^Lt^V 3 S-( rJ^seS--6oo) ^ c^-6^U^^^Z Jnn.^ ^ ,Ua4*^ , J 10* VOllIME. 28° LIYRAISON. ^=1 rig t~iS REVUE ENCYCL0PEDIQUE7 OU ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITXERATORE, LES SCIE.NCES £T LES AllTS. 1° Sciences physiques et matMmatiques et Arts industriels; Sciences naturelles et medicales : MM. Ch. Durix, Fourier, del'Inst.; — Ferry; — Francceur ; — Le Normand , prof, de technologic, €tc. — de MoLtoNj — A. Michelot ; — Coquerel; — FiiOuRENs, D. M. ; — Adelon ; Bai/Ly.; EsQuiROL,- Friedean- UER; Maoendie; Orfila ; Pariset ; Phiqcepal, D. M. ; — Chaptal, de I'lnstiiut^ — Desmarest; — W. Hutchinson; — MoREAU DE Jonn£s; — De Ferussac; — Desmoulins, D. M. , etc. 2° Sciences philosophiques et morales, politiques et histc- riques: MM. Lanjuinais; — M. A. Julhen, de Paris; — Ae, de EA BoRDE, del'Institut; — Ann^e ; — Arnold, de Strasbouig; — BaEEY ; — BARbli-DuBOCAGE, de rinst. ; — J. J . Baude ; — Buchon; — Cousin; — Degeeando de I'Inst.'; — Depping; — A. Dufrayer; — JoMARD_, del'Inst.; — jMEYEa,d'Amsterdani;— P. L.^mi; — J. V. Le- CEERC; — LafFONDE LADEliAT; — DeLastEYRIB;— AlEx. LamETH; — Naubet, de I'lnst. ; — Parent-Real; — G. M. Raymond;— E. Salverte; — Simon DE deSismondi; — Staffer; — Thierry, etc. 3" Littiralurefranpaise et etrangere, Bibliographie , Archeo- logieet Beaux Arts : MM. Aignan, Andrieux, Amaury-Dijvae, Lemercier, de llnstitut; — A. Mahol; — Henbichs; — Artaud; — AvEUEL; — Barrier, conseivateuidesbibliolhequesduRoi- — S.A. Bervilee, — Michel Berr; — Bruguieres de Sorsum; — Cadet deGassicourt; — Cerbied; — Champollion-Figeac, coiresp. de rinst. ; — J. Droz; — DtjmersaN; — Emeric-David _, de I'lnsi. ; — Fauriel: — GfEPP; — Ph.Gqlbery, deColmar;— Chauvet,^ Hei- EERG; — KraFFT; — LaNGl£s, de I'lnst.; — LloRENTE;—- MaRRON ; — A. MITRAL; — NlCOLO POULO; — Pou,GENS, del'Inst.; — SaLFI; — ScHWEiGHiEUSER fils, de Strasbourg; — deS^gur; — SiCard, de I'lnst.; — de Stassart; — Th^ry ; — TniEssi ; — Verdier; — Viollet Leduc; — Warden, ancien Consul des Etais-Unis d'Ame'iique, etc. PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA BEVUE EUCVCLOPEDIQUE, Rue d'Eal'er-Samt-Michel , N" )8, ET CHEZ Arthtjs Bertrand, rue HAUTEFEUILLE, N" 23. LONDRES. — Treuxtee et Wurtz, et Duead et C', AVRIL 1821. tOTOTii CONDITIONS D£ LA SOUSCRIPTION. Dofxiis Ic ninih de Janvier 1819, il paralt, [>ar aiuitp, doii/c •■.=- REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSE RAISONNEE DES PllODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS Lk. LITTERATURE, LUS SCIENCES ET LES ARTS, PAR UNE REUNION DE MEMBRES DE L'INSTITUT, ET d'aUTRES HOMMES DE LETTRES. ( tDtoidieiiiej cAomie^j, ) TOME X. PARIS, ^<^^^^:jl:> AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE, Rue d'Enfer-Saint-Michel , n° 18. r.T CIIKZ ARTnuS BERTRAND, RUE UAUTEFEUILLE , N" 25. LONDRES. TREUTTEL ET Wi'lRTZ, ET lU'tA.!; ET C ■* AVRIL 1821. ^ « Toutes le» Bciences sont lea ranicaiix J'une m^me tige. » Bacon. ft L'art n'cst autre cliose que le conliole el le registre des meilleuics productious A controler les productions (et Ics actions) d'un cbacun , il s'engendre envie des bonnes , et me'pris des nian- vaises. » Montaigne. « Les l)clles-letlres et les sciences, Lien etiuliees et Jjien comprises , sont des instrumens imiversels de raison , de vertu, de honljeur. » ( M. A. J.) REVUE ENCYCLOPEDIQUE , ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES Des productions les plus remarquables dans Ivu Littirature, les Sciences et lis Arts, *VV\VlA'\'VVV\*VVVVVV*l'VV\iVV»^\*VV\A/VVKA*VV'VV%VVA*VV*\(VVV*\WVllVV**%.WVl'VVWiser; un monarque astucieux avait cru devoir gagner la pretresse pour assurer ses succes. Dans la guerre de ce meme Philippe avec les Atheniens, ceux-ci, ayant pris les courriers du roi , ouvrent toules les iettres , mais respcctcnt cellcs de la reine Olympias, sdu epousc, et les lui renvoieut, sans en briser le sceau. L'histoirc a consiguc la ruparlic cuurageuse d'une feuiuic. RAPPORTE A L'INFLUENCE DES FEMMES. 23 a laquelle cc meme prince lefusait de rendre justice : « JVe vous melez done pas d'etre roi. » Frappe de sa re- ponse, Philippe fait droit a sa reclamation. Chez les femnies spartiates, on voit dominer le courage, rheroisme, I'amour de lapatrie, des passions fortes et genereuses; chez les femmes atheniennes, on trouve des sentimens moins energiques et moins profonds, le desir de briller, I'ambition , la Tanite , Famour de la celebrite ou de la gloire. Les moeurs des deux nations offrent les memes differences; et, quoiqu'on puisse les imputer a plusieurs causes reunies , on ne peut se dissimuler, en reconnaissant chez I'un et I'autre peuple une premiere action du climat, de la legislation, du gouvernement, de I'education, de I'opinion publique sur le caractere et la conduite des femmes, qu'il existait aussi une reaction non moins puissante de I'influence des femmes sur la legisla- tion, le gouvernement, I'education, I'opinion, et sur les mceurs et le caractere du peuple. La fameuse courtisane Plirine, attachee au sculpteur Praxitele, qui fit sa statue, dont nous admirons peut-etre encore les proportions et la beaute dans cette Venus de Medicis, chef-d'oeuvre de I'antiquite, attribue au ciseau de cet artiste celcbre, offrit de rebatir a ses depens les murs de Thebes, pourvu qu'ou y mit cette inscription : « Alexandre a detruit Thebes, et Phrini I'a ritahlie. » La vie de cet Alexandre, dont la deplorable folic lui fit preferer le role de conquerant aventurier et de fleau des nations a celui de grand roi, fournit une foule d'exemples de femmes qui exercent leur influence , plus ou moins directe et puissante, sur ses actions et sur sa gloire. Sa conduite noble et gcnereuse envers la mere, la femme et les filles de Darius, lui concilient plus de suffrages que s-es conquetes. 11 salt honorer le malheur et admirer le %h ESQUISSE DUN COURS D'HISTOIRE, courage etia vertu. Lors de la ruine de Thebes, Timoclea, faite prisonni^re par les Thraces, est amenee devantlui; interrogee par le roi, qui veut connaitre son nom : « Jesuin, repond-elle, la soeur de Theagene, qui a comhaitu contre Philippe voire pere pour la liberty de la Grace , et qui a ile tue a la bataille de Cheronie ou il commandait. » Alexandre, admirant la reponse noble et genereuse de cette iemme, ordonne qu'on la laisse aller en liberte avec ses enfans. — Son respect poursa mere Olympias est un deses titres a la gloire. Antipaterlui ayant ecrit une longue Ictlrc contre elle, il dit, apres I'avoir lue : « Cet homme ignore quune seule larine d'une mere fnijjfit pour effacer mille lettres comme la sienne. » Sa yeugeance cruelle, livrant aux flaumies le palais do Xerces et les murs de Persepolis, est le crime d'une \ile courtisane qui excite sa fureur. Le vainqueur du monde est vaincu par T/iia'iSj dont les yeux etincelans d'une coupable joie commandent a son amant I'incendie ct le ravage. Mais Alexandre, plus maitre de lui, quand ses courti- sans veulcnt I'eriger endieu, se moque lui-raemc del'opi- nion accreditee par leurs flatteries, et accueillie quelquelois parson orgueil ; il se reconnait raortel par le double bcsoin du soninieil et do I'ainour. Toutes lesrepubliques etles villes grecqucs, ainsi que les etats en relation avec elles; la patrie d'Epaminondas, si res- pectucux envers sa mere; celle deTimoleon, ou la fiere et genereuse Tliesla doclare a Denys-le-Tyran qu'ellc prefere le litre d'epouse de Polixenus, banni pour la cause de la liberte, a cclui de Denys, tyran de la patrie ; Argos, ou le roi Pyrrhus perit au milieu de ses succfes , pair la main il'uue mere qui vcngc la mort de sonfils; les monarchies Lontcmporaines, oii tour a tour des rcines intrepidcs cm RAPPORTE A L'INFLUENCE DES FEMMES. 25 effeminees, vertueuses ou corrorapues, eld'autres femmcs, sorties de differentcs classes de.la societe , influent sur Ics destinees des rois et des peuples , nous offrent cgalcment les noms , plus ou moins illustres, de beaucoup de femuic? qui ont honore quelquefois leur sexe par de grandes actions, ou qui I'ont fletri par de grands crimes, et qui confirment, par des preuves multipliees , la verite historique sur la- quelle nous appelons I'atteulion des fenimes et cello des politiques et des moralistes. Si nous arrivons aux annales de la REPUBLiQrE romaine, nous trouvons, a toutcs les grandes epoqucs de son histoire, desfemmes qui jouent les principaux roles, ou qui influent sur les evenemens les plus importans. Une femme derobe aux betes feroces, et nourrit en secret le fondateur de Rome, qui, sans elle, perissait inconnu. L'enlevement des femmes sabines allum^ la guerre entre les Sabins ct les Romains. Ces memes femmes eplorees cnchainentla fureur des deux peuples, prets i s'entr'egor- ger^ et le pinceau de notre David fait revivre devant nos yeux cette scene touchanteet sublime. Les noms i^Ilersilie et de Tarpeia s'associent dans I'histoire a celui de Romulus. Le pieux et sage Numa fortifie sa puissance, en persua- dant a un peuple credule et superstitieux qu'il a des cn- trevues mysterieuses avec la nymphe Egerie. La victoire des Horaces sur les Curiaces, qui conserve aux Romains leur domination sur le Latium, domination qu'ils doivent etendre snr I'ltalie et sur le monde, est souillee par le meurtre d'une femme jugee indigne d'etre Romaine, parce que ses pleurs sur la mort de son amant semblent insulter au succes de son frere et au triomphede sapatrie. Le genie dc Corneille s'cmpare de ce fait hislorique pour emouvoir nos ames, par la pcinture energique des moeurs romaines. L'ambition ct la cruautc dc Pepouse de Tarquin font 26 ESQUfSSE D'UN COURS D'HISTOIRE, naitrc les premiers niouvemens de I'indignalion populaire. qui doit rcnverser le tronc. L'outrage fait a Lucrece ct son noble ct volontaire sacrifice excitent les principaux scna- teurs A chasser les rois. Le courage de I'heroique CUlie sc communique aux jeunes Romaines, ses compagnes, et ob- lient I'admiration dePorsenna, quifiut la pais avcc Rome. La mere et I'epouse de Coriolan , Viturie et Voliimnie , triomphen t de son orgueil et de sa fureur, et sauvent la patrie menacee. Un temple estalorsconsacrepar les Romains a la jhrlune des femmes. La jeune et innocente Virginie, poignar- dec par son pere qui n'a pas d'autres moyens de la soustraire auxdesirsinfamcs d'Appius, determine la chute des decem- virs. La jalousie de I'epouse d'un plebeien centre sa soeur mariee a un palricien, fait participer I'ordre du peuple aux honncursduconsulat, reserve jusqu'alorsi\ la seule noblesse. Ainsi, meme cbez une nation fiere et superbe, presque barbare, el endurcie par la guerre, dans un senatauguste, composedes plus graves personnages, nous voyons une ques- tion politique importante , decidee au gre de I'influencc ct de la volonte d'une femme vaine, ambitieuse et jalouse. Telle est la double puissance des femmes et des passions. Plutarque nous apprend qu'aprcs la mort violente de Tiberius ct de Cai'us Gracchus, le peuple fit faire Icurs statues, les exposa en public, consacra les lieux oii ils avaient ete inmioles, et fit aussi elever a Cornelie, qui vivait encore, une statue de bronze sur laquelle on mit cette ins- cription : « CoRKELiE, MERE DES Gracques. » On rcndait cct honimage a I'influence d'une mere, dont I'ame genereuse, le caracterc altier, I'energie, et peut-elre aussi I'ambition, avaient passe dans I'ame de ses fils. Lesfunestes pressenti- mensdei/c//2/«, fcmmede Caius, ct ses trisles ettouchaus adieux a son epoux , qui se rend sur la place publiquc oii il doit trouver la mort, rappcllent les adieux d'Hector cl RAPPORTE A L'INFLUENCE DES FEMMES. 27 d'Andromaque, et arrachent des larmes d'attendrissement et de pitie, au milieu des scenes d'horreur et des fureurs sanguinaires des factions. Dans la gueri-e de Rome contre Carthage, Sophonisbe, epouse de Syphax, enl^ve son mari a I'alliance des Remains. Les femmes des Carthaginois coupent leurs longues cheve- lures pour en faire des cordages qui puissent servir aux machines destinees a defendre leur ville. Environ un demi-siecle apres, c'estune femme, appelce Fiilvie, qui recueille dans les cpanchemcns de la confiance et de I'amour, et qui revele au consul Ciceron les atroces complots de I'ambitieux Catilina : elle retarde ainsi de quelques annees la ruine de la republique. line autre i^zf /we, epouse d'Antoine , femme bardie, A'indicative et cruelle, prend part atoutes les executions barbares du triumvirat; elle fait proscrire et immoler ce meme Ciceron , naguere proclame le sauveur de la patrie , et perce d'un poincon d'or la langue de I'orateur qui avait charme les Romains. Quand les femmes s'abandonnent aux passions violentes et a la cruaute, leur temperament plus delicat, mais plus iras- cible que le qotre , les rend plus susceptibles d'exces en lout genre ; il les pousse au-dela des bornes, et plus loin que les hommes, dans la carriere oCi elles sont lancees. Nous avons tu I'influence des dames romaines dans les beaux jours de la republique : nous la retrouvons encore, aux differcntes epoques de sa decadence. Les mariages po- litiques de Cesar avcc la fille de Pompee, de Pompce avec celle de Cesar , d'Antoine avec la soeur d'Octave, suspen- dent quelque terns les guerres civiles , qui doivent embra- serl'empire et I'univers. Une reine egyptienue voit tour a tour a scs picds le grand Cesar, vainqueur des Gaules et maitre de Rome, et le voluptucux Auloine; cc Remain degenere lui sacrifie 28 ESQUISSE D'UN COURS D'lIISTOIRE, ses devoirs, son caraclere, sa puissance, sa gloirc, ot subit la loi d'Auguste. Lorsque Antoinc est vaincu . c'esl Cleopdtre qui trlomphe , et le caprice d'unc feramc a decide dc la joiirnec d'Actium. Lh'iej feninie d'un proconsul, dcvient la compag^e du inaitre du nionde -, et scs intrigues font passer le sceptre dans les mains de I'affreux Tibere. Les noms de Cornelie, veuve de Ponipee, qui, du haul de son navire, voit assassiner son epoux sur le rivagc •''i-gypte; de Porcie^ digne compagne du dernier Brutus; d'Aiiaj qui donne a Paetus le noble exemple d'un gene- rcux devouement et d'une mort volontaire; d'Aponime , qui s'associe a la proscription de Sabinus, et qui s'ense- velit vivante avcc lui dans un antrc sauvage, sont consa- cres par les hommages dcs siecles. Un opprobre eterncl poursuit les noms abborres d^Agrippine, de Messaline,^ de Poppee , et de plusieurs fcmmes ambitieuses, corrom- pues et cruelles, qui ajoutent aui scenes d'horreur et dc crime , si multipliees dans la decadence du bas empire. Un grand nombre d'imperatriccs president successivement aux destins de Rome et de I'univers; les premieres im- pressions qu'clles ont rcfues dans I'enfancc, les Iccons, les cxemples qui ont entoure leur berceau, et qui ont forme leur jeunesse, determinent les actions qui influent sur le sort du monde, et qui preparent, apres elles, dcs empereurs, trop souvent I'opprobre et le flcau du genre humain En traoant unc esquisse aussi rapide et aussi imparfailc d'une partiede I'histoireancienne, i laquellenous aurions pu ajouter beaucoup de faits du memo genre, puises dans le moycn uge ot dans les tems modernes, nous avons voulu seulementdonner une idee de la marche qu'on peut suivrc pour I'execution dc notrc plan. Ce simple aperru RAPPORTE A L'INFLUENCE DES FEMMES./ 29 suffit pour faire entrevoir coinbicn est riche et fecondc la mine qu'on invite les femmes a exploitci' dans I'histoire : celles qui entreprendront des lectures liistoriques , d'apres cette direction, etqui les continueront avcc perseverance, trouveront un interut toujours croissant dans ce travail. Elles perfectionneront, par I'habitude, leur talent d'observer el d'ecrire ; elles acquerront a la fois plus de finesse et de sagacite ; elles seront mieux initiees aux mysteres du coeur humain ; elles possederont une connaissance plus appro- fondie de leur sexe, de ses devoirs, de ses droits, de sa puissance, de son interct bien entendu, et du meilleur emploi qu'elles peuvent faire de leur influence. Cette influence des feinmes, toujours active et puis- sante^ est le sujet d'un Essai historique et philosoj^hique , entrepris depuis plusieurs annees par I'auteur de cette Notice. Des recherches dirigees particulierement vers ce but lui ont paru le complement naturcl et necessaire des travaux sur I'education, auxquels il a consacre une partic de sa vie. L'influence des femmes modifie ou detruit les impressions de la premiere education ; elle suffit souvent pour corriger ou pour corrompre les caracteres des hommes: elle se reproduit enfin, avec toute sa force , dans tous les ages de la yie, dans toutes les conditions de la societe, dans les cours et dans les palais des rois comme sous le chaume des bergers, dans les villes et au fond des cam- pagnes les plus reculees, au milieu de la civilisation comme au sein de la barbaric, sous toutes les formes de gouvernement, et dans les pays meme oil Tesclavage des femmes est consacre par les moeurs et par les lois (i). (i) Les trois ages de la vie, e'galeiuciit cniLcUis par riiiUuence tie la fenmiCj donue'e a I'liomme , moius encore comme une coni- pagne ne'cessaire , que comme une sorte de pvovideiice place'e .lupres 50 ESQUISSE D'UN COURS D'HISTOIRK, Cc serait une circonslancc hcureuse qu'un monument historique , elcve a la gloire dii sexe , qui est I'ornement cl Ic cliarme de la vie humaine , pfit Gtre compose dc materiaux recueillis par des femmes qui aimeraient k faire des recherchcs et des extraits rapportes au but qu'on leur propose. Nous offrirons done maintenant lapartie, pour ainsi dire , mecanique de la meihode de lectures qu'elles pourraient suivre. En lisant un ouvrage, quel qu'il soit, une histoire , une vie particuliere d'un personnage celebre, un voyage', meme un roman, on s'attachc a rechercher tout ce qui concerne la condition ou I'influence des femmes. A mesure qu'on trouve un passage, un fait, une observation, qui tient dc pres ou de loin u ce sujet, on met, a cette page du livre, une petite bande dc papier pour la retrouver x'acilement; ou bien Ton ecrit, soit au crayon, soit a I'encre, sur une feuille de papier detachee, les numeros des pages que Ton veut revoir. our heritiers que les enfans de leurs soeurs: Jusqu'alors, dit Ebn Batonta , j'avais observe cet usage seulement chez les paiens du Malabar; mais ceux-ci sont musulmans cl Irt's-assidus a la pricrc. lis ont des relations ctroites avec ET POLITIQUES. 105 les Icmmes des autres, et les femmes en forment rucipro- quement avec les maris d'autres femmes : un homme qui, en rentrant chez lui, y surprend I'ami avec sa emme, ne s'en offense pas. En allant un jour voir le juge d'Eiwelaten, je trouvai aupres de lui une jeune femme fort belle : saisi de son aspect, je voulus reculer; mais le juge se mit a rire, et la femme ne rougit point: « C'est mon amie, me dit-il.» De savans orientalistes pretendent qu'Eiwelaten veut dire Paris ; mais ce qui semble prouver la fausseto de leur con- jecture, c'est qu'Ebn Batonta ajoute, en parlant du juge, que c'etait un homme tres-verse dans les lois et un pieux pclerin. Le meme voyageur rapporte sur les negres musulmans les details qui suivent : ils font frcquemment la pricre dans leurs temples, et ils y forcent egalement leurs enfans , meme par des coups. lis savent parfaitement le noble Goran ; etlesgarcons qui ne rapprennentpasbien,recoiventles fers auxpieds jusqu'a ce qu'ils le sachent. Lorsqu^en entrant un jour de fete dans la maison du juge, j'y vis les enfans ayant les fers aux pieds, je lui dis : Est-ce que tu ne leur fais pas grace aujourd'hui ? II /me repondit : Certainement non; leurs fers ne tomberont pas, tant qu'ils ne sauront pas le Goran. » La relation du celebre Leon I'Afncain, posterieure d'un siecle a celle - ci , est fort connue; noanmoins I'extrait qu'en donnent MM. Leyden et Murray sera consulte avec plaisir et avec fruit. Je ne les suivrai point dans les voyages des moderncs; ce serait exceder mes limites et m'exposer a des repetitions. Je me borne a finir comme j'ai com- mence, en disant qu'aujourd'bui tons les peuples se pene- trent que; suivant I'expression d'un noble depute, les voila qvii devicnnent la proic de I'industric cl des lumiercs , ct 106 SCIENCES MORALES. que s'ilsfinissent par deveniicelle de la tolerance, ce sera vnuineal raboinination de la desolation. » AlGNAN. «/%a% vvv\ vtjv^ ^V'vx v^vx/ L'EUROPE ET L'AllEniQUE , UEPUIS LE CONGRkS d'AiX-LA- Chapelle. Par M. de Pradt (i). On ne doit point s'etonner que beaucoup d'ecrivains liabiles, inspires par la hauteur du sujet, trouvcnt dans le moment actuel des idees ct des expressions dignesdes ma- tieresqu'ils traitent. M. de Pradt n'estpascelui quimeditele plusprofondement surce qui se passe sous nos yeux, ni qui elabore le plus soigneusement ce qu'il ecrit. La pensee et la redaction vont chez lui , au contraire, avec une rapidite qui a quelque cbosc de surprenant; le defaut d'ordre , de methode, de precision se fait sentir dans chacun de ses derniers ouvrages. II convient lui-mOme qu'on n'a plus le terns de penser et d'ecrire ; cependant, voila le \ingt- deuxieme ouvrage qui sort de sa plume ! Mais assurement M. de Pradt est I'un des ecrivains qui traitent les sujets politiques de la maniere la plus interessante , et j'ose dire la plus populaire ; cet interet tient a une foule d'apercus judicieux on de remarques ingenieuses , exprimees dans un style piquant, quclquefois incorrect et singulier, d'au- tres fois original et pittoresque. Le but du nouvel ouvrage de M. de Pradt est de prouver que, depuis le congres d'Aix-la-Cbapelle , le monde a fait des pas bien prononces dans celte carriere de reformation de I'ordre social , conimencee a I'epoque de la revolution francaisc, el que desormais les efforts de qui que ce soil ne (i) Paris, Bedict , 2 vol. iii-3". 1821. ET POLITIQUES. 107 sauraientle faire retrograder vers le regime arbitraire d'oii il se hate de sortir. L'auteur aurait pu ne pas repeter si souvent les memes argumens et les inemes idees pour prouver cette verity, et se reduire ainsi a un Tolume ; mais quelquefois un libraire trouve son compte a faire deux vo- lumes au lieu d'un, et l'auteur est assez complaisant pour s'etendre et se delayer au profit de son editeur. Voici une des nombreuses pages dans lesquelles M. de Pradt traite le theme egalement vrai et important que nous venons d'indiquer. « Le raonde a change, il change, il changera encore : on pent qualifier sa marche comme Ton voudra; mais il faut savoir se resigner et accepter le changement. Mais quel en est le but ? La reponse est simple ; la fin des insti- tutions discordantes avec I'etat du monde. II ne peut pas etre a la fois de deux ages, comme I'homme ne peut etre tout ensemble I'etre de I'enfance et celui de la A'irilile; il ne peut pas etre a la fois le monde des tencbres et celui des lumieres ; le monde de la civilisation et celui de la barbaric ; le monde des arts et celui de I'absence de I'in- dustrie; le monde de la liberie et celui de I'esclavage ; le monde de la philosophic et celui de la superstition ; le monde du contrat social et celui de la Bastille; le monde de Montesquieu, de Piousseau , de Voltaire, deMably, de Raynal , et celui des docteurs de I'Ecole ; le monde de I'im- primerie et celui des lentes transcriptions, ouvrage de la vie entiere de quelques moines; le monde des museum et des bibliotheques, et celui oii toutes les bibliotheques de nos rois comptaient a peine quelques volumes et quelques tableaux informes; le monde de I'Amerique et celui dans lequcl les trois parties du globe ne connaissaient pas lour quatriemc soeur ; le monde de la navigation , du commerce , des bourses, des dettes publiques, des grands chcmins, 108 SCIENCES MORALES (les posies, dii melange cles peuplcs par Icurs conimuiii- calions habituellcs, et le monde qui ignorait tous cos nou- vcaux nioyens dc rcxisteiiee socialc moderne ; et, pour completer cette confrontation, le monde de la poudre a canon et celui des lances. Qu'il est plaisant dc renconlrer dans ce nouveau monde tant d'hommes qui se croient en- core habilans de I'ancien ! « C'est done par le renouvellement de la fabrique cn- lieredes societes quele mouvement actuel est pousse; qui pouna lui resister? Mais oii tend-il? a regulariser I'ordre social, a donner Ic calcul pour successeur au hasard , i\ faire partir du sein mOme des societes les principes des- tines a les regir, au lieu de les raltacher a des foits dont les trois quarts sont injustifiables ou bien inapplicables, oubien encore a des titres trop pcu certains. Des arcbives remplies par la seule main des bommes , vaste monument -de violences ou de deceptions, on est passe aux titres qu'une main qui ne trompe jamais, celle de la nature, a graves en caracteres inefl'acables dans des arcbives immor- telles , le cceur de I'bomme son plus bel ouvrage. » Le monde est, non pas dans le delire, commc quelqu'un I'a dit a Presbourg, mais dans I'enfantement. M. de Pradt ne voit dans I'Europe qu'un etat provisoire, oCi dans ce moment le contraste enlre les confonnisies et les non con- formistes est trop cboquant, pour qu'on puisse csperer le repos des elemens avant qu'ils sc soient remis en equi- libre. « Le monde estdevenu, dit encore notre auteur, une ecole d'enseignement mutuel entre toutes les parties , une banque generale des memes goCits , des memes idees , des memes interets, alTeclant des societaires qui pour- suivent un but commun , et la recbercbe de jouissances scmblables , rangees egalement sous une loi uniforme d'exislcacc socialc adoptee par tous. Dans cct ordre gc- ET rOLITIOUES. 109 neral, chaciin travaillo a ameliorer sa position; de hi cet effort commun vers unc prosperite croissante , qui se fail; remarquer dans les sciences, dans les arts de tons les pays, dans Ic commerce et dans tons les elemens de la vie sociale; mais chacun de ces accroissemens pariiculiers porte en liii un germe d'accroissement de civilisation — Toute civilisation tend a perfectionnenient; tout perfec- tionnement a son tour tend a civilisation, et tous les deux a la regularite de I'ordre , c'est-a-dire a son amelioration ; et toute amelioration, de son cote, devient exigeante a I'e- gard de ceux qui Font subie, et les porte a un accroisse- ment graduel ; ccux-ci sont superieurs a ceux qui sont au- dehors du meme mouvement ascendant ; ce qui, dans ce cas, fait regie pour les individus, trouve aussi son appli- cation a I'egard des etats; il faut qu'ils se civilisent pro- gressivement avec leurs voisins pour ne pas leur rester inferieurs; I'accroissement de la puissance exige celle dc la civilisation; il faut marcher a hauteur avec elle, pour ne pas rester en arriere en puissance. » A la question : que faut-il faire"? JM. de Pradt repond tres-judicieusemenl : « demandez-Ie au restaurateur de Bi- zance , au fondateur du has empire. Quand il vit le monde de son tems devenu chretien, que fit Consiantin? Resta-t-il paien "? Non , il se rangea sous la croix devenue le nouvel etendard de I'univers , et le salut de I'etat fut son veritable labarum. II arbora sur sa couronne le signe qui prevalait sur la terre; des hommes pieux, mais sans lumieres, ont fait de belles dissertations pour prouver que ce prince I'avait vu distinctement dans les cieux; oui , ces cieux etaient sa politique. Recherchez ce que ce' prince fflt devenu, si, s'etablissant en opposition directe avec i'etat dc I'empire au lieu de s'attacher aux nouveaux autels, il se fut cramponne aux autels croulans du paganisme, et 110 SCIENCES MORALES s'il cfit fait la tentative insensce de regir, avec la partie reslee paienne, la presque totalitc devenue chretieiine. Dans ce terns, le christianisme etaitcomme dans I'air que Ton respirait; toute autre affaire avait disparu devant celle-lii; I'impulsion etait devenue irresistible; Constantin •la jugea, et , d'un trait de genie, il sauva a la fois I'empire et lui-^meme. » Ces reflexions paraissent aussi profondes qu'instructives ; Constanlin s'est rendu odieux par des actes de cruaute , niais sa politique, a I'egard de la nouvelle religion de I'em- pire, pent encore etre proposee pour modele. Je remarquerai, en passant, que M. de Pradt, tout en examinant avec la plus grande attention Ics progres des idees sociales, ne dit pas un mot des progres que font egalement, et avec la meme rapiditc, les idees religieuses. Cette reforme est pourtant un sujet de meditation aussi grand que I'autre. Elle date du seizifeme siecle , et elle ne s'est point arretee a cette epoque : profitant au contraire du developpement des idees sociales , elle s'est tenue au niveau de celles-ci, et elle ira sans aucun doute de pair avec la reforme sociale. L'Europe ne nous presente aucun etat qui ait reconnu ouvertement ces changcmens impor- tans; si nous voulons les voir reconnus d'une maniere en quelquesorte officielle, il fiuit tourner nos regards vers les Elals-Unis; c'est la quelescultes sont dej;\cequ'ils devien- dront probablement en Europe, dans le cours de ce siecle. Par une exageration un peu forte, M. de Pradt pretend que la revolution d'Espagne est I'evenement le plus im- portant qui ait eu lieu depuis la crkttion du monde. II me semble que la chute des empires d'occident et d'o- rient, I'etablissement du christianisme, la reforme de Luther avaient pourtant aussi quelque importance, et que la revolution d'Espagne n'est que le corrohire de la revo- ET POLITIQUES, 111 lulion francaise , de laquelle date la nouvelle ere du monde , ct qui, a son tour, tire son origine de nombreux antece- dens. Je sais bien que c'est relativement a I'Amerique que M. de Pradt juge la revolution d'Espagne aussi importante ; mais je crois que I'auteur donne aussi trop de poids a I'A- merique dans la balance des etats. II I'appelle la cnisse du monde, et blame les gouvernemens de ce qu'ils la laissent aller a son gre, sans voir le danger qui en re- sultera pour eux. M. de Pradt ne remarque peut-etre pas assezl'enorme distance morale qui regne entre I'Amerique du nord et celle du sud. La premiere parait destinee a etre le premier etat du monde ; mais si la seconde doit partager cette gloire avec les Etats-Unis , elle a encore un longchemin a faire. La faiblesse physique, morale et po- litique de I'Amerique du sud n'a pu etre cachee que par celle de I'Espagne qui lui faisait la guerre. Et comment pourrait-il en etre autrement? A-t-on vu jamais traiter la race humaine avec autant d'insouciance qu'elle I'a ete, pendant des siecles , dans les colonies d'Amerique ? II faudra , a mon avis , un long espace de tems pour que cette partie du monde puisse jouer un role dans la politique ; jusque-la, les europeens auront le tems necessaire pour aviseraux moyens de n'etre pas ecrases par la preponde- rance de ce pays. Quant a I'Europe , M. de Pradt pense que, bien qu'en ce moment tout y soit en contraste, les esprits sont tournes entierement a la paix, parce qu'ils ont vu que les guerres ruinent tout le monde, vainqueurs et vaincus , et parce que d'ailleurs des idees plus saines, plus sociales leur inspirent de I'horreur pour les expeditions guerrieres et les envahissemens. Puissent les evenemens de cette annee ne pas dementir cette observation, et jus- tifier la bonne opinion qu'inspirent a notre ecrivain la ge- neration actuelle , et les esperance? qu'on a droit de fonder sur ceux qui la gouvernent ! Depping. 112 SCIENCES MORALES t.'Vl^ V\A^V%/\'\>WV\''V'\'% 1 L'EuROPE At) MOYEN AGE , traduit clc I'angtais, dc M. Henri Hallam, par MM. P. Dudouit, avocat a la courroyale dc Paris, et A-R. Borcuers. Tom. I, contenant, i" I'Hisloire clc France, dcpuis Clovis jusqu'h I'invasion de Naples par Charles VIII; 2° I'Ex- position du systeme f6odal; 5" I'Hisloire d'Espagne jusqu'Ji la coiiffucle de Grenade (1). ( Second article. Foycz Tom. VIII, pag. 5o5-5o9). L'ouvrage dc M. Hallam ne serait pas bien jugc par ceux qui croiraient y trouver une histoire complete et une serie d'evenemens ou de fails assez developpes pour les apprecier. II faut Yoir qu'il a \oulu faire un Tableau legislatifet moral de T Europe au moyen age j ainsi, ce qu'on doit desirer d'y trouver et ce qu on y trouve en effet, ce sont des recherches tres-curieuses sur les points contestes de la legislation de ces anciens tems. Les questions les plus diversement traitees par Montes- quieu, Robertson, Mahly, Duhos, Boulainvillers , Daniel, Vely^ etc. y sont approfondies sans pesanteur, et aussi lumineusement eclaircies que possible par des faits, par des citations de lois, de monumens historiques, des for- mulcs de Marculfe , du glossaire de Ducange , et par des capitulaires. II disserte sans ennuyer, discute sans ai- greur et decide sans presomption; le plus souvent meme il nous prouve nne grande verite, c'est que, dans ces sitcles de barbaric , on trouve si peu de stabilite, de regu- (1) Palis, 1820. 1 vol. in-8". Deleslre-Boulage, lihiaiio de I'e'cole de droit, rue des Mathinins-Sainl-Jacqiies , n" i. Prix, 7 fr. , et 8 fr'. 5o c. fi.inc de port. ET POLITIQUES. J 13 larite , de justice, que les exceptions violent conlinuel- lement les regies, et que la force y lemplace presque toujours le droit; c'est ce qui fiiit que chacun y rencontre facilement des fails, des actes contradictoires, et en grand nombre, dont il se sert a son gre pour appuyer le systeme qu'il prefere. M. Hallam evite philosophiquement toute partialite et tout esprit de systeme ; aussi ne prend-il, pour emettre et soutenir une opinion quelconque, que les faits les plus repetes et les coutumes les plus generales ; de sorte qu'en suivant ce guide eclaire, on est certain d'evilerla plupart des ecueils contre lesquels tant d'auteurs de systenies ont echoue. J'ai dit que son Precis historique n'est pas une histoire^ mais il n'en merite pas pour cela moins d'eloge. S'il n'apprend pas I'bistoire, ill'explique; il en donne une idee generale, qui sufBt pour le suivre apres, sans embarras, dans le cours de ses savantes recherches. Quant au style de ce Precis , il a plusieurs genres de merite : la clarte , la pre- cision , la gravite , avec une simple el noble elegance. II faudrait un volume pour analyser le sien, dont tous les chapitres offrent des sujets d'interet aussi grands que va- ries ; chacune des questions qu'il traite et des decisions qu'il offre, entrainerait facilement dans de longues disser- tations sur I'origine de nos institutions modernes et sur les points qui excilent encore aujourd'hui parmi nous les plus vives disputes d'opinions et de partis. Ce qui ne m'a point paru traite d'une maniere aussi complete dans cet ouvrage, est precisenienlce que je vou- lais chercberet ce que j'esperais rencontrer dansle travail d'un auteur aussi savant. II nous parle en pen de mots et tres-legerement des lois et des coutumes des Francs en Tome x. 8 11A SCIENCES IMOUALES Germanic, el ne nous donnememe qu'unefaible et courte ebauche do rimmortel tableau de leurs moeurs, trace par Tacile : or, depuis cette epoque, la Germanic avait dft tolalement changer. La ligue des Francs s'etait formee en confederation par- ticuliere; leurs guerrcs, leurs liaisons frequentes aA'ec les Romains, I'admission d'une foule de leurs chefs aux grades les plus distingues etaux plus hautes digniles de I'empire, enfln leurs premiers etablissemens dans la Gaule germa- nique , dans la Toxandrie et dans I'ile des Bataves, ainsi que leurs colonics introduites dans la Gaule par Cons- taatiii, Constance et JiiUerij avaient dfi apporter de no- tables variations dans leurs mceurs et dans leur organisa- tion sociale. Je sais qu'ils n'avaient ni annales, ni historiens; mais j'esperais qu'en fouillant avec tant de soin dans les ecrits des auteurs latins et grecs du moyen age et dans les ar- chives desmonasteres, oii se sont enfouies tantde lumieres, notre auteur aurait pu nous donner des renseignemens plus sOrs et des notions plus curieuses sur les leudes , les antrustions , la noblesse des barbares , sur les droits des chefs et sur ceux des Francs en general, a I'epoque qui preceda la conquete de la Gaule. Alors, tout ce qui est obscur et douteux aurait ete eclairci pour nous; c'est cette clef qui nous manque encore. En effet, tant que nos historiens n'ont consulte que les contes grossiers et lesvieilles ebauches des Gregoire de Tours, des Fredegaire, des Aimoin, notre histoire a manque tota- lement de flambeau. Ce n'est que depuis un siecle et demi environ qu'on s'cstheureusementavise dechercherd'autres lumieres dans Procope, dans Ammien Marcellin, dans Agalhias. dans I'Histoire bysantine , cl il en est resulte ET POLITIQUKS. MS quelqnei notions plus certaines , relativement aux tribiis barbares qui occupaient si constamment les armes ro- raaines. Peut-etre, avec un travail plus coniplet dans ce genre , on aurait rencontre I'explication de beaucoupde problcmes qui divisent encore les csprits , sur Torigine du systeme feodal, sur les antiques usages et sur la primitive legisla- tion de nos aieux. Une courte citation donnera une juste idee de la conci- sion et de la clarte du Precis historique de M. Hallam. II parle ainsi de I'empire envahi par les barbares : « Une race d'hommes, jadls inconnus ou meprises , avait non seulement demembre celte fiere puissance et s'etait etablie en permanence dans ces belles provinces , apres avoir impose son joug aux anciens possesseurs. Les Vandales etaient maitres de I'Afrique, les Sueves d'une partie de I'Espagne, les Visigoths possedaient le reste avec une portion considerable de la Gaule, les Bourguignons occupaient les provinces arrosees parle Rhone et la Sa6ne, les Ostrogoths presque toute I'ltalie. Quelques ecrivains ont peuple d'une repuhlique armorique le nord-ouest de la Gaule , entre la Seine et la Loire; le reste, encore sou- mis nominativement a I'empire romain, etait gouverne par un certain Syagrias, avec une autorite plutut inde- pendante que deleguee ( annee 486 ). « Ce fut alorsque Clopis, roi des Francs Saliens, peu- plade de Germains, long-tems attachee a Rome, et qui, de la rive droite du Rhin ou elle etait originairement etablie , avait penetre depuis pen jusqu'a Tournai et Cam- brai , envahit la Gaule et deflt Syagrias k Soissons. « Cettc victoire entraina la soumission de ces provinces qui, jusqu'alors, avaient ete considerees comme romaines. Leur obeissance avait toujours ete douteuse , et leur perte 8* IIG SCIENCES MORALES en iiil muins sensible; aussi Ics cmpcrcurs de Constan- tinople nc crurent pas abaisser leur orgueil , en conferant ;\ Cloi'is Ics litres de consul et de patrice, et Clouis avail Irop de prudence pour les refuser. » Dans ce passage si court, si clair, et qui contient tant de faits en si peu de mots, on trouve deja trois difficultes et trois problemes historiques , que I'auteur, dans trois notes , clierche a eclaircir. Le premier est relatif i la re- publique armorique. « On ne pent, dit M. Ilallam, parler qu'avec defiance •de cette republiquc , ou plutot de cette confederation de cites independantes, sous I'administration de leurs eveques respectifs, que Duhos a batie avec beauconp d'art, sur des evidences historiques tres-leg^res, et malgre le silence de Gregoire de Tours , dont le diocese touchait leur pre- lendu territoire. II scrait cependant injuste de rejeter en- lit;rement cette hypothese : elle n'est pas en elle-meme depourvue dc probabilite, et d'ailleurs Gregoire est suc- cinct et neglige, dans la premiere partie de son ouvrage.» II me semble que M. Halkim aurait pu rendre son ob- servation plus complete et plus concluante : il est vrai que Duhos a construit sans fondemens certains sa republique armorique J gouvernee par des eveques; mais, ce qui n'est pas douteux, c'est que les Armoriques, menacees par les ]risigoths eiles BourguigJions J et abandonneesparlahlchete Aesempereurs, qui ne les defendaient pas et les accablaient d'impots, s'etaient rendues independantes de fait, ne res- taient soumises que de nom, refusaient le tribut et veil- laient k leur propre defense, suivant les anciennes cou- tumes des cites gauloises ^ sous I'autorite de leurs divers senats, et au nioyen des milices particulieres que les lois roinaines leur avaient toujours permis de conserver. C'est cc que plusicurs faits douiontrcnt cvidemment, ET POLITIQUES. 117 puisqu'en revenant de vaincre les Francs, AetUiSj et de- puis son lieutenant Celsusj, entr^rent en armes dans les Annoriques , sans pouvoir ramener ces provinces a Tobeis- sance , et tenterent vainement, par I'entremise d'un eveque, les voles de negociations pour parvenir au meme but. Les comtes Egidius et Paulus s'illustrerent depuis , en defendant I'independance des Ar-moriques , et ils furent soutenus dans cette Jutte centre les Kisigotlis et les 5«.ro«.s- par les armes de Childhicj roi des Francs. La seconde difllculte que presente le Precis liistorique concerne I'etablissement des Francs dans le Tournaisis : sur Get objet, I'auteur s'exprime ainsi dans une note : « Le systeme du pere Daniel j qui pretend que les Francs n'a- vaient forme, ayant Cloyisj aucun etablissement permanent sur la rive gauche du Rhin , me parait insoutenable ; il est difficile de resister a la presomption qui rcsulte de la de- couverte faite a Toumai _, en 1655, de la tombe et du squelette de Cliildhic ^ p^re de Cloyis.n L'auteur aurait pu ajouter d'autres presomptions non moins fortes, pour refuter le pere Daniel. II est vrai que Clodion fut chasse du Tournaisis par A'etius; mais il y revint, puisqu'en vingt ans il y fut battu deux fois; et Ton nc concevrait pas pourquoi Merovee , son successeur, serait venu avec les Francs defendre la Gaule contre Ai- tila_, de concert avec les Romains, les Visigoths et les Bourguignons , s'il n'avait rien possede dans la Gaule, et s'il n'eilt regne que dans le pays de longres. II ne serait pas moins surprenant qu'apr^s la deposition de Childericj Egidius , chef des Amoriques , eiit etc choisi pour roi par les Francs, s'ils n'avaient ete sesvoisins; etTon compren- drait encore moins comment Childeric, retabli sur le Ironc, aurail combaltu si souvent en Anjou a\ec Egidiii.^ 118 SCIENCES MORAEES contre les FisigotliSj si leur voisinage n'eCit pas fait pour eux, de cette guerre, un interet commun. La troisiome question que presente le Precis, est celle de savoir si Cloi-is a gouyerne ses conquetes comme sou- verain ou comme lieutenant des empereurs remains. « La theorie de Diibos, dit M. Hallcnnj, qui considere Clovis comme une espcce de lieutenant des empereurs , ne gou- vernant qu'a ce titre ses sujets remains , a justement paru extravagante a des ecrivains qui se sent livres apres lui a un examen critique de I'histoire de France. II est cepen- dant possible que les relations etablies entre Clovis et I'empire , et les iiisignes de la magistrature romainc dont il etait revetu, aient contribue a reconcilier les vaincus avec leurs nouvcaux maitres. Telle est du moins I'opinion judicieuse du due de Niveriiais (Memoire de I'academie des inscriptions et belles-lettres, Tom. XX). II parait toutefois qu'au 6.*siecle, les Grecs connaissaient a peine les compatriotes de Clopis. On ne pent rien conclure d'un passage dans lequel Procope semble designer les peuples A' A rmorique sous le nom A''Arborikoy ; et Agathias nous fait une description aussi etrange que romanesque des Francs, qu'il celebre pour la conformite de leurs coutumes avec les lois romaines. II fait aussi I'eloge de leur union mutuelle, et observe surtout que, dans les divisions fre- quentes du royaume, ils n'ayaient jamais porte les armes les uns contre les autres, ni ensanglante la terre de leurs discordes civiles. On serait tente d'interpreter ce passage dans un sens ironique. » Je croirais plutOt que M. Hallam saisit mal ici le vrai sens A'' Agathias ; car il ne signifie point que les Francs, les Goths J les Bourguignons ne se battaientpas entre eux, ce qui serait dementi par tous les fails : il veut dire seule- ment que les B(nnains_, ou habilaiis de V A nnorique, n''oni ET POLITIQUES. 119 jamais repris les arines centre les Fnuics, dcpuis la bataille de Soissons, et qu'il n'y eut plus sous Clovis et ses suc- cesseurs de guerre civile enlre les Romaiiis et les Francs ^ ce qui est un fait avere. II serait impossible, dans un cadre aussi court, de donner une analyse de I'inimense travail de M. Hallam ; aussi nous nous bornerons, pour en presenter quelques idees, a en extraire un petit nombre d'observations relatives a I'etablissement des Francs, au sort divers des vainqueurs et des vaiucus, a la nature des biens, des fiefs, et a I'ori- gine de la noblesse. Apres avoir rappele ce fait non con- leste, que dans leurs conquetes les Bonrguignons et les VisigolJis s'eniparerent du tiers des terres, les f^andales de toutes celles qui leur parurent les plus fertiles , et les Lombardu du tiers des produits , M. Hallam ajoute : « Nous ne pouvons decouvrir aucun indice d'un seniblable arrangement dans les lois ou dans I'histoire des Francs ; maisil est certain qu'ils occuperent, par suite d'un partage public ou d'un partage individuel , une grande portion des terres de France.)) Nous sooimes obliges, par le silence de I'histoire et par I'absence de tout acte authentique, de rester,comme M. Hallam, dans I'incertitude sur ce point important. L'abbe Dubos tire du nieuie silence des historic ns un ar- gument pour appuyer son systeme et pour prouver que Clouis s'est etabli dans les Gaules moins en maitre et en vainqueur, qu'en allie de la republique romaine ou gau- loise des Armoriques, qui volontairement avaient reuni leurs amies- aux siennes, pour combattre les Visigoths et les Bonrguignons; mais la bataille, livree et perdue par Sja- grius , refute suffisamment un pareil systeme, qui est d'ailleurs evidemment renverse par la disposition de la loi salique, puisque cetle loi marque durement la difference 120 SCIENCES MORALES du sort des vainqueurs et de cclui des vaincus, en impo- sant pour le ineurtre d'un Franc une amende double de celle qu'on payait pour la mort d'un Romain ou d'un Gaulois. Cependant, a defaut de certitude, ne pourrait-on pas conjecturerque la Gaule fut traitee moins rigoureusement par les Francs, relativement au partage des terres, qu'elle ne i'avait ete par les autres nations barbares, parce que les Francs amenes par Clevis etaient tres-peu nombreux, qu'il leur suffit peut-etrc, pour s'enrichir, de prendre les terres qui faisaient partie dans chaque cite du domaine imperial, en y ajoutant celles qu'ils confisquerent, suivant le droit de ce terns, sur ceux qui prefererent la resistance a la soumission , sur les guerriers de Sragrins et di'Alaric; car on sait qu'alors la victoire faisait subir aux captifs, non seulement la perte de leurs biens, mais celle de leur liberie. Clovis, au-dessus de son siecle par son genie, dut penser qu'apres avoir pris ainsi une assez grande portion*de terres pour lui et pour rccompenser ses leudes, ses ofliciers et ses soldatsqui'ne composaientqu'unevaillante, mais faible tribu , il devait, pour atlirer les Romains et les Gaulois i son joug, leur laisscrlereste de leurs possessions, comme il leur laissa leurs lois. Les eveques lui donnerent proba- blement cc conseil; car ils desiraient ses succes, pour etre proteges par lui contre I'arianisme intolerant des rois visigotbs et hourguignons. Je suis surpris que M. Hallam, en parlant de ces dis- positions favorables du clerge gaulois et catholique, ait paru en oublier le plus pressant motif. Sidonius Apollinaris nous le decouvre, on racontant que recemment Ic pere iVAlaric avait chasse ou mis a mort plus dc vingt eveques. Les Francs possedercnt ainsi dan? leurs conquOtes deux ET POLITIQUES. 121 sortes de biens, les uns hereditaires ,c'etaientles alleux; les autres ayie, c'etaient lesjlefs, qui souventmCme etaient des dons revocables, soit par jugement, soit par autorite. A cet egard, plusieurs recherches savantes de M. Hallam, prouyent ayec evidence combien ces coutumes yarierent suivant le caractere, la force ou la faiblesse des rois, et selon le degre d'obeissance ou de turbulence des grands. « Les biens, dit notre auteur, dont les Francs jouis- saient a titre de propriete, etaient appeles alodia; le sens de ce mot est quelquefois restreint aux biens echus par succession. lis etaient exempts de toute autre cbarge que de celle de la defense publique. lis passaient aux enfans par portion egale,et, a leur defaut, au plus proche pa- rent. 11 existait pourtant une espece particuliere de ces alleux, qu'oa appelait saZ/gz^e, et dont les femmes etaient exclues. II y a eu beaucoup de disputes sur la question de savoir ce qu'etaient ces terres , et quelle etait la cause de cette exclusion. Nulle solution ne semble plus probable que celle qui suppose que les anciens legislateurs des Francs Saliens interdirent aux femmes le droit d'heriter des terres assi- gnees a la nation dans les Gaules, apres la conquete, tant pour se conformer a leurs anciens usages, que pour s'as- surer du service militaire de chaque proprietaire. La loi salique, ajoute-t-il dans une note, parait avoir ete faite par un prince chretien , et apres la conquete de la Gaule. C'est pourquoi elle ne pent pas remonter a une epoque anterieure au regne de Clovis; et, d'un autre cote, elle ne pent pas etre de beaucoup poslerieure a ce prince, puis- qu'un de ses fils y introduisit quelques modiOcations. Ilremarque,dans une autre note, que celte exclusion des 122 SCIENCES MORALES femiDcs etait loin d'etre gencralement approuvee, puisquc Marculfe, dans sa formulc \i' , livre II, appelle cette exclusion une co\\\.w\xv^ joutiialiere , mais impie : diuturna et impia consiietudo. n Jecrois qu'on pourrait combattre Topinion de M. Hal- lam, stir I'epoque qu'il attribueala loi salique; car, puis- que, selonson avis, Clodion, Merovee, Childeric, avaient eu des etablissemens fixes dans la Gaule , on pent croire aussi qu'ils avaient senti le besoki d'une legislation nou- Telle, et quepeut-etrel'un d'eux avait redige, le premier, cette loi salique ; de meme que d'autres princes Francs, etablis sur les rives du Rhin, etaient certainement les au- teurs de la loi ripuaire j qui difTere tres-peu de celle des Saliens. Au reste, on a beaucoupetendu depuis le sens attache A ce mot sa liq ue , puisqueplusieurscapitulaires de la seconde race ont meme repu ce noni. Mais ce qui est tres-remar- quable , c'est que la seule disposition de la loi salique que tout lemonde cite tous les jours, celle qui excluten Francft les femmes de la succession au trone, est precisement la seule qui ne s'y trouve pas. Elle est gravee dans les moeurs, et ne le fut jamais dans la loi. Noustermincrons sans commentaire cette analyse, par la citation du passage oii M. Ilallam parle de la noblesse. Apres avoir observe judicieusement que les Francs, avant la conquete de la Gaule, ne connaissaient point la noblesse sous le rapport de classe privilcgiee, quoiqu'il existut des traces nombreuses du respect qu'on avait chez eux et dans loute la Germanic pour les families d'une antiquite re- connue, il ajoute : « L'aristoeratie de la richesse preceda celle du sang, qui, dans le fait, tire encore de I'autre une parlie de son eclat. » Un Franc, grand proprietaire, avail Ic ET POLITIQUES. 123 litre de noble ;s'il etait ruine et depouille de sarichesse, ses descendans retombaient dans la foule, et le nouveau possesseur devenait noble a sa place. Dans ces premiers tems, la propriete ne changeait pas souvent de mains, et n'abandonnait point les families qui I'avaient long-tems possedee; elles etaient done nobles par leur naissance, puisqu'elle etait la source de leurs ri- chesses. La richesse leur donnait le pouvoir, et le pouvoir leur donnait la preeminence; mais aucune distinction, excepte en faveur des vassaux du roi , n'etait faite par leu lois saliques et lombardes. Dans la composition pour homicide, mesure certaine du rang politique, il semble resulter de quelques lois des barbares, notamment de celles des Bourguignons, des Visigoths, des Saxons et de la colonic anglaise de cette derniere nation, que les hommes libres etaient distribues en deux ou trois classes, et qu'il y avait une difference dans le prix auquel leurs vies etaient evaluees; qu'ainsi les elemens des privileges aristocratiques existaient chez ces peuples, quoique nous ne les trouvions pas encore parfai- tement etablis a cette epoque. Les antrustions des rois de France etaient egalement nobles, et la composition qu'on exigeait pour le me^tre de I'un d'eux etait triple de celle que Ton payait pour un simple citoyen; mais c'etait une distinction personnelle, et non hereditaire. II manquait un lien pour assurer leurs eminens privileges a leur posterite, et ce Hen devait re- sulter des benefices heieditaires. On saitque deces benefices hereditairesnaquirent bien- tot le chaos feodal et I'usurpation de tons les pouvoirs. Nous ne nous flattens point d'avoir, dans une si courte notice, pu donnerune idee du merite de rauteur,de son travail et de ^es riches et nombreuses notes. Cepcndant nous croyon* 12A SCIENCES MORALES que cette esquisse sullirapour inspirer Ic desir de connailic un livre si utile i tous ceux qui cherchent une solide el agreable instruction. Le comte de Secur. WWWV%WV\rV%/WV%'VW Observations sur les iNCONviNiENs du syst^mk actdel d'instruction publique en Europe, et surtout en France, et sur les moycns d'y remidicr; par F. G. PoTTiER, membre de I'Academie d'I6na (i). Depuis long-tems, tous les bons esprits sentaient le vice du sysleme actuel d'instruction publique, et deploraient le mauvais emploi de huit ou dix des plus belles et des plus heureuses annces de la vie, uniqucment consumees a tourmenter et a fatigucr la jeunessepar des etudes fasti- dieuses , sans aucune utilite comme sans aucun resultat. Un des professeurs de I'Universite de Paris , dans unc brochure beaucoup plus richc en choses qu'en mots, vient de developper avec une grande clarte tous les inconve- niens d'un systeme suranne , dont I'existence semble faire insulte au progres des lumiores ct A I'etat des connais- sances du dix-neuYicme siecle. L'ouvrage dc M. Poltier sc divise en trois parties. Dans \apremiere, il developpe les inconveniensdu systeme actuel. II examine les divers objets d'occupation , propres aux qualre epoques distinctcs, dans lesquclles se partagc le terns consacre a I'instruction. II demontre , par des faits, que les differens cours prcliminaires et speciaux de gram- Cl) Paris, 1821, 111-8" de 110 pages eu pelils caiaclLics ; cliez Tauleur, rue des Fosses-Saiul-Viclor, 35, et dicz Ailluis Bcilmud^ nic Hauttreuillc, n" 25. Prix, 2 fr. 5o tciit. F.T rOLITIQUES. 125 maire, d'humanites , de belles-letlres, dans I'otat actuel des livres elementaires et des moyens employes , ne pro- duisent et ne peuvent produire aucun resultat, ct que ce rcsultat lui-meme, en supposant qu'on pfit I'obtenir , ne presenterait aucun avantage. Considerant ensuite I'instruction litterairc dans son en- semble , il etablit : Qu'elle ne sert pas meme la memoire, quoiqu'elle la cultive exclusivement ; Qu'elle etouffe rintelligence, en forcant, pendant huit annees consecutives, a repeter uniquement des sons qui n'ont aucune valeur determinee; Qu'elle fausse le jugement, en I'asservissant en tout et sans cesse a I'autorite d'autrui ; Qu'elle etejnt I'imagination, en nedonnanl aucune idee exacte ; Que I'aversion qu'elle inspire pour les auteurs anciens ne lui permet pas meme de former le goQt; Que cette meme instruction , par le resultat necessaire et oblige d'unmode essentiellementvicieux, tient soixante- quinze jeunes gens sur cent dans un etat continuel d'oisi- vete ; Qu'elle les met sans cesse en rivalite avec leurs cama- rades ; Qu'elle les constitue dans un etat de guerre et d'hosti- lite perpetuel avec leurs maitres ; Qu'elle leur vante sans cesse des mceurs et des usages differens de ceux de leur pays; Qu'elle exalte a leurs yeux le merite d'un systeme poli- tique, tout oppose a eelui dans lequel ils sont destines a vivre; Et que , sous tous ces rapports , il lui est impossible de former des hommes vertueux et sociables, des sujets 126 SCIENCES MORALES dociles , des citoyens amis de leur pays et attaches a leur gouvcrnement. Dans la seconde parties, I'auteur passe en revue tons les moyens de defense que Ton peut alleguer en faveur du systeme actuel : Ce systeme a forme Racine, Boileau, Fenelon , etc. ; L'on peut bien savoir le latin sans avoir rccours a une methode analytique ; En supposantque cette methode fflt indispensable pour acquerir une connaissance approfondie du latin, 11 n'est pas necessaire de bien savoir cette langue ; L'etude des langues ne peut d'ailleurs etre soumise aux principes rigoureux des sciences exactes ; Le systeme qui existe a pourlui la sanction du tems ; Nos p4res ont ete eleves de la meme maniere; Toute I'Europe sent le meme systeme; Tous les peres de famille I'approuvent; Les hommes ne seraient pas meilleurs avec un autre; Ge serail d'ailleurs un malheur, si I'education formait un trop grand nombre de savans. L'auteur attaque frandiement tous ces argumens; il les combat avec une dialectique rigoureuse, et les refute vic- torieusement. Enfin, 11 recapitule tous les inconveniens, et 11 etablit, en dernier resultat, que le systeme actuel neglige les facultes physiques; tend, dans tous ses elemens, a alterer et a depraver les facultes morales, i etouffer et a detruire les facultes Intellectuelles, et qu'ilest, sous tous les rap- ports, essentiellement prejudiciable a la gloire eta la tranquilllte des etats , aux interets les plus chers des p^res de famille, au bien-etre present et futur des jeunes gens. II deplore I'aveuglement et I'insouciance de la plupart ET POLITIQUES. W7 des peres de famille dans un objet d'une aussi haute im- portance. II ne sufTisait pas de demontrer les vices du syst^me en usage, il etait necessaire de le remplacer par un autre plus conforme a la raison. C'est ce que fait I'auteur, dans la troisieme partie de ses observations. La nouvelle methode qu'il propose a pour but de developper egalement et en meme tems les facultes physiques , morales et intellec- tuelles (i) : Xe.?, facultes physiques, par une gymnastique (i) La meme division, qui est la seule qu'on puisse raisonnable- ment suivre dans un plan d'6ducation , a servi de base i un traits public en 1808 , sous le titre d'EssAi general d'edccation, physique, morale el inlellectuelle , suivi d'un Plan d education pratique pour Tenfance , I' adolescence et lajeunesse i par M. M. A. Jullien ( i vol. in-4° avec tableaux. Paris, 1808, Firmin Didot). Ce traite est divise en trois parties , dont la premiere expose des considerations g^nerales sur les avantages et les inconveniens res- pectifs de V education publique et de Veducation domeslique, et sur I'utilite d'une education mixte et les moyens d'en assurer le succfes. L'auteur etablit ensuite separement les principes gen6raux des diff6- rentes branches dans lesquelles I'education se subdivise , de I'tdu- cation physique , de reducation morale et derinstruction religieuse, de I'education intellectuelle , ou de I'instruction proprement dite. La seconde partie contient I'exposition d'une methode qui a pour objet de regler avec economic et discernement le bon emploi du /fiTras, premier instrument dtj bonheur. Cette seconde partie, sous le titre d'EssAi sua l'emtloi du tems , publiee separement avec de grands developpemens, est devenue un ouvrage, pour ainsi dire, clas- sique , quia eu deux Editions en France, et quia tte traduit en allemand, ainsi que V agenda general , on llvretpratique d' emploi du tems , dont il a 6t6 publie cinq editions, en France etdans I'etranger. La troisieme partie de ce trait6 comprcnd des tableaux synop- tiques et analytiques , composes de colonncs paralleles , qui per- mettent de suivre pas a pas , annee par annee , la marche progressive ct I'execution du plan propose, d'apres la division des trois branches de I'education cl la distribution rnethodiquc des divers objets d'en- 128 SCIENCES MORALES sage et eclairee; les facultes morales, par le resultat , en quclque sorte oblige, de toutes les habitudes que doit don- ner I'instruction, de toutes les connaissanccs qu'cUe doit procurer; \cs facultes intellectuelles, par des principes fon- des sur la marche meme de la nature. Comme ces facultes, dans leur developpcment , sont subordonnees les unes aux autres, et qu'il devient indis- pensable de les cultiver successivement et dans I'ordre oii seignement, et des difKrens emplois de tous les instans , annee par annee , jour par jour, et pour ainsi dire heure par heure. Dans la recapitulation, ou resume analytique du plan d' educa- tion pratique , I'auteur considerc I'^ducation , science de la culture et du developpemcnt de nos differentes facultes , sous thois points DE vuE : 1° son sujet, I'homme ; 2° son but , le bonheur; 3° son instru- ment, le TEMS ; puis il expose avec precision les consequences imme- diates de ces idees fondamentales. Les memes divisions, les memes titres de chapitres , les mfinies vues preliminaires , le meme point de vue general et analytique , ont ete reproduits depuis pen, avecde legeres alterations qui souvent les denaturent , par I'editeur d'un ouvrage intitule -: De V Education selon I'Evangile , la Charte et le siecle (M. de Foclaines ) , qui n'en a encore publie que rintroduclion , dans laquelle il ne s'est fait aucunscrupuie de copier, sans jamais le citer ni rendre aucun hom- mage a son auteur, une partie du traitti dont nous venons d'offrir le resume. L'homme qui veut fonder I'education sur I'Evangile , ne devrait-il pas commencer par en suivre les principes; etla charite, comme la justice, qui defendent de s'emparer du bien d'autrui, n'auraient-elles pas du lui rappeler ce precepte : rends a Cesar ce qui est a Cesar, et a Dieu ce qui est a Dieu ? Prendre en totality ou en partie le plan, les divisions , les titres d'un livre , en copier mot pour mot des passages entiers sans le citer, c'est violer doublement, et de la maniere la plus ouverte, la propriete des ouvrageslitttijaircs. Ce vol , prevu , dcfini et punissable par les lois , n'a rien de commun avec I'art d'emprunter les pensees d'autrui pour les presenter dans un autre ordre , les fairc passer au creusel de la meditation, et les levetir de couleuis nouvellcs. • N. d. K. KT POLITIQUIJS. \19' dies se tbrmeiil , I'auteur elablit trois epoques dislincles : hii premiere , dc six ans, employee a exercer la menioiic et rintclligence par dos fails elementaires, propres a don- ner une idee generale de toiites les sciences dont la con- naissance peut elre iitde on meme agrcal)le a un hommc bien ne ; La seconde, de deux aiis, destinee a eclairer le juge- meiit et la raison par I'exposition logique ou Thistoire methodique des faits appris dans la premiere epoqiie , et I'explication des auteurs anciens et modernes, developpes et analyses comme ecrivains, sous le rapport du style ; La troisie'me, egalement de deux ans , consacree a for- mer I'imagination etle gout par la connaissance plus appro- fondie des diverscs sciences, par I'analyse et la compa- raison des auteurs apprecies sous le rapport des choses et par divers sujets decomposition. L'auteur traite ensuite du mode d'enseignemcnt propre a chacune de ccs trois epoques. ■ Pour la premiere, qui est en meme terns la plus intercs- Sante, il s'est attache a I'adapter aux principaux traits du caractere general de I'enfance. II fait marcher de concert retudede& choses avec celle des mots. Pour les choses, les objets d'enseignemcnt sont classes dans une cspece d'ordre geometriqne, determine par le dcgre de difliculte particulicr a chacun d'eux. Les faits relalifs a chaque objet d'enseignemcnt sont limites et fixes par un programme ; la connaissance de chaque ftiit est communiquee a I'eleve par la pratique , en meme terns que par la'lheorie. Pour les mots, la langue latinc , soumise iwii principes analytiques des sciences exactes , sert de regie pour I'e- lude des aulrcs langues. Les langues modernes sont apprises par la pratique journalicre, et rameuees , dans la seconde epoque, au meme esprit d'analyse. L'etude de la g^rammairc est dilTeree jiisqu'a ce que les clevcs Tome x. 1> 136 SCIENCES MORALES ET POLTTIQIJES. aient acquis des notions assez t-tendues des langues. Pour mieux fixer les ohjets dans i'esprit des eleves, outre la memoire, I'ecriture et le dessin, I'auteur fait usage de caliiers particuliers pour chaque objet d'ensei- gnement. Cbs cahiers, contenant par ordre toutes les con- naissances que la methode a procurees a I'eltve, auraient le double avantage de Itii mettre sans cesse sous les yeux I'etat exact de ses richesses intellertuelles et delui faciliter les moyens d'en acquerir de nouvelles. Voulant reunir les avantages de I'enseignement mutuel i\ ceux d'une louable emulation , I'auteur forme des com- pagnies de dix eicves, qui portent le nom d'un Francais ancien et illustre , et qui, solidaires pour I'instruction seu- lement, sont mises en rivalite les unes avec les antres. Lemode d'enseignementrelatifauxdeuxautresepoquesse trouvant implicitement enonce dans les objets raemes d'en- seignement, nous ne croyons pas devoir en faire mention. L'ancienne methode semblait viser uniquement a creex des hommes de lettres. Tout le systeme de la nouvelle tend a former des hommes de bon sens , amis de leur patrie et attache's a leur gouvernement. Cette analyse succincte ne peut donner qu'une idee tres- imparfaite du merite d'un ouvrage qui reunit I'elegance el I'energie du style a la profondcur et a la justesse des pen- sees, ct qui, sous ce double rapport, se recommande puis- samment a I'iateret des peres de famille et a rattention des personnes chargees de I'administration et de la sur- veillance de I'instruction publiquc. L'anteur a le projet, dit-on, de former un etablissement dans Icqucl il chercherait a mettre sa nouvelle methode en pratique; nous ne ponvons que former des voeux pour qu'une cntrcprise aussi utile soit favorisec ct cncouragee par le goiivcrnemept, el pour qu'ollc obtienne un hcureux succcs. B. LITTERATURE. Epitres et Poesies saivies du pocnie de Parga , par J. P. G. ViENNET. (l). Notre siccle, que Ton accuse de toutes parts d'une de- daigneuse indifference pour les ouvrages en vers, et qui aurait droit peut-etre d'allegucr pour sa justification la sterilite generale dont le champ de la poesie semble depuis long-tems afflige , parait cependant reclamer un genre de poesie dont le succes serait grand sans doute, si Tuti- lito peut etre consideree conime la juste mesure de la fa- veur publique. Ce genre serait celui de la satire. Un petit nombre de nos poetes Uctuels s'pccupe de cette espece de composition, et nul d'entre eux n'en a fait I'objet exclusif de ses etudes. La plupart s'obstinent a braver la disgrace dans laquelle les poemes descriptifs sont justementtombes. II en est qui, renouvelant tant d'essais infructucux, s'arment d'une audace sans esperance et embouchent la trompette epique. Quelques-uns, moins beureux encore, soupirent la plaintive elegie, ou s'elevent jusqu'a I'ode pindarique, poeme qu'un homme d'esprit ct de sens a fort justement surnomme la soiiate de la lltthature. Le succes passager que les poemes descriptifs ont ob- tenu en France , doit Ctre attribue au besoin d'eniotions deuces et de jouissances tranquilles que tons les esprits ont eprouve apres les scenes Iragiques de la revolution franpaise. II doit etre attribue aussi au talent distingue du chefdeTecole descriptive, talent qui cut quelque tems le pouvoir de nous faire goCiter un genl-e defectueux, et dont (i) Uu vol. in-8", a la libraiiie franraise de Ladvocat, Palais-Rojal, galei-ie de bois , n" 1 97 et 198. Prix ,. 3 fr. 9* 132 LITTKRATURE. Ics hiillans defauts fiircnt rachclcs par nn grand noml)ro de bcantes de I'ordre le plus eieve. Mais, quel que ffit Tcnipire de la seduction, il lul impossible de ne pas re- connaitre que le genre descriplil' elail faux, parce qu'il avail pourfondeinentce qui, dans lout ouvraged'esprit, ne doil eire que I'arcessoire ; on dul s'apercevoir bienlot que rinterOl reel d'unc jiroduction poctique ne pent re- poser que sur les passions de I'honime. La nature est sans doute une vaste el brillante scene ; niais elle a besoin d'etre animee par la presence d'un acleur. C'est par les rapports que Tauleur'^de I'univers a elablis entre elle el nous que la nature nous plait, que nous aimons a en gofiler les charmes; el Tori, qui n'esl que I'expression des rap- ports des cboses et des lois eternelles de la raison humaine. ne pent avouer tout ouvrage, quel que soil d'ailleurs le merite dc I'execution , dans lequel rhomme esl , pour ainsi dire, exile de son propre domaine. Le poeme descriptif, a eel egard, fail du moude unc vaste solitude. Sans doute, on ne pensera pas que je pretende enve- lopper dans le meme arret de reprobation le genre de I'epopee, consacre par des chefs-d'oeuvre de tons lessiecles et considire par Boilcau comme le premier et le plus dif- ficile dc tons. Je n'ignorc pas que plusieurs des poetes les plus distingues de notre epoque ont depuis long-tems acheve differeutes epopees, et que quelques autres touchent a la fin d'un edifice dont la construction leur a coOte beau- coup de soins et d'annees. Aucun ami de la litterature n'a oublie le litre dc la Grece saiwee_, quoique I'auteur de ce poeme(feu M. de Fontanes)cn efltpromis la publication de- puis quinze ans au moins. On attend aAec beaucoup d'es- perance unc epop/'C de Tilus ou Jerusalem detruile , que I'auteur du Genie de I'homme (M. Chenedolle) vienl d'a- chever; el il scrait injuslc de ne pas fonder cgalemcnt un LITTERATUlli:. loo legitime espoir sur ie poeme de Franciis^ que nous de- vrons bienlut au litterateur distingue dont les poesies jervent de tcxte a cet article. Toutefois, peut-on, sansetre taxe d'un trop grand • scepticisme, concevoir de justes doutes sur Ic gout actuel du public pour la poesie hcroiquc. Les fictions, sans lesquelles I'epopee ne seinble pas pou- roir exister, ont perdu aujourd'hui une grande partie du credit qu'elles obtenaient jadis. Notre siecle est celui de I'examen; et, hors les choses qu'il lautcroire avec une foi religieuse , nous somuies devenus difliciles sur les men- songes un peu surannts de la poesie epique. Entraines par le torrent des revolutions, spectatcurs obliges de rea- lites souvent tragiques, nous representons aujourd'hui une scene dont la verite et I'interet ont eniousse notre sensi- bilite pour les infortunes fictives. L'histoire de notre terns est une grande et sanglante epopee, qui nuit a I'interet de loules les inventions que le genie pourrait nous offrir. Mais ces memes revolutions, qui ont commence a re- generer le corps social et a changer sa physionomie , ont ouvert une nouvelle carriere au moraliste observateur de la societe. Les institutions recentes, les obstacles que leur etablissement a rencontres, le choc des opinions, des in- terets et des passions contraii'es , tout ce que nous voyons aujourd'hui ressemble si peu a ce que Ton voyait autre- I'ois, que I'observateur est frappe sans cesse de faits in- connus ii nos devanciers; resultat d'idees, de principes , de prejuges nouveaux. Telle est malheureusement la con- dition de rhomme, qu'il mele sans cesse le mal au bien, le ridicule au sublime : d'autres vices, d'autres erreurs, des Iravcrs dilTerens se sont produits sur la scene; et c'est la un champ nouvcau que pourralent exploiter de concert lacomcdic, si elle jouissait d'unc assez grande libnte , cl ISA LlTTEllATlJllE. la satire, si quelque ecrlvain distingue cousacrait son ta- lent a CO genre de composition. Sans doule , le pocte satirique de notre epoque s'ecar- terait des routes battues; sans doute, il ne consacrerait plus son talent a peindre les embarras de Paris ou les de- sagrcmens d"un mauvais diner; il ne disputerait point au ntant les ouvrages ou le nom des Cotin de noire age ; sa muse, eniule de Juvenal et de Perse, irait chercher plus haul des sujcts plus utiles et plus grands. Amie de la li- berie et de la pbilosophie, elle combattrait, sous cette double banniere, leur commune ennemie, I'ignorance; son indi- gnation poctique ne s'exercerait que sur les veritables fleauxdela sociele nouyelle. Elle n'oublieraitni les prejuges antiques ni les prejuges modernes. Que de tableaux s'of- friraient enfoule a sa plume! Ici, les gothiques pretentions qui tendent a faire reviyre ce qui n'est plus, ce qui no pent plus etre ; la, I'insouciance doree de ces favoris du pouvoir, qui vivent en courtisant tons les regimes, sans empecher la chute d'aucun; plus loin, ces calculateurs habiles qui, speculant sur les progres d'un parti comme sur les chances de la bourse, s'associent toujours au succes de toutc opinion quclconque. Tantut c'cst un ancien ami de la tyrannie qui, livre a un parti populaire, cherche a dcguiser son allure de courlisan , et voudrait accoutumer sa bouche a prononcer le nom du peuple ; tantut c'est un vieux partisan des exces revolulionnaires, qui ofTre aux rois son cncens deshonore. Le satirique coufondrait, dans le meme tableau , et le ci-devant esprit-fort qui parle de sa piete nouvclle, et le ci-devant republicain qui affecte les habitudes dc la cour, et I'homme du sabre qui implore des cordons pour Ic prix de services rendus autre part que sur le champ de luitaillc; mais, ce qu'il peindrait surlout- LlTTEllATUllE. 155 avec energie, ce sont les ravages dc Tesprit de parti, de cet esprit qui corrompt tons les sentimens honnetes, qui divise les families, arme les freres les uns coiitre les autres, place le peie et le fils dans des armees opposees^ change les discussions en combats, les dissentimens en fureurs , altere les plus saines opinions, substitne a I'amour ds la justice I'amour d'une secte, a la liberte philosophique la dependance d'un parti, a I'amour du sol natal rindifference du cosmopolisme , et trop souvcnt la passion de Tetranger. Si quelquefois le satirique descendait des hauteurs de • la philosophic, et ^e livrait a la critique litteraire, ses re- gards se detourneraient de ces auteurs san? talent, que I'oubli punit assez de leurs ennuyeuses, mais inoffensives productions. Mais il fouetleralt d'an vers sanglant ces rneprisables ecrivains qui, suivant les expressions de Dide- rot, ne rougissent point de ressembler a ces inseetes im- portuns qui passent les instans de leur existence ephemera a troubler I'homme dans ses travaux et dans son repos. S'occuperait-il des doctrines litteraires, il opposerait I'auto- vife de son talent a ce debordement de germanisme qui menace de corrompre notre litterature ; il rengcrait nos chefs-d'oeuvre des attaques des Welches nouveaux; il de- clarerait la guerre a ce genre batard qui, pare du nom de romantique, echappe des treteaux du melodrame, aspire A s'elever jusque sur nos theatres nationaux, offre comme uffl- effort de genie ce qui n'est souvenL qu'un effort de deraison, substitue a la saine critique les exaltations d'un enthousiasme enfantin , et voudrait nous faire sacrifier nos grands hommes a des auteurs dont le genie, semblable au ciel monotone qui inspirait le barde ecossais, n'offre que de rares clartes , au milieu de tenebres orageuses. Mais, en dcveloppant une opinion sur un genre qui pour- rail elre avantageusement traitc aujourd'hui, je m'apercois 136 LITTJ^RATURE. que j'oublie insensiblement le sujet principal de cet arliole. Ce n'est pas qu'il ne soit facile de trouver une transition naturclle cntre I'exposition dcs ressources que cctte epoque prescntcau salirique, et Janoiivellc publication dcM. Vion- net, dont plusieurs epitres sont de veritable** satires. II semblerait que Ics reflexions que j'ai offertes a mes lecteurs ont ete plus d'une fois celles du poetc, qui a signale dans ses vers la plupart des travers et des ridicules de la societe ct des partis. Lne portion des epitres de 31. Viennct est consacree a soutenir les droits de la raison et les droits de la liberie, ct les inspirations d'une noble philosophic ont souvent prete a son talent des accens dignes d'ellc. Soit que, dans une patriotiquc indignation, il s'adresse a un ccrivain allemand (Kotzebiie), dont les diatribes insul- taient jadis la France, soit qu'il remercie un homiiae d'etat ct un uiilitaire illustre (le marechal Gouvion-Saint-Cyr) d'avoir rccrce une aruiee dispersec par des revers aussi pen attendus que peu merites; soit qu'il s'eleve contre les fureurs de la delation, qu'il combatte la superstition et le fanatisme, qu'il tienne au roid'Espagne Iclangage d'unvrai patriotCjOu soit que des accens plus tendres aillent con- soler lesmalheureiix habitansde Parga, victimcs d'une poli- tique barbare, arracbcsi leurdouce patrie, la quittant, les yeuxbaignes de larmes, et courbes souslepoids des ossemens de leurs ancctres, M. Vionnet nous niontre partout un poete distingue, un ecrivain philosophc et un bon citoyeiit. Le recueil qu'il vient de publier se compose de seize epitres et du poeme de Parga. Quelques-unes de ces epitres sont purement iitteraires. Dans plusieurs autres , I'autour jetle un coup d'ceil sur la societe et sur les travers de notreage; une d'entrc clles rentredans le genre de I'lle- roide, genre, tl I'aut le dire, assez nialheureux en France, oil il n'a encore produil dc trcs-re^narquablc qu'un mor- LITTERATURE. 137 ccau dc poesie, qui n'est lui-meiue que la traduction d'un poeme de Pope, inferieure i I'ori^inal, comme toutes les traductions. En general, les sujets qui exigent de I'energie et une sorte d'indignation poetique convien- nentbeaucoup mieux i\ 31. Viennet queceuxqui dcmandent de la douceur, de? images et des scntimens tendres. Son vers a quelque chose d'inflexible , et parfois uicme de sau- vage,qui rappelle plutotla brulanteenergiede Juvenal que la grucc elegante d'Horace. II semble que I'auteurdedaignc de polir sa phrase, et de donner a sa periode cette rondeur harmonieuse qui seduit I'oreille. On serait porte i croire qu'il aime mieux frapper I'esprit et !e surprendre, que de I'entrainer doucement vers le but qu'il se propose. Toutefois, comme i! nous esLimpossible de renoncer au devoir que nous impose la critique, nous ne pouvons dissi- muler que, si cette espece d'uprele de style convient a cer- tains sujets, et meme est souvent un effort de I'art, il faut prendre garde qu'elle ne devienne une maniere, et que, trop frequemment reproduite, elle ne se change en un per- petuel defaut. Un eci'ivain, qui connait toutes les ressources de son art, sait a propos briser sa phrase, couperses pcriodes, interrompre brusquement I'ordre naturel des expressions, reunirmeme adesseiodes consonnancesrudesetd'une har- monic sauvage. Mais si de tels moyens, qui ont la variele pour but, sont toujours, on trop souvent, mis en usage, il en resultc un genre de monotor.ie bien moins supportable que celle qui est I'cffet d'une trop longue continuite dc tournures uniformement elegantes , et de sons d'une har- monic toujours pareille.Cessortesdecombinaisons doivent Otre d'autantplus sobrement employees, qu'elles paraissent secarter davantage de I'ordre naturel des idees. De leur usage mod-ere nait I'originalite; leur abus produitle singu- lier et le bizarre. On sc trompciail, au resle, si Ton pcnsail 138 LITTEllATLlllE. que le slyle de JVI. Vieniiet inerite toute I'etendue de celtc critique. 11 sait, quaiul 11 le veut, donncr A ses tournuies de la grace et de I't'legance. On desirerait sculcment qu'il le voulQt plus souvent. Noire but est de le premunir contre 1 alTcclation d'une maniore qui, parfois, d'un heureux effet, peut, par I'abus, devenir un grand defaut. Si nous passons de I'examen du style k celui de la pensee, nous trouverons tout a loner dans les poesies de M. Viennet. Cet ecrivain a mis a profit le prccepte d'Horace qui etablit la raison comme le fondement de tout ouvrage d'esprit. Co n'est plus ici I'un de ces poetes auxquels on est oblige de pardonner leurs opinions, leurs idees^ en faveurde I'exe- cution, cliez lesquels, en louant le style, il fautcondamner le foods. 11 n'est pas du nombre de ces ecrivains qui, re- gardant la poesie eomme une combinaison plus ou moins heureused'images, de sons ct de mots, s'inquictent pen de I'utilite d'un sujet, si ce sujet prCte a des developpemens poetiques; vont cbercher dans les repertoires de I'oricn- talisme des images eclatantes, se plaiscnt i\ revetir des couleurs de la poesie quelque fragment des ecritures, et presentent ce futile travail a des hommes du dix-neuvi^me siecle, qu'ils pretendent ainsi distraire des idees graves, et despensees utiles qui les occupent. M. Viennet a fait preuve d'un jugement sCir et dune raison elevee, en s'ecartant d'un sentier trop facile; il a concu une plus haute idee de la mission du poetc; ct, loin de bannirla politique du do- inaine de I'imagination, il a noblemcnt pense que I'ima- gination et le talent n'ont pas moins que toutes les autres fiicultes de I'homme leur dctte a payer a la civilisation, Mais en meme terns il ctait dignc d'un poete de pen- ser que, si la poesie doit remplir la mission d'eclaircr les hommes, son role, dans des tems de discorde, n'esl point d'irrilcrles passions, ct de courir, Eunicnide sanglante, au LITTERAiURE. 139 milieu des partis, echauffer les discordos et soufllcr la guerre civile. La poesie remplit, sans doute, un role hono- rable et sacre , lorsque, sur la lyre de Tyrtee, elle inspire a un peuple la haine d'une domination etrangere; mais, quand des discordes publiques troublent ces enfans d'une meme patrie, quand tous les membres d'une meme societe doivent detester des combats dans lesquels les vainqueurs sont plus a plaindre que les vaincus , oii la mere com- mune est paitout dechiree par des fils revoltes, le role de la poesie est de calmer I'agitalioa des coeurs, de rappro- cher les esprits, de reconcilier les haines, d'inspirer enfin I'amour de la paix, M. Viennetn'a point ignore ce devoir, et I'a plus d'une fois accompli. Pour moi,dit-il dans son epitre sur I'armee : « Pour moi , dont les taleos , voues a ms patrie , Out toujours des partio combattu la furie, Moi qui, df-puis viugt aus, celebrant nos hauts fiiils, Voudrais uuir ensemble et la gloire et la paix , Puisse-je etre euteudu des guerriers que j'admire , Inspirer a leur coeur ce que mon coeur m'inspire, Le mepris des ingrats qui pensaieut les fletrir, Et I'horreur des medians qui les veulent aigrir! » Lorsqu'en i8i5, les troupes etrangeres occupaient notre territoire, M. Viennct osa s'adresser a I'empereur de Russie, et lui faire entendre le langage d'un Francais. II lui representa noblement les devoirs qu'un trone impose, et ceux que la victoire meme commande ; il conseilla a ce souverain de donner a scs allies I'exemple de la mo- deration. tt Commence, fils des czars , ils suivront ton esemple; Songe qu'en ce moment I'histolre le conteraple ; Qu'un jour, pre'cipile du faite des graudeurs, Sans sceptrCj sans arnic'c , ct surtnut sans flalleujs_, lAO LrniillATUllL-. Aux sicclcs ii venir , prt'senlt- par I'histoii e , Til dois a leiir justice expofer la iiit'iiioire. Quels que soicnl tin pniivoii- ct la prospcrite , Til nnqiiis Ic vassal ile la poslerile. Malheur aux souverains donl I'ovgueil la dedaigne 1 D'uu ail incorniptlble elle juge leur rcgiie ; S'ils fureut des liuinaius I'horreur et la lleau , La honte pour jamais s'assied sur leur lomLeaM, Lc moudc avec elTroi s'elilvetieiit de leur vie ; L'elernilc pour eux est loute igiionilnic. Mais un roi qu'elle lionore, et donl le peuple en deuil A rcgrellc les lois et suivi le cercueil , Aux princes de la terre est ofl'erl pour modele; Les arts pareut son fionl d'une palaic iuiniorlelle , La lond)C n'est pour luL que la porte des cieux , L'liomniage des morlels I'eleve au rang des dieux. » riub lard, U. Viennet s'adressc au roi d'Espagne, qu'il cliorchc ii preniunir conlrc les flatleurs et contre les per- fides conseillers. « C'est Dieu, liii dif-il, qui t'inspira le dcssein d'asseoir la liberie sur le trOne. « Sans cralute et sans regret supporte sa vicloire ; Elle fit ton salut, elle fera la gloire. Loiu d'attaquer les rois , elle seule aujourd'hui Des troncs ebraule's pent devenir I'appui; Ses amis sontles ticus , vos inlc'rets vous lienl , De ses enriemis seuls que les rois se detienl. Jc sais par quels discours iis out pu t'egarer; De rintercl public , adroils a se parer ; c Des etats , discnt-ils , les nouvelles doctvinca « Les couvrent let au tard de sang et de rulnet. ■ '< Un roi ne peul borner, sans trahir des aieux , « Cet absolu pouvoir qu'il a recu des cieux. (^ Le peuple, en ses desirs, tou jours insatiable, u Ne tient pas compte aux rois des bieus donl on I actubK ; « II n'arrache uxi bienfait que pour en abuser, « 11 n'alTaiblit Its rois que pour les , cartonne, 8 schellings , avec un portrait. 1 3. — Metrical Legends of exalted characters. — L6gendes en vers sur quelques personnages distingues, par Joanna Baillie. Londres, 1821 , 1 vol. in-S" de 570 pages. L'auteur de cet ouvrage jouit depuis long-tems en Angleterre d'une reputation merit6e. Ses ouvrages dramatiques , dans lesqueU elles'est attachee k mettre successivement enjeu toutes les passions, I'ont plac^e au premier rang des poetes anglais. Sa po^sie , forte de pensees, est remplie d'energie ct d'enthousiasme. Les legendes que nous annongons sont au nombre de trois. La premiere celebre le grand caractere et le noble devouemenl du heros de I'Ecosse, Wil- 150 LlVllES ErUAiNGERS. liam Wallace ; c'cst un rtrit fidfelo dcs principaux Ovdnemens de la vie de ce patriote. Ge pocmc est d'une simplicity ct d'une beaute remarquablcs; la fin tragique de Wallace et les souvenirs qu'il a legucs 6 sa palrie y sont depeints avec une grande sensibilile. Le buros de la scconde lugendc est Chiistophe Golonib, qui unissait i rindcpendance de pensccs d'ua vrai philosophe, i la sage intre- pidite d'un chef ct kt I'ardeur aventureuse d'un voyageur, la dou- ceur et rhumanite du clirctien. Ses projets, ses voyages, la revolte de son equipage , la decouverte de rAmerique, ses relations avec les naturels du pays, son retour en Espagne, I'ingratitude de ses com- patriotes, ses revers, ses malheurs , ont Iburni k I'auteur une suite de tableaux aninies et plcins de sentiment. Des reflexions jnspirees par la vije de la tombe de Colomb terminent cette composition poetique. Le sujct de la troisieme legende est le caractere noble et clev6 d'une femnie, dont le nom est inconnu dans I'bistoire , lady Griscld Baillie, mais dont les vertus dounent I'idee de la perlection. Ge potme, quoique inlerieur aux deux autrcs, est cependant une production trcs-distinguee. L'auteur a joint aux legendes quatre bal- lades , dont la poesie , beaucoup plus correcte , se rapproche , par sa simplicite et par son charme, des ancienncs ballades anglaises. On assure que le libraire qui s'cst cbarg6 de publier cet ouvrage I'a paye k I'auteur la somme exorbitante de mille livres sterling. Ce siecle est leellement I'iige d'or des poetcs anglais. L. S. i4- — jfhilibert , a poetical Romance. — Philibert, roman poe- tique, en six chants, par Thomas Colley Gbattan. Londres, 1820. Longman, Hurst, Rees. 1 vol. in-S" de 288 pages. Le sujet de ce poeme est emprunte aux Causes celebres : la scfene se passe en France. Une poesie facile, des tableaux gracieux et des scenes interessantes ont valu it I'auteur d'bonorables succis. i5. — Giouanni Sbugarro. — Jean Sbogar, conle viinitien , imit^ du francais par Percei-al Gordon. 2 vol. in-iu. Londres, 1820. Baldwin. 12 scL. 16.— ies Ogres du seizieme siecle, contes de Fees, par Madame- D*". in-i2. Londres, 1S20. Baldwin. 17. — Such is the world.— Le monde trl qu'il est. Londres, 1821. Limbird. 3 vol. in-i'j.; prix , 2 guinees. Les caractcrcs de.i pcrsonnages de ce roman , depuis le due jus- LIVKKS ETriANGEIlS. ilA qu'au gar(^on d'auberge, sont peints avoc une fidtlite qui prouve une parfaite connaissance du monde , un grand esprit d'observation et un tact fin et dilicat. On n'y trouve pas non plus de ces allusions grossieres , de ces plaisanteries indicentes , qui souillent trop sou- vent les ecrits de ce genre. La vertu et le vice y sont repr^sentes sous leur veritable aspect, de manitre a faire aimer Tune et hair I'autre. Ce but moral, loin de nuire a I'interet, ne fail qu'y ajoutcr. iS. — The Mystery, or forty years ago. — Le Mystfcre , ou il y a quarante ans. Londres, 1820. Limbird, 3 vol. in-i'i. ig. — Calthorpe, or fallen furtunes. — Cahhovpe , ou les revers de fortune, par I'auteur du ili/^VtVtf. Londres, 1820. Limbird, 3 vol. in-ii. Ces deux remans , ecrits par le mume auteur, et publics k tres-pcu de distance I'un de I'autre , difTercnt essentiellement par le plan et par les details. Le premier est fonde sur des fails historiques, auxquels se rattache une intrigue qui ne manque ni d'inttret ni de verity. La scene se passe en 1780; les moeurs de Londres, i cette lipoque , y sont retracees avec fidelite. Dans Calthorpe , on a essaye de peindre des scenes de la vie, d'une nature tant6t grave, tant6t comique ; I'as- sassinat d'un des principaux pcrsonnagcs du roman, soupconne de s'etre suicide , est un des grands ressorts de Taction. L'auteur a Toulu imiter Walter Scott, mais il a echoue dans celte entreprise. rOLOGNE. 7.0. ~ If'yktad leoryezTio-praktyezny , etc. — Traite theorique et pratique de I'art de fabriquer les eaux-de-vie et liqueurs , par A. DuNiw. I vol. in-8.° fig. Varsovie. Glucksberg, 1820. Get ouvrage est une bonne compilation de ce que contiennent les derniers et les meillcurs ouvrages frani^ais el alleniands qui trailent de cette matiere. 21. — Ballady i piesni, etc. — Ballades de Sciiilleb , traduitesen vers polonais par J. N. Kamiessri, in- 12. Leopol. Wild. 1820. C'est une traduction fidfele et bien versifiee des principaux poemes de SchiUer. 22. — Fisma JVlasne , etc. — CJEuvres de A. Feunskt. Tome II , in-S". Varsovie, N. Glucksberg. 1821. Ce volume renferme trois tragedies, qui ont 6le publiees, apres la la mort de M. Fclinski, par sa famille ; savoir: Barbara , Iragedie po- 152 LIVRES ETllANGERS. lonai&e; la traduction du lihadamiste de Cr6billon , et celle de yirginie , tragedie d'Alficri. Le premier volume de cette collectioa, public en 1816, contient une traduction de I'Homme des champs , de Delille , et quclqucs morceaux en prose. M. le comte Gustave Olizar, un des amis du d ^us le rapport de ses volcans , de ses sources cbaudes et de ses mines de soufre , par C. Gartlieb-Fbevbehg , 1819, in-8". Si ce petit livrc est recommandable , ce n'est pas precisement sous le rapport geographique : il y a des cboses utiles, mais clles appar- tiennent pour la plupait h. Olassen ou J» Mackensie ; souvent meme elles sont tiroes de sources moins connues. La description des grands et petits volcans {Hrauns rt Jokuls) presenle beaucoup d'interct ; seulement, I'histoire de icurs eruptions est fatigante par sa minu- lieusc exactitude. L'auteur cite un passage du livre de Bedemar sur hsproduils volcaniijues de f Islande Ce passage est assez singulici pour nieriter de trouver place ici. « On peut comparer foute Pile a uti vaste loit pcrcc par une infinite de chcminees q>ii s'el^venl d'un foyer conimuu . d'oii so. degage sans cessc et avec violence un calo- rique toujours rtiiaissant. . Ceux qui vculcnt sc livrcr ^ I'^ludc des LIVRES ETRANGERS. 155 phenomenes volcaniques feront bien de visiter I'Islande. Cette ile sera pour eux une teiTe classique ; il s'y forme d'un moment a I'autre des volcans qui disparaissent aussi promptement. Un homme ayant creuse la terre , il en sortit des flamnies qui causerent de grands de- gats. Un autre , prevoyant une Eruption a Tendroit meme oil etait sa maison , la demolit et la releva plus loin , et I'eruption eut lieu. Les habitans sont avertis de ces sortes de visites par le bruissement des eaux dans les puits. L'ouvrage de M. Gartlieb contient des clioses fort instructives sur les sources chaudes , sur les sources bouillantes , sur le soufre , etc. Ph. Goleehy. i6.—Entdeckungs Reise , etc. — Voyage de decouvertes dans la mer dn sud et au detroit de Bering, pour trouver un passage par le pole septentrional, fait en i8i5, 1816, 1817 et 1818, aux frais du comte de Romanzoff, chancelier de I'empire rujse, sur le vaisseau le Rurick, sous le commandement du lieutenant de la marine impe- riale de Russia , Otlon de Kolzelue ; 3 vol. in-4.°, avec planches, la plupart coloriees, et 7 cartes terrestres et maritimes. Berlin, Co- penhague , Ilambourg. On trouve dans cet ouvrage, i ." une introduction par M. dk Kbdsens- tern; 2.° une revue des voyages entrepris pour decouvrirun passage par le pole arctique, par le meme; 5.° un expose general des travaux faits durant le voyage actuel , relativement k Tastronomie et a la physique, par M. de Horner ; 4.° la premiere partie de la description historique de ce grand voyage. Le second volume contiendra la seconde partie de I'histoire de ce voyage ; la description des iles nouvellement decouvertes dans le grand Ocean, par les hommes du vaisseau le Rurick, et le tableau des maladies qu'ils ont eprouvees pendant leur navigation , par M. le docteur Eschsschelz. On tronvera dans le troisi6nie volume les observations et les de- couvertes des naturalistes employes sur ce vaisseau pendant le cours du voyage ; cette derniere partie a ete redigee par M. Adelbert de Chamisso. LAivjririAJs. 27. — Gemdhlde aus dem Zeitalter der Kreuzzup;e. — Tableaux du tims des croisades. 1821. Tom. I, grand in-S" de 628 pag. Prix, 12 fr. Les recherches historiques les plus profondes sont exposees dans es, et Ton a recours aux apparitions nocturnes; mais il persiste dans sa resistance. Lasse de ses tentatives infructueuses , le Saint-Office , apres huit mois , par grace speciale , et en conside- ration de I'ambassadeur anglais , voulut bien ne le condamner qu'i deux cents coups d'etriviere (qu'il recevrait en public pour I'cdiQca- tion du prochain) et au bannissement perpetuel. Le Saint-OfBce retint aussi 2000 piastres sur I'argent d'Isaac Martin , apparcmment pour prix du cours de tbeologie dont on lui avait orn6 I'esprit pen- dant sa detention. La femme de ce inalbeureux ntgociant avait aussi eprouve des persecutions , et tous deux se haterent d'executer la sentence de bannissement, centre laquelle sans doute ils n'avaient pas envie de rcclamer. Apres ce recit, M. Habenstreit a place des details sur la procedure usitee a I'inquisition ; il cite un grand nombre d'actes arbitraires et cruels , quitous sonttires del'excellent ouvrage de M. Llorente. Ph. Golbeby. 29. — Die Agape, oder, etc. — L'Agape ou la ligue secrete des Chre- tiens, fondce sous le regue de Domitien , par Clement de Rome; exposee par le docteur A. Kestner. lena, iSig. In-S" de 556 pag. M. Kestner a fait quelque bruit en Allemagne, par cet ouvrage, qui a beaucoup jnteresse les francs-ma!;ons, parce qu'il tend a faire remonter leur origine jusqu'aux premiers tems du christianisme. II est vrai que quelques masons remontant jusqu'a Salomon; mais ils conviennent que cette premiere epoque presente quelque obscurite. Voici de quoi il s'agit dans le savant Memoire du professeiir d'lena. L'auteur, en etudiant I'histoire ecclesiastique,fut frappe de cerlain^s expressions mystiques employees par les premiers ecrivains Chre- tiens, et qui paraissaient se rapporter a quelque ligue secrete. Une fois prcoccupii de cette idee, il hit plus attentivement tous les ou- vrages du tims,eti la fin il trouva, ou crut trouvcr les preuvcs les plus ccrtaines de I'existcnce et des progres d'unc ligue secrete qui, scion lui,fut fondee par un sectaire ardent et cntreprenant, Clement • Ia6 LIVUES ETRANGERS. de Rome, etdont le but etait A la fois religieux , politique et phi- lautropiquc ; c'clait la regeneration de rhumanitfi. II faut dire que ftl. Kestner a beaucoup puise dans les livres rejet^s comme apo- cryphes par I'eglise. Peut-etre a-t-on en effet trop n^glig6 cette source de rcnseignemens sur les premiers tems du christianisme. La ligue coniprcnait, suivant M. Kestner, sous le nom d'^gape (charit6), des Chretiens , desjuifs, etmemedes paiens. Les riches secouraient les pauvres ; des afliliations se formaient dans les provinces de I'em- pire romain. Clement donna a la ligue des symboles et des consti- tutions ; il falsifia les ecrits des aputres pour les adapter i sa societe secrete ; les initiations se faisaient par des cpreuves ; les symboles etaient empruntesde I'architecture et de la ma(;onnerie. Des le com- mencement du dcuxieme siccle, M. Kestner suppose deji a cet ordre secret un million de sectaires, divises en plusieurs classes ou grades. Si les empereurs exercerent des persecutions si violentes centre les Chretiens, c'est que cette ligue secrete mena(^ait leur despotisme. 11 y cut aussi dans Tassociation meme de violentes scissions , qui en causercnt la dissolution. Une question qui se presente d'abord & la lecture de ce livre , c'est celle-ci : comment se fait-il que personne n'ait jamais entendu parler de cette ligue, dont M. Kestner donne une histoire si d^taill^e f II faut que les auteurs qui se sont occupes de I'histoire ecclesiastique, aient ete'bien aveugles, ou que M. Kestner posstde une sagacite extraordinaire, pour decouvrir une histoire entiere dontonn'avait pas la moindreconnaissance. Aussi les critiques allemandsont-ilsvivement attaqu6 le systeme de I'auteur. lis le blamcnt d'avoir bSti une hypo- these , et d'y avoir rattache des fails qui ne sauraient s'y rapporter. Par exemple, saint Ignace exhorte les Romains dans une lettre, au nom de V^gape, d'etre unis. M. Kestner voit dans ce mot sa ligue secrete; avantlui, onn'y avait vuquela charite cbretienne. De meme, daus le martyrologe de Clement , il est dit qu'il avait eu Ji cceur d'unir chretiens et paiens dans I'agape ; c'est encore la ligue qu'on veut designer, suivant leprofesseur d'lena. Les constitutions aposto- liques sont, d'apres lui, les statuts de I'ordre secret; mais celles que nous avons sous ce nom ontete forgees au quatrieme siecle, et niises a la place des auciennes. Nous ne pouvons developper davantage ce sujet. Les carbonari d'aujourd'hui interessent maintenant le monde plus vivement que les carbonari do I'ancien tems, que M. Kestner 1 LIVRES ETRANGERS. 157 crolt avoir retrouves. II serait pourtant dommage que son ouvrage, oil rerudition est piodiguee , ne fit que I'expose d'une chimfere. D-G. 3o. — Tripartilum , seit de analogid linguarum libellus. — De I'analogie des langues. Vienne, 1820, in-4° , oblong, de 200 pages, divis6es en cinq colonnes. Cot ouvrage important par son objet, qui est de comparer le ma- teriel de beaucoup de langues , est une table assez elendue d'un choix nombreux de mots allemands des principaux dialectes , compares avec des mots analogues de divers dialectes de I'esclavon, et des deux langues grecque et latine , ainsi que de plusieurs dialectes qui en sont derives. Tel est le contenu des trois premieres colonnes qui ont fait intituler I'ouvrage iripartiluni {opus^. Une quatrieme co- lonne presente des mots analogues a ceux des trois premit-res tires des langues orientales et d'autres langues encore, comme I'egyptien, le hongrois, lelapon; enfin, la cinquieme contient des renvois et des observations relatives Ji differens mots rapproches dans les quatre premieres colonnes. G'est done reellement un ouvrage quinquepar- tilum. Ce qu'il rassemble sous le meme coup d'oeil est plusou moins utile, mais le serait bien davantage , si I'auteur avait distingue leg Sges des langues principales, et surtout les classes grammaticales et les accidens grammaticaux des mots qu'il a recueillis , et si, plus verse dans la science des langues, il avait pu eviter dans ses rap - procbemens certaines confusions ou mepi'ises evidentes. Quoi qu'il en soit, ce livre, dans un genre qui n'est pas commun , facilite a un certain degre les travaux des linguistes et des philosopbes; mais il faut s'en servir avec precaution et discernement. LAKjniNArs. 5i. — Noi'us Thesaurus philologico criiicus, sive Lexicon in LXX et reliquos interpretes graecos ac scriptores apocbryphos veteris Testa- menti, post Bielium et alios viros doctos, congessit et edidit Johan. Frederich Schleusneb. Pars prima, grand in-8">. Lipsiae, 1820. En 1786, I'auteur publia des essais qui firent des-lors desirer un travail plus complet. Depuis trente-quatre ans , il a travaille sans ."eleiche a I'execution de son plan. Non content d'avoir reproduit et revu le travail de Biel, il aconsidirablement augmente lenombre des mots et des locutions hebraiques expliques par son predecesseur; il les a compares au grer, en y ajoutant des rcmarques de tout genre. 158 LIVRV,S I:TR ANGERS. M. Schlcusner a mis i profit nn grand nombre de rariantes, cntrc aiitres celles de Holmes. Enfin, I'on pcut dire avec justice qu'il a faitun livre indispensable i ceux qui veulent connaitreles saintcs Ecritures. Neanmoins, on lui reproclie de n'avoir pas mis assez de methodc dans la division des matit;res ; de n'avoir pas etale autant de ri- chesses pbilologiques que Fischer dans son Specimen clafis, ver- sionum grcecarum veleris Teslamenti. On forme des voeux pour que M. Scbleusner accelire la publication des volumes suivans. Deji on fait en Angleterre une contre-faoon du premier. Ph. Golberv. 02. — National gesdnge der Ilebrder , etc. — Cbants nationaux des Hebreux, traduits et expliques par Char/e.s-Guillaume iisri , 3 vol. in-S". Leipsick, i8o5 ik iSiS. Marchant surles traces de Herder, M. de Justi s'est applique, des les dernieres annees du siecle passe, a nous faire connaitrela liltera- ture bebraique par des traductions elegantes. Avant lui, Alicbrelis et Reiscke avaient donnti de savans ouvrages en ce genre ; mais ces doctes t'crivains ont essentiellement manque de gout , ils ont plus fait pour la science que pour la litterature. La collection de M. de Justi a maintenant trois volumes. Le premier a ete public en i8o3 ; le second, en i8i6; le troisieme,en iSiS. Malbeureusement, I'auteur a fait bien peu de chose pour I'erudition. II I'a traitee comme ses devanciers avaient traits le gout ; il s'est borne i emprunter leurs remarques sans y rien ajouter de son propre fonds, et souvent meme il a emprunte sans cboix. Le litre du livre n'est pas non plus une indication sCu'e de ce que Ton y trouvera. Les cbants traduits par M. de Justi ne sontpas, a proprement parler, des cbants nationaux ; ce sont des morceaux choisis parmi les plus beaux de I'ancien Tes- tament , tels que la benediction de Jacob , les adieux de Moise , la prolongation du jour de la victoire , etc. ; mais le lecteur ne perd rien a cette inlidelite du titre. Ph. Goluery. 53. — Callimaclii ITyntni el Epigrammata , edidit et indice philo- logico instruxit Volger. Lipsise 1817, in-S". Cette edition est destinee a remplacer dans le commerce celle de Lcesner, comme celle qui a paru en Angleterre, en 1S19, devait tenir lieu de I'edition d'Ernesti. II y a cependant cette difference, que I'editeur anglais a donne au public un livre expedie avec precipi- tation, tandis que M. Volger a dfcs long-tems prepare son travail. Aussi promet-il sur Callimaque un cuvrage plus etcndu. L'auteur LIVRES STRANGERS. 159 parait capable de bien trailer son sujet ; espeions qu'il y aura nioins de negligences dans son nouveau Commentaire , et qu'en paraissant expliqucr des difficultes, il ne se bornera plus a faire disparaitre quelques virgules. Esperons aussi qu'il reconnaitra que son style latin n'est pas assez chatie, et qu'il t4chera d'ecrire plus purement cette langue. Ph. Golbeey. 34. — Joh. WiMKELMANHS TFerkc. — CEuvres de Jean Winkelmann. Dresde 1820, 1 vol. in-S". On a fait, dans ces dernieres ann6es, a Dresde, une edition des teuvres de Winkelmann, edition digne de ce celebreantiquaire. Coni- mencee par Fernow, elle a ete continuee, apres la mort de cet artiste, par Mej'er et Schulze. Le S" volume, qui la terniine , contient une table generale des matieres, une table des auteurs qu'il a cites. Les lettres de Winkelmann n'ont pas ete comprises dans cette edition; I'editeur annonce qu'il laisse aux suffrages du public a decider si la correspondance du savant antiquaii'e fera suite a ses tsuvres. 35. — Ueber ferbesserung der niusikalischen Liturgie , etc. — Sur ramelioration de la liturgie musicale dans les eglises protes- tantes,parG. Fbantz , in-S". Halberstadt, 1S19. Vogler. SUISSE. 36. — Prodrvmus d'une monographie de la famille des Tfype- ricinees, par J. D. Choisy, membre de la societe helvetique des sciences naturelles , in-4° de 9 feuilles et demie , plus 9 planches. Imprim. de J. J. Paschoud , i Geneve , 1821. A Paris, cbez Pas- choud. Prix, 6 francs. 57. — Discours d'oat-'erture de la session de 1820 de la societe helvetique des sciences naturelles, siegeant a Geneve, le aS juil- let 1820, broch.de 22 pages. On y trouve des details interessans sur les travaux de divers mcmbres ou correspondans de cette societe savante , et notamment sur feu M. Jurine. "hS.—Ercsstnungsrede der Jahresversammlung der Schweizeris- chen Gesellschaft, etc.— Discours d'ouverture de la stance annuelle de la sociele Suisse generale pour les sciences naturelles ; prononce le 6 octobre 1817, par le docteur et conseiller d'etat Ustebi. Zu- rich, 1817, Sg pages, in-8». •■>9. — ErcEStnungsrede ,tic. — Discours d'ouverture de la seance an- 160 LIVRES ETRANGERS. nuelle de la sociite Suisse, etc., par le docteur et jiige d'appel Zoi- LiKOFEB. Saint-Gall, 1819, 48 pag. in-8». On a eu une tres-bonne idee en Suisse pour suppleer au defaut d'une academic des sciences, qui ne saurait subsister dans une con- federation de petits 6tats republicains oii 11 n'y a aucune capitale ; c'est de former, de tons ceux qui cultivent les sciences naturelles , une societe generale qui ne s'assemble qu'une fois par an , et alter- nativement, dans les principales villes de la Suisse. II y a deux ans qu'elle comptait deji 5oo membres, et peut-etre en a-t-elle davan- tage aujourdiiui ; on pense bien que ce ne sont pas tons des savans du premier ordre; la Suisse serait plus riclie que de grands etats , si elle comptait 5oo naturalistcs ; la plupart ne sont que de simples amateurs, ^t le nombre des veritables savans se reduit peut-etre au dixieme de toute la societe. Ses seances ont commence en i8i5. Cette meme annec, elle se riiunita Geneve, enassignant pourrendez- vous de I'annee suivante la ville de Berne; en 1817, 1818 et 1819, les membres se reunirent successivement 4 Zurich , Lausanne et Saint-Gall. A chaque reunion generale on propose un sujet de prix; \m membre, pris dans la ville oil est le rendez-vous de la society, la preside, et prononce un discours qui contient ordinairement un rapport sur les travaux annuels ; peut-fitre cette derniere tache con- viendrait-elle mieux k un secretaire pSrpetuel, comme dans nos academies. Les deux brochures dont nous venons de transcrire les litres , contiennent les discours d'ouverture , prononces dans les seances tenues a Zurich et a Saint-Gall ; nous n'avons psis rec^u les autres. Nous suivrons rapidement les deux discours de MM. Usteri et Zollikofer , dans leur resume des travaux des savans suisses. M. Usteri parcourt successivement les divers cantons; dans celui de Berne , il est question de rpprendre la publication du Musee Suisse d'histoire nalurelle , dont il a paru six cahiers in-4°. M. Se- ringe continue defairc, pour des amateurs, a des prix modiques, des herbiers propres a faciliter I'etude de la botanique; le public a ac- cueilli favorablement le travail utile de M. Kasthofer sur I'economie forestiere des Alpes. L'auteur en prepare une seconde edition; il a aussi le projet d'etablir une 6cole forestiere et rurale dans les Ilautes- Alpes. Le bcl etablissement de M. de Fellenbergallofwyl est connu et appricie ; le respectable directeur depose ses observations et ses perfectionncmens des precedes et des outils d'agriculture , dans le» LIVRES ETRANGERS. Ifil feuilles d'iconomie riirale de Hofwyl, qui paraissent par cahiers. Ua de ses collaborateurs , 1^ docteur Schubler, y a insert aussi les resul- tats inttressans de ses observations sur les qualites physiques de la terre et des substances qui entrent dans la composition du lait; rt- sultats qui prouvent de quelle utilite la chimic peut etre dans I'eco- noniie domestique. , Dans le canton de Fribourg , la soclete n'a qu'un seal membre, le conseiller d'etat Bourquenoud, qui s'cst occupe d'enrichir la Flore Suisse de nouvelles especes ; la societe economique de Fribourg a cesse , depuis quelques annees, de publier ses mtimoires; mais on sait que les proc6des de Hofwyl ont ete iniites en plusieurs endroits du canton. Oans le pays de Vaud , la politique a long-lems occupe presque ex- clusivement les citoyens; ils reviennent maintenant aux sciences, et ic canton a de bonnes institutions pour les perfectionner. La societe d'agricultureet d'economie continue &cs feu i lies m\[e.s; M. Cbavannes etend sans cesse ses collections zoologiques, dont la partie ornitho- logique a presque atteint a sa perfection; on attend de M. Gaudin une Flore Suisse ; M. Lardy a soumis a la societe generale des obser- vations sur les gites du gypse dans la valliie du Rhone et dans le baut Tessin , ainsi que sa description du corindon, fossile rare de Campo- longo, dans la vallee du Tessin. — Dans le Valais et dans le canton de Soleure , I'histoire naturelle attend encore des observateurs labo- rieux. II n'en est pas de menie a Geneve , oil toutes les sciences hatu- relles sont cultivees avec zele , ainsi que I'attesle la Bibliotheque univenelle, publiee dans ce canton. Geneve a de belles collections, et des professeurs qui font honneur a la science. La societe patriotique du canton de Neuch5tel, oil le dicton an- cien , bene vixit qui hen." Liluil , parait etre une maxime d'etat, distribue, chaque annee, des prix pour les meilleures statistiques des vingt et une juridictions de la principaute. La ville de Neuch.1tel doit au general de Meuron une jolie collection d'liistoire naturelle. Bile a ri'genere son antique universite , et son ancienne societe de naturalistes, qui a public de bons menioircs , a ete remplacee par une societe cantonale. L'Argovie se distingue , parmi les cantons suisscs , par I'exccllentc organisation de sa sociele savante et litti raire , qui a ellr-nii-inc de." TOMU X. U !I(J2 LIVRES liTRAlSGERS. soci6les affiliecs dans les principaiix endrolts du pays. L'line dcs cinq' classes dans lesquelles die est divisee se consacre aux sciences , et correspond avec lessociclesetrangeres. On public, danslaville d'Aran, dvsarchifes de medecine , chirurgie el pJiarinacie. 11 s'est forme, a Lucerne, une societe savante, divisee en cinq classes, comme celle d'Argovie. Le docteur Attenhofer est auteur d'une topographic medicale de Saint-Petersbourg. Dans les petits cantons d6mocratiques de I'interieur de la Suisse » il existe dcs societes de medecine. C'est dans le canton de Claris qu'on a fonde la colonic de la Linth, apres avoir redress^ d'une manifere trfes-ingenieuse le cours de cette rivifere. Dans le canton du Tessin, aucun savant ne s'est fait remarquer, si ce n'est M. d'Alberti, auteur de la Revue analytique de la grande collection des ecrivains italiens sur I'economie politique, en 5i vol. • Les Grisons n'oflVent aucun travail savant. Le journal que publiait la societe economique de Coire , a cesse en 1S12. On nc pourrait clter non plus aucun travail scientifique des cantons de Saint-Gall, Appen- zell et Thurgovie, quoique plusieurs personnes zelees s'y occupent des sciences; dans le dernier, on a introduitles precedes perfectionnes de Hofv\yl. Dans le canton de Schaffhouse, M. Fischer s'est fait une reputation par scs decouvertes dansla technologic. Zurich a une societe d'histoire naturelle , avec des collections de zoologie, entomologie , ornithologie , botanique et mineralogie, ainsi qu'un observatoire. Le docteur llorncr vient de publier les observa- tions qu'il a faites dans I'expedition du capitaine russe de Krusenstern aulour du monde, et I'on espere que le docteur Ebel achevera son tableau des peuples montagnards de la Suisse. Le docteur Schintz , qui possede des collections precieuses, a annonce des cahiers omitho- lo^iques. M. ZoUikofer va nousfaire connaitre les travaux plusrecens des naturalistes suisses. II public, depuis quelques ann6es, un indi- cateur d'histoire naturelle , qui contient des articles interessans. M. Schintz a commence de publier les descriptions des oiseaux suisses et allemands , avec des gravure? enluminees qui representent, outre les oiseaux, leurs nids et leurs anifs. Le meme a presque acheve la nouvelle edition des Tables phjto^raphiques de Jean Gessner. M. Scringe, dans ses Melanges hotaniques s a traits spe- cialement les roses et les cereales de la Suisse. Rfcmer et Schultes ont donne une nouvelle edition du systeme de Linnee, en Taugnacn- tant des cspcces decouvertes depuis la i3' edition. LIVRES ETRANGERS. 165 Dans le canton de Vaud, la. culture de la vigne paralt etre devenue I'objet d'un soin particulier; il a lite fonde a cet effet des societ6s particulieies A Lausanne et i Kollon ; M. Baup a public un mi- moire sur la culture des vignes de la cole. Une societe d'economie rurale , fondee i Geneve , a fait paraitre le rapport de M. DecandoUe, directeur du jardin de botanique , sur I'emploi des pommes de terra, consider^ comme mojen de soutenirleur culture. A Saint-Gall, il s'est forme egalement une reunion pour I'economie rurale. MM. Pictet et Escher se sent livies a des observations meteorologiques. Le doc- teur Falkner, i Bale, a ecrit une dissertation sur les proportions et les lois d'apres lesquelles les elemens des corps sent niclts, disser- tation dans laquelleil developpe les principes (itablis par MM. Gay- Lussac et Berzelius. Le professeur Struve a fait paraitre des ilemens de geologie. Deux lucdecins ont analyse , I'un les eaux minerales de Lostorf, en Argovie, etl'autre, M. Wettstein, celles de Saint-Mau- rice, dans les Grisons. Les archives de medecine , dont il a etc parle plus baut, sont dcja suspendues ; on dirait qu'aucun journal de me- decine ne peut prosperer en Suisse. Lessoci^tes des sciences naturelles, k Zurich, a Geneve et i Bale, tiennent regulierement leurs seances, et se sont occupees, en 1819, d'un grand nombre d'objets interessans. II s'est form6 des soci6tes semblables a Lausanne et k Saint-Gall. La societe generale Suisse a perdu recemment quelques membres distingut'S, tels que les doeteurs Ziegler, Kocmer et Lavater. Le premier, mort en 1818, est auteur de VHistoire de I'or et de celle des couleurs , tnAmles de l'anglais,et d'une dissertation de diges- tore Papini , 1769. Le botaniste J. -J. Rocmer, ne a Zuricb, en 1763, avait public la Flora Europoea inchoata , qui, etant conrue sur un plan trop vaste , n'a pas ete achevec ; il a donno de nouvelles edi- tions du sj'steme de Linnee , et de la Vlora hritannica de Smith, des insectes de .Fabricius, etc. ; enfin, le medecin Lavater, fils du ccltbre pasteur de Zurich , n'a public , outre quelques articles peu importans, qu'une Introduction a. la cortnaissance anatomixjue du corps humain , 1790. Avant de terminer, nous ferons mention encore d'undiscours que M. Usteri aadresse, en 1820, k I'ouverture des cours de medecine, aux etudians de I'institution cantonnale de Zurich , et qui a et6 public sous le litre de Errinnerungen fur die Siudierenden ( Avie 11* 16A HVKES ETRANGERS am etudians). L'orateur dit, dans ce. discours, que les moyens dc cei ttablissement sont tris-born(:s , et que les professeurs qui se sont charges debon grt descours, ne peuventy consacrer que le lems que leur laissent leurs occupations et leurs places , mais que cette insti- tution peut suffire aujt medecins des campagoes. 11 recommande, comnae Etudes pr^paratoires i la medecine , les langues anciennes , les sciences philosophiques, les mathematiqnes; il y joint de tris- bons avis suria conduite des eleves. Nous avons encore sous les yeux un Comple rendu de I'inslitulion pour les aveuglex ., fondee dans la meme ville par des souscriptions particulieres ; elle renfermait, en 1819 , quatorze eleves qui se rendent utiles par divers ouvrages, tds que tisseranderie, sparterie, vanncrie; on leur enseigne aus&i la musique. D-c. 4o. — La decadence de la nature , discours offert i la societe helve- tique des sciences naturelles , par Db Loges, docteur de la faculte de Montpellier. Brochure de 27 pag. in-8"> (en Suisse). C'est ici un ouvrage syst6matique ; mais comme il est fonde sur beaucoup d'observations, on ne le lira pas sans curiosit6, et peut- 6tre meme sans quelque utility. 4 1. — Notice de la vie el des ecrits de Benedict Preuosl,iiaT Pierre PriJvost. In-S" de 7 feuilles. Imprimerie de Paschoud, a Geneve, iSai. — A Paris et Geneve, chez Paschoud. Prix, 2 fr. 42. — Eugenia von Nordenstem. — Eugenie de Nordenstern ; par M. de Pfister. Aarau , 1820, 2 vol. in-S". Sauerlander. Prix, i4 fr. Cette production merite d'etre dislinguee de la foule des romans ephemeres qui abondent dans tous les pays civilises, et ne servent qu'4 fausser le sentiment du lecteur frivole. 11 en est bien aulre- ment A' Eugenie de Nordenstern, qui ne jouira pas seulement d'une vogue momentanee , et qui causera de justcs regrets ^ tout lecteur dou6 d'un esprit cultive et d'une veritable sensibilite, quand il ap- prendra qu'immediatement apr^s la publication de ce roman, son auteur fut enleve aux lettres par une mort prematuree. M. Pfister a place son action dans la classe la plus distinguee de la societe ; et quoiqu'il ait choisi la forme epistolaire , la narration ne languit jamais. Une profonde connaissance du cocur humain, une richesse inepuisable de pensees et d'observations fines ; une imagination riante ; un esprit penetre de tout ce qui est beau et aimable; rn LIVRES lirilANGEllS, 165 unmol, les sentiuiensles plus nobles etles plus dt-licatsreconimandent cct ouvrage i I'attention d'un traducteur IVan^ais. H-s. ITALIE. \'i. — 2'ai-'ole lof^uritmiche, etc. — Tables de logarithmes jointes aux elemens d'algebre et de geometrie du chevalier Brunacci. Milan, 1820, in-S". Typographic J. et R. L'editeur de cet ouvrage est uq eleve du professeur Brunacci. Quoique jeune encore, il a developpe de vastes connaissances dans la preface dont il I'a eurichi. 44- — Corso di chimica economica, etc. — Gours de chimie eco- nomique; par Giuseppe Givtii , etc. Florence, 1819 et 1820. Leo- nardo Giardetti, 2 vol. in-S". Les observations que Ton trouve consignees dans cet ouvrage sont assez exactes, etl'auteur a su les meftre ^ la portee de tout le monde, par un style i la ibis clair et precis. 45. — Le Opere rf« Buffok, etc. — CEuvres de Buffow ct de La- ci5PEDB,Wa'9uites en italien, in-S°, avec fig. Venise, 1S20. Molinari. 46. — Elemens de physiologie de la nature, ou resultat des re- cherches proposees par I'academie imperiale des sciences de Peters- bourg, sur les proprietes des substances metalliformes des difTe- rentcs terres , et notamment sur le kali , le natron et I'ammoniaf/ue ; par le docteur Louix Fohhi. Turin, 1821. Ghiringhello et Bonaudo, in-S" de 386 pages. Cet ouvrage tres-savant place I'auteur au rang des chimistes les plus distingues de ITtalie septentrionale. 47. — Delia pubOlica amministrazione sanitaria] in tempo di pesle, etc. — De Tadministration publique de la santi, pendant la pcste ; par le senatcur D. Azuni , etc. Cagliari, 1820. Imprimerie royale , in-S". L'auteur demontre la necessite de reunir dans un mOme ouvrage tons les reglcmens relatifs i la sanle publique en Europe. II indique toutes les attributions particulieres d'un magistral de sante, les lois qui regardent la police qu'il faut exercer en terns de peste, et les precautions a prendre pour en prevenir et en arreter la propagation. Une partie de rouvrage est consacrec a Texanien des reglemens generaux , concernant surtout I'administration de la sant^ dans les 166 LlVllliS ETIUNGERS. ports oil il existe des lazarets. On trouve dans co traitc des dttailis d'une utility generale. 48» — Joannis Cabmignani in Pisana Academia anlecessoris juris criminalis elementa. — Elemens du droit criminel , etc. Pise, 1819. 2 vol. in-S". L'auteur, en publiant les elemens du droit criminel, s'est t:tudi6 aeviter les deux extremes oil sont ordinairenient tombes les ecrivains quienonttraitejusqu'ici, c'cst-a-direl'exccsde I'esprit philosophique et la servilite de la routine du barreau. 11 a tacbe de reduire les theories de la sftrctepublique et privee enun systeme de principesscientifiques, d(iduits, avec un ordre analytique, de la nature de rhotnme et de la society. On trouve, combinees dans son ouvrage, deux especes de recberches, celles qui appartiennent a la science de la legislation, et celles qui concernent la jurisprudence. II est divise en quatre livres. L'auteur developpe , dans le premier, ia theorie generals de I'impu- tation du delit et de la sanction p6nale ; dans le deuxieme , il expose ce qui regarde la foi ou la probability juridique ; dans le troisiime , I'application de ces trois theories i chaque classe de delits ; et dans le quatrieme , il donne la theorie des moyens non coacif^^ t^zv les- quels on previent les delits. L'auteur, tantot tire profit des doctrines des plus illustres ecrivains dans ce genre , tantot corrige ou rectifie leurs ppinions. Sous ce rapport, il expose et ameliore ce qu'onten- seigne de mieux Montesquieu , Beccaria , Filangicri , Blackston , Bexon , Romagnosi , Bcntham , etc. 49- — Chiafe dell' Apocalisse di S. Giovanni, etc. — Clef de I'Apocalypse de saint Jean , veriCee par son accord avec I'histoire ecclesiastique , et par la facilile d'y decouvrjr le vrai sens des pro- pheties; par F. Ricahdi, d'Oneglia. Genes, 1820, in-12. M. Ricardi espcre prouver que certains heretiques se sont beau- coup trompes dans ^interpretation de ce livre, qu'on avouluregarder comme propbetique, et qui , peut-etre, n'est qu'un rccueil de pieces symboliques que jouaient dans leurs societes secretes les anciens Chretiens, i I'exemple des Hebreux cux-memes. Au restc, M. Ricardi nous a convaincusque siNevi'tonet les heretiques ont mal reussidans ce genre d'interpretations, les catboliques et lui-meme n'ont pas obtenu un plus grand succis. 5o. — Dell'illuslrazione delle lingue anliche , e moderne etc. — Tra- Taux sur les langucs ancienues et modtrues , et principalement sur la LlVllES ETRANGEKS. 1(37 languc italienne, i'aitsparlesltaliens, pendant ledix-liuitieiiiesiecle; par Cesar Ldcchesimi. Lucques, 1819, chez Francois Baroni. Get ouvrage est divise en deux parties ; la premiere traite de la langue italienne et des autres langues modernes de I'Europe ; la seconde , des langues anciennes et de celles des langues modernes qu'on appelle orientales. L'auteur a voulu montrer , et peut-etre a nieme exagere les richesses des Italiens dans ce genre de travaux. On rencontre souvcnt dans son catalogue des noms qu'il aurait ete mieux d'oublier. llcroit pouvoir conclure deson long discours histo- rique : 1° que les Italiens ne doivent pas etre rcgardes comme in- ferieurs aux etrangers , en ce qui conccrne I'litude de leur propre langue; 2° que les Allemands, lesHoIlandais el les Anglais surpassent lesltaliens,ence quiconcernelestravauxsur la langue grecque; 3° que les Italiens se distinguent, ci leur tour, par leurs traductions du grec ; 4° qu'ils sont superieurs a toute autre-nation dans I'etude de la langue latine ; 5° et qu'ils ont de quoi disputer aux autres la gloire de la culture des langues orientales. On a fait un reproclie a l'auteur de, ce qu'au milieu de toute I'erudition qu'il a deployee, il n'aparle, ni de la langue gothique parmi les anciennes, ni de la langue slave parmi ies modernes.- 5i. — Vita di Melchiorre Cesarotti, etc. — Vie de MelcUior Cesa- rotti;parG. A.M. Milan, 1820, in-S". Impiimerio de la Societe des classiques italiens. Cette biographic precede les ouvrages choisis de Cesarotti, qu'on public k Milan dans la belle collection des classiques italiens. Le merite de cette production consiste dans la purete et la simplicite du style , dans la verite et le piquant de la pensec, dans Ic choix de I'erudition, et dans la justesse des jugonieus par lesquels l'auteur apprecie les ouvrages du celebre Cesarotti, a qui I'ltalie doit savoir gre d'avoir port6 dans sa litterature I'esprit de la philosophic. 52. — Istoria della vercellese letteratura eda/ti, etc. — Ilistoire de la litterature ct des arts, de Vercelli, etc., par de Gbegory. Turin, 1820, chez Chirio et Mina. La premiere partie^de cet ouvrage est divisee en cinq grands ta- bleaux. Le premier presente I'etat dc la litterature dans les siecles I''', , II' etIII'', jusqu'auregnede Constantin. Lc second coniprendles l\' et V« siecles, jusqu'ii la chute de I'empire d'Occldent. Le troisitnie expose i'etat des trois siecles suivans (VI, VII ct VIII) ; ct Ic qua- 168 LiVttES ilTllANGKllS. trieme s'etend jusqu'au XI I" siecle; enlin, le ciiiquiiiiiie tableau expose la renaissance dcs sciences ot des arts an XIll' sicclc. Tciit- Ctre I'auteur donncra-l-il, dans un autre volume, I'histoire lilteraire des sieclessuivans, jusqu'ii nos jours. Nouslui recouimandonsplusd'cxac- titude fit de correction. Mais quand les italicns , deja assez riches en bistoires litlOraircs, s'occupcront-ils de celle de leurs grands citoyens, qui pourrait intercsscr encore plus que celle de la plupart de leurs litterateurs ? S3. — La Vila uniana, etc. — La Vie bumaine, poeme de Samuel Rogers, traduit en italien , avec des annotations, par ViUorio'Pk- ciOTTi. Turin, 1820 , in-8°, chez la veuve Pomba. C'est le traducteurde Lalla Rookh qui a donn6 la nouvelle traduc- tion que nous annonrons. Nous necroyons pas qu'elle nierite les eloges que lui a prodigues la Bihliotheque italienne (IN" LIX, page 266}. II nous scmble que, dans cette occasion , elle a 6te moins severe qu'en plusieurs autres. 54. — Ildegonda Nui-ella , etc. — Ilildegonde, conte de I'avocat Tommaso Gaossi. Milan, 1820, cbez Yinccnzio Ferrario. Cette nouvelle, ou ce conte , didere par son etendue de ceux con- nus jusqu'ici. 11 contient 289 oWoct;, et est divise en quatrc parties. Les romantiques et les classiques, occupes souvent h disputer plut6t sur les mots que sur les cboses , ne sont plus d'accord sur la qualifi- cation de cette production litteraire, quiparait auxuns ingenieuse, et aux autres bizarre. Quels que soientl'etendue et le titre d'une compo- sition , c'est I'interet du sujet , c'est I'art de Ic developpcr , c'est la beaute du style qui decident de sa nature et de son mtrite. On a dit que les romantiques ne connaissent point de mesure dans leur genre ; mais manque-t-il d'exemplcs dans I'ecole classique auxquels ils puis- sent appliquer le meme reproche ? Que ces deux ecoles s'entendent un peu mieux , et lorsqu'ellessc combattent, et lorsqu'elles negocient. Peut-etre n'est-ce plus que des mots qui mainticnnent leurs divisions, dont une analyse inipartiale et comparative demontrerait I'illusion et le ridicule. 55. — Enclclopedia metodicacritico-rac^ionala delle belle arti , etc. — Encyclopedie methodique, critique et raisonnee des beaux arts , par I'ahbe Pietro7i,\t{i. Parme , :Si5 , imprimerie ducale. C'est en iSuj qu'avait paru le premier volume de la sccondc par- tie de cette belle collection. Les volumes suivans ont ele publies en LIVRES ETRANGERS. 169 1819 et 1820. L'auteur a proCt6 de ses longs voyages dans I'ltalie , rAUemagne etia France, pour choisirles plus belles gravures classi- ques , anciennes et modernes , dont il a donn6 un catalogue enrichi de reflexions tres-justessurl'histoire etle merite de ces monumens des artistes les plus celebres. En les decrivant, jl a suivi I'ordre adopte par M. Bresciani, de Parme; il les diviseen neuf classes. La i"coin- prend les sujets de la Bible ; la 2« , les sujets sacres et moraux ; la 3«, lessujetshistoriques; la 4', les sujets mythologiques ; la 5°, les sujets familiers ; la 6", les sujets appartenant a I'bistoire naturelle ; la 7", ceuxdel'architecture ; la 8^, ceux de la sculpture ; et la 9", les por- traits. Chaque classe a son ordre particulier divise par sections. Les amateurs des beaux arts ont accueilli cet ouvrage avec beaucoup d'interet , et ils desirent que l'auteur se bate de rachever avec le meme zileet la meme exactitude. S. ESPAGNE. 5G. — Apuntes sobre medidas , pesos , y monedas, — Remarques concernant les mesures, les poids et les monnaies ; par Don Gabriel CiscAR , conseiller d'etat et vice-amiral d'Espagne : 1 vol. in-8°. Madrid , 1S21 , au bureau de la direction hydrographique. M. Ciscar est I'un des hommes les plus savans de I'Europe, auteur de dilTerens ouvrages concernant diverses branches des sciences ma- thematiques , particulierement la nautique , I'optique et rastronomie. 11 a etc menibre , dans le tems , d'une commission de I'institut de France , crcee pour regler les mesures, les poids et les monnaies de France. 11 parle, dans son ouvrage, de tout ce qui concerne le systeme decimal , et de la facilite de son application a I'Espagne. En adoptant quelques legers cbangemens dans la vara (terme central de la mesure espagnole) , en la diminuant d'une seule ligne, elle se trouve comprise douze millions de fois dans le cadran du meridien terrestre. La hraza (qui est composee de deux varas) , la stade at- tique, le mille romain, et presque toutes les mesures geographiques et nautiques peuvent s'y rapporter d'une facon si simple, que la jnemoire pcut facilement les retenir. L'auteur considere le pied comme divise en dccime, centime, et millime, sans prejudice de la division par moitie, tiers, quart, etc. EnUn, il instruit ses compa- triotes des avantages du systeme frangais, adapted I'Espagne, au nioyen des modiCcations convenables. 170 LIVRES ETRANGERS. 57. — Espiritu de las /eyej.— L'esprlt des lois par Montesquieu, traduit par Don Jean Lopez Pegnalveb. Quatre vol. in-8». Ma- drid, 1821 , chez Sojo. Cct cuvrage se trouvait mis & V Index par rancicn tribunal dc I'inquisition , ce qui elait facile ^ eupposer. J'ajouterai que M. Pc- gnalver connait fort bien les langues fran^aise et espagnole, comme il I'a fait voir dans sa traduction du Gonsalvede Cordoue de Floriau , qui est ccrite dans un langage pur, correct et barmonicux. 58. — El remedio de la melancolia. — Lc rcmede de la melancolie ; par Don Augustin Perez de Zabagoza : trois volumes in-12. Ma- drid, 1821 , cbez Sanz. Get ouvrage n'est autre cboso qu'une collection de bona mots, apophtbegmes , anecdotes, contcs, fables, etc., destinee a faire rire dans les reunions des babitans des villages et petits bourgs, pendant les soirees de I'bivcr. II y avait deja beaucoup de livres de ce genre en Espagne : I'auteurn'a eu qu';'i copier et compiler. Neanmoins, s'il eflt eu dela sagacite,c'ctait I'occasion d'amuser lesmemespersonnes, en leur racontant des anecdotes conccrnant la liberie, I'egalite et les autres avantages d'un systeme constitutionnel ; ce qui ne serait pas impossible, ni meme tres-difficile , en donnant aux contes une certaine direction. Alors le remede contre la melancolie le serait aussi contre les maladies politiques de I'ignorance et de la pre- vention , qui sont capables de faire beaucoup de mal a I'Es- pagne. 59. — Cartas de Don Roqua heal. — Lettres de Don Rocb Loyal. Ouvrage semi-p6riodiquc. Madrid, 1821 , cbez Ilurlado. L'objet de cet ouvrage pseudonyme est d'eclairer le public espa- gnol sur la legilimite du pouvoir des Cortes, k I'egard des personnes ct des choses ecclesiastiques ; sur la justice de leurs arrets, la neces- site de les rendrc , et rutilite qui en resultera, nialgre tout ce qui est debite i ce sujet , par quelques pretres et moines ignorans , ou prevenusen faveur des opinions ultramontaines, ou excites par I'in- l«ret , ou meme par de plus mauvaises intentions. J. A. Llobente. IIOYAUME DES PAYS-BAS. Co. (') — Espnt , Olivine ct progrcs des insiilulions judiciaires des principaux pays de I' Europe , par J. D. Meyeb, ohcvalier de I'ordrc LIVRES FRAlSgAIS. 171 royal du Liou Belgique , de I'institut royal des Pays-Bas, dcs aca- demies royales des sciences de Bruxelles et de Gottingen, de celles du Gard k Nitnes, de Leide , de Groningne et d'UtrecUt. Tom. IV. La Haye, de rimprimerie Belgique; et Paris., \' Lepetit. In-S" de 43o pages. Cost la suite d'un savant et important ouvrage, dont le plan et I'objet ont ete deja d6velopp6s precedemment ( Vqyez Tom. II , pag. 235 et 4o4 ). 61. — ilJeT-cwre BeZ^e, recueil consacre 4 lalitterature, ausarts etaux sciences. Bruxelles, in-S". Delemer, rue des Sablons , n" 1042. — II parait, chaquemois, un cabierde trois feuilles d'impression, formant un volume de Goo pages, tousles six mois. La collection forme actuel- lement 10 vol. Prix de I'abonnement, i5 fr. pour sis mois, 3o.fr. pour I'annee. Nous croyons devoir accorderune mention particuliere 4 cerecueil, recommandable par une redaction soignee et par la bonne foi littti- raire qui preside a sa redaction. Le Mercure Beige est 6crit en fran- ^ais , et en fort bon franrais. On y trouve I'analyse des ouvrages les plus remarquables de notre lilterature moderne ; et , il faut I'avouer, ces analyses sont faites en general avec plus de soin , plus d'impar- tialite , et souvent plus de talent que celles que nous lisons dans plusieurs de nos journaux. Nous avons notamment remarque un article trfes-bien fait sur les poesies de M. de Lamartine, et un exanien judicieux , quoiqu'un peu severe , de la brillante traduction de la Jerusalem deli free, de M. Baour-Lormian. Nous croyons rendre service aux amis de la bonne litterature en leur faisant connaitre ce journal , dont les redacteurs paraissent etre des bommes de merite et des hommes de conscience. Nous devons ajouter que les articles de plaisanterie nous ont paru inferieurs aux articles serieux. Peut- t'tre, pour plaisanter avec gr&ce en franrais, est-il necessaire d'ba- biter la France. LIVRES FRANCAIS. 62. — Essaisur la natureet lesproprietes d'unjluide imponderable, ou nouuelle Theurie de I'unicers materiel, par P. E. Morin , ancien eleve de I't'cole polytecbniquc , ingenicur au corps royal des ponts et chaussecs.— Au Puy, chcz GuUlaume ; a Paris , cLez Goeuiy, qu.ii des Augustins. 172 LIVUES FllANOAlS. Lcs pliinomtncs que prf^'sente notrc nioiide plamHairc sont le lesultat (le la force attractive dont la matiere est douie ; mais quelle est la cause de cette puissance? quelle est celle de la chaleur repandue dans I'univers , ou devcloppce dans diverses circonstances ? rallraction, la repulsion electrique sont-elles dues i I'existence de deux fluidcs particuliers ?La reponse i ces questions et e Naples et de la declaration de Lajlach , par L. A. F. CalchoisLemaihe. Paris, Antoine Bailleul , 1821, in-8'' de 25 pages. Cette brochure, ecrite d'un ton tres-energique, a ete dcnoncee k la tribune de la cliambre des deputes. ^•j.—Bes idees republicaines , par Cabrion Nisas fils. Paris, 1821, Bataille ct Boiisquct , au Palais-lloyal , in 8" de 26 pages. Brochure piquantc, elcuricuse sous plusieurs rapports. LIVRES FRANCAIS. 185 90. — Proces des assassins du marichal Brum devant la cour d'assises de Rioni , les 24 et 25 fevrier 1821; in-S" de 60 pages. Riom , 1821 , Salles. 91. — Proces intente par le conseil municipal de Bordeaux a I'auteur de la Tribune de la Gironde , relativenient i la joumec du 12 mars iSi4- Perigueux, 1821 ; in-S" d'environ 5oo pages. Ces deus proces appartiennent a I'liistoire, et font honneur au talent et au courage de M. Dupin , qui a plaide pour madame la nia- rechale Brune , et de M. Merilhou qui a d^fendu I'auteur de la Tribune de la Gironde. Ghacun d'eux a ete couronne d'un plein succes; mais ce sent principalement les fails historiques long-tems contestes , denatures par un parti, et ici expliques et demontres, qui attacbent du prix a ces deux brocbures. I.. 92. — Reflexions sur les majorats et sur les substitutions, par M. Heulard de Montigny, juge a la cour royale de Bourges. 1821. 1 vol. in-8'' de 102 pages; Bourges, cbez Debrie; Paris, cbez Ron- donneau et Delaunay. L'auteur prouve que les majorats et les substitutions ont toujours ete consideres comme nuisibles k I'interet de I'etat et a celui des families ; que Napoleon les a retablis comme bases d'un gouverne- ment militaire, et qu'enCn cette institution en France est non seu- lement dangereuse , mais inconstitutionnelle. C'est ce qu'a deji de- montre plus brievement M. le comte Lanjuinais, dans sa brocbure intitulee la Charte et les Majorats. Paris, 1S19 , cbez Baudouin. 95. — Jiu Regime municipal et de I' administration de departe- ment; 2' edition. Paris, 18a 1 ; in-8° de 290 pages. Barrois I'aine, rue de Seine, n° 10. Le projet de loi , priisente par le gouvernement ji la chambre des deputes , sur V organisation municipale , a donne lieu a la reini- pression de cet ouvrage , qui obtint un succes justement merite, lorsqu'il parut pour la premiere fois en 181S. L'auteur juge neces- saire d'attribuer le droit de suffrage au plus grand nombre possible de citoyens, pour la nomination des ofEcicrs municipaux; il propose d'interdire les assemblies communales aux electeurs des. deputes; il cberche a etablir que la democratic est I'un des clemens de tous les gouverneniens qui ne se vantent pas d'etre absolus , et que c'cst par- ticulierement dans I'orgauisalion municipale que cet clement doil 186 LIVRES FIIAACAIS. fxcrccr racliou ruconde ct salulaiie qui lui est proprc. 11 expose of atlaque ks iiiconveniens dcs deux noblcsscs; puis, cxamiuant les ca- racleres de la propri6te lonciere, il soulient que V Industrie est une propriete aussi reellc que la Urrd et qui doit conferer les mSnies droits politiques. II analyse les plans de MM. d'Argenson, Turgot , iSecker, LetrOne, Calonne, sur les administrations provinciales; et il lappelle les inconveniens des intendances, inconveniens dont une grande partie est applicable aux p^^fectures. Enfin , I'auteur si- gnale tous les vices du regime municipal actuel, qui, selon lui, seraient inevitablement aggraves et consolides par I'adoption de la loi que Ton propose. 94- — De I' organisation mimic ipale en France, et du projet pre- sente aux chambres en 1S21 , par le gouverneinenl du Roi sous ['em- pire de la Charte; par M. le comte Lanjuinais, pair de France , et M. KiShatry, depute du Finistere. Paris, 1S21. In-8° de 100 pages. Baudouiii freres, rue de Vaugirard , n° 36. Cette brochure, fruit des talens reunis de deux hommes hono- rables, nous parait meriter un succes continu et independant des circonstances. Sans doute la discussion du projet de loi concernant I'organisation municipale, dont on s'occupe en ce moment, ne peut que lui donner un interet de plus; mais on aimera toujours a con- suiter un ouvrage ecrit avec tant de superioritc sur une matiere aussi jniportante. 95. — Theorie noui-'elle et raisonnce du jiarticipe, par Michbl, employe a la prefecture de la Meurthe. Nancy, imprimerie de C.J. llissette, 1821; in-12 de 126 pages. A Paris, chez Depellafol , rue des Grands - Augustins , n" 21. Prix 'a fr. , et 2 fr, 25 c. par la poste. Ce nouveau traitd- de grammaire nous a paru redige avec methode, exactitude et precision. L'auteur a mis a contribution les grammai- viens ses predecesscurs. Son travail sera utile , principalement dans les maisons d'education. 11 parait, muni de I'approbation de la so- ciete des sciences, lettres et arts de Nancy, a laquelle le manuscrit a et6 soumis. rfG. — ^uvres de Mibaeeau. — Ilistoire secrete de la cour de Berlin. — Lcltre a Fredcric-Guillauvie II. Paris, 1821; Brissol- Tliivars, rue Chabannais, n" 2. ln-8°. Prix, 7 francs. Nous avons deja parl6 dc cet ouvrage , en annon^ant le volume LIVRES FRANCAIS. 187 precedent (F07. T. IX, p. 171). Le volume act ml est sans contredit le plus curieux de ceux qui out paru jusqu'i present. La preface , fort bicn 6crite et fort bien r^digee par le libraire-editeur lui-meme, M. Brissot-Thivars , est un morceau curieux d'bistoire litteraire. M. Brissot a rttabli dans leur entier les noms propres, sur les indi- cations de M. Louis Dubois , qui a vu dans le tenis les epreuves de I'edition originale, executee i Alenron d'apres le manuscrit auto- graphe. Ce manuscrit est aujourd'hui perdu ; mais la memoire de M. Dubois y a presque compR-tement supplee. On trouve , en tcte du volume que nous annoncons, I'arret du parlement qui le con- damne au feu, avec le requisitoire de I'avocat-general Seguier. La leltre a Frederic-C^uillaume II complete trts- naturellement I'ou- vrage. Les 5' et 6"= volumes sont sous presse ; ils contiennent , entre autres choses , divers ecrits relatifs k I'agiotage et aux affaires des Bataves. lis formeront , avec les Leltres a Sophie qui ont deja paru , la collection complete des cBuures chnisies de Blirabeau , en 8 vol. in-8° , avec portrait. L'execution typographique continue i meriter les plus grands eloges. 97. — Les Romances du Cid , imitees de I'espagnol (parM. Cbeuze Delessert) ; nouvelle edition, {2") Paris, 1821; imprimerie de P. Didot ; chez Sunmonnet , quai des Augustins, n° 27. 1 vol. in-16 de XXXV et 220 pag. , pap. velin. Prix, 3 francs. Ces romances forment une espece de poeme historique , divis6 en six livres ; elles sont tradultes de I'espagnol. Cost une collection de rhapsodies ou chants populaires visigoths ,fortement empreints de la couleur de I'epoque. L'auteur , qui a bien senti que la etait le charme principal et le merite essentiel de ces chants , s'est attache h leur conserver cette teinte parfois etrange. 11 y areussi, autant que cela etait possible , sans blesser notre langue ; il a saisi cette ligne difficile avec une precision qui fait honneur a son habilete et 4 son gout. La premiere edition est de iSi4, et forme un volume in-iS. Celle-ci lui est de beaucoup superienre pour I'elegance; c'est un ve- tablc bijou de bibliotheque. On trouve a la fin du volume des apologues orientaux. 98. — Traduction de /'Essai sur I'homme , de Pope, en vers fran- rais, precedee d'un discours et snivie de notes, avec le teite anglais en regard, par M. de Fontanbs, de I'academie franraise. Paris, I'Sai; grand in-S° de i5 feuilles et demic. Le Normant. Prix, 5 fr. 1S8 LIVRIiS FIIANCAIS. Ce volume a 616 publie quelques jours avant la mort de I'auteur; c'est une seconde edition. La premiere avait paru , il y a environ vingt ans. On assure que des curieux se sont deja amuses k comparer les discours preliminaires des deux editions , et qu'ii en est rcsulte des observations assez piquantes. 99- — Poesies de M. le comte j4natole de Mojctesquiou. Paris, 1S20; imprimerie de Firmin Didot. Chez Potey, rue du Bac, n" 4; in-12 de 1 10 pages, plus la table.— Deusifeme recueil, 1821 ; in-ia de 11a pages, plus la table. La facilite, la giSce , I'elegance , distinguent ces poesies. 11 n'y a point d'art; non qu'aucune des regies y soil jamais violee , mais leur observation y produit si pen de contrainte, qu'on dirait qu'elle est tout naturellement I'allure du poete. Ce sont des fables, des contes et d'autres morceaux legers , dont la pbilosopbie naive et les narrations tant soit peu negligees font dire, apres leur lecture facile : II y a du La Fontaine la-dedans. M. 100. — L'Ecole des Fran f ais ,comtA\& en cinq actes et en vers. Paris, 1821, in 8°; Leriche, quai des Augustins , n" 4' ! et Correard , Palais-Royal , galerie de bois , n" 258. Prix, 2 fr. , et 2 fr. 3o c. franc de port. • Je sens , dit I'auteur, que ma piece laisse beaucoup i desirer. Elle ne brille point par I'invention ; c'est plutot une satire en dia- logue qu'une veritable comedie. On y trouve peu d'action, peu d'in- teret, peu d'effet theatral; en revanche, on y remarqucra peut-etre des caracteres assez bien soutenus , un dialogue oii les interlocuteurs se repondent, ce qui est assez rare aujourd'bui, et un slyle, sinon elegant , du moins naturel et exempt de pointes. » Quand on se juge soi-meme aussi scverement , on a quelque droit a I'indulgence des lecteurs. 101. — Voyage aulour de machambre, suiui du Lepreux de la cite d'Aoste; nouvelle edition d'apres celle de Saint-Petersbourg (1812), revue et augmentee. Paris, 1821. Delaunay, Palais-Royal , galerie de bois, n" 243, in-18. Prix, 1 franc 5o c. , et 2 fr. franc de port. Le Voyage aulour de ma chamhre peut etre considcre commc un des plus agreables badinages ccrits dans notrelangue; \e. Lepreux de la cite d'jlosle , du au nieme autcur , renfcrme repancheaicnt de la plus vivc scusibiiile cnvers I'dre du monde Ic plus i plaindjc , LIVRES FRANCAIS. 189 puisqu'il doit i la nature tous ses malheurs. J'al 4 me feliciter d'avoir procure, il y a quatre ans, la lecture de ces deux opuscules r^unis. Cette edition me fit faire la connaissance de M. le comte Joseph de Maistre, frfere de I'auteur des deux ouvrages. G'est lui qui a com- post la preface dont I'edition de Saint-Petersbourg a etc enrichie et que j'ai fidelement reproduite. II a eu la complaisance de relire, la plume i la main., I'edition du Voyage, faite i Hambourg en 1796, et d'y ajouter quelques notes pour I'edition qui etait sous presse y au moment de son arriv6e k Paris. Dans le cours de nos entre- tiens, je lui ai parle souvent de ses Considerations sur la France, qui avaient fait une si vive impression en Europe , k I'epoquc de leur publication, et qui ont eu tant d'editions; je le priai de me dire quelle etait la nieilleure de ces editions. II m'avoua qu'il donnait la preference k celle qui porte sur le frontispice , seconde edition revue par I'auteur, Londres , mars 1797, in-S". Cependant VAfer- tissementdes ecZ/te«r5,ouplutOt del'editeur (Mallet duPan), I'amusa beaucoup dans le terns , a cause d'une assertion qui s'y trouve , et qui lui fit dire que Mallet du Pan ne se doutait pas de la ques- tion. Dans le cas d'une reimpression , M. de Maistre me conseilla de supprimer cet Avertissement. 11 fut encore plus mecontent de I'edition publiee a Paris en i8i4, k cause des suppressions qui y ont et6 faites et des additions qii'elle renferme. Comme je posse- dais I'edition de mars 1797, M. de Maistre a eu la bonte de la re- lire avec soin ; il en a corrige les fautes et supprime un court pas- sage ; il y a joint aussi quelques notes nouvelles. Puisque la mort nous a enlev6 ce publiciste celebre, I'exemplaire dont je parle doit etre considere comme le manuscrit autographe de I'auteur , et il servira de copie pour I'edition que je me propose de publier des Considerations sur la France, veritable cbef-d'ceuvre de M. le comte de Maistre ; car je suis trop bon Fran^als pour donner cette qualification au Traile du Pape , lequel d'ailleurs renferme plusieurs principes contraires a la saine theologie. J'ai cru devoir consigner ici ces details, qui m'ont un peu ecarte du principal objet de cette notice, c'est-a-dire de la nouvelle edition du Voyage autour de ma chambre et du Lipreux de la cite d' j4oste , dans laquelle j'ai corrige quelques fautes qui etaient resides dans I'edition de 1819. Rareier. »02. — Iluit iours d'absencee, on I'llospice du Mont-Ceni,s,p.\r 15)0 LIVRES FRANCAIS. Saiwt-Thomas, avec quatre gravures d'apr^s Ics detsins dc Chassc- lat. Paris, 1S21 , 4 vol. in-12. Chez I'auteur, quai de la Migisserle, n" -S ; Bossange , rue de Tournon. Prix, 10 fr. , et 12 francs par la poste. L'auteur de cet ouvragc, deja connu avantageiisement commc traducteur de I'histoire de Russie par M. Karanisin, dont nous avons rendu compte dans notre Jiep'uc' (T. II, pag. 542, et T. VI, pag. 5i6), a clioisi pour ses heros deux jeunes amans qui Bont au moment de s'unir. Une separation de huit jours donne lieu a une correspondance, dans laquclle leur ame se developpe tout cntifere. L'amant voyageur, pour tromper ses ennuis, trace une espece de journal , dans lequel il peint k son amie ce qu'il voit , et lui rend compte de ses impressions , presque a chaque heure du jour. On sent Lien que , pour un auteur qui a pris h tSche d'etre vrai et nature! , huit jours ne sauraient fournir des evenemens pour quatre volumes ; aussi M. Saint-Thomas a-t-il seme son ouvrage d'epi- sodes interessans et de descriptions cliarmantes, qui prouvent qu'il a vu et qu'il doit meme avoir habite long-tems le lieu de la scene oil il transporle ses lecteurs. Aujourd'hui, que ce pays est devenu le theStre d'une grande commotion politique , ces tableaux ne peuvent qu'avoir un attrait de plus. J'adresserai Ji l'auteur, sans craindro d'etre dementi par ceux qui liront son ouvrage, ces mots qu'Er- nestine , I'heroVne duroman, ecrit a son Auguste. «Votre heureuse imagination se plie i tous les tons ; vous peignez, avec les couleurs les plus vraies , les ridicules des hommes , les charmes de la nature et les douces Amotions de la sensibilite. » L'episode d'Edmond , surtout, est d'un interet, d'un charme inexprimable, qui rappelle la maniere de Sterne. Pauvre Edmond ! .... Pauvre Blanche!... Qui pourrait lire I'histoire de vos amours , et ne pas vous donner des larmes? Je recommanderai encore celui de dom Boisud, dans lequel I'auteur a peint des couleurs les plus fortes I'animosite de deux families corses, et I'esprit hereditaire de haine et de vengeance qui fait des descendans de chacune d'elles autant d'assassins amies pour la pei'te de I'autre. Sans sortir de la nature, il a su faire , de cet episode, le tableau le plus terrible ct le plus effrayant de la passion qui exerce Tempire le plus tyrannique sur le cwur de I'homme, de cette passion dont on a dit : £a verif^eancc est un mel.i des dieux. E. llKaEAi;. UVRES FBANCAIS. 191 loj, — Le Chateau de P'ulmire , ou Pauline et Theodore; par mademoiselle Vakuove, dedie 4 mademoiselle Demerson, artiste du iheitre frangais. a vol. in-12 ; Cgures; Paris, 1821. Madame Lechard, rue Hautefeuille , n" 3. Prix , 5 fr. Le caractere du heros de ce reman est celui du Jaloux sans amour. Voici comment le peint I'auteur : « Cette agitation deli- cieuse oii se trouvait son ame , ces plaisirs qui doublaient de prix alors qu'ils etaient loin de lui, ce bonheur ideal; tout cela n'etait- il pas, en elTet, le veritable etat oil son coeur avail besoin de se trouver pour ctre heureux ? » Qu'oir ne s'y trompe point , ce per- sonnage n'est peut-etre pas aussi fantastique, aussi romanesque, qu'on serait d'abord tente de le croire , et la societe pourrait nous en offrir plus d'un modele. Mais, ce qui n'est guere vraisemblable , ou du moins guere excusable, c'est la facilite , la promptitude avec laquelle I'heroine, d'accord en apparence avec les vceux secrets de Theodore , apres avoir fait preuve du plus sincere amour pour celui- ci , passe i un amour plus grand encore pour I'ami qu'il lui presente; et , si nous ne pouvons raisonnablement nous affliger beaucoup pour celui qui, apres avoir souhaite l'infidelit6 de sa maitresse, pousse le de- sespoiroii lejette cette meme infidelite jusqu'a se detruire lui-meme nous ne pouvons non plus prendre un interet bien vif a celle qui I'y a pour ainsi dire porte par sa legtrete. On voit que I'auteur a vise a I'effel plutot qu'au naturel ; mais la transition est trop subite, elle n'est pas assez menagee , et les oppositions ne sont pas nuancees avec assez d'art. Toutefois , nous croyons que I'on pent tirer une bonne le^on de morale du fond meme dc I'ouvragc , et la peinture du ca- ractere de Theodore est faite pour inspirer une terreur salutaire a ceux quise sentiraient des dispositions ace vague d'idees et de senti- mens, fruit d'une education mal dirigee. E. Here^u. io4. — Veillees d' una solitaire de la Chaussee-d' Antin, par ma- dame M.... d'Avot, auteurdes Lettres sur I'Jngleterre , on Monse- jouraLondres en iSiyeten 1S18. Paris, iS2i,Guien, libraire-editeur, et chez Eymery, rue Mazarine, n" 3o. 2 vol. in-12. Ces deux volumes renferment huit contes ou fragmens, ecrits avec facilite; on y distingue une imagination brillante, mais souvent tgaree. II est dlEBcile d'expliquer quel est le but de I'auteur : s'il n'a voulu que plaire et attacher, il a reussi. Cependant on n'est point parfaitement content de ce recueil , apres I'avoir acheve : on sent 192 LIVRES FRANCAIS. qii'il y manque beaucoup de choses. L'auteur semble se plaire ii pro- niencr ses lecteurs an milieu des fugitives creations de son esprit, qui naisscnt et disparaissent ix ses yeux , sans laisser aucune trace dans son souvenir. Le manque d'ordre et de liaison dans les idees se retrouve partout. Dans le premier conte , la Vanite corrigie, je ne vois rien qui justifie ce titre. II est clair que l'auteur ne s'est sou- renu du but moral qu'au commencement et h la fin de I'histoire , et qu'elle s'est livree au genre romanesque qui lui plait davantage, et avec raison ; car elle y reussit beaucoup mieux. L'allegorie intituliie Uhommeet ses passions , a plus de suite; elle est ingenieuse. On re- grette cependant beaucoup de ne pas entrevoif la patrie brillante des ames immortelles apres I'ile dcsolee de la Mort. Maria ou la Hose blanche est un joli conte de fees. Le petit Paul a de la grSce et du sentiment; mais il serait dommage que madamed'Avot se bornftt k tcrire de simples contes detaches. Elle parait avoir I'esprit d'obser- vation; elle peint avec fraicheur et verite des scenes de la nature; elle a beaucoup d'imaginalion, elle ainie les eiretstragiques;c'est plus qu'il n'en Taut pour composer des romans. Si elle se vouc a ce genre de litleralure, nous lui prtdisons de veritables succes. La publication de ces Veillees d'une solitaire precede de quelques jours la deuxieme edition des Lettres sur l' Anglelerre , Aonl nous avohs rendu compte (/^oy. Revue Encyclopedique, Tome III]. Gette seconde edition sera mise en vente dans les premiers jours de mai, chez Guien et compagnie, boulevard Montmartre, n" 23. L'auteur I'a enrichie d'un^aper^u tres-interessant , sur I'Ecosse et sur la ma- rine anglaise en general. L. S. io5. — _i4nnuaire de I'iniprtmerie elde la librairie franfaises. In-i i de 216 pages. Paris, 1821. Baudouin freres, rue de Vaugirard , n° 56. Prix , 5 fr. Ce petit volume, redige avec beaucoup de soin , est indispensable aux libraires et aux imprimeurs , dent il est destine a devenir le i'ade mecum. 106. — Description de la chasuble de saint Begnobert , suivie de I'explication d'un monument arabe du moyen Sge existant a Bayeux ; dissertation lue a I'academie royaJe de Caen , dans sa stance publique du i4 avril 1820 , par J . Spencer Smythe, membre de la society royale, de rcUe des antiquaires , et de celle pour I'encouragement des arts, manufactures et commerce de Londres, docteur en droit civil de LIVRES FRANCAIS. 193 I'universite d'Oxford , associe-correspondant de I'acad^mie royale des sciences, arts et belles-lettres de la ville de Caen, etc. A Paris, chez Key et Gravier, quai des Augustins , n" 55 ; et Lance , rue Croix- des-Petits-Champs, n" 5o, A Caen, cher A. Ic Roy, imprimeur du Roi, rue Notre-Dame ; Mancel , rue Saint-Jean, n"> Sj ; et chez I'edi- teur, rue Saint-Martin , n" 72 , au fond de la cour. 107. — Descripiion historique de I'eglise metropolitaine de Rouen, par M. Gilbert, avec le plan et la vue du grand portail de cette basilique. Rouen, 1S16. Frure, libraire ; in-S" de 8G pages. L'auteur, qui a dccrit plusicurs catbedrales de France, a rassemble dans la description presente les particularites de rinttirieur et de I'extOrieur de la catbedrale de Rouen, ainsi que des tombeaus qu'on y trouve. 108. — Voyage pitloresque autour du monde, offrant des portraits de sauvages d'Amerique , d'Asie, d'Afrique et des iles du grand Ocean; leurs armes , habillemens , etc.; des paysages et des vues maritimes; plusicursobjets diiisloire naturelle, tels que manamiferes et oiseaux, accompagnes de descriptions par M. le baron Cdvieh; et des crSnes humains, accompagnes d'observations par M. le doc- teur Gall ; le tout dessinc par M. L. Ciiobis , peintre , dans le voyage qu'il a fait, do i8i5 ii iSiS, sur le brickie Rurick, conimande par M. Kotzebue, et arme aux i'rais de M. le cointe de RomanzoEF, cliancelier de Russie. — L'ouvrage sera compose de douze a quinze livraisons,contenantcliacune cinq planches petit in-folio et plusieurs feuilles de texte. Prix de la livraison, en noir, 7 fr. 5o c. ; les objets d'hjstoire naturelle colorlcs , 9 I'r. ; toutes les planches coloriees, 1 5 fr. On souscrit k Paris, chez M. Choris, rue de Seine, n" 10, et chez Firmin Didot , rue Jacob. Le litre que je viens de rapporter, faisant suffisamment connaitre I'originc et le but de Touvragc , il ne me reste plus qu'a rendre compte de la manierc dont l'ouvrage nieme est execute, et de I'interfit qu'il merite. 11 a deja paru six livraisons ; des la premiere , l'auteur ecartant les pays intermediaires, parce qu'ils sont completement connus, trans- portc son lecteur au nord de la Californie, et le fait aborder au port de San-Francisco (latitude nord 57°, 48'); apres y etre rest6 un mois , il le conduit aux iles Sandwich , celfebres a jamais par la mort de Cook. Ces six livraisons sont entierement consacrec.s it ces deux Tojin X. 15 19A LIVRES FRANCAIS. pays, dont M. Choris a pris plusicurs rues. Les Indiens que les mis sionnaires, dependant du presidio de San-Francisco, eherchent A civiliser, rcpondcnt assez mal aux lemons de leurs inslituteurs. II est vrai que les moyens employes par ces bons peres sont quelquefois bicn singuliers. Par exemple , c'est par le bruit qu'ils cbranlent leur imagination; aussi la messe, 6 laquelle assistent tous les Indiens qu'ils ont pu leunir et retenir, se dit-elle au son des tambours, des trompettes, des tambours de basque, etc. » Silot, dit RI. Choris, que les tambours commencent i battre, ils tombent a terre comma s'ils etaient a demi-morts ; tous rcstent etendus jusqu'a la fin de I'office , sans faire le moindre mouvement; et il faut meme alors leur ri'peter plusieurs fois que la messe est dite pour qu'ils se re- levent. Le mlssionnaire qui a dit la messe leur prononce un sermon en latin , apres quoi ils se reunissent devant la maison du mission- naire et se mettent a danser. » Le paragraphe suivant completera le tableau moral de ceux de ces sauvages qui vivent dans un etat com- plet d'independance. — » Que leciel preserve un nanre de faire nau- frage sur cette cute ! On dit que, chez plusieurs des tribus qui I'habitcnt , regne encore la coutume barbare de devorer leurs pri- sonniers. Quand on construit une maison , quand on termine une affaire importante , on met plusieurs esclaves a mort, de meme que lorsqu'une guerre est terminee. A la mort d'un bomme , on enterre avec lui sa femme et les esclaves qu'il aimait le mieux. » Les habitans des iles Sandwich, lieu derelScbe pour les vaisseaus qui vont, de la cOte nord-ouest de I'Amerique i la Chine , sont beau- coup moins barbares , et cependant leurs mocurs offrent encore des usages qui attestent combien ils sont pcu avances dans la civilisa- tion. Ainsi, chaque bomme a trois maisonsou cabanes ; il dort dans I'une, mange dans la seconde , et fait du feu dans la troisieme. Les femmes en ont un nombreegal. Ceci n'est que singulicr; mais voici un usage cruel autant que singulier : II est dcfendu aux femmes, sous peine de la vie, de manger du cochon, des bananes et des cocos ; de faire usage du feu allum6 par des hommes ; d'entrer dans I'endroit oil ils mangent. Quand une femme enfreint une de ces de- fenses , on la tue sans piti6. M. Choris rapporte un ev^nement de m cette nature arrive pendant son st^jour. n Les gens du coininun (c'est - V M. Choris qui parle) et les femmes sont exclus des mysleres de la religion. Les pri^res se font dans une langue qui n'est comprise de LIVRES FRANCAIS. 195 personne , et pourtant tous les nobles les savent par cCEur. » Ge passage pourra bien faire naitre dans I'esprit du lecteur plusieurt rapprochemens que je m'interdis. Les Indiens qui habitent les environs de la baie de San-Francisco et les insulaires des iles Sandwich sont tres-jaloux de leurs compa- triotes; mais ils font honneur, aux blancs, de leurs femmes, de leurs soeurs et de leurs enfans. Au reste , quand un batiment arrive aux iles Sandwich , il est entoure , au coucher du soleil , de centaines de pi- rogues , dans lesquelles sont de jeunes filles des classes communes qui temoigaent les intentions les plus bienveillantes ; mais les filles des nobles ne cedent qu'i des soUicitations reiterees. Les planches lithographiees et coloriees jointes & cet cuvrage ne sont pas au-dessous de I'interet qu'oQre le texte. Les descriptions les mieux faites ne donneront jamais une idee aussi positive ni aussi complete del'objet decrit, que nele fait un dessin, meme mediocre ; et la gravure elle-meme est impuissante i rendre les objets mate- riels dans toute leur verite , parce qu'elle ne pent reproduire que la forme , el qu'elle est obligee de renoncer k rendre la couleur. M. Choris a done fait un ouvrage tresinteressant , puisqu'au moyea de ses planches coloriees , il donne une idee precise de la vari^te de couleurs des sauvages qu'il a visiles , de la bizaiTerie de leurs ta- touages et enluminages , de la nature de leurs ustensiles et de leurs armures , etc. A la verity , ces dessins ne sont pas remarquables sous le rapport derarl;mais un homme d'un grand talent vou- drait-il quitter ses etudes et ses travaux pour aller faire les por- traits des sauvages du nord de I'Amerique et des iles Sandwich ? D'ailleurs, il n'est pas necessaire que de semblables travaux soient executes par un homme d'un grand talent : ici, la finesse et I'extreme purete des contours ne sont pas indispensables ; je dirai plus, il regne dans les dessins de M. Choris un« naivet6 qui me prouve qu'il a cherche b. etre fldele ; et peut-etre un artiste plus habile aurait-il ouhlie la fidelite pourse livrer i ses inspirations; ou bien il aurait reproduit la nature qu'il avail sous les yeux, bien plus dans ce qu'elle lui aurait offert d'extraordinaire , que dans ce qui en conslitue , pour ainsi dire , I'etal habituel. L'ouvrage de M. Choris sera done recher- che parlous ceux qui aiment I'exaclitude et la verite, arec d'au- tant plus de raison que les ouvrages de cette nature sont rares; quand il sera lermiue, je rendi-ai compte avec soin des livraisons qui auront luivicelle que j'annonce. P. A, 13^ 196 LIVUES I'RANCAIS. \ni.){').~DescriptLonih I'J'^gyplf, dcuxieme idition, dediee an Roi. Panckouke, libraire, rue des I'oilevins , n" i4- (,f'oyez cidessus. Tome IX, pag. 363.) QuAiBiiiMB LivRAisoPi. — /} Titic] iiiti"!. Vol. l,pl. "i. Cette planchp ropresente : x" un petit temple bicn conserve, qui est situe dans la plaine voisinc dcs riiincs d'EIelhya, et tout-a-fait semblable au temple du siid a Llephantinc ; 2° Ic plan de la principale des grottcs d'Elethya , et Ics details des bas-reliefs qui sont sculptcs e nalurelle. — Mammiferes. — Tl. 6, representant richncumoa , appele aussi Ic rat de Pharaon. — iio- /<:«««/ue. — Developpemcnt de la feuille et du fruit dii palmier doftm {i:ucifera tliehaica). GiNQUiiMK uvtiiL\«,oy.—AraiquitdS.\o\. I, pi. 4o- Huincs d'Ombos. Vol. I, pi. jS.Douze cbapileaux difiTerens du grand temple d'Esne (I'ancienne Latopolis), I'un des plus anciens dc la Theba'ide. — JUat moderne. Vol. II, pi. C5. Lassin du port-neuf d'Alexandrie , vue prise de la place des tombeaux. — Euil moderne. Vol. II , pi. B. B. Divers instrumens de musique. — IlisioiienalurelU. —Bolanique. PI. JO, representant Tarbre appele Cordia et la plante nonimee ^drgel. SiXiiMB LivRAiso!*.— v^/i/i5 ou palefrenier, et d'une jeune femme qui revient du Nil, chargee d'une cruche pesante. — //;.stoire naturelle.—Zooiogie.— Oiseaux. Pi. n, aigle d'Egypte, individu {f.mtWt. -hotanique. PI. i. Vue et details du palmier doiim {cuci- fara thebciica]. LIVRES FRANCAIS. 197 Ouvragcs pcriodiqucs. 1 10. — Journal general de legislation et de jurisprudence ; par MM. Barthe , Kehville ,DupiN jeune, Merilihou, avocats 4 la cour royale , et autres jurisconsultes et publicistes , etc, Un cahier de huit feuilles d'lmpression in-S" parait tons las inois. On s'abonne i Paris, rue Gucnt'gaud , n" z7>. Prix, 02 fr. pour Paris, et 56 fr. pour les departemens; pour 6 mois, 17 et ig fr. Ce journal, redige sur un nouveau plan, se divise en trols parties. Lapremiire embrasse latheorie du droit, la discussion des lois civiles et crimlnelles, et la comparaison des differentes legislations anciennes et modernes, nationale et etrangore. La deuxieme comprend I'ana- lyse des ouvrages qui ont trait a I'ttude du droit, de la legislation et de la jurisprudence. La troisieme, sous le titra de Melanges, oITre divers articles qui, rentrant dans le plande I'ouvrage, ne se rattachent pas aux deux premieres divisions. On trouve , dans la septieme livraison, deux articles tr6s-re- marquables. L'un est intitule : Obserfaiions sur I'ordonnance du 4 ociobre 18-20, qui regie le roulenienl (des juges ) dans les cours et thbunaux, Ce roulement de chambrei cbambre, si important pour assurer I'entiere independance des juges dans leurs decisions, etait r6glepar Vordre numerique ties juges, dans una liste generale, Selon cet ordre pratiqu6 depuis 1810, I'arbitraire ne pouvait influer sur la formation des chambres ; et lorsque , dans un cas donn^, cette equitable et naturelle formation de la cbambre offrait des inconvc- niens, il y etait remedie sur demande speciale de la partie interessee par la cour assemblee, le procureur general entendu, L'ordonnance du 4 octobre 1S20 a delruit le principe du roulement numerique, et a confie le roulement au seul cboix aibitraire des presidens et des doyens. Cette nouveaut^ dangereuse est combattue area beaucoup de force dansle numero que nous annnon^ons; ce morceau nous a paru meriter k un haut degr6 I'attention des magistrals eclaires. Nous remarquons aussi, comme un article important, une disser- tation savante, courte et judicieuse sur I'emprisonnement du mi- neur , par forme de correction , 4 la requisition de la mere survi- vante. En general, ce journal est redige avcc beaucoup de savoir et de talent, et dans les intentions les plus dignes d'encouragemcnt. L, 198 LITRES FRANC AIS. 1 1 1 . — Themis , ou Bihliotheque du jurisconsulte ; par une rcanion tie magistrals , de professeurs et d'avocats. II parait , pendant I'annfee, dix livraisons, chacune de six feuilles au moins , qui forment en- semble 3 vol. in-S°. On souscrit, A Paris, chez A. A. Kenouard, libraire , rue Saint- Andr6-des-Arcs , n" 55, Prix , pour les 2 vol. , 24 fr. et franc de port ; pour les departemens , 27 fr. 60 cent. La Revue Encyclopcdique , destin^e, des sa fondation, a suivre et k marquer les progrfes de I'universalit^ des connaissances hu- maincs, nc peut nianqiier d'applaudir au succes des journaux spe- ciaux qui, particulierement consacres a une seule science, deve- loppent avec plus de details cliacune des parties que la Reime a pour objet de rciunir toutes , en saisissant seulement les points de vue les plus generaux , et en les montrant dans leur ensemble. La Themis, ou Bibliolheque du jurisconsulte , r6digee avec soin , et par des honimes tres-distingues , ofTre un etat exact des travaux de la juris- prudence dans les principaux pays de I'Europe , et principalement en France. Le second volume que nous avons sous les yeux contient un grand nombre d'articles reinarquables. La Themis est divis^e en cinq parties : la premiere traite de la legislation et de Vhistoire du droit. Les principaux articles de cette partie, contenus dans le second volume, sont de MM. Romanazzi, DcCachkoy, Ddpin <2i77e, DvTin feune , Ch. Renouabd et Cohmkniw. Nous avons aussiremarqu6 plusieurs articles de droit criminel, re- diges avec beaucoup de sagesse par un magistral qui a gard6 I'a- nonyme. La seconde partie est consacree 4 la jurisprudence des arrets. Elle offre,dans plusieurs tableaux bien faits, I'elat de la juris- prudence des cours sur quelqucs malieres importantes. Mais ce qui , dans celte partie , merite surtout I'intertt , et que Ton ne trouverait nulle part ailleurs , est ce qui concerne la jurisprudence administra- tive. Le droit adininistratif, qui se confond en une multitude d'oc- casions avec le droit public , et qui, en mtnie tems, touche de si pris aux fortunes privees, a (jt(i toujours neglige en France. On dirait que la jalousie du pouvoir s'est eD'orcee d'epaissir des tcnebres qu'il serait indispensable de dissiper. MM. Macabel etCoEMENiw, dans une suite d'excellens articles , auxquels on ne trouverait rien d'analogue dans aucun autre recueil , s'appliquent a defricher ce champ , ^ peine encore cultiv6 , et ft initier le public dans les mys- tfcres administratifs. Dans leur troisieme partie , les redacteurs de LIVRES FRANCAIS. 199 la Thiinis examinent les doctrines des jurisconsultes , et passent en revue , quelquefois avec beaucoup de s6verit6 , les ouvrages nouveaux ou les reimpressions d'anciens ouvrages, MM. Dcpin aini , Isambest , Blokdeau, MitLELOT, sont les principaux auteurs de cette partie dans le second volume. Nous y avons encore particulierement remarque deux articles , I'un de M. Demante sur un traite des substitutions par M. Rolland de Villargues , I'autre de M. Jourdajt, contenant un examea critique du Traite des servitudes par M, Pardessus. La quatrieme partie sur Venseignejnenl du droit offre un grand interet ; les doctrines des professeurs y sont exposees , et les livres elemen- taires apprecies. Cette partie n'est pas consacree aux seuls etudians ; elle pent servir de guide , meme a beaucoup de professeurs. Nous pensons qu'on lira avec fruit les articles de M. Jocbdan sur Vhistoire de la science du droit en France , de M. Ch. Rewouabd sur la loi na- turelle par Volney, de M. Do CADRaov sur les thfeses de doctoral et sur un chapitre de Gibbon. lia. demiere partie , ou Appendice, donne les nouvelles qui inte- ressent la science , des notices necrologiques , des arrets c6lebres; enfin , une bibliographic exacte et complete de toutes les publications relatives a la legislation et a la jurisprudence. On voit, par cette analyse, quelle doit etre I'utilite de ce recueil , qui merite de devenir le centre des travaux des jurisconsultes , et qui , redige dans le seul interet de la science , est digne d'un veri- table succes. B — T. Livres en langucs eirangeres itnprim.es en France. 112. — Les seances de Hariri puhliQes en arabe, avec un commen- taire choisi par M. Silvesibe de Sacy. Premiere partie, in-folio de 4o feuilles. Imprimerie royale. Paris, 1821. Debure freres. — II y aura un second et dernier volume. n3. — The Lay of the last minstrel, apoe/ra.—Le chant du der- nier m^nestrel ; poeme en six chants, par sir Walter Scott. Paris, 1821. J. Smith; et chezGlashin, rue Vivienne , n" 10. 1 vol. in-12. Ce poeme est specialement consacre a la description des moeurs et des coutumes en usage parmi les habitans des frontieres limitro- phes de I'Angleterre et de I'Ecosse. Leur vie, alternativement pas- torale eU guerriere , I'influence qu'exei'i;ait encore I'esprit de chc- 200 LIVKES FllANgAIS. valeric, dcs seines de guerres civilcs, offraieal de riches maleriaux an talent du pofete. ACn de donncr i ses vers la couleur du tems, ct de completer par lA Tillusion , Walter Scott a compose ses chants dans le rhythnie qu'employaient les poetcs de celte cpoque ; il Ics a mis dans la Louche d'un vieux menestrcl, qui raconle dans ses vers dcs cvenemens du seizieme siecle , et qui celcbrc la nieniolre des guerriers illustrcs dans les combats. L'aclion qui I'ait le sujet du poeme , est supposee durer pendant trois jours et trois nuits. Le chant cinquienie s'ouvre par des stances pleines d'harnionie ct de sentiment sur la mort du poete ; la nature pleure son adoralcur et celebre ses obsequcs ; les echos de la caverne et de la niontagne, immortalises par ses chants, repetent, en gemissant, lesderniersac- cords de sa lyre ; les ruisseaux murmurent liistcment autour de sa tombe , et les ombres des guerriers anxquels il rendit une nouvelle vie melent leurs cris plaintil's aux geniissemens des vents. Les sitances qui commencent le sixieme chant, inspiriiesparramour de la patrie , sont remplies de verve et d'enthousiasme. Mais c'est surtout dans les scenes descriptives qu'on retrouve I'inimilable talent de I'auteur. Des notes detaillees expliqucnt tout ce qui pourrait paraitre obscur dans le pocmc. Get ouvragc i'ait partie de la collection com- plete des (Euvres pokiques de IFalter Scotl, impriniees en anglais, en 7 vol. Le prix de la souscription est de 20 fr, pour la collection entiere. L. S. ii4. — La religiosa escrita en frances, por M. Diderot, de la academia I'rancesa ; traducida libremente al espanol por don ]\I. V. JI. Liccnciado , con lamina. In-12 de quinze I'euilles. Im- primerie de Migneret. Paris, 1S2J , chez Rosa. Prix, 4 I'"- II faut observer que Diderot n'a point etc membre de I'academic fran^aise. TV. NOUYELLES SCIENTIFIQUES ET LITTl^RAmES. ami5;rique septentrionale. M/iRTiNiQCE. — Fort-Royal. — Flammes siir la mer. — Pendant les nuits des lo, ii et i4 juillet 1S20, toute la surface de la mer a paru lumineuse. A I'est, se trouve une chaine de recifs situes i 4 01 5oo metres de I'ile : o'est la surtout que se firent remarquer des flammes. Le 10 et le 11 , elles etaient elevces et jetaient une lumicre assez vive, d'une couleur Hvide et blanchatre. Pendant ce plienomfene, la mer etalt pen agitee, comme a I'ordinaire. Elle a etc egalcment lu- mineuse de I'autre cute de I'ile , a I'ouest , ou elle est toujours calme et ou il n'y a ni brisans ni courans. Le li, nieme au-deli des bri- sans, elle a jetc encore plus d'cclat. Les flammes qui sortaient des recil's resscmblaient a de grandes gerbes de feu d'artifice : elles re- pandaient lant de clarte, surtout apres que la lune fut sous Thorizon, qu'on pouvait lire a un demi-mille du ri%'age. Gette clarte efait con- tinue , comme celle de la vapeur enflammee qui se degagc du phos- phore en combustion. Ce spectacle, dont les plus anciens habitans de I'ile disent n'avoir jamais ete temoins, dura presque toute la nuit , avec une intensitc qui diminuait insensiblement. II occasionna une espece d'efiroi , surtout chez les esclaves. Ces details sont tires d'une lettre adressee du Fort-Royal a M. Biot,etinseree dans les An- nales de chimie el de phjsique (T. XV, p. 428). M. Riviere fils, a qui on les doit, attribuaat d'abord les flammes a des degagemens phospboriques produits par le choc des vagues sur les recifs, croyait que la surface de la mer ne paraissait lumineuse que par la reflexion de ces flammes. Mais, ayant eu ensuite la certitude que le memo phenomene avait eu lieu du cOte de I'ile, ou il n'y a point de re- cifs; de plus, ayant observe qu'en s'avanrant dans la mer sur les pointes de rocher, on la voyait lumineuse dans les petites anses, entre la terre et soi, la oil toute reflexion etait impossible, et que I'eau remuee avec une pagaie devenait plus lumineuse, M. Riviere a rcnonce a sa premiere explication. D'apres I'elevation de la tempe- rature, la secheressc extreme et les nuagcs noirs et epais qu'il a 202 AiMERIQUE. remarques pendant le pht-noniene, il croit qu'on peul I'attribuer a I'ilectricile , qui a pu produirc rinllammation lente et continue des corps phosphoriques contenus dans la mcr. Etats-Unis.— iSocie^tfA- des amis de la paix. — Les ]£tats-Unis d'A- tnerique sont la pretnifere nation qui ait fonde une sociiie organisee pour la propagation des principes pacifiques. lis poss6dent mainte- nant cinq de ces institutions qui s'etendent chaque jour: les plus importantes sont celle de New-York (formee au mois d'aoCit i8i5 ct la plus ancicnne de toutes) , ct cclles de I'Ohio et des Massachus- sets. Cette dcrnitjre se compose de plus de quatre cents membres, parmi lesquels se trouvcnt un des anciens prtsidens des Etats-Unis, plusicurs legislateurs , des jugcs de differentes cours de justice, le president de la cour supreme, deux des anciens gouverneurs et en- Tiron quatre-vingt-dix ministres de la religion. Lc lieutenant gouver- neur de I'etat preside cette respectable assemblee. Le but de ces bienfaisantes institutions est de prevenir la guerre , de montrer les maux qu'olle peut causer, de faire naitre entre les hommes des sen- timens d'union et de bienveillance conformes a I'esprit du christia- nisme. Les philantropes qui les ont fondes en Amerique , ont ete secondes dans Icurs efforts par plusicurs tcrivains et par plusieurs orateurs , qui ont ecrit et parle dans le mume esprit de tolerance et de charite. New-Yokk. — Encouragemens pour la litterature. — II a 6le pre- sents i la legislature un bill , ayaht pour objet I'itablissement d'un fonds destine 4 encourager la litterature parmi les femmes. 11 serait fourni par les hommes non maries, Sges de plus de vingt-huit ans. AMERIQUE MliRIDIONALE. Bresil. — FEBNAMBorc. — Pluic de soic. — Extrait d'une leltre de M. Jjaine , consul de France, i"' novevihre 1S20. — "11 est tombe ici , dans le commencement d'octobre , une pluie d'une espece de soie, dont beaucoup de pcrsonnes ont ramasse des echantillons. Cette pluie s'est etendue in^^t- quaire feuilles periodiques, tant scientifiques que politiques. A Var- souie, oil touts la population , y compris les militaires, se compose tout au plus de 210,000 habitans, les presses sont occupies i faire paraitre douze journaux, dont voioi les titres : 1. Pamietnik fFars- zawski {journal de Vanovie'] ou journal des sciences et des arts. 11 parait tons les mois un cahier de 7 feuilles in-8°. Le redacteur est M. le profcsseur d'histoire, Fel. Bbi-vtkowsri. 2. Izjs Polska (\'Isis polonaise) ou \c journal des sciences , des decouvertes , des arts et des manufactures ; il est cntierementconsacre h Vindustrie. Tous les mois, il en parait un cahier dc 8 feuilles in-8°, avec figures. Lc redac- teur est M. Gral, Korwin. 3. Sylu-an [Sylvan). Ce journal, dont on ne publie que tous les trois mois un cahier de 8 feuilles in-8'' avec figures, traite de tout ce qui a rapport a la science forestiere. 4- Sy- billa nadiuislanska {la Syhille dela Vistulc). Ce journal national traite de la litteraluie , de I'liisloire, dc la politique et de tout ce qui touche aux interets de la patrie. Deux fois par mois, il en parait un cahier de tiois i quatre feuilles. Le redacteur est M. Franc. Gbzy EUROPE. 219 iiKLk. 5. Dekala polska (la Decade polonaise) ; ce journal portait auparavant le litre de PoZona/s constitutionnel, qu'il a quitte depuis peu : il rapporte exclusivement les 6v6neinens politiques d'une im- portance majeure. Conform6ment a son titre , il parait, tous les dix jours, uncahier de Sfcuillesin-S". Leredacteur est M. Fict. Hei.tuan. 6. Uganda {journal consacre auxlelles-letlres at aux beaux-arts ). II en parait, toutes lessemaines, une demi-feuille. Les redacteurs sont MM. Frang. Dmochowski et Dom. Lisiecki. 7. Momus , une demi- feuille in-S" par semaine , remplie d'anecdotes plaisantes , d'epi- grammes, de jeux de mots, etc., etc. Le redacteur est M. Aloys. ZoLKOwsKi , excellent acteur comique. Cette feuille est suspendue dans ce moment. 8. Tygodnik muzycznv (journal de musique). II parait in-4° une fois par semaine. Le redacteur est M. Charles Kur- piNSKi. p. Gazeta literacka {Gazette litteraire). II en parait, toutes les sema'nes, une feuille in-4°. Elle embrasse tout ce qui a rapport k la litt^rature nationale et etrangfere, et donne des articles souvent profonds et gen6ralement bien rediges. 10. Kurger JVarszawki (le Courrier de Karsovie), 5 fois par semaine, un quart de feuille in-4°- »i. Gazeta Korrespondenta Jfarszawskiego (la Gazette, le Cor- respondant de Varsovie'), 4 fois par semaine, une feuille et demie in-4°. 12. Gazeta Warszawska (la Gazette de Varsopie), 4 fois par semaine, une feuille et demie in-4°. Ces trois derniers journaux sont entierement politiques. SUEDE. Stokcholm. — Academie des sciences. — Le roi ayant sanctionne les nouveaux statuts de I'academie des sciences , rediges par elle-meme, cette societe lui a fait exprimer, par une deputation, la reconnais- sance dont elle est penetree. Voici la reponse que le roi a faite aux deputes : 0 Messieurs, j'ai approuve avec d'autant plus de plaisir le reglement que I'academie m'a soumis , qu'il est sorti de la plume d'hommes connus par leur sagacite autant que par leurs profondes connaissances, et dont les travaux feront 6poque dans I'histoirc des sciences. Dans tous les etats eclaires , mais surtout dans les ^tats libres , le monarque est le protecteur des sciences ; et lorsqu'il les protege, comme il le doit, la nation, ainsi que lui-meme, peuvent csperer de voir s'affermir davantage , de jour en jour, les droits que la nature a graves au fond du cocur de cbaquc homme. Conlinucz, MO liUROPE. messieurs, de Irarailler a rendre de plus en plus gi-neral Ic dtvelop- pement des faculles intellectuclles. Le flambeau des lumieres fera palir ces liloilcs sinislres dontla funeste influence a dcsolctour a tour non seulement notre pays , mais encore les autres contrecs de I'Eu- rope , les phis fertiles comme les plus steriles. Paix gcneiale , repos interieur, silret nvait-il parle, que sa prediction s'accomplit. » Le dernier ouvrage do M. Voigt est un traite sur les mines d' llmcnau. Nous ne dirons ricii des autrcs , qui sont connus de tous les yavans. Ph. GoLBiiRy. SUISSE. GEistvB. — Bolanique. — Dans la dcrnierc seance anniversaire de la Societe helvetique des sciences naturelles ^ INI. de Candolle a mis sous les yeux de cette Societe une Flore du Mexique, composee de i-zjo IVuilles, et renl'ermee en i5 volumes grand in-folio. G'est au zele de ses compatriotes pour les sciences que le savant naturalisle est, en £,'randepartie, redovable de la possession de cette colled ion precieuse. Voici quelques details a ce sujet, que Ton trouve dansle Morp^enblatt, public k Stuttgardt. MM. Sessii, Mocino et Cervantes avaient par- couru la Nouvelle-Espagne, dans la vue de composer une Flore du Mexique ; ils avaient fait faire le dessin de chaque plante sur le lieu meme. M. Mocino s'etait rendu lus probable que les faraglioni etaient le veritable sijour des Cyclopes, comme Pline I'avait deja indique. Ces ecueils , apres les decouvertes faites par Dolomieu de Vanalcime ou zeolite blanche, que Ferrara a nommec Cyclopite , sont devenus plus celtbres chez les physiciens qu'ils ne I'^taient chez les erudits. M. Brocchi a donn6 une description nouvelle et encore plus dtitaillee des mfimes lieux ; il y examine une cave qui s'etend i deux milles de largeur. II a trouve dans un champ contigu Vatropa mandragora , plante qu'il regarde comme indigene dans I'ltalie meridionale; il fait des remarques fort ing6nieuses sur la formation des grandes ca- vernes, qui se trouvent dans les courans de lave tombcs perpendi- culairement dans la mer. II trouve <^i et Ik des traces de lave qu'il rapporte a une date fort ancienne. Les observations faites sur les iles des Cyclopes sont encore plus cnrieuscs , surtout par rapport a I'anti- quite prodigieuse qu'annoncent des laves accumulees prfes d'Aci. (Koy. la Bibliotheque Ilalienne , n° lix, pag. 217). ViBONE. — Puhlicatiuns noupelles. — Phai made. — On a imprimt dans cette ville une traduction du Code pharmaceulique , publiee a Paris en 181S par la faculte de medecine. On la trouve preferable, sous tons les rapports, i celle de Palerme, qui parait avoir 6te faitc par une personne pen familiere avec cette science. RoMF. — Peinlure. — Le pape vient de confier k plusieurs artistes distingues la restauratlon des principaux tableaux qui ornent les EUllOPE. 229 eglises de Rome. La direction de ce travail a utc conGee au cLevalicr Gaumicini. Beaux-arts. — Sculpture. — M. Canova vient de terminer un ou- vrage qu'on dit superieur a tout ce qui est sorti de son ciseau. G'est un groupe de deux statues colossales , dont I'une reprcsente Theses tuantun centaure. Le heros serre de la main gauche le ecu de son ennemi, dont la partle humaine fait encore quelques efforts inutile s contre son redoutable vainqueur, qui souleve de sa main droite la iourde massue de Periphete. Ce groupe est destine pour la cour im- periale de Vienue. Milan. — Grai-ure. — M. le chevalier Longhi, celcbre graveur, qui, conime Morgan et Gandolfi , a suivi la methods de Woolet, a public, I'annee derniere, unegravure, la plus grande qui ait etc produite jusqu'ici. Elle represente le mariage de la Sainte Vierge , de Ra- phael. Les artistes italiens, tout en appreciant ce beau travail , sont loinde mettrecettegravureau memerang que la Transfiguration, ^Sit Morgen. On louesurlout lestctes duprclre,de saint Joseph, d'une ser- vante, etc. Une autre gravure, quia obtenuunplus grand succes dans son genre, est celle de V^inore dormiente, executtie par INI. Gandolfi. Oh la compare i V Amour de Barlolozzi pour I'inventipn , le dessin et la grSce. Le meme artiste s'occupe i graver le fameux saint Jerome du Corrfege, dont on a dejh fait pr6s detrente gravures, toutespeu digncs de leur modele. Pi^MONT. — Turin. — Mommage a Alfieri. — Le marquis de Breme , voulant venger la memoire du celebre Vittorio Alfieri, son conci- toyen , avait propose, il y a quelque terns , une medaille d'or, repr6- sentant I'image de ce grand poete , pour celui des Piemontais qui aurait le mieux d6montre dans une dissertation le merite des pieces dramatiques d' Alfieri. La medaille fut d6cernee <> I'avocat Gaetano Marre , qui , dans une savante dissertation , a refut6 compl6lement I'ecrit de M. le professeur Carmignagni sur le meme sujet. Le mar- quis de Breme a voulu falre encore plus ; il a donne des medailles en bronze, frappees d'apres le meme modele, ii plusieurs hommes de lettres qui partagent son enthousiasme pour ce grand poete. Une de ces medailles a et6 envoyie a M. Salfi , I'un de nos coUaborateurs , auteur de I'article sur la celebrite d'Alfieri, inser6 dans le T. VII, pag. 202. Necrologie.' - DeMaistre.- M. Ic comfc Joseph de Maistre, niinislrc 230 EIJROPE. d'etatdu roi dc Sardaigue, est inort ^ Turin , Ic aS fevrier 1821. Ses Considerations stir la France, quoique dominijcs parune opinion sys- ttniatique ct partiale , oll'rent une superiority de vues et une profon- deur de pensees remarquablc. Son livre du Pape, public en iSig, et dontle troisiume volume doit paraitre incessamment, a augmentc sa reputation ; c'est un ouvragc ecrit avec talent, quoique, plusqu'aucun de ceus de I'auteur, il manque de justesse et d'inipartialitc. On imprime en ce moment un nou vel ouvrage de M. de Maistre, les Soirees de Sainl-Pelersbourg, ou Entreliens sur le gouvernement temporel de la Prouidence; ouvrage que ses amis rcgardent comme son chef- d'oeuvre. 11 formera 3 vol. in-S". — M. de Maistre avait ete ministre plenipotentiaire de Sardaigne 6 Saint-Pctersbourg, et il avait les titres de ministre d'etat, regent dc la grande chancellerie , membro de I'academie des sciences de Turin , chevalier grand-croii dcs ordres de S. -Maurice et S.-Larare , etc. CBECE ET Tl'RQXIIE. AsDRiNOPLE. — Instruction puhliquc. — Un richemarchand dc cetle ville vient d'y fonder depuis pcu une ecole a ses frais. — Athkkes. — J, 'ecole de cctte ville continue a prospiTcr. — BccnAKKST. — Le lycee de cette ville fait des progres journaliers ; il a I'avantage de possedcr actuellement un troisieme professcur, qui a fait d'exccllentes etudes en Allemagne et en Fiance, et il se niontre deja Temule de I'ecole de Chios. M. Stephanos Kanelos, un des premiers professeurs de ce lycee , a prononce , cette annee (1821}, devant un nomhreux auditoirc , un discours energique adress6 aux laborieux eleves qui fr6quentent cct utile etablissement. On a remarqu6 dans ce discours le passage sui- vant: 0 Oui, chers enfans de la patrie ! I'amour du bien public doit Tous animer constamment : le bien public sera toujours le seul but de vos etudes et de tous vos efibrts. Vos fravaux produircnt des fruits salutaires. La patrie vous encourage de tous ses nioyens : rendez-vous toujours dignes de son amour maternel et dc ses bril- lantes esperances. Mais que dis-je f Je lis sur vos fronts rexpressioii de vos nobles sentimens, et ma joie est inexprimable, etc. » Le discours de M. Kanelos, ecrit avcc chaleur el prononce avec force, a 61ectris6 toute I'assemblee, et a etc convert d'applaudissemcns. Tous les boyars faisaient partic de cclle reunion. EUROPE. 231 —Chios. — M. Barbacjui viunt de faire, a I'ecolt; de Chios, un aou- veau legs qui portc la tolalite de ses dons a plus de 120,000 ir. Cette augmentation des capitaus de I'ecole a mis I'administration a meme d'envoyer deux jeunes gens i Paris pour y perfectionnw leurs etudes; on espere qu'il va en elre envoy6 un trolsi6me au celebre institut dc M. de Fellenbcrg, en Suisse, pour s'occuper par- ticuli^rement de I'education proprenicnt ditc. .Si I'inconslance des cvenemens en Turquie, et , nous osons le dire , si la malveillance dc quelques Europeens, indignes d'appartenir k des nations civilisees, n'opposent point quelques obstacles imprivus au perfectionnement de I'icolc de Chios , on pout se flatter de voir bientot I'ile dc Chios devenir, dans la Grece moderne, ce qu'etait anciennement la ville de Milet, en lonie. La traduction de la Chimie de M. Thenard est souspresse; on pent esperer de voir bientot imprimer dans cette ville celle du Cours de malhematiques de M- Franca'ur. — CoNSTAivTiNOPLE. — Ccttc vjllc renfcrmc une grande ecole et dix ecoles inferieures, peut-etre plus actives que la premiere. —On a public recemment ici la traduction en grec moderne, par un eccl(i- siastique, de la chimie de M. Brugnatelli. — Cydonie. — Le digne archeveque d'Ephese, monseigneur Dio- nysios, a consacre les revenus de quelques tglises de Cydonie aux bcsoins de I'ecole de cette ville. — -Epire. — Lefleau de la guerre a cause la ruine des deux ancienncs icolcs de Janina, et, ce qui est plus aflligeant encore, I'incendie des deux bibliothequcs de cette ville. Cependant les habitans d'un canton de I'Epirc , les Zagoriotes , malgre les calamitts qui ont af- flig6 le pays , perseverent dans la resolution d'etablir une 6cole au milieu de leurs montagnes, et viennent defaii-e passer a I'un de leurs compatriotes, k Paris, une somme d'argent pour acheter des livres. — MoNT-PiiLioN [Thessalie]. — L'ecole de cette ville continue ses traraux avec succes. — SsiYBKE. — La fermeture d'une des ecoles , amenee par quelques cv6nemens facheux , n'a pas diminue le zele des Smyrniotes pour le perfectionnement des etudes. L'ancienne ecole de la mfime ville vient de s'enrichir par I'acquisition de j\I. Benjamin , ancien prol'es- «eur a I'ecole de Cydonie, dans 1' Asie-Mineure, qui a fait d'excellentes «tudes en Italic et en France, et qui a visite aussi I'Angleterre. On ^ienl de s'abonntr, pourcetta ecole, ^ la Revue Encyclopedujue , 232 EUROPE. aCn de se tenir au courant de tout ce qui se fait dans le monde civi- lise. Les Smyrniotes ont aussi ctabli une ecole d'enseignement mutuel, k la tete de laquelle ils ont mis un maitre sorti de I'ecole normale d'enseignement mutuel 6tablie it Yassy, capitals de la Moldavie , par MM. Rosnovano et le professeur Cleobulos. Ces deux honorables philantropes continuent toiijours avec succes leurs utiles travaux; ilg Tiennenl de donner des ceitiCcats a dix autres maities, qui ont subi leur examen dernieicment a Yassy. Un de ces nouveaux mailres est destine pour I'ile de Candic. Iles Ioniennes. — Pretendiie decouverle geographique. — M. le ca- pitaine G. H. Smith, dans une lettreadressee, leai aoilt 1820, aM.le baron de Zach , s'est empresse de lui donner une liste des ilots de- pendans du gouvernement d'lthaque, dont I'existence elait, dit-i! , entiereinent inconnue des geographes , et meme du s^nat ionien. Les noms de ces iles sont : Arcudi , Atuco , Calamo , Caslus , Ta- rachinico , Mangelaria , Fermecula , Provaluchi , Claronissi , To- sia , Lambrino , Dragonara , Calogero , Filipo , Pistro , Zacalonissi, Frovati, Carlonissi , Pondico , Modi, Uromana , Macri , Claro- nissi , Oxia. Ces iles inconnues pour MM. le baron Theotocki , presi- dent du senat ionien , le baron de Zach , le haut commissaire britan- nique, sir Maitland, et le capitaine Smith, etaient deji indiquees dans plusieurs cartes geographiques , telles que celles du Palma, de D. Dionisio Alcala Paliano, du Piloponese par Cantelio, et du golfc de Venise et de la Moree , par Bellin. On trouve aussi une longue dissertation du pere Coronelli , ainsi qu'un article dans I'Encyclopedie methodique, sur les Cursolaires. Les memes iles avaient et6 citees par Plinc , Tacite , Ovide , Strabon, Plolomee, etc., etc. {Foy. Bi- bliotheque ilalienne, n" lxi et lxii, page 200). ESPAGNE. M'ADBiD. — Medecine. — Peclirologe dudocteur Laennec. — On a fait un grand nombre d'experiences pour verifier si les effets An pectirologe , invents par le docteur Laennec , medecin de Paiis , sont tels que I'auteur les avait annonc6s dans I'ouvrage qu'il a public i Paris sur ce sujet. Les resultats ont ete aussi satisfaisans qu'il est possible , et I'on a reconnu combien est precieux cet instrument, au moyen duquel les poumons revelenl en quclque scrte au medecin I'etat dans lequel ils sc tiouvent. La gazcltc dc Madrid ajoutc qu'on a reconnu dans deux EUROPE, 2SS cadavres diss6qu6s la lesion organique du poumon , telle qu'on I'a- vait presum6e d'apres le son da pectirologe. — Medailleen lave du Vesuve. — Les coites ont fait placer dans la salle de leurs seances una siiperbe medaille , faite del ave ardente du Vesuve, dont le savant M. Gimbernat leur a fait hom- mage^ et sur laquelle on lit: n Alliance du trone et de la liberie, scell6e de la lave ardente du Vesuve, lo mars 1S20. — J'ai jur PORTUGAL. LisBOPrjfE. — Aholitition de la peine de mart. — Les cortfes por- tugaises ont prononce I'abolition de la peine de mort. Ainsi, les publicistes vont Ctre a m6me , par cette application d'un principe de justice et d'humanite si long-tems viole , d'apprecier la preten- due necessite de cette punition si terrible et anti-sociale , que notre etat actuel de civilisation reprouve , et contre laquelle Beccaria et un grand nombrc de criminalistes et de philosoplies , et , en France , I'infortune Condorcet, se sont Aleves avec tant de force. II est digne de la nation fran^aise de consacrer par une disposition legislative cette abolition de la peine de mort , qui serait remplacee utilement, pour la morale publique et pour la society, par Visolement absolu, dans une prison solitaire, des criminels qui auraient encouru cette peine , ainsi qu'on le pratique aux Etats-Unis d'Amerique. Nous croyons devoir appeler sur cette question importante I'attention des legislateurs , des publicistes et des philosopbes. L'execution d'un homme mis a mort dans nos societes modernes, au milieu d'une foule nombreuse reunie pour assister a cet affreux spectacle, n'est pas sans analogle avec ces fetes barbares de quelques peuples sau- vages qui tuent leurs prisonniers, et forment un grand cercle au- tour de la victime, avant de I'immoler. M. A. J. PAYS-BAS. Haelem. — Sociele Teylerienne. — La classe theologique de cette societe a eu a prononcer, dans le mois de novembre dernier, dans le concours qu'elle avait cuvert sur cette question: o h. dater de la Confession d\\.ril 1821 , presidence de M. le comte Chaptal. — M. DE G^RANi^o , secretaire general , fait la recapitulation des travaux du conseil d'administration , dans le cours de cette annee , et des progres de I'industrie. 11 examine, sous les rapports de I'utilite generale , le systeme de douanes etabli par les divers gouvernemens, et considere les prohibitions, d'une part, comme un moyen de pro- EUROPE. 2A7 tection pour les manufactures, et , de I'autre , cotnme une niesure qui tend i rompre tous les rapports entre les nations et entre les particuliers, et in encourager le fleau de la contrebande. II fait remar- quer qu'il est aussi absurde d'exiger qu'un peuple ne consomme que ce qu'il produit , qu'il I'est de consommer sans rieu produire. La richesse d'une nation ne se compose pas de la misere des autres ; et, lorsque les relations sont bien entendues, chacune a part k I'aisance de ses voisines. La France, par sa position geographique, recueillera toujours les premiers fruits de I'abondance gen6rale ; elle est, par celameme, la premifere interessee a une harmonic constante , k des relations fondees sar une heureuse Emulation, et k ce que le juste equilibre commercial ne soit detruit par aucune domination d'un etat sur les autres, quelque part qu'en soit le siege. Outre les personnes qui doivent etre recompens^es par des me- dailles d'encouragement, M. de G6rando fait connaitre celles qui se sont distinguees par d'heureuses tentatives, ou des succes moins importans : MM. Molard freres , pour leurs fabriques d'instrumens araloires perfectionnes; MM. De Lasteyrie et Temaux , pour leurs travaux relatifs a la conservation des grains; M. Dartigues , pour la culture des plantes propres i fournir de la potasse , et pour un nouveau mecanisme qu'il nomme halancier hjdraulique ; M. Ber- nadac , pour son acierie etablie dans les Pyrenees orientales ; MM. VaLlol etBery, pourle moirage des feuilles d'etain; MM. Gail- lardel Perrin, pour leurfabrique detoiles metalliques ; M. Souillard, pour I'invention d'une substance propre in mouler les statues et les ornemens , et qui est susceptible d'acquerir une tres-grande duret6 ; M. De Valcour , pour un memoire interessant sut les machines a vapeur a haute pression ; M. Bresson, pour la construction de I'un de ces appareils ; M. Legrand, pour sa machine a hroyer lechocolat M. Fapereau , pour un metier a faire des tricots sans enters M.Boucher, pour une tris-']oUe machine propre a. la perspective MM. Jomard et Collardeau , pour des regies a calculer construites par M. Lenoir ; M. Gluck, de Mulhausen, pour un moyen trfes-utile de rompre les glaces et d'empecber les ravages de la debacle. Apres des rapports de M. Bbillat-Savarin sur la situation finan- ciere de la societe, et de M. le due de la RocnEFOucAuLi sur la cen- sure des operations du conseil, M. de Gerando communique un 2A8 EUROPK plogc funtjbie de I'estimablc M. Scipion Pkriri, qu'une mort prt- inaturt'C vicnt d'cnlevcr aux arts, qu'il ainiait et proti-gf ait. M. Fba.ncceub fait connajtrc au conseil les motifs sur lesqucls le ronseil s'cst fonde pour accorder des tncdailles 6 divers fabricans ; ces artistes se presentent successivement pour rccevoir cette recom- pense , et recueillir les ttimoignagcs de satisfaction de I'assemblfie. Une m^daille d'or est accordie a M. PracUer^ pour sa double fabrication d'objets en nacre de pcrle et dc rasoirs ; ces rasoirs sont d'une qualite qui egale au moins ccllc des nieilleures fabriques ; ils sont livres an commerce i tres-bas prix, et au nombre de quatre mille par mois : ces instrumcns sont construits avec un soin par- ticulier et sont identiques , sous les rapports dc la forme et de la trempe. ( Tom. VIII , pag. 6440 C'est dans deux maisoiis dc deten- tion que M. Pradierconfectionne sesouvragcs en nacre, qui sont d'unc delicalcsse et d'une elegance parfaites. Six mcdailles d'argent sont accordees : i" k MM. Roui ct Derthier, pour leur utile fabrique de des a coudre , qui sont tres-bien executes et livres & tres-bas pris; a" i madacne Dc Grand-Gurget , de Mar- seille, pourses beaux ouvrages en acier, et particulierement ses lames damassees ; 3"> a M. Jaeger Schmidt, pour avoir importe divers pro- cedes int^ressans dans la fabrication des faux ; 4" 4 M. Di/h , pour les applications d'un mastic dur ct impermeable 4 I'eau , d'une ma- niere nouvelle ct tris-avantageuse ; 5° a M. Lousteau , pour ses cbapeaux d'etoffe et sa fabrique de scliakos , maintenant adoptef pour le service de notre infanterie ; 6» h M. Saulnier, pour les belles machines ^ vapeur qu'il a construites et oii 11 a introduit divers per- fectionncniens interessans. Deux mentions honorables sont accordees ^ MM. Sennffelder et £ngelmann , pour leurs inventions en lithographic. Le reste de la sesnce est employe i procedcr aux elections des membres du conseil d'admiaistratiou , et & passer en revue les pro- duits remarquables que divers fabricans presentent a rassemblec. M. Dielz, auteur du clariharpe, fait entendre ce bel instrument, dent on )oue k I'aide d'un clavier parcil k celui du forte -piano, etdont les sonsharmonieux tiennent dc ceux dela harpe. Ilnefaut, pour jouer du clariharpe, aucune elude particuliere ; ct tout pianiste pent, dc suite, executer un morceau, comme s'il touchait un piano. Plusieurs pedales, habilemcnt disposees , modilient les sons au gre » EUROPE. 2A9 del'artiste, ct donnent a cet instrument une douceur, une grace et une vigueur particuli^res. — Sociite elablle a Paris pour V amelioration de I'enseignemefU ele- mentaire. Seance generale annuelle du i.i mars 1821. M. le due DB DoDDEAiTvitLE , pr6sident hoaoraire , et M. Ic due dk Lx Vadgcyom, president actuel, prononcent chaeun un discours sur les succes obtenus dans I'instruction primaire, et expriment I'interfit qu'inspire a tous les gens de bien I'etablissement de I'enseignement mutuel dans toutes les regions de la terre. M. Gai, invalide, Sge de vingt-huit ans, quoique prive du bras droit, ne sachant d'ailleurs pas lire, a etc mis en etat , apres deux mois, de bien lire ct ecrire , par M. Delahaye , instituteur d'une ecole mutuelle situee dans I'ile Saint-Louis; un facsimile de I'ecri- ture de M. Gai est rendu public par la voie de la lithographic. M. JoMARD, dans un rapport tres-etendu, expose au conseil I'etat actuel de I'enseignement mutuel en France et dans I'etranger; en- viron l55o ecoles sent en activite en France, nonibre qui exctde de plus de 200 celui qui existait, il y a un an ; 170,000 elfeves y re^oi- rent I'instruction. Le rapport est divise en trois parties : I'expose de I'etat de nos ecoles, celui des travaux du conseil d'administration en 1820 , et la correspondance etrangere. Dans la premiere partie, le rapporteur donne connaissance des progres des eleves, de I'accroissoment des ecoles et de la marche de I'enseignement : un tableau figure rend sensible auxyeux les divers resultats que presentent ces interessantes comparaisons. M, Jomard annonce que le Roi a fond6 une ecole a Pomremy , en I'honneur de Jeanne d'Arc, que S. Exc. leministre de I'interieura encourage cent ecoles muluelles, durant I'annee 1820, et place deux eleves de I'ecole- modele de Paris a I'ccole des arts et metiers : que I'ecole normale afourni, depuis safondation, 5i2 maitres, parmilesquelsonremarque 24 etrangers. La seconde partie, qui a pour objet les travaux du conseil d'ad- ministration, annonce qu'un bulletin a ete cree pour fournir, chaque- mois, gratuitement, a tous les souscripteurs , aux correspondans et aux maitres, une connaissance precise des operations et des amelio- rations ordonnees. Lc comile des lirres a augmente la liste des ou- vrages qui doivent former ia bibliotheque populaire des ecoles Le comite d^iconomie a indique des crayons moins dispcndjeux. Le 250 EUROPE. comiie des milhodes el les commissions spiiciales ont fait adopter lies tableaux do grammaire, un Trait6 complet d'arithmetique et une nouvelle methode de chant : ens travaux sent maintenant livres ii Timpression. Enfin , les ecoles etrangercs se multiplicnt'rapidement, non seu- lement dans les diverses conlrees de I'Emope, mais meme dans toutes les parties du monde. On possede maintenant des tableaux de lectures composes en douze langues differentes. M. JoMARD annonce que le jeune prince de Madagascar , qui est present i la seance, a acheve en moins d'un an son cours d'ins- truction elementaire, chez M. Morin , ct qu'il se dispose a retourner dans sa patrie. M. DE GiSbamdo communique un rapport sur les avantages et les progres de I'enseignement mutuel. L'assemblce ordonne que la place d'instituteur de I'ecole Gau- tbier soit donnee par la voie du concours. Elle d^cerne 32 me- dailles de premiere classe , 16 de seconde , et 74 mentions hono- rables ^ divers instituteurs qui se sont rendus dignes de ces dis- tinctions : M. JVilhem , auteur d'une nouvelle methode pour appli- quer I'enseignement mutuel a la musique ; M. Badoureau, habile directeur de I'ecole-modi-le de la prefecture de la Seine , M Brack , rabbin, instituteur a I'ecole des Israelites ; M. Groult a Versailles, M. Lemaire a la Villette , M. Frejacques i Libourne ; M, Raymond a Saint-Brieuc , etc. , sont proclames par le president. M. JuLLiEN, de Paris, fait, au nom du comite des livres, un rapport sur divers ouvrages que la society a honores de son appro- bation. Le reste de la seance est employe au comptc rendu de la situation de la caisse, aux elections des membres du conseil d'administra- tion ct k voter des remercimens i Son Exc. le Ministre de I'inte- rieur, a M. le due de la Vauguyon, ancien president, aux prefets des departemens, et particulieremenl a eelui de la Seine, i M. le due d'Albulfera, aux fondateurs et aux societes d'enseignement mutuel ; enfin, au fondateur anonymc d'un prix que I'acadepiie franraise doit decerner au meilleur poeme sur les avantages de ce nouveau mode d'instruction. FBAKCoeun. EUROPE. 251 Phares. — Le iSavril, la commission des phares a fait , eu pre- sence de M. le directeur general des ponts et chaussees , de plu- sieurs membres du bureau des longitudes et de I'academie des sciences, et d'officiers de marine et d'ingenieurs, une experience com- parative sur les effets de lumiere produits par les plus grands r6- flecteurs paraboliques employes jusqu'a present dans les phares de France , et la lumiere produite par une grande lentille a echelons , analogue a celle de Buffon, mais construite parun precede nouveau, L'eclat de la lentille a ete trfes-superieur a celui de ces deux reflec- teurs reunis. M. le directeur general s'est empresse d'accueillir et d'encourager ce nouveau moyen d'eclairer nos c6tes , sur lesquelles on doit esperer de le voir bientot mis en usage. Eclairage par le gaz. — L'appareil etabli au Luxembourg par MM. Pauwel, fournit un tres-beau gaz, resultant de la distillation du charbon de terre, mele avec le carbonate de chaux (pierre a chaux), et dont la lumiere est tres-pure et trfes-vi ve. Deja le palais des pairs, le pe- ristyle de I'Odeon, uncaf6delarue de Vaugirard, etunrestaurantplace a Tangle de la rue de Tournon et de la rue de Vaugirard , sont eclaires par cetappareil. Ce dernier etablissement donne par jour pourchaque bee 25 c. en hiver , et i5 c. en ete , terme moyen 20 c. , sans aucun frais d'entretien ; tandis que chaque bee a Thuile couterait de 25 a 3oc. au moins , puisque I'on compte ordinairement 5 c. par heure » ef que, dans les theatres, oil il y a moins d'tconomie que chez les par- ticuliers, la depense va jusqu'a 7 c. Si Ton considere , en outre, que le gaz eclaire beaucoup mieux que I'huile ; qu'en employant cette derniere substance , I'entretien des lampes est tres-couteux; que beaucoup d'objets sont taches; que les plafonds et les tentures sont promptement noircis par la fumee , on n'aura plus de doute sur les avantages que presente le nouvel eclairage ( f^qyez T. VIII, p. 212, et T. IX, p. 627). — La nouvelle salle d'opera{P'qyez Tarticle ci-aprfes) sera entieremcnt eclairee de cette maniere ; et ce sera un nouvel objet de comparaison pour les partisans et pour les antagonistes da gaz. L'appareil construit k Montmartre a ete fait avec beaucoup de soin, et d'apres les memes principes que celui de I'hOpital Saint-Louis. Les rues et les maisons qui se trouvent dans la direction du tuyau de conduite pourront «'tre eclairees comme le theatre; deji meme plusieurs bees sont dis- poses a cet effet , sur les boulevards , i I'enlree des rues Montmartre ct du faubourg Montmartre. 252 EUROPE. jissainissement des theatres.— Ha exemples recens d'cvanouissc- mens dans les salles de spectacle ont determine le ministre d'etat, prefet dc police , a former iinc commissioa composee de medecins , lie savans ct d'artistes , chargee dc chercher et d'indiqiier les meil- leiirs moyens d'assainir les theStres. Cette commission, prise dans Ic sein du conseil de salubrite, a demande i'adjonctioa de quclques artistes habiles , et s'est occnpee d'abord de I'examen de toutcs les salles cxistantes. Elle a fait lever les plans de celles de Londres ; elle les a comparees h celles d'ltalie et d'Allemagne , et s'est procure tous les documens qui lui etaient necessaires ; elle a fait ensuite , et parli- culierement pendant les representations gratuites, des experiences endiometriquas, thermometriques et bygrpmetriques i I'Opera, i Feydeau,au TbeJltre-Frani^ais', au Vaudeville; il en estresulte : I'que I'air pris dans la salle est aossi pur cbimiquement que celui qu'on respire sur les quais, resultat deja connu; 2° que I'air contient moins d'eau qu'avant etaprts la representation , a cause de rexcesslvc eleva- tion de la temperature , et que c'est probablemcntacette secberesse de I'air qu'on doit attribucr la grne que la respiration eprouve , et les suflbcations qui en sent souveut la suite. Des memoires et des projets ont ete adresses a la commission, elle les a examines; elle a choisi partout ce qu'elle a reconnu de meiileur , et elle a adopte un systeme coniplet de chaufTage et de ventilation qui , appliqufe aux dilTerentes salles, doit assurer leur salubrite. L'architecte , cbargc des travau!^ de I'Opera, a pris toutes les dis- positions necessaires pour etablir, dans la nouvelle salle , une venti- lation parfaite, et en faire uu tbeStre-modele sous' ce rapport. Des caloriferes , convenablement places, eleveront^ d'une maniere uni- forme et metbodique, la temperature des vestibules , des escaliers , des corridors et des foyers ; c'est cet air, ainsi tempere , qui renou- vellera celui de la salle , a mesure que I'air vicie sera enleve par les ventilateurs , places dans les combles. L'appareil qui doit fournir I'air cbaud en biver fournira en ete de I'air froid,pris dans les caves. Le meme systeme de ventilation sera etabli pour le tbeStre qui , par excts de precaution, ne sera chauffe que par de la vapeur d'eau. II y aura dans le foyer un chemin sous lequel passera un conduit dc cette vapeur d'eau qui scrviraa tenir cbauds Icspicdsdes promcneurs; des plaques, placees devant les statues, procureront cc mfme avantage .'i ceux qui voudront s'arreter. Enfin, si la nature du spectacle exige que Ton bri'ile sur la seine de la poudre , des pieces d'artiGce , etc. , des EimOPE. 253 Tcntilateurs sont disposes, pour que I'odeur et la fumce ne puisseiit jamais pen^trer dans la salle. II est probable que le rapport general de la commission sera public , avec des plans et des dessins a I'appui ; nous pourrons alors revenir sur ce sujet, en raison de son importance. l7istructionpublique. — Ectde des diarlres, etahlie par ordonnance du Roi , du iifevrier. — Art. l«^ II y aura a Paris une ecole des chartres , dent les eluves recevront un traitement. 2. Les eleves de I'ecole des chartres ne pourront exceder le nombre de doiize. lis seront nommes par le ministre de I'interieur, parnii des jeunes gens de vingt a vingt-cinq ans, sur une liste double qui sera presentee par I'academie des inscriptions et belles-lettres. 3. On apprendraaux eleves de I'^cole des chartres a lire les divers manuscrits et a expli- quer les dialectes franrais dumoyen Sge. 4- Les el6ves seront diriges, dans cctte etude , par deux professeurs cboisis par le ministre de I'interieur, I'un au depot des manuscrits de la bibliotheque royale , I'autre au depOt des archives du royaume. 5. Les professeurs et les eleves de I'ecole des chartres sont sous I'autorite du conservateur des manuscrits du moyen Sge de la bibliotheque royale , et sous celle du garde general des archives du royaume. — La methodepvur renseignemenl des langues , de M. Ordinaire , recteurde I'academie deBesan9on(Tom. VIII, pag. 554, et Tom. IX, pag. ai5 ) , est en activite depuis plusieurs mois dans I'institution de M. Muron , rue de la Pepiniere , n" i-, oil clle obtient un succes complet; M. Morin , rue Louis-le-Grand, et M. A. Lemoine, qui a transfere , rue Notre-Dame-des-Gbamps , n" 2 , son etablissemt'nt de I'avenue des Champs-Elysees , se proposent d'adopter ce moyen prompt et sur d'apprendre toutes les langues : nous ferons connaitre les resultats qu'ils obtiendront. — linseiffnement prirnaire. — Les ordonnances royales de 1816 et de 1820 ont donne de grands developpemens a cette branche si im- portante de I'instruction publiquc. Les comitescantonnaux ont rendu et rendront plus facilement encore des services signales ; la classe des instituteurs s'epure et s'augmente : cependant il reste beaucoup a faire. i4,ooo communes sont encore privees de toute espece d'e- coles ; et , dans les 5/6"= des communes oii il en existe , le sort des iiiaitres est si chclif , I'etat des b&timens servant d'ecoles est si mise- rable , que beaucoup d'am^'liorations restent i deslrer. Le zele de MM. les recteurs n'en est que plus digne d'eloges, et cette portion de leur tache n'cst pas la moins glorieuse a remplir. Lc tableau sui- vant fVra connaitre les succes qu'ils ont ob tonus. 25A EUROPE. — FAat de I ensei^nemcnl primaire au x"' juillel iSao dans les vingl-six academies dantse compose f iinii'ersitJ de France. ACADEMIES, ACADEMIES DO MIDI. Greuoblo Aix (non com- pris la Corse.) Nimcs Monlpelliei-. ., . Toulouse. . . Pau Bordeaux. . . Caiioi's ACADEMIES DU MILIEU. Rennes Angers Poitiers Limoges Clermont Bourges Orle'ans Dijon Lyon Besancon ACADEMIES DU NOHD. Amiens Douai MeU Nancy Strasbourg Paris Caen Rouen Total. . , Population d(:s ecoles prim a ires dcs acadc- 42,3oo i6,53o 29,673 21,746 16,182 45,oon i8,45: 18,43 i5_,2i7 i5,45i '29,64<) 7,816 7,000 9.7S7 6jo3o 67, ] 21,680 70,060 107,194 78,816 .'12,761 63,i47 65,876 148,572 47.172 43,980 1,063,919 PoinilaiLJn Jes en fan! nialea, de ciniiafjiiinzt aus (1). 84,000 72,000 96,000 99,000 1 1 1 ,000 82,000 126,000 1 8,000 229,000 1 11,000 1 16,000 72,000 l32,O0O 66,000 77,000 106,000 97,000 83,ooo 102j000 i4o 000 60,000 98,000 77,000 268,000 i5i,ooo 106,000 ,882 4,3 3,3 4,6 6,9 ],S 6.9 4,7 i5,o 7,5 3,9 18,8 6,T 12,8 4,4 i,»7 1,2 1.17 1,1 1,5 Population lolale des acadtniies(2). 3,2 2,4 ^,7l 849, 3g5 725,525 962,056 998,991 1,1 16,777 <'^2!,4ll 1,265, 3:)o 880,773 2,297,109 1,147,122 1,168,977 725,690 1,322,758 665,142 775.9 ''8 1,064,678 978,015 853,389 1,321,554 1,477,724 601,286 984,682 776,215 2,683,477 1,512,769 i,o64,42g 29,012,162 1820. 1 i5o I 74 1 39 I 92 1 189 1 68 1 128 1 i5 I 45 Ainsi , les deux academies ou I'enseignement primaire est le plus florissant sonl celles de Besanpon et de Melz; et Ics deux ou il est le moinsrc'pandu sonl celles de Mennes et de Clerraonl-Ferrand . (1 ) Le nombre des cnfans males de cinq a quinv.e ans est , a tres-pcu J de cliose pres , le 10'^ de la po])ulalion lotale. Le rapport exact est fl celui-ci : 29,000.000 : 2,784,565.Cerapportpeut s'exprimer ainsi d'une ■ mauiere approximative : i,45o,i3g,2; ou plus simplcment, i45: i4. (2) La population lotale de chaque de'p'irtement a ete prise dans rannuaivpie'senle auRoiparlc bureau des longitudes pour I'an 1821. EUROPE. 255 Comparaison den deux annees 1817(1) ^t 1820(2) a Pepoque du \^^ juillet. DiUcrencc en pl:is pour 1817. 1820. 1820. Nombre des communes avant une ) „ , , ^ , , ouplusieursecoles.... j ^7^^°° ^^''=4 C,324 Nombre total des e'coles 20,200 27,581 -',38l Nombie des e'leves , 865,721 1063,919 198,198 Nombre des maitres 20,784 28,945 8,i6i Tfombre des ecoles tenues par les) /- n /■ . ^ DO 187 127 ' treres j / ^-^l Nombre des ecoles d'enseignement) 5 ,r „ /. mutuel ) ^'3 '.•°7-5 76" f 1." degre 5o 238 i88 Ecoles. s 2." degve i,5oo 5,539 4,o3q (.3." degre' i8,65o 2i,8o4 3,i54 Rapport de la populatioQ des ) , , „. ecoles a la population totale. . \ 7 10* — Vqyap;e scientifiqueet litteraire.— M. ledocteur Charles Witte , jeune Allemand, connu dans le monde savant par le developpement precoce de son esprit, et plus particulierement encore par les details historiques de son education , qu'a publics son pere dans un ouvrage allemand, dont on doit donner incessamment une traduction fran- ^aise , vient d'arriver k Paris. Gharge|, depuis trois ans , par le gou- vernement prussien , d'un voyage scientifiquc et litteraire , il a par- couru I'Allemagne , la Suisse, I'ltalie , la Sicile et le midi de la France. Apr6s s'^tre familiarise avec les arts et les antiquites de Rome, oil il a sejourne pendant plus d'un an, M. Charles Witte a parcouru seul toutes les Galabres et une grande parlie de la Sicile , (1) On prend pour point de depart I'annee 1817, comme etant celle oil I'ordonnance du 29 fevrier 1816, soUicile'e depuis long-tems par I'universite , a commence a recevoir son execution et a produire ses lieureux efiets. (2) La Corse n'est pas comprise dansce resume': quelque bien s'est deja opere dans ce pays , par une suite d' efforts qui ont eprouye des obstacles de tons genres: mais tout , jusqu'a la correspondance dans I'interieur, etant extremement difficile en Corse , les re'sultats n'e'taient encore coniius que trop imparfaitement pour pouvoir figurer sur le tableau gene'ral de 1820. 256 EUROPE. au milieu de la revolution qui agitait ces pays. Tout en faisant drs recherchps dans las bibliotlieques, pourrccueillii- des monuinensrela- tifs a riiistoire du droit, il n'a pas neglige de reunirbcaucoup de rensei- gneuiens d'uainteret plus general surdes objets qui avaieat ecbappeii une foule d'aulre* voyageurs. 11 ne tardera pas & livrer au public les r^sultats de ses observations, dont il se propose d'inserer une partiu dans la Ret'ue Encyclopedique , destinee it devenir un point central de communication entre les bommes eclaires de tous les pays et do toutes les brancbes des connaissances. — flistoire de ia religion de Douddhah. — Dans le Journal des Sa- vans , du mois de Janvier 1821, M. Abel Remusat a publie des rc- cherches importantes d'histoire philosopbique et de cbronologie , sur la succession des trente-trois premiers patriarches de la religion de Bouddbab, depuisl'an 1029 avant Jesus-Cbristjusqu'a I'an yiSdel'ere chretieane. L'auteur a tire celte liste de VEncyclopedie japonaise , livre 64. Sa dissertation est tres-curieuse. On salt que le bouddhisme , religion du Thibet et de I'Asie orientale , est ne dans I'lnde , et re- garde paries plus savans icrivains, comme une beresie du brabma- nisme on de la religion des J'eda. Tous les ouvrages originaui sur le bouddhisme et le brahmanisme sont en langue saniskrile. La pi*- miere version de livrcs de Bouddha en cbinois , est de I'an 4'S de DOtre ere. L. — P/tilologie. — Nousavons annonce, dans notrc cabier de fevrier, le Desatir , ou les ecrits sacr6s des anciens prophetes persans, dans leur langue originale , etc. , publie a Bombay en 1820, 2 vol. inS" , par Moulla Firous ben Kaous. Notre savant orientaliste , M. Silvestre de Sacy, vient de publier, dans le Journal des Savans, de Janvier et de fevrier dernier, une dissertation sixr cet ouvrage , oil il prouve que cettc langue onginale n'est qu'un idiome artiCciel, caique sur un texte persan , leqnel texte aete donne pour traduction du persan, quoiqu'il soit I'original moderne,et que le tout n'est qu'une impos- ture, qui ne pent pis etre plus ancienne que le douzicme ou trei- zieme siecle de I'ere clir6tienne. L. — Ilistoire lilteraire. — L'edition des (Enures de Duclos que vient de publier M. Belin , et qui fait partie de sa Collection des prosa- leurs /'ranfais, est la premiere qui contiennc deux ouvrages de cet auteur, intitules, I'xiu: £ssai sur les ponls et chaussees, la roirie el les corvJes I dont la premiere edition est de 1769, in-n); I'autre: EUROPE. 2o7 Reflexions sur la coffee des chemins , ou supplement a I'Essai sur les ponts etchaussees,la voirie et les corfies , pour serfir de reponse a la critique de I'Ami d'!s homrr.es (dont la premiere edition est de 1769, iQ-12.) La France\ litteraire de 1769- 1784 lesattribue, il est vrai, a Duclos,et]M. Ersch donnait la meme indication. Cepend.-.nt, non seulement les editeurs des ceurres de Duclos avaient rejete ces deux ouvrages , mais encore la plupart de ses biograplies n'en par- lent pas : il pouTait done rester quelques doutes a cet egard. Deji feu ISI. Noual de la Houssaye, parent de Duclos, les avait leves, quant au premier ouvrage, dans son Eloge de Duclos, 1806, in-S". C'elait line autorite suBBsante ; mais une plus forte peut-C-tre est I'exemplaire que possede RI. Villenave , et qui contient une feuille blanche sur laquelle on lit, 6crit de la main de Marmontel, ami et successeur de Duclos dans la place d'historiographe , ces mots : Par JJuclos, secretaire de I' acadimiefrangaiie. Quant au second ouvrage, il sufSt ( ditM. Villenave, dans sa notice sur Duclos, page XLVI ) de lire le discours preliminaire des Riflexiom sur les corf ees , pour se convaincre que cet ouvrage est de I'auteur de YEssai sur les ponts el chaussees. — Traduction d'ouf rages _franpais en espagnol. — Un libraire de la Havane, ayant charge un libraire de Paris de lul faire traduire de bons ouvrages franrais en espagnol, celui-ci n'a pas cru pouvoir mieux commencerla collection que par la T'^ie du chevalier de Fau- bias ( Voj'ez T. IX, pag. 5g4 ) et par le Compere Mathieu. II est k regretter qu'on n'ait pas choisi des ouvrages propres a former le go&t et les moeurs. — Beaux-arts. — Nominatio?i. — Une ordonnance du roi, en date du 10 mars, nomme M. le comte deForbin, inspecteur general des musees et beaux-arts dans les departemens. Cette place qui n'exis- tait pas precedemment, est indcpendante de celle de directeur ge- neral des musses royaUx, que M. le comte de Forbin occupe deji depuis plusieurs annees. — Sculpture. — En examinant, pour la restaurer, la belle statu;; antique dont M. le marquis de Riviere a fait don au musee royal (. Voj'ez T. IX, pag. 607), on a aperru sur la plinthe les vestiges d'une inscription grecquc, qui nous apprend que le sculpteur se nommait Alexandre, e\^ etaitnea .intioche, en Carie. II reste a savoir Tome x. 17 2o8 ELllOPE. quielaitcel Alexandre, et eii quel terns il vivait. L'cclaircisscment de ce fait regarde racademie des inscriptions et belles-lettres. Tuy.ArRks.-^-Thedlrefrancais. — l,efaux Don-hoinme, com6die en cinqactes et en vers, par IM. Alex. Duval (7 avril^\ — Le succes de rette piece n'a ete que faiblonicnt contestc. Quoiqu'elle soil Ires-lia- bilement conduite , nous la meltons bicn au-dessous de la Ftlle d'honneur ct meme de la Blanie dcs grandeurs, avec laquelle ellc nous parait avoir quelque ressemblance. Le principal del'aut de la nouvelle comedie est d'avoir, selon nous, un litre inexact. En ellet, est-ce un faux bon-liomme, que oclui qui prodigue les complimens et les offres de .services a tout le monde; qui, apres avoir denonc6 comma pr6varicateur "un fonctionnaire respectable, chez lequel il s'est impalronise , lui offre d'aller a Paris pour le defendre, et la, par des reticences perfldes, acheve de perdre son ami, dont il finit par demander la place ? N'est-ce pas plutot un homnie poll , un Jlatleur, un faux obligeanl, un fourbe qui cacbe son egoisme et son ambition sous le masque de I'amaljilite ? Candor (le faux bon- liomme"] n'affecte pas un seul instant la bonhomie; il est mielleux, louangeur, et ne monlre jamais ni celte franchise ni cette simplicile qui cDracterisent les bonnes gens: enfin, nous pensons que le faux bon-bomme reste encore a faire. On trouve dans cet ouvrage, comme dans la presque totalite de ceux de M. A. Duval , im pcrsonnage mysterieux qui conduit I'intrigue et fait le denouement; mais ici les moj'cns employes pour le faire agir sont peu vraisemblables. Le pcr- sonnage de Franville , dont le caractere est en opposition avec cclui de Candor, nous parait bien trace. Le role de madame Franville, femme legere , medisanle et spirituelle 5 est rempli de traits piquans ct jelte de la gaite dans une comedie d'un genre un peu severe ; malheureusenicut, il n'cst pas necessaire i Taction. Le style du Faux bon-homnie est, comme celui des pieces en vers du mCme auteur, plus remarquable par la justesse et par I'energie de la pensee , que par la correction et I'elegance de I'exprrssion ; pcut-etrc menie M. Duval a-t-il ecrit cet ouvrage avec moins de soin que ceux dont il I'a fait prec6dcr. — Second theatre francais. — Fredegonde et Brunehaut, tragedie en cinq actcs, par M. Lemercier (27 mar8\ — IVous ne dirons que peu EUROPE. 259 de mots d'uii ouvrage , dont il sera rendu un coniptc detaillt; dans un de nos prochains cahicrs. Cclte tragedie presenle un tableau liisto- rique d'une etonnante fidelitc. Les caractercs sont vrais et fortement traces; les situations cminemment tragiques ; le denouement aussi naturel qu'origlnal. Le style olTre des morceaux tres-remarquables el plusieurs vers sublimes; mais on peut reprocher a I'auteur d'avoir plus d'une fois abuse du gout qu'il a pour les expressions et les tours hasardes. — Opera comique. — Le Maitre de chapelle , coniedie en un acte de M. Al. Ddval , arrangee en opera comique par madame Gay , musique de M. Paeh ( 29 mars ). — Le Chanoine de Milan , do 51. Al. Duval , eut dans la nouveaute beaucoup de succes ; son degui- sement en Maitre de chapelle lui a fait perdre de sa gait6. Peut- 6tre aussi les Fran^ais, qui ont eprouve reccmment tout ce que les vexatious militaires ont de plus penible , ne sont-ils guere disposes a rire en v6yant des hussards s'emparer du diner , de la niece et de la gouvernante d'un pauvre compositeur , enthousiaste de son art et contre lequel on n'a aucune raison de prendre parti. II en resulte que la premiere moitie de la pifece est amusante, tandis que la seconde est froide ou d'un comique force. L'ouverture, ou I'on reconnait I'ba- bile auteur de la Griselda et de I'/lgnese, nous paraitrait plus agreable, sL les tambours y faisaient moins de fracas. Dans les pre- mieres scenes , il y a trois morceaux remarquables : le trio , le duo de la lecon de chant et le grand air du maitre dc chapelle ; mais, apres. I'arrivee des hussards, la musique semble s'afTaiblir, ainsi que la pi6ce.'Sans avoir obtenu autant de succ6s que le Prisonnier, 3IaisoTi a vendre, et d'autres ouvrages de M. Al. Duval qu'on revolt toujours avec un nouveau plaisir, le Maitre de chapelle a et6 applaudi. — Le jeune Oncle , opera en un acte, paroles de M. de Fontemlle, musique de M. Blangim (id avril). — Get ouvrage a reussi. On y trouve peu de situations comiques ; mais le dialogue offre des traits spirituels. La musique est agreable et facile, conime devait I'etre celle de I'auteur d'un si grand nombre de romances et de nocturnes , qui ont obtenu un succes populaire. Quoiqu'il y ait de tres-beaux morceaux dans le grand opera de Nephtali de M. Blangini, la nature de son talent nous parait I'appeler plutot i la composition d'ouvrages, legers , dans le genre du jeune Oncle , qu'a celle de nos grands, drames Ivriques. 17 * 260 EUROPE. Necholocie. — Petit. — Exlrait dc la Notice historiquo , hic h I.t soci6te philoniatique , par M. Biot, de I'academie dcs sciences, le i5 fevrier 1S21. — Alexis-ThereseVKm , membre dc la socictc philomatiquc ,■ professeur de plij'sique i I'ecole polytechnique el au college royal de Bourbon , uaquit a Vesoul , di'partement dc la Ilaute-SaOne, le 2 oclobre 1791. Les 6tudes commencerent pour lui des la premiere enfance ; et il suivait dcjh des cours publics, a cet Sge oii I'attention tendre et lcg6rc des autres cnf'ans se laisse a peine captiver par la constance exclusive. dcs soins niaternels. Eleve de I'ecole centrale de Besanron, il y rccut ces gcrmes d'une instruction generale , et reellement appropriee i nos societes ac- tuelles , dont ces ^tablissemens prescntaient alors le modele nou-"' veau et imparfait sans doute , mais qui aurait pu etre si aisement ameliore, si on I'eftt voulu , et qui aurait et6 la source dc tant d'avantages certains pour notre patrie. Suivant I'usage de ces cta- blissemens. Petit y suivit, i peu pres simultanenient, les cours de langues anciennes et ceux de mathematiques, dans Icsquels it obtint surtout des succes constans , dus a une superiorile decidte. On assure qu'i dix ans et denii il avait deji acquis les connaissanccs necessaires pour ctre admis i I'ecole polytechnique. Heureuseincnt pour lui , on ne pouvait y ftre rcru avanl seize ans. En attendant qu'il eut atteint cet ige, M. Ilachette , dont il est depuis devenu le confri-re dans la societe philoniatique , et qui lui a loujours ete attache , I'appela a Paris , et lui procura le bonheur insigne d'etre adinis dans un etablissenicnt d'instruction qu'avaient fonde plusieurs professeurs de I'ecole polytechnique , et que M. Thurot dirigeait. A cette excellente ecole , il eut toute la facilite possible pour donner plus d'etendue et de solidite i ses etiidcs mathema- tiques et litteraires. 11 le fit avec I'ardeur qui etait dans sa nature, et avec assez de succes pour m6riter qu'on lui cdnfiat les fonctions de repetiteur. Enfin, des que le tems si desire des seize ans fut arrive, il se prescnta aux examens de I'ecole polytechnique, et il fut admis le premier de toute la promotion. Aprts les deux annees qu'embrasse le cours d'etudes de cette ecole , il en sortit avec plus dc distinction encore; car on le mil tout-a-fait hors de ligne , et I'ou donna le premier rang d'eleve a celui qui s'etait le plus dis- tingue apres lui. On s'eniprcssa aussit6t de I'attachcr i I'enseignc- mcnl dc I'ecole, conime repelittur d'analyse. L'annee suivante, \ EUROPE. 261 il fut nommu rt-petiteur de physique, et en nieinc teins professcur de physique au lycee Buonaparte, devenu depuis Ic college de Bourbon. Petit avail alors dix-neuf ans. En iSii, il fut re (^u doc- te„r es sciences. Les membres de la faculte devant lesquels il sou- tint sa these, peuvent se rappeler combien il les elonna par le merite toujours rare, mais singulierement remarquable a cct flge , d'une elocution a la fois claire , eltgante, precise et aussi soutenue, aussi facile que I'aurait ete la lecture d'un discours ecrit. Ccs qua- lites etaient sans doute en partie chez Petit le resultat de I'exer- cice presque continuel qu'il avail fait du professorat ; mais elles etaient aussi evidemnaent I'eflet d'une facilite naturelle. Ge talent remarquable lui merita d'etre, i vingt-trois ans, nomine professeur- adjoint de physique i I'ecole polytechnique ; et il devint profes- scur titulaire, en i8i5, a I'epoque de la reorganisation de cet c'tablissement. Le 21 fevrier 181S, il fut nomme niembre de la iocicte philomatique ; ce fat la premiere et, i ce que nous croyons, la seule des distinctions acadumiques que la brievete de sa vie ait laisse le tenis de lui donner. Avec ce tems si court et les devoirs qu'il avail a remplir, on con- cevrait aisement qu'il cut fait ou du nioins public peu de travaux scientiflques : il en est cependant autrement; et plusieurs de ceux qu'il a fails seul , ou auxquels il a pris part , laissoront dans les sciences des traces durables. Un projet qui I'avait specialement occupe, et dans lequel , avec les connaissances de physique et d'analyse qu'il reunissail, il aurait certainement, s'il cut vecu, fait des recherches importantes, c'etail la iheorie des machines. Charge de professer celte Iheorie ct I'ecole polytechnique , il s'y etait livre avec attrait ; et il avail entrepris d'y appliquerces resultats generauxdela mecanique auxquels I'usage a fail donner le nom de principcs, quoiqii'ils ue soient que des deductions des principcs veritables , c'est-a-dire , des conditions premieres de I'equilibre et du mouvement. Les premiers cssais de ce travail ont ete publics par Petit, en 1818, dans les y4n- nales de chiinie et de pliysique , sous le titre d'Eniploi du principe des forces vives dans le calcul des machines. L'annee iSi4 du meme recueil renferme un travail d'un autre genre , auquel Petit a pris part, et qui lui est commun avec M. Arago : ce sont des recherches entreprises pour etudier les variations que le pouvoir refringent d'une 262 EUROPE. mfinie substance iprouve dans les divers (ilats d'agrugation qu'on pent lui donner par I'effet gradue de la chaleur. Petit prit encore part a deux autres suites importantes de rechcr- clies, qu'ilfitavec M. Dulong. La premiere, quii'utcoiuonnee en iSi8 par I'academie des sciences, ct qui a 6te imprim^e en enticr dans le tome XI du Journal de I'ecole poly technique, ainsi que dans les Annales dephjsique el dechimie, a pour objet la determination de plusieurs eleniens importans pour la tbeorie de la chaleur. On y trouve d'abord dcs resultats aussi nouveaux que precieux sur Ics dila- tations des corps observees cntre des limites tres-etendues de tempe- rature , et rapportees ii la dilatation de I'air sec , laquelle , suivant les inductions les plus vraisemblables , parait devoir etre i tres-peu pros, sinon exactement, proportionncUe aux accroisseniens des quantites de calorique , dans les limites de temperature ou les obser- vations sont renfermees. Le reste du travail de RIM. Petit et Dulong est consacre i I'etude des lots physiques , suivant lesquelles s'opere le refroidissemcnt des corps, soit dans I'air, soit dans les gaz. Co travail fut accueilli comme le meritait I'importance des recherches qui s'y trouvaient consignees. Un an apres, le 12 avril 1819, ils pre- senterent a I'institut un Memoire qui contenait assurement une des lois les plus remarquables que Ton ait jamais decouvertes sur les chaleurs specifiques des corps. Ce travail, qui semble ouvrir une route pour reconnaitre les conditions de I'existence du caloriqtie dans les corps , sa liaison avec Icurs particules , et peutetre sa nature meme, est Ic dernier auquel Petit aitpris part. Mais, avant d'avoir consume cettc courte duree de vie que la nature lui avait donnee , il avait 6te destine a la voir un moment embcllie par les jouissanccs d'une union douce et desiree, puis ^ payer crucllement ce bonheur , apres I'avoir a peine gofite quelqucs instans. Dans le niois de novembre iSi4, je cite cette date precise; car, dans une si courte carriere, qnelques jours de plus ou de moins de bonheur se comptent; il avait epouse une fiUe de M. Carrier, ingenieur des ponts et cbaussees. Ce mariage I'avait rendu beaufrere de M. Arago , dont il etait deja I'ami , et qui (itait, comme lui, sorti de I'ecole polytechnique. Son sort desormais fixe d'une maniere ho- norable dans le professorat , I'estime generale dont il jouissait , la reputation nieritee de talent qu'il avait acquise el qui commenr.ait as'etcndre, la conformilc de goiils qu'il Irouvait dans son bcaufierc.. EUROPE. 26S la communautti de travail qui s'etait 6tablie cntre lui et M. Dulong; cndn, cette bienveillancegiinerale qui s'attache presque toujours aus premiers succes d'un talent qui se developpe, et qui lui couvre au moins de quelqucs fleurs les epines que I'envie fait croitre lentemcnt sur sa carrifere, tout ce qui peut, en ud mot, rendre heureuse unc ame honnete, Petit le posseda pendant quelques jours , mais ce fut pour perdre tons ces biens avec la meme rapidite qui semblait atta- chee a toutes les autres particularites de sa vie. Seize mois apres son mariage, sa femme tomba maladc, et elle mourut le 5 avril 1S17. Petit n'en avait pas eu d'enfans. Un coup si cruel et si imprevu le frappa fortement» II accrut en lui cette espece d'inactivite de corps , et quelquefois d'csprit, que Ton rerharquait avec surprise dans un si jeunehomme, et qui n'etait pcut-etre qu'une sorte de lassitude, et commc une disposition prematuree a la vieillesse, resultante du developpenient trop batif que ses facultes morales avaient eprouve. Avec tout I'exterieur d'une santii floiissante, il fut bientot allaque d'unc maladie de poitrine , qui le consuma pendant deux ans , et dont les soulTrances furent adoucies, autant quelles pouvaient I'etre , par les soins eonslans , assidus , eclaires de M. Magendie, qui etait a la fois son medecin et I'un de ses amis les plus devoues. Malgre ses efforts , le terme inevitablement marque par la maladie arriva ; et, le 21 juia 1820, a I'age de vingt-neuf ans, Petit fut enleve k I'amitie et aux sciences. Les eleves de I'ecole poh tecbnique , voulant donner un temol- gnage public de la profonde estime qu'ils avaient pour leur profes- seur, ct de la douleur que leur causait sa perte, erigerent sur sa tombe , au cimetiere de PEst, un petit monument, avec cette ins- cription : ^ Petit-, les eleves de I'ecole poly technique. — Erratum. — Nousavons annonce(T. IX , p. 621), d'apres Z'£to< de I'institut de France, la niort de M. I'abbe Palassou de Pau, savant mineralogiste et correspondant de I'academie des sciences. II est constant aujourd'hui qu'on avait 6te induit en erreur , et que INI. Palassou , plein de zele et de sante, continue de cultiver la mine- ralogie. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE VINGT-nUITIEME CAIIIER, AVRIL 1821. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. I. Rapport sur rhistoire naturelle des mammifures. De Lacepede. pag. i a. Esquisse d'un plan de lectures historiques , rapporte h rinfliience des femmes. M. A. JuLlien. 8 5. Poesie. — Le portrait de Clarisse. Le meine. 35 4. — Lcs femmes ct Ics fleurs. Le menie. 5<} II. ANALYSES D'OUVRAGES. 5. Observalions de M. Tarisct sur la fievre jauiic. /,. /. Moreau (de la Sarthe). I\h 6. Monographie historiqiie ct medicale de la fievre jaune. Flourens. C5 r. Considerations sur I'art de la gnerrc , par Rogniat, et re- marques critiques sur cet ouvragc, par Marbot. Ch. Diipiv. 69 8. Atlas general de I'histoire de France. J. 91 9. Hisloire complete des voyages et decouvertes en Afrique. ^lignan. 97 10. L'Europe et I'Amerique , depuis le congres d'Aix-la- Chapelle. Depping. 106 II. L'Europe au moyen 5ge. De ^egur. 111 n. Observations sur lcs inconveniens du systeme actucl d'instruction publique, ])ar I'oltier. B. la-i »3. Epilres et po6sies de Viennet. Leon Thiesse. i3i III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annoncos de ii-i ouvrages fram^ais et etrangers. i44 IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. Ameriqce : — Martinique.— Eta Is-Unis. — New-York. — Bresil. 301 AsiF : — Calcutta. — Chine. — Indes oricntales. — Bombay. — Empire Birman. — Russie asiatique. — Thibet. 'oli Afbique: — Egypte. ?o^' EoBOPE:—Grandc-Bretagne.— Russie. — Pologne. — Suede. — Danemarck. — Alleniagnc— Suisse. — Italic. — Grece. — Es- pagne.— Portugal. — Pays Bas.— France— Paris. Jhld. JvdqU. MM. les auleurs, 6dlteurs d'ouvrages, oa^li- braires , qui d^sireraient que la REVUE ENCYCLO- P^DIQUE fit connaltre, soil dans la section d«s Analyses, soit dans celle du Bulletin Bibliogra- phique, les ouvrages nouveaux qu'ils publient, sont invites h en faire paryenir dsvx sxemplaibes au Bureau central de rddaction , d'abonnement et d'exp6dition, rue d'Enfer-Saint-Michel, n° 18, & Paris. Tousles ouvrages envoy^s . seront in&crits parordre de date , et annonc6s dans le plus' court d^lai. Si quelques r^dacteurs ou quelques lecteurs de la Revue croient devoir lui adresser des questions int^ressantes sur les sciences, les lettres ou les beaux arts, la Direction s'empressera de les pre- poser dans I'un des plus prochains cahiers, et pu- bliera e;cactement les r^ponses qui lui seront envoy^es. Nota. Le Hbraire M. Mequignon-Mskrvis , n'ayant pn dernierement satisfaire a plusleurs demandes de la Philosophie ana,tomiqite par M. GeoflFroy Salnt-Hi- laire ( voyez nos analyses ,7* et 14'= caliiers de la Revue), nous pr6venons qu'il y a encore quelques eiem-' plaires de cet ouvrage, cbez le Suisse du Jardin du Roi, eta notre Bureau central. Prix de I'iu-a" 10 fe^. de I'in-r 18 fr. Lihraires ches lesquels on peut souscrire dans tes pay a etrangers. Ijondres , Dulau et comp,,— Treuttel et WiirU. Madrid, Deune'e, — Peres, j4ix-la-Chapelle, Laruelle fils. Amsterdam, G. Dufour, Aran (Suisse), Saueiiander. Berlin, Schelesniger. ■Berne, Clias, au cabinet litter. Breslau , Th. Korn. Bruxelles, Lecharlier, Bruges, BogaSrt, — Ihimortier. Florence, Piatti. . i Fribourg (Suisse), Aloite Eg- gendftrferr. Francfort-sur-Mein, SchaiilTer. Geneve, J,- J. Paschoud. Lausanne, FischeV. ' Leiusick, Giieshammer. Ziiige, Jalheau ptire. LisDonne, Paul Martin. Milan, Giegler,— Vismara. Moscou, Gautier,— Ris. Naples, Borel. Neuchdtel (Suisse), Grester. Nouvelle-Orlians, Jourdan. Paler me ( Sicile ), Pcdonne el Muratori. Pitersbourg , Salnt-FIorent, — GraeEF. Tubingen, Cotta. Turin, Bocca. Varsovie , Glucksberg , —i Za- I vadsky. ' Vienne (Autriche), Ceroid. COLONIES. Guadeloupe (Pointe-A-Pitre), Piolet aine. lU'-de-F^nce ( Port-Louis), E. Burdet. ON SOUSCRIT AUSSI A PARIS, Au Bureau de jcfenACTiou, rue d'Enfer-Saint-MLchel, n" i8, oil doivent ^tre envoyes, francs de port, las Uvrcs, dessins ct gravures, dorit on desii'e I'ahnonce, et les Lettres, Memoires, Notices oil Extiaits desiine's a ^tre insures dans ce Recueil ; Ghez Treuttel et WUrtz^ rue de Bourbon, n° 17 ; ' 1 !9;. Hey et Graveer, quai desAugustinsj-'ii'' 55; ^ •■ MoNGiE alne, boulevard Poissonuiere, n" iS.j . Eymery, rue Mazarine, n" 3o ; ' ' ' • RoRET ET RoussEi, ruc Pave'e-Saint-Andre, 11° g ; Baudouin fieres, rue de Vaugirard, n"36; CjHASSEai^AU ET HifecAliT, ruc de Choiseul, 11° 5; ■ • ' Deeaunay, PililCiER, CoRR^ARp, au Palais-Rojalj Madame Cellis, rue du Clierche-Midi, ji" 4 ; Madame CAMiLLE-DEFRtNE, rue du MaicL^Saint- . Houor^, n° 4 ; A LA Tente, Cabinet LiTTfeRAiRE tenu par M. Gautier, ancien militaire, Galerie de Bois, n'^ 197, au Palais-Royal. AuteAfiiiKET spiciAi, d'affaires, pour la K«*^ratore, les sciences et les aris^ place des Victoires, n" 3; . 1 1 i~( L Aux Cercle et Salon Utteraires, rue Neuve-des-Petits-Champs , n" 5, au premier. Nota. Les ouvrages annonce's dans la Reuue se trouvent au6«i chez Arthus BeRtrand, rue Hauicfeuille, n" 23; Eymery, rue Mazarine, n" 3o, et Roret ct Roussel, rue Pavc'e-St.-Andrc- des-Arts, n" g. g=: Irt DE d'iMPKIMEREE DE J. SMITH. 10* VOLUME. 29* LIVRAISON. BBV«ia—iini I iiriKii. REVUE ENCYCLOPEDIQUE Of ANALYSE KAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REiVIARQUABLES"" VAJsS J>A LITxiKATliHE, LES SCIENCES £.X E£S ARTS. i" Sciences physiques et mathematiques et Arts ir.dustriels; Sciences naturelles et medicales : MM. CJh. Dupin, Fooiiier, del Inst.; — FuiRv; — Frakc(bur; — Le Normand , prof, de technologic, etc. — de Mol£on ; — A. Michei-ot ; — Coquerei.; — Floureks, D. M.; — Adelok ; Bally J EsQUiROi,,- FrieblaK- UER; Macekdic; Orfila ; Pariset ; PhiQUEPAI/, D. M. ; — Chaptal, de rinsiitui; — DEsMAREtiT ; — W. Hctchinsoh; — Moreau DJi JoKKFs; — De Feru.ssac; — IJesmoulixs, D. M. , etc. 2" Sciences philosophiques ct morales, politiques .el hiilo- nyue^.-MM. Lakjl'ikais; — M. A. Juilien, de Paris;— Ai. m LA RoiUJE, del'Insiiiiit; — A^jked ; — Aksold, de Strasbourg; — Baeey ; — Barbie-Dukocage, de I'lnst. ,; — J. J. Baude ; — Bdchojt; — CoLSlJi; — DEGERASDodei'lnst.; — Deppikg;— A. DufrayeRj — loMARD, (le I'Inst.-, — Meyer. d'Aiuslerdani;— P. Lami; — J. V. Le- CLERC;— l-AfroxDr Ladebat; — deLasteyrie; — Alex. La.Meth; — Naudet, dc I'lnst. ; — Parxii r-RiAL; — G. M. Raymoud; — E. SALvrrni'; — Simok de de Sismokui; — Staffer; — Thierry, etc. 3" Litteraturefrangaiseet etrangere, Bibliographie, Archeo- logie et Beaux Arts : MM. Aicnan, Andrieux, Amatiry-Ddval, Lemercier, del'Insiitut;— a. Mahul; — Uekrichs; — Artaud; — AvENEL; — Barrier, conserraieur deshibliwhfeqjuesdu Roi; — ^S.A. BeRVILLE — MlCHEJC BeRR; — BRUGUlittM BE SORSUM; — CaDET deGabsicolrt; — Cerbied; — Champox-lk^k-Fi-geac, con-esp. de rintt. ; — J. Dp.oz ; — DuMERSAN ; — FmerIc-Davib ^ dc I'lnsi. ;• — Fauriel:— G^ DE LA TRAITE DES NOIRS. 277 de Saint-Domingue. Cette revolution sanglanle alarme I'Angleterre; elle craint d'autant plus la contagion pour ses colonies voisines , que deja, dans quelques-unes, et particulieremcnt a la Janiaique, des insurrections partielles d'esclaves lui avaient appris avec quelle impatience iU supportaient la servitude. Ses craintes redoublent, quaud elle considere quelle est Fenorme disproportion entre la population noire de ses iles et celle des hommes blancs (elle est de lo ;\ i ) , et que c'est aux importations exlraor- dinaires d'esclaves a Saint-Domingue, pendant les quinze annees qui avaient precede I'insurrection , que Ton devait particulieremcnt attribuer les terriblcs evenemens de cette lie (ces importations avaient ete de 26,000 par an, terme moyen). Le danger ctait done imminent; des mesures promptes et preservatrices de la contagion etaient devenues indispensables. M. Wilberforce et ses amis saisissent cette circonstance pour faire au parlement la premiere proposition de I'abo- lition de la traite des noirs d'Afrique. Les massacres de Saint-Domingue , les horribles cruautes que I'enquetc du comite avait mises au grand jour, le danger auqucl etaient exposees les possessions anglaises des Indes occidentales, leur fournissent de puissans argumens. lis n'insistent pas seulement sur les principes d'une politique conservatrice et prevoyante , mais ils font surtout valoirles considerations morales et religieuses qui s'offraient en faveur d'une si belle cause. Cette premiere motion, quoique fortement appuyee par les principaux orateurs de la chambre des communes, MM. Pitt, Fox, Burke, Windham, Sheridan, lord North et M. Grey (aujourd'hui lord Grey), fut cepen- dant rejetee, le ig avril 1791, par une majorite de i63voix contre 88. On reconnaissait bien rimmoralite de la traite ; mais on craignait que son abolition trop subite ne com- 278 SUK L'ABOLITIOIM promit liiroiliine publique. En Aiigleterrc, on n'iuiprovisc point les nouvellos lois, et on n'abolit les aiicieBQ«s qu'a- pr^s line longue el niQre deiiberalion. Le rcjet de la proposition de M. >Yilberrorce ne Ic de- Couiagea point, et, loin d'aflaiblir I'opinion publique, liii donna au contraire une nouvelle force; car a peine la session de I'annee suivante fut-elle ouverte, qu'une I'oule de petitions nouvelles, en faveur dcl'abolilion, arriverent a ia chambre dcs communes , de toules les parties do la Grande-Bretagne, meme des villes maritimes les plus in- t«ressees a la continuation de la traite. Au 2 avril 1792, on en comptait 5 18. II semblerait que la chambre des com- munes aurait pu s'autoriser du rejet de la motion faite I'annee precedente , pour ecarter par un ordre du jour ces nombreuses petitions; ma-is le respect pour le droit sacrede petitions et pour I'opinioii publique, lui iaisait un devoir de les prendre une scconde i'ois en consideration; et un comite fut charge d'en I'aire I'examen. M. Wilberforce deinande que la chambre se forme en comite general , et il lui soumet cette proposition : « c'est I'opinion du comite que le commerce fait par les sujets anglais, dans I'intention de se procurer des esclaves, sur la cote d'Afrique , doit etre aboli.» La motion, si elleetait admise , devait etre suivie de celle d'un bill rcdige d'apres ce principe. Les debats sur la proposition de M. Wilberforce furent longs et animes, et les opinions tres-partagees. EUe etait dangereuse , inadmissible, selon les uns, qui jugeaienl l;i traite un mal necessaire; selon lesautres, I'abolition etait indispensable, quellcs qu'en dussent etre les suites; la traite etait un crime; lai-aigon, I'humanite, la conscience et I'honneur de la nation exigeaient qu'elle fOt immedia- ment abolio. l")".'iutre?proposaient un amoudemenl, et de- DE LA TRAITE UES NOlllS. 27!) mandaient que I'abolition fut graduelle ; la iiiolioii, aiiisi amendee, fut adoptee a une majoiite de aoo membres coutre 85. II s'agissait ensuile de fixer I'epoque oii I'abolilion serait definitive et universelle dans toiiten les colonies anglaises. On propose le i" Janvier 1800 ; puis le 1" Janvier 1 798 : le premier terme parait Irop eloigne, le second Irop rappro- che. Enfin , apres une discussion prolongee sur cbacun de ces amendemens, le couiite general decide que la loi d'a- bolition aurait sa pleine et entiere execution le i" Janvier 1796. A cette derniere cpoque, les circonstances critiques oii se trouvaient I'Angletene et I'Europe, absorbaient toute I'attention des gouvernans. Le bill d'abolition definitive ne fut point presente au parlement. Mais ceux qui I'avaient provoque ne le perdaient pas de vue. En attendant I'heureux moment de la delivrance de I'Afrique, ils s'occuperent de I'amelioratioa de la condition des esclaves dans les colonies. lis demanderent et obtinrent du parlement la reforme des abus ; I'autorite des maitres fut restreinte; un traitement plus bumain ctplus favorable i\ la population fut ordonne. Les lois mirent aussi un frcin a I'avidite des marchands d'esclaves, et allegerent les souf- frances auxquelles etaient soumis ces malheureux, a bord des batimens negriers, en leur assurant, par des reglemens, un espace qui leur permit de se mouvoir, une quantite sufllsante de vivres et d'eau , et en fixant le nombre d'es- claves qu'un batiment negrier pourrait prendre a son bord, relativemeat a sa grandeur et a son port. Ces genereux amis des noirs solliciterent encore et obtinrent du parle- ment, en i8o5 , un bill qui interdisait aux siijets de VAn- gleterre tout trafic d'esclaves avec les colonies etrang^resi et qui leur interdisait aussi de prendre aucune part , aucun iateret dans celui que les autres nations pourraient I'airc. 580 Sil K L ABOLlTlOn C'etait dejii une hranche iinportaiite de commerce qui leur etait enlevee : mais il etait aise de prevoir que cette defense ferait refluer sur le* colonics anglaises les importations qu'on ne pourrait plus faire a Tetrangcr, si une loi severe n'opposait une digue a cc reflux. Cette digue, le parlement I'opposa par un acte, en vertu duqucl, k dater du i*' aoClt 1806, il fut defendu d'empioyer i la traite aucun btitiment qui n'y aurait pas ete destine , anterieurement au 10 juin de la menie anuee , sous peine d'une amende de 5o livres sterling par esclaveenleve de la cote d'Afrique, en contra- vention a cette loi. Ces restrictions reduisaient de moitie a pen pros le commerce d'esclaves, et preparaient la voie a son entiere abolition; c'etait tout ce qu'on avait pu obtenir, depuis pres de vingt ans que la question etait agitee. Mais ce trafic honteux subsislait encore, sous la sanction des lois, ) Paris est le plus grand debouchc de notre agriculture, mais il lui manque d'etre un port de commerce, ct il est susceptible de le devenir. (•■>) Lc Berry et les departemens adjacens. 292 liPITRE A M. VIENNET. Mille aulres lieux resits dans le mSmc abandon , Demandant si la France est leur patrie ou non , De ses prosperites ^tendraient la carriere. Pour nous , quand nous jelons nos regards en arri6re , Des travaux des Romains les rcstes ont du prix ; lis triomphent de nous encor dans leurs debris. Faisons mieux qu'eux ! Icguons i la race future Les triomphes plus doux de notre agriculture 1 D'uti pareil avenir quand on peut disposer, Le plus grand des malheurs est de tpmpnriser. Le retard d'une annee est une perte immense ; Je le dis, chaque fois qu'un nouvel an commence , Et pour le proclamer et le redire encor, Que n'ai-je les poumons et la voix de Stentor ! Depuis long-tems la France attend ces colonies , Et les diflicultes en seraient aplanies, Si notre esprit public , impetueux , ardent , Comme un fleuve eut coule dans cc lit abondant , Oil le riche , assignant au pauvre son salaire , Joindrait a ses proCts le plaisir de bien faire. Tel fut du grand Henri le sublime desscin ; « La France a , disait-il , les Indes dans son sein ; II faut les en tirer. » Cette ame si profonde Nous aurait fait chez noustrouver le nouveau monde (i). Et depuis deux cents ans, 6 vertige insense, A ses plans createurs nous n'avons plus pens6. Henri nous fut ravi par le plus noir des crimes ; H^las I le mSme coup nous ravit srs maximes, Et mit dans son royaume , i peine retabli, Ses tresors au pillage et ses lois en oubli. Cependant son ministre et son ami fidfele , Des bons rois sur Henri figurant le module, Nous apprit le secret qu'ils pratiquaient tous deux: C'etait I'feconomie ; on la crut, avant eux,, Restreinte aux soins ttroits du menage rustique ; (i) Ces mots sont presque textuellement dans le preambule d'ua «dit de Henri IV, pour Ic dessechement des marais de Saintonge. i liPITRE A M. VIENNET. 295 lis en firent un art royal et politique (i) , Et r^pargne , appliqu^e i de si grands objets , Fut honorable au prince et sacr6e aux sujets. De Henri , de Sully le terns qui nous separe, Fait pour nous de I'^pargnc un mot presque barbare. En invoquant leurs noms que le peuple ch6rit , Nous n'avons pas de mSme invoque leur esprit, 11 est vrai qu'un 6tat , presque toujours en guerre , Songe plus k troubler qu'i defricher la terre. Four commander au sol d'abondantes moissons, II faut surtout la paix, et nous en jouissons. Mais cet astre de paix , leve sur nos rivages , Ne luit qu'environne d'un cercle de nuages ; De son disque 6clatant , dans ses taches noyc , Vers nous un rayon pSle a peine est renvoye. Que I'oeil du jour se montre et perce ces tinebres 1 Qu'il nous sauve i jamais de tant d'ombres funebres ! Que ses nombreux enfans , plus nombreux sous sa loi , Puissent du meme ton crier : Vive le Roi '. Mes vcEux avec les tiens en ce point se confondent, ViENNET, de tous c6tes les 6chos nous r^pondent. Si les ccEurs sont d'accord , quel malheureux travers Fait done prendre aux esprits des chemins si divers f Des interfets de tous la concorde est le gage : Helasla I'oublier, quel d6mon nous engage ? O toi , de qui la grSce a des rayons vainqueurs, Capable, quand tu veux, d'amollir tous les coeurs, (i) Les economies rqyales. . . , titre admirable des m^moires de Sully. On y trouve un parallfele, en vers, de Cesar et de Henri IV, oil Sully (oublie dans le catalogue des pontes fran^ais) nous atteste que ce prince voulait Etablir des lecteurs, lever des librairies , R^parer tous les ponts , les pav6s , les voiries , Dessecher les marals , evacuer les eaux , Conjoindre les deux mers , faisant divers ruisseaux , Et coupant monts et rocs avec un tcl menage Qu'on aurait admire I'inventeui- et I'ouvrage. 29A KPITRE A 31. VIENNEt. Toi seul grand, toi seul bon, seul vrai p«';re deshomnacs, Dieu puissant ! prendspitie de I'etat oil nous spmmea. O mon Dieu ! fais-moi voir les Franiportj plus recent, du rocher enorme de Peters- bourg, qui pese plus de trois millions de livres. La conservation des statues et des autres productions precieuses des beaux-arts exige, dans leurs transports, des precautions particulieres que M. Borgnis indique avec soin. 11 donne pour exemple une description detaillee du trans- port de la statue de Louis XV, et des fanieux groupes de Cous- tou, depuis Marli jusqua I'entree des Champs-Elysees. II fait voir aussi comment on est parvenu a deplacer, sans deterioration, des pans de murailles peints a fresque, et nieme une chapelle entiere, qui existe encore a Rome. Les valsseaux sont les plus grosses machines que le genie de I'homme ait encore imaginees. Une des plus belles^ operations de la mecanique est le lancement a la mer de ces masses enormes: M. Borgnis la decrit avec beaucoup SCIENCES PHYSIQUES. 30!) de details, et y joint des observations iinportantes de M. Vial de Clairbois et de Coulomb. II termine ce second livre par unc description que Pline a donnee des theatres mobiles de C. Curion, qui chan- geaientde place et se reunissaient en un seul nmphitheatre, en transportant tous les spectateurs. Dans una dissertation tr^s-ingenieuse, il explique les moyens qu'on a dCl em- ployer pour operer ces effets etonnans qui tiennent de la feerie, etil recherche I'etendue de la force necessairc pour mettre en mouvem&nt les deux theatres qu'il suppose charges de douze mille spectateurs. Dans le livre dernier qui traite du tirage oblique et vertical des fardeaux, il commence par decrire divers appareils qu'on y emploie, telsque les ecoperches, les bi- gues, les chevres, et les echafaudagcs usites dans la cons- truction des edifices. II fait connaitre ensuite les machines importantes pour le chargement et le dechargement des bateaux, et surtout les machines a muter dont il decrit trois especes. II discute les meilleures methodes pour elever les materiaux, et les moyens usites dans le levage et la pose des pieces de charpente employees dans les constructions d'architecture civile et navale. Une des operations les plus importantes est le cintrement desvoQtes, dont il donne le procede applique aux ponts les plus celebres. II n'oublie pas le levage des grosses pieces de charpente, dans la construction des vaisseaux. L'auteur passe a la description du levage des pieiTes de taille. Dans une dissertation tres-detaillee , il prend pour exemple la memorable operation de la pose des deux enor- mes pierres de dix-sept metres de long et de quatre-vingts milliers de poidsqui couvrent le fronton de la colonnade du Louvre. Ces blocs, dit-il, dont la plupart des Parisiens 310 SCIENCES PHYSIQUES. ignorent I'existence , sont aussi digncs d'etre connus ct admires que ccrlaiiies constructions cyclopeennes, egj'^p-' liennes ou romaines, dcvant lesquelles on ne cesse de s'cxtasier, parce qu'elles sont antiques. M. Borgnis tcrmine ce traite par la description des pro- cedes employes pour I'erection des colonnes monolithes et des obelisques , et entre autres de celui du Vatican qui pese 69^,000 livres. II indique aussi la maniere de poser les grandes statues sur les edifices eleves. TROISIEME TRAITJ&. Des machines employees dans les constructions diverses, ou description des machines que Ton emploic dans les genres d'architecture civile, hydraulique, militaire et navale (1). Ce traite est divise en quatre livres. Lipre /". — Avant de batir un edifice, et surtout si Ton Tcut obtenir une construction solide , il est indispensable de s'assurer de la force des materiaux. La necessite d'e- prouver les materiaux que I'on Teut employer a fait ima- giner plusieurs machines ou appareils pour arriver a ce but, et qu« I'auteur decrit d'abord. II rapporte ensuite les resultats des experiences importantes faites avec ces ma- chines, sur les bois, les pierres, les briques, les mortiers et le fer; experiences dont les constructeurs peuvent tirer un grand parti. II y a beaucoup de pays auxquels la nature a refuse des pierres propres a la construction , et qui auraient etc pri- ves d'habitations commodes, si I'industrie humaine n'y ayaitsupplefe, en fabriquant ces materiaux de toutes pieces. (2) Paris, 1820. Bachelier, quai des Augustins, n" 55. i \o\, Jn-4° de 55C pages avec a6 planches ; prix, 20 fr. SCIENCES PHYSIQUES. 311 Les briques que Ton fait k la main, en beaucoup d'endroits, deviennent coQleuses et sont mal faites; mats, si Ton in- troduit dans cette fabrication des precedes mecaniques, les produits que Ton obtient alors sont parfaits, abondans et a trfes-bon compte. Tels sont les resultats que donnent les precedes et les machines decrits dans ce livre. Les uns ont ete inventes et mis en usage, en Kussie, par M. Hattemberg ; les autres par M. Kinsley, en Angleterre. C'est par la main de I'homme que, dans plusieurs con- trees, Ton ecrase peniblement le platre et le ciment; maisy en Egypte et aux environs de Strasbourg, ce sont des ma- chines qui executent cette operation avec plus do facilite et une plus grande perfection. La Hollande surtout est cou- verte de machines a pulveriser qui sont mues par le vent. Dans la construction du pont de Neuilly, Perronet a fait usage de deux belles machines, pour pulveriser le ciment et pour confectionner le mortier. L'auteur a decrit dans ce livre toutes ces machines , ainsi que deux autres pour broyer les couleurs , dont I'une imaginee par M. Molard et I'autre par M. Hubert. Lorsqu'on s'est procure les materiaux propres aux cons- tructions, il importe dc leur donner la forme convenable, ou de les tailler, pour les approprier i leur destination. Les principales machines que Ton emploie pour tailler le bois et la pierre, sont les scies, soit a bras, soit meca- niques. La regularite du mouvement deces outils a permis de leur appliquer tons les moteurs connus, tels que les ani- maux, I'eau, le vent, la vapeur de I'eau bouillaate. Outre les scies ii mouvement alternatlf, on a imagine encore les scies a lame sans fin, les fraises ou scies circulaires, et celles qui donnent une double courbure au bois. Toutes ces machines ingenieuses sont decrites avec soin, de meme que les rabots mecaniques employes duns I'arsenal de U7 SClliNCKS PHYSI^LliS. Woolwich, les precedes ingenieuxde M. Wright pour tailler et forer lespierres, et eiifin la machirw de Perronet pour forer les gargouilles du pont de Neuiliy. Lapolissure est une operation importante pourle fini des ouvrages. M. Borgnis donne d'abord I'indication des potees oil des substances, par le froltement desquelles on parvient a polir les corps les plus durs; puis la description des precedes employes pour la pelissure des ouvrages d'acier, des glaces et des marbres. II termine ce livre par une no- tice sur la belle manufacture de perphyre d'Elfredalen , en Suede. Livre II. — II est consacre aux machines employees dans rarchiteclurehydraulique. Ici, aux obstacles quis'opposent ordinairement au mouyement des machines, se joint encore ceiui de I'eau. On pent quelquefois chnnger cet obstacle en une force favorable, lorsque le mouvement est imprime par le courant meme de I'eau dans laquelle la machine deit agir, eu par le flux et le reflux de la mer. Lersqu'on veut reconnaitre la nature des couches d'un terrain, seit pour y batir, soit pour toute autre cause, le sendage est une operation qui devient indispensable. M. Borgnis decrit i cet elTet les sondes et les autres eutils necessaires , et particulierement les verificateurs de M. Baillet. L'eperation la plus importante qui se fasse sous I'eau, est le curage des rivieres, des canaux et des ports, pour faciliter la navigation. On empleie pour cela un grand nombre de machines plus eu moins simples, plus ou moins mgenieuses. M. Borgnis fait connaitre les plus utiles, telles que les dragues a sable et a vase, les louchets, la grande machine i curer, k roues; celle de Venise, a balancier ; la machine a draguer de Rochefortet la machine ^chapelet, 4 laquelle il donne la preference. Enfin . il indique une SCIENCES PHYSIQUES. 313 wianiere avantageusc de mettre a profit le coiiranl d'une riviere, ou le flux et le reflux, pour faire mouvoir une ma- chine a curer, garnie de deux chapelets. Les honimes qui lont mouvoir ces machines sont places hors de Teau : il etait interessant de trouver des moyens qui permissent a I'homme d'aller jusqu'au fond de I'eau, et d'y executer lui-meme les travaux convenables. C'est dans ce but qu'on a imagine les cloches a plongem-j le ba- teau plengeur de Coulomb et Venpeloppe impermeable. L'auteur decrit aussi les scaphandres ; il donnc une me- thode pour miner unrocher couvertpar les eaux; une autre, pour extraire les navires submerges, en faisant passer par- dessous des cables que Ton amarre a des corps flotteurs ; enfin , il decrit la memorable extraction du vaisseau le Phenix, qui etait submerge dans les lagunes de Venise. - Lorsqu'on a des constructions a faire dans I'eau, ou sur un terrain d'une consistance faible ou inegale , on le con- solide , soit par la percussion immediate , soit par le pilo- tage. M. Borgnis regarde le premier moyen comme plus cconomique pour obtenir des fondemens plus solides. Pour determiner la valeur de la per9ussion qu'il est necessaire de connaitre dans les deux cas, il rapporte les experiences de quelques savans, et surtout celles do Ilondelet. II decrit ensuite les machines a I'aide desquelles on efTectue Ten- foncement des pieux et des pilotis; les moutons a bras , a tiraude , a decile, et les arrache-pieux. II passe au recepage des pilots , c'est-a-dire a I'operation dont le but est de couper une portion du pieu immerge ■A une profondeur plus ou moins grande, et decrit les ma- chines propres a produire cct effet. Le t7-oisieme llvre^ consacre a la description des machines de guerre, prouve que rhomme n'est pas moins industrieux dans I'art de delruirc que dans cehii d'edifier. Les anciens Tome x. 21 31A SCIENCES PHYSIQUES. avaient deja fail de grands progres dans celle science: on poiiira s'cn convaincre , en lisant la dcscriplion que I'an- teur donne de Icuvs a rmi^s-rnnc/iiiie.i , qui sont tres-inge- nieuses; telles que les /xili.sles _, les calupultes, les biliers^ les hiUpoles ou tours mobiles, ct les corheaux. L'invenlion de la poudre a canon a produit une revo- lution complete dans Fart de la guerre, par suite de laquelle rarlillerie moderne a obtenu une grande superiorite sur I'anrienne. Le principe en est simple: un peu de poudre, placee au fond d'un tube plus ou nioins gros , produit des effels etonnans. Les applications en sont variees , selon qu'on vent lancer des balles, dcs boulets, des ohus ou des bombes ; cc qui donna naissance aux pistolets otaux fusils, aux canons , aux obusiers et aux mortiers. M. Borgnis donne les precedes en usage pour la fabrication de ces ins- Irumens; il decrit aussi la mani^re de construire les armes blanches, qu'il considere seulement sous le rapport des operations mecaniques. II traite d'abord de la construction du canon de fusil, des platines, des baionnettes; il passe ensuite a la description des quatre operations principales de la fabrication d'un canon, et s'occupe: i ' du moulage; 'J." du coulage; 5° du forage; h" du percement de la lii- miere. II fait connaitre en meme terns les machines que ces diverses operations necessrtent. La fabrication de la poudre a canon est trop importante pour que I'auteur ne lui ait pas consacre un chapitre parti- culler. Les principales operations qu'elle exige y sont de- crites avec soin. II passe en revue les procedes que necesiitent, i" la pulverisation du salpctre , du soufre el du charbon; a° le melange et la compression de ces ma- tieres; 3° le lissage de la poudre qui en resulle. Lnne. IK. — Dcs machines d'un autre genre sont decrites dan^ (■<■ iivr*' , (iiii li'aite de Vcirc/ii lecture navalc. Les SCIENCES PHYSIQUES. 315 vaisseaiix , par leur grandeur, par les dispositions savantes de leurs parties, par la difficulte de leurs manceWres, sent les machines qui font le plus d'honneur a I'esprit humain. Les appareils employes dans leur construction, ont deja ete decrits precedemment: il ne reste qu'a parler des ma- chines employees dans les corderies, les poulieries, et dans les forges des grosses ancres. Les cordages sent, dans toutes les machines, et surtout dans les yaisseaux, ce que les muscles sont dans le corps humain: sans eux, point deyic, point de mouvement; aussi , M. Borgnis s'attache-t-il a decrire , dans tous ses details , la fabrication des cordes. II examine successive- ment le teillage du chanvre, I'espade et le peignage, la filature, la fabrication des toroni, le commettage, le gou- dronnage, et les machines que ces operations exigent. II indique la maniere de faire les cordages ronds et plats, a^ec du chanvre ou avec des metaux, I'art de fabriquer les cables en fer , et rapporte la serie des experiences faites par plusieurs savans pour determiner leur force. Dans le chapitre qui traite des poulieries , on trouve , 1° un moyen de faire mouvoir par un ?eul moteur un grand nonibre de machines , sans leur faire perdre leur indepen- dance mutuelle ; 2° la description des diverses especes de tours; S°lesmachinespropresitarauderles vis et les ecrous de toutes dimensions, et tout ce qui peut etre relatif a cette partie importante de la mecanique. Ce traite est termine par la description de I'art de fa- briquer les ancres , ces instruniens precieux auxquels est confie le salut des vaisseaux et de I'equipage , et qui tiennent le premier rang parmi les ouvrages de fer forge. Les precedes ingenieux, mis en usage pour transporter, du fourncau sur I'enclume et de renclume dans le fourneau, 21 * 31G SCIENCES PHYSIQUES. les lourdes masses dont Ics ancres se composent, son[ dp- crits avec le plus grand soiii. QUATRIEME TRAITE JJes machines hydrauliques , on machines employees pour elever I'eau necessaire aux hesoins de la vie, aux usages de V agriculture , aux epuisemens femporaires et aux ipuisemens dans les mines (i). Ce volume contient la description comparative des ma- chines qui servent a elever les eaux a une hauteur plus ou moins grande. L'usage indispensable de I'eau pour les besoins domestiqiies , et dans la plupart des travaux de I'homme , en a fait imaginer un grand nombre , dans les- quelles on a mis a profit , d'une manitre plus ou moins ingenieuse, les diverses proprietes de ce liquide, et meme quelquefois celles de I'air atmospherique. Considerons d'abord celles qu'on pent regarder comme les elemens de loutes les autres, et qui sont designees, par notre auteur , sous le nom d'organes operateurs aptes a elever I'eau. Les plus remarquablcs, parce qu'elles sont les plus simples, servent a elever I'eau par un mouvement unique de translation. Telles sont : i° les norias, compo- sees d'une serie de vases suspendus a des chaines sans fin qui s'enveloppent sur deux tambours; 2° les chapelets ver- ticaux et inclines formes d'une suite de plateaux lies entre enx par une chaine sans fin et se mouvant dans un tuyau ; 3° les roues a godets et a timpan ; A" la vis d'Archimede et la vis hollandaise , dans lesquelles I'eau s'eleve en glissant sur une surface helicoide (ou semblable a Vhelice, qui est (1) Paris, 1820; Bachelier, libraiic. i vol. in-')" de 5io pag^fs , avec 27 planches. Piix, 30 IV i SCIENCES PHYSIQUES. .^7 , nine ligne en vis auloiir d'un cylindie). Vienneut ensuitc les pompes qui servent k elever I'eau, soit par la seule pression , coinnie dans Xapompe foulante , soit tout a la fois par la pression du piston et par le poids de I'atmosphere , comme dans les pompes aspirantes et dans celles que Ton nomme aspirantes-foulanles, M. Borgnis fait oonnaitre dans le plus grand detail la forme, la disposition , le jeu de toutes leurs parties, et specialement des soupapes et des pis- tons; il decrit les principales varietes qui ont ete raises en usagCj et indique les avantages et les defauts de chacune d'elles. Les machines ii compression d'air ont pour type la fon- taine de Heron, geometre grec; elles sont fondees sur le principe de la compressibilite et de I'elasticite de ce fluide. Si, dans un vase clos, on verse de I'eau par un tuyau long et etroit, I'air renferme dans ce vase se comprime et acquiert une force elastique proportionnelle i sa pression ; alors, si , au moyen d'un tuyau, on reagit fortement sur la surface de I'eau contenue dans un autre vase, celle-ci s'elevera rapidement dans un tuyau ascendant , etabli a cet effet. Tel est le principe sur lequel sont fondees ces machines Ingenieuses, et qui sont excellentes pour elever I'eau a une grande hauteur. Le siphon , que lout le monde connait, a donne lieu a I'invention de plusieurs machines. Les plus remarquables sont celles par lesquelles M. Manoury-d'Ectot est parvenu a resoudre ce probl^me extraordinaire : "Une chute d'eau etant donnee , elever une portion de ce fluide au-dessus du reservoir, par le moyen d'une ma- chine dont toutes les parties soient absolument fixes, et qui , par consequent , ne renferme ni roues, ni leviers, ni pis- tons , ni soupapes , ni autres parties quelconques mobiles." Les solutions en sont aussi neuves que simples et varices. 31S SCIENCES PHYSIQUES. « Par la conibinaison de lant cle moyeiis pen conniis ct tout-a-fait inusites dans la construction des machines hydrauliques, I'auteur est sorti du cercle ordinaire des idees sur lesquelles ccs machines sont conpues, et par consequent il a dfl arriver a des resultats absolument inattendus. » Rapport cle Carnot a VInstitut. La machine de Irouville est encore une solution tres- simple et Ires-ingenieuse du meme probleme. Le flotteur a siphon de M. de Thiville et la machine de M. "W. Close sont egalement des applications heu- reuses du siphon a I'elevation des eaux. Les machines a colonne d'eau sont fondees sur un prin- cipe different. Elles ont pour moteur I'eau qu'un courant continu Terse dans un tuyau vertical, et a laquelle on op- pose un piston qu'elle repousse, mais que I'on fait revenir a sa premiere situation, apres une course determinee, en interceptant tout-a-coup la communication qu'il a avec la colonne d'eau , et en laissant ecouler I'eau qui s'oppose a son retour. L'experience a demontre I'utilite de ces machines qui sont preferables aux roues a augets pour elevcr I'eau I'l une grande hauteur. Le belier hydraulique , invente par Montgolfier, estrc- Hiarquable par sa simplicite et par son utilite. Le principc de sa construction estaise a concevoir : supposez, dans un tuyau incline , ou qui a la forme d'un L , un courant d'eau qui s'echappe par I'extremite inferieure; fermez tout d'un coup cette issue, I'eau qui est animee d'une certainc Vitesse agira avec force contre les parois du canal, commc pour s'echapper ; et , si elle trouve ouvert un tuyau ascen- dant, elle s'y elancera rapidement. a une hauteur supc- rieure a cclle de sa chute. M. Borgnis donnc les resultats des experiences qui onl SCIliNCKS PHYSIQUES. ,yl9 ete faites sur cclle etoniiaiile UKichiiic par divers buvaus, et decrit en detail la forme el la disposition que doiveiit avoir ses diverses parlies. L'auteur passe ensuite aux applications de ces inachiiics anx usages pratiques : 11 fait d'abord connailre celles qui sont relatives aux besoiiis domestiques et aux travaux de I'agriculture; il donne ensuite ht description des puits et desciternes les plus remarquables , et des machines qui y sont adaptees pour en extraire I'eau. II traitede la conduite et de la distribution des eaux dans les villes. Apres avoir passe en revue les merveilleux tra- vaux de ce genre executes par les anciens , il decrit aveo plus de detail le magnifique travail du canal de I'Ourcq, dont les eaux, amenees dans le bassin de la Villette , doivent etre repandues avec profusion dans tons les quar- tiers de Paris, et servir en outre a alinienter deux canaux de navigation qui descendront dans la Seine^ I'un en tra- versant le faubourg du Temple, I'autre en traversant la plaine de Saint-Denis, jusqu'a I'entree de cette ville. En parlant despouipes a inccndie, l'auteur decrit celles qui sont en usage en Angleterre ; il les regarde comme preferables , sous tons les rapports, aux pompes mes- quines employees par le corps des pompiers de Paris. Les irrigations el le dessechement des marais sont de la plus grande importance pour la prosperite agricole d'une nation. Les machines employees i cet usage sont decrites avec soin, de meme que celles qui servent aux epuise- mens temporaires, tels que I'extraction de I'eau contenue dans un batardeau, dans les bassins destines a la construc- tion et a la reparation des vaisseaux, etsurtout pour epui- serl'eau i\ bord d'un navire. Cette derniere operation, d'ou depend quelquefois le salut d'un batiment, s'execute par le moyen des archi-pompes, des pompes, des bringue- 320 SCIENCES PHYSIQUES. balles. L'auleur s'est atlache ii decrire les plus noHvelles, qui sont tres-remarquables. L'exploitation dcs mines serait souvenl impraticable, si I'on n'avait des moyciisd'epuiser les eaux qui les inondent. On emploie a cet effet des systemes de pompes supeiposees, ou d'autres machines niues par les chevaux, par I'eau elle- meme ou par la vapeur. M. Borgnis compare entre elles les machines de cette derniere espece, et en fait connaitre les avantages. Depuis , dit-il , que cette precieuse inven- tion est en usage , il n'est aucun local oCi Ton ne puisse effectuer des exploitations, et il n'est aucune resistance que Ton ne puisse vaincre, pourvu que Ton ait le com- bustible necessaire. C'est surtout dans les mines de houille que ces machines rendent les services les plus signales; aussi, elles ont prodigieusement multiplie ces sortes d'ex- ploitations, qui surpassenten utilite celles des mines d'or et d'argent, et qui sont devenues chez les Anglais une de* •principales sources del'elonnante prosperite de leur indus- trie. Le Normand , professeur de technologies ( La suite auprochaiii cahier. ) SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. ExAMEN IMPARTIAL DES NOUVELLES VUES DE M- RoBERT Owen , et de ses 6tabUssemens a IS eiv-Lanark , en Ecosse, avec dcs observations stir ['application de son sjstenie a I'econoinie politique de tous les gou- vememens , par Henry Grey Macnab , medecin de feu te due de Kent. Ouvrage dedie a S. A. R. , et public par son ordre ; traduit de I' anglais par M. Laffon de Ladebat , ancien depute (i). New-Lanark est un Tillage tres-peuple et bien bati, dans le comte de Lanark , sur les boids de la Clyde. Le sol sur lequel il s'est eleve n'etait qu'un marais avant I'an- nee 1784, et Ton y voit aujourd'hui I'lme des plus vastes manufactures de i'Ecosse , et un modele d'application des meilleurs moyens qu'il soil possible d'employer a I'ame- lioration de la condition des classes ouvrieres, au soulage- ment des pauvres et a I'education de leurs enfans. M. Robert Owen, proprietaire principal de cet eta- blissement, Ic dirige depuis pres de vingt ans : son pre- decesseur M. Dale, homme d'un merite reel, mais afifaibli par la vieillesse, I'avait laisse dans un etat de decadence qui Taffligeait lui-meme, et le besoin de la plus severe reforme s'y faisaitvivement sentir. 3L Owen alutte contre des obstacles de toute espece ; il est parvenu , par de con- tinuels elTorts, a les surmonter, et a realiser graduellement les vues les plus salutaires, sous le rapport de I'industrie, du commerce et de la condition morale des employes ) Neanmoins le prince nc doit jamais pouvoir remettre les iii- deninitcs dues ii l;i pailic lesee. ET POLITIQUES. 351 I'acquitter sans contestation. II est a cioire qu'un pareil article, insere dans la loifondamentale d'un pays, etrigou- reusement execute, servirait merveilleusemcnt a rendre le chef de I'etat tres-circonspect dans I'usage du droit do faire grace. Abandonnant les developpemens ulterieurs que I'auteur a donnes a son principe, nous observerons qu'il approuve de tout son coeur les dispositions de I'article 20 de la cons- titution du royaume de Norvege, qui veut que le con- damne ait le choix d' accepter la grace royale , ou de subir la peine prononcee contre lui. II y a des circonstances , dit-il, ou la grace flctrit beaucoup plus que la peine. La fletrissure ne reside pas dans la punition, mais dans I'ac- tion commise par rhomme que la loi punit. Si cette ac- tion n'est pas deslionorante en elle-meine , le condamne estabsous par I'opinion publique qui lui rend justice, et celui i qui Ton rend justice n'a pas besoin de grace; on doit raeine supposer qu'il n'en veut pas. La meme observation est applicable, mais sous d'autres rapports, k ce qu'on appelle commutation de peine. La peine de mort , qu'on regarde comine la plus effroyable de toutes les peincs, parait queicjfuefois infmiment prefe- rable at»x travaux forces ou 'A la prison perpetuelle. La cb'blmutation , au lieu d'etre une grace, pourrait ainsi devenir une rigueur extreme, une veritable cruaute. Les sentimens sent individuels, et les rois eux-memes n'ont pas le droit d'eriger les leurs en regies generales. Choisir pour moi , c'est me forcer de trouver meilleur ce qui , k mes yeux, pourrait etre pire ; aussi ne devrait-on jamais proposer au prince, solt la commutation de peine, soit la grace, a moins que le condamne lui-meme ne I'eOt desi- ree; autrement, la pretendue grace ou la commutation devicndrait une veritable aggravation , et son effet serait 352 SCIENCES MORALES de rendrc odieux aux yciix dcs citoyeiis le piiiice qui so permcltrait d'en user. L'auteurveut encore que jamais le prince nc puisscexcr- cer Ic droit de aire grace qu'ejwers les criminels condamnes enderniere instance par sentence de la cour supreme. II s'en- suit que, par forme de grace, le prince ne pourra jamais arreter la marche d'un proces criminel. II faudrait encore qu'avant dc faire grace , il prit I'ayis de son conseil d'etat ct dcs tribunaux qui ont prononco la condamnation ; au- Irement, ce droit precicuxpourraitdevenir, entre les mains du prince, et meme entre celles de sescourtisans , unabus ou un moyen de sauver de grands coupables. L'ouvrage dont nous avons essaye de donner une analyse, est termine par un supplement divise en plu- sieurs chapitres, et contenant quelques reflexions sur differens points de jurisprudence criminelle. Nous nepar- lerons que de deux de ces chapitres. Dans le premier, I'autcur desapprouve la legislation de plusieurs pays, qui abuse de la marque et de la fletrissure d'une double ma- niere : d'abord, en infligeant cette punition ignominicuse a des criminels condamnes seulement aperdreleur libertc pendant un espace de temg plus ou moins limite; ensuite, en stigmatisant des individus coupables d^qtion^qui nc sont reputees crimes que par des considerations pure- ment temporaires ou locales. L'auteur croit que Thomme fletri en place publiquc ne pent jamais etre rendu a la so- ciete sans le plus grand danger pour elle, et sans qu'il soit lui-meme, pour ainsi dire, force a devenir un scele- rat accompli ; de sorte que la fletrissure devrait etre uni- quement reservee pour des individus condamnes aux traA'aux forces a perpeluite. Quant a I'autre abus de la marque, Tauleur observe que ce scrail une coulradiclioii scandalcusc dc voir un boniiuc flclri pnbli(iucnient poui ET POLITIQUES. S3S unc action qui u'a rien d'immoral en clic-momc; d'ou il pourrait resulter qu'il iCtt puni ignominicnsement d'un actc qui, dans d'autres pays et a d'autres epoqucs, lui au- vait merite la canonisation ou des statues. II est une autre espece de fletrissure, dont on a aussi quelquefois cruellement abuse. Elle estpurement morale, et consiste i foire imprimer la note de calomnie au front du citoyen courageux dont la plume a ose reveler certaines verites faites pour froisser Ics interets les plus chers de quelques personnages assez puissans pour se permettre d'exploiler effrontement, et a leur proflt, le mensonge. Get abus vraiment deplorable , favorise par des tribunaux cor- rompus, a ete pousse, dans plus d'un pays, a un exces scandaleux. C'est ici le lieu de repeter un passage de Beccaria, cite avec eloge par M. de Pastoretj, en 1790 (1). « Ce n'est pas, dit-il, ma faute, s'il y a aujourd'hui tant de pays oi'i Caton ne pourrait paraitre sans danger. Quand la verite estpunie, soyez sQrs que les lois ont ete faites par ceux a qui I'erreur, les abus et les vices sont utiles, et qu'ellcs preparent ctannoncetit la ruine d'un e^at. » ■ . it" Dans le second chapitre du supplement, I'auteur blame la prctendue justice qui se donne pour auxiliaire des agens provocateurs. Apres avoir montre combien est im- moral I'emploi de ces etres vils et corrompus, il cite centre cettc jurisprudence une autorite que , certes, personnc ne se permettra de recuser. « Lorsque, dit-il, apres la transgression de nos premiers parens, Dieu descendit au paradis pour prononcer ses terribles sentences, il appela en premier lieu le serpent provocateur, a qui il infligea ia peine la plus rigoureuse; ensuite venait Eve, qui, (2) Des lois pcnaks , Tom. I , part. ■>. , art. -. 35A SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. seduilc elle-meme, avail encore seduit son mari : sa pu- nition fut moins douce que celle d'Adam , coupable seu- lemeut de desobeissancc. La peine prononcec contre ces deux derniers etait simplemeirt afflictive; celle du serpent ctait ignominieusc et fletrissanle. La justice divine ne merite-t-elle done pas de servir de modele a celle des hommes ? Mais comment esperer de voir etablir cette justice admirable, quand on voit que, dans plus d'un pays, sans doute a son insu, et sans s'en apercevoir, la legislation cUe-meme est en quelque sorte provocatrice ? Les maisons de jeu (i), les loteries et tant d'autres eta- blissemcns immoraux, souvent toleres, quelquefois meme proteges par les lois, sont autant de pepinieres propres a fournir journellement des victimes au bras de fer de la justice; et, par une bizarrerie honteuse, les lois penales sont souvent obligees de punir, avec une rigueur barbare, des crimes dont on ne trouve la premit;re origine que dans d'autres dispositions legales. » En rendant compte de cet ouvrage, nous nous sommes abstenus de toUte critique et- de tout eloge. Renfermant notre analyse dans les boines etioites d'un simple rap- port, nous n'avons pas dO hasarder un jugement peu convenable , et que le public aurait bien pu infirmer. Les raisons qui nous ont impose ce devoir sont suffisam-- inent expliquees par notre signature. Heiberg. (i) On voit avec ttonncinent , dcpuis plusieurs annees, ctalee aux yeux du public une brochure in-4" , qui a pour titre : Deux mille el qutlques ( hances au jeu de rous;e et noire. Celtc exposition est , a nosveux, cxln^mcnienl ininioralc. LITTERATURE. Russian asthology , etc. — Anthologie husse , avec un discours priliminaire et des notices biographi- ques; par John Bowring (i). C'est depuis un petit nombre d'annees seulement que les poetes et les ecrivains russes pretendent a I'honneur d'occuper una place dans la litterature europeenne. L'im- pulsion donnee a I'empire des czars par Pierre-Ie-Grand, a dCl naturellement porter sur les relations politiques, objet de premiere necessite pour un peuple. Les arts, qui supposent toujours un certain etat de repos et meme de mollesse, ne peuvent fleurir que long-tems apres; leur brillante influence adoucit les moeurs et ne les forme pas; des institutions profondement concues sont etablies d'abord; viennent ensuite les beaux-arts, qu'on pourrait appeler le superfl'u de la civilisation. Aussi ce ne fut que vers la fin du dernier siecle qu'on vit paraitre en Russie de veritables poetes, dont plusieurs sont encore nos contemporains, et dont les ouvrages sont bien dignes, par leur diversite et leur eclat, de franchir les limites de la contree qui leur a donne naissance. Le projet de les traduire etait hardi; ilt'allaitvaincre les difficultes d'unelangue souple etriche; il fallait nous presenter la poesie russe dans son metre original. Ces obstacles n'ont pas arrete M. Bowring, qui s'est deja essaye dans plusieurs compositions assez cten- dues, oii Ton distingue surtout I'empreinte d'une vive imagination. On ne rend pas ordinairement assez de jus- tice au merite des traducteurs ; cependant il faut convenir (i) Londrcs, 1S21. Un vol. in 1? de 2/(0 pages. 3o6 LlTTliRATlUIv que Icur tache devienlextrcmcmcnt difficile, quand ils cn- trcprcnncnt de nous offrir, dans nnc langue douce et poli- cee, les productions d'une poesic qui n'a pas ele inspircc par nos climals. II est evident, ainsi que M. Bowring le fait rcmarquer dans sa preface, qu'il Icur est presque impos- sible de conserver I'harmonie et la justesse des expres- sions, et que tout ce qu'ils peuvent se flatter de n'avoir pas altere, c'est la pensee de I'auteur; encore, nous la donncnt-ils souvent nue et decoloree. II arrive aussi presque toujours qu'un traducteur officieux porte la peine des defauts de I'original, tandis que la part des beautes est toujours decernee a I'auteur meme. Nous ne Youlons point conclure de ces reflexions que M. Bowring ait fait tort a la poesie russe; au contrairc, fidele jusqu'ii conserver cxactenient la niesure des ecrivains qu'il traduil, jusqu'a iniitcr le rhythme de leurs vers, il lui a fallu abordcr tons les genres et loutes les nuances de la poesie anglaisc. Un talent heurcux et flexible a pu seul le soutenir dans cettc luttc difficile. Tantot sa lyre est montee au ton de I'ode , ct tantot elle passe a la gravite de la poesie morale et philosophique ; puis il depeint les furcurs de la vengeance et les egaremens des passions; enfin, ilprendle voile de I'apo- logue, ou manieavec succes I'epigramme. Son AntJwlogie, quoique fort variee, ne fatigue point par de penibles con- Irastes, bien qu'il ait eu quelquefois recours a la poesie metaphysique, genre monstrueuxque neanmoins plusieurs ccrivainsd'un vrai merite s'obslincnt a cultiver, mais oCi ils reussissent plus souvent a se faire admirer qu'a se faire comprendre. Toutefois, M. Bowring avertit qu'on ne doit point lui imputer les fautes des auteurs qu'il traduit, parce qu'il s'cst impose la loi de respecter leurs ccrils^ mtnio dans ce qu'il croyait contrairc au bon goflt. Nous nc suivrons pas M. Buwriiis; dans les details qu'il LITTKRATURE. 357 donne sur la lungue russe, qui s'adapte parfaitement a. tousles genres de poesie, ct qui doit une grande parlie de sa richesse, d'abord i rintroduction du christianisme , qui amena avec lui une foule de tournures grecques, ensuite a rinvasion tartare, qui I'enrichit d'un grand nombre de locutions et d'images asiatiques. Nous nous batons d'arriver k ses extraits des poetes russes. Le premier qui figure, suivant I'ordre de dates, est Michel Lomonossqf, le pere de la litterature russe. Ne, en 1711, d'un simple matelot, il s'elevaprogressivement, par son seul merite, a la dignite. dfc directcur de I'universite de Petersbourg, oi\ il rempHt long-tems et avec la plus grande distinction la chaire de chimie. L'academie des sciences a fait imprimer, aux frais de I'etat, en seize volumes, ses ceuvres, dans lesquelleson trouve des traites d'optique et de pbysique, des ouvrages sur I'bistoire, des tragedies, un poeme heroique, et plu- sieurs autres compositions de divers genres. La hardiesse et I'elegance de ses ouvrages contrastent de la mani^re la plus tranchee avec les productions informes qui avaient precede. Ce fut lui qui fraya la route. II a rendu k la lit- terature russe le mCme service que Corneille rendit a notre tbeatre ; il ne rcdigea point de preceptes, et ne donna d'autre lecon que son exemple. II est a regretter que M. Bowring ne nous presente que deux de ses pieces, encore sont-elles de fort peu d'etendue. La premiere retrace I'impression que produisit sur le poete la vuc des lumieres du JV(>;c/j I'aurorc boreale, ce beau pheno- mene dont la cause n'est pas encore devoilee , et qui , eclairant de ses feux rougefitres les longues nuits des climats septentrionaux, joue un si grand role dans les poe- sies d'Ossiau. Ce morceau offre quclquefois des details qui toucbcnt de trop pres aux siences, pour ctre precisemeni du ressort de la poesie; nous y avons remarque cependant 358 LITTERATllRE. pliisicurs strophes pleiues de inajeste. Apres avoir deniandt: a la philosophie une explication qu'elle ne peut lui donner, le poete se deniande i son tour quelle peut etre la source de ces torrens de lumierc. « Nature, quelles sont tes secretes lois ? Les feux du Nord brillent dans la zone do I'Mver, Comment tes flam- beaux s'allument-ils aux plaines glacees du pole ? Ton soleil aurait-il, dans ces froides regions, quelque trone mys- terieux ? Quelle clarte s'cleve du sein de ces mers im- mobiles ! c'est du milieu d'elles que nait le jour qui doit eclairer la terre. » L'autre piece de Lomonossot'est d'un genre tout different; c'est un apologue, un conte moral. L'Eternel assemble dcA'ant son trune les clieux de la terre, et leur demande compte de leur administration; il leur ordonne de pu- nir le crime , quelque puissans que soient ses auteurs. Le poete lermine parcette apostrophe : « Vous disparaitrez un jour, comme les feuilles quel'automne a fletries; votre trune n'est que poussi^re; votre empire n'est qu'un tom- beau; I'appareil de votre grandeur ne sera plus qu'un cortege funebre, et le plus vil de vos esclaves foulera aux pieds les debris de vos palais ! >» Si Ton se reporte a la date de ces poesies (environ i74o) , et si Ton serappelle de plus que Lomonossof etait en quelque sorte, a la cour deRussie, ce que les Anglais appelaient poete laureat , c'est-i-dire prepose aux complimens anniversaires, on trouvera sans doule ce morceau doublement remarquable. Gabriel Derjavin merite de nous arreter plus long- lems, du moins par I'etendue que M. B. a donnee d ses ouvrages dans Y Anthologie russe. II naquit en 1 763 , se distingua d'abord dans la carriere militaii-e, et Catherine en fit un de ses ministres d'etat. Son talent, qui se forma au milieu du tumulte des camps, est marque d'une em- LITTERATURE. 359 preinte guerriere, et a tel point que, dans un passage oOi il «e repand en eloges sur Ics exploits des armes russes , son traducteur a cru devoir protester, dans une note, contre ses principes de conquete. L'ode a Dieu, de Derjavin , cette ode que I'empereur de la Chine a fait imprimer en caracteres d'or sur de la soie, et qu'il a fait suspendre aux murs de son palais, est sans contredit fort belle, et la tra- duction est ecrited'un style pur et majestueux (i). Ony rc- marque avec plaisir une grande economie d'ornemens et de figures , qui deviennent presque tons frivoles dans un sujet aussi sublime que celui que le poi;te a ose trailer. Nous n'en citerons rien cependant; car, sans parler de la teinte metaphysique qu'on y remarque, ceserait faire tort a quelques expressions vraiment miltoniennes , que d'es- sayer de les rendre en prose. M. B. nous donne une autre piece du meme auteur, la Cascade; c'est une des plus longues et des plus belles du recueil. Le vieux guerrier Romanzof, disgracie par des intrigues de cour, abattu par I'age et paries fatigues de la guerre, vient mediter sur le neant de la gloire et sur les reves de Tambition : il aime a s'egarer dans les deserts, a contempler les eaux d'une cascade qui se precipite en flots argentes , et dont le fracas n'est plus qu'un leger murmure , au fond des forets. «Le loup s'arrete sur ses bords, et n'ose les franchir; le cheval sauvage, la criniere herissce, affronte le tumulte de ses eaux, tandis que leur bruit fait fuir le cerf timide. » Le vieillard s'egare souvent sur les rives du fleuve; ses armes lui ont ete arrachees , la tempete de I'adversite a fait tom- ber sa lance. II s'endort au bruit du torrent ; de sinistres visions viennent troubler son sommeil, et lui annoncent (i) Une heureuse imitation en vers de cette ode se trouve a la fin il'un ouvrage annonce dans la Revue , sous le titre de Coup d'cetl sur Petersbourg. ( Voyez Tom. IX, pag. 586 ). SCO IJTTERATURK. la mort du prince deTauride, favori de 3Iincrve (i), celui- l;i meme qui avait decide sa disgrace. Le vieillard se re- veille en soupirant, et s'ecrie : Un licros vient d'expirer. C'est une idee eminemment poeliqiie d'avoir mis dans la Louche de Romanzof I'oraison funebre de son ennemi; en voici quelques stances ; « Heureux, dit le vieillard, si, en combattant pour la gloire, son bras a toujours combattu pour la justice ! heu- reux celui dont le glaive n'a pas ete etranger a la pilie dan* le combat le plus sanglant , et dont le bouclier a servi d'e- gide a son ennemi ! Les siecles a venir diront sa renom- mee, et I'auii de I'homme sera de tous ses litres le plus brillant. » « Gloire, tout ce que Ics hommes ont de plus cher, lu m'apparais comme cette cascade; sau vagcs, indomptes dans leur course, ses Dots eblouissent lesyeux, en se precipitant des uionts oii ils prennent naissance. » « Les regards enchantes desfaibles humains se tourncnt vers le torrent; mais ses ondes rapides ue repandent point la fertilite; la desolation accompagne ses eaux, qui sillonnent la plaine. EUe n'est plus qu'un desert, la riante vallee qu'ils ont traversee. » « Que le modeste ruisseau est plus aimable et plus pur ! ses eaux limpides arrosent la prairie. Le murmure de sa voix a la douceur des chansons du berger on des accens de I'amour. II n'ctonne point par le mugissement de ses flots; mais jamais il ne larit, et son cours est marque par des bienfaits. Tel le heros veritable , etc. » II serait inutile de prolonger encore cette citation de la Cascade de Derjavin; cc pen de lignes suffira pour fairc voir qu'il est digae du nom de poete, que sa muse a quel- 'i) On donnait souvenl c.v nom a I'lmptratrice Catherine. I'oteinkin , prince dr TauriHe , se distingua , surtoul par sos victoiies 5ui les Tnrcs. LITTERATURE. -gj que chose de sauvage et de grand qui n'exclut pas I'ele- gance, et que ses images ont »n caractere local tres- prononce. La plus heureuse traduction, dans VAnthologie russe , estcelledes P^'/2a^es,deBatuschkof,ouepitre aux dieux do- mestiques, qui , par ses graces et son aimable philosophic, ne deparerait la litterature d'aucune nation. M. B. I'a tra- duite avcc beauooup de bonheur. On voit qu'elle est d'un ecrivain nourri de la lecture d'Horace et de Tibulle, et peut-elre n'ya-t-il rien , dans la litierature anglaise, qu'i se rapproche autant des contes de Voltaire. Le poete se re- tire dans ses foyers, degofite de^ succes de Tintrigue et du faux brillant de la puissance. II fait rinventaire^exact des goQts et des passions des hommes, et, apres de mures reflexions, il donnc sa demission pleine et entiere des affaires du monde, ne se reservant que les muses, et, comme Benserade, V amour si di/Jic ilea cong^dier. 11 passe en revue tous les poetes de sa patrie; chacun d'eux est peint d'un trait, et son epitre offre une espece de galerie litteraire, pleine d'imagesriantes. Enfln, dans ses jPenates,Batuschko£ se fait ermite, et il est impossible d'etre misantrope avec plus de grace. On rencontre danscette piece de nombreuses reminiscences des poetes latins , des poesies de La Fon- taine, et meme de celles de Parnj. Lorsque Batuschkof, en parlant des premiers ages de la litterature russe, re- monte jusqu'aux heros slaves qu'on distingue a peine dans la nuLt deleurgloire, on se rappelle involontairement J. B. Rousseau qui nous depeint les anciens sages, « se de- robant aux epaisses tenebres de leur antiquite. » Voici les yersdes Pinates, qui renferment les dernieresvolontesdu poete: « Lorsque mon pelerinage sera terniine,dit-il, et que je dormirai aupres des mieift , qu'on ne verse point sur ma cendre des pleurs mercenaires. Quclquesamis pourront se Tome x. 2A 362 LITTERATURE. reunir,le9oirdu jour qui m'auravuexpirer,etjeterquelques fleurs sur la tombe du poete. Qu'on depose i c6te de moi mes penates cheris, la coupe du festin et ma lyre , muette desormais. Ma cendre n'a pas besoin d'etre recouverte d'une pierreet d'une inscription; il est inutile d'apprendre au voyageur que celui qui a tant aime est mort tranquille et serein. » Ces vers sontprecisement dans le meme genre que ce passage charmant du Menestrel de Beattie, qui m^riterait d'etre mieux connu en France, oii le pofete demande k reposer, apres samort, dans un endroitque le soleil eclaire des rayons du soir; passage qui se termine par cette pensee : « Lorsque, pres de mon tombeau, la nuit Tiendra surprendre le fils du laboureur et la jeune fiUe timidc, qu'ils ne craignent pas les tenebres, qu'ils ne se pressent point de fuir; mon ombre plaintive ne yiendra point troubler leurs innocentes amours. » On regrette que M. B. n'ait pas donne plus d'etendue a ses extraits do Joukowski, poete qui, si Ton doit le juger d'apres quelques morceaux detaches, parait avoir une ele- gance soutenue dans sa versification. On lui doit une tra- duction russe du Don Quichotte de Florlan , et Ton ne confoit pas comment un ecrivain distingue n'a pas mieux aime enrichir sa patrie de I'ouvrage meme de Cervantis. Le morceau que M. B. nous presente est rempli de force et d'imagination , et les images en sont toutes empruntees de la poesie caledonienne. II serait diflicile d'assigner un nom exact k cette pi^ce de Joukowski; elle se rapproche evidemmentde ces contes ou romans poetiques, auxquels on a long-tems refuse une place dans la litterature, et qui maintenant voudraient occuper la premiere. Lorsque des faommes distingues ont cree ce genre , pour ainsi dire nouveau, ils n'ont pas prevu avec quelle passion on se je- terait dans cette arcne imprudemment ouverte; lis n'ont i LITTERATURE. 565 pas preru que , dans leur fatale abondance , la foule des itnitateurs menacerait un jour, en marchant sur leur? traces, d'etouffer entierement la belle litterature bardie et chaste a la fois, qui reparait encore cependant, en AnHe- terre, dans les ouvrages de Worldsworth, de Rogers, et surlout de Campbell, celui de tous ses poetes vivans dont la reputation sera la plus durable. Cependant la Harpe d'Eole (i) , de I'ecrivain russe , est composee avec assez de goQt; et, quoiqu'il ait rcmpli cetle piece d'images quel- quefois ambitieuses , elles n'j sont pas prodiguees outre mesure. M. B. , astreint, par la fidelite avec laquelle il a traduit, i un genre de rhjthme croise et difficile, n'en a pas moins rendu presque toutes les stances avec une grande elegance. Les amours malheureux d'un jeune barde , qui n'a pour tout bien que sa harpe et ses chansons, font tout le sujet de ce petit poeme. L'un des chefs de Morven, couronne de gloire et d'annees, se repose de ses fatigues dans la demeure de ses peres : son unique plaisir est d'entendre celebrer les exploits des herosde sa race et de voir se developper la beaute de sa fille Milvana, dont (i) En Ecosse, cette contrte si fertile en inspirations poetiques, la patrie des bardes , on avail remarque que les cordes d'une harpe, frappees par un vif courant d'air, rendaient des sons harmonieux. Aussitot, on revetit ce phenomfene des couleurs de I'imagination; c'etaient les ombres des guerriers de Fingal et des vierges de Te- mora , qui excitaient cette musique aerienne dans leur passage ; c'etaient des accens qui venaient d'au-dtla de la tombe; c'etait la louche legere des esprits. G'est ce qu'on nomma la Harpe d'Eole. ( Est-ce le vent qui fait resonner ma harpe, ou est-ce le passage des esprits f—OiSian; Berrathon. Le vent ebranle la cime des vieux chenes. L'esprit de la montagne pousse des cris dans la tempete. L'orage est entre dans ma demeure, ma harpe en est •git6e; des sons melancoliques s'etendent au loin, comme une »oii qui sort de la tovabe.-Ossian; £>ar-T/iula. 24* 36A LlTTlillATlIRE. Joukowski trace le portrait dans le genre d'Ossian. « Elle est fraiche comme I'air du matin ; elle est aimable comme la fleur de la montagne, qui incline sa tetc argentee de roseeaux rayons du soldi levant. » En vain, les plus fameux guerriers viennent, de toutes les parties de I'Ecosse, de- poser leur hommage aux pieds de Milvana; elle a donne son coeur au jeune barde. Joukowski le fait parler en vers pleins de douceur et d'elegance : « De quoi servent pour le bonhcur, dit-il, le courage et la gloire ? quelles couronnes sont plus belles que les guirlandes tressees par la main de la beaute ? le recit des exploits d'un heros a-t-il la douceur des accens du premier amour?)) Nous avons surtout re- marque la strophe suivante, qui rappelle I'ouverture du troisieme acte de Romio et Juliette, I'une des scenes lej plus gracieusos de Shakespeare, qui savait prendre tous les tons ; dans laquelle Juliette avertit son amant qu'il doit s'eloigner, parce qu'elle entend les cris de I'alouette qui annonce le matin, et Romeo lui fait croire que ce ne sont que les chants du rossignol, I'oiseau de la nuit : « Est-ce le soleil qui reyient nous eclairer? sont-ce les feux du jour qui blanchissent I'orient? le souffle du vent s'est-il reveille sur le sommet de la colline? Ce ne sont que les feux du nord qui sillonnent I'obscurite de la nuit: ce n'est pas encore le jour qui s'avance. Zephirs du matin, ne descendez pas encore de vos montagnes. » Enfin Ordail, irrite de la passion du jeune barde, le fait conduire en des terres ctrangeres. La fille du chef de Morven, ainsi que le barde exile, meurent tous deux, et leurs ombres viennent visiter les lieux de leurs amours. On volt que cette pl6ce est presque entierementempruntee d'Ossian , quant a la poesie qui la decore ; ce qui ne lui ote pas un certain merite d'originalite. Joukowski a choisi avec gout plusieurs des plus bcUcs images de la poesie LlTTEllATUUE. 505 ecossaise, sans se prononcer 8ur la question de I'antiquite des compositions d'Ossian ou de Macpherson. II s'est beau- coup aide de cette strophe si remarquable, oii Ossian, prive de la Yue, fait une invocation au soleil; strophe qui sur- passe, k quelques egards, en sublimite, les vers oii Milton aveugle celebre les beaules et les bienfaits de la lumiere. Le traducteur anglais nous donne aussi, dans cette An- tJiologie , plusieurs morceaux de Karamsin , i\\n s'est surtout distingue par ses compositions historiques ; une piece de Dmitrief, sur un orage, qui rappelle les vers de Thomson, et quelques parties du poeme de la Religion^ de Bobrof, auteur d'un roman que M. B. compare a Lalla Rookhf ce poeme auquel I'imagination de 31. Moore a donne une si forte teinte orientale, ainsi que de Davidof et de Kostrof {y) . tous auteurs dontles Tcrs sontplus har- monieux que les noms ; enfin, de Meletzky ^ dont il pre- sente plusieurs romances et chansons populaires , qui ne sont pas sans un certain charme, quoique leur merite soit surtout national. Enfin, M. B. cite plusieurs fragmens des ouvrages de Bogdanovitch , « I'Anacreon de la Russie, » qu'il fait suivre d'une notice biographique fort interessante, par Karamsin. II parait que Bogdanovitch fut d'abord destine a r^tude et a la carriere du genie militaire ; mais il fut tellement enchante de la pompe d'une representation theS- trale a laquelle il assistait, qu'il ne voulut plus s'occuper que de poesie. Son merite, aide de puissans protecteurs, qui, en Russie, manquent rarement au talent, le fit envoyer (i) Dans sa notice biographique sur Kostiof, M. Bowring nous apprend qu'il n'a pu paraxtre que six. livres d'une traduction que cet ecrivain russe avait faite de Vlliade, parce qu'un libraire lui ayan* olTert un vil prix de son travail (i5o roubles , le poete indigne jeta son ouvrage au feu. 366 LITTEIIATUIVE. i Dresde , avec t'atnbassade prfes cetle cour. II s'y livrtk tout entier aux arts, ct ce fut aux sites rians des bords de I'Elbe , aux compositions des Rubens et des Paul A'^eronese, qu'il emprunta Ics images gracieuses de.sa Douschejika (Psyche). II parvint a une Tieillesse avancee, et mourut en iSoS. Son caractere etait aimable et tendre : il avait coutume de dire qu'il ne redoutait qu'une seule chose, la critique; mais elle etait peu dangereuse pour lui; et d'ail- leurs, le public russe n'a pas encore le droit d'etre trop exigeant. Dans la galerie que M. B. nous fait parcourir, on re- marque avec surprise que les fabulistes sont les plus nom- breux, et peut-etre les plus distingues des ecrivains russes. Sans parlerde iSoMmaroi-o/l, createurdece genre en Russie, on trouve, dans VAnthologie j quelques fables de Kliem,'- nitzer, dont une surtout est remarquable : le roi et son conseil. Ce poete parait avoir eu toute la bonhomie et quelque chose du talent de notre La Fontaine. Son peu de fortune et la negligence qu'il mettait k I'augmenter furent cause que ses amis obtinrent, presque a son insu, sa nomi- nation an consulat general de Smyrne. Ce fut lui rendre un Iriste service. Son genie s'eteignit peu a peu dans les enibarras de sa place, et sa sante ne rcsista pas long-tems au changement de climat. II mourut a Smyrne en 1784. Une grande simplicite s'alliait chez lui i un noble enthou- siasme pour tout ce qui est digne d'admiration. On rap- porte qu'assistant, & Paris, i une representation de 7cm- crede, il se sentit tellement emu, au premier vers que Lekain prononca, en entrant sur la scene, qu'il se leva au milieu du parterre et salua profondement I'acteur. Ce trait de Khemnitzer rappelle involontairement I'auteurdu Voyage sentiineniaU Sterne, qui, la premiere fois qu'il passa devant la statue de Henri IV , xw Pont-Neuf, s'agc- LITTERATURE. 367 QOttilla dans la boue deyant I'iiuage du bon roi. La fable que M. B. nous donne de KrilofMi regretter qu'il n'en ait traduit qu'une seule : je ne saurais la transcrire sans prolonger encore cet article; mais j'en citerai une de ce fabuliste qui donnera une idee du genre de son talent. La traduction que Ton va lire en a ete faite par M. Hereau, Becretaire central de la Revue Encydopedique, qui a de- meure pendant dix annees en Russie, et qui s'occupe de- puis long-tems d'un choix de poesies russes. LB PIGEON, LA POULE D'EAU ET L'ECREVISSE, FABLE IMITEE DU RUSSE. II s'en Ta mal en toute alTaire, Lorsque des gens, lies par un m6me inter^t , Sont differens de caractere. On pourrait discourir long-tems sur ce sujet , Et la matiere est assez ample ; Mais ce n'est point li mon projet : Je n'en veux aujourd'hui que donner un exempie, Le pigeon , I'ecrevisse , avec la poule d'eau , S'etant associes de plaisir et de peine , Eurent ^ trainer un fardean. lis s'attelent tons trois, et, d'une meme haleine , Ilspartent. . . Cependant, chacun d'eux se d6m6ne , Et le fardeau ne bouge d'un seul pas, D'oii vient cela f ce n'etait pas Qu'il fdt trop lourd ; mais vers I'humide plaine La poule d'eau tirait ; le pigeon vers les cieux Prenait un vol ambitieux , Et I'ecrevisse , ma commere , Pour reculer faisait de tout son mieux. Qui des trois avail tort ? ce n'est point mon affaire De decider entre eux ; mais je I'ai deja dit , Et cela me sufEt : 11 faul s'associer snivant son caractfere. 36S LITTilVATURE. On pcnse bien que M. Bowring a fait un choix d^llrat avant de composer son Aullwlogie. II ne nous donne que les perles des ecrivains russes, et son recueil ne permet nuUement de juger I'ensemble de leurs productions. Mais au moins esl-il possible, d'apres son ouvrage, de saisir quelques-uns des traits de la litterature naissante de la Russie, de se former unc idee de la maniere qu'elle adopte de preference etde la direction qu'elle parait devoir suivre. A I'exception de Derjavin et de Batuschkof, qui occupent le premier rang, on s'attendrait i trouver des tournures moins polies et un genre plus nettement tranche, quelque chose de moins elegant, mais de plus original. On est frappe de la ressemblance de ces compositions avec plu- sieurs parties de la litterature anglaise; et, quoique la nature du nord leur donne presque partout un caractere sombre et imposant, on conf oit que ces poesies pourraient etre encore plus decidement russes. II faut convenir, d'un autre cote, qu'on y trouve aussi I'empreinle d'un goflt ju- dicieux et severe , une grande sobriete d'images roman- tiques; a peine, dans le volume entier, pourrait-on citer un seul exemple de ces comparaisons vagues et ambi- tieuses en meme terns, dont plusieurs auteurs modernes affectentdese servir, comme si le champ des vraiesbeautes poetiques etait devenu sterile. Les ecrivains russes pa- raisscnt generalement d'accord sur ces points : que rien n'est plus contraire a I'effet de la poesie que de vouloir y introduire I'analyse des sentimens de I'ame , et que c'est une entreprise ridicule que de pretendre enluminer la metaphysique, des couleurs de I'imagination. Une autre qualitc de ces poetes de laNewa, et peut-etre la plus pre- cieuse de toutes , c'est que leur muse n'est jamais servile . c'est que des pensees genereuses et patriotiques I'ont cons- tamment inspiree; c'est qu'ils fletrissent tour i tour les LITTERATURE. 369 tristes exploits tie la guerre et les esperances de I'ambition , c'est que les traces d'un gouvernement militaire et absolu disparaissent completement dans leursYcrs. Malheureuse- ment il n'est pas permis de dire qu'en Russie , cette belle litterature reflechit fidelement I'image des institutions et des moeurs. Ces charmes ne sont sentis que dans les rangs les plus eleves ; chez cette nation, un abime separe I'es- clave de son seigneur, etil ne peut y avoir entre eux que des relations de dependance; sans doute, les arts sont pro- teges dans ces palais oOi I'elegance de I'Europe s'embellit du luxe de I'Asie; mais que trouve-t-on hors de leur en- ceinte? de I'ignorance et de la servitude. II est permis d'espercr, avec I'auteur de cette J nthologie , que I'ascen- dant de tant d'hommes d'un merite vraiment distingue, en donnant des goftts intellectuels aux diverses classes de la societe, hatera I'instant si desire d'un rapprochement et d'une emancipation mutuelle. Aprt;s I'liumiliante histoire de la litterature chez les Remains, il faut qu'elle se jus- tifie d'avoir si long-tems langui sous la republique et d'a- voir attendu le despotisme pour jeter tout son eclat. Qu'il serait beau de voir les arts, par une marche contraire, sortir des capitales oii ils sont relegues , repandre les premiers germes de la philosophic et des lumieres au milieu d'une vaste nation, et I'influence brillante de la poesie devenir le precurseur de sa liberte! Charles Coquerel. 370 LITTERATURE. ^W^ \ VWVVVk WVk^VV* ErKLARUNG EINER iEGYPTISCHEN URK.IJNDE ACF PAPT- Bus, etc. , von August Bockh (i ) , ow Explication D'uif CONTRAT icYPTiEN suR PAPYRUS , cti grec curslf, d& I'an io4 avantJ.-C, lue le 24 Janvier 1821, A Cacademte rojale des sciences de Berlin , par Au- guste Bockh, tnenibre des academies royales de Berlin et de Munich. On se plaint quelquefois decequeles monumens del'jfe- gypte, malgre les iunombrables sculptures dont ils sont charges, n'apprennent rien de positif sur rhistoire ou sur I'etat civil du pays. L'heureusedecouverte queviennent de faire trois savans de Tacademiede Berlin, et que I'un d'eux, M. Bockh, a publiee depuis peu, suppleera en partie le langage encore muet des monumens. II s'agit d'uncontrat egyptien,conclu loAansavant J.-C.,etquia eledechiffre avec un rare bonheur par MM. Bockh , Buttmann et Bek- ker. Le document est ecrit sur un papyrus, en grec cursif, mais presque illisible. Au premier coup d'oeil , on le pren- drait pour une ecriture tout autre, melee seulement de quelques lettres grecques, semees p4 et h'l. Le petit ou- Trage dont nous rendons compte renferme \tfac simile du contrat, avec la traduction allemande et un commentairo assez etendu. On pent dire, de ce morceau, qu'il est unique sous deux rapports; d'abord, comme exemple de I'ecri- ture cursive , puis comme renfermant des details neufs sur un point essential del'administration civile. Voici I'his- torique de la decouverte. M. Jean d'Anastasy, consul de Suede a Alcxandrie , s'est procure dans la haute Egypte ce ( I ) In-4'' de 36 psgcs , Berlin , -f'S j i . LITTERATCRE. 371 precieux manuscrit, qu'il conserve dans son cabinet, de- roule entre deux verres. Le general Minutoli, qui visite maintenant I'tg-ypte et les pays de I'ouest , par ordre du gouvernement prussien, a obtenu du consul un fac simile du pap3'rns, et I'a envoye a racademie do Berlin. L'ori- ginal parait avoir ete depose sur une momie delaXhebaide. Sa conservation etonnante,apres vingt siecles, est due sans doute aubaume dont il a ete imprcgneou parfume, et ^ la secheresse du tonibeaudanslequelil eet reste si long-terns. La copie qui a ete envoyee en Prusse a ete imilee avec une scrupuleuse exactitude; 11 est a regretter cependant que roriginal ne soit pas en Europe, car il est permis de douter que le fac simile, du moins la gravure , le retrace avec une egale fidelite sur tous les points, L'etendue du manuscrit est dc aa pouces environ, sur 6° A 1. de hauteur; a gauche, on voit une sorte de cachet, representant une tete barbue avec un casque, selonl'usage grec. L'ecrit est compose de trois parties : la premiere, en cinq lignes, indiqueladateet designe les fonctionnaires de Tordre religieux alors en exercice, indications necessaires pourbien determiner celte epoque et rendre I'actevalide. La seconde, en huit lignes, contient le traite conclu; la troisieme, qui est separee a la droite, est une sorte d'en- registrement ecrit en huit lignes ; ces lignes sont plus courtes et d'une autre main, en caracteres plus menus, plus serres et traces rapidement, en sorte que Ton conjec- ture que le manuscrit n'est pas une copie , mais bien I'original de I'acte. L'objet du contrat est I'acte de vente d'un fonds de terre, entre plusieurs particuliers de Ptolemais, rille capitale de la haute Egypte sous les Lagides. M. Bockh presume qu'il a ete trouve dans le tombeau de I'acheteur mSme, nonuiie 372 LITTlilRATUllE. Nechoiites. Les co-vendeurs sont au nombie dequatre; on donne leur signalement dans le plus grand detail, ainsi que leur profession, puis le quartier oOi la piece de terre est situee, la nature et I'etendue de la piece, ensuite la designation des tenans et aboutissans; enfin, le signale- ment de I'acheteuret le prix de la vente. La partie de droite est une sorte de transcription du contrat : on y designe les trois ou quatrc lonctionnaires des contributions ou de I'enregistrement ; on y repete la date de I'annee, le prix de la terre, le lieu oii elle est situee; enfin , les noms des parties; mais le jour de inscription de Facte n'est plus le meme , c'est environ trois mois plus tard que le contrat a ete enregistre a la requete de I'acheteur. Ce rare morceau est le plus curieuX: qu'on ait encore trouve en Egypte , pour la connaissance de I'ordre civil dans ce pays. A la verite, il ne remonte pas plus haut que I'administration des Grecsj mais tout porte i\ croire que I'ancien usage avait ete conserve. Toutefois, je differe d'avis sur un point avec le savant interprete; il induit de cette piece , que la langue grecque etait, a cette epoque , employee universellement dans toute I'Egypte , meme pour les affaires privees. Mais Ptolemais etant une ville d'ori- gine grecque et fondee par les Ptolemees, pour succeder a I'ancienne capitale, peut-etre dans le dessein meme d'in- troduire dans tout le pays I'usage de leur langue , il o'est pas surprenant qu'on y tint toutes les ecritures administra- tives dans ce meme idiome, a I'exclusion de la langue na- tionale. Je ne vois meme pas ce qui empecherait de croire que les habitans de Ptolemais eussent retenu I'usage de celle-ci , bien qu'ils fussent contraints de rediger tous les actes dans la langue du vainqueur ; c'est ce qu'on a vu en Belgique, en Hollande et dans d'autres pays , pendant Tadminislration des Franpais. II en est encore de mcmti UTTERATURE. 375 dansquelques parties de i'ancienne Alsace. Ptolema'is etait la premiere rille de la Thebaide^ du terns de Strabon ; il la comparait, pour I'etendue, a la Tille de Memphis. Les anciens geographes I'appellent Ptolema'is d'Ermios, sur- nom que Ton retrouve dans le contrat. Sa position est la meme que celle d'un gros bourg , appele Menchyet el nMe, .lu-dessous de Girgeh la capitale actuelle du Sayd , et oii nous avons vu des ruines. La ville estappeleeici Ptolema'is de la Thibaide, pour la distinguer de la Ptolemais qui etait a I'entree du nome Arsinoite. Mais ce que I'acte contient de plus interessant pour la geographie , c'estque, sous le rapport de I'administration tcrritoriale , ce lieu dependait du nome Tathyrites , si toutefois la lecture est exacte dans cet endroit, qui est assez mal ecrit. Ainsi, Danville s'etait trompe en corrigeant, dans le texte de Ptoleniee le geo- graphe, le nom de Tathyris en Phatiiris, et Ptolemee lui-meme avait donne a cette prefecture un nom different; savoir : le Memnon; peut-etre aussi cette division n'etait-elle plus la meme de son tems, car les nomes ont pjusieurs fois change de circonscription. Au reste , il est remarquable que les terres de Ptolemais relevaient, du moins sous un rapport, d'un nome eloigne confinant a Thebes, et separe de celui de Ptolemais meme , par deux autres, le Diospo- lites et le Tentyrites ; faut-il en conclure qu'il y avait des administrations provinciales superieures, qui embrassaient plusieurs prefectures dans leur juridiction ? Le detail des regies suivies dans I'administration civile d'un pays est toujours curieux , au moins comme terme de comparaison. On sera bien aise de les trouver ici, et sous la forme la plus authentique. D'ailleurs, si Ton connait ces regies pour les Grecs et les Romains, on n'en avait pres- que aucune idee pour I'jfegypte. On y trouve, quoiqu'en peu de mots, des choses neuves sur les noms et la condition des habitans, les corporations d'ouvriers, Ic? usages ru- S7A LITTJ^llATUUE; raux, le mode de possession territoriale ; enfin, pour I'his- toire de I'ecriture , c'est un monument capital. M. Buckh observe judicicusement que I'on ne se servait de lettres dctachees que dans les livics publics ou destines i etre vendus , et qu'on ne s'y astreignait pas dans les ecritures privees et journalieres. M. Akcrblad a publie une inscrip- tion sur une lame de plomb , trouvee dans un tombeau , pres d'Athtnes, mais Tepoque n'en est pas certaine ; ce sont des caracteres informes, sans liaisons, et il n'est pas probable que Ton tit usage de I'ecriture cursive sur le plomb. D'autres fragmens connus ne sont pas davantage de veritable cursif. Les seuls exemples qu'on puisse citer sont des mots de peu d'importance, traces sur les murs et les colonnes de Pompei", ct surtout le papyrus grec du musee Borgia, a Velletri, publie par Schow, en 1788; mais 11 n'offre qu'une nomenclature des ouvriers de Ptole- mais d'Arsino'ite, employes aux digues et aux canaux. Ce dernier fragment, d'ailleurs tres-curieux, ne remonte qu'au troisieme siecle de I'ere chretienne , tandis que celui de Ptolemais en Thebaide est du deuxieme siecle avant Jesus-Christ. Voila done le monument d'ecriture grecque cursive, le plus ancienconnu, et sa date est incontestable. A la verite, il existe des manuscrits en cursif, bien ante- rieurs et en tres-grand nombre; ce sont les papyrus en langue egyptienne, decouverts par les voyageurs franjais; mais on n'est pas en etat de les lire. M. Bekker s'est occupe le premier de dechiffrcr le con- trat de Ptolimais ; apres en avoir lu la plus grande partie, il I'a remis a M. Bockh et a M. Buttmann, qui se sont attaches A lire les endroits difficiles. lis ont reussi presque partout, et ce qu'il reste a deviner n'a qu'une faible impor- tance. On pourra contester quelques mots, mais le sens ne parait susceptible d'aucun doute. II est surprenant que les noms des pontifes . el ceux des LITTERATURE. 375 pritrcsses connues sous les designations d'Athlophore et de Canephore, ne soient pas devant ceux des princes la- gides , comme dans la celebre inscription de Rosette. Au- rait-on cherche dans la suite a abregcr ces longues formules qu'il fallait repeter si souvent, en remontant toujours a rorigine de la dynastie ? Ce n'est pas la seule difficulte que presente le monument. Voici mot a mot la traduction du contrat : TRADUCTION LITT^RALE DU CONTRAT. • Sous le regne de CleopStre et de son fils Ptolemee surnomme Alexandre, dieux Philometores, Soteres, en I'an 12 qui est aussi le 9% sous le pontife, residant k Alexandrie, d'Alexandre, et des dieux Soteres, et des dieux Adelphes, et des dieux Evergetes, et des dieux Philopatores, et des dieux Epiphanes , et du dieu Philometor, et du dieu Eupator, et des dieux Evergetes; sous I'athlophore de Berenice Evergete , et la canephore d'Arsinoe Phila- delphe et de la deesse Arsinoii Eupator, dans Alexandrie; a Ptolemais en Thebaide; sous les pretres des deux sexes, de Ptolemee Soter, qui sont a Ptolemais; le 29 du moisdetybi; sous ApoUonius prepose de VAgoranomiej durantce mois, pres de I'administration chargee des fonds de terre nus , dans le Tathyrites. « « A Tendu Pamonthes . . . de couleur noire, beau, long de corps, deyisage rond, nez droit ;ainsi ({vl Enachomneus . . . de couleur jaune, aussi de visage rond, nez droit; et Sem- mouthis Persinei. . . de couleur jaune, de visage rond, nez un peu aquilin , bouffie; et Meljt Persinei de cou- leur jaune, de visage rond, nez droit; avec leur maitre Pamonthes co-vendeur; tous quatre de la corporation des Petdlitostes, parmi les ouTriers en euirs mcmnoniens ; d'un 376 LITTERATURE. fonds de terre nu, ueuxappartenant dans la partic du sud (c?tf quartier) des Memnoniens, un espace de cinq mille cinquantecoudees d'etendue; lesvoisins i^lenans et ahou- tissans) du sud, la rue Royale; du nord et du levant, le fonds de Pamonlbes et Bokon Ermios son frere , et les terres communales; du couchant, la maison de Tephis, fils de Chalomn ; passant au milieu ; ( tels sont les ) voisins de loutes parts. «A achete {le champ^ Nechouthes petit {^iclun sobriquet), de couleur jaune,agreable,de visage long, nez droit, une cicatrice au milieu du front ; [pour le prix de) 601 pieces de monnaie de cuivre; les vendeurs etant les courtiers et les garans de ce qui est relatif a cet achat. «A accepte Nechouthes, I'acheteur. » Ici des signatures. a la marge de droile. (lEn I'an 12 qui est aussi le 9', le 20 (les unites man- quent) de Pharmiithi , sous la .... , sous laquelle Di etait prepose aux contributions ((//rt^/Y/p/zews); Cliotleu- phes, prepose en second ( hypograplieus ou hypogramma- teus\, Heracleides J controleur de I'achat {antigrapheus) ; NecJioutes petit [ici le sobriquet) , un fonds de terre nu de 5,o5o coudees. . . situe dans la parlie du sud [duquartier) des Memnoniens, qu'il a achete de Pamontlies, et aussi A^ E nacJiomneus , lequel a signe avec ses sceurs ; pour 601 pieces de cuivre. [Ici des caracteres embrouillh, peut-etre les initiates des noms des co-pendeurs, en, per). En lisant ce traite , on peut faire une remarque assez importante sous le rapport historique ; c'est que Ic fonc- lionnaire principal pour I'administration des terres est un Grec et non un Egyptien. On voit encore un on deux noms LITTl^fiATURE. ;]77 de grecs iiarnii Ics employes de renrcgistremeut. Ainsi, apr<:s deux siecles, Ics vainqueurs occupaieiit encore les cmplois publics ; ce qui suppose necessairement qu'ils leur avaient ete devolus et conserves depuis I'origine ; le fait est d'ailleurs conQrme par le monuraeiit de Rosette. Dans un pays qui, avant les Pcises , n'avait jamais repu la loi des ctrang«f«, et ou la caste sacerdotale ogcupait les charges de radministration , il est difficile de croire que Texclusion des naturels, des places emincntes, ait ete favorable a la prosperite publique. C'cst arec fondemcnt que ringenicux interprete avance que la uiesure da terrain en coudees expriine la surface et non la circonCerence : c'est en coudees carrees que les Egyptiens mesuraient leurs tcrres. Les 5,o5o coudees equi- valeat done a un rectangle de loi coudees sur 5o; si le cote long avait etc de loo coudi;es, ce serait juste la moitie d'une arourc. M. Buckb conjecture que le terrain avait etc Ujuil yicsure , et que , lors du partage des tcrres par Sesostiis, on avait fait cclle-ci trop longue d'uae coudec. II n'cst pas neccssaire de remontcr si baut, et le texte d'llerodotc n'exige point que toules les possessioas fussent eo effet de forme cairree, ni memo i-ectangulaire; autre- mGOi, Ia geomdtrie eQt ete, enEgypte, entierement inutile. Nous n'avons aucuno connaissance certaine du prix des terres, ni de la valeur des monnaies dans la Tbebaide. En quoi differaient les terres appelees nues des autres espoces de terrains? faut-il, par-la, entendre seulement des terres a ble? de quel poids etaient les pieces de cuivre dont il est question dans le contrat? quelle quantite de ble rtpre- scntaient les 6oi pieces? Voil,a des questions sur lesquelles M. Bunkh nc prononce pas, et qu'il serait indispensable de resoudre pour avoir une idee complete de la transaction. Puisqu'on est aujourd'bui sur le cliemiit des decnuvertes 'Jk»ME X. 25 378 LITTER ATURE. les plus heureuses , esperons qu'on decouvrira quelqu« autre manuscrit, qui eclaircira cette matiere si importante pour I'histoire de la monnaie. Apres les details si minutieux et meme si etranges du signalement des parties qui ont figure dans le contrat de Ptolemais , on est surpris de ne pas trou\er une seule mention de I'age. M. Bockh avail d'abord conjecture qu'il, etait compris dans un mot compose , place constamment apres chaque nom propre et commencant par ces lettres afft) ; le reste du mot a une physionomie egyplienne; mais cette conjecture ne s'est pas Terifiee. C'est presque la seule lacune que les savans de Berlin aient laissee dans leur interpretation, et Ton voit qu'elle n'ote rien au sens. L'intervalle du 29 de tybi au 20 de pharmuthi , ou du i3 fevrier au 5 mai (d'apres le calcul de I'annee vague ), est de 82 jours. On doit conclure de li qu'il fallait laisser ecouler environ trois mois avantl'enregistrement des actes; car, les unites manquant apres le K, la dale de pharmuthi a pu elre du 20 au 29 du mois, ce qui fait une latitude de 82 a 91 jours. En prenant le 29, c'est-i-dire le lendemain du Iroisi^me mois ecoule, I'epoque tomberait sur le ih mai ; i cet instant de I'annee, les terres etaient depouillees, et c'elait un moment favorable pour enlrer en possession. Environ un mois apres , I'accroissement du Nil allait se faire sentir. On voit, par le contenu de la formule d'enregistrement, que la vente devait elre faite par I'intermediaire des cour- tiers et des cautions; mais qu'en certain cas, apparemmeut quand le prix elait modique, les vendeurs pouvaient en tenir lieu, sans doute pour eviter les frais. Ce qui a le plus d'importance dans ce document, c'est •ons doute le passage qui a rapport i la division des castes. On voit iri une corporation des ouvriers rn cuir, avec une LITTERATURK. 3 7f) sous-division qui est appelee les Petdlitostes; deux femmes en font partie. Ces ouvriers appartenaient k la grande ctasse des artisans , qui , selon Platon , Diodore et Strabon, etait I'une de celles dont se composait la population de I'Egypte. On trouve a cet egard des differences entre les trois auteurs. Herodote differe aussi avec tous; cependant les uns et les autres s'accordent a mettre au premier rang la classe des prGtres et celle des gens de guerre. Strabon, qui a ces deux n'en ajoute qu'une seule , celle des culti- vateurs comprenant les artisans , a oublic celle des ber- gers; celle- ci, a son tour, comprend les bouviers et les porchers d'Herodote, ainsi que les chasseurs cites par Pla- ton. Quant aux pilotes, aux marchands et aux interpretes, dont Herodote fait .autant de classes differentes, il faut les reunir a celle des artisans. II suit de la que Diodore de Sicile , en partageant le peuple d'Egypte en cinq classes, les pretres , les guerriers , les pasteurs , les artisans et les labourems , a donne la veritable division des castes. On peut remarquer encore dans le contrat: 1° que des ouvriers d'une profession subalterne sont proprietaires fonciers; 2° qu'un fonds de terre nu et assez mediocre, puisqu'il n'equivaut pas a un tiers d'arpent de Paris, est possede en common par quatre personnes ; o" que trois des co-vendeurs sont subordonnes a Tautre, qui prend le tilre de maitre ou seigneur, quoique ouvrier lui-meme et de la meme corporation. Ce dernier point est reste obscur dans le savant commentalre de M. Bockh. II n'y a pas, en effet, dans I'acte, de quoi expliquer suffisamment la condition des personnes. Le mot Kvp/ou est bicn lisible dans la piece; mais il est impossible de voir, dans I'un des co-vendeurs, un seigneur suzerain, et, dans les autres, des vassaux, en- core moins des serfs, des esclavesou des ilotes. Au reste, 25* 380 LITTERATCRE. Tctat acluol ilcs fellahs ca Egyple pourralt jeler quejqiies Imnieres sur cette importantc question j A" Icvcndeur prin- cipal est Ic seul dc couleur noire ; les trois autres vcndeurs, qui lui sont subordonnes, sont jaunes dc pcau ; I'achetcur est egaleinent dc coulour jaune; 5^ les femmes sont les seules qui aient un noni ct un surnom, indepcndammcnt du mot barbarc dont j'ai parlc. Ce surnom parait appar- tenir a la langue egyptienne, ainsi que les noms propres dcs cinq parties qui sont inlervcnues dans le contrat; scu- lemcnt, on y a joint dcs finales grecques; 6*^ le mot barbare qui vient aprcs chaque nom, est Ic mcme pour le vcndeur en litre et pour raclictcur; et ce mot, apres les deux noms de femme, a la mcme finale; pcut-ctrc, est-cc un nom dc tribu; mais, dans cc cas, il dcvrait etre le mcme pour le frcrc et les deux soeurs. Nous devons borncr ici les re- marques, puisque I'objet principal de cette notice est dc repandre la connaissance d'un monument curieux. Si I'emploi dc plusieurs tournures inusitecs jette un pen d'inccrtitudc sur I'intcrpretalion de quelques passages, on doit avouer qu'il ne s'agit que d'un petit nombre dc mots. Ainsi M. Buckh et scs collaborateurs auront laissc tres-peu a I'aire pour rintelligencc du textc, et ils auront cu le mc- rile enticr d'uuc dccouverlc, qui nc pcut manquer d'ajou- ter a la reputation de ccs savans hellenistes. Aussi , je ne doute nullement que le contrat de Ptolema'is n'acquicre un jour la memc cclebritc que \a pierre de Rosette. JoMABD , de f fuiititut. %VVV%/VV\'VVV%VVV'VVVV^Vt.V'\VV«/iu\.VVVV\VV%V'V\^%V\'&^%/VV^l'V^\/\.WWWV\'l'%WW%'C%/V^WIf% III. BULLLETTN KIBLIOGRAPHIQUE. LITRES ETRANGERS (i). t AMfiRIQUE. ETATS-UNIS. 1 1 5. — Brackenridges Rede iiber gleiche rechte der Juden mil den Christen, — Discours sur regalite des droits entre les juifs et les clir6tiens. Ce discours a 6tc prononce dans la tnaison du delegue de la pro- vince de Maryland, en Amerique ; il avail pour but d'obtenir rabro- gation du bill , qui ne permet pas que dans cette province les Israelites arrivent aux eniplois publics. L'auteur prouve que les per- secutions seules ont pu altcrer le caractere de ceux qui professent Ic judaisme. Peut-on attendre de raffeclion, des hommes auxquels on ne temoigne que de la malveillance ? est-on en droit d'exiger de I'ac- tivite et de I'induslrie de malheureux qui, dans certains pays, n'ont pas meme Ic droit d'acquerir une proprietc f enfin , ceux qu'une aveugle superstition expose i la haine et aux ihsultes de la populace peuvent-ils etre bons voisinsil Ce n'est done pas en Europe, oil ils sout victimes de tant de prejuges; c'est en Amerique qull convient de juger les juifs. Li, n'existent point ces odieuses preventions; et, la cause ayant disparu , les effets ne se sont pas reproduits. Les juifs , plus encore que les autres citoyens, se montrent attaches aux insti- tutions de ce pays, le seul qu'ils puissent i bou droit regarder comme leur patrie. Que Texemple de I'Amerique instruise done TEuropc , oil une intolerance barbare appelle encore , surtout une communion rcligieuse , les proscriptions et les confiscations du moyen Sge. En France , un decret avait suspendu les droits des juifs pour dix ans ; a I'expiration de ce terme , le gouvernement s'est fait rendre conipte de Icur conduilc. II a appris que , s'il se trouve parmi eux des (i) Kous indiquerons, par un astcrisque (*) place a ciile du titrc de chaquc ouvrage , ceux des livres etrangers ou franrais qui paraitront dignes d'une allenlion parliculicre , ct dout nous- rcndrons qvielquefois comple dans la section des analyses. 382 LIVRES ETRANGERS. usuriers , il en est chez les chreliens qui ne leur cedent en rien , et la mesure d'exception n'a point ete renouvelee. Ph. Golbeby. EUROPE. ANGLETERRE. 1 16. — Selections from letters written during a lour trough the United States, etc. — Choix de lettres ecrites dans un voyage fait aux Etats- Unis, pendant I'ete et Tautomne de 1819, auxquelles on a ajoute un precis sur les moeurs des Indiens, qu'on suppose descendre des dii tribus d'Israel , une description de la situation et des soulFrances des ^migrans , et un coup d'oeil sur le sol et I'etat de I'agriculture ; par E. HowiTT. Mansfield, 1S20; un vol. in-ia de 23o pages. Le but de I'auteur de ce voyage est evidemment de detourner ses compatriotes du projet d'emigrer en Amerique , mais surtout aux nouveaux etats du Kfintuchy , de V Indiana , des Illinois , de I'O- hio, etc., quisontsitues dans la partie occidentale de ce continent. 11 renferme des renseignemens qui peuvent etre utiles , quoiqu'ils doivent 6tre rectus avec precaution , h cause de I'esprit de partiality qui a dicte I'ouvrage. « Ma patience, dit I'auteur, a 6te souvent poussie a bout, en voyant tous les agriculteurs qui, dans leur pays, passaient pourd'excellensfermiers, quitter I'Angleterre, avec la ferme resolution de se conformer i la pratique qu'ils avaient toujours suivic, en I'adaptant toutefois au sol et au climat , et finir , au bout de quelques annees, par devenir aussi insoucians que les Ameiicains et par suivre leurs usages les plus absurdes. La classe des fermiers de ce pays se compose des descendans d'artisans , ou de gens ayant exerce eux-m6mes diverses professions, et que la necessite a reduits a se faire cultivateurs. lis ont adopts entierement les pratiques des premiers colons, quelque mauvaises qu'elles soient, en depit de la raison et des efforts des hommes les plus senses , qui, ayant aper^u le mal , ont vainenient 6tabli des societes d'agriculture pour y re- midier. lis les suivent avec cette suEBsance et cette opinifltreti qui caract^risent beaucoup d'Amtricains. Le fermier qui , en quittant I'Angleterre, se flatterait de voir le cultivateur d'Amerique suivre un syst 1 17. — ^n Attempt to analyse the automaton chess player, etc. — Essaisurle joueur d'echecs automate de M. deKempelen, suivi d'une melhode facile pour imiter les mouvemens de cette cell-bre meca- nique ; orne degravures. Londres, 1821. Brochure in-S° de 4o pages. Get automate , promene pendant quarante ans dans toute I'Europe, oil il excita I'etonnenient des mecaniciens les plus habiles, n'est, selon I'auteur de cette brochure , qu'un coffre assez grand pour coti- tenir un homme , qui dirige les mouvemens de la mainetprCtea une tfite de bois les conibinaisons d'un etre pcnsant et reflechissant. La mecanique, qu'on semblait mettre en jeu au moyen d'unressort, n'6tait qu'un artifice destine i troniper les spcctateurs. La difficulte d'expliquer ce phenomine avait toujours fait supposcr la presence d'un .ngent rsisonnable, qui faisait agir Ja machine. On avait mOiue :>oup- LIVRES ETRANGERS. 385 B.—Gieht es gegehwdHig in Deulshland eine ret'olulionnaire Parley. — T.xhteA-W aujonrd'hui «n parti revolutionnaire en Alle- LIVRES ETiL\NGERS. :^95 uiagn«, et coininent peut-il arriver qu'on en fasse nn sans le voiiloir? par Louis Wiei.and. Gotha , 1819. Ou traite ici huit questions: 1° qu'est-ce qu'un parti, et qu'est-ce qu'un parti revolutionnaire ? 2° les revolutionnaires ou les jacobins sont-ils assez nombreux , en AUemagne , pour s'y faire craindre ? 3° la revolution est-elle inevitable? 4" quels sont les principes qui doivent servir de base a une reforme dans les gouvernemens ? 5° quelles sont les ameliorations a faire dans I'administration interieure des etats? ()" la federation germanique est-elle assez forte pour se defendre i I'exterieur? 7" quels sont les caracteresessentiels d'une representation nationale ? 8° enfin , quelle est I'alliance qui convient k des etats in- dipendans les uns des autres? L'auteur embrasse et resout ces ques- tions dans une simple brochure ; il developpe des vues saines sur plu- sieurs objets ; mais c'est avec un veritable deplaisir que nous avons lu ce qui suit: oLe judaisnie est le chancre du corps politique ; ce mal s'accroit tous les jours aux depeas de la prosperite publique. Les juils s'emparent du commerce ; ils ne veulent de justice qu'i leur profit ; ils repoussent jusqu'a I'idee de devoirs et de civilisation. II ne I'aut done plus admettre de commercans de cetle religion , etc. » Apres cela,il etait naturel que l'auteur proposSt de contraindre toute la jeunesse juivc a une emigration en masse , et c'est ce qu'il a fait. II est surprenant qu'un homme qui a imagine de si belles choses, ait encore assez de ressort dans I'ame pour continuer son livre , et ne soit pas an^anti par I'enfantement de cette grande pensee. Cependant on as- sure que les idees de AI. Wieland sur I'impOt, sur la publicite des debats et sur la presse , sont d'un tout autre genre. Ph. Golbebv. iSg. — Die Feierabende in Mainau. — Les Veillees a Mainau, pai Fred. Jakobs. Leipsick, 1820; un vol. in-S" de 269 pages; Dyke. C'est un usage assez generalement re^u en AUemagne que , le soir, apres les travaux de la journee, les membres de la famille se reu- nissent pour entendre la lecture d'un ouvrage amusant ou instructif. Mais pen d'ouvrages conviennent a ces lectures, devant une soci6le oil tousles Ages se trouventreunis. C'est ce qui a determine M. Jakobs I'l ecrire ses Veillees de Mainau, qui, offrant de I'interet i la vieillesse, captivent I'attention des jeunes gens et contribucntalesrendrc meil- leurs. Ce livre est remarquable par les sentimcns delicats et purs, par les principes nobles et genercux que l'auteur exprjme, rt par Tinia- 26* 396 MVRKS KT1\ANGE1\S. gination riante et aainiOe qui prfito un charnie particulicr a sp.s lo- gons. H.-s. lio. — J)ie liomifichen and deul&rhcn Allerthiimer am Rhein, cto. — Les Antiquites romaines et allemandes dcs Lords dn Rhin , par Philippe- Auf^ttsle V Kvi.\. Mayence , 1820. II est impossible de concentrer, en cent soixante pagps , plus de choses intercssantes. Gelui qui les a lues desire aussitot le prochain Bccomplissement dcs promesses de I'auteur, qui divisera son travail de la manicre suivante : i" la Hesse rhenane (c'est la partie que nous avons sous les yeux ); 2" la Bauiere rhenane ; 5° le duche du Rhm; ly° le duche de Nassau; 5° la province de Harkenbourg, dans le irrand-duclii; de Hesse; 6° enfin, le grand-duclie de BadeTi. Mayence est la premiere villeoii s'arrele I'auteur. Ala vue de cettc antique cite, tons les grands noms de Rome viennent s'olFrir a I'ima- gination du voyageur ; et , comme le dit Tacite , il a Mhenum el Germanice deos in aspecta. Le mot Mag signiflait , chez les Gaulois , une habitation ou une ville ; aussi, le nom seul de Mayence ( Jlfagon- lia, Mogttnlia) indique qu'elle existait avant I'arrivee des Remains. Agrippa fut le premier qui la fortiGa ; elle s'accrut considerablement au terns de Drusus , et devint capitale de la Germanie superieure. C'est de Mayence que la civilisation s'etendit sur toute I'Allemagne: c'est aussi de Mayence que lui vinrentles bienfaits du christianisme, qu'y avait apporte saint Crescence , n.embre de la fidele et pieusc xxii' legion. En 4o6, cette ville fut ravagee paries Vandales; en 45i, elle fut totalement detruite par les Huns. Elle ne se releva de ses cendres que sous Glovis ; enfin , Dagobert I" Tembellit et I'agrandit. Sous Charlemagne, saint Boniface, qui merita Ic litre d'ap6tre de I'AUemagne, la fit briller de tout Teclat des dignites ecclesiastiques. L'empercur mgme y venait souvent de son chSteau de Nieder-Ingel- heim. Mais le plus beau tilre de gloire pour Mayence est d'avoir donne le jour i Guttenberg, homme qui a plus influe sur les destinees du monde que les plus puissans souverains. Ainsi les souvenirs que fait naitre cettc cite se rattachent k la fois aux plus beaux sifecles de la grandeur romaine et au berceau de la monarchie fran^aise ; ainsi elle reunit, 5o. — Istituzione di medicina pralica , etc. — Institutions de mt';- decine pratique, enseignees par G.-B. Borsieri de Kanilfeld, con- tinuees par Valeriano-Luigi Breba , etc. Padoue,i820. Imprimerie de la Mincrve. Getouvrage, traduit en italicn , et augmente des remarques du traducteur, forme une espece de bibliotheque niedicale pratique et abregee , qui rendra faerie I'aequisition des connaissances neccs^ saires aux medecins. On a •commence a publier aussi les Consulta- tions tnedites du meme professeur Borsieri, dans les Conimentarj di medicina e chirurgia ( Livraisons 4'. et 10''. ). i5i. — Commentario sulmorbo petecchiale dell' anno iSiy, etc. — Dissertation sur la maladie petechiale de 1S17, avec quelques obser- vations sur les contagions en general, et sur le principe de la vip. larM. D. G. PiLLONi, professeur do I'universile de Pise , etc. Li- vournc, 1819. In-8». Giorgi. AOA LIVIVES ETRANGERS. Le celebre Uildebi-and s'etait deji distingue dans la foule des medecins qui se sont occupes de cette matitre. M. Palloni, tr6s- avantageusenient connu par ses ecrits en medecine , s'occupe aussi du nicnie sujct , et il y a porte assez de nouvelles remarques , justes ct ingenieuses, pour rendre son ouvrage interessant et instructif. Les Italiens ont accueilli ce tiaite comme le plus exact et le plus utile de tous ceux qui ont etc faits sur le meme sujet en Italic. i52. — Sulla nuofa dotlrina medica ilaliana , etc. — Sur la nou- velle doctrine mcdicale en Italic , lettres medico-critiques. Par le docteur G. B. Spallanzani. Reggie, 1820. 2 vol. in-S". Ce sont des lettres tres-etendues, ou plutot des discourssur divers sujets de niedecine. Elles ne renferment pas des idees bien neuves, mais elles sont ecrites avec beaucoup d'elegance , et supposent une grande erudition. La derniere lettre est un resume de celles qui precedent, et presente toutes les questions qu'elles ont traitees, sous la ibrme d'autant de problemes , dont quclqucs-uns ont deji ete resolus par I'experience , tandis que d'autres ne le sont pas encore. i53. — Mlemenli di economia rarale , etc.— El6mens d'6conomie ruralc ; par Leopold Tbautmans, etc.; traduits de I'allcmand et enrichis de notes; par les professeurs Cokfighacchi et Mobetii. Fstvie , iSao, Bizzonni. On trouve dans ce traite les principes scientifiques les plus utiles pour la parfaite connaissance de Tagriculture. L'auteur met a profit toutes les sciences naturelles , la chimie , la physiologic , ct autres, qui peuvcnt plus ou moins preter leur secours «> cet art si interessant pour la societe. Les deux professeurs italiens ont rendu I'ouvrage profitable, surtout aux Lombards, au moyen des addi- tions ct des observations dont ils I'ont enrichi. 154. — Tavole per la iraduzione de' cainhl di diferze piazze , etc. — Tables pour la traduction des changes dc difTcrentes places , ct pour les caleuls abreges sur Paris. Milan, 1S20, Destefanis. 1 55. — Raccolta coinplela di ragguagliofra le monete pesi e misure inilanesi colle italiane e vice versa, di Vienna colle italiane c milanesi , etc. — Traite complet du rapport des monnaies , poids et mesures de Milan avec ceux des autres parties de I'ltalic , ct vice versa ; de ceux de Vienne avec ceux de I'ltalie , de Milan et de differentes autres places, avec Ic tarif des monnaies qui ont cours dans Ic royaume lombard-venitien. Milan, 1S20. Gio Ber- nardoni. LIVRES liTRANGERS. 405 i56. — Calcoli per lealligazionL de' metalli, etc. — Calciils pour les combinaisons des metaux; par Pasquale Tavazza, i I'usage des jeunes artistes qui s'adonnent au metier d'orlevre. Milan , 1820. Destefanis. Ges trois traites ont ete accueillis avec interet par ceux qui cul- tiveat le commerce et les arts. Le second surtout est d'une utilite presque generale pour I'ltalie , dans sa position actuelle, i cause de ses rapports multiplies avec I'Autriche. \Sy.—Psalnii secundum editionem LXX interpretum, quos ex codice syro-estranghelo bibliothecce ambrosiancs syriace iviprimen- dos curavit , laline verlit, notisque criticis ilLuslrauil Cajetanus BuGATDs. iS. Th. I. v., et collegii ambrosiani doctor. Milan, 1820, in-4"'. Pirola. Le docteur Bugati est mort avant de publier son iravail. Nous en devons la publication au docteur Cighera , prefet de la biblio- theque ambrosienne. Cette traduction est faite sur un ancien ma- nuscrit qui se conserve dans cette riche bibliotheque. Bugati etait fort savant dans les langues orientales, et surtout dans la langue gyriaque. II apporte dans ses travaux la plus grande exactitude et I'erudition la plus etendue. Quelquefois il s'eloigne des interpre- tations de la vulgate et de la version des LXX. L'editeur ajoute a I'ouvrage une notice sur la vie et les ecrits du traducteur. On connaissait deji une version de Daniel., faite par le meme Bugati, et tr^s-estimee. i58. — Notices historiques sar le gineral Marceau , mort dans la campagne de 1796, publiees par Seegknt-Mahcbau, in-16, avec fig., Milan, 1820. Giusti. iSg. — Gran Dizionario ddla lingua ilaliana, etc. —Grand Dic- tionnaire de la langue italienne. Bologne, 1819. C'est sans doute un phenomene litteraire de voir que I'ltalie , qui se croit et qui est en effet si riche dans tous les genres de litterature , ne soit point parvenuc a se donner un dictionnaii-e purge des imperfections des dictionnaires precedens , et approprie aux besoins et aux lumieres de la nation et du siecle. Les acade- miciens de la Grusca i» Florence ne cessent d'am^liorer, jt cc qu'ils pretendent, leur ancien vocabulaire. L'abbe Gesari,4 Verone , en a augmente de beaucoup I'etenduc ; ce qui n'est pas toujours un signe de perfection. Les remarques et les critiques que d'autres A06 LIVRES ETRANGERS. savans italiens out faites siir les tiavaux, aiissi pcuibles que pen interessans du ces lexicographes , prouvent assez qn'ils n'onl pas compl^temenl rempli leur tache. Comme les r6dacteurs du p;rand Dictwnnaire , public i Bologne, sont des liommes d'ua vrai m^.- rite , il y a lieu d'esperer qn'ils s'occupei'ont de perfectionner leur entreprise. La Bihliuthetjue italiennc doiine une idee des premiers essais de ce dictionnaire , oil I'on a relcve quelques omissions et des inexactitudes. ( Voycz Bibliotheque ilal., n"» LXI et LXII , pag^. 6 et suiv. ) 160. — // colpn di marteUo del campanile di S. Marco , etc. — Le coup de maiteau du clocher de Saint-Marc k Venise, poeme en vers libres, par ///)i/>o/>' examine I'utilite et les dangers, sont celles qu'on designe en France par le noni de clubs. En Espagnc , les cortes ont cherche.i faire servir au developpement de I'esprit public des societes de ce genre, qui, par des circonstances et des exces deplorables , devinrent, a une certaine epoque de la revolution, si funestes en France. La loi prescrit la maniere de tenir les seances, les regies auxquelles tons les membres doivent s'assujetir pour faire des mo- tions, pour les discuter et pour les mettre en deliberation. L'autorite est chargee de veiller a I'observation des rfegles prescrites par la loi ; on a cru que de cette maniere les abus et les dangers pourraient 6tre prevenus. Si Ton obtlent ce resultat , les societes patriotiques de- viendront utiles pour eclairer le peuple et pour soutenir I'esprit public contre les intrigues de la malveillance. 164. — Historia de la iglesiay obispos de Pamplona. — Histoire de I'eglise et des evGques de Pampelunc ; par don Gregoire Fehnandbz Pehez, cure de la paroisse de Saint- Barthelemi de la ville de Jerez de los caballeros. Madrid, 1S21. Escamilla ; 2 vol. in -8°. Cette histoire n'interesse pas seulement I'Espagne , mais aussi la France; car rev6che de Pampelune fut augmente, dans le tems, de certaines contrees qui avaient appartenu , pendant plusieurs siecles, i I'eveche frangais de Bayonne. D'ailleurs, I'ancienne province fran- <;aise de la Basse-Navarre formait la sixifcme partie (nommee Me- rindad) du royaume de Navarre, dont !e chef-lieu titait la ville de Saint-Jean-l'ie-de-Port. Aussi , trouve-t-on dans cette histoire un grand nombre de fails qui concernent les deux departemens des Basses-Pyrenees et de la Haute-Garonnc. '65. — Metodo seguro, etc. — Methode si^re pour apprendre la A08 l.IVRES ETRANGEKS. laiiguc lalinr ; i>af f/vre Dii'-^ii'j i. Dans la partie dc ce discours qui traite de la fievie jaune d'Anie- rique, I'auteur s'explique en ces termes : « Ayant passe quatre annees dans les principales villes des Etats-Unis, oil la fievre jaune s'est niontree tour ii tour presque chaque annee , et ni'etant trouve a New-York dans i'autonine de iSo5 , epoque k laquelle cette maladie venait de faire deserter la ville par une partie de ses habitans, je i'u« surpris de voir les medecins nier la contagion de la maladie. lis me semblaient se contredire par le fait, en me recoramandanl tous egalement, ainsi qu'aux autres personnes de la ville, de ne point frequenter les quartiers oil dominait la maladie. Le docteur Hosack, professeur de I'universit^ de New-York , regardait la fievre jaune comroe contagieuse ; j'etais souvent questionne sur les mesures pr6- servatrices que j'avais pu prendre, en Egypte, dans les terns de peste. Aujourd'hui, les debats entre les medecins, sur la question de la contagion et de I'infection des maladies , sont plus vifs que jamais. 11 ne manque aux experiences que j'ai rapportees (i) que d'avoirete (i) Le docteur Valli , qui s'elait deux fois inoculc la peste en Orient, alia peiir victinie de son zfele a la Uavanc, oii il se frotta le cprps , ^ son arrivee, avcc les vCtemens de luatelots uiorls de la fievre jaune. LlVREJs FRANCAIS. Mi faitcs loin flu foyer de I'inl'ectioii, pour detruire les objections sans cesse renaissantus des medecins qui nient la contagion. Ge sent des experiences sur le meme sujet , a faire dans les lazarets , que propose aujourd'hui au gouvernement M. Deveze, medecin infatigable , qui a laisse aus Etats-Unis un souvenir honorable des soins qu'il a pro- digues aux nialades, dans I'epideniie de 1793. Sa demande, accueillie par racademie des sciences , est parvenue au ministre de I'interieur, avec la recommandation de M. Hyde de Neuville , ancien ambassa- deur aux Etats-Unis , actuellement ainbassadeur au Bresil. Nous pouvons done esperer de voir resoudre , de nos jours , une question longtems debattue, propre k determiner I'etendue des precautions que la reflexion et la prudence, et non la frayeur, doivent dieter contre la propagation des maladies nommees contagieuses. Aguerris contra les dangers, les medecins de tous pays ont envisage le mal , et en ont avance la cure par le traitement antiphlogistique , reconnu le tneilleur. 174. — Notice sur la malcidie pesliieniielle , imjjortee aux ties de France et de Bourbon, et designee sous le nom de Choleba -morbus de rinde ; par Al. Moreau de JoNivfes. Paris, 1821 ; Migneret, rue dii Dragon , n" 20. Gette notice a ete lue k I'academie des sciences , dans la seance du 16 avril 1821. ijS. — Suite des recherches sur I'elat de volume et de masse du sy Sterne nerveux, et de I' influence de eel etat sur les fonctions ner- veuses ; par M. A. Desmoulins, D. M. (memoire pr6sente i la premiere classe de I'Institut , en decembre 1820). In-4° de deux feuilles; im- primerie de Huzard-Gourcier. 176. — Memoire, i MM. les professeurs-administrateurs du museum d'histoire naturelle au jardin du roi-, sur les qualit&s et les connais- sances que duit avoir un naturalisle vqyageur, sur les moyens de recueillir, de conserver et d'expedier une grande quantite d'objets d'histoire naturelle le plus silrement et le plus economiquement possible; suivi d'un Traitede taxidermie; par le chevalier Bodbdet, de la Nievrc, ex-officier d'etat-major-gineral, naturaliste voyageur, etc . Berne, Walhard et Burgdorfer. Geneve, Desrogis , 1810; in-8» de 170 pages, avec une planche; Paris, Paschoud, 4-ne Mazarine, n" 22. Prix, 3 fr., et 3 fr. So c. par la poste. 27* A12 I.IVUI-IS FllANCAlS. Get ouvrage pent etre utile i tous ceux qui s'occupent d'liistoiie naturelle, principalement aux jeunes gens qui auiaient encore it franchir les premieres difficultes. L'auteur parait 6tre un homme instruit et plain de zele pour son art. M. Bourdet a r6dige et propose par souscription I'ouvrage suivant : 177. — Dictionnaire abrigi de miniralos;ie , redige d'aprfes les de- nominations de M. Haily , avec la synonymie des mineranx en plu- sieurs langues , etleur gisement; precede des tableaux de classifica- tion des professeurs Haiiy et Werner. Get ouvrage sera precede; de la distribution methodique desespfeces minerales , d'apr^s M. Haiiy, et suivi de leurs synonymies, d'aprfes les langues allemande, anglaise, espagnole , italienne et latine , ainsi que de leurs noms vulgaires , et terminee par cinq tables , presentant les noms dans les diverses langues. La synonymie allemande etant a peu pres la meme que celle du celebre professeur du museum, se trouve sans contrcdit la plus importante. L'avantage de ce dictionnaire sera d'ofl'rir aux niinera- logistes de tous les pays un moyen facile de reconnaitre les divers noms des substances, et de metlre un terme a la confusion qui existe dans la nomenclature du jour. II formcra un fort volume in-8° , sera imprime avec soin , et sur beau papier ; mais il ne doit etre public qu'autant qu'il se trouvera un nombre suffisant de souscripteurs , pour couvrir enpartieles frais d'impression. Le prix de la souscrip- tion est de 6 fr. , qui ne s'acquitteront qu'en recevant I'ouvrage. On souscrit i Paris , chez J. -J. Paschoud, libraire , rue Mazarine , n" 2J, et i Geneve , meme maison de commerce. 178. — Arcliiues des decouverles et des int--entions noufelles , faites dans les sciences, les arts et les manufactures, tant en France que dans les pays etrangers , pendant I'annee 1820. Un fort volume in-8° de 55o pages. Paris, 1821. Treuttel et Wiirtz , rue de Bourbon, n" 17; Strasbourg, rue des Serruriers , n° 3o ; Londres , 3o, Soho- square. Prix , 7 fr. C'est au commencement de chaque annee qu'un volume de ces archives est livr6 au public. Get ouvrage a paru, pour la premiere fois , en 1809, et a continue sans interruption sur le mgme plan , de sorte qu'il est aujourd'hui ^ son treizienie volume. Le plan en est bon , et l'auteur qui I'a con^u peut se flatter d'avoir fait un livre ^minemment utile ; il renferme des notices suffisamment circons- tanciees sur toutes les decouvertes et les invrnlions importnntes qui LIVRES FRANCAIS. 418 ont eu lieu dans le courant de I'anh^e precedente. Toutes les per- sonnes qui prennent quelque interet aux progrfes des connaissances humaines, trouvent dans ce precieux recueil des notions, souvent assez etendues, sur les divers objets dont iltiaite. Le soin que prend le redacteur de citer presque toujours les sources dans lesquelles il puise, donne au lecteur la facilite de trouver de plus amples ren- seignemens sur les parties qu'il est curieux d'approfondir. L'on sent bien qu'il est impossible de donner une analyse raisonnee d'un ou- vrage de cette nature , dont les matieres sent extrfemement varices. Pour faire connaitre tout ce qu'il renferme d'utile , il faudrait trans- crire litteralement la table qui le termine. L'auteur a divise son ouvrage en deux grandes sections : i" Sciences; i" Arts. La premiere est sous-divisee en quatrebrancbes : j" Sciences naturelles , qui comprennent la geologie , la zoologie , la botanique, la mineralogie ; 2° Sciences physiques ■ physique , chimie , elec- tricity ct galvanisme , optique , met6orologie ; 3" Sciences niedicales : medecine , chirurgie et pharmacie ; 4° Sciences vnatkematiques : mathematiques, astronomie, navigation. Laseconde section est sous- divisee en trois parties : i" Beaux-arts; 2° Arts industriels , qui renl'erment les arts mecaniques et les arts cbimiques ; cette partie est extrfemement etendue ; o" Agriculture , qui comprend I'economie rurale et le jardinage. L'ouvrage est termine ; 1° par une indication des principaux produits de I'industrie fiangaise ; 2° par la liste des brevets d'invention , de perl'ectionnementet d'importation , accordes par le gouvernement pendant I'annee 1820 ; 5o enfin, par une notice sur les prix proposes ou decern6s par differentes societes savantes, I'ran^aises et 6trangcres, pour I'encouragement des sciences et des arts. Les archives des decouverles m^ritent de trouver place dans la bibliothfeque de tons ceux qui desirent ardemment le perfec- tionnement des sciences et des arts. Les artistes qui ont peu de terns a consacrer k la lecture , y puiseront souvent des notions su£S- santes sur la plupart des matiferes qui y sont consignees ; mais ils mettront un grand prix a I'avantage de pouvoir se procurer, i peu de frais, un indicateur sOr des bons ouvrages qui traitent avec une cer- laine etendue des objets dont ils peuvent avoir un besoin special. Ce recueil, que nous ne cesserons de recommander a nos lecteurs, peut AlA LIVRES FRAK(;AIS. «tre considere , non seulenient comme uhc tabic aaalyliquu rt rai- sonn^e de tout ce qui s'est fait de plus important dans les sciences et dans les arts depuis 1809, mais encore comme un nianuel qui tientau courant de toutes les decouvertes les plus inti-ressantes, suit par rappoi't aux sciences , soit par rapport a I'industrie. La collection cooiplete, c'est-a-dire les treizc volumes pris chcz Its editeurs , coCitent 75 fr. Lkhobmand, projesseur de Icchnolujrie. 179. — De r education des vers a suie , d'apres la methodc du comte Oandolo ; par Mathieu Boivapovs , des societOs d'agricullure de Turin, de Lyon, etc. Lyon, Barret, 1821 ; in-S" de 80 pages, avec planche et tableau. L'auteur de cet opuscule a eu pour but d'expliquer el de repaudre la methode d'^ducation des vers a sole , telle que I'a pratiquee avec succts le c6lebre italien Dandolo. C'est un veritable service qu'il aura rendu a sa patrie eta tous les pays oil Ton cultive le mCi- rier, qui nourrit I'insecte precieux dont le fil fournit une si richc matiere a I'industrie. La societe d'agriculture de Lyon , juge tres- competent en cette matiere , a invite l'auteur a publier son ouvragc, qu'elle considere comme eminemment utile , et lui a decerne une medaille d'argent. 180. — jinnuaire de Vital Ttnlitaire de France , pour I'annee 1821 , presentant la liste de tous les officiers de I'armee , classes dans les differentes armes , d'apres le rang d'anciennete qu'ils occupent dans leur grade , conformement aux dispositions du titre VI de la loi du so mars 1S18 et de I'ordonnance royale du 2 aout suivant, portant reglement sur la bierarcbie militaire et la progression de I'avance- ment : publie sur les documens du niinistere de la guerre, avec au- torisation du roi. Prix, 5 fr. a Paris ou a Strasbourg, et 6 fr. 26 c. par la poste dans tout le royaume. Paris, rue des Fosses-Monsieur- le-Prince, n° 53; et Strasbourg, chez F. G. Lcvrault , >'diteuF. L'annuaire de 1821 renferme plusieurs augmentations dans les listes d'anciennete, et il presente I'infanterie de ligne d'apW-s la nouvclle organisation. i8i. — Le Chrislianisme des f;ens du monde mi.i en oj.jiosittonai-ei le verilabl,; ch ristianisme .- par William WiiHEHroBCE , esq. . nienibre du parlcment brilannique ; traduit de I'anglais, s{ir l;< onzi^me edition, par M. Fbossaho, docletir en theologie dans I'uui- LIVllES FKANCAIS. A15 versite royale de Fiance, etc. ; 2 vol. in-S", ensemble dt; 09 I'euilles. Montauban, Grozilhes, 1821. 182 (*). — (Euvres choisies de F^n£lon (6 vol. in-S"). — Traiti de Fexistence el des attributs de Dieu ; 1821 ; un vol. de 454 pages. Paris; Delestre , Boulage, rue des Mathurins-St. -Jacques , n" i'''. Prix , 5 fr. le volume. An moment oil I'on voit se multiplier les publications d'editions completes, c'est une heureuse idee d'entreprendre, pour les ecrivains dont les ouvrages forment des collections trop volumineuses , une edition d'cEuvres choisi<=s, plus appropriee aux besoins du plus grand nombre des lecteurs, ct surtout des jeunes gens. Un pareil choix n'a- vait pas encore ete fait pour les ouvrages de I'archeveque de Gambrai. Attachaut autant qu'instructil', simple, eloquent et souvent sublime, Fenelon convient, par la puretii commc par la variete de son talent, h tons les terns , a toutes les opinions , a tous les &ges. Le premier volume contient le Traile de I'existencf de Dieu et les Enlretiens surla religion, h'iiditeur a mis en tete VElogede PenelonparLaharpe, morceau plein de gr^ce et d'el^gance, et dont la lecture offrira plus d'agrement qu'une simple notice. L'ex^cution typographique est digne des presses de M. P. Didot. Les autres volumes contien- dront le Telemaque, precede du Discours de Ramsay sur la poisie epique , et suivi des Acentures d'Arislonous ', V Education desfilles, le Discours sur le sacre de I'ilecleur de Cologne , le fameiix Sermon surla vocation des Genlils, les Directions pour la conscience d' un roi , Dialogues des marts, Contes et fables. Dialogues el letlre sur I' eloquence , Discours de reception a I'academie franpaise . etc. — L'editeur annonce la publication procbaine des (Eui'res choisies de Rossuet, qui formeront 18 vol. in-S». i83. — Nou{.-elle refutation du livre de V Esprit j in-8" de 9 feuilles et un quart. Clermont-Ferrand, Pierre Landriot , 1817; in-S" de 1 36 pages. 184. — Essai analytique et critique sur le Neiflonianisriie : in-S" de 14 feuilles et demie. Clermont-Ferrand, Pierre Landriot, i8i5; in-8° de 224 pages, avec planches. iS5. — Principes de la philosophic de I'homme moral, ou les loih de Paction de I'ame sur les idees, des idees sur I'ame et de.- idees cntre elles. Clermont-Ferrand , Pierre Landriot, iSiS; in-8° de h-iit feuilles rl un quart. kl6 MVRES I'llAINCAIS. Ces trois ouvrages sont du mfime auteur , M. db Makiillat, doivt nous avons annonce un Traite tlex molecules premieres ( T. VI, p. 583). On les tiouve a Paris, chez Bechet , quai des Angustiiis. no 59. 186. — Manuel theorique et pralique de la methode d'ensetgnement mutuel, pour les ecoles rigimentaires , approuve par la societe d'ins truction elimentaire , avec le discours prononce h la stance d'ouver- ture du cours normal, par M. le comte de Laborde ; suivi de plusieurs rapports sur I'origine et les progres de ce mode d'iustruction , en France , en Russie , en Espagne , en Portugal , etc., etc. ; par B, Appebt , membre de plusieurs societcs pour I'amelioration dc I'jnstruction. In- 13 de 6 feuilles 2 tiers; Paris; Cbanson, L. Colas; et chez I'auteur, enclos du Temple, n" 22. Prix , a f'r. , et 2 fr. So c. par la poste. Get ouvrage expose avec simplicite les principes du nouveau mode d'enseignement , applique dans les ecoles regimentaires. L'auteur donne tous les details utiles aux directeurs et aux moniteurs gene- raux de ces etablis9emens,en sorte qu'on pent, avec ce guide, fonder des ecoles et les diriger, sans avoir suivi un cours, et menie sans avoir tu I'application de la methode. On trouve, dans cet ouvrage , les modules des registres et de I'ecriture adoptes par la societe d'edu- cation. Les moyens d'encourager les hommes a s'instruire, et de leur donner le gout du travail , sont decrits d'une maniere satisfalsante ; et, sous ce rapport, avec peu de changemens , on pourrait a)>- pliquer le sysleme de M. Appert aux ecoles d'adultes en general. On voit avec satisfaction , dans les rapports places a la suite de I'ou- vrage , la rapidite avec laquclle les ecoles regimentaires ont ete orga- nisees dans I'arniee, et les succes que I'enseigncment mutuel a obtenus en France, en Russie , en Espagne, etc. L'iatroduction de la meme methode dans la prison de Montaigu est digne aussi d'attention , et plusieurs I'aits particuliers attestent I'influence salutaire de I'education elementaire sur le caractere des detenus; ils deviennent meilleurs , plusinstruits; et, connaissant mieuxleurs devoirs enversla societe , ils s'enecarlent moins. EnCnM. Appert, en tcrminant, signale et combat les preventions qui ont souvent nui a la nietbode de I'enseignement mutuel; il donne , pour preuve de la confiance qu'elle doit inspirer, une note sur les pcrsonncs qui ont le plus contribue i\ ses succes , ot Tetat oominalif des premiers fondateurs des ecoles regimentaires. II LIVRES FRANCAIS. hi! donne aussi les noms ties officiers qui suivirent ses lecons , pour porter a leur tour dans les dilFerens corps le nouveau systenie d'instruction. iS-. — Antoine et Maurice, ouvrage qui a obtenu le prix propose par la society royale , pour ramelioration des prisons , en faveur du meilleur livre destine a etre donne en lecture aux detenus ; par M. L. P. DB JussiED. Paris, 1821; Colas, imprimeur-libraire , rue Dauphine, n" 32; in-12 de 222 pages. La verite est lente dans sa marche et dans ses progres ; mais , une fois que son empire est 6tabli, il est indestructible. Nous recueillons aujourd'hui les fruits de I'experience et des le(jons que nous ont laissecs les pbilosopbes des siecles derniers ; leur influence se fait sentir, d'une mani^re tres-inarquee, dans la plupart de nos institu- tions. Personne ne peut nier le bien qui s'est opere ; quelques gens de mauvaise foi seulement cherchent a lui assigner d'autres sources. Mais combien d'obstacles la pbilosophie n'a-t-elle pas eus a sur- monter ? combien d'efforts ne lui reste-t-il pas encore i faire ; II a fallu que I'eiemple nous viut du dehors , et I'Amerique devait la premiere nous ofifrir le spectacle d'une nation , qui a cboisi la morale et I'humanite pour bases de son gouvernement. Ce que nous avions etabli en principes, elle I'a execute. Qu'on ne s'etonne pas, du reste, qu'clle nous ait devances dans la pratique ; c'etait une terre vieige encore , prete a recevoir el a faire fructiQer les meilleures semences, et nous avions tant de mauvaises herbes i extirper! G'est dans les Etats-Unis que, pour la premiere fois, on s'est occupe de I'anieliu- ralion du sort des prisonniers . Non content de reconnaitre que la loi ne doit point venger la societe des attentats de quelques-uns de ses membres, mais seulement les jomtzjV, on lui a trouve un but plus noble , celui de corriger. Apres avoir recherche les moyens d'adoucir le sort des detenus , surtout en cessant de confondre le coupable, et sou vent mfime le prevenu , avec le scelerat consomme, et de les sou- mettre aux mgmes traitemens , on a introduit dans les prisons une methode sire pour detruire les causes principales des vices , qui naissent de la paresse, de I'intemperance et des societes corrompues (voyez Revue encyclopedigue , T. II, p. iSy). Get exemple a bien- t6t et6 suivi par la France , I'Angleterx-e et la Russie {uqyez T. II, p. 187 ; T. VIII , p. 577, et T. IV, p. 557}. Les succes qu'a obtenus, dans la Grande-Bretagne , une societe composee de simples parti- AIS LIVllES FRANCAIS. cullers, sont uac pieuvc de cc que peut la volonle de I'ljoinine, cxcit6e par le noble amour du bien {i/qyez T. IX, p. i8o et 379). De son cote , la Societe royale jiour l' amelioratioTi des prisons , formee a Paris au commrncenient de I'annee 1819, n'a cesse, depuis son origine, d'employer ies moyens les plus propres U atteindre le but qu'elle s'est propose. La fondalion d'un prix annuel, destine k Touvrage juge le plus convenable pour etre donne en lecture aux prisonniers, est un de ccs moyens. Rl. de Jussieu a remporte ce prix en 1S21 , et son ouvrage est bien digne de concourir egalement pour le prix reserve a I'ouvrage le plus utile aux ma>urs. Tin efl'et, quel plus grand service a rcndie a la societe , que de ramener dans tou sein et de I'aire contribuer a son bien-etre des infortunes qui ne pa- raissaient destines qu'a la troubler? L'histoire d'un homme egare, en- traine dans la earriere du vice par I'lnfluence des premieres liaisons ; cette bistoirc mise dans la bouche de ce m^me homme, rendu 25 huit volumes. Gonsi- dere comme abrege de Bayle , il aura peu de droits a I'estime des hommes instruils. On n'abrige point les livres d'erudition , qui sont meilleurs a proportion qu'ils sont plus complets. Compare a d'autres dictionnaires , il ofl'rira, entre autres desavantages, celui de ne point atteindre k I'cpoque actuelle. Cette entreprise peut compter seule- ment comme chance de succi;s la possibilite de servir d'introduc- tion a la Biographie des contemporains. igS. — Obxeri>aiions st/r un article du second volume de la nou- velle Biographie des contemporains , par Blichel Bsaa , de Turique, membre de plusieurs academies nationaleset etrangercs. Paris, 1821. Hlanchard , passage Montesquieu. In-S" de 1 5 pages. Cette brochure a pourobjct de rectifier quelques asscrtionsinexactes de I'ouvrage auquel elle s'applique , sur les dogmes des coreligion- naires de I'auteur , et sur leur etat moral en France. Des notes cu- rieuses sur I'etat actucl et les resultats des ecoles elementaires israe- lites de France se trouvent a la fin de cet ecrit. 196 {' ;.-—llistoire des grands capitaines de la France , pendant la guerre de la liberty (de 1792 a 1802 ); par A. H. Chateaunkcf. Nouvelle edition, Paris, 1821. 2 vol. in-S". Lanoe, rue de la Ilarpe^, LIVRES FllAiNCAIS. A2S Ce livre , qui est un monument lionorabli: consacrd- aux guenieis fran^ais de notre ipoque, contient entre autres las articles suivans: Rochambeau , Luckner, Dumourie?., Custine , Biron , Beauharnais, Dampierre, Westerniann , Moreau , Dagobert , Dugommier, Peri- gnon , Hoche , Marceau , Kleber, Pichegiu , Joubert , Champion- net , Massena , Brune , Augereau, etc., etc. 197. — Vie de Voltaire, par F. A. J. Mazcre, inspecteur general des etudes. Paris, iSai. Alexis Eymery, rue Mazarine, n» 5o. I vol. in-S". Prix 5 fr. , et franc de port 6 fr. aS c. La vie de Voltaire interesse un grand nombre de personnes. Une vive curiosity nous porte a rechercher tout ce qui pent repandre quelque jour sur la conduite , les opinions, les travaux d'un philosopbe dont le vaste genie a domine le si6cle oil il a et6 appele a vivrc. Les ecrits nicme des enncmis de Voltaire ne sont pas i dedaigner, et trouvent, sinon beaucoup de partisans, du moins un nombre assez considerable de lecteurs. M. Mazure a rassemble . dans Ic volume que nous annonrons, des faits relatifs a la vie du plus illustre philosopbe fran(;ais du dernier sit'cle. Quoique I'inten- tion evidente de I'auteur ait ete de se ranger parmi les adversaires de Voltaire , nous devons dire cependant qu'il n'a pas omis plusieurs circonstancesfort bonorables pour ce grand poete. Telle est I'anec- dotc qu'il raconte sur Tabb^ Desfontaines qui , arretti pour une ac- cusation infamante, avail dil, au credit de Voltaire sur I'esprit de madamede Prie, alorslres-puissante, de conserver la liberie, I'bon- neur, et peut-etre la vie. Desfontaines Ten recompensa par un libelle et par ses critiques ameres et injustes. Nous ne pretendons pas excuser la licence qui regne dans quelques-uns des ouvrages de Voltaire ; mais la verity veut que Ton dise qu'il fut eleve au milieu des corruptions de la regence, et que son esprit dut y puiser des idees de legferet6 dont il ne put se corriger. Quoi qu'il en soit , il y a une grande mauvaise foi i vouloir dinger contre Voltaire quelques phrases detachees de sa correspondance gi^nerale. Com- ment peut-on lui faire un crime des secrets epanches dansle sein de I'amitie? La correspondance de Voltaire embrasse un espace de soixantc annees; beaucoup des lettres qu'elle renferme etaient adressees a ses plus intimes amis et dictees par ses sentimens du moment; elles n'ont nullement et6 destinees ^ voir le jour, et leur recueil n'en forme pas nioins I'une des parties les plus interessantes des reuvres du patriarche de Ferney. A2A LIVRF.S FRANCAIS. M. Maziiip seii)l)le ri^voquer en doule rcntliousiasmc universal qui jegna a Paris , i I'rpoque du dernier voyage de Voltaire dans cetle capitale ; mais ce fait est trop bien <::tabli pour qu'on puisse raisonnablement le contester. Les plus graves personnages se iirent un lionneur de visiter cc vieillard illustrc, dent on prcsscntait la fin prochaine. M. Mazure lui-mfime raconte I'entrevue si touchante de Franklin ct de Voltaire. Le lib6rateur de TAniirique prisenta son petit-fils au nestor de la litlerature fran^aise , en implorant pour lui sa benediction. L'octogenaire 6tendit scs mains sur la tfite du jeune homme, et lui dit en anglais : Dieu et la liberie. ( God and liberty). 11 nous semble que Voltaire, au bord de la tombe, benis- sant un enfant en presence et sur la priere du sage Franklin, ferait un admirable sujet de tableau. M. Mazure annonce , dans I'avertissement de son ouvrage , que son intention est de donner une edition des ocuvres choisies de Voltaire. Nous croyons qu'une sem- blable edition n'aurait aujourd'hui que peu de succes. On recherche .nvec empressement les ouvrages complets de nos grands auteurs, sauf ^ ne lire on a ne faire lire que ce qui convient. II existe beau- coup d'editions dc Voltaire qui sont entre les mains de tout le monde ; I'editionyjMri^ree, donnee par Palissot, demeure intacte dans les magasins du libraire. A. T. igSC). — Hisloire de la vie et des ouprages de J. J. Rousseau, redigee sur des documcns authentiques, et dont une partie est restie inconnue jusqu'a ce jour, suivie de lettres inedites et d'une biogra- phic des contemporains de J. -J. Rousseau , consideris dans leurs rapports avec cet homme cdfebre. Paris, 1821. Peiicier. 2 vol. in-S". Prix, i5 fr. Nousrendronscompte de ccs memoires hiographiques et lilterairef:, qui sont d'un grand interet. L'auteur est M. Demussel. 199.- — Tableau hit^torique de Vetat el des progres de la litlera- ture franpaise , depuis 1789; par M. J. Ch^niee. Nouvelle edition, revue sur les manuscrits. Paris, 1S21. Baudouin freres , rue de Vau- girard, n» 36. In-18 de 4So pages. Prix , 5 fr. et 5 fr. 5o c. par la poste. Cet ouvrage, I'un des plus beaux litres de gloire de Chenier, est maintenant connu et apprecie; il a place son auteur au rang de nos raeilleurs critiques, du petit nombre de ceux dont les juge- LIVRES FRANCAIS. A23 Itiens meritent de fairc autorite en litteratiiro. Oq doit louer les editeurs pour les soins qu'ils ont donnes a cctte nouvelle edition, qui ale double avantage d'un format portatif et d'un prix modciu. 200. — Vaiix-de-Vire d'OUvic.r Basselin, poete norniand du qua- torzieme siccle, suivis d'un choix de vaux-de-vire , de bacchanales, dechansons etde poesies noimandes, etc.; publiesavec des disserta- tions, des notes et des variantes, par M. Louis Dubois, cx-biblio- thecaire , membre de plusieurs. academies , etc. Caen, Poissons , Paris, Pluquet, rue de Tournon , n. 4) 1S21 , in-8° de ?.So pages. Prix , y fr. papier ordinaire, et iS fr. papier velin. Le nom de Vaudeville donne a uu de nos theatres les plus renom- raes lappelle les ingenieuses chansons desCoulange, desChauliou, des Panard , des Lattaignant, des Favart , des Golle et d'une mul- titude d'autres ecrivains , morts ou vivans , dislingues par les graces de I'esprit. Mais la veritable etymologic de ce mot a ete long-teius incertainc, surtout dans le cours du dix-septieme siecle, si vante pour I'erudition. Aujourd'hui , Ton est assez generalcinent convaincu que J^'audei'ille \ieat par corruption de Vaux-de-Vire , ou des vallees de la riviere de Vire en Normandie , lieux habites par Olivier Basselin qui , vers la fin du quatorzieme siecle , composa des chansons de table pleines de sel et de finesse. Le recueil n'en a ete imprime qu'en 1676 environ, par les soins de Jean Le Houx , avocat, poete et peintre, compatriote de Basselin. Une seconde edition fut donuee a Vire , vers 1664, long-tems apres la mort de Le Houx. Ces deux editions , les seules connues , sont d'une extreme rarete. M. Asselin , sous-prefet de Vire , en publia une nouvelle en 1811 , tiree seulement a i48 exemplaires. On reproche a ce nouvel editeur d'avoir fait des changemens en grand nombre a I'orthographe de son predecesseur , sous le prelexte que celui-ci avail lui-meme change I'orthographe de Basselin. M. Louis Dubois, ancien bibliothecaire de Lisicux, a voulu rcproduire les vaux-de-vire de Basselin dans lear ancien etat ; pour y rcussir , il a consultc non seulement les editions connues , mais encore les manuscrits qui sc trouvent dans les cabinets de quelques curieux. 11 s'est livre k beaucoup de recherchcs , pour cclaircir, par des notes , les vieux mots dont Basselin s'est servi, et les traits d'antiquite auxquels il a fait allusion. Aussi cette nouvelle edition merite-t-elle un tres-favorable accueil des personnes qui aiment a connaitre les anciens monumens de notre poesie el les ori- TOME X. 2S A26 LIVRES FRANCAIS. gines de notre languc. On trouve, en t^te, unelongue diasertation de l'6diteur sur les chansons, le Vaudeville et Olivier Basselin , auteut des vaux-de-vire. Ce p6re de nos chansonniers naquit h Vire, ou dans les environs de cette ville , vers la moitie du quatorzieme siecle ; il etait propri6- taire d'un moulin a fouler des draps , dont on assure qu'il perfec- tionna les procedes. Ayant fait d'assez mauvaises aOaires, un de ses parens le fit mettre en curatelle. On croit qu'il fut tu6 par les An- glais, en i4»8 ou i4»9- H regne beaucoup de naturel et de gatti dans les chansons de cet auteur. M. Louis Dubois pense, avec plusieurs biographes, qu'Olivier Basselin a couru la mer, et qu'il est le mgme individu que la Croix- du-Maine et Duverdier nomment Olivier Bisselin , auquel ils attri' buent des Tables de decUnaison du soleil , imprim^es i Poitiers en 1559, in-4'', i la suite des T'qyages aventureux du capitaine Jean Alfonce , Saintongeois. Ce voyage , suivant une note de M. Dubois, ne se trouve pas A la Bibliotheque du roi; et M. de la Lande , dans sa Bibllographie astrvnomique , s'est born6 i la citer , d'apres la Croix-du-Maine et Duverdier. Cette remarque ferait croire que les voyages de J. Alfonce n'existent dans aucune biblio- thfeque de Paris. Si M. Dubois m'en edt parle dans les visites qu'il m'a faites , j'aurais eu la satisfaction de lui en montrer un fort bel exemplaire. Je donnerai ici le titre de I'opuscule de Bisselin, afin de rectifier quelques ligferes meprises. Les tables de la decUnaison , ou esloignement que fait le soleil de la ligne equinoctiale chacun jour des qualre ans , Pour prendre la hauteur du soleil a Vastrolabe , Pour prendre la hauteur de Vestoile , tanl parle triangle que par I'arbaleste , Pour prendre la hauteur du soleil et de la lune et autres es- toiles. De la ligne equinoctiale el des trojnques. Declaration de Vastrolabe , pour en user en pilotage par tout le monde, avec privilege du Roy. A Poitiers, au Pelican, par Jan de Marner. In-4". Ces tables sont composees de vingt-huit feuillets ou de cinquante- six pag. non chilTrees. Le privilege pour I'lmpression, qui se lit sur Ic rersoilu fVontispicp , est date iV L'.s< oan , le - iiiais i547- LIVRES FRANCAIS. A 27 Le point placi apres les mots et autres esloiUs donne k ee titre plus de clarte qu'il n'en a dans nos ancieus bibliographes et dans la dissertation de M. Dubois. On voit aussi ce que la Groii-du-Maine a entendu par les sept feuilles qu'il donne a ce petit ouvrage. M. L. Du- bois a mal conjecture qu'il fallait peut-etre lire sept feui lie U. BilBBIEB. 201. — Fables; par il/. le baron oe Stassast, des academies de Lyon, de Marseille , de Kaucluse, etc., quatrieme edition, Firmin Didot. Paris, 1821. P. Mongie, boulevard Poissonniere , n" 18, et chez Delaunay, galerie de bois , au Palais-Royal, vol. in- 18 de neuf feuilles d'impression , sur beau papier, avec gravure lith. Prix , a fr. 5o c, et 3 fr. par la poste. Trouver le secret de faire lire un volume de fables par le tems qui court, et de prendre rang dans notre litterature, est un phenomene qui merite d'etre observe. Lorsque la premiere edition des fables de M. deStassartparut, en 1818, les journaux enparlerenttous avec plus ou moins d'eloges. On s'etait rappele le mot d'llorace : ali plura nitent, non ego pauc'is offendar ntaculis ; et quelques incorrections, qaelques negligences de style n'empeclierent point de reconnaitre , dans le nouveau fabuliste , beaucoup de natural et de facility , de I'eligance, de lagrSce, des peintures tant6t enjouees,tantOt attendris- santes, le talent de varier ses couleursavec lessujets, una observation approfondie des mceurs , des rapprochemens ing6nieux, des mo- ralites piquantes ct bien anienees; enfin , cet heureux tour, ce ca- chet original sans lequel on n'obtient guere que le succfes du mo- ment. L'auteur, soigneux de sa reputation, n'a cesse, depuis lors , de faire disparaitre les taches qu'on lui reprochait a juste titre. Cette quatrieme edition est augmentee de quatorze apologues qui nous paraissent reunir au merite des autres un plus grand nombre d'images et de details poetiques. Le vliat qui uiedlU , la fauvetle et la femelle du moint^ i, la violetle , le cog, le dindon et la I'olaille sont bien dignes assurement de figurer 4 c6te des deux churdonnerets , du belier nomine j age par le sinal des animaux , djs souliails de I'dne , da clieual belliqueux , etc. Nous terminerons cet article, en transcrivant la fable suivantc: T,e pa])illon , le chardonnerel et les autres oiseaux. Par un beau jour de mai, les citoyens des airs, - Reunis sur un arbre a vingt pns du bocage , ;,28 LIV1\ES FRANCAIS. Discouraienl k qui inieiix des nit-rites divrrs: 0 On admire Tpsprit, la force et le courage; Ces qualiles son vent donnent des fruits amers... La beaute, disaient-ils , est un meilleur partage; 11 faut lui decerner le prix. » Aussitot jiiges sont choisis, Et, devaiit cet areopage, Pinson , tarin, hoiivreuil, d'etaler leurs liahits ! Seigneur cliardonneret conipte sur niaint suffrage, Tous lui sont dus & mon avis : 1/argent, le pourpre et Tor relevent son plumage. Sans neanmoins le rendre bigarri.... Estil chez nous un oiseau mieux pare? Mais dans autrui I'eclat nous blesse ; Se monlrer juste exige un grand effort; Entre gens de la meme espece , S'agit-il de choisir, on n'est jamais d'accord, Une assemblee tleclorale Jamais d'ailleurs ne marche sans cabale. Que decidera done notre emplumi s6natr On bataille long-tcms, et point de resultat, Lorsque d'un papillon les quatre ailes dorees , Et tres-joliment diapries , Viennent seduire tous les yeux : On s'emprcsse de rendre hommage Au i'rele cl gentil personnage ; Mais son triomphe glorious Ne dura qu'un instant.... la pluie Reduit birntut a rien ce phinix de beaute. Ah ! pour un I'at qui brjlle A la superficic, Qu'il est commun de voir le mer»te ('■carte. Les notes ont ete aussi tres-ameliorees depuis la premiere edi- tion; on y trouve du savoir sans pedantisme , dc I'esprit sans pre- tention, et partout les sentimens les plus honorables. yfug. DUFBAYER. 202.— Les N III is Iiigiibres, iiar le colonel don Joseph Cadalso, traduites de I'espagnol par M. Achille du Laurens. Paris, 1821. LIVRES FRANCAIS. 429 Pontliieu, Palais-Royal, galerie de bois , n" 25a, in-S" de 92 pag. Prix, 2 francs, et 2 fr. 5o c. franc de port. C'est un ouvrage dans le genre des Nulls d' Voung. On trouve , a la fin du volume, quelques poesies tradiiites de Melendez , poete cspaguol. 2o3. — Ode ii Louis David, peintre ; par A. Bkraud. Paris, 1S21. Eymery, rue Mazarine , n" 3o. In-S". Gette ode est I'un des premiers essais d'un jeune pofrte , dont la muse est animee par de nobles inspirations. Nous citerons Ics deux strophes suivanles : Mais ces rois des beaux-arts , ces rois de la pensee , Dont la tete , de feux , de palmes enlacee, Atteint de I'Helicon les sommets eclatans , Dans les siecles futurs , comme au siecle oil nous sonimes , ?i'ont rien a redouter ni du sort, nl des hommes, Ni des lieux , ni des terns. Eh 1 qui pent au genie arracher sa couionne ? Les tyrans I'ont proscrit ; leur fureur Tenvironne. . . 11 regne dans I'exil , il regne dans les fers. Souverain libre et fort , tout cede i son empire ; Et le demon sacre, dont le souffle I'inspire , Lui soumet I'univers. 2o4- — Les siecles chei-- ale resques J ode; par M. 71/a/iws Gimox. Marseille, 182 1. Imprimerie de Guion. In-S" de S pages. L'auteur est un jeune homme de dix-huit ans. 2o5. — DithjTamhes; ^ at Henri Terrassos. Marseille , Camoins, 1821. Paris, Delaunay, Palais-royal, galerie de bois, n° 243. In-S" de 20 pages. Prix, 76 c. Le premier de ces dithyrambes, V Italic pcelique, ou chant de Corinne au Capllole , est un hommage a la memoire de madame de Stael ; Ic second a pour litre le Genie de I' indipendance. L'auteur est deja avantageusement connu par plusieurs ouvrages , et princi- palement par son Genie du thedlre grec primitif. 206. — Poesies fugitii'es de Cli. rfe Lonchamps, niembre de la Legion-d'llonneur. Paris, 1821. 2 vol. in-i2. Barba , libraire , au U'dO LIVRES FRANCAIS. Palais-Royal, derriere le theatre francais; prix , 7 fr. 5o c. , el 9 fr. par la poste. On fait un grand merite a Scarron de son courage et de sa gait^, au milieu de cruelles soulFrances. Je ne veux rien lui dirober de cet hoaneur; mais qu'il me soit permis d'admirer encore plus M. de Lonchamps, qui, dans un ^tat plus cruel peut-?tre d'impotcnce et de douleur , montre une gait^ encore plus meritoire , parce qu'elle est plus naturelle et de meilleur goGt. En effet , il semble possible d'allier aux convulsions du nial les grimaces d'une joie exager6e ; les unes et les autres , vues d'un pen loin , peurent se confondre ensemble; mais q^u'un homme clou6 par la goutte sur un lit de snp- plice, cbarme les rares intervalles de ses tourmens, par le commerce dilicat des muses et de la philosophie , et que sa resignation res- semble i la serenity, voilh ce qui est digne des plus grands sieges. Je suis d'autant plus dispose pour mon comptc k me prosterner devant cette patience i la fois epicurienne et stoique, que je ne comprends pas bien I'egalite d'ame au sein de la maiivaise sante. II me semble que , lorsque es organes jonent mal, le concert de I'ame, quelques efforts qii'ou fasse , doit etre un peu discordant. L'epitre que M. de Lonchamps adresse , k la tete de son livre , a son ami, M. de Jouy, est assurement d'un autre ton et d'un autre style que Sarrasin, mon voisin. Le rire et I'attendrissement s'y con- fondent avec un charme tres-vif. Sur le doux noeud qui nous rassemble Quand je m'amuse i revenir, Pas un des jours passes ensemble N'est amer i mon souvenir ; Pas meme ces jours de paresse , D'insouciahce et d'abandon , Oil, gaspillant notre jeunesse, Courant sans but et sans raison, Explorant les rives fecondes , Oil le commerce des deux mondes , Dans les basars vient aboutir. Nous n'y cherchions d'autre richrsse Que des amis , une maitresse, Bon vin , bonne there et plaisii. LIVRES FBANCAIS. • ASl Aussi, des riches bords du Gange, Filiiies-nous r^duits, un beau jour, A tirer des lettres de change Pour op6rer notre retour. M. de LoDcbamps explique avec beaucoup de grSce , dans une ipitre au lecteur , les motifs qui le portent k recueillir et k pubiier ses poesies. Ce ne sont ni les importunites des libraires , ni les obses- sions de ses amis qui font violence a sa modestie. Mes vers , dit-il, avec une abnegation d'amour-propre qu'on aurait tort de croire fon- dee, ne pouvaient tenter aucune speculation d'editeur. Son but , en rassemblant toutes ces legeres productions inspirees par des situations r^elles et par des sentiniens vrais, a ete de reunir en un seul faisceau les souvenirs epars d'une vie que la fortune a long-tems disseminfee sur tous les points de I'univers. Mais il vaut mieus, I'entendre lui- rnSme. Je souffre k penser que I'absence D6s long-tems a su me bannir Detant de coeurs dont I'existence A la mienne sembla s'unir. Or , le livre que je public Loin de ces lieux peut parvenir Aux mains d'un ami qui m'oublie , Et lui rendre le souvenir Des courts instans de notre vie , Oil, rapproch^s par le plaisir, L'amour , la table et la folie, Nous avions pour philosophic L'art mal connu de bieia jouir. « Voili bien les vers dont sa lyre , Dans un jour d'amoureux delire Paya ma premiere bonte, » Dira quelque vieille beautfe, Qui, touthaut, traitant de sornettes L'hommage fait a ses appas , Peut-etre, en le lisant tout bas, De pleurs mouillera ses lunettes. Le recueil de M. de Lonchamps se compose principalement d'6- A32 LIVRES FRA?sCAIS. pitrcs ct tie roinaiiies, reniarquables, non sans clonic par un tgai bonlicur d'expicssion , mais par une (igale vtr!t6 dc sentiment. Ricn dc lade, rien de faux; pas tonjonrs assez de pousie , niaistoujonrs de I'esprit, et sonvent meme de la scnsibilite. Des pensees vives et des traits heureux I'eronl la fortune de I'a- greahle recueil de M. de Lonchamps. Un peu plus d'harnionie el d'artifice poelique n'y auraient rien gSte; mais souvent les hommes d'esprit dedaignent un peu trop le savant mecanisme de la versifi- cation, apparemment par represailles de ce que les habiles vcrsifl- catcurs paraisscnt quelquefois faire trop peu de <;as de I'esprit. AlGNAN. 30-. — Don 3Ianuel , anecdote espagnolc ; par M. dk Rocjoux, auteur de VJlistoire des Jievolulions des sciences el des beaux-arts. Paris, 1S21. Maradan , rue des Marais, n» 12. 2 Tol. in-i6, ensemble de 5^5 pages. Prix, 5 fr. , et 6 fr. par la poste. Les Aventures du jeune et malhcureux Manuel, promen6 par une destiniie toujours contrairedans des ciimats lointains et dans les situations les plus opposees , qui voit perir tour i tour sous ses yeux , el la douce ludienne Euja , ct sa tendre et fidcle Almdide, se rat- taclient <> cette epoque de desespoir et d'heroisme , oii la nation espagnole , soulevee tout entierc par le sentiment de sa dignite , par la volonte de defendre son independence , resistait seule aveo energie au snperbe conquerant devant lequel s'humiliaient les peu- ples et les rois. — Le heros de ce roman est enveloppe, des son en- fance, d'un voile funeraire. «. Toutesses actions ressemblent, comme il le dit lui-meme , aux mouvemens penibles d'un bomme accable par un breuvage assoupissant , dont I'imaginalion est constamment assiegee par des fantomes. Un rayon lumineux, une pensee d6li- cieuse , une image cherie I'arrachent quelquefois a ses tourmens , mais la nuit eternelle I'environne. . . » Get cuvrage est en general tcTit d'un style pur, naturel et simple ; sa lecture excite un vif inte- ret ; elle produit sur I'ame une profonde impression de melancolie , en nous retra^ant le tableau, qui n'est cependant qu'une imitation fidele de ce que nous voyons cbaque jour aveo indilTtrcnce , d'un bomme distingue par son caractere , par ses vertus et par ses talens , qui est constamment poursuivi par I'injuslice, par le crime el par le iDslheur. M' A. J. LIVllES FIUNCAIS. Aco 208 (*). — Mithode elementaire et analytique de musique et de chant, conforme aux principes et aux precedes de renseignement mutuel, et facilement applicable dans les institutions de tons Ics degres ; adoptee pour les ecoles d'enseignement mutuel, par la so- ciete d' instruction eleinenlaire; composee parB. Wilhem, professeur de V ecole-modele de chant elementaire ; maitre de chant, selon sa nouvelle methode , i I'ecole royale polytechnique ; directeur des classes de musique vocale au college d'Henri IV et dans plusieurs institutions particulieres; membre de la societe pour Tinstruction elementaire et de celle des methodes d'enseignement , etc. L'ouvrage , compose de tableaux graves, form ant au moins deux cents feuilles in-fol. ouvert (papier couronne), se publie, aiQsi que le Guide musical, en huit livraisons et par souscription. La souscrip- tion sera fermee lors de la publication de la septieme livraison. Les souscripteurs paieront, pour la collection des tableaux de chaque classe , 6 fr. ; pour le Guide de chaque classe (texte et musique), i fr. Les non-souscripteurs paieront le double de* prix fixes ci-dessus. Les souscripteurs seuls pourront se procurer separement, et au prix de la souscription , autant d'exemplaires qu'ils le voudront des tableaux de chaque livraison ; en outre , il Icur sera delivre des feuilles de I'Indicaleur vocal, au prix de 25 c. chaque. Apres la publication entiere de l'ouvrage, ils pourront egalcir.ent avoir des feuilles deta- chees de quelque classe que ce soit, a raison de 5o centimes la feuille. On devient souscripteur en payant , avec le prix de la pre- miere livraison , 7 fr. i imputer sur la derniere. On souscrit, a Paris, chez I'auteur, rue Saint-Denis, pres le bou- levard, n" 3-4; Colas, imprimeur-libraire de la societe pour I'ins- tructJon elementaire , rue Dauphine , n» 52 , et les principanx marchands de musique. ha premiere livraison, mise en vente lei" mai, comprend les articles suivans : Classe preparatoire. Principes. 24 feuilles. 6 fr. Suite des principes. 1 ~ ' ' ' lesure. '. 25 feuilles. 6 fr. { Suite des principes f"* classe. < Etudes de la mesur ^ Modeles de copie. Portion du Guide musical pour la classe preparatoire et pour la premiire classe 2 fr., a imputer sur la derniere livraison 7 fr. Total a payer en souscrivant 21 fr. Chacune des autjes livraisons , qui contiendra les tableaux d'une A3A LIVRES FlVAiN(;AIS. seule classe, el la portion du Guide qui s'y rapporte , coatera 7 fr. La derniere se trouve payee i I'avance par les souscripteurs. Les personnes qui, ne iaisant pas retirer les livraisons , en deman- deront I'envoi par la poste , auront a payer en sus : pour la premiere livraison, 3 fr. ; pour chacune des livraisons suivantes, 1 fr. 5o c. 2og. — Messe d quatre poix, a\ec accomTpagaemens de quatreharpes ou piano, et de quatre cors ou basses; d6diee i S. A. S. Mademoi- selle d'Orleans , par M. Stockausen. Prix, 16 fr. la partition , ao fr. les parties. Chez I'autear, rue du Faubourg-Poissonniere , n° 19. Cette composition religieuse fut ex6cutee a Notre-Dame , le 20 mai 1817, et marqua deslors a son auteur une place honorable parmi nos artistes. L'ensemble de I'ouvrage est remarquable par sa puret^ et par une foule de niorceaux d'une grande beaute. M. Stockausen a fait sa principale occupation de I'etude de la harpe , et il est par- venu k obtenir de cet instrument tout ce que I'harmonie a de plug brillaut, tout ce que la m^lodie a de plus touchant et de plus doux. L'idee qu'il a eue d'employer dans les ccirenionies religieuses de« harpes sans orchestre est neuve , et d'autant plus heureuse que , dans sa composition , ses harpes en font I'effet. Le Kyrie de cette messe a le caractere sublime de la piiere ; ses modulations bien prepardes retournent sans effort dans le ton primitif. Le Gloria est tour 4 tour gracieux et elev6 , la science ne I'a point pr6par6 , il est facilemen^ ecrit et toujours bien exprim-V Le Credo commence avec une sim- pKcite admirable. Le thfeme n'est qu'une gamme contre-point6e dans le haut et dans le ba?, qui donne a ce morceau quelque chose d'inspirateur. On regrette d'y trouver des phrases faibles qui ont be- soin d'etre animees par I'execution. Le Crucifixus n'est pas brillant , mais il a le m^rite de servir d'introduction a un duo plein de gr&ces et de fraicheur. On retrouve ensuite le thfeme principal. Le compo- siteur a su vaincre une des plus grandes diEGcultis, celle de r^unir toutes les parties de son Credo dans une pens6e unique , sans nuire au developpement des plus grandes inspirations. Le Sanctus se com- pose d'un io/o touchant et de choeurs qui ont un caractere solennelet myst6rieux. II se termine par naefu^ue qui n'est pas heureuse; il est vrai qu'il est extremement difficile d'accompagner cet incident avec des harpes. Des tentatives nouvelles, le tems , I'itude et la patience apprendront silrement k I'auteur i vaincre une difficulte qui, pour un talent moinsexerce, paraitrait insurmontable. L'y/gnus Dei, varic LlVllES FRANCAIS. A.>,S en ut mineur, en mi et en la bemol, est accompli, dans son genre, par les choeurs , les marches d'harmonie en accords parfaits et les gammes chromatiques qui y produisent le plus grand effet. La messe finit par cette inspiration douce et calme de la priere , qui semble faire entendre le repentir qui implore et la vertu qui pardonne. Tous les homnies de I'art en ont ete vivement frappes. Cette belle compo- sition peut facilement s'executer dans un salon , et servir d'etudes aux personnes qui veulent se perfectionner sur la harpe. M-e. Ouvrages pertodiques. 210. L'Abeille , journal specialement consacre i la litterature, qui avait paru jusqu'ici^ous le titre de Mineri/e litleraire , et dont nous avons rendu compte dans notre Revue (Tom. IX, p. Soa) , a change de nom sans changer de plan , de principes ni de redacteurs. On s'abonne toujours rue Bourlibourg, n° i6 ; et les conditions del'abon- nement sont , commc par le passe, de i3 fr. pour trois mois ; 24 ft", pour six mois, et 45 fr. pour I'annee. L'esprit dans lequel ce journal est ridige , lui merite toujours I'interet des amis eclaires des lettres ; et le choix desnouveaux collaborateurs, MM. P. F. Tissot et A. Jay, que madame Dufresnoy s'est adjoints, prouve son vif d^sir de jus- tifier de plus en plus la confiance de ses lecteurs. On remarque dans la dernlere livraison, qui est la vingt-neuvifeme (du 26 mai 1821), une notice necrologique pleine d'interfet sur Camiile Jordan, depute du peuple et conseiller du Rol , egalement courageux et fidele, qui nous a offert la reunion si rare d'une bonne conscience , d'un beau talent , d'un noble caractere , et dont la mort prematur6e est un malheur public pour la-France. Madame Dufresnoy , qui eut le bonheur d'etre I'amie de cet homme excellent, se plait k nous peindre les vertus privees et les aimables qualit^s qui le faisaient chejir comma epoux, comme pfere et comme ami. Nous aurons soin de consacrer aussi , dans la Revue , la memoire de cet homme respectable. Un de nos honorables coUaborateurs , qui fut le digne et constant ami de M. Camiile Jordan , et qui, associe a scs etudes dans son enfance, compagnon volontaire de son exil dans sa jeunesse , a eu la triste consolation de I'assister dans ses derniers momens , doit nous aider a remplir cette tAche : personne n'a mieux connu et ne peut faire mieux connaitre que lui I'homme de bien dont nous pleurons la pertc. M. A. J. TV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTliRAIRES. AMERIQUE. Etats-Unis. — Nouvelle sociele sauante. — Un Institut national ou Academic des belles-lettres, composee de savansetd'hommes distin- gues par Icurs talens en litterature et en legislation, vient dc s'or- ganiser dans ce pays. Get institut est preside par M. John Quincy Adams, secretaire d'etat, residant a Washinston. Les vice-presidens sent : MM. Brockholst Livingston et Josep Story, juges i» la cour su- preme de New-York; et M. William Lowndes , membrc du congrtis ; le secretaire correspondant , M. William S. Cordell, de New-York ; le secretaire ordinaire, M. Alexandre M'Leod ; le tresorier, John Stearns , president de la societe medicale des etats de New- York. Les conseillers sont au nombre de dix ; il y a sept membres honoraires. Haiti. — Publications nouvelles. — Parmi plusieurs brochures que la Revue a revues de ce pays , on remarque : un pamphlet de quatre pages in-4°. de I'iniprimerie du gouvernement , intitule : Henri Christophe, etpublie au cap Wa'H'itn'paitle general Chanlalteaine ; el le N" L 1 du Teligraphe, gazelle offi.cielle (24 decembre 1S20}, im- prime au Port-au-Prince , et qui renferme, outre les nouvelles poli tiques , deux discours i'unferaires et des couplets sur la liberte. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. EcossE.—^nguille monstrueuse . — II y a quelque terns qu'une anguille, d'une dimension extraordinaire, a ete trouvee dans une ecluse, pres de I'embouchure de la Clyde. Lorsque les pecheurs s'en approcherent , elle agita sa queue avec tant de violence , que I'un d'eux , plus avance que les autres , eilt infailliblement peri vic- time de sa temei'ite, s'il nc se fiit retire precipitamment. Avertis du danger, ses compagnons redoublerent de precautions, et parvinrent, apres plusieurs efforts , a fiapper I'anguille avec un harpon attache a unc longue corde ; ils la tirerent alors sur le rivagc. Elle avait dix-huit pieds de long , el deux dc circonfercncc ii rendroil le plus large dc son corps. La pcau a ete cmpaillee ; M. Iliggins, proprietaiie de I'c- EUROPE. A37 cluse, la conserve comme iin objet curieux d'histoire naturelle. La chair de ce poisson etait d'un goClt fort delicat. LoNDBEs. — Uranographie. — La salle de I'opera est convertie en line espece d'Athenee, oii I'on suit un coins d'astronomic. M. Hartley preside i ce spectacle ; 11 est Tinventeur d'une mecanique fort inge- nieuse, au moyen de laquelle il presente un tableau coniplet dii systeme planetaire. Les proportions relatives des differens corps ce- lestes y sent parfaitement observees, pour leur grandeur, la rapidite de leur mouvement et leur distance du soleil ; on y voit aussi les satellites de chaque plantte. M. Bartley a fait suivre cette represen- tation d'un discours sur la iheorie des marees, expliquees par I'action tie la lune. Nola- — II y a deji bien des annees que M. Charles Rouy, phy- sicien fran^ais, a fait jouir les Parisiens d'un spectacle analogue. — Societe rojale. — Dans la seance du 8 fevrier dernier, le capi- taine Kater a lu un memoire sur le volcan qu'il a decouvert dans la lune. En examinant avec un telescope la partie obscure de la lune , il a aper^u un point brillant qui ressemblait k une etoile , et que des observations subsequentes lui ont prouve etre un volcan. LoNDRES. — Societe rqyale de litterature. — Prix proposes pour 1821 el 1821. — Dissertation sur le sifecle , les ecrits et le genie d'Homere , et sur I'etat de la religion , de la societe , des sciences et des arts pendant ce periode. — Un pofenie sur Dartmoor. — Essai sur I'histoire de la langue grecque, sur la langue grecque moderne, principalement dans les lies ioniennes, et sur la difference entre le grec ancien et moderne. EcossE. — Glasgow. — Unifersite. — Nomination. — M. Jeffrey, pro- fesseur de I'universite d'Edimbourg, a ete elu recteur de I'universite de Glasgow <» une grande majorite de voix. C'est ci cet illustre savant que le monde litteraire est redevable de la Revue d' Edimbourg , qui, avec le recueil public a Londres sous le titre de Quarterly Re- view, occupe sans doute le premier rang parmi les ouvrages perio- diques de la Grande-Bretagnc. Le succcs du premier fut si grand, des I'origine , que I'edlteur se trouva a meme de payer aux coUabo- rateurs douze guinees d'honoraires (au-dela de 3oo fr. ) , par feuille d'impression. Mais bientOt M. Murray, editeurdu Quarterly Review, rencherit sur son rival, en offrant jusqu'a cent guinees pour un ar- ticle. La Revue d'Edimbourg ne s'est pas montree moins gentreuse ; A38 EUROPE, . son succcs est toujours alle en croissant, et las lioninies un ouvrage du memc genre , sur les macbines et bateaux »eri>alion» aur le mouvemenl dft. hniten : ft 1« rla»«c df» .vifni fs rronomiquex criui-ci : tur I'em- ploi de la terrt taltfueiue pour la fahricaUon de vase* de fonte d r^retive du fru. L«« inrmoirr* dcrroni parrenir * la »oci£li^ arant le i" ootobre i8i3. Hoaoaii. — NaoroBi. — Knrouragemen* aujc scuncex. — M. l« profeMeor Zipfer vitrnl de reccwoir, d<;»deui citremitctde TEorop*!, de» Ttmmpfnne* hien flattciiM* de toa tilt poiir la «cience , et dea j>Tr>f(Ti-* qu'il a fait fair'' a I'itudr Hp la min^ralogii*. Dapfi le tern* m^me on rrmppreiir «le Rii»«ie liii rnToyail iinr bafrue cnrichie de diaman*, I'acadi^mie de» nciencet de Naples le nomroait toa a»*oci6 oorreapondanl. GoTTiwOBH. — Jh/n fatt a la hibliolheque. — Le dnr dr Clarence ;« fait don a la bibliotheqiie de rt-tie rille d'ltne collertion de cent tpiatrc-Tinfrt'lrui carter marines. Ce ortat le« cartf* publieca par le comity hTdrr>(;rapliique de l;> Grande-BretaffDe ; elle* ne te vendent point ail public, ^-lant exclii»iverDent re.nerreea pour la marine rovale »nfi\»t»>'. C<-tte collection romprend non seulenaeot let raert de I'Europe, mail encore la plus grandc parlie dea c6te» de I'Afrique, de rAin«rique , el dc* Indei occidentalca et orieolale*. — I'mverstle.— he nombre de» eludia»« de celte unireraiti »'aug- meote de jour en jour: vem le nnilieu de 1810, ellc n'arait que Ofute cent dii-hnit itudiana; rteemment, die en comptait juaqu'a don*c cent viogt-quatre. KcBKiikKac. — L'niver.iile. — \jU fiautte litl^raire de Leipaicfc contirnt, dans Min n* 44) on article intitule: Chronique de lu- niverxile tie A ceniniterf;. C'ett une r^apitulation de ce qni »> eat fait de marqnant datt* le cour« de Tannine i8ao. Les noroi - nation* de proCewteur*. Ie« rV^rompenfte* qii'il* ont oblcnue* aoot miset (on* lei jeox du public, qui de la aorte ne reste jaaaai* stranger aux mutatioo* arrir^efl dan* le corp* enteignant. Ce (renre de nouveU'* *ur le* iinirerait^'* ert toujour* arcueiili aver • mpreutement. II occupe . »*ec le» annonre«, le* feoillej que le« Allrmand* appellent irtlelligenz-blall. La publicity qui »'attarhe k la carrierr de* profeaiirur* a cela d'avantageui , que le m^rile ne pent retier ^an^ rciompenie, et que Ton fail de« •acriitfr* mm %> MMMNMIMAnW 4l> •iMh<- • am, ^1ir>lsr?<^ ---^^%' tJ1i*,|^ ^fr ^'V AA6 EUROPE. Ji laricianum , qui conlienl plus de quatre-vingts conslilulions ine- dites du Code Theodosien. Elles appartjennent au premier livre dc ce code; deux d'entre elles sont de Constantin-le-Grand, et.se rap- portent aux ann^es 32i et Ja-. Ces deux documens sont cssentiels a Tclude de la loi unique au Code Tli. de respons. prudentum , en ce que le premier rend superflues les observations de Paulus et d"Ul- pien sur Fapinien, et en ce que Ic second accorde force de loi aux ouvrages dc Paulus, et plus particulierement a scs libri senlenliarum. On remarque aussi, parmi Ics pii'jces qu'a trouvees M. Clossius, la constitution par laquelle Theodose ordonna la confection de son code, en 4^9, et le senatus-consulte de 443) qui en prescrit I'exc- cution pour I'empire d'occident. Ce pr6cieux manuscrit parait etrc du douzicme siecle ; malheureusement , il ne va pas plus loin que Ic quatrieme titre du livre II. Weimar. — On vient d'imprimer et de publier, dans cette ville, I'ouvrage de M. Cottu : De Vadministralion de la justice criminelle en ylngleterre , el de V esprit du gouvernement anglais, traduit eu allemand, avec beaucoup de notes, par J. L. de IIoBNTnAL, pro- fesseur d'histoire universelle comparative du droit a Fribourg (grand- duche de Bade ). — Leifsick. — Traductions despoetes. — La litterature allemande con- tinue scs conquetes dans le domaine des traductions en vers. M. Peucer a fait parler I'allemand i Zaire et a Scmiraniis ; et Ic titre qu'il donne h son livre [Tliedtre classique des Francais) fait penser qu'il nc se bornera point a ces deux tragedies , et qu'il fera le mcme travail , non seulenient pour Voltaire , mais encore pour Racine et pour Corneille. Jusqu'ici, dit-on , M. Peucer a suivi Voltaire vers pour vers ; ce qui n'empeche pas qu'il n'ait fait usage d'unc grandc propriete d'expressions, et que son style, toujours soutenu, ne se montre avec I'eclat de la poesie. — Calderon a aussi trouve un tra- ducteur: c'est M. Otlo de Malsbourg, qui donne niaintenant son troisieme volume , i la tete duquel il a place un dialogue. Ses inter- locuteurs sont un poete , un critique et lui-mfime. La , sont refutes les reproches que I'on a coutume de faire 4 Calderon sur la longueur de ses discours , sur I'elegance trop rechcrchee de son style , etc. Le poete ne manque pas de soutenir qu'il prefere la lecture d'une tra- duction en vers allemands i la lecture de I'original. Quoi qu'il en soit, M. de Malsbourg ne donne qu'un faible relict du brillant auteur cspa- giiol. Aii'ivons a iSl. Slrickfuss, qui descend avec I'Arioste du somniet. des Alpes noiiqucs, rapportctnt aussiie liolandfurieux ■ cfi n'^it pas la premiere ibis qu'on lui a pris mesuie d'une traduction alle- luande. Qu'on nous passe cette expression, que justifienl I'exactitude poiiciuelle et I'inconcevable i'aciiite avec lesquelies on s'acquitte , cliez les Aliemands, de ce genie de travail. II ne leur en coCite pas tant qu'aux Fran^ais pour tine simple version : encore la Cdelite esl- elle toute de leur cole ! Ainsi M. Strickfuss , qui s'est montre docik- aux avis de la critique , qui a perl'ectionne son style , et mieux eii- tendu les liaisons et la disposition des stances, n'en a pas nioins ete partout I'exacte cojjie de son auteur. — Weimar. — Voyages. — On annonce , comme devant paraitrc |)rochainement , la relation du voyage entrepris, de i8i5 a 1818, par le lieutenant de marine Kotzebiie. Onse rappelle que cette expe- dition, faite sur lo navire le Rurick , a et6 enticrement aux fiais de M. de Romanzoff. Nous citerons, en faveur de I'ouvrage qui en con- lient le recit , I'opinion de M. de. Krusenstern , qui ne craint point d'affitmer que I'auteur ira se placer a cOte du celebre Flinder. Lo premier et le second volumes renfermeront le journal du voyage; le ti'oisifcme sera consacre a I'histoirc naturelle ; cette derniere partic est confiee c» M. Adelbert de Cbamisso, I'un des savans qui ont accom- pagn6 M. de Kotzebiie (voy. ci-dessus, p. igS ). — BoKN. — Reimpression du commenlaire d'Eustalhe. — Tout Ic mondc sait de quelle importance est pour les lettres grecques, el surtout pour I'intelligence parl'aile du textc d'Homere , le commen- laire qu'Eustatbe, liveque de Constantinople, nous a laisse sur Ic premier des poetes. Eustalhe vivait , sous les empereurs Manuel- Alexius et Andronicus Comnene, dans la seconde moitie du douzieme siicle; ses travaux ont cu pour objet I'lliade et I'Odyssee , et soiit iutitul^s riapfxCoKai. Jusqu'ici, on n'en a public que deux editions, cbacune avec le teste, et en trois volumes in-iblio : la premiere , a Rome, en 1542; la seconde, a Bdle, en i56o. Ces editions son tde venues tellement rares , leur prix les met tellement au-dessus do la porlee , de la fortune des savans, que M. Ileinricb, qui va remplir cello lacune, merite les remercimens de tons ceux qui ne peuvent lire liustatlin que dans les bibliotbeques publiques. Cette reimpression se fait des ^ present a Bonn , dans le format in-.i" , et bienlOt Ton pourra jouir du premier volume, conteiiant l,i moili.e de I'Odyssee. AAS EUftOFE. M. Heiorich nc reimprinie pas le texte d'Homeic, qui est dans les iuain:i de toutle monde; il prend un soin plus important. Voulant que Ton puisse appliqucr Ics citations faites jusqu'ci cejourde redition ro- mainc, il indiquera sur ses feuilles la pagination de cette derniere. Apres rOdyssee , M. Heinrich donnera le commentaire sur I'lliade, qui sera suivi d'un appendix contenant les indices verboruia el scriptoritm. Nous avons aiinouce ( T. Vlll , pag. 627 ) un recueil de scholies clioisies par Ic celtbre M.ButtmaDn, dans les commentateurs autres qu'Eustathe. Nous engageons de nouveau les amis de la bonne litte- rature a reunir son edition a ccUe de M. Heinrich. — Bibliotheque indienne. — Le second cahier de ce journal, public par M. A. W. de Schlegel, vient de paraitre. II contient, entre autres choses, des recherches hisloriques sur les elephans et sur I'usage qu'on en fait a la guerre. M. de Schlegel remarque que les uionuuiens de TEgypte ne rappellent aucun souvenir de cet animal; il pretend qu'avant meme qu'il I'ut connu dans cette contree, I'ivoire y litait repandu , parce que les Pheniciens I'allaient chercher en Afrique, M. de Schlegel avance qu'Herodote est le plus ancien auteur qui ait parle d'^lephans ; que les Perses s'en sont servi les premiers, dans leuBs armpes; enfin, que ce n'est qu'apr^s Alexandre queces re- doutables combattans ont cte plus g6n6ralement employes. L'auteur de ces iecherches remonte ii I'origine du mot elephant et des divers autres noms qu'on a donnes a cet auimal. Lememe cahier contient des recherches sur le sphynx mdwri.fuh des rectifications que M. de Sch- legel veut faire dans le texte de quelques auteursgrecs, qui ont parle de rinde. 11 est termine par un parallele entre If'^odan et Budha. SkXE.— STOhisKG. — Necrologie, — Stock. — Le 12 novembre 1820, les lettres ont perdu Charles-Chretien-Henri Stock, recteur. H etait connu par plusieurs ouvrages estimes. En iSig, il avait public une traduction des J:''ixigmens de Tyrtee ., en vers allemands. Comme M. Stock destinait cclfe edition a la jeunesse , il la fit pr6cedep d'une introduction hisloriqutf, et de notes oii I'on trouve, jointes 4 I'analyse grammalicale , des comparaisoiis avec presque tous les poetes grecs et latins. Mais nous avons k parler de I'homme dont on r«grette la mort pr^maturee ( il n'avait que quarante-huit ans ). et non de son livrc. Cest dans ladedicace menie,ara die sliuherendi- j itgend , que nous rclrouvcrons Irs liaces de sou excellent caractere. EUROPE. AA9 On y voit, en ellet, de quel amour pour ses devoirs d'inslituteur, de quel zele pour le bien de cette jeunesse studieuse , M. Stock etait penetre. G'est deja pour elle qu'il avail donne les specimina puelica t deji iJ proinettait un autre ouvrage el6mentaire , lorsque la mort est venue enlever a ses elfeves celui qui disait : « Le plus beau jour de ma vie est celui oii ils font le plus d* progres. » Ph. Golbebv. ITALIE. Meteorologie. — Les Italians semblent s'etre occup6s,en 1820, de cette partie de la physique avee plusd'interCt que prec^demment. On a public pliisieurs observations de ce genre , i Turin , a Naples, a Verone; et ce qui est encore plus important, on a plus ou moing perl'ectionne les instrumens nfecessaires pour faire ces observations. M. Cagnazzi, professeur a I'universite de Naples, a essaye d'am6- liorer I'hygrometre de Saussure. On a public , dans le Journal de physique , Tom. Ill , un m6moire posthume du chevalier Marsilio Landriani, sur le meme sujet. Le marquis Guiseppe Origo a pro- pose ud nouveau baromttre portatif, et M. Angelo Bellania invente un BOuvei atmidometre plus favorable aux observations. TuaiWi — Astronomie. ■ — /ieco/npenses. — Les deux geometres ita- liens, Carlini de Milan et Plana de Turin, qui ont remporte, I'annee derniere , le prix d'astronomie propose par I'academie royale de France, sur la I'ormation des tables du uiouvement de la lune, ont re<;u chacun du roi de Sardaigne , pour le meme objet, une medaille et. une somme de 5ooo francs. FtoauKCE. — jllnianach natitique. — Les redacteurs (leaEphemerides planetaire6 de Florence, ayant observe que la navigation du cabotage manque d'un ouvrage propre a la dinger, se proposent de publier, chaque annee, un almanach nautique qui contiendra ce qui est le plus necessajre a ce genre de navigation. Un article d'environ deux pages pour chaque mois,fournira lout ce donlonaura besoin pour calculer les observations qiie les marins seront dans le casde faire : on donnera aussi un petit traite de navigatioa proportionne aux connaissances des appreotis, un article sur les variations de la boussole , et une tabic des positions geographiques de tous les ports de mer en Europe. Ro&iE. — thdologie. — Decuuvertes de M. Angelo Mai. {Foyez sur Alajo, T. Vlll , p. 46'0 La collection precieuse des exlrails de tons !es iiistorieus anciens, enlreprise par ordre de I'empereurConstaiiliii A50 EUROPE. rorpliyiogonctc , coniprenail cent six livres , sous cinquaiito-liois litres. Ce grand travail paraissait devoir Ctrc presque entiiireniciit perdu pour nous. Dans le seiiieme siecle , Fulvio Orsiui,lc premier, avait tire d'un manuscrit d'Antonio Agostino et pubiie una petite partic de cette immense collection , partie qui appartenait au litre des ainbassades. Quelqucs anne«s apris, David Hoeschelius publia Ic reste du memo litre, extrail d'lm manuscrit de Baviere. Un autre litre, incomplet , des vertus et des vices , I'ut pubiie, au dix-sep- tifeme siecle , par Henri de Valois , qui I'avait tire d'un manuscrit de I'eiresc; mais jusqu'ici on n'avait rien pu retrouver des cinquantc-un aulres litres. EnGn , M. Angelo Mai a decouvert plusieurs litres de celte importante collection, Uans un manuscrit qui contient le.s harangues du rh^leur Aristides. L'ecriture lui seiiible etre du on- zi^me siecle. 11 annonce y avoir remarqu6 les litres connus d'aulres livres, tels t^xie des sentences, des harangues, de la succession des rois , des inuenteurs des choses , et des mots sentencieux, etc. Mal- heureusement, le manuscrit elant na pa/inpseste , le textea souffert beaucoup de mutilations. Les parties inedites de ce manuscrit sont , a ce qu'assure M. Mai , plusieurs morceaux des livres mutiles cu perdus de Polybe , de Diodore , de Dion Cassius , et quelqucs frag mens d'Aristote , d'Ephore , de Timee , d'llyperides , de Demetrius de Phalere , etc. Les morceaux inconnus sont d'Eunapius , dc Menandre de Byzance , tic Priscus et de Pierre le prolecteur. Parnii les morceaux inedits de Polybe, on trouve quclques prologues de ses livres perdus et la conclusion cntiere du Sg" livre, egalement perdu, oil I'auteur donnait le resume de toute son hisloirc , deslinant le 40*^, qui 6tait le dernier, i la chronologic. Les fragmens de Dio- dore et dc Dion sont en grand nombre el assez precieux. On y trouve le rticit rapidc de plusieurs guerrcs de Rome , et un narre plus deve- loppe des guerres civiles ct puniques, de la guerre sociale ou ilaliqne, de celles d'Epire, de Macedoine , de Syrie, des Gaules, d'Espagne, de Portugal et de Perse. On trouve aussi dans le meme palinpseste des morceaux dc rhisloire des Grecs et d'aulres nations, ct de cellc des successeurs d'Alexandre, etc. M. Mai promel de publier bientot ce monument hislorique si precieux.- — Un autre manuscrit du meme Aristides contient quelqucs parties d'un Traite depolUique, en giec. different de ceux de Plalon , d'Aristote et d'aulres auleurs connus. Son sujct a beaucoup dc rapport avec celui que traite Ciceron dan? EUROPE. ASl son ouTi'age de Repuhlicd. L'autcur anonyme cite plusieurs foU Gi- ceron , et proniet un parallele entre la republique de Platon et celle de Ciceron. L'ouvrage est redige en dialogues ; le manuscrit porte les caracteres de I'ucriture du dixienie siecle. Mallieureuscment, de tout l'ouvrage, qui probablement etait divise en cinq livres , il ne reste que trente pages, dont toutes nc sont pas entierement lisibles. — On savait qu'il y avait eu trois harangues sur Lectinius , contie qui Demosthenes avait jadis declame. On connaissait la harangue de celui-ci qui etait la premiere ; le savant abbe Morelli , bibliothecaire de Saint-Marc, a Venise , avait publiii la troisieme, celle d'Aristides, en reponse i la seconde qui avait pour objet la defense de Lectinius. M. Mai vient de decouvrir celle-ci dans un manuscrit du Vatican , qui contient aussi la troisieme , impriraee par I'abbe Morelli. II la trouve elegante , et anaonce que la recherche de sa date et de son auteur sera le sujet d'un memoire critique. — Oribase, outre les com- mentaires sur la vie de I'empereur Julien, avait ecrit, par ordre du meme empereur, un autre ouvrage, dont 11 existe au Vatican quelques fragmens encore inedits. Ce meme 6crivain avait compile soixante- dix ou soixante-douze livres sur la doctrine des anciens medecins. On connaissait de cette collection les quinze premiers livres, publics en grec, par M. Mattel, sur un manuscrit de Moscou, et dont on avait auparavant publie la traduction latine. Le savant medecin Gocchi fit aussi imprimer les livres 46° et 47", et annonca qu'il existait, dans le manuscrit de Florence , deux autres livres, les 45'' et 44''. ^^- Mai a trouve, dans un manuscrit du Vatican, sept autres livres d'Oribase, depuis le 44* jusqu'au 5o'= ; le premier et le dernier sont mutiles, mais les autres sont entiers. — M. Mai, voulant verifier si la Ghronique d'Eusebe de Gesaree, en langue arnienienne , existait parmi les ma- nuscrits du Vatican , comme I'avait avance le docte cardinal du Perron {Perroniana , pag. 21 ), n'a trouve, parmi les manuscrits armeniens, que la Ghronique de Samuel d'Ani, tres-semblable du reste a celle d'Eusebe, dont elle n'etait qu'une imitation. 11 a re- connu , quoique abrege, dans le teste grec original, un autre ouvrage du meme Eusebe, les Questions evangeliques , dont on regrettait surtout la perte. Ge manuscrit in^", de 60 pages environ , est du dixieme siecle. Un autre manuscrit du Vatican contient les Questions et'angeliq ues d'Eusebe. en syriaqiic.—M. Mai a decouvcrt encore un Riammaincn latin inedil , qui cite un grand nombre d'auteurs A52 EUROPi:. perdiis : un rlivtcur latin , qui liii parait inconnii ; une collection grecque , qui contient plusieurs fragmens d'ouvrages perdus dc PLulon ; dcs Merits de pei'ea grecs et latins, anterieurs ni6me Ji saint JerOme; deux paliupsestcs, I'un qui contient des niorceaux de juris- prudence romaine , ct I'autrc les Verrines de Ciccron , dont Tecri- ture est du troisieme siecle , etc., etc. Poursuivant sans relSche ses utiles recheiches , M. Mai; a trouve recemment, parmi les ma- nuscrits du Vatican, de nouveaux livres sybillins in6dits qu'il promet de publier (voy. le Diario romanv, ct Ic Giornale arradico ). — TuKiN. — Ciciron. — L'abbc Peyron a trouv6 quelques fragmens de Ciceron dans un palinpsesle qui appartenait au monastere dc Saint-Golomban de Bobbie, et a demontre dans un menioire, Ju, le 1 7 decern bre iSao, i Tacadcmie royale de Turin , que la ha- rangue de Ciciron pro Milone est d^fectueuse dans deux passages. II a rempli la plus grande lacune , au moyen d'un palinpseste de la bibliotheque de Turin , et il a restaure I'autrc, en repla(;ant dans les endroits convcnaWes divers passages de cettc harangue, cit^s par d'anciens ^crivains. L'abbc Peyron promef tfe la pnblier bient6t telle qu'il vient de la corriger. Bebcamk. — RovBTtA — Edition du Z)ara^f. — Malgre le grand iiombre d'6ditions qu'on a faites en Italic , de la divina commedia du Dante , on vient d'en annoncer une nouvelle plus curieuse que les precedentes. M. Luigi Fart toni I'a entreprise dans le petit village de Kovetta oii il habite, aupres de Bergame. II a transporte expr6s chez lui une imprimerie. II pretend p6ss6der la copie qu'en fit Boccace , et qu'il envoya en don 4 Petrarque , et sur laquelle cclui-ci fit quelques corrections de sa main. L'ouvrage n'excedera pas un volume in-S", d'cnviron 700 pages, avec les portraits de ces trois t^crivains clas- siques. L'6diteur promet aussi d'en donner desexemplaires, executes .sur papier et encre dc differentes couleurs. Milan. — Theatre.— Les Vepres siciliennes, de M. Casimir Dela- vigne , ont et6 traduites en italien , ct font p3rtie du tome premier d'unc nuuva Jiaccolta tealrale qui s'imprime a Milan. Naplbs. — Salvadore Fabbrichesi , entrepreneur et directeur du theatre des Fiorentini, a Naples, a propose un prix de 200 ducats ( environ mille francs ) pour la meilleure- tragedie ou comedie qui sera envoyee cettc annee au concours pour fitre jouee sur son thefttre. Une commission de sept membres jugera Ips pieres avec la plii5 liUROPJi. A5S grande rigueiir. Mallieurcusenient , le style de rannonce de M. Fal)- brichesi est d'lin mauvais presage pour I'execution de ce projet. Turin. — On aordonn^ d'etablir dans cette villeune troupe perma- nente decomediens et une direction generale formee des hommes les plus instruitsduPiemont, et qui sera charg6ede reformer le theatre, Padoue. — Necrologie. — Antonio Colalto, ancien professeur d'in- troduction aux mathematiques transcendantes dans I'universite de Padoue, est mort dans le mois de mars 1820. II s'6tait fait esti- mer par ses principes, par son caractere et par ses connaissances. On a de lui plusieurs ouvrages. Gelui qui a pour titre Vldentita del calcolo differenziale con quello delle serie , ovvero il melodo degli injinilamenle piccoli di Leibnizio , fut public a Milan , en 1802 ; sa Qeometria analitica a due e tre coordinate a ete reimprimee , en 1809, k Padoue. On trouve plusieurs de ses memoires inseres dans les actes de diverses academies. II s'occupait de faire imprimer un ouvrage sur les instrumens de mathematiqites , lorsque la mort I'a enlev6. II est i esperer que I'on consolera le public de sa perte par la publication de son onvrage qu'on croit acheve. — Dans la meme annee , I'ltalie a perdu aussi Angelo AnelLi de Desenzano, dans le departement de Brescia. 11 avait exerce la pro- fession d'avocat; mais sa vocation pour la poesie lui fit abandonner le barreau. Doue de beaucoup dt vivacite d'esprit, il se fit remar- quer surtout dans le genre comique et satirique. On a de lui plu- sieurs de ces pieces dramatiques qu'on appelle en Italie Opere huffe, Elles montrent que I'auteur avait plus de facilite que de goilt. Quoi qu'il en soil , ses autres productions dramatiques se font distinguer parmi la foule de celles qui ordinairement font peu d'honneur aux theatres d'ltalie , dont le talent philarmonique des compositeurs de musique italiens fait oublier la platitude et I'absurdite. Anelli s'est fait encore plus remarquer parses Cronache di Pindo (Chroniques du Parnasse ). C'est en quelque sorte une imitation de Ragguagli di Parnaso par Boccalini (Rapports du Parnasse). Ceux-ci sont ecrits en prose, et les chroniques d' Anelli en otlafa rima. Leurbut est de passer en revue les ecrivains dont les principes et les exemples meritent la censure du poete. Son style sent tantdt celui de Martial et tantdt celui de Juvenal. Anelli a ete professeur d'eloquence dans le lycee de Brescia, ensuite ^ Milan, et enfin de procedure a Pavie. Salfi. A5A EUROPE. PAYS-BAS. Utrecht. — Pliysique. — On a publit, I'anntie deinitre, dans cctle ville, Ic mt'iHoiie de M. Kriest, proi'esseur do mathematiqucs ii CJotha, qui a rempoite le prix propose par la soci6t6 des sciences ct des arts de la province d'Ulrecht, sur cette question : Quelles sont les causes immediales des tremblemens de terre? Doil-on les altrlbuer a I'ilectriciti ou au [^alfanisme ? Doil-on regarder comme causes secondaires les phinomenes que ran remarque souvent dans les tremblemens de terre? Amsterdam. — La troisieme classe de Vinstitut royal propose le sujet suivant : o Qnels etaient les droits , l'autorit6 et la dignitc des ju- risconsultcs romains, depuis le terns d'Auguste jusqu'i la mort de Jnstinien? et quelle etait leur influence sur radministration pu- blique, les droits prives et I'administration de la justice?" FRANCE. GiBONDE. — Bordeaux. — Pont sur la Garonne.— L'achevemcnt du pont de Bordeaux par unc compagnie est la premiere transac- tion soumise aux chanibres, qui ait eu pour objet I'erection d'un monument d'utilitc publique. C'est un des r6sultats des plus remar- quables de cet esprit d' association , dont I'influence sera aussi avan- tageuse pour la France, que celle de Vesprit de corporation pourraSt lui elre funeste, s'il avait jamais lieu de s'y rctablir. On ne peut nier que les actionnaires du pont de Bordeaux n'aienl fait prcuve de devouement, en confiant des interets positifs au succes d'un ouvrage dont la possibilite avait de tout tems paru problematique aux ingenieurs les plus exp6riment6s. Ces reflexions nous sont sug- gerees par une lettre tresintiressante publiie dans le Moniteur du 7 mars dernier par M. Billaudel, jeune ingfenieur des ponts- et-chaussees, aussi distingue par son patriotisme que par ses talens. Voici un extrait de celte lettre : <■ Attache par les liens du devoir et de la reconnaissance a M. Deschamps, qui a projete et dirige ces travaux, personne n'a ete, depuis 1S145 plus Ji portee que moi d'etudier les moyens aussi simples qu'ing6nieux qui ont triomphe de difficultes sans exemplesj mais les eloges seraient suspects dans ma bouche. Je me serais mSme abstenu de prendre la plume, si un sentiment d'honncur national ne I'eftt cmporte en moi sur toule autre consideration. EUROrE. A55 iiQuand je rois en r-ffet dans les n<" 38 (p. 556) et 83 (p. 58) du Quarterly Refiew , raffectation avec laquelle nos voisins oppo- sent tour ^ tour aux Etats-Unis et i la France leur pont de Wa- terloo, je suis tente de demander si , dans les monumens du genie, nous sommes restes sans gloire, si le canal du due de Bridge-water et le canal Caledonien ont pr6ced6 les canaux de Briare , d'Or- l<-ans et du Languedoc ; si les ingenieurs , qui ont eleve les ponts d'Orleans, de Saumur, de Tours, de Neuilly et de Louis XVI , ont quelqne chose i envier aux ingenieurs qui fonderent les ponts de Westminster, de Blackfriards, de Kiou et de Hennelay sur la Tamise. « Sans pretendre etablir entre le pont de Waterloo et celui de Bordeaux un parallele dont le public pent seul etre juge , j'ai pens6 que le simple rapprochement des principales dimensions de ces edi- fices ne serait pas sans interet. Po^T DE Waterloo. Pont de BoROEAnx. 9 >7 486 68 Nomhre d'arches Longueur totaledu pont entre les culees(ou metres ) Vide total des arches, non compris I'epais- seur des piles , id Sag » Ouverture d'une arche , id oG » Epaisseur d'une pile , id 6 oq Profondeur de I'eau sous les arches i maree basse 3 o5 Hauteur a laquelle s'elevent les mareesordi- naires 3 65 Hauteur a laquelle s'elfevent les mariies extra- ordinaires de vive eau 4 87 Profondeur totale de la rivi6rc dans les ma- rees extraordinaires ~ 92 Largeur du pont entre les parapets 12 80 Chaque trottoir a 2 i5 La chaussee a 8 54 Hauteur du parapet 1 52 La depense s'eleve a 24 millions de francs. o J'ajoute que le pont de Waterloo a ete construit en granit, et que la brique concourt avec la pierre a la construction du pont dc Bordeaux ; ce sera aux hommes de I'art , eclair^s et impartiaux , a decider de quel c6te les convenances, I'utilite , la solidite, la cele- rity , I'economie et la beaute architecturale ont ete plus exacte- ment observees. 4.q 52 26 4q 4 21 7 5o 5 • 6 20 10 70 4 86 2 5o '9 86 1 4o 7 millions de francs. A5() EUROPE. "Les Fran(^ais n'out pas lieiitu ^ rendre justice a I'liabilcio de- ployee par M. Rennie dans son plus bel ouvragc ; mais qu'il leur soit permis de croire qu'ils ne sont point encore dechus du raiigoii les ont places dans la civilisation europeenne les merveilles du siecle de Louis XIV. « La description des procedes suivis pour 6tablir les piles du pent de Bordeaux, au milieu d'une riviere dont le lit prolbnd est dc nature vaseuse , ofTrira plus d'un sujet de meditations aux inge- nieurs. La maniere d'armer, de battre et receper les pieux , de ma^onnersous I'eau, de sceller les pierres, de lever les cintres , etc., a donne lieu a des applications heureuses , a des perfectionnemens nombreux. C'est la premiei'e fois en PVance qu'on aura fait servir la clocbe a plonger «i la construction des ponts. II n'y avait qu'une observation attentive qui pflt apprendre i trouver dans les depots vaseux de la riviere un moyen de conservation des bases d'un edifice aussi etendu ; ce meme limon, employe i la fabrication de la brique, a ajoute ^ I'economie de la depense et a la celerite des travaux. Eafiu, ce qui parail captiver tous les suffrages, c'est I'etablisse- ment de galeries pratiquees sous la chaussee, afia de soulager les points d'appui , et d'empecher en lout tems rinfiltration des eaux de pluie dans le corps des voutes. a Au moment oil j'ecris ( 20 fevrier 1821), neuf arches du pont de Boi-deaux sont I'ermees, et les dispositions sont faites pour que la clef de la derniere voiite soit pos6e avant la iin du mois d'aoftt pro- chain; le passage sera livre au public, le i"" Janvier 1822, aux termes de la loi du 10 avril 1818. Ainsi, en moins de quatre annees, sept piles et deux culees auront 6te fondees, dix-sept cintres leves et autant d'arches construites. Un pont provisoire , en bois , ttabli dans toute la longueur de la rivifere , et une digue jetee au milieu des cou- rans les plus rapides, sur six a quatorze metres de hauteur e t cinq mille metres de longueur. Gette celerite d'ex^cutionest d'autant plus re- marquable que Ton n'avait d'abord eu en vue que des arches en fer, et qne la decision de M. le directeur general, qui adopte les voutes en pierres, ne date que du 17 mars iSig, et a prudemment impose I'obligation de soumettre lesseize piles a I'epreuve d'unchar- gcment de trois a quatre millions de kilogrammes. » II n'est pas indifferent de remarquer que ks actions de la conipagnic sont cotees k pres de trente pour cent au-dcssus de la EUROPE. A57 ttiise de fonds; que cette haiisse a et6 graduelle , et qu'elle a suivi ks progres des travaux qui occupenl trois ix quatie mille bras dans le dc'partement de la Gironde et dans les d6parteniens voisins. » A. M— T. MosELLK. — Instruction publique.~hc]o\ixns\ de la Moselle donne, d'apres le recensement de 1S20, un tableau numerique des enfans qui participent aux bienfaits de Tinstruction. 11 en resulte que le nombre des enfans en Sge de frequenter les ecoles est, pour le departement, 27,607 gardens et iIi,5olh filles. Sur ce nombre 33,916 gargons et ai,o43 filles fr^quentent les ecoles : il n'existe done, dans le departement, que 3,591 gargons et 3,55o filles qui soient susceptibles d'etre admis dans les ecoles, et qui ne les fre- quentent pas, c'est-i-dire un sur sept environ. Peu de departemens peuvent, sans doute, oflVir un tableau aussi avantageux de I'etat de I'instruction ( voyez ci-dessus , pag. 254 )• Seinb-Inf^biedre. — RoDEN. — Caisse d'epargnes et de prei^qyance. — Cette institution bienfaisante a pris, dans le departement de la Seine-Inferieure, en six mois, un developpement qui en assure la dur^e et en constate suffisamment I'utilite ; dans ce court espace de terns, la recette s'cst elevtie a pres de 100,000 francs. Gomparee avec celle de la caisse d'cpargnes dc Paris dans les huit premiers mois de sa fondatioa , laquelle avail produit 435,770 fr. , on trou- vera que, proportionnellement a la population respective des deux villcs , Paris et Rouen , les commencemens de cette derniere caisse ont (ite encore plus favorables. Le but bonorable qu'elle se propose d'atteindre sera completement rempli lorsque les nombreux ouvriers de nos fabriques viendront prendre part aux avantages de cet eta- blissement, si ingenieusement et si clairement developp6s dans une petite brochure de M. Lemontey, intitulee : Des bans effels dela caisse d'epargnes el de prei>qyance, ou les trois visites de M. Bruno , que MM. les chefs dc manufactures et d'ateliers doivent s'empresser de mettre sous les yeux de cette classe de lecteurs pour laqnclle elle a ete faite. M. Reizet, receveur general du departement, president du conseil des directeurs de la caisse , a rendu un compte detaille des operations de la caisse, a I'assemblee gen^rale des fondateurs formee A Rouen, au commencement de cette annee (Brochure in-8", Rouen, 1821. P. Periaux ). ToiiE X. 30 A5R EUROPE. SOCIETES 8AVANTES ET D'criLITE PUBLIQtE. GsBiS, —Lessocietes d'agriculture de ce departement sont en pleinc activity. Cre6es en vertu des insiructions du ministfere de Tint^rieur, elles ont eu d^ja une influence sensible sur I'esprit des hommes qui e'occupent de la culture et de I'amelioration des races de bestianx. — I] est distribu6 des prix dans les divers arrondissemens communaux du departement, et nous allons donner la liste de ceux qui ont ete proposes pour 1821. La socieU d'Auch decernera cinq prix dans le mois de eeptembre prochain ; savoir: i" un prix de 5oo fr. au proprietaire du plus beau taureau, Sge de trois ans et au-dessus ; a" un prix de 200 fr. au pro- prietaire de la plus belle paire de vaches, Sgees de quatre i sept ans ; 3"" un prix de 100 fr. au proprietaire de deux vacbes , qui m6ri- teront les suffrages apres la premiere paire; 4° un prix de 200 fr. au proprietaire de la plus belle paire de boeufs ag6s de quatre a sept «ns ; 5° un prix de 100 fr. au proprietaire des deux boeufs qui miri- teront les suffrages apres la premiere paire. La socieie de Condom a di» decerner, dans le niois dernier, deux prix; savoir: 1° une m6daille d'argent au proprietaire qui aurait presents I'etable 4 boeufs la mieux construite , sous les rapports de I'organisation interieure ; 2° un prix de la valeur de 3o fr. au me- tayer qui aurait donne les meilleurs soins aux bestiaux. La societe de Lectoure a du decerner, \6 i5 avril dernier, une medaille de la valeur de 100 a i5o fr. : i" au proprietaire de I'arron- dissement , qui aurait pr6sente le plus beau taureau Age de quinze k trente mois, i la charge par lui de le garder au moins pendant un an pour servir a la reproduction ; 2° au proprietaire qui aurait entretenu le mieux et avec le plus de succes, pendant I'annee 1820, une prairie naturelle ou artificielle ; 3° au proprietaire du plus beau poulain ne dans I'arrondissement.—Ce dernier prix a et6 propose particulifere- ment par M. de Lastic , sous-prefet , qui en fcra les frais d'aprts I'as- sentiment dc la societe. Ihstitdt. — Academie des sciences. — Avbil. — Seance publique du 1 avril [t'Ojy. ci-dessus , pag. 24o). — Siance ordinaire du 9. — MM. Girard, Fourier et Maurice sont nommes membres de la com- mission qui doit adjuger les prix am eleves des ponts et chauss^as- EUROPE 459 — M. Desmaisons annonce une d^couverte interessante sur la culture de la vigne ; la lettre est renvoy6e k MM. Bosc et Thouin.— M6moire sur la marche de la terre , de la lune et des autres planetes , par M. Martine (M. Cauchy, commissaire). M. Delambre donne I'extrait des memoires et des autres ecrits inedits de Galilee , 2' partie , par M. Venturi. — Au nom d'une commission , M. Fourier fait un rapport sur un projet de tontine de compensation , par MM. Pallard et Audeond. Voici les conclusions du rapport, signe par MM. Poisson, liacroix et Fourier : a En general , I'etablissement des tontines ne pr6sente point de motifs d'utilite publique, et ne nous parait meriter k aucun titre I'autorisation du gouvernement. Si cette autorisation ne pouvait pas etre refusee , sauf a restreindre ces speculations par la seule concurrence des etablissemens analogues, et sitoutela question, qui nous est proposee , se reduit i regler equitablement les interets respectifs des actionnaires , nous dirons qu'on atteindra ce but , soit en reunissant dans une mfime classe toutes les personnes du mSme age , sans fetablir aucune relation entre les differentes classes, soit en determinant les interets et les mises, en sorte que chaque mise cor- respondante i un 4ge donne represente la valeur moyenne des sommes eventuelles , que tous les actionnaires de cet Sge peuvent recevoir. En s'ecartant de ce dernier principe , on serait expose aux plus graves inconveniens , et notamment on pourrait donner lieu it des speculations, qui consisteraient 4 acquerir toutes les actions d'un certain ordre, pour s'assurer un gain enorme au detriment des autres societaires. Dans Tinteretdes particuliers qui usent du droit d'aliener leur fonds , le placement en tontine est en general le moins avan- tageux de tous ; le contrat de rentes viageres , constitutes sur une ou plusieurs tetes , est k la fois plus simple et plus favorable. 11 en est de mfime de plusieurs autres placemens, dont la forme peut etre variee, et qui procurent un revenu viager fixe ou croissant avec I'age. « En ce qui concerne les deux projets qui ont ete I'objet special de notre examen: le premier, qui porte le titre de Tonline frangaise, est inadmissible sous tous les rapports , parce que les interfits res- pectifs des actionnaires ne sont point regies equitablement. Dans le second pro jet, presente sous le titre de Tontine de compensation , le calcul des annuites viagferes est exact; mais la difference d'4ge des actionnaires quicomposent une meme classe est une cause d'inegalite dans la distribution des interSts; et,i cet egard, ce projet ne satis- 30* A(J0 EUllOPK. iait pas ciitierenieiit aiix conditions prescriles par I'avis du comiti; de l'jnt6iieur du conseil d'etat. Lo resultat Evident d'une telle asso- ciation est de porter una multitude de personnes k diminuer leui revenu, pour acquerir des heritages qu'il est tres-vraisemblable qu'elles iie possederont jamais. — Les indemnites, reclam^es pour frais de gestion , sont enormes et certainement disproportionnees aux services rendus aux actionnaires. L'execution de cette entreprise donnerait lieu i des contestations inevitables et nombreuses; euTin, I'acadimie ne pent que refuser son approbation k un 6tablissement irr^gulier, contraire aux vues du gouvernement, et meme aux in- tentions des auteurs du projet. » — MM. Arago et GayLussac sont nommes cooimissaires pourl'examen d'une machine deposee a I'ob- servatoire par M. Gambry. — M. Latreille lit un rapport sur un me- moire de M. Audoin , rii]aitit a rorganisalion sexuelle des insectes , fruit des recherches qu'il a faites avec feu M. Zachat, docteur en me- decine. Ce rapport, qui est en general tres-favorable a M. Audoin , se termine ainsi : " Vos commissaires , MM. Bosc et Latreille , recon- naissent que M. Audoin vous a donne, par ce nouveau travail , un nouveau temoignage de son talent dans I'art d'observer , d'un bon esprit dans I'exposition des faits et des vues gen6rales ; qu'il merite de recevoir de I'academie de nouveaux eloges, et d'etre invite a poursuivre des recherches, dont celles-ci ne sont, il est vrai, qu'un essai preparatoire , mais d'un heureux augure. » — Du iG. — M. le baron Dupin adresse, pour les prix de stalistiqiie, des m^moires sur la statislique du departement des Deux-Sevres ; ils soQt renvoy^s k la commission chargee de cet objet. — M. Dumeri), en son nom et en celui de M. Pinel , lit un rapport sur un memoire de M. le docteur Larch, ayant pour titre : Traiti sur les maladies ca- tarrhales. o Vos commissaires, dit M. le rapporteur, ne peuvent rien prejuger sur I'utilite dont pourront fitre les recherches de M. Larch ; I'extrait qu'il en a communique a I'academie, ne contenant que des aper<;us ou des g^neralites sur les phlegmasies des membranes mu. queuses, et quelques idees hypothetiques sur \a faiblesse consid6r6e comme cause pr6disposante des maladies. Voici une courte analyse de ces id6es : Les organes de I'homme, compares a ceux des autres Ctres, sont dans un etat defaiblesse relative; ce qui est dii k son genrede vie morale ; mais de plus, I'espfece humaine est dans un etat Ae Jiiiblesse absolue , que M. Larch fait d^pendre : 1° de la predo- EUROPE. Afil minance que le moral a acquise au detiiment do physique; i" de I'abus des choses que la civilisation a fait conuaitre; 3° du change- ment survenu dans I'atniosphere depuis un demi-siecle. » Le rap- porteur termine ainsi: o Si , comme M. Larch parait ravoir fait, il joint a ses propres observations un heureux choix de celles qui ont ete recueillies par des auteurs tres-recommandables, nous dc doutons pas que son ouvrage ne repande un nouveau jour sur cet ordre de phlegmasies, qui comprend une serie de maladies trfes-importantes en eJles-memes et par les suites fdcheuses qu'elles produisent. » L'a- cademie approuve le rapport ct adopte les conclusions. — M. Geoffroy Saint-Hilaire lit des considerations, d'oii sont diduites des regies pour I'observation des monstres et pour leur classification ; — M. Moreau de Jonnes , une note sur le cholera morbus de I'Inde. — Du 20 — On lit un extrait du testament de M. de Montyon, re- latif i ses fondations de prix pour I'academie (fo/. ci-apres , article ISIecrolo^ie). On arrete qu'il sera ecrit au ministre de I'interieur, 'jt Teflet d'obtenir Pautorisation necessaire pour accepter la somme de 20,ooo francs, ainsi leguee ^ I'academie. — M. Biot donne des «iclair' cissemens sur un nouveau procede pour preparer I'acier, de manierc a multiplier a volonte les planches et ks gravures. 11 prfesente des planches executees de cette maniere [foy. T. V, pag. 5-1}. — Au nom d'une commission , M. Arago lit un rapport sur le foyage de M. de Freycinel autour du monde; i'academie approuve le rapport et les conclusions , avec une addition qui rappellera le voyage de M. Delalandc ( f — Academie frangaise. — nomination. — L'academie a nomme, dans sa seance du 26 avrU dernier, a la place que la mort de M. de Fontanes a laissee vacante. Le nombre des acad^miciens reunis etait de trente-deux, Les voix ont et6 reparties de la maniere suivante : M. Villemain, 18; M. Davrigny, 12; M. de Wailly, 2. En conse- quence, M. Villemain a et6 proclame membre de l'academie, sauf la sanctioi^ royale. — Seance extraordinaire du mardi 8 mai. — M. Auger lit une notice sur Etienne Pasquier; M. Michaud, des Considerations sur les croi- sades ; M. de Ch6zy , de l'academie des inscriptions et belles-lettres , la traduction d'un poeme elegiaque samskrit , appele Ghata-Karpa- (i) D'aprfes les observations faites par ces voyageurs, la vitesse du courant equatorial varie de cinq a dix huit milles par vingt-quatra heures. U6A EUROPE. ran, et deux pieces traduites Tunc de I'anthologie arabe, et dc Jnchas , ou modfcles d'eloquence persanne. College de France. — Nomination. — M. Naudet, membrc de I'a- cademic des inscriptions ct belles-lettres, et professeur de rheto- rique ail college royal de Henri IV, a ete nomme i la chaire de poesie latine , vacante par la revocation de M. Tissot. Chimie. — Corail rouge, — On a reruarque que les parures en corail le plus rouge , le plus dur et Ic mieux poll devenaient souvent blan- cliSlres et poreuses exterieurement, apres avoir ete portees, surtout au bal ou dans des endroits tros-chauds. Les ouvriers attribuaient a differentes causes cette singulitire alteration. INJ. G. G. Virey a de- montr^, dans le Journal de pharmacie du mois d'avrll , que la trans- piration contient uu acide libre (acetiqueoulactique), qui sufflt pour blanckir le corail , forme , comme on le sait , de carbonate de chaux colore par un pen d.'o.\ide defer. M. Virey pense que , pour prevenir cette alteration , il suffirait d'enduire Ic corail d'un corps gras qui le garantlrait de I'action immediate de I'humeur transpiratoire. Gj'innastique. — Nous avons annoncc (T. VIII, pag. 4'56) la creation d'un Gymnase civil et mi lilai re normal ^dont la direction a ete confiee i M. Amoros. Nous aimonsi faire connaitre a noslecteurs les succts obtenus par la methode de cet habile et infatigablc professeur. M. Amoros s'est propose , dans plusieurs seances d'exer- cices publics, auxquclles ont assistii un grand nombre dc spec- tateurs, de faire voir la possibilite d'exercer en meme tcms des eleves de force et d'adresse differentes , ce qn'il a execute en for- mant cinq classes , dont les membres ont pratique chacun des evo- lutions analogues i son arme ou k sa destination particuli6re, sans se coafondre, nj saos se nuire, et sans que Ton pfit presque dis- tipguer les anciens eleves des nouveaux , tant ils faisaient bien les differens cxercices auxqucls on les appliquait. Quelques personnes ayant demands s'il n'arrivait pas quelquefois des accidcns dans ces sortes de lutle : « Jamais, rtpondit M. Amoros, parce que la meilleure maniere de preparer les hommes contre les accidens , c'est de leur apprendre a les vaincre , c'est de leur enseigner a ne point depasser leurs forces , a les bien juger dans les circonstances oii ils sc trouvent, et k devenir par consequent sages en memo terns que forls. » Ainsi la methode de INI. Amoros n'a passeulemcnt poiirresul- tat de procurer des avantages physiques, clle est encore d'un grand EUROPE. ii.65 cecours pour exciter I'intelligence et pour fortifier le caraclere moral. La distribution des prix s'est faite en presence d'un concours ttes- nombreux de peisonnes distinguees, de toutes les classes de la societe, et dent rinteret qu'elles avaient apporte a ces exercices s'etait converti en un veritable enthousiasme. Au bruit de leurs applaudissemens unanimes , on a couronnc tour a tour la force , I'adresse , I'agilite , Ic courage et la Constance. Mais , de tous les prix fondes par M. Amoros, le plus important est le prix d'honneur ou le prix de vertu, accorde a quelque action bienfaisante , faite par des moyens gymnastiques. Un soldat du 4" regiment, Cambiez, a remporte ce prix , parce qu'il avail secouru un malheureux prive de connaissanoe , I'avait port6 long-tems sur ses epaules et I'avait soigne jusqu'i son parfait i^tablissement. Un autre ^eve , aussi du4° regiment, nomme Bouuier, a re?u une couronne, parce qu'il avait sauve deux personnes dans un incendie. C'est ainsi qu'on fait germer dans le coeur de I'homme les vertus les plus precieuses, et.M. Amoros re(;'oit, par le sentiment intime des services qu'il rend et par I'estime et la reconnaissance de ses eleves , une recom- pense bien douce des soins qu'il prend pour les former. Canal Saint-Denis. — Fete d'ouverture. — C'est une fete vrai- ment nationale que celle qui a pour but de celebrer I'inaugiu-ation d'un monument d'utilite publique. A cetitre, la f6te du canal Saint-Denis rentrait dans Ic domainc de la Re^'ue , et nous devons dire qu'il est difiScile d'imaginer un plus beau spectacle que celui dont plus de deux cent mille personnes out joui, le i3 mai der- nier, au bassin de la Villette. Les deux rives du canal, dans un espace de deux lieues, bordees d'nne foule immense; le bassin- de la ville encadre par des loges et des a^mphitheStres dt-cores avec goOt , dans lesquels se trouvaient reunies les femmes ks plus elcgaates; plusieurs grands bateaux pavoises dfe pavilions et dte flammes de tout?s les couleurs, de tous les pays; des milliers de barques qui sillonnaient le canal dans tous les sens ; un orchestra mo- bile qui remplissait Pair de chants harmonieux ; des jeux nautiques qui s'executaient ea attendant I'heure du depart. Cette reunion d'objcts nouveaux pour la plupart des spectateurs, donnait a cette f^te un caractere particulier qui n'cn faisait pas le moindre charme. Tout ce qu'un luxe de bon gofit reunit d'attentioiis delicates dans une fete particuliere , avait etc prodigue dans celte assembliie de A66 EUROPE. plus dc quatre mille personnes invitees par billets. Dans cbaque bateau, un buffet dress6 , dont plusieurs commissaires faisaient le» honneurs , offrait tous les genres de rafraichissemens et d'anti-spas- Hiodiques. Chaque dame, en prenant place sur son bateau, rece- vait un bouquet de fleurs, et une medaille oil se trouvait figur6e la nymphe de I'Ourq, avec cette legende: Librala ditat et omat. A deux heures , des salves d'artillerie ont annonce I'arrivee dea princes , et ont donnt le signal des jeux nautiques. A trois beures, le cortege, A la tfite duquel se trouvait le conseil municipal, s'est mis en marche et s'est dirig6 par le canal de I'Ourq , a la gare de prise d'eau du canal Saint-Denis. L'ouverlure de la premiere 6cluse I'ut prec^dee d'une cerdmonie religieuse pour la benediction du canal. Un bateau charge de pierres franchit le premier les deux ^cluses ac- col^es ; les barques du cortege le suivirent et descendirent & la pre- miere gare, pres du pont de la route de Flandres. Un grand bateau, arriv6 du Havre par la Seine et charge de marchandises, franchit les 3e et 4' 6cluses, en passant avec le cortege sous le pont de Flandres. Dans le cinquifeme bief , un bateau de Rouen franchit la 5« ecluse , et le pont mobile de la 6« ecluse se leva pour I'entrte d'un bateau de Soissons arriv6 par la riviere de I'Aisne. A la 7"= ecluse, ua bateau de Compiegne , charg6 d'approvisionnemens pour Paris , s'61eva pour arriver au 6" bief; a la 8« ecluse, un bateau de charbon de terre de la Belgique ; un bateau de vin du Midi passa ensuite les deux 6cluses accol6es 9^ et io«, et un bateau du Nord monta d* la Seine dans les 11' et i2« Aclases. Des salves d'artillerie annon- cferent le passage de chaque 6cluse. A la gare de Saint-Denis, les autorit^s de cette ville vinrent recevoir le cortege ; deux orcbestres et des jeux ^taient disposes le long de la gare , entre les deux ponts du canal. Le soir, toute cette partiedu lerain etait illumin^e en lampions de couleur. A neuf heures , un feu d'artifice fut tir6 sur le grand bassin. Legislation. — Remedes secrets. — La connaissance des differens rem^des secrets s'est souvent repandue par la voie des joumaux , et cet abus , diji assez ancien , etait mis i profit par le charlata- nbme. L'administration , apres s'etre concertee avec le ministfere public, a reconnu qu'il importait d'dter cette ressource aux charla- tans; et,comme il s'agissait d'un retour i la rfegle long-tenis me- connue , elle a fait d6fendre aux journalistes d'inseier dans leurs EUROPE. A67 feuilles de semblables annonces, dont la publlcite constitue de leur part un delit pr6vu par I'article 36 de la loi du 21 germinal an XI, et puni des peines correctionnelles d^terminees par la loi du 29 plu- viose an i3. Corporations. — Le conseil general des manufactures 3i AeMhkTCf dans sa stance du 24 avril dernier, sur le r^tablissement des corpora- tions demande de nouveau par quelques individus des corps mar- chands et des communaut6s d'arts et metiers. Le conseil, qui s'est d6j4 prononc6, k differentes epoques, centre cette demande, adopte k I'unanimite I'opinion manifestfee recemment a cet egard par la chambre de commerce de Paris; il pense que le retour des corpora- tions serail une veritable calamite pour I'industrie nationale , et lui ferait perdre les immenses avantages qu'elle a obtenus , depuis qu'elle est delivree de ses entraves. Le conseil est persuade que les lois et les reglemens actuels sur la police des manufactures et ateliers suffiront , lorsqu'ils seront rigou- reusement executes, pour reprimerou prevenir les abus qui pour- raient s'introduire dans I'exercice des professions commerciales et industrielles. 11 est aussi convaincu que le pretexte du bien public, dont se couvre la demande , ne cache que le desir de creer un mo- nopole odieux, profitable seulement k quelques individus, au detri- ment des classes laborieuses de la society, et il croit, d'aprfes le temoignage irrecusable des faits , que nos progrfes dans tous les genres de fabrication depuis trente ans , prouvent plus centre le retour des jurar.des et maitrises , que les illusions de I'interfit , de la paresse ou de la vanite. Publications nouvelles prochaines. — Poesie. — M. Saint-L6ger va publier une nouvelle edition de la Henriade prec6dee d'une d6dicace au due de JBordeaux, et suivie de notes et d'anec- dotes peu connues sur Henri IV; par M. Eugene de Pradel. Elle seratirie k cinquante mille exemplaires; 1 fr. chacun. On souscrit chez I'editeur, rue de Clery, n" Sg, et chez Delaunay, au Palais- Royal. Th^atbes. — Le 3o avril dernier, jour des representations gratuites, il a 6te donne, sur les differens theatres de Paris, diz pieces nouvelles, a I'occasion du bapteme du due de Bordeaux. — Second iHiAifls feahcais. — Le present du Prince, ou I'autre A68 EUROPE. Fille d'hoTmeur, coniedie cii trois actcs et en prose, par MM. de Coniberousse et Daubigny. — Irina iiabite le chiteau de trois barons, ses oncles , qui sent devenus frondeurs , depuis qu'ils ne peuvenl plus fitre courtisans. Un jeunc prince allemand apprend qu'Edgard , capitaine de ses gardes, est sur Ic point d'epouser la jeune orphe- line ; mais , se defiant beaucoup de la raison de son jeune ami , qu'il a deji garanti de plus d'un plege , il craint qu'il ne fasse une etour- derie en entrant dans une fauiille, connue par Ic mepris qu'elle afTecte pour la cour. Afin done d'eprouver la vertu d'Irma et la prti- tendue pliilosophie de ses oncles, le prince s'inlroduit dans le cha- teau , sous le noni et le costume d'un professeur de I'univcrsite , ecrivain de I'opposjtion et parent des gentilshommes : ce qui sup- pose, contre toute vraisemblance , que ceux-ci n'ont jamais vu ni le prince ni le professeur. Son deguisement I'oblige a supporter de bonne grftce la mauvaise humeur de son capitaine des gardes et les sarcasmes des barons disgraciis, et I'on va signer le contrat, lors- qu'une corbeille de fleurs, remise i Irma de la part du prince , boulererse toutes les tctes du chateau, celle de la jeunc fillc excep- tee , et met en jeu la jalousie d'Edgard et I'ambition des trois oncles. Ceux-ci, devenus aussi desireux de plaire au prince qu'ils s'^ta'ient montres d'abord dudaigneux de ses faveurs , veulent le servir, en chargeant Edgard de congedier I'ecrivain de I'opposition, et en don- nant a celui ci la meme commission pour le i'utur ^poux d'Irma , ce qui amene une scfene fort gaie entre ces deux personnages. Le sujet de la pi^ce nouvelle , conime celui de b«faucoup d'a\itrcs ouvrages connus , est emprunte a \' Orange de Malte , eomidie de Fabre d'Eglanline, qui n'a jamais etc ni jouee ni imprimce , mais dont le plan est blen connu des litterateurs. Loin de faire un reproche i MM. do Coniberousse et Daubigny d'avoir puise i cette source , nous derons dire qu'ils I'ont fait avec bohheur, et que les situations comiques et les mots spirituels, qui leui" appartiennent en propre , justiGent completement le succi-s qu'ils ont obtenu. NiCROLOGiE. — DcMonlj on. — Nous ajoutcrons ici quelques details sur cut honime respectable , dont nous avons annoncc la mort (T. IX, pag. 219). M. AuGET DE MoHTYON , conseillcr d'etat et chancelicr ho- norairc de Monsieur, a vecu quatrc vingt-sept ans, et sa vie a ete une suite dc bonnes actions. Celles qui sont connucs I'ont etc sans I EUROPE. A69 sa participalion et malgre les soins qu'il prenait pour les cacher. Oa peut, sans craindre de se tromper, lui en altribuer beaucoup d'autres. Faire I'^loge de ses actes de bienfaisance serait contrevenir aux intentions de M. de Montyon ; il faut se borner k dire avec sim- plicite ce qu'onn'aurait pu publier de son vivant sans Taniiger. Les prix annuals de vertu qu'il a fondes anciennenient sont consi- deiables. lis avaient etc supprimes pendant la revolution; il les a renouveles. Dans les dernieres annees de sa vie, il a fait divers dons aux bureaux de cbarite de plusieurs arrondissemens de Paris ; ces dons inontent i 35,ooo francs, qui ont ete employes en achats de rentes. Son testament , date du 12 novembre 1S19, contient les dispo- sitions suivantes : « 1° Une somme de 2,400 fr. ou 3,ooo fr. sera employee il faire , en marbre , le buste de madame Elisaheth de France, avec cette inscription : ^ la vertu. « 2° 10,000 ir. sei-ont mis a rente pour donner un prix a celui qui decouvrira le"](noyen de rendre quelque art mecanique moins malsain , au jugement de I'academie des sciences. « 3° 10,000 fr. seront mis a rente pour donner unprix annuel en faveur de celui qui aura trouve dans I'annte un moyen deperfectionnement de la science m^dicale ou de I'art chirurgical, au jugement dela meme academie. « 4° io,ooo fr. pour fonder un prix annuel en faveur d'un Fran^ais pauvre qui aura fait dans l'ann6e Paction la plus verlueuse. «5° 10,000 fr. en faveur du Fran^ais qui aura compost et fait paraitre le livre le plus utile aux moeurs. Des compagnies savantes et litteraires preparent I'cloge de cet homme vertueux. Nous devons nous borner i cette note sommaire sur le bien qu'il a fait ( Voy. ci-dessus la seance publique de I'aca- demie des sciences, prix jiroposis). — Scipion Perier. — Le 2 avril 1821 , I'un des plus honorables ban- quiers de France , M. Scipion Pirier, membre de la L^gion-d'Hon- neur, est mort it Paris. Nous ne saurions omettre dans nos Tablettes nicrologiquesle nam d'un bomme qui, par ses connaissances va- rices , Tetendue de son esprit, le noble emploi d'une grande fortune, sut impritner un rapide mouvement aux arts industriels, et nous eprouvons le besoin d'offrir i sa memoire un tribut d'estime et de regrets. u4ntoine Scipion Perier,ntik Grenoble le i4juin 1776, deM. Perier, I'un des fondateurs de la banque de France et membre de la com- pagnie des Indes , s'adonna de bonne heure 4 son goQt pour les sciences , dont I'utilite se fait surtout sentirdans leur application aus manufactures , au commerce , k I'agriculture et aux finances. Cette £tude explique en partie I'universalite de son aptitude aux affaires ; il futun des regensles plus eclairesde la banque de France , membre du conseil general des manufaclures et du commerce, depuis sa creation , I'un des fondateurs et des directeurs de la caisse d'epargnes et de preuqyance, ainsi que de la compagnie d^ assurances maritimes , membre honoraire du bureau consullatif au conservatoire des arts et mitiers, membre de la chambre de commerce i dilFerentes epoques et de plusieurs societ^s de bienfaisance et d'utilite publique , entre autres , de la sociele d' encouragement pour Vindustrie nationale, de la societe pour I' amelioration de I'enseignement elementaire et de la societe philantrcpique ; enfin , rcgisseur et I'un des principaux- pro- prietaires des mines d'Anzin, a la prosperite desquelles il a puissam- ment contribue. (C'est a lui qu'on est redevable en France de I'em- ploi des pompes i feu pour I'extraction ducbarbon de terre), 11 etait (1) II y a un mot qu'on n'a pu lire. EUROPE. A71 «ussi membre de la sociite d' iclairage par le gaz, dont il a ete le principal promoteur , dans I'intention de nationaliser une branche d'industrie exploitee exclusivement jusqu'alors par les Anglais; createur et proprietaire de deux raffineries de sucre , de trois fila- tures, d'une verrerie, d'une distillerie, I'une des plus belles qui existent ,• proprietaire de la fonderie de Chaillot , etablissement de la plus haute importance pour I'industrie nationalc , oil des travaux immenses s'ex6cutaient sous sa surveillance , et qui devait detruire promptement en France la concurrence de la fonderie anglaise. II serait difficile de nomnier ici toutes les entreprises , tous les etablis- semens utiles auxquels il a contribue. La sup^riorite de ses lumieres et sa severe probity lui attlraient souvent des occupations etrangeres k ses interets et qu'il ne savait pas refuser; car, en lui, rhomme d'affaires etait inseparable du bon citoyen et de rhomme de bien. 11 avait etabli , de concert avec son frere, M. Casimir Perier ( le meme qui se distingue maintenant 'd 1e i) ^'t'^raturefranccuseeteirajjirire^Bibnoi'-raphie Jrch^n hgc,etl.auxAris : MM. Alo^.v^,'A^-BR,EUK Vaury-K^I'" Lotrr.ciER de rinsuf .t;- A. MAm,i.;-H.KKiuc„s;_A«TAuIl' avE.NrEL;~.aARi!iER,cniiservateurdeshibii6lheaiiesduUoi—s'A GErv.LLE-M.cnEL BERRj-BRircuiiREs «E S0R.t;M -!: Oabh; BEGv.S.CO„RT;-Crr.,En;_CnA.X.OLL.OK-F,(Vl,AC;cWsp^ I ALiUEL -G«PPj_P„. GoLMRY, de Cojmar;- Cir vt>v:.;r,^FfeT- ^V iMLTRALj-Iv.coLo PouLOj-PouGENs, d<^ 'Insi. ; -Salf, . dc 1 Iast.;--nE Sta..,art; --T,,AKvV-T;,..si ; -VERB^r. .T^Wn'J^e,^^^'^^ .-cieaCo.ul des EuuX^ PARIS, AUlJDR£Air CENTRA!. DE 1.A BI^UE ENCYCtOpiDKitrE, R'ls dlinfer-Saint-Micliel , No 18, " ET CHEZ ArthU-S BeRTRAND, Ri,E HAUTEPEUILLE, N» a5. . LONDRES.— TREL-rrEi et Wurtz, et Dulah el C^ JUIN ,82.. COTVDITIONS DE LA SOUSCRlPTtON. l)epui» Ic mois de jauviei 1819, il paraU, par aniiee . dour.* cahierg de ce Recueil ; chaijiie cahier, publii; le 3o du moiii te compose d'environ dou/e feuilles d'impression. ' On souscrit, a i>aris, au Bureau central d'a.onnemenl ei e expedition indique sur le titre. Prix de la Souscriytion. A'Paris. 42 f'r. pom- on an, 24 fr. pi, moig. DaDslesde'partemens. 48. a8. Datts r^tr^nger 54. 33. L« difference cntre le prix d'abonnoment , a _ . rfans let dipariemens et dans Y^tranger, dcvant itre propc lonnelle *ux frais d'exp^dition par la poste, a servi de base a : fixaiion •'efinitive portee ci-dessus. t , Lemontantde la Souscription, envoye par la posie, ' &ite adresse d'avance^ et/ranc de port, ainsi que la corresf : ^ance, au Directeur de la Revue Encyclopidigue , rue d'EnJur-Saint- Michel, n° 18. C'est a la m£me adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tout genre et Ics gravures qu'on voudra faiic annoncer, ainsi que les articles dont ou de'sirera I'insertion. On pent aussi souscrire chez les directeurs des postes et chez les principaux libraires, a Paris, dans les de'partemenii et dans les pays e'trangers. Trois cahiers ou livraisous fbrneront un volume. Chaque to- Irnne sera termine par nne table des matiires alphabe'tique ct MitdjU({ue, qui Bclairoira etiaciliterci les recherches. AVIS ESSENTIEL. Xia Table sbs UAxiiass nu oistiiiE volume sera iointc a I'enTot du 3i* cahier {juillet 1821) qui comniencera le tome XI. — Ifous croyoos pouvoir faire remarqueri MM. les Souscripteurs de la Rbvoe ErcyclopSdiqcb , qu'au lieu de douze jeuilles d'im- pression par cahier et par mois , ou de trente-six par volume et par trimestre, qui sent dans les conditions de I'abonnement, il» auront re^u quarante-quatre feuilles , en comprenant la Table ides matieres , cu huit jeuilles d^ impression , avec una planche lithographiie , an-del4 des limites ordinaires de iios cahiers , ct en sus de ce que nos engagemens pris avec eux nous obiigeaient de leur fournir. lis verront, dans cette extension de notre plan, unc preuve de notre lele pour recueillir et leur presenter tout ce qui , dans I'histoire des sciences , des arte industriels , de L Utteratore ct des beaux arts , parajt le plus digne de fixer Icui attentioBi I REVUE ENCYGLOPEDIQUE, ou , ANALYSES ET ANNOINCES RAISONINEES Des productions les plus reviarquahles clans la Liitth'ature J les Sciences et les Arts, «/VV%VVVVVVVVVVVVlvVVVVV\%'V\%VVVVVVVVVVV%'Vt/V\VWWVV«WlA%WWW\Xt/WVWWVV'% I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. NOTICE Sur les voyages tie MM. Diard et Duvaucel, natura- listes frangais , dans les Indes orientales et dans les ties de la Sonde ; Extraite de leur corrcspondance , et lue a I'academle des sciences , le il^ mat dernier, par M. le baron George Cuvier , membre de I'Institut. M. Alfred Duvaucel, parli,aumoisde d^cembrc 1817, sur Ic navire la Seine, capitaine Houssard, arriva h Calcutta au mois de ruai 1818, et y trouva M. Diard, qui I'y avait pr6c6d6 de quelques mois. D(5siranl tous Tome x. 30* CaJder. — Juin 1821. 31 A7A NOTICE SUR UN VOYAGE (Iciix so livrcr sans distraction h r6ludc de I'histoiro nalurellc ct aux recherches qu'ils avaient projet6 de iairc pour Ic cabinet du roi , ils qnitlcrent Calcutta oii ils n'auraicnt pu vivrc dans la relraite , et allcrent s'6- tablir a Chandernagor, comptoir francais. Ils y trou- viirent une petite maison qu'ils Iransfornierent Licntot en museum , se r^servant seulement un cabinet pour roucher ; loules les autres pitjces de la maison recurent une destination particulitjrc , et devinrent des galerics pour les animaux empai!l6s , ou des logos pour les ani- niaux vivans. Les chasseurs qu'ils cmployaient, leur rapportaient cliaque jour un grand noinbre d'objets pour leur col- Ji'Ction; ils 6taient aussitot enipailles , d^crits , dessinds ct classes. Cetle collection s'augmentait encore de leur propre chasse et de cc qui Icur.^tait envoy6 par des rajahs dont ils avaient fait la connaissance; enfin , leur maison devint, en peu dc tems , une menagerie que Ton venait voir de Calcutta et des environs. Ccs messieurs cullivaicnt, en outre, dans leur jardin, les plantes du pays , afin d'en recueillir les graines, et ils avaient profite dun bassin enclos dans leur petite drmeure pour <^lcver des oiseaux d'eau et dc rivages. Tous ces objcts n'claicnt pas recucillis cependant sans de grands efforts , et ils se plaignent, dans loutes Icurs lettres, des diflicull^s qu'ils eprouvaicnt alors par ia repugnance que les Indous qu'ils avaient pris ?i leur service mettaient a s'employer aux difKrentes. taches auxquelles nos naliiralislcs jugoaicnt n«';cessaire dc les astrcindrc ; ce peuplc ayant pour habitude et pour principe religieux de se borner h la scub; espece di; FAIT DANS L'llNDE. /1.75 travail permise k la casle h laquelle chacun appartient. Ce ne fut done pas sans contFainte , et surtout sans do fortes r6eompenses , qu'ils parvinrent h faire soigner le jai'din par le portier, h envoyer quelquefois rechanson a la peche et le cuisinier a la cliasse. Enfin , jls enga- gerent le petit nombre de domestiques qu'ils avaient h cumuler lours Ibnctions, victoire d'autant moins ais^e que les pr6jug<5s religieux sont parfaitement second^s par I'indolence uaturelle h ce peuple. Au bout de quel- ques mois, MM. Duvaucel et Diard claient parvenus a se procurer toutes les espfeces d'animaux qui se trou- vaient h vingt ou trentc lieues a la ronde , et ils com- menc^rent ^ faire dcs envois au Jardin des Plantes, h Paris. Ils y adressferent, au mois de juin 1818, un squelette du dauphin du Gauge , une tete de boeuf du Thibet, dont ils avaient dispute les os aux chacals et aux chiens marrons; plusieursespecesd'oiseauxpeu connus, un dessin et une description du tapir de Sumatra , pris sur un individu vivant , alors dans la menagerie du gouverneur g^n^ral , marquis d'Hastings , et quel- ques echantillons min^ralogiques recueillis dans les petites courses qu'ils avaient failes dans I'int^rieur. Un autre envoi , plus considerable, enrichit le mu- seum du faisan cornu. Deux individus de cette espfece se trouvaient dans ce nouvel envoi avec plusieurs oi- seaux curieux. Le meme vaisseau fut aussi charge de rapporter pour la menagerie un jeune bouc de Cache- mire , cede a nos voyageurs par lord Hastings, etnd, dans sa menagerie , d'un bouc et d'une chcvre que ce lord avait fait venir du Thibet, et qui existent encore h Calcutta. Le jeune bouc , envoy6 par MM. Diard et 31 * A7G NOTICE SUR UN VOYAGE Duvaucel, arriva en France quelque terns avant le troupeau que M. Ternaux a fait venir ; il a meme 6te fort utile h la propagation de rcspfece en France. M. Ternaux, qui n'avait conserve que Ires-peu de boucs de sou grand troupeau , a dcmandc d'employer celui-ci et I'a envoyd h Marseille d'ou il est I'evenu bien por- tant , aprtjs avoir rempli I'objet qu'on avait en vue. On s'en est servi de la meme manifere h Saint-Ouen. Aprfes six mois de travaux et de petites courses, qui loules avaient pour but des recherches scientifiques , MM. Diard et Duvaucel se preparaicnt h faire un long voyage dans I'interieur du Bengale , et se proposaient d'aller jusqu'h Palna, oil M. Duvaucel <5talt invilv^ h se rendre par un jeune Francais de ses amis , etabli dans ce lieu et place h la tele d'une indigoterie conside- rable , lorsqu'au moment de parlir ils recui'ent des pro- ])Ositions de sir Stamford Raffles, gouverneur de Ben- coulen , et charg^ de quelques missions poliliques pour les lies du detroitde Malacca. Ce gouverneur, z6i6 pour la science et ayant peu de tems pour s'en occupcr, pro- posaauxnaturalistes francais dc I'accompagner dans son voyage, et de continuer Icurs rccbercbes dans les con- Ir^esqu'ilauraith visiter, pendant qu'ilremplirait les dif- f^rentes missions dont le gouvernement anglais etla com- pagniedeslndesl'avaient charg(5. Ces propositions furent d'autant plus volontiers accept^es par les deux jeunes Francais ,qu'ils avaient d(^ju presque explord le Bengale, et qu'ils voyaient bien plus d'alimcns pour leur curiosity dans lesilesdela Sonde, jusque-lhsi peu connues.D'ail- leurs, le gouverneur leur offrait de faire dans son gouver- nement de Bencoulen un 6tablissement h peu pres scm- FAIT DANS L'INDE. A77 hlable ^ celui que lord Hastings avail form6 k Calcutta , et ce plan , ex6cut6 aiix frais de la compagnie, devait leur procurer tons les nioyens imaginables de reunir a Bencoulen les animaux de Sumatra, et de les observer eu grand. Enfin, renoncant au voyage de Patna, ilss'em- y barquferent avec sir Stamford Raflles l\ la fin de d^- cembre 1818 , sous la condition que ie resultat de leurs recherches serait partag6 ^galemeut entre eux et le gouverneur ; celui-cl s'engagea h faire rembourser les d6penses par la corapagnie des Indes , et ces messieurs promirent leur travail, leur tems et leur cooperation a la description scientifique que M. Raffles desirait pu- blier des pays qu'il aurait visiles et de celui qu'il 6^lait appel6 h gouverner. Le premier lieu d'oii nos voyageurs purent ecrire fut I'ile de I^ulo-pinang, oh ils passereut quelqucs jours , mais oii ils ne purent recueillir qu'un tr^s-petitnombre d'animaux, parmi lesquels se trouvent cependant deux especes nouvelles de poissons et quel- ques oiseaux remarquables. lis s'arretferent ensuite de- vant Cat'imorc ; mais cette ilc est tellement couverte deforels,etla y6g6tation y est si ^paisse, qu'ilsna purenl y pdn^lrer. Ils reconnurent seulement sur ses bords les traces d'un cerl'et d'un sanglier. Apres quelques heurcs pass^csdans cetlerade, ilsfirent voile pour StJ^gapour, oil sir Stamfort Raffles avait quelqucs affaires iv r^gler. 11 s'agissait d'affermir sur son Irone un prince malais , attache aux iut^rets de la compagnie. En arrivant dans la radc^le gouverneur recut la visile de Irois aides-de- camp du roi : ici, il faul Uiisscr parler M. Duvaucel lui- meme. -< Ccs officiers ne soul pas, comme cliez nous,, des jcuncs gens la suite on la vit memc former des etablisscmens sem- blables dans les colonics que le sort de la guerre avail livrees a I'Angleterre et qu'elle devait evacuer a la paix, lelles que Ics colonies francaises de Goree et du Senegal. Tandis que V InstlliUiou cifricaine preparait Ics peuplades voisines dc Sierra-Leone a recevoir les bienfalts de la civi- lisation, elle fut puissamment secondee par Ic zele de la Societe des missions (fyffrique a repandre les lumieres d'une religion eclairec et la plus propre a adoucir la ru- desse do leurs moeurs. Malgre ccs efforts et ces secours, il lui etait aise de prc- TOir qu'elle travaillait en vain si le commerce de contre- bande, auquel I'acte d'abolition semblait avoir donne une nouvelle activite, continuait impunement sous pavilion etranger. A la veritc, le parlenient avait vole unc adresse au roi pour le supplier d'invitcr les puissances etrangi-res a coopercr aux mesurcs prises contre la traile; mais la position extraordinaire oii sc trouverent les puissances a- cclle epoquc ct pendant les annees suivantes, ne permit pas d'entamer ou de suivre des negociations a ccl effcl, avant 181A. Cependant rexemple que rAnglclcrre avait donnc ne Tut pas sans influence en Europe etcn Amerique. Des 179a, le roi de Danemarck, parun edit en date du 16 mars, avait declare qu'a parlir du 1" Janvier i8o3,toule im- pnrlalion d'csclavcs d'Afrique ou de tout autre pays, dans DE LA TRAITE DES NOIRS. ASS lesiles danoises, serait pour toujoiirs interdite a ses sujets. Les Etats-Unis d'Ameriqiio avaient mis, des 179A, des restriclions a la Iraite, par vine loi que Ic congros coafirma par de nouvelles dispositions repressives, les 7 avril 1798, 10 mai 1800, 28 fevrier i8o3, et qu'il remplaca enfin, en mars 1 807, par un autre acte qui, a dater du i" Jan- vier 1808, prohibait toute importation d'esclaves dans au- cun port ou pays sous la juridiction des Etats-Unis. Enfin, un dernier acte du 3 mars 1819 confirme toutes les dis- positions precedentes. Dans le meme intcrvallc , le congrcs du Chili avait, par un decret du 11 octobre 1811, non seulement defendu I'introduction de nouveaux csclavcs dans les etats , mais avait meme declare libres les enfans des esclaves qui s'y Irouvaient, et ceux qui naitraient posterieurement au de- cret. Le i5 mai 1812, le supreme pouvoir executif provi- soire des provinces unies de Rio de la Plata avait adopte un decrct semblable ; il avait de meme declare libres tous les negres qui naitraient posterieurement au Si Jan- vier iSiS^et, par un decret du 6 mars de la meme annee, il avait pose les bases d'un plan d'education pour ces en- tans nes libres. C'etait sans doute un grand triomphe pour la liberie et pour I'humanite, de voir les deux continens de I'A- merique repousser les esclaves qu'on leur cnvoyait des cotes d'Afrique; mais la joie qu'en ressentaient les philan- tropes anglais elait alteree par la resistance des autorites legislatives des colonies anglaises a I'execution des lois de la mere-patrie. Elles n'encourageaient pas la contrebande, mais elles ne lui opposaient qu'une faible barriere. II etait done necessaire de recourir a des peines plus severes que celles que I'acte d'abolition avait attachees aux con- traventions. U Institution africaine, avertie de ce desordre par ses correspondans bcnevoles a la cote d'Afrique et aux A86 SLR L'ABOLITION Antilles , invoquc ccs mesures icpressivcs el Ics indiqiic a l;i chambredes communes qui, Ic i5)aiivicr 1811, decide , qu'elle les prendra en consideration. En effet, le i4 mai 181 i, le parlement passe un actc par lequel il declare que la traite est un crime As felonie, ct que tout sujet anglais, on toule autre personne resi- dant dans le rojaume uni ou dans une possession an- glaise , qui lerait le commerce des esclaves dans quelque ptirtie du monde, serait sujet aux peines prononcees contre ce crime par les lois , et que les coupables seraient juges par les tribunaux etablis en Angleterre ou dans ses colo- nies, ou par des commissions speciales, la oii ne s'eten- dait pas la juridiction de I'amiraute. Par ce meme acte du parlement, les gouverneurs, dirccteurs des douanes, et les autorites subalternes locales , furent autoriscs i saisir et a conGsquer les navires negriers stationnes sur la cote, dans les ports, les rivieres et dans les autres elablisse- mens, tandis que les croisieres anglaises visiteraient, sai- siraient et confisqueraienl, dans les hautes mers et dans les Indes occidentales , tous les batimens soupconnes de faire le commerce interlope d'esclaves. Cetle derniere mesure administrative fut executee avcc tant d'exactilude, qu'avant la fin de I'annee 18 13, on complait plus de cent vingt bdtimens negriers, la jduparl anglais, condamnes a Sierra-Leone, a Tortola, au cap de Bonne-Esperance , a la Jamaique, aux iles Bahama, a Halifax, a la Martinique, i Antigues, 4 la Barbadc ct a la cour de Tamiraute d'Anglcterre. R«';flechissons un moment sur cette conduite de I'Angle- Icrre . et voyons si elle est hostile. Elle abolit la traite , et, en la proscrivant , elle prcvoit qu'elle indisposera ses colonies, qu'elle alarmeraune classe nombreuse de nego- cians qui avaient des fonds considerables places dans co I'omnierce, et qu'elle enlevera \ sa marine une lnulo DE LA TllAITE DES NOIllS. A87 d'lililes malclots; a la vcrite , ces craintes qui alors agi- laieiit lord Cnstlcreagh, lord Sidmoiilh, clc. , nc se sont point rcalisees ; les colonies n'ont pas vii leiir population noire diminuoe; le commerce de Liverpool et de Bristol n'en a pas moins prospcre; la marine n'a point perdu de niatclots, et les revenus publics ont conserve leur niveau ordinaire. Mais , a Tepoque de I'abolition , on ne pouvait compter sur cet heureux resultat. Ce qui devait encore fairc regardcr cctte mesure comme tres-imprudente, c'est qu'elle ne pouvait avoir son execution pleine et entiere sans Ic concours des autrcs puissances, et ce concours, il etait donteux qu'on pOt I'obtenir, surlout de la France, de I'Espagne et du Portugal. L'Anglelcrre s'exposait done a de grands sacrifices, sans etre assuree d'atteindre son but, Cette conduite politique pouvait etre regardee comme pen sage, mais cerlainement elle ne pouvait porter om- brage aux autres puissances, puisqu'elle ne pouvait com- promettre que I'Angleterre. Nous ne pensons pas que tout I'art subtil des interpretations puisse y faire apercevoir (les intentions suspcctes, lorsque les fails les dementent aussi evidemment. La promulgation des lois penales , dont nous venons de parler, parut, pendant quelque tems, suspendre I'iutro- duction frauduleuse des esclaves dans les colonies nnglaises. Mais on vitbientOt que la soif devorante de I'or ne connait ni lois ni dangers; latraite continua. Puisque la confiscation, les amendes , la prison, la transportation nieme pour dix ans, n'epouvantaient plus les coupables, il fallut bien en- core ajouter ;\ ces peines severes. C'est alors que Vlnsii- LnlioTi africaine fit proposer au pnrlement le t'ameux bill d' enregistreinen t. Declarer libre tout csclavc introduit dans les plantations , quand il ne se trouvcrait pas inscrit sur les registres de la colonic , lui parut un moycn elTicacc d'em- ASS SUR L'ABOLITION pccher la conlrebande. L'essai qu'oii en avail fait dans I'ilc de la Trinile, d'aprts un ordre du conseil piive du 26 mars 1812, avail euun plein succes. On pouvait esperer, si Ton delerminail les auloriles legislatives des colonies a adopter ce bill dans toutes ses dispositions, qu'il n'y aurait plus de fraiide , puisqu'elle ne pouvait plus elre profitable aux fraudeurs. Le bill presente au parleraent par M. "Wilber- force , en i8i4, fut adople en i8i5; mais les colonies montrercnt encore une violente opposition a la nouvelle loi. On condamna hautement la conduile de VInstltntion africaine , pour avoir provoquc son adoption par le parle- inenl. Ccpendantla loi fut execulee, le denombremcnt des esclaves se fit, des rcgistres publics constatferent I'etat de la population noire, offrirent le moyen de decouvrir les in- fractions, et trois ans etaient a peine ecoules que toutes les colonics, ayant vu s'evanouir les craintes qui avaient motive Icur opposition, se trouverent sous le regime de celle loi. Pourmieuxenassnrerrexeculion,denouvelles dispositions furent jugees necessaircs et furent ajoutees a ce bill. On declara, entre autres articles, que toute vente d'esclaves non enregistres serait nulle. (Nous avons rendu comple de ces transactions, T. VIII, pag. -2^5 et 538.) Par suite de ces mesures legales, le commerce d'esclaves ccssa cntierement dans tous les etablissemcns miglais dc la cole d'Afrique , dans les colonics anglaises d'Amcrique et dans I'lnde. Les colonies elrangeres , qui avaient ete conquises pendant la guerre , furent obligees de so sou- mettre u la loi commune; et lorsque le Senegal, I'llc Goree, I'ile Bourbon, la Guyanne franpaise et hollandaise, la Mar- tinique et la Guadeloupe furent rendus A la France, en i8i5 , el a la Hollande, il y avail plusieurs annees qu'on n'y faisait plus la Iraile. h'Insilfuiion africaine put donc se felicilcr du succes de DE LA TKAITE DES NOIRS. A89 ses longs travaux , ct dc son int'atigable ot pcrseverante aclivite. Mais cette institution ne pouvait regarder la cause de riuimanite et de la justice commc gagnee, tant que les puissances de I'Europe n'auraient pas sanctioime, par des actes solennels, I'arret prononcecontre latraite. Heureuse- ment, lapaix, en i8ii, permit de reprendreles negociations. Des 18 13, le gouA^ernement anglais avait conclu avec la Suede un traite , par lequel le roi de ce pays prenait I'en- gageinent d'interdire a ses sujets la traite , qui d'ailleurs n'avait jamais ete autorisee, et d'cmpecher I'introduction d'esclaves dans ses possessions des Indes occidentales. — Lc roi de Danemarck prit le meme engagement parun article du traite de Kiel, du ih Janvier 181A. — Sur la demande dii ministere anglais, le prince d'Orange, par un decret en date du lA juin 181A, apres avoir aboli la traite, ordonna la saisie des batimens en contravention, dans tons les cta- blissemens Jwllandais de la cote d'Afrique , et le renvoi des batimens etrangers qui s'y presenteraient pour faire des esclaves. — La meme annee 181A , les Etats-Unis de I'Amerique septentrionale, dans le traite de Gand du aA de- cembre , s'engagerent a joindre leurs efibrts a ceux de I'Angleterre pour I'abolition du commerce des noirs. — Le roi du Portugal et du Bresil avait un trop grand interet a la continuation de la traite , pour acceder immediatement aux demandes de I'Angleterre. Cependant, en i8i3, sur les instances de lord Castleroagh, il avait resserre le com- merce d'esclaves entre les seuls etablissemens portugais, sur la cote d'Afrique et le Bresil, et autorise la saisie de lout batiment portugais rencontre hors de cette ligne commerciale. Dans un article du traite de Paris du So mai 181 A, le roi de France reconnutl'injustice du commerce d'esclaves; mais, en rendant hommage aux droits de I'humanite, Ton Tome x. ^ 32 A90 SUR L'ABOLITION (lemanda cl I'uti obtint en son nom la continuation dc la traite pour cinq ans. Le terme ne devait pas paraitre exor- bitant a un gouvernement qui avait cte dix-sept ans ii de- liberer, avant de prononcer sa resolution definitive a cet egard. Des que la nouvelle du delai de cinq annees, accorde a la France par le traite de Paris, fut arrivee a Londres, un cri general d'improbation s'eleva contre le ministere, pour avoir fait une concession aussi falale. Les directeurs de VJnstitulioii africalne convoquent en assemblee gene- rale tons les partisans de I'abolition; une petition aux deux chambres du parlcraent est proniptement redigoe et votee k I'unanimite. L'alarme se propage dans les provinces; et, dans I'espace de quelques scmaincs , plus de luiit cents petitions , signees par prt-s d'un million d'individus , Tiennent appuyer celle dc V Institution africaine. On efit dit que la patrie etait en danger, tant la fermentation des esprits etait grande. Sur la motion de M. Wilberforce dans la chambre des communes , et de lord Grenville dans la chambre des pairs, une adresse an prince-regent est votee a I'unanimite; on prie son AJtesse Royale d'interposer ses bons offices aupres des puissances de I'Europe, pour en obtenir Tabolition immediate ct universellede la traite. Le prince -regent accueille I'adressc avec blenveillance. Le congres de Vienne etait alors assemble ; lord Castlercagh lui presente un projot de declaration ; on le discule ct on I'adopte, c'est-a-dire, que lesplenipolentiaires s'engagent, au nom de leurs souverains , a prendre , Ic plus promp- tement possible, tons les nioyens les plus propres a amencv le resultat desire, laissant a chaque puissance interesseo au trafic a lixer par des traites I'epoque precise de I'abo- lition definitive. Cette decision est a peine prononcee , que le gouverne- ment anglais entame des necocialions. II n'obticnt dc DE LA TRAITE DES NOIRS. A91 I'Espagne que dcs restrictions a la traite ; de la France , qu'un refus d'abreger le terme de cinq ans. Sur ces entre- faites, Napoleon reparait, el la traite est abolie par un decret, vers la fin de mars i8i5. Au retoar du roi en France, le gouvernement anglais, par I'entreniise de lord Casllereagh, de sir Charles Stuart et des miuistres des puissances alliees , demande que I'abolition soit confir- mee; et le roi declare , le oo juillet i8i5, qu'a partir de ce jour, la traite cessera de la part de la France partoutet pour toujours. Cette declaration est consignee dans un article additionnel du traite de Paris du 20 novembre sui- vant, et incluse dans la ratification de ce traite. Plusieurs ordonnances du roi, une loi positive, une croisiere eta- blie sur la cote du Senegal , et d'autres mesures de sur- veillance ont prouvc que le gouvernement francais voulail tenir les engagemens qu'il avait pris. ( Voyez Revue En- cyclop^dique , Tom. VII, pag. 538. ) Le ministere anglais obtint successivement, en 1817 et i8i8, I'adhesion du roi de Portugal, du roi d'Espagne, du roi des Pays-Bas et celle des Etats-Unis. Enfin, le con- gres d'Aix-la-Chapelle pronon(,;a I'abolition finale de la traite. Pour en rendre I'execution plus prompte , la plupart des puissances interessees ci-devant au commerce des ^esclaves , sur la demande du gouvernement anglais , con- viennent d'admettre, pour chacune d'elles, un droit reci- proque de visite des batimens soupconnes de fairc encore la traite, et de creer des commissions mixtes, chargees de prononcersur la legitimite des expeditions soupconnees de fraude. La France, qui a ses propres croisieres et des tribunaux dans chacune de ses colonies, n'a pas cru devoir admettrc des propositions qui paraissaicnt blcsserson independance 32* A92 SUR L'ABOLITION el ses droits , qiioiqu'elles fiissent tMivironnucs de toiites les garanties que la politique pouvait exiger. Malheureu- semcnt, les uioycns employes jusqu'ici par sou niinisterc n'ont pas fait cesser entierement la traite. Dos aventuriers, sortis des ports de Bordeaux, de Nantes, de Honfleur , du Havre ct des colonies francaises, des etrangers sous pavilion francais, ont continue, meme jusqu'a la fin do I'annee dejniere , d'enlever a la cote d'Afrique un grand nombre d'esclaves (i). En consequence, le ministere an- glais sollicite des mesures plus eflicaces , iiiie loi penale de nature a effraycr ces homines iudignes du uoni francais, qui meprisent les lois de leur pays et en compromettent I'honneur. Tel est aujourd'hui I'etat de la question. Le ministere francais a annonce son intention d'en presenter le projet aux chambres (2). Pourquoi, en attendant, la France n'introduirait-elle pas dans ses colonies la loid'en- registrement^ Vowv(\\xo\, a I'exemple de plusieurs puis- sances, n'accorderait-elle pas aux officiers et aux equi- pages des batimens en croisierc une part de la valeur des prises ? Les details dans lesquels nous venous d'entrer doivenl convaincre tout homme impartial que ce n'est pas dans des intentions hostiles quele gouvernement anglais a em- brasse la cause de I'Afrique; il n'a point le meritc de I'ini- liative de ce projet , ni d'aucune des mesures d'execution. Pendant dix-scpt ans , les membres qui composent le mi- nisteie actuel s'y sont monlres opposes ; ils ne sont entres (i) Pieces ojficielles prestniees an parlement par ordre du roi , 1821, • pt corre.^pondance ai-ec la France., relative au com- merce des esclapes. Quiniieiite rapport de rinstitiitioii afiicnne, public le 25 du mois de mai dernier. (a) Voyei! les Pieces ojficielles ci-dossns. DE LA IRAITE DES NOIRS. A9S franchemcnt dans ce systeme, qu'aprcs s'etre convainciis que I'extinction du commerce des noirs n'avait etne pou- vait avoir pour TAngleterre et ses colonies (comme pour les colonies etrangeres) aucune des suites fiicheuses qu'ils avaient long-tems redoutees, et qui avaient motive leur resistance a I'opinion publique et aux cris de I'humanite outragee. Les motifs de la conduite du gouvernement an- glais ne peuvent done, cIll moins dans lecas present , etre suspects u la France. II defend une bonne cause , et il la defend de bonne foi. S'il en fallait une nouvelle preuve, nous la trouverions dans I'application qu'il a faite des lois prohibitives de la traite a toutes ses possessions dans I'lnde et I'Oceanique. Quel interet pouvait-il avoir d'abolir la traite dans des contrees d'oi'i les puissances coloniales d'Europe ne tiraient aucun esclave , oCi les Arabes seuls en faisaient le com- merce ? Cependant I'Angleterre a tout fait pour Paneantir au Bengale , dans les iles Cejlan , Java , Sumatra, et dans les JMoluques. Pille a fait plus, ellc a commence a y abolir Vesclavage meine , et elle a trouve les habitans indigenes disposes a cntrer dans ses vues. Dernierement encore, le gouvernement anglais de I'lnde a conclu, avec quelques etats arabes, dans le golfe Persique, un traite par lequel les chefs de ces etats ont recoimu la traite d'esclaves comme acta de pira'nie. On espere nienie etendie gra- duellenient ce systeme aux cotes orientales d'Afrique et dans les mers asiatiques. Comment peut-on suspecter le zele du gouvernement anglais, lorsqu'il demande a la France de seconder ses efforts pour abolir cet infame com- merce ? Non , la France n'hesitera plus a termer le gouffre oil depuis si long-tems I'Europc jettc ses victimes; elle Tdudra partagcr la gloire dc cclte grande revolulion mo- rale. -■ hU iNOTlCE ta plu? grande part en sera due ;'; cct ami de I'hunia- nite , M. Wilberforce, qui en a forme le plan, ct n'a cesse, avec ses honorables et puissans associes de V Institution africaine, d'en poursuivre I'exccution a travers tons les obstacles. On regardait ce projet d'abolition de la traite commelereve d'un hommedebien , et cependant I'Afrique est dellvree de ce terrible fleau. Tous les plus puissans monarques de I'Europe ont pris, au congres de Vienne et d'Aix-la-Chapelle, I'engagementde protegeret de defendre la liberte et I'indepcndance des peuples qui I'habitent. Desormais, I'Europe ne sera plus un objet de terreur pour I'Afrique. Puissent ses noirshabitans neplus voir, dans les hommes blancs quiviendront les yisiter, que des commer- canspaisibles, des amis, des protecteurset des bienfaiteurs! Nota. Les Etats-Unis yiennent de donner une preuve non equivoque de leur ferme resolution d'aneantir la traite des noirs d'Afriquc. lis ont, par un dernier acte legislatif, declare piraterie cet infame commerce , et prononce la peine de mort con\.v& tout citoyen des Etats-Unis, et contre tout elranger naviguant sous pavilion americain,qui serait pris en contravention a I'acte d'abolition. Une conduite si noble et si energique honore le caractere de la nation ame- ricaine, et lui assure la reconnaissance de tousles amis de la justice et de I'hunianite. Puisse cette loi etre bientOt admise dans le code univcrsel du monde civilise ! Babey. NOTICE SUR M. CAMILLE JORDAN. La morl nous a enleve, le 1 9 mai dernier, le rnodelc de nos liommes publics; pcrte irreparable, sur laquelle ont gemi tous les cojurs vcrlueux ct franrai*. Ses cxemples du moin? SUR M. CAMILLE JORDAN. Ado et scs lecons nous restent : puisscnt-ellcs ii'olrc point pcrdues! Camille Jobdan etait ne a Lyon, le ii Janvier 1771 , d'unefamillc depuis long-tems honoree dansle commerce, ct dont les verlus hereditaires lui avaient constamment assure I'estiine generale. II fit ses premieres etudes au college de I'Oratoire, et su phtlosophie et sa physique a celui de Saint-Irenee. Egale- mentaime etapprecie parses maitres el par ses condisciples, ilobtintles plusbrillanssucceset s'attacha des amis dignes de lui, dont plusieurs lui ont survecu. De cette epoque, date sa liaison avec ses plus intimes et plus chers amis , MM. de Gerando J Augusiin et Scipion Perier, I'abbe Montanier (1). En 1788 , il passa quelque tems a Grenoble chez M. Claude Perier, son oncle : c'est la quil assista au premier eveil dc la liberie en France ; il fut lemoin dc la celebre assemblee des etats de Dauphine, reunisVi Yizillc , dans le chateau de son oncle, et y connut Mounier, qui devait etre depuis un de ses plus intimes amis. Cette cir- constance conlribua surtout a deposer dans son coeur les premiers germes de I'amour de la liberie, qui fut toujours chez lui si pur et si genereux. En 1790 , a I'age de dix-neul" ans , il fit , avec son excel- Icnte et venerable mere, un premier voyage a Paris, et y suivit avec un grand interet lesdebatsdel'assemblee cons- tituantc. Quoiqu'il IQt deja passionnc pour une liberie legitime et qu'il cherchat toutes les occasions propres a developper et a feconder ses talens, sans doute il n'enlre- voyail pas encore le rule important qu'il serait bientol (i) \JjL\ihc Monlanier, simple aumonicr do I'liopital de Roanne , luais le iiiodtlc des veritables uiiniiilieb de Tevangilc. A96 iNOTlCE appelo a leiniilir, et qui le placerait Vi cole ( pour nc pas dire au-dessus ) des orateurs illustres dont il admirait chaque jour I'oragcuse eloquence. II ue tarda pas a suivre leurs traces; il y fut aniene par de grandes circonstanqes. En 1793, la majorite de la convention est oppritnee par la Montague; la ville de Lyon donnel'exemple d'unc resis- tance energique a la tyrannic : alors le jeune C, Jordan fait retentir dans les assemblees sectionnaires les premiers accens d'une eloquence qui surprend la ville entiere. Les citoyens accourent en foulc pour entendre ses males impro- visations ; ami energique d'une sage libcrte ( caractere distinctif de sa vie politique), il encourage, il echauffe le patriotisme des Lyonnais. Une fois, les voyant consternes des preparatifs de la convention, 11 commente ces fameuses paroles d'un Polonais : aj'aijne niieux une liherte dange- rease qjt'uii jyaisible esclcivage j » et ranime leurs esprits abaltus. BientOt les caisses publiques sont epuisees ; Ca- mille harangue ses concitoyens , reveille leur premier enlhousiasme , propose une souscription ; . . . . elle est remplie a I'instant , et s'eleve a une somme considerable. C. Jordan prit les armes , comme tons les Lyonnais ; il combattit dans la journee du agmai 1793, et partit comme volontaire dans une expedition qui suivit de pres. Dans le cours de cette expedition , il se livra a de serieuses etudes sur les constitutions des etats;bient6t, ilfut depute dans Ic departement du Jura, pour y conclurc une alliance utile a la cause de ses concitoyens. Apres la fatale issue du siege de Lyon, il se refugia en Suisse, parcourut cette contree pendant six mois, et accompagna sa mere a Londres. La , commencerent ses liaisons avec d'illustres ret'ugies, tels que Malouet, LaUy-Tollendal, Cazales, et quelques an- glais non moins celebrcs, Erskinej Fox, Holland, etc. (''est la qu'il etudia la langiic . la lilterature, les mceurs. SUR M. CAMILLE JORDAN. i97 les lois , la constitution tie rAngletenc ; il suivit avec la plus vive ardeur les seances parlementaires , et, dans les grands modeles qu'ilavait sous les yeux, puisa de nouvelles connaissances politiques et de nouveaux sujets d'inspiration. Dans le courant de 1796, la piete filiale le rappelle a Gre- noble, pies d'une mere cherie, que la mort menacait et lui ravit bientot. Aux elections de 1797? il lut, quoique absent, nomme a Lyon depute du second tiers au conseil des cinq-cents , par le vote unanime des electeurs et le mouvement spontane de I'opinion publique. Iln'avaitque vingt-six ans ! c'etait cette meme opinion qui devait, plus de vingt ans apres, lui decerner un dernier triomphe, etcou- ronner par le plus beau suffrage le terme de sa carriere. C'est au conseil des cinq-cents que cotnmencerent ses relations avec MM. Royer - Collard , Barhe - Marbois _, Boissy-d' Anglcis , etc. , et qu'eclaterent dans toute leur force ses talens oratoires. On citera toujours, comme un des plus grands modeles d'eloquence et de magnanimite , son Rapport sur Vexercice et la liherte des cultes , son Discours pour le rappel des pretres proscrits , et celui qu'il improvisa, lorsqu'il s'elanfa a la tribune pour defendre Lyon qu'ort avait attaque (1). Pendant que les armees francaises remportaient cliaque jour de nouvelles victoires, la France, dechiree par les factions, livree a un directoire timide et sans energie, mais ombrageux et tyrannique, se voyait encore menacee des troubles de I'anarchie. Un parti nombreux, fidele a la cons- titution de I'an 3, que violait le directoire, s'etait forme dans le conseil des cinq-cents. Des listcs de proscription furent dressees : C. Jordan merita d'y etre compris. Dans (i) C'est de cette epoque que date aussi son intirnite avec MM. Gue~ 7ieau de Bfussy. ADS NOTICE la miil du 17 au 18 IVuclidor, pendant qu'on Ic cherchait pour Tarreter, il fiit, presque nialgre lui, soustrait aux poursuiles de la police dcs directeurs par son plus cher ami, et, grace aux soins rcunis de madame de Grimaldi , chez laqueile 11 avail trouve un refuge (1) , de madame de Vannoz, dc M. Tabarie, etc., conduit heureusement a Bale. Dans les environs de cette ville et de Neuchatel (2), il fut encore sur le point d'etre arrete; celui qui venait de le derober aux vengeances du directoire , lui sauva une se- conde fois la vie. C. Jordan se rendit en Souabe, et de la a Tubingue et a "Weimar. C'est alors qu'il se lia avec les principaux savans , ecrivains et philosophes de la Saxe , et qu'il etudia la lilterature alleniande, a laqueile il consacra depuis une partic de ses loisirs. C'est alors aussi que , voyant ct appreciant chaque jour davantage le vertueux et rigide Mounicr, il lui voua la plus tcndre ct la plus cons- tante amitio. Partout il fut accueilli comme le meritait son noble caracterc; partout il se fit aimer et venerer. Rappele en France en 1800, il s'y lia par des rapports intimes a M. Mathieit de Montmorency. A I'epoque dc la reunion de la consulte cisalpine a Lyon, Bonaparte, dont les vues ambitieuses etaient sur le point d'eclater, voulut avoir avec lui un longentretien, et lui fit faire les offres les plus seduisantes; il s'y refusa. Lors du vote sur le consulat a vie , il publia un dc ses plus eloquens et plus courageux (i) C'est dans I'oratoire de madame de Grimaldi qu'est depos6 le coeur de Gamille Jordan , qui doit etre transporte i Lyon. (2) C'est li qu'il composa sa protestation centre le iS fiuctidor. Le lendemain du 18 fiuctidor, du fond de la retraite oii il etait cache, il avalt adressc dej4 un premier avis a ses commettans , oii il Icur denon^ait les mesurcs tyranniques du directoire, la violation de la representation nationale , ct leu dangers dont la France ctait mcnacec. SUR M. CAMILLE JORDAN. A&9 ouvragcs, connu sous le litre de Krai sens da vote ualionaL II s'y elevait contre les pretentions usurpalricesdu premier consul, tout en rendant justice a ses grandcs qualltes, et contre les intrigues et les vexations dc la police ; il y pre- disait tous les abus du regime imperial , et plaidait energi- quement , mais en Tain , la cause de cette liberte si cherement achetee. Un de ses parens, M. Duchesne, fut menace, comme auteur de cet ecrit, ct jcte dans les fers ; C. Jordan senomma, et le gouvernement consulaire n'osa point le poursuivre. Toujours fidele a la cause qu'il avail embrassee , lou- jours patriote et toujours royaliste, C. Jordan vecut dans la relraite sous le regne de Bonaparte, et consacra ses loisirs a des travaux litteraires. L'elude de la philoso- phic, et surlout celle de la philosophic morale, avail pour lui un grand atlrait; il y a consacre de longues annees, et laissc un recueil considerable dc notes sur ce sujet. En i8o5, il epousa une femme, dont les qualitos aimables et la tendresse sans bornes ont fail le charme de son exis- tence, et I'ont meme prolongee ; d'autant plus admirable par ses vertus , qu'elle seule les ignore. Nomme membre de I'academie de Lyon, il lut, dans les seances publiques, plusiears ouvrages ecrits avec autanl de goQt et d'energie que de profondeur; enlre aytres un Discours sur V influence reciproque de P eloquence sur la revolution, et de la revo- lution sur r Eloquence; un Eloge del' avocai-general Servan; un Eloge de M. Fay , maire de Lyon; differenles Etudes sur Klopstock, etc. Durant tout le cours de ces annees, il vecut paisiblement, eloigne de toute fonction publique, au milieu de sa famille et de plusieurs amis , MM. Ballanclie, Bredin, Mottef , Dugas-Montbel , et aulres hommes de lettres, negocians et artistes distingues. Au mois demars i8i4, depute a Dijon par ses compatrioles , pour demander le retablissement des Bourbons, il fut encore, un mois 500 NOTICE apres, cnvoye pour porter aux pieds du trunc riioimnagc de la scconde ville du royaume. Caniillc Jordan etait digne de cette honorable mbsion. Son royalisme n'etait pas d'une date recente, ct ne vcnait point d'eclater on de se revelller subitement a la chute de Napoleon. II avail toujours compris les vrais interets dcs Bourbons, ne les separant jamais de ceux de la patrie et de la liberte. II leur avail ete fidele dans leurs inlbrtunes, lorsqu'ils etaient presqueuniversellementtrahis et delaisses. II avail des droits sacres a leur reconnais- sance : il ne chercha qu'a les servir encore (i). En i8i5, il donna de nouvelles preuves de sa.coura- geuse fidelite. Au moment oii Bonaparte approchait de la ville, il ful le dernier Lyonnais qui resta aux cotes de Monsieur. II courut meme quelques dangers , et scs vitres furent brisees par la populace. Apres les cent-jours , il fut depute en Angleterre par la ville de Lyon , pour obtenir le paiement du riche legs fail a cette cite par le general Martin, qui venail de mourir dans les Indes. Ce voyage lui fit recucillir de nouvelles notions politiques el lilte- raires, et renouveler ses nombreuses relations avec les hommes les plus distingues de I'Anglelerre. A son retour, il fut, aux elections de 1816, nonime niembre de la chambre des deputes par le departement de I'Ain, donl il presidait le college (2). Voyanl que le niinis- (1) 11 est juste de dire que , pendant les premiferes annees de la res- tauration , ses services ne furent pas meconnus. II re^ut successive- ment la croix de la Legion-d'Honneur , des lettres de noblesse, el Ic titre de conseiller d'etat. (2) En i8i5 , des circonstances domestiques lui avaient fait rcfusct la presidcnce d'un des colleges du deparletnent du Rhuuc , et d«- lournerlcs suffrages de ses concitoyens. II fut un de ceux qui conlri- liutrcnt Ic plus a faire rendre I'ordonnancC du 5 scptcmbre. On \'n pit'sque peneralfincnl ignore; sa niodc&tie ne lui avail pas pcniii-H de le publicr. SUR M. CAMILLE JOUDAN. 501 lere avail adopte les priucipes rccoiiiuis par la charle, et marchait, sinon avec fermete, du inoins avec sincerite, dans les voies coiistitulioiinelles , Camillc Jordan s'honora de voter avec lui, et de I'appuyer dans tout ce qui etait juste et gcnereux. Pendant le cours de oette session, ii parla plusieurs fois avec le plus grand succes , dans la celebre discussion de la loi des elections, sur le projet dc loi relatif a la liberte individuelle , sur le projet relatif aux restrictions apportees a la liberte desjournaux, sur I'affec- talion des bois de I'etat a la caisse d'amortissement , etc ( i ). II ne se signala pas moins comme orateur et comme de- fenseur zele des principes d'une sage liberte , dans la session suivante : ses opinions sur le projet de loi relatif au re- crutementde I'armee, sur les depenses du ministere de la police generale, sur le titre du budget relatif a I'emprunt, sont generalement connues et appreciees. Cependant, egare par des defiances exagerees et par les petites vues de quelques esprits etroits , n'osant entrer franchement dans les consequences de la ciiarte, le ministere commen- cait a s'eloigner des routes qu'il avait jusqu'alors suivies. Apres s'etre inutilement efforce de dissiper les erreiirs des membres du ministere avec lesquels il etait lie, fiddle a sa conscience, Camillc Jordan se vit oblige de le combattre plusieurs fois. Sa noble conduite eut aussitot sa recom- pense : aux elections de 1818, il fut en meme terns reelu depute par le departement de I'Ain et nomme par ses com- patriotes. C'est dans I'intervalle des deux sessions qu'il (1) Ce fut cette annee , en 1817, qu'il fut appcle au conseil d'etat d'unenianicre inattendue. On assure que, pendant plusieurs jours, il refusa d'accepter cette fonction, ct qu'un de ses motifs etait qu'il n'approuvait pas I'exclusion de M. Benoist, a la suite de laquelle avait eu lieu sa proprc nomination. 502 NOTICE publia son oiivnige sur la session de 1817, adresse aii.x habitans de I'Ain ct du Rhone , oii il devoile avec tant de force ct de sagacitelcs piojcts, les pensees, les ressourcci d'une faction, et ce qu'il appelle le constitutionalisme bdtard. C'est dans le cours de cette nieme annee qu'il res- sentit les premieres atteintes de la maladie oiganique qui I'a enleve. Livre tout cntier aux travaux qu'exigeait la composition de son ouvrage , il negligea de soigner sa sante deja ties-alteree, et, par son devouement sublime aux interets de la France, hata bientut lui-meme les progres de sa maladie. Dans la session de 1818 et 18 ly, sans se separer en- titrement du ministere qu'il essayait toujours de rallier aux interets nalionaux, Camille Jordan ne dementit point la loyaute de son noble caractere : au commencement de la session de 1819, presse par les soUicitations de sa fa- mille, profondement afllige des fausses directions que suivait le gouvernement, sentant enfin le besoin trop tardif de veiller i sa sante chancelante, il eut un moment la pensee de renoncer aux affaires ; raais, des qu'il cut com- pris que sa presence dans la charabre des deputes etait plus que jamais necessaire , il n'besita point i se sacrifier et a revenir a son poste. II savait bien quelle recompense etait reservee '\ sa magnanime vertu ; mais c'etait pour la France qu'il se devouait ! . . Nous nc nous arreterons point sur ces deux dernieres sessions , oii , comme presse parle terns , il accumula toutes les preuves depatriotisme, de fidelite , de desinteressement. Sa conduite sublime est assez connue. II se trouva , sans le savoir, sans I'avoir desire ni prevu , place naturelle- ment i la tete de I'opposition constitutionnelle, par I'estime qu'inspirait son caractere. On I'avait prevenu que I'inde- pendancc de scs opinions le priverait de ses fonctions au SUR M. CAMILLE JORDAN. 503 conseil d'etat ; mais il avait tellement I'habitudc diubien , sa vertu etait si pure, qu'il repoussa avec fierte, avec calme, toute idee de transiger avec sa conscience politique. II s'applaudit , en quelque sorle , de ce que les injustices du ministere le mettaient plus u I'aise avec ses principes et son amour pour nos libertes; son royalisme n'en etait que plus desinteresse ! L'histoireconsacrera Ic souvenir de sa noble attitude et de ses courageuses paroles f dans les memorables seances de la chambre des deputes du mois de mars 1820, et auxdebals de la cour d'assises, lorsque, peu de terns avant sa mort, il fut appele comme tcnioin, pouvant a peine se soutenir, faisant entendre pour la der- niere fois en public les accens de sa voix dofaillante. Eleve par le sentiment de sa fin prochaine, par le con- solant temoignage de sa conscience, et par les derniers elans de son genie , il bannit toute inquietude , toute pre- occupation, el se rendit mailre de lui-mGme et de ses pensees. II voyait avec serenite la perspective de la mort qui I'attendait; il s'y preparait par de pie uses et morales meditations; il s'abandonnait encore a une douce et bien- veillante gaite , ne laissait que rarement echapper quel- ques plaintes , jouissait avec une sorte de naivete de toutes les distractions , se plaisait a tous les instans d'une vie pretei lui echapper. Depuis quelques semaines , ses forces epuisees ne lui permettaient plus de reparaitre a la chambre. II fit encore sur lui-meme un effort; il voulutdonncr i sa patrie le dernier gage de son devouement. Dans un debat de la plus haute importance, il se traina a la tribune et se livra i la plus belle de ses improvisations ; etouffee dans un comite secret, elle ne sera pas perdue pour la France ; elle a ete conservee par des amis fideles, et, dans la collec- tion de ses ceuvres que Ton va publier, elle ne sera pas oubliee parmi ses plus eloquens discours. 50A NOTICE C. Jordan s'ost paisibleinent endormi enlre les bras de sa familic et dc deiix de ses plus cliers amis. II n'a point souffert : quoiqu'il cut dcpuis long-lcms le pressentiinenl d'une fin prochaine , il n'a pas apercu sa derniere heme , et il a passe doucement de cette vie d'epreuve k une meil- leure yie. Heureux! ah! bien heureux de n'avoir point eu le spectacle des larmes et des douleurs dc ceux qu'il aban- donnait, dc n'avoir pas senti combien sa pertc laisait d'in- fortunes, et quel vide il hiissait danscctte patrie qu'il avail lant aimce ! Les medccins avaient dcpuis long-tems dcsespere de C. Jordan. A son retour de Lyon, vers la fin de 1819, ils s'etaient etonncs qu'il existat encore! Chaque jour, il perdait de ses forces physiques; ceux qui I'ont vu dans ces derniers mois, ne savent que trop combien son affaiblisse- ment elait rapide. Ce qui le soutenait, ce qui I'animait encore, c'etait sa force morale, c'etait I'energie de ses fa- cultes, I'infatigable activite d^ son esprit. Quelle preuve sublime de I'immaterialite de I'ame ! Les quatre ou cinq derniers jours de son existence , il etait deja mort physi- quement, et presque personne ne s'en etait apercu, tant sa belle ame etait pleine de vie! Le i4 mai, lundi soir, il avait recu, comme a son ordi- naire , ses amis et ses collegues de la chambre , et soutenu avcc eux une longue conversation. Dans le courant de la semaine, il avait vu encore plusieurs personnes^ sans qu'au milieu des inquietudes qu'inspirait son etat, on eftt pu prevoir qu'il touchait de si pres i sa fin. Se preparant a parler sur le projet de loi relatif aux etablissemens eccle- siastiques , il avait dicte une partie de son discours ; il n'a pu I'achever. Le jour mCme de sa mort, il conservait toute sa presence d'esprit, se livrait encore a de scrieuses pen- sees , et a onzc heures Irois quarts il n'etait plus!... SUR M. CAiMILLE JORDAN. 505 Kespectememe par sesadversaires, qui n'ont jamais eleve aucun doute sur la loyaule de ses intentions et de ses senti- mens, cheri et honore par tous ccuxqui partageaient ses opi- nions ( et qui lui en donnerent un temoignage bien flalteur , puisqu'au commencement de la session , ils reunirent leurs voix sur lui pour la prosidence), C. Jordan, si admirable dans sa vie publique, ne le fut pas moins dans sa vie privee. Le fondemeut et le trait distinctif de son caraclere etait I'amour de la justice, de la \erite, et une fidelite rigide a les cherclier, a les suivre. II blamait toutes les exagera- tions, s'indignait de toutes les hypocrisies , s'elevait contre toutes les faiblesses. La franchise et la droiture dc ses sentimens, la simplicite de ses moeurs et de ses gofits, la fermete de ses principes , la purete de sa conscience, rap- pelaient ces vertus des tcms antiques, qui semblent presque eteinles parmi nous. Sa destinee nous offie unc singularitc remarquable. II avait le goGl de la vie privee et une repugnance extreme pour la carritre publique : il cherchait toujours a detourner, a prevenir les circonstances qui pouvaicnt le produire sur la scene politique. Plusieurs fois, il fut sur le point de refuser les fonctions qu'on lui deleguait; mais, lorsqu'il crut pouvoir etre utile , il fit toujours Ic sacrifice de sou repos et de son bonheur a I'inlerct de la France. Au milieu de ses grandes et penibles occupations , au sein meme des souffrances, il savait encore sourire et se livrer a une douce gaite. L'anienite dc son commerce, le charme de sa conversation , I'elevation et la variete de ses discours , lui avaient concilie la reputation d'un des homnies les plus aimables et les plus eloquens dans la societe. Naturellement ingenieux, il aimait la plaisanterie facile et delicate : personnc ne la maniait avec plus de finesse. TOMK V. 3i 606 NOTICK Combien il aimait les jeunes gens ! II les accueillait ayec bonte, les ecoutait avec interet; il londait 8ur la jeunesse franpaise les plus belles esperances: quelqiiolois meme il avouuit que son eslime ne lui etait pas indifferente, et que son suffrage etait un de ceux qui le touchaient le plus. Justement fier de restime publique dont il etait envi- ronne, il en jouissait avec serenite; mais il n'en etait point enorgueilli. Exalte dans son patriotisme, passionne pour la gloire, il ne sacrifia jamais son devoir ou sa moderation a sa popularite. Alors meme qu'il se trouvait place a la tete de I'opposition constitutionnelle, il desapprouvait haute- ment et franchement les ecarts, les imprudences, la pre- cipitation dcs zelateurs impatiens de la liberie. Profondement religieux, ilhonorait Dieu en esprit et en verite ; jamais ce culte du coeur et de la raison, tant recom- mande par I'evangile , ne fut plusfidelement observe. Doue des vertus les plus rares et les plus aimables, il n'etait point severe pour les autres; sa morale etait douce et bienveillante, amie dcs hommes , modeste et degagee de toute ostentation. Dans ses relations privees , il etait pour sa lamille et ses amis ce qu'il etait pour sa palrie dans sa carriere publique; il les aimait dans toute la candeur et I'energie de son affection Mais ce n'est point i nous de dire les vertus privees de celui que nous pleurons ; une plume plus digne que la notrc les revelera bientot dans toute leur grandeur et leur simplicite. Qu'on nous per- raette une derniere reflexion. Sans doute la On de sa vie fut environnee du plus beau et du plus pur eclat; san^s doute elle meritait tons les temoignages d'enthousiasme et de veneration qu'cllc lui a attires : mais la noble disgrace qu'il essuya n'etait point necessaire i sa gloire. Si meme il nous eOt ele enleve plus tot, nous n'en dirions pas moins, en considerant I'ensemble de sa vie entierc , comme le I SUR tM. CAMILLE JORDAN. 507 disail a ses funeraillcs un hotnine du peuple : c'elaii un grand citoyen ( i ) ! G. (i) Les funerailles de C. Jobdan ont et6 dignes de lui. Jamais simple citoyen n'a re^u, en France , de plus grands honneurs ; ces bonneurs n'etaient point commandes , ils etaient I'expression libra et spontanee de reslime publique. Le char funebre etait suivi de plus de trois mille personnes & pied , de tout 4ge, de tout rang , de toute opinion , ct de pres de deux cents voitures. MM. de Sainl- Aulaire , Royer-Collard, et Rambaud, maire de Lyon , ont pro- nonce les plus touchans adieux sur la tombe de leur collfegue, de leur ami , de leur concitoyen. C. Jordan laisse trois enfans encore jeunes. Sa fille et I'aine de ses fils, qui ont plus d'un trait de ressem- blance avec lui, donnent dejii les plus douces esperances ; elles ne seront point trompees. Nos lecteurs nous sauront gre sans doute de reproduire ici les der- nieres phrases du discours que M. de Saiot-Aulaire a prononc6 sur la tombe de Camille Jordan. L'eloge d'un bon citoyen acquiert en- core plus de prix dans la boucbe d'un hommc i-galement honore de I'estime publique. »Personne, dit M. de Saint-Aulaire, ne soup- ronna jamais les intentions de M. Camille Jordan ; ses adversaires n'accusaient que ses opinions. Ses opinions cependant recevaient un interfit bien grand du sentiment de sa fin prochaine. II savait qu'il allait mourir; il n'attendait d'autre recompense de ses actions, que celle. . . . dont il jouit en ce moment. De tels conseillers ne sont pas a didaigner pour le pouvoir; il est imprudent peut-6tre de les ecarter de I'oreille des princes. Les conseils de la sagesse expi- rante egareront rarement I'homme puissant. » — Aprfes le discours de M. de Saint-Aulaire, M. Royer-Collarda prononce cepeude mots d'une voix entrecoupee par ses sanglots. <■ Adieu , mon cher Ca- mille ! Nous sommes entres ensemble , il y a vlngt-quatre ans , dans la carrifere publique , et pas un seul jour, dans une si longue route , nous n'avons ete desunis. Meme but, memes pensees, memes efforts, mSme fortune. La mort seulea pu nous separerpour un tems. Adieu, 6 le plus aimable des amis ! adieu , noble esprit , coeur genereux, orateur Eminent, depute fidele i la religion, au Roi, au peuple 1 adjeu ! tSi memoire sera chere a la patrie ; que le Dieu de paix te recoive dans son sein 1 » 38* VV\XVVV\^VV\'VVV\VV\.^VVV\\VVVV\l\AVli\'V\l/Vt\'V\>l%VVlVV'VVVVVVVV\'\\'VVVV\A\V\'\%'V%^ 11. ANALYSES D'OTJVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. Catalogue dc la collection de C oUopttres (i) , de M. le baron Dkjean , lieutenant general, elc, (2). Voici un ouvrage d'histoire naturelle dont les mafe- riaux ont etc recueillis u la gueire; les acquisitions dont 11 enrichit I'entomologie ont ete faites par I'auteur, dans les campagnes des armees francaises, en Italic, en Allc- magne, en Autrichc, en Prusse, en Pologne, en Riissic, en Espagne et en Portugal. C'est ainsi que, depuis Irente ans, les arts et les sciences ont allume leur flambeau an terrible incendie de la guerre ; et que , de ce fleau des peu- ples, une providence bienfaisante a fait sortir les lumieres qui augmentent et propagent leur civilisation. C'est la ne- cessite de lepousscr I'invasion, qui a fait produire aux arts chimiques leurs plus etonnans prodiges; c'est a nos campagnes au-dela du Rhin, que la geographie de I'Eu- rope doit ses cartes les plus parfaitcs; c'est la conquetc de I'ltalie , qui, nous meltant en possession des chefs-doeuvre de I'anliquith!, nous a donne le pouvoir d'en reproduire les beautes; c'est a I'expedition d'Egypte que I'archeologie doit ses recberches les plus vastes et les plus profondes; et c'est en s'efforcant d'appliquer a I'art de la guerre le (1) Classe des insectes k etuis, ou ailes couvertes de foiirieaux; Tipares. (1) Paris, 1821. 1 vol. in-S". CrAvot, libraire, rue de I'EcoIe de Mfedecine , n<" 1 1 4 i3. Prix, 4 fr. , et 4 fr; 75 c. par la poste. SCIENCES PHYSIQUES. 509 mobile puissant de la vapeur, que Fulton construisit les machines ingcnieuses qui agrandissent les prosperites des arts de la paix. En considerant les immenscs recherches et le travail qu'a exiges I'ouvragc de M. Dejean, on serasurprispeut- etre que d'aussi vastes connaissances entomologiques aient pu se developper simultanement avec les combinaisons les plus difficiles de la grande Strategie ; uiais telle est la force, I'etendue et la variete des facultes do I'esprit humain, que nous couiptons parmi nos botanistes I'auteur du Con- trat Social J et parnii nos houimes d'etat le premier anato- miste de I'Europe. \}n sujet d'etonnement bien plus fonde, c'est qu'aprcs les travaux entomologiques qui ont occupe la vie entiere de plusieurs naturalistes celebrcs, un seul observateur puisse encore reveler I'existence de tant d'etres nouveaux. Lorsqu'on enumere les conquetes que font chaque jour les sciences, les lettres et les arts, on est tente de croire que la posteritc doit craindre, comme Alexandre, qu'il ne lui reste rien i faire. Quand on a parcouru nos vastes bibliotheques, compte nos institutions scientifiques, et considere cette prodigieuse activite de I'esprit de recher- ches et d'observations dont est douee la generation actuelle , on serait tente de croire que celle qui doit la suivre n'aura d'autrc soin , pour tout savoir et tout connaitre , que de recueillir simplement I'hcritagc dc nos immenses travaux. Cependant, il faut I'avouer, cette pensec, si flatteuse pour noire orgueil et qui semble appuyee de prenves si con- vaincantes, est precisement le revers de la verite. Plu- sieurs sciences sont tellemcnt nouvelles, qu'clles n'ont ni methode usuelle , ni instrumcns, ni livres elementaires , et que meme I'objet dc quclques-unes et la signification de leur noni sont a pen pres inconnus. Les frois quatli 510 SCIENCES rinsiQUES. de I'Europe croient aussi fermement aujourd'hui que le? docteurs qui jugcrent Galilee, qu'il n'existe que sept pla- n^tes, sept metaux, qualre elemens ct quatre parties de la terre; et , dans ce siede delumieres, on passerbit, cii mille endroits, pour un reveur, si Ton s'avisaitde profes- ser que nous comptons mainlenant quarante-cinq corps elementaires, trente-huit metaux, onze planeles princi- pales, et dix-sept secondaires, et qu'enfin la surface du globe est divisee en six vastes continens. Malgre les admirables travaux qui , en si peu d'annees, nous ont decouvert tant de choses , on eprouve le regret dc ne pouvoir hater la marche du terns, lorsqu'en cher- chant a penetrer dans la profondeur des sciences, on re- connait ce qu'il faut encore t'aire pour completer le systemo des connaissances humaines. Pour ne parler ici que des obstacles qu'oppose aux rapides progres de I'Histoire na- turelle le defaut d'un guide dans chacune de ses parties, il suffit de rappeler que la botanique n'a point d Species dontles plantes soient ran gees dans I'ordrenaturel; etque, si M. Decandolle manquail de perseverance dans cette grande et difficile entreprise, un siecle s'ecoulerait peut- etre avant que I'etude des vegetaux recCit cet utile secours. Le Genera phntaruju , dont M. de Jussieu s'occupc depuis plus de vingt ans; est appele, chaque jour, par le desir impatient des savans et des voyageurs; et c'est de cet important ouvrage que nous attendons la revelation com- plete des lois qui enchainent Tune a I'autre les families de toutes les plantes. C'est seulemrnt depuis peu d'annees que nous possedons cette espece de code naturel, pour la serie la plus interessante des etres, et il faut avoir vecu loin des ressources que I'Europe oflVe a I'etude delazoolo- gie, pour apprecier I'eminentn utilite du Tahh-au du regne animal. Mais les voeux des amis des sciences sc reunis- SCIENCES PinSIQUES. 511 sent pour demander a son illustre auteur de descendre jusqu'i la determination des espfeces. Si le savant M. La- mark n'ayait pas ete done d'une force d'ame a I'epreuve de tous les malheurs de la vie, son Histoire des animaux sans vertebras allait demeurer incomplete , et nous au- rions perdu la plupart des travaux que la fatalite fait payer si cher a ce venerable naturaliste. EnCn, il ne nous reste- rait aucune esperance d'avoir un ouvrage general sur les insectes, un Species entomologique, si M. Latreille, le seul qui puisse oser entreprendre de le faire , ne joignail le courage le plus actif aux connaissances les plus vastes qu'aucun homme ait encore reunies dans I'exploration de cette parlie interessante des sciences physiques. Dans i'execution de ce projet immense, les travaux de M De- jean viennent prendre une place honorable aupres de ceux du raaitre ; on y reconnait les principes dont on trouve de si beaux exemplcs dans le Memoire sur la geographie des insectes, et tel a ete le soin donne a I'indication de la patrie des coleopteres, dans le catalogue de M. De- jean, qu'il su'ffirait d'un simple travail numerique pour en faire ressortir une multitud« de faits curieux et ine- dits. II est facile d'y trouver quel est le nombre des families de ces insectes qui habitent I'ancien etie nouveau monde; de decouvrir quels sont ceux dont les especes sont communes aux deux hemispheres; de suivre leurs genres differens dans leur dispersion sur la surface du globe; de determiner si leur habitation s'etend comme les paralleles ou comme les mcridiens, si toutes les especes d'une meme famille affectent de demeurer sous le meme climat, et quelles sont les especes cosmopolites, celles qui ne vivent que dans les contrees maritimes, et celies appartenant a I'interieur des continens. Enfin, on peut y icconnaitre, par les groupcs des famille? natiirelles ct par al2 SCIENCES PHYSIQUES les divisions lumincuscs dc cclles-ci, en genres et en especes, quelles modifications plus ou moins multipliecs des formes primitives existent dans toutes ces Irlbus. On 96 fera quelque idee de la richcsse de combinaison que la geographie des insectes ct Icur phj'siologie peuvent trou- ver dans ce simple catalogue, en apprenantque lescoleop- teres qui y sont classes s'elevent a 6,692 especes. Ces donnees sufliront aux amis des sciences naturelles pour leur faire apprecier, comme il le merite, le travail de M. Dejean. M. le baron Dejean, de concert avec M. Latreille, membre de I'academie des sciences, vient d'entreprendre un nouvel ouvrage, Histoire naturelle et Iconugraphie das insectes coUopteres d' Europe , qui sera compose de qua- torze a seize volumes , publics successivement a raison de deux volumes par annee. On vient de voir quelles ri- cliesses en ce genre M. Dejean s'est procurees dans ses voyages ; M. Latreille, qui possedc lui-mCme un tres- grand nombre d'insectes rares du midi dc I'Europe , dirigera I'ouvrage, tracera les prlncipales coupes, verifiera tons les nouveaux genres , redigera les articles generaux et aidera de ses lumieres M. le baron Dejean , quant a la part'C specifique , dont celui-ci est particulierement charge. Redige par des entomologistes aussi zeles et avec de tels moyens, cet ouvrage ne peut manquer d'obtenir le plus grand succes. L'execution typographique en est confiec u M. Crovot , libraire , rue de I'Ecole-de-Medecine , chez lequel sc trouve le catalogue de M. Dejean, et qui public deja V Histoire naturelle des lepidopleres (1) de France, ouvrage entrepris sous la direction de M. Godart. A. MOREAU DE JONNES. (i) Pnpillons, insectes a qtr.ilre ailes. SCIENCES PHYSIQUES. 513 %V\V\'V%'V\>l««lWV% Manuel de t'lNcfiNiEUR m^canicien , constructeur de MACHINES A vAPEUR , par Oliver Evans , dc phUa- delphie; traduit dc I'anglais et augment6 dc notes par Doolitle, cltoyen des Etats-Unis , tnembre dc la socictc d' encouragement pour L'induslric natio- nale (i). L'educalioii developpc nos lacultes ; niais le genie est I'oeuvi'e de la nature. Celui de Vaucanson fut eveille par la vuc d'une Iiorloge, que bientot il reussit a imiter; Zabaglia et Ferracina etaient de simples cliarpentiers; Oliver Evans , ne a Philadelphie en 1755, etait charron. Doue- d'unc intelligence superieure et d'un goOt remar- quablc pour la mecanique, mals prive d'une instruction dont il sentait tout le prix, il trouva dans son zele les res- sources dont le privaient sa mauvaise fortune et les pre- jugcs populaires dont il etait environnc. Ces circonstances ajoutent au nierite des inventions qui lui sont dues. Le besoin d'economiser la main d'oeuvre excita son genie. II fit d'abord des cardes a lainc, lors de la guerre de la revo- lution d'Amerique, I'Angleterre ayant cesse d'iinporter ces instrumens, d'une necessite indispensable a diverses manu- factures. Evans concut et cxecuta deux machines; Tune pour fairo les dents des cardes , I'autre pour pcrcer les cuirs ; la premiere faisait 0,000 ^dents par minute , la seconde percait 200 paires de cardes en douze heures. En 1782, il perfectionna la construction des moulins a farine : trois hommes, en se relayanl, suffisaient a la mou- (i) Paris, 1S21. 1 vol. inS° avec planches. Bacbflier , libniirc , ^uai des Augustins, n" 55. 51A SCIENCES PHYSIQUES, turede 18,720 livresdefarine par jour. Onluidisputa cette invention, et il faillit en perdre les avantages; mais il trouva protection dans les institutions de son pays, ou les juge- mens , tant au civil qu'au criminel , sont portes par des jures: il conserva la propriete de son brevet. Ces moulins sont maintenant en usage dans toute I'etenduc des Etats- Unis. Mais, de toutes les decouvertes d'Oliver Evans, celle quia le plus d'importance et qui niarquera sa place parini les hommes de genie, c'est d'avoir imagine de tirer parti de la force de la vapeur pour communiquer le mouvement aux machines. Avant lui, les pompes a feu n'etaient mues que par la seule pression atmospherlque ; la vapeur re- pandue sous le piston, au bas de sa course, etait en equi- libre avec la pression extorieure; et le piston, pousse entre deux forces egales, obeissait au contre-poids qui I'elevait: alors un jet d'eau froide condensait la vapeur et produisait le vide sur le piston, qui, presse de tout le poids de I'at- mosphere , redescendait en surmonlant le contre-poids et la resistance 11 mouvoir. Le i-'ct et vient se reproduisant ainsi, par les jets alternatifs de vapeur et d'eau froide sous le piston, on transmetlait cctte force au mecanisme qu'on voulait animer. Des deux actions du piston , le seul mouvement de haul en bas etait product] f. Le celebre Watt, en perfectionnant cette admirable invention de Neucommen, rendit utiles les deux actions, leva et le vient, eninjectant et condensant tour a tour la vapeur sur les deux surfaces du piston. Mais nuln'avait encore ose pousser la temperature de I'eau jus- qu'au point oCi sa vapeur acquiert une force expansive, cgale i\ plusieurs fois la pression de I'atmosphere , et em- ployer cc puissant ct redoutablc agent , comme force motrice. SCIENCES PHYSIQUES. 515 Evans rapporte qu'a I'age de dix-huit ans, il avail vu des cnfans s'amuser a faire des petards de Noel; ils introdui- saient un pen d'eau dans un canon de fusil, dont ilsavaient bouche la lumiere, et boiirraient i Tordinaire ; mettant ensuite la culasse dans un feu de forge , I'explosion ne tardait guere a se faire entendre. Ce jeu fiit pour Evans un trait de lumiere : Voila, s'ecria-t-il , la force viotrice que je cherche depiiis long-tems. Toute sa vie fut employee a feconder cette idee. Dans une chaudiere, d'une tres-grande solidite et her- metiquement fermee de toutes parts, on introduit de I'eau; le feu y developpe une vapeur, dont la force expansive crois- sante equivaut i la pression de cinq atmospheres et au- dela. Get etat est indique par une soupape de surete, char- gee d'un peids convenable, et qui se seuleve alors pour laisser echapper le gaz. Qu'un corps de pompe soit ferme aux deux bouts, et que la vapeur ainsi echauffee s'y re- pande tour a tour en dessous et en dessus du piston; ce corps, presse success! vement en has et en haut par une force prodigieuse , prendra le mouvement de pa et vient, pourvu qu'on laisse echapper la vapeur qui est du cote op- pose, ou qu'on la condense par un jet d'eau froide. Des soupapes, pratiquees au corps de pompe et mises en action par le jeu nieme du piston , serviront a introduire la vapeur et i la chasser ou la condenser. Telle est I'idee generale qu'on doit sc faire des machines ditcs a haute pression. C'est en 1786 qu'Oliver Evans demanda a la legislature de Pensylvanie un brevet pour des chariots mus par la va- peur; mais ce projet parut si gigantesquc, qu'on le regarda comme un trait de folic, et Ton rejeta cette requete. II ctait impossible de concevoir alors toute I'importance d'une decouvcrtc, qui depui< a etc couronnee d'un si beau succes 516 SCIENCES PHYSIQUES. a Neucaslle. Ce ne I'lit qu'en 1797 que les elals de Mary- land accorderent un privilege , qui demeura long-lems sterile: nul ne voulait hasarder des fonds dans unc entre- priscaussi extraordinaire, que Ton regardaitcommechimc- rique. L)ningenieurrenomine,des Etats-Unis, ecrivitmeme centre les nouvellcs machines a vapeur un manileste ou- trageant, dont le ridicule est aujourd'hui retombe sur son auteur, mais qui alors dut nuire aux projcts d'Evans. En 1795, personne ne voulait encore a Londres prendre con- fiance dans ces machines, qui depuis sont devenues one des causes de la prosperite de I'Angleterrc. Enfin, en 1800, malgre des oppositions si nombreuses et dc si indignes humiliations, Evans executa, a ses Irais, une petite machine selon son systeme: elle remplit parfai- tement son attente, el Ton cessa des-lors de Ic regarder comme un fou, connnc un songe-creux, comme un honime a systeme. Pen de tems apres , Trevethich et d'autrcs mecanicicns anglais firent des essaisdu meme genre; mais le pen de precautions qu'ils prirent contre la force de la vapeur causerent plusieurs accidens graves , qui ont , pour quelquetems, jete de la defaveur sur I'emploi de la vapeur a une haute pression. OliverEvans vitdissiper en grandc partie les preventions dont il avait ete victime : il a construit etmis en action un grand nonil)re de ses machines, sans qu'elles aient ete su- jettes au plus petit accident, quoiqu'il travaillat avec la vapeur, dont la force expansive etait d'au moins lao livres par pouce carre , en sus de la pression de I'atmosphere. Loin d'etre I'objet de plaintes, ainsi que ses detracteurs I'avaient avance, ses machines etaient plus simples, moins couteuses, d'un volume moindre, et consommant moins de combustible et d'eau que toutes celles qui claicnt connues jusqu'alors. Dans un rapporl fait au congres cni8i/i, Evans SCIENCES PHYSIQUES. 517 tut menlioiine avec eloges comme Tun dcs bienfaiteurs lie son paj^s, et il recut de5 temoignages distlngucs de la reconnaissance nationale. Get habile mecanicien, auteur de plus de 80 procedes inecaniques, qu'ila publics ou executes, ne jouit pas long- lems du bonheur qui semblaitdfi a ses iniportans travaux. Ayant vu incendier son bel etablissement de Philadelphie, Iruit de longues annees de sacrifices , il ne put survivre a cette catastrophe, et mourut quatre jours apres, le i5 mars 1819. Les inventeurs de conceptions mecaniques se decident rarement i\ les decrire : plus exerces aux travaux des ateliers qu'a ceux du cabinet, ils ne sont pas anssi habiles i manier la plume qu'a imaginer de savantes combinaisons. Evans etait dans une situation qui le forpait a entretenir le public de ses travaux, de ses succes et de ses projets: le besoin de trouver des capitalistes, pour I'aider dans ses entre- prises , I'obligea a composer pUisieurs traites; celui que nous annoncons est dQ a ces circonstances. Quand on considere la condition oCi Evans etait ne, I'imperfection des theories physiques a cette epoque et le defaut de com- munications avec les regions plus eclairees, on doit pen s'e- tonner de rencontrer des erreurs dans cet ouvrage : par cxemple, I'auteur suppose cette loi, qu'en ajoutant 1, 2, 3... fois dix-sept degres de chaleur, au-dessus de cent, la force expansive de la vapeur croit en raison double; d'ou il resulterait qu'en elevant la temperature a 16(1" centigrades , on obtiendrait une force de seize atmospheres, tandis que I'experience n'en donne reellement que cinq. Mais, outre que ce n'est pas dans un pareil ouvrage qu'on doit chercher les principes physiques du developpement des gaz par la chaleur, et des variations qu'eprouve leur capacite pour le calorique , theories qui , a plusieurs egards, sont encore couvertes denuages, le traducteur a pris soin, 518 SCIENCES PHYS1QLE». dans ses notes , de rectifier ces erreurs et d'exposer TetiU actuel de la science, d'apres les travaux de Dalton, Gay- Lussac, Petit, Dulon , Clement, Laroche, etc., et do niontrer que ces erreurs ne delruisent pas les iuimenses avantages que presentent les nouvelles machines. II eQt ete i desirer que M. Doolittle eOt refait I'ouvrage et en eftt fait disparaitre cesfautes graves qu'il signale lui-meme. II aurait dQ aussi converlir les mcsures anglaises en fran- faises ; je pense qu'il est du devoir d'un traducteur d'e- pargner ces calculs i ses lecleurs. Quoi qu'il en soit, Evans a raison de dire que la i'orce de la vapeur est irresistible, et que ses operations sont nussi rapides que I'eclair et aussi puissantes que la foudre. Sa machine esttres-ingenieusement concue, les effetsen sont certains; sasoupape (i) tournante est une invention neuve et remarquable ; enfin , cet ouvrage est d'un grand inluret. Beaucoup de manufacturiers refusentde seservir desma- chines i vapour, parce que celles qui n'ont qu'une simple pression offrent peu d'economie , comparees aux moyens ordinaires , et que la haute pression est d'un emploi dan- gereux. Evans prouve qu'en depensant un peu plus de combustible, on pent doubler la pression de la vapeur, en sorte que I'economiequi pent resulter de I'emploi des ma- chines a vapeur ne commence guere qu'au point oii I'on s'arrete, lorsqu'on n'emploie le gaz qu'a 100° de tempera- ture. L'eau condensee est rameneebouillante dans la chau- diere pour en reparerles pertes , en sorte qu'on n'a pas a craindre les degSts qui resultentde ce que les sels, dissous dansl'eau, encrassent peua peulachaudiere, etquelefeula detruit promptement('.i). Evans demontre ensuite que le de- (1) Elle fut imaginee par un simple menuisier de Kentucky, qui ne connaissait les inacliines .i vapeur que par des descriptions. {■>.) L'eau souniise a la vaporisation contient une plus ou moins SCIENCES PHYSIQUES. 6iy fautde precaution cause plus d'accidens dans les machines a simple pression , que lorsqu'on eleve la force de la va- peur a cinq ou six atmospheres , parce qu'on la contient alors dans des vases , dont la resistance est dix, vingt et mCme quarante fois plus grandc qu'il n'est necessaire. II ne faut pas i-efuser de faire usage d'une force , par la raison qu'on peut I'augmenter au point ou elle devient dange- reuse. Nous nous sommes longuement arretes sur I'analyse de I'ouvrage d'Evans , A cause de I'importance du sujet , des erreurs qu'on y rencontre et de la renommee de son au- teur, auquel on doit la navigation , sans le secours des animaux, contre le vent et les courans, a I'aide du plus puissant des agens que I'homme ait pu faire servir i I'exe- cution de ses desseins. M. de Laborde , dans un article de la Rei^iie ( Tom. V, pag. A8o. Mars, 1820), a remarque que I'emploi des machines, loin de laisser les ouvriers sans travail , accroit leur nombre, augmente leurs salaires, ameliore leur sortet fait baisser le prix des produits; qu'il existe en Angleterre dix-huit mille machines a vapeur qui font I'ouvrage de trois millions d'hommes , ne demandent aucun salaire , et sont charges des travaux les plus rudes grande quantite de sels terreui qui , en se deposant peu a peu , s'at- tachent aux parois des chaudieres ; I'eau ne baignant plus la surface du metal, le feu y exerce une action destructive , outre que le mo- ment de r^bullition est retarde. On est done oblige de tems i autre de decrasser les chaudiferes , cc qui cause des frais perdus , parce que le jeu de la machine est alors suspendu. Je ne connais pas I'auteur du precede tres-simple qu'on vient de decoivrir pour remedier k cet inconvenient. Tous les dix ou quinze jours, on jette quelques pommes de terre dans la chaudiere , I'ebullition produit un effet mecanique, quisufllt pour detacher la selt'niteet la ramenerdansla masse liquide; il suBit de vider la chaudiere pour la degager des sels terrcux et de la vase. 520 SCIENCES PHYSIQUES. ei les plus avilissaus. Nous ajouterons que nous ne deroiis pas plus esperer de hitter d'industrie contre ces redou- tables rivaux, sans nous servir de canaux de navigation et de machines d vapeur, que nous ne pourrions nous flatter dc resistcr i nos cnnemis , sans le secours des ca- nons et de la cavalerie. II faut que les ressources indus- trieuses des diverses nations s'oltvent au meme degre , sous peine de destruction plus ou moins complete, avec le tems, de celles qui n'auront pas su egaler, depasser meme I'induJtrie des pcuples voisins; et de combien nous restons en arritre sous plusieurs rapports ! Lorsque M. Becquey etait charge de I'une des directions du ministere de I'intcrieur, il fit venir de Londres une belle machine de Modslay, qui est deposee au conserva- toire des arts et metiers, pour y servir de modele. Cet cxemplc est digne d'etre imite par scs successeurs. C'est une action vraiment patriotique et qui a deju produit d'heureux resultats. L'un de nos plus habiles mecani- ciens, M. Daret, a ete honore d'une medaille d'or de la societe d'encouragement , pour avoir execute un appareil sur le meme plan. Maintenant, il est demontre que c'est vers la construction des machines i haute pression que les efforts de nos artistes doivent tendre, et I'ouvrage d'Oliver Evans pourra leur servir dc guide. L'une des planches est destinee a expliquer les effets de sa machine, en offrant les diverses parties arrangces dans I'ordre convenable a ce but; une autre planche montre cctte machine telle que son auteurl'a fait executer. On y trouve aussi d'interessans details sur les pistons metalliques, la soupape tournante, le manomctre d'epreuve, le flotteur, le volant et le mo- derateur. On doit savoir gre a M. Doolittle d'avoir publie cettc utile production. Fbancqeur. I SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. Esprit , origine et pROCRks ues institutions judi- CIAIRES DES PRINCIPACX PAYS DE l'EuROPE ; par J. D. Meyer, etc. , (i). — Tom. II et III. {Partie moderne. — Angleterre. — France.) (Yojez Revue Encyct. , Tom. II, pag. 205-244 )• Si ron doit mettre au premier rang parmi les hisloriens celui qui, a I'exemple de Tite-Live et de Tacite, conceit et traite un sujet en auteur dramatique et en philosophe, qui, par un ordre savant, ramene a I'unite toutes les parties d'une vaste composition, qui sait developper et peindre les caracteres , les moeurs , les genies differens par les details des actions, par les circonstances des grands eve- nemens, et qui presente, dans les annales d'un pays et d'une periode, sous des noms particuliers, les portraits de tousles peoples etde tousles hommes;apreslui, la plus haute estime appartientil'historien analyste qui s'attache moins k rapporter les faits qu'a en montrer et a en expliquer les causes et les consequences. Un narrateur amnsant aura plus de lecteurs ; mais les esprits serieux et solides ne cher- chent pas seulement un spectacle, ils demandent surtout d'utiies enseignemens; ils prennent I'histoire par la base et non par le faite; ils veulent connaitre en meme terns que les vertus ou les crimes des princes et des person- nages illustres , les prosperites et les infortunes de cette foule sans nom, trop negligee par I'ignorance ou le dedain (i) Paris, 1819. Foulon et Cie. , libraires, rue des Francs-Bour- geois Saint-Michel , n" 5. 2 vol, in-S" de 3ao pag. chacun. . Tomb x. 3A 522 SCIENCES MORALES inronsitlere de beaiicoiii> (rauteiirs. lis obscrvoiit Ics phe- nomenes et les yicissitudes de I'existence des nations, les progres des arts, des sciences, deslettres, des institutions sociales, de recononiie publiquo. C'est principalement dans les histoires analytiques et speciales qu'ils Yont puiser cette instruction. EUes sent I'ecole des honimes d'etat, dps magistrals, des citoyens. Dans ce genre d'ecrits, I'ouvrage de iM. Meyer doitoccu- per une place honorable, par I'importancc du sujet et par le uierite de I'execution. De tous les ressorts dc I'organisa- tion politique J il n'y en a point qui influent plus constam- ment, plus universcllenient, sur I'etat des hommes, que les instituLioiisjiuliciaiies. Elles touchent a tous les interets publics et prives ; elles garanlissent ou elles compromettent la vie, I'honneur, la fortune de tous, dans toutes les posi- tions, dans toutes les conditions, dans tous les momens; elles sont le commenceoient et la fin de ciyilisation. C'est par elles que s'effectue la pacification du genre humain, premier dessein de toutc societe civile; c'est quand elles cessent de regner, que renaissent les guerres intestines de famille i famille, d'homme a homme; selon qu'elles sonl puissantes ou faibles, equitables ou injustes, bien ordon- nees ou confuses, stables ou incertaines, les sujets d'un empire jouissent avec securite de leurs droits, ou languis- sent dans les inquietudes d'une liberte precaire. Retracer l" esprit , Vorigine et les progres des institutions judiciaires des priiicipaux pays de I' Europe , c'est done I'aire I'histoire du peuple dans ces pays. Telle est la tuche que M. Meyer a entreprise, et dont il s'acquitte avec succes. Nous avons deji rendu compte, il y a deux ans, du premier volume de cet ouvrage qui renfermait la partie ancienne , on le goiu'ernementet I'ordre judicicdie des an- ciens Gej-mainj;, tan/ cnant quapris In conquete de Vein- ET POLITIQUES. 52S piif romain (i ). Les deux volumes que nous aniioncons au- jourd'hui conliennent, I'un, les institutions judiciaires de I'Anglcterre , I'autre, celles de la France, jusqu'a la re- volution cxclusivement; I'auteur reserve pour un autre volume les changemens introduits dans notrc systeme judiciaire, depuis cette epoque. On serait tente de croire, en lisant ces deux premiers vo- lumes de la partie moderne, que M. Meyer s'est propose d'y resoudre ces problemes : Par quelles causes et comment I'Angleterre et la France, etant parties toutes deux du meme point, savoir le regime feodal, sont-elles arrivees, en traversant huit ou neuf siecles, a des institutions si dififerentes? comment I'Angleterre, un des empires qui ont garde dans leur legislation des vestiges et des carac- teres de feodalite les plus marques, est-il celui oii Ton a toujours le plus respecte le droit fondamental de la liberte individuelle? En Angleterre, comme en France, tout le territoire se trouva divise d'abord en fiefs suzerains et en arriere-fiefs, les serfs des nobles, les feudataires des grands vassaux a'ayant aucune relation directe avec I'autorite royale. Tons les hommes nobles et libres etaient juges par leurs pairs en la cour de leur seigneur. Mais entre le noble et le vilain , nul juge fors Dieu. En Angleterre , comme en France , toutes les ressources de I'autorite royale consistaient dans les services des vas- saux, dans les contributions des feudataires du domaine, dans les revenus des possessions royales. En Angleterre , comme en France , les rois flrent aux grands vassaux, pour les abaisser, une guerre continuelie, dans laquelle ils appelerent le peuple comme auxiliaire; ( i) Voyez Revile Encvcl. (luai 1819}. Tom. II , p. 255. hU SCIENCES MORALES !a destruction des puissances feodales suivait les progrcs de Taffranchissement dcs peuples et de I'autorite des rois. Mais , ce qui distingue les revolutions de I'Angleterre de celles de la France , c'est que les unes tendaient a la mo- narchie temperee , les autres a la monarchie absolue : dans les premieres , les rois partagerent avec Ic peuple la de- pouille des hauts-barons; dans les secondes, ils s'en empa- rirent scuds. En Angleterre , la division administrative de la loi saxonne j^ar comtes , centenes, decanies, avec Fesprit d'association et les maximes de la garantie mutuelle s'etait conservee dans les domaines du roi. La so- lidarite entre les habitans d'une mfime juridiction (i), la responsabilite des maglstrats locaux , entretenaient des sentimens d'interet commun , de liberte, de patrie meme. Lorsque les deputes des communes ou Fii- horgiis furent admis a succeder dans le parlement aui lenanciers des domaines particuliers du roi, et formerent la chambre basse separee de la chambre haute, qui se composait des fcudalaires de la couronne ou grands vas- saux, ils represcntaient collectivenient tous les hommes iibres de la nation, ct non chacun separement, son canton. A mesurc que les villes sortaient de la servitude feodale , elles se constituaient sur les memes bases ; la representa- tion nationale s'accroissait avec le nombre des cites. Les chevaliers des comtes, les deputes des Borougha ne fai- saient qu'un meme corps, n'avaient qu'un meme esprit, et maintenaient I'unite du gouvern-ement. Les tournees des juges de la cour du roi qui , depuis Henri II, allerent presider les assises ; la conservation des arrets dans les (V) La decanie repondait pour I'lDdividu , la centenc pour la deoanio , le comt^ pour la centtne. ET POLITIQUES. 525 registres de la cour du roi, qui furent I'origine de la loi commune, espece de jurisprudence legislative; I'autorite des juges de paix, si utile -k la fois a la puissance royale et aux liberies publiques; la procedure par jures, dont on ontrevoitquelques traits incertains danslesusagesdu regne de Henri 11, quicommenfa de se former et de se fixer sous Henri III, qui devint generale et constante par les statuts d'Edouard III, et alia toujours en se perfectionnant dans la suite; toutes ces institutions etaJjlirent cliei les Anglais I'aniformite, la force, la liberalite de ce systems judi- ciaire, qui garantit a taut citoyen le^, raison,ima;i;inalion. La dornit^re comprend la pof- sie et les beaux arts. Mais , di;n»ande M. Bfntham , suffit-rl d'avoir dv I'irnagination pour Ctrc potte f Tarcliitecture peut-elleetre raisonna- blenient consideree comme un effet de I'irnagination ? est-ce arec dc I'imagination qu'un peintre iait un portrait , qu'un graveur copie ua tableau, qu'un virtuose execute un solo dans un concert ?Ce qui est inconcevable , dit I'auteur , c'est que deux philosophes, comme Diderot et d'Alemberl , aicnt fait de la divination, et de la magie noire une subdivision de la raison! i moins qu'on ne veuille attri- buer cetle bizarrerie . Prix, 3 fr. So cent. 57A LIVRES ETIUNGEIIS. L'auteur du cet ouvrage , liomine de bien , ct proprifitaiie d'une terre dans le nord de rAllemag-ne, serendit, en 1819, aux Etats- Unls, pour examiner les obstacles que paraissent eprouver les emigres allcmands qui , en si grand nombre , cherchent un asile dans le Nouveau-Monde , et pour voir si I'iconomie rurale , telle qu'elle est pratiquee en Alleinagne, peut convcnir aux Etats-Unis, ct particulierement a I'ctat des Illinois. Arrive i Baltimore avec un ami , tOHS les deux parcourcnt , dans divcrses directions , les etats de Maryland, de Columbia, de Pensilvanie, de Virginie , d'Ohio, de Kcntuk)', d'Indiana, et se lejoignent enfin dans le beau pays qui nc forme que depuis deux ans une partic integrante des Etats-Unis d'Amcrique. La, ils trouvent un cliniat i'ort doux, un terrain entre- coupe do rivieres navigables, d'immcnses prairies couvertts d'une riche verdure, et un sol dont la fertililc senible inepuisable. Rien de plus convenable i toutes les branches de I'agriculture allemande que ce pays. M. Ernst prend aussilot la resolution de s'y etablir, et c'est lui qui s'est construit la premiere maison dans la ville projetee de Vandalia , capitale future de I'elat des Illinois. Son ami est teste dans le pays pour prendre les autres dispositions relatives a retablissement de M. Ernst , pendant que celui-ci est retourne en Allemagne , a vendu son bien , et , apres avoir rendu compte au public de son voyage et de ses projets, s'est de nouveau mis en route avec toute sa famille, soixante-dix autres individus, prcsque tons cultivateurs , et un ecclesiastique , pour chercher le bonheur que le sort parait leur avoir refuse dans leur pays natal. II. -s. 228. — D' A. H. Nlemeyers BeoLachlungen aiif Reisen in und aiisser Deutschland. — Observations faites dans des voyages en Alle- magne eta I'etranger, avec des notices sur des evenemens et des homnies remarquables desdernierescinquante annees,parledocteur NiEMEYER. Halle et Berlin, 1820. Tome I. Ce volume contient le voyage en Angleterre; le second doit contenir le voyage de deportation de l'auteur en France, pendant I'annee 1807. .229. — Grundriss der Allerlliums ll issenschaft , etc. — Esquisse de la science de I'antiquite , par Pierre Frederic Kakkgieseh. Ilalle, i8i5 , grand in-8''. L'auteur voidait publicr un ouvrage en quatrc volumes in-4°5 dont le tilre est : Ori^ines'aii/e antiquilas rcclusa j niais il lie Irouva LIVllES ETRANGERS. 575 point d'editeur. Alors, il prit le parti de se faiie connailre par une simple esquisse de son grand travail. Par une inconcevable fatalite, son livre , imprirae en i8i5, est reste dans I'oubli, jusqu'en dc- cembre 1820, epoque a laquelle, pour la premiere fois, les jour- naux litteraires de TAlleniagne s'en sont empares, en s'accusant d'avoir neglige jusque-li une dcs productions les plus marquantes de notre terns. L'auteur prend le genre humain dans sa naissance ; il examine comment le monde a du se peupler successivement , comment les religions se sont formees et propagees. II prend pour guides , non seulement les textes anciens , mais la nature meme et la conformation de la terre. II admet que d'abord clle etait entou- ree d'eau ; que les parties les plus elevees furent degagees , et par consequent peuplees les premieres, Toutes les aociennes traditions, dit-il , ont rapport aux Hiontagnes. G'est sur le Caucase que Pro- meth^e forme les hommes ; c'est sur des sommets boises que la terre enfante Pelasge. De la, cette veneration iiniverselle pour les mon- tagnes, regardees comme le berceau de I'humanite, comnie le sejour des dieux. Ce sont elles qui, d'orient en Occident, etendent cette antique ceinture du monde qui partage I'Asie. Les premieres migra- tions de peuples eurent lieu sans doute de montagne a montagne. Ainsi IMsie vit d'abord habiter le Taurus et le Caucase; ainsi les migrations europeennes durent occuper les monts Carpatbiens , la TLrace, I'lUyrie, les Alpes Noriques; enfin lesCevennes, les Pyrenees, avant que de descendre dans les plaines , oil sans doute elles n'arriverent que beaucoup plus tard. Tel est le systeme de M. Kanngieser, sujet sans doute a quelques objections, mais qu'il a fort babilement developpe. Dans la seconde partie , il ap- plique ses idees a cbaque peuplade en particulier; il assigne a cha- cune son origine et sa part dans la mythologie. Dans le cours de ses observations, l'auteur s'appuie prinoipalement sur la ressemblance des nonis donnes par les colonies a leurs nouvelles habitations, avcc ceux des villes de la mere-patrie. 11 tire aussi un grand parti de la conformite des moeurs entre les dilTerens peuples. IVous regret- tons de ne pouvoir signaler tout ce que ce livre renferme de raison- nemens solides et de rapprochemens ingenieux. La Gazette UUeraire de Halle lui consacre plusieurs de ses numeros. Puisse le succes de cette esquisse determiner enfin un editcur a s'emparer du grand 576 LIVRES ETllANGERS. ouvrage ! Nous le souhaitons d'autant plus , qu'ecrit en latia , il doit Ctre lu par toutes les nations. Ph. GolbSby. aSo. — Die forhalle Europcehcher Vcelkergeschichte, etc. — Ves- tibule do I'histoire des peuples de I'Europe, antirieurementaux fails rapportes par H6rodote; Dissertation de M. CVtar/ei Ritieb. Franc- fort, 1820, in-8°. M. Ritter, diija connu par une savantc dissertation publiee a Berlin, en 1818, enseignait alors riiistoire au moyen de la geogra- phic; aujourd'hui, il la soumet aus lois de I'etymologie. II est hors de doute que Tune et I'autre jettcnt bcaucoup de lumifercs sur I'histoire , pourvu toutefois qu'on ne leur sacrifie pas la critique des fails, sans laquelle on ne pent qu'errer au milieu des conjectures. L'auteur n'a pas toujours evit6 ce danger. Par exemple , il n'a point remarqud que les noms donn6s par les Grecs aux dieux, aux indi- vidus, aux montagnes , aux fleuves, aux villes, etc., ne sont pas les noms qui leur appartenaientreellement, et cette aberration le conduit ^ de fausses consequences. Depuis que Ton etudie les langues dc plusieurs peuples que jusqu'ici nous connaissions seulement par les Grecs, on a beaucoup rectifi6 les idees qui avaient fait concevoir leurs denominations appliqutes par eux aux Indous, aux Perses , aux Egyptiens. Ces derniers ne se scraient pas appeles de ce nom , celui du Nil leur a toujours et(i etranger, de m6me que celui dc Thebes. Si nous verifions ensuite la valeur du mot ethiopien , si souvent employe par les historiens, nous trouverons egalement qu'aucune nation ne se I'appliquait, et qu'il est d'une signification •nssi vague que celle qn'a re(;uc , chez les modernes, le mot indien , prodigu6 indifferemment, et par suite d'une meprise des voyageurs, aux babitans de I'Amerique et h ceux de I'Asie. Tout cela con- firme I'opinion que I'iiistoire d'une nation ne s'apprend bien que chez elle-mOme. Le but de l'auteur est de prouver , tant par les langues et les religions que par les monumens et les livres, qu'avant les terns historiques de la Grfcce , le culte de Budha a ete apporte jasqu'au Phasa et a I'lsterpar des colonies de prctres indiens. II pense que I'influence de ces pretres et de cetle religion a puissamment agi sur la Grece; il s'appuic des traditions de I'Asie ct des recits d'lle- rodote IuI-ukuk;. LIVRES ETRANGERS. » 577 M. Ritter a beaucoup profits des idees emises par M. Kann- gieser dans son Allerlhums-fV issenschaft (science dc I'autiquile) ; mais il les developpe avec tant d'erudition et de sagacite , que presque toujours il se les rend propres. Trop souvent, par suite de sa passion pour I'etymologie , il donnc la torture aux mots et les assujetit au lit de Procuste, en les alongcant et les brisant, selon qu'il en a besoin pour ses recherches. Ph. Golbeby. 23 1. — Geschichte der Sladtund Landsc/iajfi Basel, etc. — Histoire de la ville et dupays de Bale; par Pierre Ochs. Cinquieme volume. Bale, 1821. In-8°. L'auteur a divise son histoire en periodes, et le volume que nous annongous contient les treizieme et quatorzicme. La treizieme, de- puis la reunion de B4le i la Suisse en i5oi , a la reformation en 1621 ; la quatorzieme , depuiscette reformation jusqu'i son triomphe. Les periodes quinxe et seize conliendront le recit des ivenemens arrives jusqu'i la paix de Westphalie, epoque oil I'independance helvetique cessa d'etre contestee. Nous abandonnerons tout ce qui n'a pas un interfit general pour citer quelques faits qui tiennent de plus pres k I'histoire, aux arts ou h la littirature. En iSog, lorsque la reforma- tion n'agissait pas encore sur les esprits , on fit executer sur I'escalier du senat une belle peinture a fresque qui representait le Jugcment dernier. Les demons y paraissent lout joyeux de leur proie , car ils precipitent dans ce grand gouffre abbes et abbesses, moines ct nones, evfiqueset cardinaux, et meme un pape. M. Ochscroit y voir Jules II, contre lequel les habitans de BSle etaient alors trcs-irrites. La pre- miere tentative en faveur de la reformation fut infructueuse. Guil- laume Rublin fut chasse de la ville ; c'etait un pretre qui avait pre- che contre la messe , contre le purgatoire, contre Tin vocation des saints, ct qui, le jour de la Fete-Dieu, pendant que ses coUfegues portaient processionnellement des reliques , avait affecte de prome- ner une Bible, en s'ecriant : f^oild ce qui est veritableineni saint; vuus ne tenez en main que des os et de la poussiere. Plus tard, les reformes eurcnt i soutenir une lutte encore plus terrible, lis ne triompherent cnfin que par une revolution violente, a la suite de la- quelle douze membres du senat furent exiles. Comment parler de cette epoque memorable, sans nommer Erasme? Voici ce qu'en dit M. Ochs : 1 Un homme se presente sur la scene' du nionde , qui, sans parens, sans fortune, et presque sans domicile, devient une 578 LIVRES ETlVANGliRS. (juibsaiicc p;w la seulc Ibixe de son genie. Partout oil il se pieseiilc, on raccueillc avec joLe. 11 est I'ami, le conseil des princes , dans les circonstanccs dilliciles. . . Eiasme a signale tous les abus des cloitres, lous les exces de la cour de Koine , mais il est dcmeure calholique , et a quitte notre ville , par cela seul qu'elle avait einbrasse la re- Ibrine ; et cependant, d peine de rctour dans nos murs , il meurt , et e'est au sein d'une eglise reforniec qu'il reroit la sepulture." Une singuliere coutume de la ville de Bile etait que les pctits-fils ne prenaient rien dans la succession de leur aieul, dont ils se trou- vaicnt exclus par les i'reres de leur pere predeceJe. Gette coutume i'ut abrogee en i522. Bale ne fut d'abord qu'un rendez-vous de bateliers ct de pecheurs. Elle devint ville , i Tepoque oil Augusta Rauracorum , I'ancicnne cite de Munatius Plancus , toniba sous les coups des barbares. Alors, les citoyens de la colonic et ceux d'Arialbinum y transpovterent leurs demeures. Bflle n'est point nommee dans I'itiueraire d'Antonin , ni dans la table tbeodosienne ; et Ammieu Marcellin , qui decrit avec tant de soin Ics guerrcs soutenues contre les Alltmannl , u'en parle pas davantage. 202. — Arislotclis mthicorum Nicomachtt'Oruni libri decern ad codicujn et veteruin edilionumfidem recognoi^il , cojiimentanis ilius- travit latenamque Jambini interpretationent, casligatam adjecil Carolus Zell. Heidelberg , 1S20. In-S". Aristote a ecrit ce traite pour son fils Niconiaehus. 11 parait qu'il le composa avant sa politique, dans Jaquelle il le cite. M. Zell ne pouvait mieux lairc que de reproduire I'un des ouvrages les plus estimes du jnaitre; son edition est dediee au savant F. Creutzer, ■ dont M. Zell est eleve. On salt que jamais rien de mediocre n'est ■ sorli de cette ecole. Aristote est, on ne voit pas pourquoi , delaisse par les pbilologues ; il n'a et6 imprime que rarement, et semble expier aujourd'hui la trop grande puissance dont il a joui. 11 est comnie un roi detrOne que les courtisans n'obsedent plus. Peut-etre la gravite de ses ouvrages rebute-t-elle bcaucoup de lecteurs. Rien n'a manque a M. Zell pour la bonte de son edition. 11 a I'ait i'aire des recbercbes a Heidelberg, a Gottingen, a Fribourg, etc. ; mais , ce qui est plus hcureui encore pour lui el pour le public, c'esl que I'un de nos premiers bellenisles,le respectable M.Schweigbttuser pere, ayanl cu counaissancc de son projel, dans le cours d'une LIVRES ETRANGEllS. 575) conveisalion avcc ]\I. Creutzer, voulut Lien lui envoyer dcs notes qu'il avalt faites, dans la vue de reimpiiiner lui-meme ce traite. Quelques hommes , toujours occupes a renverser les opinions eta- blies, ont pretendu que Kicomachus en etait I'auteur. lis se llent sur un passage de Cictiron et sur una omission de Diogene Laiirce. M. Zell combat viclorieusement ces philologues malencontreux. Tout concourt , dit-il , a prouver qu'Aristole est I'auteur de cet ou- vrage ; on y retrouve le meme style , les memes pensees que dans le reste de ses oeuvres. Le premier volume contient le teste , et le second les commen- taires. Nous desiions que I'auteur ne soil point detourne, parlessoins de son professorat , de la continuation de ses travaux sur Aristote. 233. — Koeppens Fertraute Brlefe iiher Biicher undlVelt. — Lettres confidentielles sur des livres et sur le monde ; par F. Kobppe.n. Leip- sick, 1S20. Fleischer. 1 vol. in-S". Prix, S fr. Nous avons deja eu I'occasion d'apprccier le merite de cet excel- lent philosophe ( Tom. VI , pag. 35f) ) ; nous nous bornons done ici quatre ailes. SCIENCES PHYSIQUES. 515 %t/W%'Vk'V\/VM'\/%/%^ Manuel de l'ing^nieur m^canicien, constructeur de .MACHINES A vAPEUR , par Oliver Evans , dc phila- delpkie ; traduit de L' anglais et augments dc notes par DoonTLE , citoyen des Etats-Unis , tnembra de la socitto d' encouragement pour I'indusirie natio- nale (i). L'educalion developpe nos facultes; mais Ic genie est I'oeuvre de la nature. Celui de Vaucanson fut eveille par la vue d'une horloge, que bientot il reussit a imiter; Zabaglia et Ferracina etaient de simples charpcntiers ; Oliver Evans, ne a Philadelpliie en ij55, etait charron. Doue d'une intelligence superieure et d'un gout remar- quable pour la mecanique, mais prive d'une instruction dont il sentait tout le prix, il trouva dans son zele les res- sources dont le privaient sa mauvaise fortune et les pre- juges populaires dont il etait environne. Ces circonstances ajoutent au merite des inventions qui lui sont dues. Le besoin d'economiser la main d'oeuvre excita son genie.. Il fit d'abord des cardes a laine, lors de la guerre de la revo- lution d'Amerique, I'Angleterre ayant cesse d'importer ces instrumens, d'une necessite indispensable i diverses manu- factures. Evans concut et executa deux machines ; I'une pour faire les dents des cardes , I'autre pour pcrcer les cuirs ; la premiere faisait 3,ooo dents par minute , la seconde percait 200 paires de cardes en douze heures. En 1782, il perfectionna la construction des moulins a farine : trois hommes, en se relajant, sulTisaient a la mou- (i) Paris, 1821. 1 vol. iii-S" avec plauchts. Baululicr, libiaiic, quai des Augustins, n" 55. 51A SCIENCES PHYSIQUES. turede 1 3,720 livresdefarine par jour. Onluidisputa celte invention, et il faillit en perdre les avantages; mais il trouva protection dans les institutions de son pays, oi'i les juge- mens , tant au civil qu'au criminel , sont portes par des iures : il conserva la propriete de son brevet. Ces moulins sont maintenant en usage dans toute I'etendue des Etats- Unis. Mais, de toutes les decouvertes d'Oliver Evans, celle qui a le plus d'importance et qui marquera sa place parmi les hommes de genie, c'est d'avoir imagine de tirer parti de la force de la vapeur pour communiquer le mouvement aux machines. Avant lui, les pompes a feu n'etaient mues que par la seule pression atmospherique ; la vapeur re- pandue sous le piston, au bas de sa course, etait en equi- libre avec la pression exterieure; ct le piston, pousse entre deux forces egales, obeissait au contre-poids qui I'elevait: alors un jet d'eau froide condensait la vapeur et produisait le vide sur le piston, qui, presse de tout le poids de I'at- mosphcre, redescendait en surmontant le contre-poids et la resistance a mouvoir. Le pa et pient se reproduisant ainsi, par les jets alternatifs de vapeur et d'eau froide sous le piston, on transmettait cettc force au mecanisme qu'on voulait animer. Des deux actions du piston, le seul mouvement de haut en bas etait product! f. Le celebre Watt, en pcrfectionnant cette admirable invention de Neucommen, rendit utiles les deux actions, leir/et le pient, eninjectant et condensant tour a tour la vapeur sur les deux surfaces du piston. Mais nul n'avait encore ose pousser la temperature de I'eau jus- qu'au point oii sa vapeur acquiert une force expansive, egalc t\ plusieurs fois la pression de I'atmosphere . et em- ployer cc puissant ct redoutablc agent , comme force motrice. SCIENCES PHYSIQUES. 515 Evans rapporte qu'a I'age de dix-huit ans, il avail vu des cnfans s'amuser k faire des petards de Noel; ils introdui- saient un peu d'eau dans un canon de fusil, dont ilsavaicnt bouche Ja lumiere, et boiirraient k I'ordinaire ; mcttant ensuite la culasse dans un feu de forge, I'explosion ne tardait guere a se faire entendre. Ce jeu fiit pour Evans un trait de lumiere : Voila, s'ecria-t-il , la force motrice que je cherche depiiis long-tems. Toute sa "vie fut employee a feconder cette idee. Dans une chaudierc, d'une tres-grande solidite et her- metiquement fermee de toutes parts, on introduit de i'eau: le feu y developpe une vapeur, dont la force expansive crols- sante equivaut a la pression de cinq atmospheres et au- deli. Get etat est indique par une soupape de sm-ete, char- gee d'un poids convenable, et qui se sQuleve alors pour laisser echapper le gaz. Qu'un corps de pompe soit ferme aux deux bouts, et que la vapeur ainsi echauffee s'y re- pande tour a tour en dessous et en dessus du piston ; ce corps, presse successivement en bas et en haut par une force prodigieuse , prendra le mouvement de pa et uienf, pourvu qu'on laisse cchapper la vapeur qui est du cote op- pose, ou qu'on la condense par un jet d'eau froide. Des soupapes, pratiquees au corps de pompe et mises en action par le jeu meme du piston , serviront a introduire la vapeur et ;\ la chasser ou la condenser. Telle est I'idee generale qu'on doit sc faire des machines ditcs a haute pression. C'est en 1786 qu'Oliver Evans demanda a la legislature de Pensylvanie un brevet pour des chariots mus par la va- peur; mais ce projel parut si gigantesquc, qu'on le regarda comme un trait de folie, et Ton rejeta cette requete. 11 etait impossible de concevoir alors toute I'importance d'unc decouverle, qui depuis a ete couroniiec d'un si beau succes 516 SCIENCES PHYSIQUES. a Neucasllc. Ce ne lut qu'en 1797 que les etals de Mary- land accorderent un privilege , qui demeuru long-lems sterile: nul nc voulait hasarder des foods dans une cntre- priscaussi extraordinaire, que Ton regardaitcommechime- riquc. Uningenieurrenomme,des Etats-Unis, ecrivitmenic centre les nouvelles machines a vapeur un manifeste ou- trageant, dont le ridicule est aujourd'hui retoinbe sur son auteur, mais qui alors dut nuire aux projets d'Evans. En 1795, personne ne voulait encore a Londres prendre con- fiance dans ces machines, qui depuis sont devenues une des causes de la prosperite de I'Angleterre. Enfin, en 1800, malgre des oppositions si nombreuses et dc si indignes humiliations, Evans executa , a ses frais, une petite machine selon son systeme: ellc rcmplit parfai- ' lement son attentc, et Ton cessa des-lors de le regarder comme un fou, comme un songe-creux, commc un homme a systeme. Pen de terns apres , Trevethich et d'autres mecaniciens anglais firent des essaisdo meme genre; mais le pen de precautions qu'ils prirent contre la force de la vapeur causerent plusicurs accidens graves , qui ont , pour quelquetems, jete de la defaveur sur I'emploi de la vapeur a une haute pression. Oliver Evans vit dissiper en grande partie les preventions doBt il avait ete victime : il a construit et mis en action un grand nombre de ses machines, sans qu'elles aient ete su- jeltes au plus petit accident, quoiqu'il travaillat avec la vapeur, dont la force expansive etait d'au moins 120 livres par pouce carre , en sus de la pression de Tatmosphere. Loin d'etre I'objet de plaintes, ainsi que ses detracteurs I'avaient avance, ses machines etaient plus simples, moins coOtcuses, d'un volume moindrc, et consommant moins dc combustible ct d'eau que toutes celles qui elaient connucs jusqu'alor?. Dans un rapport fait au congres cniSiA, Evans SCIENCES PHYSIQUES. 517 tut meiilionne avec cloges comme I'liii des bienfaiteurs de son pays, et il recut des temoigiiages distingues de la reconnaissance nationale. Get habile mecanicien, auteur de plus de 80 precedes mecaniques, qu'ila publics ou executes, ne jouit pas long- tems du bonheur qui semblait dQ a ses importans travaux. Ayant vu incendier son bel etablissement de Philadelphie, fruit de longuesannees de sacriflces , ilneput survivre a cette catastrophe, et mourut quatre jours apres, le i5 mars 1819. Les inventeurs de conceptions mecaniques se decident rarement a les decrire : plus exerces aux travaux des ateliers qu'a ceux du cabinet , lis ne sont pas aussi habiles i manier la plume qu'a imaginer de savantes combinaisons. Evans etait dans une situation qui le forpait a entretenir le public de ses travaux, de ses succes et de ses projets: le besoin de trouver des capitalistes, pour I'aider dans ses entre- prises. I'obligea a composer plusieurs traites; celui que nous annoncons est dQ a ces circonstances. Quand on considere la condition oii pvans etait ne, I'imperfection des theories physiques a cette epoque et le defaut de com- munications avec les regions plus eclairees, on doit peu s'e- tonner de rencontrer des erreurs dans cet ouvrage : par eiemple,rauteur suppose cette loi, qu'en ajoutant 1, 2,3... fois dix-sept degres de chaleur, au-dessus de cent, la force expansive de la vapeur croit en raison double; d'oii il resulterait qu'en elevant la temperature a 166° centigrades , on obtiendrait une force de seize atmospheres, tandis que I'experience n'en donne reellement que cinq. Mais, outre que ce n'est pas dans un pareil ouvrage qu'oii doit chercher les principes physiques du developpement des gaz par la chaleur, et des variations qu'eprouve leur capacite pour le cilorique , theories qui , a plusieurs egards, sont encore couvertes denuages, le traducteur a pris soin, I 51S SCIENCES PHYSIQUES. dans ses notes , de rectifier ces erreurs et d'exposer I'etul acluel de la science, d'apr^s les travaux de Dalton, Gay- Lussac, Petit, Dulon, Clement, Laroche, etc., et de montrer que ces erreurs ne detruisent pas les immenses avantages que presentent les nouvelles machines. II eftt ete a desirer que M. Doolittle eOt refait I'ouvrage et en eQt fait disparailre ceslautcs graves qu'il signale lui-meme. II aurait dQ aussi converlir les mesures anglaises en fran- paises ; je pense qu'il est du devoir d'un traducteur d'e- pargner ces calculs a ses lecleurs. Quoi qu'il en suit, Evans a raison de dire que la force de la vapeur est irresistible, et que ses operations sont aussi rapides que I'eclair et aussi puissantes que la foudre. Sa machine esttrcs-ingenieusement concue, les effetsen sont certains; sasoupape (i) tournante est une invention neuve et remarquable ; enfin, cet ouvrage est d'un grand interet. Beaucoupde manufacturiersrefusentde seservir des ma- chines ii vapeur, parce que celles qui n'ont qu'une simple pression offrent peu d'economie, comparees aux moyens ordinaires , et que la haute pression est d'un emploi dan- gereux. Evans prouve qu'en depensant un peu plus de combustible, on peutdoubler la pression de la vapeur, en sorte que I'economiequi peut resulter de I'emploi des ma- chines a vapeur ne commence gucre qu'au point ou I'on s'arrete, lorsqu'on n'emploie le gaz qu'a 100° de tempera- ture. L'eaucondensee est rameneebouillante dansla chau- diere pour en reparerlcs pertes , en sorte qu'on n'a pas a craindre les degats qui resultent de ce que les sels, dissous dansl'eau, encrassent peua peulachaudiere, etquelefeula detruit promptenient(u). Evans domontre ensulte que le de- (1) Elle fut iiuaginee par un simple menuisier de Kentucky, qui ne connaissait Ics machines a vapour que par des descriptions. (2) L''eau soumise a la vaporisation contient unc plus ou nioins SCIENCES PHYSIQUES. 519 fautde precaution cause plus d'accideiis dans les machines a simple pression , que lorsqu'on eleve la force de la va- peur a cinq ou six atmospheres, parce qu'on la contient alors dans des vases , dont la resistance est dix, vingt et meme quarante fois plus grande qu'il n'est necessaire. II ne faut pas refuser de faire usage d'une force, par la raison qu'on peut I'augmenter au point ou elle devient dange- reuse. Nous nous sommes longuement arretes sur I'analyse de I'ouvrage d'Evans , a cause de I'importance du sujet , des erreurs (Ju'ou y rencontre et de la renommec de son au- teur, auquel on doit la navigation , sans le secours des aniraaux, centre le vent et les courans , a I'aide du plus puissant des agens que Thomme ait pu faire servir a I'exe- cution de ses desseins. M. de Laborde , dans un article de la Rei^ue ( Tom. V, pag. A8o. Mars , 1 820 ) , a remarque que I'emploi des machines, loin de Inisser les ouvriers sans travail, accroit leurnombre, augmente leurs salaires, ameliore lenr sortet fait baisser le prix des produits; qu'il existe en Angleterre dix-huit mille machines A vapeur qui font I'ouvrage de trois millions d'hommes , ne demandent aucun salaire, et sont charges des travaux les plus rudes grande quanlite de sels terreux qui , en se deposant peu a peu , s'at- tachent aux parois des chaudi^res ; I'eau ne baignant plus la surface du metal, le feu y exerce unc action destructive , outre que le mo- ment de Tebullition est retarde. On est done oblige de terns a autre de decrasscrles chauditires , ce qui cause desl'rais perdus , parce que le jeu de la machine est alors suspendu. Je ne connais pas I'auteur du precede trfes-simple qu'on vient de decouvrir pour remedier i cet inconvenient. Tons les dix ou quinze jours, on jette quelques pommes de terre dans la chaudicre , I'ebullition produit un effet m^canique, quisufiit pour detacher la sek'niteet la ramenerdansla masse liquide; il suffit de vider la chaudiere pour la dt-gager des sels terreux et de la vase. 520 SCIENCES PHYSIQUES. et les plus avilissans. Nous ajouterons que nous ne devons pas phis esperer de latter d'industrie contre ces redou- tables rivaux, sans nous servir de canaux de navigation et de machines i\ vapeur, que nous ne pourrions nous flatter de resistcr a nos ennemis , sans le secours des ca- nons ct de la cavalerie. II faut que les ressources indus- trieuses des diverses nations s'elevent au meme degre , sous peine de destruction plus ou moins complete , avec le tems, de celles qui n'auront pas su egaler, depasser meme Tindustriedes peuples voisins; et de combien nous restons en arriere sous plusieurs rapports ! Lorsque M. Becquey etait charge de I'une des directions du ministere de Tinterieur, 11 fit venir de Londres une belle machine de Modslay, qui est deposee au conserva- toire des arts et metiers, pour y servir de modele. Get oxemple est digne d'etre imite par ses successeurs. C'est une action Traiment patriotique et qui a deja produit d'heureux resultats. L'un de nos plus habiles mecani- ciens, M. Daret, a ete honore d'une medaille d'or de la societe d'encouragement , pour avoir execute un appareil sur le meme plan. Maintenant, il est demontre que c'est vers la construction des machines k haute pression que les efforts de nos artistes doivent tendre, et I'ouvrage d'Oliver Evans pourra leur servir de guide. L'une des planches est destinee a expliquer les effets de sa machine, en offrant les diverses parties arrangees dans I'ordre convenable a ce but; une autre planche montre cette machine telle que son auteurl'a fait cxecuter. On y trouve aussi d'interessans details sur les pistons metalliques, la soupape tournantc, le manometre d'epreuve , le flotteur, le volant et le mo- derateur. On doit savoir gre a M. Doolittle d'avoir public cette utile production. Francwur. LIVRES FlUNCAlS, flOl jcitpyens de rassembl^e coostituante , d'an ^crivain phitosophe dont un premier livre est devenu classique dans la science de I'histoire. II a ite compose par Thouret , pour I'education de son fils ; celui-ci a voiilu tjue ce monument de I'affection paternelle f&t mis i la dispo- sition de tous les parens eclaires qui auront le bon esprit d'en pres- crire la lecture k leurs fUs. Ces tableaux furent composes dans les ann^es 1792 et tygS, immediatement apresla session de I'assemblee constituante, epoque i laquelle I'auteur s'etait consacre entifere- A>ent k Teducation de son fils. lis embrassent I'histoire uniuerselle. La publication actuelle comprend seulement I'histoire ancienne , depuis la creation du monde jusqu'i I'ire vulgaire. On mettra inces- samment sous presse le tableau de ITIisloire modeme. lis s'arretaient dans le manuscrit i la pais d'Hubersbourg , en 1763. M. Thouret fils a continue I'ouvrage jusqu'en iSao. Les tableaux de I'histoire an- cienne sont divises en trois parties. Dans la premiere, on trouve au- tant de colonnes qu'il se rencontre de peuples contemporains , de maniere qu'on aper^oit d'un seul coup d'oeil tous les evenemens qui sont arrives k la mdme epoque. On a suivi , pour les terns recules , la chronologic de Larcher ( traduction d'Herodote, edition de 1786), La colonne des Romains , dans la premiere partie , necessitait des developpemens trop etendus ; c'est pourquoi I'auteur , en se bor- pant k I'indication des faits les plus remarquables , a reserve les de- tails de 1' Ilisloire romaine pour des tableaux particuliers qui forment la deuxieme partie. La chronologic de ces tableaux a ete corrig6e par M. Thouret fils , d'apres un travail publie par M. Albert , dans la dcrniere edition de VArl de verifier les dales. La iroisieme partie, qui egale en etendue les deux premieres , se compose de I'histoire des sciences, des leltres et des arts jusqu'i I'ere vulgaire. Elle ren- ferme aussi quelques observations sur les gouvernemens , les lois civiles et les moeurs des differens peuples. Gette partie a subi des corrections et des additions, au moyen desquelles M. Thouret fils l*a mise au niveau des cojinaissances actuelies. On voit que cer Quvrage est I'un des plus importans et des plus utiles qu'on ait pu- blics depuis plusieursannees. 11 doit etre recherche dans les maisons d'education des deux sexes , aucun autre. n'etant plus commode ni plus stir pour etudier I'histoire. L'homme de cabinet y retrouvera avec facilite I'indication et le recit analytique de cette multitude infinie de faits dont sccomposp rbjstoice, toujours rapprochcs de» ToMK X. 3? 602 LIVRES FRANCAIS. faits contemporaihs qui exercent reciproqucment entre eux une grande inllaence. Une entreprise dece genre, honorable par son but comma par son importance, merite des encouragemens. M. Thou- ret fils a dedie I'ouvrage de sonpcre a M. Dupont (de I'Eure ). Voili deux noms bonorables qui ne seront pas ^tonnes de sc trouver en- Bemble. A.M. 274. — Dictionnaire historique de I' abbe F. X. oe Feller, cin- quieme edition , enrichie d'un grand nombre d'articles nouveaux intercalis par ordre alphabttique, et corrig^e sur les observations de nos meilleursbiographes. Paris, 1821. M^QciGNOirfils ain6,rue des Grands-Augustins, n"> 9; et Lyon, chez P^bisse frferes, libraires, rue Merci^re, n" 53. T.- I", in-8''. Prix 5 fr. , et 7 fr. franc de port. (L'ouvrage entier formera 12 vol. in-S°. ) Ce Dictionnaire historique n'est connu que des ecclesiastiques. Pour le rediger, I'abbe de Feller, jesuite des Pays-Bas , s'appropria, en 173 1, celui de I'abbe Chaudon ; il en revit tous les articles, retran- cha, ajouta, substitua ^ des opinions moderees des opinions exagerees, et surtout des principes de discipline ecclesiastique entierement op- poses i ceux de I'^glise gallicane . Get ouviage fut pr6ne , en France , a une 6poque d'anarchie leligieuse oii I'on s'effor^ait d'introduire dans la patrie de Bossuet les principes les plus ultramontains ; c'est ce qui explique la reimpression qui en a 6t6 faite 4 Paris, il y a quatre ans. Dans mon Examen critique des Diclionnaires histori- ques (1) , j'ai signale les exageralions et les aberrations de I'ex-je- suite Feller. Ses partisans , honteux de I'espfece de succes dont lenr edition a joui , ont avoue qu'en effet cet auteur n'etait pas irrepro- chable ; ils ont annoncc qu'ils allaient encore le riimprimer pour rectifier ses jugemens errones et reparer ses inexactitudes, en affir- mant que cette edition , confiee a des mains habiles et h des eccle- siastiques egalement pieux et cclaires, repondrait k la confiancc dont les gens de bien les avaient honoris. Elle devait mfime ctre dediee A nosseigneurs eveques de France. Le tome I" de cette cinqui^me edition vient de paraitre, on n'y trouve aucune des ameliorations annoncees dans le prospectus ; d'oii Ton doit conclure que les mains habiles et les ecclesiastiques pieux et eclairis dont il y est parl^ se reduisent 4 de jeunes ecclesiastiques (1) Voyez Bev. JEneyd,, T. I", pag. 1/(2. LIVRES FRANCAIS. 603 ties'peu inslruils, peut-flti'e mgrne i des s6niinarlsteg tout-i-fail etrangersa I'liistoire litteraire. Ces messieurs se croient les succes- seurs do Feller, parce qu'ils out appris de lui k dire des injures auX personnes qui s'honorent de professer les principes d'une safe philosophic, et qui ne se livrent a des mouvemcns de viracite que centre les intolerans. 11 est a remai-quer ^urtont c(uei fiosseigneurs les eveques de France n'ont point acceptii la dcdicace du beau tra- vail de nos semiuaristes. II sufTit d'ouvrir le volume que nous avons sous les yeux poUr juger de I'incapacit^ de ces edJteUrs. On s'aper- 9oit, dans une foule d'articles, que I'ouVfage i. ^te compose vers 1781J II 6tait cependant bien facile d'arranger ces articles pour I'epoque actuelle. Je ne releverai pas les omissions , qui sOnt trfes-nombreuses et que Feller eftt rtiparees s'il eftt vecU jusqu'i nos jours; I'article tres- insignifiant d'Alcinoiis ne pouvaitil pas dtre fait, soit d'apres la Biographie uniperselle , soit d'aprfes mon Examen critique? Feller disait, en 1781, qu'on avait imprimi depuis peu, a Berlin, une traduction d' Ammien Marcellin, mcillfeure que celle de Tabbc de Marolles. Les editeursde 1811 devaient-ils nous redonner le depuis peu, tandis que la Biographie universelle leur apprenait que cette tradnction de M. Moulines, pasteur h Berlin, avait para en 177S (^lisez 1775). Elle a et6 reimprimee a Lyon en 1778. On lit i Tarticle de Charles Ancillon, mort en 1716, qu'il ne faut pas le confondre avec M. Ancillon, pasteur de I'eglise fran(jaisc de Berlin (encore vivant en 1789). On n'a point annonce dans les papiers publics la mort de cc celebre pr^dicateur, qui existait encore en i8i5. M. Jean-Pierre- Frederic Ancillon, son (ils , aussi distingue comme orateur, est plus connu conime hislorien. Dans I'article Sainl-Andeol, I'eglise de la parolsse de Saint- Andr6-dcs-Arcs de Paris est designee comme existantc encore. A I'articlede Nicolas Anlonio^ les editeurs ne citent pas la nouvelle et belle edition de la celebre Biblioiheca Hispana, faite a Uladrld en 1783 et en 1788, 4- vol. in-fol. Est-cc li completer un auteur ? L'article A'Aristole met'iiAit sans doute d'etre redige avec soin. Pourquoi nos s6minaristes se contentent-ils de citer la tradnction de ses politiqnes, par Louis le Roy, publiee en 1600? Ignorent-ils que nous en avons deux nou- velles traductions; I'line par Champagne dti 1797, 2 vol. in-S"; I'atrtre psf M. Milon , en iSo^', 5 vol. in-8° ? P.irlerai-je des noriis 60A MVRES FRANCAIS. estropi I'amoui-propre et a la vanity. Mais, pour ecrire en toute liberie, il ne faut s'attacher qu'i I'histoire des morts ; quant aux vivans, il est bien difficile de raconter impartialement ce qu'ils ont fait. Si on les loue trop , on est soup- 90nn6 avec raison de vues interessees ; si on les bl^kme avec trop de s6verit6 , on s'attire la baine des personnages , de leurs families et de leurs amis. Dans le nouvel ouvrage , ou plutot dans la nouvelle edition de I'ouvrage public par M. CbSteauneuf, il n'est question que des grands generaux de la revolution , qui tous sont morts ou peu s'en faut. Leur vie est habilement exposee; et quoique , apr6s tant d'ouvrages militaires qui ont paru depuis quelques ann6es, il reste peu de choses nouvelles k dire , on lit encore avec int^ret leur vie dans cette histoire des grands capitaines. Ce n'est pas sans itoa- nement qu'on trouve 4 la tete de I'ouvrage le recit de persecutions que I'auteur assure avoir essuyies sous le regime imperial. Ilraconte, avec un peu d'aigreur, que le ministre Champagny lui a ecrit avec ironie que, lorsqu'on se donne la mission d'ccrire I'bistoire des grands generaux , il ne faut ambitionner d'autre recompense que la gloire ; ce qui ferait croire que M. GhSteauneuf lui en avait demands une autre. 11 raconte ensuite qu'on lui avait offert 4o,ooo fr. pour sus- pendre son ouvrage ; que le baron Pommereul , par ordre de Bonaparte , a voulu le supprimer et saisir les exemplaires exis- tans,etc. Tout cela est difficile a concilier avec les eloges pompeux que les journaux devoues du tems faisaient de chaque petit cahier du Cornelius qui paraissait, et que M. ChSteauneuf a insures lui- m^me dans cet ouvrage. Si j'ai bonne memoire, ce livre de M. ChS teauneuf avait meme C'te declare livre classique, c'est-i-dire 4 I'usage des classes des lycees. Toutefois , comme il y avait alors beaucoup de bizarrerie dans les ordres arbitraires qui ^manaient du gouver- nement, il se pent que I'auteur ait et6 tour i tour approuve et blSme , sans qu'on en puisse rien prejuger pour ou contre son travail , qui sera maiDtenant apprecie avec plus de justice. D.-c. 277. — Essai sur I'histoire des comtes suufcrains de Provence, avec un precis historique des dilTerentes dominations auxquelles fut soumise la Provence, avant I'etablissement de ses comtes parti- culiers; par M. Boisso.v dk la Salle. Aix, 1820; i vol. in-S". I.'auteur est un ancien conseiller au parlement d'Aix; il a rempli jssez bien le litre de son ouvrage, abridge commode, ^ch* o^'cc 60C LIVRES FllANCAIS. puiete et clait^ ; ament meminisse periti. L'auteur a eu soin d'y remarquer que, dcs le milieu du xi\' sitjcle, en Provence, oles villes et les bourgs s'etabliient en communauti ; qu'elles jouirent d'une administration municipale , capable d'assuier, avec la liberty des habitans, les progres des arts et de I'induslrie; et qu'elles compo- saient, dis ii4S, le troisiemo ordre aux etats de Provence, qui vptaient principalement les contributions. » L. S/O' — Discours et opinions de GAZALiis , precedes d'une notice historique sur sa vie; par M. Guahe, avocat. Paris, 1821 ; KlelFer et Moreau , libraires-editeurs , rue d'Enfer-Saint-Micliel , n» 2 , et rue Cpquilliere, n" 27 ; 1 vol. in-S". C? volume forme le 4« de la Collection des orateurs frangais ; il cpnticnt tous les discpur^ de Cazales , prononces dans le sein de la Jnemorable assemblee constituante ; mais, comme les matifcres ne suffisaient pas pour qu'il fDt d'une grosseur semblable in celle des tomes precidens , les editeiirs annoncent qu'ils donneront en sup- plement les Biscours de Malouei. Cazales ne peut etre place sur la mdme lignc que Mirabeau , quoiqu'on ait souvent I'ait ce rappro- chement. II a combattu avec talent les opinions de ce grand orateur; mais la difference qui existe entre eux , sous le rapport de I'art ora- toire, est aussi immense que celle qui separe les doux causes qu'ils s'etaient charges de del'endre. Neanmoins, les hommes curieux d'e- tudier les debats parlementaires qui se sont Aleves dans nos assem- blies publiques, liront avec beaucoup d'interfit les discours et les qpinions de Cazales. 279. — L(t Charte constitutionnelle en 1821. Paris , 1821 ; L'huilller, rue Saint-Andre-des-Arcs , n"" iS; in-S" de 80 pages. Get ouvrage est clivis6 en trois cbapitres; le premier renlerme le discours prononc6 par le roi dans la stance du 16 mars i8i5 , et le sfrwent de la f'amille royale ; le deuxieme comprend les fails , c'est-^-dire la charte , et sous chacun de ses articles I'indication des acte^,lois etordonnances qui I'ont suspendue, ou qui, selon l'auteur, J'ont violee ; enliu, dans le troisicme chapitre , on trouve I'ordon- nance du 9 mars j8i5 et la loi du i5 mars i8i5, dans laquelle le roi proclame la charte le point de ralUement de tous les Frangais , et declare que le depot en est conjie a la faliltti et au courage de Varmee, des gardes nationales et des citojens. On attribue cette brochure i un jeune ecrivain de I'opposilion, qui a d^ja soutenu avec quelqu'celat une hi! te judiciaire pour le parli pulilique qu'il ;u'mbrassi;. LIVRES FRANCAIS. 607 2S0. — Bulletins de la grande armee , recueillis et publics par Alexa?idre Goujon ; 2« et 3"= volumes, contenaat les canipagnes de Prusse , de Pologne , d'Autriche , de Russie et de Saxe. Paris , 1821 ; Baudouin freres, rue de Vaugirard, n° 36; in-i6 de 280 pages chaque. Cette collectioa interessante , qui est une sorte de monument his- torique consacre k la gloire de nos armees , est ornee de fort joUes gravures par Couche fils. . iSi.—Coup d'oeil sur la situation politique el mililaire de l'Bu~ rope, et principalement de ritalie jTparV., ancien 614ve de l'6cole poly technique , membre de I'academie de Rouen. Paris, i8»i ; Corr6ard , au Palais-royal ; brochure in-S". Ce petit ouvrage, dent la rapidite des derniers evenemens poU- tiques nous dispense de rendre compte, mirite n^anmoins des ^loges pour les vues generales et philantropiques qu'il renferme. 282. — Pricis historique sur les revolutions des royaumes de Naple.s et de Piemont, en 1S20 et 1821 ; suivi de documens authen- tiques sur ces evenemens , et orn6 d'une carte pour servir k I'intelli- gence des operations militaires; par M. le comte D***. Paris, 1821 ; Roret et Roussel, libraires, me Pav6e-Saint-Andre-des-Arcs , n" 9. ln-8'' de 224 pages ; prix , 4 fr. 5o c. , et franc de port, 5 fr. 5o c. 283. — A I'illustre assemblee des Cortes de Portugal, \e comte DE Fbanclibu. Paris , 1821. Imprimerie de Tremblay, in-S" de 7 p. L'auteur voudrait que la constitution des Cortfes ne put €tre reformee que sur le voeu des assemblees electorales , et par un corps constitutif nomme ad hoc. 284. — Seconde petition contre la traite des noirs , presentee le 19 mars 1821 , par 3, Morbnas. Paris, 1821. Brochure in-8» de 62 pages. Imprimerie de niadame Jeunehomme-Cremiere. L'afiligeant spectacle de la traite est renouvele , ou, pour mieux dire, n'a pas cesse sur les cOtes d'Afrique, malgre les lois qui la d6- fendent. M. Jlorenas nous apprend que quarante navires sont partis des ports de France pour faire cet odieux commerce , et qu'en 1820, on a transports plus de dix mille esclaves en Amiirique. Jusques a quand des hommes seront-ils victimes d'une cupidite si coupable ? Ni la religion , ni la morale , ni les lois de I'etat , ne peuvent done empfecher d'acheter, de transporter et de vendre des hommes, qu'on arrache avec violence de leurs deserts. M. Morenas n'accuse point les ministres de proleger ce tralic impie; il en rejette tout le blAmc 608 LIVRES FRANCAIS. «iir des employes infi!:rietirs , qui sans doute y prfitent la main, » I'insu du gouvernement. II propose ensuite d'ctablir des peines infamantes contra les coupables , comme le moyen le plus s&r d'ai- rfiter une si deplorable calamite. Ddns les notes int^ressantes et curietisesde M. Morenas,on voit un exemplcsingulier du profond atlachementdes noirs pourleurpatrie. Leshabitans du village d'Alebia ,appartcnantau Pol, vivaient, seloni I'usage de ces contrtes, dans toute la siniplicitedes lois de la nature. Le produit de qnelqnes champs qu'ils cultivaient sans beaucoup de fatigue, la chasse , la pficbc , des fruits sauVages sudlsaient a leurs bcsoins; ils ont eti ploughs dans les horreurs de I'esclavage par une infAme trahison. On ne lira point d'un oeil sec leur touchante histoire. L'fequipage d'un arfflement de Saint-Louis, destint en apparency; pour Galam, se rendit, en 1807, au village d'Alebia. Comme il se presentait en ami, les babitans d'Al6bia mirent de I'enipressement a Taccueillir. On se donna mutuellement des gages d'amitie par des6changes, par des festins, par des rejouissances. A I'abri des lois sacr6es de rhospitalit6, les babitans d'Alebia reposaient en paix sous le toit de leurs cbaumieres, lorsqu'au milieu d'une nuit afl'reuse, leur village fut assailli par I'equipage de cet armement. Ceux qui ne meurent pas en defendant leur liberie, sent faits cs- claves avec leurs enfans et leurs femmes, qui poussent de lamen- tables oris a mesure qu'on les entrjaine loin des lieux qui les ont vus naitre. Ces malheureux sont jetes dans le fond d'un navire ct conduits en met. Les uns, en plus grand nombre, sont morts dans les travaux et les tourmens de la servitude ; les autres, vendus a Cuba k des Es- pagnols qui traitent avec moins de rigueur leurs esclaves , ont trouve le moyen de gagner de quoi racheter leur liberie, et ils ont equipe un b&timent qui, en 1818, les a ramenes dans leur patrie, au nombre de trente-deux. lis ont saluc avec des cris de joie et arrose de leurs larmes la terre d'Alebia, apres onze annees d'esclavage dans le Nou- venu-Monde. Cet evenement qui a fail une grande sensation au Se- negal, et qui a ete cite dans la Gazette de Sierra-Leone , du 9.5 juil- let 1818, est bien propre i inspirer de plus en plus Tborreur contre un trafic qui viole toutes les lois divines et humaines. A. Metbal< 285. — Opinion dc M. B. Cohstakt , sur I' interdiction de la parole, par suite du rappel a I'ordrc et a la gueslioni, dans les LIYRES FRANCAIS. COtf lealices des 6 et i4 avril, avec un avertissement et dtis notes dc I'auteur. Paris, 1821. Klefl'er, rue d'Eflfer-Saint-Michel , n" 2. Bro- chure in-S" de Sj pages. Prix 1 fr. aS c. 2S6. — Le Triomphe des rois legitimes ct les dons de Dieu ; par J0S88ADME DoBooftG. Paris, 1821. Klefl'er, rue d'Enier-Saint-Michel, n« 2. In-iS, I'un de 118 et I'autre de 129 pages. Prix , i fr. a5 c. chaque. 287. — P races du Mi roir, Paris, 1821 , au bureau du journal, rue Notre-Dame-des-VictoireS , n" 4o. In-S" de 53 pag. {Vqy. I'annonce du meme journal litteraire et dramatique, ci-dessus, T. IX, p. SgS.) 288. — Choix de voyages dans les quatre parties du monde , ou Precis des voyages les plus interessans par terre et par mer, entre- pris depuis I'annee i8o6 jus qu'i ce jour ; par J. Mac-Gahthy. Paris , i8n. Ala librairie nationale etetrangere, rue Notre-Dame-des- Victoires , n" 34, et chez Locard et Davi, quai des Augustins, n° 3, 4 vol. in-S" (premiere livraison). Cette collection , dont I'idee est heureuse et rexecution soignee , parait devoir obtenir beaucoup de succes. Nous rendrons compte des differentes livraisons, a mesure qu'elles seront publiees. 289. — Lettres sur le Bosphore., ou relation d'un voyage dans difle- rentes parties de I'Drient , pendant les annees 1816 i 1819. Paris, 1821. Domere , rue du Gimetiere-Saint-Andre-des-Arcs, n" 4- i vol. in-S". Prix, 6 fr. , et 7 fr. 5o c. par la poste. Dans un moment oil les regards des philantropes et des homn»e« 6clair6s de toutes les nations se tournent avec un interet si vif et un espoir si profond vers ces superbes rives du Bosphore , riches de passe et d'avenir , on accueillera sans doute avec empressement lo livre que nous annon^ons. C'est le r6cit d'une femme spirituelle qui vient de parcourir le pays , theatre de si grands evenemens ; obser-i vateur peut-etre un peu superGciel , mais juste et surtout fidele , parce qu'elle est sans pretention; c'est dans les epanchemens d'une correspondance particulifere , qu'elle a trace un livre qui reunit Pin- terfit du roman ^ celui du voyage. ago ('). — Theatre complet des Latins; par J. B. Lbvke et par feu I'abbe Lemonxieb ; augmente de dissertations , etc. , par MM. Amaurt DovAL , de I'academie des inscriptions, et Alexandre Ddval, de I'academie franc^aise. i^', 2«, 5", 4" et 5' livraisons, formant 9 vol. inS", Prix, par volume, 6 fr. 00 ceul. ; papier grand velin, i3 fr- 610 LIVllES FMNCAIS. I'aris , 1S21. Ciasseriau, librairc, au dipjt biOliographu/ue, rue Neuvc-des-Petits-Chamjjs , n° 5. 2Cji.—DicUonnairecelto-brelon, ou breLon-franfais; par J. F, M. A. Lb Gonidec , membre de la societc royale des antiquaires de France, etc. Angoul6me, 1821. 1 vol. ia-8° dc 483 pages a d«ux colonnes. L'auteur avait deja entrepiis d'ajouler i nos connaissanc^s sur le bas-breton, par I'excelleute grammaire celto-bretonne qu'il a pu- bliee a Paris en 1807. ^' *' achcve sa laclie par cc dictionnaire , plus exact que cclui de Dairies , plus commode et plus savant que pelui Uu pere Gregoire de Rostrener, commencanf par le mot fran^ais, au lieu que celui-ci commence par le mot bas-breton, et beaucoup plus complet que le dictionnaire in-folio du tres-erudit benedictin , Don Le Pellelier. Ce n'est pas tout, l'auteur cite , dans ses exem- ples, un grand nombre de mots qu'il a omis de reporter dans I'ordre alphabetique. On peut aussi regretter que M. Le Gonidec n'ait pas indique et apprecie , dans son avertissement , tout ce qui appartient a la lexicograpbie bas-bretonne , en manuscrits et en imprimes, en livres publics en France et a I'etranger. Adelung en a donne un catalogue dans le second volume 8° de son Mithridates. Berlin, 1809. Mais, tcl qu'il est, ce nouveau dictionnaire est un grand service rendu a la science generale des langues, et a tous ceux qui aimcnt a les comparer entre elles , a decouvrir de nouvelles etymologies, a verifier, corriger ou enrichir les etymologies deja connues. Lanjuinais. 292. — Hisloire de la langue des Gaulois, el par suite de celle des Bretons ; par M. MioncEC de Kehdanec , docteur en droit. Rennes, 1821. 1 vol.in-i2. 295. — Academie royale des sciences , belles-lettres et arts de Bordeaux {Vcyez Tom. VII, pag. 626, et Tom. IX, pag. 201), seance publique du 26 aoiit 1820. 1 vol. in-S". Pinard , imprimeur « Bordeaux. Cette sQciete savante merite d'etre distinguee parmi le grand nombre de celles qui existent en France, -tant par le savoir de ses membrcs que par I'importance de ses travaux , et par rinfluence qu'elle exerce sur les progres de I'agriculture et des arts industriels , dans le departcment de la Gironde. Unc analyse succincte des dis- tours ct des memoires lenlcnnes dans ce volume , suflDra pour justi LIVRES FRANCAIS. till fier DOS eloges. Le discours d'ouverture, prononce par le president, JNI. Leupold, et dont le sujet est Vutilite de la culture des sciences et son influence surla prosperite publique , nous parait aussi blen ecrit que biea pense. Nous reprocherons seulement a I'auteur d'etre trop exclusif en faveur des sciences positives , de n'en estimer en quelque sorte que les avantages materiels et immediats , et, par suite de son enthousiasme pour les arts industriels, de parler, avec une sorte de dedain , des sciences qui traitent des lacult^s de I'entendement , et qui ont pour but d'en regler et d'en perfectionner I'exercice. Les ouvrages et les lerons qui, en fortifiant le jugement et en elevant I'ame des hommes , les rendent plus capables des sacrifices qu'exige trop souvent la pratique de la vertu , ne meritent-ils pas autant d'estime que les travaux qui teodent seulement a augmenter leurs jouissances physiques ? J'en appelle, sur cette question, aux nobles sentimens que M. Leupold exprime dans son discours. Le rapfiort sur les travaux de l' academic, pendant Fannee 1820, par M. Lecour , secretaire general , fait connaitre plusieurs ouvrages soumis au jugement de la socitite par quelques-uns de ses membres et de ses correspoadans. Je citerai entre autres : 1° un Traite de navigation , oil I'auteur, M. Lescan, a cherche a reunir toutes les connaissances necessaires aus diffirentes classes de marins ; 2° un Memoire de M. Dugut, relatif au deplacement de la terre dans lecliptique; 3" un autre de M. Gtateloup , sur Vophile des environs de Dax; 4° un Essai sur un nouceau systeme botanique , fonde sur le calice et appele sy stcmc perianthiel , par M. Laterrade , a qui Ton doit la premiere Flore, publiee a Bordeaux; 5" un memoire sur Vinstinct, par M. Ginlrac, ouvrage qui est au niveau des connais- sances physiologiques actuelles, mais dans lequel la commission a trouve quelques parties obscures; 6° un memoire de M. Lacour, intitule .' Conjectures sur I'origine et sur la forme primitive des nionumens de I'art statuaire, suivies de quelques recherches sur les usages et les inventions donl ces monumensfurent la cause. Ce travail fait partie de divers fragmens relatifs aux antjljuites ^gvp- tiennes ; 7° un memoire sur les Busses , par M. Faure , etc. JJ analyse des travaux de V academic relatifs a I'agriculture et it I' iconomie rurale , luc par M. Camhon , secretaire de la commission permanente d'agriculture, prouve que de nombreux succes ont cou- jonne les efforts de la societe. Les parmentiires (pommcs de terre ) G12 LIV RES FRANC AIS. i>nt fix6 particuliciemeiit I'atlention de la conimibsioD , qni doirnr des details d'un grand interfit sur les essais tentes dans ce genre de culture par plusieurs agriculteurs distingues du departenicnt. Les resiiltats obtenus par M. Catros sur treizc hectares de landes incultes, dans la commune d'Eysines , a deux lieues de Bordeaux , sont tres- reinarquables , ct demontrent qu'on peut tirer un grand parti de ces terrains , qu'un prejuge iuneste , fonde sur des essais inal dirig^s. Tail regarder conime steriles; aussi , I'acadeniie a-t-elle fait un actc aussi utile que juste , en decernant une medaillc d'encouragement a M. Calros , un de ses plus estimables correspondans. On doit a M. Jouannet : i° une notice curieuse sur la ville de fiaint-Emilion , dijk connue par ses vins , niais qui merite encore plus de I'etre par les ruines romaines et par les monuniens du moyen Age qu'elle renfernie ,- 2° les conseils d'un vieillard , stances philo- sophiques, dont les vers sont faciles et gracieux; S" \'Sloge de M. de Saint-Marc, mort en 1819, et auteur de I'opira A'Adelede J'onthieu et d'un grand nombre de po6sies fugitives. La notice sur la cloche a p longer, par M. Billaudel, ing^nieur des ponts et chaussees, est tres-iniportante , en ce qu'elle fait bien connaitre I'usage de cette machine , dont nous avons donn6 la des- cription d'apres M. Hamel (Tom, VIII , pag. ijo ) , et que M. Des- champs a introduite le premier en France , dans les travaux du pont de Bordeaux, qu'il dirige avec autant de zele que de talent. C'est M. Billaudel (ce fait u'est pas dans sa notice), qui , en descendant le premier dans la cloche dplonger, a donn6 aux ouvriers^ qui depuis »'en font un jeu, I'exemple de visiter le fond de la Garonne. Au moyen de cette ing^nieuse machine, il sera facile de debarrasser le lit de la riviere des bdtimens echoues , qui forment des 6cueils sur plusieurs points de son cours. Nous voudrions pouvoir citer en entier un rapport fait au nom d'une commission, par le mSme M. Billaudel, et dans lequelil presente le tableau des decouvertes et des perfectionnemens les plus remarquables dans les arts industriels , depuis quelques anodes, non seulement dans Ic departement de la Gironde , mais encore dans les autrcs parlies de la France. L'auteur a renferm^ , dans un court espace, un si grand nombre de faits int6ressans , qu'il serait impossible dc faire I'analyse de son ouvrage sans le tronquer. Ce travail fail boaucoup d'lionueur a M. Sillaudel , a qui I'academio » MVRES FRANCIAIS. fil 3 temoigni- lierniferement toute I'estime qu'elle faii de ses talens, en •le nommant son secretaire general. ■ Le volume des Memoires de I'academie de Bordeaux est termine par des notices biographiques sur MM. Louis ^Iphonse , pharaiA- cien ; Jean-Marie Caillau , medecin , et hicolas Pic de Peri, morts en 1820; par MM. Lariigue , Bourges et Guil/ie , membTe% de I'academie. A. Michelot. 294. — Recueil de V Academie des Jeux Floraux. Toulouse , i8»i. Dalles, un in 8" de lixvi et 74 pages. C'est une chose deplorable que I'^tat de degradation oh sent tombees quelques academies de province qui pourraient Stre utiles , si elles 6taient des associations vraiment libres. Parcourei la liste de plusieurs de ces academies ; et, independamment du maire et du pr^fet , academiciens nes , circonstance qui dispense ces deux ma- gistrats de toutes qualites academiques , quels noms y trouvez-vous? c'est d'abbrd monseigneur I'archeveque , puis M. le premier pre- sident, puis M. le procureur general ; viennent ensuite les seconds pr6sidens et les conseillers , les mar6chaux-de-camp et les colonels , les chanoiiies et les sous-prefets ; enfin, en derniere ligne, les ex-prefets et les ex-maires, qui doivent rendre grSce au ciel de ce qu'ils furent jadis , pulsque sans cela aujourd'hui-ils ne seraient plus rien , pax meme academiciens. Si I'on parcourt la liste des pifeces couronnees depuis quelques ann^es par \' Academie des Jeux Floraux, il est rare d'en ren- contrer une qui neporte le stygmate avilissant tie I'esprit de parti, ou de I'esprit d'adulation , ou de I'esprit de circonstance. Qniconque a laisse 6chapper dans ses vers la plus legere etincelle de I'esprit de liberie est exclu du concours , sans autre examen. Nul n'aura de I'esprit que nous et nos amis : On s'ea etait un peu doute ; mais un discours de rccipieodaire en informe le public avec une naivete parfaite. Dans sa seance annuelle du 3 mai 1821 , tenue avec la solennite accoutumee , V Academic des Jeux Floraux a distribue divers prix ; une eglantine d'or a M. de la Cerfiere, pour un discours en prose sur les genres classique et romaniique ; une amaranthe en era M. le chevalier de Fourcy, pour une ode aux saltans: deux soucis reserves pour deux odes, I'une de M. Magnien, I'autre de M. Holmon- Diirand, flge de dix-hnit ans ; deux violettps d'argent. Tune a GIA LIVRES FRAISCAIS. M. t'/i. dc Sainl-Mauricefl'auUe iiM. CMlillon, pour deux epUres. Nous citerons les strophes suivantes , que nous avons distingut'ics dans I'ode de M. Holmon-Durund , intitulec : le Jeune Poelc mourant. L'ange des morts m'invite au terrible passage ; Sa flambojante epee a traverse les airs : Et devant hii s'etend le Cuncste nuage Qui va nie cacher I'univers. Mes jours sont accomplis ! fuyez de ma memoire , Doux songes oil nion cdeur a trouve tant d'appas ! Vous me parliez en vain de bonheur et de gloire : La mort seule ne trompe pas. Le sujet du prix indique pour le concours de 1S22 est VEloge du nauigaleur La Peyrouse. 295. — Epilre aux rois de la Chreliente , sur I'indepevdance de la Grece, suivie de Vepttre a Morellet , sur la philosophie du dix- huiiieme Steele , ■pav 3. P. C. Vienket. Paris, 1821. Librairie fran- (jaise de Ladvocat, Palais -Royal, galerie debois, n'' igS. Brochure in-S" de 25 pages. Prix, 1 fr. M. Viennet , dans ces deux epitres, continue a se montrer, comme dans son Poeme sur Parga (^. ci dessus, p. i3i-i45), I'eloquent inter- prete des amis eclaires de la liberie et de I'humanite. La renaissance de la Grece est devenue pour lui la source des plus nobles inspira- tions,- il rappclle aux rois chretiens les titres qu'ont les Grecs a la protection et i la bienveillance de I'Europe entiere : il retrace k la f'ois , par un heureux et habile contraste, la gloire et les vertus de leurs ancetres , la honte et les crimes de leurs modernes oppresseurs. Apres avoir reproduit d'une maniere pittoresque et animee les souvenirs de la Grece antique, de ses demi-dieux, de ses guerriers ccltbres , de ses orateurs , dc ses poetes , de ses philosophes , il montre cette noble Grece opprimce, abrutie, languissant dans les fers. Mais cct astre immortel, dont la flamme sacree. Par le fils de Japet ravie ii I'empirie , A rempli I'occident de ses vives splendours, Ueporte sur les Grecs ses rayons createurs. La Grece se reveille , et ses destins renaissent, Au cri de libertti les vieux terns reparaissent. LIVRES FRANC AIS. 615 Pif'tez aux fils des Grecs un appui gcnerciix , L'liunianitu , rUonneur, tout vous parle pour etix. En arrachant ce peuple au sceptre des tyrans, Soyez ses allies, et non ses conqu publier des ecrits de ce genre , qui ont un caractere eminemment national, nous saisirons cette occasion de mentionner ici les deux belles editions, publiees par le meme editeur, des OEuvres completes de Schakespeare et de celles de Schiller, dont la traduction franqaise , elegante et fidele , permet i ceux meme qui no possedent point I'anglais ni I'allemand, de rapprocher et de comparer dans notre langue les deux poetes draniatiques dont I'An- gleterre et I'Allemagne s'honorent le plus. M. A. J. 296. — Opuscules lyriques, par J. Bolcher de Pehthks. Paris , 1S2 1 . Pilet aine, rue Christine, n° 5. Brochure de 16 pages. La derniere des quatre pifcces qui composent ces opuscules renferme d'assez jolis vers. Celui qui termine chaque strophe a fourni a I'au- teurquelques idees heureuses, parmi lesquelles nous avons distingui" celle-ci : C'est en vain qu'une douce etude Appelle tons les cceurs vers toi, Tu connaitras I'ingratitude : O pauvre enfant ! tu seras roi. ^97. — Description &K.—Antiquites cgyptiennes. — M. Belzonj, dont nous avons souvent parle Cf en iSai. — Voici la hsU I EUROPE. (jA3 de lous les journaus que Ton imprime dans celte capitale : »° Ar- chives de geographic t d'histoire et de sciences poliliques et mili- laires , redigees par M. de Ilermeyer. Ce journal existe depuls 1809, et tons les jours il se perfectionne. Les materiaux qu'il publie sont presque toujours puises dans son propre I'onds. II est surtout remar- quable par des recherches liistoriques sur I'Autriclie. Les parlies militaire et politique n'y sont pas aussi bien traitees ; a" Concor- dia. C'est le journal de M. Schlegel, dont nous avons parle ci- dessus , page 223. L'auteur, qui s'est associe quelques hommes aussi peu tolerans que lui , y fait, depuis 1820, la guerre i toutes les monarchies constitulionnellcs, et surtout a I'esprit du siecle, qui n'en marchera probablement pas moins ; 3° Journal theologique. Quoi- que la th6ologie catholique soit le seul objet decerecueil, il ofl're aussi ncanmoins un tres-grand interiit aux chretiens de toutes les communions ; son redacteur est M.. YTixxt; ^'' Conversations-blatl , par Francois Groeffer. Ainsi quele titrel'indique, cet ecrit periodlque est fort varie ; il y est ^ peu pr^s question de tout : de la pliiloso- phie et des modes, de la geographic et du luxe , de I'histoire et des anecdotes scandaleuses ; 5° Jahrbiicher der liltaralur { Anualcs de la litterature). Ce journal est assez semblable a I'Hermes dc Leipsick; I'histoire, la statistique , les sciences nalurelles y sont irailees avec bcaucoup dc talent, et la |parlie de la pbilosophie orientale surtout ne laissc rien i desirer. M. Colin en dirige la redaction; 6" JAuerarischer anzeiger (Indicateur litteraire). On y insere avec soin les nouvelles litteraires, et Ton y copie beau- coup d'articles de la gazette de Halle, de celle d'lena , de I'Her- ■ mes , etc. ; 7° GeisL der zeit ( Esprit du terns ), par Tilke. Ce recueil ne vit que d'emprunts politiques et litteraires ; 8° Journal jnili- laire. II soutient son ancienne reputation ; 9° Journal de musiquc. 11 est loin de valoir celui que donnent 4 Leipsick MM. Brectkopf etHoertel; 10° (Ehlzweige (Branches d'olivier). C'est tout-a-fait une production mystique et ascetique de MM. Schlegel, Mullcr (Adam) et Zacharie Werner. Ellc a peu de leclcurs; 11° Der Samniler (le CoUecteur). Le litre est bien choisi ; en effet , M. Por- tenschlag fait ce journal avec d'autres journaux , a rexception de la partie des theatres, conCee a M. le chevalier Seyfried ; n" Allg(- meine Theater zeilung ( Journal general des IheStres), par Adolphr «M EUROPK. Bcrurlt. L'esprit qucrelleur du redactcur, sa negligence dans I'ac complisscment dcs promcsscs qu'il renouvelle ehaque annec, nc lui promcttent pas une longue dnree ; iZ" Letlresdu jeune Eipeldauer au jeune Vetler, a Kakran. C'est une espece de chroniquc scan- daleuse, tcrite originairement par M. Rilter, en langage viennois ; 1 4* Tlumorislisclies Panorajna von wren ( Panorama joyeux de Vicnne). Ce journal est pour la classe elevee ce que le precedent est pour Ic peuple ; i5° fViener Zcilxchrift fiir kunsl lilwnUur unci mode. C'est absolument le journal des modes de Paris; tout y est semblable, jusqu'aux gravures enluminees. Outre ces differens recueils imprimesi Vienne , on public i Prague i'llesjienisetles Nouuelles ecvnomic/iiPti ; iPcst, M. Festerics donne la Pannonia. Ilparait aussi des journaux hongrois donton fait grand cas,par eieniplele Tudomdnyos-Gjntnievj, auquol concourent les sarans Ics plus distingues de la Hongrie. Enfin, nous ferons mention de deux ecrits grecs quis'imprinicnt p^riodiquement i Vienne. Le premier, EpfATnir Xo'yiotr, est specia- lement consacre a la philologie et a I'archeologie ; le second , inti tule, K6'/Aio7r)i'',est plus fait pour ramusenient que pourl'instruction de ses Iccteurs. [J'oy-i pour les journaux publics en 1820, Tom, VII, pag. 334. ) Ph. Golbkby. . SiDTTGABD. — Architecture des cglises. — Le savant M. BoisseriT public un ouvrage tres-important pour I'litude des monumens du moyen Sge. C'est une description de I'cglise de Cologne appelee le Dome ; il y joindra des rechcrches sur rarcliitecture dcs Cglises en general, et des tables comparatives de I'elat dcs divers edifices de re genre. Par une fatalite bien rcmarquable, pas une dc ces pienscs constructions n'a ete acbevee , et I'elau du genie qui les avait con- cues a toujours et6 cntrave par des obstacles imprevus ; ceux mcme de CCS monumens qui dans la suite ont ete continues , ne I'ont pas ete sur les memes plans, et presentent une reunion mal assortie de pieces de rapport. Le dome de Cologne n'a pas ete non plus execute dans son entier, mais du moins ce qui a etc fait appartient tout-a-fait a la premiere conception; rien d'etranger n'esl venu la defigurer; en sorte qu'aveo le plan primitif que i'on conserve encore, rim n'empeche de coordonuer par la pensee ce qui est debout avec ce qui est restc sur cc plan. C'est sans doule pour cela que M. Boisscrcc EUROPE. 6/0 donne le dume de Cologae pour le type de I'ancienne arcltitecture des iglises. Apr6s avoir pris lui-meme toutes les dimensions , il les a soumiscs Ji la verification d'architectes habiles. Les dessinateurs les plus justement cclebres, tcls que MM. Quaglio, Fuohs, Moller , Schinckel, ont ete employes par M. Boisseree, qui n'a rien neglige non plus en fait de rccherches archeologiques. L'ouvrage entier, compose de 20 gravures grand iii-fblio, paraitnt en cinq livi-aisons ; il sera fait deux editions du texte, I'unc fran(;aise et I'autre allemaudc. La premiere livraison elait annoncee pour Ic i'^"' mai ; la seconde doit paraitrc six mois apres , et les autres seronl donnees d'annee en annee. Lc teste sera divise comnie il suit : 1° Histoire du dome de Cologne, description de ce monument, ses proportions , principes observes dans sa construction ; 2° Histoire de la construction des eglises jusqu'a cette architecture connuc sous le noni de golJiique., ses rapports avcc I'archilecture des Maures ; 5" De- veloppcment de I'architecture gothique sous Fredefic II, Louis IX, Henri III d'Angleteire et Rodolphe de Habsbourg ; 4° Coup d'oeil rapidc sur I'architecture aux xiv"^ et xV siecles, et sa decadence an commencement du xvi<^; 5" systeme complet de I'ancienne architec- ture des eglises; comparaisons avec rarchitecture orientale , avec les temples des Grecs et des Romains, enCn avec les eglises de I'ltalie modernc. Ph. Golekry. SUISSE. Cahtom de Zdrich. — Knonad. — Ecole du genie cii'il. — M. Frey , lieutenant du genie, a ouvert a Knonau, au commencement de cette annee, un institut consacre 4 I'enseignement Iheorique el pratique de la geometrie , de la trigonometric , du trace des plans et des cartes geographiques, de la science forestiere et de celle des ponts et chaussees. Lorsque le tems est favorable, les eleves sont conduits en rase campagne , pour faire sur le terrain I'application des regies de ces dii'erses sciences. Knonau offre un grand avantage, celui de posseder une ecole de langues franraise et allemande ; sa position sur la frontiere du canton de Zug, qui est catholique, facilite aui eleves de cette communion les moyens de soigner leur instruction reli- gieuse ; celle des elfeves protestans est conGee a M. de Birch, pasteur de Knonau. Les titres de M. Frey i la confiance publique sont les nombreux travaux topographiques qu'il a executes depuis 6A6 EUROPE. quatorzc ans, ct dans lesquels il a monirt noii seulement beaucoup de talent, mais encore une grande intrepidite dans les dangers, qui accompagncnt les travaux de ce genre dans un pays aussi montagneux que la Suisse. — Le prix de la pension est de aS louis par an. ITALIE. ¥ k\it..— Remede contre I' hydrophobic. — De nouvelles experiences prouvent relllcacite du chlore (acide muriatique oxigene) dans le Iraitement de I'hydrophobic. Le doctcur Previsali I'a prcscrit avec succes dans plusieurs cas oil les symptomes de cette affreuse raa- ladie s'etaient deja declares. 11 radministre , sous forme de boisson, k la dose d'un gros 4 un gros et demi par jour, avec de I'eau de citron et du sirop de citron. {Foyez Tom. VII, p. 079. ) TuBirc. — ylcademie rojale. — Le 20 mai dernier, la classe des sciences physiques et mathematiques a tenu une sd-ance prisidee par M. le marquis Falletti de Barolo. La classe a entendu plusieurs rapports : un , de M. Giobert, sur un travail de M. Gannobbio, relatif h la composition chimique des diverses especes de borax brut ; deux de M. Bonelli, I'un sur un travail intitule : sur de nouueaux crustaces ohseruis dans la mer de Nice, par M. Risso, correspon- dant ; et I'autre sur un manuscrit envoye de Breslau par M. Gra- venhorst, inutitul^ : De naturd vegetabili gorgoniarum ; enfin , un dernier de M. Carena , sur un memoire de I'abbe Losana , intitule : Osservazioni sopra i vermi cosi detti infusorii. La classe a approuvc les conclusions deces divers rapports. M.Borson a lu la seconde partie de son ouvrage, Omitologia piemontese , dont la classe a arrete I'imprcssion dans les volumes de ses menioires. M. le chevalier Cisa de Gresy a lu un travail sur les intdgrales difinies, qui sera de meme imprime. — M. Vincent Michelotti a commeno6 la lecture d'un ecrit ou essai sur quelques phenomenes electro-magnitiques el chimiques. — Le 24 de ce mois, dans une seance de la classe des sciences morales, historiqucs et philologiques , M. le comte Galeani-Napione a lu un discours sur les eloges du Dante, du Poliziano, de I'Arioste et du Tasse, par le ctlebre Fabbroni, et un abrege de la vie du Dante. — M. I'abbe Peyron a continue la lecture de la traduction qu'il a entreprise des histoires de Thucidide. Recueils periodiques. — Au milieu des desordres causes par les EUROVE. 6A7 (lerniers evenemens politiques, plusieurs feuilles periodiques conti- nuent de soutenir I'honneur de la lilterature italienne; nous indi- qnerons celles qui se font plus ou moins remarquer. A. Naples, nous citerons /a BiLlioteca analitica, il Giomale en~ i:iclopedico, Gli ylnnalid'agricoltura. Ce dernier journal ne contient rien de nouveau; le second semble jusqu'i present le meilleur. — A Rous , il Giomale arcaclico et le Effenieridi letlerarie rivalisent I'un aTec I'autre. — A BoLOCNE, les recueils intitules: Opuscoli letierarj , Opuscoli scientifici et le Giomale della nuopa doUrina medica ila- liana , ne paraissent pas assez exacts a remplir leurs promesses. — En ToscANE, on remarque le Giomale pratico-legale, I' Homo dipailla, le Giomale del genio et V Antologia. Ce dernier, se bornant ^ tra- duire et i publier des articles des journaux etrangers, qui n'etaient pas toujours bien choisis, ne presentait pas assez d'interet ; depuis quelques mois, VAntologia a change de marche et donne des me- moircs originaux. Dans le n" 3 , on distingue les articles suivans : 1° un jlppendice critique a I'ouvrage de M. Perticari sur le patrio- lisme du Dante. Cost un des meilleurs ecrits qu'on ait diriges jusqu'ici contre M. Monti, ce chef desadversairesde I'academie de la Crusca. Plusieurs remarques semblent trfes-justes , plusieurs autres sentent un peu I'esprit de province. 2° Une analyse assez judicieuse des Elemens de philosop/iie morale pour les jeunes eleves de I'universite d' Edimhourg , par Dugald-Stewart. — A GiwEs, M. le baron de Zach publie les Annali de' viaggi et la Correspondance astronomique. — A Team, nous avoaslc Reperlorio 7nedico-chirurgico, V Ecoletterario, recueils peu interessans, et la Nuova frusta letteraria, qui est bien loin d'approcher de la Frusta de Scannabue , dont on a ressuscite le titre. — Dans le royaume Lombard-vt-nitien, on remarque, a Padoub, le Giomale dell' ilaliana letteratura et les Nuovi commenlarj di medicina e di chirurgia ; — a Patie, le Giomale difisica, chimica, sioria naiurale , etc. ; — i Milan, Ic Corriere delle dame et le Nuovo giomale delle mode, le Raccoglitore , la Gazzetta di Milano , gli Annali universalidi medicina , le Foglio biografico ct la Biblioleca ilaliana. Ce dernier recueil continue k occuper le premier rang; la plupart de ses extraits sont faits avec autant d'impartialit6 que de talent; ils ne sont pas, comma tant d'autres, destines plutot a arauser le public qu'i I'eclairer. Cette ann^e , les rfidacteurs de la Bibliotheque ont donnc dans leurs trois n<" de [anvier, fevrier et GAS EUROPE. mai's, I'abrt-go de Icurs travaux rt72fa(s?.— L'exposition publiquc des ouvrages des pensionnaires de I'academie de France a eu lieu a la VillaMedicis. Elle a attire un grand concours d'artistes et dc personnes de tout rang et de tout pays. On a remarque le i\le- labus puursuiui par les Vohques ., tableau dc M. Coigniet; le tableau de Ciphale el Procris, dc M. Ilcise ; le jeune Clovis re- trouvedans la Marne, par M.Dubois; et uvi pay sage de M. Mi- i ballon. On y voyait des morceaux de sculptures de MM. Uamcy fils, EUROPE. G51 Nantcuil , Boman, Sturrc, Dimier, fit des dessins d'architecturc de MM. Van Gleeniputc , Garnaud , etc. MiiAtt. — Necrologie.—L'abbi Francesco Fenini, de Milan, mort danscettc\'ille,al'agede quatre-vingt-trois ans, le 5 avril i820,avait etc mathematicien , philologue ct poelc. Verse dans les sciences et professeur a Parme , il a public divers ouvrages eslimes. On connait surtout son trail6 De' principj dell' arnionia musicale e poelica e della loro applicazione alia leoria e alia pratica della versifica- zione italiana , imprimc a Paris en 1798. F. S. — V lis. —L' abbe Vincenzo Palmierl, ■piotesseat detheologie k Pise et k Pavie , se Ct d'abord remarquer, en soutenant, a»ec les profes- seurs Zola et Tamburini, les doctrines les moins favorables k la cour de Rome. Parnii ses ouvrages, on distingue son Trait6 surles Indul- genze , qu'on atraduit en plusieurs langues,et qui cstm6nie regards commcclassique dans son genre. Mais I'ouvrage qui lui a fait, dit-on, leplus d'honneur est le Traite apoltigetique sur les verites de I'Evan- gile, cstim(i par ccux mCme qui n'approuvaient pas le traite des Indulgences. Son style est facile, et scs controverses sont presentees ordinairement d'une maniere assez agreable. Ses mocurs et ses qua- litcs sociales ne le rendaient pas moins recommandable que ses ouvrages. II est mort en 1S20. F. S. PAYS-BAS. BacxELLGS. — Pastes belgiques. — Galerie lilhographique desprin- cipaux actes d'heroisme ciuil et mililaire , et des fails memorables qui apparliennent a la nation beige , depuis les leins les plus recules jusqu'a nos jours. Edlteurs , Charles Lecocq , des Etats-G6nerau)t , et F. Baron do Rkiffenbehg , hommc de lettres. Dos est magna parentium virtM. Hob. lib. 3, od. a4. Les artistes diiji associes k I'honneur de cette entreprise sont : MM. Odbtaerb, peintre du roi ; Paelince, peintrc de la reine; VajtBree, peintre du prince hereditaire , professeur 4 I'acadimie d'Anvcrs ; Dlcq, dirccteur dc racademie de Bruges; Goubaud , dessinateur de S. A. R. le prince d'Orange , et Remahd , dessinateur et architecte dc la ville de Tournay. L'imprimeur lithographiquc est M. JoBABD, k Bruxelles. On ne tircra que quatre cents exemplaires de cLaque tableau. Les premiers engagemens dessouscripteurs ne serontpris que pourdouze sujcts , publics en quatre livraisons. hi* 652 EUllOPi:. Les nicdaillcs , I'rappees a I'occasion de quelques ev6nemens fa- meux, orneront I'encadrement de restauipe destinee 4 les reprt- senter. Quelquefois aussi, I'on donneia dcs portraits fails avec soia et sur des origiuaux aulhentiqucs. Le texte sera dans les deux langues ; il olfrira la designation simple ct precise du sujet et le nom de I'artiste qui aura prSte son crayon. Le format sera in -folio; nnc I'euille de texte , ni6me format, accompagnera chaquc cslampn, dont cllc contiendra I'explication detaillee, avec I'indication des sources oil I'on aura' puise. M. Meyer, professeur a I'athinee roj'al de JBrnxellcs, sc charge du texte hollandais. M. Renard a dessine le fronlispice. Chaque sujet seralivreaux souscripteurs, au prixde 5o cent., compris le texte sur v6lin. Port des douze sujets , 5o cent. Le benefice des quatrc premieres livraisons sera verse dans la caisse des incendi^s de Paramaribo. On souscrit , i Bruxelles , chez Berthot , dans tous les bureaux dcs postes et chez les principaux libraires du royaunie. Les lettres et paquets doivent etre adress6s au bureau central des Pastes belgiques-, rue de rKcuycr, n" 2o5 , a Bruxelles. FRANCE. Seine iNFiiaiEtiBn. — Dieppe. — Bains de rner. — Parmi les moycns hygieniques ou curatifs auxquels le plaisir se joint , les bains de mer meritent certainement une des premieres places , surtoat quand on peut les prendre d'une manifere commode et sans danger. Mal- heureusement, nos cotes n'ont point, comme la rive opposee, d'eta- blissement qui ne laisserien a desirer. Boulogne, il est vrai , a filit de grands frais pour attirer les etrangers; mais les i-etenues d'eau de mer, dans Icsquelles on se baigne, n'offrent pas d'aussi grands avantagcs que la mer meme. Le port de Dieppe a une plage su- perbc; et la nature, qui le favorise sous ce raipport, dedommage les etrangers de I'impcrfection de I'etablissement actuel des bains. On y trouve des tentcs assez commodes ; des guides intelligens font recevoir, de la maniere indiquee par Ins medecins, les lames oil vagues, qui sont de verilablcs douches horizontales que Vart nepeiit point reniplacer. Les bains de mer conviennent particulierement aux rhum.-itismes , aux catarrhes chroniqucs ct aux maladies nci>- EUROPE. 655 veuses. Beaucoup d'enfans rachitiques ou scroruleus sont venus a Dieppe prendre, chaqne annee , iin remede dont rdllcacite a ete tres-remarquable. Mais, sans cxagerer Ics avantagcs d'un moyen medical pour lequel uii grand nombre dc malades marqucnt une predilection nreritec , terminons en annonoant que le conseil de sante des armees vient aussi d'adopter I'usage des bains de nier pour la curation de quelques maladies de la peau et des engorge- luens scrofuleux (i). Le Fh. Seike bt Oise. — Montmorency. — Bains. — On vient d'etablir dans la vallee de Montmorency dcs bains d'eau sulfureuse d'Enghien; cette source, connue depuis plus de soixante ans, pent remplacer I'eau de Bareges naturelle. Les medeclns les plus eclaires de Paris I'ont ordonnee frequemment , dans ces derniferes annees, et en ont oblenu les plus beui'eux resultats. Get etablissenient assure aux bai- gneurs toules les commodites et les soins qu'on peut desirer. On y arrive par la route de Saint-Denis, Labarre et Saint-Lcu-Taverny. Moselle. — Thionville. — Enseigneinent mutuel. — Cette ville est une de celles qui jouissent le plus paisiblement des bienfails de I'enseignement mutuel; nul esprit de routine ni de parti n'a cher- che a nuire a I'institution qu'elle a elevee dans son sein. On estrede- vablc en grande partic de ce resiiltat a la sagcssc du maire, M. Wa- zel-Beauvoir, et a la confiance qu'ilinspire aux habitans. LotBE iHFiiRiEURE. — Namtes. — Publication prochaine, — Traili complet du calendrier, considere sous les rapports astrononiique , naulique , hislorique et commercial ; par M. J. Le Boyer, prol'esseur des sciences pbysiques et de mathematiques , au college royal de Kantes. i vol. in-S" de 5oo pag. , public par souscription. Nantes, iSai. Mellinet-Malassis , imprimeur-libraire , editeur. Paris, cliez Rainal, libraire, rue Pavee-Saint-Andre-des-Arcs. Prix,7fr. Parmi plusieurs traites du calendrier, on distingue celui dc Rivard, dont on a donne une bonne edition dans ces dernieres annees; mais Rivard ne traite que de notrc calendrier, et assez imparfaitement de celui dcs Roniains. M. Le Boyer a fait des recherches sur les divisions du tcnis, leur (i) Instruction du conseil de sante sur I'enuoi des militaires aii.v caux de Bourbonne el de Bareges , approuvec par le minislrc de la guerre, le 28 mars i8ai. GU EUROPE. nomenclature et leur usage dans tous les pays , depuis rorigine des nionumens historiques. 11 a consultc les priacipaux autcurs ancicns et nioderncs sur I'astronomie , la chronologic ct les autres branches des sciences et des arts qui se rapportent t^ son objet. Des materiaux nombreus qu'il a rassembles , il a forme un traite coniplet, trcs- methodique , auqucl il a joint des procedes nouveaux , nd-cessaires dans Temploi des differens calendriors , et notamment pour Icur usage comparatif dans I'explication et la determination des pheno- miines celestes. Sans doute Tauteur, en traltant cc qui sc rapporte aux calendriers des anciens , y introduira les precieux documens qu'on trouve dans la collection egyptienne, et particuliferement les donnees qui re- sultent dc la belle introduction que M. Fourier a publiee pour cct important ouvrage. Ce savant montrc que les Egyptiens connais- saient la durce de la rijvolution siderale ct cclle de la lunaison , ct que leur anncc civile dc 3C5 jours, quoiqne independante de I'annee solairc , avail avec cellc-ci des relations connues avec pre- cision , et qui servaicnt i rcgler les fCtcs sacrces , 4 fixer, chaque annee , I'tpoque variable des pUenomenes physiques naturels h cc climat , et les epoques relatives aux operations agricoles. NoRD. — DotJAi. — Exposition des produils des beaux-arls ct de Vinduslric. — D'aprcs un arrets dc M. Ic niaire de cette ville, Ic salon de I'hotel de la Mairie , destine i recevoir les productions des arts et de rindustric, sera ouvert au public, du 8 au 3i juillet pro- chain. Les artistes, manufacturiers, artisans et amateui's qui desire- ront y placer leurs ouvrages, ont ef6 invites k les faire parvenir avant le premier juillet. Avant la fermeture du salon , un jury desi- gnera les ouvrages qui auront nitrite i leurs auteurs des encourage- mens et des recompenses. II sera dticerne une medallle d'honneur, en or, i I'auteur de I'ouvrage le plus parfait de I'exposilion. II sera accoi-de d'autres medailles aux auteurs des ouvrages de peinlure, sculpture , modelure , gravure, dessin ct architecture, qui auront particulierement attire I'attention du public, ct fixe le choix du jury. II en sera 6galemenl decerne aux auteurs d'ouvrages dc me- caniquc et de tour, el d'inslrumens de nouvellc invention, ainsi qu'aux fabricans qui auront presente des objcis dignes d'etre dis- lingucs. La distribution des niedaillc!; aura lieu solennellement, le 25 aoCit. Tous ks artistes el nianulacluricrs pcuvenl conrourir .i ccllc exposition. EUROPE. 655 SOCIETES SAVANTES ET d'uTIUTE PUBLIQTJE. Nantes. (Loire inferieure). — La Societe academique Ac cclle villc a propose, pour 1822, un prix de 3oo francs, qui sera dccerni; i\ ranteur du meilleur M6tnoire sur les questions suivanlcs : Quclles sont I'ori^^ine, les causes el la nature de la fich-re jaiinc' Quels sont les mqyens de s'en f^arantir? Cette society a entendu un rapport tres-f'avoraLlc siu le poenic anglais intitule : Philibeht , dont I'auteur , M. Thomas Bollej' Graltan lui a fait remettre un exemplaire. Nous donnerons un extrait de ce rapport et du poeme. PARIS. Instiiut. — Academic des sciences. — Mois de mai 1821. — Siance du 7. — M. Cuvicr presente unc tete du tapir d'Ameriquc, qui est distinct dc celui dos Indes {J^oj. ci-dcssus, p. 2o3). H lit una notice sur Ic voyage de RIM. Diard et Duvaucel cliez les Malais, ct sur les objets intercssans qu'ils destinent au cabinet d'histoire naturelle, el au nombre dcsquels est la tete du tapir (foy. ci-dessus, p. iyo), {a). — A I'occasion du procos-verbal, on donnc de nouveaux details sup la translation des rcstes de Descartes. — M. Geoffroy-Saiut-Hilaire lit un meinoire intitule: Du mode dejormation de la verlebre, de ses elemens et de leur arrangement respeclif dans les diuerses classes d'animaux , et precisemenl de la verlebre chez les lamproies. — M. Arago presente des memoircs de M. Lislet-Geoflroy , rapportes par M. de Freycinet ct ayant pour titre: Voyage a la baie de fjouquin, lie de Madagascar, el memoires sur la nouvelle carte de I'archipel du nord-est de celte He (commissalres MM. Buachc et de Rossel). Sur la dcmandc dc M. Arago, on arrOte que le nom de RI. Lislet-Geoffroy sera reinti'gre sur la listc des correspondans.— M. Portal annonce la mort du docteur Gi'cgory, doyen des profes- seurs de medeciiic du college d'Edimbourg, decede dans Ic com- mencement d'avril. ~Du 14.— M. Laur, ingenieur-gcomelre du cadastre, adrcsse io (a) C'cst par crrcur qu'on a mis dans I'inlitule de cette notice qu'cllc a etc luc le 1 '1 , au lieu du 7. 6oG KDROPK. prospeclus il'iine peodtsie pratique (MM. Lacroix , IMalliicn ct Caiicliy , conimissaircs ). — M. Dclambre lit, siir la tele envoyie dc Suede comme etant celle de Descartes , une note dans laquelle 11 expose ses doules sur I'autlienticite de ce morceaii. Apri-s la lecture de cc nienioire , M. Cuvier dit qu'on lisait sur le crAne mCme qu'il a etc pris en 1666, ct par consequent a rouverturc du tonibcau, en pi'esence de raumonicr, ct dcvant I'ambassadeur Ponipone ou it son hotel , quand on fit le proccs-verbal. II presente verbalemcnt quelques reflexions sur le mCme sujet; annoncc que le moment ou rctte tete a pu Ctre enlevee devant fitre celui ou les os furent emballes pour etre envoycs en France , il s'aglrait surtout de savoir si M. dq Terlon , qui marqua un grand i-espect pour ses restes, se trouva pre- sent lorsqu'ils furent enfernies dans le coffre de deux pieds et demi de longueur qui servit k les transporter. M. Cuvier dit avoir prie M. d'Hauterive , archivistc des affaires etrangeres , de fairc des re- cherchcs dans les deptches de cet ambassadeur, afin d'examiner s'il ue s'y trouverait pas quelque detail propre a edaircir ce fait. — MM. Gcoffroy-Saint-Hilaire et Dumeril font un rapport sur le me- moire de M. Vircy, relatif k la inenibrane de Vhymen. Voici tm oxtrait de ce rapport: aM. le doctcur Virey s'cst propose d'expliquer I'origlne de la membrane de I'Lynien , dont I'existence et les usages ont ete un sujet de discussion entreles anatoniistes. Si lesopinionsde I'auteur etaicntetayees de recherchesanatomiques ; s'il efit donnd une description exacte de la vulve, et en particulier de la membrane de I'hymen , aux diverses epoques de la vie foctale des mammiferes ; s'il cftt joint Ji son travail des dessins fideles representant la disposition des parties, cette theorie , accompagnee de ce genre de preuves , eiit offert un plus haut degre dc certitude qu'on ne peut lui accorder. Tonte opinion sur I'originc, le developpement ct les transformations d'un organe, doit etre prouvee par des faits, ou elle n'est plus qu'une hypothese plus ou molns ingenicuse. Telle est celle que M. Virey a C'tablie ct sur laquelle vos commissaires ne pcuvent porter aucun jugemcnt. C'est une vue physiologique, en faveur de laquelle ce nie- decin, il faut I'avouer , a reuni toutcs les observations citccs par les auteurs, lesquelles paraissent toutes s'arcordcr avec I'opinion qu'i! (■■met. » L'aead6mie approiivc le rapport et les conclusions. — AIM. Dcsibiilaines et Dumeril font un rapport sur I'ouvrage nianus- erses forces , ou ribrent par suite de I'action de ces mimes forces (MM. Prony, Poisson et Fourier, commissaires). — M. Geoffroy-Saiut-Hilaire lit un memoire sur deux principaux etuis niemhraneux de la colonne epiniere, etsur la part d' influence de ces deux periosles dans la formation de la vertebre. — M. Dupetit-Tliouars lit un memoire intitule: Demons- tration d'un iroisieme iheorhne phj^siologique , servant a expliquer la vegetation considerce dans la reproduction par bourgeon. " Des que le bourgeon se manifeste , il obeit a deux mouvemens , I'un montaut ou aerien, I'autre descendant ou tciTCstre. Du premier, il resulte I'embryon des feuilles , la plumule ; du second , les nouvcUes fibres ligneuses ct corticales, la radicule. » — M. Moreau de Jonnes lit une note sur le grand courant de I' Atlantique equaloriale. {foy. ci-Jessus , p. 4^2.) — Du 21. — M. Arago presente un memoire de M. Kater sur dif- ferens etalons de mesures lineaires , tire d'un volume non encore public des Transactions philosophiques ; et un ecrlt intitule : Eclaircissemens elementaires sur la mecanique celeste de M. La- place, 1" livraison. M. Arago est prie d'en rcndrc un conipte verbal. — M. de Humboldt presente unc Description des hupitaux de Tarquie. — M. Walkcnai-'r presente une Carte de la partie septentrio- nale et la plus inconnue de I' Afriquc ; il annonce un volume d'cJ(- plications, dont il donne un cxtrait. — M. Dupelil-Tliouars lit la demonstration d'un quatrieme th6or<::me sur la vegetation : chacun ^e CCS fibres so forme aux depcns du cambium , et elles apporlent 658 EUROPE. vers le bas la maliire rK^ccssaue i leur (ilongation radlcalc ; c'est la SL'vc dcsccndantc. — On lit un mumoirc dc M. Fohmann sur les vaisseaux chjliferes [ M. Dumeril , cxaminateur).— On lit im mc- moire dc M. Miller sur I'arlillerie ( MM. Biot et Dupin, commissaircs ). — Du 28. — M. Clicvreiiladresse, sous cachet, les piincipauxresul- tats auxqucls il est arrive , sur differens objets relatifs Ji la chimic animale. Nepouvant, d'ici i quclque terns, publier I'ensemblc do ses dicouvertes, il desire s'en assurer la priorite, etprie a cet elFct I'aca- dcmie de pcraiettre le depot au secretariat de ses paquets et dc sa Icttre. Cette demande est accordee. — Un memoirc dc M. Viticr a Couchy, pres Dijon, sj^r la manierc defairejouerde tresfortes pompes par le mqyen de I'eauy est renvoye ii i'cxamcn de MM. Girard et Dupin. M. Biot lit un miinioire intitule : Demonstralion generale de la lui suivant laquelle les corps cristallises , doiiis de la double re- fraction , polarisent les rayons lumineux qui traversent leur subs- tance.— M. Moreau de Jonnes presentc un individu fort volumineux de I'araignee des oiseaux; il lit un memoire intitule : Recherches sur la temperature des Antilles. — Acadeinie fraufaise. — Seance extraordinaire du mardi 5 juin 1821. — M. le marquis dc Laplace lit un fragment sur lade- couverte de la pesanteur universelle , formant le chapitre III du Precis de Vhisioire de l' aslronomie ; M. Aignan, le ncuvieme chant de sa traduction en vers de I'Odjssee; M. le secretaire perpetuel, un rapport sur un ouvrage manuscrit pr6sente ii I'academie par M. F. H. Dubois-Raymond , conseiller auliquc de S. M. le roi dc Prussc, intitule : La Philosophic du langage appliquee a la conju- gaison franciiise , ou la melhode de I'anleriorile. — La societe rojale et centrale d'agricullure du deparlemenl dc la Seine a entendu , dans unc dc ses seances , un rapport tres-inte- ressant, fait par M. llericart-de-Thury, I'un dc ses membres. Ce rapport est relatlf a la dacriplion des nouveaux instrumens ara- toires de T/taer, traduite par M. Mathieu de Dombasle. La societe , par une deliberation spcciale , a ordonne que le rapport de M. Ile- ricart-de-Tliury serait imprime aux frais de la societe, dans le memc format que la description dont M. Mathieu de Dombasle lui a fait hommagc , afin qu'il p£it le mcttrc en tele de son ouvrage , comme unc pvcuvc sjgnalec ct un tOnioignage aulhcntiquc de la satisfaction EUROPE. 659 et de I'approbation de la soci6te royale d'agriculturc. Cettc descrip- tion, accompagnee de sG planches gravees par Leblanc, format 10-4", 8c trouve a Paris , chez madame Huzard , rue de TEperon. — Sociile medicate d' emulation. — Prix propose pour iSaa. — Quelles sont la disposition et la structure du systeme d'organes, appeles ganglions nervtux de la vie organique , nerf grand syiupulhique , grand intercostal , trisplanchnique? Quelles sont les J'onctions de ce sysleme d'organes? Quelles sent, autant qu'on peul le safoir, les maladies dans lesquelles it est essentiellement affecte ? La societe demande qu'on s'attachc a riipondrc aux trois points de la question, d'apres les dissections faitcs sur rhomme et sur les differentes classes d'animaux, et d'apres des experiences et des ob- servations ; ellc desire un mimoire rempli de fails positifa. La valour du prix sera de 5oo fr. Les memoires devront etre ecrits en francjais ou en latin, et arriver, arant le 5i aout 1822, cbez M. Villerme , secretaire general de la societe medicalc d'emulation dc Paris , mo Bertin-Poiree , n° 10. — Societe Philoteclmique. — Seance publique. — La stance a etc ou- verte par un rapporf doM. Pigault-Lebrun , sur les travaux des membres dc la societe ; il apaye un juste tributd'6loge ifeu M. de La Ghabaussierc , dont il remplit aujourd'hui les fonctions. Le Cousin et le Coucou, conte en vers ; la jeune Fille qui se mire dans I'eau, idyUe , lus par I'auteur, M. Merville, ont etc ^coutes avec plaisir ; on y a remarque une poesie gracieuse et naturelle. Une notice sur Mind , appele Ic peintre des chats , a fait beaucoup rire ; elle est de M. Deppiug. M. Pigault-Lebrun a lu un discours intitule : La guerre aux mots, et un dialogue en vers de Vigee , cntre le chien d'un poele et le chat d'une dei'ote. G'est par une epitrc dc M. Viennct que les lectures ont etc terminees. Celte epitre , sur la philosophic du dix-huitieme siide , est adressee a feu I'abbe l^Io- rcUet. {Voyez ci-dessus, page 6i4, le conipte reudu dc cctte cpitre et de celle aux rois de la chretiente. ) La seance a ete tcrnii- nec par do la niusiquc , generalement bien executee. Medecine. — Remede contre le rhumatisme, — M. Levillain a gucii un maladc souffraul d'un rUumatisuic aigu-arliculaire quiaffeclail. 660 EUROPE. J'line apius TauUc , loutes los articulallous ties uioiiibrcs , en Ini iaisant prendre en quatre Ibis, tic deux en deux licnres, une once de quinquina rouy^e. Le Icndcniain , il ne rcstait plus que dc I'en- gourdissement dans lacuissc, ctunpcude douleurdausles reins, qui i'urent dissipes enticrcment , lorsque le malade eut pris en six fois , de deux en deux lieures, sjx gros de quinquina niCles avec uii grain d'opium. Optique. — M. Chevallier, ingenicur, tour de rilorloge-du-Palais, n° 1, vicnt d'imaginer de nouvelles lunettes, servant, les unes a lire ou i (icrire , les autrcs a voir de loin , qu'il noninic isoscen- iriques, et pour Icsquelles il a obtenu un brevet d'invenlion ct d^ perfectionncnient. La perfection de ces lunettes est due principale- nient a la maniere dent les verres sent travaillcs. Le sysleme de M. Chevallier est applicable aux lunettes dites de spectacle , longue- vue et autres. Ligislation. — Peine de mort. — Bxlrait 6/une leltre au directeur de la Refue , par M. Heieerg , I'un des redacteurs. — « Vous m'avez fait rhonneur d'ins6rer, dans votre 29"^ cahier, Tanalysc que j'ai t'aite moi-meme de men cuvrage sur la peine de mort. Je vous dqniande la permission de vous coninumiquer quelques nouvelles considerations, que pcut-eire vous ne jugerez pas indignes d'6tre presentees au public. On est , je crois , generalcment d'accord sur cc prineipc , que les Lonimes, en formaut une societe , sacrifient une partie de la liberie de chaquc particulier, laplus pelile que chacun puisse ceder. Eu reconnaissant cette verite, Beccaria demande : "Comment, dans les plus petils sacrifices possibles dc la liberie de chacun , peut se trouver compris celui de la vie, le plus grand de tous les biens?" J'ajoute : Comment, en cedant la plus petite partie possible de mes droits, aOn de conserver tout le reste , pourrais-je consenlir a sacri- fier cclui dont la privation non seulement rend impossible I'exercicc de tous les autres, mais qui les detruit dans leur ensemble? Je vais plus loin: les hoianies, en I'orniant une soeicle , I'ont deux sacrifices : celui d'une partie de leurs droits , afin dc pouvoir jouir du librc cxercicc dc tous les autrcs ; et celui d'une partie dc la fortune de chacun , afin que tout le reste soil protege par Tetal. iVrsopnt n'lsl cense ccdcr que teux de ses droits qu'il ne peut EUROPE. 6C1 cxercer lui-mOine, sans qii'il en riJsulte degravos inconviiniens pour scs concltoyens ; ct Ton ne donne que la plus petite paitie possible de sa fortune pour obtenir que I'autre partie solt protegee par i'etat, c'est-a-dire, qu'on ne veut acheter la surete de ses droits et de ses proprictes qu'a un prix raisonnable et modere ; on veut etre gouveine au nieilleur marche possible. Or, que dirait-oa d'un gouvernement qui , pour me gouverncr ou pour me punir, deman- derait toute ma fortune ? On convient aujonrd'hui geniiralcnicnt de rinjustice et de la barbarie de la peine de confiscation ; on est tellement d'accord sur ce sujet, qu'on a vu des legislateurs avides, mais honteux de prononcer le mot, en introduire les effets dans leurslois, sous la forme d'une amende exorbitante et ^quiva- lant i la confiscation. Alais la peine capitale est-elle autre chose que la confiscation de la totalite de mes droits? Gette confiscation est-elle moins odieuse que celle de m:i fortune ? Elle Test bien davan- tage. Celui qui confisque mes biens me laisse du moins mes facultes physiques et morales, U I'aide desquelles il me sera peut-etre pos- sible de rcfaire im jour une fortune detruitc. La peine de moi't , au contraire , en detruisant d'un seul coup tous mes droits , aneantit en. mSme tems toutes mes facultes, sans aucune possibilite de rien recouvrer, de rien r6tablir. La confiscation de mes biens me frappe seulement dans le passe et dans le present, tandis que la peine ca- pitale m'enlcve encore I'avenir. Je ne sais si je me flatte, mais je orois que ces considerations doivent avoir quelque poids pour de- montrer I'injustice d'une punitiou si atroce sous d'autres points de rue. Des personnes qui m'ont fait I'honneur de lire mon analyse m'ont fait des observations qui meritent d'etre discutees. On m'a dit qu'il repugne au sentiment d'un homme de bien de voir un assassin puni d'une autre peine que celle du dernier supplice. Tout en respec- tant des sentimens qui, pour 6tre individuels, ne sont pas moins lionorables, j'observe que des argumens puises a cctte source ne pourront jamais etre victorieusement opposes a ceus tires de la raison; ct,comme les sentimens sont cxlremement difTerenSjjc crois qu'il est absolument impossible de construire, sur une base aussi incertaine, une legislation quelconque qui soil juste et equitable. D'autres fondent le droit de I'iitat, d'infliger la peine de mort , GG2 EUROPE. sur cc qu'ils appcllcnt la justice remunc/alifc. Jc nc snis pas bini ce qu'ils cntciident parcette jnslice. II faudrait qu'on m'cn donnTit line definition , que jn rccnscrais pcutGtre, mais que pcut-Ctrc aussi je serais oblige de rcconnaitre comme bonne. J'admets pour un moment qu'elle ait satisfait .i toutes mes justes pretentions , alors jo dirais : il faut du inoins que cctte justice , pour meriterson nom , no soit dispcnsatricc que de ce qui est vraiment juste ; or, decretei', au nom de la justice , la peine capitalo avant d'avoir prouvc qu'elle est juste, c'cst tomber dans un ccrcle vicieux. Ainsi , jc me crois fond(i i pretcndrc que ceux qui defcndcflt ccttc peine par dcs argu- mcns fondes sur la justice remunerative, doivent commenccr par la refutation de tous les raisonnenicns par lesquels j'ai cssay6 d'cn dcmontrcr rinjuslicc. Heilebg. PoBLicATions PHOCH AIRES. — (Euuresdc Filangieri.—^Oa prepare line nouvelle edition complete dcs (Euvres de Filangieri , traduites de I'italicn. Dcpuis 1786, on en avaitfait i Paris deux editions qui ont ete epuisces, et qui ne contcnaient que ce que Filangieri avail public de son vivant , dans la premiere Edition de Naples de 1784. L'cdltion que nous annonrons comprend non sculement ce qu'on avail public de eel illustrc auteur depuis la premiere edition ; mais, en outre , la traduction sera revue ct ameliorie parson premier tra- ducteur. Ony trouvera de plus des remarques nombreusesetinteres- sanles de M.Benjamin Constant, remarques dont I'objetsera de com- parer I't'tat de la legislation ix I'epoquc oil parut I'ouvrage du publi- cisle italien , avee les ameliorations que reclame Tetat actucl des peuples. Cette edition sera precedee d'un tlogc historiquc, par M. Salfi,concitoyen de Filangieri, I'un de nos collaborateurs , et deja connu par plusieurs productions llttiraires estimees, et surlout par la continuation de I'excellente Hisloire Uitiraire d'ltalie de M. Gin- guenc. On publiera cet ouvrage en trois livraisons de deux volumes chacune , et du prix de 12 fr. pour les souseripteurs. A Paris, chez P. Dufart, libraire , quai Voltaire, n" 19; et chez les principaux Hbraircs de la France et de I'ctranger. — ylnliquilcs de ia Nubie , ou monumens inedils des bords du Nil , situcs entre la prcmii;re et la seconde cataracte , dessines et mesures en 1819, par M. Gau, de Cologne, architccte, 6l6ve de I'academie de France— Lc but de M. Gau a cte de completer, par EUROPE. G63 I'cxploitatioii dfi la Nntuc, le grand ouvrago de la commission d'E- gvpte. C'est au-dcia de la premiere cataiactc , aprus avoir obscrTc, etudi6 et dcssinii unc graiide partie des monumens de la Haute ct Basse-Egypte , qu'il a commence son travail. On trouvera dans sa collection I'origine de rarchitccture dc cos celtbres contrees, et les progres de cat art qui , nubien ou cthiopien , parait s'ctre perfcctionne chez les Egyptiens jusqu'au plus haut degre, dans la villa de Thebes. Outre lc3 elevations, les coupes et les plans, chaque monument est accompagne de details nccessaires aus re- cherches des savans et a I'etudc des artistes. M. Gau a egalemcnt recueilli, dessine ct coloric avcc le plus grand soin quantite de bas- rclicfs qui jettent de nouvelles lumiercs sur I'bistoirc des peuples qui habiterent la Nubie ct qui construisirent cos monumens ; enCn, ct pour nous donncr en meme terns une idee du pays qu'il a par- couru et dc la situation des monumens dans Icur etat actncl, il a joint des vues pittoresques les plus intcressantes de sa belle collec- tion , qui se trouvc complctce par plus de cent inscriptions grccques, copiees avec la plus scrupuleuse exactitude. L'ouvrage sc composera de 60 planches tcrminecs , dont 8 ou 10 coloriees , toutes gravces par nos plus cclifbrcs artistes , ct se pu- bliera en 12 livraisons in-fol. de 4 3 6 planches , accompagnecs de vignettes et de I'explication des gravurcs. La premiere livraison paraitra au mois d'aout 1821 , et Tonvrage sera termine dans I'espace de deux ans, Le prix de chaque livraison , rexplication et le teste compris , est de 18 fr. en papier fin , format Jesus ouvcrt , le mGme que celui de la description de lligypte, et de 56 fr. sur papier relin. On souscrit a Paris,, chez M. Hiltorff, architecte du Roi , rue du Faubourg-Poissonniere , n° 11; Bance , Treuttel et Wiirtz , Deburc ; et k Stuttgard, chez M. Cotta, editeur de I'ouvTage. — Nouveau Journal des Dames , ou Petii Courrier des modes , des t/iedlreSj de la Uueralurs el des arts, publie par unc sociele de femmes de lettres et d'arlistes. — Ce journal paraitra irregulierement, niais souvent deux fois par semainc. II y aura sept numeros par niois. Chaque numero sera accompagne d'une gravurc. Les sept gravures de chaque mois scront distrlbuccs de telle sorte que quatre scront consacrees aux modes, uuc ^ des portraits de femmes ce- 66A EUttOPR. Itbrcs, ol dcmii ilcs toslumcs de thcAlTC, i dps ouvrages d'algtiill'.* ou h des amciibleinens nouvcaux. Le prix de rahonneincnt est de 9 IV. pour trois niois , iS fr. pout six inois, el 06 fr. pour Tannee. — On souscril au bureau du Nuui'eaii Journal ilcs Dames , clicz madainc la direclricc, rue l\Ielec, n" 7io , ft chez Arlluis-Bertrand , libraire, rue HautcCeuille , n" 23. Les Icttres, paquets ct argent doivenl etre adresses francs de port. — Annuaire Necrologujuc , ou Supplemeni annuel fiX. continuation de toules les biograp/iies ou dictionnaires historiques ; contenant la vie de tous les Frangals celfcbres par Icurs ecrits, lenrs actcs poli- tiques, leurs vertus ou leurs crimes, morls dans' le cours de chaque ann6e, ii coinmcnccr dc 1820; redige et publii; par A. Mahul, I'un des collaborateurs de la Revue Encyclopedique. I" annee (1S20). On souscrit au bureau central de la Revue Encj'clopedique , rue d'Enfer, n° iS, 011 doit etre adresse tout ce qui est rclatif a la re- daction de Vjinnuaire. Chez Baudouin frferes , editeurs de la collec- tion des Blemoires sur la revolution, rue de Vaugirard, n° 56. Rey et Gravier, libraircs, quai des Augustins, n» 55. L'ouvrage paraitra le i5 juillet, epoque avant laquelle il faudra (Stre inscrit ; 1 vol, in-S" k deux colonnes. Prix, 4 francs pour les souscripteurs, et 5 francs pour les non souscripteurs. Le plan dc cct Annuaire consiste a donncr, chaque annee , la Biographic, aussi complete qu'il sera possible, de toutes les per- sonnes celebres, i quelque.titre que ce soil, appartenantes a la Prance, decedees dans le courant de I'anntie precedcnte. 11 doit devenir ainsi, dans les bibliotheques, le supplement naturel de toutes les Biographies, ou Dictionnaires historiques, que la niort et le terns decompletent chaque jour. Avant la revolution , Ton pu- blia, durant plusieurs anniies, et avec succis, uue Nicrologie Jran- caise. Palissot, Clement de Dijon, L. Castilhon, M. Francois ( de Neufchftteau) en furent les principaux redacteurs. Cette necrologie avait rinconvenient de ne contenir que des iloges; elle n'embrassait d'ailleurs que la litterature , les sciences et les arts. Celle-ci , beau- coup plus complete sur ces points , coniprendra de plus la politique , qni doit offrir, dans le terns oil nous vivons, des articles d'un si grand jnteret. Une entreprise pareille [the Annual Biography and Obituary) sc poursuit en Angletcrrc dcpuis cinq ans, et obtient Ic plus grand succi-s. KUROPE. 065 Circonsciit annutilleinrnt dans des limitcs bien molns (Ucnducs que celles qn'embrasscnt tout d'un coup les redacleurs des Biogra- phies alpiiabeliques, il sera permis au rc^dacteur do ccllc-ci d'Ctre plus complet, et do s'etendre davantage sur les articles importans. On accordera surtout une attention particuliiire a la Hibliographie des autcurs, dans I'espoir que ce Recueil, reproduit chaque anuie , pourra dans peu etre consulte par les bibliographes , et leur scrvir d'archives litteraires. On a pu croire aussi que les i'amillae des hommes celebres quixDnt cess6 de vivrc , ne verraient pas sans interft conserver tout ce qui recommande lenr memoire au souvenir de la post^rlt^. Get oHvxage ne sera point un ecrit de parti , car il est purement historique et litt^raire. L'Annuaire necrologique de 1S20 contient environ cent articles biographiques. Voici I'indication de quelques-uns, qui feront juger d'avance de tout I'interet dont il est susceptible: Bacciochi (nee Buonaparte, princesse EUsa)\\'a.hh(: Baruel ; le due de. Berry; Boullagc , professeur en droit; Cdilleau , ni6decin ; Cam/ion , conventionnel , createur du grand-Iivre de la dette pnbliquc; Caj'peronncer, bibliothecaire ; Combes-DounOuS . traducteur de Platon ; Cubiere-Palinezeaux , potte ; Debure , savant libraire; Dec res , ministre de la marine; Delandine ^ auteur du I>ic- tionnaire historique qui porte son nom ; Fantin-Desodoars, historien ; Fouche, due d'Otrante; Fournel, avocat et jurisconsulte ; Gallais , journaliste; Kellermann , marechal, due de Valmy; La Chabeatis- siere, auteur d'opcrascomiqucs ; Lefebvre , niar6chal, due de Dant- zicfc; Loiiu'el; Charles Loy son , pofete et eerivain politique ; Mon- ^Ayon , philantrope et publiciste; Palisot de Beaurois , botaniste, membre de I'lnstittit; Petit ; physicien etmatheniaticien; Portfimaitn imprimeur; Frecy , commandant 2t Lyon lors du siege de 1793 ;' ftabarti-Fommier J ministre protestant; Saint-Aubin, economiste et financier; iSom^kc^ , auteur comique ; Tallien, dtputii a la con- vention; Fz^ee, po6te ; Vinson, eerivain ecclesiastique ; Folney, ^^air de Prance , membre de I'lnstitut , auteur des Raines , etc. , etc. — Typographic orientate. — Un de nos plus habiles graveurs de c'a- racteres, celeb re par ses heureuses innovations dans la typographic, M. Mole jeune, vient de terminer, sous la direction de M. Langles, conservatcur-administratcur des manuscrits de la bibliotheque du roi, la gravure d'un alphabet en caractfires nommes Nesiadtye. Ces caracteres offrent tontes les formes, tons les groupes necessaircs Tome x. -'iS 6G6 EUUOPE. pour imprimer les textes arabes, tuics , persans, liindoustaus et ninlais. II ne nous apparticnt pas de juger de leur exicution; mais nous n'avons pas oubli6 que les caiact<;res fian^ais ct Ics vignettes de M. Mole ont obtcnu de brillans succcs aux differcntes expositions de I'industrie nationale. Depuis 1785, epoque oil M. Langlts a dirig6, pour I'impression de son Alphabet-mantchou et du Dictiontiaire-mantchou-franfais, les premiers caracteres mobiles de cctte langue, cet orientaliste n'a cesse de s'occuper de typographic orientale. Nous ne donuerons pas ici la nomenclature des caracttres orientaux dont il a dirlge la gravure pour enrichir I'imprimerie royale. Les orientalistes appren- dront sans doute avee plaisir que M. M0I6 jeune s'cmpresse de mettre en circulation cette nouvelle production de son burin. Plu- sieurs imprimeurs de Paris lui bnt d6ji demands des fontes de ce caractfere arabe. M. Langles en a reclame les premices puur I'im- pression de sa grammairc persanne. Theatres. — Thedlre-Francais. — T/ licureuse rencontre , comedie en trois actes et en vers, par M. Flanard. — Valsain, pere d'Emilie , fait trois millc lieues pour venir chercber le marquis de Favierc, qu'il ne connait pas et qui doit etre son gendre. Le cbevalier Dor- val, ami de Favi(^re et amant d'Emilie, se trouve au rendez-vous , au lieu du marquis dont il prend le nom. Celui-ci , probablement par sympathie , s'avise de prendre le nom de Dorval. Sous ce de- guisement , Faviere fait la rencontre de madame de Forlis, jeune veuve qu'il a aimee avant et durant son mariage , et qui se trouve 14 tout expres pour qu'il lui fasse la proposition tres-promptement agreee d'etre lesuccesseur de M. de Forlis. II ne manque done plus, pour rendre complet le bonheur de tous ces amans , que le consen- tement de Valsain, qui, avec I'indulgence ordinaire aux ptres de comedie, apprend tout, pardonne tout, et d'un seul mot fait deux manages. Tel est le sujet de la pi^ce nouvelle, oil Ton trouve des details agr^ables et des vers spirituels , mais dont les situations , les moeurs et les caracteres manquent absolument de v6rite , et qui paratt devoir son succfes au jeu des acteurs. — Second Thedtre-Frangais. —Oreste, tragedie en cinq actes , par M. MelvJbannin. — Cette piece a eu peu de representations. L'auteur a pris des situations et meme des vers dans des ouvragcs celebres; malhcureuscment, ces nombreux emprunts dtaient trop EUROPE. 667 evidens, et le public, jugeant I'auteur sur ce qui lui appartcnait en propre , a trouv6 que ni ses conceptions ni son style n'etaient en harmonie avec ceus des auteurs qu'il a mis a contribution. Gepen- dant, la reconnaissance d'Oreste et de sa soeur, son entrevue avec sa mere , la scene dans laquelle Oreste et Pylade se trouvant devant Egisthe, Pylade interrompt son ami qui va se decouvrir, en decla- rant que I'imprudent defenseur d'Oreste est Pylade , sont des preuves que I'auteur n'est pas sans talent, et peuvent faire regretter qu'il n'ait pas choisi un sujet plus dramatique et plus neuf. Necbologie. — Palliere.—M. Leon Palliere , jeune peintre , qui annoncait un beau talent, est mort dernierement, dans sa trente- deuxi^me annee , a Bordeaux, oil il etait ne , en 17SS. Pendant son sijour a Rome, oil il etait alle en iSi5, apres avoir remportele grand prix de peinture , ilfit, entre autres ouvrages, un tableau repri- sentant Argus tue par Blercure , un jeune pdtre, une chasseresse au bain , un Promeihee. Les ouvrages qu'il a executes it Paris sont , outre son tableau de prix : Un Saint- Pierre guerissant un boiteux , un Tubic et uue Junon etnpruntant a Venus sa ceinture. 11 reste de lui plusieurs autres ouviages ebauches ou seulement esquisses. — Levrault. — Les departemens du Rbin ont perdu , le 17 mai dernier , Frangois Xavier Levrault , recteur de I'academie de Strasbourg, membra du conseil general,' du conseil de prefec- ture, de la cbambre de commerce et de la Legion -d'Honneur. M. Levrault etait un de ces bommes que la providence accorde rarement a la societe ; il joignait h des talens distingues la volonte constante de les employer au profit de I'humanit^. Aussi, sa fin prematuree (il n'avait que cinquante-buit ans , etant ne le 10 aoftt 1/65) a-t-elle afllige tous ses compatriotes, comme s'ils eussent 6t6 de sa famille , digne recompense d'une vie qui u'a ete pour M. Levrault qu'une continuelle abnegation de ses propres inte- rets. La maladie mOme qui I'a fait dcscendre au torabcau n'elait que la suite d'un travail force, entrepris pour all^ger autant qu'il etait possible le fardeau des charges de guerre. Ilonorc de fonctions pu- bliques , avant , pendant et apres la revolution, il montra partout I'homme fernie et I'homme de bien ; c'est ainsi que, dans les trou- bles qui ont agite les commencemens de cette revolution , il sut courageusement protester contre toutc espece d'exccs. On Ic vit, au 10 aoftt, presenter au conseil general un courageux requisitoire , C68 EUROPE. par suite diiqucl il fiit suspcndu ; on lu vil , au 21 janvicr, manifc!i- tcr hautemcnt son adliction ; il fut proscrit et contraint de sc sauver en Suisse. Lijil excrija I'titat d'imprimeur que la sage prtivoyance dc son pere lui avait fait apprendre dans sa jeunessc ; ct, lorsque des circonstances favorables lui permirent de rentrcr dans sa patric, il rcfusa long-tems tout emploi salari6. Mais des-lors il vint s'as- seoir au jury d'instruction publique , a eOte des Bruiick, des Obcr- iin, des Koch. Penetre de la lecture des auteurs grccs et latins, riche en coonaissances de tout genre , il se serait illustre par des ouvrages, s'il n'avait pense que son tenis etait tout entier la pro- priete de scs concitoyens , s'il n'avait prefere vivre dans Icur coeur plutut que dans leur nienioire ; mais I'un et I'autre scront pour lui inseparables, et la generation naissante redira son nom avec vene- ration ; car I'habitant des chaumieres saura , conime cehii des villes, que I'instruction primaire de I'Alsace doit tout it M. Levrault. Ilomme simple et bon , ne chercbant la recompense du bien que dans le bien meme , il n'a jamais 6coute la voix de I'ambition , il n'a jamais accepte les suffrages des electeurs de son departe- ment; et, laissant ix d'autres le soin des int^rets politiques de la nation, il travaillait uniquement k eclairer la classe pauvre et laborieuse sur ce qu'elle a besoin de connaitre pour n'fitre plus de- sormais la proie des intrigans et des usuriers dont la presence aflligc les campagnes. M. Levrault a protege de tout son pouvoir la belle i^cole normale etablie i Strasbourg. Un grand nombrc d'ecoles com- rauuales ont etc fondees par scs soins dans les departemens du haut et bas Bliin ; enfin , il a fait preparer pour loutes des tableaux oil les preceptes de la morale la plus pure sont joints aux principes de lecture, d'ccriture et d'arithmetiquc. Kous ne pouvons oublier les beaux etablissemcns de librairie dc i\I. Levrault, tanta Strasbourg qu'a Paiis, rue des Fosses-Monsieur- le-Prince, u" 33. 1 Nous apprenons a I'instant qu'il n'y sera rien oliange, qu'ils continucront d'etre diriges par les personnes dc sa i'amiiie qui en etaient chargees, dcpuis que les fonctious piibliques dc M. Levrault ne lui permetlaicnl plus d'y donner scs soins. Ph. GOLBKBY. — liiifuu (Fortune), peinlre d'histoire , ne a Saint-Doniinguc , tut amcne en France, a I'Age de douze ans, par M. de L. U. , qui revcnait dans sa palrie avec la fortune pour I'acquisition dt laquellc I EUROPE. 669 il s'ctait condamne , ainsi qu'on le faisait alors , a un exil volontaire. II prit soin de reducatioa de Dufau ; et, secondant, aprfes I'avoir con- trarie , le goiit du jeune Creole pour les beaux arts, il le fit conduire k Paris, oil son pupille consacra son tenis h la peinture et devint un eleve assidu de David , pour lequel il conserva toujours une vive reconnaissance. Dufau avait dans le caractfere une noble indepen- dance, et dans les sentimens une delicatesse excessive, deux qualites qui ne mfenent point toujours i la fortune. Son bienfaiteur, voulant lui faire un sort independant , dispose en sa faveur des fonds sufB- sans pour le lui procurer, et prend des moyens de lui faire toueber un revenu qui le mette k I'abri du besoin. Dufau n'accepte rien , probablement parce que M. de L. B. avait un enfant, et que , dans les idees de I'artiste, le bienfaiteur, quoique millionnaire, n'avait plus le droit d'etre si genereux. Dufau lutta quelquefois peniblement contre I'adversiti , plutot que de toueber aux fonds mis i sa dispo- sition : tout chez lui etait en rapport avec ce caractere. Le recit d'une action ne le trouvait jamais indifferent ; il admirait ou bl^mait i I'exces, et sa francbise, quelquefois brusque, paraissait singuliere; c'etaient li» lous ses defauts. On n'apprecia point assez son talent, parce qu'il ne savait nulle- ment le faire valoir ; mais il en a laisse des preuves dans plusieurs tableaux et dans un grand nombre de portraits. Gustaue haranguant les Dalecarliens groupes aulour de ce heros ; un heros plus mo- derne faisant rendre les objets pricieux enleves par ses soldats d une carai^ane; Saint -Vincent de Paule, dont la tete fut admirec par les artistes ; des tableaux de genre pleins de grSce et de fraicbeur attestent ce talent. Parmi les ouvrages ebauches ou finis qui sent encore dans son atelier, on rcmarque un philosophe en meditation- La pose , Pair profondement absorbe , le caractere de sa figure, mille details analogues produisent beaucoup d'effet sur le spcctateur, qui se met en harmonic avec le sujet et sc surprend k meditcr lui-meme. Dufau est mort a Paris , le 18 mai dernier , d'un anevrisme au coeur. V. D. M. UN DU DlXlkMK VOLl'Mt. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE TRENTIEME CAHIER, JUIN 1821. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. I. Notice sur les voyages de MM. Diard et Duvauccl, natu- ralistes, dans les Indes Orientales. G. Cuuier. pag. 474 a. — gur rabolition de la traite des noirs (2* art.). Babey. 482 3. — gur M. Camille Jordan. G. 494 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4. Collection de coleoptfires , de M. le baron Dejean. Moreau de Jonnes. 5oS 5. Manuel de I'ingenieur mecanipien , constructeur de machines i vapeur. Francceur. 5i5 6. Esprit , origine et progres des institutions judiciaires , par J. D. Meyer. Naudet. 5ai 7. Essai historique sur I'ecole d'Alexandrie. V. Leclerc. SaS 8. Leltres d'Horace Walpole i G. Montagu. Deppin^. boy 9. Melmoth, ou I'Lomme errant, trad, de I'anglais. L. S. 55o 10. Musee CLiaramonti. P. A- 556 III. BULLETIN I3IBLIOGRAPHIQUE. Annonces de 91 ouvrages , fran^ais et strangers. 5C2 IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITT^RAIRES. Amebiqce. — l^Itats-Unis. 620 AsiK. — Indes Orientales. — Indostan. — Russie Asiatique. 626 OctANiQVE.— Nouvelle-Gaile du Sud. 628 Afbiqoe.— Nubie. 629 EuaoPB.— Grandc-Bretagne. — Russie. — Danemarck. — Allc- magne. — Suisse — llalie. — Pays-Bas— France.— Paris. 63/) TABLE ANALYTIQUE F.T ALPHABETIQUE DES MATIERES DU DIXIEME VOLUME DE LA REVUE ENCYCLOPEDTQUE. AVRIL, Mil, .IVm. 1821 (*). On a reuni au\ qualii^ mots indicalils des quatre r.mvoES Divisio.vs dc ce Recueil : I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES; II. ANALYSES ET EXTRAITS D'OUVRAGES GHOISIS; III. BULLETIN BIRLIOGRAPHIQUE; IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES ; le detail et le renvoi des articles qui s'y rapportent; puis on a caracte- rise ces articles, a la suite des noms de leurs auteurs, par I'une des quatre abreviations ci-apres : M. (mesioibes et notices); A. (analyses); IJ. (bdllktin bieliogbaphiqlb) ; N. (nouvelles LiTTEBAiBEs). La designa- tion C, apres les noms propres , indique les collaborateurs de la Revue, lorsqu'il s'agit des articles qu'ils ont fournis. Au lieu de comprcndre, sous la denomination generale sciences ex abts (comme dans nos quatre tables des malieres de I'annee 1819), rindication des diff6rentcs sciences dont traite ce volume, on a cru devoir, pourrendre les recherches plus I'aciles , et pour mieux caracteriscr le bct philosophique de la Re^ue Uncjclojiedique, ouvrir un compte particulier et special , en lettres capilales , non seulement a chacune des branches des conuaissances humaines, acbiccltihe, anatomik, etc. ; i chacun des elemens essentiels de la civilisation et des moyens principaux de communication entre les hommes : academies et societes savantes ; diciionnaibe ; ekseignement mutuel ; instbcc- TioN pcBLiQCE ; JocBKAux; THEATRES, ctc. ; luais cncorc a chacun des pays dont il est fait mention dans ce Recueil : de maniere qu'on puisserapprocher ct comparer tour a tour, soit Wtat des sciences el des i'lemens de la ciuili- saiion dans chaque pays, soit les nations elles-tn6mes , sous les diflercns japports sous lesquels on a eu I'occasion de les considerer. \| — royale de peinture de Londres, 439- ciDiiMiE americaine de lalangue et — des sciences de Petersbourg,44«- des belles-lettres , nouvellcment —des sciences de Copenhague, 220. fondee a New-York, 456, 625. j— des sciences de Stockholm, 219. ( ) On sonscril. pour ce nouvoau Rccieil scientifique et litt^raire, dont il parait ui" cahier de doii/.e feuilles d'impreasion . tous les mois , au BcREAf centbai. d'abonxemkkt , rue d'Enter-Saint-JIichel , num^ro 18, chez Arthcs Bertrasd, rue H lUlefeaille . n. »3 , et .liez Kymerv , libraire , rue Maiarine, n. 3o. Prix de la souicriplion . a Paris, 43 fr pour ua an, dans los deparlemens , 48 Ir.; 5i fr. dansVetraiigcr. 2 TABIE ANALVTIQIIE — des beaux-arts deBi-ilin, aaS. — de Munich, 221, -de Turin, 646. des sciences de Bordeaux , 610. — des sciences de Caen , 236. — des scienc. de Paris, 258 ,458,655 — fran<;aise , 658. — (Rrcueildel'jdesjeux Floraux, 6 1 5 ( Voyez aiissi le mot Societk. 3 Achard-James , Laurent ou les pri sonaiers , 5()8. AdeLungs Ueberskht idler bikannten Sprachen , SSg. A.BMl.MSTBATI0r(,9I, 165,179,181,209. Agape(L'), ou la ligue secrete des chre tienssousleregnedeDomitien, i55 Agier, Les propheties de Jereinie, trad, del'hebreu, 179. Agoub , Dithyrambe sur I'Egypte , trad, en allemand, 225. Aghiccltcre, 458, 658. ( Vqy. aussile mot Economie hcbalb.) — ( Sur I'etat de 1') en France, par Desire Ordinaire, Sgi. — f Progrts de \') dans le royaume des Deux-Siciles, 649. Aignan , C.-A. , 97. — B. 429- Alexandrie d'Egypte , carte de ses deux ports, par Falbe , 638. AlfiSri (Homniagei), 229. AtoiBHE , 4o2 , 4o3. Alger (Relation d'un sejour S), 176. Allemagne, i52, 221, Sgi , 443, 5-3, 659. Almanachnautiquepubliea Florence 449. Alonzo et Imogine , melodrame an- glais , 439. Alrunna, margrave de camp, 394. Ambassade chinoise (Relation de 1') aupres du khan des Tartares Toun- gouies , 565. Ampfere , C.-M. 266. Analogic ( De 1') deslangues, 157. Analyses (II) d ouurages allemands : Erkldrung einer cvgyplischen Ur- kunde , von Bockh (Jomard),37o. — d'oiivrages anglais : Uistoire com- plete des voyages et decouvertesen Afrique, par Leyden et Hugh Mur- ray (Aignan), 97. — L'Europe au woyen Sge , par II. liallam ( le < oaite de Sigur), 112. — Examen des nouvelles vues deR. Owen, par H. Grey Macuab ( H. L.),02i. - Antholo"ie russe, par Bowling (C . Coquerel), diS.— Letters from Ho- race JVa-lpule to G. Montagu {Dep- ping, 537 — Melinolh, the ll'ande - rer,by Malurin [L. S.^, 5)o. -d'ouf. danois : Dc la peine de mort, par P. A. Ileibfig (Ileiberg). 35i. ■d' outrages des Etati-Unis : Ma- nutl de I'ingenieur mecanicien , constructeur de machines i vapeur, par Oliver Evans (Francocur), 5i3. - A' outrages J ranfuis : Observations sur la Cevre jaune , par M. Pariset ( Morean, de la Sarthe ), 45. — Mo- nographic hist, et medic, de la fi6vre jaune des Antilles, par Mo- rcau de Jonnes (Flourens), 65.— Considerations sur I'art de la guerre, par Rogniat. — Remarqucs critiques sur cet ouvrage , par Marcellin- Marbot ( Ch. Dupin ) , 69. — Atlas geograpbique , etc. dc la France , par Brue. — Atlas des monument des artsliberaux, etc. dc la France, par A. Lenoir (J), 91. — L'Europe et rAmerique, depuis le congrcs d'Aix-la-Chapelle , par De Pradt ( Depping ), 106. — Observationssur les iuconveniens du systeme actuel d'instruction publique , par Pettier (B.) , 1 24- — Epitrcs et Potsies , par Viennet (Leon Thiess6), i3i. — Traite complet de mecanique, ap- pliquee aux arts, par Borgnis ( Le Normand ), 299. — Du systeme in- dustrial, par H. Saint-Simon (Huet), 026. -^Catalogue de la collection de coleoptfercs de M. Dejean (Moreau de Jonni s), 5o8. — Essai historique sur I'ecole d'Alexandrie , par Mat- ter. — CS)uvres incd. de Proclus, publ. par Cousin ( Le Clcrc), 528. d 'outrages italiens : Ilmuseo Chia- ramonti , descrilto da F. A. P'is- conli (P. A.). 556. — d'oiii'rages des Pays-Bas : Esprit, origine et progres des institutions judiciaires, etc., par J. D. Meyer ( Naudet), 52i. — A'ouvrages tuns : Miroir des corps ou Anatomic de riiomme , par Chani-Zadeh(Bianchi), sgS. Anatohir , 656. — de I'homnie, ouvrage tiuc Chani-Zadeh, A. agS. Anecdotes sur George III , par Cob- bin, i4&. AnGLKTERBE, /^^(y-.GRAADE-BHETAGSE. \nguille monstrueuse , trouvee prfes de I'embouchure de la Clyde, 4^6. AnneBoleyn [ Memoires de la vie d'), par Benger, i48, Annnaire de I'imprimerie , etc. , 192. — necrologique , par A. Mahul , 664, Anthologierusse,par J. Bo'wring,555. A^TIQDITES, 192, 190, 196,556,616, 617, 65o. — deNubie, parM. Gau, de Colo- gne ,662. — ^gyptieniies , 637. a Londres, ai3. — (Les ) romajnes et allemandes des bords du Rhin , par Pauli , 096. — du departement de I'Aube et de celui de I'Herault, 235. ( Voyez aussi le mot AncHioLociE. ) Antoine et Maurice, par Jussicu,4i7. Antoine, L'Esprit des Enfans , 4 18. Apocalypse de saint Jean ( Clef de 1' ), par Ricardi , 166. Apollon (L'l du Belvedfere , par Mil- man , 588. 1 Appert. Vqy. Enseignement mutuel. Abchkologie, 224, 370. ( Voj. aussi le mot Antiqditks. ) Archipelde Jean Potocki ( Notice sur 1"), parKlaprolh, 176. Architecicrk , 216, 644- — ( Monumens de 1' 1 allemande, par G. Moller, 58i. Archives des decouvettcs et inven- tions , 4i2. Aristote. Voy. Zcll. ArithmiStiqce, 4o3. — ( !6l6mens d' ), par Bourdon , 174. Art MiLiTAiRE, 69, 147. Assainissem. des theit.de Paris, 262. Ast (Fred.), les Caracleres dc Theo- pbraste, nouvellc edition, 091. AsTHosouiE, 4o2, 449 ' 4^9 , 569, 639, 655. DV;! MA.TIF.RF.S. S par ] Auloma ion chess pla yer (An Altempt to analyse ) the oj' M- Kempelen , 584. Avot (M' d"), VeiUees d'une solitaire de la Chaussee-d'Antin , 191. Azuni , Dellapubblica amminislra- zione sanit ria in tempo di peste , |6J. B. Atlas geographique , par Bru6 et Gua- Bianchi. C.-A, 29 Babey, C.-M. 271, 482.— N. 620. Bagster, Livre de prieres en huit lan- gues , 438. Eaillie's [Joanna) Metrical Legends of exalted characters , 149. Bains de mer a Dieppe, 65j. — d'eau sulfureuse d'Enghien , dans la vallee de Montmorency, 653. BMe (Ilistoire de la villa de),par Ochs , 577. Barbier, G.-B. 188, 602. Basselin ( Olivier) Vaux de Vire,425. Bayle, Dictionnaire historique et cri- tique, 182. Beaus-Ahts, 91, iSg, 195,225,357, 617, 65o, 654. BeLLES-LeTIRES. /^01 . LiTTERATCHB. Belzoni offre au public anglais la re- presentation d'une tombe cgyp- [ tienne , 537. f'oy. Momie egyptienne. — medaille frappee en son honneur, 65o. Benger's, Memoirs of the lifeof Anne Boleyn , 147. Bentham's ( Jeremy ) Observations on the restrictive and prohibitory commercial system published by Bowring, 566. — Chrestomathia , .^Q. Beraud, Ode A Louis David , 4*9- Berr ( Michel ), Observations sur un article de la nouvelle Biographic des contemporains, 122. C.-N. 640. Berriat-Saint-Prix , Ilistoire du droit romain , 4'9- Berzelius. Foy . Descartes. det, A. 91 — des monumens des arts liberaux , par A. Lenoir, A. 91 , 617. Audoin , Sur I'organisation srxuelle des insectes, /\6o. Bible (Indication d'ccritscxegetiques sur la ), 4o8. Bibliographik, i44, ''>^^ ' 56», 634. BiBLiOTHEQiede la Societearocricainc pour prcvenir la pnuvntt- , 623. I ABtF. ASALYTlQtr. piibliqiir h — ( Formation d'lino Dessau, 221. — de Goettingiie ( Don fait a la ) par le due de Clsrence , 444- Binome. P'oy. Flauti. BlOGRAFHIE , 182, 4^3, 423, ^2^ , 567, G02 , 6o4 , 664- — de quelqiies dames anglaises ce- lebrespar leurveitu, i48; — d'Anne Boleyn, i48;-de Camille Jordan, 494; — de Thomas Coke, i49; — de Benedict Prevost , i64;— de Mel- chior Gesarolti , 167. — Nouvelle des conteniporains , par Arnault, Jay,Jou5^, Norvins, etc., i83. — universelle de M. Lupin d'lller- feld,642. Biography ( The annual) and Obi- tuary, 38t). Blair's {Dafid) Grammar of natu- ral and e.vpcriniental philosophy , 385. Dockhs Erlldrung einer oegypti- schen Urhunde , .oyo. Bolsseree , Description de la cathe- drale de Cologne , 644- Boisson de la Salle , Essai sur I'His- toire des comtes souverains de Pro- vence , 6o5. Bonafous , de reducation des vers a soie, 4 '4' , Bonstetten , Etude de I'homme, 696. Borgnis, Traite de mecanique appli- quee aux arts, A. 299. Bosphore ( Lettres sur le ), 609. BoTANiQuE, 226, 616, 656. Boucher de Perthes, Opuscules lyri ques , 6i5. Bouddhah (Histoire de la religion de ), 256. Boulay-Pati, Cours de droit commer- cial maritime , 600. Bourdet , Memoire sur les connais- sances que doit avoir un naturaliste voyageur, 4n. Bourdon, felimens d'arithmetique, 174. Bowring's Russian ylnthology, A. 355. — J oy. Bentham. BrackcTiridges Rede iiher gleiche Rechteder Juden milden Christen, 58i. Brera , Jnslituzione ill medicinapra tica , 4o5. Bresil , 202. Bresson , Desfondspublics en France, ,75. Brue, Atlas g6ographiquede la France, Brunacci , Tai'ole logarilmiche, i65. BtENos-AvBEs, 146. Buffon ( Qiuvres de) etde Lacep6de, traduites en italien , i65. — (CKuvi'es completes), nouvellc edi- tion I'ran^aise, 590. Bugatus , f salmi secundiim edilio- nem jLA"-Y interj'relum, etc. , 4o5. Bulletin Bibliocraphique (HI) : Al- lemagne, 152,591,5-5. — i\ngle- terrc , :45, 382, 565. — Espagne ^ 169,406, 588.-]5tats-Unis, 44, 38i , 562. — France, 171,410,590. — Italie, i65,4o2 ,585. — Pays-Bas, 170, t\o&, 589. — Pologne , i5i , 3go. — Russia, 389.— Suisse, iSg, 59S, 582. — de la societe d'cncouragemenl pour I'industrie natiouale , 594- Bulletins dc la grande arm6e , 607. Buttner , Observationes Lifiance , 398. Byron ( Lord ), Le Doge de Venise , ti-agedie, 387, 439. c. Cadalso , les Nuits lugubres , trad, en franc^ais, 428. Caen (Essai historique sur la ville de) , par I'abbe de la Rue, 182. Caillaud, voyageur en Egypte , 206, 629. Caisse d'epargne fondeei Rouen, 457. Callunachi IJy/iini el Bpigrammata, i5S. CaUhopre, or fallen fortunes, i5i. Canal S. -Denis, fete d'ouvert. ,465. ( Projet d'un) depuis Kiel jusqu'a I'endroit oil le StOr se jette dans rEibe,44'- Canova , statue colossale de Tliesee tuant un centaure, 229. Carlini et Plana , observations sur I'e- critdeM. Laplace, relatif aux tables lunaires, 4o2. re^oivent des recompenses du roi de Sardaigne, 449- DES MITIERES. Carm,ignani{Joannis)in Pisava aca- demia antecessoris juris criminalis elementa, i66. Caro (Annibal), son buste offert a la galerie du capitole par la duchesse de Devonshire, 65o. Carrion de Nisas Gls , Des idees repu- blicaines, 184. Cartas de Don Rogue Leal 1 70. Castcllani , De I'influence immediate des foretssur lecouis deseaux, 4o5. Catalogue de la collection decoleop- teres de M. Dejean, A., 5o8. delanouvellelitteratureanglaise, 389. Catholiques de la Grande-Brctagne et de I'lrlande , amelioration de leur sort, 209. Cauchois - Lemaire , De Naples , etc 184. Cazales. Voy. Cliare. Cepero, Lectiones poltticas, S89. Cercle litteraire de Lausanne, 227. Cesarotti (Vie deMelchior), 167. Changes ( Tables pour la traduction des), de dilTercnles places, 4o4. Chani-Zadeh, Miroir des corps, ou Ana- tomic de I'homme, A., 290. Chants nationaux des Hebreux , par Justi, i58. Chare, Discours et Opinions de Caza- les, 606. Charte (La) conslitutionnelle, 606. Chasuble (Description de la) de saint Regnobert,parSpencerSmythe,i92 Chiiteau (Lo) de Valmire, par made demoiselle Vanhove, 191. Chateauneul", Histoire des grands ca pitaines de la France, 422, 6o4. Chemins de fer, 3o5. sulfates de quinine et de cincUo- ninc, aJg. Choris, Voyage pittoresque autour du monde, 195. Chrestomathie,par J.Bentham, 569. Christian, Description des machines et des precedes specilies dans les brevets d'invention, etc., 594. Christianisme. f oj'. Wilberl'orce. CHBONOLOGrR, 6oO. Ciceron, Divers ouvrages qui ont paru en Allemagne sur cet auteur, 445. — (Fragmens de) trouves dans un Pa- limjmeste par I'abbe Peyron, 452. Cid (Les Romances du) imitees de I'es- pagnol, 187. Ciscar,jipun.tes sobre medidas. pesos, J' monedas, 1G9. CoLbin. Voy. Georgiana. Code pharmaceutique publie a Paris en 1818, trad, en italien a Verone , 228. Codex diplomalic us, manuscrit de Ma- thias Dogiel, 44' • Coleopteres. J'riy. Dejean. CoMMEHCE des Etats-Unis, 620. — ( sur le systtme restrictif et prohi- bitif du), par Bcntham, publie par Bowring, 566. — d'esclaves, pieces officielles y rela- tives , 568. Concordats (Les vicescommunsa tous les), 179. Considerations sur I'art de la guerre, par le lieutenant-general Rogniat, A., 69. Constant (Benjamin), Opinion surl'in- i terdiclion de la parole, 608. Copernic , Monument erige a sa me- moire k Cracovie, 216. Chenier , Tableau historiquc de I'etal Coqucj,-! (Charles), C.-A., 555. et des progres dela litterature fran- Corail rouge (Alteration de la couleur du), par la transpiration, 464. Corporations, Opinion du conseil ge- neral des manufactures a I'egard de leur retablissement, 467. Corpus juris .■aoxx'vtWe edition de Glos- sius, 445. Cottu , De radministration de la jus- tice criniinelle en Angleterre, trad, en allemand, 446- Cousin , OKuvres iucdites de Pioclus , A., 528. raise, depuis 1789, 424 Chesnel , Histoire de la Rose, 172. Chextcrlon's Narrative of proceeding in /- enezuela, 586. CuiMiE, 206, 239, 261, 464? 653. — (Cuurs de) econoniique, par Giuli i65. Chike, 204. Choisy. f'vy. Prodromus. Chulera-morbus, 2o4, 4 ' ' • Chomel, Observations surreniploi dc.< ti TABLE a: Ciayous de sainl Edinc Jobert ( Rap- port sur Ics), 237. Crocodile fossile. Lettie de M. Cuvici- i\ Tacadeniie de Caen , y relative , 356. Croisades (Tableaux du lemsdes),i53. CiBA (Description de I'ile de), 385. Cuvier (Le baron G. ) , Notice sur Ics voyages deMM. Diard et Duvaucel, M., 475. D. Dl^EMAH( R , 120, 442, 60S. Dante, Liuina commedia, nouvelle edition publee par L. Fantonl, 452. Darbj's Memoir on the geography , etc., of Florida, 565. Daru, Rapport sur les travaux de la Society royale pour I'anielioration des prisons, iSi. Davy (Sir Humphrey), nomme presi- dent de la Societe royale de Londres, 308. D^COUVERBTES KT IHVENTIOMS (ArcllivCS des), 412. — d'un lac dans la Nouvelle-Galles du Sud, 628. Dejean (Catalogue de la collection de coleopteres de M.), A., 5o8. Delavigne (Casimir), Les Vepres sici- liennes, trad, en italien, 452. Deloges , La decadence de la nature, 164. DenTex ,Dispuiatio inaugiiralis etc.. 4o8. DeppiDg, C. - A. 106,537. — B., 176, 399, 569. Desatir (Le), ou les Merits sacres des anciens prophetes pcrsans, 256. Descartes (Tete de), envoyee a I'Aca- d^mie des sciences de Paris par M. Berz6lius de Stockholm, 46 1 , 656. Descourtils, Flore medicale des An- tilles, 656. Desmoulins, C.-B. 172. — Recherches sur I'etat de volume et de masse du systeme nerveux, 4' i. Dessin et PEiNTtHE, 228, 239, 439' Diamant reniarquable enlev6 au pei- chawa des Mahrattcs, 626. 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Egypte , 206 , 629. — { Description de 1' ) , 1 96 , 6 1 5 . Eloqcence , 159, 606. Encouragement aux science!* en Hon- grie , 444. — pour la litteraturc aux Etafs-Unis , 202. Arts , par Zani, 168. Ehseignement mdti'el ( Manuel theo- rique de la methode d') , par Ap- pert, 4>6. a Colmar, 238. a Tbionvillc , 653. — PBiMAiBE (Etat de 1') dans les vingt- six academies dont se compose I'D- niversite de France, 254. Epitre a M. Viennet, par M. Fran- (I'ois de Xeufchateau , M. 282. — aux roisdela chretientfe , par Vien- net , 6i4- Epitres et Poesies par Viennet , A. i3i. Ernsts Bemerlungen iibcr die Ver- einis,ten Staaten von Amerika , 573.' Escano, Idees pour un plan de re- fornie de la marine militaire d'Es- pagne , 4o6. EsPAG.>E,43, 169, 232,4o6,588. Esquisse d'uncoursd'histoire ,oud'uii plan de lectures historiques , rap- portei I'influencedesfemmes, etc., , (M. A. Julliende Paris), M.S. 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Hindoustan ( Monumens anciens et modernes de 1') , par Langles, 617. IIisTOiRE, 8, 91, 112, i53, 154,182, 184 , 587, 590 , 39! , 4o5 , 565 , 577. — universelle, par Segur, 4'9- — ancicnne et moderne ( Tableau chronologique de 1'), par Thouret, 60U. — generale de France, par Vely, etc., 181. de France , depuis Charles IX , par Dufau , i8i. de I'empire francjais (Introduction Ji P), par Regnault Warin , 6o4. — des grands capitainesde la France, par Chatcauneuf , 4*2 j 6o4. — des conites souverains de Provence ( Essai sur 1' ) , par Boisson de la Salle, 6o5. — despeuplesde I'Europe (Vestibule de 1') avant H6rodote, par Ritter, 576. ECCLESIASTIQtJE , I 55. — de I'Eglise et des evequesde Pam- pelunc , 407. — de la religion de Bouddbah , 256. — LITTERAIRE , 256, 4^4 ) 585. — de la litterature et dps arts de Ver- celli , etc. , par De Gregory , 167. 10 TABLE ANiLYTIQlE — des Vojageg et Decouvertcs en Afrique , par Leyden et Murray. A., 97- NATDBELLE, 5, 1 Sg , l64, I72, 20I, 202, 206, 406, 4ii , 4'4» 436, 460, 462,508,582, 588,590,616- InVENTIOKS Cl DtCoLVkllTES, a54 > 4l2 > 459, 594. Isambert, Recueil complet des lois el des ordonnances du royaume , 599. Island rucksichllich seine rVulkane, von G-, Freyberg, i52. Ilivers(Les) les plus rigoureux, dc- lies prulendues inconnues dans la mer puis I'an 369 avant J. G. Essaichro- nologiqiie , 594. nofwil(Dcs inslilulions d'), 599. I low lit' s Selections f /('in letten; writ- ten during a lour through the Uni- ted Stales , .'82. Huet, C.-A. 326. Hull jours d'absence , par Saint Tho- mas , igo. HvDHOGBAPHIE, 449)658, 653. Hydrophobia (Remede conlrel'),646. HvDROTECHMQlK, 442, 465. Hypericiuees, f oj . Prodronius I. Imitation (De 1'), de Jesus-Cbrist,p.Tr Thomas i Kcmpis , trad, en polo- nais, 590. Indes orientales, 200, 204,617, 626. — OCClDENTALES, 65, 201. Industrie, 23;, 246, 326, 467, 594. 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Medecine , 43, 65, i44) '^2, 172, 173, 2o4, 232, 238, 4o3, 4o45 4io, 4H7 460, 562, 589, 646, 659. Meditations leligieuses , 398. Melancolie ( Le remede de la ) , par Don Augustin Perez , 170. Melmoih, the ff'anderer, by Malu- rirt. A., 55o. Mely-Jeannin. /"iy- Oreslc. Memoires, Notices, Lettres kt Me- I.A^GEs (I). Rapport de M. dc Lace pede sur I'Histoire naturclle, par MM. G. dc Saint-Hilaire ci F. Cu- vicr, 5.— Esquisse d'un cours d'His- tnire, etc. (M. A. .lullicn), 8. — Le Poilrait de Clari.-se (M. A. J allien), o5. — Les Pemmes et les Fleurs (M. A. Jullien), 7>g. — JNotice sui-les ex- periences electro- magnetiqnes de MM. Ampfere et Arago (Ampere), 266. — Dans quelle vue I'x^ngleterre poursiiit-ellc, auprf's des puissances continentales, I'abolition dc la traite des noirs d'Afrique (Babey), 271 , 482. — Epitre a M. Viennet, par le comte Franijois - de -Neul'ch^teau , 282. — Reponse de M. Viennet, ag'i. — Notice sur les Voyages de MM. Diard et Duvaucel , par le baron G. Cuvier, 4/5. — Notice sur M. Camille-Jordan (G.) , 494. — (Collection des) rclatifs a la levolu- tion francaise, par Berville, etc., 181. — de la Societe de Bombay, 588. — de la Societe de la Haute-Ecosse , 569. Messe i quatre voix , par Slockhau- sen , 434. Metaux ( Galculs pour les combinai- sons des) , par Tavazza, 4o5. MetSorologie , 449. Methode elementaire de musique et de chant, par Wilhem , 433- — sure pour apprendre la langue li- tine , par frere Diegue de xVIello, 4o8. Meyer, Esprit, Origineet Progrfes des institutions judiciaires, etc. A. , 521.— B., 170. Michel, f^qy. Participe. Michelot, C.— B., 583, 591,610. N., 457. — Redacteur principal de la section des nouvelles scientifiq ues et liiieraires ; les articles signes A. M. t. Mieg, Paseopor el gabinete de histo- na natural de Madrid , 4o6. Milniaris Beli^idere Apollo, 388. MiNEBALOGiE(Dictionnaireabregede), 4l2. Miorcec de Kerdanec, Histoire de la langue des Gaulois , 610. Mirabeau (Cffiuvres de) , 1S6. Miroir des corps, par Chany-Zadeh, ouvrage turc. A., 2g5. Missionnaires catholiques a Sydney, 629. Missions a Ava, dans I'empire Bir- xnan , 2o5. nkur.-,. 13 Mollers Denkindlii'r der deulschen Baukunsl , 58i. Moniie egyptiennc au musee de Glas- gow , 2l3. — (Ouverture d'une) par M. Bclzoni , a Londres , 2i3. Monographic historiquc et medicale de la iievre jaune des Antilles , par Moreau de Jonnes , A., 65. Montesquieu, lisprit des lois , traduc- tion espagnole , 170. Montesquiou (A. de) , Poesies, 188. Monument erige a Wurzbourg , en memoirc de retablissement dc la constitution de Baviere , 64i. Morale, 179. Moralislcs Iran9ais (Collection des ) , 595. Moreau de Jonnes, Notice sur la ma- ladie pestilentielle designee sous le nom de tholera-niorbus , ^\i. — — f'oy. Monographic. — Note sur le grand courant de I'At- lantique equatoriale , 462- — C.-N., 63 t, Cos,. Moreau (de la Sarthe\ C.-A., 43. Morenas , seconde petition contre la Iraite des noirs, 607. Morin , Essai sur la nature d'un fluide imponderable, 171. Mouvement (Du) , des fardeaux , 3oo. Murray (Hugh), p^oy . Leyden, Musee asiatique de I'Academie des sciences dc Petersbourg, 21 5. — Chiaramonti , decrit par P. A. Vis- conti, et J. A. Guattani, A., 556. — de I'institutionroyale de Liverpool, MrsiQL'E, 159, 433, 434- Mystery {2he),or forty years ago, i5i. N. Naples (De) et de la Declaration de Laybach , par Cauchois-Lemaire , 184. — (Les cinq join's memorablcs de) , 394. Naudet, professeur, est nonime a la chaire de poesie latine du College de France , 464- —C.-A., 521. Navigation, for. If vdrograpuik. u iVKCHOLOciK. Scliioeter, niissionnaire en Thibet, 206. — Haylay, potte an- glais , en Sussex, 214. — Tooke, historian anglais, i> Londres , ii4. — Voigt, natuialiste i Ilmenau, 295. — De Maistre, luinistre d'etat k Turin, 229. — Petit, professeur dc physique a Paris , 260. — Ri- chard Twiss, litterateur anglais, 44o. — Scavenius , consciller d'etat danois , 442- — Stock, litterateur alleinand,448. — Colalto, professeur a Padouc, 455. — Anelli,poete dra- niatique italien, 455. — Montyon , conseiller d'etat h Paris , 468. — Scipion Periei-, banquier a Paris, 4/0. — L'abbe F. Venini , de Milan, 65i. — L'abbe V. Palmieri , prol'es- scur A Pise, 65 1 . — Pallitre, peintre a Bordeaux, C67.— Lcvrault, rcc- teur de TAcadennie de Strasbourg, 667. — Dufau , peintre a Paris , 668. Newtonianisme (Essai sur le) , 4i5. Niemcewicz, Baykii fowiesci , Sgo. Niemeyers Beobachiungen auf Mei- seninundausserDeulschland, 5j4 Nigris, della Giuslizia e del diritto . 585. NoMiNATJONS ACADEMiQXjEs : Munter , eveque de Copenhague , 44i. ~ Chaptal , de I'lnstitut de France , 44 ». — Villemain, i la place de Fou-| tanes , 463- Notice sur les experiences electro- raagnetiques de MM. Ampere et Arago, M., 266. - sur les Voyages de MM. Diard et Duvaucel , M., 473. — sur M. Camille-Jordan , M., 494- NOUVELLES LITTlfeHAIBES (IV) : Alle- magne, 221, 445 j 659. — Bresil , 202.— Chine, 2o4; — Danemarck , 220, 442 1 638. — !Egypte, 206, 629. — Espagne, 202. — Etats-Unis, 202, 456, 620. — France , 234 , 454 ,652. • — Grande-Bretagne , 206, 436, 635. — Grice, 23o.— Haiti, 436.— Indes orientales, 2o3 , 204 , 626. — Italic , 228, 449» 646.— Maroc, 602. — Mar- tinique, 20J. — Oceaniqne, 628.— Paris, 238, 458,655. — Pay s-Bas, 253, 454, 651.— Pologne , 216, 44'.- Poitugal, 255.-- Piiissic, 2i5, 1ABI.F. AXALVrmiE 44o, 638. — Russie asiatique, aoi , 628 — Suede, 219. — Suisse,- »j6 , 645.— Turquie , 23o. Nuils (Les) lugubres, par Cadalso, traduites en franrais, 428. NUMISMATIQOE, 255, 255, 44 I , o. Observatoirea Abo, en Finlande, 21 5. OciiANIQlE , 628. Ochs , Geschichte der Sladt und I.andschaft Basel , 5jj. Ode i Louis David , par J3eraud, 429. Oelenscblager, po6te dramatique da- nois ,221. OEl'vbes coMPLiiTEs de Winckelmann , 109 ; — de Mirabeau , 186 ; — de Buf- fon , 590 ; — de I'empereur Julien , 596; — de Filangieri, 662. — drainatiques He Sheridan, 570. Ogres (Les) du seizieme sifccle, i5o. Ondine , ou I'Esprit des eaux , melo- drame anglais, 439. OpTiQtiE , 660. Opuscules lyriques , par Boucher de Perthes, 61 5. Ordinaire , Mithode pour I'enseigne- nient des langues , 255. Ordinaire ( Desire ) , Considerations sur I'utat de ragriculture en France, 591. Oreste , trag^die , par Mely-Jeannin , 666. Organisation (Del') municipale en France , par Lanjuinais et Keratry, Vqyez JouB- OCVBAGES PliBIODIQCES. NAUX. Owen (Robert), Examen de ses nou- velles vues, par H. G. Macnab, A., 321, Pacioui, la Vila umana, 168. Pases J Escola , Tralado sobre las diferentes preparaciones del oro , 589. Falloni, Commentario sul morho pe- tecchiale dell' anno 1817, 4o3. Pananti, Relation d'un sejour i Alger, .76. Parent Duclialclcl. / «) , Martinet. liiLi MATlKRCs. i; Pabis, iji, i38, 458, 655. Paris und London fiir den A rU , von Ifeise , 1 52. Pariset , Observations sur la fifevre jaune, A., 45. Participe (Theorie nouvelle du) , par Micbel, i86. Pauli, Die romischen und deutschen Allerlhiinier am Rhein, JgS. Panvres (Rapport de la Societe fon dee i Londies pour ameliorer la situation des) , i45. — Essai sur la nianiere d'employer les classes), parR. Slaneg, j45. Pavs-Bas, 170, 233, 4oS, 454) SSg, 65i, Pectirologe du docteur Lacnnec, 232. Peine de mort (De la), par P. A. Hei- bergf , A., 35i, 660. — (Abolition dc la ) en Portugal, 253. Peinilre. Voy. Dkssix. Perez de Zaragoza , el remedio de la melancolia , 1 70. Pfisiers Eus^enia von Nordenstern , 164. PLares ,201. Philibert, roman poetique, par T. C. Grattan, i5o. Philologie , 157, i58, i66, 256, 58g. 391,592, 398, 445,447,449,452, 578, 586, 588,609, 6io. PniLOSOPHiB , 392, 4o8,4i5, 028,574, 576 , 579, 586 , 596 , 597. — NATCBBLLE et experiineutale (Gram- maire de), par D. Blair, 385. Physiologie (Elemensde) de la nature, par Forni , i65. Phvsiqde , 171, 267, 4o3, 454 » 46' 5 589, 619. Pile voltai'que , son effet sur les per- sonnes atteintes du cholera-mor- bus, 204. Pindemonti , 11 colpo di niarlello del campanile di S. Marco . 4o6. Pitt (Memoires sur la vie de William), 567. Plana. T'oy- Garlini. Planard , I'Heureuse rencontre , co- m6die , 66C. Pluie de soie tombee au Bresil , 202. Podrez do Ciemno^rodu , etc. , i52. Poele - cheminee de I'invention de M. Biscbop de Lausanne., 227 PoK^in, 35, 39, i5j , i5o, 16S. iS-, 225, 245, 282 , 567, 425 ,429, 446, 452, 467, 6i3, 6i4, 6i5. — oaAJiATiQuE, 188, 258, 387,388, 439,452,467,573, 588,609,666. — d'A. de Montesquiou, i88. — (Epitres et), par Viennet, A., iSt. — fugitives , par Loncbamps , 429. PoiDSET Mbsdbes (Remarquessur les], par Don Gabriel Ciscar, 169. — (Traite du rapport des) de Milan aveo ceux des autres etats d'ltalie, 4o4. POLITIQIB, 91 , 106, 170, 179, 184, i85, 186,224,271,394,407,589, 607, 609. PoLoc^E, i5i, 216, 390, 44'- — (De la), de son bistoire et de S3 constitution, par Jekel, traduite en polonais , 590. Pont sur la Garonne , 454- Pope, Essai sur I'homme, imite par Fontanes, i87_. Population des Etats-Unis, 620. — (Mouvcment de la) en Russie, 44o. Portrait (Le) de Glarisse {M, A. Jul- lien), M., 55. POHTUCAL, 233. Potticr (F. G.) , Observations sur les inconveniens du systfeme actual d'instruction publique. A., 124. Prade (R. de la), Gompte rendu de la Societe de medecine de Lyon , 1-2. Pradt ( De) , I'Europe et I'Amerique depuis le congrfes d'Aix-la-Gliapelle, A., 106. — Rappel de quelques predictions sur ritalie, 184. Present (Le) du Prince , comedie par Gomberousse et Daubigny, 464- Presse (Nouvelle) typographique , in- ventee a Erfurth , 221 , 443. Pression atinospherique ( Effet de la ) sur le corps buniain , par Gondret , 172. Prevost (Notice de la vie et des ecrits de Benedict), 164. Prieres et Meditations, par Zollikof- fer, 583. Principes de la philosophie de I'booi- me moral , 4i5. Prisciani Ccesariensis grammalici , opera minora , edidil F. Linde- mnnntis , 409. 16 '■ Prisons, i8i, 209, 253,4';' ^flS. Pan PBOPOsis : par rAcadtimie dos sciences de Copenhague , 220 ; — par le cercle Htliiaire de Lausanne, 32y;_par laSocicte Teyleriennc de Harlem, 234;— par i'Academie royale des sciences de Paris, 242; — "par la Societe royale de littera- ture de Londres, 45;; -par I'lns- titiit royal des Pays-Bas , 454 ; - par la Socit'te acadtimique de Nantes, 655 ; - par la Socicte m6dicale d'e- niiilation de Paris, 659. Precede ( Nouveau ) pour rendre les ttoffcs de colon incombustibles , 254- Proces des assassins du inarechal Brune, i85, — intente i I'auteur do la Tribune de la Gironde , iS5. — du Miroir, 609. Proclus ( CEuvrcs inedites de), par v. Cousin, A., SaS. Prodromus d'une monograpbie de la famille des Hypfericinees , par J. D. Cboisy, i5q, 582. Prophelies (Lcs) de Jeremie, traduites par Agier, 179. — (Livre de) , de Lillienstern , 220. Psaumes. /- oy. Bugatus. R. Raffeneau-Delile, Sur I'^tude et les progrts de diverscs brancbes des sciences niedicales, 4'o. Rapport fait i I'academie des sciences de Paris par M. de Lacepede sur I'histoire naturelle des mammiferes de G. de Saint - Ililaire etCuvier, M. 5. — des directcurs dela Sociile mission naire de Londres, i8i. Reclamation de M. Delaportc a Tan ger, 6S2. Recompenses scientifiques, 449; — que Ic gouverncment anglais ac corde pour les d6couvertes geogra phiqucs, 208. Recueil del'acadtniiedes jeux Horaux, 6i3. Refutation (Nouvelle) du livre de I'Es- prit, 4>5. Fkigime (T>u) umnicipal, etc., iH.i. ANALYTIQTIF. Regnault -Warin, Introduction a I'Jiis- toire de I'empire fran^ais, 6o4. Religion {f^qy. Th^olocie). Jieligiosa {La), por Diderot, 200. Remarques ciiliques sur I'ouvrage dm lieutenant-general Rogniat, intitule : Considerations sur I'artde la guerre, parMarcellin Marbot, A.. 69. Reniedcs secrets, defense faite a leur egard , 466. Meporl of the Society fur bettering the coridition of thepoor, i\S. Restauralion des principaux tableaux qui ornent les eglises de Rome, 229. Revolution fran^aise { Collection des memoires relatifsa la),parBerville, 181. du Mexique (Memoires sur la), par Robinson, 565. Revolutions de Naples et du Pienionl (Precis bistoriqne sur les), 607. Rhumatisme (Remedecontre Ic), 659. Rirardi, Chiave dell' ApocaLisse di S. Giovanni, 166. Ritchie's Narrative of Travels iitn'or- thern Africa, 564- Rilters T'orhalle EuropoeischerJ'oel- kergeschichte, 676. Robinson's Memoirs of the Revolu- tion of Mexico. 565. Rogniat, Considerations sur I'art de la guerre. A., 69. Romances (Les) du Cid, 187. Romans, i5o, i5i, 164, 168, 189, 191 , 3g5, 432, 55o. Rome in the nineteenth century , 586. Rose (Histoire de la), par Chesnel. 172. Roujoux , Don Manuel , 4^2. Rousseau (J. J.), Histoire de sa vie el de ses ouvrages, 424- Rue ( L'abbe de la ), Essai hislorique sur la ville de Caen, 182, Russian Anthology, by John Dotv- ring, 555. RcssiE, 2i5, 389,440, 638. Saint-Simon (Henri), Du Systeuiein- duslriel. A., 326. Saint-Thomas, Huit jours d absence, ISalli.C. R..'C5. ^o-.,3S5.-N.,449- DF.': MATliiRES. Salle (Nouvellp)d'Op.-rade Paris, 25 1,1— d'agricultuip rlii depaitp »/'*- Gpis, 458. I I ment dii Say, Lettre A Malthus , Irad. en an glais, 566' Staramuzza, Saggio suit analisi lo- gtca, 4oa. Srheppers , Specimen lillerarium inaugurald, 4io. Srhleusner, Nouns ihesaiiriis pfiilo- logico crilicux, isy. Science de I'antiquite (Esquisse de la), par Kanngieser, 5-4. Scolt ( Walter ), The lay of the. last minstrel, a poem, 19 9. Sculpture, 229, 3,5-. Secte (Nouveile), religieuse et philo- sophique, appelee Saads , aux In- des orientales, 626. Segur (le coiute de), C.-A., j 1 2. — Histoire universelle, 4ig. Shakespeare (Tragedies de), trad, en italien par Leoni , 588. Sheridans's If^orks, 5y7>. SiciLK (Donimens historiques sur les derniers evenemens en), 184. Sigonius (Hommages a), 65o. Silvestre de Sacj', Les seances de Ha- riri, 199. Simonde de Sisinoudi , Histoire des Fran^ais, 421. Litterature italienne depuis le 14" siecle jusqn'au lo', trad, en italien. 587. Situation politique ctmilitaire de I'Eu- rope (Coup d'ocil sur la), par V. 607. Slaneg'.s-, Essay on the Employ ement oj the poor, i45. Society asiatique de Calcutta, 200,204. — de Bombay, aoS. — d'agricullure de Seranipour, 20."). — royale de Londres, 308, 457- — royale de litterature de Londres,437. — commerciale de Stockholm, 220. ' — rovale des sciences de Goettin"-ue 443. — royale , allemande , de Kreniosber" 64q. — hclvetique des sciences nalurelles, 226. — teylerienne de Harlem, 2.").'). — academique de Nantes, 655. — royale d'agricullure dudepartemenl dft la Seine, 658. ■pour I'amelioration de renseiene- ment mutuel de Colmar, a38. inedicale d'limulation de Paris, 559. philotechnique de Paris, 659. •d'encouragoment pour I'industrie nationale de Paris, 246. Societesdes amis de la pais aux l&tats- Unis, 202. {Voy. aussi le mot Aca- dkmie). Societes patriotiques ( Considerations sur les) d'Espagne, par Marina, 407. Spallanzani , Sulla nuoua doltrina medica ita liana, 4o4- Spencer Smythe. Voy. Chasuble. Staunton's jSarrative of the Chinese Embassy, 565. Stassart (Fables de), 427. Statistiqi:e, 391 , 44o, 460, 620, 629. Statue antique presentee au Roi par le marquis de Riviere, 2j-. Steins Handbuch Jer Geograph ie and Staiistik, 391 . Stockhauscn , Messe a quatre voix 434. Such is the world, i Jo. Suede, 219. Suisse, 159, 226,598, 582, 645. Systemeindustriel. /'or. Saint-Simon. r. Tabac (Gonsommation du) provenant d'Amerique dans les dillerens 6tats de I'Europe , 622. Tacite (Les Annales de), trad, en ita- lien, par Sanseverino, 586. (Les Histoires de), trad, par le meme. 586. Tapir d'Amerique , 655. — decouvert .i Sumatra, 2o5. Tavazza . Calcoli per le alligazioni de melallt, 4o5. Taylor (Thomas), Jamblichus sur les myst^res des Egyptiens, etc., 438. Terrasson, Dithyrambes, 429. Tetes d'habjtans de la Nouvelle-Z^- lande , 207. Theatre deVarsovie, ■.•\S,\ — deCopeo- hague , 221 ; — de Paris , 258 , 467, 666; — d« Londici, 439; — de Milan, l8 TABLE ANALYTIQUE 45a. — de Naples , 452; — de Turin , 453. — coinplet des Latins , par Levee et Lenionnier, 609. Th^ologie et Beligion, 166, 179, 180, 3i5, 233 , 390, 098 , 4o5, 4o8, 4'4» 4i5,583. Theophrasli Characleres , nouvelle edition de F. Ast, jgi. Thiesse (Leon), C. A., i3i. Thomasza a Kempis, a Nasladoica- nii, etc-, Sgo. Thouin, Monographic des greffes, 172. Thouret, Tableaux chronologiquesde I'histoire ancienne et moderne, 600 Thucydide , trad, en grec moderne par Douca, 392. Tombeau de Solon, 44'- Tomline's Memoirs of the Life of If''. Pitl, 567. Tontine de compensation ( Projet d'une), parPallard ct Audeoud, 459. Traductions des poetes etrangers en vers alleniands, 446. — d'oHvrages franoais en espagnol, 267. Traite des noirsd'Afrique. Dans quelle vue I'Angleterre enpoursuitelle I'a- bolition? M., 271, 482. (Seconde petition contre la), par J. Morenas, 607. Trautmann , Elementi di economia rurale, 4o4' Triomphe (Le) desrois legitimes, 609. Tripartitum, seu deanalogid lingua- rum libellus, 157. Troupe soldee, ditegarnison du canton de Geneve, 584- ToBQuiK, 200, 295. Typogr*phie, 445. — orientale, 665. u. UmvEBSiT^sde France, 254;— de Glas gow, 437 ; — d(j Moscou , 44i > — de Koenigsberg, 444 ; — dc Goettingue, 444. Uranographie a la salle dc 1 opera de Londrcs, 437. Usteri, Discours d'ouvertiire de la so- ci6t6 Suisse generale pour tes scien- ces naturelles, i.ig. — Handbuch, des Schweizerischen Staafsrt'chls, 399. V. Vaccine , 2o4- Valle, Traite de la science du dessin, 239. Vanhove (Mile) , Le Chateau de Val- mire, 191. Vaux dc Vire d'Olivier Basselin , 428. Veillees d'une solitaire de la Chaussee- d'Anlin, par M' d'Avot, 191. — (Les) a Mainau, par Jakobs, JgS. Velocipede marin de M. Kent a Leith, 633. Venezuela ( Relation des eveneniens arrives k ), par G. Chesterton, 586. Vcrres antiques retires des mines de Pompei , 65o. Vers a sole. Foj. Bonat'ous. i'ersteejx, Spninten litlerarium inau- gurate, 410. VidaPs Picturesque illustrations of Buenos- j4y res and Monte-Video , i46. Vie humaine (La), poeme de S. Ro- ger, trad, enltalien, 168. — d'Anne de Bolcyn , i48. — du reverend Th. Coke , i49- _ — de Voltaire , par Mazure , 423. Viennet, Epitre et poesies, A. , i5i. — Ri'ponse a I'lElpitre de M. Francois de Neufchateau , 294. — ifepitre aux rois de la chretiente , 614. Vircv, Sur la membrane de I'hymen, 656. Visconli , II museo Chiaramonti, A. 556. Vita di Melchiorre Cesarotn, 167. Viviani , BeW indole delle institu- zioni scientifiche del secolo deci- monono , 585. Volcan lunaire , decouvert par le ca- pitaine Kater, 437- observe par M. Olbers, 6^9. Voss. iMisa, idyllion iribus eclogis absolulum , laline vertU B. O. Fischer. 58i. Voyages (Histoire des) et decouvertes en Afrique, par Leyden et Murray, — "(S'ur^les) de MM. Diard ct Duvau- cel, M., 473. DES MATIURES. 19 — en diversescontrees de I'Orient, par R. Walpole, i45. — en Afrique, par Leod, 563. — (Relation de) dans le nord de I'A frique , par Ritchie, 564- —en Cliine, 565. — aux Etats-Unis, par Howit, ,1.82. — dans I'interieurdes Etats-Unis d'A- merique, par Ernst, ojo. — (Ghoix de) dans les quatre parlies du monde, par Mac-Karthy, 609. — de decouvertes dans la mer du Sud, par Otton de Kotzebue, i53, 195, 447- — (Observations faites dans des ) en Allemagnc et a I'etranger, par Nie- nieyer, 574. — commercial dans la Russie asiatique, 205. — pittoresque autour du monde, par Choris, 193. — au pays des tenebres , roman polo- nais, i53. — autour de ma chambre, 188. — sciExTiFiQUEs , de F. Caillaud, 206, 629; — deBrocchi dans la Sicile, 23S; — de Charles Witte,en France, 255; — de Kdrosy, dans la Russie asia- tique, 62S. Vues pittoresques de Buenos- Ayres eti Monte-Video, parVidal, i46. I \\. Jf'alpole'!; Trai-els in various coun- tries of the East, i45. — Letters to G. Montague, A. 537. Wellington ( due de ) , relation de ses campagnes, par un officier de son armee, i\-. Wieland (Louis), Existe-t-il aujour- d'hui un parti revolutionnaire en Allemagne ? 394. Wilberforce,Lechristianisme des gens du monde, etc., 4i4- Wilhem, Methode elementaire de mu- sique et de chant, 453. JVinkelmanns IP'erke, iSg. Yagnez y Girona, Lectiones de his- loria natural, 588, Zani , Enciclopedia mi-todica delle belle arti, 168. Zell, Arislotelis Ethicorum Nicoma- hoso'ruvi libri , X.,etc., 5-8. Zollikofer, Discours d'ouverture de la Societe Suisse generale pour les sciences naturelles, iSg. — Prieres et meditations, 583. ZoOLOGlE, 5, 2o3. Fl\ DE LA. TABLE PC DIXIEME VOLUME. ERRJTJ. Page 5o, ligne icf^ paste, lisei: pesle ; — p. 126, \. 16, sent ,\iscz ■ suit ; — ibid. 1. 22, rigoureuse , lisez: figoureuse : — p. 159, I. 32, Eroestnungsrede: lisez: Erijjfnungsrede; — ibid, derniere ligne , la uifime faute; — p. 189, der- niere ligne , d'absericee,\\sez- d'absence: — p. 221, ligne 5, Oelanscli lager, lisez: Oelenschldger; — p. 355,1.2, .Islhulogy ,\i%fii-- /Inthologv; — p. 067, 1. 3o, de lout son mieux. lisez : tout de son mieux; — p. 4^6, 1. 35, Marner, lisez : Marnef; — p. 5i3 , 1. 4, Doolitle, lisez : Doolittle; — Tegarrj-, lisez : Tedjerry ; —p. 5go, 1. 32, Vicillot. lisez : Vieillol; — p. 644)1- i/i E.f//T»{ Xoyict , lisez : Ep^Hf 0' xsyjoc; — ibid. 1. 19, KEWiJOTrw, lisez : KaMioww ; — p. 655, 1. 7, Bolley, lisez: Colin'. DE L'IMPRIMERIE DE J. SMITH. 2 f£B.95 i/boi Messieurs les auteurs , ^dileurs d'ouvragcs , oil libraires , qui d^sirer^ient que la REVl^ ENCYCLOPfiDIQUE fit connaltre, soit dans la section des Analyses , soit daiis ceHe du SulUtin Sibliographique , les ouvrages nouveaux qu'ils publient, sont iuvit^s ^ en £tire parveuir devx sx£MPLAiiuBs au BuTcdu central de redaction , ctabonnamMit et d'expidition^ rws dfEnfer-Saint- Mich/il, n" 18, k iParis. Tous les ouvrag;es envoycs seront insciii* par ordre de date , et annonc^ dans le plus court ddlai. Si quelqucs r^dacteurs ou quelques lecteurs de la Retvc croient devoir lui adreeser des questions intdressantes sur le3 sciences, les letlres ou ies beaux arts, la Direction »'enxpre»sera de les pro- poser dans I'un des plus prochaini cahiers, et pu- bliera exactement les r^ponses qui lui seront envoy^es. Noi Letircs.MeTnoiros, Notices oil ExU-aits destines a eti-e iw'seres daws re Eecueil ; Cksz Treuttbl ex WiiB.'nz, ir«e i ; Eyaiery, rue Mazarine, n° 3o ; EoRET.ET RoussEL^ ruc Pave'e-Saint-Andie, n" g ; Baudotjin IVeres, rue de Vaugii'ard, n^SG; Chasseriau et HtCART, rue de Cboiseul, n" 3 ; Delaunav, PiLlciER, CoaREARD, au.Palaih-lloyal; Madame Celi.is^ rue du Cherche-Midi, n" 4 ;• Madame CAMtixE-DEFRtjfE, rue du Marclie-Saint- liouorc', 11" 4 ; A i,A Tente, Cabinet LitteraiRe tenu par M. Gantier, ancien militaire, Galei-ie de Bois, n" 157, a u Palais-Royal. An Caoinet s^tci.vr, ^'affaires, pour la litterature, Ies sciences • et )es arts^ place des Victoires, n" 3; Atut Cercle ct Saloti littc'raires , rue Ncuve-des-Pctits-Champs , n° 5, au premier. Nota. Les ouvrages annonce's dans la Revue se trouvent aussi die-/. ArthusBeRthand, rue Hautcfeuille, n» a3; Eymerv, rue Mazarine, n" 5o, et RoRET et Roussel, rue Pavtc-St.-Andrc- de»-Arts , n" g. DE 1,'lMYnnfEBIE DE J. SMITH .