la seduction, et pent exercer encore tant d'empire. Non , ce n'est pas I'esprit seul de Ninon de Lenclos, qui a du attacher si long-tems a son char ce grand nombre de jeunes amans; c'est moins encore I'empire de sa beaute, dont la faux du tems avait deja brise le sceptre; ne serait-ce pas I'atmosphere dont nous parlons ? Quand I'arithmetique est en defaut, on doit recourir u I'algebre et aux hautes mathematiques pour resoudre des problemes difficiles; rccouronsde meme a la physique, ainsi qu'a la physiologic intcllectuelle : I'une et I'autre sont par- venues k reveler bien des enigmes , sur lesquelles la phi- losophic ancienne ne pouvait que former des conjectures. Aidons-nous done des lumieres de ces sciences, pour eciairer la question dc cette puissance atmospherique du sexe sur nos sens. Ce n'est pas la sympathie , dans la ve- ritable acception dc ce mot; rien icl d'intellectuel, rien de sentimental. C'est le contact de deux nuages diverse- ment electrises qui cause I'explosion de la foudrc, si die I ET DE SA PUISSANCE. AJ9 n'est pas dirigei; par le fil condiicteur, destine a absorber le fluide electriqiie. De mGine, c'est Fatmosphere de la femme qui, par la vive sensation qu'clle exerce sur I'odorat, excite cette vive et forte commotion, d'oii jaillissent les feux de I'amour, qne la jouissance parvient egalement a eteindre; car ilfaut bien aussi nous aider d'analogies, et proceder du connu a I'inconnu. La plante odorante, la rose, par exemple, dans son etat de vie et de sante, de pleine floraison, n'exhale-t-elle pas, a tous lesinstans du jour et de lanuit, son arome, esprit recteur qui se degage de I'huile essentielle qu'elle contient. Or, c'est I'ablution du serein des soirees, de la douce et chaude bumidite des nuits, enfln de la rosee du matin; c'est le vetement leger du calice s'entr'ouvrant pour abandonner les petales a I'air ambiant, qui concourentau developpement de I'atmosphere parfumee de la rose : res- serree, le jour precedent, dans ce menie calice, ce n'etait point encore la rose; ce n'en etait pas le parfum. Ces cent feuilles epanouies, renfermez-les; des-lors) elles n'exhalent plus cet esprit recteur, parce que bientot leur huile essen- tielle va s'alterer. Eh bien ! telle est cette atmosphere de la femme, jeune , fraiche et jouissant du bienfait de la sante. Je m'etonneque I'ardente imagination des Grecs et leurs ■ sensations , auxquelles le climat donnait tant d'energie , n'aient pas consacre dans leurs chants cette voluptueuse emanation, tandis qu'ils celebraient le bouquet des vins dont ils aimaient a s'enivrer. C'est cette atmosphere dont il fallait environner Venus et Adonis. Les Grecs avaient cree pour leurs dieux le nectar, I'ambroisie ; et ils n'ont point fait, de cette emanation, une attribution de leurs divinites ! On pent done appliquer a I'atmosphere de la femme cette reflexion de Montaigne : Conihien de chases nous 29* AAO DE L'ATMOSPHERE DE LA FEMME, yojons et que nous n'aperoevons pas ? Pourquoi Anacreon, dans sa cinquifeme ode, si voluptucuse et si heureuseinent imitee dans notre ariette francaise: Que ne suis-Je la fou- gere, etc., n'a-t-il pas applique a cctte emanation ce que Sapho dit dans son ode sur la rose ? « Son sein e'panoui paifume le ze'phiie; Son charnie s'iusinue an fond de uotrc coetir ; 11 y repand une douce langueur: C'est la voliipte qu'on respire, « Ce qui etait bien plus applicable a I'atmosphere de la femme qu'a celle de la rose , qui n'affecte que deux de nos sens : la vue et I'odorat. Moschus, dans son idylle sur I'enlevement d'Europe, dit, en parlant de Jupiter transformc en taureau : « L'odeur divine qu'il exhalait, I'emportait surles plus doux parfums des fleurs. » Ainsi done les poctes n'ont pas imagine de faire partager meme aux deesses cet attribut qu'ils accor- dent aux dieux ! Je voudrais, mais en vain, trouver dans Lucr6ce une autorite. Ce chantre de la nature, qui traite des sens, des emanations, du pouvoir de I'imagination, enfin de Tamour, devait-il omettre cette atmosphere de la femme Pcelte emis- sion, si sensible chez les animaux, et qui les" attire a de si . grandes distances? Quel vaste champ ce sujetoffrait, sous les rapports physiques et erotiques, a I'imagination du poete ! Lucrece, dans son VP chant, aurait epuise tout ce qui est relatif a nos emanations , s'il cQt parle de I'atmosphere de la feiiame; et, quand la physique actuelle a tant a elaguer de son systeme , elle aurait respecte ce que cot emule d'Epicure, cepeintre de la nature, et ce chantre de ses phenomenes, eQtditde cette atmosphere : C'est, enivrede cephiltre, que Lucrece eCit dCimourir, et non de celui qui lui fit perdre la raison et la vie. liT DE SA PUISSANCE. Ml Enfin, c'cst dans le Cantique dcs cantiques , range au nombre des Livres Saints, comme renfermant sans doiite des idecs purement ascotiques sous Tembleme dc I'amour physique, et dans lequel la voluple semble avoir epuise tout ce qui pent la peindre , que je vais relrouver notre emanation : « Vos mamelles ont I'odcur des parfums les plus precieux; entiainez-moi apres vous ; nous courons k I'odeur de vos paifums, qui passe celle de tons les aromates : I'odeur de vos vetemens est comme celle de I'encens. » Voilabien remanation dont nous traitons, I'une des sources naturelles dc I'amour physique ! Et la bien-aimee de Salo- mon n'est vralnient qu'un etre fantastique, source de doux parfums, que tamiseot dcs vetemens legers. C'est ainsi que I'ambre et le muse cxhalent leur parfum, sans pour cela rien perdre de leur poids. N'omettons pas une observation singuliere que voici: AUant rendre visite i une dame de ma connaissance , je I'aborde , I'embrassc et suis fortement affecte d'une odeur d'ambre qui regne sur sa personne et dans son ap- partement; elle me parle de sa sante, et me dit : Mes affec- tions nerveuses et mon foie sont constamment dans le meme etat; definitivemcnt je renonce aux medecins ct aux re- medes. — Mais ne devriez-vous pasdebuter, lui dis-je, par rcnoncer a ce maudit ambre si contraire aux nerfs ? — Elle et son fils, qui se trouvait present, se mettent a sourire. — Jamais, reprit cette dame, ni ambre ni muse ne sont entres chez moi; j'en redoute mtnne I'odeur; et telle est cependant cette atmosphere plus ou moins prononcee, qui s'exhale de la surface de ma peau ct dont se penetrent mes vete- mens. Le fils me confirma ce que me disait la mere; mon observation devenait frcquemment celle de plusieurs autres. Laissant la medecine prononccr sur oe phenomene tris- AA2 DE LATMObPIlERE DE LA FEMME , extraordinaire, j'en hasarde rexplication ; elle n'a point paru denuee de fondement a I'lin de nos plus celebres medecins. Je presume que, I'origine de cet etat ncrveux otant une vive affection du foie, c'est la bile qui opere oettc anomalie chimique, par la modification qui rcsultc de son infiltration dans la masse des humeurs; une des proprietes de cette secretion est, en effet, de donnerl'odeur de muse, d'ambre et de civette; les matleres excremenlilielles de plusieurs animaux participent de celte odeur, entre autres la bouse de vache qui, dessechee sur la prairie, offre une substance pulverulente, tres-parfumee, dont on ferait un sachet de tiroir ou de vestiaire, ct qui, distillee avec I'es- prit de vin, donne une des meilleures liqueurs, sous le nom de mille jleurs. Ces gaz, jadis inconnus, aujourd'hui si nombreux, ne sont autre chose que les principes elementaires dont s'em- pare I'oxigene, pour les reproduire, comme corps com- poses, sous de nouvelles formes et doues de nouvelles pro- prietes. La flamme elle-meme n'cxisterait pas, sans cet oxigene qui I'alimente, et dont I'atmospliere est I'immense reservoir; en effet, inlerceptez Fair un instant, et la flamme n'est plus. L'atmosphere de la femme est encore cette flamme , si I'air joue librement a la surface de son corps : alors il s'y unit et la modifie. Mais, est-elle enveloppee sous d'epais Tf;temens de laine ou de sole, au lieu de legeres etoffcs de lio ou de colon ? enfin, le cou , dont la circonference donne issue a ce gaz, est-il couvert de foUrrures? on n'aura plus cette atmosphere, ces charmes, ces philtres amourcux, qui s'altercnt a travers la depouille des ani- maux. Combien les beautes et les grSces perdcnt souvent par le luxe de la parure ! Venus est plus belle encore, a demi couvcrlo de sa che- ET DE SA PUISSANCE. AA3 velure floltante, de saceinture etde son voile leger; mais, sous d'epais Yetemens, elle ne serait plus Venus. Enfin , ce contact de I'air , considere sous les rapports hygieniques, est infiniment salutaire. Tel un bain atmos- pherique , de cinq a six minutes, que, pendant la nuit, on prend quelquefois , en ete , le corps nu et la croisep ouverte ; bain qui nous delivre d'un sommeilagite par I'effet d'une digestion penible. A la chaleur brCilante des extremites, i une secheresse fatigante , succede une sensation agreable de fraicheur, suivie d'une legere horripilation, i la surface du corps, qui retabliten un instant le systeme digestif, et nous retrouvons dansle lit un sommeil aussi paisiblequ'au- paravant il I'etait peu; les songes penibles ont deserte I'oreiller sur lequel voire tete va se reposer de aouveau. C'est a Francklin qu'on est redevable de cette idee du bain d'air. Or, tout ce qui interesse la sante, interesse I'art de seduire et de plaire ; car, que pent etre I'atmosphere d'une beaute languissante? Comment le fluidequi s'exhale d'un corps sain n'affecte- rait-il pas nos sensations , lorsque la medecine constate un grand nombre de faits imposans en faveur de cette atmos- phere emaneedes corps vivans, etde Faction qu'elle exerce sur les individus soumis a son influence? Les Sunamiles, destinees a partager la couche du roi David, devenaient sans doute un moyen hygienlque ; autrement, I'histoire sainte aurait-elle pu consacrer le scandale des glaces de la vieillesse dans les bras del'amour? Le prophcte-roi devait retrouvcr les forces et la vie dans cette couche, oOi il eftt expire en se livranta la volupte. Aussi, combien de jeunesanimaux, condamnes a partager le lit d'etres malades , ontechange leur etat de sante contre I'etat phthisique et rhumatismal dont ils absorbaient les principes et I'agent ! Comment la medecine explique-t-elle AAA DE L'ATiMOSPHEBE DE LA FEMME, ce phenom6ne, car elle iie pent le nier? C'est ainsi qu'oii a proclame I'atmosph^rc des etables a vaches, comme re- mtide de la phthisic et de I'epilepsie. Enfin, nc voit-on pas les animaux d'une meme espece fuir celui qui est affectc de maladie? Ce n'cst point ici Ic moral dc ranimal qui lui fait eviter la communication; ce ne peut elie que I'ins- tinct. Les plantes, qui sont aussi des etres vivans, parta- gent, sous ce rapport, beaucoup de proprietes des etres animes. EUes donnent et recoivent des emanations, ou salubres, ou deleteres, que I'airchasse, de meme qu'il Iransporte la poussierc seminale qui va feconder, i de grandes distances, les parties sexuelles de la femelle. Cette derniere faculte s'etend jusqu'i imprimer la loco- motion k la plante aqualique. La pa/isneira spiralis aban^ donne son lit natal , descend, du meme remonte le courant de I'onde, enfin traverse I'eau, pour regagner I'autre rive qu'habite sa jeune amante et qui va devenir sa couche nuptiale : phenomene des amours vegetales qu'a decriten beaux vers le chantro des Amours des plantes (i). Quand le bSillement, signe de malaise ou expression de I'ennui, se communique si rapidement, comment cet ai- mable penchant des sexes serait-il moins prompt a se ma-' nifester? Eh quoi! lorsque, dans les trois regnes de la nature, tout est attraction, affinite, comment I'homme pourrait-il se derober k I'impression de ces emanations , que I'atmosphere rep oit, pour les modifier et les transmettre^ comme autant de germes et de levains, destines a conti- nuer I'oeuvre de la creation, en regcnerant ainsi les es* peces ? Faisons done rentrer dans Ic domaine de la phy- sique ce qui paraissait appartenir exclusivement u la phi- losophic epicurienne et k la lyre d'Anacrcon. (i) M. Castcl. ET DE SA PLiISSANCE. AA5 N'epuisons pas le sujet; laissons la voliipte glaner quei- ques epis dans cc champ nouveau , et tenninons cette dis- sertation par le resume que voici : La femme qui a repu de la nature une bonne constitu- tion, et gardienne fidele de sa sante, laisse exhaler, par la transpiration insensible, une atmosphere qui, modiflee avec les circonstances que nous avons indiquees, devient un des plus puissans attraits, etconstitue ces charmes, ces philtres amoureux, fictions anciennes, devenues realites, maintenant que la physique et les analogies expliquent tant de phenomenes. Tel que cet esprit recteur de la rose, avons-nous dit, qui se degage de son essence, cette ema- nation de la femme est I'esprit recteur que laisse exhaler I'essence de la vie contenue dans ses reservoirs. Tel est aussi ce fil metallique, qui soutire de la nue des flots de matiere electrique; avec cette difference qu'il previent ainsi les feux du ciel, et que cette emanation provoque les feux de I'amour. Enfin, puisqu'ici les analogies nous deviennent secou- rables, cette atmosphere de la femme , modifiee, ainsi que la flamme, par le concours de I'air libre, a, comme elle , le pouvoir, en exaltant I'imagination, d'embraser le cceur de I'homme ; et cet effet est reciproque entre les deux sexes. Enfin, pour continuer cette comparaison, j'ajouterai que, comme la derniere emission vaporeuse d'un flambeau qui vient de s'eteindre, se rallume a I'approche de la flamme; de meme, Tatmosphere de la femme est la flamme qui rallume le flambeau de I'Amour. Cadet Devavx. AA6 IVVI^IWX^ t\l\V%% EssAi iiisTORiQUE SUV la pocsic anglaisc et sur Icspoeles^ anglais vivans. ( Second ARTICLE. F'oy. ci-dcssus, pag. 228). L'ecole de Pope est expirantc, an moment oii Ton admire Burns et Chatterton, malgre Ic patois de I'un et, le style suranne adopte par I'autre. Ccpendant le vieux respect des regies subsiste encore : h; cercle magiquen'est pas franchi. W. Cowper, le premier, honimc religicux et solitaire, qui n'est poete que pour ceder au besoin d'une ame ardente et contemplative, s'elance dans une plus libre carriere, et opore une revolution subite dans le goOt poetique de son terns. Du soindelavie commune, des scenes domestiques, des afl'eclions de tons les jours, il fait jaillir une poesie forte d'emotions et pleine d'images. Peu lui importe que ses vers soient durs ou negliges, pourvu qu'ils peignent , qu'ils emcuvent, qu'ils rcspirent Tausttre enthousiasme dont il est penetre. Commc Rousseau , Cowper mit la nature i la mode (1) : on vit laduchesse se promener soli- taire sur les bords du lac , et Tcvcque mediter dans les bois de ^on diocese. Le pays de Galles se remplit de tous les desoeuvres de I'Angleterrc, qui allaient en foule admirer les bcaules de la nature. On eClt dit que le poete, en son- nant d'un cor magique, avail peuple les bois et les vallees de ces liabitans nouveaux. Ce mouvement imprimc par Cowper a la poesie, vers la hardiesse et la simplicite, fut seconde par la revolution, qui, en bouleversant la France, remuait I'Europe, et dont les principes favorisaient toutes les especcs d'audace. II (1) Vqyez toules les saliics et loiiles les comedies du tcins , ciitre autres Doctor Syntax. ESSAI HISTORIQUE SUll LA POKSIE ANG. kkl est impossible de ne pas reeonnaitre la tiacc republicaine, dans celte pitie accordee aux vices du faible et refused aux erreurs du puissant ; dans cette vehemence contre la ty- rannie ; dans cette amere satire des vices inherens h. lii societe ; dans ce desir d'etre simple, pour Ptre a la portce de tous les hommes (i) : caracteres dominans de la poesie anglaise actuelle. II faul y joindre un penchant a la sensi- bilite mystique et aux reveries vaporeuses , emprunte a la nouvelle ecole de poesie allemande. Coleridge, aujourd'hui vivant, est celui qui a le plus favorise les progres de cette derniere ecole ; il lui sacrifia les facultes brillantes d'une imagination forte et originale, qui aurait pu le ranger parmi les premiers poetes de son siecle. fVordsworth aussi, par unemalheirteuse affectation de simplicity sentimentale, enerva et vulgarisason style, d'ailleurs plein de delicatesse et de naturel. Southey , leur ami et leur rival, nous arretera plus long-tems. Poete attache a la cour (2) , il est le plus hardi des poetes; anglais, et ne dans un tems oti la haine nationale entre son pays et le notre etait plus ar- dente que jamais , il a chante Jeanne-d'Arc , I'hero'ine de la France, victime sacrifice a la vengeance de I'Angleterre; il a ose laver a la fois ses anciens outrages, et la nouvelle souillure imprimee u son nom par la plaisanterie scanda- leuse d'un homme de genie (3). Tout ce qui est grand, mer- veillcnx, etonnant, Southey I'a rendu avec force et verite ; il excelle a pcindre I'eclat des moeurs orientales, les festins et les batailles, le tumulte des fetes et le bruit des hommes {\) Poelrj is the righlpopular philosopliy .—Ij&^tciAc esl la rciu lable pliilobojiliic populairc. (2) Poete Laureat, (5) La Piicelle de Voltaire. AA8 tSSAi IIISTORIQIE rassemblos ; c'cst Ic Paul Veronese de la poesic. II aimc aussii promencr son imagination vagabonde a travers Ics regions de la feerie, a rcpresentcr avcc une verve inta- rissable les avenues de feu, Ics Fontaines de lumiere, Ic palais de nuccs, ou ses enchanteurs font leur sejour. Au milieu de ces conceptions eblouissantes, vous etes sur- pris de Irouver presque toujours les affections tendres, pures, innocentcs, devouees, de quelques etres angeliques, qui vous rcposent et vous emeuvent doucement; ct ce contraste de ce que la sensibilite a de plus toucbant, avec ce que riniaginalion a de plus splendide , est plein d'un cbarme inexprimable. Le style de Southey est celui d'une inspiration soutenue ; melant toutes les mesures cttous les rhythmes, il module ses vers d'apres le ton de sa pensee. Sa poesie, riche, sonorc, impetueuse, roule, comme celle de Pindare, des flots de sentimens et d'images ; trop peu soignee^ souvcnt diffuse, elle peint toujours avec aisance et verite; mais trop de negligence nuit a I'effet de Fen- semblc. On peut reprocher encore a Soutbey de pousser la fiction jusqu'a I'extravagance , de ne pas approfondir assez les passions, et de rendre ses personnagcs Irop superieurs a Thumanite, pour qu'ils attacbent le Icctcur. Ce qui manque a Southey, est exactement ce qui dis- tingue lepoete Crahhe. Pofcte du malheureux etdu pauvre, en nous conduisant dans la demeurc de Partisan, dans le grenicr dc I'indigent malade , il nous devoile si bien les doulcurs de ces inlbrtuncs qui sont nos freres; il met tant de verite dans ses descriptions, repand sur tous ses rccits une force de scnsibilile si puissante, qu'il nous arracbe de vertueuses larmes pour ce que nous voyons , d'un ceil sec, dans toutes les rues de nos grandes villes,et nousiute- resse, malgre nous, a cc qui semble degoOtant et bas. On pourrait comparer sa maniere a celle de Rembrant : SUR LA POJiSlE ANGLAISE. AA'J elle est noire, pleine d'effet, d'lmc nature vulgaiie et d'une verite frappante. Quelqucfois, il s'abaisse jusqu'a etre le satirique des classes inferieures du peuple; cette ironic est revoltante, en ce qu'elle est peu genereuse. II a aussi le tort de peindre en detail trop de niinuties inutiles, et de lourmenter sa poesie par une concision affectee. Campbell est pathetique comme ce poete ; mais son niodele est choisi dans une nature plus ideale, plus pure, plus relevee. Lcs premieres affections de deux jeunes coeurs , les joies et les larmes de la tendresse maternelle , le religieux devouement de la piete filiale , tels sont les sujets qu'il retrace le plus volontiers. II aime i jeter en- suite les etres qu'il a crees dans une solitude complete, oill'intensite de leurs affections s'augmente, et enfante na- turellement les plus sublimes sacrifices. Quant a I'eclat des images, a la complication des evenemens, aumysterieuxde la fable , aux coups de theatre qui effraient , et a toute la brillante fantasmagorie de Soulhey et de son ecole , il n'y a rien de tout cela chez Campbell, mais seulement une poesie harmonieuse, douce, echo lidele de ces accens de douleur et de joie, dont tous les coeurs humains ont retenti. A cette epoque de civilisation avancee, oii la verite est trop souvent bannie du langage ordinaire des hommes, on retrouve ici avec delices ces accens vrais de I'emotion, comme une source vive et pure qui jaillit d'un sol mare- cageux. La versification de Campbell tient de Johnson pour la fermete concise , et de Goldsmith pour I'elegance sou- ten ue. On regrettc seulement d'y voir les traces de la lime ; trop de travail ote a la poesie, comme a Tor, et sa force €t son eclat. Walter Scott, dont la poesie est souvent lache el ne- gligee , jouit d'un succes bien plus general en Angleterre : ses nombreux poemes, sans cesse imprimes , sont tou- AdO essai iiistorique jours Ills avec une avidite sans cgalc. II est vrai que son genie ne domine avec une superiorite marquee dans aucunc region distincte du pathetique ou du sublime. II n'a ui la severe majeste de Milton, ni relogance tendrc dc Camp- bell , ni le flni de Pope, ni la verve eclatante et richc de Southey : il ne nous introduit pas, comme font Cowperet Crabbe , dans les habitations du malheureux ct du pauvre; ni comme Campbell , dans le menage heureux de deux jeunes opoux ; ni comme Darwin et Southey , parmi des etres imagiriaires : mais il a quelque chose de tous ces poetes; et leurs diverses qualites se reunissent en lui a un certain degre, dontla proportion heureuse etbien combinee donne a Tensemble de ses pocmes une variete piquante et une seduisante harmonic. Ne sur los limites de I'Ecosse et de I'Angleterre , fami- liarise de bonne heure avec I'histoire heroique de son pays et les vieilles ballades qui en perp^tuent la memoire , amou- reux de ces tems chevalcresqucs oii ses ancetres meme ont joue un glorieuxrole, et sur lesquels il avait fait depuis long-tems des recherchcs approfondies; W. Scott a cru de- couvrir dans les vieilles guerres de I'Angleterre et de I'Ecosse une mine feconde et nouvelle de poesie heroique; et, pour augmenter I'effet et I'illusion de ses chants, il a imagine de les composer dans le riiythme meme employe par les poetes d'alors; rhythme qui ne manque pas d'har- monie et de grace , mais qui expose souvent le poete u delayer sa pensee et a cnei'ver son expression. Dans les romans poetiques qu'il a publics d'apres ce systeme , on a tro.uve une peinture vive , frapp.mte, animee, des terns feodaux : on a cru voir revivre ces hommes etranges qui unissaient la simplicite a la magnificence, la grandeur romancsque a la ferocitc sauvage; on a ete enchante des tableaux ncufs et brillans que presentent ces moenrs demi^ SUR LA POESIE ANGLAISE. A51 guerrieres etdemi-pastorales, ces lieux, plcins d'effrayantes beautes , habites par des chevaliers galans et braves , cette grandeur farouche et sombre que leur cai-actere gardait encore au milieu de la cour splendide qu'ils etaient forces de suivre. La poesie de W. Scott est brillante , variec , facile; on pourrait la comparer, avec quelque justesse, au pinccau de Sebastien Bourdon. Elle groupe ses personnages avec une aisance et un bonheur admirables ; elle a un coloris vif, une touche large et animee. Elle est souple et prend en un instant mille formes : tour i tour, elle emeut vive- ment , touche doucement, dccrit avec magie une fete ou un combat, peint rapidement un beau paysage, s'arrete a dctailler minutieusement chaque piece d'une armure, et met dans la bouche du montagnard mourant des paroles dignes de la scene tragique. C'est surtout le mouvement qu'ellc excelle a peindre , le vaisseau qui fend I'onde , I'aiglequi s'eleve dans leg airs, dix milles guerriers debou- chant tout-a-coup de leur embuscade. Dedaigneuse de toute affectation, elle est, comme celle de Shakspeare, prodigue de beautes negligees et enchanteresses ; corame celle de Spencer, elle decrit avec une abondance et une verile delicieuses; enfin , des vieilles ballades dupays, elle a garde I'encrgie sauvage et quelquefois la rudesse. Deux poetes qui ont aussi obtenu les plus grands succes, mais dont I'un est reprouve par les gens austeres, et I'autre par les amis de Tautorile, sont /. JFolcotte.\. TIi. Moore. Wolcott, plus connu sous le nom burlesquement poetique de Pierre Pindare, a passe sa vie a se moquer de tout le monde et de tout. Auteurs, journalistes, academiciens , politiques , ministres , courtisans , dues et pairs, jusqu'au grand Pitt, jusqu'a la reine ; il a tout immole k sa gaite folic et causlique , a sa vivc et poignante satire. Celle A52 ESSAI IIISTORIQUE verve ameic se joint chcz lui i une elegance singuliere de Tcrsification, et au talent d'ecrire la caricature avec une verite parfaite. En un mot, jamais les coups du fouet sati- rique ne furent lances de plus haut, plus fort, ni plus juste. C'est le Callot de la poesie anglaise. Th. Moore, que ses admirateurs appellent le CatuUe anglais, a mis dans ses pieces erotiques, de la douceur, de I'harmonie , souvent de I'imagination et de la grace. Dans les cercles un peu libres , il n'y a pas de poete plus a la mode. A la tendresse , il unit la licence , et^ i des traits de sentiment, des traits d'une volupte abandonnee : cent fois plus dangereux, disent ses adversaires, que Rochester €t Dryden, dont le poison etait offert sous une forme trop grossiere pour seduire. Si i'on ecarte ces considerations morales, et que Ton juge Moore sous le simple rapport de I'art et du talent poetique , on ne peut s'empecher de le regarder corame I'un des hommes qui honorent le plus son pays et son epoque. II est original. Aucun poete anglais ne reilnit, comme lui, cette mollesse elegante de diction, cette riche et voluptueuse abondance de pensees, ce pou- voirmagiqued'eveillertoutes les sensations douces et toutes les emotions tendres. Son Lalla Roukh estun chef d'ceuvre d'imagination et de grSce. Bloom field , simple artisan, a chante avec grSce les travaux de la campagne : les details de la vie rustique prennent de I'interet sous sa plume. II peint avec naivete, precision et fraicheur ; il anime ses descriptions et ses recits par des traits d'une sensibilite delicate. Rogers a mis en vers purs et classiques des sentimens nobles et tendres. Sotheby est plein de douceur et d'elegance , mais faible •d'invention, et depourvu de chaleur. Je pourrais citcv encore plusieurs poetes modernes, esti* mables sous differens rapports : entre autres miss Bailie , SUil LA POESIE ANGLAISE. ^5,3 poete dramatique , chez qui Ton trouve une conception forte, de I'cnergie et dii naturel. Miss Opie , auteur de petites pieces distinguees pardelasensibilite etde la grace j miss Forden , qui a porte dans I'ecole de Darwin une ver- sification parfaite ; Ilayley, poete didactique un peu lourd, iiiais peasant juste et ecrivant bien ; Sir //^. Jones, chez rillanies. « To.-jr. S2. 50 A5A ESSAl HISTORIQUE lancolic amcre, d'une misanthropie profondc, et d'une sensibilite aussi triste que devorante. II est impossible de lire ces poemes sans rcssenlir vivement la douleiir de riiomme qui a pu les ecrire : on y trouve i cliaque instant la trace d'une peine sans remede et sans cspoir, et cette energie de souffrance , ce ton de verite impossible a con- Irefaire, ce cri dechirant et intime d'une ame dans les angoisses. Dans tous ses poemes, quel que soit le lieu de la scene qu'il choisit, Byron place un etre effrayant et su- blime, toujours le meme, soit qu'il porte le turban d'Ismael, le manteau de Giaour, ou le poignard du corsaire; un etre dont la grandeur obscurcie, la fierte indomptable, la resolution desesperee , rappellent I'archange tombe ; un etre qui so nourrit de passions, et que les passions derorent; haissant et meprisant la vie, une fois que ces passions, usees par leur propre vehemence, ont cesse de I'echauffer; irreconciliable ennemi d'une societe polie et perverse, dont il revele tour a tour la petitesse, I'hypo- crisie, Tegoisme, les fausses delicatesses et les vertus de convention ; plein d'un sombre dedain pour tout ce qui eblouit et seduit les liommes, et quelquefois cependant jetant par hasard un ceil d'envie sur la tranquillite de leur ' bassesse et sur la facilite de leurs jouissances; quelquefois emu , trouble a la vue d'un enfant ou d'une femme ; ne conversant qu' avec la nature (i), amoureux de ses beau- tes les plus horribles, et tantot les assombrissant encore du nuage de melancolie qui I'oppresse, tantot se laissant bercer doucement par leur charme, et enlever un instant an monde factice des hommes; etre a la fois magique et vivant, plein d'un attrait qui cause I'efTroi. Get etre, d'une creation si etonnante, apparait danslous (i) Holdiug sweet converse with uaturc> Byron, SLR LA POLSIE ANGLAISE. A55 Ics ouvrages de lord Byron, et seul il aniine le plus long de sespo^mes. Dans Childe Harold (i), on le voit errei- a travel's I'Europe et I'Asic, comme un iantome qui n'a rien decommun avecleshommes; etle recitdeses courses, accompagne des reflexions et des reveries que les dilTe- renslieuxluiinspirent, supplge dans ce poemeau manque d'action, deplan et d'interet dramatique. Mais, une chose bien etrang«, c'est que lord Byron, dans Childe Harold et dans ses autres ouvrages, a force de mettre au-dehors les sentimens les plus intimes de ce personnage fantastique, de developper les derniers replis de ce cceur imbu d'a- mertunie, finit toujours par s'ideutificr avec lui : ce n'est plus d'un C'tre imaginaire qu'il parle; c'est de lui-mGme ; c'est en son propre nom qu'il laisse echapper de sa plume ces flots de misanthropic, de desespoir et d'enthousiasme, Byron est l#j poete de la passi*3n; il a, suivant sa propre expression, les paroles qui vtpent et les pensees qui hru- lent (i). Mais il est plus jaloux de dominer par la force •de la pensee. II a une austerite, une profondeur do me- ditation qui sembleraient devoir glacertoute emotion vivc. C'est comme malgre lui que le cri des passions lui echappc; mais ilcchappebrOlantet irresistible. On dirait cette goutte de feu que I'alcohol concentre au sein de la glace, et dont I'ardeur indomptable trahit et brise sa froide prison. Byron est encore le poite descriptif, le poete observatcur, le poete peintre. On ne peut rendre, avec une veritcplus brillante et plus parfaite, le ciel de feu, la terrc feconde de la Grece et les moeurs de ceux qui I'habltent : on ne pcut transporter avec plus d'illusions son Iccteur parmi ces mines de la gloire et de la libeite grecques, au milieu (i) Le Pilerinage dujeune Harold. (2) Words that breathe, aud thoughts thatburu. AiG ESSAI HISTORIQIE desquclles ?e reposent cesMusultnans immobiles, clans h pompc voUiplneuse et sauvage de leiir caractere, qui reiinit la superstition, la fcrocite, I'ignorancc, la grandeur, la mollesse et I'lndomptable courage. On ne peut donner plus dc charmc a cet amour sans reserve, a ces penchans Toluptueux, a cette beaute enchanteresse dcs femmes orientales , ni micux peindre cette abnegation totalc de leurs volontes, qui contraste avec la valeur fiu'ouche et la dure fermete des homines (i). La versification de Byron est harmonieuse et ferme, quoique soumise, dans quelques poemes, aux entraves dc la stance italienne. Sa narration est d'unc rapidite eton- nante; ses caracteres ont unc verite qui I'a fait comparer a Shakspeare : en introd^iisant peu de personnagcs dans (i) Nous aimous a rappiocher ici , de I'examen ciiliquc du talenl cl des oeuvres de lord Byiou , un jugement porte sur le caraclere et le geuie de ce poete, par une jeune dame paifaitemeut capable de rappveciev, parce qu'elle est versee dans la connaissance de. la laiigne et de lapocsie anglaises,etsurtout parce qu'elle unit a une ame noble et forte une imagination vive et brillante et uue raison solide. Voici comment elle s'esprime dans une lettre particuliere , ou elle rend compte des impressions qu'elle a recues de la lecture de Byron : « Je serais tentee dc le croire plus mallieureux que me'chant. Son inia- giuatiou ardente et sombre a tellement aggrave pour lui Ics maux de la vie , qu'll parait sans cesse luttcr contre une melancolie profonde, qui se reproduit sous mille formes dans ses ouvrages. 11 attaque loules les illusions , 11 en fait ressorlirle cliarme, puis il nioutve I'aETrcux e'lal d'abandon oii elles vous laissent', I'immense solitude que rien ne peut remplir. II a I'alr de ne plus lenir a ce monde, et d'analyser froidc- ment et avec irouie les innombrablcs maux et les faiblcs et fi-agiles jouissaiices de ceux qui I'iiabitent encore. 11 n'cst ni le poete du bou- heur, ni celui de I'esperancc ; cl , quand on posscde I'un de ces biens , il faut se gardcr de le lire , dans la craiule qu'il nc vous revele Ic terrible secret qui les fcrait disparaitre pour jamais, » M. A. J. SDR LA POESIE ANGLAISE. A57 ses plans, il a rendu bien plus violent et plus Iragique Ic jcu ties passions ainsi concenlrccs. Sa diction, toujours pleinedc pensees ct riche d'images, quoiqu'ordinairement concise, severe, quelquetbisheurtee; desquel'auiedupoete est emue, se devcloppe tout~a-coup avec unc eloquence avdente et impetueuse. Partout, dans sespoemcs, on voit un homme dedaigneux des petits ornemens , et pen jaloux dc se uiettre a la portce des ames communes. Un pen d'obscuiite ou d'exageration dans quelques en.droils, qnel- ques vers durs ou forces, quelques traits de mauvais goOt, sont a la poesic de ce grand poete ce que pcuvent etrc une ou deux touches incorrectes aux tableaux de Michel-Ange. On voit que la nouvelle ecole nc manque ni d'origina- lite ni de talent. Renverser toutes les barrieres qui pcu- vent arreter Tessor poelique ; faire parler k la poesie le langagc le plus simple; s'adresser surtout aux passions: voila les principaux articles de la foi qu'elle professe et contre laquelle s'clevenl tons les critiques ortliodoxes de I'Angleterre. De la naissent et ses beautcs et ses defauts, I'eclat et I'extravagance des fictions , la simplicite tou- chante ou puerile des expressions, le sublime vrai ou affecte des pensees : mais son caractere le plus remar- quable , c'est I'admiration idolatre, et souvent I'imitation ridicule des plus anciens poetes anglais. Rien de plus singulier, en apparence, que ce mouve- mcnt retrograde de la poesie, tant chcz les Anglais qui prennent Spencer pour leur modele,qnc ches les Italiens qui imitent aujourd'hui le Dante. Cependant la nature mCme et la marche des socictes expliquent facilement ce phenomene. Au berceau de la civilisation, les hommes barbarcs aiment a entendre I'accent de leurs sensations fortes, lepele par la poesie. Mais, une fois sortis des lunges, ct tommencaut a marcher daoscette carrierc de la A58 ESSAl HISTORIQIJE SI R LA POESIE ANG. lie socialc et polie, ils deviennent bientOt hontcux tie la vehemence de leurs emoUons ; pcu A peu ils apprennent ;\ en oublicr I'exprcssion, qui, regardee enfin comme vulgaire et barbare , est bannie du langage commun et du style poctiquc. Vne polltesse ceremonieuse, une ele- gance affcctec , line insouciante logorete s'emparant tour a tour des mojurs, la poesie est tour a tour pompeuse et roide, i)nllanle et pretentieusc; enfin spirltuelle, liccn- cieuse et familicre. Mais il vient un lems oCi les houimcs se fatiguent dc politesse, d'elegance et d'esprit, oii leurs ames , enervees par le long usage de la societe, cherchent de nouveau une emotion forte, comme unc volupte in- connue. C'est alors que, le besoin d'emotion se joignant a ce desir de perfection sans bornes que la derniere civili- sation fait naitre , on voit eclater les revolutions. C'est li'i I'epoque des commotions cffrayantes, des entreprises gigan- tesques, des idees audacicuses,Yagues, sans bornes et sans regies. Alors la poesie (chez les peuples du moins qui sont capables de poesie) reprend ses premiers caracteres : energie, indepcndance , passion. On ne cherche plus qu'a exciter I'interGt, qu'a frapper vivement, qu'a de- couvrir de nouvelles regions intellectuelles. A ces traits de ressemblance avec la -vieille ecole poe- tique, sejoignent quelqucs signes dislinctifs de la nouvellc, enlre autres unc teinte d'afl'ectalion et de recherche, mais surtout ce que Sterne appelle I'art d'anatomiser (i) cu- rieusemcnt les passions, qu'autrefois on se contentait de pcindre. Alors paraisscnt un Southey, un Walter Scott, un Lord Byron : tons cherchant, par di verses routes, I'un par I'cclat et le fracas, I'autre par les souvenirs et I'inleret, Ic dernier par la seule energie des sentimens et des pensecs, un resultat commun, I'emotion. Ph. E. Ciiasies. [0 f^ojez Tiiblram Sliandy. t.VVVVVV\iV%'VVVV%/VVVVliVVVV VVVVIVVVVVVV V%'VV i'VV»%/W*V%/V^ WWWWVVWVW^VWl VVVK II. ANALYSES D'OUYRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. Du SliCE ET DE LA NATURE DES MALADIES, Oil NoUvdleS considerations toucliant (a veritable action du sys- teme absorbant dans les plidnomdnes de I'iconomia animale; par M. Alard D. M. P. , chevalier de la Legion-d'Honneur , etc. (i). Les sciences sont I'exposition methodique de ce qui est; et ce qui est, existe necessairement. Cette exposition est I'ouvrage de I'entendcment, et I'entendement n'opcre que d'apres des lois deterniinces. II n'y a done pas d'arbitraire dans I'institution des sciences. Toutes doivent done etre assujeties, dans leur marche, a des lois communes. Aussi, I'histoire de chacune montre-t-elle constamment deux epoques distinctes. La premiere est celle de la decouverte des falls. Cette cpoque est necessairement fort lougue, parce qu'elle est successive , et que ses pi'ogres ne sont guere amenes que par le hasard. Pendant toute sa duree, la science n'existe pas. II n'y a que des collections de faits dont, pour la plupart, le rang et la valeur sont ignores ou meconnus. On ne peut alors les assigner qu'arbitraire- ment i un ordre de causes oua un autre; et c'est parce que cette assignation est arbitraire, que les systemes imagines pour suppleer a I'ordre naturel alors introuvable, offrent une foule d'exceptions. Mais, pour les bons esprits, une (0 Paris, 1821. BoulJieie, libraire, rue de I'Ecole de Mtdecinc. 2 vol. in-S" ; prix , 1 2 fr. AfiO SCIENCES PHYSIQUES. sculc exceptiou est evidemment la prcuve que la verite- teste encore & decouvrir. Cetle premiere epoquc n'csi done que preparatoirci la science. Elle dure jubqu'A ce que la totalite des fails generaux soil decouverte dans chaque sphere de connaissances. Dans la seconde epoque , dont I'apparition est toujour& soudaine, parce qu'elle est ouverte par le genie, el que le genie ne tatonne pas, mais d'un ceil d'aigle decouvrc tout son horizon , la valeur , le ranget les rapports de I'univer- sallte des sujets de chaque science sont fixement determi- nes. Alors, la science ou la theorie des fails est etablie : il n'y a plus d'arbitraire ni d'exception. Un premier fait ge- neral se retrouve dans tous les aulres. La relation de tout fiffet i sa cause est, par la, rendue cvidente. Or, commc toute cause n'est que le dernier fait auquel on puisse re- monter, et que partout ce dernier fait c'est , pour nous , la matiere et ses cembinaisons; il suit que ce qui constitue le caractere d'une science bien faite, c'est la determination exacte des corps matcriels qui sont le sujet ou Tageul des phenomenes observes. Au contraire, le caractere de la science naissante ou se preparant, c'est rattribution a des «tres metaphysiques de tous les effets ou phenomenes que I'on ne sail pas et que Ton ne peut pas ramener h leurs ve- ritables causes, e'est-i-dire aux corps materiels qui les produisent par leur action. Ces reflexions s'appliquent egalement aux differentcs sciences physiques. Toules ont montrc ou monlrcnt en- core ce defaut d'un fait general ou d'un principe, lien coramun des fails sur I'ensemble desqucis elles reposent. Toutea outdone cud'abord, ou n'ont encore que des theo- ries ou principes, accuses et convaincus a chaque instant de faussete par chaque fait nouveau , qui en devcnait unc exception, ou, ce qui est la m€me chose, une contradlc- SCIENCES PHYSIQUES. AGl tion ; car, daos les sciences, I'epreuve dc la vcrile pour les doctrines, c'est Tunite et la generalite. Des I'instant qu'un principe presume general souffre une exception, ce n'est plus un principe ; ce n'est que le masque de I'ignorance ou de I'erreur. Or, c'est surtout a la medecine, ou, pour mieux dire, a la doctrine des maladies, que s'appliquent ces reproches de vacillation et d'incerlitude dans les principes, en d'autres ternies, de defaut d'un lien commun entre les faits dent elle s'occupe. Aussi n'y a-t-il pas un systeme de nos con- naissances qui ait mieuxmerite qu'elle I'epithetede science conjecturale. Loin de nous, cependant, la pensee de me- connaitre les louables efforts des excellens esprits, qui, i differentcs opoqups, et tout recemment encore, ont essaye de ramener les faits pathologiques u des lois fixes, en de- terminant la relation des plienomenes normaux ou anomaux de la -vie avec I'etat materiel des organcs. L'impatience de I'obscurite, disons mieux, dc I'absurdite, ajustement rcYolte les chefs de I'ecole moderne, contre I'empire de tous ces agens occultes dont on avait peuple le corps de riiomme sain ou malade, comme-naguere on peuplait les domaines de I'ignorance, de genies, de fees, et de toutes sortes d'etres metaphysiques. Mais ces motifs memes avaient egare ces esprits. L'impatience des fictions leur avait fait rejeter des verites, seulement parce qu'elles etaicnt moins apparentesque d'autres. Aussi, depuis que le plus justement celebre de ces novateurs vintappliquer a I'etude des mala- dies cette pensee philosophique ^ qu'aucun changement ne pent arriver a la sante saus lesion ou alteration matericlle des organes, lui et ses disciples rejeterent comme fiction toute maladie qui ne serait pas I'efiet d'une inflammation ou irritation locale; eu d'autres termes, circonscrite dans un organe ou daus uu appareil d'orgaucs. Ainsi les fievres, A62 SCIENCES PHYSIQUES. dites esscntielles, I'urcnt rayces nominalement et reelle- inent de son catalogue des maladies. Mais, il laut le dire, ce fut peut-ctre au prejudice des malades. Ce mCme uni- forme qu'il donna a toutes les maladies, les assujetit aussi a la meme discipline; et encore une fois, la nature dc- mentit la theorie. La verite restait done i trouver. Nous n'etlons done pas encore en medecine k la deuxieme epoque. Ou nous nous trompons beaucoup, ou la publication du llvre de M. Alard signalera I'apparition de cette epoque. L'auteur, sortantdela route du passe, aembrasse son sujet d'un point de Tue plus eleve que tous ses devanciers. Doue d'une logique severe, il a dQ conclure que, toutes les fois que plusieurs ensembles de phenomenes se presentaient cons- tamment sous des formes speciales , ils devaient dependre de causes speciales et non pas communes; et ces causes, il les a cherchees dans des etats materiels, et non dans des ctres metaphysiques. II a done cite devant lui tous les fails similaires entre eux : il les a confrontes avec I'ctat materiel correspondant des organes qu'il a pris a temoins; et, comme dans cette confrontation il n'a pas appele une seule classe de temoins , ainsi que I'avaient fait ses predecesseurs , mais tous les temoins qui pouvaient deposer de la verite, il a facilement obtenu cette verite. Du moins est-ce I'im- pression que la lecture de son livre parait devoir laisser a tout homme qui aura chercbe I'explication des pheno- menes des maladies, par Ic rapprochement et la discussion des faits de I'anatomie pathologique et de I'anatomie com- paree. L'analyse de I'organisation I'a conduit a etablir rette proposition ; il n'y a qu'un seul systeme de vaisseauxcom- muniquant tous les uns dans les autres ; mais les forces quimcuvcnt les fluides contenus, nc sontpas ics memcs dans SCIENCES PHYSIQUES. A63 loulcs les parties de ce systemc. i". La division centrale , par sa position, mais nonpar son importance d' action, ou le sjsteme circulatoire du sang, est partout sous la puissance ducoeur; I'impulsion donnecparcet organe a labasedesco- lonnes sanguines, se propage sur toute leur longueur d'un ventiicule a I'autre : les arteres forment la premiere partie de ce cercle ; les veines , la seconde. 2°. Au pourtour des parois des petites arteres et des petites veines, s'ouvrent les bouches d'ua autre ordre de vaisseaux, doues d'autant d'irritabilite que les arteres et les veines en ont peu , se remplissant et se vidant par une force qui leur est propre, et qui leur fiiit elaborer les humeurs hors du cercle circu- latoire du sang. Cet ordre se compose de trois especes de vaisseaux : i°. ceux qui naissent aux arteres ont leur cou- rant excentrique , et composent les organes oii ils se ter- miaent ; ce sont les absorbans d'exhalation ; 2°. ceux qui naissent dans la profondeur des organes, d'oii ils portent aux veines et aux emonctoires, lieux de leur terminaison, tout ce qui ne pent plus servir au tissu des organes ou a la reparation du sang arteriel : ce sont les absorbans de resorbtion; 3°. ceux qui recueillent, dans la profondeur des organes, I'excedant des materiaux nutritifs, et aux sur- faces digestives les elemens de ces materiaux : ce sont les absorbans lymphatiques et chyleux; ils versent dans le sangveineux, pret a subir I'elaboration pulmonaire, le melange de la lyniphe et du chyle. L'auteur, en examinant le phenomene de I'accroisse- ment aux diverses epoques de la vie dans I'homme, etaux divers degres de Composition organique dans la serie des animaux, fait voir qu'il n'y a que ces trois sortes de vais- seaux qui le puisscnt cxecutcr : il exclut done les arteres et les veines de tout role actif dans cette fonction. Une preuve qu'il en donne . c'cst I'absencc de veines et d'ar- hQk SCIENCES PHYSIQUES, teres dans ,les radiaires ct dans les insecles, dans la pre- miere periode de lavicfoDtale dctoutcslcsautres classes, < . dans dcs organes qui n'en ont jamais; or raccroisseaicn. ct le decroissement, ou la nutrition, s'operent et dans ces premiers animaux, et dans les periodes initiales dc la vie de tons les autres, et dans ces organes perpclucUement depourvus de vaisseaux sanguins. Mais, puisque les ar- leres et les veines sont cxclues dc toute part active dans la nutrition , elles doivent done aussi en etre exclucs dans les maladies ; et, puisque la sphere d'activite du coeur est renfermee dans la limite de ces vaisseaux, il faut done reconnaitre une autre force motrice aux courans et aux fluxions qui s'executent dans les absorbans. Or , en y re- gardant bien, on voit que chaque espcce, et meme chaque region d'absorbans, a des fluxions et des courans qui hii sont propres, soit pour I'epoque, soil pour Ic degre, soit pour le mode de leur existence. Ce n'est pas tout : cha- cune des trois divisions d'absorbans arteriels, vcineux, cl lymphatiques, pent etre lesee ou irritee partiellement ou en lotalite. Si, partiellement, dans un seul organe, il ev resulte les trois modes d'inflammation arterielle, veineuse ct lymphatique , dont chaque organe est susceptible ; si en totalite par tout le corps , il en resulte les trois fievres pri- mitives, inflammatoire , adynamique et muqucuse , qui afi'ectent la totalite du corps; voila pour les maladies sim- ples. C'est toujours le meme fait, rinflammation ; mais ce fait identique pent avoir lieu dans des organes dilTereus. ou dans des vaisseaux dilTerens. L'irritalion d'une seuh- cspfecc dc ces vaisseaux, generale ou locale , dcssine done bien ct les phlegmasics et les fievres primitives simples. Maintenant, s'il y a coexistence d'inflanimation gene- rale ou locale d'une division d'absorbans, avec inflamma- tion au&si generale ou locale d'une dcs deux autrcs divi- SCIENCES PHYSIQUES. /»65 -ions d'absorbans ou dc ces deux autres ensemble, il y auracomplication-des fievres par Ics inflammations, et r6ci- proquement. Mais, comme chaque division d'absorbans a des courans ou fluxions qui lui sont propres , il suit que chacune a aussi des proprietes specifiques : d'oi\ il resulte que chacune de ccs divisions n'est pas indiffercrament ir- ritable aux memes stimulus. Bien plus, chaque region d'une meme espece d^absorbans a des irritabilites, pour ainsi dire , individuelles. H faut done connaitre ces modi- fications que subit, dans les divers organes , I'irrilabilite generale de chaque division d'absorbans, pour trailer con- venablement leurs irritations locales. La connaissance de ces irritabilites locales etait acquise, en partie, depuis long-tems; mais il restait li etablir les lois suivant lesquelles elles operent, et i appliquer ces lois a la determination de I'etat observe des organes, et par consequent du traitement de leurs alterations ; c'est ce qu'a fait, selon nous, IM. Alard. II resterait a dire comment il I'a fait. La distribution nette et methodique des matieres , et dans chaque matiere, I'ordre de deduction des faits et des idees, n'est point un mediocre sujet d'eloge pour un ouvrage scientifique. Le livre de M. Alard ne cesse nuUe part de meriter cet eloge. Je dois ajouter qu'un style toujours clair et elegant, mais dontl'elegance n'excede pas la convenance du sujet, rend facile et agreable la lecture d'un livre qui eleve enfin la medecine au rang des sciences. M. de Lacepcdc a accepte la dedicace de cet ouvrage. C'est pour I'auteur un sQr presage de la faveur des savans, et pour le public une garantie du inerite de I'ouvrage. A. Desmotjlins, D. lyi. P. A66 SCIE^XES PIIYSIQUI'S. %W\^^/V\«/W\%Vl.t) Manuel d'Ornithologie , ou Tableau sjstcmatique des oiseaux qui sc trouvcnt en Europe , prec^d^ d'une analyse d'un sjstemc gcndral d'ornitho logic , etc. ; par C. J. Temminck, 2* Edition (i). La science ornithologique a fait sans doute dans ces der- nierstemsd'immenses progres, sousle rapport du nombrc des oiseaux jusqu'alors inconnus dont cllc a constate I'existence : des monogrnphies d'especes etrangeres , splen- dides dans leur execution, ont enrichi son domaine; de nouvelles methodes systematiques ont ete proposees, et devaient I'etre, a raison de la multiplicite des Ctres a classer. Mais trop peu de naturalistes s'etaient livrcs a des recherches dont les result.its, moins brillans en ap- ■ parence, n'en sont pas moins utiles, si nieme ils ne le sont davantage. Nous voulons parler de I'observation des oiseaux d'Eu- rope. L'obscurite la plus profonde regnait naguere sur i I'histoire de leurs habitudes naturelles, sur leurs migra- tions, sur la distinction, par des caracteres extcrieurs, de leurs sexes et de leur age. La plupart d'entre cux , revctus d'un plumage terne et sombre, etaient loin d'ins- pirer I'interet que fait naitre le seul aspect des espcces brillantes, particulieres aux contrecs situees sous la zone torride. Mais on a enfin reconnu qu'avant de porter ses vues au loin , il convenait de regarder autour de soi ; et plusieurs naturalistes ont fonde justement leur reputa- tion, en etudiant les oiseaux de leur pays. MM. 3Ieycr, (l) 2 -vol. in-8". Palis, 1820. Galniel Dtifour, libmive, quai Vol- taire, n" i3. Prix , \b fr. SCIENCES PHYSIQUES. A67 Bechstein , Boye , Natterer, Ruhl, Temminck, Sucher, Schintz, Bonjour, Bonelli, Vieillot, Baillon, Delamotle, Deriocourt, Leach, ont surtout prouvc qu'il n'etait pas necessaire d'obtenir les productions d'un monde nouveau, pour faire des decouvertcs, mais qu'il suffisait d'observer, en Allemagne, en Hollande , en Suisse, en Italic, en France, en Angleterre, etc. L'auteur de I'ouvrage que nous annonpons a concu I'heureuse idee de former un recueil complet de toutes ces recherches importantes, mais isolees, et pour la plupart ignorees en France, oii, nous devons I'avouer, la connaissance des langues etrangeres est trop pen cul- tivee. La premiere edition de son Manuel d' OrnitJiologie , qu'il publia en 18 15, cut un tel succes, qu'avant cinq annces revolues, elle etait totalement epuisee. Mais, dans cet intervalle, il s'etait mis en mesure d'en donner una secondeenrichie de nombreuses additions , resultats de ses propres recherches, ou de celles des ornithologistes eu- ropeens que nous venons de citer. Plusieurs voyages lui ont fourni, comme il le dit lui-meme, I'occasion de com- parer son premier travail avec la nature, d'en corriger les erreurs de description, ou de synonymic, et surtout d'ajouter, pi*esque a chaque article, un grand nombre d'observations nouvelles. II s'est applique a rassembler des individus de la mfime espece dans differens pays ; ce qui lui a donne la preuve que I'abondance ou la disette de nourriture influe davantage sur les oiseaux, que la dif- ference tres-marquce des climats et des contrees. II a pris a" tache de signaler les especes qui se trouvent egalc- ment en Europe et en Amerique ; travail dans lequel il a ete puissamment aide par la publication de I'ouvrage de Wilson, sur les oiseaux des Etats-Unis. AGS SCIENCES PJHYSIQUES. Cette scconde edition du Manuel d'Ornithologie ren- fcrmc les descriptions de 4o3 cspeces, parmi lesquelles 57 n'appartenaient pas a la premiere, et 3o n'etaient pas encore connucs. EUes sont distribuees en i5 ordres, et en 88 genres , de la manierc suivante : 1" ordre. Les Rapaces. Genres, ^azifoz/r, 2 especes ; Catharte, i ; Gjpaete, 1; Faucon , aG, en six divisions ; Chouette, i5, en deux sections. — En tout 45 especes. 2* ordre. Les Omnivores. Genres, Corheau, 8 especes, en 3 sections; Casse-noix, 1 ; Pjrrhocorax, 2; Jaseur, 1; Rollier, \\ Loriot, 1; Etoitrneau, 1; 3'Iartin, l. — En tout x6. 3* ordre. Insectivores. Genres, Pie-grieche, 5 especes; Gobe-mouche, ^-j Merle, 10, en 2 sections ; Cincle , 1; Bee-fin, 38, en 2 sections; Ti-aquet, 7; Accenteur, 5\ Bergeronette, 5 ; Pipit, 5. — En tout 76 especes. 4° ordre. Granivokes. Genres , ^louette , y ; Mesange, 11, en 3 sections; Bruant, 11, en 2 sections; Bec-croi- se, 2; Boupreuil, 5; Gros-bec , 17, en 3 sections. -^ En tout 53. 5' ordre. Zygodactyles. Genres, Coucou, 1 esp.; Pic, 8; thrcol, 1. — En tout 10. 6« ordre. Amsodactyles. Genres, iS/Y^e/e, esp., 1; Grim- jyereau, 1; Tichodrome j lyHitppe, 1. — En tout 4. 7* ordre. Aicyons. Genres, Guepier, i; Martin-pe- cheur,\. — En tout 2. 8' ordre. Cheudons. Gemes, If irondel/e, esp. 4; Ma?- tinet, 2; Engouleveiit , 2. — En tout 8. 9° ordre. Pigeons. Genre , Pigeon , esp. 4. 10' ordre. gallinaces. Genres, Faisan, esp. i; Tetrds, 7; Ganga, 2'; Perdrix , 6, cn 3 sections; Turnix, 2. — En tout 18. 2 1* ordre. Aiectobides. Genre, Glareole, esp. 3 J SCIENCES PHYSIQUES. AC9 12* ordre. Cotireurs. Genres, Outarde, esp. 3; Coure- vUe, 3. — En tout 6. 13' ordre. Grailes. Genres, (Edicneme, espcce i; Sanderling, i ; Ecliasse , l ; Huitrier, 3 ; Plupier j 5 ; Vanneau, 2; Tourne-pieire , i; Gnie ^ i; Cigogne, 3; Jleron, 8, en deux sections; Flamtiianf, i; Ai^ocetCe, 4; Spaiide, i ; /Z)?s, i ; Courlis, a; Becasseau, 8, en 3 sections; Chevalier, lo, en 2 sections; Barge, 2; Becasse, 5, en 3 sections; Rale ji; Poule d'eau , 5; Taleve^Z. — En tout 69. i4* ordre. Pinnatipedes. Genres, Foidque , espece 1; Phalarope , 2; Grebe ^ 5. — En tout 8. i5* ordre. Palmipedes. Genres, Hirondelle de mer, 10; Mauve, 12, en 2 sections; Stei-coraire j 3; Petrel, 6, en 3 sections; Canard, 32, en 3 sections; Harle , 3; Peli- can, 1; Cormoran, 4; /'om, 1; Plongeon,3; Guillemot, 4, en 2 sections; 3IacareuXj 1; Pingouin, 2. — En toutSi. Les cliangemens principaux qui existent dans cette se- conde edition, consistent: 1° dans I'etablissement (d'apres lUiger) de I'ordre des Alectorides ; 2" dans la suppression de Tordre des grimpeurs, des autres auteurs, et dans son reniplacement par ceux des zygodactyles et des aninodac~ tyles , deju proposes, comme tribus, par M. Vieillot; 3' dans Tintroduction du genre Casse-noix, ou Nucifraga, de Brisson, et du genre Pyrrhocorax, do M. Cuvier, tons deux demembres du genre Corvus, de Linne; h'^ dans celle du genre Traquet, separe des Motacilla , de Linne, des genres Bouvreuil ou Pyrrhula et Taleue, de Brisson; 5° dans une nouvelle distribution des especes du genre Faucon, qui,finissant par les especes nominees Busards, se trouve ainsi convenablement lie avec les premieres especes du genre Chouettes, ou celles qui sont dlurnes , et dont la queue est longuc , etc. ToJiE IX. 31 A70 SCUINCES rinsiQUES. Nous concCTons , commc I'autcur, rimpossibililc dc separer par do bons caractcres Ics oiseaux des genres Moi- neau cl Gros-hec , des anciens ornithologistes, et la neces- site de les reunir; mais nous le blurnons de s'elre servi de la denomination de Gros-hec ^onv designer le genre qui resulte de cette reunion. Get emploi le force a une sorte de contradiction dans la nomenclature , lorsqu'il applique cette designation i des especes, dont le bee est effile et mince , comme celui des tarins et des chardonnerets. Quoique nous soyons loin d'approuver le neologisme en histoire naturelle , nous pensons que c'etait ici le cas de creer un nom genorique nouveau. II ne nous est pas possible, dans un extrait de la na- ture de celui-ci, de rendre compte de toutes les observa- tions interessantes et neuves que renferme cet ouvrage. Nous nepouvons qu'assurer qu'elles sonttres-nombreuses, et qu'elles eclaircissent effcctivement beaucoup de points , jusqu'alors indecis, dans la distinction des especes et dans I'histoire de leurs mceurs. Les descriptions de ces especes sont assez developpees, ct reposent toujours sur des parties essentielles. Les traits caracteristiqucs des males et des femelles adultes et des jeunes , dans leurs differentes mues, sont exposes tres- clairement et d'une maniere comparative. Lorsque deux ou plusieurs especes sont tres-rapprochees I'une de I'autre, I'auteur commence leurs descriptions par une phrase ou diagnose, destinee a en fairc ressortirles differences les plus saillantes. Sa synonymic est remar- quable, en ce qu'il a pris le bon parti d'en ecarter tons les auteurs pcu exacts, que jusqu'a present on est dans rhabitudc de citer, sansqu'onpuisse s'assurer, d'une ma- niere certaine , de I'identite de leurs descriptions avec les oiseaux qu'on y rapporte. Neanmoins, cette synonymic SCIENCES PHYSIQUES. A71 est encore riche, parce qii^'elle se compose de citations d'auteurs modernes, ctrangers i la France > et qui sont du nombre de ceux que nous consultons Irop rarement. L'essai que nous avons fait de veriGer plusieurs de ces citations nous a convaincus que I'auteur a apporte, sous ce point devue, les plus grands soins a I'impression de son Manuel, et, nous ne pouvons que Ten feliciter, lorsque nous trouvons sourent des fautes nombreuses de cette nature dans des ouyrages systematiques importans, el dont une partie du merite deyrait coQsister dans I'exac- titude. Lorsqu'il y a liea i developpef quelques points de syno- nymic , M. Temminck le fait le plus brievement possible dans des remarques qui viennent i la suite de cette syno- nymic. Les habitudes de chaque oiseau sont exposees rapide- ment, et se composent de renseignemens exacts sur sa patrie, se5 migrations, sa nourriture et sa propagation. Sous ce dernier rapport, I'auteur decrit la composition du nid, en indiquantla place qu'il occupe, et il fait connaitre egalement le nombre, la forme et la couleur des ceufs, la duree de la couvee et de I'education des petits, ainsi que le nombre de ces couvees et les epoques auxquelles elles ont lieu. Nous pensons que ce plan est le meilleur que Ton puisse adopter pour decrire les oiseaux de I'Europe, de facon a ne presenter que les notions positives qu'on a acquises A leur egard. Les descriptions des genres offrent des considerations de m€me nature et semblablement ordonnees, mais seule- ment celles qui appartiennent k la fois a toutes les especes que renferment ces genres. L'auteur, quia I'intention de publier incessamment un index general d'oTnithologie , 31 • ;,72 SCIENCES PIIYSIQTES. renfermant IcS descriptions abregecs do loutes Ics cspeces d'oiseaux connues i I'epoque actuclle, a place, au com- mencement de cette seconde edition, une analyse du syslt;me general de classiflcation qu'il se propose d'adop- ter lorsqu'il executera son projet. Cette analyse nous parait avoir, dans la place qu'elle occupe ici, I'avantage de faire connaitre les principaux rapports qui existent entre les oiseaux d'Europe et ceux qui composent les genres etrangers dont il n'a pu Ctre fait mention dans le Manuel. Nous n'entrerons dans aucun detail sur cette analyse; il nous suffira de dire que les oiseaux y sont divises en deux cent un genres , et partages en seize ordres ; savoir : les quinze que nous avons cites plus haul, et un dernier, celui des oiseaux inertes , qui ne comprend que les deux genres didus de Linne , et apteryx de Shaw , remar- quables par la difformite du corps et I'excessive brievete des pieds et des ailes, dans les especes qu'ils contiennent. Apres avoir dit sincfirement le bien que nous pensons de I'Duvrage dont nous venons de rendre compte , qu'il nous soit permis d'adresser , avec la meme franchise , quelques reproches a I'auteur, il'occasion des griefs qu'il expose, dans sa preface, contre I'un de nos plus anciens et de nos plus habiles naturalistes vivans. II se plaint avec aigreur de quelques passages ecrits en termes peu menages et peu flatteurs a son egard , mais qui ne sont, en verite, que la reponse h. un manifeste de soixante pages, public par lui a Amsterdam , au commencement de I'annee 1817, dans un style peu convenable, ctqui aete le premier signal de la guerre , maintenant si animee , cntre ces deux puissances ornithologiques. M. Temminck a-t-il eu raison de publier cg factum , qui ne nous parait avoir etc provoque par aucun acic an- SCIENCES PHlSIQOiiS. A7S terieur de la part de celui qu'il attaque? Ce dernier a-t-il bien fait d'y repondre sur le meme ton, et plus tard, de no pas citer la premiere edition du Manuel d'ornitho- logie? L'auteur de cet ouvrage a-t-il agi comnae il le de- Tait, en repliquant avec la meme animosite? enfin, ces d€ux savans, egalement livres i I'etude de I'histoire natu- relle , pour I'ordinaire si proprc k contribuer t\ I'adoucis- sement des moeurs et & disposer a la bienveillance, de- vaient-ils s'abandonneri depareilles discussions publiques? Ces diverses questions, examinees de sang froid par des personnes desinteressees, ont ete resolues pour la negative, et de plus, le tort principal a ete attribue au premier agresseur. Nous osons esperer qu'un pen de reflexion sur le passe mettru enfin un terme a des debats si inconvenans pour des gens de bien et des naturalistes (i). A. G. Desmarkst. (l) Ces querelles , loujouis afiligeantes et quelqnefois scandaleuses, entre des savans, des lilte'rateurs , des artistes, et dont deux hommes celebres , Voltaire et J. -J. Rousseau, ont surtout donne de nos jours le de'plorable exemple , devraient etre a jamais bannies du paisible empire des Bcieuces et des arts. Ceux qui , dans quelque carriire que ce soil, de'slrent sincerement les progres dela science ou le perfection- uement social , loin de se diviser entre cux , devraient se re'unir , so fortifier mutuellement , combiner leurs mOjens et leurs eObrts pour mieux atteindre le but commun qu'ils se proposent. Uue discussion calme et impartiale , d'ou jaillit la lumiere, les conduirait a s'estimer et a se rapproclier, s'ils pouvaient en e'carter les dangereuses sugges- tions d'un amour-propre tou jours aveugle, qui, reuferme dans la sphere etroite de I'inte'ret personnel ^ eugendre les pre'venlions, les rivaliie'set les liaiiies. N- ^- "• SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. Cnoix DB VoTAGES dans les quatre parties du mondc , ou Precis des Voyages les plus inUressans par terrc et par iner , cntrcpris depuis Cannie iSod jusqu'a cejour, par J. Mac-Cartiiy, traducteur du dernier Voyage en Chine, etc. (i) Observation. — Les Relations de Voyages sont quelque- fois encjclopediques J ov mixtes , lorsqu'elles embrassent un pays sous plusieurs rapports importans , comme la magnifiqtie Description de I'Egypte; I'admirable monu- ment consacre par MM. de Huuboidt et Boitplakd a I'Ame- rique; les Voyages de M. Ch. Dcpiw dans la Grande-Bre- tagne, dont nous avons publie deux ext raits, I'un dans notre section des sciences physiquea j I'autre dans celle des sciences morales et politiques ; 0\x bien ces relations offrent un but special qui fait qu'elles appartiennent, sulvant la nature des obserTations recueillies par leurs auteurs, soit aux SciEHCES PHTSiQTTES : a I'astronomie, a la navigation , a la geologic, A la mineralogie, aux differentes branches de I'histoire naturelle, a la botanique, a la zoologie, a Tanatomie comparee, a la medecine, a la climatologie et il'hygiene, a laph3'siologie, aux maladies locales ou spe- ciales comparees entre elles dans dilTerens pays, a I'agri- culture, a la statistique et a I'arithmetique politique; soit aux SaENCEs morales et politiques, a I'economie publique, a I'etat moral et politique d'une nation, a I'educatJon et a I'instruction publique , a la legislation, i\ I'administration publique , aux finances , a I'histoire nationale , etc. ; soit (i) Premiere liviaison , Tom. I et II. A la librairie nationale et elrau^erej, rue Nolre-Damc-des-Vicioires ', n" 54. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. A75 enfin aux Sciences LiTxiRAiRKs et archeologiqies, u la phi- lologie, ii la grammaire gcnerale ou speciale, a la litle- rature proprement dite, aux antiquites et aux beaux-arts. En reproduisantici cette nomenclature rapide et incom- plete des divers objets sur Icsquels peut se fixer I'attention des voyageurs quiaimenta Yisiter en obserrateurs les pays qu'ils parcourent, nous croyons devoir mentionner, pour leur usage, un livre precieux et trop peu connu : EssAi 2:)0ur dinger et itendre les recherches des ^'oyageiirs qui se proposentl'utiliU da leur pafriejelc; par M. Leopold DEBERCHTOi,D,traduitderanglaisparM. C. P. DeLasteybie. Paris, an V, 1797. 2 vol in-8°. — 24oet 267 pages. D'apres lea considerations qui precedent , on ne doit pas etre surpris de trouver, dans notre Revue, des ana- lyses de Fbjao-^s, successivement dans nos trois sections, suivant la mani6re dont ces sortes d'ouvrages sont traites. Ici , les moeurs et les usages des babitans de pays peu connus sont le point de vue principal sous lequel I'ou- vrage et I'extrait paraissent avoir ete rediges ; et c'est ce qui motive la place que nous assignons 4 cet article. \\in:\n([\ia\thL\''Abrigidel'Ilistoiregenerale des Foyages un supplement qui conduisit jusqu'u nos jours cette cu- rieuse collection, etmontrat, dans les ardens et intrepide* voyageurs du dix-neuvicme siecle, de dignes successeurs de ceux des sifecles precedens. Le choix de Voyages dont la premifere livralson vient d'etre publiee , peut etre con- sidere comme une bonne suite de I'ouvrage de Laharpe; et si les livraisons, dont I'editeur auralt dQ annoncer le nombre, continuent i en Ctre soignees, elles ne peuvent manquer d'etre accueillies du public, pour qui la lecture des bons Voyages a toujours beaucoup d'attrait A76 SCIENCES MORALES Cette premiere livraison se compose de I'analyse des voyages nationaux ou etrangers fails depuis quinze ans en Afrique, sur cette terre peu connue et inhospitaliere , qui devore scs explorateurs : les Hornemann, Ics Hough- ton, les Tuckey, les Burckhardt, les Mungo-Park; que de recentes victimes, ou de I'ardeur du climat, ou de U ferocite dcs habitans! II semblerait que I'audace des nou- velles decouvertes dOt en etre iiilimidee : elle en est en- hardie peut-etre. Ainsi le coeur de rhomme est fait; les nobles perils I'appellent et rentrainent ; toutes les passions ont des martyrs, et ce sont aujourd'hui de viyes passions que celles de la science et de I'humanite. L'editeur, apres une courte introduction relative -k I'etat des decouvertes en Afrique , au commencement du dix- neuvieme siecle, parcourt d'abord, sur les traces des voya- geurs anglais, Barrow, Campbell et Latrobe, et du pro- fesseur allemand Lichtenstein , la metropole et les depen-- dances de la belle colonic du cap de Bonne-Esperance , bornees h Test et au nord par les tribus des Cafres et des Hottentots. Les fausses notions que nous avaient donnees, sur ces tribus, les relations de Levaillant, ont depuis long-tems cte rectifiecs par les voyageurs anglais; mais, si leurs recltsoffrentplus d'exactitude, relativement auxpeu- plades sauvages qu'ils ont mieux examinees, peut-etre ne sont-ils pas exempts de prejuges a I'egard des parties ci- viliseesde la colonic. En general, j'ai cru remarquer que I'esprit de rivalite les entraine trop loin dans la critique de radministration et des nioeurs hollandaises. II semble, it. les entendre, que toHt le bien qui s'est opere dans la colonic soit I'ouvrage de leurs compatriotes. lis peignent sous les traits les plus dcsavantageux les paysans ou fer- miers hollandais, ct Icur reprochcnl la salcto, ravarico, rinhumanitc cnvcrs les nalurels du pays. Cos iniputa- ET POLITIQUES. A77 tions ne paraitront-elles pas un pcu suspectes, si Ton considere queles Anglais n'ont pu fonder, dans la colonic, leur domination recente que par de sanglantes excursions, ■ dont ces paisibles lieux n'avaient jamais ete le theatre? Les paysans hollandais sent done leurs ennemis; et qui que ce soit, lorsqu'il parle de son ennemi, n'a droit d'etre cru sans examen. Quelques relations de cultivateurs hol- landais, a cote de celles de leurs nouveaux maitres, se- raient curieuses k consulter. Une partie tres-importante des voyages faits dans la colonic du Cap, concerne les travaux des missionnaires qui Tont porter chez les sauvages voisins les bienfaits de la religion, de I'industrie, de la civilisation. Deux sys- temes tres-diffcrens sont adoptes par les diverses commu- nions de missionnaires. Les uns prennent pour base de I'enseignement le dogme et les pratiques religieuses; les aulres croient preferable d'exercer les corps au travail, d'accroitre la fertilite du sol , les produits de, I'industrie, consequemment le bien-etre des habitans, et de les con- duire a I'idec de Dieu, completement etrangere a la plu- part d'entre eux, par I'amour plus que par la crainte, et par les bienfaits de la societe plus que par des contro- verses inintelligibles. Tous les voyageurs, de quelque pays, dc quelque religion qu'ils soient, s'accordent a vanter les heureux fruits de cette heureuse methode, qui est celle des missionnaires moraves, et a reconnaitre que la me- thode conJraire n'enfante que des etres stupides, feroces et degrades. Ceux qui, de I'etude de I'homme, ne dedaignent pas de descendre a celle des animaux, trouveront, dans le voyage de M. Latrobe, d'interessantes observations sur le tigre et sur lelion. Le tigre est aussi lache que cruel. On n'a point a eraindre de le voir s'introduire dans les habitations des A78 SCIENCES MOIVALES hommos; car, &. moins qu'il nc soit altaque, ou qu'il ne se croie en danger, il evite soigncusement leur approche. Si on le rencontre en rase campagne, et qu'il trouve le moyen de fuir, il fuit lestement, en rampant comme un chat; mais si Ton veut s'opposer a sa retraite, il devient furieux. Lc lion, au contraire, est aussi hardi dans I'at- taque que genereux dans la defense; et mGme un habitant de la colonie a tente ayec succ^s d'en apprivoiser un. Sa taille surpassait celle d'un gros chien. II elait de la grande race noire ou ii crinicre, et il avait le bout de la queue noir; la couleur de son corps etait d'ua brun fonce. II aimait qu'on le caressat; et, alnsi que le chat domestique, il se frottait contre la f ersonne qui jouait avec lui. Toute- fois, M. Latrobe jugea prudent de enir les mains a une certaine diflaace de sa large gueuie. II faisail continuelle- Bient entendre uu ronflement amical, comma un chat qui file son rouet. Apres avoir 115116 aTCC be^ucoup ue (I^Iail les etablis- semens de la colonie du Cap, i'edilear cuit sa route sur la cote occidentale de rAlricue, et nous conduit a cette fa- naeuse villa n^gre de Tumbu«tou, lieu coanu aujourd'hui pour etre I'entrepot du commerce des n^grcs avec les maures, habitansde lapartie 6eptentrionale,et par laquelle les diverses parties de I'incommunicable Afrique pourront quelque jour etre penetrees. Tel etait le but de la belle entreprise dans laquelle le malheureux Mungo-Parck a perdu la vie. Le recit de sa derniere expedition est pre- sente ici avec beaucoup d'interCt. L'exploration de la cote occidentale amene M. Mac-Car- thy ^ CCS etablissemens barbaresques, dont la piraterie, souvent reprimee, jamais detruite, est la honte et le fleau de I'Europe. Vainement a-t-il ete stipulfi , par le traile qui asuivi le bombardemcnt d'AIger, en 1816', que la capti- ET POLITIQUES. A79 vitti des Chretiens serait A jamais abolie, et que le dey traiterait tous Ics prlsonniers de guerre d'apri;s les usages refus parmi les nations europeennes ; cette transaction ne s'execute que pour les sujets de la Grande-Bretagne ; et les prisonniers des autres puissances chretiennes, souvent captures par une insolente usurpation de quelque pavil- ion europeen, continuent de gemir dans la plus cruelle servitu^le. Le tableau qu'enpresentent ici plusieurs roya- geurs francais, ou italiens, iait fremir de douleur et d'in- dignation. Quelles deplorables divisions peuvent distraire assez la grando famille cliretienne pour ne pas entrainer toutes ses forces u la prompte destruction de ces infames repaires ? Aussi long-tems que I'antique territoire de Car- tbage, oii jadis la civilisation et les lettres furent si floris- santes , continuera d'etre asservi par quelques poignees de feroces brigands, il n'est point de traites sur lesquels puisse reposer avec securitc la circulation, et meuie la station des Europeens, puisqueles cotes delaSicile etdes autres iles de la Mediterranee sent souvent ravagees par les excursions barbaresques. Le dey d'Alger en est convenu naivcmcnt avec le consul anglais : « Mon bon ami, lui disait-il, les Algeriens sont des voleurs, et je suis leur capitaine. » Mais s'il n'est pas un etat de I'Europe oii des loisseveresnerepriment etne punisscntles bandes locales de voleurs, comment ceux qui troublent toutle foyer de la civilisation sont-ils encore I'objet d'une impunite scanda- leuse ? Jusqu'a ce que ces clameurs de I'humanite gemis- eante soient enfin entendues au milieu du bruit de la poli- tique , la philosophic ne doit jamais se lasser de les i cpeter. M. Mac-Carthy continue son interessante tournee, en descendant la cote orientale, ou ses guides sont M3I. Bur- khardtetSalt. Les etablissemensportugaisde Mozambique finissent par le ramener au point de depart. Puis, dans A80 SCIENCES MORALES une nouvelle excursion du cote de rouest, il rcmontc aux sources de Rio Grande, de la Gambie, du Senegal, dc la Faleme, et suit, dans ces contrees de nos etablissemens africains, I'itineraire trace par un courageux francais , M. Mollien, echappe miraculeuseraent au desastre dc la Meduse. Au-dessus de la cote d'ivoire et de la cote d'or, deux grands peuples noirs, fort peu connus jusqu'dce jour, les Achantis et les Dahomans, meritent dc flxer particuliere- ment les regards de robservaleurpbilosophe. S'ilsn'etaieut barbares que par dcfaut de civilisation, ils ressenible- raient i cette multitude de peuplades negres dont les moeurs uniformement grossieres sont decritespar uu grand nombre de voyageurs. Mais la civilisation plus avancee de ceux-ci a ete faussee dans son principe; ellc se com- pose tout a la fois de la superstition nfegre, de la ferocite arabe et de la vanite europeenne; c'est reunir toutes les miseres de I'humanite. Ce n'est qu'en 1807 que les Achantis revelerent pour la premiere fois leur existence i I'Europe, lorsque, dans unc guerre contre les Fan tis, nation situee entrecuxetl'ctablis- sement anglais du cap Corse, ils saccagerent le fort hollan- daisde Cormantine, sans respect pour la neutralite. Ilspre- paraient le meme sort au fort anglais d'Anamaboe , si la viye resistance de la garnison, et unrenfortvenutres-a-pro- pos, n'cussent amene des pourparlers, a la suite desquels la bonne intelligence s'etablit entre eux et les Anglais. Pour cntretenir cette amitie tres-utlle a leurs interets commer- ciaux, ceux-ci envoyerent, en 1816, au roi des Achantis une deputation, dont le resultat fut d'obtenir qu'un agent britannique residSt dans sa capitale. Dans le premier crown ou village achanti oi arrivercnt ces deputes, un venerable vicillard les rogala de fruits et ET POLITIQUES. A81 «le vin de palmier. lis etaient loin de soupponner que ce malheureux, rempli de prevenance, de serenite, de gaite m£me, dQt, d'apres une coutume superstitieuse du pays, etre incessamment sacrifle, et n'attendit que la fayeur d'etre execute dans son propre croum, afin de s'epargner les fatigues d'un voyage. II obtint ce qu'il desirait , et sa tete arriva en meine terns que les Anglais a Coumassie , capitale du royaume. Le jour de leur entree , qui cut lieu avec toutes les ce- remonies diplomatiques, ils passerent sous un fetiche, ou sacrifice d'un mouton mort, enveloppe d'un drap de sole rouge et suspendu entre deux poteaux eleves. lis rencon- trerent alors plus de cinq mille personnes , la plupart guerriers , precedes d'une musique militaire tres-bruyante et tres-discoidante. Apriis de nombreuses salves d'artil- lerie, qui remplissaientl'aird'unnuage epais de fumee, les capitaines achantis executerent une espece de danse pyr- rique. Leur costume est le plus bizarre qu'on puisse imaginer. Leurs bonnets de guerre etaient surmontes de cornes de beliers dorees , ernes k gauche et a droite de plumes d'aigle de grandeur demesuree , le tout retenu sous le menton par une chaine de petites coquilles , ap- pelees caicris. lis pprtaient en outre une veste de drap ecarlate, couverte de fetiches et de sophis ou charmes , ecrits en langue mauresque, et renfermes dans des sachets de presque toutes les couleurs , brodes en or et en argent, avec des sonnettes et des queues de betes, des coquillages et des couteaux , qui se choquaient a chaque mouvement du corps. lis avaient de plus une longue queue de leopard pendante par derrifere sur un petit arc orne de fetiches ; de larges pantalons, et, par-dessus, d'enormesbottes de ccu- leur rougeatre , montant a moitie de lacuissect retenues par une chaine attachee i la giberne ou ceinture ; un car- A8J SCIENCES MORALES quois de fleches empoisounees suspendu au poignct droit , ct une longue chaiae enti-e les dents, oii pendait un lam- beau dc papier barbouille de quelques mots. Enfin , dans la main gauche, une petite lance, entouree de drap ou dc soie rouge, « complelait , dit la relation , le costume d'ap- parat des chefs achantis, lequel, joint a la couleur noire de leur peau, faisait vraiment douter qu'ils fussent des etres humains. » Les commissaires anglais marcherent jusqu'au palais du roi au milieu d'un pompeux cortege, et environnes de la foule immense du peuple. Pendantqu'ils faisaient halte de- vant le palais, pour que leurs presens eussent le terns dc les preceder, une horrible ceremonie vint se mcler aux fetes de leur introduction. On tortura un homme arant de le sacrifier. Ce malheureux avait les mains liees sur le dos; on luipassa un couteau i travers les joues; on lui coupa ensuite une oreille qui fut portee devant lui, tandis que I'autre ne tenait plus que par un petit filet de peau. On lui fit plusieurs taillades le long des reins, et les com- missaires remarquerent qu'il avait un couteau enfonce sous chaque omoplate. Une corde lui ayant ete passee au tra- Tcrs du nez, il fut conduit ainsi, tambour battant, par des hommes coiffes de grands bonnets a.poils noirs. N"est-ce pas la realiser tout ce qu'ont imagine les pontes, de la fu- rcur des demons et du supplice des damnes? Enfin, les officiers civils du palais vinrent prevcnir J'ambassade que sa majeste etait disposce a la recevoir. Alors ceux qui la composaient montercnt sur leurs palan- quins, et s'avancerent vers le roi, qui les attendait sur la place du marche, au milieu d'une cour resplendissante. A la musique bruyante succcdcrcnt les doux sons de longues flQtes harmonieuses, et d'un instrument plus agreable encore, semblable i une cornemusc sans bour- r.T VOUTIQUES, ^83 tlon. Le mouvfiraent cpntinuel des parasols ou dais eu soie de couleurs tranchantes et dont les sommets etaient 'lecores de croissans, de pelicans , d'elephans, d'epecs d'or, etc. , produisait le plus brillant effet. On estime que la capitale des Achantis renferme en- viron quarante mille habitans. Les maisons sont basses et petites, d'une forme oblongue, et construites en rotins ou roseaux, enduits de platre. Le costume ordinaire des na- turels consistc en un morceau de drap passe autour des reins, et qui descend jusqu'aux genoux. Chez les gens riches, ce morceau de drap est plus grand el plus fin, et se porte souvent comme un manteau. lis sont toujours pares d'une multitude de bijoux et de fetiches d'or de toutes les formes. Le roi admlnistre lui-memela justice a ses sujets, trois fois par semaine. II est de regie que c'est la partie ga- gnantc qui paje les frais. S'il arrive que Ton intente une action coutre le roi, il remet la cause k la decision des hommes leB plus notables, et il se soumet, sans balancer, a leur jugement, meme lorsqu'il lui est desavantageux. A cela pres , le gouvernement est tout-a-fait despotique. Les sacrifices humains sont frequens chez les Achantis. lis s'amusent d'un homme, suivant leur expression, tons les quarante-trois jours, en le torturant de la maniere qui vient d'etre decrite , et en le forcant a danser, jus- qu'au moment oii on lui tranche la tete devant la demeure du roi, u qui Ton fait hommage de cet horrible diver- tissement. Les Dahomans sont plus feroces encore. Des cranes humains forment le principal ornement de leurs palais et de leurs temples. Le plancher de la chambre A coucher du roi est garni des cranes et le plafond erne des ma- choires de tous Ics chefs ennemis qu'il a yaincus. U y a , ASA SCIENCES MORALES chaquc anncc, unc grandc fete, qui ?e iirolongc plusieurs semaines, et durant laquclle le roi arrose les tombeaux de ses anctitrcs du sang d'un grand nombre de victiincs hu- maincs. Toutes les formes le? plus arbitraires du despotisme oriental, dit M. Mac-Carthy, d'aprcs plusieurs voyageurs francais et anglais, paraissent douccs et bicnftiisantes, quand on les compare a cclles en vigueur dans ce pays. Ce despotisme n'est fonde ni sur la force ni snr la ter- reur, et ne tient point a la timidite ni a la mollesse des naturels , qui sont les hommes les plus intrepides et les meilleurs soldats de I'Afrique enliere. II repose sur la veneration, i la fois aveugle et idolatre, qu'ils ont pour leur souTerain, qu'ils considerent comme un etre supe- rieur. Chez eux, c'est un crime de supposer qu'ij mange, boive, dorme, ou rcmplisse aucune des autres fonctions naturelles. A son accession an trone, Bossa-Ahadi fitmettre a mort tons ceux qui, dans I'etendue du royaume, por- taient le nom de Bossa, attendu que c'eut ete le comble de la presomption qu'un sujet s'appelat comme son maitre. II n'est permis aux plus grands seigneurs de s'approcher du roi qu'en se trainant la face contre terre, et en se roulant la tele dans la poussiere... Toutefois, I'actede des- potisme le plus extraordinaire est celui qui s'exerce envers le sexe feminin, qui, dans le Dahomey, est tout cntier' considere comme la propriete du roi. Apres avoir garde un nombre immoderc de femmcs pour son propre usage , il distribue les autres, d'abord parmi ses nohJes et ses of- ficiers, ensuite parmi les hommes des classes inferieures... Chacun donne alors la somme que lui pcrmettcnt ses moye.ns, et recoit en echange I'epouse qu'il plait au roi de lui ceder. II n'y a ni observation ni reclamation a fairc; que la fcmme soil vieiUe , laide ou difforuie , il faut I'ac- ET POLITIQUES. A85 cepler... » Les fcrames da roi sont dressees an metier des armes, et forment un regiment de gardes qui execiitent leurs evolutions guerrieres autour des tetes mises en pile et des cadavres suspendus par les talons. Arretons-nous : ola plume tombe des mains, dit Vol- taire, quand on songe comment les hommes en usent avec les hommes. » AlGNAK, de I'lnstitut. %JWVWSf\lWMVV\^l% An A.CCOCNT OF Timbuctoo and Housa, etc. Notice stir les villcs de Timbuctou et de Housa; par Aba Salam Chabim , avec des notes critiques et une suite de lettres oii sont decrits divers voyages dans la Barbaric occidentale et m6ridionale , etc. , etc. ; par James Grev Jackson (i). Le volume annonce sous ce titre est un recueil d'o- puscules divers et detaches, n'ayant entre euxd'autre lien que celui qui resulte de I'analogie plus ou moins directe du sujet. L'unique portion de ce recueil qui appartienne en propre a M. Jackson , consiste en une serie de lettres et de notes oil il rend compte de plusieurs voyages executes par lui danscette portion des cotes occidentales de la Bar- baric comprise entre Ic 29° et le 36° degre de latitude. Ayant fait ccs voyages en qualite d'agent commercial de I'Angleterre dans I'empire de Maroc, M. Jackson a eu beaucoup de facilites, non seulement pour bien observer les pays qu'il a parcourus, mais encore pour recueillirj sur le nord de I'Afrique en general, des renseignemcns ou nouyeaux ou plus exacts que ceux auxquels on avail ete (i) Loudi-es, 1820, I vol. io-S". Tome x. 32 A86 SCIENCES MORALES recUiit jiisqu'a ce jour. A travcrs qnclques details qui, n'clant que d'unc importance secondaireou relative , pour- ront paraitre aux savans etau public occupertrop de place dans les recits du voyageur anglais, ces recits renferment plusieurs observations d'un interet general sur la geogra- phic, I'histoire naturelle et I'agriculture du nord-ouest de la Barbaric. M. Jackson s'est parliculierement attache a indiquer et i\ discuter tous les moyens possibles d'etendrc le commerce de cette contree , et de tout le nord de I'A- frique , a I'avantage des nations europeennes. C'est dans cette vue qu'il examine avec soin les plans suivis jusqu'a present , pour faire des decouvertes dans les parties cen- trales du continent africain ; il explique pourquoi ces plans n'ont eu encore que si peu de succes, et pense que c'est seulement par des expeditions mercantiles concues etexe- cutees en grand, qu'il sera possible d'obtenir, sur ce point, des resultats decisifs et satisfaisans, soit pour la curiositfe scientiflque, soit pour les interets economiques des Euro- peens. Enfin, M. Jackson n'a point neglige ce qui concernc les langues, les mceurs et les usages des pays qu'il a vi- sites; et ses voyages presentent, sur ces divers sujets, des observations qui completent ou confirmentles observations antecedentes. Entre les particularites curieuses que renfermc sa rela- tion , on remarquera sans doute le passage oii il renou- Telle, en quelque sortc, I'esperance deja fort ancienne, et jusqu'ici toujours defue, de retrouver, dans des versions arabes, quelques-uns des chefs-d'oeuvre perdus de la lit- terature grecque et latine. II a connu et frequente, en" Afrique, un musulman fort lettre qui lui a affirme avoir lu les histoires deTite-Liveetde Tacite , dans des traductionp- arabes, en ajoutant que ces traductions cxistaient dans l» biblioliuque imperialc dc Fes. KT POLITIQUES. AS7 M. Jackson , qui a traverse plus d'unc fois la grande chaine des mont^ Atlas, doniiesiir ccsmontagnes quelques apercus qui ontbesoin d'etre verifies par des observations precises, mais qui meritent de I'etre. On sait que M. Cole- brooke, d'apres des observations faites au Bengale, sur la hauteur des monts Himalaya, a calcule que quelques-uns dessoi'ametsde cette enorme chaine , pour etre visibles a la distance de deux cent onze milles anglais, devaient etre ele- ves de 28,000 pieds. M. Jackson a applique cette donnee a revaluation approximative dela hauteur de certaines som- mites del'Atlas qui, situees a Test et a la-hauteur de Maroc, sont visibles de la pleine mer, a la distance de vingt milles des cotes, a I'ouest et dans la direction de Mogodor. II resulterait de cet apercu que les sommites indiquees sont elevees de plus de 29,000 pieds anglais au-dessus du ni- veau de la mer Atlantique, et par consequent les plus hautes du globe, parmi celles que Ton a pu mesurer jusqu'a €e jour. La notice sur les villes de Timbuctou et de Housa, an- noncee par M. Jackson comme la piece principale de son recueil, en est efifectivement la plus curieuse et la plus importante, bien que la nioins etendue. Cette notice est la traduction pure et simple d'un voyage fait en 1 787, aux deux villes fameuses dont il s'agit, par un Arabc de Tetuan , nomme Abd Salam Chabiui;personnage dont la vie serable avoir ete des plus aventureuses, a en juger par quelques traits bien constates qu'en cite M. Jackson. Apres tout ce que Ton a ecrit, depuis quelques annees, surles deux villes de Housa et de Tonibuctou (que M. Jac- kson ecrit TimbucJou ) , ce qu'en raconte Abd Salam merite d'etre lu et d'etre pris dans un* consideration par- ticuliere. Sarelation, quoiquetres-sommaire, est on ncpeut jilus substantielle etplus interessante. C'est I'ouvrage d'un 32 * A88 SCIENCES MORALES homme de beaucoup de sens, qui, ayantfait un sejourde plusicurs annees dans les lieux qu'il decrit, en parle ayec toutc la siuiplicite d'un lemoin de bonne foi et sans pre- tention , ct avec loute la precision d'un temoin comple- tement informe. Abd Salam ne donnc a Timbuctou que 4o,ooo habitans: inais en n'y comprenant ni les esclaves, ni Ics etrSngers qui doivent y etre en grand nombre , puisqu'il s'y trouve habituellement environ dix mille individus de Fez ou de Maroc seulcment. Ce qu'il dit du gouvcrnement, en donne une idee fort claire : la ville et le pays de Timbuctou sent gouvernes par un chef qui prend le litre de sultan, quoi- que, d'un cote, son pouvoir nc soit pas absolu, et que , de I'autre, il soit subordonne, a certains egards, au sultan de Housa. Son revenu consiste dans le produit de terres specialement affectees k son entretien , et d'impots sur le commerce etranger. En tems de pais, il a une armee de quinze mille hommes, et soudoie, en tems de guerre, jusqu'i quarante mille combattans, tant cavaliers que fan- tassins. A Timbuctou, le pouvoir judiciaire est parfaite- ment distinct et independant du pouvoir da chef politique, et la justice y est administree avec beaucoup d'ordre et de simplicite : les avanies, les conflscations, y sont in- connues, et les etrangers que le commerce y attire, en grandc affluence, sont certains d'y trouver protection et sftrete. La servitude y est mitigee par quelques lois dont le but est de soustraire I'esclave non seulement aux cruau- tes gratuites, mais au defaut de soins et d'humanite du maitre. Un homme ne pent avoir qu'une scule femme, avec le titre legal d'cpouse; mais il se donne autant de concu- bines qu'il veut ou qu'il peut en nourrir. Le rapt est puni > Telles sont , siir cc point, Topinion ct la maxime legisla- tive. Un niari ii'a done pas Ic droit de renvoyer son epouse pour cause d'infidelite; mais il y a cependant des torts pour lesquels il peut larepudier; tel est, par exemple, le cas oii elle s'emporterait en propos injurieux contre lui. II ne serait pas indifferent de savoir, mais Abd Salam ne dit pas , s'il y a plus de femmes infidcles a Timbuctou que dans les pays oCi la loi punit leur infidelite. Les details relatifs au commerce, ;\ Tagriculture, aux productions naturelles du pays dont Timbuctou est la capitale, ne sont pas moins precis el ne semblent pas moins veridiques que ceux qui ont rapport A I'etat civil ou politique. La religion est le point sur lequel Abd Salam passe avec le plus de rapidite; et cependant, meme la- dessus , il semble n'avoir rien omis d'important. II nous apprend que les Africains de Timbuctou croienti un dieu, i unc autre vie ; qu'ils ont des saints ou personnages hu- mains divinises auxquels lis rendent un culte de senti- ment et de memoire : mais li se borne leur religion; ils n'ont point de temples , point de culte exterieur. Les renseignemens donnes par Abd Salam sur la ville et le pays de Housa, sont peut-Gtre un peu moins detailles que ceux qu'il a transmis sur Timbuctou; ce qui peut pro- yenir de ce qu'ayant sejourne plus long-tems dans cette derniere ville que dans I'autre, il etait naturel qu'il en parlat avec un peu plus d'etendue. Du reste, ce qu'il dit de Housa portele mCme cachet de precision et de veracity que sa relation de Timbuctou. Suivant lui, Housa appro- cherait de la grandeur de Londres qu'il avait vue , ct k laquelle il pouvait la comparer. Le sultan qui gouverne cette ville et le pays dont elle est la capitale, jouit d'un pouYoir absolu , et sou empire est d'ailleursbeaucoup plus i90 SCIENCES MORALES etcndu que celui de Timbuctou. En effet, il peut lever, an besoin, jusqu'i quatre-yingt mille hommcs de cavalerie et jusqu'a cent mille fantassins. II y a, du reste , beaucoup de ressemblance entre les deux pays, en ce qui tient aux moeurs, au commerce et au degre de civilisation. M. Jackson a ajoute a la partie descriptive de son re- cueil beaucoup de pieces de sa correspondance oflicielle avec divers agens de I'empereur de Maroc ; et quelques- unes de ccs pieces donnent^ sur les usages, les opinions et les idees de la population arabe de cette portion de I'Afrique, des renseignemens d'autant plus utiles, qu'ib peuvent servir directement a eclairer et a faciliter les re- lations commerciales des Europeens avec les pays auxquels ils se rapportent, Ces simples indications suffiront, je I'espere, pour faire cntrevoir que M. Jackson a bien merite des sciences et du commerce, en contribuant a etendre ou a rectifier les no- tions actuclles des Europeens sur un pays sidigne, a tous egards, de leur attention, et oii il reste encore tant de decouvertes i faire. F. Journal bes cours publics de jurisprudence, histoire ET belles-lettres; par tine socl6t6 (Vhommes de tettres etd'avocats (i). L'lNSTRUCTiON publiquc et gratuite , fondee par Francois I" et ses successeurs , est I'une des institutions qui honorent (i) L'ouvrage formeraS vol. in-S".— Chaque cours paralt en douze livvaisons , qui font eusemble un volume d'environ 4oo pages, de sorte que chaque volume se Ivouvera complct a la fin de I'annee. Le prix Ac raljoiini.niciit puuv I'anncc classique , cVsl-a-dire pour la colleclio'.; ET rOLITIQUES. A91 lo plus nolle pa^s aux yeux de I'clranger. Ce n'ost pas aux seiils Franpais que sont ouverts le College royale, la Facidte des lettres ^ la Faculte des sciences et vingt autres etablissemens dece genre; on voit des cloves de toutes les nations qui viennent se meler a notre jeunesse, ^our re- cueillir avec elle des lecons de morale, d'histoire et de litterature. Nos professeurs ont depuis long-tems donnc un tel eclat a I'instruction publique , par la profondeur de leurs recherches, la justesse de leurs vues, ou le merite litteraire de leurs lecons, que non seulement les jeunes gens se pressent en foule a leurs cours , mais que des homines d'un age mftr se rendent ecoliers eux-memes , que des savans, des litterateurs viennent s'enrichir dans cette nouvelle communication ouverte avec le genie. Une analyse bien faite de ces lecons est necessaire aux jeunes gens qui s'occupent serieusement des mati^res que deve- loppent les professeurs; elle est surtout utile a ceux qui ne peuvent assister aux cours, et aux eleves des autres aca- demies du royaunie , qui sont prives d'une partie des avan- tages qu'offre, sous ce rapport, I'instruction publique de Paris. Elle est aussi d'une grande importance pourrhomme qui aime i suivre les developpemens et les progres de I'es- prit humain, progres qui dependent surtout de I'instruction perfectionnee de la jeunesse. II n'est done pas etonnant que des professeurs, toujours prets a vouloir ce qui est utile, aient facilite, par leurs commuiiications , le travail des re- lies liiiit cours , esl de 4o fr. et 49 fr. 60 cent, franc de port. — De quatre cours, 34 fr. et 28 fr. 80 cent. ; pour cbaque cours se'pare'nient, 8 fr. et 9 fr. 20 cent. Les abonnemens peuvent etre fails par semestre. —On s'abonne a Paris, au bureau du Journal ^ rue Saint- Jacques, u° 5i ; cbez tons les libraires des depaitemeus et de I'tlranger , et cLez tous les directeurs des posies. Ai>2 SCIENCES MORALES dactcurs du Journal des cours publics. Chaque livraison de ce recueil contient I'analyse exacte de leurs lecons, et souTcnt les morceaux les plus remarquables par la force des pensees et la beaute du style. Pour donner une idee de I'enscignement de chaque professeur, il nous suffirade citer quelques passages que nous puiserons dans cet ou- vrage pcriodique. Ce sera faire connaitre a la fois son utilite et son merite, sous le rapport de la redaction. Les deux premiers cours sont ceux du Droit naturel de M. DE PoRTEz, et i\.^Histoirephilosophique du Droitromain^ de M. PoNCELET, tons deux destines aux eleves de la pre- miere annee de I'ecole de droit de Paris ; le premier de ces cours est, pour ainsi dire, un complement aux cours de philosophie qu'ils ont dd faire , et une transition a I'etude du Droit posiiif, dans laquelle ils vont entrer. On leur montre sur quels principes doivent reposer les lois ; on leur enseigne ce qu'elles doivent etre avanl de leur dire ce qu'elles sont. L'etude du droit naturel precede ainsi celle du droit ciyil. L'histoire philosophique du droit remonte jusqu'a la naissance des lois romaines. Elle les prend dans leur ber- ceau, d'abord informes et grossieres; elle suit leurs de- veloppemens, et fait voir quelles vicissitudes elles ont eprouYecs pour devenir le code de I'Europe entiere, et pour meriter le nom de Raison icrite ; c'est le corps des lois romaines qui formait notre ancienne legislation fran- faise, en y ajoutant, pour la plupart des provinces, des coutumes dont I'origine se pcrd dans l'histoire de la forma- tion successive et hcterogene de la monarchic ; enfin, c'est encore aux lois romaines, perfectionnees par I'experience et adaptees a nos mceurs, que nous devons le Code civil. M. Davnoi', continuant le Cours d'histoire qu'il a com- mence, il y il deux ans, et sui\ant le vastc plan qu'il KT POLITIQUES. A93 s^est trace, traite, cette annee , de la maniere cfecrire fhistoire. A mesure qu'il a rencontre sur sa route ces personnages historiques qu'immortalisenl de grands crimes ou de grandcs actions, il ne les a pas laisses passer sans les peindre. Peu seduit par les reputations brillantes que I'adulation, le fa- natisme et I'ignorance ont faites a des conquerans , il a rabaisse leur fausse gloire en les soumettant i un severe examen. Quelquefois, au contraire , il a rendu i de grands hommes leshommages que la posterite leur devait encore ; et, parmi les ecrivains dontil s'estefforce de rehausser la renommee, nous avons surtout remarque rorateurromain. « Ciceron, dit M. Daunou, dont nous croyons avoir fidelement recueilli les paroles; Ciceron seul suffit a la gloire immortelle de I'eloquence romaine. Un ecrivain mo- derne a dit de Demosthene , c'est un orateur ; et de Cice- ron , c'est un avocat; et, comme ce moderne se connait en eloquence, puisque c'est J. -J. Rousseau, on ne pent trop s'etonner de la legerete d'un tel jugement. Ciceron, dans ses cinquante-six harangues, a traite des sujets fort di- vers, qui ne sauraient avoir tous le meme interet; mais aucun ne reste aride entre ses mains , et il n'en est pas dc si imposant que son eloquence n'agrandisse encore. II imprime i Yerrfes des fletrissures si profondes , qu'elles atteignent tous les imitateurs de ce proconsul oppresseur. Quoi qu'ait ecrit Sallusle sur Catilina, nous ne sentons les perils de Rome qu'en ecoutant I'orateur qui les a detournes. Jamais un plus digne hommage n'a ete oiTert a la poesie que dans le discours pour Archias. Oii trouver plus de methode et d'energie que dans la •defense de Milon , plus d'urbanite et de graces que dans le remerciment pour Marcellus, plus d'enlrainement et de pathetique que dans I'oraison pour Lygarius? Ce n'cst qu'uuc pri^rc, mais une A9A SCIENCES MORALES dc cos piicrcs que la pocsic a diviiiisces, qui sont fillcs dc Jupiter et toutes puissantes comme lui. Si quelques niou- veinens de Demosthene, plus sublimes , il est vrai, que ceux deCiceron, suffisaient pour compenser tout le reste, la preeminence de I'orateur athenien serait incontestable. Mais, s'il convient d'envisager tous les caracteres et tons Ics monumens de leur genie, nous admirerons plus cons- tamment, dans I'orateur de Rome, I'etenduc des idees , la delicatesse de I'esprit, la plenitude et la majestc du style, le talent d'instruire et d'emouvoir, surtout I'accent de cette intacte probite qu'on doit considerer comme une partie essentielle de I'eloquence, puisque I'orateur n'est, comme I'a dit Ciceron , que Thomnie de bien habile dans I'art de parler. Ceux qui adopteront cette definition seront peu disposes a preferer Demosthene ou Eschine. Aucun Harpalus,aucun Philippe n'a corrompu Ciceron; etlesjuges severes qui penseraient que son courage n'a pas toujours egale ses perils, le compteraient du moins au nombre des dcrniers defenscurs dc la liberie romaine. lis avoueraient que celui de tous les hommes qui a le plus yivement scnti le besoin d'une renoramee vaste et immortelle, a pourtant aime sa patrie autant que la gloire. Jugeons - le comme I'ont juge les triumvirs, quand ils Font trouv.e digne dene pas survivre a la liberie publique. M. Daunou est maintenant arrive aux principes gene- rauxde I'art d'ecrire I'histoire; ils doivent I'occuper durant tout le cours de cette annee. Nous ne pouvons donner une idee plus juste du cours de poesie latine de M. Tissot, qu'en empruntantquelques- unes des observations qui precedent I'analyse de sa pre- miere lefon : 11 Ce n'est point un commentairc sec etdepourvu d'ele- gancc , un recueil de notes el de scholies surchargees ET POLITIQUES. A95 cl'une erudition pedantesque que M. Tissot oflVe i ses au- diteurs; c'est un ensemble de lepons propres a former le jugement et le gofit; c'est un cours de litterature com- paree etde philosophie appliquee A la vie sociale. Disciple religieux des ecrivaios de I'antiquite, le protesseur ex- plique leurs ouvrages, en les rapprochant sans cesse de la nature qui leur a servi de modele; il loue HomereetVir- gile, en inlerrogeant le coeur de I'homme , oii ces grands poetes ont puise leurs peintures les plus sublimes. » Loin de porter toute son attention sur telle ou telle partie d'un poeme , le professeur en examine d'abord la composition et I'ordonnance, Taction, la conduite et le denouement , I'interet general et les scenes particulieres. Par des rapprochemens aussi justes que varies, il initie ses auditeurs aux secrets du genie, et leur revele les arti- fices du talent, ainsi que les beautes du style poetique. La comparaison des ecrivains , lorsqu'ils ont traile le meme sujet; la difference du caractere des langues, leurs anti- pathies et leurs points de contact, les moyens d'enrichir notre idiome dans le commerce de Virgile; les ressources qui nous sent donnees pour reproduire la richesse , I'ele- gance, I'harmonie et les couleurs de la poesie antique, entrent comme des parties essentielles dans I'enseigne- ment du professeur. » M. Tissot explique cette annee les Metamorphoses d'Ovide. Dans son discours d'ouverture, il retrace rapide- mcnt la vie du poete , et presente des apercus ingenieux sur chacun de ses ouvrages ; il termine par ces paroles : « Si vous me demandez quels fruits on pent retirer de la lecture d'Ovide, j'y trouverai-des lecons pour tons les ages : une imprudence a perdu Pyrame et Thisbe ; la mort de Clytie expie le crime que lui a arrache la jalousie; Sal- macis a cause son malheur en se livrant a cette mollo A!)6 SCIENCES MORALES indolence qui fait naitre et nourrit les passions; Bacchus nous represente un dieu jaloux, intolerant et cruel, comme on a trop I'habitude de representor les dieux. C'est unc impiete de leur preter les passions des honnmcs; la divi- nite punit et ne se venge pas. Les Giles do Minee nous apprennent qu'il ne faut jamais offenser le culte d'une na- tion ; Niobe nous repete la meme lepon d'une maniere plus eloquente encore ; elle nous montrc aussi la ruine , compagne et punition de I'orgueil eleve au faite de la prosperite. Le crime des filles de Pelias nous avertit des dangers de I'ignorance et de la credulite. Voulons-nous des excmples d'amour conjugal? Oiphec et Eurydice, Cephale et Procris, Ceyx et Alcyone se presentent i nos regards. L'amour maternel est peint de couleurs diffe- renles dans Dryope et dans Hecube; Thesee, Pyrithoiis, Acliille et Romulus vienncnt nous etonncr par lenr he- roisme; Hercule, surle bQcher, nous cnseigne i supporter la douleur. Si le poete tombe dans la meme faute qu'Ho- mere, qui ravale la majeste des dicux i la condition hu- maine, il sait rendre aussi le plus noble et leplus touchant hommage u la Divinite; temoin la visite de Jupiter et de Mcrcure a Philemon et Baucis dans leur cabane, et sur- tout la creation de I'liomme, ouvrage des dieux modera- teurs des hommes. » M. Lacretelle jeune , qui doit trailer cette annee de VHistoire de France , a fait preceder son cours de consi- derations philosophiques dans lesquelles il compare les institutions des ancicns et celles des niodernes ; le profes- ses,traitant de I'bospitalite, a trouve I'occasion de com- battrc un prejugeasscz generalement repandu, savoir que I'bospitalite n'cxiste plus chez les modernes ; il a prou ve que nousetious souvcnt sous cc rappo.rl au-dessusdes anciens, « Eutre tous les genres d'bospitalitc qui se praliqueut I:T rOLlTIQUES. A97 aujourd'hui, il en est iin bien noble inconnu aux anciens ; c'est le traitement des prisonniers de guerre. Chez les peuples de I'antiquite, souvent ils etaient egorges apres le combat, ou bien I'avaricc leur sauvait la vie pour tirer de leur famille une forte rancon; ceux qui ne pouvaient ainsi racheter leur Uberte, etaient reduits i la plus dure servi- tude; chez nous, Ic fer epargne le guerrier desarme, et le soldat victorieux sait compatir au malheur. Nous avons vu, pendant les dernieres guerres , nos villes et nos cam- pagnes traversees par des bandes de prisonniers espagnols: accables de fatigues, mais tiers, mais conservant, sous les lambeaux de la misere , la dignite qui convient k des hommes qui ont succombe en combattant pour la patrie, ils trouvaient partout un accueil plein d'humanite. Sou- vent la pauvre fcmme sortait de sa chaumicre, et y con- duisait plusieurs de ces infortunes auxquels elle prodi- guait dessecours : « Je souhaite, disait-elle, pour prix de mes soins, qu'une autre femme ait pitie de mon fds , qui est aux armees, et qui peut-etre est prisonnier. » M. GuisoT, qui enseigne V Histoire moderna, explique ainsi le plan de son cours. Apres avoir dit qu'il faut etu- dier I'histoire sans vues etroites et sans preventions opi- niatres , il continue en ces termes : « C'est dans cet esprit que nous essaierons de conside- rer les anciennes institutions politiquesde I'Europe, et de retracer leur histoire. En empruntant pour ce travail le secours des lumiei-es que fournit notre siecle, nous aurons soin de n'y porter aucune des passions qui le divisent. Nous n'aborderons point les terns passes avec ces inten- tions tirees dn present dont nous venons de deplorer I'in- fluence. Nous ne leur adrcsserons point ces questions pre- medilees qui conticnnent et dictent les rcponses. J'honore trop ceux qui m'ecoutent et la vcrite que je cherche avec A9S SCIENCES ftlOllALES cux, pour supposer que I'histoire puisse, en aucun sens, Clre sommee de taire ce qu'elle dit, ou de dire ce qu'ellc ne dit point. On doit I'interrogeravec liberte, et lui laisser cnsuitetoute son independance. » Cette etude a besoin d'un centre auquel elle puisse se rapporter. II faut a tant de faits un lien qui les unisse et les enchaine. Ce lien existe dans les faits memes; rien n'est moins douteux. L'unite et la consequence ne man- quenl pas plus au monde moral qu'au monde physique ; il a, comme le systeme des corps celestes, ses lois et son inouvement; seulement le secret en est plus profond , et I'esprit humain a plus de peine a le dccouvrir. Nous sommes venus assez tard pour que des evenemens dejii accomplis nous servent de guides dans cette recherche. Nous n'avons pas besoin de demander a quelque hypothese philosophique , peut-etre incomplete et douteusc, quelle a ete , dans I'ordre politique, la tendance de la civilisation europeenne. Un systeme qui , evidemment , i considerer les choses d'une vue generale, se rattache partout aux memes principes, derive des memes besoins et tend aux memes resultats, se manii'este ou s'annonce dans I'Europe entiere. Presque partout le gouvernement representatif est reclame, accorde, etabli. Ce fait n'est, a coup sflr, ni un accident, ni une passagere manie. II a certainement ses racines dans le passe politique des peuples, comme ses motifs dans leur etat present; que si, avertis par la, nous jetons un regard sur ce passe , nous rencontrons partout des tentatives plus ou moins energiques, plus ou moins heurcuses, faites dans le sens de ce systeme, et pour le produirc naturellement, ou le conqucrir sur des forces contraires. » M. Pierrot, profcsseur d'eloqucnce franraise, en a di- vide reludc en deux parlies : la recherche des theories, ct ET POLITIQUES. A99 leur application aux chefs-d'oenvre de Tesprit humain. II s'est occupe de la premiere en 1820; il va consacrer cette annee a la seconde ; il a fail, dans sa premiere lecon, i'histoire de la langue francaise, et s'est livre a de sa- vantes recherches pour lemonter jusqu'a son origins et en decouvrir les premiers fondemens. II a commence en- suite I'histoire de la litterature sous Charlemagne, et c'est cette histoire qu'il poursuit, en parcourant les productions de ces premiers siecles; cette partie de son cours recolt un vif interet des citations de fabliaux et de pieces an- ciennes , peu connues , mais qui ne manquent ni de nai- vete ni de grace. Arrive k Rabelais, le professeur prend, pour ainsi dire , le ton de I'auteur dont il parle , et fait ainsi le portrait du joyeux et spirituel cure de Meudon. « II existait, vers le commencement du seizieme siecle, un frere cordelier d'une imagination vive et d'une prodi- gieuse memoire, predicateur renomme et bouffon agreable, fortaime des gens du monde qu'il amusait, et fort peu de ses confreres qu'il effacait; emprisonne par les moines et protege par le pape, benedictin apres avoir ete cor- delier, medecin et chanoine apres avoir cte benedictin, absous d'apostasie pour avoir egaye les cardinaux et le saint-pere; enfin retire a Meudon, et la, medecin de son diocese, etpasteur de ses malades. C'est alors qu'il publie le plus fou, le plus raisonnable, le plus grossier, le plus spirituel, le plus adroit, le plus hardi des livres. Les moines en assurent le succes, en le faisant censurer par la Sorbonne, et I'auteur est regarde comme I'esprit le plus Gn,le plus piquant et le plus ingenieux quisoit en France. » « Quel est le vrai caractere de ce singulier ecrivain? est- ce un romancier extravagant qui ne merite ni I'attention ni I'estime des hommes qui pensenl? est-ce un philosophe adroit qui, en sc moquant de lout ce qu'on honorait, de 500 SCIENCES MORALES tout ce qu'on admirait de son terns, a vu qii'il n'echap- pcrait i la colore du si^cle qu'ea sc couviant du masque de la folie ? a-t-il ecrit pour le vulgaire, en piodiguantles faceties obscenes et les contes licencieux ? a-t-il ecrit pour les sages, en renfermant dans ses plus foUcs conceptions un sens si profond et des lepons si solides ? est-ce un pro- fanateur des inoeurs et de la religion, qui en outrage la sainlete au lit meme de la mort ? est-ce un pretre d'une foi sincere, qui respecte Dieu en se jouant des hoinmes. « « Ces opinions si contraircs trouvent de quoi s'appuycr et se defcndre dans la vie et dans les ouvrages de Ra- belais. Aussi, jamais auteur ne fut-il si diversement juge; on le meprise , on I'admire; son livre est le charrae de la canaille, ou le mets des esprits les plus delicats* (i). E. F. (l) M. de Ge'rando, e'tant tombe malade , n'a pu couliniier, celle annee, son cours de droit adminislralif, dont nous avons annonce', I'anuee deiuieie, V introduction et le plan. [F'ojez Tome V, page oi"]). On se flalte que ce corns , si emlnemment utile et reclame imperieu- sement par la nature de nos institutions uouvelles^ pourra etre repris souspeu de tems; alors , les e'diteurs du Journal des Cours publics dedommageront leurs lecteurs d'un retard occasionne par une circons- tance inde'pendante de leur volonte'. — Le cadre qu'ils s'e'taienl prescrit ne leur a pas permis d'y comprendre le cours de litterature frangaise de M. Andrieux , professeur au college de France , qui , par la maniere agreable el ingeuicuse dont il a su presenter ses lecons, en a fait un veritable cours de plulosoj)hie et de morale. On doit regretter aussi que la suspension du cours de M. Cousin nous prive de I'analyse des lefons de philosophie que devait faire ce jcune et savant professeur. IS. d. R. LITTERATURE. QEuvnns completes de Marmontel (i). Marmontel, contemporain de Voltaire, de Buffon, de Rousseau, de Diderot, ne put pretendre rivaliser avec le genie ou Ic talent de ces ecrivains superieurs; mais, en se grbupant ayec eux dans le tableau litteraire du dix- liuitieme siecle, il fit refletcrsur son front quelques rayons de leur gloire, et merita du moins I'une des premieres places du second rang parmi les prosateurs francais. 11 essaya' d'abord d'etre poete, et il eut le courage de com- poser six tragedies qui furent representees, mais dont au- cune ne s'est conservee au theatre. On y rencontre des scenes attachantes, et, presque dans toutes, dcsbeautes de detail; mais il faut prendre Marmontel au mot, lorsqu'il declare qii'il ne se sentait pour la poesie qu'un talent me- diocre (2). II ne fut niun grand poete, ni meme un parfait Yersificateur; et , s'ilaseme trop de vers dans sa prose (3), on pent dire qu'il laisse trop de prose dans ses vers, dont la phrase n'cstpas toujours assez poetique. Parmi un grand nonibre dc ballets, de pastorales et de tragedies lyriques qu'il donna a TAcademic de musique, Didon eut seule un succes que le compositeur de la musique parta^-ea, et il est juste d'observer que Marmontel etait parvenu a rendre le personnage du picux Enee, moins froid qu'il ne I'esl dans les divers auteurs qu'il a imites. (1) Edition noiivelle en 7 vol. la-8°, de 7 a 800 pages. Paris, 1819 et 1820, chez A. Bclin, eJiteur, imprimeur-libiaire. Papier super- an, .% fr. (2) Menioires. (?) Les Incas. Tome IX. S3 502 LITTl!;RATlJRi;. Si nous avons decide avec severitd que Marmontel ne Tut pas poctc , du moins dans les grandes compositions, nous rcconnaissons volontiers qu'il a merite d'etre compte au premier rang, parmi les auteurs di" operas comiques , moins pour la ^erve et la force comique meme, que pour la correction, la purcte du goCit, I'elegance du style ct meme I'invention ; car , en relevant le genre de I'opera comique, il en a cree un genre nouveau. Dans ses poesies diverses, VSpiire aux poetes , sur les charmes de I'etude , le discours sur P eloquence et Yepitre a mademoiselle Gui- mard doivent etre remarques. La derniere de ces pieces nous parait rappeler la maniere, a la fois legere et philo- sophique , de Voltaire. En passant du poete au prosateur, la serie des titres lit- teraires de Marmontel s'ouvre par les Contes moraux. lis eurent un grand succes de vogue qui les a fait traduire dans toutes les langues de I'Europe. Dansl'edition qu'il a donnee lui-meme de sesceuvres, I'auteur faitpreceder ces contes d'une preface qui en indique I'origine, la moralite, et en apprecie assez bien le genre et le merite. Nous repetons avec lui qu'il est des caractferes qui, pour etre presentes dans toute leur force, exigent des combinaisons et des de- veloppemens dont un conte n'est pas susceptible; aussi n'a-t-il fait que les indiquer, comme il n!a fait qu'eflleu- rer les ridicules. Les moeurs , en general, n'y sont pas assez approfondies , et ce sont plutot les moeurs de conven- tion de la societe, que les moeurs reelles de I'homme qu'il a retracees (i). Cependant Marmontel crea ausai, dans ses (i) On a hlatne le tilre des Contes moraux, comme n'e'tant pas toujouis assez justifie, mais I'ou s'est trompe. Ce qui est Inoral peint les moeurs , et peut ne pas toujours representer la vertu. C'est dans ce sens que Rousseau avail mis pour epigraphe a sa Nouuelle Heloise : t'. J'aivu les moeurs de mon lems, el j'ai j)ublie ces lellres. » LITTliRATtlRE. 50,-5 Contes moraux , un genre aimable qui fit ccolc, el il est juste d'avouerqu'aucun de ses disciples ne Pa jusqu'a pre- sent surpasse, ni mcmc egale , quoiqu'il soit moins diffi- cile, sans doute, de conlinuerles Contes jnoraux , f\\iQ les Lettres jjersannes. Laharpe trouvait qu'il y a do Vattiqiie dans les contes de Marmontel. C'etait sans doute pour dire, par antithese ou par compensation, qu'il y avait dnheotien en lui, pour tout ce qui concerne les objets de goQt et dlmagination et la theoric des arts. La critique nous semble aussi exageree que I'eioge; et nouscroyons eniettreune opinion plus juste sur les Contes moraux j en jugeant que la conception en est spirituelle, sans etre profonde, etque le talent litteraire y a desfoi'mesheureuses, etquelquetbismeme eminemment dramatiques : il est vraique, contes pour contes, les pen- seurs doivent preferer les romans de Voltaire; mais les Contes mo7azi^resterontcomme une lecture agreable, qui, convenant mieux aux femmes et aux jeunes gens, pent aussi interesser les esprits les plus graves. La reputation de Marmontel, fondee par les Contes jwo - raux , coiuraQ prosateur, s'etendit considerablement par la publication de Bellsairej sorte de roman politique , dont le quinzieme chapitre, consacre i la tolerance des cultes , valut ;\ la fois a I'auteur un debit extraordinaire de I'ou- vrage , les eloges de plusieurs souverains, un mandement du memo archeveque qui avait condamne VEmile, sa no- mination a I'Academie francaise et la place d'historiographe de France. Laharpe trouve aulivre de Belisairele grand de- fiutde commencer par un roman et de finir par un sermon ; et, en effet, si I'auteur eQt pu accomplir le drame dont il avait ouvert si heureusement I'avant-scene , s'il n'eOt pas fait succeder a raction des discours qui la laissent interrompue, S3* 504 LITTKUATUUl':. xon ouTrage je I'flt rccommande par un autre ordie de nitrite. Dans les Incas J Mannontel rcpril le sujet du quiiizieuif: chapitre de Belisah'e avcc plus de deTcloppemcnt. U y romplota la defense de la liberie des opinions religieuses, et sut atleindre son noble but, de faire detcstcr '.e fana- tisme, par le tableau des crimes qui signalerent la des- truction de I'empire du Perou. Cclte production est, comme B^lisaire , un roman historique, ou une histoire poetique , qui ne fait pas toujours oublier le vice du genre ct du plan, par les formes du style. On y rcmarque cepen- dant des morceaux d'eloquence ct d'effet, en plus grand iiombre que dans Bel'maire. Mannontel, jusqu'alors, n'avait encore compose que des tragedies malheureuses, des operas comiques sans gaite, des poesies fugitives mediocros , des contes agreables, mais legers , et deux romans en prose poetjque fort impaN faits; mais, dans les EUmens de liUerature , il arrive sur sen terrain ; il entre mieux dans sa vocation , et il se montre dans sa veritable force. Ces clemcns sont le recueil des articles de Uttcralure que Marmontel avail repandus dans I'Encyclopedie , auxquels il en ajoutaplusleurs, dejAdonnes par d'autres mains , el qu'il dut refaire pour se les appro- prier et completer son plan. L'auteur, estime du noupeau Dictionnaire grammatical (^i) , qi.ii a extrait des EUmens (le litthature tout ce qui concerne specialement I'eln- quence, observe, sur les principes qu'il a recueillis, qu'ils semblent avoir ete exposes d'apres leplan de Fenelon (2) : « C'esl la fleur de la plus pure antiquite, c'est Aristote , c'est Ciceron; ce sont tons les grands maitres de la Grcce (1) M. Chapsal. \x) Letlre a V Acai'iimie f ran false. LITTEKATURE. 505 el de rancieuno Home, qui viennent nous reveler les secrets de leur art, et qui out conserve, sous la plume de Marmontel, tout le feu et I'eclat de leur genie (i). » Get eloge nous parait merite. Marmontel, dans ses traductions des testes grecs et latins, s'cst montre un digne interpret© des orateurs anciens , et 11 a prouve que , s'il a laisse en- core la Pliarsale a traduire , il eOt ete plus heureux i rc- produire les orateurs que les poetes. M. Morellet a bieu saisi d'aillcUrs ce qui distingue les Elemens de Utterature , du Cours de Laharpe , en remarquant que le dernier dc Ces ouvrages conduit dans la pratique de I'art , dontl'autre donne une savante theorie. En effet, Marmontel s'est oc- cupe des principcs generaux, plutot que de leur applica- tion; mais il a su aussi, pour mettrc plus en evidence les princlpes , les faire sortir souvent de I'analyse des mo- dules. Les EUmens de Utterature sont, sans contredit, roii- vrage le plus classique de Marmontel. L'auteur nes'y elovo guere jusqu'a I'eloquence; mais il traite du moins de I'art oratoire avec un goQt exquis etun sentiment qui en retrace fidelement les vives impressions. Si les exercices de compositions en vers ne servaient pasd'etudes pour mieux ecrire en prose, combien n'y aurait-il pas k regretter que Marmontel n'ait employe le terns qu'il consuma aux tra- gedies doclamees oulyriques, aux pastorales, meme he- rojiques, aux ballets, aux drames chantes, a la comedie melee de musique^ ct aux autrcs productions mediocres de son atelier poetique, i\ exccuter quelque bel ouvrage , tel que les Elemens de Utterature? Mais Ton pent dire du moins de cette composition, qu'elle est le veritable litre (0 PrINCIPES D'iiJLOQUENCE DB MXRMOSTEL, D'tSQOUlS piiilimi- naiie. 506 LITTEllATLllE. litleraire (le 'aiiteur^ et qu'il s'y est erigc un monument. Parmi Ics ouvrages posthumes de Marmontcl , on doit indlquer d'abord les Memoires surla regence du due d' Or- leans, qui sont ecritsavec une plume independante. Nous nesaurions adopter I'opinionpartagee par M. Morellet,que Tautcur y a ete injuste envers madame de Maintenon, cette favorite trop fameuse, quis'estelevee au titred'epouse clandestine d'un monarque subjugue, au moyen de la part qu'elle avait eue dans les intrigues de la cour, mais surtout dans les malheurs du royaume, et particulierement dans la revocation de I'edit de Nantes. Marmontel fut juste aussi envers Louis XIV ; mais il eut raison de juger que celui de tous les rois qui affecta le plus la domination , fut domine toute savie, parce qu'il n'avait ni les talens de son ambition, ni le genie de son caractere. Les lecons sur la grammaire peuvent etre fructueuse- iiient consultees; mais celles sur la logique et la mitaphy- sique sont tres-inferieures aux lumieres actuelles. L'auteur y reste en arriere de tous les ecrivains de son tems; et Chenier a eu raison de dire de ces deux ouvrages j que c'est le vieux noni , comme la iJieille science. Les Memoires de Marmontel meritent d'etre distingues, comme servant a faire connaitre I'histoire litteraire et les personnages celebres de la fin du dix-huitieme siecle. L'auteur eQt pu rendre ces Memoires encore plus im- portans, s'il se ffit borne h s'y peindre en buste, dansun coin du tableau; mais, comme il les intitulait I'histoire de sa t-'iej pour seivir a f instruction de ses enfans (i) , il crut avoir le droit de s'y placer sur le premier plan, etde (i) Des espilts severes out blame Marmontel d'avoii- racontc pour I'iustniction dc scs ciifans ses avenliues galaiites ; mais si leur pcre a soil! do les assiue)' que bcs l>oiinti fbiUims iic 5oiU pas dts laLles , si LITTERATURE. 507 S y poser de grandeur natiirelle. Marmontel s'arrele trop long-tems pour les gens du monde sur son enfance, sa fa- mille, son education^ ses etudes et scs succes scolaires ; mais quelques-uns de ces details sont attachans pour tous les lecteurs, et, en prcnant ces Memoires dans leur en- semble, nous n'hesitons pas, pour I'interot litteraire et moral , a les preferer aux Contes moraux. Marmontel quitte le college : il enlre dans le monde, debute dans lalitterature, au theStre, i I'academie; il fre- quente les hommes delettres, les philosophes, les acteurs, les artistes, les financiers, les femmcs qui tiennent ua rang dans les societes a la mode, ou dans le parti des eco- nomistes; il entre aussi dans la familiarite des maitresses des rois; ila commerce avec les gens de cour, et deyient lui- mSme un peu courtisan. « L'histoire de ma vie, observe- t-il , est une promenade que je fais faire i mes enfans; il faut bien qu'ils remarquent les passans avec qui j'ai eu des rapports dans le monde. » Cette comparaison est heu- reuse, et il est a regretter que Marmontel n'ait pas aborde encore plus de passans. Cependant , il ouvre une galerie interessante de portraits nombreux, dont la plupart pa- raissent peints avec verite; et, dans ce vaste tableau oii sont groupees tant de figures d'hommes et de femmes de divers merites, Ton s'arrete avec un nouveau plaisir sur celle de madame GeofTrin, dont le caractere assez difficile i saisir avait ete deja apprccie et analyse par Tbomas, Morellet ct d'Alembert, ses lionorables allies. Les Mi- quelques scenes d'amour sont ^ssez vives , il a la pic'caulLon cependant de Jetei' un voile sur ce qu'il appelle ses de'plovables folies, et de faire ob- server a ses enfans qii'il a cru devoir leur niarqucr I'ecucil pour les pie- server du naufrage. 11 enteudait , sans doute aussi , que ses enfans fiissent majeurs, loisqu'on leur pcrmeltrait la lecture de scs Confessions ct dcson Testainent mural. 508 LITTERATURE. moires de Marmontel ne pcuTent avoir I'altralt ties Con- fessions (Ic J. Jacques; car Rousseau est toujoiirs un peintre passionne. Cependant, on s'apercoit que Mar- montel a Toulu prendre la nianiere, le ton et les formes dc Rousseau ; et quelquefois il reussit i Timitcr. Plusieurs caracteres, surtout defemmes,y sonthabilement nuances, et Ton distingue le portrait de madame de Marchais (f^, comnie etant supericurcment compose et parfaitement aimable, s'il est fidelc. Le style des Mimoires dc Mar- montel est en general convenable i ce genre dc composi- tion, qui exige le naturcl, sans exclure I'elegance. Marmontel travaillaaux deux Encyclopedies eti d'autres recueils periodiques. Uobserpateur littiraire , qu'il arait entrepris , i son debut dans la carriere des leltres, avcc Bauvinjl'autcur delatragedie des'Cheriisques, n'eut qu'un faible succes; mais Marmontel ajouta plus tard ;\ celui du THerciire de France , par sa cooperation et sa direction. II disait de la redaction d'un journal , que c'ctait se condamher au travail dc Sisypheou a celui des Danaides; et, dans un article que Icsecrivainset les journalistespeuventrclireavec fruit (2j, il prevoyait que le joumalisme, et surtout les ieui\\o.?,cfitol}diehnes, auraientdes effets egalenientnuisibles aux progrts du goOt et des lettres. L'histoife diijoiiriia- lisme, depuis lySS jusqu'u I'an 1800, a ete entreprise depuis par un autre academicien (3);et, si c'etait ici le lieude traiter de la question, nous aurions a etablir, comnie I'un des effets du journalisme, que Ton a ecrit avcc moins de liberie au sicclc dernier que dans le precedent. Nous (1) Cost cetle nieme dame dc Maichais que I'abbc Gagliuiii .ippclail V Heroique , quoiqii'clle fut cconomiste a biiiler. (2) Article EXTRAiT. [Elemens de liileralure). (3) M. DelUle de Sales. LITTERATLTvE. 509 nous persuadons neanmoins qu'il faut accepter^es incon- veniens du journalisme, de preference i d'autres dangers, et qu'il vaut mieux avoir des Zoiles qui insultent journel- lement, que des censeurs do tous les jours, qui autorise- raient I'insulte et empecheraient la defense. Maintcnant que nous venons de rappcler dans une revue rapide Ics principaux ouvrages de Marmontel, nous pou- vons sans doute nous dispenser de mentionner les auti'es, surtout lorsqu'il ne s'agit que de rendre compte d'une nouvelle edition; et , sans nous occuper A& Melanges re- cemment recueillis, 6.\\n supplement ii un theatre deji trop nombreux, nonplus que de quelquesautres pieces dont au- cune n'etait tout-a-fait inconnue, nous croyons qu'il entre mieux dans I'esprit et le plan de ce recueil d'apprecier la tendance des ecrits de Marmontel et I'influence qu'ils pnt pu avoir sur la litterature et la philosophie de son siecle. Marmontel ne fit faire aucun progres a I'art drama- tique , parses tragedies qui ont plus de defauts que de heautes; mais il a pu eclairer I'art mCme par sespreceptes; et sa poetique, ses reflexions sur la tragedie et sur le gout ne sont pas aussi remplics de paradoxes que Laharpc et CKcnier I'ont pretendu. Ce fut Icur respect pour la litte- rature classique, qui dicta ce jugement a ces ecrivains; mais Marmontel, sans cesser aussi d'etre classique, avait apprecie les beautes du genie de Shaskspeare, et il avait entrevu que la tragedie populaire pcut avoir aussi sa dignite. En general, la litterature de Marmontel est forte; elle est entreprenante, et Montaigne FcPit appelee enque- teuse. Copendant, comme prosatciir, il est inferieur ;\ Tliomas, et, comme poete, a Saint- Lambert j parce qu'il n'apas su, comme eux, se personnifiei; dans son style. Marmontel fut d'ailleurs I'undes auteursles phis foconds du dix-huitieme siecle; et, s'il nc pcut etre compte parnii 510 LITTEUATUllE. nos plus gi'ands ecrivains, il est juste d'obscrver que nous ne connaissons aucunc litteralure etrangerc qui puissc nous offrir un auteur du second ordre du memo meritc. En appreciant Marmontel sous les rapports pbiloso- pliiques, nous rencontrons Laharpe qui le blume d'avoir trace presque tous les plans de ses tragedies sur la faussc philosophic; mais Ton sait ce que Laharpe, converti a I'epoque oCi il ecrivait ce jugement, entendait par la fmisse philosopJiie. Les plans de Marmontel, en general, ne sont pas heureux; mais ce n'estpas par la philosophic qu'ils pechent, et la philosophic ne gate jamais rien, lors- qu'elle est conforme aux sentimens et aux caracteres des personnages mis en scene. Marmontel observe , dans ses Memoires , que les sujets donnes par I'histoire lui sem- Llaient epuises pour les situations tragiques. Si par I'his- toire il entendait celle des heros un peu fabuleux des Grecs et des Troyens , il avait raison ; mais pourquoi ne suivait-il pas le precepte d'Horace , de celebrer sur la scene les evenemens domestiques, c'est-A-dire les actions memorables de son pays? Dans ses poesies diverses, Mar- montel n'appliqua pas non plus toujours i son sujet I'es- prit philosophique. II adrcssa deux epitres a Voltaire, qui avait ete son protecteur, autant que son modele; mais ce ne fut guere qu'un temoignage de reconnaissance, et il n'a pas elargi ce cadre , comme un poete de notre Sge , pour y introduire la critique des prejuges avec les preceptes de la raison, L'oc/e a la loiuinge de Voltciire j prononce par mademoiselle Clairon, au pied de la statue de ce grand homme, exprime des vues plus philanthro- piques; le ton en est elevc, ct elle manque seulement de ce style impetueux ct de ce beau desordre qui lui eusscnt donnc plus d'eclat ct d'energic. Le discours en vers SUV Vliisloire a ete juslemcnl rcmarquo par M. Mo- litt^ratuhe. mi relict, commc plein dc lecons courageuses pour Ics rois, ct de traits de la plus noble liberte. Belisaire ct les Incas sont les seuls ouvrages de Mar- montel dont I'objet et le but soient franchement philoso- phiques ; mais c'est I'esprit de son siecle qui les lui com- manda; et, s'il eflt ecrit cinquante ans plus tot, il ne les aurait pas faits, car Ton voit qu'il y recoit le caractere philosophique plutut qu'il ne Timprime. Non, Marmontel ne fut pas philosophe par nature ji et il ne le devint que par situation. II empruntait le manteau de la philosophic pour s'assortir au costume a la mode de son tems et des personnages qui etaicnt ses maitres en litterature , ou ses protectcurs pour les em- plois, les places et les pensions. Marmontel fut sans contredit un homme de lettres ho- norable et un academicien laborieux et utile ; mais il ne faut chercher en lui ni le publiciste ni I'auteur politique, comme on les rencontre, par exemple, dans Voltaire et dans Rousseau. Jamais il n'eleva sur I'administration aucune question importante , et Ton ne trouYe dans ses ecrits aucune autorite en faveur du droit public des na- tions. II manquait d'idees generales et de portee dans les vues. En matiere de religions, il se borne a la tolerance universelle des opinions plutot qu'il ne reclame la liberte egale des cultes; et, en metaphysique, il se traine servi- leraent sur le systeme trop justement discredite des idees innees. Dans ses Memoires, il s'annonce au college comme un tribun; ses petites harangues, composees a loisir, sont ^ presque seditieuses; mais, sujet ou citoyen, il se fQt con- tcnte de la tolerance civile comme de la tolerance reli- gicuse, sans oser elever ses voeux jusqu'a la liberte. II se montra seulement novateur dans les arts, et il s'essaya sur les rei^olutiuns de la musiqiie en France. II ^ 512 LITTERATIJRE. se fit chef de faction, en faveui- des Piccininles , contic Gliich ct ses partisans. Nous n'avons i nous dccliuer ui pour ritalie ni pour rAUemagne; mais nous devons rap- pelor historiquement que Gluck, considcre comme V Hu- tnere de la inusique, ii'a pas encore ete detrone. Cette famcuse guerre entre la melodic et rbarmonie futcelebrec par Marmontel, dans le poeme posthume de Polymnie. II nous reste i faire la part de I'editcur de la collection que nous annoncons. Puisqu'il s'agit d'QEupres completes^ ce qui parait ctre le goflt de notre terns, le premier merite de cette nouvelle edition est d'avoir reuni tout ce qui etait connu comnic appartenant a Marmontel. lln'y manque que Icsonzicme et douzieme chants dupoitmcde Po/jnuiie etla Neuvaine de Cythere j({m n'avaient pas encore etc mis a hi disposition de I'editcur, mais qui ont paru depuis chez uu autre librairc, et qu'il sera focilc de joindre par un sup- plement a la collection dont nous nous occupons. La Correspondance de Marmontel, quoiqu'augmentce de plus de moitie dans cette edition , laisse beaucoup a desirer; mais ce n'est pas la faute de I'editeur, et il I'aut esperer que les porte-feuilles s'ouvriront (i). Une notice etendue sur les ouvrages de Marmontel fait honneur aux recherches de M. Tdlenape, a ses eflbrts et a sa patience, pour reunir et coordonner une masse d'epoques, de formats, d'anecdoteslitteraires, dc critiques, d'elogos et de jugemcns. Cette edition doit augmenter (l)ll est curieux de Yoir , dans cetle correspondance, comment M. d'dEscherny. avail I'ait agiecr a 1' Academie fi ancaise le don de 600 1 . , pour le douLlement du prlx de VEloge de Rousseau, auqucl ii concouriit et qui ne fiit pas doiinii ; et les sollicitudes que prit eusuile M. d'Esclierny , pour vetiver les 600 liv. , qui , au grand cUsappointe- ment de Maruionicl , avaicnt cic convertis, dans la caissc de I'Acadc- niic, en nssignals alors sans valciir. LITTliRATURE. 515 aussi la reconnaissance dii public j)Oiir le zele et le cliscernement tUi libraire qui a deji mis en vente les OEiivres completes de Montesquieu , de Fontenelle , dC Hamilton J de Lahriijere j de Larochefoucauld ct de V auvenargues J et qui, dans I'utile collection qu'il a en- Ireprise Aes prosateurs frangais j ne pouvait omettre I'aii- leiir des Contes moraux et des Elemens de litterature. Parbnt-Rbal. IIlSTOIUE DE LA TIE ET DES ODVRAGES DE J. DE La Fo\- TAiNE , "par C. A. Walcken AER , membre de I'Ins- titiit (i) ; avec celle cpigraphe : De ma reveuse enfance il a fait les dellces. Dl'cis. Un ouvrage commence sans dessein, execute autrement qu'il n'avait ete concu, et acheve d'une maniere peu con- forme au desir primitif de I'auteur, se prescnte aux lec- leurs sous de bien mauvais auspices. Voik'i certainement une critique bien severe de I'ou- vrage que nous annoncons; etnous pouvons meme assurer que le public ne la ratifiera pas; au reste, cclui qui s'est permis cette rigueur ne verra point avec peiae qu'on le desavoue , puisque c'est I'auteur lui-mGme qui traile son livre avec tant de defaveur. II n'en resullera d'autres dommagespour lui que d'avoir prouve un exces de modestie bien rare parmi les ecrivains, etl'on sail que cette modestie, quiserait une excuse pour 'a mediocrite, devient un merite de plus pour le talent. Ce qui distingue La Fontaine de tons les grands (i) Paris , 1820. A. Nepveu , libraire , passage ties 1,'aiioraiiias , u" 2G. I vol. iu-8'\ 5U LITTKRATURE. pontes, c'est qu'il est le potte dc tous les Sges et Ic plus fidcle pcintre dc la nature. On admire les aulres; mais on admire ct on aimc a la fois La Fonttdne. C'est notre coeur qui grave ses lepons dans notre mcmoire : il nous dit si naivement nos verites, qu'au lieu d'eprouver le desir de nous en facher , nous ne sentons que le be- soin de le remercier et de nous corrigcr. Jamais un gron- deur ne fut plus amusant; et le trait qu'il nous lance nous fait encore sourire au moment nieme oii il nous blesse. Get inimitable fabuliste est parfaitement bicn pcint dans le livre que M. TValchenaer Yient de publier; on y trouve tout ensemble I'histoire de sa vie et celle de ses ouvrages, avec une peinture fidt'le de son caractfere original. La ve- rite de ce portrait plairait probablement davantage a La Fontaine lui-meme, que I'eloge tres-spirituel de C/mw^- fort; celui-ci lui aurait sans doute paru trop recherche et trop academique : Si vous parlez de moi, disait ce poete, a la fois bon homme et grand homme, que ce soit done comme je I'ai fait moi-meme J sans dissimulation et sans resert^e. J'ai donni dans mes fables des legons de sagesse pour tous les Tangs J pour tous les ages ; mais, vous le saveZjje naipas toujours ete sage dans ma conduite et dans mes vers. Un autre merite du livre dont nous rendons compte , c'est qu'on y trouve des notes grammaticales et litteraires tres-bien faites, et un grand liombre d'anecdotes curieuses et piquantes. On y voit aussi avec plaisir plusieurs pieces de La Fontaine inedites on peu connues. II serait a dcsirer que nos ecrivains raodernes imitas- sent un peu mieux ce poete auquel ils prodiguent de si justes eloges , ct que, loin d'etre envieux les uns des au- lres , ils se rendissent mutuellement la justice que La Fontaine rondait a cclui de ses contemporains qui ck' LITTEHATURE. 515 vait partager avec lui Ic litre glorieux de premier peiatre de la nature. Ecoutons-le; c'est , dit-il : C'est un oiivrage de Moliere ; Cet e'ci"ivaiu , par sa maniere j Cliarme a present toute la cour : J'en suis ravi , car c'est mon homme. Et puis il ajoute : Jodelet n'est plus a la mode; Car maintenant il ne faut pas Quitter la nature d'un pas. Si le bon homme, comme poete, n'etait pas envieux, il eut, comme mari, la faiblesse de se montrer jaloux et inconstant; il en fait ainsi I'aveu dans ces vers : Le nceud d'liymen doit etre respecte , Veut delafoi, veut de I'honnetete : Si par malbeur quelque atteinte un peu forte Le fait clocher d'un ou d'autve cote , Comportez-vous de manlei-e et de sorte Que ce secret ne soit point evente. Gardez de faire aux e'gards banqueroute ; Mentir alors , est digne de pardon. Je donue ici de bons conseils, sans doutc; Les ai-je pris pour moi-meme? Ht-las! non. Au reste, La Fontaine sefitestimer par une fidelite plus rare encore que la fidelite conjugale, par la fidelite au malheur : les soins courageux qu'il osa donner a Fouquet, ministre disgracie, sont peut-etre, de toutes les lecons pre- sentees par lui aux hommes, celles dont ils ont jusqu'a present le moins profite; etpeude gens pourraient, comme iui , dire en pareil cas : Ildc'plut a son roi , ses amis disparurent, Mille voeux coutre lui des I'abord concouruicnl: Malgre tout ce torrent, jc lui doniiai dcs pleurs ; J'aecoulumai chacuaa plaiudre ses raalheurs. 516 LirTj5:ilATURE. C'est pour ce meine Fouquel au comble dii pouvoir , qu'il avail I'ait une foulc de vers quiseraient peut-etre au- jourJ'hui oublies , s'il ne les avail ennoblis par ceux qu'il composa pour ce minislre , quand il fut rcnverse. Cepcn- dant, il faut couvenir que, dans ces hommagcs rendus a la grandeur, on trouve qaelques morceaux ou Ic genie poetique brille de toul son eclat. La pcinture qu'il fait de la null, dans le songe de f^aux-, est digne dc VAlbane. Voyez I'autrc plafond , ou la nuit est traces ; Cette divinite digne de vos aufels, Et qui, meme en dormant, fait du Lien aux. moitels , Par de calmes vapeurs mollement soulenne, La tete sur sou bras , et son l)ras sur la nue , Laisse tomber drs flcurs, et ne les repand pas. Aprcs avoir lu le livre de IM. TValcJcenaer , on connaitra parfaitcment, ct sous tous les rapports, cet aimable pocle dont chacun sail par coeur les ouvrages : I'auteur nous transporte dans les lieux qu'habitait La Fontaine dans le terns o\i il vivait dans les societes dont il faisait le cbarme. Ses naivetes, ses distractions, ses bons mots, I'epoque ovi son talent s'est manifcste , les modcles qui I'ont d'abord inspire, les moeurs de ce siecle qu'il devait illustrer, ses qualites, ses faiblesses, ses conies, les divers genres dans lesquels il s'est essaye, rien n'est oublie; et, quoiquc I'au- teur nous ait dit qu'il avail travaille sans plan, tout est a sa place et naturellement amene. Peut-etre une critique severe pourrail-cUc trouver dans cctouvragequclques citations inuliles,quelqucs details trop minutieux; mais jc ne sais si je me Irompc, le nom de La Fontaine rend interessanl pour moi toul ce qui le con- cernc, el la pluparl dcs lectcurs seront probableraenl dc nion avis. Apres avoir parcouru avcc curiosile tout ce que I'auteur LITTER ATURE. 517 (lit du poete ami de tous les ages , on en reviendra ton- jours a ce qniconcerne ses fables; car c'estdans ces petits contes, qui sont de voritables comedies, que La Fontaine n'a point d'egal. M. Walckenaer nous rappelle avec raison que M, de La- harpe, en cilant ce mot de La Fontaine : Dieu mil au monde Adam le npTnenclateur j en liii disant : Te poild $ nommSj ajoutait : on pourrait dire aussi qiie Dltiu mit au monde ha Foiitain,e le c out cur j enlu' diiant '. levdldj OEovREs poiTiQTjBS DE RoBiiUT SoiiTnEY , tradtiUes ds I'anglais; par M. B. de S. — Rodekick, ie dcniier des Goths ( i ) . Un nouveau siecle litteraire a commence pour I'Angle- terre; depuis cette brillante pcriode illustree tour in tour par les chefs- d'ceuvre de Shakspeare, de Milton, de Pope, le genie poetique n'a sommeiile quelque tems que pour se reveiller avec plus d'eclat. Parmi les poetes qui partagcnt aujourd'hui I'admiration de nos voisins d'outre- mer, qualre surlout sc sont places au premier rang. lis ont trouve, soit dans les moeurs etics traditions suprrsti- tieuses du moyen age, soit dans les mythologies de I'O- rient, des caractercs si originaux, des couleurs si ncuves et si brillantes, qu'il est facile d'expliquer le prodigieux succ6s qu'ils out obtenu. Walter Scott, Moore et Byron, sont deji connus chez nous par des traductions que tout le monde a lues. Southey, dont on ne nous a encore donne (l) Paris, 1820. 5 vol. in-l2. Rey et Gravier , libraiies , quai des Auguslius, n°55; el Ponthieu, au Palais-Royal. Piiv: 7 fV. 5o ccDt. Tome tx, SA bis LlTTliRATURi:. qu'une Vie de Nelson j et un autre ouvrage intitule V^n- gleterre et les Anglais j n'avait point encore tKiuve parmi nous d'interprote qui nous revelat sa gloire poutique. M. Bruguiere de Sorsums'cst charge de ce soin; il promet de nous donner 8uccessivement toutesles oeuvrespoetiques de Soulliey, et il a commence par le poeme romanesque que nous annonfons, ct qui passe, i juste titre, pour le chef- d'oeuvre de sonauteur. En cffet, il serait difficile de trouver un ouvrage capable d'exciter un plus touchant intcrCt. Lo sujet, si eminemment patriotique , si rempli d'heroismc ct de fails merveilleux; les caracteres, dessines avec tant d'e- nergie, si profondement passionnes, si ingenieusement mis en scene ;une action, ik la fois simple et grande, natu- relle et pathetique ; tout se reunit pour fairc de Roderich un ouvrage exlrcmement remarquable. C'est une tradition rejetee par quelques critiques, mais assez generalement admise par la plupart des historiens , que le comte Julien, profondement iirite de I'outrage fait a sa fille par le roi des Goths, appela les Maures en Es- pagne, et, en livrant sa patrie i I'etranger, vengea une injure particulicre par Ic plus grand de tons les crimes. Cette tradition etait a la disposition du pofete; il. s'en est heureusement empare. Son exposition est consacreei nous peindre la trahison de Julien : « BrCilant de se vengcr sur lloderick de I'affront fait a sa fille, apostat par desespoir, dans une heure fatale il'Espagne, a sa fille eta lui-meme, il appela les Maures. Pareils a ccs horribles nuages de sauterelles que les deserts brOlans du Midi versent sur I'Afrique devastce, les Musulmans desccndent sur les ri- vages de I'lberie ; foule innombrable, dans laquelle le Syrien , le Maure , le Sarrasin , le Grec renegat , le Persan , le Coptc, leTartare , lies par le nceud de I'erreur, brOlans des feux de lajeunesse et dc renthousiasnoe, formentune; LITTERAIURE. 519 association funeste dc tons les crimes. » Les Goths, en proie aux ravages de la peste et des dissenlions civiles , ue purent rosister a cc torrent. Durant huit jours d'ete , scion I'expression du poete, ils couibattirent, depuis I'aube jus- qu'au crepuscule, sur les bords du Chrysus ; et, trahis plutot que vaincus, ils- succouiberent sans desbonneur. Lc Cbrysusroula des flots de sang;et, depuis cejour, les Musulmans le nommerent le jleuve de la joie. Roderick avail disparu dans cette grande balaille , et les Maures penserent que le fleuvc I'avait englouti dans ses ondes. « Les Goths cruren.t egalement a la mort de Icur monarque , dit le poete; aucune prifere ne fut recitee pour lui, aucun chant funebre ne fut entonne en son honneur; son deuil ne fut point porte. Ses sujets le chargerent de tous Icurs crimes, et ils maudirent sa memoire et son nom. » Cependant Roderick n'arait point peri dans cet affreux desastre; la mort qu'il avait cherchee avec fureur s'etait eloignee de lui , et le ciel I'avait condamne avivre. II cacha au fond d'un ermitage sa honte et son desespoir. Ses re- mords, ses desirs de yengeance , les inquietudes de celtc ame ardente, peu faite pour la paix de la solitude, sont peints par Southey avec one admirable energie. II nous le montre sortant enfin de saretraite, defigure par de longues austerites, et, inconnu dc tous, parcourant les ruines de son royaume. II arrive sous les remparts d'Auria , oii de r'ecentes borreurs viennent encore aiguillonner la soif de vengeance qui devorait son ame. Le tableau de cette ville en ruine merite d'etre cite : « La ville entiere etait pros- ternec dans 'la poussiere; ses temples et ses tours ne pre- sentaient qu'une ruine effrayante, noire et nue, telle que la flamme I'avait laissee. Les rues etaient jonchees de cas- ques, de turbans, de cimeterres et d'epees, 3Iaures et Chretiens, melcs confuseoient, pourrissaient ensemble 5A* 550 LITTliUATURE. oii la mort les avait jclcs. Des flaqucs de san{j desscche craquaient sous Ics pieds de Roderick , comme Ic dur liinon etendu par unc inondation ancicnnc ; ct dcs raembres hu- mains, a demi consumes, en proie aux loups devorans et a dcs nuoes de corbcaux , servaient aussi de pature sacri- lege aux cliiens sans inaison et sans maitre. » Roderick s'a- bandonnait aux sentimens divers que cet affreux spectacle lui inspirait, lorsqu'une fcmmc , sorlant du milieu des ruines, accourut vers lui : « Pour I'amour du Christ, lui dil-elle, prete-moi un instant ton aide charitable.)) — Ses paroles, le son de sa voix, Fexpression dc ses yeux le Irapperent de plus d'horreur que tous les restes de car- nage dont il etait entoure. Quoique parlant avec raccent profond ct sombre du desespoir , jamais cependantune voix plus douce n'avait adresse dcs hymnes au ciel. Ses mains, ses vetemens, son visage etaient couverts de poussiere et de sang. La beaute €t la jeunesse, la grace et la majeste avaient donne k ses traits et A ses formes tous les charmes qui leur appartiennent; mais maintenant sur son front se- vere se peignait une morne douleur, plus glacee que la mort. » Ellc le conduisit vers un lieu oii quatre cadarres etaient pieusement ranges I'un pres de I'autre. « Tu vois la, dit-elle d'un ton ferme et avec un regard fixCj I'en- fant, I'epoux, les parens.... toute la famille d'Adosindal Mes pauvres mains n'ont pu crcuscr assez profondement la terre et leur preparer un autre lombeau.... mais qu'im- portc? Auria elle-meme n'est aujourd'hui qu'un seputcre qui renferme tous ses habitans. O terre, ne cache point leur sang dans tcs entrailles ! Et vous, vous ames bienheureuses dcsheros etdes innocens massacres, que vos cris s'el^vent incessammcnt vers le trone de I'Eterncl, jusqu'a ce qu'il ait rcmpli pour vous i plcins bords I'immcnse coupe dc la vengeance! » Apres avoir accompli son funcbre devoir. LITTERATURE. hii celle feinme heroique ruconte i Roderick comment ellc a (leju verse le sang crunchtldes Maures, et lui decouvreles projets qu'elle medite pour la dclivrance do sa patrie. Cc. recit reveille dans rame du roi des transports oublies; son front se colore d'une ardeur nouvelle, luie flamme celeste etincelle dans ses yeux ; a cette emotion profonde qui re- vele le heros cache sous des depouilles vulgaires, Ado- sinda , sans le connaitre, Tassocie u sa mission, et depose entre ses mains le voeu qu'elle a forme. Alors Roderick tleclut le genou ; et, plaf ant ses mains entre celles d'Ado- sinda : « Je prete, dit-il, le meme sermcnt quetoi. Mou ame a trouve i la fin la pais et un refuge ; c'esl dans le sang de I'infidcle qu'elle doit laver les taches du peche ; elle se racbeteraelle-mome, en rachetant sapatric perdue. Je place, dans ce dessein, ma penitence du passe, men espoir de Tavenir, ma foi et mes bonnes oeuvres. J'oflVe au ciel toutes les pensees et toutcs les passions de mon coeur, mes jours et mes nuits, celtc chair, cesang, cette vie. . . . Enfin je de voue tout mon etre au salut de TEspagne ; saints habitans du ciel, soyez les temoins de mou voeu, ct favorisez sonaccomplissement.Battezmaintenant des ailes, ajouta le Goth en se relevant et d'une voix plus aniniee encore, battez maintenant des ailes, innombrablesoiseaux deproie; et vous, loups devorans, poussez des clameurs joyeuses du fond de vos tanieres ; un peuple entier yient d'etre dovoue i vos banquets. » Cette exposition solennclle cveille dans I'ame du lecteur un puissant interet ; nous I'avons analysee avec quelque detail, parce qu'elle est proprc i donnerune idee du genie de Southey et du talent de son traducteur. Nous ne sul- vrons point nbtre heros au monastere de Saint-Felix, oii le venerable Odoar lui impose les mains et imprime i sa uiission un caractere sacre. L'espace dans Icquel nous 522 LITTEIIATURE. sommes obliges de nous rcsserrcr ne nous pcrmct que d'indiqucr quelques-uncs des scenes dramaliqucs creecs par rimaginalion du poetc. Cc roi dcclui, que toute TEs- pagne croit mort depuis plusicurs annees , va rcparaitre tout-a-coup au milieu d'un peuplc qui n'a conserve sa me- moire que pour la charger de maledictions. II va reparaitre ; mais les velcmens de I'indigcnce dont il est couvert, mais cette tC'tc l)lancliieparlcmalhcur ctnon paries antiees, mais ces traits fletris par une dure penitence et un long doscs- poir, le rendent meconnaissable a ccux mGnie auxquels il fut le plus chcr. II va revoir tour a tour et son vieux gou- verneur, el sa maitrcsse'adoree , et Julian, son farouche ennemi; nul ne lereconnaitra; lesyeuxderamilio nesont pas plus fideles que ceux de la haine ; sa mere seiale devi- nera ce fils qu'elle a si long- terns pleure. II est facile de conccvoir combien de situations palhetiques naissent de cette combinaison feconde. Quoi de plus touchant, par oxemple, que de voir cemalheureux prince, assisdans une hOtellerie, devant le feu oil se rassemblent les voyageurs, reveille tout-a-coup de ses tristes meditations par le nom de Roderick mele aux imprecations que lancent, centre le roi qui les a perdus, quelques malhcureux Espagnols! II osait a peine hasarder en favcur de ce pauvre Roderick quelques paroles de pitie, quand un vieillard se leve, et, les larmes auxyeux, defend avec chaleurl'infortune qu'on accuse. Cette voix a fait frissonner Roderick ; il a reconnu Ic venerable Siverian, qui eleva son enfance et dirigea sa jeunesse. Ailleurs, nous voyons le roi des Goths, toujours inconnu, ofTrir a Pelage, en vertu de sa mission et de soil caractere sacre , la couronne des Espagnes , ct faire ainsi, de son vivant, !e sacrifice de son royal heritage, que ses elforts et ceux d'Adosinda vont bientol arracher aux mains des Maures. Une autre scene, pleine dd'jnteret I IITTERATURE. 525 le plus altendrissant, est celle oii Floiinda, la fille du comle Julien, apres avoir etc long-tenis rctenue en otage parmi Ics Musulmans, et se retrouvant librc aupres de ■ Pelage, se jette aux picds du premier ministre de son culte qu'elle aperfoit, avide qu'elle est des consolations de la religion, et des conseils de I'houime qui dispense le par- don de Dieu. C'est aux pieds de Roderick qu'elle s'est jetee ; c'est & lui qu'elle devoile toutes Ics agitations do son ame, et cet amour qui la consume. Commc e41e est touchante, cette femme passionnee qui, prosternoc de- vant son amant, qu'elle ne connait pas, se reprochc d'avoir un instant maudit Fhomme qu'elle a le plus aime, I'excuse du sanglant outrage qu'elle a jadis recu de lui, et s'accuse elle-meme de tous les malheurs de I'infortune Roderick ! Ce chapitre ofTre un interet que rien n'egale ; le cri de la passion s'y fait entendre ii tout moment; la situation est devcloppee de la maniere la plus pathetiquc ; il est tout rempli d'un charme iadefinissable. Enfin , nous citerons I'avant-dernier chapitre, oilJulien, assassine par la trahison des Maures, meurt dans les bras de sa fille , en pardonnant i Roderick, qu'il reconnait dans le prttre qui Tient de le reconcilier avcc la religion de ses peres. Nous terminerons l\ notre analyse , pour ne point Cter aux lecteurs le plaisir de la surprise, en leur revelant un de- nouement qui devra piquer leur curiosite. Outre la simplicite de I'action qui se developpa sans embarras, et la beaute des caracteres traces d'un pinceau fier et vigoureux , on trouvera dans cet ouvrage une exac- titude de moeurs qui attesle dans M. Southey une grande connaissancc des terns et des licux qu'il a touIu peindre. II faut surtout remarquer I'habilete avec laquelle le poete a su donner aux deux peuples rivaux les couleurs propres a chacun d'enx. 52A LJTTliRATURE. Pour faire ici la part de la critique, nous dirons que Ic personniige d'Adosinda ne conserve pas, dans Taction dii poeme, toute I'lmportance que promettait sa brillante ap- parition. II nous semble aussi que Tinterct languit un instant, apres la belle scene entre Roderick et Florinda, et que la discussion theologique qui s'etablit entre ce roi detrone et Julien se prolonge beaucoup trop. On remar- quera pcut-etre quelque chose d'uu peu tendu dans le style et quelques pensees un peu bizarres ; mais, en ge- neral, le style est vigoureux , anime, rempli de chaleur et d'images. Quant au travail du traducteur, si Ton en excepte quelques legeres negligences, faciles a faire disparaitre, nous n'avons que des eloges a lui donner. Pioclerick n'est point le coup d'essai de M. B. de S.;nousavions dejiide lui la traduction de Sacontaloj drame sauiscrit, publiee, il y a quelques annecs, du Lao-Seng-^uljComiid'ie chinoise, qui a recu, i'annec derniere, un accueil favorable des amateurs de la litterature orientale et des curiosites litte- raiies. Outre qu'il a une grande habitude de I'idiome de Soulhey, Thabile traducliur connait parfaitement toutes Ics rcssources de notre langue poelique , et sait les ap- pliquer avec talent i la traduction des poetes. Ausf.i Jio- derick est-il bien superieur i la plupart des ouviages du mCme genre. Les toursanimts,lesexpressionspiltorcsques, I'harmonie et la couleur generale du style, prouvenl que le poete a ele senti par un poete; et nous desirous que le traducteur remplisse bientul la promcsse qu'il a faite de nous donner la suite des ceuvres de I'auleur de Roderick, AVENEL. LITTERATURE 525 «■ VV% WW'\'Vl/%iW\^«/VV\\>WV PHILOLOGIE. Arcoe de la langue grecque (i) , avec cettc epigraplie : .« Des difficultes apparentes ne doivent pas faire renoncer aux entreprises utiles; il faut, au contraire^ s-'imposer la loi de cette perseverance qui rend I'homme capable de tout ce qui est Lien, surtout quand il s'agit de clioses sur les- quelles repose souvent la base de rexisteiice et de la cou- servalion. » Poi.TBE.liv. 10, chap. 44, Le premier volume du Dictionnaire universel de la langue grecque vient de parailre i Constantinople. La pu- blication de ce glossaire national est faite pour interesser tous leg litterateurs, mais plus particulicrement les bellc- nistes et les philologues. II n'est pas sans utilite de rassembler ici sous un seul point de vue les renseignemens qu'on a pu recueillir sur ce qui concerne la confection de ce grand ouvrage. Sous le regne de Selim III, lorsque la civilisation sem- blait s'introduire clandestinement dans I'cmpire turc, le prince Demetrius Mourousi, I'un des plus illustres bien- faiteurs de la Grece modcrne, concut le projet d'instituer une academic nationale; et, appuye d'une autorisalion imperiale qu'il obtint, ilfonda, en i8o5, I'academie de Kourou-Tchesme (2), dont il fut nomme president. Un college fut egalemcnt etabli par ses soins, aupres et sous la surveillance de la nouvelle academic. (1) Constantinople, 1819. Tome \" . Imprinierie patriarcalc du Fanal. (2) Kourou-Tchesme , yiUaf^e siiue' sur lari\c euiopcenne du Bos- jiliore, a unc lieue de ConsUulinopIc- 526 LITTl^RATURE. Le premier devoir dc ce congres litteraiie etait de porter son attention siir la langue commune, debris pres- quc mcconnaissable du plus beau dialccte dc rautiquitc; ; etson premier soin fut dc chercher u rcpurcr, en la rap- prochant de la langue mere , autant que son genie distinc- tif pourrait le permettre. Les grandes commotions politiques qui ont bouleverse I'empire grec, I'ancantissement des anciens usages, la perte des lois et des institutions, avaient dQ alterer consi- derablemeut un langage qu'aucun ecrivain de I'antlquite n'avait cherche A fixer. Nul recueil contemporain n'a cou- sacre pour la posterite les expressions , les tours de phrase et les constructions de syntaxe qu'indlquaient Ilorodote, Platen, Demosthenc, Sophocle, Euiipidc, etdontilsor- naient leurs productions immortelles. Les richcsses de la langue hellenique, eparscs dans les ecrits des philosophes, des rheteurs et des poetes, n'avaient pas encore etc reunies dans un tresor universel; quelquesgrammairiens des qua- trieme etneuvieme siecles avaient, seuls, compile separe- ment un petit nombre d'auteurs , et en avaient extrait des collections de notes, toutes incompletes. En France, dans un siecle rival de celui de Pericles, la premiere des academies ( VacacUmie fran^aise ) fit pour sa langue ce que les Grecs avaient neglige pour la leur; clle crut devoir consigner dans un depot general, et sul par 14 preserver de la corruption le bel idiome auquel Corneille, Bossuct, Fcnelon, Massillon , Boileau , et sur- tout Racine, avaient imprime un caractere propre et uno marchc conslante. La langue grecque actuelle , au contraire , semble aban- donnec au caprice des ccrivains : elle offre a la fois les constructions d'un dialecte barbare el les expressions ele- gantes et hartnonieuses dc I'ancienne langue hellenique : LITTERATlRE. 527 quelques eflforls furent tentes pour la degager des chaineg d^im jargon mcle determes empruntes ou triviaux; mais peut-etre ceux qui hasardirent cette reformation, s'eloi- gncrent-ils d'un juste milieu enlre la langue de leurs ancetres et cclle de leurs contemporains : Icurs essais presque infructueux lais^aient toujours cette palme d cueillir, et I'entreprise en etait d'autant plus perilleuse, qu'elle paraissait etre le premier pas vers la regeneration de la Grece. Rien n'effraya le prince Demetrius Mourousi, et toutes les considerations dc difficultes litteraires ou de dangers personnels cederent a son zile et a son amour pour sa patri'e. Au milieu des recherches prealables que necessitait ce grand travail, il apprit que Jean Blastos, Cretois d'originc, et medecin de profession, s'occupait depuis long-tems d'un dictionnaire grec. II se menagea diverses cntrevues avec ce laborieuxlexicographe, et il approuva son ouvrage, qui n'etait qu'une compilation comparee des glossaires publics jusqu'alors. Bientot, ces deux savans litterateurs, eclaires et excites par leurs observations reciproques, selivrerenti des conceptions plus elenducs, etprirent pour base de leur nouveau travail le Tr^sor de la langue grecque de Ilenry- Etienne; on resolut dele traduire en entier, d'y joindre les notes prises sur les autres lexiques, d'en augraenter les citations, et d'en composer ainsi un dictiounaire universel. L' execution de ce plan fut confiee a Blastos, qui mit aussi- tot la main a I'oeuvre. Peu de temsapres, on decouvrit qu'un habitant d'Yassi, nomme Jean, natif dela villc de Zagrab, en Croatie, avait forme le projet de traduire ce meme Tresor dc Henry- Etienne, et n'avaitete detourne de la publication de son travail que par les frais tnormes que Timpression out occasionncs : de plus amplcs informations fuent counaitrc 528 LITTliRATURIi. que son ouvrage contenait uniqucmcnt la traduction dts verbcs giccs, et que, dans eel clat incomplet, il avail cle remis par I'autcur, pen de terns avanl sa morl, enlre le;^ mains du prince Scarlalo Gika. Celui-ci s'empressa de communiquer les manuscrils de Jean de Zagrab iracademie, qui, se trouvant dcju en pos- session de ceux de Blastos, joignilA ccs maleriaux lesdiffe- rens lexiques connus, ct la collection entiere des ccrivains grecs, en prose et en vers, qu'elle fit vcnir enpartie d'Eu- rope, el qu'elle trouva dans les bibliotheques des monas- tferes de lu Grece. Tous ces documens reunis furent mis k la disposition de quatre professeurs, charges de leur redaction ulterieurc : MM. Neophylos Bambas , Puisins Carapatas, Nicolas Logades et Constantin Psomakes. La retraite des deux premiers ne decouragea pas leurs collaborateurs, qui, aprcs dix ans de travaux continus, teiminerent leur importante elucubration. II reslail a retoucher, a comparer, i combiner cntrc eux et a fondre en un seul corps d'ouvrage, les manuscrits de ces quatre grammairiens. Cetle derniere operation fut d'abord confiee i I'archeveque de Cysique, Joachim, natif de Paros; mais la mort vint bientut interrompre les sa- vantes recherches de cet illustre prelat. Nicolas Logades, I'un des quatre redacteurs primilifs, sc chargea alors do perfectionner I'ouvrage entier, auquel, en effet, il mit la derniere main, apres de longues vcillcs et de laborieuses inyesligations. C'cst ainsi que fut compose Ic lexique intitule Kibotos ou Arche de la langue grecque. Cast effeclivement la qui; se trouve reunis, conime dans line archc conservatricc , tout ce qui constitue I'ancicn idiunie grec. II scmblc que la langue d'Homerc, presquemeconnuede sescnfans, soit LITTliRATURE. 529 Ten\jc se refugier dans cet asile, ct y attendre, pour rcpa- raitie dans sa patric, que la tempete ait fait place i la se- renite. UArche pent etre consideree comme un recueil plus coinplet encore que I'ouvragede Henry-Etienne, puisqu'a la traduction de son volumineux Tresor on a joint tous les termes et Ics locutions qui se rencontrent dans les autre s Icxiques, et particulierement dans les precieux glossaires de Schneider et de Thomas Morell. II fallait encore un effort: les fraisd'impressiondevaient Ctrc considerables; ce dernier obstacle futleve par la bien- veillance et la protection du patriarche d'alors, Cyrilled'An- drinople, de I'ex-drogman de la Porte, Jacques Argiro- poulo, et de Michel Soutzo, prince actuel de Moldavie. L'impression fut done resolue , et livree aux soins d'A- lexandre Argyramme, directeur de I'iniprimerie grecque de Constantinople; il en a deji fait paraitre le premier tome, et vient de commencer le second. Les details ci-dcssus sont consignes en partie dans la preface de YArclie^ ecrite en grec ancien, d'un style cor- rect et elegant, par le superieur du convent du mont Sina, Hilarion de Crete; il les a fait preceder d'une courte expo- sition metaphysique qui n'est nullement deplacee a la tete de ce vaste repertoire d'idees et dc mots. Je joins ici , pour completer cette notice abregee , quelques rensei- gnemens sur I'execution typographique du dictionnaire. Cette execution a du etre ralentie et plus d'une fois suspendue par I'insuffisance des presses qui y concou- raient. Les patriarches pnt souvent interrompu ce travail litteraire, par l'impression d'ecrits theologiques; en sorte que le premier volume, commence en 1816, n'a pu etre termine qu'en 18 ig. II a 7G3 pages grand in-folio, a trois colonnes, ct contient jusqu'i la lettre A, inclusivcment. 530 LITTERATURE. Lc nombrc des excmplaires di; oet ouvrago, speciale- ment destine a la jeunessc grecque, est fixe a 2260, en letirant le premier volume, dont le prix est de 5o pias- tres turques (38 francs environ). On paye le second qui est de 4o piastres (3o francs environ); et de meme, en rctirnnt le second, on acquiltera le prix du troisiomc. II est probable que le dictionnaire entier sera divisc en quatre tomes, si trois iie pcuvent conlenir le manuscrit deju tolaleinenl rcvu et corrigc; Ics dernicres livraisons, pour etre publices, n'onl done plus a subir que les opera- tions typograpliiques. Ce lexique est ecrit en grec moderne releve ; il donne aus*i , en greo vulgaire, Texpressiou correspondaute an mot qui scrt de texte a I'article : on y trouve loujours la phrase enticre de I'auteur cite , avec son indication exactc. Enfin on a donnc une attention toute particulicre aux composes des verbes, dont le nombrc est presque inOni dans la langue hellenique , et aux diverscs acceptions des mots dont la mulliplicite seme d'epiues la culture de cet idiome, et souvent epuisc la patience des jcunes littera- teurs adonnes a cette iinportante etude. Ce court historique de \ Arclie de la langue grecque pcut donner une idee de I'accxoissement de la science typographique chez les Grecs. C'est surtout a I'imprimexie de Constantinople qu'on doit rcconnaitre leurs progies en ce genre. Cellos de Scio et de Cydumc sont encore A. peu pres steriles. Mais la publication du dictionnaire a donne I'essor aux presses du Fanal, et les asignaJees aux ecjivains nationaux. Ees principaux Boyards ont resolu d'y fuire successivcment rcimprimer divers ecrils des anciens auteurs que lour variete et leur prix eloignent des mains de leurs conopatriotes : et en premier lieu, ils ont projete LITT^RATURE. 531 une nouvelle edition des oeuvres completes de Saint-Jean Chrysostome. Cetle entrepriSe a ete proposee au directeur actuel de rimprimerie patiiarcalc, 31. Argyramme ; elle etait faite pour I'effrayer d'abord, mais les facilites que les primals y ont apportees out aide a rarrangetnent. L'edition entieie doit etre de vingt-cinq Yolumes in-S", et sera divisee en six livraisons, qui paraitront de trois en trois mois; la derniere sera couiposee de cinq -voluraes. L'inipression n'a pu Ctre commcncee que vers le i" oc- fobre 1820. Le texte ne doit ctre accotnpagne d'aucun commentaire; mais il est u presumer qu'il aura souffert des alterations causees par les nonibreuses controverses des Grecs et des Latins. Cette Yaste entreprise demandait I'etablissement d'une nouvelle iniprimerie. M. Alexandre Argyramme en a trouve le local, et s'applique k excrcer prealablement les eleves qu'il devra diriger. Une troisieme imprimerie s'organise cnfin sous la meme direction. Celle-ci appartientpresque en cntier ;\ la Societe Biblique de Londres : plusieurs de ses emissaircs ont de- battu et regie ici les conditions de cet etablissement. En ineme terns la Societe Biblique, mecontenle de la tra- duction en grec moderne de I'ancien et du nouveau Tes- tament, imprimee a Londres en 1810, en a demande une nouvelle a ce mSme Hilarion de Crete qui a compose la preface de I'Arche hellenique, et ce litterateur infatigable I'a deja presque entieremcnt terminec. - Le texte doit Gtre'imprimc en plusieurs langues, d'aprcs I'indication suivante : Grec pulgaire et grec ancien ( texte ) en regard. Grec viilgaire seulement. 532 LITTliRATURE. Turc seulement, en caractcres grccs. Albanais ; Grec vulgaire j en regard. Bulgare ; Grec vulgaire en regard. Le nombre des exemplaires demandes par la Societe est immense : elle a fourni elle-mcme les inslrumcns et Ics materiaux tjpographiques. M. Argyramme est dans I'intention dc nc sc servir dans ses aiitrcs travaux que des caractcres francais dont il a reconnu la superiorile. II a des relations regulieres avec MM. Didot a Paris; et M. I'ambassadeur de France lui a fait ofFrir, a plusicurs reprises, ses bons offices et sa bien- veillante protection. D< ^ VWWWW'VVXi La Minekve LixriRAiRE , par tine socldti d'hoinmes de lettres, et sous la direction de madame Dufbes- NOY (l). Depuis que la France, jalouse d'assurer sa liberte en fondant les institutions qui derivent de la charte constitu- tionnelle, a dirige son attention vers les questions poli- tiques , les lettres ont etc negligees pour des objets plus serieux. On doit pen s'en etonner. Un peuple qui s'occupe de son existence, a peu de tems i donner a ses plaisirs. Les journaux surtout, organes de I'opinion, expression de la societe, ont dCi se conformer a la disposition generale des esprits. lis ont sacrifie I'agreab.le a I'utile ; et Icurs co- lonnes, reclamees exclusivement par la politique, n'ont pu reserver une place pour la litterature. II en est resulte un vide qui s'est fait de plus en plus sentir, malgre la (l) 11 pavait un cahier de trois feiiilles par semaine. On souscvit au bureau de redaction, rue Bourgtibourg , n" 16. Piis : i5 fr. pour troU niois J 24 fr. pour sixuiois; 45 fr. pour I'anue'e. LITTliRATUllE. 53S preoccupation de la plupart dcs lecteurs, en faveur des discussions d'ordre social etd'interet public. En effet, lors- qu'un peuple a long-terns cultive les arts, lorsqu'il est parvenu a un certain degre de civilisation , il se forme dans son sein une classe d'hommes eclaires, pour qui les jouis- sances de I'esprit , du goCit et de I'imagination devien- nent un besoin. Plus les lumieres font de progres, plus les mceurs gagnent en politesse, et plus cette classe devient nombreuse. De graves interets vicnnent-ils i s'emparer de I'attention publique, c'est au milieu de ces fideles ado- rateurs que les muses negligees vont chercher un asile. Le bruit des armes , le fracas des tempetes politiques peuvent les distraire de la culture des arts , mais ne la Icur font point abandonner. Depuis quelques annees, ces hommes cherchaient en vain, dans les feuilles periodiques, I'aliment qu'ils y trouvaient autrefois. De leur cute, les ecrivains, avides de faire connaitre au public leur nom et leurs ou- yrages^ murmuraient, avec quelque raison peut-etrc, de n'obtenir, pour seal prix de leurs longs efforts, qu'une mention toujours rapide, trop souvent insignifiante; heu- reux encore quand ils n'etaient point etouffes sous un si- lence absolu, ou quand I'esprit de parti ne prenait point la place de la critique litteraire ! car tcl est I'inevitable effet des divisions qui s'introduisent dans le corps social, de donner i la justice,, menie dans les objets les plus frivoles, deux balances, deux poids et deux mesures : partage-t-il nos opinions? n'cOt-il fait qu'un livre mediocre, il est eleve jusqu'aux nues : professe-t-il des opinions contraires ? eCit-il ecrit un chef-d'oeuvre , la critique lui epargnera les eloges et lui prodiguera les censures. La litterature avait done besoin d'un journal qui Un fCit specialement consacre, ou les traditions du goiit, oi\ les yrais principes des arts de I'imagination fussent re- I Tomb ix. '^'o 53A LITTERATLIRE. cueillis et conserves; dont les redacteurs enfin, sans etre etrangers aux sentimens -et aux doctrines favorablcs i. la liberie, au bonheur social, i la dignite humaine, fussent disposes i rendre justice a tous les talens, i faire valoir tous les bons ouvrages. C'est pour satisfaire a cq besoin, plus puissant de jour en jour, que plusieurs amis des sciences et des beaux arts ont concu I'idee d'un Journal spicialement litUraire. line telle entreprise meritait le succes qu'elle obtient; la classe nombreuse des amateurs des lettres s'est empressee d'accueillir un ouvrage qui se presentait sous les auspices les plus propres ^ inspirer la confiance. En effet, parmi les collaborateurs de ce recueil, on compte plusieurs auteurs honorablement connus par leurs travaux dans les diverses branches des connaissances hu- maines. Plusieurs membresde I'Academie francaise, dont quelques-uns prennent aussi part i la redaction de notre Revue; des auteurs dramatiques, applaudis au theatre, sont les principaux redacteurs de ce journal, dirige par une femme dont le nom est connu de quiconque est sensible au charme des beaux vers. Dans le premier volume, que nous avons sous les yeux, nous avons remarque un grand nombre d'articles , oupiquanspar la forme, ou interessans par le fond. Plusieurs morceaux de M. de Sigur portent I'empreinte de son talent aimable et facile; on retrouve, dans un portrait du president de Thou, le profond et spiri- tuel auteur deVHistoire de F ^tahlissement monarchique de Louis XlKj M. Lemontey. M. Viennet , dans une analyse pleine de verve ct de franchise , a tres-bien caracterise le talent des deux Chenier; et la plume elegamment inge- nieuse de M. Dupaty a trace, avec autant de goQt que de finesse , la critique d'un des meilleurs remans de repoquc actuelle. LITTKRATURE. .>S5 Sans doule, tout, dans ce volume, n'est point a la meme hauteur. Toutrecueil, et surtout un recueil qui fiommence, a necessairement ses parties faibles. Mais nous avons remarque avec plaisir que la redaction s'a- meliorait do jour en jour. Les derniers cahiers sont supe- rieurs aux. premiers ; il y a plus d'egalite entre les divers articles, et reusemble a plus d'interet. Que les auteurs continuent leurs efforts, et bientot leur journal deviendra la lecture obligee de tous les hommes qui ont conserve le goflt de la bonne litterature. La Blinerue litteraire fflt-elle une' entreprise emule de la notre, nous n'en serious pas moins empresses i lui rendre justice ; carjamaisles etroits calculs de la jalou- sie ou de I'interet n'entreront dans notre pensee : unique- ment occupes des progres de la societe, nous ne connais- sons point les considerations personnelles : nous elevons un monument, nous ne faisons pas une speculation. Mais nous voyons dans la Minerue nouvelle une soeur plutot qu'une rivale. Nous ne courons point la meme carriere. L'uneest specialementconsacree ii la litterature nationale; I'autre offre le tableau compare de_ toutes les litteratures : I'une n'a que les lettres pour objet; I'autre reunit toutes les branches des connaissances humaines; I'une cherche plutot ;\ plaire , I'autre se propose plutot d'instruire; toutes deux acquierent du prix I'une par I'autre , et peu« vent se preter de mutuels secours : heureuse image de I'union qui doit regner entre les amis des sciences et des arts! B. 55 %VI'\iVV%VV%i\VVV\VVV\'\/Vi^V%'%/l^VV\iVV^\XVVV%,VVl'VVV\X\VV\jVV\'iVVVVVV\>VVVl't/VV\%VV« III. BULLLEl TN BIBLIOGRAPHIQUE. LITRES ETRANGERS (i). AMERIQUE. HAITI. 1G2. — Id'Aheille Ha'ilienne, journal poliliqiie et lilleraire, redige par J. S. MiLSCENT. Port-au-Prince (8" anne'e), 1820. Petil iu-i". — Ce journal parait deux fois par mois. L'aboiinetneat est dc 12 gourdes par an. Voici I'indication de ce que renferme le caliier que nous annoncons. — Epltaphe en vers de M. de Mouiegre. ( Voyez ci-apres aux Nou- velles littiraires Ae ce cahier, page 5g5 ). — L'Union, chant guer- rler, sur I'air: La victoire en chantant. Cet hymne est caique , sur I'hymne francais , pour les paroles aussi bien que pour la muslque. — ^Le Philosophe physicien , comedie en prose, mele'e de couplets , et en un acle, Le reste du journal est consacre a la politique ; nous y remarquons I'indicalion d'uue loi sur I' instruction publique , promulgue'e le 4 juillet 1820 : d'apres cetle loi, dit le journaliste, I'instruction publique , place'e sous la surveillance de commissions , est libre dans I'e'tat d'Haiti. EUROPE. ANGLETERRE. 163. — Narrative of the operations and recent discoueries. — Re'cit des operations et des de'couvertes re'cemmeut faites dans les pyra- mides , les temples , les tombeaux et les excavations , en Egypie ct en Niibie; d'un voyage a la cote de la mer Rouge , a la recherche de I'ancienne Berenice j et d'un autre voyage a I'Oasis de Jupiter-Am- xnon ; par G. Belzoni. Un vol. iu-4° de 5oo pages. Londres, 1820 j avec un alias, grand in-fol. , de 44 planches. (1) Nous indiquei"ons, par un astcrisque (*) place a cote du litre de chaque ouvrage, ccuxdes livresetrangers ou francais qui paraitront dignesd'une attention particuliere , et dent nous rendrons quelqueiois compte dans la sectiou des Analyses. LIVRES ETRANGERS. 5.37 Ce volume reiiferme les decoiiverles les |ilus iiouvelles et les plus iiiiportantes , relalives aux plus antiques monuniens de I'Egypte. L'au- teur J nioiure une partiallte aveugle contre les voyageurs francais dont les travaux ont'servl a le diriger, et eu.gene'ral centre les au- teuis qui ont ecrit sur I'Egypte. II a pu aller plus loin que ses de- vauciei's ; mais ils lui avaient ouvert la route. La Iraduclion frau- caise de cet important ouvrage va bientot paratlre. 164. — Walks through Ireland, etc. — Excursions faites dansl'in- te'rieur de I'lilaude eu 1812, i8i4 et 1817; ou Serie de lettres sur I'Irlande adresse'es a un gentilhomme anglais; -pAY -Jean-Bernard Trotter , secretaire particulier de feu I'honorable C. J. Fox. Londres, 1820. Phillips el CO. ,1- vol. in-8° de 600 pages. Cet auteur est de'ja connu en Anglelerre par ses Memoires sur les demieres annees de M- Fox, qui lui attirerent des querelles avec les amis et les successeurs de son protecteur. L'imprudence avec laquelle il divulgua dcs choses secretes , les suppositions hasarde'es qu'il se permit, nuisirent beaucoup a son ouvrage , et lui me'riterent des reproches graves. II fit ensuite plusieurs entreprises litteraires qui n'eureut aucun succes. II ne re'ussit pas mieux en politique, et mourut de cliagrin, dans la 43*^ annee de son age, apres avoir e'puise les ressources de ses amis et celles d'uu esprit fertile eu projets, mais faible et inconstant. M. Trotter a fait a pied les trois voyages dont on offie aujourd'hui la relation au public. Le premier date de 1812; il comprend les comte's de Wicklow et de Wexford, et une partie dupays au sud de Dublin. Le second eut lieu en l8i4 j c'est le recit d'une course de Dublin jusqu'a 1' embouchure de la Boyne , mais le troisieme embrasse un espace de trois mois , et un peleri- nage de 1006 milles , dans le sud et dans la partie occidentale de rirlande, L'auteur s'est particuliereoaent attach^ a decrire la situa- tion du peuple irlandais , ses moeurs et son caractere. aNous nous arretcWes (dit-il), pour demander le chemin , a une petite chau- miere batie sur le bord d'un marais. Les murs etaient de boue , et soulenaieut a peine un miserable toil convert de paille. C'etait la de- meure d'un paysan , de sa femme et de quatre beaux enfans. lis nous raconlc-reut leur histoire. F.lle etait courte , et simple comme les annales du pauvre. Ce paysau avait eu une tres-boune fernie, qu'il cultivait encore. I'annee dernierc , mais les taxes et 1 augmen- tation du fermage I'avaieut luinejil avait tout vcudu, et il exis- 5SS LIVRES J^TRANGERS. tait niaintenant sur le Lord du niaiais, ne sachant commenl procurer du pain a ses enfans , faute d'ouvrage. De combien de mallieureiix ce re'cit n'est-il pas rhistoiie ! Ce paysan avail une plijsiononiie fianche et spirituelle. Nous lui dimes que nous souliaiiions de toule notre ame voir soulager la mis^re du peuple iiiandais, etqne nous ferions de notre mieux pour ameliorer sa situation ct celle de sa famille. 11 nous e'coutait, comme pour s assurer de la ve'rite de nos proniesses; sa figure s'anima, ses yeux se remplirent de larmes. II jeta par terre Its souliers et les has qu il tenait a la main ; et , au lieu de nous montrer la route qu'il fallait prendre , il courut en avant pour nous servir de guide. II nous conduisit par la route qu'il croyalt la plus courte ; il fallait passer un petit bras de mer; et, malgre nos refus, il voulut nous porter dans ses bras jusqu'a I'autre bord , quoique I'eau lui vint aux genoux. Nous ne pumcs jamais le faire consentir a recevoir notre argent. Si une simple promesse suflit pour exciter tant de reconnaissance dans le coeur d'uu pauvre paysan , combien ne serait- il pas facile au gouvernement de se concilier raflection de ces bonnes gens? L'hospitalite' , le devouement a ses bienfaiteurs sent les traits distlnctifs du caractere irlandais. La sensibilite de ce peuple est extraordinaire : elle a ete pour lui la source de beaucoup de peines et de quelque joie. L'Angleterre I'a me'connu, elle n'a pas com- pris le parti qu'on pouvalt tirer de ses bonnes qualite's ; elle I'a e'crase' sous un joug pesant, et a fait naitre en lui les vices qu'elle lui reproche. » A son retour , M. Trotter eut la consolation d'obtenir de M. Peel , alors secretaire d'e'tat pour I'lrlande , des secours du gouvernement pour les pauvrcs de plusieurs vllles qui avaient liorriblement souffert d'une fievre contagieuse ; 11 n'oublla pas le paysan de la chaumiere. En presentant le tableau des maux qui affligent I'lrlande , M. Trotter a designe quelques-uns des moyens qui pourraienl les pre'venir ; il a visile plusieurs districts, et particulierement celui de Connaugbt, oii la culture a fait a peine quelques progres , et oil se trouvent des terres fort eteudues qu'on laisse couvertes de ronces et d'epines , tandis qu une Industrie bien dirigee les convertirait facilement en plaines riantes et fertiles. Ce fait I'a surtout frappe , en parcourant les rives occidenlalcs de I'lrlande : d'uu cot^ , s'e'tendent des vaJle'es incultes fct solitaires; de I'autrc, la cote disparait' sous une enorme quan- LIVRES ETRANGERS. 5S9 lite d'herbes marines rejete'es par la mer, et dont les eendres ferti- lisent les terrains les plus ingrats. II pense , avec raisou , que I'emi- gi'atioa d'une partie des habitans qui surchargent une province, a un. autre endroit susceptible d'une extension de culture, produirait de grands avantages. En gene'ral, les Irlandais mauquent d'encouragement et de guides. Les proprie'taires , presque toujours absens de leurs terres , ou fort iusoucians sur le sort de leurs fermiers , remeltent leurs biens eutre les mains d'un homme d'affaires , ou les louent a dcs middlemen , sorte d'agens intermediaires qui prennent a lojer une grande etendue de terrain, le divisent et le sous-louent par portions aux petits cuJliva- teurs. II s'ensuit que ces hommes font leur fortune aux depens du pauvie , qu'ils poursuivent souvent sans mise'ricorde pour le paiement des rentes qui leur sont dues. Joignez a cela I'oppression religieuse et politique qui pese sur ce malheureux peuple , et vous aurez une ide'e de sa situation, Cet ouvrage est e'crit avec chaleur. On y reconnait le style d'un phi- lanthrope qui voudrait pouvoir alleger les malheurs de sa patrie , et qui les depeint avec energie et verite. L'auleur pre'parait le manus- cnt de ses voyages, lorsqu'il mourut. II avait du talent et une grande facilite a composer; mais il manquait d'un jugement sain. II a e'te tour a tour esclave des passions et victime de son imprudence : ce- pendant il cut me'rite mieux du sort , par la bonte de son coeur et par I'ardeur avec laquelle il servait les inteiets d'autrui, quelquefois aux depens des siens. L. S. 165. — Hisloire de la secle des Amis, suivie d'une notice sur madame Fry et la prison de Newgate a Londres , par madame Adele Du Thon. Londres , Phillips, 1821, 1 vol. in-12 de 348 pages; et Paris, Treuttell et Wiirtz. Prix , 6 fr. 5o cent. Ceux qu'on appelle ici les amis sont plus counus sous le nom de guakersouirembleurs, qui est un pur sobriquet. Dans une introduction, I'auteur donne I'histoire assez connue de I'etablissement de la socle'te religieuse des Amis, par Georges Fox. EUe explique, dans une premiere partie, la doctrine, et, dans la seconde, la legislation ou discipline , et les moeurs el usages qui distinguent la secte. Le re'cit des e'tonnans succes que madame Fry, qui apparlient a cettememe socie'tc, a, depuis quelques anne'es , obtenus dans la prison de Newgate , a Londres , et 5A0 LIVRES ETRANGERS. de la bonne police qu'elle y aetablie, en lisant, en expliquant la Bible, et eu distribuant des secours , Icimine Ic volume ct excite un vif interet. L, 166. — Observations on M. Brougham's bill «for belter providing the means of education for his Majtsty's subjects; » shewing its inadequacy to the end proposed , e/c— Observations sur le bill ■de M. Brougham , concernant un nouveau plan d'e'ducation pour les sujets de sa majeste' britannique , leudant a prouver combien peu ce moyen est convenable pour atteindre le but qu'on se propose , et les danfjers dont il menace la cause de la liberie' religieusc. Londres, 1821. Limbird. Brochure in-12 de 5o pages. Le projet de bill pre'sente' par M. Brougham , pour I'e'ducation des pauvres , a inspire des alannes aux non-conformistes proteslans , ou Dissenters, ci\n craignent qii'un plan d'e'ducation^ applique aloutes les classes sans distinction , ne nulse aux inte'rets de la liberte de conscience. Cette brochuie est ecrite dans cet esprit : on y trouve des observations sages. Avant de prendre une mesure ge'ne'rale a ce sujet , le gouvernemeut anglais ne saurait trop consulter I'inte'ret du peuple et I'opinion des diffei'entes sectes. L. S. 167. — Considerations sur' la constitution espagnole. — La consti- tution promulgue'e par les cortesle ig mars 1812 , est-elle de'fectueuse, parce qu'elle n'e'tablit pas une chambre des pairs hereditaire, etdoit-elle ^trerevisee pour I'admission d'un tel corps? — Aux corles de I'Espagne (parM. LeDieu)} in-S". de 62 pag. Londres, Stodan 1821, L'auteur, dit-on, est un Francais etabli a Londres. II examine avec talent s'il convient d'elabllr eu Espagne une chani])re des pairs; il combat cette ide'e , en s'appuyant sur la conduite politique des pairs d'Anglelerre et de la chambre des pairs de France. Mais il propose decre'er une chambre des princes conseruateursde la constitution, qai prononceiaient , sur chaque projet de loi adopte par la chambi-e des deputes , s'il est ou n'est pas conlraire a la constitution, Dans le premier cas , ce projet serait rejete ; dans le second , il seralt soumis au veto teniporaire du roi. Ces princes seraient nomme's par le roi sur une liste de Irois candidats pre'sentes par la chambre e'lective; ils seraient exclus de toutes autrcs places , et forraeraient un tribunal politique superieur ; ils auvaient une pension sur I'e'tat , et jamais de inajorat. L. LIVRES ETRANGERS. 5A1 168. — England and Naples Lord Liverpool's declaration, etc. — L'Angleterre et Naples. Declaration de lord Liverpool sur la re'vo- lution napolitalDe. Re'pouse a sa seigneurie^ par Franpois Romeo , sujet napolitain , adressee au tres- honorable lord vicomte Castlereagh, principal secretaire d'e'tat de S. M. Britannique pour les affaires etrangeres. Londres , 1820 , in-S". 169. — ^n historical suri^ey of the customs, etc. — Revue historique des coulumes , des usages , et de I'c'tat actuel des Bohemiennes. Par John HoYLAND. Londres, iSiO. Bartholomew Close, 1 vol. Prix, 7 schelings. (*)i7o. — Specimensof the Russianpoets;withpreliminary remarks and biographical notices. — Extraits des poetes russes , avec des re- marques preliminaireset des notices biographiques ; traduits par J^oAre B0WR.IKG, membre de la socie'le de Londres. Londres, 1821. Colburn. 1 vol. in-12, a4o pages. Cet ouvrage manquait a I'Angleterre. On u'y connaissait encore qu'iraparfaitement la litte'rature russe ; et, malgre' les progres rapides de ce peuple dans les arts et les sciences , ainsi que dans la civili- sation , on ne s'attendait pas qu'il put etre sitot place' , par ses pro- ductions poetiques , au rang des nations les plus civilisees. L' elegant traducteur de ces extraits se propose d'ecrire plus tard une histoire ge'ne'rale de la litte'rature russe ; et la maniere dontle public accueille cepreniier essai, I'encouragerasureraent a continuerses utiles travaux. Les traductions en versqueM. Bowring a donnees, deplusieurs passages tire's de treize differens auteurs russes , sont aussi belles et aussi ener- glques que I'original. Les notices biographiques sont aussi ecrites avec infiniment de talent, et perpiettent de suivre la marche du genie poe'tique , depuis sa naissance jusqu'a son entier developpemeut. II serait a souhaiter qu'un habile traducteur fit passer cet inte'ressant ouvrage dans notre langue. La Revue en rendra compte incessamment d'une maniere plus de'taille'c. L. S. .171. — Neiv Monthly 3Iagazine, — '^ou\ean Magasin du mois (n°3, mars 1821). Londres, in-8°. Colburn. Depuis i8i4 , il parait un cahier par mois de ce Magasin litteraire ; il etait d'abord fait sur le plan de tous les autres Magasins anglais qui contiennent tous, comme on salt, des articles originaux, puis un choix de nouvelles ou de petits articles qui out ete inse're's dans les feuilles publiques du mois. Par opposition al'ancien Monthly Maga- 5A2 LIVRES ilTRANGERS. zine, qui est favorable a la cause de la liberie, le nouvcau Monthly Magazine etait ties-ministeriel , et presque sew lie ; mais , depuis le commencement de cette anne'e , il s'est debarrasse des vieilles formes. Confic a la direction d'un ccrivain habile, M. Campbell, connu par ses poe'sies , le nouveau Monthly Magazine est a la fois mieux orf^a- iiise , mieux I'edige et mieux iniprime ; s'll n'est pas encore tout-a-fait liberal , du moins il a quilte le ton servile. Nous remarquons , dans le dernier numero, de tres- bonnes observations sur I'etat acluel de I'Alle- magne , et une ci'itique tres-bien faite de Tagression contre Naples. Dans les anne'es precedentes , ce magasin se rendait coupable d'intole- raace , a I'egard des catboliqucs d'Irlande , qu'il traitait avec autant de durete que les membres les plus ol)stines du clerge anglican. 11 faut espe'rer que , sous la direction de M. Campbell, il se corrigera aussi de ce defaut, et qu'il sera tole'rant comme le sont les feuilles indepen- dantes de Londres ; car il faut dire, a I'eloge des ecrivains indcpen- dans anglais, meme des de'mocrates, qu'ils favorisent et prechent toujours la plus grande tolerance en mafiere de religion. II y a, dans le cabier du mois de mars, un conte en vers de M. Camp- bell, intitule : Les Moines de Dijon; c' est une narration agreable. Mais , en France, un poete qui, pour peindre un moiue fluet aupres d'un autre tres-gras , dirait que.l'un n'aurait pu mSme serf ir da meche au suifde V autre , '■ The other vras lean Dominick Whose slender form and sallow Would scarce have made a candlewlcli For Boniface's tallow, ferait preuve de tres-mauvais goiil. On est apparemment moins diffi- cile en Angleterre, si toutefois on y approuve des comparaisons sem- blables. • D-g. 173.— rAe Literary Chronicle, and weekly Review.— LaChroniqxie lilteraire, ou Revue de toutes les semaines , formant un recueil gene- ral et analytique de la litte'rature , de la philosophic , des sciences, des arts , de I'histoire , du theatre , de la morale , des moeurs et des amusemens en Angleterre; journal public a Londres tous les samedis, par cahier de 16 pages, grand in-8". Limbird. Prix, 6pences lecahier, Cejounial, qui parait depuis quelque tems, et auquel nous cm- prunterons quelqucfois des articles^ est enlierement consacre a la litte'rature et aux beaux arls. II contienl des analyses d'ouvrages , des LIVRES ETRANGERS. 5A3 articles originaux , des apercus de moeurs , des morceaux de po^sie , eufin les nouvelles des theatres , etc. ; il est habilement redige. Le cahier du lo fevrier 1821 commence par I'examen d'uu voyage historique et pittoresque sur la Seine , depuis Paris jusqu'a la mer ; les exti'alls tire's des memoires de la rebellion , en 1745 et 1746, parle chevalier de Johnstone , sont aussi d'un grand iuteret. On rendcompte, daus le meme cahier, de I'important voyage de decouvertes, entrepris , eni8i8, par le capitaine Freycinet , commandant la corvette fran- caise, 1' Uranie. 173. — Pensees, maximes et reflexions morales de madaTneCoTits, recueillies par A. Bernays; In-18. Londres, 1820. Treuttel et Wiirtz. 3 sch. 174. — Les Proteges du dix-huilieme siecle, histoire religieuse et morale. Par madame D**.In-8°. Londres, 1820. Baldwin. 6 sch. POLOGNE. 175. — Lettre adressee a M. Christophe JViesiolowsTci, homme de lettres, au sujet d'utie pierre grave'e antique, qui se trouve dans la collection impe'riale de S. M. I'empereur de toutes les Russies, roi de Pologue, a Salnt-Petersbourg ; par CiAMPi^ profcsseur de philologie eii I'universite royale de Varsovie. Brochure in-S" de 17 pages. ( Var- sovie, 1820.) 11 s'agit d'une ame'thiste, dont M. le conseiller d'etat Kohler adonne une explication imprimee ; il y volt un Hercule en habit de femme : M. Ciampi y volt un Helenus , et motive son opinion dans des de've- loppemenSj ou bi'ille , comma dans tons les ecrits de I'auteur, une grande sagaclte , jointe a une erudition profonde. On trouve encore , dans la meme brochure , une lettre a M. Cancellari sur le mot reposio (pour repositio) , et sur tuie inscription concernant la pretresse Ea- machia, doutnous avons parle Tome VII, page 207. M. Ciampi s'oc- cupe d'un ouvi'age qui ue pcut manquer d'etre d'uu grand interet pourl'hlstoire lltte'rairej ce sont des lettres hlstoriques et critiques sur les relations concernant la religion , la politique , les sciences et les arts, eutre la Pologne et I'ltalle , contenant des notices biographiques et bibliographlques sur les Italiens celebres , dans- quelqu'une de ces parties, venus en Pologne , et re'ciproquement sur les Polonals venus en Italic. ( Voy. ci-apres , page 556 , n° 194, 1'annonce des Ferice Var- sauienses de 1820, du meme auteur. ) 5AA LIVRES ETRANGERS. ALLEMAGNE. 176. — Num. dogma catholicum est , matrimonii vinculum inter vivos conjuges nullo in casu solui posse. Dissertatio ah ordine Theolog, catholic, prcemio donata. Scripsit A. Frenzel. — Disser- tation inaiigurale sur cette question :Sic'est iiu.tlogme de I'eglise ca- tholique, que le lien du mariage ne puisse jamais elre rompu eutre e'poux vivans ; par A. Frinzel. Breslau , 1818, iu-8°. Quand le Code civil de France maintintle divorce, des honimcs qui avaient,ou qui affectaient un grand zcle pour la religion ^ s'ecriercnt que cetle loi c'tait contraire a I'c'glise catliolique , qui n'admettait le di- Torce en aucuncas. Ce futiiussiune dcs raisons ou un des pre'textes dont on se pre'valut , pour fairerapporterlaloi, par iniemajorite , phiszelee pourl'e'glise que pour la liberie' civile. Un candidal de theologiea I'uni- versite catliolique de Breslau a re'cemnienl choisi, pour sujet de sa these, la question de savoir si re'ellenienl rindissolubilite du lien du mariage est un dogme de la religion catliolique. II pre'tend prouver le con- traire, en e'tablissant que les caracteres du dogme, c'esl-a-dire les pre- ceptes de I'ecriture , la tradition unanime des Peres , et meme I'ac- cord des conciles , manquent a cette doctrine. L'auteur de la disser- tation re'duit done ce prclendu dogme a un simple article de discipline ecck'siastique. II est a remarquer quela feculte ibeologiquede Breslau a unanimement approuve les conclusions de cette dissertation. Un journal critique ailemaud fait observer, a ce sujet, qu'il serait a du- sirer que I'on exarainat avec la meme perspicacite d'autres pre'tendus dognies , qui n'ontnle I'autorite que parce qu'on ne s'est jamais donne la peine de recbercher leur origine. Le journaliste recommande nux catholiques I'exbortation de Vincent de Le'rins: v. In ipsa catholica ecclesia summopere curandum est , ut id teneamus quod ubique , quod semper, quod ah omnibus creditum est-: hoc enim vere pro- prieque catholicum. » D-g. 177. — Die Moncherejy oder geschichtliche darstellung des Kloster- we//.— Tableau liistorique du Monde monacal. Tom. Ill, Stuttgard, 1820. In-80. Dans un moment ou plusicurs homnies d'clat semblent vouloir Ic retablissement des couveus, ou quclques-uns meme n'he'sitent pas a declarer baulcmenl que les moincs, el surtout les jesuiles, sont ne'ces- saires au bonheur public , il est sans doule fori a propos de ramenev LIVRES liTRANGERS. 5A5 les regards du piiljlic vers le passe' , et de lui rappeler a la fois Ics avantages et les incouve'nieiis de I'ordre de choses que Ton re'clame. II convient surtout d'exaniiuer si, dansl'etatactuel de I'esprit humain de pareilles institutions peuveat prospe'rer. Avant de replanter I'arbre ilfautsonger aux fruits qu'il a portcs; et, s'il arrivait qu'apres avoir e'te' greffe sur toutes les brandies, et de lorutes les manieres, il n'en eut cependant produit que d'empoisouues , serait-il Lien sage de lui rendre la vie ? ; L'auteur de I'ouvrage dont il s'agit a examine' la question sous le double rapport de la politique et de la litte'rature. Les moines ont e'te long-tems seuls de'positaires des tre'sors de I'antiquite' ; ils ont eu dans le moyen age , uue grande influence siu' I'esprit des peuples , et quiconque veut connaitre I'lustoire des lettres ne peut rester etranger a la leur. C'est ici surtout que Te'rudition de l'auteur se montre dans toute son etendue. Un nioine meme , s'il avait passe sa vie a faire de laborleuses recberches , n'aurait pas niieux fait. Sous les rapports moraux , la question est abordee franchement. Selon l'auteur, I'exis- lence des ordres monastlques est funesle a la socie'te' ; et , s'il arrive quelquefois qu'une pieuse inspiration entraine vers la solitude una ame vertueuse , plus souvent I'Lypocrisie et I'ambition ont enferme leurs victimes dans ces couveus ; plus souvent encore, on y voyait, a cote du fanatisme le plus exalte, le plus afFreux desespoir. L'auteur s'introduit dans les detoui's obscurs des monasteres ; il saisit , il traine au grand jour tous les tourmens de cet enfer. Mais pourquoi faut-il qu'il ait quelquefois blesse' la religion , et qu'il n'ait pas senti que les principes qu'il met en avant seraleut souvent , dans leur application , aussi funestes a la societe que les ordres I'eligieux eux-memes? Ph .G. 178. — Darstellung aller Verdnderungen des Negersclavenhan- dels. — Tableau bistorique et pliilosophique de tous les cbangemens qui out eu lieu dans la traite des negres. Par A, HuNE. In-S", Got- tingen, 1820. Tome I. L'introduction el les deux premiers chapitres de cet ouvrage ont pour objet lalraite des negres, dans les tems anciens et dans le moyen age , alnsi que la traite des esclaves faite par les Arabes jusqu'au tems pre'- seut. Le troisieme cbapitre conlient la traite des negres faite par les Europe'ens. Le premier volume ter.mine I'liistoire, en 1787, e'poque ou le parlement d'Aiigleterre a fait les premiers essais pour I'abolition de SAG LIVRES ETRANGERS. la traite. Le second volume reufermera I'histoire des moyens qui ont ete employe's jusqu'a nos jours pour efPectuer cette aLolition* 179. — L'adminislration du chancelier-prince de Hardenberg. Leipsick, 1820. — ITn point sur V i , ou instruction sur I'icrit intitule : I' Administration du chancelier-prince de Ilardenherg. 1820. Lepremier de ces ouvrages , dont I'auteur parait etre M. de Ben- zenberg , habile e'crivain politique , a fait du biuit en Allemague. On y loue beaucoup M. de Hardenberg de ce qu'il a fait et de ce qu'il doit faire encorfe ; on. assure que ce ministre a des vues tres- libe'rales , du moins depuis plusieurs annc'es , et que s'il tarde tant a douner la constitution promise a la Prusse, depuis six ans , c'est parce qu'on ne peul trailer sur le meme pied des provinces tres-ine- gales sous le rapport de la civilisation ; attendu que, dans les uues, le peuple esttres-e'claire, et que, dans d'autres, il sort a peine de I'igno- rauce de la servitude; d'oii I'auteur infere qu'il faut attendre que le peuple prussien soit partout au mi'nie niveau j ce qui pourra bieu pa- raitre un peulonga la generation actuelle,qui est pressee de recueillir le fruit de ses grands eTorts pour la cause de I'humauite. Une partie du public s'est imagine que le ministre avail envoye' cet ecrit dausle monde comme un avant-coureur de ses projets ; il a de'menti cette opinion dans les journaux de Berlin. D'autres ont cru que I'auteur ano- tiyme, sous le voile de I'eloge, avait voulu donner des avis a la Prusse. TJn M. de Bulow, courrouce de cette hardiesse , a lance dans le public ime reponse intitule'e Un point sur I'i ; il parait que cette re'plique contient des sorties contre la Saxe ; car le debit en a ete interdit aux libraires de Leipsick , sous peine d'une amende et de la confiscation, Le gouvemement prussien n'approuve probablement pas cet ami iu- discret. D-g. 180. — Kieler Bejftrdge. — Me'moires de Kiel. Sleswig, tome I. 1820. Cerecueil d'articles politiques, liistoriques, moraux^ etc. , redige'par des professeurs del'universite' deKiel, se publiait d^ibord dans la ville de ce noni , sous le litre de Feuilles de Kiel. Mais, lorsqu'en 1819^ la diete germanique, obe'issant aux decrets de Carlsbad, imposa la censure a toule la confederation, les redacteurs, voj'ant que e'en e'tait fait de la lUierte de leur journal, aimerent mieux le cesser que de le soumetlre il descenseurs. Cependant ils comraencerent un nouveau journal a Sles- wig, iitue au-dehors des limites de la confederation, dans les ctals da- LIVRES ETRANGERS. 5A7 nois, oil du moins on ecvit avcc plus Je liberie sur les affaires de I'Al- leinagne. C'est ce que prouve d'ailleurs le premier volume du nouveau lecueil. Ony trouve d'abord une juslificationdesuniversite'salleniandes conlreles imputalions qu'on s'est permises centre elleidans desactes publics et dans des articles de jouruaux favorables au pouvoir. L'au- t€ur , M. Pfaff, a joint a cette apologie, ecrite avec une grande force de raisonnement , une traduction de la refutation d'une circulaire qu'on attribue h M. de Bernstor.T( on sait que cette re'futation est de M. A. de Lameth ). D'aiUeurs , le libraire Brockhaus a publie' en Alle- magne meme un exlrait de cette excellente refutation. M. Falck a insert; un article sur le non-paiement des interets de la banque de I'cmpire, de la part des terrcs nobiliaires en Sleswig et dans le Hols- tein. Les fragmens de I'histoire de I'unlverslte de Gottingcn qu'on lit dans ce recueil sont du professeur Brinckmann. L'auteur rappelle que cette universite celebre fut fonde'e par le Hanovre dans un esprit d! opposition liberale, afin de combattre , par des doctrines bien appro- fondics du droit public allemand , les pretentions dela cour de Vienne. II observe que, dans les sciences du moins, cette opposition se mani- feste encore Ji Gottingcn contre tout ce qui tend i eteindre les lu- mieres. II loue la liberte' dont jouissent les professeurs ; il couTient que M. Villers y fut revoque; mais il pretend que ce fut I'oeuvre de I'in- trigue d'un membre de I'universite, qui, dans d'autres terns , avait eu M. Villers pour temoiu d'une demarche liumiliante. On trouve , dans le premier volume des memoires de Kiel , la tra- duction d'un discours de lord Erskine , un me'moire eu plat allemand sur les avantages de cette langue populaire , et une chronique de I'uni- versite de Kiel. On lit encore , dans les melanges qui termiuent le vo- lume, quelques fragmens retranches par la censure. D-g. 181. — Geschichte der Uniuersitdt Gottingen. — Histoire de I'Uni- versite' de Gottingen, depuis 1788, jusqu'a 1820; par F. SaalFELD. Hanovre, Helwig, 1820. 676 pages, gr, in-8°. Prix, l5 fr. C'est le complement de V£ssai historique , par feu le professeur Putter, sur cette universite'^ depuis sa fondation jusqu'en 1788. Elle a ete sujette, dans ces derniers trente ans, a tant de vicissitudes, qu'un lableau de'taille de ses revolutions et ^de son e'tat actuel devait etre bien accueUli de tous les amis des scieuces. L'auteur u'a rien ne'glige pour remplir le but qu'il s'e'tait propose'. Son ouvrage se divise en sept branches principales; savoir: i° notices Iiistoriques sur la villc 5A8 LIVRES ETMNGERS. et sur I'univevsite en general ; a" notices biographiques ct litte'raires sur les pvofesseurs morts depuls 1788; 3" notices sur ceux qui, dcpuis cetle epoque, ont ete appele's a d'autres fonctions ; 4" notices sur ceux qui composent aujoiird'hui lesenat acade'mique deOottingen; 5" Des- cripliou dcs-ediCccs de I'universite, de sa bibliotheque, de ses socicte's savautes et autres etablissemens ; 6° organisation des cours et del'ins- truction en general; 7° enfin , des institutions de I'universite, relatives a la police, a la discipline, aux moeurs , au culle rcligieux , etc. Cet ouvrage fait bien connaitre ce celebre etablissenient, I'un des premiers foyers de lumieres de TAllemagne , et il est digne de former le troi- sieme volume du travail de Tillustre Putter. H-s. 182. — Kurzgefaste Beschreibung der Kaiserlichen Bibliolhek in jyien. — Pre'cis historique sur la bibliotbeque de Vicune, par Leon, i vol. pet. in-S". Yienne-, 1820. Armbruster. L'origine de ce'tte bibliotheque date de I'an i44o ; a celte e'poque, elle ne consistait qu'en quelques manuscrits dont I'empereur Fre'de'- lic IV avail fait faire I'eraplette. Elle est redevable de sa premiere organisation au poete laure'at Conrad de Celtes, qui, eni4g5, fut nomme bibliothecaire de I'empereur Maximilien I. Depuis ce tems , elle a e'te successivement augmente'e par I'incorporation des biblio- theques ou des collections des manuscrits, soit de ce m^me Conrad, soil de Busbeck , de Fnggen , de Tycho-Brahe', du barop Holiendorf, du prince Eugene de Savole, d'Apostolo Zeno^ etc., ainsi que des collections qui avaient ete forme'es aute'rieurement a Ambras , a Ins- pruck, et par le roi de Hongrie, Mathias Corviuus. Le vaste local qu'elle occupe aujourd'hui fut construit, en 1723 ^ par ordre de I'empereur Charles VI ; et , depuis qu'elle y a ete' transfere'e , elle est devenue bibliotheque publique. Les richesses litte'raires et scientifi- ques qu'elle renferme sont divisees en quatre classes principales; sa- voir : la collection des manuscrits , celle des gravures ; les incunabula ou editions yjrjTZcg^s, et enfin les ouvrages modernes. Parmi les objets curieux et rares des deux premieres classes , on remarque la carte ge'ographique la plus ancienne, connue sous le nom de Table de Peu- tinger et dalant du XIIP siecle ; un manuscrit liie'roglyphique du Mexique , dessine sursoixante-cinq feiiilles de peau de cerf ; Hilarius Pictaviensis ( S.-Hilaire de Poitiers ) de trinitate , sur papyrus d'E- gyple, di»-quatrieme siecle; plusieurs manuscrits sur du parchemin, couleur de pourpre , avec des lettres d'or et d'argent; le manusciU I LIVRE9 ETRANGERS. U9 autographe de la Gerusalemme conquistata du Tasse; I'original de I'acte du se'nat romain pour I'abolition des Bacchanales , datant de I'an 186 avant I'ere chretienne, grave suv une table de bronze, etc. La collection d'estanipcs contieut environ trente mille feuilles qui , d'apres la classification de M. Bartsch , remplissent huit cents cartons , dont deux cent dix-sept renferment dcs portraits , et vingt-cinq des miniatures peintes sur parchemin. Dans le uombre des Incunabula , on remarqiie sept ouvrages xylographiques ( imprime's avec des ca- racteres en bols ). M. Leon poite le nombre total des livres imprimes, a trois cent mille volumes, ce qui parait un peu exagere; dumoins, cette evaluation ne s'accorde guere avec d'autres rapports sur la biblio- theque de Vienne. Cette bibliotheque est ouverte au public, tons les Jours, pendant six heures ; niais la curiosite s'y trouve contrariee par la censure, dont les personnes employees a cette bibliotheque obser- vent strictement les lois , en ue communiquant que des livies dont la lecture est permise. H — s. l83 — TViener Zeilschriftfiir Kunst, Literatur, etc. — Recueil pe'rio- dlque de Vienne pour les arts, la litterature , le theatre et la mode. Vienne, chez Ceroid ( novembre et de'cembre 1820). Ce journal, ele'gamment imprime, et orne de gravures colorie'es, repre- sentant pour la plupart des costumes a la mode , parait etre fait surtout pour les dames ; on y trouve des vers , des conies en prose , des obser- vations sur les moeurs , etc. Ce qui nous a semble le mieux re'dige , ce sont les articles des spectacles, tanl de Vienne que desautres grandes villes d'AIIemagne. Ces articles sont ge'neralement bien e'crits , et an- noncent des redacteurs qui ont me'dile sur I'art dramatique. II parait a Vienne , chez le meme libraire , un autre journal litte— raire, Feuille de la Conversation , qui contient aussi quelquefois des articles interessans. Nous avons ete surpris de trouver , dans un nu- mero du mois de novembre , un ponipeux eloge de I'ouvrage de I'abbe de la Mennais , sur V indifference en matiere de religion ; ouvrage que les journaux de la partie la plus eclairee de I'Allemagne ont reduit a sa juste valeur , en le repre'senlaut comme un manifeste de I'into- le'rance. L'eloge du journal viennois est suivi de plaintes edifiantes sur la corruption J toujours croissante, du siecle. Ce theme re'ussit beaucoup aupres de certains gouvernemens,qui en prennent occasion de se charger de la tulelle de la generation corrompue. Nous trouvons plus d''iute'ret dans quelques autre* articles de ce Tome ix. S6 560 LIVllES KTRANGBRS. jnurnal> tels qu'une notice euv la societi^ cles aniis de la musiqus a Vienne, et Jes leltres e'crites dela Martinique, par un jardinier bota- nistCj qui voyage aux fvais de M. Sieber, le m^lne qui a receninient atlive' I'atteDtion publique en AUctnagne , par sa proposition d'liri rcmede infaillible conlre I'hydrophobie. L'auteur de ces lettres mande de la Martinique , qu'il a fait expcdicr pour I'Europe une ample provision de plantes , graines, coquiliages , etc. II espere com poser une flore de 3 S 4oo especes, et dont les e'cliantillons seront d'une grande beaute. H a giavi les rnoutagnes Llcues, ou, a ce qu'on lui a assure , personne n'a encore botanise'. II eut ni^nie beaucoup de peine a enga- ger quelques Iiabltans de I'lle a I'accompagner dans son excursion. On Ini fit peur des serpens ^ et il avoue que ces reptiles abondent en eBet dans le pays ; niais il ajoute que les indigenes ont un singuliev luoyen de se preserver du danger : c'est d'exposer sur le cbemin une teirine remplie de Sang de ponies ; les serpens qui avalent ce sang, cessent, a ce qu'on pretend, d'etre venimeux. Au haut des niontagnes , le voyageur allemand s'est trouve au milieu d'une riche vege'talion , tellement variee, qu'il ne savaitpar oucommencer ses berborisations. Les bords d'un lac etaient converts de plantes et de buissons de tontc espece , de gramiuees , d'orcbides , etc. Au sommet , il a trouve les plantes alpines les plus singulieres. Lorsqu'il aura termine sa recolte a la Martinique, il se propose de faireles memes recbercbes a la Jamaiqtic, comme il en avait fait de pareilles anparayant dans I'ile de Crete. Les editeurs de I'un et de I'autre des deux journaux que nous venous de nommer annoncent, selonun usage allemand, le montant des hono- rairesqu'ilsdonnentauxcoUaborateurs. l^e Journal desThedtres etdes 3Iodes accorde trois ducats , et le Journal de Conversation quatre ducats en or^ par feuille d'impression. Quelques editeurs , tels que celui de V Hesperus , nwtre journal autricliien , accordent meme des jirimes annuelles pour les meilleurs morceaux qui ont e'te fournis par les collaborateurs ou correspondans , pendant I'anne'e. De pareilles niesures sont un encouragement pour les geus de lettres , et tournent au profit de la litterature. II ne faut pas coufondre la Feuille de Con- versation viennoise avec celle qui parait, sous le meme titre^ depuis le commencement de cette anne'e , cbcz le libraire Brockhaus , a Leip- sick , mais dans Ic format grand in-4°. La deruiere est faJte sur un jilau plus e'tendu, et a une allure plus llbre. La litte'rature, les spec- tacles, la politique meme, y sont traitc's d'une mauiere plus piquante. LIVRES l^TRANGERS. 551 On y trouve Jes Letlres de Paris , qui ne sont pas sur le ton des ga- zettes; on y fait des extraits des journaux et ouvrages perlodiques fian- ^ais , surtout de ceux qui soiit redige's dans le sens lilwal ; en ge'ue'ral, ce nouveau jouinal prouve qu'il existe encore , dans les petits e'lats de la confederation , quelque liberie de la presse. II est juste d'ajouter que, dans lout ce qui concerue la politique de I'AlIe- magne itienie , les rcdacteurs sont oblige's de mettre la plus grande circonspection. L'exemple recent de la suppression de I'excellenle FeuilLe d'opposilion , qui paraissait a Weimar , leur a appris que la censure ue les garanlit pas des effets des plaintcs des grandes puis- sances, D-G. i84. — Morgenblatifiir gebildete Sldnde, — Feuille du matin, pour les classes instruites. Sluttgard elTubingue, chei Cotla : anue'e 1821 (Janvier et fevrier). Cette feuille litteraire est une des plus estimees de I'Allemagne. L'editeur, M. de Cotta , membre de la clianibre des deputes de Wur- temberg, et clief d'une des principalcs maisons de librairie en Europe, a des conespondans non seulemeut dans les graudes villes d'Alle- magne , mais encore dans I'e'tranger ; ce qui vaut a cette feuille un grand nombre d''artlcles originaux. Elle prend aussi la fleur de la litterature modernedes Francaiset des Anglais; etil est rare qu'ellene donqe un extrait de tout ouvrage un peu marquant, publie a Paris ou a Londres. Dans des supple'mens, elle fait, en outre, re'gulierement, une revue t)ibliograpbique de la litterature etrangere. D'aulres sup- pleniens soiU reserves aux beaux arts j cette parlie , traitee un peu trop serieusement , mais avec assez de profondeur, oQ're souvent des apercus fort inte'ressans sur les productions des arts , tant en AUe- mague que dans les autres pays. Pouraugmenter ajiparenimentle succes du Morgenblcilt ,V edAitiix a confie, dcpuib jSao, la redaction des suppleff.ens lilteraires a un auteur (M. Miillner) qui jouit d'une assez graude reputation en AUeniague , commepoete. II a fait la trage'die A' iTngurd e\, celle de VAlbanai&e, qui ont e'te assez bieu accueillics sur la scene. Mais , par malheur, ce poete s'occupe beaucoup trop de lui-nienie. Scbiller et Goetbe n'ont jamais autant parle de leurs oeuvres immortelles que M. Miillner parle de ses deux drames. Les supple'mens lilteraires du Morgenblalt ne servent plus qu'a mettre constamment en evideuce la personue et les deux trage'dies de M. Miillner. D-c. 36* 552 LITRES ETRANGERS. SUISSE. -i2>b.—^strononuedel' Amateur, ou Considerations philosophiques ct populaiies siir I'uDiveis , siiivies d'une methode nouvelle et facile de connailve les e'toiles. Par G. Hirzel; in-S". de bib p. avec quatre planches. Prix, 7 fr. 5o c. Geneve. J. J. Paschoud , imprimeur- libraire. Paris , meme niaison de commerce, rue de Seine, n° 48, 1820. Cetouvrage, tres-remarquable, devraitlrouver place dans la biblio- theque de tons les gens du nionde, qui n'ont gene'ralement que des idees vagues et confuses de la belle science dont il traite. 11 reunit k la metbodela plus facile unegrande exactitude; le style en est elegant, et quelquefois meme il s'eleve jusqu'a I'eloquence. 186. — Ueber die constitution der Spanischen Cortes. — Sur la constitution des cortes d'Espagne 3 par M. DE Hall£r. Berne , 1820. 87 pages in-8'^. Cet opuscule est curieux , parce qu'il sort de la plume d'un des- cendant de Guillaume Tell , d'un fonctionnaire public dans un etat ]ibre_, d'un professeur du college acade'mique de Berne, et qu'il est imprime dans la ville principale de la seule republique qui existe aujourd'hui en Europe. Dans la premiere parfie de cet ecrit, M. de Haller se propose d'analyser la nouvelle constitution d'Espagne ; il n'entre cependant dans aucun de'tail, il se contente d'appeler cette constitution un labyrinthe de la sotlise humaine. II accuse meme ses auteurs de fourberie^ puisqu'un journal de Madrid, de 1821 pre'tend qu'outre la constitution readue publique en 1812, il existe encore un acte secret , d'apres lequel la premiere ne serait autre chose qu'un acheminement au detronement du roi et a la ruine de la religion. Le reste de cette preteadue analyse se borne a declarer la guerre a toutes les doctrines coustitutionnelles, a appe- ler presque generalemenl tout ce que la le'gislaliou a produit de nos jours , I'oeuvre des Jacobins , et a condamner impitoyablement au bucher cette oeuvre diabolique. Dans la seconde partie, I'auteur entreprend d'enseigner aux rois et aux autres princes souverains le moyen de se rendre d'abord heureux eux-memes , ct de contribuer ensuite au bien-etre de leurs sujets. A cet elTet , il conseille a ceux qui ont eu la faiblesse de promcttre a leurs peuples une repre'sentation nationale, de n'en rien faive, ct d'entreprendre unc guerre sainte centre I'esprit du I LIVRES ETRANGERS. 555 siecle , plutot que de remplir une piomesse si ioseuseej et meme si criminelle. Quant au roi (Ferdinand) d'Espagne en particulier^ M. de Hallcr radmiie d'avoir refuse' , a son retour de France , d'accepter la constitution, et d'avoir ensuite re'tabli les je'suiles; mais il le blame d'autant plus severement d'avoir a la fin cede' , en adoptant et en jurant cette meme constitution, D'apres I'opinion du professeur helvetique , rien ue sanrait sauver le roi que le par- jure , comrae rien ne saurait sauver I'Espagne qu'une guerre civile. M. de Haller conseiUe le premier, et il espere que la derniere ne tar- dera pas a se realiser, Quoique la censure de Berne eut permis rimpression de cetle bro- chure, la vente en a ete de'fendue quelque terns apres sa publication- On a donne, a Paris, une traduction francaise de cet ouvrage, et il a e'te chaudement pi-6ne paries joui-nauxde parti. H — s. 187. — Lettres de Saint-James (premiere et deuxieme parties), concemant I'elat jpresent de V Europe, avec cette epigraplie : Orci pro nobis. (Par M. db ChateauvieuxJ Prix de la deuxieme partie, 2 fr. 5oc. Geneve, J. -J. Paschoud, imprimeur-libraire. Paris, meme luaison de commerce , rue de Seine , n° 48. Les deux parlies de ce livre ont paru successivement durant le coursde cette anne'e. La seconde contieut des tableaux , desjugemens, des conjectures tres-piquantes , concemant I'etat pre'sent et futur de I'Europe. L'auteur est un .incien officier Suisse , retire a Geneve ; il se montre philanthrope et digne rival de MM. de Pradt et Bignon. Son style est moins brillant que celui de ces ecrivains , mais ses apercus sont aussi justes et d'un genre tout aussi e'leve ; ce qui le distingue, c'est une precision, une brievete , une simplicite et une clarle admi- rables. Trace avec une grande impartialite', cet ecrit jette un grand jour sur la situation actuelledela politique europe'enne. Les lettres de Saint-James viennent d'etre tradultes en italien, et publie'es, en partie, dans le second cahier (fevrier 1821) du nouveau recucil, intitule Antologia , qui s'imprime a Florence. J^^.—Elemens de grammaire grecque, a I'usage des commencans, par Louis Vatjcher. Geneve, imprimerie de Fick. 1821. In-8° de il4 pages. Prix, 1 fr. 5o c. A Geneve, et a Paris , chez J.-J. Paschoud, rue de Seine , n" 48. Ou desirait depuis loug-tcms, a Geneve, une grammaire grecque 55A LIVRES ETRANGERS. elementaire , ou Ics EinipliCcalions ct les liemeux cliangemcns iniio- tluits en Alleniagne par Thiersch , Matthioe, Sclimidt, Buttmanu ; en France, par MM. Biirnoiif ct Gail, fussenl rt'unis et ahre'ges, el mis a la portce de$ jeHnes eleves. M. Louis Vaucher -vient de rendre cet important service a ceux'qui commencent i'e'lude du grec. Sa grani- maire n'est point par demandes et re'ponseSj comme le sont celles qu'on suivait chez nous ; elle n'est pas surchargee de regies obscures ou me'taphysiques, ni Je details fastidieux sur la foiinaliou des aoristes et des futuis seconds , etc. Tout ce que I'usage peut apprendre plus aisementque les regies ne s'y trouve point. Elle consisie presque toule en tableaux , en sorte que I'on peut dire qti'il n'existe point, pour les premiers elcniens du grec , de nielliode plus simple , plus facile et plus courte. Un autre nierije d« cet ouvrage, merite que plusieurs personnes ne manqueront pas d'appre'cier , c'est que les textcs francais et grec sont si corrects, qu'on n'y a pas encore de'couvert une faute d'impression. H. G. ITALIE. 189. — Dell' oggello della medicina comparalifa , etc. — De I'objet de la me'decine comparative , de ses rapports .irec d'autres sciences, ct de son influence sur re'conomie civile , etc. Par Luigi Chiaveriui, Naples, 1818. Chianese. C'est un discours d'ouverture qnel'auteura prononce' pour son cours de medecine. Nous saislssons cette occasion de faire conuaitre au pu- blic que M. Chiaverini se donne Leaucoup de soiii pour rcpandre toutes les connaissances qui lui sembleut nc'cessaircs au perfectioune- jnent de^la science qu'il professe. II cherclie a faire valoir loutes les etudes qu'il a faites a Paris , et ne se lasse pas de proposer des projets de nouvelles ecoles et de reformes, pour le Lien de son pays. On trouve plusieurs articles de lui dans le Giomale enciclopedico de Naples, sur la biologie comparative , ou la Tie de I'homme compare'e .'1 celles des autres etres organises. Ou lui reprocbe un peu la nianie d'innover ; niais, jaloux desprogres que la pliilosophie dela medecine a faits ailleurs , 11 voudrait la voir s'elever an m^me point daus son pays , oil il la regarde comme e'tant statiounaire. iqo.—Saggio sulla popnlazione , etc. — Essai sur la population du royaume de Pouiile, dans les tems passe'set dans le lems present ; par le chevalier Luca de Samuele Cagnazzi. Premiere partie. Naples , 1820. Angclo Tranl. LIVRES liriUNGliUS. 5&5 L'inienliou de I'aiiteur est de montrer les causes qui out cantvibue a la prospe'rite et a la decadence de la nation , a des epoqucs diQ'e - reutes, afia de les faiie seivir d'instiuctlon a la generation actuclle. Suivant lui , la population du rojaume de Naples , sous le n-gue d'Alphonse I.^r , en i465 , e'tait de 1,597,376 ames; elle alia en aug- ineotant jusqu'en i5o5 , pendant la domination des Aiiagonais ; elle se trouvait uu peu diminuee sous le regime autrichien ; inais on la vit augmenter deplus eupliisapves roccupation de Charles III. En 1766, elle e'tait de 3,963,098; en 1775, elles'etendait a4,a49,45o; et, en 1791, a 4,925,381 . Cette population s'est toujours accrue depuis; et , malgre I'inteiet qu'on avail a le caclier, on la poitait, eu i8o4, a 4,974,65g. M. Cagnazzi taclie souveut dc rectifier a ce sujet les opinions des plus celebres economistes , tels que Malthus et autres. igi — SuW amministrazione delta giustizia penale ne' governi eosliluzionali , etc, — Sur I'admiaistration de la justice pdnale dans les gouvernemens constitulionnels ; par Francesco DE Marco, Naples, 1821. Marolta , Wanspandocli et Agnello Nobile, L'auteur vient de publier la premiere partie de cet ouvrage, 11 ve- monte aux vrais principes de ,Ia legislation criminelle ; et, meltant en evidence les rapports : dn systeme conslitutionnel avec le syslerae judiciaire, il en fait ressorlir la necessite du jury. II expose aussi les diveises me'lliodes de cette institution qu'ont adoptees les nations Luodernes. Enfiu M, de Marco, quoique jeune ecrivain , se montre fort verse dans la philosophic de la jurisprudence modernc. 192, — Saggio d' istruzione uniuersale epubblica, etc. — Essaid'ius- Iruction univeiselle et publique , dedie au parlement national ; par Nicolas CovELLi , professeur de chimie et de botauique , etc, Naples, 1821. In-i". Marolta et Wanspandoch. Outre les vues generales , exposees par l'auteur dans cet ouvrage , on y trouve le pro jet d'uu jury, destine a I'amelioratiou de toutcs les sciences et de tons les arts. igo, — Memorie storiche, etc. — Me'molres historiques sur le comte Vincenzo Dandolo et sur ses ouvrages; par le chevalier CojurAGKONi, Milan , 1820. M. Compagnoni, ancienami de M. Dandolo, avantageusemcntconuu dans la ve'publique des letlres, vient de doiiner,daus unme'nioire par- liculier , lous les details vclatifs aux rechcrclies , essais et decouvcrles de ce grand chintiste dont il deplore la perle.Il lapporte aussi lous 556 LIVRES ETRANGERS. les te'moignages favorables qu'avaient piodigue's a son aini'les etran- gers les plus celebres dans la meme science , tels que Lavoisier , Van Mons, etc. Nous croyons ne'cessaire de conipletei' la notice que nous avons deja donnee dans ce recueil surDandoIo (_foy, TomeY, p. 456), en rappelant ici la seriedetousses t'crits imprimes : i" traduc- tion du Traite elementaire de chitnie de Lavoisier, du Traitk des affinites de Guiton Morveau, de la Statique chimique de Bertliolet, avec la nouvelle Nomenclature chimique; i° dei fondamenti dell- Fisico-Chimica , applicati alia formazione de' corpi'e a' fenomeni della natura ; 3° la Physique de Poli , cnrichie de beaucoup d'an- notalions; 4' de' pozzi del lidoe delle cisteme di Venezia ; b° del govemo delle pecore spagnuole e italiane ; les Ileitis Supra alcune jnalattie delle pecore ; la Coltii'azione de' pomi di terra , de' letami, et sur la uecessite de creer de nouveaux genres d'industrie ; 6° I'Eno- logia, ou I'art de fabriquer, conserver et faii'e voyager les vins; 7° il grido della ragione ,- 8° VArte di gouemave i bachi da seta , I'art d'elever les vers a soie. 194. — Ferice Varsanenses , etc. — Feries Varsoviennes , ou re- cneil des travaux de Sebastien Ciampi , docteur en philosophic , professeurde philologiea I'universite de Varsovie, etc.,pendantles va- cances de 1820. Milan , de rimprimerie de la Socie'te des classiques italiens. 1820, in-4° de 26 pages. Nous avons successivement parle de la pi'emiere (T. Ill, p. 4o3), et de la seconde anne'e (T. VI, p. 566) de ces cahiers philologiques. Les deux premiers furent imprlme's en Pologne , oil I'auteur est fixe par les fonctions que lui a conferees I'empereur de Russie , et ou il a ecrit cet opuscule , quoique des conside'rations particulieres I'aient de'termiue a le faire reimprimer en Italic. II contient Irois morceaux : 1° une dissertation ecrite en latin sur les variations de I'orlhographe chez les Latins , relativement a la preposition AB. M. Ciampi y demontre, par de nombreuses et de'cisives autorite's, prises dans les auteurs ou sur les inscriptions, qu'on peut employer regulierement la preposititlon AB devaut une consonne , quoique I'euphonie ait introduit un usage contraire ; a° interpretation d'un passage de Cice'ron [ad Familiar. L. V» Ep. 12), concernant un pre'iendu retour de The'mistocle a Athenes. L'auteur demontre fort bieu que, par le mot reditu , Cice'ron a du faire allusion au transport des os de Themistocle a Athenes, aprcs qu'il fut mort dans Texil. Ce inor- LIVRES liTRANGERS. 557 ceau est ecrit en italien , ainsi que le suivanl. 3'^ Examen critique de la lettre de Servius Sulpitius a Ciceion , sur la mort de sa fille TuUie (arf Familiar, L. V, Ep. 4). L'auteur s'efforce de de'montrer , par des argumens auxquels il parait difficile de resisler , que cette lettre , quoique du siecle de Ciceron , n'est point de lui , mais qu'elle est plutot un exercice de rhelorique. La critique de M. Ciampi me- nace encore quelqu'une des letties auxquelles on a attache le nom de I'orateur lomain. On ne pent que de'sirer la publication de ses observations a cet e'gavd , si elles doivent etre aussi savantcs et aussi de'cisires que celles qu'il nous donne aujour J'hui. ig5. — L'ltaliade, etc. — L'ltaliade , poeme du clieTalier .^^nc^e/o- ittana Ricoi. Livourne, 1S19, chez Glauco Masi. Ce poeme, divise en XII chants, deja annonce, et que son beau titre falsalt attendre avec beaucoup d'empressement ^ n'a pas obtenu tout le succes auquel il pouvait atleindre. Lesujet ne parait pas tiop favorable a la gloire de I'ltalie et aux inte'rets des Italiens. C'est la conquete que Charlemagne fit de ce beau pays, en chassant les Lombards qui I'avaient conquis auparavant , et qui , sous beaucoup de rapports , pouvaient me'riter plus d'e'gavds que les Francs , leurs successeurs. L'ltalie , qui s'e'tait en quelque sorts relevee sous la dy- nastic des Lombards, de'chut de plus en plus sous les descendans de Charlemagne. Quoi qu'il en soit du clioix du sujet , les Italiens , juges competens de ce pofeme , y remarqueut du de'sordre et de I'embar- ras dans le plan , plusieurs defauts dans les episodes , peu d''interet dans les personnages et menie dans le heros d.i poeme, et quelque- fois de la bizarrerie dans les accidens merveilleux emploj'es par le poete ; enlin , on n'y retrouve rien de I'esprit d'Homere , de Virgile , du Tasse. Le style de M. Ricci n'est point convenable au sujet ; il n'est ni assez elegant , ni assez pitloresque. Peut-etre a-l-on un peu trop exagere ces de'fauts , mais ce n'est pas a nous de prendre sa defense. Nous nous bornons seulement a remarquer ici que le sort qu'a eu le poeme de M. Ricci, et la Jerusalem de M. Arici, prouvent davan- tage encore la difficulte' de I'entreprise d'un poeme epique , et quel est le me'rite du Tasse qui , malgre ses imperfections trop souvent exagere'es par les uns ou admire'es par les autres , tient constamment la premiere place parmi les poetes modernes de toutes les nations. iCj^.—Euphemio di Messina, tragedia, elc. — Euphemie de 558 LIYRES JiTllANGEUS. Messine, tragedie Je J/Zf/o Pellico. Milan, 1820, cliez Viiiceiiz.io Fenario. , L'autcur de celle IrageJie en a doja publie une autre, sous Ic lilic de Francesca dl Rimini , lendue celebre par le Danle. L'une el I'aulre piece sont faites d'apres les regies du genre romantique. Eiiphc- mie, homme d'une condition obscure et d'un grand caracteie, nc pouvant obtenir pour c'pouse Lodovica , fille de Theodore, roi de Sicile, part pour TAfrique^ se fait Sarrasin, et vient, a la tcte d'une forte escadre, p(iiter la guerre dans la Sicile. Tlie'odore est hattuj Lodovica, religieuse dans_un convent, est demande'e en ma- nage par le vainqueur. Les superieures du couvent , I'eveque lui- m^me, clierchent a faire de Lodovica une nouvelle Judith, et I'en- gagcnt a trahir et a assasslner Euphemie. Lodovica promet d'obeir ; mais sa re'sol ution s'c'vanouit des qu'elle reconnail son amant. Elle cede asa passion, et espere qu'Eupliemie abjurera sa nouvelle religion , et deviendra encore une fois cliretien. Dans eel etat de choses , aprcs line action tres-sanglante, Lodovica vient, de nuit, sur le champ de balaille; la, elle Irouve niortellemeut blesst le roi The'odore, qui meurt dans les bras desa fille. Ellesere'sout alorsaassassinersoii amant, ce qu'elle execute a la liu du 5" acte. Voila , a pen pres , le sujet de la piece de M. Pellico , auquel on iie peut contester beaucoup de talent et dans une partie du dialogue et dans quelques situations. On rend surlout justice ii la vivacite de son style et a la beaule de sa versification. Malgre plusieurs imperfections qu'on peut lui reprocher, nous I'encourageons a perse'vercr dans la noble carriere ou il est enlrc, et oii il peut se promettre beaucoup de succes. 197. — lUade d'Omero, elc. — lliaded'Homere, traduiteen Otlapa- rimay parl'abbe' Eustachio. — FiocchIj professeur, etc. Milan, 181S, Sonzogno et comp. Apres la belle et fidele traduction de M. Vinceuzo Monti , en vers sciolli , Lorenzo Mancini en publia une en otiaua rima , comroe eelle de Bozzoli. Malgre les difliculte's de I'entreprise dans la- quellc ont e'cliouecfs deux versificateurs, I'abbe Fiocchi n'a pascrainl dc la renouveler, ct il I'a fait avec succes. 11 a beaucoup profile' de la niauiere del'Ariobte ct de celle du Tasse, heureusenient combine'es; ct, ce qui est plus reniavquable encore, il a donne k sa traduction plus de fidelitc' que Bozzoli ct Maucini, qui souvent alterenl ct dc'naturent Icurmodele. LIVRES ETRANGERS. 559 198. — Le odi. di Pindaro, etc. — Odes Je Pindare, ti-aduites ea ilalien et commente'es par ^7zze Mezzanotte, professeur de litte- rature grecque dans I'universite de Perouse, Pise, 1820. 2 volumes. JNiccolo Capuno. Le nom de Mezzanoue n'est pas inconnu a iiotie Kevve. Le secoud volume de sa traduction, qui vient de paraitre, preseute d'abord ua cxtrait de la dissertation de Corsini sur les jeux pythlques. On y trouve ensuite deux traductions , litte'rale et poetique. Souveot les difliculte's de I'unc anuoucent et justifient en quclque sorte celles de I'autre. Ce volume est termine' par deux planches , contenant les me'- dailles grecques relatives aux jeux pytliiques, inlerpre'tees par M. J. B. Vermiglioli. 199. — Del hello ideale e delle opere di Tlziano , etc. — Du beau ideal et des oeuvres du Titien. Lettres pittoresques de Giuseppe Car- PANi. Padoue , 1820, in-8° , a la typographic de la Miaerve. L'auteur fait preuve de beaucoup de conuaissances et de gout dans les beaux arts. Juste appre'ciateur du merite du Titien, il parait ne pas imlter assez le gout de son artiste favori dans le style de ses lettres. On lui reprocheje ne sais quoi d'affecte, lors meme qu'il s'e- tudie le plus a elre simple ; ce qui le rend , dit-on, monotone et ennuyeux. ESPAGNE. 200. — Suplemento , etc. — Supplement au Diclionnaire de medecine , par les doctcurs en me'decine , don Caledonia Martinez Cavallero et don Manuel Hurtado de Mendoza. 3 vol. iu-S". Madrid. Barco. 1821. Le Dictionnairede medecine, auquel les docteurs Cavallero et Hur- tado ont fait des additions , n'est pas celai qui est le plus counu en France et publie par le libraire PancUoucke , mais un autre public en Espagne,par don Antoine Ballano et re'dige d'apres le Diction- naire liancais. Les auteurs du supplement out profite de toutes les decouvertes medicales , de tons les progres qu'a fails Part de la mede- cine , pour ajouter a I'utUite de leur ouvrage, Le docteur Hurtado a demeure' pendant long-tems a Paris , oil il s'est adoune a I'e'tude de la theorie et de la pratique de la medecine. II assistait aux cours de presque lous les professeurs en me'decine de cette capitale , ct notammeut a celui d'anatomie ct de cranolocic du ci'lclne doclcur 560 LIVRES ETRANGERS. Gall, ainsi qu'aux. cours de botanique , de mint'ralogie, dc cJiimi'p , de dissectiou anatoraique , et meme de pliarmacie.il n'a rien omis pour s'instruiie et auginenter ses connaissances: enfin, c'est a Paris qu'il a compose les articles qui lui appartlennent dans ce gupplc- ment , apres avoir obtenu le grade de docteur en me'decine a la fa- culte de cette villa ; en sorte que son ouvrage pourrait etre justemeut considere comme originaire francais,et comme un recueil des con- naissances modernes que M. Hurtado a puisees en France. 201. — Elementos , etc. — Eleraeus de pliilosophie morale , par don Michel Martel , professeur de cette science, dans I'univer- site de Salamanque ; un vol. in-8°. Madrid , 1821. Brun. L'auteur (qui est I'un des membres des cortes d'Espagne , de'putt; de la province de Salamanque), a cherche a sefaire entendre facilement par les jeuues e'coliers de philosophic. L''expeirence que M. Martel a acquise dans I'enseignement de la morale, pendant uue lougue serie d'anne'es, lui a de'montre que la clarte et I'ordre des ide'es, nou moins que la simplicite du style, etaient les qualite's les plus desirables dans un ouvrage elementaire. Les circonstances oil se trouve I'Es- pagne lui ont permis d'expliquer dans son livre les droits et les devoirs de I'homme en socie'te , euvers soi-meme , envers ses conci- loyens , sa palrie , son gouvernemeat , eufin envers tous les honimes ses semblables. 202. — La sociedadfcliz. — La socie'te beureuse , ou le plan et les ele'mens d'un gouvernement simple, prevoyant et utile. 3 vol. iu-8°. Madrid, 1821 , chez Bailo et autres libraires. L'auteur comprend dans son plan 1' education religieuse et civile, le systeme de le'gislation qu'il croit etre le plus avantageux pour I'Es- pagne , depuis qu'elle a une constitution ; il y reunit enfin toutes les maximes de philosophic et de morale , dont I'applicatiou a I'objet de son ouvrage pouvait en auginenter le mcrlte et I'ulilite. 2o3. — De la prueba por Jurados. — De la preuve par le moyen d'un jury , ou par le moyen d'un conseil compose d'honnetes gens ; par don Jacques Jonama; 1 vol. in -8". Madrid, 1821. Chez Banz. ~ Le jugement d'un jury sur un fait n'e'lait pas bien connu en Es- pague, parce qu'on ne I'avait jamais vu en pratique. La constitution el quelques lois lendues par les cortes, en 1820, I'ont introduit en priucipe. 11 sera presque impossible d'cviier pendant quelqiic terns dts LivREs Strangers. 561 erreurs ; I'mexperience et le manque de livres concernant cet objet en serout les principales causes. On cliercliera saus doute a traduire les ecrils francais ; mais , jusqu'a leur publication, rignorance sera presque ge'ne'iale , et peut meme deveuir fort nuisible. Ce sont ces considera- tions qui ont determine' M. Jonama a porter la lumiere surcesujet, et meme a adresser a la nation quelques propositions qui me'ritent d'etre pese'esmurement dans la situation actuelle del'Espagne. 204. — Die tamen y progecto de decrelo , etc. — Projet de de'cret sur le re'glement general de I'enseignenient public, presente aux cortes , par leur commission d'instruclion publique , et imprime par leur ordre. Madrid, 1820. in-S". 205. — Ensayos satiricos , etc. — Essais satiriques en vers et en prose, par le licencie Machuca, ancien locataire de la Maison-Noire. Brochure in-12. Madrid , 1821 ; au bureau de I'imprimerie nationale. Le nom de M^achuca est pseudonyme, et la qualile de locatairede la Maison-Noire signifie demeuranl dans les cachots de I'inquisi- tion. L'ouvrage compreud quinze pieces satiiiques , tout-a-fait origi- nales et piquantes. Ces ecrits en prose et en vers sont diriges contre 1 'inquisition, contre I'ignorance , I'oisivete , les preventions litteraires et politiques , et contre divers abus contraires a la prosperite d'une nation qui commence a etre gouverne'e par une constitution liberale. L'auteur a fait preuve de beaucoup d'esprit et de raison. J. A. Llorente. ROYAUME DES PAYS-BAS. 206. — M. Valerius Messala Corvinus geschetst, etc. — M. Valerius Messala Corvinus , esquisse dans une suite de tableaux de I'histoire contempoiaiue de Rome, par M. C. Van Hall, chevalier de I'ordre du Lion Belgique, membre de I'lostitut royal de Hollande. Tom. IL Amsterdarai. Vander hey, 1820. iu-8° de 269 p. L'accueil quele public a fait au premier volume ; I'honorable appro- bation du roi des Fays-Bas , qui a fait temoigner a l'auteur combieu il voyait avec plaisir ses efforts pour mettre la litterature nationale en rapport avec celle des auciens ; le suffrage des journalistes hollan- dais et etrangers, ont ete d'un puissant encouragement a M. Van Hall pour I'achevement de son inte'ressaute entreprise. Son but , dit- il , a ete meconnu par plusieurs de ceux qui I'onl juge , meme avec £aveur> II n'a voulu, ni tracer une biographie.de Messala, ui faiie 662 LIVRES ETRANGERS 111! loniau histoiique dans le genre de ccux de Meissner , de Flor'.an, de madarae de Genlis. II a clierche eeulement, dans la vie de Messala, une situation autour de laquelle 11 put grouper Ifs hommes les ping distingiics et les plus beaux geuies de son tenis , avec leurs principcs, leuvs habitudes, quelques traits remarqnablcs de leur coudnite dans les cve'nemens contemporains , et enCn quelques productions Hlte- raircs que Ic siecle d'Auguste a trausmiscs an notre. Maiutenant que M. Van Hall a termine' son ouvraje , uous le felicitous d'avoir si bien reussi dansle but qu'il s'e'tait propose. Son deuxicme volume nc de'pare pas le premier; il se rapportc tout entier a I'epoque de Rome la plus brillanlc , la plus fortunee. Les bonneurs du Irioniplie dccernes ;« Messala ; la fete seculaite chantce par Horace ; une belle traduction du chef-d'oeuvre de ce poete , le se'nat de Rome qui., par I'organe dc Messala , proclame Augusle pere de la palrie ; le chant d'Ovide a ce snjet [Fast., Liv. 11^ v. 120 et suivans) ; la mort de Virgile , de Tibulle , de Mechne j d'Horace^ de Messala ; enfin , cellc d'Auguste , et le detiil universel qu'elle cause : tels sont les principaux evenemens qui se sont prcfsentes sous la docte plume de M. Van Hall , et qu'il a su revetir de tout le charme de son style. II a encore consacre un excellent article aux jeux sceniques des Remains ^ iiOvideet a Varius, conside'res comme poetes tragiques ; aux acteurs Esope et Roscius , aux pantomimes Pj'lade et Balliyle. Pages 263-i6g, Ovide doune lecture dc la fable d'Apollou et de Daphne ( Metam. I , v. 452 ) , el un piquant cntretien s'etablit a ce sujet. M. Van Hall se juge quelquefois lui- meme avec sc'verite, notamment ^lans ce qu'il dit de sa traduction de la belle elegie d'Ovide, a I'occasion de la mort de Tibulle. ( Amor. Ill, El. 9. ) 207. — Gedenkschriften in de hedendaagsche talen , etc. — Me- moircs dans les langues modernes de la 3^ classe dc I'lnstitut royal de Hollande. Tome I, de 426 pages ; tome II, de 277 pages. Amsterdam , Piepcr et Ipenbnur , 1817 et 1820, in-4°. Le 1"' volume contient, outre I'hlstoire litteraire de la classe : 1° un niemoirc tres-etendu et non moins profond AeM. Kinker , intitule: Introduction aune thiorie pliilosophique geniraledes langues •j'i." un article de M. Falck , sur I'influence qu'a cue la civilisation dc la na- tion liollandaise , sur le progres des lumieres , chez les peoples du Nord. Le a* volume ofiie , .\ la suite del'histoire litte'rairc de la classe .~ LIVRES FRANgAIS. 568 1° line Iiistoire Je I'ancienne loi des Frisoiis , par M. Tiletnan Dothias fp' tarda (en alleraand); 2° uu me'moiie sur le plaidoyer dc C. Coeci- lius Pliuius secundus , en faveur d'Accia Variola , par M. Van Hall; 5" un me'moire surle destin des anciens, parM, Sluarl; k° nn me- moire sur la declamation, ou le debit acceutuc et niesure ( /ioorJare voordragl) de I'orateiiVj par M. K inker ; 5° une esquisse de I'etat de la liuerature oiientale en Hollande , pendant le cours du dix-huitieme fciecle , par M. If^illmet. 208. — Commenlationes laiince tertice classis Insutuli regit Bel- gici. — Me'moires latins de la 3^ classe de I'lnslitut royal de Hollande. Tome II. Amsterdam, Pieper et Ipenbnur, 1820. In-4° de 245 pages. Ce volume se compose : 1° d'un compte rendu des travaux de la classe ; 2° d'un me'moire de M. F'an Ileusde , intitule : Diatribe in ci- vitales antiquas. II en a dcja ete question dans la Reuue; 3° d'un me'- moire de M. Pareau , de indole nobilissimi poemalis arabici Kasi- daal-Mashoura , quod Ibn Doreidum habel auctorem ; 4° d'un me'moire de M. Kan Lennep , de Judceorum origine Damascena , ad locum Justini , lib. 35, cap- a,- 5° de remarques de M. Willmet, sur le precedent niemoire ; 6° d'un article de M Koopmans , intitule: JExposiiio conjecturcB quam fecil ad locum Taciti , Ann. lib. 4, c. 73. S. A. Gabbema, Frisice hisioricus; 7° d'un memoire de M. Kan Lennep , de Daphnide Theocritiel aliorum; 8° d'une lettre de M. Bilderdyk , intltule'e : de collatione legum mosaicarum et ro- manarum , nee nan specimen emendationis edicli imperatorum, DiocletianietMaximiani contra Manichoeos ; g° d'une dissertation de M. Kan Lennep, sur I'epitre d'Horace a Rullatius, la 11* du i"^"" livi-e ; 10° d'un article du nieme, intitule : Commenlatio ad marmor literalum atlicum , recens effossum. Marhon. LIVRES FRANgAIS. 209. — (*) (Euvres completes de Buffon, mises en ordre ct pu- Wices par M. de Lacepede ; 2' editiou, 24 vol. in-S". (II en a paru l4). On souscrit a Paris chez Rapct , editeur , rue Saiut-Autlre-des-Arts, n" 4i. Prix avec les figures en noir . 10 francs le vol. , ct ai fr. sur papier velin avec les figures soigneusement colorie'es. La beaule du papier et de I'impression , ainsi que Ic fini des gravures qui accorapagncnt les trois premiers volumes des qiiadru- 56A LIVRES FRANCAIS. pedes , assurent a cet ouvrage un rang tres- distingue dans la librairie , et font honneur a I'editeur. Nous sommes infoi'mes qu'il rnedlte une cntreprise nouyelle qui est sur le point de paraitre. C'est la Faune frangaise , ou histoire naturelle et geuerale de tous les animaux qui viveut ou stfjouinent en France , ouvrage qui manquait aux sciences naturelles. ( Vqyez Mei^ue encycl., Toroe III, page igS). 210. — Description des nouveaux inslrumens d' agriculture les plus utiles , par A -Thaer ; iraduit de Tallemand par C. J. A. Mathieu DE DoMBASLE, correspondaut de la socie'te' royale et centrale d'agri- culture , etc. , avec 26 planches grave'es par M. Le Blanc , dcssinateur- gi'aveur du Conservatoire des arts el metiers. Paris, niadame Huzard, (ne'e Vallat-la-Chapelle), rue de I'Eperon -Saint -Andre -des -Arts, n° 7, 1820. TJn vol. in-4°. Prix^ i3 francs 5o cent.^ et i5 fr. par la poste. Cet ouvrage peut servir de suite et de comple'ment aux princi pes d'agriculture du meme auteur , traduits par M. Crud. 211. — Essai d'une nouuelle thiorie de I' ilectriciti , contenant line refutation du systeme de deux fluides vitre et resineux , et une explication de plusieurs pheuomenes me'teorologlques , par A. ViNE, capilaine au corps royal du genie, ancien e'ieve de I'ecole poly- technique. Arras , Bocquet. Paris, chez Bachelier, quai des Augus- tins ( 1821), in-B" de 118 pages , plus une planche ; prix , 5 francs. 212. — Division naturelle des temperamens , liree de la fonctiouo- mie; par F. Thomas BETROisvivRE, interne de premiere classe des bopitaux de Paris , avec cette e'pigraphe : L'homme exterieur n'est que la saillie de l'homme interieur. [Dupalj^, 55' lettre sur I'ltalie.) Paris, 1821. Compere jeune , libraire , rue de rEcole-de-Me'decine , n" 17. Brochure in-8° de vj et 3-j pages. Prix : 1 fr. 2.5 cent. , et 1 fr. 5o c. franc de port. 3l3. De lafolie: — Considei'alions sur cette maladie, son siege et ses symptomes , sa marche et ses termlnaisons ; les differences qui la distinguent du delire aigu; les moyens de traitemens qui lui convien- nent : suivies de recherchcs cadaveriques; par M. Georget, doctcuren medecine de la faculte' de Paris , ancien interne de premiere classe de la division des alienes de I'hospice de la Salpetriere. Paris, Crevot, rue del'Ecole-de-Me'decine, n"" ii et a3. 1820, in-S". Prix, 6 francs •et 7 fr. 5o centimes par la poste. L'auteur a eu pour but, en donnant une nouvelle histoire de la I LlVRliS FRANCAIS. ?6S folic , tie chercher a en fixer le siege , de reinonter a la source des de- sordres produils, de faiie eafin a celte affection I'application des lois de la palliologie et de la tlie'rapeutique gene'rales. Deux des cha- pitves de I'ouvrage avaieiu de'ji vu le jour. Celui des causes de la folic a fait le sujet de la these de I'auteur , et celui des ouvertures de corps est uu memoiie qui a remporte un pvlx propose' parM. Esquirol, en 1819. Ce cciehre medecin a permls a M. Georget de consiilter la collection des observations qu'il recueille depuis vingt ans. 2i4. — Relation abregeedu voyage fait en Andalousie , pendant I'epide'mie de 1819; par A. Mazet, D. M. Paris, 1821. Pauckoucke, libraire , rue des Poitevins , n° i4. MM. Pariset et Mazet furent charge's, coiriTUe on sait, en 1819, d'aller observer I'epidetnie de fievre jaiine qui rarageait, a cette e'poque , I'Andalousie. La relation dc'taille'e de ce voyage a , depuis^ ete publie'e de concert par les deux voyageurs. La relation abrege'e de M. Mazet, que nous annoncons ici,n'en conseiTC pas moips tout sou inte'rct, ou plutotlcs deux relations sont complelives I'une de I'auti'e. — La Revue seproposaut de dooiier un extralt etendu de la pre- miere , nous renvoyons a cet extrait I'examen de leur sujet conimun. Nous rappclous, a cette occasion, le travail importaut de M. Moreau de Jonnes, e'galeraeut sur la fievre jaune , donl nous lendions conipte incessaniment. 2i5. — Larcheregium , ou Dictionnalres speciaus de mon elixir , ainsi que de toule nia doctrine et mes adhe'rens: par Th. Nicolas LarchePvEt ( de Toissey ). Paris, i8ig,in-8°, portrait; au de'pot general, rue du Pot-de-Fer-Saint-Germain , n'^ 5. Piix lofr,, et 12 fr. par la poste. 216 (*). Recherches sur les coTi sommations de tout genre de la ville de Paris , en 1817 ; comparees a ce qu'elles e'taient en 1789 ; par M. Bexoiston de Chateauneuf; memoire lu a I'acade'mie des sciences, dans sa se'ance du 11 Janvier l8ig. 3* edition, corrigee et augmentee. Paris, 1821, chez I'auteur, rue S.-Dominique-d'Enfer, n°20. In-S" de iSy pages. Cet ouvrage a etetraduiten anglais; I'auteur prepare une seconde partie , qui traltera des consommations iadustrielles. — 217. Projet adresse au roi, en son conseil d'e'tat , au mlnistre de i'interieur, aux pre'fets de la Seine et de police , pour I'entreprise de ballayage et netlovage des rues de Paris , d'etablisseme is , cons- ToME IX. 37 5(iG LlVfiES FI\A>CAIS. liiiclioiis cl oiubtllisseniciis qui manquciit a celte c.ipit.ilc , pai- line societe ofliant toutes les garanties propies a en assurer I'extcutioii , elles planclies et de 3 cartes, sera de 76 fr. papier ordinaire , et de i35 fr. papier velin. Les personDes qui paieront le.s trois livraisons, en retirant la premiere, jniiiront d'une diminution de 6 pour cent. 220. — Voyage piltoresque et historique du nord de I'ltalie , par T. C. Bruun Neergaard , gentilhomme de la chambre du roi de Danemarck , membre de diverses socie'tes savantes. Les dessins par Naijdet. Les gravures par Debucourt , peistre du roi et cor- respondant de I'academie des beaux arts de France. Deux volumes in- folio, avec 100 planches. Paris , Firmin Didot , rue Jacob, n°. 24. Le voyage pittoresque du nord de I'ltalie , dont S. M. le roi de Danemark a accepte la de'dicace , formera 2 vol. grand in-folio , papier demi-colombier , caractere neuf, saint-augustin. Chaque vo- lume sera compose de 8 ou g cahiers ^ cliacun de 6 planclies , et accompagne d'un texte historique et explicatif , auquel on ajoutera dlR'erentes notices principalement relatives aux beaux arts , a I'agri- culture et aux manufactureki. Les sept premieres livraisons ontparu ; la huitleme , qui paraitra a la fin du mois de mai, lerminera le premier volume. Les livraisons suivantes seront mises au jour aussi promplement qu^ possible. Le prix. de chaque livraisoa est de 12 fr. , ct de i3 fr. , franc de port, pour les d^'partemcns. L'exeraplaire , texte et planches sur papier velin grand-aigle satine, est de 2G fr. Oil ne pave rien en souscrivant. On peut voir d'avancc , tons Irs vendredis, riicz I'auleur , uiir jiarlic drs jdanciies qui sout d('j,\ 568 LIVRES FRANCAIS- giavccs. On sousciit pour cet ouvrage cliez I'aiiteiir , rue ties Petits- Aiigustins , u° 26, depiiis 10 heures jiisqii'a niidi. A Paris, chez Firmin Didot, rue Jacob , u" 24. Treullel et Wilrlz, rue de Bour- bon , et cliez les prlncipaux libraires de I'Europe. 321. — IF'anderungen- durch die] Vogesen. — Excursions dans Ics Vosges; par Chrellen-Maurice Engelhardt, Strasbourg, 1821. In-8°. Cost uu pelit ouvrage descriptif dont la lecture est fort attachanle. M. Engelliardt a parcouru la belle cbalrie des Vosges, a plusieurs reprises et daus tous les sensj il y a fait des observations ge'ologiques et botaniques , qu'il niele a ses tableaux de la nature j sans leur donner une c'teudue que ne coniporterait pas sou livre. M. Engelhardt a fait ses preuves en plus d'un genre ; et nous savons bien que la ou il ne place qu'un souvenir , il serait capable de mettre un traile complet. Pour cette fois , il n'a voulu que donner un guide au voyageur ; et , comme son lirre est fait pour etre lu par nos voisins (dans la langue desquels il est ccrit), je ne doule pas que plusieurs curieux ne viennent visiter les beaux lieux qu'il decrit : Castraque qure Vogesi curvam super ardua rupem Puguaces pictiscoLibebant Lingonas arniis.(PAa7'sa/^, L. I.) Les chateaux du moyen age se sont e'leves sur ceux dont paile Lucain, M. Engelhardt , qui pousse la modestie jusqu'a garder le silence sur ses propres trayaux, nous annonce, comme devant pa- raitre incessamment, une description de ces chateaux, par M. Inilin, Plusieurs personnes , en ce moment, s'occupent des munumeiis alsa- ciens ; mais tous les regards, toutes les esperauces se portent sur M. Schweighaeuser fils , charge de decrire et de constater I'etat de ceux du Bas-Rhin. L'amitie dont m'honore ce savant, aussi modeste que laborieux , les conseils etlcs secours que j'attends de ses lumieres , m'ont seuls de'termine a accepter la meme mission daus le de'par- tement du Haut-Rhin. PIi. Golbery. 222. — he Missionnaire selonl'evangile , parM. lecomledeN...,, ancien conseiller au parlcment de P...., avec figure. Paris, Arthus Bertrand , 1821. In-12. Prix , 2 fr. , et 2 fr. 5o cent, franc de port. Comme cet ouvrage rt'pond parfaitement a son titre , et que beau- coup de journaux donnent aujouid'hi i des lecous de theologie et de piete , I'auleur dcvait s'atteudre a des analyses multiplie'es : il en a ete tout autrement ; h peine le Missionnaire a-t-il obteuu une simple LIVllES FRAN(;AIS. 5G9 aunonce dans quelques j ouinaiix ; ceux meme qui se diseut les amis cle a religion , ii'eu out pas encore parle. Les redactcurs de la Revue En- cyclopedique doivent a rimpailialite qui les cavacteiise, de signaler le Missionnaire comme un ouvvage re'dige' avec un talent tres-dislingue , dans des vues Ires-louables : la lectiue en sera utile dans tousles pays oil I'on conserve del'altachementala religion , maisparliculiereinent dans ceux au milieu desquels MM. les misslounaires exerceiil leurs taleus eldcploicut leur zele. On verra si , dans leur conduite et dansleuis dis- cours , ils retracent le verlueux missionnaire dont le portrait a ete esquisse avec taut de verite par M. le comte de N*** ; au reste , il parait que les fragmeus de sermons , mis dans la Louche du mission- naire par ce pieux magistrat , onl ete reellement prononce's a la Cour, dans les anne'esqui ont pre'cede la re' volution de 1789. Cela seul devrait suflire pour procurer des lecteurs a notre bon Missionnaire, B... 223 (*). — duvres completes deC, F. Volney^ comte rt pair de France , membre de I'academie francaise , honoraire de la socie'te asiatique seante a Calcutta , mises en ordre et precede'es de la vie de rauteur,T. I et IV. Iii-8°. Paris, i82i,'che2 Bossauge freres, libraires; C'est la premiere livraison de ce recueil, qui formera huit volumes. La secoude va bieulot paraitre. Le T. I contient : une notice sur la vie et les e'crits de I'auleur, par M. Adolphe Bossange , les Ruines , le Calechisme de la loi nalurelle ., la LeUre au docteur Priestley et le Discours sur V elude philosophique des langues. Le T. IV forme le premier des Recherches nouvelles sur I'histoire ancienne. On re- marque , dans celte uouvelle notice sur la vie de Volney, une omissiou qui a cause une erreur (page 27). 11 est de fait que Volney qullta I'as- sembleeconstituanle en 1790^ et que des cetle anuee 3790, commenca son se'jour en Corse ^ daus uu domaine oil il fit des essais de culture. L'erreur cousiste a avoir place le voyage de Volney en Corse, en 1792. Page 43 de cetle meme notice, on reprc'sente les se'ua leurs venus en corps , en i8o4, auxTuileries, rendre iiommage a Napole'on, nouvel empereur. Le fait est exact jusque-l.\; mais on ajoute, el lui preter serment de fidelite; cetle derniere circonstance est inexacle. Dans I'occasion dont il s'agil , il y eut une liai'angue de felicitation, mais point de prestation de serment. On ne croira pas non plus que , Is lendemain de sa demission , M. de Volney se soit montre devaut l'eu systems industriel; ■par Henri Saint-Simon, avec ceite epjgraphe : « Dieu a dit : Ainiez-vous et secourez-vous les uns les autres. 1 toI. in-8°. Prix, 4 fr. 5o c. , et par la posle 5 fr. 76 c. Paris, Ant. -Aug. Pienouavd, rue Saint-zindre des-Arts , n° 55. Ce livre conllent plusieurs ecrils de M. de Saint-Simon, public's a ai£ferentes e'poques. lis sont reunis ici avec des developpemens nou- veaux, et foinient un corps de sysleme oh , parmi des clioscsbasar- de'es , on rencontre rme foule de verites positives, qui lot ow lard doivent Iriompbei dans I'organisatlon des socieles modcrnes. 23o. — Du sysUme d'impdi Jonde sur les principes de l^economie politique : -par M. le vicomte de SaiNt-Chamans , mailve des requetes au conseil d'elat. Paris, 1820. 1 vol. in-8° de 64opag. Le Normant, rue de Seine , n" 8. Pris,. 6 fr., et 8 fr. par la posle. Malgre plusieurs fausses idees rt'pandues dans cet ouvrage, dontun de nos coUaborateurs s'e'lait charge de rendre comple , I'iuiporlance de la question qui s'ytrouve traitee merite un examen serieux, et les erreurs politiques qui ont e'chappe a I'auteur doivent elre discule'es et refutees. 25l. — Tableau general de Tempire Ottoman, divise en deux par- ties, dont I'une comprend la le'gislation maliometane , I'aulre I'his- toire de 1' empire ottoman ; dedie' au roi de Suede , par M. de M d'OnssoN; ouvrage enricbi de figures. Tome III, public paries soins de M. C. d'OllssoN, fils de I'auteur. Premiere et seconde parlies, en un scul volume in-I'oJio de ijS fcuillcs et dcmie ; plus 53 planches. LIVRES FRANCAIS. h15 Imprlmerle de Fivmia Didoi, a Paris. Prix, 200 fr- ; les trois vo- lumes , 5oo fv. Les deux premiers volumes sent de 1787 et 1790. 232. — Histoire physique , civile et morale de Paris , depuis les premiers terns hisloriques jusqu'a uos jours , contenant , par ordre chrouologique, la description des accroissemens successifs de cette ville el de ses mouumcas anciens et modernes ; la notice de toutes ses institulioDs , tant civiles que relifjieuses^ et ^ a chaque periode , la tableau des moeurs , des usages et des progies de la civilisation , ornee de gravures reprtscntant divers plans de Paris, et ses monumens et e'di- ficespriucipaux;parJ.-A. DuLAURE,dela Socie'te'royale des Anliquaires de France. Tome II, in-S" , 1820. Paris, Guillaurae et compagnie, rue Hautefeuille, n° i4. Prix, 10 fr. Le prix de souscription pour I'ouvi-age en tier continue d'etre de 48 fr. Ce second volume ne cede point en inleret an premier , dont nous avons parle prece'demment. {yqyez ci-dessus, Tom. VIII,pag, 6o5. ) 253. — Hisloirede I'ancienne Universite de. Grenoble, iJar M. Ber- riax-Saikt-Pris , lue a la Socie'te' royale des Antlquaires de France , les ig avril et 9 mai 1820, et inseree, en vertu de ses deliberations, dans le Tome III de ses Memoires, Paris, J. Smith, 1820. Brochure in-S" de 64 pages. Cet opuscule curieux annopce de laborieuses recherches dela part de I'auleur. Une collection de Iravaux analogues sur les villes et pro- vinces de la France serait une source precieuse et int'puisable d'ins- truclions en divers genres. 234(*). — Precis, ou Hisloire abregee des guerresde la revolution frangaise , depuis 1792 jusqu'a i8i5, par une socie'te de milllaires , sous la direction de M. Tissot , profcsseur de pocsie latine au colle'ge de France. 2 forls volumes in-8°. Paris , 1821. Raymond, edileur des Fastes de la Gloire , rue de la Bibliothtque, u° 4. Prk, lafr.broche'. Cet ouvrage , degage' de tous les details strategiques , raais daps lequel tous les eve'nemens milltaires de quelque Importance sont racontes avec exactitude, remplacera utilementj pour un grand nombre de lecteurs , la volumineuse collection des Victoirea et Conqueles. C'est un nouveau monument historique , consacre a la gloire de uos ar- mees. Les mililahes y trouveront des souvenirs utiles et instructiis; les citoy ens y pulseront des exemples et des legoiis de patriotisme. 235. — Notice sur Fetat actuel de la mission de la Louisiana. Paris, 1820. Iri-S". Lcclere , quai des Augustins, n° 35. 67A LIVRES FRANCAIS. Le voyage ct la mission »le M. Diibourg , nomine' par le papc eveque de la Louisiane et ties Florides , constiuient le] lends de cet ecrit, qui n'aurait qu'un intt'rct me'diocre , si Ton n'y trouvait en nicme Icms des icnsciguemens , sans doute exacts , sur le pays oii la mission est, ctaljlic, et sur I'e'tat du culte qii'on a clierclie a y re- pandie.M. Uiiboiirg arriva, en iSi8, a Saint-Louis, siege de son epis- copal; il avail aniene' de I'Europe cinq pvetres , qualre sous-diacres , quelqiies jeunes e'levcs et des ouvriers ; il c'tait meme siiivi de soeurs de la coiigvcgation du Sacre'-Coeiir, pour former , dit la notice , des vieres chretiennes. Lcs ouvriers composent aussi line espece de con- irerie, ct sont lous celibataires. II nous semblc que quelqucs bons menages pourraient contribuev plus'>fficacement a civiliser les sau- vagcs que des ouvriers celibataires et des soeurs du Sacre'-Coeur qui soignent tres-bien les malades , mais dont la science ne va guere au- dela , et dont I'esprit est geueialement peu cultive. L'e'veque s'est bale' d'introduire dans son diocese presque desert les inslitulions ec- clesiasliques souvent tres-dispendieuses de I'Einope calboliqiie. II y a de'ja un seminaire aiix Barrens ou a Bois-brule, a lb millcs de Saint- Louis, et des colle'ges a la Nouvelle-Orle'ans, aux Opclousas et a Saint-Louis mcmc. Les soeurs de la congre'gation onl tie iuslalli'es a Fleurissant, paroisse eloigne'e de i5 milles du siege episcopal. Mais le seminaire se reduit a une espece de cabane oonstrnile avec des arbres bruts, cheville's aux extremiles , ct enduite d'uue terre argi- leuse. La notice fail la description suivante du cbef-Iieu du diocese, qui est main tenant aussi la capitale du nouvel elat dii Missouri : « Saiut-Louis est situe sur la rive droite du Mississipi , an 38° 69' de latitude septcntiionale. Vue de la rive droilc, cette ville, assise en forme d'ampliillieatre sur un sol pierrcux , d'ou die domine la plame immense des Illinois, prcsente une ires-agre'able perspective. » Mais I'iUusion cesse des qu'on y est entre; lcs rues n'y sont point pavc'es ; les maisons sont presque toutcs iiaties an milieu d'uu terrain cnvironne de liaules muraiiles. Quelques Francais s'y c'tablirent vers 1765. On n'y coniptail, en 1816, que 1600 babitans; il y en a main- tenant pins de dix mille , et sa population augniente tons les jours. On y a vu s'elevcr , en moins d'une annee , cent irenle-quatre mai- sons construiles enbriques, et le terrain s'y vend maintcnant an pied, 1 presque aussi cbcr qxi'a Baltimore. Saint-Louis est rcnlrepoU''d'un 1 commerce immensej cette ville reroit lous les produils du haul Mis-j LIVRES FRANCAIS. 575 tissipi , de la riviere des Illioois et dii Missouri. L''eteudue et TacU- vite des etrangers qui s'y rendenl de toutes parts eu feront liientot una des plus grandes villes du Nouveau-Monde. » Une mission etablie dans an pays qui , en peu d'anne'es, pent de- veiiir tres-florissant , est done imporlante pour la cause de I'huma- nile ; inalheureusenient nous voyons , par cette notice, que I'eveque n'evite pas avec assez de soin les graves defaiits qu'on a reproclies avec taut de raison a d'autres missionnaires. On parle, dans cet ecrit, de la profonde douleur que ressent le chef de la mission catliolique a la vue de la prosperite des missions proteslantes ; on y parle aussi des esprits forts qui arrivent d'Europe avec -les emigrans et qui veu- lent repandre leur poison dans le Nouveau-Monde ; on voit enfin quel'e'veque se mele aussi de convertir les proteslans pour les ramener a Vunite de I'eglise. Ce sont autant de germes de discorde et d'into- lerance. Quel hesoin ont les missionnaires de signaler, dans la com- munaute oii ils sont eux-memes e'trangers, des hereliques et des esprils/brts? qu'ils y preclient et pratiquent la douceur evangelique , mais qu'ils ne pretendent pas dominer ; car ce serait plutot un obs- tacle qu'un moyen de succes. Aux Etats-Unis , toutle monde vitpaisi- blement , parce que toutes les sectes y sont tolere'es. II est done du devoir des missionnaires catholiques de se conformer a I'esprit national, et de ue pas troubler la concorde par un systeme d'envahiisemeut qui n'a cause que trop de calamite's en Europe. Depping. a56(*). — Principes da droit de la nature et des gens ,par Buri-A- MAQui , avec les observations de Felice; nouvelle e'dilion revue, eorrigee et augmeulce d'une talile gener.ile analytique et raisonne'e ; par M. DupiN, docteur eu droit et avocat a la Cour royale de Paris, Paris, Ware'e oncle , libraire de la Cour royale, au Palais de Jus- tice , 1821. Cinq vol. in-S". Parmi les uombreuses productions du dernier siocle, que les edi- leurs modernes s'empressent de reproduire , on doit distinguer les Principes du droit naturel et des gens de Burlamaqui. L'eleva- lion duEujet et le nom justement celebre de I'auteur recomniandent cet ouvrage a tons ceux qui se livrent aux e'tudes serieuses et appro- iOndies, uniques sources de la veritable mstructioi-. Professeur du droit naturel a Geneve , Burlamaqui se proposa d'e'clairer toules les parties de la science qu'il enseignait avec le plus grand succes , eu puliliant un systeme complet sur le droit de la nature et des 576 LIVRES FRANQAIS. gens. Traverse dans cette vasle entreprise, il s'elait determine a aire paraitre sqiaicinent deux ouvragcs iiuilide's : Principes du droit naturelcl Principes du droit polilique , qui rcuferment les t'le'mcns de ces liaules sciences et les fondemens de IV-difice qii'il nc put aclie- Tcr. Heureiisemcnt , ses mauiiscrits reslaientj et, bien qu'il ne les cut composes que pour ses Iccons, ils ii'en monlraient pas moins la smie et le de'vcloppement de ses ide'es , et les diffe'rentes applications des principes ge'nejaux compris dans les deux ouvragcs elemenlaires doDt nous venons de parler. Un autre professeur e'galement recommandable , Felice, eiitre- prit de continuer I'ouvrage de Burlamaqui d'apres ses manuscrits. II les mit en ordre sans en alterer le texle; et, les re'unissant aux prin- cipes du droit nalurel et du droit politique , il en composa un traite complet du droit de la nature et des gens. En meme tcms il ajouta a 1 oeuvre de Burlamaqui de uombreuses oljservalions, distinguees du texte , dans lesquellcs il developpe les raisons de son auteur, les fortifie de la doctrine des pliilosoplics ancieus ct modernes , et quel- quefois leur oppose ses propres ide'es. Tel estl'ouvrage dout nous annoncons una edition nouvelle. II reunit I'avanlage des livres ele'mentaires et I'inte'ret des discussions appro- fondies. Aux principes expose's avec clarte' et precision , succident des developpemens qui en monlreut les applications cl les consequences. On y trouve rapportees , soitpour les combatire, soil pour s'en faire un appui , les opinions des jurisconsultes, des me'laphysiciens et des pliilosophes ; et I'bistoire des tems anciens el modernes, les lois et les coulumes des diEfcrens peuples , viennent ajouter I'autorite des exem- ples a cellc des raisonnemens. La religion et la morale , les devoirs de I'homme envers lui-meme et envers ses semblables , I'origine de la socie'le' civile et politique, le fondement de la souverainete , les droits et les obligations des souveralns et des sujets, les drolls des nations entre elles , le droit de la guerre et de la paix , se trouvent Iraite's successivement dans leur ordre uaturel , et suivant les divi- sions d'un systemc bien lie, dans cet important ouvrage, le plus com- plet qui exlble surle droit de la nature et des gens. 11 est precede en outre d'une instruction Iilslorique et critique de Felice, qui prt'sente I'origine et les progres de la science du droit nalurel , el rexanicn des diflercns sjbtenici suivis par les pliilosophes ct les auteurs ks plus celcbres. LIVRES FRANCAIS. 577 Depuis long-tems on sentait le besoia d'uue nouvelle ediiion. La derniere, faite a Iverdun , devenait trfes-rare. II faut done savoir gre a I'e'diteur qui rcproduit cet ouvrage , cju'il est si utile de repandrCj au moment surtout ou des chaires de droit naturel ouvertes a re'cole de droit de Paris, appelleut les jeunes geDS a cette etude trop long-tems negligee. Les avantages de la nouvelle edition ne peuvent manquer d'en assui-er le succes. L'ancienne e'lait en huit volumes; celle-ci est reduile a cinq, et cependant elle est aussi complete. On est parvenu a cette reduction sans aucun retranche- rnent, et par une e'conomie typograpliique Lien entendue, qui a permis de fixer le prix a plus de moitie moins que celui auquel il e'tait porte. Nous felicitous I'edilcur d'avoir obteiiu cet avantage , sans nuirc a la beaute de I'e'dition , qui ne ressemble en rieu aux editions compactes et economiques. Un avertissemeut place en tete conllent nne courte analyse, propre a donner une ide'e du systeme de Burlamaqui, et presente de sages reflexions sur I'ulilite du droit naturel, et la necessite d'en proteger I'etude a I'epoque ou nous nous trouvons. Mais, une addition extre- mement Importante et qui donne le plus grand prix a I'edition nou- velle , c'est celle d'une table geuerale analylique et raisonuee , qui manquait a cet ouvrage. Ou ne saurait croire combien le defaut d'une bonne table des niatieres nuit a I'utilite des livres oil elle manque , et combien elle read I'usage de ceux qui en sont pourvus plus commode et plus utile. Cette table est re'digee avec beaucoup de soin; elle est due a M. Dupiu aine, qui trouve le moyen de meler aux brillans succes du barreau ces travaux utiles , qui assurent a leurs auleurs la reconnaissance de tons ceux qui s'inte'ressent aux progxes de I'instructiou. MiLLELOT, auocal, 237. — Le Droit civil frangais, suiuant I'ordre du, code; par M. C. B. M. ToULLiER. Tome IX. Paris, Ware'a oncle, libraire au Palais de Justice, 1821, in-8° de 692 pages. {^Vojrez Tome VI, page 180). Toutes les fois que M. Toullier ajoute un volume a ceux dont so compose deja son excellent ouvrage , les hommes qui se livrent a I'etude de la jurisprudence peuvent etre certains d'y trouver des opinions saiues, uue discussion profonde et luniiueuse sur des qufs- tions d'un grand intiirel, Lc venerable doyen d'age el de service* 57S LIVRES FRANCAIS. de la faculte de droit Je Reunes rend un veritnl)le service a In science, eu publiant les Iccous qu'il professe et qui meritent a tiius ef^aids do traucliir les limitcs de IVcole. Deja la plus giande pallia dc sa laclie esl aclievr'e ; car il esL sur le point de faiie paiaitie le dlxienie volume qui leimiuera lout ce qui conceine les obliga- tions, celte parlie si importante du droit, le plus beau litre de gloire dc notve celebre Polhier , et qui presentait un si vaste champ , que M. Toullier a pu y consacrer cinq volumes. Cependant I'uu des plus jeunes et des plus savans professeui-s de la faculte de droit de Paris, M. Duranton , nous a donne aussi un Traite' justement estime sur cetle matiere. Apres avoir' paye ce tribut d'bommage a M. Toullier, nous ose- rous lui diie qu'il s'est me'pris sur I'opiuion de M. Duranton, con- cernaiit I'acte dans Icquel la cause de l'o))ligation n'esc point-expri- niee. Une discussion relative a cette erreur ue pourrait irouver sa place que dans un recueil consacre' spe'cialement a la jurisprudence. D'ailleurs , nous sommcs persuades que M. Toullier, eu relisant arec altenlion le passage de M. Durauton , verra que ce jurisconsulte est fort eloigne d'cnseigner la doctrine qu'il lui prcte , et nous ne doutons pas que, dans la nouvclle edition qui se prepare , M. Toul- lier ne reclifie ce passage , comme il I'a fait plusieurs fois , avec \me franchise et une loyaute qui honorent son cai-actere. M. Toullier a place a la fin de ce volume une savanle disser- tation , dans laquclle il combat une opinion de M. Merlin. Cette dissertation ofTre une addition importante au Tome IV. Par ce moyeh, et en publiant a pari les changemens quil fait li son ouvrage , M. Toullier evite aux personnes qui se sont procure les premieres editions, I'obligalion d'acheter les uouvelles , si elles vcident connaitre la veritable doctrine du professeur sur les dilfe'- rentes matieres dont il a parle. Tous les auteurs n'ont pas ce scrupule. Nous ne lei'minerons pas cet article , sans e'mcttre le voeii de voir bienlnt achever ce bel ouvrage, qui fait donner, avec raison, a M. Toullier, le surnom de Pothier moderne, yllphonse Taillandier. 238. — Recueil complet des lots el ordonnances du rqyaume , avec notes indicatives des dispositions dc la legislation antc'rieure, drpuis I'origine de la nionarchie, que les lois nouvelles expliqiient, niodifient ou abrogenl ; suivi d'un appendicc , oil Ton rccucille les LIVllES FRANCAIS. 570 lois , tiaitcs , oiilonnances , regleraens , ancls Jii cousell , discoura lie la couionne et auties actes non iiiseVt's au Bulletin des lois , qui offreiit x\n in te'ret general ; accorapagne de deus. tables ; I'uae clivonologique , iadiquant tous les actes iusere's en entier au Bullelin , ct un grand iiombve d'autres qui n'y figment p!>s ; I'autre alpiiabe- lique et aualytiquc des raatieres; et d'une dissertation sur quelque point inte'ressaut du droit public ; par M. Isambert, avocat aux con- seils du roi et a la cour de cassation [annee i8ig). Paris. Afl'orly , c'diteuv , rue Saint- Antoine , u°. 62 , et rue de Seine-Saint-Germaio , n". 3i. 1821. 1 vol. iu-8°. , de Ivj et 564 pag. Prix, g fr. Ce qui distingue cette collection et la rend plus utile que touteslcs aulres semblables, ce sont les savantes notes qui accompagnent les textes J et qui toutes font conuaitie la legislation ante'rieure depuis I'origine de la naonarchie francaise, Vappendice indique sur le titre, les deux tables, bien completes ct habilement redige'es, et les disserta- tions placees en tete de chaque volume. Celle qui precede le volume de 1819 est un Essai sur les limites entre le pouvoir legislatif et Ic pouvoir reglemenlaire ou execulif , avec cette epigrapbe tiree de Platon : il estpros'pere et durable, le gouuernement oit la loi doniine sur les hommes , oii les homnies ne sont pas les tyrans des lois. On remarquera encore, dans ce volume de i8ig, la belle ordonnance royale sur la comptabilite de la guerre , conlre-signe'e Goupion Saint- Cyr, et qui defend d'exceder en aucuu cas les cre'dits legislatifs. On lie trouve nulle part que dans cette collection les nombreuses ordon- nances relatives a nos colonies (/''bv. Tom. YI ,p. 179 et 180). 239. — Legislation constilutionnelle , ou Recueil des constitutions fiancaises, precede'es des declarations des droits de I'bomme et dit c.ltoyen, publie'e eu Ame'rique ct en France (le projet de de'clara- tion de Carnot et celui de Gregoire , peu couiius aujcjurd'hui , ont etc recueillis par I'e'diteur , qui, pour lendre son ouvrage complet,l'a termine par la declaration de la cliambre des repvesenlans des cent jours), t vol. in-8°. Pris, G fr. , etpar la poste 7 fr. 5o cent. A Paris , chez Correard, Palais-Royal, galerie de bois, n°. 258. 1820. Prix, 6 fr. .-et 7 fr. 5o par la poste. Ce recueil est dii aux soins de M. BoNNif}. II renferme des actes qu'aucun Franpais ne devrail ignorer,' et qu'il devrait conserver reli- gieuseinent comrae des litres de famille. 5S0 LIVRES FRANCAIS. 24o. — L'llalie au dix-neuuieme siecle , ou de la ne'cessite d'ac- coidev eu Italic le pouvoir avec la liberie. Paris, 1821, iu-S" de 160 pages. P. Dufart, libiaiie, quai Voltaire, n°. ig. Piis, 3 fr. L'objet de cet ouvrage , que Ton altvibue a iin Itallen qui s'est fait counaitve lionorablenieiit dans la littcratuve , dans la pbilosopbie, et meme dans la politique, est de faiie appie'cier la ve'iitable situatioa de ritalie , duns iin moment ou elle devient Ic ibeatve d'e'venemeus historiques , d'unc haute importance. L'auteur voudiait pievenir les mauxde la guerre, ou du moins en tirerune lerou utile pour lespeu- ples et pour les rois. 11 demontre la necessite d'accovder dcs couslitii- tions rcprt'sentatives aux etats d'ltalie, et une constitution federative a tous ensemble; c'est I'nniqiie moyen , selon lui , d'c'viter les revolu- tions et les dangers qu'elles enlraiiient. L'ouvvage est e'crit avec mo- deration, quoiqii'on y expose, avec toute la franchise nt'cessaire, les faits les plus importans et les vt'rites les plus fortes. 11 respire, avec le de'bir sincere du bien public , I'amour de la libcrte et de I'indepen- dance nationale. II ne pouvait paraitre plus .a propos , et uous croyons qu'il est de nature .a faire une vlve sensation. Un projct analogue se tiouve pre'senlc, avec des de'veloppemens prophe'tiques, dans un Memoire sur I'organisaiion fediratlue el in~ dependante de I'ltalie, remis au premier consul Bonaparte le 21 messidor an 8 ( lO juillet 1800), apres la balaille de Marengo. Ce me- moire, qui pent etre aujourd'hui cousulteavec inleret, fait partie du Recueil des pieces officielles destinies a delromper les Frangais sur les evinemens qui se sont passis depuis quelques annees. Voy. le Tome IX de cette collection publlee a Paris , parM, ScHoeLL , eii i8i4 el l8t5.Lcnieme volume renfermeuu autre memoire intitule :Ze Cora- seruateur de I' Europe , qui indlque les nioyens de re'tablir I'equlllbre politique des differens etats et luie paix gt'ue'rale solldenient aflermie. Les sages couseils, adresses par l'auteur aux souveraius , furent dedai- gnes ; l'auteur lal-meme , qui avail e'te long-tems vlctime de la ty- rannic de Bonaparte , pour lul avoir aussi parle le langage de la vcrite, fut cu butte a de nouvelles persecutions , et il expia , dans I'exil , et par une destitution injuste , le crime d'avoir plaide la cause de I'inde- pendaucc des nations , et d'avoir propose les moyens de pre'venir de nouvelles revolutions, en organisant les etats d'une manlcre conforme «ux voeiix et auxbesoins des peuples et aux ve'ritaJjles intercts des princes. LIVRES FRANCAIS. 581 24i. — Sejour d'un officierfrangais enCalabre , ou Lettres propres a faire connaitre I'ctat ancien et moderae de la Calabre, le caraclere les moeurs de ses habitanSj et les eve'nemens politiques et militalre^ qui s'y sont passes pendaul. I'occupatiou des Francais. Paris, 1820. Iq-8°. Be'cliet-aine', libiaire, quai des Augustins, n° 67. Prix, 4 fr. , et franc de port , 5 fr. La plupart des e'traugers qui se plaisent a nous donner la relation de leurs voyages , soit a cause de leurs pve'ventions nationales , soit par dcfaut de connaissances necessaires pour biea observer, nous pre- sentent des romans plutot que des histoires. 11 vaudrait mieus nous lalsser ignorer entieremeut Te'tat de certains peuples et de certains pays que de nous les montrer deguises, dans des memoires bizarres, recuelllis ala bate , et sans aucua dlscernement. L'auteur de I'ouvraee que nous annoncons semble s'etre etudie a eviter ces imperfections trop ordinaires. II a demeure trois ausdans le pays dontil nous offre la description. Plusieurs de ces lettres sur la Calabre , et surlout les quatorzieme et qulnzieme, sur la description gene'rale de son clitnat , ses productions , son commerce, et sur le caractere et les moeurs des habitans, sont d'un veritable inte'ret. « La nature, dit l'auteur, a tout fait pour rendre ces contre'es lieureuses et florissantes, mais les vices du gouvernement s'opposent , depuis bien des siecles, a leur prosperite. La condition des paysans y est des plus malbeureuses ; les fortunes y sont trop disproporllounees ; il y en a peu de mediocres ; les petits proprietaires y sont Ires-rares , et nulle part on ne trouve une transition plus subite de I'exlreme indigence a une grande ri- chesse. » Mais, a traverslamisere et le de'faut de civilisation des Cala- brois , l'auteur leur trouve dans 1' esprit des qualite's qu'ils semblent avoir conserve'es des Grecs leuis anceUes , telles que leur finesse , leur subtilite, leur expression ,etc. Les eloges qu'il leur prodlgue, ea cette occasion , sont d'aulaat plus remarquables , qu'il ne les e'pargne pas a I'egard des vices qu'il leur impute, lels que la perfidie, la supers- tition , la cruaute, etc. Mais la remai'que la plus important e de la part d'un officier, estcelle que les Calabrois sont susceptibles dedevenir de bons soldats par leur constitution robuste , leur sobriele , leur agilite et leur intelligence naturelle. «Si ce peuple , presque isole de I'Europe, et retranche derriere ses moutagnes , dit uotre auteur, ctait mu par un patriotisme politique et religieux , il deviendrait indomtable , et le pays qu'il habite serait uu refuge assui'd centre la tyrannic. JVIalgre TOfJE IX. 38 b82 LIVRES FRAINCAIS. Jc mciile qu'on reconnuit eu general dans roiiviage dont nous par- lous , nous DC pouvons nous dispcuter de ciaindie que I'auteur ne se soil laisse eutvainev comme taut d'aulres paj' lies preventions, et que les Iccteurs ne de'duisent de ses observations trop ge'nerales des consequences fausses et injiisles. Quelles sont les personucs qu'un olli- cier consacre au service de IV'tat-major de ce tenis-la pouvait con- naitre ,etdontila puobtenir desrenseigneraen8?Nous savonsqu'apres que les Napolitains, et surtout les Calabrois , eureiit c'le detrompe's de leurs esperances, ils devinrent , pour la plupart , cnnemis des Francais, ou du moins mefians a tel point qu'ils ne les legardaient plus comme les missionnaires de la liberie et du bonheur des nations , niais comme les agens du despotisme niilitaire de Bonaparte, el les fauteurs de I'oppressiou des peuples leurs allies et leurs amis. Ce changemenl , si funeste aux Francais et aux Napolitains, engagea la plupart des gens de bien a se tenir a I'e'cart ; pleuranl au fond de leur coeur sur les malheurs publics , ils fuyaieul lout commerce et toute familiarite avec les Francais. En effet , si Ton compare la courte rela- tion que M. le docteur allemaud Wile donne de la Calabre (Voyez V Italic au dix-neuuieme siecle), avec celle qu'en a donuee roflicier francais, on dirait que les Calabrois , rencontre's par le premier , ne sont point ceux quel'autre nous avail retraces. II faudrail eu conclure que, depuis dix ans , les Calabvois sout. entierement changes, ce qui supposerait une espece de miracle pen croyable ; ou bien il faut pen- ser que I'un des deux e'crivains s'est etrangement trompe. Notre soiip- ron se convertit presque en conviction , lorsque I'auteur francais nous de'peint les brigands d'un seul cote, au lieu de nous les montrer sous lous les points de vue. Ou sail a qui, de ce tems-la, I'on donnait cc iiom odieux de brigands, lis retaient comme ceux quicomposaient les guerrillas en Espagne; ils croyaient defcndre leur pays et leur rol legitime conlve des agresseurs iojusles. lis opposerent a la bravoure des soldats francais la re'sistance la plus npiniatre , nous dirons meme la plus acharnc'e. On ne put jamais les de'truire ; ce qui prouve en ge- neral la fidelilc , la Constance et la fermcle' avec lesquellcs ils defen- dirent une cause qu'ils regardaienl comme juste. Au lieu de tant de relations parliales ou cxagerees , I'liistoire exacte de ce prelendu bri- gandage pourrail faire mieux apprecier et estimer le vrai caraclere des Calabrois, des Napolitains, et de tousles Italiens en general. Nousengagcons nos lecleurs a lire avec attention I'oiivrage intitule : LIVRES FRANCAIS. 583 L'ltalieau dix-neuvieme Steele ( Vqyez cldessus, n° lio). Les idees de son auteur et les fails qu'il avance sont plus confoinies a I'etat actuel de ce beau pays. F. S. 242. — Essai surla vie, les icrlts et les opinions de M. de 3Iales- herbes , adresse' k mes eufans; par le comte Boissy-d'Anclxs, pair de France , etc. Troisieme partie. Paris, 1821, in-H" de li5 pages. Treuttel et Wilrtz. Cetouvrage, ou ce supplement, est une refutation solide et inle- ressante des reproches fails a la menioire du vertueux Maleslierbes , par I'auteur de I'article consacre a cet illustre personnage dans la Biographie unii/erselle , qui se re'dige sous la direction des freres Midland. Voici comma I'auteur lermiue ce morceau de critique : «M. de Maleslierbes repoussait egalement, comme contraire aux vrais interets du peuple etdu roi , tons les genres de despotisme et tous les genres d'arislocratie. II se glorifiait d'avoir combattu constamment ces deux usurpations du pouvoir le'gitime, quoiqu'il eut pu avoir, pour favoriser I'une ct Taulre, des raisons Ae position et Aefamille. L'histoire de M. de Malesherbes et des attaques dont il est I'objet, se trouve tout entiere daus ces paroles ; et si I'on ajoute que, dans la lutle de toute savie, personne n'a pu lui reprocher d'avoir recule par faiblesse dans la route qu'il s'etait tracee , et qui etait celle d'un homme de bien, j'aurai donne le dernier trait au panegyrique de ce grand homme j et fait connaitre le vrai motif de ceux quiosent encore attaquer sa meitioire. » 243. — Le Sac hlanc, on extrait des differentes correspondances d'Anglelcrre, d'Allemagne, d'ltalie, de la Grece, de Barbaric et d'Egypte, relatives au caractere , aux moeurs et a la conduite publique et prlvee de I'infortunee Caroline de Brunswick, relne d'Angletene ; traduit de I'anglais de sir Charles Popham , ancien secrclaire de la princesse de Galles ; par M. M***, avocat. Paris, Bataille el Bousqucl, Palais-Royal. 1820, 2 vol. iu-i2 , avec portrait. a44. — (*) Observations sur les inconveniens da sjsteme actuel d' instruction publique eii Europe, surtout en France, et sur les moyens d'y remedier; par F. G. Pottier, professeur d'humanite's au coll e'ge royal de Henri IV. Paris, 1821, in-8° de 110 pages. Artbus Bertrand. Cel ouvragc concernc proprement rinstruction dans les colle'gcs , eonsideree velalivement a renseignemenl des laDgues , des humanitc's , &8A LIVRES FRANCAI5. dfis bcllcs-letlrcs. L'auteur gvainmairien, philologue et piofesseur tres-instvuit , est connu par phisieuis ouviages estimcs. II expose dans celui-ci les inconveniens des melhodes d'in&lruclLon actuellement suivies, et propose un plan d'enseignement bien conciij et qui serait divise en trois epoques. 245. — Abregi du cours de lillerature de J. P. de la Harpe , ou Precis des jugemene de ce critique celebre sur les ecrivains auciens et tnodernes , et sur cliacun de leurs ouvrages ; extrait , non seulement du cours de litterature, mais encore des differens articles iosere's dans le Mercure et autres e'crits litleraires du tems ; par Rend Perrin. 2 vol. in-12. Prix, 7 fr. et 9 fr. francs deport. C. Painparre, libraire, Palais- Royal, galeries de bois , n" 23o, cote' du jardin. Cet abi'ege , fait avec soin et discernement , sera utile , surtout pour etre mis entre les mains des jeuues gens des deux sexes , durant le cours de leurs eludes. 246. — L'Essai sur I'Jiomme ,de Pope, tradult en vers francais par Jacques Delille , avec le texte anglais en regard , suivi de notes, de variantes et de la priere universelle , par M. de Lally-Tollendal. In-8° de l4 feuilles et demie. Imprimerie d'Everat, a Paris, chez G. Midland. Prix, 6 fi-, ; et in-18, de 6 feuilles et demie, meme impri- merie el meme libraire. Prix , 3 fr. Cette traduction de I'un des beaux poemes de la langue anglaise a ete composee par Delille, il y a plus de cinquante aus. II la com- menca dans sa jeunesse, la corrigea long-tems, et c'est sm- le ma— nuscrit autographe qu'il fit a I'age de trente ans , qu'elle s'imprirae aujourd'hui. Ce volume se joint indispensablement aux collections in-8° et in-18 des oeuvres de Delille. 247. — Clovis, trage'dle en cinq actes; par M. ViENNET; repre'sente'e pour la premiere fois , par les come'dlens francais ordinaires du I'oi , le 19 octobre 1820. Paris , 1820, in-8'' de 92 pages. Ladvocat, Palais- Royal, galeries de bois, n" 197 et 198; 2* edition : prix, 3 fr. Cette tragedie represente'e , non sans siicces , se distingue par I'e- nergie du style et par la ve'rite du caractere de Clovis. L'auteur, fidele a la couleur du tems et aus convenances dramatiques , a saisi avec art ce melange de grandeur el de barbarie , de genie et de fe'rocite qui place le chef de la premiere dynastie fraucaise au nombre des plus grandes figures Listoriques que nous ofTrent les annales delamonar- cliie . Les autres caracleres que M. Viennet a groupe's autour de son LIVRES FRANCAIS. 585 principal personnage le soulienneul sans I'aflaiblir. Oa ue peul dis- convenii- sans doute que la tragedie de Clovis , plutot historiquemeut que dramaliquement belle , lie soit un peu froide a la representation ; mais elle n'ea est pas moins un ouvrage tres-estimable. Quant a I'eviijente inferiorite du cinquieme acte compavalivement aux quatre premiers, ou n'ignove pas qu'elle doit etre- altribuee a I'exigeuce des comediens, et non pas a I'auteur. M. Viennet a fait pre'ceder sa tra- gedie d'une pre'face aussi iugenieuse que bien ecrite. 248. — Lionel, i'^ edition revue , con'igee et orne'e de gravuree. Paris, Maradan, rue des Marais , n° 16. 1820, 1 vol. in-i3. Ce roman qui ne manque pas de merite, doit etre distingue de la foule des ouvrages de ce genre. 249. — Le Solitaire; par M. le vicomte d'ARLiNCOiTiiT. Paris, 1821 . 1 vol. in-S° de 3c}5 pag. Lenormant , rue de Seine, u° 8. Prix, 6 fr. Objet d'amour , de terreur et d'admiration , sujet de lous les entre- tiens , le Solitaire est I'esprit du mystere , le heros de la bienfaisance et I'homme des merveilles. C'est pour les ames seusibles queM. d'Ar- lincourt veut faive entendre les accens de I'amour , du repentir et de la douleur, enfin de tout ce que le malheur a de plus decliirant. La lecture du Solitaire imprime du mouvement a I'esprit , et excite des emotions douces et tendies. C'est une production fe'conde en images , tantot gracieuses , tantot imposantes, et hardiment coloriees. Un £out e'pure n'a peut-etre pas toujours preside', dans ce cbarmant ou- vrage, aux creations du genie; on pourra reprocher a I'auteur de s'etre sou vent eloignedesclassiques. Use permetsurtout de continuelles inversions qui sont contrairesau geuie denotrelangue. M. d'ArlincourL appartient a I'ecole romantique; son ouvrage en sera I'un des orne- tnens. M. aSo. — Lellres de Florian a M. Boissy-d'Anglas. Paris, 1821. Renouard. In-16 de 67 pages. Ce ne fut pas sans peine que Florian, malgre son me'rite , parvint a etre nomme I'uu des quarante de I'academie francaise. Sa nomina- tion est de 1788, et il avail eu pour rival Vicq d'Azyr, sur lequel il lie I'emporta que d'une voix ; ce ne fut pas sans de vives sollicita- tions , sans bien des soins , des pelnes et des courses , qui I'occuperent durant six semaines. On ne pent mieux juger de la lutte qu en rap- portant ce passage d'une lettre de Florian a M. Boissy-d'Anglas, pour £olliciter sou appui : « Jc me battrai dc toutes mcs forces; j ai dijii 586 LIVRES FRANCAIS. mis en jcu mes pviuccs , ,mes princesses , mes amis ; j'ai cru long-icni<' que Ic travail seul devait conduiie aux recompenses ; je m'amende , et , pour cclte seule fois , je vais employer d'autres moyens, » Ce petit recucil Cnit par une ITymne a, I'amitie , que Florian avail dcdie'e ii M. Boissy-d'Anglas. 25 1. — Blemoires cle la societe d'imulalion de CaTrairaj ( agricul- ture, sciences et arts). Cambrai. A. F. Iliirez. 1820. in-S", {Vqyez T. VIII, p. 612, n" 281.) Quelques citations feront naitre le de'sir de lire ce volume. « Effor- cons-nous , dit M. Leroi , pre'sident, de pvopager les lumieres : elles sont indispensables au bonheur de I'hojTime j elles le rendent meilleur , elles ajoulenlun nouveauprix, nienie alavertu.En accelererlesprogres, c'estlravailleraubonlicur social ; et qui ne serai tlieureux de concourira un si noble ouvrage ! » M. Leglqy , secretaire perpetuel, termine son compte rendu desutilestravaux decetlesociete, en annoncant aqu'enfin le monument, lantde foisprojelealamemoire de Fenelon , vas'elever a Cambrai , sur les plans de M. Gauthier , .... hommage durable d'ad- miration et de reconnaissance a ce pre'lat venere , a ce sage que I'on a uomme' avec raison la second des hommes dans I'e'loquence , et le premier dans I'art de rendre la vertu aimable. » M. Delcroix rend un compte e'tendu et inte'ressant du Voyage dans lepays entre Meuse etlihin{i vol. in-8° , Paris, Eymery , rue Mazarine ). Par suite des •traites, le pays quel'auteura decrlt a passe sous une domination etran- g^re J mais cette circonstance n'a rien fait perdre a Tinte'ret de son livre ; les confe'rences qui vienuent d'avoir lieu .\ Alx-la-Chapelle , n'ont pu meme que I'augmenter encore. » On remarque encore dans ce volume un poeme d'Herminie par le- mtme M. Delcroix, qui renferme de tres-bons vers. 262. — Coup d'oeil sur Pelersbourg , par J. C. In-S" de 24o pages. Paris , 1821. Ponthieu , libraire , au Palais-Royal. Prix : 5 fr. 5o cent. Malgre nos relations avec la Russie, devenues dc jour cii jour plus fre'qucntes , ce pays nous est encoje presque aussi inconnu que ceux qui sont le plus recemment dt'couverts. Nous jugeons encore de cette nation sur ce qu'elle e'tait lors de sa reforme commcncc'e par les institutions du czar Mikha^lowitch , et operee par le ge'uie aclif et infatigable de Pierre P'. Si nous u'avons pas de la Russie I'ide'e que nous devrions en avoir, la faute en est aux e'crivains qui, jiisqu'ici, out cnlrepris , la phiiiart sur des ouV-dire et sans aucuue connais- LIVRES FRANCAIS. 587 sauce de la languc du fays, de nous doiiner I'lilslolie de ses moeiiis ct de ses progies dans la civilisation. M. J. C. , sans preleiidic remplir celte lacune , a reuni , pour celui qui se sentira la force de I'entreprendre, des observations d'autant plus precieuses , que son se'jour proloDge en Russie et I'e'tude particuliere qu'il a faite de la langue lusse en g-arantissent I'exactitude. II commence par un leger apercudescriptif dela ville de Saint-Petersbourg ; il indique ensuite ra- pidement quelques traits caracteristiques des nieeurs russes , et plu- sieurs abus consacre's par le mode de legislation. Apres avoir dit uii mot de la condition du pajsau russe , il passe a I'education, et ter- mine son travail par une esquisse de I'etat actuel de la litterature. Quelques essais de traduction en prose et en vers , dont M. J. C. a fait suivre son ouvrage , font regretter qu'il eu ait ete si avare. Nous I'engageous, s'il est a mume de le faire, a nous donner un recueil de traductions et d'imitations dts meilleurs morceanv de la litte'rature russe , qui n'est pas aussi pauvre qu'on le croit geue'ralement eu France. II sera curieux et interessant de le comparer avec celui que vient depublier^ aLondres, M. Bowring, jeune litte'rateur anglais Ires-distiugue. ( F'oy. ci-dessus Bulletin bibliographigue, n° 170. ) E. II. 253. — Manuel de Vamateur d'estampes, etc. ; par F. E. Joubert pere, graweur, ancienmembrede I'atlie'ne'edes arts. Paris, 1821. 3 vol. iu-8". Prix, 25 francs. Cliaque volume divise' en trois parties. T. P"', chcz l'auteur,rue duHarlay, n" 6, an Marais, et cliez les principauxlibraires. La premiere partie de ce premier volume se compose presque eu entier des preliminaires suivans : 1° Essai sur le genie considire coinme principe des beaux arts. L'auteur, s'enfonrant dans les pro- fondeurs de la me'tapliysique , essaie de caracteriser le ge'nie dans son essence meme, et de determiner les modes de la formation de la penst'e. II oublie le but qu'il s'e'tait propose, et j'aurais cru lire uii chapitre de Locke ou de Condillac, si de terns a autre je u'avais etii distrait de cette ide'e par des definitions telles que celles-ci: le genie, celte nuance creatrice si desirable dans les beaux arts, etc. Quand Burke, dans son £ssai sur le sublime et sur le beau, ouvrage qui produisit une si viye impression sur Reynolds, voulut caraclt'riser le ge'nie , ce ful dans sa manifestation , dans les actes par lesquels il se re'vele, qu'il se plut a le chercher et a lereconnaitre, et il ne se livra pas 588 LIVRES FRANCAIS. a des (lefinilions ideologiques plus ou moms suLtiles, el toujotiis plus ou tnoins contestees. 2° Recherches sur la decouverle el I'epogue de rimpressicn des estampes ,- 5° Coup d'aeil general sur Petal de la gravure en Europe ; 4° Considerations sur I'impression lithographigue , dans ses rapports avec lagravure en taille-douce. Dans ces liois dernieis cliapitres . M. Joubert est sur son terrain , et aes-lors il a le droit de se faire ecouter. 11 est deux questions, entre autres, qu'il discute avec chaleur, et comme un homme qui sent vi- Tement I'art qu'il professe. D'abord, il neveut pas que I'on considere la gravure comme un art secoudaire , mais seulement comme un art qui peint la nature par des mojens particuliers; ensuite il s'eleve contre ceux qui comparenlla gravure a una traduction. J'encourrai done le blame de M. Joubert; car je pense et j'ai e'crit que le traducteur essaie de rendre la pensee et le style, comme le graveur essaie de reproduire la forme et la couleur. Dans son Manuel, M. Joubert a suivi I'ordre alpliabe'lique; et il promet de joindre au dernier volume des tableaux seculaires, ou tous les graveurs seront inscrits clirono- logiquement. J'avoue que j'aime mieux le plan adopte' pour le Dic- tionnaire des heaux arts de I'Encyclopedie methodique , ou les notices sur les graveurs ce'lebres sent rangees par ordre chronologique, avec une table alphabe'lique a la fin. De cette maniere, on pent tout a la fols conuailre I'hisloire de I'art, si I'on veut lire ces notices suc- cessivement, et savoir^ au moyen de la table , ce qui concerne chaque artisle en parliculier. J'aurais voulu encore que M. Jouliert ne se bornat point a indiquer le me'rite particulicr qui distingue chaque graveur, et qu'il fit connaitre aussi celles de ses productions qui sont le plus esllmees. II est vrai qu'il a fait un choix; qu'il ne donne, pour chaque graveur, qu'uu catalogue trie ; mais, dans le nombre meme des gravures qu'il de'slgne^ il en est de supe'rieures et d'infe'- rieures lesunes aux autres; il fallait done indiquer celles que Ton pent regarder comme les chefs-d'oeuvre de chaque maitre. Je finis celte serie d'observatlons, qui prouveront au moins a M. Joubert avec quelle attention j'ai examine son ouvrage , en lui signalant des omissions dont je ne puis pe'ne'trer la cause. Depuis quelques auuces , lee Anglais out pousse' la gravure de genre a un LtVRES FRANCAIS. 58i7 degrade perfection tres-sui-prenant; aucune autre nation n'est par- venue a les e'galer. Puisque M. Joubect a fait entier les artistes vivans dans son Mauuel , il n'aurait pas du ometlre de nommer les Anglais qui cultivent en ce moment la gravure avec un talent connu et apprecie' de toute I'Europe. Je citerai , entre autres, M. Byrne, au- quel on doit dc charmantes vues de Paiis ; MM.. Bluck , Burnett; M. W. B. Coohe qui a grave une parlie des vues de Pompe'i; M. H. if. Cook, dont le talent s'est developpe dans un si grand nombre de vi- gnettes, et re'cemment dans the jovial fox-hunters , etc. 11 y a done lieu d'esperer que M. Joubert n'oubliera pas, dans les lettres qui lul restent afaire pavailve, de parier des autres giaveurs anglais, tels que MM. Heath, Raimhach et autres ^et meme qu'il formera un supple- ment des noms omisj autiement, on pounaitl'accuser d'uue parlialite que les arts de'savouent. Au reste , quand les deux devniers volumes auront paru , je reviendrai sur I'ensemble de cetouvrage. P. A. ii5i. '— Tableau elementaire du squelelle de I'homme, pour uu cours de zoonomie consideree dans ses rapports avec les arts ; par J. Hereau. Paris , 1820. Be'nard, raarcliand de gravures, boulevard des Italiens. Prix, 3 fr., avec une planchelithograpbie'e par M. Horace Vernet. Ce tableau est le premier des cinq que I'auteur a enlrepris de pu- Llier successivement, pour faciliter aux personnes qui suivent son cours annuel I'etude des objets qu'il embrasse. Les quatre premiers com- prendront les organes des mouvemeus de I'homnrje et du cheval , classes par o.dre de foncllous. Dans le dernier, seront expose's les principaux visceres de I'honime dans leur situation naturelle, I'in- fluence de leurs fonctions suv les gestes, les attitudes et la physionomle. La nomenclature de M. Cliaussier , modiQe'e dans ses desinences , par M. Dumeril, ayant le double avantage de slmplifier le langage, en liant d'une manlere Iieuveuse le nom a I'image de I'objet, et de pre'senter un mode de description uniforme et d'une application facile a tons les anlmaux a squelette inlerieur, est celle que M. Hereau a cru devoir adopter. En s'aidant des lumleies et du crayon d'un artiste aussi habile queM. Horace Veruet, I'auteur a cherche a rendre^ autant que possible, son travail utile aux artistes. MUSIQCE. 255. — Repertoire vocal du menestrel ( premiere livraisou ) ; cbanl francais et italien , avec accoropagnement de guilaie, ou de lyre et 590 LIVRES FRANCAIS. (le violon, a volontej par Tii, N. Lauciieret {de T.). Piiris, viie du Victix Colombicr, i\" 8. Prix , 76 c. par page. — Ripertoire du violonistre m&neslrel {-piemiexe llvraison); par Ic intme, a la mmie adrcsse. — f^raie meUiode pour la guilare frangaise (premiere llvraison ) ; par le meme , a la luerue adresse. — Jja Terpsichore du guitariste , ou Rccueil de contre-danses, avec figures, pour la guitare ; par le meme , a la meme adresse, Prix, 18 fr. . —Les Folies du guitariste , ou les Folies d'Espagne, varie'espoiir la guitare ; par le meme , a la meme adresse. Prix, 6 fr. — Petit Repertoire de chant (premiere livraison) ; par le meme , a la meme adicsse. — Les Folies du guitariste ; par le meme, i la m^me adresse. Prix, 6 fr. 256, — SouscRiPTio;^. — Trois romances nouvelles , misesenmu- sique par M. u^uguste Andrade, lenor, pensionnaire de I't'colc de chant. Ces romances paraitront, an plus lard, le 8 avril procliaiu. Le prix de la souscriptiou est de 4 fr., payables en recevant |la rausique. On souscrit a Paris, cliez M. Andrade, rue Neuve Saiul-Elienne, n° 11 , boulevard Bonne-Nouvelle. Ouvrages piriodiques. 3.5-]. — ^nnales de chimie et de phjsique; par M3T. Gay-Lussac e/ Arago. Paris, 1820. Crochard, iu-8". 11 parait par mois un cahier dc sept feuilles. L'abonnement annuel est , pour Paris, de24 fr. ; pour la France , 28 fr. ; pour I'e'tranger, 32 fr. Get interessant journal continue avec succes de publier les decou- vertes qui se font en physique el en chimie. Les noms des re'dacteurs sont un garant assure de I'iiuportance des memoires qui Ic composent : la position oil se Irouvent ces savaus acadc'miciens les iruet a portee de connaitre et de re'paudre lout ce qui pent inte'resser des sciences qu'ils ont eux-memes enrichies d'utilcs decou^ertes. lis font, avec discernemeiil, un choix judicieux parmi les productions nouvelles ; les notes qu'ils y ajoutent, lorsqu'il en cstbesoin, donnent aux jin- nales un genre de me'rile que le public appre'cic chaque jour da-- vantage. Nous donnerons ici I'expose' des principaux sujels qui sont iraites dans les douze numc'ros de la collection de I'au 1820 : La conversion des malieres animales en substances nouvelles par LIVRES FRANCAIS. 591 I'acide «ulfurique ; par M. Braconnot. Les sels de soude du com- merce, analyses par MM. Veller et Gay-Lussac. Tiois me'tnoiies de M. de Laplace sur le perfectionnemeot des tables de la lune , la densite terrestre et la diminution de la dure'e du jour par le refroi- dissement de la terre. Un de M. Fourier sur ce refroidissement. Les maladies calculeiises examine'es par M. Marcet sous les rapports de la chimie , de I'hygiene et de la tlierapeulique. Plusieurs poisons vcge'taux tres-aclifs analyses par- MM. Pelletier et Cauentou. Un nie'moire de M. de Humboldt, qui de'termine les limites inferieures des neiges sur les montagues des regions equatoriales. MM, Savart et Biot analyseut les vibrations des corps sonores, et leurs eEFets sur les instrumens de musique. Les urines et les calculs font I'objet d'un memoire de M. Proust. Une serie d'experlences galvaniques tres-cu- rieuses faites sur des cadavres , aussitot apres I'exe'cution de plusieurs criminels, par M. Andrewure. Les propriete's eflScaces de I'iode, comma moyen curatif du goitre, et des experiences qui semblent de'ci- sives sur cetle maladie , sont presente'es par M. Coindet. L'iiistoire chimique de Tor, par M. Pelletier. Les inte'ressans travaux de MM. Faraday et Stodart sur les alliages d'acler, le wootz et les lames damasse'es ; enCn les experiences de M. ^rsted sur I'eleclricite et les travaux de MM. Ampere, Arago , Fresnel et Boisgiraud suvle meme sujet, qui semblent prouver rideallte des fluides electrique, galvanlque et magne'tique. Francoeur. 258. — Bulletins de la societe medicale d' emulation de Paris ; re- digcs par MM. Magendie , Serkes , Coutanceau , Bricheteau Larrey , Laubert, Fournier-Pescay , Piobiquet , Caventou et Villerme. Paris, 1821. Gabon, libraire , rue de I'Ecole de Me'de- cine. Cahiers dc Janvier et fevrier 1821, in-S". Ces Bulletins sont destines a continuer les memoires si connus de Li Societe medicale d'emulation de Paris. Les noms des princlpaux fondateurs de cette societe , Bichat , Fourcroy^ Cabanis , Barthez, etc. , Mm. Pinel, Portal, Halle, etc. : les noms de ses princVpaux membres actuals ; la celebrite que lui out acquise ses premiers tvavaux ; le zele avec lequel elles les reprend ; tout garantit un pleiu succes aux bulle- tins qu'elle publie aujourd'bui. Les deux cablers que nous anuoucons oEfient deja une instruction aussi sollde que varie'e ; le piemier s'ouvre par I'annonce d'un prix sur I'un des sujcts les plus importans de I'ana- tomie ; savoir : la sti ucture , lesfonctions et les maladies du systeme d'organes appele grand sympalhique, puis Textrait d'un munioirf , 592 LIVRES FRANCAIS. de'ja le'pandu, de M. Magendie, sur le me'canisme de I'absorpliou cliez les aniinaux a sang louge et cliaud. On trouve ensuLle une obser- Tation ires-curieuse de narcotisme offninl la forme de somnambu- lisme , par M. Sarlandiere ; puis de savanles recherches chimiques sur le quinquina , par MM. Pelletier et Caventou ; et une nouvelle pre- paration de I'extrait d'opium , par M. Robiquet. On trouve, dans le second cabier, uue observation singuliere, d'une transposition generate des visceres , su'ivie de re'flexions judicieuses sur cette tiansposilion , par M. Desruelles ; plusieurs fails defieures larvees ., par M. Del n era ; Aes recherches sur I'empLoi et les prepa- rations del'iode , par M. Le Royer , etc. , etc. Mais on remarque sur- tout uu excellent morceau de M. Villerme , sur les itablissemens de chariti et I'exercice de la medecine , consideres dans diuerses cir- conslances qui empechent ces institutions d'atteindre leur but , etles rendent trop souvent causes de morl. « Quand on voit de pres, dit I'auteur, un tres-grand nombre d'hopitaux, il faut re'ellement de la reflexion pour ne pas oubller que, dans leur seivice, on a pour but la conservation des hommes. » 11 ajoute ailleurs : « Quand il s'agit de la vie des citoyens , il ne y peut avoir de veritable economie que celle qui a pour but la conservation des bommes ; toute autre n'est que spe'cieuse, impolitique et sacrile'ge. » En gene'ral, ce morceau, resultat d'observalions profondes, suivies avec une parfaite sagacile, et re- produlles avec uu rare talent, doit fixer egalement I'atteulion des medecins, des magistrals, et surtout des philantbropes instruits , qui savent que la cbarile , pour etre utile, a surtout besoin d'etre eclairee. 25g. — Chronique religieuse. Tom. IV et V. Paris, Baudouin freres. 1820, in-8°. Ce n'est pas la premiere fois que nous vecommandons a nos lecteurs cet ouvrage estimable , et qui forme de'ja une collection precieuse pour les amisde la morale et del'erudition. 11 se continue avec succes. Nous remarquous les morceaux suivans dans les deux volumes public's durant le coiirs de cette anne'e, — Copie(en lalin) de la lettre de secu- larisation de Pie VII , a M. Ch. M. de Talleyrand, du 39 juin 1802. — Deux lettres Ires-curieuses, concernant M. de Montay.et , arche- vequc de Lyon (altribue'es au savant M. Tabaraud ). — Obeissance et respect aux seigneurs des paroisses ; re'tablissement de la dime , etc., recommande's dans des catecbismes officiellement reimprimcs depuis I'an 1817. Observations critiques sur ces editions nouvelles. Ce mor- ceau est d'auiani plus curieux, qu'il a fallu , pour le rediger, rasseni- LIVRES FRANCAIS. 593 bier, de tous les points de la France, des livres elementalres, qui tombent rarement sous les yeux des hommes instruits. — Les officia- lite's supprime'es par la loi, re'tablies par les e'veques (art. de M. Lan- juinais ). Noiis citerons encore les nolices necrologiques que donne cerecueil,et la collection complete des nouvelles rellgieuses qu'il offre successlvemenl, parrai les choses les plus precieuses qu'il renferme, et qui doivent le faire placer dans toutes les bibliotheques ou un rayon est reberve a I'e'rudition eccle'siastique. — 260. Le Miroir des spectacles, des lettres, des moeurs et des arts ; par MM. Jouy, Arnault , Dupaty , Gosse, Cauchois-Lemaire. Ce journal parait cliaque jour, format in-4° , rue Notre-Dame-des-Vic- toires , n" 4 ; le prix de I'abonnemeut, avec une gravure par semaine, est, pour Paris , de 6 fr. pour un mois , i5 fr. pour trois mois , 27 fr. pour six mois, et 5o fr. pour I'aane'e. Les miroirs seraient peu a la mode et auraient peu de de'bit , si les bossus, les laides , les visages diEFormes se trouvaient en gi-ande majorite dans le monde ; car , en fixant les yeux sur un miroir, celui-ci leur repe'terait des ve'rites de'sagreables. Un miroir moral est d'une autre nature ; il pent compter sur un succes plus general ; ce n'est pas assurement qu'il n'existe autaut d'esprits contrefaits , de caracteres bizarres et ridicules , que de visages de travel's; mais ce miroir moral a uneproprie'tesinguliere, c'est qu'il ne reflecliit que le voisin et qu'oa n'y voit que les travers d'autrui. L'envle jouit ainsi pleinement des le- cons que ce miroir donne au prochain, et la sottise ne s'en applique aucune a elle-meme. Ainsi, on ne doit point etie elonne que la curiosite et la malice mettent de plus en plus en vogue tous ces miroirs que fa- briquent la critique el parfois la satire, quoique, a dire vrai, la plus grande partie de ccs miroirs ne nous montre qu'une glace mal polie , peu fidele et remplie de taches. Au reste , ce qui doit consoler de la mediocrite' de leur travail , c'est que le plus grand nombre de ces mi- roirs, plusfragiles encore que le verre, compte peu de jours de dure'e ; le moiudre choc les brise , et les amateurs courent en foule en cher- cher d'autres qui, ordlnairement, ne sont ni plus solides, ni mieux fabriques. Aujourd'hui , cependant , nous en voyons paraitre et briller un qui semble devoir etre distingue de tous ceux du meme genre ; il suiBra , pour en faire I'eloge, de dire qu'il sort de la manufacture de MM. Arnault , Jouy , Dupaty , Gosse , Cauchois-Lemaire. J'aime assez a prophetiser, comme taut d'autres, apres I'e've'nement , 59A IJVRES FRANCAIS. ft a vous aniioncer, conimc nos jouinaux, Ic teiiis qu'il a fait la vcille; aiissi plusieurs nuiiic'ros I'ayant de'ja prouve, je •vous preJis avec certitude que le Miroir aura I'e'clat du talent, la finesse de I'es- prit, le poll de I'urbanite' , la solidite dc I'instructiou , le sel de ralticisme ; la raison en fcra le fond; riraagination en variera les reflets; le public y trouvera de 'I'amusement , les auteurs de lions conseils , et Jcs acteurs d'utiles lecons. Les Medisans , les Delateurs , les Romanliques , les Cafards , les Obscurantins nieront sans doule la ve'rite de celte propht'tie, comme les Jiiil's ont toujours nie racconiplissement de celle qui les condamnc; mais qu'y faire ? on lie peut conteuter tout le moude. A propos de Juifs , je voulais meler un gi-ain de critique a mes cloges ; j'allais icproclicr aux auteurs du Miroir d'avoir trop restreiut les maxinies dc la cliarite ^ ou celles de la bienveillance pliilosophique, en refusant de les etendre jusqu'aux He'breux. Ma. censure portait sur un article insere dans le Miroir, a I'occasion d'un bal recent et deja ce'lebre ; mais j'ai relu I'article , et comme I'oncle du me'lro- mane , j'ai ri , me voila desarme. Le comte DE SfcuR. Livres dtrangers tmprtmes en France. 261. — Avenluras del Baroncito de Foblas , escritas en frances por M. LouvET DE CouPEVRAY, dipulado del departamiento de Alto Viena en el Consejo de los Quiuientos de la republica francessa , tra- ducidas libreniente al cspaiiol por Eugenio Santo Gutierrez, secretario de don J. A. Llorente; con larainas. Quatre vol. iu-12 , ensemble de 60 feuilles deux tiers. Imprimerie dc Smith, a Paris, cliez Rosa; et a la Hav.ine, cliez Grognot. Prix, 16 fr. 262. — Introduction a la theorie el d la pratique de la musique ecclisiaslique , h. I'usage de ceux qui s'occupent de musique d'aprcs la nouvelle melbode; par Chrisanthos de Medytou , maitrede inu- hique the'orique (engrec moderne ). In-8° de 4 feuilles un quart; imprimerie deRignoux, a Paris. A Constantinople, cliez A. Kastros, imprimeur. 265. — Offices des fetes principales et theomeloriques, et des saints fetes ; mis en musique par Pierre Lahpadarios , Pe'lopone'sien (en grec moderne). Tom. V^ , in-S" de 25 feuilles et demie. Im- primerie de RignouXj a Paris. A Constantinople , chcz A. Kaslios , imprimeur. TV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTliRAIRES. AMfiRIQUE. Etats-Unis. — Blissions. — Les succes obtenus depuis quelqnes annees par les missionnaires dans plusieurs parties de I'Amerique, . attestent les services importans que peut rendre la veritable civilisa- tion , lorsqu'elle est lepandue par des moyens de douceur et de per- suasion , an lieu d'etre imposee par la force et par le glaive, comme elle le fut dans I'origine par les Espagnols conquerans et oppresseurs du Nouveau-Moride. Dans le vaste espnce reuferme' entre les monts Alleganys et la mer Pacifique , plus de Iiuit cent mille sauvages, restes de divcrses graades tribus , autrefois distincles et se'pare'es , vivent errans et nomades , dans un ctat de de'uuementj d'ignorance et de barbaric, qui soumet toujours le fail)le i la loi du plus fort. A niesure que la civilisation s'est e'tendue , la plupart des naturels qui habitaient au-dela des Alleganys , ont du fuir a I'approche des nouveaux pro- prie'taires. Ceux-ci ne pouvant assurer leurs cultures qu'eu repoussant d'abord loin d'eux des hordes incapables de tout travail , et se trou- vant sans cesse exposes a des invasions, le gouveruement a ete oblige de prole'ger par la force , et les terras vendues , et ceux qui les ex- ploitent. Les families des etats du nord et de I'ouest que I'accroissement ra- pide de la population eutraine au-dela du Mississipi , et nne foule d'c'migre's qui s'offrent incessamment de toules les parties de I'Europe , ont besoiu de grands terrains pour assurer leur existence ; mais cba- cune de ces families ne peut fixer sa residence au-dela des re'gions babitees , sans cbasser devant elle quelque horde sauvage : ainsi I'aneantissement successif dc ces malheureuses peuplades deviendrait inevitable, si les nouveaux[e'tablissemens ne pouvaienl se former qu'a cette fatale condition. II est de la plus haute importance d'introduire la civilisation chez ces sauvages jetl'expe'rience a prouvc que c'est surtout par les missions qu'on peut parvenir ace but. Les progies faits journellement par celle que dirige M. Dubourg. dans la haute et la basse Louisiana , ou les sauvages sont rassemble's en plus graud nombre, sont une preuve 596 AMERIQUE. convaincante que la persuasion est la seule arme qu'il convient d'em- ployer pour iustruire ces hotnmes de la nature. On est e'tonne de Toir commeut M. Dubourg et ses zele's collaboralcurs ont pu cre'er autant d'etablissemens, pour avancer lacivilisalion, avec aussi peu de ressouvces et en aussi peu de tems. L'abbelnglesi , apres avoir parcouru, pendant plusieurs mois, touts I'Amerlque septentrionale , a e'le tellenient emu du sort des peuplades inforlune'es de ces conti ees , et en meme tems si fiappe du devouement de M. Dubourg et de ses dignes compagnons, qu'il s'est decide a consacrer son tems et ses mojens a pavticiper a cette belle oeuvre. II a ete cboisi par ces respectables missionnaires pour venir en Europe solliciter, des amis de rhumanite , les moyens de contiuuer leurs tra- vaux , et engager des hommes de bien a se joludre a eux , pour leS aider a remplir le devoir sacre qu'ils se sent impose'. , L'abbe Inglesi a de'ja eu I'honneur d'etre admis en audience parli- culiere par le roi de France et par les princes d? sa famille; il en a obtenu de precieux moyeiis de succes. Des personnes dislinguees de Paris se sont fait un plaisir d'encouragei-, par leurs dons, le zele et le devouement de ce jeune eccle'siastique. M. Inglesi a aussi fait con- naitre I'objet de son voyage au souverain et aux princes des Paj's- Bas 5 il a eu lieu d'etre satisfait de I'accueil flalteur qu'il en a recu. II se propose, dans ce moment, d'allei' plaiJer la cause de I'humanite souffrante aiipres des autres souverains de I'Europe, et de se rendre ensuite a Rome, pour soumettre au pape I'etat actuel des sieges e'pis- copaux de I'Ame'rique septentrionale. Bresil. — Rio-Janeiro. — Kojage de dicouuertes. — Le vaisseau anglais , commande par le capilaine Bazil-Hall , et qui est arrive der- nieremeut dans ceport , doit Lientot en repartir pour explorer, d'a- presles ordresdel'amiraute de Londres , les cotes d'une terre conside- rable, recemment decouverte au sud du cap Horn, par le capilaine Smith, qui lui a donne lenom de Nouuelle Shetland du sud. Buenos- Ayres. — Voyage scientijique. — Lecelebre voyageur Bon- pland est parti de cette ville pour visiter les bords et les iles du Parama et du Paraf^uay , et pour pene'trer dans I'interieur de la province quiporte ce dernier nom. (F'oy. T. VIII, page 616 , oil on a mis par erreur la Parana , au lieu du Parama.) RjfepuBLiQUE D'HA.iTi.— Pokt-au-Prince. — Les derniers nume')Os de YAbeille ( octobre 1820 ) , jourual politique el lilleraire de celte ASIE. 597 ville , coiitieniieiit iin vaudeville en uu ncte , intilule le Philosophe nhj'sicien , et qui a ele joue au Poit-au-Piince. Cast une piece a liroir tres-morale , et donl le Ijiit est de mettie les hoinmes simples et cre- dules en garde contie Ics faux deiiors destartuffes de moeurs et des cliav- latans de tonte espece. Gelanor, pliysicien-chimiste , est parvenu, sans Tnagie , a disposer un cabinet , de mauiere a ce que I'liomme le plus dissimule est oblige d'etre sincere des qu'il s'y trouve enfernie. Plu- sieurs personnages veulent falre I'epreuve de ce cabinet de verile , et I'auteur y Introduit successlvement ua jeune fat qui veut s'ecnparer de la fortune d'une vieille coquette , un homme de lettres qui flagorne un riclie inetromane , une petite servante qui dupe son maitre , un gascon el un normand qui cherchent a se tromper mutuellement , cufin , deus. amans fideles qui ne s'aiment que davantage , quand lis se sont dit tout ce qu'ils pensent dans le cabinet de verite. L'auteur, dans I'exposltion de sa piece, gourmande ses compatriotes, qui se portent en foule chez une jeune et tres-belle Ha'itienne qui cliante et danse avec grace, mais qui, pour paraitre surnaturelle, tire de ses yeus , de ses oreilles , saus effort et sans douleur_, des plumes, des epingleset des fragmensde vases. Cette thaumaturge de sei/.eans a un si grand succ^s au Port-au-Prince, qu'on a cru devoir eclalrer le public sur le danger de ses jongleries, dans une brochure tres-hien faite, et sortie de I'impvimerie du gouvernement. Hommage a. Montegre. — Les Haitiens , reconnaissans des services que leur a lendus le docleur Montegre , qui est mort vicljnie de son zele et de sa philantropie , ont grave sui' le tombeau de cet estimable Franc ais les vers suivans : Savant, il consacra son art et sa science A prolonger le couvs de I'humaine existence : Pliilosophe sensible , il voulut nous servir, Mais la mort en ces lieux trahit son esperance. Que ce marbre fidele attesle a I'avenlr Les regrets d'une epouse et notre souvenir ! ASIE. Indes orientales. — Calcutta. — Giologie. — Le Calcutta Mirror contient une lettre du D. Tytler, annoncant que, dans une excursion faite a Kallinger, il a trouve, sur le sommet d'une haute colline , au- dessus du village de Bhiamou ( Bheeamow ), une e'caille d'liuitre fos- ToME IX. 39 598 AFRIQUE. sile , iini'e a des roches de granit et debasalte : d'ou Ic docleur couclui que cette colline a ete submergee ancieiinement, GioRGiE. — TiFLis. — Imprimerie. — II y a acluellemcnt dans cetle ville deux imprimeries : Tune , pour les livres de devotion qui s'im- primcnt toujours avec des caracteres particuliers ; I'autre , pour les ouvrages ecrits en russe ou daus la langue du pays. Les Armenieus de la Georgie ( ou de la haute Iweiie, comme les Russes I'appellent ), qui composent pvesque le quart de la population , aiment beaucoup les sciences et les arts ; les missionnaires catlioliques ont surtout re- pandu chez eux la connaissance de la medecine. OCEANlQtIE. ^ NouvELLEs Galles DU SUD. — SiDNEY. — Joumaux. — II parait dans cette ville trois gazettes et cinq autres ouvrages pe'riodiques. Une seconde presse « ete etablie au port Jackson. AFRIQUE. Cap be BoNNE-EspfRANCE. — Joumaux. — II parait ici une gazette ollficielle : The cape-town gazelle and african advertiser ; et une autre uon ofTiciellc : Kaapsteds kouranl en afrikaensche herigler. Egypte. — Anliquite.— Statue de Memnon. — Dans une lettre adres- se'e a I'ambassadeur de Russie a la cour de Rome, sir A. Smith, voyageur anglais , qui est main tenant a Thebes, dit avoir examine lui-meme, avec sa nombreuse escorte , la celebre statue de Memnon. A six heures du matin , il a entendu tres-distinctemeut les sons dont il a e'te parle si souvent dans I'antiquite. Memnonis saxea effigies , ubi radiis solis icla est, vocalem sonum reddens. Tac. anu. 2. M. Smith assure que ce bruit mysterieux ne sortait pas de la statue^ qui a ete renverse'e par un tremblement de terre , mais du piedestal ; il le regarde comme le resultat de la percussion de I'air sur les pierres de ce piedestal , qui , selon lui , sont disposees de maniere a produire cet effet. Madagascar. — Nicrologie. — Havet. — Le jeuue docteur Havet , envoye dans cette jle par le gouverncment , en qualite de naturaliste voyageur, j est mort dix jours apres son arrive'e. 599 EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. LoNDRES. — Institution pour la vaccine. — II resulte du dernier rapport de cette societe que, dans le courant de 1819, il a ete vac- cine, a Londres el aiix. enyiions, 83,897 inilividiis. Elle s'esl assuree que, dans les liens ou I'iuoculation de la peLile verole a e'te abandon- nee, et ou la vaccine est pratiquee exclusivement , la petite verole a cesse de paraitre, comme a Sliotteshani en Norfolk, depuis i8o4; a Glocester, depuis 1817. Les bourgs de Donmell et de Newtou- Limavady, en Irlaude , et de Motliwey, en Carmathan, ont reussi a extii'per ce lleau a 20 milles a la ronde ; et, dans I'lle de Guernesey , on n'a vu, en iSig, qu'un seul exemple de petite verole. Dans les pays ou la vaccine est ordoane'e par des lois , comme en Danemarck et en Autriche, on obtient les meraes resultats. L'institution remarque avec peine que, malgre I'efficacite constatee de la vaccine, la ne'gli- gence du peuple de Londres , a I'egard d'un preservatif aussi precieux, est encore telle que le dernier releve des deces presente 712 iudividiis morts de la petite verole dans le cours d'une anne'e. — Societe pour ['encouragement des arts, des manufactures el du commerce. — Cette societe, pre'sidce par M. le due de Sussex, a dis- trlbue, dans la seance solenuelle de son 47^ anni versaire, plusieurs prix dans I'ordre suivant. Agriculturt et economic rurale : deux grandes medallles en or : I'une au due de Devonshire , pour une plantation de 55o acres de terre en arbres de Iiaute futaie; I'autre a J. Ridgway , pour le defrichement de 81 acres de terres incultes. C/iimie et mine- ralogie : quatre prix; 1° pour la decouverte du chromate de fer dans les ties Shetland ; 2" pour un hydrometre ; 3" pour un etui a ther- mometre de marine ; 4° pour un veruis perfectionne sur poi'celaine. Beaux arts: peintures originales, copies , dessins , sculptures , gra- vures, 5i prix. Arts micaniques : 2.5 prix, dont voici les plus importans : la graude medaille d'argent a ete accordee a M. Austen , pour uu perfectionnement dans la manivelle des moulios a farine ; a M. R. Pering, le meme prix, pour un bateau perfeclionne' propre a neltoyer le fond des canaux et des rivieres j a M. Smith, la petite medaille d'argent et ciuq guine'es , pour un parapluie perfectionne j a M. Perkins , la grande medaille d'or, pour une poupe de vaisseau perfectionuee; au capitaine Stack , la petite me'Jaille d'or, pour ua 39* 600 EUROPE. appaveil a I'usage de ceu\quiout perdu tin bras ; a M. Hookey, maitie de constiiiclion a AVoolvich , la gvande nit'dnille d'or, pour divers perfectiounemens dans I'arcliitecture navalc; a M. O. Elliot , pour line voiture de suretc, une grande medaille d'or; a M. R. King, pour ea mc'tliode perfeclionne'e dans sa construction des enclumes, une petite medaille d'argent , dite de Vulcain , et cinq giiiue'es ; a M. J. Skin- ner, pour une niacliine a ramouer les cheraine'cs, niiidaille d'argent, dite de Vulcain, et dix guinees ; a M. Holdsworth , pour utie nianiere perfectionnee de construire les toils, la grande me'daillc d'argent; a M. W. Hardy, pour un ecliappement de peadule dclaclie, la grande medaille d'or et ciuquante guinees ; a M. H. Tengrouse, pour un appareil proprc a sauver les naufrages , la grande medaille d'argent et trcnte guinees. Colonies el commerce: a M. J. F. Donovan, pour la salaison des liarengs, cinquante louis. II a ete distribue, en tout, dans cette seance, it me'dailles d'or, tant grandes que petiles; 66 medailles d'argent, et 24o guinees. — Thidlre. — Drury-Lane.- — On a donne deruierement a ce tlieatre une Iragedie nouvelle, en cinq actes et en vers , intitulee la Nuit des Noces, et dont I'auleur est, dit-on , M. Haynes, qui jusqu'alors e'tait pcu conuu. Elle a obtenu le plus grand succes , et les journaux en vanteut le style, comme un modele de patlietique ct de naturel. On voit que I'auteur a beaucoup e'tudic les belles scenes oil Sbaskspeare a mis tant de profoudeur et de sentiment; mais on lui reproche d'avoir sacrifie quelquefois I'efiet dramatique au de'sir de faire briller son talent poetique. Au meme theatre , la traduction du melodrame francais, intitule ']Chirese ou I'orpheline de Geneve, a ete joue'e au milieu des plus vifs applaudisseraens. — Tliidtres de Surrey et de V Adelphi. — A peine le dernier ronian de Walter Scott a-t-il paru, et ces deux theatres ont de'ja donne' une premiere representation de Kenilworth , ou la Comtesse de Leicester. M. Dil)din , auteur du melodrama de la Prison d'Edijnbourg, a entrepris d'arranger pour la scene cette nouvelle production ; il y a reussi , eu conservant toute Taction et en changeant pen de chose au dialogue. La seule alteration qu'il se soitpermise, est celle du de'noue- ment ; la comtesse ne tombe pas dans le pie'ge qn'on lui a prepai'e', et c'estson ennemiquisuccombe. Ce changement ne nuit point a I'interet, et termine la piece d'une maniere plus satisfaisante. — Opera. — Les Soirees amusantes continucnt d'altirer la foule a ce theAtre. EUROPE. 601 — Beaux arts. — Galerie brltannique. — Un des tableaux les plus i-eniarquablesde I'exposition, lant pailechoixdusujet queparla beaute de resecution, euXe Festin de Balthazar, par J. Martin. L'ide'e -de faire, des caracteres sacrt's at lumineux, le foyer qui eclaire toute la salle , est tout-a-fait ingenieuse. A travers les portiques e'leves du palais, on entrevoic, dans le lointain,les jardins suspendus deBabylonCj et la tour de Belus, qui se dessinent sur un ciel eclaire par la luue. On reprocbe aux persounages de ce tableau de mauquer de noblesse , et d'avoir des attitudes trop theatrales. Daniel. n'a pas non plus la dignite et I'expression divine qui doivent caracteriser I'interprete du Tout- Puissaut. — Parmi les statues exposees, on distingue celle de Jacob luttant contre I'ange , par Josepli Gott , qui a remporte la medaille d'or au concouvs de racade'niie en l8ig ; et Satan contemplant la chute de I'homme , par W. Secular. — Un bas-relief antique, representaut V Afolheose d'Homere , a ete apporte de Rome et depose a la galerie d'Antiquites du Musee britan- nique, Ce beau morceau de sculpture etait deja counu des antiquaires. RUSSIE. T^oyages scientijiques. — M. Sieber, naturalisie de BobSnie, qui a deja parcouru I'Egypte et la Syrie , en 1817 et i8l8, se pve'pare a faire un voyage en Abyssinie. — Le professeur Rask , de Copenbaguej connu par sa grammaire islandaise et anglo-saxonne, est parti de Saint-Petersbourg, ou il avail employe' beaucoup de terns a etudier le samsci'it. Ce savant doit se rendre dans I'empire des Birmans pour etudier la langue pali et les livres sacres des bouddhistes. II demeurera quelque tenis dans les montagnes du Caucase pour y cliercber I'origine des langues du nord. La dure'e pre'sume'e de son voyage sera de trois aus. ( T. \III, p. 4o2.) — Le professeur Ne'ri, dont nous avons annonce le depart d'Oren- bourg( T. VIII, p. 617), est envoye par I'empereur deRussie, pour faire une reconnaissance dans les steppes de la Tartaric iudependante et pour examiner le cours de I'Oxus et les villes de Balkli et de Samarcande. Peut-etre I'expedition se rendra-t-elle jusqu'au lac Saisan. Des am- bassadeurs envoyes prece'demmeut avaient prepare les voies dans cea contrees peu connues , et nous devons espe'rer que le succes couron- nera cette entreprise qui , etivisagee sous les rapports ge'ograpbiques, doit conduire a de grands re'suUals, 602 EUROPE. — Lc cotnle Romantzow a envoyc des voyageuis qui doivent passer , sur la glace, des cotes occideulales de I'Asie aux cotes occidcntales dt rAme'rique. Joumaux puhlies pendant I'annee 1820 (1). — Saint-Peters- UOURG.— ^. Gazettes officielles. {yqy. Tom. Ill, page 172,) — 1. — La Gazette de Sainl-Petersbourg , nommt'e aussi Gazelle de la Cour , redigee par I'academie impc'iiale des sciences, existe de- puis 1718. Elle paiait, enlangue russe, les inardis et vendiedis, in-fol. , et coutient a la fois les nouvelles de I'interieur et ]es iiouvelles exteiieuies extraites le plus souveiit du Correspondant de Ham.- bourg. Elle a trois supplt'mens : les deux premiers pour les annouces officielles et particulieres; et le troisieme pour les articles scienli- fiques, qui sont re'dige's par les membres de Tacademie (Tom. Ill, page 172.) 2. — La meme gazette, eu allemand, est en tout conforme a la pre'ce'dente , sauf I'article des nouvelles elraiigeres parfaitement redige' par Facadcmicien Schubert. 5. — L'invalide russe ou la Ga- zette militaire , en russe , en allemand et en polonais. {Voy, T. I , pag. 358;T. Ill, page 175, etT. YI,page4o8.) Ceite gazette, publie'e se'pare'ment dans cliacune de ces trois langues , a commence au mois de fevrier i8i5 , sous la direction de M, Pesarot'ius , qui en avail affecte les produits aux militaires Iilesses dans la derniere guerre , ainsi qu'aux veuves et enfaus orphelins de ceux qui out succombe. Celte entreprise patriolique fut couronnee d'un succes brillant : le Jiombre des souscriptions fut tres-considerable; les dons patriotiques aiSuerent de tous les points de I'empire ; et, au mois de decembre i8l5 , M. Pesarovius , apres avoir distiibue des sommes tres-cousiderables aux invalides , pre'senta a I'empereur un capital de '3g5,ooo roubles en assignats de bauque (au cours actuel 4oG,85o fr.). S. M. le re'com- pensa d'uue maniere particuliere , et le nomma membre du comite des invalides (composede ses gene'raux aides-de-camp). Depuis ce tems, I'invalide russe est devenu I'organe des ordonnances militaires. 11 coutient de plus les nouvelles etiaugeres, extraitcs, sans beaucoup de choix , des joumaux de Berlin et de Hambourg : ce dernier article est soumis , depuis qnelque tems, a la censure du de'partement des al- (1) Quoique nous ayons fait mention de la plupart des journaux dont il est question dans cet article , nous avous cru devoir I'inserer a peu pres en entier, parce qu'il presente un ensemble que nos lec- icurs rcgielter:ucnt sans iloutc de no pas trouver. (N. d. R) EUROPE. Us faiies ctrangcies. Cctle gazette, I'ormgl ii)-4", pavait tons les jouis ( les lundis exceptes ) . L;i traduction russe des articles etraugers est assez me'diocre. 4. — La Gazette du senat, in-4°, parait , dcpuis i8n , tous les samedis, en russe et en allemand, in-4°. Elle contient les ukases et les ordonnances de I'empereur , promiilgues par le senat. (Tom. Ill, pag. 172). 5. — Le Conserfateur impartial, in-4'', journal francais du de'partement des affaires etrangeres , re'dige par I'abbii Manguin , contient les nouvelles de la cour , les annonces des pro- motions , etc. , et des nouvelles etrangeres extraites de la gazette de Hambourg et du journal des de'bats. Cette feuille,qui est insiguifiante , parait lesmardis et les vendredis. 6. — Le Journal de la Societe impe- riale philantropique , public en russe , en caliiers de six. a sept feuilles , parait tous les mois, et contient des notions sur plusleurs etablisse- niens pliilantropiques nisses et etrangers, et les comptes rendus de la societe. (T. II, pag. Syi). B. Journaux particuliers,tous enlangue russe. (^.T. II, pag. Syi). 1. — Lefils de la patrie , ou le patriate , redige, depuis le mois d'oc- tobre 1812, parM. Gretsch (actuellementdirecteur des e'coles regimen- taires d'enselgnement mutuel pour la garde imperiale) , parait tous les samedis , en caliiers de trois feuilles d'impression iu-S". Ce journal , qui occupe la premiere place parmi les ecrits pe'riodiques de Saint-Pe'ters- bourg, est consacre a I'liistoire russe , a la litterature russe et etrangere et a la politique; il contient ordinairement des memoires originaux, beaucoup d'extraits de voyages ecrits eu russe. II se distiugue par le ton tranchant et quelquefois mordant de ses critiques, qui n'ont pas tou- jours le me'rite de I'impartialite, et qui placent I'auteur dans un e'tat de lutte presque conllnuelle avec les autres journaux. II traile aussi des beaux arts : depuis peu, il a donne un article interifsant sur la derniere exposition faite a I'academie des beaux arts , et une cri- tique severe J mais , a ce qu'il parait, assez juste, du plan de la nou- velle eglise de Saint-Isaac, construite par M. de Monferrand. Ce jour- nal a une tendance sensible vers les ide'es llbe'rales. Depuis peu , M. Gretsch a eu I'avantage d'acquerir des collaboratems tres-distin- gue's : M. JVoiekoff , ancien professeur a Dorpat ; M. Joukowski , poete du premier ordre, ainsi que M. BaluschkoJjT, actuellement a Naples, etc.(F'o>'. T. II ,pag. 571). — L' esprit des journaux, xiAi^e ^ depuis i8i5, par le conseiller d' e'tat lalchenkojf, contient des articles precieiix sur I'e'conomie politique ;'il est quelquefois d'une francliise eas EUROPE. qui npmoche lie a Pise , en 1 820, iiu Mimoire ou il a expose sa mutliode avec tons Ics dc'veloppeinens 11 e- cessaiies pour la blen fairs appvecier. Rome. — Mqyen de detacher les peintures afresque. On salt que plusleuvs lenlatives ont ete faites pour de'taclier de la muraille les peiuturcsa fresque^ saus qu'aucunc de ces tentatives ait completemenl reussi. M. Stefano Barezzi, de Milan, a dcrnierenienttrouveun moycn tres-simple pour se'parer de leur muraille des peintures a fresque, de quelque grandeur qu'elles soient , et pour les transporter sur une autre muraille, sans le moindre risque de les cndommager. A cet e£fet, il couvre le tableau d'une toile preparee de mauiere qn'elle enlove toule la peintnre , et qu'elle laisse la muraille blauche. La m^me toile est applique'e eusuite sur une autre muraille, oula peinture s'attache saus que le moindre trait en soit perdu. Par ce moyen , plusieurs tableaux estime's ont deja ete de'taclie's de leur emplacement primitif. On en a fait I'essai , tant sur des murailles inegales que sur des murailles unies, et toujours avec le meme succes. L'artiste recoit tous les encourage- mens possibles du gouvernement romain. II est actuellement occupe a detacher un grand tableau de Marco d'Oggione dans I'c'glise della Pace. On espere que, par ce precede, on pourra soustraire aux ravages du tems les beaux, restes de la Cene, de Le'onavd de Vinci. Milan. — Depuis que le gouvernement a fait fermer les e'coles d'en- seignement mutuel de cette ville , les jeunes e'leves qu'on a prive's de ce bienfait montrent partout un profond sentiment de douleur. On dit qu'ils ne peuvent s'habituer a I'ancienne me'thode des e'coles appelees normales ; ils pre'ferent se re'unir entre eux, et continuer des exerclces si favorables au de'veloppement de leur intelligence. Le dis- cours de Temper eur d'Autriche aux professeurs de la Carniole peut seulexpliquer les ve'ritables raisons de la prohibition del'enseignement mutuel dans les etats de ce souverain. Rome. — Enseignementmuliiel. — M.IedocteurHamel, toujours zel^ pourpropager la me'thode d'enseignement mutuel partout oiiil voyage, a envoy^ a la socie'te d'e'ducation de Paris des renseignemens pleins d'interet sur les e'coles d'ltalie et sur les essais pratique's a Rome, au chef-lieu merae de la chretiente. L'abbe Bagutti , qu'il surnomme le Gaultier de ritalie , a compose un ou%'rage qui reuferme des moyens ingenieux pour 1' instruction ele'mcntairc. Milan. — Publications nouvelies. — Plusieurs e'diiions d'ouvragcs EUROPE. 611 lies-impoitanspar leur etendue et par leur merite, ont eteentreprises a Milan. Celles qui se fout reniarqiier sont : i° le Noucel atlas uni- versel d'Airowsrr.itL , Loirson , Sotzmann , d'Anville , Bonne , etc. , par MM* Vallardi ; 7° la collection des Voyages , par M. Sonzogno ; 3° le Recueil des classiques , par Bettoui ; 4° la Bibliotheque histo- rique, par le nieme ; 5° les ylnnales de Wluralori , par la societe des classiques italiens ; 6° la Bibliotheque choisie , deM.Silvestri ; 7° les ceuvres d'Ennio Quirino Viscouti; 8° la noaveWe Histoire d' Italie , par le chevalier Bossi , parvenue jusqu'au 12*^ volume, et donl nous donnerons bienlot une analyse ; 9° Recueil desfabriques, monumens , maisons et antiquites les plus remarquables de Milan et de ses en- virons. — Naples, — M. Carlo Mele , jeune napolitain, connu par divers ecrits , et surtout par le discours de trois eludians , a entrepris I'edilion d'un nouvel ouvrage plus inte'ressant encore que les pre'ce- dens , intitule : La Constituzione spagnuola esaminata secondoi principii del la ragionee modificala secondo les circoslanze del regno, ou la Constitution d'Espagne , examinee suivant les principes de la raison et modifiee d'apres les besoins du royaume de Naples, — On a publie dernieremeut divers cuvrages relatifs a la le'gislalion et a I'administration du royaume des Deux-Siciles ; voici les plus remarquables : 1° la Nomotesia penale du juriscoasulte Giuseppe RafFaelli , premier vol, qui porte le titre de Paranomie ou violation de lois ; 2° Traite sur le gouvememenl et surles administrations, par M. Paolo Sanchez; bien que I'auteur I'eut compose avantla der- niere re'forme , ou le trouve ecritavecbeaucoup de franchise; 5" quel- ques pensies sur les administrations finanpieres et conimunales , par G. F, Andreatini; 4° Histoire de la revolution de Naples depuis juillet 1820, par Biaggio Gamboa ; on y trouve plusieurs details qui ne sont pas encore assez connus ; 5o la Constitution d'Espagne, examinee par Carlo Mele, — Florence. — M. Filippo Cicognani, -poete de la ville de Florence^ vient d'y publier, danslasecondelivraison de YAnlologia, une traduc- tion en vers italiens du dithyrambe sur I'Egypte, deM. Joseph Agoub. Naples — Antiquites. — Les travaux entrepris a Pompeii ont e'te pous- sesavectantd'activite, quel'on pent maintenantcirculer dans la plupart des rues decelle ville. M. Williams, voyageur anglais^ a deinierement visile ces ruines ; il y a pene'tre' par la voie Appienne, a travers une 612 EUROPE, ctroite raiigec dc loiiil>caux fort bicn sculpu's , siir Icsqucls on lit lr^s-distinctement les noms des niorts. On a trouve pies d'line des poites de la villciine gueiile, avec Ic squelctte d'un soldat , leiiaul inie lampe a la main. M. Williams est entre dans un lieu de vi'union oil I'on Yoyait encore les marques que les tasses a liqueur avaient impri- mees sur la pierre. La plupart des maisons el des edifices publics conservent leurs ornemens d'arcliiteclure et de peinture frais et en- tiers. Le pave des rues est nse en plusieurs endroits par les roues des voitures : partout la vie semble avoir e'le tout-a-coup inlerrompue. A chaque pas on decouvre des traces de I'industrie d'un peuple foudroye au milieu de ses travaux. Ici , c'est la boutique d'un talllandier ; le martcau pose' sur I'enclume attend la main de I'ouvrier; plus loin, c'est I'atelier d'un sculpteur , rempli de statues ebaucbees et de blocs de marbve ; I'e'cboppe d'un boulanger , d'un marchand de vin , dont le tiroir cotitient de I'argeut; une ecole , au milieu de laquelle s'eleve ime eslrade destine'e au niaitrc ; un grand theatre , un palais de jus- tice, uu amphilbeatre de deux cent vingt pieds de longueur; des temples; ime caserne dont les colonnes sont couvevtes d'inscriptions boufiouues et des noms des soldals qui I'habitalent ; des puits,des citernes, des triclinium , de beaux autels en mosaique , des fragmens de .statues j des tuyaux de terre cuite destines a porter I'eau dans les diJTe'rentes rues ; des prisons et des ceps , ou fers pour les pri- sonniers : tels sont les principaux resles des arts de I'.antique Ttalie. Les maisons de Pompeii sont en gener.-il fort basses. Plusieurs n''out que dix pieds de baut. Les rues ont environ seize pieds de large, et les trottoirs trois pieds : ils sont assez e'leve's, et on y monte par des marches ; les rues etroites n'onl que six fi dix pieds de largeur , avec des trottoirs en proportion. ' Encouragemens dotin&s a Vinslruciion des Grecs. — Les donations que M. Varvaki, riche patriote grec, a failes au grand collt'ge de Chios, depuis environ quatreans, s'eievent de'ja a la somme dei5o mille francs. Cet bomme respectable habite depuis sa jeunesse en Russie, ou U a obtenu I'cstime de tous les gens de bien par ses rares vertus ; presque tons les jouvnaux russes ont parle de lui avec le plus grand eloge. Connaissant I'influence salulaire que le Mercure grec , qui s'imprime a Vienne , excrce sur toute la nation , le gene'reux Varvaki encpnrage EUROPE. 613 ce journal par ses lihe'ralite's ; et , quoique simple negociant , il rivalise avec ceux qui contribueiil le plus a la renaissance »le la Grece. ESPAGNE- Madrid. — Ecole du genie. — Les cnrtes ayant dc'cre'te, le 8 no- vembre dernier, le retablissement de I'ecole du ge'nie, le gouverne- nienl a faitpublier dans les journaux les conditions requlses pour etre admis dans ladite ecole. Les aspirans doivent savoir Taritbrnelique , I'algebre , la geometrie eleinentaire , ■ la trigonometric rectiligne et spherique, la ge'ometrle analytique et les calculs diffe'rentiel et inte- gral. On admet de prefe'rence ceux qui joignent a ces conuaissauces celles des langues francaise et anglaise , du dessin et des notions d'ar- chilecture navale. La dure'e des cours est de trois annees. — Theatre. — Une tragedie en cinq actes d'Alfieri , Virginie , a ele traduite par M. Salis , et jouee avec un grand succes , le 12 fevrier der- nier, sur le theatre principal. Mdrcie. — Un nouueau journal ■pdiVdal dans cette ville, sous le titre de Periodica Constitucional de la Prouincia. Les autorites superieures inviteut les municipalite's k s'y abonner. PAYS-BAS. Harxem. — La societe des sciences de cette Tille a propose les ques- tions suivantes pour le terme du i'"' Janvier 1822; 1° jusqu'a quel point est-il demoutre actuellement que les fumigations , au moyeu dii gaz muriatique. oxigene , d'apres le precede de Guy ton , ont servi a prevenir la propagation des maladies contagieuses? 2° jusqu'a quel point la physiologic du corps humain donne-t-elle des raisons bien fondees d'admettre que le gaz oxigene est un des remedes les plus eflS'caces pour secourir les noycs et asphyxies? 3"quepeut-on regarder comme bien prouve' a I'cgard du sue gastrique j et de son influence sur la digestion des alimens? 4° jusqu'a quel point connnil-on , par les experiences chimiques de fauquelin, les diverses espcces du quin- quina? 5" UDC comparaison, fonde'e sur des analyses chimiques , entre les fermens humides et sees , avec un expose dcleurs qualites relatives. Amsterdam. — Conseil de police medicale. — M. Schouten , docteur en medecine de cette ville , a reniporte le piix propose par le conseil de police medicale sur cette importante question : « Pourquoi les personnes nojyees , asphyxiees ou pendues , apres avoir echappe a. Tome ix. -^0 6lX EUROPE. line mori apjiarenle , deuiennent-ellcs , quelques momens apres , la proie d'line mart veritable ? Quels inojens sont a employer pour prevenir ce malheur? 11 BnuxELLEs. — Beaux arts. — Hommage a Gretrj. — II a etc ouvert tlniis cctle ville une sousciiption pour clever iiiie statue a (>relry. FRANCE. RnoNE. — Lyon. — Remede contre I'ii'resse. — M. Girard, me'de- cin ;\ Lyon , membre ai;ref;e oi\ev, M. Laffun-Ladebat pcre. C. R. Acadeniie rqyale de medecine. — Nominations. — Par de'cision du 6 ft'vrier , le roi a approuve les nominations faites par cette societe pour les places de tilulaires vacantes dans son sein. ( Vojez ci-dessus, T. IXj pag 206.) Dans la classe de medecine ; MM. Keraudren , inspecteur gene'ral du service de santc de la marine ; Lerminier , medecin de I'liopital dela Charitc; ^rfe/071 , docteur en medecine; Guersenl, medecin de I'hopital desEnfans; Dupuj , professeur a I'e'cole roj'ale vetcrinaire d'Alfort ; Jadelot , medecin de I'hopital des Enfans ; Moreau , de la . EUROPE. (525 SarlliC , professeiir lie la facullu de inedecine de Paris; Marc, nieuihr* du conseil Je salubrltc de Paris ; Renauldin, medecin de I'liopiial de Beaujon; A lard , anclen secretaire o;encral de la socicte me'dicale d'emulation ; Bally, docteur en medecine; Husson, medecin de THotel-Dieu ; Landri-Beauvais , medecin de I'ecole royale poly- technique; Louyer de Villermay, docleur en me'decine; Desplas, me'decin veterinaire ; Hypolite Cloquet, docteur eu me'decine; Desor- meaux, professeur de la faculte de medecine de Paris ; Rullier , docteur en medecine; Itard, medecin de Tiui-titution royale dessourds- inuets; Magendie , docteur en me'decine; Delens , secre'laire ge'ne'ral dc I'alhenee de medecine de Paris ; heveille , medecin des prisons du de'parlement de la Seine ; Desmarels ^ professeur a I'ecole royale ve- terinaire d'Alforl. Dans la classe de chirurgie : MM. Breschet, chef des ti-avaux. ana- lomiques de la faculte de medecine ; Jules Cloquet , c!iirurs;ien en second de I'hopital de Saint-Louis; Cullerier, cliirurgien en chef de I'hopital des veneriens; Murat , chirurgien en chef de I'hopital de Bicetre; Ribes, chirurgien de I'liotel royal des Invalides; Duval, docleur en chirurgie; Ajs/rawc , chirurgien du bureau central d'ad- niinistration des hospices; Demours , medecin oculiste de S. M.; Beau- chene fils , cliiiurgien de I'hopital Saint-Antoine; Hedelhofer . docleur en cliirurgie ; Moreau , professeur d' accouchement. Et dans la section de pharmacie : MM. Boudet , pharmacien a Paris; Cadet, idem; Derosne , idem; Caujnlou , idem; Clarion, professeur adjoint a I'ecole de pharmacie ; haubert, pharmacien en chef des arme'es. — Conseil royal des prisons. — Prix disiribues. — Un pri\ avail e'te propose par cette soclete , pour I'auteur du roerlleur memoire sur les may ens d'ameliorer le regime des prisons et le sort des pri^onniers. La commission a dcsigne le memoire d'lm jeuue avocal de Beauvais , M. Ernest d'Anjou , et I'a juge digne du prix. Ce rc'sultat a ete pro- clame', dans la seance du conseil des prisons qui s'est Icnue, le l3 mars, dans les apparleniens et sous la pre'sidence de M. le due d'Angouleme. Dans la meme seance , le Prince ,t remis lul-meme, a M. L. P. de Jus- sieu, le prlx. qui lui a ete decerne par le conseil royal, pour son onvrage intitule Antoina et Maurice , destine a etre donne cii lecture aux prisonniers. L^ne mention honorable a e'tc'accordee a M. Achiird , 626 EUROPE. conseiller hlaconrroyale de Lyon , pour son ouvvage intitule : Ldu- rent ou les Prisonniers. — Medecine. — Kemede conlre la rage, — Dans nn rapporl fait a la Faculte de mc'deciue ,sur les vci'tus anti-liydropliobiques dc la Scutel- laria lateriflora ( Voy. la Refue , T. VI, p. 35i), M. Merat fait obscv- vev que le niedecln de New-Yovck, qui ce'lebre I'efficacite de cctte plante, et quipade dc pros de millc gue'iisons obtenues par ce moyen, ne distingue , dans aucun cas , I'liydrophobie de la rage , et semble ignorer que la premiere n'est qu'un symplome delaseconde, qui peut exister dans d'autres maladies. L'hydrophobie n'est qu'une nevrose susceptible parfois de guerison , tandis que la rage declare'e est tou- jours incurable. Le docteur Merat craint que la Scutellaria lateriflora n'ait pas plus de succes contre la rage que Vanasellis , si vautee autrefois , ctValisma plantago , re'cemment pre'sente'e comme un veri- table remede , et qui , dans la realite , est , ainsi que le precedent , sans propricles dans cette affreusc maladie. Pour prononcer , on doit at- tendi'e que les medecins aniericains nous aient eclaires sur ce sujet. — Chirurgie. — Observation relative a l' application, sur unjeune homme de vingt-deux ans , d'un appareil propre a corriger la diffbr- mile appelee pulgairement menton de galoche. — C'est en 1807 que M. Catalan , cliirurgien-dentiste , a Invente' cet appareil qu'il a nomme plan incline , et qui a obtenu I'approbation de la societe de medeciue et des plus celcbres chirurgiens de Paris. M. Catalan ne s'e'tait encore servi de son appareil que pour des enfans, lorsqu'au niois de novembre 1819 , un jeune homme, age' de vingt-deux ans, deuxieme clerc de notaire , rue Saint- Antoine, n° 218, vint se pre- senter a lui avec la defectuosite' ci-dessus e'nonce'e , poussee a un tel point qu'il ne pouvait rompre les alimens par le concours des deux, machoires , sans excorier les gencives supe'rieures , tant les dents de la maclioire infe'ricure couvraient celies de la superieure , qui , dans I'ordre naturel , doivent les preceder. MM. les professeurs Antoine Dubois et Boycrconstaterent I'e'tat de la difformite'; apres quoi, M. Ca- talan appliqua I'appareil le 4 decembre 1819. Le 28 du mime mois, M. Bruneau , plein de joie et de reconnaissance, vint demander qu'on le lui otat : pendant quelques jours, il le conserva seulement aux heures du sommeil, pouvanl r6teretle remettre avec la mime faci- EUROPE. 627 lile. Ainsi , en vingt-quatre jours, cet appareil a opere la restitution des formes voulues par la nature , chez iin siijct de vingt-deux ans, en ne lui causant qu'une gene momentannee. HopiTAL Saint-Louis. — Extrait du compte des depenses faites , pendant I'annie 1820 , pour I'eclairage de eel etablissement par le gaz hydrogane carhoni , presenli par M- Peligot, administraleur des hdpitaux et hospices. — La consoramation du charbon de terre a ete de 3,179 liectolilres 5o , qui ,au prlx. de 4 fr. 20 c. I'hertolitre, ont coute i3,553 fr. go c. La venle du coke ( charbon distille ) et du goudron , residus de la distillation, a produit 1 1,926 fr. 84 c. ,• leste done pour la depense resultaute de la consommalion du charbon 1,428 fr. 06 c. En y ajoutant les frais accessoires montant a 2,260 fr., et dans lesquels on a coniprls pour 4oo fr. une cornue de rechauge , quoiqu'aucune n'ait e'te inise hors de service en 1820, le total de la de'pense est de 3,688 fr. 06 c, pour 714, 32t picds cubes de gaz hydro- gene carbone. L'eclairage a I'huile coutait 8,000 fr. : la difference est doncde 4,3ii fr. g4 c, quirepresentent, et au-dela,l''intt'ret a dixpour cent de 4o,ooo fr. , somme avec laquelle on pourralt e'lablir un ap- pareil d'eclairage qui surtirait pour IMiopital. En effet, il faut rappeler ici que I'appareil actuelacoute 120,000 fr., mais que I'on compiend daus cette de'pense: 1° tons les essais qui ont du ^tre falts; 2° les frais de construction des batimens qui renferment les fourneaux et les chaudieres des bains del'hopital; 3° enfin , que le corps de I'appareil place dans ces memes batimens a e'te etabli pour un eclairage de 120 a i5o bees, qui devait s'e'tendre de I'hopital Saint-Louis a I'hospice des Incurables (hommes ), a la maison i-oyale de sante et a la prison de Saint-Lazare. En prelevant 4,ooo fr., montant de I'interct a dix pour cent de 4o,ooo fr. , il reste encore en be'nifice net 3ii fr. g4c.; mais le plus beau benefice re'sulte des conside'rations suivantes. En comparant I'an- cien eclairage au nouveau, on voit que , dans I'ancien mode, I'hopital n'etait eclaire qu'avec 127 bees , tandis qu'il I'est maintenant avec 320, et que chaque bee , alimente avec le gaz, donne plus de lumiere que chaque ancien bee alimente' avec I'liuile ; on estime gene'rale- ment que I'hopital est trois fois mieux e'clairc qu'il ne I'etait autre- fois ; c'est-a-dire, que pourl'c'clairera I'huile, tel qu'il I'est maintenant avec le gaz , il faudrait de'penser une somme de 24,ooo fr : or, on produit cet effet en de'pensant 7,688 fr. 06 c. par an. L'eclairage au 628 EUROPE. ga/, clabli ;i I'liojiital Saini-Louis, tloune ilonc rc'cllcmeiil une t'co- iioniie aiinuclle de iC,3n fr. g4 c. Tels sont I sciences , etc., etc. Nouvelle edition , cntierement refondue, et conside'rablement aug- mentee. La premiere e'dition de cet ouvrage , publie'e en 1812 , n'e'tait qu'un recueil des me'nioires inse'res a diversesepoques par I'auteur, dans les Annales du Muse'um d'histoire naturelle, lie's ensemble au mojen de quelques articles supple'mentaires et prece'de's d'une introduction. II resultait, de ce mode de publication , que plusieurs articles e'taient Teste's incomplets , et qu'il n'avait p;is e'le' possible de les disposer tous dans I'ordre le plus methodique, Cependant cette edition a ete prompte- ment epuisee; quelques-unes de ses parties ont t'te' traduites en diverses langues, avec des commr^ntaires et ^es additions des traduc- teurs. La science des fossiles a fait, d'ailleurs , de grands progres en Europe, depuis I'epoque de celte premiere e'dition ; des savaus celebres ont recueilli les fossiles de leur pays , et en ont public' des figures et des descriplions cxcellentes. L'auteur a lui-meme continue avec une ardeur soutenue ses re- cherches en France, et il a fait des voyages en Italic, en AUemagne, en HoUande et en Angleterre, principalement dans la vue derecueillir des fossiles , de decrire ceux qui avaient ete rassendiles dans les piin- cipaux cabinets , et d'observer avec attention les gites oil ils se sont trouve's ; il s'cst vu en etat de de'poser au cabinet du roi , a Pai'is , une quantite conside'raHe de richesses uouvelles , et de re'unir dans son porte-feuille un grand nombre de dessins inte'ressans, dont il se propose d'orner son ouvrage. L'histoire des couches dans ksquelles les os fossiles sont renferme's, Al* - r,32 KUROrE. clcs mineraux , 497 » 544? 56i, 572, 575, — universellc, par le comle de Segur, 1,64. — cie France (Abrege elementaire de r ) , par Gault de S. -Germain, 160. — de France ( Revue chronologique del'), A. ,82. — ( Essai sur 1') des comtes souverains de Provence, parBoisson de la Salic, 553. — de Suisse ( Elemens de T), par Manget , 34o. --(Pensees sur la science de 1') , par le due de Ventignano , 545. — littiSbairh, 145, a83. — NATChELLE, i47, i86, 2o8, sSj, 364^ 5g9, 4 " » 4^1, 565, 65 1 . — de ma petite cliienne Hermione , par madamc Wyttenbach, 56i. Historiens grecs (Gollecliondes),tra- duits en italien,543. Hodgson , On the origin and progress of stereotype printing , 55i. HofvN yl ( Fete anniversaire de la fon- dation de I'institution de) , 188. Hoist (Ledocteur P.), de Christiania, sa lettre a M. Villerme , 579. Hommage ii la memoire de H. G. Gras, 55 1. Horace ( Odes d'), traduites en vers italiens, par Th. Gargallo, A., 5i5. Horns Umrisse zur Geschichle der deutschen Literatur , i45. Huitres , Gause de leur couleur verte, 399,401. Hume's {Dauid ) private correspon- dence, A. , 3o3. Hunes, Dartstellung des Negerscla- venhandels . 545. Hurtado de Mendoza. Voyez Caval- lero. Uydropisie ( Sur 1' ) des ligamens de I'uterus, par Fremery, 349. I. niade d'Homere, trad, en vers italiens, par Hocclii , 558. — ( Trois chants de 1' ) , par Bignan , Impression stereotype (Sur I engine et les progres de 1'), par Hodgson, 55i. Imprimcrie (Sur I'origine de 1'), par R. Willett, i4o. — par M. de la Serna Santander, i4o. — a Tiflis en Georgie, SgS. Indes oniuKTALES, i5, 62, i5o, 32S, •^77' 597. IlVDl'STRlE , 216, 240, 4'4' Ikscbiption , 184. Instilut royal de France (L'elat de 1'), pour I'annie 1S21 ,621. Instrcctioh pubmque i Free - Town , Sierra-Leone, 176; — a Geneve, 187; — a Naples, 189; — en Espa- gne , 191, 56 1 ; — 4 Paris , a 1 5 ; — en Russie , 58i ; — en France , 629. SES MATIEBES. — (Observations sur le systcme actuel de 1'), par Pettier, 583. — (Essai d') universelle et publique , par N. Covelli, 555. Instrument ( Nouvel ) de mathenia- tiques, inventea Halberstadt. iS6. — de M. Berlingbieri, pour executer ^operation appelue Esophagotomie, 609. — pour les observations de nuit, 4 la mer, invente par M. Touboulic , 6.4. . — d'agriculture (Description des nou- veaux), par Thaer, 56\. Intrigant (L') maladroit, corned, de Picard, 218. Inventions ei DScodvertes, 1S6, 3-8, 6o5 , 609, 610, 614 , 626. Irlande ( Excursions I'aites dans I'in- terieur de 1') , par Trotter, 537. Isambert, Recueil complet des lois et ordonnances, 5-8. — Recueil general des ordonnances, 635. Isles de l'Ocean pacifiqce, ijS. Italiade (L'), poeme italien , par A. M. Ricci , 557. IlAI.lE, 19, l50, 189, 281 , 322 , 341, 389 , 554, 609. — (L') an 19" siecle, 58o. Ivresse (Remede contre J'] , 6i4. Jach%on's Account of Timhuctoo, etc. A., 485. Jacob, Essais pbilosopbiq. sur Tbom- me, 534. Jardin bot.anique de Tuniversite de Liege , V98. Jeanne - d'Arc , opera - comique , par Tbeaulon, 641. Jennings family cy clopcedia , i83 , 329. Jomard, C.,-N., 211. Jomini, Traite des grandes opera- tions militaires., A., 5o. Jonamaj De laprueba por Jurados, 56o. Joubert, Manuel de I'amateur d'es- tampts, 58-. Jourdan , Recueil general des ordon- nances, etc. , 635. Journal des cours publics de juris- prudence, histoire et belles-let- tres, A. , 490- JouRNAux et Ouvb ages periodiques , en A Lleniagne , Ilennes publ. a Leip- sick, 146. — JenaiscJie Lit. Zeitung, xl^-j. — I)ieMuse,jS6. — KielerBey- trdge, 546. — ff^iener Zeitschrift fiir Kunst, etc., 54g. — IViener Conirersationshlatt , 549. — Conver- sationsblatt von Brockhaus , 55o. — Morgenblatt , 55 1. — Mercure grec , publ. i Vienne, 607. — La Minerve , publ. k Leipsick, 608. — en Angleterre:!r/i077i4ore'5 Annals o//'/ji7o5o/iAx,pub.iLondres,i52.-- A journal of science^ literature and the arts, publ. h Londres, 532.— The Bee, publ. i» Londres, 333. — The Labourer's friend, publ. k Londres, 353. — A'ew Monthly ma- gazine, 541. — 2'/ie literary chro- nicle, 542. — an cap de Bonne-Esperance , The Cape-town gazette, 59S. — en Espagne , Periodico Constitu~ cional de la Prouincia , publ. i Murcie ,612. — en France : ChristUche Mitthei- lungen, publ. ix Strasbourg, 172. — B'ibliograpliie de la France, publ. a Paris , 172. — Nouv. Bibliotbeque germanique , medico-chirurgicale , publ. a Paris , 369. — Journ. d'agri- culturc , etc. du departement de I'Ain, 371. — Bibliotlieque de fa- mille, publ. ^ Paris, 372. — L'Al- cyon , publ. k Marseille, 375. — La Minerve litteraire, A., 532. — Annales de cbiniie et de physique , par Gay-Lussac ct Arago, publ. a Pa- ris , 590. — Bulletins de la societe mi'dicale d'emulation de Paris, 591 . — Chronique religieuse, pub. i Paris, 592. — Le Mivoir, publ. a Paris, 593. — a Haiti , 1' Abeille haitienne , publ. au Port-au-Prince, 536, 596. — en Ital.e , Journal armenien , publ. <» Venlse, 390. — a la A'oM(^. Galles du Sud , itois gazettes, publ. A Sidney, 598. en Pologne , la Decade polonaise , 382. publics en Ricssie pendant I'annee 1820, 603. 10 TABLE ANALYTIQUE — en Suisse, Feuillc du canton dc Vaud, 341.— Annales de legislation et de jurisprudence , publ. i> Go n6ve, 389. Jugemcnt critique surle code de lois, intitule : Novisinia rccopilacion , par don F. Marina , 347. Jullien ( M. A. ) , fondateur et direc- teurde la Reinie Jin cj' ( I. -C.-M., 5 A., 26S. — Note 456. Observation, 474- — Diversesannonces bibliogra phiques. Ji'BispacDEivcB, 137,142, i63, 355, 3S9, 490, 544? 555, 577. Justice penale (sur Tadniinistration de la ) dans les gouvernemens cons titutionnels, par F. de Marco, 555, K. Karamsin , Continuation de son His- toire de Russie, 382. KelsaWs Classical Excursion , i48. Kenilworth, nielodrame anglais, par Dibdin , <>oo. Keratry, La France telle qu'on I'a f'aite 356. Kieler Beytrdge , 546. Kinker, Gedicluen , 35o. Koch, Menioire pourservir & I'histoire de la campagne de i8i4, 354. Kolzebues neue Schauspiele , i45. Labordc (Alex, de), C — A., 82. La Fontaine, Histoire de sa vie et de ses ouvrages , par Walckenaer , A., 5i5. La Harpe, Abrege de'son cours de litttrature par Perrin , 584. Lamarck , Systeme analyt. des con- naissances positives dc rhommej, A. , 257. Lampadarios. J'oyez Offices. Langue grecque(Arche de la) , A., 525. — latine (La) rappelee h ses eld'mens par Pastelot, 356. Lanjuinais, Discours sur la compe- tence dela chanibre despairs, etc., i68. — Vucs politiqups sur les changenicns a faire k la constitution d'Espagnc, 168. Larcheregium , 565. Larcheret, Repertoire vocal du menes- trel, 589. LiSciSLATlO.f , 347, 554) 389, 572, 578 , 579 , 635. — constitutionnelle , recueillie par Bonnin, 579. Leans lieschreibung der TViener JBi- Mwthek, 548. Lesne ( mademoiselle ), Grammairc musicale , 366. Lettre d'un Israelite franrais i ses coreligionnaires , 160. Lettres de Blanche , princesse d'Al- mafi , par le comte Golowkin , 36o. — de Saint-James, 553. Lcyden et H. Murray, Histoire des- voyages et decouvertes en Al'rique , 566. Linden {F"an der), Judical, practical and mercantile Guide, i3o. Lionel , roman , 585. LiTHOGRAPHiB TEtat actuel de la) en France , 248. Litta, Famiglie celehri Italiane , iSa. LiTTKHATUHB allcmande , i45, 336, 386, 549, 55 1; — anglaise, 139, 228, 5o3, 446, 517 , 542; — arminienne , 390 ; — espagnole , 56i, 5g4, 6i3; — fran(;'aise, 111,117, iSg, 171,319, 358, 5oi , 5i3, 532, 584, •''93 , 639 , 64o, 641; — galloise , 181; — h6- braiique , gS ; — hollandaise , i56, o5o ; — italienne , i53, 3i5 , 546, 557, 611; — orientale , 6oq; — russc, 382, 541. Llorente, C.-B., 547, 559. — N. 191 , 192. Lochiel , ortheJieldofCulloden , i4o. Lois et ordonnances du royaume , re- cueillies par Isambert, 678. Lucianus num. scriptis suis adjuvari relisionem chrislianam voluerit ? M. Mac-Carlhy, choix de Voyages, A., 474- Machine a vapenr, k Hornu, pres de Mons , SgS. 1 Mackenzie's illustrations ofPhrenO' logy, J 33. Mackktisme animal (Etat actuel du) en Hollande, 349. Mailly, ou leTribut de la reconnais- sance, par A. J. Carbonnel, 171. Maison (La) en lotcrie, comedie de Picard et Radet, 219. Maisons ( Des) de sante destinees aux alienes, M. , 26. — portatives, 6o5. Malesherbes ( Essai surla vie de) , par Boissy-d'Anglas , 583. Manget , Elemens de I'Histoire de Suisse, 340. Manuel de I'amateur d'estampes, par Joubert , 58-. — (PetitJ philosophique et politique , 571. Manufacture des apprentis pauvres et orphelins , etablie a Paris, 216. Manuscript aus Sad-Deutschland , 335. Manuscrits C Anciens) trouves en An- gleterre, 38 1. Marc-Aur6le , 570. Marco {F, de) , SuW amministra- zione della giustizia penale ne' gouerni const ituzionali , 555. Marl (Le) et I'Amant , comedie par Vial, 416. Marie de France (Poesies dg) , A., Manna J juicio critico , etc. , 347. Marine, 374, 614. Marmontei, CKuvres completes, A. , 5oi. Marron, G.-B., i55 , 348. Martel, elemens de philosophie mo- rale , 56o. Martin, peintre anglais , 60 1. Mathematiques, 186. Matiere medicale de I'lndostan , par Ainslie , i3o. Maximilien (Prince") de Wied-Neu wied, voyage auBresil, traduction fran^aise, 567. Maj'rs Reise nach Constantino- pel , etc. , 339. Mazet , Voyage en Andalousie , 565. Mazois, C.-A., 322. MScaitiqde , 4i4- Medailles ( Discours sur les) d'Auguste et de Tibere , 365. Medbcike , i3o, i5o, ao6, oaS , 341 1 DES MATIERES. H 549 , 369 , 459 , 554 , 559 , 565 , 591 , 599, 61D, 626, 635, 634. — comparative ( De I'objet de la) , par Cbiaverini, 554. Medyton. Voyez Musique ecclesias- tique. Meletemata e disciplina antiq uilatis , opera F. Creutzeri , 536. Meli , Poesie d'un amico degli uo- niini , 346. Memoii'e presente aux cortfes d'Es- pagne , par P. Aparici y Ortiz , i53. Meuoibes, notices, etc. (I). Coup d'oeil general sur la Revue Encyclo- pedique (M. A. Jullien) , 5. — -Des maisons de sante destinees aux alienes (E. Salverte) , 26. — Ta- blettesnumismatiques (Dumersan), 42. — Variations de la temperature pendant I'annee 1S20 (Francoeur), 221. — Essai historique sur la poesie anglaise (Chasles), 228, 446. — Expositions des porcelaines et des tapisseries, i Paris (P. A.), 240. — Extrait du rapport de M. Delalande sur la collection d'histoire naturelle faite au cap de Bonne-Esperance , 421. — De I'atmosphere dela femme (Cadet Devaux) , 427. — dans les langues modernes del'ins- titut royal de Hollande, 562. — latins, id. , 563. — de la societe d'emulation de Cam- brai , 586. Menton de galoche , appareil propre a corriger cette diObrmite , 626. Messala Gorvinus (M. Valerius) , par Van Hall, 56i. Metapbysiciens classiques ( Collection des), 542. Mezard, Du Principe conservateur, A., 72. Mezzanotte , Le ode di Pindaro , 559. Millelot, C.-B.,575. MiUon's doctrine and discipline oj Divorce, lay. Mirabeau (OEuvres choisiesde) ,171. Mission de la Louisiana (Notice sur la), 575. — en Amerique, 595. Missionnaire (Le) selon I'evangile, 568. Moliere ( Dissertation sur) , par Bef- fara,364. 12 TABLE AWALYTIQUE Moliirc ( Hommape it), 217. Monaaterj [The] , S;,'). Mdncherey {Die) odcr geschichtl. Darsleliurig der Kloslerivelt , 544- Monlbron, Essais surlalittcrature des lltibreux , A. , gS. Montcgre (Homiuage i) , par Ics Hai- tiens, 597. MoBAlE, 5(jo. Moricaud , Flora Veneta , SSg. Mort (La) du Tasse , opera par Cuve- lier, 417- Moyen (Memoiresur le) de reparcr Ics torts f'aits au commerce de la France , parl'insurrcctionde Saint- Domingue , 169. IMuller , De Iripude Delphico , dis- sertalio ,538. Muralt , eleve de Pestalozzi , fonde un pensionnata Pelersbourg, 38 1. Murray (Hugh). Vvy. Leyden. Musee (Formation d'un) a Limoges, 616. — (Nouvcau) dans Ic Palais Conser- vatori i Rome, 190. — de la Mythologie de I'art , par Bat- tiger, 538, 386. — du Vatican , 590. McsiQUE , i4i , 188, 566 , 4' 6, 5Sg. — ecclesiastique ( Introduction a la theorie et i la pratique de la) , par Medyton , 594. Mysticisme (Traite sur le) , par Bor- ger, i55. Mythologie, 338, 386, N. Naples, i5i, 54i,554, 5Si, 611, — Divers ouvrages relalifs a la legisla- tion , etc. , de CO royaume ,611. Necker (Notice sur ) , par A. de Stael- Holstein , 167. — (QEuvres completes de), 167. Necrologie : Prosper Rouzee , i Saint- Louis, Senegal, 178. — De Hem- merlin, i Stocholm , i85. — L'abbe Zamagna, a jNIilan, 191. — de IMon- tbion , a Paris , 219. - L'abbe Mor- celli , a Chiari, 591. — Montegre , au Port-au-Prince , 4 •7- — Lagre- nee , a Paris , 4 ' 9- — Ha vet , k Pile de Madagascar , SgS. — Serain , h Caen, 64i. — Cailly, ft Caen, 64 1. — Giraud, i Paris, 64a. — Le mar- quis de Fontanes , a Paris, 642. Nelli , Vila e commercio lilteraria di Galileo Galilei, i53. Nombre de pieces jouees, en 1820, sur les theatres de Paris , 658. Nominations acadiSmiques: M. A. Ju- lien de Paris, 189, 204. — sir Sidney Smith, 202. — A. Mahul, 204. — Brinckley, 204. — Brochneubergcr, 204. — Thaer, 2o5. — Le prince Ma- ximilien de Wied- Keuwied, 607. — faites par I'Institut royal de France, en 1820 ,621. — faites par l'acad6mie royale de me- decine de Paris , 624. Nouv. Galles merid. 598. NouvELLEs LiTTERAiBEs ( IV): AUcma- gne, 186, 385, 606. — Bresil , 175, 596. — Buenos-Ayres, 696. — Chine, 176. — Dauemarck , i85, 385 , 606. — Egypte , 5 98. — Espagne , 191 , 394,615. — Etats-Unis, 176, 574, 5g5 — France, 200, 399, 614. — Georgie . 5g8. — Grande-Bretagne , 179, 378, 599. — Grece , 612. — Groenland, 175. — Haiti , 696. — Indes orientales, 697. — lies de I'O- cean pacifique , 175. — Italic, i8g, 389, 609. — Nouvelle-Galles meri- dionale, SgS. Paris, 204,406.619, — Pays-Bas, 194, SgS. 6i5. — Polo- gne , i83, 382. — Russie , 5Si, 601. Senegal, 178. — Sierra-Leone, 176. — Siberie , 377. — Suede, iS4, 6o5. — Suisse, 187, 589. Nuit (LaJ des noces , tragedie anglai- se, 60Q. NuMISHATIQUE , 4^, 365, 0, Observateur ( L' ) au XIX« siecle, par Saint-Prosper, i63. Ode sur les avantagcs de la nouvelle reforme , par madame G. de Luna- Folliero , 3go. (Hufs ( Pesanteur des), au commen- cement et i la fin de I'incubation, 4ii. (^BVRES COMPLETES '. dc Ncckcr, 167; —de madame de Stael, 167 ; — de Ciceron, traduction fraDcjaise , 4i4 ; — de MarmoutelSoi ; ~ de Buffon , 563 ; — de Volney, 669. — pOKtiqucs de R. Soulhey , A., 5 17. Offices des fOtrs principales et theo- metoriques, par Lampadarios, 59I. Ohsson ( M. . . d' ), Tableau general del'empire ottoman, 572. Oiseau seniblable au colibri, decou- vert en Allemagne , 186. Oliva , 7\issorlea , 1 53 . Ordinaire , Methode pour I'enseigne- ment des langues , 21 5. Orfila's Trealinent of persons who have taken jyoisons ^ 328. Obnithologik (Manuel d' } , par Tetn- minck, A., 4.66. Ortiz {.Ipariciy j, Memorla quepre- sento a las Cortes, i53. GUVBAGES PBBIODIQUES. VoyeZ JoUH- — B. DES MATlijUEs. 13 — naturelle, iSa, 357, — grecque (Uistoire de la ), par D. Sac Parent-Real, C. — A., 5oi 354. Pabis, 204,406, Gif). — (Consommations de la ville de ) , 565. — (sur le balayage et nettoyage des rues de ), 565. — (Histoire pbysique, civile et mo- rale de ], par Dulaure^ S-o Parlement d'Angleterre (Sur la cons- titution et le), 354. Participe Franrais ( Theorie du ), par Bescber , 507. Pastelot, La langue latine rappelee a ses elemens , 356. Pathologic analytique , par M. Bufla- lini,34i. Pays-Bas, , ig, i55, 194, 348, 096, 56i, 6i3. Peintubes. /'"by ez Particle Beai-x-arts. — a Iresque , moyen de les detacher , 6io. Pellico . Euphemio di Messina, 55 Perrin, Abrcgc du Coursdelitterature de La Harpe, 58f. Petersbourg (Coup doeil sur ) , 586. Pharc a Carlsten en Sufede, i85. Philocles, 358. Philologie, 143, i49» 344» 556, 557, 387, 525, 608. Philosopbib, i5o, 162, 354? ^71. chi, lio. — morale ( Elemens de ) , par Don M. Martel, 56o. PlIBENOLOGIE , l8o, 564. Phrenology ( Illustrations of) , by G. S. Mackenzie , i33. Physique, i85, 194, 221, 564, Sgo. Phytographie medicale , par J. Ro- ques , 634. Pierre gravce antique (Lettresurune), par Ciampi, 543. Pile vollaique ( Action de la ) sur I'ai- guille aimantee , i85. Pindare (Odes de) , traduites en ita- lien, par A. Mezzanotte, 559. Poeme romantique, en langue russe, par Pouchkin, 082. Poesies, i55, i56, 171, 228, 3 1 5, 3 19, 546, 35o, 35 1, 558, 382, 3go, 557, 558, 559,561, 584. ^ DRAMAT1QUB-, II7, iSg, l45. l53, i56, 336, 386, 557, 584, 6i3, 635, GSg, 64o, 64 1 . — anglaise ( Essai historique sur la ) , M., 228. — de Kinker, 35o. — diverses de madame la comlesse d'llautpoul, 558. — d'un amideshommes, par C. Meli, 346. — legeres de Vervicr, 35 1. Poetes russes ( Extraits des ) , par Bowring, 54i. Poison (Traitement a suivre pour com- battre les effets du), par Orfila, 328. Politique, 72, i5i , i55, l54, i55, i63, 16S, i6g, igi, 35o, 335, 353, 354, 556, 540,546, 552, 555, 56o, 58o, 611. — (Enseignemcnt de la) en Espagne, 1<)2. Pollini ( Ciro ) , Catechismo agrano, 342. POLOG.NE, 17, l4l, i8J» 082,545. Pompeii (Sur les traveaux enlrepris a), 611. Poniatowski , Slatuc equestre de ce prince i Varsovie, 184. Pont roinain , decouvert^^dans la pro- I vince de Groningiie , 396. lA TAULE A^AlyTIQrE Fonts ( Nouveau systi:mc (1« ) en bois et en IVt fbrg6 , par Poyet, i5S. Pope , lissai sur rbonime , traduit en vers fran^ais par J. Delillc, 584- Popham , Le Sac blanc, 585. Population dc Greenland, lyS. — (Sur la) du royaume de Pouille, par Cagnazzi, 554. Porcelaines de Sevres, 242. PoKTUCAL, 20,283. Pettier, Observations sur Tinstruction publiquc, 583. Pradt ( De ) , L'Europe et I'Anieri- que depuis le congrcs d'Aix-la-Cba- pelle,355. Progelto d'un nuovo piano di studi , i5i. Principe (Du) conservateur , par Me- zard. A. , 72. Pring, On Organic lifny J53. Prisons ( Aniefioration des]', 379. — du comte de Kent, 180. Pbix proposes : par I'Academie royale des sciences de Bordeaux, 201;^ par rUniversite de Tubingen, 385; —par la Societe dc lilterature d'An- vers , 396; — par la Societe royale pour Tencouragement des beaux arts de Bruxelles , 397;— par la Re- vue Encyclopedique , 409; — par la Societe des sciences de Harlem, 612;— par la Societe de medecine d'Evreux, 619.— par le Cercle aca- demique de Marseille, 619;— par la Societe royale des sciences de Nancy, 619. Procedure contradictoire f Quelques points cssentiels de la) , 142. Programme du concours et du salon de 1821, de Bruxelles, 397. Projets (Des ) de I'Autricbe sur I'lta- lie , 169. Promelbee , imite du grec , en hoUan- dais, parDacosta, i56. Proposta di alcimc; correzioni al J'o cuholario della Crusra , 344- Proteges ( Les ) du dix-huitieme sie- cle, 543. Psyche enlevie par les Zephyrs , ta- bleau de Prud'hon , grave par Mul- ler , 637. Pugin's Specimens of got hie archi- U Clare ■, i4i- Pyramide de Denain , 61 5. Quartz bleu , substance nonvelle de- couverte dans ce mineral, 184. Quatremere de Quinci. Voyez Ency- clopedic methodique. R. Rage (Remede contre la), 626. Rapport a la Cour des Pairs, par le comte de Bastard, 168. — fait a la Societe genevoise sur les ecoles lancastriennes , 149. — (Seizieme) de la Societe biblique britannique et etrangere , i34. Raulhac, Annotations sur I'bistoire d'Aurilhac , 355. Raymond, carte topographique mili- taire des Alpes, 567. Reclamations de M. Warnkoenig cen- tre un article de la Revue Encyclo- pedique , 199. — des editeurs de I'Almanach des Muses boUandaises, 399. Recueil general des ordonnances, etc., par Jourdan , Decrusy et Isambert , 635. Reglement (Nouveau) pour les artistes pensionnaires, 636. Religion chretienne ( Des alimens que la ) fournit i I'eloquence , par Van Hengel , 549. Representacion que en 1S19 dirigd- ron al rey varies pueblos , i54. Ressi , Dell' economia della specie umana , i5o. - Revolution de Naples ( Observations sur la), par le due de Ventignano, i5i. — napolitaine (Reponse a la Decla- ration de lord Liverpool sur la ) , par Romeo, 54 1- Revue cbronologique de I'Histoire de France , A. , 82. — encyclopedique. Coup d'oeil gene- ral sur ce Recueil , M. , 5. Reynaud ( Algebre de), iS-, Ri/jeri, sulla cancrena contagiosa o nojocomiale, i5o. Ricci [A.M.), L'llaliade, iS-j. Ricriarda tragedia , iJg. DES MATIEBES. 15 Riesch ( Graf von ) , Buhnen-Spiele , 336. Romans, hi, i4o, 36o, Jyo , 585, 594- Rondelet, Commentaire de S. J. Fron- tin siir les aqueducs de Rome, A. , 022. Roquefort, Poesies deMariedeFrance, A., 519. Roques, Histoire des poisons tiris du regno vegetal, 654- Rousseau (Pensees et maximes de J. J.), 162. Ruffa, tragedie etc., i55. RussiK , 17 , 279 , 38i , 601. s. Saalfdlds Geschichle der Universllal GoUin^en , 5'fj, 608 Session de 1S19, 354. SiBiSaii! , 377. SlCILE, ig. Siege (Du) et de la nature des ma- ladies , par Alard , A. , 459. Siekra-Lkone , 16, 176. » — (Etat de) en 1820, 17'}. Simone di Nantua , 1 5 1 . Sniadecki , Discours sur Nicolas Go- pernic , i4i. Sociedad (La) feliz, 56o. SoCIET^S SAVANTES ET d'dtILItS PUBLl- QUE : — medicale de New- York, SyS. — historique de New-York, 075. — pour I'encouragement des arts, des manufactures de Londres, etc., 599. — geologique du comte de Cornwall , '79- phrenologique d'Edimbourg, 180. Sac (Je) blanc , par sir Ch. Popham , — genevoise pour ravancement de 583. I'instruction religieuse de la jeu- nesse, 149. — des sciences de Harlem, 612. — de litterature d'Anvers, SgG. — royale pour I'encouragement des beaux arts , de Bruxelles , 397. — royale des sciences , etc. , de Nan- cy, 619. — des sciences de Grenoble , 4o3. litteraire de Metz, 4o6. des sciences de Strasbourg, 2o4. de m^decine d'Evreux, 619. d'emulation de Gambrai, 586. — d'agriculture de Saintes, 2o3. — pour I'amelioration des methodes d'enseignement, de Paris, 622. — des amis des arts , de Paris , 245. — de bonnes lettres de Paris , 4o8. <• C Voytz aussi le mot AcAciiMiES.) — niBLiQUEs : d'Angleterre , 175. — en Siberie, 377. — a Petersbourg, 3Si. Solitaire ( Le j , par d'Arlincourt, 585. Sonate inedite de Haydn, 4 16. Sort (Du; de I'bomme, etc., par Azai's, Sacchi (Defendente), Storia dellafi- iosojia greca , i5o. Sacrifices (De I'origine des ) , par G. de Cesare, 347. Saint-Chamans , du systeme d'im- pOts, etc. , 572. —Prosper (St.-) , I'Observateur au >9<- siecle, i63. — Simon (St.) , du systeme indust.,5 7 2 Sam, G.-A.,3.5. ' Salverte (Eusebe), C— M. , 26. Santander, On the origin of prin- ting, i4o. Sahdaigive, 28 1. Schillers Briefe an H. von Balherg 145. Schinz, Ahbildung der Eyer and Kiinstl. Nester der VogeL . 147. Scott (sir Walter), Kenilworth, nouv. roman, i83. SCULPTUKE, 38i. Seductions (Les), parmadame Jennv, L. G. 171. Segur(Le comte de), C. — A., m 5i5.— B, 593. ' — Histoire universelle , 164. Sejour d'un officier franrais en Gala- bre, 58i. Sel commun (Utilite du) en agri- culture , 37S. SiSniSgai, 16, 178. SouHDS-MiiETS : Institution de Hamm en Westphalie, 385 ; — de Gamberg en Nassau, 607. Southey ( Robert IjCHuvres poetiques, A., 517. Specifique qui preserve de la teigne la laine , drap, etc. , 594. i6 TABLE ANAtYTIQUE Squelctte de I'hotnine ( Tableau (ilO- inentaiie du), par Hereau, 58y. Stacl-llosltein (A. de), Notice sur Keeker, 167. — ( Madame do ) , Qiuvrcs completes, . 167. Stapler, De la lecture de la Bible, 352. Statistique , 554. Statue antique presentee au Roipar le marquis de Riviere, 657. — de Memnon, en Egypte, 5gS Slolbergs BiichU-in yun dcr Liebe , 335. Storia deir America, 343. St'KDE, 88, 279, 60S. Suisse, i8, i47» 187, aSi, 33g, 3S9, 552. Tablettes nuniismatiques , M. , 42 Taillandier, C.-B.,577. — discours sur le devoir de TaYOcat , 353. Tapis de la Savonnerie, 240. Tapisseries des Gobelins et de Beau- vais, 240. Tappe,Recherches sur la bataille d'Ar- uiinius, i44- Tassortea, Poemede D. S. Oliva, i55. TeliiGbaphie generale , nautique et commerciale, 214. Teniminck , Manuel d'ornitbologie , A. , 466. Temperaniens (Division naturelle desj par Thomas de Troisvfevrc, 564. Ternaux , scs experiences pour con- server Ics grains , 211. Tessere antique (Explication d'une), par M. de Hauteroclie , 064. Teesin och Te»siniana , A. , 88." Thaer, lustrumens d'agriculture, 564- Theatrhs de Paris, 217, 4 '6, 658. • — de INancy, 4"o. — de Londres, 600. — d'Odessa, 6o5. — du comte F. de Riescb, 336. Thkologie ET REMdioN, i55, i56, 160, 172, igi, 349, 552, 590, 568, 692. — ( Enscignement de la) en Espagne, 191. Thierry (S.D.), C.-A. , 117. Thomsori's Annals of Philosophy, l33. Thorvvaldsen, Details sur ce celebrf sculpteur, 585. Tinibuctoo (INotice sur) , par J. G Jackson , A. , 485. Tissot , Precis des guerres do la rcvo lution lianraisi; , 575. Toile incombustible , igS, 207. Topogbaphib, 067, 598. Touboulic , inventeur de plusieur; instrumens nautiques, 6i4. Toullier, Le Droit civil I'ran^ais, 577. Tragedies de F. RuHa, i55. Traite des negres (Tableau des chan- gemens de la) , par Hune , 545. Traite des grandes operations mili- taires , par le general Jomini , A. . 5o. Trepied de Delphes (Sur le) , parMul Icr, 358. Triompbe (Le) de Galathce , peini par Rapbaiil , grave par Richomme. 658, Trotter's JVaVks through Ireland, 557. TuRQuiE, 2S0. TvpoGBAPHiE, i4o, 33i, 586. U. Univebsit^s: Upsal, i85. — Liege, 197. — Tubingen, 385. — Gocttingen, 547, 608. — de France , modifications apportees dans son organisation, 629. — de Grenoble (Hist, de I'ancienne), par Berriat-Saint-Prix, 573. Uomini (Degli ) illustri d'Urbino, l52. Vaccine (Institution pour la), de Londres, 599. Van Ilall, M. Valerius Messala Cor- vinus, 56i. T'an Hengel, Orulio de religionix christiance disciplina , etc., 54g. Vail Lennep, Parenlalia in hono- rem 11. V- Crass, 55 1. Variations de la temperature pendani I'annee 1820, M. 221. Vaucbcr, Elemens de granimaire grecque , 553. DBS MATIERES. V^ne, Essai d'une nouvelle theorie d'electricite , 564. Ventignano , Osseri/azioni sulla re- uoluzione di Napoli , 1 5 1 . — Pensieri sulla scienza della sioria , 343. Vervier, Dichtsiukjes , etc. ,35 1. Viarreggio (Construction d'un porti), ir — sciBNTiFiQUES \ dc MM. Spix et Mar- tens, au Bresil, i86; — du docteur Salami, en Italie, 190; — de M. Fon tanier, en Turquie , \\\; — de M. Bonpland, auxiles du Parana et du Paraguay, 596; — de M. Sieber, en Abyssinic, 601; — deM. Rask, dans I'empire des Birmans, 601; — de Neri, en Tartaric, 601. (Ghoixde), par J. Mac-Carlhy, A. 474. — (Histoire complete des) et decou- vertes en Alrique , 566. Voyageurs ( Les jeunes), ou Lettres sur la France, iSg. w. Walckenaer, Histoire de la vie de La Fontaine, A., 5i5. Ifatkins" Biographical and Chro- nological Dictionary , 33 1 . West, Souscription pour rerection d'une statue en I'honneur de ce peintre, 38i. Whist (Traite du jeu de) , 366. TVillet,On the origin of printing, i4o. Wyttenbach (Madame), Histoire de ma petite chienne Hermione, 56 1. Y. York {The) Lunatic Asylum , ag. Z. Z^nobie, tragfedie de Royou, 639. Vie de JeanPhilpot Curran , A. , 2S7. • organique ( Sur les lois de la) , par Pring, i33. Viennet, Glovis, trag^die, 584- Vierge ( La) d'Arduene. Voy. Voiart. Villars (Pyramidetleveeen I'honneur du marechalde), 6i5. Virginie, tragedie d' Allien", traduite en espagnol, 612. Visite (Une) h la campagne, opera comique , 219. Vocabulaire della Crusca (Projet de corrections pour le) , 344- Voiart (Elisa) , La vierge d'ArduSne , A., 111. Volney , Cffiuvres completes , 569. Voltaire , edition Touquet , 362. — (Pensees etmaximes de), 352. — (Vie de), ouvrage anglais par M.Stan dish, 38o. Voyage (Le) a Dieppe, com6die par VaSlard et Fulgence, 64o. Voyages : chez les Mahrattes, par Tone, i58;— a Constantinople, etc., par Mayr, 339; — en Andalousie , par Maiet, 565; — au Bresil, par le prince Wied - Neuwied , 56;; — pittoresque en Italie , par Bruun Neergaard, 56;;— dans les Vosges, —^D^DEcfovERTEs' du v'aisseau anglalsl -ZimmermarinsNeue Chro'nickvon command^ par le capitaine ^^z\\\ Hamburg, ^H. Hall, 596. (Zooi,oGiE,348. FIN DE tA. TABLE DU NETJVIEME VOITJME. ERRATA. Page 80, ligne 4, 1677, 1'sez : 1670 ; — page 87, ligne i5, accom- ignecs, lisei : accompagnia - p. 95, 1. ■?, aprfej ce mot, Vigyp- pagnees IS SUITE BE L' ERRATA. iien , ajoutez : Varabe; — p. ii6, 1. 12, Eddaa , des Scandinafes , lisei: Eddas des Scandinai'es; p. i'5o, I, S,praiical, lisei: practi- cal;— p. i3i,l. 2, dukhanie.,\is&z:'dekkahi; — ibid. 1. 2'5f talingou; lisez: telingou ;^ ibid, 1. 37, cacine fraiche , lisez : racinefralche ; — p. i32, 1. j4» TF'hick ,\he.z : White; — ibid. 1, lo, tres-Ugneuse, lisei : tris-uisqueuse ; — p. i43j 1. 27, von tran , lisei : von Iran; — ibid. ibid, dn Tran, lisez : i'lran; — p. i44 j !• S , gegond, lisei : Gegend; — p. liy, 1. 36, beschreilung, lisez : beachreibung; — p. 222, 1. 20, Campion, lisez : Champion; — p. 228, 1. i4, 1. 20 Chancer,\i%c^ : Chaucer; — p. 325, 1. o,lois ediles, lisez : lois des Ediles; — p. 334, 1. 16, Limmermann, lisez : Zimmermann; — p. 335, apr^s plus acanlageuses , ajoutez : que Hambourg; — p. 336, 1. 35, disciplina, lisez : disciplina ; — p. 349, 1. 33, des alimens , lisez : des elemens ; — p. 377, 1. i6, d'Arungabad, lisez : d' Aurungabad; — p. 606, 1. 3, en Hollande, lisez : dans le duchi de Shlestvig; — p. ibid. ,1. 16 , abrakas, lisez : abraxas ; — page 609 , ligne 10 , Londin , lisez : Lonein, 7 FEB.95 DE L'IMPRTMERIE DE J. SMITH. 6 .1c Ci6. MM. les auleurs, (icliieurs d'ouvrages, ou U- braires , qui iie.4rcraienl que la REVUE E.NCYCLO- P^DIQUE fit connaitrcj soit dans la section de& Analyses, soit dans celle dii Bulletin Bibliogra- phique, les ouvroges nouveaux qu'ils publient, sont invites h en faire parvenir deux exemplaieeb au Bureau central de redaction j d'abo7inemciit el d'eocpidition, rue d'Enfer-Saint-Mickel, n° 18, h Paris. Tous les ouvrages envoy^s seront inscrile par ordre de date , et apnonc^s dans le plus court delai. Si quelques r^dacteurs ou quelques lecteurs de la REVTe croient devoir l»i adresser des questiojis int6ressante» sur les sciences, les lettros ou les beaux arts, la Direction t'empressera de les pro- poser dans I'un des plus prochains cahiers, et pu- bllera exactement les r6ponses qui lui seront envoyees. Noia, Le liJjrah e M. Meqiiignou-Mai'vis , n'ayant pu dernieremeut satisfairc a plusieurs demandes de la PJdhsophie ciiiaiamujue pnr M.. Geoffrey Saiut-Hi- laire ( voyez nos analyses , 7* et 14" caliiers de la Jicvue), nous preveiions qui! v a encore quelques exem- plaircs de cet ouvrai^e, chez le suisse du Jardin da lloi , et a notre Bureau cential. Prix de I'iu-S" 10 fr.; dc Vm-^" 18 fr. iMmm t^ Libraires chez leaquels on peat souscrire dans lea pays Hrangers. ; <— «s <— «iK <— €5 I <— 1^ i^^ Aix-la-Chapellt, Lavuelle fils. Amsterdam, G. Dufour. /^ra!f (Suisse), Saiierlandcr. Berlin, Schelcsiiiger, Berne, CWa*, an cabinet litter, Breslau , T^i. Koin. liruxelies, Lecliarlier. i'ruges, Bogacii, — Dumortier, I'lor^nce, Piatti. Fribourg (Suiese), Aloise Eg- gendorfeiT. Fr^ncforl-sur-Mein, ScbaelTer. Geneve, J. -J. Paschoud. Lausanne, Fisdier. Leivsick; Grieshammer. Lie^e, Jalheau pfere. Lisbonne, Paul Maiiin. Londres , Dulau et conip., — Treiutcl ct Wiiilz. Madrid, Dennee, — Peres. Milan, Giegler, — Visniara. Moscou, Gaulier, — Ris. Naples, Borel. Ntuchdtel (Suisse), Grestor. Noui'elle-Orleans, Jourdan. Palerme ( Sicile ), Pcdounc <;t Muratoii. Petershours , Saiut-Florcut, — Graetr. ' Tubingen, Cotta. Turin, Bocca. J^arsovie , Glucksberg, — Za- vadsky, Vienna (Auiriche), Opioid. M ^'J! <— tS COLONIES. Guadeloupe (PoiiUe-A-Pllre),*Piolet ainc. Ue-de-France ( Port-Louis), E. Burdet. ON SOUSCWT AUSSI A PARIS , h,v Bureau de redaction, rue d'Enfer-Saint-Michel, n° 18, oil doivent ^tie ciivojes, hancsde port, les livres, dessins et gravuies, dou t on de'sire I'aDiiouce, et lee Leltres, Menioii es, Notices ou Extraits desiiue's a etre inseres dans ce Recueil ; Chez Tr;:uttkl et WiiRTZ^ rue de Bourbon, n° 17 ; Bey et GrAvieu, quai des Augustins, n" 55; MoNGrK aiuc'^ boulevard Poissonuiere, n" 18 ; Eymery, lue Mazarine, n" 3o ; RoRET ET RousSEL^ rue Pavee-Sainl- Andre, n* g ; Baudoujh fveres, rue de Vaugiiard, n° 36 ; Chasseriau ET Hecart, rue de Choiseul, n° 3 ; Delaukay, Pelicier, CoRRiARD, au Palais-Rojal; Madame Cellis^ nie du Cherche-Midi, n" 4 ; Madanic CAMlLLE-DEFRiNE, rue du Maich^Saint- liouove, n" 4; A LA Tekte, Cabinet LittbrAiRE lenu par M. Gautier, ancien mdilaire, Galeiic de Bois, n° 197, au Palais-Royal. All Cabiket sptciAt, d'affaires, pour la litierature, les sciences et les artSj place dcs Victoires, n° 3; . • , Aux Cercle et Salon lltte'raiies, rue Neuve-de^-Petits-Cbamps , n» 6, au premier. ^ Nota. Les ouvrages annonccs dans la Reuue se trouvent aussi clie.t ArthusBertrand, rue Hauiefeudle, n" 23; EymeRY, rue iMazaritic, 11° 3o, et Roret et Roussel, rue Pavce St.-Andre- di's-Arts , n" g. ^=J DE d'i>D'BIMERIK DB J. KSUri^. ill iiiiiiii