IJVRAISON ^"^ REVUE ENCYCLOPEDIQ ou ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DAKS tA LITTKRATUOE, LES SCIENCtS ET tES ARTS. 1° Sciences p/i}si(jues et mathematiifucs et jirts induslrisls, Sciences natur^Ues et^tnMicales : MM. Ch. Dupin, Fourif.u, de rinst.;— FERRt ; — FrakC«EUR ; — Le NormaKD , j)vof. de tcrhiiologic, cic— de Mol£on;— A. Michelot ; — Coquerel; — Floitreks, D. M.;— Adelon; Ballyj Esquirol; Friedlan- 2" Sciences philosopkiqu^s et morales, politiqaes et histo- riques: MM. Lasjuinais ; — M. A. Jullien, de Paris j—Al. de LA BoRDE, do rjiisiitut ; — Ann^b ;— ArIxolT), de Strasbourg; — Baeey ;— Darcie-Dueocage, Jc I'lnst. ;— J. J: lUV'D* j—BucnoN; — Cousin; — Decerando doriust.;— i)i:ppiKC;-:-A. DnFRAYEH; — JoM ARDj dc rinst.; — Meyer, d' Amsterdam;— P. LamI; — J. V. Le- CLERC;— LAiros DE LaderaT;— deLasteyrie; — Alex. Lameth; — Naudet, do i'lnst. ; — Parent-Real; — G. M. Raymojtd;— E. SaLVERTE; SiMONDE DE SlSMONDT;— StAPFER; THIER.RY,etC. 3° Litleraturefranfaiseet etrangere. Bibliographic, Archeo- logie et Beaux Arts : MM. Aignan, Andrieus, Amaury-Duval, LEMERCiER,dclliisiitul;— A. Mahue; — Henrichs; — ArtauD;— ' AvESEL; — BARciERjConservaleurdcsbibliolhequesduRol — S.A. Berville— Michel Berr; — Bruguieres de Sorsum; —Cadet peGassicourt; — Cercied; — Champolliok-Figeac, corresp. de rinst. ; — J. Droz; — DuMERSAJT; — Emeric-David^ de rinst. ; — FAURiEL>-G(EPP;— Pn.GoLBERY.dcColmar;— Chauvet;— Hei- BERG; — KraFFT; — LaKGLESj de I'lnst.; — LlorVNTE; — MaKRON ; — A. Metrae;— NicOEO PouLO; — PouGENSjde Tlnst.; — F.Saeji; — Schweigh(EUSEr fils, de Stv.isbourg ;— de StouR ; — Sicard^ del^Inst.; — deStassart;— S. D.Thiery;— TniEssi:;— Verdtek; — ViOLLET LiDuc ; — Warden, ancien consul dos Etais-XJnis d'Ameriquej — E. H£reatj , etc. PARIS, AU EUKEAU CENTRAL DE LA EEVUE EKCYCLOEEDKiL'E, R:ii- d'Ealei-SQiut-MichcI , No 18, ET CHEZ Arthus Bertraxd, rue HAOTEPEUILLE, S" 23. LOKDRES. — Treuttel et Wurtz, et Dolatj ct C. OCTOBRE J 821. COiNUiTlOiNS DJi l.A SOUSCRIPTION. l,),,,ui> :r ,u....s .Ic ,..nvici i8l<), I jKiiait ,>av ai.i.tc , d rahicis.Icro Rccucil ; c!ia(|!if caiiier, i.ul.Jiu Ic M du .m^.^ , oni|>osc ircuviion ilooze Ituillcs a'lmpi'ssioii. On sousnit, n r..ns , an Bureau central d'ahonncmcni ■" ii' expedition incliq»c6iii leliirc. Prix dc la Souscripiion . ■^ ir„ji, 42 fr. pouf au an, 24 li. pouv G nun?. banslcb (3t'|iaiieincus. 48. ^8. Dana I'lJUangci 5 i. 3a- La iliffJicncc cntic Ic piix d'abonncinei.t, a Pans, tlans ks dcpartenu^ns ct tlaus l'c>/ra«,»c'r , dcvant cue pio,.o.uonm; Uo iiix tVais d'cxpcdiiion j.ar la posle, a stavi 074; et chez Colas, libraire, rue Dauphine, n" 02.— On peut se procurer s(5parement le Guide de la classe preparatoire ; il est precede de la preface de l'ouvrage et des pieces authentiques qui s'y rap- portent ; d'une introduction etablissant trois degr6.s d'instruction musicale; de I'expose sommajre dfi la methode j enfin , d'inslructions TouB zn. 2 18 DIVERS PROCliDiS auraient peu d'interet pour les lecteurs. II est un point seulement sur lequel j'appellerai rattenlion. Les premiers principes de lamusique sont enseignes sur un tableau , que M. Wilhem nommn V Indicateur pocal ; on y voit tracees des lignes horizontales , Tides de notes , et imitant le papier regie qu'on destine k recevoir I'ecriture musicale. Une clef quelconque est placee sur I'une de ces lignes ; et, lorsque le maitre, ou le moniteur qui le rem- place , pose le boat d'une baguette sur le tableau , les eleves se rcpresentent une note au meme point, et sur-le- champ proferent le nom et le son de cette note comme si elle etait tracee. En changeant de ligne,« on fait nailre de la sorte lous les intervalles , meme ceux des diezes et des beraols , et Ton exerce la classe entiere i lire et a chanter, sans avoir aucune piece de musique sous les yeux.C'e st un spectacle assez curieux que d'entendre la voix des enfans suivre, i I'unisson, les gestes de leur maitre, quiparcourt ainsi tons les points de son tableau. Ce qui distingue sur- tout cette methode de toute autre, c'est qu'elle est mu- tuelle, c'est-i-dire que les etudians s'enseignent les uns les aulres, et que les lecons du maitre ne sont pas necessaires. L'Indicateur vocal a ete suggere i IVI. Wilhem par la lecture d'un ancien ouvrage de Sebaste Hayden , oil ce mode est employe. Cette invention ingenieuse, abandonnee bienlot, estdevenuefeconde dans les mains de M. Wilhem. Comme il importe que , hors de la classe, les eleves puis- sent I'exercer et se rappeler les lef ons de chant qu'ils ont refues, il leur montre qu'ils portent toujours avec eux un g^neiales, relatives k la premiere introduction du chant dansan ^tablissement. Prix, 2 fr. 25 cent. , monies adresses d6j4 indiqu^es. Foyez ci-dessuB Rep, EncT, X, pag. 453. D'ENSEIGNEMENT MUSICAL. 19 iudicateiir vocal ; car , lorsque la main est ouverte , les cinq doigls disposes parallelement imitent les cinq lignes d'une portee musicale , sur laquelle on pent marquer la place des differens sons de I'echelle diatonique. C'est ce qu'il nomme la main musicale. Tous les professeurs qui ont voulu prendre connaissance de la methode de M. "Wilhem, en ont reconnu les avan- tages ; le veritable talent et I'excellent esprit qui le dirige dans ses recherches sont generalement avoues; sa modestie le retient dans des liniites trop etroites , et un artiste plus ardent que lui aurait sans doute donne plus d'eclat aux suc- ces dont ses efforts ont ete couronnes dansplusieurs etablis- semens publics. Les elfe ves de I'ecole de Saint- Jean-de-Beau- vais se sont reunis a ceux de I'ecole polytechnique , pour celebrer les fetes sacrees par des chants religieux, et ont merite des distinctions honorables de recclesiastique qui preside aux solennites de cette chapelle. II nous reste k trailer d'une derniere methode d'ensei- ghement de la musique , qui a ete mise en action par M. Galin, Ce professeur emploie aussi un tableau marque de lignes sans notes, qu'il nomme meloplaste\ mais,comme son enseignement est dirige dans le mode simultane , il n'a de commun avec celui de M. Wilhem que I'usage de ce tableau , pour I'exposition des principes. M. Galin a reclame la priorite de I'invention, en prouvaut qu'il ensei- gnait la musique a Bordeaux arant que M. "Wilhem eQt imagine son indicateur vocal :mais, outre que I'indicateur vocal est la moindre des innovations du systeme de ce der- nier professeur, il a constate qu'il n'avait aucune connais- sance des procedes de M. Galin. On a d'ailleurs pu suivre les traces de son invention dans les metbodes qu'il a suc- cessivement modifiees , metbodes dont I'idee lui a ete sug- geree par la lecture de I'ouvrage de Sebaste Hayden , qu« 2* 20 DIVERS PROCEDES M. Galin ne connaissait pas ; il est demeure constant que M. Galin elait, do son cote, inventeur dn meloplaste et en * avait rendu I'usage fecond , mais que M. "Wilhem ne lui avail rien emprunte. M. Galin divisc sa classe en deux sections; ct , s'armant dc deux baguettes qu'il pi'omfene snr ce tableau , il impro- vise un air i deux parties, que les eleves solfient en chceur. Get art de noler ainsi rapidement les lignes d'un duo an- nonce un talent particulier. Le sentiment de satisfaction que le spectateur en eprouve est un effet general. S'iletait possible i M.Galinde faire mouvoir ensemble plus de deux baguettes , il noterait aussi facilement une partition k trois ou quatre lignes , a peu prts comme un pianiste fait suc- ceder les accords qu'il improvise. Pour suppleer a notre organisation, il a perfectionne le mode d'ecriture musicale donl J. J. Rousseau a donne les principes. Les elives peu- vent, sous la dictee et a la maniere de I'ecriture cursive, sans papier regie, noter un chant quelconque. M. Galin trace ainsi sur un tableau une partition complete que la classe entiere s'exerce a chanter sous sa direction. Ces procedes sont developpes dans un ouvrage intitule : Exposition dhune nouvelle mithode pour I'enseignement de /a ;?z«5/(/;ie(i).L'impressionque j'avaiseprouvec en voyant la classe m'avait prepare au plaisir de lire cet ouvrage, et celui quej'ai ressenti a ete plus grand encore que jene I'espe- raisrjel'ai lu plusieursfois avecun grand interet. Les artistes sont tres-rarement capables d'exprimer leurs idees sur les principes qu'ils adoptent ; la plupart des traites qui donnent les regies de la musique , sont rediges dans un style inin- telligible, ct dont I'incorrection est le moindre des defauts. L'ouvrage de M. Galin annonce un maitre aussi verse dans (i) Un vol. in- 8", i8ao. Rf y et Gravier, libraires, quai des Au- giislins, n" 55, D'ENSEIGNEMENT 3Il)SICAL. 21 son art qu'habiie i en exposer les doctrines : la parlie me- lapliysiquey est surtout traitee avec une profondeiir digne de reflexion. Le seul regret que m'ait laisse cette lecture , c'est que les regies de la composition n'aient pas ete ecrites par le meme homme ; c'est une entrepriss digne de lui. Tons les ouvrages d'harmonie n'offrent que des catalogues d'accords , accompagnes des regies qui servent a preparer et a sauver les dissonances. Si M. Galin ecrit sur ce sujet , nous aurons le premier bon livre sur un art interessant, peut-etre inconnu dans sesprincipes des musiciens memes^ qui I'exercent avec le plus de distinction. Je terminerai cet expose en manifestant mon opinion personnelle sur les methodes dont Je viens de presenter les bases. La methode de M. Choj-on , qui estlaplusancienne, me semble plus propre a former des lecteurs, des croque- notes, ainsi que I'expriment les artistes ; mais elle a de la secheresse et de I'ennui ; ses phrases , privees de chant , n'ontqu'une harmonic sanscharme. La methodede ^l.Mas- simino (aconae leseleves A la melodic; elle est plus propre 4 former des chanteurs qu'icommencer leurinstruction.Gelle de M. TViniem convient a I'enseigneraent mutuel, etdoit rendre dans les ecoles des services nombreux ; elle pent etre appliquee en tous lieux , et n'exige nullement la pre- sence et les conseilsdumaitre^Enfin, la methodede M. Galin me semble meriter la preference sur tous les precedes d'en- seignement simultane, si toutefois un autre que lui est ca- pable de la mettre en action. C'est une bonne fortune pour ceux qui peuvent se confier a ses soins ; je les felicite de cet avantage, et je leur predis des succes rapides et cer- * tains (i). On impute a un savant musicien un pamphlet (i) L'^cole miisicale de M, Galin est etablie 4 Paris, rue de Ri~ ehelieu. 22 ETAT DES LETTRES anonyme, oii la melhodc de M. Galin est traitee avec une sev^riti injuste ; je nc puis croire que cet ecrit ait une ori- gine aussi rccommandable : I'arrCt ne peut avoir de valeur que lorsqu'il cstsigne et motive; ces deux conditions uian- quent i cette diatribe injurieuse. II n'est paspcrmis ,-pour rendre hommage aux talens des rivaux de M. Galin , de fermer les ycux sur son merite personnel , que je me fais un devoir de reconnaitre; comme, de son cote, M. Galin doitsesoumettre aentendre louer des rivaux qu'on I'accusc, peul-elre k tort , d'avoir Iraites avec peu d'egards , et dont il ne doit pas decrier les conceptions. Franc(*:bk. %WW%,'WWfWWti Notice sur l'^tat des sciences et des lettres en PoLOGTiB , pendant I' anme 1819 (1). Cette Notice ne s'applique recllement qu'au royaitme de Pologne, tel qu'il cxiste depuis le congres dc Vicnne, en i8i4; c'cst-A-dire, a la reunion d'une petite parlic seulement des provinces jadis polonaises, qui, par Ic der- nier partage de la Pologne, etaient echues au pouvoir de I'Autriche et de la Prusse, et dont la population totale s'eleve environ a trois millions d'habitans , tandis que I'an- cicnne Pologne , dans son integrite , en contenait pres de seize millions. Cette partie du territoire polonais, sous le nom de royaume de Pologne^ ainsi que la villc librc de Cracovie et son territoire, jouisscnt des bienfaits du regime constitutionnel, dont elles sont redevables a rcmpcreur (1) Une partie des lenseignemens, conlenus dans cette Notice, nous a 6t(i transmise de Varsovie par un de nos correspondans, M. N. PiwNiCKi. Nous avons proGte, pour y fairc des changeniens et des additions , d'apri-s I'autorisation qu'il nous a donnec , de plusieurs communications que nous avons oblcnues de quclqucs-uns dc ses compalriotcs, # EN POLOGNE. 25 Alexandre. II n'en est pas de ineine du grand-duche de Poseiij incorpore a la Prusse, ni de la Galicie , conservee a I'Autriche, ni des neuf gouvernemens ou provinces, comprenant ia Lithuanie, la TV^olhynie , la Podolie ct V Ukraine, qui apparliennent a I'empire russe. Un meine esprit et un meme sentiment d'amour de la patrie et de confiance dans le caractere d'Alexandre continuent d'ani- mer ces membres disperses de la grande famille polonaise. Aucune partie de I'ancienne Pologne n'a subi plus de changemens, soit dans I'organisation administrative, soil dans le systeme de I'instruction, que celle qui forme au- jourd'hui le royaume de Pologne. Apres la chute de la re- publique, en 1795, les ecoles recurent toutes une organi- sation autrichienne ou prussienne. Le duche de Varsovie cut en partage un systeme en general tout alleraand, mais auquel on melait quelques idees des methodes francaises^ Ce systeme avait pour but principal de propager les con- naissances relatives aux arts et aux metiers. Une retri- bution fut exigee de ceux qui frequentaient les ecoles publiques, et des institutions parliculieres furent etablies pour les hautes sciences. Depuis la creation du royaume de Pologne, il s'est forme, de tons ces systemes, un me- lange qui parait devoir prendre, de plus en plus, une cou- leur nationale. Le comite pour les livres elementaires, compose presque entierement de Pmm^es^ sous la pre- sidence de M. Linde, parait quelquefois pencher vers le retour de I'ancien ordre de choses, qui, au li«u de trailer avec une egale faveur les sciences et les belles-lettres, ac- cordait une attention , pour ainsi dire exclusive , aux etudes grammalicales et philologiques. Ce comite est charge de faire composer, d'examiner et de choisir les livres elemen- taires destines aux ecoles , et U fait des rapports sur ce U ETAT DES LETTRES sujet au ministere de I'instruction publique (i). II reste encore plusleurs ameliorations i obtenir dans cette partie importantc. On so plaint avec raison que les livres elemen- taires soient dcvcnus, en faveur de quclques maisons de librairie, I'objet d'une sorte de monopole. Ordinairement, lout ouvrage elementaire, approuve et introduit dans les ecolcs par Ic gouverncment, est fait dans la vue de diriger autant ceux qui enseignent que ceux qui apprennenl; et cetle double tendance doit nuire a leur composition. La plupart des Ih-res elementaires 'sont ecrits par les Piaristes. Celtc congregation religieuse, qui se consacrc specialemcnt u Teducation de la jeunesse, a rendu, sous ce rapport, et depuis long-tems, de veritables services a la nation polonaise. Les Piaristes entretiennent aujour- d'hui plusieurs ecoles, en partie a leurs frais; et c'est au zele et au devouement du pere Caetan Kaniinski , et de quelques autres membres du mCme ordre, qu'on est rede- Table de I'etat florissant de cette communaute. Le nombre des ecoles du royaume, tant cellcs des pa- roisses que celles des districts {^powiat) et des palatinats { TVoiewodztwo) f a, il est vrai, augmente; mais il ne pa- rait pas que le systeme des etudes ait ete perfectionne. (i) Ce ministere est confie aujourd'hui (jiiin 1S21) i M. Ic comic Stanislas Gbabowski , qui reunit dans ses attributions la surveillance des cultes (catbolique , protestant, grec, armenien, juif, maliome- tan, etc.) et cclle de I'instruction publique. M. le conite Slanlslas PoTOCK.!, qui a remis a M. le castellan Grabowski le portefeuille du ministere des cultes et de I'instruction publique, en conservant lui- meme la place de president du senat, s'est distingue depuis long- tcnas , parmi les seigneurs polouais , par son talent et par son application k I'etude des beaux-arts ; il a enrichi la bibliotheque publique de Varsovie par le don de sa belle el nombreuse collection d'estampes, precieuse surtout ^ cause des moyens qu'elle ofTre pour etudicr I'bistoiie de I'art de Ja giavure et pour en suivjc les progres. EN rOLOGNE. 25 Lc paiement impose pour I'admission dans les ccoles a rebute plusieurs families villageoises ; et la noblesse des campagnes elle-raemeles frequente moins qu'auparavant, probablement faute de moyens. Les ressources dont peut disposer le ministre de I'instruction publique sont du reste insuffisantes pour reformer et ameliorer cet ordre de choses ; et il a ete oblige d'employer differens moyens pour se procurer des dons volontaircs. Les ecoles d' enseignement mutual y dirigees d'apres la methode de Lancaster, prosperent sous la direction de M. Krainski. C'est la seule institution qui soit en etat d'etendre le bienfait de la lecture et de I'ecriture li loutes les classes de la nation, surtout aux apprentis et aux ar- tisans. L\mif.'e?-site de J^arsovie j instituee depuis trois ans, en 1817, commence a perfeclionner les diffcrentes parties de son organisation, et compte dejii plusieurs professeurs distingues. Le gouvernement n'epargne aucuns soins pour la faire prosperer. Elle posstde un grand jardin botanique, avec une orangerie et une serre ; les plantes y sont placees d'une maniere qu'il serait peut-etre k desirer de voir adop- ter parlout : chaque plante se trouve isolee dans un carre, ce qui en facilite I'approche , et donne u son developpc- ment tout I'espace necessaire. Elles sont rangees selon I'ordre adopte par M. de Jussieu. M. Szubert (on prononce Schoubert), professeur de botanique i I'universitc, s'oc- cupe d'augmenter le nombre de ces plantes, dont le cata- logue, public en 1820, en comprenait dcja plus de 5, 000. Le cabinet d'histoire naturelle a ete arrange par M. Ja- rotskij qui en a fait connaitrc au public la plus grande partie, lorsqu'il a public le catalogue des oiscaux, au nombre de 432. Pour cc qui regarde les quadrupcdts et les poissons, la collccliou est peu nombreusc : les amphi- 26 ihAT DES LETTRES bies y soul en panic conserves dans i'esprit-de-vjn. On y trouve une collection suffisantc d'inseclcs ; et, parmi Ics coquillcs qui sont en grand nombrc, il y en a de trcs-cu- rieuses. Jusqu'ici, il n'existe aucune collection mlnoralo- gique apparlcaant a I'universite. La faculte de medccinc, Ics etablissemehs d'anatomie , declinique et la bibliotheque n'ont, jusqu'ti present, qu'un local provisoire , auquel on parait devoir en substituer iin plus convenablc. L'universiteposscdc des modeles en sculpture, de gran- deur ordinaire, tels que le Laocoon , la Venus de Medicis, I'ApoUon du Belvedere, le Gladiateur, et plusieurs bustes , en assez grand nombrc. M. MallnsJii, sculpteur et profes- seur , a donne des preuves de talent i I'exposition de 1819, oii le tableau de M. Brodowshi, eleve de M. David, a ob- tenu tons les suffrages. Ce tableau, qui represente la colere de Said, a remporte le prix. La meme exposition offrait aussi de belles cT>pies. La bibliotheque de I'universite deVarsovierenfermc une quantite assez considerable de livres. Elle est dirigee par le savant M. LhidS, correspondant de I'lnslitut de France. Chaque annee, aux rentes etrangeres, elle fait I'acquisi- tion de plusieurs milliers de volumes. Les benedictins de Citeaux ct quelques autres couvens ayant ete reformes en 1817, leurs bieus furent reunis aux fonds des ecclesias- liques seculiers, et M. Linde parcourut les bibliotbeques de ces couvens pour y choisir les livres dont pouvait s'en- richir celle de I'universite: on y a fait alors transporter cinquante mille volumes, et elle en possede aujourd'hui plus de soxante-dix mille. La plupart sont des livres de theologie et d'histoire, pa^mi lesquels on compte quinze cents manuscrits des xv« et xvi» siccles, dont quelques-uns sont historiques, et le restc dc peu dc valeur; il en existe EN POLOGNE. 17 nietne plusiems du x* siecle. On y montre egalemenl des livres itnprimes , d'une raretc fort remarquable ; tels que la bible de Mayence, de i462, sur parchemin ; les sta- tuts de Pologne, de I'annee i532, dont on connaita peine cinq exemplaires. A cote de la bibliotheque, on voit un cabinet d'estampes, de la collection du feu roi Stanislas Auguste, et qui renferme plus de soixante mille gravures. Cette collection , achetee par I'universite a la famille du roi Pbniatowski, s'augmcnte tous les jours; ellecontient le Vatican enlumine, de mcme que les peintures d'Hercula- num , executees en couleur. Dcpuis la perte de la biblio- theque de Zaluski, transportee, en 1796, a Petersbourg, la Pologne n'en a possede aucune qui surpasse celle dont nous parlous pour le nombre des livres, bien qu'il y ait a Varsovie quelques autres bibliotheques assez conside- rables, entre autres cclle dc la Societe royale des amis des letti-es, qui renferme un cabinet de mineralogie , ct les bibliothfeques des peres des Missions, et des peres des ccoles pieuses, ou des Piaristes. Depuis la renaissance des lettres en Pologne, plusieurs par- ticuliers ont rassemble aussi, A grands frais, de fort belles bibliotheques. Celle de M. ChrepiowicZj, chancelier du grand duche de Lithuanie, fut transportee, a sa mort, i Szczorsy,cn Lithuanie, oii ellereste ouvertepour I'usage des amateurs. On-remarque aussi celles de M. Dzialynshi, aPosen; de M. Chodkiewicz et de M. KwiathowJci , a Varsovie; de M. le comte Ossolinski ( Maximilien ) , a Vienne (i) , et celle de M. de Potocki, president du senat, a Villanova, prcs Varsovie : cette derniere contient plusieurs nianus- (1) Cette bibliolhcque, entiercmentcomposee de livres polonais, lares et bien choisis , a ete leguce a I'universite de Leopold, en Gal- licie , oil elle scia transportee apics la moit Ue M. Ossoliksh. 28 . ETAT DES LETTRES crits trfes-lntercssans pour rhistoire de la Pologne; die a ete enrichie par la reunion des livres de feu le prince Lii- boniirski, marechal dc la couronnc. Mais la bibliolhcque de Piilawy surpasse loutes cellcs que nous venons de oiler. La famille du prince Czarloiyshi n'epargna ni soins ni depenscs pour Taugmenter. Elle vient d'acqucrir, en 1819, au prix de 12,000 ducats de HoUande ( environ sixmille louis ), la biblioth^que de feu Thadee Czacki (Tschatski), la plus riche en manuscrils historiques de la Pologne. Mais on doit regrettcr que cette bibliolhcque nc soil pas ouverte au public, el que, jusqu'a present, I'acces en ait meme ete Irfes-diflicile. Tels sontles ctablissemcns scientifiques el litteraires Ics plus remarquablcs qui ont pris naissance, ou qui onlrecu quelque accroissement durantl'annee i8ig. Avant d'arriver a I'indication des ouvrages qui appar- lienncnt a la Revue bihliographique de la meme annec , nous devons jeter un coup d'ceil sur les gazettes et les feuilles publiques; ct nous nc pouvons nous dispenser dc faire mention de la censure etablie , le 22 mai , pour tous les journaux. La situation du royaume de Pologne, trop sem- blable k celle de la Norvege , telle que I'a decrite M. Hei- berg, dans son analyse tres-remarquable de Yliistoire des resolutions de Noiw^ge^jidiV icM M. Catteau-CattevilIe(voy. Be(.'ue Encyclopedlque, Tom. IV, p. 264 et 4/4), explique retablissemcnt de cette institution censoriale, regard(5e par beaucoup de bons esprits comme contradicloire avec la disposition constitutionnelle qui garantit la liberie de la presse, sauf les lois repressives. Ce nouvel etat de clioscs fit suspcndre, par une simple defense de la police, la pu- blication du journal intitule la Quolidienne , dont les jeuncs redacleurs signalaient, avcc unc hardicsse quel- quefois inconsideree peut-elre, les acles de I'autoritc re- EN POLOGNE. 29 pules conlraires u la constitution. Les menies ecrivalns eixtreprirent alors de publicr une Chronique de la moiiii (ill xix« siecle. Get ouvrage , dont les numeros paraissaient a des epoques indelorminees, fut ncanmoins considere comme periodique, et soumisala censure; ce qui empGcha le redactour de le centlnuer. Le 16 juillet, rinstitutionde la censure fut rendue applicable i tout ecrit ou lirre imprime, etl'onnomma des censcurs salaries par le gouvernement.La defiance etle decouragemcnt frapperent a mort les differen tes entreprises litteraires, deja languissantes et a demi-para- lysees par I'etat du pays (1). La litterature et I'instruction de la nation n'attendent, pour prendre un nouvel essor, qu'un regard favorable de I'empereur Alexandre. Ce prince sentira que plus les hommes sont eclaires, plus ils de- viennent, pour les chefs des gouvernemens , d'honorables instrumens , egalement utiles k la prosperite de la patrie ct a la gloire du monarque. Plusieurs ecrits' relatifs a la philosophie, a la morale, a I'histoJre, a la politique, et dans lesquels le genie et le caract6re de la ijation aspirent a se developperd'une maniere honorable, avaientcraintde se montrerau grand jour al'epoque de la premiere apparition de la censure; mais I'annee 1820, a laquelle nous consa- crerons plustard une notice particullere , a ete plus feconde que I'annee precedente en ouvrages sur les sciences, la poesie et la litterature. (i) II y a eu, dans les premiers jours de cette annfee (1S21), un grand changement dans la censure des livres. Les anciens censeurs ont 6te renvoyes et remplaces par d'autres qui, comme cela arrive ordinairement , donnent ^ leurs decisions une couleur plus rem- brunie, et vont peut-etrc au-dela des intentions de I'autorlte qui les a irKtitu6s. La vente d'une Description de Vienne, ecrite en polonais, et publi^e depuis plusieurs niois , ouvrage dans lequel il itait fait mention du congres, a ett prohibee par ordre i>up6rieur. 20 liTAT DES LETTRES. Pendant I'annee 1819 , la plupart des ecrits periodiques de I'an 1818 out coiilinue de paraitrc. Les edileurs de Iq Quotuliefine, puis de la Chroiiique , ont public, qualre fois par semainc , une gazelle inlitulee : VAigle-Blancj consacree i la fois li la politique et i la litleraturc (1). II parait aussi un nouveau journal hebdomadaire, sous le titre ClcV Abeille deCracovie, danslequel ons'occupede poe- sle etde litleraturc. Le Memorial de Leopol , qui se nomme maintenant VAbeillcj a enlrepris de faire un examen des autres journaux polonais et d'en ofTrir un resume (2). Sciences physiques et mathematiques. — tlUmens de jihysique rediges d'apres les lecons failes sur cetle science, i I'universite de Cracovie, par M. le professeur /iomaZ/j IVlABKIEWICiE. Dela Chlorine^ par M. le comtc Alexandre(l^i0^yK\v.VflC^. L'auleur cultive a la fois les sciences et les lellres avec z^le et avec succfes, non seulement en amateur eclaire, mais en litterateur inslruil et en savant laborieux. II n'est pas moins recommandable par la protection qu'il accorde aux amis des sciences et des arts. Dissertation de M. Antoine "Waga, ayant pour titre : De la connaissance de la nature,et particulierernent de I'his- toire naturelle. L'auleur rappelle lesanciens botanisles po- lonais qui elaienl assez nombreux; il fait revivre le merile des (1) Ce journal a ccsse de paraitre an niois d'octobre iSac. (1) Quoique la Lithuanic ne soil point comprise dans cette notice, nous citcrons le Journal de FUna , devenu plus intii'essant, depuis qu'il a commence i publier les cxtraits des voyages de quelques jcunes Polonais dans diverses contrees de I'Europe. Parmi ces voya- geurs, on distingue M. Chodawkoski, qui s'occupe de recherches sur I'ancienne mythologie des Slaves. II recueille dans ce dessein des anecdotes , des traditions et des chansons populaires. M. Sen- • kowsli , parti pour Constantinople, doit visiter toutcs les possessions turqucs. On attend les rtsultats des travaux de ce voyageur. EN POLOGNE. 31 Jonston, ties Gabriel Rzonczynski, des Sjj-eniuSfdes Mar- tin d' Urzendow , etc. II parait qu'il ignorait les travaux de M. Besser, son compatriotc , bien connus A Kurt, u Sprcngel, et i d'autres naturalistes etrangers. Medeciiie populalre on le Conseiller domestique{Vor?id~ nik Domowy), par M. Dzurkovvski, en deux volumes , ensemble de 845 pagss. L'Art des accoucheviens ^cn deux volumes de 270 pages , par Michaelis , ci-devant directeur d'une ecole d'accouchemens; Micliaelis est m^rt depuis peu. Cetou- vrage est inferieur a celui qu'a public M. Miajiowki snr le memc sujet. JOa Comparaisondes anciennes niesures polonaises j avec celles dont on se sert aujourd'hui en Pologne, et cellts des principales contrees de V Europe^ nommenient de France , /7«r KoLBERG, estun ouvrage tres-exact, et dont on nesau- rait se passer, k cause de I'introduction des mesures nou- vellement etablies. Cette reforme n'a pas produit I'effet que Ton s'etait propose. On a cru convenable de laisser subsisterl'ancienne division duodecimale, ainsi que les an- ciennes denominations. On s'est borne seulement a com- parer la longueur, la capacite etla pesanteur des mesures polonaises et des mesures francaises, en ajoutant auxunes et en reduisant un peu les autres. Ainsi , le but principal du calcul decimal est manque ; et tout le fruit que I'on a retire de cette reforme, c'estquel'aunea repu une moindre dimension, et le korzec ou boisseau, une augmentation. La petite Guerre {mala u^ojna)j ou la Disposition mili- taire des batalllons, selon la tJieorie et la pratique du marechal de Saxe , ouvrage de M. le major Wroniecki, dedie au grand due Constantin. L'auteur tire ses principes des iJe^'^^■e» du marechal, ctyajoutcses propres reflexions, 52 ^TAT DES LETTRES en cilant i\ Tappni roxomplc de dispositions du mC-me genre faites dans los campagnes do I'armee polonaise. AcRlCtlLTUKE, JARDINACE ET TECHNOLOGIE. Dc bOHS agriculteurs, exerces par la pratique, et des hommes ins- truits dans Ics arts, ont public, sur ces differens sujcts , divers ccrits originaux, et surtout des traductions, parmi lesqucUes on distingue celle que M. Biernacki a faite de I'ouvrage de London, sur la maniere ecossaise de former des mctairies, imprime i Berlin. II est a regretter que ce bel ouvrage, dedie i\ I'empcreur de Russie, soit ccrit et imprime d'une manifere trfes-incorrecte (i). M. JVodzichi Ticnt d'achever et dc publier, a Cracovie, son excellent ouvrage sur la culture des arhres et les avan- tages quon en retire. — Un ouvrage sur la maniere de soi- gner les agneaux ,par Rotjdoif i^Andre) , et VArt du iein- tur'ier, par Hermstaed, ont ete traduits de I'allemand en polonais. Sciences religieuses, morales et pomtiques. — Theologie morale. — Vincent Frydrych a public des homilies pasto- rales imprimees a Lowicz. Legislation et droit inihllc, — Celte matiere , si interes- sante pource royaume, devait fixer I'attention d'un grand nombre d'esprits. L'annee i8ig a vu naitre quelques bro- chures. Voici les principales : des Juifs, des Prison- niersj de V Aristocratie et de Vinegaliti des conditions, da Gouvernement representatif^ du Droit de changer les (i) Les travaux de M. Michel Oczapowski , im primes i Vllna , font esperer aussi de grands avantages 'n I'agriculturc nalionale. La theurie (Zasady) agronomique , la theorie de la chimie agricole, et la theorie de I'agriculture ralsonnee , ne sont en general qu'un expose de U methode de M. Thaer-^ mais la langue , aussi bien que la science , peuvent tirer beaiicoiip d'uUlit6 de cet expose approfondi, quoi- que assez succinct. EN POLOGNE. 33 officiers clvlls. Mais Ics ecrivains se sont trouves rfediiits au silence, depuis la nouvello organisation dc la cen- sure (i). Parmi les oiivrages de droit publics en 1819 , on remarque celui de M. I'abbe Szaniawsri, professeur a I'universite de Varsovie, auteur de la Statlque da droit ou de la Science des coinparaisons dans I' etude de la loi (2). Statistique. — II n'a ete public sur cette matiere que la Geographie du royaume de Pologne et de la republique libre de Cracovie, par I'abbe Poutowski, ouvrage qui est devenu elementaire. Histoire universelle. — L'histoire nationale occupe la plupart de nos ecrivains. Le Pelerin{ Pielgrzym ) de Do- hromili ou plutot les Instructions des villageois , avec (1) Dans les provinces ci-devant polonaises, maintenant soumises au gouvernement russe, la servitude des paysans dure encore, et le seigneur, propri6taire de la tcrre, conserve une autorite arbitraire sur eux. Aux dietes de 1818, dans le gouvernement de Vilna, on agita la question de raflVanchissement des serfs, et le monarque donna son entiere approbation a cette mesure dictee par la justice, par I'humanite et par une saine politique. La Courlande, neanmoins, devanc^a lea autres provinces polonaises. C'etait elle qui souHrait le plus de la servitude ; t-t ce furent les seigneurs , possesseurs de terres dans cette province, qui sc desistercnt volontairement de leurs droits, d'apres les representations faites par le gouverneur. Les statuls relatifs a I' emancipation des pajsans courlandals furent alors publics a Vilna. (2) C'est k Vilna qu'a paru le nieillcur ouvrage de droit, egale- inent remarquable par son plan , par la maniere dent I'auteur I'a rempll et par rexecution tyfographique. Get ouvrage est un Manuel du droit canon'ique , en cinquante tableaux synoptiques, avec des notes qui annoncent beaucoup d'erudition, par M. Aloys CAPELtr, professeur a I'universite de Vilna. (A Vilna, cbez Joseph Zawadzki, in-4».) Ce savant stranger, qui s'etait deja rendu trfes-utile par ses travaux dans cette universite, s'est acquis, par cet ouvrage , de nou' vcaux droits i la reconnaissance de sa patrie adoptive. Tome xi. 3 u i5;tat des lettres Ao portraits lithographies dcs rois de Polognc, par ma- daine Isabelle , nee Flemming , princessc Czartoryska , ont eu deux editions en une annee. Le talent distingue de ccttc danic so fait remarqucr surtout dans Ics anecdotes phicees A la fin. L'auleur avail promis un second volume , qui vient en cffot de paraitrc (i). \/Ahr^ge de I'Jiisloire polonaise , par M. Falensl-i ,est un bon extrait de la premiere edition de Touvrage de M.Samuel George Bandtkie; quoiquela nouvelle edition de ce dernier ouvrage , public i Breslau, clicz Korn, en deux volumes in-8° , de ioS6 pages, avec huit estampes en taille-douce, porte la date de 1820, elle doit figurer dans la notice sur I'annee 18 ig, parce que, des celte epoque , plusieurs excmplaires en avaient deji ete repandus dans le public, impatient de la connaitre. Cette edition forme presque le double de la premiere. Elle est enrichie de considerations sur les progr^s de la civilisation ct des lettres en Pologne. Ce livrc , tres-estime, est le meilleur que nousayons dans son genre. II conlient un grand nom- bre de remarques neuves, et qui repandent de grandes lumieres sur I'histoire nationale. Jj' Ill's to '}-e du regne de Slgisnioiid III , en 3 vol. in-8", ornee des portraits des personnages les plus illustres de la Pologne , a ete accueillie avec un grand empressement. L'auteur de cet interessant ouvrage, M. Niemcewicz, doit etre compte parmi les premiers historiensde la Pologne (2). Les Chants /listoi-iques du meme ecrivain que nous avons deja signales comme un ouvrage d'un genre remar- (1) Voyez i?ef. Erie.., T. VIII, pag. 58o, rannonce de la iroisifeme edition du premier volume de cet ouvrage, et T. XI , p. 563, I'an- nonce du second volume. (2) VoTcz Reu. Enc , T. VI , page SS;. EN rOLOGNE. 35 quable par une tendance cminemmeiit morale et patrio- tiquc, ont ete reimprimos. Parmi les ouvrages d'un ordre nioiiis relcve , nous citc- rons un Abrege des boiis mots des nnciens Polonciis, pu- blic i Cracovie, dans le choix desquels raiUeur anonyme n'a pas toujours etc heureux , mais dont la continuation est cependant a desirer. La traduction de I'ouvrage allemand de Jekel , sur la Pologne, son histoire et sa constitution , par Slotwinski , n'a point satisfait les hommes instruits ; on a reproche au traducteur d'avoir supprime plusieurs pas- sages injurieux li la nation polonaise; les obligations impo- sees u un traducteur prescrivaient a M. Slotu^inski de con- server fldelement ces passages, malgre le peu d'exactitude des fails qui aurait exige une refutation. M. Slotwinski a mieux reussi dans I'imitation qu'il a entreprise de I'ou- vrage chronologique allemand de Frederic Strass, intitule le Fleiwe du terns , et qui conticnt un abrege genealogique de I'histoire des rois et des princes polonais. M. le comte Maximilien de Tenczyn OssotiNSKi , dont nous avons mcnlionne la belle bibliotheque tres-riche en ouvrages nationaux, a public a Cracovie une partie de ses longs travaux, sous ce titre : Relations lustoriques et criti- ques pour V histoire de la littirature polonaise et des ecri- rains polonais ouet}~angers qui ont ecrit en Pologne ou sur la Pologne. L'auteur, qui parait avoir pris Bajle pour mo- dele et pour guide, a entrepris de signaler I'accroissement et les vicissitudes de la civilisation et des lettres chez la nation polonaise ; il a deja paru deux volumes de cet ou- vrage, I'un dc5'ti, et I'autre de 6A5 pages. D'autres vo- lumes doivent etre publics successivement ; c'est une des plus belles entreprises IHteraires et nationales qu'on ait faites en Pologne. Elle sera I'objet d'un article particulier dans ce recueil. 3 * 36 liTAT DES LETTRIiS Jean DanielJenisch oil Janotski , niorl Ic lO novem- bre 178G, ci - devant conscrvateur tie la bibliothcqiie de Zaiuski (1), avail public, en 1776 ft 1779, un ouvragc cii deux volumes, intitule : Janociana , sive darorum atque illustrhini Polonice auctorum incccenaliimque ine- morice miscellcc. Le basard ayant fait toniber cntre les inains dc M. Linde le manuscrit de Janotski, en partie inedit, cc savant s'cst empresse de publier ce Iroisieme volume, qui complete I'ouvrage. L'abbc Olazewski a fait preuve d'un vrar talent, en tra- duisant les Lettres sur I'ltalie, de Dupaty, et YAbrege de Vliistoireds la Greece, de Goldsmith, d'apies la traduction francaise de M. Musset Pathey. Archeologie. — L'abbe Ciampi , professcur de I'univcr- site de Varsovie , I'un des coirespondans dc la Revue En- cyclopedique , a publie une savante brochure, intitulec , FericE ifarsavienses J dans laquelle on distingue quelques explications sur la figure et les inscriptions d'un vieux sabre, et I'eclaircissement d'un passage de Pausanias, con- tenant la description du temple de Jupiter-Olympien (2). Ideologie et metaphysique. — Apres la destruction des jesuites , epoque d'oCi date la renaissrsnce des lettres en Po- logne, la commission preposee i\ I'education nationale chargea le celcbrc Condillac de la composition d'un ou- vrage sur la logique elementaire; cet ouvrage ne put re- (1) Cette bibliotheque , fondee i Varsovie par I'eveqne Zalnski, pour I'usage de ses compatriotes , a 6te transportee h. Saint-Peters- bourg, en 1795, par ordrc de Tiniperatrice Catherine. (a) Voyez Rev. EncycL, T. Ill, p. 4o5 ; T. "VI, p. 566j et T. IX, p. STG. — La litterature polonaise manquait d'un bon ouvrage sur la f;i'ographie ancienne . M. Uldynski , professeur h Kozemieniec , i'.n Volhynie, a rempll cctte lacune, en publiant dans cette ville une traduction de I'ouvrage dc Nitsch ; in-S" de 543 pages^ EN POLOGNE. S7 cevoir sa desliuation ; le demcmbicmont do la inalheu- rcuse Polognc ajant iiiterrompu toules les anieiioralions, riinpulsion nouvelle donnce a rinstruction publique dut aussi s'arrcter ; les jeuncs Polonais allcrent s'instruiro dans les iiniversitos d'AUemagne, ou la philosophic spe- culative de Leibnitz et de Wolff codait deja la place a la philosophie critigue de Kant. C'est de la que quclqucs-uns d'entre eux ont rapporte dans leur patrie un sentiment d'enthousiasme ou la nouvelle doctrine du philosophe de Kcenisberg, Les bons osprits, habitues a la clarte et 4 I'c- legance du style des philosophes franpais du dix-huitleme siecio, craignirent que cette doctrine, plcine d'obscuritci et de neologisuic, ne fQt nuisible au bon goQt, et surtont a la purete du langage national, I'unique heriiagc qui, apres la perte de Tindependance politique, soil reste aux Polonais. C'est celte consideration qui a determine beau- coup de litlefateurs savans ct judicieux, entre autres , Dmochcwski, ti-aducteur d'liomere, etl'abbe Kopczynsk!, auteur d'une excellente gi-ammaire de la langue polo- naise, a se declarer contrela metaphysique des Allemands. Dernifcrement encore, I'astronome ^'/z/aJecjtf, savant tres- recommandable, dont les ecrits se distinguent par I'elc- gance, la purete et la vigueur du style , s'est attache a de- montrer que les formes scolastiques et la mcthode dc la philosophie allemande, introduites dans la litterature na- lionale, pourraient entravcr la marche des lumieres et nuire aux pz-ogres des lettres et des sciences. Au reste , outre quelques ecrits publics dans les annees precedentes par Jean Szaniawski, metaphysicien profond, mais qui donne une preference exclusive aux philosophes allemands, la Pologne ne possede encore aucun ouvrage, ni original, ni Iraduit, sur cettc brauche des connaissanccs humaincs. 38 li:TAT DES LETTRES L anncequi nous occupe actucllemeiit n'a prodiiit que dcs brochures poleiniqucs dc TVigura ct do Bychowiec , qui n ont ricn prouve en favour dc la philosophic allemand(}. Philosophie morale et science pedagogique. — Le scna- tcur Castellan GliszczyiL-ili a public une belle Iraduclion de I'ouvrage allemanddcPockels, surla sociahilile. M. Jo- seph Mjklaszewski a traduit. Ic Iraitc du mandarin chinois sur lesfemmes , et M. Bobrowsri I'ouvrage de Kant sur la pedagogique. On a aussi public plusieurs ecrits sur la nic- thode de Lancaster, et sur les moyens dc la nicttre en pra- tique. Les souvenirs d'line bonne mere (Pamiontka podo- brey malcc), par mademoiselle Clementine Imis.h., fille d'un poctc distingue, est un ouvrage remarquable par un bon choix d'cxcmplcs et dc pcnscos; il a etc Ircs-bien ac- cueilli du public. Litterature et beaux arts. — Poesie, — La jeunesse polo- naise cultive avec succes la litterature proprcmcnt dile , et donne d'hcureusesesperances. II paraitqueles meilleurs poetes vivans, MM. TVoronicz, Molski , Kruszynslci , sc rcposent, puisque les journaux ne sont remplis que dcs essais de leurs jeunes emules, tels que MM. Tjmowihi , Brodzinsl-ijIiicinsli_,GoreckictD/noc7iowsi-i-LesVo]onah temoignent toujours une predilection particulierepour les ouvrages de poesie, qui obtiennent presque seuls les hon- neurs de la reimpression. Les oeuvres dc Stanislas Trem- BECKi, les delices des admirateurs de la poesie, etaient restees jusqu'a present dispersees dans des journaux, ou inedites et inconnues. La nouvelle edition de ses ceuvres, qu'on a donnee en trois volumes , quoique fort incom- plete encore, renferme du moins beaucoup de pieces qui ne se trouvcnt point dans celle qu'on a publice i Wilna, sous la rubrique de Leipsick. Les Georgiques de Virgile et EN POLOGNE. S9 la poesie latine en goneral ont etc I'objct des travaux dc plusieurstraductcurs, parnii lesquels se distingue M. Fran- Humans. — On a quclquefoisprelcndu (voyez Rei^. Enc, torn. VII, pag. 1 3) que la langiie polonaise est pen propre i se plier au genre de style qui convient aux romans. M. Loiiiti Skomorowski a youIu prouver le contraire, ct il en a public un cellc annee. Ce ronian est intitule : Le comte Ostrorog. Nous avons eu aussi plusieurs traductions, entre autres, les Meres rivales j de madame de Genlis ; Eleonore , ou la Constance triomphante , le Voyage de Kli?iius et Simon de Nanlna, ou le Maivfiand fornin, dc M. de Jussieu, sortc de ronian populaire, destine a former une lecture i la ibis agreable et instructive, surtout pour les enfans des classes pauvres. Le traducteur I'a intitule : A'lal/ii.-ii de Jendrycliou-'. Theatres. — II y a sixprincipaux theatres, oix Ton reprc- sente des ouvragespolonais, a Varsovie , i Wilna, a Minsk, aCracovie, A Leopol et a Posen. Nous avons aussi quelques troupes ambulantes. Pour donner une analyse raisonnee des ouvrages dramatiques repfesentes sur le theatre de la capitale,ii faudraity avoir aumoins passe une annee, parce que, jusqu'a present, les pieces meme lesplus remarquablcs n'ont pas ete imprimees. H y a quclque tenis , la So- ciety roynle des amis des lettres ayant engage les poetes k consacrer leurs talens a des sujets nationtftix , MM. JVen- zyh , Krojnnsli et Felinshi se distinguerent par de bons ouvrages ; niais ces ouvrages n'avaient pas encore ete livrcs a I'inipression en 1819 (1). La comedie et (0 Feliaski est nioit en 1S20, apres avoir vu itnprinier- sa tra- duction dis Georgtquesfrancaises dj Delille.lla laissc une tiagedie intitulee : Barbe Rcuhluil, ipousc de Sigismond Augustc. Le second AO JilTAT DES LETTilES I'opera se sonl aussi cmparcs tie quelques gujcts nalio- naux. Boguskin-ski (i) , Dmuszcuski at Ziolki'trsi-ip qui sont au rang de nos premiers acteurs, ont donne au ihofl- trc bcaucoup dc pit:ccs originales. Nous avons encore quelques autcurs comiqucs ct tragiques, et deux coinposi- leurs d'operas , MM. Eisner et Kurpinshi. Les principaux ouA'rages dramaliqucs, publics en i8ig, sont des traduclions. Nous cilerons VEcole des fernines de Moliere , mise en polonais par M. Gerard Witowski, et les Templiers , tiogedie de M. Raynouaid, traduite par M. Brodzinsbi, La Yersificalion de 31. Brodzinbki est facile el soignee, ct sa traduction tres-fidele. II i'a fait preccdcr d'«/2 Precis hisiorique sur les Templitrs, dans lequcl il se montre persuade de leur innocence ; il pense qu'il exis- tait entre eux un secret, que le terns n'a pu jusqu'ici faire decouvrir. La monstrueuse Iragedie de Faust, de Kl'mge- mann, qui s'est enipare du sujet dej;\ trailc par M. Goelhe, a egalement ele traduite; mais le traducteur a garde I'a- uonyme. Parmi les ouYrages dranialiques nationaux , imprimcs , on distingue ^'^/^•///e**^ (i'lere duroi Boleslas 111), Iragedie de M. ISiEMCEWicz; nous citerons aussi le drame de M. Hu- MICK.I, intitule : Goworck , et le chdteau de Czorsiyn, ou volume de ses oeuvres a paru dcpuis peu ; on y trouvc une traduc- tion de H/iaclamisle et ZcnoLie. En i'aisant jci mention de quelques- uns dc nos meilleurs artistes drauiatiques, nous ne pouvons passer sous silence le nom de madanie Lcduchowska , nde Truskulawska ; il est difficile do trouvcr un talent aussi distingue; elle est surtout remarquable dans les r6lcs d'Alhalie , de lady Macbeth et Ophelie. (i) Le theatre national est redevable de son existence a M. Eo- guslawski, qui pent en Ctre regardc conime le folidateur; ses co- midies et ses operas scut les premieres pieces qu'on y ait repre- sentees. EN POLOGNE. Ai Bc/oriiir et JVanda , opera de M. Joseph Krasinski , dont lamusique est de W. Kurpinski (i). (i) Les renseignemcns contcnus dans cette Notice ne donaent pas une idee complete de I'etat de la litterature en Pologne ; d'autant plus qu'elle ne comprend point, comme on I'a annonce , les ouvrages publies hors du royaume de Pologne , proprement dit , dans les autres provinces polonaises, soumises a la Russie , 4 I'Au- triclie et a la Prusse. La litterature polonaise est aussi cultivtic dans les capitales de ces provinces, Vilna, Leopol et Posen , surtout i Vilna; et quelques Polonais, amis des lettres, ont bien voulu s'en- gager i nous tenir au courant des progres que feront les sciences chez cette interessante nation , dont les dcruiers efforts promettcnt de nouveaux succts. Nous pourrons ainsi achevcr le tableau, dont nous n'avons presentti qu'une ebauche. Nous espcrons que nos cor- respondans des autres pays voudront bien aussi nous adresser de semblables communications, qui nous permettront de faire mieux appricier, par d'utilcs rapprocbemens, les progres compares de la litterature et des sciences dans les principales contrees du monde civilise. — Lorsqu'au boutde quatre ou cinq annees, nous anrons pu passer en revue, d"un cote, les diflerentes nations et leurs littera- tures, ainsi que leurs travaux les plus importans; de I'autre , les difKrentes branches des connaissances humaines, et les inventions, les decouvertes , les melhodes perfectionnees, les precedes nouveaux, les chefs-d'oeuvre des arts niecaniques et industriels ou des beaux- arts ; puis Ics hommcs distingues et utiles qui consacrcnt leur vie et leurs pens6es a des objets de bien public ; enCn les productions seientifiques , philosophiques, historiques et litteraires les plus re- marquables , dont la reunion offrira un repertoire biblio^raphique assez complet des meilleurs ouvrages publies dans cbaque pays, nous redigerons , d'apres ces divisions , une table generale et raisonnee des maiieres contenues dans nos seize ou vingt premiers volumes ; et cette table, destiuee i former ellc-meme un Precis des resultats els la cii'ilisation comparie , ou de Vhlstoire scientifique et liueraire de chaquepays, sera envoyee aux souscripteurs des quatre ou cinq pre- mifcres annees de la Revuk EBCycLoriDiQUE , comme un complement de cette collection, et un moycn d'y faciliter tpus les genres dc re- chex'chcs. M. A. Juliejx. «v\vwvmvtvw\vwv«,w\wv%iwv%>«iw»wv%>vn\vw\vvwv«v\vvv\\w\wv\kWk II. ANALYSES D'OUYRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. THAlxi COMI'LET DE wiCANIQCE APPLIQUiE AUX ARTS , contcnant C exposition mctliodiquo dcs theories et des experiences Icsplus utiles pour diriger ie clwix, I'invention , (a construction et I'cniploi de toules les especes de machines ; par M. J, A. Borgnis , ingc- nieurj membre de plusieurs academies (i). SePTIEME TRAITE. Des machines qui serpent a confectionner les etojfes j contenanl la maniera de preparer les malieres fdamen- teuses i aniniales ou vegi tales ; Vexamen coinparalif des moyens micaniques employes dans les filatures ; la des- cription des metiers avec lews accessoires pour toutes es- peces d'itoffes , depuis les plus simples Jusquauxj}lus Jlgu- rees; enfuij la maniere de donner aux etoffes les derniers apprets avant quelles soient livries au commerce (i). La fabrication des etoffes offie uiie scrie d'operations Ires-remarquables, depuis Ic moment oil les matieres premieres quittent leur forme lilamenteuse pour se chan- ger en un tissii qui nous frappe par son fini et son eclat, ou nous eblouit par la vivacile de ses couleurs ou par hi (0 T'"qycz les analyses des autres volumes du meuie ouvrage , qui forme une sorle A'Enryclopedie des arts mecaniques el indus- triels, ci-dessus , T. I, p. 227-244; T. II, p. 2i5-254; T. X, p. 299- 320, et T. XI , p, 42-59 de la Revue Enryclopedique. (2) Paris, 1S20. Un vol. in-S" dc 346 pagi-'S; avec 44 plane'.. cs. Bachclicr, Ubraire. Prix, 00 Ir. SCIENCES PHYSIQUES. A3 variele de ses dessins. EUe emprunte ses melhodes varices a la chiraie et a la mecanlque usuelle. Ses operations principales peuvent se reduire A quatre , qui se retrouvent plus ou moins dans la preparation de toules les etoffes ; 1° premiers apprets, c'est-a-dire nettoyage, peignage et cardage des filamcns ; 2° Glature ; 3° tissage; A" apprels ulterieurs. Mais ces operations elementaires recoivent des modifications infinies, suivant la nature des matieres pre- mieres, qui peuvent etre prises dans les trois regnes de la nature, et qui sent animales, comme les laines, les duvets, les crins, la sole ; ou vegetales, comme le lin , le chanvre, le coton; ou enfin minerales , comme les fils ou les lames melalliques d'une grande finesse. Elles se modiflent encore d'aprfes les usages auxquels doit servir chaque espece d'etoffe et scion qu'elles doi- vent leur donner divers degrcs d'elegance ou de richesse, de force ou de finesse, de souplesse ou de legerete^ d'elas- ticite ou de douceur. En un mot , elles se plient a tous les caprices du luxe et de la mode. Cette branche de commerce, deja si digne d'atlention par la place eminente qu'elle occupe dans I'industrie na- tionale , se fait encore remarquer par la multitude des procedes ingenieux qu'elle a crees pour varier ses produits et les approprier a tous les besoins et a tous les goClts. C'est une suite de problcmes de mecanique, dont la solution Ivirdie interesse le savant et frappe d'etonnement Thomme Tulgaire. 11 faudrait un volume pour analyser tout ce qui a ete fait dans ca genre. Nous nous bornerons a indiquer les principales ameliorations dont s'est enrichie la fabrication des etofifes dans ces derniers terns, au point d'etre devenue presque un art nouveau. Nous renverrons pour le surplus i I'ouvrage meme, dans lequcl toules les parlies de cet hk SCIENCES PHYSIQUES art important sont decritcs avcc aulant do clarlc que dc precision. Personnc n'ignore que c'csti M. Douglas ^qn'on doil I'in- troduction, en Franco, des belles machines anglaiscs a ou- vrir el i molauger Ics laines. La premiere fait I'ouvrage de soixante ouvriers, ct la scoonde, cclui dc plus do trente. Get artiste habile a importe aussi les machines suivantes: 1° deux machines qui donnent le premier et le second dagre de cardage. Elles cardent i Ao livres de laine par jour, et font Fouvrage do yingt-quatrc personnes ; 2° une machine a ebaucher la filature, qui file jusqu'ii 72 livres par jour; 3° une machine qui perfectionne cette filature et qui file en fin comme le feraient vingl-quatre ouvriers ; 4° un metier i navette volante; 5° une machine a lainer, qui fait le travail de vingt-quatre ouvriers , et rend le drap plus sojeux et plus souplc; G° des machines a londre les draps ; 7° une machine a brosser los draps pour la presse. Cette machine couche le poil et donne le lustre , en dix minutes, a une piece de trente auncs, ce qu'un homme ne ferait pas en deux heures. Ces machines, deju si cconomiques , ont encore rcfu d'importanles ameliorations par MM. Dobo, John Collier et Cockreil. MM. Faux et Georges onl imagine, en 1802, plusieurs machines ingenieuses appelees loups, tres-proprcs i ouvrir ct a mclanger les laines. Monge a explique, dans un memoirc plcin dMnlerOt, les principes du fculrage; I'auleur en rapporto les prin- cipaux fails et en developpe le mecauisme. La machine a carder la laine est plus simple que cello i carder le coton. La laine a des poils raboteux et entor- tilles ; les filamens du coton sont droits et unis. Mais ces deux machines sc resscmblcnt en cc qu'ellcs produitcnt ♦ SCIENCES PHYSIQUES. AS line economic et une perfection exiraordinaires, que n'at- teindrait jamais la main de I'homme. Leur principe a ete applique au cardage des poils pour les chapeaux, par M. Sarrazin, de Lyon. Le rouissage du lin et du cbanvre a occupe beaucoup de pcrsonncs; M. Borgnis cite le precede de M. Bralle pour rouir Ic chanvre et le lin en deux heures : celui de M. d'llondt d'Arcy. II explique pourquoi la machine de M. Christian n'a pas pu reussir pour teiller sans rouissage. Le decreusage de la sole exigeait, pour arriver a sa perfection, la main de M. Roard, exercee aux operations raanufacturieres; I'auteur decrit les moyens qu'il met en usage. Le peignage de la laine, du lin et du chanvre a pour but principal, de demeler les filamens, de les ranger et de les coucher parallelement les uns pres des autr^s en leur conservant leur longueur. Far cette operation, la laine ainsi que les autres matieres en acquierent une grande force. M. Porthouze a imagine yne machine ingenieuse a peigner le chanvre , mais elle n'est pas sans defauts. M. Demaurey a eu plus de succes dans le peignage de la laine. Sa machine, qui lui a merite un prix en 1812, a resolu le probleme d'une maniure satisfaisante. Apres que la laine et les autres matieres ont ete con- vcnablement epurees , et ensuite cardees on pelgnees, on procede a la filature, qui a pour objet d'etirer et de tordre les filamens. L'etirage regie la finesse dufil; la torsion comprime et resserre plus ou moins les filamens qui le composent. Les precedes de filature varient suivant la nature des matieres que Ton soumet a cette operation. La filature de la laine cardee et du coton presente des mecanismes re- marquables , qui possedenl a un haul degre les propriet«s AC SCIENCES niYSIQlJES. indispcnsablcs A loulc machine , ccUe dc produirc A la fois economic et perfection. M. Borgnis est le premier qui en a donne line description complete et detaillee. II a rendu par li un grand service a celle branche d'industric, qui prend chaque jour de nouveaux accroisscmens, tout en perfectionnant ses produits. Les divers systemes de fdature en usage pour Ic colon et pour la laine peuvent se reduire i trois, dcsignes sous les noms, i°de Mull-Jenny a pince ; 2° continue ; 3° Mull- Jenny a laminoir, qui est une combinalson des deux pre- miers. Le premier de ces mecanismes sert parliculierement a la filature de la laine. M. Sureda a propose dc diriger le mouTcment du chariot par un procede mccanique qui eviterait I'inconvcnient d'un long apprcnlissage pour les fileurs, et rendrait en meme terns la filature plus parfailc et plus facile. La mecanique , appelee continue ^ est em- ployee pour faire la chaine des etoffes de colon. Elle pro- duit, par un mouvcment continu, I'elirage , la torsion ct le renvidage du fil. Les Mulls-Jennys a laminoir servent a filer la trame et les fils de colon d'un numcro Ires-eleve. A la description de ces mecaniques, M. Borgnis ajoute celle d'une machine pour carder et filer k la fois, et d'un mouvement continu, le colon ou la laine. Nous regret- tons qu'il n'ait pas fait connailre plus en detail celle ma- chine ingenieuse , de sorte que nons ignorons si I'expe- rience a constate les avanlages qu'elle parait posseder. En I'an XI, le gouvernement ouvril un concours dont le but etait le perfectionnement des machines a filer le colon. Le rapport du jury contient des notices interes- santes sur toutes les machines presentees par les concur- rens, ainsi qu'un detail historique de rinlroduction et des SCIENCES PHYSIQUES. A/ progrcs de ccs mecaniques en France. Le prix fut accorde i MM.. Liewcn Bawens et James Farrar. Les procedes pour filer la laine peignee ne ressemblent pas aux precedens. C'est i M. Dobo, habile mecanicien, que Ton doit la plupart des ameliorations que cette branche imporlante de I'industrie francaise a acquise depuis quel- ques annees. Quoique, depuis I'an V, on aitetabli en France plusieurs mecaniques i fder le lin , il ne parait pas que ces machines soient assez perfectionnees pour devenir d'un usage gene- ral. A cette occasion, M. Borgnis eleve cette question qui a lieu de surprendre : « Serait-il bien desirable que ces mecaniques, ainsi que bien d'autres, arrivassent a un tel degre de perfection, qu'elles pussent etre partout substi- tuees, cwec un apantage evident, a la filature ordinaire?)) De la manierc dont I'auteur a pose cette question, on ne s'atlendait pas a une solution negative ; c'est cependant celle qu'il donne, plus frappe sans doute des inconve- niens passagers de ces machines, que de leurs avantages perpetuels. S'il est vrai que les machines sont desesclaves ingenieux et actifs, qui travaillent et nous servent sans exiger aucun salaire , on ne voit pas quel motif pourrait porter a proscrire ces ouvriers aussi precieux par leur ha- bilete que par leur desinteressement. C'est ce qu'ont senti les nations les plus industrieuses qui se sont empressees d'adopter des mecaniques de toute espece pour abreger et perfectionner Icurs travaux, et qui, en consequence, ontYu s'accroitre leur Industrie, leur aisance et leur popu- lation. La fdaturc, ou plutot le relordage de la soie, s'opere par des mecanismes entierement differens de ceux employes pour les autres matieres. Le fil de soie est file par le ver lui-meme ; il ne reste plus qu'u lui donner plus de force en A8 SCIENCES PHYSIQUES. reunissant ft on rctordant pliisicurs fih simples. MM. Vil- lard , Tabarin et Rival ont imagine plusicuis tours pour tircr la soic. La belle machine de Vaucanson pour organ- sincr la sole est encore la mcillcure que Ton connaisse , malgre ses dcfauls. L'operation du lissagc offre encore plus de varicles que la filature; ellc donne des etoffes unies, salinces, croisecs, a mailles, etc., sans compter le nombre infini do combi- naisons que peut donner I'emploi du fil dc diverscs couteurs. Le tissagc des etoffes unies peut se faire par des pro- cedes entiercment mecaniques. Vaucanson est le premier qui ait eu Tidec de celte importanle amelioration, qu'il fit connaitre en 17A7. M. Rober-Miller prit, en lygfi, une patente pour I'invention d'un metier mccanique; mais celui de M. Horrok de Stokfort , qu'on a vu expose au Louvre en 1819, presents des perfectionnemens qui le rendent preferable i tous les autres. M. Borgnis le fait connaitre en detail, dememe qu'unraecanisme quipresenle dc grands avantagcs, el dont M. Despiau est inventeur. L'auteur decrit la fabrication des etoffes fiiconnees, des tapis de la Savonnerie, d'Aubusson et de Beauvais, et des tapisseries des Gobelins; un metier mecanique pourfabri- quer plusieurs pieces de ruban a la fois. II passe ensuite a la fabrication des tissus-maille, dontil fait connaitre les ameliorations produites parle metier a bas de M. Jandeau, ceux de MM. Viardot, Dautry, BcUemcrc; le metier a tricot de M. Moisson , et surtout celui de M. Favreau, qui possede de grands avantages. Le metier pour les tricots fourres de M. Mathis est aussi tres-remarquable. Apres le tissage, il ne reste plus qu'a faire subir aux etoffes quelques apprets ullerieurs, afin de les livrer aux consommateurs. SCIENCES PHYSIQUES. A9 1" Lavage. Deux nouvellcs machines sont employees pour blanchir et repasser le Huge de menage avec eco- nomic et promptitude. Le blanclumcnt des etoffes, le foulage et le degraissage du drap s'exocutent anssipardes procedes mecaniques tres-avanlagcux. 2° Teinture. M. de la Boulaye-Marillac a invente unc espece de laminoir pour tondre plus parfaitcmcntlcs pieces de drap. 3° Impression. Cette operation s'execule actuellement avec autant de rapidite que de perfection, grace a la machine a cylindre. A" Lust rage J moirage , lamina ge , gaiifrage et ratinage. Les etoffes repoivent ces <':pprets par des machines plus ou moins parfaites, mais dont il serait troji long de don- ner seulement I'lndication. Nous en dirons autant du gril- lage, du tondage, et du ciselage', dont les procedes me- caniques sont decrits avec le plus grand soin par M. Bor- gnis. Nous ferons mention seulement de la tondcuse de N. Poupart de Neuflize , que Ton a vr.e en aclivite au Louvre, en 1819, qui donne, en douze heures, la coupe a 1200 aunes de drap cinq-quarts, et remplace par con- sequent 4o forces a la main. HUITIEME TrAITE. Des macJiines qui imitenl ou facilitent les fonctions vitalcs des corps aninies ; sii'vi d'lin appendice sur les machines thedtrales ancineues j et sur les procSdes en usage dans les theatres modenies, pour ejfectuer les chan- gem^ens d, vue , les vols directs et obliques, et plusieurs autres eff'ets (1). Ce traite renferme une serie de machines tres-curieuses par lesquelles la mecaniquc ctale tous ses prodiges. (i) Paris, 1820. Un vol. in-4° de 3ii pages, avec ly planches. Bacbelier, libraire. Prix, ai fr. Tome xii. A 60 SCIENCES PHYSIQUES. Lc pieiiiicr liyre a pour ohjol Ics moycns niecarfiqucs propi'cs i iiniler ou u aider les fonctions vilalcseoiporellcs. L'autcur y passe d'aboid en revue les membres arlificiels, mecanismes bienl'aisans, qui iclablissent, dans I'usage de ses mcmbies, rinlbrlune qui auiait eu lc inalhcur dc les perdre, entre autres les belles inventions, a I'aidc dcs- quellcs M. Dhormeaiix est parvenu i supplcer i une main qu'il a perdue. II decrit ensuitc les androuhs ou liommcs arlificiels, qui imilent les mouvcnicns naturels a I'aide d'unc force motrice, placec soiti I'intericur, soil a re.\le- rieur. II fait connaitre les diverses melhodes de trans- porter les pcrsonnes d'un lieu a un autre, les chaises i\ porleur, les litiores, les palanquins, les brancards, les lits mobiles a I'usage des malades. U donne avec detail la description des diverses cspcccs de traiueaux et de voitures, ct les moycns de prevenir les accidens que leur usage pourrait occasionner; les pehicules-aufomates mus par des houiuies qui s'y font trainer, et ceux de pure cu- riosile mus par des ressorts interieurs. Dans les cas si frequens d'incendic, on cmploic des mecanismes precicux qui scrvent a penelrer dans I'inte- rieur des edifices pour sauver les personnes et les effets. On remarque dans ce nombre les chaises et les planchers volans, el surlout les belles inventions de MM. Regnier, Daujon , Castera et Trechart. M. Borgnis s'arrete sur les experiences "remarquables de Van-Marum, et sur les moycns qu'elles donnentpour maitriser avec promptitude les incendies les plus devorans. II n'a point oublie la description dc I'apparcil anglais pour ramoner les che- minees. II traite ensuitc du parachute ct des moyens qui ont ete proposes pour la direction des ballons aerostatiques. Les venlilatcurs tl les diver? apparcils pour detruire lc SCIENCES PHYSIQUES. 51 mephilismc, les emanations insalubres ou desagroables , et pour secourir les noycs et les asphyxies, terminent le premier livre. Le second livre, consacre aux precedes artificicls qui faciiitent les fonclions intollectuelles, contient les me- ihodes d'imiter mecafiiquement la voix et le chant , de fixer la pensee et d'en faciliter la propagation, de la trans- mettre au loin avec celeritu, etenfin de faciliter les calculs et la determination des quantites diverses, Les inventions les plus remarquables dans ce genre, sont les automates- parlans, le flCiteuretle joueur de tambourinde Vaiicanson, les musiques mecaniques et le notage des cjlindres. Pour fixer et multiplier la pensee , on remarque les polygraphes , les ambotraces, les presses k copier , I'inge- nieuse machine A graver les leltres de M. Rochon, et les instrumens pour ccrire A I'usage des aveugles. Pour Iransmettre la pensee au loin, on emploie des si- gnaux de diverses especes. L'invention la plus nouvelle est celle de M. Cbappe, qui a donne naissance aux tele- graphes de terre, u ceux pour la marine, et aux telegra- phes portatifs et railitaires. Cette decouverte, dontlegou- vernement s'est reserve le monopole, pourrail de venir d'une importance bien superieure , si elle etait appliquee aux usages de la vie civile, et surtout aux besoins rapides du commerce. Pour mesurer les quantites , on emploie des moyens mecaniques, tels que les compteurs, les odometres, etc. D'autres machines servent a calculer, comme les aSaywes, le baton de Nepei' , les regies a echelles logarithmiques , les boites a calculer et la machine arithmetique de Pascal. L'auteur joiat A cette dcrnicre la machine de Clairault pour construire les equations , et les divers instrumens pour dessiner mecaniquement la perspective. A* 52 SCIENCES PHYSIQUES. La ilcriiiui'c parlie dc cc volume u'cst pas la nioin» interosjaiitc : clle renfcimc tout ce qui est rclalif aux ma- chines thoStralcs anciennes et modcrncs. Les edifices de I'antiquitc destines aux spectacles pu- blics etaicnt plus grands ct plus varies que Ics nOlres; tels etaicnt le cirque, raniphilhcatre, les bassins pour les liauniacliics , le theatre ct rOdcon. La plus etonnante , sans contredit, des machines thea- trales des anciens devait etre le mccanii-nic pour faire manceuvrcr Ic velarium, qui couvrait leurs immenses am- phillicStres. Aucnn auteur dc I'antiquitc ne I'a decrit ; cepcndant M. Borgnis, en prenant pour base les passages des auteurs qui en ont parle ct Texamen des amphi- theatres antiques qui existent encore, en a trouvc unc explication aussi simple qu'ingoniense. 11 a rcndi; compte, avec un egal succes, de la forme, de la position et de la manccuvre des decorations ihealralcs antiques, qu'on avail cherche a expliqucr par des suppositions erronees. 11 passe ensuite aux theatres modcrnes, et donne la des- cription des plus remarqnablcs. II entre dans beaucoup de details sur la distribution ct sur la construction des diverses parties d'un theatre k machines, sur les pieces dc service qui doivent lui etre anncxees, sur les nou- vcaux moycns inventcs pour eviter les incendies, et enfin sur les divers modes d'eclairage des spectacles. L'art du decorateur, a I'aide des machines, est par- venu, sur Ics theatres modcrnes, k imiler, en produisant la plus parfaite illusion, non seulement les effets naturelsj^ mais encore tout ce que la mythologie et la fcerie ont imagine de plus merveilleux. On y a multiplie les chan- gemcnsivue, les vols directs et obliques, la desccnte ctl'ap- paridon soudainc des divinites celestes ct infcrnales. On y imile, a s'y meprendre, Ic vent, le tonncrro, les eclairs, SCIENCES PilYSlQlES. 53 ii<;s lcmi)olcs, les iiicciidics, lesfluts d'un flcuvc, Its \uguc.s de la mer, la coiilcur de I'aurore prenant impcrccptiblc- ment des leinles plus vives et plus eclatantcs, la lumiere douce el divine dc i'Elyscc , etc. L'cxplicatiju de cos effels iiiervcilleux Icrjiiine agrcaljlcnicnt le dernier livrc de rouvrago, cl dulasse I'esprit du lecteui- de la fatigue qu'a pu lui donner lelude attentive de tant d'o!)jels que nous venous de pnrcourir. Cependant M. Burgnis ne se croit pas encore au teimc de la carricie qu'il a parcourue avec tant de succes. II a forme, il est vrai, une collection complete, autanl que possible , des moyens mecaniques que I'industiie em- ploie; mais, cet ouvrage etant specialement consacre a I'utililc des artistes, iladfteviter avecsoin toutce qui aurait pu les detourner d'en faire usage; il a du s'abstenir d'em- ployer les melhodes gcometriques et analyliques, ainsique tout autre appareil scientiflque. II n'aurait pu d'ailleurs enlremeler la theorie de la science de details descriptifs, sans lui faire perdre I'ordre, la clarte et la concision qui luisont si necessaires, et pour I'entendre, et pour larcndre fructueuse. II se propose de publier un volume qui conliendra la iheorie de la mecanique usuelle, c'est-a-dire les applica- tions, non seulement de la geometric propremcnt dite , mais encore de I'analyse et de la physique , au pcrfec- tionnement des moyens mecaniques dont I'ind'islrie fait usage. A cet ouvrage, il en joindra Irois autres, Le premier con- tiendra un Essai sur Vhistoire. de let mecanique el sa biblia- grapJiie ; le second, la Description des machines et des iiislrumens de physique^ de geodesie et d' astronoinie ; et le dernier sera un Dictionnaire de mecanique , qui rcnfer- mcra la tal)lc analytique et raisonnce de rouvrago cnticr. U SCIENCES PHYSIQUES. PuisSc-t-il bienlot nous donncr cc complement picciciix (lu grnnd et important ouvragc qu'il a entrcpris! La manitrc dont M. Borguis a traite la description dcs arts raecaniques nous fait jugcr d'avancc de tout rinteret que presentcronl les quatrc volumes qu'il a annonces. En oclairant la marche de I'industiie , il lui fcia laire des pas plus sQrs et plus rapides dans la route de la perfection. En parcourant cc Traite dc mecanique applicable A I'industrie, on s'apercoit de la liaison intime qui unit tons les arts entre eux, et qui fait que la perfection des uns contribue necessairement aux progrts des autrcs. Ainsi, rinvention dc la machine i vapcur a facilite I'extraction des metaux et perfectionne les travauxde la mctallurgic : a son tour, celle-ci a ameliore et rendu plus facile la construc- tion de ces machines precieuses. Ainsi , Ic perfectionne- rnent dans la fabrication des etoffes, par les moycns des mecaniques, a elendu et ameliore la culture des matieres premieres; et celles-ci, perfectionnees, ont permis aux manufactures de donner de plus beaux tissus. L'etude des arts prouve i chaque instant celte verite. On voit done quel seryice eminent leur a rendu notre auteur, en reunissant dans un meme ouvragc tant de precedes qui s'eclaircnt et se soutiennent mutuellement. Mais cette fraternite qui unit tons les arts entre eux, les rattache egalement aux sciences par des liens intimes. C'est seulement depuis que les arts ont fourni aux savans des instrumens, des machines , des moycns d'observer , que les sciences ont fait dcs progres rapides. Ce ne sont pas seulement les sciences proprement ditcs, mais encore toutes les connaissances humaines, qui doivent aux arts leurs etonnans progres. II suffira de citer pour prcuvc I'art dc rimpriuieur et celui du nayigatcur. SCIENCES I'llYSlQl-iES. 55 Piiisquc Jos arts indiisUioIs ont taut criaflucncc .^ur Ics^ progres des sciences , les savans, si ce ii'est par reconnais- sance, au moins par interet, devraient rendre a I'indus- trie lesbienfails qu'ils en re^oivenl , en eclairant dc leurs lumieres sa marche trop soiivent timide et incertaine. Tel estle but que se propose M. Borgnis par la publication des quatre volumes qu'il annonce , but qu'il atteindra , nous n'en doutons pas, a la satisfaction gcnerale. Ce dernier ouvrage rendra aux arts industriels un service non moins eminent que le premier. Ce travail, une fois complete , et renfermant en meme tems la theorie et la pratique , sera un monument durable eleve i I'industrie scientifiquc et manufacluriere, et qui meritera a son auteur la reconnais- sance dc tons ceux qui s'lnteressent aux progres des con- naissances humaines, ou au bonheur de l^humanlte. L. Seb. Le ^OKJix:iD , professeur de technologie. ^l\f\l^^wvw%Wk/w^^ Bccherches stattsttques sur la villc de Paris et sur le dtpartement dela Seine; recueil de tableaux dresses et reunis d'aprcs les ordres de M. le comto de Cha- brol , conseiller-d'ctat, prdfet du departement {\) . C'est un rcsultat necessaire du mouveraent progressif dc civilisation, que la publicite qu'on donne aujourd'hui en France a une foule de documensprecieux, qui restaient jadis enfouis dans les archives de I'administration. Perdus pour (i) Paris, 1S21 ; imprimerie dc Ballard, rue J. -J. Rousseau, n''S, et lithographic de I'ecole royale des ponts et chaussees. Un vol. in-S" de ii3 pages cl 62 tableaux (nese vend pas; cc qui excite les justcs regrets des hommes eclaires , qui sentent combicn la publicite de pareils ouvragcs sciait favorable aux prog'ris des lumieres et de la civilisation), N. D, R. 56 SCIENCES PHYSIQUES. les sciences, pour rhistuiic el pour rutilile publiquc , ces matenauxdeineuiaicntsouventinulilosaumagislratmeine, ■k cause de la difliculte de comparer des fails incohercns ou lieterogoncs ; cet ordre lumineux , sans Icqucl la verite nc sedccouvre point, ne pouvaity pen«5lrer que parle secours de I'esprit d'analyse, dc I'art d'observer et des rapproche- mcns eclaires par la science. Hcureusement, nous avons eu, depuis vingt ans, a la tele des affaires, ou danslos grandes magistraturcs admin ijlratives , des espiits superleurs aux anciennes routines, qui n'ontpas craint d'exposer au grand jour les resultats capables d'interesser le commerce , I'in- dustrie , la sante publique , les elemens de la population, la production ct la consommation des denrecs, la distribu- tion des secours; en un mot, toute I'economie civile. De li, le perfectionneracnt graduel parmi nous delasiathtiquef science qui, pour etre nouvelle , n'en est pas moins posi- tive, et qui est en honncur chez nos Yoisins depuis plus long-tems que chez nous. II apparlenait surtout a cette science de profiler de I'heureuse revolution qui s'est faite dans les esprits : de toutes parts, on scntait le besoin de donner aux recherches de statistique unc direction plus sfire , lorsque I'institut de France resolut d'offrir un prix annuel pour le meilleur ouvrage en ce genre. Plusieurs travaux importans onl dej;\ ele couronnes , et Ton doit s'applaudir de I'emu- lalion qui anime aujourd'hui^sur tousles points du royaume, un grand nombrc de magistrals et de citoyens eclaires. L'objct des travaux de statistique est renumeralion cxacte , metliodiquc et complete des fails qui interessent I'etat physique et I'etat civil d'un pays, ou bien d'une grande \ille. Deja le cciebrc Lavoisier avail pose les fonde- mens de cclte branchc importante de Teconomie pu- bliquc, dans un savaiU memoirc lu i I'academie desscien- ' p?. II tonvcnait done a ccllc savantc conipagnie de sc SCIENCES PHYSIQUES. 57 nieltre a la lete des nouvelles recheiches , encore plus pre cises etplusapprofondies, dont la France vadevenir I'objet. On ne saurait dire jusqu'a quel point un tel plan, suivi avec perseverance pendant quinze annees seulement, peut accroitre les lumieres et la prosperite publique. L'ouvrage que nous annonpons aujourd'hui peutetre mis au premier rang parmi ceux qui meritent de fixer I'attcn- tion generate. D'abord, il presente ce cachet d'authenticite qui inspire une confiance entiere. On doit la reunion des materiaux dont il se compose, et la publicite qu'ils repoi- Tcnt , a Tun de nos adminislrateurs les plus eclaires , en meme tems que les plus zeles pour le bien public. Premier magistrat de la capitale, il a des long-tems medite sur I'im- portance des recherches qui embrasseraient toute la statis- tique de cette grande ville; de bonne heure aussi, il a reconnu I'avantage qu'il y aurait de publier les faits et les resultats, afin d'appeler I'examen des savans, des hommes d'etat, des personnes qui sont a la tete du commerce etde I'industrie, enfin de tous les citoyens amis du pays. C'est avec raison que M. le comte de Chabrol a pense que cette publicite elait sans inconvenient , et qu'elle serait au contraire tres- ulile ii I'amelioration physique, industrielle, commercialc et meme morale et intellectuelle de la cite. On lui doit done des actions de gr3ces pour ce nouveau service rendu k la ville de Paris, qui lui estdejiredevable A tant d'egards. La seule exposition des principaux resultats compris dans les Recherchfis statistiques sur la ville de Paris, suflira pour en faire comprendre lemeriteet I'etendue. Soixante- deux tableaux numeriques, accompagnes d'explications et precedes d'un rapport au rainistre sur le dernier denom- brement, forment la seconde moitie du recueil. Ccs ta- bleaux renferment une quantite presque innombrable de resultats exprimes en chiffres, c'est-a-dire sous une forme 58 SCIENCES PHYSIQUES. exacte,ct par consequent exempts de rarbitrnirc, du vague et de I'incerlitude attaches aux idces conjecturalcs; ilsrou- lent sur les objetssuivans: meteorologie; etat de la riviere; denombrement de la population de Paris , consideree par rapport i I'flgc, ausexe, ii I'etat civil, aux menages, etc. ; loi de population ; mortalite ; enfans naturels ; maladies les plus communes ; petite verole et vaccination; population des hospices , avec I'uge et la profession des individus qui y sont admis ; agriculture des arrondissemens rurauX du departement de la Seine ; marches ; ecoles gratuites cle- roentaires; produits des theatres et des lieux d'amusemcnt public ; voitures et moycns de transport de toute espece ; consommaliondes hospices; consommation generale de la ville de Paris, etc. etc. Dcji, ce dernier sujet avait ete traite avec succes par M. de Chateauneuf, dans un memoire qui a obtcnu le suffrage de I'academie des sciences, et qui a pour titre : Recherches sur les consommationsde tout genre de la v i He de Paris, en i%i 7, comparecs a ce qiHelles i talent en 1789. Cet ouvrage est meme un des meilleurs qui aient ete imprimes en France sur la statistique ; mais ce n'est pas ici le lieu de le com- parer avec les tableaux publics par I'adniinistration , qui d'ailleurs a liberalement fourni a I'auteur tous les rensci- gnemens dont il avait besoin. Nous nous bornerons a citer quelques-uns des resultats consignes dans le tableau 56 , destine a faire connaitre les consommations de Paris en tout genre. En 1818, il a ete vendu 522,891 hectolitres devin,4o,343 hectolitres d'eau-de-vic, 73,870 bocufs , 335,fii6 moutons, 62,4o6 pores, environ 3,34o,ooo kilog. de beurre, 80,000,000 d'oeufs , i,oii,3oo steres de hois , i,6i3,56ghcct. de charbon de bois,5o3,372 de charbonde terrc, 87g,68uravoinc,i,i52,i i2deplrilrc, 3,777,106,000 carrcaux dc tcnc cuite : enfin , pour 2,825,5()7 francs do SCIENCES PHYSIQUES. 59 marcc, el 6,689,318 francs de volaillc ct gibicr. Ccs di- verses consonimations sont proportionnellenient oioindrcs qu'avaiit la revolution , excepte pour le charbon de terre , reau-de-vie et la viande de pore ; la consommation des deux premieres denrees est plus que doublee. A I'egard du pain , on sait , par des donnees exactes , quoiqu'un peu moins precises, que la consommation est de ii3,88o,ooo kilog. par annee, ou 167 kil. , 99 par tete d'habitant (o,kil. A6o25 par jour et par individu , a peu pres une livre ). II est remarquable que cette mesure est , A un millieinepres, precisement celle que Lavoisier avail trouvee, parses calculs pour iJ/S et 1789. La consommation des pommes de terre est , dans une annee, de 323,6 10 hectolitres; il a ete constate par la fa- culte de medecine que trois kilogrammes de cette racine nourrissent autant qu'un kilogramme de pain. Les nombres qui precedent ne forment qu'une tres- petite partie de I'etat des consommations de Paris, qui, lui- meme , n'est qu'un exemple puise dans les 62 tableaux formant la deuxieme partie. J'en citerai encore quelques resultats. Le recensement de la population de Paris, au 1" mars 1817, montait a 713,966 individus, et non 713,765, comme on I'a donne dans I'Annuaire du bureau des longitudes. Sur 657,172 individus dont I'age a ete connu par le recensement, A3,35o etaient ages de 5 a 10 ans, et 47,368 de 10 a i5 ans. Les hospices civils, interieurs et exteiieursj ont recu i5,842 individus, ce qui porte la population totale depen- dant de Paris a 717,212. Les 657,172 individus recenscs forment 224,922 me- nages, qui habitent 26,801 maisons; il y a done, par me- nage , moins de 3 personnes ; par maison , moins de 9 me- nages et de 25 personnes. En 1817, il y A eu 28,759 naissauces, 6,382 manages* 60 SCIENCES PHYSIQUES. 3i,i2'i (Icces. En 1818, 23,067 naissanccs, 6,616 manages, 22,421 dcccs. On est afilige de voir qu'en 1817, 679 en- fans de 1 i i5 ans ont peri de la petite verole, et 66 indi- vidus de i5 a 4o ans; en 1818, le nombrc appiochc do 1,000; il a augmente en raison inverse des vaccinations gratuites. Les hCpitaux, en 1817, renfermaient 16,910 personnes, dont les celibataires forment le plus grand nombre; les trois cinquienies se composent d'ouvriers et journaliers , etpres d'un dixieme d'individus adonnes a des professions liberales. En 1818, 11 y a eu amelioration dans les ho- pitaux, sous tous les points , et 2,5oo indigens de moins ont eu bcsoin des secours publics. On a secouru A do- micile 86,4 1 5 individus, c'est-i-dire plus de la moilie des indigens : le nombre de ceux-ci est plus grand en femmes qu'en hommes , a peu pres dans le rapport de 5 a 4. La morlalite annuelle dans les hupitaux est de 100 sur 735 ; dans les hospiees, de 100 sur 669. Le nombre des indigens secourus a domicile est beaucoup moindre qu'en 1791, en 1802 et i8i3; la'plus grande difference va au-deladu quart. Sur les 33,769 naissances de 1817, on a complo g,o47 enfans naturels, dont 5,009 ^^^^^ '® ^^^ f>ri'0"dissement seul. II y a eu a peu prts un suicide par jour ; dans ce nom- bre, qui a diniinue en 1818, on remarquait deux fois plus d'hommes que de femmes. Les deux neuviemes des deces sont causes par les mala- dies du systeme pulmonaire, et la moitie de cc nombre, par la seule phthisic , dont les ravages les plus crucls s'exercenl sur les individus de 20 k 3o ans. Le nombre des eleves des ecolcs de charite, et aulres ecoles gratuites, est moindre que le quart des enfans ages de 5 a 12 ans, cic. Le nombre des rues, proprcmcnt diles, est de ijOg'i, leur developpemcnt dc 2 19,871 mi.1. La Surerficic de la villc est SCIENCES PHYSIQUES. 81 tl'une lieuc carree et |, ou 3,439 ^^ct. |. Sous Philippe- Auguste , elle etait de 262 hect. ; sous Francois I", de 483; sous Louis XV, de 1,33/ : mais il n'y a que j^ de la surface qui soient batis. On compte , par hectare, plus de 207 habitans.Il faut un million de paves pour reparer an- nueliement les rues de Paris, et 600,000 livres d'huile pour les eclairer^ y compris les etablissemens publics. Jo passe i\ I'autre partie du recueil , qui se compose d'une introduction et de notions generales sur la popula- tion. En lisant ce dernier morceau , qui est assez etendu, on est frappe de la clarte que I'auteur a su repandre sur un sujet difficile, tout en falsant usage de quelques expres- sions de calcul , inevitables dans une telle matifere. II determine les relations mathematiques qui existent entre le nombre des habitans, le nombre des deces, celui des naissances et la duree moyenne de la vie ; mais un traite od tout se lie etroitement, les principes aux consequences, et celles-ci I'une a I'autre, se refuse absolument a I'analyse. Quiconque aura lu attentlvement cet ecrit, seracomplete- ment au fait des principes qui font la base dela theorie dela population , et c'est sans doute le but que I'auteur a voulu atteindre. Ainsi , un administrateur, un homme de lettres, tout homme enfin qui a besoin d'avoir des idees justes sur cet objet , ne pent raanquer de les acquerir , en se pene- trant bien de ces notions generales. A I'elegance et a la nettcte du style , on reconnait le savant georaetre t\ qui Ton doit la decouverte de la vraie theorie de la chaleur , et qui , dans des ouvrages d'un genre oppose, a su reunir toutes les qualites d'un habile ecrivain. Tous les tableaux sont lithographies, et laplupart d'une ecriture fort nette : si cette innovation n'ajoutc rien a leur merite, c'est du moins un example des applications utiles qu'on pent fiiire de la lithographic. Jomakd. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. Dc SYSTEMB d'impot, fond£ sur les principes o'ico NOMiE POLITIQUE , par M. de Saint-Chamans , mattrc lies rcqmlcs die conseii d'ttat (i). La science de I'economie publique, ou autremenl la connaissance du devcloppement des facultcs physiques et morales des hommes, et leur application a la creation des produits de toute nature qui peuvent suffire a leur bien- etre ou creer leur richesse; cetle science, dis-je, qui embrasse la plupart des autres, est tellemcnt utile i con- naitre et importante i perfectionner, qu'on doit savoir gre i des ecrivains laborieux de s'y consacrer, meme lors- qu'ils s'ecartent des principes que I'experience et la raison semblent avoir invariablemcnt fixes; les services qu'ils ren- dent ti la science, en attirant I'attention sur elle, sont au-dessus du tort qu'ils peuvent lui faire, en co»testant quelques-unes des veritcs qui lui servent dc fondemens. On supposera, sans doute , d'apres cet expose, que nous ne partageons pas entierement les opinions de I'auteur du livre dont nous allons rendre compte. En effet, lout en louant dans I'auteur son zele a s'occuper de cette nia- tierc, nous ne pouvons nous empecher de contester le systeme qu'il a concu, ou plutot les anciens erremens qu'il a cherche a remettre en vigueur. M. de Saint-Chamans, deja connu par plusieurs ou- vrages sur la politique et I'administration , ne s'etait pas encore occupe d'economie politique ; et il ne I'aurait peut- elre pas fait, s'il cQt consulte, je ne dis pas ses forces et scs lumieres , car sans doute elles lui auraient suffi, niais (i) Paris, 1820. Un vol. in-8°. Lcnormand , imprimcur-librairc , me de Seine, n" 8. Piix, G fj-., et, par la postc , 8 fr. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. 63 S€S opinions, qui devaient etre un obstacle dans la carriere qu'il allait embrasser, carriere o>i Ton ne pent faire quel- ques progres qu'en abandonnant toute espece de prejuge. Voici quelles sont les opinions de M. de Saint-Chamans, ainsi qu'il nous les I'ait connaitre lui-meme(pag. i53). « J'ai beaucoup entendu parler de la perfectibilite et du progres des lumieres ; ce systeme me paraissait infail- lible, puisqu'il est fonde sur la sagesse humaine et sur le proGt qu'elle ne manque pas de faire des lepons de I'ex- perience. A mesure que le monde Ta, nous ajoutons i nos lumieres, les lumieres de tous nos devanciers anciens et modernes. Quel foyer de lumieres ! ces raisonnemens paraissent si evidens entheorie, que j'en tirais autrefois, avec toute la naivete de la jeunesse, cette conclusion: que nous valions beaucoup mieux, et que nous en savions beaucoup plus que tout ce qui avail existe jusqu'ici. Ce- pendant, quand j'ai commence k regarder autour de mol, j'ai ote force de reconnaitre (et jugez quelle fut ma sur- prise) que Ic progres des lumieres ne se faisait sentir, ni en religion , ui en morale , ni en politique , ni en lit- terature, ni en metaphysique, et qu'au contraire, nous avions desappris ce que savaient fort bien nos aleux. Je fus alors reduit a restreindre les eifets de notre perfec- tibilite et de nos lumieres a quelques progres dans les sciences, ou les decouvertes faites par les grands esprits qui nous ont precedes, ne se perdant jamais, pour peu que nous fassions quelques pas en avant, ct que nous ajoutions quelque chose a leurs grandes conquetes, nous nous trouTons , avec moins de genie , plus avances qu'eux ; mais il faut que j'aie encore le chagrin d'avouer que la science de I'economie politique n'est pas une de cdles qui ont fait quelques pas en avant, et qu'elle doit philot etre rangee parmi cellos qui out recule. » 6A SCIENCES MORALES Ajoutez A cette profession dc foi I'opinion que I'epargne appauvrit les itats, au lieu de les enrichir ; que le luxe est la plus grande source des richesses ; que les depen- ses du gouvernement n'appauprissent pas plus les pays que les autres depenses j et metne que les impois hien re~ pat lis enrichiraient la sociite j au lieu de Vappaiwrir (pag. 88) ; qu'aulieu ^^ payer un million pour I'iiivention d'une machine qui filerait le Un ou le chanvre , il serait plus politique de payer un million pour ensepelir ce secret ^ s'il etait decoupert; qu'il faut ranverser le trone usurpk de V Industrie 3 pour y suhstiluer les riches oisifs j qui ne peuyent d^joeTisernohl.mient leur fortune, sans enricliirlour pays jet qui represententla consonun.ztion (pag. 012); que si lesAmericainsn^ontpointtcuteslesvcrluSj toulesL-s haules conceptions des autres nations ci^•iUsees j ce ^i est pas , comme on le pvHznd , a cause de Icur amour pour le gain , mais a cause de I'absence d'une NOBLESSE j etc. etc. (appendice). A la lecture de semblables assertions, il est jjcaucoup de gens qui se croiraient dispenses dc lire I'ouvrage ; ils auraienl tort, et ils se priveraient d'une lecture souvent agreable et interessante. Le principal systeme de I'auteur n'a menie rien de deraisonnable ; il consistc a etablir que c'estdela consommalion seule que provient la production, et que, par consequent, le meilleur mode d'imposition est celui qui porte le plus specialement sur la consommation. Malheureusement, dans I'examen de chacune des con- sequences de cette idee, I'auteur manifeste une opinion trop absolue. Au lieu de prcterer celles des consommations qui sont le plus favorables k la reproduction, ou plutot qui renferment en elles-memes le germe de la production, il ne fait aucunc distinction : pen lui imporle qu'une valeur ait ete bicn ou mal consommee, pourvu qu'elle le soit ; ET POLITIQUES. 6S qu'une epargne ait servi i une chose imporlante ou futile, ponrvu qu'elle ne reste point dans un coffre fort. II met au nicme rangles depcnses du faste et celles de I'industrie, de la richesse blasee , capricicuse, destructive, ou du travail crealcnr, II ne voit pas que le luxe n'cst autre chose que Temploi d'une richesse accumulee dans qucl- qucs mains par lo travail mulliplie dc toules les autres, et que, si cette cumulation ne doit plus ricn rendre a la reproduction, le pays demeurant toujours stationnaire, ses habilans ne verront accroitre ni leur nombre, ni leur aisance, ni leurs moyens d'operer. lis n'auront d'autre but que dc parveriir eux-niemes, ou de faire parvenir quclques uns dos leurs i une jouissance puerile et sans aucun avantage pour leur pay^j. Sans doute, lorsque Louis XIV depensail trente millions pour retourner vingt fois le terrain de Marly, Ic planter et le replanter, il li- vrait bien a la production ccs trente millions par les mains des ouvriers qu'il cmployait; mais, s'il eQt em- ploye cette memo somme et ces mGmes ouvriers a dc- fricher 5 ou 6,000 arpcns dans les landes de la Beaucc ou de la Sologne , il aurait obtcnu un resullat bien aulrement profitable a ses interCts parliculiers et a ceux de la France. Sans doute, une vieillc duehesse est bien libre de faire monter dix fois par an ses diamans; ct ce qu'elle depense ill cet effet tourne au profit des ouvriers qu'elle emploie ; mais, si elle avait employe la meme somme, avec les memes ouvriers, a monter six metiers de bas, elle aurait gagne et fait gagncr a son pays tout ce qu'elle lui a fait perdre de main d'oeuvre inutile et improductive. M. de Saint-Chamans n'est point de cet avis. On a beaucoup reproche a Louis XIV, dit-il (pag. 356), ses grandes depenses en batimens; on pourrait dire que I'im- pot etiibli dans cc but est une taxe des pauvres et la plus Tome xir. 5 66 SCIENCES MORALES parfaitc de toutcs; car on prend aux riches qui paicnt rimpot pour nounir de3 niilliers d'ouYricr? qui man- quaient d'ouvragc. Je suis faclie d'etre oblige d'avoir unc opinion loute conlraire; il me semble quo c'etait oter i rhomme qui pouvait reproduire une somme qu'on don- nait i des ouvricrs pour ne ricn laire du tout. Mais noire auteur va plus loin , et voici le calcul qu'il fait : « L'impdt direct passe de la main des proprietaires dans celle des employes , rentiers , ou foarnisseurs de Vitat. Ainsi le revenu gentraluu la somme des revenus nets ne se troinepas change j si le revenu que les propriStaires ont de rnoins se trouve de plus cliez les employes _, etc. Ainsi j par exemplejjecompte looo francs r/e moins auproprietaire, s'il paie looo francs d'impot; etjecompte looo francs de plus aux employes, etc. Dans ce caSj iln'y aurait niperte ni gain pourl'elat. Maisj si les employes ont reellement lOOO francs de plus ^et si le proprietaire n'a pas lOOO francs de moins , alors il est clair qu il y a benefice; c'estreellem.entce qui arrive. Ces employes,, etc, qui ont un revenu de \ ooo francs, emploientla moitiS de cerevenua acheter auxproprielaires des denrees qu'ils riauraient paint achetees sans I'impot' avec V autre moitie ^ ils achetent des marchandlses. Les producfeurSj obligds defabriquer plus de marchandises , achetent plus de matieres premieres aux proprietaires , et emploient de nouveaux ouvriers qui achetent aussi aux propriitaires des vipres qu'ils n'auraient pas eu de quoi payer sans I'impot. De cette maniere ^ les propriitaires retrouvent les trois quarts de ce qu'ils ont paye a I'impdt; leur revenu nest diminue que de aSo francs : celui des employisj etc. , est augment^ de lOoo francs : done I'impot a enrichi la nation, n Ce raisonnement est curieux; et si seulement il elait juste, quel plaisir n'aurait-on pas i enrichir ses amis, liT POLITIQUES. 67 san3 qu'il voiis en coftlat ricii! on leur donnerait a chaciin millc francs, a la condition qu'ils vous acheleraient une partie de votre recolte. Alors vous scriez remboursc de vos mille francs, etvous n'auriez cvidemment rien perdu pour les obligor. II est vrai que vos amis auraient voire recolte, et c'est une bagatelle i laqueJle M. de Saint-Chamans n'a pas cm devoir s'arreter; son cnthousiasme pour le Iiixe, ainsi qu'il I'avoue lui-memc, lui suggere beaucoup d'au- tres propositions setnblables. II n'a pas moins entrepris que d'aneantir I'ecole moderne des econonjistes. Adam Smith, Say, Garnier, Ricardo tombent alternativemcnt sous ses coups ; il cherche le defiiiU de lour cuirasse , et il y enionce impitoyablement sa plume. Je ne puis assurer qu'il soit victorieux dans cette lutte, mais il la soutient avec opiniatrete. Seulement, on desirerait ne pas lui voir employer I'ironic et le sarcasme dans des matieres aussi positives et aussi etrangeres a I'esprlt de parti. Ces expres- sions : nos modernes docteurs... nos econonies Uberaux.... qaittez ce masque hypocrite. ... sonnent mal dans les re- cherchcs scientifiques. Quoi qu'il en soitde la forme et du fond de I'ouvrage que nous examinons, il n^en est pas moins vrai qu'au milieu des erreurs d'un faux systeme, on y rencontre des idees exactes ; qu'il fait bien connaitre I'ancienne et les nou- velles ecoles, el nous ne pouvons qu'in viler k le lire , tout en conseillant de ne pas adopter les principes qu'il pro- clame. Un certain predicateur , dont la vie n'etait pas tres- reguliere, disait : « Faitcs ccqueje dis, et non pas ce que je fais. » M. de Saint-Chamans pourrait dire : Instruisez^ vous de ce que j'ecris, et ne vous inquietcz pas de ce que je pense. Alexandre de tA Border de I'Institut. 68 SCIENCES MORALES KWtWVWWtWXV VoTAGE DANS LA Grande- Brbtagne , cntrcprls rdati- vcment aux services publics de la guerre, de la marine et des ponts ct chaussees , de 181G a 1820, par Charles Dupin , officier supcrieur au corps du ixinic maritime, membre de I'lnstitut de France, Academic des sciences, etc. Force navale ; Tom. I, constitution de la marine; Tom. II, etudes et tra- vaux (1). Gel ouvrage, oii des connaissances tres-iraportaiitcs sent exposees avec une grande suporiorite de vues et de talens, est continue avec ardeur, et obtient, aii-dedans et au-dehors , un gloiieux succes. C'est ici la secunde partie de ce beau travail dont nous avons deji fait con- naitre les premieres publications ( voy, Rew Encycl. , Tom. VII, p. 69, et Tom. VIII, p. 48). On se rappellc (\a&\A premiere partie est relative kVA force militaire de terra ; la troisieme expliquera tons les moyens des com- munications en Angleterre , durant la paix et pendant la guerre, les routes, les canaux, les ports, les phares, etc. Enfin, I'auteur, ayant, dans sa marche, agrandi son plan, ajoute une quatrieme partie, conccrnant la force produc- trice, c'est-a-dire I'mt/ztsme proprement dite. Nous ne devons pas, cette fois, nous arreter a la per- sonne de M. Dupin. La juste renommee de son esprit, de ses talens , de son noble caractere , nous dispense d'au- tres eloges, et son nom seul rappclle ceux de ses deux I'reres, si distingues au barreau. Les deux volumes dont nous allons reudre compte (1) Paris, 1821. 2 vol., chacun de T^oo pages, I'un avec UD atlas de plaoches gravecs, Bachelier, libraire. ET POLiriQUES. 09 sont precedes d'unc introdiiclion, oii I'auleur, poitanl d'abord ses regards vers ?a patrie , developpe les avantagcs d'unc marine pour la France , niais sans se permcUre d'ap- pronver ni de blamcr notre administration maritime, a laqnelle il est subordoiine par son grade. J'ose, dit-il, regarder la force navale commc nccessaire et comme in- dispensable , iion seulemcnt a Fopulencc de I'elat, k la prosperitc nalionalc, mais a I'independance , et par con- sequent k I'bonneur dc la France. Dans celte partie, comme dans lout le rcstc, il cxprime avec unc lonablc moderation scs vceux ct ses conseils , qui paraisscnt tres- digncs dc I'allcntion publique. Au moment oCi Ton imprimait cctle introduction , dcs signaux telegraphiques apprenaicnt i TEurope que Ic chef du ci-devant empire avail cesse d'etre prisonnier, ils racontaient sa morl. Voici les reflexions que cet evenement a inspirees a M. Dupin, et qu'il a consignees en note: « Heureux les ecrivains qui, forces par Icur sujet k parler dcs travaux ou des actions de cc chef, n'ont jamais oublic les cgards dus au malheur, ct n'ont insulte jamais a la captivitc du guerrier qui tant de fois conduisit un grand peuplc a la victoire 1 Eleve sur le pavois militaire comme un trophee national; couronne dans le sein du triomphe ; salue fils aine de I'eglise, el restaurateur de la foi; rendu I'oint du Seigneur par le premier ponlife; cnfin , ayant acquis pour subalternes des rois, des empereurs; ayant vu son amitie mendiee par les Cesars , commc un bienfait des dieux; enivrc d'hommages . et monte trop haul dans la prosperitc, il tombe : soudain, les sceptres qui s'abaissaient jusqu'a ses pieds, s'appcsanlissent sur sa tete; les chaires sacrees , d'ou rclentissaient pour lui des paroles de servage et d'admiration , retentissent des paroles de malediction et 70 SCIENCES MORALES de mepiis. Tous ses adul.Tleurs, tons Ics corriipleurs de sa fortune, lui font subir I'insupportable affront dc I'eclat de leurs dcrnicrs clogcs, souilles par rignominic de leurs derniers outrages; ils lui reprochcnt une yie qu'ils ont adoree, ils s'indigncnt qu'il ne I'abrege pas par le crime da suicide! mai« il nieurt, ct leur joic se concentre pour faire place a I'hypocrisie de la dou- Icur, dernier raflinement d'un siecle poll. Telles sont, cependant, les moindres lemons que la chute du con- querant presente a la prosperite des rois. Celui qui fut naguere si brillant par ses conceptions , si fameux par ses travaux, si grand par ses combats; celui qui crut, aveo des monumens de la gloire et des conquCtes , nous pa3'er nos liberies ravies; celui qui \oulut rcndre aussi des fers aux noirs d'une colonic francaise , livre lui-m£me & la traite par les potentats qu'il avail comptes au nombre de ses tributaires, apres six ans de servitude, il a expire sur le rocher dc la proscription, entre le con- tinent qui enfante les esclaves , et les colonies qui les de- Torent. Voila done ce que produit cette science du poupoir , depuis Tingt ans prechee par tant d'apotres avec tant d'insolence : elle frappe de' mort le genie mcme qui I'a inventee; et quel puissant genie! » I.c plan de notre aulcur est si habilement trace, qu'il peut elre utile d'en offrir presque tout I'ensemble, malgre la secheresse trop ordinaire des tables synoptiques. Chaque tome est divise en six livres; — chaque livre en six chapitres. — Tom. I, lip. \'^^ , de Vautoiite royale et de faulorile legislative. Chap. j.'% puissance maritime des rois d'Angleterre , domination des mers; 2, rapports de I'autorite royale avec la force navale britannique ; 3, rapports du parlement avec la force navale; 4, en- ^quelt's royalcs, accusaliohs et jugcmens parlementaires; ET POLITIQUES. 71 5, budget (le la marine; 6, coniite special pour rexamen dc la depense et du revenu. Livre deuxieme. — Conimandement j et Personnel des forces navales. Chap, i, amirautes; 2, amiraux (etal- major general); 3, grand ctat-major des grands batimens de guerre; 4, offieiers comptables de ces batimens; 5, equipages des batimens de guerre; 6, les troupes dites Royal-Marine. Livre troisieme. — Offices centraux de la marine. Chap, i"'', office des paiemens de la marine; 2, office du conseil naval; .5, conseil naval; 4, comitc des comptes; 5, comite des matieres ; 6, comite des constructions; inspecteurs de la marine. Lii're qunlrieme. — Chap, i'""; office des transports ; 2, marins et soldats embarques sur les transports; 3, ad- ministration des malades et des blesses; 4, traitement des prisonniers de guerre; 5, office des vivres; 6, service des vivres a bord. Livre cinquieme. — Organisation des ports et des arse- naux. Chap, i*', considerations generales, amiral du port; 2, commission des arsenaux; 3, directeurs des tra- vaux; 4, clercs comptables; 5, devis de I'inspection ; 6, personnel des diverses classes de ports et d'arsenaux. Livre sixie me, — Piedde guerre _, pied de paix. Chap, i "", pied de guerre; 2, levee des marins, presse; 3, pertes et non valeurs de I'armee nayale; 4, prises; 5, pied de paix; 6, demi-pension, invalides, caisse de Chatam, hopital de Green vich. Iln'y a pas un deschapitres qui nepftt presenter une riche etagrcablcmatierea nosexlraits. Arretons-nous d'abordau chapilre de la domination desmers. Ilcontientdes faitshislo- riques tres-rcmarquables,etqu'ilimporte dene pas oublier. « La Grande-Bretagnc, sans marine, fut long-terns la 12 SCIENCES MORALES proie des peuples navigateurs. Celtc conquetc du dcvan- cicr d'Auguste, et du heros inunoitalist; pnr Tacite, est meprisee par les succcsseurs d'Augusle. Alors, Ics I'aibles Bi'etons vont mcndier, chez les dcmi-barbarcs dc I'Occi- dent, un maitre qui les protege contre les barbares du Nord. Ainsi, pour n'avoir pas su compter sur leurs propres forces, ils voient, durant cinq sieclcs , leur sol envahi et dechire par sept tyrannies conlemporaines qui s'englou- tissent dans la monarchic saxonne. Ici, commence I'his- toire de la force navale britannique. Le grand Alfred I'ins- titua ; et ses succcsseurs, Edouard I'ancien, Adelstan, fils d'Edouard, et Edgard, surent la maintenir. Deja, ce der- nier s'intitulait souverain des iles voisines d'AIbion et de rOcean qui Ics entoure. Mais la marine britannique dechoit, et laisse I'heritage d'Alfred sans defense contre les rois de Danemarck , grands navigateurs, pirates et conquerans. Canut, I'un de ces rois, usurpe rAngletcrre. Ses im- prudens succcsseurs negligent aussi de mainlenir la ma- rine sur un pied respectable; aussitot, les Normands, etablis sur les cotes de la France , tournent leurs vues ambitieuses contre I'Angletcrre. lis en proclament la con- quete, avant de I'avoir tentee; les amis du butin et du pillage accourent sous les bannieres dc Guiliaiune , ap- pele depuis le Conqueraitl. II sait vaincre et conserver sa conquetc en formant les cinq ports de Douvres, Has- tings , Hyde , Romney et Sandwich, un corps politique auquel il attribue de grands privileges , k la seule charge de lui fournir, pour quinze jours, di;s qu'il le voudra, clnquante-deux balimens amies et monies chacun par vingt-quatre marins. Richard Coeur-dc-lion , dc concert avcc Philippc- Auguste, march* a la conquetc de laTcrrc-Saintc, detruit ET POLITIQDES. ZS la flotte des infidelcs; cnsuitc, il est proclamc capitainc- gcneral des forces des chretiens dans I'Asic. Edouard III gagne en personne la bataille de i3Ao, centre la flotte de Philippe dc Valois; il detruit les navires francais; il bloque par mer et prend la villc de Calais, illustree alors par sa defense el sa reddition ; ensuite, il se Tenge des Espagnols, ses agressciirs, en battant eom- pletement ienr flotte ; il est vaincu a son tour, en 1872 , par les floltes conibinees de France ct d'Espagne. La voix des communes d'Angleterre se fait entendre de suite au monarque auglais humilie ; dies demandent, eljes obtien- nent le retablissemenl des lois constitutionnelles ; et la marine anglaise renait de ses ruincs. Henri VIII fit plus pour elle qu'aucun de ses prede- cesseurs; il eut le premier des vaisseaux dont I'etat fut proprietaire, et des ofliciers attaches d'une manicre fixe au service maritime; il fut done le crealeur de la marine royale d'Angleterre. II institua , pour le service et les travaux des ports, le conseil et I'office naval; organisa la confrerie des pilotes , connue sous le nom de maison de la Triniti ; il fonda les arsenaux de Deptford, de Wool- vich etde Portsmouth, fit proteger par des forts I'entree de la Tamise et une grande partie des cotes duroyaume. Elisabeth favorise egalement la force navale. Elle batit Opnor Castle pour defendre I'arsenal de Chatam, mul- tiplie ses vaisseaux, fait conserver les bois de la marine, ilablit dans ses etats la fabrication de la poudre de guerre, fait fondre les canons, accroit la paie, et adoucit le sort des marins ; elle communique au peuple de I'ardeur, dc I'enthousiasme; c'est ainsi qu'elle triomphe de Philippe II ct de la grande Armada ; elle est proclamee restaumtrice de la gloire navale, el souu-eraine des tners. Sous Jacques I", point dc gloire nouvelie pour la marine 11*' SCIENCES MORALES anglaise. Sous la denomination caplicuse dc Mers hritan- niques, Ics Anglais comprcnnent, oulre les mcrsquibai- gnent leurs cotes, cclles d'Irlande ct dcs iles circonroisines, I'ocean qui borde I'Espagne , la France , la Batavie , la Suede et le Dancmarck, et declarent qu'ils en sont maitres absolus. lis s'y allribuent la peche exclusiYC dcs poissons, du corail, dcs perles, de Tarabre, etc. ; le droit d'y clever dcs tributs sur les pGcheurs, sur les navigateurs et les niarchands de toules les nations , d'y exercer la police et la justice, d'en permettre I'entree aux batimens; cnfio, d'y faire le monopole du commerce maritime , et d'exiger un hommage dc tous les pavilions etrangers. L'auteur donne riiistoire abregee des tentatives de I'Anglcterre , pour usurper celte espece dc souvcrainete sur laqucUe Grotius ecrivit son mm-e liherum , et Scldcn son mare clausum. Les provinces unies, vaincues et bloquees dans tous leurs ports, sont forcees de convenir, par un traite so- lennel, que leurs vaisseaux baisseront pavilion dcvant ceux d'Anglcterre. Sully, comme ambassadeurd'Henri IV^ est soumis de lait a cette humiliation attentatoire au droit des gens. Louis XIII rend cet hommage ; Louis XIV le refuse, et se montre assez injuste pour I'exiger lui-meme de I'Espagne, par une declaration de 1680. II est douteux qu'aujourd'hui I'Angleterrc ait abandonne ses pretentions a la souvcrainete des mers. Elle y cxerce un empire de lait; mais, si elle n'exige plus des nations Ic honteux hommage dont nous avons parle , elle en est blumee asscz clairement, en 18 15, par un capitaine an- glais, Schombcrg, dans sa Chronologie na^'ole cf^ngle- terre; et d^ jurisconsultes anglais, Blackstone lui-memc, osent encore essayer de prouver que leur gouverncmcnt a Ic droit constitutionnci de couimetlrc de? hostililcs de ET POLITIQUES. 75 corsaires , avant que la declaration dc guerre ail rompu Ics pactes dc la paix. Er.Qn, ce gouvernement a invcnte, ' il met en pratique la theorie des blocus maritimes; il pose A volonte, sans croisiere etablie, des barrieres id^ales sur lesplaines de I'Ocean ; et , dans le systemequ'il s'est forge, tout batiment neutre devient saisissable aussitot que, pour continuer ses relations commerciales avec des peoples amis , il ose franchir les barrieres ainsi fixees. Quel abus du sophisme! quel emploi de la violence 1... Quelquefois les nations opprimees ont reuni leurs moyens pour resis- ter a ces envahissemens par la force; telle fut la neutra- lite armee des puissances du nord , au commencement de ce siecle; mais la mort de Paul V' laissa de grands exemples sans resultats utiles ; ce fut la faute de Napoleon; vaincment il affecta de parler aux peuples de leur liberte sur les mers, lorsque , par la ruse et laviolence^ il dc- truisait leurs libertes dans leurs propres foyers. Elle est trop affligeante la lecon de Blackstone, qui, pour justifierlcs exces de son gouvernement, assimile i la loi des nations I'acte arbitraire le plus oppose aux premiers principes du droit des gens. Mais, ce qu'il y a d'incroyable , continue M. Dupin, c'est qu'ici le professeur s'appuie des depredations exer- cees par les Grecs , lorsque Thucidide reconnait, ce qui est I'evidence meme, qu'ils n'etaient encore que des pirates. F'ojez, dit Blackstone, comment Nestor enlevait les bes- tiaux des Epei'ens, afin cV idemniser ses sujets et d^obtenir satisfaction. C'est done par lespiraleries du siecle d'Ulysse que Blackstone veut moliver la legislation anglaise des prises maritimes ? Tout ce que prouverait cette citation, c'est qu'il n'est pas plus barbare de faire proceder I'etat dc guerre par le pillage sur les mers que par le pillage dans les campagncs. C'est en cct unique sens que Fexcmple 76 SCIENCES MORALES de Nestor pcut Clre applique. Notre aiitcur a recueilli le* details les plus intercssans sur rincxcusablc condiille des Anglais envers la France, immediatement avanl lesguerres de 1766 ct de i8o5. Dans le chapitre des loispenalcs, nous croyons apcrcc- voir qu'il y a, dans la legislation ct dans la procedure an- glaisc penale maritimes, des regies et des usages qui ne sont pas bons i imiter , quoiqu'ils soicnt peut-etrc sans grands inconveniens chez nos voisins. Mais ce qui est digne de servir do modele a la legisla- tion dans les gouverncmens conslitulionnels, et ce qu'on trouve bien expose par M. Dupin, ce sont les formes parle- mentaires employees au commencement dc ce siccle pour accuser et pour jugcr lord Melville , miiiistrc dc la marine : c'est surtoutla forme des enquetes sur les desordres d'ad- ministration publique. Lorsquc Ic parlcmenl a lieu de prcsumer qu'une des branches de I'administration , confiee au pouvoir cxecutif, rocele des vices ou des abus, il cree dans son sein , par un bill, par une loi speciale, une commission temporaire, chargee d'informer contre les delinquans, et de proposer les remedes convenables. Sur le comptc rendu par la com- mission, le parlemcnt a vise aux moyens de prevenir ou de reparer le mal : en meme tems il examine s'il y a lieu de faire le proces aux delinquans devant les tribunauxor- dinaires, on de les accuser devant le parlemcnt constiluc en haute cour de justice. C'est li\ un des ressorts les plus essentiels du gouvernement anglais, et celui dont Ic besoin s'est fait le plus sentir sous d'autrcs gouverncmens consli- tutionnels. Lord Melville fut dcfinitivcmenl acqultle; mais il n'en fut pas moins dccbu de ses emplois , ct accuse devant la cour supreme d'Anglclerie, pour avoir laisse des comniis ET POLITIQUES. 77 s'approprier, pendant un certain terns, I'interetde quelques millions; et, conrime dit notre auteur, Mazarin, sous Louis XIV, apres un long minist^re exerce dans la fraude et le peculat , mourut en paix, laissant vingt millions ^ ses heritiers. II ajoute la reflexion suivantc, qui est d'une grande jus- tessc : a cependant le despotisme est, pour les ministres meme, le regime le moins heureux. Un favori peut s'en- graisserquelque tems de la fortune publique;il peuttout- a-coup sortir de la pauvretepour eclipser le faste des rois, ct regner avec insolence. Mais, h I'instant oii le peuple in- digne, les grands irrites, le trone humilie, appellent un maitre & deployer son orgueil et sa vengeance, il exerce contre son favori meme tout le pouvoir arbitraire ; I'exil a vie, la prison sans fln, la spoliation ct I'assassinat mili- taire ou populaire, ou tellement quellement judiciaire : Toili le sort du ministre disgracie. Tel fut celui des Wolsey, des Fouquet, des Olavides, des Concini, des Guise et des Acomat. Les ministres egoistes, mais eclaires, doivent done eux- memes trouver leur condition, plus modeste peut-etre, mais bien plus assuree sous un regime constitu- tionnel que sous les monarques absolus. » Que de lecons utiles renfermees dans les deux importans chapitres du budget de la marine et du comite special pour examiner la recette et la depcnse ! Cependant, nous n'avons parcouru que le premier livre du I" Tome, et nous n'avons rien dit du Tom. II, que son titre general : Etudes et Travaux. Voici encore I'apcrcu de ce second Torae : Livre premier ^ chap, i". — Force morale, etudes , po- puliirite de la marine en Jngleterre. Elle est ici bien de- montree, bien expliquee; mais on vient d'en avoir un exerople recent dans les troubles qui ont eu lieu i I'occa- 78 SCIENCES MORALES sioQ de la pompe funibre de \i\ dernifere reine d'Angleterrc. — Chap 2. Honneius et recompenses. Encore un chapilrc qu'on Youdrait transcrire en enticr. — Chap. 3. Discipline, chatiniens. — Chap. A. De rinslruction et du personnel des arsenaux, ecole d'apprentis, ccolc d'architccture na- vale. — Chap. 6. Instruction de la flotle, college naval et asile naval. Livre deuxieme. — Exercices,tactique,covihats. Cb. i", exercices ; 2, tactique navale ; 3, puissance effective de la force navale; 4, force navale employee centre des forces de terre; 5, moyens intermediaires; 6, combats singuliers. Lh'ie troisieme. — Artillerie de la marine. Chap, i", canons; 2, caronnades et mortiers; 3, affQts de canons, affflts de canonnades; A, projectiles; 5, objets qui concourent ik la charge et au tir des pieces; 6, du tir et des portccs. Lwre quatiieme, — Force et duree des hdtlinens de guerre. Chap. \"j batimens classes d'apres la force de leur artillerie ; 2, force comparee des bStimens ; 3, leur force defensive; A, interieur des vaisscaux, de la cale ct du faux pont; 5, des differentes batteries; G, conservation et cntre- tien des batimens, Lipre cinquiSme. — Eiablissemens centraux et arsenaux. Chap, i", etablissemens centraux ; 2 , des arsenaux en ge- neral; 3, Deptford ; 4,"Woolwich, forges; 5, Chatham, scies de long et scies circulaires; 6, Shcrrness, puits de Sherr- ness , cloche a plongeur. Lipre sixieme. — Suite des arsSnaux. Chap, i"', Porst- mouth; 2, office des vivres; 3, hopital d'Haslar; A, Ply- mouth; 5, suite de Plymouth, hopital de la marine; 6, jetee ou break-water {brise-pagues) h Plymouth. (Voyez Repue Encyclopedique, Tom. XI , pag. 280. ) Toutes ces divisions sont si bien remplies, que I'ouvrage jcra lu partout avec un vif interet par ceux-la meme qui ET POUTIQUES. 79 n'ont point les connaissanccs speciales necessaires pour mieuxapprecier ces utiles etimportantes recherches. Notre administration maritime ne pent manquer d'en tirer de grands avantages. L'auteur a soin de remarquer ceux qu'elle en a deji recueillis. Nous citerons, par exemple, I'u- sage des caisses en fer pour entretenir I'eau salubre dans les vaisseaux : l'auteur atteste qu'elle devient par la d'une purete vraiment inalterable et fraiche comme si elle sortait d'une source limpide. Ainsi, Ton pent, dans un meme es- pace, en embarquer de plus grandes quantites, eviter aussi les souffrances et les dangers, qui, dans de longues navi- gations, resultent du deperissement des tonneaux. On a done moins souvent k fairs, sur les rations d'eau, des re- tranchemens si funestes a la sante des equipages dans les voyages de long cours et dans les croisieres. Enfin, cequi est d'une extreme importance, jamais cette eau n'est mal- saine. Des i8i6,lorsqueM. Dupin fit adopter en France les caisses en fer pour conserver I'eau, le gouvernement an- glais en avait commande a la fois sept mille, qui devaient contenir quatorze mille tonneaux d'eau. D'apres ces fails, il est naturel de presumer que les caisses en fer pourraient etre adoptees dans nos habitations terrestres, et qu'elles y remplaceraient avantageusement nos citernes et nos fon- taines artificielles. II ne suffit point de procurer aux navigateurs de I'eau salubre; il faut, pour les preserver du scorbut, et pour diminucr parmi eux les fievres et les ulceres, leur fournir des liqueurs spiritueuses et acidulees. oDepuis 1796, c'est une regie, dans la marine anglaise, de distribuer chaque jour du rhum tempere d'eau : depuis 1796, chaque ration de ce rhum est melee de jus de citron. Les effets de cet anti-scorbulique ont ete surprenans en neuf annees de guerre. Avant 1796 , sur cent mille hommes. 80 SCIENCES MORALES il en cntrait chaquc annoo vingt-cinq inillc cinq cents dans les bopilaux de la marine; mais, dans Ics neuf annees de guerre qui ont suivi I'usage du jus de limon , sur cent niille niarins, il n'en est plus entre dans les hOpitaux que onze tnille sept cent soixante quinze, annee moyenne. Tel est refifet qu'a produit un scul preservatif choisi avec discer nenicnt, ct distribue dans une juste mesure. Aujourd'hui , la ration reguliere de chaque marin anglais sc compose d'une once de jus de citron ct d'une once et dcmie de Sucre mele avec la ration de rhum etendue d'eau , cc qui forme unc esp6ce de punch fait a froid, Cependant, les Anglais ont trouve qu'il est plus salubre de changer moilie de ce breuvage pour une demi-ration dc vin , et le tout pour une enticre ration de vin. On a propose d'cncouragei le goftt du the parmi les matelots , afin de tcmpcrer Icur penchant funeste pour les liqueurs fortes. Voici comment notre auteur combat le prejuge vulgaire qu'une boisson aussi relachante diminuerait le courage mililaire. « II semble que les hommes n'ont pas un besoin reel de liqueurs spiritueuses pour acquerir et conserver du cou- rage. Lorsque les tribus arabes marcherent i\ la conquete de rOricnt, sous Mahomet, ce profond legislatcur n'avait pas craint d'interdire I'usage des boissons enivrantes a la na- tion qu'il voulait rendre toute belliqueuse. Les Musulmans abstemes ne furent ni moins robustes ni moins courageux. Les anciens Gaulois ne bu\aicntque del'eau, ou du mau- vais cidre : cependant, si Ton jugc par la terreur qu'ils re- pandirent si long-tcms chez les Italiens, possesscurs de nombreux et riches vignobles, il faut bien croire qu'un peuple, sans faire usage de liqueurs fortes, pent se battre avec autant d'energie que les hommes dont dies sont la boisson journalicre. » Terminons par quelques cxtraits de I'important chapitre h£ I'OLITIQUES. 81 «5e I'auteur, sur le traitement dcs piisonniers tlo guerre dans I'erapire britanniqiie. C'est bien servir la cause de I'humanttc , que d'avertir ceux qui se permcttent dc I'of- fenser cruellement, et de refuter leurs sophismes. M. Dupin s'est acquitte de cette taclie avec les secours de la verite, de la raison et de son beau talent, et de plus aussi avec les menagemens et I'impartiaHte les plus dignes d'eloges. C'est, a notre avis, le chapitre qui fait le plus d'honneur a I'esprit, i la sagesse , ;\ la sagacite, a la juste circonspeclion et a I'eloquence tres-dislinguee de notre auteur. Nous regrcttons d'etre forces d'abreger ce beau chapitre, et nous promettons bcaucoup d'emotions tou- chantes et d'instructions utiles a ceux qui voudront le lire en enlier. « II cxiste en Europe deux peuples rivaux , bien diver- sement celebres par I'usage qu'ils ont fait dc la victoire. Le contraste de leur conduile reciproque envcrs les prison- niers de guerre, et les effets que chacun de ces peuples en a ressentis, font voir qu'il en est, sous quelques rap- ports, des nations comme des individus; qu'clles ue peu- vent etrc impitoyables sans chaliment, ni bienfaisantes sans recompense. « Les prisonniers qu'avaient faits les armees francaises ont trouve chez nous cette gunereuse et douce sympathie qui prodigue son estiine aux vertus , ses egards i la vail- lance et ses bienfaits au malheur. En retournant sur leur lerre natale, ils ont partout c^lebre le peuple vainqueur; ils ont plaide la cause de notre caractere national aupres de leurs concitoyens, et plus d'une fois ils ont calme ou eteint les anciens souvenirs de haine que notre ambition avail justcment excites conlre nous. « Mais les captit's qu'avait faits I'Angleterrc n'onl quilte les geolcs et les pontons que pour rcmplir les deux mondes Tome xii. 6 82 SCIENCES MORALES (le leurs cris Jc vengeance et d'cxecratioii. Le rccit dc leius douleurs et de Iciirs luiuiilialions a soulevc dcs ini- inilies, que d'iinmenscs services lendus a quelques nations dans la giande lutte europeenne n'ont pu contre-balancer. Le gouvernement britanniquc a conserve des intimites avec des gouvcnieniens pour lesquels il est redoutable ; mais deserteur, apres la paix, de la cause des peuplos qu'il fit triompher pendant la guerre, chaque annee lui revile qu'il a perdu parmi cux des amis. » Malgre ce qui a etc dit et redit tant dc fois, I'auteur ne pent pas croirc que le gouvernement anglais ait jamais forme I'execrable projet dc miner, dc detruirc les forces et la sante des prisonniers de guerre, meme francais, en les soumcttant ades epreuvesoii la nature, accablee, epuisee, devait succomber. Cependant, il ne reste que trop de faits pour convaincre le ministere de la Grande-Bretagne qu'en entassant les captifs desarmes sur les pontons ou dans les chSteaux forts, cedant uniquement ou non i dcs terreurs exagerees, il s'est montre sourd a la voix de la pitie , comme aux conseils d'une sage pbilantropie. Ici, I'auteur s'avertit lui-meme , afin de ne pas manquer d'egards ni de moderation. Pour adoucirdes couleurs donl la simple veracite ne sera que trop severe , c'est ici qu'il aime k se rappeler le noble accueil que depuis la paix il a repu dans les trois royaumes , pres des liommes les plus dignes de Testirae et de I'amitie de tous les etrangers. « Admirateur declare, dit-il, des grandes et belles ins- titutions qui, dans I'empire britanniquc, forment le lien sacre du citoyen et du gouvernement , je ne serai point taxe, j'en ai I'esperance, d'etre le detracteur d'un peuple que je revere pour la sagesse de ses lois et I'energie de ses vertus civiques; mais, sans m'aveugler sur les erreurs de son ambition, ni sur les egaremens de son patriotisme, Ef POLITIQUES. S3 nous ilirons, en fidele narrateur, ce qu'ont vu nos propres ycux, ce qu'ont vu et ce qu'altestenl les Anglais eux-memes, ot leurs propres magistrals. « L'illustre Howard depose qu'il a trouve des prisonniers de guerre detenus en Angletcrre , a Plymouth, Bristol, ^Vinchester, Forton, Deal, Carlisle, Pembroke, Chester, Liverpool, Hull, Lincoln, Shrewsburry, Yarmouth et Falmouth; en Ecosse, au chateau d'Edimbourgh; en Ir- landc , k Dublin , Belfast et Kilkunay ; que ces prisonniers sont habltuellement gardes par une milice dont les senti- nelles se sont nioiitrces, dans maintes circonstances, trop empressees a faire feu sur les detenus; qu'elles y ont ete encouragees par des officiers inexperimentes ; que plu- sieurs captifs ont ete de la sorte tues sur la place, quoique, peut-etre, ils n'eussent aucun desseinserieuxd'evasion (i); que, d'apres I'aflirmation des prisonniers, lorsqu'il s'elevait quelque rixe ou tumulte, sou vent la garde faisait feu sur les captifs, sans chercher i ramener I'ordre par des moyens plus doux; que, depuis 1796, on a conserve sur la cute , a Portsmouth, Plymouth et Chatham, des prisons flottantes et des casernes-prisons ; a Greenwich et Yarmouth, des pri- sons flottantes seulement; a Greenlaw, Stapleloii, Nor- man-Cress, et pres des marais d'Kly, des casernes-prisons ; que, plus tard, on a bati la prison de Darmoore, au fond des montagnes du Devonshire , dans un pays froid , mare- (1) Sur le pretexte de la crainte d'fevaslon, M. Dupin observe, d'apr6s un 6tat officiel en sa possession, qu'il y a eu , depuis i8o5 ii i8i4, sur 10,000 prisonniers de toute classe, crle , ont pu inspirer dc theories , d'c- loquence, de poesies, de meditations philosophiqucs, a ete mis en ceuvre par des hommes doues de rares talcns , pour coordonner, pour expliquer les uns par les autres, pourranimer des faits qui nous etaient connus, sans que nous trouvassions le principe de vie qui les avail fait naitre les uns des autres. Quelle est done la cause qui a pu depouiller dc tout interet une histoire enrichie partantde grands evenemens ; une histoire , dans laquelle chaquc nom, ou de lieu, ou de famille, rappclant des souve- nirs qui nous sont chers , deyait parler i notre imagination? Chaque fait , s'expliquant par des coutumes ou par des opinions qui existent encore, ou qui ont laisse des traces; par des droits dont nous sommes encore en jouissance ou que nous avons regrette, lorsqu'ils nous furent ravis , de- vait eveiller notre attention. M. Sismondi repond a cette question qu'il alui-memc posee ; il attribue la froideur des histoires modernes au manque de verite, de cette verite complete, sans reserve, sans ^rriere-pensee , qui ne se trouve que dans les histo- riens de I'antiquite. » Je ne pense pas tout-a-fait comme lui ; la verite, I'independance, I'impartialite, sont certai- nement de trcs-grands meritesdans un ecrivain, et doivent inspirer autant d'estime pour son ouvrage, que de respect pour son caractere ; mais il en est des historiens comme des orateurs; ils peuvent elre vertueux, savans , sinceres, imparliaux, et ne pas exciter d'interet. S'il n'etait ques- tion que d'utilito , il est certain qu'une histoire oii les faits seraient racontcs tels qu'ils se sont passes , ou Ton trouvc- rait leurs causes et leurs consequences cxpliquees par une critique philosophique, qui dedaigncrait de plaire a lous les partis cl a toulcs les ambition?, nc devrail rien laisscr ET POLITIQUES. 87 a desirer; mais la difficulte que M. Sismondi proposait de resoudre no consiste pas k savoir pourquoi Thisloire tno- dcrne est plus on moins instructive, mais a cxpliquer pour- quoi, jusqu'a present, clle a paru froidc a tons ceux qui ont voulu la comparer avec les histoires anciennes. Or, je crois que I'unique cause de I'ennui que fait eprou- ver la lecture des historiens modernes , se trouve dans un prejuge auquel nous sommes asservis, et que les anciens ne connaissaient pas. Nous avons tant de respect pour la muse de I'histoire, que nous ne voulons lui donner aucune parure, aucun ornement, comnie si nous craignions de la profaner. Les anciens la faisaient belle etriche, elle plai- sait; nous la voulons docte et negligee, elle ennuie. D^s qu'onecritou desqu'onparleen public, la nature et la yerite ne sufRsent pas; I'art est necessaire : I'historien doit etudier cet art avec aulant de soin que I'orateur, que le peinlre et que le poete dramatique; il doit Gtre varie, atta- chant; son style ne pent eviter la longueur que par un mouvement continuel; il doit passer sans cesse de la nar- ration simple, claire et rapide , a !a description des lieux, aux portraits des personnages. Ce n'est point assez de raconter des fails, il faut les peindre, les mettre en mouvement; on doit les voir en ac- tion, les entendre parler; c'est ainsi que Taciie j, que Sal- luste , que Tite-Live et Xenophon ont traverse les siecles. lis vivent encore, parce qu'ils plaisent toujours; si leurs lecons n'avaient ete que vraies et savantes , on les aurait deja oubliees. Je conviens done que ce sera un Ires - grand service a rendre aux hommes de tout age que de ne plus les trom- per, ainsi que I'ont fait plusicurs grands ecrivains, qui, pour me scrvir des paroles de M. Sismondi, n'hesilent point a torturer les fails pour presenter sous Icurs garan- 88 SCIEJNCES MORALES lies dos opinions dont ils n'auraient point ose cxposer (a theorie , ou , comme d'autrcs,qui out cru voir dans le passe tout ce qu'ils desiraicnt dans le present, et qui cher- chcnt dans I'histoire les droits de la generation presente , au lieud'exemples pour guider la posterite. » « Boulainvilliers, Dubos, Montesquieu, Mably, et,de nos jours, plus d'un ccrivain de parti, ont ete , il est vrai, Ichercher dans I'ancienne monarchie des litres pour cc qu'ils regrettaicnt ou pour ce qu'ils voulaient ctablir , ct ils n'auraient jamais dft perdre de vue qu'une ancienne pratique ne prouve pas un droit, plus qu'un abus, et que le passe doit nous cclairer, mais qu'il nc nous lie pas.)) Certes , on fait tres-bien d'cTiter un pareil esprit de sys- teme , qui egare au lieu d'instruire ; mais je soutiens qu'en faisant ce grand pas vers la verite , on n'aura point encore anime la statue de Pygmalion. Lc style est la \ie de I'histoire comme de tout ecrit. Nos historiens les plus distingues n'epargnent aucun soin pour recueillir les faits, pour eclaircir les difficultcs, pour remonter aux causes des eveneraens, pour ranger avecordre leurs materiaux; mais lorsqu'ils sont contens de ce travail, ils croient tout fini; et, quand ils prenncnt la plume , on voit qu'ils ne s'occu- pentquedela clarte, delapurete du style, de la justessedes reflexions qu'ils etendent sans mesure. Ils ne pensent nul- lement au choix des images , A I'elegance des expressions, ala rapidite des mouvemens , i la variete des tournures, i I'adresse des transitions, A I'harmonie des periodes. Ils ne peuvent pas se figurer que la prose historique doit ctre soi- gnee comme ccUe d'un discours eloquent oii d'un drame poetique ; en un mot, ils ecrivent I'histoire sans verve, sans couleur, comme ils ecriraient A un ami une lettrc raisonna- ble et soignee. Des-lors , doit-on s'ctonner dc voir la pre- ference qu'on accordc aux eloquens et cntrainans historiens ET I'OLITIQUES. 89 de I'anliquite, sur nos doclcs et froids commenlalours de I'histoire modernc? Jc ne sais si ce prejuge existera long-tems : mais, ce qui me parait certain , c'est que , tant qu'on s'y soumettra , rhistoirc , n'ayant rien de dramatique, de pittoresquc , ni d'eloquent, ne sera qu'une etude, fres-utile sans doute, mais froide ct faligante. Au reste, quoique M. Sismondi n'ait pas examine la question qu'il se propose sous le memo point de vue que moi, je dirai que souvent I'elevation de son esprit, la solidite de sa raison et la lumiere de sa phi- losophic, ont prete u son style simple quelque chose de Yif et d'anime, qui ne se soutient pas toujours i la verite, mais quiattache etquidonnei sesecntsunecouleurparliculi{;re. Par exemple, lorsqu'en parlant de la morale pure et simple des Chretiens dans les deux premiers siecles de I'Eglise, des disputes de leurs sectes depuis Constantin, et de I'avidite du clerge sous la premiere et la seconde race de nos rois, il dit que « le clerge, i la premiere epoque , enseignait ce qu'il fallait fuire; a la seconde, ce qu'il fal- lait croire; a la troisieme, ce qu'on devait payer et don- ner. » On volt une pensee forte , une yerite bardie , une tournure neuve; et certainement , ces trois lignes laissent plus de traces dans le souvenir que quatre longues pages de dissertations. Dans tout son ouvrage, M. Sismondi, veritalde philo- sophe , donne beaucoup A reflechir ; il attaque avec Cons- tance ce vieux monde feodal dont tant de gens s'efforcent d'adoucir les borreurs pour en faire un monde beroique et poetique. Toutes ses reflexions, qui peut-etre auraient eu plus de force encore , si ellcs avaient ete plus parsemees ct plus concises, sont justes et appuyoes sur des faits incon- tcstablcs. Aussi, cet ecrivain recucillera immanquable- mcnt rhonneur d'etre comptc au nombre des plus fermes 90 SCIENCKS MORALES champions dc la vciile centre Terrcur, des piiuclpcs conlic les prcjuges, et do la liberie contrc le despotisme. Son chapitre premier conlient un precis des evenemens dent les Gaules furent le theatre avant I'invasion de I'cm- pire , au quatrieme siecle. II aurait pu rendre ce precis plus complet; raais il a cru v^ue la Gaule , soiimisc i\ un grand empire, n'avait pas propremenl d'histolre. On di- rait, ce sent ses termes, « que, pendant la decadence de I'cmpire, rhistoire du mondc est reduite a celle d'un hommc; encore, cethommeest-il prcsqueloujours la horite de son espece. » Je crois qu'ici I'auteur se trompe , et que, pendant cette periode de desolation , I'histoire ne manque pas plus, pour ses tableaux,de grands courages et de grandes vertus , que de grands vices et de grands crimes. C'est en- core 1;\ qu'on pent trouver la preuve de cette verile , que I'interCt de I'histoire depend moins du sujet que du talent . de I'historicn ; et les plus beaux tableaux que nous pre- sente Tite-Lipe des terns heroi'ques dc Rome, ne sont point superieurs k ceux que Tacite a su tracer des rignes du sombre, cruel et soupponneux Tibere, de rimbecile Claude et de I'infame Neron. Je suis persuade que M. Sismondi, qui nous a fait sui- vre avec tantd'intcret les discordes scandaleuses des papes et des empereurs, les querelles sanglantes des Guelfes et des Gihelins , et les scenes anarchiqucs dont les republi- ques italiennes ont ete si long-tems le theStre, aurait pu de meme nous attacher en nous retracant avec detail la chute de I'empire romain, tombant sous les coups des bar- bares. Au reste, le precis danslequel il a rappelc les prin- cipaux evenemens de ce bouleversement qui changea la face de I'Europe, est rapide et suffisant pour faire connaitrc I'etat dc la Gaule sous les Remains, ses mccurs , les cala- mi tes auxquelirs Ihabitude de la dcpendancc , la faiblesse ET I'OLITIQUES. 91 ties ompcrcurs ct la feiocitc dcs Germains, livrerent c€itc jiialheureiisc contree. On y Irouve des details trt;s-cuneux sui- la population des Gaules et sur leur administration ; il pcint en pen de mots cette triste situation de I'empire^ ro- main, oii la culture etail livrec aux esclaves, et le pouvoir aux parvenus, aux cunuques, aux affranchis, tandis que les senateurs, commeledit^M/v/H/s Victor , se dUeciaient dans leurs loisirs , tremblnieiit toitj ours pour lews richesses, en prifiraientr usage et V affluence a Viternite elle-meme , et preparaient ainsi la pais aux soldats etpresque aux bar- hares pour dominer sur eux et sur leur posterite. M. Sismondi parail s'etre applique i\suivre avec exacti- tude les differens peuples barbares qui s'emparerent de la Gaule. II remonte i leur origine , et raconte leurs progres et leurs etablissemens. Cependant, je doute que ce tableau puisse interesser d'autres lecteurs que les savans. Peut- etre, il eflt micux fait de ne s'etendre que sur les person- nages les plus dramatiqucs de cette epoque ; car il est inutile de porter si long-tems un flambeau sur des tene- bres trop epaisses pour qu'aucune lumiere puisse les eclai- rer. Cependant, ce travail a un merite reel, puisqu'il pcint les mJteurs de toutes les differentes hordes qui se parta- gerent la Gaule avant la conquete des Francs ; et c'est lu I'objet de ses trois premiers chapitres. Dans le quatrifeme , apres avoir raconte les progres des Visigoths et des Bourguignons dans le midi et a Test de la Gaule, les combats A^Aetius, la defaite d'Attila, la chute de Rome et les exploits peu constates des priaces francs dans le nord de la France, il arrive k I'epoque oCi Clovis cntreprit la conquete de cette contree ; et si Ton se plaint de la confusion qui regne dans cette partie de son histoire, on doit I'attribuer, non a I'auteur, mais au sujet; iln'etait pas possible de mcltre dc I'ordre dans un tcl chaos; de la 92 SCIENCKS MOIULES symetric dans la repr6senlation cic rocroulcment d'un em- pire envahi par lant de barbares, et de la lucidite dans une epoque d'ignorance et de tencbres. On ne pouvait evitercc dcfaut qu'en s'attachant uniquc- ment aux Remains et aux Francs, et en laissantdansl'eloi- gnement et dans une sorte d'ombre les autres acteurs de cette scene desastreuse. II fallal I au moins ne les placer que sur les second et troisieme plans; I'interet eQt ete moins re- froidi , la marclie moins penible , mais I'instruction y au- rait perdu; i chaque pas, on retrouve dans I'histoire cette difficulte. La science exige ce que I'art refuse ; I'erudition vous reprocbe ce que vous otez t\ I'enseignement , tandis que la plupart deslecteurs se plaignent quand vous voulez tout dire. L'attention se fatigue d'un dessin trop com- plique , vous ne pouvez la captiver long-tems que par une sorte d'unite dramalique, et par un point de vue prin- cipal dont on ne s'ecarte jamais long-tems sans regret. Arrive au regne de CloviSjM. Sismondi est rapide et interes- sant.Il achoisi dans les ecrits de Gregoire de Tours, dans les Epitomes AeFredegaire, dans les Gestes des Francs, dans les recherches savantes de Dubos, dans les observations de Mahly, dans les memoires de Boulainvilliers, dans la mo- narchic de vJiro7ito«AiV;', dans les LegendesaiX&s, Chroniques de S. Denis, toutce qui peutrepandre des lumieres sur les lems recules ; les premieres victoires de Clovis , son ma- nage avcc Clotilde, sa conversion , la defaite des Alle- mands , sont narres avcc esprit , simplicite ; I'auteur se sert A propos d'un passage de Procope pour prouver que les Romains de la Gaule s'incorporerent promptement dans I'armee et dans la nation des Francs. Cepcndant, on s'aperfoil trop peul-Clre du dcgout que le gucrrier barbarc et Ic chef d'une faible tribu inspirent ET POLITIQUES. 93 a recrivain philosophe. Ce sentiment sc point dansce peu de mots : Clovis dtait te cJiefde ces barbares j que leurs siijets regardaient toujuurs comme etrangers; il etait le roi des homines etiion celai du pays. Je suis loin de vouloir exagerer le meiite et la puissance de Clovis, comme d'at- tenuer son Ignorance et ses crimes ; cependant, il serait injuste de ne pas reconnaitre que ce heros barbare etait superieur i son siecle ; qu'il fut habile aulant que brave, adroit autant qu'ambitieux , et qu'il se servit trop politi- quement de la superstition du tems pour croire qu'il en fQt lui-meme seulement atteint; plusieurs traits de sa vie , sa ruse de la biche, et ses plaisanteries sur Saint- Martin, ressemblent plus i I'artifice qu'i la credulite. Dans cette partie du travail de M. Sismondi, on trou- vera peut-etre la narration un peu trop concise, et les reflexions un peu trop longues ; mais il eclaircit fort bien plusieurs questions, jusqu'a present tres-obscures, relati- rement k la force des Francs, au mode de leur etablisse- ment, au sort des Gaulois vaincus, i I'autorite du con- querant, ctendue comme general, tres-bornee comme magistrat. La situation politique des Remains et des differens peuples qui leur enlevaient la Gaule est fidelement peinte, et il rectifie beaucoup de fausses idees sur le partage du territoire gaulois, ainsi que sur les diffe rentes classes qui composaient la population romaine et la population bar- bare. L'auteur s'est surtout applique a nous inslruire avec clarte des differentes legislations de tous ces peuples; mais quelques lecteurs regretteront qu'il n'ait pas trouve le moyen de meler assez adroitement ses lecons utiles au recit, pour n'en point ralentir la marche et I'interet. Je ne pense pas, comme lui, que nos historiens aient eu 9A SCIENCES MORALES toil d'altacher quclquc itnporlaiicc aux (lignites de consul et Ac pa trice , dont Clovis conscntit i sc revCtir. L'empire ctait tombc ; mais son ombre insplra long-tems encore iin grand respect, el I'habile Clovis faisait bien, pour afferiiiir sa domination sur des peuples accoulumes k de- pendre des cmpereurs, dc se scrvir de tons les moyens qui pouvaient Icgaliser son pouvoir aux yeux de la mul- titude. En se I'aisant chrelien ct calholique, il sc crea un grand parti ; en sc laissant nommer patrice , il sc donna des legions. M. Sismondi dit qua la Jin de sa vie, Clovis n'^tail encore oux yeux de ses contewporains que le capitaine heureux d^une hande d' aventuriers , plus nombi-euse que de coiitume _, et que rien n^annoncait en lui un liomme suphieur a Odoacre.Wvuc scmblequele contraire estprou- ve par les lettres m^me du vainqueur d^Odoaci-e, du celebre Theodoric , qui traitait Clovis en grand roi et en prince habile. J'ai yu avec surprise que M. Sismondi avail neglige d'orner son recit par ces lettres qui expliquent la politique dutems,et qui mettent en action les deux plus grands personnages de cette epoque. II ne nous donne pas non plus d'extrait de la loi Salique: mais il en montre suffi- samment I'esprit, et il fait surtout parfaitement connaitre I'accroissement de richesses et de pouvoirs que le clerge iVancais sut tirer de cette revolution. Ce fut veritablement lui seul qui trouva le moyen de s'elcver, de sc fortifier, lorsque tout tombait autour de lui. Avant d'ecrirc la vie orageuse et barbarc des 01s de Clovis, I'auteur fait un examen assez curieux dc leurs motifs, pour partager I'etat entrc eux avec une irregu- larite si singuliere. On trouve aussi, dans ce chapitre^ une vraie peinlure des moeurs de ces nouveaux conquerans, do leurs cours et du genre dc pouvoir de leurs chefs. ET POLITIQUES. 95 Leiirs exploits et lem- barbaiie soiU robjet d'une narra- tion un pcu confuse, comme son sujct; mais cependant parseiiie de reflexions justes et de citations bien choisies , qui, a mon avis, rendent son histoire superieure i cellos de tous les auteurs qui avaient avant lui ecrit sur la merae matiere. Theodebert, seulement, meritait d'etre mieuxtraite par lui. C'etait un grand prince, le plus brave d'entre les braves de sou terns; 11 etait impossible qu'il fat complete- ment exempt des defauts de ses contemporains , mais il monlra des vertus inconnues a tous les hommes do son siecle. Le portrait de Clotaire est mieux trace ; c'etait un tyran digne de la severite du burin de M. Sismondi. L'auteur s'ecarte de la route commune d'une mauiere ingenieuse et instructive, dans tout ce qu'il dit de la justice, sous le regnc des Merovingiens : justice qui emanait plus du peufle que du roi. II dit avec raison « ijue la corruption et la servilite des Leudes donnaicnt quelquefois aux princes le moyen de faire verser le sang de leurs ennemis, mais qu'alors c'etait de leur part un assassinat, et non une condamnation juridique. Le meme esprit philosopbique a guide M. Sismondi dans tout le reclt des horreurs commises par les fils et les petits- fils de Clotaire, par le cruel Chilperic, par I'artificieuse Brunehaut, par la sanguinaire Fredegonde. En general , cet historien philosophe reflechit plus qu'il ne raconte, et c'est pour les esprits meditatifs que son ouvrage semble particulierement fait. Comme ce tems est celui dont on a garde de plus exactes connaissances, paries details dans lesquels Gregoire da Tours est entre, sur tout ce qui concernait les princes contemporains; c'est aussilapartie de I'ouvrage de M. Sis- mondi, on Ton voit le tableau le mieux trace des hommes 96 SCIENCES MORALES de eel Sge et de Icurs moeurs. Cctte pciiilurc aniuice finit, avec son premier volume, par le recit de la revolu- tion qui donna le IrOne de toutc la France a Clotaire II, et par laquclle peril « Brunchaut, fille, soeur, mere, aieule de rois, et I'une dcs plus puissantes reines dont la lerre ait Tu se prolonger la domination. EUe mourut en 6i3 ; et c'etait en 666 qu'elle etait venue en France pour epouser Sigcbert; et, dans le cours de quarante-huit ans , quoiqu'elle eOt souvent eprouve une fortune contraire , elle avait toujours su se relever par la force de son carac- tire, par un courage indomptable, de rares talens, et un art pour gouverner Jes horames que ne posseda au meme degre aucun des princes de la premiere race. Vindicative et ambitieuse, elle ne connut ni la pitie ni I'amour, et elle sa- crifia a son ressentiment on a I'accroissement de son pou voir, ceux qui lui tenaient de plus pres par les liens dn sang. Cependant, on I'accusa aussi de beaucoup de crimes qu'elle n'avait pas commis ; on parla de son libertinage, a une epoque oi'i I'age avait probablement glace un sang long- tems brOlant; etce qui reste d'avere parmi sesforfaits, ne passe pointlamesure commune des rois de la race deClovis. Ceux qui la condamnerent et qui la firent perir n'elaient pas moinsferocesqu'elIe,et n'avaientpasses talens. Sonzele religieux se manifesta , soit par la protection qu'elle ac- corda constamment aux missions nombreuses que le pape Gregoirc-le-Grand envoya de son tems pour convertir I'Angleterre , et qui se recrutaient toujours dans ses etats, soit par le nombre prodigieux d'eglises et de couvens qu'elle fit batir dans toutes les parties de son royaume. L'archi- tecture semble avoir etc son principal luxe ; elle y con- sacra les trcsors qu'elle amassait par les concussions quiont souille sa memoireetqui causerent saruine,etelle donna u toutes ses construclions un caracterc de grandeur imposanle ET POLITIQUES. 97 qui frappait I'imagination du peiiple. Ses monuraens , sa puissance et son malheur avaient fait une impression si profonde dans I'esprit des hommes , qu'on lui attribua ensuile un grand nombre d'ouvrages qui n'etaient point d'ellc. Tout ce qu'on racontait de grand, de fort, de du- rable, prenait le nom de Brunehault. IJ y a, en Belgique,et peut-etre encore dans d'autres provinces, des chaussdes de Brunehault, dont les larges paves et la construction ine- bi'anlable semblent plutot signaler un ouvrage romain. On montrait dans la iotdt Leccinienne , pres de Bourges , un chateau de Brunehault ; une tour de Brunehault, a !ttam- pes ; la pierre de Brunehault, pros de Cahors ; et son nom redoute etait encore repete de bouche en bouche par un peuple qui n'avait plus de souvenir d'aucun de ses con- temporains » . J'ai cite ce morceau, parce qu'il m'aparu I'un des plus saillans de ce volume , el le plus propre a donner une juste idee du style de I'auteur. On trouvera sans doute que ce portrait d'une reine celebre est bien trace ; mais je crois cependant que s'il eflt ete , a la maniere des an- ciens , plus concis , il aurait eu plus de force et aurait produit plus d'effet. Nous donnerons, dans un autre ar- ticle, I'analyse des second et troisieme volumes de cet estimable ouvrage. Le comte de Segub. ^VVVVW^W^^VWl-VW* Collection des mj^moires relatifs a la revolution FRANCAISE , publUs par MM. BeRVILLE et BARRliiRE, premiere llvraison; MEmoires de madame Roland. — Seconde livraison, MiwoiRES du marquis de Fer- RlkRES (i). Si la curiosite naturelle qui nous porle a connaitre ce (i) Paris, 1820 et 1821. Baudoiiin fieres, rue de Vaugirard, n, 36. Tome xi. 7 98 SCIENCES MORALES qui fut avaot nous , est encore cncouragee par I'avanUgc des experiences indivitlucUcs que chacun pcut trouper dans le tableau du passe , ou par cettc utilite superieure , cette experience plus haute, qui, dans les fails liislo- riques , envisage les progres de I'esprit humain ; quel cvencment dans I'Listoirc, quelle cpoquc plus iinportantc a tous ces litres, que la revolution francaise! Et d'abord, quel drame plus vaste, plus capable de captiver I'interet des spectateurs, par I'importance de Taction, par Ic ca- ractere des personnages , et les rules divers qu'ils ont joues ! Quelle matiere plus riche en instructions person- nelles ! Enfin , quel sujet plus digne de I'attention du phi- losophe qui observe la marche de I'humanite, que cette grande catastrophe, longuenient preparee , acceleree par les resistances, et qui a commence pour le monde une ere nouvelle ! Aussi, la generation presente s'empresse-t-elle de clier- cher dans I'histoire le recit de ces evenemens qu'elle n'a pu voir par elle-meme ; et peut-etre la distance d'oCi nous les apercevons aujourd'hui, a-t-elle des avantages qui compensent celui d'en avoir ete temoins oculaires ? Car , outre qu'il n'est pas donne i tous de bien voir, ceux qui furent temoins ou meme acteurs dans cette grande action, n'ont pu, quelle qu'ait ete leur position, en considerer qu'une partie ; cettc position meme ne leur a presente qu'une seule face : souvent done les meilleurs esprits n'ont da avoir qu'une vue incomplete de I'ensemble. Or, un pareil drame, comme tous les grands spectacles, a 4 vol. in-S". Pris, 22 fr. La 3" livraisoD a paru : elle se compose des Memoires de Bouilli , sur V emigration ; de Linguet , surla Bastille, et de Dusaulx , sur le ii juillet : nous en rendrons compte dans Tun de nos prochains cahicrs. La collcclion cnticre aura 20 vol. ET POLITIQUES. 99 bcsoin d'etre vu i ce point de perspective qui domine les objets en entier j et les montre dans leurs justes pro- portions. Voihi pourquoi une histoire complete de la revo- lution n'a pu etrc I'ouvrage d'un contemporain. Ce qui appartient aux contemporains, c'est d'ecrire des mimoires. Les MemoireSj, ces revelations individuelles que chacun \ient nous faire de ce qu'il a vu, des impressions qu'il a ressenlies, nous font, en quelque sorte, assister nous- memes au passe : isoles , pris chacun a part, ils seraient insuffisans; mais le rapprochement les eclaire I'un par I'autre : toutes les opinions viennent se produire devant nouS; et, dans les memes evenemens, chacun expose le point de vue qu'il a saisi. Aupres du genereux enthou- siasme de la liberte, apparaissent les desordres de I'anar- chie ; et de la comparaison de ces teinoignages divers , quelquefois contradictoires , jaillit la verite, ou du moins I'opinion la plus probable. De plus, animes par les pas- sions de I'ecrivain qui nous met dans sa confidence, la lecture en offre d'ordinaire plus d'agrement Le recit naif d'un homme qui raconte les scenes qui se passerent sous sesyeux, et auxquelles il a peut-etre pris part, le tableau vivant qu'il en fait, I'interet qu'il y porte, ses partialites meme, s'il en a, ne laissent pas d'etre instructivcs, lors- qu'on a le soin d'y opposer celles du parti contraire. C'est done une entreprise eminemment utile de rassembler dans une mCrae collection tons les memoires remar- quables qui ont paru sur les differentes epoques de la revo- lution franfaise : I'instruction qui resullera de ces temoi- gnages compares est, sans contredit, lameilleure manlere de I'eludier, de parvenir a la connaitre dans toutes ses parties, et d'en avoir un jour une veritable histoire; car c'est dans ces monumens originaux que la posterite la trouvera. Ileureux encore si la amic de ce<5 divcrsitcs de 7 * 100 SCIENCES MORALES jugemens ol tl'opinions cnlrc dcs hommes egalemcnt recommandables, quoique places clans des rangs opposes, pouvait nous enseigner I'indulgence et I'impartialite! « Mon but est do fournir des materiaux aux ecrivains qui viendront apres moi ; c'est i quoi doivcnt so borncr Ics autcurs contemporains — Je n'ecris point Thistoirc de la revolution francaise ; ce sont des Memoires pour servir i I'histoire de I'Assemblee constituante et de la revolution de 1789. C'est aux hommes qui ont vu et suivi les evenemens A fournir les materiaux necessaires a I'his- toire : ce n'cst point a eux u I'ecrire. J'ai voulu fairc connaitre I'Assemblee constituante, les hommes qui la composalent, I'esprit qui la dirigeait, les moyens dontelle s'cst servie. » C'est ainsi que le marquis de Ferrieres, en commencant scs Memoires , caracterise la nature ct I'objet de son travail; et ce peu de mots en donne une idee exacte. Depute de la noblesse aux litats-generaux, Ic marquis dc Ferriires siega, des I'ouTerture des etats, sur les bancs oil s'asseyaient les plus fermes soutiens , les oratcurs les plus eclaires du cote droit. Mais , bien que sa naissance et ses habitudes lui eussent fait adopter generalementleursprin- cipes, toutefois il ne se pique pas de soumcttre en aveu- gle son jugement a leur autorite ; il n'approuve pas tou- iours leurs projets; quelquefois meme il censure assez ■vivementleur conduite. II ditquelque part, en parlant des exagerations des deux partis : II y avait dans I'assemblee environ trois cents membres qui, sans paraitre h la tri- bune, votaient selon leurs lumieres et leur conscience, et decidaient souventles deliberations. — On voit qu'il etait de ce nombre. II semble quelquefois que ses habitudes, ses affections el certains prejuges qu'il devait a sa position eociale le retiennent d'un cote, tandis que ses lumieres et ET POLITIQUES, 101 sa raison I'altirentderautre. Jo ne m'arrfiterai pas davan- tagc i faire connaitre son caracltre couimc homme pu- blic, d'ailleurs tres-bienappreciedans unc notice elegante de I'editeur. Comme ecrivain, on peut reprocher a M. de Ferrieres quelque mobilite dans les idees ; on pourrait de- sirer parfois plus d'ordre et de liaison dans la narration. Ilselivre k ses impressions, et s'abandonne volontieps au sentiment qui I'entraine : aussi, reussit-il surtout a retra- cer les scenes attendrissantes. Sous le rapport du merite historique, ses memoires sont eminemment instructifs; ils se recommandent surtout par une impartialite remar- quable. Nul autre ecrit, sans excepter les plus recens, n'a mieux fait connaitre I'Assemblee constituante (i). Cette utilite historique n'est pas le merite principal que je me propose de faire ressortlr dans les ecrits d'une femme que la reyolution tira de I'obscurite de1a vie privee, dont I'adversite fit eclatcr les vertus et le caractere cnergique, et qu'une mort glorieuse recommande au souvenir des hommes. A la lecture des Memoires de madaine Roland , penetre d'admiration pour les sentimens genereux qu'exhale cette belle ame, plus frappe du caractere meme de I'herolne que des faits qu'elle raconte , je n'ai pu resister i I'attrait de m'occuper de sa personne ; ce qui m'a conduit a envi- sager ce livre sous un point de vue plutot moral qu'histo- rique. En aucun tems , ct aujourd'hui moins que jamais , il n'est superflu de reproduire les cxemples de hautcs ver- tus , de nobles sacrifices , ct surtout le courage d'une (\) Les editeurs viennent de faire paraitre une suite incdite des Memoires du marquis de Ferrieres. Cette seconde partie com- mence aux premiers jours de rAssemblce legislative, et fiait au 21 janviti. 102 SCIliiNCES MORALES conscience qui ne siit point capitulcr avcc clic-mCme. Or, les ccrits dc madamc Roland, rcspirant partout Ic plus pur enlhousiasmc pour cc qui est beau, et Ic respect le plus profond pour la sainle loi du devoir, peuvent offrir plus d'une lecon salutaire: ct si, dans son livre, elle a transmis i la poslerite un monument des graces et dc la force de son esprit, son courage dans I'adversite , I'inallerable fcrmete de son arae en presence des bourreaux, son allachement inebranlablc k des principes pour lesquels elle a temoi- gnepar unc mort herolque, sont un noble exemple Icgue i tout homme de coeurappele avivre en des terns orageux. Mais il ne peut etre non plus sans interet de demeler les secrets de I'education qui a forme ce noble caractere , et de suivre dans ses jeunes annees Taction reciproque d'un heureux naturel , et des circonstances qui ont developpe cet esprit ;\ la fois solide et brillant, prepare cetteame vi- rile et genereuse qui se revela tout entiere dans les perils d'une revolution. J'ai done tache , pour la faire micux connaitrc, de recueillir, d'apres elle-meme, la suite et I'histoire de ses pensees. Sans doute, une des principales causes qui attachent a la personne de madame Roland et qui la font cherir el admi- rer, c'est la belle unite qui preside i\ toute sa vie, et met entre ses opinions et sa conduitc ce noble accord qui, seul, conserve la dignite de I'homme, et qui mainlient dans I'interieur de son ame une paix inalterable. Encore jeune , elle comprit que cette harmonic etait la condition du bonheur , et elle sut le cherchcr dans raccomplissement de ses devoirs. « Je resumai promplement, dit-elle, que I'unite du moi personnel, c'est-u-dire le plus grand ac- cord entre les opinions et la conduitc , est necessaire au bien-ctre individuel : il faut done bien examiner ce qui est juste, et, quand il est une fois reconnu, le pratiquer ri- I ET rOLITIQUES. 103 goureuscment. » Cc fut la le principe qui dirigea toutos ses actions. Au milieu des scenes gracieuses de son cnfance, dont elle trace des descriptions pleines de charine, deji Ton pent demeler les germes d'un esprit heureux que fecon- dera la culture , et d'un caract^re decide qui ne consent pas Tolontiers a ce dont il ne Yoit pas la raison. line petite anecdote qu'elle raconte (T. I, p. 17) montre de quelle resistance opiniStre elle etait deji capable i I'age de six ans. Malgre saviracite naturelle, elle etait pourtant serieuse et recueillie. Est-il, par exemple, beaucoup d'bommes capables de reflexions aussi graves et aussi profondes, que la jeune fille qui avait jete sur la vie un regard aussi hardi et aussi percant? « J'aimais i reflechir : je songeais verita- blement a me former moi-meme , c'est-a-dire que j'elu- diais les mouyemens de mon ame, je cherchais A me con- naitre; je commenpai u sentir que j'avais une destination qu'il fallait me mettre en etat de remplir. » — C'est encore cette jeune fille qui avait fait pour elle-meme la priere suivante : « O toi qui m'as placee sur la terre , fais que j'y remplisse ma destination de la maniere la plus con- forme a ta volonte sainte, et laplusconvenable au bien de mes freres ! » Douee d'une imagination vive et d'une sensibilite qui grave profondement les impressions, et les conserve dans toute leur force, elle eprouvait un besoin de bonheur qu'elle ne pouvait satisfaire que par un grand developpe- ment de ses facultes. Les idees religieuses vinrent k fer- menter dans satete ety produisirent une grande explosion. « Je lisais des livres de devotion, j'avais besoin de m'occu- per de ces grands objets do bonheur ou de malheur eter- nel : toutcs mes pensces sc tournaicnt insensiblement de lOA SCIENCES MORALES ce cOte. Bientot, Ics idees religieuses nie domincrenl : Ic regne du sentiment, hate par leur concours pour une trempe deju precocc, s'ouvritpar I'amour de Dieu.s Ce- pendant, I'ardeur qui la portait i apprendre , a exercer scs tacultes, lui faisait chcrcher sans cesse de nouvelles lec- tures , de nouveaux alimens a son insatiable activite. En mCme terns que son ame affectueuse s'epanchait dans I'a- tnour divin, le raisonnement naissant se developpait, s'ap- pliquait a tout avecindependance. Elle s'avisa de soumettre i\ I'examen ce que Ton offrait i sa croyance , et bientot le doute entra dans cet esprit curieux. Son coeur se revolta d'abord contre la damnation universelle des paiens, et son intelligence ne put se soumettre i concevoir I'autorite su- preme, I'infaillibilite qui n'appartient qu'a la raison etcr- nelle , qu'i Dieu , personniflee dans un homme. Enfin , elle etudia les historiens et les philosophes , et son esprit fut emancipe. La douce amitie vint remplir cette ame ouverte a tous les beaux sentimens : rien de plus gracieux que les pages oii elle decrit les doux et purs mouvemens qui agitaicnt son jeune coeur. La correspondance qu'elle entretint avec I'amie de son choix, et I'habitude qu'elle prit de mettre sur le papier les pensees qui I'occupaient, rendit ses idees plus nettes enformant son style, et contribua sans doute h preparer ce talent qui , plus tard, adressa de hardis conseils aux rois, et traca pour la posterite VAppel qui a consacre le souvenir de ses vertus , en fletrissant ses persecuteurs. Ains; s'ecoulaient ses jeunes annees, sous les yeux d'une mere cherie : d'heureux hasards seconderent cette edu- cation domestique, et la servirent mieux peut-etre que n'eOt fait le systeme le plus habilement combine. Par exemple, son pere , honnCte artiste, mais peu eclaire d'e.illeurs, s'avisa dc lui achcler les livres de Locke et de ET POLITIQUES. 105 Fenelon sur I'cducation des filles, ouvrages qui semblaient mieux convenir au maitre qu'd I'elcve ; et il se trouva qu'entre les mains de la jeune fille, ils ne furent ni de- places, ni sans fruit. Mais Plutaique surlout eut ses affec- tions ; elle conput una veritable passion pour les heros qu'il fait revivre : cette lecture semblait ctre I'aliment qui lui convenait; et veritablement sa belle ame, toute empreinte des vertus antiques, semble avoir avec les heros de Plutarque une sorte de parente. De ce moment, datent les impressions et les idees qui disposaient son ame u renthousiasme du patriotisme. Ce futbeaucoup plus tard, et quand son esprit etait dejii forme, qu'elle lut, pour la premiere fois, les ouvrages de Eousseau ; sans doute , grace a la sage prevoyance de sa mere , qui craignait d'exal- ter encore uu caract^re que la nature avait fait si ardent. Plutarque I'avait preparee pour devenir republicaine ; il avait eveille en elle la force et la flerte ; il lui avait inspire I'anaour des vertus publiques et de la liberie; Rousseau lui montra le bonheur domestique auquel elle pouvait pre- tendre, et les ineffables delices qu'elle etait capable de goQter. II n'est pas douteux que notre situation n'influe beau- coup sur notre caractere et nos opinions; mais on dirait que, dans I'education que recut madame Roland, dans les idees qu'elle acquit par I'etude ou par le commerce du monde, tout avait ete combine pour lui donner le besoin d'un ordre de choses plus raisonnable, en lui faisant jugcr le ridicule, ou sentir I'odieux d'une foule de preeminences et de distinctions. II faut voir i ce sujet sa visite chez une dame de Boismorcl (T. I, p. 70) , et I'idee qu'elle pritde la cour, dans un voyage a Versailles, oii elle vit le rigo- goriste Beaumont, archeveque de Paris, s'honorcr d'ha- biter un chetif appartement sous les combles du chateau, 106 SCIENCES MORALES dans un corridor obscur, pour ctre plus i porlce dc fairc sa courchaquc matin, an lover dcs majestes. Cette anie, ainsi proparee par une education singuliire, nourrie dc tout ce qu'il y a de beau dans Ics doctrines , et d'heroique dans les hommes de I'antiquite, habltuee i tout apprecier sur la mesure de la justice et de la raison, lorsqu'elle entra dans I'expericnce, lorsqu'elle vit de pr^s la realite, et qu'elle la compara aux hommes, aux idecs qui avaient occupe sa meditation, dut neccssairement prendre en dedain ce qu'elle voyait. Dans le monde qu'cUe rencontra, elle s'attacha a un petit nombrc de personnes raisonnables et dignes d'elle. Ce fut apres la pertc douloureuse de sa mere, separa- tion dechirante, qui la mit elle-meme aux portesdu tom- beau, qu'elle se lia avec M. Roland de la Plaliere , alors iuspecteur du commerce et des manufactures, et deja connu par des travaux utiles sur ces matieres. M. Roland sut I'apprecier et soUicita le nom de son epoux. Dans cette union fondee sur une estime mutuelle, les saints devoirs d'epouse et de mere, les soins de la vie domestique rem- plissaient toute son existence. Une suite de lettres , re- cueillies par les editeurs , nous retrace cette epoque de sa vie ; et, parmi les details qu'elle prescnte, on retrouve encore ses gofits et son caracl^re,et I'onpeutsuivre la ten- dance de ses opinions politiques. Quand la revolution eclata , clle trouva un certain nombre d'esprits, de philosophes prepares pour la liberie : ils I'adopterent avec enthousiasme ; car elle etait pour eux la reforme des abus, etl'emancipation d'une grandc nation qui se regenere : ils en suivirent la marche avec interct , avec anxiete : ce furent tons ccux qu'enflammait I'amour de leurs semblablcSj et I'espoir de voir arriver pour tons Ic regne dc la justice ct du bouheur. Dans ce nombrc, on ET POLITIQUES. 107 doit compter Roland et sa femmc. Tant qu'ellc demcura dans un ctat paisible et concentre, bornee aux douceurs de la vie domestique^ sa sensibilite naturelle enveloppait en quelque sorte ses autres qualites, ou les dominait toutes. Ce furent les orages politiques qui donnerent I'essor a ses talenS et developperent I'energie de son caractere. Lorsque la cour, pour se populariser, consentit a prendre des ministres patriotes, Roland, appele dans le gouverne- ment, a son insu , sans aucune soUicitation , y porta ses lumieres, son experience, et une qualite qui devrait etre la premiere de tout administrateur, le plus parfait desin- teressement. Nomme au minist^re de I'interieur, au mois de mars 1792, il fut deslituele i3 juin : rappeleau loaoQt, il donna sa demission le 22 Janvier 1793. Mais, dans ce court espace de sa vie politique, soit comme ministrc dc Louis XVI, soit comme ministrc de la Convention, il montra partout la meme integrite^ la meme inflexibilite de principes. Comme il avait reclame la franchise et de- fendu la liberte dans le conseil des rois , avec la meme fermete, il sut, au sein des orages tumultueux d'une assem- blee populaire , signaler les dangers de la confusion des pouvoirs et les sanglantes horreurs de I'anarchie. Pour juger cot homme avec equite, il faut rapprocher de sa fameuse lettre au roi la lettre non moins courageuse,par laquelle il denonce a I'assemblee les massacres de sep- tembre, et le rapport oOi il s'cleve contre les usurpations de la commune (i).lVlais la Convention etait deja sous le joug d'une poignee de furieux. Cette partie de I'assemblee , qu'on designait alors par le nom de la plaine , troupe (i) On trouvera ces pieces dans les Eclaircissemens historiques. On ne peut trop louer les soins des editeurs qui , outre des notices Ires-bien faitcs , ont accoinpagnc les memoiies qu'ils publicnt, dc notes cl dc piiccs oflicielles qui y ajoutcnt un nouvcl intOrOt. 108 SCIENCES MORALES habile a sulvre le vent de la faveur dans les terns prosperes, ct qui s'abandonne au vent de la peur dans Ics jours d'o- rages, restait rnuette aux cris menacans de la montagne , dont elle autoiisait les crimes par la luche complicite de son silence. Quant a I'opposition, qui etait alors le cdte droit, elle ne trouva, pour soutenir le devouement du ministre, que de steriles applaudissemens;elleyapplaudit, comme font les gens faible^, aux signes d'un courage qu'ils ne sauraient imiler, mais qui les louche et reveille en eux quelque espoir. Lorsque Roland se vit en bulte aux traits des intrigans qu'il avait demasques , pas une voix ne s'cleva pour le defendre oonlre des accusations absurdes ; les Girondins, cctte noble elite de I'assemblee, que re- commandaient de rares talens et d'excellentes intentions, se menageantpour les grandes occasions, negligeaicnt trop le combat journalier, et ne se meflercnt pas assez de la tactique de leurs mediocres, mais audacieux adversaires : plus orateurs qu'hommes d'etat, parce qu'ils etaient vain- queurs dans les combats de la tribune^ils ne previrentpas que la montagne triompherait des talens par la violence. Vainement, Vergniaud ralluma parfois les foudres qu'avait lances Mirabeau; les Girondins, ^nalgre leur ardentie pas- sion pour la liberte, succomberent pour n'avoirpas su se coaliser en faveur de la justice. lis surent mourir : mais, 4 de pareilles ames, en de pareilles conjonctures, on pouvait demander mieux. Roland, que le double lien de la con- viction et du malheur attachait k leur cause, partagea Icur sort, sans avoir partage leurs fautes. Madame Roland , a qui tout fut commun avec son mari , prit une part active i ses travaux politiques, comme ellc avait participe a ses travaux litteraires : toutefois, elle ne se mela jamais d'administration; mais, ayant tons deux les memes principcs et un mCmc esprit, souvcnt, pour cc qui etait do redaction, Roland s'en reposait sur die. Ainsi, cc ET rOLITIQUES. 109 fut elle qui Iraf a d'un scul trait la fameusc Lettre au Itoi. EUe se devoua lout enti^re au triomphe de la cause qu'elle avait embrassee; son enthousiasme patriotique, qu'elle communiquait, echauffait le courage des Girondins, etla rendit I'ame du parti; et, au jour de la defaite, quand on osa Tioler la representation nationale, elle partagea leur destinee. Arretee au Si mai, elle conserve , au milieu du peril, le calme d'une conscience pure, la resolution d'une ame inaccessible a la crainte. C'est ici qu'on la volt de- ployer toute I'energie de son caractere, se plaisant, comme elle le dit elle-meme, a se venger du sort qui lui refuse le bonheur, en travaillanta le meriter. C'est en prison qu'elle ecrit ses Memoires , qu'elle repand toute la fraicheur de son imagination sur les scenes gracieuses de son enfance , et trace d'une main ferme cet Appel a I' impartiale posU- ritij oOi elle venge ses amis et devoue leurs oppresseurs au mepris de I'avenir. Quelle noble fierte, quelle elevation dans ce premier sentiment qui s'echappe de son ame, au moment ou elle prend la plume ! « Dans toutes les peines que j'ai essuyees, la plus vive impression de douleur est presque aussitot accompagnee de I'ambition d'opposer mes forces au mal dont je suis Tobjet^ et de le surmonter, ou par le bien que je fais a d'autres , ou par I'augmentation de mon courage, » Fidele i ses principes , du fond de sa prison elle soutient le courage de ses amis, et elle gour- mande la faiblesse de ces eunuques politiques , qui repro- chaient un exces de chaleur au cote droit. « Je m'indigne, dit-elle, de la lachete deces hommes qui veulent avoir une patrie, et comptent encore leur vie pour quelque chose, quand il s'agit de la risquer a son service Voyez tous ces poltronsdel'assemblee, qui gemissaientdans le senat; s'ils eussent eu le courage de se faire arreter le a juin , en protestanl contre I'injuste decret d'arrestation des vingt- deux, ils assuraient le salut de tous; car on n'eCil ose tou- no SCIENCES MORALES cher un chcvcii u nul dc deux ou trois cents repiescnlaiis du pcuplc , et la chose publique etait egalement sauvee ; les departemens ne se I'ussent point endormis : on s'apaisa sur la perte de vingt homnies , et Ton n'aurait pu regarder comme Conpention I'assemblee dont la moitie se fQt reti- ree. » Ellc jugcait bien la situation de la France; ellc de- plore I'avilissement de la nation, en proic aux passions dc quekues monstres sanguinaires; clle prevoit qu'un dcspotc fjn^ra par lui imposer le joug. Mais, en appelant la hainc sur leurs atrocites, elle nous apprend aussi a mepriser ces ctres pusillanimes, dont la faiblesse se fait I'auxiliairc du crime audacieux, vrais fleauxdcla liberte chez un peuplc qui veut la conquerir ou la conserver. Partout, en effct, i'on reconnait qu'une grande partie des maux de la revolu- tion est due i\ ces hommes timides, incapables de resolu- tions, qui transigerent avec les mechans, au lieu de protes- ter energiquement centre la violence, et de faire eclater du moins une juste indignation. « La sottise et la peur du grand nombre font le triomphe de la sccleratcsse et la perte des gens de bien. » Ces verites n'ont rien perdu dc leur force, et sont encore bonnes k rappeler. Dans sa captivite , parfois elle s'attendrissait au souve- nir de sa fille et de son mari; mais bientot sa force d'ame reprenait le dessus. . . . « Jamais les etats violens ne sont pour moi dc longue duree; j'ai besoin de me posseder, parce que j'ai I'habitude de me regir. Je me trouvai bien dupe d'accorder quclque chose a mes persecuteurs, en me laissantfroisserpar rinjustice;ilssechargeaientd'unnouvel odieux , et changeaient peu I'ctat que j'avais su deja si bien supporter : ici, comme a I'Abbaye , n'avais-je pas des livres, du tems ? n'etais-je plus moi-meme ? Veritablement, je m'indignai presque d'avoir etc troublee , et je nc son- geai plus qu'a user dc la vie, i\ employer mes facultes avec cettc indi^pendance qu'une amc forte conserve au ET rOLlTIQUES. Ill milieu des fers, et qui trompe ses plus arcleiis cnncmis. » Cependant, voyant tous ses amis proscrits sous Ic regime sanglant dc la terreur, elle abandonne tout espoir, et ne songe plus qu'a finir d'une maniere digne d'elle-meme. Afln de mouiir libre dans les fers, elle avail rosolu d'abord de ravlr a ses ennemis la joie de la trainer au supplicc. Elle expose de sang froid, dans ses Dernieres pensees j les motifs de sa resolution. Mais un ami lui representa qu'il etait plus digne d'elle d'attendre la mort que de sc la don- ner; qu'elle devait laisser commettre un nouveau crime a ses juges; qu'elle devait a sa cause un grand sacriGce, a ses amis I'exemple du plus genereux devouement. Citee comme temoin dans le proces des Girondins , I'espoir de servir la verite la soutint encore : « je desire meriter la mort, en allant leur rendre temoignagetandisqu'ils vivent, et je Grains de perdre cette occasion J'attends avec impatience, et je crains maintenant d'etre privee d'avouer mes amis en leur presence. » Les vingt-deux avaient peri le 3i octobre lygS. Le meme jour, madame Roland fut transferee a la Conciergerie ; elle y subit un interroga- toire, et fut appelee, le lo novembre, au fatal tribunal, qui n'etait que le premier degre de I'echafaud. On salt quelle serenite elle y porta, Voici les derniers mots qu'elle prononca apres la lecture de son arret : « Vous me jugez digne de partager le sort des grands hommes que vous avez assassines; je tacberai de porter a I'echafaud le courage quails ont montre. » Le projet de defense qu'elle traca, la nuit qui preceda son dernier jour, peu d'heures avant de comparaitre, est, pour ainsi dire, son testament politique. J'en citerai quelques passages : «Lesames qui ont quelque grandeur savent s'oublier elles-memes; elles sentent qu'elles se doivent k I'espece entiere, et elles ne s'envi- sagent que dans la posterite La liberie ! elle est pour les amcs ficrcs qui meprisent la mort, et savent A propos 112 SCIENCES MORALES sc la doiincr. EIIc n'est pas pour cos hommcs faiblcs qui temporiscnt avcc le crime, en couvrant du nom de pru- dence Icur t'goisme et leur lachete. Elle est pour le peuple sage qui cherit I'huuianite, pratique la justice, meprise ses flalteurs, connait ses vrais amis et rcspectc la verite. Tant que vous ne serez pas un tel peuple, 6 mes conci- toyens! vous parlerez vainement de la liberie; vous n'au- rez qu'une licence dont vous tombcrez victlmes chacun A votre tour; vous dcmanderez du pain, on vous donnera des cadavres, et vous finirez par etre aaservis. « Je n'ai point dissimule mes sentimens et mes opinions. Je sais qu'une dame rontiaine fut envoyec au supplice , sous Tibere, pour avoir pleure son fils; je sais que, dans un tems d'avcuglement et de fureur d'esprit de parti , qui- conque ose s'avouer I'ami de condamnes ou de proscrits, s'expose a partagcr leur fortune. Mais je meprise la mort; je n'ai jamais craint que le crime, et je n'assurerais pas mes jours auprix d'une lachete. Malheur au tems, malheur au peuple oii la force de rendre hommage a la verite me- connue peut exposer a des perils; et trop heureux alors qui se sent capable de les braver ! » J'aurais quelque pudeur de relever le mcrite litteraire dans un pareil livre : il faudrait, pour I'apprecier, fiiire admirer cette allure libre et naturelle , cette flexibilite de style qui produit la pensee sous la forme la plus vive , sous I'image la plus transparente , et qui atteint jusqu'aux nuances les plus delicates et les plus fugitives ; et quand on aurait caracterise ce melange de force et de grace oii I'au- toritc de la raison se fortifie du charme entrainant qui n'appartient qu'i une femme sensible , il faudrait en reve- nir a reconnaitre que Ic vrai talent a sa source dans les profondeurs de TamCy^t que le secret de I'art d'ecrire est de bien penser ct de sentir noblement. Artaud, LITTERATURE. OEuVRES CHOISIES DE LeBRUN (l). Lebrbn lui-meme a compare les hautes et solides repu- tations au cliene et au cedre, qui croissent lentement et qui durent des si^cles. On peut lui appliquer cette com- paraisoD. En effet, mieux apprecie en Europe (2) qu'en France, et parmi nous plus celebre que lu, admire en silence par I'elite de ces hommes rares qui honorent k la fois la patrie et les lettres, denigre publiquement par cette miserable tourbe que les lumieres imporfunent et que le nom de patrie epouvante, Lebrun, surnomme, de son vivant, le Pindare francais, sera mis a sa veritable place par la posterite, c'est-i-dire au premier rang des poetes lyriques; et deja se dissipent les nuages dont la malveillance essaya, mais en vain, d'obscurcir une si eclatante renommee. Ces obstacles, ces outrages, les mo- deles memes auxquels Lebrun s'associe, Pindare, Horace, Rousseau les rencontr^rent, s'en plaignirent, et en furent vengcs et consoles par I'immortalite. Dans le dernier siecle, et de nos jours mumes, les plus vastes gloires, la celebrite universelle de Voltaire, la haute considera- tion qu'obtint enfin J.-J. Rousseau, ne t'urent-ellespas, ne sont-elles pas encore contestees?mais par qui ct comment? Le sort du genie est le meme en tons tems et en tous lieux. Ici, tout se rattache h trois causes, que je vais signa- ler ; la premiere tient a la chose meme. Si le genre (i) Paris, 1S21. 2 vol. in-i8. Baudouia fieres, rue de Vaugirard, n° 56. Prix : 6 fr. (2) Plusieurs des pieces de Lebrun ont tte traduites en langues etrangferes. Tome xii. 8 IIA LlTTliRATURE. lyrique est Ic plus ancieri, Ic plus nalurcl, le plus uni- versel dc tous Ics genres poetiques, il en est aujourd'hui le raoins connu et le moins cultive, surtout en Fiance (i). L'odc est, au reste dc la poesie elle-incme, cc que la poesie est k la prose; de Ik, cette hauteur d'expression, inaccessible, non seulement au vulgaire dcs ecrivains , mais encore a de grands poetes. Voltaire et Boilcau cchouc- rent dans ce genre; les chefs-d'oeuvre lyriques sont aussi rares que les chefs-d'oeuvre epiques. Get enthousiasnje qui ressemble t\ I'inspiration prophetique, et qui parai- trait le cornble du deiire, s'il n'etait sublime, est peu susceptible d'etre generalement senti et eprouve. Dailleurs, le poete n'exerce plus, comme autrefois, une espece de ministere public; le terns n'est plus oii, la lyre a la inain, Orphee civilisait les peuples , oii Pylhagore et Terpandre calmaient les seditions , oCi les chants de Tirtee inspi- raient rheroisme. II n'est plus le tems oii, pour dompter un peuple, il fallait extenniner ses bardes : ce que flrent Tibfere et Edouard. Enfin, la lyre est maetle, le poete ecrit et ne chantc plus; ccpendant, le genie lyrique a continue d'exercer son influence. Une ode d'Horace de- tourna Auguste de transferer en Asie le siege de I'empire, et empecha la ruine de Rome. Si le fameux Rienzi avait suiviles conseils lyriques de Petrarque, le Capitole releve aurait repris I'eclat de ses anciens jours. Combien les odes de Malherbe n'ont-elles pas contribue a nourrir I'ido- Mtrie du peuple francais pour Henri IV, et combien Lebrun n'a-t-il pas influe sur son siecle? Toutefois , cela n'a pas reconcilie I'ode avec ses detrac- teurs. Quelques-uns attribuentle discredit de la poesie lyri- (i) Ce genre fleurit chez les autres nations, principalement en Allemagne , en Italic , en Angleterre. LITTMaTHRE. 115 que, parmi nous , a la timidite de la languc franpaise. Erreur profonde ! certes, soas le rapport de rencrgie et meme de I'audace, la langue do Bossuet et de Corneille ne doit rien envier A aucune autre (i). Des personnes qui n'ont point d'opinion par elles-mcmes , embrassent telle de deux hommes de genie , Buffon et Montesquieu, et de quelques beaux esprils, Lamotte, Du- clos, etc., qui ont eu le malheur d'etre insensibles aux beautes de la haute' poesie et de la denigrer. Ce n'est qu'une opinion parliculiere et que repousse le cri general du sentiment. Natura enim ducimus ad modos (2). II existe des hommes qui , avec des oreilles et des yeux, meconnaissent cependant les charmes de la musique et de la peinture : anomalic , aberration de jugement. II y a une remarque plus essentielle et plus vraie, parce qu'elle est de fait. La voici : A mesure que les arts de raison, c'est-u-dire les sciences, s'elevent, se perfec- tionnent et s'etcndcnt, les arts d'imagination s'abaissent, tombcnt et s'effacent. Et c'est ainsi que s'explique na- turellement la disgrace momentanec que subit de nos jours la haute poesie. La seconde des causes que je dois indiquer se trouve dans le caract6re personnel et honorable de I'auteur. Lebrun vecut i la cour sans tire flatteur ; parmi les phi- losophes , sans etre seclaire. II y a plus : sqs liaisons intimes avec Clement et Palissot, trop malheureux anta- gonistes de la philosophic, susciterent i Lebrun des en- (i_j J'ai citti Bossuet, parce que son genie est eminemment ly- rique et tout briilant de I'inspiration des prophetes. Lebrun lui em- prunta plusieurs expressions, et entre autres celle-ci : Je ve meurs pas , je sors du lems. (i) Ciceron. 8* 116 LHT15IVATU1VE. nemis sans noml)ro. II les brava , ct s'cn lit ilc nouvcaux , en poursnivant sans rel3che dc scs t'pigiammcs toulcs les coteries academiques et autres. C'elait I'epoque de la decadence des arts et de la littoralure, et Voltaire lui-mcme signala cette decadence dans ses derniers ecrits (i). Alors florissait la maniere de Boucher dans les arts; la prose etait degradee par Crebillon fds, et la poesie par Dorat. Lebrun prit pour devise : Nos colimus musas seueriores (2). II se montra citoyen lorsqu'il n'exislait point de patrie. II rappela la poesie i sa noble origine, et consacra sa lyre aux plus grands objets. II celebra Dieu, la nature, le genie, la liberte, les sciences, les arts et la vertu; son siecle frivole ne I'entendit point. Les suffrages de Voltaire, I'amitie de Buffon, I'estime des personnages les plus illustres suflirent i sa gloire. Les deux tiers de sa carriere lyrique etaient acjicves, lorsque la revolution eclata. Ici , se presente la troisieme cause et des succes et des obstacles. Les reflexions que je pourrais developper s'oflfrent en foule ;\ I'esprit des lecteurs, et ce serait faire injure h leur sagacite que de les expliquer. Leb un, long-tems avant cette epoque, s'etait montre poETE national; nous appelons poete national, celui a qui, dans tons les terns et dans tous les lieux, I'amour de la patrie est toujours present; celui pour qui les formes de gouvernement ne sont que des moyens ou des motifs de tout rapporter au bonheur, a la gloire de la patrie. Dans une monarchic, il fera I'eloge des Marc-Aurele, des Trajan, des Henri; dans une republique, il fletrira les (i ) Voyez les ^pitres de Voltaire : le Russe a Paris, les Cabales, etc. (2) Martial. LITTEUATDRE. 117 Marius, les Sylla, les Catilina; les personnes seroni moins I'objet de ses chants que les choses. Lebrun fut ce poete. Ainsi, dans I'ode inlitulce : V A- mour des Franpais pour leurs rois , consacre par les monumens publics , il peint successivement Henri IV et Louis XIII, comme Tacite peignit Trajan et Domi- lien (i). Une de ses plus belles pieces, sous la forme d'uneallegorie savamment sou tenue, deplore ravilissement de la monarchic , lorsque les favorites disposaient de tous les emplois et nommaient les g6ueraux des armees franf.aises. Enfin, lorsque nos defaites, mullipliees par suite de cette corruption , furent au comble, Lebrun saisit I:i lyre avec une yertueuse indignation, etpublla, en 1762, I'ode auxfranpais, I'une de ses plus magniflques compositions. Elle respire tous les feux de rheroisme, elle est digne d'etre chantee en allant aux combats. Lebrun a emprunte plu- sieursmouvemens etmemeplusieurspensees d'un discours de Pericles, et des chants de Tirtee; ceux qui compa- reront, ainsi que je I'ai fait, les passages de I'orateUr et du poete anciens, a I'imitation, reconnaitront la prodi- gieuse superiorite de Lebrun. Cette ode a ete recitee souvent dans des assemblees publiques, et chaque fois elle excita des cris universels d'enthousiasme, et chaque fois j'ai vu couler des yeux de nos vieux et de nos jeunes guerriers des larmes heroiques , les seules qu'ils sussent repandre. Lebrun, jl y a plus d'un demi-siecle, fut le second des (i) Les tyrannies qui souillcrcnt Ic ri-gne de Louis XIII, furent I'ouvragc de Richelieu; mais le prince les permit. 118 LITT^RATURE. ecrivains franfais (i) qui denoncirent k I'humanite la traite (Ics noirs. Lcs borncs do ce recueil ne nous pcrmeltent pas les cilations (2). II nous sufTit d'avoir prouvc que , fidele d un grand caractere , Lebrun fut poete national long-tems avant la revolution. Nous avons insiste sur cetle remarque, parce que beaucoup de personnes, les unes par crreur, d'autreS par haine de la chose , ne voient dans Lebrun que le chantre d'une epoque desastreusc, ou le flatteur d'un homme qui fut grand et dans le bien ct dans le mal. Hatons-nous de lcs desabuser. Lebrun chanta les bien- faits et les triomphes de la liberte , et protesta centre les crimes commis en son nom (3). Les pensions , toutes les soliicitalions , toutes les caresses de la puissance n'en obtinrent qu'une piece tres-courte , les Toasts de VOlympe, simple remerciment, termine par des voeux pour la paix, et quelques quatrains et dixains d'une louange ambiguii, temperee d'ailleurs par autant d'epigrammes , que I'auteur recitait en tremblant, et ne confiait qu'd uti tres- petit nombre de personnes. La revolution venait d'agrandir pour lui cette carriere qu'il avait deja parcourue avec tant de gloire ; ce fut alors qu'il publia ses odes republicaines : telle etait, u cette epoque, la forme dugouvernement. Quoique ce gouverne- nient, juge par le fait, ne pQt convenir ni a I'etenduc ni aux habitudes de la France, il se fit respecter de I'Eu- rope cntiere. Get arbre sans racines, mais yigoureux de (i) Montoequicu i'lit Ic premier. Voycz Esprit des Lois , L. XV , ch. 5. (2) Voycz lcs odes sur I'assassinal de Irois rois ; au soleil, sur ics malheurs de la terrc; sur la paix dc 1762 ; sur Ic passage des yflpes, par le prince de Cvnli ; sur l' enlevement d' Europe. (3) Voyez le Philantrnpc, I'odc contre I'anarchie. LITTEIUTURE. 119 jcuncsse, promcttait du moins un ombragc pacifique (i). L'enthousiasme dp, Lebrun etait juslifie par nos \ictoires, pures alors, car elles n'avaient qu'un but genereux, I'in- dependance du territoire francais. Lebrun celebra ces vic- toires. Bientot, il aperput tous les ecueils qui environnaient le vaisseau du nouvel etat; il les signala dans des vers courageux, invoquant a la fois la religion, I'hunianile , la justice, la vertu. Ce n'est plus Pindare, c'est plus que Pindare, c'est Zaleucus, Pythagore ou Platon, la lyre a la main. Lebrun, plcin dc la conscience de son talent, disait: (I Ce sont mes vers legislateiirs. » lis formaient un recueil separe de ses autres odes (2). Ce recueil fut interdit par la police imperiale. Miserable mesure ! On ne peut ravir I 'existence a ce qui a ete. Dieu meine ne saurait aneantir le passe. La compression d'un ressort en augmente la de- tente; et toutes ces mesures d'une oppression delirante n'ont d'autre efifet que de ranimer ce qu'elles pretendent anean- tir. Je supprime les reflexions, pour ne rappeler, a cef egard , qu'une anecdote instructive et frappante. Dans ce terns , il se trouva un homme qui unissait a quelques talens une audace de bassesse bien rare; il se chargea, sans pu- deur , de mutiler et d'ajusler aux circonstances les chefs- d'oeuvre de Corneille, dont plusieurs vers offensaient de superbes et chatouilleuses oreilles. Qu'arriva-t-il ? on pou- vait donner I'ordre k I'acteur de reciter les nouvelles et he- terocliles variantes de son role; mais on ne pouvait pas empecher les spectateurs de porter dans leur poche un (i) Voyei le decret ; « Le peuple francais respecte les autres gou- vcrnemens et dcfendra son territoire. » (2) La plus grande parlie est reimpriniOc aujourd'hui dans les (Eufres choisies que nous anDon9iins. 120 LITTERATDRli. cxemplaire de Corneille, et de restitucr, en les recil.ant tout haul, les vers supprimes. Voili ce que j'ai vu , ce que lout Paris a vu. La mesure d'une police ombiageuse et tyran- nique sc trouva defitiitivement illusoire , inepte , ridicule et baffouee. Toutes les publications seraient aujourd'hui sans dan- ger, sous la constitution dans laquelle la France doit se reposer. Le gouvernement sera d'autant plus fort que la presse sera libre. Tons les bons esprits, quelle que soit sur d'autres objets la divergence de leurs opinion? , s'accordent sur ce point (i). Nous n'ayons considere Lebrun que sous le rapport du genie lyrique et de sa direction. Nous vivons dans un siecle oii la direction du talent I'emporte sur le talent mCme, La posterite amelioree, morale et severe comptera avec cha- cun de nous, et lui demandera de quelle utilite furent ses oeuvres; elle accueillera avec indifference plusieurs genres de litterature, qui prosp^rent encore aujourd'hui , I'elegie erotique par exemple et I'epigramme ; la premiere consa- cree i de douces faiblesses, et la seconde a d'ingenieuses mechancetes : dans I'epigramme, Lebrun est I'egal ou plu- lot le maitre des maitres; mais, dans I'elegie, il leur est inferieur; il n'a point I'elegante mollesse de Tibulle, il etale toute la verve de Properce et trop de luxe poetique. Son epitre sur la bonne et mauvaise plaisanterie presente une Leureuse fusion de la maniere de Boileau et de cellc de Voltaire. L'episode de Psyche, qui malheureusement n est point termine, est en poesie ce que sont en peinture les tableaux de Raphael, qui a traite le meme sujet. Lebrun a laisse un grand poeme inacheve sur la nature : il s'y (0 Voycz les opinions dc MM. Lanjuinais, de Sugur, Talleyrand, Chateaubriand, prononcces dans la Ghambie dcs Pairs , en 1821. LITTMATCRE. 121 Irouvc d'aJmirables details; maisledessin en est manquu, parce que la composition est trop vaste. Chaque chant est a lui seul la matiere d'un poeme. Lebrun avait oublie ce precepte de Boileau : « Souvent trop d'ahondance appau- vrit la matiere (i). » En effet, un sujet trop etendu est le inaitre du poete, ille domine, il I'ecrase, tandisquele poete estle maitre d'un sujet borne, l^'etend, le developpe et y seme avec profusion et avec choix toutes les richessses de son art. Achevons one tache difficile et delicate i rempiir, c'est d'indlquer, sous le rapport iitteraire, ce qui caracterise les beautes et les defauts de ce grand poete. — Lebrun a le nombre de Malherbe, la majeste pouipeuse de J. B. Rous- seau; il est plus flexible, plus varie, plus audacieux, et par cela meme plus lyrique. L'invention le distingue, ses sujets sontplus vastes, son dessein plus ferrae, son coloris plus brillant. Au niveau de toutes les connaissances de son Steele, il tire ordinairemont des sciences et des arts les comparaisons que les autres empruntent a une mytbologie ou a des images surannees. La grace le caracterise, aussi bien que la force; son ode sur les paysages de la France est d'une poesie suave, enchanteresse, aerienne. Ses de- fauts sortent de ses beautes memes; il s'eblouit quelque- fois de ses propres feux, et s'enivre de son audace , au point de chanceler et de s'egarer. Son expression, tropfiguree, en est moins correcte : c'est par exces de genie qu'il manque quelquefois de goQt. Nul homme, d'ailleurs, n'en connais- sait mieux leslois etneles expliquait avec plus de charmes. C'est un ecrivain original, et dont la maniere est a lui. II est plus grand poete lorsqu'il invente, que lorsqu'il imite (i) Art poctique. 122 LITTERATDIVE. ou lorsqu'il traduit. Le rayon de la flamme piiaiitivc esl toujours plu? vif que Ic rayon du reflet. On a insere dans le recueil de ses oeuvres , sous Ic litre d'odes, plusieurs pieces, qui ne sont que d'elegantes fugi- tives, des stances aiinables, des billets eroliques, etc. , ct le nombre en estbeaucoup trop multiplie. II ne fallait con- server de sa correspondance que celle qu'il entretint avec Voltaire, un extrait des reflexions sur I'ode et sur les beautes poetiques dont Corneille abonde ; on aiuie toujours a entendre un grand maitre donner des lefons de son art. Ces considerations et d'autres encore indiquaient ct commandaient inerac un choix savant, epure et delicat. Celui qui, le premier, publia le recueil choisi des oeuvres de J. B. Rousseau rendit un grand service aux lettres et au poete lui-meme. Le jeune editeur des (Eupres choisies de Lebrun n'a pas eu, sans doute, le terns ou la volonte d'y apporter tout le talent, tons les soins qu'il pouvait, qu'il devail y niettre. Cependant , ce recueil , qui en laisse desirer un meilleur, sera avidement recherche; le nom de Lebrun le pro- tege (i). Lebrun, instruit lui-meme dans son art par Racine le fils, qui avait puise sa doctrme , pour ainsi dire , a I'Hyp- pocrene meme, c'est-a-dire aupres de I'auteur de I'Arl poe- tique et de I'auteur d'Athalie , Lebrun a fonde a son tour une ecole donl I'energie estle caractfere. II a forme quatre eleves ; le premier fut le celebre satirique Gilbert (2) ; (1) Cette edition choisie est k tres-bon niarche, et les oeuvres completes sont treschercs. EUe est augnientec do six pieces, sup- primees, dans les oeuvres completes , par Tinquisitiou du terns. (2) Nous tenons ce fait de Lebrun lui meme. LITTERATURE. 123 Ic second est M. Lemercier, horame d'un profond savoir et d'un genie rare. Les muses regreltcnt le Iroisieme , M. Victorin Fabre, qui, jeune encore, avail deju moissonnc toutes les pahnes academiques, et dont les grands tulcns, soutenus par de longues etudes, donnaient les plus hautes esperances; le quatrieme est celui qui, fidele a la recon- naissance et a la verite, consacre a la memoire de Lebrun le peude lignes qu'on vient de lire (i). Chaussabd. (i) Plusieurs liommes dislingues aujourd'hui dans les lettres , jeunes alors, consultaient assidumcnt Lebrun. 11 me suGSra de ciler ceux dont les noms se presentent i mon souvenir. MM. Dureau de la Malle , traducteur de Valerius Flaccus ; Tissoi , traducteur dcs Bucoliques de Virgile ; Fqyolle, qui a traduit le slxieme livre de l'En6ide ; Bourrel, pofete epigrammatique ; le general D~t , po6te lyrique ; Masson, poete eplque ; Millei/oye , poete el6giaque; Bultura, poete lyrique venitien, celebre par ses traductions de I'Art poetique de Boileau et d'Iphigenie en Aulide, dont il a transports, avec beaucoup de bonheur, les bcautes dans la langue italienne. N. B. Les pieces les plus remarquables de Lebrun sc trouvant dans tous les recueils po6tiques, nous avons ete dispenses de les citer. Dailleurs , quelques beaux vers, quelques tirades detacbees , quelques strophes isolees n'auraient donne qu'une idee imparfaite de ces grandes compositious lyriques ; enCn , un developpement analytique plus etendu aurait depasse notre cadre et rompu I'enscmble des considerations generales. kVV\V\fc\VVt\%.\\\VV\\\V\M\\A\\l^lVlV^\\\\,V^i\\l vv\\v**vv\iv\\\.vv\\v*\vvv\t* in. BULLETIN BIBLIOGKAPHIQUE. LITRES ETRANGERS (i). amMique. ETATS-UNIS. 1. — Transactions of the medical society. — Transactions de la Societc luedicalc de I'Etat de New-York pour I'annee 1821 , par M. John Stbabhs , D. M. , president de la societe, du 6 fevrier 1821, iniprimees a Albany, chez E. et E. Hosford, 48 p. Cette brochure contient les proces-verbaux , ou plutdt les resolu- tions de I'asseinblee annuelle de la societe, ainsi que les lois de I'etat de New-York , relatives k I'exercice de la medecine. — La pratique de la medecine fut soumise, d6s 1760, i quelques reglemens de po- lice. Le premier juge du comte accordait des licences sur la preuve qu'on avait etudie la medecine pendant deux ans. Alors ia plupart des medecins etaient des etrangers, et particulierement des personnes qui avaient 6tudie S I'universite d'Edimbourg. C'est seulement depuis 1806, que le corps legislatif de I'etat de New- York a , par un acte special , etabli une societe medicale pour cha- cun de ses quatre comtes , et , au centre , une societe geuerale. Cbaque societe de comte cboisit annuellement un president , un vice-president , un secretaire , un tresorier , et de trois i cinq cen- seurs cbarges d'examiner les 6tudians auxquels la societe accorde le diplome de docteur et le droit d'exercer. Les societ6s de comti envoient chacune un delegue a la societe centrale, qui s'occupe des reglemens , des formalites necessaires pour I'examen et la licence , qui juge les contestations , et soigne les int^rets generaux de la fa- culte. Ccs societes ont des droits legaux , pourvu que leurs regle- mens ne contiennent rien de contraire aux constitutions du pays. (1} Nous indiqucrons, par un asterisque (') plac6 i cot6 du litre de chaque ouvrage, ceux des livres etrangers ou fran^ais qui paraitront digncs d'unc attention particuliere , et dont nous rcndrons quelqucfois compte dans la section des analyses. LIVKES ETUAXGi'IlS. 125 La societe ccntrale peut cxigcr iine retribution des ctudians et des niidecins de chaque conite , jiisqu'i la concurrence de mille dol- lars , et lever un I'mpOt de 5,ooo dollars pour I'entretien de la I'a- cult6 de m^decine de tout I'etat. EUe peut encore ouvrir des sous- criptions volontaires pour la formation d'une bibliotlieque m6di- cale , des cabinets d'instrumens et appareils , etc. II y a , de plus, des reunions de medecins , formant des colleges ; niais un 6leve qui , apres I'Sge de seize ans , a pass6 quatre ans chez un pralicien legalement licenci6 , peut pretendre i etre examine, et recevoir , apr6s sa vingt-unieme annee , le diplome de docteur. Un itudiant, qu'on a refuse de recevoir dans la societe du comte , a le droit de porter plainte devant la societe centrale , qui peut accorder un di- plome si elle le juge a propos. Les societes sont en droit de faire punir ceux qui exercent sans diplome. Nous regrettons de ne pou- voir nous 6tendre davantage sur les details de ces lois , ni sur I'in- t6ressant memoire de M. 3. Stearns , qui traite des fonctions et des maladies du foie. 2. — Address to the officers, etc. — Adresse aux officiers composant I'etat-major medical, par M. Samuel L. Mitchill, D. M. , et pre- mier chirurgien general de la milice de I'dtat de New- York, — New- York , 1820. M. Mitchill a 6te senateur de I'ttat fed^ratif de New-York, pre- sident de la societe m6dicale de cette ville, professeur de matifere medicale ; il est revfitu de tous les titres propres a constater sa haute reputation. Dans son adresse , il exhortc les medecins ct les chirur- giens militaires h profiter du terns de paixpour examiner les diverses epidemics qui ont desole le pays, etudicr les remedes et les agens veneneux indigenes, ainsi que les diverses branches de I'histoire na- turelle et de I'art veterinaire; enfin, il les engage a contribuer de toutes leurs forces a etendre les connaissances topographiques et me- dicales descontr6es qu'lls habitent. Cette adresse a ete tres-bienac- cueillie par la societe medicale de I'etat , qui a engaged M. Mitchill 4 la publier et k la repandre. E. Conrad. 3. — The pharmacopeia of the United states of America. ^- Pharmacopee des Etats-Unis de I'Amerique. Boston, decembre 1820, avec I'autorisation des societes medicales et des colleges du pays. Wells et Lilly. Le titre indique dej.i que cette pharmacopfie a etc publite par les 12G LIVRES liTRANGERS. rflbrts reiinis dc toutes les socittcs mcdicales aclnellcnient cxista ntes. C'est M. le docteur Liman Spalding qui en prcscnta Ic premier projet en 1817, et les delcgucs des divers etatss'assemblcrent , 4 act effet , 4 Washington, en 1820. M. Mitchill ctait le president de cctte reunion ; il parait que c'est en grandc parlic A lui que sont dues les importantes ameliorations de I'instruetion medicale et de la police du pays. On con(;oit combien cettc pliarniacopee doit con- tribucr i une connaissanco plus cxactc des plantes medicinales in- dig(;acs de l'Am6rique. F-r, D. M. 4. — Archeologia americana. Transactions and collections of the american antiquarian society. — Archeologie aniericaine, ou M6- moircs et recueilsde la Societe des antiquaircs amcricains. Tom. I. Worcester, etat de Massachusetts , 1820; imprimee chez W. Man- ning , in-S" dc 436 pages, avec figures. Taudis que personne , pas mfime le ministre auquel la nation ac- corde annuellcmcnt des fonds considerables pour I'encouragement des lettres , ne seconde la Societe des anliquaires de France , une so- ciety semblable vient de trouver aux Etats-Unis, dans le patriotisme des citoyens, des secours qui lui permettront de prendre un rang auprl's de la societe des antiquaires anglais, la mieuxdotic de toutes les societes archeologiques. En peu d'ann6es, les antiquaires ami'ri- ricains, dontle point de reunion est ii Boston, ontetabli des relations dans toute I'etendue du vaste continent de 1' Amerique septentrionale; ils ont fonde une bibliotheque qui , en 1819, renfermait deji 6,000 volumes, et un cabinet d'antiquitcs nationales, qui pourrrf devenir un jour une collection tres-curieuse ; enfin , ils viennent de publicr le premier volume de leurs memoircs. Un des membres dc la so- ciete a bien voulu nous en faire parvenir un exemplaire , dont nous allons faire connaitre le contenu. La premiere partie du volume est consacric k I'histoirc de la so- ciete. Cctte association se compose d'un bureau , d'un conseil dont les membres sont diss^niines dans les ctats de I'Union, et de divers correspondans ; il y a un conseiller dans chaque etat ; la socitte tient deux seances g6nt>rales, I'une a Boston, I'anniversaire du jour oii Colomb decouvrit I'Am^rique ; I'autre seance a lieu k Worcester. Son but est de rechercher et de conserver les antiquit6s naturelles ou artificielles de la conf6d<;ration am^ricaine. Chaque membre paie 6 dollars par an. LIVRES ETRANGEKS. 127 La seconde partie du volume nous fait connaitre les premiers tra- vaux de la societe. On a traduit du franc^ais I'ancienne relation du P. Hennequin , missionnaire , sur la decouverte du Mississipi ; les mt^dailles et monnaies franraises du tems de Louis XIV , que Ton trouve sur les bords des rivieres parcourues par les Fran(;ais , sont un objet curieux pour les Am6ricains ; il parait qu'on en a trouve un assez grand nombre. Un travail important de M. Caleb Atwater, sur les antiquites de- couvertcs dans I'etal d'Obioet dans d'autres itats de I'ouest, occupc une grande partie du volume , et pr6sente beaucoup de resultats intiressans. Ces antiquites appartienncnt , soit aux Indiens qui babi- tent encore le pays, soit aux Europeens , ou, ce qui est plus remar- quable, i quelque peuplc ancien qui a habite cette contree , et qui n'esiste plus. Ce sent des tombelles, des forts et des fortifications en terre, d'une forme quelquefois singuliere , des especes de puits, etc. La ressemblance de quelques-uns de ces monumens avec ceux du nord de I'Europe et de I'Asie engage un autre savant , M. Mitcbill , i appuyer la conjecture de ceux qui pensent que I'Amerique a re^u des babitans par la mer de Behring, et par ie Groenland, qui a ete dicouvert, commc on sait , par les Scandinaves. M. Mitcbill a fourni 4 la societe d'interessans details sur la poesic et le chant des Osages , ainsi que sur une momie trouvee en Kentucky; cette niomie a 6te de- criteaussipar Wilkins,et Farnbam a fait connaitre lesouterrain dans lequel on I'a trouvee. Enfin , M. Sheldon a fait insurer un memoire interessant sur les anciens Caraibes des Antilles; memoire que Ton pourra comparer k celui que M. Moreau de Jonnfes a public , au sujet du meme peuple, dans le Journal des voyages k Paris. Le volume est termini par la description d'une grotte de I'ctat d'Indiana remplie de cristallisations curieuses de sel d'Epsom et d'autres min^raux. II est orne d'un grand nombre de gravures representant les antiquites mentionn^es dans ce recueil qui, sans doute, interessera aussi vivement I'Europe que I'Amerique. D— g. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. S.-^A Grammar cf botany , etc. — Grammaire de botanique , avec la classification naturelle et artificielle des plantes; suivie d'une 128 LIVRES liTRANGERS. explication Ju systcnie de Jussieu , par J. E. Smith , incmbrc di; la sociiite royalo, et president de lasocietc linn^ennc. Londres , 1821 . Colburn , 1 vol. in-8°. L'etude de la botaniquc est devenue trcs-generalc en Anglelcnc. Plusieurs savans s*en sont occupes , et une sociutc a ete crcee pour seconder los progres de cetie science. Cepcndant , peut-Otre n'a- t elle pas encore attcint Ic dcgre d'utilitti qu'elle pourrait avoir, si on lui donnait plus de developpement , c'est-i-dire si Ton joignait aiix classifications et k la nomenclature des plantes le tableau de leurs proprietes. Lc detail des differens precedes chiniiques employes pour extraire d'une plante ou d'un fruit le sue qu'il contient, no se- rait-il pas bicn place a la suite de la description de cette plante ? On ajouterait ainsi un nouveau charme i» l'etude de la botanique , et Ton donnerait lieu i de nouvelles experiences , en analysant les diverses proprietes ties plantes. L'ouvrage de M. Smith est un expos6 clair et precis des differens syst6mes de classification adoptes par les plus c6lebres botanistes. L'auteur pr6fere celui de Linnee , auquel il pro- pose neannioins quelques modifications. 11 n'approuve pas entiere- ment le systeme de Jussieu , et lc combat sur quelques points. Le rang qu'occiipe M. Smith parmi les botanistes anglais , donne du poids a ses assertions. Get ouvrage est , pour ainsi dire , le com- plement d'une Introduction d la botanique physiologique et syste- matique , qu'il a deja publiee , et qui est fort estimee. 6. — A Guide to botany, etc. — Guide pour I'i-tude do la bota- nique 5 ou Demonstration famili^re des principes de la classification adoptee par Linnee, erne de gravures colorizes ; par /acywes Millar, professeur d'histoire naturelle et de chimie. Edimbourg, 1821 , 1 vol. in-19.. Get ouvrage est d'un genre bien different que celui que nous ve- nons d'annonccr. 11 renferme une explication simple et judicieuse des differentes classifications des plantes , selon le systeme de Lin- nee. L'auteur a 6vite d'agiter des questions trop savantes pour les jeunes botanistes , auxquels son livre est destine. 11 decrit d'abord la plante , puis il indique ses proprietes, I'usage qu'on en pent faire dans le commerce , le pays oii elle est indigene , le mois dans lequel elle doit etre plantee,et les principaux soins qu'exige sa culture. Ge plan 8C rapproche de celui que nous desirerions voir adopter par les auteura qui ecrivent sur la botanique ; ils rendraient ainsi leurs LIVRES ETRANGERS. 129 auvragcs plus gcneralemenl utiles. II est f'dcheux que M. Millar n'ait pas itendu scs observations sur toutes Ics plantes, au lieu dc clioisir les principales des diverses clasi-ifications. Parmi plusicurs articles fort bien fails, on rcmarque celui qui traite du gingembrc/jOrigi - naire des Indes orientalcs, de la canne a sucre et des diflerens pro- cid^s en usage pour en extraire la liqueur qu'clle contient; enfin, du cacao et de scs proprietcs. La partie des fleurs n'est pas moiiis bien Boigniie que ccUedes plantes. -. — A Hislory of the Brazils.— Ilistoire du Bresil, comprcnant un apergu detaille de la geographie , du commerce et de la popula- tion de cet important pays; par James Hb^dehson. Londres, 1821. Colburn. , x vol. in-4°, avec gravnres. L'autcur, arrive h Rio-Janeiro, en 1819, y attcndit long-ten'? un emploi qui lui avait ete promis , et resolut enfin de tirer parti de son voyage pour recueillir des renseignemens sur ces vastes regions. II rempHt cette t4che avec talent ; et on lui doit un tableau complct de r^tat actuel du Bresil , ainsi que de sa situation passec. II a traite s^par6ment de cbacune des vingt-deux provinces dont I'etat sc compose ; il d^peint le pays comma etant d la fois fertile et magni- fique; mais, ainsi que les voyageurs qui I'ont precede , il deplore I'litat de la sociele A Rio Janeiro : elle est de plusieurs siecles en arriere des pays civilises, pour tout ce qui tient au bien-6tre et aux jouissances de la vie sociale. L'hospitalite, qui est la vertu des peoples les plus barbares, y est inconnue. Les vivres y sont aussi chers qu'en Angleterre ; et les maisons d'une dimension ordinaire s'y louent de deux cent cinquante i trois cents louispar an. Les livres y sont soumis & de severes prohibitions , et la litterature n'y est rien moins que florissante. On public deux gazettes pour tout lY-lat. Les assassinats sont frequens ; les habitans, vifset cmportes, ont presque toujours un couteau cache sons la manche de Icur habit et a la moindre insulte , ils le lancent avec beaucoup d'adresse centre I'agresseur. Ces couteaux , de forme particuliire, ressemblent aux stylets des Espagnols, €t sc fabriquent en Angleterre, pour <-tre en- voyes au Bresil. Un mauvais gouvernemenl a pendant lon Que de reflexions cette anecdote fait naitre ! le grand bomme expire pauvrc et ignore , sans avoir joui de la reputation que lui meritaitson genie; tandis qu'apres sa mort, des speculateurs adroits s'enrichissent avec ses ouvrages. i3. — Account of a Tour in Normandy, etc. — Relation d'un voyage en Normandie, entrepris principalement pour rechercher et examiner les antiquitis de cclte province; suivie d'observations sur son bistoire , sur le pays et sur les babitans; orn^e de plusieurs gravures. Par D. Tubner , membre de la soci6te royale. Londres , 1S21. Murray. 2 vol. in-8°. De savantes rechercbes , un examen approfondi de I'arcbitecturc du moycn flgc , et des monumens qui subsistcnt encore aujourd'hui dans diflercntes parties de la Normandie, rccommandent cctouvragc aux arehitectes et aux antiquaires de I'Angleterre et de la France. L. S. B. I'OLOGNE. li.— Ouczonjch, Pulkaih, etc.— Des femmes polonaises autcurs par J. SoTviNSKi. Varsovic, 1821. M. Gliicksberg. Un vol. in-S". LIVftES iXRANGEIVS. 135 La Polognc a possedti un certain nombre de femmes auteurs ; mais c'est sur celles qui existent encore que M. Sowinski donne suitout des notices ties-int6ressantes. La nation polonaise lui saura gr tous les genres de poesie. II a joint, ix la fin, des airs notes. 16. — Dziela wierszem i prosa, etc. — CEuvres en vers ct en prose, de C. GoDEBSti, edition complete. Varsovie, 1821. N. Gliicksberg. Plusieurs des productions , dont se compose ce volume , avaient deji paru il y a long-tems. Les vers aux legions polonaises , la vie de Confucius , de Socrate , etc., ont merite k leur auteur un rang dis- tingue parmi les classiques polonais. L'auteur est mort sur Ie champ d'honneur, en 1809, k la bataille de Raszyn; le fils a reuni les ma- nuscrits de son pfere , et a publi6 I'edition que nous annonc^ons. 17. — Emmelina i Arnolf. — Emmeline ct Arnulphe (roman attri- bu6 a la princesse Lucie Giedbois). Varsovie, 1821. Latkiewica. In-S". Ce roman, qui offre des caractt;res bien dessines, dScele dans son jeune auteur une imagination brillante et feconde, 18. — History a hiblioleki, etc. — Histoire de la biblioth^qne de I'u- niversite Jagelonienne de Cracovie , par J. S. Basdkk. Cracovie , 1821, imprimerie de J'academie. Un vol. in-S". Get ouvrage est precieux sous le rapport blibliograpbique ; mais les observations du savant historien ne paraissent pastoujours fondees sur des recherches exactes , et I'execution typographique a et(i fort peu soignee. DANEMARCIi. 19. — Beretning om en Undersoegelse , etc. — Recherches faites par ordre du roi, en 1819, a I'ile de Bornholm , pour mieux con- naitre les richesses minerales de cette ile; par MM. Oersted et EsMABCH. Copenhague , 1820, in-S°. M. Oersted s'est acquis une si grandc reputation en Europe, qu'il est inutile dc dire que des recherches auxquelles il a preside 136 LIVRES ETRANCEIIS. ont ila neccssaii'cnicnt conduirc it dcs ivsultats iatcressans pour les^savans qui s'occupent de» sciences natuielles. Aussi, pouvons- iious amioncer cctte brochure , commc uq ouvragc renfonnant des niatcriaux et dcs renscignemens qui ineritent rattention dcs geologues. ao. — DenDanske OrMog, etc.— Dictionnaircdela langucdanoisc, 3 cab. in-4° contenant Ics lettres K et L. Copenbague , 1820. 11 y a plus de trente ans que cc dictionnaire a et6 cominencc. En procedanl avec la mcSme lenteur, il faudrait encore trente ans pour I'achever ; aprf's quoi , on ne pourrait rien faire de niicux que de Ic rccoaimcncer ; car la languc danoise qui, depuis un demi-si^cle , a beaucoup cbang^, cbangcra probablement encore avec le tems. L'ouvrage, d'ailleurs entrepris sur nn plan vicieux, a ct6 cunCe & dcs savans, trcs-instruits k la v^rit^, niais qui manquent de goCit et d'autres qualit(!:s trfes-n^cessaires pour une entreprise de cettc nature. C'est encore une question i risoudrc , si un bon dictionnaire doit etre l'ouvrage d'une academic ou d'unc 60ci6t de 23 feuilles et demie d'impression. Prix, 20 gros. Quoique la connaissanne de la langue grecque fasse journellement de nouveaux progrfes , I'esprit de recherche et de critique de nos philologues, loin de se ralentir, semble prendre un nouvel essor, k chaq'ue diScouverte. Ce n'est pas qu'on doive s'etonner de cette marche de I'esprit humain ; car, dans plus d'une occasion, on a pu remarquer la meme tendance appliquee A d'autres objets.M. le pro- fesseur Schneider, connu comme un des ministres les plus distingu6s de I'AUemagne , a particulierement fixe sa reputation par son excel- lent c?i6 ( Voy. ci-dessus, T. IX, p. an, les details rclatifs au silo de M. Ternaux. lAA LIVRliS KIRANGERS, voyons obliges de bldnicr. Un homnie aussi eavant que M. ficniat- Saint-Prix devrait Ctre traitc avec plus de mcnagemcnt , lors nifinie qu'on ne partagerait pas ses opinions sur quelques parties de I'his- toire On serait tente de voir dans la critique de M. Rossi le fruit de prejugcs nationaux, qui font quclqucfois meconnaitre aux etran- gers le nierite reel de productions publiees hors de Icur palrie. Pour faire apprecier jusqu'i quel point plusieurs des reprocbes , adrcsses parl'auteur de Tartlcle a M. Berriat Saint-Prix , sont fondes , il nous suDira dc dire que M. Rossi trouve fort titonnant , que le professeur de I'ecole de droit de Paris n'ait pas consulte rbistoirc romaine de Niebuhr, celle de Wachsmutb et les observations de Scblegcl sur I'ouvrage de Niebubr. M. Berriat lui r6pondrait , sans doule , qu'ayant remonte lui-meme aux sources oil ccs auteurs allemands ont puise , il etait plus simple de citer les auteurs originaux qui les ont tons guides dans leurs recbercbes. Quoi qu'il en soit, nous somnies, sur quelques points, parfaitement d'accord avcc M. Rossi; mais nous croyons qn'il a Irop exagere le ton de sa critique. A. T. ITALIE. 3o. — Introdu^ione alia mecvanica della materia — Introduction Ji la mecanique de la matiere ; par le cbevalier Leopold Nobili, de Reggio. Milan, 1S19. Giusti. Un vol. in-8°, accompagne deplancbes. 3i. — Nuovo Traltalo d'otiica, etc.— Nouveau Traite d'optiquc , ou de la Science de la lumitre; par le meme. Milan , 1820. Giusti. Un vol. in-S", 6galement avec plancbes. Dans la mecanique de la matiere, M. L. Nobili rapporte lous les phenomencs naturels i une seule loi : il itablit qnedes forces, dont les unes sont attractives et les autres repulsives , agissent sur les atomes materiels dans la raison inverse des carr6s des distances, et que ccs deux puissances opposees, sans cesse en activity, sc com- battent perpetuellement, etobtiennent tour i tour I'avantage, scion les circonstances. L'autcur pense que, de mfime que Galilee, Ar- cblmede et Newton ont trouve leurs systfemes, sans le sccours du calcul (c'est du moinsson opinion), il pout dtvelopper le sien par le seul secours de la geometric et du raisonnement. Ce systeme nou- veau consiste a admettre un fluide unlversellement repandu dans I'espace , forme de molecules qui se repoussent mutuellement. Dans ce fluide , tons les corps de la nature sont plong^s ct s'atlircnt; LiVRES i^:trangers. U5 niais ils sont revetns d'une atmosphijre propre , qui se perd inscnsi- blemcnt dans le (luide ambiant universel, en vertu des conditioni; d'equilibre. Ces deux fluides sont composes de la mSme substance ulementaire, dont les atomes se repoussent, d'apres la loi d'6ma- nation. L'auteur analyse la structure de cette atmosphere propre , montre comment sa puissance repulsive , mise en action , peut com- battre rattraction, comment se produisent les vibrations des mole- cules des corps, et en particulier quelle est la nature de I'elasti- cite. EnGn , il termine par un rapprochement entre I'attraction moleculaire et rattraction astronomiquc. Dans le second ouvrage, qu'on doit regarder comma une suite du premier, destine i en developper les principes , et k les appliquer en particulier k la theorie de la lumiere et k toutes les questions d'optique, M. L. Nobili adopte I'opinion de la propagation de la lumiere par ondulation. II admet I'existence de corps qui out la faculte de mettre en vibration tons les elemens de matiere repul- sive qui les environnent, et cela, en vertu deleur rapide decomposi- tion, qui les maintient dans de continuelles ondulations : ce sont les corps lumineux , ceux que Newton regarde comme langant perpe- tuellcment la lumiere aux depens de leur propre substance, et qui ne sont, selon l'auteur, que des centres d'action vibratoire , d'oii se propagent directement les impressions varices. Cette opinion , qui est celle de Descartes, defendue recemmcnt par des savans distin- gues , et particulierement par MM. Arago et Fresnel , est niodifiee par M. Nobili, Ce physicien admet que , les corps ayant tout autour d'eux une couche qui y forme une atmosphere de matiere repul- sive , les mouvemens vibratoires en sont influences , et les piieno- menes physiques de la lumiere sont transmis a nos yeux avcc ces modifications diverses que nous reraarquons. M. Nobili cxplique cnsuite tons les fails d'optique les plus compliques : la reflexion de la lumiere 4 la surface des corps, qui, dans le systeme de remission, offre tant de vague et de contradictions; la refraction, tant simple que double; la transparence des corps ; la combustion avec eclat et production de chaleur ; la coloration des surfaces et celle du spectre solaire ; les anneaux colores qu'on observe dans les lames minces ; en un mot , les phenomenes les plus delicats de la lumiere sont ana- lyses et expliques avec beaucoup d'art et de talent. Cos deux ouvrages doivcnl donner une idee avantageuse du mfiritc Tome xii. • 10 1A6 LIVRES liTRANGERS. de leur auteur, et sont digncs dc fixer I'attention des savans. Un eysteme se pruscntc toujours d'une maniere difavorable , et il ne faut pas Ic jugor legfcrement et sur un simple apergu : celui-ci a besoin d'etre mtdite avant qu'on puisse I'adopter ou le condamner. 11 serait i disirer que M. Nobili ne se fut pas borne i expliquer , ■ d'apr^s sa Ib^orie , les phenomenes deja connus ; mals qu'il en eftt fait naitre de nouveaux , propres 6 jeter quelque clarte dans un sujet aussi obscur. C'est ordinairement le propre des systfemes avoues par la raison, non seulement d'expliquer tous les faits dej^ conuus, mais d'en creer d'autres dont I'existence soit due a ce doute philo- sophique qui interroge la nature , pour s'assurer si elle est en effet soumise aux lois qu'on lui impose. Que de deconvertes faites par Newton , dans le scul but de verifier si ses idees sublimes avaient un fondement reel I La reflexion de la lumiijre a besoin d'une force repulsive, etla refraction^ d'une force attractiTe pour pouvoir s'ex- pliquer dans le systfeme de remission : la co-existence de ces deux causes repugne i nos idees, et offre une inconstquence logiquc in- goutenable. On est done puissamment sollicite vers la theorie des ondulations , que plusieurs autres faits semblent dementir. Accorder toutes les observations , lier tous les faits entre eux , les rapporter & une loi exacte et qui satisfasse d toutes les diDScultes , est une belle entreprise. C'est aux physiciens ii juger si le but est atteint par M. Nobili, auquel on doit d'ailleurs accorder beaucoup d'esprit, d'instruction et de merite. Fbancoedb. 3a. — Memorie ed osserfazioni , etc. — Memoires et observations sur divers objets relatifs aux sciences naturelles; par Giuseppe Mo- BETTi, professeur & l'universit6 de Pavie , etc. Pavie , 1820. Bizzoni. Get ouvrage contient des choses curieuses, neuves et utiles sur la chimie , la botanique , la mineralogie et I'agriculture. L'lnteret qu'offre le premier volume, le seul qui ait paru jusqu'ici, fait d6si- rer la continuation de I'ouvrage. 33. — PoeticoB Aristolelis nova versio ex grcBco exemplari , editio- nis novissimce ha udpaucis lamen in locis ^ si Diis placet , emendate ; accedunt appendices duce de tragedioe officio, et de dramaiicce poeseos apud Grcecos origine. Panormi, typis regiis , i8i5. Apr^s une elegante prfiface , I'auteur presente le texte original d'Aristote avec quelques modifications et des 6claircissemens judi- cieux et quelquefois ncufs. La traduction latino, qui suit le teste. < LivRES Strangers. ui est exacte et bicn soign6e; rautcur y suit les variantcs qu'il avail propost'es dans les notr.s. On trouve deux notes 4 la suite de la tra- duction; I'une , sur les principes grammaticaux d'Aristote, et I'autre sur l'id6e que les ancicns s'ctaient iormee du beau. Mais les deux Appendices, I'un sur le but de la tragedie , atVauUe sur I'origine de la poisie dramatique chez les Grecs , sont encore plus remar- quables. L'auteur soutient qu'Aristote voulait eloigner de la-trag6die tout ce qui pouvait alt6rer les impressions de la crainte et de la pitie,ou troubler le plaisir que ces deux passions doivent produire dans les pieces tragiques. Quoique l'auteur soit Allemand , comme on le pense en Italie (i) , il n'a , selon nous, ni surpasse ni rectifi6 les vues critiques et philosophiques de Lessing, dc Bouterveck et de Schlegel , ses compatriotes. F. S. ESPAGNE. 34. — Memoria sol/re los monies de Toledo. — Memoire sur les mon- tagnesde Tolede, par J. A. Lopez et Fr. M. Roeles. Madrid, 1821. Les deux auteurs font d'abord I'liistoire de ces montagnes , qui occupent une superficie de 160 lieues (d'Espagne) carrees; its les decrivent ensuite sous le rapport de la geologio et de I'histoire natu- relle ; ils observent qu'elles sont mal peuplees et mal administr6es , d cause de la negligence des magistrats de Tolede, et ils proposent des moyens d'en tirer un parti bien plus avantageux qu'on ne I'a fait jusqu'i present. 55. — Tratado historico y fisiologico compleio, etc. — Traite coMplet, historique et physiologique sur la generation de rhotnine et de la femme, par le docteur Ilurlado de Mendoza. Madiid, 1821. In-S". Get ouvrage se compose de la traduction de trois articles du Dic- tionnaire des Sciences medicales qui se publie 4 Paris; savoir, rhomme, la femme, la generation. L'auteur du trait6 espagnol les a T^unis en un corps d'ouvrage. 56. — Nueua monografia dj la calenlura amarilla, etc, — Nouvelle monographie de la fievre jaune, ou Traite medico-tlieorico-pratique sur la veritable nature, les causes, les symptOmes, la propagation (i) On croit que l'auteur de cette traduction et des Appendices est Ic marquis Hacs , de Wurtzbourg , qui a ete directeur des etudes du prince hereditaire des Deux-Siciles, comme TabbO Condillac I'a itO du prince hereditaire de Parmc. 10 • lis LIVRES ETRANGERS. ct les moycns de gutrison des typhus, particulitTcmcnt dc I'cspficc appcUe icicrodes ; par le mCme. Madrid, iSao, in-S". L'autcur chcrchc i prouver que la fievre jaune n'est point d'origine nouvcllc , comme on parait le croire , mais que c'est une affection topiquc , que les causes en sent locales, qu'clle est toujours nee et qu'elle s'est developpee spontanement , ct qu'elle nc se propage point par infection. On voit que le medecin espagnol est de I'avis de plusieurs medecins fran^ais etamcricains, quiont pretendu que la fievre jaune n'est pas contagieuse , tandis que d'autres soutiennent le contraire. Au reste , le dernier rapport des travaux de I'acadtmic royale des sciences de Paris fait observer que cettc question finira par devenir oiseuse. Le medecin espagnol a mis^ k la fin de son tiait^, la traduction de deux tn£moires fran9ais sur les maladies ty- phiques, par MM. Burdin et Lassus. D — c. 37. — Compendio de medicina praclica. — Abrig^ de mfedecine pra- tique, par don ^/zge/ Sanz-Mcghoz, D. M. Seconde Edition. Madrid 1821 , Alonso. Trois volumes in-12. L'auteur de cet ouvrage a suivi la doctrine de don Felix Mi- guel, medecin honoraire du roi. 38. — Plan general de reforma sobre el clero. — Projet de reforme gentrale du clerge espagnol ; par le docteurdon Joseph-Marie Moba- i.E)o, cure de la paroisse de Saint- Jean du Bourg de Brihuega; Ma- drid, 1821. Rodriguez. Un vol. in-S". L'auteur dc ce projet s'oppose, en quelques points, k I'avis donnd aux Cortes par la commission nomm^e ad hoc. II propose aussi un moyen de soutenir le clerg^j sans la demi-dime. Cet ouvrage pourra etre fort utile ; car les membres des Cortes prendront sans doute en consideration les motifs de chaque opinion £mise sur ce pro- jet, et ils les peseront avec calme etsagesse, avant de statuer d^fini- tivement, 39. — Principios dela ciencia social. — Principes de la science sociale ou des sciences morales et politiques , appliques k la constitution espagnole , par don Thoeibio Nugrez. Tome I" , contenant les prin- cipes de I'arithmetique , la logique , I'anatomie , la physiologie , la pathologic, et la nosologic de la science sociale. Madrid, 1821; Brun. Cet ouvrage est fait sur le plan de celui du ctl&bre publiciste -anglais Bentham , qui a ecrit a l'auteur , en Ic fclicitant sur la ma- I LIVRES ETRANGERS. 1A9 nlere avec laquellc il a su appliquer sa doctrine i I'esprit et au but de la constitution espagnole. 4o. — Parangon del slstema conslUucional de Espana , etc. — Comparaison entre le systeme constitutionnel de I'Espagne , et les formes principales d'autres gouvernemens, tant anciennes que modernes; par doa Joseph Mob de Fubntes. Madrid , 1821. Matute. Un volume in-S". 4i. — Colleccion de NouelaSt etc. — Collection de nouvelles, tra- duites du fran^ais en espagnol; par le citoyen Cabbbbizo. Ma- drid-, 1821. Alonzo. Vingt volumes in-12, avec des planches. Get Guvrage a 6t6 imprime 4 Valence. 42. — Colleccion complela de la Abesa Espanola. — Collection complfete de I'Abeille espagnole. Madrid, 1821, chez la veuve II- lescas. 12 vol. in-8°. l/Abeille espagnole est un journal quis'est publi6 k Cadix, pen- dant les annees 1812 et iSi3, et dans lequel on faisait le resume de tout ce qui se passait d'interessant dans les seances des Cortes, dans les armees espagnoles, anglaises et frangaises , et dans quel- ques villes de la Peninsule. Le style en est agreable , et les 6ve- nemens que Ton y rapporte ont assez d'importance pour I'histoire de cette epoque. C'est ce qui a fait naitre I'idee de reunir cette collection. J. A. Llobente. ROYAUME DES PAYS-BAS. ^'5. — Conjectures sur l^origine et la nature des chases; par le colonel PouLTiEB d'Elmoite , avec cette 6pigraphe : Heureux qui des effels peut remonter aux causes ! loxanAj , J. Cambien, 520 p. in-8°. On trouve dans ce livre beaucoup plus d'anecdotes personnelles, de traits de satire et de causeries que de saine physique. M. Poultier semble efre un homme de beaucoup d'esprit , qui , parce qu'il cause avec originalite, s'est cru dispense d'etudier k fond la matiere qu'il a traitee. II commence par une revue generale des sys/emes, sans avoir remonte 4 leur source ; il s'en ra ensuite divaguant sur le nombre et la nature des elemens, sur la fermentation et la projection des mondes, sur I'organisation des etres, la noblesse, les noms, la morale et les cultes. Get essai philosophique est termint; par des couplets sur le nombre trois : tout Jinit par des chansons , comnrc le disait Ijjidoisou , qui ne se piquait pas do philosophic, Dc Rg. 150 LivRES Strangers. 44- — Hen Zegeprael , etc. — l(C triomphc dc la croix de Jvsui- Christ, preche & Malines, dansl'iglisc mttropolitaincdc S.-Rumold, le premier mars 1821 , par tres-revcrend F. G. Vebueyletvbgen, vi- caire genera! dc rarchcv6ch6 de Malines. Malines, iSai. Hanicq , imprimeur de S. A. le prince-archeveque ,• in-S" de 3o pag. Qu'on dise que les pretres beiges sont plus fanatiques et moins tol^rans que d'autres , nous opposcrons i cette assertion I'exemple du vicaire general de rarehevfiche de Malines , et nous accrcditc- rons sans peine une meilleure opinion en leur faveur. Ni juif , ni paien, ni calviniste, ni lutherien, ne sont damni^sparlui ; •Confucius ct Mahomet, s'ils ont dti de bonne foi dans leur ignorance, pour- ront bien ne pas en 6tre punis , et Dieu en voudra peut-Ctrc da- vantage a ceux qui circonscrivaient sa clemence , i ceux qui le faisaient a leur image, qu'a ces herttiques et fautcurs d'h6resie qui n'y apportaient pas des intentions perverses. II est vrai qu'en Bra- bant cette doctrine n'est pas encore go&tee de tout le monde , et que S. A. le prince archev6que de Malines s'est vu force d'inter- dire la predication au reverend Verheylewegen. Mais n'en serait-il pas de meme ailleurs? 45- — Oorkonden , etc. — Documens puistis dans I'histoire du droit penal ; par J. B. Chbistmeyer. Amsterdam , 1820. Van Kestere- men ; in-S" de 29 p. Get ouvrage fait suite ii un autre , sur la jurisprudence criminelle , que nous avons annonce il y a quelque terns ; et il merite les memes eloges. 46. — Het ontwerp van het hurgerlyk wetboek , etc. — Projet de Code civil pour le royaumc des Pays-Bas, compare avcc le Code antferieur (public par livraisons). La Haye, 1821. Van Clcef; in-8" de 276 pag. 47« — Memoires sur ce qui s'est passi de remarquahle apres la capitulation de Bois-le-Duc , relatii/ement aux negocialions enta- mees entre la France et la Hollande, et a la mission de MM. Brant- ze« et Refelaeb, d Paris, en ijgi; par C. Van Bbeugel, ancicn directeur des contributions directes dans la province de Frise. Ams- terdam et La Haye, 1821. Van Cleef; in-S" de i35 pag. L'auteur nous rend compte d'intrigues diplomatiques , dans les- quelles tout annonce qu'il s'etait engage de trfes-bonne foi et avcc les meillcurcs inlontions , mais pcut-uti-c avec plus d'abandou LIVllES ETRANGERS. 151 qQe ii'cn mcritaient les homines , les choses et les circonstances. Get ouvrage ofTre du moins des documens susceptibles d'inspirer une certaine confiance, puisqu'ils nous sont transmis par un hoinme qui peut appliquer, aux evenemens qu'il raconte, \e. quorum pars magna fui de Virgile. 48. — Algemeen Aardrykskundig /^oorcZtfn&oeA:. — Dictionnaire gcograpbique universcl , d'apres les renseignemens et les divisions les plus modernes , par C. Bbuimng. Rolterdam , 1821. Arbon et Krap, 1821. in-8». Tom. 1. Ce volume, de 426 pages, en deux colonnes , acheve la lettre G. L'auteur a pris pour type de son ouvrage, le Gazetteer d'Edimbourg, en le corrigeant , lorsqu'il en etait besoin ; il s'est aussi aid6 des travaux de Turckej , Grandpre, liassel, Stosch, etc. II a mis en tete de son livre un utile tableau comparatif des longitudes, les siennes etant calculees sur le meridien d'Amsterdam. Un livre de cette nature est peu susceptible d'extrait ; nous en donnons pour echautillon et par abrege le premier article. « yi , nom d'une petite riviere de France, datisle departement de Lot- (lisez Loir) et-Cher , formant, pres de sa source , une ile dont la configuration est celle de la lettre A. « Aa, d'une etymologic commune avec le fran^ais, eau, espece de nom generique de petites rivieres, ruisseaux, canaux ; il a du rapport avec le frison Ee et avec I'JT ( voisin d'Amsterdam ). . . . Ce nom se presente frequemment dans les Pays-Bas. Dans leur partie fran^aise, une yia se jette dans la mer, aupres de Gravelines. Une autre se reunit aupres de Breda k la Mprfc , et a donne i cette ville le nom de Breede ( large ) Aa. Une troisieme Aa se dirige dans I'etendue de Helniont , vers Bois-le-Duc , et est contigue a la sei- gneurie d'Aarle. En Gueldre, au-dessons d'Anholt, une Aa se jette dans I'Yssel. A I'estdel'Yssel, AhuusestiilntsnTVAa. Auxfrontitres dupays de Munster et de Bentheim, une Aa tombe dans le Vecht. » L'auteur indique 6galement des Aa dans les provinces d'Over-Yssel, de Groningue , dans le pays de Munster. Une Aa se joint dans le comt6 de Leppe i la Wehr et prend le nom de JVehra. La Prusse , la Gourlande , la Suisse fournissent d'autres exemples. » G'est bien assez d'irudition pour un Dictionnaire geograpkique , mais clle n'y est pas hors de propos. Nous renverrons celtri qui voudrait en savoir davantage , ct a peu pres tout ce qu'on peut dire sur ce sujet, k un 152 LIVttES FMNC.AIS. ouvragc liollandais dc M. Jacques-Henri Uoenffl , imprimc it Breda, en 181G , nous cc litre : Taaikundige Bydragen , c'est-i-dire Ob- scrvatiuns philologiqucs sur Ics desinences de beaucoup de noms de licux dans le royaumc des Pays-Bas. II devait neccssairemcnt se glisser des erreurs dans un onvrage dc cette nature. Nous en avons d6ji indiqud une ; nous en indiquc- rons une autre dans I'article Chandernagor , villc qui apparticnt aujourd'hui k I'Anglcterre , et non ^ la France. Nous pourrions signaler aussi quclques omissions ; nous rcmarquerons celle d'yjr- pajon, petite ville du departement de Seinc-et-Oise , sur la route de Paris a Orleans , et qui s'appelle aussi Chatre ; nous ne la trouvons ni sous I'une ni sous I'autre de ces denominations. 49. — Schels der oude Aardrykskunde , etc. — Esquisse de la geo- graphic ancienne. Manuel elementaire. Groningue, 1819, Roeme- lingh. In-S" de 3l)0 pages. Get ouvrage, en partie original , en partie traduit, parait recom- mandable. On desirerait qu'il flit accompagne de cartes. Mais il vient de paraitre, k Groningue, chez Van Bockeren , un Adas dc I'ancien monde , en douze cartes, par Vieth et Funke. On pourra le reunir utilement au Manuel que nous annon^ons. 5o. — Helens Jiedevaart, etc. — Pelerinage d'Helon ^ Jerusalem, par F«. Stsacss; trad, de Tallemand (par madame V''. Klkim), et euri- chi d'uae preface par J. H. Zander Palm, et de notes par J. Cla- risse. Tom. I". Amsterdam , 1820. Vander Hey. ln-8'' de 261 p. Ge premier volume fera desirer la continuation de I'ouvrage. Nous ignorons s'il a paru au complet en allemand. M. Strauss a prfs pour modele le Voyage d'Anacharsis. Son Melon est un jeune Hebrcu, n6 h Alexandrie, et elcve dans les principes de la philosopbie grecque. Ces principes lui ont fait quitter la foi de scs percs; mais il est decide i y retourner, et c'est le but de son pelerinage, qui se rapporte a la fin du gouvernement des Machabees , lorsque les Juifs avaient pour grand-pretre Jean Hyrcan , troisieme Cls de Simon Machabee, un siecle avant la naissance de J. G. Mahron. LIVRES FRAiXgAIS. 5i. — Flore de la Botanique des Dames. Collection renfermant quatre planches dc principes dc botanique et quatrc cents figures de plantcsj dont une grando partie est cxtraite de VHcrbicr dc LIVRES FRANCAIS. 153 I'amaieur. Paris, 1821. Audot, rue des Ma^ons-Sorbonnc, n» 11. Un vol. in-18. Prix, 3 fr. Ce volume , qui fait partic de la iroisieme livraison de VEncy- clopediedes dames {Vqy. T. IX, p. 63o, elT. X, p. 189), est le com- plement de I'ouvrage de M. Boitard, annonc^ dans notre pr6c6denl cahier, page SjS. 52. — Aperfu microscopique el physiologique de la fructification des Thalassiophytes symphysistees, pr6sente i la societelibre d'6- mulation de Rouen, par M. Benjamin Gaillon, membre correspoa- dant k Dieppe; Rouen, 1821. Baudry. In-S° de i4 p- Parmi les plantes marines du genre /ucz^s de Linnee , qui mainte- nant composentia famille des Thalassiophytes (varecs), il en est qui paraissent dio'igues, c'est-i-dire pourvus de deux organes differens de fructiCcation ; les uns mSles , les autres femelles. On y remarque des parlies renflees , decolorees , remplies de mucilage , qui contiennent les semences propagatives ; et en outre , dans le tissu du meme ve- getal, on distingue de petits grains colores r6pandus 9^ et li. L'au- teur de I'ecrit que nous annon^ons combat Topinion de Dawson- Turner, de Solander, etc. , et se range k I'avis dc Mertens , qui veut que les granules color6es soient les rudimens de la fructification, et en quelque sorte la fleur de la plante. Fbamccbub. 53. — Traite general des eaux etforets , chasses et peches , prc- mifere partie. Recueil chronologique , contenant les ordonnances , edits et declarations des rois de France , les arrets du conseil et des cours souveraines, les lois , arretes du gouvernement, decrets , ordonnances du roi , arrets de la cour de cassation , decisions mi- nisterielles , circulaires et instructions administratives; parM.BAO- DBiLLART, chef de division adjoint k I'administration genirale des forets. rremiere livraison. Paris, 1821. Madame Huzard, rue de I'^peron , n". 7, 1 vol. in-4° en deux tomes ; prix, pour les souscrip- teurs , 8 fr. , et 11 fr. pour les non - souscripteurs. [Voy. ci-dessus , T.XI,p. 378O De tous les r^glemens qui manquent encore i la France , il n'en est peutetre point dont le besoin se fasst plus sentir que ceux qui concernent I'agriculture. Tous les regimes qui se sont succedes de- puis trente ans, ont tour i tour leurre la nation de I'espoir d'un Code rural; et , jusqu'ici , cc code, indispensable dans un etat aussi emi- nemmcnt agricolc que Ic nOtic, est toujouis rcslu dans Ic poiltfcuillc 15A LIVUES FRANCAIS. des ministrcs. En attendant qu'il plaise cnfin au gouvernement de faire cesser toule incertitude i cet 6gard , et de fixer les interCts de Tagriculture par un rtglement unifornie , plusicurs ecrivains se sont occupes du soin de recueilliretde publierles dispositions legislatives promulguees i diverses epoques , pour suppleer en France au diifaut d'un code rural. Parnii ces ouvrages, inspires par le d6sir d'etre utile, nous croyons devoir citer avec 6loge celui que public dans ce mo- ment M. Baudriilart, ami z61(i de I'agriculture , et I'un desmembres les plus distingnes de I'administration gen^rale des forets. Le pre- mier volume du magnifique et utile ouvrage qu'il public , contient tous les r6glemens relatifs aux eaux et forets , ces deux grandes bran- ches de Teconomie rurale. Au moyen de ce recueil, les proprietaires seront affranchis des dangers auxquels les cxposait une legislation informe, qu'il 6tait presque toujours impossible de consulter dans la poussifere des bibliothfeques oil elle (itait enfouie. M. Baudriilart ne s'est point contente de ce premier service rendu 4 son pays. Apres avoir instruit scs conciloyens de leurs devoirs comme proprietaires, il les met 6 meme d'augmenter par cux- memes la prosperite publique, en leur soumettant les resultats de sa longue experience dans les eaux et forets. Les volumes qui sui- vront celui que nous annon^ons , contiendront , avec detail, tous les moyens essayes pour ameliorer les bois et les forets de la France; pour remedier, par des plantations ou des semis, k la consommation toujours croissante du combustible , et pour tirer des bois tous les produits dont ils sont susceptibles. Enfin , voulant faire de son tra- vail un traite coniplet , M. Baudriilart termine son ouvrage par ua Dictionnaire des chasses et des peches , oil seront contenus les me- thodes plus ou moins ingenieuses de faire la guerre aux habitans des eaux et des forets. Ce dernier volume sera accwmpagne , m giant ainsi I'agreable a I'utile, d'un tres-bel atlas, offrant aux amateurs les armes , piiges , filets , etc. , employes pour la chasse et la pfiche. Nous ne pouvons qu'applaudir au plan de ce Traiti general des eaux et forets, ainsi qu'a I'execution du premier volume que nous avons sous les yeux ; ceux qui suivront offriront sans doute le mfime int6rCt ; nous nous empresserons d'en rendre compte. P.St. A. 54. — Geographie jj/ij'sitjue, historique el siatistique de la France, par E. Merielle. Troisiemc edition , revue, corrigee et augmcntte LIVRES FRANCAIS. 155 par M. Depping. Paris , 1821. 1 vol. in-8<> de 742 pages. Guillaume ct compagnic, rue llautefeuille , n". 14. Prix, 12 fr. La Giographie de la France formait le 4'- volume du Cours complet (Id cosmoj^rap/iie , de geographie, de chronologie et d'/iis- toire, de M. Mentelle; mais, comme ce volume se vendait s formant ensemble SSg pages. Prix , 12 fr. , et franc de port i4 fr- jS. Les fievres intermittentes, larvees et pernicieuses, ont ete pen- dant long-tems le sujet des recherches des medecins les plus habiles. Mais aucun d'eux n'avait, jusqu'i nos jours, envisage ces maladies sous leur veritable point de vue : presque tous regardaient les fi6vres intermittentes comme essenlielles, lorsque du sein de la m6decine militaire s'est eleve un reformateur , digne emule de Bicbat , qui , juste appreciatenr des travaux de ce grand g6nie , a forme le projet de marcher sur ses traces , et a fonde la medecine physiologique. Ce medecin celebre n'a pu donner encore toute I'etendue con- venable aux travaux qu'il a si glorieusement commences ; mais ses eleves travaillent , apr^s avoir suivi avec assiduite ses cours et sa clinique, i d^velopper quelques points de sa doctrine, pour qu'ellc soil plus promptement appr6ciee par tous les medecins qui re- cherchent de bonne foi la verity. Tel a et6 le but ds M. Mongellaz, en publiant son Essai sur les irritations intermittentes. Get ouvrage, divis6 en quatre chapitres , est du nombre de ceux qui meritent d'fitre mddites par les medecins. 61.. — Traite des maladies de I'oreille et de V audition; par J. M. G. Itabd, medecin de I'institution des sourds - muets, et membrederacademieroyale de medecine. Paris, Mequignon-Marvis, rue de I'Ecole-de-Medecine , n". 3 , 1821, 2 vol. in-S", formant en- semble gi8 pages. Prix, i5 fr. , et par la poste 16 fr. 11 manquait i la medecine un traite complet des maladies de I'oreille et de I'audition; M. Itard vient de remplir cette lacune. Personne mieux que lui ne pouvait faire connaitre des maladies a Tetude desquelles il a consacr6 pres de vingt annees ; aussi , I'ouvrage que nous annon^ons est-il un de ceux que les praticiens consulte- rontavecle plus de fruit. M.Itard a divis6 son travail en deux parties, qui sont elles-memes subdivisees en plusieurs sections. La premiere partiecontient des considerations et des recbercbes historiques sur les decouvertes anatomiques ralatives i I'organe de I'ouie , et la des- cription et les usages de toutes les parties qui composent cet organe IGO LIVRES FRANC AIS. dans riionime ct clicz Ics animaux. Aprfcs avoir donni; les dt'iaili; les plus minuticux sur I'organisation dc I'oreille , raiiteur passe Jk la description des nombrcuses maladies dent elle pout Ctre le siege. La surdity 6tant , dc toutes les maladies dc I'audition, cellc qui se rencontre le plus fr^quemmcnt, M. Itard s'est particulierement atta- che h bien faire connaitre les causes qui la produisent , i en tracer clalremcnt la marche , les complications et le traitement qui leur convient. L'ouvrage de M. Itard est terminc par un chapitre fort int^ressant , sur I'education physiologique des sourds-muets ; il rend compte des experiences curieuses qu'il a faites pour rendrc I'ouie aux sourds-mucts , et des succt's qu'il a obtenus. II donne cnsuite, dans trois planches , la description de dilKrens instrumens d'acous- tique dont il a etc 4 port6e de constater l'utilit6. D. d. m. 62. — Precis theorique et pratique sur les maladies des yeux; ^av Antoine- Pierre Demoubs, medecin-oculiste duRoi, membre titulaire de Tacademie royale de mcdecine, etc. Paris, 1821 ; chez I'auteur, rue de I'Universite, n" 19. In-8° de6oo peg. Prix , 7 f, 3oc. , ct 9 fr. 5o c. par la poste. M. Demours a public, il y a trois ans, un Traite des maladies des yeux, en trois volumes in-8° et unin-4°, contenant quatre-vingt- une planches , dont cinquante , coloriees et retouchees au pinceau , representent avec exactitude les maladies de ces organes. II s'est propose pour but , en publiant Ic Precis que nous annon^ons , de resserrer les differentes parties qui composent son grand ouvrage, pour mettre le nouveau61aporteed'unplusgrandnombre d'acqu6reurs. 63. — Recherches sur I'injlammatian de Varachnoide cerebrale et spinale , ou Histoire theorique et pratique de I'arachnitis ; par Paeeht Ddchatelet et Mabtinet, D. M. Paris, 1821. Crevot,rue de_l'Ecole-de-Medecine, 3i. Un vol. in-8'>. Prix, 7 fr. 5o c, et 9 fr. par la poste. MM. Parent- Duchatelet et Martinet ont liclairci Ic probleme si important des signes ct du traitement des inflammations de la membrane sereuse , qui revet le cerveau et la moele 6piniere. Chaque observation de maladie est suivie de I'ouverture du corps du malade. lis ont verifi6, de cette manicre, que les convulsions, les roideurs titaniques , les paralysies locales et tcmporaires, ct tous ces accidens , dits nerveux , que Ton traitait et que Ton traite encore, par des stimulans cnergiqucs , dans les fievrcs ataxiques LIVRES FRANCAIS. 161 ou maligneSi ainsi nominees i cause du desordre des symptdmes, ont m coiistamment d'autant plus inteases, que les traces d'in- flatnmaticn de I'arachno'ide , ou de la surface de la pulpe cere- brale, etaient plusprofondes; d'oii suit la condamnation de ce mode de traitement. Desmouiins, D. M. 64. — Quelques riflexions d'un amateur^ sur une brochure in~ titulee: Un mot d'un invalide. St.-Etienne, 1821. Sourjeon, libraire, in-S" de 29 pag. Cette brochure, publi6e au sujet d'une discussion tout-4-fait par- ticuli6re a I'auteur, traite cependant une question d'un interet ge- neral; cet amateur de la science d'Esculape a remarqu6 que, de- puis qu'il existe des medecins,ils se sont rarement trouves d'accord sur les moyens de gu^rir ; que des methodes opposees ont regne chacune a leur tour et souvent ensemble , ce qui est peu rassurant pour les malades. Ces methodes sont-elles toutes egalement bonnes ? et , si elles ne le sont pas, laquelle est la meilleure ? oJe me suis souvent fait ces questions, dit I'auteur; i force d'y reflechir, je suis parvenu ^ les resoudre , au moyen d'une thiiorie que je vais exposer, et que je vais appliquer a la discussion m6dicale qui s'est elevee entre les medecins de Saint-Etienne , et aux divers modes de traitemens qui sont employes dans cettc ville pour la fievre muquense.s L'auteur qui n'a voulu parler que de la fifevre muqueuse , telle qu'elle est d^crite par M. Pinel (Nosographie philosophique,T. I.), expose trois modes de traitemens; celui de M. Leroi [Medecine curative J pag. 126 et suiv. ) ; celui de Brown {Elemens de mide- cine, pag. 44o et suiv.), et enlin celui que l'auteur lui-meme a imagine , et que , comme de raison , il trouve le meilleur. Nous ne d^ciderons point entre ces graves autorites; mais si, comme il s'en flatte , la th^orie de notre amateur pouvait resoudre la question de savoir quelle est la meilleure methode de gu6rir, il pourrait se vanter d'avoir fait faire a la science , tout amateur qu'il est , un plus grand pas que tons les docteurs passes et pr^sens, depuis le dieu d'Epidaure , inclusivement. M. A. 65. — {*) (Suvres choisies de Fenelon, Paris, 1821. Delestre- Boulage , libr. de rEcole de droit , rue des Mathurins , n" 1 . Le tome 4* de cette belle edition , qui se composera de 6 vo- lumes in-S" {voy. Rev. Encyl., Tom. VIII, p. 4i5), vient de Tome xii. 11 162 LIVRES FRANCAIS. paraitie. II contienl Ic Traitti suv Vc:Jucalwn des filles ; Ics direc lions jwur la conscience d'lin roi; Ics deux meilletirs sermons dc I'aichcvcqut; dc Caiubray, ct Ics Ictlrcs sur divers sujcts dc nic- la|iliysique ct de religion. 66. — (') (Euvres choisies de Bossuel , publi6es par le meinc li- Lrairc , en iS vol. in-S". Prix de chaque volume , 4 fr- So c. Le 1'' volume, qui est en vcnte , conlient les Oraisons funehres, priccdces de I'exarnen qui en a die fait par Thomas. L'idition sera composec des ouvrages suivans ; Introduction i la philosophic, ou De la connaissance dc Dicu et de soi -mCme; Traile du libre ar- bitre , i vol. ; Exposition de la doctrine calholique, choix de Icltrcs, niandeniens, discours de reception , i vol.; Discours sur I'liistoirc univcrselle , et lettres sur I'education du Dauphin, 2 vol.; la Politi- que tir6e dc recrilure-sainte, declaration du clcrge de France, etc. , a vol. ; Choix de sermons et de pantgyriques, 2 vol. ; Elevations sur les uiystiircs , opuscules , 2 vol. ; Meditations sur Tcvangile , discours sur la vie cachee , Iraitc de la concupiscence, 5 vol.; Ilisloire dcs variations avec la defense, conference avcc M. Claude, 4 'ol. On est libre dc souscrire pour tout ou partie dc ces ouvrages. L'execu- tion de cctte belle collection , conforme aux oeuires choisies de Finilon , est confiee aux presses de M. P. Didot ; ee qui a dejJi paru est digne de sa reputation. II suffit, pour Ctrc souscri|)tcur, de se faire inscrire chez Delestrc-Boulagc , libr. de I'Ecolc de droit , rue des Mathurins, n" 1. 67. — Voltaire en un volume , edition dialoguec ; par J. B. Gou • BiET. Paris. 1821 , Baudouin , rue de Vaugirird , n° 36. 1 vol. in-12 de 445 pag. Prix , 2 fr. 5o c. , et , franc dc port , 3 fr. Extraire de Timmensc collection des ceuvres dc Voltaire les pas- sages qui eontiennent scs opinions sur les objets les plus importans qui occupent la pensee dc I'homme , ct ranger ces extraits divers sous des titres communs , tel atti le travail de I'iditcur dece rccueil. Le volume est divise en six sections; 1" religion; 2° politique; 3° legislation ; 4° morale ; 5" histoire ; 6" litterature. Les titres de quelques-unes des subdivisions de ces chapitres donneront line idee des matieres qui y sont traitees : de I'existence de Dieu , dogmes et croyances; des conciles , despapes, des moines , pre- jug^s, superstitions, fanatismc , etc.; feodalite , etats-generaux , liberie J prisons, tortures, Galas ^ Sirven , Labarre; de la guerre j LIVllES FRANCAIS. 163 de la tolerance; des philosophes ; mceurs et usages, (etiquettes, preseance , titres d'honneur ; 6tat de comedien , etc. Les extraits nous ont paru generalement bien choisis ; on n'en peut pas dire au- tant du titre : Edition dialoguee. Outre qu'il n'est d'abord ni clair ni correct , I'editeur pouvait s'epargner la peine de ranger ces divers morceaux sous la forme de reponses in des questions , qui ne semblent pas toujours venir d'une maniere assez naturelle. Nean- moins, le lecteur parcourt avec inter6t ce tableau resumi des opinions de Voltaire. A. 68. — Doctrine sociale ou Principes univcrsels des lois et des rap- ports de people d peuple ^ deduits de la nature de I'homme et des droits du genre humain; par G. J. B. Bonrin. Nouvelle 6dition. Paris, Kleffer,rue d'Enfer-St. -Michel, n''2, i vol.in-8° de aiop. Prix, 3 fr. La reimpression, au bout de quelques niois [voy- I'annonce de la preniifere edition, Tom. VIII, p. Sjg), d'un ouvragc d'un genre aussi si^vfere que celuici, prouve k la fois le merite de son auteur et la direction marquee des esprits vers des objets d'une utilite ge- nerale. En effet, rien ne peut interesser plus vivement I'homme en societe que la connaissance des luis et des rapports de peuple a peuple, sur lesquels sont i-egles ses devoirs et ses droits? Un ouvrage qui rassemble , en corps de doctrine, ces principes uni- vcrsels de la morale et de la politique, devait fixer I'attention de tous les citoyens eclaires ou avides de s'instruire. lis ne liront pas avec moins d'int6ret les reflexions jointes i cette nouvelle Edi- tion sur le concordat et la loi organique des culles , ainsi que sur r etablissement d'une noblesse, et les lettres de I'auteur aux Cortfes d'Espagne , au Congrfes des Etats-Unis, k la Republique d'HaJti, au Parlement des Deux-Siciles et aux Cortfes de Portugal. Ces derniers, dans leur seance du 7 juillet , ont propose d'ordon- ner la traduction et I'impression de cet ouvrage en langue natio- nale. ( Voy. Rev. Encjcl. , T. XI , p. 425. ) E. H. 69. — Esprit de la morale universelle , ou Manuel de tous les Ages, traduit d'un ancien manuscrit indien; didit k la jeunesse, etmisen concordance avec I'ecriture sainte ; par M. P. A. Gabbos, directeur de la Manufacture genirale des apprentis pauvres et orphe- lins. Paris, 1821, a I'etablissement , rue du Faubourg-St. -Denis, n" i52. 1 vol. in-18. Prix, 2 fr. , et, par la poste, 2 fr. 5o c. On ne saurait mettre de trop bonne heurc sous les yeux de la 11 * 16A LI V RES FRANgAIS, jeuoesse les preceptcs d'uue sage morale qui doit lui servir de guide dans toutes les circonstances de la vie. L'homme reticnt plus aise- ment ce qu'il a appiis dans son enfance ; aussi, un instituteur ^clair6 prend-il le plus grand soin pour que les livres , qui sont destines i ses jeunes Aleves, ne renfermenl que des lc(,-ons utiles et profitables, L'ouvrage que nous annon^ons , reimprim6 pour I'usage d'un fetablissement respectable , contient une morale pure et aimable , trfes-propre i faire naitre dans I'ame du lecteur tous les sentimens honnfites. Le nouvel editeur a eu I'heureuse idee de rapprocher, du teste original, des preceptes tires des livres saints. Nous croyons que le Manuel de tuus les ages pent convenir aux maisons d'education. Nous sommes f4ches, neanmoins , que M. Gar- ros ait conserv6, dans l'ouvrage de Dodsley, la pompe du style oriental ; ce genre de style boursouflle et cmpbatique parait dan- gereus pouj la jeunesse, que Ton devrait plutot accoutunier de bonne heure i admirer la belle simplicity de nos grands auteurs classiques. A. T. ^o. — Manuel des meres , de Peslalozzi ; traduit de I'allemand. Paris, i8ai. Paschoud, rue de Seine , n° 48- 6en6ve , mgme mai- son. Un vol. in-J2 de 2o4 pages. Prix , 2 fr. 4o c. , et , par la poste 2 fr. 90 c. Pestalozzi est deji si connu en France , comme dans le reste de I'Europe, qu'il serait superflu de rappeler ici tons ses titres a I'estime des amis de I'education. Ceux qui desireraieut connaitre sa me- thode en detail, la trouveront exposee avec precision et clart6 dans l'ouvrage de M. Jullien , qui a pour titre : Esprit de la me- ihode de Pestalozzi. Le Manuel que nous annon^ons , public par ce respectable instituteur, est specialement destine aux meres. II leur enseigne ii tirer parti des premiferes impressions que resolvent les plus jeunes eni'ans , pour leur faire observer les objets visiblcs qu'on leur nomme , et dont leurs sens sont d'abord frappes. Pestalozzi croit, avec raison, que les premieres sensations de I'enfance sont beaucoup plus importantes qu'on ne le pense , et il confie Ji la mere le soin de les recueillir , de les surveiller et de commencer ainsi la tSche de I'education. Les premieres instructions semblent d'abord pueriles ; mais on apprecie leur importance des qu'on se rappelle le but que I'auteur se propose. Les plus honorables succes sont, de- LIVllES FRANCAIS. 165 puis long-tenis, le garant dc la bonti de ce systcme, qui tn^rite , par cela seul, de fixer I'attention des parens et des instituteurs. ji. — Conpersations morales entre une mere et son fils : ■pax vaA- demoiselle L '* *. Paris, 1821. Paschoud, rue de Seine, n" 48. A Genfeve , meme maison. Un vol. in- 12 de 3oo pages, Prix : 5 fr., et, par la poste , 3 fr. 76 c. Ce petit ouvrage doit 6tre distingue de la foule d«s litres destines ^ I'enfance : il n'a point la frivole I6gferet6 des uns, ni le ton s6rieux et pedantesque qu'on trouve trop souvenl dans les autres. Gaston est un aimable enfant, qui, malgr6 les d6fauts de son caractfere, plait et interesse par le d6sir qu'il t6moignc de s'en corriger. Sa mire est une femme eclairee et prudente , qui salt k propos calmer ou exciter les elans de son coeur, et les dinger vers le bien. Cbaque cbapitre traite d'une vertu ou d'une qualite , dont la pratique est appuyee par une bistoriette, un trait d'histoire ou une anecdote agreablement racontee. 72. — Lectures elementaires pour les enfans , traduites de I'ita-i lien. Paris , 1S21, Paschoud, Paris et Geneve. Un vol. , petit in-ia de 96 pages. Prix ,1 fr. ^ et, par la poste, i fr. 20 e. Amener I'enfant i comprendre I'existence de Dieu par I'observa- tion des merveilles de la nature ; le conduire i I'idee du Cr6ateur par les oeuvres de la cr6ation , tel est le but que s'est propose I'auteur de ces le9ons , M. G. Babdi , fondateur d'une des ecoles d'enseigne- ment mutuel de Florence. Ce systfeme est d'autant meilleur qu'on a trop long-tems neglige de s'adresser i rintelligence des enfans, de faire naitre chez eus des idees par les objets qui frappent leurs sens , de les leur faire developper, en rectiCant ce qu'elles pourraient avoir de faux. G'est cependant le seul moyen de former des etres pensans et refl^chis. L. S. B. 73.— (Euvres completes de M. Necker, contenant un grand nombre dc morceaux inedits, etpubliees par M. de Stael, son petit-fils; 2* etje livraisons, comprenant les Tomes IV, V, VI, VII et VIII. Paris, 1821. Treultelet Wiiitz. i5 vol. in-S". Prix, 6 fr. le vol. pap. fin.et 12 fr. pap. velin. Ces deux nouvelles livraisons contiennent : V Administration des finances de la France. —Second minislere de M. Necker. — Troi- sieme ministere de M. Necker. — Du pouvoir executif dans les grands etats. L'cxtcution typograpbique de cet ouvrage est con- 166 LIVRES FRANCAIS. forme h cellc iles CEuvrcs do madanic dc Slaiil ( 17 vol. in-S", Prix , 102 fr. , dent la dcrniiire livraison vient de paraitre. On doit savoir grti aux ^diteurs de cctte conrormiti , car les ecrits de ma- dame dc Stacl sc rattachent par tant de liens k ceux dc son p6re , qu'on peut considirer les deux collections commc n'en formant, pour ainsi dire, qu'une seule. Les autres volumes dcs QEuvrcs de M. Necker sont sous presse et paraitront bicntot. ~4- * — Desprisovs , de leur regime et des mqyens de VamelioTer; par M. E. Danjou, avocat k Bcauvais. Ouvrage couronni par la societe royale des prisons, dans la seance du i5 mars 1S21 , presi- dee par S. A. R. Monseigneur le due d'AngoulGmc In-S° de 35 feuilles trois quarts, plus 4 figures lithographiiies. Imprimcrie d'l&gron , k Paris. Prix , 7 fr. 75. (') — Recherches sur les consommations de tout genre de la ville de Paris, 1817; par M. Benoiston de Chatbauneuf : seconde partie ( cousommation industrielle ). Paris, 1821. Martinet , rue du Coq-Saint-Honor6, n" i5. Un vol. in-S" de i6S pages. Prix , 5 fr., et 3 fr. So c. par la poste. ( f^qyez Tom. IX , p. 5G5. ) Nous riuniroas. le compte rendu des deux parties dc cet int^res- sant ouvrage , publl^es separement , dans un article de notre section des Analyses. 76. — Histoire politique et morale des revolutions de la France , ou Chronologie raisonnee des et-'enemens memorables , depuis 1787 jusqu'dlajinde 1820, epoque des conferences de Troppau et de Laj'bach ; par M. Bail. Paris, 1S21. Eymery, rue Mazarine, n° 3o. 2 vol. in-S", ensemble de S60 pages. Prix, 12 fr. , et, par la poste, iSfr. De quelque maniere qu'on envisage et qu'on derive I'histoife, il est certain qu'on ne peut intervertir I'ordre des terns et qu'il faut en suivre la marche ; cependant , la metbode du cbronologiste et cclle de I'historien politique sont si diCTerentes qu'on serait tente de croire , au premier apcrgu , qu'un ouvrage qui s'annonce tout a la fois comme cbronologique et comme moral, ne remplit fidelement aucun de ses titrcs. En effet, comment rapporter i la morale la plu- part des eviinemens , si on s'asscrvit k les raconter tela qu'ils se pro- duisent et se succedent , sans liaison sensible et paraissant de sim- ples effets du hasard? Comment ne pas violcr les regies de la chro- nologic , si, pour pcindrc Irs mccurs , devoilcr les fautes politiques , LIVRES FRANCAIS. 10? en fake sentu Ics consequences , on doit rasscmblcr dcs fails que la dironologie siparc , combiner cc qu'elle isole , rapprociier les effets de leurs causes, quelque (iloignes qu'ils en puissent etre?Telles sent les raisons qui cnt engage nos meilleurs ecrivalns i employer sepa- i-cnient les deux methodes. Tacitc n'a point fait la chronologic des rk- gnes de Tibeie et de Neron , dans cc chcf-d'wuvre d'hisloire politique donl les precicux lambcanx sont parvenus jusqu'a nous. Quant a Florus , c[ue M. Bail s'est propose d'imiler , son Abrege d'hisloire n'est ni moral, ni politique, ni clironologique ; c'est une declama- tion oratoire , ct souvent poetique , sur les quatre flgcs du pcuple romain. Ccrtes, M. Bail est superienr a ce pretcndu module. 11 n'a point cherche s'il nous restait quelque chose de I'Sge viril, ou si nous marchioDs i grands pas vers la decrepitude. 11 divise en dix grandes epoquesles quarante-scpt anntes dont 11 embrasse I'histoire. Chaque evenement, chaque fait est rapporte a sa date ; et, sous ce rapport, Tauteur satisfait a ce qu'exige la chronologic. La secheresse et les transitions brusques qui accompagnent ordinairement cette methode, disparaissent sous le charme d'une narration rapide, fleurie, souvent animce , qui passe sans effort d'un objet !i un autre , et semble ne changer de sujets que pour varier le style et soutenir I'attention du Icctcur. M. Bail a su d'ailleurs meler k ses recits dcs descriptions , des maximcs , des portraits, des anecdotes et des citations qui font ressortir I'esprit des diverses factions , les moeurs et les opinions do- minantes des diverses epoques , et le caraclere des principaux per- sonnages qui ont figure sur cette scene orageuse. Tout cela con- court sans doute i former un ouvrage plein d'interet ; mais tout cela ne compose point une histoire morale et politique. Force d'ccarter les details et de s'interdire les discussions- , pour ne pas ralentir sa marche , I'auteur n'a pu donner les motifs des jugemens qu'il portc sur les clioses et sur les personnes; de sortc que ses reflexions ont parfois une tournure sentencieuse , epigrammatique et paradoxalc , qui peut nuire i leur sueccs. Bcaucoup de lecteurs pourronl penser, comme nous, qu'il a juge trop 16gerement certains hommcs; ct, jus- qu'a ce qu'il se soit plus clairement explique , ils ne lui accorde- ront pas « que la liberie est une plante qu'on ne saurait naturaliser en France, et que le systeme representatif n'est qu'unc ridicule Oclion. » Toutefois, nous nous batons de prevcnir que cellc inju- licusc doclriaCj ou plutOt que cctlc opinion, qui paraitra sans doute 168 LIVMS FRANgAlS- pcu foudce , n'est point Omise en hainc de la revolution ou dans ic dessein dc plaiic it quclque parti. M. Bail se montre constamment Tanii do son pays , Ic d^fenseur dc ses droits et dc sa gloire. Aussi , rouvrage que nous annon9ons n'cst pas seulcmcnt rccommandable par la concision et I'clegance da style , par I'art avec lequel les fails sent rccueillis et pr6sent6s , mais encore par le ton d'indepen- dancCj dc moderation et d'impartialitti qu'on y trouve generale- tnent. La lecture en est attrayante autant qu'lostructive ; et de tons ceux du meme genre qu'on a publics jusqu'ici, c'est , 4 notre avis , le plus utile et le plusetcndu. H. de G. "^j-C]-— Journal des operations de I'armee de Caialvgne en i8u8e< 1809, 50US le commandement du giniralGouvion-Sainl-Cyr, ou Ma- teriaux pour servir a, Vhisloire de la guerre d'Espagne, par le tnare- chal Godvion-Saikt-Cyb, avec cette epigraphe tir6e de la Campagne de 1799, attribuee i I'archiduc Charles. « Le moyen le plus propre i developper les rapports intimes de la th6orie avec la pratique , est de puiser les lemons de I'experience dans I'histoire de nos tems. » Paris , 18a I. 1 vol. in-S" de 5o3 pages, y compris 200 pages de pifeces justificatives ; plus , deux tableaux et un atlas in-f" de i4 planches , contenant des plans militaires et la carte d6taill6e d'une partie de la Catalogne espagnole. Anselin et Pochard , rue Dauphine , n° 5. Prix , 25 fr. M. le tnarechal Gouvion-Saint-Cyr s'est plac6 , dans I'histoire, par ses belles et diCQciles campagnes militaires , an rang des plus grands capitaines , et , par sa brillante conduite ministerielle , parmi nos bommes d'itat qni ont le mieux m^ritela reconnaissance des Fran- igais et I'estime du monde entier. La loi que nous lui devons sur I'a- Tancementet le recrutement de I'armee, sur I'organisation des vete- rans , serait tout k la fois , si elle etait exactement observee , une excellente mesure contre les attaques du dehors et une sage institu- tion d'economie flnanciere. Le compte des depenses du d6parte- ment de la guerre , que ce marechal a fourni en 1819, a 6te jus- tement admir6 conime un Qouveau modele pour la cel6ritc du tra- vail , pour I'ordie et la clart6 , pour I'exactitude severe dans toutes les branches ; enfin , pour la conformit6 scrupuleuse aux lois de I'etat. Son Journal dc la campagne dc Catalogne^ du i'^' septembre 180S au 1" ostobre 1809, est dignc dc la grande reputation de i'auteur. LIVRES FRANC AIS 169 Lcs fails y sont racontes avec modestle et uimpliciti; , avec ordre , elegance et franchise ; la le90n militaire ou politique s'y trouve cons, tamment 4 c6te des exemplcs las plus remarqnables, et les pieces justificalives nc laissent aucun doute sur la veiacite des recils. a On in 'a souvent engage , dit Tauteur dans ravant-propos , a publier des memoires sur nos campagnes. » Effray6 des dilEcultes de ce travail , mais persuade qu'il est da devoir de tout citoyen de contribuer , par les souvenirs de son expe- rience , aux progres de I'art qu'il a etudie et pratique pendant une grande partie de sa vie , il n'a pas cru pouvoir se refuser k un essai, que les loisirs de la pais lui ont permis d'entreprendre « On pent ainsi , dit-il , fournir aux historiens des mat6riaux moins suscep- tibles d'etre alt^r^.s , que ceux qui sont donnt^s d'une maniere clandestine ou moins authentique. J'ai choisi , pour cet essai , la campagne de Catalogue , parce que les contrarietes nombreuses et de tout genre que j'y ai eprouv6es , m'en ontlaisse les evenemeng plus profond6ment graves daus la mfemoire , et qu'une guerre na- tionale , commecelle d'Espagne, m'a paru devoir oiTrirplus d'int6ret qu'une autre dans laquelle deux armees reguliferes auraient combattu d'une manifere m^thodique. » « J'ai cru ne pouvoir me borner au simple narr6 des falts, ni me dispenser d'indiquer ce qui m'a paru fitre des fautes. Les opinions que j'ai emises pourront servir i ^clairer la discussion , s'il s'en eleve sur les operations de cette campagne ; peut-6tre , elks pour- ront aider i les juger. » Vient ensuite une introduction lumincuse contenant les fails essentiels sur la guerre de Catalogne , avant le 1" septembre i8oS. 11 faut voir, dans les dix chapitres qui suivcnt, le denuement et I'espece d'abandon oil se trouva constamment le septieme corps de la grande armee, sous le conimandement en chef du general Gouvion-Saint-Cyr; les desagremens qu'il eprouva de la part du chef de I'empire , et les causes secretes de ces desagremens, aussi honorables pour ce general, qu'elles sont propres i repandre un nouveau jour sur le caractere et les habitudes de Napoleon ; la prise de Roses, aprfes un mois de siege et dixsept jours de tranchee ouverte ; les victoires du septi6me corps i Cardedenet Llinay , celle de Molino del Re , sur les bords du Llobregat ; la deroute dc I'armec espagnolc a Igualada, la bataille de Wal oii I'Espagnol fut encore de- fait avec une grande pertc; les vicissitudes du long siege de Gironne , 170 LIVBES FRANgAIS. cnfln , la disgrace ct I'cxil du gintral GouvIonSainlCyr , contrc ksquels il nc voulut point rtclamcr; son rcmplacemCDt par Ic ma' rechal Augcrcau, auquel succedcrcnt bicntOt , d'abord Ic gtncra! Macdonald, puis le general Decaen, et enfin le marcchal Suclict , qui fut charge , en i8i4 , de rendre les places fortes au roi d'Espagnc. L'autciir finit par une conclusion qui merile la plus grandc atten- tion dc la part des lecteurs. II y donne le resumci dcs fautcs qu'il a cru remarquer dans la conduite de la guerre , sujet dc son journal , ct d'iniportantes reflexions sur Tinstruction it retirer des evenemcns politiqiics ct inilitaircs qu'il a dicrits. C'cst lii qu'il examine la grande question de savoir , i quel point la population doit concourir aux operations dc rarmee , dans le cas d'invasion de la part d'unc puissance superieure ou d'une coalition. Dans son inquietude ci- vique, il observe que cette question interesse la France plus parti- culitrement que tout autre etat de I'Europe. II ne faut pas , dit il , attendrc le moment du besoin pour la decider. Comme il est im- possible d'oublier les catastrophes de la Pologne , le depouillemcnl plus recent de la Saxe ct le portage des ames fait en iSi4, il croit prudent pour la France de se tenir en garde centre les alliances en general. 11 voudrait voir organiser legalement des mcsures capa- bles de garantir i la patrie son independancc et au tronc sa splcndeur^ en completaut I'etablissement des forces nationales, en preparant les institutions necessaircs pour les niouvoir sans confusion an tenis du danger, qu'il ne faut pas voir prochain, dit-il,mais/)05s/iZt', lanlque la France sera si bonne, sihelle el si faille, el qu'ellepossedera de I'or, <-'e premier mobile de toules les guerres passees , presentes el a vevir. 11 indique ensuite avcc discretion , comment la France est relali- vement faible, et combien elle a besoin de dispositions legislatives capables de consolider le gouvernement constitutionnel, etd'assurer les destinees et I'independance de la patrie ; il ajoute : " Quelque diligence qu'on fasse, la France desormais sera la derniere puissance curopeenne occupee a preparer, pendant la paix , la resistance pour une guerre , qui pourrait survenir d'un moment i I'autre. Oui , tons Ics gouvernemens europeens ont profile des lemons du passe , pour organiser^ sur dcs bases larges et stables, les moyens dc garantir Icurs pcuples des fleaux et des raalheurs que I'ambition itrangerc pourrait leur causer encore. Toutcs Icurs mcsures sont prises , lous Jeurs moyens organises ct mis a Teprcuvc. Les nations qm nous ea- UVRES FRANQAIS. 171 vitonnciit sont a I'abii de toute tenlative. La seule France est d6sar- mee au milieu d'clles... L'Espagne a ses miquelets et ses somatenes; rAllemagne stslandwehre et ses /and6/Mrm;rAQgleterre ses milices reglees par le bill dii 20 avril 1S12 , et que le roi est autorise a sextu- pler au besoin ; la Rnssie , qui ne peut €tre attaquee par personnc , tient disponible et en partie colonisee, une armee d'un million d'honimes qu'elle augmente encore tons les jours. On doit esp6rer que la France obtiendra aussi quelque cbose. Elle a eu un moment I'espoir de voir organiser ses veterans ; seals , ils auraient presque sufli pour la sauver du plus huniiliant ddsastre... » II faut voir dans I'ouvrage meme le reste des developpemens de I'auteur. Ils sont d'un estrCnie intiirCt pour rhomme d'6tat et pour tous les citoyens eclaires dp la France etde I'Europc. Lanjuiivais, de Vlnslilut, 78.* — Tableau de la puissance mililaire el politique de la Russia en 1817, par sir Robert Wilson, traduit de I'anglais sur la deuxicme odition;Iaugmentti deplusieurs pieces importantes qui n'ontparu jus- qu'i ce jour que dans les journaux anglais, relatives aux opinions de Bonaparte surl'etat del'Europe, a la manicre dontle cabinet anglais le traite i Sainte-Helene, 4 son projct d'expedltlon aux Indes, par la Russle, la mer Noire et la Perse , etc. , erne d'une carte repre- scntant les accroissemens successifs de la Rnssie en 1800, iSo8 et 1817 ; la distance des frontieres russes i plusleurs des capitales ciwopecnnes et ^ celles de la Perse, ainsi qu'i la mer Rouge, etc. Paris, 1821. J. G. Dentu, Palais -Royal, galerie de bois , n" 265 et 266. 1 vol. in-S", 3 fr., et 3 fr. 76 cent, par la poste. Cet ouvrage a eu cinq editions consecutives en Angleterre. 79. — Nouvel ^nnuaire protestant. — Paris, 1S21. Poulet, quai des Augustins, n"> 9, et au bureau des Archives du christianismc. 1 vol. in-18 de 38o pag., petit-texte. Prix, 5 fr. pour Paris, et 3 fr. 5o cent, franc de port. Cet ouvrage presente un tableau general des eglises reform6es de France. Les editeurs ont pense , avec raison, qu'il scrait utile de rCunir en un seul volume les documcns epars qui forment la sta- tistique religleuse des protestans fran^ais. Cet Annuaire contient la liste complete des eglises consistoriales rangees par ordre de departemens, les noms et la residence de leurs pasleurs, la desi- gnation des endroits oil le culte est c6lebre ; enGn, quelqucs details pulsus dans I'bistoirc particulicre dc chacunc d'elles ; la liste des 172 LIVRES FRANCAIS. oraloires on temples que la loi accorde aux dipartemcns oii la population protestante n'est' pas assez grande pour obtenir une feglise consistorialc : immediatement aprfes ces deux series, on trouve les tableaux dcs egliscs lutheriennes ou de la confession d'Augs- bourg, avcc I'organisation de racad^mie et du gymnase de Stras- bourg. Les edileurs donnent ensuite la loi renfermant les articles organiques dcs cultes protestans , la discipline des eglises riformies de France, qui comprend la regie du culte protestaiit; cetle liste d'articles de pure discijtline seulenient (car les r^formis rejettent , en matitre de foi, toute decision souveraine ) fut delibiree , i la Rochelle, au milieu des guerres de religion, et porte en original les signatures du roi de Navarre , de Coligny et de Jeanne d'Al- bret ; enfin, le recueil des lois rt nrretua sur des eujcls qui intercs- sent la liberte de conscience , est suivi du tableau dctaille de la situation de la faculty de theologie protestante 6tablie k Montauban. Le nouuel Annuaire contient, comme piece historique , une notice sur Ulrich Zwingle, r^formateur de Zurich, dans le seizi6me siecle, par M. Wilhm , ministre de l'6vangile. EUe est ecrite avec clarte et presente un tableau anime de la vie de ce ministre courageux, des nombreuses difiBcultes que le fanatisme lui opposa et de la mort patriotique qui termina sa carriere. M. Charles Coquerel a donn6 , dans le nouvel Annuaire , un memoire blographique sur M. Rabaud Pomier, frere de Rabaud Saint-I^tienne. La notice est suivie d'un expose des droits de M. Rabaud a la decouuerle de la vaccine ; il prouve trfes - bien qn'il en eut I'idee avant Jenner. Nous remarquerons encore que ' cet ouvragc donne des renseigne- mens bien consolans sur I'esprit dc tolerance qui regne sur beau- coup de points de notre patrie. Chose remarquable, le fanatisme n'a reparu que dans quelques grandes villes. Mais comment est- il arrive que I'intolerance se soit remontree souvent dans le lieu Oil il y a le plus de lumi6res? c'est un des mystferes que le tems ^claircira. 80. — Collection dus memoires relatifs a la Repolution fran^aise , par MM. Bervillb et BiBBifeHK (4" livraison ). Paris, 1821. Bau- douin, rue de Vaugirard , n" 36. 2 vol. in-S". Prix , 1 1 fr. Cette quatrifemc livraison contient les 31emoires inedits du mar- quis de Ferrieres , ct le tome premier des Memoires du baron de Besenval. L'imporlance dc celte belle collection se fait senlir de LIVRKS FIIANCAIS. 173 plus en plus, i mesure de la publication dcs divers Memoires. L'impartialite dont les tditeurs, MM. Berville et Baniire , se font une loi dans la revision de cet ouvrage, ainsi que les soins ap- portes a son execution typographique , justifient le succes qu'il obtient en France et cbez I'etranger. 8i. — Viede Bertrand D'ABCENTEfi, jiirisconsulte et liistorien brc- ton; par Miordet de Keedanet, docteur en droit, avocat a la cour de Rennes. Rennes, 1820. Duchesne , libraire , rue Royale. Bro- chure in-S" de 5i pages d'inipression. Pi-ix, 60 cent, D'Argentr6 est un des plus c61febres jurisconsultes bretons; on le place i c6te de ses illustrescompatriotesDuaren et Duparc-Poullain. Mais ce n'est pas seulementi ses travaux sur la jurisprudence qu'il a dil sa celehrite ; il a compost une Histoire de Dretagne, que I'on ne lit plus aujourd'hui , et qui n'en fit pas moins beaucoup de bruit lors de sa publication. Le procureur general du parlement de Paris, Jacques de la Guesle , lan^a ses foudroyans requisitoires contre Touvrage de d'Argentr6, et le fit condamner et saisir conime un liure temeraire, pernicieu.v , aitenlatoire au repos du royaume. Le tombeau de d'Argentre ayant ete retrout6 , en 1820, dans la demo- lition d'une ancienne eglise de Rennes , un avocat breton , M. de Kerdanet , profile de cette circonstance pour publier la brochure que nous annon^ons , et dans laquelle on trouve des details cu- I'ieux. A. T. 82. — Considerations sur la crise acluells de ["empire Ottoman, lei causes qui I'ont amenee , et les ejfdts qui doiuenl la suiure ; par J. J. Pabis, ancien secretaire en chef de la commission du gouver- nement dans les departemens formant aujourd'hui la republique Septinsulaire. Paris, 1S21. Imprimerie de Bobee , rue de la Tablet- terie , n" 9. In-S" de i55 pages. Pr'x, 3 fr. 5o c. Cette brochure doit 6tre accueillie avcc interfit, dans un moment oil la Turquie parait toucher a la derniere epoque de sa decrepi- tude et de sa decadence. L'auteur traite , dans le chapitre premier, des causes principales de lafaiblesse actuelle de I'empire Ottoman ; la principale, et meme la seule, selon nous, de laquelle decoulent toutes Ifis autres, c'est rignorance. Dans le deuxieme chapitre , l'au- teur presente un tableau assez fidele de Voppression des rajas. 11 nous entretient , dans le troisidme , des causes directes de la dipo- pulatiqn de I'empire, parmi lesquelles il place la pesie. rendue 17A LIVRES FRANCAIS. prcsquc ptrmancnte dans le pays, par riinprcvoyance dies prejugi'g rcligicux , Vavortcment ct laj'amine locale , qui ravagcnt succcssive- mcnt Ics provinces. II pense que c'cst porter la population de I'empire Ottoman bien haut que de la supposer d'environ seize millions d'in- dividus, dent sept millions seulement dans ses provinces d'Europe. II rclrace^dans le quatrieme chapitre^la conduilede la Porleenvers les princes cliritiens. Dans le cinqui6me,il 6num6rc les causes de l' insur- rection des GrecSt cl les motifs qui doii'cnt engager les puissances limitrophes de la Turquie a, les soulenir. Quand il n'aurait fait que peindrel'opprcssion dans laquelle se trouvent les Grecs, sous la domi- nation d'une puissance aussi despotiquc qu'imbeclle, il en aurait dit assez pour juslificr leurs nobles efforts , et les secours gen^reux qu'on serait port6 i leur accorder. Dans le sixi^me cbapitrp , il prouve que la decadence de Vempire Ottoman , dans tout ce qui a rapport a. la guerre, intrinsequement trcs-reelle , est encore plus 6vidcnte, consideree reJativemcnt aux progres des puissances limitrophes. Lc chapitre septi^me est consacre i Vevaluation des forces mititaires effectives de I'empire Ottoman, qui sont port6es i cent quatre-vingt mille combattans, dont cent mille au moins, dans unc guerre centre I'Autriche et la Russie , sont nicessaires pour la garde des places et des postes militaires d'une frontiere de trois cents lieucs, en Europe, et de celle d'Asie, qui confine avec le pays dependant de la Russie. Dans le huitieme chapitre, I'auteur cherche i prouver que le commerce europeen doit s'accroitre par I'expulsion des Turcs des provinces quils occupent en Europe, A la fin du neuvieme et dernier chapitre , que M. Paris a consacre a la recapitulation des . faits et des raisonnemens exposes dans les precedens , il s'adresse i I'empereur Alexandre, qu'il adjure de venir au secours des Grecs. Mais, si M. Paris a bien juge la Porte et le cabinet de Londres , dont il devoile toutes les manceuvres , fondees sur une base unique , son interfit particulieretexclusif, il nous parait partager, avec une grande partje de I'Europe , I'erreur ou Ton est encore au sujet des vues de la Russie et de ses moyens d'execution. Nous aimons i croire i la noblesse des sentimens et aux vues liberales du chef de ce vaste empire ; mais qui repondrait des intentions de son successeur? Sans J| interpreter la conduite des gouvernemens europeens , sourds a I'ap- ^^ pel des Grecs , nous repeterons , parce que nous en avons I'intimc conviction, que la cause des Gbecs est la cause de l'Eukope ENTiiRE. t3. — F'oj'agc d'Antcnor en Grece et en Asie , avec des potions LIVRES FRANCAIS. 175 sui I'igyple; nianuscrit grcc trouvu !x Ilcrculanum, Iradiiit par M. La NTiEB.Quiiizifeme 6dilion, revue et corrigce par rautcur. Paris, 1821. Arthiis Bertrand, rue Hautefeuille , n° 23. Trois vol.in-8", orn6s de jolies gravurcs , ct augmentes d'une carte geographique , qui ne sc trouvalt pas dans les editions prec^dentes. Prix, 18 fr. , et franc de port 22 fr. On a souvent repete que le Voyage d'yintenor en Grece etait loin dc pouvoir etre place sur la meme ligae que celui du jeune Ana- charsis. Mais, au-dessous du rang qu'occupe celui-ci , il en est en- core de trfes-honorables : sans doute , le premier n'offre pas , comme celui qui I'a precede, une histoire savante et fidele de la Grece an- tique ; mais ce n'est pas non plus un simple reman , ct quatorze editions , qui n'oiii pu cpuiser cuuoic la uuiiositti publique, prouvent que I'auteur ne s'est point fait illusion lorsqu'il dit , dans son avant- propos : « Heureux si les savans me lisent par curiosite , les gens du monde par desoeuvrement, pour acquerir sans peine quelques no- tions sur les nioeurs et les usages antiques ; les femmes, pour trouvei-, dans les aventures amoureuscs, un remede contre I'ennui et les va- peurs, et un doux aliment pour leur sensibilite !» E. II. 84- {*) — Cours de litterature ancienne , extrait de la Ila'rpe. Paris, 1821. Audot, rue des Macons-Sorbonne, n" 11. Deux vol. in-iS, ensemble de 4S2 pages. Prix, 6 fr. Get ouvrage forme, avec la Flore de Id holanique des dames, annoncee ci-dessus , la troisiene Uvraison de I'Encyclopedie des dames. 85, Dictionnairefranpais, par ordre d'analogie ; savoir : 1° dans les finales ou rimes; 2° dans la classification des mots; 3" dans le genre des substantifs et des adjectifs ; 4" dans I'ortljographe, commo doublcment des consonnes, etc.; 5° duns la prononciation; contenant 4,000 mots de plus que le dictionnaire dc Tacademic, noms proprcs historiques , mythologiques,geograpbiques^ etc. 3, 000 vers, en partie puises dans les auteurs classiques pour fournir des exemples de toutes les rimes et de leurs bomonymies, et distribue d'apres un double ordre alphabetique, qui facilite les recherches, rapproche les analogies et fait eviter les renvois ; par P. A. Lemare , auteur des Cours de lecture de langue laline et de languefrangaise , etc. Paris , 1821. Bechct aine. Un vol. in-S" de 808 p. Prix , 9 fr. Les ouvragcs dejJi publiiis par M, Lcmarc lui ont merits une place 17G LIVRES FIUNCAIS. paruii ceux qui ont le mieux compiis Ic g(^nie de I'cnseigneineDt , et qui, en suivant scrupuleusenient la inethode des fails, conime la seulc qui instruit et forme des csprits justes , ont scnti que le seul moyen de rendre facile I'etude des faits, c'est de les distribuer, apr^s des observations bien faitcs, par groupes analogiques. Tout consistait done i savoir quelles soites d'analogies il etait utile dg prendre en consideration. D'abord , I'auteur a vu que c'est dans I'ordre seul des finales qu'on pouvait trouver des analogies , et que , pour faeiliter les recherches , il f;jllait que cet ordre f&t severement alpbabetique. Le nouveau dictionnaire est done ntcessairement un Diclionnaire des rimes. Dans aucun autre, on n'arrive plus faci- lement axi mot ou i la rime cbercliee. Le double ordre alphabelique , pour la premiere fois infrndnit dano oo gonro d'ouviag-c3 , est une idee aussi beureuse que simple. II rasscmble les analogies orthogra- pbiques et etymologiques, et distribue les rimes, selon le degrc de leur richesse ; par exemple, les mots en er (verbes) sont ainsi figures dans le litre et le sous-titre : Ea, verhes beb, cer , deb, eer, FEB, FFER, GEB , GNEB, GuEB, ctc., II resultc de la quc tous les verbes en er sont riunis, et que la voyelle ou consonne d'apres les subdivise. L'ordre alphabelique est observe rigoureusement dans les sous- ordres comine dans l'ordre principal. On qe trouvera done pas con- fondu dans un seul article, comme dans d'autres diclionnaires, les verbes en cer, ser , sser, et xer; quoique ces finales rimcnt ensemble, chacune d'elles est k la place que lui assigne I'alphabet. Nous osons pr^dire que ce nouveau diclionnaire sera recherche par les versificateurs, qui pourront s'alder souvcnt des listes analo- giques pour amtliorer la rime, par les Strangers qui aimeront k trouver toutfs les finales rang6es par ordre alphabelique et de pro- nonciation , et par tous les Fran^ais , qui ne veulent pas cioire aux pritendues bizarreries de notre orthographe , et qui aiment k trouver chaque mot i sa place. D. 8&.— Diclionnaire des proverbesfrangais. Paris, 1821. Treuttel et Wurtz, rue de Bourbon , n" 17. Strasbourg, mSme maison de com- merce. Un vol. in-S" de 4*8 pages. Prix, 5 francs , et 6 francs 4o c. par la poste. Les premiers proverbes furent probablemcnt les traits les plus saillans, les sentences les plus utiles, ou le texte des chants natio- naux , qui servircnt d'annalcs pendant une longue suite de siiiclea. LIVllES FUANCAIS. I77 Kes peuples polices admircnt dcs proveibes dans leur langue, et siiienl en tircr de I'liistoire , de la mythologie, de I'apologue, des lettres, des sciences, des arts, des divers regues do la nature. On ne croit pas qu'ils aient et6 reunis en corps d'ouvrage avant Polydore Firgile, qui, en 149S, en publia un vocabulaire tres incomplet. Erasnic, en i5oo, mit au jour 800 proverbes grecs et latins, et son edition de i5i7 en renfermait plus de 45000; les xvi^ et xvii' siecles I'urent tres-fertiles en livres de ce genre. Mais qui feuilletera jamais Jean Lebon , le Ba'if, Nicot, Meurier, Oudin, Hidous, Bellin- ger, etc., etc.f Rabelais a seme, dans son Panlagruel, une foule de proverbes , plus ou moins piquans ou obscenes ; Cerwantes en a enrichi les discours de Sancho : on a grave- dans sa memoire tous ceux qui sont echapp^s de la plume de Molieie et de Lafonlaine. JValter Scott qui, dans ses poemes et sesromans, a si bieo peint les anciennes nioDurs de I'Ecosse , n'a pas neglige de nous faire connaitrc ses pro- verbes. II n'y a pas quatre-vingts ans qu'on eut I'idee agreable d'im- proviser en societe de petites pieces de comedie, sur un adage qui ordiuairement, se trouvait cite a la fin , comme la morale d'une fable. Qui n'a pas lu les jolis proverbes de Colli, ceux do Cannon telle, ceux que M. Gosse vient de nous donner ? Le Dictionnaire de I'acad^mie jenferme beaucoup de proverbes , et Ton pense que la commission , chargee de pr©|3arcr unc nouvclle Edition de ce grand voca- bulaire, n'oubliera pas que Cardan les appelait la sagesse des na- tions. Nous ne parlerons pas ici du Dictionnaire comique de Leroux; il aurait du le chitier pour qu'on put le mettre entre les mains de la jeiMiesse. L'abbe Fuet a public ses Proverbes frangais en 1789; c'etait le meilleur ouvrage sur cctobjet, jusqu'au dictionnaire qu- vient de paraiirc. Ou atlribue cc dernier k un litterateur t-clairi^ et modeste , qui I'a rempli de recherches savantes , d'observations fines et d'anccdotes peu conaues. Nous nous bornerons i la citation d'un seul proverbe dont on a fait des applications frequentes. VouEK {lie pas savoir d quel saint se) ; cette expression vien , de I'usage tres-anoien de se vouer k quelque saint , dont le cboix etait determine par la circonsiance oii Ton se trouvait ; par exemple , pour avoir un bon gite , les pterins s'adressaient ii Saint-Julien , dit I'Hospitalier. Ces sortes de devotions n'ont pas toujours eie i I'abri du ridicule ; on a invoque Saint^Clair pour les yeux., Saint- Lie pour les enfans noues , etc., mettant en rapport Je nom du saini avec celui de la maladie. Tome XI. 12 1^ LIVRES FRANgAIS. Le k>ur tic Saint-Legcr (3 octobre), nos pcres auraient cu dc la repugnance i cnsemcnccr la tcrre, dans la crainte que le Lie ne devint leger; le 29 Janvier, ils invoquaient Sainte-S6rene, k Mctz, pour avoir du beau terns. de L**. 87, JJiscours quia remporli le prix d' eloquence , en 1821 , au concours propose par I' Acadimiefranfaise, surcetle question : « De- terminer ce qui constitue le genie poetique, et indiqucr comment 11 sefait rcconnaitre, independamnient de la diversitiS des langues et des formes de la versification , dans tous les divers genres , depuis l'6pop6e jusqu'i I'apologuc. » Par A. F. Th^bv, professeur dc se- conde au college royal de Versailles. Paris , 1821 , imprimerie de F. Didot. In-4° de 27 pages. Le sujet propos6 par Tacad^mie francjaise a dft tenter l'inexp6- ricnce de beaucoup de concurrens.; mais ils ont pu se convaincre de Pextrfime difficulty que presente une pareille question , lorsqu'ils ont essay6 de la r^soudre ; et ceux qui ont montre le plus de talent sont aussi, sans doute , ceux par qui cette dilHculte a ete le mieux appreciee; M. Thery I'a bien sentie : « 11 est de ces questions d6lica- tes, dit-il, qu'on ne peut toucher, pour ainsi dire, sans une tem6rit6 inutile ; comme la nature physique, I'esprit a ses mysteres , auxquels tous les profanes ne peuvent Ctre inities, et qu'ils doivent respecter en silence. » Et ailleurs : » II est des ohjets qu'on indique i I'esprit et au goCit, mais qui se fondent et s'6vaporent dans I'essai d'une definition scrupuleuse. » M. Th6ry a triomph6 en partie des difiS- cultes qu'il avail si habilcment reconnues ; son discours est rem- pli d'idees , sinon bien neuves ( il n'etait peut - etre gu6re pos- sible d'etre neuf sur un parcil sujet) , du moins justes , ing6nieuses ct dictees par le go&t le plus classique. II irouve , dans le spectacle de la nature , dans I'ctude de rhomnic et dans la contemplation des choses surnaturelles, la source de ces emotions qui font le poetc. M. Th6ry nous montre, dans I'imagination et Vinspiralion, les deux seules faculty's qui distinguent le vrai pofete; ensuite il peint, en trails rapides, le caractire des ^crivains sacr6s et des pontes pro- fanes ; puis, apres avoir prouve que le langage inesur6 est le plus fa- vorable i la manifestation du g6nie poetique, il indique les signes auxquels on reconnait ce genie , dans les divers genres. Le style de M. ThOry est tltgant et pur , il annonce des etudes solides et un heureux talent, Une idee ingenieusc , ct qu'unc aventure dc la vie I h LIVRES FRANCAIS. 179 da Tassc a pu inspirer i I'auteur , aninic tout cc diseours ; c'est Ic cbantre des croisades lui-mcmc qui est ici mis en scene , ct qui re- vile A un hote, dont il est inconnu, ce que c'est que le genie po6tique. 11 nous semble que M, Tlicry n'a pas trouve dans cette fiction tout ce qu'elle faisait esperer ; ce qu'il met dans la bouche du Tasse est fort bien dit, sans doute , niais nous aurions desire un ton et des images qui eussent mieux caracterise ce grand poete , et qui I'eus- sent fait reconnaitre aux lecteurs, sans qu'il eut besoin de se nommer lui-mfime. Ce que nous demandons etait peut-fitre difficile, mais M. Thery etait capable de le tenter. On sait que plusieurs conciir- rens ont obtenu une mention, apres le vainqueur ; et M. Bert, nomm(i dans le rapport du secretaire perpetuel, a long-tems dis- pute la couronae ; nous regrettons que son diseours ne soil pas im- prime ; nous sommes persuades qu'il aurait partage les suffrages du public , comme il a balance ecus de I'acadeoiie. M. A. 88. — Bibliotheque Russe, ou Collection de morceaux choisis de la litterature russe , redigee et publiee par M. Fursi Laisne-Mielansko, Tome I, I" partie, contenantles Instructions de Catherine II, pour I'education de ses petits-fils Alexandre et Constantin , au mar6chal prince de Soltikof, accompagnees de pieces y relatives et d'une esquisse de la vie du marechal. — Specimen. Paris, 1821. De I'impri- merie de Smith i Paris, et se trouve a Meulaa, chez I'editeur fran9ai$ €t au bureau central de la Reu, Encjc, rue d'Enfer, n" 18. In- 18. Prix , 5 fr. 89. — Epttre h un disciple de Boileau , conlre la satire person- nelle , par M. Paillet de PtoMBiiBEs. Paris , 1821. Chez I'auteur, 4 son cabinet litteraire, rue Saint-Dominique , n" 25. Brochure in-S" de deux feuillcs d'impression. Prix, 1 fr. 90. — Les Politigues, satire, par J. B. de P. Paris, 1821. De I'im- primerie d'Everat, rue du Gadran , n". 16. Brochure d'une feuille d'impression. I/Eptlre a un disciple de Boileau est I'ouvrage d'un bon citoyen, d'un homme de bien, qui a trouve assez de talent pour faire lire des vers dans lesquels il ose s'armer contre le legislateur du Parnassc. Elle est adressee au jeune Falaize de Verneuil, ardent admirateur du pofete satiriquc, ct qu'une mort prematurce a enlcve aux lettres et J> I'amitie. L'auteur veut le detourner d'un penchant funcste, d'autant plus commun chez les jcunes gens, qu'il offre des palmes 12 * 180 LIVRES FRANCAIS. i'acilcs ^ cueillir. Uabbi Cassagne est mort des cluti^rins que lui onl causes les sarcasmes de Boileau ; ce fait , sur Icquel repose toutc l'6pitic, decrit en vers qui nc nianquent ni do chaleiir ni d'energie, est bien propre 5> faire reflcchir le jeunc insense qu'un travcrs d'es- prit portei vcrser le ridicule sur tout, indistinctemcnt , et qui, dans son aveugle dclire , sacrifie au plaisir d'un bon mot les cboscs lis plus innocentes , ct quelquefois les plus respectables. Laisse li, lui dirons-nous, I'^crivain mediocre et le poite sans g6nie, auxquels peut-ctre la laim a fait prendre la plume ; 6tudie les droits dc I'liu- manite , les lois de ton pays; apprends i respecter les hommes et les choses utiles ; montre-toi dans les rangs de ceux qui consacrent leurs talens au bien public ; et , lorsque ton exemple ct tes vertus auront acquis de l'autorit6 4 ta voix et i tes conseils, alors arme-toi, si tu veux, du fouet-vengeur de la satire, maissouviens-toi bien que : C'est contre les medians qu'un vertueux delire Doit lancer tons les traits d'une mSle satire. Ecris pour I'univers ! Dans ton vol glorieux. Plane sur tous les tems comnie sur tous les lieux! Appelle au tribunal de ta muse fenergique Le guerrier, d^serteur de la cause publique ; Le vampire engraisse du sang des nations ; L'avide publicain , gorg6 d'cxactions ; Le magistral v6nal qui protege le vice ; Le juge corrompu , soutien de I'injustice ; L'intrigant qui, sans cesse , aux plus Iflcbes desseins, Immole sans pudeur les devoirs les plus saints ; Le vil seditieux ; le delateur perlide; Le flatteur, dont la langue est un glaive homicide; L'hypocrite, abusant du respect des mortels; L'envieux, du grand homme insultant les autels ; Le fils , qui d'un bon pfere outrage la vieillesse ; L'epoux qui d'une epouse opprime la faiblesse ; La mere de sa fille 6garant la candeur; L'amante i vingt rivaux jurant la m6me ardeur ; Le sybarite impur; I'avare inexorable; Lc joueur ; en un mot , celte foule execrable De mortels degrades , d'infflmes, dont le front Appelle le cachet d'un eternel affront ! LIVRES FRANCAIS. 181 Nous auiions vouhi pouvoir annoncer ii M, Paillet, qu'il s'est pre- sents dans la lice iin poete doue d'une partie des qualites que nou« demandoDs dans celui _qni s'erige en censeur public des actions de ses concitoyens ; mais , avec la meilleure volonte possible , nous ne saurions trouver autre chose dans la satire personnelle de M. J. B. de P. , que I'envie impuissante de tourner en ridicule quelques hommes respectables , contre lesquels viendraient s'emousser des traits niieux ac6res que les siens. E. Hbreau. 91. — Difouement et mortde Lamoignon de Malesherbes, pofeme en trois chants, onvrage qui n'a point concouru pourle prix propose par Tacademie francjaise; par M. de Citehsk. Paris, i8?.i ; chez les marchands de nouveautes. L'anteur a developpe quelques parties de son sujet dans des notes ; et, dans ses vers, il se montre partout I'ami de la justice, des lois et de la liberty. On pourra juger des nobles vues qui I'animent et de son talent par les vers qui suivent : J'ai vu dans nos palais des flots d'adulateurs A des dieux passagers mendier des favours, Et prodiguer , sans honte , au jour de la disgrSce , A ces Dieux renverses, I'outrage et la menace. J'ai vu le vice altier remplacer les vertus , , L'honneur sacrifie sur I'autel de Plutus, La bassesse enrichie adorer I'esclavage ; Du sol qu'il defendait proscrire le courage , Et des profanateurs au farouche regard , Jusque sous leurs parvis poursuivre.les beaux arts. Aux idoles des cours , independante et fi^re , Ma main n'offrit jamais un encens mercenaire ; Je n'ai point ^ rougir de ces honteux ecrits Dont on ose accabler le malheur des proscrits. Dans mon premier essor, je prends l'honneur pour guide : Qui meprise S6jan , peut chanter Aristide. L-s. 92- — La famille Elliot, ou I'ancienne inclination , traductio libre de I'anglais , par madame de Montolieu ; nouvelle edition. Paris, 1821. Arthus Bertrand, rue Hautefeuille, n° 23. Deux vo- lumes in-12 , orncs de figures (Ics i5« et i6« de la collection des 1«2 LIVRES FRANgAIS. auvrcs completes dc I'autcur. ) Prix : pour Paris, 6 fr. ; par la poitc, 7 fr. 5o c. L'heroine de ce roman est une jeune personne qui nourrit au fond dc son cocur une inclination secrete , sans savoir si cllc est partagee. II risuhc , de cetle situation , que I'anteur a su 6viter Ics sctnes d'amour, si sonvent repetecs ct si fastidicuscs. L'amour, cc premier mobile dcs romans , est prcsque voile dans celui-ci ; et, quand Ic lecteur le devine , I'interOt augniente et deviant meme asscz vif , fans que Ton rencontre d'autres 6venemens que ceux de la vie la plus ordinaire et d'autres tableaux que des seines de famillc, trac6e& avec tant de naturel qu'on croit en etre le temoin. Telle est I'analysc Cdile de lafamille Elliot , analyse extraite presque mot pour mot d'une note dont madame de Montolieu a fait preceder sa traduction. On trouvc en t6te de I'ouvrage une notice, biographique sur I'auteur anglais , Jane Austen , dont madame de Montolieu avait deji fait connaitre un autre ouvrage, intitule : liaison et Sensibilile [i]. Jc Be eais ce qui intercssera le plus Ics lecteurs , de I'ouvrage niCme ou dc cette notice, traduife egalemont de Tanglais ; ccux que la peinturc de malhcurs imaginaircs emeut, ne sanraient rester inscnsibles au r6cit d'infortunes r^elles ; ct, i ce titrc, la memoire de Miss Austen reclame une partie des plcurs que fera repandrc la lecture de se» Duvrages. E. 11. 93. * — Description de I'Egypte. Tom. II. Paris, 1821. Panc- louke , rue des Poitevins, n°. 14. i vol. in-S". de 600 pages, satinc. Prix, 7 fr. ' Ce volume est consacrii i la description de Thfebes. On anra , pour la premit're fois , une idee exacte et complete des monumens dont tant de voyagenrsancicns et modernes n'avaient pu parler que d'une manifere peu satisfaisante ; enfin , les auteurs de cette description , MM. Jollois et Devilliers, ont realise , avcc une constance et un cou- rage dignesdes plus grands eloges , les voeux qu''cxprimait , au sujet de I'Egyptc , le plus grand de nos orateurs , Bossuct , en ces termcs si remarquables : 0 Quelle puissance et quel art ont fait d'un tel pays la merveillc de I'univcrs, et quelles beautes ne trouvcrait-on pas , si on pouvait aborder la villc royalc , puisque si loin d'cllc on trouvc dcs choses si nierveilleuscs ! » (i) Public clicz Ic mOuic libiairc que cclui-ci. LITRES FRANCAIS. tdS q4. _ Description de I'Egypte. Dix-huitiemb uvbaisoh, — Anti- quites. Fol. 1 , pi- 53. Facade du temple d'Edfou. Pi. lo. Figures hitroglyphiques. — Etat modeme. — Arts st metiers. Pi. 16. Le tein- turier et le cordier. Le leinturier moderne a retenu bien peu des pratiques des anciens Egyptiens , qui etaient si avances dans I'em- ploi des matiferes colorantes, qu'on aurait aujourd'hui de la peine i imiter I'eclat de certainescouleurs , encore intactes dans leurs pein- tures. — Etat modeme. Pi. 20. Vuc de Tile de Roudah. — Hisioire nalurelle. — Bolanique.Pl. 9. Deux espfeces de gramin6es. Dix-jtEDViiME LiTHAisoN. — Afiliquites. Vol. I , PI. 24. Monumens de Philae. — An'tiquites. Vol. i,pl. 21. Cette planche est consacree aux chapiteaux du temple d'Isis a Philx. — Etat moderne. Vol. 1 , pi. i3, Fontaines dites de Moise , situees au milieu d'un desert , sur la route du mont Sinai , et sur celle de la caravanc du Kaire a la Mecque , i plusieurs lieues au midi de Soueys. — Etat moderne , pi, 29. Mosquee batie par Ebn Touloun , un des plus anciens monu- mens du Kaire. Elle a etc construite sur une hauteur qui est sur le point le plus voisin de I'an'iieune Babylone , et qui a 6t6 I'endroit du Kaire le premier habite. — Histoire nalurelle, — Zoologib. Poissons du Nil. PI. 12. L'ua des deux poissoDs du Nil graves dans cette planche, le malapterure electrique, est renomme chez les Egyp- tiens 6 cause de la faculte qui lui est commune avec la torpille. Quand on le tient dans la main , on eprouve une forte secousse qui est suivie d'engourdissenient. Ce poisson est sans ecailles : ilest exclu- sivement propre it ce fleuve , ainsi que presque tous les poissons du Nil connus jusqu'a present. 95. — Anliquites hisloriques et monumentales a, visiter de Monlforl a Corseu'd,par Vinan^et au relour,parJugon avec addition des anti- quites de Saint-Malo et de Dol , etc. ; par M. Poignand, juge au tri- bunal de Montfort. Rennes , 1S20. Duchesne , libraire. Broch. in-S" de 1 54 pag. d'impression . Prix , 3 f. 5o c. Cetouvrage contient quelques details int6ressaiis sur les antiquites romaines et ccltiques, que I'on voit encore dans une partie de la Bretagne ; mais I'auteur rapporte souvent des fails inutiles et ra- cont^s avec peu d'art. II nous scmble aussi qu'il aurait pu soigncr davantage son style. A. T. 96. — Vues piitoresques , hisloriques et morales du cimelierii. du P. La Chaise, icprcscntanl scs sites, scs points dc vue les plus ma- 18A LIVRES FRAN<;AIS. gnifiqucs , Ics scenes les plus louchanlcs du culte rendu ^ la cendrc dcs tnorts, ct quatrc cents tombeaux avcc les (ipifaplies des hommes les plus famcuX', ct dcceux dont ils sont voisins dans la tombe; des- sinecs d'apres nature, par MM. VicNEHOn et Duflat, et gravies 5 l'a(fua-tinta , par M. Jazet et les nieilleurs artistes ; accompagnces de leurs descriptions topographique, monumentale el morale, et de la vie des personnages vertueux ou celebres dont la cendre honore cet asile funiraire, par F. M. M... de Bkalmopit. I'" et II« livraisons sur 12 qui composeront I'ouvrage. Prix de cbacune par souscription, 4 fr. papier d'Angouleme , S fr. papier velin. Paris , 1821 . Chez I'au- tcur , rue d'Enl'er-Saint-Micbel, n"6i. Ccs deux livraisons contiennent la description des tombeaux d'Heloise et d'Abeilard , de M. le comte Colbert , du general Berc- keim dans la sepulture des families MuUer et Soehnce , du monu- ment du marechal Massena, du tombeau du mar6cbal Lefcbvre, et des nionumens des generaux Dumuy et Collaud , les sepulcres des fa- milies Barry , DesfSmes et Teissier ; une vue representant une veuve embrassant les restes de son mari , six semaines apres son exhumation , fait arrive le 31 mars 1S21 ; la description des tom- beaux de M. Petit , professseur k Ticole polytechnique , de Jacques Delille , de Boufflers , du bailli de Crussol, du due de Frias , dc Monge , et la vue de I'entree du bosquet du dragon. 97. — Promenade au centre du Grand-Genlilly , pres Paris , sai- vie d'unc esquisse descriptive et topographique de ses environs. Pa- ris, 1821. Pluquet, rue de Tournon n° 4- 1 ^o\. in-18 de 142 pages. Prix , I fr. 5o c. Mdmoires et Rapports dc SocUUs sav antes et d^uUdti pubiique. 9^- — • Compte rendu des iravaux de la Socieli d'agricuUure , hisloire naturelle el arts utiles de Ly'on , depuis le i*' mars 1820 jusqu'au x'=' mars 1S21 . par M. L. F. Gkocnieb, secretaire dc la Socictti, etc. Lyon, Barret, 1821, in-S" de 270 pag. La Society d'agriculture de Lyon est une de celles qui encouragent Ic plus les arts utiles : et ses travaux meritent d'etre signales d'unc maniere particuliere. La premiere partie du Compte rendu comprend I'dnalysc d'un grand nombre dc Memoires sur lastatislujae agricole du diparlemcnt dn B/iunr. Cctlc analyse , ecrilc avcc nettete ct LIVRES FRANCAIS. 4S5 precision, suffit pour donner une idee generale du sujef, en mOnie tems qu'clle offre tous les rcnseignemens possibles i ceux qui dcsi- reraient Tapprofondir. L'economie rurale, I'art vet6rinairc, et gene- ralenient les divers arts utiles , ont ete I'objet des travaux des menibres ou correspondans de la Society ; M. Grognier en inditfuc le resultat, et nous met a portee d'en proCter. On trouve , dans I'article Necrologie, une notice biographique sur M. Rast-Maiipas , qui, entre aufres services rendus i I'agriculture , a invente une fafon de greffer i laquelle noire savant M. Thouin a impose Ic nom de greffe Maupas. Le volume est accompague de trois plan- ches lithograpbi6es. Elles representent , i" des toits i cintre , de I'invention de M. de la Chapelle; 2° un echenilloir i courbet, de I'invention de M. Madiot ; 3° un compas a mesurer la grosseur des arbres, par M. Faissoles. X. 99. — Socieie des letlres , sciences et arts de Mstz; annees iSig et 1820; stance generale du i5 avril 1821. Metz^ juillet 1821. Chez Antoine, imprimeur du Roi. In-S" de So pag. M. Gorcy, president de la Societe , a ouvert cette seance par un discours sur I'utilite des societes savantes , et M. Herpin, secre- taire , a fait un expose des travaux de la Society , pendant les an- nees 1819 et 1820. Ensuite M. Tavemier a lu un Memoirs sur la lithographie ; M. liergery , des Cohsidi rations sur l'economie poli- tique des grandes villes ; M. Thiel , des Reflexions sur les rap- ports entre les sciences et les arts; M. Chaumas , des Considera- rations sur les dangers des inhumations precipilees ; enfin , M. Mu- iherez , un iloge historique de feu M. Razout, lieutenant general. La Soci6te a propose deux prix ; Tun de 3oo fr. , pour \&perfec- lionnement des macliines soufflanles; I'autre, de i5o fr. , pour la propagation de la langue frangaise dans les parties allemandes du. departement ds la Moselle. Les memoires devront 6tre adresses^ francs de port, avant le i<^' Janvier 1822 , i M. Herpin, secretaire de la Societe , i Metz. On trouve le programme d^taillti de ces prix dans le coinpte rendu de la seance du i5 avril. loo- — Societe des sciences medicales du departement de la jWb- 5e//e.—S6ance generale du 17 juillet 1821. Metz, 1821. Mad. Ver- ronnais, imp. -lib., place de I'HOtel-de-Ville. Brochure in-S° de 3; p. Lc discours d'ouverture de M. Ic doctcur Gorcy , president , est suivi du compte rendu qu'a redige M. Mousseaux. secretaire, des travaux do la Societe, dcpuis sa fondation en 1819 jusqu'cn juillet 186 LIVRES FRANCAIS. i8ai. La composition de ccttc compagnic naissantc fait cspercr que ees travaux no scront pas sans utilite pour I'art de gu6rir. 101. — Becueil de la Sociiti lihre d' emulalion de Rouen, Rouen, 1821. Imprimcrie de F. Baudry. i vol. in-S" de 92 pag. Ce Rccueil contient un discours de M. Perrin , prtisident de la Soci£t£ , sur rhistoire el les auantages des reunions qui ont pour ohjel I'avanceinent des connaissances humaines ; un memoire de M. Langlois , peintrc, sur la calli graph ie des manuscriis du moyen age; un autre de M. Benj. Gaillon, sur la fructification d'une tribu des plantes marines, appelee Thalassiophytes symphysisties. Ce Memoire contient une s6rie d'observations microscopiques et physiologiques, d*ou sont deduites des geniralites sur les inoyens dc reproduction des vigetaux marins ; I'auteur a riisolu negativement la question de I'existence de la double fructification , qui partagc d'opinion les naturalistes spo3. — Bibliolheque physico-economique , ou Recueil piriodique deloul ce que I' agriculture, les sciences el les arts qui s'y rallachent offrent deplus interessanl ; par une societe de savans et de propri6- taires ; redige par M. Thikdaut de Beuneaud , mcmbre de plusieurs societes savantcs nationalcs ct i'trangcrcs. Paris, 1821. Arthus Ber- trand, libraire , rue Uautcfeuille, n" 25. Prix, 12 fr. par anncc. ( Cahier du niois d'octobrc 1821.) 188 LIVRES FRANC AIS. La Bibliothcque phjsicoiconomique est diviste en six section difKrentes : i° I'Sconomie rurale; 2° Veconomie domeslique ; 5° X'ico- nomie animale; 4° un bulletin des sciences; 5° iin autre relatif anx arts industriels ; 6" un article destinti aux variites. Dans un petit nombre de pages , Ic rtdacteur actuel ofTre , tous les mois , des mii- moires importans , des fails nombreux et nouveaux. La Bibliotheque physico-economique a commence dc paraitrc en 1782 jusques ct compris ijgj.Cettc premiere collection forme 2.4 vol., ou seize annees, dont le prix est de 84 fr., franc de port. Chaque vo- lume se vend separemont 5 fr. 5o c. La reprise, ou seconde collec- tion, ridigie par MM. Somniki et Denis de Montfobt, a commence en iSo2, jusqu'cn juillet 1816. Elle forme quinze annees et demie, ou 28 vol. , avec i65 planches. Prix, i38 fr. , franc de port. Chaque annee se vend separement 10 fr. La troisiime serie, ridigee par M. Thi^baot de Berneacd , i partir de 1817, forme quatre annees, ou 8 vol. in-12 , avec des planches. Le prix est, pour chaque annee, de 12 fr. par la poste. La Bibliotheque physico-economique parait exactement tous les mois. A la fin dc I'annee , les douze cabiers forment deux volumes. Chaque volume contient une table systematique des matieres qui y sent contenues. Le prix de I'abonnement , pour 1S21 , est de 12 fr. pour douze cabiers de trois feuilles in-i2, avec des planches , quand le sujet I'exige , que Ton re^oit franc de port. 104. — Journal des sciences midicales; &if numero. Septembrc i82i.In-8<'. Cette nouvelle livraison nous conDrme dans I'opinion favorable que nous avions depuis long-terns exprim6e en faveur de ce recueil. {Voy. ci-dessus, T. II, p. 2S2.J On trouve dans ce cabier un bon Me- moire sur les difficultes que prfesente la diagnostiquedes maladies des cnfans et sur la nature de ces maladies , ainsi que les analyses de plu" sieurs ouvrages de medecine , faites avec soin et impartialite. On s'a- bonne au bureau du Journal universel des sciences medicales , rue Duphot, n» 1 1 , et chez M6quignon-Marvis, rue de l'I<:cole-de-Mede- cine , n" 3. io5.— Bibliotheque DE famille, ou Choix d instructions familieres sur la relii^ion, la morale, les elemens des connaissances les plus essentielles, el sur l' Industrie et les arts; Recueil periodique , publid chaque mois, par livraisons, ini2 dc 72 pages chacune, LIVRES FRANCAIS. I89 depuis le premier Janvier iSai. On s'abonne au bureau central dc (a Revue Encyclopedique , rue d'Enfer, n" 18, et chez Arthus Bertrand , rue Hautefeuiilc , n" 20. Prix de I'abonnement pour I'an- nee, 12 fr. pour Paris ; i4 fr. pour les departemens. ( Voy. ci-dessus, Ret.-. Encj'cL, Tom. VIll , pag. 64;, et T. IX, pag. 0-2.) Ce petit Recueil , trop peu connu jusqu'ici , parce qu'il a ete ^ peine annonc6 dans nos journaux quotidiens, si prodigues de futilites, est I'ouvrage d'une jeune dame, dont la modestie, qui aime toujours k se couvrir d'un voile , et dont la vie retiree et la- borieuse ,».tout entiere consacr6e k I'instructioa de I'enfance (1) et au bien de I'humanite , ne sont guere propres a faire valoir ses productions. Trop souvent, les meilleures cboses ne reussissent que lentement et au bout d'un long espace de tems , lorsque la jus- tice tardive du public les appr^cie. On s'est plaint long-tems , en France , de n'avoir aucun de ces ouvrages p6riodiqaes, tr6s-communs en Allemagne et en Angle- terre , qui ont pour objet d'offrir i I'enfance une lecture agreable et instructive. La Bibliolheque de Famille, specialement consacr6e aux enfans et aux adolescens des deux sexes, ainsi qu'aux families des classes pauvres et industriclles, parait devoir reniplir cette lacune; mais elle ne compta encore que dix mois d'existence , et n'a encore circule que dans une sphere peu 6tendue. Le plan de ce recueil est sage etbien congu. II embrasse , dans quatre parties : i" des instruc- tions religieuses et morales , quelquefois empruntees i nos meilleurs ecrivains, F6nelon , Massillon , Bernardin-de-Saint-Pierre , et ap- propriees i I'intelligence du premier Sge , quelquefois presentees sous la forme vivante et anim6e d'entretiens de famille ou de con- (1) L'auteur de la Bibliolheque de famille a public trois autres ouvrages; 1° une traduction elegante de I'ouvrage anglais de Miss O'keeffe, intitule ; les Palriarclies ou la Terre de Chanaan , his- toire en tableaux, tiree des Saintes-Ecritures. Paris, 1819, 2 vol. in-12: prix, 5 fr. — 2° Petit Manuel de morale elementaire , a I'usage des enfans, Paris, 1819. Colas, rue Dauphine , n" 32 , un vol. in-12 de i3o pag. ;— 5° Pelits Contes Moraux, en partie traduits ou imites de ceux de Miss Edgev\ortb; 2 vol. in-18, Eymery libraire : prix, 2 fr. iVoj. ci-dessus, Ref. Encycl. Tom. IV, p. 444; Tom. V, p. 548; Tom. VIII, pag. 374.) 190 IJVRES FUANCAIS. ftrences d'un vicillard retire i la campagnc avec dc bons paysans, ses voisins : ccttc parttc comprcnd aussi des renscignemcns sor divers 6tablissemens de bienfaisance et des traits de vertu ct dc devouement ; 2" des notions iltmentaires sur les arts micaniques, induslriels et economiques , sur la technologic, sur la mddecino populairc, surl'tconomic domestique ; 3° sous Ic litre de melanges , des historiettes morales , qui excitent I'interfit et adoucissent , pour ainsidirc, le ton un peu serieux des deux premieres parties ; 4° enCn , des annonces d'ouvrages nouveauxqul se rapporUnt au but de ce recueil; la reuuion de ccs annonces forme peu i peu un catalogue d'ouurages proprcs aux enfans , que ceux-ci et leurs parens peu- vent consulter avec fruit. L'execution dc ce plan , suivie avec Cons- tance et nvec zele . s'est amelior6c visiblement , depuis quelques niois, et tend 6 s'ameliorer encore. L'auteur accompagne souveni les cahiers de petiles gravures ou de planches litographiues. Pour le prix modique de 12 francs par an , les parens et les instituteurs peuvent procurer, tous les mois , a leurs enfans et i leurs 6l6ves, un petit ouvrage qu'ils peuvent lire, toujours sans "danger, tres- souvent avec profit ou avec plaisir. On a fait relier a part les six premiers cahiers en un seul volume, avec une table des mati6res, et cet ouvrage parait convenir par- faitement pour Clrc donn6 en prix dans les ecoles , soit primaires, soit secondaires ; car I'ouvrage a paru comporter a la fois dc petits dialogues ou des entretiens qui conviennent parfaitement au pre- mier dge, et des connaissances plus elev6es pr6sent6es sous une forme moins 6l6mentaire. Les 2 vol., ernes de gravures, formeront, A la fin de cette annee , d'agreables etrennes. Ceux des parens et instituteurs qui prennent k la fois un certain nombrc d'exemplaires , obtiennent une remise dont on traite de gre h grd ; car les vues entiferement desint^ressees de l'auteur lui ont fait chercher les moyens de livrer cet ouvrage au plus bas prix possible. Deux journaux alleniands , trt;s-estim6s , citent ce recueil avec 61oge; la plupart des journaux francjais n'en ont fait aucune mention. M. le prefet de la Seine , d'apr^s la recommandation de la society d'education, a souscrit pour 12 exemplaires. S. E. le mi- nistre de I'interieur a temoigne I'intention d'en faire prendre un plus grand nombre, pour le faire connaitre aux prefets, auxmaires, aux cures , aux r6gcns ct maitrcs d'ccolc, qui n'ont besoin que de LIVRES FRANCAIS. 191 savoir qu'un tei ouvragc existc pour le rechercher et pour lui pro- curer dc nombreux lecteurs, avides de ce genre d'instructioD. Espcirons que cette entreprise bienfaisantc et philanlropique , qui est une heureuse inspiration d'un excellent coeur, seconds par ud tr6s-bon esprit, sera encourag6e et soutenue par les suffrages, et par les souscriptions de beaucoup d'hommes de bien , p6netr6s de la n£cessit^ de rendre plus populaires les principes de la vraie religion et de la morale. M. A. J. Livres en langues 6trangeres imprimis en France. 106. — ^n Essay on the superstition , customs and arts , etc. — Essai sur les superstitions , coutnmes et arts communs aux ancicns l^gjptieDS , aux Abyssiniens et aux Ashantes ; par T. Edward Bow* DicH. Paris, i8ai. Imprimeriede Smith, in 4". de neuf feuilles. . 107. — Julia , o la Nueua Helqysa ; cartas de dos amantcs habi- tantes de una ciudad chica a la falda de los Alpes, , recogidas y pu- blicadas por J. J. Rousseau. Traducidas por J. Mahchena , con la- minas finas. — Julie, ou la Nouvelle Heloi'se de J. J. Rousseau, tra- duitc en espagnol. Toulouse , 1821. Imprinjeric de Belleguarigue . 4 vol, in-12, ensemble de 5y feuilles un quart. vi\»i.\v.ix\\vvvv*v»vv\i\v\v\vvv»vv»\\v-i\v\'»'MV\\w»,\vw»\n\v»i-v\\A\v\i\n.-iv IV. NOIjVELLES SCIENTJFJQLIES ET LITTERAIRES. AMERIQUE. GtjiANE FHAH9A1SE.— Cavenne.— ^oiawiywe. — M. le capitaine de vaisseau, Philibert, it son retour d'une canipagne dans les mcrs d'Asie , a depos6, i Cayenne, en 1820 , una collectron tiree du jardin botanique de Bourbon, et deux assortimcns de mCmc nature, re- cucillis dans le cours de son expedition. L'un de ces assortimens a (ite placi dans le jardin botanique de Cayenne; I'aulrc, destine au Jardin du Roi a Paris, a passe I'biver 4 la Guiane fran^aisc, d'oii il n'a ete expedie qu'au printems dernier , avec diverses autres plantes originaires de cctte colonic. [Fqyez ci-aprfes , art. Paris). Etats Umis. — Ne-w-Yobr. — Bouclier ifeu. — Cette machine, qu'on pourrait plutut appeler xin parafeu , a (5te invcntee par M. Ralph Buckley. Elle est destinee 4 proteger les hommcs occupes i eteindre un incendie , ct surtout a empScher le feu d'etendre ses ravages, de reduire en cendre de vastes b4timens , et quelquefois mOme des villes cntieres. Ce bouclier est d'une substance nietallique, mince, legere , et impenetrable aufcu; il a assez d'etendue pour couvrir entieremcnt un homme, et on peut remploycr dans differentes posi- tions. Lorsquel'on s'en sert dans la rue, il est fixe fermement sur une petite plate-forme i roues , un peu t-levee de terre ; le pompier sc place sur cette plate-forme derrit;re le bouclier; il est alors tire par le nioyen de cordes du c6te oil le feu se declare avec plus de force, et peut, sans courir aucun risque, diriger a son gre le tuyau de la pompc a feu. On peut former ainsi une ligne serree de boucliers devant le foyer de I'incendie , et les pompiers, abritespar cerempart, peuvent faire aller continucllement les pompes, tandis que par les moyens ordinaires ils sont souvent obliges de fuir k cause de I'ardeur du feu, et de le laisser gagner les edifices voisins du lieu de I'incendie. On peut se servir encore de ce bouclier d'une maniere fort utile, en le chan- geant de forme et en le transportant jusqu'i I'etage superieur des maisons dont le toit est seul enflamm6; i I'aide d'un mecanisnic fort simple , on le fait projcter un peu en dehors d'une fenfitre , et AMJi;RIQUE. I93 de 14 Ic pompier lance I'eau de la pompe sur le toil de la maison ou des batitnens qui rentourent. L. S. B. CAP-Hii'Ti. — Instruction publique. — Le president a nomm6 une commission d'instruction publique pour cette vine;elle estcomposee de MM. Marcelle, James Simon, Gharrier et Prfevost. Le 25 juillet, les g6n6rauK Magny et Nord Alexis ont visit6 I'^cole primaire. Voici quelques passages d'un diacours adressd , par le g6n6ral Magny , en presence des jeuftes eleves, aux membres de la commission d'instruction : « Citoyens , I'instruction publique , 6tant un des ressorts !es plus importans de la prosperite nationale , a 6t6 etablie k Haiti par une loi qui regie vos devoirs , comme menibres de la com- biission d'instruction publique. Je ne m'etendrai pas sur les bien- faits de I'instruction ; ses effets salutaires vous sont bien connns ; mais , comme p6re et citoyen , permettez-moi de vous renvoyer au cinqui^me article de la loi ; vous y decOuvrircz la veritable base de la gloire nationale , le talisman qui vous dirigera dans toutes les circonstances. » M. Pr6vost a repondu : « General , il appartient au digne chef d'un peuple libre de penser que I'education eclairee aide et en courage les hommes, qu'elle les rend meilleurs en les rendant plus heureus. L'homme sans education est comme une masse inerte, incapable de discerner le bien du mal ; il pent devenir facilement le jouet des ambitieux, qui reniploient contre lui-mCme et pour son propre malheur; mais I'educatiou anime , developpe les fa- cultes de son esprit, complete le travail de la nature, et forme des citoyens utiles , qui sont d'autant plus .precieux qu'ils com- prennent mieux leurs droits et leurs devoirs ; qu'ils sont convaincus du respect qu'ils doivent a I'auteur supreme de toute chose, aux lois, k ceux qui les adniinistrent , et qu'ils remplissent les devoirs reciproques imposes aux citoyens : c'est alors que les hommes savent ce qui constitue les lois , la patrie et les vertus domestiques. Nes dans un climat favorise du ciel, les jeunes Ha'itiens ont une apti- tude surprenante pour les sciences ; ils acquierent avec facilite les elemens des connaissances que Ton voit ailleurs avec effroi. Peut- «tre, parmi les elfeves ici pr6sens ^ il ne manque que d« I'educalion ptmr reveiller les talens d'un Newton, d'un d'Alembert, d*un Mon- tesquieu, d'un Lavoisier, d'un Rousseau, d'un Racine, et meme d'un Voltaire. Honoree de la coniiancc du premier magistral de la Tome xii. 13 ' 19* ASIE.— AFRIQUE R^publiquc , la commission de I'instruction publiquc fcra tons ses efforts pour attcindrc le grand but dc I'instruction : cllc contri- buera avec joie au bonhcur futur de scs jeuncs concitoycns , et cherchera 6 meriter la grandc marque de conflancc qu'cUe a obtenue. Acceptez done, general, comme I'organe du ptre dc la patrie, les scntimens dicl6s par I'amour que hous lui portons personnel- lemcnt, et par le zele et le ddvoueuent dont il est anime pour la R^publique. > Etats-Unis. — Journaux, — D'aprfes une Gazette americaine, le nombre total des journaux de cc pays est de SSg ; savoir : 279 journaux ou brochures bebdomadaires ; i38, qui paraissent deux foisla semaine ; i5, trois fois la semaine, et 27 journaux quotidicns. De toutes ces feuilles, il n'y en a que trois qui comptent 4|3oo abonnes, et peu de journaux quotidiens en ont i,3oo. Bb^sil. — Bahia. — II parait ici une nouvelle Gazette intituUe: Idade d''ouro do Brazil (l'\gc d'or du Br^sil.) ASIE. Irdes ohientales. — Colonies frangaises. — Botanique. — M. Lesche- nault de la Tour, naturaliste du roi, k Pondicbiry , qui voyage depuis quelques annees sur le continent et dans Tarchipcl de I'Inde, a fait parvenir, k Bourbon, en 1820, quarante - quatre esp^ces rier 1820. — Depuis deux jours enfin , nous avons pu rejoindre rarmce. Nous avons jusqu'ici suivi le Nil , et determine son cours , qui 6tait loin d'etre bien connu. Vous serez surpris d'apprendre combien de monumens sc trouvent dans ce lieu. Le Nil , apres avoir fait un grand coude dans I'est, remonte dans le nord , vers son em- boucbure; c'cst le point oil nous sommcs aujourd'bui. A sept beures d'ici , i I'ouest , rive droite du fleuve , est un village des Chaguys , nomm6 Mttroe; & une hcure plus au nord de ce village, est le mont Barkal , montagne elevee, au pied de laquelle se trouvent des restes considerables d'antiquites ; Kavoir : les mines de sept temples, plus dix-sept pyramides, petites i la verite, dont plusieurs sont d'une parfaite conservation ; sur I'une de leurs faces est un petit sanctuaire attenant i la pyramide : plusieurs sont couverts en voute , avec clef. Les muraillesinterieures de cesanctuaire , ct la partie de la pyramide qui en fait le fond, sont couvertes d'hieroglyphes; il n'y en a point sur les vo&tes. L'cncombrenient des sables ne permet pas de juger si les pyramides ont et6 ouvertes. Dcs observations exactes sur ces pymmidcs ajouteront beaucoup aux idees que I'on a sur celles d'E- gypte. Les temples ne sont pas d'une conservation egale i celle de certaines pyramides ; trois de ces temples ont etc en grande partie coupes dans la montagne qui est de gres. Dans le plus grand , Icrocher s'est dcroule, et on ne reconnait qu'une petite partie du monument. Un autre , qui est un typhoniuni , est le mieux conserve ; le troisieme est tres-petit. Ily a un temple plus grand que celui d'El Khargeh, de la grande Oasis, et les autres sont beaucoup moindres. Ces antiquitcs sont dans un grand etat de destruction : on ne voit que les premieres (i) Cette lettre est celle qui avait cte ^garee ct dont il a etc ques- tion dans la Revue, T. XI , p. 627. 13* 196 AFRIQUE, assises, soil dcs colonncs, soit des murailles. Ntanmoins, au moyerr de quelques fouilles , je suis parvenu i relever Ics plans de plusieurs moDumens , i peu pres complets. Sur I'autre rive du Nil, i Nouri, sont douze autres pyraniidcs, ii peu prt's aussi grosses que les principales de Saqqdrali, quatre comnic les pelites du mfime endroit, huit coninie ceilcs que Ton voit aulour dcs pyramides de Gyieh ; elles sont en gres, et poudingue friable, nature de pierre qui est cause de lenr destruction. Voili* un village du nom de Meroe, sitt»6 sur une grandc partie de terre qui a bien pu Ctre une ile , plus trente-six i quarante pyramides ; enfin , les Tuines de sept temples ; une petite ile, plus au nord , porte encore le nom de Meroe; i cette hauteur, sont encore d'autres iles. L'espt- rance que j'ai de trouver de grandes ruines h trois et quatre jours de Chendy (ce qui rapprocherait de la latitude que Ton suppose ii Meroe) , me porte a croire que ce n'est pas ici le lieu tant cherche. Actuellement,, aucun Europeen n'est devant nous ; si je puis allcr dans cet endroit, je ne negligerai rien pour I'examiner. Depuis deux mois, I'arm^e etait arrivee ici, et c'est i cette expedition que nous de- mons la d6couverte si interessante de ces monumens. Le tems ne m'a pas permis jusqu'ici de tout faire sur ces ruines ; mais j'acheverai ft mon rctour : croyer que je n'oublierai rien pour I'exactitude des plans de chacune de ces pyramides , la mesure des dimensions et de I'inclinaison , et le dessin des sujcts hieroglyphiques, que j'espere copier entiferement, Demain , nous partons, avec le brave Abdy- Cachef , pour Barbar et Chendy. L'idee confuse que je vous donne prfecipitamment sur ces antiquites ne vous contentera pas, je le sais 'y mais je ne puis presenteraent entrer dans une foule de details sur ces monumens, que je n'ai pas encore tous suflisamnient observes. Lc pacha ne pcrmet plus a quelqne voyageur que ce soit de venir jusqu'ici. Ismayl-Pacha envoie des ordres partout pour que Ton ne laisse passer aucun europeen. Si je continue le voyage, ce qui n'a 6t6 decide qu'aujourd'hui , je le dois a quelques notions que je puis avoir en mineralogie. En renvoyant les voyagcurs, Isniayl leur dit : Vous venez me voir , pour me mettre sur vos livres , etc. Pour ce qui regarde les mines , j'ai en vue trois points qui me dorinent de grandes esperances de succcs. Gailliacd. Remarques sur la lellre de M. Cailliaud. — 11 a paru dans des recueils periodiques une annonce de la dicouverte des ruines dc Meroe, au pied du mont Barkal , par deux voyageurs anglais; on AFRIQUE. 197 fi'cst peut-etic un peu hate depublier cettc pjctendue dccouverte, qui transporterait la fameuse ville de Meroii a deux degres trop au noid de sa position rc^elle. D'apres la carte la plus recente, celle que le colonel Leake a donnee dans le voyage de Burkhardt , le pays de Chaguy ouChaguit, est au 18= degre 3o' iSo' de latitude. M. Cailliaud , qui a vu les ruines dent il s'agit , dans le meme tems que les deux Anglais , nous apprend que ce point est h sept heures i I'ouest du village de Gu6rif et Anidab, lequel est i trois jours plus loin que Korti. Dans cette partie du cours du Nil, le fleuve se dirige de I'ouest k I'est (en remontant) , etse porte vers le nord ; comme ce grand coude est bien marque sur les cartes , il n'y a pas a s'y meprendre , et il s'ensuit que les ruines dont il s'agit se trouvent entre le i8« degr6 ' de latitude et le 19^ II est impossible de concilier une pareille position avec celle de Meroe; les auteurs modernes s'accordent tous , tomme les anciens , a placer celle-ci entre les 16' et ly" paralleles. M. Gossellin pense, avec Bruce, qu'il faut chercher Meroe i Gerri, un peu au nord du i6<^ degre ; seloa d'Anville, c'est a Nuabia. Si Ton s'eu rapporte i Ptolemee, la latitude etaitde iC» 26'; et Ton croit que le calcul d'Hipparque la porterait it 16° 26' 42" ; ceux d'Eratosthine et de Strabon,a 16" 5i' 26". D'un autre c6te,selon Pline et les anciens geographes, ily avait5,ooo stades de Meroe a Syene, comme de Syene a Alexandrie. Quelle que soit la valeur de ces stades sur laquelle on dispute (assez mal k propos ) , on pent en conclure , avec une grande vraisemblance, la position de Meroe, ou du moins I'opinion des anciens sur son emplacement; et, puisque la difiference en latitude, entre Syene et Alexandrie , d'apres les meilleures observations, est certainement de 7° 7' 42"^ on nepeut chercher Meroe plusau nord que 16° 5y' 4i".0n retrouverait ici les cinquante-dcux journees et les douze schoenes que comptait Herodote, au-dessus d'J&lephantine, en suivant le flenve. Enfin, selon Pline , les explorateurs de WJron avaient trouve 873 milles ( ou 896 ) , depuis Syfene jusqu'a Meroe ; il donne tout le detail de leur itine- raire, ce qui inspire de la confiance. Or, le compas applique sur le cours du Nil, tel qu'on le connait aujourd'hui, fournit 880 milles remains , depuis Syene jusque sous le 17^ parallele. Mais 11 y aurait 220 milles, ou un quart de moins, en s'arretant aux ruines du mont Barkal; difference cnoime et qu'on ne pcutrcjcter sur I'inexactitude de la mesure. 19ft AFUIQUE. M. Cailliaiid , qui a cludii^ A loisir Its anliquitds du mont Barka}, a soupronnc qu'il iiYtait pas i Mcroi; ; ct comme il semble avoir e« connaissancc dc grandcs ruincs placees du cOtu dc Chendy, il a con^u Tespoir d'y tiouver la ville tant cherclKJe. Gelte espdrance nic parait fond(ie ou extrCmement raisonnable. En effct, I'observation faite par Biuce donne, pour latitude de Chendy, 16° 38' 35". Les ruinesdont il est question sont k quelques jours de Chendy, selon M. Cail- liaud (environ vingt minutes, pour ce voyageur qui marclie i petites journees ). On voit que la position qui en resultc correspond assez bien avec les ancienncs latitudes d'Eratosthene et Strabon. Voici ce qui conCrme encore cette id6e : Bruce a vu des obelisques et d'autres ruines sur la montagne de Gibbaini , en face de Tile Kurgos; cc point, dans sa carle, est vers iG" 58'. Les Arabcs, dit- il , y ont trouve des statues d'hommes et d'animaux, en pierre noire, ct beaucoup de debris. L'ile m6me de Kurgos pouvait etre Vile sa- cree de Meroe, Tout cela me semble d'accord avec notre conjecture qui, d'ailleurs, sera bientot confirmee , ou dementie, puisque M. Cail- liaud etait d6ji, le 6 mars , a Barbar oa Berber, et qu'a la fin du mois il devait s'acheminer k Chendy, et de la a Sennar. II est diflBcile de comprendre comment on a pu chercher l'ile de Meroe un peu au sud du parallele de Dongolah , k soixantc ou soixante-dix lieues au - dessous du point ou le Nil rc^oit I'Atbara ou I'Astaboras, lequel formait, avec I'Astusaba et I'Astapus, cette lie si fameuse et si anciennement civilisee. D'ailleurs , k partir de ce point , il n'y a plus aucune ile d'importance , excepte l'ile d'Argo , et, si Ton veut , la petite ile dc Sai, oil sont des antiquites. On a 6t2 EUROPE. Ic rivcrcnd David Welch; ao„„ j5ssai«.^W.'5M«M5deZV!/a//m;7ar. faitoiise irouvc la science mclaphysiqueclsur Icsmqyens d'j porter remede, par G. Combe, president de la societe ; S- obsen^alions sur les moyerts d'amillorer le son de la race kumame, par le mCme; 4° sur la thiorie du go&i et du beau , d'upres des principes phrino- logigues, par sir G. Mackenzie ; S" Essaisur le rapport entre laphi- losophie et la phrenologie, par V, Ritchie. La soci6te s'est aussi occupie de former une collection de crSnes d'animaux et d'hommes de differens pays , particulierement de criminels executes, pour comparer chez ces derniers le develop- pcmcnt de leur cerveau avec leurs actions, ct, autant qu'il est pos- sible , avec Thistoire de leur vie. — A la fin du rapport , la sociitt annonce I'intention de publier un journal destine ix prtisenter tout ce qui a rapport au but de son institution. Elle invite les amis de I'etude phrenologigue h lui communiquer dcs notices surcequ'ils croiront utile aux progris de cette science ; ellc rappelle surtout aux voyageurs I'importance de comparer les caracteres et les moeurs dcs nations avec la conformation de leurs tCtes. Les personnes qui desirent se mettre en relation avec la soci^te , peuvent s'adresser i M, Al. Fleming , secretaire de la socidte , n" 3. Castle-street, 4 Edimbourg. LoNDBEs. —Missions d'^sie. — Les principaux ouvrages que les missionnaires emportent avec eux ft Serampore , pour hater la con- version de i5o millions d'hommes, sont Michaelis, sur les lois de Moise; Doddridge, ceuvres completes; Schleusner, lexicon; les ceuvres de Bogue, d'Owen , etc. lis y joignent aussi, sous le titre de sciences ginerales, divers livres classiques sur les sciences naturelles, tels que les traitfis gcographiqucs de Guthrie, des ouvrages d'astro- nomie ; enfin, les recueils consacres a la mincralogie ct i la geologic, par M. Philips, I'un des plus savans mineralogistes de I'Angleterre. ( Extrait de I'int^ressant recueil intitule : Archivesdu christianisme, a" livraison, 4" annee). — Philologie. — Langue zilandaise.— La Societemissionnaire Aia.it , Tcnir de la Zelande deux chefs , Shanhi et Whyhato , qui lui itaient absolumcnt necessaircs pour la confection de la grammaire zilan- daise qui s'imprimc en ce moment. Pendant le sujour qu'ils ont fait i Cambridge , M. le professeur Lcc s'cst bcaucoup aidii de leur sccours pour completer et arranger Its materiaux, lassembles dcpuis long- EUnorE. 203 tems par M. Kendall : il a cntiercment termini; iin vocabulairc ct une grammairc dc la languo de la Nouvellc-Zelandc , les premiers qui aicnt paru en Europe , disposes dans un ordre logique. L'ouvrage comprend 23o pages, dont i3o sont consacrees i la grammairc et aux exercices, et Ic reste au vocabulaire. Une grande partie de I'edition a ete tiree sur de tres-fort papier ; queiques exemplaires sont impri- mes sur papier fin pour 6tre mis en vente ; enfin , on a imprime les parlies les plus el6mentaires de ce traite sur des cartes en pite dc carton , pour etre distribuees aux enfans dans ces iles lointaines. {jirchiues du christianisme.) — Le Classical Journal, qui se continue depuis donze ans, et dont il paralt cheque trimcstre un cahierde 225 pages in 8° grand format, est consacre uniquement aux langues anciennes, k la grammairc, aux litymologies , i la critique philologique , aux antiquites, 6 la biblio- graphic des auteurs classiques imprimis ou manuscrits, k I'explication des textes originaux de la Bible; enCn,i toutes les parties de la litte- rature orientale. C'est proprement le journal de I'^ruditlon la plus approfondie qui paraisse en Europe , si on excepte le Journal des sa- vans , public k Paris ; il est vrai qu'on insure dans ce Classical des themes et des vers de college ; on est maitre de ne pas s'y arreter. Ce qui se fait remarqucr particulicrement dans le numero de juin , c'cstla quatrieme partie d'un traite dcM.G. Townsend sur I'origine, Ics progres, la decadence de ridolatrie, et une savantc notice de la nouvelle edition des poesies d'Homere, publiee 6 Londres en 1820, par le celebre R. P. Knight. L — s. — Academic rqyale de peinture. — En general , I'exposition n'a pas etc brillante. II y avaittres-peu de tableaux historiques, et tous ctaient au-dessousdu mediocre. Les portraits en pied, quoiquefortnombreux, n'excitaicnt aucun interct, ni par le mtrite de I'execution, ni par les personnages qu'ils representcnt. Les paysages seuls sc faisaient re- marqucr , et entre autres ceux que M. Edwart a peints sur verrc ; ils sont d'une verite parfaite et d'une grande fraicheur de coloris. — Peinlure etgravure. — Le portrait du roi Georges IV, tel qu'il etait apres son couronnement , a ete peint par sir E. Laurence, president de I'academie royale. II represente le roi , dans toute la pompe du costume royal , assis dans la chaise de saint Edouard , la couronne d'Angleterrc sur la tetc , et le sceptre k la main. — On a grave dcr- niurcmcnt un portrait dc sir Waller Scott, d'apres une csquisse ori- ginalc par M. Sla'cr. ZU ELilVOPE. DiiDLirr. — L' institution rojale d'Irlande a offcit un piix dc cinq cents guinties, pour le meilleur tableau repr«isentantle debarquement du roi Georges IV en Irlande. L.S.B, RUSSIE. Bibllotheques , musees, e'ablissemerts scientifiques. — Voici quelques details sur les ressources que presentent aux savans et aux amis des lettres et des arts les principales villes de la Russie. Nous commenccrons par les bibliotheques publiques. A SAiNT-PBTEESBOuac. — 1° La bihliolheque imperiale , ii I'Henni- tage; elle est de 3oo,ooo volumes, et coatient celles de beaucoup d'hommes celebres du dernier siecle : par exemple , deBusching, de Diderot , de Voltaire , de d'Alembert. Deji riche en beaux et en rares ouvrages , elle continue d'en acqu6rir. Deux bibliothe- caires sont preposis a sa conservation : malbeureusement, elle n'est pas encore disposce pour recevoir le public. 2". La bibliotheque de Zaluski , maintenant imperiale. Elle appartenait k la Repu- blique de Pologne, et fut transport6e, en 1799, i Saint-Petersbourg, oil elle est dispos6e avec soin dans un local fort elegant. A chaque etage, il y a une belle roionde et deux salles laterales : elle a, comme la bibliotheque deTHermitage, 000,000 volumes, parmi lesquels on remarque tout ce que la philologie ancienne et orienlale a de plus precieux. Elle est entretenue avec soin et ouverte au public. 3° La bibliotheque du grand-due Constantin , compos6e d'environ 3o,ooo volumes de diplomatic , d'histoire et d'art militaire. 4" Celle de I'yJcademie des sciences ; c'est la plus considerable apr6s les deux bibliotheques imperiales, car elle compte 60,000 volumes, parmi lesquels plus de 3,ooo en chinois , mantschou, tangutschou. Elle est riche aussi en manuscrits asiatiques, en plantes et papillons peints , et en autres objets d'histoire naturelle , venant de madame Merian et du docteur Fothergill : les ouvrages russes , au nombre de 5,ooo, sont separes des autres. 5° La bibliotheque du couvent de Newski, contenant des manuscrits slavons , des actes des conciles , les Merits du philosophe allemand Wolf, et plusieurs trait^s th^ologiques. 6" La bibliotheque du corps des Cadets imperiaux ; elle a plus de J2,ooo volumes, et s'augmente tous les ans. 7° La bibliotheque du College de medecine. 8° Celle de la Sociele economique. 9" Celle de I'Unit^ersite, nouvellcmcnt fondee, ct qui a dej4 11,000 volumes. EUROPE. 205 Saint-Petcrsbourg renferme en outre plus de vingt bibliotheques particulieres que Ton pent citer, tant parce qu'elles sont conside- rables que parce qu'elles renferment des ouvrages rares et pre- cieux : telles sont celles des comtes Tschernichcf , Schouvalof, Tscheremetef , Strogonof, Youssoupof, Boutourlin, de feue la prin- cesse Datschkof, du conseiller intime Eetzkoi , du prince Koiirakin , du lieutenant general de Klinger ; ce dernier possede les nrieilleurs ouvrages litteraires, historiques , philosophiques ct politiques an- glais , alleniands, fran9ais et italiens. On remarque aussi la belle collection de manuscrits autographes de princes, de oiilitaircs, d'bommes d'etat et de savans de tous les etats de I'Europe. Cette collection , connne d'abord sous le nom de Douhrowski, est devenue imperiale. A Moscou , il y a deux bibliotbfcques remarquables : ce sont celles de VUnii/nrsili et du Synode. Cette derniere est riche en manuscrits grecs du mont Athos ; tnais toutes deux ont eprouve des pertes considerables i I'^poque de I'incendie, On doit remarquer encore la bibliotheque publique de Demidof, celles de Kasan et A' Aslracan ; la derniere contient beaucoup de manuscrits persans et tartares ; la bibliotheq ue de I'unwersile de Dorpat, qui, avec les 6,ooo volumes qu'elle doit a la munificence du grand-due Constantin, en possede maintenant 3o,ooo ; les bi- bliotbeques A' Abo, TFilna ct Kharkof; celle de Riga, qui renferme des ouvrages fort precieux; elle est etablie dans un bStiment neuf et elegant, et chaque membre de la magistrature municipale est tenu, i son entree en fonction, de faire present d'un ouvrage 6 cette bibliotheque. On y garde une Icttre originale de Luther aux magistrats de Riga , qui lui avaient demande un predicatcur. Riga possede en outre deux bibliotheques , dont Tune est aux ecoles, I'autre a la cour de jusiice. Nous citerons encore, k Kief, la bi- bliotheque du convent de moines Peschersky ; la bibliotheque fondle par le patriarche Nikon, dans le convent de moines, bSti par lui iJ PfoskresensTcoi , gouvernement de Moscou ; elle est abondammenf pourvue de mafauscrits ; enfin , la belle bibliotheque du couvent TrQitzkoi-Sergeief, & dix milles de Moscou. Les musics de Saint-Pelersbourg sont : i» le cabinet d'histoirc na- turelle , d'objets d'arts et de medailles; il est complet, en ce qui re- garde la botanique ct la zoologie ; 2" le musee d'antiquitcs , etabli 206 EUROl'E. dans Ic palais dc la Tauridc ; 5° )c cabinet minijralogiquc dcs ing6- nicurs dcs mines ; 4° Ic cabinet dcs instrumcns du college de mi- decinc; 5" Ic cabinet imperial dcs tableaux 6 I'Hermitage, qui contient quatrcmille tableaux dediverses d'coles, dcs dessins des plus grands maitrcs , et plus de trente mille gravurcs. II y a en outre une collection de quinze mille pierres precieuscs et pierrcs gravecs , des medaillcs russes de toutes les epoques , et de beaux ouvrages de sculpture. — On remarque dans la mCme ville Ics Musics du mCme genre , appartenant aux comtcs dc Tschernichef , de Strogonof^ de Bezborodko, de Schcrcmctef, et aux princes Youssoupof et Bclo- zelski. L'amiral Mordwinof possede unc riche collection de ta- bleaux ; on y en voit bcaucoup des pcintres des xiv"> et xv" siecles , et on y trouvc sept cents dessins originaux. Les cabinets des comtes de Romanzof ei du prince Gallitzin sont riches en objets d'histoire na- lurellc et de mineralogie. On distingue encore la collection d'anti- quites du comte de Korsakof et celle de m6dailles du gt-neral de Suchtelen; celle de gravures d'Olsoufief, qui, apres la collection imperiale, est la plus belle et la plus nombreuse. ^ Moscou , i\ y a un musec pour les antiquites, rhistoire na- turelle , la physique et les mathematiques ; d TFilna , un cabinet d'histoire naturellc , riche en belles petrifications. Le docteur Ba;h- rens a r6uni, d Riga , une collection d'objcts d'art et d'histoire na- turellc ; les miidaillcs et les mineraux de Bergmann, et la collection d'Essens, composee de lettres d'hommes celebres, meritent d'etre cities. Nous n'indiquons point les collections de moindre importance , mais nous pouvons assurer que ces renseigncmens , que nous tirons du n" i83 de la Gazette litteraire de Leipsick , sont beaucoup plus Cdeles que les donnces incertaines qu'on lit k cc suj'et daus la geo- graphic , publiee 5 Weimar par Hassel. Pn. Golb^by. DANEMARCK. CoPBNHAODE. — La Societe economique a proposi un prix de lOO species h I'auteur du meilleur mimoire sur les animaux k vertfebres , les insectes , les vers et les mineraux du Danemarck. 11 est assez extraordinaire que ces branches de I'histoire naturellc n'aient pas fait les memes progres dans cc pays que la botanique ; la societfi de- sire que Ton s'attache particulieremcnt k traitc la question sous EUROrE. 207 les rapports, tconomiques. Les miimoires scront regus jusqu'^ la fin de 1822. — Les autres questions proposues sent, ou relatiTes & I'art veterinaire, ou de nature k n'interesser que I'etat politique et commercial du Danemarck. — La Sociiie des sciences a entendu , le 5 Janvier , un m^moire de M. Oerstedt sur la theorie du magn^tisme de la terre. — Le 9 fe- vrier, M. I'ereque Miinter a soumis k I'examen de la societe une dissertation sur I'annte de la naissance de Jesus-Christ. II s'est aide, dans sesrecherches,d'observations astronomiquespeu connues, quoique anciennes , et a fix6 cette naissance six ans avant I'ere dite Dionjsiaque , c'est-i-dire i I'an de Rome 747- — Le 20 fevrier , le professeur Schumach a fait connaitre la liit-thode selon laquelle il a fixe une base pour mesurer les degres dans le Holstein. — Le 9 mars, M. Oerstedt a lu un traite sur diverses experiences relatives i I'eau des sources , et une autre sur I'analyse chimique d'une pierre pro- venant des murs de Babylone. — La Sociele rqyale de midecine a ecoute avee interet un rapport surle traitement pratique par un de ses correspondans,M. Wendelboc, 6unindividu attaque depuis neuf ans d'une maladie de nerfs,'qui se presentait sous les formes les plus extraordinaires , et que cependant il a gu6ri. — M. le professeur Hcrholt a lu, le 8 mars, une disser- tation de Viiriis animi corporisque affectibus , quibus virgo Haf- niensis , per plures annos vexala juit excisione 2-j3 acuum feliciter sublatis; et , le 22 , des observations de acubus deglutilis a scripto- ribus collectce. — L'academie des beaux arts a vu M. Badner renouveler ses at- taques contre la mythologie du Nord et contre M. Ten-Magnasin , le d6fenseur de cette mythologie. (Voy. la Reuue, Tom. XI , p. 209). — Instiluldes Pauvres. Une veuve a remis k la direction de cet ttablissement la somme de 5o ecus d'empire , pour fitre donnes en prix 4 I'auteur du meilleur pofeme en I'honneur de Martin Luther, — Institution des sourds-muets. Les eleves de cet 6tablissement ont 6t6 examines , le 28 Janvier, devant une nombreuse assembl6e, et en presence du ministre de la justice. On s'6tonne du silence garde jusqu'i ce jour par les journaux sur un 6tablissement du mfime genre, fonde i Schleswig, et auquel on a reuni la grande imprimerie stereotype de la societe de cette ville. — Un musee d'histoire naturelle va etre form6 dans le palais du 508 EUROPE. Iloltsein; on y rijunira toutes les richcsscs i-parses que le gouvcrrie- tnent posstde en cc genre. Ph. GoLBiiaY. Poesie. — 11 a parn ici une traduction danoisc des Qualre ages , po^me en prose de M. Pougcns, membre de I'lnstitut de France. ALLEMAGNE. Fbancfort. — Physique. — Aurore boreale. — 11 n'y a pas deus siteles qu'on rcgardait encore comme un act6 peu honorable de ren- dre ses Merits publics. On rapporte meme que le fc61febre Tycho- Brahe s'est long-tems refus6 i faire connaitre ses travauz , attendu sa qiialite de gentilhonime, qui pourtant ne TcmpCcha pas de con- tracter un mariage indigne de lui , de toutes les maniercs. Mainte- tenant les prcjuges de la naissance ne vont pas jusqu'a placer les productions du genie au rang des actes dont on dbive rougir : leS rois eux-memes ne dedaignent pas de livrer a rimpression le fruit dc leurs meditations. M. le colonel Gustavson, ex-roi de Suede, s'occupe depuis quelque lems de physique : il vient de faire impri- mer, a Fiancfort , un ouvrage qui ne se vend pas chet les libraires, mais dont son illustre auteur fait present aux amis des sciences. Ce memoire , ayant pour titre , Reflexions sur les phenomenes de I'aurore boreale et sur son rapport avec le mouvement diurne, est 6crit en langue frangaise, et dedie k I'academie royale des sciences de Norvvege. « L'origine du pheuomfene de I'aurore boreale, ditl'au- teur dans son avant-propros , est un probleme qui n'a pu €tre r6- solu d'aucune maniere satisfaisante. 11 est menie surprenant qu'au lieu d'en chercher la cause primitive dans la sphere du globe ter- restre, on ait pref6re de la decouvrir dans les riigions celestes. Parmi les ouvrages qui traitent de cette matiere , le Traiie hislorique et physique de I'aurore boreale, par 31. de Mairan , se fait remarquer par des connaissances profondes en astronomic ; mais lorsquc I'aa- teur a cru pouvoir expliquer le phenomcne de I'aurore boreale , par les effets de la lumierc zodiacale, ou I'atmospherc solaire, il a paru important de refuter ce systeme, en citant les chapitres qui trai- tent essentiellement de I'aurore boreale, et d'y ajouter quelques re- marques sur son grand rapport avec le feu electrique , son influence sur le mouvement du globe terrestre , et quelques idees sur la con- formation du pole et sur ses parties jntegrantes. 11 est a desirer que cc petit ouvrage puisse mcritcr raltcnijon des pcrsonnCs dont les EUROPE. 209 •connaissances et I'experiencc serviront A developper pe qui se trouvc ebauch6 dans les reflexions suivantes , et qu'un jour il soit reserve a une societe savante du Nord Je remporter le prix en le- vant le voile qui couvre ces mystires depuis des slecles, pour faire iuire la verite avec la m6me clarte dont brille I'aurore bor6ale. • Les gazettes de Hanibourg annoncent que plusicurs eiemplaires de cet opuscule de M. le colonel Gustavson itant arrives i Stoc- kholm , on s'y occupe de le traduire en suedois, et qu'on va inces- samnient le rendre public. Cet 6crit, sur un sujet aussi interessant, doit etre lu , ne fut-ce qu'i cause du nom de son auteur. Tout le monde connait cctte naee lumineuse et demi-circulaire qui pare quelquefois I'horizon du c6te du Nord, durant la nuit. Ce superbc phenomfene, que rendcnt plus eclatant encore des gerbes de feu qu'on voit partir du centre , pour s'elever par irradiation dans les bautes regions de Tatmosphere , a de tout tems excite I'at- tention de» savans, I'admiration des observateurs et la terrcur du peuple. Le bruit considerable dont il est souvent accompagne, les aspects varies sous lesquels il se pr^sente , en font un des plus brillans meteores dont on puisse avoir le spectacle. Lemonnier, dans ses Institutions aslrunoiniques , attribue la formation des aurores boreales i une matiero qui s'exhale de notre terre et s'^leve dans I'atmosphcre i une hauteur prodigieuse. Mau- pcrtuis qui, en Laponie, avait etii teraoin de I'une des plus belles apparitions de ce phenomene , s'est occupe d'un probleme de geo- metric qui s'y rapporte. Mairan a propose aussi une hypothfese pour expliquer I'aurore boreale; i! I'attribue «» I'atmospherc du so- leil , qui, selon lui , cause la lumiere zodiacale , s'etend jusqu'4 I'orbite terrestre et au-del& ; le choc du p6lc de la terre contre cette matifere produit Taurore boreale , dans la theorie proposee par ce savant. L'ouvrage de M. de Mairan a long-tems ete eo posses- sion de dominer dans les ecoles; mais, depuis qu'on a reconnu toute I'influence de I'electricite atmosph^rique sur ce phenomene , on s'6tait accorde a adopter I'opinion de Fraucklin , qui I'attribue i une action electrique. D'ailleurs, il est reconnu que ratmosph6rc du soleil n'eiiste pas, ou est si rare, qu'elle ne pent exercer d'effet sur la lumiere de cet astre. L'opinion de MM. Dalton et Arago , qui veulent que I'aurore bo- reale soit un effet purement magn^tique , semble reunir aujourd'hui Tome xii. Ik 210 EUROPE. tous Ics suffrnges. Lc ni(5nioirc lu par M. Riot , dans nnc tics sOancc' publiques dc I'acadcmic des sciences, expliquc Ics singularif(!s na- turellcs qu'on rcmaiquc dans cc phunomciic ; il monlrc que I'ai- guille ainianlcc on est fortemcnt influencee, que Ics cffets dc pers- pective donnent au meteorc des aspects trcs-varics, qui en clian- gent les apparcnccs pour les divers speclatcurs ; il fait voir que la clart(i du soleil , ct surtout la longuc durOc du scjour dc cct aslre, en 6t6 , sur I'horizon des regions polaires , doit souvent nous privcr de la vue des aurores borcales , ct que leurs apparitions doivcnt Stre plus freqiiwitcs qu'on ne lc croit communement , etc. M. lc colonel Gustavson a surtout pour but dc montrer combicn I'explication de Mairan est defectucuse, et on peut dire qu'elle eiit ete completenient d6truite par lui , si deja on ne I'eftt abandonnec depuis long-tems. II veut en substituer une autre, et prouver que Taurore boreale a sa cause dans une niatiere inflammable , produito par la friction du globe terrcstre en tournant sur son axe , et par un feu electrique qui agit autour du pole. II se figure cette region conime une grande montagne qui s'tilcve en forme de cone , au pied de laquelle sont attaches des gla^ons petrifies que charrie la mer glaciale; il veut que I'atmosphere terreslre soit excessivement plus haute qu'on ne lc suppose ordinaircment , et que la montagne polaire soit une maSse aimantee d'un volume immense , dont reifet est d'enlretenir lc mouvement diurne de la terre !! Franccedr. Lbipsick. — Instrumens de musique. — Cordes de platine. — ■ Un compositeur de musique , M. F. Fischer , de cette ville , a propose , dans la Gazette musicale (mars 1821), de substituer aux cordes d'acier ou de cuivre des cordes de platine, metal beaucoup plus elas- tique et plus ductile que le cuivre. Des cordes ainsi faites ren- draient un son plus fin et plus agreable ; I'air et I'humidite n'ayant aucune action sur le platine , elles ne seraient sujettes ni a se rouiller, ni .\se rompre. On pourrait faire aussi, avec un alliagc de platine et de fer ou d'acier, des cordes qui , dans certains cas , produiraient un grand effet. Stbttgahd. — Poes/e.— Les affaires de la Grcce cxcitent un intiret general en AUemagnc. Presque tous les journaux embrassent la de- fense d'un peuple malheureux, qui gemit depuis si long-tems sous un jougodieux. De cc nombre, est le Morgen-hlatl , imprime i I EUROPE. 211 StuUgard el a Tubiogue ; il contient plusieurs articles i ce siijet, el divers inorceaux dc poiisic , parmi lesquels on doit reniarquer une ode inlitulec Appei. aixGbecs, par M. Ilelwig; nous en citeions les deux strophes suivanles ; » Vous avez repris Ic sentiment de voire dignile. ct votrc antique vertu renait dans voire scin ; vous n'<5tes plus ces laches esclaves qui treuiblaient sous la verge du unisulman oppresseur. Sous les yeux du uionde qui vous conleniple , vous niarchez uoblcnient a la conquete de la liberie ; les ombres dcs heros qui vous cnt devances vicnnent conibaltre dans vos rangs , el redou- bler, par leur presence , voire genereuse ardeur. Semblables aux songes mysterieux qui nous rctracent I'image de la palrie , ils accou- reut enfoule des bords de I'Eurolas, du defile des Thermopyles et des champs de Plalee , oil jadis ils tomberent glorieusement sous Ic fer enneuii. Imitant aujourd'hui I'exemplc qu'ils vous donnerent autrefois, lorsque , attaques par des hordes barbapcs , ils abandou- nerenl le sejour des villes plutot que de rccevoir des fers, vous conficz une seconde fois aux (lots de la nier les deslins dc la Grece. » Leipsick. — Thidlre. — On a represenle aux bains de Leuchsladt, dans le mois de juillct, une tragedic nouvelle, inlitulee Pierre el .-Alexis, ou Conjuration d' Alexis contre le czar Pierre, son pere. L'auteur pouvait liabilement opposer les moeurs auciennes aux moeurs nouvelles de la Russia ; il pouvait representer le czar renver- sant les gothiques institutions de cet empire; Alexis, au con- traire, defenseur des vieux prejuges, et des interets froisses par le nouvel ordre des choses, voulant empccher rexecution des projets de son pei-e; mais, au lieu de suivre ce plan, l'auteur n'a fait d'A- lexis qu'un conspirateur ordinaire , et sa tragedie n'a pas eu un succcs general. Cependant , elle n'esl point sans merite ; le style en est tres- pur. Quant aux pensees, elles ne sont point assez appropriees au tems et au pays; et Ton n'y reconnait pas les moeurs farouches de la Russie , a I'epoque d'oii date sa civilisation. Dantzick. — Publicatcons noiU'elles et prochaines. — La Sociele d'hisloire naturelle \icnt de faire imprimer la suite de ses niemoires. Le premier cahier decette suite contient, i° un Traite suiles defe- loppemens des parlies geriilales uans les UrodeUs; 2° une analomie de Vidothea eutomon. Ces dissertations, accompagnees de planches lilhographiees^ sont dc M. Ralhke, qui eu a execute lui-meme le« 14 * 212 EUROPE. dessins. Le second cahier renferme trois dissertations de M. Jean Westphal, i" sur les etoiles ; 2° sur la teniperalure moyenne de Dantzick, d'apres ime seric d'observations non interrompue pen- dant quatre-vingt-un ans; 3<> enCn, sur la clart6 desctoiles. — Leipsick. — Fragmensd'Euripide.—M. Hcrmannafait impriaicr derniferement deux fragmens d'Euripide , le premier de soixante-seize vers, le second de soixantc-dix-neuf. Ccs fragmens ont etc recueillis sur la derniere feuille d'un nianuscrit du nouveau Testament, ma- nuscrit qui est celui decrit par Wettstcin. M. Burgess avait deji fait connaitre les memes morceaux dans un des derniers nuni6ros du Classical Journal; mais I'edition de M. Hermann n'a rien perdu a arriver la derniere. En effet, M. Becker, M. Hase et M. Matticoc ont bien voulu seconderce savant dans son travail; et, quoique les lettres du manuscrit soient presque indechiffrables , ilest parvenu J» retablir le sens et le metre, en sorte qu'il n'existe plus que des lacunes assez rares. C'est faire un beau present aux amis de I'antiquite que de leur rendre plus de cent cinquante vers d'un des plus illustrcs auteurs de la Grece. — ViKRKB. — Langues orientales.-'M. Oberleitner, professeur de laugues orientales , vient de mettre en latin , sous le titre A'Elementa aramaica , seu chaldceo sjyriacoe linguae, laline reddita el nonnullis accessionibus aucta,\a grammaire de John , dont tous les erudits connaissent le merite depuis long - tems. Lehrbach et Gesenius avaient remarque combien il restait de choses k. faire pour ame- liorer I'etude de cette langue, De plus, les grammaires de quelque ^tendue, par exemple celles de Micbaelis , ont cesse d'exister dans le commerce , de fa^on que Ton ne pouvait s'aider que des ouvrages trop 6lementairesdeHassen etde Vater. M. Oberleitner a mis h profit le Manuel de Faler et la Chreslomatie de Michael's. 11 a disposd les matiferes avec beaucoup plus d'ordre que John lui-mfime ; son style latin est clair et precis ; enfin , il a fait uu livre utile. Ph. GoLBEBr. — PoiisiE. — La traduction allemande des ^Maire a^esdeM.Pougens membre de I'institut de France , par M. Fred. Gleich, est d6ji i la seconde edition. — HiLDBUBGSHAusEN. — M. Slckler public , sous le titre A'Anas- tasie , uu ouvrage p6riodique sur la guerre entre les Grecs el les Tares. Le premier cahier a deja paru, M Sickler annonce que son EUROPE. 213 recui'il sera entitremcnt historique, et qu'il fcra connaitre les eve- ncmens, sans se livrer a aucune discussion politique. — Stoitcahd. — Necrologie. — M.Jean-Chrislophe Schwab , con- seiller royal de I'instruction publique, membre des academies de Saint-Petersbourg et de Berlin et de la societe des sciences de Harlem, est mort i Stuttgard , k I'Age de soixante dix-huit ans. 11 est connu dans le monde litteraire par un Traite sur les causes de I'unit/ersalite de la langue franfaise , ouvrage qui a remporte le prix , en 1784, i I'academie de Berlin. M. Schwab a re^u beaucoup d'autres palmes academiques. II s'etait declare I'adversaire de la pliilosophie de Kant, centre laquelle il n'a pas craint d'ecrire. Ph. Golb^by. SUISSE. Genkve. — La Methode d'enseignement mutuel continue k rece- voir de grands encouragemens dans notre ville. On construit un vaste baliment, oii doit etre plac6e une nouvelle (icole publique organisee d'apres cette methode; plusieurs de nos pasteurs pro- testans de la campagne en out etabli dans leurs paroisses , et les dirigent eux-memes avec un zele digne des plus grands eloges ; leur exemple a 6t6 imite ailleurs par des proprietaires ais6s , malgre I'opposition ouverte ou deguisee de certains cur6s de cam- pagne . L'instruction publique de ce canton paraitreclamer une revolution presque complete pour etre en rapport avec les besoins de la civi- lisation actuelle. Le college de Gen6ve , fonde par Calvin, a subi peu de changemens essentiels depuis le milieu da seizieme siecle, et les ecoles superieures ne sont guere recommandables que par le merite personnel des professeurs qui en occupent les chaires. Abau. — Publication nouuelle. — M. le professeurMuwcK. a publie dernierement YHistoire complete des lentatiues faites par les Grecs pour le retabiissement de leur liberte , depuis la prise de Constan- tinople jusqu'a nos jours. ITALIE. Naples, — Chirurgie. — Le jcune Cafanoso, de Messine , elevc de I'EcoIe dc mcdccine dc Parts, a fait, trcizc fois de suite, dans ccHe 21 A LLROPE. capitale, avcc le pins liciucux succts , ropiiralion dc la calaraclf par extraction. Milan. — Puhlicalions prochaLnes.- On va publicr par sous- cription, et sous le litre de Spectaleur Lombard on Melanges vhoisis dc litteralure , pJiilosophie , sciences, arts, Industrie, education, coutumes , theatres, etc., line suite d'arlicies publiis successivement par Francois Pezzi , dans le Courrier milanais; le polygraphe et la gazette de Milan, depuis iSogjusqu'cn 1821. II y aura de douze i dix-huit volumes ; il en paraitra un par mois, i raison de a fr. 5o c., ct dc 2 fr. seulement pour les abonnes de la Gazette de Milan , au bureau dc laquelle on souscrit , rue dell' Agncllo, n" 963. — Poesie.— Lc librairc Vincenzo Ferrario a public dcrnitre- mcnt,enun volume in-18 , la traduction faite par feu I'abbe dc Brcme, du pocme des Quatre ages, qu'on doit a M. Pougens, de rinstitut de France; cctte traduction est d'une elegance pavfaite. SiEPTHE. — Mausolee de Mascagni. — On vient d'6lcver , dans Ic dOme de Sienne , un mausolee au cclebre anatomiste Paolo Mas- cagni. Une figure qui rcprescnte ranatoniie , est assise sur sa tombe ; elle tient un papyrus oii I'on voit le titre dc I'ouvrage , intitule : Rarorum Ivmphaticorum Ilisloria et Ichnographia ; elle semble pleurcr, en regardant les instrumens de I'art que Mascagni a employes pour faire ses dccouvertcs. Cc beau monument a 6t<5 execute par le sculptcur Stefano Ricci , aux frais du cbancelier Giulio del Taja. F. S. ESPAGNE. Catalogue. — TJjdraulique. — M. Ardcvol, cbef de la compta- bilite des-biens fonds- communaux de cette province, a invente une machide hydraulique a laquelle il a donne le nom de hidro- pote. Cette machine, qui est trfes-simple, ^l6ve d elle-m6me I'eau des rivieres a la hauteur convenablc pour arroser les tcrres voi- sines , sans qu'il soit necessairc de faire des digues ni de chercher aucun autre sccours artiCciel. Les experiences failcs publiquemcnt avec cette machine ont reussi complctement. StviLiE. — Beaux-arts. — Peinlure. II cxistc dans un hopitai dc cette ville un admirable tableau de Murillo, rcprtscntant Moisc EDROPE. 215 frapnarn le roc/wr. Un amateur anglais vient d'cn offnr la somme de quatre niillc guinccs , qui probablement sera acceptee. L, S. B. Madbid.— Publication nouvella el prochaine. — On vient de tra- duire en espagnol les Obs»n.-alLons sur le congres de Troppau , par M. Bignon. — CiDis..— Journal. — Telegrafu mexicano (le Telegraphe duMexi- que ". Tel est le litre d'un nouveau journal que M. de Cance- lada se propose de publicr ici. II aura cinq feuilles d'impression, et paraitra tons les quinze jours. Le but du redactenr est de faire voir que la Nouvelle-Espagne n'est pas en etat d'etre emancipee. Ce journal avait deja exists a Cadix, en 1811, 1812 et i8i3. On souscrit i Madrid , cbez Gila , libraire , i raison d'un franc par cabicr. — Madbid.— Le journal, appele Miscelanea , annonce, dans son uumero du lo aout , que les libraires Cruz et Miyar vont pu- blier un Journal de la librairie , dans lequel on fera connaitre tous les ouvrages qui paraitront en Espagne , et dont les autres journaus ne peuvent parler, parcc qu'ils sont obliges de remplir leurs feuilles de choses plus agre'ables h la majorite de leurs lec- teurs, « Nous voudrions, dit le r6dacteur principal de la Miscelanea, que les redacteurs de ce journal ue se contentassent point de faire une simple annonce des ouvrages, mais qu'en s'associant un certain nombre d'hommes de lettres , ils donnassent au public des ana- lyses impartiales et capables de faire connaitre le nierite et I'utilite des livres annonces. Cette entreprise , bien dirigee et bien ex6- cutee, pourrait remplir la place d'une Revue JSncjclopedique , dont nous avons un grand besoin. 0 Cette opinion de M. Burgos est d'autant plus respectable, qu'il est I'un des litterateurs les plus dis- tingues de I'Espagne , et peut-Ctre le meilleur poete lyrique depuis la mort du celOhre Melendez. M. Burgos est auteur de la traduction des ouvrages d'lloraee , en vers casliilans, dont nous avons deji parle. (T. XI, p. 161). J. A. Llobente. PAYS-BAS. Gakd. — L'academie rojyale de dessin,peinture, sculpture et archi- tecture Ae cette ville propose, pour le concours de i8a3, 1'apjmrition des Graces a Pindare, qui vient de chanter une ode en leur honneur. 216 EUROPE. Lcs figures scionl dc grandeur nattirclle. Lc tableau restcra la pro- priite de I'artlste , qui en ahandonnera seulemcnt una 6preuve ter- minie, el recovra unc couronne dc laurier alcxandrin , une midaille d'honneur . ct une indemniti^ dc 600 florins. Ce sujef est propose aux maitrcs; lcs eleves traiteront celui de la Samaritaine. Le tableau de genre reprtsentera un echec et mat; celui de paysage un hiver el des vaiineurs sur la glace; les prix seront des medailles d'honneur et des indemnites de 3oo et 200 florins. — Bbuxelles. —Lesalon d'exjwsitionde la Socieii rojalepour T en- couragement des beaux-arts a ete cuvert le 4 septcmbre dernier. On y a remarque les nombreux tableaux de M, Navez, actuelletnent i Bome; le iriomphe de Cimahiie par M. J. Odevacre ; des paysages de MM. Van Asche et Van Os ; des fruits peints par M. Desprets, peintre i Bruxelies; une charniante composition de M. Noel, representant une seine prise dans les moeurs hollandaises, etc. Le prix du tableau d'bistoirc n'a pas etc donn^, maisM. Michel Tapleaux, de Bruxelies, eleve de David , a obtenu une m6daille d'or pour son grand tableau de T enfant prodigue. FRANCE. Mancbe. — Ghebbochc.— jWaree. — Le i3 septembre 182J, par unc Idgfere brise d'ouest ou de O. S. O., on a observe dans le port de Cherbourg un phenomcne dont les plus vieux marins n'avaient pas et6 temoins jusqu'alors. Au moment du jusant (abaissement de la mar^e ) , la mer a remonte tout-i-coup ^ un metre au-dessus de son niveau ordinaire; puis, redescendant k ce niveau , elle s'cst encore elevce d'un metre. Ces mouvemens extraordinaires ont dure pendant toute la maree. Le sloop la Truile , qui etait k sec sur la plage, a 6te violemment transporte au fond de I'arriere-bassin. Le tems etait convert ; les variations barometriques et thermomitriques n'ont pas 6t6 scnsiblcs. Quelques jonrs aprfes, plusieurs navires sont revenus du large, demates par une temp6te violente, i laquelle onattribue, faute de niieux, le singulier phenomene que nous venons de decrire. E. G. Mahne. — Chalons. — Ecole rqyale d'arts el metiers, — La distri- bution generalc des prix aux eleves de ce bel etablissement a eu lieu le 1" septembre, sous la presidencc de M. le prifet de la Marnc , qui a suppl66 M. le due dc la Rochefoucauld , inspcctcur general des ecolcs ct du conservatoire d'arls et metiers. EUROPE. 217 Cclui-ci, voulant continucr d'appeler I'attention des tilcvcs sur deux points qui int^ressent particuliercment leur instruction , avait propose de nouveau pour cette anuee deux prix eitraordinaires, aux- quels tous les (ileves ont ete appeles k concourir : I'un pour celui qui tracerait le ruieux les dessins, et redigerait avec le plus d'exactitude le m^moire explicalif necessairc, pour la construction d'une machine semblable k cellc qui leur a ete indiqu^e ; I'autre , pour celui qui dessinerait le mieux une figure antique d'apres la bosse. Le prix du dessin d'apres la bosse , fait sur VApolline antique, a etc remportu par M. Alex. Cbarpentier, de Chalons (Marne); celui du dessin et de Texplication de la machine 4 diviser deRamsden, a etetemporte par M. Alph. Faron, de la meme ville. Maine-et-Loibe. —Augers. — Les prix ont ete distribues aux eleves de Vecole d'aris et metiers de cetle ville, par M. le prefet , en I'ab- sence de M. I'inspecteur gi^neral. FiHiSTkaE. — BaBST. — L'etablissement d'une cciisse d epargnes et de prefoyance dans cette ville a ete autoris6e par une ordonnance royale du 27 aoClt dernier ; on aime i voir ces utiles etablissemens se multiplier en France. — NoED. — DoDAi — Beaux-arts. Prix depeinture dscernea M. Cou- pin de la Couprie. — Nous avons fait connaitre (Voy. Rei^. Enc, T. X, pag. 654) que les autoritcs municipales de Douai avaient ou- vert un concours aux productions des arts et de I'industrie , auquel les artistes et les manufacturiers des autres villes de la France avaient ete invites a prendre part, et qu'il devait etre decerne une medaille d'or a I'auteur de I'ouvrage le plus parFait de I'cxposition ; nous devons maintenant annoncer que c'est M. Coupin de la Cou- prie, auteur du tableau representant Sully qui vienl faire ses adieux au cceur de Henri IV (Voy. le compte rendu de ce tableau, T. V , pag. 58) , qui a remportu le prix. Cet artiste avait envoye au concours une Sapho placee sur le rivage d'une mer trauquille , essayant de calmer, par des chants qu'elle accompagne de son luth , les tourmens de son coeur agit6. Ge tableau , dans lequel il regne une grande elevation de dessin, n'avait pas encore ete expose; il faut esperer que I'artiste , cedaut aux desirs des amateurs, le pro- duira aux regards du public , au prochain salon. P. A. SOCIETES S\TAMES ET d'uTILITE PtBLIQl'E. — Ahras. (Pas-dc-Calai.s). La Socictc royale des sciences, des let- 218 EDROPli ires el des urts a proposO pour sujcl du prix dc pocsie , en 1822 , le dibarquement dcS. M. Louis XVIII a Calais, leiiavril 18 14; cc pocnic dcvra avoir deux ccnls uers an mains. —La societc deccrncra pour prix unc nicdaillc d'or, dc la valour de 300 fr. BoBDBAix. ( Girondc. ) — Sodeterojale de medecine.—Seancepu- bjique du 29 aout 1821. — La societe avait propose , dans ses pro- grammes de 1819 et 1820, un prix de la valeur dc 3oo fr. pour I'au- teur du meilleur ouvrage qui lui scrait cnvoye sur V Education pliy- sique des enfans. Parmi les cinq mimoires qu'ellc a re^us , la societe en a distingu6 trois , entrc lesquels clle a decide que le prix serait partage ; une inedaillc de la valeur de 100 fr. Icur a el6 deccrn6e dans I'ordre sui- vant : 1° i Tauteur ,du n° 5, M. Ratier , D. M. 4 Paris ; 2° a I'au- teur du u" 1 , M. CaniiUe Leroy, dc Grenoble, mfedecin i Vizille , (Isere) ; 3° k I'auteur du n° 2 , qui ne s'est pas encore fait con- naitre. La society n'ayant re9u aucun memoire sur cette question : Dole/miner I'endroit le pluspropre a I'elablissement d'un lazaret sur la Gironde , en donner le plan le plus ai--antageux el le plus eco7Zom(<7 Me, I'a remise au concours pour 1823. -La societe propose, pour etre decerne dans sa seance publique dc 1825, un prix de la valeur de 3oo francs , a I'auteur du meilleur m6moire sur la question suivante : Bilerminer la nature, les differences , les causes , les si- gnes el le traitemenl de la maladie appelee cedime des poumons ? , Elle desire surtout que la solution de ce probleme soit appuy6e sur des faits nombreux , recueillis avec exactitude et presentes avec ordrc. La societe renouvelle I'annoncc de deux prix mis au concours, pour 1822 ; le premier sur cette question : Quels sonl les resultats d'un accroisscment trop rapide? Quels sont Icsmovens d'en mode- rer les progres , s'ils dei^iennentnuisibles , et de remedier aux acct- dens <]ui en sont la suite? et le second sur celleci : Quelks sont les maladies qui legnent leplus communemenl dans le departement dc la Gironde ? en ilablir les causes et les mojens de les prevenir. Pour stimuler le zele ct I'emulation , la society accordc , chaque annee,M^emc'da/7/e d' encouragement a celul quiluienvoie le meilleur memoire (sur un sujet, au choix dc I'auteur, ct relatif a I'art de guerir ); Depuis sa dernierc seance publique , clle a rc^u plusicurs ouvrages, parmi lesquels clle a distingue un memoire ayant pour EUROPE. 219 litre ; Ohserfations sur la plilhisie laryngie, precedies dc quelques considerations sur celle maladie , dont I'auteur est M. Lalanmb, D. M. i Agen. La Societc lui decerne une midaille d'or. EUe ac- coi'dc line mention honorable , i" a M. Gbatelodp , D, M. a Dax , auteur dc deux ouvragcs ayant pour litres : I'un , Description de Va- nemone,osil depaon ( anemone pavonina Lam. ], suifie de quelques ohseri'ations sur les proprietes medicales de sa racine; I'autre , Exposition des inojens analytiques mis en usage pourpari^enir d la connaissance du diagnostic dun cas d'hjdropneumonie ou oedeine des pounions ; 2" a M. Blo^^deau , D. M. a Cadillac, auteur d'un ouvrage ayant pour litre : Considerations generates sur la cons- titution medicate de 1820. Description des mmladies qui ant rigni dans chaque trimesire de cettc annce, el d'une epidemie de fievres mtennittentes , pernicieuses , pendant le second trimestre, dans les cantons de Cadillac , Creon el Targon ; 3° i M. Gahdillac , D. M. Ji Beigerac, auteur d'un memoirc intitule : Obseri'alion sur une maladie organique du coeur compUquee , suivie de considerations sur les desordres du systeme de la circulation d sang noir dans divers ilats vialadifa , el les consequences qui peuvenl en Stre de' duites, quant d la doctrine generate des phlegmasies, Voulant encourager la propagation de la vaccine , la society promit de decerner, dans la seancs publique de ce jour, des medailles d'ar- gent, a litre d'encouragement, a ccux qui lui feraient parvenir les tableaux authentiques les plus complels des vaccinations qu'ils au- raient faites, ainsi que leurs propres observations sur les effels par- ticuliers de cette melhode salutaiie. Elle n'a re^u aucun travail sur ce sujet. Ncanmoins , elle promet d'autres medailles aux praticiens de ce departement, qui, dans le courant de I'annee , lui enverront des tableaux, en se conformant aux conditions suivantes : les ta- bleaux, dujnent legalises, doiuent renfermer le nom , leprenom, I'dge , le sexe , le domicile , I'etal des enfans vaccinds , et les obser- vations inleressanles d recueillir. Les memoires, ecrits en latin ou en fran^ais, doivent fitrc remis chez M. Dupucb-Lapointe , secretaire general de la Societe, avant le i5 juin. — Societe philumathique-— Seance publique du 4 septembrc 1821. — La Societe promet dc nouveau de decerner un prix de la valeur dc 100 fr. , dans sa stance publique de 1822 , 4 I'auteur du memoire 220 liUROl'L;. qui conticndra la nieilleure solution de la question suivanlc : Diler- miner,surlesdeux riues dela Garonne, devant Bordeaux ,ou surles terrains poisins de ces rives , le lieu le plus con f enable a. I'iiablis- sement d'une ecole de natation el de bains publics, oil les diuerscs classes de la societe puissent, sans danger, el a peu defrais, se livrer a un exercice tres-ulile el a une immersion necessaire a la conser- vation de la sante. La sociite, penetree de Tiinportance de la gymnastique employee dans I'education des enfans, decernera, dans sa stance de 1822, des midailles d'encouragement aux instituteurs de Bordeaux et du d6par- tement de laGironde, qui auront introduit dans leur systumc d'edu- cation les jeux gymnastiques, dont les principes ont ete mis en pra- trique avec le plus grand succes , en Allemagne , en Suisse et i Paris , par les professeurs Gutsmuths, Clias, Bentzien (de Bordeaux )et Amoros. Les pieces envoyees au concours doivent etre remises au secretariat du Museum , allee de Tourny, n" ^1 , et adressees k M. Latbbbade, secretaire general. Gabcassone. (Aude.) — Societe pour I'instruciion elemenlaire. — 11 s'est forme, dans cette ville, pendant le mois de septembre 1821, une societe pour la propagation de I'instruction elementaire par la niethode de I'enseignement mutuel. On remarque dans son bureau les noms de deux pairs de France , et d'un membre de la chambre des deputes. Une ecole gratuite a ete fondee , au moyen de souscriptions. 11 va s'organiser, dans chacuu des arrondissemens, des societes afBliees i la societe du chef-lieu ^ et de concert elles s'occuperont de faire adopter la methode par les instituteurs pri- maires de tons les villages du departement. {Voj. ci-dessus, p. 186.) Chalons. ( Marne. ) Sociili d'qgriculture , commerce , sciences Claris. — Seance publique du ij aciil 182! — M. Jeandeau , chef de Tinstruction de I'ecole royale d'arts et metieTS, president an- nuel, ouvre la stance par un discours sur les avantages que les sciences el les arts ont retires de la reunion de leurs mojens. M. Ca- quot , secretaire , rend compte des travaux de la Societe , ainsi que du resultat des concours ; il paie un tribut d'iloge k la mi- moire de MM. Charbonnier et Landois , menibres titulaires, que la mort a enleves cette annce. — M. Vanzut lit un discours sur les fetes de village, — M. le doctcur Moignon , en I'absence dc M. Th. Pein, vice-president, lit une notice de cc dernier sur Louis XIV , EUllOPK. 221 ct principalement surses dernieres annies. — M. le secretaire donne lecture d'une pifece de vers intitulce : les Musards , par feu M. da nilarsy , ancien membre. Prix dislribues. — I'retnier concours. « Quel est, dans I'elat actuel de la France et dans ses rapports ai-'ec les nations etran- geres, le degri d'extension que I'industrie, dirigee vers Vinteret national, doit donner aux differens genres d' inventions qui sup- pleent le trauail des honimes par le travail des machines? » Le prix consistant en une m6daille d'or de 3oo fr. , a ete decenic ^ M. Paris, ancien sous-prefet (i). — Deuxieme concours : "Deter- miner quelles sent les maladies qui attaquent particulierement les laboureurs , les jardiniers et les vignerons du departement de la Marne ; en rechercher les causes ; indiquer les moyens de les pre- venir et ceux de les guerir. •> Une m6daille d'encouragement de premifere classe a et6 decernee i M. Hourelle , docteur-mcdecin a Reims. — Troisieme concours. « Statistique dhm canton du depar tement de la Marne. » Une medaille d'encouragement de premiere classe est decernee i la statistique du canton d'Ecury-sur-Coole , par M. Galloisj pretre desservant , de la commune de Soudron, associe correspondant. La Society decernera, dans sa seance publiquc du mois d'aout 1822 : 1° une medaille d'or de 5oo francs au meilleur memoire sur cette question : Quels sont les mqyens de rendre , en terns de paix , les loisirs du soldat franpais plus utiles a lui - meme , d I armee el a I'elat , sans porter atteinte ni a son caractere national , ni a. I'esprit militaire ? — 2° Une medaille d'or de 200 francs au meilleur memoire sur cette proposition : Indiquer specialement les nouueaux genres de fabrication qui confiendrail le mieux a la ville de Chdlons-sur-Marne , et, en general, les mojens dy favoriser le deueloppement de I'industrie vianufac- turiere? — Elle continue d'offrir des prix d'encouragement : i^i I'au- teur de la meilleure statistique d'un canton du departement de la Marne; 2° au medecin ou chirurgien de ce departement qui aura vaccina le plus grand nombre de sujets pendant I'annee 1822. (1) M. Paris est deji auteur d'un Memoire sur les moycns d'assu- rer les subsistances en France, auquel la Socictea decerne, en 1S19, une premiere medaille d'or. 222 EUROPE, Les pieces relatives .'ire dernier coiicoiirs seront cnvoyees, an secretaire de tu Soci('t('-, a CluMonssur-Marne, avant le i" inai i(S23 ; et les aulres avant le i" juillct 1822. Macon. (SaOnc-cl-Lolre). — La Soc'ictc dcs sciences , arts ct bciks- ktlrcs avail mis au concours la question suivantc : « L'eilucation pii- bliqiic of]'re-l-cHe assez de garantic a I'clat etaux parens , tors M. GvPBiKN Anot , professeiir d'liuuianites an college royal de Reims, et la mention la plus honorable a M. .Ioskph-Antoine Ghesv, de Moiit- pellier. Poitiers. ( I'iennc }. — La SocicLc ucadenxiquc d'agricuUurc , sciences ct arts propose itne medaille d'or du prix de 200 fr. a I'auleur du meilleur mtimoire « stir les caraclcrcs dcs maladies des tins rouges , connues sous Icnom de poux oti prousse, el sur les 7noyens prcscrvalifs el cttratifs de ccttc maladie » . Les memoircs doivent etre adresses a M. le prefet du departement de la Vienne, avant le i''' juillet 1S22. PARIS. Ihstitot. — Academic dcs sciences. — Octobbe 1821. — Stance du 3. — M. Mauvroir est nonime correspondant; — M. Brongniart lit uii memoire sttr les caractcres zoologiqties des terrains decraie ^ avcc I'ap- ptieation dc ccs caractires a qttclqties-uns de ccs teri'ains. — M. John, membre de I'academie de Berlin , lit un memoire sur I'analysc des pierres mcteoriqucs (MM. BerthoUet et Vauquelin, commissaires). — La commission, nommee dans la derniere seaxicc , presenle la liste suivanle, pour le rcmplaccment de M. de Cubiferes ; MM. le due dc La Rochefoucauld , le general Andreossy, le general Marescot , le comte de Bournon , H^ricart de Thury, Dartigues. — Du 10. — M. Guillaume Libri adresse un memoire sur les sommes dcs diviseurs ct dcs integrates difinics. ( MM. Poisson et Cauchy, commissaires). — M. Delaplacc lit un memoire sur I' attraction dcs corps sphcriques el sur la repulsion des fluides clastiqucs. — M. Ghc- vreul lit une note sur tine nouvetic substance trouvcc dans le sang. — M. Audouard commence la lecture d'un memoire sur le siege des fievrcs intermittcnlcs. — On lit un memoire dc M. de Laborne sur un nouvcl aerostat (MM. Prony ct Fourricr, coiumissaires). ELROPT:. 223 — Dit 1-. — On prisente ft I'acadeniie , de la part de M. Chabiier, t" un supplement ci rHisloire naturelle de I'upus i)iscifoniia; a" iin mot sur rirrilabilite de Vwnotlicra telrcplera : cc deuxieme memoirc cstrenvoye h MM. Dnmcril et du Pclit Thouars.— M. Despretz lit un memoire sur la concliicibtlilc de pluskurs substances solitks (MM. Four- rier et Poisson , comniissaires ). — M. Audouart contimie la lecture de son memoire sur le siege des ficvrcs Inlcrmillcnlcs. — Au nom de la commission, ]\I. du Petit Thouars lit un rapport shc tc myrtc , pre- sente par M. Sarlandiere , au nom de M. Lavallee , cultivateur a Abbeville. Apres avoir montre combien il a fallu de patience et d'adrcsse pour former, avec ce myrte, unc corbeille en forme dc vase antique, de sept pieds et demi de diametre et de cinq pieds dc haut (non compris la tige, qui a quatorzc pouces ) , M. le rapporteur conclut que M. Lavallee est susceptible de recevoir les remercimens de 1' Academic , pour lui avoir piescnte le rivsultat de sa perseverance et de son industrie. L'academie approuve. — Du 24. — On lit une Icttre dc M. le baron Capelle , qui envoie un nouveau rapport sur I'a^rolithe de l'Ardeche,avec un fragment de cette pierre. M. Vauquelin est prie d'en faire I'analyse. — M. leduc de La Rochefoucauld est nomme associe libre,a une majorite de trente voix sur trente-huit. — M. Pctros lit un memoirc sur I'akalidu quin- quina, la chinchomnc cl la quinine ( MM. Portal et Halle, comniis- saires ). — M. Cruveilher lit un memoire intitule : Medccinc pratique iclairee ^ai Vanalotnie cf la pliysiologie patliologique CMM. Pinel et Percy, commissaires ). — u4cademie franpaise. — Seance du 20 octobre. — M. Auger lit une notice historique et litteraire sur le Tartuffe M. Picard lit, pour M. Francois de NeufchSteau, un poeme intitule, la Calligra- phie.— M. Lemercier, un precis des annales fran^aises depuis Mt- Tove jusqu'i Charles-le-Sagc. — M. Raynouard , une ode sur le de- vouement de Malesherbes. — Academie des beaux-arts. — Seance publique du 6 octobre. — M. Quatremere de Quincy, secretaire perpctuel, lit deux notices historiques;l'une sur la vie et les ouvrages dc M. Duvivier, graveur; I'autre sur M. Gondoin,^ architecte. — Rapport sur les ouvrages des pensionnaires du roi k I'ecole frantjaise de Rome. On procede ensuite a la distribution des prix. Nous avons fait 22A EUROPE. connaitre (T. XI, pag. 436 et 667) Ics nonis df cciix qui out rcnr- porte Ics prix de peinlure et de sculpture. Le sujct du concours d' architeclure etait un piojot de jialais de justice pour le chef-lieu d'un di'purtimcnl. Le premier grand prix a eledcccriKi a M. AbclBlouet,de Taris, flgi de vingt-cinq anscl dcnii, elfcve deM. Delepine; et le second grand prix, ^ M. Ilcnri Labroustc, de Paris, flge de vingt ans , eleve dc MM. Vaudoyer et Lebas.— Le premier grand prix de composition niusicalc a 6te remporte par M. Etienne Rifaut, de Paris, flgti de vingt-dcux ans, eleve de M. Berton. — On distribue ensuite les medaillcs Ibndees par MM. de Caylus et Delatour , et celle dite du prix departemental. La mc- daille pour la tete d'cxpression a 6le partagee entre MM. Court, peinlre,6lfeve de MM. Gros, et Lemaire, sculpteur, eleve de M. Gar- tellier. La m^daille pour le torse a et6 obtenue par M. Dasnis, 6lfeve de M. Girodet ; et celle du prix departemental a ete decernte, dans I'ecole d'architecture , a M. Blouet , le nafime qui a remporte le premier grand prix. La seance est tcrminee par I'execution de I'ouverture de Cori- sandre, de M. Berton , et de la scfene de Diane , qui a obtenu le grand prix de composition musicale. — La Sociele d' encouragement pour I'induslrie natlonale 3. tenusa seance publique^ le 3octobrc. L'abondance des matieres nous force i renvoyer au mois prochain le compte rendu de cctte interessante solennitc. — L'Jllhenee des arts , sous la pr^sidencc de M. Boissy-d'Anglas , pair de France, a tenu , le 26 aout 1821 , une seance publiquc. M. Demonchaux a lu deux rapports : le premier, sur I'eclairage au moyendugaz liydrogene ipure, d'apres les proced^s de M. Pauwel; le second , sur un m&canisme de M. Jouanne de Cailly , destine a delelerd volonte lea chevaux d'une voilure. M. Bienaimd en a lu un troisieme, sur la nouuelle pompe de M. Capron. MM. Garcin , Ponce , Famin , Perrier et Bazot ont fait les bonneurs de la lilttra- ture, ainsi que M. Denn-Baron , qui a lu son pocme du Phenix. On a entendu MM. Corentin Habenek, Fouquct, Benazet, dont les amateurs de musique appricient drpuis long-tems les talens. — Socieii de geographic.— Depuis long-tems, l'6tude de la geogra- phic , rctardec dans sa marclie, rcclaniait, surtout en France, de EUROVE. 225 puissans encouragemens. Elle manquait d'une sorte de direction ^ laqiielle vintaboulir, comme Ji un centre commun, tout ce qui se rapporte h cctte branche si csscntielle des connaissances bumaincs. Ccst dans ce but, et par ccs motifs, qu'il se forme actuellement, ii Paris , une association qui s'annoncc sous le litre modeste de SocnSi6 BE ctocHApniE. Elle conipted6jii,parmi ses fondateurs, plus de trente Tnembres ou correspondans de I'Institut, dont plusieurs sont au nombre des coUaborateus de la Revue EntyclopMique , et d'autres homines distingu^s par leur merite personnel , et par leur zfele pour le progres des sciences. Nous publierons, dans i'un de nos procbains cabiers, la liste des mcmbres de cette societ6, ct les principales dispositions de son reglemcnt, pour en fairc bien connaitre I'orga- aisation. La Revue Encyclopidique ^ qui, par la nature et I'iitenduc de son plan , par I'MTZiVeT-saZi^e ct la variili des matieres qu'elle em- brasse, par Vunilee^t I'utiUli dxi but qu'elle se propose , offre, dans la lecture de ses livraisons mensuelles, une sorte de panorama scientifique et litteraire du monde entier, et comme un voyage pe- riodique , entrepris dans les differentes contrees du globe , et dans les differentes brancbes des connaissances humaines, au moyen du- -quel on peut suivre sur chaque point les progres des sciences, des arts et de la civilisation , se trouve appelee a rendre plus partica* lierement compte des travaux de la Societe de geographic , et s'cm- pressera d'en presenter , environ tous les deux ou trois moit> , un tableau abr6ge i ses lecteurs. M, A. J. Histoire naturelle. — L'administration du Jardin du Roi et du Museum d'histoire naturelle a re^udernierement une nombreuse col- lection d'objets d'histoire naturelle , consistant principalement en plantes vivantes , rassemblecs en Asie , en Afrique et en Amerique par M, Perrottet , cultivateur botaniste , et voyageur du gouverne- mcnt , attache, en 1819, '^'-^<^ ^^ ^^^> > ^ I'exp^dition command^e par M. le capitaine de vaisseau Phllibert. Comme la flftte le Rhone , sur laquelle se trouvait M. Perrottet, devait se rendre en France au commencement de I'hiver, il debarqua avec sa richc collection , et resta i Cayenne jusqu'au i"' juin 1821, 6poque i laquelle il s'em- barqua sur la gabare la Durante, arriv6e au Havre dans le mois de juillet suivant. Cctte collection est la plus riche , la plus considerable qui ait Tome xh. i5 226 EUROPE. jnniais ctii introduitc en France par aucune expt^dition. Ellc coti- siste : i» en 84Taisscs , contcnant Goo plantcs environ , toutes dans le meilleur etat de vie, et dont la pliipart sent fort rarcs, ct mCme encore inconnues; 2° 2 caisscs contcnant dcs graines stratifiecs dans la tcrre , et en germination ; 3° trois cents sachets de graiues dc toutc cspece ; 4° 7 eaisses de plantes s6chcs pour I'herbicr; 5" 26 l)0- caus en vcrre , contcnant dcs fruits conserves dans dc la liqueur ; 6° enfin, plusieurs eaisses d'animaux, d'oiscaux, de niincraux , etc. Pendant le eours' du voyage, d'autrcs envois considerables de grains ont 6te fails de ditferens cndroits , et sont arrives aussi en bon ttat. En outre , M, Perroltet a laiss^ , en passant h Bourbon et ^ Cayenne , une grande quantity de v6g6taux et de graines pr(icieuses qui n'cxistaicnt pas dans ces colonies ; ce sont presque tous objets ntiles aux arts, a la mtdccine, ^ Teconomie rurale et domestique. (Voy. ci-dcssu8 art. Amij^que , Jlfriqueet Asie.) Ges vegetaux, cul- tiv6s avec soin, doivent d'autant mieux reussir, que le cliinat et la nature du sol sont, i pen de chose prcs, les memes que ccux d'oii ils ont 6te tires. Pendant les dix mois que M. Perrottet a s^journe a Cayenne, il s'est occupe de multiplier par graines, ou par tout autre moyen , les plantes precieuses et utiles dont I'expedition a enrichi cette colo- nic, et il a obtenu un succes complet. Pres de deux cents sagoutiers sont deji en vegetation; et, avant peu d'annccs, nous ne serons plus tributaires des etrangcrs ponr cette fecule qui, non seulement est utile en medecine , mais qui fournit encore une nourriture saioe et abondante i tous les indigenes des Moluques, des Philippines, et de presque toutes les iles du grand archipel d'Asie. L'arbre a vernis de la Chine, I'anis 6toile , le mCirier de la Chine, I'abacas , les tu- teurs du poivrier, du bitel , du cafier, prospferent maintenant k Cayenne. C'est par des fatigues excessives , et souvent m6me en courant des dangers, que M. Perrottet est parvenu a se procurer tant de richesses. Les observations de ce naturaliste , sur la maniire dc soigner et de conserver les plantes i bord , ne peuvent qu'fitre aussi interes- santes qu'utiles pour les oEGciers de la marine dans de semblables ex- peditions. En effet,il a prouv6,par I'experience, qu'avec des soins et des precautions , et malgr6 tous les obstacles , on peut conserver , 4 bord d'uu bfttimcnt , des plantes en vegetation pendant plus d'un an. EUROPE. 22t Podsie Ilaiienne. — Tmproulsation.—M. Philippe Pistnicci, poutc Improvisateur italien , a donn6 des prcuvcs de son talent , dans la soir«5e du 12 octobre. 11 a accepts tous les thCmes ou sujets d'histoirc Ct de niythologie , et mfimc quelqucs-uns de morale ct de litteralure qui, par leur nature, ne se pretaient pas trop aux inspirations poe- tiques. II a chant6 successivenjent , et a vec plus ou moins de succfcs , plusieurs pieces de vers dont le rhythme etait varie suivant la nature du sujet , et memc suivant la volonte des auditeurs. Parmi les thfimes qu'il a traitis, Je citerai 1" lapesle de Barcelona en endecas- silabi, vers de dix syllabes ; 2° la morl de Ciceron , en otlaua rima; 3° les presages du Dante sur la langue italienne, en oltonarj , vers de huit syllabes; 4° I'ltalie au tombeau d'Alfuri, en tercets; 5° la naissance de Venus, en senarj, vers de six syllabes ; G° Otello ^ en lerza rima; 7° Balthazar, en ottai-'a, etc. M. Pistrucci a d6clanie le sujet d'Otello ; il a chante ses autres compositions. Dans ces sortes d'6preuves qui nous rappellent les tensons des troubadours , on ne pent guerc parvenir i cette perfection qu'on est en droit d'exiger dans les pofemes long-tems medites, travailles i loisir. Mais il serait injuste de ne pas accorder k M. Pistrucci de la fecondite, nn certain talent descriptif, et surtout beaucoup de vivacity et d'abandon dans ses improvisations. La critique la plus severe est desarmee par une foule de traits heureux qui font oublier des impressions qui ne sent pas toutes agriables. Aussi , rimprovisation du poete italien a-t-elle ete accueillie avec de vifs applaudissemens. Gouime ce phenoniene poetique a donne lieu i plusieurs remarques et a des discussions litteraires chez les Franrais, nous essaierons , dans une notice particuliere , de rectifier , sur ce sujet, des fails et des opinions qui ne nous scniblent pas tiop d'ac- cord avec la justice et la verite. F. Salfi. Th^athes. — Theatre Fran cais. — Faliero, drame historique, en cinq actes et en vers, par M'" ( i"' octobre). — Cette piece n'a pas r^ussi, et n'a eu qu'une seule representation. G'est une imitation malheureuse du doge de Venise , de lord Byron , represente dernie- rement k Londres , et de plusieurs tragedies frangaises connues. Cependant le premier acte offre une scene remarquable par son originality et par un style assez enei'gique. Le deuxieme acte est presque entierement inutile. II y aurait beaucoup de coupures, de changemens & faire dans |e quatrieme et dans Ic cinquieme; ce der- 15* J28 EUROPE. nicr rcnfernie une assc* belle seine d'interrogatoire,qucrautcur a en tort do surcharger de details oiseux. En gi;n6ral , Ic style n'titait pas propre i> faire supporter les vices du plan : un grand nonibre de vers incorrccts ou bizarres ont indispose le public ; cet ouvragc parait avoir 6te compose avec une extreme precipitation. Second Thidlre Franfais. — Les Deux Candidats , ou laFausse Modestie, com6die en trois actes et en prose, par M. O. Lebov (i5 octobre). — M. de Hautainval, I'un des candidats, est un person- nage tout fier des richesses que son pfcre a gagn6es dans le commerce; la decoration qu'il porte et le litre de comte qu'il est pres d'ob- tenir augmentent encore son orgueil. Mais, non content des honneurs qu'il ne doit qu'i sa fortune , il ambitionne ceux qui supposent du nitrite. En consequence, il cherche i se faire nommer depute dans un arrondissement oil il a des propri6t6s. Malheurcusement , il a dans ce pays une reputation de hauteur, qui est peu propre h lui faire obtenir des suffrages pour le populariser. II arrive dans le chef- lieu electoral , dans I'equipage le plus modeste ; il essaie d'etre poll et m6me pievenant avec chacun , ce qu'il ne fait pas toujours de tres-bonne grftce. Mais il est certaines intrigues de detail, dans les- quelles un homme coramc lui ne peut entrer. II laisse ce sola ft un M. de Courville , qui vit i ses depens , et qui, par recon- naissance , s'est fait son prOneur en titre. Cet ,bonnete courtier d'ilections, adoptant sans restriction I'adage : qui veut la fin, veut les moyens, fait si bien qu'il detruit toutes les preventions r6- pandues contre Hautainval. Celui-ci a de plus avec lui un valet dont la figure et les mani6res honnetes doivent servir ses projets, mais qui , par des balourdises assez gaies , dteoncerte i chaque moment I'adressc de Courville. L'autre candidal est un jeune avocat , nomm(i Dercy, auquel sa modestie et ses talens ont fait de nombreux partisans parmi les eiecteurs. Ce n'est pas la seule rivalite qui existe entre Hau- tainval et lui : ils aspirent tous deux h la main d'une jeune et aimable comtesse , pupille de Hautainval , auquel sa famille veut I'unir par des motifs de convenance, mais qui pref6rc en secret Dercy, dont la candeur et I'amour timide sympathisent mieus avec son caractire , que les manieres apprfitees ct la tendresse calculee de son tuteur. Dumont, oncle de Dercy, qui ne veut se meler en rien de I'dectioo de son neveu , en revanche sc mClc beaucoup EUROPE. 229 tic scs amours , ct parvlent , par un moyen adroit , it amencr une explication entre la comtesso et Dercy , qui ne demandent qu'ii s'entcndre. Cependant les menses de Courville sont d6couvertes. Ilautainval, voyant son rival le supplanter en mgme tems , pres de sa maitresse et pr6s des electeurs, n'a plus d'autre ressource que d'ailer jusque dans un arrondissement des Pyrenees briguer d'autres- suffrages. Cette pifece , qui a reussi sans opposition , renferme peu de situations comiques; Taction se passe en grande partie lior^ dc la scfene; les amours de Dercy et de la comtesse sont froides, et Ic denouement est pr6vu dfes le premier acte. Cependant I'atten- tion est constamment soutenue par un dialogue anim^ , rempli da traits piquans et d'observations spirituelles. Le public a tenu compte k I'auteur de la difficulty qu'il y avait i trailer un pareil sujet, sans 6veiller I'esprit de parti; difficulty que M. Leroy a surmont^e avec habilete. Les caracteres sont en general bien traces; le personnage de Courville a repandu de la gaite dans I'ouvragc, par I'elfronterie de ses intrigues, la naivety de sa bassesse, et son audace imper-*' turbable k supporter les affronts. 11 est k regretter que M. Leroy> dont le talent poetique est connu , n'ait pas eu le tems d'ecrire en vers son nouvel ouvrage, qui, tel qu'il est, ne pent cependant que lui faire honneur. — Opira-Comique. — Le negociant de Ilambourg, op6ra en trois actes, paroles de MM"', musique de M. Kreutzer (i5 octobre). — Un richc negociant de Hambourg, nomme Dolban, a enfoui un tr6sor dans un caveau , qui se ferme par une serrure dont lui seul a le secret. Son fils, au moment d'epouserla jeune Alexine, se laisse entrainer par le comte deWalsteln dans des speculations hasardeuses, oil il perdla fortune d'oii d^pendait son mariage. Dans son d6sespoir, voulant s'emparer du tresor deson pere , il parvient k pen6trer dans ce fatal caveau dont la porte se referme sur lui ; il semble condamne 4 y mourir de faim, lorsque le comte de Walstein , poursuivi par ses cr^anciers, vientdemander un asile i Dolban; celui-ci le conduit au caveau , d'oii il voit son malbeureux fils sortir mourant. Ce sujet horrible et bizarre aurait mieux convenu k un thefttre de m^lodrame qu'i celui de rOpera-Comique ; quelques scenes triviales jel6es au milieu de situations fort tristes , ont surtout indisposii !c public. Les aufeurs ont rctir6 leur piicc apres la troisiiime representation. 2o0 EUROPE. La musiqucavailobtcnu (111 siicccs; on avail applaiidi I'ouvertuic, Ics morccaux d'enti'actes , un trio du premier acte , dc jolis couplets ct le final du second, ct enCn un trio au troisicmc acte. Beai'x-arts.— Peintdbe. —M. II. Vemet. — Exposition annuelle des tableaux des ileifes de I'ecole de Rome. Lorsquc j'ai rendu cpmpte du salon de 1819, j'ai donn<5 uno attention particulitre aux productions de M, II. Vernet (i). Le nonibrc , Timportancc et la varicte des tableaux de cot artiste , le talent dout il a fait prcuve dans cbacun des genres qu'il a cssayts, ont cause une surprise g^nerale, ct lui ont fondi une reputation qui n'a fait que s'accroitre. Depuis cette lipoque , ce peintre a execute plusieurs autres tableaux. Le plus recent et le plus ponsidcrable est celui qui represente la Batailla de Jem- mapes, dans laquelle M^' lo due d'Orleans, pour qui il a etc fait, a joue un role important. Lc peintre, s'etant propose de niettre I'ensemble de la bataille sous Ics yeux du spectateur, a dft placer Taction , qui enibrassc une grandc itenduc , sur les plans eloigncs. Mons occupe la droite du tableau, Jemmappes la gauche, et au centre on voit une sorte dc laillis qui couvrait le front des Autrichiens, et oil lc due de Chartres, aujourd'hui due d'Orleans, fit une altaque decisive a la ttte des troupes qu'il avait ralliues, ct qu'il ramena au combat en leur donnant proplietiquement le nom de bataillon de Jemmappes. Les figures qui prennent part h Taction, etant ainsi placees dans un grand eloignement, ne peuvent offrir qu'un intirCt d'effet et de masse ; mais celles du premier plan, d'une dimension neces- sairement plus considerable , ont , en outre , un grand interfet de sentiment. Voici comment ce premier plan est dispose. Le feu vient de prendre dans une brasserie placie k TextrCmc droite; ceux qui occupaient cette brasserie se hStent d'en sortir ; une vivandiiirc qui s'y ctait ctablie , s'empresse d'tloigner tout son bagage. Tout pres de cette scene de desolation el d'effroi, sur un tertrc d'oii il pent embrasser Tenscmble de Taction, est place Du- mourier, entourt des olficiers de son etat-major, parmi Icsqucls on leconoait le due dc Montpcnsicr, frcrc du due dc Cbarlrcs , (1} Foj. ci dciSHs, T, IV, page 5 17. EUROPK. 2.31 Macdonald , dcvcnu due de Tarente cl marechal ctilcbjc ; Bclliard , maintenant pair de France , etc. Un ofHcier superieur, autrichien, vient d'etre fait prisonniec et uinen^ au general en chef par un de ses aides de camp , qui ca- chait sous un vetcment militaire un sexe, ennemide la guerre et de ses horreurs. Ge prisonnier vient de reconnaitre qu'il a eu affaire a unc amazone , ct sa physionomie exprime <> la fois ua etonne- nient ct une admiration honorables pour celle qui I'a vaincu. Vou- lant faire oublier , s'il est possible , I'inconyenance qu'il y a pour une jeune fille k prendre Ics vetemens et les habitudes militaires, le peintre, a placii non loin d'elle , son ptre , ofBcier de dragons. U a su donner aussi & toute cette partie du tableau cet aspect anime et cctte vari6t6 de preoccupation, qui doit exister parmi des oiBciers continuellement en mouvemeat,et dont I'esprit est tout entier domine par les evenemens qui se succfedent, et par la part plus ou moins active qu'ils y ont prise ou qu'ils vont y prendre. Dcs-lors , on comprend que la plupart ne s'apercoivent p^s de I'incendie qui vient d'eclater pres d'eux ; que d'autres, qui s'ea apercoivent , mais qui viennent d'arriver, soient bien plus em- p^'esses de recevoir des mains d'une vivandiire le verre qu'elle leur presente, que de s'occuper d'eteindre cet inpen^ie , qui na leur offre aucun danger personnel. C'cst un bien petit ev6nement , le jour d'une bataille , que I'incendie d'une maison ! Au groupe forme par tout ce que jc viens de decrire , succede , vers la gauche , un episode touchant. C'est un general , qui a e« les deux jambcs emportees, et que des soldats rapportent sur leurs bras, du champ de bataille. Le chirurgien qui I'accompagne s'est avance vers Dumourier, et lui adresse la parole en lui montrant le blcsse, c'est le moyen que le peintre a employe pour lier ces deux scenes. Dumourier, extremement emu a cette vue , reste , pour ainsi dire , etranger a tout ce qui se passe autour de lui ; il eleve involontairement h bras droit , et sa tete, de la plus belle, expression , exprime une vive douleur melee d'etonnenjent. Le general, blesse, dirige sa main gauche vers Dunjourier, et parait lui adresser aussi la parole. L'ensemble de cette figure , extremement remarquable , a bien I'affaissement que doit causerune blessure aussi grave, et cepcndant sa physionomie conserve cette exaltation que 'c champ dc bataille inspire , et que j'ai vu certains militaires 282 EUROPE. iprouver encore , longtcms apriis qu'ils av.iicnt 610 grievemcnf blesses. Le rcste do la sc6ne , i» gauche , est occupii par un chariot cbarg6 dc blesses, qui vicnt de Paction , ct par une colonne d'in- fantcrie qui s'y dirige. Toutii-coup , un obus vient dc tomber entre cctte colonne ct les chevaux attct^s au chariot. Les che- vaux se jettent en arritire et se renversent ;'1e conducteur , qui (itait h cOte des chevaux de devant , s'onfuit en exprimant la plus vive terreur; celui qui est plac6 prts du timon, soit qu'il n'ait pas"vu le danger, soit qu'il craigne encore plus que le chariot ne soit renvers6 , veut retenir les chevaux , et frappc I'un des deux avec le manche m'Ome du fouet ; les blesses, au milieu de ce d^sordrc, conservent cette sortc'dc calnie que produit un grand aflaissement' moral et physique , et qui eucc^de i la perte des forces et dc i'enthousiasme. Un chef de brigade ft cheval , plac6 en dehors dc la colonne qui defile, a vu I'obus tomber prfes de. lui. 11 sent le danger et n'ose s'y derobcr, en pressant son cheval. Cette figure, Tue de profil perdu , exprimc avec beaucoup d'energie et de ve- rity cette sorte d'epouvantc, que cause aux plus braves la vuc d*ua Bemblablc peril , et la violence que se fait le personnagc pour nc pas donner Texemplc de la fuite. Ce tableau , dans lequel le peintre a conserve les vttemcns, les couleurs et toutes les autres circonstances particulieres a cetteepoque, parait un peu vide. Cet effet rcsulte de la necessite oil I'artiBte s'est trouve de ne rien mettre qui cachSt les plans eloignes, puisqu'ils sont le veritable objet du tableau. II n'y a done pas de reproche k lui adres- ser k cet egard ; mais on pent elre fonde h dire que les ciels qui oc- cupent une grande place dans ce tableau , manquent de finesse et de legercte; les figures du premier plan , les seules qui pussent Ctrc itudiics, ne le sont pas toujours assez. II y a, en general , abus dc facilite ; mais 11 rfegnc une grande energie d'expression dans la plupart dc ces figures; les chevaux sont peints on ne peut mieux , et je crois me tcnir dans la justice la plus rigoureuse , en disant qu'il n'y a qu'un bomme d'un grand talent qui puissc produire un pareit ouviage. — L'exposition annatlle des tableaux envuyes par les pension-' naires de I'ecole dd Rome a eu lieu , au commencement de ce mois , dans une salle dc I'ancicn muses des monumens franfuis, aus Fctits- EUROPE. 233 Augustins. Lcs jeuncs artistes qui ont execute ces tableaux , cxcilent I'inliret i un double titre ; d'abord , en raison du succfcs qui leur a merit*; leur s6jour, aux fraisdu gouvernement , dans la capitale dcs arts ; ensuite, parce qu'ils sont I'esptirance de I'ecole. M. Michallon , qui avail envoye au salon de 1819 un fort beau paysage dans Icquel il avait repr^sente la mort de Roland (voy. Ref. Encycl. , torn. V , pag. 7a), avait pris pour sujct de la composition historiquc introduite dans son tableau de I'annee derniere : (Edipe se refugiant pres da temple des Eumenides. Dans celui qu'il a ex- pose cette ann6e , il a anim^ son paysage par le combat des Centaures et des Lapithes. Le festin et les scenes de combat qui le suivirent , sont rejietes sur les plans eloignes ; mais il a mis sur les premiers un Gentaure poursuivi par Pirithoiis, auquel il n'6chappe qu'cn se jetant dans un precipice. C'est un tableau bienentendu dans les parties les plus importantcs ; cependant il m'a paru que les figures du devant ^taient trop grandes. J'ai trouv6 aussi que la degradation des plans laissait quelque chose i d6sirer ; enfin , I'exteution offre un pen dc mollesse, et c'est la critique sur laquelle j'insiste Ic plus, parce que c'est le seul reproche sirieux que Ton puisse faire i M. Michallon, qui parait appel6 it. occuper un des premiers rangs dans I'ecole. » M. Hesse doit se tenir en garde contre deux defauts qu'il no parait pas combattre avec assez de force ; son tableau de i'annee derniere ,dont le sujet 6tait Ulysse reconnu par son chien , et celui de cette ann6e , dans lequel il a mis sous les yeux du spectateur un Episode extremement toucbant et tres-heureusement choisi , Procris expirant dans les bras de Ccphale, ofTrent tous deux une toughe moUe et de la lourdeur dans les formes. II n'a pas mis non plus assez de cHaleur dans la maniere dont il a rendu cette der- ni6re composition. La douleur de Cephale n'est pas assez fortemcnt exprim6e; il n'est presquepas f4che d'avoirtue Procris ; son desespoir n'est pas assez grand, mais sa tfite est d'une belle couleur ; et si M. Hesse vent etre difficile pour lui-meme, il ne tardera pas h mc- riter d'honorablcs suffrages, M. Cognet justifie de plus en plus les esperances qu'il a donnces. Sa jeune Chasseresse, dcl'annce derniere, etait un tableau agrcable; mais celui dc cette ann6e est plus fort. Get artiste a rcpresenle Mc- tabus au moment oil, poursuivi par les Volsques , et arrCl6 dans s.i fuitc , par le cours d'un flcuvc , il invoque Diane pour sa c'urc Camil/v JoA 1-UKOrE. qu'il vient d'attaclicr a son javclot cl qu'il va lancer vci»rauUc live. La tcte du guciricr est d'unu belle inspiration ; la main qu'il tient t;lcv«ic est bien ctudiiie et bicn rendue ; Tenlant est d'une couleur cLarniantc , mais I'artistc me parait s'etre tronipe en la faisant sou- lire : il a voulu produire unc oppoeition que la situation ne scmblc j)aspcrmcttre. Pendant que le ptre elevc sa main droite vers Ic ciel pour invoqucr Diane , il tient son enfant sur son bras gauche qu'il a approcht do son corpsj c'est, & la v6rit6, un moment de repos pour I'enfant j mais tous les niouvcmens violens qui ont precede etaient bien plus de nature i I'effrayer qu'4 le faire sourire. Au rcstc, j'in- sistcrai bien moins sur cette observation que sur le d^faut d'enseniblc qui cxistc dansremmanchement du torse avec la parlie infirieurc du corps ; ce qu'il y a de plus grave k mes yeux , ce sont les fautcs de dessin. J'ai r^scrv^, pour le dcrnlcr, M. Dubois , dont le tablean m'a paru meriter le plus d'attcntion. Get artiste a puis6 son sujct dans I'histoire de sa patrie; et , en ccla , il s'est montre docile aux conseils d'llorace (i). Un pficheur a trouve le corps d'un jeune liomme dans ses filets, il les depose sur le rivage, les ouvre et rcconnait bienlOt le dernier des fils du premier lit de Cbilperic , le jcuue Clovis", que Frtdpgonde a fait assassiner et jeter dans la Marne. La couleur du jeune CloVis , particulierement celle de la tete , est d'une finesse de ton et d'une vdritt; tres-remarquables ; clle rappelle involontairement plusieurs productions du Guide , et INI. Dubois doit s'en feliciter. Peut-etre la scene aura!t-elle produit plus d'effet, s'il n'avait montre que la tOte et une parlie du torse du jeune prince; peut-fctre pourrais-je aussi faire quelques obser- vations sur I'ensemble de la composition ; mais il faut consid«3rer cette production principalement comme une 6tude , et elle a fait en general trop de plaisir pour que je ne sois pas sufiisamment justiCe , si je n'insiste pas sur les critiques. jJe finirai par un reproche commun aux quatre tableaux d'his- toire dont je viens de parler, c'est que le sentiment de la beautc ii'y dominc pas asscz. Sans doute , il faut sc lenir pres de la na- ture; mais il faut aussi la voir en bean. La rendre avec trop de (i) Vestigia grxca Ausi dcstrcie tt ctltbrare domeslica facta, ( Hon., Ars poel. ) EUROPE. 235 iiivdritc, telle que le niod6le la donne, ou s'en trop eloigner, ct se I'aire un caiactfere de bcautti conventionnel , sont deux 6cueils qu'il faut 6galement dviter. Le maitre et le chef de I'^cole ac- tuelle , David, a montre le chemin qu'il convient de suivre , et je suis persuade qu'il y a du danger & s'en ecarter. P. A. Fdblications NOuvEiLBS ET PBOCHAisEs. — Lss jt^ales g&nirales dea sciences physiques , publi(ies Ji Bruxelles par MM. Bory de Sainjt- Vincent , Drapier et Van Mons , paraitront desormais & Paris. Nous avons d^jA fait connaitre i nos lecteurs (T. X, p. 689) cet im- portant rccueil, I'un des plus utiles et des plus int^ressans pour ecus qui s'occupent de sciences physiques. — Traiti de mccanique indusirielle , ou Expos6 de la science de la m<^canique deduitc de I'experience et de I'observation , prin- cipalcmentk I'usage des manufacturiers ct des artistes ; par M.Cnais- TiAN, directeur du conservatoire des arts et metiers ii Paris. La mticanique industricUe a pour objet de connaitre et de re- chercher les moyens de suppleer a la force et k I'adresse physiques de rhoninie, et d'cconomiser son tems, dans l'ex6cution des tra- vaux que lui commandent ses besoins et ses go&ts. L'ouvrage que pous annon^ons est destine 4 devejopper les faits, les principes qu'on peut en deduire,et sur Icsquels cette science repose, eti cxposer la theorie des travaux mee-aniques qui constituent exclusi- vement son domaine. II ne faiit point confondre la mecanique industrielle avec la micanique rationnetle, dont elle differe essentiellement, et dont elle ue pent mfime etre une application : c'est une science de faits ct d'observations, ayant un caractere propre qui la distingue de toutes les autrcs sciences, Elle ne differe pas de I'art de construire des machines. L'art met en pratique les rechcrches et les conceptions de la science, et lui sert, dans Texecution , de complement neces- saire , sans en fitre toutefois partie integrante. Ainsi, pour choisir des exemples fort simples, la science montre en quoi consistent la rcgularite et la precision du jeu des engrenagcs , d'une roue liydrau- lique , d'un piston dans un corps de pompe ; en un mot , d'un me- canisme ou d'une machine quelconques ; c'est i l'art qu'il apparlienl de choisir les malB)i: DE 1. SMl'J 13 VOLUME. 35' uriujisoM. REVUE ENCYGLOPEDIQU ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES i>A»:S LA UlTERATtJIU!, I.ES SCIENCES ET LES ARTS. 1" Sciences physiques et matfUmaticfues et Arts industrieh- Sciences naiureiles et mSdicales .'MM.' Ch. Dopw Foumrai'' delW;_l.XKRY;_FKAKC«T;R;_U NoRMAM)', p.of. de technologic, etc -de Moi.£oN;-A. Michelot i-CcyuEaEi.- - H.ot,REK,,, D. M.;-A:3EL0N; Bally jEsQuikoi,; FniiDiIs- i;er; Magp^kdib; Orpila; Pariset; Phiqubpal D. M^ Moia..Au»BJosi.L>si-DEFEau.«AC;-DESMOULijfs D. M etc • ■ ZT,^%^ philosophiques et morales, politiques et 'hisio- riques: MM LakjuiNaIS ; -M. A. JuLtlENf .!e /a.ia;- Al °B i-A Horde dc-rj„.suiut;-Aj.K^ -.-AK^oi.i, de Snashouiv - GABiv ;-Barbi^-Oubocage, de I'Inst. ;-J. J. Baude --BucIon- -LousrN|— Dr.cERAKDo do i'Inst.;-Dj:ppiKG;-A. Duf rayer-— JoMARD delfn.st.— Mr;YER,d'Amsle,dam:-P.L^>,l— J V I'e clercj-Lapfon DE L^dekat,— deLasteyrie;-Ai,ex. Lameth- -NauBET, de rin.t. ; _ PARENT-RiAL; - G. M. RAYJrO^'> F SaDVERTE.-SiMONDEDE Sl.SMOKD/;-STAPFER;_TniERRY .-.c' .;■ Ltitcraiurefranpaiseet etran^ere, BiUiograi.hie, Ariheo- log,, et Beaux Arts : MM. Atgnak^U-dh.ecx, AmIury-Dhv!^ t-EMERCiER^del'Institut;-A.MAHUL;— Hinrichs;-Artaud— ' Ari.srr,; -BARBiER,conseival.i;ic'f shibli.ahiqncsda Koi-^ s'a hTKvi-LLT -Michel Berr;— BRucniiiREs ue Sorsum: -^Cauet MGA«3ICOURTi-CEaBIED:-CHAMPOLLl03T-FlGEAC, COlTeS,,. de I Ji>t.t. ; - J. Urozj-DbmersaKj-Kmeiuc-David . de Jiusi •— 1 AURiEL>-t, CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Uepuii Iftpom de janviei- 1819, il parait, pnt aiiuve, ilaiitr> cahicrs dc re Recucil; chaque cahier, pubtid te 5o r corapose d'envii'on doiir.c feuiUes d'iiiiprRssicii. On souscrit, a Palis, au Bureau central d'abonnemerii et d'expidition indique sur le litre. Prix de la Souacription. A Paris 42 fr. pour un an, a4 fr. pour 6 mois. DaDslesde'partemeus. 48. 28. Dans I'etranger 54. 32. La diffe'rence entre le prix d'aboniieiiieul , a Paris, daiis les departemens et dans Vitranger , devant fitre proportionnellc aux frais d'expeditiou par la poste, aservide base a la fixation definitive portde ci-dessus, Lemontant de la Souscription, envoye par la poste, doit fiire adress^ d'avance, el franc deport, ainsi que la coixespondance, au Directeurde la Revue Encyclopedique , rue d Bnfer-Sainl- Michel, n" 18. Cest a la mfime adresse qu'oD devra envover les ouvrages de tout genie et les graviires qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on de'sirera I'inserlion. On peut aussi sousciire chez les directcurs des postcs et cliez les principaux libraives, a Pnris,dans les departemens et daiu les pays etrangers. Trois cahiers ou livfaisons formeront un volume. Chaque vo- lume sera tevmiue par une table des mati^res alphabc'iiqtic «t analylique, qui e'claircira et I'acilitera les vaclierches. AVIS ESSENTIEL Pour les Souse lipteins de la Revue Encyclopedique , qui resident dans les pays etrangers. MM. les Souscripteurs actuels de la Revue Encyclo- pedique ^tablis dans les pays etrangers , qui voudront continuer leur abonnemeut pour I'annee 1822, sont pries d'envoyer directement au bubeau centkal ( rue d'Enfer-Saint- Michel, u' 18) d^icl au 21 deceitihre pruchain, le inontant de leur abonnement et leur iidresse , afin que la direction de la Revue puis.se prendre d'afvance les mesures necessaires pour propor- tionaer le tirage des exemplaires de ce recueil au norabre des demandcs qu'elle aura recues , et afiu que le service des envois n'eprouve aucun retard. MM. les Libraires jouiront de la remise d'usage. et dim treizierae exeniplaire en siis do chaque douzaine. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, Ob' ANALYSES ET ANNOISCES RAISONNEES l)es productions les plus remarquahles dans la Liitterature , les Sciences et les Arts, ^VV\%V\'*t\'V\^WVWW\'V\l\^/V%v\'WWVVWWfc»/WVW%W**'iV\\*WXVW'V\W\AWVl\'V% I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. Notice sub les travaux bot4niques de M. Perrottet, attachi a Vcxpidition aux Indes , command6& par . M. le capitainc Phjlibert., Cn des caractferes les plus remarquahles de notre epoque, est cette grande a'ctiVite qiii 's'est'developpee pour les Voyages' d'histoire naturelle. A mesure que cetle scienec a fait des progres, les naturalistes ont senti qu'ils ne pou- vaient etablir que des generalites plusou moins provi- soires, tant qu'ils ne connaitraieot pas la totalite des etres; ils se sont apercus en meme terns que ces etres diflcrent entre eux dans presque toutes les regions, qu'on ne peut etudicr ces differences qu'au moyen d'echantillons aulhen- tiques compares entre eux, et qu'il etait par consequent necessaire de faire recueillir avec soin , dans toutes les Tome XU. 35* Cahicr.—Nopemhre 1821. 16 2A2 SUR LES TRAVAUX BOTANIQIjES parties du mondc, des echantillons de tons les Otres qui Ics pcuplent. Mais, qnoique cc bcsoin dcs comparaisons, fondees sur des documens certains, fftt scnti depuis long- tems paries naturalistes, lis manquaient le plus souvent dcs moyens de le satisfairc. Tantot Ics gouvernemens, oc- cupes d'idees fort differentcs, et peu eclaires sur ces nia- tieres, negligeaient de faire cntreprcndre dcs voyages de long cours; tantot les guerrcs et les circonstauces poli- tiques genaient toutes les communications, et rctenaicnt les voyageors coram e captifs dans I'enceinte de la vieillc Europe. A certaincs epoques , I'attention publique n'etait pas dirigee avec assez de vivacite sur Tutilite des voyages d'histoire naturelle, pour que les hommes dignes de les rendre utiles se vouassent a ce genre de vie : i\ d'autres epoques, I'enseigneraent de I'histoire naturelle, ct en ge- neral une certaine instruction elemental re sur les sciences physiques n'avait pas ete assez popularisee pourqu'on pQt trouver des voyageurs propres a seconder les savans etles etablissemens scientifiques, par leur activite et leur intelli- gence dans I'art des collections. Ces divers obstacles se trouvent aujourd'hui, ou dimi- nues, ou tout-i-fiut detruits; la paix permet de parcourir le monde entier : I'activite donnee aux esprits par les se- cousses de tout genre qui ont agite I'Europe, porte un grand nombre d'individus aux voyages lointains; les im- menses progr^s de I'histoire naturelle en ont fait sentir I'importance ; quelques voyages, brillans par leurs resul- tals, ont excite I'emulation des particuliers et des gouver- nemens; la popularisation des connaissances a beaucoup etendu le nombre de ceux auxquels on pouvait confier de scmblables travaux; quelques naturalisations de vegetaux utiles, I'cxploration de diverses branches de commerce, ont fait coraprendre aux chefs des gouTernemens le parti DE M. PERROTTET. 2A3 qii'on peut tirer des voyages destines a etudier la nature. Aussi avons-nous yu, dans ces dernieres annees, les entre- prises de ce genre se multiplier et se regulariser. Une ccole de voyageurs naturalistes a ete, par ordonnance speciale, attachee au Museum d'histoire nalurelle, et Ton n'a laisse echapper aucune occasion de diriger vers les progres de cettc science les expeditions meme entreprises pour d'autres buts. Ainsi , lorsqu'on a expedie M. le capitaine Philibert dans lesmers de I'lnde, pour y faire reconnaitre le pavilion francais, on a joint a son expedition M. Perrottet, jeune el^ve du jardin de Paris, botaniste et cultivateur eclnire : des instructions habilementdirigees lui ont indique ce qu'il avait A faire pour rendre son voyage le plus utile a la France et ;\ ses colonies. Le retour de cettc expedition et I'arrivee recente k Paris des collections recueiUics par ce voyageur nousjnettentu meme de pouvoir presenter ici un tableau succinct du voyage, et de ceux des resultats qu'on pent connaitre , sans une etude approfondie. L'expedition du capitaine Philiber.t est partie de I'iic d'Aix le 11 novembre 1818. M. Perrottet embarqua, a bord de la gabare la Normande, une collection de graines ou d'arbres fruitiers, qu'il devait deposer dans les colonies oa il aborderait. Mais , aprfes quelques jours de navigation , on s'aperput que le batiment n'etait pas en etat de faire un aussi long voyage ; on rentra dans le port; on transporta toutes les collections sur la gabare le Rh6ne. et ce no fut que le i" Janvier 1819 que l'expedition mit rcellement a la voile pour Cayenne, oii elle aborda le 4 fevrier suivant. Les arbres fruitiers furent deposes dans le jardin bota- n.que de Cayenne , et M. Perrottet s'occupa de rassembler immediatement des plantes de vanille et d'autres produc- tions utiles, sauvages ou cultivees a Cayenne, pour les 16 ♦. 2AA SUR LES TRAVAUX BOTANIQUES transporter i I'ilc de Bourbon; il n'eut que vingt jours pour ces operations : Ic 26 juin 1819, rcxpedilion arriva a I'ile de Bourbon. M. Perroltct etablil de suite ses plants precieux dans le jardin bolanique de la colonie, et il cut la s..tistb(;tion de \oir, dans 1? jardin de naturalisation , I'heu- rciise reussite des arbres fruitiers d'Europe, apportes par V p.iM.^edentes expeditions. L'exposition de ce jardin, la ,u i jiedeson sol, etsur'out la temperature, moins eloignee dc ceiie de nos climals que celle du jardin botanique, don- neat a I't 'ablissemcnt destine aux naturalisations uiu. uti- lity narticuliere. L'expedition paitit de Bourbon, le 27 juillet, pour Java; elle relficha , le i3 septembre, a Sourabaya : M. Perrottet s'occupa a parcourir I'ile pour y laire des recoltes de plantes et de graines ; et, s'il y trouva des objets precieux pour la bota- nique, ce ne fut point sans beaucoup de fatigues et quelques dangers. II fut surpris, au milieu d'un groupe de bois, par cinq Malais, armes chacun d'un clix y qui chercherent d'aboi'd a le voler, et qui paraissaient animes d'inlentions plus hostiles encore. GrSce iun petit dictionnaire malais que M. Perrottet avait avec lui, il chercha k leur faire comprendre le but qui I'amenait; et, quoique les sauvages n'eussent peut-etre pas bien saisi le sens des phrases, ils parurenl si surpris de voir des mots de leur languc sortir, pour ainsj dire, de ce llvre , qu'apr^s s'etre concertes entre eux, ils relScbferent notre voyageur; ils le conduisirent pres d'une petite rivit:re, qu'ils voulaient lui 'faire passer sur un bambou ; mais 11 echappa dees guides incommodes, en passant Teau a la nage. Des-lors, il ne se hasarda plus dans ses herborisations sans un guide du pays , et il fit des ex- cursions frequentes dans les environs de Sourabaya, pour en etudier les cultures et les productions : il admira beau- eoup, surtoutj la perfection des cultures de poivre et de DE M. PERROTTET. 2A5 betel , el il so prop ose de donner sur ce sujet una methode detaillee, propre i guider les cultivateurs des colonies. II fit aussi dans cette ile d'abondantes collections, soit en plantes sfcches, soit en vegetaux vivans : il remplit plus de yingt caisses de plantes, la plupart bonnes k naturaliser dans les colonies. Cette riche collection fut partagee entre les deux batimens de I'expedition, la Durance et le RJi6ne: les plantes qui furent placees sur la Durance, quoiquebien recommandees par le commandant, et accompagnees d'une instruction detaillee, sur les soins necessaires i\ leur con- servation, perirent presque toutes pendant la traversee : celles, au contraire, que M. Perrottet soigna lui-meme a bord du Rhone, supporterent bien tousles dangers d'une longue navigation. En se dirigeant sur iVIanille, I'expedition relacha a Sam- boangan, oii notre voyageur accrut encore ses collections de vegetaux tres-rares, et qui ne se trouvent guere que dans ce parage, jusqu'ici peu visite par les botanistes. Ce qu'il trouva de plus remarquable k Samboangan fut une nou- velle espece d'arbre a pain, dont le fruit se mange sans aucunes preparations; une espece particuliere de bananier, nomme abaca ^ qui ne se cultive pas pour son fruit, mais pour sa hampe, dont on extrait un fil propre a faire des cordes; le pigiui_, espece d'ananas. dont la feuille donne un fil qui sert dans le pays pour la fabrication des plus fines etoffes; trois espfeces de sao^oMft<'7-6-,qui prodnisent le meilleur sagou connu; le toyal, espece Aa paletuvier, dont I'ecorce fort epaisse est employee en guise de quinquina; enfin , ie barringtonia , I'un des plus beaux arbres connus, dont I'amande sert, soit a enivrer le poisson , soit a donner une huile que les habitans emploient a divers usages medicinaux. Ce pays , I'un des plus riches et des plus remarquables pour I'histoire naturclle, a fourni i\ M. Perrottet d'immenses 2AG Sill LES TRAVAIJX BOTANIQLiES collections, soit en graincs, soil en plantes s^ches ct \i- vantcs : il est maiheurcuscmcnt infestu d'animaux feroces, ce qui en rend rexploration dangereusc et difficile. En quittant Samboangan, rexpedilion continua sa route pour Manille, et aborda k Cavite, le 2 decembre. M. Per- rotlet , apres avoir cru prendre des precautions suffisantes pour la conservation des objcts recoltes jusque-la, se mit i parcourir les environs de Cavite ; mais, tandis qu'il ac- croissait sa collection avcc une ardcur toujours soutenue, il avait le regret dc voir deperir ce qu'il avait acquis prcce- demment, des qu'il I'abandonnait A d'autres mains. Cette facheuse experience I'engagea a etablir,dans un jardin, A Cavite, tous les objets qu'il recueillait dans I'ile. II se pro- cura les vegetaux cultives et plusieurs plantes sauvages dupaySjCt conlinua des recherches analogues dans les environs de Manille. II recolta aussi des animaux et quelques inineraux, lorsqu'il en trouva roccasion ; mais ses premiers soins elaicnt pour les plantes vivanles, but principal de sa mission. II ramassa un grand nombre de graines, dont il fit un envoi au Jardin du Roi , i Paris : enfin, il donna des soins tres-particuliers a I'embarcation de toutcs les caisses de vegetaux vivans, recueillis a Cavite et a Manille , et il eut le bonbeur d'en ramener deux cents individus bien portans a Tile de Bourbon, oii I'expedition aborda, le 6 mai 1820. La plupart de ces plantes ont ete laissees a Bourbon, pour y etre multipliees et naturalisees ; le reste, accru des collections faites h Bourbon meme, fut reembarque le 9 juin suivant, et arriva, le 10 aoOt, a Cayenne, en passant t\ Madagascar, oii M. Perrottet aug- menta singuliercment ses rarcs et precieuses collections. Cette derniere travcrsee risqua de faire perdre il notre voyageur une partie du fruit dc ses travaux : le terns af- freux que lexpcdilion esj'Uya aux environs du Cap , fit DE M. PERROTTET. %kl souffrir une pailie dc cos vegetaux precieux. A squ arrivec ;\ Cayenne, M. Pcrrotlct vil qu'il serait impossible dc les enibarqiier de suite pour la France , sous peine d'en perdre la prus grande portion : il demanda et obtint lacilement dc les debarquer au Jardin du Roi, a Cayenne, et de ne les ra- mener en France quel orsque leur sante aurait ete conso- lidee par ce sejour. II laissa done I'expedition du capilainc Philibert revenir en Europe, et s'etablit a Cayenne pour y soigner sa collection , et pour raugracnter par de frc- quens voyages dans I'inlerieur des lerres. Mais , tandis que les plantes des tropiques reprenaient de la vigueur par leur sejour Iranquille dans le jardin de Cayenne, il n'en etait pas de niGme de leur conservateur : fatigue de ce long voyage , et de ses frequentes excursions dans ce climat rcdoutable, il perdait chaque jour sa force et sa sante, et se voyait menace des maladies les plus graves. Heureusement pour lui et pour la science, la ga- barc la Z^Mnr/zc^j commandee parM. le lieutenant Lenaere, arriva a Cayenne, et M. Perrottet obtint du gouverneur de s'embarquer , avec ses collections , sur ce batiment pour revenir en France. II quitta Cayenne, le 8 juin dernier, et, en vingt jours de la plus belle et la plus heureuse tra- versee, il arriva au Havre : sa sante s'etait deja remise en quittant le climat chaud et humide de Cayenne ; I'heureux succes de son voyage, le bonheur de revoir la France et d'y ramener ses collections en bon etat, acheverentsa gue- rison. II fit voyager successivemeut toutes ses lichesses sur les deux bateaux a vapeur qui vont du Havre a Rouen, et de Rouen a Paris; et, le 3 aoflt dernier, cette precieuse collection est venue debarquer devant le Jardin du Roi. C'etait un spectacle digne d'interet, et nous en parlons pour en avoir ete temoin, que de voir aborder sur cette rive plus dc six cents arbrcs ou arbustes des diverscs re- 2A8 SLR LES TRAY. BOX. DE M. PERROTTET. gions t^quatorialcs , loutcs dans le plus bcl etat de vegeta- tion, ct conservant encore, dans leur apparence mcmc , ct des traces de leur sol natal , et des marques de leurs longues navigations. Les naturalistes, appeles i jouirdece spectacle, ne pouvaicnt suffire a tout examiner : li, ils apcr- cevaient une variete remarquable de jcunes palmiers, dent les formes insolites les transportaient dans d'autres climals ; la, ils voyaient, avcc unc esptce de respect, plu- sieurs individus d'arbre a pain, tous provenus d'un seal pied envoye, il y a vingt-trois ans, du Jardin de Paris u I'ile de Cayenne, oii il fait aujourd'hui un objet d'indus- trie agricole; la, ils se hStaient d'observcr dans leur frai- cheur quelques arbres, tels que le cacao ou le muscadier, qu'on n'est jamais parvenu i multiplier, pas meme ibien conserver dans nos mcilleures serres; la, ils admiraientle beau feuillage de ce barringtonia , de Samboangan, qu'on n'avait point encore vu vivant dans nos climats ; \h, enfin, ils trouvaient le \ra\pohre noir et le betel, que nos jar- dins n'ont posscdes jusqu'ici que d'une maniere douteuse, ct le cookiaj dont les feuilles rappellent I'odeur de I'anis ctoile, quoique, par le reste de sa structure, il se rap- proche des orangers , et un nouvel ananas, dont on dit que le fruit pise jusqu'a vingt livres, etc. , etc. Quelques animaux rcmarquables attiraient aussi les re- gards des zoologistes : tels etaient deux agamis domes- tiques, un hocco, une espece de singe noir, et surtout la gymnote electrique, ou I'anguille de Surinam , dont les journaux ont dej;\ fait mention. Outre tous ces objets vivans, cette expedition a encore procure au Museum d'histoire naturelle deux caisses de graines en germination, plus de deux cents sachets de graines rares, sept caisses de plantes stches pour I'herbier, un grand nombre de fruits des tropiques, conserves dans PROGRES DE L'INSTRUCT. AUX ilATSUNIS. 2A9 I'eau-de-vie , etc. Toutes ces richesses, qui vont etre depo- sees eteludiees dans le Museum, servirout graduellemenl A perfectionner les diverses branches de I'histoire natu- relle, et fourniront de nouveaux moyens pour celles qui contribuent au developpement des arts utiles. Quelques- uns de ces vegetaux precieux seront multiplies, puis dis- perses, soil dans les jardins d'instruction , pour avancer la science, soit dans les colonies qui peuvent convenir k leur nature, pour en accroitre leur production. D. iw^jw/ww/vm^njvh RECHERCHES Sur les progres de C instruction , sur les inventions dans les arts , sur les usages et les nicenrs , dans les Etats-Unis de C Amerique Septentrionale. Deptjis quelques annees, les progres de I'edccation' et de I'iNSTRTicTioN prBUQUE,dans les Etats-Unis, sont tres-re- marquables. En 1809, on y comptait 25 colleges et 7A ecoles particulieres nommees academies ; ces institutions, organi- sces pour chaque etat par sa legislature , ne forment pas un meme corps, sous une seule direction. Elles sont soumises i I'inspection de chaque legislature , quoique placees sous la surveillance d'administrations particulieres et locales. En 1811, le president des Etats-Unis, dans un message au congres, lui recommanda specialement la fondation d'une universite nationale a Washington ; mais , aprcs quelques discussions , celte proposition fut renvoyee a I'examen d'un comite. Ce comite, dans son rapport k la chambre des representans , fit observer que, quoiqu'une telle institution dQt ofTrir de grands avantages , neanmoins la constitution n'avail assigne aucun fonds particulier pour les frais qu'enlrainerait retablisscmcnt d'une universite 250 PIVOGKES DE L'lNSTRlJCTION nationalc; quo, pour cc qui concernait Ics sciences ct Ics arts uliles, le congrcs elait aeulemcnt autorisc a garantir aux auteurs ou aux iuventeurs Ic droit cxclusif dc propriote de leurs ouvrages et de leurs decouvertes; que d'aillcurs rctablisseincnt d'unc universite, sans lui affecter un fonds special, serait inutile etparaitrait un cxcrcice irregulier du pouvoir legislatif ; que le capital provenant de la veule des teri'es publiques serait insuffisant, et qu'on devail regarder les rentes, les legs et les donations qui pourraient echoir i\ cet etablisseinent , comme une chose trop precairc. On observa, de plus, que I'institution d'un etablisscment por- tant le litre pompeux A''UnwersiU sans offrir les ressources neccssaircs pour toutes les parties d'enscignement qu'il devait embrasser, ne convenait point ;\ la dignite de la na- tion. Enfin J, les bonimes les plus eclaires ont allegue, d'apres rexemple de quelques contreesde I'Europe, que I'esprit de systeme et de corporation d'une grande universite centrale pourraitdevenirun obstacle il'entiere liberte de I'enseigne- ment, et, par une suite necessaire, au perfcctionnement dcs mcthodes et aux progres des connaissances humaines. Tout en se monlrant contraire a cc projet, le congres americain rescrva un trenti^ne, ou 6Ao acres, des terres publiques dans cliaque jUridiction de ville pour la depense desecoles; en outre , sept juridictions entieres s'elevant a 23,oAo acres chacune , dont deux sont situees dans I'etat de If Ohio , et une dans chacun des etats ^Indiana , des Illinois, du Missiasipi , de la Louisiane , etdans le terri- loire de Michigan. Dans I'etat de New- York, les fonds dont la legislature pent disposer pour les ecoles publiques montaient, en i8 1 1 , a un demi-million de dollars, et don- naient un revenu annuel dc 36,ooo dollars. Le fonds re- serve pour Ics ecoles du Connecticut monte a un capital qui produil 120,000 dollars par annee. AUX ^TATS-UNIS. 251 Bepuis 1800, le nombre des ctudians en medccinc , Ameiicains, gradues dans les pays etrangers, a considera- blement diminue. Les ccoles de medecine de Philadelphic et de New-Tork ont acquis une grande celebriJe. La duree des eludes, dans les colleges, est de qualre ans. Dans les \illes de Philadelphic, de New-York, de Baltimore et de Boston , on publie des journaux specialement consacres a la medecine , et Ton reimprime les ouvrages les plus esti- raes de I'Europe qui traitentdes sciences medicales. L'imprimerie reproduit egalement toutes les autres pro- ductions importantes de la litterature europeenne; et telle est la difference du prix des^ditions americaines, qu'un volume in-A°, qui coflte u Londres deux guinees, ne vaut, en Amerique, sous le format in-S" , que deux dollars. Les livraisons de V Edimbourg-Repiew et du Qiiarterly-Pieuiew , sont reguli^rement reimprimees et repandues ayec profu- sion dans tout le pays. Dans les etats de la Nouvelle-Angleterre , les ecoles sont entretenues au moyen d'une taxe publique, etplacees sous la direction d'un comite. Les enfans pauvres y sont t'leves avec les enfans des families riches ; on leur enseignc la lecture, I'ecriture, I'arithmetique , la grammaire et la geographic. Dans les autres etats de I'Union , des ecoles sont etablies pour Teducation de la classe indigente, et, depuis pen , le systeme de Lancaster ou d'enseignement mutuel a ete adopte dans differentes parties des Etats-Unis. Quelques socictes se sont aussi formees dans ces der- niers tems pour I'avancement des connaissances , particii lierement de I'agriculture, des arts et des manufactures. ^^societe philosophifjueam^ricaine de Philadelphie a dejt'i publie six volumes sur des sujets scientifiques. Un athenee a ete organise recemmcnt a Boston, sur le plan de cclui de Liverpool; gt ync sjouscjiptioi) ouverlc pour procurer les 252 PROGRES DE L'INSTRUCTION fonds necessaires u eel elablissement , a produit en dix jours unc somme de 4o,ooo dollars. '[/Acad^mie des sciences et des arts de Boston a public plusicurs volumes , etcelle du Connecticut, portant le meme litre, en a donne un. La Societe philosophique de New- Yb/zt vient de publier un Tolumc de ses travaux. line autre societ^^ pour lespro- gres de I' agriculture y des arts et des manufactures, a publie quatre volumes in-8° ; cellc de Philadelphie , pour I'agri- culture seulement, en a donne plusieurs. La Socit^ld de Georges- Town en a fait paraitre un qui traite du labourage et des connaissances rurales. On serait porle A croire que les Aniericains ont un goOt parliculier pour le dessin et pour la peinture, i en ju- ger par le nombre deji\ considerable de leurs artistes. les noms de West, Copely, Trumbull, Stewart, Vander- lyn, Jarvis, Wood, Allston, Leslie, Peale, Sully, Morse, Earle et Todd , sont avantageusement connus ; les bait pre- miers, comme peintres d'histoire et de paysage; les der- niers, comme peintres de portraits (i). Des academies pour I'etude des beaux-arts ont ete dernierement etablies i Philadelphie et i New-York; on a fait venir de Paris quelquestableauxet divcrsmodelesenplutredesmeilleures statues antiques pour ces deux institutions. Les tableaux furent donnes par Napoleon, alors empereur, en sa qualite de membre agrege de I'academie. Get esprit liberal fait honneur au goOt des habitans de ces deux villes, presque tons occupes de commerce. En 181 7, le gouvernement de la Caroline septentriojiale chargea le celebre Ganova de faire la statue de Washington, qui doit coOter 10,000 dollars. (1) Feu M. West est le premier qui ait su tirer un grand parti des costumes modernes, dans les tableaux historiqiies. — I'anderlyn a obtenu, en France, une medaille pour son Marius sur les mines de Carthage, qu'il avait presentc a rexposition de 1808. AUX ^TATS-UNIS. 25J Quant au gouvernement des Elats-Unis, le seul encoura- gement qu'il donnc consiste dans une remise des droits de douanes , pour les tableaux, les gravures et les platres im- portes pour I'elude ct le perfectionnement des arts (i). Le Musee de M. Peale , a Philadelphle, s'est enrichi, depuis quelques annees , d'une grande variete d'objets d'histoire naturelle , dont le plus remarquable est le sque- lette d'un Mammoulh. Le sol et les productions des Etats- Unis sontdevenus un objet de recherches philosophiques ; et des cours de chimie , de mineralogie et de botanique, ont regulierement lieu dans les villes de Philadelphle , de New-York et de Boston. Rien n'attcste d'une mani^re plus evidente les progr^s des connaissances , en Amerique, que le grand nombre d'orvRAGES PEHiODiQTJES qui s'y publient ayec succes. Le Medical Repository , de New-York , a pres de 900 abon- nes ; \ Analeclic Magasine de la meme ville , et le Porto- Folio , de Philadelphle , en ont i peu prfes chacun trois mille. Nous citerons aussi le recueil tres-estime que pu- blic M. le docteur Silliman, sous le titre de Journal des sciences. Quant aux recueils anglais, Edinibourg et Quar- terly Reviews, on en tire environ un miilier d'exemplaires. Le droit d'imprimer la collection des lois de New- York par Johnson, a ete achete au prix de 2,5oo dollars par annee. \j Histoire amusante de la province de New-York a rap- portc trois mille dollars k I'auteur. L'edition americaine de la Vie de Washington, par Marshall j dont I'execution ty- pographique la rend superieure a celle de Londres, a pro- duit, dit-on, cent mille dollars. (1) Nous ne devons pas oublier de comprendre danscette nomen- clature M. Westmuller, suedois de naissauce, qui a passe les der- niferes ann6es de sa vie sur les bords de la Delaware, Sa Danae lui assurait un modiquc revenu. J5A PROGRES DE LINSTUUCTION Le Monthly Antliology dc Boston , Ic giniral Reposi- toiy de Cambridge , I'excellent recueil intitule : North amerkan review ^\e Journal medical de la Hoiwelle-An- fdeterre, a Boston, ainsi que la lieune americ-aine , piiblice par M. "Walch , a Philadelphie , le Porto-Folio , etc., se font remarquer'par I'excellent goOt qui preside an choix des articles d'histoire, de politique et de litlerature qu'ils contiennent. Les journaux, chez un pcuple libre , favorisent la pro- pagation des idees sur tons les sujets , len meme terns qu'ils sont les conservateurs de la liberie. Aussi Ton publiait, au commencement de 1810, 3&i journaux dans toute I'eten- due des !l&tats-Unis, dont 25 feuilles quotidiennes; 16 qui paraissaient deux foisla semaine, 3(5, trois fois, et 284 heb- domadaires (1); tandis qu'avant la revolution, il n'y en avait en tout que neuf. L'etat de New-York compte a lui seul une trentaine d'c- tablissemens d'imprimerie et 70 gazettes. Le total annuel du produitdecesdernieres estestime a 25,200,000 dollars. On verra, par la table suivante, quel est leur nombrc dans chaque etat. New-Hampshire 12 Massachusetts .38 Rhode-Island 7 Connecticut 11 Vermont i4 New- York 66 Pensylvanie 71 Delaware '. . . . 2 (i) II y en a hull en allcmand; cinq en ittiXH^Ais ; deux en es- pagnol. AUX ]ferATS-UNIS. 255 Maryland at New-Jersey 8 Virginie 24 Caroline septentrionale lo Caroline merldionale lo Georgie i3 Kentucky 17 Tennessee 6 Ohio i4 District de Colombia 4 Indiana 1 Mississipi 1 Orleans. 10 Louisiane 1 ( 1 ) Nombre total des Joumaux publics dans les 22 etats de I'Dnion ameri- caine 36i. Au mois de mai 1817 , le nombre total des journaux qui se publiaient aux Etats-Unis etait de 5oo, dont la moitie etait hebdomadaire. Le traitement des meilleurs acteurs n'excede guere 3o a 4o dollars par semaine : le succes des acteurs en vogue peuvent porter cette somme de 800 a i5oo dollars par annee. M. Cooper, qui fait exception , retire de son enga- gement, a New- York, 126 dollars par semaine; et lamoi^ tie d'une recette, tons les sept jours, est k son benefice. Les produits de ses voyages varient ; mais il a repu jusqa'A 3ooo dollars pour treize representations. M. Howard Payne (1) En 1792, le nombre des journaux impriines dans la Grande- Bretagne et dans I'lrlande, n'6tait que de deux cent treize, quoique la population fdt alors de seize millions. 25() PROGRES DE LINSTRUCTION a gagnc plus dc 5ooo dollars dans vingt-six representa- tions donnees successivenient i Philadelphie, a Baltimore et ii Richmond. Nous allons parler maintenant des dialectes americairs. — Un professeur du college de Cambridge, dans I'etat de Massachusetts , qui est tres-verse dans cette mali^re , ob- serve que, de tout ce qui est relatif a I'Amerique , I'etat de la langue anglaise, dans ce pays, est peut-etre le sujcl sur lequel on tombe dans les plus grandes errcurs. Lors- qu'un Americain arrive en Angleterre , il est souvcnt pric par des pcrsonnes d'aillcurs instruites de leur Taire con- naitre quelque niorceau de ?a langue natale,dans I'opinion oii Ton est que ce doit etre un dialecte distinct de I'anglais, ou meme une sorte de langue sauvage. Les critiques an^- glais les plus eclaires s'expriment a cet egard de maniere a faire naitre les idees les plus fausses. Le fait est que , dans aucune partie de I'empire britannique et dans aucune classe delasociete, on neparle I'anglais avec plusde purete que dans les classes analogues en Amerique. Les dialectes si distincts d'Ecosse et d'Irlande, et les nombreux dialectes provinciauxdescomtcs sont, en Angleterre, une source de corruption pour la langue. Cet inconvenient n'existe point dans les fitats-Unis. Un habitant de Londres ne comprend pas un paysan de Yorkshire ou de Lancashire ; mais , dans aucun district d' Amerique, meme danslesparties lesplus oc- cidentales, otilessauvagesetleshommes civilises sont, poirr ainsidire, meles,iln'est point delangagequi ne soitparfai- tement intelligible pour un Anglais. On ne pretend pas dire que ceux qui n'ont point recu d'education, ne parlent pas unlangage corrompu; il en est, i cet egard, comme dans tous les autres pays ; seulement, les locutions provinciales qui, pendant des siecles, sont devenues de plus en plus usitees en Angleterre, n'ont pas encore eu le toms de s'in- AUX iXATS-UNIS. . 257 troduirc en Amerique. L'instruclion plus guncralcmcnt rcpandue dans Ics basses classes, le nombre moins consi- derable de pauvres laboureurs, d'ouvriers, d'indigens , preservent la langue dc la degeneration qu'elle a eprouvce dans un pays dont I'existence politique est plus ancienne, et dont les habitans sont plus nombreux. Ilfaut cependant avouerque, moins corrompue dans les classes inferieures, la langue n'est pas parfaitement pure dans les classes oi'i I'education est plus soignee; la langue parlec ou ecrite des gens instruits offre encore beaucoup de locutions ame- ricaines. Les personnes qui desireraient de plus amples renseignemens a cet egard peuvent consulter I'ouvrage intitule : Vocahulaire , ou Recueil des mots et des phrases qu'on suppose appartenir spicialement aux Etats - Unis d'Amirique; precede d'un Essai surVetat actuel de la langue anglaise dans les EtaLs - Unis , public d'abord dans les Memoires de I'academie americaine des sciences et des arts de Boston ; reimprime avec des changemens et des additions, par John Pickering. (Boston, 1816.) Cet ouvrage,quoique fait par un Americain, est ccrit avcc beaucoup d'impartialite. 11 prouve que le nombre des mots taxes d'amerieanisme par les Anglais ou les critiques americains ne s'eleve pas a plus de cinq ou six cents , dont plus d'un cinquieme est usite en Angleterre autant qu'en Amerique, et dans la meme acceplioii. Quelques- unes de ces expressions sont des locutions provinciales anglaises, que les premiers colons ont apportees des di- verses contrees qu'ils habitaient en Angleterre. II est un grand nombre de termes vulgaires qu'on ne pent raison- nablement considerer comme faisant partic dc la langue parlec ou ecrite par les gens bien eleves. Eiifin, une autre portion consiste en mots, pour ainsi dire, techniques, dont on se scrt rarcmcnt, et qui ne sont employes que par ui: Tome xii. 17 262 PROGIVES DE L'INSTRUCTION Des bacs, mis aussi en mouvement par la vapcur, font le trajct, entre Pawless-Hook et Brooklyn, villes situees sur les deux rives opposees do la baie de New -York , en un ^ quart d'hcure de terns. A I'aide d'un pont flottant, fixe ik chacune des extremites du bateau , les chariots et les voi- tures y entrent avec autantde facilite ques'ils ne quittaient pas la grande route. Ces bacs sont divises en deux parties , jointes ensemble par une espece de plate-forme ; et la roue est placee entre les deux : par ce moyen , ces bateaux avancent ou reculent i volonte. La fregate a vapeur, construite ill New-York, etd'apris le plan de feu M. Fulton , a i45 pieds de long et 55 de large; la force qui la met en mouTement equivaut ii celle de 120 chevaux ; sa marche, soit en avanfant, soit en re- culant, est d'environ trois milles et demi par heure. La roue est placee au centre et protegee par les bords de la fregate, qui ontsix pieds d'epaisseur en cetendroit; dans les autres parties , celte epaisseur n'est que de quatre pieds et demi. Cette fregate, qui porte 3o canons, est regardee comme imprenable. La machine i vapeur d'Evans (i), em- ployee maintenant dans les £tats-Unis, est plus economi- que et en meme tems plus simple que celles de Watt et de Fulton; la vapeur s'introduit dans le cylindre principal , et en sort au moyen d'une valve, qui a un mouvement de ro- tation dans le meme sens. Le pont du Schuylkill j celui de Trenton, et d'autres ponts converts, construits en bois, prouvent egalement de grandes connaissances en mecanique. Le premier a 56o pieds do long et 4o de large. Les deux piles qui le suppor- (') f^oyez le comptc rendu dc I'ouvragc A' Oliver Evans, intitule : Manuel de rinp^enieur micanicien , conslructcur de machines d va- peur, ct-dc6sus, T. X, p, 5i3. AUX liTATS-DNIS. f^. uss- - zy^ (fA^^d^CA^ -A.-J^^^ --/' -^— ^^^ 26'3 . li'arche hauteur , voitures, it de 8. , a coQt6 le T/-««- lessus de mille de les cu- le taille. ssee est ches de tieds de '.ons. nations nstrui- ruction vanie > IX edi- rmine \\.h de ^ ^ ,.speu- ples civilises semblent avoir toujours attache tant de prix, et qui fait depuis si long-tems les delices des nations euro- peennes, Tart dramatique, a ete long-tems neglige parmi nous; ce n'est que depuis environ quinze ans que les Ame- ricains commeacent i s'en occuper avec succfes, Alarnaes de riofluence que la frequentalion des spectacles pouvait avoir sur les mocurs, les ministres des divers cultes, eta- blis dans le pays , tcnleient d'abord de s'opposer a ce que 262 PROGUES DE L'INSTRUCTION Des bac " ■ le Irajct, sur les de ^ quart d'h chacune < turcsy er pas la gra jointes ei est place avanceni La fre le plan large; 1; de 120 I culant, roue es fregate autres ] demii < comuK ployee que et Fultoi «n sor tation Le pont du Schuylkill j celui de Trenton, et d auues ponts couverts, construits en bois, prouvent egalement de grandcs connaissances en mecanique. Le premier a 56o pieds do long et 4o de large. Les deux piles qui le suppor- (i) P'qyez Ic comptc rendu dc I'ouvragc 6.' Oliver £uans, intitule : Manuel dc rin^eriwur micanicien , consiruclcur de machines d va- /Jew/-, ct-dc6sus, T. X, p, 5i3. AUX. liTATS-UNIS. 263 tent, sontsfeparees Tune de I'autre de 195 pieds. li'arche du milieu en a 194 f; les plus petites, i5o. Sa hauteur , depuls la surface de I'eau jusqu'i la chaussee des voitures, est de 3i pieds, et la largeur de celte derniere est de 8. Cepontj qui fut construit par une compagnie, a coQt6 3oo,ooo dollars; il aete achcTe en 1808. Le pont de Tren- ton qui ti-averse la Delaware, trente miiles au-dessus de Philadelphie , a ete fini eo 1806, il a un quart de mille de longueur et 36 pieds de largeur. La distance entre les cu- lees est de 1 ,008 pieds. Les piles sont en pierres de taille. Tout I'edifice se compose de cinq arches. La chaussee est partagee en deux parties par une palissade de planches de sapin, qui laisse de chaque c6t6 un espace de 11 pieds de large pour les voitures, et de 4 pieds pour les pietons. Les Americains ont surpasse toutes les autres nations dans Vart de construire les vaisseaux ^ et ils les construi- sent aussi i moins de frais qu'en Europe. La construction des butimens publics merite aussi des eloges. Le capitole de Washington, la banque de Pensylvanie, et la maison de ville de New-York , sont de fort beaux edi- fices. Le dernier , construit en marbre blanc, et termine seulement depuis peu , a coftte 538, 000 dollars. La monnaie des Elats-Unis rivalise , pour la beautS de I'execution , avec celles de France et d'Angleterre. Parmi les divers genres de litterature, celui auquel les peo- ples civilises semblent avoir toujours attache tant de prix, et qui fait depuis si long-tems les delices des nations euro- peennes , I'art dramatique , a ete long-tems neglige parmi nous; ce n'est que depuis environ quinze ans que les Ame- ricains commencent i s'en occuper avec succfes. Alarmes do I'influence que la frcquentalion des spectacles pouvait avoir sur les mceurs, les ministrcs des divers cultes, 6ta- blis dans le pays , tcnlerent d'abord de s'opposer a ce que 260 PAOGRES DE L'INSTRUCTION separer le colon dc sa grainc procure unc grandc econo- mic de travail; cUc en ncltoie qualrc cents livres par jour, tandis qu'avec Tanciennc niethodc, la quanlitc preparee , dans le meme espacc de terns, n'clait que dc quarante livres. Cette machine est mise en mouvement au moyen d'un seul cheval ou d'un cours d'eau. La methode d'eclairer I'interieur des navires marchands ct des vaisseaux de guerre, par des cylindres de verrc places entre les ponts, a etc trouvee d'une grandc utilite en mer. Un nouvcl apparcil pour la distillation de I'cau salee a bord des vaisseaux, vient d'etre invente par le major Lamb , de New- York. II est en fer travaille; on I'altache au vaisseau par des crampons et des vis, de maniere qu'il puisse resister i tous les chocs du batiment, quelle que soit leur violence. Cette nouvelle machine I'emporte sur I'ancienne, sous plusieurs rapports essentiels : i" il y a di- minution reelle d'un cinquieme dc combustible ; 2° I'cau entre en ebullition dans un plus court espace de tems ; 3° cet appareil occupe moins de place ; A° il ne cause aucun enibarras dans I'emplacement destine a preparer les mets de I'equipage. Cette invention ^ adoptee et ache- tee par le comite de la marine anglaise, promet de tres- grands avantages, en ce qu'elle epargnc le tonnage dans les navires destines au transport des troupes et des animaux domestiques , ainsi que dans les voyages de long cours, oOr I'eau douce dcvient promptement rare et malsaine. La machine inventee en Amcrique pour confcctionner des bottes et des souliers au moyen de fils dc fcr ou de clous, a dernieremcnt ele introJuite en Angleterre. Pour se former une idee de ses avantages economiques ,il sufiit de savoir qu'ora pent faire iiiie paire de souliers en un quart cClieare, \ Aux i<;tats-unis. lei De loutcs les inventions dont les £tals-Unis out droit dc s'cnorgucillir, cclle de I'lisagc de la vapeur appliquec aux batimens pour la navigation interieure , lour promet le plus d'utilite, a cause du grand nombre el de I'eteudue des rivieres navigables qui arrosent cette contree. Des bateaxjx A vAPEtR sont (itablis maintenant suv V Hudson , la Dela- w^re,h\ Potomac , VOhio et le Mississipi. .Des h&teaux, de cent cinquante pieds de longueur et de seize de largeur, sont pousses au moyen dc deux roues mises en action par une machine a vapeur, sur le plan de celles de Watt et de Fulton. On a calcule qu'ils avancent contre le vent et la jnarce, a raison de quatre milles par heure. Le bateau a vapeur, le Fulto7ij seveniVit en huit heuresde New-Haven t\ New- York, villes situees a quatre-vingt-dix milles I'une de I'autre. ■Le bateau a vapeur , le Vesin'e , qui fait le trajet entre Pittsburg, la NouvcUe-Orleans et les chutes de I'Ohio, est de 4oo tonneaux; sa longueur est de 160 pieds; sa largeur de 28, et il tire cinq a six pieds d'cau. D'autres bateauxde la meme dimension viennent d'etre construits pour navi- guer entre les cataractes de I'Ohio et la ville de Pittsburg. La distance entre ces deux points est de 667 milles ; de lA, au confluent de I'Ohio et au Mississipi, il y en a 429; ce qui fait en tout t,oc)6 milles. La lenteur de la marche des bStimens a voiles et a rames sur les rivieres, rend les ba- teaux a vapeur extremement utiles ; on emploie mainte- nant ceux-ci pour remorqucr de grands navires contre le vent et les courans , et leur vitesse est encore de deux milles par heure (i). (1) Lc bateau i vapeur, VEntreprlse , fait le trajet de la Nouvellc- Odcans il Natchez, c'cst-h-dire tiois cent tieizc milles en quatre jours., quoiqu'll niaichc contre lc courant. 258 PaOGRES DE L'INSTRUCTION petit nombre d'auteurs, , ou qui sont particuliers ii des sectes religieuses ou politiques. II resulte de ces obser- yations que les mots nouveaux, ou pris dans une nouvelle ncception, sont en petit nombre. II y en a dont I'usage est reellement condamnable; d'autres ne peuvenl blesser que ceux qui repoussenl toute espfece de neologisme ; quel- ques-uns sont nes du besoin d'exprimer de nouvelles idees, et ont et6 necessairement le produit des institutions nou- -velleS) et d^s changemens operes dans les moeurs des habitans. "Et, par exemple, pourquoi les mots prdsiden- tial et congressional ne seraient-ils pas juges aussi necessalres que les mots anglais kingly ou parliamentary? ( royal ou parlementaire. ] On dit cependant que les Americains qui desirent voir fleurir la litterature de leur pays, applaudissent i la severite des critiques d'outre-mer. Les langues, dans les colonies, ont une tendance naturelle k degenerer; et, bien que I'anglals , dans les itats-Unis, ait conserve, par plusieurs causes locales, un degre de purete qu'on ne devait pas esperer, il ne faut pas regarder cette critique scrupuleuse comme superflue ; il faut seu- lement qu'elle soil impaf tiale. II y a quelques annees que, dans I'examenjfait en Angleterre,d'un ouvrage americain, le verbe toadusvate (rendre sombre ou obscur) fut tax6 d'am^ricanisme. Maintcnant, on troure ce mot dans les ouvrages des premiers ecrivains anglais. La propagation de la langue anglaise en Ameriqae , oi elle est deji parlee par une population equivalant aux deux tiers de celle de la mere patrie, est I'un des pheno- mfcnes les plus remarquables dans I'histoire de cette partie du monde. C'est un fait auquel on ne peut rien comparer depuis rintroduction dc la langue de quelques petites re- publiques grecques, dans la moitie de I'ancien monde. II existe,en Amerique, un veritable goOt pour les produc- AUX ^TATS-UNIS. 359 lions delalltterature anglaisc.Long-temsavant que le litre d'un ouvrago anglais soil annonce A Leipsick, h Paris ou i Rome, rouvrage est reimprime k Boston , i Philadelphie o\i i New- York et sur les bords du Mississipi ct de I'Oliio. Quelquefois, les libraires d'Amerique sont en avancc sur ceux d'Angleterre ; et, par exemple , I'edition, faite i Bos- ton, des ceuvrcs du docteur Pailey est jusqu'A present la seule edition complete qui ait paru. Cette communaute de langue est une des choses dont les Americains doivent se glorifier le plus; et, s'ils s'enorgueiilissent d'abord d'etre les compatriotes de Washington et de Franklin, ilspeuvent aussi tirer avantage de ce que leurs aieux etaient compa- triotes de Shakespeare, de Milton, et de cc que la langue de Chatam est leur langue maternelle. L'esprit des Americains s'est montre parti,culierement inventif dans les arts hecaniqces. Le nombre des patentes ou brevets d'tavention accordes par le gouvernement, depuis le premier Janvier 1812 jusqu'au premier Janvier i8i3, a ete de deux cent trente-cinq. On cite un mecanisme des moulins & farine, comme tr^s - ingenieux et d'une grande utilite, en ce qu'on est parvenu i remplacer en- ti&rement le travail manuel de I'homme. Les machines pour carder le coton, et cellesqui servcnt a la fabrication des clous , font aussi beaucoup d'honneur k leurs inventeurs. Ces derniferes , dont on a fait depuis long-tems un essai infructueux a Liege , sont employees maintenant avec un grand succ^s aux Etats-Unis. Deux Americains ont concouru pour le prix d'un million de francs, offert par le gouvernement francais a I'auteur de la meil- leure machine pour filer le lin. L'economie de la main- d'oeuvrc, dans les machines americaines, est estimee , dit-on , a quatre cinquiemcs. Les conditions du prix pro- pose exigeaient neuf dixil'mes. Une autre machine pour 17* 264 PROGRIiS DE L'INSTRUCTION Ic goOt Jc la comedie devint trop general , et present^rent plusieurs pelitions a la legislature de divers etats , pour les engager a supprimer les theatres. Leur nele cependant n'obtint pa.s un egal succes partout; et ils ne reussirent couiplelement que dangle Connecticut. Le principal theS- tre de cctctat, dans la \illc dc Hartford, fut couverti en uue eglise; et, meme a present, les comediensy sont en- core cxcommunies par la loi. Dans le Massachusetts , la lutte entre le clerge et Ic theatre fut long-tems incertaine; et, quoiquc la representation des pieces fQt interdite, neanmoins, comme on tolerait les lectures, ou ce qu'on appelait les recitations , les acteurs imaginerent , pendant un certain terns, dc nriettre i\ profit cette tolerance , et d'annoncer leurs pieces sous le nom de lectures; far exem- ple : lecture inorale sur V histoire toucliante de Jeanne Shore _, recitee en dialogue par le cilebre Jiowe/ — Lecture amusante , tiree da conte du pauvre soldat , entremeU de chansons et de dialogues , par le facHieux O'Keeffe. Ce- pendant, des hommes d'un esprit eclaire essaytrent , peu de lems apr^s , de faire etablir un theatre plus regu- lier dans le Massachusetts. La legislature, sur les observa- tions de M. Gardener, un des senateurs de cctetat, se de- cida meme a abolir la loi qui proscrivait les ouvrages dra- matiques, et unesaile de spectacle fut construite i BosloOj vers I'an 1798. Depuis 1808, les theatres de I'Amerique commencent i\ rivaliser, tant pour le goflt que pour la magnificence, avec les plus beaux de I'ancien monde. Les details suivans, oi\ les calculs sont plulot rcduits qu'exageres, feront con- naitre le nombvc des theatres ct le produit moycn des vcccltes : AUX ETATS-UNIS. 265 Massachusetts. . , . — Boston is>5o. rc-ia"l'ni!iiion. Salem aSo. Neu^hmy-Port 25o. Rhode Island — Proi^idence 600. Newport 25o. New -York. ] ''^2. Albany. 600. Pensjlvanic — Philadelphie 1800. Maryland — Baltimore ^1°^ Annapolis 5oo. Distr.dc Colombia. — TVashington 5oo. Virginie — Alexandrie 800. Petersburg, 600. Norfolk 600. Fredericksburg 5oo. Kentucky — Lexington 5oo. Caroline du Sud. . — Charleston iqoo. Georgie —Savannah 5oo. Louisiane —New- Orleans 5oo. En tout, vingt-un theatres. Le theatre de Richmond, dans la Virginie, qui etaii Tun des meilleurs des Etats-Unis, fut brulc en 18 ii. Le feu ayant malheureusement eclate pendant la representa- tion, il perit environ soixante personnes, dont plusieurs etaient des plus marquantes de la ville. La salle etait assez vaste pour que la recette habituelle s'elevut de 6 a 800 dollars. Le prix d'entree est generalement regie de la maniere suivante : pour les loges, un dollar; le parterre, 5o ou 75 centimes (la loo'partie du dollar); les galeries,25 ou 07 cewfmzes etdemic; les troisiemes loges, j 5 centimes. A I'exccplion du prix des loges, qui est fixe a un dollar par place , Ic larii des autrcs places dilToro dans tous les 270 PROGRES DE L'INSTRUCTION ainsi : « L'Ecossais sc conduit dans nos bois, comme par- tout ailleurs, conservant sa frugallte , son economic, ses moeurs et sa ponctualite A rempiir ses engagemens. Si un ficossais tue an veau , il en porte la meilleure partic au marche, el fait valoir le prix qu'il en retire. L'Americain , au contraire, gardera cette meilleure parlie pour sa con- sommation ; ct s'il vend le reste , il en emploie le produit i Se procurer des objets de parure ou de fantaisie. II est a remarquer que, lorsqu'un Ecossais achetc une vache , il la paie comptant; I'Americain fait, le plus souvent, un bil- let i un prix plus elev6 , et se laisse poursuivro pour le palement. Dans ce cas, la cause est portee devant le ma- gistral du lieu [squire), assiste de six jures; la, ondeploie les ressources de la chicane. Si la partie lesee pent produire un billet ou une obligation de sa partie adverse , il en re- eulte, pour celle-ci , des frais montant i 3 ou 4 dollars, tandis que le demandeur se fait une reputation de ruse et de finesse ; ce miserable talent, qu'ils appellent ontwittlngy (talent d'atlraper, de dejouer),donneau plaideur un tel re- nom, qu'il pent se mettre sur les rangs pour €tre elu juge de paix. II est h regretter que cet esprit de chicane soit en- courage par des juges avides , auxquels le profit de quelqucs droits fixes fait oublier que leur devoir est de maintenir la paix. Cette deplorable manie s'est prodigieusement accrue pendant ces dernitires annees. J'ai vu plus d'une centaine de jugemens rendus en un jour par quelques-uns de ces ma- gistrals. Un magistral, qui devient ainsi un instrument de discorde, doit elre regardc comme une calamiti vivante; toutefois, j'en ai connu d'autres donl la conduite etait tres- opposee, et qui porlaient la bienveillance ct I'esprit de paix, au point de quitter leurs propres affaires et de parcourir plusicurs milles pour aller concilier des parlies, et mettre AUX tTATS-UNIS. 271 fill ii des qaerelles; ces homines respectables ne cher- chaient en cela d'autre recompense que la satisfaction de faire le bien. » JV. B. Cette esquisse de la situation morale et politique d'une contree si eloignee de I'Europe, et si diflerentCjii plusieurs egards , aura besoin d'etre completee par les ren- seignemens que doivent nous transmettre quelques-uns de nos correspondans des Etats-Unis, et nous pourrons alnsi presenter plus tard un tableau assez fidele de ce pays, considere sous tons les rapports qui interessent la prospe- rity publique. II en sera de nieme successivement des principales nations du monde que nous esperons faire mieux connaitre les unes aux autres , les rapprocheraens et les communications de ce genre ne pouvant qu'etre infinlmenf favorables aux progrfes de la civilisation. Nous devons aussi prevenir nos lecteurs que cette Notice est ecrite dcpuis plus d'une annee, et que, pendant cc court espace de terns, la raplde ciTilisation des ^J^tats-Unis a fait des progris qui n'ont pu s'y trouver consignes; les omissions qu'on pourrait y remarquer seront reparees peu k peu. L'obligation oii se trouve la Revue Encyclopedique d'accorder tour k tour son attention aux di verses con trees du monde civilise et aux differentes parties des connais- sances humaines ne nous permet pas toujours d'employer les nombreux materiaux dont nous pouvons disposer aussi- tOt qu'ils nous sont oiTerts, quoique cbacun de nos cahiers depasse de plusieurs feuilles I'espace dans lequel nous de- vions d'abord nous rentermer. Toutefois, le zele des colla- borateurs de ce Recueil doit Ctre une sflre garantie que rien de ce qui peut les interesser nc sera neglige. N. d. R. 268 PROGIIES.'DE L'LNSTRDCTION tioii quo Ton ;iit vii on Aineriqiio. Sun lalcut biillail cgalc- mcnt clans Ions Ics genres, dcpuis la trngcdic la plus palholique jusquVi la i'aite la plus burlesque. Fcue ma- dame "Warren, celtbre sous lenom de mademoiselle Brun- ton, au theatre de Covent-Garden, a ele, pendant plusieurs annecs, larcine tragique de I'Amerique. Deux couiediens, morts depuis pen, ct connus sous les noms de Traits et HaTwood, ont etc fort long-tems nos plus fameux acteurs comiques. M. Fennell, tragedicn d'un rare merite, a" long- tems dispute la palme a M. Cooper, qui a flni par la rem- porter , ct qui regno aujourd'hui sur la scene dramatique des Etats-Unis. Les acteurs les plus renommes, au mo- ment oii nous ecrivons, sont MM. Jefferson, Blissot, Ber- nard, M"'" Hilson et Darby : tons sont venus de I'Angle- terre. L'Amerique n'a encore produit que M John Howard Payne , jeune tragedicn auquel on a donne , en Europe et en Amerique, le surnom merite du Hoscius americain. II parut, pour la premiere fois, sur la scene, a New-Tfork , le 24 fevrier 1809 , a I'age de seize ans, et I'effet qu'il pro- duisit nc peut se comparer qu'a celui d'un de ses debuts qui avait eu lieu, pen dc tcnis auparavant, en Angleterre. Nous terminerons cette notice par un apercu des MoeuRS ct des USAGES des Americains. Lcs habitans des Etats-Unis n'ont point ce caractere uni- formc qu'on rcmarque chez les vieilles nations, auxquelles le tems et la stabilite des institutions ont imprime un ca- chet particulier ; Icur physionomic est aussi variec que Icur origine est diverse. L'Anglais, I'lrlandais, I'Allemand, I'Ecossais, le Franrais et le Suisse, ont garde chacun quel- ques traces de I'cmprcinte primitive qui apparlienta leur ancienne palrie. On remarque cependant une grande dif- ference entre lcs habitans des ports de mcr ct des autres villcs commerf antes, et ccux qui resident dans rinle- AUX IilTATS-UNIS. 269 rieur du p-iys. Lcs premiers ressemblcnt parlaitemcnt aux habitans dcs grandes villes d'Europc, et conservenl les habitudes , Ic luxe et les vices d'unc civilisaticn trop avancee et qui s'cst egaree dans sa marchc. Ceux qui meiient une vie agricolc , jouissent du bonheur attache a la pratique des vcrlus sociales maintenues dans toute leur purete. Leurs affections sont constantes; la felicite acconi- pagne ['union conjugale; I'autorile paternelle est respectec conime une chose sacree ; I'infidelite, de la part de I'e- pouse, est a peine connue; le divorce est rare; la mendi- cite et le vol sont pen communs. Enfln , une des qualites qui distinguent le plus cette population , est I'hunianite et la compassion pour lcs maux d'autrui (i). Une education soignee, dout les bienfaits s'etendent i toutes les classes de la societe, sans exception , a toujours pour objet d'af- fermir les bases de cette perfectibilite sociale , dont les progres sont favorises par I'cgalile des conditions et par Ic partage egal de la propriete entre les enfans. II est a re- marquer que les descendans des premiers colons americains qui habitent lesetats de Test, ont une propension naturelle i\ I'emigration, tandis que ceux des etats du centre et du midi rcstent fidtiement attaches au sol natal. Les amis de I'ordre et de la tranquillite deplorent I'in- troduction d'un esprit de litigc qui a penetre des villes jus- que dans les campagnes, et meme dans les habitations placees au milieu des forets. Cette malheureuse disposition aux proces a ete decrite par le feu juge Cooper, observa- teur habile etveridique, dans son Histoire des premier a etabtissemens dans lescomtes de New - York j il s'exprime (i) Une seule coUecte faite pour les nialheureux habitans des ilea des Indcs occidcntales , a produit deux cent millc dollars. 2<36 PROGRES DE L'INSTRUCTION etats. Leg (Jepenses du tb63lro de New- York s'ilivent, pour chaque representation, i 4oo dollars environ ; ce qui n'em- peche pas, dit-on, que le benefice n'ait quelquefois et6, pendant ies trols premiers mois d'une daison » de 1 0,000 dol- lars (1). Lc gouvernement n'exerce aucune jurJdiction sur Ies ihcSlres. Jamais Ies pieces ne sont censurfees, el chacun est libre de faire construire une salle de spectacle. Quant i ce qui concerne Ies ouyrages dramatiques et le jeu des acteurs, lis sont seulement juges d'apres Ies regies du goQt qui r6gne dans la Grande-Bretagne. Toutes Ies pieces nou- velles qui obtiennentdu succes sur le theatre anglais , sont aussitCt representees en Amerique; et Ies costumes, Ies usages, ainsi que Ies critiques, sont absolument Ies memes chez Ies deux nations. Dans Ies etats du nord et de I'inte- rieur, il n'est pas permis aux femmes d'entrer aa parterre j mais , dans ceux du sud , elles j sont adraises. Quels que soient Ies progrts rapides que I'art theStral a fails aux £lals-Unis, il laisse encore beaucoup ilk desirer, sous le rapport des decorations et des costumes ; Ies der- niers, surtout, quoique d'une grande richesse, sont ra- rement exacts. Le celebre M. Cook, en Amerique, observa que Ies Americalns montraient plus de sagacite dans leurs applaudissemens qu'aucun autre peuple du monde. Quant aux pieces originales, ils en ont encore tres-peu; ce qui n'est pas surprenanl, vu la facilite qu'ont Ies direcleurs •de se procurer toutes celles du repertoire anglais, et d'etre ainsi dispenses de payer aucun droit d'auteur : d'ailleurs, ce genre de talent offre peu d'avantages dans un pays dont la civilisation est encore jeune, et oi\ toutes Ies idecs sont (1) On enlcnd par saison , en Amerique , six mois de I'anaie. AUX ilTATS-UNIS. 267 naturellement dirigees vers un but utile , plut5t que vers les objets de pur agrement. Cependant , les Atuericains comptent parmi eux quelques poetes dramatiques et plu- sieurs ouvrages qui ont obtenu du succes. M. Dunlap, de New-York, a compose ou traduit environ quarante pieces , tant comedies que tragedies, drames et intermedes, qui toutes ont ete jouees, et dontquelques-unes occupent un rang distingue sur la sc^ne. Nous citerons quelques- uns des auteurs les plus remarquables , en indiquaut leurs meilleurs ouvrages : M. Tyler, une comedie intitulcc le Contraste; Madame Murray, la Verlutriomphante, et trols autres pieces; M. White, la Fille de l' ecclesiastique et la Paiwrelocaiaire jM^'^owson, deux comedies ; M, Burke_, la Bataille de Bunkershill; M. Ellison ^ VAmincain a Tripoli; M. Eustaphiei, Mazeppa et Pierre -le- Grand ; M. Fangferes, BUisaire; M. Brake, le Depot; M. Darby^ le Nceud gordien ; M. Ingersoll, Edu^y ei Elgina; M. Bar-' ker jeune, la Cliasse an renard et la Princesse indienne; cette derni^re piece, dont le sujet est tire d'un evenement tout-i-fait romanesque, qui appartient i I'histoire d'Ame- rique, a obtenu un succes extraordinaire. Nous devons nommer encore M. Button, auteur de VEcole des pro- digues et de quelques autres pieces ; M. White , auteur de Foscari et des Mysteres du chateau; M. Hodgkinson , acteur , auteur de VHomme courageux et de quelques autres pieces de circonstances. Les droits d'auleurs sont regies comme en Angleterre ; mais le public accorde une preference marquee aux pifeces qui viennent de ce pays ; les bons ouvrages du repertoire anglais, surtout ceux de Shakespeare , ne manquent jamais d'altirer la foule. Les plus celebres actcurs du theatre americain sonl ve- nus jusqu'a present dc I'Anglctcrre, Feu M. Hodgkinson, natif de Bath, est le premier actcur d'une grande ropula- VV\VW\V VV\V\'V\ %V W \V\ \ *'W\VW\'1Y'\'\,\\ I'WVW \V\\ WXA WW WW v%\-vw/v\ WIA wv-% II. ANALYSES D'OUYRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. Voyage dans L'AjiiniQUE espagnole ; par MM. A. de Humboldt et Aoii Bonpland (i). Relation historique dii Voyage aux regions ^quinoxiales clu Nouveau- Continent , fait en 1799, 1800, 1801^ i8o3, i%oh i par Alexandre de ITijmboldt ct Aime Bonpland, redig^ par Alexandre de Humboldt j avec deux atlas j qui renferment J Vun^ les vues des Cordilleres et les mo- vumens des peuples indigenes de I'Ainerique, et V autre, des cartes geograpJiiques et physiques. Toin. I, in-4", 643 pag. , avec un atlas. Les expeditions dont Ic but est de ^-isiter les contrees du nouveau monde, offrent de nos jours un interet qui n'appartient qu'a elles seules. En Afrique, les mojurs feroces de ces noirs^ que I'oppression a rendus cruels, opposcnt aux cntrcpiises du voyagcur des obstacles plus dangereux encore que I'influcnce deletere du cliraat. Dans la partio de \'Asie ouverte a scs recherclies, il est attriste par la vue de tant de rcstes dc grandeur, de tant de ruines (i) Comprcnant 1° la Relalion historique; i° VAdas piUoresque, 3° la Zoologie , ou Anatomie comparee ; 4° VEssai politique sur la TSfouvelle-Espagne; 5° l'^s/rono7«/e, ou Recueil d'obscrvations as- trononiiques; 6° la Pliydque ginerale et la Gi^ograpliie desplanles, 7" la Botanique : 11 vol. in-4° cl 8 vol. in-folio, avec 4oo gravures el 70 cartes. (Chacunc dc ccs parlies forme lui ouvragc particulier ct sc vend s(''parenicnt.)Ccsouvrages sc trouvcnt clicz Smith , imp. -lib., rue Montmorency, n" iG; chcz Maze, lib., rue Git-lc-Coeiir, ft Paris. SCIENCES PHYSIQUES. 273 qu'il iiitciTOge en vain; et, chez presquc toules les nations qu'il lui est permis d'observer, il ne trouve que des insti- tutions immobiles et une civilisation stationnaire. L'Ame- BiQTJE lui presente un tableau bien different. Les anciens geologues veulent que le nouveau monde se soit eleve du sein des eaux, plus tard que I'Europe ; eblouis par la sau- vage abondance de ses contrees, ils se plaisent a leur re- connaitre un air de jeunesse; et c'est a I'cgard des races d'hommes si diversifiees qui les habitent, que leurs sys- tcmes semblent s'etre realises. On n'y rencontre pas, comme dans I'lndostan, des peuples chez lesquels rien ne se perl'cctionne , dont I'existence intellectuelle parait ter- minee, et dont I'antiquite n'est que trop prouvee par leur aspect languissant et par les monuniens de leur histoire. En parcourant I'Amerique, on n'a pas sans cesse sous les ycux d'effrayans exemples de la vieillesse de nations en- tieres. Le nouveau monde est plutot dans I'etat oppose : sans doute, il presente une foule de societes qui vivent dans la plus profonde barbaric; mais c'est leur grossierete qui les y retient, et non des habitudes enracinees ou une longue corruption de nioeurs. Aucune d'elles n'est arrivee a cette pcriode de decrepitude morale qui distingue tant de peuples de I'Asie. Ces sauvages sent ignorans et nc sont pas coupables : ils ressemblent au sol qui les a vus naitre, cette tcrre feconde qui promet des avantages cer- tains i celui qui la defriche , et qui attend I'industrie et la culture de mains libres. D'ailleurs , les forces de la na- ture sont si actives dans I'Amerique meridionale, que tons les efforts de I'homme tendent continuellement A modcrer leur energie ; les monumens qu'il eleve disparaissent bientot de la surface d'un sol agite par de grands et ter- ribles phenomenes. II ne faudrait pas croirc cepcndant que le nouveau monde u'ait pas aussi ses antiquites. Mal- TOME xii. 13 27A SCIENCES PHYSIQUES. gre les grands bouleverscmens de I'iavaslon europeennc , de cette epoque qui se presente comme une barriere in- surmontablc, lorsqu'on essaie de fairc des recherches sur les terns qui lui sont anterieurs, les deux Ameriqucs nous inontrent encore des restes de monumens ou d'institutions morales, qui ne permettent pas de douter que de vastes contrees, aujourd'hui desertes et incultes, n'aient ete le siege d'une civilisation assez avancee. Quelqites essais dans les arts, les mines despalais des roisazteques et des temples mexicains, des caracteres informes, graves sur les rochers de I'Orenoque , au terns des grandes eait.vj des traditions religieuses, et surtout des idees trts-remar- quabks en astronomie, la premitre science dontrhomme s'occupe, tout se reunit pour faire voir que des nations puissantes et eclairees s'etaient etablies jadis dans le Mexique et sur le revers des Andes de Quito et du Perou. Mais il est d'autant moins facile d'etudicr aujourd'hui ccs monumens des tems herolques du nouveau monde , que les conquistadores espagnols et les prelres qui les diri- geaient firent tous leurs efforts pour aneantir ces faibles restes, ou pour denaturer les souvenirs que les indigenes en ont gardes. Ainsi, la cathedrale de Mexico est construite sur les mines du principal temple de Mexitli, etun eccle- siastique celcbre , en presence des Indiens, les ceremonies du culte catholique , sur le sommet de la pyramide gigan- tesque de Cholula, autrefois consacree au culte du genie de I'air, Quetzalcoatj dieu legislateur, et I'un des ctres les plus myslerieuxde la mythologie mexicaine (i). Dans les grandes solennites de I'eglise, les Indiens se rassem- blent en foule autour de ce monument; et, i\ la vue do (i) Mojet Atlas p'utoresque , ou Vues des Cordilleres, Mcmoirc sur la pyramide dc Cholula. SCIENCES PHYSIQUES. 275 leur pyramide, ils confondent le sentiment de venera- tion pour le culte remain avec un souvenir vague de res- pect pour la religion de leurs peres. On voit ainsi que, dans I'Amerique meridionale, la nature se presente sous un aspect si imposant, le tableau des moeurs et des institu- tions des peuples, deju si varie , se complique tellement par le melange des nouveaux interfits et des traditions an- ciennes, qu'unouvrage qui cmbrasse des sujets si divers doit necessairement contenir des details immenses. Aussi faut-il s'empresser de reconnaitre qu'il est impossible d'a- nalyser la collection d'ouvrages qui forment le Voyanes atmos- pherlques , les variations dans la transparence de I'air et dana sa tension electrique, la maniere dont la lumierc y est repandue, et son extinction dans les couches aeriennes ; la refraction des rayons lumineux et les illusions optiques du mirage, la couleur du ciel et eel le des eaux des flcuves, la composition chimique de I'air, et I'influence soit de la vege- tation, soit du voisinage des cones fumans, sur sa purete ; la quantite de la pluie et de I'evaporation , Taction erosive de I'eau sur les rochers qu'elle baigne, les singuliers effets du son dans des deserts oii rien n'interrompt le silence de la nature, l'observation des accidens atmospheriques et des meteores lumineux : ces mesures, rapprochecs de toutes les experiences analogues dela science, luiont reveleplusieurs theories importantes qui ne pouvaient etre fixees que par lacomparaison d'un grand nombre de fails, telles que la loi des variations diurnes du baromctre et du decroissement du calorique avec la hauteur, la limite des neiges perpe- tuelles sous les diverses latitudes. Ces observations lui ont permis d'etablir les eleraens de la climatologie, etde tracer Surleglobeles lignes jsoi/z^/vra^s^ouquipassentparleslieux de meme temperature; en un mot, de presenter dans un seul tableau I'ensemble des phenomenes si varies qu'offrc la nature daas les regions equinoxiales. La geologic , ou SCIENCES PHYSIQUES. S77 I'etude de la constitution du globe, a particulitremenl fixe son attention; il observe la structure des roches, la direc- tion et I'inclinaison de leurs couches, les especes minerales qu'elles presentent , leurs passages, leurs changemens d'une contree i I'autre ; leur influence sur I'aspect du pay- sage et sur la configuration du terrain. II donne des profils geologiques des positions les plus imporlantes pour la sta- tistique commerciale ou pour la science. Le Voyage contient de nombreuses experiences magnetiques de declinaison, d'inclinaison, et, ce qui est surtout precleux, d'intensite absolue des forces ; des recherches sur i'actlon des roches pour detourner I'aiguille. M. de Humboldt a vu de prfcs les phenomenes des volcans, qu'il a pu examiner dans leurs ravages, dans leurs produits, dans leur liaison avec les tremblemens de terre ; il determine la distance i laquelle on entend leurs explosions, I'etendue de leurs ravages et des terrains qu'ils ont souleves; enfin il a reuni, pour les tremblemens de terre, ces oscillations du sol si communes au Perou, des observations qui devront un jour servir dc base a une theorie que la ecienoe est encore bien loin de pouvoir etablir. Tons ces faits sont puises dans I'experience; ils n'ont pas ete recueiJlis Gous I'inSuence de I'esprit de systeme, et cette prudence est reiaaarquable , surtout pour les faits geologiques, qui appartlennent k la seule science d'oi"! les hypotheses et les conjectures ne soient pas encore bannies. Ces experiences ont ete faites dans les situations les plus difficiles et les plus perilleuses , et la position de I'observateur ne parait point avoir nui a leur exacJtude. Jusqu'ici ces phenomenes appartlennent, en partie du moins, aux climats de I'Europe; mais les forces vitales sont incomparablement plus puissantes , et le developpe- ment de I'organisation se presente sous des formes bicn plus varices dans les regions equinoxialcs , favorisees par 278 SCIENCES PHYSIQUES, leur chaleur ct Icur excessive humiditc. MM. de Hum- boldt ct Bonpland ont recueilli, dans lours hcrborisations, un tres-grand nombrc do plantcs nouvelles, ct ils en dis- cutent la classification dans I'ordre dcs families naturellcs. M. dc Humboldt s'est livre a des travaux etendus sur I'histoire dc I'originc ct des migrations des plantes, sur leurs proprielcs chimiques ct medicales , leurs usages dans les arts, Ics soins et les avantages de leur culture, la com- position des principes immediats des vegetaux de la zone torride qui elaborcnt dans leurs vaisscaus tantOt dcs sues nourriciers, ct tantot les poisons les plus actifs. On trouvc encore, dans le Voyage, I'examen de Faction qu'exerce Ic soleil brQlant dcs Tropiques sur les plantes humides du bord des fleuves, celle des miasmes qui s'exhalent dcs ve- gelaux en decomposition, et la discussion des phenomcnes que presentent ces maladies cndemiques, qui desolcnt si souvent le littoral des deux continens. L'auteur examine I'influence de la pliysionomie des vegetaux sur les progres des arts ct sur le style plus ou moins harmonieux qui dis- tingue leurs productions. II decrit les nouvelles espcces animalcs qu'il a decouvertes, leurs caracteres zoologiques et lem-s moeurs, les antiques depouillcs fossiles d'elephans qu'il a ramassecs sur le sommet dcs Cordillcres. Tons ccs fails d'histoire naturclle, mis en regard de ses observa- lions physiques, ont permis a M. de Humboldt d'etablir d'une maniere plus generale la Giograpliie des plantes et des aiiimaux ; il a vu toutcs les espcces d'etrcs organises affecter invar iablement certaines hauteurs et varier avec dies ; et, tandis que les masses picrreuses cchappent i I'influence de la position, les montagnes les plus clcvccs presentent, dopuis la base jusqu'au sommet, une succes- sion de tons les climats, etpar consequent unc echclle dc plantes et d'auimaux disposes par etagc, depuis les pal- SCIENCES PHYSIQUES. 279 miers et les tigres jusqu'aux plantes licheneuses et aux vigognes. Au-deli de cette hauteur, Tempire de la vie s'arrete devant des neiges perpetuelles; mais un oiseau , le grand vautour des Andes (i), franchit seul les limites imposees a riiomme, et plane au-dessus des cimes glacees. Le Voyage aux Tigions ^quinoxiales contient encore une statistique complete du Mexique, des observations nom- breuses sur la nature des gouvernemens, les mceurs des indigenes , les sources du commerce et les causes de sa prosperite ou de sa decadence; des discussions sur les dia- lectes si nombreux des peuples du Nouveau-Continent, sur les racines et les formes grammaticales de leurs lan- gues, enfln sur leurs antiquites, sur leurs revolutions et leur etat avant la conquete. Les resultats de toutes les recherches de MM. de Hum- boldt et Bonpland , qui sc rapportent particuli^rement aux sciences, ont ete reunis dans des ouvrages consacres k I'as- tronomie, i la botanique, i la zoologie, a la statistique, et i I'hisloire de I'antique civilisation des peuples du nouveau monde. lis ont reserve, pour la Relation historique (2), le tableau des mceurs et des progres de la societe dans les diffe- rentes colonies, le recit des obstacles qu'il a fallu surmonter, la description des grands phenom^nes de la nature. On les accompagne sur la cime du volcan de Teneriffe , dans les montagnes de la nouvelle Andalousie et de Venezuela, sur les rives de rOrenoque,les Cordillferesde la Nouvelle-Gre- nade,deQuito,duPerouetdu Mexique. L'^.) T. lll,pag. J7. 33A SCIENCES MORALES dens, fauf-il que cela vienne ile toi(i))) ! Ailleurs, en con- icmplant lesort desGenois dontelle regardclaville comme la Pat-ga de I'llalie, I'indignation, dit-elle, qui murmure sur toutes Ics levres italiennes, so mele i I'exprcssion d'un mepris profond pour une nation qui ne sail pas voir dans rasservissemcnt des autres peupies Ic presage cer- tain de la perte de scs propres libertes (2). » Heureusement , au milieu do tant de maux que les derniers evenemensontproduitsdans I'ltalie, notre auteur trouve encore beaucoup de motifs de consolations. Parmi la foule de mendians, d'ignorantins , d'antiquaires, de versificateurs; parmi les barons, les sbires, les douaniers de I'industrie et de la pensee , elle rencontre partout beaucoup de philosophes , de publicistes , de patriotes ; et, k travers les tenebres de I'ignorance et de la supersti- tion , elle apercoit les indices d'une reforme deji plus avancee qu'on ne pense. La force du genie de la nation et I'impulsion que les circonstances lui ont communiquee, lui ont donne une direction qu'on s'efforcerait en vain d'arreter ou de delourner. Selon lady Morgan, une distribution plus generale des proprietes, I'education publique tota- lement changee, les lycees substitues aux monast^res , I'activite de I'existence militaire succedant aux habitudes voluptueuses et indolentes auxquelles la jeunesse etait autrefois condamnee, les sciences liberalement encou- ragees et cultivees avec ardeur, I'ancienne superstition frappee de ridicule par la mode aussi bien que par la phi- losophic, ont separe les fils des peres , par une distance moraleque la seule difference d'age n'aurait jamais elablic. (1) T. Ill,pag. 45o. (2) T. II, pag. .4i, ET POLITIQUES. 335 Lady Morgan nous assure que les descen Jans des Visconti, des Trivulzi, des Ubaldi, des Lambertenghi, des Litta, des Borromeo, des Caraffa, noms si fiers et si feodaux, que Ton voit si souvent opposes les uns aux autres dans I'histoire de I'ltalie, se sont unis pourrepandrechez leurs concitoyens ces lumieres autrefois soigneusenient ecartees, et que leurs peres eux-memes auraient rejetees comme dangereusespour roi'dresocial(i). Notre auteur cite encore avec honneur les noms des Pareto et des Serra, les der- niers des Genois ; il est a desirer qu'en mentionnant ces Tcrtueux philantropes , loin de les exposer a la haine et a la persecution des fauteurs de I'ignorance et de la servi- tude, on parvienne a convaincre ceux-ci ; que tous leurs efforts, au lieu d'arreter la tendance generale des peu- ples, ne serviraient qu'a I'accelerer et a la developper davantage. Nous ne discutons point la justesse de ces observations et de ces presages; mais nous ne pouvons nous enipe- cher de remarquer ici que h\^ Morgan ne garde aucun menagement avec ses adversaires , quels que soieut leur rang et leur autorite. II se peut que ce ton puisse paraitre indifferent ou meme agreable a des Anglais habitues a ce genre de liberte, surtout lorsqu'il est employe par un sexe a qui Ton accorde quelque privilege; mais nous pensons toutefois qu^au lieu d'etre utile, il peut uuire beaucoup a la verite. Jusqu'ici, nous nous sommes bornes a indiquer le sujet de I'ouvrage et k montrer le point de vue sous lequel I'auteur I'a envisage; nous ne pouvons nous dispenser maintenant de remarquer quelques inexactitudes que lady Morgan aurait da eviter avec plus de soin, et qui tiennent (•) T. I, pag. 256. 336 SCIENCES MORALES souvcnt (Ic irop pri;s ;\ riiistoire du toms ct du pays pour 8tre rcgardt'CS comnic indifferentcs. D'abord, presquc lous Ics passages des aiiteurs italicns sonldt-naturcs, et lafreqiiente alteration dcs noms propres des pcrsonncs et des lieux induit Ic Iccteur pcu attontif A les confondre ou i les mcconnaitre. Aiiisi, on prend Ic Nwarese pour la campagne de Noi-'i (i) ; Bonfakleo pour Bonjhdio (2) ; la Bandelletta, de Parme, pour la Bandei- tini, de Lucques(3); Clotildc Tamborini pour CI. Tam- broni', ]es Scaglieri jtoUT les Scaligeri; les Zyns pour les Lincei, etc. Ce sont, peut-etre , des fautes du copiste, du typographc ou du traducteur. Mais, que deviendrait I'his- toire oii de telles meprises seraient frequentes ? On appelle quelque part trecenti les trecentisti , et, ce qui pis est, on les prend pour les auteurs du treizieme sieclc (A). On sait que les trecentisti sont, pour les Ita- licns , les ecrivains du quatorzieme siecle , ainsi que les secentisti sont ceux du dis-septi^me. Aillcurs, I'auteur fait mourir Galilee dans la disgrace de son souverain. (5) ; ce qui est une erreur. Les Medicis ne pouvaient resister u I'autorite dc la cour de Rome et de I'inquisition ; mais ils ne cesserent de cherir et de proteger Galilee jusqu'a la fin dc ses jours, et de le regretter apres sa mort. II semble encore qu'on attribue quelquefois k un individu des qua- liles qui appartiennent A un autre du meme nom. De pareilles inexactitudes se rencontrent aussi dans ce qui concerne I'histoire litterairede notre terns. Lady Morgan (.) T. II,pag.58. (a) Ibid. , pag. 11 5. (^) Ibid., pag. 179, (4) Ibid. , p. 32. (5) Ibid. , p. »9?. ET POLITIQUES. 337 cel^bre souvent des auteurs et des ouvrages d'un nierite superieiir ; mais pourquoi prodiguer les mctncs elogcs a des litterateurs el a des livres plus ou moins mediocres ? L'abbe Velo, de Vicence, et non pas de Parme, comme le dit lady Morgan , est compte parmi \es plus elegans prosa- teurs italiens{i). Plusieurs autres auteurs, encore vivans, sont traites avec la merne indulgence. Est-ce la de la cri- tique ou de la politesse ? Sans discuter ici quelques-unes des theories litteraires de lady Morgan, nous nous conlentons de remarquer que souvent on ne peul lui accordcr Ics fails qu'clle y rapporte. Je me borne a ciler , par exemple , ce qu'elle dil des romantiques el des classiques de I'ltalie (2). Elle les re- garde comme les guelfes et les gibelins de nos jours. Nous convenons, avec noire auteur, qu'il y a quelques rapports enlre les principes lilleraires des romantiques et les prin- cipes politiques des constitutionnels ; mais nous ne pou- vons lui accorder que les classiques ne soient que des gi- belins. Tous les guelfes , en commencanl par Crescenzi et par Cola Rienzi , n'onl fail que rappeler et imiter les mo- deles de rantiquite, les Grecs el les Romains, leurs an- celres, Heureux, si leurs descendans ne les eussent pasen- tierement oublies ! L'abbe Genovesi, plus juste appreciateu r des anciens, recommandait sans cesse I'etude du latin i ses eleves, parce que cette langue, disail-il, conserve encore les traces et les souvenirs de celte liberie que Ton a perdue. Lady Morgan a done fait tort aux classiques qui peuvenlne point parlager loutes les idces des romantiques, en maliere de gout, mais qui ne cherissent pas moins qu'eux la liberie el I'independance. (i) T. II , pag. 179. (2) T. Ill, pag. 116. Tome xii. 22 338 SCIENCES MORALES Toutefois, il ne faut pa8 jugcr I'ouvrage que nous exa- minons, sur dc tellcs assertions. L'autcur nc se tlonnc point pour anliquaire ou pour litterateur; ct, quoiqu'elic s'occupe souvent de littcratureet d'antiquites, clle ne cesse dc repcter que son objet principal est I'hisloire politique de nos jours. Bornons done li nos dernieres remarques. Lady Morgan , en rappclant les premiers mouvemens revolutionnaires qui se manifesterent dans la Lombardie , apr^s I'invasion des Francais^ avance qu'il futdebattu un moment dans le conseil, si Ton ne sacriGerait point le dome de Milan , regarde comme un foyer de superstitions populaires (i). Ce conte est entierement faux; ces idees de vandalisme ne sont jamais entrees dans la tete des pa- triotes lombards , ni des gouverneurs de Milan. Ce n'est qu'une calomnie qui fut debitee pour les denigrer, mais qui n'eut point de cours, et que Ton n'aurait pas dft rap- porter comme un fait ay ere. Lady Morgan nous entretient aussi du faracux ballet du pape , qu'on executa, en 1797 , sur le grand theatre do la Scala , a Milan, et semble en attribucr la composition a celui (Lefevre) qui n'en fut que i'executeur, ct qui, k cette occasion , fut I'objet do beaucoup de persecutions. Mais, un fait qu'clle ne dit pas, bicn qu'il merite d'etre connu, c'est que I'ordre d'execuler ce ballet fut donne par le general Kiimaine , commandant la Lombardie, au nom du general en chef Bonaparte , qui marchait alors vers Laybach. Quant a I'esquissc que lady Morgan donne des evene- mens arrives a Naples, sur la fin du siecle dernier , elle semble n'avoir eu pour guide que Cuoco, autcur de VEs- (0 T. I, page 164. ET POLITIQUES. 339 sai siir la revolution de Naples , ct cet ccrivain n'est pas toujours aussi exact dans les fails qn'il est prodigue de re- flexions. En general, lady Morgan n'a pu tout voirde ses propres yeux ; elle s'en est trop souvent rapportee k des temoignages , qu'elle n'a pas, ce nous semble, suflisam- ment examines. Ainsi, elle dit que les galeriens de Genes portent des chaines oQ est grave le mot libertas (i). Ce motne se trouvaitque dans les armoiries de la republique. Rousseau fut le premier qui donna cours a ce conte. Du- paty I'a repete , ainsi que d'autres voyageurs qui so sont crus en droit de parler de ce qu'ils n'avaient pas vu. Depuis quelque tems, les Carbonari sont devenus un objet d'importance pour quelques cabinets , et un objet de curiosite pour le public. Lady Morgan ne les a point ou- blies. Mais ce qu'elle en dit, est-il assez constate? Les Carbonari, loin d'etre proteges, sous le gouvernement de Murat, comme elle I'avance (2) , furent sans cesse perse- cutes , surtout dans la Calabre et dans les Abruzzes. On les regardait, a cette epoque, comme une association fon- dee et dirigee par les ennemis des Franoais. Peut-etrc , ceux meme qui maintenant les persecutent leplus, ne se firent-ils alors aucun scrupulede les faireservir a leurs vues. Qu'il me soit permis de faire encore une observation. Dans le cours de son voyage, lady Morgan semble avoir cberche tout ce qui pent honorer I'ltalie et presenter un aird''opposilion a la feodalite ou a la superstition de I'Eglise romaine. Mais pourquoi a-t-elle oublie les Vaudois du Piemont , cette antique population qui a conserve la purete de la doctrine evangclique de ses pferes, au milieu des persecutions les plus atroces? Elle devait, au contraire,, (0 T. II, pages 66 et 87. (2) T. IV, pag. 264. 22* SAO SCIENCES MORALES s'en occupcr d'autant plus, qu'ils ont meritfi d'etre proteges par les Anglais, et que Icur histoire prouvc combicn la liberie de conscience est ancienne chez les Italiens. Ce ne sont li, peut-etre, que de legires inadvertances que nous aurions pu nous dispenser dc relever; mais nous avons cru necessairc de les indiquer, parce qu'il est Ires- facile de les faire disparaitre dans une seconde edition. Au reste, nous ne pensons pas que nos remarques puissent nuire A I'interGt qu'inspire I'ouvrage de lady Morgan : il offre partout des observations assez ingenicuses et des traits assez spirituels pour lui allirer un grand nombre de lecteurs. Nous pourrions citer ce qu'elle dit des etudes des anli- quaires, i I'occasion des decouvcrtes de I'abbe Mai(i), et des reliques de saint Dominique, conscrvees aBologne , comparces avec le doigl dc Galilee, conserve a Florence (2). Nous choisirons le portrait d'Alfieri, qui nous scmble des- sine avec beaucoup d'arl et assez dc veritc. Elle I'avait distingue parmi ces grands hommes dont I'cglise de Santa- Croce , le TVestminster de la Toscanc , ou , comme les Florentins I'appellent, le Pantlieon de Florence, garde les monuoiens. « Son genie, dit-elle , semble avoir ete surtout dans sa puissante volonte.- II voulut etrc po6te , et il devint poete. La nature ne parait pas avoir seconde la vocation qu'il s'etait donnee : il arracha tout ce qu'il oblint d'elle, et ses inspirations les plus poetiques sont rarement autre chose que le debordement energique d'une indignation vindicative conlre quelque loi ou institution qui opprimait la suprematie qu'il s'attribuait.... II combattait la tyrannic sous le diademe et sous la tiarc; niais il foulait aux pieds ^)) T. l,pag. 197. {1) T. II , pag. 302 ct 5o6. ET POLITIQUES. Ui le bonnet de la liberie , soil qu'il fQt le signe dc I'indepen- dance americalne, ou le type dc I'egalile revolutionnaire. Tel qii'il etait, son apparition brillante se confond avec les grands evcnemens qui tendent a la delivrance de I'ltalie... Son nom appartient essenticllemcnt il'epoque oii il abrillc sur I'horizon de la societe italienne, comme un astre soli- taire, mais precurseur de I'energie et de I'independancc qui repandront sur la nation une clarte universelle (i). » Lors memo que Ton n'approuverait pas entieremenl tons les traits sous lesquels est reproduit ce grand ecrivain, oD ne pent refuser a lady Morgan, dans cette partie, comme dans I'ensemble de son ouvrage , beaucoup de penetration ct de sagacitc. Jc terminerai cct article par un tableau qui caraclerisc le people napolitain. Lady Morgan nous peint un de ces iniprovisatcurs, ou plulOt recitatcurs populaircs, qui rap- pellcnt los poetcs cycKques donl parle Horace. On voit ordinairement pres du mole de Naples plusieurs cercles, ©d les derniers des lazaroni, disposes sur deux ou Irois rangs,quclquefois assis sur dcs bancs de bois, d'autres fois sur la terre, ecoutent un lecteur qui occupe le centre, et qui lit tres-haut le Tasse ou Mastrillo, les histoires de la Bible, ou les legendes d'un caractere moins edifiant. Notre auteur se plait a faire le portrait grotesque d'un de ces aca- deniiciens : il portait une immense perruque, un grand chapeau retrousse, et une veste ou le fragment d'une vest« d'un courrier italicn; avfec cela, il n'avait ni bas ni sou- liers; il portait des lunettes enormes, et tenait d'une main le Tasse, et de I'autre une baguette, avec laquelle il gesticulait d'une maniere imposante et variee. A cha- que vers qu'il recitait , il joignait un long commentaire (i) T. II. page a86. 3A2 SCIENCES MORALES prononcc d'un air si gravement senlenlieux, qu'il exci- tait irrcsisUblement le rire. Cependant, lady Morgan dil qu'elle n'a jamais observe de physionomie exprimant plus fortement une attention marquee et un interet pro- fond. Quant aux assisians, leurs sourcils etaient contrac- tes , leurs levres distendues ; leurs tetes s'agitaienl en ccoutant les aventures de Godefroy et de Renaud : les uns se levaient a denii dans leur emotion; d'autres profe- raient une sourde exclamation, et les bravo, murmures doucement, circulaient avec I'emotion retenue de gens qui craignaient d'interrompre, par leurs applaudissemens, les chants qui excitaient leur enthousiasme (i). D'autres voya- geurs, en d'autres occasions, avaient deji remarque cet esprit dont les lazaroni napolitains sont animes, et qu'ils cachent sous des dehors si grossiers : aussi, Ton peut con- jecturer ce que pourrait devenir cc peuple, le moins civi- lise de ritalie , si Ton s'etudiait a developpcr ses qualjtes par une education convenable. Nous dirons, en nous resumant, que I'ouvrage de ladj Morgan merite de fixer I'attention, soil pour I'interet da sujet, soit pour les reflexions piquantes dont il est seme, €t qu'il obtiendrait encore des suffrages plus universels, si Ton n'y remarquait quelques inexactitudes qui, au reste, sont peut-etre inevitables dans les productions de ce genre. Nous ne dirons rien de la traduction franf.aise : ce n'est pas a moi de juger de sa correction et de son elegance; d'ailleurs, les passages que j'ai cites ont dft suflire pour la faire apprecier. F. Saifi. (1) T. IV, page 247. ET POLITIQUES. Ui «%%/lWW\'V\^VWl' AnNUAIBE wfeCROLOGIQUE , Oil SUPPLEMENT ANNUEL ET CONTINUATION DE TOUTES LES BIOGRAPUIES OU DIC- TiONNAiRES HiSTORiQUES J Contcnant la vie de tons Ics homines celebres par leurs dcrits , Icurs vertus OU tears crimes, morts dans le cours de chaque an- rdc, a commencer de 1820 (orn6 de portraits) ; ridigd et publie par A. Mauul (1). Tous les bons esprits et tons les cceurs genereux out condamne, avec le sentiment d'unc indignation vcrtueuse, ces Biographies des hommes vivans , si prodiguees de nos jours, qui n'ont ete le plus souvent que dcs repertoires de delations anonymes, de diffamations criminelles ou d'a- troces mensonges, decores neanmoins du litre fastueux de Helations historiques et meme impartiales (2). Quelques pamphletaires obscurs, associes a des spccu- lateurs avides, vendaient leurs plumes pour servir basse- ment toutes les passions haineuses et honteuses ; I'esprit de parti et I'esprit de cupidite s'emparaient d'un moyen facile d'exploiter la curiosite et lamechancetc des hommes; (i) Paris, 1821. I vol. in-S". Avertissement et table des articlcf, VIII ct 255 pages. — Baudouin frtres ; prix, 5 fr. On peut souscrire, des CO moment, pour rAKSCAiBE ni5ckoi.ogiqce db 1821, au Bureau central de la Reuue Encyclopedique , rue d'Enfer-Saint-Michel , n°i8, ouchez Baudouin frfereSjlibr.-editeurSj rue de Vaugirard, n"> 56. (2) Voyez ci-dessus, Re fue Encyclopedique , T. I, Note des pages i42-ii6, le jugement potte sur la Biographie des hommes vivans, jugement qui a ete cite dipuis plusieurs fois avec eloge, speciale- ment dans le Memoire bistoiique tres-interessant, publie par M. Sa- vary, ex-mcmbre du conseil des anciens, sous ce titre : Mon examen de conscience sur le 18 bruiaaire an 8 (9 novembre i/gQ)* f^ns, iSig, in-8° dc 94 pag. Barrois I'ainc, rue de Seine, n' lo. 3AA SCIENCES MORALES el les reputations les plus honorablcs etalent livrces sans de- fense aux traits erapoisonnes de la calomnie. line deplorable impuniteencourageait les editeurs de ces productions mons- trueuses ; et, quoiqu'elles fussent justement signalees A I'opinioa comme indignes de toute croyance, elles trou- vaientsouventacc^saupr^sd'un certain nombred'hommes: les uns, legers et frivoles, ou distraits d'un examen atten- tif- par Ic tourbillon des affaires et des fonclions politiques oik ils se Irouvaient engages; les autres, faibles, faciles i etre prevenus et trompes , desirant meme quelquefois saisir un pretexte plus ou moins plausible pour imputer des torts graves ou meme des crimes a d'autres hommes dont la superiorite excitait leur envie, ou dont les opinions, soil politiques, soil philosophiques , blessaient leurs interets et leurs prejuges. Dans ces honteux monumens de la li- cence et de la perversite humaines , le crime puissant est seul protege par des menagemens oflicieux, ou meme 11 est erige en vertu; le merite modesle et solitaire, la vertu independante et courageuse, qui n'apparticnnent a aucun parti, i aucune coterie, mais i\ la justice, a la verite, a la patrie, sont abreuves decalomnies et d'outragcs. Autant on doit fletrir, comme criminelle et impie, la speculation de ces pretendus biographes moderncs y qui s'attachent a tout ce qui est marquant dans leur siecle pour le degrader, qui multiplient avec audace les accu- sations sans preuves , et les imputations calomnieuses , pour satisfaire i leur besoin de nuire, et qui raniment les souvenirs a peine eteints de haines et de vengeances ; autant on doit estimer et encourager, comme essentielle- ment morale, philantropique et pieuse, la pensee du jeune ecrivain dont nous annoncons I'ouvrage. II a voulu con- sacrer, non sculement pour une fois , mais desormais chaque aunec, unc sortc de monument a la memoire des ET POLITIQUES. n$ hommes utiles ou distlngues, que la mort vient succcssive- mcnt frapper. Les Biographes des vivans se cachent pour attaquer leurs victimes et pour les assassiner moralement avec im- punite; le Biographe des marts offre une garantie conve- nable^ par la publicite de son nom et par la noblesse de son caractere personnel. Les premiers recueillent gi et Id toutes les relations averees ou fabuleuses, et surtout scan- daleuses, qui peuvent entrer dans leur plan ; ils ne prentient aucun soin de verifier et de prouver les fails qu'ils avan- cent, et qu'ils ont souvent puises aux sources les plus impures. L'auteur de VAnnuaire Necrologique repousse , avec une attention religieuse, tout ce qui pourrait blesser la verite, ou porter le caractere de la passion. II considere d'un ^oint de vue eleve, avec une grande impartialite , les hommes, les evenemens, les gouvernemens, les partis: son objet n'est point de flatter aucun personnage puissant, de caresser aucune opinion doniinante, mais de se mon- trer I'homme de la France, de la verite et de I'avcnir. Son entreprise est utile et honorable ; son but , moral et dignc d'eloges; sa maniere de juger les individus, sage et mo- deree ; son style, elegant et pur, simple et sans pretention. Narrateur fidele , et non jitge passionne , il ecrit un ou- vrage, « d'abordhistorique,et ensuite litleraire.» II recueille avec soin et se plait a signaler a I'estime publique tous les travaux qui ont pour objet le bonheur des hommes el I'a- vancement des societes. II ne dedaigne point ces hommes laborieux et modestes , dont la sphere d'activite , bornee souvent a une ville de province, n'a guere permis que leur nom, quoique digne de reputation, fftt connu dans la ca- pitale, et il croit avec raison faire une chose bonne et utile^ (I en contribuant a diminuer ainsi la centralisation litte- rairc et scientifiquc, non moins funcstc , lorsqu'cllc est SAC SCIENCES MORALES exagcrec, que la centralisation politique ct adoiinistra- tivc. » a Le plan dc cet Annuairef commc le dit rautcur, consiste a donner, chaque annce, la biographic, aussi com- plete qu'il sera possible, dc toutes les personnes celebres, i quelque litre que ce soil, decedees dans le courant de I'annee precedente. II peut devenir ainsi, dans les biblio- thiques , le supplement naturel de toutes les biographies ou dictionnaires historiques, que la mort et le terns de- completent inccssamment. » M. Mahul nous rappelle que Ton publia, durant plusieurs annees, avant la revolution, une Necrologie frangaise ; Talissot, Clement (de Dijon) , L. Castilhon, M. Francois ( de Neufchateau ) en furent les principaux rcdacteurs. « Cette Necrologie , dont les articles sont intitules Eloges, commc pour signaler d'avance leur principal defaut , est restee une collection utile.... EUe n'embrassait que la lit- tcrature, les sciences et les arts. » On public, chaque annee, en Angleterrc, depuis cinq ans, un volume intitule : Annual Biography and Obi- luaiy. M. Mahul se propose de consulter cet ouvrage , ainsi que d'autres recueils etrangers du meme genre ^ pour ajouter i son Annuaiie une Necrologie Hrangere, qui en completera le plan , et qui paraitra , en forme de seconde partie , i la suite de VAnnuaire Necrologique de chaque annee; savoir, celle de 1820, dans le recueil de 1821, et, d'apres le meme ordre convenu,pour les annees suivantes. Lc volume de cette annee, que nous avons sous les yeux, comprend quatre-vingt-dix personnes, dont trois femmes : madame Elisa Bacciochi , nee Bonaparte , deve- nue par la fortune de son ithvc grande-duchesse ct prin- cesse , qui fit quelquefois pardonner son elevation , en consolant , par ses bicnfaits, d'honorables infortunes , ou ET POLITIQUES. 5A7 en accordant une protection eclairee a des savans ct ii des artistes; madatne Marie Bigot, nee Kiese, de Colmar , triis-habile musicienne, et recommandable sous beaucoup d'autres rapports, dont le talent distingue « associait I'ele- gance sans maniere, la finesse des nuances , la convenance des ornemens qui caracterisenl les virtuoses franpais , au coloris melancolique et mysterieux qui appartient h I'ecole allemande; » enfin, madsLme Jtlmee de CoiGTiY, duchessev^ FtEURY, qui avait recu de la nature la perfection de la grace, de la beaute et de I'esprit, et qui fut chantee par le poete Andre Chenier, alors son compagnon de captlvite, dans son ode si belle et si touchante, intitulee : La Jeune Captive. (Voy. ifep-. Etic.j T. IV, p. 81, 99.) On distingue ensuite trois personnages politiques assez marquans , qui ont dQ leur celebrite a la revolution : Cam- BON, qui fut, selon notre auteur , « un habile financier, un honnete homme et un farouche republicain; » Fouche, dont I'article tres-ctendu et plein d'interet est une sorte de medaille, ou sa vie publique, fidelement representee, offre, sur I'une de ses faces, un tableau hideux et revol- tant, et, sur la face opposee, des preuves d'une assez grande habilete politique et plusieurs traits honorables; puis, Tallien, dont le nom aurait pu echapper a I'op- probre par I'oubli , s'il n'etait en quelque sorte protege par le souvenir d'une journee memorable, dans laquelle il montra une grande audace, excite e par le sentiment d'un grand danger. La Notice sur le Dtc de Berry, a laquelle est joint le portrait de ce prince, reveille le souvenir d'un crime af- freux qui a plonge la France dans le deuil, et dont I'effct immediat et les funestes consequences ont donne une nou- velle encrgie a des inimities mal eteintcs, qu'aurait dQ adoucir le sentiment profond d'une indignation generate 5A8 SCIENCES MORALES ct d'unc commune doulcur. — On regretto que raulcur sc soit trouve dans la neccssite dedonner i I'assassin fanatiquc do I'infortune due dc Berry presquc autant de place qu'a sa victime. Huit pages enticres sont consacrees i la relation de- taillee du forfait de Louvel et du proces qui en a reproduit aux yeux du public les moindres circonstances. Les amis de la gloire nationale et de ce princlpe fecond de I'egalite civile et politique, qui, en ouvrant au merite personnel un libra acces dans toutes les carriires, excite, encourage et recompense, au profit de la patrie et du gou- vernement, les talens distingues dans tous les genres, ne liront pas, sans un vif interet, les deux articles des mare- chaux de France KEtiERJiANN , due de Valmy , et Lefebvke, due de Dantziek, devenus I'un et 1' autre celebres en de- fendant, k la tete dc nos armees, I'independance nationale. — Le premier, apres avoir commence sa carritre mili- laire, comme simple hussard, en 1762, s'eleva de grade en grade , par sa bravoure et son habilcte , au comman- dement des armees , et il eut la gloire de sauver la France, en 1792, de I'horreur d'une invasion etrangere, dans ces champs de Valmy, oil la reconnaissance publique vicnt de lui consacrer un monument. — Le second, d'abord simple soldat, puis sergcnt dans les garc'es-franpaises , oil il fut instructcur du jeune Hoche, devenu peu d'annees apres eon general en chef et son ami , fut successivement capi- taine d'infanterie legere, adjudant-general, en septembrc 1 793 ; general de brigade, au mois de decembre suivant ; general de division, en janTier 1794; enfin, marechal d'empire, marechal de France, due et pair dc France ; et, dans sa haute fortune, il sut toujours conserver Ic souve- nir des degres inferieurs par Icsquels il s'etait eleve. Nous citerons, dc plus, parmi les militaires, lesgeneraux AuoviUE, DiiMUY, Razoux ct I'aiairal Deckes, dont on ET POLITIQUES. SA9 rappelle un beau trait de bravoure qui li)i nicrita un 8abie (I'honneur; parmi les litterateurs, les erudits ct les savans, deux estlmables collaborateurs de la Reuue Encyclopi- diqitej I'un ecrlvain philosophe, qui a laissfe une reputa- tion europeenne , Voiney (i); I'autre, Palisot de Beauvois, son confrere i I'lnstitut, savant modeste etlaborieux (2)'; — TocHON, d'Annecy , autre membre de I'lnstitut, adonne des sa jeunesse i I'etude des antiquites; — Ch. Loyson, principal redacteur du Lycee fran^ais , honore de I'amitic de M. Cousin , qui a prononce un discours sur sa tombe ; — La CHABABSsiiiRE et Sotjqbe, auteurs, I'un de quelques operas comiques agrcables; I'autre, de quelques coma- dies spirituelles ; — Sobry, dont on recherche encore la Poetique des arts , OU Cours de peinture et de litterature comparees-^ — Babruel et Gailais, deux ecrivains poli- tiques, opposes aux principes de la revolution, qui ne surent point se garantir d'une exageration condamnable et d'une partialite aveugle. Ajoutons encore a I'indication des noms qui ont le plus fixe notre attention dans cette Biographic, les personnages suivans : — L'abbe Jarry, savant tbeologien, mais dont le zfele ardent et fanatiquc pour les interets temporels de I'eglise, lui fit souvent oublier les sentimens de charite, de mode- ration et de sagesse que la veritable religion doit inspirer; >— BouiAGE, professeur A I'ecole de droit de Paris, auteur de quelques ouvrages sur le droit , et qui fut au nombre de royalistes devoues qui s'offrirent, comme otages, en 1792 (i) Voyez, Rev. EncycL, T. VII, pag. 34-48, une Notice sur M. de Volney , suivie du discours prononc6, a I'occasion de sa mort, dans la chambre des pairs, par son collfegue M. Daru, et du catalogue de ees ouvrages imprimes. (1) Voyez, Revue Encjcl., T, V, pages 288-290, une Notice sur M. Palisot de Deauvois. 350 SCIENCES MORALES pour obtcnir la liberie du Roi (i) ; — Ic doyen dcs libraires dc Fiance, Guillaume DEBtnE, edileur dc plusieurs bohs ouvrages, ct aulour d'un grand nonibre dc catalogues, dont quelques-uns sent des ouvrages de bibliographic tres- recherches; — Delandine, de Lyon, connu surlout par son Noui-'eaii Dictionnnire Jiistorique, qui a cte reimprime plusieurs fois ; — Dumouchel, ancien recteur de I'universile dc Paris ct ancien oveque constitutionnel, qui est mort simple chef de bureau en retraite; — BAtzAC, architectc habile ct plein d'enlhousiasme pour les arts, qui avait fait partie de I'expedition d'Egypte, et qui a laissc un grand nombre de dessins et de projets d'architecture ; — Baraguay, autre architecte, recommandablc par un goOt sage et pur, et dont le dernier travail est la rcstauration actuelle de I'Odeon ; — Baiiraibon, qui avait suivi, depuis I'ancien regime et sous tous les gouvernemens de la revo- lution, la carriere domaniale ou de I'administration des domaines, dans laquelle son pere elait place , qui etait directeur general de renregistrement, et depute, al'epoque de sa mort, le 6 decembre 1820, et qui parait n'avoir pris d'autre part aux affaires publiques que cellequi etait indispensable pour conserver les places qu'il occupait ; — le respectable Monthyon, dont les nombreux actes de bien- faisancc out cte rappeles dans la seance publique de I'lns- titut oii Ton a decerne le prix de vertu fonde par cet homme genereux; — Petitain, ancien secretaire dc la pre- fecture de Loir-et-Cher, ecrivain recommandable, dont on mcntionne trcntc-deuxpetits ouvrages, rapportes i des vues dc bien public', cites par rexcellcnt Journal de la li- (2) Voycz, feriic Encycl.-, Tome VI, page 646, unc Nolke sur M. Boulasic, ET POLITIQUES. 351 brairie que rcdigc M. Beuchot ; — Brtjano, de Besancon (i), sous-prefet, mcmbre de plusieurs societcs savantes, qui partageait son terns et ses solns entre radministratioa publique, I'cxploratioa et la description des antiquites na- tionales et la muthode d'enseignement inutuel, et qu'une mort prematuree est venue enlever subitement, dans sa SS"" annee, a ses utiles traraux; — restimable Rababt-Pom- MiER, ministre protestant, digne frere du celebre et mal- heureux constituant Rahauty qui, apres avoir soutenti la revolution dans son origine, et signale ses principes, sa direction legitime et son but, combattit ses fureurs et ses exces etmourutsa victime; — I'economiste Saint- ArBiN, qui apubliedesecrjts ingenieuxsur quelques parties des finances politiques ; — enfin, Vigee, qui fut long-tems editeur de V Almanach des MuseSj oil Ton trouve un grand nombre de ses poesies fugitives. Sur les quatre-vingts noms, recueillis par M. Mahul, nous venons d'en citer trente-sept ; et c'est dans I'ouvrage meme qn'il est curieux et interessant de rapprocher et de comparer lous ces personnages, si differens d'esprits, d'opinions et de caracteres. Chaque portrait, dans cette vasle galerie, peut fournir un sujet de reflexions et des lecons utiles, un modele a imiter , ou des exemples i fuir. Au lieu de rappcler les noms les plus connus, peut- Stre aurions-nous dQ plutot tirer de I'oubli quelques indi- vidus entierement obscurs, dont les travaux ou les actions leur ont acqais des droits a I'estime; ou rechercher quel- ques-uns de ceshommes qui ont ete meconnus et calomnies pendant leur vie , et auxquels la justice impartiale d'une generation nouvelle est appelee a restituer la place qu'ils doivent occuper dans I'opinion. Telle est Tunc des parties (i) Voyex, Rey. encjfcl.,T. VI, p, 645; une Notice sur M. Bruand, S52 SCIENCES MOUALES importantcs du noble rOlc dont s'cst charge I'auteur de VAnnuaire Necrologue ue. Une plume vcrtueuse, energique, eloquente, devrait s'emparordecclte question morale, d'une haute importance: « Signaler la puissance , Ics dangers ct les ravages de la calomnie , el prouver combien sont cnnemis de leurs propres interets et du bicn public les hommes legers ou insoucians, et quelquefois criminels , qui I'accueillent et la propagcnl , ou seulement qui la toltirent. » II apparticndraiti unecrivain, tel que I'a definiFenelon , u celui « qui ne se sert de la parole que pour la pcnsec, et de la pensee que pour la verite et la yertu (i), » de presenter, avec la force victorieuse du raisonncment , ayec la chaleur d'une scnsibilite entrainante, le sort dc I'homme distingue, d'un talent superieur, d'un caractere honorable, mais independant; isole dans le monde, sans I'appui d'un parti, d'une secte, d'une coterie; abandonne, comme une victime devouee , h I'influence de tous les genres de diffamations et de calomnies , et ne devant etre d^dommage qu'apres sa mort de I'ingratitude et des injus- tices de scs contemporains. Telle fut la destinee du sage Socrate , chez les Atheniens ; du divin fondateur du christianisme , chez les Juifs ; du vertueux Malesherbes , chez les Francais. Ilserait utile d'offrir cc grand et sublime tableau, cette protestation eloquente du merite meconnu , etouffe , de rinnocencepersccutee, outragee , proscrite , a ces hommes faciles et aveugles, bien intentionnes, mais faibles, promp- tement accessibles i des bruits temeraires et mensongers qu'ils n'ont point verifies, qui deviennent i leur insu com- plices des mauvais traitemens , auxquels la malveillance, (i) Dialogues sur I'Oloquence. ET POLITIQUES. 353 rcuvie et lamcdiocrite livrentrhommc de bien el I'liommc de genie. Des tablettes tiecrologiques , deslinecs a dcvenir en quel- que sorte le vestibule du temple de I'histoire , offrent d'a- vance un asile a plusieurs de ces nobles victimes qui sont sacrifiees par la fureur aveugle des partis, dans les troubles politiques. Respectons du moins la vertu et le meritc dans le repos de la tombe. Un tombeau est une tribune eloquente, d'ou la verite , affranchie de loute entrave, degagee de toute passion de haine etd'envie, peutfaire entendre avec fruit ses lepons. La mort , bien observee et meditee^ est une grande mai- Iresse pour la direction de la vie. « II faudrait, dit Mon- taigne, faire un registre commente des morts diverses; qui apprendrait aux hommes a mourir, leur apprendrait a vivre... L'utilite du vivre n'cst pas en I'espace ; elle est en I'usage. Tel a vecu long-tems, qui a peu vecu... n Ces considerations generales fontmieux apprecier encore le but philosophique de Touvrage de M. Mahul. Tons les amis de la saine morale doivent I'encourager a continuer la tuclie difficile, mais honorable, qu'il a entreprise ; ils doivent I'inviter surtout k conserver religieusement ce caractere de moderation et d'impartialite qui distingue le veritable historien. C'est ainsi qu'il acquerra, d'annee en annee , de nouveaux droits a I'estime et k la confiance, et que les volumes dont se composera successivement sa collection, deviendront des depots deplus en plus precieux, qui seront consultes avec fruit , et qui meriteront de- faire autorite. M. A. JctUEN, de Paris. Tome xu> %S- LITTERATURE. Des TROUBAuoiJRS ET DES cotRs d'amour , par M. Ray- ^owKKD ,S6cr6taireperptluel de I' academic francatse, officier dc la Legion- d'honncur (i). Le nom dcs Tioubadouis s'offre i nous, entourc du prestige des souvenirs poetiques et des moeurs chevale- resques, mais enveloppe aussi des obscurites du moyen :1ge. L'interet qu'ils excitent est vague, parcc que nous n'avons de leurs ouvrages qu'une connaissance imparfaite^ et que nous sommes loin de savoir precisenient ce qu'on y doit clicrcher. Peut-etre ne sera-t-il pas inutile d'indiquer en peu de mots a quels litres ils merltent notre attention. Non seulenient I'etud* des poesies provcncales fait esperer a I'imagination de nouvelles jouissances, en lui revelant quelque trait d'esprit, ou I'expression d'un sentiment de- lical, mais elle se recommande d'abord par les decouverles qu'elle promct ii la philologle generale; car la langue des Troubadours, fdle de la langue romane primitive (2) , est la soeur ainee des langues francaisc , italienne , espa- gnole et portugaise, qui lui ont survecu; et I'examen de leurs affinit^s, comme dcs caracteres qui les distinguent, offre au grammairien philosophe un sujet de recherches iieuves et fecondes. Consideres comme nionumenshistoriques, leurs ouvrages n'ont pas moins d'importance : on y trouve une foule de details precieux pour eclaircir certains fails obscurs, et pour devoiler les usages et les mceurs du terns; car les pontes sont les peintres de la socictc; Homi;re supplee li (1) Paris, 1820. 1. vol. in-S". Firmin Didot. (■2) Antiqtiam exquirite matrem. LITTliRATURE. 355 rhistoii'e, ct Ics poesies des Troubadours, plus boriiees a la vie commune ct aux objots contcmporains, offrent des peintures pcut-ctre encore plus nai'ves. Enfm, cctte lecture pourra n'etre pas sans fruit pour ceux qui s'occupcnt des theories litleraircs.Une critique eclairec sauray decouvrir les trails originaux quicaracterisent cette litterature nouvelle, et I'influence qu'ellea exercee sur les litteraturcs modernes, tn creant un genre particulier, qu'un nouvel ordre de sen- timcns, d'images et d'exprcssions a fait distinguer du genre classiquc proprement dit. Deja Ton commence a enlrevoir le lien par lequel I'histoirc de la poesie provencale se rat- tache a celle de la lilterature europeenne, du moins chez les nations oCi la litterature n'a pas ete factice, je vcux dire, oii die a ete I'cxpression fidele de la sociele. Ces rhapsodes du moycn tigc sont done digneS de tout noire interet : mais ils ont etc juSqu'ici bien mal connus. Long-tems, I'extrait des manuscrits de Sainte-Palaj^e, fait par Millpt, a ete I'unique source a laquelle ont ete puiser tous ceux qui ont voulu connaitre I'histoire Ct les ouvrages des Troubadours; long-tems, il a ete I'unique fondement de toules les opinions emises sur Icur compte, en France ct en Europe. Cependant, il est reconnu aujonrd'hui que le livre de Millot , inexact, incomplet sur les points impor- tans, n'ofiVc guere que des traductions plates ou infidi;les de morceaux rccueiilis sans choix , avec I'ennui d'un ca- talogue monotone et d'une seche nomenclature. Si done on Youlait se faire des ideas precises sur les Troubadours, une seule chose restait a faire , c'etait de recourir aux sources meme, de recucillir les originaux, et de publier un choix de leurs ouvrages, assez etendu etassez varie, pour permettre d'entrevoir rensemble de leur systems poetique , ct pour faire suffisamment connaitre la theorie et le degre de culture de leur languc. Tel est le travail 23 356 LITT1':RATI]RE. cntrepvis et dejt\ execute, en graiule parlie, par M. Ray- nouard. II public un choix des pieces origiuales; ct, an moyen des recherehcs historiques et grauinialicales dont 11 a fait precede!" cc vecueil, quiconquc sera eurieux de connaitre les Troubadours pourra les eludiei' duns leurs propres ouvrages. Toutefois, pour faciliter ce travail, M. Raynouard s'est propose , dans une brochure separee, qui sc rallache a son grand ouvrage, de tracer en qnelquc sorte I'ideal du Trou- badour, au nioyen de trails divers empruntes a chacun d'eux. En rapprochant plusieurs fragmens ou se rctrouvent les sujels les plus ordiuaires de leurs chants, les idees, les sentimcns et les images qu'ils reproduisent le plus volon- tiers, il a voulu caracteriser le genre de leur talent et le tour de leur esprit. « J'ai cherche, dit-il lui-nieme, a re- presenter, par la disposition graduee de ces morccaux, non seulement les idees particuliercs de plusieurs Troubadours distingnes, mais encore I'esprit general ct le talent com- mun qui animaient leurs productions. » Ces poesies sont ou amoureuses^ ou satiriqneSj ou Jiistoriqiu's : c'est-a-dire, que tantcit on y voit le culte des femmes, et I'expression de cette galanterie, qui fnt un des caracteres de I'epoque; tantot elles offrent la peinturc naive et souvent malicicuse des mceurs et de la societe, ou enfin elles se rapportenl aux evenemens contemporains. Ainsi, de nombrcuses citations reproduisent d'abord les sentimens tendres do ces anians passionnes et timides, les voeux , les craintcs, la soumis- sion, I'espoir et la reconnaissance de I'amour : on y trouve I'expression d'une tendresse toujours vive et fidele, sou- vent ingenieuse, d'une franchise delicate , d'une resignation touchante , enfin tout ce qui forme le caractere de leur pas- sion chevaleresque. D'autres passages nous instruiseol des mceurs du terns. LITTEIVATUKE. 357 Ccst dans les Slri>eiites que les Troubadours iiiauil'estent les opinions les plus hardies; ils attaquent indifferemnient les individus ou des classes entieres de la societe ; c'est surtout conlrc les pretres que sont dirigees les plus apres censures. On ne pent s'cmpecher d'approuver souvont ces mouvemens d'une Jimc ardonte ct audacieusc qui lour a tour les excitaient a bhlmcr ou k celebrcr les actions dont ils otaicnt les lemoins; on applaudit a leur courage, quand ils denoncent les torts et les injustices des princes, les desordres de la noblesse, les vices de la bourgeoisie, les execs d'un clerge ignorant : plus d'une fois , leurs yoix genereuses s'elevcrcnt en faveur des Vaudois et des Al- bigeois, poursuivis par ua zele fanatique. Dans ces tems oil manqunient la presse et la tribune, le po6te, arme du fouet de la satire, etait le vengeur de I'lnnocence oppri- mec; et, si le crime bravait la punition des lois, il elait du moins fletri par Topinion, qui deja faisait I'essai de sa puissance. Tanlot n'ecoutani qu'un zele religieux, ils ex- citent par leurs vers les peuples et les rois a s'armer pour la delivraace du saint sepulcrc, sujet qui a donne la plus belle epopee aux tems modernes ; tantot marchant eux- memes a la suite des armees de la croix, ils passent en Syric,oudans la Palestine; et la, soldals au jour des dangers, ils celebrent ensuite par des chants heroiques les victoires el les Iriomphcs des Chretiens. Je voudiais pouvoir offrir au lecteur des exemples de chacun de ces genres; force de choisir, je Iranscris en en- tier une piece amoureuse. La comtesse de Die, abandonnee de sou amant, s'ex- prime ainsi : « Le sujet de mes chants sera penible ct douloureux. Helas ! j'ai a me plaindre de cclui dont je suis la teudre , amic, je I'aime plus que chose qui soil au monde; niais 35& lilTTEiVATUUE. auprcs de lui, rien ncincsert, ni incrci, ni couiloisie, ni ma beaute, ni uionmeiite, ni mon esprit. Je suis trompcc, je suis trahie, comme si j'avais commis quclque faute cu- vers liii. « Ce qui du nioins me console, c'est que je nc vous nianquai jamais en rien, 0 cher ami , dans aucunc ciicons- tancc! je vous ai tou;nius aime, je vous aimc encore plus que Seguin n'ainia Valence; oui, je me complais a penscr que je vous surpasse en tcndresse, o cher ami, comme vous me surpassez en biillantcs qualites. Mais quui ! vos discours et vos manleiessont sevt^res envers moi,tandis que toulcs les autrcs pcisonncs trouvent en vous tant de bonle et de politesse? « Oh! combien je suis etonnec, cher ami, que vous al- (cctiez enveis moi celte severite ! pourrais-je n'en etre pas afiligec ? Non, il n'est pas juste qu'une autre dame m'en- leve votrc cceur, quelles que soient pour vous ses bonles (?t ses manieres. Ah ! souvenez-vous du commencement de notre amour; dicu me garde que la cause d'unc rupture vienne de moi ! «Le grand m-erite que yous aycz , la haute puissance qui vous entoure me rassurent. Je sais bien qu'aucune dame Je ces contrees ou des contrees lointaines, si ellc veut ai- mer, fait, en vous preierant, le choix Ic plus honorable : niais, o cher ami, vous vous connaissez en amour; vous savez quelle est la femme la plus sincere et la plus tcndre; spuvenez-vous de nos accords ! « Je devrais compter sur lilon merite et sur mon rang, surma beaute, encore plus sur mon tendre attachemenl ; aiissi je vous adressc, cher ami, aux lieux oii vous etes , cette chanson, messagere et interprete d'amour; oui , mon beau, mon aimablc ami, jc ^ oux connaitie pourquoi vou;* LITTEKAITRE. 839 jne Irailcz dune maniore si dure , si baibare. Est-oc I'cffct dc la haine ? est-ce Teffet dc I'orgueil ? « Je recommande a mon message de vous fairc souve- nir conibien I'orgueil et la durete deviennent quelquefois nuisibles. » M. Raynouard ajoutc Ics reflexions suivantes : « Je nc crois pas que jamais I'elegie amoureuse ait mis autant dc grace et d'abandon a exprimcr une affection aussi tendre et aussi passionnec. C'cst le sentiment le plus vrai , le plus exquis qui a dicte cette piece. J'avoue que j'ai essaye vai- nement d'en offrir une traduction : le sentiment, la grace ne se traduisent pas ; cesontdcs fleurs delicates dontil faut respirer le parfum sur la plante; leur odeur s'exhale, leur eclat se ternit a I'instant qu'on les delache de la tige ma- ternelle. « Que Ton compare cette piece avec celle de Sapho, et Ton aura une idee juste du caractere de la litterature clas- siqueet du caractere de la litterature que creerent les Trou- badours. L'amante de Phaon cede a Tentrainemcnt de I'amour, mais de I'amour tel qu'unc femme I'eprouvait dans ces terns oii la sensibilite etait toute materielle , ou la civilisation n'admettait point encore les femmes a faire I'ornement de la societe. L'amante du chevalier parle un autre langage; c'cst le coeur, le coeur seul qui s'abandonne; sa sensibilite est toulc intellectuellc. Cette femme, aussi tendre que passionnec , ne dcmandc a I'amour que I'amoui meme. » Artaud. 560 LITTERATUIVE. "VW*! V*\ VVi\ WW ARCHEOLOGIE. DiiSCRiPTioN Bu l'Egypte , ou Reciicll dcs observations et dcs recherchcs qui ont cUfalies en Egypte, pendant Cexpidition de Carmie frangaisc : scconde Edition , dedice au lioi; publice par C. L. F. Panckoucke (i) . ( PREMIER ARTICLE. ) Une de Ges grandesidecs,quinuissent par intervalles dans I'esprit des gouvernemens, avail fait conccvoir a la France le projet glorieux de conquerir TEgypte, ct de lui imposer le bienfait de la civilisation : les Franpais voulaient ainsi restituer -k cette premiere patiie des arts ce qu'ils avaicnt jadis recu d'elle, par I'intermediaire de la Grece et de Rome. Cette terre, qui avait cte foulee autrefois par tant de heros et de grands homines, qui avait vu ses rois lui ap- porter les depouilles des nations, qui avait, pour ainsi dire, assisle i la querelle des triumvirs, et a qui saint Louis avait donne plus tard le spectacle touchant et inat- (i) L'ouvrage par jit par livraisons de cinq planches, chacunc, format grand alias , imprim6e sur papier fin et saline. On se sert des cuivres de la premiere edition. Le prix est de dix francs pour chaque livraison ttiquetee ; il en a deji paru vingt-trois, nous en avons successivement annoncii dix - neuf dans notre Bulletin hihllograpliique. {T'qy. t. IX , p. 363; t. X , p. 196 , 6i5; t. XI , p. 193^ 397, 611 ; et ci-dessus , t. XII, p. i83.) 11 y aura, en tout, en- viron neuf cents planches. Le texle comprcndra vingt-cinq vo- , lunies in-S" , imprimes sur triisbeau papier, avec des caractferes neufs,et contenant vingtliuit planches non comprises dans les neuf cents dc I'allas. Le prix de chaque vohimc est dc 7 francs, et franc de port 9 francs. On souscrit chcz M. Panckoucke, rue des Poitcvins, «° 14. ARCHliOLOGIE. SGI tendu de toutes les vertus chrctiennes, cettc terre antique et celebre se vit tout-a-coup i'objet d'une entreprise mili- taire, qui aliait appeler sur ellc les regards de I'Europe et de TAsie, Bientot les Lords du Nil furent temoins de la valeurfranfaise, comme ils I'avaient etc autrefois decellede Scsostris et d'AIexandre , de Cesar et de Saladin ; on eCit dit qu'il etait reserve a I'Egypte de servir de theatre a toutes les grandes seines de I'univers. Plaece au centre de I'ancien continent, riche de la fe- condite de son sol, et plus encore des travaux d'un peuplc industrieux et creatcur, elle fut tour a tour convoitee par I'ambition de tous les polentats. Cambyse fut le premier, depuis les terns historiques, qui lui fit connaitre les mal- lieurs d'une invasion etrangere. Le roi des Perses triompha en bai'bare : I'aspect de la grandeur egyptienne I'ecrasa ; nc pouvant I'egaler, il tenta de I'aneantir. Des villes en- tieres furent livrees aux flammes ; les palais de Tbebes sc virent depouilles de leur royale magnificence ;^ les statues furent brisees, la religion asservie, et le genie des Egyp- liens arrete dans son essor; Cambyse porta la rapine jusque dans le sanctuaire des dieux. Heureusement, sa ferocite ne fut pas toujours assouvie : les monumens egyptiens oppo- serent a ses honteuses mutilations des masses colossales, contre lesquelles n'avaient jamais rien pu ni le fer, ni le feu, ni le tems, ni les hommes. Plus grand que le fils de Cyrus, Alexandre crut devoir, dansl'iuteret de sa propre renommee, respecter une gloiro qui remontait a I'origine des traditions humaines. Aux talens d'un guerrier, il joignit les vues d'un politique; et le conquerant devint fondateur. Alcxandrie s'agrandit sous les Ptolemees. La Mediter- ranee, la mer Rouge et I'Ocean Indien , depuis les co- luuncs d'Hcrcule jusqu'aux rives du Gango, furent tri- 362 ARCHliOLOGlE. butaircs do son commerce. « Lcs muses grecqucs, ilil M. Fourier, vinrent embcllir la nouvcllc capitale, cl lcs arts se montrercnt dans Icur ancicnne patric. » Les Remains, la seule nation peut-etre qui eflt etc dignc d'apprccier les Testiges d'un grand peuple, semblercnt ne voir dans I'^gypte que la fertilite de son territoirc. Dans les institutions qu'ils lui donnerent, tout fut rapporte a ragriculture; le berceau dcs sciences dcvint le grenier dc Rome; ct, chose ctonnante ! les Cesars Crent moins que les Ptoleniecs. lis sccontenterentd'enlcA'er aux Egypticns quelqucs-uns de leurs obelisques, et leur envoyerent en echangc des prcfets pour les gouverner : la souverainete de I'l^lgypte ne fut plus qu'une cspecc de fermage; et Ton vit mfnne, sous Tibere , des affranchis ()), munis d'un bail, aller s'asseoir insolemment sur le trone des Pharaons! II faut moins reprocher i Omar, fanatique heritier d'un faux prophete , d'avoir fait brQler la bibliolh^que d'Alexan- drie, qu'a ces Romains civilises de s'etre montres presquc indifferens a tout ce qui restait encore offert a lour etude , dans un pays qui avait donne des lecons de sagesse aux hommes reputes les plus sages de la terre, et dont le so! etait encore empreint des pas d'Homere, de Pythagore ct dc Platon! Mais le genie de Rome n'etait plus qu'un vain souvenir : deja le sceptre du monde pesait a ses mains de- biles; et il faut dire, a sa justification, que, dechirec dans son interieur par lcs discordes domestiques, et obligee au- dehoFS do partager son attention entre tant de pays con- quis et tant d'enneniis a conibatlre , ellc fut constammcnl distraite dcs grandes vucs qu'cllc aurail pu fonder sur la possession dc TEgyplc. Si, i\ ccltc opoquo, Ic siege de (i) T'oyez Stxabon qt Tacitc. AllCllliOLOGlE. ;56.> PEmpirc cut ele transporte a Memphis, el que la valeur romaine se fiit habilemcnt combince avec ce qui restait de la sagessc des Egyptiens, il serait peut-Ctre vesultc do cette union unc puissance formidable, qui n'eCit eu pour bornes que les limiles de I'univers, et pour terme que la fin des terns. Quelques fragiles constructions sont aujourd'hui Ics seules traces qui subsistent, sur Ics bords da Nil^ de la domination du peuple-roi : on en voit encore les debris , disperses ca et lii autour des monumens indestructibles eleves paries Tharaons, plus de vingt siecles auparavanl( ). Bien differens des Romains, les Franyais se presentercnl a I'Eg^'pte accompagnes du cortege des arts : lis lui appor- taient I'expericnce et les produits d'une civilisation perfec- tionnee; ils venaient y fonder un nouvel empire, ils vou- laient faire pour elle ce qu'elle avait jadis fait pour I'At- tique , et, par unc alliance inaccoutumoe, joindre au litre de conquerans le titre plus glorieux de bienfaiteurs. Quelques annees d'une possession paisible auraient sufli aux Francais pour ressusciter I'Egypte de ses ruines. Je ne Grains pas meme de dire que , forte desormais de Tinfluence d'un gouvernementlegislateur, on I'aurait vue un jour mar- cher de pair avec les plus puissantes monarchies de I'Eu- rope, et mettre pour son propre compte un poids conside- rable dans la balance des nations. Deja, au milieu du tumulte des armes, et lorsquc Icur conquete etait encore mal assurce, les Franpais avaient commence a realiser de si nobles esperances : toules les (i) La ville romaine d'AiUinoe, batie par rempercur Adrien , offre encore Ics debris d'un arc de trioniphc et d'un tbealre; niais l«uretat de degradation no peimct point dc Its mcttrc en parallOlc avec Ics edifices egyptiens. S6A AttCHliOLOGlE. ressources de reconomie politique avaient ete appiiquees i radministralion inlerieure, ii la perception reglee dcs im- pOts, aux di verses branches dc I'industrie et du commerce. Les droits dcs citoyens venaienl d'etre garantis; le corps social renaissait; les peuples, en proie depuis plusicurs siecles aux depradations d'une poignee d'esclaves , respi- raient enfin sous I'autoriteplus douce d'une nation eclairee. ^'^SyP'6 YOjait avec transport les beaux-arts accourir dans son sein, comme rentres d'un long exil; I'ere du bonheur commencait pour elle; dcs jours de gloire lui etaient encore promis! deja se deployait devant ses yeux un immense avenir, un avenir digne de ses ancetres! Mais les deslins changerent; tant d'esperances furent aneanties. Les rapides progrcs de I'expedilion franfaise avaient alarmc les intorcts d'une nation rivale et puissantc, qui en calcula des-lors avcc effroi tous les resultats. L'ar- mee avail elle-meme eprouve des revers, independans de son courage; trois chefs s'etaient succedes dans le com- mandement : le premier avait brusquement quitte I'Egypte pour retourner en France, d'ou 11 devait bientut rcmuer toute I'Europe; le second vcnait de perir de la mort de Henri IV, sous le poignard d'un fanatique, et le troisieme n'offrait aux soldals ni le genie de I'un ni les talens et les verlus de I'autre. La ligue formee entre I'Angleterre et la Porte prevalut; I'expedilion s'arreta dans sa marche, et ''%yple fut desheritee des bienfaits de la France, lorsquc deja I'etendard libcratcur avait flotlc depuis le cap Burlos jusqu'au-deU'i des cataractcs, depuis le desert d' Amnion jusqu'aux sommcts du Tabor ! Les fruits de rontrepiise, perdus desorraais pour la po- litique, ne le furent point pour les sciences", a la gloire des armcs elait venue se joindrc celle des Icttrcs, el Ic mOmc lauricr avait fourni deux palnics a la fois. ARCHEOLOGIE. 365 Jamais, en effet, expedition do guerre ne tourna mieux au profit des arts : chaque bataillc prolegeait une decouverte ; a une conquC'te militaire succedait une conquete scientifique ; et a peine le soldat ayait fait un pas de plus sur le sol de ri^gypte, que deja le compas du geomttre I'avait mesure; de}i le savant en avait etudie Ics antiquites; le peintre, dessine la perspective; I'astronome, fixe la position geogra- phique. C'est ainsi qu'au milieu d'un camp seformaitune academic, et que le groupe des Muses suivait de pr^s le char de la Victoire. Quel vaste champ s'ouvrit alors aux recherches des voya- geurs francais ! que de choses merveilleuses frapperent en foule leurs regards ! Denderah , Thebes , Latopolis, EdfoO, I'ile de Phila; , livrerent tour a tour a leur avide curiosite leurs temples, leurs palais, leurs obelisques, leurs cata- combes. Un enthousiasme general eclata dans I'armee ; comme une secousse electrique, il se communiqua rapide- ment A tous les esprits. L'admiration n'etait plus un calcul, mais un sentiment : on vit de simples soldats, des soldats que nulle etude n'avait prepares i la contemplation des chefs-d'oeuvre de I'art, s'arrulcr tout-A-coup de stupefac- tion devant ces debris imposans de la grandeur egyptienne, oules saluerde loin par des applaudissemens simultanes et comme involontaires : tant il y a d'entrainement et de force dans I'asccndant que les productions du genie exercent sur les ames meme les plus communes! Jamais ni Herodote,ni Diodore de Sicile,ni Strabon , ni aucun des nombreux voyageurs qui les ont suivis pen- dant une duree de plus de dix-huit cents ans, n'avaient pu donner une idee complete des monumens de I'antique Egypte. C'est pour la premiere fois que I'interieur des temples etait visite : rendus d'abord inaccessibles aux elrangers par la piete des !IEgyptiens , ils le furent ensuite 36G ARClItOLOGlE. j)ar la barhaiie dcs pcuples qui leiir siicccdi;icnt 1 lo Teritable caraclore de I'archilccluic egyplicnne t-lait done meconnu. On n'avait ctiulio jusqu'alors ni lordoiinanco des plans , ni Ic sysltmc de decoralions, ni I'cnlcnte des effels, ni I'cquilibre dcs masses, ni rien de cc qui com- pose I'enscmble d'unc conceplion arcbiteclurale. Lcs mcsures si souvent et si diverseraent donnees etaient dc- meurees indecises. Une foule de questions importanlcs qui sc rattachent plus ou moins a I'histoiie dcs niocurs, des sciences et de la geographic , etaient encore autant de problemes livrcs a la dispute dcs savans et dont la solution n'avait jamais produit que d'ingenieuses erreurs* Une tradition ancienne, mais vague ct presque tombec en desuetude, nous rcpresentait les Egypliens comme Ic premier peuple connu qui se fQt livre a I'obserYation des phenomenes celestes; cette tradition s'est convertie en une verite constante, depuis que les Franfais ont revele a I'Europe I'existence des sculptures aslronomiques , oi'i ces memes i'gyptiens scmblent avoir legue leurs connais- sances a I'avenir. Les zodiaques de Denderah et d'Esne ont prouve, de plus , que les Grecs avaient fait i I'Egypte plus de larcins qu'ils n'en ont avoue. Avant I'expedition francaise, on avait toujours confondu les tableaux religieux ou emblematiques avec leshieroglyphes, etlcs hieroglyphcs avec lcs signesde I'ecriture cursive; on ne soupconnait pas meme I'existence des manuscrits sur Paj^yrus, rapportes des Hypogees de la Thebaide (i). Cast aux savans fran- pais qu'on doit surlout cette fameuse pierre de Rosette, le seul vestige sauvede lalitterature des Egyptiens, qui puisse fournir un jour a la critique des erudits quclques indica- tions pour Tetude des hieroglyphcs. C'est encore aux (i) Oo a appeli- Hypogees, les catacombes de I'Efrypte. ARCHEOLOGIE. 567 Francais qu'est due la decouvertc de cette magnifique catacombe, trouvee i Thebes dans la vallee des toinbeaux dcs I'ois, et si remarquable par la richesse des ornemens qui la decorent et par I'etonnante fraicheur de ses pein- tures. Les autres catacombes meme,quoique dejaconnues pour la plupart, n'aTaient ete explorees qu'imparfaite- nient : les Franfais ont copie, sur les parois de ces monu- mens souterrains , diverses representations des scenes familitires de la vie. On eOt dit que les Egyptiens, en plaf ant sous nos yeux le tableau de leurs moeurs domestiques , avaient voulu, par des images plus gracieuses et plus naives, reposer notre esprit des fortes impressions qu'y laisse I'aspcct de leurs edifices. On a deduit de cet examen les notions les plus interessantes sur leurs costumes, leurs armes, leurs meublcs, leurs instrumens, leurs arts me- caniques, leur agriculture, et en un mot sur tout ce qui constitue I'industrie d'une civilisation avancec. Ces decouvertes importantes, ces notes precieuscs, ces dsseins exacts, ces mesures precises, cette masse d'ob- scrvations reunies et fccondees les unes par les autres , furent recueiliis avcc uii soin religieux et apportes en France. II en est resulte un ouvrage dont la litterature d'aucun peuple n'avait donno I'idee , un ouvrage co- lossal comme les edifices qui I'ont inspire. II perpetue a jamais le souvenir d'une expedition dtja immortalisee par les trophees d'un chef illustrc, par les bataillcs des Pyra- mides, de Sediment, du Mont-Tabor, d'Heliopolis , par les noms de Kleber, de Desaix, dc Caffarelli, de Belliard, et par I'heroisme de quarante mille Francais. C'est un monument digne a la fois de la nation qui I'a eleve , et de la nation en I'honneur de laqucllc il a ete eleve. Hommage a la Constance infatigable des savans qui ont coopere a ce litre dc la gloire nationale! Hommage surtout au monarque 368 AKCHEOLOGIE. uclairequi n'a point voulu que de semblables liavaux pai- vinssent imparfaits a la posteiile (i) ! La seconile cdilion que nous annonfons aujourd'hul est encore un bienfait du gouvernement;.elle remplit le voeu des sciences , clle satisfait a un bcsoin fortemcnt senli. La Description de VEg^'ple, qui , par la richeSse dc son execution, avail ete jugee digne d'etre envoyee en pre- sent aux souverains de I'Europe, etait par ccla mcme inaccessible aux fortunes particulieres. Confinee sans fruit dans quelques palais , elle etait presque ignorce de la na- tion, et M. Panckoucke a bien merite de la patrie et des arts, en la mettant a la pbrtee du plus grand nombre. Deji vingl-trois livraisons de planches ont elepublices, et nous avons en ce moment sous les yeux les deux pre- miers volumes du texte. lis contiennent la description de I'ile de Philte, de Syehe,desCataractes, de I'ile d'Elephan- tine , d'Ombos et de ses environs, des carriiires de Selseleh, des antiquites d'Edfoft , d'Elethyia, d'Hermonthis , de Tu- phium et dc Thebes h laquelle le tome II est consacre en entier. Leplan que nous nous sommes trace nous obligeant d'en remettre I'analyse au prochain article, nous nous bornerons i\ parler ici de la preface historique, qui est, a elle seule , une des plus brillantes productions de notre epoque (2). En quelques pages, M. Fourier a rassemble, avec un (1) Le roi a non seulement permis que les fonds fussent con- tinues pour I'ex^cution de I'ouvrage ; mais il a encore ordonn6 que la magnifique carte de I'Egypte , dressee sur les lieuK par les inge-, nieurs fran^ais , sous la direction de M. Jacotin , et grav6e ensuite au dep6t de 1 guerre, fut annexce \ ratlas,comme un complement indispensable. (2) Dans la premiere Edition , cctte preface etait jointe i i'atlas. ARCHEOLOGlfe. 3^9 art admirable et sans que jamais Telegance ait ete sacrifice a la concision, les elemens dc plusieurs volumes : c'est A la fois un tableau des revolutions diverses qu'a eprouvees I'Egypte, depuis les terns les plus recules; une histoire complete de I'expedition franpaise, et un resume philoso- phique de tons les travaux de I'institut du Raire. Son style est constamment pur, harmonieux, plein d'images, fort de pensees. II a je ne sais quoi de grandiose et d'im- posant, qui se marie bien dans notre esprit avec les idees que nous attachons i tous les souvenirs de I'Egypte. Les citations sont le meilleur eloge des bons ouvrages : nous n'aurons pas meme ici de choix a faire. Dans un ecrit o\\ tout est attrayant^ oii tout est egalement digne de I'attention du lecteur j le hasard nous servira aussi bien que le goQt le mieux exerce. Apres avoir raconte la conquete de I'Egypte par Selim I", I'auteur jette un coup d'oeil rapide sur les divers change- mens qui s'etaient operes a la meme epoque dans les autres oontrees de i'univers : « Dans le tems que I'Egypte et la Syrie recevaient de nouveaux maitres, dit M. Fourier j I'etat politique et le commerce des nations subissaient des changemens immenses et inattendus. Aucune epoque de I'histoire n'est plus feconde en grands evenemens. La puissance ottomane repandait la terreur dans I'Europe et dans I'Asie. Plusieurs etats Chretiens cessaient de recon- naitre I'autorite du pontile de Rome. L'islamisme eprou- vait une revolution semblable , et une secte recente , favorisee par les Sofis , divisait les pays mahometans. La France appelait les beaux-arts qui illustraient I'ltalie. Les noms de Francois I", de Soliman , de Charles - Quint , remplissaient ie monde entier. L'Europe, excrcant enfin son propre genie, perfectionnait ses institutions civiles , ^t rendait ses monarchies puissaiites, par I'etablissement Tome xii. 2A 370 ARCHliOLOGIli;. fixe (les artnecs. L'art do rinipiimoric , los connaissanccs nauliqucs, Ics usages inililaires, iaisaienl dos progrts ex- traordiiiaires. Les enlicprises cxeculcos par Coloinb el Vasco de Gama tenaient- tous les cspiits en suspens. Les Portugais et les Epagnols, sortis de leurs ports en suivant des routes conlraires, ctaient surpris de se rcncontrer a la meme exlremitc do I'Asie. Le desir de s'emparcr du commerce de rorient avait excite ces decouvcrtesj et, en cffet, les i-iches productions des Indcs suivirent une voie jusqu'alors inconnue. L'Egyplc, oOi elles se rassemblaient dcpuis tant dc siccles, et qui les transmellait i\ divers pays d'Europe et d'Afrique, perdit les avantages qu'elle tenait du fondateur d'Alexandrie. Les conquetes des Portugais nuisirent surtout aux Veniticns, qu'une liguc formidable n'avait point aneantis, et qui se trouvaient a toutes les issues du commerce des Indes ; ils virent leur grandeur decroitre et s'cvanouir sans retour. Enfin, les relations qui unissaient une multitude de villes et d'etats furent bientot inter- rompues. En racme tems, le genieinquietetambitieux des Europeens etablissait des rapports nouveaux entre les par- lies du monde les plus eloignees. Impatiens d'employer les nouveaux instrumens de leur puissance, ils sc scrvaient de la boussole pour se diriger sur des terres inconnues, et des armes a feu pour en subjuguer les peuples. » Rapide et brillant dans ses narrations, M. Fourier sail imprimer i son style une teinteplus austere et plus majes- tueuse , toutes les fois qu'il parle des monumens de PEgyple. « L'Egypte, dit-il, qui aspirait a rendre ses ela- blissemensimmortels, et qui porte I'empreinte ineffacable de tous les arts, opposera long -tems la gravite sev6re etmeme excessive des plus anciens modifies A I'iramobi- lite et irinconstance naturelles de I'esprjt humain.Encffet, le peuple le plus jaloux de produire des ouvrages durables ARCH^OLOGIE. 571 habitait 1e pays dc la terrc le plus propre a les conserver. Ces monumens onfcetc construits, plusieurs siecles avant que les villes de la Grece fussent fondees. lis ont\u naitre et s'evanouir la grandcir deTyr, de Carthage etd'Athenes. lis portaient dejA le nom d'antiquites egyptiennes , au terns de Platon; et nos successeurs les admireront encore, i I'epoque oii, dans tous les autres lieux du globe, il ne restera plus de \estiges des edifices qui subsistent aujourd'hui, » Nous ne pouvons nous defendre de citer encore le mor- ceau suivant, par lequel M. Fourier termine la Preface Iiistorique, etoii il a si bien caracterise le genie des anciens Egyptiens : « lis consideraient en quelque sorte comme eternel ce qui appartenait a leur religion et a leur gou- vernement; ils etaient entretenus dans cette pensce par I'aspect continuel des grands monumens publics , qui de- meuraient toujours les memes, et qui paraissaient n'ctre point soumis A Taction du tems. Leurs legislaleurs avaien6 juge que cette impression morale contribuerait a la stabi- lite de leur empire. C.'cst dans les memes vues que ce peuple a grave sur ses palais, sur ses temples et ses torn- beaux, les images dc ses dieux et de ses rois, les obser- vations du ciel , les preceptes sacrcs , le spectacle de son culte et celui de la societe civile. Toutes ces sculptures , ct meme les plus imparfaites, exciteront un vif interet : elles sont les traces les plus anciennes que Thomme ait laissees sur la terre; elles appartiennent a cette antique civilisation de I'Asie , qui a precede tous les tems histo- riques de la Grece; elles nous font entrevoir ce qu'etaient alors I'esprit et les moeurs des nations. » « On ne pourra point admirer les ouvrages de I'JEgypte, ni se rappeler les epoques de sa gloire, sans considerer les malheurs que lui a causes la perte de ses lois, de ses lumieres et de son independance. On appreciera mieux ses institutions ; on les regardera comme unc source 24- 372 AllCIlEOLOGIE. morale de prosperites, qui n'etait pas moins neccssaire li cepays, que le flcuvc qui i'arrose. On comparera surtout I'etat deplorable dans lequcl il est tombc , avec Topu- leuce que lui procurerait en peu d'annees unc adminis- tration plus sage. Ainsi, I'etude de I'Egypte, si feconde en grands souvenirs , nous averllt encore que le deve- loppement de I'intelligence ct de rindustrie est attache au maintien de I'ordre public; ello nous fait mieux connaitre le prix des lois et d'un gouvernement stable et eclaire, elle nous suggere de nouveaux motifs de les aimer. Cette etude ne pent qu'inspirer des pensees justes et elevees , detourner de la recherche des ornemens frivoles, et rame- ner a I'unite et a la simplicite des vues. Elle fera bien connaitre que les objets solides et durables ont une ma- jeste qui leur est propre, et que, si I'elegance ingenieuse des formes contribue a la perfection, I'idee du vrai beau ren- ferme necessairement celles de la stabilite et de la grandeur : elle montrera ce principe dans tout son jour, et doit avoir une influence utile sur le goQt et les ouvrages du si6cle. » C'est ainsi qu'au charme de ['eloquence I'auteur sait allier les conseils de la philosophic et les pensers d'un esprit qui medite; ou, pour me servir de I'expression d'un academicien celebre , c'est ainsi qu'il a su reunir dans son recit la grace d'Athenes et la sagesse cfEgypte. II est, selon nous, plusieurs pages de cette composition remar- quable qui n'auraient pas ete desavouees par Bossuet lui- meme, ecrivantson Discours sur I'Histoire universelle. Placeeila tete d'un ouvrage monumental, cette Preface ne saurait etre mieux comparee qu'a I'un de ces majes- tueux/?j'/dne6 qui precedent les temples egyptiens : comme eux, elle dispose I'ame a des idces graves et solennelles ; comme eux, elle semble nous suggerer cet esprit de recueil- lement et de meditation que nous devons porter avec nous en entrant dans le sanctuaire. ARCHEOLOaiE. 573 Immedialcmcnt npres, commence la longuc sciio des moniimensdel'ligypte. Le lecteur impatient s'elance, pour ninsidire, sur les pas des voyagcurs francais, et ponctrc avec eux, par les confins de la Nubie, dans le pays celebre qu'il va parcourir. Mais Philae , qui fut autrefois la limite de I'empire romain, a d'abord arrete ses regards. A I'aspectdes nombreux edifices dont elle est couverte , il lui semble que loute File n'est clle-meme qu'un seul monument eleve au milieu des eaux. Passant ensuite la cataracte de Syene, il fait le premier pas sur la terre d'Egypte , sur cette terre venerable oii tout a commence. II raarche alors de surprise en surprise, se portant tour a tour d'une rive du Nil a I'autre, jusqu'a ce que, arrive enfin sur I'emplacement de I'ancienne Thebes , il modere un instant sa course pour contempler autour de lui le plus beau spectacle de mines qui se soit jamais offert a la meditation des hommes. Quelle reunion imposante de monumens! que de colosses accumules! quels travaux immenses! qu'elle devait Clre puissante et prodigieuse la population qui avait fourni assez de bras pour les executer ! ou plutot combien de genera- tions n'avaient pas dfl s'ecouler entre la generation qui les vitentreprendre et celle qui les vitfinir! (i) Jh. Agoub, (i) Les decouvertes de M. Gau dans la Nubie et celles plus im- portantes et plus nombreuses que vient de faire M. Gailliaud, i plus de cent quatre-vingts lieues au-dessus de Syene, ont prouve que les Egyptiens avaient construit des edifices bien au-del4 des limilcs qu'on a jusqu'ici assignees k leurs ouvrages. La Relation de M. Gail- liaud , attendue avec impatience par les savans , doit jeter un grand jour sur I'etude de cette partie de I'Afrique, presque enti6rement inconnuc jusqu'a ce jour. La redaction des notes de cet intdressant voyageur est conCee i M. Jomardjl'un des principaux coopera- teurs de la Description de I'E^ypte. M. Gailliaud meritera un jour d'etre nomme le Continuateur de Vexpidilion francaise : quel litre plus glorieux pourrait enQammer son zele et le payer de ses fatigues ! tAl«vl\'%>^lvv^x^'Vvv^'^'^^%^\vv^^v%'VV\%v\^v«wvv%^vv^%vvt/vv^/Vt>vvv^vl/l.^'Vl^%\^ III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. LITRES ETRANGERS (i). AMERIQUE. liTATS-UNIS. loS. The american Journal of science and arts. — Journal amc- ricaia des sciences et des arts, redig6 par Benjamin Siliiman, pro- fesseur de chimie et de mineralogie, au college de Yale. Tom. Ill, n" I et a, 4oo pages. Cerecueil constate I'dtat des sciences en Amerique.On netrouverait pas, dans les divers pays de I'Europe , un journal qui offrit plus de variete , qui embrass5t un plus grand nombre d'objets et qui reunit plus de memoires iniportans dans les differentes branches des sciences. Ses cahiers, qui ne paraissent que par trimestre, ont ordi- nairement 200 pages et sont accompagnes de gravures sur des sujets do physique ou d'histoire naturelle, qui surpassent, pour le merite de rex6cution, tout ce qu'on publie dans le meme genre en Angle- terre. Ce recueil est le premier qu'on ait fonde aux Etats-Unis , exclusivement pour les sciences. 11 comprend trois divisions, celle de la mineralogie, de la geologie, de I'art du mineur, celle de la botanique et de la zoologie, celle de la Chimie, de \a physique, des mathematiques et des arts utiles ; enfin, cel'.e de la medecine. On remarque, dans la scctlaa geologie, une description trfes-int6ressantc des mines de cuivre et de la masse du menie metal, situees sur les bords dulac Sup6rieur. Le bloc de cuivre natifpese deux milliers et repose accidentellement sur un rocher de serpentine. Ce volume contient des recherches sur la geologie de la Virginie , des envi- rons du lac Huron, de la Caroline, sur le succin du cap Sable dans (1) Nous indiquerons , par un asterisque (*) place a c0t6 du titre de chaque ouvragc, ceux des livrcs iStrangers ou frangais qui paraitront dignes d'une attention particulifere , et dont nous rendrons quelqucfois compte dans la section des analyses. LIVRES ETRANGERS. 375 1« Maryland, dans Icquel le docteur Tivost aurait liouvc iin rcste fossile, qui lui a paru ctrc le nid d'uiie de ces espfeccs d'insectcs qui vivent en societe, circoustance importante pour I'liistoirc de la formation du succiii, si obscure encore ; des observations sur dcs mines de fer, de manganise ct de plomb, sur le marbro Was- hington, et sur un mineral nouveau auquel on a donnc le nom de Francklinite , parce qu'il a 6te trouve dans Ics environs dc la ville qui a donne naissance a ce grand homme. La section bola- nique de ce volume renferme des observations du prol'esseur Rafi- nesque, sur une nieduse fossile, un calendrier de Flore fort dc- taillc , pour les environs de Boston , des recherches siir ies abeillcs mellifercs de I'Amerique, et sur une petite caverne , situee prcs de Princeton, et que des ouvriers ont trouvee tellcment remplic d'ossemens fossiles de serpens S sonnettes qu'on a pu en charger deux tombereaux. Ces serpens crolales auraicnt-ils dans Icurs mocurs quelque analogic avec ces mammifures qui sont venus niourir par niilliers dans les cavernes du Hartz et de la Franconie, ou bien des circonstanccs extericures semblables auraient-elles agi de la meme manicre sur des aniniaux si diffcrens par leur organisation. La division de chimie et de physique est celle qui occupc le plus de place dans le Journal Americain. Panni les travaux des physi- ciens des Etafs-Unis, on distingue ceux du professeur Green sur un cas dc cristallisation instantance, sur les eaux minerales factices, la discussion de quelques points de thiorie sur lesquels les chimistcs ne s'accordent pas ( la question des chlorures ou Iiydromuriates ) , dcs remarques trus-intcressantes ct fort exactes en general sur le traite de Physique generale etparliculiere du docteur EnCeld, dont I'ouvrage, quoique fort utile, est inconiplet ou inexact a bien des egards. L'auteur de cette analyse se plaint de ce qu'il n'ait point encore paru un traite dc physique qui presentc la theorie des acces el de la polarisation de la lumiere d'une maniere elcmentairc. Ces theories, auxquelles il faut ajouter celle de la double refrac- tion, seronttoujourstres-diEBciles a expossrclairement, parcc qu'elles sont fondees sur des experiences fort delicates, qu'il faut absolu- menl voir, et parce qu'il n'est pas ais6 de les isolcr d<(s formules analytiques qui en expriment loutes les circonstanccs. Elles sont presentees dans la derniere edition de la physique de M. Haiiy, dans le Precis de p/ijiiqiie dc M- Uiol {I'oy. Tome XI de la Revue, 576 LivREs Strangers. p. 583), et siirtout dans ses notes de la traduction de la Physique do Fischer, d'une manicre aussi simple que le sujet le permet ; le savant redacteur a donn6, dans ce volume , un grand nombre do notes importantes. On remarque, dans la section qui comprend les arts mecaniques, un Mepioire du professcur Fischer, sur la theorie des presses h imprimer et sur le perfectionnement dont ellcs sont susceptibles, etl'exposition d'une nouvelle mitliode de construction pour les ponts , qui a dejh ete appliqu^e avec succes par M. Town. On voitavec plaisir, par un extraitdela correspondance de M. Bron- gniart, publiee par M. Silliman , qu'il s'est etabli, entre ces deux savans, des relations tres-actives , qui ne pourront que h4ter les progres de la geologic, cette science que le savant fran^ais, en s'en tenant aux faits, a tant contribue a rendre positive. On trouve encore dans cet interessant recueil la traduction du Memoire de M. Magendie, sur [^absorption , et une suite d'observations sur les effets de I'acide liydro-cyanique qui , en general, conCrment les resultats qu'ont obtenus les medecins fran^ais. C. Coqcebel. 109. ^ Catalogue of minerals, etc. — Catalogue des mineraiix qui coniposent le cabinet de feuM. Benjamin de Witt, professeur de mi- neralogie au college des m6decins et chirurgiens de New-York, au nombre de plus de 11,000 echantillons , recueillis tant en Europe qu'en Amerique. Albany, 1820. In-8° de io3 pag. (Cette collection est k vendre. ) 110. Narrative journal of travels, etc.-r- Relation des voyages entrepris en 1820, depuis le Detroit du nord-ouest, par la grande chaine des lacs americains jusqu'aux sources du Mississipi , par H. R. ScHOOLCHAFT. iSzi. 1 vol. iu-S", de 424 pag-. avec une carte de la partie septentrionale des llfetats-'Unis, et deux gravures. Nous nous proposons de rendre plus tard un compte particulier de cet interessant ouvrage que I'auteur vient d'adresser S M. JuUien, fondateur-directeur de la Revue, et dont un de iios collaborateurs a temoigne le desir de publier une traduction fran^aise. 111. Adress, etc. — Adresse i ceux qui se proposent d'emigreraux Etats-Unis d'Amerique, pour former des etablissemens d'agriculture dans rintiricur du pays, sur les avantages que les colonies trouvent 4 posstder un capital capable de fournir i tons Icurs besoins ; par George Cocbtauld, Sudbury, 1820. In-S" de 4o pag. Cette brochure contient une description curieuse des raoeurs LIVRES ETRANGERS. 377 d'une colonie d'Allemands , nommes Ilarmonistes , qui emigrfe- rent aux ttats - Unis , il y a environ dis-sept ans, sous la con- duite de Frederic Rapp, et qui sont aujourd'hui etablis sur les bords de la Wabash, dans I'etat d'Indiana. B — r. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. 112, — Views of society and manners in America. — Coup d'ocil sur I'etat de la society et des maurs , en Amerique , ou Lettres ecrites en 1818, 1819 et 1820, par une dame anglaise. LondreSjiSai. 1 vol. de 520 pages in-S". 11 est presque impossible de trouver un voyageur anglais qui soit juste envers le peuple des Etats-Unis d'Amerique. La fierte britan- nique se sent humili^e d'avoir vu un vaste pays, naguere soumis k la domination de I'Angleterre , exploite par elle comme une co- lonie , deveuu d6sormais independant. Les Anglais souffrent deji d'un cruel pressentiment qui leur dit que bientot I'Amerique leur disputera , leur enlevera peut-ctre le trident de Neptune, ce sceptre du monde , que la fi6re Albion a toujours regards comma son apa- nage exclusif. L'esprit commercial s'effraie de I'accroissement pro- gressif e t rapide que prennent I'industrie et le commerce des Am6ri- cains. Les hommcsa prejuges, et les Anglais le sont communement, qui pretendaient autrefois que , hors de leurs pays , il n'y avail que mauvaises moeurs, corruption, ignorance, voient avec une sorte de depit r^gner partout , en Amerique, les vertus domestiques et so- ciales ; ils s'etonnent d'y trouver une masse de connaissances utiles de toute espece, et une tendance generale a les augmenter. EnGn, les admirateurs de la constitution anglaise sont desagreablement surpris , en voyant la liberie et le regne des lois se consolider en Amerique, tandis que I'arbitraire, le despotisme et I'oligarchie mi- nist6rielle font tous les jours des progrfes effrayans dans la pr^tendue terre classique de la liberte. Un voyageur qui, penetre de pareilles idees, arrive chez une nation rivale de la sienne, est ordinaire- ment peu dispose a lui rendre justice. La dame anglaise, auteur du livre que nous annoncjons, sort de la classe ordinaire de ces voya- geurs. En effet , apres avoir lu les vingt-Luit lettres dont se com- pose 1q volume, on est force de croire que I'Amerique septentrionale 378 LIVRES l^irRANGEUi?. est daus un (itat proffrcssif do prosptrite. L'autciir a su ptindrc , avec les coulcurs les plus vives ct les plus briUantcs , rintd'ricur dcs families , la vie sociale , Ic caracti^re du pcuple , uieme dans Ics plus basses classes; I'etat do I'instruction publiquc, cclui dc la re- ligion ct dc la tolerance religicuse ; I'industric , le commerce , Ics finances, la legislation ; cnfin, tout ce qu'il importc de connaitrc dans un pays civilise : ricn n'a ccbappc a sa penetration et a sa sa- gacity. Soit qu'elle nous uiontre la modcstc simplicite du president au milieu dcs ambassadeurs Strangers ct dans les ccrcles particu- liers; soit qu'elle nousconduise dans lacbauniierc du cultivate ur, ou dans la hulte de I'indien sauvage; soit enfin qu'elle peigne Ics mcr- veilles de la nature , tellcs que la cbute du Niagara, ou les lacs Onta- rio, Erie et Cbamplain , son recit est toujours empreint du cacbet de la verite. On pourrait peut-Ctrc I'accuser d'avoir quelqucfois exagere en beau, comnie la plupart dc ses compatriotes le font en nial; mais nous osons assurer que cette accusation serait injuste. D'abord , ce n'est pas un entbousiasme aveugle qui a guid6 sa plume; son admiration est toujours raisonnee. Ensuite , nous avons remarque que les premieres lettres sont un pen froides , piais que peu in peu le style s'animc et prend de la chaleur ; la lettre qui suit est toujours plus interessante que celle qui pricide , et cct interet est toujours progessif jusqu'a la derniere page du volume. Ce que nous vcnons de dire prouvc, i notre avis, que I'auteur, ar- rive en Amerique avec peu dc notions preliminaires , peut - etrc memo avec dcs preventions defavorables, a cru devoir ecrire avec prudence et circonspcclion , pour ne pas se compromettre par dcs jugemensbasardes; et qu'amesure qu'elle a[obtenu dcs connaissanccs plus positives, sa plume est dcvenue plus bardie pour tracer dcs verites que I'ecrivain ne craignait plus de voir contredites ni ru- futecs. Nousserions bien trompes, si ces considerations nc suEGsaienl pas pour donncr un grand credit k I'ouvrage de la dame anglaisc. Le seul entbousiasme dont I'auteur se montre susceptible , est celui d'unc sage libertc. Nous voudrlons extraire de ce livre un court passage, qui pat faire connaitrc, non senlcment la manierc d'ecrire de I'auteur, mais aussi quelqu'une des anecdotes tres-in- teressantes, dont son ouvragc est rempli. Nous citcrons le com- mencement de la vinglicmc Icltrc. « II n'y a aujourd'hui aucunc apparonce d"unc minoiitO legulitic ct pcrmancnte dans la nation'. LIVRES ETRANGEHS. 379 et par consequent dans la chambre du Congres. On ne dispute plus sur la nianiere dont la nation doit etre gouvernee ; il est inaintenant reconnu, tant en thcorie qu'en pratique, que la souveraiaetc ap- partient au peuple , qui a consent! d'exercer cette souverainete par ses representans , sous la condition qu'ils suivront les instructions donn^es par les electeurs. Dans le cas ou ils ne s'y conformeraient pas, ils sont mis de cOte, et d'autres sont elus i leur place. Ici, une opposition de ceux qui gouvernent centre ceux qui sont gouvernes ne serait qu'absurde; ils sont les" serviteurs du peuple, et non pas ses maitres ; ils sont investis seulenient du degre de pouvoir que ceux qui les emploient out juge b propos de leur confier; ils sont tenus d'exercer ce pouvoir, non pas comme il leur plait , mais comnic il plait 4 la nation. » L'auteur ajoute la note suivante : <■ Ainsi , il peut arriver qu'un representant se trouve place dans une sorte de lutte entre sa propre conviction et la volonte expresse de ses electeurs. 11 peut encore arriver que, dans un pareil conflit, le representant ob^isse i sa cons- cience. Je me rappelle une circonstance relative i un M. Baldwin, membre distingue du congres pour la partie occidentale de la Pen- sylvauie, qui vota une fois d'une maniere contraire aux instructions qu'il avait regues. De retour dans son pays, il fut invite a donncr des explications sur son vote , sous peine d'etre expulse. M. Baldwin repondit qu'au moment oil il votait, il avait temoigne ses regrets de voir que son opinion etait tout-a-fait opposee i celle de ses electeurs ; que neannioins il serait indigne de la place distingucc qu'il occupait , et de la confiance publique dont il avait ete honore pendant de longues annees, s'il se justifiait d'avoir vote conforme- ment i son propre jugement ; que ses concitoyens auraient raisou de donner leurs voix a rhonime dont les sentimens seraient plus en harmonie avec les leurs, que les siens ne I'avaient et6 dans cette circonstance; que, pour ce qui le regardait personnellement , il ne pouvait promettre autre chose que d'examiner avec une attention scrupuleuse , toutes les questions proposees , et de prendre en grande consideration les voeux de ses constituans , mais non de voter jamais contre sa conscience. Ses concitoyens applaudirent k cette decla- ration ; et, sa conduite ferme et honorable etant consideree comme une nouvelle prcuve de son inlegrilc, M. Baldwin fui unanimc- ment reelu. r> 380 LIVRES liTRANGERS. Nous icgrettons dc iic pouvoir donner un abrcgii dc la vingl- cinquienie Jcttre qui contient des details pleins d'int6r6t sur le colonel Eugie , connu par sa demarche g^nereuse pour tirer le general Lafayette des prisons d'Olmutz. On sait qu'apres avoir echoue dans cette noble entreprise , le colonnel Eugee fiit enformfe lui-meme dans un cachot infect, d'oii il ne sortit qu'apres huit mois de cruelles souffrances, et dans un etat de sant6 deplorable. On nous assure que la dame, auteur de I'ouvrage que nous an- non^ons, est maintenant en France , oii elle compte au nombre dc ses plus douces jouissanccs celle d'avoir fait la connaissance per- sonnclle dun homme celebre, qui a joue un role tres-brillant dans le pays dont elle nous a donne une description si attrayante. Heibekc. ii3. — On the liberty of the press and public discussion , ^ic . — De la liberie de la presse et de la discussion publique des actes de I'autorite^ par Jeremie BEnxHAM.Londres. 1821. William Hone. Broch. in-8" de 28 p.-xges. Jeremie Bentham est un de ces csprits superieurs qui joigncnl une profbnde pensee & une vaste instruction. Ce n'est pas 4 lui qu'on pent faire le reproche que Montaigne adresse aux pedans , de n'avoir qu'une sujfisance fune capacite) livresque. Apres avoir beaucoup lu , le philosophe anglais a ferme ses livres , il a etudi6 les hommes; et c'est dans cette oeuvre immense, quelquefois obs- cure, mais tonjours instructive, quand on en tient la clef, qu'il nous fait lire A c6te de lui. Son Traili de legislation renferme toute la philosophic de la science des lois. Ge fut la methode suivie dans les bons ouvrages de m6decine et de pbysiologie , qui lui en fournit le plan : il con^ut le dessein de trailer les maladies morales et politiques, comme les medecins habiles traitent celles du corps ; de 14 , cette belle classiGcation des maux et des remedes, dont aucun jurisconsulte ne peut plus se passer, s'il veut etre au niveau de son siecle et de son sujet. Dans sa Tactique des asscmblees deliberantes et dans son Traite des sophismes politiques , Bentham a profile de la longue experience que lui offraient son propre pays ct le spectacle des dibatsparlemen- taires. Sa liste des sophismes employes dans les asscmblees deli- berantes, et la maniere si originalc dont il les caracterisc , est peut-clre le plus curieux el le plus utile dc tous les ouvrages de LIVRES ETRANGEIVS. 381 politique rationnelle qu'on ait jamais fails. A i'aide de cette des- cription, rien de plus ais6 que de reconnaitie et de nommer, k mesure qu'ils passent, ces argumens au moyen desquels on r^ussit trop souvent k faire prevaloir, dans les assemblees deliberantes, lea interets du petit nombre sur I'int6r6t general. La brochure , dont le titre est en tete de cet article , est com- posde de quatre lettres adressees k la nation espagnole , a I'occasion des lois proposees dans les Cortes , relativement aux d^lits de la presse et aux reunions politiques. Ces lettres arriyferent trop tard pour pouvoir etre traduites et imprimees, avant que la loi futrendue; mais, comme elles sont d'un interfet de tons les terns et de tons les lieux , leur illustre auteur a cru devoir en faire jouir le public. II etablit nettement que , sans la liberie de la presse et la dis- cussion publique des actes de I'aulorit^ , il est insense de s'ima- giner que I'on pent filre bien gouverne. Les bommes ne cessent pas d'etre bommes, en arrivant au pouvoir : il faut un frein puissant qui les empGcbe de sacrifier I'interet public k leur inteiet particu- lier, k I'interet de leurs protecteurs et de leurs proteges ; et ce frein, quel peut-il fitre que la crainte d'etre traduit au tribunal de I'opi- nion ? D'un autre cot6, le public a le droit de prendre connaissance de ce que Ton fait pour et contre lui. Quand on b&illonne les ecrivains , ce n'est pas k eux que I'oij fait tort ; c'est k la societe, qui est bien plus interess6e k savoir la verite, qu'ils ne sont inleresses a la dire. II n'est pas possible de suivre I'auteur dans la discussion des dangers qui accompagnent la liberie de la presse. II montre que ces dangers sont pour ceux qui font un mauvais usage du pouvoir , et non pour ceux qui I'exercent en conscience. II y joint quel- ques severes remarques sur I'administration de I'Angleterre. J. B. S. n4. — T/iree Tracts relative to the Spanish and Porlugueze ajfairs , etc. — Trois Traites sur les affaires d'Espagne , et de Portugal , oil Ton ne perd pas de vu'e celles d'Angleterre. Par Jeremie Bentham. Londres , 1821. William Hone. Brochure de 60 pages. Le premier de ces Traites a rapport k un ecrit de Don Felix Jose lieynoso, oii cet Espagnol proposait I'^tablissement d'une chambre des pairs dans son pays. Comme on avait lieu de oraindre, 382 LIVRES l^TRANGERS. en Espagnc , que cettc tentative ne fftt un premier cssai in I'intro- duction des abus dont on cberche i surchargcr Ic systtme repr6- eentatif, de3 piiblicistes zdliis s'adrcssOrcnt h Jcremie Benlham pour qu'il apporlit ic poids dc son imposantc opinion dans I'autrc bassin dc la balance. II composa , en effet , ce petit Traite qui fut traduit en espagnol, et oil il combat cet esprit d'imitation servile qui lepr^sente la constitution anglaise comme le modt-le dcs cons- titutions, et la chambre baute comme une institution i imitcr. II fait voir comment cette fameuse constitution anglaise vit sur son credit qu'ellc ne meritc plus. " Quant |> nos liberies si vantees, ajoute-l-il, imparfaites comme elles le furent toujours , nous ne les avons plus ; et, si nous devons jamais en jouir de nouveau , il faudra qu'elles soient reconquises. Notre gouverncment est dijk un gou- vcmemcnt militaire ; et si quelque cnlant plcure quelquc part , vitc des troupes y sont envoyces. Nos legistes sont les instrumcns du pouvoir. Si quclqufs-uns sc montrent dans I'opposition , c'est afln de se mcttre a plus haut prix , quand sera venu le moment de se vcndre. Les formes de la constitution sont conserv6es, mais la substance a disparu ; nos soi-disant reprtsentans ne repr6senlent plus que les vampires qui nous rongent, etc. » Dans le second Traite, Bentham se propose de prouver que les dclais apportes dans I'instruction judiciaire contre les auteurs du massacre de Cadix , ont pour objet de les soustraire i la vindicte des lois. 11 V examine , en profond jurisconsulte , cette maxime de Montesquieu, que les formes sont la sauve-garde de I'innocence. II montre que la question nc pent pas 6tre 6tablie ainsi, et qu'il faut dire quelles formes sont protectrices de I'innocence, car il y en a qui ne protegent que le crime. Le troisieme Traite a pour objet de donner quelques conseils aux Cortes de Portugal , rclativement aux articles de la constitu- tion espagnole qu'ils doivent rejeter. Les dispositions blSmees par Bentham sont : i" celle qui interdit tout amendement a cettc cons- titution pendant huit ann6es ; 2" celle qui ne permet de reelire aucun des membres de la precedente legislature ; 5° celle qui borne la duree des sessions i quatre mois au plus par ann6e ; 4° celle qui etablit la biennalitc!; au lieu de I'annualite dans les elections. La brochure est termin^c par I'extrait du procis - verbal des Cortes de Lisbonne, qui contient les rcmercimens adress6s par les LITRES ETRANGERS. S8S rrpri'scntans de la nation portugaise A Jcr6mie Bentliam, et I'ordre donnc A la Rcgence de fairc imprimer et distribuer son ouvrage dans Ics deux langiies, anglaise et portugaise. 3, B. S. 11 5. — The village Minstrel , and other poems. — Le Menestrel du village, suivi d'autrcs poesies , par Jonh Clabe, paysan du Nor- ihaniptonshire , auteur des Poe/nes descriptifs sur la pie champetre el les beautes de la campagne. Loadres, 1S21, Taylor et Hersey, 2 vol. in- 12. Inspire par la vue de la nature, un pauvre paysan la dt-crit en vers harmonieux ; une de ses productions qui enveloppait les fruits qu'il portait au march6 , tombe entre les mains d'un libraire gene- reux et eclaire ;il va trouver Clare, parcourt ses poesies, et s'en fait I'editeur (Voy. Reu. Encjcl., T. VI, pag. i5i). A peine I'ouvrage est-il publie , que I'afllnence des acbeteurs oblige d'ea publier une seconde edition. Une souscription, ouverte en faveur du poetc malheureux , est bientot remplie; et Clare, possesseur de 45 liv. sterl. de rente (onze a douze cents francs) , ofifre maintenant au public les fruits de son loisir. Ces poesies , plus pures que celles qu'il publia d'abord, sont enipreintes du meme caractire d'orig!- nalit^. Le morceati sur les nuages est un des plus remarquables. II y a aussi beaucoup de sentiment dans le recit qua fait une vieille femme de la mort d'une jeune fille qui s'est suicidce. A en juger par les differens genres de po6sie dans lesquels Clare s'est essaye , il parail avoir profit6 de sa nouvelle fortune pour lire Ics anciens auteurs, et agrandir le cercle de ses connaissances. Une liberaiite philantropique et bien entendue aura valu a I'Angleterre un bon poete de plus, L, S. B. POIOGNE. 116. — Joachima Lelewela Badania starozy tnosci we wzgledzie geografii. — Recherches sur la gtographie ancienne, par Joachim Lelewel ; ouvrage accompagn6 de cinquante cartes geograpbiques, gravees par I'auteur lui-meme, sur 19 planches. Varsovie et Vilna, 1821. I vol. in-8°. Cet ouvrage est le fruit de plus de dix anuees de travail d'un hommc qui a consacrci tout son terns a I'etude des auteurs de I'antiquite. Un esprit juste, aid6 d'une sagacite peu commune, lui a fait eoncevoir plusieurs iaces ncuves, qui sont dircctement 384 LIVRES ETRANGERS. oppost'CS aux systtmcs adoples jusqu'ici pour la geographic an~ cienne. On ignore quullcs sent Ics circonstanccs qui ont einp6che I'auteur d'offrir au public I'ouvrage entier. Le scul volume qui ait paru est d'un tres grand intirCt; il comprend d'abord une analyse raisonnce , niais rapide des systfcmes conuus sur la geographic anciennc, et en partjculier de celui de M. Gosselin, que I'auteur est loin d'adopter; puis, I'histoire de la geographic anciennc, qu'il appuie par des recherches et des preuves auxqucUes est consacre le reste de I'ouvrage ; enfin, une exposition comparee desanciennes mesures geographiques. Le second volume , encore inedit, doit con- tenir beaucoup d'eclaircissemens et de details curieux pour I'his- toire de la geographic. M. Lelewel a grav6 lui-meme lesciuquante cartes jointes & I'ouvrage. On regrette que la languc dans laquelle cet auteur a ecrit I'empeche d'etre connu, comme il le meriterait, des Strangers. Sa vaste et profonde Erudition serait certainement recompensee par une reputation tres-eteadue que sa seule patrie ne pent lui offirir. A. J. SUEDE. 117. — i.Speciininaliteraturceislandicoe,i>eteris ethodiernce,etc, — Specimen jde litt6rature islandaise, ancienne et moderne, piiblies par Ch, Rask. Stockolm, 1S19 i vol. in-8°. 117. — 2, Snona Edda. — Jj'^dda de Snorron. Stockholm, 1818. 1 vol. in-8°. Le celfebre voyageur danols, M. Rask, professeur et second bi- bliothecaire de I'universite de Gopenhague , dont la Revue a sou- vent eu occasion de parler, et qui voyage aujourd'hui dans les Indes orientales, pour rechercher et 6tudier I'origine et la filiation des langues europeennes et asiatiques , a public ces deux ouvrages en langue islandaise , pendant son sejour en Suede. De li, il passa en Finlande pour apprendre la langue peu connue de ce pays ; en- suite en Russie, oii il a public, dit-on, d'autres ouvrages pleins de recherches savantes , qui ne nous sont pas encore parvenus. On attend avec impatience le retour de ce savant voyageur , qui , connaissant les dangers auxquels il est expos6 dans Ics pays bar- bares qu'il parcourt, a pris la precaution d'envoyer en Europe la plus grande partie de ses notes manuscrites. Heiberg. LIVRES ETIUKGERS. 385 ALLEMAGNE. 119. Heinrich Luden's Gesc/tichle, etc. — Hisfoire gen6rale des peoples et des 6tats du moyen flge, par Henry Lode;^. I6na , 1S21. In-8". Depuis que Cellarlus a donne un petit traite snr le moyen flge , les etudes des Allemands se sont dirigiies vers cette i'poque ; mais, quoique depuis Cellarlus il se soit ecoulii plus d'un siecle , on n'est pas encore parvenu k rendre la tSche facile. II ne sufllt pas , en cffet , d'etre bon historien pour tracer un tableau fidele du moyen &ge ; il faut saisir le fil d'Ariane , et sortir de ce labyriathe de fails et de dates , d'erreurs et d'obscurites ; il faut y porter le flambeau de la philosophic, comme I'ont fait, en Angletd^rre, Gibbon, Robertson et Hallam. L'ouvrage de M. Luden et les recherches philosophiques de Buchholtz pourront placer rAllemagne <■ cOt6 de I'Angleterre , dans ce genre de recherches. II ne faut pas croire, cependant, que M. Luden se soit defendu de I'esprit desystfeme, qui souvent gSte les plus beaus resultats , surtout en fait d'histoire. Voici quelle est la maniere dont il a trait6 son sujet. Selon lui, I'antiquite cesse au moment meme oi: I'empire remain finit. AussitOt aprfes sa chute, le moyen flge commence, et I'Allemagne occupe la sc6ne du monde ; c'est elle qu'il faut etudier pour suivre les progres de Tesprit humain. M. Luden va plus loin encore : les peuples qui n'ont pas eu de rapport avec la Germanic , tels que les Arabes, les Chinois , les Turcs, etc., n'appartiennent pas, k proprement parler', au moyen flge : leur histoire a passe en meme tems ; elle a traverse les mSmes sieeles , mais ils ne font point partie de lagrande civilisation germanique; ils ne sont li que comme des ombres , pour fairc r?ssortir le tableau. Quoi qu'il en soit , le patriotismc est un sentiment ^i noble et si respectable , qu'on serait tente d'excuser, mCme dans I'historien, les erreurs oil il pent quelquefois I'entrainer. M. Luden apporte , d'ailleurs , dans la discussion , unc critique eclairee; il examine les opinions des detrac- teurs exclusifs du moyen flge , avec une juste sev6rit(5. B'un autre c6te , il nous montre , dans les defcnseurs de cette ipoque , des bommes qui roudraient nous y ramener k leur profit. Nous ne pouvons suivre I'auteur dans Ics , 740 pages. Impri- nierie d'Engelmann , ^ Heidelberg. Nous avions depuis long terns le projet de consacrer un ou plu- seurs articles it cet important ouvrage, dont les trois premiers vo- lumes, que nous avions fa.it venir expr6s d'Allemagne , avaient et6 confi^s k Van de nos coUaborateurs , qui, par des cireonstances de voyages et de maladie , indepv-^ndantes de sa volonte , n'a pu remplir la t^che dont il avait lui-meme demande ii se charger. Nous avons pris des mesures pour mettre uu terme i ce retard beaucoup trop prolonge ; et un autre coUaborateiv de la Reuue , non moins capable- LIVRES ETRANGERS. 387 que Ic premier de hicn apprecler Ics savantes rccherclies de M. Creu- zer, a commencci 6 s'en occuper. Mais, en attendant qu'il puisse nous remettre son travail, nous indiquerons somniairemcnt Ics ina- tiires traitees dans ce nouveau volume : I'auteur examine le culte de Ceres et de Proserpine en Colchide, en Crete, en Argolide, dans I'Asie-Mineure, en Beotie , a Athenes. II parle de Tht'see, d'Ariadne, du Minotaure , d'Acheloiis, d'Erysichton , de Proserpine -Venus, de Proserpine-Diane , de Froserpine-Minerve, etc. II jette un coup d'oeil sur les doctrines deji traitees des Egyptiens , des Babyloniens et des Perses ; puis, sur les mysteres d'Eleusis, ses temples, ses pretres, ses traditions ; sur les thesmophories des Atheniens; enCn, sur les premieres epoques du cbristianisme, et il donne sur ce sujet deux appendices, dont I'un , par C. UUmam, conticnt un aper^u des rapports cntre les fetes chretienncs et les fetes religieuses prece- demment celebriies. J. M. A. 123. — Inscripliones grcecce qiias Lipsenotheca qucedam mai^na con'.inet, quCB TVeilhurgl asservalur. Wisbaden , 1820, in-4''. Ce petit cahier de 5o pages contient la description d'un reliquaire fort curieux, pris a Constantinople, au commencement du xiii"^ siecle, lorsque les Fran^ais et les Venitiens^ sous la conduite de Baudouin, fonderent I'empire des Latins. Un chevalier trdvirois , Henri d'Ul- mena, apporta ce reliquaire dans sa patric, en 1207, et en fit pre- sent 4 un couvcnt de religieuses, etabli dans une ile de la Moselle. A I'approche des Fran^ais , pendant la guerre de la revolution, I'electeur de Treves le fit enlever, et I'emporta sur la rive droitc du Rhin, ou il fit partie de son iresor particulicr, jusqu'ii ce qu'enfiii ee trisor et ses etats eux-memes furent cedes au prince de Nassau. Des l'ann6e 1670, Bromer, dans ses Antiquitates Treuirenses,!!. II, page 101, a parle de ce monument precieux; mais il ne I'a pas dterit avec soin. M. Krebs a pense qu'il ferait quelque chose d'utile pour I'histoire de I'art, en donnant les moyens de mieux connaitre les inscriptions dont le reliquaire est charge. II en a fait une exacte description : la boite qui le contient est longue d'un pied neuf pouces, haute de trois ponces, et large d'un pied trois pouces. Une lame d'argent garnit le couvercle entier, et cinq cents perles oil picrres precieuscs I'entourent ; en dedans , est nn morceau dc la vraie croix, charge de vers iambes : d'aulres vers entourcnt la boite, mais ceux-ci p6chent contre la mesurc. L'auteiir de la description 25* 388 LlVRliS ETRANGERS. pense que ce rcliquaire fut fait vers le milieu du »• siccle ; car, la grande croix du milieu portant les noms de Coostanlin ct de Re- main , on peul supposcr que ce furent Conslautin VII ct Romain II qui en oidouncrent la composition. On trouve, dans la dissertation que nous annon^ons, une vaste Erudition puisne dans les auteurs de la collection byzantine, et le lectcur sans doute'ne s'attend pas que la description d'un simple reliquaire le puisse mener si loin dans la connaissance d'une des plus belles epoques de I'histoire. On y trouve entre autres des vnes fort ingenieuses'sur I'emploi du mot AssrwoTHf, sous les Paleologues. « Alors, dit I'auteur, ce litre etait devenu propre aux Ills des em- percurs; mais, du tems de notre Gonstantin (c'est celui que les his- toriens de Byzance appellent Porphyrogenfete)^ le litre de ^tworns n'appartenait qu'atix empereurs. » II se serl , pour appuyer son opinion , d'un passage de Dufresne, dans son ouvrage : De Nummis Fjzanlinis , page 37, et d'un autre de Marchant, qui, dans ses Me- langes de Numismatique, explique les lettres C $ P »i, conime etanl les initialcs de ces mots : "S.Ta.vfii (puxao-j-s Pw^avov (Tto-woTuv. M. Krebsafait lithographier le yjzc simile des inscriptions; c'est un service qu'il a rendu aus amateurs de paleographie. II y a bean- coup de sagacity dans la maniere dont il entend les abreviations qui en embarrassenl la lecture. En general, nous croyons que les anliquaires, plus encore que les devots, lui sauront gr6 de s'etre occupe de reliques. Ph. GoiiiiRy. 124' — Uher luhen und Gedicht des j4pollonius von Rhodiis, etc. — Sur la vie et les cuvrages d'Apollonius de Rhodes; dissertation bistorique et critique, par v/wgu^ie Wkichert, de la Societi5 latine d'lena, etc., etc. Meissen, 1821. L'auteur du pofeme des j4rgonaules appartient 4 I'une des Epo- ques les plus marquantes de I'histoire litt^raire. Contemporain de Callimaque , il en fut aussi I'ileve ; mais bient6t le disciple et le maitredcvinrent ennemis. Le poeme d'Apollonius soufiiit beaucoup des dissentions qui s'eleverent entre eux ; Callimaque etait le legis- laleur supreme de I'opinion dans Alexandrie; il accabla son rival de tout le poids de son credit. Apollonius n'y put rcpondre que par une ^pigramme et se vit contrainl d'aller k Rhodes enseigner I'elo- quence. L4, il s'appliqua dc nouveau i perl'ectionner son ouvrage. Les Rhodiens en furent cbarmis, et lui decernferent le litre de ci- LIVRES I^TRANGERS. 389 toyen. M. Weichert etablit avcc beaucoup d'cruditioa qu'Apollo- nius brillait de tout I'l-clat' de son genie sous Ptolem6e Evergtte, mais que c'est une erreur de fixer sous ce regne I'epoque a la- quelle il fut fait bibliotbfecaire du Musee. Voici sa maniere de rai- sonner : II pose comme base certaine', que le pofete donl il 6crit la vie , succ6da , dans cette charge , k Eratosthfene ; or, Eratostbfene 6tait ne dans le cours de la 126' olympiade et vecut de quatre- vingts it quatre-vingt-deux ans. Quelle que soit celle des quatre ann6es de la 126" olympiade i laquelle on repoite sa naissance , il n'en res- tera pas moins d6montre que ce savant bibliothecaire 6tait encore en fonctions sous le regne du cinquieme des Ptolemees, surnomme Epiphane, et qu'Apollonlus ne put lui succcdcr que huit a neuf ans aprfesl'avenement de ce prince. Gallimaque , pour lors, n'etait plus. Get illustrc ecrivain avait deshonor6 sa muse par une virulente dia- tribe contre Apollonius ; il ne nous en est reste qu'une imitation, qui porte, comme elle, le titre d'lbis, et cette imitation est d'Ovide. M. Weichert examine avec un grand soin pourquoi I'un et I'autre poete se sont servis du mot Ibis. Quant k Ovide, la question ne- souffre pas de bien grandes diEGcultes ; car il 6u£Bsait de I'illustre cxemple donn6 par Gallimaque pour qu'i! se present4t des imita- teurs. Mais quelle raison avait le poete grec pour designer son rival par le nom de cet oiseau ? M. Weichert combat I'opinion de ceux qui pretendent que, par 14, Gallimaque faisait allusion k la qualite d'Egyptien. Gomment, en effet, supposer que Gallimaque, qui lui-meme s'6tait acquis cette qualite par sa residence continue dans ce pays, eiit voulu en faire un crime h son adversaire? Gom- ment encore admettre qu'ecrivant 4 la cour des Ptolemees, igyp- tiens eux-memcs, il eut ose se moquer des EgyptiensP L'auteur de la dissertation substitue a cette conjecture uue opinion qui, quoique sp^cieuse , pourrait bien n'etre pas plus fondee. II pense qu'Apol- lonlus avait dans ses traits quelque chose qui se rapprochait de la eonformatioa de I'Ibis, et se pr6vaut de la coutume des anciens qui, sur la plus legire conformity de ce genre, donnaient parfois des Burnoms k toute une famille. II en rapporte des exemples, et Ton pourrait, iue inegalc rtpar- tilion dcs forces ct dcs niateriaux nutritil's, qui, n'etant point mo- difies par Taction du corps ^ s'accumulent vers le cerveau , agfssent immediatomcnt siir I'appareil nerveux , d'oii naissent des alterations mullipliees et funestcs a la sant(5 physique ct morale. Dirigee avec celte profonde liabilet6 qui distingue la pratique de M. Amoros , la gymnastique est devenue emineuiment utile sous plusieurs autres rapports : elle contribue 4 la prospiiritc de Tetat; car , il faut le dire , chcz les peuplcs moderncs, les citoycns ne sont pas plus destines qu'iis ne Tetaient, dans les (itats civilises dc Tantiquiti, i nc fairc usage que de leurs faculles intellectuelles. La guerre, la navigation, les arts micaniques et induslriels, les travaux publics, etc. , exigent Temploi dc forces physiques considerables , d'une adresse , d'une legfereti , d'une velocity qu'on ne saurait acquerir que par des exer- cices pr6paratoires habilement diriges. Le courage, I'aptitude aux grands travaux sont proportionnes chez I'homme , noii seulement i I'etendue ct i la perfection de ses facultes intellectuelles, mais en- core k la puissance de ses forces corporelles. Celui qui saura le mieux resistor a la fatigue, aura aussi plus d'activite , plus de vi- gueur , et sera le plus utile i la socipte par son travail. 11 est dcs hommes qui ont acquis, par I'habitude de longs travaux, un tel avantage sur leurs semblables, qu'iis accomplissent , h cux seuls,ce qu'un grand nonibre d'autres ne sauraient ex6cuter. Tel est un dcs principaux objets qu'cmbrasse M. Amoros, dans son systeme de gymnastique. Ses legons lendent n6cessairemcnt k developper et a perfeclionner toutes les facultes. Artisans, soldats, marins, tons y acquierent un plus haul degre de souplesse, d'agilite, de force et de courage mfime. Les exercices gymnastiques sont un complement indispensable a I'^ducalion des enfans de toutes les classes. On voit, dans nos cites, un grand nombre d'hommes dibiles ; une education gymnastique eflt developp6 en eux le systtme sanguin, I'appareil musculaire , et e&t ttabli cet equilibre des fonctions qui constitue un etat de santc qtf'ils ne connaitront jamais. M. Amoros a obtenu de sa methode les effets les plus heureux , les plus surprenans chez les scrofuleux , ou chez ceux qui claient dis- poses 4 le devenir. 11 en est de mfimc dcs enfans qui ont dcs disposi- LIVRES FRANCAIS. 407 tions h la phthisic, et de plusieurs autresaSfections des viscferes. Notre habile instituleur est parvenu a inventer des exercices iaconnus aux anciens, et au nnoyen desquels il rend ses 6l6ves plus patiens, plus disposes h supporter, & tuepriser la douleur : il imprime a leur ame una fermet^, une intrepiditi qui les rend habilesk braver le danger, en commandant h un corps souple , vigoureux , et devenu docile , les mouvemens les plus propres k surmonter les obstacles , i vaincre les resistances. M. Amoros a judicieusement , et a I'instar des Grecs. introduit la musique dans sa melhode. 11 obtient , i I'aide du rhythme harmo- nique , plus d'ensemble et de regularite ; plus d'aptitude aux exer- cices, plus de progres dans leur perfection. II a public , depuis quatre ans, et par consequent le premier , un recueil de chants , 4 I'usage de ses disciples ; leur objet est hygi^nique et moral : d'une part J ils exerceut et fortiCent les organes de la voix et ceux de la respiration. AViimes par une nnisique convenable aux paroles , ces chaots adoucissent le caractere , polissent les moeurs, 61event I'ame des 6lfeves , rendent plus vif en eux I'amour de la patrie , et dirigent vers le service de I'^tat et celui de I'humanite celles de leurs facul- t6s que les exercices gymnastiques ont perfectionnees. Le chant est une des branches les plus remarquables du cours de M. Amoros : il est le complement indispensable de sa belle metbode. ( Vqyez ci-dessus , pag. 5. ) L'ouvrage qui nous a sugg6r6 ces reflexions se compose en grande partie des jugemens qu'ont portes , sur I'etablissement de M. Amo- ros, beaucoup de personnages recommandables par les lumieres comme par le rang. 11 sufllt de citer, parmi les noms qui enrichissent ce recueil , ceux de MM. les marechaux Gouvion-Saint-Cyr , Mac- donald , Suchet, Marmont, et de MM. Degerando , de Lasteyrie , Jomard , JuUien , de Laborde , Camille Jordan , Laflbn de La debat , Andrieux, Tissot, Leboeuf ; les generaus Dessoles , Saint-Cyr-Nugues, Valaz6 , Pille , Balthazard d'Arcy; les dues de Cadore , de Praslin, Doudeauville , de la Ch4tre , etc. Ces suffrages valent une longue apologie. FouBKiEB-PESCAy, D. M. i6o. — Du sort de Vhomme dans toules les conditions ; du sort des peuples dans tons les siecles , et plus partitulieremenl du sort ac- tueldupeuplefranfais; par H. Azais. Paris, 1S21. B6chet, quai des Aiigustins , n" .Sj. ( Foj. ci-dessus , Reuue Enc- , T. IX, pag. 671.) AQ8 LIVIVES FlUNCAIS. 3 vol. in-i2. Prix, 8 fr.. ct lo fr. par la poste. Les tomes II ct Hi se vendent sipariiment 6 fr. , ct 7 5o c. par la poste. L'ouvrage dc M. Azais sur les compensations a obtenu un succes mirite. Cependant, I'auteur I'a reconnu lui - mfinie. Le principe du balancement dans les destinees humaines n'y est pas expos6 avec cette rigueur de raisonnement, ni avcc cette niithodc qui , seules, donnent k une theorie le caractere de dimonstratiou ; un second ouvragc 6tait necessaire pour que , sur une question aussi importante , la raison des liommcs judicieux fut pleinement satis- faite. Get ouvrage vient de paraitre. Le litre seul annonce que les principales applications morales et politlques de la loi qui conduit les destinees humaines s'y trouvent comprises. C'est un traite dc philosophic generale, duquel chaque individu p§ut aisement de- duire Texplication de sa propre destin6e ; car les conditions parti- culiferes qui composcnt chaque destin6e individuelle sont claircment indiqu^es ; il s'agit, pour le lecteur, de s'interroger attentivement et de bonne foi pendant cette lecture; il d6couvre alors, dans les partlcularites secretes ou saillantes de sa situation , ainsi que dans les qualites heureuses ou ftcheuses de son caractere , les raisons de son sort personnel. Afin de rendre I'exposition du principe plus frappante, M. Azai's I'a suivi dans son application k la dcstin6e de quelques personnages historiques ; il a choisi le cardinal de Retz, Mazarin , Richelieu , madame de Sevigne , Fenelon , Bossuet , J. -J. Rousseau, Voltaire et enfin Napol6on. Cette succession de tableaux lui a fourni, non seulement les moyens de montrer com- ment s'6tait balance, par lui-mcme, le sort individuel de chacun de ces illustres personnages , mais encore comment la cirilisation, en ne cessant de faire des progres , verse constamment, sur le cours des generations successives , autant de biens que de maux , autant d'inconv6niens que d'avantages. Napoleon termine cette galeric imposante , et Ton est porte d'avance k reconnaitre combien il y a eu de balancement dans cette destin6e , si exaltee en succes ct en revers, en jouissances et en malheurs. M. Azais lui a consacr6 un volume particulier, sous ce titre : Jugement impartial sur'Napolion, ou Considerations jihilosophiques sur son caractere, son elevation, sa chute, et les resultats de son gout^ernement , suivies A'un paral- lele entre Napoleon et Croniwell , cntre la rii'olution d'Angleterre tt la rivvlution franfaise- (Un vol. in-8°. Prix , 5 fr., et 6 fr. par la LIVRES FRANCAIS. A09 posle. ) Get ouvrage est ecrit d'un style ferme , et avec I'indepen- dance d'une raison elevde. Ce t6moignage lui a 6te rendu par un des hommes qui ont le mieux connu Napol6on, qui se sont le plus avances dans sa confiance. i6i, — Agenda g^nShal, ou Memorial portatif unii>ersel, pour I'annie 18..; Livret pratique d'eniploi du terns, compose de tablettes utiles et commodes, d'un usage jouFoalier, etc.; par M. M. A. JuLLiEN , auteur de VEssai sur I'emplol du terns. 5" edition. Paris, 1 vol. in-12, cartonne, de 2S7 pag. ^ avec tablettes. Prix, 5 fr., et 6 fr. par la poste. 162. — BioMiiRE , ou Memorial Horaire et Thermomelre d'emploi du terns, sorte d'instrument pour mesurer la vie , compose de ta- blettes , qui procurent le moyen de recueillir, en une minute et sur une seule ligne , pour chaque intervalle de vingt-quatre heures , les divers emplois et les principaux r6sultats de la vie pendant le meme espace de tems ; par M. M. A. Jullien. Paris , un petit vol. in-12 de 88 pages en tableaux; prec6dees d'une instruction sur la mani^re de s'en servir; relie avec porte-crayon. Prix, 5 fr.,et 6 fr. par la poste. On trouve ces deux Livrefs au bureau central de la Revue En- cjclopedique , rue d'Enfer-Saint-Michel, n" 18 , et chez Paschoud,' libraire , rue de Seine, n"> 48. Les deux Livrets que nous annongons, comme pouvant convenir particulierement aux parens et aux autres personnes qui veulent donner A des jeunes gens des 6trennes , ou soient reunis I'utile et I'agreable , ne doivent pas Ctre confondus avec les Agenda ordi- naires, dont le seul avantage, que nous sommesloin de muconnaitre, est d'offrir un certain nombre de pages en blanc pour Tinscription des rendez-vous, des adresses, des notes et des affaires journalieres. Ces deux Agenda perfectionn^s fournissent, chacun dans son genre, et pour le but special auquel on a voulu le rendre propre , une sorte d'instrument pour faciliter I'application d'une methode, d6- veloppee dans VEssai tbeorique sur I'emploi du tems , dont les r^sultats d'utilite sont incontestables. On trouve ici une analyse complete et philosophique de la vie humaine et sociale , d'apris laquelle tons les souvenirs interessans et instruclifs , tous les pro - duits essentiels de rexistence peuvent Ctre recueiHis et classes, AlO LIVRES FRANCAIS. comparts ct apprikiOs, cliaquc jour, dans quelqucs lignes et en quelqucs minutes. Le^ tabletlcs de la vie courante et jourraliere servent & ins- ■ crire, d'une maniere sommaire et substantielle , I'emploi duja fait de la journie qui a precede , ou I'emploi projete de celle (jui va suifre.— Up espace librc, entre deux parentheses, i la suite de la date de cbaque jour, est desti'ie i recevoir un chiffre ou signe de contention , que chacun choisit b. son gr6, et donl il garde la clef pour lui seul, qui exprime si Ton a lieu d'ttre ou non satisfait de I'emploi de la journee. Ge signe pent se modifier de trois maniires, pour reproduire I'impressioa bonne, mauuaise ou mediocre qu'on a re^ue de la journde qui vient de s'tcouler. TJne seconde division pour la pie economique , se compose de" tablettes destinees ^ I'ins- cription des recettes et des de/senses journalitres , rapprocbees et comparees. Dans un troisieme ordre de tablettes, pour la vie sociale, on inscrit les noms des personnes avec lesquelles on entretient des relations d'amitie , de convenance ou d'affaires. La vie epis- tolaire , ou le double tableau des letlres ecriles et des lellres refues, avec des numeros de renvois des uaes aux autres , forme la qua- tricme diAsion. Dans la cinquieme , pour la vie intellectuelle e' littiraire , on porte les litres des meilleurs ouvrages , analogues k son genre d'instruction ou i ses travaux, qu'on veut se procurer, lire ou consulter. Enfln, la sixieme et derniere partie , la vie de la memoire et de I' imagination . comprend quatre sortes de tablettes distinctes pour les souvenirs et les projels personnels et de famille; les souvenirs et les projets d'utilite publique , rapportes i sa pro- fession, k son art, h son pays, i I'humanite ; les souvenirs histo- riques ou des epoques et des dates , et les souvenirs nicrologiques, soil des amis morts, soil des personnages marquans qui meurent dans le cours de I'annte. Chaque jour, intervalle de tems distinct, niarqnt par la nature , doit donner un resultat. II depend beaucoup de la raison , de la prevoyance ct de la volonte de Thomme , que ce resultat soil bon et utile : alors, on est necessairement plus beureux. Chaque homme peut devenir un moycn d'instruction et un sujet d'observation pour I'homme qui est en relation avec lui. Les hommes doivent se for- tifier, s'aider, s'instruire, s'ameliorer les uns les autres. Chaque fait particulier, susceptible d'etre remarque et recueilli, peut conduire LIVRES FRANCAIS. Ml ou se ratlacher i un principc gtntiral , ct foiunir unc le^on salutaire. Chaque circonstance ia^ilivc et momentan(';e, d'un certain interct, peut laisser des traces et procurer des avantages durables, si Ton sail eii tirer parti. Lcs malheurs mgme , les inconveniens , ies obs- tacles qu'on rencontre dans la vie, peuvent etre changes, jusqu'a un certain point, par une volont^ forte, en Clemens de succes et en moyens de bonheur. C'6st ainsi que la vie enfiere est un cours continue d'education , et une 6cole de morale pratique. D'un c6te , la pie morale el inlerieure , qui apprend i I'homme i se con- naitre et i se diriger, doit devenir I'objet d'une attention speciale, d'une etude suivie , d'une surveillance journalierc ; de I'autre, la vie exlerieure, civile et sociale devient igalement une suite non interrompue d'experiences et d'observations , qui serventa rhomme pour mieux connaitre ses semblables, pour se perfectionner lui- nieme , pour aiaeliorer sa condition et sa destinee. 11 serait k desirer que I'usage journalier de I'un ou de I'autre des deux Livrets annonc^s, ou de tous les deux k la fois, qui n'exigerait que peu d'instans chaque jour, fut generalement adopte dans les families et dans les maisons d'education pour les jeunes gens de I'age de dix-sept k vingt-quatre ans, qui en retireraient les plus grands avantages et qui contracteraient de bonne heure des ha- bitudes d'ordre et d'(iconomie , essentiellement morales et conser- v a trices. A. 1^3. — Essai sur les institutions de saint Louis- par Arthur Bkugnot^^/s , avocat i la cour royale de Paris. Ouvrage couronne, en 1821, par I'Academie royale des inscriptions et belles-lettres. Paris 1821. Levrault , rue des Fosses-Monsieur-le-Prince, n" 33; Strasbourg, nieme maisonde commerce. Un vol. in-8° de462 pages. Prix , 6 francs. La question posee par I'Academio etait con?ue en ces termes : n Examiner quel 6tait , k I'epoque de I'avenement de saint Louis au tr6ne , I'itat du gouvernement et de la legislation , et montrer quels ttaient, k la fin de son regne, les effets des institutions de ce prince. Cette question etait belle i traiter , et M. Beugnot fils s'est acquitte de cette t4che avec une profondeur d'eruditionet une jndependance d'esprit, qui a droit aux plus grands eloges. Les n6tres seraient superflus , apres le suffrage d'un corps aussi savant que TAcad^mie des inscriptions et belles-lettres. Cc qui frappe d'abord le lecteur , A12 LIVRES FlUNCAIS. dans I'ouTrage dc M. Beugnot , c'cst la nettete parfaite avcc la- quellc il nous fait parcourir une 6poque qui , sous tous les rapports qui ne sont pas immediatement lies aux eviincmcns historiques , ne se prdscntait k la plupart des esprits que d'uae manicre vague et confuse : ce merite tient k I'excellente methode adoptic par I'auteur. L'ouvrage entier est divise en deux livres : Du gouverne- ment , et de la legislation . Livue 1<". — Autoritc royale. — Pouvoir Itgislatif. — Administration interleure. — Administration de la jus- tice.— Clerge interieur. — Cour de Rome. — Finances. — Monnaies. — Industrie. — Agriculture. — Commerce interieur. — Commerce ext^rieur. Livre II. — Legislation genirale. — Legislation civile. — Prociidure civile. — Legislation criminelle. — Lf^gislation feodale. — Legislation religieuse. Chaoundeces chapitres est ddveloppe avec une grande abondance d'erudition etun jugement exquis. Joinville , Mathieu Paris, les Gapitulaires, les Ordonnances du Louvre, le Confes- seurde la reine Marguerite, les diverses collections des lois romaines ou feodales , Duchesne , Ducange , etc., sont les sources oil I'auteur puise habituellement , pour eclairer ses discussions, II n'a pas n6glig6 Don plus de consulter les manuscrits de la bibliotb^que du Roi , d'oii il a extrait quelquefois des renseignemens pr6cieux. Tout ce qui est relatif au droit f^odal , tant par rapport aux terres qu'aux pereonnes, est traits avec superiority , et en general Ton a occasion d'observer plus d'une foi» combien les etudes du jurisconsulte , ont Ah etre utiles i I'erudit. On pourrait remarquer que M. Arthur Beugnot a traite un peu en abrege le chapitre de la Pragmatique- sanction, I'un des plus beaux titres de gloire de saint Louis, si I'on ne devait supposer qu'il a cru inutile d'analyser ce que de savans canonistes avaient trfcs-doctement, mais unpen longuement etabli. M. Beugnot a era voir, dans certaines fonctions des baillis, I'institution moderne du ministere public ; cette opinion paraitra sans doute basard^e , quand on reflecbira que les baillis etaient juges , tandis que le caractere constitutif du ministere public est de requtrir qu'il soit juge. Cette observation n'a pas ediappe k I'auteur ; mais nous croyons que , sur cet objet , il s'est trop faci- lement contente de quelques rapports d'analogie. M. Arthur Beugnot a ecldirci une epoque tres-remarquable de notre histoire , son nom ne pent manquer d'y rester attache. Nous ajouterons , avec une vive satisfaction, que les principes politiques les plus sages, comme les plus genereux , se manifestent a cLaque page de son livre. A. M, LIVRES FllANCAIS. A13 i(54- Notice sur ritaldes Israelites en France , en riponse a des questions proposees parun sauant Stranger. Paris, i8ai. De I'impri- merie de Pillet ain6 , rue Christine, n" 5. Brochure in-8° de loS pages. L'auteur, attache au ministire des aOaires etrangeres , a pu ras- sembler, dans ce petit tableau historique , une multitude de ren- seigoemens qui out rapport au nombre et ft I'etat des sectateurs de la religion de Moise dans l'int6rieur du royaume. La preface nous apprend que c'est k I'occasion d'une correspoadance avec un tninistre d'6tat russe, a Varsovie , sur les moyens d'ameliorer, en Pologne , I'^tat civil et politique des Juifs , et sur ce qui a ete fait en France relativenient acetiniportantobjet,quecet ouvrage est public. 11 est k desirer que Tauteur donne bientOt au public I'histoire , qu'il promet, sur les vicissitudes que les individus de celte religion ont essuyeesdansnotre patrie, depuis leur premier etablissement dans les Gaules, sous lesempereurs remains, jusqu'i nos jours. Dt^jk ,un grand nombre d'ouvrages curieux sur ce sujet ont paru en France et dans I'etranger ; celui que nous annon^ons ne laisse rien k desirer, quant aus "details; et l'auteur est placode maaiere i pulser aux sources authentiques. L'histoire de I'etablissement des Juifs en France, de leurs diverses expulsions , du regime et des lois auxquelles ils ont et6 soumis, les efforts de I'illustre Malesherbes pour leur emancipation politique , les decrets de I'Assemblee constituante , qui leur donna le titre de citoyens; les progres marqu6s qu'ils firent par suite de ces premieres ameliorations, les lois d'exception renduea contre eux par le gouvernemenl imperial , I'assemblee des deputes israelites et du grand Sanhedrin , en 1807 ; tous ces objets sont traites avec un discernement remarquable. L'auteur parle avec eloge des titres et des travaux des principaux Israelites qui se sont dis- tingu6s, depuis le commencement de la revolution. On distingue dans cette liste M. Michel Berr, homme de lettres , connu par son cours ft I'Athen^e. Ce tableau de I'^tat actuel des Israelites etablit une consolante verite ; c'est qu'il n'est aucune classe de Fran^ais , quelle que soit sa position ou sa croyance , qui soit demeuree 6tran- gfere aux bienfaits de la revolution. C. Coqdbbed. i65. (') — Essai historique sur la constitution et le gouvernemenl anglais, depuis le regne d' Henri VII jusqu'a nos jours, par lord John RossBL, membre de la chambre des communes; traduit de AlA LIVllES FUANCAIS. I'anglais par A. Ror. Paris, i8ai. Cliass(jriau, librairc, au (l(':p6l bibliographique , rue Neuve-desPelits-Champs, n" 5. i vol io-S". Prix, 5 fr. , el 6 fr. par la poste. Plusieurs publicistes regardent le gouvernement anglais commo celui qui est le plus en liamionie avcc nos moeii'-s et nos bcsoins. Dans leur opinion , il olTre Ics elemens essentiels dc prosperity de- sirables, et nous devons souhaiter de voir un gouvernement cons- titutionnel, fonde sur des principes analogues, s'etablir parmi nous, avec les modifications exigees par la difference des tems et des lieux. Les ouvrages destind-s k exposer la marche des institutions constitutionnelles chez le peuple anglais, sont done maintcnant d'un int^rfit g(in6ral; et il en est pen qui puissent mieux nous fairc connailre I'historique de ce gouvernement que le livre de lord Russell, n merite a tons egards un examen detaill6 , que la Refue offrira incessamment aux meditations de ses lectenrs. l66. — Etat acluel de T Industrie f ran false , ou Coup d'oeil sur I' exposition de ses produils dans les salles du Loui^re, en 1819 ; par M. JoDY, membre de I'lnstitut. Paris, 1821. Llmillier, librairc, rue du Cimetiere- Saint-Andre -des-Arcs. 1 vol. in-S°, cartonne. Prix, 5 f. 5o c. En sortant d'une representation des Feinmes safantes, Menage disait 6 une des pr6cieuses de I'hOtel de Longueville : « Vous verrez, madame,qu'il nous faudra bruler tout ce que jusqu'ici nous avons adore.* A combien d'hommes de cour, k combien d'hommes d'cpee, et mcme k combien d'hommes de plume M6nage ne dirait-il pas aujourd'hui la meme chose ! De son tems , I'industrie et le travail attiraient le mepris sur les choscs utiles; les honneurs etaient reserves pour I'oisif servage des cours ; il n'y avait de gloire que pour ceux qui ravagent et massacrent pendant la guerre. De notre tems, le pillage, la devastation ^ le meurtre sont encore des moyens de cel6brit6; mais cbaque jour il devient plus douteux qu'ils soient de veritablcs titres & la gloire. Si les lionneurs publics ne sont pas encore la recompense des utiles travaux, dn moins I'estime et la reconnaissance y sont atlachees , et I'ouvrage que vicnt de publier M. Jouy est tres-propre Ji fortifier cttte id6e que les choses bonnes sont les seules honorablcs. Le Fran9ai3 le plus fa- miliarise avec les miracles de notre induslrie nationalc suit, avcc LIVRES FRANCAIS. A15 un plaisir mele d'orgueil, M. Jouy, parcourant de nouveau les salles oil farent exposes , en i8ig, les produits si riches et si varies de nos manufactures, et se reportant , par la pens6e , vers une des brillantes 6poques de notre gloire. Les saTans fournissent i I'in- dustrie des decouvertes et des procedes nouveaux ; les litterateurs, k leur tour, doivcnt favorlser I'industrie, en ctlebrant ses triomphes. Quel plus noble usage peuvent-ils faire de leur talent, que de reniployer k relever le merite de ces services quotidiens que les closes laborieuses rendent k la soci6te entiere , en diminuant les privations du pauvre, en donnant au luxe du riche plus de goilt, plus d'elegance et une direction plus avantageuse? II appartenait a un membre de I'Institut , au peintre brillant et ingenieux des moeurs frangaises, de donner I'exemple et d'inviter les 6crivains de toutes les nations a detourner moins souvent leurs pensees de ces occu- pations manuelles, de ces travaux mecaniques, qui, comme le dit tres-bien M. Jouy, fertilisent tout , repandent partout I'abondance et la vie , et sans lesquels on verrait la soci6t6 se dissoudre et les penseurs mourir de faim. L'orateur a place k la suite de son ouvrage deux listes alphabiitiques et raisonnees des artistes et des fabricans qui out obtenu des mudailles ou d'autres distinctions, k I'exposition de 1S19 et aux expositions precedentes ; puis, la liste des savans, des artistes et des fabricans auxquels le Roi a ac- cords des distinctions honorifiques : le livre de M. Jouy est , pour le travail et I'industrie , le plus glorieux des nobiliaires: A. A. i6j. — ManuscritAe Sainte-IIelene, public pour la premiere. fois avec des notes de NapolSos. Paris, 1821. Baudouin freres , rue de Vaugirard, n" 36. Un vol. in-S". Prix, 2 fr. 5o c. 11 est bien reconnu aujourd'bui que ce manuscrit n'est pas sorti de la plume de Bonaparte ; et, quoique Tediteur annonce que les notes jointes au bas des pages sont de ce fameux personnage, nous nous permettons d'en douter. La lettre de MM. Bertrand et Mon- tholou, inseree dans le Courrier anglais, devrait niettre un terme k ces nombreuses publications de pampblets attribues au prison- nier de Sainte-Helene. Quant a I'ouvrage dgnt il s'agit, nous enga- geons les personnes curieuses de se former une opinion raison- nable sur les faits qu'il renferme, k lire la refutation qui a etc publico dans I'un des volumes du Censeur Europien de MM. Gomte et Du- noyer. , A. T. AIG LIVRES FRANCAIS. i68. {')—Recueil de pieces aulhenliques sur le Captifde Sainie- Ilelene, de mhnoires et documens, ecrits ou dicles par I'cmpereuf Napoleon ; suivis dc Icltrcs de MM. Bertrand , Las Cases, Gour- gaud, Montholon ; Ics docteurs Warden, O'meara et Autommarchi ; avec des notes de M. Regnault-Warin, — et dcs notices biogra- phiqucssur Napoleon, Bertrand, Las Cases, Montholon etGourgaud ; par M. Jay, redacteur de la Minerve. Paris , 1821. Corr^ard, Palais- Royal. Prix, 6 fr. le vol. , et 6 fr. So c. par la poste. Les deux premiers volumes sont en vente. Le second, qui vient de paraitre,contient les lettres du comte Las Cases au lord Bathurst, ministre des affaires etrangferes de la Grande-Bretagne , et a Lucien Bonaparte : ces lettres contiennent la relation du Voyage et des premiers momens de la captivit6 de Kapoleon. La correspondance de M. Warden occnpe la deusieme partie du volume ; elle est rem- plie d'anecdotes et de details singuliers sur la vie interieure des exiles de Longwood. Enfioj viennent les pieces connues sous le nom de Leltres du Cap , auxquelles I'^diteur rend le nom de Lellres ecrites de Longwood , parce qu'elles furent dict^es par le prisonnier de Sainte-Helene. Les documens qui rempliront les volumes suivans, n'offriront pas moins d'interet. Outre les memoires politiques sur la campagyie de iSi5, Merits par Napoleon lui - meme et qu'il a intitules : Les trente-cinq jours, ils contiendront ses conversations politiques, la relation du i3 vendemiaire, de la bataille d'Arcole ; VAppelaJa Grande-Bre/a^Tze , par Santine , huissier de Napoleon; les details donnes par O'meara sur I'interieur et la vie domestique de Longwood, la correspondance du decteur Autommarchi avec la famille de Napoleon, sur sa maladie , etc M. Jay, redacteur de la Minerve , s'est charge de faire les notices biographiques sur Na- poleon et ses compagnons d'exil. 169. — Voyage au Dahomey (Guin6e), par J. M. Leoo; traduit de I'anglais par Edouard Gadiiier, secretaire adjoint k I'ecole royale des LL. 00.,etc., etc.,ornedegravures. Paris, 1821. Nepveu, passage du Panorama , n° 26. Un vol. in-18. Prix, 3 fr., et colori6 5 francs. Peu de persounes ont entcndu parler du Dahomey , et cependant ce royaume est un des plus florissans de la cOte occidentale de I'Afrique. Ceuz qui ne le connaissent que par les articles de I'En- cyclop6die ou par la relation de M. Norris, ont dCl en conccvoir LIVRES FRANCAIS. A17 une idee bien dcsavantageuse. On lit nieme, dans le premier de ces oiivrages, que la chair humaine se vend publiquement dans les marches dahomiens. M. Leod, plus v6ridique, lout en combattant I'exagiration des recits des voyageurs qui I'ont precede , rapporte une multitude de fails qui ne donnent pas une haute idee de I'hu- manite deces Africains. o Us celebrent, tous les ans, ditil, une fete k laquelle sont invites les chefs des factoreries europeennes. On dresse un echafaudage sur lequel se placent le roi et toute sa cour (la garde royale est compos6e de femmes) ; puis on am^ne les vic- times, que Ton decapite suq,cessivement, tandis que les nfegres , ranges en cercle , dansent en chantant les louanges de leur auguste monarque. Si le pied vient k manquer i I'un de ces pauvres bala- dins, il est lui-meme train6 au milieu de I'assemblie et mis i mort. Lorsque le roi veut communiquer quelque nouvelle heureuse h ses aieux, il expedie le courtisan le plus voisin, en lui tranchant la tete, apres I'avoir charge dc la commission. » M. Leod donne en- suite une idee du gouvernement, de la police , des jugemens, et enQn des ressources du pays. M. Gauttier, son traducteur, apr^s avoir developpe quelques idees sur les avantages que Ton pourrait retirer des colonies elablies dans ce pays , exprime le voeu de voir se former une Societe de geographie. Cette Societe existe mainte- nant, et nous apprenons avec plaisir qu'il est un de ceux qui ont contribu6 i la creer. 170 (*). — (Eufres dramaliques de J. W. Goethe, traduites de I'allemand ; preced6es d'une Notice biographique et litteraire sur cet auteur. Premiere livraison , composee du Tom. III. Paris, 1821. Bobee , rue de la Tabletterie, n" 9. Un vol. in-S" de 3g4. p. Prix, 5 fr. Cette traduction doit interesser tous les^amis des lettres, en France, et particulieremeut ceux qui, verses dans la connaissance des langues de I'antiquite ct de celles de I'Europe occidenlale , et pouvant ainsi comparer Sophocle, Shakespeare, Galderon , AlGeri, etc., avec les auteurs dramatiques qui font la gloire dc la litterature francjaise , n'avaient, jusqu'ici, pour juger I'emule de ces grands pofetes, que quelques notices succinctes et incompletes. L'auteur de lf~erther,ce, doyen de la litterature europeenne , celebre depuis un demi-si6cle , est I'objet tour ix tour de I'admiration des ecoles classique et roman- tique , selon qu'il s'est senti entraine k nous peindre les moeurs an- tiques , ou celles du moyen 5ge et des tems modernes. Le Tome qui Tone xh. 27 418 LIVRES FRANCAIS. a paru offie deja im excmplc frappant de ceite soiiplcsse et de ctHi fecondite qui se fait rcmarquer dans Ics tableaux, toujours vrais ct toujours differens , que son imagination cnl'anle. Parcourant les di- vers siecles , transportti d'un oidre de cboses dans un autre, se trouvant successivement en rapport avee des hommes de tous les caracteres, de tousJes pays, de toutes les i-poques, le lecteur voit, dans Goetz de Berlichingen ( le premier des drames qui composent ce volume ), les tcms htroiques de I'Europe chevaleresque ; dans Iphigenie en Tauricle , ceux de la Grece ; et dans Clavijo, les moeurs de la societe actuelle , reproduites avee une v6rit6 de pin- ceau qui ne nuit pas «» I'originalite des conceptions, et avee unc verve de talent qui, dans I'imitation la plus exacte, conserve toute la vigueur de I'independance et tout le feu du genie crcateur. Goetz est commc la representation vivante du moyen. Sge ; il a servi de type a Iwanhoe, ainsi qu'i d'autres essais qui nous reportent dans les sifecles de la feodalit^. Iphigenie est le parfait modele d'une trage- die conforme aux rfegles d'Aristote , et respire a la fois la simplicitt, la grSce, la grandeur et la majesty de Sophocle. Clafijo , enfln , outre son merite dramatique , doit avoir pour les lecteurs fran^ais un attrait particulier : il montre Goethe s'emparant d'un sujet deja traite par Beaumarchais, et ijotroduisant sur la scene cet ecrivain spirituel , sans ternir en rien les couleurs brillantes de sa physiono- mie, sans rien 6ter k son langage de la tournure piquante et de la chaleur qui le distinguent Par son elegance, autant que par sa fide- lit6 , la traduction que nous annonq'ons parait dignc de prendre place i c6te de celle des oeuvres de Schiller, le plus illuslre des imi- tateurs de Goethe. Elle aura en tout quatre volumes, et le premier (qui doit former la derniere livraison) contiendra unc Notice de- taillee sur la vie et les ouvrages de Goethe. L'execution typogra- phique r6pond au mdrite de I'ouvrage. iji (*) — (Siifres de L. B. PiCABD,en dix volumes in-S" , ornes d'un beau portrait de I'auteur. i", a', 5' , 4' » 5* et 6* livraisons , composees d'Eugene et Cuillau/ne, roman, et des volumes I, II du Theatre. Paris, 1821. Barba, au Palais Royal, derrifere le theatre fran^ais. Le prix de cbaque volume, sur beau papier fin satine , est de 7 fr. pour les souscripteurs. L'idition , confide aux soins de F. Didot, sera terminee k la fin de Janvier prochain. 172. — Louis IX en Egypte, tragedic en cinq actes; par N. L. Lk- t LIVRES FRANCAIS. A19 liEBCiKB, de I'academie fran9aise. Paris, 1821. Barba, au Palais- Royal. Brochure in-S". Prix , 2 fr. 5o c. Le public a prononce ; il ne reste plus & I'auteur qu'i voir con- firmer S la lecture le succes qu'il a obtenu k la reprtsentation. (Voy Rei>ue Encyclopedique, Tom. XI , p. 445.) Pofete habile, his- torien vrai , profond artiste , il est parvenu , avec les seuls mat^riaux des annales arabes et des chroniques francjaises, k Clever le diiBcile edifice de cinq actes, tt a les remplir de mouvement, de chaleur et d'intirfet ; c'est avec la mfime fidelity, avec la mfime vie que les moeurs locales , les caracttres et I'attitude des personnages sont des- sines, colories , contrastes. D'abord , brille ce fougueux Octalr, em- bras6 du triple fanatisme de I'amour , de I'ambition , de la fatalite ; grande figure theitrale, sur laquelle domine le pieux et calme he- j'oi'sme de saint Louis. Les scenes oil ce grand roi et ses grands chevaliers luttent de d^vouement et de vertu , oil tous , in6bran- lables dans leur foi , acceptent sans p41ir la plus horrible mort , sont marquees au coin d'un sublime path6tique : la critique doit se taire devant des beautes d'un ordre si releve. Elle dit : « Taction est double, le denouement u'est point tragique. » On pent lui repondrei « les exemples de Tun et de Tautre , frequens au thefttre , autorises par la po6tique d'Aristote , sont justifies par le succes. » On ajoute : B le style de Tauteur est inegal. • Oui, mais comme le style de Cor- neille , qu'il a pris pour modele , et dont il reproduit souvent les males et sevferes beautes. M. Leniercier me semble avoir acquis, par cet ouvrage, de nou- veaux droits i la reconnaissance litteraire et nationale ; je joins mes voeux k ceux du public et aux siens pour obtenir la representation de la Demence de Charles VI, tragedie interdite , je ne vols pas par quel motif; car le roi n'y parait point avili. En Angleterrc, en Allemagne, on met sur la scene des rois et des empereurs, non seulement fous , mais encore parricides, incendiaires, empoison- neurs. La puissance n'en reste pas moins ce qu'elle est, c'est-i-dire respectable et respectee. Comment se fait-il que Tart dramatique, si illustr6 en France, y subisse de telles entraves, tandis qu'il est libre dans le reste de TEurope? Ch bd. 175. — Almanack des Dames , pour Vannee 1822. — Vingt-uni6me ann6e. Paris, 1821. Trenttel et Wiirtz, rue de Bourbon , n° 17. Ia-16 de 25 pages, avec bujt gravurcs, Prix, 5 fr. broche. 27* A20 LIVRES FRANCAIS. L'annee n'est pas encore expiree, ct deji plusieiirs des recuciF* qui se publipnt annucllement, ont pris I'avance , pour se dispuler I'avantage d'etre ofTerts en elrcnncs. De tons ccux que la mode a maintenus, VAlmanach des Dames est le plus accredite aupres du beau sexe. Les morceaux de poesie qu'il reni'erme et qui sont avoues par le bon godt ct la morale, ainsi que le choix de tableaux de grands maitres , dont la gravure est confiee i nos meilleurs artistes, justifient la preference qu'on scnible lui accorder generalement. On trouve, dans celui de 1832, les portraits de Marguerite de Pro- vence et de Jeanne Hachette. Les autres sujets sont Vinus qui se Tnire, d'aprfes le Titian ; Judith et llolofeme, d'aprfcs Luc Cam- biari ; les Cinq sens et un Concert, d'apres Ic Valentin, et deux pay sages, d'aprfes Everdingen et Breenberg. Une vignette char- mante represente I'Amour offrant d'une main des flours i une jeune fille qui est S genoux devant lui, tandis que , de I'autre, il ^tient des fers qu'il lui cache et dont il parait vouloir I'encliainer.Les noms de MM. Bignan , Chenier, de Sigur, Sounict, de Stassart , etc., promettent des jouissances aux amateurs de la poesie , et nous ne .serions point embarrasses de citer un assez grand nombre de pieces, qui toutes rivalisent entre elles de grSce et de correction ; mais nous croyons qu'aucun des auteurs de ce recueil ne se plaindra , si nous disons que nousavons donne lapalmcci une charmante epitre de M. Bres , intitulee : le Chateau. E. H. 174- — Le Chansonnier Francais , ou Etrennes aux Dames , re- dige par quelqties membres du Caveau moderne et des Soupers de Momus. Dix-neuvi6me annee. Paris, 1821. Caillot, rue Saint-Andre- des-Arcs, n" 67. In-16 de aSa pages. Prix, 1 fr. So c. , et par la poste a fr. 175. — Le Chansonnier des Demoiselles , redige par les memes. Dix-huitieme ann6e. Paris, iSai ; chez le m6me. In-16 de iSopages. Prix, 1 fr., et 1 fr. aS c. par la poste. a lis chantent, disait Ic cardinal Mazarin , ils paieront. » Jamais le Francais nc s'est montre plus dispos6 i payer, si Ton en juge par le nombre de cliansonniers que chaqua annee voit eclore. Les deux recucils que nous annonc^ons, tous deux dedies au beau sexe, se distinguent par un choix en general assez bien fait. Si le goiit peut se plaindre de quelques couplets un pen faibles et qui evi- demment n'ont et6 adniis que pour ne pas decoujagcr de jcuncs LIVRES FlUNCAIS. A21 pietendans >au sceptre de la chanson, du molns les moeurs n'y sont blessecs eu rien , qualite qui devient tous les jours plus rare dans l€s recueils de ce genre. Nous avons distingue , dans le premier : le Don Vieillard et la Vendange , par M. de Beranger ; la Derniere i-'o/Ze, par un anonyme , ct la Jlose , par M. Beraud. Le second, peut-etre nioins bien partagi , offre cependant V I ncredule, par ixa anonyme , sous le nom du Diable boiteux; Mlinuit, par Butignot ; le Carnaual, par Chatain, le Faux Prere , par Gabriel de M***, et Jean a Jeanne , par Gillet. On voit que nous n'avons pas , k I'exeinple de plusieurs de nos confreres , forme notre opinion sur la table ; si le nom des auteurs est un litre de recommandatioa aupres de nous, leurs ouvrages ont seuls le droit de fixer uotre juge- ment. E. H. i/G. — LeMinistrede //^ir/^e/ie/J, par Goldsmith; nouvelle edition^ revue et corrigee. I'aris , 1S21. Roret et Roussel, rue Pav6e-Saint- Andre -des- Arcs , n" y. 3 vol. in-12. Prix, 4 fr. et par la poste 5 fr. 5o c. Get ouvrage , generalement connu et apprecle, est un de ceux qu'on relit toujours avee plaisir. Les caracteres en sont tous pris dans la nature, et offrent entre eux des contrastes habilement me- nages. On aime surtout le bon pasteur Primerose, ses vues droites, sa probite austere et sa constante resignation dans le malheur. Ne voyez que les gens de voire classe , si vous ne voulez compromettre votre tranquillite ; ne depassez jamais vos moyens , si vous craignez de vous perdre dans une foule d'embarras et de vous rendre ridi- cules : telle est la morale de cet ouvrage , qui doit servir i rendre meilleures toutes les personnes qui savent clioisir leurs livres et reflechir sur leurs lectures. M. D. J 77. — Conies du uieil Ennite de la vallee de Vauxhuin par Ch. PouGENs. Paris, 1821. Desoi-r, rue Christine, n" 2. 3 vol. in-i2. Prix, 7 fr. 5o c, et 9 fr. par la poste. 11 n'est pas commua en France de voir les erudits publier des ouvrages d'esprit ; ce n'est pas que ces Messieurs ne soient tres- spirituels ; mais ils paruissent croire qu'en donner des preuves, ce serait deroger. lis ont raison, si leur desapprobation s'applique 4 certaine prose creuse et sonore, i certains vers plus insigniCans encore qu'ils n(2 sont harmonieux. Mais I'esprit applique a la pliilosophie , c'est-a-dire a lout cc qui tend en quelqiie maniere an but d'ame- A22 LIVRES FRANCAIS. liorer Thomme, vaut bien rcruditiou ; je suis meme tente de croire que celle-ci n'est destinee qu'4 preparer des materiaux a la philo- sophie. M. Pougens est un de nos plus doctes etymologistes , le monde savant ne I'ignore pas ; il est un de nos conteurs les plus pbilosophes et Ics plus piquaas ; les gens du monde le savent depuis la publication du livre que nous annoncons. II serait difficile de se procurer une lecture plus amusante. et je pense que c'cst dej^ quel- que cbose. La maniere de I'auteur a plusieurs analogies avec cellc de Voltaire ;c'est de I'ironie , de la verve, de )a misantropie, mCl6es a un grand fonds de bienveillance pour notre pauvre esp6ce ; comme cbez le patriarche , le profond savoir du conteur s'el6ve de tems en tems 4 la surface, a(in de preter du cbarme au recit ; mais ici r^ruditiott n'est visible qu'aux gens du metier; et , pour peu qu'elle pritende k s'etablir sur la scene , elle est promptement con- gediee. Dirai-je tout: k Vauxbuin, comme k Ferney, on ne fait pas grSce aux sots pr6jug^s , aux abus politiques ou sacr.es , k la supers- tition ni ublic general ; — M. de Pobtkts, pro- fesseur; — 2"> Hisloire du droit romain ; M. Poncelkt, prof. ; — 3" Bla- niere d'eludier et d'ecrire l' hisloire : Examen des principuiix Jiis- toriens de la Grece ; M. Dadkoo, ■proi.;—/i'' Poisie latine; M. Tis- SOT, prof.; — 5" Preceples moraux d puiser dans l' etude de I' hisloire ; M. Lacretkllb jeune, prof.; — 6° Hisloire du gouvernemenl reprk- sentatij; M. Guizoi, prof.; — 7° Hisloire de la langue el de la lilte- raUirefrancaise., depuis leur oris;ine jusqu^au siecle de Louis XIT' ; M. Pierrot, prof. — Nos lecteurs apprendront avec interet que cet utile recueil sera continue, durant I'annee 1822. Le nouveau pros- pectus se distribue au bureau du Journal. Livres en langues ttraiigires imprimes en France. iSi. — ME'AISSA , « truKxoyi x. T. X. — L'^beille, ou Eecueil grec, public pour I'utilite de la patrie, par Spiridion Kokdos, de Corfou, chevalier de la Legion-d'honneur, etc., et par Agathophrow, de Lacedemone, citoyen de Paris. Troisieme livraison, impriinie aux frais d'un ami noble et ginereux, Philarele Mktriophkonidis, piofesseur de philosophic grecque, etc. Paris, 1821, imprimerie de Bobee. Se trouve a Marseille, k Bucharest, i Odessa, & Constantino- ple, etc. ( 11 n'en a paru que trois livraisons. ) Nous aurions dii sans doute annoncer plus tOt cette livraison , publiiie depuis quelques mois ; niais un recueil litt(5raire , connu et apprecie de tous les amis des lettres grecques, n'est pas un ouvrage de circonstance ; et les analyses precieuses donn6es par 1 es auteurs, leurs observations pleines de raison et de gofit , leurs excellentes traductions d'ouvrages fran^ais, leurs renseignemens pri- cienx sur leur patrie, seront toujours lus avec plaisir. Nous dirons nicnic que, si les circonstances peuvent iniluer en quelque chose sur la destinee d'un ouvrage de ce genre , les auteurs de VAbeillc grecque doivent espirer aujourd'hui, des lecteurs europeens, encore plus d'attention et d'interet qu'Ji I'epoque oil cette livraison a paru. lis y rappcllent plus d'une fois le nom du celebre patriarche de Constantinople, Gregorios ; et I'infortune n'existe plus. lis parlent avec enthousiasme des progres de I'inslruction dans leur cherc ct noble patrie, des gyninases qui s'elevenl de tous cOtes, de ces homines genercux ct braves qui gOmJssent ct sc dObattcnt en vaiu LIVRES FRANC AIS A27 sous le joug de I'ignorance et du despotisme, et ne trouvent de consolation que dans le souvenir de leurs ancetres, dans I'etude de leurs chefs-d'cBuvre , dans Tespoir d'un avenir digne |de tant de gloire passee ; et depuis, IfS descendans des Miltiades et des Leo- nidas, non contens de les admirer dans I'ombre des 6coles, sont alles les imiter sur les champs de bataille. Nous voyons, dans les trois parties de I'ouvrage , public i Paris par de jeunes Grecs , quels sentimens animent la classe eclairee de leurs compatriotes, quelle conscience ils ont de n'etre pas indignes de leurs pferes, avec quels efforts ils cberchent a repandre dans la Grece cette ins- truction que la Grece nous a donnee, combien ils font de va'ux pour avoir une patrie et pour fitre libres ; aujourd'hui, dans les ev6nemens qui se passent sur les ruines de Sparte et d'Atbenes , nous voyons ce qu'ont produit I'instruction, le patriolisme et la liberte. . C'etait un beau spectacle que celui de ces exiles de la Grece , qui, fuyant un pays opprime, un sol profane par la tyrannic, sem- blaieot transporter leur patrie avec eux, et qui, a Londres, a Paris, i» Berlin, pauvres mais libres, etudiaient les arts de I'Europe civi- lis(ie , se formaient aux grandes pensees, aux connaissances utiles, encourageaient leurs freres malbeureux , et leur disaient avec con- fiance {^beille grectjue, premiere livraison, pag. io3) : a Non, il n'est pas impossible que notre nation, aujourd'hui gemissante, asservie, re- trouve, aprestant de siecles, le repos, le bonheur et la gloire. Vienne cet heureux jour 1 vienue le jour oil nous auroas une patrie I » Ce jour est-il enfin venu ? La lutte a commence ; plusieurs de ceux qui ecrivaient pour instruire leurs concitoyens, sont alles combattre pour les defendre ; tous ces travaux litteraires sont interrompus; les Grecs n'auront pas besoin de livres , s'ils redeviennent esclaves ; ce n'est plus le terns de s'occuper des efforts qu'ils faisaient pour eclairer leur €sprit, pour epurer leur langue. Une plus grande question s'agite en ce moment; il y va de leur liberte, de leur religion , de leur vie, de la vie de tout un peuple. Comment cette question se decidera - t- elle ? Nous ne pourrions aller plus loin sans retomber dans les discussions qui out renipli, depuis quelques mois, les journaux politiques. Qu'il nous soit permis seulement de rappeler ce qu'un de nos collaborateuis ecrivait au mois de no- vembre 1819, long-tems avant que la guerre fill renouvclee enlre ks Grecs et les barbavcs : /i28 LIVIILS FRANCAIS. « La Gri'ce est enoore sous I'opprcssion ; linais cllc olTre maiiile- nant un spectacle inoiii dans I'histoire du monde , cclui d'un peuple qui s'instruit . s'agrandit, s'eleve , dans les i'ers de scs inaitrcs ; on dirait qu'elle se prepare & la liberty. Sous la domination de Rome, Atl'.cnes rignait du tnoins par Ics arts, et cetto gloire lui ('•tait pei-mise ; les vainqucurs cux-nirmcs cOdaient aux vaincus la superiorite du gofJt ct des taiens; ils no se reservaiont que celle des amies. Aujourd'hui, les Grocs obeissent h une nation dont les cheTs repoussent et combatlent toute esptce d'instruction, et afTcctent de regarder I'imprinierie comme un sacrilege, parce qu'elle effraie leur politique ; et c'est du milieu de cette tyrannic, qui prend I'jgnorance pour auxiliairc , que s'ileve la voix de ces hommes gen^reux qui rappellcnt leurs concitoycns 4 la dignitii de I'bomme, et leur montrcnt de loin , dans les capitales de I'Europe, quelques- uns de leurs ft-eres dont les (icrits leur apprendront ce qu'etaient leurs ancfetres. Exiles volontaires, ces Grecs voyageurs ont sans ccsse les yeux tournis vers la patrie ; ils lui consacrent toutes leurs pensees, tous leurs travaux; ils n'icrivcnt, ils ne parlent, ils ne vivent que pour ellc. Ainsi, en 1799, I'illustre Corai, qui a des sta- tues parmi ses compatriotes, dediait son Theophraste aux Grecs libres de la vier lonienne; ainsi, de nos jours, les dignes protec- teurs dc la langue et des muses paternelles encouragent toutes cei, feuilles grecques sur la litterature, les arts et les sciences, « V Her- jiiea, le Teld'^rophe , la Pallas, la Calliope, qui, publiees (^a ct la dans I'Occident, vont ensuite porter nos lumieres et nos decou- vertes chez ce peuple dont les grands hommes nous instruisent et nous charment encore. Les Grecs, dans leur patrie meme, com- inencent k ranimer les etincelles de ce g6nie si long-teras dteint ; ils ouvrent des gymnases a la jeuncsse studieuse ; ils ont traduit Ic TeUmaque , Eelisaire, Alala, et beaucoup d'autres ouvrages fran- rais. Demetrius Aristomines, de Smyrne, vient de traduire encore le Discours de J. -J. Rousseau, sur I'Ori^ine de I'ini^aliti , et la jeuneEranthia, de Cydonics, a peine flgee de dix-huit ans, le I'raile de Fenelon, sur V education des filles. Rendons hommage .i Teniu- lation de ces pcuples ; nous ue serons jamais assez reconnaissans de ce que nous devons .i leurs aieux; empressons-nous d'accueillir et de recommander a Taltcntion publiqne toutes les nouvelles tenta- tives dont le but est si noble ; ai)plaudisson9 au courage et a la LIVllES FlUNCAIS. A29 perseverance do ccs Grecs vraiment citoyens, inipatiens de faire revivre dans le cceur de leurs i'rures ces deux sentimens qui con- duhent tot ou taid aux grandcs clioses : le besoin de I'inslruction et I'aniour de la patrie Espercz, nobles enfans de la Grece ; un de vospoetes a nomniu resperance I'aimable nourrice derhomme; esperez une patrie dont vous etes dignes par votre enlhousiasme et vos regrets. Tous ceux qui aiment les arts et le genie ont toujours plaint vos desastrcs, maudit vos persecuteurs, et detnande an ciel qu'il fCit permis un jour aux petits-fils d'Aristide et de The- niistocle de vivre et de mourir libres, au milieu des monumens de leurs peres. Allez, retournez, avec la faveur des peuples et des rois, vers ces champs de vos aieux, oil tant de souvenirs vous serviront de lemons et d'exemples , oil dorment les cendres de vos grands hommes, oil peut-6tre leurs belles destinees vous attendant... N'oubliez pas alors ces Franoais qui vous aimerent, qui s'unirent a vous par une sorte de fratcrnitehospitaliere, et que I'Europe a sur- nomnies les modcrnes Atheniens. » V. L. 182. — Elogio de don Mariano Luis de Urquijo. — Eloge de M. Ur- quijo , ministre , secretaire d'etat d'Espagne, par don Anloine Beraza, avocat. Paris. 1S20. Herban. Brochure de So pages. L'eloge de M. d'Urquijo etait un devoir pour ses compatriotcs. La vie de ce digne ministre d'etat appartient a la biographic des hommes illustres de son terns. C'est lui qui, ayant le porte feuille du premier ministere d'Espagne, sous le roi Charles IV, ouvrit I'Amerique aux etrangers, en accordant au celebre savant de Hum- boldt la permission de voyager dans les pays decouverts par Colomb, Cortes, Baca, Pizarro et d'autres Espagnols. C'est a M. d'Urquijo que I'Espagne a da d'epargner plusieurs millions, par la defense faite, en 1799, de demander des dispenses a Rome. C'est lui qui reprima les exces de I'inquisition, en empechant les chefs de ce corps d'inquieter les consuls de France, de la republique batave, et en general ceux des autres nations, catholiques ou noa catho- liques. Un tel ministre etalt bien digne de I'eloge que nous annon- 50ns, et du magnifique mausolee qui lui a ete erige en marbre de Carrare, dans le cimetiere de I'Est, a Paris , oil 11 est mort le 5 mai 1817. J. A. Llorentk. i83, — L' Orlando f arioso di Lodovico Ariosto , etc. — Le Roland furieux, de I'Arioste. Paris, 1821. Leffevre, libraire, rue de I'Eperon, n^-C, Svol, ia-32. Prix, 18 fr. A30 LIVRES FRANCAIS. i84.(') — La G erusalemme liberate di Torqualo Tasso — La Jerusa* leni dfSlivree dii Tassc. Paris, iSai. Le inCme, 4 vol. in-Sz. Prix, 8fr. Ccsdcux ouvrages forment la continuation dc la liiblioteca poetica italiana ( Bibliollieque poetique italienne), entreprise par M. Le- fevre , et dent le clioix est conCe i M. Buttura , et rimpression & M. P. Didot. M. Butlura salt donner i cette tlegantc edition un nouvcl interet par dcs remarques aussi conciscs que lumineuses, qui niettent le lecteur ii nieme d'apprecier le mirite des auteiirs et de leurs ouvrages. On a souvent et6 en peine de saisir la marche, I'ensenible et l'unit6 du vaste pofeme ou reman de I'Arioste. Gin- ffiien6 est le premier, parmi les strangers, qui se soil occope de trouver un fil pour ayancer avec certitude dans cette espf ce de labyrinthe. Le veritable heros du poeme , scion lui , est Roger, et non Roland ,comme I'a pense , avec tant d'autres, M. de Sismondi; et par consequent , le but secret du poete est le mariage de Roger avec Bradaniante. Selon M. Buttura , le sujet du potme est la France delivrte dcs Sarrazins ; et toutes les autres avcntures que le poete y rattache , n'en sont que les Episodes. TJne courte preface de I'editeurest destineca dtiveloppersurtout cette idee. En outre, chaque cbant est precede d'une indication de son sujet, et suivi de quelques variantes. Le huitieme volume contient les sept satires de I'Arioste, que I'editeur regarde comme la meilleure vie de ce poete. On a fait disparaitre quelques fautcs qui deparaient les editions pr6c6- dentes. On trouve aussi 4 la fin trois sonnets du meme poete, sur les cbeveux de Genevre , sa bien-aimee. Les poesies de I'Arioste sont suivies de la Jerusalem delivree du Tasse; de ce pofeme dont les critiques semblent destinees i multi- plier les editions. L'editeur, dans sa preface, a fait quelques re- flexions sur le sujet de cette i-popee, qui a place les modernes au niveau des anciens. On trouve de meme, au commencement de chaque chant, I'indication de son sujet, et a la fin quelques va- riantes tri;s-dignes de remarque. M. Buttura indique aussi les defauts principaux de ce poete ; mals il assure en meme tems qu'oa ne pent lui reprocher plus d'uoe cinquantaine de ces vers, oil le clinquant et raffectation nuisent a la verite et au sentiment. Ce qu'on pourrait reprocher a I'tditeur lui- meme, c'est que scs remarques semblent quelquefois un peu siiperCcielles ; mais il a voulu , je pense, les pro- portionnerau format et i la simplicite de I'edition , qui merite d'in- teresser'_lcs amateurs de la poesie italienne, et surtout les dames, auxquelles elle parait Ctre principalement deslinee. F. SAirr. IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. AMERIQUE. Etats-Unis. — Ville du Detroit. — Statistique. — Rien ne pent mieux faire connaitre les progr^s de la civilisation aux Etats-Unis , que les details suivans sur la petite ville du Detroit. Elle est situee sur la rive occidentale du dttroit qui joint le lac Erie au lac Saint- Clair, i une distance de six milles au-dessous de ce dernier, et a 42 deg. 3o m. de latitude nord. Elle se compose d'environ deux cent cinquante maisons , y compris les bStinaens publics, qui sont au nombre de onze : 1° une eglise catholique romaine, de 116 pieds de longueur sur 60 de large ; les deux clochers out 110 pieds de haut ; il y a une chapelle souterraine , qui etait d'abord destinee a devenir un couvent. Ce bStiment, entierement en pierres, n'est point en- core acbeve; 2° une eglise protestante en bois, peinte et ornee d'un dome, soutenue par des colonnes de bois; 3° une 6cole publique, de So pieds de long sur 24 de large ; 4° une maison de correction en pierres, i deux etages, occupant 88 pieds de terrain sur 44 i 5° la maison du conseil , en pierres; 27 pieds sur So; 6° la maison de banque dela banque du Michigan ; c'est un carre de 36 pieds de c6t6 ; elle est a deux etages, bfttie en briques ; 7° un marche ; 8° un ma- gasin du gouvernement, en briques ; 100 pieds sur 4o ; 9° un arsenal, en pierres, k deux etages; 10° un magasin d'artillerie , vaste bati- , ment en pierre de taille ; \i° le fort Shelby et des casernes spa- cieuses. La ville du Detroit est r^gulierement bStie , les rues sont larges ; elle occupe une eminence qui , s'ilevant a 4o pieds au-dessus de la rivifere , commande le pays environnant, et laisse voir plu- sieurs sites agrestes. Sa population est d'environ quatorze cents ames, en comptant la garnison. Une grande proprete entretient un air salubre dans la ville. Le commerce y est actif. Elle possede plusieurs fabriques; mais, ce qui etonne surtout, c'est le grand nombre d'as- sociations morales qui y ont ete fondees et qui y prosp6rent. Nous citerons les principales : 1° le lycee , ou academie, de la ville du Detroit : son but est la culture des sciences en general, et de la A 32 AJIERIQUE. liltiraturc; Jes stances sont publiqucs; 2" unc societe pour le per- fectionnemenl de I'as^ricullure; 3° xiac societe pour la micanique , ou science des ynachines; 4° imc societe biblique; 5° line sociile de francs-macons ; 6° une loge des viaitres francs- ma fans acceptes ; ■7" une societe de morale el d'humanili ; 8" une association des ecoles du dimanche. II y a dans cette ville deux prCtres callioliques, un ministre protestant ct un ecclusiastiquc mtthodiste. On y conipte huit mcdccins ct douze avoues. icriture hieroglyphique des Indiens. — Extrait du Journal de Voyages de M. Schoolcbaft : 0 Cc matin, lorsque nous quittSmes ]e lieu oil nous avions campe, les Indiens y laisserent un m<5nioiiaI de noire voyage, sur de recorce d'arbre , pour I'instruclion des hommes de leur tribu qui voudraient suivre nos traces. Cctle cou- tume est generale parmi eux : ils tracent sur de I'ecorce de bouleau, avec de la couleur, ou avec la pointe de leurs couteaux , un grand nombre de figures bieroglyphiques qui sont comprises de la nation, lis placcnt ensuite le morceau d'ecorceau bout d'une percbe , qu'ils enfoncent dans la terre, en I'inclinant du cote vers lequel ils se di- rigent. Dans la circonstance actuelle , toutes les personnes, qui fai- saient partie de rexpudition , etaient representees d'une manicre trfes-intelligible, chacune etant caracterisee par quclque emblenic de sa situation ou de son emploi. lis distinguent les Indiens des blancs, en les peignant diffcremment : les premiers n'ont point de cbapeau. lis cmploient frequeminent les symbolcs : le lieutenant Mackay dtait rcpresente par un sabre, comme officier ; M. Daty , Ic midecin, par un livre , les Indiens ayant compris qu'il etait homme de loi; moi(c'est M. Scboolcraft, le mineralogiste , qui parle), par un marteau que je portais presque toujours h ma«ceinture. La figure d'une tortue et d'un coq de bruycre signiCaient que nous avions tu6 ces animaux ; trois nuages de fum6e indiquaient que nous avions allume trois feux autour du lieu oil nous campions ; huit fusils , qu'il y avail avec nous huit hommes armes ; trois entailles sur la perche , pench^e vers le nord-ouest , que nous alliens marcher pendant trois jours dans cette direction ; la figure d'un blanc, avec une langue des- sinee pres de la bouche , rcprcsenlait I'interprete. Un Indien, pas- sant dans le meme endroit, pouvait done lire sur ce memorial que quatorze blancs el deux Indiens y avaient campe ; que cinq des hommes blancs etaient chefs ou officicrs , I'un interprete ct les huit ASIE. 133 auli-es soldats ; qu'iJs allaietit au lac sablonueux ( trois jours de marche vers le nord-ouest ne pouTant manquer d'y conduire); que nous etions armcs de huit fusils et d'un sabre; que nous avions tu6 une tortue et un coq de bruy^re, etc. Je ne savais nullement que les Indiens pos- sedassent un moyen de correspondre si prompt et si sOr; tous les voyageurs avaient garde le silence a ce sujet. J'avais vu la facilitu avec laquelle un des Indiens du lac avait trace la carte de cer- taines parties de la c6te sud du Lac-Superieur ; mais ici, c'etait un rapport historique des eveaemeos passes, aussi complet qu'un recit ^critle serait parnii nous, et tout-il-fait aussi intelligible pour ceux auxquels il dtait destine. > INew-Yobck. — Parnii les nombreuses curiosites dont le docteur Mitchill vient d'enriehir sa collection , on reniarque une lettre de la tribu des Indiens Ghippawas aux Sioux, avec la reponse des Sioux aux Chippawas, datees de I'ete de 1820. Elles sont aussi ecrites en bieroglyphes , sur de I'ecorce d'arbre. Le capitaine Douglas , qui 6tait du voyage entrepris par le gouvferneur Cass , les a rapport6es des bords du Mississipi. L_ g_ g ASIE. Calcdtta.— SoczV/^ Asiatique.— Stance du i4 avril 1821.— Le major Roughsedge estnonime membre de la Society.— MM. Gibbons et Adam presentent divers objets d'histoire naturelle. — II est fait lecture d'une lettre adressee au president, M. Hastings, par M. Jullien de Paris, qui oflre ii la Society le quatri6me volume de la Revue Encyclopedique , et une Notice sur les signes numeriques des anciens Egyptievs, par M. Jomard.— M. Hastings prisente quatre livraisons des monumens anciens et modemes de V Hindoustan ,'par M. Langles. — M. Wilson olFre, au nom du capitaine Fell, deux manuscrits samscrits , enrichis de vignettes , et au nom du colonel Wilford , deux manuscrits autographes , du j6suite Montferrat , r6sidant k la cour de I'empereur Akbar, et une traduction de divers ouvrages samscrits sur les contrees arrosees par le Gange. Nous rendrons un compte detaille de cet important ouvrage, aussitot qu'il aura paru. — Le capitaine Fell envoie un extrait du poeme samscrit intitule : Ranga-Bansa du celebre pofete Calidasa qui florissait , environ cinquante ans avant I'ere vulgaire , et si connu par son drame intitule : SacoKTi/a/a (I'Anneau fatal), traduit par sir William' Tone xii. 28 ASA ASIE.— AFRIQUE. Jones. Londres, 1789. i vol. in-S* , cl par plusieurs compositicvns dramatiquedqui tont encore in^dites. E. Gauttieb. Carton. — iclipse de soleil. — Le 4 naars 1821, i une hcure trente minutes vingt-quatre secondes , on a observe & Canton nne Eclipse de soleil. Cet astre citait alors k Sg" 7* oo.# Le moment de 1*6- mersioD a 6t6 observe i 5" 4^'' 4>*» «* cons^quemment la dur6e de 1 'Eclipse a ^t6 de a h. 16/ iSt £. G. AFRIQUE. NoBiB.— MiBoi.— JBa:/raf< d'une lettredc M. F. Cailliaudd M. Jo- mard, en dale du 5 inai iS2i , icrite d'yissour, aunejournee-fiu nord de CAenrfy .— Je m'emprcsse de vous faire part de la decouverte d'un«i ville ancienne, situeeau nord de Ghendy, avecun grand temple et iin tr6s-grand nombre de pyramides. Mes travaux 6tant finis k Barbar, et le prince de Chendy s'^tant rendu, je sollicitai Ismail Pacha de me laisser partir pour Chendy, en avant de I'armde ; il m'accorda cette faveur et me donna un firman pour les Cheyks et le gouverneur de la province. 11 me fallut passer pour musulman, sous le nom de Mourad- Efiendy : nous fimes route 4 droniadaire surla rive droite du fleuve. Arrives k la riviere Atbara , la dernifire qui tombe dans le Nil , nous nous y arretdraes pour observer et determiner sa position. Etant ji la quatrieme journce de marche depuis Barbar , quelle fut ma surprise lorsque je deconvris devant moi les sommets d'un grand nombre de pyramides ; nous en etions encore k deux lieues et demie de distance : enfin, nous y arrivSmes le 25 avril. J'ai ditermin^ avec exactitude les mesures des pyramides , leur base, leur hauteur et leur inclinaison. On pent en compter pingl qui ont de iS h ao metres de base; les unes ont 22 mfetres de hau- teur, et les autres a5 ; qninze autres ont 739 metres de base et J I cu la metres de hauteur; cinq autres plus petites ont une base de 5 It 6 metres. Outre ces quarante pyramides, on en distingue encore autant qui sont plus petites , et toutes ecroulees. Sur I'une des faces de chacune des pyramides , 6tait un sanctuaire d'une piece, pr6ced6 d'un petit pylone ; un seul est compose de trois salles. Ces petits temples sont en partie tres-bien conserves ; ils sont tous ornes, dans I'int^rieur, d'hyeroglyphes en relief, et quel- ques-uns en out encore sur la facade principale du pylone. Deux de ces petits temples sont recouverts en voQtes, avec une veritable AFlUQUi:. A3» clef; jc puis assurer qu'cUes sont I'ouvrage ties Egyptiens et de i'cpoque u laquelle on a construit ces tombeaux, qui, je crois , sunt plus anciens que les monumens d'Egypte : on a sculpte sur les voutes une ligne de serpens, qui encadre les hieroglyphes. Ces pyramides n'ont pas toutes et6 achevees. Sur chaque angle , il existe une saillie formant cooame une bordure, qui va en dimi- nuaut vers le sommet. Elles devaient etre lisses , comme on en juge parcelles qui ont 6te flnies. La plupart des pyramides pr6sentent une petite saillie de lo a 12 centimetres par assises, qui pcrmet de monter au faite. La moitie d'entre elles est d'une boune conserva- tion ; quelques-unes, qui sont en partie ecroulees, ont la forme d'une ligne courbe , ce qui provient de I'aifaissement du sommet. Les pierres sont de grcs , toutes rangees par assises de 3o & 4o ccn- timfetres de hauteur sur 60 centimetres de long ; I'assemblage des pierres ressemble a celui des Egyptiens. Quelquefois, on voit deux petites pierres pour une assise; on s'est servi de mortier de terrc argileuse. L'int6rieur est compose de f'ragmens informes , maronn6 avec de I'argile. Tous ces monumens sont en gres, et 6lev6s sur iin monticule de meme matiere. Je viens d'ecrire au pacha pour qu'il me permette de tenter I'ou- verture d'une de ces pyramides. Je ne doute 'pas qu'il n'y ait un caveau pratique dans le rocher, sous le centre des pyramides : on doit y arriver par un canal , coupe aussi dans le roc , et incline- & I'horizon. J'ai trouv6 sur une pyramide quelques lettres grecques ©EKAAMAAIKE. On ne voit que de faibles restes du temple , qui devait avoir S5 metres de long. 11 existe encore des sphinx (beliers et lions) qui precedaient ce monument ; un mur en grfes , qui fait partie dc I'enceinte ou ce temple 6tait renferme, a i38 metres de longueur. La plus grande partie de ces pyramides sont situecs dans le de- sert , i- une lieue et demie du fleuve; I'emplacement du temple , des autres pyramides et de la ville est k une demi-lieue seult- ment. Bruce avait plac^ ici sur sa carte une ville ruinee ; il a pass^ a deux lieue s h Test des pyramides, et il les a ignorees. Tout pr^s, dans le sud , est la grande ile de Kurgos , sans aucun reste de mo- numens. C'est ici que Danville , sur sa carte , a plac6 M6roe ; il ne s'y trouve aucun lieu portant ce nom, comme on le voit dans la province de Chaguy, au mont Barkal et a Noury^ oil un village , une men- 28* A36 AiMERIQUE. tagne ct une ile sout appelcs Meroe; cellc posilion est cloignOc cic la latitude assignee par les ancicns; si cepcndant le Nil autipfois a formt; une ilc de ce cote, cetle ile prcndrait la forme dc bouclicr, comme le discnt les autcurs. Nous continuons nolro voyage jusqu'A Seiinar. Mon piojcl est do remonter le Nil Blanc, niais apres avoir (liii ii Scnnar et dans la province de Fazuclo,ou doit se rendre I'expudition. Ismail Pacha nie temoigne bcaucoup de bienveillance On appelle ici les pyramides Ttrapillc ct Danguelle , da nova d'un petit village ou groupo de niaisons du voisinago, Assour, oii nous sommes, est un autre groupc semblable. J'ai dans mon com- pagnon de voyage un ami fidele ; notre sante est cxcellente, malgrc les cbaleurs dont nous avons i soullrir. Depuis un mois le thermo- metre centigrade s'eleve jusqu'ii 48 degr6s, ordinairement 45. Nous approchons de la saison des pluies ; il parait que I'armee la passera a Sennar. Jusque-li , nous avons encore un mois de beau teins , apres quoi nous retrouverons en partie le climat d'Europc. La limite des pluies du Iropique est placce beaucoup trop au sud sur la carte de Bruce. Cette carte est assez exacte pour les positions ; mais il avait march6 un peuloin du Nil. Je crois me rappeler que c'est i Gbendy que ce voyageur dit avoir vu , 11 y a environ trente-clnq ans, une princesse de la dynastie de la relne Candace; mais toutes les infor- mations que j'ai prises lii-dessus sont contralres a son recit. Le soleil est trop elcvc 4 son passage au meridien , pour que nous puissions nous en servir i determiner les latitudes; pendant long- tems, nous avons fait usage de Syrius ; malntenant , nous nous servons de la lune et des ctoilcs de la grande Ourse. Cailliaud. Remarque's sur la letlrc precedenie. — C'est une princesse du nom de Sittina, ce qui ne veut dire autre chose que notre dame , que Bruce trouva i Chendy, mais il ne dit point qu'elle descendit de Ilendaque qui, suivant la tradition, gouverna jadis ce pays; il en infere seulement que Ic lieu oil est Chendy elait sounils jadis a la reine Candace, ou plutot aux princesses de'ce nom, qui parait avoir ete celul d'une dynastie. {Voy. son Voyage, T. IV, pag. 607.) II est trfes-probable que M. Cailliaud rapporte icl des observations thermometriques , faites en plein air, mais au soleil, et non a rombrc Ct au nord. Nous voynns, par le grand travail de M, de ELIIOPE, 437 iluuiboldt siir les ligncs isotliermes du globe , que le max^imum des temperatures nioyennes ne depasse pas 3o degres de Reaumur. Lc maximum de la chaleur a Philoe est de 34°. A regard dcs ruines de Meroe, elles ne sont pas k Merawe au mont Barkal, comme I'ont cru recemment quelques voyageurs an- glais , et ccnime M. Cailliaud lui-meme incline i le croire, puis- qu'il ne descspere pas d'y retrouver un ancien bras du fleuve qui auralt forme I'ile tantcherch6e. J'ai prouv6, dans un mimoire special, que Meroe etait situ<5e li meme oil cet int6ressant voyageur vient de decouvrir les antiquites Toisines d'Assour, si remarquables par le nombre considerable des pyramides, par toutes ces voCltes orn6es d'hi(!Toglyphes , et par des monumens qui paraissent appartenir aux institutions, aux arts et i la civilisation des Egyptiens. Quand j'ai mis en avant cette conjecture-, le mois dernier, je nem'attendais pas i la voir sitot confirmee. Jomard. Ce n'est pas pres d'Assour que Danville place lM6roe , comme le pense M. Cailliaud, mais k Nuabia, sous une latitude plus septen- trionale de i degre 7'environ. A I'cgardde quelques lettres grecques inscrites sur I'une des pyramides, nous ne connaissons pas assez k's circontances de ce fait pour en tirer aucune consequence ; mais il n'a rien de bien extraordinaire, ni de bien important. Tecla est un nom de roi d'Abyssinie que le voyageur Bruce a citesouvent; M. Salt en a egalement parle. Tecla Mariam rigna. de I'an 1429 k i433. Tecla TIadnianout, fils de Hann^s, regnait en 1770; Tecta Georgis, son freie, regna en 1778. II pourrait done bien aussi etre question ici d'un roi du nom de Tecla, avec ua surnom ; mais de quelle date sont ces caracteres ? c'est sur quoi nous n'avons point de donnees. Je soup^onne qu'ils sont asses modernes ; on sait que du tems de Macrisi et de I'historien de la Nubie, il y avait dans ces contr6es des pays qui se servaient de la languc grecque ; il n'est pas surprenant qu'on ait iascrit en grec, sur une pyramidc, lc nom du roi regnant. Eunopi:. ILLS BniTANNIQUES. Iblande. — GoacK. — Aerostat, — Un habitant do cette ville a propose un moyen pour mainteuir constamment un aerostat dans »m couranl d'air favorable ;t la direction qu'on veut lui faire suivre. A38 EUROPE. II suppose, ct la cliosc est prcsquc tonjours aiiisi, qu'a diHt-rcntcs elevations la direction du courant d'»ir varic , et qui;, pour parvcnir a suivre constamment Mne mfime direction , il suCTit do pouvoir clever ou abaisscr le ballon 6 volonte. Jusqu'h present , on a essaye d'y par- vcnir, soil en jctant du lest, soit en laissant tchappcr du gaz. L'lia- bitant de Corck propose un moyen d'obtonir Ics nifimes resultats, sans changer le poids de la macbine et sans perdre dc gaz. Ce moyen consiste h placer dans la nacelle, au lien de lest, une boitc dc cuivre avec nnc pompe propre 6 condenser le gaz : elle communique avec le ballon ; quand il s'eleve trop , on diminuc son volume en con- densant le gaz au moyen de la pompe ; vient-il, au contraire , h trop s'abaisser, en tournant un robinet , on lui rcslitue du gaz qui le fail s'enfler et s'61ever. L'inventeur conseille d'emporter, pour les longs voyages, une seconde "boite de cuivre remplie de gaz condense, afin dc pouvoir remplaccr celui qui s'echappe par les pores du ballon, LoNDBKs. — llolanique. — On voit dans tine serre-chande , h peu de distance de cettc ville , une plante fort belle et fort curieuse , Ic cactus hexagonus : elle 6tait dernieremenl en tteur. Sa corolle com- rocn^ait a s'ouvrir a six heures du soir, et se refermait graduellement a la meme beurc, le lendemain matin. Elle est originaire de Surinam, et fleurit difficilenient dans un climat moins chaud. Cependant, on pent accelerer sa croissance , en I'expoaantaii soleilet a I'air pendant les chaleurs, et en la tenant enfermee I'liiver dans une serrc. Celle-ci a sept pieds de haut. On croitqu'ily a tienteansqu'elle a ete planliSe. LovvERwiCK. — M. Boughton possede dans sa pepiniurc , pres de Worcester, un pied diij'ucca qloriosa , appel6 vulgairement Vai- guille d'Adam. La tige de cette plante, qui est en fleur , s'eleve a pres de neuf pieds : elle est couverte de six ou sept cents boutons ou- vcrts ou prfits & s'ouvrir. Cette plante est originaire de I'Amerique septentrionale. Ellefut apportee pour la premiere fois en Angleterre dans I'anniie 1696. Pec/ie de la haleine. — Le navii e the Fmnc. a pris neuf baleines , en ne se servant que A«^?, fusees i la congre^'c. La plus grande de ces baleines, frappee d'une fusee, a cte ensuitc tres-facile a prendre; nnc autre est morte immediatement. En general, la vitosse de I'a- nimal a et«; consideiablement diminuee, et il lui a ete impossible dc |)longer 6 plus de trois ou quatrc toises. Au moyen des fusees, on obticnt , avec un apparcil dc la grossriir 'I'un fusil, sans choc ou / 1 J EUROPE. 439 reactioo sur le canot , les mSmes eSetg qne produit uae piece d'ar- tillefie de six oa de doaze. Societe rqyale. — A I'une des deroi^res stances de cette Societe , il a ete resola que Ton ouvrirait une souscription pour ilever k feu sir Josepb Baaks une statue de marbre en pied. Ellc doit etre sculptee par M. Chantrey, et placee dans la salle du mus^e britannique. Lo.tDREs. — Tb^atbes. — Drury-Lane. — Le directeur de ce theatre, craignant de voir se vider peu it peu la salle que la rentr^e dncelebre tragedienKean avail si biea remplie, s'est avb6 de donner plnsieurs representations du Couronnement da roi d'Angleterre. Les costumes, les decorations, et jusqu'aux persoDnages,tout faisait illu- sion. Ce bizarre spectacle, malgre son peu d'iDteret,n'a pas manque d'attirer de nombreux spectateurs. ;— Opera. — Un nouvel op6ra en trois actes, intitule la Sorciere de Demelen gh , a reussi derniferement 4 ce theitre : il est tire de Guj-Mannering , ro;uan celfebre de Walter-Scott. — Nompeam theatre royal de Haj'-Market. — Cette salle vient d'etre rouverte au public. EUe est decoree avec beaucoup de goClt; quoique plus grande que I'ancienne salle qn'elle remplace , elle est disposee de maniere a ce que , de partout , on puisse voir et entendre les acteurs. Afin que la voix puisse parvenir egalement dans loutes les parties de la salle, I'architecte a construit k I'avant-sc^ne une espece de tambour qui, avancant considerablement au-dessus de I'orchestre , nuit 4 reflet g6n6ral. Des peintures allegoriques or- nent le plafond et les loges. Ce theatre n'est ouvert qne pendant I'ete : il accueille tons les debutans et toutes les pieces nouvelies. Son administration presente beaucoup de ressemblance avec celle du Gymnase dramatique,a Paris; maislenombre d'actes des pieces qu'il peut representer n'est point limite com me sur le nouveau theatre de Paris. Celui de Londres a donne pour I'ouverture les Riuaux de Sheridan, precedes d'un prologue adresse au public, et an vaude- ville en deux actes, intitule Pierre et Paul, ou I'lntrigite d' amour dans les vignes, que le public a fort mal re^u. Depuis , on a donne au mSme theatre la Uausse et laBaisse (Rise and FallJ.Cette piece, dont on vante surtout la verve comique , a reussi completement ; nous ignorons si c'est une traduction de la jolie piece donn^e au Gvmnase, par MM. Picard, WaQard et Fulgence. AiO EUROPE Theatre de Surrey.— La Famille Calas a oblcnu en Anglctcire le mtine succes qu'en Fiance. Cependant, elle n'cst plus aussi suivle i Londrcs que dans sa nouveaute. La pifece en vogue , dans ce moment , a ce petit theatre, est le Pere du soldat, de M C. Kemble. Kbrsington. — Necrologie. — Madame Inchbald. — La vie de cette femme auteur, aussi cdlebre par son esprit que par sa beauty, prfr- sente une longue suite de vicissitudes. Fille d'un honnfite ferraier, et ne connaissant le mondc que par les livres, elle s'^vada de chez sa mere, n'ayant encore que seize ans , et se rendit k Londrcs , oil elle esp6rait retrouver line parente iloign6e. Elle 6tait alors d'une beaute remarquable. Aprfes plusieurs epreuves dont elle sortit i son honneur, elle epousa un acteur , honnete bomme, nomme Inchbald, et devint aussitOt actrice du m6me theatre oil etait son niari. Quoi- qu'elle n'eijt que dix-huit ans, elle ren>plit avec talent plusieurs des principaux r6les. Apr6s la mort de son mari , elle continua de jouer au th64tre de Covent-Garden , qu'elle quitta tout-i-coup sans motif apparent. Elle vecut quelques ann6es h Londres dans une grande pauvrete et fort ignoree du public. Ce fut a cette 6poque qu'elle s'occupa de litt^rature. Ayant compose unecomidie, elle la lut i un de ses amis, qui se chargea de I'envoyer , sans faire connaitre son nom , k IVI. Colraan, directeur de Hay-Market ; ce dernier la garda pres detroisans sans la lire. Malgre ce mauvais succes, madame Inch- bald persevera; et, proCtant de la vogue des ballons , en 1784, elle envoya au meme directeur une piece bouffonne, intitulee : le Conte Mo go I , on la Descenie du ballon. Le titre eveilla I'altention de Colman, et la piece fut rec^ue; alors, madame Inchbald lui rappela sa premiere comedie ; il I'examina. Avec quelques legeres corrections, il la fit jouer en i-S5, precedce d'un prologue qu'il fit lui-m6me. Madame Inchbald s'adonna entierementh cegenre d'ouvrages : on a d'elle un grand nombre de pieces ; les principales sont : 1° L' Enfant de la Nature; 2" le Magnetisme animal, piece bouffonne; 5" Minuit, petite com6die ; 4° I'Homme marie , idem ; 5° le Vceu de la veuve ; &'^ lesJeunes gens et les Vieillesfimmes, pi6ce bouffonne; 7° Cliacun a son de/a w ,coinidic. Elle 6criviten tout dix-sept pieces, dont deux seulement ne rtussirent pas. Elle fit, de plus, imprimer une nouvelle edition du thc&trc anglais, avec des remarques critiques et biogra- phiques. Get ouvrage , qui contenalt plus de cent pieces, a ele EUROPE. Ml publie en aS volumes in- la. EUe fit, surlemenie plan, uoe edition des pieces bouQbnnes du theStre anglais moderne, en lo volumes. Les seuls remans qu'elle ait Merits, sont ['u4rt et la Nature, et Simple his- toire. Ce dernier est si connu qu'il serait inutile d'en faire I'eloge. Une profonde connaissance du coeur humain , des scenes de la vie de- crites avec un rare talent, des caracteres bien soutenus en font un des ouvrages remarquables en ce genre . Au milieu de beaucoup d'epreuves et d'adversitea. madame Inchbald a toujours conserve une reputation sans tacbe. EUe a joui jusqu'a ses derniers momens de I'estime pu- blique et de la consideration generale. Elle est morte, 4gee de soi- xante-cinq ans , le i'' aodt iSai. Son testament renferme plusieurs dispositions de bienfaisance ; entre autres , un legs de cinquante louis a la society catbolique pour le soulagement des pauvres vieillards. Madame Incbbald etait de cette communion. L. S. B. RUSSIE. Geodesic. — Mesure du meridien. — On a commence, dans le cours de I'etfi , les operations relatives k une nouvelle mesure du meridien , dans les provinces russes de la Baltique. Le professeur d'astronomie Struve , et le recteur de I'universit^ deDorpat^ ont pr^sente le plan de cette mesure, qui commencera au 56= degre de latitude nord , sur Ic meridien et h I'observatoire de Dorpat , et sera executee aux frais de I'universite. L'empereur a approuve ce plan, et fait i I'universite un don de deux mille ducats , pour qu'elle puisse se procurer les instrumens necessaires. Afin de donner plus d'extension i cette mesure, le docteur Walbeck , astronome de I'observatoire d'Abo , se concertera avec le professeur Struve. SAiRT-PiTEasBOHRG. — Fabrication du bronze, — M. Andre de Lamberti , membre de plusieurs societds savantes , a publie un me- moire sur V amelioration des bouches dfeu. II resulte des experiences multipli6es de I'auteur, que le bronze fondu dans son laboratoire , et eprouve sur I'appareil de Sisterbeck, a une densite et une du- rete qui sont a celles de I'ancien metal de canon , dans le rapport de i5 a g. Moscoo. — Architecture. — Le prince Labanof fait construire k Moscou un palais en fonte de fer , qui sera orne de 4^ colonncs de dimensions colo,>sal<.'s. kkl EUROPE. ALLEMA6NE. Bonn. — Voyage scientifique. — Extraitd'ane lellre de M. Schulz, professeur de theologie d I'uniuersite deBonn (27 ocfobre). — oVous avez vu, par ma lettre du mois de juillct 1820, que j'ai commence a voyager dans I'Drient nvec M. le geniiral Minutoli. Vous avez sans doute appris aussi la suite de la malhcurcuse expedition dans le territoire Cyrinaique. Apres le retour du desert Lybique , j'ai fait le voyage de I'Egypte , de la Palestine et de la Syrie , jus- qu'an mois de mai , 6poque ix laqucllc j'ai (ite force de retourncr, par rArcIiipelet les iles loniennes, i Tiers. Vous en verrez les de- tails dans mon voyage dans le territoire Mareotique , le desert Ly- bique, I'Egypte, la Syrie, la Palestine, I'Arehipel, et dans mon voyage Critico-Biblique en France , eo Italie , dans la Palestine et 1 Archipel. Le premier ouvrage aura deux volumes et paraitra i la fin dc novembre ; le second , apres Pflques. Je suis revcnu ^ Bonn par Kcnne, Breslau et Berlin, d ViENNK. • — Architecture. — Embellissemens. — Depuis plusieurs annecs^ on fra.vaille beaucoup & rcmbcUissenicnt de cette ville : de nouvelles portes, de nouveaux pouts, de nouvelles constructions de tout genre s'elevent de toutes parts ; mais Ws changemens qu'on vient de faire dans les environs du chateau imperial sont les plus marquans. Le jardin particulier de I'cmpereur est dejh termini, et on travaille sans relache a celui qui est destine pour le public. Au milieu de ce dernier, il y aura un temple semblable ii celui de Tbes6e, qui existait iAtli6nes,et qui sera orne d'une statue de ce hires par Canova. La grande place de parade entre ces deux jardins ct la nouvelle porte dc la ville ofTriront un coup d'oeil imposant ct majestueux, mais qui contrastera avec I'architecture golhique du chateau. Cependant , cette masse informe subsistera encore long-tems, parce qu'il faudrait des millions pour achever I'ouvrage projete et meme commence du tems de I'empereur Charles VI. Leipsick. — Publications nourelles el prochaines. — Astronomie . — M. Klein, libraire , doit publicr unc traduction de \' Astronomie de M. liiot. Ilnes'agissaitd'abord que d'un abrege dulivrefran^;ais; mais Ics reclamations de j)lu5ieurs personnes instruiles nnt determine EUlVOl'i:. kk2, M. Klein a le doniiur Icl qu'il est, ct Ic public en poiiria jouir incessammcnt. — Beblin. — II vient de paraitrc ici unc brochure de M. Jti'es dk Voss, ayant pour litre : Nul doule que l'emp:rj ottoman ne sue- combe. Dans la troisicme partie de son icrit, I'auteur expose un plan d'apres lequel les Turcs ne peuvent manquer, non seulcment d'etre expulses de TEurope, mais encore d'titre refoul6s an fond de I'Asie. — McNicH. — Le livre Des mojyens de^ouvernemenl et d'opposition dans I'elalactuel de la France, par M. Guizol,va etre traduit en allemand par le doctenr Lindner, qui raccompagnera d'eclaircis- semens et de commentaires. M. Lindner est le ineme qui a deji donne au public d'outre-Rhin la traduction des Observations de M. BaiUeul sur les Considerations de madame de Staelsur la revo- lution f ran false. — Leipsick. — (Eavresde Kotzebiie. — Le libraire Kummer public en ce moment une collection des opuscules et de la correspondance du culcbre Kotzebiie. On y remarque des letlres des hommes les plus aiarquans de la litterature allemandc, tels que Jean de Miiller, Schc'ilzer, Engel , Meisner. En revanche, ce qu'on y trouve de Kot- zebiie ofTre bien peu d'interef . Gependant , il est curieux de le voir se demander i lui - nieme : D'ou vient que j'ai tant d'ennemie ? II discute la question dans un petit 6crit auquel elle sert de titre. hh, Kotzebiie semble attribuer I'acharnement de ses ennemis a la publication inconsideree du docteur Ba/irdt (piece de theStre). Quelques journalistes allemands disent qu'il s'etait attir6 la hainc publique en servant une cause que lui-meme avait autrefois tourntie en ridicule, et en imniolant sa conscience aux interets de son amour- propre et de son ambition. Le nouveau recueil public par M. Kum- mer contient une piece intitulee : l'y4n ig\iou le Chene centenaire. Selon les uns, c'est une allusion fine et delicate ; selon les autres , au contraire , c'est tout ee que la flatterie a pu inventer de plus bas et de plus vil. — Journal geologique. — MM. Ballenstedt et Kriiger redigent , avec le sccours dc plusieurs autres savans, un journal dont les nu- meros paraissent a des epoqucs indelerminees, et dont le titre est : Archiv fiir die neue.slen Entdeckungen ausdcr 6' /-(t^t/^.— (Archives lies dtcouveiles les plus rccenlcs surle niondc piimilif ). Us en out puLIie dejii cinq cahiers; les inatieres quiy sonttrait6cs nousontparu d'un grand inlerCi pour les sciences, ct surtou t pour I'histoire naturelie ; on en jugera par rCnonce des articles. Premier cahier: i° Voyaj^e aux carritres de gypse de Thieden; 2» supplement i I'article precedent; 5" sur les deeouverles d'osscmcns et de dents de majiimvut/i, prts de Canstadt; 4° preuvos nouvelles de I'existence d'liommes d'unc taille gigantesque ; 5° sur ce que la Saxe presente de vestiges du monde primitif ; 6° sur les rapports de la terre avec le reste de i'univers et des prineipaux changemens survenus sur la surface du globe , par Kriiger ; 7° le mammouth doit-il Ctre encore range parmi les especes existantes? Exanicn des diverses opinions sur cct animal ; 8° repon- ses a quelques objections i ce sujet ; 9" anthropolithes ; 10° sur quel- ques debris de villes et de monumens des lems les plus recules; » 1° de I'titat de I'Ostfrise dans les premiers terns du monde.— S^conci ca/iier : 1° surle megalonix de Jefferson ou de Taninial du Paragay, que , d'apris M. Cuvier , on nomme megalherium , par le professeur Dehne; a" de I'elephant de Burg-Tonna , par Ballenstedt ; S" de la creation continue ou exanien de celte question : Une creation con- tinue deprincipes organigues et constitutifs est-elle possible? li" peui- on determiner avec precision le terns depuis lequel la terre est ha- hiiee par des hornmes, par Krijger; b" nouvelles vues des Anglais sur le monde primitif; 6» encore quelques mots sur les preadamites de Thieden, par Dehne ; 7" second voyage a Thieden ct i Wolfenbiittel, par Ballenstedt ; S" quelques observations sur des dents de mam- month trouvees aux environs' de Merseburg , par Dehne. Le cahier est termine par des lettres et des nouvelles scientiGques. — Troisieme ra/u'er .■ sur I'ours des cavernes, par Dehne; 2" sur le meme, par Ballenstedt; 5° des elephans du monde primitif, par Kriiger; 4° com- ment les animaux du Tropique ont-ils pu vivre dans les climats du Nord? par Ballenstedt; 5° sur des bois petrifies pres de Neu- rode, dans le comte de Glatz, par Kallmann; 6" sur les bois fossiles de Tscberning en Eoheme ; 7° quelles sont les causes des chan- gemens arrives surle globe. — Lettres. — Nouvelles. — Qualrieme cahier: 1° aphorismes sur le monde primitif; 2° remarquessurl'opi- nion emise a ce sujet, par Faujas-St.-Fonds ; 5° y avail-il, des les premiers terns, des animaux rapaces et carnassiers?4" quelques ob- servations geologiqiies, par ISieiiieycr; 5" Ibrets du monde priuiilif. EUROI'E. A/i5 par Krilger; 6" observations siipplementaires a mon opinion de la pre- sence des Iiommes dcs le monde priinitif, par Ballenstedt; 7° dernieres dicouvcrtes sur ce point ; 8° peuples nains, par le m6me ; 9° nouvelles scientifiques, etc. — Cinquiime cahier : 1° quels sont Ics moyens dc perfectionner en Allemagne les notions sur les corps organiques d'un monde primitif, par Kriiger; 2° jugement de Sommering sur un crSne gigantesque ; 3° notions preparatoires sur les choses re- marquables qui se trouvent de Lemford a Syke , par Hanseman ; 4° montagaes de la principaute de Blanckenburg ; leur formation ; 5" mines de Pabstdorsf, par Ballenstedt ; 6° decouvertes faites dans ces mines et relatives aux Jiomnies primitifs ; 7° peut-il exister au sein de la terre des plantes et des animaux? 8° quelques idees sur les systemes actuels des trois regnes de la nature; par Scbultze. Ce cahier est, comme les autres, termine par une correspondance et par des nouvelles scientifiques. Deux caliiers de ce journal forment un volume; chaque cahier se vend separement pour un ecu d'empire. Ph. GolbiiHy. — Berlin. — Le Nouveau Journal de philosophic et de litterature , qui parait ici depuis le commencement de I'annee, contlent , dans son cinquieme cahier, des lettres et des poesies en grec moderne. La plupart font allusion aux circonstances presentes ; il y a meme une invocation en vers a la Prusse , dont voici la traduction : 0 Salut, Prusse! illustre patried'hommes genereux; salut, Prusse ! tu es I'amie des muses grecques et dc tout ce qui est beau. La jeunesse grecque te revere , elle t'appelle , et , d'une voix unanime , reclame de toi le retablissement de sa patric ; toi, I'ennemie formidable des tyrans ; toi, la protectrice puissante de la liberte. Jette sur nous un regard propice ; et, si nous renversons la gloire de I'oppresseur, si nous en- levons au Turc ses honneurs, vois d'un ceil favorable les Grecs cher- cher une nouvelle vie. O Prusse , ct vous , Europe , si distingu^e par votre sagesse, biitez-vous , prenez part au combat qui doit abattre la tetedel'hydre. Deja , la trompette de la liberte a retenti dans toute la Grece : elle annonce cette liberte qui nous doit delivrer du Turc , barbare, cruel et sanguinaire. > Ph. Golbery, ViENNE. — Necrologie. — L'abbe Clement Bondi est mort derniere- mental'Sge de soixante-dix-neufans. II etait ne, en 1742,3 Mezzano, dans le Parmesan, et non i Mantoue, comme on I'a dit dans la Bio- 8;raphie den homines uifans. Quoiqne jesuite, il prefcra Totude dc la AA6 EDKOPE. litt^raturc^ t'utude ile la Iht-ologic ; il s'est ni^nie distingue- parnii les poetes de son tciiis. Une canzone, sur I'abolition de la society a la- qucllc il appartcnait, le fit applaudir par les uns et persecuter par les autres. 11 fut oblige du se caclier pendant qiiclquc terns dans le Tyrol. 11 erra ensuite dans I'ltalie , estime et chncore plus interessantes les qualitis de son esprit. 11 sut vivre parmi les grands aussi bien que parmi les hommcs de lettres, et fut fidele a ses amis jusqu'au aernier moment. II est mort le i8 juin de cette annee, age de soixante-quinze ans. (Extrait de I'elegant eloge necrologique public par G. U. Niccolini. Voyez Antologia, n" vn, page 162.) F. Salfi. GRECE. Calamata. — Imprimerie. — Noui-'eau journal. — Les babitans du Peloponese donnent, dans les circonstanccs actuelles , les prcuvcs du plus touchant patriotisme. lis ont fait jusqu'ici tons les sacrifices possibles pour dclivrer leur patrie du joug des cruels Ottomans. lis se sont montri's, par leur bravoure, digncs de leurs ancetres. Le senat qu'ilsontdernierement etabli, est compose des hommes les plusins- ToME XII. 29 A50 EUROPE. truitsct Ics plus ilistingiics par l<;iirs vcrtiis ct par lour merile. L'ar- chcvPque Gcrnianos nc cesse (I'lilcctriscr son ariiiue par dcs sermons pleins d'eloqucnce et de chaleur. C'cst lui qui cxcrce le plus d'in- flucncc sur les esprits : les Grccs le regardent conimc un envoye du ciel ct conitne un vrai hitos de I'iglise. On vient d'etablir A Calamata une imprimericgrecque , oil Ton iniprimelcsactes du senat, les bul- letins des armiies hellcniques, ainsi qu'un excellent journal sous le titre d'E'»v)iv«x^« ccixTny^ ou la Trompette hellini(^ue. Ce journal na- tionalcstconfiei la direction du savant ptrc Theoclitos,homme plein de vertus et de lumicres, et ci-devant redacteur Am Mercure p;rec . Nous ne doutons point que la nation grecque nc parvienne bientOt, par ses efforts et sa Constance, i briserun sceptre dontla honteuse do- mination n'est due qu'i la jalousie qui regne entre les principales puissances de I'Europe chreticnne et savante. Nous citerons, i cette occasion, les paroles d'un illustre voyageur ; « L'cxistence du des- potisnie ottoman est un affront pour I'humanite. La voix imperieuse de la justice demande la delivrancc des Grecs opprimes et la reslau- ration de leur patrie. Mais ce n'est point i la destruction des niaux actuals que nous devons borner nos vues. Nous derons aussi contem- pler avec un noble orgueil la substitution d'un ordre de choses , fonde sur les princij^ es de I'humanite et de la justice. Qui ne se sent pas transporte de joie, en songeant que les lumieres, les arts, les talens militaires, n'atlendent, pour rcvivifier la Grece, que le coup gcnereux qui brisera le sceptre de fer sous lequel elle geniit. Ce que Ton doit conclure, c'est que la subversion de I'empire dc spo- tique des feroces Ottomans produira, pour toute I'Europe, les plus heureux effcls. Cette revolution interesse specialement la France, eu t'-gard aux avantages im menses qn'^clle lui offre, etc., etc. » C.N. ESPAGNE. Baecelonne. — Medecinsfrangais. — Proclamation du premier Alcade, en date du 12 octobre. — Quand I'etat sanilaire dcs f^euplcs est en danger, c'est alors que se manifestent les sentimens d'huma- nit6 qui honorent les nations- civilis6es , et qui, pour ainsi dire , les convcrtissent en une seule ct mOme faniille ; MM. Paristl ct Ballj « docteurs en medecine et membres de I'academic royale de France ;^ FratigAs, ancien m£decin de I'arm^e fran^aisc ; Mazet el Ro(7toux, docleiirs de la faculle de Paris , vicnncnl d^arriver EUROPE. A51 dans cctte ville : ils vont, s'il est possil)le, mettrc une barri<;re aux progres dc la contagion. Ces honimes, aussi estiniables parleurs connaissances que par les liautes qualit^s qui les distinguent, oat manifeste a la Junte municipale de sante que , dans toutes les cir- constances, on les trouvera disposes k preter leurs secours k I'huma- nite souffrante. Cette oflfre, franche et sincere, qui exprinie si clai- rcment leur vif desir de contribner au soulagement des Barcelon- nais dans des circonstances si graves , a toucb6 le Corps de lasantu publiquei un tel point, qu'elle regarde comme un devoir de donner a ce beau trait toute Ja publicite possible , en hommage k une nation ausst gen^reuse que philantropique , afin que les habitnns de cette capitate sachent en apprdcier le nierite , et re9oivent avec I'expres- sion de la reconnaissance ces beros de I'humanit^. Josi Mariano de CiBANiis , premier Alcade conslitulionnel. La Revue Enqyclopedique,, qui s'bonore de compter au nombre de ses rcdacteurs deux des m^decins partis pour I'Espagne, 'MM.. Bally et Par:set,s'cmprcsse d'accueillircet hommage public rendu, au nom de la malbeureuse Barcelonne, k un heroisme si digne d'eloge. Si la couronne civiqi;e payait un citoyen romain assez heureux pour avoir sauve un concitoyen , quelle couronne offrir i ces hommes genereux^ qui, pourarracher des ctrangers a la mort^ vont s'enfermer avec eux dans le vaste tombeau oii la contagion les devore ? Les benedictions des malbeureux qu'ils soulagent, les bommages d'une patrie dont ils sent I'orgueil , I'admiration unanime de tous les peuples instruits d'un si beau devouement, en sont aussi la pins noble recompense. C'est surtout quand on songe aux epouvantables effets d'un fliau qui brise tous les liens de la nature^ qui eloigne la socur du lit de son frere mourant, qui fait craindre au fils de recevoir les derniers soupirs de sa mere, qu'on apprecie cette h^roique abnegation de soi-mCme, et toule I'etendue du sacrifice auquel se devouent des hommes qui, pourse livrer i un periLpresque certain, quittenttoutce qu'ils ont de plus cher, une (ipouse , des enfans, une mere. Helas! I'un d'eux ne reverra plus la sienne. Le jeune -Mazet a couronne par une noble mort un noble devouement; et sans doute ce ne sera pas sans attendrissemcnt que la population qui doit survivrc k ce grand desastre, verra dans le cimetiere de Baroelonne la lombe oil seront ecrits ces mots : Le docleur Mazei vint de France 29 * 462 EDKOI»K. au secours de la Catalogne, el rnourut, atieinl de la fieiTc juun> . le 32 octobre i8ai. Aux noms signalts dans ia proclamation que nous venons de citer nous devons joindre ceux de deux autres Frani^ais, MM. Audouard, inedecin , ct Jouarry , etudiant en midecine , arrives plus tard , mais qui partageront la gloire de leurs confrferes, comme ils ont partage leurs travaux; et nous n'oublierons pas non plus ccs deux religieuses de Saint-Camille, fillcs courageuses , qui, dans un sexe plus faible, monlrent le nifime heroisme. II est encore un jeunc Francais que sa noble conduite rccom- mande h la reconnaissance de sa patrie , dent il est maintCTiant eloigne pour des motifs de politique ; nous transcrirons ici ce qu'en dit le journal nieme de Barcelonne. 0 En parlant d'etrangcrs vcrtueux et plcins d'lnimanite, pourrons- nous passer sous silence le nom de M. Bousquet-Deschamps , dont lb conduite, dans ces circonstances fa tales , est an dessus de tout 61oge. Ce jeune et bien digne ami des mcdecins francais , ses com- patriotes, les seconde autant qu'il lui est possible ; il est sans cesse auprfes d'eux. Avant leur arrivee, nous avions remarque de sa part des actions vraiment extraordinaires a cet Sge. Au risque immi- nent de la vie, nous I'avons vu visitant les malades dans les -bftpi- taux, dans les maisons particuliferes , dans celles de I'indigence surtout, qu'il se plaisait k secourir, en mettant le sceau k cette noble conduite, par des preuves non equivoques de la sensibilite de son ame compatissanle et genereuse. Son tems, son argent , sa sante , il a tout consacre h Tinfortune. t Ces liommes distingues ne se sont pas sacrifies pour des ingrats. Kos coeurs attendris les suivront partout ; et, en vrais Espagnols, nous saurons leur prouver que I'exces de notre reconnaissance egale la sublimit^ de leurs vertus surnaturelles ; les noms de ces amis z61es de I'humanite serons graves i jamais sur le bronze Catalan. » lis seront graves aussi dans le coeur de leurs concitoyens; car leur gloire rejaillit sur la patrie, et elle leur doit un de ces triomphes c^ui n'appelleront sur elle que des benedictions. II est doux de penser que beaucoup d'autres mcdecins ou elfeves ont ^ga- lement demande i partir pour Barcelonne , et que si un plus grand nombre de sacrifices eussent etc juges n^cessaires, la France eflt encore offert un plus grand nombre d'hommes d<5voues. EUROPE. A53 Des nonis espagnols meritent aussi d'etre signales i la recon- naissance ; les nombreux bienfaits repandus dans Barcelonne par le respectable Chavarri, et les soins infatigables du digne alcade Cabanfes, ont lutte constamment contre rhorrible calamite qui a desol6 cette malheureuse ville (i). Nous terminerons cet article par le passage de I'Adresse de la chambre des pairs au Roi , oil la nation a trouve avec joie I'expres- sion solennelle de ses sentimens : « V. M. a vu sftrement, avec un orgiieil paternel , des Frani^ais allant se devouer k la mort, pour empficber des populations entieres de mourir. « A cot6 de ces bommes , riches d'instruclion comnie de cou- rage, V. M. a vu de pieuses fiUes , instruites uniquement de la science du ciel, quitter leur paisible hospice pour aller aussi af- fronter les ravages de la contagion lolntaine, et porter I'assis- tance de leurs soins oil les autres portaient les ressources de leur art. 0 Que V. M. pardonne cette expression vive d'un sentiment que nous n'avons pu maitriser, et que la recompense de tant d'heroisme soit d'etre signalee par les pairs de France, en presence de V. M., £ur son trOne, i I'admiration et i la reconnaissance publiques. » PAYS-BAS. LouvAiN. — Publications nouuelles et prochaines. — M. Bekker, professeur de I'universite de Louvain , prepare une Edition de Phi- lostrate , de Vila Apollonii ^ pour laquelle il a consulte les manus- crits de la bibliotheque royale de Paris. — Traduction. — Bartbclemy a dit , en parlant des Lettres athe- niennes 1 traduites en allemand par le professeur Jacobs, i Gotha , et en fran^ais par M. de Villeterque : Si j'avais eu ce modele sous lesyeux , ou je n'aurais pas commence mon ouurage , ou je ne I'au- rais pas acjieve. Quelque exagere que^soit cet eloge , les Lettres athiniennes n'en sont pas moins une production du plus grand m6- rite, et M. Steenbergen van Goor, en les traduisant en bollan- dais, rend un vrai service i ses compatriotes. Cette version, for- mant trois volumes , sera accompagnee de notes de M. F. Jacobs. (i) Voyer, ci-.apres, pag. 461, la lettre contenant des renseigne • mens relatjfs i V institution des swurs de Saint-Camille. ASA EUROPE. — Bbuxblles. — Ilisloird desPays-Das. — Vers I'an 1 760,1c gouvcr- ncment autrichicn d(^sirant approfondir les causes de la r&volulion des Pqys-Bas , sous Philippe II, le miaistre comte de Cobentzel chargea de ce travail M. Vander Vinkt, membre du conseil de Flandre, et de la society des sciences et belles-lettres, deji connu par des ouvrages qui decelaient un esprit juste et profond. Mais M. Vander Vinkt, qui ecrivait avec 6l6gance et purete en latin ct en flamand , n'^tait pas trt;s-familiaris6 avec la langue fran^aise. M. de Mean , conseiller k Bruxelles ^ fut invite par M, de Cobentzel ^ corriger les fautes de stylo. Le gouvernement autrichien n'ayant ordonne la i6dactlon de I'histoire de cette epoque que pour I'instruc- tion de ses hommes d'etat, avait voulu quo I'ouvrage ne fiit tire qu'i cinq exemplaires. On permit i M. de Mean de garder I'exemplaire- 6preuve. La douairiere de Mean fit present de cet exemplaire a M. Tarte cadet, qui le reim prime avec des corrections de style et des pieces justificatives. L'ouvrage aura trois volumes in-S". Prix : 18 francs pour les souscripteurs. On sait que Schloczer, professeur k I'universite de Goettingue, avait deja public, en 1774, une tra- duction allemande de cet ouvrage ; il I'avalt traduit sur un des cinq exemplaires, lequel avait ete donn6 k M. Schoepflin , historiogrflphc de France et professeur d'histoire et de droit public i Strasbourg ; c'est d'apres la version allemande que M. Schettema a donne, en hoUandais, quelques fragmens de l'ouvrage de Vander Vinkt. Celiii- ci mourut le 29 Janvier 1779 , dans sa 88" anuee (1). Le traducteur allemand lui a donnii k tort le titre de conseiller d'etat. — Bbcges. — On so propose de publicr ici une traduction en vers Jlamands Am j^otme de iucrece , ainsi qu'une Edition de Kats. Le roi a souscrit, pour cinquante exemplaires, a ce dernier ouvrage. — Liege. — N^crologie — Coffin. — Le brave Hubert Gti^n,cbevalier de la Legion-d'honnenr et du lion Belgique , si connu par son de- vouement, est mort, le 8 juillet de cette annee, victime d'un de ces accidens si communs dans les houilleres, et que la lampe de Davy est destinee i prevenir. de R — g, FRANCE. Haute-Vienne. — Limoges. — Fabrigues de porcelaine. — An- (1) Les Memoires de I'Academie de Bruxellesi T. Ill, p. 39, conticnnent une notice sur ^''aridcr Vinkt, EUROPE. A55 liqailis. — Un article insefe dans le T, XI, p. 426, de la Reuue Encyclopidique , a donne lieu k une reclamation de M. AHou » ingenieur des mines , qui a d'autant plus surpris le directeur de la Refue, que les materiaus de I'article en question lui avaient etc fournis par un habitant de Limoges, dont il n'avait aucunc raison de soup9onner la veracity. Nous nous empressons de donner ici la substance de la lettre de M. Allou. « i» Les pifeces de por- celaine fabriquees ^ Limoges ne I'emportent nuUement par le hlanc , et le blanc el or., sur celles de Paris; les pjltes mises dans le commerce par les manufacturiers de Limoges et celles dont ils font usage dans leurs ateliers sont identiquement semblablcs. 2° M. Martin , qui s'occupe des sciences avec beaucoup de zele, ne s'est jamais niCle ni de la fabrication ni du commerce de la pcrcelaine. 5° M. Martin n'a eu aucune part k la redaction de I'ou- vragc sur les Anliquites de la llaiile-Vienne , dont M. Allou est le seul auteur, et dont I'academie des inscriptions et belles-lettres a accueilli favorablcment un premier cssai. M. Martin a seulement communique plusieurs dcssins executes avant la r(5volation par I'antiquaire Beaumesnil, et dontM. Allou a tire, avec son agrement, quelques notes et quelques figures relatives surtout aux antiquites romaines. » BoucHEs do-Rh6nb. — Marseille, — Enseignement muluel. — On vient d'ouvrii-, dans I'icole de cctte ville , une classe du soir oil un grand nombre d'ouvriers adultes pourront etre admis. Le miaistre de I'int^rieur, dans la vue d'eocourager cette oeuvre pbilantropique, vient d'accorder un secours i la Societc fondatrice de cette ecole. Dej4 , dans plusieurs etablisscmens, on consacre les henres de la soiree aux adultes qui reolament le bienfait de I'instruction ele- mentaire. Les amis de I'Lumanite desirent vivement que ces exemples trouvent des imitateurs sur tous les points du royaume. — EuBE. — GisoBS. — On a introduit dans I'ecole de cctta ville renseignement du dessiu lineairc , et I'etude du chaut, d'aprcs la mctliode deM.Wilhem, k I'aide d'un jeune moniteur, de I'ecole do Saint-Jean-de-Bcauvais de Paris. Get enfant, nomme Joseph Phe- lippot, et a peine Sge de ouze ans , est doue d'une intelligence re- uiarquable. — GiEONDE.-— BoBDKAux. — L' icolc TsrdiUU' , ouvcitc sous les aus- pices du consisloirc de celte ville, a duja produit des rusultats dignei A.-iC liDftOPi:. (I'inlciOt, particuUorciiiciil sous le rappoil de I ainclioialioii inoiaic (Ics enl'ans do cctli; co mm union. SOCIETE? SAVAMES ET d'uTIUTE PUBLIQUK. Bounc. [Ain). — Sociele d' emulation et d' agriculture du dejiar- tcinent de I'Ain. — Medecine. — La Sociitti avail propose, en 1820, pour sujet d'un prix a distribuer dans sa seance puhlique dc 18s 1 , Veloge > I' injlucnce que F eau exerce sur plusieurs substances azoties solides. « On a negiigo jusqu'ii present dc porter I'attention sur I'union quel'eau contraete avec plu- sieurs substances animalcs , sur rinfluencc qu'elle exerce et sur les forces qui peuvent la fixer travaux , et qui partagent les esperances qu'elle a EUROPE. A61 plact'-es dans le z6le ot les lumitres des liouiilics eclaiies de toute I'Europe , sont prcvenus que la societt^ se r6iinira le i5 d6cenibre prochain , a huit heures dii soir , dans uiie dcs salles de I'lIOtel-de- Villc, pour se constituer definitivement, en nommant, au terme de son reglement, son bureau ct la commission centrale. Ceux qui, d'ici k cetle epoque, dusirent faire partie de la societe, doivent Terser, avant le lo dudit mols de d6cembre, la somme de 36 fr. , niontant de la cotisation annuelle, entre les mains de M. Ghapellier, notaire, rue de la Tixeranderie , n" i3. 11 leur sera delivre une quit- tance, avec laquelle ils devront se presenter le jour de Tassemblee, afin d'etre inscrits sur la liste des membres de la societe qui doivent proceder dans ce jour aux nominations. Instilulion des soeurs de Saint Camille. — A M. le directeur de la Revue Encyclopedique. — « Monsieur, les honimages que vous rendez aux actes d'un noble devouement ea tout genre^ dans votre recueil eminemraent philantropique , me _ font esperer que vous publierez avec empressement la note suivante. La communaute des sceurs de SaintCamille, compos^e de cinq religieuses , et soutenue par le zele el I'ardente charite d'uno scule femme, madame Rene Maunoir, existe , depuis plusieurs ann6es, du produit d'un petit troupeau de mirlnos, joint au mo- dique revenu de la superieure. Cette vertueuse dame habite une petite maison, rue Notre-Dame-des-Champs, n" ^i, au coin de la rue Chevreuse. EUe 6tait endettee de 900 francs pour la communaute- elle en a depense 1,000 pour envoyer deux de ses religieuses k Rarcelonne : sans ce g6nereux sacrifice, on eut ignore ses embarras et i'excessive pauvrete dc son ordre. Des redacteurs de journaux qui allaient lui demander les lettres qu'elle recevait, deBarcelonne, de la soeur Saint-Vincent, se sont trouves temoins de la saisie qu'on voulait faire de ses meubles. Instruite de ces circonstanccs, la compagnie de MM. les agens de change de Paris, qui n'a jamais ete invoquee en vain pour I'infortune, a fait, sur la simple invitation de son syndic, M. Pean de Saint-Gilles, une coKecte en faveur des sQjurs de Saint-Camille, qui a produit 700 fr. Plusieurs membres de cette compagnie avaient d'abord h6site a donner leur part, ^onime ayant 6te sollicites chez eux par des per- sonnes qui semblent vouloir profiter de I'enlhousiasme qu'excite generalement la belle conduite des soeurs de Saint-Camille , pour A62 KUUOPE. faire une sprculation rl fomlor iin noiivcl orJrc dc gardc-nialndcs. De proniptt's informations lour ont appris que la supericuic, nia- damc Rene Maunoir, elait tout-i-fait 6lrangere a ccltc demarche, qu'ellc desavouc enlierement. Us se sent empresses de joindre Icurs oflrandes i celles de leurs confreres. Esperons que ce g^nereux exemple sera suivi, et que bcanconp d'homines bienfaisans voudront concourlr i rinstitution definitive tt durable d'un ordre qui, malgre son obscurity ^ a dijci contribue a repandre sur la France tant d'eclat et de gloire, en s'associant a I'htroisme des medecins fran^ais qui sent i Barcelonne, Les pcrsonnes qui dtsireraient subveniraux premiers besoins dcs saursde Saint-Camille, en attendant que le gouvcrnement se declare leur protecteur, pourront deposcr leurs dons cbez M. Decan, no- taire, rue des Fosses-Mont mart re, n" ii, cbez lequel est ouverte une souscription en favour dc ces respectables religieuiies. J'attends de voire patriotisme, Monsieur, que vous vcuilliez bien donner la plus grande publicite a cette note par la voie de votre recueil. Agrecz, etc. Lc lieutenant-colonel Sw , chevalier de I'ordre royal et militaire de Saint-Louis. Paris, 29 novembre iSai. » — Alhenee Royali rue de Valois, n" 2. -vLcs tr.vaux de I'annc^c iSaa (Sj* de la fondation) comprendront les cours suivans : x" phy- sique experimenlale , M. Poulllet ; 2" chimie , M. Robiquet ; 3" zoo- lo^ie^ M. de Blainville ; 4° analomie et pliysiologie , M. Magendie ; 5» astronomie, M. Francceur; 6" geologie , M. Gonstant-Prevost ; -» Ullerature , M. Lingay; 8° philosophie generale , M. Aza'is. Independamment de ces cours, M. Desquiron de Saint-Aignan, avocat i la cour royale de Paris , cxpliquera , dans une serie de lemons, les principes genkraux da droit nalurel. LfS cours ont commence le i5 novembre dernier; le prix de lu souscription pour Tannic, finissant au 16 novembre 1822 , est de ] 20 fr. pour les hommcs et de 60 fr. pour les dames. Les salons sont ouverts auxsousrripteurs, depuis gheuresdu matin jusqu'i 11 heures et demie du soir. Dans la stance d'ouverlure, qui avail attire une grande alTluence de spectateurs, M. Lingay a lu nn djscours. Ce jeune professenr , EUROPE, A63 ' qui sHCcede , dans la cliaire de I'Athonce , a Laharpe , a Chenler , h M. Lemercier, semble avoir sciiti rimportancc des obligations que lui imposaient les noms que nous venons de rappeler; il a choisi uiie tAclie difficile. II annonce que son cours sera principalement consacr6 k concilier les deux puissances qui se disputent le champ de la litterature : les classiques et les romantiques. Nous avous dit que la tdche est difficile , et il nous semble qu'elle le devient surtout par la maniere dont M. Lingay a envisage la question. Si nous I'avons' bien compris, il distingue \a poesie de i'imagination et \;i poisie de I'ame; il laissc la premiere aux anciens, et revendique I'autre pour les modernes ; il dit que , dans I'etat de civilisation ou nous sommcs parvenus , la poesie n'a plus d'asile sur la terre , que c'cst mainte- nant au ciel qu'il faut la chercher et dans les relations de I'homme avec la Divinite : d'oii il suit ,que la poesie de I'imagination , la poesie qui s'occupe des interets terrestres , appartiendrait au genre classique ,et la poesie de I'ame, celle dont I'objet principal est la contemplation des choses qui sont hors de ce monde , serait \apoesie ronianlique. Nous croyons que, s'il y a quelque verite dans cette doctrine, il y a encore plus d'obscuritt-, de confusion et d'incerti- tude. L'cspace ne nous pcrmet pas de donner ici a notre pens6e tout le developpement qui serait necessaire pour la faire bien com- prendre. Si nous pouvions tralter k fond la question, nous la pre- senterions sous un autre point de vue, et peut-6tre trouverait-on la solution moins difficile; peut-etre conviendrait-on que si les clas- siques et les romantiques ne sont pas d'accord, c'est qu'ils ne se sont pas encore entendus : nous doutons que M. Lingay jette dans la discussion cette heureuse lumiere qui concilie. Toutefois , nous craindrions d'6tre injustes envers le jeune professeur, en jugeant rigoureusement , sur unc seule le90n , une doctrine qui , pour 6tre appreciee , a besoiii , sans doute , des eclaircissemens qui suivront. Les memes motifs nous empfichentde discuter ici les principes poli- tiques que le professeur a tente de meler i sa litterature ; mais il est probable que, sur ce sujet, nous aurions aussi plus d'une objection ^ faire. Quant i la forme sous laquelleM. Lingay presente sa pensee, elle est souvent vive , spirituelle , ingenieuse ; mais aussi elle n'est pas exempte de pretention ; on y remarque des rapprochemens qui cherchent ct manquent I'effet , et une malheureuse disposition a inlroduirc dans los lettres, dnsmots et des locutions jadis reserves it A6A ELROPi:. la mttaphysique , niais dont plusifiirs ikrivaiiis di; lalonl oiil fait , dans ces dernicrs tcnis, un abus qu'il ne I'aiit pcut-ctre pas imitcr. Aprisle discouis dc M. Lingay, M. llalevy a lu unc Epilre aux medecinsfrancuis partis pour Barcelonne. L'asscinbk'C a acciicilli avec beaucoup de favcur Ics idees de liberie et de patriotismerepan- dues dans I'ouvrage du jeune poete. La stance a etc terniinee par la lecture d'une fable dc Mad, Azais , intitulee : les deux Jardins , et par un conte en vers , dc M. Famin, oil Ton a reconnu deux anecdotes , reunies sous ce litre : Sachons faire rire a propos. Ilydrofrraphie. — Le capitaine Gauttier a termine dcpuis peu scs jieaux travaux hydrograpbiques. Dcji,sa carte de la Midilerraneo a et6 publiee par le ministere de la marine, et met k m£me de jugcr quelle sera la perfection de la carle de la mer Noire, qui est en ce moment sous presse. Pour donnerune idee de I'immensite du travail execute par les ofSciers de la Chevrette, il suffit de dire que toules les c6tes de la mer Mcditerran6e , des iles de I'Arcbipel et de la nier Noire, ont etc dclerminees rigoureusement , sendees dans toules les directions et dessiuees sous trois diff6rens aspects. La Sicile a 616 retrccie de cinq lieues; le pbare de Messine a ttc reporte i» I'ouest , i pres de treize milles ; toule rextrcmite mcridio- nale de PItalie a ete aussi reportee vers I'ouest, de quinze milles; le cap Langueta , i I'entree du golfe de T'alona , de trente-trois milles (onze lieues ) ; I'ile de Corf on , de douze milles; et en Afrique, le cap Bon a etc reporte a cinq lieues plus loin, dans la mcme di- rection. Le cap Mesurat a ete ramene a six lieues dans le nord; le cap Razat a et6 reporte i Test de trente-six milles (douze lieues). Presque toutes les lies de I'Arcbipel, a I'exception des Cyclades, ont change entieremenl de position ; la mer Noire a et6 recul6e vers I'ouest de trente-trois milles , et toule la c6te miridionale ainsi que celles des Abbruzes ont 6prouv6 de grands cbangemens de position. La marine franijaise , en executant cette belle et utile entreprise , a acquis des droits 6ternels k la reconnaissance des navigaleurs du nionde entier, puisqu'elle a public des documens precieux qu'elie eut pu, i» I'exemple de quelques nations, garder dans ses cartons, pour son seul usage. Voici I'cltvation , au-dessus du niveau de la mer, des sommets de phisieurs montagnes de la Grcce et dc son archipel, que M. Gaut- EUROPE. A65 tier, capitaine de vaisseau, commandant la Chevrelte, a obtenu par dcs mesures barometriqucs , pendant les campagnes hydro- graphiques de 1818 et 1819 : metres. Milo, mont Saint-Elie , 780 5 Z6a , . idem 670 i Paros idem 766 2 Naxie, mont Jupiter 1,009 ** Santorin , mont Saiot-Elie 687 0 Stampalie , mont Veglia 483 i Cos , monte Christo . . ■ SSg 9 Lero , mont Clidi ....» 327 a Samos, mont Kerqui 1,455 i Ipsara , moat Saint-EIie 546 o Saint-Georges de Skyros, mont Cocbila 789 5 IMetelia , mont Olympe 988 o Ten6dos, mont Saint-Elie. • 191 7 Lemnos , mont Thcrma 36a o Atbos ( mont ) 2,o63 o Scopoli , mont Delphi 690 5 Mlconi , mont Saint-Elie 098 o Archeolo^ie. — Zodiaque de Dendkrah. — Lettre de M. Saulnier fils a I'acadimie des inscriptions et belles-lettres , en dale du 4 oc~ tobre iSai. — « Je crois ne remplir qu'un devoir , en vous annon^ant que le zodiaque circulaire du temple de Denderah , en Egypte , a 6t6 detache du plafond dans lequel il 6tait encadri' : j'ai I'assurance qu'il est maintenant arrive i Marseille. Permettez-moi de vous faire rapi- dement le rccit des circonstances relatives i cette operation, dont la hardiesse pourra causer quelque surprise. Vous connaissez , Mes- sieurs, la protection que Mohamed-Ali-Pacha accorde aux explora- teurs des antiquites de la Thebaide; son but est d'attirer, par cette espece de seduction, les Europeens, dont il apprecie les lumicres, dans I'Egypte qu'il gouverne beureusement aujourd'hui, apr6s I'avoir soustraite k la domination anarchiquc des mamelouks. Instruit de cet etat de cboses par des correspondances particuliferes et par les relations des plus recens voyageurs, je con^us, I'an dernier ,le projet d'en profiter. Mais en meme tems je pris la resolution de ne pas m'exposer aux chances hasardenses des i'uuilles, Quand bien ra^me Tome xii. 20 ^66 EUROPE. celles que j'aurais tentues auralent ri^ussi , dies nc poiivaicnt giier? avoir d'autres rusultafs que de giossir Ic nonibre de ces monumens d'un caracttrc iniposant , niais unil'orme , qui commcncent i encoiii- brer les cabinets de rEurope. Je pcnsai qu'il etait tcins de negliger ces inutiles copies des ni6mes types, et que c'etait vers quelque objet d'une importance reconnue et, si je puis parler ainsi , indivi- duelle, qu'il fallait exclusivement dlriger mes vues. Elles ne tar- durent pas «i se fixer sur Ic planisplii.'re , sculpte en relief dans une des salles du temple de Denderah. Rien , en Egypte , ne me parais- sait plus curieux que ce venerable reste d'une si haute antiquite , signale pour la premiere fois i raltcnlion de I'Europe , par des savans fran(;ais, et, depuis, objet de tant de dt-bats, qui se pro- longent encore. Je crus que ce serait faire une chose utile que de I'enlever i des contrees lointaines , d'un acces difficile , habitees par des populations barbares , ct oii bien des genres de destruction pouvaient le menacer. Si les Frangais avaient jusqu'alors trop peu profite des facilites que le gouvernement de Mohamed-Ali accorde aux entreprlses de la meme nature ; si la plus grande partie des an- tiquitfis, tli-ees de la Theba'ide , se trouvaient dans les collections privees ou publiques de I'Angleterre , il me semblait que le terns perdu pour nous pouvait etre plus que compense par I'operation que je meditais. Quant i la possibilite de son execution, I'examen des plans dresses par la commission d'Egypte nous avait convaincus. Malheureusement , des affaires inattendues vinrent s'opposer a mon depart , et pouvaient s'y opposerlong-tems encore. Confident de mon projet, et temoin du chagrin que me faisait eprouver I'impossibilite oil j'etais de le mettre i execution , un de mes amis , M. Lelorrain , me temoigna le desir d'en €tre charge. J'acceptai son offre avec empressement ; car j'etais convaincu qu'il avait toutes les qualit^s qu'exigeait une pareille entreprise. Des ce moment , je ni'occupai sans rclache de reunir les divers moyens propres a en assurer le succfes. II 6tait evident que M. Lelorrain ne trouverait en Egypte aucun des instrumens dont il avait besoin pour cette operation. Je Es, en consequence, confectionner, en grande b4te , des scies de dif- ferentes grandeurs, pour detacher le monument de son entourage ; des cries pour en soulever la masse , et un traineau pour la rouler jusqu'au Nil. L'idee de ce traineau, d'une forme ingenieuse et nou- velle , appartenait i M. Lelorrain , ct je consid^rais le merite de EUROPE. A67 relte invention comme une premiere garantic de la reussitc 'k'S eilbrts qu'il allait faire. o Ce fut dans les premiers jours d'octobre de I'annee precedente qu'il s'enibarqua pour Alexandria , avec les iostrumens que jc venais de faire confectionner. 11 cmpurtait en mfime terns avec lui mes instructions, celles d'un artiste habile , M. Dubois, qui a fait une £tude approfondie des monumens de I'antiquite , ainsi que des notes et des lettres de recommandation , que plusieurs membres de I'lns- titut avaient bien voulu lui donner. M. le ministre des' affaires etrangeres s'etait egalement int^resse a une entreprise qui s'annon- 9ait comme utile aux arts , et il avait fait remettre i M. Lelorraiu une lettre, adressee 4 M. Pillavoine, qui remplissait au Caire les fonctions de consul general de France. II arriva i Alexandrie au commencement du mois de novembre , et , apres y avoir pris quelque repos , il en partit pour aller au Caire. Prcsente au pacha , il en fut re^u avec bienveillance, et il obtint, sans difficulte, un firman qui autorisait les travaux auxquels il voulait se livrer. Par une faveur particuliere, le pacha lui donna , en outre , une lettre pour son fils , gouverneur de la Haute-Egypte. Muni de son Crman et de cette lettre, M. Lelorrain ne tarda pas i se rendre a Denderah. L'aspect des lieux lui donna I'assurance que le projet que j'avais concu k Paris, n'6tait pas chimerique. Ainsi que je le disais plus haut, le zodiaque faisait partie du plafond d'une des salles superieures du temple. Sur la plate-forme qui couvre cette vaste enceinte , se trouvent les debris d'un village, que des cultivateurs arabes y ont construit , probablemeut k une epoque deji fort ancienne , afin de se mettre i I'abri des avanies de la cavalerie des Mamelucks , ou de celle des Bedouins. Un atterrissement qui y mene , et dont la pente est assez douce, masque en talus une partie de la grande muraille lat6rale : c'etait par cette atterrissement que j'avais pense qu'il serait possible de descendre les masses que Ton parviendrait k de- tacher des pieces du haut. En effet, tout s'executa k peu pres comme nous I'avions prevu. Apres avoir culbute les constructions arabes qui se trouvaient au-dessus du planisphere , M. Lelorrain le degagea, et le conduisit jusqu'i terre, par le plan incline dont je viens de parler. A I'aidede son traJneau, il lui fut ensuite tres-ais6 deletrans_ porter a bord du bStiment sur lequel il avait remonte le Nil. J'ajou- tcrai que, conform«^ment k ce qui avail ete arrfiti entre nous SO* AGS EUROPE. M. Lelorraiii n'avalt commence cettc opiiralioii qu'apr^s s'^tre a»sar<'; qu'il pourrait la fairc sans exposcr a aiicun danger la consen'ation du zodiaquc. oil dcvait croirc que son ouvrage etait tcrmine, et qu'il n'avait plus qu'il jouir paisiblenicnt du repos qui lul etait neccssaire apres des travaux sipenibles, entrcpris dans le cours du mois de mai , nialgre I'activite d'un soleil brCilant; niais desdiCGcultes, plus grandes quecelles qu'il venait de surmonter, I'attendaient a son retour, dans la Basse-igypte. Vous savez , Messieurs , quelles passions violentes ct haineuses la recherche des antiquites a excitees parmi quelques- uns des Europ6ens qui s'y livrent sur les deux rives du Nil. Les tristcs tableaux qui ont ete presentes dans des publications reccntes, ne sont malheurcusement que trop fideles , et INI. Lelorrain lui-m6me a failli en etrc la victinie. Le bruit du brillant succes qu'il venait d'obtenir I'avait devance au Caire , et cette nouvelle avait mis en rumeur les explorateurs ordinaires des antiquites cgyptiennes. L'uti d'eux , que je m'abstiens de nomnier, «i cause de mon 6loignement pour toute recrimination personnelle, essaya de lui ravir le fruit d'une operation, dont probablement il n'avait pas meme entrevu la possibilite. Sous pretexte que , bien avant I'arrivee de M. Lelorrain, il avait ete autorise a faire des fouilles au pied du temple de Den- derah , i! riclamait un monument hardiment detach^ du faite. Cette pretention etait, sans doute , depourvue de toute justice; mais on pouvait craindre que la position particuliere de celui qui I'elevait ne la fit accueillir. Representez-vous, Messieurs, quelle dut etre, dans ce moment , la situation de notre malheureux voyageur, trem- blant de se voir depouill6 de ce qu'il venait d'obtenir a si grands frais , au risque de sa sante , et peut-etre desa vie, par tant de peines et d'elTorts. Heureusement, malgrele credit de son puissant adver- saire, ses alarmes ne se prolongerent pas long-tems. Le pacha, a qui cette contestation fut soumise , ne tarda pas 4 se prononcer en fa»eur de M. Lelorrain : cette decision est, ce me semble , une preuve eclalante de I'equite du gouvernement de Mohamed-Ali, et une garantie de la bienveillance avec laquelle les Franijais, qui se rendront a I'avcnir en Egypte , y seront accueillis. « Sorti des embarras qu'on lui avait suscites, M. Lelorrain £c rendit h Alexandrie, oil il embarqua le zodiaquc a bord d'un bStiment, qui en partit quelqucs jours aprcs pour Marseille. C'est ainsi que ce EUllOPE. A63 uionumcnt , I'une des pieces les plus anciennes, peut-ctre, des ar- chives du monde, se irouve en France. Je n'ai pas besoin d'ajouter que si la France veut le conserver il n'en sortira pas. Quoi qu'ii en «oit, les hommes de toutes les nations, qui ont pour les arts une affection sincere , se feliciteront, sans doute, lorsqu'ils sauront qu'il a 6te enleve aux solitudes oii il etait reste si long-tems inconnu , et qu'il est desormais a I'abri des dangers auxquels il y etait expose. Ce n'6taient pas les Arabes qui etaient le plus i craindre : certains Europeens sont plus redoutables qu'eux pour la conservation des antiquites des bords du Nil. Assurement , Messieurs , vous n'appren- drez pas sans indignation, que recemment un Anglais, apr6s avoir pris le dessiu de quelques-unes des peintures qui d6corent,^ Thebes, les magnifiques sepultures des Pharaons , les a volontairement d'-truites , en les frappant d'un marteau, aOn de donner plus de prix aux copies qu'il venait d'en faire. Au reste, c'est i la commission d'Egypte, qui m'a fait concevoir I'idee de cette operation, et a M. Lelorrain qui I'a executee si habilement, que j'en attribue tout I'honneur. o Je ne suis p;is encore fixe sur la voie dont je me servirai pour le faire venir «> Paris. Le planispbere de Denderah, avec ses acces- soires, forme, comme vous ie savez, Messieurs, un carre dont les cotes ont plus de neuf pieds de longueur, et il est etabli sur une pierre de gres qui a deux pieds et demi d'epaisseur. J'avoue que je suis effraye des frais que coulerait le transport par terre d'une masse aussi considerable. D'un autre cflte, j'besite encore 4 I'expo- ser aux perils d'une nouvelle navigation. Quelle que soit ma deter- mination a cet egard , des qu'il sera arrive k Paris , je m'empresserai de vous en prevenir. n Savljue&JIIs. Jiejionse de M. le secretaire perpiluel , du 5 oclobre 1821. — 0 L'aca- demie a entendu avec beaucoup d'interet la lecture de la lettre par laquelle vous I'informez de I'arrivee i Marseille du planisphere de Denderah. Elle vous felicite de I'heureux succes d'une entreprise honorable pour la France , et qu'on pouvait croire impossible i ob- tenir, et vous prie de recevoir ses remercimens de la communi- cation que vous avez bien voulu lui donner , et de i'intention que vous annoncez de I'appeler a examiner ce precieux monument, aussitut qu'il sera arrive a Paris. Dacieb. » — Note des reducteun. — Nous applaudissons aux scntimcns A70 EUROPE. patriotiqucs qui onl diclti Ic projet hardi de nos deux conipa[fiol.c», entrcprisc cxccutiie si habilcmcnt ct si lieureiiicinent. La France a tant fait pour devoiler les auliquites de I'Egypte , qu'elle a bien Ic droit de possedcr que!qucs-uns de ses plus precieux ouvragc^ ellc doit sc rejouir aussi de pouvoir niontrer aux etrangcrs un mo- nunignt qui la dedonimage de la pertede celui de Roselte , et dcs autres morceaux rares que la commission d'Egypte avait rassembles avec tant d'efforts. En felicitant MIM. Saulnier et Lclorrain de ce que, par leurs soins, le zodiaque circulaire du temple de DenderaJi va etre transporte dcs bords du Nil sur les rives de la Seine , et non sur cellcs de la Tamise, nous ne pouvons cependant nous dt'- fendre d'exprinicr quclque regret de ce que cc temple magniQquc a et6 privii d'un de ses plus beaux ornemens; nous nous dcniandons si nos zel6s compatriotes n'ont pas ete abuses par rexces d'un sen- timent , d'ailleurs sL noble et si genereux. Entiain^s par le desir d'bonorer la patrie , ont-ils songe h toutes les consequences de leur entreprise ; ont-ils pense au fdcheux excmple qui est donne main- tenant 4 toutes les nations rivales ? Car, il ne s'agit pas ici de statues, de pierres detachees , d'obelisques meme et de tant d'autres mo- nolithes que les conquerans et les voyageurs ont enleves i I'Egypte, dcpuis vingt - trois siecles. G'est ua (idifice admirable, jusque - li intact, et dont la demolition est en quelque sorte commencee. Si les Perses , les Grecs, les Romains ou les Arabos ont nnitile les temples de I'Egypte, nous sommes loin de les excuser; mais il faut s'en prendre ou i I'aveugle fanatisme ou au terrible fleau de la guerre. En pleine paix, pourquoi les imiter? Oserait-on alleguer, en France, I'exemple do lord Elgin? non sans doute; et nous dirons avcc le poete : » Et si sur nos r'lvaux nous voulons nous regler, » C'est par les beaux endroits qu'il leur faut ressembler. Aujourd'hui, par le seul fait de I'enlevement du zodiaque, la salle astronomique est a decouvert, et le reste du plafond est menace d'unc cntiere destruction ; c'est comme si , h la grande galerie de Versailles , les allies eussent enleve une partie du plafond pour cmporter qeelques peintures ; que deviendraient le reste du toit et la galerie mcir.e ? Qui a preserve les edifices de I'Egypte d'une maniere si 6ton- nante f c'est la conservation dcs loiluies. Une fois ce toit pvotcctcur EUROPE. - A71 enlcvii, rien ne protiige plus les tnurailks, les colonnes et tous les supports. Qui empechera de prendre ici un chapiteau , li une colonne entiere, plus loin. . . . Au reste, ni les maitres ni es habitans de l*Egypte ne sont aussi barbares qu'on le croit com- munement , et ils le sont aujourd'hui moins que jamais. L'interfit, ce mobile si puissant, semble reveiller ce peuple d'un long summeil, Pouvait-on craindre de lui , k cette epoque de civilisation , plus que dans les terns de barbarie ? Le monument de Denderah, avec tant d'autres , a resiste i la fois au tems et aux ravages des honimes ; il a resiste aux guerres civiles et religieuses ; et maintenant que I'Eu- rope Bavante a les yeux fixes sur lui, Ton peut dire en quelque sorte que son immortalite s'est rajeunie. Quelques personnes ont pens6 , peut etre, que le zodiaque circulaire de Denderah etait une pierre isol^e, un fragment com me un autre. Mais on se fait une idee peu juste des antiquites igyptiennes, si Ton croit qu'elles consistent en morceaux detaches. On les juge par ces magasins de petites statues, d'idoles , d'ustensiles ou d'anlulettes de nos cabinets d'Eu- rope. Tout cela ne ressemble pas plus i I'architecture de I'Egypte, que les bronzes d'Herculanum k I'architecture romaine. Est-ce avec les figures de saints qu'on vend dans nos foires que Ton ferait con- cevoir aux etrangers I'eglise de Sainte-Genevieve ou le palais du Louvre? Apres tout, les monumens des bords du Nil sont com- poses de pierres, ■ qu'il n'est pas impossible, si grandes qu'elles soient, de transporter une k une en France ou en Angleterre ; mais qu'y gagnerait - on ? 11 faut le dire : ces Romains , si strangers aux sciences, et barbares sous plus d'un rapport, ont 6te plus justes appreciateurs que nous, des ouvrages de I'Egypte. Quand ils ont Toulu y puiser pour orner leur triomphe et embellir leur cite , qu'ont-ils choisi ? des obelisques. Voila de nobles trophies ; voilk le veritable ornement d'une grande capitale ; et, pour le dire en passant, I'Anglelerre le sent mieus que la France, qui avait et qui a encore tant de moyens de suivre I'exemple de Rome ancienne et modernc. Quant a la pierre qui vient d'arriver, elle ne peut servir d'embellis- sement; elle n'interesse que la science; ou pouvait peut-6tre arriver au but qu'on s'est propose , sans la s6parer de I'edifice avec lequel, depuis tant de slecles, elle faisait un corps indissoluble. On a reussi a I'enlever , mais elle va perdre une grande partie de sa valcur, de son prix , de son intdr6t, Qui salt si, dans quelques annce A72 EUROPE. on ne disputcra pas sur le point qu'elle occupait dans le grand mo nnmcnt auqucl on I'a arrach^e, sur la manicrc dont elle (^tait tournie , sur les sculptures dont elle etait environnte , etc.? Si ce n'etait pas assez de denx mille copies en petit , qui circulent d^jA dans toute I'Europe (et Ton peut s'en procurer deux Ibis autant) ; si la gravure etait insufBsaate, qui empechait dc faire mouler soigneu- scment I'original en plitre, en cire ou en soufre? Quoi qu'il en soit, si quelque chose peut satisfairc les amis des arts, c'est de voir que ce venerable reste de I'antiquile parait destine pour le Musee fran- 9ais ; s'il sortait de France , il n'y aurait plus nioyen de se consoler de la mutilation du temple de Denderali. TASatres. — Theatre Francois. — Les Plaideurs sans proces , comidie en trois actes et en vers, par M. Etienke. (29 octobre.) — Saint-L^ger est amoureux de Jenny, fille de M. Renard, vieux procureur, qui veut prendre pour gendrc Floridor, jeune avou6, Raymond, qui a passe de la haine de la chicane & la haine de ses supp6ts, veut servir les amours de Sainl-Leger, en brouillant les deux confrferes. Pour y parvenir, il imagine un proces de quelques millions entre son ami et lui ; puis il se fait le client de Renard , tandis que Saint-L(iger devient celui de Floridor. Vain espoir;les deux hommes de loi, qui n'ont de commun que I'amour de I'or, s'entendent pour faire du proces ura bien defamille; leur rupture n'est que simulee, et tout est perdu, lorsque Saint-Leger, aprts un duel concerle entre lui et Raymond, vicnt se jeter aux pieds de Renard , et lui declarer que I'amour qu'il a conc^u pour sa fille est la seule cause qui lui ait fait epargner la vie de Raymond , son client. Le vieux procureur joue la sensibility, et se rend prompte- inent,en pensant aux millions qu'il suppose k Saint-Liger. Raymond avoue sa ruse ; et , pour epargner I'amour-propre du beau-pere de son ami, il fait croire aux autres personnages que Renard etait dn complot. Celuici veut bien se contenter des vlngt mille francs de rentes de Saint-Leger, qui se sert avecsucces du fanicux sans dul, et Floridor est congedie. La raison n'est pas toujours consultee dans cet ouvrage que nous comparerons aux Folies amoureuses pour I'fnvraisemblance du sujet, mais aussi pour I'csprit et la chaieur comique. L'avarice et ics formes gothiques du vieus procureur contrastent plaisammcut EUROPE. A73 avcc le fasle et Ics manieres brillantes du jeune avoue ; et Raymond, qui conduit toute rintrigue, justifie son audace par les ressources de son imagination originale et gaie. La piece est ecrite de verve ; on y trouve une foule d'observations lines et spirituelles, exprimees dans un style a la fois elegant et nerveux. — LCL Fontaine cliez madame de la Sabliere, comedie en un acte et en vers, par M. Naudet. ( i3 novembre. ) — La Fontaine , arriv6 de Ch&teauTliierry a la Sabliere, par distraction , j trouve son amie , et un jeune marquis qui semble fitre li tout expres pour recevoir les epigrammes des autres personnages. Deux jeunes pay- s?ns, que la fortune separc, s'adressent au bonhomme pour qu'il cherche & flechir un pfere intraitable ; La Fontaine a bientdt ter- mine cette affaire en donnant pour dot i la jeune fiUe mille ^cus qu'il a oublies dans une de ses poches. Rien de plus leger et de moins neuf que le fond de cette petite piece; I'auteur a sans doute pense que le caractere de La Fontaine ne permettait pas de le faire figurer dans une intrigue plus compliquee.Quoi qu'il en soil, le public a su gre i M. Naudet de cet bommage rendu ^ notre inimitable fabuliste ; et il a oublie la froideur du sujet en ecoutant des vers faciles et spirituels. Beaux-abis. — Peinture. — Le Musee vient de s'enrichir de plu- sieurs tableaux importans, au premier rang dssquels il faut mettre line Sainte famille de Raphael. Ce tableau avail ete achete , ea Italic , il y a environ vingt ans , par le payeur general de I'armee fran^aise, moyennant,je crois, mille a douze cents francs, Cette acquisition fit une grande sensation parmi les amateurs ; on ne pouvait comprendre comment un Rapbaiil avait et6 donne pour un prix si mediocre, avec d'autant plus de raison, que la famille qui venait de s'en dessaisir soutenait que toutes les autres repetitions connues etaient des copies, et que le tableau qu'elle avait vendu etait bien I'original ; mais cet original etait en fort mauvais etat, on pouvait craindre qu'il ne fiit pas susceptible d'etre repare , et c'est ce qui expliquait la modicile du prix. Cependant, I'acquereur ayant apporte ce tab'eau i Paris, le confia aux habiles restaurateurs qui s'y sont formes, pendant que les richesses de I'ltalie ont ete en notre possession; et il eut bientutlieu d'etre satisfait de son ac- quisition. Depuis la spoliation de i8i5 , le Musee ne possedait plus qu'un petit nombrc de productions de Rapliaiji. Pour reparer, au- lant qu'il est possible les pertes que nous avonsfaites, le mlniii- A7A EUnOPE. Ure de la maison du Rol a aclieto cc tableau , avec quelques aulrcs moins importans , moyennant, dit-on, cent mille francs. Ce nouveau Raphai-l ayant etc expose dans la portion da la galeric qui porte le nom de ce niaitic, la foule dcs connaisscurs a (ite I'exa- miner; mais cet examcn n'a pas ete I'avorablc i ce tableau. Plusieurs personnes, ct je suis du nombre, hesitent i» le regarder cottimc ori- ginal. Ce n'est pas qu'il ne contienne des parties fort belles, mais d'autres sont faites tiniidenient et n'olTrent ni la plenitude de formes ni \efaire de Raphael; la tete de la femme, surtout, est bien loin d'avoir le caractere de beaute qu'il a su donner i ses vierges. Cc qui contribue singuli6rement a augmenter I'incertitude, c'est qu'ou ignore tout-i-fait ce qu'est devenu I'original ; on salt seulement que cette composition, qui a beaucoup d'analogie avec celle de la vierge au linge, a ete executee par Raphael; mais on ne sait rien de plus. Au reste , il existe en Italic plusieurs copies qui oETrent des diffe- rences plus ou moins notables avec le tableau que possede leMusee. Dans I'une, par exemple, il y a , dans la partie tuperieure du ta- bleau, comme dans la grande Sainte famille, des anges qui repandent des fleurs sur I'cnfant Jesus. Celle qui est i Rome et qui est gene- ralementattribuee Ix Jules Romain, est, au contraire, 6 pen de chose prfesjsemblable k la notre ; clleyest connue sous le nom de Madone de Loretle , et c'est d'apres cette copie que M. Ricbomme a execute la gravure qu'il a publiee en iSi3 (i). Au nombre des tableaux vendus avec celui dont je viens de parler, se trouve une tete de saint Fran9ois , attribuee au Cigoli par quel- ques personnes , et qu'un connaisseur celebre, a Paris, pretend 6tre du Capucino. Cette derniere assertion est la plus fondee, car cette tete est evidemment I'ouvrage d'un coloriste; or, le Capucino etait certainement plus coloriste que le Cigoli. Au reste, c'est une pein- ture admirable et d'un ordre bien superieur au tableau attribue a Raphai^l. Le peintre a su donner a la tele du saint un caractere d'exaltation et de beatitude intuitive extremement remarquable. Une Annonc.iaiion d'Andre del Sarte fait egalement partie de la nouvelle acquisition du Musee ; j'avoue que j'ai de la peine a retrou- ver ce maitre dans le tableau qu'on lui attribue et qui a ete presque entierement gStii par les restaurations maladroites qu'on y a faites. (i) A Paris, chez I'auteur, place Saint-Andre-des-Arcs. Prix, avec Ic Icltrc, 12 fr. EUROPE. A75 ^Gravure. — Uiillcv fils, niort jcune et dans la force d'un talent qui avail appelc sur lui I'attentioii de toute I'Europe, a grave le Saint-Jean du Dominiquin. Cette estaaipe avail eu un grand succ6s; cl, depuis la niorl de son autetir, les epreuves elaient recherchees avec un enipressement qui a fait naitre i un jeune artiste I'idee dc la reproduire. Get artiste est M. Pelee , i qui madame la duchesse de Berry vient d'accorder une pension pour le mettre en 6tat de continuer ses etudes avec tout le fruit possible. M. Pelee n'a pas espere remplacer entierement son pred^cesseur ; et, pour que son intention soil manifeste k eel egard, il a donne a sa planclie une dimension differente de celle de Miiller. Le talent qu'il a deploye dans cette entreprise parait justiQer la faveur qu'il a obtenue. Miiller fils est surtout remarquable pour I'habilete et la precision qu'il niettait dans le manienient de I'outil. M. Pelee a essaye de suivre ses traces; et , s'il n'a pas atteint son modele, il a assez fail pour prouver qu'il ne s'etait pas abandonne ii une vaine lemerit6. — II exisle, dans une des rues de la Cliaussee-d'Antin , une mai- sonbatie, il y a environ vingt ans, sur les dessins d'un de nos plus celebres architectes , et decoree avec un soin et un gout particuliers. Parmi les peintres les plus en reputation, six furent charges de faire chacun un tableau pour orner les panneaux du salon. Deux de ces peintres sont niaintenant au premier rang des maitres de I'^cole ; ce sont MM. Girodet et Gerard. Le premier fit une Danae, seduite, non par de I'or, mais par des fleurs. Cette figure, de la plus grande beaute, itait entierement nue. Un nouveau proprietalre, efTarouche de cette nudite , a charge une main sacrilege de mettre une dra- perie k I'ouvrage du moderne Apelle. Le second avail representii 'Flore caressee par Zephyre. II I'a pos6e sur une hemisphere inculle, _pour rendre plus sensible, je pense , I'influence du printems, qu'il voulail exprimer mythologiquement. L'expression de la tfile un pen renversee , le desordre de la chevelure de laquelle s'echap- pent les fleurs qui composent la couronne de la deesse et qui se repandent sur ses epaules et sur son sein ; la contraction des bras croises sur la poitrine ; une sorte de flechissement dans les ge- Doux ; tout revele I'extase qu'eprouve la deesse. Cette composition, executee de verve , a etc gravee par M. Pradier. II a fait , sans que 'en sache la raison, un changemenl assez notable : la deesse n'est i lus sur une hemisphere inculte; mais lout le reste est conserve. Quelques parties de celtc gravure , telles que les mains et une dc A76 EUROPE. cuisses, me paraisscnt pouvoir 6trc critiquees; Ta draperie posec sur les handles manque de transparence et ne laisse pas assez voir le contour qui deviont incertain ; mais I'expression de la tCtc est rendue avec assez dc Lonhcur; et, dans son ensemble, c'estun joli ouvrage. — Notre cclebre Poussin, bon juge des ouvrages dcsautres, au- tant que peintre habile, disait que la Transfiguration de Raphael, la Communion de Saint-Jerume, du Dominiquin, et la Descenle de croix de Daniel de Volterre etaient les trois plus beaux tableauK de r.ome. Lorsque , pour prix de nos victoires en Italic, le chef- d'oeuv^re du Dominiquin eut eti; apporte h Paris, M. Alexandre Tar- dieu forma le projet de le graver. Apr6s quinze ans de travaux employes a cette grande entreprise, cet artiste vient de publicr sa planche ; elle est dc meme dimension que celle de la Transfiguration de Raphael, gravee par Morghen, k laquelle elle peut servir de pen- dant. — L'aspect general de cetle estampe rend avec beaucoup d'exactitude I'harmonie du tableau; dans la figure principale, celle dc Saint-Jerome, M. Tardieu a bien exprime le sentiment du maitre; les habits sacerdotaux du pretie et la dalmatique du diacre sent graves avec une habilete consommee. Peut-elre y a-t-il un peu de secheresse dans quelques parties de cette gravure ; il me parait que I'artiste a trop souvent repousse sa planche (i), ce qui Cite a I'en- scmblc du travail, d'ailleurs tres-varie de manieres , cetle liberte, cette franchise qui s6duisent. Mais ce n'en est pas nioins un ou- vrage capital qui assigne h son auteur un rang treshonorable parmi nos premiers graveurs. — Lithographie. — Cbambord , monument fort remarquable tlevc par Framjois I'', etant devenu, par suite de la nouvelle desti- nation qu'il a re9ue, I'objet de I'attention publique, plusiears artistes se sont occupes d'en donner des vues et des descriptions. 11 a paru, chezEngelmann freres, une suite de planches, distribuees en livraisons, et lilhographiees par plusieurs artistes habiles ; ces planches, propres a faire connaitre I'ensemble et les details de.cc monument, sont accompagnees d'un texte descriptif. M. Isabey en a fait aussi I'objet d'une composition lilhographiee; mais, pour ne (i) Lorsqu'un praveur a eflace une partic dc son travail, il en rc- sullc un creux, que Ton fait disparaitrc en frappanl par derrierc i I'endroit correspondant. C'est cc qu'on appelle repoussur une planche. EUROrE. A77 pas doiiner un simple aspect pittoresque de ce chateau, il a ima- gine une scene qui occupe les premiers plans de la vue dont le chateau forme le fonds. II a suppose que Ic due de Bordeaux est amene dans sa nouvelle possession. Son arrivee , pour laquelle les habitans ont prepare une sorte de fete, lui a permis d'introduire une foule de groupes, de divers caracteres, dont les parties prin- cipales sent exicutees avec I'esprit et I'habilete que cet artiste met dans toutes ses productions. Cette planche est une des plus grandes qu'ait produites, en France, la lithographie. — Dessin et perspectife lineaire. — M. Boniface avait publie , en 1819, le prospectus d'un Cours ilemenlaire et pratique de dessin, d'apres les principes de Pestalozzi dont il est disciple. Cet ouvrage est maintenant termine et se compose de huit livraisons qui con- tlennent quarante-huit planches accompagnees d'un texte(i). Les six premieres comprennent des Elemens de dessin, et les deux autres des Et&inens de perspective lineaire. Celles-cl sent de M. Choquet, professeur distingue , ct se subdiviseat entre elles : I'une a pour objet les principes de la perspective plane , et I'autre la perspective des corps solides. — M. Boniface s'est propose de former, par des pra- tiques simples et agreables , le gofit et la main des enfans.C'est un guide que les parens peuvent suivre avec fruit et qui convient tres-bien au jeune flge , jusqu'a I'^poque oil le dessin doit devenir une etud'e seiieuse. Ce n'est point la tC-te que Tauteur propose de faire etudier d'abord aux enfans, puisque c'est la partie la plus dif- ficile qu'il y ait dans I'art du dessin ; c'est un moyen de les preparer h cette etude et de les accoutumer a reproduire facilement, avec le crayon , la forme des objets qu'ils ont continuellement sous les yeux, tels que des vases, des feuilles, des chapiteaux, etc. Mais, avaut d'arriver a ce point, il leur fait faire des exercices gradues et usites depuis long-tcms dans I'institut de M. Pestalozzi. Cette methodc ayant re<;u la sanction de la pratique, I'on ne doit pas 6tre etonne du succes qu'a obtenu I'ouvrage de M. Boniface, dont les deux dernieres livraisons me paraisisent convenir meme i des eleves d'un flge avance. L'auteur, qui s'est entierement voue a I'instriiclion de I'enfance, fait , i toutes les autres parties de I'enseignement , rapplication de (1) Chez l'auteur, rue de Touraine, n° 10. Prix, 12 fr. pour Paris. — (Voy. Rei'. Encyclop.,T. Ill , p. 4?.5.) A7S EUROPE. la m^tbCdc dc Pcslalozzi, dont Ic but est dc dcveloppci I'intelli- gcnce tt de fortifier le jugcment;et il la suit avec succis, dtpuis plusieujs anntcs, dans rexcellcnte institution dc madamc d'AubrOc. P. A. PiBLicATioNS PBOCHAiKiiS. — fn ouiTuge (Ic chiniie, applique aux arts, par M. Millab de I'univcrsite d'Edimbourg {T'oy., T. XI, p. 128) traduit en franrais par Ph. JiCoullieb, paraitra dans Ic mois de dccembre procbain , en un fort vol, in-8°. — Dictionnaire raisonne desdecouvirtcs, inventions , innovations, perfeciionnemens, observations nouvelles et importations, en France, dans les sciences, la litterature, Ics arts, I'agriculture, le commerce et I'industrie , de 1789 Ji la fin de 1S20; comprenant aussi : 1" des aper(^us historiques sur les institutions fondees dans cet espace de terns ; 2° I'indication des decorations , mentions honorables, primes d'encouragement , medailles et autres recompenses nationales qui ont ete decernees pour les difK-rens genres de succfes ; 5" les rcvendi- cations relatives aux objets decouverts , invent(5s, perfeclionnes on importes. Ouvrage redig6 d'apres les notes des savans, des litte- rateurs , des artistes , des agronomes et des commer^ans les plus distingud'S, par une societe degens de lettres. Avec cette epigraphe : Invenies disjecti membra... Hob at. Lesauteursdu Dictionnaire raisonne annoncent qu'ilsseront aides dans leur travail, par MM. BerthoUet, Cuvier, Lacepede,, Vauque- lin, d'Arcetj Delambre, An-ago, Francoeur, Bouvard, Jomard, de Humboldt, Breguet, Dupin, Mollard, Christian, Thouin, Tessier, Huzard, Bosc, Yvart, Hall6, Dupuytren, Eaynouard, Daru, Jouy, itienne , Oberkampf, Ternaux, Beauvais, Bacot, Lerebours, etc. - De tels noms, I'importance et I'ntilit^ bien reconnues de I'ouvrage doivent suffire pour en assurer la reussite. II formera 12 volumes in-8°, de 35 a 36 feuilles (58o pages environ), imprimdes sur carr6 fin. Le premier volume paraitra le i"^' avril 1S22. Les suivans seront publics de mois en mois, sans interruption, de maniere que I'ou- vrage sera termine, au plus tard, en avril 1S23. Le prix de chaque volume est fixe a 7 fr. pour les personnes qui se seront fait ins- crire avant le 5o Janvier procbain. Passe cette epoque, on paiera chaque volume 8 fr. La souscription est ouverte a Paris , chcz L. Colas, libraire, rue Dauphine , n° 32, qui recevra les Icttres et paquets^ et chez Mongie aint, boiilcvart Poissonnicre. EUROPE. 179 — iUmens de grammaire Chincise. — Les grammaires chinoises qu'on a cues jusqu'i ce jour sont toutes des ouvrages volamineux, rares , chers, et , qui pis est, composes par des personnes qui ne savaient pas la langue. C'esl la sans doute une des causes qui ont le plus nui parmi nous aux progres de ce genre de litterature. On peut esperer que I'ouvragc annonce par M. Abel-R6musat , et qui doit paraitre a la fin du mois , remplira cette lacune. Ce sont des Elhnens de grammaire chinoise , en un vol. in-S", qui n'aura pas 3oo pages, et oil les principes generaux de la langue litterale et de la langue vulgaire seront exposes de manifere a ouvrlrauxetudians un acces facile aux monumens litteraires de la Chine, de quelque genre et de quelque terns qu'ils soient.L'iutention de I'auteur est que ce livre soit vendui tres-bonmarche,pour qu'ilpuisse Ctrerepandu, non parmi les personnes qui amassent des livres , mais parmi celles qui en font usage. S'il tient parole , et que son Rudiment chinois contienne , comme il I'assure, dans un si petit espace, tout ce qui est neces< saire pour I'intelligence des livres chinois, les auditeurs qui suivent ses lemons au college de France auront desormais toutes les facilites qu'ils pouvaient desirer ; et leur nombre ne peut manquer de s'ac- croitre, quand ils auront les moyens de se couvaincre pareux-memes que /'etude ilaquelle on les appelle n'est ni si longue, nisiepineuse , qu'un vain prejuge et le vice des ouvrages elementaires I'avaient fait croire jusqu'i present. Traduction des poesies direrses de Schiller. {Voy.T. XII, p. iZ6.) — Extrah d'uneletlre au directeur de la Rey. Encyc. — o Monsieur, I'idee de traduire Schiller devait se presenter a plusieurs personnes, locus est et pluribus umbris. (Hor.) Cette concurence doit tourner a I'avantage du public. Ma traduction commencee, il y a quatre mois, differeta necessairement des autres. « 1° Je ne publierai qu'un Choix des poesies lyriques de Schiller-, 2° ce terrain est, pour ainsi dire , le mien; 3° je me suis fait un systeme particulier de traduction, dont je developperai les motifs dans ma preface , systfeme neuf et convenable i un poete; 4° jc suis parfaitenr.ent seconde dans ce travail par un eleve tres-dis- tingue des universites de Wiitzburg et Erlangen. » Chaussabd. Observation. Les articles necrologiques sont ajournes, faute de place, au procbaia cabicr. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANSLE TRENTE-CINQUIEME CAHIER, NOVEMBRE 1821. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. 1, Notice sur les travaux botaniques de M. Perrottet , at- tache i I'expedition du capitaine Pbilibeit au Indes. B. pag. 2.41 a, — surles progrtsdel'instruction aux Etats-Unis. B. 349 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 3. Voyage dans I'Amerique Espagnole , par MM. de Hum- boldt et Bonpland. C. Coquerel. 272 4. Voyage aux Alpes maritlmes, par IM. Fod^re. Depping. 295 5. Journal des operations de I'armee de Catalogne. Ferry. 296 6. Les Fastes Universels , par M. Buret de Lonchamps. Amaurj Duval. 3i5 7. L'ltalie, par lady Morgan. Salfi. '016 8. Annuaire Necrologique, par M. Mabul. M- A. Jullien. 543 9. Des troubadours et des cours d'amour. Artaud. 354 io.».Description de I'Egypte. /. Agoub. 36o IIL BULLETIN 13IBLI0GRAPHIQUE. Annonces de 77 ouvrages , fran^ais et etrangers. 074 IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. Am^riqce. — Etats-Unis. — Ville du detroit. 43i AsiE. — Calcutta. — Canton. 435 Afhique. — Nubie. 4^4 EcBOPE. — Iles-Britanniques. — Russie. — Allemagne.— Suisse. — Italic.— Grfece.— Espagne.— Royaume des Pays-Bas.— France.— Paris. 43" POUR LES AMIS DE LA LITTliRATWWi A«GLAISE. Uu Anglais, hoiume de letlres, etafcU a Paris , dc- venu Tun des collaborateurs de la Bewue Encyclope- dique , desirant, d'apres le plan et le but de ce reciieiJ, i'aciliter les communications scientifiques et litteraires entre I'Angleterre et la France, ofFre de faire parvenir a Paris tous les livres anglais qui lui seront demandes, au prix auquel ils se vendent a Londres , augment^ dc j o pour 1 00 pour frais de port, et de les fournir, du i o au 1 5 dechaquemois, pourvuqueles demandesaient^tefaites, avant le 20 du mjois precedent. Les personnes qui vou- dront se procurer des livres anglais par cette voie, devront joindre a leur demande , adress^e au Bureau central de la Rei^ue E ncy clop idique , rue d' E nfer-Saint-Michel , «» »8, le montant des ouvrages^ et les faire r^claraei- a la m^me adresse , dans le tenne indique ; dans le cas oil les ouvrages demandes ne seraieiit point arrives, I'argent depose serait rendu, a moins qu'«n ne voulut a ttendre renvoi dumois suivant. I* ?5 Libraires chez leaquels on peut souscrire dans les pays Strangers. Aix-la~Chapelle, Laruelle CIs. ylmsterdam, G. Dufoiir. .-^/•au (Suisse). Sauerlander. Berlin, Sr.helesiiiger, i/erne, Clias, au cabinet litter. Breslau , Th. Koiii. Bruxelle.f, Lechailier. Bruges, Bogaert, — Dumortier. Florence, Piatli. Frihourg (Suisse), Aloi'se Eg- gendorfeiT. Francforl-sur-Mein, Sch iuici . Geneve, J. -J. Paschouil. Lausanne, Fischer. Leiusick, Giiesliamnjei-. I'iege, Jalheau pfere. Lisbonne, Paul Maitin. Londres , Dulaii et comp., — Treiittd ct Wiinz. Madrid, Dcun^e, — Peres. Milan, Giegler, — Vismara. Mo3cou, Gantier,— Ris. Naples, Borel. Niiuchdtel (Suisse), Grestcr. Nouvelle-Orleans, Jourdan. Palfriae { Sicile ), Pedonne et Muiatoii. Fitenbourg , Saiut-Floicni. — Gracir. Tubingen, Cotta. I urin, Bocca. f^arsofie i Gluchsberg, — Za- vadsky. /'VeraTzeCAulriche), Gdrold. COLONIES. Guadeloupe (Poiuie-A-Pitie), Piolet smiib. lie de-France ( Povl-Louis), E. Btndet. ON SOUSCRIT AUSSl A PARIS , Au Bureau HE utoACTios, rue d'Eufer-Saint-Michel, n" 18, oil doiveut eu'e envoj^, francs dc port, les liTrr«, desbiiis etgiavures, don t ou desire 1 'an u once, cllesfjettrrSiMemoires, Noiicei) ou Extraits deiriines ^ £trciusere'8 dans ce Recueil j Chez Theuttki. et WiIrtz, rue de Bourbon, n' 17 ; Rey et GrjLVIEH, quai deg Augustins, n" 55 ; MoiSTRiE atne, boulevard Poissomiiere, n° 18 ; EYMEB.Y, luo Mazarine, n" 3o ; RoRET ET RonssEL, rue Pavoe-Saint-Andi^, n" 9 ; Baudouin {vires, rue de "Vaugirard, n" 56 ; Chassbriau et HicART, rue de Choiseul, n" 5 ; Delaunay, PtirciER, CoRRiARD, au Palai!.-Rojal; Madame Qellis, ruo du Cherclie-Mldi, n" 4 ; Madame Camih-e-Deir^ME, ive du Maiche-Saint- Honore, n° 4^ A lA Tekte, Cabinet Litt£bair tenu par M. Gautier, ancicn militaii*, Galerie de Bols, u" 197 , att Palais-Royal. Au Cabiset spiciAi, d'affaires, pour la litlcrature, leSiCioices et les arts^ place des Victoiies, a" o; Aux, Cercle et Salon Ltteraires, rue Ne«i', e-de8^eiitt-Chaa\ps , n" 5, au premier. Nota. Les ouvragTS annonces dans la Revue «e irouveni aussi cbez ARTHUsBERTRAirn, rue Haulefeuille, n^23; Estmerv, rue Maiarine , n° 3o , el EoRET et RoussEi-, nie Pav.'e Saint-Andie- des-Arcs, n° g. \i\ PE I.'lMrpntMER)r DE I. .SMITJf. 12° VOLUME. 36° LIVRAISON. awwww >^; REVUE ENCYCLOPEDIQU OU ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DAi;s LA LinXiKATURE, lES SCIENCES ET IXS ABIS. 1° Sciences physiques el matheinati<)ues el Arti industriehi Sciences nalurelles et midicales : MM. Ch. Dunn, Fouiuer, ileriiift.;— Ferry; — Fraxc(EUR ; — l.E Normaxd , jnol'. ae tcclinologie. cic— ue Mol£on; — A. Michelot ; — CoyuiiRBi.; — FLOonr-Ks, D. M. ; — Adelon ; Bally; Esquirol; FEirnLAN- ii-r; MAGTiiDir.; Orfila; Pariset ; Phiquepai,, D. M. ; — CuAPTAL, de I'lusiitut: — Desmarestj — W. Hutchinsok;— MoREAu HE Jos^£s;— De Ferhssac;— Desmovuks, D. M., etc. 2" Sciences philosophiques et morales, jwliliques et hislo- riques : MM. Lasjuinais ; — M, A. JuLtiEN, de Paris;— Al. de LA Horde, del'Insiiiut; — AiiN:EE ; — ARKOi.n, de Stiasbourg; — BabeY; — BARBli-DuBOCAGE.derlnst.;— J.J.BauDE;— BUCROK; — Cousin ;—Deg£rakdo de rinst. :—Depi'I> G:— A . Du prayer;— JoMARD, del'Inst.;— MEYER,d'Amsterdam;-P.LAMt;— J. V. Le- clerc;— Laffon de Ladebat; — DE Lasteyrte;^Alex. Lameth; — NatjdET, de I'Jnst. ; — PareN'P-ReAI.; — G. M. BAYMOjiD;— E. Salverte; — SiMoSDE DE SisMONDi; — Staffer; — Thierry, etc. 3° Lilteraturefranpaise et etran^re, Bibliograp/iie, ylrcheo- logie et Beaux Arts : IVUW. Aignan, Akbrieux, Amaury-Dcval, Lemercier, deriasutut,— A.Mahci.;— Henrichs;— Artaud;- AvEjTEL; — Barbier, conscivaleur des bibUolLiqufsdu Roi; — S. A. Berville;— Michel Berr; — BRuouiiREs deSorscm;- CnAUS- SARU;— Cerbied; — Champolliom-Figeac, corresp. del'Inst.; — J. DrOZ;— DUMERSAN;— EMERIC-DAVlD,de I'luSLi— FaTJRIEL: — G Ltais-Unibd'Ameifiyuej — E. HiREAtr , etc. PARIS, XV BUBEAC CBhlBAt DE XA BL\WE EKCYCLOPiUilQOE, Ruo d'Euiia-Saint-Mwhel , N" J8. ' ET CHEZ ArtHTJS BeRTRAKP, RUE HADTErEOILEE, S" 2J. LONDRES.— Treuttel et Wurtz, ei Dulabci C. Dl&CEMBRE J 821. CONDlTlOiNS DE LA SOUSCRIPTION. Depuis le mois de janviei- 1819, il parait, par anndc, do(i7.e c.aliiers de ne Recueil ; chaque cahier, public le 3o du mois, se compose d'envii-on douze fcuilles d'iiupression. On souscrit^ a Paris, au Bureau central d'abonnemenl et d' expedition indique' sur le litre. Prix de la Souscription. A Paris 42 fr. pour un an, 24 fr. pour 6 mois, Dans les de'partemens. 48. 28. Dans I'e'tranger. . , . , 54. 32. La difTe'rence entve le prix d'abonnement, a Paris , dans les dipartemens et dans Vilranger, devant ^ti-e proponionnelle aux frais d'expedition par la poste, a servi de base a la fixation definitive portee ci-dessus. Lemontant de la Souscription, cnvoye par la poste, doit ^tre adrcsse' d'avance, el franc de port, ainsi que la correspondance, au Directeur de la Revue Encjclopidigue , rue d' Enfer-Sainl- Michel, n" 18. C'est h la m^me adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tout genie et les gravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on desirera I'insertion. On peut aussi souscrire chez les dirccteurs des postes et chez les principaux libraires, a Paris, dans les departemens et dant les pays ctiangers. Trois cahiers ou livraisons formeront un volume. Chaque vo- lume sera termiue par une tabic des mati^res alphabetique ct analytique, qui eclaircira et facilitera les recherches. AVIS ESSENTIEL Pour les Souscripteurs de la Revue Encyclopidique j qui resident dans les pays itrangers. MM. les Souscripteurs actuels de la Revue Encyclo- pSdique etablis dans les pays etrangers , qui voudront continuer leur abonnemeat pour I'annee 1822, sont pries d' envoyer directement ad bitreait cENTBAi.(r«e d'Enfer -Saint- Michel , re" 18 ) le montant de leur abonnement et leur adresse , afin que la direction de la Revue puisse prendre d'avance les mesures necessaires pour proportionner le tirage des exemplaires de ce recueil au nombre des demandes qu'elle aura recues, et afin que le service des envois n'eprouve aucun retard. MM. les Libraires jouiront de la remise d'usage , et d'urt Ireizierae cxeraplaire en sus de ciiaquc douzaine. REVUE ENCYGLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONGES RAISONNEES Des productions les plus remarquables dans la LittiraturBf les Sciences et les Arts, I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. Lettbe dc M. Ic Comte de LAcfepfeDE, au sujet de la nouvelte edition des QEuvres de Buffon (i) , a M, M. A. JuLLiEN , de Paris , fondat&ur-direct&ur de la Revue Encyclop^dique. MossiEBB, j'ai I'honneur de repondre aux questions que vous m'avez adressees au sujet des deux nouvelles edi- tions de Buffon, auxquelles on a mis mon nom, et que le public doit a M. Rapet, libraire de cette capitale. (i) QEuvres complfetes de BuSbn, mises en ordre par M. de Lace- pfede; secpnde edition. Paris, 1819, 1820, 1821. 24 vol. in-8°. Rapet, librair^, jrue Saint- Andre-des-Arcs, n" 4>' Prix, 10 fr. le vol. — Voye'z ci-dessus, Tlev. Enc^cl. , T. IX, p. 563. . Tome xii. 36' Cahier. — Decembre 1821. 31 A82 LETTRE DE M. DE LACliPEDE, Ccs deux editions ne different entrc dies que par Ic format, Ics caractfcres et le nombre des volumes. Le texte sst CBtieremcnt semblable dans I'une ct dans I'autrc. Elles sont egalement soignees, et font, toutes Ics deux, beaucoup d'honneur aux solns atlentifs et au zele eclairc do M. Rapet. Je puis done ne vous parler de ces deux cn- treprises, imaginees par I'editeur pour satisfaire les divers goOts du public, et pour donner plus de facilite d'acquerir les ocuvres d'un grand homme , que commc d'un seul ouvrage. Cette (jblleclion dcs (Euvres de BuJjTon est exactement conforme k I'edition originale, revue dans le terns par I'il- histre auteur de I'histoire naturelle. On ne peut se pro- curer maintenant qu'avec beaucoup de peine cette pre- miere edition , quelque grand que soit le nombre dcs exemplaires qu'on en ait tires, pour satisfaire la juste curio- site de I'Europe; et cette difficulte, si nuisible a la science et a la litterature franpaise , a ete un des motifs qui ont determine Tentreprise de I'editeur. Une seule difference existe entre cette edition originale et cfelle qui vient de parattre, et pour laquelle M. Rapet refoit, chaque jour, de si grands cncouragemens du public. Cette difference estcelle que Buffon aurait prescrite lui-meme s'il avait donne une nouvelle edition de ses ouvrages ; et il me I'avait indiquee, en prevoyant que peut-etre un jour on m'engagerait a aider, de quelques conseils, de Oouveaux editeurs de VHistoire naturelle. Cette difference ne consiste que dans la maniere de rapproclier les articles supplementaires, publics a diverses epoques, des articles principaux auxquels ils se rapportent. C'est done I'oavrage de Buffon dans son integrile, et sans aucune alteration, que M. Rapet donne au public. Le monument imperissable , eleve par Buffon , parait dans SUR LA NOUVELLE EDITION DE BUFFON. A83 toute son etendue, dans toutes ses proportions, dans tout son ensemble. Le tems fera connaltre les parties de cct immense monument qui n'ont eu que des erreurs pour base , qui s'ecrouleront , qu'il faudra remplacer , et sur lesquelles je reviendrai dans mes Ages de la nature. Mais I'editeura cru devoir presenter ce grand ouvrage du genie, tel qu'il a etc I'objet de I'admiration publique. Et Dependant, comme un homme tel que Buffon de- vait imprimer un mouvement prodigieux a I'csprit hu- maln , et qu'un grand nombre d'autres causes puissantes se sont reunies h. cette impulsion irresistible, pour acce- lerer les progres des sciences naturelles, j'ai tache, dans une notice, de donner une idee de ces progres si rapides, ct d'indiquer les developpemens presentes, depuis la mort de Buffon , par les differentes branches de I'histoire natu- relle , qu'il avait particulierement cultivees. II adit, dans son eloge de La Condamine : La mort met cent ans de distance entre un moment et un autre. Une grande et longue revolution multiplie cette distance. Deux mille ans se sont, en quelque sorte, ecoules depuis la mort de Buffon ; sa place est fixee entre Aristote et Pline , au milieu des hommes de genie qui ont honore I'espece humaine. C'est unbeau spectacle pourcelui qui lit attentivement ses ouvrages, que la progression de ses idees, le deve- loppement de ses plans, I'agrandissement de ses vues , la creation successive des diverses parties du vaste en- semble qu'il n'a termine qu'apres cinquante ans de tra- vaux. Lorsqu'il a commence , par exemple , a s'occuper de la theorie de la terrc , avec quelle circonspection il s'est avance ! avec quelle attention il a examine les faits qu'il avait observes en Italic, et dans plusieurs autres contrees, 31* ASA LETTRE DE M. DE LACliPtOE, et ceux qu'il recueillait dans sa correspondance avcc Ic9 voyageurs les plus instruits et les autres personncs Ics plus cclairees de I'Europe! avec quel soin il a rejete ou modifie les resultats de ses premieres meditations, lors- qu'il les a vus pen d'accord avec des observations plus recentes, et qui lui paraissaient meriter davantage sa con- fiance. A mesure qu'il a reuni, verifie et compare plus de faits, 11 a etendii ses idfees ; il est arrive a de plus grandes hau- teurs; il a saisi des points de vue plus vastes; il s'est eleve au-dessus du globe de la terre; et, portant ses regards jusqu'aux extremites du systfeme solaire , il a cmbrasse dans ses conceptions les corps celestes qui circulentautour du soleil. C'est par I'analyse qu'il est parvenu, pour ainsi dire, au centre de cette immensite,et qu'il a cherche a devoiler I'origine des planfetes, et particulierement celle de notre globe. Lorsqu'il a voulu ensuite montrer la succession des grandes operations de la nature, telles qu'elles s'etaient presentees k lui, dans ses sublimes contemplations , il a employe la synthase comme plus propre a faire voir cet admirable enchainement de phenomenes ; il a expose les resultats de ses travaux dans une suite de tableaux magni- fiques ; il a peint la nature dans toute sa majeste, dans toute sa grandeur, dans toute sa puissance; et il a grave les ipoques de eette nature merveilleuse sur des tables inalterables , le seul de ses ouvrages oii il faille chercher les idees qu'il avait definitivement adoptees. Cependant les observations geologlques etaient encore trop imparfaites et troppeunombreuses, pour que, chaque jour, de nouvelles lumicres ne vinssent pas eclairer la route du tems, et montrer, sur cette route seculaire, plusieurs eveaemens diffcrens de ceux que Buffon a racontes. Mais SUR LA NOUVELLE liDITION DE BUFFON. A85 Ic monument qu'il a construit subsistcra , malgre ses imperfections , comme tons les ouvrages du genie. Ce grand modele montrera aux si^cles a venir ce que peut I'esprit humain , pour remonter, des fails particuliers , aux resultats les plus generaux , et ce que pcut I'imagi- nation, cettc faculte magique des talens privilegies, pour donner k tous les objets la couleur, le mouvement et la vie. II sera un temoignage perpetuel de I'influence exercee par I'homme qui a presente ses pensees avec tanl d'ordre, de clarte, de noblesse et de force, dont la voix eloquente a ete si facilement entendue, et qui, devoilant avec tant d'habilete les rapports des etres produits par la puissance creatrice, a fait naitre un enthousiasme si general, et en- traine les esprits vers la recherche des ouvrages de la nature, I'etude de ses phenomfcnes, et la decouverte de ses lois, bases eternelles de la morale, du bonheur el de la civilisation. Pendant que BuCfon elevait sa grande et indestructible pyramide, on aurait dit qu'il se delassait de ce travail herculeen, en examinant les plus beaux des etres vivans repandus sur la surface de la terre, en ecrivant cette his- toire de Vhomme , qui seule I'aurait immortalise ; en ras- semblant autour de lui les quadrupedes et les oiseaux, en les reunissant en families naturelles, en peignant avec des couleurs si fiddles, et par consequent si varices, leurs traits, leur physionomie, leurs formes, leurs affections, leurs besoins, leurs attribuls, leur industrie et leur puis- sance, tf- Sa vie a ete longue : elle a depasse quatre-vingts ans. II n'a perdu , en quelque sorte, aucun instant de ses nom- hreuses annces; mais la nature est infinie. En commenfanl d'ecrire Vhislolre naturelles vers Ic A86 INSTITUTIONS DE BIENFAISANCE milieu du dernier si6ole, il avail vti que les histoires des moliusques, des insectes, des crustacees, des vers el des vegetaux, devraient Gtre traitees d'une manitre differente de cellc qu'il venait de prefererpour i'homme, les quadru- pedes et les oiseaux. Mais il avail esp6re pouvoir s'occuper, avant la fin de ses jours, des cetacees, des quadrupfedes ovipares, des serpens et des poissons. Les douleurs vives d'une maladie dangereuse ravertirent, peu de terns apres la publication des epoques de la nature ^ qu'il elait pr6s de la fin de sa glorieuse carrifere. II renonpa a la seconde entreprise qu'il avail projelee; il chargea son fils adoptif du dangereux honneur de I'executer. L'editeur des deux nouvelles Editions, au sujet desquelles vous m'avez fait I'honneur de m'ecrire, a cru devoir publier mon travail k la suite de celui de Buflfon. Je ne puis, 4 eel egard, monsieur, que vous exprimer le desir de meriter I'indulgence du public. J'ai rhonneur d'etre, etc. etc. B. G. 1^. L. Comte de Lacepede. (WVt iW%^%/V%^'WV« Coup dceil historique sar les pauvres , les prisons, les institutions de bienfaisance et les hdpitaux en Alle- tnagne,par M. Friedlandeu , D. M. (i). PRESQCEtouteslesinstitutionscreeesenfaveurdespauvres cachent leur berceau dans une epoque tres-reculee, et {i) M. Le baron Delessert m'avait engage i lui procurer pour sa bibliothique les principaux ouvrages qui ont ete publics en Alle- magne, sur les prisons ct les institutions des pauvres. Connaissant, comme tout le monde, le noble usage qu'il doit laire de cette collec- tion, je me suis empresse de m'instruire de ce quiexiste sur cet objtt, tt c'est cc qui a Jonn6 naissaucc au mcmoiie qu'on va lire. £N ALLEMAGNE, A87 ellcs ne commencent ^ oflfrir de I'intcret pour I'lusloire que lorsque leur importance se fait remarquer plus ge- neralemcnt. Je ne m'arreterai done pas long-tems d exami- ner I'origine des etablissemens de bienfaisance; on a fait A cet egard, en AUemagne, des recherches analogues A celles qu'on a faites en France. En ceci , comme en toute autre chose, les nations se disputent souvent la priof ite. Tbutp- fois, I'historique des progr^s de toutes les institutions, tant civiles que religieuses, en faveur des pauvres, ne laisse pas d'offrir assez d'interet a la curiosite. , En AUemagne , comme dans les autres pays civilises de I'Europe, il faut distinguer I'etat orlginaire, oO tout se gouverne par la coutume ou le despotisme, I'epoque de I'introduction du christianisme, celle du protesfantisme , et le terns moderne, oii la societe commence a reformer ses codes, d'apris les besoins actuels et i etablir son administration sur les principes de I'economie politique, ou, si Ton yeut, d'une monarchic constitutionnelle. Bans I'origine, lemaitrepouvaitfacilementse debarrasser de celui qui le genait, ^ moins qu'il ne fQt emu par un sentiment d'attachement et de pitie inherent k la nature humaine ; le moyen le plus simple etait de le chasser. On n'eprouve pas generalement beaucoup de sympathie, lors- qu'on n'est pas soi-meme trop i son aise ; et, encore aujour- d'hui, ce n'est pas la classe la plus SQuffrante qui est la plus compatissante. C'est sfiulement lorsque la societe com- mence k avoir de Taisance que naissent aussi les institu- tions pour ceux qui n'en ont pas ; elles rendent en meme terns necessaires les naesures de pojice. Lors de f introduction du christiani^jne , les chreticns devaient, dans les pays peu civilises du nord, se trouver obliges de demander des secours k ceux qui les environ- naient. L'eglise , dans chaque nation , encouragea peu 4 A88 INSTITUTIONS DE BIENFAISANCE peu I'aumOne ; ct ce qu'on ne voulait pas faire pour Tamour de son semblable , on devait le faire pour I'amour de Dieu et pour obtenir une recompense dans I'autre monde. Les personnes charitables ne pensaientplus, aprfcs avoir rempU ce saint devoir, i la maniere dont I'aumone etait em- ployee; il en resultait que ccux qui prechaient la bien- faisance devenaient eux-memes les mendians, et consom- maient la plus grande partie des revenus. On sait que, des le y" siecle de I'ere chretienne, on eut k se plaindre de i'infldelite des ecclesiastiques d'une classe inferieure, qui administraient les legs et autres biens des pauvres. L'eta- blissement des cardinaux diacres par les papes n'arrCta pas long-tems les abus, et la Clementine du concile de Vienne , en iSii, oOi Ton ota I'administration des biens des pauvres aux ecclesiastiques, n'eut que tres-tard, et notamment du tems du concile de Trente , en 154/, quel- que influence sur les institutions del'Allemagne. On trouve le commencement de cette influence dans la formule de la reformation de Charles-Quint, donnee A Augsbourg en l548, oil il ordonne de retablir les hopitaux tombes en mine et de restituer un quart des revenus des eglises el des couvens aux pauvres, auxqucis ils appartenaient originairement. Quoique le clerge ait encore long-tems conserve la haute direction qui lui etait attribuee, il ne mit plus le meme empressement a la garder, et la distri- bution des revenus tomba entierement entre les mains des laiques; lesquels , sans y proceder avec beaucoup de methode, ne les laissaient pas du moins detourner de leur destination premiere. II est curieux d'apprendre qu'on cxclut de cette direction les nobles et les militaires, par la raison speciense qu'on devait ^viter les occasions de leur faire des reprimandes. Dans la partie meridionale de TAllemagnc, qui est la EN ALLEMAGNE. A89 plus fertile ct la plus riche , il y avait beaucoup de cou- Tens. Apres les croisades , il s'etablit aussi, comme on sail, beaucoup de nouveaux ordrcs hospitallers. Les freres de la Misericorde, venus de I'Espagne, et les Jiospitalieres de Sainte- Elisabeth, QWe d'Andre II, roi de Hongrie, sont les congregations qui se multiplierent le plus dans I'Autriche, la Baviere, et les autres parties du sud de I'AUe- magne. II s'en est conserve jusqu'a ce jour , quoique leur influence ait diminue, depuis retablissement des insti- tutions nouvelles, en partie mieux adaptees au terns ac- tuel. Le nord de I'Allemagne, moins favorise par son climat, doit la fondation de ces etablissemens aux chevaliers Tcu- toniques qui se trouvaient dans la necessite de batir des hospices et des leproseries, pour suppleer au peu de res- sources du pays. Le comtte Albert , qui avait fait avec I'evequede Halberstadt le voyage de la Palestine, en fonda i Koenigsberg et a Francfort-sur-l'Oder. Lorsque la popu- lation augmenta peu a peu, on vit aussi des princes creer des etablissemens d'instruction et de piete , et des particuliers faire des legs dans les villes. Le tems de la reformation donna un nouvel essor i\. la bienfaisance. Mais ces legSj bornes par leur nature, etaient encore genes par les con- ditions particulieres qu'imposait chaque donateur; et, comme il y avait presque autant de directions particu- lieres que de legs, il en resultait beaucoup de frais d'ad- ministration et peu de regularite dans la distribution. Deja, vers la fin du xvii* siecle , les gouvernemens cherchaienl en vain i reunir ces differens legs (i) ; le respect pour la volonte des testateurs, et plus encore les interets i.idi- (i) Des I'annee 1687, Frederic-Guillaume I" crea unc magistra- ture speciale pour radministration des biens des pauvres. Ai)0 INSTITUTIONS DE BIENFAISANCE vjducls y mcttaient des obstacles insurmontables. II exis- tait toujours une ccrtaine jalousie ombrageuse, qui vou- lait empecher le gouvcrnement d'envahir Ie» droits des particuliers. Ainsi, par exeinple, Frederic -le- Grand, Youlant faire entrer I'enfant d'un invalide dans un hospice d'orphelins de Magdebourg, le magistrat s'y opposa, parce que cet enfant etait contrefait, et que I'hospice etait des- tine aux enfans sains. Le roi donna des eloges i cette resistance, et bientot apres consacra une somme assez considerable ila construction d'un autre hospice. Ce n'est que plus tard et vers le milieu du sii;cle passe , qu'on a ob- tenu quelque amelioration par la reunion de plusieurs ins- titutions sous une direction generale. A la meme epoque , furentetabliesdes institutions nouvelles qui ont,en general, repandu plus de lumi^res sur I'etat des pauvres et sur la inaniere de pourvoir i leurs besoins. La Hollande et VAngleterre paraissent avoir devance a cet egard le reste de I'Europe; le systeme de I'industric, qui s'est surtout developpe dans ces contrecs, en augmen- tant la population, a aussi augment6 le nombre des pauvres, et en meme terns les moyens de les soulager. L'etude de I'economie politique et le developpement des principes de liberte et de constitution n'ont pag pen contribue ^nx ameliorations. C'est de la Suisse que parait etre venue la premiere impulsion donnee a rAUemagne. La Societe uconomique de Berne publia, dans ses memoires de 1762, un expose des moyens pris i Yverdun , pour arreter la mendicite dans la ville et les bailliages. M. le pasteur Re- s«witz,- qui etait alors k Copenbague, attira I'atlention sur cet objet, par la publication d'un petit ouvrage qui parut en 1769. II avait ete frappe de la maniere dont les refuses frangais administraient les secours des pau- vres et empechaient la mendicite. Ces refugies, qui appor- EN ALLEMAGNE. A91 taient avcc euxlcs arts ct rindustiie,connai8saient tres-bien aussi le moyen de se garantir de la misere. Un sort pareil reveilla de bonne heure en eux I'esprit d'associatlon, et cet esprit amena naturellement des principes d'adminis- tration plus generaux et des secours reciproques. M. Re- sewitz seutit des-lors que les villes libres et anseatiques, dont les magistrats , choisis parmi les citoyens, appor- taicnt, dans rexercice de leur puissance, plus d'esprit public et des sentimens plus paternels, pouvaient aussi, mieux que d'autres, imiter des institutions pareilles. Leurs rapports continuels avec la Hollande et I'Angleterre les mettaient h portee de suivre les premiers le developpe- naent de ces pays, et ce fut souvent la ville de Hamboarg qui donna, dans les terns modernes, des lecons aux plus grands elats , comme avail deja fait la ville libre A^Augs- bourg, si florissante du terns de Charles-Quint, par le commerce qu'elle entretenait avec les villes municipales de la haute Italic. Depuis le milieu du siecle passe, toutes les classes d'habi- tans, jouissant d'une education soignee, ont plus ou moins contribue a propager les principes d'administration des pauvres. Les ecclesiastiques, les jurisconsultes, les mede- cins, les hommes meme que leur profession n'appelait pas a s'occuper de cette importante malicre, mais qui s'y trou- vaientportes par un sentiment de philantropie , y ont tra- vaille dans diffcrentes directions. Les questions sur L'etat des pauvres sont, au reste, de- venues plus compliquees, k mesure qu'on s'est avance dans leur examen, et il y a peu de connaissances hurnaines qui ne puissent contribuer a les resoudre. Nous allons voir ce que chacune des classes les plus instruites de la societe a pu faire pour le soulagement de I'humanite. A92 INSTITUTIONS DE BIENFAISANCE La principale question etait sans doulc de trouvcr Ics causes de la pauvretL L'irreligion ou I'absencc dc tout dogmc rcligicux, dans les classes inferieures, devait naturellement etrc icgarde comme la premiere cause de cette dissolution de moeurs qui am^ne la pauvrete. Des ecclesiaatiques respectables se sontdc tout terns voues a propager rinstruclionreligieuso, et Teglisc raccompagncd'abondantes aumones. Mais les au- munes nc faisaient qu'augmenter le nombre des mendians , et la religion qui rappelle I'homme i la contemplation dc rttre supreme, et qui lui donne la force et I'esperance dans les momens de malheur, ne peut lui procurer I'intelli- gence et I'adresse necessaires pour se fournir des moyens d'existence. Les principes de la morale la plus pure qui fixe plus particulierement les rapports de rhomme avec ses semblables , n'offrent egalement que des ressources impuissantes, i moins qu'on n'apprenne k exercer un travail utile a soi-meme ct a la societe. 'V Mucation cwile , reunie a une education morale et religieuse , doit , par consequent , etre consideree comme le premier nioyen de remedier a la pauvrete. Aussitot aprfes la suppression des ecoles des jesuites, on sentit, en Boheme , la necessite d'etablir des ecoles pri- maires dans les petites villes pour I'education des classes in- ferieures, et de les rendre plus propres que les ecoles deja existantes i I'instruction des individus destines aux profes- sions induslrielles. Je ne sais pas de quelle epoque datent les ecoles du dimanche. C'est I'abbe Felbiger qui commenpa, si je ne me trompe, sous Joseph II, a etablir des ecoles nor- males de ce genre. Un respectable ecclesiastique, nomme Kindermann, en forma dans son village, des I'annee 1778 ; il cut I'idec d'introduirc dans ces ecoles ( prob,ablement EN ALLEMAGNE. A93 (I'apres la connaissance qu'il avail des besoins etdesvoeux de son pays ) un exercice plus regie du chant de I'eglise et one pratique plus soignee de la calligraphie. C'estainsi qu'il attira les paysans et qu'il crea peu h peu desecoles, appelees Scales d' Industrie , pour les personnes qui se vouaient k un metier. M. le comte de Bouquoi favorisa ces institutions dans ses terres; son exemple trouva des imitateurs, et Marie-Therese recompensa M. Kindermann, en I'anoblissant et en ajoutant k son nom le litre de Schulstein (pierre fondamentale des ecoles) ; elle imposa merne, en faveur de ces sortes d'etablissemens primaires, one modique retribution sur toute succession qui exce- dail la somme de 3oo fl. Au moment de I'etablissement do ces ecoleSj sur 200,000 enfans susceptibles de recevoir de I'education, il n'y en avail que i4,ooo qui en refus- senl effectivement ; en 1789, on en complail deja 158,767 sur 25o,ooo, et j'aime k croire que c'est a ces institutions precieuses qu'est due la superiorile morale de cette pro- vince d'Autriche surbeaucoup d'autres, superiorile cons- latee par un tableau statistique contenant le releve des crimes commis dans les diverses parties de ce vaste em- pire. De pareilles ecoles ont cependanl ete etablies , avec plus ou moins de zele, dans les autres provinces. A des epoques plus recentes , le gouvernement d'Autriche a aussi cree des chaires de pedagogic dans diverses uni- versites, et dans les seminaires des eveques, pour former des institutions, et pour repandre les progres que font les diverses melhodes d'enseignement, afin d'eviter le re- proche qu'on adresse aux institutions de ce pays de rester stationnaires. Des ecoles primaires d'industrie, semblables a celles que je viens de citer, furent etablies, en 1784, par le A9A INSTITUTIONS DE BIENFAISANCE profcsscur Si^xtroh, et surtout par M. JVagemann ,pa3teut' A Gottingue , et se repandircnt bientOt dans les autres petitcs villes ct les villages du nord de rAllemagne. II est a remarquer qu'on avait dis-lors introduit dans cet etablissemenl utie veritable raethode d'enseignemeut mu- tuel. Le respectable pasteur commenpa d'abord i\ former, parmi les sujets qui cntraient dans son ecole d'industrie , cinq enfans, auxquels il en ajouta peu h pen d'autres, k mesure que les premiers choisis etaient capables de deve- nir maitres eux-mSmes. Le pays d'Hanovre, Mayencc, Munsler, Fuld ct Salz- bourg suivirent bientdt c6t exemple ; et c'est le prince eveqiie de Wurzbourg et de Baviberg, Franfols Ludwig, qui se distingua surtout par un zcle aussi eclaire que par un systfeme de tolerance tres-remarquable. Tout cc qui pouvaTt contribuer a I'amelioration de I'education et de la situation des pauvres dans ses etats , fut institue d'apros les principes les plus sages et les plus eleves. II proposa, en 1789, un prix sur cette question : « Quels sont les devoirs des ecclesiastiques par rapport i\ leurs paroissiens en general, et par rapport aux pauvres en particulier? » Quarante-six reponses d'ecclesiastiqucs, arrivecs dc di- vorses contrees, montrent assez I'emprcssement qu'on avait de concourir. Deux memoires furent couronnes. Lc meme prince fonda un autre prix sur les moyens d'etablir I'ad- ministration des pauvres , dans le duche de Bamberg, et il se reserva en outre la faculte de donner, dans le pays, des encouragemens aux personnes qui, sans avoir le talent necessaire pour concourir, auraient le plus contribue au J bicn de leurs communes. Le resultat de cette excellente administration etait qu'on avait compte, depuis 17G9 a ii 1778, 1^523 criminels, et qu'on n'en qomptait , depuis i* EN ALLEMAGNE. A95 1789 u 179^5 que 7G5. On troiivera dc plus amplcs ren- scignemens dans Ic magasin de M. Wagemann, qui est particulierement consacre a ces sortes de matieres. Ailleurs, des philantropes eclaires provoquerent et se- conderent aussi de tons leurs efforts tout ce qui pouvait contribner a I'education des pauvres, et la Prussc cite honorablement M. dc Rochow, qui etablit de bonne heure dels ecoles , tnieux organisees pour les pauvres de son village, exemple qui s'est propage, non seulement dans divers domaines particuliers , mais encore dans tous les endroits oil !l y aVait des soldats en garnison; cet etablis- sement d'ecbles pour les enfans de soldats date , en Prusse, de I'annee 1692. La pauvrete et la mendicite ont de tout terns appele I'at- tention; mais cettematieren'a jamais ete examinee avecplus d'impartialite et d'humanite que depuis I'epoque indiquce dans ce memoire. On ne s'est pas seulement occupe de I'e- ducation proprement dite; la Societe de la propagation des arts et metiers utiles , a Hambourg, a excite I'attention sur tout ce qui concerne I'accroissementde Vindustrie etles cn- traves qu'elle eprouvait. On a ensuite examine les moyens employes pour remedier a la misere, et Ton a vu I'ineflica- Citederaumonemalrecueillieet mal distribuee ; on a cher- che quels sont les devoirs de I'etat envers les pauvres, et d'in- nombrablcs projets ont ete presentes i cet egard; on aenfin distingue les moyens conyenables aux grandes ou aux petites villes. MM. Busch, Reimarus, Gunthur et Voghtk Ham- bourg, M. le comte de Rumford, en Baviere, et beaucoup tl'autres ont traite les diverges questions dont se compo- sent ces matieres, et les travaux de ces deux derniers ne sont pas restes inconnus en France (1). (1) Voyez les CDuvres de M. de Rumford, et la colleotion des Mcmoircs publii-s sous lo niinisttire de M. Francois de IVcafcti;1tcaii. A96 INSTITUTIONS DE BIENFAJSANCE Les moyens Ac pripenir la pawrele ont dQ Ctrc le pre- mier objet dcs recherchcs. Depuis les travaux mathema- tiques d'Euler, les caisses de veuves et celles d'assurance se sont prodigieusement raultipliees dans le nord de TAlIemagne. Les ouvrages de Krutter et de Tetens pa- raissent avoir beaucoup contribue a leur propagation ; plus tard, ces caisses ont etc souvent attaquees et defendues. Leur solidite depend, non seulement de la connaissance exacte des lois de mortalite en general, mais aussi de la loi de mortalite, particuliere a chacune des classes et u chacun des divers etats qui y prenneat le plus de part. Les caisses, qui ont beaucoup souffert dans les derniires gucrres, oCi rien n'a ete respecte, paraissent reprendre faveur; les pasteurs de Berlin avaient deja une caisse de veuves, en i635. Les revenus de la loterie de cette ville appartiennent a la caisse des veuves des militaires. Les professeurs de Gottingue etablirent une caisse de veuves pour leurs femmes, d6s 1743 ; d'autres caisses ont ete fondees pour venir au secours de la classe laborieuse, par des prets d'argent sans interet , dans les momens de de- tresse. Dans toutes les villes un peu considerables de I'Alle- magne , il y a des caisses d'epargnes pour les domestiques et les ouvriers. On distribue, a Vienne, des prix de vertu aux premiers, lorsqu'ils se sont distingues par de longs services et par leur fidelite. Ces fonds des pauvres sont ordinairement administres par les magistrals les plus con- sideres, et la maniire dont on regit les biens des mineurs merite d'etre offerte pour exemple. On Irouve , dans la Une manifere de recueillir I'aumone , employee ^ Munich, m6rite peut-fitrc d'etre citee ; il passe, tous les jours, dans les rues, des voi- tures propres k ramasser dans les maisons les restes de pain , d'os el de viandc, pour les distiibuer dans les families pauvres. EN ALLEMAGNE. AO? cnUcclion dcja citcc dc M. Francois de Neufchaleau , la description, d'une caisse semblabic ctabiic i Berlin. Le uiont-de-piele a ele fonde dans ccltc villc par une famille de rcfugics frangais, en 16;} 2. En passant en revue Ics divers etablissemens philantro- piques, on rencontre les maisons dcs Eiifans trouves , cellos dcs orpJielius et celles dc travail ; on trouve, dans la meme collection de M. Franpois de Ncufchatcau, la tra- diiclion de I'arlicle, Enfans troupJa ; i'lre de I'Encyclo- pcdie alleniandc de M. Rruni[z; ce morceau contient des details inlcrcssans.La Societe d'industrie d'Hambourg avail pose cette question : « Si I'educalion des enfans, dans la niaison des orphelins, etait preferable -k leur placement dans des pensionnats. » Le prix fut adjugc i celui qui decida en faveur de ces derniers. Plu.^ieurs villesde I'AUe- magne ontcependant des maisons d'Enfans trouves, comme Cassel, Nuremberg, Rambourg et Vienne. On a com- mence I'l suivrc , dans ce dernier etablissement, I'exemple de Paris, et Ton y obtient quelquc diminution de morta- lite. En Prusse, on ne parait guere favorable a ces insti- tutions; les lois de ce pays exigent qu'une mere pauvre nourrisse elle-niGme son enfant; et s'il y a impossibilite absolue, et que la mere soit incapable dc payer les niois de nourrice , on donne un tuteur A I'enfant, et la caisse des pauvres se charge de sou entrctien. Les lois sont d'aiUeurs severes contre celui qui est repute le perc de I'enfant, et le condamnent ;i fournir une pension alimen- taire. Quant aux maisons des oj-pJiellns, destinees aux enfans un peu plus avances en Age, il en existe a Augsbourg, de- puis le xvi" siecle. Un homme remarquable par sa bien- faisance , M. Jean Falk , h Weimar, qui avait perdu ses qualre enfans par suite des dernieres guerrcs^ s'esl voue, TosiE XII. 32 A98 INSTITUTIONS DE BIENFAISANCE ilcpuis 18 1 3, a la recherche dcs cnfans des soldars qui ont succomho pour hi del'cnsc do Icur patrie, et il Icur a fait apprendre divers metiers; ses efforts ont eu un succes prodigieux. Plus dc cinq cents sont deji\ sortis do ses ecoles, et il se propose de les employer a la cons- truction d'une petite chapelle, pour laquelle on recueille a present des contributions volontaires. La collection de M. Franpois de Neufchatcaii rcnl'erme une notice sur la maison des orpheliirs fondee par Franck et sur la vie dc son fondateur, Cette maison a ete etablie dans un lems oii les idees de devotion etaient regardees comme le prin- cipe fondamental de I'education; on sait de quelle utilile a ete cette maison pour former des ecclesiastiques et des instituteurs. Les etablisscmens plus modenics ont ete concus plus specialemcnt dans les vucs de favoriser les me- tiers et I'industrie; on s'y occupe moins de Tcnseignemcnt de lalangue laline. II exisle cependant une immense quan- titede bourses pour ceux qui sc livrent a de hautcs etudes. Les maisons de travail ^out les travailleurs volontaires furent d'abord, presque partout, unies i\ celles oii Ton placait les personnes auxquellcs le travail etait impose comme punilion; et I'une des plus grandes ameliorations qu'on y ait faites depuisj est d'avoir etabli une distinction marquee entre ces deux classes. Le travail donne aux pau- vres en a constammcnt diminue le nombre. On comptait , j\ Hambourg, en 7788, 9,757 pauvres sur une population de i3o,oooames ; en 1798, on n'cn comptait que 6,oi3. On sent gencralemenl la difficulte de choisir une occupation qui soiti\ laporteedetoutlemonde, etqui ne nuisepasa I'indus- trie des particuliers. On a essaye de donner au concours, A des fabricans, I'entreprise de ces travau'x fails en comniun. On doit aux malheurs meme dcs dernieres guerres I'etablis- scuient d'uu grand nombre de ce^ sorles d'inslilutions, EN ALLEMAGNE. U9\) et los associations dcs femuics de toutcs Ics classes n'onl pas le moins conlribue a les encourager. Kous avons parle des ecclesiastlques etdes philantropes; inais la pauvrete cree les mendians, la mendicile pioduit le pagahondage , et le vagabondage fait naitre le crime. Les jurisconsuUi's n'otit done pu les.ter etrangers a Tobjet qui nous occupe. La Prusse a travaillu A sa jurisprudence, depuis le milieu du sif;cle passe et depuis le code de Frederic-le-Grand. II n'y a plus d'etat d'AUemagne qui n'ait approprie son code a I'etat social actuel. Les re- cherches se sont multipliees i\ I'infini, et tons les ouvrages sur I'adnilnistration de la police traitent aussi de la men- dicite. L'ouvrage de Beccaria sur les delits et les peines avait fixe I'atleution de toutes les classes. On a beaucoup discute sur le droit de vLe et de niort, ainsi que sur les punitions en general. Les codes criminels sont devenus beaucoup plus hutnains, les chritimens mieux proportion- nes, et la peine capitale beaucoup plus rare; il en est resuUe que remprisonneuient a dCi ttre plus frequent. Les anciens employaient les criminels dans les mines, ou ies deportaient. Dans les teuis modernes, on les a aussi deportes de la Prusse en Siberie ; on les a employes plus souvent dans les forteresses , qui souvenl servent encore aujourd'hui de prisons. C'est plus tard qu'on a juge que les prisons ne devaient pas servir seulement pour la pu- nition des crimes, mais aussi pour I'amelioration morale des detenus, line malson de reclusion j^ariiculiere fut cons- truite en Angleterre, des liSg; a Amsterdam, des iSgS; TAUemagne n'en a eu que depuis le xvii" siecle; Ham- bourg et Bremen en firenl batir, en ifioy et en 1617 ; celles de Halle et de >Yaldheim, en Saxe, datent de 1708 et 1716. Les ouvrages de I'immortel Howard ont prodigieuse- nienl contribue k exciter le zele pour ce genre de reforme; 32" 500 INSTITUTIONS DE CIENFAISANCE on en a niulliplic Ics traductions cl Ics extraits. Lcs prisons (le Pluladelphic ont attire toute I'aUcntion des voyagcurs. Les ouvrages do restimablc pasteur JVagiuLz donnent d'amples inlbrmations sur les prisons de I'Allomagne.Doji, en 1779, Joseph II ordonna d'cxarniner celles de I'Aii- triche; et Leopold, en 1795, encouragca encore davan- tage cet examen. On trouve sur cc sujet des details publics par M. Clausen, adjoint de la niaison de correction do Gluekstadt) qui fit un voyage, en i8o3, pour s'instruire de i'etat des prisons. Vienne posscde enlrc autres unc maison de reclusion et de correction, reservee pour les cnfans de bonnes families, detenus sur la demande de leurs parens. La plupart des prisons ne separent pas meme encore les prevenus des criminels, et, dans quelques-unes seu- lemerit, on a pu diviser les condamnes en deux classes. L'Autriche possede, a ce que j'apprends, d'excellentes maisons de correction. J'ai vu avec une grande satisfaction les ameliorations qu 'on a commence i introduire cnPrussc, et dont on trouve le rapport officiel, dans la gazette de I'Etat, du 3o aofit 1821. L,a niaison de force de Neugast (cerclc de Stettin) est placee dans une ile qu'on a disposee cxpros pour en faire une prison; elle est sous la direction d'un comite, compose d'un directeur, d'un ecclesiaslique , d'un commissaire de justice, d'un medccin et d'uu tre- sorier; la prison est sous I'inspeclion immediate d'un ins- pccteur, d'un econome et d'un verificaleur des comptes. Elle est divisee en trois parties, ou plutot en trois maisons particulieres : les premit;re et deuxieme divisions con- tiennent ceux qui portent des chaines ; ils sont revetus d'habits, moitie gris et moitie jauncs ; la troisieme division se compose des personnes non enchainecs : celles-ci n'ont que des habits gris. Le regime est paternel; et la nourri- lure consistc en soupe, pain, legumes el bi^rc: r,(iux qui EN ALLEMAGNE. 501 Uavailicnl onl aiissi mi pcu d'cau-de-vic. Lcs frais d'cn- ti'ctieii sont evalues et dediiits de cc que chaqiic piisoii- nicr a gagiic pour son travail; Ic surplus lui est reserve pour le raomenl oii il quiltc la maison , ou bien est em- ploye, si I'individu est prisonnier a vie, a lui procurer une ineilleure nourrituro, lorsqu'il sc comporte bien. Les tra- vaux sont tres-varies, selon la capacite dcs detenus. Une parlic d'entre eux a ete employee pouracheverde oonstruirc la prison ; on leur fera ensuite cultiver des parties du terrain alloue i\ relablissement. Un prisonnier qui se couduil mal est juge par le comite , avanl d'etre puni : la punition consiste en une detention plus severe, en privation de nourriture, ou de la paillasse qui sert de lit, et en sus- pension du travail; cette dernierc punition est regardee, par Icsprisonniers meme,commela plus grande de toutes. La soumission aux reglemens de la maison est recompen- sec par un peu plusde libcrte, quelqucs heures de relache, le dinianobc, et I'admission du prisonnier dans une meil- leure division et dans la societe de ceux qui sont traites avec plus de douceur. II y a 3/ hommes et 8 femmcs dans la premiere division; 5i hommes et 45 femmes dans ladouxieme; 92 hommes dans la troisieme; total a33. Cliaque prisonnier coCitait, la premiere annee, trenle-sept ecus de Prusse ct un tiers (1 ). La depense de la maison enliere etait de 7,931 ecus. La Prusse suivant les progres de la civilisation, on peut supposer que son etablisscment est i peu pres ce qu'il y a de mieux en Allcmagne. Un article de I'Encyclopcdie de Krunitz et ccUe de Sliglitz donnent des instructions sur les plans d'apres Icsquels on devrait construirc les prisons; je ne suis pas sfir qn'ils soient au niveau de nos connaissances actueilcs. ''i) L'icn dc Fiussc est environ la valcur dc '■> fr. Go c. 502 INSTITUTIONS I)E BIENFAISANCK Un point essentiel a connaitre est Ic hesoin de chnqne pays, a chaquc epoque de sa civilisalion; dans cctto vue , les atUcurs de slatinilques sc sont egalcmcnt appliques au denombrement des crimes et a cchii des pauvres- Ainsi, parexemple, Ton a trouv('; qu'a Hainbonrg, en i7.S(), le nombre des pauvres elait d'lin sur treize habitans; a Gottinguc, ct dans d'aiitres petitcs villcs , d'lin .«ur vingt- dcux : on a prelendu que Prague n'avait qu'un pauvrc sur soixante-dcux habitans, cc qui nc paiait gu6ie pro- bable. Ilanibourg, qui conticnt h peu pies 107,000 ha- bitans, avail, en 1817, 2,722 pauvres inscrits sur ses ro- gislres; 2,000 enfans dans les ecoles gratuites, ct yoo orphelins. Vienne contcnait, en iSdi, f\yant les reformcs inlroduites (lors du voyage de M. le baron de Voght ) , 37,552 pauvres, sur une population qui n'etait pas de 260,000 ames ; la population acluelle est evaluee a 210,198 habitans, et Ton romptc 20,58i pauvres. Berlin, oii la population est evaluee a 1 88,485 habitans, compte 12,000 indjgens A peu pres. On distribua, en i8o5, des secours de la caisse publique, qui existe, depuis iGgS, a 4,099 pauvres. Quant aux mendians vagabonds, formant en partie des bandes de voleurs, on en suppose, dans toute TAllemagne , jusqu'a 12,000, qui commettent a peu pros pour deux millions d'ecus de vols. La mesurc prise par rAutriche , en 1781, deles faire transporter au- delA des frontieres, imitee par d'autres etats, n^a fait qu'en augmenter le nombre, et faciliter leurs communications dans differens pays. Sur 178 millions d'individus qui habitcnt I'Europe, on compte, d'apres un releve sans doule Irfes-peu exact, 17 millions de mendians, et I'dn pretend qu'il y en a : EN ALLEMACNE. hO^ Ell Danemark , .3 sur lOo. En Hollandc, i '^ — ion. En Angleterre , 16 — 100. Amsterdam en conticnt plus de iof>,ooo sur une popu- lation de 217,000; Liverpool 27,000, sur une population de 80,000. Cologne en contenait n,ooo, siir une popula- tion de 53,000, par la maniere dont Ics couvens dislri- buaient raumone. Jusqu'ici, nous avons considere I'education morale des pauvres dans I'ctat de sanle; nous parlerons a present des institutions pour les paui-'res mnlndes j des hOpitaiix, ct de I'influence des midecins. Les hopitaux ont etc originairement J)laces dans des couvens, ou dans les etablissemens des congregations, moitie militaires , des chevaliers hospltaliers. Les guerres meurtrieres des armees permancntes du xtii*' siecle ont donnc lieu a I'etablisscment des hopitaux militaires ct des invalides. La maison des Livalides de Paris est Tunc des plus grandcs ; il en cxiste une autre , batic par Frederic-le-Grand, pros de Berlin, ou on lit la fa- meuse inscription : Lceso et ini.'wto militi. On a com- mence, dans ce meme terns, a s'occuper davantage des hopitaux civils. Les nouveaux hopitaux de Londres, de Paris et de Copenhaguc peuvent avoir donne I'impulsion a rAlIeraagne. Le plus grmid Iwpital qu'on y ait construit dans les terns modcrnes, est celui dc i^ienne. Joseph II, ayant ete, en 1779 et ^" 178^ , a Paris, organisa, a son re- tour, I'administration des pauvres. Ce fut M. le comtc de Bouquoi, dont nous avons dejaparle, qui fut appele pour eel objetdans la capitale. On divisa alors les pauvres en qualrc classes, et on distribua les aumoncs d'unc caissc commune. Je no sais si c'cst aussi M. dc Bouquoi qui dirigca la cons- riiction dc IhnpiUil general. On pcujait ulors qu"une po- 60A INSTITUTIONS DE BIliNFAISANCE pulation de deux rent niillc habilans avail Ijcsoiii dc Siize cents lits pour les paiivrcs maladois , et I'oii on otal)!it deux millc dans llinpiial. .^/o// sitpposait qn'ii fan! qualre cents lits pour los fievres , six cents pour Ics maladies cliro- niqucs, ct Ic rcste a pen pres pour les fcsnnies en coufi.c et pour les cnfans. Quoiqu'on eTit attaquo avec raison les liupilaux dcs frercs dc la Misericordc , qui depcnsaicnt les Irois quarts des revcnus en frais d'aduiinislralion , ecpen- dant on desapprouvait, dans Ic terns, la construction d'un trop vaste hopital, et la manic dd tout cenlraliscr. On sail ncanmoins que ce grand etablissement a joui , sans inter- ruption, dc la plus haute reputation jusqu'a nos jours; il scrt en meme tcms, comme les maisons de sante de Paris, pour ccux qui paient leur sejour. Quant aux tVeres de ia Misericordc , ils ont encore soigne, dans les deruicrs tems, a Vienne, plus dc 2,078 individus; ils se distinguent, sur- tout, comnic excellent garde-maladcs. La Charitc de Berlin, hopital qui, dans I'origine, fut en grande partie destine aux niilitaircs, a etc egalcmcnt agrandie vers cctte cpoque. Les clablissemens modcrnes Ics plus remarquablcs, mais d'unc moindre etendue, sont ceux dc Mayeucc, \Vurzbourg, Gollingue , Bamberg, Heidelberg et Munich ; celui-ci a etc decrit avcc beau- coup de detiiils par M. Haeberl , qui a aussi donnc d'amplcs lenseignemens sur tout cc qui concernc la construction dcs iiopitaux en AUcmagnc : rEncyclopedic dc Krunilz coulicnt des notices sur beaucoup d'aulres. Je feiai ol)ser- vr, a ccllc occasion, qu'il j a dans Thupital dc "Wurz- bourg dcs sallcs qui appartiennent a divcrses corporations: eel usage pourrait elre favorable a I'cludc des maladies propres li ccrtaines prol'essions; mais, a "Wurzbourg, le iionibre dcs lits est trop rcstitinl pour qu'on pui?sc cu lircr quclqiios resulials. EN ALLE31AGNE. 505 Z>6'.5 (irch'Uct'ti':i ont n6ce«saii'cmcnt du s'ocCupcr ihi mOme sujcl; c'esi u Augshoiirg qii'oat pani ancionne;r!ent (cu 1 765) les ouvrages de Sturm ct dc Lucas Voch; Faukcn a public, en 178V, 11 Vionne, les. plans qui ont servi a la construction de I'hijpitul do celte villc. On concoit que la separation des salles, I'ordonnancc dcs Ills, les co;n;no- dites porlatives, celles qui ai)Outis.>:ent dans les egouts, le chauffage et la ventilation , ont dfi ctre tour a lour exami- nes. On trouve, entrc autres, dans la description de I'hO- pital de Mimich , comment on laisse entrer d'en haul I'air cxterieur par des conduits particuliers, tandis qu'on fait sortir i'air corrompu do I'inteneur, au moyen dc canaux xjhauffcs par le voisinagede la clicminee. La soc'ictc royale dcGottingue posa, en i/gS? la question de savoir : quids sont les msillears moyeriH et les moins cou- teux pour procurer clis secours aux pciuvres malndes d'une petite ville. Le prix fut remporte par M. Heckcr, ct Ton trouve son memoire dans le Nozweau Magasin d'Hu- novre,-f\c lygS ( n° 83 a 85). M. Hecker comptait 5oo malades par annee, pour une petite ville de 2,000 habi- lans ; ce nombre lui parut ctre en proportion moindre, dans une ville de 2 a 6,000; il classait parmi les pauvres , les journaliers, les domestiques , les ouvriers voyageurs, etc. II supposait, d'apres ces observations, u pen prijs .'^00 vcritnblcs malades, 100 maladifs et 100 personnes affectees de la gallc ct autres maladies qui nc les detournaicnt pas cntieremcnt do leurs occupations; il en a eu lui-mC-mc a trailer, dans line petite villo. 4o en Janvier, Go en fe- vrier, 60 en mar s, 60 en avrilj'^oen mai, 11 enjuin, loen juillet, .'^0 en aoftt, 5o en septembre, 70 en octobre, 5o en novembrc et fio en deccmbrc. II croyalt qu'unc cenlainc po-jrraitC-lre soignee a domicile, el que le resle cxigeait le scjour d'un hopital. On concoit q'lc li iocalite ctlc'gcnrc .106 INSTITITIONS DE BIENFAISANCR d'occupalion doivciil (aire varicr a rii^fini ccs proporlioti^. Les epidemics nc sonlpas comprises, commc on Ic pense bien, dans cc calcu! approximalif. Si I'on vcut connailrc les travaux fails sur Ics bcsoins d'lme grande villc , on trouvera des materiaux excellens, dans un rapport publie, en 1791, par M. le senatcur Gnnlhcr, i Hambonrg. II est etonnant que la question dc la separalioii des individus affectes de difTercntfS maladies, n'ait ete agitee que dans des terns pen eloignes de nous; la raison en est, qu'on a , en general , mieux etiidie I'histoire des epidemies ct des contagions. II manque encore beaucoup de maisoiis pour les alienes; le pays de Ilesse a cependant, a Heina, une maison d'alicnes , elablic depnis la reformation. Vienne possede une tour particuliere et differentes maisons de sante, destinees a ce genre de maladies, et Ton fait un grand ologe de Thospioc des alienes de Bayreuth. On s'occupe , en ce moment, a construire des maisons pour les alienes, en Prusse comme dans d'aulres parties de I'Allemagne; et la Baviere vcut elablir des maisons de sante dans chaquc province. Sur 3, 000 individus, on compte i peu pres un aliene a la charge du gouvernemcnt. Les aveugles G\. les sourds - inuets ont etc un autre sujet de sollicitude. On trouvait a Berlin, en i8oi, plus de 42 enfans aveugles,"de I'age de six a quinze ans , et on supposa a peu pres i,Soo avcuglcs dans toutc la monar- chic. Des etablissemcns nouveauxont etc formes pour les soldats devenus aveugles dans les dcrnieres guerres. Trois cercles de I'ancienne Westphalic ont presente a eux seuls plus de Aoo sourds- muets, et Ton observe en general qu'ils comprennent deux tiers dc garcons sur un tiers de Giles. Dcpuis le milieu du xviii' mlcIc. rAllcmagne possede ({ci etolea cliniqiie^ dans les hupilaux : c'csi Van-Swietcn KlN ALLIiMA(i\E. 507 qui les a ctablies, Inrsqn'il fit venir le colcljre De Hacn ii Viennc. Depuis que Ics Anglais oiil forme les dispensnires^ on a aiissi fontle, dans Ics universites de TAlIcmagne, de;? ecoles cliniques ambulantes ; I>1. Baldinger en a forme uae, en 1778, iv Gottingue; M. Wendt, en 1779, a Erlan- gen : depuis ce terns, il n'j a pas une universite 01^ il n'cn exisle de semblables. Berlin a une ecole appclee polycli- nique, qui etend ses soins aux differcntes sections de la ville. Les jeunes medecins soignenl , chacun dans le quar- lier qui lui est assigne , les malades qui ne peuvcnt se presenter a la clinique ; il rend compte, plusieurs fois par semaine, de I'etat du quartier qui lui est confie. Les dis- pensaires sont, au rcste, repandus dans beaucoup de villes, et je n'ai pas besoin de dire qu'il y a des hopitaux etablis dans la proximite de presquc toutes les eaux mineralcs naturelles. Je Irouve, dans le voyage de Nicolai, qu'il existc a Augsbourg un quartier compose Acpetites habitntlons , fondces par la famille Fuggcr, qui florissait du terns de Charles-Quint, pour loger les pauvres a bas prix. La ville d'Augsbourg servit nlors de niodele , comme a servi Ham- bourg,dansun temsplus moderne. A Frederiksoort, colonic etablie dans le nord de la Hollande, on a fonde, depuis quel- quesannees, dans les endroits nondefriches, des habitations de pauvres, et ces etablissemens out eu un tcl succes, qu'on vient recemment d'en etablir de semblables dans le Meklembourg. Mais, je m'arrele ; j'ai voulu donner, dans cette No- lice , un coup d\ml general sur les institutions dc I'Allemagne , sans entrer dans le developpement d'uii nombre immense d'objets dignes d'etre plus approfondis. Lorsqu'on jette un regard sur le plan que j'ai suivi , on voit que les colonics chretienncs el los ordrcs hospita- ller? pouvaicnt l)ien distribucr au commencement assex 308 UNSTITUTIONS I)K BIKNFAISANCE (i'aiiinunos ct do travail aiiloiir dc Iciirs couvcn* d cha- teaux forts ; mais ils n'anraient pu sufifirc i\ unc population croissaiitc , si la fonnation dcs viiies nVut crco des bicii- I'aitcurs opuleiis ct des corporations qui s'associaicnt pour des sccoiirs reciproqucs. Une grande Industrie et nn grand commerce s'ctant deveioppes , depuis Tcxtension des iap- portsenlre le nouvcau mondc ct la Iloliandc ct rAnglclerrc, y crcerent, avcc une plus grande population, une plus grande masse do chances hcureuscs on mallicurcnses , qui augmenlaicnt, d'un cute, la pauvrete, ct, de I'autre, les ressources. Les villes ansealiqnes de rAllcmagne -vinrent cnsuite; et les gouvcrncmens, autrefois plus ocoupcs dc gucrres ct de cnnquCtes que d'administration intcricnrc, fmirent par s'associcr a cc dcveloppenicnt de Tinduslric et a ses consequences. Dans les pays qui ont deji\ une constitution, il n'y a guerc de session des chambrcs oCi Ton ne s'occupc serieu- sement des affaires des pauvres ; dans la Prussc , qui prepare pen a pcu ses institutions, les delcgucs munici- panx dcs villes font de cet important objet unc etude particuliere. L'impulsion se repand, par une force irrisis- tihlc, dans tonics les classes de la socicle. Nous vivons heureusement dans un siecle oii tout individu commence a senlir I'avanlagc de fairc dcs sacrifices pour I'interct general, qnoiqu'on ne soit pas tonjonrs d'accord sur les inovcns. Tout Ic monde est, par cxcmplc, convaincu dc la necessite d'une justice egalement repartie, sans privi- lege; tout le mbnde ne I'cst pcut-elre pas nssez , qu'il faut procurer aux citoyens, autant qu'il est en nous, une ai- sance honnetc, sans craindre qu'clle conduise a I'idec d'une distribution cgale de fortune ct a des lois agraires. Des gens d'osprit supposent encore qu'il y aurait un incon- venient a ri''pa:idrc irop dc ])icn-OUT, trnp d'cducalion , EN ALLEMAGNE. 509 trop de lumicros, coinme si eux-inemc? n'cn avai«;nt nas profile. Lorsqu'on jettc un regard sur rhistoire, cc ri'est qu'aprcs des secousses violentes, ou dcs guerrcs desas- treuses, que Ton voit iine aisance plus generalc se distri- buer dans les classes iulerieures et industrieuses (;le la societe, comme si le repos des etats ne permetlait pas qn'elle ressoitit uniqucmcnt du piincipe plus noble do riiumanite. Si Ton deniande , enfin, specialcnient quels mojens peuvent renJrc plus generales cetlc houiiote ai- sance, cettc jouissance des objels de premiere necessite, nous repondrons que c'estj-premicreinent, une educatwii 'plus commune, qui donne aux classes infei'ieures plus de rcssources pour exercer leur intelligence et leurs dispo- sitions naturelles , et, secondement, I'habltude de \Apri- voyance , qui apprend a meltre en reserve de pelites sommes prises sur les salaircs et le prix de la journee de travail, ainsi que des etriblisseineiis publics qui pour- voient aux malheurs inattendus et irreparables. La so- ciete avance pen i.\ pen vers ce but, et la pauvret6 ab- solue, c'cst-A-dirs le manque de pain, de vctcmens et d'abri, est, sans doute, plus rare a present , quoique la pauvrete relative, c'est-a-dirc cellc qui resulte de rame- lioration des conditions particulieres , soit croissante. Mais, qui pourra fixer I'epoque oti les principes de la police inte- rieure et des institutions adminislrativesaurontpu atleindre le point de perfection oii sont arrives, sous quclques rap- ports, les principes de droit et de jurisprudence ? %/V\VVV\V\XMV\'\VV'V\VVV\,V\V\»,V*\lV\\VX*\VV\\*-\V\\,%V\\\^AVWV\V*-\VVi'\VWVW\> II. ANALYSES D OUYRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. Association iNTELLiiCTXJEi.Lii ; MixHODE piiocressive ET d'associatioa , ou Wivt cCoptvev dans toutes les sciences, et particiilierement en nxddecine; suivie. d'tine cliniquc gdndralc interpretative des plieno- mcnes morbides et speciale des maladies des couches; par L. V. Amard, D. M., ex- chef du service medico- chirurgical de I'bopilal g6n6ral de la Charil6 de Lyon , prdsident de la Sociel6 de m^decine et du cercle lilt<^raiie de la mctne ville, et membre corres- pondant de plusieurs Soci6t6s savantes (i). Nous avons annonce dernitrement cet important ou- vrage,; il csttems d'y revenir etd'indiquer somtnairement ;\ nos lecteurs le principe fondamental sur lequel I'auteur fait reposer et inouvoir ce qu'il appelle Vassociation intel- lectuelle. Cette association , dans Ic sens qu'il lui donne, ne repose point sur une de ces reunions d'individus agis- sant dans des inlerets du moment, et telle que nous en voyons tous les jours se former, mais sur une passion extra individuelle , s'il est permis de s'exprimer ainsi , propre a I'espece humaine , et qui la caracterise, encore qu'on n'ait jauiais songe a la demeler entre toutes les autres, €t que le docleur Amard nomme collectisme. Cette passion determine les hommes A agir en commun; elle les unit et (i) Paris, 1821. 2 vol. in-S". Mequignon ain6 pere , Gabon, B^chet, libraires, rue et place de l']^colc-de-M6decine. Prix, 16 fr. — Vqy. ci-dessus. Bulletin hibliographique , pag. iSj. SCIENCES PHYSIQUES. 511 les scrrc comme d'un mSinc lien ; elle Ics poiissc invinci- blemcnt vers I'unite d'action par I'unite morale; et si, consideree comme le premier mobile de Tclat social, elle 11 'a point encore imprime a la civilisation, qui n'en est que le resultat, ce degre de hauteur auquel on peut la voir atteindre, c'est que cclle-ci a etc device par mille institu- tions monstrueuses, ceuvres des forts , qui s'emparant des premieres societes, les dirigerent dans leurs seuls interets, et isolerent les uns des autres pour les dominer, cesmemes hommeseussent resiste aux usurpations religieuses, civiles ct politiques par le seul cxercice du collet- tisme, et I'asso- ciation mutuelle dont le plan se trouve expose dans Tou- vrage qui nous occupe (pages 162-185 et 3o6-25o). Cc qu'j propose M. Amard pour la medecine serait appli- cable i toutes les sciences, oOi la mulliplicite des travaux et des ecrits destines a determiner oua constater leurs pro- gres , ne font plus gucre qu'entraver une marche deja oncombree. En elTet, que font tant d'observateurs et d'e- crivainsdont la memoire suffitapeine pour retenir laliste, sinon qu'ajoutor des faits pcrdus dans des livres ajoutes ii des livres; iaits qu'on ne peut^cxhumer sous I'amas de ces livres, sans perdre un tems precieux a feuilleterou relirc ce qu'on a cent fois lu et relu autre part, et qui, le plus communement, depuis bien des si6cles, fait, a tort ou k travers, la base conventionnelle de toute science. C'est une heureuse idee, une idee generatrice que celle de faire cqncourir tous les hommes de toutes les epoques A la reunion d'un foyer unique de raison dontlavivelumiere feconderait indifferemment les di verses branches du savoir; et plusieurs 'morceaux de I'ouvrage de M. Amard sur la methode d'operer en medecine, et la mani^re d'etudier ou de conslituer cetle science, rappellcnt I'lmmortel travail de Bacon sur la restauration des connaissances humaines. 512 SCIENCliS FiiYSIQLES. Ccpendant, Ic but final dcs deux ouvragcs est different : la verite scule fut la base du grand ouvrage de Bacon. L'antiquite, dirail ccl homnie prccurseur, s'cst perdue dans line nietapliysiqne sterile; elle a voulu atteindrc Ic soinmet des clioses, sans s'y elever par Ic moycn des de- gres interniediaires. Mais Tedifice des sciences doit , au contraire, Ctre assis sur des bases po.-itivcs et iuimuables; or, dcs fails n>ateriels peuvent seuls fournir les materiaux deces bases. 11 faut d'abord, en passant toujours du simple au compose, clioisir les plus simples, les plus palpables de CCS faits, les comparer, et n'en tirer des inductions imme- diates que parce qu'on voit, et jamais par des suppositions; on doit ensiiitc s'elc\cr aux fails couipliques, en tirer pa- reillemcat des inductions, de maniere a ce qu'on en puisse former unc table de gradation, nne sorte d'echelle, oCi Ton puisse montcr et desccndre sans interruption des faits aux pi-incipes, et dcs principes aux faits. Mais le grand Bacon donna-t-il au monument qu'il ve- nait d'elever, comme point de separation entre la vieille barbaric et la nouvelle raison, le nom qui lui convenait veritablemenl? Noi^'uvi organum etait-il bien le titre qui appartenait k ce premier chef-d'oeuvre de jngementPBacon n'avait point trouve un nouvel organe ^ en decouvrant, en ordonnant une nouvelle mclhode, i la verite la seulephilo- sophique, mais qui, apres tout, n'etait qu'une metliode et non un organe. Bacon aurait pu intitulcr son immortel ouvrage : Vm nova, parce qu'en effet il cnscignait une roie nouvelle jVa seule que pent avouer la raison et de laquelle nul nc peut s'eearter sans tomber dans ces vaines subtilitesdel'ecole d'Aristote, dont les consequences pesenl encore i\ tant d'egards sur les generations actuelles. S en tenir aux faits simples et malericls susceptiblci d'etre u chaque instant deniontres, s'elever graducllcmciii i SCIENCES PHYSIQUES. 513 aux plus compliques, extrairc de la comparaison des uns avec les autres des consequences immediates ou des prin- cipes d'origine fixe susceptibles d'etre saisis et verifies, toutes les fois qu'il y aurait doute ou contradiction, voili, en peu de mots, la philosophic de Bacon et du simple bon sens ; Toila ce qui valut ^ son inventeur le titre merite de restaura- teur des sciences humaines. Mais cependant Bacon laissa I'homme en proie i sa faiblesse individuelle; illui indiquait une voie, mais n'avait point devine i I'aide de quel organe le sage s'y devait engager. En un mot, il n'a point tire I'hu- manite de ce qu'on pourrait appeler Vantique rigime de r incoherence ;\q pivot moral de I'espece humaine pensante et socialisee lui etait ecliappe; il n'avait point devine le veritable noeud de I'association, soil sociale, soit scienti- fique. Or, le collectisme est reellement un organe, nou- vellement decouvert, propre a I'espece humaine, sur le developpement duquel reposent les futures destinees de notre espece perfectionnable ; et c'est sur cette passion attractive, sur ce sens collectif, sur cet organe que se fonde I'association intellectuelle , c'est- a -dire, la reunion de toutes les intelligences individuelles concentrees dans un mSme esprit, et tendant vers un meme but. Aussi, le doc- teur Amard a-t-il pu dire « en fortifiant la faiblesse humaine individuelle de toute la puissance collective de I'espece; en dotant celle-ci du sens qui lui est propre ; en appelant , par ce sens, les etres pensans de tous les siecles k operer comme un seul homme, I'association revile le secret et fournit les moyens de consommer I'oeuvre humaine. » La difference est done complete entre le novum organum de Bacon et \ association intellectuelle de M. Amard. Le premier de ces philosophes se bornait a nous indiquer la voie que nous devons suivrc dans la recherche de la ve- rite; le second met en rapport les savans de tous les terns Tome x». S3 6U SCIENCES PHYSIQUES, etde lous les pays, ct pose les principcs ^ I'aidc dcsqucis il les lie ; il deroule les deslinees de I'humanite. L'un laissc chacun doininer sur tous; I'aulre appellc tous a domincr sur chacun. Celui-IA abandonne le sort des connaissauccs humaines et des efforts isoles , et n'a compris que I'art dc diriger des vues jndividuelles; celui-ci demontre I'urgence des efforts concentres et substituc a I'isolement destruc- teur des vues collectives essentiellement conscrvatrices et consequemment fecondes. Nous ne suivrons pas I'auteur dans la partie puremen t medicale de son ouvrage ; mais nous engageons les gens de i'art -k y consulter d'interessantes observations , ainsi qu'i mediler sur les consequences qu'il en tire. Le docteur Amard appelle le concours de ces faits pathologiques , recueillis dans une pratique soigneuse, au developpement de son syslfeme; mais c'est surtout sa methode d'eludier la medecine dont se doivent nourrir non seulement les personnes qui se destinent aux sciences medicales , mais encore quiconque veut reussir dans une science; tout boa esprit qui, sentant les entravcs que lui opposent les vieilles routines, veut s'affranchir dc pareils liens et s'en tenir au sens positif des choses. Si le docteur Amard n'eCit affecle de donner a ses ouvrages et i son style des formes inu- sitees, nous ne doutons pas que son travail ne reunit un bien plus grand nombre de suffrages. Quoi qu'il en soit , cet ouvrage seralu avec un vif interet, et doit procurer a celui qui le conput une )uste celebrite, qui pourra bien etre tardive, mais qui n'en sera que plus soUde. BoRY DB St.-Vincent. SCIENCES PHYSIQUES. 515 V%/%/% W V^f ^%/K\ '%/% \'% TnAITi COMPLEX DE MfcCANIQUE APPLIQUiE AUX ARTS, etc.; parM.Boi\Gms,tnge)iieur. {Yoy. ci-ilessus, Tom. XI, page* 42-59. ) NEUVlkME TRAITife. Theorie DE Li. MEGANIQVE rsuELLE (i) ou Introdicction a I' etude de la micanique appliquee aux arts; contenant les principes de statique , de dynamiquBf d' hydrostatiqiie ei A' hydrodyuamiques J applicahles aux arts indiistriels ; la theorie des moteurs , des ejfets utiles des machines j des organes niicaniques intermediaires et Vequilibre des sup- ports; parM. J. -A. BoHGNis, ingenieur, membre de plu- sienrs academies. « Le but de cet ouvrage, dit I'auteur, est d'exposer, avec clarte et simplicite , la theorie de la mecauiquc im- mediatement applicable aux arts industriels; de combiner cette theorie avec les resultats des experiences les plus accreditees, et de la developpcr d'une maniere metho- dique. » 31. Borg7iis a diyise son ouvrage en quatre livres. Dans le premier, apres avoir donne la definition des mots em- ployes dans I'etude theorique de la mecanique, il traite de la statique, de la dynamique, de I'hydrostatique et de I'hydrodynamique ; mais il ne s'occupe absolument que des parties de ces sciences, indispensables pour bien en- tendre la mecanique usuelle : par ce moyen, il en a rendu I'etude plus facile pour les personnes qui ne cherchent k s'inslruire que dans I'application particuliere de cette vaste science. (i) Paris, 1831. 1 vol. in-4°, avec cinq planches. Bachelier, li- brairc , quai des Augustins, n° 55 : piix , i5 fr. 33 * 516 SCIENCES PHYSIQUES. Lc livrc second traitc tics moteurs ct dcs resistances. Voici comment I'auteur expose lc plan qu'il a suivi : «Uno machine, dit-il, est un assemblage de parties mobiles , dont les unes repoivent Taction de I'agent moteur, et d'autres, aprfes en avoir modiGc la vitesse ct la direction de la maniere la plus avantageuse, la transmettcnt icclles qui doivent produire Veffet utiles c'est-i-dire, I'effet pour lequel la machine est construite. « La production de I'effet utile occasionne inevitablc- ment une resistance que le moteur doit vaincre. II est unc autre resistance qui , independamment de celle-ci, a lieu dans toute machine ; cette dernifere , i\ laquelle on a donne le nom de resistance passive^ ne favorise point I'effet utile, mais clle tend, au contraire, i\ lc diminuer, et elle ab- sorbe en pure perte une partic de Taction du moteur. « Le mecanicien qui veut construire une machine, ou juger une machine dcja construite, doit, avant tout, cva- luer ; i° quelle est la quantite d'action que le moteur doil produire pour vaincre les deux especes de resistances qui s'opposcnt au mouvement de la machine, c'est-i-dire, la resistance passive et cellc due i la production de Tcffct utile ; «2" Quel est Teffet utile corrrespondant a la quantite d'action determinee du moteur. L'objet special de ce livre est d'exposer les methodes pour effectuer ces calculs. « Dans le Chapitre I", M, Borgnis considere d'abord les moteurs et les resistances en general, et il indique la forme des calculs k faire pour que le moteur conserve tou- jours une vitesse uniforme et conslante, et pour connaitrc Teffort dc la resistance que le moteur est oblige de delruire a chaque instant pourconserver Tuniformite du mouvement. II applique ensuite ces calculs aux differens moteurs ; Ics moteurs animes, tels que les hommcs et les animaux; Ics SCIENCES PHYSIQUES. 517 mottiurs iuaniuies, tcls que I'eau, les fluides elasliques, c'est-a-dire, la vapour de I'eau bouillante etlcvent. II cou- sulcrc Teffet dc ces divers moteurs sous differens points de vue; ii indique les moyens de tirer, avec le plus d'econo- uiie, le plus grand avantage du travail des homines ct des auimaux sans les fatigucr par des travaux trop longs, ou qui excodent leur force constamment en action pendant un tenis donne. II met sous les yeux du Iccteur les resultats oblenus par le cel^bre Coulomb, d'apres les experiences qui donnent tous les elemens necessaircs pour les calculs. L'auleur examine ensuite Taction motrice d'uu courant d'eau sur les roues A aubes, les roues k augets, les roues i reaction et les machines a colonne d'eau, et prouve que la roue a augets est la plus avantageuse; mais que, pour en ol)tenir tout I'effet qu'on peut en attendre, il faut i° que I'eau entre dans les augets au niveau de la surface du re- servoir ; 2° que son diamelre soit au moins egal a la hau- teur de la chute; 3° que la vitesse soit petite, mais qu'cllc soit telle cependant que I'arc decrit par les augels dans chaquc seconde n'ait pas moins de sept decimetres de lon- gueur developpee, ni gucre plus d'un metre. M. Borgnis suit la meme marche [dans I'examen des machines i vapeur ct des machines mues par le vent. II s'appuie sur les resultats des experiences les plus authen- liques, publiees 'par fles savans'qui^se sont occupes avec fruit dejl'ctude de ces diverses machines : il enseigne a en calculer les effets, et a en comparer les resultats. Dans le Chapitre II , I'auteur traite des effets utiles des machines, et des resistances qui en resultent. II examine les soufflets ou les machines soufllantes, les^ pompes de foutc espece, I les; machines a compression d'air, les ma- chines a siphons, le belier hydraulique, les norias, les roues a pols, le tympan , les chapclets vcrlicaux ou iucli- 518 SCIENCES PHYSIQUES. nes, la vis d'Archimcde. II passe ensuito aux machines a percussion, tcllcs que le balancier; aux machines A pres- sion, telles que les calandres, les laminoirs ; aux machines a frottement, telles que les meules i aiguiser, les polis- soires cylindriques. II calcule avec soin les effets dc loutcs ces machines , et etablit la difference des avantages que les uncs produisent sur les autres. C'est d'apres ces observations qu'il montre qu'une forte pression est preferable, dans certains cas, i la percussion, sous le double rapport de I'iconomie et de la regularite du travail. II cite a I'appui de son assertion les resultats obtc- nus par M. Dufaud^ maitre de forges a Grossouvre, qui economise 129 fr. 60 cent, sur I'affinage de 2,4oo livres de fonte, fait sous le laminoir, en le comparant i\ cclui qu'il obtenait sous le martinet. L'auteur termine ce chapitre par I'examen des moulins a mouture et des moulins a scier le bois et les pierres. Le frottement est une des choses les plus importantes en mecanique; aussi, M. Borgnis s'est-il attache a en calculer tous les effets, en mettant i\ profit les belles experiences du savant Coulomb sur les machines simples, en ajant egard au frottement de leurs parties et k la roideur des cordes. Ces recherches forment le sujet du Chapitre III*, sous le litre des resistances passwes. « II arrive rarement que I'organe mecanique, sur lequel agil immcdiatement le mcteur, ait la direction, la vitesse et la quantite dc mouvement qu'exige celui qui produit I'effel, utile. Les organes intermediaires ont pour but de ■■ produire toules les modifications de mouvement purement necessaircs pour que I'cffct utile soit le plus grand et le ' plus parlait possible. » C'est pour arrivcr k ces resultats que l'auteur donne, dans ce Livre Iroisieme, les regies , SCIENCES PHYSIQUES. 519 qii'il taut sulvre pour apprecier toutes les modiGcations, avec la plus grandc exactitude. Les parties intermediaires des machines sont les mani- vcUes, les courbes excenlriques qui en tiennent lieu, les joints brises, les engrenages de toute espece, les pilons i boulons sans mentonnet. Ces organes intermediaires ne sufBraient pas pour etablir runiformite du mouvement; dans certains cas, et c'est surtout dans les grandes ma- chines, on emploie des volans; dans d'autres, et princi- palement dans I'horlogerie , on se sert de fusees ou dc courbes excentriques tournantes : I'auteur n'a rien neglige pour apporler, dans les calculs applicables i\ toutes les cir- constances, toute la clarte, toute la precision necessaires. EnGn, dans le Livrequatrieme, M. Z?o?-^raws'occupe dela solidite dans les constructions. Dans le premier Chapitre, il traite dc I'equilibre des murs et des voQtes, et considere ces objets importans sous toutes leurs faces et sous leurs diverses alterations pour les soumettre au calcul le plus rigoureux. Le second Chapitre est consacre i la resistance des materiaux : il cite les recherches faites par les savans lant anciens que modernes , pour repandre le plus grand jour sur ces parties essentielles des constructions, et ter- niine ce Traite important par des tableaux extremement utiles pour faciliter les calculs dans tons les cas ofl la con- naissance des divers objets pour lesquels ils sont dres- ses devienneht d'une necessite indispensable. Beaucoup d'autres tables sont eparses dans le corps de I'ouyrage , et offrent des renseignemens precieux repandus dans beau- coup de volumes, et que personne n'avait encore rassem- bles dans le merae cadre pour les mettre sous la main du mecanicien. L'ouvrage dont nous venous de donner I'analyse suc- cincle , est unc suite ncccssairc deshuit precedens volumes 520 SCIENCPS PHYSIQUES. qui ont etabli, d'une maniire irrecusable, la reputation de I'auteur. Ce traite de mecanique usuelle est ecrit avec bcaucoup de simplicite; il n'est pas autant herisse de cal- culs alg^briques que les autres traites semblables qui I'ont precede, et dont les formules rebutent les artistes qui n'ont pas des connaissances assez etendues en mathema- tiques. 01. Borgriis a place deux asterisques au commence- ment de chaque paragraphe dans lequel il a ete force d'em- ployer le calcul differentiel et integral, pour avertir le lec- teurqu'il peut se dispenser de le lire sans nuire cependant k I'intelligence de la matiire qu'il etudie. II serait i desirer que Ton pQt parvenir i traiter de la theorie de la meca- nique usuelle sans employer des formules algebriques qui exigent de ti'op vastes connaissances dans cette science, connaissances qui sont trop au-dessus de la portee du plus grand nombre des artistes. Nous pensons que cela ne serait pas impossible, et nous tacherons d'en donner bientot la preuve. M. Borgnisj dans la vue de completer son Traite de mecanique appliqude aux arts j nous promet trois au- tres volumes, dont I'un renfermera la description des machines de physiquo., de chimie , d'astronomie, de geo- desic, etc. ; un autre, de biographic et de bibliographic mecaniques , et un troisifeme qui renfermera le vocabu- laire de tous les mots techniques usites dans les arts. Ces divers ouvrages nous manquent absolument : ils rendront de granJs services i I'industrie. II est i desirer que cet auteur infatigable remplisse bientot sa promesse. L. Seb. Le '^owikTSt'D , professeur de fechnologie. SCIENCES PHYSIQUES. " 521 «WI vwwwt vwt.%vh-v VoT AGE Au BaisiL , clans les ann6es 1 8 1 5 , 1 8 1 6 ef 1 8 1 7; par S. A. S. Maximilien , prince de Wied-Neuwied; traduit de Callemand, par J. B. B. Eyries (i). HEtRErsEMENT, Dous ne sommes plus au tems de la hon- teuse ignorance des princes, lorsqu'a la nouTclIe des con- quetes de Louis XIV dans la Flandre, un souverain des Espagnes plaignait amerement ce pauTre roi d'Angleterre, ainsi depouille de toutes ses places. Telles etaient les profondes tenebres qu'entassait sur les yeux des maitres du monde le fanatisme dominateur, inleresse 11 les aveugler. Faire brQler les juifs et les huguenots et tyranniser les catholiques, etait, au gre de I'inquisitioa, tout ce que de- yait sayoir un roi d'Espagne ou de Portugal. Aussi , plu- sieurs d'entre eux n'avaient-ils qu'une confuse idee des Tastes pays soumis k leur puissance; ou, du moins, s'lls apprenaient a les connaitre sur la carte, I'inimense inter- Talle des mers les condamnait k ne jamais les visiter. Mais Toila que tout-a-coup la peninsule europeenne et ses dependances d'Amerique sont le theatre de grandes revolutions. Usages, lois, mceurs, gouvernement, insti- tutions, tout, dans ces belles contrees , est subitement regenere. La liberte, la philosophic s'asseyent en conque- rantes aux bords de I'Ebre et du Tage , ainsi qu'aupied des Cordilleres; les colonies deviennent des metropoles ; peut- etre un jour verrons-nous un infant d'Espagne aller regner sur le Mexique ; dej4 nous avons vu un roi de Portugal aller regner dans le Bresil. (i) Paris, 1S21. 5 vol. in-S", avec un superbe atlas, compose de 4i planches gravees en taille-douce ct de trois cartes. Arthus Ber- tiand, librairc, rue HautcfeuiJlc, n" 20. Prix, 90 fr. 522 SCIENCES PHYSIQUES. Le Bresil, richc dc ses mines d'or ct dc diamans, et do ses bois precicux, ct qui va le devcnir bien plus par son admi- nistration libeialc et sa belie culture, dcperissait, commc Tanlale, au milieu des tresors. Un pouvoir incrle et ombra- geiix y paralysait les nationaux et en repoussait les etran- gers; il fermait i la fois aux bras des manufacturiers I'ecoulement dc leurs produits, et aux pas des naturalistes le plus magnifique champ de decouvertes qui pQt Icur etre livro. Ccs cntraves sont brisees. Dans les boutiques de Rio- Janeiro, les marchandises indigenes commenccnt a rem- placer celles de Manchester; et I'accueil fait aux savans voyageurs les encourage i\ etendre , sur ce sol favorise de la nature, leurs pacifiques invasions. Deji, sans parler des beaux travaux de M. dc Humboldt sur I'Amerique meri- dionale (^oj. ci-dessus, p. 272 ) , d'interessans memoires, rclatifs au Bresil, ont etc publics par M. d'Eschwfige, lieu- tenant-colonel dans le corps royal du genie, a Villa-Rica. D'autres AUemands, appuyes de hautes reconimandations aupres d'un gouvernement affranchi de la tutelle britan- nique, sont occupes i visiter et a decrire cette contree si riche et si pcu connue;et enfln avant eux, un prince vient d'en parcourir plusieurs parties , non pas en prince , mais en observateur et en savant. Les moeurs , la geogra- phic, I'histoire naturelle, ont ete I'objet de ses precieuses recherches. D6penscs, fatigues, privations, perils menie, rien n'a coCite au prince 31aximilien de Neuwied pour satis- faire sa genereuse ardeur, et pour rccueillir les richesses scientifiques deposees dans son important ouvragc. C'est unc remarque tres-juste de M. de Humboldt, que le continent de I'Amerique meridionale doit a son pen de largeur, u ses nombreuses decoupures,a sa prolongation vers le pole, i ses chaines de montagnes, i I'abondance de ses fleuvcs et a Tetcndue de ses forcts, des tresors incom- J SCIENCES PHYSIQUES. 523 parables de vegetation ; mais ii peine quelques journaux de navigateurs nous en donnalent-ils des notions vagues et imparfaites. Gr5ce au voyage du prince Maximilien, ces tresoi-s se developpent 4 nos yeux dans leur magnificence et dans leur variete. Le Bresil no nous presente plus seu- lement cette multitude d'oiseaux brillans et de plantes succulentes qui lui sont communes avec les autres regions de I'equateur. Le savant voyageur diploic devant nous les beautes d'une nature particuliere : sous ses pinceaux ha- biIes,unefouled'animauxetde vegetaux, jusqu 'a present inconnus ou mal decrits , nous font admirer la multitude de leurs formes et I'eclat de leurs couleurs. ^ Mais, de toutes les etudes, la plus interessante pour I'homme est I'homme meme; et sous combien d'aspects differens le Bresil ne I'a-t-il pas offert aux regards obser- vateurs du prince de Neuwied! Dans les villes, des colons gais et insoucians, des femmes vives, des moines igno- rans et superstitieux , des esclaves participant de la paresse des maitres; dans les campagnes, des planteurs a demi- civilises, les uns doux et aflFables , les autres brutaux et inhospitaliers; enfin, dans I'interieur du pays, et surtout dans la vaste etendue de forets comprise entre Rio-Janeiro et Bahia de Todos os Santos , des tributs errantes de sau- vages, dont nul effort n'a pu soumettre I'iodependance, ni adoucir la ferocite. Parmi ces nombreuses peuplades, designees sous le nom general de Tapouyas, les Bolocoudys, redoutes comme les plus farotiches, et tres-peu connus jusqu'i cc jour, ont particulieremcnt fixe I'attention du noble voyageur. lis doivent ce nom aux grosses plaques de bois dont ils rem- plissent les ouvertures pratiquees a leurs oreilles et a leurs levrcs ; CMhoioque, en portugais, signifie le tampon d'une barique. Ou sail que ces hideux orncmeus sunt communs 52A SCIENCtS PHYSIQUES. chez les sauvages des Indes ; mais nul peuplc n'a poussc aussi loin que les Botocoudys la dcpravalion des idecs do pnrure el dc beaute. C'cst ordinairemcnt a I'agc de sept a huit ans que les enfans des deux sexes sont soumis aux horribles mutilations, deslinees a defiguror des traits na- turellement beaux ct agreables. On elond , a cet eflet, les lobes de I'oreille et de la levre inferieure ; on y perce des trous avec des fiches de bois pointu, et Ton place dans I'ou- verlure, d'abord de petits morceaux do bois, puis suc- ccssivcment de plus grands, qui finissent par donner aux oreilles ct a la levre unc extension prodigicuse. Le prince annonce avoir mesure I'unede ces plaques, qui avait quatrc pouces quatre lignes de diametre sur une epaisseur dc dix- huit ligiics. « Cette coutume bizarre, dit-il, offre une preuve frappante de I'extensibilitc cxlraordinaire de la fibre musculaire; car la levre inferieure n'a I'apparence que d'un anneau mince, place autour dc la plaque; il en est de mcme des lobes des oreilles , qui descendent presque jusqu'aux epaules. On peut oter les plaques aussi souvent qu'on le desire; alors, le bord de la levre tombe h plat, et les dents inferieurcs sont enlicremeut dccouvertes. L'ou- verture augmente avec les annees, et dcvient quelquel'ois si considerable, que le lobe ou la levre se dechirc ; en cc cas , on attache I'un a I'autre les deux morceaux avec un liane, et Ton rctablit ainsi I'anneau. » Le prince de Neu- wied a depose , dans le celcbre cabinet antropologiquc de M.Blumenbach de Goettingue, le crane d'un Bolocoudy, age de vingt A trente ans. « On reconnait sur cette tcte, que la botoquc a deja I'ait tomber toutes les dents anterieurcs de la mSchoire inferieure, et en mcnic terns a comprime si fortement les os maxillaires, que les alveoles dos dents ont entiercment disparu , el que la machoire est, dans cet cndroit, devcnuc aussi aigue qu'un coulcau... Les femiiics SCIENCES PHYSIQUES. 625 portent aussi la botoquc ; mais cUe est plus petite et plus elegante que celle des hommes. » Les Botocoudys cachent leurs parties sexuelles dans une gaine, tressee avcc des feuilles seches d'issara. lis ne pra- tiquent point le tatouage , et se bornent 6 peindre leur corps en nolr, a roxception du visage, de I'avant-bras et des jambes, depuis les mollets jusqu'en bas. D'autres partagent perpendiculairement Icur corps en deux moities, dont I'une est peinte en rtoir, et I'autre reste dans son etat naturel; d'autres, enfin, ne se peignent que le visage, et lepeignentd'un rouge ardent. Les femmes s'epilent toutle corps : elles aiment la parure, et recherchent surtout les chapelets, les mouchoirs rouges et les petits miroirs. Elles se peignent le corps des memes couleurs et de la mcme maniere que les hommes. Elles portent , de raeme que les hommes, des colliers de graines dures et noires, au centre desquelles sont placees des dents de singe ou de betes car- nassieres. Au-dessous du genou etau-dessus de la cheville, elles s'entourent les jambes de cordons d'ecorce pour les conserver fines. Pres des cotes , ces sauvages mangent leurs prisonniers; mais ils se nourrissent, aveo sensualite, de la chair des singes, dont les squelettes epars, ressemblant aux sque- lettes humains, ont dft contribuer beaucoup a les fairc redouter des Bresiliens , commc anlropophages. Ils sont aussi sobres quand la necessite les y contraint , que glou- tons lorsqu'ils peuventse livrer a leurs appetits desordon- nes. « Si le hasard leur amene un gros animal, tons y prennent part egalement, et en peu de terns une provi- sion considerable est consommee. On les a souvent vus, aprtjs s'etre surcharge I'estomac, se fouler mutuellement le ventre. 526 SCIENCES PHYSIQUES. « Un hommc a ordinaircmcnt autant dc fcmincs qa'il en peut nourrir : leur nombre se montc quclqucfois i\ douze.... Les niariages sc contractent saiis la moindrc ce- remonie ; le consentement des epoux ct cclui des parens sufiisent, mais ils se rompent avec la meme facilite. Unc femme peut, pendant I'absencc de son raari, frequenter un autre honame qui aura fait une chasse aboadante; cet abandon n'entraine pas pour elle de suites desagreables. Mais, si le mari, qui ne s'est point absente, rencontre un homme chez sa femme , il se venge ordinairement en I'ac- cablant de coups, ou en la couvrant de meurtrissures. L'un d'eux coupa une fois, a une de ses femmes, tout le tour dc I'oreillc et la saillie de la l^vre, produitepar la botoque ; les dents de cette malheureuse restferent ainsi i decouvert, et elle fut horriblement defiguree. Dans leurs moniens de loisir, les Botocoudys se diver- tissent a chanter et h plaisanter. C'est surtout ce qui arrive, apres une chasse et un combat heureux. La musique , chez eux , est encore au berceau. Le chant des hommes ressemble i\ un bruit inarticule qui monte et descend constamment sur trois ou quatre notes, et sort du creux de la poitrine. lis se mettent le bras gauche snr la tele, ou bien se bouchent les deux oreilles avec les doigts, surtout quand il se trouve des spectateurs autoitr d'eux, et ouvrent demesurement leur bouche defiguree par la botoque. Les femmes chantent moins haut et moins de- sagreablement, mais ne font entendre de ra&itie qu'un petit nombre de tons continuellement repetes. On dit que ces sauvagcs mettent quelquefois sur leurs airs des paroles qui se rapportent a leurs chasses ou a leurs guerres; mais tout ce qu'a entendu le prince Maximilien , ne lui a semble elre qu'un bourdonnement sans articulations. SCIENCES PHYSIQUES. 527 Ces pcuplcs, commc ecus de prcsquc toutc la tenc, out conserve la tradition d'ua grand deluge. Leur Noe est un vieillard blanc, appele Tamaudouari de Toupa, dont la pieuse famille scule, avertie par I'Etre supreme, grimpa sur des palmiers durant I'inondation qui fit perir le genre humain. Quand les eaux se furent ecoulees, cette famille descendit et peupla la terre. Au rcste, observe le judicieux voyageur, les idees religieuses des Botocoudys ne sont pas plus absurdes que celles des colons portugais de laclassc infev rieure; les uns et les autres ne connaissent de la religion que les ceremonies exterieures , defigurees par des mome- ries ridicules et des farces indecentes. A Ilheos, la fete de Saint-Sebastien est celebree au milieu de travestissemens, de combats de scenes theatrales , dans lesquels la vie de ce grand saint est representee. M. de Humboldt n'a-t- 11 pas vu, dans les Andes, des Indiens, masques et ornes de grelots, executer des danses sauvages autour de I'autel, tandis qu'un moine de Saint-Franpois elevait I'hostie? Ainsi , dans toutes les revolutions politiqucs de la terre, les pratiques des religions se sont melees et ont succede les unes aux autres , sans que jamais le veritable esprit religieux ait penetre dans la masse ignorante des peuples. Les ceremonies cedent aux ceremonies , et voila tout. Et comment les superstitions n'etabliraient-elles pas leur theatre dans les colonies portugaises, lorsqu'en Europe meme , au sein de la metropole, un jour la dispute s'etant echauEfee dans un convent de religieuses, sur la preeminence de saint Jean I'Evangeliste et de saint Jean- Baptiste,les religieuses evangelistes se saisirent de ce dernier, le depouillerent, le fouetterent , lui firent mille autres indignites impossibles a decrire, et I'enterrorent dans le jardin, en chantant et en dansant syr la fosse? Dcsormais, 528 SCIENCES PHYSIQUES. CCS scandalcuscs extravagances ne se icproduiront pas. De plus sages institutiqiis , des lois plus liberalcs etplusjustcs, en memetemsqu'elles ameliorent la condition des hommes, epureront le culte de la divinite. Lcs lumii'res, en se repandant sui* toutes les diverses parties de ce riche royaume, y deposeront des germes de morale et de prosperite ; ct , parmi les ouvrages qui auront contribue i dechirer a nos yeux les voiles dont il etait couvert, le voyage du prince Maximilien de Neuwied sera cite comme un des plus intiressans. Aignar, de V Institut. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. JIlSTOIRE DB l'aDM1NI8TBATI0N DES SECOBRS PUBLICS , par M. (c baron Dupin , (i). Parmi les sciences qui,depuis trente annees, ontfaittant de progres pour 1« bonheur de I'liumanite, il en est une qui comprend en quelque sortetoutes les autr«s, puisqu'elleles appelle i son aide, et leur fait partager ses Iravaux ; c'est la bienfaisance , etude pleine de charmes , occupation iemplie de combinaisons varices, de resultats curieux, mais qui ne produirait qu'une satisfaction passagere, si elle n'etait soumise k des regies fixes qui en font une ins- titution durable et une veritable profession: la bienfai- sance, consideree comme etude, a ses calculs ; comme branche d'administration , ses lois; comme jouissance du coeur , ses ecueils, qu'H faut etudier, qu'il faut connaitre , et que I'excellent ouvrage, dont nous allons rendre compte, explique parfaitement. Guide par lui, on ne peut s'ega- rer dans ses dons , se tromper dans sa confiance, et-, ce qui n'arrive que trop souvent, regretter ou interrompre ses bienfaits, par un sentiment meme de justice et de raison. L'ouvrage de M. Dupin se divise en trois parties. Dans la premiere, il etablit I'etat ancien des hopitaux, leur fondalion , les dons qu'ils reunissaient progressive- ment. On voit que I'esprit religieux fonda la plapart de ces etablissemens , depuis les princes de la premiere race jusqu'au regne de Louis-le-Gros. La bienfaisance , (i) Paris, 1%-ii. Un vol. in-8«. Alexis Ejtnery, libraire, rue Ma- carine , n" 3o. Prix , 6 (V. ToNK xu oA 530 SCIENCES MORALES comme la gcnerosite ot toiitcs Ics vertus , se Irouvait ab- sorbee par I'idee domiiiantc du terns. On fondait dcs ho- pitaux ou des couvens , non par hiimanitc ni memc par un sentiment veritable de piete, niais par peuf de I'enfer, pro remedio animce suce. Bientot, le regime municipal qui caracterisa Ics dou- zieme et treizi^me'siicles, vint perfectionner Ics institu- tions utiles ;et enfin, dans les derniers tems, I'esprit phi- losophique porta I'attention des peuples et le zele des hommes eclaires sur toutes les branches de I'administra- tion et de I'economie publique. Cependant, chaque ame- lioration demandait un long tems pour s'etablir; il I'allait user les obstacles qu'apportaient I'ignorance ou les preju- ges dans un pays ou Ton ne pouvait les rompre. C'est une chose curieuse a observer, dit I'auteur , que de voir d'a- bord les cahiers presentes aux etats d'Orleans par la no- blesse dissidente, etre adoptes par Louis XIV cent ans plus tard dans les edits sur la formation des hopitaux et des ate- liers dc charite ; puis, les projets des ministres de Louis XV, pour la deportation des mendians , ceux des ministres de Louis XVI sur I'amelioration des hopitaux , trouver place dans les decrets de la convention. C'est cependant Louis XIV qui donna I'idee de ces utiles changemens , et on doit lui en laisser la gloire. A son exemple, les grands sei- gneurs , dans leurs terres , les prelats, dans leurs dioceses, s'ingenierent i faire du bien ; et madame de 3Iontcspan , pleurant sur sa disgrace , cherchait encore a plaire au mo- narque , en fondant, pres de soU'chSteau d'Oiron , un hospice pour les enfans et^les^vieillards , et en preparant elle-meme Ic bouillon des pauvres. Bientot, Saint-Vincent de Paule encouragea^cette genereuse disposition parmi les gens riches. Les Baillon, Ics Faure ^ les Seguier , les Pr^i'ot J les La riochcfoucault , y consacreronl une partie Er POLITIQLIES. 531 de leur fortune, comme out fait depuis IVIIVI. Cochin, Necker^ Beaujon , et d'a litres homines recominandables. On comptait dans le rojaanie, avant la revohition , 740 hopitanx civils, et /So petits etabllssemens , de trois i quatre lits. Leur population lotaleetait, scion M. Necker, de 110,000 individus, dont 25, 000 malades , 4o, 000 en- fans et 4o,ooo vieillards, ou autres personnes presumees hors d'etat de gagner leur vie. lis avaient environ 3o mil- lions derevonus, consistant en biens-fonds, terres, mai- sons , rentes, en attributions sur les droits d'entree et oc- trois des villes, en secours d'argent formes par le tresor royal ou assignes sur diverses caisses ou etablissemens da mont-de-piete, etc. , etc. L'administration de ces fonds et la conduite de ces hij- pitaux varia, suivant le tems. Elle fut d'abord entre les mains des ecclesiastiques, sous I'autorite des eveques. Cependant, leur gestion ne repondant pas a ce que Ton en esperait, en 1012, le concile de Vienne examina' les abus qui s'y etaient introduits; il fut decide que le gouver- nement de ces maisons serait rcmis i deshommesprudens et de bonne reputation. Cette mesure n'ayant pas ote suf- flsante , Louis XII et Franfois I"'" penstjrent a etablir un ordre fixe. Les syndics des communautes furent introduits dans les conseils , avec des representans du clerge ct de la noblesse ; et, depuis cette epoque, l'administration ne cessa d'avoir un caractere social et communal qui seul lui con- vient : la revolution pensa cependant porter un coup fu- neste a ces institutions en mettant leurs biens en vente pour centraliser tout le service et le mettre aux frais de I'etat. Heureusement , cette mesure n'eut lieu que d'une mani^re imparfaite , et fut promptement revoquee. L'organisalion administrative des hopitaux repose cnrore sur la loi du 7 octobre 1796, qi\i couslitue des commis- 582 SCIElNCES MORALES sioiis de cinq nieinbros noininocs clans Ic principc par I'aJ- ministration niunicipalc et dcpartcmcntalc, ot dcpuis par les minislres, sur la presentation dcs profets. L'ordon- nancedu 6 levrier 1810 accordc celte nomination au prcfet seulemcnt. M. Dupin developpe toutes les lois et Ics droits de cette administration qui sont fort sages, et qui, a Tex- ception de quelques changemens, doiventetre conserves. La population actuelle des hopitaux et des hospices do France est d'environ 90,000 individus; savoir: 3o,ooo malades,35,ooo vieillards et inflrmes, 25,ooocnfans; dans i;e nombre, ne sont point conipris les vieillards en pension dqns leur t'amille, et les ent'ans nourris a la canipaguc. La. depensc est evaluee au taux nioyen de yo centimes la journee de malade, et 60 centimes celle des vieillards in- firmesetdes eni'ans;ce qui represente une depensc an- Quelle, pour tous les hopitaux, de ui a 26 millions. Nous^ avons vu que le revenu equivalait et surpassait nieme cette somme, qui s'augmente tous les jours par les legs nolnbreux qui sont fails a ces etablissemens. M. Dupin donne des details inleressans sur les cnl'ans trouves et la mendicite , deux parties importanles dcs se- cours publics. Avant la revolution, le nombre des enfaus trouves etait de A5,ooo ; il est maintenant d'environ 60,000, et leur depensc s'eleve a sept millions. On uc voit pas, sans eton- nement et sans tristesse , sur les registres de I'etat civil de Paris, que les enfans naturels sont plus du tiers des naissances. L'organisation des secours pour cette classe d'etres malheureux, a sans doute contribue beauooup a leur accroissemcnl; mais on ne peut regretter ces secours, lorsqu'on pense au traitement qu'eprouvaient ces malheu- reux enfans. lis etaient vcndus publiquement, sous le porlail do reglise do Saint-Landry, a dcs fcmmes malades ET POLITIQIJES. 533 f]iii cii avaicnt hcsoln pour fairc passer leiir lail, a dc* halelcurs, ;V des mcndians , ct, eoinmc Ic disent Ics mc- moires dii terns, a des niagicieiis : Ic prix courant elait dc viiigt sols. Aujoiird'hui, ces enfans sont gardes avec beau- coup dc soil! : les uns en nourrice, les autrcs a I'hospicc! jusqu'a I'age dc; douze ans. A cette epoque, ils sont places en apprentissage chez de bons fabricans, et unc grande partic parvient a une existence independante ct heu- reuse. Leur nombre est sans doute considerable; mais une institution excellente tend a le diminuer^ c'est la Societe lie charite mater nelie ^(\m, prevenant le malheur au lieu de se borner a le reparer, portc des secours aux femines' en couches J prend soin de leurs enfans nouveau-nes, et empeche que le desespoir, la hontc ou le besoin ne les leur fassent abandonncr. Les mcsures prises en France , et surtout a Paris , contre la mendicite, ne sont pas moin* actives, mais sont inoins efficaces ; et ce fleau ne peut s'adoucir que par I'accroissement du bien-etrc,de la pro- duction el du commerce inlerieur qui en est la suite. Les ctablissemens publics , les secours memc a domicile ne sont que des palliatifs. RLDupin rend un compte fort inlc- resssant des uns et des autres , depuis les premiers tems de la monarchic. II relate tous les edits de nos rois a ce sujct ; ct , pour consoler de I'extreme rigueur qu'on re- marque dans presque tous , il nous peint les heureux c'hangemens que la legislation modernc et I'esprit de bienfaisance ont portes dans cet abime dc miscres hu- maines. Outre les bureaux de bienfaisance, etablis dans touJes les communes, des distributions a domicile ?e foni presque partout aux frais des personnes charitables ; des inaisons dc socurs dc charite sont fondees dans beaucoup de lieux . ct. dans les villes un peu considerables, les ou- vriers formcnt cux-nu'mo? des association? de secours pour iH't SClENCIiS MORALES ks indivldus nmlheureux de kur profession. Paris coinplc environ quatrc-vingts dc ces soci6te8 parliculicres d'ou- vriers. On a fort bicn organise dans cctle ville tout ce qui eoncerne Ics secours publics. Outre les nombreux etabli- seincns pour I'education des enfans ct Ic soulagemcnt des maIades,on compte un bureau de eharite ct plusicur? dispensaires par arrondissement. La Societi philantropiqun distribue trois millions de sonpcs ; et il faut convcnir que ces secours sont bien urgens, quand on pen^ie que pres de 100,000 indigens sont inscrits sur les registres , et qu'environ le septii;me de la population est a la charge des autres habitans. C'est en melant ainsi le tableau des maux de rhumanitc a I'eloge des personnes charitables qui s'occupent a les adoucir, que M. Dupin encourage a I'etude, coininc a la pratique de la bienfaisance, et Ton pent dire que son ouvrage est lui-meine une bonne action , puisqu'il peut etre utile k I'exercicc dc bonnes oeuvres. Alexandre de Laborde , de I'Inslitut. iw\'^'W\'^ i\i\ VK.'wxy iwvt ANNUAinB niSTORIQCE I'NIVIiRSEI, pOH** 1 82O ; ■par C. L. Lesur (1). « L'annee don nous donnons I'histoire offre un spectacle memorable , varus casibus plenum , seditionibus discors , ipsd eticiinpace sa'vum. » C'est M. Lcsur qui s'exprinie ainsi, au commencement de sa preface; et,en effet, il est peu d'epoques plus dignes d'occupcr les meditations (i) Paris, i8ai. 1 vol in-S" de 824 pages. Chez Fantiti , rue c!e Seine, n"> 12. Treuttel et WOrtz, rue de Bourbon , n» 17 Delaun.ny, an Pal.tis-Boyal, galeiie dc hois. Prix, 10 (r. ET POLITIQDEtJ. 53S de I'historien. Les deux mondes appellcnt a la Ibis ses re- gards ; ct une seule passion semble agiter en mGme terns tons les peuples : I'amour de la liberie. Des rivages du Mexique jusqu'au pied des Andes, I'AmeriquCjfatiguee du jougdes conquerans, reclame des lois nouvelles; I'Espagne et le Portugal changent un gouvernement absolu contre un gouvernement representatif;deux peuples de la penin- sule italique veulent suivre cet exemple; des rois s'as- semblenten congres et se constituent les juges des peuples sur lesquels ils ne regnent pas; de sourdes agitations se font sentir dans plusieurs etats de rAllemagne ; I'un des princes de cette vaste contree entend la voix de ses sujets , et les admet a discuter avec lui la constitution a laquelle ils doivent desormais obeir; un peuple du Nord, iqui I'on a promis la liberte, voit ses deputes unanimes pour rejeter des institutions qui ne consacrent point ces promesses ; en Anglelerre, un malaise toujours croissant, et des besoins qu'on s'obstine a meconnaitre avec plus d'opinidtrete, k mesure qu'ils deviennent plus imperieux, se font nean- moins entendre avec energie, et le scandale d'une grande et imprudente accusation fournit aux passions du peuple ct aux clameurs de la politique un aliment nouveau; la France, cnfin , qui semblait n'avoir plus qu'A s'avancer paisiblement dans la route constitutionnellc qui lui elait ouverte, se voit tout-a-coup arretee dans sa marche par un horrible forfait qui, en frappant un prince du sang, la rcjette dans le regime exceptionnel dont elle venait a peine de s'affranchir, et , en changeant son sjsteme elec- toral, va peut-ctre changer ses destinees. Sansdoute, ce sera un vaste et imposant tableau que celui oii Ton va retracer des vicissitudes si interessantes et si varices. Mais que de difficultes il offre aux pinceaux du peinlre ! L'historieu qui ne vent decrirc que el 536 SCIliNChS MORALES passo, pcul cntiTr d'un pas cgal ot rciiiio ilaiis Its loiiifc qui nesontplus; impassible commo lee generations eieintcs qu'il evoquc devaut liii, il peiil rosier calme au milieu des passions, impartial au milieu des partis; son bras equi- table pcsera les hommes et les evenemens dans nne ba- lance que nc fait incliner le poids d'aucun sentiment per- sonnel. Le juste et I'injuste, I'innocencc et Ic crime auroul seuls le droit de remouvoir, et il les discernera d'un ceil sftr ; car jc suppose ii I'lilstorien iin esprit droit et unc ame vertucuse. Mais, avec ces qualiles meme . combien cette tache est plus epineuse pour I'ecrivain qui cntreprend le recit des evenemens contemporains ! Place au milieu de ragitationgcneraleetde tantd'interets divers,pourra-t-il seul rester froid au sein des passions flagrantes dont il est enyironne? Ce ne sont plus les affaires des morts dont il s'agit, ce sont ses propres affaires; ce sont celles d'une patrie qu'il aime , d'une terre que doivent habiter ses enfans; n'a-t-il pas des amities ou des aversions h satis- faire, un amour propre k menager, une fortune A matnte- nir? On dit impunement la yerite aux morts; il est trop sou\ent dangereux de la dire aux vivans. Croit-on, d'ail- leura, que la verite soit si facile a connaitre pour les con- temporains ? De combien d'illusions ne faut-il pas se garder; il est si facile de voir la justice oii Ton voit la victoire; il est si naturel, si utile de croire que la puissance a toujours raison ; la verite meme, chez ceux qui succombent, prend je ne sais quelle apparence d'erreur. Souvent aussi Ton est injuste avec les intentions les plus droites; on blame un fait blamable en li\i-meme, et Ton ne songe pas que ce fait a son excuse dans des causes qui I'ont rendu ne- cessaire, et que, pour etre equitable, il fallait signaler d'abord. On se fait un meritc d'etre severe envers les peu- ples , et Ton a raison ; mais on oublic qn'il est moius aise ET POLITIQUES. 537 ot rion uioins iililo d'ctie severe envers Icj princes et leurs ministrcs., Ces reflexi.ns sont generales, et nous n'entcnclons pas oa faire une application directe a I'ouvrage de M. Lesur; nous avons cru toutefois qu'il convenait de donner une idee do rextremc diificulle de son entreprisc, an moment oii nous aliens essayer de I'apprecier. L'-!^re«i<«jVeaeteIoue, presque sans restriction , dans plusieurs feuiiles estimees ; et la Rei^iie Encjclopedirjue elle-mfimc a rendu corapte des deux premiers volumes (i), avei; la bienveillance que meritait une entreprise utile, et qu'il convenait d'encou- rager. Aujourd'hui que son succfes est assure, nous n'ac- corderons rien k I'indulgence.Avertis par les elogesdonnes aux volumes precedens, et mSme A celui-ci , nous allons I'examiner avec soin ; et, si un examen attentif amenait quelqucs reflexions severes, nOus souhaitons que cctte sev^rite ne deplaise pas i I'auteur, et qu'il n'y voie qu'un temoignage de la reputation que son ouvrage s'est acquisc, et de I'importance qu'oa attache a ses travaux. Le talent avec lequel on a fait connaitre, dans ce Recueil, I'objet et le plan de VAntiuaire, nous dispense de revenir sur ce point (2) ; nous nous bornerons a I'examen rapide (1) T. IV, p. 286;T. VIII,p. 2> (a) Nous voiidrlons cependant conseiller i M. Lesur dc mcttre un peu plus de sevtiritu dans le choix des materiaux qui coniposent sa Chronique. Parmi les fails qu'il rerueille, il en est qui nous semblent tout-a-fait indignes de figurer dans un pareil ouvrage, et qui, destines^ It I'oubli dfes le Icndeniain du jour oii ils sont connus , peuvent servir tout au plus i amuser I'oisivete des lecteurs des feuiiles quotidiennes. Pious voudrions aussiun peu plusde justcsse danscertaines reflexions. Ainsi, loisqu'au sujel de I'opposition manifestec par Ic parterre du, Theatre - Franc^ais 6 I'augmentation du prlx des places , I'auteur. ajoute ; » Cclte luttc a balance, pendant une scmainc , rinlcrCt des 538 SCIENCES MOllALES tics priiicjjales rnaliuies conlenues dans ce volume, ctnous coiDiiicnf ons avcc M. Lesur par la session des chambres. Nous ne nous occuperons pas de la verification des pouvoirs, qui, cette annee, offrit une question que nous no voulons pas Iraiter ici, ni de la demande des douzitmes provisoires, abus periodique, dont nous scrons sans doute bientot de- barrasses ; mais nous dirons quelques mots des petitions presentees par environ vingt mille citdyenspourdemander le niainticn de la loi des elections. On sait que ces petitions furent ecartees, par I'ordre du jour, a une majorile de cinq voix; celte majorile. qui n'en cut. pas ete une dans un pays ou les priucipes parlementaires eussent ete mieux connus, qui eQt ete une minorite veritable, en Angleterre, oii les mi- nistres auraient eu la pudeur de ne pas compter leursvoix, prejugea , dans cctte circonstance , une grande question , celle du systeme electoral. Car, malgre tout ce qui fut dit, a cette occasion, sur I'abus des petitions , les partisans de I'ordre du jour avaient pour but de se menager un premier triomphe, gage d'un triomphe plus important, dans I'atta- que projetee contre la loi des elections. Personne, en effet, ne considera comme un argument serieux le reproche fait aux petitionnaires par un ministre, de donner au droit de petition une extension inconstitutionnelle , lorsqu'on se souvenait que, I'annee d'auparavant , des petitions , dont I'objet etait absolument le meme, avaient ete trouvees tres- constitutionnelles par les ministres qui redoutaient alors I'effet de la proposition de M. Barthelemy. Or, M. Lesur, qui, dans son Annuaire de 1819, ne dit nuUement qu'il ait querelles politiques ; » il fait une lemarque qui a le double lort d'etre inexacte et de jeter sur des eveneniens graves un air de ridicule , et sur le caractere national un vernis de legercte , dont le reproche, pour etre une vieille habitude , n'est pas nioins aujourd'hui une in- justice. ET rOLITIQllES 5% ite affrayc des petitions, partage, en 1820, I'effioi iles ini- nistres, et, sans donner son opinion sur I'inconstitutionna- Ijte de la demarche des peti tionnaires,ce qui etait cependant, nous le croyonS, la premiire question ;\ decider, il parle dii « danger qu'il y aurait eu pour la tranquillite publique , pour le gouvernement, et nieme pour la dynastie, de ceder a des petitions. » Cette assertion de i\l. Lesur semblera bien singulicre, si Ton fait attention aux evenemens dont il se sert pour I'appuyer, je veux dire, la vivacite des de- bats qui eurentlieu k Toccaslon de la nouvelleloi d'election et les troubles de juin; car, si Ton pcut etablir quelque rapprochement entre ces faits et les petitions, la conse- quence qui se presente a tout esprit juste, c'est que les faits n'auraient probablement pas existe, si les petitions eussent cte accueillies. D'ailleurs, quel est done ce singu- lier scrupule de ceder a des petitions? II s'agit bien , en inaliere de gouvernement, d'ecouter la susceptibilite d'un vain amour-propre : examinez si c'est le vceu de la raison qui parle dans les petitions; et si vous repondez affinna- tivement, il faut bien les admeltre. Car c'est un devoir sacr6 d'ecouter la raison, quelque soit I'organe dont elle se sert pour se faire entendre. Avant d'arriver a I'affaire cnpitale de cette session , le changement du systeme electoral , M. Lesur a dO rappeler la discussion des loisd'exceplion, presentees aux chambres, deux jours apres I'horrible attentat qui enleva i la cou- ronne I'un de ses plus proches heritiers. Peut-etre eOt-il ete digne d'un historien et d'un publiciste de laisscr en- trevoir sa pensce sur desraesures si graves, et qui rejetaient la France sous un regime dont elle avail eu tant de peine i\ se debarrasser. On lit pour s'eclairer, et les gens senses n'tipprecient un livre qu'autant qu'ils y ont puisc quclqucs lumieref . Nous n'arons rien Irouvc qui appartint a M. Le- .)A0 SCIEiNCES MORALES sur, (laiis riiiialyse dc la discussion conccrnaiU lL dit que tout le monde devii'nt fou, totus mundus dellrat ;■ en Prusse, oii nous voyons qu'un edit accorde aux seigneurs, entre autres pripiUges : « I'exemption du service et du logement mili- taires, des taxes personnelles, du droit de timbre et de I'impot foncier sur leurs domaines seigneuriaux, en sorte qu'ils nesoientastreints quVa^r impositions indirectes.n Et, laissant derriere nous diverses autres contrees de I'Alle- magnc, nous noushuteronsd'arriver an pays de Hesse- Dar- mstadt, qui offre, cette annee, un spectacle digne de toute I'attention des publicistes. On voit le prince presenter a ses sujels une constitution, dent les dispositions impar- faites ne s'accordent ni avec les lumiferes du siecle, ni avec les besoins du peuple; une chambre de deputes refuser hautement d'accepter un pareil acte , et, apris une lutte , oii la fermete des mandataires du peuple ne saurait etre trop louee , le prince , revenant a des conseils plus sages, donner une declaration, oi'i L'on trouve ces paroles remur- TOMK XII. o5 5A6 SCIENCES MOUALES quables : <» Les clats-gencraux sont invites , au nom de S. A. 11. , a s'occuper, le plus tCt possible, et avant toute nouvelle deliberation, d'un projet de constitution, qui sera soumis au grand- due, afin d'accelerer le moment heureux qui , en assurant a ce peuple loutes les garantics constitutionnelles, laisse au souverain, desormais le chef, ct non le dominateur de TEtat, la douce conviction d'avoir un plus grand pouvoir sur le ccenr de ses sujets. » En con- sequence, aprfes des travaux communs, la nouvelle cons- titution fut arretee d'un consentement unanime... Le jour de sa publication fut un jour de fete pour tons les habitans du grand-duche ; elle flt sensation en Allemagne par des motifs divers. Ce petit peuple merite d'etre offert en exemple au monde, et Ton ne saurait donner trop d'eloges i\ la noble franchise de ces deputes qui ne craignent pas de dire la verite, et a la haute raison de ce prince qui ne craint pas de I'entendre. La Pologne ^tait moins heureuse ; elle avait bien une constitution; mais les lois secondaires, destinees a mettre en jeu la loi principale , ne semblaient pas remplir le voeu des citoyens. Un projet de code de procedure criminelle fut propose ; il subit de graves reproches : I'institution du jury etait refusee k la Pologne. Cette loi nouvelle etait une infraction k I'article de la constitution, en vertu duquel un citoyen, qui n'est encore convaincu d'aucun delit, ne pent etre arrete ; il n'existait pas de garantie reelle de la liberte individuelle ; la legislation polonaise ne contenait aucune disposition relative i la liberte de la presse, aban- donnee au dcspotisme de la censure. Ces reproches etaient graves, et la loi fut rcjetee i une majorite de 120 voix contrc 3, « majorite qui n'etonne pas moins, dit M. Lesur, que la chiileur des discussions. » Et d'oii vient done cet ^tonnement ? ne connait-on pas le palriotismc des Polo- ET POLITIQUES. 5A7 nais ? Et qui pourrait soiitenir que des lois oOi manquent les garanties qu'on vient d'enoncer, soient dignos d'etre ac- ceptees par des peuples libres ? L'auteur de V Annuaire a tort de voir, dans cette opposition legale, un esprit d'hostilite contre le gouvernement, puisque cette meme assemblee, qui rejette une mauvaise loi, vote les impots « presque sans opposition. » Ce sont les propres paroles de M. Lesur, ce qui ne I'empeche pas de dire que « I'opi- nion publique semblait se deteriorer de jour en jour, soit par la tendance naturelle des esprits lances dans la route des innovatiofis J soit, comme on osaitle dire hautement^ parce que la constitution n'etait pas executee dans I'esprit genereux qui I'avait dictee. » Certes, apres les faits que nous venons de rappeler, il y a une elrange distraction a poser cette alternative; car, des deux suppositions, la pre- miere n'est probablement venue dans I'esprit de personne. Nous remarquons aussi qu'il est assez curioux de voir un publiciste taxer A^ in novations, chez un peuple que Ton dit libre, la demande du jury, de la liberte individuelle et de la liberte de la presse. Un fait digne d'etre recueilli par I'histoire , c'est que, pendant que ces choses se passaient en Pologne , plusieurs provinces de I'empire rus^e rece- vaient avec enthousiasme I'ukase qui proclamait leur affranchissement. Le proces de Thistlewood et celui de la reine occupent cette annee presque toute I'histoire d'Angleterre : cette derniere procedure, qui a si vivement pique la curiositc du moment, mais qui enfin s'est trouvee sans resultat poli- tique de quelque importance, a perdu presque tout son interet devant ces grands evenemens qui ont rempli le midi del'Europe. On sent bien qu'ici tons les details nous 6ont interdits, et que nous devons nous borner a indiquer seulcment I'espril do I'ouvrage que nous examinons. II 3&; 5A8 SCIEISCES MORALES n'csl point favorable aiix oliangemens qui sc sont ojieres dans les deux peninsules; ct lorsquc I'auteur en cherche les motifs, il ne nous semble pas fort habile ni fort heu- reux i\ les decouvrir. Ainsi, par excmple, il nous dit quo « la veritable cause de la revolution de Naples elait sur- tout Ic desir si generalement repandu d'avoir une cons- titution nouvelle. » Et o'est une; verite incontestable, mais qui inalheureusement -ne nous explique rien; car il. nous resle encore i\ demander a M. Lesur quelle ^tail la cause de ce desir si general ; et bien cerlainement il y en avail une. II est une verite dont il faut bien convenir, parco que ce n'est point une opinion, mais un fait : quand un peuple est agite par quelque idee dominante, quand celte idee, filtrant , pour ainsi dire, dans toutes les classes de la societe, se repand comme une s^ve active ct vi- goureuse, il faut bien reconnailre que d'autres tems ont amene d'autres besoins, et qu'il est deji trop tard pour comprimer cette surabondance de forces, dangereuse, si vous vous obstinez A en arreter le developpement, salu- taire et profitable, si vous la dirigez avec habilete et dans ie noble but de I'utilite publique. C'est le premier devoir des hommes charges de conduire les peoples, que de pressentir ces besoins , d'en reconnaitre les symptomes et de trouver les moyens d'y satisfaire , avant qu'ils se soient imperieusemcnt declares. Ce devoir est difficile , sans doute, mais indispensable. Quel triste sujet de reflexions, quand on pense que si, depuis quarante ans, lehasard de la naissance eQt place sur le trone dix ou douze hommes capables de remplir ce devoir dans toute son etenduc , si seulement des hommes d'etat, dignes de ce nom, euST sent paru dans les conseils intimes.des princes, d'innom- brables malheurs eussent ete epargnes au monde! Un sif-cle fut oii la monarchie absolue elait la destinee des liT POLITIQCES. 5A9 pcLiplcs; los peuples fmcnl obliges de la subir; clle t:lait dans I'esprit du terns. Uii autre esprit rtgne aujourd'hui, c'est le siecle des gouvernemens represenlatifs; il y a ne- cessite de s'en accommoder. Sans doute, I'etablissement d'une loi tbndamentale par la force militaire est une chose I'Scheuse, I'exeuiple en peut etre funeste, et malheur k qui en ferait un principe de politique ! Mais si, en condain- nant le principe, on examine froidement les resultats et les motifs; si Ton fait avec equite la part des hommcs et des choses, dans ces memorables revolutions , nous croyons que ce ne sera ni la leg^rete des peuples, ni I'esprit sedi- tieux des soldats qu'il faudra d'abord accuser. Nous esperions trouvcr quelques reflexions de ce genre dans V^nnua ire; nous avons ete trompesdans notreattente. Les peuples y sont juges avec une grande severite , les gouvernemens avec beaucoup d'indulgence; et nous croyons pouvoir donner en deux mots une idee juste du livre de M. Lesur : c'est un resume assez bien redige de gazettes censurees. Trop souvent I«s faits sont dissimules ou mal eclaircis , et les reflexions sont faites sans liberie , sans exactitude , sans profondeur. Est - ce done li ce que de- vrait etre un ouvrage tel que celui-ci ? II nous semblait que I'auteur etait appele a des fonclions plus relevees et plus utiles ; lui-meme ne I'ignore pas : « Si nous ne faisons pas encore de I'histoire, dit-il dans sa preface, nous en reunissons tons les documens , nous en sommes les rapporteurs; ce rapport doit etre exact, impartial et complet. »Eh quoi! M. Lesur penserait-il que le rapporteur des grands debats de I'histoire ne doit point avoir son opinion, ou plulot qu'il est condamne , comnie certains fonctionnaires , a une deference absolue pour le langage flu pouvoir ? rroiruit-il conipromettre ?a bonne foi , en defendant ouvertement lej juftej maxime? de 1» liherte ? hbQ SCIENCIIS iMORALJtS El rOLITlQU£S. Sbn ouvrage, dit-il, n'a pas ete compose en vue de scrvir ou de flatter des interets et des passions de parti , ct c'est fort bien sans doute ; mais , si I'esprit de parti est, dans touslesteins, indigne d'un honnC-te honinie et d'un icrivain de conscience , il est anssi des epoques oOi il faut etre d'«/i parli , si Ton ne vent ahjurer le tilre de citoycn. Lorsqu'un etat est partage entre de vieilles doctrines et des niaximes nouvelies ; quand on voit d'un cole I'aristo- cratie et le pouvoir absolu , de Tautre le grand nombrc et le pouvoir initige ; ici, une loi fondamentalc dont on croitnecessaire de plier I'esprit auxexigeances dc certaines opinions; la, cette meme loi invoquee dans toute sa purete, nc faut-il pas convenir que la raison est d'un cote ou de I'autre ? La raison , comme la verite, est une et invariable. Qui croira jamais la trouver dans un milieu qui varie, chaque annee ? Or, il est du devoir de tout homme de sens de se ranger du cote de la raison, comme il est du devoir de tout historien de reconnaitre les besoins de son siecle, d'en distinguer le veritable esprit et de rappeler aux puissans que la justice et la veritable sagesse consistent a s'y conformer. Qu'est-ce autre chose, d'ailleurs , que decedera une insurmontablenecessite? Car, si Ton etouffe un jour les plaintes ou les voeux raisonnables et legitimes d'un peuple , ils eclateront le lendemain avec plus de vio- lence ; on pent retarder quelques instans la marche de I'esprit humain , il n'est pas d'eflbrts capablesde I'arreter. M. AVENEL. LITTERATURE. OEuVRES COMPLETES DF. MADAME DE St Alkh, pubUcCS pai' son fits ( I ) . De la Litt^rature, consicUr6e dans ses rappovls avee les institutions soctales . — De l'Allemagne. SECOND ARTICLE. {Koyez, ci-dessus, Tom. XI, pag, 5io. ) Les ecrits dans lesquels madame de StaiJl met les pas- sions en jeu , ou recherche quelle est leur influence sur Ic bonheur, ont ete I'objet de mon premier article. Celui-ci sera consacre a I'examen des theories et des jugemens litteraires de cette femme celebre. Madame de Stael comprend, dans sa vaste revue des plus belles productions del'esprit humain, depuis Homere jusqu'A nos jours, les ouvrages d'imagination et les ecrits philosophiques. Les bornes qui me sont prescrites ne sau- raient comporter un aperfu, meme incomplet, de ces immenses ricliesses du raonde intellectuel. Dans ses Considirations sur la litt^rature , Tauteur s'est propose la demonstration d'une grande verite" philoso- phiquc : la perfectibilite de I'espece humaine. Beaucoup d'ecrivains ont nie cette perfectibilite , moins par Qonvic- tion que par systeme. En expliquant sa pensee, madame de Stael impose silence i ceux qui feignaient de I'avoir iiial comprise ; elle n'a pas pretendu dire que les modernes ont une puissance d'esprit plus grande que les anciens , mais seulement que la masse des idees, en tout genre, fi) Paris, 1830 et 1S21. 17 vol. in 8", chei Treuttel et Wurtz,riie de Bourbon, n" 17. Prix, 6 it. le volume. 552 LIlTElVAriiU;. s'aiignieiito avcc Ics sioclcs. Sans doulc , Ics ails iic fiont pas sitscepliblcs d'liiit; pcircctihilite indLfiiiie ; iiiais qui pent prevoir Ic terme oCi s'airclciont la leiisee et los pro- gres successil's de la civilisation ? La philosophic dcs Grecs cstau-dessou^' de coilf dcsilo- mains, leurs imitaleurs, et la philosophic moderne a, sur celle dcs Roniains, la snpcriorilc que deux mille aiis dc meditations de plus doivent assurer an gcnic de Thoinme. Les scntimcns jeuncs ct forts dcs premiers peiiples ci- vilises, I'energie, Tenlhousiasme pour tout ce qui a de I'cclat, le goflt simple et pur dcs beaux-arts distingueroul toujours les Grecs des peuples qui les ont suivis; mais Icurs raisounemens, en philosophic, pcuvent i peine 8lre con- sidcres comme I'echafaudage de Tedifice eleve d'age en age a la raison humaine. La methode , que madamc de Staijl nomme Vari de reaumer ^ manquait aux philosophc? de la Grece. Aristote le premier, ou plutot le scul, a mis Vesprit d^obserpation a la place de Vef.piii de cysteine : il recherche avec une grandc sagacite les causes des revo- lutions el les principcs des gouvernemens. Lesevenemens contemporains et rexemple des repuhliqiies de la Greee lui avaicnt fourni la plupart dc scs idees. Si le regime republiciain n'avait pas cesse quelques siecles apres lui, madamedc S';ael peiise que les modernes seraient aussisu- pericurs a Aristote, dans la politique, qu'ils le sontdansic? autres sciences philosophiqucs. Dans les arts el dans la litteralure, qui lient phis a riiiKigination qu'au raisonncment, Ics progres de Tesprit huniain sont luoins sensibics. La pocsie epique et Ijriqiie , la tragcdie, la comedie, I'cloqiience , I'liistoire, nees sous le bei'.ii ciel de la Grccc, s'y sonl rapidement elevees a une Jiaiiteur que n'ont pu surpasser encore les autcurs mo- dernes. Honieic e*t resle Ic prince de Tepopec; Tiiidare a LriTEnATHRE. 553 «;u des iinilatcurs, ot point de rivaiix. Si, dans la comodic, Molierc et les bons auteiirs franoais ont une superiorite qui nous semble incontestable, il n'cn est peut-Ctre j'as ainsi dans la tragcdie ; des hommes d'une vaste littera- ture et d'un jugement sain hesitent a prononcer entro Euripidc et Racine, cntre Sophocle et Cornciile : ['inven- tion de la fable dramatique appartient aux auJeurs giecs ; les situations les plus touchantes de nos plus belles pieces sont tireej de ces auteurs. Les caracttres tragiques de I'amour materncl, de la tendrcsse fiiiale, du devouement de I'amitie, ont tons une analogic plus ou moins grandc avec les sentimens de Clytemnestre, d'Antigone, d'Oresle et de Pylade , parce que les poetes grecs ont peint les pre- miers ces affections dominanles, dont les principaux traits sont toujours les memes. II existe , dans la nature morale, comme dans la luiniere du soleil , ditmadauie de Stael, un certain nonibre de rayons qui produisent des couleurs tran- chantes ou distincles : on peut varier ces couleurs par leur melange, mais on ne peut en creer une enlierement nouvelle- Les senlcs comedies grecques que nous connaission6,ce)les d'Aristophane , sont des satires politiques, a la fois violentes et grossit;res, d'une invention bizarre ou commune, et dont quelques plaisanteries populaires formenl tout le comique. Nulle verlte dans les situations, nul developpement de carac- lere , aucune de ces peinlures de moeurs et de ridicules qui interesscnt I'liomme de tous les pays et de tous les tems. Menandre avail sur Aristopbane I'avantage d'un sitcle, et il parait qu'il avail fail faire a la comedie quelques progres dans la decence tbefltrale. Mais la simplicite st Tantee de ses plans ne pourrail-elle pas elre plus justement atlribuee a I'indigencc de son imagination qu'a la delica- tcsse de son goCil? Terence, imitateur, et souvent simple tradiiclciir de Menandre , n quelqucfois rcuni deux piecc*^ hU LlTTllUATLKL. dc I'aulcur groc clans ime des sieniies, el cependant ma- dame Dacier avouc qu'il est encore inferieur a Plaute pour Ic noeud de I'intriguc et la vivacite de Taction theStrale. Cette comedie, toute d'imitation, n'avait presque aucun rapport avec les inoeurs des Iloniains, et ne tenait que par la poesie a la litterature latine : il en est a peu prts ainsi de la tragedie. L'expression de la douleur morale ou phy- sique etant, aux yeux des Aomains, une marque de faiblesse, excitait en eux le mepris, sans faire naitre la pitie : il n'y a rien dans une telle disposition qui puisse fournir aux developpemens de la tragedie. D'ailleurs, les Romains , accoutumes, par le spectacle des gladiateurs, aux souf- I'rances reelles et li la mort veritable , devaient etre diffi- cilement emus par des Actions qui n'en etaient que I'imita- tion imparfaite. Aussi, les vit-on souvent interrompre les representations theatrales pour demander i grands cris des gladiateurs. La litterature latine a commence par des ouv rages de philosophie. L'art d'ecrire ne s'etant developpe chei les Romains que long-tems apr^s l'art de conquerir et de gou- verner, I'utilite fut le principe de leur litterature. Les opinions philosophiques qu'ils adoptercnt, se trouvent dans les livresgrecs; mais, depuis long-tems, ils les avaicnt inises en pratique dans la conduite des affaires publiqucs et dans leur vie privee. C'est ce qui rcndit leurs ecrivains si superieurs aux auteurs grecs, dans I'aualyse de tout ce qui tient i la morale et a la legislation. Aucun ouvrage grec n'est comparable , pour I'ordre, I'ensemble et la clarte, au code des devoirs, presente par Ciceron.Tout ce qui peut ajouter a la dignite de I'homme etait I'objet de I'etude philosophiquc des Romains. L'histoire de Salluste, les Ictlrcs de Brutus, les ouvragcs de Ciceron rappellent , flit madainc dc ijtairl . des souvenii> tout pui>.>-an!: sur la LlTTEJiATLllE. 555 pciisoo ; vous senlez la force de I'ame a travers les beautes du style; vous voyez I'liomme dans I'ecrivain, la nation dans eel homme, et I'univers aux pieds de cette nation. Les premiers historiens latins, Titc-Live, Salliiste,Florus, Cornelius Nepos ont eu , comme les historiens grecs , I'avantage d'avoir a representer les grands evenemens et les grands hommes que produit la liberte au sein des re- publiques : des siecles de monarchic despolique ou de guerres feodales n'inspirent pas , dit madame de Stael , .autant d'interut que I'histoire d'une seule ville libre. Si Tacite a surpasse Suetone, Ammien Marcellin, Velleius Paterculus , c'est parce que I'indignation republicalne vivait dans son ame, et que, ne regardant pas le gouvernement des empereurs comme legal, n'ayant besoin de I'autorisa- tion d'aucun pouvoir pour publier ses livres, son esprit n'italt point sujet aux prejuges qui ont asservi la plupart des historiens modernes. Les moeurs, les habitudes, les connaissances philoso- phiques, les succts militaires des Grecs ne paraissent a madame de Stael qu'une semence que les vents devaient emporter dans tons les lieux de la terre; et ces peuples , tout etonnans qu'ils sont, lui laissent peu de regrets : clle a'eprouve point, en les voyant disparaitre de I'histoire , la meme douleur que lui inspire la perte du nom et du ca- racttire des Romains. A son avis, les Grecs devaient donner rimpulsion a la litterature et aux beaux -arts; uiais les Romains ont fait porter au monde I'empreinte de leur genie. Jusqu'ici , en exposant les opinions de madame de Staiil sur la litterature grecque et sur la litterature latine, j'ai plulut reuipli les Ibnctions d'historien que celle de critique. Cependaut, je suis loiu d'adopter loujuurs ses opinions sur les aiitiHUs errrs p.t roniaine.Cts ecrivain? ue me ?cmMenl >">•' UTTliKATURli. dcpourvus ni do rtlloxion, ni de philosophic, iii dc celtc sen.sibilile profonde que madame de Stael a tant celebice sous le nom de melaiicolie. Virgile est un poete csscntlel- lemcnt scnlimental. Les modcrnes n'ont rien ccrit de phis touchimt que les confidences et les prieics de Didon a sa soeur,les plaintes de la mere d'Euryale , les tristcs pres* seiitimens d'f^vandre an moment oii il va so sepafer de son fils. Quel tableau que cclui des femmes troyennes, versant des larmes , en conlemplant, du rivage sicilien, la prolbndeur des mors et I'immense elendue de rhorizon ! Les poemes de Virgile sont pleins de ces doulourcuses peinf ures des deslinees humaines ; I'emotion qu'elles font eprouver est d'autant plus vive, qUe, presque toujours , il en accroit I'effet par la sensibilite de I'expression , ou par des reflexions melancoliques sur la brie vote de la\ieet sur les peines dont elie est seniee. Le chanlre des heros et des actions guerriers, Hoinfcre lui-meme s'eloigne quelquefois des champs du carnage; sa muse ne fait pas toujours retcntir les crisdes combattims et le tumulte desarmes; elle s'attendrit aux adieux d'Hector et d'Andromaque, et prete de touchantes expressions au vienx Priam embrassant les genoux de rimpiloyable Achille, pour obtenir le corps meurtri de son cher Hector. Si , dans ProTnHhee encJiauie , Eschyle presente seulement les combats de I'ame aux prises avec la donleur physique, c'csl conlre les remords ou la douleur morale qu'Oreslc se debat dans les Eumenides. La blossure de Philoclotc inspire de la pitie ; mais, ce qui intercsse , ce qui cause uno vive emotion , ce sont les regrets qu'il donne a la patrie absente ; les transports qu'il fait eclatcr, en reconnaissant rhabillement et le langage des Grecs. '" Le jugeinent que madame dc Stael porte s^itr les bistn- rieiis grccs et romains. mc parait cgalemcnl ha^urdc. LITTKRATDRE. 557 Quoi qu'clle en dise, Heroilote , Thucydide , Xcnophon s'arretent quelquefois pour considerer les evenemens, pour en indiquer Torigine et les consequences , pour porter sur les hoinmes et sur les choses cc qu'elle appelle des Jui^emens de reflexion. Dans ie premier livre de la guerre du Pelo- ponese, Thucydide, en trapant le tableau de la Grece , in- dique quelles furent les causes des frequens changemons auxqucis la Thessalie et la Beotie etaient exposees ; et d'ou vient qu'Ath^nes, moins sujette aux revolutions, fut plus celfjbre par ses grands hommes et ses colonies que par sea ricbesses ? Ces observations , et un grand nombre d'autres, qu'on trouve dans les historiens grecs et latins, prouvent, ce me semble, qu'ils etaient non seulement narrateurs, mais en- core penseurs et philosophes. On est tout elonne de voir madame de Staiil refuser aux Grecs la premitjre vertu des hommes libres, lu patHutisme ; ils defendent leur patrie , dit-elle, mais pour la gouverner. Eh! quel autre sentiment que Ie patriotisme animait les guerriers de Marathon et de Salamine? Quel gouvernement se promettaient les trois cents Spartiales qui firent le genereux sacrifice de leur vie aux Thermopyles ? Passant^ va dire a Lacedemone que nous fsommes marts ici pour obeird ses saintes lots. Si ce langage , si ce devouement n'est pas celui qu'inspire le pur amour de la patrie , qu'est-ce done que le palriotisnie? Madame de Stael loue les Romains d'avoir fait porter au monde I'empreinte de leur genie. Mais ne lui ont-ils pas aussi fait porter I'empreinte de la servitude? Avant les Romains, les peuples de I'Angleterre, dc la Gaulc, de la Germanic, de I'Espagne, de la Grece, de I'ltalie etaient independans, et jouissaient de la liberie. Tons furent courbes sous le joug de ces Romains qui , semblables aux Anglais de nos jours , no voulaient de la liberie que pour 358 LITTKRATURE. eux el chci eux. Apres avoir opprimc et dopouilK' If; monde, ils y port^rent la moUesse et la corriiplion ; de maitres durs et avares , ils devinrent des esclaves lAches etprodigues; et, livrant i un seul homme Ics deslinees du genre humain, ils fonderent la plus effroyable (yrannifi qui ait jamais deshonore les hommes et desole la terre. Les Grecs furent rarement offensifs; toujours les Remains furent oppresseurs, meme aux siecles de la republique. Les lumiferes de laGrece, generalemcnt repandues, brillcnf aujourd'hui sur toute la terre; trente nations traincnt en- core les fers qu'elles recurent de ces Romains trop ad- mires. C'estaux Italiens quemadame de Stael attribuela renais- sance des lettres. Ils ont, dit-elle , fraye les premiers pas dans lacarriere oii I'esprit humain a fait depuis des progrcs si importans; mais ils ont ete condanines a ne pas avancer dans la route qu'ils avaient ouverte. L'un des caracteres des poetes italiens est I'art de faire naitre la plaisanterie du serieux. Ils aiment a reunir la gravite des formes a la legeretedessentimens. C'est un genre national dontTArioste est le plus charinant modele. Les comedies italiennes ont beaucoup dc cette gaite bouffonne qui tient i I'exageration des ridicules; mais on n'y trouve pas la peinture des vices du cceur humain : c'est plutot la caricature que le tableau reel de la vie. Malgre le charme de Metastase et I'energie d'Alfieri, madame de Stael ne pense pas que les Italiens aient pousse tres-loin I'art dramatique dans leurs tragedies. La vengeance est la passion qu'ils peignent le mieux , parce que , de toutes les impressions, le ressentiment d'ane injure est celle qui s'enfonce le plus profondement dans leur ame; mais leur sensibilito n'est pas serieuse , leur grandeur n'est pas im- posante. LlTTERATLiRE. 5f»9 Tout parle d'amour dans les poesies italienncs ; et eependant, ce qu'on y trouve le plus rarcuient, c'est de la sensibilite. L'affectalion et la recherche d'esprit y out ete introduites, des I'origine. Les sonnets de Petrarquc, VAminie du Tasse , le Pastor fido de Guarini sont pleins de concetti; la Jerusalemet la Dh'ina comedia elles-memes n'en sont pas exennptes. Au jugement de madame de Stael, les ecrivains en prose ne sont, pour la plupart, ni moralistes ni philosophes ; le Prince de Machiavel , et surtout les Reflexions sur Tite-Lii-'e , lui semblent n'avoir aucun rapport avecle caractere general de la litterature italiennc; ce sont des ouvrages qui appartiennent tout entiers au genie de I'auteur. A I'exception des ecrits de Becccfi-ia , dePilangieri, d'un petit nombre d'autres auteurs, madanne de Stael ne trouve, dans les livres des Italiens, aucun but d'utilite. Si la litterature de cette nation lui eQt ete mieux connue, elle eOt pent - Ctre beaucoup modifie ce juge- ment. Aucune contree, sans en excepter I'Angletcrre, n'a produit un plus grand nombre d'ouvrages sur la science du gouyernement , sur la jurisprudence , sur les finances , et I'administration, que I'ltalie. Les ecrits de presque tons les historiens, et surtout de Paruta et Cfiannone, de Bo- tero, de Gravina , de Vico, de Stellini, de Genovesi, de Palmieri , de Verri, de Briganti , de Filangieri , de Galantt, de llomagnosi, de Delfico, etc., embrassent toutes les ques- tions morales, philosophiques et politiques , qui ont ete traitees par les plus illustres ecrivains des autres nations. L'honneur chevaleresque et le culte des femmes , chez les Espagnols, la magnificence et la grandeur orientales, chez les Maures, devaient , par la reunion de ces deux peuples, donner a la litterature espagnole un caractere plus eleve quecelui de la litterature italienne. Mais, dit madame de Slai»l , le pouvoir royal, appnyant la superstition, etouffa 560 LITTliUATLRE. cnEspagne les germes heureuxde tons les genres de gloire. Le dcspotismc et I'inquisilion ne laisscicnt A la pensee aucun nioycn d'ecliappcr au joug. A peine pcut-on juger, "par quclques essais iinpartaits, ce qu'aurait pu etre la litteraliue espagnole, aveo descirconstances plus favorables. II y a , dans les comedies de Caldeion ct de Lope de Vega, tine peinture del'amour sans fadeur etdessentimens eleves dont la verite n'est pas toujours defiguree par I'enflure du style; le po^me du Camoens , dont I'espritest le meme que les ouvragAS ccrits en espagnol, renferme une fiction d'une grande beaute , I'apparition du fantome qui defend I'entree de la mer des Indes ; mais le celebre roman de Michel Cervantes n'est qu'une critique ingenieusede inoeurs tjui n'existent plus, et le silence que garde niadame de Staiil sur Mariana et sur Sepulveda semble prouver qu'elle n'appreciait pas ;\ leur juste valeur ces deux ccrivains. Cependant, si les historiens espagnols sont depourvus de philosophic, ils ne manquent ni d'erudition, ni de fidelite, du moins dans le recit des evenemens. On re- marque, dans les ecrits des peres Feijoo el Isla, et sur- tout dans les romans philosophiques et politiques du ptre Montengon, une sorte d'independance assez couragcuse pour des hommes revetus de I'habit ecclesiastique et pla- ces sous la main de I'inquisition. Les chefs-d'oeuvre de la lilterature franpaise sont ap- precies et classes; pour en dire quelque chose de nouveau, madame de Stael, elle-meme, est venue trop tard. Elle Toit, dans la litterature du siecle de Louis XIV, les ins- pirations de I'imagination , mais non pas une puissance philosophique. L'analyse des principes du gouvernement, I'examen des dogmes religieux , tout ce qui pouvait con- duire a un resultat applicable, fut, dit ellc^ totalement interdit aux auteurs de ce siecle. Le contraire me semble LITTERATURE. 561 prouve par les edits de Fenelon, tie Lamolte Levayer, de Pascal, de Corneille, de Molifere, de Lafontaine, et meine par ceux do Boileau. Le satirique prete a la raison I'arme du ridicule, pour attaquer le prejuge de la naissance ; Lafontaine montre , sous dcs voiles transparens, tout ce que le despotisme et I'arbitraire ont d'odieux : il jette meme son masque de fabuliste et se montre i visage decouvert , lorsqu'il peint la cour et les courtisans. Moliere, dans le Tartujfe i Pascal, dans les Provinciales , ont livre I'hypo- crisie i la rlsee de leur siecle. II rae semble qu'il ne faut pas un grand effort d'attention pour decouvrir, dans les seines de Corneille et dans les catastrophes tragiques de ses pieces, une pensee profondement philosophique et un autre but que I'effet theatral. Jamais la tyrannic n'a ete representee sous dcs formes plus bideuses; jamais les vertus et le bonheur des peuples libres n'ont ete peints sous de plus riantes couleurs que dans le TeUmaque. Bossuet lui-meme , au nom de la mort , osa parler d'egalitc aux princes et aux rois de la terre. Sans doute, il y a plus d'independance philosophique dans les ouvragcs de Voltaire, de Montesquieu, de Rousseau, de Raynal et des autres ecrivains du xviii' siecle , que dans ceux de Tuge precedent, par la raison qu'en toutes choses, les hommes qui achevent vont plus loin que ceux qui com- mencent. Mais , a I'entree de toutes les routes que I'esprit bumain a parcourues en France , on retrouve toujours quelques-uns de ces grands genies du xvii'^ siecle, qui ont i jamais fonde notre gloire litteraire. Une omission assez remarquable dans un ouvrage con- sacrealalitterature, c'est celle du nom de Pierre Corneille, dans le livre de madame de Stael. Je ne rechercherai point la cause de celte omission, qui rappcUe ce que dit Tacite Tome xii. c^ 562 LITTERATURE. des images de Cassius et dc Brutus. Proefulgehant en ipso , quod effigies eorum non visebantur. La melancolie , ce sentiment que madame dc Stael •ffectionne , qu'elle juge le plus fecond en ouvrages de gcoie, lui setnble appartenir presque exclusivement aux climals septentrionaux. Aussi, n'hesite-t-elle pas i declarer que toutcs ses impressions, toutes ses idees la portent de preference vers la iitlerature du nord. Entre les impressions produites par les peintures du divin Homfere et les images de la nature representees par Ossian, madame dc Stael reste suspendue et n'ose prononcer. Les ombres penchees sur les nuagcs lui plaisent beaucoup; ce sont, dit-elle, des souvenirs animes par des images sensibles : mais que sont les priercs, les Eumenides, lesnymphes, les syrenes, Echo, Narcisse, Hyacinthe, toutes les metamorphoses, toutes les brillantes fictions de la Grece , sinon la pensee personnifiee et I'image sensible des souvenirs animes ? Madame de Stael voudrait aussi attribuer presque exclu- sivement aux litterateurs du nord le developpement de la rai- son liumaine, et la renaissance de la philosophic en Europe. Mais, tandis que Bacon, le seul ecrivain philosophe que Ton puisse citer, en Angleterre, avant la revolution de i6S8, trapait a I'esprit humain une route nouvelle, Des- cartes ebranlait, en France, I'empire des vieilles erreurs, ct presentait aux hommes la methode cornme le seul fil qui pftt les conduire dans le vaste labyrinthe des sciences. Si, a une epoqueplusrapprochee de nous, Hobbes, Sidnej', Locke, Fergusson traiterent de la politique, comme d'une science purement intellectuelle, et rechercherent quel etait I'etat primitif des societes, afin d'arriver a connaitre les lois les plus propres a garantir Ic bonheur des hommes, n vit, en France , a peu pres dans le meme tems, Fenelon, LITTERATURE. 56S Montesquieu, Rousseau, Mably et Voltaire, se livrer aux ineraes recherches et retrouver aussi les titres du genre Jiumaiti, perdus pendant une longue suite de siecles. On applique, en Angleterre , I'esprit des affaires aux principes de la litterature,et Ton interdit,dans les ouvrages de raisonnement, tout ce qui pourrait influer le moins du monde sur le libre exercice du jugement. Mais le desir de produire une plus grande conviction rend la plupart des ecrivains confus et prolixes. Bolingbroke, Schatesbury, Adisson ont de la reputation, comme ecrivains en prose. Cependant leur style manque d'originalite ; leurs images sont sans couleur, et leur expression sans energie.Il semble que Ics Anglais n'osent s'abandonner a leurs inspira- tions que dans les compositions poetiques. Le Paradis perdu est surtout remarquable par la pensee et I'imposante grandeur des images. II parait impossible d'elever I'ame humaine a une plus grande hauteur. Les pontes anglais savent unir intimement la reflexion aux sensations; ce ta- lent se fait surtout remarquer dans le Cimetiere de Gray el dans le Vdlage abandonni de Goldsmith , mais , en general, ils abusent des facilites que leur accorde uue langue qui n'a pas encore acquis le degre de perfection dont elle semble susceptible; ils prodiguent les images, ils subtilisent les pensees.Semblables en cela aux ecrivains en prose, ils epuisent le sujet qu'ils traitent, et le goQt ne les ayertit pas de s'arreter. La comedie anglaise n'occupe pas une place bien dis- tinguee dans I'opinion litleraire de I'Europe; et madame de Stael pense que les moeurs et les caracteres ysont le plus souvent des caricatures, sans rapport avec I'etat moral des Anglais. A la verite , les moeurs representees dans les comedies sont a la fois d'une grossi^rete brutale et d'une dissolution revoltante. Cependant, des hommes qui ont 3G* 5C/i LITTlillATURE. long-icms liabite rAngletene, non seulement uLondres, mais dans les provinces, assurentque la comedie anglaisc est aussi pres que la comedie franf.aise des caracteres et des moeurs qu'elle representc. » Beaucoup d'etrangers sont plus choques des defauts de Shakespeare que frappes de scs beautes; le contraire a lieu en Angleterre, et cela doit etre. Le genie de Shakespeare est national : les noires fureurs de ses heros,la profonde sceleratessc des grands criminels qu'il met en scene etdont la plupart appartieunent i I'histoire d'Angleterxe, la bizar- reriememe de scs conceptions, tout est en harmonic entre le spectateur et le poete; et, comme les pieces de Shakes- peare renferment des beautes de tous les terns et de tous les pays, la reputation de cet auteur ne pent s'affaiblir en se repandant. Mais notre sensibilite repousserait plusieurs des moyens qu'il emploie pour cmouvoir les spectateurs anglais. Dans ses tragedies, I'cnfance et la vieiilesse, I'in- nocence et la vertu regoivent egalement la mort , et la recoivent avec efTroi , sans deguiser aucun des sentimens nalurels que I'approche de sa destruction fait eprouver k un etre sensible et prevoyant.Nous ne pourrions supporter Tattendrissementprofond, I'emotion violente qui nous saisirait aux plaintes d'Arthur, jeune enfant qui va perir par I'ordre du roi Jean , ni I'horreur qu'exciterait en nous le recit de I'assassin Tirrelj lorsqu'il peint a Bi- chard III le paisible sommeil des enfans d'Edouard. Des spectateurs franpais n'attendraient pas la catastrophe : ils sortiraient ou feraient baisser le rideau. lis ne vont point au theStre pour eprouver cede impression ledoutahle j ce frisson glace qu eprouve Vhomme, alors que, plein de picj il ajoprend quil va perir. Les AUemands n'ont point transporle sur leur theatre ce genre de tragiquc, excepte dans Marie Stuart, oii I'e- LITTERATURE. 565 chafuud louche de si pies ii la scene, que le spectateur croit entendre la hache du bouireau; mais lis ont piis a Shakes- peare ses sorcieres et sa magie. Lessing, Goethe, Schiller ont compose dcs tragedies oi'i le melange du sentiment, des reflexions philosophiques et de I'esprit chevaleresque forment ce qu'on est convenu de nommer le genre romantique. La Terite du langage , la peinlure des moeurs du siecle et du pays oil Taction se passe, la fidelite des caracteres se font remarquer dans Nathan le Sage et dans EmUla Galotti de Lessing ; dans le Comte d'Egmond Gi le Torquato Tasso de Goethe; dans le Don Carlos, le JValstein , le Guillaume Tell et la Jeanne d'Arc de Schiller; mais^ en general, les pieces du theatre allemand ressemblent a ces tableaux des anciens peintres oii les figures, toutes sur le meme plan, sent tantot confuses, tantot placees k cote Tune de I'autre, sans liaison, sans concourir, par des interets divers, a une action unique. II y a peu ou point de societes en AUemagne, partant point de comedie. Les auteurs ne peuvent observer ces caracteres qui, parmi nous, pretent au ridicule et excitent la gaite. Chez eux, d'ailleurs, la plaisanterie est peu goQtee; elle offense ceux qui s'en croient I'objet, bien loin de les amuser; c'est une arme legere que des mains allemandes ne savent guere manier, et qui blesserait le plus souvent ceux qui voudraient la lancer; c'est pour cela qu'ils pre- ferent le drame a la comedie , et qu'en general ils emprei- gnent leurs ouvrages poetiques de ce vague et de cclle melancolie , caracteres distinctifs du genre qui, sous le dom de romantique, excite, d'un cote, tant d'admiration, et subit, de I'autre, tant de censures. Wieland, Goethe, Schiller, Biirger peignent les sentimens comme les idees a travers les nuages; chez eux, I'enthousiasme produit une 'o66 LITTERATUllE. espJjce de vertigc qui dcplace et multiplie les objels. lis ecartent de leur poesie les reflexions philosophiques , ct s'abandonncnt entierement aux inspirations lyriques que madamc de Staiil nomme Vapotheose du sentiment. Les AUemands ont dc grands ouvrages en vers : la Messiade de Klopstok, VObiron de "Wieland; mais ils n'ont point un veritable poi;me epique. h^Oberon est fonde sur unc histoire de cbevalerie franfaise, Huon de Bordeaux. Ce pofeme original a cependant une couleur d'imitation ; le melange de rheroique et du merveilleux, du grave el du bouffon, du sericux et de la plaisanterie, rappellc souvcnt les contrastes piquans et les poetiques folies de rArioste. Le sujet de la Me^mde est au-dessus des inventions du genie : montrer I'humanite dans Telre divin et la divinite dans I'etre mortel, c'est tout ce qu'on pouvaitaltendre du talent du pocte, et Klopstock a su , comme le dit madame de Stael , reunir avec beaucoup d'art tout ce que la fatalite des anciens et la providence des cbretiens pcuvent inspirer & la fois de terreur et d'csperance, Mais la monotonie etait inevitable dans un tel sujet, et I'ame se fatigue d'une contemplation continuelle. Blopslock, comme Young, ramene trop souvent ses lecteurs au milieu des tombeaux : les pensees t'un6bres dont les derniers instans des cbretiens sent environnes , effaroucbent les muses et obscurcissent les vives couleurs de I'imagination. « De la foi des chr6liens les mysretes terrlbles • D'ornemens 6gayes ne sont point susceptibles. (BOILEAC.) La litterature allemande est venue tard, et ne remonte guerc au-dela d'un demi-siecle. Les ouvrages philoso- phiques datent de plus loin ; la philosophic speculative a oujours trouve beaucoup de partisans chez les nations LITTHRATURE. 567 gennaniques, des le moment oii dies ont ete civilisees par le christianisme et la chevaleric. Les methaphysiciens alle- mands ont suivi une route opposee a celle que Locke avait tracee.Celui-cl attribuait toutes nos idees a. nos sensations- Leibnitz, Lessipg, Hemsterheim, Jacobi ont tache de prou- Ter que le libre arbitre repose sur la doctrine qui afifranchit I'ame des objets exlerieurs , et que la vertu ne saurait exister si la volonte n'est pas independante. Au lieu d'ob- server les sensations exterieures, ils observent les sentimens intimes. Kant, dont le nom est beaucoup plus connu que la doctrine, semble se placer entre Leibnitz et Locke , non pour les combattre, mais pour les reunir, pour tracer les limites des sens et de I'ame, de la nature exlerieure et de la nature intellectuelle. Dans I'examen des facultes primitives dont I'ame se compose, il reconnut, avec Locke, qu'il n'y a point d'idees innees; mais il rechercha quels sont les sentimens ct les lois qui constituent I'essence dc I'ame humaine, independammcnt de toute experience, et quels sont les objets sur lesqucls I'ame peut s'exercer. C'est un philosophe beaucoup plus positif qu'on ne le croit communement; il nie I'existence de la metaphysique , et pretend que le raisonnement ne peut avoir lieu qu'autant qu'il s'exerce dans la sphere de I'experience. II croit que I'experience, sans les lois de I'entendement, ne serait qu'un chaos; mais les lois de I'entendement n'ont pour objet, selon lui, que les elemens donnes par I'experience. Dans I'analyse des divers systemes de philosophic qui partagent I'Allemagne, mais qui tons ont V idealisme pour base, madame de Stael fait preuve d'une grande puissance d'attention. On reconnait qu'elle a bien saisi les principes et les consequences de chacun de ces systemes. Elle les fait comprendre, comme elle les comprend elle-meme, en les degagcant des formes cl des termes d'une metaphysique 5CS MYTHOLOGIE. qui, s'enveloppant d'un neologisme pedantesque, semble vouloir ajouter i l^bscurite du sujet par I'obscurite du langage. Telles sonl Ics principales opinions de madame de Stael sur la litteraturc et la philosophic dcs differens peuples ; tel est aussi Ic seul point de vuc sous lequel j'ai considcre cet ouvrage vraiuient remarquable. C'est en parlant dcs ceuvres politiques de cette femme illustre, que je pourrai indiquer les jugemens qu'ellc portc sur les gouverneuicns ct sur les moeurs des Germains du dix-neuvieme sieclc. A'NNEE. MYTHOLOGIE. Reciierches sur la nature du culte de Bacchus en Gr^ce , et sur Vorigine de la dlversitc de ses rites , par J. F. Gail , professeur d'hisloire au college S. -Louis ; — m^moire couronn^ par I'acad^ruie des inscriptions et belles-lettres (i). LoRSQi'E les anciennes traditions sur I'exislencc d'un Dieu unique et auteur du monde vinrent A s'obscurcir ct II s'oublier chez les nations devenues idolatrcs, I'univers materiel et ses parties di verses, et leurs effets, et leurs symboles, et toutes sortes d'allegories fabuleuses, le plus souvent scandaleuses, conccrnant ces objets , tout cela de- vintpresquc I'unique religion des homines. Ainsi,comme I'a dit Bossuet, tout lut Dieu, hormis Dieu lui-mcme. On adora particulierenient, comme les grands dieux, le solcil ct la lune, les astres observes, et la tcrre, et les saisons. Les (i) Paris, 1821. Un vol. in-S" de 24 feuilles. Chez Gail neveu, au College dc France , et chez Tieuttel et Viutz , rue de Bourbon. Prix, 5 IV. MYTHOLOGIE. 569 fables allegoriques furent changees en mysteres dont quel- ques significations etaient secrfetement et solennellement levelees aux inities. II a paru a de tres - savans anti- quaires (i) qu'il s'y mela des commemorations du deluge et des hommes echappes a ce fleau ; mais enfin , le soleil et la lune, et la terre amenant a maturite les molssons , les fruits, et surtout ceux de la vigne, constituaient la religion et les mysteres d'Osiris ou de Serapis en Egypte, de Sabasius dans la Thrace, et de Bacchus dans la Grece et dans I'ltalie. Tous ces noms designent les memes dieux et le meme culte idolatre , principalement celui du soleil et de scs heureuses influences, et les travaux de I'agriculture. Sous le nom de culte d'Orphee , ou etabli par Orphee, personnage qui parait fictif, des philosophes de I'ecole de Pythagore avaient, plusieurs siecles avant notre ere , enseigne, avec des rites du culte bacchiquc, les doctrines particulieres de leur maitre. Lorsque la religion chretienne parut, les dogmes orphiques et d'autres qu'on trouve dansPlaton, furent systematise?, reformes, epures, enseignes avec jalousie par des philosophes pa'iens, et op- poses long-tems avec quelque succes aux predicateurs de I'evangile , surlout dans la ville d'Alexandrie. A la fin du xvm" siecle, et depuis, les modernes incre- dules, en France et en Allemagne, voulant renverscr le christianisme, se sont efforces, comme les derniers phi- losophes d'Alexandrie, sinon de reveiller le pantheisme, dont les mysteres d'Osiris et de Bacchus faisaient partie, du moins de presenter le culte de Bacchus comme a peu pres identique avec la religion de Jesus-Christ ; en un mot , le recit de I'evangile comme une fable solaire, bien (i) F'qyezlcs ouvrages anglais du c6lebre docteur James Bryant, I'histoire des Cabires et celle de ridolairic, piibliec a Londres, en i8o3 et 1816, par Ic savant Georges Stanley Fabcr. 670 MYTHOLOGIE. au - dessous de celle des palens , puisqu'elle n'est pas gaie et divertissante , comme les bacchanaics. En vain , le P. Lambert dans la capitalc de la France, Palmieri et Bec- chetti en Italia, Van Beck, professcur dc mathemaliques, i Leyde, le docteur Priesley en Amerique, et I'eveque Watson en Angleterre, ont refute directement ces hypo- theses afiligeantcs et gratuites; on reimprime en petit format les Raines et les Ahregis des trois volumes in-4°, de M. Dupuis; et, sans parler des refutations, on con- tinue a travestir en materialisme et en idOlatrie I'evan- gile meme et la religion des apotres, celle de Newton et de Pascal, d'Arnauld, de Bossuet, de Fenelon, celle qui a commence avec le monde, et qui, developpee dans les livres de Tancien et du nouveau Testament, a repandu de si precieuses lumieres, a console^ ameliore , police le genre humain, qui a produit enfin ou prepare I'abolition de la servitude privee, des serails et du despotisme public, Quoique Bacchus soit en lui-meme un sujet rcbatlu , il presente encore des difficultes du ressort de la critique et de I'erudition. La troisieme classe de I'lnstitut de France, autrement I'academie des inscriptions et belles-lettres , a cru devoir proposer, pour sujet du prix de 1821, de de- terminer les rites du culte de Bacchus en Grice; les lieux el les epoques de chaque fete bacchique dans cette partie du monde. Le prix a ete decerne a M. Gail, fils de notre celebre helleniste. Son memoire couronne est le sujet de cet article. L'auteur a remonte fidelement aux sources, et les cite avec exactitude. II explique d'abord comment ont dO se former les notions des divinites des paiens. II ecarte I'espece de Bacchus indien, qui eslle sujet des Ramayana ; il expose les trois origines, thrace, egyptienne et grecquc du Bacchus europecn. 11 fait remarquer Ics contrasted MYTHOLOGIE. 571 qui figurent dans ses fetes, qu'il passe en revue, qu'il dis- tingue et qu'il decrit, ct dont il foil connaitre les instru- mens ; puis, parlant des anthesteries, il donne son opi- nion tr^s-sensee sur la nature des mysteres ; il developpe les expressions connues, les ceremonies, la tradition , les allegories, et il n'y voit ricn qui etablisse ou suppose la connaissance et le culte d'un Dieu unique. L'ouvrage est termine par un catalogue explicatif des noms et des epilhetes donnes a Bacchus dans la langue grecque. C'est un travail qui lui est particulier, en ce qu'il est plus complet que tout cc qui a ete jusqu'a present public dans ce genre. Son explication des Kobaloi, esprits trom- peurs , malins et bouffons, de la suite de Bacchus , selon unscoliaste d'Aristophane, est la seule qui nous ait semble peu satisfaisante. II en fait, sans assez de fondement, des hommes, transformant ces esprits foUets, ces daimones en sorciers , en cahalistes orphiqucs ou pythagoriques , parce que, dit-il, cabale vient de kohalos. II est permis de croire que ces deux mots ne sont pas de meuie origine, et de continuer a faire deriver le premier de I'hebreu et de I'arabe oii il se trouve pur(i). Les cabalistes etaient et sont, le peu qu'il y en a, fort serieux, point mechans, et generalement plus trompes que trompeurs; les Coholi de la mythologie slave , devenus Coboldi et Colfi (2); les Gobelini du dictionnaire de Ducange , les Cobilined de I'armorique, nos farfadets, nos lutius, en un mot, dont il est parle encore dans quelques veillees de ville et de campagne, ressemblent, bien mieux que les cabalistes, aux Kobaloi de Suidas ct du scoliaste d'Aristophane. Lanjcinais, de rinstituf^ (i) Voyez Mem. de I'academie des inscrijU. et bslles-leUrea ^ T. XXVII, pag. 367 et suivantcs. Cabbala-, c'est tradition. (i) Voyez le Diclionnaire de la fable, par M. Noel. III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. LITRES ETRANGERS (i). AMERIQUE. ETATS-UNIS. i85.— ^7j Index to the geology of the Northern stales, etc, — Index pour la geologic des etats du Nord , avec des sections Iraiis- versales s'etendant depuis la riviere Susquehannah jusqu'i I'ocean Atlantique, et traversant les montagnes Catskill , auquel on a joint una granimaire geologique ; par ^mos Eaton^ professeur d'histoire naturelle et de chimie au lyc6e de Troye , etc. ; seconde edition , entierement revue et corrig6e ; ouvrage public sous la direction du lyc(ie, par IVilliam S. PAaKER. Troye, 1820. 1 vol. in-8». Prives de ces antiques monumens qui conservent les souvenirs des sifecles passes chez les autres peuples, les savans Americains s'occu- pent i explorer les richesses naturelles de leur patrie. La geologic est devenue parmi eux une science d'une haute importance; des hommes eclair^s en ont fait le but de leurs recherclies, et plusieurs journaux se sont consacres a donner I'histoire de ses progres. Les deux principanx sont : le Journal des sciences naturelles, publi6 ii Philadelphie, et le Nouveau journal Aniericain des sciences, r6dige par M. le professeur Silliman. (Voyez Rei>. Enc.,T. VIII, p. 392.^ L'ouvrage de M. Eaton, que nous annon^ons ici, renferme une fo'We de faits curieux et des descriptions interessantes des dififerentes par- ties de la Nouvelle-Anglcterre. 186. — A Memoir on the commerce and navigation of the Black sea, etc. — Memoire sur le commerce et la navigation de la nier Noire, et sur le commerce et la geographic maritime de la Turquic (1) Nous indiquerons, par un astdrisque (') place i cot6 du litre de chaque ouvrage, ceux des livres etrangers ou frangais qui paraitront dignes d'une attention particulifere , et dont nous rendrons quelquefois compte dans la section des analyses. LIVRES ETRANGERS. 573 et dc rilgyptc; par Henri A. S. Dbaeborn. Boston, 1819. Wells et Eilly. 2 vol. in-S" orn6s de cartes. Get ouvrage , qui a pour but de prouver la possibilite d'etablir des relations commerciales entre I'Amerique et la Turquie, contient un tableau du commerce qui se faisait dans la mer Noire, en i8ii^ et i8i-2. Le pavilion anglais y dominait alors^ comma aujourd'hui, sur tous les autres pavilions europeens; et les maliieureux Grecs titaient presque , en affaires , les seuls representans de la Turquie ; avantage passager qu'ils paient maintcnant bien clier, et qui a cause leur ruine , en excitant I'envie de leurs bourreaux , avides de s'emparer des ricbesses qu'ils ont amassees. M. Dearborn a joint i son ouvrage un traite de la g^ographie maritime de la Turquie et de TEgypte, qui ne peut qu'etre fort utile aux navigateurs et aux commcr9ans. 187. — Speeches of the governors of Massachusetts, etc. — Discours des gouverneurs des etats de Massacbusetts , depuis i-65 jusqu'^ 1775, avec les reponses que leur fit la chambre des representans; suivis des resolutions quifurent prises, k cette epoque, par les Etats, des proclamations et d'autres papiers publics, relatifs a la dispute qui s'eleva entre ce pays et la Grande-Brelagne , et qui conduisit a I'independance des Etats-Unis. Boston, 1S19. Russell et Gardner. 1 vol. in-S" de 424 pages. Cette precieuse collection repand le plus grand jour sur les debats qui precederent la proclamation d'independance des Etats-Unis. C'est une bistoire complete de la revolution qui s'opcra en Amerique.jie, du grand changement moral et politique qu'elle produisit dans la nation. L. S. B. 1S8. — North American Revieic , and miscellaneous journal. — Revue de I'Amerique septentrionale et Melanges ; nouvelle serie , n<" 1, 2, 3, 4, 5, 6. New-Yorck, i8ii. Ce journal lilteraire , redige sur le plan des Revues anglaiscs , parait tous les trois mois et offre des esp6ces d'essais, ecrits la plu- part avec beaucoup de talent, sur les livres indiques en tete de chaque article. De tels essais font beaucoup moins connaitre le livre dont on parle, que les analyses de nos journaui litteraires de France ; mais ils font mieux connaitre la matiere que I'auteur du livre s'est propose de traiter. Les articles les plus interes- sans et les mieux rediges des six cahiers que nous avons re^us , 57A LIVRES lilRANGERS. cette annie, sont ceux clans Icsquels on expose la constitution ame- ricaine , et les divers ressorts dc ce noble edifice constitutionnel. En iniprimant son genie i la masse entierc du corps social, FranWin semble avoir legue son jugenient fernic et droit, et scs vues phi- lantropiques aus ecrirains ses compatriotes. Nous citerons comme particulierement digaes de I'attention des lecteurs , dans le North American Review, le dialogue entre Franklin et Montesquieu sur I'itat politique de I'Anitrique, de la France et de I'Angleterre. C'est, k notre avis, un des morceaux les mieuz pensts qu'on ait Merits sur ce sujet. Si les vues des redacteurs de ce recueil sur les affaires politiques sont presque toujours parfaitement justes , il n'en est peut-etre pas de meme de leurs jugemens litteraires. lis nous paraissent partager un peu les prejuges des Anglais contre la litt6rature des autres pays, et surtout contre la littirature franqaise. On lira toutefois avec interC-t I'analyse de I'ouvrage de niadame Necker de Saussure, sur la vie et les ecrits de madame de Slael (n" 3) ; Particle sur les observations historiques relatives a la Hollande , par Louis Buonaparte ; I'extrait de la vie privee de Voltaire, par madame de GrafBgny; ceux de I'his- toire de I'astronomie , par Bailly; et des mfemoires de Suard , par Garat; et enfin, I'article sur I'indiff^rence en matiere de religion , par I'abbe de la Mennais. B— «. GRANDE-BRETAGNE. jp^Bg (*). — Ttvelve Essajfs on the proximate causes of the material phenomena of the uniferse. — Douze Essais sur les causes premieres des phenomenes del'univers, avec des notes, par Richard PniL- iTpps. Londres, 1821. Imprimerie de J. et C. Adlard ; in-S". 190. — Medical Notes on climate, etc. — Remarques midicinales sur le climat, les maladies, les h6pitaux et les icoles de mfedecine de la France , de I'ltalie et de la Suisse ; suivies d'un examen des cffets que pent produire , sur des personnes attaqu6es d'une con- somption pulmonaire , un sejour de quelques mois dans le sud de I'Europe ; par J. Clabk, D. M. Londres , 1821. Colburn. 1 vol. in-8°. L'auteur de cet ouvrage a voulu prouver , par plusieurs exemples, et par sa propre experience, I'inutilite d'un voyage dans le sud pour les malades parvenus au dernier degr6 de la pulmonic. II est certain que la fatigue d'une longue route , jointe aux ennuis du di-- LIVRES ETRANGERS. 575 part, aux souffrances de la maladie, doivent plut6t accelerer que retarder I'instant de la mort, M. Clark soutient aussi que le climat de presque toutes les villes, rendes-vous ordinaires des poitrinaires , est contraire a leur etat. A Marseille , le mistral produit des varia- tions continuelles dans la temperature; i Aix et a Montpellier, le mgme inconvenient subsiste; it Hiferes, il se fait sentir pendant une partie de I'annee; Pise est exposee a un vent du nord-est trcsfroid; Nice et Villa-Franca , village i trois lieues de Nice , lui paraissent , apres tout, convenir davantage aux poitrines faibles, surtout le dernier endroit, qui est abrite des vents, et dont le climat est sec et peu variable. L'auteur est cependant d'avis qu'on n'y envoie point les malades qui sont decidement attaqu^s de consomption pulmo- naire , mais seulement les personnes dont la sante delicate pent faire craindre de voir se declarer plus tard cette terrible maladie. 191. — Observations on the climate of Penzance , etc, — Obser- vations sur le climat de Penzance et du comte de Cornwall; par J. Forbes, D. M. Londres, i8ji. Murray. Un vol. in-S". Cet ouvrage , qui pourrait presque faire suite k celui que nous ve- nons d'annoncer, est ecrit dans le but de prouver que Penzance, ville d'Angleterre , et le comte de Cornwall , presentent tons les avantages que les personnes dont la poitrine est attaquee vont chercher en Italic et dans le sud de la France. Le climat y est doux ct tempere ; on y respire un air pur, et beaucoup moins humide que dans les autres parties de I'Angleterre : enfin , le docteur Forbes est d'avis qu'on pent y envoyer tous les malades dont I'etat reclame un changement d'air. 192. — Enchiridion , or a hand for the one-handed. — Enchiri- dion, ou Supplement a la main pour ceux qui Tent perdue; par George JVehh de Renzet , capitaine dans le 82" regiment. Londres , i8ji. Limbird. Brochure in-8'' ; 60 pages. L'auteur ayant perdu un bras a la bataille de Vittoria, en Espagne , a consacre, dcpuis, une grande partie de sou temsa in venter et a per- fectionner un assortiment d'initrumens propres i suppleer 4 I'usage de la main; il a rendu un veritable service ^ ses compagnons d'in- forlune, en leur facilitant les moyens de se passer d'un secours etranger. Aide de ses decouvertes, on peut s'babiller, servir a table, tailler ses plumes, brosser sou chapeau , jouer aux cartes, etc., avec autant d'adresse que ceux qui nnt le libre usage de leurs br«». 576 LIVRES l^rFRANGERS. igj. — A geographical, statistical and historical Description of Ilindostan, etc. — Description geographique," statistique et histo- torique de I'lndostan ct des pays voisins ; par IFaller Hamilton. Londres, 1821. Murray. 2 vol. in-4°. Prix,41ouis i4 schellings 6 pences. Les dernieres operations militaires des troupes anglaises dans Ics Indes ont si compl6tement etabli , en dernier resultat, la supre- matie de I'Angleterre , que les territoires regardes autrefois comue independans sont maintenant comptes au nombre des provinces tributaires. Ce moment etait favorable pour reformer la geographic de I'lndostan : c'est ce qu'a fait M. Hamilton. 11 a mis dans ce nou- veau travail plus d'ordre et de mclhode qu'aucun des 6crivains qui I'ont pr6c6de. La carte, dresseed'apres scs instructions, prisenteles grandes divisions geographiques , subdivis^es en provinces; cliacune d'ellesest traitee separ6ment dansletexte. On y donne une descrip- tion gen6rale de son climat, de sonetendue, de ses productions et de ses habitans. L'auteur passe ensuite en revue les villes remarquables par leurs monumens, leur commerce, leur population, leur force mi- litaire ou maritime, etc. Les mat6riaus qui ont servi^la composition decetouvrage sont tir6s, en partie, de collections prec6dentes ou dc voyages dans I'lndostan, qui ont d6ji et6 imprimes, et en partie des rapports manuscrits deposes au conseil des Indes. Chaque presi- dent a coutume de donner, tous les sixmois , un rapport sur la situa- tion politique , Cnanciere et judiciaire de chaque province , auquel sont jointes les lettres des fonctionnaires qui lui sont subordonn^s. Ces rapports officiels sont tres-volumineux, et fournissent Ji I'ins- pecteur, envoy6 par le conseil, des renseignemens importans ct varies. On sent combien il a ete avantageux pour M. Hamilton de pouvoir puiser i de telles sources ; aussi , son livre renferme tout ce qu'on peut savoir de plus interessant sur ces contrees lointaines. On ne lira pas sans interet le chapitre qui traite de la culture des lettres dans I'lnde, et particuliirement dans Ic Bengalc; celui qui a rapport a I'education et k la mithode d'enseignement du doc- teur Bell , au moyen de laquelle un seul maitre peut donner ses soins ^ un trfes-grand nombre d'enfans. Les details sur les antiquites des Indous sont peut-elre un pen n6gliges : l'auteur s'est surtout appli- que i depeindre I'etat actuel du pays et de ses habitans. Un index,, place il la fin de I'onvrage , forme une espece de dictionnaire geog^a.-. LIVUES ElilANGERS. 577 phique de I'lndostan , et un glossaire esplique plusieurs termes des naturels qu'on a ete oblig6 d'employer quelquefois. Une table chro- nologique, indiquant les epoques auxquelles les differens gouver- neurs generaux des Indes ont et6 appeles au pouvoir, assimile presque ces derniers aux monarques europeens, qu'ils egalent, k la v6rit6 , par I'ctendue des possessions qui leur sont confiees , mais non par la duree de leur regne. M. Hamilton, en veritable Anglais, 6vite avec soin de rappeler les cruautes qui ont assur6 I'emnire de rinde a ses compatriotes ; il a enseveli le passe dans I'oubli, pour ne parler que du present : ces fails historiques devaient cepeadant trouver leur place dans le tableau des possessions acquises par la Grande -Bretagne dans I'lnde. 194. Biographia Hibernica. A Biographical Dictionary of the worthies of Ireland, from the earliest period to the present time. — Biograpbie de I'Hibernie , ou Diotionnaire biographique des grands bommes de I'lrlande, depuis I'epoque la plus reculee jusqu'i nos jours ;ecrit et publie par Richard Ryau. Londres, 1821. Limbird , 2 vol. in-8° de ii35 pages. II ne faut pas confondre cet ouvrage avec les biograpbies , de- venues depuis quelque terns trop communes en France, qui ontpour but d'alimenter de vieilles baines, de ranimerd'anciennes inimities, de noircir des bommes respectables; en un mot, de satisfaire toutes les furenrs de I'esprit de parti. Ce dictionnaire biograpbique est, au contraire , un monument 6leve a la gloire nationale de I'lrlande. 11 est consacre i la memoire de tous ceux qui ont servi leur patrie par leur eloquence, leur genie, leur devouement, ou par I'exemple de leurs vertus. Le premier volume , qui se termine k la lettre C, contient des memoires et des notices sur Burke, Boyle, Barry , Brook , Brien, Berkley , Butlers, etc. Les anciens bardes irlandais n'ont pas ete oublies ; Carolan , Gentlivre , et plusieurs autres mi- nestrels figurent dans cette galerie. Le seul reproche qu'on puisse adresser k I'auteur, c'est d'avoir reproduit quelquefois de vieilles anecdotes trop connues , ou des particularit^s trop pueriles pour trouver place dans un ouvrage aussi important. Cependant, c'est . moins une compilation que I'ouvrage d'un patriote eclaire ; en deplo- rant les malbeuisde son pays natal, il reproduit, comme une source de consolations et d'espirances , le souvenir et les nobles exemplet des hommea qui I'ont illustr^. Tome XII. 37, 378 LIVRES F^'RANGERS. igS. Chrislina's Revenge; or, the fate of Monaldeachi . — La Vengeance de la reine Christine , ou le Sort de MonaldescUi , poeme , suivi de poesies fugitives. Par J. M. Mokfatt. Londrcs « i8si. Limbiid, in-12 de 208 pages. Tout le monde connajt la fin deplorable du marquis de Monal- desctii, qui p6rit dans le palaio de Fontainebleau , assassinu par I'ordre dc la reine Christine de Suede, dont il avait etc I'amant. On ajoute qu'alliant lefanatisinc 6 la cruaute, cette femme, apres que le meurtre fut commis, envoya cent livres a un couvent , afin de faire prier pour le repos de I'ame de sa victime. Un pofcte anglais s'est empare de cette scene de crime et d'horreur ; il en a tire les details d'un memoire du pere Le Bel , confesseur du marquis , et ttmoin de I'assassinat, etc'est dans la bouchede cet eccl6si£stique qu'il met le rfecit de celte effroyable catastrophe. Les vers ont assez de verve et de chaleur; mais ces tableaux sanglans conviennent pcu ji la pofesie, qui r^ussit mieux i nous offrir des images gracieuses. Farmi les poesies fugitives , on en trouve deux assez remarquables : Tune est le Monologue du viatelot; I'autre , fondee sur une supers- tition du nouveau monde, a pour titre : La barque fantastique de Newhaven. Cette tradition prend sa source dans une de ces apparitions merveilleuses et inexplicables, qu'on suppose Ctre occa- sionntics par la refraction de I'atmosphfere , comme le palais de la Ke Morgane , qui apparatt an-dessus des eaux , dans la baie de Messine. L. S. B. 196. - New Monthly Magasine , etc.— Nouveau Magasin du mois , ou Journal litt^raire , n"> \o. Londres, octobre 1821. Colburn. Dans le grand nombre d'ouvrages periodiques mensuels , qui pa- raissent h Londres, le New Monthly Magasine a pris un rang dis- tingue, en adoptant un plan diEferent de celui des-autres Maga- sins. Dans I'origine, tons ces Magasins etaient des espfeces de dt-p6ts, oil le public consignait ses observations, ses doutes, ses questions sur toutes sortes de matiferes. Les editeurs se bornaient i placer k la fin les resumfes des ev6nemens les plus remarquables du mois. Les Magasins les plus anciens, surtout le Gentleman's Magasine , ont conserve cette forme surannee ; et si d'autres s'en sont icartfes, il est neanmoins aise de voir que la redaction et le merite litlciraire sont ce qui a le moins occupe les editeurs. Le M.-nthly Magasine s'eleva plus haut , en prenant une oouleiu LIVRES ETllANGERS. 579 {>oIi(iqne, et en sc chargeant dc la difense de la libertc civile et feligieuse. Si r^diteiu- avait pu se preserver des affections par- ticulieres, il aiirait parf'aitemenl rempli la tache qu'il s'etait imposee Le New Monthly Magasine , qui d'abord etait I'anta- goniste de I'ancicn Monthly Magasine, a piis une route differente. 11 a elagne tons ccs petits articles iasigniGans qui encombrent les anciens Magasins , et s'est attachi'; h produire de bons articles lit- teraires, dans le genre des Essais, genre par lequel se distinguaient dansle dernier sifecle beaucoupd'auteurs anglais, et quidepuis^taient tombts dans une sorte de discredit. En suivant cette carriere , on il marcbe seul , le New Monthly Magasine pourra former un recueil d'un merite durable. Au cabier du mois d'octobre , est jointe une lettre remarquable di* lady Morgan contre ceux qui ont critique amerement, dans les jour- naux, son ouvrage sur V Italie. Lady Morgan emploie tour i tour I'ironie et Ic raisonnement. Elle se defend aussi quelquefois avec les armes qui ont servi a I'attaquer, c'est-a-dite en injuriant ceux qui lui ont dit des injures. Si ^ des personnalites, nous passons aux raisons, nous trouvons lady Morgan sur un terrain plus avantageux. Elle fait observer que les journaux ministericls sont decbaines contre elle depuis long-tems, parce qu'elle defend la cause de rhunianit6 et de la justice contre ceux qui ne veulent que le r6ta- tilissement du pouvoir absolu et du torysme le plus insupportable. Dans son dernier ouvrage , elle a fait voir clairement les resultats de rinsouciance avec laquelle le gouvernement de son pays a sa- criCe, en i8i4» les interGts de I'bumanite et les droits des nations. Or, ceux qui se sont rendus coupables de cette insouciance, sont precis^;ment les memes qui soldent encore aujourd'hui les redac- teurs de plusleurs journaux. Est-il etonnant, aiasi que I'observe lady Morgan , que ceux-ci cherchent a gagner leur salaire D — g. 197. — Malay Annals, etc. — Annales Malaises, traduites du malais par le docteur Leyden , et publiues avec une introduction , par sir Stakford Raffles , F. R- S., etc. Londres, 1821. 1 vol. in-S". Depuis long-tems , cet ouvrage d'un orientaliste distingue et d'un poete aimable , etait attendu avec impatience. Un nouveau degre d'int^rct s'y rattache encore , lorsque I'on vient a songer qu'il a co&te la vie a son auteur , pulsque c'est ea cherchant a It? rendre plus complet qnc le malheureux Leyden a trouve la moM 57* S80 LIVRES ETUANGERS. dans unc biblioth6que dc Batavia. Nous saisissons cette occasion pour payer un juste tribut d'^loges et de regrets k la memoire d'un jeune martyr de la science , dont le nom est presque ignor* en France, maia que de nombreus travaus placent au premier rang parmi les bommes illustres de I'Angleterre. £. Gadttieb. DANEMARCK. 198. — Saxo Grammaticus , etc. — Histoire de Danemarck, par Sixo le Grammairien. Nouvelle traduction de I'original en langue latine, par M. Gbcbdtvig. Copenhague, 1819. 2 vol. in-4". Nous avons annonc^ le premier volume dans la Revue^ T. VII; pag. 335. L'ancienne traduction, dont le langagc naif n'etait pas d^pourvu de charmes, ^tait depuis long-tems epuisee; et ne se trouvait plus cbe* les libraires. Pour se procurer ce livrc impor- tant, il fallait faire des recherches dans les magasins des bouqui- nistes , ou bien attendre la vente d'une biblioth^que particuli^re , et le payer alors assei cher. Le public reclamait avec raison , soil une nouvelle edition de cet ouvrage prccieux , soil une traduction mieux adapt6e aux modifications qu'a subies la langue danoise de- puis soixante ou quatre-vingts ans. M. Grundlvig a pris ce dernier parti. Nous n'oserons pas dire qu'il a toujours fait mieux que son pr6d6cesseur ; mais, quelque divers que soient les jugemens por- t^s sur son travail , il faut convenir qu'il a rendu service au pu- blic, en mettant i la port6e de tout le monde un ouvrage in- dispensable pour tous les Danois qui s'interessent k I'histoire de leur patrie. 199. — Norges Kongers Kronike. — Chronique des rois de Nor- vege, fat Snorro Stobleson, traduit par M. Gbindtvig. Copen- hague, 1819. 2 vol. in-4°- Les reflexions que nous venons de faire au sujet de I'ouvrage pre- cedent s'appliquent k celui-ci , qui doit son langage plus moderne au m£me traducteur, dont le travail lui obtiendra sans doute la reconnaissance publique en Norvfege et en Danemarck. UeiBEBG. ALLEMAGNE. 200. Geographie und slatistick des Gros Hersogthum Baden. — Giographie et sfatistique du grand - duche de Baden, parGBOOs. Heidelberg, i8ao. Jn-8°. I LIVRES ETRANGERS. 581 Tout le tcrvitoire de cet etat est divise en six cercles; saToir : 1° Celui du Danube, qui a i45,o4S habitans. 2° Celui de la Treisam 24o,53o. 3° Celui de la Kinzig i6j,6g\. 4° Celui de la Murg i82,556. 5'' Celui du Necker 276,537. 6° Celui du Mein 94.536. Nombre total des habitans 1,004,675. Cbacun de ces cercles est administre par un directoire, dont les subordonnes sent les baillis ; car ccux-ci, outre le sola de reodre la justice , ont des attributions de finances et d'administration. La dette publique du grand-duche est de i5, 602,925 florins ; mais la caisse d'amortissement est ^tablie surdes bases si sages, elle est si bien gouvern^e , qu'en peu d'annees cette dette se trouvera totalement 6teinte. Pour prouver combien , dans cette partie de I'Allemagne, I'instruction publique est florissante, il suffit de nommer I'unirersite de Heidelberg. Quant au commerce j les impor- tations et les ezportations se balancent k peu pr^s ; mais les lois des Pays-Bas sur les douanes ont port6 nn prejudice notable au transit , en ce que les Suisses s'approvisionnent maintenant dans les ports de France. Les contrees meridionales de la Suisse ont recours k Genes pour tout ce que les lois fran^aises ne permet- tent pas de faire passer sur le territoire qui leur est soumis. Aussi, remarque-t-on que les r6les du transit, qui du 1*' mai 1817 au 1" mai iSiS , avaient produit 608,196 florins, ne sont, de cette m§me epoque au i^' mai 1819 , que de 4^6, ?So florins. 201, — Zur geschichte Ilellenischer slaats-verfassungen , etc. — Fragment d'une introduction k I'^tude de Tbucydide , surtout en ce qui concerne les constitutions grecques a I'^poque de la guerre du Peloponese; par M. Kobtum. Heidelberg, 1820. In-S". Un traite sur les constitutions grecques, a I'epoque la plus bril- lanfe de Tbistoire, aurait un assez grand interfet parlui-m6me pour c.iptiver I'attention de tous ceux qui aiment les sciences morales. Les circonstances actuelles ajoutent un nouveau prix a sa publi- cation ; et la nation grecque, en armes pour reconquerir sa liberte, doit retrouver, dans I'ouvrage de M. Kortum, les germes d'up meil- leur avenir. Ces constitutions, qu'il reproduit dans leur entier,. qu'il 582 LIVftES liTllAiNGEUS. rnuet, pour aiusi dire, tn actiuo, soul du v6iitabl<'s lilies dc ladiitlc ; la lorcc oppostie par des harbares en avail conipriiiie I'eiret; In dioit subsiste, il survil 6 la force. On se Iroiuperait neannioins, si I'oii chercbait dans le livre do M. Kortum un ouvrage de circonstance ; il a eti ecrit dans des vues plus proi'ondcs, il etail iiiedil6 dcpuis long-tems ; et la premiere fois que I'auleur laissa ^cliappcr de son caur ceslignes ou respire pour les ancicns Grecs Tenlhousiasinc le plus vrai , leurs descendans , sans doute , n'avaient pas encore cn- trevu le jour de la delivrance. M. Kortum a deji oblenu plus d'un «ucces dans le domaine dc Thistoire ; il etait digne d'un savant aussi laborieux de porter la himiere sur I'etudn de I'bistorien dont I'intelligence presentait le phis de difficulles. L'ouvrage de Thu- cydide est la plus belle portion de rberitage que Pantiquite nous a laisse. M. Kortum ne pouvait mieux commencer son introduction on ses eclaircissemens que par la parlie politique. 11 est interessant de voir quels principes dirigcaient chacun des Elats de la Grece , avant la guerre du Peloponese. Mais, comme il faut faire la part de la critique, nous devons dire a nos lecteurs, que souvent I'amour de I'autcur pour les dimocraties le rend injuste ; qu'il n'accorde rien aux gouvernemens oligarchiques; cnfin , qu'il les accuse d'avoir toujours etoufie le genie. D'un autre cOt6, il ferme entierement les yeux sur les inconveniens de la democratic. Quoi qu'il en soil, le lecteur preferera ces defauts ii d'autres. Les doctrines , en effet , se communiquent nioins que les erreurs historiques. II sera tou- jours libre a chacun de garder ses opinions, apr6s avoir entendu M. Kortum; mais bien peu de personnes eussent ete capables dc se garder d'une erreur de fait. II faut done savoir gr6 i cet auteur de ses vastes ct scrupulcuses recherclies, surtout en ce qui con- cerne les alliances federatives des etats de la Grece, ou les sym- luachies : c'est li qu'il deploie toute son Erudition. On y voit com- ment chaque 'peuple, quoiqu'il conservat ses lois , etait soumis a I'influence de I'itat dominant. C'est ainsi que Sparte tendait a comprimer les elemens democratiques ; c'est ainsi qu'elle s'empara d'un tel pouvoir sur ses allies, qu'en mainte circonstance elle se passa de leur suffrage; les clioses en vinrenl au point que ces allies essayerent de se liguer entreeux pour opposer une digue a sa domi- nation. De la federation de Sparte, M. Kortum nous conduit it celle d'Alhencs , composee en partie dc pctiplcs librcs , en parlic tie LIVRES ETRANGERS. 583 peiiples dcpendans ou Iribulaires. L'enumtralion dcs peuples de chaque symmachie est I'aitc avec exactitude. La part de cliacun dans le contingent est marquee avec soin. A la fln du volume, on trouve des additions trcs-importantes ; par exemple, des recherches sur I'histoire de I'Arcadie, sur le royaume des Odrises, etc. Gcux qui n'aiment les Grecs que dans I'histoire, peuvent lire I'ouvrage dc M. Kortum ; il leur donnera les moyens de I'etudier dans des sources fideles et sures. Mais ceux qui voient dans leurs descendans uiie nation genereuse, prete a ressaisir sa gloire et sa liberte, y clier- cheront aussi des motifs d'esp6rance" pour elle. Ses Luerriers .'sout dignes des beaux jours de Marathon; mais, si jamais le nombr: devait accabler ces restes precieux du sang des hiros , I'Europe verrait-elle de sang froid aneantir le peuple auquel elle doit la civi- lisation ? II existe une ligue sainte ; verra-t-elle massacrer des Chre- tiens par ces barbares indd^les dunt I'orgueil insulte egalement a tons les Chretiens ? 202. — Uher die menfchen, etc. — Essai sur les honimes et la sociele, par J. B. Say, traduit par Lidwig. Attenbourg, 1821. Hahn, in-8* de i44 pages. Cest la traduction de I'excellent ouvrage de M. Say, intitule : Petit volume contenanl quelques aperpus sur les homvies et sur la soci&li. 2o3. — Aristophanes vonJ . II. Vuss. — Aristophane de J. H. Voss , avec des remarques, par Henri Voss. Brunswick, i8ai. 3 vol. in 8°. Ge n'dtait point assez d'avoir donne k I'AIlemagne Homere , Htsiode, Theocrite, etc., M. Voss veut que ses compatriotes puis- sent lire Aristophane en allemaud, et mgme qu'ils puissent le lire tel qu'il est , en vers de la rafeme mesure et sans aucune modifi- cation dans le sens, quelquefois un peu etranger a nos moeurs et i noire delicatesse. On sent bien que cela devait entrainer le savant traducteur i des constructions de phrases un peu embarrass6es; et c'est ce qui lui est arrive en plusieurs endroits. Cependant, on recon- nait generalement que I'auteur a surmonte avec succes les grandes difficultes de son entreprise, et que, cette fuis encore , il a ete le secretaire fidele des muses attiques. 11 promet un commenlaire ; et alors, sans doute, il expliquera pourquoi il a renvers6 I'ordre ancien- nement etabli entre les diverses pieces d'Aristophane. En general , M- Voss aime bcaucoup n Iransposer, et sOuvenl m^me a changer S8A JJVRKS ETriANGERS. les testes, Virgile ct Tibulle, qui lui doivent bcaucciip u*ingenlciisc9 conjectures, n'ont, pour se d^fendre de tout ee que son esprit leur a donne, que rautorite des manuscrits, etc'cst bien quelque chose. Lisons les traductions de M. Voss ; rendons justice ii ses haute!* qualites ; mais rcpoussons-le , chaque fois qu'il viendra opposer St I'autorit^ des siecles I'insplration du moment. 204. — TFitlands hriefe an Sophie von Laroche. — Lettres de Wiu- lAND h Sophie de Laroche. Berlin, 1820. in-8". Des rage de dix-sept ans, I'illustre po^te dont le nom donne un si grand interet ^ ce recueil de lettres, avait connu Sophie ; et, en tris- peu de terns, elle dcvinf poor lui I'ob jet de la passion la plus violcntc. Mais, comme il arrive souvent, des obstacles s'elevferent entre les deux amans, et Sophie epousa M. de Laroche. L'amiti6 la plus Tive et la plus pure vint remplacer, dans ces ames rertneuses, un sentiment qui d^sormais leur etait interdit ; et, comme leurs rela- tions dtaient innocentes, elles n'eurent de terme que leur vie. Pen- dant I'espace de cinquante ann6es, Sophie exer9a sur Wieland cette influence si douce, dont \iue plume habile a r6cemment retrace les effets. Si les femmes ont une grande part aux 6venemens his- toriqucs, elles en ont une plus grande encore sur les ouvrages du giinie, et plus d'un chef-d'cenvre doit h I'amour ou i I'amilii qu'elles onl inspirec lout I'eclat dont il brille. « Rien n'est plus certain, s'^crie Wieland, dans une de ses letlres, si le sort ne nous avait pas reunis , }e n'aurais jamais ete poete. » Quelques - unes des Icltres de cette collection sont ccrites en fran^ais. Ph. GoleSby. 2o5. — Konig Erich. — Le roi Erich, tragedie en cinq actes, par M. Joseph d'Auffembebg. — Bamberg ct Wurlzboug, 1820. 234 psg- Gorbhandt. Cette tragedie qpii n'appartient point a I'icolc de Shakespeare, et qui n'est pas non plus conforme anx rtgles trac6es par Aristote , est siverement critiquee par les journaux allemands. 206. — Noi'elas espanolas. — Nouvelles espagnoles. Heidelberg, 1810, Groos. Brochure in-8"> de 43 pag. Prix, 8 gros. Cette brochure renferme deux nouvelles espagnoles, sans indi- cation du nom de I'auteur, ni nifime de cehii de I'editeur; elles ne sont precedees d'aucun avertissement, qui puisse apprendre au lecteiir si ce n'est qu'une reimpression, ou si elles voient le jour pour la preniifere fois. Du reste, elles sont bien ecrites ; raiiteuv LIVllES ETi'iANGEliS. -*85 tonl? fivtji; giScc c( nalurci. 11 parait les avoir desliuces .i rensci- ffncnient de la langue espagnole ; ot nons croyons pouvoir assurer qu'flles seront utiles sous ce rapport. 207. — Archeologische unterhalteingen. — Entreticns archcolo- glqnes. Premlure partle ; sur Vitruve, par Stieglitz. 1820. Cet ouvrage a 6tu compose avant que Schncidor eflt ^clairci plu- sieurs diflicultes qui se priisentent dans Vitruve. Aussi, reprochc- t-on a I'aufeur d'etre tombe dans quelques erreurs assez gravrs. A. S. i!o8. — Dcr Tempel des Olympixchen Jupiiers zti j4(^r:gent. — I.-e Temple de Jupiter-Olympien d'Ai^rigente; par Klbnzb. L.Munich, i8ai; in-4°> avec fig. S^Ion Diodore , le Temple do Jupiter a Agrigente fut un des plus beaux rnonumens de la Sicile; c'litait en meme tems I'un des plus gigantesques, quoiqu'il n'eut pas ete achev6 : on en peut juger par Ips proportions des colonncs , qui avaient aupres de leur base vingt pieds de circonference, et dont les cannelures (itaient assez profondes pour pouvoir contenir le corps d'un homme. Mais la description de Diodore pri-sentait quelques difficultes dans le textc, que les mo- dernes out cherche a lever comme ils ont pu. Winkelman s'est beau- coup occupe de ce monument; I'abbe de Non et Ilouel ont donne les dessins des ruincs, et ont ajoutc lours conjectures pour com- pleter ce que le tems a detruit. Gependant, il restait a faire quclque chose de plus important, c'etait de mettre les ruincs i d6couvert ; c'est ce qui a eu lieu par les soins de I'architecte Cockerell, qui pour- tant n'a rlen ptiblie i ce sujet. C'est un Italieo , Politi , qui a fait connaitre recemment I'etat actuel des mines , sans etre tres-heureux dans ses conjectures sur I'etat ancien du monument. M. Klenze part des donnees importantes Iburnics par les fouilles, pour faire remar- quer d'abord que Diodore a commis beaucoup d'inexactitudes dans sa description , surtout dans les dimensions de I'edifice. L'architecte refute ensuite plusieurs savans qui, n'etant pas artistes, ont forme des conjectures que contredisent les principes de I'art desanciens, ainsi que les regies de la construction. M. Klenze fait I'analyse des beautes de ce Temple et des idees qui ont guide I'artiste dans 1« plan du motinment. L'auteur fait preceder ce travail de quelques idees generaics sur I'art de I'arcbitecture chez les Grecs ; il fall ob- server que CO peuplc n'» pas invente les principes de ('architecture , :m LIVKES KTKANGLIRS. Tuais qu'il Ics a U'uiiv(:>, altt^ndu qu'ili) 8ont fondes dans la naUiic; qu'ils ctaient 6inip!cs chez un peuple dtmocratique , qui ne s'iloi- gnait giiure de la sinipliciti primitive; ct que, dans la suite dcs terns, lorsque les institutions politiques et religicuses se fiirent com- p'iquees, on fut oblige aussi de combiner les id6es premieres de I'arcliitecture pour clever des monumens analogues aux besoinj compliques des hommes. Des gravures executeesavec soin font con- naitrc les ruines du Temple d'Agrigente , le plan tel que les fouilles rent mis 4 decoutert ; cnGn, I'aspect de I'ediGce tel que I'auteur du memoire Ic restaure , d'aprfis des donneca pour la plupart positives. 209. — J^ersucli einer /I'teilenherslelluni^ des toscanischen Teiu- jtelS' — Essai pour r^tabiir le temple toscan, d'apres les analogies bistoriques et techniques ; par M. L. Klenzi! , intendant des biili- mcns ('e la couronnc, en Baviere, etc. Municb, 182;, 86 pag. in-4"i avec fig. Vitruve nous a laisse la description des genres de construction que les Etrusques employaient pour leurs edifices religieux. Mais Vitruve ne fait pas toujours un usage bien juste des termes tech- niques ; quelqucf'ois, ces termes eux-mfimes n'ont pas une acception precise, et les figures, qui servaient k 6claircir le texte de cet au- teur , out ete perdues. II nc faut done pas s'6tonner que , malgre les details donaes par I'artiste latin, les modernes n'aient pas eu jus- qu'k present Tine idee bien nette de la construction des Edifices reli- gieux en Etrurie. M. Klenze , architecte it Municb , qui a fait preuve de son babilete et de sa profonde 6tude de I'an^iquite , dans la cons- truction de la slj' plot he que , ou du musce des antiques erig6 recem- ment aux frais du prince royal de Baviere , a pris une double voie pour arriver k la solution des diificultes que presentait le tcxle dc Vitruve; d'abord, il a fait usage de ses vastes ronnaissances tech- niques; puis, il a eu recours h un moyen nouveau : c'est en remon- tant & I'origine de I'architecture toscane ou etrusque, qu'il a cherche h expliquer le genie de cet art chez le peuple qui a precede les Ro- mains dans la civilisation. Q jelques savans , les Italiens surtout , ont sontenu que cette civilisation des Etrusques etait un fruit du sol, nn effet natural du genie de ce peuple ; d'aulres ont cherche i prouver que les arts qui ont fleuri avant les Roniains, en Italie, surtout en Toscane, y ont ete apportes paries Grecsoules Pelasges. M. Klenze, san! coniballre preciscment ces deux avis, parait pencher pour une LIVRES KTllANGKIVS. 587 li'oisieme opinion qui cxpUque, par l'inva;->ion et rolablisseuient dts puiiplcs septentrioaaux, I'etat des arts dans la haule Italic, avant ja dumioation des Roinains. Quelque singuli6re que paraisse cette opinioa, die est pourtant assez plaosible. De tout terns, observe M. Klenze, les peuples du nord ont eu une predilection pour les .possessions des pays du midi. Les auteurs anciens paflcnt de diverse* peuplades gaulnises ou celtiques, I'hetieiines et autres, qui s« sont *lablies en Itaiie. 11 y a une grande affinitii entre les caractferes «trusqaes et les runes. Selon Micali, on volt, sur d'auciens monu- mens (itrusques, des Cgures dontlaphysionomie est celle des liommes du nord. M. Klenze cite des temoignages qui assurent que le peuple toscan ressemble encore au peuple allemand , et I'autenr ajoute que les go ivernemens allemands de la haute Italic sont , pour ainsi dire, des gouvernemens nationaux. Jc Grains que cette dernifere assertion n'ait de la peine k s'accrediter dansle midi de I'Europe. Pour revenir nAssi. Turin, 1821 ; imprimerie royale. 1 vol. in-8"> de i48 pages. Get ouvrage a ete regarde comme la premiere tentative de cc genre faite en Italic^ etl'ona esptre que I'exemple donne par I'auteur serait suivi par d'autres . Dans son travail, il a suivi la m^thode d'Adelung, de Jonhson et de Roubaud, et I'analyse des etymologies ; ce qui I'a oblige de consulter I'bistoire de la langue, bistoire qui manque encore i I'lta- lie, malgrelenombre immense d'ouvrages qu'elle poss6de surla gram- maire et sur la langue en general. Nous apprenons que I'abb^ Roiuani vient d'acbevcr un Dictionnaire raisonne ^t complel des synonymes de la langue italienne, sur lesquels M. Grassi n'a public qu'un Essai. 11 en avait communique, des 1819, I'introduction et le plan k I'institut de Milan , qui , aprfes les avoir examines , decida que son exdculion pourrait etre fort utile i la r6forme du vocabulaire italien. L'auteur nous assure que son travail comprend I'explication 6tymologique de plus de 4)000 mots. 217. — Leltera del signor^ etc. — Lettre de M. Giuliano Ricci , etudiaut k I'universite de Pise, adress^e au Ricogliior Mila- nese,^ic. Pise, 1821. Sebastiano Nistri; brochure in-S" de 48 pages. Le jeune auteur fait I'apologie du fameux Memoire de M. Car- mignani sur les tragidiesd' yllfierl, et altaque M. Marre qui a si bien defundu le Sopbocle italien. M. Ricci s'annonce comme eleve du professeur Garmignani et semble m^rne avoir 6crit sous »a dictee. LIVRES ETRANGERS. 59,'. Les injures ct ^uelques id6es vagues sont les sculcs armes ct les seuls raisonnemens qu'il emploie. Le nom d'Alfieri devrail Ctre ^ I'abri de paieilles attaques, qui ne prouvent d'ailleuis que I'ignoranco i)u la mauvaise foi de ses detracteurs. L'ouvrage de M. Marr6 continue d'etre reconnu comme la meilleure apologie qui ait 6te faite de ce pofete , et a 6t6 prcfere au Memoire sur le merite tragigue de Vitlorio Aljieri. presente par le meme au concours de 1817, pour le prix propose par M. le marquis de Breine. En effet, la commission, chargee de jugerlesouvrages envoyes au concours, n'ayant pas trouv6 dignes du prix ni ce Memoire ni les autres, M. le marquis de Breme decerna ce prix au premier ouvrage de M. Marre, et non au second, cpmme on I'avait dit ci-dessug, T. XI, p. 366. 21 8. — Nouelle scelle de' piu celebri autori italiajii, etc. — Nou- velles ou Gontes choisis des plus c6lebres auteurs italiens, publics avec des notices. T. I. Turin, 1821. Veuve Pomba ; in-i2de 268 p. C'est le premier volume d'une collection intitulee : Bihlioteca classica haliana , scella ad uso della giouentii. Elle est faite avec assez de discernement, Les Nouvelles et les notes , publiees jusqu'di present, donnent une idee av^ntageuse de cette edition. 2ig. — Pinacoleca del palazzo reale delle scienze el deUe arti, etc. — Pinacotlieque du palais-royal des sciences et des arts, decrite par Mobustiano Giboki, et publiee par Michele Bisi , graveur. Milan; imprimerie royale. 1 vol. in-folio, Get^ouvrage, cntrepris en 1812, et public par livraisons, forme aujourd'bui un volume, qui comprend Tecole venitienne, en^ 75 planches, dessin^es et gravees par les meilleurs artistes d'ltalie. F. Salfi. ESPAGNE. ,' 220. — Memoria sobre el contagfo de la fief re amarilla. — Me- moire sur la contagion de la flevre jaune , presente au comite sa- nitaire de Barcelonne , par le docteur don Raimond Romero-Ve- LASQUEz. Madrid, 1821. Martinez. Ge memoire a obtenu une medaille d'or de la societe royale de medecine de Madrid, qui en a ordonne I'impression. — II est cu- rieux et important pour I'humanite de comparer les deux opinions qui divisent aujourd'hui les medecins, au sujet de la fievre jaune. Les uns preteudent qu'elle est decid^ment contagieuse , et que . ■! Tome xii, 38 .if)/. LIVRES KTRANGERS. «nier la contagion , c'cst nicr I'tvidcnce, ^'est nicr Dieu. » (Voyc/, line letlrc inscree dans le Journal des dehals du i6 decembre 1821. ) Les autrcs, plus tolcrans, souticnnent que « la ficvre jaune n'est point contagicuse, mais endemique, et qu'elle ne se developpe et ne sf propage jamais que sous Taction des causes locales." (Voyez la Biblioihegue Physico-Economique , icdigie jyar M. Arsenne Thie- bault, Tom.X, cahier de decembre 1821 , pag. 42i-4^40^°y^^''"**' le mcmoire Ires-remarquuble sur la fievic jaune, lu 4 racademlc des sciences, par M. Morcau de Jones, et dont les conclusions sent reproduites ci apri'S , pag. 6y7). Nous rapprocheions encore de ces opinions contradictoires le lemoignage , tres-digne de Ibi , de M. Gaseaux , ex-consul de France a New-Yorck ; ce t6moignage est le r6sultat des observations que douze ann6es de residence aux Etats-Unis d'Amerique I'ont mis it portee de recueillir sur la Jieure jaune. "Cette fieire , selon lui , n'esl point contagieuse ; elle est simplement ^pidiniique. — L'epi- demie ne I'rappe que ceux dont les organes auront ete affectes d'avance , et, pour ainsi dire, prepares k recevoir la maladie dans le ceicle atmospherique , generateur de cette fievre. — Sous la zone temper6e, la fievre jaune se montre toujours vers la fin de juillet, ou k la mi-aoftt. Elle apparalt invariablement dans les ports de mer ou dans les habitations a hauteur des marges et voisines des rivieres accessibles aux marges. — II n'y a pas d'exemple que la fifcvre jaune ait jamais apparu dans les terres; qu'elle ait frappe des personnes habitant I'interieur des Etats-Unis, qui n'auraient pas habite des lieux infectes par cette maladie , durant son regne immediat. — Lorsque des citadins , ayant deji en eux le germe de la fi6vre jaune, ou m6me en etat de maladie, sont alles se faire trai- ler, ou sont morts bors du rayon atmospherique de la maladie, jamais ils ne I'ont eommuniquee aux families qui les avaient ac- cueillis, aux midecins qui les avaient traites , ni aux gardes qui les avaient soignes. — Conclusion ■ Les personnes infectees du mor- bus febrile ne le communiquent point aux habitans de I'interieur des terres non voisines de la portee des raarees. — Les personnes qui auront passe le printems et I'ete loin des ports de mer, ou hors de I'influence mephitique des exhalaisons produites par les marges (laissant periodiquement h nu une partie du lit des rivitres), peuvcnt impuncment communiquer avec des fievreux, et memc LIVllES ETRANGERS. 595 traverser sans crai'nte les lieux infectes par la fi^vre.n (Voyez la letlre de M. Caseaux, dans le Precurseur ou Journal de Lyon et du Midi, du i5 dtcembre 1821.) 2a 1. — Ciencia de la Legislacion. — Science de la Legislation, ouvrage ecrit en italien, par Gaetan Filangieri , et traduit par don Jean de Ribera. Madrid, 1S21. Sojo, 6 vol. in-S". L'Espagne possedait deji une traduction de cet ouvrage , faite , en 17S7 , par don Anloine Rubio. Gette traduction, tres-imparfaite , a cause des suppressions et des changemens que le traducteur avait juge a propos d'y faire pour eluder la censure, fut cependant con- damnee par le tribunal de Tinquisition , qui condamna en meme terns I'ouvrage italien. 222. — Docirina social, 6 principios nniversales , etc. — Doc- trine sociale ou Principes universels des lois et des rapports de peuple d peuple , deduits de la nature de I'homnie et des droits du genre humain ; ouvrage traduit du franc^ais , de M. Bonnin , ^Ar un eleve de I'ecole philantropique. Madrid, 1821. Ramos, in-8°. C'est la traduction de I'ouvrage dont nous avons annonc6 la seconde edition. ( Voy. ci-dessus, pag. i63.) 220. — El Dinero. — L'argent. Madrid, 1821. Coronel et Higuera. Brochure in-S". L'auteur anonym»de cet ouvrage pretend avoir prouve qu'avant pen tontes les puissances de I'Europe manqueront d'argent mon- noye. II appelle sur ce point I'attention de tous ceux qui s'oc- cupent de finances. 224. — Diccionario historico de los mas illuslres professores de bc.Uas artes en Espana. — Dictionnaire historique des plus illustres professeurs des beaux-arts en Espagne , par don Jean-Auguslin de Ceak-Bermudez. Madrid, 1S21. A I'academie des beaux-arts. Six volumes in-i2. 225. — Siglo de oro en las selvas de Erifile. — Le siecle d'or dans les forets d'Eryphile , et la grandeur du Mexique , par don Bernard DE Valbdena. Madrid, 1821. A Thotel de I'academie de la langue espagnole; un vol. in-8''. L'eveque Valbuena, mort en 1627, est auteur d'un pofeme epi- que, intitule: Bernard, oil la Vicloire de Roncei'uux . Le celebre poete espagnol Lope de Vega fit une mention honorable ^e cet ouvrage , dans son poeme El Laurel de A polo , le Laurier d'ApoI- 38* 596 LlVllliS UrRANGIiUS. Ion. L'aradcmje dc la languc a entrepris de donner une Edition dcs a-uvrcsde rcvCque Valbuena, nonA cause dcsvuesctdcsidces qu't'lles jX'ntLTment, niais en consideralion du style. En cITet , Valbuena, conteinporain de Cervantes, est I'un des ecrivains espagnols les plus purs et les plus elegans ; toujours harmunieux dans sa prose comme dans ses vers , il est un de ceux qui a le mieux conserve k la languc espagnole son caractere de grandeur et de majeste. aa6. — Antiguedades arabes de Granaday Cordova. — Anliquites arabes de Grenade et de Cordoue, par don PawZ Lozano , ouvrage conipos6 de soixante-dcux estampes, avec des inscriptions arabes traduites en espagnol. Madrid, 1S21, 6 I'acad^mie des beaux-arts. J. A. Llojiente, BOYAUME DES PAYS-BAS. 227. — Tenlamen mineralo^icum seu mineralium noua distri- lutio in classes , ordines , genera , cum parietatibus et synonyinis auctorum... , etc.; auctore J. Kicrx. Bruxelles, 1S20. Delenier. In-S" , de 20S pag. Get Essai viineralogique nous parait proprc ii faciliter I'elude de la science, sans etre destine a I'honneur d'y faire unc revolution. II est precede d'un vocabulaire de mineraiogic. M. Kickx est ua savant niodeste ; en peut compter sur le resultat de ses observa- tions, parce qu'il observe avec soin , et qu'il a le coup d'a'il juste. II a public , en 1812 , une Flore de Bruxelles ( Flora Bruxellensis). In-S" de 348 pag. 228. — Le Guide aux manufactures , ou Exposition complete des produits de rindustric nationals du royautne des Pays-Bas; pat L. F. D. Bruxelles, 1821. Delemer. In-S". Get ouvrage utile contient les nonis, la residence des principaux artistes et de tous les f'abricans du royaume , le genre de leurs fabri- cations et des details precis sur leurs produits. 229. — Jlistoire du souleuement des Pays-Bas , centre la domina' lion espagnole; par P. Tun Schiller; traduit de rallcmand, par M. Cloet. Bruxelles, iSai.Remy. In 8°. Cette traduction se lit avec plaisir, malgre quelques incorrec- tions ; et, quoiqu'elle n'ait ni la chaleur, ni le coloris de I'original , elle peut servir de supplement au Thidlre de Schiller, public, a I'aris, chcz le libraire Ladvoeat. LIVRES ETRANGEllS. 507 5J0. — p'qyage en Circassie ,t»'it en i8iS; par M. Taitbout de MiBicnY, nomine dtpuis, par le roi des Pays-Bas, vice-consul dans la uier Noire. Bruxeiles , 1821. Dekeyn. In-S" de i36 pag. , avec uu atlas litbographie. Ce journal oflre quelques details int6ressans. L'auteiir rectlfie tjuelquefois la carte de lu mer Noire, dressee par le lieutenant russc Bondisschel". 23 1. — Epitre d Odevaere; par A. Quetelet. Bruxeiles, 1821. Delenicr. In-S". M. Quetelct prouve qu'on peut ecrire purement en vers fran^ais liors de France. Les siens unissent a I'elegance una correction nial- Leureuiement trop rare; el, ce qui a'est pas moins louable , ils brillent par de nobles sentimenp, Le pofete apostrophe ainsi I'ltalie : Noble et belle Italic ! 6 mere des beaux-arts! Du milieu des debris de tes trOnes epars , Renversfes, coni'ondns sous le torrent des Sges , Lfeve , leve ton front courbc par les orages ! Le terns, qoi decbira ton manteau triomphal, Et brisa dans tes mains le sceptre imperial , Le tems admire encor ta ville aux sept coUines ; De grands hommes encor sortent de tes mines ; L'amour sacre des arts les guide. . . . Mais Brutus , Dans tes Ills degrades cberche en vain ses vertus. Tu gemis en silence, o malheureuse terre ! Le ciel , en te laissant le don fatal de plaire , Aurait dQ te laisser , pour prix de tes exploits, Assez de force au moins pour defendre tes droits , I'our cbasser loin de toi ces bordes sanguinaires, Qui, s'elan(^ant du baut des Alpes tributaires, Viennent indignement se baigner dans les pleurs Qu'arracbent i tes yeux ta bonte et tes donleurc. Ces huit derniers vers sont evidemnient imites du cel^bre sonnet de I'italieu Filicaja , dont nous donnerons ici la premiere strophe, d'apres la traduction en vers de RL Jullien , qui a etc insereedans VAbeille, ci-devant Minerue litteraire , dans I'un des n"' du raois d'octobre 1821. • Belle ct tristc Italic i 0 terre gcneicuse , liiolic des dons du ciel , et loujours malbeufcuse i 51)8 LIVllES ETRANGERS. Hvlas! pourquoi faut-il , source de plcurs anicib. Que ta beaute fatalc ait produit tes revers ? Italic , ah ! pourquoi la fortune cruelle Nc te fit-elle pas plus puissante ou moins belle ? Plus puissante J ton bras eflt dcfendu tcs droits; Moins belle, la fureur, I'ambition des rois , Avec leurs legions franchissant les niontagnes , N'efit point dc flots dc sang inonde tes campagnes. » De R— g. a52. — latNE, JIagasin general , contenant quelqucs morceaux originaux en langue hollandaise , ct un cboix d'articles extrails des ouvrages periodiques etrangers, par M. Olivier ScniLPEEOORT, Nos II et III. Aofit et octobre, 1821. In-S" de sept feuilles d'im- pression chacun; ouvrage periodique propose par souscription , pour 1 florin ( 2 fr. 12c.) par cahier. Amsterdam. V' Diederichs et fils. Nous avons annonce ( i^-oyez Tom. XI , pag 072 ) la premiere livraison de V Irene , recueil public a Amsterdam , en langue hollan- daise , par M. Olivier Schilperoort. La deuxieme a paru au mois d'aout ; I'editeur n'en a point publie en septenibre , et la troisiemc est du mois d'octobrc. La quatrieme ne paraitra qu'en Janvier 1822, epoque a laquelle cet ouvrage deviendra periodique, s'il obflent un nombre suffisant d'abonnes. Les deux cahiers que nous avons sous les yeux contiennent la traduction de quelques niorccaux de litte- rature , dc politique et de morale , extraits et traduits de journaux I'ran^ais, allemands ou anglais. On y trouve, entre autres , Particle insere dans la Recue Encyclopidique du mois de mai dernier, sur I'ouvrage que M. Heiberg a icrit en. langue norvegienne, et oil ce savant examine cette question importante : Si la societe a le droit d'injliger la peine de mart a un de ses membres. — Les articles originaux, qui apparliennent a I'editeur bollandais, sont : i" un Essai sur les progres de la regeneration de la Grece, dans leurs rapports avec les tenlalives que fait ce pays pour reconquerir Vin- dependance nationale. L'auteur nous apprend beaucoup de parti- cularites curieuses, relatives, soit k I'influence de quelques cours etrangeres sur le developpement et la marche de cette revolution, soit aux institutions qui I'ont preparee , telles que la societe des fieleristes, les nouvelles ecoles de Joannina, de Sniyrneet d'Athenes; I'universite de Cephalonie; enfin, le grand college de Chios, qui LIVRES FllANCAlS. o99 coinptaieut, eu 1820, plus dc cinq cents eleves et plusieuis bong professeurs, paimi lesquels on distingue un Franrais , M. Manousse, forme a I'^cole normale de Paris; 2° une Reruedes outrages impri- mes dans le rqyaume des Pays-Bas , depuis le \" Janvier jusqu'au. 1"' aoul 1821. Cette Revue est trfes-incomplfete : i'auteur y indiquc avec un talent ct une erudition remarquables , mais sans analyse , et d'une maniere sommaire, le merite ou les defauts de quelques livres hollandais ; mais il en neglige un grand nombre qui auraient pu entrer dans son cadre : c'est une serie de feuilletons ingenieux et bien Merits, rassembles sans ordre et lies par des transitions un pcu foreees , plutot qu'une bonne notice bibliographique ; 3° une Disser- tation sur le droit de propriele litleraire, et I'expose des principes d'apres lesquels on devrait , selon I'auteur, rediger upe nouvelle loi sur cette matiere, pour le royaume des Pays-Bas. Cette pifece est suivie de quelques reflexions ( tout-afait dans le sens niiuiste- riel bollandais ) sur la responsabilit^ des auteurs, editeurs et impri- meurs, pour les delits de la presse ; 4° une Note en faveur de la mafonnerie. L'auteur attaque vivement la bulle que le pape PieVII a lancee , en septembre 1821 , contre les carbonari, secte dont M. Olivier Schilperoort ne prend pas la defense , mais avec laquelle, selon lui, le souverain pontile confond mal i propos I'ordre des francs-mafons. Chaque cahier est termine par des melanges en prose et en vers, des anecdotes, des indications de decouvcrles nouvelles, etc. LIVRES fra.\(;ais. ■j35. — Resume d'un Cours ileniejitaire de geographie phj/siquc , autorise par I'universite, poUr I'enseignement de cetle partic dc I'histoire naturelle ; par J. V. Lamodhoux , D. E. S. , professeur d'bistoire naturelle a i'academie de Caen , correspondant de I'lns- litut, etc. Caen, Poisson ; Paris, Verdiere , quai des Augustins , n". 26. In-8° , xvj et 36S pag. Prix, 5 francs. La geograpbie physique est la science qui apprend a connailre les phenomenes astronomiques, physiques et d'bistoire naturelle, qui ont un rapport immediat avec le globe terrestre. L'ouvrage que nous annonoons est Ic resunii des cours faits par un de nos savans distingucs, sur cette matitre. 11 est divise en quatrc parties : la prcniitre rentermc quelques principes gencraux d'ailronomie ; !•» 600 LIVRES FUANCAIS. dt'uxitnie, inlitultic flcro^ra;7/j/e, se compose de la description dc tous les phenoni^nes que I'air et ratmospherc prescntcnt ; la troi- sieme , Vhydrographie , f raite dc I'cau consid6r6e dans tous ses etats sur notre sph6roide ; enfin, la quatrieme , la giognosie, offre iin abr6gc de celte science prcsque nouvelle , dans laquclle on a chei- che A faire connaitre les diflerens terrains, les formes si varices dc la surface solide de la tcrre , ses elimens , ainsi que les grandes lois qui semblent avoir preside !> la dissemination des ctres organises sur noire planete. L'ouvrage est terming par un aper(;u dc I'liistoire des volcans el de cclle des fossiles. En substance , ce livre est un resume dc ceux de MM. Laplace et Francoeur, pour I'astronomie; de Hum- boldt et Biot, pour la physique ; de Humboldt et Bonnard, pour la geognosie ; de Cuvier, pour les fossiles, etc. M. Lamouroux a Ic meritc d'avoir choisi , dans ces ouvrages , tout ce qu'il y a d'essen- tiel, de I'avoir coordonne et redige avec methode et luciditO. Son Resume nous parait Ctrc le livre dont doivent se munir tous les jeunes gens qui suivent , dans les diverses universites de la France , quclques-uns des cours qui se raltachent aux sciences naturelles. Les gens du monde , particuli^rement les proprietaires qui vivent ordinairemcnt sur Icurs terres, y puiseront , sans fatigue et mfinie avec agrement , des notions generales sur les divers pbenomines naturels qui les entourent , et dont I'ignorance ne serait plus par- donnable aujourd'hui, outre qu'ellc pcut souvent Icur devenir pre- judiciable. X. 234- — Consideralions sur I'histo'ire nalurelle clex puissons , sur la perhe et les lois qui la regissenl ; par M. Dralet, conservateur des eaux et forets du douzieme arrondissement. Toulouse , 1S21. 3. M. Douladoure, rue Saint-Rome, n° 4'! Paris, madame Huzard, rue de I'liperon , n" 7. Un vol. in-S°. Prix, 3 fr. et 2 fr. 00 c. par la puste. La richesse de nos rivieres depend d'une bonne legislation sur la peche. Celle qui est en vigueur se compose principalemcnt des ordonnances de Charles IV, dc Charles VI, de Francois J", de Henri II, dc Louis XIV, et de quelques lois renducs depuis la re- volution. Toutes ces lois renferment, a tres-peu de chose pris, les ni^mes dispositions; en sorte que la loi du 28 messidor an VI n'est que la repetition de I'ordonuance de 1J26. S'il est des lois dont la sanction des ttnis guraiitit Im sage!ions , indique les maladies les plus frequentes chez les enfans , les signes pour les reconnaitre, ct les secours les plus pressans 4 la portee de tout le monde. Le memoire de M. Ratier, quoiquc renferme peut-etre dans des bornes un peu (itroites , sera lu avec profit par les parens qui ■yeulent remplir la noble tScbe que leur impose la nature , d'elever et de soi- gner eux-memes leurs enfans. lis le liront avec d'autant plus de plaisir, que I'auteur a su eviter d'employer des termes trop techniques et des raisonnemens trop scientifiques. Les noms de plusieurs me- decins et de plusieurs amis de I'enfance, qui se sont occupes de I'education, tels que Montaigne, Fcnelon , Locke, Rousseau, 06- sessarts , Andry, Duchan , Ballesferd , Montegre, Jullien , Londe , cites en temoignage , prouvent que M, Ratier a etuJie son sujet Geobget, D. M. aSg. — Du begaiement; ses causes, ses differens dcgies; influence des passions, des seses, des 3ges,etc., sur ce vice de prononciation ; moyens therapeutiques pour prevenir , modifier ou guerir cette in- firmite. Par M. Felix Voisin, D.-M, Paris, iSai , Croullebois , li- braire , rue des Matburins. Brochure in-S" de 48 p- Prix, i fr. Le begaiement a toujours etc attribue , par les m6decins et les philosophes qui se sont occupes de la recherche de ses causes, k un vice dans les organes de la parole ; tant6t au volume et k I'epaisseur de la langue , tantot au reldchemeut des ligamens de cet organe , ou Lien encore k la position des arcades alveolaires. M. Voisin pense qu'il faut remonter plus haut pour trouver la cause de cette infirmite. Selon lui , elle provient d'un vice de I'organe de la pensee;elle de- pend d'une reaction irreguliere et imparfaite du cerveau sur les- agens musculaires servants la parole. Apres avoir developp6 cette idee principale de son memoire , fiOfi LIVRES franc; AIS. INI. Voisin donne la description du begaienient ; il parlc de ses dif- ftiences , suivant Ics ages, !es sexes, les divers elals de I'organe de la pensee. II rapportc ime foule de remarques qu'il a dte ii portee de faire, et il arrive a I'indication des moyens qu'il croit propres i pre- vcnir, modifier on guerir cette infirniitc. Cette indication est pre- cedec de quelques considerations siir le m6canisme du langage el I'artiCce de la prononciation en general. Geobget, D. M. 240. — Traite pratique de jaugeage, oil Von demontre la manitrc de jaugertoutes sorles de tonneaux, cuvcs, tinettes, baignoires, etc., d'apres toutes les methodes connues, avec une Table pour trouver, sans calcul , la capacite de toutes sortes de vaisseaux propres a con- tenir des liquides ; par A. J. E. Pascal dd J'aucluse , professeur de niathematiques , fondateur de I'ecole d'enseignement mutuel de la ville d' Avignon. Deuxicme edition, augnientee de la Description (Vun instrument universel pour le jaugeage, qui sert ii connailre la capacite des tonneaux et autres vaisseaux , sans prendre aucune mesure interieurement. Paris, 1S21. Carilian-Goeury, quai des Au- gustins, w ^i. Un vol. in-S" avec planches. Prix, 2 fr. pour Paris, et 2 fr. 4o c. par la poste. Reunir dans un court cspace les moyens les plus exacts qu'on cmploie pour jaiiger ; faciliter ces moyens et les mettre k la portee de tout le monde, tel est le but que s'est propose I'auteur de cet ouvrage. Son Traite, le plus complet que nous ayons, et le senl oil Ton se serve de mesures m6triques, contient plus de trois mille ope- rations, qui peuvent servir^ dans toutes les villes du royaumc , a trouver, au nioyen d'une simple addition, la capacite de toutes sortes de vaisseaux propres k contenir des liquides, et cela avec la plus grande justetse possible. Cet ouvrage sera trts-utile aux jau- geurs ainsi qu'aux particuliers, auxquels il offre une verification prompte et silre de toutes les operations commerciales qu'ils peu- vent faire en ce genre. La description d'un nouvel Instrument universel pour le jaugeage (1), dont M. Pascal lui-meme est I'in- venteur, et qui est surtout necessaire pour les tonneaux contenant des liquides, ne peut qu'ajouter encore au succes de cette nouvelle edition. (1) Cet instrument se trouve a Paris, chez Carilian-Goeury, et a Avignon, chez Caimagnolr , tonrneur m6canicien, rue Lamerie. LIVTvES FRANCAIS. 607 sji. — Calcul fail des pieds defer, suivant leur t-paisseur ct lar- gour ru'diiits au poids; suivi des tarifs i tant la livre et 4 tant le cent ; par M. Bablot. Nouvelle edition, revue, corrigee avec soin, et augnientee du tarif du poids du fer rond, suivant son diametie, ainsi que du poids des pieces en fonte le plus en usage dans le batinient ptles jaidins, par M.***. architecte. Paris, i8n. Bachelier, quai des Augustins, n" 55. Un vol. in- 12. Prix, 2 fr. 5o c, et 3 fr. 9,5 c. par la poste. Get Guvrage sera tres-utile, uon seulement aux serruriers, maitrcs de forges , marcha'nds de fer et quincailliers, mais encore aux archi- tectes et aux toiseurs^ qui sont souvent charges de devis et de marches concernant la serrureric, et generalement a tous ceux qui font batir. 242. Opuscule sur la finifcalion , traitant des vins , des me- thodes usitees pour la fabrication des vins , et des avantages du precede de IM"'' Elisabeth Gervais, brevetee du Roi, pour la memn fabrication. Paris , 1821. Ghez I'auteur, rue de Choiseul, n" 4- In-S° de 120 pages. Prix, 2 fr. 20 cent. Le procede de M"" Gervais consiste a recouvrir la cuve oil le mout de raisin doit fermenler, par]un grand chapiteau de fer-blanc, qui la cl6t hermetiquement. Ge chapiteau, nommg refrigerant , est construit de maniere i recevoir un bain d'eau froide , afin , dit-on , de condenser les vapeurs qui s'exhalent de la cuve. EnGn , pour cviter I'explosion qui serait infailliblement produite par le degagement du gaz acide carbonique , produit de la fermentation vineuse, un tube recourbe part du chapiteau et va se plonger dans un vase plein d'eau , d'oii ce gaz s'ecbappe dans I'air. M"' Gervais cite, en faveur de sa methode , de nombieux et honorables temoignages : j'essaierai cependant d'opposer mon opi- nion i celle de plusieurs academicienstrts-recommandables. Je suis pret i reconnaitre que le vin fait par ce procede est en general meilleur , toutes choses egales d'ailleurs , et meme plus abondant que celui qu'on fait par les moyens vicieux on iuiparfaits qui sont communement en usage. Mais !e refrigerant de I'appareil est-il utile ' Y a-t-il des vapeurs alcooliques condensees, qui , retombant dans la cuve , rendent le vin plus genereui ? G'est ce que je crois devoir contester. Que'qurs prjncipcs de chimie suffivont pour decider cctte question. COS LIVRESFRANCAIS. L'alcool ou ospiit de vin est le premier prodiiit de la ffrnien- tation vineuse; ellc n'cxigc que la presence du sucre , de I'air, de I'eau, de lachaleur, ct d'lin piincipe animalise qu'on nommcfer- mant. Aussi, fait-on de ralcool avec un grand nombre de substances, tclles que le grain , le sucre , le genievre, les pommes , les cerises, les groseilles, la ponime dc terre, etc. Le second produit de cette fermentation est le vinaigre. Autant il I'aut favoriser ie developpe- ment du premier dcgre , autant on doit prendre de soins pour arreter i tems I'operation, afin d'eviter le second. L'action de I'air exttrieur est une des causes qui favorisent le plus I'acessence ; aussi , doit-on s'opposer i son Jibre acces. De tout terns, on a fortement ct Tainement repr6sent6 aux vigne- rons qu'en laissant leurs cuves decouvertes , I'air exterieur agissait d'une manifcre funeste sur la liqueur. Comme la fermentation est toujours il des degres differens dans la masse, tandis qu'une partie du mout de la cuve change le sucre donl la nature I'a charge, en esprit de vin , une autre partie , oil la fermentation a et6 plus active, con- vertit en vinaigre l'alcool qui s'y etait developpe. Le marc ou chapeau qui flotte sur la liqueur s'aigrissant ii I'air, communique en partie cette funeste qualite au vin qu'il touche. Ainsi , Ton doit uvitcr sur- tout que le renouvellement de I'air puisse troubler I'ordre des pheno- menes de la fermentation el en changer les produits. Le couvcrcle dont on protege la cuve est done d'une grande iitilite , et il n'est pas un traite d'oenologie oil cette pratique ne soit recommand6e. II sulBt d'y menager un orifice pour satisfaire in la force expansive du gaz. Cette partie du procede de M"« Gervais est incontestablement excellente , mais aussi elle n'a rlen de nouveau ; et c'est cependant la seule cause des eloges dont sa methode est I'objet : c'est 4 ce couvercle que sont dus les temoignages honorables qu'elle arecueillis et qu'elle attribue i son inutile refrigerant, qu'elle dit propre i condenser les vapeurs. La supposition que l'alcool se dissout ordi- nairement dans le gaz carbonique est fausse. La cbaleur de la fermen- tation enliive , il est vrai , de la cuve quelques parties aqueuses et aromatiques, mais le simple coqvercle sufiit pour les retenir : d'ail- leurs, les frais de construction de I'appareil, la necessite de s'in- troduire dans le celiier pour renouveler I'eau froide de conden- sation, ce froid meme qui peut ralentir la fermentation, etc., LIVRES FRANCAIS. «]0U }ont dcs inconvcniens plus graves que la trc'S-pelite pcite qu'on vuut «'viter. Je pensc done , et c'cst I'avis de tous les oenologistes , qu'il importe d'6viterlerenouvellement de I'air, d'empecherle chapeau de s'aigrit en le forgant de s'immeiger dans la liqueur, d'entretenir la cha- Icur dans la cuve et dans le eellier ; cuGn, de ne poinl attondre, pour decuvcr , que le chapeau s'cnfonce , ni meme que la liqueur soit refroidie. Voili les conditions indispcnsables pour faire d'aussL bon vin que le permettent le climat , IV'xposition de la vigue, la niatuiite du raisin, etc.; encore, peut-on en partie remedier aux defauts de cette nature. C'est ce qui a parfaitenjeut ete expliquu dans le traitti public par M. Cbaptal; et meme , lorsque ce savant etait charge du ministcre de I'intcrieur, il fit rediger et repandre un excellent traite de M. Cadet de Vaux , k I'usage des vignerons , oil sont exposees avec clarte les diverses operations necessaires , soit pour tlrer le meilleur parli des qualit6s naturelles de la vcndange , soit pour en corriger les defauts. Le couvercle dont on ferme la cuve < st une chose tres-utiie , inais qui n'est pqinf une invention nouvelle; et les avantages qu'oD attribue i I'appareil de mademoiselle Gervais, sont dus k gelte cause unique. Le refrigerant n'y fait rien , et meme il nuit tresproba- blement au succes de J'operation , par les soins qu'il exige. Pour que les attestations en faveur du refrigerant fussent coavaincantes, il faudrait que les experiences eussent ete dipigecs convenablement. Prenez deux cuves f^galgs de la meme vendange, fermez I'une et laissez I'autre decouverte : nul doute que le vin de la premiere ne soit plus genereux et meme plus aijondant que celui de la deuxiemc. Mais , si I'une dejj cuves est fermee et que I'autre soit garaie de, refrigerant, celle ci ne donnera ni plus de vin que I'autre, ni un yin meilleur; mais il faudrait avoir soin de n'eutrer dans le celliei' de la premiere que pour decuver, aCn de ne pas y litablir un cou- rant d'air froid. Les faits qui viennent d'etre exposes sent avoutis de tous Us phimistes. II est done inutile de recourir a I'appareil de made- moiselle Gervais , et par consequent de participer 4 soa brevet d'invention , pour faire d'aussi bon vin qu'elle le dit ; mais il c>l un rapport sous lequel on doit loucr sa methode. Quoiqije les principes d'analogie soient bien connus et recommand6s depuis fong-tems, crpendant, soit paresse, soit empire des vieilles ha- Tome xif.- 59 Slfl - LIVRES FRANCAIS. bitudes, it est certain qu'ils- n'^taient pas pratiques, ct que la France ne doit qu'a son climat ses Tins delicieui, qui sont tets, malgre les mauvais proc6d6s consacris par une routine aveugle. Si mademoiselle Gervais reussit h faire adopter sa metliode , elle aura reellement rendu un grand service a son pays , malgre I'inutilc refrigerant dont son appareil est charge, parce qu'elle aura obtenu, par la confiance publique en son brevet d'invention , ce que les savans n'ont jamais pu obtenir par leurs conseils. Fhancobub. a43(*) . — f^oyage en Ecosse el aiix iles Hebrides, par L. A. Nec&er DB SiussDBE. Paris, 1821. Paschoud, rue de Seine, n° 48, et Ge- neve, mfime maison de commerce. 3 vol. in-S". Prix, ai fr. 244' — -^^ i»oir une empreinte uniferrae, od elles viennent, pour ainsi dire, s'incorporer au systeme general de nos lois , et ne former qu'un sen! 4out avec elles. Si I'unit^ de legislation est un bienfait , I'onvrage qui tend a ce but merite nos 6loges ; c'est lorsque les bases sont encore, pour - dustric, cons'.dcr6e d'abord en elleincine, custiite dans ses rapports et coninic mobile de la politi|U(", tcl est le but de I'ailteur. 11 indiquc les besoins de rindustric fran^aise , il signale Ics cbarj^es- qui pd-sent sur elle , le denuemcnt d'avances pour ragiiculture , rabsorption de taus les capitaux par les I'onds publics et par un agiotage funeste. 11 dtveloppe les perfectionneinens ou I'extension a donner aux difftrentes branches de I'agriciilture , la liberte a rendre a la culture dcs tabacs , une legislation plus fixe sur le com- merce dcs grains, radoption d'un code rural ct des mines ; il insiste sur la necessite de multiplier les machines ; it piovoque Tanien- deinent des lois sur la propriet cha- pitres , formant la deuxifeme partie de ce deuxieme volume , res- taient encore a publier. Comnie le premier volume, celui-ci est enricbi de belles gravures ; rien n'a ete epargne pour leur donncr toute la verite , toute I'exactitude desirables. 11 offrc d'autant plus d'int6ret que Ton y trouvc une elegante notice sur la vie et les travaux de feu M. de Choiseul -Gouffier, composee par un de ses confreres de I'academie , M. Dacier. Le portrait de M. de Choiseul , d'une grande dimension, et d'une ressemblance par- feite , sera delivre aux soi?scripteurs , en m6me tems que la fin de I'ouvrage. aSy. — DlctUmnaire historiquc on Histoire abregee des hommes qui se sont fait nn nom par leur genie, leurs talens , leurs vertus, leurs erreui's ou leurs crimes , depuis le commencement du monde jusqu'i( nos jours; par I'abb^ F.-X. de Feller. Cinquieme edition, enrichie d'un grand nombre d'articles nouvcaux, intercales par ordre alpha- b6tique, et corrigee sur les observations de nos meiUeurs biographes. T. Ill et IV. Paris, 1821. Mequignon, lils aine ; in-S°. Prix , 10 fr. 258. — Le meme on u rage ; autre edition, ou tons les articles sont revus et corriges avec le plus grand>^soia , augmentee d'un grand nombre d'articles impnrtans , omis dans les prrcedentes I'^ditions , 622 LIVRKS FRANCAIS. et tla la biographic dc tons les homines celt;brcs, niorls jiisqu'^ ce jour. Lyon; imprimerie et librairie de Roland, iSai. T. I, II et III; in-S». 25c).— Dlctionnatrc historiijuc , critique ct bibliographiquc, contenant les vies des homnics illustres, cilehres ou f>imeux dc tons les pays et de tons les siecles , siiivi d'un Dictionnaire abreg6 des mythologies, et d'un Tableau chronologique des evenemens les plus reniarquablcs qui ont eu lieu depuis le commencement du mondc jusqu'A nos jours; par une societe de gens Je lettres. Paris. Menard et Descnne, 1821. T. I-IV. 260. — Diclionnoirc hisioriquc , pliilosnphique et critique , abrvgc du grand Dictionnaire de Baylc , par I'abbe Ladvocat; nouvclle edition, revue, corrlgce ct continuee jusqu'en 1789, par une societe de savans, de litterateurs et de bibliographes. Paris, k la Librairie historique, rue Saint-Honore , n" 12Z , hotel d'Aligre, 1821. T.I et II; in-S". 261 (*).— D/f/JcnnaiVe historique et critique de Pierre Baylk ; nouvelle edition i aiigmentce de notes extraites de Chaufepi6, Joly, la Mon- noie , le Duchat, L. J. Leclerc, Prosper, Marchand, etc. etc. Paris, Desoer, 1821. T. V et VI ; in-8". L'ancienne maxime que lout est de mode en France , se verifie aussi i I'cgard des Dictionnaires liistoriques. J'ai developpe deji dans deux articles {Vojiz T. X, p. 602 ; et T. XI, p. 385.) mon opi- nion sur la reimpression du Dictionnaire de Feller, qui s'execute i Paris; la lecture des T. Ill et IV n'a fait que me conflrmer dans cette opinion. Les fautes y sont tellement multipliees, qu'on ne peut compter sur I'exactitude d'un noni d'homme ou d'une date. Dans mon Examen criiique des Dictionnaires historiques [p'qyez T. I, page i42.), j'ai pr6venu les lecteurs de Feller, que I'article Brirfood ttait'le nom estropi6 de Brezeuood, cite prec6demment. Les tditeurs n'ont tenu aucun compte dc ma remarque. et ils ont reproduit I'imaginaire Brirvood. J'avais encore fait observer que les auteurs de la Biographie universelle , dans leur article Calignon , ancien professeur de rhetorique k Lyon, avaient attribu^ a ce lit- terateur plusieurs ouvrages auxquels il n'avait jamais pense, puis- qu'il est constant que le premier est de Linguet ; le second, de I'abbe de Lacan ; le troisieme, d'un maitre de pension, nomme Demandre, etc. etc. Ce'a n'a pas cmpSche les conlinuafeurs de LIVRES FRANCAIS. fi2;'. Feller de copier ces trois articles, tels qu'ils ssc trouvent dans la Biographie uniferselle , sous le nom de I'abbe de Calignon. L'edition de Feller, qui se fait i Lyon et qui parait ttre rcdigtie par le libraire lui-mfime, est moins fautive que l'edition de Paris; roili tout le bien que je peux en dire. Cette edition n'aura que dix volumes, tandis que celle de Paris en aura douze. M. Holland s'est fait connaitre, en 1818, par un petit Dictionnaire des hommes et une autre fois le 4. Fursi LaisniS. i&b.-r- Dictionnaire des belles-lettres, contenant les elemens de la litterature theorique et pratique, d'aprfis un seul principe, I'asso- ciation des id6es operee dans le langage on le style, par le bon emploi des quatre Clemens litteraires ; les fails, les images , les pensies ct les sentimens, fournis par Vesprit, V imagination ou la memoire et le genie, nourris par I'etude ; elemens clioisis par le bon goftt , appr6cics par le bon sens , et disposes par ordre pour at- teindre an noble but des belles-lettres ; I'association des idees de bonheur et de vertu , principe appuye d'extraitsraisonnts des Merits didactiques d'Aristote, Cictiron, Horace , Qnintilicn, Longin, Vida, Corneillc, les deux Racine, Boileau, Rollin, Fenelon, Bouhours , Le Bossu, Battens, Condillac, Dubos, Trublet, Fontenelle, de Jau- court, d'Alembert , Marmontel, Mallet, Sulzer, Voltaire, Hugb Blair, Maury, Buflbn, Labarpe, Palissot, Geoffroy, Cailhava, CU6- nier, Amar, Lemercier, etc. , avec des citations et des esemples ; par P. C. V. Boistk; 3» partiei Varl d'ecrire el de parler frangais. La premiere partie se compose du Diclionnaire universel ; la se- conde, denoufeaux principes de grammaire. Faris. 1821. Xerdiire, quai des Augusti'ns, n" 25. Un vol. in-S" de 434 pages. Prix, 5 fr. (L'ouvrage entier aura 12 volumes.) 264. — Nouueaux melanges da litlerature frangaise, a I'usage du gymnase de Strasbourg, recueillis par Jean Daniel Brcnneb. Stras- bourg, 1821. Henri Heitz, iraprimeur du gymnase, Un vol. in-i2de 44s pages. Ces melanges sont divises en cinq parties : i* le style epislolaire, 2° \Q.sljle dramalique,^" le style historique, 4° le style didac- tique , 5° le stj'le oratoire. Cette division serait bonne , si le cboix des exemples etait meilleur. On s'etonne de voir, dans la premiere partie, des lettres de rcmercimens, de felicitations, do Tome xri. 40 62G LIVRES FRANCAIS. bonne aniiee. dc condolC-ance, etc., qui rappellciit mi peu Irop ces fadi'9 et insiptdes recueils oil Ton trouve des demandes en inarii>ge, des lettres aux cousins, oncles et tantes, etc., et qui en- seignent I'art da correspondrc avec toute la terre, sans jamais y ■ mettre rien du sicn. Ces puerilit^s nous ont paru fort au-dessous d'un livre destine k I'^ducation. Les exemples de style dramatique 8ont pour la plupart enipruntes de Berquia. La partie dee vojagee, comprissie dans la division intituli^e Sijle histonque . manque d'ordre et de nai^lho !e. F.n f^eniral, les citations ne sont pas trfes- bien choisies Burtout pour on ORvrage destine i faire connaitre et apprecier it de jeunes ilfeves les beautes de la litttratiire franijaise. L. S. B. i65. — Observations sur les qualre ueniien'S Fables de La Fon- taine, restees jusqu'ici sans commentaire; par MM. SSlis, Drlilli et LA IIarpk , recueillies par J. B. Gail; avec specimen des eciitures de La Fontaine et de ses comnientateurs , Delille Selis , Champfort et La Harpe ; pour servir dc suite a Touvrage de J. B Gail , intitul Geneve, meme maison de commerce. Un vol. in-8". de 4*4 pages. Prix, 5 fr, et par la poste 6 fr. 26 r. Les lettres que je public, dit M. Golowkin dans sa preface , ne pr6sentent que peu d'interet, elles n'apprennent rien de nouveau ; les jiersonnages qui Tont reparaitre sur la scene sent connus. Dans cet aveu de I'auteur, est renferme le jugement qu'on doit porter sur son ouvrage. Non seulemeat ces lettres n'apprennent rien de nou- veau , mais elles sont remplies, pour la plupart , de details insigoi- lians et puerils, qu'on supprime ordinairement dans une correspon- dance offerte au public. En general , on ne saurait assez deplorer la manie que I'on a, depuis quelque tems, de tirer de I'oubli tout ce qui devrait y rester. Fontenelle disait, avec-raison, qu'il n'j avail pas de beros pour son valet de cbambre. Voltaire semblait aussi avoir pressenti le tort que lui feraient , aprfes sa mort, les infatigables edi- teurs de sa correspondance. II sentait qu'au milieu des petites tra- casserles de la vie , le grand homuie s'eclipse souvent pour faire place a rhomme ordinaire. Quelques billets de lui, adresses a des habi- tans dc Genfeve et de Lausanne, et relatifs k une acquisition de terre qu'il VGulait faire en Suisse , servent S grossir le volume que nous annon(;ons , sans rien ajouter a son m^rite. Les lettres d'une demoi- selle de Cbnbot le coniinencent. Des pretentions k I'esprit , un style anpliigourique et toujours guinde^ ne justifient pas le cbois qu'on ea a fait. Les notes de I'rdileur eontJearjtnt '■: ?6..ealogie de toutes les families suisses qui iont nOQim^es dans cette correspon- dance ; nous laisht>ns A juger I'interet qu'elles peuvent avoir. L. S. B- 268. — (Eiivres de Tibulle , de Catulle el de Properce, traduites «a vers fran^ais , avec le teste en regard ; par M. C. L. Sf ollitapt, C28 LIVRES FRANCAIS. membre de I'lnstitut de Fiance. Paris, 1821. Arthus Bertrand, rue Hautefeuille , n° a5. 3 vol. in- 18. Prix , 3 fr. le vol. 260. Elegies; par Mollevact. Paris, 1821. Cher le mSme. In-i8. Prix, 5 fr. 270. — Poesies diverses ; par Mollevaut . Paris, 1821. Lelong, au Palais-Roval , galerie de bois , n"> 253. In- 18. Prix, 3 fr. , et 3 fr. 5o c. par la postc. M. MoUevaut a entrepris une tache difficile, en essayant de nous I'aire connaitre Ics tlegiaques latins par des traductions en vers. Los siens manquent souvent de verve, et Ton n'y trouve , au lieu du na- turel I'acile de Tibulle, et de la vehemence impetucuse de Properce , queles traces du travail et des eUbrts presque toujoursinfructueux du traducteur. 11 est encore moins heureux dans Catulle , dont il efface souvent les graces. Nous ne voulons pas soutenir uae pareille accu- sation sans preuve , et nous mettrons sous les yeux du lecteur des passages pris au hasard dans ces dilTerentes traductions. Tous les amateurs de la poesie latine connaissent VEpiihalame de Julie et de Mallius , de Catulle; ils savent par coeur cette strophe pltine de delicatesse et de charmes : Torqualus polo paruulus Matris e greinio sua; Porrigens teneras manus, Dulce rideai ad pa f rem Semihiante labello. Voici comment M. Mollevaut I'a rendue en vers fran^ais : Ce fils, sur le sein de sa mere , Autel de ses jeunes ebats , Sourit doucement a son pcre, Et tend vers lui ses faibles bras. Ce passage n'est pas le seul oii I'auteur emploie des metaphores bizarres etforc6es; il lei emprunte quelquefois i I'original , et les transporte mal 5 propos dans notre langue. Nous citerons ce vers pour esemple , il est tire des Noces de Thelis et de Pelee : Qu'attachee a tes mats , la pourpre d'Iberie De mon ame briUante atteste I'lncendie. - Ce poeme celebre est un de ceux oil le traducteur est reste le plus loin de son modele. Ce n'est qu'une pSle copie du style brillant et LIVJVES FRANCAIS. 629 passionne de CatuUe. On y trouve des cacoplionies que I'auteur semble prendre pour de rharmonie imitative : he rauque cornet s'enjle et sourdcment bourdonnc , Et lejifre aigu siffle, et le tambour resonnc. Apr6s avoir fait la part de la critique, la justice veut que nous dlsions qu'il y a quelques morceaux qui ne sont pas sans m^rite : comme les vers 'a Lesbic, ceux a Hortulatus et la pitce de vers sur Aime et Septime, dans CatuUe. Une partie de la i« elegie du Liv. I, de la 4° du Liv. li.etde la 5' du mOme Liv., dans TibuUe; enSn, dans Properce, quelques passages du Peri^igilium. Veneris. Dans ccs morceaux , le style, sans §tre exempt de taches , a cependant plus de naturel et de grftce. Nous n'avons que peu de chose a dire des Elegies et des Poesies diverses de M. Mollevaut. On y retrouve le meme style que dans ses traductions. L'auteur annonce qu'il va publier incessamment une traduction en vers de TEntide ; nous ne pouvons parler d'un travail que nous ne connaissoos pas. Nous savons seulement que Delille a 6chou6 dans une partie de ce poeme , et qu'il a rendu I'autre avcc un talent digne du premier des poetes latius , contrelequel il luttail. A. T. 271. — Hommages poeliques a La Fontaine, Choix de pieces en vers, composees en I'honneur de ce fabuliste , par J.-B. Rousseau , L. Racine, Voltaire, Marmontel , Delille , Bouflers, Imbert, Le Monnier, Ducis, Collin d'llarleville , Legouve , etc.; accompagnii de notes biographiques et d'anecdotes litteraires, par M. Le Baiily, avec cette epigraphe : Loin d'^puiser une matiere , 11 n'en faut prendre que la fleur. La Fo.maine. Paris, 1821. Nepveu , passage des Panoramas, n° 26; in- 18 de 172 pages. Prix , 5 francs. Nous croyons que M. Le Bailly n'a pas 6te fiddle au plan qu'an- non^ait I'epigrapbe qu'il a choisie. En eil'et , il n'a rien voulu laisser ^chapper de ce qui pouvail paraitre se rattacher en quelque chose a son sujet. Aux noms deji nientionncs dans le titre de ce rccueil , il en a joint d'autres qui appartiennent i des auteurs fort estimable* sans doute,mais dont les productions rappel6es n'ont sowenl qu'un rapport bien faible ou bien indirect avec I'tlogo du fabuliste. PaE «30 LIVRES FRAJNCAIS. •xemple , M. Armand GouOe , chansonnier trfis-ainoable et tr6s-spi- rituel du reste , ne s'attcndait giiere , probablement, h voir figurer, dans les Ilommages pueliijues a La Fontaine, un couplet oil le nom du bunhoiiime n'est amcne que pour I'aire un jeu de mot. Ce qui parait meriterle plus d'eloges, c'est la modestie de I'autcur , qui ne lui a pas permis de placer dans ce recueil une seulc de ses productions. Cependant , plusieurs fables de M. Lc Bailly seraient, selon nous ; un hommage Wen plus agreable i La Fontaine, et plus digne de lui, que la plupart des pifeces qu'on trouve dans ce recueil. Tel qu'il est toutefois, nous le recomniandons aux personnes qui desirent donner des iivres en itrennes. Bien des recueils de po6sies ne le valent pas. E. IIereau. 2/2. — La lieliure, pofeme didactique , en six chants, par M. Less*. Paris, iSao. Se vend chezTauteur, relieur, rue de Touinon, n" i5. 1 vol. in-8*. Prix, 4 fr., et franc de port 5 fr. En d^pit de ses detracteurs, la poesie franraise 6fend encore son domaine. Apies avoir chante les arts liberaux, elle s'empare des arts mecaniques. Le pofeme que nous annon^ons est uniquement consacr6 k donner des prcceptes sur la reliure. L'auteur, aprts avoir ^tabli I'origine prisumee de I'art, apr^s avoir parle de ses progres, de sa decadence, et des nouveaux progres qu'il a faits, de nos jours , decrit les differens procid^s de la reliure. M. Lesne ne s'est pas bornd a chanter son art ; il a voulu le perfectionner. 11 a ajoute 4 son poeme des notes qui, dit-il , ne se liront peut-etre pas, et nous croyons qu'en cela il s'est tronipe ; car nous pensons que ses notes sont tres-instructives pour les ouvriers qui cherchent ^ se perfectionner dans un art que tant de gens pratiquent si mal. A la suite de ce poeme , on trouve un memoire du m6me auteur, re- latif k des moyens de perfectionnement, propres k conserver les reliures pendant plusieurs siecles. L'auteur a soumis , en iSiS.cc memoire 4 la Suciele d'encouragemenl , qui chargea une commission de Texaminer. Les conimissaires , apres avoir examine les precedes de M. Lesn6, s'expliquent ainsi ; Nous pensons que M. Lesne t purees divers ■perferiionnemens t est parvenu a rendre les reliures mains sujetles d, se deformer^el particulierement a leur donner une aolidile capable d'egaler la duree des ouvi-ages pricieux gu'elles sont deslinees a. conserver : ils en recommandent mfime I'usage pour le» bibliothi;qiic6 publiques. Cependant, nous ne sommcs pat LIVRES FRANC AIS. C31 toujoui'g de I'avis dc M. Lcsnu^ qui pcnsc que, parce qu'il est piis- sionn^ pour son ilat, d'autres peuvent I'etre au meme point pour le leur,elle decrire ea vers afin d'en donner des principes qui puissent elre retenus sans peine. Nous croyons que c'est une tdche tr6s-difficile a remplir, et que , si cette fantai.iie prenaiC k beaucoup d'ouvriers, nous serions inondes d'une foule de mdchans poemes. Tous les Guvriers nc sont pas susceptibles de remplacer les etudes «t I'erudition . par nn bon sens naturel qui leur sert de po6tique , comme Tont fait fait Maitre Adam, Maitre Andre et M. Lesne. 275. — Le Rappel. A ceux de mes anoiens compagnons d'armes qui languissent dans I'oisivete, ou qui ont volontairement quittf^ la France; par .'^/ztoz/ze Behadd. Paris, iSii. A Ja librairie nationale et etrangere , quai des Augustins , n" 17. In-S" d'une feuille d'im- pressiou. Prix , 1 fr. Cette ^pitre, d'un bomme dej& connu par qnelques productions oil respire I'amour le plus pur de la patrie , ne pent qu'ajouter i la re- putation de son auteur. Elie est pleine de sentimens nobles et gen6- reus , exprinies avec une mSle onergie. C'est surtout lorsqu'il veut disculper ses compagnons d'armes d« reprochc d'avoir contribu6 k asservir la France , que M. Beraud emploie cette eloquence du coeur qui po rte avec elle la conviction. On m'a vu , dit-il a la France, On m'a vu ton soldat , et non celui d'un maitre ; Plebeien , vers les camps par la gloire emporte , Je demandai la gloire avec la liberli-. La liberie , long-tems, loin de ton sol immense , S'exila ?... Dans les camps j'ignorai son absence ; £t lorsqu'on t'eiicbainait aux lauriers dc tes fils , J'admirais^ tes pieds Vienne et Rome et Memphis; Et je te croyais libre , en tc voyant si belle ! Je crois impossible d'oubiier ce dernier vers, une fois qu'on I'a lu ouentendu; mais si I'amour de la gloire permet de se faire illusion a ee point , combien est coupable cclui qui abuse de cette noble con- fiance pour asservir son paysl E. Hbbeac. 274. — Elo^e de Malesherbes , par M. Honori Dovortr, de Coutances; ouvrage qui a concouru pour le priic de poesLe decern^ jiar I'academie fiaiiraise , dans sa seance publique dn iS »oftt. 632 LIVRES FRANCAIS. Paris, 1S21. Delaunay, au Palais-Royal. Brochure inS" dc plus de 600 vers. Prix , 1 fr. Nous avons cntendu bcaucoup de personnes iinprouver le juge- ment de I'academie, qui a couronne, dans sa seance annuclle du jour de la Saint-Louis, I'Ode de M. Gaulmier. Mais, si nous avons partage Topinion publiquerelativement a cette ode, qui a ete trou- vee g^n^ralement au-dessous de son sujct , du moins dcvonsnous dire que toutes celles que les concurrens de M. Gaulmier ont cru devoir publier J et qui sont parvenues a notre connaissance, sont tres-infirieures encore k la piice couronn6e. Celle de M. Duniont ne merite pas de faire exception. E. H. 375. — Ode surladeliprance dela G/vce, par M. Beet. Paris, 1821. Ambroise Tardieu, rue du Battoir, n° 12 ; in-8° de 6 p. Prix, 4o c. Les uiuses fran^aises ne sont point restees insensibles aux malheurs de la Gr6ce; elles ont depIor6 les ravages de cet antique berceau des poitiques inspirations et de tous les arts, enfans de I'imagination, et elles ont anime les vaillans Hellenes pour la conqufite de leur liberie. Parmi les chants qu'elles ont fait entendre, nous avons remarque I'Ode de M. Bert. Sans doute , de tous les ouvrages de poesies, I'ode est le moins susceptible d'analyse , et I'espace qui nous est accorde ne comporte pas les citations. Nous nous bornerons a recommander 6 nos lecteurs ces vers purs , el^gans^ harmonieux , oil la richesse des rimes s'allie toujours i la justesse de la pensee. La delivrance de la Grece est un sujet si vasle qu'on ne trouvera peut- 6tre pas dans cette p iece tout ce que rimagiiiation se proinet ; niais c'est k I'ode, surtout, qu'il convient d'appliquer le preceptc du gout , qui nous defend d'epuiser une matiere , et nous prescrit de n' en prendre que la Jleur. M. A. 276. — Letlres porttigajses ; nouvelle edition , revue et corrigee sur la premiere. Paris, 1821. Klefler, rue d'Enfer-Saint-Michel , n" 2. In-18 de xxj et i52 pages. Prix , 1 fr. 26 c. Un des plus grands paradoxes de J. -J. Rousseau est celui que Ton trouve daus une de ses lettres i d'Alembert , oil il dit, en par- lanl des femmes : « Ce feu c6leste qui echauffe et embrase I'ame , ce gonie qui consume etdevore, cette bnilante eloquence, ces transports sublimes qui portent leurs ravissemens jusqu'au fond des- creurs, nianqueront loujours a Icurs ecrils ; ils sont froids et jolis eonime sllcs; ilsauronlaulautd'csprit que vousvoudfcz, jamais d'ame, LIVllES FMNCAIS. 633 ils seraient cent fois plut6t senses que passlonnes. Elles ne sauent ni decrire ni senlir V amour nieme,... La seule Sapho, que je sachc, ajoute-t-il, et une autre meritent d'Ctre excepiees. Je parierais tout au monde que les Lettres porlu^aises onl ele ecrites par un homme,» Aujourd'hui qu'il est bien reconnu , au contraire, que ces lettres Ont ete ecrites , en langue portugaise , par une religieuse ou cha- noinesse de Lisbonne, voili , de I'aveu meine de Rousseau, une troisifeme exception, i laquelle nous ne serions pas embarrasses d'en ajouter tant d'autres, que nous pourrions deduire de leur nombre une rfegle toute contraire i celle que le philosopbe de Genfeve croyait etablie par la nature, Mais ne nous etonnons point de son erreur; madame de Warens , auprfes de laquelle Rousseau a passe une partie de sa jeunessCj a pu la faire naitre ; et Therfese, cette compagne indigne de lui sous tant de rapports, a da n^cessairement la nourrir. Plaignons I'auteur d'Heloise de n'avoir point rencontre celle dont son imagination ardente s'etait cree un modele si sedui- sant, et felicitons-nous-en pour la gloire des Lettres; il I'eut aimee, il etlt joui de son bonheur, et son giinie ne se fut peut-utre jamais revele. En effet, les passions ont toujours plus de force en raison des obstacles qu'elles rencontrent; et qu'estce que le genie, si ce n'est I'essence la plus pure des passions ? S'il nous fallait des preuves de ce que nous avan^ons , nous n'irions pas les cbercher bien loin, et nous lef puiserions dans I'ouvrage mtme que nous recomman- dons k Tattenlion de nos lecteurs. Quelle grace, quelle delicatesse, quel charme inconcevable , dans la premiere partie de ces Lettres, oil rberoine, tout entiere k I'esperance , ne semble occup6e que d'un seul sentiment , d'un seul desir , celui « d'immoler tout le plaisir de sa vie a un instant de plaisir pour I'objet aivai ! » Plus tard , quelle eloquence , quel feu , lorsqu'elle cherche a exciter sa jalousie et qu'elle se plaint de sa tranquillite, k I'aspectd'apparences dont les plus legeres, de la part de son amant, suEGraient pour al- lumer en elle le soup^on et la rage ! Enfin, quelle vehemence, quels accens tumultueux d'une passion delirante , augmentee encore en elle par la solitude et la devotion , quand elle acquiert la trap funeste certitude qu'elle n'a plus qu'i mourir, sans que ce dernier sacrifice puisse meme etre apprecie par I'ingrat qui la trahit et qui I'aban- donne ! Pourquoi fautil que I'auteur d'une passion aussi forte en ait ete si peu digne ?... « G'etaiL, dit Sainl-Simon dans ses Memoiresy 6.54 LIVRES FRANCAIS. un grosct grand homme, Ic meilleur, le plus brave, et le plus rempU d'honncur, mais si bete et si luurd, qu'on ne comprenait pas qu'il eftt quelque talent pour la guerre. A le voir, k I'entcndre , on n'au- rait jamais pu se persuader qu'il eftt inspire un amour aussi d^- inesure que cdui qui est I'ame de ces famcuses Lettres [lortugaises, ni mfime qu'il cOt icrit les reponses h cette religieuse », rt'ponses tellenient triviales cependant que Teditour de cette nouvellc 6di- tion a cru devoir les rcjeter, commc deparant I'ouvrage. E. HiiBEAD. 377. — Ln Polonaise , ou I'Instinct du crcur, loman traduit du polonais, de la princesse W**', parmadame Narwaska. Paris, 1821. Guillaume et compagnie , rue Hautefeuille , n° i/f. 2 vol. in-12, Prix, 5 fr. Malvina, commc la plupart des herci'pes de roman, marine, a Page d^ quatorze ans , a un homme qu\elle n'aimait point et qu'elle n'avait accepte que pour odder aus voeux de sa famille, est bienlut devenue veuve. Retiree k la campagnc, el'e y vit , sans trouble et sans d^sirs, dans la societe d'une soenr plus jeune qu'elle, et d'une tante. Un incendie terrible , qui se declare dans le village qu'elle habite, met i decouvert sa belle ame. Accourue sur leg lieux temoins de cette scene ddsastreuse, ellc est entree dans une maison pour sau- ver un pauvre enfant dont les oris se font entendre ; elle va etrc flle-meme victime de son devouement, lorsqu'un jeune elranger, s'elan^ant au milieu des flammes, parvient i I'm retirer^ et retourne vers I'enfant, qu'il a le bonheur de sauver. Ce genereux liberateur refuse de se faire connaitre, et va se retirer ; mais une blessure que lui a faite au bras une poutre embrasee, blessure que Malvina re- marque la prenaiere , le decide k c6der aux instances reitirees qu'elle lui fait d'accepter un asile chezelle. GrSce aux soins du medeciu de la maison , la blessure de Ludomir est bientOt sans danger ; mais les yeuxde Malvina en ont fait une autre qu'elle seule peut guerir. Deson c6te , elle n'est point restee insensible au merite du jeune inconnu; bienlot leurs cccurs sont d'accord , bicntot leur boucbe a parle , #t sis ont echange les aveux les plus doux. Ludomir n'a qu'un mot a dire pour etre I'heureux t-poux de Malvina : sQudain , il prend la resolution de la fuir ; ce qu'il execute, en lui laissant une lettre, dans laquclle il lui dit ; a Ludomir infortune est indigne de vpus.... Vcuillez croirc que le myslerc dont jc m'enveloppe nc recclc aucuii LIVllES FfiANCAIS. 655 crime , et dans aucunc circonstance , ne cherchez jamais a sou- lever le voile qui couvre mon existence.^ Jusqu'ici , il n'y a ricn , dans I'ouvrage , que de tres-ordinaire et que Ton n'ait lu dans mille autres romans; tnaisce qui est entieremeotneuf, ce qui appar-< lient exclusivement 4 I'auteur, c'est le ressort employe pourprolon- ger cette iutrigue amoureuse. Malvina, dans I'intention de so dis* traire , part pour Varsoric. Elle y arrive, dans la saison des bals et des fetes. A peine est-elle dans cette ville, qu'elle entcnd parler partout d'un certain prince de Melstyn, qui est attendu avec im- patience. Ce prince est I'ame de toutes les societes, I'idole dc toutes les femmes, qui se disputent sa conquete. II parait enfin anx yeux de Malvina , qui reconnait aussitOt en lui son clier Lu- domir, mais qui demeure surprise de I'accueil simplement galant qu'elle en re^oit. Peu i peu, les soupcons d'inconstance qui ont trouve place dans son coeur, s'6vanouissent, lorsqu'elle vcit le prince rechercher son entretien, et lui temoigner une preference mar- quee sur toutes les autres femmes de la sooiete. Cependant, son air leger, ses manieres eajouees contrastent singulierenient avec I'air melancolique qu'elle lui a connu auparavant. Bientot, le coeur de Malvina a distingue deux Ludomir , celui qui I'a secou- rue et qui s'est separe d'elle d'une maniere aussi mysterieuse , •t celui dont la tendresse ne lui parait qu'une galanterie etudiee, et pour lequel elle sent chaque jour diminuer son premier amour. Sur ces entrefaites, la guerre s'est declaree, et le prince de Melstyn, avant de partir pour I'armce, presse Malvina de lui donner sa main. Altendrie par I'image des dangers qu'ii va courir, elle cherche £1 surmonter la repugnance secrete qu'elle eprouve a le satisfaire. • Prince, lui dit-elle, a votie retour. . . . » Mais un cri per^ant in- lerrompt ces paroles , et une apparition extraordinaire prive Mal- vina de I'usage de ses sens. Elle vient tout-i-coup d'apercevoir une seconde image de Ludomir, portant I'empreinte de I'horreur et du desespoir, et qui traverse rapidement le lieu oil elle se trouve avec le prince de Melstyn. Est-ce une illusion , est-ce le reve d'une imagination exaltee , ou existe-t-il reellement deux Ludomir?..., C'est une enigme que nous laissons i deviner aux lecteurs , et dont probablement ils n'auront la clef que lorsqu'ils seront par- venus aux derniers chapitres de I'ouvrage. Mais nous craignons qu'alors ils ne penscnl ronime nous, et ne trouvcnt les move ns 636 LIVRES FlUNCAIS. qui ont servi de base i I'auteur, trop forces el trop invraiseni' blables. E. H^REAu. 278.— (Stttres dell. B. Picabd. T. V du Theatre. Varis, 1811. Barba , au Palais-Royal ; ia-S" de 494 pages. Prix , 7 fr. ( Voy. ci- dessus, pag. 4i8)' Ce volume renferme cinq comedies en prose : la Noce sans manage et les Marionnettes , en cinq actes ; les Filles a, marier ct la Manie de briller , en trois, et les Ricochets en un acte. II est orne du portrait de I'auteur; mais I'editeur avertit qu'ayant et6 trompe dans I'executjon, il le fait recommencer , ct le livrera gratis, avec la dernifere livraison. Celle-ci est la scptieme. 379. — Etrennes d'economie rurale et domestiqve pour I'an- nee 1822, contenant des anecdotes, des morceaux d'agricullure , de morale., de m6decine , de pbarmacie, etc. Paris. Raynal, rue Pav6e-Sainl-Andr6-des-Arcs, n" i3. Un vol in-18 de pres de 200 p. Prix, 1 fr. 25 cent., et 1 fr. 5o c. par la poste. ■i&o.—ilrennesliherales, pour i'annee 1822. Paris. Raynal, rue Pav6eSaint-Andre-des-Arcs, n" i3. Un vol. in-16 de plus de 200 p. , imprime sur tres-beau papier et orne d'un joli portrait de M. Du- pont de VEure. Prix : 2 francs 5o cent. , et 5 fr. par la poste. iSi {').— Description tfe r^gyp/e.-^ViscTiKME livbaison.— y^«i/- guites. Vol. \, pi. 66. Vue d'Ei-Kftb , I'ancienne Elethya.— Vol. 1, pi. 35. Cette planche est destinee i faire connaitre I'escalier nilo- metrique pratique a Elephantine , derrifere le quai du levant. — Vol. i,j}l. 76. Six cbapiteaux du porlique d'Esne. — Etat moderrie. Vol. I, pi. 18. Vue de reniplaccment du Vieux-Kaire, situe non loin de I'ancienne Babylone, et de I'aqueduc qui porte les eaux a la citadelle. — Histoire naturelle. — Mammiferes , pi. .5. Deux espfeces de rats d'Egypte avec le h6risson. — ViNGTDBiKME LX'VKKMOv.—Antiquiles. Vol. i,pl. 25. Vue d'une partie des monumens de I'ile de Phila:, autrefois celebre par le tombeau d'Osivis.— P^ol. 1, pi. 20. Celte planche est entierement consacree au temple d'lsis a Fh'ilx.— Etat moderne. Vol. i,pl. 32. Vue de la mosquee de SoultSn Hasan, situee sur la grande place au pied de la citadelle, et de tous les edifices du Kaire , le plus beau et celui qui produit la plus grand cSet.— Vol. i,pl. 5i. Vue de I'intcrieur de la mosquee de Touloun, la plusancienne du Kaire. —Histoire naturelle.— Botaniqiie , pi. 7. Deux cspeccs de scirpus el une cspece d'aodropogon. LIVRES FRANCAIS. 637 — VlNGT - DEUXltME LIVRAISON. Auliquilis. f'ol. 1,J)1, IQ.Bat- reliefs. — F'ol. i,pl- 12. Divers bas-reliefs do Philae. — Atat moderne. Vol. 1 , pi. 56. Details d'architecture de la mosquee de Soult&n Hasan. — Vol. i,/>/. 46. Vue de la porte de secours, Bdb el nasr, qui faisait partie de I'ancienne enceinte du Kaire. — Histoire natu- relle. — Reptiles , pi. 7. Deux espfeces de vipferes et une couleuvre. ViNGT-THOISIKME LIVKAISON. Antiquitis, Vol. 1, pi. 44- VuC d'Ombos. — Vol, i, pi. 46. Restes des deux temples d'Ombos. — Vol. 1, pi. 47- Carrieres de Selseleh. — Etat modeme. Vol. i , pi. l5. Ensemble general des environs du Kaire. — Histoire naturelle. Botanique ,pl. 8. Plusieurs especes de graminees. 2S2, — Bibliographie musicale de la France et de I'etranger, ou Repertoire general systematique dc tous les traites et oeuvres de musique vocale et instrumentale , iniprimes ou graves en Europe jusqu'i cejour; par M. Adrien L*'*. Paris, 1822. Niogret, rue de Richelieu, n" 65. 1 vol. in-S" de 800 pag. Prix, 7 fr. 5o c. pour les souscripteurs, et 10 fr. pour les non-souscripteurs. • Get ouvrage renfernie, en outre, des articles biographiques sur des artistes celebres ; des dissertations, des extraits des meilleurs •morceaux sur la musique , inseres dans d'autres ouvrages et jour- naux etrangers ; des notices sur les compositeurs et les virtuoses les plus celebres des terns anciens et modernes; des a7ze;c?otei' relatives a la musique et aux musiciens; Vannonce, avec des renseignemens, de tous les journaux de musique ou sur la musique, qui paraissent a Paris, dans les departemens de la France et dans les pays etran- gers; des details sur les nouvelles inventions, les instituts de mu- sique, les promotions^ etc. ; une hjmne a. V harnionie et une ode pour la fete de sainle Cecile , traduites de I'anglais, de Guillaunie Congrfeve et d' Alexandre Pope , avec un dictionnaire des adresses de tous les compositeurs, professeurs, amateurs, f'acteurs et loueurs d'instrumens, editeurs et marchands de musique a Paris; et uu autre dictionnaire des musici ns et amateurs dans les departemens. Memoires et Rapports de Socletes savantes et d'uttlitc pablique. 283. — Seance publique de I'academie des sciences, belles-lettres et arts de Besangon, du 24 aoiit 1821, Besan^on. De I'imprimerie de V"= Daclin. In-S" de 56 pages. 658 LIVRES FRANCAIS. Cette brochure conticnt d'abord le discours dii pr6sldent, puis un rapport sur les prlx proposes par 1' Academic. Le sujet du con- cours de 182 1 6tait la question suivante : Quelle a eti, sous le rapport des sciences, des lettres el des ar/s, I'influence de la reunion de la Franche- Comte a la France? Le seul memoirc envoye, n'ayant pas reinpli les intenticns de Tacad^mie, ce sujet a et6 retirt. L'effel des concours pour 1822 est die prouvcr : Combien le principe de I'honneur a contribue a. I'eclat et a la verilable gloire de la monarchie frari^aise. Le prht est une medaille d'or de la valeur de 200 fr Les ouvrages devront etre envoy^s avant le I" juin 1822. L'Academie, considerant que le sujet du concours de 1823 exige des recherches mullipliees, I'a fait connaitre k I'avanee; clle propose de montrer ce que la morale evangelique a ajouti d'ete/idue et de slabiiue a la morale la plus epuree de I'ancienne philosophie. Ltvres en langues etrangeres iniprimes en France. 284('').— AFISTOTEAOYSnOMTIKnN TA ZflZOMENA.etc. — Fragmens eonservis de la politique d'Aristote ; publies par M. A. K. Paris, 1821. De I'imprimeric d'Eberhardt. Firmin Didot , pere et fils , rue Jacob, n" 24. In-S" dc 355 pages. Prix, i3 fr. 285. Grecian liberty, etc. — La Grecc llbre, ode deaiee i S. M. Alexandre I*'', empercur de toutes les Russies , par M. li'illiani DccKKTT. Paris, 1821. Inipriuierie d'Hocquet , rue du Faubourg- Montmarlre, n° 4- 286 (*}. Apis romana. — Journal de litleraturc latine. Tome I. Paris, 1821. Renard, rue Sainte-Anne, n" 71. In 12. Ce journal , qui ne pent nianquer de plaire a tous les amis de la litteraturr ancienneet classique, se public par cahiers de 4S pag-* format in-12, qui paraissent regulierement le 1" de ch.Tque tnois. On s'abonne l\ I'adresse ci-dessus ; le prix de I'abonnenient est de 8 fr. pour six mois, et de i5 fr., pour I'annee. Les cahiers dc no- vembre et de decembre que nous avons sous les yeux renferment plusieurs morceaux en prose et en vers, parnii Icsqucls on reniarque une epitaphe poia' le jeune incdecin Mazet, une notice sui INL Gue fOult, des extraits d'une bistoire de I'eloquencc romaine. IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTliRAIRES. AMERIQUE. Nkw-Yobs.. — Vecouvertes gejgra)>higues. — Les derniers joiirnaui aiD^ricains contiennent quelques details relatifs aux terres nouvel- lement decouvertes dans les mers antarctiques. lis placent la Nouvelle-Shetland m6ridionale au 62" degre de latitude sud et au 65« de longitude ouest. Le capitaine Daniel Clark , commandant \'Hersilie,aL pen6tre jusqu'au 66' degre de latitude, oil il a decouvert des terres qui s'etendaient plus loin vers le sud , sans qu'il pfit en d6couvrir les bornes. Ces terres, meme en ete, etaient couvertes de "" glace et de neige, excepte dans certains endroits durivage frequentes paries veaux marins. Ba^siL. — Nouvelle-Helv^tii. — Fbibourg. — Exirait d'unelettre ecrile par un emigre Suisse , dalee du 28 janfier 1821. 11 y a pres de deux ans que j'ai quitte ma patrie. ( Le district de Pprentruy qui fut enlev6 i la Fiance en iSio, et reuni au canton de Berne ;depuis cette 6poqiie , I'emigration des babitans pour le Bresil a t'-te consi- derable. Kous sonimes tous tres-satisfails du parti que nous avoos pris; nous sommts uarfaitement Iraites. Le pavs est ricbe et fertile; la partie que nous habilons est entremelee de bautes montagnes et de belles vallees. Les forets abondent en toutes sortes d'animjux, parmi lesqucls il n'y en a point de dangereux. En arrivant k notre destination , i Moroqueimado , nous trouvSmes des habitations tr6s- propres et tres-comniodes,pr6parecs e,tpres pour nous. La NouVelle- Fribourg s'elend cbaqae jour davantagc, et parait destinee a deyenir un t'tablissement cousiderabfe. Nos terres nous fournissent abon- damment des legumes; ceux qui reussissnnt le mieux' sont les haricots et les pommes de ttir-e. La colonic se compose de ceat families, qui compteutcbacune quinze i dix-lmit individus. Chaque ferme ou poitioa de terre a environ jSu brasses (mesure de six pieds) de longueur, sur 3oo' brasses de largeur. Outre les fermes,on doiine des terres a quiconque en denian'le. L'air du pays est tres-salubre ; nous jouissons d'une parfaltQ saQt« , et supportons fort bien 1«$ CAO AMERIQUE. ' grandes chaleur», qui passent rarcmcnt trcnte di'tiies. Une brise fraiclie rafraichit I'atmosphere pendant uoc grande paiiic du jovir. La temperature n'est jamais froide. II n'y a que deux saisons , le printems et I'et^. La qualite du sol est exccUentc ; il produit trois fois plus qu'en Suisse , ct cxigc infinimcnt nioins de culture. Notre principale nourrilure consiste en pommes de terre , haricots , riz vert ou sec , caK , viande , etc. Les vins de Madijrc , des iles Canaries, du Portugal, ne sont pas plus chers ici qu'en Suisse. Les bruits que Ton a repandus dans les journaux europ6cns sur la mortalite des colons qui venaient s'itablir ici , sont tout-i-fait denues de fon- dement. A la verite, il y a eu, parnii les nouTcaux arrives, une sorte de maladie tpidemique, mais qui n'etait que la suite inevitable d'une fievre contagieuse dont plusieurs d'entre eux avaient i-te atleints en Hollande ; des families entieres en ont 6t Une edition du Nouveau Testament, en langue wotch ou mculldnjy, existe depuis dix-huit mois; mais, comme les occa- sions de distribuer cette traduction ont 6t6 fort rares , et qu'on a peu d'esperance de pouvoir 6tablir une mission dans cette province, Jes missionnaires ont suspendu lestravaux, jusqu'i ce que les cir- constances leur soient plus favorables, et que leurs moyens pecu- niaires soient aussi plus etendus. 12"" le Nouveau Testament a ^te imprim^, il y a deux ans, en langue A'acham; le voisinage de ce pays avec le Bengale rend une traduction complfete tris-necessaire : en consequence , on vient de mettre sous presse une edition de I'Ancien Testament, grand in-S", k double colonne.iS" Le Nouveau (1) Les Seykhs sont une nation et une secte belliqueuse, ^tablie dans le Pendj4b ; leur capitale est la ville de Labor. Fojez une notice sur les Seykhs, par M. langlts,^ la suite de sa traduction du Voyage du Bengale d Fetersbourg, par G. Forster. (a) Cette conjecture de quelques savans, ou plutut cette preten- tion des Afghans a eti rfefutee par M. Elphinstone, qui a prouv6 que les Afglians sont des montagnards autoclhones. AFRIQ.UE. 6A3 Teslattient vient d'etie publiii en langue gudjaraiy du Guzaraie ; il forme un volume de 8 A goo pages. Les missionnaircs comptent ceder cette traduction i Jeurs confreres de la soci6te des missions de Londres, qui etudicnt maintenant ce langage, afin qu'ils puissent tourner tons leurs efforts vers I'etude des langues qui sont encore ignor^es, ou iniparfaitement connues par les mi&sionnaires. i4° Le NouveauTcstament, en langue de Beykdnyr, est ^galementachevc ; il contient 800 pages : il y a prfes de sept ans que cette traduction a 6t6 commenc6e. iS" On peut encore ajouter & cette liste la tra- duction du Nouveau Testament en langue du kachmyr (Cachemire), commenc6e il y a huit ans , et presque enti^rement termin6e. Outre ces quinzc langues dans lesquelles le Nouveau Testament a dt6 tra- convaincre les bommes de cette verite, pent devenir niembre de la society. J'ai sous les yeux cinq brochures anglaises qui ont 6te publi^es par les soins de cette nouvelle association ; toutes presentent de I'int^rfit, et se f«ront lire avec plaisir, meme par les personnes qui restent etrangeres aux tra- vaux de la societi de la Paix. La plupart de ces brochures sont & leur troisieme ou quatrieme edition. La premiere est en grande partie rtimprimee, d'apres un ouvrage amerjcain. Voici son tttre : Revue sirieuse de I'arl de la guerre , faUanl i'oirqu''il levd a asserfir les peuples^ et sur les moyens propres d me lire fin a, ses railages : ce 60Dt principalement des reflexions dc morale , prisent6es avec assez EUROPE. 651 d'el(igance ; I'auteur s'appuie surtout dd'exemple dee quakcrs,qui gouTcrnent la Pensylranie , pour faire voir qu'on peut r6gner par la douceur, mieux encore que par la force. Le n" II est une lettre, 6crite ponr d^montrer que I'usage de la guerre ne s'accorde pas avec las enseignemens de Jesus-Christ. On rencontre quelques id6es ori- ginalcs dans cctte discussion d'une v6rite si facile k 6tablir. Son au- teur est M. J. Scott. Serait-ce le mfime ecrivain qui publia ce fa- meux ouvrage sur la France , rempli de tant d'erreurs , empreint de taut de prejug6s nationaax , et qui n'a pas mSme trompc le public anglais. Le n" III nous offre un tableau fort remarquable de t6moi- gnages des principaux p6res de I'eglise , contre la I6galit6 de I'art mi- litaire. Le cel^bre philantrope, M. Clarkson , y arassembliiune foule decitationsdeTatien,deTertullien,deSt. Cyprien,de Lactance,de St. Ir6n6e, de St. Justin et de beaucoup d'autres 6crivains des premiers sitjcles , qui s'accordent k faire voir que, tant que le christianisme a conserve son 6tat de puret6 premifere , ses principes interdisaient for- mellement I'etat nxilitaire. Le n" IV nous donne des extraits assez ^tendns des Merits d'Erasme sur la guerre ; on y remarque surtout un fragment d'une de ses lettres k Francois I", oil il parle k ce prince belliqueus avec I'independance d'un vrai pbilosophe. Jene dirairien de la cinquicme brochure ; on y a reuni des passages d6tach6s de I'ouvrage du capilaine Labaume , sur la d^sastreuse retraite de Mos- cou. Ces tristes details ne sent que trop connus en France ; mais les afireux recits que la socid't6 de la Pais a accumul6s dans un petit es- pace, font voir sous un jour bien terrible I'intrepidit^ de nos soldats, et les efforts heroiques du courage trahi par les eldmens et par la fortune. — Ces petits Merits ont de i6 a 24 pages, et se distribuent pour le prix modique de 20 cent. II existe des societes analogues dan s les principales villes de I'Angleterrc; en Am6riqne, la sociele de la Paix de Massacbussets se fait remarqucrpar I'etendue de ses travaux et le zfele de ses membres. La soci^te de la Paix de Londres public encore iin journal, dont nous voudrions pouvoir faire uue mention plus detaillee. Des mfemoires originaux, des analyses choisies, des extraits d'ouvrages, des morceaux de po6sie, les proces-verbaux de ses seances et des societ6s analogues, forment la matifere de cet in- tiressant recueil , intitule : le Herault de la Paix ; il presente beau- coup de vari(it6, et souvent mSme des pieces fort curieuses. A c6ti d'un cxtrait des Memoires de Sully , on y trouve un eloquent discours C52 EUROPE. d'Edinond Burke, sur les ravages de la guerre. Dans Ics uiorccam de pot'sic, j'ai rcniarque une cliarmante romance, appclee la Balaillc de Blenheim, par M. Suuthey ; ellc est pleinc de gr.'^ce et de pliilo- sophie. En resumi, les travaux de la societe de la Paix merilent Tap- probation de tons les amis de I'humaDit^. II y aurait mauvaise grice i> dire aux personnes qui Tent etablie , que leur plan est presque impossible 4 realiser, parce qu'ils ripondent aussitut que Icurde- Toir est de Tentreprendre, et certainement il y a quelquc cbose de sublime dans cette obstination i faire le bien, malgre la grandeur de I'entreprise et les difficult6s du succes. Cbarles CoQUEnEi,. Deptfo^p. — Obelisque egyptien. — On a debarque dans cette villc Tobelisque de granit rouge qui a etc apporte pour M. Bankes le jeune. II avait etc transporte de I'ile de Pbiloe sur les contlns de la Nubie , a Alexandric. Ce monument est d'autant plus inleressant, que c'est le premier de ce genre qui ait ete apporti en Anglelerrc. Deja les artistes sont alles le dessiner pour en faire des gravures. On a pr(':sume qu'il fournirait les moyens de decouvrir le sens des carac- tercs bieroglyphiques, attendu que Tinscription grec que qui est sur lepi6destal, et qui porte que son erection a etecommencee sous Pto- lom^eet CliiopStre, il ya prfes de deux mille ans, a peut-etre du rap- port avec les hieroglyphes , dont I'obelisque est couvert sur ses quatre faces. Get obelisque a vingt-deux pieds de hauteur , et ses faces deux pieds de largeur i la base. L, S. B. RUSSIE. Saikt-Petebsbourg. — Academie impiriale des sciences. — Memoires lusdans les seances de seplemhre et d'octohre 1820, — 1° Trait6 inti- tule : Eupraxia,fille du grand due Vsevolod, epousede I'empereur Henri IV ; par Kbdg. — 2° Observations meteorologiques ; par Pe- TBOF. — 3» Sur le Lynkurium des anciens; par Kolleb. — Tableau moral de la Russie au dixieme siecle ; par I'ambassadeur Il>n- Foselan Mukadessi , gtographe arabe, qui vivait au commen- cement du quatrieme siecle. Moscou. — Sociite biblique. — Dans la derniere seance de cette so- ciete , le president a presente a Tasscmblee I'edition qui vient d'etre faite de la Bible en grec ancien, ainsi qu'une traduction po- lonaise duNouveau Tcstaiucnt; Tunc et I'autre edition ont cte tiices a 10,000 exemplaires. EUROPE. 653 Saint-Petebsbochg. — Une sociite franfaise de bienfaisance a'est ibrniee , il y a deux aus, dans cette ville , sous les auspices de I'amba j- sadeur de France , et a Texemple des autres nations qui font partie de la population de Saint-P^tersbourg. Cette societe, qui a pour but de venir au secours des Fran^ais malheureus , a ete noblement encouragee par la nation russe. Litterature. — Si I'on en juge par le nombre d'ouvrages publics en Russie, depuis le commencement du siecle , la litterature russe a fait de rapides progres. En ringt ans, il a paru huit mille volumes, tandis que, pendant tout un siecle , depuis 1700 jusqu'a 1800, on n'en a imprime que trois mille. On compte aujourd'hui Irois cent cinquante auteurs russes vivans, dent la plupart sont,ainsi que leurs ou- vrages , inconnus a une grande partie de I'Europe. L. S. B. DANEMARCK. CofenhXgcb. — Litterature. — Une jeune fille, Sgee de onze a doiize ans et nommee Virginia Christiana Lund, donne des preuves, vraiment ^tonnantes , d'un genie precoce. L'annee derniere , die a public un tableau de famille intitule : Clotilde , ou Deux pour un; depuis peu, elle a mis au jour un second ouvrage dont le titre est: L'infidelite decouferte.Ces deux livres ont beaucoup de Iccleurs , surtout parmi les dames. Ph. G -Y. ALLEMAGNE. BxTiiaE. — Lakdshct. — Mineralogie. — Le baron de Schiitz , connu par la maniere distinguee dont i! a, depuis cinquante ans, dirige I'ad- ministratiou des mines, vient de faire don, a Tecole de cette ville, de sa belle collection de mineraus , composee de 2,018 morceaux rares et precieui , parmi lesquels les fossiles sont en grand nombre. Cet estimable savant , anim6 par I'amour du bien public , a joint a ce riche present celui d'une partie de sa bibliotbeque. Ph. G — Y. — McNicH. — Agriculture. La fete centrale de I'agriculture a etc celebree , le - octobre dernier, aux environs de cette ville. Les pro- prietaires et les cultivateurs qui, pendant le cours de l'annee, avaient contriliue le plus efiBcacement a I'amelioration de la race des bestiaux, ont regu des prix, qui ont et6 distribues par le ministre de I'interieur. Les plus beaux bestiaux, les objets d'agriculture les plus utiles ont ele exposes. Le roi de Bavierc et sa famille , le roi , 65A EUROi'E. de Wurtetnbcrg ct une population immense ont assistc a celto ft-ie vraiment nationale. Bonn. — Le Journal de VuTtivcrsiti paralt toujours avcc un egal succ<;s. On vient de donncr au public le IV" caliier du premier volume; roici les titrcs des articles les plus int^ressans qu'il rcn- ferme : i° De I'honneur , par Windischmann; -i." Iniroduclion a liiude de la ripublique de Platon , par Delbruck; 3" Examen d'un squelette fossile , trcuvi dans le cercle de Cleves , par Dal- ton ; 4° de la Musique des Grecs , par Munschow ; S" Dissertation critique sur un passage de Tze.'es , relatif a Jlesiode , etsurplu- sieurs endroils de Callimaque ; 6" enCn, Chronique de I'univer- sile, de 1819 a 1821. Ph. G.— Y. Beblih. — Extrait de la gazette des theatres el de la musique, redi'^eepar 31. le docieur Aug. Kuhjj; A"" du \" decembre dernier. c—La Thiorie de la musique, publico demiferement , k Paris, par M. de Momigny , a d6ji obtcnu en AUemagne une attention par- ;ticuliere; I'examen a fait reconnaitre que les bases en sent posees avec beaucoup de profondeur et de sagacite. Nous pensons que la traduction de ce grand ouvrage serait d'antant plus desirable, que son auteur est i la fois praticien et tbtoricien, comme il I'a prouv6 par les exemples renferm^s dans son livre , et par ses quatuqrs qui ont un grand succes a Berlin. » SUISSE. Canton pb GENfevs. — Nouueaux in s t rumens de phy si que. ~IhMs la session de la sociele helvetique des sciences nalurelles , qui a eu lieu, cette annie , k B^le , M. le professeur Pictct a presents k I'as- semblee, au nom de M. Alexandre-Francois Selligue, mecanicien et ing^nieur-opticien , de Genfeve, les dessins de deux instrumens, imagines et executes parcel habile artiste ; I'un , sous le nom de tc- liinelre, et destint k la mesure des distances par une seule station , au moyen de deux lunettes, assemblies parallilement aux deux extremit^s d'une traverse commune ; au foyer de I'une estunm^cro- mfetre k vis, qui mesure I'angle parallactique. Get appareil, .'i ce qu'il parait, ne dilTire de ceux du mCme genre , deji connus, que parce que, dans ceux-ci, Tangle est mesurd par le mouvemeixt donn6 k Tune des deux lunettes, tandis que dans celui de M . Selligue, elles demeurent paralleles, cc qui en rend I'usagc plus sftr. EUROPE. 655 Le second appareil est destine it faireles fonctionsde baromctre ; c'est une sorle de balance qui indique avec precision les change- mens de poids d'un ineine solide , scion que le volume constant d'air qu'il di'place est plus ou moins dense, densite qui ( si elle est rigoureusement proportionnelle k la pression ) pcut indiquer celle- ci , et par consequent reflet baromelrique cherch^. Une disposi- tion mecanique particuli^re rend sensibles i I'instrument les plus l^g^res differences de poids, et leur resultat barometrique est indique par une division qui y est adaptee. M. Selligue a obtenu d^i roi de France un brevet d'invention de cinq ans pour le premier de ces instrumens. Ce meme artiste vient 6galement d'obtenir ua brevet d'importation et de perfectionnement de dix ans, pourune presse k mouvement continu, piopre k imprimer des deux cdtes, et mue par une machine ^ vapeur. — Obserfaloire. — Voici quelques nouveaux details ( voy. ci-dessus, Tom, XI, p. 419) sur notreobservatoire, repar6, ou plut6t recons- truit presque i neuf, en 1820, aux frais de la ville. On y a pratique une terrasse, au milieu de laquelle s'eleve une tourelle a toil tour- nant, destinee i recevoir un cercle ripetiteur, de la construction la plus perfectionnie. L'observatoire de Genfeve est ua de ceux de I'Europe dout la position en latitude et en longitude est la plus exactement dcterminee. Elle I'a etc, astronomiquement , par un grand nombre d'observations d'6clipses de satellites et d'occulta- tions d'^toiles; et , g^odesiquement , paries travaux de MM. Henri et Delcros, g^ometres fraa9ais, qui I'ont li6 avec Strasbourg et Paris en le comprenant dans ieur grande triangulation orientale. Saint-Gall. — La societi d' agriculture cantonnale s'estassembl6e le4avril. La stance a ete ouverte par un discours, dans lequel le president a donne un apergu de I'etat agricole du canton ,■ il a en- suite felicity sa patrie de ce que la reunion de tant d'agronomes zelis lui assurait, pour I'avenir, une partie des avantages que le canton de Berne retire des etablissemens d'Hofwyl , de celui de Zurich et de la ferme-modfcle de Blasihof. II a 6te arrete , entre autres , de continuer les essais faits jusqu'ici sur I'emploi de la ver- dure du chanvre de Russie , de la betterave et de differentes esp^ces de tri^fle , dont I'utiiite , pour la nourriture des bestiaux , est encore peu connue. Le petit-conscil a alloue i la sociite vingt-cinq louis. r.of) EUROPE. applicabk's i» des achats de graines, ainsi qu'a I'cncouragcment de I'agiiculturc. — Exposition el contours d' inslrumens aratoires el economiqueS' — Le perfectionnement de Tagriculture et de I'tconomie rurale lient , en partie , au choix et i la construction des outils et instru- nicns employes par les cultivateurs. Aussi , la classe d'agriculture du canton , dont le zele se signale tons les jours davantage , s'est- clle empressee , pourobtenlr ramulioralion de nos iustrumuns d'un usage plus journalier, de se procurer les dessins de la collection d'outils et d'instrumens, sortis des presses de M. de Lasteyrie : ce recueil a etc mis imniediatcment is. la disposition des ouvriers disposes a en ei^cuter d'apres ces modeles. La classe ne s'en est pas tenuc Ift ; et, jugeant que le moyen le plus propre a hater ce genre d'amelioration serait de fournir aux agriculteurs.la facilite de voir reunis, dans le nieme local , les divers outils et instrumens qui se fabriquent ou se vendent dans le canton; comme aussi de leur I'aire counaitre les instrumens nouveaux , ou non encore inlro- duits dans le pays , et dont I'adoption pourrait abreger ou perfec- lionner leur travail ; la classe , disons-nous , s'est decidee i ouvrir ce concours des cetle annee. L'exposilion a eu lieu du i6 mai au 16 juin, dans Torangcrie du jardin de botanique , elle ne devait d'abord durer que dix jours; mais la classe, ayant xcqn d'Hofwil quelques modeles des instrumens aratoires de M. de Fellenberg, a jugci conve- nable de prolonger cette exposition pour les y ajouter. Ce premier essai n'a pas entierement repondu aux vues qir'on s'etait proposiics; mais, tout incomplete qu'iitait Texposition , elle a cependant pre- sente quelques resultats utiles. Divers instrumens , peu connus dans notre canton , et d'aulres qui ont atteint un degre de perfection inconnu jusqu'ici , ont ete soumis a I'attcntion publique : tels sont, parcxemple, les appareils de M"<= Geri^aiSj pour la vinification {P^oj'. ci-dessus,p. 607),- le Z>a^MeMr,ou instrument destine k "enlever aux vignes une bague d'ecorce , pour assurer la production du fruitj et le semoir perfectionne, c'est-i-dire simplifie par notre habile constructeur d'instrumens aratoires, M. Charles Machel, de Lancy. Le comite de la classe, voulant r^compenser le zele et rintelligence avec lesquels cet artiste distingue s'est consacrc au perfectionne- ment des instrumens applicables h nos localites et a cherchi h les. EUROPE. 659 populariser dans notre canton , lui a decerne la grande medaUlc d'argent de la sociiti pour I'avancement des arts, dont la classe d'agriculture est une section. GBwivB. — Enselgnemenl /nuluel. — Cette methode continue k se repandre de plus en plus dans ce canton. M. le ministre Vullie- njos, qui dirige depuis deux ans, avec distinction, Tecole ^tablie dans le quartiex de Saint-Gervais, vient d'appliquer avec succes la me- thode lancasterienne i I'enseignement de la geographie et de la sphere. On espere qu'il publiera incessamment son travail. Canton ob Balk. — Necrologie. — M.Pierre Ochs, conseiller d'etat, I'ami d'Isaac Iselin, son 61feve et son successeur dans les affaires pu- bliques comma dans les sciences, est mort k Bale, le 19 juin dernier, & l'4ge de soixante-dix-neuf ans. Dou6 de dispositions naturclles tr6s- 6tendues, etricbe de vastesconnaissances acquisespar un travail sou- tenu , il m^rila de bonne heure I'estime de ses compatriotes et la reputation de I'un des premiers bommes-d'etat de la Suisse. Son coup d'ceil prompt et son excellent jugenient lui firent aisement de- couvrir la source et I'etendue des vices qui entachaient diverses ins- titutions nationales. Pen6tre de douleur i cette decouverte, il s'oc- cupa avec zele de tirer, de I'histoire de son pays, des rfegles de con- duite et de prevoyance, propres i remedier an mal. Si la facilit6 avec laquelle il se livra alors ^ des esperances chimeriques merite quelque bldme, il n'en est pas moius vrai de dire que tons les repro- ches qui lui ont etii adresses sur la part ifii'il prit a la revolution' de la Suisse sont loin d'etre fondes. Tout homme impartial, qui lira at- tentivement la dernicre section de son Histoire du pays de Bale (Geschichte der landschaft Basel), sera frapp6 du ton de franchise, de moderation et de sincerite , avec lequel il parle de sa conduite , k cette 6poque memorable. II a laisse divers ouvragcs , mais celui que nous venons de mentionner soffirait pour assurer sa reputation comme historien, si celle-ci ne reposait pas deji sur d'autres travaux non moins recommandables. Nous avons rendu compte de deux volumes de cette histoire (Tom. VI, pag. i64 et Tom. X, pag. 677), dont rachevement a occup6 tous les momens de loisir de ses dernit'Tes annecs : I'impression se poursuit maintenant sans relache , et nous nous empresserons de rendre compte i nos lecteurs des nouvelles livraisons , d^s qu'elles seront publiees. A. S. Tome xii. A2 r>5() EUROrK. applicables i des achats de graines , ainsi qu'a rcncouragenicnt de ragriculturo. — Jixposition el contours d'instrumens araluires el economiqueS' — Le perfectionnement de ragricullure et de reconomie rurale tient , en partie , au choix et i la construction des outils et instru- mens employes par Ics cultivateurs. Aussi , la classe d'agriculture du canton , dont le zele se signale tons les jours davantage , s'est- clle enipressee , pour obtenir ramelioralion de nos iustrumens d'nn usage plus journalier, de se procurer les dessins de la collection d'outils et d'instrumens, sortis des presses de M. de Lasteyrie : ce recueil a ete mis imniediatcment i la disposition des ouvriers disposes k en exicuter d'apres ces modcles. La classe ne s'en est pas tenuc Ik ; et, jugeant que le moyen le plus propre a hater ce genre d'amelioration serait de fournir aux agriculteurs.la facilite de voir reunis, dans le meme local, les divers outils et instrumens qui se fabriquent ou se vendent dans le canton; comme aussi de leur faire counaitre les instrumens nouveaux , ou non encore intro- duits dans le pays, et dont I'adoption pourrait abreger ou perfec- tionner leur travail ; la classe , disons-nous , s'est decidee a ouvrir ce concours des cette annee. L'exposition a eu lieu du 16 mai au 16 juin, dans I'orangerie du jardin de botanique , elle ne devait d'abord durer que dix jours; mais la classe, ayant re^u d'llofwil quelques modules des instrumens aratoires de M. de Fellenberg, a juge conve- nable de prolonger cette exposition pour les y ajouter. Ce premier essai n'a pas entierement repondu aux vues qur'oD s'etait proposecs; mais, tout incomplete qu'etait l'exposition , elle a cependant pre- sente quelques resultats utiles. Divers instrumens, peu connus dans notre canton , et d'autres qui ont atteint un degre de perfection inconnu jusqu'ici , ont cte soumis a I'attention publique : tels sont, par exemple , les appareils de M""^ GervaiSj pour la vinificaiion {F^oy. ci-dessus, p. G07); le bagueur,on instrument destine k enlever aux vignes une bague d'ecorce , pour assurer la production du fruity et le semoir peifectionne, c'estk-dire simpliCe par notre habile constructeur d'instrumens aratoires, M. Charles Machel, de Lancy. Le comite de la classe, voulant r6compenser le zele et rintelligence avec lesquels cet artiste distingue s'est consacre au perfectionne- ment des instrumens applicables k nos localites et a cherchc k les. EUROPE. 659 populari«er dans notie canton , lui a decerne ia grande medaille d'argeot de la sociili pour Vavancement des arts, dont la classe d'agriculture est une section. Ge?c£vb. — Enseignemenl muluel. — Cette methode continue k se repandre de plus en plus dans ce canton. M. le ministre VuUie- mos, qui dirige depuis deux ans, avec distinction^ I'ecole 6tablie dans le quartier de Saint-Gervais, vient d'appliquer avec succ6s la me- thode lancasterienne 4 I'enseignement de la geographic et de la sphire . On espere qu'il publiera incessamment son travail. Cantok de Balk. — Necrologie. — M.Pierre Ochs, conseiller d'etat, I'ami d'Isaac Iselin, son 6leve et son successeur dans les affaires pu- bliques comma dans les sciences, est mort k Bale, le 19 juin dernier, & I'dge de soixante-dix-neuf ans. Dou6 de dispositions naturelles trfes- 6tendues, et ricbe de vastes connaissances acquises par un travail sou- tenu , il m^rita de bonne heure I'estime de ses compati-iotes et la reputation de I'un des premiers honimes- d'etat de la Suisse. Soa coup d'oeil prompt et son excellent jugemeot lui firent aisement d6- couvrir la source et I'etendue des vices qui entachaient diverses ins- titutions nationales. P6netre de douleur i cette decouverte, il s'oc- cupa avec zele de tirer, de I'histoire de son pays, des rfegles de con- duite et de prevoyance, propres i remedier au mal. Si la facility avec laquelle il se livra alors k des esperances chlmeriques mferite quelque bl^me, il n'en est pas moins vrai de dire que tous les repro- ches qui lui ont et6 adresses sui la part v|u'il prit k la revolution' de la Suisse sont loin d'etre fondes. Tout bomme impartial, qui lira at- tentlvement la dernicre section de son Hisloire dtt pays de Bale (Geschichte der landschaft Basel), sera frapp^ du ton de franchise, de moderation et de sincerite , avec lequel il parle de sa conduite , 4 cette epoque memorable. II a laisse divers ouvrages, niais celui que nous venons dementionnersaffirait pour assurer sa reputation comme historien , si celle-ci ne reposait pas deji sur d'autres travaux non moins recommandables. Nous avons rendu compte de deux volumes de cette histoire (Tom. VI, pag. i64 et Tom. X, pag. 577), dont I'achfevement a occup6 tous les momens de loisir de ses derni^res annees : I'impression se poursuit maintenant san^ relSche , et nous nous empresserons de rendre compte k no8 lectcurs des nouvelles livraisons, dfes qu'elles seront publites. A. S. Tome xii. A2 GGO EUROPE. ITALIE. RoviKME DE Naples. — Metiore. — On trouve, dans le Journal Ency- clopedique de Naples (1821 , n"' I ct II), la description d'un nietuore extraordinaire qnis'cst fait voir, le 29 novcnibre 1820, dans plusicurs endrolts du royaunie de Naples, et surlout A Leccc.Une explosion sem- blable S un coup de pistolet, et suivie, quelques instans apres, d'une autre plus forte encore , I'annODc^a vers les sept heurcs du soir. II d6- crivit , avec un sourd niugisscment, une parabole du nord an sud , laissant derrifcre lui un sillon de lutniere llamboyanle, et disparut apres une derniire explosion. On a cru le voirtomber dans la Medi- terranee , prts de la Calabre. II seinble que Lecce ait etc son foyer, parce que c'cst 16 qu'il a fait le plus de bruit. Dans ce cas, ce qui se- rait plus remarquable, c'est qu'a Naples , c'est-h-dire ^ la distance de 3oo milles ( 100 lieues) , la lumiere fnt si vive , qu'elle eclaira toutes les rues de cette ville de la meme maniere que le soleil a niidi. Ce phenomene a dure pres de trois minutes. VisDVE. — Aprfes la derniere Eruption du VesuTC, dans la plaine qui circonscrit soncOne volcanique, se sont formes six autres c6nes, plus ou moins profonds. Un d'eux s'6leve de pr^s de 60 pieds, et a un peri- metre d'environ 200 pieds ; un torrent de lave trfes-fluide et tres-ar- dente le traverse en dessous. C'est dans le cratfere de ce cone qu'un jeune officier fran9ais , M. Louis Coutrel , s'est preclpit6 , Ic 1 1 Janvier 1S21 , pour mettre fin a des" jours empoisonnes parl'ennui. On trouvC des details sur ce sujet dans un mhnoire lu 6 I'academic des sciences de Naples, par M. Monticelli, son, secretaire. SiciLE. — Geo/og-z'e. —Parmi les observations que M. Brocchia faitcs derniferement sur les diverses formations des roches de la Sicile , il en est une qui meriteune attention particuliere.Sur le mont Fellegrino, pres de Paleriiie , il a remarque, h diff6rentes hauteurs, des trous dont la forme prouve qu'ils ont it6 I'ouvrage du mjtilus lithophagus; ils sont souvent r^unis en si grande quantite;, qu'ils ressemblcnt aux alveole^ d'une ruche ; on en trouve jusqu'au sommet de la montagne, qui, d'aprfes les mesures des astronomes dePalerme , s'felfeve au-dessus du niveau de la M6diterranee, de i,85o pieds de Pari* : ce qui montre combien cette mer s'est successivement abaissee. On peut done , dit M. Brocchi , I'egarder cette roche comme une espfece de nilometre: Le m6me voyageur assure avoir rencontre de pareils trous a la ban- EUROPE. 661 teur de 5o ou 4^ pieds de la surface de la mer, dans la Calabre ci- terieure, entre Fuscaldo et Scalea, rers le promontoire de Palinurc, et mfime dans la Calabre ulterieure , sur les bords de la mer loniennc. Rome. — Hommage au Danle. — Une society d'hommes de'let- tres et d'artistes tresdistingues a celebre, le i4 septembre , I'anni- versaire de la mort de Dante AUghieri^ dans unc maison de cam- pagne au-del4 du pont Milvio. Tout y etait prepare pour Imiter ces I'ites fun^bres , que les anciens appelaient Parentalia, Au milieu, etait placee la table du banquet; en t6te, s'elevait un piedestalqui soutenait le buste du Dante, avec Tinscription suivante : Danti Aligherio Ilalicce. poeseos. parenli Qua die.fato. obiit Quingentos. post, annos Carmina. et. epulum.funebre. La ceremonie a ete entre-mul6e de libations et d'entretiens litt6- raires relatifs & la circonstance , k la mani^re des Salumales de Ma- crobe. F. Saifi. — Journaux. — Les recaeils p^riodiques, consacr6s ^ la littera- ture et aux arts , continuent de paraltre avec une r6gularite que n'ont point contrari6e le» graves 6venemens dent I'ltalie a 6t6 le theatre. Nous connaissons , parmi ces recueils , les Njtizie del Giorno , les Ef- femeridi Letlerarie , et le Giornale Arcadico. Cest i ces trois jour- naux que le venerable abbe Francesco Cancellieri , surintendant de rimprimerie de la Propagande, etc., consacre les nombreus resultats de ses recherches sur leg antiquites chretiennes et sur I'histoire litte- raire.Nous avons sous les yeux quelques-unes de ses derni^res produc- tion* extraites de ces recueils;'nous citerons ici particulierement : i <■ Sa Notice sur Filippo Luigi Gilii , directeur de I'observatoire du Vati- can. ( Voy. Tom. XI , pag. 44*) > *° sa Lettera intorno la maravigliosa Tazza diporfido, regalata a Giulio III per la sua villa da Asca- nio Colonna , vase de porphyre qui a onze palmes romaines, dans un sens, et trente-trois" dans I'autre, plac6 au mus^e de Pio Clementino par les soins de Pie VI , en 179a ; 3" une autre lettre al signor di Sebasliano Ciampi , sur les Ferice varsauienses , et sur les 6pees des plus c6l6bres souverains et g6n6raux ; 4° une troisiSme lettre re- lative k la decouverte et ^ la translation de la colonne Antonine ; A2* 6(52 EUROl'E. 5' une quail R-nic , sopra la visita de sacri liusiniJelle basiliche Fa- ticane ed osliense, e sol danaro diS. Pietro ; 6° une cinquieme lettre relative qu sejour que Frederic, roi de Dancmarck, fit k Florence et h Bologne , en 1709, et aux nioyens qu'il employa pour obtenir la grSce du marquis Philippe Bentivoglio , condamn6 & la peine capi- tale. Tous ccs opuscules de M. Cancellieri, publitis en 1821, ont pour but d'^claircir quelque question historiqne, et mdritent I'approbation des savans. Leur laborieux auteur , accoutuni6 depuis long-lems i jouir de leur estime et de leurs respects , leur prepare encore de nou- veaux prcsens, fruits de sa vaste erudition. En France, les antiquites chretiennes occiipenl rarement les academies et Ic public : pen de monumens de ce genre meritent en efiet leur attention ; i tous ^gards, ce sujet scmble appartenir & I'ltalie, et plus particuliferement A la capitale de la chr6tient6. C F. ESPAGNE. Babcelonne. — Medecinsfrancais. {Vqy. ci-dessus, p. 4So.) Au mo- ment du depart des mfedecins fran(;ais, la niunicipalite de cette ville a fait publier, le 20 novembre dernier, la proclamation suivante «La junte municipale de sant6 , dont les soins continuels pour le bien et le soulagement de cette malhcureusc population sont si notoires, a eu I'honneur d'informer le public , le 1 2 d mois passe, de I'arriv^e, dans cette capitale, des cinq medecinsfrancais qui ont 6te envoy6s par leur gouvernement pour observer, d'accord avec nos estimables professeurs , la terrible maladie qui , depuis tant de tems , nous afllige. On les a vus , des le moment nieme de leur arrives , se nion- trer empresses i donner leui-s utiles secours k tous les malades de cette ville qui les reclamaienl. Ces offres genereuses , ils les ont remplies avec le plus grand desinteressement , et avec cette no- 'blesse de sentiment qui distingue les philosophes de la grande nation k laquelle ils appartiennent. L'objet de leur voyage etant rempli , ils viennent de prendre conge de la junte , et lui ont te- moigne leur profonde reconnaissance pour le bon accueil qu'ils ont re^u dans cette malheureuse cite, en consideration des lumieres qu'ont donn^es ces illustresmidecins surle caractereetle traitement curatif de la maladie ri'gnante. Une entiere conformitc d'opinions les unit a celles que le gouvernement suptrieur de cette province a dejA adoptees. EUROPE. 663 « Un seul icntiment leur cause dcs regrets, c'est de penser qu'ifs ii'ont pu laisscr kcette belle population une mctliode certaine et assures pour guerir une maladie qui a cause tant de inaux ; mais ils par- tent avee la resolution d'appliquer tons leurs talens k eclairer une matiere d'une aussi grande importance, non seulement pour le gouvernement qui les a envoyes, mais encore pour le bien de I'in- t(5ressanfe cite qui les a si bien rerus. « C'est en raison d'une conduite si honorable que la }unte a era devoir, tant en son nom qu'en consideration du bon voisinage , leur rcndre les plus vives actions de grace, en les suppliant de vouloir bien lui conimuniquer les dernieres observations qu'ils ont pu recueillir sur cette terrible maladie , d'apres les fails qui se seront passes sous leurs yeux. C'est ce que la junte s'empresse de faire connaitre auxhabitans de Barcelonne, pour repondre aux sen- timens que doivent leur faire eprouver les soins genereux qu'ils ont re^us de MM. les medccins fran(;ais. ■ L'academie de cette ville a remis k cliacun des mtidecins francais le diplOme de menibre de cette societ6. Madrid. — Instruction publique. — On vient d'etablir dans cette ville une ecole publique, sous le nom de philantropique , dans laquelle on enseigne la logique, la critique, la metapbysique , la philosophic morale , le droit naturel , le droit des gens, le droit poli- tique , sans exiger des eleves la connaissance de la grammaire latine. On y admettra gratuitement les jeunes gens pauvres qui voudront en profiter. En six mois , on y enseignera ce qui , d'apres I'ancienne m<5thode , occupait les elfeves plusieurs aonees, dans les univcrsites. J. A. L. — Publications nouvelles.—Chirurgie.—Le chirurgien en chef de I'hdpital de Mahon, Don Manuel Rodriguez , vient depublier un livre intitule : Defense de la litteralure espagnole en general, el en par- ticulier de la chirurgie medicale miUtaire , au su]«t d'un article du Diclionnaire des sciences medicales de Paris. L'auteur fait beaucoup valoir les travaux anterieurs de sa nation dans des tems recules , aCn de cacher sa pauvrete actuelle. Toutefois, I'Espagne a encore aujour- d'hui plusieurs medecins recommandables et instruits , ainsi que beauconp d'etablissemens remarquables. — £conomie politique.— L'cx-Hscul aupres de la cour royale d'ap- pel de Grenade, Don Juan Scmperc y Guarinos, dcja connu dans le 66A EUKOPE. mode savant par son Illstoire du luxe et des loin sompluairesdel'Es- pagne (Ilistoria del lujo y leyes suntuarias do Espaua), et par aa Col- lection des icrits concernant le regne de Charles 111 (BibliotUeca dc los escrifores en el reino de Carlos III), a public derniferenient le quatrifeme volume de sa Bibliolheque espagnole d'econoniie politique,. commenc6e en 1801. Ce volume contient un memoire tres-remar- quable prdsent6 h Charles II par Don Manuel de Lira, dans lequel celui-ci expose au roi les maux qui pesaient sur I'Espagne et Ips moyens d'y remidier. On y remarque, de plus, quelques obserra- tions de Don Manuel Alvaren Osario y Redin , sur la politique et I' administration , et trois memoires du redacteur ; sur la decadence de la culture du ver a soie, dans le royaume de Grenade; sur le produit des impots dans la mem e province , et sur les itablissemens de bienfaisance. Afin qu'on ait une juste idee de rjnt6r6t que pr6- sente cet ouvrage , nous donnerons ici une table des trois volumes qui parurent en 1801. Le premier se compose d'un Memoire sur la necessite d'une statislique complete d' Espagne , sous les rapports physiques et iconomiques, par le redacteur; d'une iVbi/te, du mfime, sur la police exercie en Espagne a I'egard des pauures et des vaga- bonds ; d'un Coup d'oeil, de Fernan Perez de Oliva , sur la naviga- tion du Guadalquivir; d'un Memoire, de P. Juan de Medina, sur les sccours a donner aux pauvres qui se Irouvent riellement dans le besoin ; d'un Traite comparatif des monnaies , par Cobarruvias : d'un Projet concernant les maisons de pret , par Luis Yalle de la Gerda ; d'un Projet du conseiller des finances de Pons ; et d'un Memoire, de J. B. Antoneli, sur la navigation des rivieres en Es- pagne. Le second volume renferme une introduction et quelques Notices pour Vhistoire de la jurisprudence espagnole , psii le redac- teur; enfin, le troisiime contient diverses notices de C. J. de Ge- vallos, D. Guillon-Barbou y Castannede, D. Diego Saavedra, etc. — Histoire. — Don Antonio Maria Alca Galiano, secr6taire du roi, a publie un ouvrage qui a pour titre : Apuntes para servir a la his- toria del origen y alzamiento del ejercito destinado A ultramar en primero de enero de 1820 ; chez Cruz. Get ecrit est court, mais triis- int^ressant. L'auteur, quia pris une part importante A la levie de I'arm^e d'expedition , raconte , avec une exactitude dont on doit lui savoir grci , quels moyens furent employes pour operer cette levtie. — Plagiat litleraire de la Miscelanea , journal espagnol. — Un EUROPE. 665 journal quolidieii espagnol, la Miscelanea, a donni: successiTement, dans ses n 's dc's 9 , lo, 12 ct i5 septembrc 1821 sous cc titie : Z)e la lecture da I'hisloire , relal'wemenl aux feinmes , la traduction liUcrale dc la no:ice de M. Jullien, surle memc siijet , inseree dans la Rei'ue Bncyclojitdique, du mois d'avril 1821 ( Tom. X, p. 8-42)^ 11 nous scmble que, tradulsant Particle entier, le journalistc aurait du au moins indiquer Ic nom de I'auteur et la source d'oii il I'avait lire; mais il n'en est nullement question, ct I'article a 6te donnt comme article original. Ce n'cst pas la premiere fois que Ton a signale de semblables plagiats. La Miscelanea elle-meme s'en est deji rendue coupable plus d'une fois , en prenant des articles litt6- raircs tout entiers dans les journaux de France. — La Gazelle de Milan se fait aussi distinguer par ce genre de plagiat ; ses feuille- tons sont une espece de marqueterie, dans laquelle plus d'un 6cri- vain reconnait les morceaux qu'oil lui a pris. Si I'on peut profiler des nouvelles politiques donndes par les journaux. etrangers, sans qu'il soil neccssaire de grosslr ses feuilles de citations, c'est que les redacteurs des articles politiques attaclient presque tonjours plus d'importance i la nouvelle meme qu'i la nianiere dont elle est pr6- sent6e ; mais il ne saurait jamais en fitre ainsi d'un article litteraire. Toute propriete est d'autant plus sacree que le proprietaire y a consacre plus de ses soins et y attacbe plus de prix ; et les produits de la pensee sont unc propriete non moins respectable que les produits de I'industrie. B. — w. — Gravure. — Histoire naturellc. — Le professeur Don Juan Mieg vient de publier une collection de 29 planches , pour servir de suite a son Paseo por el gabinete do historia natural de Madrid ( Voyei ci-dessus, T.X,p. 4o6). Elles contiennent 211 gravures d'animaux. — Necrologie. — M. liodrigues , astronome distingue , que le gou- vcrnement espagnol adjoignit i MM. Biotet Arago, savans francais, pour la mesure d'un arc du meridien , est mort subitement, '* Madrid, Sg^ d'environ quarante-cinq ans. Ses travaux I'avaient fait sejournci pendant long-tems a Paris et i Loudres. PAYS-BAS. AMsieHDAU. — Inililul royal belsique. — La truisieme classe propose pour sujet du prix qu'elle decernera, dans sa seance pu- blique de 1828, la question suivante ; « Di^quirutur quid Grwci 666 EUROPE. veleres, turn in lingud scripturdque sud, in arlihus alque doclrinis ab orientis populis mutuati sint , el quam ingressi raiionem illud ad suum ipsi ingenium, vitcepriualce el ciuilis usum accommodate' Tint, auxerinl f excoluerinl? » Le prix est de Tioo florins de Hol- lander ou d'une medaille d'or de meme valeur. Les memoires pourront 6tre Merits en latin, en belgo , en fran- yais , en anglais ou en allemand ( mais avec Ics caractercs romains ); ils devront parvenir au secretaire ordinaire de la classe, avant la fin de 1823. Bbcxblles. — Theatre. — Depuis que le gouvernement a institu^ , dans cette ville , un comitti de lecture pour les onvrages drama- tiques , on a joue cinq pieces sur le theatre de cette ville .• I'remis- las , drame tragique , 6crit avec cmphase, ct oil Ton cherche en vain une action; Guillaume, tragedie^ que quelques personnes out mise 4 cot6 des chefs-d'oeuvre de Corneille, mais oii il n'y a & louer que quelques bons sentimens, assez convenablement expri- nies;/e Jaloux du quinzieme Steele, opera en un acte , plein de •nouvemens. . . . de machines; enfin, I'Heure du rendez - vous , bluette dont la musique, qui est fort agrtable, et les paroles, qui sent tres-fades, appartiennent & un olEcier de I'arnide nationale. LouvAiN. — Necrologie. — Joseph Plaschaert , n6 a Bruxelles, en 1760, est mort dans cette ville, le 19 mai 1821, L'aQaiblisseraent de sa sant6 I'avait forc6 de renoncer aux fonctions publiques, et les tons citoyens I'avaient vu avec peine diminuer, ensortantdes Etats- gcneraux,le nombro des defcnseurs des saines doctrines et des vtritablcs interCts dc I'Etat. M. Plaschaert ctait, i la fois, hommc public et litterateur. On a retenu dc lui un grand nombre de jolis Tcrs, pleins d'une gaite philosopbique ; et ses deux brochures, sur r Influence des lavgues et svr la Noblesse, font regrettcr qu'il n'ait pas cntrcpris quelque composition plus considerable. de R— g. FRANCE. Seine-ex-Oise. — Maely. — Machine kydraulique. — La machine de Marly, construite sous le rtgne de Louis XIV, par Rennequin , pour faire arriver les eaux de la Seine k Versailles et au chateau de Marly, etait parvenue, dans le cours d'un sifecle, k un 6tat de vi- tustt qui faisait craindre que sa suppression ne devint bientot ncGCssaire , on chercha des-lors les moycns de la lemplacer. Cetfc EUROPE. 667 grande macLIae clevait I'eau & une liauteur vertlcalc de 5oo pieds ; mais avant d'arriver i cette elevation, I'eau etait reprise i trois fois par des pompes mises en mouvement par des chaines et des balan- ciers, qui reccvaient lour impulsion de roues placees sur la riviere. Ce mecanisme etait fort complique, et Ton devait chcrcher & le slmplifier. On pensa qu'il etait possible d'6lever I'eau d'un seul jet, de la riviere i I'aqueduc construit au haut de la colline de Marly. M. Brunet yparvint, en i8o4, au moyen de pompes aspirantes et refoulantes, et d'un recipient d'air. Cette imporlante d^couverte fut perfectionnee, en 1808, par M. Bralle, inginieur en chef des ponts et chaussees, alors directeur de la machine de Marly, qui donna au cours de I'eau elevee plus de r6gularite. En i8ii, il fut decidti que la machine hydraulique serait rempIac6o par une pompe k vapeur. Celle-ci doit offrir , en effet , I'avantage dagir en tout tems, indepcndamment de la erne ou de la baisse des eaux ; ellepermettra d'ailleurs de rendre k la navigation le bras de la Seine ferme pour I'etablissement de I'ancienne machine. MM. Martin et Cecile furent charges de presenter les plans de cette machine i feu, et ils firent avec succ6s, en i8i5, I'essai de leur systeme de pompes foulantes, elevant I'eau d'un seul jet , et sans recipient d'air. D'apres le r6- sultat dc cette experience , le roi ordonna que la machine projetee serait consfruite aux frais du tresor de la couronnne ; elle represen- tera la force de soixante-quatre chevaux, et elevera So pouees d'eau. L'execution de ces travaux exlgeait la demolition de I'ancienne machine. D'un autre cote, le service de la ville de Versailles devant Ctre assure, on etablit une machine provisoire , mise en mouvement par une des roues placees sur la riviere; et, en 1817, la machine de Rennequin fut demolie. Depuis lors, on n'a pas cess6 de tra- vailler i la construction du batiment qui renfermera la machine a vapeur et k la construction de la machine elle-meme ; le bStiment est termine , et I'on vient d'arriver i la fondation du massif qui doit supporter le cylindre. Le ministre de la maison du roi ayantvoulu que , pour cons- tater I'epoque d'une construction si remarquable et en rappcler les circonstances, une inscription fiit postie dans la premiere pierre de la fondation de ce massif, cette operation a eu lieu, le i4 octobre dernier, avec la solennite convenable. — JuBA. — Sali.xs, — JSnseignement muluel. — La disliibution des \ CGH EUROPE. prix dc I'ecole de cette ville s'cst foite avcc l)caiicoup dc solcnnilc.Cclte ccolc , entrctenue par une souscription volontaire, volt chaque anuce le nombrc de ses 6l6ves s'augmcnier. C'est auzt'le (iclairc dc son ins- titutcur, M. Bigonnet, qu'elle doit scs rapidcs succcs. Les ptres dc fa- mille Ics plus pr6venus contie un etablissement , qu'pn leuravait re- pr6sentc commc une nouveauti dangercuse, en reconnaissent nujour- d'hui Jcs avanlages, ct n'hKSitcut plus d'y envoyer icuis cufans. Les cures les plus respectables dc la ville , s'etant assures que Tinstruc- tion religieuse y etait suivie avec le plus grand soin , se sont fait un devoir dc le proteger. Get etablissement 6talt surtout necessaire daus une ville qui a perdu lous ceux qu'elle avail avant la revolu- tion, et qui, eloignee des grandcs routcB commercialcs , n'a guere pour ressources. que la culture peu productive de son vignoble. Cette meme necessitd se fait egalement sentir dans la plupart des petites villes du d^partement, oil la pauvret6 des families du peupie les oblige de retirer leurs enfans des ecoles publiques, aussitOt qu'ils sont propres a un travail manuel. On doit considerer I'instructiou des basses classes du peuplc comme la sauve-garde de leurs nioeurs et la plus sOre garantie de leur obcissance aux lois. L'experiencc de tous les ^iecles a prouv6 que I'ignorance dans le peupie 6tait un germe de fanatisme et de revolution. B — t. Chaeente-Ikfehielbe. — Sainies. — Jlrcheologic. — M. Chaudruc de Crazannes, charge, par le ministre de I'inlerieur, de I'inspec- tion et de la conservation des monumens d'antiquite du departe- mtnt de la Gharente-Infcrieure, el particulierement de ceux de la ville de Saintes, vient de se livrer h de nouvelles recliercbes , qui ont 6te couronnees d'un heureux succes; en voici les resultats. Amphitheatre. — M. de Crazannes, par suite d'une elude el d'un examen approfondis du terrain , et i I'aide de nouvelles fouilles , a reconnu , i° que I'arcne ou aire de I'amphilhcatre , aujourd'hui en- combree par les ruines de ce monument , et situee i environ neuf pieds au-dessous du sol moderne, etait eutierement pavee ; 2" que les cafece, ou loges des animaux destines aux jeux, aussi recou- vertes et masquees niaintenant par les lerres, etaienl placees sous h podium, i droile de la giande arcade de Test ,«l que les cai^ece , qui sont la partie la mieux cpnservec du monument , communi- quaicnt , par des souterrains , bSlis et voutcs a la manicre des Ro- mains , a la maison romaine , ditc du CuUxiu , si,luec dans la vallcc EUROPE. 669 dc ramphitheatre , ii Test , et i trente toises de ce monument ; mai- son destia6e , selon toutcs les apparenccs , au logement des bes- liaires et autres preposiis au service de ramphithcAtre et de la naumachie. Ces souterrains, de sis pieds de hauteur, sur quatrc h cinq de lar^eur , sont encore dans toute Icur integrity. Par leur moyen , les bestiaires, sans sortir de I'enceinte de leur habitation, pouvaient donaer leurs soins aux animanx , et communiquer meme , au besuin , interieurenient avec I'arene. M, de Crazannes a decou- vert quatre de ces caves que la Sauvagere et Bourignon n'avaient pas vues, ^queduc et naumachie. — Le mfime antiquaire a egalemcnt par- couru, dans tout son cours, avec le plus grand soin , I'aqueduc destine k porter, dans un trajet de plus de deiix lieues, tant6t sur des arcs , tantdt au moyen de conduits souterrains , les eaux des Fontaines du Douhet et de Veneraud , k Mediolanum-Sanlonum, pour le service des 6tablissemens publics de cette ville , celui de ses babitans, et aussi pour alimenter la naumachie pratiquee dans I'arene de ramphitheStre. II est parvenu i retrouver la majeure partie des puits ou events, des reservoirs et des piles ruinees des arcs de ce. beau monument, ainsi que le bassin ou canal des eaux, dans les parties ou il circulait k fleur de terre. M de Crazannes a reconnu que ce oanal , arriv6 sur le coteaa, k Test de cette ville, au lieu dit du moulin du la Grille , faisait un coude ou detour pour prendre sa direction vers Saintes, a droite du faubourg des Dames , qui est I'an- cienne chaussee ou voie romaine de Mediolanum-Suntonuin k Li- monum ( Poitiers . L'aqueduc traversait le litactuel de la Charente^ vis-i-vis la chaussee dite de Reversaux , et dans le lieu oii cet inlen- dant avait projete de faire construire le nouveau pont de Saintes ; parvenu a I'angle du mur de ville, cette muraille, dont il reste encore quelques pans , et qui est construite , selon I'usage des Ro- mains , en gros quartiers de pierre sans ciment, lui servait d'appui ou de support, ainsi que la porte Aiguiere {porta yiquaria), k la- quelle il donnaitson nom. L'aqueduc aboutissait, de cette maniere, au coteau ou hauteur dite de SainL-Macoul (ou Maclou \ servant d'assiette k la ville autique. On le voit k decouvert sur une etcudue de seize toises , pres de la maison de la poste aux chevaux , oii il re- prenait son cours souterrain. Arrive sur ce point , il se divisait eii deux branches principales , I'une suivant la direction de I'ouest, 670 ELROPE. vers la citu Romaine, et I'sulre, se dfitournaiu brasquenicnt, ct formant ua angle droit, en suivant la rampc du coteau jusque visk-vis ramphltbeatre, sur cette mCme colllne oil 11 a tie tgalement mis Ji dicouvert : c'est Ik qu'il debouchait dans Ic vallon niOme de cet amphithc&tre , k cOte de la niaison du coteau , dont on a parld- plus haul. L'aqueduc suivait cette vallee dans un lit k fleur de terre, et parvenait dans I'areue par I'arcade principale ou du centre, du cOtc de Test, dont le sola et6 tenu, k cet effet, beaucoup plus bas que celui des autres , k droite et k gauche, et oil Ton Yeconnait encore facilement le lit de l'aqueduc. Une branche accessoire de derivation alimentait d'eau la maison du coteau, pour I'usage des bommcs ct des animaus. Capiiole. On a decouvcrt dernierement sous le sol du capltole de Santonum, un superbe chapiteau d'ordre ionique, en belle pierre du pa)s, et dans les plus grandes proportions. La sculpture en est riche, et elle rappelle les meilleurs ouvragos, en ce genre, de I'epoque d'Adrien et des Antonins, qui se plurent k embellir les Gaules des njonumens des arts. Cette decouverte est d'autant plus prtcieuse pour les habitans de Saintes , que c'est le seul fragment d'ordre ionique trouvi jusqu'i ce jour dans les ruines de Mediolanum , oil le corinthien et le dorique s'offrent en abondance. Bains romains. En continuant les fouilles de ce monument , M. de Crazannes a fait degager une nouvelle chambre , couverte de pcjntures k fresque , dont les bordures presentaient des especes de mtiandres de divers desslns k compartimens. On a aussi retire des dicombres plusieurs plaques de niarbre de revetement, dont quel- ques-unes ornees de moulures. Le blanc et le vert antique y domi- naient. Ce monument , oil il y a encore beaucoup k fouiller, appar- tient k nn particulier, et il serait fort k desirer que le departement on la ville en Cssent I'acquisition : c'est ce qu'a souvent demands M. de Crazannes. M. Millin en avail aussi exprime le va?u. On deterre tons les jours , k Saintes et dans ses environs , des medailles consulaires et imp^riales de divers m^taux et modules ; " des pierrres gravees, des Cguriues, des vases , etc. M. de Crazannes a transmis dernierement k M. Mongez le dessin d'une bague an- tique , en argent , figurant un double chapiteau corinthien ; le chaton erne d'une cornaline, dont la gravure rcpresente une cicognc ou un ibis, le ecu lenversc en arricre el le bee tn I'ajr, a peu pres dan< EUROPE. 671 I'atlltude que Von remarquo k I'oiseau syinbolique indiquant le hon. principe , sur les chapiteaux histories de nos premiferes 6gUse9 go- thiques ; d'oii M. de Crazannes avait tir6 I'induction que ce bijou pouvait avoir appartenu h ua chretien primitif , le travail de cette bague etant remain. M. Pepin de Belisle, prefet du dtipartement, a annoace 4 M. de Crazannes qu'il venait de demander au ministre de I'int^rieur rautorisation de prendre , sur les fonds libres de ce departement, une somme destinee i continuer les fouilles et les recherches d'an- tiquites auxquelles cet antiquaire se livre avec autant de fruit que de z^le. SOCIETES SAVANTES ET D'uTJIiITi PUBLIQUE. LoNS ■ LB -Sadlnies {Jura), — La Societe d^ emulation , etablie dans cette ville en 1818, travaille avec i6le et succis i faire con- naitre h la France lesressources particuliferes que le sol et I'industrie de ce departement peuvent lui o.Trir. Nous indiquerons brievement Tobjet des principaux memoires dont M. le secretaire perpetuel a fail I'analyse dans la seance publique de cette annee. M. Nicod de Ronchaud a examine les bases sur lesqnelles on veut 6tablir le calcul du revenu imposable dans le Jura ; et 11 a de- montrc, d'apres la connaissance des localites,que ce calcul est inexact, et qu'il doit I'ctre fegalement dans les departemens voisins. — M. de Coucy, ci-devant prefet du departement , s'est occupe paticuliere- ment de I'am^lioration des races bovines, — Les observations de M. Gerrier sur les perfectionnemens dont I'agriculture lui parait susceptible, suivant les localites , sont du plus grand infarct pour les proprietaires. II insiste surtout sur la necessile d'abandonner lesjacheres, les droits de vaine pSture, d'encourager les prairies artificielles qui ne sont point encore generalement introduites et d'adopter les Instrumens aratoires de Fellenberg et de Pictet. — Les antiquites du departement out fixe I'attention de M. Monnier, conservateur du Musee. Son mdmoire sur la Sequanie, ses recher- ches sur les anciens chateaux forts dont les ruines subsistent en- core, lui ont obtenu les suffrages du ministre de I'interieur et de I'academie des inscriptions et belles-lettres. — M. Babey, eleve de Tecole normale et professeur de mathcmatiques au college de Saljns, a communique a la Societe, dont il est menibre, scs essais 672 EUROPE. siir la lichnographjc et la muscologie du Jura. La plus grandc parlie de cette longue chalne de inonlagnes n'aTait pas encore i-.ti ex- plorec par Ics botanistcs. M. Babey , encourage par M. dc Candole, a choisi pour objct de sea 6tudes la partie de la science bota- nique dont Ics amateurs aiment le moins k s'bccupcr, et qui pr(i- sente Ic plus de ditBcultfis, par la ntcessite d'observer i I'aide d'une loupe ou du microscope. Le succts a couronn6 son lele; ct dij.'i , dans ses courses botaniques, il a dicouvert , observd et rccucilli^ dans Ic Jura, plus de deux cents especes de lichens (on n'en connait que six cents), et fait une collection de cent cinquante csptces de mousses — M. Charbaut , iiigeaieur dcs mines, s'est occupi de la geologic des environs de Lons-le-Saunier ; et M. Guyttand , dc I'histoire naturelle et de la topographic m^dicale de cette belle vallee du Jura, connue sous le nom de Grand-Vaux. — M. de Rebours a fait voir tous les avantages qui resulteraient, pour le deparlement, del'etablissement d'une caissehypothecaire d'agricul- ixxre. Le memoire de M. Boichoi, sur la culture des plantes a potasse , lui a m^ritc une mention honorable de la Societe d'en- coura^ement pour r Industrie nadonale. Parmi les plantes soumises il ses essais, la tanaisie est celle dont la culture serait la plus avantageuse, si I'experience justlfiait les calculs de I'auteur; il assure qu'un hectare de tanaisie produirait douze cent cinquante livres de potasse , dont la valeur ne peut fitre moindre de 45o francs par an, Nous devons aussi mentionner la nouvelle charrue inventee par M. Hugonet, cultivateur, et adoptee dans le premier Echelon des montagiies du Jura. Cette invention lui a valu une recompense de 5oo francs de la part du ministre de I'inttrieur. — Enfin , nous citerons un memoire de M. I'abb^ Mermet, professeur 6meiite , 9ur I'origine et les progrfes de I'art du tour k Saint-Claude , ville re- nommee par ses jolis ouvrages en buis. B— y. Lyon ( Rh6ne ). — L'acadimie rqyale des sciences , lellres el arts de cette ville vient d'associer h ses travaux I'un de nos coUabora- teurs, M.Moreau de Jonnis, correspondant del'Institut de France, auteur d'une Monographic historique et medicale de la fievre jaune et d'une Histoire physique des Antilles, dont il a dija paru des frag- mens dtcndus Macos (Sa6ne-et-Loirc). — Sociele des sciences , arts et belles let- irex. — A Tcxcmple dc TAcademie franc^aise , cette societe vient de EUROPE. 67S voler un piix dc poesie destine i» lionorer le ilevoueiiiciit dvs mede- cins frnn^ais fct des dignes socurs de Saint-Camillc , k Barcelonnc. Imstitut. — Academie des sciences. — Novembre 1S21. — Stance' du 5. — MM. Vauquelin et Brongniart font un rapport sur iin me- nioire de M. Riveiro , relatif i une combinaison nouvelle , nommee par celui-ci humboldtine ■, et qui est un soics-oxalale de protoxide de J'er, trouve par M. Breithaupt, dans un deput de lignite friable , 4 Kolowerux , prus de Bilin, en BohCnie. Les conclusions de ce rap- port, cntierement favorables h M. Riveiro, sont adoptees par I'aca- d6mie. — Au nom d'une commission , M. Geoffroy-Saint-Hilaire lit un rapport sur le precis du voyage fait au cap dc Bonne-Esperance , parM Delalande. (A'oy. T. IX,p. 421.) Sir les conclusionsdurappor- teurj'academie arrfite qu'elle recommandera M. Delalande i I'intiret etila munificence du gouvernement. — M.le baron Milius donne des details sur les progres des cultures de I'ile Bourbon, et envoie tin echantillon de I'opium qui a dte recueilli dans cette ile. MM. Vau- quelin et Deyeux sont charges de I'examiner. — M. Turban annoncc un mqyen contra les contagions. (MM. Hall6 et Dum^ril , commis- saires. ) — M. Portal rend un compte verbal du meraoire de M. Lar- rey sur la fief re jaiine. — M. Audoin lit un m6moire sur un insecte aplere , trouve sur un ditlique. (MM. Latreille et Savigny, com- missaires.) — M. Despretz lit un memoire sur la densite des va- pcurs. ( MM. Biot et Thenard , commissaires. ) — Du 12. — M. Buache fait un rapport verbal sur la Geoi^raphie physique de M. Lamouroux. [V. I'annonce de cet ouvrage, ci-dessus, p. Sgg.) — M. Latreille fait un rapport vei-bal s,uv Veniomosrraphie russe de M. Fischer. — M. Pelletan lit, au nom d'une commission, un rap- port sur un memoire tres - interessant deM. Bertin , relatif aux iffec- . tions du cceur. L'academie t6moigne a ce m^decin sa satisfaction ct le desir de lui voir poursuivre ses importans travaux. — Du 19. — M. Ampere communique une experience nouvelle et tres-remarquable de M. Faraday, qu'ila r6p6t6e avecMM. Hachette et Savary, et oii Ton produit^ par Paction mutelle d'un aimant et d'un conducteur voltai'que, un mouvement de revolution de I'un des deux autour de I'autre , mouvement qui se continue toujours dans le mOmesens, tant que la pile agit. — L'academie va au scrutin 67A EDROl'E. pour I'tlcctlon d'un mcinbre & la place de M. CorvJAart. Lej caadi- dals dtaient MM. Chaussier et Desgenettes, ex aequo. Bally, Ber- tin , Alibert et Double; MM. Magendie et Orfila, ex cequo. Au second tour de scrutin, M. Macbndie est nomin6 membre de I'aca- d^mie,— M. Moreau dc Jonnfcs lit un mtmoire sur les phinomenes de la propagation de la fievre jaune. L'importancc du sujet nous determine i donner ici les conclusions de ce memoire , qu'il est in- teressant de comparer avec I'opinion contraire , que nous avons fait contiaitre ci-dessus. ( Voy. pag. 594. ) — « En r^capitulant, d'aprfes notre propre experience, dit M. Moreau de Jonnts, et d'aprfcs plus de six cents autoritis mtdicales et historiques, les ph6nomenes de la propagation du principe contagicux de la fievre jaune , on est conduit aux risultats suivans : cette maladie pestilentielle est tou- jours introduite par les communications maritimes , ou par celles avec les territoires limitrophes , quand elle apparait dans une con- tr6e pour la premiere fois, ou apr^s un long intervalle. Elle est importie et propagee par les personnes ou les choses qui sont in- fectees de son principe contagieux. 11 est faux qu'elle ait aucune autre origine , et qu'elle soit produite par le climat , les tremble- mens de terre, la malproprete, I'intemperance, ou aucune des pretendues causes , designees sous le nom A'infection locale. C'est une maladie sui generis , qui appartient it I'ordre des contagions , ct que ses caracteres rapprochent de la peste et du typhus. Elle est soumise, comme I'une et I'autre, h des conditions sp6ciales de de- veloppement et de propagation : ces conditions sont un certain de- gre de chaleur, I'humidit^ pelagique ou celle des fleuves ; et, quant aux individus exposes i Taction du principe de la maladie , le degr6 d'excitabilite cutanee , appartenant aux constitutions fortes et ro- busteSj specialement au temperament sanguin et aux homm.es de la race europeenne. Les lieux et les individus qui ne r^unissent point ces conditions ichappent, en general, k la propagation de la maladie. C'est pourquoi elle ne s'etend point dans les contr6es eloign^es du littoral de la mer ou des fleuves ; elle ne se propage point pendant ' I'hiver de nos climats ; elle s'6tejtit sur les lieux Aleves ; elle permet aux races africaines, et meme presque toujours aux habitans des pays maritimes de la zone torride , d'cchapper k la contagion. Elle s6vit, au contraire, avec fureur partout 011 , ttant importee , elle trouve les cjrconstances qui favorisent son divcloppement ct sa propagation. liUllOrE. 675 Son gernie parait s'introduire principalement dans Ic corps hamain par I'absorption cutance , ce qui indiquc les frictions huilcuscs . ou de tout autre corps gras, conime un moyen prescrvateur. Cc germu se reproduit dans le corps humain par Taction assimilatrice des forces vitales,et sous I'empire des conditions nicessaircsde son dcveloppe- ment. Lorsque, par I'absence d'une ou de plusieursde ces conditions, Ic developpement n'a point lieu, ou ne se fait qu'imparfaitement, il n'y a point de reproduction du germe de la maladie, qui deviant ajors individuelle ct sporadique. Quand, au contraire, le principe de la flevre jaune est puissamment reproduit par Taction assimilatrice des forces vitales. que stimule Tinfluence de Thumidite de Tair et dela constitution physiologique des individus, ce principe s'echappe du corps humain et forme autour de lui une atmosphere de conta- gion. Les emanations qui constituent le principe de la maladie la communiquent aux personnes qu'elles peuvent atteindre d'une ma- niiire directe ou indirecte , soit en s'exhalant immtdiatement, soil en cessant de demeurer latentes surles objels oil ellus etaient rest6es deposees. II est vraisemblable que ces emanations morbiOques agissent, non seulement par leur energie propre , mais encore par leur quantity; dans les circonstances ordinaires^ leur sphere d'ac- tion parait ne pas s'tlendre au-dela d'une distance de dix pieds. 11 n'y a point de fondement a Tasserlion que ces emanations sont transportfees par les vents d'un lieu dans un autre; qu'elles agissent i une grande distance i Tair libre , et que Tatmosphere entiere d'une ville puisse en etre infectee. Mais, dans tous les lieux oil Tair est stagnant , tels que Tentrepont d'un navire , les salles de la plu- part des h6pitaux , ou les niaisons resserrees des cites d'Europe, ces emanations s'accumulent , s'attachent aux personnes et aux choses , et propagent egalement la maladie par les unes et par les autres. Par ce mode d'action , s'expliquent les anomalies que pre- sente la contagion de la Cfcvre jaune. L'on conceit comment la ma- ladie se propage dans un lieu et non dans un autre; comment ellc est plus contagieuse que la pcste dans la chambrc ctroite d'un ma- lade , et comment elle cesse de Tetre sur une montagne, sur un rocher insulaire , ou dans un lazaret, exposes a une ventilation forte et soutenue. La puissance salutaire qu'il est possible d'exercer contre la fifevre jaune, en la d^pouillant, par ce moyen, de son caractfere contagieux, ne peut avoir toutefois d'eERcacitc , que si Ton sai^it les Tome xu. A3 (wf) ELUVOPE promit'ies traces de ccltn nialadie, pour I'arri^tt'r dans sesprogri's, s'en rendre maifre et I'ctouirer. Mais il faiit en fairc rcJTrayant ct vcridiqiic aveu : quand le principc contagieux de la fitivrc jaune , introduit dans une ville par I'incurie on la cupiditi;, protege par I'ignorance ou I'esprit de systeme , est repioduit a chaque instant dii jour en cent endroits divers, et se propagc par toutes Ics transac- tions de la vie sociaJe , il n'y a plus d'espoir d'arreter ses ravages; e t si Tavenir promet d'y nicttre un terme par la puissance des fri- iiias, il niontre aussi leur funcste rctour, au rctour, du printems, ot scmble menacer I'Europe du destinde ces peuples de I'antiquit^, qui devaicnt payer 6 des monstres un tribut annuel de victimes humaines. « Du 2G. — M. Vauquelin lit un rapport sur une acrolUhe d'Aube- nas.^ M. de Firussac lit un tableau coniparatif des moUusques qui habitent les terres et de ceux qui habitent les caux. (MM. Dumeril et Savigny , coinmissaircs. ) — M. Bouvard presente des Tables nou- velles de Jupiter et de Saturne. — M. Fresnel lit un m^moire sur la dcuble refraction. (MM. Arago, Ampere, Poisson et Fourrier, commissaires. ) — M. Girardin commence la lecture d'un m^moire intitule , Considerations phjsiologlques el midicales sur les negres. A. M— T. — AcademiefrancaiseJ — Seance du 4 dicemhre. — M. Duvalllt une com6die en cinq actes , intitulee le Cvmplot de famillc. Seance du 6. — L'acad6mie arrete qu'clle proposera, pour sujet du concours de poesie de iSaS , le defouement des medecins fran- cais et des soeurs de Saint-Camille , a I'occasion de la fievre jaune dc Barcelonne. Le Roi, instruit de cette decision , a mis i,5oofr. a la disposition de I'academie , pour que Ic prix fiit decerne dans la seance publique du mois d.'aoul 1822. Societe royale el centrale d' agriculture. — Seance du 27 mai 1821 (i).— Prix proposes pour 1822 : — 1° pour I'introduction dans (1) L'abondance des matieres ne nous a pas permis de donner plus tot ce programme ; et meme nous somnies obliges de nous borner i I'annonce des prix relatifs aux objcts les plus importans. On peut d'ailleurs se procurer gratuitemcnt les programmes de- tailles de la plupart de ces prix, cbez madame Huzard, nie T'allat (le In ChapfHc, imprimeurlibrairc de la Societe, rue de I'Eperon , EUROrE. 677 tin canton de la France, d'engraisou d'amendemens qui n'y ttaicnt pasusites aupaiavant ; 2" pour des essais conipaiatifs, fails en jrand sur diflerens genres de culture, de I'engrais terreux (urate calcaire), extrait des matieres liquides dcs vidanges, par AIM. Donat et cotn- pagnie; 3° pour des traductions, soit completes, soit par extraits, d'ouvrages ou niemoires rclatifsa I'econoiuie rurale ou domestique, ecrits en langues etrangeres , et qui offriront dcs observations ou dcs pratiques neuves et utiles; 4° pour des notices, soit biogra- phiques, soit bibliographiques, sur des agronomes, des cultivateurs ou des ecrivains dignes d'etre mieux connus pour les services qu'lls ont rendus a I'agriculture : pour ces quatre objets ; des niidailles d'or et d'argent; 5° pour la culture du pavot (oeillette), i reffct d'extraire I'huile de sa graine , dans ua arrondissement oii cetle culture n'est point pratiquee , des medailles d'or; 6" pour le meil- leur memoire sur la cecite des clicvaux, sur les causes qui ncuvcnt y donner lieu dans les diverses localites, sur les moyens de les priivenir et d'y remedier , une somme de i,5oofr. et des medailles d'or et d'argent, selon I'importance des memoires ; 7° pour la pra- tique des irrigations : 1^' prix, 3,ooo fr. ; 2= prlx, i,Soofr., avec lo Theatre d'agriculture, edition de la Society ; i" accessit , lagrandc medaille d'or de la Societe ; 2' acccssit, la ntedaille d'or a I'efligie d' Olivier de Serres ; pour des machines hydrauliques appropriees aux usages de I'agriculture et aux besoins des arts economiques : prix, 5,000 /)•. Pour etre decernes en 1820 : 9° pour un Iraite complet de la cul- ture maraicbere : 0,000 fr. ; pour des descriptions partielles de di- verses branches de cette culture : des medailles dor; 10" pour le nieilleur Manuel pratique propre i guider les habitans de la cani- pagne et les ouvriers dans les constructions rustiques : \" prix, 1,000 fr ; ■x° prix , 600 fr. En 1824 •■ >'° pour des essais coniparatifs de culture des plantes les plus propres i Iburnir des I'ourrages prccoces : i" prix 1,000 fr.; 2* prix, 5oo fr. En 1825 ; 12° pour retablissement de pepinieres d'olivicrs ; I'^^n'j;, 3,000 fr. ; 1' prix , 2,000 fr. En 1826 ; i3» pour la culture du pommier ou du poiricr 4 cidre dans les cantons oil elle n'est pas encore etablie; des medailla d'or el d'argent, A3* 67S EUIIOPE. Tous les envois doivent Ctre adrcsss^s au secretaire pcrptluel de la Societc, sous le couvert du iiilnistro do rinlcricur , avanl Ic i"^' Janvier desanndes respectivcspour Icsquelles les prix sent annonci's. La Sociele sc reserve expresscment la facultti de conservcr et d'ctu- ployer, soil en,totalite , soil en partie , les mimoires qui auront ttienvoyes aux divers concours.—Sj/^-nff ; FBANrois dk Neufcbatkac, president; d'AwdhS, vice-president; Silvestbe, secretaire perpe- tuel; Ch ALLAN, vice secretaire. Sociele cenlrale dspaccine. — Le 5 mai 1S21, M. Capellc, conscillcr d'elat, cliargti de radministration dcs liospices et des itablisscmens de bienfaisance, accompagn6 de M. LaCbn de Ladcbat, chef du bureau dcs secours et des b6pitaux, a preside la seance gendiale <'e la Stciele centrale de taccine. I'lusieurs profcsseurs de la Faculty de medccine, des niidecins el des chiruigiens de la capitalc, plu- sieurs nienibres du clcrge de Paris, des pastcurs du culte reform6 et un nonibre considerabls d'eleves en medccine elaient prcsens k cctte stance. Apris les discours de M. le conseiiler d'etat, de M. Chaussier, medecin de rhOpital de la Malernili, tt le rapport de M. Ilusson, au nom du comite, sur les progrfes de la vaccine , pendant les annees 1818 et 1819, on a procede i la distribution des prix institu^s en faveur des personnes qui ont fait le plus grand nonibre de vaccinations, et qui ont obtenu le plus de succfes dans la propagation de la vaccine, pendant les annees 18.8 et 1819. Le premier i>rix, de 3,ooo fr., a etc partag6 cntre MM. Daudi- Lerlieres fils, medecin k Saint-Piojet (Tani-ct-Garonne;, et Lejcune, no^decin i Laon (Aisne). Les deux seconds prix, chacun de 2,jOofr., ont 6t6 partag^s : 1° entre MM. Jmuis, officier de sante i Chateau- Salins (Meurtbe), etSalles, medecin 4 Valognes (Mancha), 2° entre MM. rijiiiand, medecin i Lure (Ilaute-SaOne), et harny, pbar- macien Ji Limoges (Ilautc-Vienne). Les Irois autres prix, de 1,000 fr. chacun, ont ete partagis entre MM. Uarre, medecin h. Besan(^on (Doubs , et iire, medecin, i Toul (Meurtbe) ; 2° entre tUM, liaj- Jiaud, midecin & Montauban (Tarn-et-Garonne), et Kedey, mede- cin & Vesoul (Haute-SaOne) ; 3° entre MM. Martin, chirurgien & Teste-la-Madeleine (Orne\ et Pignot, medecin i Issoudun (Indre). II a 6te accorde, en outre, vingt m^dailles d'or et deux cents me- dailles d'argent. Soviete d'cncourapsmcnl ] our rindiistrlc Tuilivnale. — La distribu- EUROPE. 679 lion (les prix de cetlc societe s'est falte lu 3 octobre dernier. On a d'abord In une lettre par laqiielle le ministre de I'intirieur invite la Societti a provoquer, par un concours, le perfectionnement de machines i egrener le colon, perfectionnement dout le besoin se fait sentir de plus en plus dans nos colonies. La Societe a pcnse qu'elle satisferait mieux et plus pr^mptement au desir du ministre J en chargeant une commission specials de faire dcs rc- cherches et des experiences sur ce sujet. Le rapport sur les risultats generaux du concours a ete fait par M. CI. Anlh. Cobtaz, I'un des secrilaires; conformement aus con- clusions de ce rapport, la Societe a retir6 du concours le prix qu'elle avail propose pour une substance veg6tale, naturelle ou composee, propre k remplacer la feuille du mftrier dans la nour- riture des vers U sole, et remis i I'annee prochaine les prix suivaos : 1° pour I'applicaticn de la presse hydraulique i I'extractioa de Thuilc, 2,ooo fr. ; 2" pour une machine i raser les peaux employees dans la chapellerie, i,ooo fr. ; 3° pour la fabrication du fil d'atier propre i faire les aiguilles it coudre, 6,ooo fr. — Nola. La condition qui fixait i io,ooo fr. le montant de la vente dont les concurrens devaient fournir la preuve, est supprimee ; 4° pour le perfectionne- ment des materiaux employes dans lagravureen taille-douce,i,ooof. ; 5" pour la teinture en ecarlate sur lainc avec la garance, 6,ooo fr. ; 6'' pour la culture du pin laiicio, i,5oofr. ; 7° pour la culture du pin d'Ecosse (pinus exbra"', 1,000 fr. ; 8° pour la fabrication du cuir d'ceuvre de Russie ; 1^' prix, ?,oro fr. ; a* prix, i,5oo fr. ; 9° pour uu moulin i nettoyer le sarrasin , 600 fr. ; 10° pour un alliage propre aux machines^ diviser les substances molles alimentaires, 3,ooofr. — Nota. Une mention honorable a ete decernee, pour cet objet, i M. Louis Salmon, chimiste, place de I'Estrapade, n" i. La Societe a proroge i I'annee i823 les prix pour la conserva- tion des viandes, par le precede de M. Appert, ou tout autre execute en grand, 2,000 fr. ; et 4 I'annee 1824, pour la dessiccation des viandes, 5, 000 fr. Les nouveaux prix proposes sent : 1° pour Tiinportation et I'ac- cliniatement des plantes utiles aux arts; i" prix, 2,000 fr. ; 2* prix, 1,000 fr.; a'' pour la plantation des differentes espfrces d'arbres; 1*' prix, 3,000 fr. ; a" prix, i,5oo fr. ; 3° des mtdailles d'or de 5oofr. seront deccrn^cs a chacun dcs trois proprietaircs qui, avant rannee 680 El; ROPE. ]S'24, et uans iin pays oil il n'existe pas Ac put is as.'esiens , en aUrait inlioduit I'usngc pour scivir h rirrigation d'un terrain d'au nioins cinq hectares. 11 a eti' cnsviitc precede , dans I'ordre suivant, k la distribu- tion des prix remportts : i° prix de 600 fr. , pour la dicouvcrlo d'lme carritre de rcspt-cc do pierrc propre a la lithograpliin, de- cernc a M. Lefebure Ciiaillois, profcssour de dsssrn au coUege de Btllcj'; 2" prix de 1,200 Ir. , pour la culture comparec des plantes oltagineuse.'!, decerne a M. Mathieu de Dombaslc, pio()rietaire h Nancy. Cette question ctait au concours depuis 1808. 3° Deux prix, I'un de i,5oo fr., pour la culture du pin dc Corse ow laricio, et I'autre de 1,000 fr. pour la culture du pin d'Ecosse, reserves; gavoir : le i"' i M. Petit Didier, negociant a Saint-Di6 (Vosges), et le 2' k M. Trochu, propri^taire i Bclle-lsle-en-mer ; 4° medaille d'argent decernee pour le raeme genre de culture k M. le che- vaL"er de Brun des Baumes , doclcur en la faculte des sciences de I'universili royfcle , proprietaire i Cbamprond , pres Etampes; 5" prix de 1,000 fr., pour la construction d'un moulin k eau qui n'obs- true point le cours des rivieres et qui nenuise ni ^ la navigation, ni k I'irrigation , ni aux prairies, dicernc a M. Pouguet , char- pentier a Ornans, d6partement du Boubs. (Voy. la Revue, T. XI, pageGij); 6° encouragement de 1,000 fr., paitage entre MM. N'i'erdet ct Giant, de Paris, pour avoir tentti, avec quetque succ<-s , de resoudre le probleme qui avait pour objet la teinture de la laine (jcarlate avcc la seulc garance ; 7° prix de 5, 000 fr., pour la tneil- Icure instruction el6mentaire et pratique sur I'art de percer , k I'aide de la sonde du mineur , les puits astesiens , decerne k M. Gamier, ingenieur des mines k Arras. II nous reste k faire connaitre ce que nous avons remarque de plus inttressant parmi les jroduits industriels dont I'exposilicn a fait Tornement de cette stance. Nous parlerons d'abord des pre- miers resultats d'un travail considerable, ordonne par la Sociite , et qui consiste en recherches sur I'amelioration de I'acier, par son alliage avec differentes substances. Les experiences sont dirigecs par M. Br6ant, verificateur des essais a la Monnaie, cbimiste habile et plein de ;zele pour les arts ; il a deji combine entre eux plus de cinq ccuts alliagcs dilTcrens, et acquis la connaissance dc plusicurs fails iaipdrlans qui scront icndus publics.- Les conimis- ELlROPK. GSl saires dc la Sociclc s'oceupent en inOine Icnis dc I'cxanicn d'un precede particuUci', aii moyenduquel M. Sirhcniy, coulelior, place de I'Ecole-dc-Mcdecinc, est parvenu a diircir I'acier, d'line nja- iiiire elonnante (Voy. la Refue, T. IX, pag. 672.) C'cst aiiisi que Ics encouragemcns accordes en 1819 et i8iO, par la Societe, aux travaux de madamc de Grand-Gurgey, de Marseille, sur la fabrl- catiou des danias, ont assure a la France la conquete d'un nouvcl art. — Une grande coupe et autres articles en plaque d'argent ont ete exposes par M. Jallabert, mecanicien, rue du Temple n" 1)8. On sait combieo celte esp6ce d'ar^enterie economique est aujour- d'hui repandue, et combien la fabrication en est perfectionniie. — Divers produits qui ne sent point encore en circulation dans le commerce ont fixe notre attention. Tels sont des echantillons de marbre factice , prepares en vertu d'un brevet d'invention , par M. Tissot, bovloger mecanicien k Paris. L'arcbitecture et la sculp- ture ne peuvent manquer de s'emparcr de cettc dccouverte et d'en tirer de grands avantagcs. Ne ponvant faire connaitre en detail tons les o^jets qui ont attire notre attention, nous renverrons, pour les developpeniens, au bul- lelin de la Societe, et nous nous bornerons a citcr : 1° divers pro- duits tres • soigncs de la manufaclarc des apprentis pauvres et orphelins, rue du Faubourg-St. -Denis, n" i52. (Voy. la Ref., T. IX, page 2063 ; 2° la coutcUcric fine de MM. Queille, rue du Faubourg- Montmartre, n" 74, et Cardailbac, rue du Roule, n° 4; 3° les rasoirs si justenient renommes et les cuirs i repasser de M. Pro- dico, rue Bourgl'Abbe, n" 22; 4° unc horloge publique en fer fondu , de M. Wagner, rue du Cadran ; 5" unc sphere dite a lan- terne , appareil propre nuj demonstrations aslronomiques ct geogra- pbiques, executee par M. Richer, boulevard Saint-Antoine, n"'7i; 6° une nouvelle regie a calculer presentee a la Societe, par M. Sar- gent, anglais, domicilie & Paris, allee d'Antin, n" 3 ( Cbamps- Elysees) ; un autre instrument du meme genre, execut6 par M. Le- noir, rue Saint-Antoine, n" 340; 7° \m arithmometre ou machine 4 calculer, invcnlce par M. Thomas de Colmar, rue de i'Echiquier, n° 33; S" des tuyaux de plomb sans soudure, depuis six lignes jusqu'a quatre pouces de diametre , ctires i I'aide d'une machine 4 vapeufj dans la plombcrie de M. Lenoble , rue des Coquilles ; 9" des uiaibrcs indigenes , cxtraits des carricics ducouvertfs dans Ic 682 EUIlOrE. depnrlcnicnt du Nord, par M. k haion Morel, ct dans le depar- temcnt dcs Ardennes, par M. Bourguignon ; jo" dcs jarres d'unc trfcs - grandc dimension et autres vases en poterie gres de la fa- brique de Montel (Saflne -et- Loire), appartenant & M. Lanjorrois; 11° une cbeminte portative dite parisiennc, et des garde-vues en porcelaine, dc M. Lhomond, rue du Faubourg-du-TempIe, n" 3o; 12° dcs vignettes gravees en relief d'apres une nouvelle mithode par M. Desebamps, rue du Battoir, n° :iCi; i3° enfin, des nappes et serviettes damassees en CI de lin , de M. Dolle fils, fabricant de lingc de table, & Saint-Quentin (depOt i Paris, rue Montmartre , 11° iSa) ; i4° a la fin de la seance, un musicicn d'un des regimens de la gaide royale a fait entendre V opliicleide ou serpent i clefs peiTectionne par M. Labbaye fils, rue de Cbartres, n° i4. ' Socielc de geographic. — AssemhUe generale. — Aucune Societe ne s'cst elevee sous des auspices plus favorables que la Societe de Geographie, dont nous avons deji annonce la formation et le but. ( Tojez ci-dessus , p. 225 et 46o. ) L'assemblee generale de scs membrcs a eu lieu, le i5 decembre, & I'HOtel-de-ville ; et, parmi ces veritablcs amis des sciences, on a pu distinguer le savant , riiomme d'etat ct I'etranger lui-mcme , qui sont venus contribuer a la for- mation de cette belle institution. La liste imprimee des membrcs de la Societe en porte le nombre a pres de sSo, nombre qui s'ac- croit encore journellement ; tant il est vrai que ce qui est beau, honorable et utile ne peut manquer de trouver en France de justes appreciateurs. La seance a ete ouverte par un discours de M. Baibie- Dubocage pere, president provisoire ; ce savant s'est attache i letraccr a Tasseinblee le but, les motifs et les avantages de I'asso- ciation. On a procede ensuite a la formation du bureau et de la commission centrale, chaigee , au tcrme du riglement, d'agir au nom de la Societe ; voici le resultat des divers scrutins : President , M. de la Place , pair de France , de I'Institut ; — i>ice- presidens , MM. de Rosily-Mesros, directeur du d6p6t de la marine, et de Cbateaubiiand , mcmbres de I'Institut; — secretaire, M. de Pastoret fiis, maitre des requetes ; — scrutateurs , MM. Ternaux ain6 , ct Delesscrt, membre de I'Institut ; — irisorier, M. Chapellier, noiaiTii ; ~ archiviste bibliotlu'caiie^'M Champollion-Fige.ic , cor- respondant de I'Institut. 3Icinlr,'^ I'e la commission centrale : EUROPE. CS;', MM. Langlf'S, Barbiti-Dubocagc, membres dc I'lnstltat; — Amtidee Jaubcrt, professeur dc turc, a I'ecole royale des langues orientales; — Hericart de Thury, inspccteur general des carrieres de Paris ; — Letronne, JoniardjWalckenaer, membres de I'lnstitut ;— de Rossel, membre de I'lnstitut, sous-directeur du depOt de la marine; — Louis de Freycinet, capitaine de vaisseau , correspondant de I'lnstitut; — Malte-Brun, Eyries, bonimes de lettres; — Lapie, chef d'escadron du genie , geographc ; — Denon et de Humboldt, membres de I'lns- titut;-- Guilleminot, inspccteur general des ingenieurs gcographes; — Girard, Beautems-Beaupri; , Goqucbert-Montbret, membres dc I'lnstitut ; — Jacotin, colonel des ingenieurs giograpbes ; — Warden, ancien consul des Etats-Unis d'Amerique; — Rous, chef de division au ministere des affaires itrangeres; — Puissant, chef d'escndron au corps des ingenieurs geographes; — Castellan, membre de I'lns- titut; — Cbampollion jeune, homme de lettres; — George Cuvier, membre de I'lnstitut ; — Cirbied, professeur d'armenien i I'ecole royale des langues orientales; — Tromelin, marecbal de camp; — Bajot, redacteur des Annales maritimes ; — de Cbiteaugiron, A. de Pastoret , maitre des requetes ; — Verneur, redacteur du journal des Voyages ;— de Fei-ussac, chef d'escadron au corps royal de I'etat- major ; — Barbie-Dubocage (Alexandre); — Vauvilliers , secretaire- general du ministere de la marine. Sociiti de la morale chretienne. — Cette Societe , d'ua genre tout nouveau en France, a tenu sa premiere assemblee generale , le 20 decembre,dans le local des seances de la Societe d'cncourage- ment pour I'industrie nationale. M. de la Rochefoucault-Liancourt, pair de France, president, a prononce un discours, oil il a expose, avec une eloquence douce ct persuasive, le but et le plan de la Societe. On a lu ensuite un rapport de M. Wilm, I'un des secretaires , sur I'o- rigine et les progres de I'association. Cesont les Socieles de la Paix , fondees en Angleterre (^.ci-dessus, p.65o) qui ont provoque I'etablis- sement en France de la Societe dela morale chretienne ; mals celle- ci est basee sur un plan plus etendu ; aucune idee morale , aucune institution philantropiquc ne lui restera 6trang<;re. Nous ne doutons point que toutes les personnes qui , en France et meme en Europe^ allient dans Icur esprit les saines idees poliliques aux idees mo- rales et chretiennes, ne s'empressent de s'affilier i la Societe nouvclle. L'assemblcc etait composec d'une maniere fort dislingiiec; 6SA EUROPE. on y rcniniquait des personnes des trois coinimiuioiis chretiennes qui existent en France , des membres des deux Cliainbres , des ec- clesiasliqucs, des membres del'Institut, etc. Les reunions urdinaires auxquelles tons les souscripteurs ont droit d'assister, auront lieu le premier lundi de chaque mois , it, sept heures du soir. On esperc que le premier cahier du journal dc la Societe pourra Ctre public avant la fin de Janvier 1822. En attendant, on re^oit les lettres et les souscriptions , i Paris, cbez MM. Treuttel et Wurtz, nje dc Bourbon, n" i-, et ^ Loadres, mCme maison, Solio-Square, n° 3o. X. Medecine. — Vermifuge. — M. le docteur Bouillon - Lagrange a propose dernifcrement de substituer un sirop d'une saveur agreable, et dans lequel il entre une certaine quantity d'buile volatile de semen-contra , ^ toutes les preparations vermifuges qu'on a faitcs jusqu'a present avec cette substance, et que les enfans ne prennent qu'avec d6gout. II suffit de leur donner quelques cuillerees de ce sirop et de les purger ensuite, pour obtenir leur gu^rison. Theatres. — Second theatre francais. — Le Paria, tragedie en cinq actes , par M. Casimib Dei.avicne (i"^' decembre). — Cette piece, sur laquelle uous reviendrons plus tard , a obtenu un succ^s d'en- thousiasme. Sujet , moeurs , caracteres, poesie , tout est neuf dans ce bel ouvrage, oil les couleurs locales sont employees avec une babilete dont il est peu d'exemples. L'action est simple; I'au- teur n'accuniule pas les evenemens, il developpe les situations. En voyant le Varia , on n'6prouve pas de ces emotions violentes dont le melodrame a fait nn besoin pour certains spectateurs ,• mais on est captive par un interfit doux et toucbant, qui, dans les deux derniers actes, se change en une piti6 vive et decbirante. Les critiques ont attaqu6 le personnage du vieux Paria; ils ont vu de r^goi'sme dans la tendresse jalouse et passionnee qu'il montre pour son Ills. Comment ! c'est d'apres nos moeurs qu'on veut j'uger I'amour paternel dans un vieillard presque sauvage, rejete par la societe, et qui, aprfes avoir perdu la compagne de sa vie, s'est trouvd seul au monde avec son fils; la fuite d'un enfant ingrat I'a reduit au desespoir , ellc I'a fait douter des dieux, et Ton s'etonne qu"il aime mieux vivre an fond d'un desert, avec ce GIs, objct dc loulcs scs afTcclions, que dc parlngcr avec liii un bonheur EUROPE. 685 fondc sur une imposture dont la docouverte doil les conduire tous deux a la mortl Gumbien il 6tait facile i M. Dclavi^ne d'obtenir, aiix dt'pcns de la T6rite , les suffrages de ces critiques irreflechis , cu mettant dans la bouchc de sou vieux Paria quelques vers de rheteur. Felicitons-le de n'avoir consulte que la nature, et de s'etre affranchi del'obligation ridicule qu'on voudrait imposer aux auteurs tragiqnes, de faire agir et parler leurs personnages de tous les terns ct de tous les pays, comme parlent et agissent les Frani^ais de nos jours. Mais, si quelques dissentimens existent sur le plan de Touvrage, on est unanime sur le style; on y trouve reunis la verite, I'eleva- tion , et souvent la sublimite des pensees ; I'abondance et la variete dcs images; la richesse et I'harmonie des expressions. Enlln, je pense que cet ouvrage, bien superieur aux Vipres Siciliennes, n'a pu etre compose que par un homme de genie , et qu'il place M. G. Delavigne au rang de nos plus grands poetes. A. MlCHELOT. — Opera-Comique. — Leonore el Felix, opera en un acte, paroles de feu Saint-Mabcelin , musique de M. Benoit (27 novembre). — Dona Eleonore, (Uprise d'un cavalier qu'elle a vu une ou deux fois, s'attache secretement i ses pas, dans le double dessein de s'en faire aimer, et de lui faire oublier une coquette dont elle le croit amoureux. Un valet adroit, qu'elle a mis aupres de don Fernand, attire ce dernier i Tolede, oil la jeune veuve parvient bientOt i faire naitre une passion aussi vive que la sienne. Pour mieux s'as- surer sa conquete, elle reparait sous les traits de don Felix, cousin pretcndu de Leonore , et finit par exciter la jalousie de don Fer- nand, au point de lui faire mettre I'ep^e i la main contre celui qu'il croit son rival piefere. Decidee par cette derniere preuvc d'amour, Leonore se fait connaitre, et accorde sa main i I'heureux don Fernand, On doit 6tre indulgent pour un ouvrage posthume ; cependant, nous ne pouvons nous empficher de remarquer qu'il aurait fallu une intrigue moins usee et un dialogue plus piquant, pour faire oublier I'invraisemblance du sujet. Peut-etre M. Benoit a-t-il voulu montrer trop de science dans sa musique ; mais les spectateurs ont applaudi un trio fort agreable, une romance cUar- inanlc et un nocliiinc harmonieux. 6S6 IIUROPE. PtBLiCATiONS ^ODVEI,l,gs ET PBOciiAiNEs. — AtLis coTiimunal (!e I'a France ,par din'sionx militairts. Get atlas, dcssine par M. Chable, dcssinaUnir gropjrapln' attache au bureau dc la guerre , ct grave par les artistes Ins plus habiles de Paris , sera compose de 21 feuilks, conleuant chacune une division militaire. Si Pon en juge par ks ncuf cartes dej.^ publiees ,cet atlas sera sans contrcdit le plus beau et le ^lus coniplet qui ait ete fait jusqu'a present. Circonscription par departemens, arrondisseniens et cantons; position dc toutes les communes de France, des routes, des canaux , des forfits ; relais et bureaux dc postc , etapes , places Tortes , directions du genie et de I'artillerie, brigades de gendarmerie, etc., tout a (ile etabli d'apres les docuniens les plus exacts et avcc les soins les plus mlnutieux. Cbaque feuille contient deux legendes qui donnent les noms classes par ordre alpliabetique des departemens , des arron- disseniens, des cantons, ainsi que les etablissemens rel'gieux, civils et militaires qu'elle renferme ; des tableaux particuliers offrent encore la population et la superficie des principales villes, leur distance de Paris, etc. etc. Cbaque carte coloriee est, pour les souscripteurs, du prix de 4 fr. 25 cent., ce qui fait pour Patlas 89 fr. aS cent. On souscrit a Paris, chez M. Dahdalle, rue du Cherche-Midi, n''4o; ct cbez Eymery , rue Mazarine , n" 3o. — Collection des meilleurs ccrhains en prose de la Grandc-Dre- tagne, avec des prefaces critiques et biograpbiques , par Sir John Byeblev. Cette collection secomposera de trenlc-six volumes in-52,impiimes sur papier grand-raisin velin satine, par Fibmik Didot, et ornes du portrait de cbaque auteur , grave sur des dessins faits a Londres d'apres des peintures autbentiques. Elle se publiera de moisen mois, a datcr de decembre procbain , par livraison de deux volumes. Le prix de cbaque volume est fixe a 5 fr. , et 3 fr. 5o cent, pour les plus gros. On souscrit i Paris cbezMALEPEVHE , libraire , rue Git- le-Coeur, n" 4- BEAvx-k&rs.—Grauure.—M. Forsler a grave , depuis peu , le ta- bleau de VAurore et tV/i/ia/e, expose en 1810, par M. Guerin. Cet artiste s'est faitremarquer, ily a quelqnes ann6es, par son portrait du general Wellington , d'apres Gerard. Depuis, il a donne une ^ravure du tableau dans lequcl le Tidcnaurait , dilon, represcntc sa EURO pi;. 687 niallresse; mais il ii'a pas 6t6 aussL heureux dans cct ouvraje qui, au resle, offrait du giandcs diDQcuItes. Celui que j'annoi.cc a-TJourd'hui, . VAurore cl Cepliale., prouve de nouveau que Jii. Foisler manie lo burin avec beaucoup d'habilete; niais ce n'est pas asscz de bien tailler le cuivie. Pour plaiie aux veiitables connaisseurs , il faut encore que le graveur reproduise, le plus coinpleteinent jiossible , le sentiment du maitre et I'effet general du tableau. M. Forster, trop occupe de son outil, ne s'est pas assez applique i donner du charuie et de la douceur k sa gravure; il regne, au contraire, dans celte production, une secUeresse que la precision du burin ne peut racheter, a nies yeux. Que RI. Forster considere avec soin les ouvrages de Jlorg'aen et de scs principaux el6ve» , MM. Longhi ct Anderloni, et cet examen lui cxpliquer.i ma pensee tout entierc. C'cpendant, je dois Ic dire, cette gravure a eu beaucoup de succes, j)arce qu'il est un grand nonibre d'aniateurs qui sont bien plus soduits par I'babilele de la main , que par la finesse dcs contours et le charme de I'expression. — Un des cloves de noire illustre David, M. Potkulle, vient de faire paraitre la gravure d'un des derniers tableau%de son maitre, V Amour et Psyche. II a pensc , sans doute , houorer le chef de I'ccole fran(jaise , et faire, en meme terns, une enlreprise lucrative; mais je crains qu'il ne se soit tromp6, et qu'il n'ait pas assez me- sure ses forces. Cette gravure est un ouvrage a peine au-dessus du mediocre, et que le nom du peintre peut seul faire achetcr. ■ — M. LEMONNiEa, membre de I'ancienne academic de peinture et administrateur de la manufacture des Gobelins, cxposa, en i8i4, deux tableaux oil il s'etait propos6 d'olTrir les portraits des person- nages ceK-bres de France, i deux epoques egalement remarquables. Dans I'un, il avail montre Francois !"■ reccvant, a Fontaincbleau, la grande Sainte famille que Raphael venait d'executer pour lui. Ce prince itait entoure non seulement des grands de sa cour, mais encore des artistes, franrais etetrangers, qu^il avait appeles pros de lui, tels que Leonard de Vinci, Jean Cousin, Jean Goujon , Serlio, le Primatice alors occupe a embellir Fontaincbleau, lieu de la scene, etc. Dans I'aulre, il avait represcnte, reunis dans le salon de madame Geoffrin pour y ecouter la lecture dc VOrplu-lin de la Chine, faitc par le Kalu , tous les personnages remarquables de ccttc t'poque. Ces deux tableaux fure nt effecti»'cnient remarqut-s; 688 laiROrE. malheiircuscment, Ics connaissciirs n'y trouvt^rcnl pas cctto finesse et cet (iclat d'excJcution qui peuvent seuls sout'enir rattenlion ; ce- pcndaat, ils vicnnent d'etre graves i I'aqua tinia par MM. Debueourt ct Jazet. Ces deux gravures, d'une dimension considerable, sont des- tiiiees h former pendans. M. Jazet, qui s'est charge du tableau de Franeois I", est riiommc le plus habile dans le "genre qu'il a choisi;ie crains cependant qu'il ne veuille abuser de Ja facilite de ce genre et de son talent. Je crois mt-me que , dans eette derniere production , il n'est pas entieiement egal 4 lui-m6me. Quant i M. Debucourt , mailre de M. Jazet, il est certainement bien loin de ma pensie de vouloir rafHiger; mais je dois la vurite au public, et la verite me force de dire que sa planche ne vaut pas celle de son eieve. liithographie . — Dans le grand nonibre de tableaux oil Raphael a represente la Sainte famille, on ne salt ee que Ton doit le plus admirer, de I'inepuisable variete qu'il a su repandre dans ses com- positions, ou de la grSce particuliere qu'il a imprimee 4 chacune de ces productions. Celui de ces tableaux, que Ton nomme la Vierp;e au linge, quoique d'une petite dimension , n'est pas nioins un modile de noblesse et d'expression.L'enfant Jesus surtout est d'une finesse de couleur et de modele extremement remarquables. Un artiste moderne, d'un talent reconnu , a essaye de graver ce tableau; mais il est reste eloigne du modele. Un jeune russe, M. Ilaherzetlel, a tente la meme entreprise par un autre moyen. 11 vient de publier un recueil de quatre planches lithographic es , qu'il a intitul^cs : Etudes de la Fierge au linge. La premiere planche est la copie rednite du tableau; dans les trois autres , il a represente, de meme dimension que I'origiual , chacune des trois figures qui coniposent le tableau. Quelque desir que j'aie d'etre poli et blenveillant avec le jeune artiste etranger , je dois cependant lui faire ob- server que son travail n'annonce pas assez la recherche de la correction ; la copie r^duite du tableau est vraiment trcs-loin du maitre ; les trois autres planches sont mieux, sans doute, et cepen- dant il s'en faut de beaucoup qu'elles soient assez etudiees. Dans les epreuves tirees sur fond colorie , rehausse de blanc , les lumieres sont appliquees avec si pen de d^licatesse, qu'il est evident que ce travail a et6 confi6 k des mains vulgaires. Je voudrais que M. Ha- berzettel , qui parait aimer son art , fiH bien convaincu que , pour EUROPE. 689 rcprodiiire Raphaiil, dc manitre i ineiiter Ics eloges des veritables connaisseurs, ce n'est pas tiop de toute I'attention et de tousles soins d'un homme de talent. P. A. NicBOLOGiE. — Cadet Gassicourl. — M. Cadet Gassicourt , phar- macien , docteur es- sciences, I'un des secretaires de racademie de medecine , membra du conseil de saliibrite , chevalier de la L6- gion-d'Honneur , et I'un des collaborateurs de ce recueil , a ete cnleve k sa famille et i ses amis le 21 novembre dernier, a I'Sge de quarante-deux ans. 11 avail cultive avec succes les sciences et les lettres , et ses travaux philantropiques ont souvent ete utiles i I'bu- manite ; mais la chiniie et les applications de cette science k la phar- macie I'avaient specialement occupe ; ses travaux en ce genre lui avaient acquis parmi les savans de TEurope une reputation m6ritee. Ennemi declar6 du charlatanisme , il I'a constamment poursuivi , et il a soutenu plus d'une lutte , inspire par I'amour de I'Lumanite, autant que par I'interct de la science. II a donne plusieurs ouvrages , parmi lesquels nous citerons : le Diclionnaire de chimie ; le Formulaire magistral ; Isi Pharmacie domestique ; un Voyage en Aulriche; le Tomheau de Jacques Malay, ouvrage sur les associations secretes; un Essai sur la uiepriuee de Mirabeau, qui a eu plusieurs editions ; il a compose , en outre , un grand nombre d'articles remarquables qui ont ete inserts dans le Diclionnaire des sciences medicales, le Diclionnaire d'asriculture et divers journaus scienliEques, ainsi que beaucoup de memoires excel- lens et de notices interessantes. I) laisse imparfait un grand ouvrage sur la salahrile puhlique ; les amis de I'humanite et de la science attendaient impatiemment ce livre , qui est i peu pr^s acheve. Aux connaissances du savant , , J^90) 653, t')56. {Foj'ez aussi le mol Economie RtRALE.) Aii.EHACNE, i56, 208, 385, 442, 486, 55 1, f^o, 653. Alliances illustres de la niaisonroyale des Pays-Bas, par Q. de Flines, 4oo. Almanach de Gotha, 5f)o. — des Dames, 419. Auiard. J^oyeT. Association intellec- tuellc. AmbrosoU {F.) DcW Oracolo di Delfo, 591. Anioros. P oy. Gymnase. Analyses (II) d'ouvrages allemands: Voyage au Bresil , par le prince de Wied-Neuwied ( Aignan ) , 52i. —d'ouvrages anglais : I'ltalic, par lady Morgan (Salfi), 326. — d'ouvrages franfais : Tralte com- plet de mecaniquc appliquee aux arts, par Borgnis (Lc Normand), 42 , 5 1 5. — Rechcrches statistiques surla TJlle de Paris (Jomard), 55. — Du systeme d'inipOt, par Saint- Chamans (A. de Labarde),62. — Voyage dans la Grande-Bretagne, par" Ch. Dupin (Lanjuinais ), 68. — Histoire des Franeais, par Siinonde de Sismondi ( le comte de Segur), 84. — Collection des ui6moires re- lates a la revolution franfaise ( Ar- laud), 97. — CCuvres choisies de LeLvuu (Chaussard), u3.— Voyage TABLE ANALYTIQl'E dans I'Ameriquc espagnole , par de Humboldt etfeonpland (Coquerel), 272. — Voyage aux Alpes maritimes, par Fodere (Depping), 2<)3.— Jour- nal des operations de I'armec de Catalogne , par le marechal Gou- vion-Saint-Gyr (Ferry), 299. — Les Pastes universels, par Buret de Longchamps (Amaury-Duval), 5i5. — Annuaire necrologiquc , par l\Ia- hul (M.-A. Jullien), 343. — Des trou- badours et des cours d'amour, par Raynouard ( Artaud ) , 354- — Des- cription de I'Egypte (Agoub), 36o. — Association intellecluellc , par Amard (Bory de Saint-Vincent), 5 10.— Histoire de I'administration des secours publics, par le baron Dupin (A. de Laborde ),52g. — An- nuaire historique universel , pour 1820 , par Lesur ( Avenel ), 534. — CXiuvres completes de madanie de Stael (Anncc) , 55 1. — Recherches sur la nature du culte de Bacchus , en Grece , par Gail (Lanjuinais), 568. Anastasie, ouvrage perlodique sur la guerre entre les Grecs et les Turcs, 212. Anatomie de I'honime, par Bedard et Gloquel , 4i-". — descriptive (Traite d'), par H. Clo- quet, 60 1. Anecdotes bibliographiques el litte- raires, parW. Davis, i33. Angleterke. Vo)'. Grande-Bretagne. Angoyat. J-'oy. Feux verticaux. 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Etieone , Lcs Plaideurs sans proccs , Etrennes d'economie rurale, 63G. — liberales, 656. Etudes de la Vierge au liuge, dc Ra- phael , litbographiees par Haber- zettel, 6SS. Euripide (Fragmens d'), 212. Exposition coiupletc des produits de I'iudustric aationale des Pays-Bas, 596. — des tableaux des pensionuaircs de I'ecole de Rome, 232. — et concours d'instruineas aratoircs ct economiques, i Saint-Gall, 65G. — (Salon d') de la societe pour I'en- couragement des beaux - arts de Bruxelles, 216. Fabrique dc porcelalue de Limoges , 454. Faliero, dramc historiquc , par M... , 227, Pastes (Les) universels, par Buret de Longchamps, A., 3i5. Feller, Dictionnaire historiquc , 621 . Fcnelon, CHuvres cboisies , 161. Ferrieres (Memoircs du marquis de), A., 97.— B., 172. Ferry, C.-A., 299. Fete centrale de I'agriculture , cele- bree a Munich, 653. Feutre pour doubler les vaisseaux , Feux vcrtlcaux (Sur reflet des) propo- ses par M. Carnot, par Angoyat, 1 56. Fievre jaunc ( Sur les pbenomunes de la propagation de la) , par Moreau de Jonnes, 674. — ( Sur la contagion dc la ) , par R. Romero Velasquez, SgS. — (Monographic de la), 147. — (Sur la), par JLacayo, 397, Filangicri. P'qy. Ribcra. Filateur dc colon (L'art du), par Vau- tier, 4o4. Fischer, Adolphluo, i3g. Flincs. Fqy. Alliances. Flore caressie par Zephyrc , Tableau dc Gerard, grave par Pradier, 475. Flore (Essai d'une) de Bile , par lla- gembach, 588. — de la botanique des dames, i52. Foderi , llistoire dc quelques doctri- nes mcdicalescompareesicclles du doctcur Broussais, 604. Fodcr6(F. E.), Voyage aux Alpcsma- ritimes^ A., 2g3. Forbes on the climate of Penzance , Sj5. Force navale de la Grande-Bretagnc , 68. Forni , Elemcns dc physiologic dc la nature, SgS. Forster, Gravure du tableau dc I'Au- rore ct Cephalc, deCuerin, 686. Fournier-Pescay, C.-B., 407. Fha.nce, 12,84,97, '52, i54, '66, 172, iS3, 216, 4oi, 454, Sgg, 666. — (La) au dix - neuvieme siecle, par Garrion-Msas Cls, 618. Franclieu , Petition a la chambre des deputes, 612. Francceur, G.-M., 12. — B,, i44> '53, 150, 405,607.— N., 20S. Friedlandcr, G.-xM.,4S6. G. Gail. r^oy. Culte dc Bacchus. Gaillon. l^oy. Thalassiophytes. GaLiano [Don Ant. M. Alca) , IIU- toria del origin y alzamiento del esercilo deslinado a ultramar,clc,, 664. Galin, Sa mclbode pour I'cnsfiigne- ment de la niusique, 12, 423. Garros, Esprit de la morale univer- selle , i63. Gauttier (A.), Manuel des plantes nic- dicinales, 402. Gauttier (E.), G.-B., 57S. Gexealogie, 5ijo, 4oo. Generation (Traitc hislorique el phy- siologiquc sur la) de I'homme ct de la i'cniiuc, par H. dc Mendoza, '47- 8 TABLE ANALYTIQtE €enie precoce d'une jeune fillea Co- penhague, C53. Gcnlis ( Madame de) , Lcs Mtres ri- vales, traduction polonaise, 09. GiODisiE, 44' • GEOGRApniE, i5i, a57, 5i5, 097,460, 5-6, 639, 682, 686. — ancicnne (Esquisse de la), 162. — ancicnne (Recherches sur la) , par J. Lelewcl, 583. — du giand-duche de Baden, par Gross, 5So. — du royaume de Pologne, par Poli- to^yski, 55. — physique (Cours elementaire de) , par Lamourous, 699. — physique, historique et statistique de la France, par INIentelle, i54 GiSoLOGiE, 147, 374, 443j 660. — des etats du nord de rAmerique, par Eaton, 672 Georget, C -B , 6o5. Germain (Mademoiselle Sophie), Re cherches sur la theorie des surfaces elastiques, 4o5. Gcrvais (Mile. E.), ?'oy. Vinification. Gironi, Fqy. Pinacotheque. Codebski, Dzieta wierszem i prosa, i35. Goethe, QEuvres dramaliques , trad. fran^., 417. Golhcry (Ph.),C.— Ij., 137, 140, 385, 587, 588, 584. — N., 2o4» 206, 212, 2i5, 443, 445. Goldsmith, Leministre de Wakefield, 421. Golowkin, Lettresdiversesrecueillies en Suisse, 627. Gouriet, Voltaire en un volume, 162. Gouvion-Saint-Cyr, (Le marechal) , Operations de I'armee de Catalogue, A. 299. — B., 168. Gbammaire, 592, 624. — de botanique, par J. E. Smith, 1 27. — (iSlemens de) chinoise , par Ahel Remusat, 479. Gbakde-Bretagne, 68, 127, i5i, 199, 377, 457, 574, 649. G«a vure, 475, 4761 590, 620, 665, 686 Gbece, 426, 449, 620. — (Ode sur la delivrance de la) , par Bert, 602. —(La) libre, Ode angl., par W. Due Kelt, 638. Grecs (Appcl aux) , Ode allemandc, par Ifehvig, 210. — (Histoire des tentatives faites par les), pour le retahlissement deleur liberie, par Munck, 2i3. Gross , Geugraphie des Grosherzog- thums Baden, 58o. Guadet, C -B., C12. Guerre (La) I'aite aux Juifs sous les empereurs Trajan et Adrien , par Munter, i56. Gl'IANE FHANI^AISE, lg2. Guide (^Lc) aux manufactures, 596. — pour I'etudc de la botanique , par J. Millar, 128. Guizot, Des moyens degouvcrnement et d'opposition dans I'etat actuel de la France, traduction allemandc, 443. Gustavson (Le colonel) , ex-roi de Suede, Reflexions sur les pheno- mencs de Taurore boreale, 208. Gymnase normal militaire et civil, par Amoros, 4o5. GvMNASTiQUE ( Etablisscmens dc ) en Suisse, 447- H. Hagemhach, Tentamen Florce Basl- leensis, 588. Haiti, 195. Hamilton's {Tf.), Description qfllin- dostan. 576. Heiberg,'C.-B., 136,377, 384, 5So. Henderson's History of the Brazil^ 129. Herder, Souvenirs de sa vie, parMuI- ler, 386. Hereau (E.) ,C.-B., i4i, 179, 420, 629, 63o, 63 1,632, et les art . sign6s E. H. IIl^HOGLyPHES, 432, 4o5. Histoire, 35, 97, i3o, i36, 137, 166, 168, 172, 2i3, 299, 3i5, 4i5, 4i5, 4,6, 534, 576, 596, 664. — du Bresil, par J. Henderson, 129. — de Danemark, par Saxo le grammai- rien, trad, par Grundtwig, 5So. — de Milan, par C. de Rosmini de Roverede, 5g5. — des Pays-Bas, par Van der Vinkt, 454. — du pays dc Liege, par Dcwcz. 4oo. DES MA.TIEa£S. — des Franrais, par Simonde de Sis- niondi, A., 84. — des peuples du moyen Sge, parLu- den, 385. LITTEKAIBE, 35, 552. NATOEELLE, 3o, 225, 4oi)4Sl) 6oO, 665. Humbert, Des moyens de perfectioh- ner les etudes litteraires 4 Gen6ve, 588. Humboldt (A. de) et AimeBonpland, Voyage dans rAmerique espagnole, (Coquerel), A., 272. Humboldt , Uber die Urbewohner Hispaniens, iSy. Humickit Goworcl; Drame polonais 4o. Hu n n ings Deutscher Ehren- Tempe I, HVDRAULIQUE, 2l4i 666. Hydrographie, 464. Hydropote , Machine M. Ardevol, 2i4, HvGiEKE, 604. inventce oar Impot ( Du systeme d' ), fonde sur les principes d'liconomie politique, A., 62. Imprimerie grecque, elablie i Gala- mata , 449* Ikdes ohientales , 194, 435, 576, 64o. Indostan ( Description gtographique de 1' ) , par W. Hamilton , 576. Industrie , Sgi , 4i4 > 596 , 6i3. — fran(;-aise (Etat actuel de I' ) , par Jouy, 4>4- ^(Reflexions sur V) en general, etc 6i3. Inflammation (Sur I') de Taracbnoiide cer6brale , par Parent - Ducbatelet et Martinet , 160. Inscripliones grcecce quas Lipseno theca qucedam magna conlinel quce TVeilburgi asservalur , 087. Institut royal belgique, 665. — de France , 222 , 45- , 670. Institution royale d'Irlande, 204. — des sceurs de Saint - Camille de Paris , 46 1 • — Institutions de bienfaisancc en Al- lemagiie , M. , 4S6, de Saint-Louis ( Essai sur les) , par A. Beugnot fils, 4i i. — Instituts (Des) d'Hofwyl , par L. dc v., traduits du franrais en ita- lien , 394. Instruction ^l^mektaihe a Carcas- sonne, 186. ( ^^o/ez aussi le mot EnSEIGNEMENT MUTUEr,. ) Instruction puklique ( Sur les progres de r ) aux Etats-Unis, M. , 249. au cap Haiti, igj. en Suisse, 2i3. a Madrid, 663. Instrumens ( Nouveaux ) de pbysique de M. Selligue , mecanicien de Ge- neve , 654. Inventions , 192 , 199 , 201 , 210, 249> 394 , 44 1 , 458 , 47S , 65o , 654. Irlande. Voy. Grande-Bhetagne. Irritations intermittentes ( Essai sur les ) , par Mongellaz , i5S. Isabey. Voy. Gbambord. Ile de Bourbon, 194- Israelites ( Notice sur I'etat des ) en France, 4i3. Italie, i44, 2i3, 093 , 447, 5go, 660. ( L' ) , par lady Morgan , A., 326. Itard, Traite des maladies de roreille, 159. Jacohsen's Briefe ilher die neuer.n engUschen Dichter , 390. Janotski , Janociana , sive clarorum Polonice auctoruni memorice mis- cellce , 36. Jardinage , 32. Jaugeage ( Traite pratique de) , par A. J. E. Pascal, 606. Jay, Recueil de pieces authentiques surle captifde Sainte-Helene, 4i6. Jazet , Gravure du tableau represcn- tant Francois I", de Lemonnicr, 687. Jomard,C.-A. 55. — N. 196, 238,436, 646. — Voyage de M. Gailliaud i I'Oasis de Thebes, 287. JocRNAux et becdeils pebiodiqoes , cn yfllemagne : Anastasie , public ii Hildburghausen, 212. — Archivfiir dieneueslen Entdeckungen ausdcr 10 TADtE ANALYTIQTIE Urivclt , 445. — Nouveau journal do philosophic ct de littOraturc , fubli6 i Berlin , 445. — Journal de universitfc de Bonn, 654-— Gazette des thefttrcs et dc la niusique , pu- bliec i Berlin, G5 4. —en Angleierre : New Monthly Ma- gasine, SjS. — The classicaljour- nal, 2o3. — au Bresil : Idade d'ouro de Bra- zil, 194. , — en Espagve.TelegrciphomexicaTio, 2i5, — Journal de la librairie, 2i5 — Bibliotheque espagnole d'econo- mie politique , C64. — Miscelanea, 664. — aux Etais-Unis : Apcrru general des ouvrages periodiques , 253. — The american Journal of science and arts , 074. — North American Reuiew , Sjj. — P^onibre total pu- blie aux Etats-Unis , 194. —en France : Bibliotheque physico- econoniique, 187. — Journal des sciences medicales, iSS. — Biblio- theque de famille, 1S8. — Journal des cours publics , 425. — Apis romana , 638. — en Grece : La Trompette belle- nique , 449- —en Italie : Notizie del Giomo, 661. — Effenieridi Eelterariu , COi. — Giornale Arcadico, 661. — Dans Ics Pajs-Bas : Irene , Ma- gasin general, 5gS. — en Pvlop;ne . L'Aigle blanc , Sg. — L'Abeille de Cracovie , 39. — Le Memorial de Leopold , 39. — en Suisse : Feuille du canton de Vaud , 590. Jouy. Foj'. Industrie fran^aise. Juilicn ( M. A.), fundatcur-directeur de la Revue Encycloped., G.-M., 5. — A. ,343.— B., 157,188,395 — N. 224. — Diverses notes et re- daction centrale. Agenda generSl, 409. Biometre, 409. JuRisPKUDENCE du xix« sieclc , par Si-s icy, Duvergier et Villeneuve, 611 Jussieu, Simon dc Nantua , Iraduc tion polonaise , Sg. K. Kiclx , Teniamen niinerahsicuni , 596. Klenza, Ver Tempeldes Olympischen Jupiters zu Agrigent , 585. — Versuch einer IFiedcnherstellung des toscanischen Temvels, 5SG. Kolberg, comparaisou des anciennes niesures polonaises avec celles d'au- jourd'hui , 3i. Kortum , Zur Geschichte Ilelleni- scher Staals-ferfassungen , 58i. Kotzebuc ( Opuscules et correspon- dancc de) , 44'^- Krazinski, Ic Ch&teau de Czorstyn, opera polonais, 4o. Krotikowski , Prozodjy a polska, i55. La Borde ( Alex, de ) , C.-A. , 62 , 529. Lacajo, Opusculos solre lafilosojia medica , 397. Lacep^de (Le comte de), Sa lettrc a M. Jullien au sujet de la nouvelle edition des oeuvres de Buffon, M., 4Si. Ladvocat (L'abbe), Dictionnaire his- torique, 622. Lal'nnfaine, Observations sursesqua- trc dernieres i'ablcs, par Sells, De- lille et La Harpe , recueillies par Gail, 62C. — (Hommage poetique i), 629. — chez niadame de la Sablierc, co- medie par Naudet, 473. Laisne (Fursi) , G.-B., 624. Lamouroux, Resume d'un cours ele- mentaire de geographic physique, 599- Lampes (Nouvelles) invenlees i Lon- dres, 65o. Langue dc la Nouvelle-Zelande, «o2. Lanjuinais , C. -A., 68, 568; — B, , 168. Lantier, Voyage d'Antcnor, 174- La Place (Le marquis de). Vo-^ez As- tronomic. Lastcyrie, Anatomic dc I'homme, 4o i . — Gollcction des machines , instru- mens,etc., cmployd§ dans I'ccono- niic rujalc,4o4- DCS MATIERE5. 11 Laurence (Sir E.) , peintrc anglais , portrait du roi Georges IV, 2o3. Lebrun, Cffiuvres choisies, A., ii3. Lecture el6mentairc pour les enfans , i65. Legislation, 3-2, i43, i5o, i53, /|.ii , 595. Lelewela , Badania siarozytnaci we icz^lt'dzia f^eogra/i , 3S3. Leniare, Dxtionnaire iVan^ais, i~5, Lemercier. l^oy. Louis IX. Lemontey, Ilistoire critique de la France, depuis la mort deLouisXI V, ouvrage in^dit , 6 iS. Le Normand, G. - A. ,42, 5i5.— B 6i3. Leod (J. M. ), Voyage au Dahomey, 4 16. Leoni, Poesie di Alessandro Pope, 396. Leonore ct Felix, opera de feu Saint Marcelin, 685. Leroy, Les deux Candidats,comedie , 228. Lesagc (Fac simile d'une leltre de) , 207. Leschenault de la Tour, naturaliste du Roi, a Pondichery, fait parvenir h.^ Bourbon 44 espcces de plantes vivantcs, 194. Lesur, Annuaire bistorique universel pour 1820, A., 554. Lettres atheniennes, traduction hol- landaise, 4-5. — portugaises, dai. Levati [A.) , Kiaggi di Francesco Petrarca, Sgi. Libert^ de la pressc (De la) , par J. Bentbam, 58o. LiTHOGHAPHiE, 4o 1 , 4o4, 448i 47^, 688. LiiTERATURE alleniaude , iSg, 210, 237, 390,41/) 443, 445, 4/91 565, 583,584. — Ancienne, 146,175, 26'^, 212, 391,426, 583, 638. — Anglaisc, i33, 026, 383, 090, 578, 686. — Biblique, 640, 652. — Danoise, i36 208,653 — Espagnole, 1495 191 429, '584, 595, 663. — Franraise, ii3, i6i, 162, 1-4, 179, iSi 352, 4i8, 4725 551,626,626,6)8, 684-— Grecquc,426. — Hollandaise, 152,453.- — Islandaise, 384. — Ita lienne, i46, 214, 396, 397, /\-xcf, 45o, 591, 593. — rolonaisc, 38, t54, — Russe, 179, 653. — Scandinave, i56. — islandaise (Specimcade),par Rnsk, 381. Llorentc, G.-B., 147,429, 593. — N.j 214. Lopez, Sobre los monies de Toledo, Louis IX en Lgypte, tragedie par Le- mercier, 4'S. Lozano (/*.)» Anliguedades arabes , 596. Lucrece, traduit en vers flamands, 454. Luden GeschichlederVolker des Mil- telallers, 385. M. Machine i draguer, inventee i Rieti , 447- — bydraulique de Marly, 666. Magnitisme animal ( Expose des experiences sur le) , par Dupotet , 602. Mabul (A), Annuaire necrologique, A., 343. Maladies del'oreille, parltard, iSg. — des yeux, par Demours, 160. IMalesherbes. ^'oy. Gilerne. — (Eloge de), par II. Dumout, 63i. Mantorani, Vita di Girolamo Car- dano, 595. Manuscrit de Sainte-H6lfene, X\b. Marec extraordinaire observee k Cher- bourg, 216. Marine, 68. Markiewicz , Elemcns de physique , 3o. Marron, C.-B., 149- Mascagni (Mausolee de) dans le dome de Si-onne, 214. Massimino , Sa methode pour I'ensej- ment de la muslquc, 12. MathiiMatiques, i56, ^di. Maximilien (Prince), de Wied-Ncu- wied. Voyage au Bresil, A., 52i. MiicANiQUE (Traite complet de), appli- quee aux arts, par Borgnis, .\., 42, 5i5. —(Introduction a la) de la matiere, parL. Nobili, i44- — indiisirielle (Traits de), par Chris- tian, 255i- 12 TABLE ANAlYTlQVE Meoecinb et CuiBCBr.ii, 3i, 124, 1:5, 147, «48) 1^7, i58, 169, i6o, 161, 21 5, 5c)7, 5 10, 574, 590, SgS, 6o4) 649, 663, 6S4. Mcdecins fran^ais h Barcelonne, 45o, 452, 662. MiSmOIRES, notices , LETTBES Ct Ki- lAPiGEs (I.) : De renseignement du chantconsidert commedevant faire partie de I'instructionprimairefM. A. Jullien), 5. — Notice sur difle- rens precedes mis en usage pour renseignement de la musique (Fran- coeur), 12. — Notice sur rctat des sciences et des lettres en Pologne (Piwnicki), 22. — Notice sur les tra- vaux botaniques de M. Perrottet, attache k I'expedition du capitaine Philibert aux Indes (D.), 241. — No- tice sur les progres de I'instruction aux ]6tats-Unis(B), 249.— Lettre de M. le comte de Lactpede , au sujet de la nouvelle edition des CEuvres de Buffon.iM. M. A. Jullien, 481. — Coup d'ceil historique sur les pauvres, les prisons, les institutions de bienfaisance, etc., en Allemagne (Friedlander), 486. Memoibes et RAPPORTS de societes sa- ranles et d'uiilile publique : de la societe medicale de I'ttat dc New- York, 124; — de la societe des an- tiquaires americains, 126; — de la society litteraire scandinave, i56; — de la societe pour I'avancement des arts en Suisse, sur les travaux de la classe d'agriculture , i4i ; — de la societe d'agriculture de Lyon, 184 ; — de la society deslettres, etc., deMetz, i85;— de la societe des sciences medicalesdu departement de la Moselle, iS5 ; — de la societe libre d'6mulation de Rouen , iSG; — de la societe pour I'instruction elementaire i Carcassonne (r6gle- ment), 186; — de la societe d'agri culture, etc., du departement de laMarne, 423; — de I'academiedes sciencesde Lucques, 590; — de I'aca dimie des sciences de Besani^on , 637; — de la socidte d'hisloire na turelle de Dantzick, 211. Menioircs (Collection des) rclatifs a la rdvolution fran^aise, publics par BcrvilleetBarricre,A.,97. — B.,177. Mendoza. Vny. les mo/5 GtnCration et Monographic. Menestrel (Le) du village , par Clare , 383. Mentelle , Geographic de la France , 154. Mer Noire (Sur le commerce et la na- vigation de la), par Dearborn , 672. Mesure du miridien dans les provinces russes de la Baltique, 44' • Mt^TAPHYSIQUE, 36. Meteore extraordinaire observ6 i Na- ples, 660. Metrai. I'oy. Conjuration. Michelot (A.) G. - N. , 684. — Redac- tion gentrale des Nouvelles stien~ tifiques et litteraires, ct les articles signes A. M — t. Mieg ( Don Juan ), Paseo por el ga- binete do historia natural de Ma- drid, 665, Millar, Elemens de chimie , traduc- tion fran^aise, 478- Millar's Guide to botany, 128. MiNERALOGiE, i55, i46, 376, 696, 653. Mineraux (Collection de) du baron de Schiitz a Landshut, 653. Miordet de Kerdanet. Voj. Argen- tre. Missions d'Asie, 3.02, 64o. Mitchill, Adresse aux oflSciers del'e- tat major medical de New-York, 125. Moeurs et usages des habitans des ;^tats-Unis, 268. MoQ'att. Voy. Christina. Mojon , Sull^ utilila del dolore, 396. MoUevaut, CEuvres de TibuUe, trad. en vers fran9ais, 627. — i^legieSj 628. — Po6sies diverses, 628 Mongellaz, Sur les irritations inter- mittentes, i58. Monographie (Nouvelle) de la fievre jaune, par H. de Mendoza, 147. Montagnes (Memoires sur les) de To- lede^ par Lopez et Robles, 147. Montolieu (Madame de), La f'amille Elliot, 181. Mor de Fuentes, Paragon del sis- tema consU(ucionul de Espana, 149. Mora {J.J. de)t Discurso augu ral, etc., SgS. MoBALE, 38, i65. — univerfflle (Esprit de la), par Gar ros, i63. Moralejo. f^oy. Clerge espagnol. Moreau de Jonnes. Voy, Poissons toxicophores. Moretti(G.^, Sur divers objels relatifs aux sciences naturelles, i46. Morgan (Lady), L'ltalie, A., 3 26. Miillers Erinnerungen aus clem Le- benJ.-G. Herder, 0S6. Miinters J iidischer Krieg, i36. Murillo , Son tableau reprisentant Moise f'rappant le rocher, 214. Mus6e d'histoire naturelle de Copen hague, 207. — des beaux-arts de Paris, ^jZ. Musees k Petersbourg, a Moscou et a Wilna, 2o5. McsiQUE, 5, 12, 210, 208, 4oi, 423, 654. MyiHOLOGiB, 386, 568, Sgi. N. Naudet , La Fontaine chez madame de la Sabliure , comedie, ^jo. Navigation, 199, 261, 672. Necker, Cffiuvres completes, i6_5. Necker de Saussure, Voyage en Ecosse 610. Nechologie : J C. Schwab, k Stutt- gard, 2i3. — Gouan , a Montpellier 238. — Gorvisart, k Paris, 258. — Ellious-Bocthor , i Paris , 238. — Madame Inchbald , a Kensington , 44o. — L'abbe Clement Bondi, k Vienne, 445. — Go£Bn, a Liege, 454. — Pierre Ochs, a Bale, 65/. — Rodri- guez, astronome, a Madrid , 665. — J. Plaschaert,a Louvain, 666. — Cadel Gassicourt, a Paris, 689. Negociant (Le) de Hambourg, opera, par M. . . , 229, Njemcewicz, Histoire du regne de Sigismond 111, 34. — Chants historiques, 54. — Zbigniew, tragedie polonaise , 4o. Nobili {L. , Introduzione alia mec- canica della materia, i44. — Nuovo Trattato d'otlica, i44. KouinAiioiss ACADCuiQUES I Mofcau de DES MATIERES. IS Jonds, membrederacademieroyale des sciences de Lyon, 672. — Ma- geudie , merabre de I'academie des sciences de Paris, 674. NOUVELLE-Z^LARDE, 202. NoLVELLES SCIENTIFIQUESET LITT^RAIHBS (IV.) : Allemagne, aoS, 44?, 653.— Bresil, 194, 639— Cap Haiti, 193. — Chine, 43^. — Danemarck, 206, 653. — Espagne, 214, 45o,662.— Etats-Unis, 192, 43 >, 639.— France, 216,454, 666.— Grande-Bretagne , >99' 457, 64g. — Grece, 449- — Guyane iran9aise, 19 >. — He Bour- bon, i^\. — Indes orientales . 194, 433,640. — Italic, 213,447,660.— Nubie, 195, 454, 6i3. — Paris, 222, 457, 673.- Pays-Bas, 2i4,453, 665. — Russie, 2o4, 44i» 65-2.— Senegal, 199. — Suisse, 2i3, 446, 654. Nouelas espanolas, 584. Novelle scelte de' piii celebri autorL itallani, ^cp. NiBiE, 195,434,643. Nunez [ Don Thoribio ) , Principios de la ciencia social, i48. o. Obelisque egyptien debarque i Dept- ford, 652. Oberleitner, Elementa aramaica, 212. Observatoire de Geneve, 655. Oersted et Esmarch, Richesses mine- rales de Pile de Bornholm, i53. CEc'VRES COMPLETES de Baffon, nouv. edition, M., 4Si ; — de madame de Staiil, A., 55i;— de Necker, i65; — de Picard, 4i8, 636. CEuvres. en vers et en prose, de C. Go- debski, i35. Operations (Journal des) de I'armee de Catalogue, parle marechal Gou- vion-Saint-Cyr, A., 299. — B., i68. Optiqub (Nouveau traite d') , par L. No- bili, 144. _ Oracle ( De 1') et des amphyctions de Delphes, par F. Ambrosoli, 5gi. OrCia, C.-B., 601. P. Padovani, Delle finanze d'Alene, 395. lA TjlBtE ASALYTlylE PaiHct til- IMuinliitTts , F.pitre Ji un disciple dc Boilcaii, ijg. Palais en I'onle de I'cr que le prince Labanof fait construire 5 Moscou , Parent-DuchatclctjSurrinilaramation de I'araclinoide cerebrale, 160. Paiia (Lc), tragedie de Casiniir-Dcla- vigne, (84. Paris, i8j, 45;, C-3. — (Recherches statistiques siir la ville de), A., 55. — (Sur Ics consommations de la ville de\ par Benoiston de (Jhateauneuf, 166, Paris (J.J.)» Considerations sur la crise actuelle dc I'cnipire ottoman, 170. Pascal. T oy, Jaugeage. Paivbes (Sur Ics), en Allemagne, 4S6. — (Institul des) de Copenhague, 207. Pays-Bas, 149, 2i5, 4oo, 453, 596. Ptclie de la baleine, 458. Peiniure. J'qy. Dessin. Pcrrottet , voyageur botaniste , en voie une nombreuse collection d'objets d histoirenaturelleaujardinduRoi, 192, 225. — INotice sur scs travaux botaniques, M.,241. Pestalozzi, Manuel des meres, i64- Peste (De la) dc Marseille et de la Provence, cxtrait d'un ouvrage inii- dit do Lemontey, 61S. — (Preservatif'contre la), 649- Petrarque ( Les Poesies de ) , (l^dition de Padoue , publiies par Marsand 397. Pharmacopceia {The) of the United slates of /Inicrica, iih. Phillipps, On the material pheno mena of the universe, 674. PiiiiOLOGiE, \I\Q>, 101 , 212, 388, Sgi PniLosopHiE, 58, ]49> i57, 396, 407, 445, 583, 610. Pbilostrate, de Vita jlpollini, nouv. edition de M. Bekker, 453. PnvsiOLOCiE, 147,393. — de la nature, par Forni, SgS. PllYSIQl'E, 3o, 20S, G54. Picard (OEuvtcs dc L. B.), 4>8, 636. Pierre et Alexis, tiagedie allemande , 211. Pinacothtque du palais royal des sciences et des atfS; par R. Gironi et M. Bisi, 590. Pistrucci, poeteimprovisalcur jialicn, Piwnicki, C.-M. , 22. PKigiat litteraire dc la Miscelanea, journal cspagnol, 6G4. Plaideurs (Les) sans proces, comedie, par Ltienne, 472. PoEsiE, 38, ii3, i33, 179, 181, aio, 2 14? 2>7, 383, 396, 397,420, 578, 5g5, 697, 6:8. — dhamatique, 39, 211, 227, 4»7» 4»8, 472,584,606, 666,684- Poetes (Sur les) anglais moderncs, par Jacobsen, 390. Poignand , Anliquites a visiter de Montfort i Courscuil, iS3, Poinsot, El6mens de statiquc, i56. Poissons toxicophores (Rcclierches sur les) des Indes occidentales, par Mo- reau de Jonnes, 4oi. Politique, ]3o, i3i, i48, l49i l65, 173, 2i5, 326, 38o, 3Si, 598, 443» 673, 58i, 612, 616,619. Politiques (Les), satire, par J. B. dc P-, >79- Politowki, Geograpbie du royaumc de Pologne. 33. PoLOGNE, i34. 383. — (INotice sur I'etat des sciences ct des lettres en% M., 22. Polonaise (La), ou I'lnstinct du coeur, 634. Poppi Ahhandlung iiber einige Gra- b/iii3;ol, i4o. Potrelte , Gravure du tableau de I'A- mour ct Psycbe, de David, 6S7. Pougens, Les quatre Ages, traduction danoise, 208, 212. — Meme ouvrage, traduct. italienne, 2i4. — Voy. Contes. Poullier d'Elmotte, Sur I'originc et la nature des choscs, ]49- Prisons (Sur les), en Allemagne, 486- — a Lausanne, 447- — (Des), par Danjou, 166. Prix deceknes : par la sociele royale pour Tencouragement des beaux- arts de Bruxeiles, 216; — par les autorites municipales de Douai , 217; — par la societe royale de me- decinc de Bordeaux, 218; — par la society d'agriculturc de Cbdlons, DES MATlERtS. 15 220; — par la Society dcs sciences de Mcicon , 222; — par I'acadcmic des beaux-arts de Paris, 225 ; — par la societe centrale de vaccine do Paris, 678 ; — par la societe d'en- couragcment pour I'industrle natio- nale de Paris, 680. Pbix PROPOsiis : parl'institutlon royale d'Irlande, io\; —par la sociele econoraique de Copeahague, 206; — par la societe des sciences d'A ras, 217; — par la societe de mede cine de Bordeaux, .jiS; — par la so ciete philomatique de Bordeaux , 219; — par la societe d'agriculture de Chalons, 221; — par la society academiquede Poitiers, 222; — par la societe d'emulation du departe- ment de I'Ain, 456 ; — pac la societe royale d'agriculture de Limoge 456; — par I'academie royale des sciences de Lyon, 456 ; — par I'Ins titut royal belgique, 665; — par la societe royale et centrale d'agricul- ture de Paris, 676; — par la societe d'encouragcmcst pour I'industrie nationale de Paris, 679. Proclamation du premier alcade de Barcelonne , au sujet de MM. Pa riset. Bally, Francois, Mazetet Ro choux, 45o. Progres de la lilteiature russe, 653. Promenade au centre du Grand-Gen- tilly, pres Paris, 1S4. Prosodie polonaise, par Krotikowsky, i35. Q- Quetelet, Epitre a Odevaerc, 597. R. Raphael ( Une SaintR-Famille de ) , nouvelle acquisition du Musee de Paris, 475- Rappel ( Le ) , par A. Beraud , 65i . Ha.'ilc, Specimina lileraturcc islan- dicce , 584 • — Snora Edda , 084. Ratier,Essai sur I'education physique des enfans, 6oi. Raynouard , les Templiers , tragedie , traduite en vers polonais , par Brod- zinski, io. —Des Troubadours ct des Cours d'a- mour. A., 354. Rellexions ( Quelques ) sur une broch. inlitulee : (fn AIol d'un Invdlide , 161. Riiglemens adoptes pour les theitres de Madrid , 599. Reliure ( La) poeme didactiquc , par Lesae , 65o. Renzcy. foy. Enchiridion. Revolution (De la) piemontaise, 6ig. — rran(;aise , memoires y relatifs, A. , 97. — B., 172. Revolutions de France (Ilistoire des) par Bail, 1C6. ' Rhetoeique , 096. Ribera ( Don Jean de ) , Science de la legislation, par Filangieri, trad. de I'italien en espagnol , 595. RiccL {Lettcra del signor), 592. Richer, de la Philosophic morale et religieuse , etc. ,610. Rodriguez (Don Manuel), Defense de la litterature espagnolo, 665. Roland (Memoires de madame), A., „97- Romans, 09, i32, iSg, i8i , 421,591, 593 , C34. Romero p'elasquez , Sobre el conla- gio de la fie i^ re amarilla , 693. Rosario , conte attribue i Napoleon Bonaparte , i52. Rosinini de Rot^erede , Dell' Isloria di Milano, SgS, Roucourt , Essai sur la theoric du chant, 4oi. Rousseau. , Julia, o la Nueua Heloy- sa, Irad. par Marchena, 191. Russel ( Lord John ) , Sur la constitu- tion et le gouvcrnement anglais , 4i3. RussiK , 2o4, 44» » 652. — -Tableau de sa puissance militairc et politique, par sir R. Wilson, 171. Ryau's (K. )j Biograpliia hihernica, ^77- s. Sabres de Damas , sur Part de Ics fa- briquer , par Crivelli , 094. Saint-Chamans, Du systemc d'impOt, A., 62. 16 TABLE ANALYTIQtiE Saint - Marcclin , LOonoie et FOlix , optira , 685 en basalte Solas (Don R. de), Lecciones cle dereclw publico constitutional 'aof^. Salfi, C.-A.,526.— B. i46, jgo, 43o, 590. — N . , 227 , 445 , 448 , 660. Sanz-Mugnoz, compendia de inede- cinapratica, \^9>• Saicophages ^gyptiens noir , 448. Saulnicr Cls, sa Lettre k I'academie dcs inscriptions et belles-lettres, 465. 5a.ro Grammaticus. Voj. Ilistone de Danemarck. Say , Essai sur les hommes , traduc- tion allemande, 583. Schiller, Histoire du soulfevcment des Pays-Bas , centre la domination es- pagnole, .'196. — (Traduction des poesies de) , aSy 479- Schneider, Dictionnaire grec-alle mand; supplement, iSg. Schoolcraft's Narrative , journal of travels , etc. , 376. Sciences (Sur I'etatdes) et deslettres en Pologne , M., 22. Scott ( Sir Walter ) , son portrait , grave par Slater, 2o3. Segur (Le comte de) , G.-A. , 84. S^K^GAL, 399. Sisniondi (J. C. L. Simonde de ) , Histoire des Frani^ais , A Skandinavisk Litteraturslskahs, i56. Skomorowski (Louis ) , Le comte Os trorog, roman polonais, 59. Slotwinski, litterateur polonais, 35. Smith's Grammar of botany , 127. SociETE Asiatique de Calcutta , 453. — Missionnaire de Londres , 202. — Royale de Londres, 4^9. Pourl'etablissement d'unepaix uni- Terselle etpermanente, de Londres, 65o. — Medico - chirurgicale , fondee i Edimbourg, 201. , — Phrenologique d'Edimbourg, 201. — Fran(^aisede bienfaisance, 4 Peters- bourg, 653. — Biblique de Moscou,633. — ifeconomique de Gopenhague, 20G. — Dcs sciences de Gopenhague , 207. — Royale de mtdecine de Gopenha^ gue , 207. — Ilelvetique des sciences natureiles, 654. — D'agriculture cantonnaie de Saint- Gall, G55. — Royale pour I'encouragcment dcs - beaux-arts de Bruxelles , 2 16. — Royale des sciences d' Arras, 217. De medecine de Bordeaux, 218. — Philomatique de Bordeaux , 219. — Pour I'insttuction elementaire de Carcassone , 220. — I 'agriculture de GhSlons - sur- Marne , 220. — Des sciences de Mftcon , 222, 672. — Academique d'agriculture de Poi- tiers ,222. — D'emulation et d'agriculture du de- partement de I'Ain, 456. — Royale d'agriculture de Limoges, 456. — D'6mulation de Rouen , 457. D'emulation de Lons-le-Saulnier, 671- D'encouragement pour I'industne nationale de Paris, 224,678. — De geographic de Paris , 224 , 4^0, 682. — Roy;ile et centrale d'agriculture de Paris, G76. — Gentrale de vaccine de Paris, 678. — De la morale chretienne de Paris, 683. ( Voyez aussi les mots Acadkmie et M^MQIEES ET RaPPOBTS ). Society ( Views of) and manners in jttnerica , 577. Sorciere ( La ) de Dernelengh , opera anglais, 459- SouRDs-MLETS (Institution des) de Gopenhague, 207. Sowinski , Des Femmes polonaises auteurs , i34. Spectateur ( Le ) lombard , melanges de litterature , etc. , 214. Speeches of the governors of Mas- sachusetts , 570. Squelette fossile d'elan , decouvert a Pile de Man , 649. Stael (Mad. de) , CEuvres completes, A.,55i. DES MATIERES SiAriQDB (Clemens de) , par Poinsot, i56. SiiTisTiQCB , 33 5 53, i66, 171,597, 43 1 ,576, 58o. Steam's Transactions of the medical society ofNeiv- York , 1 24. Stieglitz, ylrcheologische Unterhal- tungen, 585. Strabon (Geographic de), traduction fran(;aise, 237. Strauss, Pelerinage d'Helon i Jeru- salem, traduct. hollandajse , iSa. Slurleson j Norges Kongers Kronike, 58o. SOEDB , 384 . Sdissb, i4i 5 2i3 , 3go , 446, 588, 627, 654. Superstitions ( Sur ies) des anciens Egyptians, etc., par Bovvdich, 191. Symboliqueet Mythologiedespeuples anciens, par Creuzer, 386. Synonymes ( Sur Ies ) de la langue italienne , par Crassi, 692. T. Taitbout de Marjgny , Voyage en Gir- cassie , 697. Tasso , La Gerusalemme liberata , edition de Paris , 43o. Temple ( Le) de Jupiter Olympien d'Agrigente , par Klenze, 585. — Toscan ( Essai pour ritablir le ) , par le meme, 586. Tenczyn Ossolinski ( Comte Max. ) , Histoire de la litt^rature polonaise, 35. Thalassiopliytes symphysislees, Aper- 5U microscopique de leur fructifi- cation , par B. Gaillon, i53. Theatres en Pologne , Sg. — Aux Etats-Unis, 264. — De Madrid, 399. — De Paris , 227 , 4/2, 684- — De Londres , 439 , 440' Tb^ologie, Religiox et Culte, 32, i5o, 171 , CS3. Thery, Discours qui a remportc le prix d'eloquence , en 1821 , J78. Tibullc ((Kuvres de) , de Catulle ct de Properce , trad, par MoUevaut , (32-. Trembcclii , poete polonais , Collec- tion de ses ceuvres, 38. Troubadours ( Des) etdesCours d'A- mour, par Raynouard , A. , 354. 17 Turner's Jlaount of a tour in Nor- mandy , 134. Tlrqcie ( Notice sur Petal actuel de la ), i3o. — (Considerations sur I'ctat actuel de la), 173. Tyberschamps. p'oy. Chateaux. V. llNivEBSiTfi de Varsovie, a3. Urquijo ( Elogio de don Mariano Jjuis ) , 429. Utilite (Sur P), de la douleur , par Mojon, 396. Valhuena ( Don Bernard de ) Sialo de oro en las selvas de Erifile, SyS. Van Breugel, Sur ce qui s'est passe de remarquable apres la capitula- tion de Bois-le-Duc, i5o. Vaucher, De Choro Groecorum tra- gico J aqi. Vaulier. f^oy. Filateur de colon. Verheilewegen , Den Zegeprahel , etc. , i5o. Vermifuge du docteur Bouillon • La- grange , 684. Vernet (Horace) , peintre, la Bataille de Jemmapes , 23o, Vienne , Embellissement de cctte ca- pitale , 442. Ville du Detroit sur le lac foe , aux 6tats-Unis , 43i. Villemain, Discours prononc6 ft I'Aca- demie-Fran9aise , 626. Vinification ( Opuscule sur la ) , par mademoiselle E. Gervais, 607. Voisin (F.) , Du begaiement, Go5. Voltaire en un volume, 162. Voss(Ju]esde),Nul doute quel'empire ottoman ne succombe, 445. VoYiCB dans la Grande - Breta"-ne par Ch. Dupin, A., 68. — dans PAmerique espagnole , par Humboldt et Bonpland,A. 2--a. — Aux Alpcsmaritimes, parFodere* A. , 293. — AuBresil, par le prince de Wied- Nenwied, A., 621. — en Normandie , par Tamer, 134 2 18 TABLE ANAXTTIQBE DES MATIERES. — aux sources du Mississipi, par Schoolcraft, 376. — au Dahomey, par J. -M. Leod ,4 16. — en Circassie , par Taitbout de Ma- rigny. 597. — en Ecosse et aux iles Hebrides , parL. A. Necker de Saussure, 610. — pittoresquedela Grcce, par Choi - seul-Gou£Ber, 620. VoTAGBS sciEHTiFiQUES : dc M, Cail- Jiaud, en Nubie, igS, a57 , 434 , 643. — De M. Perrottet, en Asie , en Afrique et en Amerique, aaS. — Du professeur Schultz, de Bonn, dans rOrient, 442. — De M. Le- lorrain , en ^sypte , 465. Voyage autour de la bibliothfeque d'un bibliomane , par W. Davis, i33. — d'Antenor, par Lantier, 174. Voyages de P6trarque , par A. Levati, .191. W. Waga , De la Coonaissance de la na- ture, 3g, ff^eicherl , Ueber Apolloniui von Rhodus , 388. ff^ielands Briefe an Sophie von La- roche, 584. Wilhem , Sa m^thode pour I'ensei- gnement de la musique, u , 455. Wilson (Sir Robert ) , Puissance mi- litairc et politique de la Russic , 171. Wodzicki, Sur la culture des arbres, 32. Wronicki, La petite guerre , 3i. X. Xenophon , Oes Finances d'AtUine*, trad. ital. , 395. yucca gloriosa, Plantede rAmeriquc septentrionale,quiesten fleur dans une p6pini6re , pres de Worcester, 438. Z. Zodiaque de Denddrah, 4^5. FIM DE LA TABLE DTJ DOUSIEME TOLTIME. Supplement aux Errata du onzieme volume. Page 5i8, ligne 29, rares, lisei »ra5e5;— p. 52i , 1. i, separlagerent lisei : separtageaient; — p. 622, 1. a5 , des tacks des concessions , lisez : des tacks ou concessions ; — p. SaS, I. 16, point deporte, lisez -.point deposte; — p. 524> 1. 8 , une venle, lisez : une rente ; — ibid. , 1. 3a , augmente, li«ea : double; — p. 5a5, 1. 3, aucune atteinte, lisei : aucun accent; — ibid. ,1. 10, petite nature , lisez : petite nation ; ■ — p. 626, 1. ag , les parages , lisez ; ces parages;— ibid. , 1. 5 , Strafford, lisez : Stafford; — p. 629, 1. a3, d'execu- liens, lisez : d' exactions: — p. 53e, 1. i5 , higlhands, lisez : highlands; — ibid,, 1. 3i , /e traditur, lisez : la tradition;— f. 55i, 1. 4 et 5, itait demeuri, non seulement , lisez: itait demeuri. Non seulement; — ibid. , I. 7, dans Venfance. On a vu, lisez : dans I'enfance, on a vu; — ibid. , 1 16 , indiqu* et maintient , lisez : indiqua et maintint ; — ibid. ,1. 27 , /e bien des terrts, lisez : le bien de tous;— p. 53a, I, i5, d Uur donner ees terres , lisez ; a Isur fhnner un t«rme. ERRATA DU DOUZIEME rOLUME. Page 87, ligoe 23 , des fails, lisez : leurs fails; — p. gj, I. xi, seuletnent, liser : reellement ; — p. 97, 1. 5, racontait, lisez : remon/rait; — p. iSg, I. i5, undes ministres, lisez : un des hellenistes ; — p. a345 1. ai, plu sbscurs, lisez: plus obscurs; — p. 235, 1. i , sefdrite, lisez : verite ; — p. j44» !• *8} «/'•»■» lisex s crix ; — p. 464 » I. 3 1 , Abbruzes , lisez : Abbazes ; — p. agi', note. Ceroxylou, lisez : Ceroxjlon; — p. 296, 1. 4j Germains, lisez : Remains. p. 297, 1. a6, occupaient , lisez : occupent; — p. 398, 1. 19 , etaient conside- rables , lisez : n' etaient pas considerables; — p. 5ai, au bas , xi , lisez : xii ; • — p. 533, derniere ligne , hempdens, lisez : hampdens ; — p. 338, 1. 37, Lay- 6acA , lisez : Leoben; — p. 367, numerotie 567 par erreur, I. 19, dsseins, lisez : desseins ; — p. 434) !• 6, 3.", lisez ; 5 heures; — p. 443» 1. ao, Schdlzer, li»ei : Schlozer; — p. 449 > !• 8 » Fabrini, lisez : Fabroni ; — p. 5oj , titre, Allemacne, lisez : Allemagne; — p. 579, I. 3i, Stanford, lisez : Stamford. FE8.95 DE L'IMPRIMERIE DE J. SMITH. L J\DOU FOUR LES AMIS DE LA LITTi^RATURE ANGLAISE. Un Anglais, Iiomme de lettres, ^tabli a Paris , A&- venu I'un des coUaborateurs de la Revue Encyclopi- dique , desirant, d'aprfes le plan et le but de ce recueil, faciliter les communications scientifiques et littdraires entre I'Angleterre et la France , offre de faire parvenir a Paris tous les livres anglais qui lui seront demandes^ au prix auquel ils se vendent a Londres , augmente de i © poiu" 1 oo pour frais de port, et de les fouruir , du i o am 5 de chaque mois, pourvu que les demandes aient ete faites, avant le 20 du mois precedent. Les personnes qui vou- drontse procurer des livres anglais par cette voie, devront joindre a leur demande , adressee au Bureau central de la Revue Encyclopidique , rue d' Enfet^Saint'Michel , n" 18, le montant des ouyrages ^ et les faire r^clamer a la mfime adresse , dans le terme indlque j dans le cas ou les ouvrages demandes ne seraient point arrives, Targent depose serait rendu, a moios qu'on ne youl&t attendre I'envoi du mois suiyant. ^niiniMmutininnniiitinii Libraires chez lesquela on pent aouacHre dans lea pays itrangers. jiix-la-Chapelle, Laiuelle BU. jimsterdam, G. Dufoui-. .4rau (Siiis«e), Sauerlander. Berlin, Schelesiuger. Beme,Gi\as, au cabinet Utt^". Breslau , Th. Korn. Bruxelles, Lecliavlier. Bruges, Bogaert, — Dumortier. Florence, Piatti. Fribourg (Suisse), JJoise Eg- gendorfeiT. Francfort-sur-Mein, SchaSffer. Geneve, J.-J. Paschoud. Lausanne, Fischer. Zejws/c*, Giiesbammer. Lieee, Jalheau pere. LisT>onne, Paul Martin. Ijondres, Dulau et comp., — Treuttel et Wiiru. Madrid, Dennde, — Pei-Js. Milan, Giegler, — Viiiniara. Moacou, Gautiei-.'-Ris. Naples, Borel. Neuchatel (Suisse), Grester. Nouvelle-OrUans, Jourdan. Palerme ( Sicile ), Pedonne tt Muratoii. Petersbourg , Saint-Floient, — Giaeff. Tubingen, Cotta. Turin, Bocca. V^arsopie , GlucksJjerg , — Za- vadsky. F~ienne (Auiriclie), Gerold. COLONIES. Guadeloupe (Pointe-A-Patre), Piolet aine. He de-France ( Povi-Louis), E. Buvdet. ON SOUSCRIT AUSSI A PARIS , An Bureau de iLfenACTiou, rue d'Enfer-Saint-Micliel, n° j8, oil doivent ^tre eavojes, fiancs de port, Jes llvies, de&sjns etgravuves, dont on desire I'annonce, et les Lettres, Meinoires, Notices ou Exlraits deMines a ^tre insert dans oc Recueil ; Chez Tredttel it WiiRTZ, tae de Bourbon, n° i-j ; Uey et Gravier, quai des Augustins, n" 55 j. MoNGtE aiu^^ boulevard Poissonniere, u" i8 ; EvMiiRY, juc JUaiarine, n" 5o; RoRET ET Roussni.^ rue Pav^e-Saini-ATi