2 8^ VOLUME. 8a® LTVRAISON. m REVUE ENCYCLOPEDIQU on ANALYSE RAISONNfiE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLE DANS LA LITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. l" Pour les Sciences physiques et mathematiques et les Arts industriels : MM. Ampere, Ch.Dupin, Cbapt at-, Fourier , Gieard, Wavier, de I'lustitut; C. Coqtjerel, Ferry, IFrancoeur, Le Normamu, A. Michulot, de Moht- GERY, MOREAU UE JOWHES, WARDEN, etc. a" Pour les Sciences natarelles: MM. GEOFFROY-SArKT-Hli,AiRE, de I'Institat; BosfAFOUs, de Turin; Bory de SAiUT-ViifCEKT, Desmarest, Y. Aododih, Brongbiart Cls; Fi-ocress, D.-M. ; V. Jacqbemokt, etc. 3" I'ourXes Sciences medicales : MM. Adelon, Bally, Damirok, G.-T.Doik, DiiPAu, EsQctROL, Georget, Magendie, Orfila, RtooLLox fils, D.-M,, etc. 4° P.'>ur les Sciences p/'ilosoy/iiques et morales, politiques , geographiques et hisloriqujs :Myi. 1.ASJUI1JAIS, de I'lustitut ; M. A.Julhen, de Paris ; de Ge- RANDO, At.ex. delaBorde, de I'lostitut; Agoxjb, Anbeb, Artatid, Avehel; Berville, avocat; Barbie du Bocage, de I'lustitut; A. Bedghot; Cbampol- Lios-FiGEAC, correspoudant de I'lnstitut; Champolliow jeune, Deppikg; Crivelli, A. Ddfr'ayer, Dupin aIne, Ddpau, Duvergier, Gcadet, Boc- chehe-Lefer.Dotjblet-de-Boisthibadlt, a. Taillahdier, arocats; Amedee jADBERT;JoMARn,dc I'lnstitut; LaffondeLadebat, Alex.Lameth.P.Lami, Massias, J.-Mauviel, A. Metral ; Meyer , d'Auisterdam ; Parent-Real, Po«(jtiEVin.E; CIi.Renobard, avocat; EusebeSalvertEjJ.-B.Say, Sismowde DE SisMOKDi, Staffer, Sdecr-Merlin. 5" Pour la Lilterature francaise el etrangere, la Bibliographie , V Archeologie etlcs Beaux- Arts i'HW.. AuDRiEnx, Amaory-Duval, Emeric David, Droz, Lemercier, de Segdr, de I'lnstitut; Barbier, ancien conservateur des biblio- tlieques du Roi ; J.-P. Bres, Alph. Mahul; Ph. Golbery, de Coltnar; KiRC- kboff, D.-M., d'Aovers; M.Biakchi, Mme.L. Beli.oc, E. Hereatt, Henricbs, M. BeRR.FeL. BoDIN.BuCHOrr.CARRION-NlSAsfils, ChAHVET; CaEKEDOLLEfils, de Liege; Fr.Degeorge,Dijmersan,Ed. Gacttier.Goepp.Heiberg, Krafpt, ■V.Leclerc,Loeve-Veimars, Marrow, Mazois ; Ch. Monnard, d« Lausanne; ■A.deMostemont;Nicolo-Poclo, Patin, Pellissier,Pongervillr, Que- telet, deReiffenberg; de Stassart, deBruxclles; Fr.SalfijSchnitzler; ScH-WEiGB>EUSER fils, de Strasbourg; Leok Tbiesse, F. Tissot, Verdiek, S. ViscoiiTi, etc. A PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOP^DIQUE, Rue , i8ar, 1811 i8a3, i8a4 •t i8a5 aa prix de 46 francs chaqu. REYUE ENCYCLOPfiDIQUE. y5! /(yXH) I'.VRIS. — 1)K L IMPRIMF.RIE DE IlIGNOUX, nie dcs Krancib-Bourgfois-S.-Mi- et dans un rapport Inmineux , fait par les professeurs Fouquet, Mejan et Dumas, elle rappela que I'art de conserver les hommes est une des branches essentielles de I'art de gouverner. Non-seulementcet appel de la science fut entendu , accueilli, approuve par I'autorite chargee du depot precieux de la sante publique ; mais encore il lui fit reconnaitre authentiquement la nature du danger et toute son etendue. Le ininistre de I'lnte- rieur, M. Chaptal, ecrivit, en i8o3, a TEcole de Montpel- lier : « Que, puisque le terrible fleau de la fievrejaune avail puetreintroduiten Espagne, rien ne garantissaitquela France fut a I'abri de son invasion. » II ajouta : « Que Ton ne pouvait done prendre trop de precautions pour en preserver notre ter- ritoire, et surtout nosdepartemensnieridionaux, qui, araison de leur position geographique et de la constitution physique de leurs habitans , sont plus particulierement exposes a la contagion. » Mais, bientot, la guerre eclatant avec une nouvelle furie fit cesser nos relations maritimes, diminua le danger de I'intro- duction des maladies contagieuses , et le fit oublier par les grands evenemens qu'elle enfanta. Le retablissement des communications commerciales , en 1816, ne tarda pas a montrer la necessite de constater ce qu'a- vait a craindre la sante publique, de I'importatiou de ces mala- dies , par les nombreux navires qui chaque jour surgissaient dans nos ports, et qui trop souvent etaient encore en proie a leurs ravages. Arrive recemment des Indes occidentales, ou , dans dix irruptions meurtrieres, j'avais vu la fievre jaune ^ borddes escadres, dans les camps, les forteresses et les hopi- taux, je dus a de longs malheurs le triste avantage d'etre con- suite sur le mode de cette constalation. .le n'hesitai point dans I'opinion, que I'assemblee des professeurs de la Faculte de me- decine de Paris etait le tribunal appele par seslumieres et son I ', CONTAGION DE LA. FIEVRE JAUNE illustration iprononcer dans une telle cause; et aumoiscic juln 1817 , il Ini fiU adresse, par le ministre de I'lnteriour , une se- rie de questions positives, donl les reponses deVaient guider lesmesures du gouvcrnement. Ces questions etaient uniquemcnt relatives a la fievre jaune, parce qu'alors personne ne niait la contagion de la peste ; et que le cholera morbus, ou pUitot la maladie designee errone- ment sous ce nom , n'avait pas encore exerce sur I'Asie sa puissance desasfrcuse. La Facnltc repondit affirmativement a toutes les questions qui lui avaicnt etc faites. Elle reconnutque la fievre jaune est contagieuse, susceptible d'etre importee par les communications marilimes et autres, et qu'elle pout se transmettreegalement paries hommesetpar les marchandises. Ses conclusions fnrent qu'en consequence, on devait soumettre les provenances des pays qu'elle ravage , aux memos precau- tions de quarantaine et des moyens de desinfection qu'on em- ploie contre la peste de I'Orient. Si la Faculte de medecine de Paris , apres avoir t'pronve tanl de pertes deplorables, est cepeudant I'un des corps savans les plus illustres de I'Europe, quelle confiance et quel respect ne devait pas inspirer sa decision, quand a ses vastes lumieres sejoignaient I'experience et la sagessc dc ces vieillards, qui sont encore, du fond de leur tombeau, les oracles de la science? L'ovenement ne confirma point pourtant cctte juste attente. Des clameurs s'eleverent avec violence contre cette decision; et le rapporteur de la Faculte, le savant, le respectable doc- teur Halle fut laxe de faux jugement et d'ignorance par des hommes qui s'imaginerent lo surpasseren connaissances medi- cales, quand toute la capacite de leur esprit n'avait pu leur faire acquerir meme les notions les plus simples des elemens de leur propre langue. Cette controverse fut, comme celles qu'ont excitees I'iuocu- lation , la vaccine , I'usagc i\i\ mercure et du quinquina. Sen- ET DE LA PESTE. i5 lement elle flit, s'il sepeiU, plus feconde en dissiclences dia- raetcalement opposees sur des faits identiqnes , et en assertions manifestemeiit conlrouvees. Pour n'en citer qu'un example, je dirai qu'au moment ou Ton affirmait, devant TAcademie des sciences, que 4a fievre jaune avait eclate spontanement a bord du navire le Fabricius , a la mer , je tenais entre les mains les pieces d'une enquele officielle, instituee sur ce fait, h ma de- mande, et qui etablissait incontestablement qiie, dans tout le cours de son voyage, le Fabricius n'avait pas ete atteint par la fievre jaune, qui conseqnemment ne s'etait montree a son bord, ni spontanement, nt d'aucune autre maniere. Quelques personnes, peu familiarisees avec I'histoire dc I'esprit humain, allribuerent ces dissidences d'opinions a I'obs- curite dont elles supposaient leur sujet encore environne ; d'autres en tirerent des motifs contre la science medicale elle- meme qui ne trouvait ni les moyens d'arreter raction meur- triere des maladies pestilentielles, ni mome ceux de constater irrefragablement I'origine de ces maladies et le mode de leur propagation. On oublia qu'il n'est point de verite, qui n'ait ete combattue avec acharnement pendant des siecles, avant do prevaloir sur I'erreur; et qu'il n'est pas plus extraordinaire dc voir aujourd'hui des medecins nier la contagion de la fievre jaune, qu'il ne I'etait, en 1720, d'en trouver qui contestaient au milieu des desastres de Marseille, que ce fut la peste par laquelle cette cite etait ravagee, et qu'elle avait ete importee du dehors et propagee par la contagion. II n'est point de pays qui ne puisse offrir de pareils exemples. Pendant la peste de Itfoscon, les sectateurs du parti, qui refusait de la reconnaitre, exciterent le peuple ti jeter leurs adversaires dans la Moskowa ; et I'aveuglement fut si grand et si opiniatre, a Messine, en 1743, que, sur 34 medecins consultessur la nature de ia mala- die qui avait eclate dans cette ^^lle , 33 declarerent formelle- ment quec'elaitune epidemic ordinaire. Un seul eut le courage i6 CONTAGIOjN DE LA FIEVRE JAUNE d'afiirmer que c'etait la paste; mais son avis fut meprise. Les magislrats etle peuple negligerent touteespece ui jettcnt aujourd'luii I'cpouvante sur toutes les rives de la Mediterranee , et font voguer jusque sur I'Ocean des navires pcstifercs. Une heureuse experience, faite il y a nioins d'un an, ga- rantit les effets bienfaisans que I'Egypte doit attendre des in- stitutions sanitaires. Au moment ou le pacha s'adressait au gou- vernement fran^ais pour etrc dirige dans I'usage des moyens qui peuvent prcvenir I'irruption de la peste, une contagion inconnue, designee sous le nom de cholera-morbus, venait d'arriver de I'lndoustan jusqu'aux portes deDamas, et me- nacait d'envabir I'Egypte. Le Conseil superieur de sante m'ayant departi le soin de suivre les progres de cette formi- dable maladie , mon devoir etait den signaler le danger pour (i) Thomas hvGH's Narrative of a Journey, etc. 1816. • — FiTi- CtARE»t.E'8 Journal of a route, etc. 1819. ET DE LA PESTE. aS ce pays, et d'indiquer les moyens capables d'en arreter la puissance meurtriere. La haute approbation que recutent ces moyens preservatifs les a fait adopter sur-le-cliamp par le pacha, qui a prevenu, par I'activite et la severite de scs mesures , I'union fatale de la peste du Levant et du cholera- morbus du Ben gale dans la vallee du Nil. XJn autre exemple semblable et egalement heureux a ete donne par le souverain de la Perse, en 1822. Ce prince mu- sulman, alannc dcs progres que faisait le cholera pestilentiel, qui, des ports du golfe Persique, s'avancait rapidement vers Teheran, consulta le docteur Martinengo , nicdecin italien, long-terns employe au service de France, et il suivit le conseil qu'il en recut, de defendre aux caravanes de se rendre dans sa capitale. On est fonde a croire que ce fut a cette sage mesuro que la population nombreuse de Teheran dut son salut, puisque toutes les viiles de la Perse, dc la Mesopotamie et de la Syrie , ou les caravanes passaient, furent en prole aux ravages de la maladie, et qu'elle seule en fut exemptc. Ces viiles sont au nombre de quarante, toutes du premier ordre; et plusieurs, comme Bagdad et Bassorah, ont perdu le quart ou meme Ic tiers de leur immense population. Enfin le bey de Tunis, instruit par la peste de Maroc dont les affreuses calamites ne sont point encore effacees, s'est de- termine a soumettre k une quarantaine d'observation les navires du Levant qui arrivent dans les ports de ses etats. Pour abandonner /lans toutes ces circonstances le dognie religieux de la fatalite, auquel , depuis tant de siecles, les mu- sulmaus conOent leur existence, il a fallu sans doute la con- viction profonde, la certitude irrefragablement acquise que les contagions ne frappent point les hommes au gre du hasard, et qu'elles sont regies, dans leur propagation , par des lois qui permettent a la sagesse huniaine de les doniiner. Mais il n'a pas fallu des preuves moius convaincantes pour decider I'Angle- aO CONTAGION DE LA. FifeVRE JAUNE tent* i\ sacrifier, afin tie prevenir I'invasion de ces maladies, le phis grand, lo plus cher de tons scs interets, celui de son commerce, qu'elle a prefere plus d'une fois a la paix, et mcme A la justice. Loin qu'il soil vrai , comme on I'a dit, que la doctrine de la non-contagion de la pesfe et de la fievre jaune soil admise en Angleterre, il est constant qu'il n'y a point de pays en Europe oil les mesures sanitaircs pour s'opposer a ces conta- gions, soicnt plus etenducs, plus dispendicuses, et oiileur ne- cessite soit constatee par des cnquetes plus concluantes. II n'y a pas aujourd'hui moins de seize batimens de guerre employes comme lazarets, en cinq stations priacipales, pour le seul service sanitaire de I'Angieterre, et a Texclusion de I'Ecosse et de I'lrlande. La depense annuelle de ces etablisse- nicns monte a un demi-niillion ; et pour celui que Ton a con- struit a Chetney-Hili, et qu'a fait abandonner sa situation insalubre, on a sacrifie 3,784,000 fr. Ce ne sont pas unique- ment, comme en France, les navires venant du Levant qui sont astreints a la quarantaine; ceux qui arrivent de I'ltalie et de I'Espagne y sont parcillemont soumis. Ce ne sont pas seulemcnt les navires en patente brute qui sont I'objet des me- sures sanitaires; ceux en patente nettesont atteints egalement par ces mesures. Les rapports officiels en portent le nombre a 691 en 1821 , 5i2 en 1822, et 704 en iSaS. Pendant ces trois annees, par I'apprehension du cholera-morbus, on a present ces mesures a des navires venant de Ceylan et de Bombay; par celle de la fievre jaune, on y a soumis une foule d'autres, ve- nant de la Havane, de la Jama'ique, de la Barbade, des Etats- Unis, du Bresil mcme, et particulierement de Sierra-Leone, d'oii cette maladie a ete imporlee, en 1823, a I'lle de I'Ascen- sion, par le brick de guerre le Bunn (i). (i) Voyez les details de ce fait importanl , /fee. Enc, t. XXIV, ET DE LA PESTE. 37 S'il etait faux , comme on le pretend , qu'il existe des conla- gions exotiques, impoi tables et transmissibles, il faudrait ad- mettre que le peuple de I'Europe qui en tend le mieux les interels du commerce, multiplie sans raison, Ics entraves qui Icur nuisent ; et qu'un pays, ou Ton sait apprecier le terns et I'argent aussibien qu'en aucun autre lieu du monde , sacrifie , chaque annee, a des chimeres, pres d'un million de francs, en taxes sanitaires, etplus dedix fois autant, en prolongation do dureeeten retards des expeditions conimerciales. II faut certaincment, pour qu'il en soil ainsi, que la cou- naissance du danger des maladies contagieuses soit acquise completement en Angletei're, par le temoiguage des hommes de I'art et des voyageurs instruits, et qu'il en soit resulte pour le gouvernement, le Parlement britannique et la Societe royale de Londres, cette intime conviction qui ne pent frapper des esprits d'un ordre aussi eleve, que parce qu'elle est puissante et irresistible. C'est snr trois enquetes officielles, qui embrassent une pe- riode de vingt anuees , que s'est formee cette conviction. La premiere eut lieu, en i8o3, devant le Conseil prive du roi , lorsque , le sort de la guerre ayant jete tout le commerce du globe entre les mains de I'Angletcrre, des communications rapides et nmltipliees menacerent de lui apporter, avec les tresorsdes regions les plus eloignees, les maladies contagieuses qui en deciment la population. Les resultats de cette enquete confirmerent tellement la craintc que la fievre jaune ne fut importee d'Amerique ou d'Espagne dans les lies Britanniques , que, par les ordres du Conseil qui etablircnt et reglerent les mcsures sanitaires , cette maladie fut assimilee en tout h la peste. Les precautions prescrites par ces actes sont plus rigou- p. 1-5 (octobre 1824), et \' Analyse des travaiix de I'Academie des sciences {pour 1824)1 partie physique , par M. le baron Cuvieh. a8 CONTAGION DE LA FifeVRE JAUNE reuses que celles qui sont maintenant en vigueiir, dans les ports de Fiance, parce qu'elles sont imitees du systenie sani- taire que Marseille avail adopte , il y a un siecle, et que I'ex- perience a perinis d'adoucir a pliisieurs egards. Aussi, a - t- il fallu s'en departir dans leur application a diverses provenan- ces ; raais leur severite est encore en ce moment si grande, que dcs navires venant de Naples, de Livourne, de Marseille mcme, ct ayant cte soumis, dans ces ports , aux epreuvcs sani- taircs Ics plus completes, ne sont point admis a libre pratique, en arri\ ant en Angleterre , quoique munis de patente nelte. II fautque tousces faitssoient bien raal connus sur le conti- nent, puisqu'au moment ou dix navires venant d'Amerique etaient forces de faire quarantaine, pour la fievre jaime , au lazaret de la Tamise , a Standgate - Creek , le ministre de Prusse, charge du departement de la sante publique, me faisait I'honneur de m'ecrirc que la fievre jaune n'etait pas considerec conmme contagieuse en Angleterre. Sans doute, on peut croire qu'il en est ainsi, quand on prend pour I'opinion publique, une opinion isolee, repoussee par la grande majorite des medecins anglais, par le gouver- nement et par le peiiple; ct autant vaudrait induirede I'oppo- sition que la vaccine trouve encore aujourd'hui , dans les lies Britanniques , la consequence que leurs habitans en niuconnais- sent et en refusent lesbienfails. Les fails se presentent en foule pour montrer que toutes les classes de la societe admeltent , en Angleterre , commc indubitablos, la possibilite de I'impor- tation des contagions exotiques et le danger de leur propa- gation. Dans I'enqucte faite, en i8ig, devant un comite de la Chanibre des communes, les officiers et les chefs des douanes du port de Falmouth, qui recoil les paquebols et les flottes venant dcs Antilles, declarercnt : « ()ii'ils n'avaicnt connais- sanco d'auciin cxcinplu de rimporlation de lu peste dans cc ET DE LiV PE5TE. ag port; mais qu'il etail arrive frequemment d'y voir apporter des Indes occid«ntales , une maladie eminemment contagieuse, qui est evidcmment la fievre jaune, et qu'ils affirment n'avoir ete arretee dans ses progres que par des moyeus de pre- caution, n Lorsqu'en 1824 des navires venant d'Egypte apporterent dans le port de Liverpool , les premiers chargemens de colon fournis par les plantations du Pacha , ton te I'importance de cette nouvcllc source de richesses pour les manufactures du Lancashire n'a veugla ni la population, ni I'autorite, sur le danger qu'elle faisait naitre. Le maire de la ville , deferant aux craintes des habitans , reunit les medecins pour demanderleur avis sur les risques de I'lntrodiiction de la peste par lescotons en laine, que tout le nionde sait, dit - il , etre particulierement susceptibles de recevoir ct de transmetlrc la contagion. II les consulta pareillement sur les precautions qu'il etait necessaire de prendre dans cette oceiuence imporlante. Les medecinsde Liverpool, qui ne le cedent point en lumieres h ceuxd'aucune autre villedel'Europe, ont declare dans leur rap- port : « Que I'introduction de la peste serait la plus grande et la plus redoutable des calamites; qu'une fois imporlee, il serait extremement difficile, sinon prcsque impossible, d'arreterses progres, ou de restreindre ses ravages dans des limites etroites, a cause des communicatiens rapides, etendues et continuelles qui existent dans toulesles parties du pays ; et que, si la mala- die parvenait a regner sur un espace co nsidtrable, il en resul- terait, avec une mortalite effrayanle , la suspension inevitable de toute transaction comraerciale dans les districts infectes; cc qui occasionerait un etat de detresse etde desolation tel qu'on n'en a point encore eprouve en Angleterre. » Mais, sans nous arreter plus long tems a des fails particuliers qui se mulliplieraient a I'infini, cherchons plutot , dans le tcxte meme des documeus officiels de la Grande-Bretagne,le degre 3o CONTAGION DE LA FifeVRE TAUNE tie confiance quo Ton accordc, dans ce pays voisin, a la doc- trine de ceux qni nient I'oxistcnce dcs contagions. En 18 '9, quelques medecins anglais mirentcn question I'o- pinion, rccne depuis long-tenis comme incontestable, que la peste est une maladie contagieuse qui peut etre importee d'un pays a un autre et communiquee par les personnes ct par les choses; la Chambrc des communes du parlement britannique nomma un comile pour examiner ces doutes et la validite de la doctrine admise jusqu'alors. Dans I'cnquete instituee sur ce sujet, on cnlondit les per- sonnes donl les temoignages et les opinions devaient etre con- sideres comme de la plus grande valeur; et sur 26 depositions, 2/i affirmcrent, de la maniere la plus positive, le fait de la transmissibilite de la peste et de la possibilite de son importa- tion. Le resuitat de cctte investigation fut la confirmation deia doctrine de la contagion do cette maladie, ct le comite declara qu'il ne voyait point de raison pour mcttre en (juestion la vali- dite des principes qui avaicnt fait adopter I'usage des quaran- taines et qui avaient determine I'application des mesuressa- nitaires. En i824> un autre comite de la Chambre des communes ayant ete nomme pour rechercher les nioyens de soutenir et d'ameliorer le commerce de la Grande-Bretagne avec les pays etrangers, il s'estoccupe, dans un rapport special, presenteau parlement le i4 juin, dcs moyens de concilier les intercts du commerce avec les mesurcs que reclame la surete dc la sante publique. Ce comite, apres une nouvelleenqnete singulierementlumi- neusc, a declare donnersoh cntier assentimentaux conclusions du rapport fait par le comite de 1819, et ne trouver aucune necessitc de renouveler I'invesligation sur le fondement de la doctrine de la contagion; il a concUi a ce que le systeme des mesures sanitaires fut maintcnu , ct il n'a indique d'autres mo- ET DE LA PESTE. 3i dificatioDS que celles qui peuvent rendre ces mesures pluseffi- caces et moins onereuses. On concevra la necessite de I'anielioiation de ces mesiires, en apprenant, par ce document officiel , que , quoique les laza- rets de Marseille et de Trieste soient fort superieurs a ceux d'Angleterre, et que le service y soil beaucoup mieux fait, les frais ne s'y eleveut que d'un 20^ a un iS", de ce que coutent les quarantaines au lazaret anglais de Standgate-Creek (p. 7 1. Quant a la question de la contagion, elle est, aujugement du Parlement d'Angleterre, tcllement decidoe, que le comite, en appelant devant lui les mcdecins d'un savoir eminent, dont les opinions paraissaicnt les plus propres a I'objet de son en- quete, et a donner*une conclusion satisfaisante , a declare: « qu'il avait cru devoir se borner, dans le clioix de ces mede- cins, a ceux dont I'attention s'elait dirigec snr cesujet. et dont, en outre, les opinions concordaient avcc la doctrine recue de la contagion, attcndu qu'il n'y avait aucnn avautagea consul- ter les aufres qui niont la possibilile de la contagion , et consi- derent toute precaution comme inutile. » L'enqiiete faite par le comite de la Chambre des communes et sous la presidence du tres-honorable Charles Grant, est un document du plus haut interet; clle contient une multitude de fails inedits et de la plus grande importance, sur I'histoire des contagions et sur les mesures tcndantes a prevenir ou a di- minuer leurs ravages. On y rend , a cliaque page, une justice eclatante au\ institutions sanitaires dc la France, qui sont pre- sentees comme un modcle offert a I'imitation de la Grande- Bretagne. Parmi les hommes d'une habilele consommee et d'un merite eminent qui out ete entendus dans cette enquete , je citerai le respectable sir Gilbert Blane, premier niedccin du roi d'An- gleterre , et qui n'a cesse de rendre les plus grands services a la science et a I'humanite, depuis un demi-siecle; JFilliam Pym, 3a CONTAGION DE LA TlftVRE JAUNE iiiedccin cii diof a Gibiallar, uMaltc ct aux Indos occidentales, pendant d'affituses irruptions de la pesto et de la ficvre janne; Ralph Green , inspccteur general des hopitaux anglais en Egypte, a Malic, en Espagne, quand la contagion y excrcait les plus tcrriblos ravages ; le doctcur Bozzi Granville, qui , dans men opinion, est I'un dcs nicdecins de I'Europe les plus instruits dans la connaissance des phenomenes des conta- gions et dans cellc des moyens employes pour en combaltre le fleau. Le nom, par Icqucl je terminerai cette nomenclature, ren- dra superflu de I'etendre davantage ; c'est cclui de sir Hum- phrey J) ks-cCcX. ilUistrc savant, qui tiouve ici de dignes appre- ciatcurs, est tellemcnt persuade de I'existcnce de la contagion et de sa transmissibilile par les marcliandises imporlees des pays ou elle regne, qu'il s'est livie tout recemment a des re- cherches speciales, pour decouvrir les moyens de detruire le germe donl elle infecte ces marchandises. Par suite de ses expe- riences, im comite de la Socielc rojale de Londres , preside par lui-meme et compose de M3I. Allen , Gilbert Blane , Brande, Combe, D''*. Pearson et Wollaston, a reconnu : '< que la chlorine , dont on avait cru 1 usage favorable a lade- sinfection des marchandises, nc pcul etre employee pour de- truire la matiere contagicuse, a cause de son action qui altere la soie el le coton; mais que ni le gaz acide sulfureux, ni la fumee de soufre brulant , n'alterent ces marchandises; et que pareillemcnt on pout, sans leiir nuire, les exposer a une tem- perature au-dessous du 212® degre du ihcrmometrc de Fah- renheit,— 8oe de rechelle reaumurienne. En consequence, le comite de la Societe royale a emis I'avis que ces deux procddcs pouvaient etre essayes , comme des moyens de detruire la ma- tiere contagicuse. « La conviction publiquc , operce par ces enquetes, a ete si grande,et la verile tellemcnt nianifcste, que le parlemcnt de ET DE LA. PESTE. 33 \a Grande Bretagneet d'Irlande a, dans un Bill passe pendant sa derniero session (juin iSaS ), adoptc pleinemcnt Ics resid- tats de ces enquetcs pour bases des dispositions qu'il a prcs- crites, afin « de preserver Ics lies Britanniques de la peste et d'autres maladies contagieuses, eininemment dangereuses pom- la sante publique, et qui peuvent etreimportees par les per- sonncs et par les ehoses, provenant des lieiix infectes par ces maladies, ou ayant communique seulement avec eux. » Cetteloi, qui emane de I'une des reunions les plus nom- breuscs d'hommes eclaires que jamais les premiers peiiples du monde aient appeleos ;i diseuter leurs inft rets les phis graves ordonne,pour defendrele territoire anglais contre les conlagious exoliques, des mesures serablables acelles qui constituent, en France, le code sanitairc. Elle oonfie au roi, agissant par son Conscil prive, le depot de la sante publique, et lui donne pou- voir d'employer, pour sa conservation, tons les moyens qui peuvent empeclier la peste, la fievre jaune, ou d'autres ma- ladies emiuemment contagieuses , d'etre importees dans le royaume-uni , ou de s'y propager. Elle prevoit meme, dans ce dernier objet, le cas funeste ou I'une de ces maladies aurait ele apportee dans un port ou sur un autre point des Iles-Britan- niques , et elle autorise tels ordres qui seraient necessaires pour couper toute communication entre les personnes infeclees et le reste des habitans ; elle impose le devoir a tout navire appro- chant des cotes a moins de deux lieues , de fail e connaitre, par un pavilion jaune ou des signaux de nuit, qu'il vient d'un en- (Iroit infecte , ou suspecte del'etre, et que consequemment toute communication avec son equipage estproliibee et punie comme un delit. Enfin, elle a'dmet, dans tout son contenu, comme jugecX. declare, que la ])este et d'autres maladies emiuemment dangereuses, peuvent elre importees et transniises taut per les ehoses (jue par les personnes. Un ordie en conseil rendua Wiuikor, le 19 jnillct dernier, T. wviw. — Octnhre iSaS. ' ;; 3/, CONTAGION DE LA FlliVRE JAUNE determine le mode d'execution de ces dispositions legislatives, Wj'uge et declare que la pcste et d'autres maladies eminem- ment dangereuses peuveiit elre importees en Anglelene, par les vaisseaux on navires venant de la Mediterranee ou de la Barbaric occidentale, et meme de tout port ou lieu de I'Eu- rope, en dehors du dctroit dc Gibraltar, ou dcs iles et d» continent d'Amerique, ou il n'y a point d'etablissemcnt regu- lier de quarantaine declare suffisant par le conseil. Il prescrit, pour les marchandises, ct notamnient pour los balles de cotou d'figj'pte , qui recemment ont excite de si vives apprehensions, les memos raoyens de ventilation et de purification dont on fait usage a Marseille; il met en quarantaine meme les navires du Levant arrivautavec patentenette;etrarticle27 porte:« que, si la peste paraissait a bord dun navire, dans sa route pour se rendre en Angleterre , mais etant encore au sud ducap Saint- Vincent, illuiest ordonne , pour mieux gardcr le royaume-uni centre I'introduction de cette maladie, de retourner dans la Mediterranee pour y faire quarantaine dans quelques - uns de ses lazarets. » Cette disposition, singulierement remarquable , prouve que c'est avec crainte et repugnance, et en ne cedant qu'a une imperieuse necessite, que Ion admettra , en Angle- terre, au lazaret de Milford -Haven, des navires pestiferes; et que la cerlitiule des soins les plus vigilans et les plus severes n'est point encore, pour les sages conseils de I'Angleterre, une garantie sulfisanle de la sante publique, lorsqu'elle est me- nacee par la presence d'un lei fleau. Ainsi, cette meme question de I'existence des contagions, decideedouze fois en France de la maniere la plus affirmative, I'a ete pareillement, en Angleterre : — En i8o5, par le conseil prive du roi , apres une enqucte , un examcn et un rapport approfondis, qui ont donne lieu a un ordrc ayanl force de loi, et decidant tt jugcant la question, a I'cgard de la (ievre jaune it de la peste; — En 1819, par un comite de la Chatiibre dcs ET DE LA. PESTE. 35 communes, dont le rapport officiel a ete soumis an Parlement britanniqiie et imprime par son ordre; — En 1824, par un autre comite serablable, apres une troisieme enquele, quia confirme, dans leiir ensemble et lenrs details, les resultats des deux autres, et qui a ete soumise, comme celle de 1819, a I'examen du Parlement; — Au mois de juin 1824, par unp resolution de la Societe royale de Londres, qui, sous la presi- dence de sir Humphrey Davy, a reconnu I'existence de la ma- tiere contagieuse, et la possibilite de son importation ; — Au mois de juin 1823, par un Bill passe dans les deux chambres du Par- lement britannique , egalement applicable a la fievre jaune eta lapeste; — Eufin, au mois de juillet de cette annee ( iSaS ), par un ordre du conseil prive, rassemble a Windsor, en pre- sence du roi. Quand de telles autorites se sont fait entendre, quelques voix peuvent sans doute encore s'elever pour contesfer I'exis- tence de la contagion de la peste ct de la fievre jaune; mnis I'Europe savante, le monde civilise n'en considereront pas moins la question , comme resolue ; et nulle part on ne confiera la sante publique au danger d'une opinion repoussce dix - buit fois, depuis vingtans, par I'Angleterre et par la France, comme une erreur qui livrerait bientot les rivages de la Taraise et dela Seine aux memes calamites qu'ont dcchainees si souvent sur les bords du Guadalquivir et du Bosphore, I'incurie des Juntes «spagnoles el le fatalisnie des Musulmans. A. MOREAIi DE J-OKNnS> 36 RAPPORT FAIT PAR M. LE MARQUIS DE BARBE-MARBOIS, X I.A SOCIETE ROTALE POUR l'amELIORATION DES 1'RISOjSS, Dans sa Seauce du 9.4 Juin iSaS. N. B. Le sujet d'inter^t general qui est traite dans ce Rapport, le nom et les vertus du respectable Pair de France qui en est Tauleur, la Societe vraiment philanthropiquea laquelle il est adresse; la protec- tion eclairee et bienveiltante accordee aux travaux de cette Society par I'auguste personnage , Ms>' le Dauphin , qui a preside la seance oil le Rapport a ete lu ; I'expose qu'il presente des bons resultats deji obtenus pour I'amelioration du regime interieur des prisons et de I'^tat moral des prisonniers; I'indication des vues de bien public quipeuvent, si elles sont appliquees avec perseverance et avec z6le, completer la bonne oeuvre deja commencee : — Tels sont les motifs qui nous ont fait rechercher et saisir avec empressemeut I'occasion de publier ce Rapport inedit qui renferme des faits et des observa- tions susceptibles d'etre medites avec fruit. II s'agit surtout de pre- venir, par I'organisation d'un nombre suffisant de bonnes ecoles primaires, dans toutes les communes san? exception, et dans les moin- dreshameaux, la necessite toujours affligeante d'entretenir u.u grand nombre de maisons de detention et de prisons. Ji'iKsxRUCTiOK et le TRAVAii. , joints a nn enseignement religieux , exempt de toute espfcce de superstition et de fanatisme, sont des moyens puissans de mopftlite qu'une administration sage et bienfaisante doit employer avec discernement pour extirper dans leur racine la plus grande partie des vices , des d^sordres et des abus qui offrent encore , au sein de notre civilisation moderne , des traces profondes d'une veri- table barbarie. M. A. J. La Societe fondee pour amcliorer le regime des prisons existe depuis six ans. Les ameliorations obtenues sont le resultat de ses efforts, reunis a ccux du gouverncment. Permettez-moi dc RAPPORT SUR L'AM^LIORATION DES PRISONS. 37 vous soumettre qiiekjues observations generales sur le meme sujet, et sur ce qui nous reste encore a faire. L'ancien etat des prisons a ete connu de plusieurs d'entre nous. Apres vous en avoir offert, il y -i quelqucs annees, I'affligeant tableau , nous nous abstenons dele reproduire,et nous eprouvons une grande satisfaction a reconnaitre que pres de la moitie des pri- sons du royaume sont dans une situation qui laisse pcu a de- sirer aux amis de la justice et de I'humanite. Si la Societe royale n'a pu etendre son action a toutes les prisons, ses efforts cependantontcu , dans beaucoup de depar- temens, les phis heureux effets. Les ecrits qu'elle a publics sont lus avec interet par les personnes graves et par les officieis et les magistrats locaux auxquels la surveillance des prisons est confiee. Plusieurs administrations departementalesont repondii i nos exhortations avec un zcle digne d'eloges. Des construc- tions nombreuses ont ete faites , les prisonniers ont ete classes par age, par sexe, et suivaat la nature des delits et des con- damnations. Lessoins de la propreteontsuccede a une extreme negligence. Les soupes sont distribuees dans toutes les prisons, et nous croyons qu'elles le sont tous les jours de la semaine. Le coucher, les vetemens ont ete mieux surveilles. Les cachets souterrains ne servent plus : si I'usage des chaines n'est pas entierement aboli , du moins on n'y a recours que dans des cas tres-rares : le travail a ete anirae dans les grandes prisons, les scnles, pour ainsi dire, ou il puisse etre, quant a present veritablement ulile. II procure au prisonnier un adoucissement a son sort, et il diminue les depenses que sa detention met a la charge de I'etat. Blais , ce n'est en quelque sorte que dans les maisons centrales de detection el dans celles de correction ou de repression que les travailleurs peuvent etre soumis a des regies eta une discipline efficaces. Ces maisons se multiplient : Ic gouveruement a fait z cet <>gar(l un changcment utile, quand iS , RAPPORT il les a subslituees u la pliipartdes depots dcmendicite, formt's avec desi grandes depenscs et si pen d'utilite. C'est par ccs ameliorations materielles qu'il a fallu conimeii- cer , el nous esperons (pi'en peu d'aunees elles seront com- pletes. Les visiles des prisons ont ete faites, tant par lesmembres de la Societe qui habitent les departemens que par les mcmbres du couseil general qui ne sont pas empeches par des devoirs dont I'exercice esl conlinuel. Ces visiles ont prouve qu'il suffit de reunir dos personnes bienfaisantes et charitables , de leur donncr un simple conseil pour multiplier les nieilleures actions. Les visiles sont encore utiles aux prisouniers sous un autre rapport, et je ne puis vous le faire niieux connaitre que par la lecture de quelques lignes de la lettre ecrite par un detenu a un de nos collegues. « Monsieur, ccrit ce prisonnier, il y a cinq mois que vous avez visite notre prison, sans vous etre annonce, et que vous avez entendu nos plaintcs principales. Apres voire visite , nous avons ete cent fois mieux. Le pain et les soupes ont ete meil- leurs : la proprete a dimiiiuc la vcrmine. La paille a ete renou- velee plus exactemeut. Cela a dure trois uiois ; mais en voila deux que nous so>mmes aussi nial que si vous n'etiez jamais venu. Nous sommes vetus bien mal pour I'hiver et mal couverts pendant la nuit. Si vous pouvez revenir , vous ferez grand bien a tousles autres : car devant bientot sortir,je ne paile pas pour moi ;et pourtant, il ne faudra pas faire connaitre de quicesavis vous parviennent, etc., etc. » Nous savons avec combien de precautions les plaintcs de cette nature doivent etre accueillies, et que les malheureux exagerent souvent despeines dontils contestent la justice. Uno visite fail connaitre au vrai I'etat des choses; elle en apprcud suR 1,'amilliora.tion des prisons. 39 tlavantage que ne font les correspondances les plus delaillees Les detenus, eutendus separenient et hors de la presence de leurs gardiens , sont ordinairement lemplis de confiance pour celui qui vient les voir avec des intentions plus bienveillantes que severes. Mais, nous savons aussi que la tache de ceux qui sont charges de gouverner les prisons est souvent difficile a remplir, et qu'il convient de ne jamais affaiblir leur autorite. Nous nous sommes assures que le plus grand nomtred'entre cux en abuse rarement. Les instructions qui leur sont donnees leur prescrivent a la fois fermete et moderation, et ils s'y con- forment. Les superieurs out sculcment a surveiller la tendance de quelques - uns a s'attribuer des prolits qui leur sont in- terdits. Ceux d'enire nous qui vont ainsi de prison en prison u'y cn- tendeut que le recit des crimes de ceux qui les habitent,ou leurs justifications, rarement sinceres. Cependant, plus on voil ces nialheureux; moins on est dispose a les prendre en hkiue. On reconnait bientot que I'ignorance, le manque d'education , la misere, sont les principales causes de cetle corruption. Au lieu de haine, on eprouve de la pitie : on cherche le remede a im aussi grand mal ; mais, il faut en convenir, ramendement des vieux malfaiteurs est extremement rare; et le temoignage de ceux qui sont p reposes aux prisons est assez generalement uniforme sur ce peint. Le vice ne peut etre aussi profonde- uient enracine dans le coeur des enfans. Ils ne sont cependant guere bien corriges par la prison. Ce n'est pas que d'ordinaire ils soient tres-attentifs aux lecons de bonue conduite et dociles aux preceptes de la religion : ils ont les idees les plus fausses sur ce qui est permis on defendu.La correction qu'ils subissent leur rend bien souvent I'instruction odieuse, ou du moins elle les ennuie. Ils se plaisent dans leur ignorance, et elle est trop grande pour qu'ils puissent sc douter du mal qu'elle leur fail. .'.o RAPPORT II semble quo c'tv^t tie la premiere epoque de la vie qu'il faO" tlrait aller an cicvant da inal; ct cette consideration, je I'es- pere, rendra monsieur Ic Dauphin et la Societe indulgens sur les details dans lesqnels je vais entrer. lis auront principale- ment pour objet de premunir renfancc contra la corruption. Des enfans nes de parens aussi ignorans qu'eiix etqui les ont habitues a la faineantise sont presque toujours incapables de faire rien d'utile. Souvont le bcsoiu de vivre ks rend voieurs , el c'est presque toujor.rs un larcin de pen d'imporlance qui attire snr eux le chatiaient des prisons. Lorsqu'apres le terns de leur detention ils rctournent dans leurs families, ils y arriveut non pas moins disj)Oses h mal faire, mais mieux instiiiits a se cacher pour commettre de nouveaux debts. II faut done preve- nir ledommage, avant que I'ignorance et I'habitude aient fait des progres, etilne faut pas attendre, pour les instrnire, qu'ils soient entres dans les prisons. J'ai remarque, dansun autre rapport, que, sur vingl enfans prisonniers , il n'y en avait qu'un qui sul lire , et j'ai vu dans les plus pauvres villages que ceux qui etaient assidus aux ecoles , ceux qui savaient lire et ecriie etaient les plus dociles et les plus disposes a s'occuper utilenient. Les autres vont mendier avec lenrs parens. Quelques-uns fuientla chaumiere paternelle, avec I'intenfion de n'y plus revenir. Manquant souvent de pain, de velemeut, d'asilc, nieme pour la nuit , ils se croient en droit d'y pourvoir comme ils pourront. On les revolt dans les gran- ges, et quelquefois ils ne reconnaissent cette hospltalite que par le dommage qu'ils laissent apres eux. Arretes comme va- gabonds et conduits dans les prisons pour quelques debts peu graves, c'est dans cette ecole qu'ils acbevent de se corromprc. Ils y perdent ces rcstes de pudeur et de honte, derniers senti- mens de I'enfance qui se degrade et s'abrutit; et presque tou jours , ils en sortent encore plus pervers qu'ils n'y sont entres. SUR L' AMELIORATION DES PRISONS. 41 II y en a mome qui se plaisent en prison, ct qui , habitues a toutes les privations , y trouvent un bien-ctre dont ils n'avaient pas d'idee au sein d'unc famille denuee de tout. Les lecons des vieux prisonniers , dont il n'est pas toujours possible de separer les enfans , ont des effels si prompts sur ceux-ci, qu'enfermes une premiere fois pour une faute legere , i*ls y reviennent tot ou tard pour des crimes capitaux; ils y re- viennent meme sans repugnance. Il y a quelques jours que , visitant la niaison de Saint-Denis, on me fit voir de jeunes nialfaiteurs que Ton y ramenait pour la quatrieme fois. Mal- heureusement, ceux qui ont subi une condamnatiou, ne par- viennent presque jamais, a leur sortie, a trouver du travail : leur passeport meme les accuse. On se rappelle une parole de ce Barrington si fameux par ses escroqueries. Condamne a une punition a tems,il fut remis en liberie, a I'expiration du terme. Mais, bientot apres , il fut encore repris de justice. Le jury I'acquitta, parce que cette fois les indices, quoique puis- sans, ne sufiisaient pas pour le faire condamner. II remercia les jures de leur courtoisie, en ajoutant : « Donncz - moi de I'ouvrage, et vous ne me reverrez jamais. >> Mais il fut repousse de toutes parts; car personne neveiit employer celui qui une fois a ete condamne. Bientot apres, I'habitude des larcins et du vol reprit son empire sur Barring- ton. Dument convaincu, il fut deporte a Botany-Bay ou le gouverneur I'employa comme officier subalterne de justice. II le re^ut meme a sa table : mais la tache qu'imprime une condamnatiou est comme indelebile. Les autres officiers ne vou- lurent point de ce camarade et refuserent de I'admettre parmi eux. Garantissons les enfans d'une premiere condamnatiou : elle les perdrait pour toule leur vie. Les soins donnes de tres - bonne heuie aux enfans redni- raient a moitie et peut-etre a molns encore le nombre de ceu.s qui habitent aujourd'huiles prisons, et la depravation decroi- ffi RVPPORJ' trait d'aiuiee eii aiiuee, cii raison d'une bonne instruction substilut-e a de dcteslables lecons. L'education est a la fois nne cliarij;c piivee et pnbliqne. 11 y a cependant beanconp dc petites comiKuncs sans maitre et sans inaison d'ccole, et les enfans y sont comnie abandonnes a enx- memes. Tons I'js maircs ct les cainpagnards que j'ai interroijes m'ont dit : « Un enfant qui a c'te a lecole pendant deux ou trois ans ne devient jamais un vagabond. « Je crois done que les obser- vations suivantes ne s'eloigneront pas de mon sujet. Les somnies qni seraient appliquees au soutien des ecoles de villages smaient beaucoup nioins considerables qucce que cou- tent les enfans ose une peine ajoiUue a I'titile eniploi du terns. Jiisqu';\ present, les feinmes qui y sont condamnecs et qui sont cnvoyecs dans nos inaisons centrales, ne sont assujeties qu'a un travail facile, comme celiii dc filer, etc. On a done cherche un genre d'occupation oil I'utilite soit jointe a la pcin&; qui n'obligc pas des prisonniers de tailles, de santes et d'ages differens, de travailler ensemble et avee une egale force, qui convienne aux moindres prisons comme aux grandes; une occupation a laquclle on puisie appliquer un Ires- petit nombre d'individus ainsi qu'un plus grand; une machine peu dispcndieuse a construire et a reparer, qui fatigue assoz. le prisonnier pour dompter la mutineric et I'indiscipline, sans I'exposer a aucun danger. On assure que , dans la prison de Hereford, dans celle de Southampton et dans quelques autres, Ic probleme a etc resolu : c'cst par I'introductlon du moulin a bras. M. Briscoe, I'inspecteur bonevole des prisons, raconte qu'etant entre dans celle de Southampton, il demanda, sans se faire connaitre , a voir Ics prisonniers. Nous n'avons plus ici, dit le gouverneur, quo quatre hommes et une femme. Je dcmandai comment le nombre otait ainsi reduit. Le gouver- neur me repondit : Je crois que c'ost I'effet du moulin a bras; les prisonniers n'aiment pas ce travail. lis ne s'inquietaient pas d'etre mis en prison; ils redoutent maintenant cette peine, et il parait que cette crainte a diminue le nombre des malfaiteurs. Quand le prisonnier, ajoute M. Briscoe, est remis en liberie, il a acquis riiabitude d'un travail regulier; il n'eprouve ni I'cpuisement, ni les autres infirmites que Ton attribue a I'usage du moulin k marches. Ses bras, ses mains, ses membrcs, toute sa constitution, ont rccii (\i\ moulin a bras ime nouvcUe ener- gie; le travail ne iui inspire plus de repugnance, et il est mieux dispose a pourvoir a sa subsistnncc par une honnetc industrie. SUR L'AMELIORATION DES PRISONS. /,'; Je n'entrorai pas dans d'autres details h cc siijet; et, |uiis- que nous allons construire une prison modele ou type, cettc- simple indication pent etre recueillie. On a observe que le nombre des prisonniers va croissant quand la societe est dans un etat de mal-aise; la diminution des crimes et des deliis est, au contraire, une indication de son bien-etre. Nous sommes heureux de dire que, pour I'es- pace des six dernieres annees, le denombrement presente une diminution d'un dixieme. Le Gouvernement et la Societe royale out, de concert, imprime un mouvement favorable aux ameliorations; il est a desirer que ce mouvement ne puisse point desormais se ralcntir... II. ANALYSES D'OUYRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. DiCTIONNAIRE CLASSIQUE D'HlSTOinE NATURELLEJ rcdige par line Societe de naturalistes {\\ ^ avec une Nouvelle DISTRIBUTION DES CORPS NATURELS EN CINQ REGNES ,• par M. BoRY DE Saint-Vincent. Avant d'cntretcnir les lecteurs dc la Revue Encyclopedique d'unoiivrage aiiqud nous consacrons la plus grande partie de nos instans, et dans lequcl nous avons ete puissamment secon- de par dhabiles ct conscienoicux collaboratcnrs, nous avons pense qu'il etait bnn d'avoir public plusieurs volumes d'apres lescjuols on pi^t se former une opinion definitive dc I'cntreprise. Le tome VIII, qui voit lo jour, nous fournit I'occasion de nous en occuper ciifin sons le double rapport que ee volimie termine (i) Par Messieurs ^«f/oK('« , /. Bourdon, A. Brongniart, De Can- dolle , Daiidebard de Ferriissac , Deshayes , A. Desmonlins , Drapiez , Dumas, Edwards, Plniirens , Gcoffroj de Saint - Hilaire p^re et Cls , Grierin , Guillemin' , De Jtissieii , Kiintk, G. Delafosse, Lamoiiroiix , La- Ireille , Lucas, Constant Prcvost , A. Richard et Bory de Saint- Vincent. Ouvrage dirige par ce dernier collaborateur, et dans lequel on a ajonte, pour le porter au niveau de hi science, un grand nombre de mots qui n'avaient pu faire partie des Dictionnnires ant^rieurs. Paris, tSaS-tSaS. Rey et Gravier, libraires-caiteurs, quai des Au' gnstins, n" 55, et cbez les fr^res Baudouin, rue de Yaugirard, 11° 3fi. Chaque vol. , de 600 pages au moins, imprimc sur deux co- lomies, nccompagne d'une livraison de dix planches, prix 12 fr. en noir; iri fr. <-ii coiileur. SCIENCES PHYSIQUES. 4r a pell pies la moitie d'lin travail dont les limites avaient ett- evaliiees entre doiize et qiiinze livraisons, et qii'on y trouve, dans iin article particulier, la definition de I'histoire naturelle dans le point de viie sous leqnel nous la voiilions considerer. Un grand nombre de personues , fort instriiitcs d'ailleurs , se font dos idces trop confuses de cette branche importante des connaissances humaines, iinaginant comme devant lui ap- partenir d'autres branches de nos connaissances qui lui sent totalement etrangercs, tandis qu'elles supposentn'y avoir point de rapport des choses qui, bien au contraire , s'y rattachent etroitement. Pour tracer d'une nianiere invariable le cadre dans Icquel nous devious nous renfernicr , nous avons defini THistoire NATURELLE : la Science clonl fohjet est la connnissance des corps soil hruts , soil organises , qui cowposent V ensemble de notre glnbe. En consacrant a cette science un ouvrage considerable, nous avons pense qu'il n'en etail peut-etre pas d'aiissi feconde en grands resultats, niais nous n'avons pas cm que tout dans I'univers, et les productions meme de I'art, fussent de son ressort, parce que les arts ne peuvent rien produire qui ne provienne primordialement des corps naturels. Accordat-on, par exemple, a certains ecrivains, qui parais- sent avoir adopte cette derniere opinion, que « le grand tout fut englouti comme dans la nature seule. ^> [Dictionnaire de Deterville , T. XIV, p. 54^ ) : il ne serait pas exact de dire, « que I'histoire naturelle est la science iiniverselle ct uni- que, » non plus que de confondre la nature meme avec son histoire. Si nous reconnaissons « que la creature , Reine des creatures ( c'est-a-dire I'honime) , que la moisissure impercep- tible et les colosses du regne vegetal , que la baleine et le gon- jon, quel'atome de sable et le mont sourciilcux appartiennent k son domaine, « nous ne consentons pas a ce que « tout ce qui est sublime et admirable , ce que les cienx , les airs et la 48 SCIENCES PHYSIQUES. iner out A'inconcevnhle , les globes innomhrablcs , » etc. , eii soient aiissi. Ces choses rentrcnt dans des sciences fort diffe- rentes. Les astronomcs qui anivent anx plus grands resultats qu'ait pu atteindrc I'csprit humain, n'ont jamais pretendu que la counaissance des mousses ou cellc des araignees, par exem- ple, fussent des dependances de I'empire d'Uranie, par la raison que, la terre etant une planete, tout ce qui appartienta son Instoire rentre dans celle desplanetes, et conscqnemment dans cellc des cieux. Le soleil, les cometcs ctlessignes du zo- diaque, en un mot, « les astres qui loulent sur nos tetes , sont aussi etiangers a I'histoire naturelle, que relephant, le musa- raigne, un moineau franc ou la sardine le sont a Tastronomic. II en est dc mcme de la metaphysique, de la mecanique, de I'aerostatique, de I'liydrostatiquect des mathematiqucs, qui ne sont pas des branches de I'histoire naturelle, par la seule rai- son que certains animaux grimpent, que les oiseaux volent , et que les poissons nagent. De pareilles logomachies sont indignes d'une science dont I'application doit se borner aux etres reels et tels que la nature nous les presenle, soil a la surface de la terre, soil dans son sein , soit dans les eaux, ou pcuplant les airs. Chacun de ces etres a ses caracteres propres; il en a de communs avec le reste dc la creation ; le naturaliste , obser- vant les afiinites ou les differences qui resultent de ces carac- teres , en fait la base, ou de systemes propres a rendre plus facile la connaissance de chaque objet, ou de methodes qu'il imagine se rapprocher le plus de la marche suivie par la na- ture dans la production successive des especes dontse compose son vaste ensemble. Dc terns immemorial , les hommes remarquerent autour d'eux trois grandes modifications de I'existence, qui, parleur aspect general, frappent d'abord les plus inaltentifs : I'etat brut on inanime, la vt'getation , el la vie |)ropreinent dite. Soumis a rassentimoiit comnmn, les natiualistes adopterent les divisions SCIENCES PHYSIQUES. 49 piimaiics ((ui rt'siiltaieut de cus trois modilications , et It; grand Linno lui-meineu'en imaginapas d'autres; mais il soiip^onnait la possibillte d'une quatiienie coupe. « Les corps naluif Is , di- sait-il, sont lous ceux qui sortiient de la main du Cieateur pour composer notre terre ; ils sont constitues en trois regnes aux limites desquels se confondent les zoophytes. « Ces trois regnes sont : Le Mineral, forme par de simples agregations qui ne \i- vent ni ne sentent ; Le Vegetal, compose de corps organises vivans qui ne sentent pas; L'Animal, compose de corps organises vivans et sentans. Le regne mineral, ainsi caracterise, est parfaitement tran- che. Essentiellement inerte , mais base de toute organisation , il consiste , non-seulement dans la composition des terrains, des roches, dcs raineraux , des cristaux, des phis legeres scories volcaniques, mais encore dans la substance meme des etres organises. Ceux-ci ne semblent doues de la faculte nutritive et assimilatrice en vertu de laquelle ils croissent, se conservent et se perpetuent, que pour preparer durant leur vie des aug- mentations au regne mineral. Ainsi, le foelus de tout animal que soutient une charpente osseuse , ou le raoUusque et le coa- chifere naissant, n'offrant dans leur etat rudimentaire aucune trace de phosphate calcaire, doiveut, en se developpant, pre- parer cependant une plus ou moins grande quanlite de cette substance qu'a I'heure de leur mort les uns et les autresren- dront au sol. Ainsi, parmi les plantes, la prele avecses aspe- rites rugueuses, lebambouavec son tabaxir, auront egalement prepare de la silice. Tout vegetal, tout animal devant laisser apres soi et comrae debris de son existence une quantite quel- conque de deiritus appartenant au regne inorganique , peut done etre compare a ces appareils que rhonime, rival de la na- ture , imagina pour changer en apparence la substance des T. XXVII. — Octobre 1825. 4 5o SCIENCES PHYSIQUES. corps, et par le secours desquels il fait du vcrrc avec des me- taux, dcs hiiilcs cssentielles avec des plantes, du noir d'ivoire avec des os. Sous ce point dc vue, le regne mineral cess'fe d'etre du domaine de I'histoire naturelle, qui, ne considerant que les attributs specifiques, renvoieii 1st physique proprement dite et a la chimie ce qui concerne les lois de la composition et la connaissance de la substance des etres. Nous remarquerons cependant qu'il est une serie de corps naturels qui, tout inor- j^aniques qu'ils sont, ne sauraient appartenir au regne mineral. C'est cellequise compose de fluides imponderables, manifestes a nos sens seulement par quelques-unes des proprietes qu'il nous est donne de leur reconnajtre. Ces corps (car tout delies qu'on les puisse concevoir, ils n'en sont pas moias des corps) se lient trop iutimement aux objets dont s'occupe I'histoire na- turelle pour en pouvoir etre absolument rejetes. Aussi , leur a-t-on accessoirement consacre divers articles dans le Diction- naire classique. Quoique des mineraux presentcnt des phenomenes qui semblent denoter une force vegetative, aucune production du regne mineral ne peut etre confondue avec les plantes ou lesanimaux par qui que ce soit; mais les animaux et les vege- taux sont moins distincts. A. la vue d'un chameau et d'un pal- mier, d'un brochet et d'une renoncule , d'un papillon et d'une graminee , d'un limacon et d'un lichen , d'un oiseau et d'un champignon, toutle monde,sans doute, distinguera a I'instant I'animal de la plan te , et le vulgaire ne concevra meme pas qu'il soit possible que Ton manque de caracteres absolus pour sepa- rer la plante de I'animal; mais , en descendant aux limites des deux regnes, on eprouvera bientot I'impossibilite de trancher la separation. On y trouvera des animaux vegetans, se repro- duisant par bouture , et ne jouissant pas de la faculte locoma- tive; faculte que neanmoins Linne donnait pour complement des caracteres de son troisieme regne. On y trouvera, d'un SCIENCES PHYSIQUES. 5i autre cote, des etres qu'a levir forme, k leur couleur , iileur organisation intime, il est impossible de distinguer des vege- taux, et qui pourtant se meuvent spontanement, determines par un instinct d'election qu'il n'est pas permisdemeconnailre; on y trouvera des polypiers corticiferes dont I'axe n'a rien qui puisse avoir eu vie ; on y trouvera enfin de veritables pierres dont la contexture est comme celle de certaines cristalJisations confuses, mais ouvrages d'etres gelatineux, amorphes, evi- demment vivans, et deja bien eleves par diverses facultes au-dessus du vegetal inanime : ce sont ces etres ambigus dont Linne signalait I'importance sous le nom de Zoophytes , ainsi que nous I'avons deji dit, et a I'existence desquels concouraicnt sur leurs limites, selon I'expression de ce legislateur, les trois regnes de la nature. Cependant, peut-on ranger parmi les vegetauxdes creatures dont quelques parties au moins vivent, dans le sens veritable du mot vivre ? Pent - on faire des animaux de creatures vcge- tantes qui ne sauraient agir, ni se deplacer ? Ne devrait-on pas enfin releguer parmi les pierres ces nombreuses tribus madrepo- riques, oil I'animalite, presque nulle, laisse a la partie brute le principal role dans une formation apathique ? Tons ces etres , qui sont a lafois des animaux, des plantes ou des mineraux , et qui nepeuventconsequemment rentrer d'une maniere exclu- sive dans I'un des trois regnes adoptes jusqu'ici, ne doivent- ils pas former un regne nouveau dont plusieurs naturalistes ont deja reclame I'etablissement, et que nous avons le premier propose de fonder sous le nom de Psychodiaire. Les PsYCHODiAiRES scrout consequemment les etres ambigus vegetans ou vivans alternativement, et prives, sinon pendant toute leur duree, du moins pendant leur existence agglomera- trice et vegetative , du mouvcment iocomotif, c'est-a dire de celui au moyen duquel un veritable animal jouit de la faculte •de se transporter d'uu lieu dans un autre , et de choisir le site 52 SCIENCES PHYSIQUES. de son habitation : facultc bien plus infliientc s«r la nature des etres qu'on ne I'a suppose jusqu'ici ; car elle est le resultat des bosoins, et elle necessite un certain calcul de convenance an- qucl I'intelligence doit peut- etre son premier nioyen de deve- loppcinent. Cette facultc locomotive, qui n'a pas besoin d'etre portee an dernier degre de perfection pour determiner de grandes modifications dans rintcllect , trace la limite la plus trancheeque Ton puisse etablir entre la plante et Tanimal. En vain voudrait-on considerer comme une sorte de locomotion , le deplacement des orchidees par le moyen de leurs bulbes et la dissemination par drageons ou par des racines tracantes; la plante ne change veritablement pas de lieu, quel que soit son mode de croitre, et ne saurait cAowiV, dans le sens qu'on at- tache a CO mot, la place ou sa graine doit la reproduire. L'a- nimal choisit, an contraire, le berceau qui convient a sa pro- geniture , et cette progeniture developpee choisit a son tour ime patrie dont elle change, selon les etats par oil elle passe avant d'arriver h I'etat definitif qui est propre a son espece. D'apres ces considerations, on doit modifier Ics classifica- tions primaires, appelees Kegnes, comme on le voit dans le tableau ci-anncxc. SCIENCES PHYSIQUES. 53 n O SoS !=s r 2 2" 51 « S "-■-• tf § 1 § H >=F S 1-3 d = c S P3 a III & a O r> v. - S &, O. » u S S S 1 1 ■» 2 (T "'c-» 2. D =:=■ ? c- .. ■3 /Wu : a la maniere des vcgelaux i slant oil des pvopagules a s des sites d' election. ( Les la plupart des polypiers. ) -Oil chaque individu , inser re en aucun terns, enlii'aen ve, meurt sur la place ou i nistes regardcrent commt ,-unes de leurs cryptogaine Eft - Molecules de formes detci perceptibles .-i la plupart d ntre nalurcUement agglomi melangces, soit qu'on le » dans le veste de la nalr s organises. (Les sels , les i T5 -■ w n,.n a o W •5 -r^. 5" r" I '=-2. s o o =" D 54 SCIENCES PHYSIQUES. Ainsi restreinte dans ses veritables limites, YHiitoirc nam- relle est encore une des plus vastes sciences dont le sago se puisse occiiper. La varicte des objcts qui composent son do-' maine est infinie:il n'est pas besoin d'en peindrc cmphati- quement les richesses pour en faire sentir I'utilite, ou pour la rendie aimable; et pretendre en prouverl'importance a qui ne la conceit pas, n'est qu'une puerilite. Essayer surtout de le faire en arguant des causes finales, n'appartient plus au siccle de la raison. A quoi bon en effet, s'evertuer « a demontrer que tous les etres, meme malfaisans, sont utiles dans la nature » ? Et nou- veau Micromegas , « aborder dans I'une de ces spheres magni- fiques, de ces astres errans qui , de meme que notre planete, roulentautour du brillant soleil, pour contempler les produc- tions de la terre ? >> On est , ce nous semble , plus a portee de le faire sur la terre meme , et «■ qu'on y soit enchante d'exami- ner les fureurs des lions et des crocodiles , ... ou le merle , Or- phee des deserts, faisant retenti^r de ses regrets les echos des montagnes, au lever de Taurore. « De tels spectacles doivent se mieux saisir de pres que d'un astre errant quelconque choisi dans I'espace pour y assister. Ce n'est point dansce style que Buffon ecrivit ses immortels traites. A la verite, trop souvent entraine par la fougue d'une ardente imagination, on vit ce grand homme dedaigner I'esprit de mcthode sans lequel la science n'est plus qu'un chaos; mais, en general, combien de raison, de philosophic, de gout dans ses tableaux ! Quel colo- ns les anime ! Quelle pompe d'expressions convenabtes les re- luve ! De vaines epithetes , peniblemcnt echafaudees , des rapprochemens monstrueux n'y deshonorent jamais la marche d'un discours ovi le nombre et la periode ne causent pas la moindre obscurite. Buffon ne pretend pas faire briller son sujet; il se contente de briller par son sujet meme. II voit, il saisil les traits de la nature dans leur noble simplicite* SCIENCES PHYSIQUES. 55 il en rend fidelement la merveilleuse physionomie. Son ge- nie , qu'inspire la majeste du spectacle , se manifeste par la sagesse et par la propriete des lermes. II faut mediter les preceptes que donne ce grand maitre sur la maniere dont I'histoire naturelle doit etre ecrite. Son discours h ce sujet ( T. I, de V Edition de Ferdiere ) est I'un des plus beaux mor- ceaux qu'ait enfantes le genie de notre langue, vivifie par la fecondite de la nature meme. On ne saurait trop le relire et le mediter; on n'y trouvera point que cette science est la source de la vie du genre humain sur la terre^ pour dire que, si les corps natiirels n'existaient point, le genre humain ne pourrait exister. Mais, qui en doute ? Et sans appartenir au genre hu- main, quelle est la creature qui pourrait perseverer dans I'uni- vers, si toutes les autres venaient a disparaitre ? L'histoire naturelle n'est d'ailleurs pas la nature; ce n'est que sa connais- sance. Confondre ces deux choses , serait confondre la cite des Cesars avec les annales de Tacite. Si la nature pourvoit k nos besoins, son histoire ne saurait avoir avec ces besoins que des rapports indirects. On pent ne pas avoir la moindre notion en his- toire naturelle, etpourtant « appeler au secours de laboulan- gerie et de la patisserie les bienfalts des vegetaux » {fiictioj^naire de Deterville f T. XIV, p. 566), elever des poules, faire du maroquin , atteler le boeuf a la charrue, planter de la liveche pour chasser les serpens , si toutefois cette ombellifere a cette propriete, mettre en fuite des grillons avec de la carotte ra- pee, etc., etc. [loc. cit., p. 570 ). L'utilite de l'histoire naturelle n'est point dans .toutes ces choses; mais elle existe dans I'appui que prete son etude a la sagesse humaine pour detruire les prejuges honteux qui I'obs- curcirent trop long-tems, et dans la recherche des idees justes qui doivent necessairement resulter de sa connaissance. L'er- reur ne saurait lui resister : elle est la plus abondante des sources de verites. Son avancement a, depuis vingt-cinq ans, 56 SCIENCES PHYSIQUES, dc'tniit peut elrc plus d'absurdilus que n'en avaient ose atta- quer tous Ics philosophes ensemble : en perseverant , pour I'approfondir, dans les voies oil Ics naturalistes digues dc ce nom diriment maintenant leurs investigations, le dix-neuvieme siecle lie sera pas revolu, que les sciences physiques auront fourni les veritables moyens de renverser en Europe les der- nieres barrieres, que la superstition , la plus dangereuse enne- mie des sentimens vraiment religieux , pretend encore opposer au developpement de noire raison. Un tel resultat sera la meilleure des rcponses que Ton puisse faire a la question du cui bono. Nous doutons que des raisonnemens renouveles de M. Le Prieur, de I'abbe Pluche, dans son Spectacle de la na- ture, en presentent d aussi satisfaisans. L'histoirc naturellen'est devenue reellemenf une science que fort receniment: on a cependant imagine d'ajouter a son illus- tration, en la faisant remonter a la plus haute antiquite. Sans examiner si Adam en fut le premier n omenclateur , nous dirons qu'il he nous parait guere plus clair qu'Orphee, Linus on le centaurc Chiron, que Democrite ou Epicure , qu'Heraclite, queThales, et Platon ou d'autres sages de la Grece aient ete des naturalistes. Dans les tems recules , Aristote seul merita ce nom. II embrassa I'ensemble des connaissances huroaines, ^ la verite, moins etendues de son terns qu'clies ne le sont aujour- (i'hui; et t'etude de la nature fut pour lui une des branches importantes do ces connaissances. Les autres philosophes grecs no s'occupercnt guere que de quelques points de la science: Dioscoride et Thcophrastejeterent seulement les fondemensde la botanique. On ne pout regarder comme des zoologistcs yElien ni Opieu , autcurs de simples traites de peche ou de chasse; et quant a Salomon, qui connaissait toutesles plantes depuis i'hysope jusqu'au cedre du Liban, on doit presumer qu'il n'etit pas bcaucoup de disciples parmi scs Juifs, dont pas nn, depuis le n^gne do co prince , no s'ost orcupe d'histoire SCIENCES PHYSIQUES. 5; naturtlle, si cc n'est, dc nos jours, I'lchlhyolojjislc Bloch. Pline pomrait etre considorc comme le second des naturalistos dc I'antiqiiite; mais, bien inferieur iirillustreAristote, il n'observa point lui-meme les choses dont il discourut; adoptant sans cri- tique les coiitespopxdaires Ics plus absurdes, compilateur cre- dule, narrateur prolixe, declamateur empliatique, ses ecrits sont plutot I'histoire dcs erreurs que I'etat des connaissances physiques de son terns. En vain Bnffon affectait un grand res- pect pour ce Bomare lomaia, et voulut consolider sa reputa- tion, faite durant des siecles d'ignorance; Pline n'en est pas plus estime des iiatoralistes modcrnes, justement revoltes par les nombreux prejuges sur lesquels se fondaient ses doctrines. Long-tems apres Pline, on ne trouve guere que des mede- cins arabes qui , en commentanl les ecrits de I'antiquite , effleu- rent plusou moins I'histoire naturelle. Mais, bientot, I'Europe accorde une attention toute particuliere a cette science; on I'a- vait d'abord etudiee dans lesvieux Uvres; onTetudieenfindans la nature meme. Desobservateurs seforment de toutes parts, et lui decouvrent de nouvelles beautes. Les fruits de leurs tra- vauxsont recueillls et coordonnes dans plusieurs traites, gene- rauxou particuliers. Linne apparait, compare ce qu'on avail observe, ose embrasser Tcnsemble de la creation, en devine les lois, imagine pour en peindre les details un langage nou- veau : son Sjstema naturw en presentele tableau, et, dans ce grand essai, tous les etres connus, asservis k troisregnes, sont disposes methodiquement, de facon a ce que Ton puisse aisement les y reconnaitre. Cependant, la route philosophique , ouverte par le legisla- teursuedois,fut d'abord meconnue de ses propres admirateurs: plusieurs d'entre ceux ci criuent que la nomenclature consti- tuait la science, quand Linne n'en avait pretendu faire pour les savans de tons les paysqu'un simple, mais rigoureux moycn de s'enlendre. Les disciples de I'ficole d'Upsal pensaicnt suivre 58 SCIENCES PHYSIQUES. les traces d« leiir maitrejmmortel , en substituant, ;\ la concise clarte do sa manierejl'obscure secheresse de laleiir; ils s'imagi- naient avoir contribiie a completer le catalogue des productions de I'umvers, quand ils n'avaient qu'indique dans unc simple phrase gencrique ou specifujue, ct d'apres des caracteres trop souvent arbitraires on superficicUement etablis, I'existence de quelque production naturelle jusqu'a eux negligee. Ceux - la n'avaient pas mieux entendu les preceptes d'un grand homme, que les faiseurs de phrases vides n'ont compris la marche su- blime deBuffon. Et ce Linne , qu'on accusait d'avoir metamor- phose en une science de mots steriles I'etude de la feconde nature, fut cependant celui qui le premier sentit I'importance des organes reproducteurs pour la classification des etres, qui recommanda la recherche des affinites par lesquelles se lient les families, soil des plantes. soit des animaux; qui proclama que la formation de ces families etait le but vers lequel on devait tendre, et duquel enfin les coupes generiques, etablies sur des bases indestructibles, se reproduisent sans cesse dans lesouvrages memes do ses plus ardens detracteurs, soit que, dans la fievre d'innovation qui agite ceux-ci, ils les elevent i la dignite d'ordres et de classes , soil qu'ils les rabaissent au rang de sous-genres ou de simples sections. Buffon qui, s'essayant a peindre la nature , etait encore loin d'apprccier riniportance que presentent, dans son immen- site, jusqu'aux plus petits details , et qui, dans la marche en- core incertaine de sob pompeux debut, prit quelquefois pour etroites et mesquines des idees d'ailleurs fort raisonnables , se declara de prime abord I'antagoniste de toute nomenclature systematique. Phis tard, et lorsqu'il fut devenu aussi profond naturalisle qu'il etait grand ccrivain , il n'en eut certainement foudroye que I'abus. Condamne par I'eclat de ses premiers succes a s'egarer dans de fausses routes, Buffon devint a son tour, et certainement malgrelui, le chefd'une ecole oii lever- SCIENCES PHYSIQUES. Sg biage ampoule d'incapablesimitateurs futsubstitue a la sublime eloquence du modele : ecole deplorable, ou les disciples, s'af- franchissant du joug salutaire des lois de la raison, affeclant le mepris pour toute idee reguliere , negligeanl I'observation, sacrifiantl'inalterable verite, quandelle nes'accommodait point h leurs fausses vues, cherchant des rapports dans des choses qui n'en sauraient avoir, et s'abandonnant a la deplorable fa- conde de leur imagination , crurent pouvoir ecrire sur ce qu'ils n'avaient pas etudie. L'aridite des nomcnclateurs etait cepen- dant moins contraire aux progres de la science que ne devait I'etre I'enflure verbeuse de ceux que Ton pourrait appeler aussi des Romantiques en histoire naturelle. En effet, le sec Hassel- quisl lui-meme ajouta quelques decouvertes a la masse des faits deja connus; mais que purent enseigner les etudes de Bernar- din de Saint-Pierre, par example , sinon I'art deparer les plus niaises reveries des atours de la raison , et de donner a des ex- travagances, par I'arrangement de mots bien assortis, cette tournure elegante qui seduit I'ignorant el entraine malheureu- sement jusqu'a des esprits cclaires ? Plus d'un lecteur trouvera ce jugement au moins severe ; mais les tems sont venus ou I'on nesanrait teuir d'autre langage ; et nous devons I'avouer, dut en murmurer I'orgueil national trop souvent confoudu avec le patriotisme,rhistoire naturelle futdemeuree device et station- naire en France, si le genie linneen n'y eutenfin penetre paries efforts des Gouan , des Broussonnet , des Bosc et des Bron- GNiART. C'est ce genie, feconde par son union avec les grandes vues buffonniennes, et dont les inspirations purent, a I'aide des beautes d'un style convenable, interesser jusqu'aux gens du monde, qui brilla bientot dans les ceuvres de Lacepede; qui, ayant des long -tems inspire Jussieu, produisit son Genera plantaruin , dont les premiers ecrivains de Rome, au tems de sa gloire, n'eussent pas desavoue I'elegante iatinite; qui eniin, se manifestant au sage Hauy , fit surgir de la cristal- Go SClEiNCES PHYSIQUES. lograpliie une science toiite iiouvelle. Lamarck., cclui de nos savans que Ton petit le plus justement comparer k Linne, parce qu'il se nionlra d'abord un profond botaniste , Lamarck de- brouilla des lors la confusion des ini'ertebrrs , comme pournous apprendre quece.s animaux, long-tems diidaignes, occupentun rang trcs-important dans la nature, soit qu'on les regarde comme les productions rudimcntaires par on sa puissance organisatriee s'essaie, soit que Ton recherche dans Icurs diibris des raate- riaux pour ccrire I'histoire des revolutions de notre globe. Geoffroy pe Saint-Hilaire , penetrant dans I'organisation intime des vcrtebres, vient a son tour nous reveler plusieurs des mysteres de leur formation. Cuvier, enfin, evoquant du scin de la terre les races perdues qui en peuplerent autrefois la surface , eclalrant la geologic et la zoologie i'une par I'autre, retablissant, pour ainsi dire, les charlcs ou furent deposes les litres chronologiques d'un monde primitif, disposant dans un ordre naturel toutes les creatures vivantes, assignant a cha- cune d'elles son veritable nom, reunissant en lui et Linne et Buffon, devint le modele a suivre dans la maniere d'ecrire I'histoire nalurelle, sous le double rapport du style et de la niethode. Un seul obstacle pourrait neanmoins aujourd'hui suspendre les progres de la science que porterent a un si haul degre de splendeur les illustres professeurs du Museum de Paris. La coufusion menace de s'y introdtiire, dcpuis que I'auteur du rooindre memoire pretend etablir sa terminologie et d'innom- brables divisions, imaginees seulement pour trouver I'occasion d'accumuler des noms inusites, la plupart d'une prononcia- tion presqne impossible. Buffon, dans ce discours sublime que nous avons cite plus haut, avait deja signale de tels abus. « Un inconvenient tres- graud, disiit-il, c'est de s'assujetir a des methodes trop parti- culicros, de vouloir juger de tout par une scide partic, de SCIENCES PHYSIQUES. 6i reduire la nature a de petits systemcs qui liii sont etrangers, et de ses ouvrages immenses en former arbitrairement autant d'assemblages detaches, enfin, de rendre, en multipliant les noms et les representations, la langue de la science plus diffi- cile que la science meme... Actuellement , la botanique elle- meme est plus aisee a apprendre que la nomenclature qui n'en est cependant que la langue. « Qu'eiit dit ce grand maitre , an siecle ou nous vivons? Independamnient d'un deluge de vo- lumes dont tres-peu contiennent quelques vues nouvelles , on imprime annuellement dans le monde plus decent journaux , on recueils scientifiques, qui se composent de trois ou quatre mille notices ou articles sur I'histoire naturelle ; on peut calculcr que, I'un portant I'autre, dix noms nouveaux, dont la moitie au nioins sont de doubles ou de quadruples emplois, apparaissent dans chacun de ces ecrits. Par consequent, dans un siecle > quatre millions de termes, dont la necessite ne saurait etre de- montree, seront entasses et rebutcront necessairement les es- prits justes. Veut-on nous reduire a faire des vceux pour qu'il s'cleve un nouvel Omar? ( La suite au prochain cahier \ SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. Religions de l'antiquite, considerees principalement dans leurs formes sjmhoUques et mjthologiques ; ou- vrase traduit de rallemand du docteur Frederic Ckedtzer, refondu en partie, complete et developpe par J.-D. GoiGNiAUT, ancien professeur d'histoire et maitre des conferences a I'Ecole normale , meinbre de la Societe asiatique. Tome I" en 3 parties (i). Get ouvrage est I'uu des plus importans de notre cpoque : les doctrines du professeur Creutzer out fait en Allemagne unc revolution dans la science de l'antiquite. D'abord modeste- ment consignees dans un manuel destine aux eleves de I'Uni- versite de Heidelberg, elles furent bientot aperfues par le monde savant, qui en desira et en provoqua les developpe- mens. Ce ne fut toutefois qu'en 1819, apres de longues etudes et de profondes meditations, que le docteur Creutzer, deja place au plus haut degrc parmi les savans occupes de reclier- ches anciennes, par son Dionysos et ses ouvrages philolo- giques, publia le premier volume de la seconde edition. D'une part, il fut salue par des acclamations d'enthousiasme; de I'autre, il s'eleva conlre lui des detracteurs dont les opinions jouissaient aussi d'un vaste credit, et qui n'etaient point sans litre a I'estime des hommes de lettres. Au premier rang des adversaires de Creutzer figurait le celebre Voss. Nous intro- (i) Paris, i8a5; Treuttel et Wiirtz. 3 vol. in-S", dont i de planches. Prix , 3o fr., et 60 fr. en papier v61in. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. G3 duirons le locteur a la connaissance de notre siijet, en citant les principaux griefs de ce poete philologue centre la Syin- bolique , d'abord deposes dans des articles pleins d'amertume qui chargeaient les longues colonnes de la Gazette litte- raire de Jena, et reproduits tout receniment, avec des formes encore plus apres et plus inconvenantes, dans une sorte de pamphlet erudit, en 400 pages, mixXx^GX Anti-Sym- holique. Voss reprend les clioses de tres-haut : «Aristarque, dit-il, pensait qu'il fallait entendre Homere de la maniere la plus simple, sans chercher \ ses paroles de sens cache; Crates, au contraire, pretendait que toute science et toute. sagesse se trouvaient mysterieusement renfermees dans les vers du poele par excellence. Pour les partisans de ce systeme, tout prenait a I'instant un aspect symbolique. Ce fut, dit M. Voss, celte manie, renouvelee de I'antiquite, qui prevalut dans les lec- tures academiques et dans les journcux litleraires de I'AlIe- magne, depuis Heyne, jusqu'a ce qu'enfin, en 1794, on vit paraitre les Lettres mjthologiqiies [Mythologische Briefe), dans lesqiielles I'auteur ( qui est Voss lui-meme ) cherche a demontrer que toutce cortege de symboles tant vante est pos- terieur a Hesiode de plusieurs siecles. Si la voix de la raison n'a pu se faire entendre, ajoute-t-il , c'est la tendance de I'epoque qu'il en faut accuser. Le mysticisme s'est gUsse dans toutes les sciences, et, des le commencement de ce siecle, il en a mine les bases. Selon lui, le symboUsme et le mysticisme conduisent au catkolicisme , et tous ses adversaires sont des papistes ro- mantiques. C'est surtout a M. Goerres que s'appllque cette heu- reuse expression, a laquelle M. Creutzer u'ecliappe point non plus, malgre sa qualite de proteslant. En France, oii Ton a des papistes qui ne sont pas tout-a-fait romantiques , on se serait fort peu inquiete de ces reproches; mais I'opinion dominante accusait la profonde erudition de M. Creutzer de s'etre laissee entrainer a des systemes, d'avoir 64 SCIENCES MORALES souvciit substilue a dcs faits posilifs uii int;ciiit'u.\ sjtnbolisme , onfin, do s't^trc Irop altacho a des ttymologies tronipciises. II est vrai que cc jiigcinent n'ctait pas prouoiice en coiinais- sance dc cause; le terns n'ctait pas eucore vcnu ou les etudes d'outie-Pihin se sont naturalisees a Paris. D'un autre cote, il faut bien reconnaitre qu'il manquait quelquc chose a la per- fection de I'Duvragc ; que I'lnde, par exemple, n'ctait qu'ebau- chee;que la Perse tenait a peine quelqucs pages; en fin , que I'Egypte, malgre les efforts du savant qui la faisait revivre a nos regards, n'ctait riche encore que des travaux de la Com- mission fran^aise d'Egypte, sans que le genie de MM. Cham- pollion et Letronne exit fait un juste cmploi des materiaux qu'elle avait recueillis, sans que leur esprit exact nous cut montre sous leur veritable jour, les monumens de cetle con- tree. Les voyages de Gau, Belzoni, Cailliaud, etc., ont aussi ouvert une ciiiriere nouvelle a leur docte sagacite. Le pre- mier volume de la SymboUque avait done besoin d'etre entie- rement refondu. Cependant, persuade qu'il sufllrait de mon- trer a mes compatriotes M. Creutzer tcl qu'il est, pour fixer les opinions les plus divergcntes et le faire justement appre- cier, j'avais commence a le traduire : deja meme je songeais a la publication du premier volume, long-terns retardee par I'ac- complissement de devoirs imperieux, lorsque tout a coup une annonce inseree dans la Resnie Encjclopedique m'appiit le projet de M. Guigniaut. Quelque penible qu'ait du etre pour moi le sacrifice d'im travail avance, je le dis sans detour, c'est au nom de la science qu'aujourd'hui je remercie mon rival de m'avoir supplante; car, lors menie que, par un petit acces de presomption, j'aurais la temerite de croire queje pouvais traduire comme lui , je n'eu serais pas moins dans la necessite de confesser que lui scul pouvait faire de la SymboUque un livre nouveau. Place a la source des rcchcrchcs, eclaire par les conscils di! nos premiers savans, ayant a sa disposition les bi- ET POLITIQUES. G5 bliotheques ct les nmsces, il est devcnu plus que le tratliictour tie M. Creutzer. A cote de son volume, il en a eleve \m autre qui, sous le titre modesle de Notes et Edaircissemens , servi- rait a la gloiie de I'erudit comme a celle tie I'ecrivain. L'Alle- magne aura sans doute besoin de le posseder a son tour, et le traducteur sera traduit. Yl introduction est consacrec aux symboles, a la mythologie et aux formes religieuses en general. On commence par examiner les influences qui ont prt*side a I'instruction religieuse de la plupartdespeuples : on fait usage d'une phrase d'Herodote sur la simplicite du culte chez les Pt-lasges, puis Ton jclte un coup d'oeil sur les fables brillanfes d'une autre epoque, en reconnais- sant un etat moyen qui a du fraj'^er le passage de I'une a I'autre : c'est la ptiriode sacerdotale. Alors le caractere distinctif de I'enseigncmcnt etait une concision imposante. « Ce n'etait point encore cctte poesie pleine d'artifice, ou la sagesse nous ravit par de magiques fictions, conmie parie Pindare; c'etaient les rudesaccens d'un chantre sacrtj, qui , dans une image trans- parcnte, depose une parole profonde, qui commande a la memoire comme a la volonttj, et dedaigne toutes ces values seductions par lesquelles un poete epris du beau captive I'ima- gination dcs peuplcs. » Tout le reste de cc chapitre est du plus haut interet; on y voit I'originc du poljtheisme et du pan- theisrne. Des images on passe aux symboles, et nous avons remarque que M. Guigniaut conserve partout le nitrite d'une grande clarte, et que, dans les endroits nieme ou le vague du sujet domine un peu trop I'original, il u'cn est ni moins precis, ni moins intelligible. II a degage le texte d'une multi- tude de parentheses et de citations qui en gt!naient la marche; il a banni les phrases intercalees, et, sans en priver le lecteur, il les a placees au bas des pages; enfin, il a renvoytj, dans son volume de Notes, de longs mais utiles morceaux que Ton pent etudier , mais non lire rapidement. II est resultt; de tout T. xxviii. — Oclohte i8-25. 2 GCi SCIENCES MORALES cela une autre distribution du texte. Par exemple, le chapitrc intitule Grammntische Gninrllrgung est rejete en cntier dans Ics ]£claircisspmens , on Ic lectour le retrouve, au5,'mcnt('! d'un appendicp. La note precedente est encore une veritable disser- tation : die est extraite des ecrits du celebre Goerres, que la France no connaissait gucre, jusqu'a present, que par les per- secutions politiques contre les(iuelles elle lui a offort un refuge , mais que I'Mlemagne place au rang dc ses premiers erudits et dc ses niciileurs esprits. M. Crcutzer a fait pins d'un emprunt a son Histoirc des Mythes de VAsie ( Mythengeschichte der tisiatischen Welt), et M. Guigniaut a souvent puise a cetto source avcc un egal bonheur. Les deux grandcs formes de la doctrine religiense , les isym- bolcs Qt\c?, mythes, remplissent le chapitre second. M. Crcut- zer y traite des premieres ebanches de I'ecritiire , er le mcme sujet a cte remanie par son traducteur, dans une note savante, oOi les ouvrages de Goenes, de Schlegcl et I'ouvrage plus re- cent de M. Linck , sont egalement mis a contribution : la defi- nition du symbole nous a paru parfaite. «I1 semble n'etre autre chose qu'un reflet dc ces lois immuables de la nature, qui se revelent a I'homme sous les phenomenes sensiblcs. C'est une sorte d'appel a ces Jois, par lequel I'homme chercho a rendre egalement sensibles et les actes moraiix et les determinations libres de la volonte. L'antiquiteest pleine d'exemplesde ce genre. vS'agit-il d'exprimer fortement ime resolution certaine, inva- riable? Achille invoque les invariahles lois de la nature a I'ap- pui'de son scrnicnt. Les Phoeeens en font autant , lorsqu'ils disent a leur patrie un eternel adieu. Et non-seulement les de- terminations , mais les ouvrages des hommes sont vones a I'eter- nite par cet appel symbolique au conrs immnable de la nature: tcmoin la vierge d'airain placee surletombeau de Midas. Dira- t-on que cefour d'idees, si general dans les terns anciens,n'est qu'un artifice de la reflexion ? Non , il vient de phishaut, ilest KT I'OLITIQUES. G7 eininemment natmcl et spontanc; sa source est dans le profond mys\ere de la vie meme, danscette alliance cterncile et secrete de ramcavccla nature. Aussi, plus riiomnie vit pres de la na- ture, pins cc lani;age hii est familier. Voyez I'Arabc nomade, voyez le Grcc des tenis heroiques, il converse avec son coiir- sier, il traitc avec lui comnie avec son semblable ; et en cela il ne fait qne ceder a iin jicnchant irresistible, involontaire, ue- cessaire enfin. « Le mythe n'est pas nioins heureusement delini : — - « Qui pourrait enumerer les innombrables causes qui donnent nais- sance an mythe , surtout quand il vient a se rencontrer avec la tradition Iieroique? Un etrangcr police , jele sur nne terre encore sauvage, a repandu parmi des hordes barbares les pre- mieres semences de la civilisation ; un chef de tribu, fameux par de grandos qualites physiques on morales, a paru entrc lessiens commc un (ils des dieux; des feles ont ete instituees en memoire de leurs bienfaits, et il se forme dans la Irihu tuie tradition qui va s'embellissant et s'agrandissant de plus en plus. Des representations figurees et sceniqucs, des processions, des jeuxviennent prefer leur eclatalasolennite. D'abord, decourtcs formulcs, puis des invocations et des cantiques rappellenf, exal- tput, perpetuent I'occasion et I'objet de la fete: voila !e mythe historique, voila la tradition proprement dite, celte soeur ainee de I'histoire, qui, se reproduisant periodiquement comnie la fete clle-meme, s'unit a elle pour lenir lieu aux peuples, d'aii- nnlesecrites qu'iis n'ont point encore. i> On juge facilement que I'opposition entre le symboie et le mytlie, a du preter a d'assez longs developpemens dans les- quels il nous est inlerdit d'entrer; mais nous ne pouvons nous refuser an plaisir de transcrire encore le dernier alitiea de ce chapitre. <■■ II est done vrai que le symboie el ie mythe sont Ire^ - dif- C8 SCIENCES MORALES fcrens I'lin tie Tautro ; niaisil csl vrai aussi qu'ils out I'lin avcc Taiitre de nombreiix rapports ct ineme certains points de con- tact. Tanl«)t plus fixe ct pins sigriificalif, tantot pins mol)ilc ct depoiirvu de sens, celni-ci flotle an grc de la jiarole , tandis que le symbolc toujours immobile, sc complait dans iin silence imposant. On poiirrait comparer le mythe, dans son pins libre essor , au briUant papilion qui , se jonant anx rayons d'autant plus faeheux.de ne pas trouver ici , que son objct fsi ET I'OLITIQUES. 69 tVanieiltr |iL'ii h yen It's Iccteiu's an point de viie pliilo o|jliiqiu! dans lequel s'est place M. Creutzer , et de Ics monter en quel- que sorte par degres an ton de sou langoge. n Toiijours ancienne ft toujours nouvelle , I'lnde est debout sur ses propres mines, coU)n)e iin foyer eternellement Innii- neux oil viennent se concentrer les rayons epais (iiii ontlong- tcms eclaire ou fascine le nionde. » Ces mots indiquent assez la cause pour laquelle M. Guigniaut a opere une intervcrsion qiie j'aurais faite aussi, si j'etais reste le tradacteur de M. Creut- zer. Le livre 1" a etc refondu en entier ; c'est un tableau coni- plct substitue a une insuffisante esquisse. M. Guignlaut s'est neanmoins attache au plan plutot trace quesuivi par M. Crcut- zer, et tout ce qu'il a fait en ce genre a recu son approbation. Qdoique I'ecrivain franc.nis soit ici auteiir plutot que traduc- teur, il n'a eu dans le premier chapitre, qu'a marcher siir les pas de son modele, et il a rcproduit presqne a la lettrela riclic et briilante description de la nature dans I'lnde, qui est im des morceaux les niieux ecrits du livre original. C'est a la disposi- tion meme de la nature que sont dus la grandeur, la vivacile, la richesse , parfois le bizarre, le gig.intesque et I'exagere, vrais caracteres de cette mythologieindienne, qui se perd dans la plus haute antiquile, sans que Thistoire puisse en atteindre Torigine autrement que par des conjectures. A la tete des tra- ditions se niontre le culte simple et jiur de Brahma, premiere j)ersonne de la Trinite hindoue , verbe incarne, qui commu- niqua aux hommes la loi supreme que I'litcrnel lui avait reve- lee, et qu'il traduisit de la langue divine en sanserif ou langue epuree. La note premiere et la note 5e de ce livre offrent sur les Vedas , livres primitifs de la loi, et sur les qualre castes de rinde, les details les plus curieux. La premiere surtout est un vaste apercu de toute la litterature indieune; apres les Vedas , elle nous fait connaitre les Pourana.i, rediges , au nombre de dix-huit, par Vyasa, celui-la meme qui confia les Vedas M'c- 70 SCIENCES MORALES critiiie. Les Pouraiias exposent toiife la theogouie ct la cosmo- gonie des Hiiulous. Les principaux poemes epiqiics, le Ra- inayana ct lo Mahabharata sont ensuite abordes; I'lm est de Valmiki ct I'antre de Vyasa. On pense bicn que les tiavaux des deux fiiires Schlegel sui- la litteraturc indienne ne sont point onblies par un auteur auquel les plus petits ecrits n'ont pu echapper. Nous signalons encore a I'atteution les notions sur les legislateurs et les philosophes de I'lnde; inais ce qu'il y a de vraimcnt remarquable, c'est la description qui suit, des monu- niens del'art, dans cette contree. Depuis les grottes antiques, dune simplicite barbare jusqu'a celles de 1 ile de Salsette, qui offrent aux regards une ville taillee dans le roc, jusqu'a celles d'Ellora qui sont une representation architectonique et plas- tique des Pouranas, sans parler des fameuses pagodes de Ja- gernat, le lectcur voit passer sous ses yeux une serie imposante de quelques-uns des plus vieux et des plus gigantesques ou- vrages que la main de rhorame ait executes. Le morceau qui a pour objet les sources de la religion et de la mythologie des Hindous, a ete banni du texte de M. Creutzcr ct se presente a la tete des notes de ce livre, grossi d'une foule d'importantes additions. Peut-stre, cette fois, la transposition n'a-t-elle pas etc sans inconvenient pour la clarte de cette partie, a laquelle i'indication des documcns etait un preainbule neces- saire. D'ailleurs, la liaison des choses parait en souffrir : cette suppression fait passer trop brusquement des deux premiers paragraphes de M. Creutzer aucinquieme. C'est peut-etre aussi une niauvaise querelle que je fais a M. Guigniaut; mais, avec lui , il faut que la critique se hate de faire sa part. Reprenons notre analyse, et arretons-nous quelques instans aux croyances et aux sectes de I'lnde, telles que M. Guigniaut en a presente la succession dans son texte, d'apres M. Creut- zer, quoique dans une note etendue et savante, la 4® de ce livre, ofi il resume les differens svstemes sur Torieino el Ic de- ET POLITIQUES. 71 veloppeiuenthistorique tie la religion des Hindous, il lepioche a son auteur dc manquei' d'exactitude et de precision, au moins dans son langage , et aniionce sur le meme sujet des vues ori- ginales, dont il reserve I'exposition pour le discours prelimi- naire. 'iBrahmd est la premiere personne de la Trinite hindoue, Dieu le pere , qui s'incarna le premier pour venir annoncer sa doctrine, il y a bien des siecles. Les hommesalors, revetus d'innocence et de piete, lui offraient des sacrifices aussi purs que leurs coeurs : c'etaient les premices des fruits, le lait de leurstroupeaux, jamais des victimess-anglantes... " « ... Cette premiere doctrine avait subsiste long-tems, quand commencerent les guerres religieuses. Alors parut Siva , la se- conde incarnation , apportant le lingam, image de la vie et de la mort. Les fetes simples et pures de I'antique brahmaisme font place au sauvage delire des orgies, et de sanglans sacrifices souillent les autels de I'affreuse Call. Les traces memes du culte de Brahma furent effa-cees : I'amour et la vie, la colere et la mort ; voila les elemens dont se compose le nouveau dieu , aussi bien que son culte. » « Vient ensuite Vichnou, la troisieme incarnation , qui amor- tit le feu devorant du sivaisme, modifia et adoucit le culte du lingam, le purifia en le spiritualisant. La religion semble rc- nionler vers sa source premiere , et I'antique doctrine re- parait. « C'estdans I'ouvrage meme qu'il fautlire des developpemens pleins d'un haut interet, sur les principes et les formes de ces croyances successives, dontle fond commun,ditM. Guigniaut, futun vasteet unique systeme, ouvragedu tems etdu genie, sorte de catholicisme antique etprimitif, oCi les elemens les plus divers etaient venus se fondre en s'epurant , dans une antiquite recu- lee, ct que dechirerentpar la suite, desschismes, des reformes, €t des scissions de tout genre... « Le symbole de Brahma^ c'est -/J. JiClENCES MORALES la terre ; I'eau de Vichnou , le feu de Siva : voila les ti'ois grands dieux des Ilindous; ils ont pour mere Bhm'nni, etc. Quant au Dieu unique et supreme , il se nomme Brahm (sub- sistant par lui-meme ), ou Parabrahma ( le grand Brahma ) , et, comme I'etre irrevele, il n'a ni temples, ni images. » Le culte de Siva, dieu du lingani, par excellence, les dix incarnations de Vichnou , la chute et les migrations de Brah- ma dans differens corps, la cosmogonie ou creation du moude, rcmplissent trois chapitres tcrmines par des resumes generaux, j)ropres a faire saisir le rapport et la filiation des symboles et des doctrines, et qui repandent u« grand jour sur tout I'en- serable du siijet. Dans le dernier article du quatrieme chapitre, sont enumerees les divinitcs inferieures qui completent la theogonie des Brahmanes. Ici, la richesse devient presque de la confusion, et I'esprit se perd dans la fonle de ces dieux, dont I'exislence est si peu fixe, qu'on les retrouve presque loujours lus mis dans les autres. La theorie des genies est plus intelligible: je citsrai aussi celle des Ragas qui president aux sons musi- caux, et dontchacun est accompagnedecinq/fag^Mi/jiV, nymphes de la musique. Chaque raga suivi de sa famille, preside a unc saison,*et Ton ne pent, pendant qu'ilest de service, chanter ui jouer que sa melodic, a des heures prcscrites du jour et de la nuit. Une suite de notes paralleles au texte et oil sont traduits de nombrcux fragmens des livres sanscrits, viennent a I'appui de ces developpemens, qui enibrassent la religion proprement dite ou la mythologie eiitiere des Hindous. Rien n'est plus sublime que la metaphysique religieuse et la doctrine de Tame et dune autre vie , exposees dans le cin- quieme chapitre. L'intelligenceest une emanation de la grande ame, laqucUe reside dans toutes les creatures pour les vivi- fier, pendant un terns determine. Celtc grande ame s'appelle yltipa pu I'aramattna i mais la parcelle divine ijesccndue dans ET POLITIQUES. 7 J los coipsj (jui les minit et qui les aninie iiidividucllcnieiil , tsl noinmoe Z>/>Va/,-/2(7. Cela pose, nous aliens Iransciiie iine page de ce chapitre remarquable. <■ L'ame a trois etats ct deux destinees dans ehacuu : ces trois etats sent la veille , la raott, ot le sommeil , qui fait comma la transition entre les deux autres : dans I'un des trois, clle pent etre ej^alenient ou rester le jouet de Maya, la mere des illu- sions, ou s'elever jusqu'a Brahin, la seule existence vtJritable. En general , deux chemins nienent a Drahm , dans lequel tous les elres tendent a se confondre, parce que tous ils sunt ema- nes de son sein : la mort est le premier; le second, la vraie science. Quaiid I'heure de la mort est venue, lame se separe du corps, et a I'instant de cette fatale separation, elle se sent saisie d'une profonde tristesse, a cause des doux liens quelle avait formes avec son bote. Alors Djh'atma , rassemblant ce qu'il y a de meilleur dans les facultes et dans les sens, se refugie dans le foyer de lumiere qui reside an centre du coeur, sous la forme de I'inteliigence. Toutes les parties dont I'liomme se composait etant retournees a leurs elemens primitifs , a la fin , Djivatma s'enfuit elle-meme, emportant avec elle son pre- cieux butin. Selon la nature et le prix de ses oeuvres, elle par- tage ensuite des destins divers : ou elle revet un nouveau corps, comme im ouvrier habile brise un -vase d'or pour eu former un autre dont la figure seule est differente; ou bien ,sem- blable a une goutte d'eau, elle redevient Paramatma , ct va se perdre dans I'ocean sans fin d'ou elle etait tombee. Les ames de ceux qui ont faitle bien pour le bien retournent, ^ la mort, dans le sein du grand Etre , et se reunissent a lui pour loujours; mais celles des niechans ou de ceux qui n'ont eu sur la terre d'autre but que I'interet et le plaisir, ne sont point affraii- chies de lous les liens; coaservant une enveloppe de feu, d'air et et d'ethcr ( le corps subtil), elles souffrent, durant qutlque tems , dans les enfers, le cliatiment dti a Icurs 74 SCIENCES MORALES fautesj puis s\n vont ;ininitr successivemeiit des corj>s nou- veauK. « M. Guigiiiaut doveloppc tros-bien la pensee que le mono- llieismc n'ctait ruellemeiit qii'un pautheisnie raffine, : il nous montre toule la nature peuplee d'esprits dechus d'unc noble origine, et qui sans cesse teudent a y retourner. L'univers en- Uer est coinine un vaste purgatoire. Le paragraphe qui a pour objet le reformateur Bouddha, et la note qui s'y rattache , forment ici un long appendice que Ton regrettait de ne pas trouvcr dans I'original : aussi I'illustre au- teur de la Symbolique a-t-il deja adopte pour ses lecons de I'Universite I'utile complement dont M. Guigniaut a enrichi son ouvrage. ^Bouddha semble se perdre dans la niiit des terns, ft cependant il parait dans I'histoire comme I'auteur d'unc des dernieres revolcitions religieuses qui se soient operees dans rinde. Bouddha n'y jouit plus d'aucun culte : une teuebreuse liorreur, une ignorance feinte ou reclle, une haine non moins violente qu'irreflecliie regnent, chcz les brahmanessur lout ce qui conceine sa doctrine : le bouddhisme et le brahmanisme fbnnent deux grandes egHses , ou les sectes puUulent , mais qui n'en restent pas moins opposees I'une k I'autre. » Nous eniprun- tons ces reflexions a M. Guignaut, que nous allons citer encore, « Bouddha se rattache a la fois aux trois systemes dans les- quels la religion indienne nous a paru se diviser. Ses rapports avec Siva sont manifestes... eon image est placee entre les sym- boles et les dieux du sivaisme dans les plus anciens temples de I'lnde, et lui-meme, nous I'avons vu plus haut faire alliauce avec Siva, trop faible pour resister seul a ses ennemis. D'un autre cote, il complete la serie des incarnations passees de Vichnou; il continue Crichna comme dieu misericordieux , gardien des hommes, ancre de salut, charge de preparer la terre an jour terrible ou paraitra son jugc. Dans le brah- nia'isme, c'est nne planetcj mais c'cst aussi un Mount, un lils ET POLITIQUES. 7 5 toutps Ics lani^ues, et vivatites el mortfs, qui poiivaient lui foiirnir quclqiie lumierc, et qu'il Joignait a la patience d'lin anliqiiaire ia vue pcrcante d\in pliilosoplic et I'ame fiere d'un homme libre. On altendait done VHistoire de la conquele de V Anf;leterre avec un vif in leret, et cette attente n'a point eto trompee. Prcsque toujours les homines superieurs onlete frappes, des ieur premiere jennesse, de qiielque idee neiive , d(> qiielque idee doniinante, qu'ils ont ensuite eclaiiee et developpee par de longs travaiix , et (|ui a siifft a Ieur gloire. C'est ainsi qu'il semble que M. Thierry a vti ,le premier qiielles profondes traces le souvenir d'uue conquete laisse dans k- caractcre des peuples, et quels liens secrets rattachent tdutes les revolu- tions successives a la longue rancune ties vaincus contre les vainqueurs. Cependant il n'a point voulu, 6\t-\\,f{iire This toire ail profit d'une scule idee ; son point de vue s'est etendu , il a embrasse toutes les consequences des invasions des peuples barbares qui ont change la face de I'Europe. « Je me propose, dit-il (i), d'exposer, dans le plus grand detail, la lutte nationale qui suivit la conquete de I'Angle- terre par les Normands etablis en Gaule; de montrer , dans tout ce qu'en retrace I'histoire, les relations hosliles de deux peuples violemment reunis sur le nicnie sol; de les siiivre dans leurs longues guerres et Ieur separation obslinee, jusqu'a ce que du melange et des rapports de leurs races, de leurs* moeurs, de leurs besoins, de leurs langues, il se soit forme im seul peuple, une langue commune, une legislation uniiormc. Le theatre de ce grand drame est I'ile de Brelagne, I'lrlande, et aussi la France, a cause des relations que les rois issus du conqueraut de I'Angleterre ont cues, depuis I'invasion , avee (i) Iiifrod. , p. X. KT POLITIQUES. 79 cctte panic du Continent. En deck commc aii-cJela c!ii detroit, leurs entreprises ont modifie I'existence poliliqiie et sociale d'un grand nombre de populations dont I'histoire est presque completement ii,'noree. L'obscurile dans laqiielle sent tombecs ces populations ne vient point de ce qu'elles ne meritaient pas de trouver, comme les aiitres, dcs historicns; la plupart meme sont remarqiiables par unc originalile de caraclere qni les di'^- tingiie profondement des gcandes nations 011 clles se sont fondues. Pour resister a cette fusion operee malgru elies, elles ont deplove une activite politique a laquelle se rat- tachent de grands evenemens faussement attribues jusqu'ici, soil a Tambilion de certains honimes, soit a d'autres causes accidentelles. Ces nouvelles recherches penvent contribuer a eclaircir le probleme , encore bien incertain, des diverses va- rictes de I'espece humaine en Europe, et dcs grandes races primitives aiixquelles ces varietes se rattachent. '< Sous ce point de vue pbilosophique, et, a part rintcrct pit- toresque que je me suis offorce d'obtenir, j'ai crn faire uue chose veritablement utile aux progres de la science, en cons- truisant, s'il m'est permis de parlcr ainsi, I'histoire des Gal- lois, des Irlandais de race pure, des Ecossais, soit d'ancienne race, soit de race melangee , des Bretons et des Normands du Continent, et surtout de la nombreuse population qui habitait et habite encore la Gaule rneridionale, entre la Loire, le Pihone et les deux mers. Sans donner moins d'importance aux grands faits celebres dans I'histoire moderne, je roe suis inle- ressu, je I'avoue , d'une affection toute particuliere aux eve- nemens locaux relatifs .'i ces populations negligees, comme si je m'etais cru moi-menie dans I'obligation de reparer une in- justice non meritee. Quoique force de raconter sommairement les revolutions qui leur sont propres, je I'ai fait avec chalcur, avec sympathie , avec une sorte de partialite. Peut-etre qu'uue tendance involoutaire a trouver <|ue la force et le hasard oni 8o SCIENCES MORALES toiijoms tort, ui'a cntrainu verslcs diffcrcntos masses d'hommes ii qui la formation dcs grands Etats a enlcvc lour indepondance, leur nationalitc, et jusqii'ii leur nom dc people, aiijourd'liiii vemplace par un nom etranger. Ce grand monvement do des- triiclion etait inevitable, je ie sais. Quelqne violent et illtgi- time qii'il ait ete dans son principe, il a pour rcsultat present la civilisation europeenne. Mais 11 est permis ii celui qui ne voit point sans enthousiasme cette civilisation, et les grandes desti- uees qu'ellc pre[)are an genre luimain, de s'affliger, en regar- dant le passe, siir la ruine d'autres civilisations qui auraient pu graudir aussi, et fructifier pour le monde, si la fortune avait ete pour elies. » Les paragraphes que nous vcnons de copier nous font con- uailrc comment M. Thierry a concu son sujct, et dans quel esprit il I'a traite; nous allons chercher a exposer aussi, le plus brievement que nous pourrons , quel est le plan de son onvragc. L'aiiteur commence par nous represenler I'etat social des Bretons et la forme dc leur gouvernenient, lorsque, pour la liremiere fois, I'iie de Brelagne ou Prj'dain , fut visiiee par les Romains, premier des peuplos de I'Occident dont les histo- ricns soicnt parvenus jusqu'a nous. 11 demcle dans les tradi- tions de ces terns antiques , et dans I'organisation un peu mieux connue des Bretons, apres la retraite des Romains, des traits qui se sont retrouves j usque cliez leurs derniers descendans, et qui expliquent souvent leurs prejnges, leurs lois et leurs coutumes. II raconfe cnsuitc la premiere arrivee des peuples de race germanique, les Saxons et les Angles, dans la Bre- tagne; il ne s'arrcte pas a decrire leurs combats, mais il carac- terise leurs conqnetes; il les niontre chassant devant eux les anciens liabitans ou Cambriens, et il trace les limiles dans les- quelles les deux populations dcnieurerent circonscritcs. Tandis que leur luttc so prolongeait, le papo Gregoue-le-Grand y in- ET POLITIQUES. Ei lervint; ii rechcr-cha avec adrcsse et perst-vcrance ralliaiico ties Saxons, quoiqiie pa'icns, et il les seconda dans leur altaqut? contre les chretiens bretons; parce que ceux-ci n'etaient pas moins attaches a rindcpendance de leur cyiise qu'a celle dc leur nation. M. Thierry demele avec perspieacite les motifs de cctte conduite de la cour de Rome, et il montre qu'elle a toujours ete fidele au menie systeme de politique. L'auteur, apres nous avoir attaches aux Bretons par leurs malheurs, trausporte ensuite lout son interet a la racejus- qu'alors heureuse et Irioniphante des Anglo-Saxons, a leur tour subjugues et opprinses par un pcuple d'origine et de langue differentes, venu comme eux d'outre mer. II raconte d'aboid les invasions des Danois pendant les viii*^ ix<^ et X* siecles; leur lutte sanglante avec les Saxons , et le melange des deux peu,ples dans une partie de I'Angleterre. II monlro ensuite les Norniands deja fi-ancises introduits a la cour d'E- douard, favorises par ce roi, mis en jouissance de toutes les places importantes, et excitant ainsi la jalousie et la haine dn peuple anglais, qui se souleva et les expiilsa de sou ile. Ccs offenses mutuelles eurent pour resultat rinvasion de Gtiil- launie-lc BatarJ, qui rommenca en 1066 par la hataille de Hastings, et qui linit en 107 1 par la prise de Chester, la der- niere des grandes cites ou les Saxons avaient maintenu leur independance. Tout ce recit est contenu dans le premier volume, qui, aux yeux (111 commun des lecteurs, complete I'histoire de la con- quete normande; mais M. Thierry se propose surtout de nous en faire connaitre les consequences , auxquelles les autres his- toriens n'ont donne aucune attention. II s'atlache aux vaincus, et il retrace leuis genereux mais impuissans efforts, d'abord dans rile d'Ely, ou ils avaient forme re qii'ils nommnient le Cdmjy (III Refuse; ensuite dans le Norlhumbeiland, ou ils renouvelerent le combat par im soulevement; puis dans les T. xxviii. — Octohre 182,0. 6 82 SCIENCES MORALES bois, oil ceux qu'on poiiisuivait sous le nom A'aut-ldvrs etaient eucore cheis aux Saxons, comme champions dc lour indo- pendancc; enfin dans les couvens, ou les nioines saxons se rcvoltaient centre leurs abbes normands. D'autie part, Tau- teur nous fait connaitre la dcpossession methodiqiie dcs Anglais dans les provinces sonniiscs, le partage de leurs depouilles, et I'exces des mauvais traiteniens el des souffrances auxquels ils furent exposes. Mais la concorde ne saurait long-tems durer entre dcs bri- gands : les Normands, dans I'orgueil de leurs victoires , se brouillerent, se firent la guerre, et I'auleur nous fait voir les trois tils du conquerant, sa petite -fille Mathilde, el Etienne de Boulogne, fils de sa fille, trompant tour a tour les Anglais par des promesses qu'ils n'avaient aucune intention d'cxe- cuter, les ecrasant dans J'arrogance de la victoire, les acca- blant de leurs calamites dans leurs defaites, et ne leur laissant d'autre jouisancc que la joie feroce que leur causait quelque- fois la souffrance de leurs oppresseurs. Deja Tasservissement dcs Anglais avail dure cent ans depuis la conquete, lorsqu'enfin Tun d'eux s'eleva, parson adresseet sa souplesse, a la seconde dignile du loyaume, celle d'arche- veque de Cantorbery. Get homme etait Thomas Becket, le favori, le chancelier, et bicnlot I'cnnemi irreconciliable de Henri II. L'auteur, toujours partial pour les opprimes, sup- pose a Becket le noble ressentiment qu'un Anglais devait sentir contra les Normands, fleau de son pays; il repand un vif iri- teret sur la querelle de Henri et de Becket; il fait ressortir le courage du dernier et la ferocite de ses ennemis; mais il ne nous semble pas avoir elabli que le pretre ait jamais cu autre chose en vue que sa propre ambition oa la su]nematie des pretres, ni qu'un seul des sentiraens genereux et patrioliques qui bouillonnentdansle coeur deM. Thierry ait jamais echauffe cehii de Becket. trr POLITIQUES. 83 Aa commencement du troisieme volume, I'auteur nous transporte en Irlande. II nous fait connaitre le caractere du peuple irlandais au xu" siecle ; sou etat politique , son ctat religieux, et Tindependance que I'eglise d'Irlande avait con- servee a I'egard de la cour de Rome. Adrien IV regardant une Eglise icdependante comme plus coupable qu'iine sociele ou paienne ou impie, fit a I'egard des Irlandais ce que Gregoire- Ic-Grand avait fait a I'egard des Eietons, et Alexandre II a I'egard des Anglo-Saxons; il aj)pela snr eux I'invasion d'enne- niis redoutables pour les assujeiir ainsi au pouvoir ponlifical. L'Irlande fut envahie sous le regne de Henri II et le pontificat d'Alexandre III, en 1169, par des aventuriers normands, se- condes par des soldats saxons, qui firent eprouver a ce mal- heureux pays toutcs les horreurs d'une conquete non nioins cruelle que u'avait ele celle de I'Angleterre, cent ans aupara- vant. L'auteur s'attache en meme terns a faire connaitre les sen- fimens des Aquitains, devenus sujets du roi d'Angleterre de- puis que leur duchesse Eieonore avait epoiise Henri II. II les raontre conservant toiijours des restes de la civilisation ro- maine, regardant toujours les Francs, les IN^ormands, les An- gevins, tous les habitans des pays ou Ton parlait la langue cfoui comme des barbares, et s'efforcant d'allumer sans cesse de nonvelles guerres entre ces rois et ces peuples du Nord, qu'ils detestaient tous egalement. M. Thierry attribue a cette animosite nationale et a ce desir d'independance des Aqui- tains, les guerres de Henri II contre Louis VII, et celles des fils de Henri contre leur perc, qu'il peint avec des couleurs emprunlees au belliqueux troubadour Bertrand de Born , qui excita et chanta toutes ces guerres civiles. II nous ramene ensuite a Londres pour nous montrer les efforts et le supplice de William Longue-Barbe, en 1196, que les Saxons regardercnt comme le dernier martyr de leur independance nationale. C'lSt 84 SCIENCES MORALES par cct evenemcnt et a cetic cpoqiic qii'il tcrmine I'histoire de la conquotc; niais il y ajoute iine Conclusion qui occiipe en- core la aioitie du dernier volume, dans laquelle il suit lc3 peuples divers qu'il avait mis en scene, les Normands ct Ics Bretons du Continent, les Angevins et les populations de la Gaule nieridiouale, les habitans du pays de Galles, ceux de TEcosse, ceux de I'lrlande, et les deux races normande ct saxonne en Angleterre, jusqu'a I'epoque oil toutes leiirs dif- ferences s'effacent, et ou leurs traits caracteristiques dispa- raissent sous la loi unifornie des rois anglais et francais. Quelle qu'ait pu ctre, lorsque I'auteur entreprit eel ouvrage, la liaison qu'il entrevoyait entre I'aristocratteanglaise d'aujour- d'hui et le peuple conquerant, entre la democratic et Ic pcnple conquis, I'etude desfaics, Tctude des opinions, I'ont empechc de donner beancoup d'importance i ce rapprochement. II n'a pas meme essaye de lier la querelle des rangs el des privi- leges avec la querelle des races; an contraire, il declare que « Ton pent fixer au regne de Henri VII (i) I'epoqne on la distinc- tion des rangs cessa de correspondre d'luie nianiere generale a celle des races, et le eomniencemenl de la societe actiielle- ment existante en Angleterre... Les forniules qui semblent rattacher, apres 700 ans, la royaule d'Anglclerie a son origiue etrangere n'ont cependant paru odieuses a persoune depuis le xvi* siecle. II en est de meme des genealogies et des litres, qui font remonter I'existence de cerlaines families nobles a I'inva- sion de Guillaume-le-Balard, et la grande propriele territoriale au partage fait i cette epoqiie. Aucune tradition populuire rela- tive a la division de I'Angleterre en deux peuples enneniis, et a la distinction des deux eltniens dout s'est forme le langage acluel n'existant plus, aucune passion politique ne se raltaclie (i) Tome III, page 553. I ET POLITIQUES. 85 <> ces faits oublies : II n'y a plus de Normands, ni de Saxons que dans Thistoire. » Cette conclusion n'est pas nne des preuves les moins hono- rables de la loyaiite de I'eciivain, de ce zelc infatigable avec Icquel il a cherche la verile ; et il I'a publiee quoiqu'elle con- trariat probablementses premieres opinions, le but qu'il an- noncait par son epigraphe, et, jiisqu'a un certain point, I'in- teret de son livre. En effet, la loyaute et la bonne foi sont le caractere de cet ouvrage ; et cependant I'auteur a suivi, pour I'ecrire, ce qu'on pourrait nommer la methode partiale ; c'est- i-dire qii'il a commence par se donner un but, que tout son travail a etc subordonne a une grande idee qui I'avait frappe d'avance, et qu'il a exerce ensuite toute sa sagacite a en ras- sembler les preuves. D'autres historiens suivent une me- thode toute contraire : ils s'efforcent de maintcnir leur esprit comme une table rase, sur laquelle les evencmens, a mesure qu'ils les reconnaissent, font spontanement des im- pressions inattendues. Cette seconde methode conduit a repre- senter plus fidelement le tableau complique des evenemens; elle assigne mieux a chacun sa grandeur proportionnelle, et ello fait mieux saisir le concours de causes independantes I'une de I'autre qui se combinent pour amenef chacun des faits de Ihistoire. Mais la methode qu'a suivie M.Thierry est peut- etre la seule propre a decouviir des verites nouvelles. On ne saurait se figurer a quel point une grande idee qu'on poursuit sert a armer les yeux d'une forte loupe, pour voir les objets dans tons leurs details : les traits les plus delics grossissent aux regards de I'observateur; il les suit dans toutes leurs ramifications, il saisit le systeme qu'ils forment, et il fait, k leur aide, des decouvertes importantes, et aussi vraies que neuves, quoiqu'elles eussent echappc a tons ceux qui, sans cette idee dominante, avaicnt hi les memes recits. C'est ainsi que M. Thierry, toujours occupe de I'opposition «6 SCIENCES MOKA.LES enfic Ics races, qiio Ics historiens coiitomporains prenaient a taclie «^ye' le Rubicon c'est au 18 brumaire. Quant a la journee de fructidor, il blame les nombreuses deportations que le parti vainqueuiordonna. U aurait Aoulu que les deux directeurs et les cinquante deputes bannis eussent ete mis en surveillance dans I'interiein- de la Republique. II desirait que Pichegru^ fFillot, Iinbert Colomes ct deux ou trois autres seulement f assent mis en accusation , et expiassent sur I'echnfatid le crime de tr aid son dont ils s'e- taient rendus coupahles , et dont on avail les preuves ; mais il voulait qu'on en restdt la... Le salut public aurait pu seul jus- tificr ces deportations ordonnecs sans jugemenl, et toutes les armees , le peuple tout enlier, etaient pour la Republique. Plus loin, il fait sentir combien les couseils perdirent de leur con- sideration et de leur force morale en ue convoquant pas les 96 SCIENCES MORALES .'.ssemblees elecloralcs qui auiaic-nl du les completer; ct il ajoute : « Lcs actcs tin it. floical de I'annec siiivaiUe, ceiix dii 3o prairial , deux ans apres, fureut ics suites de cette condiiitc illef;ale et impolitifjne. » La plupart tie ces observations sont eertainemcnt tres-sages. Mais ii est probable que Bonaparte ne fut point faehe de voir les dirccteurs s'engajjer dans line mauvaise route. Les fautes qui suivirent la journee du i8 fructidor preparaient son poii- voir, en diminuant la considtTalion du gouvernement, commc le succes de cette journee affermissait sagloire, en lui assurant le titre de pacifieateur. Eneffet, l(;s lentcurs de la negocialion cesserent du mo- ment que le cabinet de Vienne fut inslruit du mouvement qui venait de renverser, a Paris, ses dcrnieres esperanees. Les Autrichiens se resignerent a accepter les bases posecs a Mon- tebello : i° Les limites du Rhin pour la France; 2" Venise et- les limiles de I'Adige pour remperciir; 3° Mantoue et les li- mites de I'Adige pour la republique cisalpine. Mais alors , dit Bonaparte, le Directcire avait change de politique. ■< Il fit iii- sinuera Napoleon de roinprc les negoeiatlons, de recommeiicer les hostiiites, en meme terns (jue la correspondanec offieielle etail loujours dictee dans I'esprit des instructions du 6 niai. 11 etait evident qu'^V desirait la guerre, niais qu'il voulait que la responsabilite de la rupture pesat tout enliere siir le negocia- teur. Lorsciu'il s'apercut que cette marchenelui reussissaitpas, et que surtout il criit sa puissance consolidee, il envoya son uhiinaluin , par une depeche en date du 29 scptembre. Napo- leon le recut le G octobre a Passeriano. La France ne voulait plus ceder a I'empereur ni Venise, nila ligne de I'Adige : c'etait I'equivalent d'une declaration de guerre. >' Bonaparte met beaucoup d'art a se jiistifier de n'avoir pas suivi ces instructions. Jo doute qu'il y reussisse. Je I'ai loue d'avoir resiste Taiinee precedenle aux desirs du Directoire qui ET POLITIQUES. ()7 pouvaicnt compromettre I'armee. Mais le cas ctait tout diffe- rent. O, 11 etait general, ici negociateur. Un gouvernement eloigne dii theatre de la guerre ne pent pas toujours juger de I'opportunite , ni mcme de la possibilite d'une operation mili- taire. Dans une negociation, le gouverncmenl peut mieux que personne se rendre compte des motifs et des effets de ses deter- minations. Le Directoire avait tort peut-ctre de refuser la paix; inais son plenipotentiaire devait obeir. D'ailleurs, il n'est pas certain , comme le pretend Napoleon, que Vuliimatum du Di- rectoire equivalut a une declaration de guerre, et que I'Au- triche ne se fiit pas desistee de ses pretentions sur Venise. Si on etait parvenu a I'y faire renoncer , on aurait evite la honte de vendre une republique a I'ennemi leplus acharne de toutes les idecs republicaines. La conduite du senat venitien autori- saii les mesures les plus severes, si ces mesures n'avaient du retomber que sur lui. Mais Bonaparte nepouvait oublier que la population des villes de la terrc-ferme et de A'^enise meme s'etait declarce pour les Francais et s'etail jetee avec confiance entre ses bras. Il cherche des raisons specieuses pour faire re- garder I'abandon de cc malheureux peuple comme une grandc mesure politique. La guerre etait, selon lui, une guerre de principes; c'etaient les oligarques de Londres, de Vienne, de Saint-Petersbourg qui luttaientcontre les republicains de Paris. II voulut changer cet etat de choses qui laisserait toujours la France seule contre tous , aljeter une pomme de discorde an milieu des coalises.'Lc gouvernement de Venise elaittout aristo- cratique. L'Autriche, en s'en emparant, exciterait le meconten- lementdes cabinets de Saint-Petersbourg et de Saint -James. D'un autre cote, X empcreur serait oblige de livrer a la France la place de Mayence , qu'il n'avait quen depot; il i'approprie- 7 ait les depoiiiUes des princes d' Allemagne ^ dont il etait le pro- U'cteur el dont les arnices comhattaient dans ses rangs : c^ etait presenter aux yeux de V Europe la satire des goui'ernemens ah- T. XXVIII. — Octobre iSaS. t,8 SCIENCES MORAiES solus e.t del' oligarchic europeenne : quelle preuve plus evidente de leur vieillesse , de leur decadence , de leur illegitimite I Lors nicme que toutes ces idees se seraient presentees an negociateur, et n'anraient pas etc peniblcment rassemblees depuis par le prince dechu qui sentait le besoin desejustifier, on ne ponrrait les regarder comme les veritables causes de sa determination. Les motifs qui le porterent k s'ecarter des in- structions duDirectoire furent purement personnels. II les expose avec franchise. Si les hostilites eussent recommence, son ar- mee se serait trouvee trop exposee. L'Autriche eut reuni ses principales forces contre lui; les reuforts qu'il avait deniandes u'arrivaient pas : le Directoire avait refuse de ratilier le traite avec le roi de Piemont qui devait lui fournir dix mille hom- mes, etc. On pourrait, je pense, ajouter a ces motifs la craiute que les deux armees de Sambre et Meuse et de Rhin et Moselle, reiinies enfin sous le commanderaent d'Augereau , n'oblinssent de grands succes qui diminuasseut I'eclat de sa renommee. II lui restaitla faculte de donner sa demission, comme il I'avait offerte I'annee precedenle quand on voulut diviser rarmtie d'ltalie. Mais il lui parut absurde , dit-il, que, comme plenipo- tentiaire, il declardt la guerre , en menie terns que, comme general en chef , il se demettrait de son commandement , pour ne pas recommencer les hostilites en executant un plan de campagne contraire a son opinion. Il pretend d'ailleurs qu'une depeche du ministre des relations exterieures le tira de cette anxiete, en lui apprenant que lorsque les directeurs avaient arrete leur ultimatum, ils avaient cru que le general en chef'Slait en mesure de le faire agreer par la force des armes. On pour- rait dire aussi pour sa defense que le Directoire etait toujours le maitre de ne pas ratifierle traite. Mais Bonaparte savait tres- bien que, dans la situation oh se trouvaient les esprits en France, les directeurs n'oseraient pas rejeter une paix qui paraissait assurer de grands avantages i la Republique. ET POLITIQUES. 99 Le Pacificateur s'etend avec complaisance siu' les fetes qu'on lui donna lors de son retour a Paris, sur les egards que lui montrait le gouvernement, sur Tenthousiasme du peuple. II avail asscz de choscs vraies a dire la dessus , sans calomnier Tarraee francaise , conime il ose le faire en annoncant que les troupes qui rentraicnt en Vvz^wcg proclumaient qu'il fatlail le faire roi. Toute la France salt tres-bien que, meme en i8o4 > I'armee ne nourrissait point de tels sentimens , qu'elle montra beauconp de repugnance a lui voir ceindre la couronne, que les embaucheurs pour la tyrannic, les declamateurs centre la liberie, payes si genereusement avec notre or, avaient beau- coup moins reussi aupres des militaires qu'aupres des autres classes de citoyens, et que des corps entiers voterent contra I'empire, comme ils avaient vote contre le consulat a vie. C'est avec plus de veracite que Bonaparte assure que, pen- dant son sejour a Paris, on le pressa de nouveau de s'emparer du pouvoir. 11 nccrutpas quece fut encore possible. Pour qu'il ful tnaitre de la France , il fallait que le Directoire eprouvdt des revers pendant son absence , et que son retour rappeldl La vicloire sous nos drapeanx.^e peut-on pas presumer , en lisant cette phrase , que ce fut une des raisons qui le deterininerent le plus a conduire en Egypte les meilleures troupes de la France. II n'a point laisse de relation complete deson expedition en Orient. On ne trouve du moins dans les volumes dejaimprimes qu'un recit de la marche de I'armce depuis Chebreis jusqu'au Caire, de courtes notes sur les motifs de I'invasion de la Syrie, sur laville de Jaffa, sur le siege de Saint -Jean-d'Acre; un pre- cis du combat d'Aboukir , ainsi que de quelques insurrections partielles qui eurent lieu peu de tems avant cette affaire , et un morceau assez detaille sur la bataille navale qui detruisit notre flotte. Mais pour nous dedommager de la brievete de cette partie de ses commentaires, Napoleon nous donne une description de I'Egypte ou il retrace la situation geographique loo SCIENCES MORALES er. politique (le cefte contrt'c cclebre, la religion des differcntes classes d'habitans , Ifursmoeurs , leuis arts et leurs usages. Dcs observations curieuses et des anecdotes piquantes so melent dans cet ouvrage a des vues elevees ct vastes , tclles qu'on de- vait les attendre dun veritable politique. Avant de m'occuper du morceau intitule : Dix - huit Bru- maire , je dois examiner le dernier des volumes publics , parce qu'il traite de la situation politique de la France pendant le sejonr de Bonaparte en Egypte. Ce volume est, en quelque sorte, un manifeste centre le Directoire. Certes , je nc pretends d6fendre , ni I'excellence de la constitution de I'an 3,ni I'ha- bilete des hommes qu'elle avail places a la tcte de la nation. Mais il est tems de reduirc a leur juste valeur Ics allegations que Bonaparte fit repandre sur I'etat on se trouvait la France lors- qu'il revint dOrient. Son paiti a tant rcpete dans les salons, lant imprime dans les journaux, dans les pamphlets, dans les histoires, que nos armees etaient perdues quand un homme debarqua a Frejus , seal avec sa fortune (i) , pour ramener la victoire sous nos drapcaux, et cette faussete est resteesi long- temssans contradicteurs , qu'elle a pris I'apparcncc de la ve- rite. Cependant les victoires de Zurich, de Castricum et d'Alk- raaer, avaient precede le retour d'Egypte : Souvarof etait en fuite et le due d'York avail capitule. Bonaparte encourageail ces declamations mensongeres qui tendaleuti le presenter comme un sauveur. Toulefois, je n'ai pas ete peu surpris de le voir lui-meme, dans une histoire de la Vendee, que renferme le dernier volume, surpasser tous les declamatcurs, et pretcndre deux ou trois fois que la Repu- blique etait perdue, si les Vendeens avaient etemieux conduits. II est impossible que Napoleon ait soutenu sinceremenl une opinion si ridicule. Les chefs vendeens out fait tout ce qu'ils (l) M. DE FOKTANES. ET POLITIQUES. loi poiivaient faire. lis n'ont manque ni de bravoure ni d'habilete. Les etrangers ont fait aussi tout ce qui dt-pcndait d'eux, quoi- que le captif de Sainte-Helune pretende, en quelques endroits, qu'avec plusde rapidite dans leurs operations, ils nous auraient infailliblement soumis. Bonaparte savait mieux que personne qu'il n'ctait au pouvoir ni des Vendeens ni des etrangers de soiimettre la Republique. II avait enimene Kleber et Desaix dans les deserts de I'Egypte ; Hoclie , Joubert et Marceau n'e- taientplus; mais la France possedait encore Massena, Bruue , Bernadotte, etsurtout, elle avait encore ce patriotisme quieut fait sortir de son seinde nouveaux Joubert, de nouveaox De- saix , de nouveaux Bonaparte ; elle jouissait d'institutions qui auraient permis a ces guerriers de montrer et d'employer a I'instant leurs talens et leur courage. Dix ans du despotisme imperial n'avaient pas cteint dans tous les coeurs I'amour de la patrie et de I'independance. On ne se battait pas pour des cor- dons que la defection pent obtenir , mais pour la gloire que la victoire seule peut donner. Les chefs de uos soldats n'avaient pas appris , en se courbant devant un maitre , a flechir devant I'enneim. Quand Georges , le due d'York et Souvarof auraient ete vainqueurs en meme terns, la France n'aurait point ete conquise. II fallait la tyrannic dc Bonaparte et I'epuisement cause par ses guerres de conquetcs , pour nous livrer aux etran- gers. Les etrangers eux-memes I'ont dit. Quelle raison a pu porter leur captif a soutenir une opinion dont il sentait necessairemcnt la fausscte ? Je ne vois qu'une explication possible de ses etrangcs paroles. Sentant I'enormite du crime qu'il avait commis en detruisant la liberie, il auracru peut-etre faire taire les imprecations des pcuples, s'il parve- nait a persuader que la liberie serait morte cgalement sous une autreniain,et en laprcsentantcomme unfleau,commc une cause de faiblesse et de desastres. Mais alors , il ne devait pas laisser echapper deux fois, dans le meme volume, le cri de sa con- I02 scielnces morales science. line devait pas dire en parlanl dela rupturedes confe- rences de Lille ( page 1 1 ): « Sans I'esprit de vertige qui aveu- glait leDirectoire, la Franceavait a la foisla paix derAiigleterre et celle de rAutiiche. On ne pent calculcr ce que scraient devenues ses destinees a cette epoque , oil elle avail encore tant ^ enthousiasme de patrie : la seule attitude de la nation aurait suffi pour subjuguer I'Europe, et changer son systemc de gou- vernement, puisque telle etait la religion d'etat en France. » En effet, si ces grands resultats n'avaient ete empeches que par la faute des membres du Directoire, de nouveaux directeurs pouvaient les obtenir; et des-lors que signifient toutes les de- clamations siu- la faiblesse de la Republique ? Que signifient encore dos phrases contre I'esprit de liberte dans la bouche de I'homme qui a ecrit le passage suivant : t< Ce seraitun beau champ a exploiter pour la speculation, que d'eslimer ce que fut devenue la destinee de la France ctdc I'Europe, si I'Anglcterre, tout en desavouant le ineurtre de Louis XVI , ce qui etait d'une morale pnblique, eut ecoutc les conseils d'une politique philanthropique , en acceptant, coinme alliee, la Revolution fran^aise. Les echafauds n'eussent pas convert la France. Les rois n'eussent pas ete ebranles sur lours trones, ils auraient tous ete plus ou moins au devant des revo- lutions ; I'Europe cntiere fut devenue , sans secousses, constitu- tionnelle , et libre sans jalousie, sans ambition; le projet de I'abbe de Saint-Pierre pouvait se trouver realise. La Repu- blique francaise sc serait assise sur elle-meme et sur la securite environnante , elle n'aurait eu ni la pensee ni le besoin d'en- vahir. Elle n'aurait pas eu la necessite de la victoire, et la legis- lation implacable, qui appuyaitau dedans cette necessite, u'eut pas repandu les flots de sang dont le sol fran^ais a ete abreuve. Aucune superiorite (jue celle de la loi ne se fut elevce dans son sein; il n'y aurait eu de place pour aucune ambition privee. Toute la gloire eut ete dano les tribunes , et sur les bancs des i ET POLITIQUES. io3 magistats; tout Tinteret eiitete pour I'industrie. Le commerce, I'agriculture, seraient devenus, avec les beaux-arts, le patri- moine de la liberie ; une seule campagne aurait eu lieu peut- etre dans le commencement ; celle-la eut donne a la France les belles limites du Rhin , des Alpes et des Pyrenees. C'eut etesa seule conquete. La France eiiit ete le plus grand miracle de la civilisation; elle eut ressuscite la Rome des Scipions, et la Grece de Miltiade et de Leonidas; mais I'Angleterre n'eut ete qu'un comptoir, parce que la France eut ete la metropide du monde ; et la mort de la France ful resolue par I'Angleterre. « (page 148). Les deux morceaux que je viens de citer sont I'acte d'accii- cation le plus terrible contre leur auteur. Car, ce que la France aurait pu etre des le commencement de la revolution, sans les coalitions soutenues par I'Angleterre , elle pouvait I'etre encore lorsquc les coalitions furent vaincues; ce qu'elle aurait pu de- venir si le Directoire' n'eut pas rompu les conferences de Lille, elle pouvait le devenir encore apros la paix d' Amiens. J'ai done eu raison de reconnaitre dans ces fragmens le cri de la con- science. Ce cri devait etre bien penible pour celui qui avail fait crouler sous le poids de son trone tous les trophees qui nous avaient coule tant de sang et d'efforts, pour celui qui, au mo- ment ou la guerre de la Revolution venail de finir par noire triomphe, avail commence une nouvelle lutte en faveur de la t}'rannie, lutle plus sanglante que la premiere et qui devait necessairemenl se terminer par amener tous les rois ennemis dans noire capilale, puisqu'elle leur donnait la cooperation et les voeux de tous les peuples qui , pendant noire guerre natio- nale , avaient tous ete pour nous. On ne doil done pas s'etonner qu'il ait cherche quelquefois a s'etourdir lui-mcme, aulant qu'a troniper ses lecteiirs par uu tableau de noire situation enliere- mcnt different de celui que la force de la verite venail de lui arracher. J'avoue toutefois que j'ai peine a concevoir comment io4 SCIENCES MORALES le besoin de se faire illusion a pii le pousser aux assertions plus qu'etranges que j'ai ciu devoir relever dans son histoire de la Vendee, etqui rapprochees d'une foule d'autres passages, forment la plus inexplicable des contradictions que renfermcnt ses Memoires. lis en renferment cependant beaucoup, surtout dans les opi- nions; et leur lecture m'a plus d'une fois rappelc une soiree fort interessante. Pen de tems apres la proclamation de I'em- piro , le nouveau souverain ordonna de jouer an Thiiatrc-Fran- cais La Mort de Cesar, et il annonca qu'il assisterait a la representation de cette tragedie, que, par parenlhese, il defen- dit le lendemain, attcndu que le resultat de cette experience surl'esprit public ne lui avait etc nuUemcnt agreable. Quand I'acteur charge du role de Cesar recita ccs vers : Ne fier, ambitieux, mais n6 pour les veitus, Si je n'etais Cesar, j'aurais ete Brutus , Bonaparte applaudit avec transport. On retrouve tres-soiivent dans ses ecrits cette lutte entre deux sentimens , et pour ainsi dire,entre deux caracteres. Tantotil parle des idees republi- caincs comme il ordonnait a ses agcns secrets d'en parler dans les salons : tantot il parait, au contraire , oublier son role de tyran; on le croirait redevenu general de I'armee d'ltalie : ce n'est plus Cesar qu'on ecoute, c'est Brutus. Toutcfois, il ne tarde pas a s'apercevoir qu'en louant la liberte, il fait I'eloge de sa victime , et il recommence ses accusations calculees. Mais les liommages qu'il est force de rendre aux doctrines qu'il a long- tems persecutees , sont precieux sous plus dun rapport. lis peuvent meme porter a croire que si son penchant a la tyran- nic , au lieu d'etre flatte dc toutes parts, cut rencontre une opposition forte et oonstante, sa gloire fut restee pure de notre asservisscmcnt, et de nos revers que eel asservissement amena. Malheureusement , les hommes qui, ne pouvant rien attendre ET POLITIQUES. io5 de la justice d'un peuple , ambitionnent les faveurs d'nn maitre, se presserent autoiir de lui, s'imposerent la loi de deviner les intentions tyranniques qu'il n'osait encore avouer, et d'en faiie d'avance le panogyiique. lis lui peignirent la uation d'apres eux-men:es, affamee de honte et d'esclavage. lis lui represen- torent commeses cnnemis personnels, les seuls amis de sa gloire et de son avenir. Bientol, toutconseil fut repousse commeune insulte, toute verite proscrite comme seditieuse. Malgre cette proscription, quelques citoyens courageux oserent lui parler encore le langage du patriotisnie. On trouve, par exemple, dans la Collection des pieces officielles, publiee en i8i5, deux Meinoires qui lui fiirent adresses par le meme auteur, et qui contiennent de genereuses lecons (i). Dans le premier, remis quelques jours apres la bataille de Ma- rengo , je lis, page 12 : « L'estime publique ne s'accorde qu'aux grandes actions et aux plans vastes et durables. Les grandes actions sont celles qui ont pour but le bonhcur des hommes on d'une nation; les plans vastes et durables sont ceux qui ont pour base le bien public. » Je trouve a la page 21 cette predic- tion courageuse faite a Napoleon pour I'engager a reunir les Etats de I'ltalie en uu corps federatif independant : « La guerre peut recommencer... sous des auspices moins favorables. La France, cpuisee et fatiguee, peut n'avoir plus, ni les memes ressources, ni lememc courage;... et alors, si elle est vaincue,... si elle subit la loi de I'etranger, la gloire de Bonaparte s'eva- nouit avec celle de sa patrie, et on lui reprochera de n'avoir pas etendu ses regards dans I'avenir, de n'avoir pas prevu et pievcnu les dangers et les malheurs dont il pouvait preserver la France et I'ltalie. » (i) Voyez le lome ix du Reciicil de pieces officielles destiiiees a detromper les Fiancais hit les evcriemeiis fjiii se sont passes depuh quelques aiinees, publie par Schoell. Paris, i8i4 , i8i5 et i8it). io6 SCIENCES MORALES Dans le second Memoire, qui fut soumis a Napoleon dans Ic mois de tloreal an 12, 1'auteur, sans heurler de front le projet arrete de chanf;er la republique en empire, s'efforce d'engager Tempereur futur ^ renfermer son autorite dans des limites du- rables; a rester, sous un autre nom, le premier magistral d'un peuple toujours libre. « Aujourd'hui, dit-il, vous pouvez tout; la reconnaissance nationale vous donnera tout; mais, si vous ne mettez vous-meme des bornes a I'autorite nouvelle dont vous allez etre investi , elie sera moins reelle et moins durable Le despotisme, ou I'autorite indefinie et absolue, a toujours pro- duit des revolutions... On affermit le pouvoir en paraissant le restreindre La force des autorites politiques est aussi sou- vent dans leur limite que dans leur extension. « Celui qui donnait ces conseils et qui indiquait la maniere de les mettre en pratique en fut puni par une persecution qui lui ferma la caniere militaire et la carriere administrative dans lesquelles il s'etait montre avec honneur. Je crois qu'ils'abu- sait sur la possibilite de realiser sou plan; mais, si la plupart des hommes qui approchaient Napoleon lui eussent temoignc les memes sentimens, pout-etre le premier consul eut-il renoncc au desir d'une autorite qu'il fallait restreindre pour qu'elle ne parut pas desastreuse ; et aurait-il garde im pouvoir qui scrait reste immense , sans cesser de paraitre utile. En effet, des le 18 brisniaire, il pouvait tout faire pour le bien. La France se livrait a Ir.i tout eutierc pour I'execution de tons les projets genereux ; et, s'il n'en avait pas eu de cou- pables, il n'aiirait pas meme eu besoin de faire prolonger la duree de sa magistrature. Cette revolution de brnmaire est ce que beaucoup d'honnnes genereux et eclaires lui ont le plus reproche. Jene partage pas entierement leur opinion : les graves defauts de la constitu- tion de I'an i rendaienl peut-etre un changement necessaire, et beaucoup de personncs y songeaicnt. On ne pourrait guerc blamer Bonaparte d'avoir cherche a se mettre a la tete de ET POLITIQUES. 107 la Republique, s'il avait concu et execute ce projet dans cles vues de bien public. La maniere doiit il s'empara du pouvoir fut seule odieuse. Ce n'etait pas avcc des baionnettes qn'il fal- lait dechirer I'acte constituant ; car, quelque mauvais qn'il piit etre, il avait recu la sanction du peuple. Peut-etre le vain- qiieiir de I'llalie n'eut-il pas eu besoin d'cmployer la violence, s'il n'eut deja montre des dispositions i\ la tyrannic. Peut-etre le consril des cin(]- cents eut-il agi comme le conseil des an- ciens, si I'ennemi des directeurs lui eut donne des garanties que le chaugement projete dans les formes republicaines n'avait d'autre but que d'augmenter la force de la republique. Alors, la France entiere aurait applaudi a cette revolution , et il n'y aurait rien eu d'illegal, puisque le peuple etait appele a pro- noncer sur la constitution nouvelle. Du reste, le recit que fait Bonaparte de cette fameuse jour- nee et de ses premieres suites, est plein d'interetetparait assez franc. Ce qu'il y a de plus curieux, c'est le compte rendu des discussions sur la constitution consulaire. Le projet absurde et alambique que presenta Syeyes ne dut pas deplaire au jeune consul, parce que I'impression produite par ces reveries lui donn.nit les nioyens de diriger le travail des commissions legis- latives de maniere a se preparer les voies pour envahir, quand il le voudrait, tous les pouvoirs. Je ne serais pas etonne ce- pendant que ce fut surtout ce projet qui lui eut inspir^ lant d'eloignement pour la metaphysique, qu'il accusait a tort des extravagances dans lesquelle.s avait pu tomber un homme aussi distingue que Syeyes. II n'a pas de peine a faire sentir le ridi- cule du grand electeur a vie , et du consul cle la paix , et du consul de la guerre, et du senat qui pent absorber le grand electeur. Mais il parait, h I'exemple de quelqnes pamphle- taires, regarder la supreme magistrature d'un seul comme pen conforme aux principes des republiques, tandis qu'il n'v a rien de plus republicain, ponrvu que cette magistrature soit feni- »o8 SCIENCES MORA.LES poraire. Comme Bonaparte ne pouvait I'ignorer, on doit presumer qu'il aura cm convenable a ses viies tie nc presenter I'idee de republique qu'entouree des inconveniens d'un pou- voir cxecutif partage. La plupart des Francais, que fatiguait la faiblesse de I'ad- minislration directoriale, recurent avec plaisir un gonverne- ment plus fort, quoiqu'il portAt dans son sein des germes de tyrannic. Les esprils peu clairvoyans en attendirent les plus heureux resultats, et les effets parurent d'abord repondre a leurs esperances. Les finances furent regies avec plus d'ordre et de fermete, la guerre des chouaus fut etouffee, les discordes religieuses cesserent, et la victoirc nous reconnut en Italic, comme, avant le retour de Bonaparte, elle nous avait recon- nus dans la HoUande et dans I'Helvetie. La campagne de I'armee de reserve est decrite avec soin par le vainqueur; cependant les manosuvres de la bataille qui la termina sont beaucoup mieux expliquecs dans le rap- port de Berthier, publie en I'an 1 3. Seulement, Bonaparte con- vient que I'aile gauche, commandee par le general Victor, fut mise dans une deroute complete , au lieu que Berthier avait menage les expressions. La defense de Genes par Massena, les campagnes de Moreau en Allemagne pendant I'an 8 et le commencement de I'an 9, cclle de Bruue i;n Italic , de Macdonald dans les Grisons, et I'expedition de Murat contre les troupes napolitaines, sont lacontecs ensuite brievement, mais clairemcnt, et accompa- gnees d'observations critiques fort interessantes pour ceux qui se sont occupes de taclique. Un autre morceau remarquable est celui ou Bonaparte , parlant du traite qu'il conchit en 1800 avec les Etats-Unis, expose les doctrines du droit public sur les vaisseaux neutres, et raconte les discussions qui ont eu lieu a ce sujet entre I'An- gleterre et les autres puissances. La comparaison qu'il eta- ET POLITIQUES. 109 blit entre la guerre de terra et la guerre maritime conduite d'apres les erremens du cabinet de Saint-James , est tracce avec vigueur. Je citerai les dernieres lignes du chapitre : o Ainsi, dans le terns mente oii les proprietes particulieres et les hommes non coaibattans sont respectes dans les guerrcs de terre, on poursiiit, dans les gucrres de mer, les proprietes des particulJers, non-seulement sous le pavilion ennemi, mais encore sous le pavilion neutre; ce qui donne lieu de penser que, si I'Angleterre seule eut ele legislateur dans les guerres de terre, elle eut etabli les memes lois qu'elle a etablies dans les guerres de mer. L'Europe scrait alors retombee dans la barbaric, et les proprietes particulieres auraient ete saisies comme les proprietes publiques. » Avant de terminer cctte analyse , je dois prevenir les lec- teurs qu'a la fin de chaque volume, excepte le cinquicme, qui est rempli par le traite sur les campagnes de Turenne et de Frederic, se trouvent de nombreuses pieces justificatives , parmi lesquelles on distinguera surtout la correspondance entre Bonaparte et le directoire. La comparaison des lettres du general de I'armee d'ltalie avec celles des directeurs aurait suffi a un homme habile pour savoir en quelles mains devait passer le pouvoir dans un tems ou la carriere etait ouverte au genie. Maintenant que j'ai parcouru les differens objets traites par Napoleon, nos lecteurs peuvent se former une idee de I'interet que presente le recueil de ses ouvrages. On y trouve des donnees precieuses pour la solution de presque toutes les questions qui doivent occuper des Francais attaches en- core a leur patrie. Quant au style, il choque a tout instant par des defauts de plus d'un genre. Lorsque la revolution n'avait pas fait en- core de I'epee un instrument de politique, Bonaparte voulait suivre la carriere des lettres; mais il parait qu'il manqua dt: no SCIENCES MORALES bons guides, et qu'il ne sut pas ai)|)liqiiei' lui-meme a retnde dii style la force de tete qu'il deploya dans ses travaux sur I'art de diriger les nations : car c'est la mdme raison qui dirige riiommc d'Etat ot Teciivain , et il n'y a point de regies de I'art d'eerirc qu'un esprit vaste et droit ne put deviiur par le seul secours du raisonnement. Or, Bonaparte ignore coinplcte- nnent cet art. On rencontre dans ses livres des phrases ex- cellentes, menie «le belles pages; niais on sent que lout cela est uniquement du au talent naturel, a la force de la pensee on de I'emotion. Quand son Sme phis calme nc Uii a pas pre- senle I'idee aussi nelte, il ne sait nullement la debrouiller, il rhabille d'images incoherentes, et la rend plus confuse encore par de nombreuscs incorrections. Au surplus, ce defaut est si commun de nos jours chez taut d'hommes qui se font cepen- dant des reputations comme ecrivains, qu'une grande partie du public a cesse d'y faire attention; et Ton doit d'autant plus le pardonner a I'auteur des Memoires , qu'il n'a pu nous laisser, en quelque sorte, qu'un premier jet, le plus souvent dicle, et ou il a du plus d'une fois, surtout dans un etat de souffrance et d'ennui , se contenter d'indiqiier sa pensee pour lui-meme, remettant a un autre moment de la revetir, pour le public, de formes plus exactes et plus heureuses. Le recueil de ses ecrits n'en est pas moins au nombre des ou- trages les plus imporlans qui aient paru dans ce siecle. On y reconnait un homme qui sait beaucoup et qui sait bien; qui, lorsque ses passions ne I'aveuglent point, voit loin et de haut, et qui a passe sa vie a reflechir sur toutes les parties de la politique, particulierement sur I'une des plus considerables , la guerre. Qu nd les Fran^ais cesseront de donner le nora de politique a de pueriles discussions sur de petites intrigues de detail , ou sur de ridicules abstractions , les Memoires ecrits dans la prison de Sainte-Helene seront generalement lus et meditcs; mais aujourd'hui nos Solons industriels les traite- ET POLITIQUES. m ronl avec l«' meme dcdain qu'ils professent pour Montesquieu. Napoleon dit unjour a M. O'Meara : « Quand j'etais a Tilsitt avec I'cmpereur Alexandre et le roi de Prusse, j'etais le plus ij^norant des trois en affaires militaires. Ces deux souverains, surtout le roi de Prusse , etaient parfaitement an fait du nombre de boutons que tie vait a voir un habit , devant ct derriere , et de lamanieredonton devait tailler les revers.Le fait est, continua- t-il en riant , que je ne pouvais lutter avec eux. lis me tourmen- taient continuellement de questions sur des affaires de tailleurs, auxquelles je ne comprenais absolument rien, quoique, pour ne pas les offenser, je repondisse aussi gravement que si le destin d'une arniee eut dependu de la coupe d'un habit. » (Na- poleon Jans I'exil, par O'Meara, tome ii, p. 58.) Je suis loin de garantir la veracite de Napoleon d;ins ce recit; mais ce que je sais bien, e'est que s'il pouvait se trouver dans quelques cer- cles ou Ton croit faire de la politique, il eprouverait la pour cette science ce qu'il pretend lui etre arrive a Tilsitt pour Tart militaire; 11 serait le plus ignorant de tous. II se verrait accable de questions sur les formes du parlement anglais, sur I'influence de V Industrie banquiere, sur un arret du parlement rendu contre des jesuites, sur lei candidal au ministere ou k la chimhre : il ne pourrait lutter. Seulement je doute fori qu'il repondit d'un ton aussi serieux qu'a Tilsitt. F — x. LITTERATURE. Tableaux histouiques extraits de Tacite, et t'eunis par des sommaires et dcs appendices; traduction nou- velle , avec le texte en regard et des notes critiques et lit ter aires ; par M. Letellier, avocat a la Cour royale de Paris, ancien secretaire-redacteur du Tri- bunat et de la Chanibre des Deputes (i). Montaigne dis.nitenparlantdcsoeuvresde Tacite: '»° 14. Prix , la fr. \ LITTERATURE. ii3 et Acs situations eminemment dramatiques, source feconde de beautes encore neuves, qii'ils s'empresseront de transporter dans leurs ecrits , a la tribune et au theatre. Ce fut surtout sous ce dernier rapport que le createur de notre scene tra- gique et son admirable rival eludierent ce livre; tous les deux, apres y avoir puise de sublimes inspirations, se plurent a ren- dre un dij^ne hommage au merite de son auteur. Corneille, qui avait sous les yeux I'heroique veuve de Germanicus, lorsqu'il peignit celle de Pompee, et dont I'ame toute romaine etait faite pour comprendre et pour senlir Tacite , I'appelait un ecri- vain incomparable ; Racine , qui lui dut une partle des beaux traits qii'on admire dans Brilaiinicus , I'a proclame Ic plus grand peintre de I'antiquite. Bossuet et Montesquieu ne dedai- gnerent pas de le prendre quelquefois pour modele ; Rousseau tenta de se mesurer avec lui, niais s'avoua bientot fiiligue par un si rudejoutcur. Trois ecri\ains d'une reputation moins im- posante,mais dontl'autoritene saurait etre contestee en niatiere de gout, Thomas, LaHarpe et Chenier , ont consacre quelques pageseloquentes'a la juste appreciation du genie et du carac- tere de Tacite. Thomas, qui etait digue de celebrer a la fois, dansce grand homme , et les vertus du citoyen qu'il retrouvait dans son propre cceur, et le talent de Tecrivaiu , s'exprime en ces ter- mes dans \'Essai sur les eluges : « Au nom de Tacite, I'imagiua- tion s'echauffe et I'ame s'eleve. Si on demande quel estl'homme qui ale mieux peint les vices et les crimes, et qui inspire mieux I'indignation et le mepris pour ceux q-ui ont fait le mal- heur des hommes, je dirai c'est Tacite; qui donne un plus saint respect pour la vertu malheureuse , et la represente d'une maniere plus auguste, ou dans les fers , ou sous les coups d'un bourreau, c'est Tacite; qui a le mieux fletri les affranchis et lesesclaves, et tous ceux qui rampaient, flattaient, pillaient et corrompaient a la cour des empereurs, c'est encore Tacite. T. xxviii. — Octobre iSaS. 8 1 1 4 LlTTKRATLttK. Qu'ou me cite iin bomme qui ait jamais tlonne un caracterfr plus iinposant a I'histoire, un air plus terrible a la posteritef Philippe II , Henri VIII et Louis XI n'auraient jamais ftQu'on imagine, ditplusbas le memeauteur, une langue rapide comma les mouvemens de I'ame, une languequi, pour rendre un sentiment, ne se dccomposerait jamais en plusieurs mots , une langue dent chaque son exprimerait une collection d'idees ; telle est presque la perfection de la langue romaine dans Ta- cite. » — « Sa diction est forte comme son ame , dit La Harpe , singulierement pittoresque sans jamais etre trop figuree, pre- cise sans etre obscure, nerveuse sans etre tendue. II parle a la fois a I'ame, a I'imagination, a I'esprit... II n'invcctive point en declamateur; niais il peint avec des couleurs si vraies tout ce que la bassesse et I'esclavage ont de plus degoutant, tout ce que le despotisme ct la cruaute ont de plus horrible, Ics csperances et les succes du crime, la paleur de I'innocence et I'abattement de la vertu ; il peint tellement tout ce qu'il a \u et souffert, que Ton voit et que Ton souffre avec Ini. Chaque ligne porte un sentiment dans I'ame; il demande pardon au lec- lenr des horreurs dont il I'entreticnt; et ces horreurs meme'^ attachent au point qu'on serait fache qu'il ne les eut pas tracees.» Chenier, dont la tragedie de Tihere & renouvele les regrets qu'avait inspires aux veritables amis des lettres sa mort prema- turee , dans son Tableau de la littcraturejrancaise (chap. V), termine par les reflexions suivantes une brillante enumeration desprincipalesqualites du genie de Tacite: « Incorruptible dis- pensatcur de la gloire et de la honte, il represcnte cette con- science du genre humain que, selon sescnergiques expressions, les tyrans croyaient etouffer au milieu desflammes, en faisant brulcr publiquement les oeuvres du talent rcste libre et les eloges de leurs victimes, dans ces memes places ou le peupic romain s'assemblait sous la republique. Son livre est un tribu- LITTER A.TURE. • n5 iial ou sontjiiges en dernier ressort les opprimes etles oppres- seiirsj c'cst h rimmortalite qu'il les consacre ou les devoiie, et dans cat historien des peuplfis, et, par consequent, des princes, qui savent regner, chaque ligne est le chatiment des crimes, ou la recompense des vertus. » L'etude de ce grand hislorien , si feconde en hautes lemons pour tons les tcms et pour tons les pays, doit, en outre, exci- ter en France, a I'epoque ou nous vivons, un inleret parlieu- lier, et, pour ainsi dire, contemporain. Quelle lecture , par exemple , pourrait etre plus attachante et plus instructive, par le fond seul du sujet , que celle des Annales et des Histoircs , pour une generation qui a etc temoin de tant d'evenemens inouis ; a qui notre patrie , tout a la fois glorieuse et desolee , a offert en spectacle , dans un si court espace de terns , des crimes atroces et de sublimes vertus ; tous les exces du fanatisme po- litique , les hideux attentats des passions les plus abjectes, a cote des plus nobles exemples de patriotisme et de prodiges sans nombre de courage civil et de courage militaire ; une re- publique, fondee en depit de tous les rois de I'Europe sous les armes, mais sourdement attaquee par I'intrigue et la cor- ruption, ebranlee par la discorde , detruite enfin par la vio- lence, pour faire place a un despolisme, qui acheta les con- sciences par I'oret les dignites, comprima I'essor d'une philosophic destinee a regenerer le monde , et s'efforca d'etouffer dans tous les coeurs le regret de la liberte proscrite, en y allumant la fu- neste passion de la gloire des conquetes. Ccrtaincment, des esprits encore agites par de semblables souvenirs, nesauraient demeurer indifferensalavuedesenergi- ques iableaux que leur presentele peintre de Rome et de I'empire sous les premiers Cesars. Ces memes esprits, tourmentes du be- soin de se former une opinion juste, fixe et sans prejuges, sur les principaux acteurs et sur les scenes les plus remarquables du drame national qui s'est deroule sous leurs yeux , pour- iiG LITTER ATURE. raient-ils siiivre un guide plus sur, vui maitre plus liabili', (ju'un ocrivain pliilosophc, dont la profonde experience sail inettre inni lYime des amhitieux dc toutes les conditions, lecon- naitre jusqu'aux moindrrs causes, et prcvoir les derniers effets des catas.trophcs politiqiies, peser daiis une balance egale les fautes, les forfaits et les belies actions, et surtout demasquer ce dexouement hypocrite, toujours pret a se trainer a la suite du vainqueur , et qu'on voit servilement attache a tons les gou- verneniens qui se succedent en se lenversant I'un I'autre. Si ces considerations ne manquent pointde justessc, on con- viendra qu'il eiit etc difficile a M. Letcllier de choisir, pour la publication de son ouvrage, une epoque plus favorable. Ce n'est pas toiitefois qu'il paraisse avoir pense, a cet egard , coiiimc penscnt quelques-uns de nos eciivains, accoutnmes a fonder leurs esperances de succes sur Topportunite des cir- constances, et qui, se piquant d'unefolle vitesse pour arriver toujours a propos, n'obtiennent, au lieu d'une gloire durable , que la vogue d'un moment. Loin de se livrer a ce frivole et daugcreux calcul , M. Letellier a compris I'importance , je dirai meniela dignite de la tache que lui avaientimposee une vieille admiration pour Tacite, et le desir honorable de contribuer aux progres de I'iustruction morale et litteraire de ses conci- toycns. Sans ignorer combien avaient ete infructueux les ef- forts de laplupart de ses devanciers, il a resolu cependant de dementir I'assertiontranchanteet H'tcheuse de certains critiques dun assez grand nom , qui avaient proclame I'impossibilite d'nne bonne traduction de Tacite. On peut dire qu'il ii comple- tcment reussi dans cette peiilleuse entreprise. Il suffit de par- s\ courir d'un ceil attentif quelques-uns de ccs tableaux historiques, 'I pour rester convaincu que la traduction n'en a point etc iaipro- visec comnie une oeuvre de comtnande ; mais que I'auteur n'a pas craint de consacrer des veilies longues et nombreuses k ce travail de predilection. Parlout on y reconnait, et les soins' I J LITTER ATU RE. 117 sciiipuleux du savanl latiniste, determine par la conscience de ses forces a n'oluder aucune des difficultes du tcxte, et la rare habilete de I'ecrivain, qu'un studieux commerce, une familia- rite intime avcc nos chefs-d'oeuvre litteraires a tendii niailre de toutcs les ressoiuce^ de notre langue, a laquelle 11 apprend a reproduire, sans rien perdre de son elegante correction, prcsque toutes les formes de lalangue la plus pittoresqiie ctla plus expressive que le genie ait jamais parlee. Je me hate de prouver, par des citations, que eel ologe n'est point exagere. Je prends d'abord I'un des tableaux les plus parfaits dans I'original, et j'invite mes lecteurs a comparer le texte avec la version, afin de mieux apprccier I'heureuse fide- lite avec laquelle le traducteur a su rendre image pour image. C'est I'arrivee d'Agrippine en Italic, avec les cendrcs de Ger- manicus. « Agrippine, sans intcrrompre sa navigation, pendant la saison des orages, arrive a I'lle de Coicyre, situee en face des cotes de Calabre. EUe y passe quelques jours a remettre ses es- prits troubles par la violence de son affliction et I'inipatience du malheur. Cependant , au bruit de son retour, les amis les plus devoues, et beaucoup d'hommes de guerre qui avaient servi sous Gernianicus , un grand uombre d'inconnus des cites voisines, les uns par principe de devoir envers le chef de I'e- tat, les atitres par I'impulsion de I'cxemplc, accouraient a Brindes , le port le plus voisin et le plus sur ou elle put abor- der. Des qu'on cut signale sa flotte a Thorizon, aussitot la rads et le rivage, les remparts meme et les sommets des edifices , tous les points d'oCi la vue pouvait s'etendre au loin, se cou- vrent de spectaleurs eplores qui se demandent entre eux com- ment lis doiventaccueillir Agrippine a son debarquement, dans Ir silence, ou par quelque acclamation? Etl'on n'etait jiasencore fixe sur ce qu'exigeait la circonstaure, quand la flotte, qui s'a- van^aitlentement, toucha le port, noii point avec les siguesde ii8 litt£rature. I'alegresseordinaiie aux navigaleurs, mais dans tout I'appaieil (le la tristesse. Au moment on, sortie dii vaisseau avec deux de ses enfans , Agrippine parut, I'lirne funeraire cntre les bras, les yeiix attaches i la terre , il s'eleva de toutes parts un meme cri de doiileur; parens, etrangers , hommes et femmes,on n'eut distingue personne dans une telle unanimitc de gemisse- mens : seulement, le cortege d'Agiippine se ressentait de I'abat- ternent d'unelongiie affliction; la foule accourue a sa rencontre I'emportait par la vive expression d'unedouleur plus recente. » II est inutile, ce me semble, de detailler le merite d'une telle version; je m'arreterai seulement sur les deux mots dtfixit oculos; ils ont fourni a M. Letellier la matiere d'une note qui ma paru, ainsi que toutes celles qu'il a juge a propos de pla- cer dans son ouvrage, en les renvoyant a la fiu de cliaque vo- limie, pleine de gout et de raison ; la voici : » Les yeux attaches a la terre, defixil oculos. La Bletterie et quelques aulrcs, d'apres Muret, ont traduit : «Elle fixatous les regards ». Cene ne peut etre le sens du mot defixit , qui n'exprime la qu'une disposition du personnage principal, independantedel'effet que son apparition produit sur la multitiule. II est bien vrai qu'alors tous les regards se tournent vers un seul objet; mais, si le tra- ducteur presente cette idee, il fait disparaitre du tableau la figure meme d'Agrippine. Virgile a dit d'Andromaque : Dejecit vultum... de Didon : Ilia solofixos oculos. On pourrait multi- plier les exemples. » Le Iccteur me permettra de transcrire encore deux mor- ccaux d'un Ion different, I'un dun style vif, concis ct ner- veux , I'autre dune eloquence plus calme et pleine d'onction , propresalui donner une juste idee de la variete d'elocution du truducleur. Le premier est extrait du discoursde Galgacusaux Bretons, qui se trouve dans la Vie d'Jgricola. «Nulle habita- tion humaine au dela, rien que les flots, rien que les rochers; el (levant nous les Romains, dent le farouche orgueil nc serait LITTER ATURE. 119 dcsarme iii par vos soiimissions, ui par votre modeste exis- teuce. Devastateiirs du globe, quand la terre manque h lour brij,'andage, ils vont foiiiller les mers; avides, si rennemi est richc, et s'il est pauvre, ambilienx. Ni I'Orient ni rOccident ne peuvent les assouvir : uniques dans I'espece humaine, ils pour- suivcnt la richesse ct I'indii^ence avec une egale cupidite. En- lever, egorgor, depouiller, c'est, dans Icur perfide langage, ce qii'ils appellent gouveiner; et quaud un pays n'est plus qii'un desert, ils proelament qu'il est en paix. » L'autre morceau appartient a la peroraison de ce meme eloge d' Agricoln. — redige, coiiforniement aux decisions de I'Academie, par le secretaire ( M. William H. Keating). Philadelphie, 1825. In-S" de 20 pages. Ce rapport est le premier que I'Academie de Philadelphie ait public. II est tres-court , mais instructif, et il annonce aux natura- listes une source abondante de richesses qui leur est ouverte dans les deux mondes. On trouve ici des observations sur deux nouveanx mammiftres, un lamantin (^mananis) et un caproniys : I'indication de plusieurs memoires sur rornithologie, sur les reptiles , les poissons , les insecles , les mollusques , les vers et les zoophytes; sur les fos- siles et la geologic, sur la mineralogie, sur I'asironomie elle-ni(5me , qui trouve sa place dans les travaux des academiciens de Philadel- phie. Deux de scs niembres se sont occupes des cometes , de leur na- ture, de leur atmosphere , etc. La botanique y parait moins cultivee que les autres branches de I'histoire naturelle. On y remarque avec satisfaction les savantes ct laborieuses recherches ornithologiques d'nn nouvel academicien, M. Charles Bonaparte, livr^ tout entier aiix jouissances paisibles de I'etude ; seciira qiiies , et nesciafallere inia. 3. — * The american journal of science and arts. — Journal ameiicain des sciences et des arts , redige par Benjamin Silltman, professeurde chimie et de mineralogie an college d'Yale. New-Haven , iSaS. In-8*. Parmi les articles contenus dans le cahierdu mois de Juru , nous avoiis remarque un extrait d'un memoire de M. Quinby sur les cliaudieres des machines a vapeur. L'auteur borne ses recherches aux conditions de la solidite de ces appareils , en supposant qu'elles sont de forme cylindrique, comme celles des bateaux a vapeur, et qu'elles sont construites en fer forge. II determine I'epaisseur que doit avoir le metal, en raison de la pression que la vapeur exerce sur les parois des cliaudieres. Son calcul prouve que les machines ordinaires, dites a basse pression , ne sont pas micux pr^servces des dangers d'une explosion, que celles oil la force elastique d^- la vapeur ETATS-UNIS. i37. est portce jusqu'a 12 atmospheies , oa It jjoids d'uiie coloniie d'eau de 126 nicities de liauteiir, telle qu'etait k mnchine qui eclota sur le bateau a vajieur VEiiia. — Uii iiutre memoire de M. Quinhy sur la peiie de furee mi.tiicc, occ.isionee , our la partie ancienne, d'apres les nionumens les plus authentiques, manuscrits et imprimes; et, pour la partie moderne, d'apres les documens officiels , les procfes-verbaux du Parlement , de la Com- pagnie des Indes et des douanes , conime aussi d'aprfes les ouvrages ^,_ les plus! recommandables, savoir ceux de Mann, Ae Pnrchas , de Ml Child, de Petty, de Gary, de Davenanc, de Gee , de Postlethwaite , de ■ Uolts, de Rnynal , de Verelts , A' Anderson , de Robertson , de Play fa: r , GRANDE -BRETAGNE. 1^9 rle Macjikerson, de Ulilburn , de Colqhoun, de Tttchey, de Mill, de Klaprotk , de Phipps , de Prinsep , de Malcolm, de Thornton, et de Aannfo«/ ainsi que sur les Memoires et Transactions des Societes savantes en rapport avec I'Asie; par Cesar Moreau. Londres, iSaS ; Kinsburv , Parbury et Allen , libraires de la Compagnie des Indes , Leaden-Hall street. Brochure lithrograpbiee , oblongue, de 5 o pages in-folio; prix, i guinee. Un litre aussi detaille dispense de toule analyse; d'ailleurs, comment analyser un ocean de chiffres ? car , sauf I'enonce, annee par annee , des principaux fails qui sont relatifs a la Compagnie des Indes, tout le reste se compose de tableaux oii les chiffres sont tellement en- tasses que nous en avons compte six mille dans une seule page. On salt malheureusement combien il faut se defier des tableaux relatifs au commerce , en raison des nombreuses erreurs qui peuvent et doivent m4me s'y glisser. Les tableaux des importations et des exportations sont toujours fautifs, d'abord a cause des marcbandises importees ou export^es en fraude; ensuite a cause des evaluations. Les unes sont evaluees d'apr^s une valeur ofCcielle et convenue, qui n'est point la T^ritable, et qui a plutot pour objet de constaler des quantites que des valeurs; les autres sort evaluees d'apres les declarations des ne- gocians qui sont fortement interesses a deguiser la verite, soil dans un sens , soit dans I'autre. On pent ajouter a ces causes de deception, celles qui nalssent du besoin que rhonorable compagnie a d'obscurcir sa veritable situation, tant aux yeux de ses creanciers, qu'aux yeux de ses sujets, de ses actionnaires, du bureau du controle; et enfin , I'inter^t que le bureau du contr61e !ui-mdme, c'est-a-dire , le rai- nistfere , a de masquer certaines circonstances qu'il serait peu poli- tique de faire connaltre au parlement et au public. N'oublions point que tout cet etablissement de la Compagnie des Indes est soutenu par un echafaudage ruineux, oil une masse enorme d'inter^ts prives ont a lutter sans cesse contra I'intcret public , soit de la nation anglaise , soit de 'a nation indoue. Ce n'est que dans les pays qui sont gouvernes comma les Etats-Unis, el oii personne n'a le pouvoir de faira sa main aux depens du public , que Ton pent se flatter que les epithetes officiel et iicrilable sont synonymes. En faut-il eonclure que tous ces documens ne sont bons k rien ? loin de la. D'abord, malgre tous les motifs que Ton peut avoir d'al- terer la verite, cela n'est pas toujours possible. II y a des interets opposes au bien public , mais qui se conlrprient et se surveillent entr'eu\; des aveux, dont on ne sent pas d'abord toule I'iniportance i4o LIVRES ETRANGERS. ecli.-ippent quelquefois ; dniis cerl.iines occasion'- , il est utile de coii- naitre, siuou lu verile, ;iu moins ce qii'on vcul tlonner pour elle. Eufin , il y a iles objets sur lesquels personne n'er-t iiiti^resse a la deguiser, et on Ton n'a a redouler que les eircurs inevitables dans toute esp^ce d'operalioiis liinnaiiics. Atisii , scni-t-il diCCcile d'ecrire sui- la Compjignie des Iiides , s.-yis consiilter desorniais cet ouvrpge. Oil ne concoit pas pourqiioi M. Cos.ir Moreau a prefere I'impres- sion lltliogrnpliiqiie a rimpiession ordinaire. II lie parait pas qiiV'Ue soit plus econoiuique, car son cahicr se rend une giiiriee ; file est beaucoup inoins nette a Tccil et le format in - folio oblong est tri's-inconiniode. Plusieurs paities de son ouvrage, et njcme beau- couj) de tableaux , pouvaient se reduire au format 10-4°, et nieme a rin-8°; et dans les cas, nioins nonibreux qu'on ne pense, ou un ta- bleau synoptique etait indispensable, on pouvait deployer la feuille. II n'en faut pas moins admirer la patience de I'auteurpour recljer- cber et mettre en ordre de si nombreux renseignemens. Si le lecteur a de la peine a troiiver cequ'il veut savoir dans des pages in - folio d'une fine ecriture manuscrite, I'aiiteur a eu plus de peine encore, lorsqu'il a fallii les dresser et corriger les ^preuves. J. B. S. 5. — * ^n account, historical, political and statistical of the United- Provinces of Bio de la Plata , etc. — Revue historique, politique et statistique des Provinces-Unies de Bio de la Plata , avec un appen- dice sur I'occupation illegitlme de Monte-Video , par les gouverne- inens de Portugal et du Bresil; ouvrage traduit de I'espagnol. — Londres , i8a5, Ackermann. Un vol. in-8° de 345 pages, avec une carte de la republique de Bio de la Plata, et un plan de Buenos- Ayres; Prix, n shelliiigs. Les nonibreux ouvrages publics sur I'Amerique du sud prouvent le vif interot qu'inspire cette partie du continent aniericain. Qui ponrrait, en effet , rester indifferent au sort decQS belles contrees ? Qui pourrait, en lisant I'histoire glorieuse de leurs quinze dernieres annees, nepas admirer les braves enfans de I'Amerique, et ne pas etre epris de ces jeunes republiques de Colombie, du Mexique et de Buenos-Ayres, qui, a peine sorties des horreurs de la guerre civile , offrent deja le beau spectacle de I'ordre, de la paix et de la liberte. L'ouvrage de dou Ygnacio Nunnez , ne rappelle pas ^'antiques sou- venirs de chevalerie , de tournois , de feodalitc; on ne trouve pas dans les lieux qn'il decrit des cathedrales gotliiques, des cbilteaux en ruines , des palais magnifiques ; on n'y voit r>oint des cours brillantes , ni la pompe mililaire. ni I'edat trompeur d'une noblesse suzcraine; GRlADE-BUETAGrs'E. i 4 1 mais on V Irouve de jeiuies gouverneiiieiis econcmes , tolerans , pro- tectenrs, qui cou'Iuiseiit a la civilisation et au bonhenr iitie population long-teins ignorante et opprimee] on y voit dcs for^ts dans leur ma- jestc primitive , des flt'uves rois , de vertes savanes , des montagnes qui leceL'nt de I'or dans lenr sein , des cascades, des lacs , des j)laines superl)es ; et tout cela , jadis sterile , inrulte , depeiipie dans les mains du despolisme espagnol, acqniert aujourd'hui de la vigueur et de la vie dans celies de la liberie. Nul voyngcur n'avait jusqu'ici donne snr la republique de Rio de la Plata , des details aussi etendus que M. Nunnez. II en trace I'liis- toire , il en expose les ressources; il peiut les nioeurs de ses habitans; il examine la forme de son gouvernement et disculjie son pays des reprocbes que pourraient lui adresser des personnes mal informees ou pen eclairees , au sujet des scenes sanglaufes dont ce pays a etc le tLeatre,dans les premieres aiinres de son emancipation. II prouve que ces dissensions intestines elaieut funieutees par les gouverne- mens de I'E-jrope, qui voulaient imposer nn roi a la nouvelle repu- blique, et qui, pour arriver a ce but, soufflaient pnrtout I'anarcliie, afin de degoiiter le peuple de la liberie ; « mais , en supposanl menie la royaute etablie a Buenos-Ayres , dit notre auteur, elle ne pourrait jamaisy devenir nationale, et elle ne pourrait s"y maintenirquepar le secours des bayonnettes etrangeres. >■ M. Nunnez consacre une partie de son ouvrage a la description des vingt differens etats qui coinposent la re|)ublique federative de Rio de la Plata. Citoyen de Buenos-Ayres , ayant exerce des fonctions importantes pres de ce nouveau gouvernement, ayant vislte lui- in^me les diverses provinces de I'Union ; ay.int etudie leur position , leurclimat, leur etat actuel, il dit ce qu'elles sent, et ce qu'elles pronietieut de devenir. Ce travail sera coiisulle avec fruit par les Europeens, qui voudront a Her s'etablir dans ces contrees. La republique de Rio de la Plata n'a pas une population proportionnee a I'etenfiue deson territoire; abondamment pourvue sous tous les rappoiis, elle manque seuiement d'babitans; elle en demande a I'Europe. Les savans, les commercans , les industriels , les agriculteurs , les victimes du des- polisme politique ou religieux trouveront dans son sein tolerance et liberie; non seuiement la republique les invite a venir yivre dans le plus beau cliaiat del'Amerique, sous un gouvernement protecteur, au milieu d'uu peuple hospitaller , mais encore , elle s'oblige, par I'ar- ticle i3 du decret du i3 avril 1824, a payer le passage de cbaque emigrant, jusqu'a concurrence de cent dollars (5oo fr.) par passager; i/|2 LI V RES ETR ANGERS. et, par I'afticle 9 tlu mfiine dccret,a lui fournir, aussitot apr^s son arrivee , les nioyens d'exercer son etat on son Industrie. M. Nunnez termine son ouvrajje par un appendice contenant I'liis- torique de la contestation qui s'cst elev<-e enlre le Bresii et Buenos- Ayres , relativenient a ['usurpation de Monte- Video. 11 demontre que cette derniere ville , ar.ciennement dependante de I'Espagne , n'a ete incorporce a reuipire du Eresil que par la forpe des armes , et contra la volonte de ses habitans ; que , depuis cette invasion , ils ont vu le fer et le feu deciiner leur population et detruire leur commerce et leur Industrie. La justice et la politique veulentegalement que Monte- Video soit reuni a la republique de Buenos-A.yres ; et celle-ci ne peut laisser entre les mains d'une nation etrangere un des principaux ports de Rio de la Plata , celui surtout qui est , pour ainsi dire , la clef de toutes ses possessions. La guerre entre ces deux puissances peut produire d'importans resultats. La lutte ne sebornera pas a la prise de Monle-Video. Un gouvernement absolu.au milieu des repu- bliques libres, est un contre-sens politique, et il doit tomber sous les armes de la liberte , ou bien tout souniettre a sa puissance. La cause de Buenos-Ayres est celle de tons les etats libres de I'Amerique 3u sud : ils doivent detroner la tyrannic , s'il ne vculent pas ctre suhjugues par elle. Get ouvrage , traduit de I'espagnol , meriterait egalement les hon- neurs d'une traduction francaise. Frederic Degeokge. 6. — * New Russia. — La Nouveile Russia; Voyage de Riga en Crimee par Kief, avec quelques details sur les mocurs et les coutumcs ^i des colons de la Nouveile Russie , ainsi que des notes sur les Tatars de Crimee; par 71/rtne Holdebness. Londres , iSaS. i vol. in-8". L'intention de I'auteur est, comme il le dit lul-m^me, de remplir les lacunes qu'ont laissees les relations anterieures sur la Crimee , et d'offrir surtout des peintures nouvelles. En effet , ce volume contient des remarques et des observations assez justes et assez neuves sur la condition et les moeurs du paysan russe , aiiisi que des donuees interessantes sur le sol, le climat et le commerce de la Russie meri- dionale , et particnlierement de la Crimee. Miss Ilolderness n'a point manque d'observer aussi le progres des lumieres en Russie. ■< Les facilites accordees (dit-elle) au commerce et aux ctrangers qui veulent s'etablir dans le pays, les sommes appliquces aux etablissemens pu- blics et la creation des manufactures , montrent une tendance active vers tons les genres d'amelioralion. Les lumieres comiuenreut a etre apprecieas et a se repandre; la superstition perdra de son empire; GRANDE-BRETAGNE. 143 les inter^ls de la noblesse vont se contbndre pen a pen avec ceux dii peiiple, at I'industrie Tiendra satisfaire aux besoins que la liberttr fera naitre. Nous pouvons concevoir a cet egard les plus flatteuses esperances, quaiid nous voyons le monarque,les premiers seigneurs de I'empire , et les dignitaires de I'eglise , unir leurs efforts pour repandre la lumiere du christianisme sur une population igno- rante et encore barbare. » Les details que I'auteur donne sur que!- ques usages , sur les proverbes russes , sur les abus et las vexations des employes du gouvernement, vexations qui prennent leur source dans la mediocrite des appointemens accordes par I'etat a ses fonc- tionnaires ; sur la visite de I'empereur en Crimee, sur sa maniere d'e voyager, sont assez exacts et surprendront sans doute les etran* gers (i). L'auteur se trompe en faisant mention d'un gouverneineitt . de Crimee qui n'existe pas : c'est du gouvernemenc de Taitride , situe sur la presqu'ile de Crimee, qn'il s'agit. La description des colonies etrang^res de la Russia meridionale est la partie la plus importante (i) La veualite des fonclionnaires russes, de tons !es rangs, est certaine- ment un des vices les plus funestes a la prosperite de I'empire des tzars. Pour apporter un exemple a I'appui de la citation empruntee a mistriss Hol- derness, il suffira de dire que les appointemens d'un maltre de police, on chef d'une petite ville (gorodnitclie) , sont de 3oo roubles (ou 3oo fr.) par an, et le traitement d'un general major, de 2,000 rouliles. Celui de tous les em- ployes doit etre eralue approxiniativement sur ee pied. Un professeur de sciences exactes, d'histoire ou de litterature russe, dans chaque gymnase, a de 6 a 700 roubles ; I'auteur de cette note, qui a occupe, pendant plusieurs annees, une cliaire de langue francaise dans un gymnase russe, recevait 400 roubles : les professeurs de langues eirangeres etant moins retriljues , parce qu'on suppose (ce qui est generalement vrai) qu'ils trouveront plus facilemeut a augmenter leurs re<<»enus par des lecons particulitres. Du reste , le professorat est hieu mieux retribue, comparatlvement , que beauconp •(1 autres emplois : on a peuse , sans doute , que les professeurs avaient moins de moyens que la plupart des autres fonclionnaires de I'etat, pour corriger les torts de la fortune. — Ou volt, par ce simple aperou, combien out a tra- vailler, aux depens de I'etat et du peuple, ceux qiu investis de places, sans avoir aucuu patrimoine , les quittent avec une fortune phis on moins con- siderable. II y a bien, de terns en tcms , quelques exemplcs de justice et de punitiou ; mais ils sont, en gcueral, pen propres a cffrayer ; ct , commc ils se bornent presqne toujonrs a la destitution pure et simple, le successeiir du coupable n'eu devieot fres-souveut que plus actif dans les moyens qri'll prend pour assurer sa fortune, avaut qu'un parcil obstacle ne vienno I'ar- "■*'«■•• N. d. R. 144 LIVRES ETRA.NGERS. de I'ouvragrt ; on y voit les Tatars Noqais , premiers habit.ms ties Steppes de Li Russia niprirlloiiale , quiltant lour vie nomade pour sc riHinir dans des villages. lis sni>t encore, neanmnins, lents el pa- resseux tlaiis les tiavaiix de ragricultiire; ils prrferent rediicalion des tioupeaux ; et il ii'a faliii rieti nioins rpie la cliei te cxes'ssive des grains pendant ces derni^res amu'es , pour les engager a cuiiiver le lile. lis sont surlout haliiles voleurs, et ils enipluieiit ce talent a derober des chevaiix qu'lls vont vendre en Criniee, oi'i ils en volcnt d'aulrcs fiii'lls reviennent vendre dans le voisinage, ayant toujonrs Tart d'echapper a la surveillance do g'liveriu'ment. Les colons i^n-ct sont exti^menient proces^ifs , Apres au g.iin et jalonx des snrces d'autriii; ils font tons les meliers, sont manvais eultivatenis et n'en- tendent rien au soin des troupeaiix. Les objrts princip:iux de leur culture sont le tabac et les choux. Dans la saison niorte, ils sont tons employes dans les villes a la construction des muisons. lis trieotent beaucoup de bas , etrange occupation , remarque m'ss llolderne.ts , pour les descendans d'un penpio passionne jiour les jeux atliletique'. Les femmes, qui sont fori sales dans leurs v^temens et leurs liabi- tations, portent Thabit turc, et m^me le voile : les bonimes con- servent I'ancien costume grec , re qui les distingue f.icilement des Tatars. L'aversion que les colons grecs conservent pour la pratique de I'inoeulation , est un exem]ile de la tenacite des prejuges. La vaccine n'a pas pu prendre non plus clicz eux. Lenr croyaiice dans la predeitinalion est un grand obstacle a rititrodnciiou de la vac- cine. Les aulres colons de la Russie uieiidionale sont des Sm'sses, des Ihilgares , . Enc. , t. xxv , p. i afi.) Get ouvrage peut ^;re regarde coiuiue classique ; et c'est le nieillcur guide que puissent choisir tous ceux qui vont parcourir etjdmirer la belle et piltoresque presqn'ilc de la Criniee. R. E. GRANDE-BRETAGNE. i45 7. — * Johannis iViltoni, anqli, de Doctrine, cltrisliana. — Abrc'ge de tlieologie dogmatique et morale, ouvrage posthume Ae Jean Mii.- xoif, publie, d'aprts le manuscrit autographe de la bibliotheque de rUniversite de Cambridge, par 67;. iJ/f/vorii Sumner. Cambridge, iSaS. I vol. in-4° de 55o pages. L'Anglais Milton , ne en 1608 , mort en 1674 , fut , conime poele j un beau genie, comme politique et comme tlieologien un ecrivain remarquable. De ses deux poemes epiques, I'un sur le Paradis perdu , I'autre sur le Paradis reconquis , on ne lit , on ne connait generale- ment que le premier ; mais cettc production singulicre , etonnante , inegale, est si riche en beautes de tout genre et du premier ordre, que, malgre ses defauts, elle aura toujours des admirateurs. Envisage du cote politique, Milton fut , dans sa conduite et dans ses ecrits , un republicain temeraire et audacieux. II luifallut obtenirdes lettres de grace, apres le retablissement du trone. Quant a sa tlieologie , elle fut ce qu'elle pent ^tre aux yeux des calholiques , dans la religion reformee, oii Ton n'a de regie que sa raison personnelle , avec son propre avis acluel fur I'autbenticite de cliaque livre de la Bible el sur ]e sens de chacun des textes qu'il renferme; elle varia, suivant les circonstanccs ; et I'auteurfut, dans sa jeunesse, pttritain zele; dans sa virilite, independant; eusuite, anahaplisle; il Cnit , dit-on,par reconnaltre, comme etant dans la voie du salut , toutes les societes de Chretiens , a I'exception de I'Egiise catholique romaine. II avaif , ue sonvivant, publie un long traite .swr la vraie religion , et trois ou- vrages sur la reformation de VegUse anglicane ; on peut les voir dans les editions de ses oeuvres en deux ou trois volumes in-folio, et en pluslcurs volumes in-quarto. D'apres ces divers traites,on a pii long-tems croire inutile de faire imprimer le livr* posthume de la doctrine chretienne , qui fait le sujet de cet article, et que j'ai pris la peine de lire en entier, avec les notes , peu impoitantes, de I'editeur. Le livre premier, c'est-a-dire les trois quarts de ce traile, ecrit en latin , sont relatifs aux dogmes , tels que Milton a cru devoir les determiner ; le reste du volume forme un second livre , entieremeut consacre a la morale ; et le tout est suivi d'une table alphabetique des matiferes. Sur cheque point, I'auteur a telleraent accumule les pas- sages de I'Ecriture, qu'ils forment eux seuls plus de la moitie de I ouvrage. Le rtste consiste en doctrines et interpretations, en rai- sonnemens pour soutenir ces interpretations , et en citations des theo- logiens niodernes, choisis presque uniquement parmi les calvinistes. Les conciles et les ecrivains ecclesinstiques de tons les terns , avant T. XXVIII. — Ortohre 1^25. 10 i4fi LIVRES AtRAIVGERS. Calvin , soiif des souices que Milton ne consulle presque jamais. Pour le fond de sa doctrine il est, en general , calviniste , ma's con- sequent aux principes de la reforme. II va quelquefois beaucoup plus loin aue son niaitre Calvin ; par exemple , ilte declare anti-trinitaire; .' il ne trouve point illicite la polygamie, m(5nie dans I'Kvangile ; et il conseille un culte sans liturgie et sans celebration du dimanche. II n'enseigne point ici le regicide qu'il avait justifie dans ses ouvrages politiques ; il ne le deconseille pas non plus ; il va pourtant jusqu'a declarer (p. 53) , qu'il est sage de cider au terns , J'obeir aux tjrrans dans les chases Ucites, pour le bien de la paix et pour celui de la surete. Deux planches gravees accompagnent ce volume; elles contiennent Aes fac sirnile de I'ecriture de Milton; la premiere offre plusieurs textes latins extraits de sa iheologie posthume,et la seconde une petite piece de poesie anglaise en I'honneur de sa famine; une autre semblable, en date de I'an 1662 , en I'lionnenrdu Grand Cromwel qui go'.ivcrne I'Angleterre , au trovers d'un niiage d'hostilites et de diffama' tions, guide par la foi et un immense courage , dirigeant ses pas glorieux I'ers la paix et la verite... Lanjuinais , de Plnstitut. 8. — Colecion de las mas celebres romances antiguos espaiioles , his' toricos y caballcresoos. — Recueil des meilleures romances anciennes espagnoles, hlstoriques et chevaleresques ; public par G. - i5. Dep- PING, et maintenant considerablement ameliore par un Espagnol refugie. Londres, iSaS; Don V. Salva ; Bossange et C". 2 vol. in-12, iraprinierie espagnole deCalero. Depuis quelquo-teais , I'attention des litterateurs s'est reportee vers cette ancienne poesie espagnole qui a fait, pendant plusieurs siecles, les delices des liabitans de la Peninsule , et dont le gout ne s'est pas encore eteint chez les Espagnols actuels, malgre la poesie eraphatique moderne , qui semble dater de la miJme epoque que la domination autrichienne. Les Espagnols possftdent plusieurs recueils de leurs anciennes romances : le Romancero, ouvrage tres-rare aujourd'hui, J en contient a pen pr^s un millier; encore est-il loin d'(5tre complet, Mais, dans la plupart de ces recueils, la mauvaise poesie moderni est melee aux romances simples et naives des anciens Castillans! D'ailleurs, ayant ete destines pour le peuple, ils sont generaleniea! tres-mal et tres-fautivement imprimes. En Allemagne plus qu'ailleur les savans se sont occupes a reproduire les vieilk-s chansons popa laires de la Castille ; Boiiterweck, dans son Histoire de la lilteratu, espagnole, y a consacre plusieurs pages interessantes ; Herder a tr duit les romance': du Cid. Eti 1817, le libraire Brockhaus, a Leipzig « GRANDE -BRETAGNE. 147 <3oTina un recueil des princlpales romances historiques, chevalerei- ques etmauresques des Espagnols, avec une introduction historique et des notes de M. Depping qui, pour ce choix, avail puise dans un grand norabre d'ancieus recueils publics autrefois en Espagne, et avait, pour la premiere fois , mis en ordre ces pieces fugitives. Un Espagnol refugie a Londres vient de donner dans cette ville une nou- velle edition du recueil de M. Depping , qu'il signale , dans sa pre- face, com me le meilleur qui ait paru , maigre les defauts qu'on y remarque. L'^diteur espagnol , aide par un imprimeur de sa nation., n donne un texte pigs correct que Ton n'avait pu I'elablir a Leipzig; niais il a eu le tort de retrancher un grand nombre de romances, entre autres toutes les romances du genre mauresque qui sont gene- ralement iuteressanles. II serait a desirer que Ton fit aussi, en France, pour les amateurs de la litterature espagnole, une edition de ce re- cueil; roais il faudrait qu'elle fut aussi correcte que I'editioa de Londres, et aussi complete que cellede Leipzig. (Voy. Bev. Fnc, t. xiv, p. 614, 1'annonce d'une co//ec/io/; de ce genre puhlieepar M. Hugo). M- 9. — Father Clement, etc. — Le pere Clement, nouvelle catholique. Edirabourg, iSaS. i vol. in-18 de 870 pages; prix , 4 sb. 6 p. Get ecrit est I'ouvraged'une dame ecossaisedc I'eglisepresbyterien- iie; ce n'est,d'un bout a Taut re, qn'une conlinuelle con tro verse sur la question de supcriorite entre les eglises catliolique et ecossaise.Quoi- qne public depuis peu de mois seulemeut, ce livre a dej.i obtenu trois editions ; on le recherche avec empressement el il est la maticre des entretiens des societcs de Londres. L'autcur a deguise , par I'inlerdt du roman,Ia sccheresse de son sujel , et ses personnages sontpeints avec babilele. L'inlrlgue est simple et I'cvenemenlsur lequel elle est fondee , est suppose avoir eu lieu en 17 i5, lors du dernier effort des Stuarts pour reconqnerir le irone dont ils avaient elejustement cbas- ses. Le sujet de cet ouvrage n'est cepenVant lie en aucune maniere aux evenemeus de cette ejioque ; il tire tout son interet de la discus- sion de divers points de llieologle debattus entre le caiholi^jue Cle- ment et quelques jeunes calvinisies. En general , les meilleurs argu- roens sont avances par les .'(ectaires , et il est evident que le pere Cle- ment penchait ))our leur doctrine, quoiqa'a son lit de mort, il ait rempli les derniers devoirs piescrits par IVglisc romaine. La grande vogue qu'a obtenue ce petit ouvrage montrc combien Ton aime en Augleterre les dissertations religieuses. Les doctrines professees par les deu'c sectes representees dans ce livre , ne sont pas conformes a celles dela majoritcdcs lecteurs anglais ; et cepcndant, i/,8 iivtiES Strangers. on les lltavec nntnnt cl'iiiter^t que si elles avaient pour ohjct ta de- fense cles principrs de Icur propre eglise. Le succes prodigieux de ce livre, ainsi que de celui qui a pour litre Tremaine, ou I'Homme dii monde , et dont la Revue E/irychpedique a rendu conipte dans un pr^- c6dent caliier ( Voy. T. xxvi , cahier de mai , p. 45o) , rcvele !a tendance actuelle des esprits eri Angleterre. Les zeles sectateurs de toutes les communions, anglicane, ecossaise ouromalne, ont tou- jours fait leur aliment des controverses 6crites par les defenseurs dc leur foi. Chaque opinion , en Angleterre , est exprimce avec liberie 'et ecoutee avec interet ; d'une discussion liabituelle est nee la facilite a exprimersespensees ; il en resulte que les ouvragesqui , il y a trente ans, etaient regardes comnie abstraits , sont actuellement compris par tons. La politique, la religion, les sciences , sont devenus des objets d'examen et de controverse aussi communs que les nouvelles du thea- tre et les courses de clievaux de Nt^^'-Mar/iet. Le resultat de cet esprit d'investigatlon est des plus favorables aux progies de la raison hu- maine : non-seulement , la verite se dccouvre plus aisenient , lors- qu'elle est franchement recbercliee parlous; mais I'expression libre de loute esp^ce d'o])inion a fait releguer chez le vulgaire la bigolerie et I'intnlerance que les argumens de Tremaine et les controverses du Pere Clement n'ont pas peu contribue a bannir des hautes classes de la societe. Fanny Seymour. lo. — Lionel Lincols, or the Leaguerof Boston , etc. — Lionel Lincols, on les I-igueurs de Boston; par I'auteur de VEspion , des Pionniers , etc. Londres, i8j5. 3 vol. in-8° ; prix 21 sh. Lionel Lincols est I'ouvrage d'un de ces citoyens peu oombreux des Etats-Unis , dont les ecrits sont devenus populaires en Europe. Loin deblftmer I'Aiiierique d'avoir produit peu de bons ouvrages, il faut s'etonner , au contraire , qu'elle puisse en offrir un aussi grand nomhre , relativement a sa situation. S'il est vrai qu'aux fitats-Unis I'industrie et le travail trouvent facilement une existence assuree et commode, il est egalement certain que peu depeisonnes dans ces contrees ont assez de ricliesses bereditaires pour s'exempter de tra- vaux agricoles , commerciaux ou industriels. C'est une nation d'lioni- mes utiles, d'liommes de travail. Les aufeurs y ont peu de tems pour ecrire , et les lecteurs moins de tems encore pour lire les ccrits fri- yoles, SI populaires en Europe. Ces causes ont dii influer sur la culture des letlres. Les trois americains qui , de nos jours , ont montre le plus de talent dans les ouvrages d'imagination , sont Brown, Irving et Coor'F.R. Brown , dont les cents portent dans I'Ame cet interet et j GRANDE- BRET AGNE. i4<) celte melancolie que prodnit toiijours la lecture de Godwin , vecut et niourut dans I'obscurite et dans une sorte d'indigence ; Irving , eut le bon esprit de quitter une terre ou le peuple n'etait ni assez oisif , ui assez cultive pour apprecier ses elegantes bagatelles ; et Cooper , I'auteur de Lionel, \e plus populaire des trois dans sa patrle , niais jusqu'ici le moins connu en Europe, a reussi aupresde ses con- ciloyens, parcequ'il a pulse les sujets de ses ouvrages dans I'histoire de leur revolution. C'est la tout le secret de I'auteur pour se faire lireavectant d'interet. Lionel Lincols est le nioins attachant des romans deM. Cooper; et les caracteres qu'il y a reprcsentes sont les moins interessa^s de ceux qu'il a introduits dans ses ecrits. Mais , il rend compte du siege de Boston , des batailles de Lexington et de Bunker's-Hlll, premieres operations militaires des insurges americains , et la chaleur avec la- quelle ces faits sont decrits , la syuipathie qu'on eprouve pour la cause de la liberie et pour les braves gens qui combattireiit pourelle , font oublier la longueur du recit et riuvraisemblance des caracteres. R. K. , de rUniversite de Cambridge. Revue sommaire des principaux ivcueils periodiques sur les sciences , les leitres et les arts, puhlies h Londres eta Ediiii- bourg. — Deuxieme article. (Voy. Rev. Enc. , tome xxvii , p. 767.) //. Relij^ion et dfloralc. 11. -^ The quarterlj theological Review. — Revue theologique tri- mestrielle ; n° 3. Londres , juillet iSaS : Revingtou i vol. in-S" ; prix 6 sh. 12. — The Herald of peace. — ue Heraut de ia pai.t ; n" a du vol. i/jc. Londres , juin iSaS ; Hamilton. In-S" ; pri.x i sb. t3. — Christian's quarterlj Register. — Registre trimestiiel du Chre- tien. Londres , iSsS ; prix 2 sh. 14. — The evangelical Register. — Le Registre evangelique. Londres , juillet 1825, n° 7 ; Baynes. i vol. in-8° de 3o pages avec gravures ; prix 6 pences. L'Angleterre est le pays oii I'ou imprime le plus d' ecrits employes a la propagation ou a la defense de la religion ; dans la seule ville de Londres, il parait plus de vingt de ces ouvrages, publics tons les trimestres , tous les mois ou toutcs les semaines , par les differentes secies protestantes , calholiques , mcthodistes , imitaivcs, etc., qui i5o LIVRES jfeTRANGERS. iiiveiit eiipaix dauscette capitale, exercaiit librement leur cuUe, et manifestant sans aucun obstacle leurs opinions et leurs doctrines. La Revue Thcologique est redigeepar des ministresdelVglise angli- cane , et ne tiaite que des mati^res religieuses ; le cahier de juillel contenait viugt-deux articles, dont plusieurs sent ecritsavec talent , et ce qui est digne d'eloge , dans un esprit de tolerance. Le Heraiit de la /mix n'est que le recueil des travaux de la socii'-le fondee a Londres, pour Tetablissement de la paix sur toute la terre. Les sentimens qui animentles redacteurs philanthropes de ce journal, meritent la reconnaissance publique. « Dieu de bonte , auteurdetous les (5tres, vos regards paternels embrassent tous les objets dela crea- tion ; mais Ihomme est I'ctre de -votre choix; vous avez eclaiie son ame d'un rayon de votre lunii6re immortelle ; comblez vos bienfaits, en penetrant son coeur d'un trait de votre amour :ce sentiment divin se repandra partout, reunira les nations ennemies ; Thomme necrain- dra plus I'aspect de I'homme ; le fer homicide n'armera plus sa main; le feu devorant de la guerre ne fera plus tarir la source des genera- tions ; I'esp^ce huinaine , maintenant affaiblie , mutilee , moissonnee dans sa fleur , germera de nouveau , et se mullipliera sans nombre ; la nature, accablee sous le poids des fleaux , sterile, abandonnee, re- prendra bient6t, avec une nouvelle vie , son ancienne fecondite ; et nous, Dieu bienfaiteur, nous la seconderons, nous la cultiverons, nous I'observeronssans cesse, pour vous offrir a chaque instant un nouveau tribut de reconnaissance et d'admiratjon ! » Ce passage, que nous em- pruntons a Buffon , exprime les sentimens professes par les menibres de la Societe de la paix uiiiverselle. En iisant leur dernier cahier , on Toit que ces idees font d'immenses progr^s , et Ton pent esperer que I'epoque arrivera eufin ou les peuples ne se dechireront plus au profit dequelques ambitieux , ou I'esclavage sera banni de la terre, et ou Ton cessera d'admirer des inventions meurtriferes, telles que celle d'un canon a vapeur qui , dans un jour, pent moissonner i5,ooo hommes. Le Registre dii Chretien et le RegisCre Evangeliqiie ont de I'analogie avec nos Archives du Christiaidsme an xix" siecle, qui sont a leur hui- tifeme anneeet paraissent tous les mois , et avec la Revue P rotes tante , nouveau journal mensuel que M. Coquerel public a Paris , depuis quelque-tems, avec autant de talent que de succes. ///. Politique et Litteraturs. 1 5. — The Edinburgh Review. — Revue d'Edimbourg; n" 83v Londres , juin iSaS ; Longman, i vol. in-S"; prix 6 sh. GRANDE-BRETAGNE. i5i 1 6. — The qttarterljr Review. — Revue publiee quatre fois par an , n» 63. Londres , jain iSaS ; Murray, i vol. in-8° ; prix 6 sh. 17. — The Westminster Review. — Revue de Westminster , n° 7. Londres, juillet iSaS ; Baldwin, i vol. in-S" ; prix 6 sh. iS. — The European Review. — llevue Europeenne. Londres , Jan- vier i8i5 ; n° 7 ; Pouchee. i vol. in-8° ; prix 7 sh. 6 d. 19. — The Retrospective Review. — Revue retrospective , n° a3. Londres , juillet 1825 ; Baldwin, i vol. in-8° ; prix 5 sh. Au premier rang des recueils trimestriels publics a Londres , sont placees les Revues dC Edimbourg (i), Quarterly et de Westminster. La pre- miere represente le parti wigh ou constitutionnel ; la seconde , le parti torj- ou aristocratique , et la troislemele parti appelle radical. Ces trois recueils sont rediges par des liommes egalement distingues dans les sciences et les lettres. La Revue d' Edimbourg est la plus ancienne ; elle a ete dirigee pendant vingt ans par M. Jeffeky , que vient de remplacer M. Mac-Culloch ; elle conipte niaintenant plus de quinze mille abonnes ; et Ton noninie parmi ses rcdacteurs , MM. Brougham, Mackintosh , Jefpery , etc. La Revue Quarterly doit son origiue a une querelle survenue entre les proprietaires de celle A^ Edimbourg ; lesdissidens, s'etant retires , formerent un autre journal qui adopta les principes des torys , et s'assiira par ce nioj en douze mille abon- nes. Elle eut loiig-tems pour editeur M. Gifforu j auquel vient de succeder M. Coleridge ; ses principaux redacteurs sont MM. Sou- THEY , Choker , Mh-majt , etc. La Revue de Westminster n'a point encore deux annees d'existence ; elleestadministree par M.Southem , et redigee par MM. Jeremie Bentham, Mill, Bowrihg , Place, etc. La Revue d' Edimbourg '^o\x\t , a juste litre, d'une reputation euro- peenne. Sa critique est ordinaireraent juste ; elle professe un sage li- beralisme; et si Ton pent lui reprocher des preventions nationales , souvent exagerees , on doit la louer de sa Constance a defendre la cause de la raison centre les prejuges etle fanati. me , et les droits des peuples contre le despotisme et I'aristocratie. Le dernier cahier de ce lecueil justifie ces eloges : II contient une analyse impaitiale de I'histoire d'Angleterre du docteur Lingard ; un essai interessant (i) hi Revue if Edimbourg s'lm^tTiTae: daus la capitale de I'Ecosse; mais, comrae la plupart de ses redacteurs sont de Londres, on a cru devoir la compreudre parmi les joiirnaujc publics dans cette derniere ville , ou elle est tres-repaudue. (f^oy. t. xxvii , p. 736, I'aualyse du dernier cahier de ce recueil. ) 1^2 LIVRES l^.TRANGERS. siir la poesie aiiglaise ; un long article sur la loi anglaise relative am etraiigcr,? {alien law of England); uiie reviis des nouvelles italiennes de Roscou ; uiiercponsc piquaiite et severe au livre |)ublie parM. Grin- field, contre I'ouvrage de M. Brougham sur VEdiicationdu pcuple ; uiie critique spiriluclle de Spirit of ihe age; et surtout uu article re- marquable sur les memoires deFoucIicet de Napoleon. Le critique suit Napoleon , depuis son entree dans la carriere des armes jusqu'a son elevation au trone imperial. II trace un tableau rapide des evene- mens qui se succederent en France , depuis le i i vendemiaire jusqu'a- pres I'usurpation du i8 brumaire. Taut que Bonaparte ne fut que soldat , il semblait ue savoir que ce qui s'npprend dans les camps ; apr^s ses premieres victoires , il assistait regulierement aux travaux de rinslitut dont il etait membra , s'entourait de savans , et semblait promettre un gouvernement plus civil que militaire. D^s qu'il eut lenverse la lil>erte , ce ne fut plus un guerrier epris du noble amour des sciences , et ne recherchant que la societe des savans; ce fut un despote entoure de satellites et d'espions , et protege par une garde nombreuse, choisie dansl'elite de rarmee. « Legiandnioyen de popu- laritd de Napoleon, ditle redacteurde la Revue d'Edimbonrg , consis- tait a s'approprier le merite du bien que la revolution avait produit, et a en rejeter le nial sur les amis de la liberie (dont les plus sinceres et les plus illustres avaient etc victimes des exciis memes contre les- quels lis s'etaient prononct's avec energie). Sa defection de la cause de la liberie fut falale a sa gloire et a son repos ; et , s'il est Impos- sible de ne point geniir sur la perte des avantages qu'il pouvait as- ■ surer a la France, on ne saurait murmurer contre le coup qui ren- versa le despotisme militaire , et soumitpar la force le puissant ca- pitaine qui avail detrtiit par la force les liberies de sa patrle. » Ce passage exprime une idee vraie. Si Napoleon fut lombe vingt ans plulot , la France n'aurait point manque de generaux ; elle n'aurait pas ele degradee par douze annees de despotisme , el la coalition ne I'eut point Irouvee sans armes et sans institutions. Plus eslimee que la Revue d'' Edimbourg , par la maniere dont elle tralte les littcratures anciennes, la Quarterlj- \m est inferleure en phi- losophic eten politique :e!le partage les preventions nationalesde la premiere, et combat meme pour la conservation des privileges du elerge , des droits de la noblesse et du pouvoir absohi des rois. Son dernier cahier estpeut-6tre un des plus faibles qui aient paru depuis- plusietirs annees ; et , si Ton excepte un article de M. Southey , sur les missions de VEgUse dC Angletetrc , une agalyse de I'ouvrage da doc-J , GRANDE-BRETAGNE. i55 teur Henderson , {Uistoire des -vins anciens el modernes), et un excellent article sur les coramencemens de I'histoire romaine , le reste n'offre Hen de reinarquable. L'article intitule : Origine de la cour d'eqnite [Origin oj equitable Jwidicdon) , est incomplet ; deux autres articles, sur le f^ojage dans I'Amerique du Slid , de M. Caldcleugh , et sur les Contes feeries del'Irlande (Irish fairy Tales), pichent par deux dcfauts contraires; le premier, par une severite excessive, et le second , par une indulgence frop louangeuse. Celui qui a pour titre : De I'etat passe et present de V Angleterre ( The past and present state of the Country ) ne manque point de vues profondes ; mais il est malheureusement suivi de declamations absiirdes contre I'educatiun du peuple. La Revue de JFestminstcrne&X. ni aussi savante, ni aussi methodique que la Quarterly ; mais sa tendance est franchement liberale ; et , si parfois elle tombe dans I'exageration , si elle attaque avec trop de virulence ceux qui ne pnrtagent pas ses principes politique* , elle parait encore, m^me en s'egarant, dirigee par des motifs louables. Ses redacteurs n'ont peut-etre pas les talens philosopliiques et litte- raires qui ont fait le grand succes de la Revue A'Edimbourg; mais elle n'excite pas, comme le journal IVigh, les rivaliles nationales, et elled^nonce et poursuit les privileges et les abus de tous les genres, dont le journal Tory s'est conslitue le defenseur. On trouve , dans le caliier de juillet, une analyse raisonnee de la collection des Chroni- ques nationales francaises , publiees par M. Buchon; une critique du Voyage en Angleterre de M. Blanqui ; un article tres - philosopliique surle Code anglais du duel ( The British Code of duel), etc. On y rend comple aussi de I'Duvrage important de lord John Russel : Memoires des affaires de I'Europe depnis la paix d' Utrecht, et de la traduction des Fables russes de Kriloff. Nous avons rendu compte de ces deux ouvrages dans nos cahiers de mai et de juin. (Voy. Rev. Enc, t. xxvr, p- 3^2 et p. 717.) Maisle morceau le plus important de ce cahier est celm qui traite du Systcme actuel d'educacion en Angleterre ( Present System of education ) ; on y sigaale les abns existans dans I'enseigne- ment public; et, si Ton n'indique pas preciseraent les remedes qu'il conviendrait d'y apporter , on fait au moins sentir qu'ils ne peuvent se trouverque dans I'etablissement des nouvelles universites, formees sur un plan tout different de celui qu'ou suit a Oxford et a Cam- bridge. ■' Quoique nous ayons deja les trois Revues d' Edimbourg , Quarterly et de TVestmtnster , toutes trois opposees I'nne a I'autre, il ne serait i54 LivRES Strangers. pas Inutile, tlit I'auteur d'un ouvrage receniment public (i) , depos- seder un quatri^me journal, qui ferait connaitre la politique des trois partis, la di.Ti>rence de leurs sysf^mes , et qui s'cxpliquerait sur les personnes et sur ies choses , sans projuges el sans esprit de parti. » La Reviie Eitrof/eenne avait cru pouvoir «e charger de cette tAche; elle Toulait n'embrasser aucune des opinions professees par Ies journaux que nous venons d'exnminer ; elle annonca , dans son prospectus , « qu'elle n'ecrivait ni pour les wighs , ni pour les torys , ni pour les radically. » A I'exemple des doctrinaires francais , elle pretendait ne s'adiesser qu'a la raisun. Queiques numeros de ce recueil ont paru , mais n'ont pas rerapli I'attente d'un jjublic eclaire. Rediges par des ecrivains d'opinions differentes, ces numeros n'ont offert , ni unit6 de vues , ni conformite de priiicipes, et ce journal s'est traine a la 'j suite de tous les partis , faule d'en avoir francliement adopte un. La Revue Europeenne etait , dans son oiigine, publiee tous lesmois; on veut la transformer en un recueil trimestriel; le cahier de Janvier i8a5 avait ete annonce; mnis la publication en a ete indeiiniment ajournee , quoique deux ou trois ecrivains , en France, eussent pre- dit a ce nouveau journal, meme avant sa naissance, les plus bril- lantes destinees , un peu par esprit de coterie, et par nialveillance contre une entreprise rivale et anierieure, dont on empruntait en partie le plan et qu'on se flattait de renverser. En parlant de la Revue retrospective , la Revue Eiicyclopedique du mois de Janvier 1824 (tome xxi, page 147 ) disalt : « C'est une heu» reuse idee que celle d'avoir consacre un recueil entier ^ I'examen des ouvrages anciens, tombes dans I'oubli par notre amour' pour la nou- 1 veaute ou par les changemens survenus dans les niceurs et dans le langage. Retournant en arriere avec autant d'empressement et de curiosite qu'en mettent les nouveaux journalistes a s'elancer au-de- vant des productions nouvelles pour en predire la chute ou le snccfes, les savans redacleurs de ^'e journal du passe ne se lassent point de fouiller les annales de lalitterature anglaise; chaque ti imestre, ilsea tirent de nouvelles curiosites , qui viennent faire diversion aux ecritsl du jour. » Ce recueil a obtenu tout le succes que lui predisait alors la Revue Encyclopedique. Le cahier, publie le 3o juillet dernier, contienl (;) Babylon the Great, i vol. in - 12. Ouyrage dont nous rendrons comptfl inccssamuicut. GRANDE- BRET AGNE. i55 les nieces lalincs jouees devant I'universitede Cambridge ; deux trai- tes choisis du D"" Rust; iesactes et ordoiinances du long parlement ; des poesies diverses de Spencer; les ceuvrespoetiques de Jean Cleav- land, et la vie de Thomas Firmin, citoyen de Londres, etc. ; chacun de ces articles renferme une analyse de rouvrageretrouve , avecdes details sur la vie de son auteur , et sur son merite litteraire. 20. — The classical Journal. — Journal classique; n° 6a. Loudres , juillet iSaS ; Sherwood, i vol. in-8° ; prix6 sh. 21. — The quarterly Magazine. — Le Magasin trimestriel. Londres, aout 1826; Ch. Knight, i vol. in-S"; prix 6 sh. 22.— The British lieview. — La Revue Britannlque. Londres, iSaS ; Seeley. 1 vol. in-8" ; prix 4 sh. aS. — The philomatic Journal. — Journal philomatiqne. Londres, juillet 1825 ; Longman, i vol. iii-8° ; prix 5 sh. 24. — The Album. — L'AILum. Londres, avril iSaS; Andrews. I vol. in-8° ; prix 6 sh. Le premier de ces ouvrages est principalement consacre a des es- sais et a des dissertalions sur les langues anciennes, sur la litterature orientale, et sur les travaux des universites d'Oxford et de Cam- bridge. Des hellenistes distingues et d'hahiles iheologiens sont atta- ches a la redaction de ce journal. Dans le dernier cahier, a cote d'observalioDS savantes sur les langues grecque et latine , on lit une dissertation curieuse sur I'etat de I'Sme , aussitot apres la mort ; et dans I'article suivant, des sujets de thfenies et des extraits de poesie a I'usage des ecoles , etc. Le Magasin trimesttiel et la Revue Brilannique sout composes a peu pres sur le plande la Revue d'Edimbourg ; la difference est que celle- ci donne plus a la politique , tandis que les deux autres accordent davantage aux sciences et aux lettres. Dans le dernier cahier, par exeniple,on trouve un article concernant la Loi sur les grains ; une lettre sur VEcnnomie politique ; un apercu des projets de loi passes dans la dernifere session du parlement , et quatorze articles consacres a des analyses d'ouvrages litteraires , ou a des morceaux inedits de poesie. Le Journal philomatique , ou Journal des amis des sciences, est re- dige paries membresdela Societe philomatique de Londres. La Societe et le iivre sont egalement ignores du public, et meritent peut - 6tre cette obscurite. On trouve dans ce recueil des articles dhistoire el de grammaire, d'anatomie, de morale ct de politique; on y definit \'es- '^G LivRKs Strangers. prit dans un article ties-einuiYeux , et I'oii y dcfeiul avec pen de lulci»l les systfemes des docteiirs Gall et Spurzheiiu. V.itbuui est un recueil compose de coutes, de nouvelles, et d'a' uecdotes. Ou y rencontre de beaux vers, et la prose n'y est pas sans mdrite. Cast peut-6tre I'ouvrage le mieux ecrit dans ce geure , et le libraire Peytieux , de Paris , pourra en extraire de nombreux ar- ticles, pour la collection qu'il piepare des meilleiiis uioiceaux de la litterature anglaise. Ce journal ne s'occupe point, ou s'occupe tr6s-peu de sciences et de poliiique ; mais il consacre une partie de ses cabiers a I'analyse des ouviagesde litterature les plus importans , |)ublies en France ou dans les p;iys etrangers. Le dernier caliier con- lenait un article tres-interessaut sur I'etat des sciences et des lettres dans les deux Ameriques , tire presque litteralement de I'ouvrage de Caldcleugb. — J'ai remarque dans I'un des cahiers precedens un ar- ticle fort bien ecrit sur le romanbistorique de M. de Sismondi, inti- tule : Julia Sei'era. ( Voy. /?tc. Enc. , t. xv,p. 102.) On y signale cet ouvrage comme le seul de ce genre que la litterature francaise puisse opposer aux productions de Walter Scott. 2 J. — The Pamphleteer. — Le Pampbletairc. Londres, 1825 ; Valpy. I vol. in-8°; prix 6 sh. 6 d. Le but de cet ouvrage est de former une collection cboisiedesbro- cbures et des panipblets, publics sur toutes les matieres. On y troiive, tiaduits en anglais, la plupartdes eciits politiques de MM. dePradt, Benjamin Constant , Cbateaubriand , Paul-Louis Courier , etc. On y mscre aussi quelques articles originaux , parmi lesquels on en re- marque plusieurs du general Pepe , sur la politique des elats de I'Eu- rope et sur les revolutions survenues dans ces etats depuis cinq annees. Le Pamphletaire est un journal utile : c'est I'effroi du girottet- tisme. afi. — The Quarterly musical Review. — Revue musicale trimestrielle. Londres , iSaS; prix 5 sb. II se public a Londres plusieurs journaux de musique , parmi les- quels on distingue celui de M. Leigh, {The Harmoniion). Nous en par- lerons a I'article des recneils mensueU. Quant a la Rerue musicale trimestrielle , nous ne la connaissons que par son litre , et nous nepou- vons que Tindiqucr. ( Cet article sera continue ). RUSSIE. 27. — EucKEMis , inscctorum genus, monographice tiactatum iconi- busque illustratum , a C. G. barone de M^nnekueim, philosoj:bi» I RUSSIE. 1 57 iloctore , socieiatuin naturae curiosoiutn cces. Moscoviensismembro, etc. Saint - Petersbourg , iSaS. i vol. in-S" de 36 pages, avec planches. 'L'Entomologie est una des parties les plus iinportantes del'histoire naturelle, mais aussi una des plus difficiles pour le naturaliste qui veut I'explorer dans toutes ses ramifications. En effet, I'etude des insectes se compose d'une multitude infijiie d'observations faites avec la plus courageuse perseverance et les soins les plus minuticux. Ella suppose un esprit assez patient pour s'attacher aux details et, tout a-la-fois, assez etendu pour les classer et en former un systeme ge- neral. Si les personnes appelees par etat a cultiver I'histoire naturelle ont des litres a la reconnaissance generale pour leur devouement a d'aussi utiles travaux, celles qui consacrent a cette science les loisirs que leur laissent des fonctions publiques ne sont pas moins dignes d'eloges (r). M. de Mannerlieim , employe dans I'administration des affaires de Finlande, apjiartient a cette derni^re classe. Son traite sur VEiicnemis , ecrit dans Ta-ncien idiome des sciences , la langue la- tine, est un ouvrage d'un grand merite et d'une utilite incontestable. Les planches , dont II est enrichi , sont dessinees par I'auteur , avan- tage essentiel pour 1' exactitude des descriptions. 28. — Vermischte Abhandlungen aus dem Gebiete der Heilhiinde , etc. — Divers morceaux relatifs a la medecine , publics par unc Societe de medecins. St. -Petersbourg , 1821-1823 ; imprimerie de I'Academie des Sciences. 2 vol. in-8° de 258 et 227 pages , avec cinq planches ; prix 14 roubles. Sous ce titre , les medecins les plus renomnies de la capitale de la Russie, publieut leurs observations, leurs remarques et leurs juge- mens sur differens sujets , relatifs a la medecine et sur divers cas dignes d'une attention particuliere qui s'offrent a eux , dans la pra- tique. Ccs deux volumes contiennent les articles de MM. Blum , Milhausen , Harder , Midler , Biisch , Volf , Ranch , Smith , Lerche , MuUiis , Veisse , Kraiiigsfe/d , Mayer et Reman. 29- ' — Glavriie Osiiavan'ie , etc. — Principaux elemensde la Geometric analytique des trois dimensions ; par Dmitri Perevoztchikof , Mos- (i) Nous citerons ici I'important ouvrage entomologique recemmeut pu- blie a Paris par le general Dejean, sous ce litre : Species general des coleo- pteres de la collection de M. le comte Dejean , et que nous ferons connaitre avec soin a nos lectears , lorsqu'il en aura paru plusieurs livraisons, et.npres qoeoous les aurons rccues. N. d. r. 1 58 LivREs Strangers. cou , i8aa ; imprimerie de rUnivcrsit(;-. r vol. in-S" de 8a pages , avec une planclie ; prix , 4 roubles. M. Pprevoztcliikof, professeur-ad joint de rUniversfte deMoscou, a augmentc le nombre des boiis livres elemeiitaires russes , relatifs nux sciences exactes , en pubiiant ses elemens de Geomelrie anafytique. Son livre est d'autant plus utile qii'il en existait tr^s-peu de ce genre en Russie , ou Ton ne pouvait citer que Yjigebre et les Cnlciih s'.pe- rieurs , ouvrage important , complete par les nouvelles dccouvertes faites dans ccs sciences , et qui a ete publie, il y a environ douzeans , par feu M. Platon Gamvley , connu par sa profonde erudition : ses travaux out ele Ir^s favorablement juges par les plus celebres nia- theniaticiens de notrc terns, tels que MM. Kraft, Fuss , Francocnr , Normand et plusieurs aufres. II y a beaucoup de traductions russes des ouvrages d'Euler, de Fuss , de Cousin, de Lacoix; mais ces ouvrages lie peuvent^tre mis au nidme rang que ceuxde Gamalcy. Les ouvrages dece dernier ont le nierile dY-tre, par une exposition claire et precise de la science , d'exceliens livres elemenlnires. — M. Perevozlcliikof, outre I'ouvrage que nous annoncons, a publie encore une traduction du Coiirs des Mathematiques pti/es de 3J. Fkaiscoeub ( Moscou , 1819 , in-8° de 55 r pages , avec 12 planches) , et une Arithinellqiie pour les commencans ( 1810 , in-8° de 79 pages). Le merite du premier de ces ouvrages est assez universellement reconnu et apprccie : la traduction russe en etnit , pour ainsi dire, indispensable. Le second peul-clre recommandc comme le meilleur livre eleinentaire pour ceux a I'usage de qui il a ete publie. On pent remarquer ici , qu'en Russie le nombre des bommes qui s'occupent de la culture des sciences exactes est encore bien liinile. Tandis que les mathematiques font de tr^s-grands progres en Europe, et surtouten France, nous restons avec nos vienx livres elementaires, ignorant les progres rapides que de recens travaux ont fait faire a cede partie des connaissances humaines. Les bons esprits , amis des lumieres, devraicnt etablir, en Russie, des communications plus regulieres et plus suivies dans le cercle des sciences , afin d'etre toujours au niveau des connaissances qu'ajoutent chaque jour tant oul, bati dans le roc. Sous le n° 4 est un plan de la conlree de Thebes; sous le n" 5, un plan de la contree du Delta duNil; sous le n" fi, celui des cataractes du Nil a Sjene. La seconde livraison con- tiendra d'autres parties inteiessantes de TAfrique. 38. - * Generalcharte vom. alten Grieckenland. — Carte generale de la Gr^ce ancienne, avec les contrees voisiiies de I'lllyrie, de la Ma- cedoine, de la Thrace et de I'Asie-Mineure , et les noms modcrnes des lieux , etc.; dessinee par le professeur D' Fr, Kruse. Leipzig, 1825 ; Kleins. Prix 18 gr. i thai, sur pap. vel. L'auteur, tres-connu des lecteurs de la Revue par ses ouvrages sur la geographic, est le m^me qui a public dernierement un livre intitule Hellas , ou Description geographique des antiquites de la Grece, des pays voisins, de la Macedoine, de la Thrace et des colonies. Leipzig; chez Voss. 5 vol. avec cartes et plans, format d'atlas. II est aussi editeur de \' Atlas historique et geographique du moyen age, et de recherches savantes sur cet'.e partie de la geographic. D— F. 3r). — Papiergeld diirch Getraidevoridthe -verbiirgt , etc. — Papier= monnaie garanti par des approvisionnemens de bles; moyen prompt et peut-etre unique ponrrelever la prosperite decline de rAUeniagne, la recreer sur des bases inebranlables, et eviter a I'avenir les incon- veniens de la rarete et de la trop grande abondance des grains;' par ZohiVGali,. Treves, iSaS. Depuis quelques annees, une stagnation generale dans le com- merce des grains fait peser sur la classe agricole , et particuli(>re- ment dans le nord de I'Europe, un etat de gene et de penurie auquel les gouvernemens s'efforcent de porter remede par Tadoption de inesures plus ou moins efficaces. Deja quelques philanthropes ont ecrit sur ce sujet, et ont propose des systemes qu'apres un examen iiu peu reflechi, on n'a pas tarde a trouver dcfectueux ou imprati- cables. Voici un ecrivain qui s'attache a refuter ses devanciers, quel- quefois d'une maniere fort amere , et a prouver que son systeme est le seul qui puissc concilier tous les interets et reunir tons les suf- frages. Le titre qu'il a donne a son ouvrage promettail beaucoup; nialheureuseraent, l'auteur n'a pas entierement repondu a nos espe- rances. Selon lui , le bas prix de la niain-d'oeuvre est la seule cause de la niisere a laquelle est en proie la classe industrielle et agricole de rAUeniagne ; et le seul moyen de relever la prosperite decline de son pays, serait d'elever le salaire des ouvriers. Quelques-unes des rcfleiions auxquelles il se livre a ce sujet sont pleines de justcsse; i6H LI V RES IlTRATsTtERS. nous regrettDiis de ne pouvoir eii dire autaiit de quelques autres , qui nous out pnrii ('•trangemeiit paradoxales. Nous croyous , par exemple, que I'auleur aura de la peine a persuader a ses lecteurs que le sy«- tiine des armi'-c"; peruianentes n'est pas essenliellenieiit ruineux , ft que I'iiinoinhiable quanlite d'eniplovt's dent on se sert dans tons les pays pour faire mou voir la machine si compHqueedel'admir.istralion publique, n'est pas une veritable plaie sociale. Le papier-monnaic dont il propose remission, qui aurait pour garantie les recoltes de chaque commune, que Ton deposerait dans des silos communaux, et qui representerait la valeur que le ble doit toujours avoir, selon lui , ne nous parait pas nieriter uu examen approfondi. Le moindre in- convenient d'une telle mesure seralt de multiplier a Tinfini cetle espece iX'assi^nats , pulsque chaque commune devrait avoir un pa- pier-monnaie partlculier, qui ii'anrait chuis qu'enlre ses habitaus. Alors, de quelle utilite serait-il au m;dhenreux fermier pour payer ses impots et ses loyers ? S'il etait oblige de le negocier, ce qui ne pourrait avoir lieu qu'.i des conditions tr^s-defavorables , n'cst-il pas evident que les effets dn systeme de I'aufeur seraient tout-a-fait illusoires ? D *. 40. — * Staatuvissenschaftllche Be(rachtiiiis;en iiber Cicero's wieder- gef'iindenes If^'erkvom Staale. — Reflexions politiques sur le livre retrou- ve de Cicdron, de Repiiblicd; parM. le D'' Ch.-S. Zvchvri.e. Heidel- berg, 1824; Groos. Gr. in-8°. M. ZacharJa; est connu par plusieurs ecrits politiques , et par- ticulierement par un ouvrage allemand, de Republica, en vingt livres, dont les dix derniers se font attendre encore. II a soumis I'ouvrage de Ciceron , si heureusenient retrouve de nos jours, a une profonde meditation , et le coramenlaire politique qui en est le resul- tat est digne lui-m(5me d'etre medite. Ses reflexions soiit un pen de- cousues et manquent quelquefois de clarte; mais plus souvent elles at,testent son savoir et sa perspicacite, et annoncent un homme fami- liarise avec I'etude des interets soclaux. Elles sont renfermees dansM sept chapitres, dont le premier developpe en traits generaux I'opi- nlon de I'au'.eur au sujet de' I'ouvrage de Ciceron, et les six auties^ comraentcMit les matit'res coutenues-dani chacun des six livres. L'au- teur fait des rapprochemens t.-es-curieux , en comparant a la poli« tiqae des anciens celle des peuples modernes , ainsi que celle quii regie de nos jours les relations inter-nationales. Ses vues sont sou- vent tresingeiiieuses ; I'histoire ancienne parait cependant liri 6tra plus familiere que celle du moyen Age ct des tems modernes. Sou ALLEMAGNE. 1 6y style est energique et ch^ti^. Le syst^me qu'il adopt e est nionar- chique, mais approprie aux lumiores du sifecle; il apjirecie les bien- faits que tout pays doit a une constitution reguliere et fid^lement executee. J. H. S. 4i. — * Der Nonvegiiche Scorihiny iin Jakre , 1824- — La Diete norvegienne en 1824; Expose historique, avec pieces officielles et authentiques , par M. Henri Steffens. Berlin, 1825. In-S" 200 pages. L'auteur de cetle brochure , norv^gien de naissance, anjourd'hui pi-ofesseur distingue a I'universite de Breslau , ayant fait tout recem- nientun voyage danssapatrie, 011 sent qu'il n'a pas pu rester indifferent aux changenieus poliiiques quis'y sont operes depuis i8i4- H expose, avecbeaucoup d'exactitude et de fidelite, les objets iniportans qui out ^te discutes par la di^te de 1824 , et la marche des discussions de cette illustre assemblee, dont tons les membres , sans exception, fiddles a leurmandat,ont rendu des services incalculablesauroyaunie de NoTvege. M. Steffens n'emet pas son opinion particull^re au su- jetdes propositions royales ou autres quiont ete soumises a I'examen de cette diete; il se borne au role de simple rapporteur conscien- cieux ; et nous supposons que sa position , comnie professeur dans une Universite prussienne, lui a rendu cette reserve necessaire. Neannioins , il commence par dire , que « de toutes les difetes , qui ont etc reunies depuis 1814 , celle de 1824 a ete la plus remarquable non- seulement a cause de la haute importance des matieres mises en dis- cussion, mais surtout par la grande solidite des discours prononces , parlecalrneimposanl qui a preside a toutes les deliberations et par I'u- nanimiteabsoluedetoutes les resolutions. » C'est unbel hommage que M.Steffensarenduacettedifete ; mais il est parfaitement merite. A la fin de eel te brochure, nous trouvons deuxactes authentiques: les s/aitits de I'unlversiiede Christiania , et la constituiiondii royatime. Dans cet arran- gement, on voit quel'essentiela dfi ci'derlepas araccessoire;maisilfaut pardonner une pareille predilection a un professeur ujiversitaire. Toujoiirsavons-nous vuavecplaisir la publication decetacte ingporfant quoiqn'onpuisse dire que ce n'etait point la sa place. Heibehg. 42. — * Gustav-Jdolph der Grosse , Konig von Sck\veden. Ein histo- risches Cemdlde. — Gustave-Adolphe-le-Grand , roi de Su^de; tableau historique; par M. Louis de Raitgo, capitaine prussien. l^eipzig, 1824; Hartmann. Gr. in-S", viir, 828 ct i65 pages, avec le portrait du roi. Prix 9 fr. Le niodeste monument qu'ou voit dans les plaines de Lutzen, et qui est connn sous le nom de la pierre du Snedois , a reveill6 dans 170 LIVRES ETR ANGERS. iiotre aiiteur ufi desir qu'il nounissait depuis long-tenis. Gustave- Adolphe , ce lieros dii Nord , nieritait, av;int beaucoup d'autres, riionneiir d'une biograghie. Ne,en i594, d'un cadet de la famille du grand Gusiave Vasa , il n'avait aiicune esperance de parvenir au trone; n^anmoiiis, le celebre Tycho - Bralie lui predit de grandes deslinoes. 11 eut le rare fconheur de trouver uii digne ami dans la pcrsonne d'Axel Oxenstiern, et les seutimens qu'ils concurent I'uu j)Qur I'autre dans leur tendre jeunesse durerent toute leiir vie. II se forma dans les guenes centre le Danemarck, la Moscovie et la Po- logiie,quidevinrent ])lus tardle theatre desbrillanssuccesetdesrevers noil moins etonnans d'uu de ses successeurs , et devint ce grand ca- pitaine dont Tilly fnt oblige d'avouer qu'a\ec lui c'etait deja gagner que de ne pas perdre. Quelque grande et noble que fut la carrifere de Gustave, I'ambilion el I'amour du pouvoir n'etaient pas sans in- fluence sur son ame; mais ses principes etaient ceux d'un sage, et sa conduite celle d'un roi. La piete , la bravouie et riiumanite etaient des traits de son caractere. Sa mort, au sein de la victoire, est altribuee a la trabison du due Francois de Lanenbourg ; niais cette circonstance u'est pas encore bien cclaircie. — La biograpbie que nouf donne M. de Rango est bien ecrite ; la disposition des fails , le cboix des materiaux , la vivaciie de la narration, la rapidite du style, merltent des eloges. L'auteur toutefois n'est pas exempt de partialitc pour son beros ; il cbercbe des excuses a plusicurs actions qui ne meritent que le bl3me. Avec des materiaux conime ceux qu'il avait a sa disposition, les ev6nemens auraient pu etre mieux deve- loppes , et Ton serait en droit d'attendre de lui des lumieres uou- velles sur la vie de cet bomme celebre. Les Memoires de la reinc Cbristine, les ouvrages de Harte , Schiller, Grimoard , Riibs , Ar- chenholz , Chemnitz, Spanheim , cut servi a l'auteur; mais plu- sicurs autres livres sur le mcme sujet paraisseait lui etre restes incoii- nus , et les archives de Vienpe , de Munich, de Wolfenbultel , de Dresde et de Weimar renfermenl encore une foule de manuscrits et de documens inedits qu'il auraitpu mettrea contribution, et qui auraient repaiidu sans doule une vive lumiere sur le sujet qu'il a traite. On do- sirerait aussi une critique plus sevfere et une etude jtlus profonde de la politique tortueuse du sifecle de Richelieu. Quelques faits que l'au- teur avance sont inexacts; d'autres gagneraieiit a etre presentes sous un point de vue different. M. de Rango se sert , du reste, quand il en trouve I'occasion, des propres tcrnies de ses devanciers ; il rap- porte meme des passages entiers de leuis ouvrages dans sa partie ALLEMAGNE. 171 supplenientaire. Si I'historien ap|)rend pen cle choses nouvelles dans cctte biographic, elle lui retrace an moins assez fidelement tout ce qui etait connu jusqu'ici, et forme une lecture instructive el amu- sante. Elle est divisee en six livres, qui, avec une introduction, uiarquent autant de periodes de la vie du grand roi. Le texte est sin"vi d'un supplement qui se compose de notes tr6s -nombreuses, et d'line table des maderes tres-compl^te. J. H. Schnitzler. 43. — Des Marcus Valerius Martialis IFerke. — OEuvres de Mar- tial, tradnites en allemand par Willmann. Cologne, iSaS. i vo- lume in-8°. Qui ne connait Martial ? son nom est a jamais attache a ce genre de poesie que les anciens appelaient epigramir.e , dans un sens phis ctendu que cehii que nous donnons a ce mot, et qui rend parfaitement I'ex- pression allemandc Sinngedichte. Beaucoup de personnes , toutefols, ignorent quecet excellent poete estne en Arragon, a Bilbao (Bilbilis) , vers I'annee 43 de J. C. , la premiere du r^gne de Claude r aussi , M. Willmann le rappelle dans sa preface. II a soin de nous dire que Martini fut eleve a Calahorra ( Calaguris ), 011 etait ne son ami Quintilien ; qu'il etait sans ayeux et qu'il se presenta dans le monde sous I'egide de son propre merite. M. Willmann pcnse neanmoins que Martial etait citoyen romaiu de naissance; aiitrement , dit-il, il n'au- rait pas manque de nommer son patron et de lui consacrer quelques pieces de vers. Au surplus, les droits de citoyen etaient alors peu dc chose ; Claude les prodigua au point de les rendre derisoires; Vespa- sien , au rapport de Pline , confera a toute I'Espagne le droit des Latins (y'/fj Z.«r(j; ) ; Caracalla , non content de cette concession , lui donua la plenitude du droit de cite. L'auteur de cette preface, trou- vant dans les poesies de Martial ( 1. x , 24; xii , 60 ), la preuve qu'il est ne le premier mars , rapporte a cette circonslance la raisonqui lui a fait donner son dernier nom. Arrive a Rome i) I'age de 22 ans. Mar- tial resta pendant trente cinq ansdaus cette capitaleet en Italic; c'esl- a-dire, qu'il yit parser les regnes de Neron , de Galba , d'Otlion, de Vitellius, de Vespasien, de Titus, de Domitien, de Nerva et de Tra- jan. Il avail joui de toute la faveur de Domitien; peut-ctre I'a-t-il achetee par de basses flatteries envers un prince dont le nom n'aurait du figurer dans ses vers que pour y etre fletri. Quoi qu'il en soil , re- biile paries froideurs de Nerva et de Trajan , ou bieu tourmente du desir de revoir sa patrie , il quitta I'ltalie avec MarceUa Clodia, sa feinme, et mourut trois ans apres , dans les lieux qui I'avaient v.i naitre. '7* LlVllES ETRANGERS. M. Willniann ne nous parait pas exempt du travels des coinmen- tnteiirs, qui ne manquent jum lis de tronver leurs anteurs parfaits , qui pensent que tout est bien dans celui au char duquci ils se sont , jjour ainsi dire , attaches, croyant le suivre dans la posleritc. Apres de longs details sur Martial , il traite de I'epigramme et do son objet, et de celles de Martial er. particulier. 11 y trouve les trois qualites essentielles , fi/mraj, 'vennstas , acumen, \a pricision ,\a grace , et \n poince OM le trait. Aussi s'est-on borne 4 I'itniter ; c'est ce qu'ont tajt Lessing et Hagedorn. Le premier qui ait ouvert un route nou- velle, est I'illustre Goethe. M.Willniann a retranche, dans sa traduc- tion , ies passages qui pouvaient blesser la decence; elle est toute en vers , sans que Ton se soit attache trop servilement a reproduire tous les mots de I'auteur original. Ramler, dont le nom est justement ce- lebre , avait aussi traduit Martial en allemand. 44- — bebcr die nciientdeckte rccmischc Kiederlasstin^ ztt Hiegel tin lUeisgait. — D'un ^tablissenient romain r^cemment decouvert a Rie- gel en Brisgau , avec une instruction pour faciliter les recherches d'ohjets d'anliquite dans cette contri'e, et une petite carte de Riegel et des environs. Fribourg, rSaS. Im-S". Ce petit ^crit de 5o pages, et qui presente pour' la science des re- sultats si interessans , n'est cependant qu'un modeste programme pour la distribution des prix du gymnase de Fribourg. Mais cette viile conipte, outre son universite , beaucoup d'hommes de me- rits. Kous avons sor.vent parle des recherclies de M. J. Leichtlen , et de ses travaux snr la Souabe romaine; M. Schreiber, autenr d un livre sur la guerre des paysans, a signe la preface de I'ecrit | que nous annoncons , et auquel il parait avoir une grande part. D'a- bord on recherche I'origine du nom de Riegel, et on rejette les ety- mologies germaines ou romaines, pour en saisir une celtique, en rappelant le grand nonibre de mots et de nonis celtiques dont on re- trouve la trace dans cepays, que les Gaulois venaient primitiveraent occuperi volonte, conimecelaestattestepar Tacite. Onse decide pour Jiigola, qu'on traite de diminutif de lieigno; et a ce sujet, on invoque la sigtiificatlon francaise de rigole. Mais passons a des choses plus positives : les decouvertes de M. Leichtlen avaient montre sur ce point trois routes romaines ; et depuis , de vastes fondations a Riegel et aux alentours , attestent que c'etait ici un des principaux etablisse- mens du Rrisgau superieur. La montagne Saint-Michel conserve les vestiges d'une citadelle, et la tradition locale est encore vivante, au sujet de Fantique splendi'ur de ce lieu. On remarque surtout dans les ALLEMAGNE. 173 constructions que le hnsard et les besoins wn. Ila ladie dereunir toutcs ses idees sous un seul et m^me point de vue, dans I'ouvrage que nous annoncons pour combattre les observations contraires qui lui avaient ete adressees. II espfere ainsi justiCer et accrediter la nouvelle re- forme qu'il voudrait introduire, en Italic, dans la theorie et la pra- tique de la medecine. L'ouvrage est divise en quatre parties. La premii^re traite de la vie en general et de I'etal de sante; la scconde, de la vie dans I'etat de maladie ; la troisieme contient des reflexions sur la theorie de rinflammation du professeur Tomasini ; et la qua- trieme, les reflexions critiques de l'auteur sur la doctrine du doc- teur Broussais. F. S. 61. — * Igiene de' Tipografi. — Hygiene des imprimeurs , par le D"'. BuNivA, correspondant de I'lnstitut , etc. Turin , 1825. Les imprimeurs de la ville de Turin ayant forme entre eux uiie Societe d' assistance reciproque, M. Buniva , qui remplit les fonctions gratuiies de medecin de celte association, a adresse a ses membres cette courte dissertation sur les moyens hygicniques qu'ils doivent employer pour prevenir I'influence dangereuse de leurs travaux. II combat rinsoucianc'e des ouvriers qui ne s'assujetissent pas a cerfai- nes regies necessaires de proprete et de temperance. — II recommandc aux fondeurs de caracteres d'adopier leproc(;de de ventilation forcee, imagine par M. D.ucet , et il voudrait que, dans tous les ateliers, on \Si LIVRE;>|^TRA.miERS'- substitudt au mode ordinaire d'eclalrage , les lampes a courant d'air d'Argant. Nous esperons que ce vccu de I'auteur sera rempli , au de- l.i de ses esperances par I'usage des lampes de gaz livdrog^ne portatif. Nous devons applaodir avec tons les hommes de Iiien, au sentiment genereux qui a dicte a M. Boniva cet excellent code de sante. II est a souhaiter que Ton en redige de pareils pour tous les arts insa- lubres. B. 6i. — * Frospetlo , etc. — Tableau des observations faites a la cll- nique niedicale de I'Universite de Naples , durant les annees i82t>, 1821, 1822 et iSaS ; par M. Antonucci professeur,etc. ; ouvrage r( - dige par MM. Rotijndo et Antokucci professeurs adjoints. Naples . i8i4> Borel. i volume \n-^° dc ac)4 pages, avec 4 tableaux nosogra- phiqiies. Les particularites les plus remarquables qn'offre ce tableau, son? celles d'une hydropliobie spontanee, et d'un pouinon compietement hdpatise, de maniere que la substance en etait tout-a-fait niecon- naissable. — Le nombre des morts a ete a celui des malades recus dans les salles de clinique , comme dix est a cent. E. G. 65. — Saggio suW ediicazione finco-morale , etc. — Essai sur I'edn • cation physico-morale, par Marco Pasetti. P.idoue, 1824? Crepini. In-8°. L'auteur semble avoir connu les theories de Locke, de Rousseau, d'Helvetius et deKant, sur I'dducation. II en tire les maximes ct les conseils qu'il croit les plus convenables pour completer une education generale et particuliere. II tache d'eviter les extremes , ct de concilier les moyens de la nature et de I'art. 11 determine les, • epoques oil Ton doit s'occuper uniquement ou principalement di» developpement du corps , et de celui de I'esprit. II recommande comme fondamentales les idees que Ton acquiert au moyen des sous. 11 parait mcnie satisfait , si I'on se borne a ce genre d'idees. II sem- ble ne lenir aucun compte des autres idees qui derivent d'aulres organes interieurs , ou d'autres facultes de I'esprit. II ne les rejelto pas, peut-^tre; niais il pease, sans doute , que , si les idees pri- mitives ou fondamentales ne sent pas assez exafctes , toutes les au- tres, acquires ulterieurement, ne peuvent ; el ce qui est encore digne d'attention, I'ouvrage, sous quelques rap- ports, peutextirper les restes de certains prejuges dout les de.'fcen- dans de ces families ont souvent lu-rite , et reveiller en eux des seii- timens plus g<'nereux et plus justes. 70.— Leiterv d'tina IiaUnua ,elc.~— Letlros d'uno It.iliciine, parM"*^ C.iroUna Deck., b.uonnc- C-..srKZ>. Naples , i825;Mai<.:ta ct Vaus- pniidoch. In-B". i88 LIVRES filR ANGERS. L'h^roine de ce ronian , CUlie Derlcmayr , dans des lettres adress6es a Criscide, 4011 ainie, decril I'origine et les vicissitudes de son amour. Au milieu de scs etudes , elle devient amoureuse de Lysandre, qui repond a sa tendresse; niais , comme le jeune amnnt est d'un rang sujierieur a celui de sa hien aimee , son pere condamne une passion qu'il juge contiaire a I'bonneur de sa famille .Par I'ordre de ce dernier, Lysandre est enferme dans nn cachot. Dans cet affreux isolement , cejeuneinfortune, desesperant derevoir son amante, sent augmenter sa passion et finit par succomber a ses chagrins, sous les yeux de Clelie elle-meme,quiareussia lerejoindreunpeuavant samort. Clelie, apr^s avoir baigne de seslarmesie tombeaudeson ami,ne tarda pas a termi- ner aussisadouleur et sa vie. C'est Criseide qui trace le tableau de ses derniers jours et sa fin deplorable ; Clelie, dans sa longue correspon- dance avec son amie, nous a paru se livrer a des discussions philoso- pbiques qui s'accordentpeu avec sa passion et avec les embarras etles malheurs auxquelssa vie est livree. Elle ne perdpasde vueles circons- tances et les accldens politiques qui ont cause ou accompagne ses in- fortunes. Ses considerations trop souvent r^petees, quoiqu'elles prou- ventrespritcultivederaufeur, semblentun peuetrangeresau caractere du roman. On dirait que la baronne Cosenza a voulu se montrerplus savante encore que passionnee. Cependant, elle poss^de I'art de tou- cher I'Ame, artbien plus difficile et plus necessaire pour la perfection d'un roman, quetoute cette erudition qui ne tendqu'aleglacer. On re- gretteaussiqu'elle n'ait pas employe ce stylesimple, coulant, naturel, ce style de la passion, qui sied uniquement au genre epistoiaireetau ro- man. Elle devient moins interessante , et parfois m^me un peu obscure , a mesurp qu'elle veut paraltre plus habile et plus raisonneuse. Nous osons lul promettre un jilus grand succes, si elle se livre de preference a toute sa sensibilite et a cet aimable abandon qui lui ont inspire quelques-unes des '^ettres de I'ouvrage que nous annoncons. F. S. 71. — * Annali universali di Scatistica , Economia viibtica , etc.- — An- nales Universelles de Statistique, d'Economie publique, d'Histoire, de Voyages et deComnierce. Milan, iSaS; A S. Ciovantiialle quatro facce , n" i838. Parmi les redacteurs de cet excellent ouvrage periodique, nous si- gnalons aux etrangers qui voudront ecrire sur I'ltalie un critique inexo- rable , qui se tient a I'affut pour saisir au passage les bevues, les narrations ecrites sur la foi d'un Cicerone ou d'un laquais de louage , les coups d'oeil generaux sur les pays que Ton a traverses en chaise de poste : c'est M. Mclchiore Gioj.v , cconomisle distingue , auquel on ITALIE. — PA.YS-BAS. 1 89 doit un recueil desouvr.iges italiens sur reconomie publique. — Dans le cahier de septembre de cette annee, il exerce une censure judicieuse sur I'ouvrage de M. de Bonstetten , intitule : rilomme dii midi et I' Homme dii nord, ou V Influence da climat. ( Voy. Rev. Enc. , t. xxv , p. 141.) Sa critique est appuyee de raisonnemens etdes temoignages de plusieurs autres ecrivains : il n'otnet rien de ce qui pent int^res- ser la gloire litteraire de son pays, et les droits de ses compatriotes a I'estime des etrangers. Get article sera lu avec plaisir , meme par I'auteur dont il combat les opinions. C'est ainsi qu'il convient de dis- cuter avec les hommes de merite, etque la verite pent dtre devoilee par les efforts que Ton fait de part et d'autre pour la mettre a decou- vert. On lira aussi avec profit un autre article de M. Gioja put un ou- vragedeM. Joseph de Welz , intitule : Institution fonJamentale d' uti- lity publique , offertca la Sicile etaux autres etats d'Italie.(Yoy. ci-desus, page i83 ). F. PAYS-BAS. 72. — * Geneeshundlge Waarnehiingen , etc. — Observations niedl- cales, faites pendant les catnpagnes deRussie,en i8i2,et d'AUe- magne, en i8i3, ou Histoire des maladies observees a la grande arm^e francaise, lors de ces memorables campagnes ; par le cheva- lier De Kirckhoff, D. M. Ouvrage traduit du francais sur la.f eco/2rfe edition , par le D'' Van Dsjf Bosch , de Rotterdam. Utrecht , iSaS ; imprimerie de Van Schoonhoven. i vol. in-8° dexxxiv-5oo pages. 73. — Verhandeling over den Ranker. — Traite sur le cancer, par M. Haver Dkoeze , lecteur d'anatomie et de chirurgie a Dordrecht. Utrecht, 1824; imprimerie d'Altheer. i vol. in-8° de sgS pages. Get ouvrage, accuellli avec interet par les medecins hoUandais , porta le cachet d'un praticien eclaire; il coutient des fails et des rai- sonnemens lumineux, bases sur I'experience et I'observation. 74. — Dissertatio de hydrope chronico. — Dissertation sur I'hydro- pisie chronique ; soutenue a laFacultederaedecine de I'Universite de Gand,parM. Pierre-Jean Wauters. Gand, iSiS; imprimerie de Goesin-Verbage. In-4'' de 48 pages. Parmi les dissertations de medecine soutenues aux universites des Pays-Bas, nous avons distingue celle de M. Wauters, qui parait marcher dignement sur les traces de son savant et respectable pere, le doyen des medecins beiges. Cette dissertation prouve que ce jeune medecin a fait d'excellentes etudes. Nous avons ete surtout satisfaits du traitemenl qu'il expose : il s'y montre praticien consomme. Nous ne pouvons resister au plaisir de faire une mention particuli^re de iQO LIVRE5 KTRANGERS. celtc production, qui lioiiore.i la fois son auteur et la Faculle de nie- decine de Gand qui I'a Ibrnie. 75. — * Disstrtatio de daliiia stiarnouio , ejiisqiie itsii medico , pree- serciinad 1 /teiimaltsmi chronici atratlonem. — Dissertation sur la poinme epiueuse, et sur son emploi en miidecine, surtout pour le traitement dis rhumatismes clironiques ; par Christ. Engelhart. Utrecht, 182a ; impriniei ie de Paddenburg. Iii-S" de xii-83 pages. Cette dissertation , intprimee a la fin de iSa'j , a recu en HoUande i:n accueil assez favorable pour que nous ne devious pas le passer sous silence. Les excellens effeis que je ne cesse d'obtenir , depuis uombre d'annees, de I'usage de la pomrne epineuse ( Datura stramo- nium ) dans le traitement (les rhumatismes chroniques, m'engagent , d'ailleurs, quelque tardive que puisse parailrecelte annonce, a faire connaitre cette brochure aux lecteurs de la Revue Encyclopedique , pour fixer rattention des hommes de Tait surun renitde que je ne saurais assez recomniander contre une maladie aussi aigue. M. leD'Engelbart , I'un des chirurgiens-niajors les plus distingues de rarinee des Pays-Bas , fut temoin des succes que je relirais de I'fmploi du stramoine dans les affections rhumaslisniales , si fre- quentes parmi les troupes. Ces succes I'ont determine a entreprendre lui-mcmea cetegarddes essais, dont il publie les fesultals, qui ont ete des plus heureux (i). Sa dissertation est divisee en quatre sections. Dans la premiere, il expose I'hisloire naturelle, et les proprietes physiques et chimlques du stramoine : il y rapporte les analyges chimiques qui en ont ele faites par MM. Promnitz et Brandes. Dans la seconde , il nous entretient des qualites delet^res de cette plante. Dans la troisifeme , il passe en revue les maladies conlre lesquelles on a conseille et employe le stramoine. La quatrieme, specialement consacree a son emploi dans le traitement des rhumatismes chro- niques, contient plusieurs cas pratiques oil ce remade a ete admi- nistre avec un succes remarquable. Jenesaurais terminer cet article sans temoiguer publiquement a M. Engelhart la satisfaction que m'a (i) J'adinioistre a I'jnteriiur le stramoine sous forme d'extrait prepare des feuilles , en commeocant par nn ou deux grains pour viugt-qiiatre heiires , dose que j'augmeute jouraellement et par gradation, jusqu'a ce qu'il se mani- feste de la seclieresse a la gorge, des vertiges et une dilatation de la pu- pille. J'emploie egaleraent a I'cxterleur sur les parties douluureuses les fric- tions de la teinlure de stramoine, ou bien les feuilles de cette plante, en lormc de cataplasme. PAYS-BAS. ijjr fait cprouver sa dissertation et surtout Fcxactitude avec laquelle il a rt'dige les observations qu'il a recueillies sous nies yeux ; une de ce» observations a pour objet un niilitaire atleint, depuis plus de deux ans, d'uu rhuniatisme presque universel, accompagne d'un extreme araaigrissement de tout le corps. On avait epuise inutilement tous les remedes indiques. En moins de quinze jours, j'ai eu le bonlieur de le retablir par I'usage dii strainoaium ; et bientot il avalt repris son embonpoint. Je I'ai revu, un an apres avoir quitte I'hopital ; il jouis- sait de la meilleure santeet n'avait plus ressenti la nioindre douleur. DIJ KiRCKHOFP, D. M. 76. — * Dela Violation des ciinetieres , par Louis-Fr. de Robiako, de liorsbeck. Bruxelles , iSaS. Brochure in-S" de 72 pages. Le respect pour la cendre des morts est de tous les siecles et de toutes les nations : il a fallu que I'oubli des principes et le fanatisme revolutionnaire, aussi deplorable que le fanalisine religieux, fussent a.leur comble pour que Ton se permit d'outrager I'humanite jusque dans ce dernier asile. Napoleon, apres le 18 Brumaire, avait voulu, comme avait commence a le faire le Directoire execulif auquel il suc- cedait, remettre en honneur les inhumations ; et c'estd'apres sa de- mande qu'ua membre de I'lnstitut , M. Aniaury-Duval , s'occupa de recherches sur cet objet, intimement lie a la morale publique. II les a consignees dans un memoire fort curieux , et qui meiiterait bien d'etre reimprime. L'ordre de veiller a la decence et nieme a I'embel- lissenient des cimeti^res futdoniie partout... Bientot, des concessions de terrain, destinces a perpetuer les souvenirs de famille, furent encouragees. Je connais un administrateur qui n'arretait pas le bud- get de la plus petite commune, suns mettre a part una certaine somme pour enlourerle clmeti^re d'arbres fun^bres, et pour decoreV la place du village. M. de Robiano s'eleve energiquement contre la profanation des cimetleres; il deplore la legerele que I'oa met a s'emparer de leur emplacement," tant6t pour former ou agrandir une place; tantot pour aligner une rue, une route ; la, pour elargir un passage etroit; ici, pourbatir une^cole..) II serait aussi a desirer qu'on put laisser iutacts les aiicienscimetieres , comme des monumens consacres a de pieux souvenirs. Je ne pousserai pourtant pas le rigoi isme aussi loin que M. de Robiano. Je eoncois qu'il est beaucoup de cas ou i'utilite gene- rale reclame ces terrains; inais j'exigerals (ju'alors les ossemens fus- sent recueillis et transportesavecun soin religieux dans quelque autre sanctuaire de la mort. — Voici le but principal que se propose I'au- 192 HVRES feTRAlVGERS. teur : <• Ce n'est point , dit-il , de rdtablir le vieil usage d'entexrer dans les eglises ; je pensein(5ine qu'il y a des motifs siiffisaus pour I'abolir la oil il subsiste encore ; niais je voudrais qu'uneordonnance impres- criptible, concerteeavec rautoriteecclesiastique, retablit I'obligalion d'euterrer dans reiiceintedes villes, rjimnd il s'y t?ouveiait encore des cimetieres existans , ou doiu V emplacement acttieUement vague pouirait ^tre rendu a ce pieux usage. » Le danger des inhumations a portee des lieux babites par les bommes , est considere maintenant comme uue cbose demontree. M. de Robiano n'est pas plus que moi juge com- petent sur cettematiere... Nous devons nous en rapporter a la Faculte de medecine. Ella s'est depuis long-tems prononcee , en motivant son opinion d'apr^s line experience incontestable. II est peu de villes , je pense, qui presenteraient, a la distance convenable des maisons, un assez vasie cbamp poury b^tir une cglise qu'entoureraient lestombes des citoyens. Du reste , si j'etais I'arcbitecte ou I'administrateur d'une ville noiivelle, je ne perdrais pas de vue cette idee, tant elle mepa- rait noble et morale. M. de Robiano plaide, avec tout le charme de I'eloquence, la cause dont il s'est cbarge. Sans doute , on peut quel- quefois ne pas adopter sa manitre de voir; mais, alorsni^me, on est force d'estimer en lui cette conviction , cette franchise et cette loyaute, devenues si rares aujourd'hui dans les debats politiques , religieux ou lilteraires. De Stass.vht. nn. — * Bj'dragen tot de huishonding van itaat , etc. — Considera- tions sur I'economie politique dans le royaume des Pays-Bas, par G.-C. comte de Hogendorp. La Haye , i825; veuve de Jean Allart. X et 5i2 pages iu-S°. Voici la derni^repartiedel'ouvrage, annonce t. xxiri,p. 40 de ce recueil ; M. le comte de Hogendorp y suit la deliberation des etats-ge- nerauxde i8a3 et 1824 et s'y niontretoujours I'ardent apologiste de ce syslfeme liberal que M. Huskissonvient de professer dans le parlement d'Angleterre, systfeme qui tend a detruire la jalousie des puissances etrang^res , a servir la cause de la civilisation, a accroitre I'echange reciproqued&s jouissances et des avantages des divers climats. M. de Hogen-dorp a use sa vie an service deson pays ; mais nous esperons qu'il ne s'eloignera point encore des affaires publiques. Qu'il se sou- vienne de ce Romain qui, bien que malade, se fit porter au senat. II n'est pas de bon citoyen qui, dans unc pareille circonstance, nese fit un honneur de porter M. de Hogendorp. De Reiffenberg. ^8. — Recherches historiqnes sur Gillcs , seigneur de Chin et le Dra- gon. Mous , 1825 ; I.eroHX. Brochure in-8° de 60 p. , avec 3 pi. PAYS -B AS. 193 Gilles deChin, vainqueur au xii^ siecle, d'un dragon tae par lui dans la ville , oil plutot le Tillage de Wasmes , que ce nionstre deso- lait depuis plusieurs annees, est encore Tobjet d'unefoi robustepour une foule d'habitans de Mons et du Hainaut; mais I'auteur de la dissertation que j'ai sous les yeux refute cetle ancienne fable avecune sagacite parfaite. Du reste, en se couvranl du voile de ranonyme, il ne prouve pas raoins de prudence que de modestie. Quoi qu'il ensoit, apr^s avoir lu ce memoire remarquable tout ala fois par uuemarclie trfes-metbodique, par des raisonnemens bien suivis et par I'elegance du style, il est difficile de n'etre pas convaincu que la t6te du pre- tendu dragon n'est autre chose que la tele d'un crocodile du Nil. « Cette tcte, dlt I'ingenieuxet savant dissertateur , aura certainement ete rapportee d'Egypte par un croise , conime une curiosite des pays qu'il avait parcourus, peut-etre, si Ton veut, par Gilles lui - mcme. Quant a I'opinion quec'est la tete du monstre tue a Wasmes, elleest inadmissible; les crocodiles n'ont pas d'ailes, et je ne vols d'autre moyen de transporter un tel animal des bords fangeux da fleuve des Pharaons dans le modeste etang de Wasmes, que par la voie des bal- lons... Mais Montgolfler n'existait pas au xii" siecle. » Stassakt. 79. — Uiiwljhsgroee. , etc. — Epithalame du prince et de la prin- cesse Frederic des Pays-Bas ( par/. Kii«ser. 1825. In-S" , ( voy. Rev. Enc. , T. xxii, p. 66g. ) Ce beau poeme , qui respire le patriotisme le plus pur , est en stro- phes regulieres. Le poete s'associe a la nation tout entiere, qui a vu avec enthousiasme I'union d'un de ses princes avec une petite ni^ce du grand Frederic. Ce n'est point un poete de circonstance ; ce n'est point un courtisan ; c'est un citoyen et un houime de genie. Nous avonssurtoutremarquel'endroitoii I'auteur conduit les iliustres epoux au tombeau du fondateurde notre liberte. Heureuxles peuplesdont les princes aiment a entendre un pareil langage , et chez qui le talent s'empresse toujours a le tenir ! 80. — * De Hermociino Clazomenio , etc. — Dissertation sur Her- molime de Clazomenes , par Ignace Denzikger, professeur de phi- losophic a runiversite de Liege. Liege, 1825 ; C.-A. liassompierre. Iu-8». Quand oa lit les ouvrages des ecrivains modernes qui ont traite de I'hlstoire de la philosophic, on se trouve arrete par une difficulte , d^s qu'il s'agit des doctriaes d'Aiiaxagore. En effet, au nom de ce philosophe s'attache celui d'Hermotinie de Clazomfenes. Les uns veu- lent qu'il ait ete le maitre et le precurseur d'Anaxagore ; les autres T. x.wiii. — Octobre iSaS. i3 ig/, LIVRES liTRANGERS. — LIVRES FRANC AIS. lui refusent le litre de philosophc; il en est ni(^'iiie qui le reg.irdent comme un personnage fabuleux. Brucker , Meiners, Biihle, Krug, Rixncr, De Gerando , etc. n'offrentque des contradictions a cesujet. Le dernier, quoiqueplein de sagacite, et lidc-le aux v^ritables sour- ces, a pr^te a Hennotime une doctrine tout-a-fait imaginaire. Ce pro- bl^mea fix^rattenlion deM. Denzinger dont nous avons fait mention plus dune fois ( Rev. Enc, t. xix, p. i55 , et t. xxvi , p. 792 ). Con- sultant de nouveau I'autorite des anciens, il s'est engage a prouver qu'Hermotinie n'avait pas exlste , et que , dans tons les cas , il ne peat ^tre inscrit sur le tableau des philosophes. Cette dissertation inge- nieuse sera lue avec plaisir. L'auteur lui a donne pour epigraphe un passage du Zodiaque de la vie humaine qui signifie qu'il craint de pa- raitre inutile. Cette apprehension est trop inodeste : personne n'est inoins inutile que M. Denzinger. De Reiffenberg. LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques et naturelles. 81 . — * Essai giologiqite sur la montagne de Boulad^ , pr^s d'lssoire , departement du Pny-de-D6me , avec la description et les figures lithographiees des osseniens fossiles qui y ont ete recueillis ; par M. Deveze ue Ch\brioi,, membre de plusieurs societes savantes, et J.-B. Bouix-LKT, de Clermont-Ferrand. Clermont-Ferrand, iSaS. Thibaud-Landriot. — Cetouvrage, qui formera nn atlas petit in-folio de 27 planches , sur papier raisin velin fin d'Annonay, et di'im volume de te.xtc , parait en cinq livraisons. On souscrit a Paris, chez Treuttel etWiirtz. Deux des planches coloriees representeront, I'une la coupe de Bouhde ; I'autre, le plan topographique et geologique des envi- rons d'lssoire. Prix de I'ouvrage enlier pour les souscripteurs , i5 fr. (Voy. le Bulletin siipplemetttaire du cahier d'aout iSaS. ) La decouverte des corps organises fossiles a toujours excite uu yif interet parmi les savans et les naturalistes. Les grands souvenirs que Ton exhuraait, pour ainsi dire, de ces debris antiques, temoins des grandes revolutions terrestres, expliquaient une aussi avide cu- riosite, avant que M. Cuvier eut imprime une direction nouvelle a cet esprit d'investigation, en creant la science des corps fossiles, et eut fait naitre un veritable enthousiasme a la vue dc ces espfeces perdues et ignorees que ses savantes veilles venaient de placer dans nos cadres zoo jgiques. Les recherches contenues dans ce nouvel ouvrage seron f^'autant mieux accueillies , qu'elles font connaitre SCIENCES PHYSIQUES. igS un gisement de fossiles places dans des circonstances paniculieres et caracteristiques. Ces circonstances ne portent p;is seulement sur r^tonnante reunion d'os de carnassiers, de rongeurs, de ruminans, d'animaux du Midi et de ceux des regions liyperboreennes , de ceux dont la race subsisle encore, avec ceux dont les especes ont disparu de la sui face du globe ; mais ces bssemens sont ensevelis dans un terrain d'alluvion tres-borne en etendue, pr^s du lieu ou ces ani- maux ont peri par une catastrophe locale qui parait differente de celle a laquelle on attribuerait la desti notion generale et subite des especes perdues. De plus, ce gite offre encore ceci de parlicu- lier, que le terrain a fossiles est recouvert d'epaisses assises de roclies volcaniques , et qu'il recouvre des alluvions formecs en grande partie par des fragmens de laves et de basalte. Cette der- niere circonstance aidera beaucoup a fixer les dates : elle lapporte I'existence de ces animaux a I'epoque de nos antiques eruptions vol- caniques , repand de nouvelles lumi^res sur les 5ges qui ont vu dis- paraitre les plus anciennes especes, et sur ceux qui ont ete temoins des deflagrations de nos volcans. Tout se reuuit pour rendre le gisement de Boulade interessant et curieux. On approuvera , nous le croyons , la manifere dont les au- teurs se proposent de nous faire connaitre le resultat des fouilles que Ton a faites. Loin de presenter, suivant I'usage, un texte suivi de pieces jusliGcativeset explicatives, ils mettent d'abord sous les yeax les fossiles decouverts, le relief et les diverses coupes du terrain; et, apres nous avoir, pour ainsi dire, conduits sur les lieux memes, ils soumeltront a leurs lecteurs le resultat des reflexions multinliees qu'ils y ont faites , dans une description d'autant plus agreable a suivre, que Ton y retrouvera les idees deja suggerees par la simple yue des objets et la faculte de juger sainement, de modifier m(*me celles des auteurs , s'il y a lieu. Quel que soit le jugement que Ton porte sur ce nouvel ouvrage, il contiendra des faits importans que les savans voudront connaitre et apprecier. Les deux premieres livraisons qui ont paru renferment 85 figures dans une suite de dessins lithograpliies avec exactitude et purete. Les auteurs ont apporte a leur confection des soins suffisans pour des objets d'bistoire uaturelle, qui doivent surtout etre representes avec le relief des caract^res essentiels. Z. 02. — * Histoire riatureUe des oiseaii.r de chainbre , ou Instruction pour connaitre , elever , conserver et guerir toutes les especes d'oi-. seaux que Ton aime a garder dans la chambre , etc. , par M. Bech- 196 LIVRES FRANC \1S. STEIN ; ouvrage traduit en francais par I'auteur de VEniomologic hehctique (M. Claibvii^le). Paris et Geneve, i8a5; Paschoud ; 111-8° ; prix 7 fr. 5o c. L'liistoire de la nature peut occuper les liommes de bien des manieres. Les uns font de son etude I'objet de profondes medita- tions ; d'autres I'envisagent plutdt coinine un delassement de I'es- prit que comnic une occupation serieuse. M. Bechstein nous parait devoir ^tre raiigee dans cette dernifere classe. « Si des observations et des experiences , long-tems suivies par un auteur , donnent du merite a son ouvrage , j'ai lieu de me flatter , dit M. Bechstein , dans sa preface , que celui-ci n'en sera pas de- pourvu ; car , des ma plus tendre jeunesse , j'ai aime la compagnie des oiseaux , je m'y suis meme lellement accoutume , que je ne puis travailler a mon pupitre avec plaisir , et m^me avec attention , si je ne suis anime par ie raraage de ces aimables petites creatures, qui egaient la cliambre oil j'ecris. Ma passion va si loin que j'en ai tou- jours une trenlaine autour de moi ; ce qui naturellement m'a fait de bonne heure penser aux moyens les plus faciles de me les pro- curer , de les nourrir , et de les conserver en bonne sante. » Dans ui;e introduction assez etendue, I'auteur, apres avoir deCnl ce qu'il entend par oiseaux de chambre, s'atfaclie a donner une es- qulsse de leur histoire. II parle d'une maniere generale de leur chant, de la demeure qu'on doit leur choisir, de leur nourriture , de leur propagation , de leurs maladies tres-multipliees. II traite ensuite , toujours dans des termes gencrauxj de la chasse, de I'age et.de la classification des oiseaux. L'auteur fait mention de 189 especes, tant indigenes qu'exotiques. 11 les decrit chacune avec soin ; mais on doit avouer que de bonnes figures reniplaceraient avec avantage ces descriptions etendues, en m^rae terns qu'elles donneraient a I'ouvrage un interdt qui lui manque qoelquefois. La classification qu'adopte M. Bechstein est assez simple ; il groupe les especes sous dix titi'es ." i. les oiseaux de proie : tels sont la cresserelle et la chev^cbe ; a. les coraces : di- verses especes de piegrieches , la corneille, le geai , la pie , Ie lo- riot, etc.; 3. les grands bees : les aras, les perruches, les perroquets, les loris , etc. ; 4- '" pics: le pic vert, le tourace , etc.; 5. les passereaux : le bouvreuil , le verdier , le gros bee , le s^negali , I'or- tolan , la veuve , le pinson , la linolte , le moineau franc , le char- donneret , le serin , etc. ; 6. les oiseaux chantans : I'alouette , la grive, le merle, le rossignol, la fauvetle, le roitelet, la mesange, etc.; SCIENCES PHYSIQUES. 197 -', les colombes : le pigeon ramier , la tourterelle , etc. ; 8. les gal- tinaces : la perdrix , la caille , etc. ; 9. les grailles : la becasse, le \anneau , I'alouette de mer ; 10. oiseanx nagetirs dux pieds /lalmes : le ci^ne, la mouette, etc. Cette enumeration suffitpour montier que M. Bechstein a embrasse un cadre tres-etendu , et que Ion ne sau- rait comparer a son livre les trailes speciaux , et pourtant tres-in- coniplets , qu'on possede sur les serins, les chardonnerets , etc. Get ouvrage pent etre considere comiue un excellent inanuel , indispensable aux personnes qui se livrent au commerce des oiseaux, et trfes-utile aux amateurs qui les elevent dans leurs demeures , et qui desirent connaitre les divers moyens d'en faire la chasse. V. A. 83. — *La Maison de Campagne; par M'ne Jglae Adanson. Deuxieme edition. Paris, i8a5; Audot. 2 volumes in-12 ; prix 6 fr. et 8 tr. Get ouvrage, tr^s-blen ecrit , fait partie de V Encjclopedie des Dames. Mm<= Adanson annonce quelle ne s'est decidee a donner cette seconde edition , que dans la vue de corriger quelques erreurs , d'ajouter quelques articles utiles, et , par la modicite du prix, de le mettre plus a la portee de la moyenne propriete. Elle promet aussi de donner, par supplement, tout ce que la pratique pourra lui indi- quer de meilleur. Get ouvrage est le resultat de qulnze annees d'experience acquise a la campagne. On voit que I'auteur est paivenue a trouver son bonheur dans la vie champ^tre, et elle manlfeste le desir qu'elle au- rait d'inspirer le meme gout aux personnes qui liront son excellent livre. Apres avoir expose, dans un tableau vraiment seduisant, les avantages de la vie champ^tre, et trace le plan de conduite qu'il convieut d'adopter a la campagne, M""* Adanson decrit avec soin toutes les parties de la maison et de ses dependanees. Elle entre dans tous les details de ce qui est necessaire dans une ferme, des soins qu'il faut donner aux vaches, a la basse-cour, aux animaux domes- tiques , et generalement a toutes les recoltes ; du cboix des domes- tiques , des qualites qu'ils doivent avoir , et de la maniere d'etre avec eux; de I'adminislrafion generale; du linge ; de la maniere de tenir les comptes , elc. Elle termine son premier volume par la Cuisiiiiere de la maison de campagne. Le second volume est entiei'ement relatif a la pratique du jardinage. II traite du jardin potager, des instrumens de jardinage, des ani- maux nnisibles, des arbres fruifiers, de la greffe , du jardin pay- sager , de la culture des plus jolies plaules d'agr^ment, des plnntes d'ojangerie, des ;;rbres , arbrisseaux et arbustes. 198 LIVRES FRANCAIS. Ce traile inspire le gout de la vie chaiupdlre. En lelisaiit,on nepeut s'enip^cher de lepeter avec Dclille ces quatre vers que M"»^ Adansoti a pris pour epigraphe : llcurciix qui tlaiis le seiu de ses ilieux domcstiques Se deri>be au (racns des tcmpetes piibliqucs, Et daus un doux al)ri trom()aut tous les regards, Cultive scs jardiDS, les rcrtiis et les arts! L.-Scb. Le Normand. 8/4. — La noHvcUe Mecanique agrkole, ou I'Art de lendre la culture une fois plus productive, avec nioins de travaux de la part des hommes; suivi de la inaniere de faire mecaniquement, par des mo- teurs fournis par la nature, le trace des routes, des canaux de navi- gation, de dessecbemens et d'irrigations , le creusement des rivieres, des carri^res , des mines, des fortifications passag^res et perma- nentes , etc., etd'un Supplement a la Mecanique miliiaire : ouvrage contenant plus de aoo inventions jusqu'alors inconnues; par Leukis, ingenieur-geometre , auleur de la Mecanique des gens du inonde et de la Mecanique militaire. Paris, 1825 ; Maurice, rue des Mathurins- Saint-Jacques, n° i. In-8° de 488 pages , avec a planches; prix 7 fr. .Outre les trois mccauiques dont M. Legris est I'auteur, il en pio- met une quatrienie qui ne contiendra pas moins d'inventions nou- velles que celle qu'il a consacree a I'agriculture. L'inepuisable fecon- dite de son genie inventif n'a point d'egale dans notre sifecle; pour lui trouver un terme de comparaison , il faut exhumer la memoire d'uu M. Planazu, lequel faisait paraitre regulierement , chaque seniaine , une invention avec une planche gravee et une dedicace. Mais le parallfele est tout a I'avantage du mccanicien raoderne : il est vrai que M. Legris ne fait que des croquis , au lieu que Planazu soignait ses dessins, et prenait quelquefois la peine de les colorier. L'ouvrage de M. Legris commence par une introduction de sa5 pages : viennent ensulte les descriptions des machines. L'auteur va quelquefois trop vite. On ne comprendra pas aisement , par exemple, la description d'un moulin a 'vent et a manege, de la force de plus de rnille chcvaux , ok les animaux et le Tent peuvent travailler isolement ou ensemble , sans ancun danger ( page 343 , fig. 4* )• O" ^ le choix cntre deux formes de cette prodigieuse machine; mais, coinme on ne cOmprend pas mieux I'une que I'autre , on est redui.t a souhaitcr que I'inventeur se charge de les faire mouvoir, et de prouver ainsi I'utilite r^elle de ses decouvertes; car il s'attend sans I SCIENCES PHYSIQUES. 199 duute a reiicoiitrer beaucoup d'incredules. Tous les moyens de cons- truction nccumules dans la capitale ne suffiraient pas pour realiser la dixifeme partie de ses projets, et les soumcttre a I'epreuve. S'il n'eiil imagine qu'iin petit nombre de machines , et si roii avail pu les Toir en activite , sa reputation serait fondee , on recevrait avec confiance ses nouvelles productions mecaniques : mais plus de 600 machines! nous le disons a regret, M. Legris ne sera ni con- snlte, ni lu. F. 85. — * Resume com/' lei tic physique, coiitenant I'exposition des pro- prietes des corps solides , liquides et aeriformes , I'acoustique, I'elec- tricite , le magnetisnie. I'optique et la theorie de la chaleur, selon la doctrine des vibrations; par MM. Babinet, professeur de |)hy- sique, et Bailly, membre de plusieursSocietessavantes. Paris, iSaS ; au bureau AsVEncyclopedieportatwe , rue du Jardinet-St- Andre -des- Arts, n° 8, et chez BouUand, libraire au Palais - Royal , galeries de bois, n° 254. a vol. in-T8 ernes de planches; prix a fr. 5o c. C'est une bonne fortune pour M. Bailly d'avoir eu pour auxiliaire dans ses travaux, un savant tel que !\I. Babinet, qui I'a aide dans la composition du petit traite de physique que nous annoncons. Get ouvrage est infiuiment superieur a tous les llvres que Ton publie chaque jour pour rinstruction des personnes qui ont peu de terns a donner a I'etude; et , si les autres volumes de I'Encyclopedie porta- tive sont aussi bien rediges que celui-ci, nous predisons a celte en- treprise un grand succes. Car on pent dire que le Resume de physique est un petit chef-d'ceuvre en son genre. Le premier volume est con- sacre aux substances ponrlerables; le second contlent Tacousfique, les theories de relectricite, de la lumiere et de la chaleur ; le style en est clair etrapide, quelquefois un peu recherche, mais tonjours facile a comprendre. C'esl la premiere fois'que, dans un ouvrage elementaire , on a regarde les vibrations comme la cause unique des phenomenes d'optique et de chaleur, attribues jusqu'.i nos jours a des fluides imponderables, mais que Huyghens Mains, MM. Young, Arago , Fresnel regardent comme dus aux ondulations d'un fluide ethere. On doit regretter que le plan de I'ouvrage n'ait pas permis aux auteurs de donner plus de developpemens a certaines explica- tions qui, trop concises, cessent d'(^tre iutelligibles, surtout pour la classe de lecteurs auxquels roH\rage est destine. Du teste, on a ob- serve ici les formes et I'ordre adojites dans rEncyclopedie porta- tive ; chaque volume est precede d'une courte iiistoire des progres de la science, et suivi d'une notice biographique sur les hommes 20t. LIVRES FRANCAIS. celfebres qui I'ont cultiv<5e, et d'un catalogue des ouvrages.^ consul - ter sur le sujet qii'on y a traitd. De jolis volumes , Lien ittiprimes , sur beau papier, rciident cet ouvrage agre.ible a lire; et nous en recotn- maudons I'ctude , non-seulemenl aux gens du monde pour qui on I'a specialement compose, niais ni(?me aux amis des sciences qui n'ont l)as une idee precise de la tlieorie des vibrations. Francoeub. 86. — Siemens de physique en trente lecons, contenant le developpe- ment des theories les plus importantesde cette science , un precis de la nomenclature chlmique, etc. Secojide edition eufierement refondue sur la premiere, et augmentee de plusieurs planches ; par A. Teys- SEDRE. Paris, iSaS ; Mansut fils, rue de I'Ecole de Medecine, n" 4. In-I2 de 540 pages , et la planches ; prix 7 fr. Nous ue pouvons parler de la totalite de cet ouvrage ; nous n'avons lu que la premiere et la derni^re lecon, et nous le dirons a regret, nous n'avons pas ete tentes de revenir sur nos pas. Un auteur qui commence par meriter quelques reproches , et qui finit comme il a commence, ne peut avoir fait un bon livre. Si M. Teyssfedre n'a voulu s'adresser qu'aux lecteurs presses d'imagiiier qu'ils out appris de la physique, a la honne henre, il peut avoir atteintson but:raais, s'il a eu I'intention de repandre une instruction reelle et profitable, il s'est abuse. Par quel motif a-t-il embarrasse I'entree de la science des subtilltes d'une fausse metaphysique , d'une discussion sur la pro- babilite de I'existence de la niatiere ? Et que signifie cette notion de I'etendue : « par Yetendue , on doit entendre I'espace qu'un corps oc- cupe? « L'espace est-il autre chose que I'etendue abstraite, et n'est- ce pas expliquer une idee par cette idee m^me ? Deux lignes plus has, on lit: » On con^oit facileraent qu'il ne pent pas y avoir espace sans la reunion de ces trois proprietes (longueur, largeur et hauteur ).» Mais , quelles peuvent dtre , pour une chose abstraite , les conditions de I'existence? II parait que I'auteur ne possede pas I'art de definir avec precision , et que le mot propre lui cchappe souvent. Si nous nous transportons a la Un du livre, nous trouverons , a la 3o^ lecon, un article tr^s-incoraplet sur les causes des vents , et dans I'explica- tion des marees, une erreiir. Apres avoir ditque I'attraction du soleil et de la luneest la cause du flux et du reflux , il ajoute : « Une preuve certaine que c'est blen ia la veritable cause du phenom^ne, c'est que les marees sont plus fortes, quand la lune etle soleil se trouvent en mdme terns au-dessus des eaux , que lorsque ces deux astressont I'un au-dessus et I'autre au-dessous de Thorizon , leurs attractions agis- sent en m^me tems et dans le mdme sens dans la premiere clrcons- » SCIENCES PHYSIQUES. 201 t:uice, tandisqu'ellesse contrarient dans la seconde. » L'observatlon et la iheorie appreniient que les marees des uouvelle et pleine luue sont plus fortes que celles des quadratures , quoique dans la pleine lune, les deux astres ne puissent etre en nieme tems au - dessus des eaux ; et d'ailleurs, Taction du merue astrc sur les eaux estsensible- rnent egale aux deux passages au meridien , le jour et la nuit. Dans tout ce chapitre, la description des meteores est tronquee , impar- faite : ce n'est pas ainsi qu'on enseigne la physique , ni dans de tels ouvrages que Ton peut I'apprendre. 87. — * Manuel d' analyse chimique des eaux minerales medicinales et destinees a I'econoinie domestique ; par MM. Henky , chef de la pharmacie centrale des hopitaux civils de Paris, etc., et Henby Cls , aide a la pharmacie centrale , etc. Paris, 1825 ; Crevot. In-S" de 2a4 pages ; prix 3 fr. 5o c. A la fin de I'a vant-propos , redige par M. Henry p^re , I'auteur ap- pelle sur son ouvrage les observations des homnies instiuits , et sol- licite d'utiles avis qui le mettenten etat de rectifier les erreurs qu'il aurait pu commettre , de remplir les lacunes qu'il aurait laissees , de donner a ses preceptes, pour I'analyse des eaux minerales, tous les deve- loppemens qui les feront bien comprendre.et la precision qui en ga- rautira le succes. Ce inanuelse preseiite avec les caracteres d'un travail fait avec soin. Du reste, cet ouvrage ne peut ^tre bien apprecie que par ceux qui I'auront medite , qui auront compare les moyens d'analyse qu'il propose aux nombreuses difficultes des questions a resoudre , qui connaissent toutes les causes d'erreurs qu'il fallait eviter , et les routes peu eclairees que Ton devait suivre.Le probleme de I'analyse chimique des eaux est enfin resolu avec uue approximation tres-suf- fisante pour les usages que Ton peut en faire ; mais les besoins de la science vont plus loin que ceux de leurs applications; la verite est toute , ou elle n'est point; eJle ne peut admettre aucune approxi- mation. 88. — * Tableaux synoptiques des acides , mineraux , vegetaux et ani- inaiix ; par Imuis Bacon, professeur a I'Ecole secondaire de medecine de Caen, etc. Caen, 1824 ; imprimerie de F. Poisson. 3 feuilles. Les trois tableaux dresses par M. Bacon ont , pour la chimie , les nifimes avantages que les cartes pour la geographic. L'oeil apercoit ii la fois I'ensemble et les details. Chaque acide et ses combinaisons forraent un tableau dans lequel rien n'est oaiis , et qui represente exactement I'etat des connaissances au moment oil il fut forme. De tous les essaisdu meme genre tentes a differentes epoques , cclui de 202 LIVRES FRANCA.IS. M. Bacon est le plus satist'aisant, et il seralt a desirer que ce cliimlste apiiliquAt ce inoyeii d'cxposilion a toutcs li's parties tie la science qui en sont susceptibles. F. 89. — * Pliinclips anatoiniqiies dit corps hiimain , executues d'aprt'S les dimensions naturelles , acconipagnees d'un texte explicatif, par F. AKTOMMAncHi, publi^es par M. deLASTEVRiE, I'diteur. Douzieme livraison. Paris, i8i5 ; a I'lmprimerie lithographique de Bregeaut, successeur de M. de Lasfeyrie , rue Saint-Marc-Feydeau, u" 8. Cahier tri's-grand in-folio ; prix de la livraison en noir, a5 francs ; coloriee sur papier veliu , 70 francs. (Voy. Rev. Enc. , Tome xxvi , page 808.) Un de nos coUaborateurs qui a repandu une vive lumi^re sur I'a- natoniie et la physiologic, et dont I'esprit phylosophiqueegale le pro- fond savoir, a bien voulu se charger d'einbrasser sous un point de vue general ce grand et utile ouvrage, dont nous annoncous d'abord avec soin les iivraisons successives, el qui deviendra plus tard I'occa- sion el le sujet d'un precis analytique sur la partie des connaissances humaines dont il contribuera sans doute a rendre I'etude plus facile et plus agr^able. go. — * Coup d' ceil sur les revolutions de /7yg-(tV;e , ou Considera- tions sur riiistoire de cette science et ses applications a la morale. — Discours prononce a I'ouverture d'un cours d'hygiene fait a I'Ath^nee royal de Paris , par M. Eusede Desalle. Paris , iSaS ; Gabon et C, libraircs, rue de I'Ecole de medecine, n" 10, et a Montpellier, che^ les memes libraircs. In-8*' de 80 pages ; prix i fr. 80 c. Ce discours est precede d'un avertissement, dans lequel M. Eu- sebeDesalle, deja connu par un Traice des maladies des enfans {\) raconte les circonstances qui I'ont eng'age a faire un cours d''hygiene, et oil il promet de puhlier un traite complet sur cette matiere, si le public recoit avec bienveillance les premieres idee.s qu'il lui presente. Apres avoir donne la definition de I'hygi^ne , I'auteur annonce au'il s'occupera seulement de I'hygiene privee; il divise son sujet en quatre sections : Gymnastique ; Dietetique; Bains, Ablutions et V^- temens; Police niedicale. II examine rapidenient les changemens qui se sont opercs dans ces differente.s branches , depuis I'antiquite jus- qu'a nos jours, et fait connaitre les medecins , les legislatenrs et les philosophes qui s'en sont le plus specialement occupes. M. Eusebe Desalle a puise ses materiaux a de trcs-bonnes sources et il fait preuve d'instruction , de talent et de zele. Son Traite d'hy- (1) 2 vol. iu-8". A Paris, clicz Gabou. SCIENCES PHYSIQUES. ao3 giene, s'il le public , aura sans doule beaucoup de succes ; mals nous nous permettions de lui dire que cet ouvrage, qui sera plus specia- lement destine aux gens du nionde, doit ^tre ecrit avec cette simpli- cite et cette clarte que Ton rencontre rarement dans les discours academiques. D. gt — Eleinens de geometiie theoriqiie et pratique, concernant I'ar- pentage, la stereometrie, le jaugeage et la trigonometrie , suivis d'un traite degnomonique, et precedes de quelqiics notions sur les mesures nouTelles et anciennes ; avec un precis sur la theorie des propor- tions, coutenant de plus diverses questions aussi curieuses qu'utiles ; par^.-A'. DupoNT. Paris, i825; Delafordt, Bachelier. i vol. in-S" de 148 pages avec 8 planches gravees en taille douce ; prix 5 fr. L'anteur donne d'abord , des notions sur les mesures ; ce qu'il dit des proportions et de I'extractioji de la racine carree, est trop suc- cinct et trop incomplet pour etre de quelque utilite : il en faut dire autant de son precis de geometric et de celui de la sphere celeste. II aurait du se dispenser de traiter ces sujets ; car, ce qu'il en dit ne dispensera personne de recourira d'autres ouvrages pour lire le sien. Dureste, ce Traite, redigeavec chirte, est propre a I'enseignement de la classe de lecteurs auxquels M. Dupont le destine. II enonce les theoremes de geometric elemfintaire dont il a besoin, sans les de- niontrer,et il en fait diveiscs applications numeriques a I'arpentage. Un traite de gnonionique par precedes graphiques terrnine Tou- vrage. 92. — Manuel d'Astronomie , on Traite elementaire de cette science, d'apres I'etat actual denos connaissances ; contenant I'expose complet du systemedu monde , etc. ; par M. Bailly , uiembre de plusieurs so- cietes savantes. Paris , iS^S; Roref. i vol. in-iSdeaSG pages , avec 3 planches ; prix 2 ir. 5o c. Les ouvrages destines a mettre les sciences a la portee de toutes les classes de lecteurs se multi|)lient chaque jour , et on doitlouerle zfeledes personnes qui se livrent a ce genre de publication. Mais il faut avouer que les auteurs de ces pctits traites , s'ils en ont bien connu I'importance , en ont mal apprecie les difficultes. La plupart d'entre eux , concevant qu'il ne fallait qu'effleurer la science , ont pense qu il suffisait de I'avoir etudiee superCciellement , pour en exposer claireuient les priucipes ; aussi , trouve-t-on souvent dans ces ouvra- geji des erreurs graves , des phrases inintelligibles et mal liees entre elfes , des assertions hasardees , enGn des conjectures qui , enoncees parmi les theories les plus certaines , sent donnees comme aussi in- ao4 LIVRES FRANCAIS. contestables que celles-ci. L'experience que j'ai faite dans les cuurs de VAthence de Paris m'a prouve, contre le sentiment general, qu'il etait bien ])lu$ difficile d'enseigner les sciences aux pcrsonnes qui ne veulent pas les connaitre a fond et n'y sont pas preparees par des etudes preliininaires, qu'a celles qui veulent s'y consacrer entiferement. Ces cours m'ont toujours plus embarrasse que ceux que je fais a la Faculty des sciences. Ces reflexions s'appliquent a I'ouvrage que nous annon^ons. M. Bailly a suivi de point en point I'ordre observe dans mon Uranogra- phie , dans laquelle il a mcme pris des pbrases ef des fautes d'impres- sion. Bien entendu pourtant, que je n'ai dit nulla part que les eclipses de lune ue duraient jamais plus de cinq minutes (p. i43 ) ; qu'elles n'avaient jamais lieu a la fois pour tous les pays (p. i3) ; que I'as- cension droite d'un astre est Tangle forme par son cercle horaire avec 1q meridien du lieu ( p. 36 ) etc. ; sans parler des explications inintel- ligibles , telles que celles de la nutation , de la precession , et des va- riations d'obliquite de I'ecliptique. — Aureste, le petit ouvrage de M. Bailly, compare a ceux du mcme genre, leur est sans contredit pre- ferable; il est redige dans u» meilleur esprit, avec plus d'ordre , etil est raoins superficiel : on y trouve une tres-jolie carte oil les grandeurs des plan^les , les distances et les dimensions de leurs orbites sont assez fidelement representees. J'y vois encore cette carte polaire que j'ai le premier donnee dans rUranographie , et qu'on a copiee dans plu- sieurs ouvrages d'astronomie , publics en France et en Angleterre , sans qu'on ait daigne indiquer oil on I'avait prise. 93. — * Traiti special de la coupe des pierres , par J. P. Douhot, professeur d'architecture et de construction h. VEcole rojrale gratuite de mathemaiiques et de dessiii en faveur des arts mecaniques. Paris, iSaS ; I'auteur, rue St-Jacques , n° 67; et Carillan-Goeury. i vol. in-4'' en 1 parties, de 472 pages etde gg planches gravees en taille- douce ; prix 36 fr. et 42 fr. par la poste. Nous avions deja plusieurs traites de la coupe des pierres. Tels sont ceux de Fraizier et Delarue : ces ouvrages utiles etaient bons pour le terns oii lis ont ete faits ; mais ils sont fort incomplets au- jourd'hui et ue se trouvent plus a la hauteur des connaissances de notre si^cle. Depuis que I'illustre Monge a fait prendre une direc- tion niieux entendue aux arts grapliiques , et qu'il a reuni en un corps de doctrine, sous le nom de stercocomie ou geometrie descriptive, tous les precedes des arts de construction , il est devenu necessaire de refaire tous les traites speciaux qui s'y rapporteut. On n'est plus SCIENCES PHYSIQUES. 2o5 expos6 mnintenant a voirdes auteurs , fort distingues d'ailleurs , avan- cer cles propositions tout a fait vicieuses; par exemple, developper, coinnie I'a fait Delarue , des surfaces qui ne sont pas susceptibles de i' soitlegferes, ainsique la conservation des viandes , des poissons , des fruits et legumes qui doivent y entrer ■ par M°" Gacon-Dufouk. Paris , iSaS ; Roret. In-i8; prix : 2 fr. 5o c. 100. — Manuel du Ibnonadier, dii coiifiseur et du distillaleiir , conte- nant les melUeurs precedes pour preparer le cnfe, lechocolat, le punch , les glaces , boissons rafiaichissantes , liqueurs, fruits a Teau-'de-vie , confitures , pfttes , esprits , essences , vins artificiels > loochs , juleps , patisserie leg^re , biere , cidre , eaux, pommades et poudres cosmetiques, vinaigre de menage et de toilette , distillation de toutes les differentes especes d'eaux-de-vie , etc. Ouvrage utile non-seulement aux limonadiers , conCseurs et distillafeurs , mais en- core aux parfumeurs , droguistes , berboristes , chefs d'offices , eco- noraes , etc. ; par M. Cardeli,! , chef d'office. Nouvelle ediiion , revue, corrigee et considerablement augmentee. Paris, iSaS; nieme libraire. In- 18 ; prix ; 2 fr. 5o c. 10 1. — Manuel de chimie amusante , ou Nouvelles recreations chi- miques , contenant une suite d'experiences curieuses et instructives en chimie , d'une execution facile , et ne presentant aucun danger; par Frederic Accuii , professeur de chimie appliquee : suivi de notes interessantes sur la physique, la chimie , la mineralogie, etc., par Samuel Parses , pnembre de la Societe royale de Londres ; traduit de I'anglais par M. J. Eipp\ui.t, ex-regisseur des poudres. Paris, i8a5 ; m^me libraire. In-i8 ; prix : 3 fr. Corome il n'existe point de divisions precises et bien tracees, ni des limites faciles a reconnaitie entre les altributiotis des sciences diverses , ni entre les domaines affectes a chaque art en particulier, on ne doit pas 6tre surpris que les ouvrages consacres h une seule science, ou k un seul art , s'elendent quelquefois au-dela de leur ob- jet special. Ainsi le Manuel du limunadier , etc. peut se permettre quelques excursions sur les proprietes du Manuel du patissier; et re- veler , comme celui-ci , tous les secrets de la patisserie legere. II ne sera point interdit a ha Chimie amusante d'emprunter, pour varier nos plaisirs, quelques experiences a la physique, quelques observations SCIENCES PHYSIQUES. 2 1 1 a la min^ralogie. Cependant, il est bon que ces empietemens n'ailleiit pas trop loin, at qu'une methode un peu severe contienne les auteurs de manuels , aussi bieii que ceux de traites plus savans et plus eten- dus , dans les homes iiidiquees par le litre de I'ouvrage. A cet egard , le Manuel dii pddssier esl sans rcproclie. On y trouvera des procedes peu counus , et qui devraient etre substitues pariout aux pratiques ordiuaires. Telle est, par exemple , la preparation des jambons qui leur donne la qualite et la saveur des jambons de Mayence. II n'est pas facile de justifier M. Cardelli , auleur dvL Manuel da limonadier , dn confneur et da dislillatcur, de quelques depredations qu'il a conimises dans les domaines du parlumeur , et uieme dans ceux de la pharmacie, delit bien plus grave , et qui pourrait lui sus- citer de fachcux demeles avec la Faculte. On trouve danfv son livre non-seulement des recettes de cosmeliques , de savons a barbe , de pomniades, de poudres, etc.,mais des emulsions somnijeres , des eaux odontalgiques , et meme un Tocabulaire ou les proprietes iiiedicales des plantes et des drogues sont indiquees , corame dans un ouvrage de m^decine. Cependant, I'audace de M. Cardelli pourra bieii rester irapunie. Le public , juge naturel des reclamations litteraires , n'est point dispose a condaniner ceux qui lui prcsentent plus qu'il h'eiit demande. Nous lui reprocherons cependant quelques omissions. II ne donne poinJt la recette de Vesprit episcopal, dout on ferait peut- 6tre un autre usage que de le consommer en pastilles. Oil voudrait un peu plus de science dans ce qui concerne la preparation des glaces. On s'attendait a voir que I'art du limonadier aurait manifeste sa reconnaissance envers la chimie, qui lui a fourni des ressuurces extraordinaires, dans les circonstances les plus embarrassantes. Mais etait-il possible de ne rien oublier , lorsqu'il s'agissait de renfermer dans un petit volume iu-l8 les procedes de trois arts qui occupent une place si remarquable dans le luxe de nos cites, et qui commen- cent a se repaudre meme dans les campagnes ? Voici un savant, un proi'esseur, dont on pourrait exiger uii ou- vrage aussi regulier que ceux qu'il a deja publics sur d'autres arts. M. Accum a eu pour interprele M. Tiffault , et , puisque 1& chimiste francais adopte un ouvrage qu'il eut pu composer lui-ni6me , le Ma- nuel de chimie amusante n'a pas besoin d'aulre rccommandstion que le nom de I'auteur et celui du traducteur. Nous ferons cependant quelques reraarques sur le vocaliulaire des tennes de chimie, qui vient a la suite du ;na«i/e/. La definition du calorlque lalenc n'est. pas assez precise : le calorique n'est point consldeie comme panic dela suhs- 212 UVRES FRANflllS. lance tlaiis laquelle il cesse d'etre caloriquede temperatnre: c'esi le calorique de fusion ou tie vaporisation. 11 ne suffil pas, pour carac- t(iriser les elfiers , de dire qa'ils sont les prodiiils de la tHstiUnlinn de qiielqiies-tins des acides avec FalcooL Le moX. galvanisnie nedesigne pas tonjours une science , et aujourd'liui cette science ne peut plus ^-trc regardee comnie distincte , ni m<*ine nouvelle , etc. On voit que nos observations sont rares, et qu'elles n'ont pour objet que I'emploi de certaines expressions qui ne semblent pas assez correctcs. En gene- ral, ce vocabulaire donne des definitions exactes, precises, propres a etre retenues facilement ; il fait plus qu'aider la memoire: il rend les idces plus nettes , et par consequent plus justes. F. loi. — *T.'art de fhire les ■vi'ns de fruits, precede d'une esquisse his- torique sur I'art de fiiire le vin de raisin ; de la maniere de soigner une cave ; suivi de Vart de fnire le cidie, le poire , les hjdroinels , le sirop et le sucre de pnmmes de terre ; d'un tableau de la quantite d'es- prit contenue dans diverses qualites de vins , et d'un -vocabidaire des termes scientifiques employes dans cet ouvrage ; traduit de I'anglais de AccuM, auteur de Vnrt defaire la biere , par MM. G. et Oi,. Paris, iSaS; Raynal , rue Pavee-St.-Andre-des-Arcs , n" i3. In-12 de 128 pages ; prix : 3 fr. Cet ouvrage n'est pas une simple traduction. Les traducteurs y ont ajoute plusieurs notions importanles que Ton ne trouve pas dans I'auteur anglais. L'esquisse liistoriqne sur I'arl de faire le vin de rai- sin pouvait 6tre omise sans inconvenient : ce n'est , dans le vrai , que I'bistoire de la plantation de la vigne, et non celle de I'art ceno- logique. L'historien s'arr^te au terns oii la reputation du vin de Fa- lerneetait encore dans son eclat, laissant ainsi dans I'oubli tousles si^cles qui separent cette epoque des regnes du Champagne et du Bourgogne. II parait que M. Accum n'a fait cette notice que pour rappeler le terns oii les Anglais cultivaient la vigne, et faisaient de mauvais vin, dont ils voulaient bien se coutenter. Quoiqu'on en soil quitte pour 8 pages, c'est beaucoup , dans un petit livre qui doit contenir tant de choses. L'auteur fait passer en revue lindustrie an- glaise dans la fabrication des vins les plus renommes, sans y employer une senle goutte de vin de raisin. Le petillant du Champagne sera imite par les groseilles. Les cassis traites convenablement fourni- ront un equivalent des meilleurs vins doux du Cap. Veut-on du Porto? Qu'on associe les groseilles, les baies de sureau, et les pranelles ou ler- prunes de Damas , etc. La fabrication dn cidre et du poire ne liffere point , en Angleterre, de ce qu'elle est en Norman- I SCIENCES PHYSIQUES. aiS die, si ce ii'est peut-etre qii'on a fait en Angleterre d'lieureux essais fie la preparation de ces boissons avec des fruits sees, ce qui domie le nioyen de conserver , pour les terns de diseile , le superflu des annees d'abondance, et de transporter a moindres frais les fruits desseches, an lieu du cidre qu'ils peuvent founiir. Ce petit ouvrage remplit bien son litre, et nierite un accueil fiivorable. Les preceptes sent exposes avec clarle ; les mesures anglaises sont converties en Hiesures francaises. Les traducteurs outeu le soin de metfre I'origi- nal tout-a-fait a la portee des lecteurs francais. F. lo3. — * Foyage en Angleterre et en Riissie, pendant les annees 182 r, 1822 et i8i3 , avec un atlas de 29 planches , gravoes ou lithogra- phiees ; par Edonard de MojvTUtE , auteur du foyage en Amerique , en Sicile et en Egypte. Paris, 1825 ; Artlius-Bertrand. 2 vol. in-8''; prix 37 fr. « Je ne pretends point donner une description com])l^le des pays que je parcours ; je me prom^ne , en crayonnant les lieux remar- quables , en nbtant mes observations : heureux si je donne une idee juste des nionumens ; plus heureux , si j'ajoute une verite, ou si i'enleve une erreur a la connaissance que nous avons des peuples. » Tel est I'engageraent que prend I'^crivain avec ses lecteurs dans sa preface , et il ne faul pas le perdre de vue en lisant sa relation. II n'a promis que des esquisses legeres ; il ne serait pas juste de lui demander des tableaux acheves. Mais de simples esquisses peuvent encore offrir un veritable interet, lorsqu'elles sont tracees ])ar un homme d'un esprit juste , et qu'elles offrent le croquis de pays tels que I'Angleterre et la Russie. On a beaucoup ecrit siir le premier ; mais il est siriche de fails , il presente un champ si fecond a I'obser- vation ! Le second est moins connu , et, sous d'autres rapports , u'est gu^re moins curieux. Aussi I'ouvrage de M- de Montule se fail- il lire avec plaisir. On y trouve de la variete dans la description des lieux, de la justesse dans I'appreciation des fails. S'il ne presente pas les choses sous un point de vue bien neuf , s'il n'assaisonne pas ses recits de reflexions bien profondes , on y remarque toujours un Ion de bonne foi , qui n'est pas le moindre charme d'une pareille lecture, ni la louange la plus commune que Ton puisse donner a uu voyageur. Quoique le litre de I'ouvrage ne parle que de I'Angle- terre et de la Russie , I'auleur , qui a traverse le rojaume des Pays- Bas et la Pologne , n'a pu les quitter sans leur donner, dans sa re- lation, quelques lignes de souvenir. Nous ajouleions , pourachever notre tache de critique , que peut-etre ce voyage eut offert plus 2 1 '4 LIVRES FRANflAIS. d'iiiter^t , abiegc de quelques pages. L'ntlas est compose de plan- ches gravies k la iiianiore de I'aqua-tinta , et litliograjjliiees. L'ex^- cution n'en est pas tres-soignee , et ce reproche s'adresse particulife- remeiit a la litliographie, soite de gravure qui acquiert cependant chaqiie jour plus de perfection. M. A. Io4- — lHanuel de I'etranger dans Paris , pour iSaS ; par C. H.\R- M4Np. Troisieme edition. Paris, i8i5 ; Hesse et comp. In-i8 de vm et 4o8 p. , avec un plan de Paris ; prix : 4 fr- Ce livre a toutes les qualltes necessaires pour devenir le guide indispensable, le Fade meciim de I'elranger dons Paris. II n'est pas une de ces pages qui , sous la forme la plus commode, n'offre le resultat utile d'un travail long, prnible, minutieux, et de reclierclies bien dirigres. Imprime pour la premiere fois en i823 , sa troisieme edi- tion a paru cette annee. Quoique nous n'y ayons remarque aucune omission importante , nous conseillons aux cditeurs de se meiiager les moyens d'en faire tous les ans une nouvelle publication, afiu de pouvoir tenir leur ouvrage au courant de tons les changemens qui s'op^rent cbaqne jonr sur le theatre mobile de la capilale. « Voir beaucoup de choses en peu de terns, dit I'autenr, doit ^tre le but de tout etranger qui visite Paris » ; c'est ce qui I'a engage a ouvrir son volume par un tableau succinct de ce qu'il y a de plus important a yoir cliaque jour, a des henres fixes. II nous semble qu'il nuraitpuse dispenser dans ce tableau der^peter sept fois I'indication desdifferens spectacles de la capitale, qui , a I'exceplion dn theatre italien et de I'Opera , sont oiiverts tous les jours. Apres ce tableau , intitule : La semaine dii curieiix , vient une Indication parordre de dates des fours de ceiemnnie on de rejouissances pvbliqiics. Nous appellerons I'attention des personnes qui feront usage de ce manuel sur les Ins- tructions ( p. I a 1 3), dans lesquelles I'auteur suit I'etrangcr, depuis son arrivee a Paris jusqu'au moment de son d'epart. II hii signale les hotels les plus frequentes et les plus renommes , comme etant ceux oil Ton depenss le moins et ou Ton est le mieux servi. II lui recommande d'etre continuellenient en garde centre les aventuriers de toute esp^ce , et tres-circonspect avec les personnes dont il devra la connaissance au hasard. « F.conter et se taire , sans affectation, ajoute-t-il, doit etre la conduite invariable dc I'etranger a Paris , dans lescercles les plus brillans, comme dans les socictes d'un rang rnoins eleve. » Quant a la recommandation de monter sur les tours de Notre-Dame ponr etudier la topographic de Paris , il nous semble que la possession d'un bon plan serait preferable et d'un usage plus SCIENCES PHYSIQUES. ai5 commode. A ce sujet , nous inviterons les editeurs , dans Icur pro- chaine edition , a joindre au trace de Paris qu'ils ont donne par ar- I ondissement , le plan le mieux iini et le plus detaille qu'ils pourront se procurer. Les pages i4 a 299 du -volume contiennent tous les renseignemens desirables sur tous les objels qui peuvent iuteresscr r^tranger ou exciter sa curiosite. L'auleur, avec raison , a suivi I'or- dre alphabetique , comme celui qui presente le plus de facilite pour les recherches. Nous croyons inij)ortante I'addilion d'un article sous les mots escrocs , escroqiierie , ou I'on previendrait les etrangers contre les pieges frequens et varies auxquels leur ignorance et leur bonne foi sont exposees dans Paris. Cette addition serait d'autant plus ne- cessaire* que I'auteur n'a fait , pour ainsi dire, qu'indiquer ce sujet dans les Instructions dent nous avons parle. II nous semble aussi qu'a la liste des joiirnanx quotidicns et jiolidques , il pourrait ajouter celle des recueils consacres a la UlCerature et aux beaux-arts. Ceux-ci nous semblent de nature a devoir etre recLerches par les etrangers avec autant de curiosite que les premiers. Pourciter quelque chose de I'ouvrage de M. Harmand, nous aliens transcrire son article sur les maisons de jeu (p. i85) ; il donnera une idee du bon esprit dans lequel son Manuel est redige : « De toutes les seductions offertes aux etrangers dans cette grande ville, la plus dangereuse , la seule qui n'ait point de terme , la seule contre laquelle on ne puisse trouver de refuge , c'est le jeu. La raison et la morale ont vainement em])loye toutes leurs armes contre le fleau des mai- sons dejeu. L'inconvenient de voir s'etablir des tripots clandestins impossibles a surveiller, et le benefice de 8,000,000, provenant de la ferme de ces etablissemens honfeux , ont decide I'autorite a les proteger. Nous nous abstenons d'indiquer un seul de ces lieux re- prouves par lu morale, et nous preferons encourir a leur cgard le reproche d'inexactitude a celui d'avoir donne une seule fois occa- sion a une pcrsoune d'entrer dans une de ces maisons d'oii il n'y a qu'un pas de la honte a la mort. — On lvalue les somines risquees dans ces repaires au total enorme de 35o millions de francs par an. » U.i indicateur complet des rues , quais , places, etc., de Paris ter- mine I'ouvrage, dont il occupe les pages 3oo a 366. E. Hereau. Sciences religieuses , morales, polidques el historiques. lOD. — * Thesaurus patrum Floresque doctorum , etc. t. vii. Paris, r8a5; Beauce-Rusand ; i vol. in-S" de 480 pages. Prix , fi fr. (Voy. Rev. Enc. t. xxiv, p. 438.) 2i6 LIVRES FRANCALS. II fallait du ii-le pour conduire a hon port cetfe longue, utile et penible entrepiise; il fallait un louable desinieressemenl de la partde i'editeui', pour qu'il soutint avcc la plus scrupuleuse conscience la sinceritc des reclierches , lesoin des corrections, la purete du tirage et la belle qualite du papier, malgre sou renclierissenient. — Ce ne sera pas, sans doute, aprfes avoir aussi bien fait ce qui , dans le travail, ctait le plus fatiguant et le plus dispendieux, que M. Beaucc- Rusand pourrait s'arr(*ter. Aussi, nous atlendrons , avec une entiere conCance, son 8*^ et dernier volume, pour nous expliquer sur I'en- semble de ce bel ouvrage, dont le besoin s'etait fait sentir presqu'en meme tenis que celui de propager les saines doctrines de la religion , en s'appuyant de I'autorite des plus justement r^ver^s et des plus sa- vans p^res de I'eglise. Z. 1 06. — * De la religion consideree dan5/;c/- Witteksheim. Metz, iSaS ; Imprimerie de Hadamard. Paris, Levrault. In-8^ de5o pages; prix i fr. Ce memoire , envoye au concours ouvert par la Societe des sciences, agriculture et arts de Strasbourg ^ a obtenu une mention honorable : l'ouvrage couronne est celui de M. ^rr/i//r Beugwot , I'un de nos col- laborateurs. Le programme de la Societe deStrasbourgetait celui-ci : « Determiner lesmovens les plus propres a faire jouir la population israelite de I'Alsace des bienfaits de la civilisation; recherclier si les causes qui eloignent de la Societe les membres qui composent cette population, ne naitraient point de pratiques superstilieuses et de I'obstination a perseverer dans d'anciens usages que le terns et le changement de situation politique auraient du modifiei'. >• Le pre- mier soinde M. Wittersheim est d'assigner les veritables causes dela situation presente des Israelites ; il la trouve dans la longue influence de I'etat precedent, dans les habitudes qu'il avail fait contracter, les ressources qu'il avait fait perdre, les aversions reciproques que I'e- mancipation n'a point encore cliangees. Les juifs emaucipeset appeles a jouir des droits de citoyens ne pouvaient profiter sur-le-champ d'un bien auquel ils n'etaient point prepares. Le iiombre de leurs pauvres etait , proportionnellcment, beaucoup plus grand que celui des Chretiens reduits au m^me degre d'indigence, et la fortune de leurs riches ne pouvait ^tre comparee a celle des riches de I'autre religion. Le plus grand nombre s'est done trouve hors d'etat de changer de situation , et c'est par necessif e que I'ancienne manifere de vivre a ete conservee. Comment empecher que la religion de I'liomme ignorant et malheureux ne devienne superstitieuse 1 Et le moyen de bannir les superstitions n'est - il pas de repandre Tinstruction , un peu de bonheur , et le desir du perfectionneraent ? Ce que le aaa UVRES FRANCAIS. programme semble indiqucr comme une excuse, n'est que I'effet d'une cause plus generale, et qui heureusement, peut cesser d'agir. L'auteur propose deux ctablissemens , dont I'un est deja formd a Metz avec un plein succes , et I'autre existe depuis plusieurs aniiees en Russie, dans le gouvernement de Kherson. L'et;iblissement de Metz est une Sociile pour l' encouragement des arcs et metiers p'lrnii les Israelites cifadins : les moyens qui ont si Lien reussi dans cette ville ne seriiient pas employes avec moins de fruit a Strasbourg. Mais l'auteur attache encore plus de prix a retablissenient d'une ecole pra- tique d' agriculture qui attacherait les Israelites a la culture dcs tenes. L'exeniple d'une colonic agricole, toute de la religion juive, au vil- lage de Jese Nahr y ne laisse aucun doute sur le succes d'une fonda- lion seinblable en Alsace. II ne serait plus tenis de realiser le voeu que Raynal a expriin^ dans sou Histoire philosophique des ctablissemens europeens dans les deux Indes : ce philanthrope aurait voulu que les debris epars de la nation juive pussent ^tre rassemblcs dans quelque province de I'Amerique, et former dans 'e Nonveau-Monde , un nouvel etat donl il cut ete iuteressant et inslructif d'observer le dcveloppement, les modifications et les progr^s. Ce peuple est peut-etre condamne sans retour a rivre au milieu des nations qui le tolerent , et avec lesquelles il refuse de se confondre. Tout I'univers lut echappe : a I'exccptlon de I'Afrique et de quelques iles de lOccanie , on ne voit aucune conlree ou il puisse recouvrer son independunce, et redevenir une nation. Si la politique europeenne pouvait le permettre , et tomber d'accord sur ce point, on demanderait qu'il fiit retabli dans son an- cienne patrie , et q^'il lui rendit sa fertilite, ses grandes villes,ses monumens : qu'il fiit entreles Tndes, la Perse et I'Europe, Tinternie- diaire d'un commerce utile a tout le globe. Les ameliorations dont on s'occupe pour lui tendent ale faire disparaitre, comme les Iribus americaines etles hordes asiatiques, au milieu des ctablissemens eu- ropeens : ce n'est qu'en I'isolant que Ton aura pourvu a sa conser- vation. F. Il3. — * Enquete jaite par ordre du Vurleinent d' Angleierre pour cons- later les progres de I'industrie en France et dans les autres etats du Continent. Ouvrage presente a la Chainbre de commerce de Paris iiarM. Maiseau. i vol. in-8" ; prix fi fr. a la librairie de I'industrie, rue Saint-Marc, n" lo , et chez Baudouin fieres. Le succes de eel ouvrage a ete si rapide que la premiere edition se Irouve a pen pres epuisoe avant que nous ayoiis pu rauuoncer ; on SCIENCES MORALES. 223 s'occope en ce moment de la seconde ; des qu'elle aura paru nous en lendrons comptea noslecteurs. 114. — * Des avantages d'ttiie assurance genera/e contre T incendie , eteiidue a tous les inimeubles de France sous le controle des cham- bres. Paris, i825; Mongie aine. Broch. in-8" de Sg pag. Prix: i f . ^ au profit des incendlcs de Salins. L'objet de cet ecrit d'uu philanthrope est de soUiciter une loi,et en meme tems I'opinion publique qui donne la sanction aux lois , pour que les pertes occasionees a un proprietaire d'immeuble, soient supportees par tous les autres proprietaires du royaume. C'est une espece d'assurance niutuelle, mais obligee. Une pareille mesure est adoptee a Geneve , et elle pent reussir dans des Etats libres , oil les deniers publics sont administres avec economic et sous le controle du public. Peut-^tre donnerait-elle lieu a beaucoup d'abus, dans le pays ou le controle des chambres representatives est illusoire , oil nul fonctionnaiie public n'est nomme par la nation , et ou I'estimation des dommages , comme I'allocation des indeinnites , seraient arbitrairement fixees ; ou enCn on nkiurait aucune garantie sur I'emploi des fonds leves parcenouvel impot. — Au reste, la pro- position est parfaitement desinteressee de la part de son auteur, et la brochure sur laquelle se trouvent deux charmantes gravures , I'une qui represente la ville de Salins avant I'incendie, et I'autre qui reprcsente la meme ville pendant I'incendie, se vend au profit des incendies. J. B. S. 1 15. — La convalescence d'anpere defamille , ov mojen de bien -vivre et de bien mourir. Paiis , i8z5 ; Bossange pere ; Hubert. Brochure in-8° de 3o pages. Quelles que soient I'ardeur et Tbabllete que des ecrivains et des ncgocians apportent aujourd'hui a I'etude de I'economie politique, les elemens de cette science peuetrent lenlenient dans les rangs in- ferieurs de la societe , et mdrae parmi les hommes d'etat qui la gouvernent. En Amerique, et dans la Grande-Bretagne , c'est aux economistes les plus distingues que Ton confie la surveillance des industries agricole , manufacturifere et coniniercante. En France , il est bien rare que nous jouissions d'un pareil avantage. Notre agri- culture , nos fabriques , nos douanes, sont regies , comme notre ma- rine, par des administrateurs emineus, qui decident souvent sur ce qu'ils r.e connaissent ni ne comprennent. Aussi , chaque annee , avons.nous a rougir auprfes de I'etranger des erreurs et de^s pueri. lites qui , a I'occasion du budjet , se dcbitent dans les Chambj es ou aa4 LIVRES FRANCAIS. hors des Chainbres. Apr^s tout, cependant , nos premitres chaires d'ecoaomic politique sont nos tribunes. Press^-s autour d'elles, nous ecoutons les professeurs qui les occupent. L'un de leurs pr^juges les plus cliers, celui qu'ils so plaisent et qu'ils ne r<5ussissent que trop k entretenir dans la nation, c'est qu'il n'existe d'aiitre propiiete que la propriete leriitoriale. Quelques lois ni(?me , depuis 1817, ont semble confirmer cette erreur ', en limitant I'exercice des droits po- litiques aux citoyens qui paient trois cents francs , niille francs ou au dela d'impots fonciers , comme si I'artisan qui exerce un metier, le medecin qui pratique I'art de guerir, I'avocat qui interprdte les lois, n'etaient pas de veritables proprietaires ? Tous doivent a des etudes attentives , a des avances d'argent, au travail de plusieurs ann^es , les connaissauces industrielles ou scientifiques qui les font vivre : puisqu'ils jouissent de revenus , ils ont des capitaux. Disons plus, I'infdme trafic de la traile prouve suffisuniment qu'un negreiii- culte, qui ne possMe que ses bras, a deja uue valeur reelle : ses forces, son Industrie, se comptent dans les proprietes de ses maitres : elles seraient done des proprietes pour lui-m^me , s'il elait libre et cultive. On a reconnu, depuis long-terns, en Angleterre et aux Etafs- Unis , que la vie des liommes vaut quelque chose, et que cette pos- session est susceptible d'(5tre assuree coniine toute autre. II faudra quelques annees encore pour qu'on reconnaisse dans notre pajs que lartisan , I'artiste ou I'employe qui n'a ni terre, ni niaison , ni rente, 'est pourtant proprietaire. Aussi n'osons-nous predire un succes l)ien rapide a la Compagnie d' Assurances geiierales siir la vie des hommes (i) , qui semble avoir donne naissance a la Nouvelle que nous annoncons. C'est l'un des plus elegans et des nieilleurs prospectus que Ton ait encore faits. Les avantages du nouvel etablis.'.ement y sont exposes avec art et sans cliarlatanisme. «Ces assurances, dit I'auteur, ont pour but de fonder, de creer un beritage ; elles substituent un capital perpetuel au revenu viager d'une profession , d'une Industrie quelconque ; elles donnent a rhomme dont I'existence est precaire le plus precieux des biens , la plus douce des consolations , puisqu'il n'a plus d'inquietude sur i'avenir de sa famille , et qu'il peut la mettre a I'abri de toutes les vicissitudes. » Nous recommandons cetle brochure a rattenlion de (t) Aiitorisee par rurJunoance du Roi du 22 decfinbrc i8ig, tt.ihlie a Paris, rue Ridielieu, n" 97. SCIENCES MORALES.. 2^5 loutes les personnes qui s'iiiteressent aux progres de reconomie po- litique ; elles y trouveront des vues saines , quelquefois neuves , exposees avec precision. P. Lami. 1 1 6. — * Rapporc remis a Monseigneur le Dniiplii/i par ivi inembre de la Societe ( pour ramelioratiou des prisons ) ; leqiiel a eti charge par Mnmeigneitr d'en donner coiinaissance an conseil general ; siiivi dii Rap- port dii conseil de saliibrite , sur la construction de^ latrines piibliqiies, et I'assainissemenl des latrines et fosses d'aisances ; imprimepar ordre du conseil general de la Societe royale des prisons. Paris, iSaS. In-4° de I'impriraerie de Fain, accompagne de quatre planches de grande dimension. Rien n'est plus satisfaisant que ce nouvel ecrit , public par la So- ciete royale des prisons. EUe a vaincu le pouvoir secret qui tendait a la reduire a une existence purement speculative. Elle vient d'appli- quer cent mille francs de ses fends a Tassainissement des prisons, en les delivrant du mephitisme des fosses d'aisances, au moyen des fourneanx d'appel, imagines par M. Darcet , de I'Acadeniie des sciences. Deja la maison de Gailion , qui renferme 1200 detenus, el la Grande Force , a Paris , jouissent de ce bienfait , et ne laisseut aucun doute sur I'efficacite de cette amelioration. L'utilite en sera d'autant mieux sentie, que I'etablissement d'un fourneau d'appel ne coutera pas au dela de 200 a aSo francs. Une depense si modique delivrera les prisons d'un fleau qu'il etait bien urgent d'en faire dis- paraitre. Dans tous les lieux que les liommes habitent en grand nombre, dans ceux surtout oii la force les retient en captivite , le mephitisme dont il s'agit, qui en semblait inseparable, et qui empoi- sonnait jusqu'au sommeil , ne fait pas seulement de la vie un sup- plice de tous les instans; niais il en abr^ge encore la duree par son influence deletcre. La Societe royale s'est attacliee, dans I'ecrit qu'elle public , a faci- liter partout I'extinction de ce fleau. Au recit deoe qu'elle a fait elle- mdme, elle joint une instruction tres-detailleedu conseil de salubrite du departement de la Seine pour rctablissement (^conomique de four- neaux d'appel ; de grandes jilanches lithographiees rendent sensibles a la vue tous les details d'execution necessaires, en surte que sur les points les plus reculesde la France, il n'est pas d'aJmiuistration lo- cale qui ne puisse faire etablir par les constructeurs les plus vulgaires, soit dans les prisons , soit dans les hopitaux , les appareiis de M. Dar- cet. Ce qu'on dit ici des administrations s"appliqi:e egalement ;:ux T. \- vn. — Octabre i^aS. \[^ aaG LIVRES FRANCAIS. projjrietaires de manufactures et d'ateliers ou les homines soiit expo- ses par la nature de leurstravaux a des exlialnisons malsaines. Nous nianquerions a ia reconnaissance si nous ne fiiisions remar- quer la part que Monseigneur le Dauphin ne cease de prendre aux travaux de la Societe rojale, dont il a veritablement ranime I'exis- tence. 11 est consolant pour le peuple de peiiser que tout ce qui inle- resse le soulagement des malheureux , nieme dans les details les plus rebutans, est regarde par le prince heritier du trone, comme digne de ses soins et de sa noble surveillance. On aime aussi a retrouver dans celte carriere de bicnfaisance un magistral iutegre et infatigable, dont I'Sge seinble redoubler le zele et les forces; car le Rapport, su- jet de cet article, et I'expcrieuce des fourneaiix d'appel dans la prison de Gaillon sont encore uunouveau service de M. de BARBt-MARBOis. (Vov. ci-dessus, page 36, le Rapport fnita la Societe des prisons par ce respectable philanlhiope. ) Les anciens ne croyaient pas pouvoir rendre dc plus bel hommage a la vieillesse qu'en lui assignant pour dernier attribut un repos honorable , otium cum digiiitale ; il faut que I'dme de M. de Marbois soil d'une trenipe plus forte et plus gene- reuse; car sa vieillesse ne veutd'autre devise que /aJorcH/n dignita'.e ; nous devons y ajouter : et cum. utililaCe communt. Lemontet , de rinstituc. Ilj. — * Recherches sur la Natioiialite , I'esprit des peuples alle- mands , etles inslituUons quisernierU en luirmonie ai'ec leiirs mocurs et leur caractere ; par Fr-L. Jahn ; ouvrage traduit de I'allemand , avec notes, par P. LoBTET, D. M. Lyon, 1825 ; Millon jeune. Paris, Bossange fr6res; Baudouin. i vol in-8° de xxv et 432 pages ; prix 5 fr. Cet ouvrage fut public , en allemand, il y a deja plusieursannees, par le professeur Jahn , dont le nom a depuis rewpli tons les jour- naux , niais qui n'est guere connu en France que par les persecutions poliliquesdirigeeslong-temscontrelui dans sa patrie. Pe-ut-^tre, avant de nous livrer a I'exameii de son livre, pourrons-nous puiser dans la Notice biographique qui precede la traduction de M. Lortet, quel- ques details pro]n'es a mieux fail e apprccier cet honinie remarquable, mi dont I'influence sur ses compatriotes a ])aru alarmer pendant quel- jHI que tern's les gouvernemens de rAllemagne. Ne en 1778, dans un petit village de la Prusse, Jahn dut aux lecons et aux exemples d'un ancien marin et d'un inilitaire retir^, le goiit et I'ardeur qu'il a toujours montres pour les exercices du corps. Dans sa jeunesse, il visita dixuniversites; mais il sejourna plus long-teins dans celles de Jena et dc Halle. II existe dans les universites allemandes des SCIENCES MORALES. . ix- associations ou des corporations provinciales (^Landinannschnft) , qui tendent a creer des antipathies et des inimitics entre les etudians des diverses provinces de la patrie commune. Jahn ne voulut point s'atta- cher a aucun de ces ordres. Tons ses efforts menie eurent pour but de les detruire et d'aneantir leur funeste influence. Celte opposition , soutenue avec fermete , et malgre tons les dangers auxquels eile I'exposait, et plusieurs circonstances oil il se sfgnala par la ferme volonte de reformer les abus de tout genre intioduits parmi les 6tudians, le firent connaitre, et lui assurerent de bonne heure une espece de suprematie sur ceux qui I'entouraient. Toujours fidele a la grande idee qui I'avait domine pendant le cours de ses etudes, de reveiller le sentiment patriotique, il consacra plusieurs annees a parcourir toutes les parties de TAUemagne, meme les plus reculees ; il visita les champs de bataille, etudia les divers dialectes du peuple , et rassembla une foule de materiaux qui out fourrii les elemens, non seulement de I'ouvrage que nous annoncons, mais encore d'un livre intitule : Bereichening des hochdeutichen Sprachsatzes (Moyens d'enri- cliirla la-nguedela Haute-Allemagne), qui parait destine a introduire dans la langue allemande des locutions dedaignees ordinairement comme provinciales. En 1809, Jahn vint a Berlin, ou il fut professeur de gymnastiquedans I'etablissement du docteur Piamann. Ses lecons, d'abord suivies par un trcs-petit nombre d'el^ves , attirferent peu a peu I'elite de la jeunesse de Berlin. C'est en 181 1 que le premier gymnase fut ouvert. En 18 13, a I'appel du roi, tous les eleves en ^lat de porter les amies partirent avec Jahn; il en forma un ba- taiUon , avec lequel il fit toute la campagne. Bientot, I'exemple doniie jjar Berlin (i), ou 1400 jeunes gens prenaient part aux exercices gymuasliques , fut suivi par 1 Allemague entiere , et plus de 200 gym- nases etaient deja etablis dans ce pays, loisque Jabn , accuse de nie- nees deuiagogiques, fut arrache a sa famille et conduit dans la for- teresse de Spandau. Les journaux nous oat appris depuis que le (i) A la meme epoque, la gymnastique etait introduite romme jjartie es- sentielle tie 1' education daus retablissement du celebre Pestalozzi , .i yverduD.Pliis tard, elle eut des propagateurs liabiles et zeles dans M. Ct.ias, qui a fonde des gymuases a Berue, a Geueve et eu Augleterre, oil il a et<'' eflicaceraent secoudii par les dues de York et de Welliagtou, et dans M. le colouel Amoros, qui dirige avec succes a Paris le gymnase normal civil et militaire, et duqu,el on doit I'iutroduction et Teuseiguement pratique de la gvmnastique pii France. 2,28 LIVRES FRANCAIS. trlbuii.il dc Mayence avail declare qii'il n'v avail pas lien a le ponr- suivre. Ce|)endant , nous ignorons encore si Jahii a ete effectivemoni inis en liberie, ou s'il a seulement thnng^ de prison. L'ouvrage qui nous occupe n'est, comnie I'auteur raiinonce, que le sommaire d'uu travail beaucoup plus etendu, resultat de ses loncues recherches , et destine a devenir le depot de ses vues sur les ameliorations dont I'etat actual de I'AUeniagne lui parail susceptible. Far le mot nationalite , que lout le monde comprendra sans doute , quoiqu'il ne soil guere admis dans notre langue , I'auteur semble vouloir dire caiaclere et esprit naUonat. Selon lui, le peuple allemand .\ perdu celte nationality, ce caractere distinctif, cet esprit patrio- tique sans lequel il le croit incapable de grandes choses , et itnpuis- sant contre les attaques de I'etranger, el qui seul peut lui assurer una existence brillante et durable. Pour le recreer , il faut de nou- velles inslilutions, il faut une organisation sociale et politique mieux cniendue. Aprfes avoir long-tems eludie I'bisloire de I'Allemagne , aprfes avoir observe son etat actuel , Jahn s'est done attacbe a de- couvrir pourquoi I'esprit public s'y elait entierement eteint, afin de inieux reconnaitre quels etaient les nioyens de le retablir, et, se conslituant, pour ainsi dire , le legislateur de son pays, il lui offre, dans son livra , I'ensemble des institutions qu'il croit propres a pro- duire ca resultat. En le parcourant rapidement, el en essayant de faire connaitre les principaux sujets qui se Irouvent traites dans cet ouvrage, nous hasarderons quelques objections contre les opinions qui nous paraitront peu fondees. Ce qui est incontestable , c'est le principe etabli et developji^ dans le premier livra : un pays ne pent avoir de nationalite, qu'aulant qu'il est compose de parlies homogenes. Doit-on s'attendre, en effct , a en frouver, menie la moindre trace, dans un empire comme I'Au- triche, par axempla, ou se trouvent reunies des contrees si diffc- reutes par laur climat, la nature de leurs institutions et de laurs ■ lois , les inoeuis, les usages et mdme la langue de leurs habiians, et que toules ces oppositions morales doivent isoler aussi complete- ment les uns des autres qua peuvent le faire les fronti^res placees entre elles par la nature ! Nous n'enlrerons pas dans les details du second livre , qui prc- sente le tableau de radministratlon inteileure de I'Etal. II nous semble cependanl que I'autaur , lout en pressentaut les graves incon- veniens de la centralisation, n'insiste pas assez sur les imnienses a vantages d'une organisation niunici|)ale, qui d'abord |)etit seuie SCIENCES MORALES. . -22!; prevenir un grand nombie d'iihus, et qui, d'un autre cole, en appe- lajit tous les membres de la societe a prendre part a son goiiverne- luent, du moins dans ce qui lesconrerne le plus imniediatement ,noiis senible etre , plus que toufe autre institution , propre a creer cet espri ' public sans lequel il n'y aura jamais de nationalite. Les \ues sur rorgu- nisation judiciaire,sur la perception des impots , sur reducatiou, nous jiaraissent, en general, assez judicieuses , si cen'esi pourtant la pro- |)Osilion de reunir tous les jeunes gens dans une m^me ccole, quelh- que soil d'ailleurs jeur destination ulterieure. Jusqu'a un certain dge, jusqu'a un certain degre de connaissances, Teducation peut etre commune : tout le nionde en convient ; niais les ecoles speciales pour I'etat militaire, pour le genie civil, pour la marine, puur les arts et metiers, pour la medecine, pour le droit , etc. , nous semblent de- voir former des militaires , des ingenieurs , des marins, des maniifac- turiers ou des artisans , des medecins et ties jurisconsujtes bieu mieuN iustruits et bien autrement disiingues que les eleves d'un sen! etabiis- sement central , ou I'etude des sciences necessaires a rliacnne de leurs professions respectives ne serait qu'un simple accessoire. Bien loin de notre pensee , toutefois, cet autre travers qui voudrait restreindre le cercle de chaque homme a une seule branche de connaissances, qi.i refuserait au militaire ou au medecin , par exemple, le droit de connaitre les lois de son pays , ou de former son esprit par I'etude de la philosophic et de la litterature. Le livre III porte le titre d'unice de I'Etat et du peitple. II aurait dii suivre le premier, ou plutot y etre compris; car son but est le nieme. Malheureusement , nous avons pins d'une fois rencontre ce dcfniit d'ordre, qui rend la lecture fatigante a force de repetitions. Jiilui aborde, dans ce livre, deux sujels qui doivent ^tre traites avec pre- dilection , ainsi que le fait supj)oser I'histoire de sa vie : I'linite de langiie pour une nation , dont il n'a pas de peine a deraontrer les avantages; et la manie du compalriolisme , c'est-a-dire I'esprit de pro- vince , dont I'effet est de separer et de desunir les enfans d'une menu- patrie. \j Eglise occupe le IV livre : rendre a la religion la dignite sans liiquelle elle ne pourra obtenir tii respect, ni influence, tel est le but oil tendent les diverses institutions que j)ropose Jahn . soit pom le culte, soit en faveur des nombreux ecclesiastiques de cauipagui . Vediicaiion du peuple devait surtout etre I'objet des plus impoi- lantes recherches de I'auteur ; elle est la source du bien et du mal ; ' c'est le plus puissant, peul-etre I'unique moyen de refornie. \.v 'lo LITRES FRATSTAIS. livre V lui est exclusivemcnt consacr^. Accordant a riitattout droit sur I'educatioii des enfans, Jahn exigp qu'elle soit commune a tous les membres de ki soeicfe. Dans renuraeration des etudes ou des exercices qu'il indiqiie comme les plus propres a former des citoyens utiles , patriotes et eclaires, il comprend I'appreniissage d'un metier manuel, qui ne nous parail pas, comme a lui , indispensable a tout homme et a tout citoyen. Nous sommes aussi bien eloiijncs de vou- loir proscrire I'ctude des langues etrangeres , et de prctendre qu'elle n'est propre qu'a faire des perroquets et des sansonnets. C'est una singuli^re exageration , par exemple , que d'attribuer a I'usage de la langue francaise una grande partie des malheurs de rAUemagnt*. Le patriotisme est un sentiment tres-louable, qui cesse de IVkie lorsqu'il passe les bornes et qu'il degenfere en cgoisma national ; et c'est un reproche que Jabn merite peut-ctre quelquefois. Le livre VI Iraite de la Constitution. Tout en admettant unediete, ou une reunion de representans du peuple, I'auteur conserve une noblesse; mais il ne s'explique pas sur les privileges dont il voudrait 'a faire jouir. Jahn a pu , dans les dernieres guerres , apprecier I'uti- lite d'une landwehr ou milice nalionale : aussi propose-t-il, comme la plus sure protection du pays , I'organisation bien entendue d'une force defensive residant dans le peuple meme, menacante pour les ennemis du dehors , mais echappant a la direction arbitraire du souverain. Dans le livre VII. intitule Da sentiment national , il propose un costume national, de grandes fetes civiques, des sepultures d'hon- neur, des monumens nationaux, etc. Dans le livre VIII, il s'at- tache a demontrer quelle pourrait etre I'influence d'une lltterature nationale. Peut-^tre lui attribue-t-il des effets exageres lorsqu'il pre- tend que « I'anglais ressusciterait de I'unique Shakespear , lors m(*me que Londres serait detruite. » — La i>ie domestique fait le sujet du ,^ livre IX. En parlant de ramour et du mariage, du respect anquel les femmes out droit, des qualltes particulieres a ce sexe, I'auteur laisse echapper, da terns a autre, de bonnes vues; mais il s'aban- donue aussi quelquefois a des pensees qu'on pourrait taxer d'en- ihousiasme. Les livres X et XI , enfin , contiennent , le premier, des reflexions sur Vntilite des t'oynges dans la patrie ; le second, r«/>o- logie des sentimens et des intentions de I'auteur, sous le fitre de Conclusion. Ce raplde apercu suflit pour faire apprecier I'importance du but que s'est propose I'auteur. II y r^gne , comme dans I'ouvrage, un SCIENCES MORALES. 2I1 defaut d'ordre et de methode que Ton a reproche quekjuefois, avec raison , aux savans et aux ecrivains allemands , d'ailleurs si recom- niandables par Tetendue de leurs connaissances et la profondeur de leiirs recherches. Ecrit dans lui terns oii rAIlemagne avail perdu pres- que touteson independance politique, lorsque ses plusnobles citoyens s'indignaient de lar.guir sous une domination etrangere, cetouvrnge se ressent de rexaltalion des sentimens qni I'ont inspire. La traduction de M, Lortet, bien Icin de pallier ces defauts en retablissant un peu de suite dans les ideas, en temperant les exagerations de I'oiiginal, en pretant toute la clarle de notre langue a des pensees quelquefois obscures ou mal digerees, semble, au contraire , offrir plus de difficultes au lecteur que I'ouvrage allemand ; tant le traducteur s'est obstine a conserver des formes de style , des expressions quelque- fois triviales, qui, pour etre permises ou tolerccs dans une langue, n'en sont pas moius bizarres et inconvenantes dans une autre. Si I'execution de cet ouyrage n'estpasa I'abride toute critique, ce que Ton peut attribuer en partie a la perte que fit I'auteur de la plu- part des materiaux rassembles pendant plusieurs annees de recher- ches, et a la forme de sommaire , qu'il a cte force de lui donner, on ne peut refuser des eloges aux nobles et patriotiques inten- tions qui i'ont dicte, ainsi qu'a I'utilite des vues qu'il renferme, et dout I'interet ne sera pas restreint a la seule Allemagne. A. J. 118. — * Encjclopedie portative , ill* division. — Resume de I'histoire iiniverseUe , i'^ partie; par MM. F. de Broxokne et y/i;?. Lvugter. Paris, 1825 ; au Bureau de V Encyclopedie poraiii'e , rue du Jardinet- St-Andre-des-Arcs , n° 8. i vol. in-i8 de a64 pages; prix 3 fr. 5o c. Ce volume ne contient qii'une partie du travail que les auteurs se proposent de publier snr I'histoire , et I'ou sait qu'il n'est pas facile d'apprecier avec justesse un ouvrage de ce genre , avant d'en avoir pu embrasser I'ensemble , et mesurer les proportions. Je me borne done a indiquer les matieres dont les auteurs ont compose ce volume, sans exprimer encore mon opinion, a laquelle je ne pour- rais pas donner tous les developpemens necessaires. Je leur em- prunte a eux-raemes cette analyse sommaire : « Apres une introduc- tion sur la marche des etudes historiques , et sur le caractere que leur ont imprime les divers historiens sur les moeurs des peuples, sur la nature des institutions, une premiere division trace la ma- niere d'ecrire I'histoire , les etudes et les qualites essentielles a I'his- torien , la forme et la composition des differens genres historiques. 2?2 LIVRES FRANCA.IS. Uiie secoiule division infliquc les sources traditioniielles, nionumen- t.<)es et iH-ritcs oii I'liistorien doit puiser les regies de critique qu'il doit suivre , le degre de confinnce qu'oii peut accorder a ses recits. Eiifiu, dans une troisi^me division, on jette un coup d'oeil sur les evdnemens dont ['influence fut assez puissante pour modifier I'etat de lit societe, les nicciirs , les idees , les institutions ; c'est i'esprit et la philosophic de I'histoire : il en decoule des lecons utiles et de gran- des instructions." 13. 1 1 9- — * Tableaux historiquei des peiiples modernes eiiropeens , com- poses de medaillons , etc., accompagne d'lin tcxte expiicatif , etc. ; par M""' L. DF. SiiNT-OuEN, auteur des Tablemir mnemoniques de I'histoire de France. Tome I. Histoire d' Aiiglelcne. Paris, tSaS ; Ciirez , rue Hautefeuille , n° i8. x vol. avec atlas ; prix la tV. Les tableaux de madanie de Saint-Ouen se composent d'un petit nombre de signes, faciles a reconnaitre et a distinguer; et qui, places avec des dates dans les medaillons destines a chaque r^gne , suffisent pour en indiquer les principaux evenemeus. En signal.mt cette invention et I'heureuse application qu'en avait faite I'auteur a notre histoire natioiiale ( Rev. Enc. T. xv , page 583 ) , nous avons annonce que M""*^ de Saint - Ouen se proposait de rcdiger , dans la ui^ine forme , I'histoire de chacun des grands peuples de rEuro{>e moderne. EUe publie aujourd'hui quatre tableaux et un volume de texte expiicatif, compienant Vhistoire d'Angleterre , de Soo a i8ao. L'auteur a choisi pour point de depart le regne d'Egbert le Grand , qui reunit, sous son pouvoir sonverain , les petits etats de THeptar- chie saxonne. Une introduction precise et claire apprend, sur les tems anterieurs , tout ce qu'il est necessaire de savoir , au moins quand on se borne a des elemens historiques. Get ouvrage prendra place parmi ceux que Ton met avec fruit entre les mains de I'enfance et de la jeunesse. Des lecteurs plus ages ne le parcourront pas sans plaisir. lis y remarqueront partout un sentiment qui honore I'ame francaise de l'auteur. Rigoureuseuient impartiale , M">e de" Saint- Ouen laisse pourtant deviner ce qu'il en coiite pour placer, sous des signes de gloire et de prosperite, des victoires remportees trop sou- vent sur les Francais. — Les Histoires de Russie , d'Espagne, de Por- tugal, d'/iutriclie , deSuide, de Danemarh, de Polngne , des Deiix-Sici/es doivent suivre de pres VHistoire d' Angleterre, et completer une entre- prise que nous regardons comma uii veritable service rendu a IV"- ducation. Eusebe Salvertb. I SCIENCES MORALES. I'i'^ 120 — * Histoire ill tribiinat des (iracijiies , par M. M***. ( D. V.) Paris, 1825 ; Delaforest. i vol. in-ia de 2iy pages; (Jiix 3 fr. L'auteiir s'est charge de plaider, dans cet ouvrage, uiie noble cause; il vient de rehabiliter la memoire de deiyc grands hommes , illustres par leur patriotismeet leur eloquence, immoles Tun et I'autre ii la haine d'une aristocratie oppressive qu'ils avaient fait trembler, et poursni-vis jusques dans la torabe par la calomnie , qui s'est effor- cee de les fletrir aux yeux de la posteiite, comitie de mauvais ci- loyens. Je ne m'arr^terai point a examiner le raerite de chacun des argumens que fait valoir ce nouvel historien des Gracques eu leur faveur. Je partagcais d'avance son opinion sur certaines accusations accueillies trop facilement par I'histoire. Tout ce qu'il dit a I'egard des erreurs de ce genre m'a paru frappant de justesse. On sent au tour energique, a la chaleur de la refutation, qui se m(?le parlout au recit de la vie des deux heros , de quelle profonde conviction est penetre I'auteur , et combien vive est sou indignation. Son style ne manque point de force; mais on pent lui reprocher trop d'eclat , en general, des images qui ne conviennent point a la gravite de Thistoire, et quelquefois un luxe d'epith^tes , dont le gout sacrifierait volontiers une partie. II est juste aussi de dire et de pronver , par une citation, que Ton y trouve des morceaux tout entiers d'une purete irrepro- chable , et dans lesquels la narration est pleine de cliarme. Tel est, ce me semble , ce passage sur la celebre Cornelie: « Leur au- guste mere , apres leur mort , se retira a Misene; elle v passa le reste de ses jours dans une maison de campagne, sans rien changer a-sa maniere de vivre. Son merite distingue , les hautes qualites de son 'time, lui procurerent , jusqu'a son dernier moment, une societe res- pectable composee de savans et des premiers personnages de la Republique. El',» charmait tons ceux qui venaient la voir, lorsqu'elle racontait des particularites snr la vie de Scipion I'Africain , son p^re, et la conduite domestique de ce grand capitaine. Mais elle les rem- plissait d'admiration , lorsque, sans donner aucune marque de dou- leur , sans verser une larme, elle rappelait I'histoire de tout ce que ses enfans avaient fait et souffert pour le peuple. 11 semblait qu'elle parldt de personnes indifferentes. Elle avait meme coutume de dire , en parlant des temples eleves sur le sol oil ils avaient peri , que c'e- taient des tombeaux dignes de ses deux fils. C'est dans nne circons- tance pjreille qu'elle fit a un Romain qui lui portait des paroles de consolation, celte reponse subhnie que S^neque nous a conservee : j'ai rnfante les (iracqnes , elvoiis me cmisoli-z ! CeUe fermete parut si ^"^4 LIVRES FRANCA IS. extraordinaire a queiqiies-uns , qu'ils pensirent que la vieillesse et ses malheiirs avalent nffaihli en elle I'esprit el le sentiment. Insenses! s eerie Plutarque, jls ignoraient coinbien une bonne education et surtout la grandeur du naturel peuvent elever I'dme au-dessus de la fortune , et la mettre en elat de triompher de la douleur ! Le peuple romaia.apres s.i mort , lui ^leva une statue sur Ja place puhlique, avec cette inscription, sublime par sa simplicite et son laconisme : A CORNELIE, MEHK DES Gr.VCQUEs! » B. 12 1. — Histoire des croisades entreprises pair fa delh'raiice de la Tcrre-Salnfe , par Charles Mills, traduite de Tanglais par Paul Tiby, et accompagnce d'un al/as dessine et grave par ^mbroise Taudieu. Paris, i8 j5 ; Bouliand , War. au Palais-Rojal. 3 vol. in-8\ Prix, i8 f. T. i"in-8">de 33 1 pages. Louvrage dont nous annoncons la traduction, a eu trois editions , depuis 1820, epoque a laquelle il a paru pour la premiere fois en Angleterre (V. Bev. Enc, t. vr i , p. 56i. ) II y est fort estim6,et, suivant le traducteur, sir Walter Scott I'a souvent consulte pour composer son roman de liichaid en Palestine. On pent regarder M. Mills comme le premier ecrivain Anglais qui ait donne une his- toire complete, jndicieuse et en meme terns interessante de ces guerres saintes , dont les motifs et les resultats out ete si diverse- ment apprccies. L'ouvrage commence par I'histoire politique de Jerusale.-n , depuis la destruction du second temple, et enibrasse tons les evenemens qui ont eu lieu depuis la premiere croisade jusqu'a I'entiere expulsion des clireliens occidentaux. Le premier volume se termine a la prise de Jerusalem par Godefroi. Toujours appuye sur les auteurs contemporains , dont il a fait entrer avec habilete uii tres-grand nombre de fragmens dans son ouvrage, M. Mills a su donner a sa narration cette empreinte des terns et des lienx que Ton ne trouve peut-ctre pas assez dans I'estimable ouvrage de M. Mi- chaud. M. Tiby reproche encore a ce dernier de s'^tre trop 6tendu sur des epoques peu importantes; raais il avoue que M. Mills est tombe quelquefois dans Texci^'s contraire, et qu'en resserrant en deux volumes un aussi grand nombre de faits, il ne les a pas toujours suffisamment lies, ni eclaircis. Le traducteur acherche a remedier h ces defauts; il me parait y avoir reussi , eu s'abstenant toutefois, avec le m(^me soin que I'auteur anglais , de ces vains ornemens et di- ces declamations d'une fausse pbilosophie qu'on a reproclies avec raison a plusieurs historiens du xviii* siecle. La traduction de M. Tiby porte le cachet de la fidelity ; a quelques incorrecfions prds , SCIENCES MORALES. ^55 son style est pnr ; il a souvent de I'energie, et m^ine de relevatioii. Les notes additionnelles placees a la fin dii volume que nous annon- cons, et dues les unes a I'auteur , les autres au traducteur , seront lues avec interet : nous citerons particnliereraent celle qui fait con- naitre les sources ou M. Mills a puise, et plusieurs ou Ton donne des details sur les armures et les usages du teins. L'atlas , execute avec soin, contient les carles de I'Asie mineure , de la Sjrie, de la Terre- Sainte et de Tfigypte au terns des croisades , et les plans de Jerusa- lem, d'Antioche et du siege de cette derniere ville. En resume, rien ii'a ete neglige pour assurer ;'i la traduction de M. Tiby un succ6s pareil a celui qu'a obtenu I'Driginal. A. M — x. 122. — * Resume de I' histoiie des Croisades, par M. Saint-Maurice. Paris , iSaS ; Lecointe et Durey. i vol. in-i8 ; prix 2 fr. 5o c. En composant son abrege de I'histoire de France , M. Felix Bo- din a le double merite de nous avoir donne un bon ouvrage et I'exemple d'un genre de travail tres-ulile, que des ecrivains estima- bles ont suivi avec succes. II est rare que Ton puisse donner a I'etude de I'histoire letems qu'elle exigerait; les distractions sont nombreuses; I'esprit humain est paresseux, et beaucoup de personnes aban- donnent, a regret , cette etude qui exige une trop loiigue application. Resumer avec clarte les points principaux de I'histoire , c'est done rendre un veritable service a toutes les classes de la socicte qui eprouvent le besoin de s'instruire et qui trouvent dans les lecons du passe des guides pour I'avenir. Le Resume de I'Histoire des Croisades est digne de I'importance et de I'interet du sujet. On se tromperait, en croyant que ce genre de composition n'exige que de la memoire et une ])atience laborieuse ; il faut, au contraire, 6tre done de beaucoup de sagacite , de goiit et d'erudition , pour choisir et classer avec art les fails les plus remar- quables , et pour analyser succinctement les details qui servent .i eclaircir et a lier les evcnemens. M. Saint-Maurice qui joint a ces qualites le merite d'un style ferme et rapide , trace aux personnes les moins accoutumees a suivre le dedalede I'histoire , des chemins qp'elles parcourront avec fruit. On se plait a reconnaitre , dans 1? marche des evenemens politi- ques les plus opposes, une tendance naturelle vers le meme but. Au milieu des siecles les plus barbares, on voit chaque mouvement du corps social concourir avec plus ou moins de rapidite a la progres- sion de I'ordre, et par consequent a la prosperite commune. Ainsi , lorgqu'a repoque des croisades, I'Europe entiere, soulevee par la su- 3'^^» LIVRES KRANr/VIS. |)ij stition , 1 oi ijiieil on L viipuVui:, »'aiiache tout a coup de ses vieiix tondemens pour tomber en fureur sur I'Asie qu'elle ccuvre de ruines. I'observateur s'^tonnede trouver un bien reel pour resiillat de cette horrible catastiophe. Ce terns de verfiges et de cruaulcs fiit cetui oil brilla I'aurore de uotre civilisation. Ces expeditions lointaincs aneantirent le monstre de la feodalite ; la nation , dans I'absence de ses oppresseurs , s'accoutuuia a respirer un air plus bbre; les lois seiendirent plus facilement sur les differentes classes; I'autorite roy.de, affranchie de la rivalite des grands, s'inlerposa entre ks oppresseurs et les opprimes; enfin, les Europeens, pendant leur s^joiir en Asie , trouverent quelques traces de rancieune civilisation : ds apprirent qu'il etait d'autre loi que la force , et d'autres vertus qu'nn courage feroce et un fanatisme aveugle. P, ' 23. — * Resume de I'histoire de hi Fi (incite -Coirite ( Doubs , Jura , Ilaute-Saone) , par M. Lepebure. Paris , iSaS ; Lecointe et Durey. I vol. in-i8 VIII et 389 p. ; pri.t a fr. 5o c. Une courte introduction fait connaitre la topographic du pays dont il va ^tre question, et le plan de Touvrage. L'auteur passe rapide- ment sur le tems du gouvernement theocratique des Druides , pour s arrcter un peu plus sur quelques evenemens importans arrives sous la domination des Remains. Le gouvernement des rois bourguignons ; puis , celui des Francs et de rechef celui des Dues de Bourgogne forment la partie la plus loiitjue de I'ouvrage; la reunion definiti%e de la Franche-Comte a la France est traitee bien plus rapideinent : et il ne fautpas s'enetonner,puisquecette province cesse alorsd'avoir une e-xistence propre. M. Lefebnre s'attache a faire connaitre les mcEurs et les usages, plulot que les gueries et les batp.illes auxquelles 110s histoires cousacrent presque toujours trop d'espace. C'est dans les historians, lesjurisconsultes , les epistolograplies contemjiorains qu'il a presque toujours ])uise les faits qu'il cite : il a pu ainsi traiter d'une maniere complete et curieuse plusieurs points de I'histoire ge- iierale, que des developpemens particuliers replaceiit dans I'his- toire de la Franche-Comte : tels sont les jugemens de Dieu , les duels iudiciaires dont ce pays fut souvent le theatre. — I. a philanfrhopie , la philosophie , la justice president toujours anx jugemens de I'histo- rien ; et, si Ton y joint uue grande liberte de pensee, la liaine des chaines et de la servitude feodale, le mepris de la Mchete des gen- tilshommes dans les combats singuliers contra les vilains ; on .■.(■ fera une idee juste des quaiites qui reciniinandent la lecture de ce iiouveau resume. B. J. SCIENCES MORALES. a37 I j4- — * I'ibl'.othiqve dii dix-iieiivihne siicle , tome 4y. — Histoire de la Revoltttion francaise , par A. Roche. Paris, iSaS ; Raymond, edi- teur, rue de la Bibliotheque , n° 4- i vol. iu-12 de 4''4 pages ; prix T fr. 5o c. ( voy. Rfv. Enc, les comptes reiidus des autres parties de cette collection ). On a dit qu'une veritable histoire de la Revolution francaise etait une tEuvre impossible dans notre siicle. Malgre cette opinion, gene- ralement adoptee , et fortifiee encore par le peu de succes qu'ont obtenu la plupart des ecrivalnsqui se sont engages les premiers dans nne si perilleuse carriere, il s'y presente cependiint chaquejonrde nouvcaux athletes , parmi lesquels on en distingue quelques-uns qui sembletit devoir la parcourir avec honneur. Sans doutc,Ies esprits sages , les amis de la patrie et de la liberie s'indignent de voir un p.ireil siijet defigure par les exageratious des partis , ou livre comme une proic a I'avidite mercantile d'une foule d'abreviateurs , de compi- laieurs, de biographes, toujours prets k speculer sur le mensonge et le scandale. lis ne reconnaissent pas m^mela mission d'un membre distingue du premier corps litteraire de la France, d'un professeur egalement applaudi,a diverses epoques, dans deux cliaires d'his- toire , a la Faculte des lettres de Paris, et a la Societe royale des bonnes lettres , quand il se resigue , par des motifs que Ton ignore et qu'il est penible de croire peu honorables pour son caractere a refaire lui-meme ses propres ouvrages, apres quinze ans de publi- cite. Mais , cette classe de lecteurs eclaires et consciencieux ne deses- pere pas de rencontrer, meme de nos jours, des ecrivains dont I'Sme et le talent soient a la hauteur de cette eiitreprise difficile et glorieuse- qui sachcnt niaintenir I'independance de leur ])lume centre les pro- messes et les menaces du pouvoir, se preserver de tout sentiment de haine ou de faveur, ne loner, ne hlAmer que d'aprfes la justice et se rendre dignes enfin d'exercer dans toutes ses attributions rimpor- tante magistrature de I'histoire sur les annates contem'joraines. Je ne crains point d'etre contredit, si ce n'est par des juges passionnes en affirmant que cette esperance est deja realisee en partie ; je veu\ parler de I'Histoire de la Revolution que nous a donnee BI. Mignet , et de celle que M. Thiers continue de publier. ( Voy. t. xxiv , page 86, et t. XXVI, page 224 ). Ces deux jeunes ecrivains meritent de servir de modMes a leurs rivaux, surtout sous le rapport de I'impar- lialite. M. A. Roche parait avoir voulu suivre la route qu'ils out ouverte; mais , ou le terns , ou les homes qui lui etaient assignees , ne lui oat pas perreis de se developper comme eux. Son ouvrage , 2^8 I.IVRES FRANCAIS. tliins lequel on pourrail reprendre tour a tour tie la longueur etde In bri^vet^ hors de propos , offre n<"anmoins un tableau clair , sagement distribue, souvent atunio de couleurs biillanteS. On suit sans peine la niarche nnrrative de I'autcur, et I'on approuve toujours ses re- flexions qui decoulent des nieilleurs principes en morale et en poli- tique. Partout on reconnait qu'il a puise ses docuniens aux vraies sources , et qu'il n'a pas craint I'ennui des recherches. 11 apprecie les evenemens dont est reniplie I'epoque interessante qu'il a embras- see , et juge les acteurs qui y ont pris part, avec le discernement et le calme d'un liotnme juste , qui n'hesite point a se prononcer fran- cliement sur le nial comme sur le bien. Quant au style, nous conseil- lons a I'auteur de le soumettre , dans la seconde edition qu'il peut esperer, a un severe examen , pour rendre queiques phrases plus simples , et en pnrger queiques autres d'lin peude neologisme. B. laS. — * PortefeiiiUe de inii hiiit cent treize , ou Tableau politique et militaire , renfermant , avec le recit des evenemens de cette epoque, un eboix de la correspondance de Tempereur Napoleon, et de celle de plusieurs personnages distingucs, soil francais, soit etrangers, pendant la premiere campagne de Saxe , rarmistice de Pleswitz , le congres de Prague et la seconde campagne de Saxe; par M. de Nor- viws. Paris, 1825 ; Mongie , boulevard des Italiens, n° 10. 2 voluines in-8° d'environ 5oo pages chacun. ; prix 10 fr. Get ouvrage est du nombre de ceux qui seront consultes par tons les honimes qui voudront connaitre et juger I'une des epoques les plus remarquables de notre bistoire , les causes et les circonstances qui amenereut la catastropbe de Napoleon et le retablissement de I'ancienne monarchic francaise. Mais, pour rendre compte a nos lecteurs d'un monument bistorique aussi important que celui-ci, ce n'est pas assez d'une lecture souvent interrompue, et de notes que Ton n'a pas eu le terns de revoir. Comme I'auteur n'a pas ecrit seulement pour les bomnies de son tems , il convient den parler aussi nou suivant les opinions du jour, niais en prevoyant, autant qu'il est possible, le jugement de la posterite. Ce livre s'eleveia presque seul au milieu d'une foule d'eciits composes dans d'autres vues ; presque tout ce qui porte le nom d'hiscoire piesente les eve- nemens sous une autre apparence que celle qu'ils prennent dans les recits de M. de Norvins : pour mettre nos descendans en etat de reconnaitre la verite au milieu de ces narrations contradictoires, il est indispensable de leur faire connaitie les liistiaitns, et leurs titref a la conliance des lecteurs. I SCIENCES MORALES. 2 3;; La publication de cet ouvrage a donne lieu a des reclamations dont les iouruaux ont relenti : nous nous dispenserous d'en parler, puree que ces discussions, d'un grand interet pour quelques homines, sont etrang^res au but de I'histoire. II s'agit aujourd'hui de clioses plus importantes que le partage de la gloire inilitaire suivant les droits de chacun. II est terns de compter les societes pour ce qu'elles sont reellement , et de ne plus oublier que I'histoire n' est pas tenue d'enregistrer d'autres fails que ceux dont la connaissance pent con- tribuer au perfectionnement des institutions sociales. F. 126. — Man temuignage sur la deleiidoii de Louis X^l et de sa f'a- mille dans la tour du Temple; par Ch. Goret , ancien membra de la Commune du 10 aoiit 1792. Paris , i8a5; Maurice. Brochure in- 8" de 4 feuilles 1/2; prix a fr. Cette brochure sera lue avec I'interet qu'inspire tout ce qu'on pu- blie depuis dix ans sur ia Reyolulion. Le recit qu'elle com lent m'a paru plein d'une sinccrite fort reniarquable dans les productions de ce genre. On y reconnait facilement le langage d'un temoin probe , exempt de passion, et que fait parler I'inlerct seul de la vcrite. Les jugemens que I'auteur porte sur les differens personnages dont il a occasion de rappeler la conduite dans les evcnemens qu'il retrace , offreiit le ni^me caractere de moderation et d'iinparlialite que sa narration. Apres cet eloge , que meritent si rarement les relations contemporalnes , je dois dire qu'outre les details recueillis de I'isu par M. Goret sur la dttention du nionarque et de sa familie, qui sont tous d'une curiosite touchante, il en presente encore a I'histoiie quelques autres d'une importance plus generale , etqui pouriont la conduire a la connaissance des vraies causes de certains evenemens qu'elle ne saurait trop etudier. B. 127. — Memoires pour sen'ir a I'histoire de Toulon en lygS ; rediges par Ch. - Z. Pons , professeur de rhetorique au college de Toulon. Paris , 1825 ; Trouve. In-8° de xv et 894 pages; prix i5 fr. 5o c. Voici une histoire qui se presente avec des caracteres propres a en etablir I'authenticite : entreprise par le conseil d'un depute du Var , redigee sur des memoires fournis par quelques habitans du pa^s, approuvee par le conseil municipal et le pi efet du departement , im- primceaux frais de la ville , avec des remerciemens votes a I'auteur, elle a une sorte de caractere officiel. Cependant, on ne peutsedis- simuler qu'elle est ecrite dans I'interet d'un parti. M. Pons ne voit dans les Toulonais que des heros et des victinies, etc. Ces memoires seront consulic^s avec fruit par ceux qui voudront <^tudier I'histoire a4o LIVRES FRANC \IS. de la Revolution. Sous le rapport rendre des mesures pour I SCIENCES MORALES. e^i jiorter de concert la guerre sur les cotes d'Espagne ; determiner si ces mesures sVtendront aux Canaries et aux Philippines. » « Objets dc deliberations commiins aux etats beUigerans et neutres. Prendre en consideration les nioyens de rendre efficace la declara- tion du president des Etats-Unis, cohcernant tout projet futur de colonisation du tcrriloire americain , et ceux de resister a toute inter- vention dans les affaires doinestiques des nouveaux allies ; fixer de concert les principes conlestes du droit des gens , et prinoipalement ceux qui out rapport a la guerre et aux neulralites; regler les rela- tions politiques et conimerciales detous peoples americains qui sont, ou qui seraient par la suite, separes dc leur nietropole, sans eire re- connus par aucune puissance europeenne ou americaine. » M. de Pradt voudrait que Ton traitat aussi les objets snivans : « 1° Les relations avec la coiir de Rome ; 2° I'etat mililaire permanent ; 3° I'abolition de la traite des Noirs, ■> Le premier article est fort em- barrassaiit , surtout dans les circonstances actuelles ; il serait peut- ^tre dangereux que le congres s'occupat de questions auxquelles les esprits ne sont point prepares , et qui sont de nature a partager les opinions. La seconde question pourrait etre disculee sans debats; mais les connalssances necessaires pour la resoudre manquent a I'A- merique comme a I'Europe : un bon systeme de mi lice est encore a trouver , et ne pent clre improvise dans un congres. D'ailleuis, tous ces objets sont duressort des legislations de cliaque Etat, et n'exigent aucune convention commune entre les Etats confcderes. La troisieme question parait mal posee; c'est sur I'esclavage que le congres de- vrait prononcer, el non sur la traite. S'il est perniis de posseder des esclaves , il serait inconsequent d'empecher les speculations sur ces proprietes , comme sur toutes les autres, et le commerce des es- claves ne pourrait alors ^tre interdit. Mais un peuple peut-il se vanter d'etre libre , si ses lois consacrent la servitude ? Si cet ulcere, qui de- puis si long-tems desorganise, deforme et fletrit les societes politi- ques, ne disparait pasMotalement , ce n'etait gu^re la peine de faire une revolulioD , ni de conquerir une liberie que Ton ne sera ni capa- ble ni digne de conserver. Mais ces malieres puremenl legislatives sont etrang^res aux relations entre les peuples , et ne peuvenl dtre Iraitees dans leur congres. Ainsi, les objets qui seront soumis a cette memo- rable assemblee sont reellemenl les seuls qui conviennent a leurs deli- berations. M. de Pradt les discute successlvement , et toujours dans le sens d'une sage liberie. La grandeur du sujet domine tellement Tc'crivain, que son style en devient plus 61eve , plus correct, exempt T. xxviii. — Oclobre iSaS. 16 a42 LIVRES FRANCAIS. de ces inegalites que certains censeurs lul ont reprocbdes : citons-en quelques phrases d'apres lesquelles on pourra juger de tout recrit. «... L"Aiiierique est organisee rdgulierement ; il regne chez elle plus d'ordre qu'en Espagne, et elle est bien plus fondee a compter sur la dusorganisatioii de I'Espagne que celle-ci ne peut I'etre a compter sur ranarchie dans ses ancieunes provinces americaines. Quand le crime, quod omen dii avertant ! atteindrait Bolivar, cela rendrait-il I'Anierique a I'Espagne? Quel en serait le fruit? un re- doublement de haine contre I'Espagne. Surement, la perte de ce grand homme serait une des plus sensibles que I'Amerique pourrait f.iire : niais , encore une fois , qu'y gngnerait I'Espngne? A-t-elle la folic de croire qu'abattre une lete principale, c'est detruire une re- volution de peiiple ? C'est reduire la question entr'elle et un homme , au lieu que la question existe entre un moude et I'Espagne. Telle est la manie des bannis ; ils s'imaginent toujours que c'est a eux que Ton veut revenir ; que, tel obstacle leve , les routes du retour sont aplanies, tandis que mille conibinaisons pcuvent Icur ctre contraires. La nioit de Bolivar ne rendrait pas plus I'Amerique a I'Espagne, qu'en 1800, celle de Napoleon u'eCit ramene en France la monar- chic.... >> ^' lag. Manuel Biographiqtie , ou Dictionnaire bistorique abrcge des grands homnies, de[)uis les tenis les plus recules jusqu'n nos jours, compose sur le plan du Dictionnaire de la Fable, de Chom- pre ; par M. J. -A. Jacquelin , revu par M. Noel. Paris , 1 825 ; Roret. 2 vol. in-i8. VIII et 588 pages. Prix 6 fr. Que peut dtre un Manuel biograpbique? sans doute, un dictionnaire de poche; et alors, quelles notions y pourrons nous trouver, lorsque celui de Ladvocat, en deux gros vol-uines in-S", est universellement regardecomme insuffisant, et se trouve partout remplace par des ou- vrages bien plus volumineux ? Cette reflexion me semblait d'autant mieux fondee, qu'il n'en est pas de la biographic comme d'une science bien ordonnee : elle n'est pas susceptible d'analyse; un dic- tionnaire est-il incomplet, il faut'grossir le volume, ou n'en faire qu'une table alpbabetique... La lecture du nouveau Manuel public par M. Roret ne m'a que trop dcmontre la justesse de ces observa- tions : il elait impossible de reunir plus de defauts qu'on n'en trouve dans cet ouvrage : 1° disproportion dans les parties ; les trois pre- mieres lettres remplisseut 234 pages, et les vingt-deux suivantes 354 s eulement; sans doute parce que I'auteur, press^ par le tems et par J'espace, n'a pas pu coiitinuer comme il avait commence. a° In- SCIENCES MORALES. a/,'', siiffisance dans les notions liistoriqiies : parle-t-on de M. Cuvier? on nous annrend que ses lecons d'anatomie comparce sont deveniies clas- siqiies , et voil.i tout. De M. Picard? on ne cite pas une seule de ses comedies ; mais, en revanche , on n'oubiieaucun de ses loinans , a l;i faveur desquels on ne craint pas de le placer au-dessus de Lesage. Tout le monde, au reste, n'a pas a se plaindre de la brievete des articles : M. Scribe serait bien difficile s'il n'etait pas content du redacteur, qui le proclame le plus fecoiid et le plus spiriluel des jennes auteiirs de notre epoque , et la providence du Gjmnase dramatiqve , et qui ajoute que le vaudeville n'est pas assez pour lui, et que la comc- die le rcclume. Que pourrait desirer M. de Lauriston, quand il verra , dans un article de quatre lignes, qu'il fut ministre de la maison du Roi pour le bonheiir des artistes et des homines de lettres , doiit il se monlra le /llecene, et qu'iV Joint aiix iaiiriers de Mars celiii des beaux-arts ? II est vral que tous nos hommes d'Etat ne sont pas aussi bien traites : on ne dit rien de MM. de Villele , de Corbiere, de Peyron- net; et, ce qui est plus impardonnable, encore MM. La Fayette, Gay- Lussac, Lamartine, Beranger et une foule d'autres, ne sont pas meme nommes. M. de la Place verra bien son nom a I'article Place, avec un renvoi au mot Delaplace; mais , conime celui-ci ne se trouve pas , il pourra se regarder comme oublie. Une omission plus eton- nante encore est celle-cl : a I'article Louis , on trouve que la France a eu trois dauphins de ce nom ; et parmi eux , en 1823 , on ne voit pas mdme le nom du dauphin actuel. N'est-il pas evident que I'auteur a compile des dictionnaires historiques et necrologiques ; mais que, pour les hommes vivans, il a seulemeut compulse des biographies contemporaines tout-a-fait incompletes, ou que, presse par le tems, il tournait les feuillets sans ordre, et distribuait au hasard la faveur de ses choix ? Que ponrrait-on attendre, du reste, de celui qui dit que Reaumur (mort en 1757) est I'auteur d'un nouveau thermometre qui pone son nom , et qui ne sait pas encore que le thermomelre de Reaumur est pour nous I'ancien, et que le thermometre centesimal est le nouveau? B. J, i3o — * Voyage historiqne et lilteraire en Angleterre et en Ecosse , par Amedee Pichoi. Paris 1823 ; Cosselin. 3 volumes in-8°. Prix , 29 fr. Les libraires, qui sont la providence d'un siecle essentiellement lecteur , ont trouve le moyen de faire la fortune de certains auteurs , sans que les auteurs se donnent le moindre souci pour s'aidereux- memes. Voici un livre promis depuis trois ans, et annonce d'avance 244 LIVRES FRANC/VIS. avec de grands ^loges. II s'agit des moeuts et de la litterature bri- tantiiques : Ics amis de I'auteur avaient deji proclame que Y Allemagne de M'"' de Stac-l allait cnfin trouver uii digne pendant ! Dans sa pre- face, M.Pichot se defend de cetfe pretention, et nous assure, avec una fau'ise modestie, avoir fait violence a son libraire pour qu'il se contentit du titre de Voyage. Nous nllons voir s'il a tenu plus qu'il n'a proinis. D'abord rien de plus Ic'ger que son plan : c'est une suite de dissertations sur quelques nionumens, sur quelques beaux-arts, sur quelques comediens celcbres, sur des avocats et des poetes; tout cela sans la moindre liaison. II ne s'cst pas m^me donne la peine de ieter dans son ouvrage quelques-uns de ces caracteres, vrais ou feints, que taut de voyageurs out su employer avec bonlieur pour repandre surles differetislieuxqu'ilsparcouraient un peude cet inter^t dramatique, si necessaire a tout ouvrage. On pourrait commencer le livre de M. Picliot par la Gn ; le seul inter^t qu'on y trouve, est celui des dictionnaires, la variete : inter^t bien froid ; car il ne se compose ni des souvenirs de ce qu'on a lu, ni de I'esperance de ce qu'on attend. Je dois dire cependant que, pour qui ne connait pas la litterature anglaise , et surtout ne lit pas les Revues de Londres ou d'Edimbourg, les dissertations de M. Picbot pourront etre consultces avec fruit. Les autres lecteurs ainieront mieux les livres et les jour- naux anglais. Les seuls cbangemens qu'il' se soit permis dans ieurs jugemens , presque toujours litteralement traduils, portent le cachet d'une ecole litteraire qui reve des triomphes lorsqu'elle n'est que toleree. Ce n'est point par la seulement qu'il a cberche a caresser les puissances qui devaient le jiiger. Tons ses chapitres sont ecrits sous la forme de leitres adressees d'Angteterre a ses amis , parmi lesquels il a eu le bonbeur de compt».?r la plupart des litterateurs distiiigues de nos jours : cette espfece de dedicace est accompagnee souvent de ^ quelques flatteries plus directes. Les journalistes des opinions les plus opposees en litterature et en politique figurent dans cette galerie; voila I'auteur assure des suffrages desjournaux de touies les couleurs. Si, comme on I'assure, cette precieuse idee lui a ete donnee par ses libraires , elle conCrme bien I'assertion par laquelle j'ai com-> mence cet article. Le respect pour les jugenieus portes par les Anglais sur les ecrivains de leur nation, n'aurait pas du, ce nous serable, etre etendu aux iugemens portes sur les objels qui affectent avec une egale puissance les sens des etrangers et des nationaux. Devant les nionumens, au milieu des sites pittoresques , I'admiration de M. Pichot marche SCIENCES MORALES. 2/,5 toujours a la suite de celle des romanciers et des poctes anglais. Presque tous ses elans sont des reminiscences, des transports, des commentaires de passages empruntes a lord Byron , ou a Walter Scott. Quand un ■voyageur admire les cotes de I'Hellespont en re- citant un vers d'Homere, celles de la mer Thyrrhenienne en scandant des vers de Virgile, son admiration pent s'appeler du pedantisme. Cetfe maniere de composer le fonds de son livre a nui egalement a la forme. Son style , qui aurait pu avoir de I'elegance et de la cor- rection avec le travail qu'il doit avoir coiite et qui se f.ilt sentir a chaque ligne, flotte toujours entre la negligence et Tobseurite; tantot plein d'affeterie et de marivaudage , tantot declamatoire et ampliigourique. A force de traduire et de commenter les romanciers et les poetes qui retracent les scenes du moyen Age , M. Pichot a fini par ne pouvoir jeter une pensee sans la revetir du costume bariole des terns qu'il s'etait rendus familiers. On trouverait a peine une de ses pages dans laquelle les mots d'epopee , de poesie , d'appa- rition , etc. ne reviennent pas a plusieurs reprises. La fantasmago- riea pour lui des charmes infinis. II nevoit jamais un tableau un peu ancien, sans croire que le personnage va se ranimer et descendre de son cadre. L'imagination est une belle qualite sans doute ; mais elle engendre le ridicule , quand on s'y livre liors de propos , a plus forte raison quand elle parait jouee. N. B. Uu alias est joint a I'ouvrage. II contient , outre des vues de divers points de I'Anglelerre et de I'Ecosse decrits par I'auteur, les portraits' des hommes les plus celebres de ces deux pays, ainsi qu'un /ac simile de leurs ecritures. — Un fac simile de celle de M. Pichot se trouve dans cette collection. A.* i3i. — * Voyage du general La Fayette aiix EtaCs-Unis cC Ameriqne en i8a4 et iSaS. Troisieme partie. -^ Paris, iSaS; L'huillier, rue Poupee, n° i6. In-8° de 90 pages. ( Voy. Rev. Enc. , t. sxvr, p. 538)' Celte troisieme livraison du recit de ce voyage memorable conduit I'lllustre voyageur aux deux Carolines, a la Nouvelle-Orleans , et dans les etats de I'ouest. On y lira de nouveau , et peutetre avec plus d'inter^t encore, I'accueil que le g<^neral recoit d'une tribu sauvage , et les details du naufrage sur TOhlo. Uue ceremonie celebrce sur le champ de bataille de Bunkers-bill par les francs-macons americaios et les veterans de I'armee qui combattit pour I'indepen- dance , termiue celte narration dont la suite est vivement desiree. Lorsque tout I'ouvrage aura paru , nous en rendrons un compte plus detaille. F. a,',G LIVRES FRANCAIS. LitU'ratutc. l32 — * ituiUs grecques siir Virgile . ou recueil de tous les passages des poijtes grecs , imit6s dans les Uucoliques , les Georgiqiies , ef r£'ttfVti'e , avec le texte latin et des rapprochemens lillcraires , par F. G. EiCHOFF. Tome i'''", contenant les Bucoliques et les Geoigiques. Paris, 182$; Delalain. In-S° de xii et 3 19 pages; prix '• et i5 fr. 5o c. ( Voy*. Rev. Enc. , t. xxv, p. 690. ) \J Histoire ancienne que M. de Segur public dans ses oeuvres com- pletes, est depuis long-tems regardee comme un des ouvrages Ics plus utiles et les plus interessans. Tja clarte du style, la disposition du plan,rendent les liautes leconsde I'histoire accessibles a toutes les in- telligences ; les trois volumes deja publics font vivement desirer la suite de ce grand et beau travail. La Galerie morale et politique offre des traits dignes de La Bruyere, et de La Rocbefoucault. La Politique des cabinets de I' En rope , dont on a deja fait paraitre un volume, plaira surtoiit aux publicistes, en leur revelant des faits non moins curieux qu'inconnus. Le volume qui a pour titr», Melanges, contient des discours a ia Chambre des pairs et a I'Listitut, une tragcdiede Coriolan , un vau- deville et plusieurs chansons, contes et poesies fugitives. Ces nora- breuses compositions, dont le merite est apprecie depuis long-tems , en se trouvant ainsi reunies, donnent une bien haute idee de la flexi- biiite du beau talent de M. de Segur. 11 est aussi rare qu'interessant de pouvoir louer, dans le m^me ecrivain, le pbilosophe profond , I'auteur dramatique , I'historien judicieux , le chansonnier aimable , i'homine d'etat dclaird, et I'academicien spirituel. Dk P0NGEHVI1.LE. I LITTERATURE. aSi 1 35. — * OEuvrei de M. le comte Xavier de Maistre. Seconde edition . Paris, i8a5 ; Dondey-Dupre, pore et Cls. 3 vol. in-i8, grand-raisin. Prix 19 fr. Nous igiiorons pourquoi ces trois volumes portent I'indication de seconde edition : c'est tiop peu pour le premier, qui a ete souvent jeimprime; c'est trop pour les deux aulrcs, qui nous etaient entie- rement inconnus , et qui paiaissent pour la premiere fnis, a moins qu'ils n'aient ete publics precedemment en Russie par leur auteur. Quoi qu'il en soil, M. Xavier de Maistre, connu trfes-avantageuse- nieiit dans le monde litteraire par le Fojage auioiir de ma chnmbre et Le Lepretix de la cite d'^oste, annonces pjlusieurs fois dans notre recueil ( foj. t. x, p. 188, et t.xxi, p. 204 et 680) , a -voulu, comma taut d'autres , nous donner aussi ses ccuvres completes. 11 a done ajoute aux deux ouvrages que nous venous de nommer, et dont le premier volume de cette edition est compose , une Expedition nocturne autour de sa cLainbre , qui forme a elle seule le second volume. Nous n'eus- sions jamais attribue cette suite a I'auteur du J^ojage autour de ma chanibre, s'il ne I'avalt avouee. On y retrouve bien quelquefois I'homme habitue a reflechir sur lui-merae, et I'ecrivain qui sail va- rier les formes de son style ; mais , au lieu de ces pensees qui partem du coeur et qui s'adressenl au cceur, de ces traits qui font aimer I'ecrivain et qui feraient desirer de I'avoir pour ami , de toutes les qualites enfin qui nous charment dans le Voyage autour de ma chamhre , nous ne rencontrons souvent ici que des scenes decousues, des dissertations metapliysiques, des lieux communset des longueurs, defaufs ordiuaires a presque tons les auteurs qui ont voulu imiter le jjremier ouvrage de M. de Maistre. Le troisieme volume est compose de deux Nouvelles, Les Prison- niersdu Caucase et La jcune Siberienne. La premiere de ces nouvelles est un veritable melodrame en recit; nous la recommandons a nos auteurs du Boulevard : la sc^ne oii Ivan, domestique du major Kas- cambo ( nom du resle assez rijiculement choisi, .s'il n'est point bisto- rique) chante, en dansant, des couplets russes, qu'il entremele de quelques mots adresses k son maitre, pour I'initier a son des- sein; cette scene, ou il parvient ainsi a endormir un vieillard qui llus totichaute. « Ce n'est pas la preniiire fois qu'on aura vu les lecteurs d'un ouvrage differer d'opinion avec son editeur. — La preface du troisidme volume est la plus longue, mais (i) C'est le nom que M. De Maistre donne a sou herojuf. LITTfiRATURE. aS^ «u mcme tems , elle est la nioins innocente; et sans doute M. de Maistre s'en sera plaint avant nous, s'il est vrai, comme on nous ('assure, qu'elle ait fait defendrel'introduction de I'ouvrage en Russia. Voici le passage incrimine ; « Ellas offiiront (las deux, A^ouvelles citees ci-dessus ) de singuliers et de curieux details sur cet empire nouveau-, I'aste melange de civi/isalion et de barbarie , de siiperslition et de Inmieres , de luxe et de rudesse , de vices moderiies et d'andques •vertus , empire plus grand que I'cmpire romain, brillant d^s sa jeu- nesse de gloire et de maUiaur, si menacant au dehors, d'une auto- rite si incertaine au dedans, qui a yaincu I'Europe, et dont le service de la paste se fail avec du canon. » II y a de la verite dans ce por- trait; mais ce sont das ideas ainpruntees par Tedifeur, et le dernier trait de son tableau , qui lui appartient j prouve qu'il a parle, comme tant d'autres, de choses qu'il ne connait pas. II y a plus que de la niaiserie dans ce dernier jugement , ou M. V a conclu du par- tlculier au general, et il se condamne lui-mdme, en renvoyant a un passage de I'autaur, oil Ton obtiant uue explication toute natu- relle at toute simple d'une cliose avec laquelle son editeur a voulu faire de I'ef/et. Nous ignorons a quel parti celui-ci appartient; s'il cortipte dans les rangs du liberalisme, il y a eu de sa part in- convenance a prendre un ton si different de calui de son auteur; mais si, par hasard, M. V marcliait sous les memes bannieres que M. de Maistre, comment faudrait-il qualifier I'acte par lequel il I'a si etrangament compromis aux yeux d'un gouvernement qui lui a accorde I'hospitalite ? Na sarait-ce pas la una nouvelle preuve de la maladresse et de I'ignorance de la plupart de nos editeurs modernes? E. Here.vu. i36 — * OEiivres choisies de Stanislas, roi de PolognCj due de Lorraine, a(c ; precedees d'une Notice historiquc, par M'^i^de St-Ouen. Paris, i825; Carez. i vol. in-8°; prix 7 fr. Le xviii'' siecia a legue au souvenir de la posterile deux grands ca- racteres , semblables par I'energie toute-puissante de la volonte , dis- semblables par la prudence , cette divinite superieure a la fortune; disseniblables des lors par leurs succes : Charles XII et Frederic II. Entre eux, sous des traits moins iraposans , mais digne de plus d'estime et d'amour, parait un prince qui fut , dans sa jeunesse , lami de Charles, at merita , dans sa viaillesse, la veneratiou de Frederic. Appele , par une influence etraiigere , a regnar sur sa pa- trie, mais pour delivrer sa patrie d'une influence etrangere bien plus daogereuse ; renverse par la chute de I'ami qui I'avait elev^j a 54 LIVRES FRANCAIS. ra[}pele au trune par le vocu unnnime de sa nation, et dans le noiiventi revers qui suivit ce triomphe, objet d'un devouement (Jue sa vertu seule pouvait inspirer ; eehnppant aiix satellites de ses enneniis et pardoniiant aux assassins cju'ils avaieiit arines conire lui; puis, par un coup inopiiie dii sort, appele a rcgir pacifiquement un etat borne ; y accordant uu asile et les soins d'un p6re aux eufans du roi qui I'a d^trone; donnant, pendant trente annces, le spectacle touchant d'un prince qui fait le bonheur de sonpeuple; laissant a sa mort des regrets dont douze lustres n'ont point efface les traces; brave soldat, administrateur consomme, homme essentiellement droit et bon , Stanislas Leszcziw^ski offre aussi un caracl^rc digne de figurer dans I'histoire politique des monarques et des empires, comme dans I'histoire morale de riioninie en societe. Les ecrits dun pcrsonnage historique ont un attrait particulier, lorsqu'ils sont sortis dc I'dnie de leur auteur, ])urs et non souillcs par le besoin secret de tromper I'avenir sur I'histoire du present. Ce meritc embellit tous les ouvrages de Stanislas. Aussi suffit - il de les parcourir pour admirer la justesse de ses idees , la profondeur de ses vues, I'elevation de son caractere. A I'instant ou sa fille va partager le trone de Louis XV : >- Re- pondez, lui dit-il , aux esperances du roi, par routes les attentions possibles. Vous devez ne plus penser que d'apres lui et comme lui; ne connaitre d'autre ambition que celle de lui plaire, d'autre plai- sir que de lui obeir. . . Ayez de la piete : mais , gardez-vous autant d'eii avoir trop que de n'en point avoir assez. . . « Si Marie Leszc- zinski eut suivi ces conseils , que de scandales et de maux epargnes a la France ! les noms de Pompadour et de Dubarry n'auraient pas souille notre histoire! Appele a regner sur la Lorraine, Stanislas se prescrit a lui-meme des regies de conduite. Une peusee rcmplit son esprit : « tous les rois de la terre sont morts; les bons et les medians. Je mourrai, comme eux; c'est A quoi je dois penser souvent. » Un desir domine son &me : « je tdcherai d'etre en tout le pere et le pasteur de mes sujets. » Aujourd'hui encore, la Lorraine entiere rep6te qu'il a tenu constamment sa promesse. Voici le debut des idees politiques qu'il adresse au dauphin , son petit-fils : « ma politique n'est pas bien compliquee; aimez les peuples, et vous tenez mon secret. • Allieurs, il dit : » un roi n'a besoin pour sa gloire que d'etre aime de ses peuples. » Instruit, comme LITT]£RA.TURE. a55 Stanislas, k I'ecole du raalheur, Louis XII avait la m^ine politique que lui. Des ecrits tie Stanislas , le plus remarquable peut-etre est YEntre- tien ei'un Europeen avec un habitant d'une ile inconnue; il renferme la censure severe, non seulement cles abus que personne n'ose dc- fendre, qu'en supposant I'impossibilite de les reformer, mais encore de ce qui , dans bien des cours , passerait pour des litres de gloire oil des actes d'une saine politique. Nous en citerons un trait : « Pourquoi, dit I'insulaire a I'Europcen , voire police varie-l-elle selon les rangs et la condition de vos sujets, et poursuit-elle les colombes , tandis qu'elle epargne les vautours? » Stanislas eut signe le premier article de notre Charte constitulionnelle. L'insulaire qu'il met en scene a lu line bistoire generale de I'Europe : • peu s'en fallut, dit-il , que C3 livre ne pervertit en moi tons les sentimens dans lesquels j'avais c'e eleve. J'y vis de grandes maximes de religion qui n'influaient ni dans le gouvernement des royaumes , iii dans la conduite des sujets; a moins que les princes et les parliculiers n'en eussent besoin, les Jins pour colorer leur injustice, les aalres pour deguiser la corruption de leurs mceurs. » Ces lignes out ete ecrites par le prince le plus veritablement religieux qui ait existe. « L'hoinnie de genie ne saurait gouverner un Etal sans ferraele; et c'est precisement cette fermete qui fail le malheur d'un elat gou- verne par un homme sans genie. » Voila la pensee d'un homme d'Elat ; mais Stanislas merite encore mieux ce litre dans les Observa- tions stir la Pologne et le Coup cTacilsrir la Riissie. La , combattant le syst^ine de ses compatriotes qui , alors que lout avait change autour d'eux, prenaient, pour bases de leur securite, des notions surannees sur la force et les iiUerets de leurs voisins, il trace cette prediction remarquable. « Peut^tre les puissances voisines s'accorderont-elles pour partager nos Elats. » Ici il rassure ou refute les politiques qui prennnent jiour cles termes synonymes , succes des annes francaises et iheinin a la monarchie universelle ; il leur montre le danger de I'Eu- rope oil il est , dans I'agrandissement de la Rnssie. « Si on laisse la Rus>.ie se m6ler irop avant dans les affaires generales , ce sera bientot a elle a donner des lois qu'elle se sen-lira en etal de faire respecter. • Stanislas, ecrivait, en lySS; il voyait deja ce que, quatre-vingts ans plus tard, n'ont pas soupconue les che.'s de la politique euro- peenne. On aime a voir rhomme se peindre dans ses Merits. « Ce qui prouve qu'il n'est point de plaisir sans peine, c'est qu'on est a la 256 LIVRES FRANCAIS. fois amouieuxet jaloux,»cettepens^c reproduitesousdiverses formes, peut rnppeler un trait de la vie privee de Stanislas. L'ami de Charles XII pensait a son ami , qnnnd il dit : « L'inflexibilite est un grand d^faut de la Constance. » L'liomme courageux , sans effort cormne sans ostentation , avoue que « personne n'est t^mcraire quand il n'est vu de personne. » Le prince judicieux place parmi les regies de sa conduite cjtte maxime : « le bien se persuade niieux qu'il ne se commande. » EnGn, on retrouve Stanislas tout entier dans ces mots : « un prince qui recommencerait a vivre apres avoir vecu , pourrait fournir de belles pages a I'histoire. » Si la plus belle page de I'bistoire rappelle le bonheur des peuples , Stanislas , pour la remplir, n'a pas eu besoin de reconimencer sa vie. LesOEnvres de Stanislasavaient deja et^ publiees ; mais les grandes vues, les verites de tons les terns s'y perdaieiit quelquefois au milieu des ccrits et des idees de circonstance. II fallait faire un clioix ju- dicieux, dans cette voluniineuse collection. C'est une tache qu'a remplieavecsucci's M'^i^de Saint-Ouen.deja connue avanlageusement par ses Tableaux mnemoiiiqtics de Vhistoire cic Frame et de Vhistoire d'j4ngIeCerre. ( Voy. ci-dcssiis , p. 232.) Son travail a d'autant plus de prix, qu'ayant constaniment sous les yeux les manuscrits de Stanislas, elle a pu rctablir, uon-seulement des passages tronques , mais des pages et des cbapitres entiers qui etaient restes inedits. Elle a joint a ce recueil une Notice biographiqne, oii laissant a I'histoire le soin de raconter en detail les exploits niilitairc! et les transactions politiques , elle s'attache il peindre dans Stanislas riiomme excellent, I'excellent prince. Un mot suffit a son eloge : Mme de Saint-Ouen semble avoir ecrit cette notice avec I'dme de Stanislas. Eusebe Saxvebte. 1 37. — * Supplement aux diverses editions des auvres de Moheke , OU Lettres siir la femine de Moliere , et Poesies du comte de MouENK , son beau-pere, Paris, 182$ j Dupont et Didot. 1 vol. in-S" de 172 pages ; prix 3 fr. L'auteur de cet ouvrage est M. le marquis de Fortia, membre de plusieurs academies et avantageusement connu dans la republique des lettres. L'objet qu'il s'est propose dans la premiere partie de I'ouvrage que nous annoncons, et dans une reponse adress^e a M. Taschereau , auleur d'une nouvelle edition de Moliere, est de prouver que ce celibre auteur conilque n'avait pas epouse sa propre fille , comme Ten avait accuse son eunemi Moutfleurl dans une re- quete presentee a Louis XIV. Notre liistorien pronve que Moliere, eu formaut sa troupe, ei* LITTER ATU RE. 2^7 1645, se Ha d'une amitie intinie avcc Madeleine Bejard , qui avait 3ej;«, en i638, de M. le comte de Modene, d'Avignon , une fiUe nom- inee Fraricoise; Moliere , apres avoir protege son enfance et soignr son education , I'epousa en secret , et ne fit connaitre que neuf mois apres, son manage a la mere. Cette assertion, qui avait deja ete avancee par I'historien Grimarest , est appuyee , par M. de Portia , de pieces authentiques , parmi lesquelles se trouve I'acte de naissance (16 juillet 1 638 ) de Francoise ,fdle de Ifladeleine licjard eX. de messire Esprit de Raymond, chevalier seigneur de Modene, haptisee a Paris dans I'eglise de Saint-Eustaclie. Dans la seconde partie de son ouvrage , M. de Fortia nous presenfe un recueil de plusieurs poesies attribuees a ce meme comte de Mo- dene, et qui n'ont jamais ete imprimees. La premiere de ces pieces contient im portrait peu flatteur des Avignonais ; I'auleur semble avoir voulu y peindre sa patrie , corame Moliere a peint son siecle. Diego Gerri. 1 38 — * 3}arie de Brabant, poeme en six chants, par M. Akce- LOT. Paris, iSaS; Urbain Canel. In-S" de 167 pages; pri.x 4 fr. Doue du rare talent de la poesie , M. Ancelot est du petit nom- bre des ecrivains qui , par la purele de leurs principes liiternires, se montrent I'es disciples fideles de aos grands maitres. A une epoque oil le faux gout, fier de quelques tentalives applaudies par un public frivole , menace d'envaUir le Parnasse francais , !es veritables amis de la litterature s'empressent de rendre une jus- tice eclatante au jeune pocte qui, toujours inspire par un gout se- vere, joint relegance et la clarte a une versification harmonieuse. Le nouvel ouvrage de M. Ancelot est remarquable sous le rap- port du style et de la composition; sonsujet, heureusement choisi, est developpe avec un art qui en accroit I'interet. — ■ Marie de Bra- bant, seconde epouse de Philippe-le-Hardi , au milieu d'une cour dont elle est le charme et rornemeut, se voi-taccusee de I'empoi- sonnement du jeune Louis , fils aine du premier mariage de Phi- lippe. On suppose que I'amour maternel I'a entrainee a ce forfait, pour assurer la couronne a son proprefils. Labrosse , homme intri- gant et cruel , qui , de I'obscurite d'un emploi servile , s'est elevc au faite des grandeurs, est a la fois I'artisan secret du. crime qui frappe I'heritier du trone , et de la calomnie qui pese sur la reine. Philippe, trompe par les appareuces , irrite par la ruse de son odieux ministre , abandonne i'c[)Ouse qu'il chcrissait au juge- ment de ses barons. Marie allait etre condamnee , lorsqu'uu jeune T. wviii. — Octohre iSaS. 17 2 58 Lirnf.s FR.\^TATs. . cliovaHcr , Eymcri , fils tie Liibrosse , done tie toutes Ics vcr- lus qui nianqucnt a son pcTC , persuade d'ailleurs de I'innocence (le Marie, doiit en secret il adore les charmes , se devoue pour sa l)elle souveraine. Admis devant les juges , il se declare I'aufeur du crime; la rein e est triomphante , et son Hberateur va perir. A I'ins- tant marque pour son supplice , une inspirt'e , connue dans les vieil- les chroniques sous le nom de la Begiiiiie de NiveUe , du fond du palais oil elle avail trouve un asile , accourt , se fait entendre , et, en attestant le ciel qui I'inspire , devoile la verite. Le coupable La- brosse est livre au glaive dcs lois , et son vertueux fils va dans la Palestine terminer ses mallieurs sur le tonibeau du Dieu dont il in- voque le nom , en y joignant le doux nom de Marie. Apres avoir donne I'apercu rapide du plan habilement trace par M. Ancelot , I'eloge qui nous reste a faire de son poeme est de dire qu'il donne lout ce que promettait Louis IX , Ebro'in et la belle tra- qedie de Piesqiic. me Pongerville. N. d. R. Nous venons d'offrir une analyse rapide et fidele du poeme de M. Ancelot , faite par un homme dont on ne pent r6cu- ser le gout, et dont les eloges seront d'autant plus flatteurs pour ce jeune poete qu'ils lui^ viennent d'un de ses competiteurs les plus redoutables au fauteuil academique. Nous croyons convenable d'a- jouter qu'une innovation remarquable distingue encore ce poeme : I'auteur I'a compose de recits et de dialogues , ce qui lui donne une forme dramatique , selon nous tres-heureus? , quoiqu'nn de nos criti- ques distingucs, M. Amar (dans le 3Toniteur) , ait cru devoir blA- nier cette innovation , comme tendant a confondre les gejires. Deja plusieurs romanciers , et notnmment M. Picaid , avaient employe cette forme avec succ6s ; des poetes meme I'avaient essayee. ( Voy. la Panhyi.ocrioir.de de M. Lemercier. ) Presque toutes les scenes de la vie sont dramatiques ; c'est aux auteurs a savoir en tirer parti , et toute scene mise en action, qui fera mieux cunnaitre les person- naees d'un poeme que le recit le mieux ecrit et le plus circonstan- -cie devra nous plaire , par cela seul qu'elle y repandra plus de mouvement et de variete. Nos lecteurs ont sans doute remarque I'heureuse simplicite du T)lan de M. Ancelot , dans lequel nous venons de leur signaler une innovation non moins heiireuse. Nous allons maintenant, par une citation , les faire juges de tout le parti que I'auteur a tire de cette forme dramatique , et justifier les eloges que notre bonorable coUaborateur a donn6s au style. L'lnspiree se presente devant Phi- LITTfiRATURE. aSg iippe; aussit6t, commence entre eux le dialogue suivant , qui termine le deuxieme chant : Pliilippe, en me voyant , souviens-toi de Tunis! C'est moi qui, sous ses mnrs, par le Ciel eclairee, Ai predit aux Chretiens une autre Cesaree; C'est moi qui, du saint roi marquant le dernier jour, Ai defendu rcspoir a ton pieux amour; Et je viens aujourd'hui, me melant a tes fetes, T'aunoncer les mallieurs qui plauent sur vos teles! A vos joyeux festins va succeder le deuil : Insenses ! vous chantiez ^ c6te d'un cercueil; II va s'ouvrir! Pleurez!... Quelle main tutelaire Pourrait du Tout-Puissant enchaxuer la colere? Pleurez! PHILIPPE. Ou doit frapper sa vengeance? t'lNSPIREE. Eu ce lieu. PHILIPPE. Qui doit perir? l'inspiree. Ton Cls! PHILIPPE. Qui te I'a dit? l'inspiree. Mon Dieu ! PHILIPPE. Qu'entends-je? Porte ailleurs ta fatale deraeuco; Mon fils vivra! l'inspiree. Pour lui I'eternite commence. PHILIPPE. IMoa fils! Pour le punir est-il done criminel? Qu'a-t-il fait?... Laisse-nous! Va, mon cceur paternel De ce presage affreux repousse I'imposture. Vols mon fils preludant a sa grandeur future; Ce jour confie un sceptre a sa jeune valeur; II vivra pour regner! l'inspiree. Regarde sa pAleur! CHANT DEUXIEME. A ces mots, vers son fils, qui p.ilit et ciiancelle, Le roi s'elance, en proie a sa douleur mortelle; a6o LIVRES FRVNCA-IS. Au prince iufortune prodiguant ses secours, M.irie, au prix des siens , veut raclieter ses joars : Louis, d'un ocil eteint semble c)icrclicr son pere; Ou le presse, on I'cutoure, on fremit, on espere; Mais celle dout lii voix a predit son trepas, Immobile, a leurs soins ne se reunit pas, Et murmure, au milieu des fccimcs eplorees. Tie. riiymne des mouians Ics paroles sacrces. Quelle vie , quel inter^t n'ajoute pas a une pareille situation la manierp rapide et dramatique avec laquelle I'auteur a su la pre- senter ! Qii'un recit serait froid auprfes de ce tableau anime ! Sans doute tons les vers du poeme ne sont pas aussi irreprochables que ceux qu'on vient de lire. On pourrait demander ce que c'est(p. 8) qn'un prince qui , De I'bymen de son pere, en secret indigne, Avail d'une mardlre enjanti la chimeri. Oi) pourrait encore relever quelques autres laches legeres ; mais il n'en restera pas moins constant que M. Ancelot , qui s'etait jusqu'ici montre assez faible du cote de I'invention, est , de tous nos jeunes poetes , celui qui parait destine a briller le plus par la purete , 1 ele- gance et rharmonie de ses vers. E. H. i3g. — * Les Martyrs de SoiiU , ou I'Epire moderne, tragedie en 5 actes; par M Nepomucene-Louis Lemekcieb , de I'lnstitut (Aca- demic franqaise), avec cette epigraplie : Atheues relevee cnnoblirait le monde. Role lie Phnlos , acte III''. Paris, i8a5; Urbain Canel. Brochure in - 8° de i,ii-i53 pages. Prix 4 fr. M. Lemercier , dans une preface , nous instruit des raisons qui I'ont engage a livrer sa piece au public , par la voie de I'lmpression, avant de lui avoir fait subir IV'preuve de la scene. Cette preface est remplied'excellentes reflexions sur Vancicnne liberte du theatre , sur la censure necessaire et la censure abusive , sur la concurrence thedtrale et sur les comites de lecture. 11 expose eusuite les motifs de la publicaiion des Marijrs de SohU , parle de I'etendue et de la diction de I'ouvrage , du suiet, enlin , des Orecs inodernes. Tout en adniettant la triste necessite d'une censure qui rcpriine la licence des auteurs qui , ne recherchaiit que des succfes lucratifs, s'adresseraient a I'esprit de parti, ou atta- quer.iient directement les botines moeurs et les personnes, raur<'n'.' LllTERATURE. 961 ^tablii la dilfeience eiitie une censure libre , exertee dans des vu<*« nobles et dans I'inler^t des moeurs et de la socicte, et la censure acfuelle, dont les six examinateurs , nominativement osiensiblcs , n'ont aucun rapport dirert avec les nuteurs , et obeissent a line qnan- tile d'adjoints ou de confideiis occultes, consuhes par un secretaire du niinist^re de I'lnterieur, dont le caprice influe snr les decisions definitives. ■< Si Rotrou et Corneille, dit-il , eussent ete soiimis a deis censeurs tels que les notrcs , leiirs chefs-d'ceuvre tronques n'auraient pas agrandi la gloire de la France; Molierc ne nous aurait transmis que peu de ses raoindres pieces : mais // eut pour censeur un mo- narqiie; et , grSce a Louis xiv , nous admirons encore ses ouvrages les plus marquaus, que de subalternes volontes eussent arbitraire- ment interdits a la scene. » Au tableau des vexations de la censure actuelle , il ajoute celui des caprices et de Tingratitude des comi'- diens , et il conseilje aux veritables auteurs de souslraire leur fierte a tant d'outrages. <• Faites irapiimer, leur dit-il; attendez du terns et de Topinion publique la chance des succes que vous meiidiez inlserablement a leurs portes closes... faites imprimer; et le besoin d'ouvrages neufs, composes d'apres de bons modeles , sortis des bonnes ecoles, et dictes par les hauts sentimens anxquels vous fami- liariseront vos sacrifices, ramtnera peut-^lre les comediens vers vous, quaud I'estinie des connaisseurs diiigera leur choix parmi les noaveautes qu'aura signalees I'epreuve d'une heureuse publica- tion. » II dit , et il leur doniie le premier I'exemple d'une resolu- tion qui pourra faire sourire de pitie la foule de uos obscurs au- teurs, que I'appsit seul de Tor fait se precipiter vers nos theatres , dont ils encombrent les approches, mais qui serait 4ans doute suivie des plus heureux resultats , si tous ceux qui sont capables de la comprendie avaient le courage de M. Lemercier. On sait que celte vertu est une de celles que possede au plus haut degre I'auteur d' ,4gainem>ion et de Fredegoiide. Toutes les fois que les lettres ou la societe ont eu besoin d'un acle de loyaute, d'energie ou de desinte- ressemcnt , il a repondu noblenient a leur appel , dans la sphere qu'il occupait conime poete ou comme citoyen. Les Martyrs de iSo(//j dtvant etre , dans ce recueil, I'objet d'une analyse conGee a I'un de nos collaborateurs qui a rJonne aux lecteurs de la Revue des preuves nombreuses de gout et d'urbanite dans sa critique , je ne dirai rien de la contexture d* Touvrage , ni de I'inven- tion et de la peinture des caracteres. Je hasarderai seulement une ob- servation an sujet du style , que i'auteur me semble faire desceudrede 26a LIVRES FRANCA IS. sa (lignite tragique dans le roled'unn^grc auquel "ii a compose, dit-il un idiuine a rimilallon dii sien , qu'il a veisifi6 dans une langue dont le retranchement des articles aux substaiilifs et aux regimes, aiiisi que I'eniploi du seul infinitif des verbes pour tous les terns, carac- t^rise la coucision intelligible , claire et originale. » Je ne serais pas ^tonne que M. Lenicrcier tint beaucoup plus a cette innovation qu'a tel role de sa pifece le mieux concu : on sait que les auteurs sont sujets a de pareilles faiblesses; niais, dut-11 me classer pai«ini ces « cri- tiques superficiels qui ignorent jusqu'aux premiers elemens de I'art dramatique » , je lui souraettrai fraiichement mes doutes. Aprfes avoir applaudi aux formes diverses de langage qu'il prdte a ses Grecs et a «on guerrier persaii Ajazid , formes heUreuses , qui tendent a varier uu peu I'uniformite quelquefois fatigante du style tragique, et a I'en- richlr des imnges naturelles aux differentes nations qu'il met en scene, inon esprit ne peut se prater au projet que I'auteur a concu de m'iu- teresser au moyen d'un vice, d'un ddfaut, qu'il pretend eriger en beaute. Si le langage tronque , defigure , et , quol qu'eu dise I'auteur, souvent obscur et inintelligible d'un Noir qui n'a pas recu d'instruc- tion peut dtre admis sur la sc^ne tragique , pourquoi ne fiiiir^it-on pas par y admettre aussi les diverses locutions vf>cieuses du peuple , et les differens patois que I'on parle en France ? Je m'arr^te a cette idee , dont le ridicule punirait bient6t I'execntion. Avant tout , il faut 6niouvoir, et je craindrais qu'a la representation M. Lemercier ne retirAt de son innovation un resultat tout conlraire a celui qu'il s'est propose. E. Here\u. X^o. — * Harald, ou les Scandinaves , tragedie en 5 actes ; par Pierre Victor (L. R.), representee pour la premiere fois, sur le second Th^itre franqais, le 4 fevrier i8a4 ; pr^cedee et suivie d'04- iervadons historiques , Utteraires et theiilrales. Paris, i8a5; Barba. I vol. in-8° de i3 feuilles , orne de plusieurs vignettes d'apres Deve- ria. Prix 5 fr. Nous avons , en son tems, rendu compte de la premiere represen- tation de cette tragedie ( Voy. t. xxi , p. 488-490). Celui de nos col- laborateurs qui s'en etait charge ayant fait une analyse trfes-exacte et detaillee de la fable, du plan et des personnages de la piece, nous u'aurions plus qu'a pailer des Observations preliminaiies dont I'auteur a fait preceder I'impression de sa tragedie , et ce serait une occasion de louer, dans M. Victor, une erudition, uu gout, une correction de style , et surtout un sentiment des convenances , peu communs , non-seulement parmi les hcimnies de 5a profession, mais encore I LITT^RATURE. a6'^ j)ariiii les homnies de lettres , an rang desquels il vienl dc se placei' avec tant d'avaiitages; mais un de nos plus savans collaborateurs , M. Heiberg, nous adresse quelqucs observations sur la partie histo- lique de la tragedie A'Harald, eC nous croyons devoir leur ceder la place qui nous etait accordee. E. H. Qu'il me soit permis d' examiner ici la nationalite de la tragedie d'Harald, si Ton peut s'exprimer ainsi. Je commence par la remarque que le plan , I'intrigue et la conduite du diame appartiennent entie- rement a I'auteur. II y a cependant quelques fails historiques, racon- tes dans les notes , d'apres CATTEiU-CAi,i.Evii.LK , que M. Victor a fidfelement conserves , et sur lesquels il a fonde le sujet de son pocme. Telles sont la fondation de la monarchic norvegienne par Harald, et ses relations avec Gidda. Ces deux caract<>res , ainsi que celui d'Eyvind, le Scalde, sont aussi tres-Gdelement traces d'apres des annales dont I'authenticit^ est consideree aujourd'hni comrce hors de doute. Tons les autres caracteres sont dus , soit a I'imagina- tion du poete, soit aux ouvrages de M. Montbron , d'oii M. Victor reconnait les avoir empruntes. — J'ai pen de chose a dire sur le ca- ract^re de Gidda; il me semble parfaitement bien trace, et conforme a ce que nous en dit I'histoire , qui la represente com me animee du d^sir de la domination. Son caracf^re est tout entier dans la reponse qu'elle fit aux envoyes d'Harald , venus pour demander la main de cette priucesse : » Dites a votre raaitre , repondit-elle , que je siiis trop bien n^e pour devenir sa concubine, et que je ne consentiiai merae a I'epouser que lorsqu'il ne sera plus le petit roi de quelques provinces , et qu'il rcgnera sur la Norvege enti^re.» — Je dirais que I'auteur me semble avoir egalement bien reussi dans la peinture du caractfere d'Harald, si je n'avais pas deux doutes a soumetfre a M. Victor. II discute lui-meme le premier (page i8i). ■> Rien n'etait plus honteux, dit-il, que de fuir chez les Scandinaves; les guerriers qui fuyaient etaient declares infumes . m'ont observe plusieurs cri- tiques, aux yeux desquels j'ai commis une faute intolerable en faisant quitter le combat auroide Norvege. »M. Victor examine si, en cela, il a lait bien ou mal , et il arrive a cette conclusion : que les applaii- dissemens dii public paraissent avoir resolu cette question. Je sais fort bien que, pour obtenir un beau coup de theatre, il est permis aux poetes d'alterer, jusqu'a un certain point, la verife historique ; mais jo ne crois pas que celle permission puisse ailer jusqu'a autoriser I'alte- ration d'ua trait caracteristique eminemment national; et ma convic- tion iutime m'obli^e a me ranger ici, contra M. Victor, du c6!c de 264 LIVRES FRANCAIS. ses critiques. Mon second doute est, a pen pres, de la ineiiie nature. Jc crois que , pour ne pas alterer la verite liistorique, I'auteur ne de- vait pas noii plus alterer le caractere nation.il dans son principal personnage. Dans la derniere sc6ne, Harald tire son ^pce , pour se tuer , afln de se punir ainsi d'un crime qu'il se reproclie. Cependant, il n'en fait rien , sans qu'il ait ete desarine. Les raisons par lesquelles M. Victor a cru devoir laisser vivre son Harald ( page igS ), sont in- contestablement bonnes, puisquc I'hlstoire fait mourir ce roi plus qu'octogenaire; mais il a fait faire a ce prince une veritable fan- faronnade. Tous les autres caracteres sont de pure invention, et quelques- uns des noms sont peu heureusement clioisis. Ni ytlpais ui Adelian ne sont des noms scandinaves. On ne connait en Norvege qu'un roi Haqiiin , a qui Ton a donne le surnom de nonrrisson d' Adelstan ( et non pas Adeltan ) , parce qu'il avait ete eleve a la cour A'Adehtan ou Ethelstan, roi d'Angleterre. — M. Victor fait du nom Suenon un mot de trois syllabes ; ce qui sonne fort mal aux oreilles scandinaves. II y a toujours eu, et il y a encore , dans les trois royaumes du Nord , une foule de personnes dont le nom de bapt^me est Si-end, mono- syllabe, et dont on a fait, d'abord en latin, et ensuite en francais , le nom de Svenon , qui est dissyllabe. Si les bornes qui me sont prescrites etaient moins etroites , j'aurais beaucoup d'eloges a donner a M. Victor pour la partie hislorique de sa tragedie, pour I'exactitude qu'il a raise dans la peinture des mceurs des peuples scandinaves, pour ses details sur I'ancienne my- thologie de ces peuples, et en general pour les notes qu'il a ajoutees a son ouvrage. Tout ce qu'il dit (page 12) de la difference entre les guerriers d'Odin et ceux d'Ossian est tres-exact. « Tout est positif chez les premiers, tout est vague et douteux chez les seconds. Con- fines dans leurs lie's de brouillards , amies de leurs lances de neige , les Caledoniens de Macpberson n'ont laissc qu'un souvenir aussi leger que les fant6mes de leurs heros. Les Scandinaves , repandus dans I'Europe entlere, ont exerce sur ses institutions el sur ses mceurs une influence dont elle conserve encore les traces. » Aprfes avoir lu ce passage, j'ai ete fort etonne de trouver (page 77), le nom de Lochlin, qui est tout-a-fait ossianique. J'ai ete encore plus etonne de liie ( p. I ro ) ces vers : . . Quel lugubre ciel! Ombres de mcs aieux; Kst-rr vons qui passez sur cps sombrcs nuages? All 1 dctournc/. de moi vos fronts cliarges d'orages- " LITTERATURE. 265 11 faut convenir que ces vers oat plutot une teinte caledonieniie qu'un coloris scandinave. Pour etudier les moeurs et I'histoire des peuples scaiidinaves, I'au- teur a puisedansde bonnes sources. Outre Catteau- CatleviUe,i\Qoravae Mallet , Siihm, Schoning , Lagerbring , et d'autres. Si , comme il semble en avoir I'intention, il place un jour la scene de quelque nouvel ouvrage dramatique dans les memes pays , il est peu probable qu'il s'enfonce plus avant dans la haute antiquite; il descendra plutot vers des temsun peu plus modernes. Alors, je luicoiiseillerai d'etudier un ouvrage tres-curieux, ecrit, vers I'an 1170, en ancienne langue norvegieiine, aujourd'hui islandaise. II a pour titre : Speculum t egale , et son auteur est , a ce qu'on croit generalement , un des premiers rois Chretiens de Norvege , nomme Sverre. II y fait parler un pere don- nant h son fils des instructions pour regler sa conduite dans loutes les positions ou il pourrait se trouver. Apres avoir indique , dans la premiere partie de son ouvrage, des regies de conduite pour le navigateur, le negociant, I'agriculteur, il parle, dans la seconde partie, des devoirs d'un roi, et de ceux que les hommes de cour doivent observer, non-seulement aupres du roi, mais encore en tems de guerre , et dans les missions paciiiques pour lesquelles ils pourraient ^tre choisis. II y a , dans cette partie de I'ouvrage , beaucoup de details sur les armes, tant offensives que defensives, ainsi que sur I'art de la guerre de ces tems recules. L'ouvrage dont je parle, et qui traite encore de beaucoup d'autres objets que je m'abstiens d'indiquer, est accompagne d'une double traduction, en latin et en danois ; il se trouve a la Bibliotheque royale. Heiberg. 141. — Les deux Ecoles, ou le Classique et le Romantique , comedie en trols actes et en vers ; par MM. J. Leonard et Ader , representee pour la premiere fois sur le theatre de I'Odeon, le samedi i3 aout iSaS. Paris, iSaS ; Ambroi.se Dupont et Roret. Br. in-80 de yS pages ; prix : a fr. 5o c. Get ouvrage est le premier essai dramatique de deux hommes d'esprit , connus deja par quelques succfes en poesie , mais qui se sont completement trompes dans le choix deleur sujet. Le classique et le romantique sont des abstractions ; et comment peindre des abs- tractions au theatre? Comment essayer d'ailleurs de bdtir une action sur des choses qui ne sont pas m^me definles ? Aussi , ne parlerons- nous point de la leur , et ne dirons-nous rien du plan qu'ils ont adopte : nous aurions trop de reproches a leur faire. Nous aurions 266 LIVRES FRANCAIS. surtout ft leur demaiuler comment eux , qui plaideiit leur cause eu plaidant celle du gout et de la raison , ont pu faire de leur clas- sitjue , llenet spiritut-l, nigaud pleiu de taleut, coinme dit la soubrette, une esp^ce de plastron, que Ton fait toni- her dans les pieges les plus grossiers et les plus ridicules? — Mais cette piece , qui ii'a eu qu'un petit nombre de representations , offre plusieurs details de style et de dialogue , oil Ton reconnait le germe d'un vrai talent comique. Nous citerons la scene vii de I'acte ii , enlre le poete romantique et son vieux professeur, sc^ne oil les au- teurs ont habilement reuni et debattu les principaux points de la question litteraire qui s'est elevee entre les deux ecolcs (si toutefois il peut en exister d'autres que la bonne et la mauvaise). C'est dans cette sc^ne que se trouvent ces vers : Oui, pleins de cette ardcur qu'a raes yeux tu deploles, Vers la gloire courrez par de nouvelles voies; Mais, delivres enCn d'une etroitc prison, Sortez de la routiue et non de la raison. Quel dommage que les auteurs n'aient pas eu plutot le projet d'une 6pitre ! Ces vers et plusieurs autres de la nieme scene auraient pu y (*tie encadres de la xnaniere la plus heureuse , et la faire vivre plus long-tems que la cotnedie , au succfes de laquelle il faut bien dire aussi que ie jeu des acteurs a ete plus nuisible encore que I'inexperience des auteurs. E. H. 143- — La communion de la reine Marie-Antoinette a la Conciergerie, par y. Alphonse Flayol ; poeme qui a remporte le prix de poesie propose par la Societe d'etudes Utthaires. Paris , iSaS : J. G. Dentu. Brochure in-8° d'une feuille d'impression ; prix i fr. a5 c. 1 4 J- — Dithyrambe an sujet d'un passage da chant du Sacre , dc M. de Lamartine ; par M. P. E. S. Paris , iSaS ; J. L. J. Brii-re. Bro- chure in-8" d'une feuille d'impression ; prix i fr. 2J) c. 144. — Triomphes du genie dans la Grece antique et dans la Grice moderne , poerae dithyrambique , precede d'une Ejdre dedicatoire a lord Cochrane. Paris, iSaS ; Delaunay. Brochure in-8° de 19 pages ; prix I fr. a5 c. 145. — Les Ages poetiques ; par I'auteur du Dithyrambe sur la Grece antique et la Grece moderne. Paris, iSaS ; le nieme. Biocliure in-S" de aS pages ; prix 1 fr. 5c c. l46- — Ode a S. M. Charles X sur l' ujjranchissement dc Saint-Do- I LI*rT^.RA.TURE. 267 ming^ie, par un homme de couleur. Paris, i8a5 ; Peiit et Delaunay. Broch. in-8:' d'une feuille ; prix yS c. ,4- — Ode stir l'indei>endance d' Haiti; par /. M. Chopis. Un quart de feuille d'iinpression. (Ne se vend pas. ) j48. — Ju president Boyer , cpitre ; par Cordelier-Delanoue. Paris, i8a5 ; BouUand et compagnie. Brochure in-8° d'une feuille ; prix I fr. 25 c. i4g. — Les Etats-Unis. A M. Casimir Delavigne. Par A. Cham- DOLLE. Paris , iSaS; Briere. Brochure in-S" d'une feuille d'impres- sion ; prix i fr. aS c. l5o. — Uessiire et V Empecinado , poeme; par Leon HiiEVTif. Paris, 1825 ; Hubert. Broch. in-S" d'une feuille; prix i fr. a5 c. Malgre I'espece d'interdiction lancee centre les vers dans ce siecle irop positif , chaque jour voit inonder le Parnasse francais de bro- chures poetiques. Ce nesont, il est vrai, la plupart du terns, que des ballons d'essai lances aux frais d'auteurs jeunes et inexperinientes , qui ignorent que la gloire litteraiie ne s'enleve pas ainsi d'assaut , mais qu'elle est le fruit d'une veritable vocation e t d'etudes longues et opiniitres. Autrefois , nos jeunes poetes ne se h.\taient pas ainsi de produire au grand jour les fruits d'un premier loisir; long-fems gardes en porte-feuille , lus et relus , censures et corriges par la franche amitie, ou par rhomme d'un merite reconuu, dont on de- mandait les avis pour en profiter , ils n'en sortaient que pour subir une derniere epreuve , en briguant les honn.eurs dun recueil consa- cre par le govit, et dont les pages ont recueilli le germe de nos plus brillantes reputations lit>eraires. On voit que je V£ux parler de \' Al- manack des Muses. Quantum mutatus ab illo ! s'ecriera quelque esprit chagrin , sans reflechir que I'attente d'une annce est trop longue pour nos auteurs modernes , et que I'ecliteur d'un recueil , qu'ils affectent de dedaigner , est reduit , ainsi que nous , a glaner dans un champ aride en sa fecondite , et qui n'offre souvent que des fruits hdtifs et sans savcur. Chaque mois , la Revue Encyclopedique est acca- blee d'envois poeticjues et de vers qui restcnt inedits apr^s leur pu- blication ; el!e a du faire examiner scrupuleusement ces envois , et- designerles pieces qui meritent le plus d'etre recommandees a I'atten- tion publique. Charge de faire connaitre les neuf pieces dont les litres se trouvent en t^te de cet article , je vais tdcher de m'acquitter en conscience de cette mission delicate. Mais, que les auteurs ne se formaliseut point , si j'abrege un pen des formules de louanges qu'ils ue trouvent jamais assez longues , et qu'ils veuillent bien re- a68 LIVRES FRANCAIS. flechir que nous nccordons souvent nioins de place a des oii> rages qui meriteiaient iiotre soUicitude a plus juste litre encore que leuis essais poetiques. C'est Ic sentiment profond d'une douleur legitime , excite par Ic souvenir cl'unc grande inforlune, qui a eveille la muse de W. Flayoi,. II a justif ie , par des vers Iieureux , le choix qu'une socicle a fait de sa pi6ce, pour lui decernor la couronne. 11 reprcsente une reine quittant le premier trone du monde, pour marcher a I'echafaud que doit enrioblir le sang qu'elle va y repan'dre. Helas! a la priere abaissant sa fierte, Et devant ses bourreaux conrbant sa majeste , En vaiu elle demande et son CIs et sa fille; Uo tU lictear se place cntre elle el sa famille : lis n'ont point echauge Icurs penibles adicux. Pars, veuve de Louis, va les attendre aux cieux. C'est aussi le sentimentd'une juste indignation quia inspire I'auteur du Dithrrambe an siifeC (run passage du chant du sacre , de M. de Lamartine. « Un jeune liomme sans nom , dit-il dans son avertisse- ment , a entrepris de venger un prince cher a la France de I'attaque inconvenante dont il a ete I'objet , de la part d'un poete qui a eu part tout recemment aux faveurs du pouvoir. » On voudrait avoir oublie les quatre vers accusateurs que M. de Lamartine a ose placer dans son pocme sur le sacre. Get acte qu'aucun mot, dans aucune langue , ne saurait qualifier, a fait geuiir tous les coeurs lionnetes de tous les partis , en m^me terns que le demon du mal , qui I'a ins- pire , n'a point recueilli les resultats qu'il s'en etait peut-^tre promis. Jeune imprudent, quel delire t'eatraine? Choisi pour celebrer les pompes de la Cour, Qui te force a nieler les accens de la Iiaine A ton bymne d'amour? Est-ce ton Roi qui les demande? Ne confonds pas des regnes differeus ; Quand tu viens a ses picds deposer ton offrande , Ne va pas lui porter Toffrande des tyrans. Va, ue crains ricu d'une augustc vengeance! Mais les Muses te punirout. Dans tcs vers frappes d'impuissauce, LeurJ'roid mepris signalc un odieux ajjnml ; D'cllos tu n'obtieudras qu'une glojre epiiemere. . Pour rcinplaccr I'cxil qui devrait tcpunir, ^ LITTERATURE. 269 11 doit suffire a leur colere De t'exiler de Tavenir. L'arret parait severe ; tnais qui ii'eii sent la justesse en lisant le poeme de M. de Lamartine? Puisse le poete privilegie apprendre que les bons vers , comme les grandes pensees , vieniient presque toujours du coeur ! Hoaueur aux aobles Ills des Grecs de Maratlion , Libres, s'ils sout vainqucurs, et libres, s'ils jierisseiit, Qu'iin poete secourt et que les rois Irahissent! Telle est I'epigraphe qu'a emprunteel'auteurdes Triomphes du genie Jans la Orece antique a celui des Messeniennes , autour duquel nos jeunes poiites se rallient , comme a I'etendard de la laison et du ta- lent , embellis par les graces. Quelquefois ils doivent d'iieureuses inspirations a ces relations honorables pour eux et pour lui. Celui qui nous occupe en ce moment , dans la marche peu certaine de son poeme, et au milieu de tirades oii Ton pourrait desirer uu style a la fois moins simple et moins ambitieux, a trouve des strophes qui feraieut honneur a M. Casimir DeJavigne. Tels sout ces quatre vers dans VEpitre dedicatoire a lurJ Cochrane , oil Fauleur dit , en piir- lant de ce proteoteur celebre de la Grece : II quitte ses grandeurs pour lui servir d'appui; Sur de nouvelles mers il porte la victoire, Et croit qu'il a hesoin de glolre, Tant qu'uu peuple a bcsoiu de lui. Nous engageous I'auteur a ne pas abandonner et a mijrir avec soiu ridee des ses Ages poctiques. Sans doute, ce n'est qu'une esquisse qu'il a voulu nous donuer. Un pareil sujet demande plus de terns et plus d'espace pour etre traite convenablement. Deja quelques passages font juger qu'il pourra remplir avec honneur la tache qu'il parait s'ctre imposee. Une autre nation , naguere aussi composee d'oj'primes et d'op- presseurs, roais plus avancee que la Grece, partage aujourd'hui avec elleies regards du monde entier ; plus heureuse , son sncces I'a jus- tiCee , et Von appelle maintenaiit chez ells citoyens d'un etat libre et independant , ceux que naguere on traitait de rebelles. C'est I'acte inattendu qui proclame I'independance d'Haiti que deux Erancais , MM. Chopin et Delakouk , et un homme de coiite.ur, out voulu cele- j)rer. Cchn-ci adresse ses remercitnens sur I'emancipation politique de SOI) pays a S. M. diaries X, qui, par un nouvoau bieiil'ait, va a70 LIVRES FRANCAIS. r^pandre son heureusc influence jusqne sur les destin<5es d'na ^ peuple lointain. C'est dans une ode que raiiteur exprime Ics sen- timens dont il est penetre , et cette ode est une nouvelle preuve que les Haitiens , apr^s s'^tre mis au niveau des autres peuples dans Ics sciences positives et dans celle de Tadministration , ne voudront pas leur rester inferieurs dans la carritre des lettres. L'auteur de YOde sur I'indipendattco d'Haiti m'approuvera , sans doute, d'avoir donn^ le pas sur lui a un naturel ; il faut savoir faire les honneurs de chez soi. Ce sont aussi des hommes de couleur, elfeves de M. Chopin , qui ont voulu faire imprimer et distribuer a leurs frais les vers que Ton va lire : Trop loDg-tems ont dure ces iaJignes entraves! L'Europeen disait : Les Noirs sont nos esclaves; Un dieii les a marques d'un sceau reprobatenr! Notre luxe a besoin de toute leur niisere : Non, Dieu n'est point leur perc, Et son Indifference accuse leur malheur. N'est-ce pas plutot leur malheur qui accuse I'indifference de Dieu? C'est la seule objection que j'aie trouve a faire a l'auteur, qui termine son ode par une adjuration 61oquente a la jeune r^publique i'Haiti, de s'employer de tout son pouvoir h "relever la croix sur la cendre d'Homere. » Alors , ajoute-t-il : Alors, henreuse et grande, achive la carrlfere; OuTre au commerce actif ta plage hospitaliere ; De la France, a ta voix, les arts ■vont accourir... Mais garde tes enfans de nos mccurs corruptrices ; Wacbete point nos vices... On sait tout, qaancl on salt vivre libre et mourir! C'est aussi par une invocation en faveurde la Grfece que M. Dela- NOUE termine son Epitre au president Bojer. Nous citercns ces deux vers (p. i3) : O salute Liberie, I'insulte d'un esclave Peutelle arriver jusqu'a toi ! et ces deux autres qu'il adresse a la Grfece , en cherchant a relever son courage (p. i5 ) : Byron est mort pour te defendre, Kt Delavigne t'a chante. I LITTfiR ATTIRE. 371 Cest encore a ce dernier qu'est adressee la pifice de M. Cham- nm.T.F.. Toi, lui dit-il : Toi qui charmais la Franre au bruit de tes concerts, Toi qui nous consolais, veiUe , je jne poete! Encor de nouveaux chants! nous sentirions nos fer». Si ta lyre restait muette. D'un beau talent, d'lin grand courage, Fais briller a nos yeux la double majeste ; Fletris les oppressenrs, repousse I'esclavage, Et du moins dans tes vers sauve la liberie. Citons encore deux strophes empruntees a la peinture que I'auteur fait des premiers efforts de I'Amerique pour conquerir son inde- pendance : , Autour de cette tente accourez vous ranger; Lcvez-vous , defenscurs de la jenne Amerique, Sans craindre de vous partager Entre nn liomuie et la Republique. Cet liommc est Washington : en volant au danger, Ne vous alarmez pas, compagnons de sa gloire, Vous ne sentlrez point le joug de la victoire Apres celul de I'etranger. Les vers de M. Chambolle revelent un beau talent, des sentimens genereux et vn noble caract^re. Cest d'une nation aujourd'bui plus nialheureuse que ne le furent celles dont on vient de nous enlretcnir, plus nialheureuse peut-etre que ne le fut jamais aucune nation , que nous allons maintenant nous occuper. Un poete , tres-jeune encore , raais qu'une traduction des Odes d'Hoiace place deja a cote de nos bons litterateurs, M. Leon Ha LEVY, apres avoir public des Elegies pleines d'un charme atten- drissant (Voy. Bev. Enc. T. xxviT.p. 235), ou Ton croit qu'il a epan- cbe quelques douleurs personnelles , a voulu m^ler sa voix a la voix publique sur les evenemens politiques arrives recemment en Espa- gne. II compare la vie et le martyre de VEmpecinado , general des ar- mees constitutionnelles d'Espagne , avec la vie et le supplice de Bessi^re, ce transfuge des drapeaux franqais, devenu general des armees de la Foi, pour lequel un journal, aprfes I'execution mdme du coupable, reclamait encore le titre d'honorable , parceque, disait-il , 272 LIVRES FRANC AIS. il avail appartenu aux raugs des royalistes. M. Halevy commence' par rappeler notre premiere campagne d'Espagne : A I'aspect de ces champs oii tomba Ic courage, Je repands quelques pleurs, triste ct deruier bom mage, Sur la ccndre de nos soldats : Je DC puis admirer une stiipide rage, F,t je u'ai point d'cucens pour dcs assassiunts. En parlant de Bessi^re , il dit : De ce fier plebeien qii'espere done I'audace? Que clierclie son epee? Es'-ce uu roi qu'il menace? A-t-il frappe les airs du cri dc liberie? Hon, il sait que I'Espagne aime son esclavage. Que lul font, apres tout, de vulgaires douleurs? C'est de son roi qu'il vent alleger le servagel C'est de son roi cajitif quil veut seclier les pleurs ([).' D'uu pareil devoilment chatiant riuriolenee, Ferdinand d'une tombe a paye son flafteur; Et la croix de saint Cliarle, auguste recompeuse, Brille au cou de I'executeur (2). D'autres que mol, Bessiere, honoreront ta ccndre; lis baigueront de pleurs I'esclaTe qui n'est plus; Jamais pour tes pareils mon ceil n'eu sut repandre. Va te plaindre a ces rois que tu veux absoliis .' Puis , s'adressant a la memoire de VEmpecinado : Puisque tes guerillas , compagnons du victoire, A cette populace, opprobre de I'liistoire, Wont point de leur vieux clief dispute les lambeaux, Ceux que tu combattis vcngtront ta memoire; lis out de nobles coBurs pour honorer ta gloire, Et des vers immortels pour fletrir tes bourreaux! Mais je m'arr^te ; deja cat article depasse de beaiicoup les bornes de notre Bulletin. Je reserve pour le luois prochain quelques-iines • des pieces que je devais faire eutrer dans cet article, et dont le ton, - plus leger que celui des vers que je viens de faire c6nnaitre, aiirait, (1) II fit sa levee de bouclier, pnur delivrer, disait-il, le roi Ferilinand de In capiii'ile oii le retenaient les ntinistres. (IVole de I'Aiiteiir.) (a) Le chef d'escadron Albuin, que le roi d'Espague a decore et fait co- "■ loiicl : c'est lui qui a atteiat et fusJlle Bessiere. {Vole Je V Aatew\) H LITTERATURE. 273 d'ailleurs contraste d'une mani^re peut-^tre choquante avec celui que j'ai du prendre moi-m^me. Les lecteurs me sauront gre sans doute de les laisser avec M. Halevy. E. HEREAtj. i5i. — Epitre a Bolivar , par /. F. D. Paris , i8a5 ; Rue d'Enfer- St-Michel, n° 2. Cette piece , remplie de genereux sentiniens , exempte d'ailleurs de tout mauvais gout, merite I'attention des amis de la liberte. L'au- teur , apres avoir forme des vceux pour la prosp^rite des nouveaux etats de TAmerique du sud , c^lebre les exploits de Bolivar , et sur- tout I'amour sincere du liberaleur pour les institutions de son pays. II {'engage a rester toujours dans la route de la veritable gloire ; il rappelle I'exemple de Bonaparte qu'un faux orgueil a perdu , mais qui peut-etre fiit reste fiddle a sa patrie , s'il eut pu , comme le lieros de la Colombie , faire I'appreniissage des vertus du citoyen pres du tombeau de Washington. Cette belle idee sert de transition au recit des honneurs rendus a M. de Lafayette par la republique celebre dont les triomphes commencerent I'ouvrage qu'acheve maintenant Bolivar. Le style de ce petit poeme offre sans doute des imperfec- tions ; mais , si I'auteur est jeune , comme on I'assure , on pent le croire appele a ecrire en vers avec elegance et purete. Nous allons citer un passage fort court , qui n'est pas le meilleur de la piece , mais ou nous paraissent reunies les deux qualites precieuses dont nous venoDS de parler : Trois etats dans tes mains llvreut leurs destinees; Des fiers republicaius les ame.s etonnees. Sans s'emonroir, t'out vu, pour comble de grandeur, Soldat et citoyen , vertueux dictateur. Du pouvoir Oiitsolu I'amorce euchauteresse Ne put un seul instant seduire ta sagesse. Souvierain des etats ct de tes passions, Au faite des grandeurs, exempt d'illusions, Des peuples en tout terns ami vraiment sincere, Tu fus leur protecteur et tu deviens leur pere. F. * 132. — Epitre a un Journaliste de province stir les aiiteurs et le public ; par M. Marias Gimou , couronnee par I'Academie de Marseille le 27 aout i8a5 ; suivie d'un Hjinne aux Francais siir le sacre de Charles A', pifece qui a obtenu une mention honorable dans la m^me seance. Marseille, i8a5. In-8° d'une demi-feuille. Des critiques fameux voulant grossir la liste, Edmond, dans tes foyers tu d^vieus journaliste, T. x.wiu. — Oclobre i825. iS a74 LIVFIKS FRANCAIS. Et croi« a ce metier gaguer benucoup d'liouueur. Insense .' quel ileniou jaloux de ton Ijualieur Est veuii t'inspirer cctte triste maiiie? Toi qui pouvais , dounaut I'cssor a ton genie. Rival de Casimir, eufanter de beaux vers , Et du bruit de ton uom reroplir tout I'univers; Fuyaut ton avenir, conCue dans fa villa , Redigeant une feuille ignoree, inutile, (^ue I'ou WJime toujours, que jamais on ne lit; Griffonaut du papier sans gloiie et sans profit, GeoJJroy provincial , tu veux , dans ton delire. Pour I'article tbedtre abaadonner ta lyre ! II y a de la chaleur, du niouvement , dans ce debut de I'Epitre de M. Marius Gimon et dans quelques vers qui suivent ; mais bientot ]'auteur (larait fatigue; il perd celte verve, ce feu dont ii avait paru d'aboid aaiiiie; sa Muse eiifiu semjjle le quitter, et il ne deciit plus que des choses cominunes , dans un style Wche et prosaique. Le meme defaut se fait sentir dans son Hjmne aux Francais. L'au- teur pourroit dire, avec Lafontaine : Les longs ouvrages me font peur ; et cependant chacune de ses pieces n'a pas plus de cent vers. E. H. i53. — * La famllle Noire ou la Traire et l' Esclavage , par M">e So- phie DoiN. Paris, tSi5 ; Servier , rue de I'Oraloire, N° 6. i vol. in- 12 , de 148 pages; prix 2 fr. M'"'' Sophie Doin rend comj^te , dans sa preface , des motifs qui 'ont engagee a composer cet ouvrage. « Bien des gens , dit-elle , croient sincferement que des negres esclaves sont indispensables a I'existence des colons ; d'autres pensent qu'on se moque d'eux en pretendant que les Noirs sont conformes corame les Blancs et doi- vent par consequent ^tre traites en hommes. Dans nos societes fri- voles , bien peu d'individus ont reflechi que riiifime tiaCc des Noirs et la puissance oppressive qu'on s'arroge sur eux sont en con- tradiction directe avec les preseptes sacres de notre religion , avec '. les principes du droit naturel , qu'ils offensent Dieu et outragent I'humanite ; il est n^cessaire de les eclairer tons : tel a ete le but de uies efforts. » L'auteur a fait clioix , pour developper cette in- teressante question, d'un cadre tres -heureux. Le recit des aven- tures , des malbeurs , des vertus de la famille Noire excite a la fois dans I'iine du lecteur une pitie profonde et une vive indignation. Certains passages le font fieinir , quaud il pense que ce livre, loin d'etre un ruman , iie contient qu'une hisloire scrupuieusenient I LrrTERATURE. .iS'j fiddle. Telle est , par example , la sc^ne dechirante de la rencon- tre des infortunes epoux Noirs , de leur recounnissance et de leur tnort. La noble conduile d'un philanthrope eiiropeen , qui s'est dc- voue a soulager la misere desNegres, forme un touchunt contraste avec (outes ces horreurs. Outre cette composition qui obtiendra le suffrage de lous les coeurs gener'eux , ce volutne offie encore, sous le litre cC introduction , un plaidoyer en fiveur de la nieme cause, i^rit avec la mdme chaleur, et dont Tauteur peut se ftjliciler comme d'une bonne ceuvre qui prouve a la fois la noblesse et I'energie de ses sentimens et sou talent, comme auteur. B. 154. — L'assassiiiat d'un roi , reman historique par M. P. La- CKOix. Paris , 1825 ; Jehenne, passage Feydeau , N" 4' 2 vol. in-ia, formant environ 400 pages ; prix 5 fr. Des esprits inquiets et anibitieux s'agitent en tout sens , et osent souhaiter liautement la rentree des jesuites en France. C'est en voilant les intentions, en -donaturant les noms et les choses, que ceux- ci pretendent vaincre I'aversion qu'on leur tenaoigne. Inuliles ef- forts ! rijistoire est la qui les accuse et les fletrit , et la libejte de la presse est une barriere que leurs efforts tenteraient vainement de renverser , puisqu'elle s'appuie , d'un cote , sur la Charte , et , de I'autre , sur la parole sacree d'ua Roi de France. M. Lacroix a voulu nous faire connaitie les details inconnus de la conjuration qui porta Damiens a poignarder Louis XV ; mais ces details , qui sont tous de son invention, laissent a desirer plus de conformite avec la vraiseniblance historique. Je ne repeterai pas ici ce que j'ai deja dit sur le roman historique ; mais, en exami- nant d'abord celui-ci sous le rapport du plau , je Irouve qu'il man- que d'unite et de rapidite: beaucoup d'episodes ne font qu'y embar- rasser I'action ; neanmoins, il faut le dire , ils attachent le lecteur, et , tout en y reconnaissant des hors-d'oeuvre , j'hesiterais a les re- trancher , exceptecelui de la centurie de Nostradamus , trouvee par Damiens daiissa prison. Dans Ic tome second , tous les chapitres semblent etre la nnique- ment pouremp^cher le denouement d'arriver. Ces defau.ts sont peut- etre inherens au sujet, qui offrait par lui-nidme des developpemens pen varies , et ils viennent surtout du soin qu'a pris I'auteur de justi- fier, par des faits anterieurs au crime, les diverses revelations echap- pees a Damiens. Je passe a I'examen du style , dans lequel je ne serai pas si embarrasse pour trouver a louer. Je pourrais nean- moins dire a I'auteur qu'wne femme anx Manas habits est une Incu- 27G ' LIVRES FRANCwVlS. tion froidement preteiilietise, que me compter parini leiirs rangf est une finite de francais Mais j'ainie mieux faireremarqucr que ce rojnan , iii(5me saus quelques caracteres foitenienl dessincs , meme sans quelques situations dramaliques qui s'y rencontrent , attache- rail encore, par le cliarme generalement repaiidn dans le style. Je vais ea citer deux passages qui prouveront avec quelle facilite Tau- teur passe dans des tons differeiis ; s'il nous peint la jeune mariec le soir de la veille des noces : " CettQ derniere , mise avec une simpli- cite reclierchee , u'a pas besoiu du secours de la toilette pour aspi- rer au litre de jolie, que lui confirmeut ses dix-sept priiUems. Ses cheveiix , dont le noir de jais fail ressortir I'azur lendre de ses grands yeux caches sous de longs cils , sont tresses avec plus de soin qua I'ordinaire. Sa bouche est embellie par un sourire qui decouvredeux rangs de perles , sa joue est coloree d'un rose plus -vif, son sein agite la mousseline qui le couvre. Si par hasard son regard virginal rencontre la fleur d'oranger , appelee chapeau de la mariee , qui dc- niain brillera sur sa tete. » « Deinain ! » dit en elle-meme la vierge qu'une nuit separe de I'liymen. EUe voudrait reculer un jour qu'elle desire et qu'elle craint , elle fremit dans 6tre aussi pr6s , et elle se plait a compter les heures qui vent s'ecouler si lentenient, jusqu'an moment ou elles s'enfniront si vile. » — Nous represente-t-il les jesuiles faisant communler Damiens pour le preparer dignenieut a I'assassinat , •• Soldat de Jesus-Christ, dit i'un d'eux , deja fort de rabsolution du S. Si^ge , il est bon que tu te prepares au combat par la sainte Communion qui lave les souillures du peche et envi- ronne le coeur faible de I'liomme d'un niur d'airain. — A ces mots , les assistans se niirc nt a geiioux , et le pr^tre monta les degres de I'autel. Tandis que le pfereLaunay, I'encensoir a la main , rcpon- dait aux prieres de la messe , Uaraiens , agenouille avec recueille- rnent , mt^lait sa voix a celle du desservant. Le niinistre d'une re- ligion de paix le sonima de jurer la mort du roi sur rEvangilc. Da- miens s'approclia avec calme , et , la main etendue sur le livre sa- cre , il prononca d'une voix assuree ce serment execrable : Au nom dii Pere et du Pils , ct du S. Esprit , je jure que mui , Robert -Francois Damiens , je fiapperai Louis , roi de France et de Navarre , si demain , avaiil deux heures , il n'a pas casse tous les arrets de son dernier lit de justice. Si j'etais infidele a ce sennenc , je me condamne moi - meme a r excommunication apostolique el a la reprobation elernelle. Le regicide baisa la page sainte , et le pr^tre prit sur I'autel un couteau a res- sort , qui nortait d'un c6t6 une longue lame poiatue , et de I'autie ♦ LITTERATURF. 277 nil ciiiif long de quafi-e pouces , le beiiit , et , le pr. seutaiu au ik-o- phite, « Le sang d'un roi a teinl ce poiguarcl, lui dit-il ; songe a t'en servir aussi bleu que Ravailla'^. » « Les rites les plus reveres de iiotre religion furent profanes, le crime consoinma le sacrifice de la iiiesse. >- II est encore un nierite que je dois signaler : c'est la verite dcs personnages qu'il met en scene. Les discours , la conduite des je- suites , dans son ouvrage , sont generalement confornies a ce que nous coiiuaissons d'eux; l6urs phrases sont prcsque toutes puisees dans lenrs propres ouvrages ; tout justifie I'avertissenient que I'au- tcur donne aux rois dans son ^pigraphe : Ei nunc , reges , mtelUgUe. Louis Ckivelli. i55. — * L'Oncle ct la Niece. — Paris, 1825 ; Ponthieu. r vol. lu-ia de VI ct 184 pages ; prix 3 fr. L'auteur a voulu peindre les ravages d'une passion criminelle dans un coeur sans experience ; et ccite vue premifere nous seuible reveler son sexe. Quoique la jeune dame a laquelle nous devons ce nouveau ronian , repousse avec niodestie , dans son avant-propos , toute pretention a egaler le style de Mesdames de Duras , de Broglie et de Salin , on peut dire qu'en general elle nierite , sous ce rapport , de prendre rang parnii ces femmes cel^bres. La jeiuie Angeline, mariee de bonne heure a M. de B. , beaucoup plus Age qu'eile, mais fortriclie, se trouve en pen de tems sejii'rec de son uiari , que de mauvaises affaires forcent a s'expatrier. Angeline voit alors , pour la premiere fois , son oucle Charles, presque aussi jeune qu'ellc , qui revient des colonies. II engage la l)lns grande partie de sa fortune pour relablir celle de sa niece : ;dors , nait insensiblement entre elle et lui un amour reciproque qui, pendant I'absence du mari , les entraine sur le boi'd du preci- pice : leur vertu les emp^che cependant de succomber. La peinture delenr amour est , daus le roman , comme dans I'liitention de l'au- teur, la partie principale : I'intrigue est simjile et rapide; le style, toujours convenable , n'est pas denue de mouvement , ni d'elegance ; enfin , ce petit ouvrage se fera lire avec plaisir par ceux qui, dans un roman, cherchent plut6t la peinture des passions que In midti- pliciie des incidens. B. J. i56. — * Amour el dei>oir , traduit de I'anglais de M. Theodore Hook, Paris, r8?.5; Eymery. 2 vol.in-12 de •,3i et 247 pages; prix 5 fr. Si Ton s'en rapportait au litre de ce roman , on pourrait le ranger daus lenomhre de c^ix qui sont consacres a peindre I'amour et ses 278 LIVRES FRANCAIS. effets ; mais M. Hook n'est point un emule de Goethe on de Roosseaar. La nature de son talent le porte a tracer des tableaux de mocurs , n mettre en sc^ne des caract^res dont les originaux ont pu dans le monde flapper et exercer son esprit ohservatenr : en no mot , il appartient a la classe des roniiinciers que I'on pourrait appeliT co- miiiiies , pnlsqu'ils se proposei't dans le ronian nti lint senibl;tl)le i ceiui de la cnmi'-die. Fiancis Welsled et Fanny Ro.'liiey, les deux priiic'paux personiiages qni fignrent dans son nonvel onvrnge, sont Lien cependitnt deux anrnns , que le sentiment severe de leurs devoirs envers un hienfaiteur et uii pere oblige a se se[)arer; mais a peine Francis a-t il quiltesa liien-airaee , qnM se frotive iiitrodiilt dans un monde nonveau , oti il semble oublier et 011 le lecteur oublieen effet lesyingt ou trente pages pathetiqnes qui out precede, en faveur des nouveaux acleurs appcles a joiier un role dans uiie suite d'ovene- nicns, presque tons d'une nature plutot g;iie que triste. C'est vers la fin du second volume que Fanny et Welstcd se rencontrant apres ane longue absence , I'auteur change encore de ton , et lermine leur histoire par un denouement tragique, qui , bien qu'il ne soit pas en harmonie avec le reste du roman , n'en est ni moins inleressant , ni moins bien ecrit. Du reste, nous avons lu avec plaisir cette nouvelle production de I'auteur de Pen-Owen et du Mariage en Ecosse ; on y tiouve des ca- ractferes bien traces, et beaucoup de scenes, d'un comiqne [leut-tjtre iin pen charge, mais esquissees avec talent et pleines de trails spi- rituels. A .J. 157. — * Observations siir la nouvelle edition d'lin poeine italien ^ Imprime a Londres, sur la journee de Giiinegate. Paris, i8a5 ; Four- nier. Petit in-4''. Ceite notice liisforique oeM .deFohtia , president de la Societe des bibliophiles Jrancais , est dediee aux niembres du Club des biblio/ihilef anglais, d'lt Club de Jioj:biirylt, a Londres. L'auteur a voulu vengerl'hon- neurnational , attaque dans la personne du ceU.'hre chevalier Bayard, par I'auteur du poeme italien, sur la journee de Guinegate ,appelee ia Journeedes eperons.M. de Fortia ,en repondant a I'editeur anglais ,,, qui a cru suppleer au merite dont son poeme est depourvu par le luxe| tynographique , lui apprend, avec ce ton d'urbanitc qui dlslingne les Francais , deux fails historiques tres-inlere^sans, et qui n'etaient point connus. 11 refute , en premier lien , le poele satirique Pierre Aretin , qui, a 21 nns, se trouvant a Rome, fut charge par le i)ape l.eon X, run des jirincipaux instigafeiirsdelagiierrprontrelaFrance.de LITTERATURE. 279 celebrer la pretendue deroute des Francais. Ses stances , en octayes riniees, furent trop promptement composees etpubliees pour^nieriter raltention des poetes. En effet, Aretin dit , que Terouenne fiit prise le 18 aout, que la noiivelle, arriva a Borne le 8 srptcmbre, et que le poemc/uC imprime quatre jours apres. Personne n'ignore que I'Aretin se vantait d'avoir fait danssa jeu- nesse quarante stances tous les matins ; on peut en conclure , que le poeme sur la journee de Guinegate, compose de 94 stances , peut avoir ete fait en trois jours. M. de Fortia demonlre ensuite que les Anglais ne doivent pas trop s enorgueillir du succes de la journee des eperons ; I'armee fran- caise ayant recu de ses chefs I'ordre de ne point combattre; fait qui se trouve consigne dans la Collection des memoires particuliers , relatifs a T Histoire de France ( t. xy , Paris, 1784) , que notre auteur a com- pulsee, et ou il est dit que Tempcreur Maximilien et le roid'Angle- terre Henri VIII honorerent le capitaine Bayard du litre de leur ami. D. G. l58. — * Melanges Asiatiqiies , ou Choix de morceaux critiques et de Memoires relatifs aux religions, anx sciences, aux coutumes, a rhistoire et a la geographie des nations orientales , par M. Jbel RiittusAT. Tome i^r. Paris, iSaS; Dondey-Dupre (i). i vol. in-8" de VIII et 45(3 pages. Prix : 7 fr. C'est une lieureuse idee , ce nous semble , d'avoir reuni en un corps d'ouvrage les nornbreux articles que M. Abel Remusat a composes pour divers recueils sciciitiiiques , depuis le commencement de sa carrifere litleraire deja s-i bien rempJie. II etait difiicile de se procurer le plus grand nombre des memoires qui composent ces Melanges ; et cependant, il n'en estaucunque I'orientaliste et I'hif.torien ne desirent connaJtre. Nous n'entrerons dans aucun detail sur les morceaux trfes- varies, au nombre de 57 , qui ferment le premier volume d'une col- lection qui doit en avoir qiiatre. II en est qui meriteraient, par I'im- portancedes matieresqui y sont traitces, d'etre cites en entier; enire autre."; le Memoire snr la vie et les opinions de Lao-Tseu , philosopbe chinois du vi" siecle avant notre ere, dont le sysleme a beaucoup (i) Le meaie libraire a foude, sous les auspices dc la Socicte Asiatique, nne lihrairie pour les langups orieutales, ou se troiiveiit reunis les ineilleurs ouvr.Tges ecrits dans ces lauj^ues, ou pouvaot scrvir a ccux qui en font I'oIj- jet de Iciirs etudes. a8o LIVRES FRANCAIS. d'analogic avec celui de Platon ; ct un discours, d'uu c.Tractere his- torique fort cleve, sur I'origine de la hierarcViie Lamai'que. Nous ne devons pas non plus oublier 5 articles, qui jeltent de vives lumieres sur une des questions les plus curieuscs de I'histoire crientale, sur rorigiiie et le developpcment du culte de Uonddha. C'est, sans doute , nn sujet digne de I'attention de I'histoire , que la destinee d'un culte qui , ne dans i'liide, dix siecles avant notre ere, apr^s y avoir regn6 environ 1800 ans, en est chassc par uue persecution violente , et de la se refugie au Thibet , a la Chine , au Japon , dans les vastes con- trees de ia presqu'ile au del;'i du Gauge, et s'v perpetue jusqu'a nos jours , reunissant sous sa loi plus de sectateurs qu'aucune autre reli- gion au monde. Bouddha et ses opinions ont encore d'autres titres a I'interetdu philosophe. C'est lui qui, le premier, dans I'lnde soumise a la theocratic la plus oppressive, proclania I'^galite de tous les hommes, supprima la distinction des castes, et introduisit le principe de liberie dans la religion, en appelant au sacerdoce tous les rangs el loutes les classes. M. A. Remusat rend done un grand service, non-seulement a I'orientaliste , mais encore au philosophe, en abor- dant, d'une inaniere a la fois scientifique et impartiale , des sujels de cette importance. Outre le merite des renseignemens positifs , ses Memoiressont fort interessans par la maniere dont ils sont ecrils. Ce qui caracterise le genre dc M. A. Remusat , c'est une facilite extr^- inement rcmarquable d'elever les recherches de I'erudition !a plus positive a la hauteur d'une discussion philosophique. En cela , il repond parfaitement au besoin actuel des esprits. A I'epoque oii nous sommes parvenus , I'erudilion est coraptable a la philosophic et a I'histoire de ses resultats. Ce qui ne tend pas plus ou moins directement vers ces deux but.s , les seuls interessans jiour le public, passe inapercu. Celui, an contraire, qui public sur les sujets les plus eleves , des vues et des fails nouveaux, est sur de trouver des lec- teurs. A ce compte , M. A. Remusat ne pent en manquer. E. B. Beaux- Ails. iSg. —* Galerie medicale. Portraits des raedecins les plus ce- lebres de tous les pays et de tous les siecles, dcpuis Hippocrate jusqu'a nos jours; dessines et lithographies, d'apres les originaux lesi plus authentiques , par P.-R. Vi&kerojv; accompagnes de Noiices hiographiqnes et liflerairfs ,iedif^ec!S par J.-T. Dotk ; piibliee plir Engel- inann, impi imenr-lithographe. — Cet outrage formera 5i5 livraisons totnposees , chncune, de i jiortraits ct 8 pages dc texte. Prix de BEAUX- ARTS. — MEMOIRES ET RAPPORTS. a8r cbaque lirraison 9 f. sur papier blanc et 9 f. sur papier de Chine. J'ai dit, en annoncant la premiere livraison (t. xxvii , p. 873), qu'elle efait de nature a donner une opinion avantageuse de cette entreprise ; la seconde , qui vient de paraitre , ne le cede en rien a la pr^cedente. La premiere contenait les portraits d'HippocRATE , Am- broise Paee , Jean Febnel et Gaspard BAtTHiir; dans la seconde, on trouve Galien , Harvey, Fuchs et Borelli. Cette enumeration suffit pour faire connaitre lordre dans lequel M. Doin a dispose son travail : il a rapproche les tems anciens et les tenis nouveaux. Les notices biographiques et litteraires qu'il a jointes a cheque portrait seront I'objet d'un examen particulier, auquel je me livrerai lorsque I'ouvrage sera plus avance ; je puis dire , toutefois , par avance, qu'elles offrent un tres-grand inter^t. P. A. x6o. — * y4ntiquites de V Alsace , ou Chateaux , eglises et autres monumens des departeniens du Haut-Rbin etdu Bas-Rhin, avec un texte historique et descripdf; par MM. de Golbert et Schweighu- ser. Han c- Hhin , par M. de Golbery. S*"™^ livraison. Paris et Mul- bouse, iSaS ; Engelmann. i cahier in-folio. (Voy. fitt: Erie. t. XXVI, p. 875.) Memoires et Rapports de Societes savantes et cCutllite publiqiie. l6r. — * Seance publiqiie de la Societe royale d'agricuhure, sciences et arts da Mans , tenue le 3o Juiii 182$. Le Mans, iSaS. Id-8° de 36 pages. Imprimerie de Monnoyer. Le journal de la Sarthe (yEcho) ayaiit public une analyse assez etendue des lectures fiites a cette seance, la Sociele a pense qu'elle devalt se borner, pcur cette annee, a faire imprimer le discours d'ouverture et le compte lendu des travaux de 1824 <• 1825, en raison des fa its , des observations et des preceptes contenus dans ces deux ecrits. Nous tirerons du discours d'ouverture un exeniple re- marquable de la puissance de I'homme pour feconder les terrains les plus steriles. " En i8o5, un camp francais fut etabli pr^s d'Ostende, dans les dunes, sur les bords de la mer. Un pied et demi de sable mouvant reiidait le local a peine habitable ; rien de plus aride et de plus bru- lant; bientot, ce camp fut entoure de fortifications en terre et gazon : deux rangs de b.iraques , baties en terru et couvertes de chaume, formaient une immense avenue ; un banc do cazon decorait Tentree de chacune de ces baraques; deriiere, etait tin jardiu orne de pots 282 LIVRES FRANCA-IS. de fleurs etde statues, en coquillages; on y recueillait d'excellen* lognmcs. La reunion de tous ces jardins semblait n'en faire qu'un , d'nn bout a I'autre dii camp. La baraque du commandant se dis- tingnait par un joli jardin anglais , d'un cote, et un jardin legumier, de I'antrc. Le lout etait d'line fraiclieur que la vue des terrains en- vironnans pouvait difficilement faire concevoir. Comment de tels prodiges avaicnt-ils pu s'o[iercr en si peu de terns, et dans des sables aussi mouvans? Les soldats allaient a line demi-lieue, a une ]ieue, reinplir de bonne lerredes sacs defoile, et les apportaient a dos ; ces transports multiplies avaient cree un nouveau sol, de dis- tance en distance on avail creusedcspuits: on arrosnitcontinuellenient. On ne se fait pas d'idee de I'inter^t qne cliacun mettait a son jardin, et du nombre des statues et des pots de fleurs qui les decoraient. L'Angleterre , effrayee des prcparaiifs d'une descente, suscita de nouvcaux ennemis a la France , et le soldat se -vit contraint d'a- bandonner ses jardins et ses fleurs pour aller cueiliir de iiouveaux lauriers. » Dans le comptc rendu des travaux de la Societe, on apprend qu'elle a publie un rapport sur la macbine proposee par la compngnie Laforet, pour la preparation du lin et du chanvre, a sec et snns rouissage; il serait a desirer que ce rapport fi'it plus generalcment connu. La So- ciete Laforet, forte de la recommandation de la Societe ncademiqnedes sciences de Paris , annonce une decouverte admirable, un agent me- canique operant une decomjjosition cliimique. II n'est pas aise de croire a vm pareil cbangement dans les iois de la nature; mais , puis- que la Societe academiqiie des sciences y a cru , nous devons au moins douter : il parait que la commission de la Societe du Mans a fort peu doute. Elle averiit meme de se tenir en garde contre des annonces fastueuses . dont le but reel est assez notoire. La Societe Laforet n'est pas disposee a livrer son secret au public, sans des ga- ranties sufGsantes (une sonscription de tioo.ooo francs, lesquels lui resteronl , si le secret s'evanouit entre les mains des acqm'reurs). II est a craindre que, dans celte occasion, comme dans d'auties plus imporfantes, les lecons du passe ne soient perdues pour la genera- tion actuelle : TAnglelerre, I'ltalie, I'Espagne, le Canada, la France meme , ont faitl'essai de macbines pour la preparation du cbanvre sans rouissage ; toutes ses inventions ont eu leur fems de vogue, et toutes sont tombees. Nous avons dit (t. xxvii, page 876), que la Societe du dcpartement de I'Aube paraisssait moins incredule au siijel des prodiges operes par la broic mecanique de M. Lafor^'l, MEMOIRES ET RAPPORTS. 283 «ans ^tre cependant entrain^e au point de croire avant I'experience : be.iucoup d'aulres societes riiniteront ; et, si I'effet ne repond pas aiix protnesses de la Compagiiie sanitaire , le public decn poussera peut-dire la niaiivaise liumeur ct la defiance jnsqu'a rejetcr les inventions les plus utiles, oflertes geiiereusemeut , s^ns aucune vue d'inieiet prive. Le rappoiteur de la commission nomniee par la So- cicte du Mans pour examiner les propositions de la Com pa-gnie sani- taire, est M. Vetii-lart , fa'jricant de toiles, tres-distingne , qui ob- tint une medaille d'ai gent a la derniere exposition, et president acluel de la Societe. Si Ton on juge par les ttavanx d'une seule annee, celte Societe sait mettle le lems a profit. Agriculture, niedecine , mecanique , morale , Iiistoire, yers et prose ; dissertations ini])or- lantes et developpees; notices plus courtes , et cependant appro- fondies; voila ce que Ton Irouvera dans !e recueil des memoires , fuivant le Compie irndii. L'un des memoires analyse dans ce rapport est des plus effrayans, si I'auteur n'a jias etc trompe par son zele pour la saine morale, s'il a bien -vu et bien juge notre situation. L'audace du crime et du vice , la timidite et la molle condescendance des liommes de bien excilent son indignation , qu'il chercbe a ins- piier a tons les honneies gens; il propose d'imiter en France les institutions philanfhropiqnes de I'Angleterre pour la conservation et I'amclioration des ma?urs. On pent adopter ses -vnes', sans croire a la corruption profonde dont I'auteur se plaint. Les moralistes si se- Teres envers leur #iecle ont-ils sepnre, dans les vices qui les irritent , ce qui tient a la nature de I'liomme et aux institutions sociales ? Apres avoir f.iit une part equitable a ces deux causes de deviation morale, on saurait ce qui est veritablement corruption , et peut-<5fre cesserait- on de s'indigner. F. Ouvrngrs periodiques. ifis. — * Le Prodiictetir, journal de I'mdustrie, des sciences ct de? beaux-arts. Ce journal parait ioutes les semaines. Prix de I'abonne- ment, 14 fr. pour 3 mois; afi fr. pour fi moie ; 5o fr. pour I'annee. On s'abonne cbez Saufelet, place de la Course. Si Ton pensait , d'ajires le litre de ce nouveau journal , que la lltte- rature n'y trouve point sa place , on se tromperait beaucnup : elle y partage les caliiers et les pages , sans rien ci'der de ses droits. Dans le second caliier, I'analyse d'une tragediede M. Lemercier {le^ Martyrs de Sot/li ) forme le quart du caliier, et un autre article , qui traite des effcts de la civilisation stir le cnractere moral des penples , doit clre 284 LIVRES FRANCAIS. regarde aussi comme une production lit teraire. Le caliiei avail dtibuie par des Considsratinns philosophiqiies siir la Utterature : aprt^s avoir In cet article , ou ne le placera pas dans la section des sciences , en sorlc qu'il faudra bien que la litterature s'en charge. II ne restera done, pour I'industrie, qu'une dixaine de pages remplies par deux articles, Tun surun chef-d'oeuvre lithographique, la carte tres en petit , et ce- pendnnt tres-nette, du departement des Pyrenees orientales; I'antre, sur I'instructiou que recoivent les ouvriers employes a I'extraclion du gaz a Glasgow. Le troisicme numcro correspond niieux au litre du journal , mais ne renonce point a la litterature , et il en sera de ni^nie des numeros suivans ; car on annonce une suite de bulletins littcraires. Mais on voudrait moins de dissertations, et plus d'instruc- tion. L'arlicle sur les machines a scier les pierres, insure dans ce troi- sieine numero, est un exemple de ceux qui convienneut au but spe- cial de ce journal. Nous devons citer aussi les observations sur la Societe commanditaire de I'industrie, article commence dans le pre- mier numero, et tcrmine dans celui-ci. De bons extraits des journanx anglais seront lus aussi avec plaisir et profit. Le but de cette nouvelle entrepiise litteraire est certainenient tres-louable ; mais on voudrait qu'il fiit mieux determine, et que Ton put savoir au moins de quelle nature seront les sujets que traiteront les redacteurs. Le litre du jour- nal lui impose I'obligatiou d'etre special , et lui interdit la dangereuse ambition de sortir de I'enceinte qu'il aura tracee autour de lui. Le troisieme numero est plus satisfaisant que le second ; esperons que ce mieux sera durable , et que les redacteurs seront guides par I'inipul- sion generale des esprits vers I'industrie, rinstruclion, les connais- sanees varices dont se compose I'economie publique. Quant aux beaux arts , il est fort douteux qu'on puisse ies associer aux sciences et a I'industrie , dans un meme journal. Si quelques ecrits peuvent leur ^tre utiles , ce sont ceux on le genie tronverait des inspirations ou des ressources. Parler des productions de ces arts , ou de leur partie pu- rement materielle , c'est les considerer comme des metiers; c'est les contempler dans les ateliers au milieu d'echafaudnges , et non dans le temple des muses, On ne pent , sans leur fairc violence , les sepa- rer de la litterature; et le journal , dont les aitribulions compren- draient I'industrie, les sciences, les lettres et Irs beaux arts, serait veritablement encjclopediqiie , et devrait prendre ce titre. F. Livrc's en langues ctrangtrcs publics en France. ifi3. — I. E.Bspva '5'ivou ZaiaTTiappou ■f\'i\.y.v.' S\-iqri\j,a.-i. rpta. — La Chan- OUVRAGES PERIODIQUES. 285 mieieindienne, le Cafe de Sitrate, et le Voyage en.Silesie, par Bernirdiit WE St-Piekre, traduiti en grec moderne par le traducteur de Paul el Firginie (M. Piccolo). Paris, iSaS ; Firmin Didot. i vol. ia-i8, prix , 3 fr. Oil a deja aniiouce dans ce recueil {voy, t. xxv, p. SSy) la publi- cation en grec moderne du joli roman de Bernardin de Saint-Pierre, intitule Faul et Firginic. Le traducteur, entraine de plus en plus par les graces philosophiques et litteraires de son modele , ne put s'em- p^cher d'ajouter an present qu'il avait deja fait a sa nation , les trois contes moraux que nous annoncons aujourd'Jiui. Chercher la Terit6 avec simplicite, en faire I'unique insliument dubonheur individuel et public , relever et ennoblir une condition obscure par I'union de la bienfaisance avec la probite : tels sont les preceptes enseigues dans la Chaiimiere indienne. Le Cafe de Surate a pour objet de nous poiter a la tolerance par le sentiment , et de nous y raffermir par la con- viction. Enfiu, le Voyage en Silesie s'efforce de nous preraunir contie des jugemens inspires par nos inlerets ou nos habitudes , au detriment des veritables rapports de la nature a I'homme , et des bommes entre eux. Ce n'est pas pour la Gr^ce moderne que de pareilles lecons pour- raient manquer d'inter^t et d'utilite. Avide de s'instruire, elle appe- lait, avant sa lutte actuelle , comine elle appellera par la suite, les richesses inlellectuelles et morales de I'Occident a son secours. Elle rechercliait , parmi les auteurs europeens, des guides eleves a I'ecole de ses antiques enfans, des echos dignes de leur genie. M. N. Piccolo aura done bien merite d'elle , en lui faisant connaitre les douces inspirations d'un philosophe francais. Son travail , fait dans une langue qui n'est pas encore entierement fixee ni dans ses Siemens, ni dans leurs formes , se recommande par iiue correction soutenue, unie a I'elegance. II rivalise souvent de {)urete et d'liarmonie avec son module. Le traducteur est certainement , parmi I'es Grecs, un de eeux qui pouvaieiit le mieux faire ; et, s'il n'a pas surnio:itc toutes les difficuites, c'est qu'il y en avait qui tenaient a la nature m6me des cboses. Consciencieux et soigne, peut-etre n'est-il pas exempt du reproclie d'avoir travaille pour une classe de lecteurs choisis, plutot que pour la masse de la nation. Mais la masse de la nation n'est-elle pas a la veille de s'elever au ton qu'il a pris? et les masses peuvent- elles jamais tout comprendre ? Voila ce qu'il pourrait nous repondre. II pourrait egalement insister sur la difference qui doit exister entre le langage poetique ou populaire et la prose , et proposer mille autres difCcultes , objets de questions journalieres , dont la solution ne peut tSfi LIVRES FRANCAIS. apparteiiir qu'au terns. Tel qu'il est, son travail peut servir de rdgle aux traducieurs qui lo suivront dans la c;irrii>re , et ne nianqueri pas d'obtenir le plus grand succes en Grece. Nous le recornmandons spe- cialenient aux eiiangers qui voudraieiit ajiprendre le grcc moderne : ils trouveront peu de textes aussi bons. M. Piccolo a joint a sa tra- duction celle du jugement de Chenier sur son aufcur. II a enrichi le teste de notes inslructives et piquantes, oil reruditioii prele avan- tageusenient son secours a rintention pliilosopliique. La traduction des trois coutes est dediee a Jacnvahi Risos, ami du traducteur et I'uu des premiers poetes de la Grfece actuelle. Celle de Paul et Vir- giuie fut dediee au respectable professeur Conslaniin VARnAL.vcos , le maitre et le bienfaiteur de sa premiere jeunesse. Dans ses dedicaces , le traducteur explicjue les circonstances au milieu desqueiles il a en- trepris et execute son travail , et trouve des accens touchans pour ex- primer sa reconnaissance et son amitie. M. S. 164. — Lessiiigs Fabdn. — Fables de Lessing, en vers et en prose , avec des notes ci itiques grammaticales , prosodiques , historiques et mytbologiques, par M. Winter dk Gadebusch. Paris, 1825 ; Aug. Udron , Baudry. i vol. in-12 ; prix, a fr. 5o c. Le nouvel editeur des Fables de Lessing fait observer dans sa pre- face que ces fables ne sont pas le titre le plus sur du poete allemand k la gloire litteraire ; cependant, comme elles ont etc adoptees dans les ecoles royales de France pour I'enseignement de la langue allemande , il a cru devoir en donner au moins une edition plus correcte et plus soignee, sous d'autres rapports, que les trois editions piecedentes, dont deux ont etc imprimees a Metz , et la troisieme a Strasbourg. M. Winter de Gadebusch donne des fables en prose et en vers , im- primees trds-correctenient et en caracteres bien nets, par M. Paul Renouard , a Paris ; il joint a chaque fable des notes , oil il rel6ve les fautes des editions j)reccdentes , explique les germanismes , et ajoute beaucoup d'observations grammaticales , utiles aux eleves a qui ce recueil est destine. L'editeur fait disparaitre ks difficulies de la tra- duction , et , en ni^me terns , il signale les passages ou Lessing s'e- loigne de la correction exigee par la graminaire. Ces notes sont en grand nombre; mais , etant imprimees au-dessous de's fables en plus petit caractere, elles n'en g^'nent point la lecture. La nouvelle edition conviendra done tres-bien aux ecoles ; seulement ,il sera bon peut-^lre que le maitre passe une ou deux fables qui ne contiennent absolumenf rien d'instructif. Le recueil est precede d'une preface oil le nouvel I'diteur rend compte des motifs qui I'ont determine a le puhlier. D. — a. IV. JNOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. AMERIQUE MEKIDIONALE. Commerce. — Les marchandises americaiues exportees en Angle- lerre pendant I'annee i824j out ete envoyees parchaque Etatdans la proportion suivante : Valeur eu argent. ' Buenos-Ayres 388,338 6 lo Mexique 221, SaS iG 9 Colombie 45i275 8 10 Perou i5,3i6 12 9 Chili 9,719 19 6 Total. . . . 680,476 4 8 En francs. . . . 17,01 1,90$ fr. 80 c. Les marcbandises anglaises envoyees dans I'Anierique du Sud ont ^le recues par les differens etats duns la proportion suivante : Valeur cu argent. Buenos-Ayres 8o3,237 19 i Chili 489,601 17 2 Perou 408,872 12 6 Mexique 369,776 19 6 Colombie 3o5,62r 11 8 Total. . . . 2,377,110 19 ir En francs. . . . 59,427,775. F. D. PARiGUAY. — Details sitr le gotiveriiement ec Vadministralion du doe- €eHrFRjiNCli , ainsi que sur la situalion des prisuniiiers europeeiis dans le Paraguay (i). — « Le Paraguay declara son iudependance , il y a (i) Ces details sont extralts d'une lettre ecrite du Cresil (Rio- Janeiro, mars iSaS), et retuejillie daus deux de nos journaux quotidiens les plus estimes. Nous avons cru devoir reproduire ici I'extrait de la mSme lettre, pour faire ronuaitre a nos lecteurs le Paraguay, dont nous avons a peine eu I'ocrasiou de leur parler. 2«8 AMfiRIQUE MERIDIONALE. environ doiize ans , ets'erigea en republiquai^ en formant une direc- tion de gouvernenient, composee de plnsieurs membres. Depuis neuf annees , le pouvoir ex^cutif a et6 remis dans les mains d'un soul , sous le litre de Dictateur a vie. Le senor Francia, qui est &ge maiiitenaut de plus de soixante ans , exerce ses hautes fonctions a vec plus de talent que de phllanthropie. Administrateur habile, homme d'Etat inflexible , il a non-seulemeut adopts, mais perfectionne le systenie de gouver- nement de los Padres (Les Jesuites). Couime eux , il a isole son empire de tous les autres Etats ; mais, mieux qu'eux , il sail ce que'produisent I'activit^ , le travail , I'industrie et les lumieres; aussi , I'on pent dire que, s'il ne veut point que sa nation entretienne des relations avec les autres peuples,du moins il ne cherche pas a la maintenir dans I'igno- rance et I'oisivete. L'exemple des Etats conf^deres de Buenos- Aires, de Santa-Fe et de Corrient^s , lui a paru redoutable ; et , pour se garan- tir du danger , il n'a point hesitea prendre les mesures les plus vio- lentes. II a rendu un decret prononcant la peine de mort contre tout habitant de Buenos-Ayres , de Santa-Fe et de Corrientes, qui cterait franchir les fronti^res du Paraguay , et la detention contre tous les autres etrangers; mais, comrae cet ordre pouvait nuire infiniment au commerce deson pays, ila accorde des licences , a plusieurs reprises, a des citoyens de ces trois Etats. Depuis, la guerre d'Artigas I'ayant mis a nidme d'apprccier les nioyens , les forces et I'energie du gouver- nement portugais contre ce chef audacieux et entreprenant , le dicta- teur se rapprocha de ce gouvernement, et le depart du Bresil da roi Jean VI, qui mit la couronne imperiale sur la t6te de D. Pedro, beritier presomptif du trone de Portug\\l , le fixa sur les rapports qu'il desirait avoir avec ce prince , dans I'interc^t des deux nations : des relations coramerciales s'en suivirent. Aujourd'liui , les Bre- siliens seuls sont autorises par le dictateur a faire le commerce avec le Paraguay, mais sur deux points seulement , a Itapua ( sur le Pa- rana au sud ), et au nord, en face de Nueva-Co'irabra (sur le Para- guay , fleuve ). . Parti de Montevideo par terre , au mois de juillet , en explorant la rive orientale et le pays du fleuve Urruguay, j'arrivai a Itapua , de Paraguay, le i8 aout 1824- J'y sejournai , comme prisounier , jusqu'au i4 septembre , et je logeai chez le commandant, oil I'hos- pitalite la plus affable fut excrcec euvers moi. Je correspondis avec le dictateur , dont le sejour est a I'Assomption ( capitaie ). S. Exc. me repondit, dans scs diverses dep^ches , que la position dans laquelle se placait I'Europe cnvers I'Am^rique du Sud , et principaleraeut la PARAGUAY. a8.> France, neliii permettait pas d'auloriser un etiangcra traverser ie Paraguay. Je respecte les motifs du dictateuret iie crois pas avoir le droit de m'en plaindre, quoique cette contrarieie m' oblige a un de- tour de 800 lieues pour continuer nion voyage de decouvertes. ' A I'epoqne de mon sejour a Itapua , les etrangers detenus au Paraguay, etaient au nombre de 67individus , Creoles, Araericains, Portugais , Espagnols , Suisses , Fraricais , Anglais , Allemands et Ilaliens. Plnsieurs , parnii ces etrangers , sont honorablement con- nus dans les sciences et dans les arts ; je citerai entre autres , le ce- lebre uaturaliste Bois-px,and , qui est relegue a Santa-Mariade-Fe, a 26 lieues d'ltapua. Quoique je fusse si pr6s de cet ami, il me fut impossible de correspoudre avec lui , tant est grande la severite des ordres dudictateur, qui recoivent leur execution a I'instant meme de la plus legere infraction , sans qu'aucune consideration puisse vous sauver. M. Boupland , botaniste distingue , aussi interessant par ses profondes connaissances que par ses nombreuses collections du Paraguay, en zoologie, ichtbyologie,raineralogie, etc.,dont plusieurs especes sont entierement inconnues en Europe, a etabli des distille- ries de Cannes a sucre et demiel. II exerce la medecine et la cbimie ; vingt Indiens sont employes par lui a conduire ses travaux , qui le mettent a meme de vivre honorablement et de reparer les pertes qu'il a eprouvees a la suite des evenemens arrives en France. Son malheur est de n'avoir jamais pu reussir a voir le dictateur ; je ne lui ai pas laisse ignorer le vif interet que prennent a son sort I'empe- reur et I'imperatrice duBiesil, ainsi quele corps illustre de I'lnsiitut de France. « A mon retour a San-Borja, j'adressai au Dictateur mes respec- tueux remercimens pour laccueil et les egards que j'avais recus a Itapua, en demandant a S. Exc. , au nom de I'lnstitut de France , depositaire des lumieres du monde , de faire cesser la detention de leur collogue, et je terminal ainsi ma lettre ; « M. Bonpland est cber au raonde savant, qui desire ardemment son retour, pour prendre part a ses richesses scientifiques... Je n'ai pas liesite a ex- poser ma liberte en franchissant les fronti^res du Paraguay pour ob- tenir la sienue, et pouvoir mettre mon respectueux hommage aux pieds de V. Exc. Dictateur, mettez !e comble a votre gloire, en rendant M. Bonpland a la liberte ; TEurope vous en sera reconnais- sante , et celte page de I'histolre est digne de figurer dans la vie po- litique du legislateur du Paraguay. » Sati'/'orja , le 'j3 ieplemhre 1824. T. xxvin. — Octnhre 182:). jy ign AMERIQUE MI^RIDIONALE. 'I MM. Deschamps et Ringeh sont k I'Assoniption : Tun dVux exerce la medecine avec distinction. Uii savant anglais, naturnliste et botaniste, digne du plus vif inter^t , est anssi detenu , depuispr^s de sept annees ; plusleurs de ses amis , inenibres de la .Societ6 royale , m'eti parit'Tent , a mon passage a Londres, et principalement I'ho- norable et savant M. Clift, president et directeur du Musee des sciences et d'anatomie : ce dernier , qui s'interessebeaucoup au soit de son compalriote, victime de son amour pour les sciences, mepria de faire des demarches pourobtenir sa libertp. A mon arriv^e a Bue- nos-Aires , je vis a ce sujet le consul general d'.A.ngleterre ; il me repondit qu'il n'avait point d'ordre de sa cour pour faire aucune ten- tative pr^s du dictateur; mais il me pria verbalement , lorsque je serais^au Paraguay, d'etre utile a ses compatriotes, si cela etait en mon pouvoir. De leur cote, de respectables negocians, MM. Stuart etcompagnie, h Buenos-Aires, ecrivirent a Montevideo, ou je me rendais , a S. Exc. le baron de Laguna , general en chef, capitaine general de la province de Montevideo , pour reclamer son interven- tion prfes du dictateur Francia , en faveur de deux jeunes Anglais, leurs parens , detenus dans les etats du Paraguay. La reconnaissance me fait un devoir bien doux de declarer que , sans les passe-ports ho- norables que me donna le general Laguna , et la recommandationde rinstitut de France en faveur de M. Bonpland , j'aurais subi leradrae sort que les Strangers detenus au Paraguay. Tons ces Messieurs exercent leur Industrie dans ce beau pays, et habitent differens can- tons, d'ou ils ne peuvcnt .s'^loigner qu'a quelques lieues. Artigas est traite de la meme maniere, a 3o lieues au-dessus de I'Assomption , et recoit du gouvernement 4" piastres par mois poursa subsistance. « Tous les habitans du Paraguay , liidiens et Creoles, savant lire, ecrire et compter : des ecoles publi(jues sunt partout etablies a cet effet, et les enfans ne quittent ces ecoles que lorsque le Cabildo ( la Municipalite ) de I'endrolt declare qu'ils sont assez instruits. Le re- gime municipal est le seul en vigueur au Paraguay ; et chaque annee, tous les CabUdo de la republique sont renouveles par le choix de la nation, sans que le gouvernement intervienne ni directemenl , ni indirectement dans les elections. Trois Indiens qui avaient reuni les suffrages , composaient le Cabildn d'ltapua , lorsque j'y 6tais. « Sur tous les fleuves, rivlferes et ruisseaux qui ne sont pas guea- bles, des pirogues toujours en bon etat sont prates pour facililer les communications. Je n'en dirai pas aulant des provinces du Br^sil dont I'administrat'on loc.ilc . par son apathie et son insouciance, met PARAGUAY. 2(ji SDUvenl lu vie du voyageur en danger, malgre les effoils du goii- vernement pour remedier a ce nial. « L'on voyage de jour, de nuit, dans tout le Paraguay, arme ou sans annes , avec des soinmes considerables en or et en ])ierreries , sans crainte pour sa vie , ni pour sa propriete ; les lois du dictateur , executees avec la derni^re rigueur, rendent les cantons responsables avec dommages , des vols comrais sur leur territoire , ainsi que les par- ticuliers chez lesquels ils auraient eu lieu ; c'est pouiquoi , loisque je quittai Itapua, le commandement fitvenir toutes les personnes habi- tant le college (ou est son logeinent) , et me demanda en leur presence si j'avais quelques plaiutes a former, ou quelque chose a reclamer. On ue trouvepas un mendiantdans tout le Paraguay : le dictateur veut que tout le monde travaille, et sa fernie volonte fait loi. Aussi , n'a- percoit-on pas la livreede la misere qui, dans d'autres pays , couvre des individus indignes de la charite publique. Ce dictateur a etabli dans sa capitate des lycees, bases sur ceux qu'avait institues Napoleon. 1/education y est entierenient niilitaire. 11 existe aussi une institution analogue acelle de la Legion-d'honneur, en faveur des jeunes lilies pauvres. Les habitans m'ont paru heureux et contens sous le gou- vernement qui, depuis plusieurs annees, les fait jouir de la paix exterieure et de la tranquillity interieure. « Je n'ai pas la pretention d'ecrire pour I'histoire; mais, en pre- nant la plume, je me dois tout entier S la verite , avec le vif desir de tranquilliser les families qui auraient des parens detenus au Para- guay, et qui craindraient que les moyens d'existence ne leur manquas- sent. Mon voyage n'etant pas termine, je nourris toujours I'espoir de faire cesser la detention de M. Bonpland, et de le raniener en Eu- rope avec ses immenses richesses scientifiques. » Gransire. CoLOMBlE. — Bogota , 1825. — Analyse d' une production vt'getale. — M. Boussingault, chimiste francais, a fait, dans le laboratoire de rficole des mines de cette ville, I'analyse de la cera de palma , maticre combustible tiree du palmier des Andes , que MM. de Humboldt et _ Bonpland ont nomme cetoxiloit andicola. II a constate que cette ma- tiere est une resine , et non pas une cire ; aussi , pour en fabriquer des bougies, les habitans du pays y ajoutent de la cire ou des graisses animales. N. du B. Ainsi, Bogota possede une ecole des mines ; les sciences chimiques et toutes les connaissances qu'elles supposent vont se propager dans la nouvelle r^publique , crfer des arts et les eclairer. aga AMERIQUE MER1DIONA.LE. Le terns n'est peut-^tre pas loin oi'i I'ancien et le nouveau Monde seront eii rivalite de savoir coinme d'influence politique. — Societe Bibliqiie. — Tous les Strangers et tons les Colombieiis qui ont si genereiisement contribu^ a la fondatioii de cet ^lablis- senient se sent reuais, le 4 avril dernier, a la cliapelle de I'uni- versite, pour entendre la lecture des statuts et des r^glemens de la Societe. Les mesures proposees ont ete adopt(5cs a ruiianimit^ , et Ton a proc^de, seance tenante, a la nomination du president, du vice-president, du tresorier et des secretaires. On a nomme aussi un comite de vingt membres , qui doivent 6tre choisis parmi les ecclesiasf iqties. La Societe aurait desire comprendre au nombrc de ses fonclionnaires les plus importans , le vertueux gouverneur de rArcheveche ; niais il a refuse cette distinction, en faisant observer a la Societe qii'elle serait incompatible avec cette partie de ses fonc- tlons de gouverneur qui lui prescrit I'examen de toutes les edi- tions de la Sainte-Ecriture publiees par la Societe. On a lesolu , dans la nieme seance, de publier les discours pronouces a I'occa- sion de cette reunion, les statuts et les reglemens de I'institutlon, la liste des souscripteurs, et les conditions auxquelles ils sont soumis. F. — Education populaire, — Exlrait d'ltne lettre adressee par le gr- neral Bolivar au celebre Joseph Lancaster, residant inaintenaiit a Caraccas, et inseree dam le Colombiano. — Lima, i6 viars iSaS. « J'apprends avec le plus grand plalsir, par la lettre que vqus m'avez fait la faveur de m'ecrire de Caraccas , la determination que vous avez prise de resider parmi nous , dans le louable but de concourir a la propagation et au perfectionnement du systeme d'education a la Lancaster, qui a rendu et qui continue a rendre des services bien precieux , en etendant la culture de I'intelligence humaine : admi- rable ouvrage, que nous devons au geuie d'un homme qui s'est con- sacre lui-merae a I'instruction de mes jeunes concitoyens ! — Vous attendez et vous esperez recevoir I'assistance necessaire a I'accom- plissenieut de vos projets pliilanthropiques. Je m'empresse de vous offrir -vingl mille dollars (un million de francs ) pour etre employes a ropaudre et a ameliorer I'education parmi les enfans de Caraccas. Ces 20,000 dollars vous seront payes a Londres par les agens du Perou, sur lesquels vous pouvez tirer pour cette somme. — Je dois ajouler que je me ferai un plaisir de vous avancer une somme con- siderable pour tel objel qui vous paraitra pouvoir <5tre utile. Pour me mettre a nu^nie d'accomplir cette offre , je vous prie de me faiie AMERIQUE MliRIDIONALE. — ASIE. 29^ connaitre votre opinion a cet cgard. Le gouvernement du Perou a cte pour moi plus genereux en mille occasions ; il a mis entr'autres a ma disposition un million de dollars pour le service des Colombiens. L'education publique fixera plus particulierement mon attention dans la distribution de cette somme. Ainsi, je puis, sans que cela m'occasione le moindre embarras, provoquer la creation d'etablis- semens d'education qui seront soumis a votre habile direction. o Recevez Texpression demon admiration, de mon respect, de ma gratitude pour la preference que vous avez donnee a nia patrie en venant y apporter les bienfaits d'une education elementaire et po- pulaire , perfectionnee. « Bolivar. » Guatemala. — Extrait d'une lettre du 24 j"i"- — Le gouvernement de cette republique est aujourd'hui regulierement constitue, et tout promet a ce petit etat une existence aussi longue et aussi florissante que celle qui est reservee au Mexique et a la Colombie. On ne con- nait icl ni partis, ni factious, ni ennemis interieurs. Le president s'entoure d'hommes instruits et capables de remplir les premieres places de i'Etat ; ses manieres conciliantes lui obtiennent les suf- frages de toute la nation ; et, s'il se rencontre dans le senat et dans le congres quelques membres opposes aux mesures An gouverne- ment, cette opposition constitutionnelle n'a rien d'inquietant , et n'est qu'une consequence du systeme represenfatif, qui favorise la libre manifestation des opinions. ( Extrait du Times.) ASIE. Jouriiaux pubUes dans les Indes orientales : Journaux anglais: John Bait (lous les jours) ; Scotsman in the East (tous les jours) ; Government Gazette (lundi et jeudi) ; India Gazette (lundi et jeudi) ; A Calcutta. ( Bengal Weehljr Messenger (les dimanches). Journaux des naturels du pays : Miral-ool-Akhbar ; J ami-Jehan-Numa ; Sungbaud Cowmuddy ; Summoohar Chundrica (par semaine). ';/i A.SIE. — AI'RIQUE. / Madras Courier (les niardis) ; A Madras, j nfadras Government Gazelle {\cs \ex\d.'\s) ; \ Madras Gazette (les samedis). U ii'y a point de journaux pour les naturels du pays. I Bombay Courier (les samedis) ; Bombay Gazette (les vendredis) ; Weehly Gleaner (les dimanches). Les naturels ont uu seul journal intitule : Summochar na Chandrikhn (hebdomadaire). A Ceylan . Cej-lan Gazette (hebdomadaire). A Penang. Penang Gazette (bebdomadaire). A Singapore. Singapore Chronicle (hebdomadaire). IV. II. Les journaux qui paraissent una ou deux fois par semaine donnent aussi des feuilles supplementaires dans le cours de la semaine. {Asiatic Journal, Aout. ) AFRIQUE. Sibrra-Leone. (Voy. Rev. Enc. , t. xxvii, p. 891). — Commerce. — Cette coloaie acquiert, d'annee en annee, une plus grande impor- tance commerciale. Dans la saison derni^re , un grand nombre de bAtimens, contenant ensemble plus 8 EUROPE. sur leur route, aiix aiitres ports le phis .i letir port^e. De Valentin , partiront des navires de la plus graiide dimension, charges de ma- chines puissantes, dont Tun, l)ien pourvu de combustible, traver- sera rOcean pour se rendre , en moins de i5 jours, a Halifax dans la Nouvelle-Ecosse et a New-York: I'autre, qui partira r^gulitrement tous les mois, p.issera par Mad^re et les iles d'Afrique, pour se rendre a la Jamaique, effectnant son retoui- par les Bermudes et les Acores. De la Jamaique, d'autres navires a vapeur communiqueront avec la Havane, Vera-Cruz et les autres poits de I'Amerique meridionale; une communication directe sera etablie entre Halifax et Quebec , pour prolonger la navigation et pour etendre le commerce dans I'interieur de I'Amerique du nord. Ainsi, pour les deux grandes di- visions du Nouveau-Monde , les deux centres d'activite commerciale seront, pour la Grande-Bretagne, la Nouvelle-Ecosse et la Jamaique. Tout sera dispose pour procurer aux marchandises et aux voyageurs la plus grande cel^rite , et une siirete que la navigation ordinaire ne peut offrir. Les passagers trouveront sur les navires de la compagnie les commodites et les agremens de la vie ; de plus , ils pourront choisir entre une navigation continue pour se rendre directement a leur destination , ou des stations plus courtes , avec des intervalles de repos, par les paquebots de posle. Les a vantages de re plan pour le commerce interieur et ext^rieur de la Grande-Bretagne sont assez evidens; la compagnie aurait pu se dispenser de les exposer dans son prospectus : mais ce qu'elle fait voir en mdme tems , et avec autant de certitude , c'est que ces movens de transport lui donneront , en cas de guerre , une superiority que rien ne peut coiitre-balancer. Tandis que Ton perd du tems sur le Continent, que la politique h^- site, que I'induslrie porte ombrage et que ses efforts sont arrdt^s sous divers pretextes et par toutes sortes d'entraves , I'Angleterre organise, sur la plus grande ecbelle, ses moyens de prosperite pen- dant la paix et de force pendant la guerre. Les ctats du Continent viendront trop tard, lorsque tous les comptoirs de I'Amerique seront occupes par le commerce anglais avec sa navigation acceler^e.et proteges par la marine anglaise , jointe a celle de I'Amerique. F. — Nouveatix ponts. — Dans un espace de quatre lieues que parcourt la Tamise dans Londres et ses faubourgs, sont etablis six pouts, quatre en pierres , et deux en fonte. Le premier que Ton rencontre , en remontant le fleuve , est le pont de Londres , achevc en laog. Les arches de ce vieux pont, au uombre de dix-neuf, sont si etroites , surtout entre les piles, qu'a marce basse, Tean s'y prcci- ILES BpiTANNIQUES. — RUSSIE. 299 pile avec violence, en formant una cascade de cinq pieds de chute ; ce qui g^iie beaucoup la navigalion. On a lesolu de le demolir ; et Ton a commence , quelques toises plus haut , un nouveau pent en pierre qui n'aura que cinq arches sur yiS pieds de longl(i). Deux piles ei la culee de la rive droite sont en construction ; une machine a va- peur, de la force de dix chevaux , est employee aux epuisemens. Les travaux sont sous la direction de MM. Rennie , fils du celebre inge- nieur a qui I'Angleterre doit tant de belles constructions. Au-dessous du pont dc Londres , la Tamise parcourt encore dans la ville un espace d'une lieue et deraie , sans qu'il existe aucune communication di- recte d'une rive a I'autre. La necessile de laisser libre cette parlie de la riviere , afin de permettre I'approche des grands iiavires, a donne naissance a deux projets extraordinaires, dont I'un est deja en execu- tion , et I'autre sera peut-^tre bientot commence. C'est a environ une lieue au-dessous du pont de Londres que M. Bktjhei., habile inge- nieur francais, ^tabli a Londres , construit la double galerie souter- raine dont il a deja ^te question dans notre Revue. Les travaux se poursuivent avec activite , et se font en partie a I'alde d'une machine a vapeur a haute pression et a cylindres inclines , inventee par le radme ingenieur. Entre ce pont souferrain et le pont de Londres , et a une demi-lieue de chacun , MM. Bhown et Walkfr ont projete un pont svspendii en chaines , dont I'arche centrale aurait fioo pieds d'ou- Terture , et serait elevee de 85 pieds au-dessus des hautes eanx , de niani^re que les grands navires du commerce pourraient voguer dessous a pleines voiles. Ce pont, y compris les approches , aurait une longueur totale de 3, 400 pieds , et passerait sur une partie des maisons des deux rives. Le devis des depenses s'elfeve a 39s, 000 livres sterling ( 9,800,000 fr. ) ; et le revenu net du peage est presume devoir ^tre de 40,720 livres sterling ( 1,018,000 fr. ). De M. RUSSIE. KoDPBNSK ( gouvernement de Kkarhof ). — Medecirie. — Remede contre l' hjdrophobie . — A toufes les indications que nous avons ras- semblees dans notre Revue, sur les differens moyens de guerir cette maladie, nous ajouterons celui qui suit et qui parait avoir ete em- ploye ici avec succes par V. Kobantchenko. Ce nouveau moyen cou- (i) A partir de ce pont, et dans le on^me ali^nemeDt, ou a projete uiin uouvelle rue qui doit aller a la Bourse , et de la jusqu'a rextrerolte dc la cite. 3oo EUROPE. siste dans i'emploi de la racine d'eiiphorbia (on ne dit pas quelle espcce ). Celte rneine pout <}tre lecueilliedans toutes les saisons ; niais on a obtenii plus dVfficacite de celle que Ton avait arrachee en au- tomne. On radniinlstre dans uue boisson , ;i petite dose , selon la force ct I'age du inalade. Staliscique. — Population de V empire de Russie en 182 1. ( Le tableau suivant, pulilie par le Syiiode, ne fait mention que des individus du rit grec. ) HT , , . I 808,008 enfans m41es. INombre des naissances. . ! ! 7^7,671 du sexe feminin. ToT.vL 1,545,679 Done, 24,720 de moins qu'eu 1820. ( Voy. Revtie Enc. , t. xviii, Jnin , 1823, p. 679.} T 11 . - 1 I 482,071 homnies. Le nombre des niorts a ete de 5 ' ( 403,017 femnies. ToTAt 945,088 Ce qui fait 27,408 deces de plus qu'en 1820. Dans le nombre total de dec6s, on compte a5i,632 enfaus morts avant I'jlge de cinq ans(i). Ainsi, le nombre des naissances, en 1821, a ete moindre, et celui des deces plus considerable qu'en 1820. La population s'est accrue , en i82i,de6oo,59i ames, c'est-a-dire de plus d'un demi-niillion. — Le nombre des mariages a ete de 329,760 , c'est-a-dire de 1 1,955 de plus qu'en 1820. Parmi les hommes morts en 1821 , 73,83i ont aiteint I'Age de 60 ans. 41,790 70 17,336 80 4,575 90 1,999 95 724 100 221 io5 120 rxo 78 ii5 49 120 16 laS 5 " i3o I 145 4 i5o ans. I i5o a i55. (i) T<(s ri'renionies pratiqiiees eu Russi« pour le bapteme doivent etr« re RUSSIE. — SEEDE. — NORVEGE. 3oi On serait curieux de connaitre aussi I'age des femmes; mais le Sy- node, borne, a tort, les remarques qu'il fait aux hommes. SUEDE. Statistique. — Population. — Suivant un releve officiel , la po- pulation de tout le royauine de Suede s'est augmentee , en iSar, de 25,656 individus , et , en 1822 , de 34,919. Le nomJjre des ha- bitans du royaume s'est done accru de 60,575 ames dans le courant de ces deux annees. R. E. PfORVEGE. Ministere de /'instruction publiqne. — Universite de Christiaiiia. — Vorage scientifiqiie. — Le savant M. Tkeschow , conseiller d'etat, charge du portefeuille du culte et de Tinstraction publique , a de- roande et obtenu sa retraite. Nous ne connaissons pas les conditions auxquelles il I'a obtenne ; mais il est impossible qu'elles ne soient pas pour lui aussi avantageuses qu'honorables. M. Treschoiv , dont nous gardees comme la principale cause de ce nombre considerable de deces parmi lesenfans.Dombre qui s'elevc presque tousles ans au quart de la mortalltege- nerale. L'usage veut que I'enfaut soit plouge, nu, et a trois reprises tlifftreutes, daus un grand bassin d'eau froide; ou Ten retire tremblant , et le corps cu- tierement bleu par I'actioa du froid ; et presque toujours des coliques, auxquelles il succomhe souveut, sont la suite de ce 'bapteme dcveuu fu- nesle. Get usage s'est beaucoup modlGe parmi Ics classes nobles et tclairecs de la Russie, qui einploieut maintenant I'eau tiede au lieu de I'eau froide; mais, ni les medecins ni les philosophes ne pourrout parvenir de loug-tems a faire sentir au peuple ses nombreux inconveuiens. L'auteur de cette note, present a un bapteme que le pretre etait venu faire dans la maison meme ovi I'eufant etait ne (chose assez commune en Russie), ayant hasarde quelques observations au sujet de cette coutume , un domestique lui rcpon- dit : « Eh! cher maitrc , Dieu pourrait-il permettre que sa creature put re- cevoir quelque dommage d'un pareil acte? Voyez , I'enfant meme ne crie pas ! » et le pauvre innocent . qui n'ea avait sans doute pas la force , tant il avail cte saisi par le froiil , mourut , quelques jours aprcs, a la suite de doulou- reuses coliques. La m^me superstition se retroiive dans d'autres clrconstances de la vie des Russes; aiusi, I'hiver a Petersbourg, lo joar de la fete d'Alexandre Nevsky, le clerge va en pompe , et suivi de la cour, benir la Neva. A peine la cere- itionic est-elle achevee, qu'on voit un nombre assez considerable d'hommes rompre la glace pour se baigner dans cette eau sano'ifiee et qui, selon eux, pent les guerir de toutes malaJief. N. d. R. 3o2 EUROPE. ;ivons souvenl parle dans cc rccueil , est un vieillari! de 74 aiis , qui , ilctns sa longue el laborieuse carti^re , a puissamnient contribue ;i lepandreparmi ses coiiipatriotesles lunii^rcs d'uiie saine philosophie. 11 en a fait I'appiicatlon a la morale , a la legislation , a I'histoire et a la politique, dans un grand nombre d'ouvrages. On doit desirer que cet liomnie celfebre jouisse encore long- terns d'une vie heureuse et tranquille, afin que ses nouveaux loisirs tournent a I'avantage de sd patrie. Tl a pour successeur M. le conseiller d'etat Dihiks, autrefois charge du porlefeuille de la police. Nous citons simplement ce fait, sans vouloir en tirer aucune consequence defavorable. UVnii'ersite de Chrisciania compte aujourd'hui pi-^s de cinq cents «ludians. Ce nombre est, a notre avis , troD grand, et nuUemeut en rapport avec la population du royaume. Ce serait un grand malheur, si tons ces jeunes gen.s se destinaient uniquement a servir leur patrie dans la carriere des emplois publics. II faut esperer que plusieurs d'entre eux appliqueiontlenrsconnaissances aux arts industriels. Le Voyage en Siberie du savant M. HANSTEru, professeur de liauies mathematiques a I'Universite de Christiania , a ete retarde, et n'anra lieu que I'annee prochaine. M. Hansteen a fait recemment uu voyage en AUemagne , afin de se ]irocurer les instrumens neccs- saires pour les observations qu'il se propose de tenter avec I'aiguille aimant^e dans les regions polaires, oil sans douie il ne manquera pas de faire plusisurs decouvertes interessantes. M. SoREii^-Ew ,ev6que de Christiania, vient d'etre nomme premier predicateur de la cour en Norve>ge. Heibkkg. DANEMARCR. Theatre. — Une nouvelle pi^ce originale vienl de paraftre sur le theatre de Copenhague, sous le noni de Pagten ( I'Accord ), dranie eii cinq actes , du genre mixte, auquel on pent reprochei' souvent de n'^tre ni assez pathetique pour faire pleurer , ui assez comique pour exciter une franche gaiet(5. L'auteur de cette piece est M. le profes- seur F.-C. Bruun , dont le merite litteraire dans d'antres genres si generalement reconnu , ainsi que les dioits qu'il s'est acquis a la reconnaissance publique par le talent avec lequel il a enseigne plu- sieurs langues etiangeres a la jeunesse de I'Universiie , soot une compensation Kufiisantedu pen de succd'sdeson ouvrage draniatique, qui ne parait pas devoir se maintenir au repertoire du thedtre danois. G — g. 3o? ALLEMAGNE. Prussf. — Beklin. — Culture du -ver-a-soie. - Uii Itaiieii , M. Bol- zani, qui exerce ici, depuis quelques anuses , un conitueice d'objels d'art , entreprend avec beaucoup de succes de faire revivre la cul- ture du ver-a-soie en Prusse, oii elle etait abandonnee depuis Fre- deric 11. Le roi lui a assigne quelques salles a I'hotel des Invalides ; on lui a en outre accorde , moyennant un certain f'ermage, 1' usage des muriers qui se trouvent dans le jardin de cet etablissemeiit. M. Bolzani a fait venir des Cleusesd'Italie, et il est tres-satisfait du rapport de cette annee. C* HiMBOiiRG. — Moulin a foulon. — Dans son iiitroduclion an rap- port sur le projet d'un code penal pour la Louisiane ( voy. Rev. Erie, t. XXVI, p. 834 )r M. Taillandier fait mention d'une machine de dis- cipline introduite en Angleterre dans le regime des prisons , appelee inoiiUn a marches {tread mill). Ce moulin est destin^ a broyer le grain, a preparer la farine. « Le principal mecanisme consiste dans une roue dont la circonference est garnie d'aubes assez etendues pour poii- voir contenir coramodement de dix a vingt personnes , et ui^me quelquefois un plus grand nombre, dont le poids, premier moteur de cette machine , applique sur la circonference de la roue , tout pres ou au niveau de son axe , produit alors son plus grand effet. » Cette ma- chine comme I'observe M. Taillandier, a trouve des partisans et des detracteurs; elle a ete I'objet de la critique deM.Barbe-Marbois, dans son rapport sur les prisons. On I'a regardee comme un chatiment preventif ca\iAh\e d'epuiser les forces de ceuxauxquels on i'infligerait ; enfin , comme un supplice ajoute a la sequestration. Les m^mcs causes produisent assez ordinairement les memes effets , et le moiihn afoulon que I'on a elabli recemment dans la maison de correction de Hambourg , doit ^tre considere comme un chatiment preventif ajoute a celui de la sequestration , et susceptible A^epuiser les forces de I'individu que Ton y fait servir. On y fait travailler les mendians Strangers et les autres vagabonds, d^s que le medecin a juge leur constitution susceptible de supporter ce travail. Dans I'espace de cinq minutes , ils doivent monter cinq cents marches ; le terns du repos est fixe a cinq ou six minutes, suivant la force des individus , apres quoi ils reconimencent. Ce travail dure depuis huit heures du matin jusqu'a huit heures du soir ; une heure d'intervalle est accor- d^e pour le diner et le repos. On n'a pas d'exemple, dit-on,qu'aueun des homme!: , mis en liherte apres cette puiiition , ail ^te dans le 3o4 EUROPE. cas (le la subir mie seconde fois. lis pioferent gngiier leur pain par le travail et flesertent un pays oil Ton punit li-iir cl^socuviement ; ils font nil tableau si effmyant dii inouliii afonlon , que personne n'est tent^ cle les imiter. Que conclure de ce rapport? Que le moulin a foulon et le nionlin a marches ( Crcad mill ) sont un cliAtiinent/)reVe«- ctf, qui double cehii de la sequestration , qui epuise Ics forces de ceux que Ton y expose , et qui presente une peine ef/raya/ite / En dedui- ra-t-on cette consequence, que cette puuition diniinuera par sa ri- gueur le nombre des coupables? Nous ne le pensons pas, et une reflexion commune a la plnpart des criminalistes nous confirme dans notre opinion : la severite des lols ciiniinelles est le remfcde le moins efiicace pour prevenir les delits et les crimes. Puissent les legislateurs de tons les pays bien concevoir cette sage maxime, et apporter des ameliorations et des adoucissemens a la legislation criminelle, au lieu d'ajouter a ses rigueurs, deja signal6es dans plu- sieurs circonstances couime excessives. J. Doublet de Boisthieault. Brunswick. — Nccrologie. — Johanii Buhle naquit , le 29 septembre 1763, a Brunswick, oil son pere, connu par plusieurs ouvrages , occupait le poste de medecin de la cour. Le jeune Buhle , au college, se distinguait de tons ses camarades par une memoire extraordinaire et une application rare. II moutra Iiientot un gout vif pour les auteurs grecs et latins, et , des I'age de 16 ans, il cotnpo- sait dejolis vers, quoique depourvu du feu necessaire a la poesie et d'une imagination creatrice. La vivacite de ses conceiuions et de ses idees provenait de la clarte et de la saga cite de son esprit, qui s'est developpe dans la suite par les soins de maitres distingues. Son ap- plication etonnait ; 11 donnait regulierement 10 a i4 beures par jour au travail. En 1783 , il vint a Goeltlngue , sous les auspices du celebre Heyne ; et , des sa seconde annee , il y reniporta un prix, pour un calendrier de la Palestine. II composa ensuite ua second ouvrage sur les OEuvres d'Aristote, ouvrage auquel il n'a cesse de travailler pendant toute sa vie. Al'arrivce des princes d'Angleterre , il fut choisi pour etre mis aupres d'eux en qualite de lecteur des langues grecque et latine, et nomme quelque terns apres professeur. C'est alors qu'ii publia les OEuvres d'Ai-istote et qu'il commeuca a 6crire son Histoire de la philosophie. En i8o4, TUniversite de Moscou le nomma profes- seur d'histoire et de litterature anciennes. II avait une connaissance approfondie de la langue francaise, et concourut a la redaction de la Cczeitc savante de Hloscoti , oil il insera des notices relatives a littera- ALLEMAGNE. — SUISSEs 3o5 tnre etrang^re ; il travailla (''galemcnt an Journal des beaux arts , jusqira la suspension de cette feuille. — On lui doit encore un ecrit intitule : Prohisio de aiictoribus siipeUectilis litterarlce historiam riissicani maaiine specfanl; il a reuni dans cat ouvrage tous'les details iiite- ressans qu'il a pu recueillir sur la litterature russe, details pulses dans plus de quaranie ouvrages. On ne sait par quel motif I'auteur a ecrit le sien en latin ; dans toute autre langue, il eut ete plus re- pandu , et son utllite niieux seutie. Buhle revint dans sapatrie, en i8i4, a I'epoque du retahlissement du college de Caroline; il y occupa la chaire de droit, diiigea les affaires et les comptes de I'lnstltut et rcprit ses occuj)ations litte- raires. On lui doit des analyses critiques sur des ouvrages nublies en Russie , inserees dans les Gazettes savantes de Gccttingne et de Halle, des articles dans la nouvelle Encjxlopedie dc Ersch et de Gluber. II lerniina son Arislote et son Histohe de la philosophie , pour lesquels son ami Eichhorn , de Goettingue, I'aida beaucoup. Au moment oil il se pre- parait a donner une description de ses voyages et a publier ses ma- teriaux sur I'histoire russe, la mort de sasoeur, compagnc insepa- rable de ses voyages et de ses malhenrs, vint le plonger dans un profond chagrin : son imagination se rembrunit , J'iniage d'linesceur ch^rie le snivait partout ; c'est alors qu'il mit au jour son ouvrage intitule : De I'origine el de la vie du genre Jaimain, et de la destinee future apresla mort. — Charge de la censure des livres , il y apporta beaucoup de prudence et de moderation; mais il ne put eviter les desagremens d'un pared emploi. Dans I'examen d'un ouvrage pole- mique d'un celebre professeur, il nota quelques endroits et engagea I'auteur a les modifier: ce!ui-ci parut y souscrire, et n'executa point sa promesse. Buble s'en plaignit au gouvernement ; mais cette de- marche obligee lui causa beaucouji d'affliction , et lui occasiona une ' maladie , dontil est mort, au raois d'aoiit 1821. R. E. SUISSE. Berne. — Enseigneinent acadeinique. — L' Academie de Berne a public le programme des cours du semestred'ete, commencant au 9 mai et finissant au i"' octobre. En voici le resume. 1. Theologie: 9 cours theoriques , on pratiques. 3 professeurs. 2. Jurisprudence : 3 cours. i professeur. 3. Medecine et chirurgie : 11 cours theoriques et pratiques. 6 pro- fesseurs. De plus , un habile medecin a offert de faire un cours de Chirurgie clinique , dans I'hopital , ou un cours theorique et pr^- T. XXVIII. — Octobre iSaS. 20 SoG EUROPE. tique sur les Maladies des jeux ; un autre savant a offeit de donner un cours de Botanique. 4- Medeci/ie wtchiiuiire : 5 cours. 3 professcurs. 5. Philologie : 9 cours. 4 professeurs. 6. Miithematiques : 2 cours. 1 professeur. 7. Pkilosophie : 2 cours. i professeur. 8. Mineraloifie : i professeur. {Nouvelliste yatidois.) Lausanne. — Societe philhelleniqiie du canton de Fund. — La Suisse avait deja donne de nombreuses marques d'iiiter^t a la cause des Grecs , soit ea accordant une genereuse hospitalite a quelques infor- tunes eloignes de leur patrie et cliasses de frontiferes en frontiferes, comme des nialfaiteurs , soit en envoyant dans les rangs des Botzaris et des Mavromichalis quelques-uns de ses enfans. Aujourd'hui, gr^ce aux Societes de Lausanne et do Geneve ( voyez I'article ci -apres ), elle va reprendre son rang parmi les amis actifs de la Grfece. Voici comment la premiere s'adressea ses concitoyeus, dans une circulaire qui vient de nous parvenir, et dont quelques extraits suffiront pour faire apprecierson but et les sentimens qui Taniment. « ... II nous sem- blerait pen honorable pour notre patrie d'assister comme spectateurs oisifs a la lutte de la civilisation conlre la barbaric, de la croix contra I'etendard de Mahomet. C'est pourquoi , chers concitoyens , nous avons pris des inforuiations sur les besolus actuels de la Grece, et sur I'emploi le plus utile des ressourcps que nous aimerions, que vous aimeriez tons a offrir a une nation asservie pendant plus de trois si^cles et demi au milieu de ses montagnes , qui repetaient autrefois, comme le font aujourd'hui nos Alpes , desacceos de bonheur et de liberie. Le Comite grec de Paris, dont quelques agens se trouvent au sein m^me de la Grfece , d'autres personnes qui ont vecu dans ce pays , tous ceux, en un mot, dont les conseils ont dii nous eclairer, s'ac- cordent a nous dire , que nous ne pourrions faire une oeuvre plus utile qu'en procurant a de jeiines Hellenes une education libetale. Les ressources pecuniaires necessaires a I'accomplissement de notre oeu- vre sont ce que nous venous solliciter de votre part avec une entifere confiance, assures que vous sentez toute I'utilite des sacrifices qui vous sont demandes. Si quelques personnes pensaient que , dans ce moment , la Grece reclame plulot des artisans et des ouvriers que des liommes instruits , nous repondrions qu'il lui faut des uns et des autres; que la Grece a des besoins materiels et des besoins moraux; que les arts m^caniques et les sciences doivent marcher a la suite de ia liberie, afln de completer son ouvrage; nous repondrions que I'art SUISSE. 3o7 militaire el les sciences dont elle emprunte le secours , que la physi- que et la chimie utiles aux fabrications, que la jurisprudence, appui du legislateur, que I'econoinie politique , flambeau d'une sage admi- nistration, que la philosophie, qui accoutume riiomtne a des prin- cipes indcpendans , que la litterature m^me, capable de donuer de I'elan a I'ame, sont les dignes auxiliaires d'un peuple mur pour la liberte et pret a reprendre son rang parmi les nations civilisees. Nous ne contestons point I'urgence d'introduire dans la Grece les arts me- caniques; mais les ilesloniennes et Trieste lui offrent en ce genre des ressources auxquellcs la proximite donne un grand avantage sur les noties. Quolque nos etablissemens d'education publique puissent pa- raitre peu de chose aupres des ressources scientifiques dont dispose- roiit les associations foiniees en France et en Angleterre en faveur des Grecs , nous ferons observer que nos institutions civiles et mili- taires , notre education publique, nos eludes, notre vie, sont celles d'un peuple libre comine les Grecs veuleat Tetre, republicain comnie I'etaient leurs aieux. Le comite grcc de Paris a bien voulu consentir que notre Societe se mit en rapport avec lui ; outre que ses lumieres nous seroat d'une grande utilite pour nous dirigef dans I'oeuvre que nous allons entreprendre de concert avec vous , il veut bien se char- ger de faire choisir par ses agens les jeunes Grecs dont I'education nous sera confiee et de les faire venir a ses frais jusqu'a Lausanne, des que les ressources necessaires pour tout le terns de leur educa- tion nous seront assurees. » Suit le reglement, signe par onze des citoyens les plus recomman- dables de Lausanne, parmi lesquels nous citerons MM. de Gikdroz, recteur de i'Academie, M<>jfNARD, professeur de litterature, Pellis. Jayet, de Lots, Rivier-Vieusseux , etc. Geneve. — II vient de se former ici un Comice grec , dans lequel figurent les noms de MM. le comte Capo n'lSTRi.v , Sismonui, Du- MONT , et de plusieurs autres homiues egalement recomiuandables par I'elevation de leurs sentiinens et le noble usage qu'ils font de leur fortune. Ce comite qui , dans un assez court cspace de tenis , est par- venu a T^unir des souscriptious pour une soninic considerable, cor- respondra direclemeni avec la Crece, au mo) an d'agens siirs, bien places pour servir d'interniediaires. On remarquc au nombro des principaux souscripteurs le premier Syndic de la republique, doul I'exemple a etc promptement suivi par ses co'legues et par la plupart des magistrals et des ecclesiastiques du canton. Dans une circulaii e manuscrite, on rappelle aux anciens Genevois , que, dan;; des cir- 3o8 EUROPE. Constances A pen pres auss! critiques que celle ou se tiouve au- jourd'hui la Gr^ce, leurs p^res dtirent plus d'une fols la conserva- tion de leur independance aux secours genereux des etats prqtestans. C* ITALIE. Rome. — Slatistique. — Tableau tin monvement de la population de cette capitale , depiiisdix ans. — Cliaque recensement se fait a I'epoque de PAques. Comnie le tableau pulilie a Rome, et insere dans Ic jour- nal romain , Nodzie del giurno , pourrait presenter quelque confu- sion , nous le diviserons en deux tableaux sepaies, auxquels nous joindrons quelques remarques. PKEMIER TABLEAU. NAISSANCI :s. DECKS. AXKtES. . — ~~ m^——- _ MiillAGES. » — --^ — ^ — -^ i Enfansdu Enfnns du Total des non,„.e.. Total Jcs 1 sexe niasc. sexe fern. naissances. Femmes. deces. 4,941 1 i8t6. 2,167 2,089 4,256 i,3o3 2,750 2, 191 1817. I.9'7 I.919 3,836 i,o3i 3,997 2,440 6,437 i8iS. 2,025 i'y'9 3,944 i,i83 4,145 2,723 6,868 i8<9. 2,095 2,204 4,299 1,440 3,741 2,573 6,3 1 4 1820. 2,075 2,140 . 4,2i5 i,3(,5 2,785 2,o53 "4,838 1821. 2,1539 2,3i7 4,756 r,265 3,128 2,287 5,4 15 1 1822. 2,255 2,o54 4,309 i,j57 3,320 2.937 6,2,57 1825. 2,208 2,i57 4,365 1,269 3,000 2,480 5,480 1824. 2,340 2,288 4,628 i,3q6 2.997 2,252 2,249 1825. 2,i3G 2,107 4,243 i,i58 2,460 1,986 4,44t) Ce premier tableau nous fait voir que I'annee 182 1 a etc la plus riche en naissances, et I'annee 1818 celle ou Ton a compte le plus de dec^s. II faut observer que ces calculs ne reposent pas sur le compte juste de 365 jours par annee ; car le recei.sement se fait a Piques, et Ton sait que cette f^te est une de celles qu'on appelle mobiles; en consequence, les annees se trouvent plus ou moins longues, selon que Pdques est plus ou moins recule, plus ou raoins rapproche. En outre , il est bon de remarquer que le releve des naissances ^tant fait d'apres les extraits baptistaires , les enfans des non catho- liques ne sent pas compris dans ce tableau. {yoj. ci-apr6s le 2^ tableau.) ITALU'l ^09 SECOND T\ULR\tI. , g S li ^ 5 2 £ i - s J J^ 1 li'W II '1= S 3 'a-S rt la No tholi H J i2^ 3-| « t b; £ u ■0 ■3 r8i6. 32,587 1,335 1,286 1,172 241 3,-57 l-li 62 67,226 61,771 I28,qq7 1817. 31,702 1,465 .,370 i,3o5 423 2,qi)2 flf)*^ 108 69,544 61,812 i3i,356 1818. 32,572 1,457 .,45o 1,325 35q 3,044 1,667 172 7i.4'4 62,3q8 i33,8i2 i8iq. 33,310 r,425 1,487 1,348 252 2,28q 1,728 246 70,294 63,867 i34,i6i 1820. 34,601 1,483 I,5iq r,382 424 2,826 i,o33 244 70,500 64,546 135,046 i8ii. 34,65o 1,426 1,532 1,468 332 i,063 q68 2l5 70,287 64,884 135,171 1822. 34,585 1,460 I,;in2 1,348 4oq f,942 t , 1 1 2 275 71,560 64,525 i36,o85 1823. 34,357 .',422 1,565 1,370 460 1,438 1,218 234 72,355 63,9.4 ■136,269 1824. 33,774 I,5o2 r,6i3 i,3i8 46q t,2qo 1,080 143 72,273 66,237 1 38,5 10 1825.133,271 1,488 t ,662 I,5o2 468 2,002 1,020 21 7^ 73,397 65,333 i38,73o On voit, par ce second tableau, que le nombre des families a diminue considerablemeot de 1824 a iSaS. D'un autre cole, le nombre des pretres s'est a peu pr^s maintenu; celui des moines et des religieuses a toujours etc en croissant. Depuis trois ans, le nombre des etudians et des seminaristes n'eprouve que de tres- legferes variations ; celui des pauvres dans les hopitaux, qui dimi- nuait depuis 1820, a augmente, cette annee , de plus de 800. Le nombre des prisonniers a ete fort considerable en 181 9; il a ele plus faible en 1821 : hors ces deux ann^es, il est toujours reste dans le terme moyen de iioo. On doit trouver un leger niecomjite dans I'enumeration des non catholiques; car les Israelites n'y sont pas compris , el ne sont portes nulla part ailleurs dans les releves publics par les autorites de Rome. La population s'est accrue, depuis dix ans, de 9,733 individus ; elle I'emporte, cette annee, de 220 individus sur celle de I'annee precedente. J.-^drien Lafasge. PoMPE'ii. — Andqiikes recemment decoiivertes. — Les excavations recemment faites a Pompeia out mis au jour quelques objets tres- interessans : i" une inaison, que Ton nonime , d'apres le genre de ses peintures, etc., la Casa del poeta dramatico; a" un bain public complet ; 3° une statue de marbre qui ressemble aux statues de Cice- ron ; 4" une graade statue equestre en bronze, quel 'on croit^tre celle de I'empereur Neron , et divers petits objets. La Casa deljioela , par sa distribution commode , par I'clegance de ses decorations et le fini de tons les meublis et ustensiles qu'elle rcnfcrme, est pcut-*^-tre snpc- 3io EUROPE. rieure ;\ toutes les innisons dccouvcrtes , qiioiqu'elles soient presque toutes belles et ^l^gantes. On voit , a la porta, la figure d'un chien de garde , bien tracee en mosa'ique , et au-dessous ces inols : Cave cantm (prenez garde au cbien). II y a , sur une autre partie du pave de raarbre, uii autre bel ouvrage de mosaique, reprcsentant une femtne qui joue du tibia , un vieillard qui montrc des masques tragiques , et deux acteurs prtjts a jouer. La meilli-ure pcinture sur les murs represente un poiite ou un acteur, lisant un manuscrit devaiit frois belles femmes qui I'ecoutent aveo attention. II y a dans la chanibre a coucher une de ces obtcana que Ton trouve si fr^quemmcnt dans les maisons d'HercuIanum et de Pompeia. Dans le bain public, tout est complet ; il senible n'avoir ete quitte que depuis quelques jours. II y a quatre chainbres, ce que les anciens Remains exigeaient dans ces etablisseraens : Vhjpocaustum ou fournaise, le bain chaud , le bainfroid, et le bain de vapeur, outre la pifece qui servait de garde-robe, le corridor pour les personnes qui attendaient leur tour, et le vestibule d'entree. Ces balnearia sont tids-ornes dans toutes leurs parties , meme dans I'interieur de la cliambre de la fournaise. Les ciels et les niurs sont couverts de beaux ouvrages en stuc , et les paves sont en marbres de differentes couleurs et en n)osaiques. Le liaut de la cliambre du bain froid est un dome, avec une ouverture au centre, par laquelle la lumiere y penfetre. Le bain est plus bas que le pave; il a environ 20 pieds carres , et tout I'interieur est en niarbre blanc. Dant la salle du bain cbaud , il y a une grande concha, sur le bord de laquelle on voit, en lettres de bronze, le nom et la qualite du donateur, et le prix qu'il a paye ; et dans le bain de vapeur, on voit des sieges portant les m re'le et legitime que les femmes exercent siir les hoinmes (voy. /fet-. Enc. T. X, pag. 8-34- — avril , 182 r. — Esqitisse d'tin coiirs d'histoire rapporU a I'injluence desjemmes) , aimeront a recueillir la correspon- dance que nous venous de faire connaitre, comme une sorte fie mo- nument historique qui fournit un double temoignage du devouement patriotique des dames grecques , et du vif interet manifeste dans un autre hemisphere par nne reunion de dames americaines pour la no- ble cause de I'independance de la Grece. M. A. J. ILES lONIENNES. CoRFOu. — Franchise de port. — Le i^'' septembre dernier doit avoir eu lieu , a Corfou , I'ouverture d'un port franc , dans lequel seront librement admis les navires de toutes les nations , sans difference de pavilion ou de marchandises. ESPAGNE. Madrid , 20 oclobre. — Compagnie anglaise etablie pour rettrer dcs richesses ensevelies dans la mer, devant le port de Vigo. — Du tems de Philippe V, une escadre anglaise nttaqua , devant le port de Vigo, une flotteespagnole qui venait d'Amt-rique avec i4 millions de pias- tres , etcette flotte fut si maltrailce, que tous les batimens qui con- duisaient ces tresors et contre lesquels se porterent les principaux efforts des Anglais coulerent a fond, presqu'a I'entree du port; avec eux resterent englouties les sommes enornies qu'ils portaient. Une compagnie anglaise decouvrit dernierement dans les cartons du ministere anglais le rapport de I'amiral britannique qui conimandait I'escadre, et le trouva si bien detaille qu'il est impossible de se rae- prendre sur les lieux oil le tresor est enseveli. Elle a propose , par I'intermediaire de aotre minislrea Londres , de retirer ces richeases , a condition que la moitie des sommes extraites lui appartiendra , et que I'autre moitie sera devolue a notre gouvernement. Celui-ci 'a accepte la proposition , et I'agent de la compagnie anglaise qui etait venu ici pour suivre celte negociation, retourne a Londres oil il emporte le traite signe. L'operation sera commenct'e au mois d'avrii prochain. — Instruction piibliqtw. — D^ja le plan d'etudesdu P. Martinez avail mis par le fait I'education de notre jeunesse entre les mains des je- suites. Cependant , les ecoles primaires , quoiqu'ayant ete reorgani- sees, etaient conGees a des laiques ; ce qui a fait faire a ses reve- rends peres de nouvelles reflexions qui les out conduits a solliciter, 3i6 EUROPE. exclusivemeiit pour cux , renseignement dans ccs ecoles; ils y out si bien rcussi, que Ton va inettre sous leur surveillance m^me I'ensei- gnement des jeunes demoiselles, jiour lesquelles , daus les grandes villes, ils feront etablir par qnarlier une ecole dont ils noinineront la maitresse. Afin qu'ils aient nioins a faire , lorsque ledecret paraitra, on a deja commence a faire fermer les pensions de jeunes demoiselles que des personnes elevees en France avaient ouvertes depuis cinq ans a Madrid et dans plusieurs autres graudes villes, a I'instar des pensions de ce genre dtablies dans d'auJres pays. C* PAYS-BAS. Bruxei.les. — Societe des sciences naturelles et m^dicales. — Cette societe dont les travaux sont consacres a la culture des scien- ces naturelles et medicales , quoiqu'elle soit etablie seulement de- puis le mois de juIUet 1822 , a deja fourni un tribut honorable : plusieurs memoires interessaus sur differentes branches de I'art dc guerlr y ont ete lus. Quelques-uns de ces memoires out ete publies dans la Bibliotheque inedicale de Bruxelles , que nous avons annon- cee. ( Voyez Rev. Eric. X. xxv , p. 46t.) Cette societe s'est associe un grand nombre d'hommes distingues par leurs connaissances , parmi lesquels se trouvent MM. Baud , professeur a rUniversitc de Louvain ; CniBERT, D. M. a la Nouvelle - Orleans : De la Rue , secretaire de la Societe de medecine d'Evreux ; Gouze , medecin a rarm(5e des Pays - Bas ; Jacmart, professeur a I'Uni- versite de Louvain ; Pojscelet , D. M. a Lyon ; Van - Mons , professeur a I'Universite de Louvain ; Waklez, D. M. chiriirgien- major , etc. etc. M. le docteur Latne , professeur de medecine a I'bopital civil de Bruxelles , avantageusement connu par differens memoires, est le secretaire perpetuel de cette societe qui a debute sous des auspices trfes-favorables. De K. Utkbcht. — La Societe des arts et des sciences , etablie dans cette villa , a tenu sa cinquante-deuxieme seance , les a4 et aS juin der- nier, sous la presidence de M. van Asch van Wyck. Apres avoir eutendu un discours prononcd par celui-ci, et dans lequel il a paj'e un juste tribut d'hommages aux membres morts dans le cours de I'anuee prdcedente , la Societe a decerne une medaille d'or a MM. BENNETetVANWicK.-RoELAKDsz, autcurs d'un memoire sur les terres , mers , detroits , fleuves , iles , etc. dont la decouverte ap- partient aux Hollandais , quoique , dans les nouvelles carles , les anciens noms hollandais aient etc rcmplaccs en grande partie par PAYS -B AS. 3 17 des noms etrangers. Elle accorde la ni^me distinction a M. J . Lek- TiNG , pour ses annotations sur Herodote , et une itiedaille d'argeni a I'auleur d'un memoire sur rinflnence du desscchement des'nia- rais dans I.1 Nord - Hollande , par rapport a la sante publique. Les nouvelles questions raises a u concours , appaitenant soit aux scien- ces physiques et medicales , soit aux sciences politiques et morales , et a la litterature ancienne et modenie , prouvent que les mem- ■ bres de cette Societe sont tout-a-fait au niveau des conuaissances actuelles. D. Anvkrs. — Instruction publique. — Enseignement de la chimie et de la mecani^ue appliquees. — Un edit royal porta que la cliiniie et la mecanique , appliquees aux arts industriels , seront enseignees dans cliacune des universites du royaume. II cree , en outre , deux nou- velles cliaires dans I'Universite de Liege : Tune , de nietallurgie et de technologic ; I'autre , d'economie rurale et forestiere. M. DAKDELiif , lieutenant-general du genie , ancien eleve de I'Ecole polyteclinique , deja connu par d'importans travaux mathematiques , dont quelques- uns ont ete coasignes dans les Memoires de 1' Academic royale de Bruxelles, et M. Brokn , actuellement professeur a Heidelberg, ont ete charges de ces deux nouvelles branches d'enseignement. — Maison d' instruction commerciale , de M. Van-den-Broek , ancien negociant, — Get etablissement forme depuis huit ans , qui est dans le genre de I'Ecole speciale de commerce, fondee a Pa- ris il y a pres de dix annees , et qui a recu plusieurs ameliorations successives , jouit pleinement de la confiance publique. Le direc- teur s'est adjoint quelques nouveaux coUaborateurs , dont les ta- lens et le zele lui assurent les resultats les plus satisfaisiins pour I'instruction et les progres de ses eleves. L'etude des langues na- tionale , francaise , anglaise , allemande , enseignees chacune par un professeur particulier , a etc rendue plus facile et plus prompte au moyen de la nouvelle methode de I'enseignement universel , de M. Jacotot, qui cependant n'exclut point la methode analytique. — Le premier professeur de I'Academie royale des beaux-arts d'Anvers , dont la reputation est si justement etablie , s'est charge de la direc- tion de la classe du dessin. Tout ce qui a rapport au regime de la maison et aux soins que Ton doit aux eleves , continue d'etre la t^che particuli^re de M. Van-den-Broek. Hari-em. — Encourngemens accordes aux beaux - arts. — Le roi des Pays-Bas * fait I'acquisition de divers tableaux provenant de I'exposition de cette villa , parmi lesquels on a remarque : i" le 3i8 EUROPE. Belisairc de M. Cruseiwans , d'Amslerdam ; 2" un paysage de M. Vebboekboven, de Gaud ; 3" VElisa, de M. Kruseman , de Har- lem ; 4" HI paysage de M. Regemokter , d'Anvers ; So Aes ft nits deM.EiLK.AMA , de Leuwarden ; C" un pajsage de M. Ducorron , d'Atli ; 70 YAccoitchce de M. Van-Eechout , d'Anvers; 8° Vlnscim- teur par M. Leroi , de Bi uxelles ; go un pajsage de M. Ravenswage , d'Hilversum ; io<> une viie dhiver de M. de Noter , de Gand. Uue mcr orageuse de M. Schotel , de Dordrecht, peinlre qui , dans ce genre , n'a peut'<5tre pas de rival en Europe , a 6le ache- t^e par la Sociele de la fondation Teylers , <\ Harlem. **' Bkuxelles. — TItidtre royal. — Premiere representation du liar- mecide , opera en trois actes et en jirose, de M. Peelaer , offi- cier a Tetat-major. — M. Peelaer etait deja connupar differens oii- vrages d'un vrai mcrite , dont le dernier , Agnes Sorel , avail ob- tenu le succe.^ le plus complet. La musique du Darmecide n'a pas cause nioins de plaisir que celle des autres ouvrages du m^me au- teur : quant au poeme , nous nous abstiendrons d'en parler ; il ■est counu depuis lang-teras sous le nom des Ruincs de BabyJone. FRANCE. Dieppe. ( Selne-hifer'uure) . — Conrs de geometrie el de mecaniqiie appliqiiecs aitx arts et aiix metiers. — Le besoin d'une ecole d'ensei- gnement pour I'application de la geometrie et de la mecanique aux arts industriels , d'apr^s I'exemple donne a Paris par M. Charles Du- piN, etsuiviavec succes dans plusieurs Villes induslrieuses de France, etait generalement senti dans notre ville et dans ses environs. Le con- ■seil municipal, aussitot qu'il a ete informe que M. Blouet , profes- seur d'hydrograpbie , etait charge par le minislre de la marine et des colonies de diriger ce nouvel enseignement , I'un des pins nobles bienfaits dugouvernement enversnos nombreux ateliers d'ivoirerie et d'horlogeric , a r^solu de faire les dcpenses nccessaires pour cet utile et important etablissement , ({ui va repaudre parmi les artistes et les ouvriers, la connais?ance des principes de la science, leur fournir les nioyens d'en apprendre les nombreuses applications , les affraiichir de ce tAtonnenient, de cette perte de tenis et de matiere , suite ordi- naire de I'ignorance des verites mathematiques , et les mettre a m^me ■de travailler avec plus de rcgularite, de precision, d'intelligence, de facilite et de rapidlte. — Ce cours clemeu'.aire pour I'instruction des artistes aura lieu a Dieppe, deux fois par semaine, a Tissue des travaux de la journee. La seance d'ouverture s'est faite , le dimanche FRANCE. — DliPARTEMENS. Siy a3 octobre , dans la salle principale de I'hotel-de-ville, avec la so- lennite que comporte une entreprise de cette importance, dont ies avantages pour Ies progres de I'industrie francaise sent incalciilables. Plus de 4oopersonnes de tons etats et de tous rangs, animees de I'a- inour des sciences et des arts, assistaieiit a cette seance presidee par M. le maire de Dieppe. Le discours qu'il a prononce dans cette occa- sion etait inspire par le plus pur patriotisme. II a exprime la recon- naissance des habitans pour le bienfait que le gouvernement accorde a notre cite. II a recommande avec chaleur-aux artistes et aqx ou- vriers de profiter des avantages du nouvel enseignement industriel pour perfectionner leurs produits et Ies rendre dignes de I'attention publique. Le professeur Blouet, dnns un discours clairement ecrit et fortement pense , a fait apprecier Ies nombreux avantages du cours industriel qu'il va diriger ; il nous a paru bien penetre des in- tentions et du but du savant protnoteur de ces cours, et dispose a suivre avec zele et perseverance le plan qu'il en a trace. Le pro- fesseur a repousse avec energie et avec sagesse Ies insinuations per- fides et calomnieuses que I'ignorance ou la pusillanimite avaient deia nialignement dirigees centre un enseignement qui a produit en An- gleterre de si importans resultats , et qu'il est trfes-urgent de propa- ger en France, si nous voulons egaler nos voisins et rendre notre pays plus heureux, plus opulent, en ajoutant en m6me terns au bien etre et au bonheur de la classe industrielle. Apres son discours, le professeur d'hydrograpbie a donne lecture de celui de M. Dupin « a ses amis Ies ouvriers francais » Ies exemples qu'il renferme des Lonimes de genie sortis de leur classe et I'exposition des avantages precieux qui resultent pour ei.x de la combinalson du savoir et de I'adresse, a fait sur Ies auditeurs une vive et profonde impression. La seance a ete levee, aux cris prolonges etreiteres de vive le Roi ! A la cloture decelte seance, on comptait deja plus de 5o elt^ves inscrits pour suivre ce cours. B. G. N. d. R, Comme le ministre de la marine a fait ^tablir des cours semblables dans toutes Ies ecoles de marine, on ne tardera pas a recevoir de tous Ies ports de France des nouvelles aussi satisfaisantes que celles que notre correspondant nous a transmises, au sujet du nouvel enseignement. Ces cours sont deja au nombre de 44 , dans Ies ports de mer, et de i5, dans Ies villes de I'interieur. La Rochelle. — C Charente-Inferieure ). — Cours destine aux ouvriers. — Le professeur d'hydrograpbie de la Roobelle, M. Gigow , a public r^cemment , dans le journal du departement , le programme d'un 3«o FRA.NCE. coiirs destin^ aux ouvriers. 11 se propose d'enseigner rarithm«['tiqiie , la geonictrie, les (^It'-inens de mecanique , de j)liysiqne et de geoine- trie descriptive. M.VKSEli.i.E. — (^Houches dti Rlione.) — Association pltilaiithropique en faveiirdesGrecs. — Une association ])liilaiilliropiqueeii faveurdes Grccs s'est formce depuis peu dans notre villa. Cette association , adminis- tree par un comite de vingt souscriptenrs , doit entretenir des rela- tions avec celle de Paris. Parmi les inenibres les plus infliiens qui composent le comite provisoire, se trouvent M. Arsenios , archi- miandrite gree,pliisieurs negocians de cclte nation et le vice-president du tribunal civil de Marseille. Nantes i^Loire-Inferienie.) — Exposition dcs produits de Vindastrie bretonne. — Apr^s un discours. d'ouverture prouonce par M. le Pre- fet, M. de ToLLENARB , rapporteur du jury, a fait connaitre les motifs qui out dirige ses jugemens. C'est moins la perfection des oLjets exposes, que leur importance, sous le rapport de I'utilite de la consommation ou de I'exporlation par la voie maritime , qui a determine les suffrages du jury, pour les articles conimerciaux et industriels. Les talens rapine mediocres n'ont pas etc exclus du con- cours. Le has prix des articles a etc aussi pris en grande consideration pour I'appreciation des objets exposes. Le rapporteur a fait ensuile connaitre les droits des vainqueurs. En passant en revue tous les produits de I'industrie departementale, il a donne a M. Dobiue les eloges que merite son feutre pour la navigation. II a loue la Chamie a defricher , de M. Athenas, qui a obtenu , I'annee dernidre,un premier prix a I'Academie des sciences. Mais MM. Dobrle et Atbenas etaient m-imbres du jury, et partant hors du concours. Les noms des vainqueurs out ete proclames par M. le secretaire-general du depar- tement , et M. le maire de Nantes a fait connaitre qu'une seconde exposition aurait lieu dans deux ans. Le jury a cru devoir accorder la mcdaiUe d'or, a MM. J. Thoslvs et compagnie pour leur fabrication de fer a la Basse-Indre. Des me- dailles d'argent ont ete dislribuees a ]J|iM. Bertrand Foukmand , pour la fabrication de machines diverses a Nantes; Blakchakd , pour les papiers confectionues aClisson; Guillemet aine , pour la fabrication d'etoffes et la filature; Bouchet , peintre a Clisson. Plu- sieuts medailles de bronze et des mentions honorables , a litre d'encou- ragement, ont ete egalement accordees a un certain nombre de fabricans ToVLOVfiV. {Haute-Garonne). — Exposition publiqiie des produits DEPARTEMENS. Bai indiistrieh des ddparcemens meridiottauj:. — Le conseil municipal de Toulouse a vote des fonds pour etablir dans cetle ville, tous les deux ans , et a I'epoque oii elle n'a pas lieu a Paris , une exposition de tous les produits industriels.. arts uiecaniques , beaux-arts, etc., du midi de la France , et en particulier du deparlement et de la ville de Toulouse. Des pri.\ serout distribues. Societes savantes ; EtahUsseniens d'utilite puhlique. Bordeaux (Gironde). — Prix proposes par la Societe royale de mede- cine. — Cette Societe a misaucoucours, pourl'annee 1826, les questions suivantes: i°» Quelles sont les ameliorations dont seraient suscepti- bles les liopitaux de Bordeaux , sous le rapport de la salubrite du service medical et de Tenseignement clinique ? » 2° « Determiner par des experiences exactes les fonctions du pancreas ; decrire les mala- dies de cet organe et leur traitement , en s'etayaut d'observations cli- niques et de recherches d'auatomie palhologique. » Le prix pour chaque question, est de 3oo fr. Les memoires, ecrits trcs-lisiblement, en latin ou en francais, doivent dtre rendus , francs de port , dans les formalites usitees pour les concours, avant le i5 juin 1826 , chez M. Dupuch-Lapointe , secretaire general de la Societe, rue des Trois-Conils , n° 9. Besancon ( Daubs). — Prix proposes par l' Academic des Sciettces , lielles-Lettres et Arts. — L'Acadcmie propose, pour le concours du 2/} aout 1826 , le sujet suivant : << Quels sont , pour les departemeHft du Doubs , du Jura et de la Hautc-Saone, les avantages a esperer de I'ouverture du Canal-Monsieur, les moyens de donner a ces avantages le plus grand et le plus prompt developpement possible, de les rendre durables , et de parer aux iuconveniens par lesquels ils pourraient 6tre balances? » Le prix consistera en une medaille d'or, de la va- leur de 200 fr. Les concurrens feront parvenir leurs ouvrages , francs de port , et dans la forme accoutumee, au secretaire perpetuel, avant le ler juin 1826 , terme de rigueur. Sujet du concours de 1827. « Pendant les quarante dernicres an- nees , le mouvement extraordinaire dout les esprits out ete agites, a dii exercer sur les diverses blanches de la litterature une influence irresistible : Quels en ont ete les effets aux epoques oii la forme et I'esprit de gouvernement ont eprouve les variations les plus mar- quees ? Quels doivent en etre les resultats durables?" Dijon (6'0/e d'Or). — Prix propose par V Academic. — Le sujet du jirix a d^cerner , en i8a6 , par cette Acadeuile, est ainsi con^u : <■ Saint T. XXVIII. — Ortobre iSaS. 21 3aa FRANCE. Bernard et Bossuet compares tlans leurs ecrits , clans leur caracli-re et dans leur influence sur le siecle. » LiYOli(^Rhune). — U/Jcadcinic cles leilrcs ec des sciences de cette ville a fait , a la fin du mois d'aoiit , la distribution de ses prix. Un prix de met^orologie a etc accorde ii M. DirrsiART , celi'bre professeur de Berlin. Un prix sur una question relative aux preparations que Ton pent faire subir a la soierie , a et6 obtenu par M. Ozan am , medecin a Lyon , correspondant de plusieurs societes savautes. Un prix sur uue question iniportaute ])our les villes comnierciales , celle des douanes , a ete nierite par M. Fortune Malbouche, de Paris. — Le rapport sur le concours de po^sie , lu par M. Servan de Sugny , traducteur de Thcocrite en vers francais (voy. Rev. Enc, T. xvi, p. 365 ), a fait connaitre au public que des concurrens tr^s-nombreux s'etaient preseiites danslalice. Le sujet etait le Siege de Lyon en 1793. Quatre ouvrages out ete particulitrement signales. Deux mentions ont ete accordees : I'une a une ode ayantpour epigraplie : IlJoriainnr et in media nrma jiiamiis ; et I'autre a une elegie portant pour epigraphe ce vers de Martial : Ingenium sacri miraris abesse Maronis. L' Acade- mic a invite les auteurs a se faire connaitre. — Quant au prix, il a ete partage entre deux poemes ditbyrambiques , dont I'un est de M. A. BiGNAN , deja connu dans la litterature , et I'autre de M. Coi- GNET , qui , tres-jeuiie encore et babitant de Lyon , debute dans la carri^re de la poesied'une raaniere tr^s-distinguee. Quelques passa- ges de ces deux poemes , lus par les rapporteurs , ont donne une idee tifes-avantageuse du talent des laureats. Macon ( Saune et Loire). — La Societe d' Agriculture , sciences et belles- lettres de cette ■ville propose, pour le concours de 182(1, le sujet suivant : La France secoiirant les incendies de Salins. Les concurrens pourropt choisir entre le genre de Ycde et celui de VeinCre. Le prix sera une medaille d'or de 3oo fr. Les ouvrages devront ^tre adressus au secretaire perpetuel de la societe, avant le i"'aout 1826. PARIS. Institut. — yicadetnie des Sciences. — Mois de septeinbre iSaS. — Siance du 5. — M. leroy (d'Etiolles) fait bonimage de son ouvrage intitule : « Expose des divers precedes employes jusqu'a ce jour pour guerir de la pierre sans avoir recours a I'operation de la taille. » II ecrit a ce sujet que M. Civiale n'est pas fonde a s'attribuer exclu- sivement I'invention et le perfectionnement de la lithontriptique. (Commissairesnommes pourle memoiredeM. Civiale.) — M. Dacier PARIS. 3a? adresse h I'Acadomie irn supplement au in^moire de M. Beltn de LA Reai,, sur les moyens de conserver I'eau douce dans les bStimens en mer. (MM. Thenard et de Rossel , commissaires.) — MM. Sar- METAiNE, Fi,ORY et Remonet , docteurs en medecine a Marseille, expriment , dans une lettre adressee a l' Academic, I'intention de se reunir a MM. Costa , Lassis et Lasserue , et de se soumettre a toutes les epreuves qui auront pour objet d'eclairer par des obser- vations la question de la non-contagion ou de la contagion de la fifevre jaune. (Commissaires precedemment nommes.) — M. Amussat declare par ecrit qu'il a annonc^ avant M. Civiale la possibilite de sonder avec des algalics tout-a-fait droites , et de construire des instru- mens vraiment efficaces pour detruire des pierres dans la vessie. (Commissaires nommes pour le memoire de M. Civiale.)^ M. TuR- BAS , p6re, exprime dans une lettre adressee a I'Academie le des- sein de secourir les incendies de la villa de Salins , en procu- rant un grand nombre de couvre pieds d'un prix trcs-niodique. — M. le capitaine du genie Vene adresse un memoire sur les fonctions circulaires , qui a pour objet de completer le theoreme de Moivre et de ramener a ce theoreme les forraules ordinaires relatives a ce genre de fonctions. (MM. Lacroix et Cauchy , commissaires. ) — M. Ma- gendie presente , de la part de M. Poui-tK , docteur en medecine, re- sidant a SantaF-e-de-Bogota , une note sur quelques faits relatifs a I'histoire des goitres. M. Magendie , qui vient de parcourir !es Py- renees, a remarque que le goiire est moins frequent qu'aufre'bls. II pense qu'on pent I'altribuer a ramelioration de la condition des ha- bitans, a I'accroissement de la richesse, a Textension de la culture des cereales, a la meilleure construction des maisons. M. Magendie a vainement cherclie a decouvrir un cretin dans les points ou M. Ra- mond les indique en grand nombre. Cette disparition du cretinisme peut etre attribiiee aux menies causes que la diminution du goitre. — M. MoNGEz annonce a ce sujet que feu M. Fabroni lui a dit plu- sieurs fois que, dans les Pyrenees , il n'avait observe des goitres que dans les vallees foimeespar des roches niagnesiennes , et qu'il n'en avait jamais observe dans les vallees a roches granitiques. — MM. Le- gendre et Cauchy font un rapport sur un memoire de M. Berard, dans lequel I'auteur se j)ropo.se de prouver la verite du seul theo- reme de Fermat dont la demonstration n'ait point encore ete donnee ; savoir : « qu'il est impossible de trouver une puissance du degre m equivalente a la somme de deux puissances du nic^me degre, toutes 3a/i FRANCE. les fois que m siirpasse a. II resulte tin rapport que le thcorfnie reste encore a deniontrcr. ( Appro uve.) Dit 12. — M. Blanc adresse iin niciiioirc sur un mouvement liydraulique de son invention. (MM. de Prony ct Girard Texami- neront.) — M. Durvii.le presente un inemoire niauuscrit sur la Floie des iles Malouines, (MM. Desfontaines et Mirbel sont charges de rexaniiner.) — M. Polin , receveur des douanes a Juvigny (Meuse), adresse une pr^tendue quadrature de cercle. — Une lettre de M. Gi- RAULT, de I'AUier , sur les mortiers hydrauliques , est renvoyee a I'exanien de MM. Prony et Girard. — M. Ampeke communique de nouvelles experiences electro-dynamiques qui ont pour otjet : i" de donner la description d'une nouvelle experience et de I'appareil qu'il a fait construire pour donner a cette experience toute la pre- cision possible ; elle sert a etablir la relation qui existe entre les deux coefficiens de la formule qui donne la valeur de la force electro- dynamique d'une maniere plus simple et plus rigoureuse que celle qu' a suivie M. Amp6re dans son memoire du i8 juin 1822 ; — 2° de deduire de cette formule plusleurs nouveaux resultats, tels que la valeur de i'action mutuelle de deux conducteurs paralleles; celle dn mouvement de rotation imprime par un conducteur rectiligne a un autre conducteur rectiligne pour faire tourner celui-ci autour du point d'intersection de leurs directions et la valeur de la force qui tend a faire marcher une portion du conducteur volta'ique d'une forire quelconque parallt'lement a un conducteur rectiligne dont cette force emane. — MM.Maihieu et Lacroix rendent un compte verbal de la mappe-monde de IM.Lowry, graveura Londres. — MM. Desfontaines et Labillardiere font un rapport sur le memoire deM. Adricn de Tus- siEU , concernant la famille des Rutac6es (dans laquelle se trouvent des plantes inedicinales telles quelegayac, la rue, lezanthoxylum , le cusparia Jebrifiiga , dont I'ecorce est connue des pharmacieus sous le nom d'arigiisciira , etc ; et des plantes d'agrement , telles que la fraxi- nelle, plusieurs dnsina du Cap, etc.). — Le rapporteur pense que ce memoire , qui renfcrme un tres-grand nombre d'observatioiis nou- velles, n'est pas moins important que celui que M. A. de Jussieu a presente I'annee derni^re sur la famille des Enphorbecs , et qu'il me- rite 6galement d'etre imprime dans le recueil des Savans etrangers. (Approuve.) — M. Geoffroy-St.-Hilaire commence la lecture d'un vnemoire intitule : Sur les ^tres des degres intermediaires de Techelle animale , qui respirent dans I'air et sous I'eau , et qui ont a cet effet , dans ini medium de developpenienl , des organes respiratoires des PARIS. 325 deux sortes. II presente un individu de I'esp^ce du Birgns LaCro , dans lequel il y a , outre les branchies , des organes que M. Geoffroy regarde comma des ponmons. — Du 19. — Le ministre de I'Interieur renvoie a rexameii de I'A- cadeiuie une horloge economique de rinvention de M. Vernier. — La section de physique fait un rapport relatif au paratonnerre qui doit etre eleve sur la cathedrale de Melz. En resume, la sectiou pense , 1° que les difficultes signalees par M. le prefet de la Moselle ne peuvent s'opposer a retablissement d'un paratonnerre sur la fleche de la cathedrale de Metz ; 2° que ce paratonnerre bien construit n'exposera p.is la tour elle-meme, non plus que les autres parties de I'eglise , a des accideus dus a la seule presence des conducteurs ; 3° que la fleche etant ainsi armee pourra defendre la plus courte partie de la nef situee d'un cote des tours. Mais vu la masse enoime do I'autre partie, encore bien qu'elle n'excfede pas la longueur du rayon d'efficaciie que devrait posseder , d'apres I'estimation ordinaire , le paratonnerre situe sur la tour , la prudence commande d'en placer un second sur la toiturede cette partie. (Ap[)rouv6.) — M. Geoffroy- ST.-Hri,AiRE lit un memoire intitule : D'un organe respiratoire aerien (poumon) , ajoute dans les crustaces a I'organe respiratoire aqua- *ique (branchies); de I'isolement et de la situation respective de ces deux organes dans le liirgiis-Latro, point de depart des observa- tions ; enfin du volume que prend le poumon des crustaces , lequel devient , savoir : plus considerable quand la carapace presente une plus grande capacite en largeur ( chez les cancer ou crabes); beau- coup plus restreint avec moins d'espace de la carapace lateralemeut (chez les astacus ou ecrevisses) , et nul en cas d'une extr^mite sur les flancs de Tenveloppe solide , chez les gramrnarus ou crevettes. — M. FouLHious lit un memoire sur une lol a laquelle se conferment les arteres et les nerfs dans leurs rapports respeclifs. ( MM. Portal et Dupuytren , commissaires. ) — M. Costa lit un memoire sur le typhus epidemique qui a ravage la commune de St.-Laurent-dcs-Ar- dens et ses environs , pendant six mois de iSaS. (MM. Chaussier et Magendie , comtnissaires.) — Un memoire sur la composition de nou- veaux mortiers hydrauliques , par M. Girard , est reuvoye a I'exa- n^en de MM. Girard at Navier. — M. Boscart presente un instru- ment dont il avait deja soumis la description a I'Academie, et que depuis il a fait executer. ( MM. Mathieu et Damoiseau, commissaires.) Dri 20. — M. de Rossel fait nn rapport verbal au sujet de I'ou- vrage de M. O'HitR he Grakuphe, intitule : Abrege eleinentaire tie 3a6 FRANCE. geographie physique. — M.GEorFiioY-ST.-HiL.viuEmet sous les yeux de I'Acad^mie plusieurs individus vivans du crabe vulgaire , ie ino- na^, et expose verhalemeiit plusicurs rcsultats de ses reclierclies. II aniioncc ensuite, par une note , qu'il preseiite cet animal pour nion- trer et faire entendre Ie jeu des parties qui respirent I'air elastique en nature. Lorsque les appendices nombieux situes au-devanl de la bouclie sent en repos et reunis en une seule masse , la bouche est close et la respiration suspendue. Si , au contraire , ces appendices entrent en mouvement et s'ecartent , I'air de ratmo?pli^re p(5n6tre dans une cavite qui existe au-dedans de la carapace et en dehors de I'appareil pharyngien. Le fond de celte cavite est occupij par plusieurs lames cartilagineuses qui dependent des appendices nom- mes pattes , machoires , places au-devant d'une capsule osseuse , et attachees a leur gangue par un de leurs bords. Ces lames se meuvent comme sur une charniere, et constituent une veritable soupape, qui laisse arriver mals non soriir I'air. En cffet, a cliaque expira- tion , c'est-a-dire dans chacun des momens que le thorax , rap- proche de la carapace, s'emploie ainsi a comprimer et a pousser sur les vaisseaux sanguins , et enfin a faire evacuer I'air qui avait gonfle le poumon , I'ensemble des lames est vivement rejete du cote de la capsule et y vient i)attrc de la meme maniere que le balancier d'une montre. En m^^iue terns, ces lames transmettent le mouvement a des parties correspondantes , appartenant a I'appendice et sui- vent leur mouvement. Ces parties le communiquent a leur flagre, qui est tr^s-iong , et qui, reflecbi en dedans de la carapace, s'etend sur tout le travers des branchies. L'effet definitif de ces mouvemens est de faire osciller Ie long flagre situe sous le poumon etau-dessus des branchies , et d'ouvrir a I'air expire une issue dans la cavite des bran- chies, et sa sortie parl'ouverture brancliiale. — M. Geoffroy a aussi presente un autre crabe, le poiipart ou tourteau, afin de mettre sous les yeux un poumon volumineux rempli d'air, et ce poumon ayant ete perce sous I'eau , on a apercu distinctement ies globules d'eau qui s'en sont ccliappes. — Une commission avait ete nomraee pour examiner divers memoires presentes par MM. Cost.\ , Lasserre et Lassis , docteurs en medecine, et qui avaient pour objet de discuter etd'e- clairer par des experiences , la question de la contagion ou de la non-contagion de la fifevre jaune , M. Dufuytren donne lecture de la premiere partie de ce rapport. Lescommissaires sont MM. Portal, Dumeril, Chaussier et Dupuytrcn. — M. Civiale lit une seconde PARIS. 327 p^irlie de sou tnemoire sur rinventiori et I'einploi tie I'instruinent ap- pele Ikhontripteur, qui seit a briser \a pierre dans la vessie, A, MlCHEiOT. — Acadcmie des Ijeaiix- Arts. — Seance piihUqiie dii ler octobre iSaS. — Avant la distribution des prix remportes par les eleves des di- veises sections de TEcole des Beaux-Arts, MM. Quatrem^re deQuincy et M. Gamier ont lu , le premier, une notice sur I'illustre Girodet , (voy. Rev. Enc, t.xxv, p. 336-349, la Notice Ae M. P. A. Coupin, sur ce grand peinire ); le second, un rapport , dans lequel il a apprecie avec beaucoup de gout les divers ouvrages envoyes par les pension- naires francais a Rome, et qui depuis ont ete exposes au public. Les prix ont ete decernes dans I'ordre suivant : — l° Grands prix de peinture. — Suiet du concours : Antigone saisie paries soldats de Creon. au moment ou elle veut rendre a son fr^re Polynice les devoirs de la sepulture. — i"^ Grand prix : M. Norbjlin (Sebastien-Louis JFilhem ) ne a Varsovie , dge de 29 ans et demi , eleve de M. Regnault. — Se- cond grand prix : M.Bezard [Jean-Louis ) de Toulouse, Eige de aS ans el^ve de MM. Guerin et Picot. — 2° Grands prix de sculpture. — Sujet du concours : Le supplice de Promcthee. L' Academic ayant juge qu'il n'y avail pas lieu a donner le i"'' grand prix, a accorde le second a M. Lanno ( Francois'Gaspard-Aime) de Rennes , &ge de 26 ans et demi , elive de M. Cai tellier. — 3° Grands prix d' architecture. — Sujet du concours : Unh6tel de ville. Premier grand prix : M. Due [Joseph- Louis) de Paris, ^ge de 28 ans, eleve de M. Chatillon. — Second grand prix: M. Tkiks [ Auguste-Frederic-Felix) de Strasbourg , ^ge de a5 ans, eleve de M. Huyot. Une mention honorable a ete ac- cordee a M. Dommey ( Etienne-Theodore ) ne a Barnbeck ( Basse- Saxe), tige de 24 ans et demi, eleve de MM. Vaudoyer et Lebas. — 4° Concours de paysage historique. — Sujet du concours : La Chasse du Sanglier de Calydon. Premier grand prix: M. Giroux ( Andre) de Paris , age de a4 ans et demi , eleve de son pere. — Second prix : M. Brascassat {Jacques) de Bordeaux, Age de 21 ans, eleve de MM. Richard et Hersent. — Autre second prix : M. Gibert (Jean- Baptisie), ne a la Guadeloupe, Sge de 23 ans, elfeve de M. Le Thierre. — 5° Grand prix de composition musicale : M. Guihon ( Al~ bert), elfeve de M. Berton , et pour le contrepoint, de M. Fetis. — Second prix : M. Paris, ( Claude - Joseph) , eleve de M. Le Sueur. — Autre second prix : M. A.d\m [ Adolphe-Charles-Adam) , ^leve de M. Bo'ieldieu et Reicha. — M. Lepreux (Felix-Louis) , architecte > eleve dc MM. Peyre , Vaudoyer et Lebas, a, obtenu la grande me" 3^8 FRANCE. daille d'emulatioii, dito autrefois prix departetr.enial. — La seance a ete terminee par I'ex^cutiou de la sc^iie qui a remporte le premier prix de composition musicale. — Les observations stiivantes sur les travaux pr^sentes aux -divers ccjncours pour les grands prix, nous sont coraniuniqiiees par un de nos collaborateurs, artiste distingue. Les ouvrages des laureats , exposes pendant plusieurs jours, ont du jirouver a ceux qui ne forment pas leur opinion d'apres quelques articles de journaux, que les etudes n'ont pas degenere de ce qu'elles etaient ily a ra ou i5 ans, lorsque notre ecole n'avait encore a re- gretter aucun des grands artistes a qui Ton attribue la plus heureuse influence sur I'enseignement.— Pour s'en convaincre, il sufiirait d'en- trerdans lessalles d'etudes ou sont places les tableaux des cleves qui ont remporte les grands prix : on en trouverait plusieurs inferieurs a celai qu'on a couronn^ cette annee. — II serait a d^sirer qu'a I'ave- nir on put avoir dans la salle d'exposition les tableaux des dix derniers ^concours : Alors , ceux qui trouvent que tout va de mal en pire , parce qu'ils sont biases ou par quelqu'autre motif, auraient de la peine a nous faire partager leur opinion. — Le jugeraent s^vfereporte sur le concours de sculpture , prouve assez que 1' Academic veille a ce que les etudes ne degen^rent point. Peut-<;tre le defaut de succ^s des concurrens, dont plusieurs ont deja obtenu des seconds prix, ne vient que de la difficulte du sujet qu'ils avaienl a traiter. — Le ta- bleau de M. Norblin est remarquable par une composition bien or- donnee sous le rapport pitforesque et dont la pantomime est claire- ment exprimee. L' attitude de TAntigone n'est pas ce que devait &tre celle d'une femme qui en remplissant un devoir de piete ne pouvait ignorer a quoi elle s'exposait. — L'Autigone du tableau, de M. Bezard est oil ne peut pas mieux pensee; on devine qu'elle s'est devouee, et qu'elle ne veut qu'achever sa libation et sa prifere. S'il faut louer les idees heureuses , il faut excuser les faufes que les eleves pen- Tent commettre dansja pensee d'un tableau, parce que la disposition doit en ^tre arr^tee dans I'espare d'un jour seulement. On ne doit les jnger que sur I'execution. — Les architectes ont 24 heures pour arreter, d'une maniere positive, la place, la coupe et I'elevation de I'edifice qui leur est demande. Y a-t-il beaucoup d'architectesparmi nos plus habiles professeurs qui oseraient improviser en 24 heures un hotel de yille ?' M. * Ecole rnjnle des Jeunes de laiig.its. — Nomination. — M. Agoub , nienibre du conseil de la Societe Asiatiijue , et I'un des collaborateurs de la Revue Encjclopcdique , vient d'etre norame professeur de langue PARIS. 329 arabe a TEcole royale des Jeunes de laiigues (college Louis-le-Grand). La conaaissance parfaite des deux langues , arabe et francaise , que possede ce jeuiie et savant litterateur , sont uu siir garant de I'excel- lence des lecons que vont recevoir ses el^ves. Poete distingue par plusieurs productions qui ont obtenu d'unanimes suffrages , il n'aura pas de peine a leur faire appr^cier et a leur faire aimer une langue qui semble creee pour la poesie , et dont les fictions ingenieuses, en se naturalisant parmi les peuples modernes, sont devenues un des plus beaux ornemens de leurs litteratures. E, H. Theatre fraucais. — i" representation de Lord Davenant , drame en quatre actes et en prose ( samedi 8 octobre ). C'est un jour de fete dans la famille de lord Davenant; on s'apprete a y celebrer I'anniver- saire de la naissance d'uneepouse qu'il adore, et la joie y regnerait sans melange, si elle n'etait troublee par la profonde tristesse a la- quelle lord Davenant est en proie , et qu'il veul en vain dissimuler a sa famille. Sa jeune epouse , sir Charles , son fils, ne d'une premiere femme que la mort lui a enlevee depuis long-tems , sir Henri, son meilleurami, etle bonhomme Paget , vieux domestique qui I'a elevc; tout le monde s'inquiete de cette fafale melancolie, sans en pouvoir penetrer la cause. Au moment oil la fete va commencer , on remet a lord Davenant, une lettre du capitaine Dormer; ce nom fait fris- sonner Davenant, qui s'etonne d'apprendre que le capitaine est a Londres; il y vient soUiciter le grade de contre-amiral , et Davenant qui, en sa qualite de premier lord de Taniiraute , I'a deja protege, se h^te d'aller a la cour pour lui oblenir le grade qu'il sollicite et le commaudenient d'une expedition qui va partir. Le tems presse , un quart d'heure de perdu suffit pour oter tout espoir de succes , et lord Davenant, n'ayant pas sa voiture prete , prend celle de son ami sir Henri, qui est justeraent dans la cour de I'liotel. II part en toute hate , et lady Davenant passe dans les salons pour y recevoir les couvies qui arrlvent. Voila tout le premier acte : il peut faire desirer les aulres ; mais il est vide et froid. — A I'ouvertuie du second acte, ou apprend que la f^te a etc troublee par un accident dont on ignore la cause , mais dont on redoute les suites. Lord Davenant est rentre dans un etat deplorable ; saisi d'un acces de la noire maladie qui le devore, il se livre au plus violent desespoir ; il eloigne toute sa fa- mille ; sir Henri est la seule personne qu'il veuille recevoir; son coeur bourrele de remords a besoin de s'ouvrir, et c'est a son ami qu'il va faire le terrible aveu de ses tourmens. II v a quelques annees , lord 33o FRA-NCE. , Davenant recut de son gouvernement I'oidre de se rendre secrete- ment en Amcrique , sous le nom de Sander ; sa mission termiuee, it lui fut enjoint de revenir en Angleterre, en faisant courir le hrnit de la mort de Sander, pour cffacer a jamais toute trace de la mission mysterieuse dont il avait ete charge. Davenant se conforma ponc- tuellement a cet ordre ; niais, pendant son sejour en Amerlque , 11 etait devenu amoureux de miss Cecilia , soeur du capitaine Dormer , alors employe dans I'lnde. II avait cpouse cette jeune orpheline , et , ne pouvant lui reveler le secret de I'etat , il etait parti sans elle, avec I'intention de la faire venir plus tard en Angleterre. Cependant , Cecilia , Irompee par le faux bruit de la raort de Sander, s'6tait re- ugiee dans une retraite inconnue , et diverses circonstances assez frivoles persuad^rent a lord Davenant qu'elle n'avait pas survecu a leur separation. Devenu eperdument amoureux de I'herititTe de la maison de Beaufort , presse a la fois par I'amour et par I'ambition , cedant aux vceux du roi qui desirait cette union, enivre de la ten- dressede la belle Jenny Beaufort, et de I'orgueil de se voir preferer a tous ses rivaux, lord Davenant I'epouse; et il serait le plus heureux des hommes, si le souvenir de Cecilia, dont il n'ignore plus I'existence, ne venait dechirer son coeur. Cejour meme, au moment oii ilrevenait de I'amiraute , un embarras de voiture le force a s'arrdter; tout a coup , un cri part d'une fenetre , il regarde et il voit une femme qui tombe evanouie, en designant du doigt la voiture ou il se trouve; cette femme, c'etait Cecilia. Sir Henri n'excuse point son ami , mais ne *'abandonne pas a son desespoir : vous n'etes point reconnu , lui dit-il ; mes armes et ma livree atiireront sur moi les premiers soup- cons; profitez de cet heureux liasard, quittez I'Angleterre, tandis que vos amis s'efforceront d'apaiser cette mallieureuse affaire , et cachez bien un secret d'oii depend I'honneur de votre famille. Sir Henri s'eloigne ; lady Davenant s'empresse de consoler une douleur dont elle cherclie vainement a penetrer le motif; elle pense que lebonheur d'un Cls qu'il aime fera surl'ame deson cpoux une heureuse diversion; sir Charles lui a confie le secret d'un amour digne de lui , et elle s'est chargee d'obtenir I'aveu deson pere. Mais sir Charles, qui entre, la supplie de garder le silence, il vient d'apprendre une funesle nouvelle, et il n'ose la reveler a son pfere. Lord Davenant s'ahandonne a I'effusion de sa tendresse pafernelle; il ne vit plus que pour son fils, il veut a tout prix faire son bonheur, et pr^t a lever tous les obstacles qui pourraient s'opposer a son union , il lui dcmande le nom de celle qu'il aime. Mais, que devient-il, quand le nom de PARIS. 3U Cecilia Dormer s'^chappe de la bouche de sir Charles ? Frappe comme d'uii coup de foudre, il ordonne a son lils d'oublier a jamais cette femme. L'cmportement subit de lord Davenant etonne peu sir Charles. — « Vous savez, sans dcute, dit-il a son pere, que celte in- fortunee a ete trompee par un miserable qui I'a epousee et qui a disparu ; mais elle n'en est pas moins digne de moi; elle n'appartient plus a Sander, et Sander appartient a la loi ; il est a Londres, je le trouverai et il ne mourra que de ma main. » — Cette scene violente finit le second acte. — Au troisieme , Dormer, prcs de partir pour Texpedition qui lui est confiee, vient remercler lord Davenant; et craignant de laisser sans appui sa sceur etrangere a Londres , il le supplie de la recueillir chez lui jusqu'a son retour. En ce moment, arrive precipitamment sir Charles, annoncant a son pfere que Sander est dans son hotel : c'est sir Henri que Ton- prend pour Sander. Comme on I'avait prevu , ; sir Charles le provoque ; mais son ■phre lui impose silence; il sort alors , et revient presqu'aussitot , amenant Cecilia Dormer, qui reconnait lord Davenant. Lady Davenant ve- nait d'entrer, atliree par le bruit; on se figure la terrible situation de chaque personnage : ce tableau termine le 3" acte , et la toile tombe. Elle pourrait nese plus relever, car on a bien peu de chose a apprendre dans I'acte suivant. On y parle d'un voyage de lord Davenant , qui doit quitter TAngleterre, accompagne de sir Henri ; au moment ou il fait ses adieux a ses deux femmes , et recoit leur pardon , un officier lui apporte , de la part du roi , les insignes de I'ordre de la jarretiere; lord Davenant les refuse et remet a I'officier une cassette dans laquelle il a renferme tons les ordres dont il est decore, et il le charge de dire au roi que lord Davenant est perdu pour I'Angleterre ; il remet son testament a son fils et rentre dans son cabinet. Sir Charles se dispose a le suivre; mais a peine il est surla porte du cabinet, qu'il voit son p^re saisir ses armes et s'en frapper. On ne saurait discohvenir qu'il n'y ait dans cet ouvrage un vif interet pour le spectateur qui se laisse entrainer , sans examen , a I'impression que veut produire un auteur dramatique ; mais , lorsque le spectateur se change en critique , et cherche avec les yeux de la raison , les moyens dont on s'est servi pour I'attendrir , il reconnait qu'un pared sujet etait peu digne d'etre offert sur le premier thecltre de la nation ; que le crime dont lord Davenant s'est rendu coupable, est justiciable du jury plus que du parterre, et que des situations terribles et pathetiques sout peut-etre trop achetees par de sembla- bles moyens. Ensuite , considerant la piece sous d'autres rapports, 332 FRANCE. ii s'apercoit que Ics evenemens d'avant-scoiiesont peniblenient echaf - faudes , et que , d('s que Ton connnit le nocud dc la piece , on n'v voit poiut de denouement possible , ce qui diniinue necessairenieut I'in- teret. Toutefois , nous I'a.vons dit , et nous le repetons, cet intcr^t est encore assez vif, gr;\ce a I'adresse avec laquelle sont amenees plusieurs situations , et a la couibinaison , par biquelle la fenime , abandonnee de lord Daveuant , se trouve 6tre I'objet de la passion de son fils. Le succes de ce drame n'a pas ete conteste; niais il pour- rait bien n'etre pasde longueduree. Sur une autre sc^ne,cette pi^ce aurait eu un succes de vogue. Les deux auteurs ont juge leur ou- vrage avec plus de severite que le public ; ils ont pense , en liommes de goul , qu'il ajouterait peu aux litres litteraires qu'ils ont quelque- fois plus legitimement obtenus , et ils ont refuse leur noin au par- terre qui le demnndait. Beaux -Arts. — Peinture. — M. Gerard et M""* Jaquotot. — Lorsqu'uu peintre emprunte un sujel a un ecrivain , et qu'il sail lui donner le caractere qui lui est propre, il double le plaisir du speclateur ; car , en m^me terns qu'il reveille ses souvenirs ,il leur donne ur.e forme qui ne pourra plus s'effacer de sa pensee. C'est ainsi qu'en vojant le tableau dans lequel M. Gerard a represente Corinne improvisant au cap Misene , il est impossible de ne pas sc rappeler les pages eloquentes de M""* de Stael. — La melancolie qui se ni^le a cette sorte d'exaltation , I'lnspiration, que revelent les yeux de Corinne leves vers le ciel; son teint , la couleur de ses cheveux , tout retrace de la manifere la plus complete , le personnage sur lequel M"'<' de Stael a su repandre tant d'interet ; et si , pour un moment , je suppose qu'elle ait voulu rcpresenter allegoriquement ritalie, je retrouve dans Fadmlrable creation du peintre ce qui donne tant d'attraits a la belie Ausonie. — Le succes de ce tableau a force M. Gerard a en faire plusieurs repetitions qui presentent des cliangeniens notables. Ainsi, dans celle qu'il a executee pour M. de Talleyrand, il n'a mis que la figure de Corinne. M""' iit- quotot, qui eraploie maintenant son grand talent a procurer auxprin- cipaux ouvrages de nos peintres modtrnes une duree sans limites et sans alteration, a reproduil , sur porcelaine, la belle figure dt Corinne possedce par M. de Talleyrand. Rieu d'ailleurs n'est change dans la disposition du tableau : l.i nier , le Vesuve et la cote de Sorrente forment les plans. eloigncs et terminent I'borizon ; le ciel .innonce le declin du jour; et , si les personnages que le peintre avait introduits dans sa preniieie composition ont disparu , I'interdt qu'inspirait la figure de Corinne s'en est , pour ainsi dire , accru. PARIS. 333 II est difficile d'iinaginer I'habilele avec laquelle M^c Jaquolot a re- produit cet ouvrage; il faut feliciter M. Gerard d'avoir trouTe un semblable interprete; lui-m^me en n temoign^ sa satisfaction avec une vivacite qui prouve comblen il met de prix a penser que deux de ses principaux tableaux : sa Psjche et sa Corinne passeront a la pos- terite la plus reculee , sans que le terns ait rien diminue de leur m^- I'ite, ni de leur charme , ni menie de leur eclat. Pendant leur sejour a Paris , S. M. le roi de Prusse et le jirince royal sont venus succes- sivement visiter I'atelier de M^^ Jaqnotot , et lui ont exprime leur etonnement et leur admiration a la vue de cette nouvelle production et des autres cliefs-d'oeuvre dus a son pinceau. P. A. LiTHOGRiPHiE. — Portrait de Benth am ; par Mademoiselle Aimee Pages. — Le celebre publiciste et philanthrope Jeremie Benth am, que nous avons possede dernierement pendant quelques jours a Paris, ou il a recu I'accueil que meritaient son noble caractere, ses profondes connaissances , $a reputation plus qu'europeenne , et les importans services qu'il a rendus a I'humanit^, est le veritable Franklin de notre epoque, par la simpliclte et la bonhomie de ses mani^res , comme par la direction philosophique et morale de ses ouvrages , et mcme par la nature de son esprit. — Deux jeimes artistes ont voulu conserver son image a la France. M. David, qui est deja I'un de nos sculpteurs les plus distingues, a fait le buste tres-ressemblant de Je- remie Bentham. Comme ce buste n'est pas encore sorti de I'atelier de I'artiste, ni entierement termine, nous devons aujourd'hui nous bor- ner a une simple mention de ce bel ouvrage. — M'li" /iimce Pages, el6ve d'un de nos habiles peinlres, M. Meynier, de I'lnstitut , et deja fort avantageusement connue par de charmans tableaux de genre ex- poses au dernier Salon ,et par sa Uthographie d'Ali Pacha (voy. Revue Encjc. , t XXVII , pag. 3oi ), vient de faire un portrait a I'huile de M. Bentham, pour leque! il lui avait obligeamment accorde quelques seances. L'execution de ce portrait est large, facile et d'un fini agrea- ble ; on y retrouve le calme , la bonte , la jeunesse de I'ame , une sorte d'eclair d'un genie bienfaisnnt , qui sont les caracteres dislinctifs de la physionomiede Bentham. On airoe a voir une jeunefrancaise, dout le beau talent donne deja les plus douces esperances, consacrer son pinceau a fixer sur une toile vivante les traits d'un vieillard respecta- ble, qu! n'est pas seulement un illustre Anglais, maisqui appartient au monde entier par ses ouvrages et par I'influence morale qu'ils ont exercee et qu'ils doivent exercer long-tems encore sur I'amelioration de la condition des individus et des societes. Le portrait du Franklin 334 FRANCE.— PARIS. moderne vient d'etre lithcgraphie par M"'-' Pag^s elle-in(?me. II sc vend, a Paris , chez M'"'' veuve Lenoir, marchande d'estampes , quai Malaquais, no 5. Prix ,3 fr. ; et sur papier de Chine, 5 fr. M. A. J. Necrologie. — Lacepede. — Les sciences ont fait une perte bien douloureiise et difficile a reparer : I'ami de Buffon, le continuateur des immortels ouvrages de ce grand peintre de la nature , le conite DE Lacepede a succombe a Tepidemie variolique dont les ravages on' effraye cette annee lacapitale. Ne le i6 decembre lySG, a Agen , I'e- tude fit les delices de son adolescence , et il avait deja compose deux ouvrages, lorsqu'il vint a Paris, a I'Age de ai ans. Buffon s'enipara du jeune savant , au profit de I'lilstoire naturelle : ce choix honorable fut bieutot justiCe , lorsque Lacepede publia successivement V Histoire naturelle des Cetaces, celle des Quadriipcdcs o\>lpares , et celle t^C5 Pois- sons. — Mais nos lecteurs attendent de nous une Notice etendue sur un honime dont la renommeeet les ouvrages appartiennent aujourd'hui a tout le nionde civilise : nous la publierons , lorsque nous aurons pu faire I'anaiyse de plus de quarante ans de travaux scienlifiques. Pour louer dignement les grands services rendus a I'esprit humain, il faut en faire connaitre I'importance, les rechercbes qu'ils ont exigees, les difficultes qui ont ete vaincues, et I'influence qu'ils ont exercee sur les progrfes des connaissances. Les coUaborateurs de la Rame Eiicjclopediqiie n'oublieront point que rillustre Lace])ede voulut prendre part a leurs travaux , et consacrer a ce recueil quelques-uns de ses trop rares inomens de loisir. Les arii- cles qu'il y a fait inserer altestent I'intei-^t qu'il prenait a un ouvrage destine a la propagation de toules les verites et de toutes les pens^es utiles , au perfectionnement des moycns de rechercbes et de decou- TCrtes. Prives maintenant de son secours et de ses conseils , nous conserverons soigneuseinent ses traditions , ses vues sur I'etude et la science de la nature, et nous nous aftacberons a les suivre dans tout ce qui fut I'objet de ses inedit.itions. MM. Chaptal, Geoffroy Saint-Hilaire, Dumeril et Virey ont pro- nonce sur la tombe de rami et du successeur de Buffon , au nom de I'Acadeniie des sciences , du Museum d'histoire naturelle , de la Section d'anatomie, et de I'Acadeniie de medecine, des discours oii respiraient tour a tour une noble simplicite , une sensibilite vraie et une juste ap. preciation du nierite. F- TABLE DES ARTICLES , CONTENUS DANS LE QUATRE-VINGT-DEUXIEME CAHIEK. OCTOBRE 1825. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. r. Observations sur rintroductlon d'une arme nouvelle dans la murine francaise Paixhans. 5 2. Contagion de la (jfevrejaune et de la peste.iWorea(iThich are repre- sented all the ConslellalioDS visible in the British Empire. Each Cons- (i) Ce Bulletin Supplemenlaite csl compose d'annonccs fournics par M3I. Ii s Libraires , Auteurs et liJiteurs , et qui ne doivcnt pas etre confondues avec les jugemcDS portes sur les ouvra^es , clans les deux sections des Analyses et du Bulletin liibliograpliii/ue , qui font partie de cbacuu des cahicis de la Re- vue. ' (1) On souscrit a la meir.e adresse pour ce Ecciieil , dont ii parait iin cahier I de quatorze feuilles d'impressiou au moins tous Its muis. PriT , it Paris, 40 fr. Ipuur I'annee ; Jans les ('.cparltmens , ji fr. ; daus les pajs etrangers, 60 fr. (•-') tellation is drawu >\itl» the Figure ascribed to it Jjy the Ancients ; and the Stars are perforated , so as to exhibit , when held up to the light, their natural appearance in the Heavens. The (lards arc accompa- nied ■with a Familiar Treatise on Astronomy, written expressly for this purpose , by J. Aspin ; and il- luslraled with Plates. Literary opinimns of Urania's Mirror. * AMONG the many ingenious and beautiful inveiilions to pro- mote the study of science, and render it as delightful as it is va- luable, we have never seen any thing to surpass this admirable pro- duction. It is stated in ihc title to be •> on a plan perfectly original, designed by a lady ; u and wc are sure that thousands of lier sex , and all the young of both sexes, will repay her with gratitude for the pure and elegant pleasure she has thus prepared forthem. Like almost every interesting discovery, the present is exceedingly simple. It •consists ofa number of large cards, on which are engraved and colou- red the various conslellalions which occupy our northern hemisphere, each containing one or more of those remarkable divisions which ancient astronomers framed to assist the memory , and enable them to describe the po.iilions of the stars. Thus mark(^d out for more distinct elucidation, the new plan is completed by perforating every star in the constellation, in proportion to ils relative magni- tude, and in ils actual place; so that by holding the card up to the light, you perceive, at once, the entire form, the precise situation, aud the character, of those hea- venly bodies which are visible in each constellation. Nothing can be more demonstrative and instruc- ting; while, at the same time, no- thing (as wc have said) can be more ingenious and beautiful. With ibis assistance, any person may become acquainted with the » starry hea- vens, <• or make their youthful friends astronomers, while they are charmed by an amusement, M. As- pin's^T realise is an excellent guide; and we have only to repeat our most cordial encomium upon the whole of this (Ino invention. •> — Literary Gazelle. « Urania's Mirror is an ingenious and useful work. A neat box con- I.Tins thirty-two cards, elc The whole forms a pleasing amuse- ment, and a proGtabile exercise of ingenui I y. No thing, perhaps, is more characteristic of the present age than these helps to the acquirement of knowledge. To borrow a ligure from a great modern discovery in mecanics — a rail-way of amuse- ment is run along the liigh roads of science , upon which the mind tra- vels with smoothness, pleasure, and velocity. » — Examiner. « The figures are very prettily drawn, and the colours are various and pleasing. It will be found a veiy useful and a very amusing present from parents lo their chil- dren these Christmas holidays. We have not . for a long time , seen so entertaining a present to make to youth of both sexes. » — Morning Herald. a Mr. Lcigli , of the Strand , has just pablislu'd one of the most ele- gant and acceptable guides lo as- tronomy, which has ever been laid before llie public. It is called «Um- nia's Mirror; or, a View of the Heavens, » and the plan is perfectly original. In thirty-two large cards are represented all the conslellalions visible in ihe Briti»h Empire. Each constellation is drawn with the fi- gure ascribed lo il by the an(;ienls; and the stars are perfoialed, so as lo exhibit, when held up lo the light , their natural appearance in the heavens. These , with a Fami- liar Trealisc on Astronomy, wiiich accomoanies ihe work, render an acquaintance wUh that sublime science an object of easy atlain- nient, either to the juvenile or the ajdit. » — News. ( 3) • This is anollicr and an iiileres- ling specimen of the extent of amusement and inslriiclion , that may be conuiuinicated by means oi' cards adaptcp to the end in view. Urania's Mirror' consists of lliiily-two cards , on wiilch are re- presented all the conslclbitions vi- sible in the British Empire ; on a ])!an perfectly orif^inal , designed by a Lady; When we ilrst oast our eyes on these cards , v.^ did not perceive one hundredth part of their merit — of their real ulilily. 'J'bey looked to lis merely as so many well- executed (ifjured representations of the couslellalions, coloured with consideral)le taste ; but we soon learnt, from an adverlisement pre- fixed to Mr. Aspin's Treaiise , that not only are the stars represented in their places , but the cards are perforated with holes, aiisweiahle to the comparative magnitudes of ihe stars which compose each cons- tellation; so that, by holding up the card against the light , an accu- rate representation is seen of that portion ol' ihe heavens to which it lelalfs. The idea, which is quite new, is well executed; and the Familiar Treatise on Astronomy, with which it is accompanied, pre- sents m a concise, yet perspicuous manner, a winning , familiar, in- iroduclion to Astronomy, excellen- tly adapted '.o the purpose for which it is inlcnted. Wc cannot close our brief notice of this pro- duction without recommending it to the attention of parents and others engag(Kl in the culture of youthful minds. ^ — Slar. " A singularly ingenious liltlf work has just appeared, called'Ura- iiia's Mirror; or, a View of the Heavens ; This is a most plecising and beautifully adorned display of thcconsttllation-i. Itisaccompanied by an explanalory Trion of the rising gcncralio:). » — Morniny Cliruniclc. « Urania's Mirror, in design, execution , and utility, may be con- sidered a happy eflbrt of taste and genius. By this elegant and inge- nious device, the study of astrono- my is rendered not only familiarand amusing, but a knowledge of this sublime science is communicated at a glance more clfcctually than by a course of lectuies. Urania's Mirror would prove a desirable Christmas present to the youth of bolh sexes. To jiublic seminaries of education, it will be a most valuable acquisi- tion. 1) — fFeekly Glohe. a An eleg.mt work has jusi been published by Mr. Leigh, of the Strand, entitled , Urania's Mirror; or , a View of the Heavens! Ura- nia,s Mirror is not less likely to be a favourite with the pupil than with the teacher — at once encouraging the youthful student in the acqui- rement of astronomical knowledge, and aflbriling useful aid to the la- bours of the inslriictor. » — New Time.i. » The plan upon which instruc- tion in that most sublime of all sciences , astronomy, is here con- veyed, is not merely original, but is entitled to the highest praise for its elegance and ingenuity. » - Brilish Press. " liy means of Ihe new inveii tion , called ' Utnnia's Mirror,' and the judicious and Familiar Treatise on Astronomy, written expressly to accompany it , ihc knowledge of the Iwolve signs of the zodiac, and all the olher constelblions visible in (Jrcat Britain , may be acquired with ease by persons of all ages , Vi ilhoul any other assistance than a celestial globe , VThlrli will now only require an occasional apd mo- mentary glance; wlilIc without the cards called Urania's Mirror, th>i unassisted student must pore over the globe will; disgust. The iniirm and convalescent may now also amuse themselves most agreeably when confined to their chambers j if they can but have a glimpse of thu sky. On the whole, this is .1 ( o bcaulil'ul aud insliiiclivc >vork , I Lo.NOorr : Printed for Sarnuet parliciilai'ly Ciilcnlatfd lorllic risin!; LEir.ii. 18 Strand, generation, i- — Sun. OIJVRAGES FRANg.US. 5a. SYSTEME FLORAL, nu- vratjeiniclityjuopnse par souscrip- aiix li- braires de la Fraucc et de I'etran- PRiMKP.rE n Hirror.YTE tim.ivri) , rue de la Harpe, u" ;!!. Avis kvx amateuks nE la litteratcrk ETRANoiRE. On peut s'adresser a Paris, par rentremise du BtrKEA.ir cestbal i>k L\ Revue Ewcyclopediqub, a MM. Treuttel et Wuhtz, rue de Bourbon, n" 17, qui ont aussi deux maisous de librairie, I'une a Stras- bourg, pour rAllemagiie, et I'autre a Londres ; — a MM. Arxhus Bbbtrand, rueHautefeuille, n" a3; — Renouahd, ruexleTouruon.,n° 6; — LEVRAi)iT,rue des Fosses-M.-le-Prince,n,° 3i,etaStrasbourg; — Bos- s\yGn pere, rue Richelieu, n^Bo; et a Londres pour se procurer les divers ouvrages etrangers, anglais, allemands, italiens, russes, polo- nais,holI^ndais, etc., ainsi que les autres productions de la litterature ^trangere. Le prix de ces ouvrages rendus a Paris sera celui des pays Strangers oil ils se publient, augment^ de 10 pour 100, pour frais de port, droit d'importation et de commission, etc. — La Direction de la Revue EncychpediqiievLdi d'autre but, en publiant cet avis, que de faciliter, par tous les moyens qui resultent de ses publications mensuelles, les communications scientifiques et litteraires entre la France et les pays Strangers. Aux academies et aux sociETES SAVANTES dc tous Ics poys. Les Academies et les Societes savajitbs ex d'iitix.ite publiqub, francaises et ^trangeres, sont invitees a faireparvenirexactement,yra/2C deport, au Direct eur de la Revue Encyclopedi'jue , les comptes rendus de leurs travaux et les programmes des prix qu'elles proposent , afin que la Revue puisse les faire connaitre le plus promptement possible a ses lecteurs. Arrx EDiTEURS d'otivrages et atjx libkaibes. MM, lesediteurs d'ouvrages p^riodiques, firan^aiset etrangtrs, qui d^sireraient echanger leurs recueils avec le notre, peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons a leurs propositions d'^changes , et sur une prompte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et des autres ouvrages nouvellement publics , qu'ils nous auront adresses. Aux EDITKURS DBS RECUEItS P^RIODIQUES EN iKGLBTEHRK. MM. lesediteurs des Recueils periodiques publics en Angleterre sent pries de faire deposer leurs numeros chez M. Degeorgb, correspondant de la Revue Encjchpedique a Londres, H" 20, Berner s street, Oxford gxREEi; M. Degeorgeleur fera remettre, chaque mois , en ^change, les cahiers de la Revue Encjchpidique, pour laquelle on peut aussi sous- crirechezlui.soit pour I'ann^e courante, soit pour se procurer les collections des annees anterieures , de 1819 a I&a4 inclosivement. Libra IRES chcz lesquels on souscrit dans les pays Strangers. Aix-la'Chnpelle, Laruelle fils. Amsterdam, G. Dufour; — Dela- chaud; — Abblnk. Anvers , Ancelle. Aran (Suisse) , Sauerlander. Berlin, Sclilesiuger. Berne , Clias , au cabinet litte- raire ; — Bourgdorfer. Breslait, Th. Koni. Briucelles, Lechailier; — Demat. Bruges, Bogaert; — Dumorlier. Florence, Pialti. Fiiboitrg (Suisse) , Aloise Eggen- dorfer. Francfort-sur-Meiii , Scliaeffer ; — Bronner. Geneve, J.-J. Pasclioud. La Haje, les freres Laugenhuysen. Lausanne , Fischer. Leipsig , Grieshammer ; — G. Zirg^s. Liege , Jalheau , pere Londres, Dulau et Compagnie ; — Treuttel et Wiirtz; — Bossange. Madrid , Dennee ; — Perts. Milan, Giegler; — Vismara. Bocca. J/oico«,Gautier;— lUss,p*reetfils. Naples , Borel ; — Marotta el Wanspandock. Neuchatel (Suisse); Grester. New-Yorh ( Elats-Unis ) , B6rard et Mondon. Nonvelle - Orleans , Jourdan ; — Roche , frtres. Palennc (Sicile), Pedonne et Mu- ratori ; — Bceuf (Ch.). Petersbourg , Saint - Florent ; — Graeff;— Weyher;— Pluchart. Stuttgart et Tubingen , Cotta, Utrecht, Van Schoonhoven. Todi, B. Scalabrini. Turin , BoCca. Varsovie , Glucksberg ; — Za- vadsky. Fienne (Autriche), Gerold ; — Schauinbourg ; — Schalhacber, Lisbonne , Paul Martin. COLONIES. Guadeloupe (Pointe-a-Pitrc), Piolet aine. lle-de-France (Port-Louis) , E. Bardet. Martinique, Thounens, Gaujoux. ON SOUSCRIT A PARIS, An Bureau de hedactiojv, rue u'Ekfer-Saikt-Michel , n" i8, ou doivenl 6tre envoyes , francs de port , les livres , dessins et gra- vures , dont on desire Tannonce , et les Lettres , Memoires , Notices ou Extraits destines a ^tre inseres dans ce Kecueil. Chez Treuttel et Wurtz , rue de Bourbon , n° 17; IIey et Gravier, quai des Augustins, n" 55; Charles Bechet, libraire-coinm. , quai des Augtistins , n" 67; DoNDEY-DuPKE, rue Saint-Louis, n"^ 46, au Marais; et rue Richelieu, n" 67. MoNGiEaine, boulevard Poissonniere, n° 18; Eymery, rue Mazarine, n" 3o ; BoRET, rue Hautefeuille, n" la; BACHBiiER, quai des Augustins, n" 54 ; LEvaArtT, rue des Fosses-3L-le-Prince , n" 3 1 , et i Strasbciurg ; A. Baudouin , rue de .V,augirard, a" 3fi ; Delaunay, Pelicibh, Po^;rHIrtu, au Palais-Royal; Urbain Canel, place Saint-Aiidredes-arcs. A iA Tenxe, Cabinet Litteraire, tenu par M. Gautipb, anciea militaire , Galerie de Bois , n° 197, au Palais-Royal. Nnta. Les ouvragcs aunonccs daus la Revue se trouvcnt aussl chezRoRET , rue Hautefeuille, n" 12. PARIS. - nic dc -DE I.'iMrRIlMlRIE DE RIGNOUX, Fiaiics-ltouiwois S.Miihel , n" 8. i REVUE [^ ENCYCLOPEDIOUS^ ■ ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA trTTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. l" Vonv les Scii'nces physiques et mathemaliques et les Arts industrieis: MM. Ampere, Ch. Dupin, Chaptai., Fourier, GiRARD,NAviER,de I'lnstitut; C. CoQtiEREi:., Ferry, ^FRAifcoEtJR, Le NoRMAifu, A. Michelot, de Mont- GERV, MOREAU DE JOKBES, WARDEN, etC. a" Pour les Sciences naturelles: MM. OEOFFROir-SAHfT-HiLAiRE, de I'lnstitut; BoNAFOns, de Turin; Bory de Saiwt-Vihcekt, Desmarest, V. Aodouik, BROMGIflART fils; Ft-OCREWS, D.-M. ; V. Jacqwemont, etc. 3" ¥oxiiT\ei Sciences medicales ■• MM. Auelon, BAi,L,-y,DAMiROW, G.-T.DoiN, DnrAr, EsQciROt. Georget, MAGENniE, Orfiia.Rigollot fils,D.-M. ,etc. 4° Pour !e.s Sciences pliitosoyhiques et morales , politiques , giographiques el histori^ues .-'M.M. LANJtJiNAis, de I'lustltut ; M. A.JuitrEW, de Paris; Dege- ramdo,At,ex. de laBorbe, del'Iustjtut; Agoub, Amnek, Artattd, Avenei.; Berville, avocat; Babbie nv Bocage, de I'lnstitut; A. Beugnot; Champoi.- i.to»-FjGEAC, corrcspoudant de I'lnstitut; Champollioh jeune, Depping; C'RIVliLtr, iV. DUPRAYER, DuPIIf AlNE, DuFAD, DuVERGIER, GUADET, BOU- ruENE-LEFER,Doi;Bi.ET-DE-BoisTHtBAm,T, A. TAti.i.A»DiER, avocats; Amedt'C Jaobekt ; JoM ARi) , dc I'lnstitut ; Laffow deLadebat, Alex.L ameth , p. Lami, Massias, J. M,\uviei., a. Metral ; Meyer, d'Amsterdam ; Parrnt-Beai., Pouqueville; CIi.Kenouard, avocat; EtisiB£SAi.VER.TE,J.-B.SAY, Sismonde DE SisMONDi, Staffer, Sdeur-Mkri.in. 5* Pour la Litlei ature francaise et etrangire, la Bibliograpliie , V Arckeologie eties Beaux- Arts :MM. Ahdriecx, Amaury-Duvai., Emeric David, Droz, Lemercier, de Segcr, de I'lnstitut; Barbier, ancien couservateur des biblio- theques du Roi ; J.-P. Bres, Ai.ph.Mahcl; Ph. Golbery, de Colmar ; Kirc- RHOFF, D.-M., d'Anvers;M.BrAscHi, Mmc.L. Beli.oc, F.. Hereatt, Henrichs, M.BERR,FEL.B0DlN,BnCH0N,GARRtON-NlSAsCis, CbAIIVET; CHENEDOLLKfils, dc Liege; Fr. Degeorge.Dumersan, Ed. Gauttier,Goepp,Hkiberg,Krafft, V.Leci,erc,Loeve-Veimars, Marron.Mazois; Ch. Mokkard, deLausanne; A.DEMoHTEMOWT;NlCOLO-PoUt.O, PaTIW, PeLLISSIER , PoNGERVIttE, QtlH- TEI.ET, deReiffekberg; DE Sx ASS ART, deBruxclles; Fr.Sai.fi; Schnitzler ; Sghweigh-EUSer fils, de Strasbourg; LioN Thies&e, F. Tissot, Verdier, S. VtscosTi, etc. A PARTS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE, Rue d'Eufer-Saint-Michel, u° i8; ARTHUS BERTRAND , rue Hautefeuille , n" a3 ; Au MusEE KNcycLOPEDiQUE, CHEZ Bossajtge p6re,rue Richelieu, n° 6o; Renouaud, rue de Tournon, n° 6; LONDRES. — Thectxel et Wurtz; Bossange ; Dulau Excojir ; Ghua et RicoKDi, n" a, Albemarle-street, Piccadilly. A'OVF^IHRE 1825. \r\t< }v^Fi4v^ .'H^'^-; ■K/'- AVIS ESSENTIEL AUX SOUSCRIPTEURS. MM. LES SOUSCRIPTBtlRS doitt rABONNEMBNT EXPIRS LE 3 1 DECEMBRE PROCHAIN, SOnt inviteS alc faire RENOTJVELER iNCEssAMMENT, pour quc Ic scrvlcc des envois n'eprouve aucun retard. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Depuis le moisde Janvier 1819, il parait, par annde, douze cahlers de ce Recueil ; chaque cahier , public le 3o du mois , se compose d'en- viron i4 feuilles d'impression , et plus souvent de 16 ou 18. On souscrit a Paris, au Bureau central tfabonnement et d'expidition indiqu4 sur le titre. Prix de la Souscription. A Paris ^Qir. pour un an ; 16 fr. pour six mois. Dans les departemens. 53 So A I'etrangcr 60 34 La diff(6rence enlre le prix d'abonnement, a Paris, dans les departe- mens et dans Vitranger, devant dtre proportionnelle aux frais d'expe- dition par la poste, a servi de base a la fixation definitive port6e ci-dessus. Le montantde la souscription, envoye par la poste, doit ^tre adresse d'avance, paANC de port, ainsi que la correspondance , au Directeur de la Revue Encyclopidique , rue d' Enfer-Saint-Michel , n° 18. C'est a la m^me adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tous genres et le» gravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on d^sirera I'insertlon. On peut aussl souscrire chez les Directeurs des postes et chez les principaux Libraires, k Paris, dans les departemens et dans les pays Strangers. Trois cahiers ou livraisons forment un volume. Chaque volume est termine par une Table des mati^res alpbabetique et analytique, qui ^claircit et facllite les recherches. Cette Table est toujours jointe au 1" cahier du volume suivant, a I'exception de la derni^re Table de I'ann^e, qui est expedite isolement k tons ceux quipeuventy avoir droit. Ou souscrit, seulement k partir de deux epoques du \" Janvier on du I'^fuilletde chaque ann^e, pour six mois, ou pour un an. On trouve, ao bureau cektrax., les collections desannees i8ig, 1810, iKai, iSaa iSsS, 1834 et 182S au prix de 46 francs chaque. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. 1. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. MEMOIRE INEDIT Remis par Louis XIV a V archeveque de Reims Le Telher, siir Vinconduite du marquis de Barbe- siEux , son neveu^ secretaire -d'etat de la guerre, en 1695. En parcourant, au chateau de Fleury, la precieuse Collec- tion de pieces et de manuscrits composes ou rassenibles par le celebre procureur general Joly de Fleury, dans la pre- miere moitie du xviii* siecle (i), j'ai eu le bonheur de decou- (i) Note relative aux Recueils de pieces , de manuscrits rassembles par MM. Joly et Fleury, perc etjils. GuiUaiime - Francois Joly de Fleury , procureur general au par- lement, mort en 1756, digne emule du chancelier d'Aguesseau, a com- pose plusieurs ouvrages qui auraient obtenu autant de succes que ceux de I'illustre chancelier , si I'on eut pu vaincre la modestie de T. xxviii. — Novembre iSaS. 2a 338 MtMOIRE INEDIT vrir un morceau ccril par Louis XIV, et qui ne nous etait conuu que par I'extrait que Voltaire en donne dans le Siccle de Louis XIF, (Voy. 1VV//A de Beaumarciiais, in-8°, t. ii, page 180 ). Voltaire donne a ce morceau le litre de Letlre ; on verra que celui dc Mcmoire est le seul qui lui convienne. II parait que Voltaire, dans la suite de sa lonjjue vie, n'a pu retrouver le manuscrit entier qu'il avait hi dans sa jeunesse; le general de Grimoard a fait aussi d'inutiles recherclies pour decouvrir M. de Fleuiy et le determiner a les livrer A I'inipression. Ses Requi- sitoires, en particulier, sont auiant de traites sur divers points de droit public , de droit administratif , etc. : presque toujours ils sont accom- pagnes des anclennes ordonnances relatives aux memes objets , ou de copies tirees , soit des registres dii parlement , soil du tresor des chartres. Ce recueil, commence eu 1718, et continue jusqu'en 1787, est compose de 400 cartons. On y trouve un grand nombre d'ou- vrages imprimes , ainsi que des extraits des manuscrits les plus rnres et les plus curieux possedes par les plus celebres contemporains : des tables fort bien faites facilitent la recherche des objets qu'il ren- ferme. La charge de tresorier-garde des chartres et papiers de la cou- ronne etant unie a celle de procureur-general , M. Joly de Fleuiy s'est iivre a de longues recherclies sur les anciennes chartres ; il a dresse une notice abregee de tous les registres , et il y a souvent joint des discussions historiques et critiques. A la mort de M. Guillaume-Francois Joly de Fleury , la France retentit d'eloges donnes a son genie , a ses vertus et a ses vastes col- lections. Deux de ses fils ontmarche sur ses traces : M. Jean-Francois Joly de Fleury , intendant de Bourgogne , conseiller d'eiat et directeur general des finances , et M. Omer Joly de Fleury , ancieu avocat general et ancien president du parlement de Paris. Le directeur general des finances a laisse des preuves de ses ]>ro- fondes connaissances en administration. Plusieurs memoires rcdiges par lui sur des questions importantes , des pieces d'un haut intercut DE LOUIS XIV. 339 cette piece , puisqu'il n'a insere , dans son edition des OEuvres de Louis XIV ^ que la pretendue Letire, extraite de I'ouvrage de Voltaire. M'"*' la comtesse Joly de Fleury, M. le comte Joly de Fleu- ry , son fils, et M. le baron Deforges , son gendre , m'ont per- mis de copier le Mcmoire inedit de Louis XIV, pour en faire jouir le public, par la voie de rimpression; sans doute, tons ceux qui le liront penseront avec Voltaire que cette piece , sur les finances de I'Angleterre et de la France se font remarquer dans les 10 cartons qn'il a rassembles. La France n'a point oublie les longs et courageux efforts de M. Omer Joly de Fleury pour preserver la monarchie et I'Eglise des malheurs dont elles etaient meuacees , des le milieu du siecle der- nier; mais on ne connait pas les immenses travaux auxquels il s'est livr^ sur les capltulaires , sur la collection des ordonnances impri- mee au Louvre, sur les ordonnances d'Orleans, de Roussillon, de Moulins et de Blois. Si jamais ces judicieuxmeraoires voient lejour ils montreront, dans M. Omer Joly de Fleury, un magistral dignede succeder a I'Hopital , a d'Aguesseau , et en meme terns a son propre p^re. Cevertueuxmagistratest mort, le 3 fevrier i8io,£ige de gS ans. La collection de pieces et d'ouvrages manuscrits de sa composi- tion, rassemblee parM. Omer Joly de Fleury dans ^& cartons est placee dans le plus bel ordre et merite sous tous les rapports de faire suite a celle de son pfere. Ces deux illuslres magistrals, si profondement verses dans lacon- naissance du droit public de France, n'etaient pas moins remar- quables par le talent de I'eloquence. Le recueil de leurs discours publics , connus sous le nom de Mercuriales , formerait plusieurs volumes in-4«'. II faut joindre a tous ces malcriaux : i°Trois recueils d'ordon- nances en 400 vol. in-40. L'un estrange par ordie clironologique ; les deux autres , par ordre de mati^res. 2" Une collection de 600 volumes in-folio et in-4*' manuscrits , contenant les registres dils Olim, les registres du parlement jusqu'en 1732 ; des extraiis des re- 34o MEMOIRE 1]NED1T quoique ccritcd'un style cxtremement neglige, fait plus tl'hon- neur an caractere tie Louis XIV, que les pensees les plus in- genieuses n'cn auraient fait a son esprit. A l'arCHEVEQUE DE REIMS. « Que la vie que son neveu a faite a Fontainebleau n'est pas soulenable, que le public en a ete scandalise. — Qu'il a passu tons les jours a la cliasse et la iniit en debauche. — Qu'il ne travaille point, qu'il en arrive de grands inconvenicns. — Que scs commis se rehicbent a son exemple. — Que les officiers ne sauraient trouver le terns de lui parler, qu'ils se ruinent pour attendre. « Qu'il est menteur, toujours amoureux, rodant parlout , peu chcz lui; que le nionde croit qu'il ne saurait travailler, le voyant partout ailleurs. « Le retardement des lettrcs de Catalogue. gistres du tresor des charlres en 66 volumes , I'inveutaire general des chartres en 9 volumes ; les memoires de M. Talon en 4 volumes; les memoires sur les generalites avec I'extrait de Boulainvilliers ; la vie du garde des soeaux Marillac, en a volumes, et beaucoup d'au- tres ouvrages imporlans sur la theologre, la jiirisprudeijce , les belles-lettres , mais principalement , sur I'histoire de France, lln volume de cette collection renferme plusJeurs livres de rblstoire de Hollande , ecrits de la main du celtbre Grotius , en latin. Les lettres aiitograpltes dissemin6es dans ces vastes recueils , sont des brefs de papes, des lettres de princes, d'ambassadeurs , de mi- nistres, de gens de lettres , etc. On peut en porter le nombre a trois mille ; la plus importante de ces pieces est la lettre ecrite par Henri IV au gouverneur de Saint-.Tean-de-Losne , le 27 dccembre 1594, sur I'assassinat tente contre sa personne sacree par Jean Clifttel , ccolier des jesnites. Barbier , aiicien ad/ninistraCeur des Bibliotheqnes particiiUeres du Roi. DE LOUIS XIV. 3/, I n Qu'il 86 leve taid, passant la nuit asoupcr en conipagnic, souvent avec les princes. « Qu'il parle et ecrit riidement. « Que, s'il ne change tlu blanc au noir, il n'estpas possible qu'il puisse demeurer dans sa charge. « Qu'il doit bien examiner ce qu'il doit lui eonseiller , Apres avoir su de luy ses sentimens. « Que je serais tres-fache d'etre oblige de faire quelque changement, mais queje ue le pourrais eviter; qu'il n'cst pas possible que les affaires marchent avec une telle inapplication. « Queje souhaite qu'il y remedie, sans queje sois oblige d'y metlre la main. « Qu'il est impossible qu'on ne soit trompe en beaucoup de choses, s'appliquant aussi peu; que cela medoitcouter beau- coup. « Qu'enfin, on nepeut pas plus mal faire qu'il fait, ct que cela n'estpas sou tenable. « Que Ton me reprocherait de souffrir ce qu'il fait, dans un terns corame celui-ci, oii les plus grandes affaires et les plus im- portantes roulent sur lui. « Que je ne pourrais me dispenser de prendre un parti pour le bien de I'etat, et meme pour me disculper ; que je Ten aver- tis, peut-etre trop tard, afin qu'il agisse de la maniere qui con- viendra le plus a sa famille. — Que je les plains tons, et lui en particulier, par I'amitie et I'cstime que j'ai pour lui arche- veque de Reims. » Qu'il donne toute son application a faire voir a son neveu I'abimeoii il se jette et qu'il I'obligea faire ce qui conviendra le plus a tout le monde : que je ne veux point perdre son neveu : que j'ai de I'amitie pour lui, mais que le bien de l'etat MARCHE CHEZ MOI DEVANT TOUTES CHOSES. « Qu'il ne m'estimerait pas, si je n'avais pas ces sentimens. '< Qu'il faut finir de facon ou d'autrc; que je souhaite tpie 34a M^MOIRE IN^DIT DE LOUIS XIV. ce soit en faisant bien son devoir et en s'y appliquant tout-a- fait; mais qii'il ne le pent faire qii'il ne quitte tous les amuse- mens qui Ten > Signe (i) I'Archeveque Ddc de Reims. (l) Charles-Maurice LeTki.LIEK. 3/,i NOTICE SUR L'ETAT ACTUEL DE L'lLE DE LA JAMAIQUE (i). L'Angleterre , si avancee dans I'immense carriere de la civilisation , nous offre souvent des exemples a suivre et des modeles a imiter, surtout dans la direction donnee aux interels industriels et corrimerciaux. Sur ce point, nous pouvons re- ciieiilir dans ce pays une foule de fails qui attestentles progres sans cesse croissans de Tart social. La , une pratique habile a dc'ja rendu vulgaires plusieurs veriles quiailleurs appartiennent encore a des theories contestees. On reconnait speciaiemenl la justesse de cetle reniarque, en portant ses vues sur le systeme des long-tems adopte par I'Ani^leterre a I'egard des colonies. Cette superiorite generalement avouee des Anglais, dans la colonisation et la haute administration des colonies, nous a fait penser que des notices, extraites de documens et d'ou- vrages dignes de foi, sur les principaux points coloniaux oii flotte le pavilion britannique, pourraient avoir quelqiie interet; les modifications que le ministere anglais introduit actuellement dans les lois de navigation et de douanes, et qui doivent avoir pour les deux mondes des resiiltats qu'il n'est pas encore pos- sible de soumettre au calcul , nous paraissent devoir ajouter a ces notices un nouveau degre d'importance. II est, en effet, curieux et utile de fixer le point ou un systeme tout nouveau s'empare des colonies; c'est ainsi qu'on pourra se mettre en etat d'apprecier avec justesse les suites de son application pour la (i) Cette Notice est extraite presque textuellement d'un ouvrage public depuis peu sous ce litre : A View of the past and present state of the island of Jamaica ; with remarks on the moral and physical con- dition of the slaves, etc.; by J Stewart. In-8°. — Tableau de I'^tat ancien et actuel de Tile de la Jamaique, avec des observations sur I'etat physique et moral des esclaves et sur ['abolition de I'esclavage dans les colonies. 344 NOTICE prosperite ct la ^Moire de I'empire britannique , et peiit-etrc pour I'instruction de quelques autres gouvernemens qui senti- ront le besoin d'imiter I'Angleterre , et de modifier , de refor- mer, d'ameliorer le systeme d'administration de leurs colonies. Etat physique. — Aucune des iles dcs Indes occidenlales ne presente plus de variete dans sa surface que la Jamaique. On y trouve successivement de longues chaines de montagnes, des vallees profondes, des rocs coupes a pic, des cavernes spacieuses, des torrens impetueux et d'iramenses forets. La na- ture y est d'une richesse et d'une fecondite prodigieuses; toutes les cultures descontrees tropicales (pour emprunter aux An- glais une expression qui manque a notre langue), y trouvent un sol merveilleusement dispose. Les montagnes bleues , qui sont situees dans la partie orien- tale de I'lle, sont les plus elovees et les moins accessibles. Le plushaut de leurs sommets a 7,000 pieds au-dessus du niveau de la mer. On n'a point decouvert d'ossemens fossiles dans les entrailles de ce sol; mais les pics les plus eleves offrcnt une grande quan- tite de coquilles et d'autres debris marins ; la craie, le quartz et lapierre a chaux se montrent specialement dans la forma- tion des roches. Les cavernes de I'interieur et du rivage pre- sentent une grande quantite de stalactites; il y en a une sur- tout dans la paroisse de Sainte- Anne qui embrasse une vastf etendue de terrain; une nombreuse suite de colonnes, de di- mensions et de formes diverses, y offrent I'apparence des piliers d'une cathcdrale gothique. Lo cuivre et le plomb sont les seuls mutaux dont I'existence solt averee. 11 n'y a point de pierres precieuses. En general, les habitans de I'ile s'occupent beau- coup plus des Iravauxde I'agriculture, que de recherchcs nii- ncralogiques. Conuiie toutes les Antilles, la Jamaique est quelquefois SUR LA JAMAIQllE. 345 aflligee di; la fievre maligne epidemique, communement appelee Jievre jaune. Elle y offre les memes caracteres de rapidite dans sa marche , et de bizarrerie dans la maniere dont elle se com- munique ; mais un fait curieux doit fixer I'attention des phy- siologistes : tandis que la maladie exerce de cruels ravages parmi la population blanche, les ?}egres ct les Mulatres n'en sont pas atteints; au coutraire, les Blancs ne sont point frap- pes par le fleau, quand il moissonne la population noire. Les Mulatres sont ceux contre lesquels le mal a le moins de force. GouvERNEMENT. — Pendant les cinq premieres annees apres I'occupation, I'ile fut regie par un gouvernement purement mi- litaire. En 1660, le gouverneur d'Oyly I'administra, de concert avec un conseil de douze membres elus par les colons. Ce fut un premier pas vers le systeme representatif. Une premiere assemblee generale fut convoquee, en 1664, et cette assemblee exerca le droit de s'ajourner a des epoques determinees; mais, lors de la restauration, le refus d'un droit de quatre pour cent sur le produit total de I'lle indisposa la couronne, etle regime arbitraire fut retabli, comme chatiment de cet acte d'independance. Les colons reclamerent vainement pendant un demi-siecle pour faire reconnaitre leurs anciens droits et leurs privileges. Enfin, un conipromis eut lieu , en 1728 , sous le regne de Georges II, et tous les differends entre la metropole et la colonie furent termines , moyennant un re- venu annuel etperpetuel de 8,000 1. st. Les habitans obtinrent la reconnaissance qu'ils avaient si long-tems rcclamee, et I'lle se trouvaconstituee. Le gouvernement se compose du gouverneur et de Xassem- hlee. Le gouverneur est un veritable vice-roi : il a toutes les prerogatives k'gislatives et militaires ordinairement attachecs a ce litre; il a la presentation ou la nomination a tous les em- plois ; il donnc les commissions dans la milice et les lettres de 3/|6 NOTICE marque ; il exerce, en outre, les droits de chancelier et tie juge supreme, en differant, quand il le juge a propos, I'execution des jugemens qu'aii surplus la couronne seule peut annuler. \! asseinblcc se forme dc deux corps. Le conseil, compose de douze membrcs, y compris le president (c'est ordinairement le chef de la justice et le premier personnage dc I'ile apres le gouverneur) , est en meme terns conseil du gouverneur et partie aristocralique de la legislature : double destination peu cons- litutionnelle sans doute et qui devient frequemment un motif de dissidences facheuses entre cette esp^ce de chambre haute et I'autre portion de I'assemblee. Celle-ci, Vassemblee T^ro'^viimexil dite, se compose de 4^ membres, deux pour cbacune des dix-huit paroisscs moins considerables, et trois pour chacune des trois autres ; savoir : Kingston, Port-Royal et Sainte-Catherine. La session com- mence enoctobre, et se termine vers le 20 decembre. Les membres sont elus pour sept ans par les proprietaires librcs. Les debats sont quelquefois fort animes dans ce petit parlement. En principe, la loi commune d'Angleterre est en vigueurdans I'lle ; mais une foule de statuts n'y ont force de loi qu'apres avoir ete discutes et votes par la legislature locale. Religion. — La religion de I'etat a la Jamaique est celle de I'eglise anglicane. Chaque paroisse a un recteur et un cure. Les recteurs ont un traitement de l\io 1.; mais les honoraires que la loi a attaches a la plnpart des ceremonies religieuses constituent pour eux un nouveau revenu qui s'eleve de i,5oo a 3,ooo I. Il y a a Kingston une eglise presbyterienne, etablie depuis pros de dix ans par les presbyteriens de cette ville, qui forment une classe nombreuse et opulente. Get etablissement, soutenu par une allocation faite en sa faveur par I'assemblee , est re- connu comme une branche de I'eglise d'Ecosse, et ses pasteurs sont designes par le presbytere d'Edimbourg. SUR LA. JAJWAIQUE. 347 Kingston possede encore une chapelle catholique , plusieurs maisons apparlenant aux methodistes, aux moraves, aux ana- baptistes, etc. et une synagogue. Statistique. — Les details suivans feront connaitre les pro- gres successifs de la culture, de la population et du commerce de la Jamaiique , depuis environ un siecle et demi : 1673. Population. Blancs, 7)768 Esclaves, 9,5o/| Les principaux produits etaient, a cette epoque , le cacao etl'indigo; la canne a sucre commcncait a peine a etre culli- vee : les colons s'occupaient aussi de la preparation des peaux. 1722. Sucre, 11,000 hogsheads.il) 1734. Population. Blancs, 7,644 Esclaves, 86,546 Betail , 1744' Population. Blancs, Esclaves , Betail , Sucre , Rum, 1768. Population. Blancs, Esclaves , Betail , Sucre , Rum , 1824. Population. Blancs Esclaves , 35o,ooo 76,011 tetes. 9,640 112,428 88,o36 tetes. 35,000 hogsheads. 10,000 poincons. 17,000 166,914 135,773 55,761 1 5,55 1 (i) Mesure contenant 63 gallons; le gallon contient environ 4 pintes de Paris. 3/|8 NOTICE Betail , 3oo,ooo tetcs. Sucre, i3o,ooo hogsheads. Rum, 60,000 poincons. Cafe, 18,000,000 balles. La Jainaique contieiit 2,7245262 acres de terre, que Ton peut distribuer comme il suit : Plantations de sucre, 639,000 acres. Fermes , 280,000 Cafe, piment, colon, etc. 181,000 Sans culture, 1,624,262 Total 2,724,262. Taxes. — La principale taxe de I'lle est la capitation , on droit assis sur chaqiie tete d'esclave et de bete de somme; car, la, ceo etres sont assimiles, et il ri'y a de difference que dans la quotite de I'imposition , qui est environ cinq fois plus forte pour la creature humaine que pour le boeuf ou le cheval. Les terrcs sont egalement imposecs; ilya, en outre, des droits sur chaque roue de voiture ou chariot non destine aux travaux de I'agriculture. La recette annuelle provenant des taxes peut s'elever a 280,000 livres st. Culture. — ■ Le principal article de culture a la Jania'ique est la canne a sucre. Une plantation produisant 200 hogsheads de Sucre a generalement 200 esclaves, 100 boeufs et 5o mulels. Elle peut etre evaluee de la inaniere suivante : 5oo acres de terre a 20 1. par acre, 10,000 1. 200 esclaves, k 100 1. chacun , 20,000 140 betes a cornes et 5o mulcts, 5,ooo Batimens etustensiies, 8,000 43,000 I. SUR LA JAMAIQUE. S^g Jl faut remarquer que, sur Ics 5oo acres, i5o, si la terre est bonne, suffisent pour les cannes; le reste est en palurages, potagers, etc. Le prix de la terre varie, suivant la qualite. L'acre vaut, dans quelques endroits, 70 ou 80 1. ; dans les mon- tagnes, il ne se vend que 5 1. Une plantation de cafe n'exige que la moitie des esclaves et du capital necessairepour la culture de la canne a Sucre. Le piment, qui eSt recueilli a la Jamaique en plus grande abondance que dans aucune autre des lies de I'Amerique , est aussi on article important de culture et de commerce. Commerce (i). — Le commerce de la Jamaique pent etre classe sous trois points principaux : 1° Le trafic avec la mere- patrie, a lui seul plus considerable que toutes les aulres bran- dies reunies ; — 2" Avec I'Amerique septentrionale anglaise ; — 3° Avec I'lle deCuba, les autresiles ci-devant espagnoles, et le continent meridional, sur lequel flotte aujourd'huile drapeau de I'independance. Lesexportations annuelles pour la Grande-Bretagne et I'lr- lande peuvent se monter a environ 5, 000,000 livres. Les exportations pour lesautrcs contrees a 400,000 Total des exportations, 5,4oo,ooo livres. (i) Dans une assemblee de negociaus et d'autres habitans de la Jamaique, tenue a Kingston le 28 avril iSaS , il a ete resolu de pre- senter au gonveruement anglais un Memoire tendant a obtenir que les ports des iles des Indes-Occidentales soient desormais ouverts aux marchandises et aux navires de toutes les nations. Le commerce de la Jamaique avec I'Amerique meridionale et le Mexique est dans un etat toujours croissant de decadence. Le Memoire en indique les cause:! , ainsi que les moyens d'y remedier. — Les habitans de la 35o NOTICE L'ile recoit, en retour, dela Gran- de-Bretagne, desproduitsdepresque toutes ses manufactures; le montant deces articles im portes est d'environ Les articles importes des autres contrees ( meubles , vivres , bes- tiaiixetc.) se montent a 2,000,000 delivres. 1 ,000,000 Total des importations, 3, 000,000 de livrcs. Le tonnage des vaisseaux employes au commerce exterieur et local de I'lle fut, dii 29 septembre 1816 au 29 sep- tembre 1817 , ainsi qu'il suit : De la Grande - Bretagne et de I'lrlande, De TAmerlque du nord , De I'Amerique ci-devant espagnole et des lies voisines, Navires servant au cabotage , ou commerce entre les ports de l'ile , Navires admis conformement a I'acte de franchise des ports , 101,365 tonncaux. 56,4ii i5,557 3,109 l3,I2I 189,563. II faut remarqucr que leseul commerce de Kingston est pour moitie a peu pres dans le montant dece tonnage. Blancs. — Les habitans blancs de la Jama'ique sont Creoles, c'est a dire, natifs du pays, ou europeens. II y a environ trois Jaruaique apprendront avec plaisir que leurs vceux ont ^Ic preveuus par le bill relatif au commerce des colonies. SUR LA JAMAIQUE. 35 1 des premiers pour deux des derniers. Anciennement, il y avait enlre ces deux classes une foule de traits qui etablissaient une ligne de demarcation bien formelle; aujourd'hui, toute diffe- rence est presqueeffacee; les moeiirs polies dos Europeens do- mincnt entierement. L'esprit desociete a surtout fait de rapides progres, dans les quin/.e ou dix-huit annees qui viennent de s'ecouler. lis sont dus surtout a I'usage generalement adopte d'envoyer dans la mere-patrie les enfans de I'un et df^ I'autre sexe,poury recevoir une education conforme aux lumieres dusiecle. L'inferiorite des etablissemens d'instruction que pos- sede rile a du introduire cet usage ; mais il serait bien preferable que ces etablissemens fussent anieliores. Partout ou I'esclavage existe, on retrouve necessairement des traces d'orgueil et d'inhumanite cliez ceux qiu ont pu posseder a prix d'argent quelques-uns de leurs semblables; d'abaisse- inent el de perfidie chez ceux dont toute I'existcnce physique et morale a pu etre payee avec un peu d'or. C'est aussi ce qu'on pent remarquer a la Jamaiique. Comme des I'enfance on y voit les Negres frappes pour les offenses souventlegeres qu'ils com- mettent, on contracte I'habitude de ces odicux traitemens a leur egard ; et il n'est pas rare qu'on les associe, par une bru- talite irreflechie, a des dispositions de I'ame tout-a fait opposees et a des moeurs douces et polies sur d'aulres points. Tout Blanc non marie a sa maitresse blanche ou noire, avec laquelle il vit ouvertement : cet etat de desordre est si ordi- naire et si avoue qu'il n'est nuUement contraire aux conve- nances, meme pour les femmes marieesde visiter la maison qui en est le theatre, et de causer familierement avec cc//e qui la gouverne. Lorsqu'on adresse ses hommages a une dame, il n'est pas regarde comme necessaire de debuter par expulser du logis la personne qui exerce les droits d'epouse sans en avoir le litre; cette expulsion n'a lieu que peu de jours avant cehii du mariage reel. Au reste, la maitresse qui sail toujours qu'un 35a NOTICE parcil eveiierncnt doit arrivcr tot on tard, prcnd si bicn son parti qu'il n'ost pas rare de la voir faire elle-mcme lous les prcparatifs pour la reception de I'epoiise; et repouse,quin'est pas moinsaccommodante I'i son tour, temoigne a celle qu'eile vient remplacer, ainsi qui ses enfans, une bienveillance qui ne lui coute rien. En voila suffisammcnt pour faire comprendre combien les principes et les sentimens les plus naturals sont affaiblis et relaches dans le coeur de ces insulaires. Comnie le plaisir est, dans cette ile, I'unique affaire de tons ceiix qui ne travaillent pas et qui n'ont qu'a surveiller les tra- vaux des autres, on doit s'attendre a n'y trouver que pen de gout pour la litterature. La presse n'y a produit, dans ces der- niers tems, aucun ouvrage digne de remarque, si ce n'est un Hortus ties- eteadu et quelques traites speciaux de luedecine. On y a essaye plusieurs fois, mais toujours sans succes, des publications periodiques. 11 y a six feuilles, dout quatre parais- sent par semaine; les deux autres sont quotidiennes. Kingston seul possede un cabinet litteraire assez bien fourni. EscLAVEs. — L'abolition de la traite a exerce une heureuse influence sur le sort des esclaves ; leur condition a ele legale- ment adoucie par un code qui s'est forme, dans les trenie-cinq dernieres annees, des dispositions successivement arretees en faveur de ces nialheureux Africains. Plusieurs de ces disposi- tions sont sages et genereuses; mais une foule de circonstanccs s'opposent a leur application, et la r.uUite absolue du ttmoi- gnage des esclaves|contre les Blancs en detruit souvent tout Ic bienfait. Nul doute qu'a cet egard la legislation ne doive subir une reformehabilement et prudemment mdnagee. Quoi qu'il en soit, I'existence des Negres de la Jamaique a ete considerablement amelioree; les chatimens sont plus rares et moins severes ; les travaux plus doux ; les Negres son t mieux loges,mieux vetus, mieux nourris ; et,quand ils sontmalades, SUR I A JAMATQUE. 353 t^9oivent tous les soins que present rhumanile, dans des infir- meriesconvenablemeut disposees et que visitent regulierement des medecins attaches a ces etablissemens. La religion a peu fait jusqu'ici pour cette partie de la popu- lation de la Jamaique. Des missionnaires , presqiie toujours divises de senliniens , cherchaient , aulieu d'inculquer dans ces esprits peu developpes les simples et pures doctrines du chris- tianisme, a les convaincre sur les points que leur conlestaient les dissidens,; il s'agissait des lors de discussions ct d'arguties theologiques au-dessus de I'intelligence des Negres et qui jle- vaient les eloigner de la religion. , juoU iui,. . II est inutile de reproduireici des details corinns sur le carac- tere des Negres. lis ont a la Jamaique les memes defants et les memes qualites que partout ailleurs. La nature les a dotes de de celles-ci, et c'est a la societo qu'il faut rapporter les autres; c'est ainsi que ceux meme qui regardent le vol coname un crime €n general, ne se croient pas coupables quand iis volent leur propre maitre; et ils raisonnent de la sorte : « L'objet que je prends est pour mon usage ; or , moi , je suis cornme cet objct , la propriete du maitre ; le maitre ne ptrd done rien de sapro- priete.^i Rien ne peutmieux faire ressortir que ce raisonnement toute rimmoralite de I'esclavage. Malgre ces adoucissemens apportes a la condition des Negres, une sourde agitation regne depuis long-tems parrai eux. On saitleurs frequentes revokes depuis 1795 ; !a difficulte que le gouvernement a eprouvee pour triompher des Marrons . a du frapper les esprits ; en outre , I'air de la liberte est contagieiix, et il arrive de toutes parts aux Africains de la Jamaique. O.t pent done prevoir que le terns n'est pas eloigne ou il sera pru- dent d'effacer du sol de cette ile les derniefes traces cju'y A^ laissees I'abominable trafic des hommcs. P. A. Dtifau. T. xxviii — Novembre iSaS. 23 NOTICE mSTORlQUE SUR LA VIE ET LES OUVRAGES DE M. LANGLES; PAR M. DACIER, Secretaire perpetuei de l' Academic des inscriptions et belles-lettres, I,UE DANS Li. SEANCE rrBUQDE DU 29 JUILLET iSsS. Obsf.rvatiow. — En annoncant , dans le mois de Janvier 1824 t ( Rev. Enc. , t. xxt, p. 253 ) la mort prematuree de notre savant et zelc collaborateur M. Lan&les, nous avions promis une Notice sur sa vie et ses ottvrages. Le jour mdme de ses funerailles, et au milieu du cortege nombreux qui les accompagnait, un homme de letlres , que nous nous dispenserons de nomtner, s'offrit lui-iudme pour cou- sacrer a I'aini dont nous pleurions la perte , un article etendn, dans lequel il devait retracer les qualites personnelles de M. Langles , ses travauxet ses titres .', NOTICE BIOGRAPHIQUE de Calcutta, et acconipaj^na le lexte » Telle n'a point ete la marche suivie dans le Dictionnaire classique; ellepeutetre expeditive pour les ecrivains qui veu- lent faire un certain bruit dans le monde, et tirer un parti promptement lucratif de leurs compilations; mais des coUabo- rateurs consciencieux ne la pouvaient adopter. Trois diction- naires avaient precede le leur; on assurait d'avance, et d'apres leur prospectus, que, sous un titre a peu pres pareil, ce nou- veau dictionnaire ne devait presenter rien qui n'eut ete deja dit : ils devaient consequemment redoubler de zele pour sup- |)orter la comparaison. Le premier des ouvrages du meme genre fut public au terns ou la science etait encore en France veritablement informe, ct lorsque, ainsi qu'on I'a vuprecedemment, recoledc Buffon eut ete prejudiciable a son elude, si le genie linneen n'en eut jegu- SCIENCES PHYSIQUES. 37^ laris^ les brillans ecarts. Quand Valniont de Bouiaie composa le sien, la nomenclature n'etait pas lixee, on ne sentait meme point I'iniportance de sa precision, et nulle regie n'y etaitin- troduite; I'auteur ne pouvait asservir la marche de son essai qu'au langage le plus impropre , forme de designations vul- gaires, arbitraires et barbares. Compilation faite sans choix et sans discernement, mediocre , meme pour le tems oCi tant d'erreurs textuellement puisees aux sources les plus suspectes y furent accumulees, le Dictionnaire de Vahnont de Bomare ne s'en repandit pas moins avec profusion. II existe pen de hi- bliotheques oli on ne le trouve; mais il ne pcut plus que servir d'argument aux antagonistes des dictionnaires, pour corrobo- rer le mepris qu'ils en font. Vers le commencement de cesiecle, unlibrairefort estimable entreprit la publication d'un nouveau dictionnaire d'histoire NATURELLE plus digue dc la belle science qui, pour la France, ctait encore comme dans le chaos. L'entreprise de M. Deler- ville fut couronnee du plus grand succes. Elle contribua, plus qu'on n'en convient generalement, a r^pandre le gout de la science. L'epuisement rapide de deux editions attesta son uti- lite. Vingt-quatre volumes composaient la premiere, trente-six composerent la seconde. Parmi les redacteurs de cet important ouvrage, veritable monument eleve entre deux grandesepo- ques, brillerent MM. Biot, Bosc , Chaptal, de Blainville, de Bonnard, Desmarest, Huzard, de Lamarck, Leman, Latrcille, Olivier, Tessier, Thonin, Vieillot et Yvard. Si plusieius ne- gligences et divers articles verbeusement emphatiques et vides de fails ne s'y etaient maliieureusement giisses, on pourrait citer cet immense travail comme un modele. 11 fut d'ailleurs execute avec une surprenante rapidite. Depuis l'epuisement de ce double dictionnaire, la science a fait de tels progres que cet excellent livre ne pent plus guerc servir qu'5 constater I'elat de situation de i'histoire nalurelle au commencement du xix* 374 SCIENCES PHYSKjUES. siecle. Sou piix dans la librairic eGt toiijours lixe a la soiume do trois cent soixante francs. Vu le merilc du livre, on pent considtrer ce prix comme niodique. Concu d'apres nne donnee beaucoupplui? vastc, leDicTioN- NAIRE DES SCIENCES NATURELLES, publie cllC'Z M. Lcvrault, flit annoncc en 1816. Le trente-qnatrieme Yolume qui altiint la leltre IV, o'est i dire, a iin pen plus de la nioitie de Touvrajje, vient de paraitre recemmeut. On doit consideier ce diction- naire comme un depot, non-seulement d'articles d'histoire naturelle, mais encore de dissertations siir toutes les parties de la physique. Plusieurs traites particuliers y sont meme in- troduits sous des litres qu'on ne chercherait pas dans un traits de ce genre, si Ton n'etait prevenu d'avauce qu'ils s'y trou- vent, ou si le hasard n'y conduisait le lecteur. Nous citerons pour exemple le mot iNDEPKunANCE des formations, qui oc- cupe trois cent trente-neuf pages. Quoi qu'il en soit, presque toutes Jes parties en sont supericureniont redigees; qiielques- unes y sont peut-etre excessivement etendues, bicn qu'elles soient traitees dune nianiere savante. Des cahiers de vingt planches chacun accompagnent cette sorte d'encyclopedie, sans avoir avcc ses volumes de relations marquees. [La maniere par- faite dont ces planches sont executees, le di.scernement avcc eqivel la plupart des objets qui s'y trouvent represeates ont cte •choisis, dedommagent I'acqnereur de I'augmentation du prix occasione par ccs livraisons, qu'on pourrail appeler de luxe ; prix qu'on evalue, pour ce.qui a deja vu le jour jusqu'a la leltre N ,'el au simple prix de souscription , exemplaires ordi- naires colories, a sept cents francs environ. Les noms des re- dacleurs paraissent devoir assurer a cette immense collection la continuation d'un succes.qui date bientot de dix annees. C'est apres ou pendant la publication des deux dictionnaires modcines qui viennent d'etre avantageusement signales, qu'a ^le annonce celui donl nous venons occuper les lecleurs de ja SCIENCES PHYSIQUES. 375 Revue Encyclopedique. On a choisi pour le nietlre au jour In premier quart du xix* siecle. II y marquera I'epoque ous'elevait une nouvelle generation savante, heritiere de celle qui con- courut a la redaction des dictionnaires de MM. Deterville ct Levrault et dcs bommes les plus instruits du siecle passe. Nous a\'ons pense que, dans un dictionnairc consacre a I'his- toire naturelle, ainsi qu'elle a ete precedemment definie, el non a la generaiitc des sciences physiques, la plupart de ces sciences ne devaient qu'etre effleurees, s'il est permis de s'exprimer ainsi, et trailers seulement dans leurs points de contact les plus in- times avec les objets qui sont le sujot special du Dictionnaire classique, ou ia physique proprernent dile, la chimie, I'astio- nomie et I'agriculturene doivent obtenir aucune preference sur la medecine, la chirurgie, la pharmacie, etcette foule d'arts qui empruntent leur origine de I'emploi des corps naturels. II n'en est pas de meme de I'anatomie et de la physiologic, sciences que maintenant on doit considerer comme la base et le but des connaissances exacles en histoire naturelle. Aussi trouve- ra-t-on dans I'ouvrage dont il est question d'importans articles d'anatomie et de physiologic, a la place de quelques articles repandus dans les dictionnaires precedens , oCi Ton admit des choses totalement etrangeres a I'hisloire naturelle, telles que les articles ^rc des sauvages, Amulettes, Fard, Bracelets, Cein- tures, Lampes sepulcrales , et certain mot de la IctlreT, qu'une plume pudique ne saurait meme transcrire. C'est pour ne point ainsi perdre de place que, dans le Diclionnaire classique d his- toire naturelle, on a repousse I'amas de termes ridicules tires du jargon vieilli de cette fauconnerie , dignes tout au plus de ligurer dans quelque traite de chasse. On eut desire pouvoir cgalement se dispenser d'admettre beaucoup de mots tires des langues etrangeres ou de dialectespeu connus.et dessynonymes barbares dont I'usage tombe de plus en plus en desuetude. Mais les Hbraires , dont la volontti entre necessairement pour h^ SCIENCES PHYSIQUES. quelque chose dans !es publications scientifiques, ont tenu d'abord a ce qu'on n'onut pas dans Ic nouvean dictionnaire un mot dc ccux qui se trouvaient dans les dictionnaircs ante- rieurs. Ce n'est que lorsque les coUaborateurs sont devenus plus intluens dans le dictionnaire auquel I'orlginalite de leur travail donnait dcja de la reputation, qu'ils ont pu enfin parve- nir i\ proscrirc cette multitude de mots etrangers qu'on pent recruter, en quelque sorte, pour grossir des volumes, dans les vocabulaires formes par dci philologues qni, ne connaissant rien en histoire naturelle, entassent des denominations presque toujours fautives. Peasant qu'un dictionnaire d'histoire naturelle ne doit pas non plusetre un species, on n'a pas , pour allongercelui-ci, copie, dans des traites que toutlemondepossede,desphrasesspecifiques et des descriptions d'especesnombreuses, arbitrairenient choi- sies; c'esta caracteriser les classes, les ordres, les families et les genres qu'on s'est applique; c'etaient cos premieres divisions qu'il importait de faire connaitrc, en citant seulement, comma types ou exemples, un certain nombre d'especes ou tres - vul- gaires, ou jusqu'ici totalement inconnues. Ce n'est que dans I'etablissement des families nouvelles ou des genres nouveaux, qui abondent dans le Dictionnaire classique, que les auleurs ont cru devoir s'etendre davantage et descendre dans les der- niers details, parce qu'ajoutant reellement a la science, ils y acquerraient le droit de dire entierement ce qu'on ne pouvait retrouver nulle part. Si, pour les pliilosophes, tons les etres marchent egaux dans la nature, ceux que la complication de leurs organes rappro- che le plus de nous, et que par cctte raison on regarde comme appartenant aux ordres suporieurs, meritent qu'on s'occupe plus soigneusement de ce qui les concerne. Si le moindre insecte i-emplit, dans I'ordrc de la creation , un role non moins impor- tant que des etres dont les dimensions sont plus grandes, il est SCIENCES PHYSIQUES. 577 gen^ralement recu que la place occupee par ces derniers dans un dictionuaire, doit ctre en raison de leur masse, qui frappe les premiers regards de la multitude et attire d'abord son at- tention. Ainsi, pour se oonformer a I'usage, c'est riiomme lui- meme qui pretend s'elever au centre de la creation, auquel le plus long article se trouve consacre; en s'eloignant de lui, les etres sont mentionnes dans de plus etroites limites. Cent vo- lumes u'eussent pas suffi, si Ton fut entrc pour la totalite des invertebres et des genres de la botanique dans les memes de- tails qu'il est generalement convenu d'accorder aux classes qui se trouvent rangees en tete du regne animal. Mais, nous le repe- terons ici, parce que divers articles des ordres inferieursde la zoologie et de la botanique sembleraient peut-etre , par le doveloppement qu'on leur a donne, rompre les proportions adoptees : toutes les fois qu'il est question daus le Dictionnaire classiqite d'ordres ou de genres nouveaux, meme dans les fa- milies les plus obscures, on n'a pas cru s'eloigner du plan qu'on s'est trace en faisant I'histoire a pen pres complete de ces or- dres et de ces genres. On pent assurer (ju'il existe deja , dans 06 qui a paru de I'ouvrage , plus de soixante articles de cette nature, absolument neufs , et qui eussent pu foiirnir le sujet de lectures interessantes ^ I'lnslitut. Aussi, tandis qu'on cite rare- mentles dictionnaires dans les traitcs methodiques, les auteurs de celui-ci out eprouve la noble satisfaction de voir plusieurs de leurs articles employes comme autorite par des savans du premier ordre. Tel est le plan d'apres lequel est redige le Dictionnaire classique dont le VIII'' volume vient de paraitre, et qui, epui- sant la Icttre I , peut etre rcgarde oomme la raoitie, ou un peu plus de I'ouvrage; par ce volume, lessouscripteurs acquierent la certitude que I'entreprise ne se prolongera point an dela des limites promises , selon les interets ou le caprice de li- braircs simplement speculateurs. Des astcriques designant le> 378 SCIENCES PHYSIQUES. articles nouveaux , c'est a dire, ccu\ qu'on ne trouTe point dans les dictionnaires anlerieurs, pruiivent qne le uombre de ces ai'ticles s'eleve a pres d'un tiers dc plus. II serait trop long /actVa minora. Cependant, la tenue des plaids devient, pour les comtes appeles h. les pre- sider, un moyen de vexation envers les citoyens; Tinstitu- tion des scabini [w\\e\\ns) est destineea faire cesser cet abus Bientot les progres toujours croissans de la feodalite donnent naissance aux justices feodales, au sein desquelles s'intro- duisent successivement le jugement des pairs et les appels. Enfin, I'affranchissement des communes, la renaissance des leltres, el I'etude du droit romain, qui en fut la consequence, les abus des justices seigneuriales, I'ambilion du clerge, la Sgo SCIENCES MORALES lutte ties rois avec les grands vassaux, amenent I'etablisse- ment des tribunaux permanens. L'auteur developpc avec beau- coup de soin et de clarte les causes ct les rcsultats de ces di- verses revolutions. C'est apres avoir ainsi expose ce qu'il y a de commun dans riiistoire judiciaire des nations europeennes, que M. Meyer comnaence a tracer I'liistoire particuliere de chaque contree. Toulefois, il ne croit pas devoir adniettre dans son travail tous les etats conipris dans les liraites de I'Europe. II laisse de cote la Russie, dont les institutions actuelles, creees par un coup d'autorite, ne se rattachent point aux antecedens historiques de la nation. Il neglige, par un autre motif, X Espagne , le Portugal, XJtalie, la Hongrie, la Suecle , le Danemarch et la Norvege , qui ne lui paraissent offrir rien d'assez special pour en fairc I'objet d'une etude particuliere. Ses recherches auront pour objet X Angleterre ^ « dont les institutions different de tout ce que les peuples anciens et modernes ont jamais offert \ I'oeil del'observateur w; la France, qui, par le double spectacle de sa legislation antique et de sa legislation nouvelle, appelle specia- lement I'atteulion des publicistes; XAllemagne , dont les insti- tutions contrastent directement avec celles de I'Angleterre; enfin, les Pays-Bas, qui, par leur position geographique comroe par les mceurs de leurs habitans, fornient la transi- tion la plus naturelle entre rAllemagne ct la France. Un fait tres-digne de remarque, et sur lequel M. Meyer revient plusieurs fois dans le cours de son ouvrage, c'est q>ie I'influence de la feodalite s'est fait sentir plus ou moins profon- dement dans les institutions, selon que les rois ont ete plus ou nioins independans de leurs grands vassaux. Dans les pays ou, conime en Anglelerre et meme en France, I'autorite de la cou- ronne s'est maintenue sur un pied respectable, die a protege les arriere- vassaux conlre la puissance des hauts-barons; et ceux-ci, restes plus independans, ont porle I'esprit feodal jus- ET POLITIQUES. 3yi que dans les dernieres ramifications du coips s>ocial. Au con- traire, dans les pays conime TAlleinagne et I'ltalie, oil la coii- lonne est demeurec depcndaiite des grands vassaux, I'autorilc de ces derniers a pese plus lourdement sur les arriere-vas- saux, qui n'ont etc admis a partagcr quo faiblement les prero- gatives du regime feodal; par 1;"!, rcsprit de la feodalite est reste concentre dans les hautes classes de la societe. L'Angleterre se presente la premiere a I'appui de cette obser- vation. NuUe part la puissance des rois ne s'est mieux soutcnue contre les attaques des hauts-barons; nuUe part aussi la feoda- lite n'a laisse des traces si profondes; et, ce qu'il y a de singulier, c'est que la plupart des institutions auxquellcs I'Angleterre mo- derne doit sa liberie ont pulse leur origine dans ce regime d'op- pression ct de servitude. Possesseurs de plus vastes domaines que les autres monarques feodaux; en relation direcle, par conse- quent, avec un plus grand nombre de vassaux immediats, les rois d'Angleterre ont, pen a pen, etendu sur tout le royaume leurs juridictions speciales et les statuts de leurs possessions par- ticulieres : de la est resultee, pour I'Angleterre, I'unite de legis- lation et de jurisprudence, fondee sur I'exislence d'une loi com- mune (^coinmon-lan'), etd'un ordre judiciaireegalement unique, la cour du Roi. lis ont fait revivre en faveur de leurs vassaux I'institution des associations particulieres et la garantie niu- tuelle; et cette institution, organisee sous la forme de cUcanies, iiC cenlcnes &K de feoroMg'Aj ( qu'il ne faut point confondre avec les communes qui se sont formees en d'autres pays), est devenue, en Augleterre, l;i source de I'csprit public qui, a toutes ces epoques, a coustamment distingue ses habitans. Par elle, le citoyen, directementinteresse dans tout ce qui concerne I'asso- ciation, dont il fait partie, a le droit d'examen et de controle sur la gestion de ses administrateurs et de ses magistrats; il a sa. voix dans toutes les affaires publiques; il est citoyen acttj, dans toiite relendue de ce mot. Enfin, le Jury Ini-nieme, cette sauvc- Sga SCIENCES MORALES garde inappreciable do la surete individuelle, doit aiissi soa origine an systeme feodal. M. Meyer indique avec beaucoup de sagacite I'originc ct les transformations successives des principales institutions judiciaires de I'Angleterre : il de- veloppe avec complaisance les avantages de la constitu- tion anglaise; peut-etre meme scs eloges ne sont-ils pas exempts de quelque exageration; car, il ne faut point I'ou- blier, la perfection des lois anglaises est plutot relative qii'ab- solue; et, s'il est impossible de contesfer leur extreme su- periorite sur toutes eelles qui ont regi trop long - terns les autres etats de I'Europe, il est egalement impossible d'oublier combien elles sont encore loin de la perfection philosophique, ou meme de cette perfection moins ideale dont les etats de I'A- merique du nord nousoffrent Icmodele. Mais il ne faut pas ou- bliernon plus que M. Meyer, quelque generales que soienl ses expressions, a neanmoin« principalement en vue les institutions judiciaires ; et I'cm doit convenir que c'est ta le beau cotede la constitution anglaise. On ne pent qn'applaudir a I'auteur, lorsqu'en exposant les avantages de ces institutions, il fait ressortir, avec autant de force que de justesse, ccux qui resullent de la publicite. Ce chapitre, Tun des mieux penses de I'ouvrage, doit etre mcdite par quiconque se livrc aux etudes legislatives. La France presente un spectacle bien different. La, le pou- voir des rois, sans etre aussi faible qu'en d'autres pays, fut cependant expose, dans le principe, a des rivalites assez re- doutables , pour que son affermissement soil devenu la princi- pale etude des monarques. Des lors , occupes uniquement d'affaiblir et d'ecarter tout ce qui pouvait faire ombrage a leur autorite, ils n'ont souge qu'a se rendre absolus; s'ils ont ap- pi'le les communes a leur secours contre les grands vassaux , ils n'ont pas ose entrer avec elles en partage de I'autoritequ'ellcs leur aidaient a conquerir; et, comme I'observe judicieusemeat ET POLITigUES. 3y3 M. Meyer, « la France etait devenue uu etat despotique, faute de force suffisante pour lamainteiiir monarchique. « Aussi, en Angleterre, le trone, environne d'institutionsprotectrices, a- t-il constamment resiste aux orages politiqties, tandis qu'en France, la premiere revolution, le trouvant isole, I'a renverse sans effort. M. Meyer expose d'une mauiere tres-lumineiise ce pro{;re.s du pouvoir royal. Apres avoir montre les rois s'efforcant d'af- faiblir le pouvoir des grands vassaux par la creation de iiou- veaux pairs, pris dans I'ordre ecclesiastique, par I'affranchis- sement des communes, par I'admission aux etats-generaux , du clerge et des communes affranchies , il suit , dans ses diverses phases , raccroissement de I'autorite royale dans I'organisa- tion judiciaire. L'introduction du jngement par les pairs , celle des appels , qui en fat une consequence, restreignent par de- gres les attributions des justices seigneuriales. La juridiction royale, chaque jour plus etendue, s'etend et s'affermit encore par la creation des grands bailliages et des senechaussees. Bientot, la distinction des cas royaux et des cas seigneuriaux, et plus lard, I'elablissement des juridictions prevotales , \om\. au droit ^e prevention , portent de nouvelles atteintes a la juri- diction seigneuriale, dontTinstitution des tnbunaux permancns ne tardera pas aconsommer la ruiue. Heritiers du pouvoir ju- diciaire, originairement exerce, non par les etats-generaux de la nation, mais par les etats particuliers de chaque haute ba- ronnie, les parlemens s'ele vent et cherchent a vec autant d'adresse que de perseverance les occasions d'accroltre lesir pouvoir : leurs pretentions trouvent presque toujours de I'appui dans la politique des rois, qui, redoutant moins un corps de niagistrats que de puissaus feudataires, opposentavec plaisir I'autorite des parlemens a I'autorite des grands vassaux. C'est ainsi que les cours souveraines se mettent peu a peu en possession du droit ^ enregistrement et de remontrance , et meme d'une portion du 394 SCIENCi£.S MORALES pouvoir legislalif, an luoyen des arrets de 'reglcincnt. Ccpon- daiit, grace aux Icttres dejussion,aiWS. lits de justice y ^ I'insti- ludou du conseil prive, les rois retienncnt oonstammeiil les purlemens dans la subordination. Ceux-ci tentent de s'en af- frauchir, et, sous le regne de Louis XV, ils cherchent, au moyen d'une soitc de lien federal etabli entre eux , a se rendre independans du pouvoir royal. Lc coup d'etat frappe par le chancelier Maupeou dejoue cette tentative; et, quoique rap- pelesquc'lqucs annees plus tard par Louis XVI , les parleniens restent sans influence politique jusqu'a I'epoque de la Revo- lution. A ce tableau liistorique, M. Meyer joint quelques develop- pemcns sur diverses parties de notre ancien systeme judiciaire. II remarque, apres d'autres publicistes, comment la venalite des chaiges , tout absurde et tout immorale qu'elle etait , considerec en elle-meme, a cependant produit deseffets salu- taires, en assurant I'independance des magistrats. II indique I'origine du minis tt-re public ; il fait voir comment les rois out, dans I'interet de leur ])OUVoir , favorise cette institution, et comment, quoiejue fondee dans cet interet, clle n'a point eu jusqu'a la Revolution de fikheux resultats pour la liberie indi- viduelle. M.Meyer consacre un chapitre, qui n'estpas I'un des uioins curieux de ce quatrieme livrc, a rechercher le principe et les effets de la procedure par ecrit, taut au civil qu'au cri- ininel : il fait sentir par quelle filiation necessaire I'usage d'ins- truire les affaires par ecrit a du amener , dans les causes crimi- nelles , le secret des procedures ; comment la procedure secrete a conduit I'usage des interrogatoires i charge ; et comment cet usage, a son tour, a conduit a I'execrable institution de la tor- ture. Quelques details sur les juridictions consulaires , sur les restrictions apportees a I'usage de la preuve testimoniale, sur le notariat, complctent ce livre, I'un des plus intercssans de I'ouvraL'e. I ET POLITIQUES. ig^ L'histoire des institutions judiciaires dans les Pays-Bas ct dans V Allemagne a du offrir plus de difficultes a M. Meyer. U Angleterre et la France ont ete constamment des etats homo- genes ; si leurs limites ont quelqucfois varie, le noyau s'est tou- jours conserve , etcette circonstance a donne a leurs institutions line certaine unite , qui permet a I'historien d'en reconnaitre avec certitude la suite et les progres. II n'en est pas de meme dans les etats que nous venons de nommer. La separation des diverses provinces, la rupture frequente du faible lien qui les unisssait entre elles, I'absence d'une capitale qui put servir de centre au corps politique et de point de ralilement aux mo- biles institutions du moyen age, ont inlroduit dans les lois et dans les usages de ces contrees une telle divergence, que, mal- gre la methode severe de M. Meyer et le soin qu'il apporte' habituellement a n'introduire dans sa composition que des faits d'une influence et d'un interet general, il faudrait, pour le suivre dans ses investigations, pouvoir disposer d'un espace beaucoupplus etendu que celuiqui nous est accorde. Bornons- nous i rapporter les resultats indiques par I'auteur lui-meme. C'est a I'influence et aux envahissemens du pouvoir commu- nal, que M. Meyer attribue en grande partie la forme et le caractere des institutions qui ont gouverne les Pays-Bas i\is(\yiii I'epoque de la Revolution francaise. — « Partout, dit-il h la fin du livre consacre a leur examen , partout nous avons vu I'oligarchie communale combattre le pouvoir monarchiquc ct la puissance des autres ordres del'etat; balancer ces autoriles dans la Flandre et I'ancienne Hollande, et triompher publi- quement dans la republique des Provinces- Unies , surtout dans cette meme Hollande; les efforts des dues de Bourgogue, de I'empereur Charles-Quint, du roi d'Espagne, des princes d'O- range echouer devaut cette puissance, ct les communes sortir victorieuses d'une lutte en apparence aussi inegalc, et soulenue avec d'autant plus de desavanlage qu'elles avaient en meme 396 SCIENCES MORALES temsA combattre et A dompter les corporations qui dechiraient leur inlerieur. Nous avons recoiuui , dans I'esprit de cos com- munes, et dans leur indcpendance, leur jalousie et leurmefiance, I'origine de I'opposition des Cours d'appel et de premiere ins- tance; les causes de I'abaissement du ministere public pres Ics tribunaux, de la suspension de I'accusation publique, de la grande faveur de I'instruclion secrete et de la torture, sa con- servation et meme sa reintroduction, en depitdesluis les plus positives; nous avons vu naitre rempietement des tribunaux sur les fonctions de la juridiction volontaire; les compositions en matiere criminelle; les prorogations des juridictions ; les soumissions spontanees accordees d'avance a des condamna ■ tions penales; des chambres pupillaires; une confusion enftn de toutes les autorites, etd'autres particularitts qui, dans tout autre pays, ne sont pasconnues, ou sont modifiees d'une ma- niere entierement differente. » A I'egard dcV^l/emagne , I'autcur, desesperant d'offrir un tableau complet de tant d'iustitulions incoherentes, ce qui , d'ailieurs, etait inutile a I'accomplissement du plan qu'il s'e- tait trace, se borne a signaler les differences les plus notables qui existent a cet egcrd entre Y/1/k'magneet]esi pays dont il s'est precedemment occupe. II remarque particulierement la tendance de la legislation allemande vers la procedure secrete, tant au civil qu'au criminel, et I'influence de I'autorite sur Tordre judiciaire : il en trouve la raison « dans la faiblesse des empereurs , incapabies de proteger leurs sujets contre les grands vassaux ; dans I'independance d'une foule de petitssou- verains, de communes et de nobles iuimediats; dans leur jalou- sie contre I'exercice du pouvoir judiciaire ; dans la multitude des tribunaux, qu'il etait impossible de bien composer ; dans I'mtroduction du droit ecrit , en grande partie etranger aux anciennes coutumes; » enfui , « dans le pouvoir qti'a exerce la iheorie abstraitc des gens de cabinet, eloigues du theatre du I ET POLITIQUES. 397 monde. » C'est dans Touvrage meme qu'il faut chercher le de- veloppemt'iit de ces diverses propositions. Le livre suivant est destine a I'analyse des institutions judi- ciaires creees par la Revolution francaise. M. Meyer examine successivementrinslilution des justices de paix ; celles des tri- biinaux de premiere instance, des Cours d'appel, de la Cour de cassation; il traite du ministere public; de la division des tribunaux en crimincl et en correction uel, de I'inslruction pu- blique et du jury; du jury d'accusation et des chambres d'ac- cusation qui Tout remplace; des direcleurs du jury et desjuges d'instruction qui ont, en partie, herite de leurs fonctions; des conrs speciales et prevotales. Il s'occupe avec detail de ce qui concerns le ministere des notaires et des huissiers; il examine les bornes de I'autorite judiciaire. En reconnaissant que la France a emprunte de I'Angleterre beaucoup d'idet s sur I'ad- ministration et sur I'ordre judiciaire, il remarque avec raison que ni la representation nalionale , ni I'institution dujury no sont assises en France sur des bases aussi larges qu'en Angle- lerre. II donne des eloges a la force d'unite et d' execution qui distingue notre organisation jiKliciairc. Il applaudit a la dis- tinction bien prononcee des diverses branches du pouvoir, en avouant toutefois que« des circonstances critiques et un grand penchant pour I'exercice du pouvoir illimite n'ont pas assez protege les droits de la justice, u Un dernier livre renferme les vues de M. Meyer lui-meme sur les institutions judiciaires. Ce livre, pnrement philosophi- que, est presente par I'auteur sous le titre de Resultats , qui nous annonce que M. Meyer, avant de proposer une theorie a cru devoir consulter I'experience , et qu'il a voulu deduire ses idees speculalives des faits que ses etudes I'ont mis a portee de connaitre. Ce livre, qui forme a lui seul un volume de plus de 600 pages, renferme un grand nombre de vues interes- santes, sur lesquels nons aimerions a nous arreter; mais cette; 398 SCIENCES MOR/VLES partie de I'ouvrago cxigcraiti die scnieunexamcn partlcnlicr, ct demandcrait uii article separe. C'est une tache devarit la- qiielle nous nereculerons pas, sil'abondance desmalieresdont s'occupe la Revue Encyclopedique Ini permet de nous accorder une place pour cc nouveau travail. Des ce moment, nous pouvons exprinier notre opinion sur I'ouvrage de M. Meyer. Dansl'analyse que nous venous d'en donner, quelque resserree qu'elle soil, on a pu apprecier et I'importance du sujet, et I'etendue du cadre adopto par I'an- tcur. II est impossible de ne pas reconnaitre que ce cadre a ete parfaitement rempli, et que I'ouvrage repand une vive lumiere sur une partie importante de I'histoire des societes euro- peennes. M. Meyer rounit a unesolidc erudition cette critique judicieuse sans laquclle I'erudition elle-meme n'est qu'une source d'erreurs , ou du moins d'incertitudes. Son style, sans etre absolument irreprochable sous le rapport de lY-le- gance,et mome sousccliii dela correction , a dela gravile, de la convenancc, et se rccommande surtout par une extreme clarte, qualitcbien necessaire, dans une matiere aussi serieuse, pollr soutcnir I'attention du lecteur. Pent- etre, dans les editions successives qu'un livre aussi recommandable est certain d'ob- tenir, I'auteur parviendra-t-il , par une distribution encore plus severe de ses materiaux, a eviter quelques redites, a sup- primer quelques longueurs. Ce serait un merite de plus ajoutc abeaucoup d'autrcs : mais deja, Ton- pent considerer le livre des institutions judiciaires comme I'un des travaux les plus importans et les mieux executes de notre epoque, comme I'un de ceux oh Ton peut puiser le plus d'instruction et I'ecucillir les plus saines idees philosophiques. St.-A. Berville, Avocat. ET POLITIQUES. Sgg Voyage dans la republique de Colombia, en i823; par G. MoLLiEN. Ouvrage accompagne de la carte de Colomhia^ et orne de vnes et de divers costumes, — Deuxieme edition (i). Voyage au Chili, Atr Perou et au MiExiqvv. , pendant les annees 1820, 1821 et 1822; par le capitaine B. Hall, officier de la marine royale ; entrepris par ordre du gouvernement anglais; orne de la carte de ces pays (2). Le Mexiqce en 1828, ou Relation d'lin voyage dans la Nouvelle ■ Espagne^ contenant des notions exactes et pen connues sur la situation physique, morale et politique de ce pays ; accompagne d'un atlas de vingt planches; par M. Bulloch, proprietaire du Musee mexicain a Londres ; ouvrage traduit de I'anglais par M***. Precede dune Introduction , et enrichi de pieces justificatives et de notes; par sir John Byer- LEY (3). Lcs trois oiivrages que nous reunissons dans cat examen offrent la description des immenses contrees qui s'etendent depiiis rextreniite meridionale dii Chili jusqu'a la baie des Califoriiies. Les republiques du Chili, du Perou, de la Colom- bie e\. An Mexique nowi sent presentees tour a tour dans des tableaux plus ou moins detailles, plus ou moins complets; les (t) Paris, 1825 ; Arthus Bertrand, rue Hautefeuille , n° aS. a vof. in-8°. Prix i4fr. et 17 fr. (a) Paris , iSaS ; le ini^me. a vol. in-8°. Prix i4 fr. et 17 fr. (3) Paris, i8a4; Alex. Eyraery, rue Mazarine , n" 3o. a vol. in-8", et un atlas. Prix 20 fr. et a3 fr. So c. Iton SCIENCES MORALES trois voyageurs que nous suivons n'ont pas tout vu, et n'ont pas decrit tout ce qu'ils ont vti : lems relations ii'en excilent pas moins un veritable interet; ct, s'ils ne salisfont pas toujours ]a curiosite, s'ils n'apprennent pas tout ce qu'on voudrait savoir, ils se font lire encore avec plaisir ct avec fruit. Avant que M. de Uumboldt eut public ses precieuses rela- tions, I'ctat physique et social de TAmerique etait presque inconnu en Europe; et, quoiqu'on ue s'intoressat alors que mediocrcraent a des conlrees que leur nuUite politique rcndait completement etrangeres a lout autre pays que leur metro- pole, les onvrages du savant voyageur firent une profonde sensation; c'est le privilege de tout cc qui est excellent d'eveil- ler I'attenlion , et de vaincre I'indifference du public. Aujour- d'hui, tons les yeux sont tournes vers I'Amerique, et Ton pent esperer d'interesser encore avec moins de talent, moins de science , et un coup d'oeil moins profond que celui de I'auteur du Voyage aux regions equinoxiales. L'Amerique a, d'ailleurs, eprouve une revolution complete depuis que M. de Humboldt I'a visitee; et, quoiqu'elle soit en- core, sous beaucoup de rapports, cette Amerique qu'il a si bien decrite, on comprend cependant que son etat actuel doit offrir des modifications qu'il est important de cunnaitre. Rien u'est entieremeiit edifie dans les etats nouveaux qui ont secoue ' le jong de I'Espagne; tout y est encore en fermentation et en travail; mais une organisation stable et definitive nait de cette agitation meme, et cet elat transitoire des pouples qui se rege- nerent, merite aussi d'attirer les regards du philosophe et du curieux. L'Amerique, emportee dans ce inouvement imiversel qui entraine les populations des deux moiides vers la liberte, offre un des spectacles les plus attachans que les annates du 4jenre humain aient jamais presentes. Ou a reroarque qu'il existe, aux diverses epoques de I'his- -toire, un fait principal qui domine tous les autres faits, un grand*] ET POT.ITIQUES. ffoi evenement aulour duqiiel vietinent se grbupor tons les evonc- mens secondaires, iin but necessaire qtic Ton atteiut enfin par le concours d'une foiilc de circonsfahces dont quelques-mirs semblaient devoir nous en tloigner. Ainsi, pour ne parler que de notre ere et dc notre Europe, le chrislianisme, le sj'sleme des peuples du Nord effacaut la domination roniaine, le re- gime feodal, les comnnines se constitiiant centre la feodalite, lepouvoir royal s'elevant a la fois sur les mines de la feodalite etdes communes, cofin, la reformation rcHgieuse dii i6* siecl<', sent autant de faits bistoriqiies dont on voit la uaissance, les progres , la degeneration on I'aneantissement s'accorder avoc ies phases diverses de la civilisation etles besoins de la societe. Dans un tems comme le notre, si fecond en vicissitudes poli tiques et en mouvemens snciaux, il est impossible de ne pas reconnaitre encore un fait principal et dominant: ce fait, c'cst la tendance universelle des populations des deux mondes vers le regime representafif , et vers un sysleme dans lequel la ve- ritable puissance sociale , la masse active et eclairec, occupe ia place que lui assignent les idees du siecle. Ce fait s'accom- piira, comme lesautres faits de I'ordre politique; et ses rosul- tats seront d'autant plus durables, qu'il renferme en Ini-mcme un principe de perfectionriement et d'amelibration qui, le liant intimement a la perfectibilite humaine, I'associe pour jamais aux destinees de la civilisation. Consideres sous le seul rapport de la revolution politique, les pays que nos voyagenrs ont parcoiu'us meriteraient done de fixer toute notre attention; mais les autres points de viie sous lesquels ils ont ete envisages, el siirtout les relations qui les unissent ou doivent les unit avec I'Europe , n'offriront pas moins d'interet au plus grand nombre des lectears, quoiqnc ices objets importans n'aieotete traites qu'impnrfaitenierif dans des voyages executes avec quelque precipitation, of dans unc t. xxviii. — ]Voi>emhre 1^2^. a6 Ao% SCIENCES MORALES partie seulenientde chacune tie ces vastes contrees qui fonuent les etats independans. On se troiiipcrait, par exemple, si Ton csperait Irouver dans le Voyage de M. Mollien une description complete de la icpu- blique de Colombic. Nous allons tracer Lrievement I'itineraire de ce voyageur, pour qu'on puisse se faire tout de suite une idee de la portion de la republique qu'Il a visittie. Debarque h Carlhagene, il gagne la Magdalona; il descend ce fleuve, de- puis Barranca jusqu'a Honda; dans cet endroit, il prend la route de terre pour se rendre a .Santa-Fe de Bogota, capitale de la republique; il visite les environs de Bogota, et fait un voyage dans la province de Socon-o , dans un espace de 5o a 60 lieues, au nord-cst de Bogota. Revenu dans cette derniere \ille, il y fait encore qiielque sejour, ct se dispose a repas- ser en Europe. Plusieurs routes s'offraient pour son retour; il choisit la plus courte, dans le dessein, dit-il, d'examiner la Cordiliere occidentale, plus riche en mineraux que cclle de Test, qu'il venait de parcourir, ct il se dirigc sur Buenaven- tura, port de la mer Pacilique dans la baie de Clioco , oCi il devait s'embarquer pour Panama. Il part done de Bogota, atteint la Magdalcna, rcmonte la rive gauche de ce fleuve jusqu'a Neyva, ville principale de la province de ce nom. De la, il prend sa route, a travers la Cordiliere de I'ouest, jusqu'a Popayan, dans la vallee du Cauca, fleuve qui coule long- teras parallelement a la Magdalena, dont il est separe par une chaine de la Cordiliere. Il suit la vallee du Cauca, eu remon- tant vers le nord jusqu'a Call, d'ou, se dirigeant au nord-ouest vers la mer Pacilique, il franchit une derniere branclie des Cordilieres; puis, s'embarqnant sur le Dagua, il descend cette espece de torrent jusqu'a Buonaventura. Un navire le con- duit de ce port a Panama, i! traverse I'islhme, et s'embarque de nouveau a Chagres pour revenir en Europe. Sil'on suii cet itineraire, une carte sous les yeux,onverraque ET POLITIQUES. 4o5 la portion de la Colombie visitee par M. MoUien est peu conside- rable, en proportion des immenses territoires dont cette repu- bliquese compose. La vallee de laMagdalena presqueentiere, une petite partie de celle du Cauca, le plateau de Bogota et celui du Socorro, plusieurs passages des Cordilieres, et la largeur de Tisthme, voila ce qu'il a parcouru, c'est-a-dire une portion de I'ancienne province de Ciindinamarca. Mais la pro- vince de Quito, celle de Venezuela, la>Dans sa seconde edition, M. MoUien a bien voulu epargner le re- procbe Aefolie a cette jeunesse qui secoua un joug de 3oo ans, et fonda une liberie qui est desormais hors de toute atteinte de la part de I'Europe. M. Mollien aurait pu supprimer aussi I'expression de I'etonnement qu'il eprouve a voir des ministres de ao ans et des presidens de 24. Depuis quand demande-t-on I'acte de naissanccdeshommesd'J^tatpourjugerleurconduite? Lorsque, par sa campagne d'ltalie, Bonaparte se fut place au rang des hommcs de guerre les plus eminens, n'yaurait- il pas eu quelque simplicite i s'enquerir de son age pour savoir s'il etait ou non un bon general ? Je ne sais quel age avaient les ministres et les presidens sous lesquels a commence I'ere republicaine de Colombie ; mais je sais que la republiquc a etc foodee, et cela me suffit pour les apprecier. 11 est a remar- quer, d'ailleurs, que les vcrtiis republicaines sont ordinaire- (uent I'apanage de la jeunesse : exempt des froids calculs et des vnes personnelles, cat Age vit d'enthousiasme et de desin- teressement : c'est le terns des sacrifices heroiques. La Fayette avait 20 ans lorsqu'il offrit en holocaiisteala liberie de longnes esperances de bonhenr. Eu general , nous avons cru remarquev trop de legerete dans les jugemens polifrques de M. Mollien ; mais nous nous empressons dc lui rendrc cette justice, que s'il Iraite trop favorablement I'ancien gouvei nemcnt de la metro- ET POLITIQUES- /,<.9 pole, il DC tlissiinule pas du moius Ics torts lecens, \es cniaiites tics royalistps contre Ics intlepentlans, et il reconnait avec rai- son,dans ces exces deplprables, I'liiiedes causes les plus actives dc Texpulslon definitive des Espai^nols. Au reste, des qu'on a vu les premiers evenemens qui out signale les tentatives des independans, on a pu conjeclurer leurs succes. Les merveilles de la conquete faisaient encore illusion h quelques imagina- tions qui ne vivent que dans le passe; mais il ne restait rien de ces tems en Anierique non plus qu'en Europe, ou plu- tot les roles elaient completeinent clianges. Les aventuriers qui suivaient Cortes et Pizarro marchaient avec renthousiasme des decouvertes et dc la conquete; ils ecrasaient un peuple qui ne se defendait qu'avec la conscience de sa faibtessp et le pres- sentiment de sa ruine : au xix* siecle , au contraire, ce sont les Americains (]ui attaquent les Espagnols, et |'enlhousiasme de la liberte , qui les anime, ne rencontre pour adversaires que des soldats parfaitement indifferens a la cause qu'ils sont char- ges de defendre. Quant au systeme colonial des Espagnols, une seule reflexion suffit pour le faire a|)precier avec impar- lialite : ce n'est point par inadvertance ou par incapacite que le gouvernement do la mctropole a mine et depeuple I'Ame- rique, c'est a de^sein et par calcul. II a fait consister sa sagesse dans raccomplissement de cette iniquice; c'est assureinent un des plus grands crimes de la politique moderne. Ce gouver- nement comprit de bonne lunire, qu'il fallait que rAmerique fut pauvre et opprimee pour qu'elle fut toujours colonie ; il se lit oppresseiir afin de rester maitre, et il ruina I'Aniericiue atin dc la posseder plus long-terns. Si, dans I'origine, I'Espagne a |)orte la civilisation aux Irxliens, elie la leur a vendue cher; si elle leur a fait quelqiie bien, ellc I'a fail pour elle, et dans sou scul interet; elle n'a jamais recule devant la craintc de leur nuire, quaiid elle a cru que le uial qu'elle leur ferail lui touiuerait ii profit. Sans doute elle scntit tout le danger de 4io SCIENCES MORALES i'asservisscment dcs indigenes qiiand «lle vit que !es conqiie- rans devenaicnt, en An/criqiu', plus maities qu'cUe-memc; et elle protL-gea los imlii^ciics pour proleger sa proprc cause, et non j)our reprimcr la tyrannic coloniale; car elle n'a pas niantjue de se niettie a la place de tous ces petits tyrans, dcs qu'elle fi cesse tie les craindre. M. MoUien teimine son resume historique par des notices succinctes sur les divers gencraux qui out combattu pour la cause de la liberie. Bolivar est juge avec beaucoup de seve- rite, et nieme un peu de dedain; cependanl, le voyageur a cru devoir modifier, sous quelques rapports, daus la seconde edi- tion de srm livre, le jugement qu'il porte de ce general. Apres avoir ilit que ce qu'a fait jusqu'a present Bolivar dans sa car- riere r.iilitaire doune plutot de lui «rideo d'un partisan hardi que d'un general habile a remtier des masses; » ce qu'a la rigueur on ne peut contester, puisque Bolivar n'a jamais eu de grandes armees a sa disposition, le voyageur ajoutait: «Deux mille hommes de plus embarrasseraient peul-etre ses calculs. » II fautconvenir cpio cetle petite phrase placait bienbasle talent niilitaire du liberateur de I'Amerique du sud ; elle a disparu; nousne savous si I opinion de M. MoUiena change, on si cette phrase n'etait qu'une inadvertance. II y en a plusieurs dans le Voyage a la Colombie; et, par exemple , nous voyons dans le passage qui nous occupe , que la plupart des soKlats de Bolivar appartiennent a la classe des Noirs; c'etaient des Mu- latres tlans la premiere edition. De pareilles errenis annoncent un pcu trop de precipitation dans un ecrivain. jN'ous trouvons «^galement, sinon de la precipitation, au moius peu de discer- nemcnt, dans le parallele entre le gouvernemeiit fonde par Bo- livar et celui des £tats -Unis de I'Amerique septentrionale; il nous faudrait ]j1us d'espace que nous n'en avons ici pour etablir la comparaisou , et montrer tout ce qu'il y a de hasarde dans le jugement de M. Mollien. Nous ne pretendons pas que ET POLITIQUES. An la constitution colombienne soit a I'abri de toute criliqiie; mais nous remar- snlter ce Voyage; il le cite dnns sa secoude edition. /,i4 SCIENCES MORALES prendre !i;iir paraphiie, et les inviter h entrer. » Sans doute iin pareil spectacle est bien miserable pour un homme qui ferait conslituer la grandeur dans ccs niaiseries de I'etiquelte, si im- portantes dans nnc monarchic; mais nous nous imaginons qu'un peuplc veritabloment ami de la liberti; ct qui demande a ses representaus des lois sages et non de belles ceremonies, pourrait bien etre pins touche de rencontrer des ministres dans un aussi modeste equipage , que de les voir envirounes d'un luxe scandaleux qu'il est oblige de payer , et pour lequel on le prive quelquefois de son aisance, et meme de son ne- cessaire. Le chapltre suivantoontient des renseignemens curieux sur les finances , I'armee , la marLne et les relations etrangeres. M. MoUien en a sans doute puiseune partie dans les Mernoires presentes an congres par les' divers ministres en avril et mai 1823, mernoires qui furcnt publics dans le terns a Bogota, et qu'on a Iraduits en francais et imprimes a Lcndres.l'annee derniere. Pcut-etre M. Mollien aurait-il pn en faire plus d'u-- sage; peut-etre aussi ne les a-t-il pas toujours bien compris ; aiiisi, au sujet de I'organisalion de Tarmee , il dit : « Cliaque escadron a trois compagniespour la tactique ancienne et deux pour la moderne. » Or, sil'on evaluait sur eette base le total de la cavalerie, on Irouverait qu'il depasse de beancoiip le nonibre de Aj^gS hommes, qui , selon Texpose du miiiistre, forme le complet de cette arme; mais c'est evidemment une erreur de traduction ; le ministre colombien a dit: « Quantaux escadrons, les uns se composent de trois compagnies, seloQ I'ancienne tactique, et lesautres dedcux suivant la tactique mo- derne." Puisque I'occasion se presente de parler de ces exposes, nous devons dire qu'ils sont eciits avcc ime candeur fort rc- marquable; les ministres ne dissimulcnt point I'etat du pays, ils nc le pMsentent point sotis des couleurs plus favorables, pour s'attirei" des applaiidi'^semens, o\\ sons des couleurs plus ET POLITIQUES. Ai5 sombres pour avoir un pretexte d'aggraver les charges pu- bliques. S'il n'y a pas beaucoup d'eioqiieiice dans le style, il y a, ce qu'on ne trouve jias toujours clans dt-s discours mi- nisteric'lsplus eleganiuient tourings , de la franchise, du patrio- lisme, et le desir sincere du boiiheiir public. Ces ministres-li pourraient servir de modcles a biun d'autres , qui ue se ren- dent point aux chanibres «cec leurs parapluies. Apres un sejour de pcu de mois, pendant lesquols il fut ma- lade, ou occupe a visiter les environs, M. Mollien quitte Bogota. Nous avons indique phis haul le chemin qu'il clioisit pour son letour. Les troubles qui agitaientalors les provinces de Pasto et de Patia rcmpecherent de depasser Popayan , et lui firent abandonuer le projet do visiter la province de Quito; nous avons dit qu'il en donne la description d'apres un voyage fait en i8o5. II decrit ensuite la vallee du Cauca non moins interessante que celle de la Magdalena; et, arrive a Bue- naventura ou il doit s'enibarqucr , il donne de la province de Choco une description on Ton romarqiie dos notions geogra- phiqiies assez nouvciles. Cc pays mari'cageux , oil Ton trouve lor des qu'on renuie la terre,estrun des plus miserables de la Colonibie; la population y manque, et il y faudrait faire d'immenses Iravaux pour le rendre habitable et en exploiter les richesses. M. Mollien a joint a ce chapiire une note, oil il a reciieilli un memoire interessant, compose par un Anglais , anonymo, sur la possibiliie d'ctablir une communication entre la mer des Antilles et I'Ocean pacifique, par le Rio-Atralo. Arrive a Panama, et pies de quitter le territoire de la repu- blique, le voyageur recueille ses souvenirs, et s'applique a nous peindrel'aspect physique du pays oil il a sejourne durant une annee. Le cliinat, le sol, les animaux qui I'habitent, I'oc- ctipent tour i tour; ensuite il consacre un chapitre k la distinc- tion des couleurs et des races diverses dont se compose la population; il la divise en peuple des Paramos, peuple des /.1 6 SCIENCES MORALES inontagncs u ble, pcuplc dns plaincs, Indios hravos , on sau- vages, esclaves negrcs. Lc caractere de ces diffc'rentes races , leurs habitudes, leiirs antipathies on leurs liaisons sont decrits avpc soin, et ce chapilrc nous sembie I'un dcs plus inlercssans de ronvrage. On trouve aussi des documens utiles dans celui qui est consacre a ragricultiire, a I'industrie, aux mines , an commerce d'importation et d'exportation ; malheureusement les renseignemens sont anciens et rares. Los jouruaux, les me- moires des vice - rois,quirenfermaient presque toiitce qne Ton possedaitde documens sur la stalistique, et la situation agricole, commerciale et financiere «le I'Ameriquc, out etc detruits on enlevt'S. On voit a tout moment dans les rapports des ministres »u congres, qu'iis ignorent eux-memes les donn^es les plus utiles a I'administration d'un grand etat. Mais les mesures sont prises pour se les procurer: quelques annees de paix , et le zelc d'un gouvernement jeune et popnlaire auront bienfot reparc ies inevitables desordres des terns qui viennent de s'ecouler, ct tine fois que la republique connaitra bien ses ressources , on peut s'en rapporter a I'esprjt d'amelioration dontelle est ani- mee pour les faire prosperer. M. Mollien a trace la peinture du caractere du peuple qu'il a visite ; jamais voyageUr n'y manque, mais il en est pen qui teussissent. Le premier reproche que nous ferons aux peintures deM. Mollicn, c'est qu'elles sont un pen communes. Lorsqu'on point les moeurs d'un peuple, il faut choisir des traits caracte- ristiques et non ceux qui appartiennent k toutes les socieles. II n'est pas necessaire de franchir I'Atlantiquc et les Cordi- lieres pour apprendre « qu'en general on donne aux etrangers des soins selon I'habit ; qu'il y a beaucoiip de medisances dans les causcries de salon et les confidences que se font les femmes; que les expressions banales dela polilesse nc signi- tient rien; et, avant de connaitre les gens de Bogota , M. Mol- licn aurait pu ecrire la phrase suivante : « Toujours prcts a ET POLITIQUES. /,,7 {a\tc ditigenciu , diligence, ils ne bougent jamais. Neanmoins , d'eux-memes ils offient de fairc des demarches: tout est a i« disposicion , a voire disposition; ils sont toujours ^rets, para servira usled , prets a vous servir , quand on s'Jnfornie de lenr sante. » De pareilles remarques ne meriteot giiere d'etre rap- portees de deux a trois miUe lieues. Nous pourrioas aussi sus- pecter quelquefois la fidelite du peinlre, car il n'a pas toujours travaille d'apres nature ; et quelques-ons de ses portraits ne sont evideinment que des copies. II n'est pas aise de trouver et de peijiflre le trait caracteris- tique d'ua peuple ; souvent, de quelques traits particulierSj I'observateur superficiel faitun caraclere general, et, dans quel- ques physiononiies individuelles, il s'imaginc reconnaitre la phy- sionomienaliouale. LeColombien, d'ailleurs, peut-il niaintenant avoir un caractere? Lejoug espagnol ne I'a-t-il pas defigure ? II ne faut pasjuger ce qu'il peut devenir par ce qu'il est;il fout songer a cequcla tyrannic a fait, a ce que la liberie peut faire. Ce n'est pas au moment ou il brise sa chaine que Ton doit de- mander a un esclave ce qu'il est; il faut rechercher dans son ame le germe des sentimens qui vont s'y developper; il faut voir les ressources physiques et intellectuelles qui lui etaient interdites et dont il va s'enaparer ; il faut enfiu savoir demelec ce qu'il sera, et ce qu'il sera bientot, car si Ton ne marche pas encore tres-siirement, ou peut marcher vite', du nioius au moment ofi Ton s'affranchit de ses liens, et le lendemain du jour ou nous avons la conscience que nous sommes libresa deja mis un siecle entre I'esclavage et nous. On pourraitrelever dans ce voyage quelques contradictiua^ ; on pourrait y desirer pins d'ordre; le voyageur revieut de terns en lems sur les memes objets , qui, se trouvaut ainsi entreraeles, laissent dans Tespril du lecteur des idees un peu conftises , et qui seraient plus nettes , si les fails et les documens etai«nt mieux classes. Telle est au reste la coulume de beaucoup de T. xxYiii. — Novemhre i8:i5. 27 4i8 SCIENCES MORALES voyageurs, ils icrivent h mesure qu'ils voient; il font un jour- nal et non un livre. Par la meme raison, il faut s'attentfre a rencontrer aussi beau- coup d'inutilites dans un ouvrage de ce genre. Le voyageur aimequ'on s'occupe de lui, il confie asonlecteur une migraine, un mal d'estomac; le moindre acces de fievre doit etre un eve- nement pour le lecteur, comme il en a cte un pour lui-meme; il ne peut prendre un autre guide, il ne pent echanger un mu- lct blesse, sans nous informer de cette grave circonstance; s'il a mal dine, c'est un malheur qui merite d'etre note; s'il a manque decouchcr a la belle etoile, il faut absolument qu'on le plaigne; si les chiens Tont em^Deche de dormir, la posterite le saura. Les puerilites de ce genre se presentent assez frequemment dans le voyage de M. MoUien; nous ne nous sentons guere lo courage de lui eft faire un reproche; ce reproche lui serait d'ailleurs commun avec un grand nombre de voyageurs. Cepen- dant, s'il fait une nouvelle edition de son livre, nous lui con- seillons d'en retrancher quelques pages ; la seconde a etc veritablement amelioree par quelques additions utiles ; ces retranchemens n'amelioreraient pas moins la troisieme. II pourrait profiter aussi d'un ouvrage anglais sur la Colombie(i) qu'il a deja consulte sans doute, mais qui lui fournirait encore debons renseignemens. Un autre point qui meriterait aussi toute son attention, c'est la rectification de sa carte; nous ne lui demandons pas dc la rendre bonne, nous savons que cela est impossible , mais nous voudrions au moins y voir indi- quesplusieurs endroits interessans et divers cours d'eau qui ne (i) Colombia : being a geographical , statistical, agricultural , com- mercial and political account of that country. London , 182a. a v. in-S". L'auteur de cat ouvrage a fait de nombreux emprunts a M. de Hum- boldt , et en y joignant quelques documens plus recens il a trace de ce pays un tnbleau assez complet a I'epoque ou il ecrivait. ET POLITIQUES. 419 sont point sans importance et qu'il mentionne dans sa nar- ration. En resume, uu voyage danslu Colombie pourrait etre plus curieux; mais tel qu'il est, celui - ci ne manque pas d'inleret ; et les circonstances ou se trouve cette republique, ainsi que la rarete des documens qui existent en notre langue, assurent des lecteurs a Touvrage que nous annoncons. Nous ne pou- vons cependant le quitter, sans donner a ceux auxquels nous le recommandons un avertissement utile. M. Molllen affecte en toute occasion de presenter la situation de la republique de Colombie sous un jour peu favorable ; il suspecte la moderation de Bolivar, et les sentimens republi- cains du peuple ; a I'entendre , tout est encore precaire dans la republique, et les institutions ne portent avec elles aucun gage de stabilite; il recapilule soigneusement toutes les causes qui doivent embarrasser le pouvoir et compromettre la destinee de ce peuple nouveau. Sans doute, les difficuhes de la situation de la republique de Colombie sont grandes, et ce ne serait pas etre ami dece cette nation que de leslui dissimuler : mieux elle les connaJtra, plus elle ^era sure d'en triompher; mais, loin de la decourager, il faut lui raontrer toutes les probabilites de ce triomphe; il faut considererle point d'ou elle est partie, et celui oil elle est arrivee,apr^s une lutte de quinze annees; il n'estguere de peuple qui ait si bien employe un si court espace de tems. Apress'etre affranchie paries arnies, cette nation s'est constituee par les lois ; voila quatre ans a peine que la loi fondamentale et leslois secondaires , rendues dans la celebre session du congr^s assemble a Rosario de Cucuta(i), sont en vigueur, et deja il (i) Le recueil de ces lois, rendues dans I'espace de cinq mois par le Congres constituant , forme i vol. in-8°. On y trouve ( outre la constitution), les lois, les decrets et les r^glemens dont I'ensemble peut seul faire connaitre, avec quelque exactitude , I'organisation de 4ao SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. est facile de voir que toiites les scmences de prosperite se de- veloppent et vont porter leurs friiils. On dirait que I'homme a toujours pris a tache de coutrarier dans ces climats une nature genereuse et prodigue; aujourd'hui que des hommes nouveaux sont disposes a la seconder, qui oserait assigner un terniea ses bienfaits ? L'ouvrage de M. Mollien uous a oecupe plus long-lems que nous ne le pensions, et nous renvoyons a un second article I'examen des P^ojages an Chili et au Mexiqiie. M. A. la republique. La loi reglementaire de la liberie de la presse , celle qui etablit radministration des departemens , des provinces et des cantons et la loi d'organisation judiciaire sont les principales. On y trouvc luenie le reglemeiit interieur descongres, etlesremerciemens soleniiels votes par la representation nationale a quelques etrangers qui out defendu la cause de I'independance ainericaine, tels que lord Holland, I'abbe de Pradt, et Henri Clay, ancien president de la Chambre des repr^sentans des fitats-Unis. On a publie une traduc- tion anglaise de ce recueil , sous ce titre : Code of laws of eke republic of Colombia : containing the constitution and laws sanctioned by the first general congress, in the sittings they held from the sixth of may to the fourteenth of October 1821 ; translated from an official copy. London, iSaS. LITTERATURE. Annee francaise, ou Memorial des sciences^ des arts et des lettres ^ comprenant les inventions et decoiwertes recentes ; les eveneniens politiques importans ^ e/e.;par une Societe de gens de Icttresj public par C. A. el D. B. , ancien bihliothecaire. Premiere annee (i). Chose rare aujourd'hui et de bon augure, les cditeurs de ce recueil y reconnaissent eux-memes des imperfections ; ils esp^rent rpmeliorer , et ne se felicitent pas moins de s'etre trace un plan qui leur rende facile toute espece de modifications, que de s'etre propose unbut utile. Leur hut est de nous donner, au commencement de chaque annee , un resume substanticl et methodique de toutce que I'annee precedente aura produit de vraiment dij^ne d'attention. l^cuv plan offre trois divisions prin- cipales, qui sont , i " les sciences et les arts } 2° les belles-lettres ; 3° Xhlstoire, J'avoue que cette triple division ne me parait pas heuieuse ; elle est tout au moins arbitraire. L'histoire, qui appartient si eminemment aux belles-lettres par le rare talent de compositixjn et de style qu'elle exige , appartient egalemeiit a la philosophic morale par son objet, qui est depeindrc et d'eclairer les nations; et , puisqu'il y a dans I'ouvrage une subdivision des sciences morales et politiques , pent - etre aurait- il fallu rauger Y kistoire dsm^ cette subdivision. Mais, en ce cas, oil placer \e precis des evenemens de I'annee? Dans la section consacree aux sciences ? Non. Dans celle des bellcs-lelties ? (i) Paris, 1825. I vol. grand in-8". viii et 672 jia^es. Au Bureau de \ Annee francaiie , rue des Saints-Pcrcs, n° 18. Prix, 9 fr. Itii LITTJ^RATLIRE. N'on encore. Ce n'cst, a proprement parler, ni de la litteraturc, iii dela science, mais ce n'est pas davantage do I'histoire. Ce sont pour nous des souvenirs ; s'ils surnagent , ils seront un jour dcs materjaux pour I'histoire, et rien de plus. 11 aurail done mieux valu les enregistrer a part , et les ranger sous un autre titre. Mais , avant d'insister sur les inconveniens de eettc division du recueil en trois parties , ii convicnt d'exposer I'or- dre qui a ete suivi dans chacune. La premiere section de la premiere serie est consacree aux sciences morales et politiques , auxquelles on a rattache, avec toute raison , la theologie et la jurisprudence. Viennent ensuite les sciences physiques et matliematiques , auxquelles se ratta- chent egalement, d'un cote , la medecine ; de I'autre, les arts industriels. Par une transition un peu brusque, nous passons a la subdivision des beaux-arts; nous y trouvons le compte rendu des Expositions de peinture et celui des travaux publics. Dans la seconde division (les belles-lettres) , philologie , dia- lectique, artoratoire, poesie, depuis I'epopee jusqu'a I'elegie et a la satire, tout est passe en revue avec ordre et rapidite; sauf toutefois I'art dramatique, dont on a cru devoir faire un article a part et d'une etendue hors de toute proportion avec les autres parties du livre. Les auteurs avaient promis un exa- men de toutes les pieces qui avaient paru dans I'annee sur les differens theatres de la capitale. lis out tenu leur promesse; et, quel que soil mon desir de n'interrompre cette analyse par aucune reflexion, je leur dirai, en passant, que c'est trop pro- raettre et trop tenir. Les parades de nos boulevards n'appar- tienuent pas plus aux belles-lettres que les pantomimes de Fran- coni •, et du moins, faudrait-il laisser dans I'oubli oii elles repo- sent celles qu'une meme soiree a vues paraitre et s'evanouir. Ne suffirait-il pas d'en donner ( comme les auteurs eux-memes semblent en avoir eu I'heureuse pensee) le bulletin necrolo- gique ? LITTERATLIRE. 4a5 La troisieine (\i\is\on (V/iistoire), assemblage de mateiiaux assez heterogenes, les presente dans I'ordre suivant : Geogra- phic et chronologic ; voyages et decouvertes ; antiquites ; his- toire ancienne et moderne ; precis des evenemens politiques de I'annee, ou (pour le dire aussi en passant) on remarquera le chapitre des intrigues electorales , le monopole des journaux par la Caisse d'amortissernent de V esprit public, la luttc hero'i- que des vengeurs dc Scio et de Psara. — « Les materiaux de nos annales politiques, disent les editeursde cerecueil, devaient preceder I'histoire de nos sciences et de nos arts. » Sur quoi ils ont imagine qu'en depit de leur premiere division, sciences et arts, il leur fallait renvoyer ici le compte rendu des seances publiques et des travaux de nos academies, I'annonce des prix decernes et de^ sujels mis au concours. A la bonne heure ! mais, si tout cela est de Vhistoire , c'est au moins de I'histoire bien litteraire, et d'un genre tOHt different de celle que font en ce moment les Grecs. Le recueil est terminepar la iVecro- Icgie des hommes celebres morts dans le courant de I'annee derniere , et par des Tablettes bibliographiques , ou Ton pour- rait relever plus d'une omission. Cette troisieme panic est celle qui prete le plus aux objec- tions par la distribution des jnatieres. En admettant meme la premiere division, qui separe des belles-lettres I'histoire, sans la ranger parmi les sciences morales et politiques , il sera toujours singulier de ne trouver qu'a la quati'ieme subdivision de I'article histoire , le titre : histoire ancienne et moderne , qui semble a lui seul tout embrasser. On rc^marquera aussi que la relation don- nee jour par jour du voyage de la Duchesse de Berry en Nor- mandie,rangeeimmediatementapres les voyages pour la decour verte d'un passage de I'ocean Atlantique dans la mer Pacifique, et qui remplit d'ailleurs autant de pages que I'analyse de tous les aulres voyages ensemble, aurait ete plus naturellement placee dans le precis des evenemens de I'annee ; tandis qu'au 4a4 LITTERATURE. contraire les voyages imprimcs tie William Franklin ct do Don Juarros , quise Irouvent analyses, on ne sail pourquoi , dans le precis, auraient du avoir leur notice dans la section des voyages ct dccouvertes. Un article a part etant reserve aux societes sai'ontes , il aurait 6te convenablc d'y renvoyer I'an- nonce des sujets de prix mis an concours par la Societe de ideographic , dont le programme est Ic seul qni soit annonce dans le reste de I'ouvragc. Enfin, sans reprodnire ma remarque au snjet de cet article sur les Societes savanles, ne fatidrait-il pas I'appliquer plus rigoureiisement encore anx Tablettes bi- hliographiques , ejjalement enchassees dans la division histoire? Jc n'iraets qu'un doute ; mais il me semble qne faire suivre cliaque partie du recueil dun bulletin bibliographiqne parti- culier , et ne contenant que I'annonce des onvrages rclatifs aux objels traitesdanscette partie, serait un moyen facile d'ecarter loujesles objections, et meme de reunir tous les avantages. Jene pousserai pas plus loin ces remarques critiques. On est bien a I'aise, lorsqu'on n'a qu'a dire son avis sur rarrangem ent deja donne a des materiaux immenses et tres- divers ; mais je con- viens franchement que je serais fort embarrasse, si j'avaisa les ordonner moi-memc. Les redacfeurs ont eu le bon esprit de provoqucr les conseils : je leur donne les miens pour ce qu'ils valent, et dans rinterel de leur entreprise, digne, suivant moi, de se perfectionner. C'est par le m^me motif que j'ajoute que- tant tombe, a I'ouverture du livre, sur I'arlicle Poesie , j'ai etc frappe de la frequence, et quelquefois aussi de la longueur des citations. .Te propose aux edi tears des'en montrer plus avares. Dans un livre comme celui-ci, Timportaut est I'economie des phrases; I'espace doit se menager. Or, comme ces citations ne viennent qu'au bout de I'an, apres toutes les critiques quo- tidienncs, hebdomadaires, mensuellcs, ellcs sont presque 'outI jours des repetitions; et , de deux choscs Tunc , ou elles n'of- frentriend'assczrcmarquable pour engager a lesretenir; alors, LITTER ATURE. /,25 a quoi bon les donner ? ou elles renferment "e scene du ae acteentre Ali et ses courtisans, celleouil derobe le firman a Ajazid, celle du 4*^ acte oii Photos declares on amour a Emine, peuvent etre mises a cote des creations de nos plus grands maitres. Nous avons deja cite un morceau d'une simplicite sublime. Prouvons par une se- conde citation que les Graces sont propices a I'auteur des Mar- tyrs de Souli, toutes les fois qu'il consent a leur sacrifier : EMIKE. Enfans, que clierchez-vous ? ZOPHAS. Nous cherchons Emine. zoBEiDE aux deux enfans. Lalseez-la... ELFHIRE a Zobeide. Des vainqueurs nous fuyons la colore... ZOPHAS a Emine. Sauvez , sauvez ma soeur ! ELPHIRE. Sauvez , sauvez mon fr^re T EMINE. L'un et I'autre, en mon sain... ZOBEIDE aux enfans. Vous I'exposez... EMINE a Zohiide. Pourquoi Veux-tu de ta princesse iloigner leur effroi ? Qu'ils restent dans mes bras ; c'est leur dernier asyle ! Z0PHA.S. Au nombre des captifs qu'on massacre et mutile , Christol nous a revus ; ce Noir airoe de Dieu Nous a pris dans la foule et pousses vers ce lieu. LlTTliRATURE. 0<) U'Einine, disait-il , cherchez \'aU]e prospiic : Je cours defcndre ailleurs PliAlos ot votre m6re. El.l'HlRE. Du fond de nos foyers ils m'ont , avec fureur , Par les chcveux trainee en ce camp plein d'horreur. zornAS. Mon bras, trop faible encoi-, dosarm^' dans la lutte, N'a pu vcnger Ics coups qui liaterent ma chute. Mais que votre bontc ne veiile point sur nioi. I'.LPHIHE. Qu'elle ^carte la mort... 7.0PU,VS. De toi , ma soeur. ELPUIUE. De toi , Mon fr^re. BMIJIE. De tous deux !..• Quoi ! ces tendres victinies S'offrent done I'une et I'autre en martyrs magnanimes ! Et tels sont done ces Grecs , qu'un pouvoir criminel Veut punir des vertus d'un amour frateruel !... Mais oil -vous ai-je vus ? cnfans , veuillez me dire... On te nomme?... ZOPHAS. Zophas. EMINE. Et toi, ma chfere? ELPUIHE. Elphire. EMINE. Oui , c'est vous... j*ai re^u le tribut de vos (leurs... J'admirai de vos traits les aimables douceurs : Oui , dans vos monts... voila ta croix qui m'a troublee... Tu devais, m'as-tu dit , pour elle dtre immolee... ELPHIRE. Et je vais I'fitre ! 44o LITTfiRATURE. EMIME. Non , jeunes infortunes ! Vainement a moiirir vous seriez condamn^s : Je vous prends sous, ma garde... O digne Moscholie, Tiens , vois par Emine ta faraille accueillie ; Je te rends tes enfans... ouvre-leur done tes bras. ELPHIRB. Vous parlez de ma m^re! .. ZOFHAS. Ou done est-elle? h^las f iMlVEJetant itn cri. Ah ! ciel... tu m'as ravi la raison, la lumifere... Je vois ce qui n'est pas ! ELPHIKE. Grand dieu! que ma prifere Pour elle jusqu'a foi s'el6ve en ce moment , Et rompe le bandeau de sou aveuglement ! c. I III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQIJE. LIVRES ETRANGERS (i). AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNIS. i65. — * Sixth general Report, etc. — Sixieme rapport du president (James-C. Fisher) et des directeurs de la Compaguie du canal de la Chesapeake et de la Delaware. Philadelphie, 6 juin iSaS. In-8° avec 3 planches. 1 66. — * Facts and arguments in favour of adopting railways , etc. — Faits et raisonremens qui etablissent la preference que meritent les chemins de fer sur les canaux , dans I'liltat de Pensylvanie. Quatriemc Edition. Aout i825 ; William Fry. Ii)-8° de 68 pages. 167. — * To the citizens of the common wealth of Pensylvania , etc. — Adresse de la Societe de souscripteurs pour les perfecticnnemens inie- rieiirs de la Rcpublique de Pensjlvanie, aux citoyens decette republique. Seconde edition. Philadelphie, Janvier iSaS. In-8°. 168. — * To the citizens of the common wealth of Pensylvania , etc. — Adresse de la m^me Societe, etc. Philadelphie, 22 aout iSjS. In-80. Les quatre brochures que nous reunissons dans cet article tendent aum^mebut, le perfectionnement des communications interieures dans la Pensylvanie; car, tel est le sens que Ton attache a ces mots in- ternal improvements in the common wealth. Les heureux citoyens de cet Etat n'ont point a s'occuper d'eux-memes, mais seulement de leur sol : ils ne sentent pas le besoin de congregations religieuses , ui de jesuites ; ils sont veritabieraent religieux. L'iiistruction y est telle- ment repandue, que les freres de la Doctrine chretienne ne seraient jjeut-etre plus en etat de la faire retrograder. Loin d'avilir leurs Academies et de pers^cuter leurs savans et leurs professeurs les (i) Nous indiquons par un asterisque (*) , place a c6te du litre de cliaquc ouvrage, ceux deslivres ctrangers ou fiancais qui paraitrout digues d'une atten- tjou particuliere , et nous en rendrons quclqucfois compte dans la section des Analyses, /,4i LIVRES ETRANGERS. ]ili»s dislingues, ils honorent Ics corps enseignans et le savoir. Uiie Societe, dont les statuts se trouvent dans la troisieme brochure, en- treprend de faire jouir ses concitoyens de tous les biens que peuvpiil procurer un sol fertile et une Industrie bien dirigee, sous le meilleur gouvernement. De grands travaux sont commences , d'autres sont mc^dites, et pour tous, il faut des ressources, et surtout de I'esprit public. Tel est le but des adresses de cette Societe a ses concitoyens. Elle repand avec profusion les ecrits instructifs, les notes sur les avantages que ])rocureront les travaux proposes. La question des cbemins en fer compares aux canaux y est discutee , non-seulement en general, mais dans son application speciale au sol de la Pensyl- vanie, aux circonstances du moment, a la situation financiere et commerciale des Etats voisins, aux progres de la population et de rindustrie, tels qu'on pent les prevoir avec certitude. Les details, les tableaux et les calculs presentes dans ces adresses sont un modele de sage discussion : nous regrettons qu'il ne nous soit pas possible d'en detacher quelque partie, sans lui faire perdre de son merite, eu la mettant hors de sa place. Dans I'ecrii sur les chemins de fer, nous apprenons que I'inventeur des chemins de cette espece, qui sont sus- pendus et supportes par des piliers de pierre ou de bois, est bien certainement M. le colonel Sakgeant , de Boston ,et non M. Palmer, qui s'en attribua le merite en Angleterre. Les Anglais, qui reprochent aux Francais la pretention d'avoir tout inveute, sont sujets aussi quel- quefois a s'attribuer les decouvertes d'autrui. On voit encore, dans ces brochures, que les methodes de M. Mac-Adam pour la construc- tion des routes (Voy. Jiev. Enc, t. xxi , p. 35), ont travers6 rOcean , et qu'on s'est procure en Amerique tout ce qu'il faut pour les mettre a execution avec un plein succes. Dans ces grands travaux interieurs, la defense de I'Etat n'est jamais oubliee. On n'ouvre pas une route, on ne creuse pas un canal , sans consulter le comite de la guerre, qui, de son c6te, con- tribue au perfectionnement des travaux, non-seulement par ses lumi^res, mais par les hommes qu'il procure pour les diriger. Le canal de jonction de la Chesapeake a la Delaware semble avancer lentement, puisque la compagnie public le 6*^ rapport annuel, et puisque les travaux ne sont pas encore termines; mais ce projet , miari avec une sage lenteur , et pr6par6 par des operations faites avec soin, marche aujourd'hui avec une grande activite, et le com- merce sera bientot en possession de cette nouvelle route. F. 169 — * Travels in the central portions 0/ the Mississippi valley, etc. AM^RIQUE SEPTENTR lONALE. 443 — Voyages dans les parties centiales ties vallees du Mississipi, con- tenant des observations geograpbiques , ngricoles et mineralogiques siir ces contrees , ainsi que des remarques sur leur population indi- gene; par fifwn Schoolcraft. New-York, 1825 ; Collins, i vol.in-8" de 459 pages, avec gravures; prix i5 s. 11 y a rooins d'un siecle qu'une grande partle des deux Araeriques etait encore babitee par des peuplades indepencJantes , designees sous les noms de sauvages et d'anthropophages. Echappees a la do- mination espagnole , ces peuplades occupaient les bords du Mis- sissipi et les solitudes du Canada, les pays baignes par la mer des Antilles, toute la Patagonie et quelques autres contrees situees dans la partie centrale de lAmerique du sud. Elles vivaient de guerre , de cbasse et de rapine , et se uourrissaient souvent de la chair de leur.s ennemis Taincus. L'existence des antbropophages ne saurait 6tre contestee : la plu- part des nations du grand Arcbipel indien, la race africaine des Jagas, ce qui reste de Caraibes des Antilles et quelques bordes d'll- linois de TAinerique du nord fournissent a ce sujet des preuves trop positives. Chez ces peuples , les prisonniers de guerre sont places vivans sur des brasiers ardens, pour servir d'alimens a leurs feroces Tainqueurs. J'ai appris de I'illustre proscrit fondateur du Champ- d'Asile, que deux Francais appartenant a cette colonie fureut ainsi devoies par des sauvages du Mississipi. Les voyageurs qui ont etudie et decrit les moeurs des cannibales, assurent que ces bai bares pre- f^rent la chair humaine a celle des aninnaux, la chair du Blanc a celle du Negre , celle des enfans a celle des adultes, et certaines par- ties du corps , telles que la piante des pieds et la paume des mains, a toutes les auties. C'est au milieu d'nne de ces nations que M. Schoolcraft a voyage. Secretaire de la commission americaine cbargee , en 1821 , de trailer avec les Pottowatomies , les Ottowas et les Chippewas, de I'achat d'une partie de la vaste peuinsule de Michigan, il a ete a mdme, pendant le cours de son expedition dans le pays occupe par ces tribus , de faire de nombreuses observations sur leurs moeurs et leur caractere. Lies Indiens independans du nord de I'Amerique sont moins fa- rouches que ceux du sud; on ne rencontre point parmi eux autant d'anthropophages que parmi les Jagas d'Afrique et les Caraibes des Antilles. Les pays qu'ils habitent le long du Wabash et da Maumee produisent uue quantite de fruits, de gibier, de poissons , plus que suffisante a leur nouriiture ; mais leur ardeur pour le pillage , leur 4/./, LIVRES ETRA.NGERS. besoin de liqueurs fortes, la soif du sang humain, leur font iiegUgei- ces alimeus et abaiidonner leurs retraites pour se repandre , comine des loups devorans , dans les villages qui sent sur leurs fronti^res , et pour s'enivrer de ineurtres et de rapines. Le noiubre des indigenes iudependans qui habitent les deux Ame- riques decroit annuellement. On en conipte encore environ 5oo,ooo au uord et a I'ouest des Etats-Unis , et 4^05000 au sud des repu- bliques de Rio de la Plata et du Chili. C'est moins aux guerres qu'ils ont a soutenir contre les gouverneinens anaericains , qu'a leur fu- neste passion pour les liqueurs fortes et aux combats d'extermina- tion qu'ils se livrent entre eux , que Ton doit attribuer leur decrois- sement rapide. lis portent a un tel point ces deux excis , que Ton |)eut predire, avee certitude, qu'avant un siecle ils auront completement disparu de cette partie du globe. L'ouvrage de M. Schoolcraft est plein de details curieux sur ces proprietaires primitifs du Nouveau-Monde; il devra dtre d'autant plus recherche, que c'est, pour ainsi dire, I'histoire de !a derni^re p^riode d'existence d'nn peuple qui va s'eteindre, et que les si^cles a venir n'en reproduiront plus de seinblabie. Frederic Degeorge. 170. — The prospect before us , etc. — Notre avenir , etc. 171. — The new olive branch, etc. — La nouvelle branche d'oli- vier, etc. 172. . — An appeal to the common sense , etc. — Appel au sens com- mun , etc. 173. — The Crisis , a solemn appeal to the president, etc. — La Crise , appel solennel fait au president, etc. 174. — Ej:amination of a tract, etc. — Examen d'un trait^, etc. 1^5. — Address to the Philadelphia Society, etc. — Adresse a la Sociele de Philadelpfcie , etc. 176. — Twenty one golden rules to depress agriculture , etc. — Vingt- une regies d'or, propres a ruiner I'agriculture, etc. Nous croyons pouvoir rassembler en une seule annonce ces sept brochures ( format in-S" ) , qui sent toutes du m^-me auteur, M. Ma- thieu Carey, imprimeur a Philadelphie , et qui ont toutes le m^me but, celui de maintenir aux Etats-Unis Ic syst^me prohibitif des produils manufactures dans I'etranger, pour favoriser par-li le de- veloppement des manufactures natirmales. L'aufeur reproduit , comrae on pease bien , tous les argumens, depuis long-lsms ap- precies , par lesquels on a soutenu jusqu'a present la doctrine de la balance du commerce ct des prohibitions. Noiis ne potlvons nous AMllRIQUE SEPTENTRIONALE. 445 lancer ici dans une semblable controverse, et nous deniandons par- don a I'auteur de n'avoir pas rapporte eci entier le litre de ses bro- chures , d'abord parce qu'elles sont nombreuses , et parce que leurs litres sont fellement developpes, qu'ils peuvent passer pour autant de prefaces; chacund'eux aurait occupe, pour le moins, une moitie de nos pages. X *. 177. — Redfield , a tale of the seventeenth century. — Redfield , nouvelle du xvii<^ si^cle. New-York, iSaS; Wilder et Campbell, i^ol. in-ia de2i4 pages. L'intrigue de ce petit roman n'esl ni forte, ni compiiquee. Red- field, qui en est le heros , ayant emigre d'Angleterre , a IVpoque de la conspiration des poudres , fait naufrage sur les cotes de I'Ame- rique. II est sauve par les Indiens Mattowaks, qui s'empressent de I'iutroduire chez un de ses conipatriotes, M. Norwood , excellent homtne etabli dans leur voisinage , et leur ami depuis vingt ans. M. Norwood a une fiUe charmante. Un vieux capitaine de flibus- tiers , recu , je ne sais pourquoi, dans la maison , donne a Redfield une bourse bien remplie : Redfield profile du cadeau pour coinmer- cer avec les tribus sauviiges , et ce commeice reussit a uierveilie. Ce- pendant , une guerre eclate entre les Mattowaks et les Narrangausetts. Redfield embrasse la cause des amis de M. Norwood , il leur rend demlnens services ; et , pour Ten recoiupenser , leurs cliefs lui donnent des terres, et M. Norwood, la main de sa fiUe. Voila toute la fable; il y a peu d'invention et peu de defauts. Toutefois , je n'aime guere qu'un aussi galaut lionime que Redfield accepte la bourse d'un bandit, quoique cet argeut prospere. J'aime encore moins que notre heros quitte I'Europe au moment ou son pere, mis au secret, comme prevenu de conspiration, va paraitre devant ses juges, ni surtout que ce jeuue homme n'y pense plus, et ne s'in- forme pas ra^me de la sentence qui a du intervenir : c'est une distraction de I'auteur un peu forte et un peu longue. Quant a sa maniere de narrer, il y faudrait plus d'une reforme , si i'on voulait I'adapter a notre goiit et a la severite de nos modeles en ce genre ; il y aurait tr^s- frequemment des details a supprimer ou a res- treindre , et bon nombre de plalsanteries a effacer ou a rempla- cer. Mais I'ouvrage offre d'ailleurs une sorte de merite que Ton ne trouve pas toujours dans des fictions beaucoup plus interessantes; 11 retrace les lieux , le terns, les moeurs. Comme I'indique son titre, Taction se passe au xvii'^ sifecle, et le lieu de la scene est Long- Island. Le principal but de I'auteur parait avoir ete la peinture des tribus 4/i6 LivRES Strangers. sauvagcs qui habitaicut alors cette ile , et ce but est aussi bien rempli qu'il pent rctiedaiis iiiie composition si legfere. On pourrait citer, par oxemple, ie aSe chapitre conime un tableau, plein de vie et de vcrite, de ces guerres de surprise si frequentes parnii les Iiidiens. Chaque trait du romancler y rappelie les descriptions dus voyageurs les plus distingues par leur exactitude : on y retrouve en action les recits de Charlevoix et de Crfeve-Coeur; on y reconnait les scenes plus recem- nieut et si bien esquissees par le colonel Tiraberiake et M. Perrin- Dulac. C'est la , selon moi , le mdrite de cet estimable opuscule , et ce merite n'est pa5 coramun. A*. 178. — * Annals of Beneficence , etc. — Annales de la Bienfaisance. Philadelphie, avril i8s5. Cette feuille periodique n'a pas dure long-tems : le 3" numero, qui parut en iSaS, fut suivi d'une interruption de i5 mois. Au mois d'avril de cette annee, une nouvelle serie de nunicros a reparu sous ce titre : Annals of liberality, generosity, public spirit , etc. — Annales de la liberalite , de la generosite , de I'esprit public , etc. II n'obtien- dra peut-etre pas plus de succ^s , apres ce leger changement de titre, quoique les vertus dont il recueille les actes ne craignent pas la pu- blicite. Les premiers exemples qu'il cite sont des offrandes pour la cause des Grecs , embrassee par tous les peuples , et delaissee par les gouvernemens. Les nombreuses donations faites par de riches citoyens aux etablissemens publics de leur patrie ne sont pas ou- bliees , et le redacteur n'a sans doute pas encore eu le tems de les enregistrer toutes. Ce n'est pas seulement dans sa patrie, ni dans * les litats-Unis qu'il choisit ses exemples ; il cite aussi quelques fails honorables chez les etrangers ; mais il n'est pas toujours assez bien informe , ou peut-6tre se trompe-t-il, faute d'attention. II loue, par exempte, la Socicte de Londres pour le perfectionnement des arts et des manufactures d'avoir propose , en 182 1 , i85 medailles d'or et 236 me- dailles d'argent pour differens objets d'industrie ; mais il n'a pas remarque que toutes les questions mises au concours ne sont pas resolues a la fois , et que chaque concours embrasse plusieurs an- uees; qu'il fallait compter les medailles distribuees , et non pas celles qui sont annoncees. Cette feuille, comme nous Tavons dit , n'a pas eu de succes sous le titre A' .-innales de la Bienfaisance : en aura-t-elle sous son nouveau titre? II y a lien d'en douter, sans que I'ou puisse altribuer a la re- daction cette indifference du public americain pour des fastes si honorables pour un grand nombre de citoyens. On ne pent en accu- AM£rIQUE CENT RALE. kM ser non plus I'esprit public des itats-Unis : au contraire , plus cet esprit prendra de forces, d'activite et d'ef endue, moins on lira les ouvrages periodiques tels que celui-ci. Dans un pays oil tout le monde ferait ce qu'exigent la morale et I'inter^t public, I'eloge des bonnes actions serait inutile , et presque deplace. En bon citoyen , le redacteur de ces Aniiales doit souhaiter que son entreprise tombe, parce que sa patrie n'en eprouvera plus le besoin. F. AMERIQUE CENTRALE. lyC). — * Constitiilion de la Repitblica federal de Centra- America, etc. — Constitution de la Republique federative de I'Amerique centrale , decretee par I'assemblee nationale constituante , le 22 novembre 1824. Guatemala , iSaS. lu-S" de 94 pages. 180. — * Disciirso del Presidents del Poder executivo , etc. — Discours du President du Pouvoir executif , a I'ouverture du Congres federal de Guatemala, le i5 fevrier iSaS. — Memoire sur les travaux, les vues et les projets du Pouvoir executif supreme de Guatemala , en 1824 et iSaS. Guatemala, iSaS. Petit in-4° de 83 pages. Iletait reserve a TAmerique centrale de donner au monde le con- solant spectacle d'un grand etat republicain se formant au sein de la paix, sans orages et sans combats. Sur un ferritoire a peu presaussi etendu que la France, la nouvelle republique de VAmeriqiie centrale ne compte guere plus de 2,000,000 d'habitans; mais la fertilitedu sol, lesressources commerciales , la liberte et I'industrie y opereront les prodiges qui , en moins d'un demi-siccle, ont quadruple la popu- lation des Etals-Unis. II est yrai que ses frontieres sent fixees , et quelle ne peut s'etendre que par I'accession libre de la province de Cbiapas. En ce moment, elle est composee de cinq etats qui sont : Costa-Rica , Nicaragua, Hondtiias, el Salvador , Guatemala. Sa consti- tution n'admet point d'autre culte public que celui de la religion ca- tholique romalne, intolerance qui sera blamee par la philanthropie, mais qui est peut-6tre justlfiee par la necessite. Dans les republiques naissantes , dont le gouvernement est encore faible, oij la liberie est mal comprise, ou ni les citoyens , ni les magistrats ne connaissent encore les limites de leurs droits , la diversite des croyances re- ligieuses pourrait ^tre une source de dissensions funesles. Mais in- terdire aux chretiens qui ne sont pas calboliques romains I'exercice public de leur religion , c'est les exclure : Thomme qui sent ce qu'il vaut ne se fixe pas dans un pays qui lui refuse une patrie. L'Anglais, leprotesiantallemaml , Suisse ou francais, n'appurteront pas I'indus- 448 LIVRES ETRANGERS. trie dont cetle nouvelle republiqiie epiouve nn si pressant besoin. Malheureusement , aucuue disposition de I'acte constitutionnel ne fait espeier que cet article puisse en 6tre efface. On verra done, dans cette partie de I'Anierique , sur une trfes-grande echelle , ce que la Suisse nous montre en petit : I'opulence , I'industrie et la force des cantons qui ne sont pas catholiques ; I'inertie et la pauvrete deceux qui ont repousse toute reforme. — Voici quelques articles qui font honneur a rassembleeconstituanle de Guatemala : « Tout honir.ie est libre dans la republique; nul ne peuty c-tre csclave sous la protec- tion des lois. Celui qui ferait le commerce d'esclaves , cesserait d'etre citoyen... Tous les babilans de la republique, natifs ou naturalises, maries ou ages de i8 ans, pourvus de nioyens d'existence ou qui exercent une profession utile , sont citoyens... Tout liomme ne dans les republiques aniericaines, sera citoyen de I'Unlon, des qu'il aura declare sa resolution de s'j' fixer... Aucune Ini ne peut restreindre la liberie de la presse. » — La sanction de I'acte constitutionnel presen- tait d'assez grandes difCcultes. La masse du peuple encore ignorante, sans experience etsans idees , ne pouvait s'acquitter d'une fonct ion aussiimportaute, aussi solennelle : on I'a conlieeau premier rongr^s, €n organisant provisoirement la nation et son gouvernenient, d'a- pr^s cette mc^-me constitution dont le congres actuellement assemble a prononce I'adoption. Le mode de deliberations qu'il devait suivre dans cet acte special avail ete regie par I'assemblee constituante, et ne laissait que pe« de latitude , peut - dtre mfinie pas assez de liberte ; il parait que cette assemblee redoutait I'anarchie comma le fleau le plus funeste dont la republique piat ctre atteinte, et qu'elle s'est attacbeepriucipalement a I'ecarter. Dans la deliberation sur I'acte constitutionnel, la roajorite des voix suffisait pour accepter, et il fallait les deux tiers des voix pour prononcer lerejet. Dans le casoii ui I'un ni I'autre de ces deux resultats n'aurait eu lieu, la delibera- tion aurait ete recommencee, apr6s une discussion de huit jours. Si ceite nouvelle epreuve n'avait point amene de decision, le congres se serait reuni au senat. En quinze jours au plus , la question eiit ete d^cidee ; car, dans le cas ou la majoritc n'aurait pas accepte, ni les d^ux tiers rejete, I'adoption eut ete prouoncee. Ou ne peut s'empd- cher de reconnaitre deux sortes de vices dans cette manidre de pro- ceder : I'un de raisonnement , car on y admet comme reconnu ce que la deliberation aurait declare douteux; et Tautre de droit , car quelle auiorite preexistante a I'acte constitutionnel a pu imposerdes loi« au pouvoir charge d'imprimer a cet acte le caract^re d'une loi fond.i- AMERIQUE CENTRALE. 449 itienlale ? Mais la constitution qu'il s'agissait de sanctionner 6tait iniitee de celles des republiques voisines ; et, par consequent , elle avalt deja pour elle rautorite de graiides et solennelles experiences. LfS fondateurs de la republique devaient prevoir le cas oi'i le peuple appele pour la premiere fois a se choisirdesrepresentans aurait remis ses pouvoirs en des mains peu habiles ou peu Cdeles : il fallait faire cesser toutes les incertitudes , consolider au moins la base de I'^di- fice, en attendant que Ton put achever de le construire, et en per- feclionner toutes les parties. L'assemblee constituante a fait preuve d'une ^rande sagesse ; la reconnaissance qui lui est due sera mieux sentie encore , el mieux acquittee par les generations futures que par eelle d'aujourd'hui. L'liistoire exposeia fidelement ce que cette as- semblee a fait, les circonstances oii elle se trouvait, la grandeur de I'entreprise, les obstacles a surmonter, le devouement patriolique de quelques citoyens et les succes qui I'ont couronne. Le discours de M. tt. Jose vel Vam,e, president du pouvoir ex6- ' cutif, al'ouvertureducongres, etsurtoutle memoireoucompte rendu des premiers travaux , desprojets et des vues du gouvernement offrent a I'homme d'etat et au pbilosophe d'importans objets de meditation. II paralt enfin prouve que les lois severes, la fo/ce des armes et les supplices ne sont pas absolument necessaires pour gouverner les peuples; une nation de deux millions d'hommes passe immediatement et p«isiblement, du pouvoir absolu du gouverneur d'une colonie lointaine , au regime d'une entiere liberte: un gouvernement impro- vise , depourvu de tout, parvient a s'organiser et a s'affermir • les impots sont etablis , le cours de la justice n'est pas suspendu, I'ordre regne au dedans, les relatians diplomatiques et commerciales s'^- tendent au dehors. II fallait tout creer, tout mettre en naouvemenf : rien -de ce qui etait possible n'a ete omis. L'instruction publique a principalement fixe I'attention du pouvoir executif. » Ses attributions etaient restreintes, et ses fonds nuls pour cet objet : mais savolonte etait ferme , et ses desirs immenses. Fonder un systeme d'instruc- tion publique, proteger, orner ses etablissemens, les porter a la per- fection que comporte I'etat actual de la republique, voila ce qu'il anibitionnait par-dessus tout ; c'est de cette gloire qu'il etait le plus jaloux. Toutes les nations instruites ont forme des plans generaux d'instruction publique , et les ont publics ; mais c'est la France qui uous offre, en ce genre, les plus beaux modeles , les monumens les plus remarquables du pouvoir de la raison'. . T. \xviii. — Novembre iSaS. ^9 fibo LIVRES ETR ANGERS. En procedant par degr^s , apres avoir pour\u aux besoins de I'inj* truction primnire, autant que le nombre et la capacite des iiistitu- teurs le permettaient, le gouvernement a prepare I'enseignenient des sciences et des aits les plirs utiles , y compris {'agriculture. Parmi les projets qu'il a proposes , il en est un qui n'est pas sans interdt pour I'Europe ; il s'agit d'une expedition scieittiftijue dans tout le con- tinent americain, executee a frais conimuns par tous les etats repu- blicains de cette partie du monde. Ce serait un congr6s de savans charges de reconnaitre toute TAmerique , de rectifier sa geograpliie , de completer son histoire naturelle, de recueillir tous les documens utiles , pour les mettre a la disposition de tous , et de fournir des dou- ni^es ccrtaines pour les grands projets que Ton pourra former par la suite, dans des vues qui s'ctendront a I'universalile des intertl-ts , au bieu-elre clu uouveau monde. Ce compte rendu n'est pas moins remar- quable par sa forme , nouvelle pour nous , que par les choses qu'il renferme, et paries peusees qu'il fait naitre. Citons quelques e,\traits du dernier paragraphe , intitule Cunstitnlion. « Le gouvernement a terminc les travaux dont il vient de rendre compte, en prononcant le serment d'observer et de faire e.xccnter la constitution que 1 on acheve de publier. Toutes les autorites de la Federation ont contracte le nierae engagement; on recueille en ce moment les adhesions des citoyens, et les enfans de Guatemala s'ac- quittent de ce devoir avec la regularite qu'ils ont toujours montree en ce qui concerne I'execution des lols. Le gouvernement presente une nation qui n'a point subi de revolution , dont la marche est sure, sans mouvemens desordonnes et destructeurs. Un cultivateur labo- rieux contemple avec delices les produits de son travail ; un gou- vernement penetre du sentiment de I'amour de la patrie n'eprouve pas moins de satisfaction , en se rappelant ce qu'il a fait pour elle. fat travaille, Tannde derniire, se dit-il a lui-m(5me ; phis de travaux me sont reservis potir I'annee prochaine. Le peuple m'a confie ses destinies ;ie serai tout au peuple. Une lanne de moins , un epi depliis , une plante nou- velle qui vienne enrichir notre sol, et je suis au conible du bonheur. Le pouvoir executif de Guatemala ne peut encore jouir d'une telle feli- cite ; mais tout ce qu'il a fait pour la nation lui etait inspire par I'affection la plus sincere; affection guidee par la prudence, et soi- gneuse d'ecarter tous les dangers. » // n'y a plus de nouveau monde, a dit Mirabeau , dans son ouvrage sur I'ordre de Cincinnatus: cet ordre a disparu , ainsi que I'iusiitu- lion eph^mere d'un ordre du soleil. Les constitutions des republique* AMJfeRIQUE CENTRALE.— ASIE. 45 1 am^ricaincs sont fondles sur la ralson , et n'admettent point de fic- tions politiques : rAmerique est encore un nouveau monde. i8l. — Redactor general. — Le Redacteur general, journal hebdo- madaire de la republique de X Amerique centralc, Imprimerie de I'lmion. Guatemala. Prix i real par feuille. 182. — El Liberal. — Le Liberal, journal de Guatemala. (Ce journal est egalement hebdomadaire. ) Imprimerie francaise de Vincbon de Quemont. Guatemala. Prix de I'aboniiement , 12 rcaux par trimestre ( environ 9 francs par an ). Ces deux journaux de la republique de Guatemala sont les seuls qui nous soient parvenus. II parait que ce nouvel etat n'eprouve pas encore le besoin de journaux quotidiens, et que les lecteurs y sont en petit nombre. Le Redacteur est consacr6 a I'iiistruction et a la [)oli- tique ; le Liberal traite aussi les questions politiques ; mais il y associe la litterature. Le premier senible redige sous I'influence, et peut-^tre avec la participation du gouvernement; car on y remarquebeaucoup de sagesse, et uu Leureux choix des raatieres qu'il traite. II s'attache a exciter dans la republique la noble emulation d'imiter les institu- tions utiles dont les autres etats lui offi ent le modele. — En rapportant ce que les dames de Buenos-Aires ont fait pour I'instruction des jeunes filles pauvres, et le succes de I'ecole qu'elles ont fondee, il s'ecrie: « Un si bel exemple serait-il vu avec indifference a Guate- mala ? Les dames qui font rornement et I'honneur de cette capitale , resteront-elles en arriere de I'esprit public qui se forme partout, pour le bien de la patrie ? » — Le Liberal ne suit pas une marcbe aussi re- gullere: mais il ne seraitpas equitable de le juger d'apres ses premiers essais : il nous donnera sans doute les moyens de connaitre I'etat des lettres et des sciences dans TAmerique centrale , et de suivre les pro- grfes qu'elles y feront bientot, sous I'heureuse influence de la liberty et d'un gouvernement qui les considfere comme la source de tous les bienset de tous les perfectionnemens sociaux. E- ASIE. i83. — * De HistoricE naturatis in Japonia statu , etc. — Dissertation sur I'etat de I'histoire naturelle au Japon , et sur les avantages qu'on pent se promettre dans les rechercbes relatives a cette science, sui- vie de quelques fragmens cboisis d'une Paune japonaise ; par G.-T. Sis- bold, D.-M. Batavia , 1824. In-T2. Depuis I'illustre Thunberg, attach^ , an quality de m^decin , « 45» LIVRES ETR ANGERS. ranihassade de leiirs Hautes-Puissances au Japon , et auquel on doit une Flore japonaise , publiee a Leipzig eii 1784 , et une Relation impri- mce i Paris^en 1796, I'histoire naturellc dii Japon senible avoir eli negligee. L'ouvrage proniis par J. Tilsing , siir cette matiere , n'a pas encore vu le jour. Krusenstern , de Langsdorff , Golovnin , aiiteurs Jes plus recens qui aicnt ecritsur le Japon, abordent a peine ce sujet; seulenient, le baron de Wurmb fait mention de quelques fossiles du Japon, dans les nJemoires de la Societe de Batavia. Le gouverneur des possessions belgiques dans les Indes orient ales, le baron Van der Capel- len , ardent protecteur des sciences, deplorant, avec raison, I'etat sta- tionnaire de I'liistoire naturelle au Japon , chargea M. G.-T. Siebold de se rendre dans cette contree , pour en faire une etude exacte et a|)profondie. A son arrivee, ce savant fonda un College medical, et ses eleves lui furent d'un grand secours : ii s'aida aussi de la collec- tion du chevalier Blunihoff. II ^tendit ni6me sa pratique jusque dans la ville de Nangasaki , doiit le gouverneur lui permit I'enlree , tous les deux jours , avec la facnlte d'en parcourir les environs, et de se niettre en relation avec les natuialistes du pays. C'est ainsi qu'il cor- respondit avec le medecin de I'empereur et avec un autre savant nie- decin habitant la ville de Jedo, etappele Wudagaisa Jooyn. Son extrait de Fanne japonaise offre dix raammil^res, trois oiseaux , deux am- phibies , deux poissons, vingt-trois crustacees et quatre lepidoptfercs. M. Siebold se propose de pubiier annuellement la description de tous les objcts dignes de I'altention des naturalistes dont il aura pu acque- rir la connaissance. de Reiffeivbehg. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. fg^_ — * Select Dissertations on several subjects of medical Science. — Dissertations choisies sur plusieurs sujets de la science medicale , notamment : la sante des flottes anglaises, la population de Londres, la doctrine de I'infection , la fievre jaune , etc. ; par sir Gilbert Bi^ane, membre de la Societe royale de Londres , et premier medecin du roi. Londres, 1%1'i. In-8° de 4n de clioses que la grosseur du volume pent le comporter. L'auteur commence par examiner les causes ordinaires des guerres : il assigne le caractere general de ces luttes entre les nations, puis, celui du christianisme, et resout la question qu'il s'etait proposee , en decla- rant que la guerre est incompatible avec la religion chretienne. Mais il ne se borne pas a cette exposition, trop rapidepourle plus grand nombre des esprits ; il en(re dans les details necessaires, et rappelle les preceptes du Christ, ceux des apotres, le texte des saintes ecri- tures, et refute les objections que Ton pourralt tirer, en faveur de la guerre , de quelques passages mal interpretes. Sa conclusion est peremptoire : c'est un devoir de refuser , avec douceur et moderation , mais avec fermete , le service militaire. Tout en rendant justice a ses intentions, ou ne sera pas toujours de son avis. II parait qu'il n'a pas frequentc les hommes de guerre , et qu'il a fort peu lu leurs ecrits; car il fait du caractfere general des hommes de cette profession une peinture qui manque tout-a-fait de verite. Lenumerodu Heranlc de la paix que nous avons entre les mains contient une notice sur les travaux des Socictes de la paix etablies en Amerique et en Angleterre. En general , les corrsspondances entre ces associations philanthropiques sont trop limitees et trop unifor- mes. Comme leur influence ne pent etre exercee que par les ecrits qu'elles publient, si ces ecrits n'offrent pas une lecture attrayante, le but est manque. On trouve, du reste, dans ce nuniero , quelques articles plus interessans, entre autres , des observations tr^s- justes sur les pretentions de I'etat de Georgie relativement au.x terres des Cherohees , indigenes que les Georgiens voudraient depouiller de leur propriety. Le rapport annuel de la Societe de Londres contient aussi la cor- respondance de cette Societe avec relies des provinces de 1' Angle- 456 LIVRES ETRANGERS. terre et des Etats-Unis d'Aai^rique : ce ne sontquedes affaires intd- rieures, et, pour ainsi dire, de faniille. Tatrt que Ton ne vcrra pas sur la liste de leurs membres les noms des monarques, on tout an raoins, ceux des ministres charges de rarlministratiou des etats, ce qui am^nerait enfin les resultats que Ton se propose, on pourra se dispenser de lire ces recueils de nomset ces details de souscriplions, d'emplois de fonds , etc. La lettre de M. le capitaine Thrush au roi , en enyoyanl sa demis- sion , est Ires-remarquable. C'est un homme de guerre qui fait le proces a sa profession , lacondamne, la deteste etl'abandonne. On y trouve plus d'erudition iheologlque qu'on n'en aurait attendu d'un marin; mais cet exemple n'est pas unique dans les annales du sa- voir : le celfebre ingenieur francais Frezier, homme extrdmement religieux , possedait aussi bien la connaissance des saintes Ecritures, qu'aucune des sciences relatives a son elat., Les deux num^ros publics par la Societe , au prix modique de a pence, afin de repandre dans les classes peu fortuuees les niaximes de philanthropie et de pais raeritent aussi d'etre medites, surtout le ^n»e ^ ou M. Dymond a insere des Observations stir la possibilite d'ap- pliquerala conduite des itats les principes pacifiques du nouveau Testa- ment, Le docte auteur ne tire pas settlement de I'^^vangile ses argu- meus en faveur de la politique paisible qu'il voudrait faire gouter et mettre en pratique : la Bible vient aussi a son secours , et m^me , il ne refuse pas d'employer les amies qu'Horace lui fournit. Malheureu- sement , ni les ministres, ni les monarques ne le liront guere , et la politique tres-profane qui nous regit , recommandee par de puissans interdts personnels , bravera long-tcn>s encore les efforts des amis de la religion et de I'humanite. F. lyr. — * Appval of one half of the human race. Women, against the prelenlions of the other half. Men , to retain them in political, and thence in civil and domestic slavery . — Appel d'une moitie du genre humaini LBS FEMMEs, coHtre Ics pretentions que s'arroge I'autre moitie , les HOMMES, pour les retenir dans unesclavage politique, et par conse- quentdansune servilite civile et domestique; en reponsea un para- graphedu celebre article de M. Mill," Sur le gouvernement ; •> par William Thobipsok , auteur des « Recherches sur la distribution des ri- thesses.- Londres, i8i5 ; I-ongman. i vol. in - 8° de aao pages avec portrait. On voit, par le seal titre de cet ouvrage, quels grands inlerels il agitc , et combieu de prejuges il doit soulever. II ne s'agit de ricn GRANDE -BRETAGNE. 4^7 moins que jd'une reclamation directe pour introduire dans nos socie- tes un partage absolu entre les deux moities du genre huinain : I'uoe en possession de loutes les forces physiques et materielles , regnanl par le droit de conquele , et par consequent en despote; I'autre cher- chant a regagner par la ruse et la finesse ce qu'on lui enleve ouver- tenient ; loutes deux avilies : la premiere, par la preponderance que lui assurent les institutions sociales ; preponderance dont elle abuse presque toujours ; la seconde , parson role d'esclave, tour a tour perfide ou soumis. Une des verites morales developpees dans celivre, est que toute esp^cede tyrannic produit necessairement la degrada- tion de celui qui I'exerce et de ceux qui la subissent. L'auteur croit et fait croire qu'une repartition plus egale entre les deux sexes produi- rait les resultats les plus satisfaisans pour la morale. II est certain que le triomphe de la force a quelque chose de barbare et d'odieux , qui renverse toutes nos idees de justice. Nous ne pouvons suivre M. Thompson dans les developpemens qu'il donne a sa pensee. Nous nous reservons d'examiner ces hautes questions, en sour.iet'ant a nos lecteurs les doctrines de I'ecrivain anglais et nos propres observa- tions sur cet important sujet. Aide et inspire dans son travail par une dame anglaise , qui est rap6tre zele de la cause qu'il defend , M. Thompson reconnait qu'il a dii I'idee premiere de son ouvrage a M™*^ Anna Whkeuer, don* I'eloqucnce passionnee se retrouve dans quelques pages, qu'on lit avec d'autantplusdeplaisir qu'une savantelogjquea prcparela conviction. Au reste, tout ce qui se raltache a la position des femmes comme filles , comme epouses , comme meres de famille , est trait6 coascien- ciensement , et approfondi avec la bonne foi et avec les lumieres que r^clament de si grands interets. Louise Sw. Belloc. 192. * — A critical inquiry regarding the real author of the letters of Junius, etc. — Recherches critiques sur le veritable auteur des Lettres de Junius; par ^eo/-^e Coventry. Londres, iSaS; W.Philips, i vol. in-8°; prix 14 shellings. L'impopulaire George II venait de descendre dans la tombe,le- guant a son petit-lils une cour corrompue, des finances epuisees et I'exemple d'un regne employe a Tasservissenient du peuple et a I'ac- croissenient des prerogatives royales, ou plutot ministeiielles. La honteuse venaiite des grands, ledespotisme ties ministres , I'influence desastreuse exercee dans les affaires par la princesse douairi^re di Galles , tout semblait annoncer la mine prochnine des libertcs an- glaises. Un livrc parait, son auieur pseudonyme , instruit des pro- 458 LITRES Strangers. jets des miiiisties , des cabalesdela cour, des infamies des grandj, dcs secrets rneme dii cabinet du roi , les denonce sans fjitie et sans crainte a I'opiuion publique; il dejoue les projets liberticides desmi- nistres les plus puissans; il rcprime les exces des favoris les plus audacieux ; il contieiit l;s venalite de la cour; il lire un peuple de I'a- pathie dans laquelle il etait ploiige et Tappelle .i la garde de ses fran- chises. Ce livre a pour litre : Lettres de Junius .' L'auteur n'est de- signe que par sa devise : Stat nominis umbra. A des epoques , a des heures indeterminees , un inconnu descend d'une voiture de place, remet une lettre au portier de I'imprimeur du Public advertiser et repart aussitot , refusant toute explication , tout paiernent, toute entrevue. Ces lettres sont celles de Junius ; cet inconnu, c'est l'auteur de cet etonnant et inimortel ecrit. Plus d'un demi-siecle s'etait ecoule, sans procurer lemoindreindice sur I'elat et le nom de ce persounage mysterieux. Les patriotes les plus instruits , les plus illuslresavaient tour a lour etc cites, indiqucs, rejeles comme redacteurs de cet ecrit. M. Coventry pretend dechirer le voile. C'est, dit-il, lordvicomte Sackvijlle , plus connu sous le nom de lord George Germaine, qui est l'auteur des Lettres de Junius. Blesse a Fontenoy , oii il s'etait conduit en heiios ; puis, condamne et destitue par une cour niarliale pour avoir desobei au prince Ferdinand, a la bataille de Minden , il supporta long-tems, avec le courage de I'innocence et la fierte du citoyeu , toutes sorles de persecutions ; luais , appele a la Chambre des pairs et ensuite au ministcre, il voulut se venger de ses ennemis, et sa noble vengeance fut un moyen de salut pour sa patrie. M. Coventry fournit des preuves qui ne laissent presque plus de doules sur le veritable auteur des Lettres de Junius. Ce sont les ennemis par- ticuliers de lord Sackville qu'attaque Junius ; ce sont les membres du parlement qui ne partageaient point les opinions de lord Sackville contre lesquels les foudres de Junius sont dirigees ; c'est aux amis de lord Sackville que Junius .-.ccorde ses rares eloges ; ce sont les senti- mens professes par lord Sackville que Junius exprime dans ses pages eloquentes; enfin , c'est a pen pres le signalement de lord Sackville que le portier de Tiraprinieur Woodfall donue ds I'inconnu qui lui portait les lettres de Junius. 193. — * Babylon the great, etc. — Babylone la grande, ou Des- cription des hommes et des choses de la capitale brilannique ; par l'auteur de la Moderns Athenes. Londres , i8a5; Charles Knight, a vol. in-8°-, prix, 18 shcllings. Sous le litre de Modern Athens , l'auteur anonyme de Touvragequs GRANDE-BRETAGNE. J,bg nous annoncons avail decrit, avec aiitant de savoir que d'habilete , les inceujs, Ics habitudes et les objets remnrquables de la villed'Ediin- bourg ; sous celui de Babylon the greac , il trace maintenarit le tableau de la capitale de Tenipire britannique. On n'exagere pas , lorsqu'on dit que Londres est la \ilie la plus ri- che et la plus peuplee de Tunivers : i5,ooo vaisseaux y apporleiit an- nuelleiuenl lesrichesses desquatre parties du monde ; etdans sa vaste enceinte, de plus de 7 lieues carrees, habiieiit 1,263,595 iadividus(i). Sa position , sur un fleuve large et profond, a soixante mllles de la raer , a con tribue a rendre cette ville la plus florissante de la terre. On y conipte 70 squares ou places publiques; 8,000 rues ; 160,000 maisons ; 394 eglises ; i4 cours de justice; 10 tribunaux de police; i4 prisons (2); i4 marches; 10 salons consacres aux beaux-arts; t3 theatres; 3o societes savantes; 16 ecoles pour les humanifes, 5 pour la thtologie , i3 pour le droit, 12 pour la nvcdecinc, 299 consacrees a I'education gratuile des enfans ; 147 hopitaux ou infimierics, et pres de 1700 autres etablissemeos pour le soulagement des malheureux. Aucune capitals de I'Europe ne peut etre comparee a celle de I'An- gleterre. Beaucoup sent plus belles, plus riches en monumens d'ar- chiiecture et en antiquites; surtout , plus agreables et plus gaies; mais aucune n'offre autant de siijets d'etude et d'objets dignes d'at- tention. Le sculpteur et le peintie ont pen d'inspirations dans cette ■ville de brouillards et de I'umee (3), oii un soleil sans couleur eclaire des monumens sans elegance ; mais le philanthrope , le legislateur, le savant y trouvent des matieres inepuisables d'instruction et de cu- riosltc. II faut se garder de juger Londres d'apres i'impression du pre- mier moment; vous connnuniqueriez a vos tableaux cette feinte obs- cure et triste qui recouvre les monumens de Cdlte brumeuse cite (3). En y entrant, on est d'abord frappe de la monotone uniformite des maisons , de ia regularite fatigante des squares , de la multitude des rues: a I'ouesrt, belles ,larges, bien percees ; a Test, etroites, sales, (i) Recensement dc 1821. Suivant un rapport du magistral Cot.QCHOUW, '1 existe a Loudres 3o,ooo fiUes publiques, ii5,ooo voleurs ou Jllous, et 3,000 receleurs. (2) En 1823, la prison de Newgate recut 2,460 prisonniers; eu 1817, celles de Westminster et de Coldbaflifields en recuient 6,32.4. (3) Ou brule anDnellement a Londres 04,000,000 de quintaux dc cliaibou ^e terre , dont la funi»e envcloppe la ville «t uoircit tons lej edifices. 46o LivRES Strangers. torlueuses , conduisaiu sans cesse d'uiie |)lace a une eglise eld'niic ^glise a un cinietiere. On est tl'abord etonne du nonibre prodigieux de voitures, de pi6tons, de chevaux qui remplissent les ponts ft les rues (i). On admire un instant la iargeur des trottoirs , la richesse des boutiques; niais , bientot , portant la vue sur la foule immense qui vous entoure et donl les mani^res exterieures n'exprinient ni conten- tement, ni bonheur,on doute si c'est bieu la ce peuple qui est gene- ralement regards coninie le plus libre et le plus heureux de rEuropc. Vue dans un jour d'hiver, Londres est une des villes les plus tristes et les plus de|>laisnntes de la lerre; vue le soir d'un samedi , elle eii est une des plus brillantes et des plus animees. Eclairee par le gaz, elle semble comma illumince. Chaque carrefourest un niarche,et cba- que rue un bazar, oil sent artistement etalees , dans des boutiques ele- gantes, toutes les especes de niarchandises , depuis les riches etot'les des Indes jusqu'aux grossiers alimens destines a la nourriture du paii- vre. On a peine a se faire place a travers la foule qui afflue de tou- tes parts et que (pielques homnies arnies d'une crecelle, forcent a la tranquillite et au bon ordre (a). Le samedi soir est le terns des satur- nales de la populace de Londres; le dimanche, celui de son rep< reunil en lui seul le merite de Milton, de Thucydide, de Clarendon de Dryden , de Jeffrey, de Platon , de Thomas Moore et de Buike (i).» M. Southey appartient a ce qu'on appelle, en Angleterre , I'ecole du lac{t.a/tc-Sckoor),dont M. Wordsworthesl le grand maitre. Ses ceuvres sont en general obscures, bizarres, inintelligibles ; elles choquent a la fois la verite, le naturel et le bon sens. Ses poemes epiques, tels que Jeanne d' ^rc ( Joan of Arc , a vol. ) , Madoc ( a vol. ), et Thalaba ( a vol.), sont depuis long-tems oublies. I,a Vision du jugement (^ the vision of judgment, i vol.),dans laquelle il altaque I'illustre Byron, est au-dessous du mediocre ; el ses six volumes de poesies diverses, dont M. Cliatelain a donn6 un ^chantillon a la France (2), reuferment pen (i) Lettre a Lord Byron , inseree dans le John Bull. (2) yoy. la traduction en vers francais de Lord jrHlinins , ballade dc M. Soutliey. GR\NDE-BRETA.GNE. A*^!* de pieces d'une veritable beaute. Roderick (2 vol. ) et Kehama ( 2 y. ) «OQt les seules compositions poeliques de M. Southey dans lesquelles on trouve des passages eloquens, de la verve, de la grandeur et de la facilite; itiais ces ecrits iu(5me, trop souvent diffus , ne sauraient^ comme il s'en flafte , faire passer son noin a la derniere posterite. Si I'oplnion que M. Southey a concue de son propre talent et de la reputation qu'il doit obtenir , n'est point panagee par les hommes de gout, et si, a la poesie romantico-metapliysique des Words-worthy des Coleridge, des Southey, on preffere la sublimite de Byron, le pa- thetique de Crabbe , la grdce des Campbell , la voluptueuse douceur de Moore, la purete de Mdman , la delicatesse de Rogers, la simpli- cite de Cornwal, ou I'inspiratioii de ]\Irs. Himans , tout le monde convient que M. Southey a droit d'occuper le premier rang pa.vnii les poiites luuangeurs. Dans ses poemes, il y a toujours une part d'encens pour lui , pour ses amis et pour le pouvoir; aujourd'bui encore, sa muse adulatrice celebre a la fois les talens precoces de miss Southey, et les hauts fails de Wellington a la batailie de Pam- pelune. La fable du conte du Paraguay est fort simple. Un jeune couple indien a fui loin de sa peuplade , oil la petite verole exerce ses ra- vages. II a clioisi pour demeure les vastes i'orets qui bordent le fleuve Mondai ; la , naissent Yeruti et Mooma ; et le pere de ces deux enfans est devore par une bete feroce. Dans une excursion au milieu des so- litudes qui avoislnent le fleuve Mondai, le jesuite Dobrizhoffer ren- contre la veuve indienne et ses deux enfans; il les conduit a Saint- Joachim , ville du Paraguay, oil Monnema et sa fille Mooma , atta- quees de la maladie du pays , expirent, apres avoir recu le bapteme. Yeruti les suit de pres dans la tombe , tourmente par une vision con- tinuelle , oil il croit voir les ombres de sa mere et de sa soeur I'appe- lant a elles et lui commandant de se faire chretien ; il recoil la com- munion du jesuite Dobrizhoffer , et meurt dans ses bras. Dans Gertrude de liyoming, M. Campbell a peint avec un talent et une verite remnrquables les mceurs des sauvages de I'Anierique du Nord ; il a repandu dans ses tableaux , dans ses descriptions , les ri- chesses poetiques dont sou imagination est la source feconde, et dans la peinture de ses caracteres , celte force, cette lendresse de senti- ment qu'il sail exprinier avec t; r.' de bonhcur. M. Southey est rest^ fort au-dessous du chantre de Ger' v: de. Son poerae contient quelques beaux vers; le tableau des ravages de la petite verole, la description des forets de 1 Amerique du sud , la ppintnre des infortunes d'un T. x^vitT. - — Noifmhrr iS?..'). 3o 466 LIVRES ETRANGERS. raarin qui a fait naufrage, r^v^lent le genie poetique. Mais , pourquoi , a propos du Paraguay, nous faire I'eloge de Wellington ? Pourquoi, apr^s I'apotheose de Jenner, conduire le lecteur au lit de mort d'l- gnace Loyola ? Pourquoi le po^te nous entretient-il des degres de docteur recus par M. Southey ? Ce poeme, dit un journal anglais , « rempli de puerilites , de pedantisme et de pathos , d^goutera tout le moude, excepte I'auteur lui-m^me. » Frederic Degeorgk. RUSSIE. ig5. — * Glavnia osnovan'ia. — Siemens de zoologie , par Michel Maximovitch. Livre 1"^''. Moseou , i8i4- ' 'vol. in-ia de 7a pages; imprimerie de Semen. La publication d'un ouvragerusse sur une des parties les plus im- portantes de I'histoire naturelle, doit d'autant plus attirer I'attenlion des savans, que jusqu'a present la Russie ne possedait aucune pro- duction originale sur la matiere dont M. Maximovilch s'est occup6 avec tantde succes. — Nousrevlendrons sur cet ouvrage, pour le faire connaitre avec details , lorsqu'il sera enti^rement public, ou du moins quand nous aurons sous les yeux une partie assez complete de ce grand travail pour en donner une idee exacte a nos lecteuis. jqg. * Pouteschesh'id 'vokroug Steca , etc. — Voyage autour du monde, fait par ordre de §. M. I'empereur, sur le brick de guerre appele Kamtchatka , dans les annees 1817, 1818 et 1819, par le capi- taine GoLOVNiNE. Saint-Petersbourg, 182a; imprimerie de la marine. 2 vol. in-4'': le i*^"^ contient 5ia et xliv pages, et le a^ ao5 et cxxvii; en tout 888 pages, avec 8 cartes et 6 planches de vues. Prix aS r. Cet ouvrage est I'un des plus importans et des plus utiles que Ton ait publics en Russie. La relation de ce voyage, qui sera remarquable dans les annales de I'histoire, a et^ inseree, en partie, danslc journal russe de Saint-Petersbourg , intitule le Fib de la patrie ( annees i8ao et 1S21); soi) auteur le public aujourd'hui en entier, en y joignant des remarques relatives a la marine. L'csprit observateur et les vastes conuaissances de M. Golovnine, qui est I'un des marins les plus dis- tingucs de la Russie, et en meme terns I'un des plus celfcbres de notre epoqne, donnent a son ouvrage un degre de merite , d'utiiit^ et d'importance qui no pent lui ^tre conteste. Dans les autres pays de I'Europe on verrait s'epuiser en quelques semaines la premiere edi- tion d'nu pareil livre; niais, nialhfureusement , il n'en est pas de meme en Russie , oil deux causes s'opposent a un tel succes : I'iu- differencc de la classe eclairee de la society pour lout ce qui est na- RUSSIE. 467 tional, et le defaut d'instruction des autres classes. U nous senible, qu'a la seule idee de I'injportaDce d'uii voyage fait autour du monde des difOcultcs qu'on devait y rencontrer et des perils qu'on avail a vaincre , un ouvrage qui en offre une relation detaillee devrait eveil- ier le plus vif interc-t. Le style de I'auteur se distingue par la clarle, la concision et la siraplicite , qualites que Ton retrouve dans les autres ouvrages de ret estimable ecrivain. Quant au plan, il est entierenient neuf. — M. Go- lovnine a divise son ouvrage en deux parties : la premiere contientune simple narration de sa navigation , avec des cbservatioiis sur les con- trees qu'il a visitees ; la seconde offre la description des objets qui sont necessaires aux marins et qui ont specialement rapport a Tart de la marine ; les termes techniques ne sont employes dans la premieie partie que dans lecas d'unendcessite absolue. Le i'' volume contieut outre V Averdssement de I'auteur, oil il fait connaitre , en deux pages, d'abord les avantages que procurent aux sciences les voyages dans les regions eloignees et peu connues , puis, le plan et la nouvelle dis- position de sa relation , seize chapities , dont nous indiquerons le sommaire dans un second article , afin de faire connaitre a nos lec- teurs les lieux que M. Golovnine a visites et dont il a fait I'objet de ses interessantes observations. Le 1'"' chapitre commence par I'ex- plicatiou du but de cette expedition, que le gouvernement russe a fait eutrepreudre , sur le rapport de M. de Traversai, ministre de la marine : 1° pour procurer au Kamtchatk^ differens appareils de ma- rine et de guerre, et d'autres objets qui etaient necessaires a cette province, ainsi qu'auport d'Okhotzk, et que Ton ne pouvait leur four- nir par terre qu'avec de grandes difficultes ; 2° pour explorer les colonies de la compagnie russe-americaine et faire des investigations et des recherches sur la conduitedes Russes avec les naturelsdu pays; 3° enlin,pour determiner la position geographique de celles des iles et des possessions russes qui n'ont pas encore ete decrites jusqu'ici suivant les precedes astrononiiques , ainsi que pour explorer, au njoyen de peiits batiniens , la cote Nord-ouest de I'Amerique , depuis le tto<: jusqu'au 63'^ degre de latitude, vers lequel le capitaine Cook n'a pu approcber, a cause du peu de profondeur de I'eau. 197. — * Poiiicsckestvie v'K'iiai, etc. — \oyage eu Chine par la Mongolie, pendant les anuees 1810 et i8.ii; par G. Timkovskv. T. i^''. Saint - Petersbourg , i8a4 5 J"ip''^'rierie du ministere de I'lu- terieur. In-S"^ de 388 pages. Prix destrois -volumes, 3o roubles. Get ouvrage , qui aura tiois volumes, mt^ritesous nlusieurs rapports /,68 UVKES ItTRANGERS. les suffrages tie toutes les personnes eclair^es : il ajoiite aux acquis!-- tions importantes que les sciences et la litteratnre ont faites en Russie, pendant I'annee 1824 , ann^e qui peut ^tre coiisideree sous re- rapport comnie une des plus fertiles. M. Timkovsky , employe au departement asiastique du ministfere des affaires 6trangeres , avait ete charge de conduire ix Pekin la nou- velle mission qui y reside actuellement et qui a reinplace la pr^ce- dente , envoyee en 1808. La relation de son voyage se divise en trois parties. La premiere, qui est contenue dans le volume que nous an- noncons , presente , par ordre de dates , le journal de I'auteur , de- puis le depart de la mission de Kiachta jusqu'a son arrivee dans la capitale de la Chiue. Tons les details relatifs au sejour de M. Tim- kovsky a Pekin se trouveront reunis dans le second volume, avec une description et une carte de cette ville. Enfin , le troisi^me volume offrira la relation abreg^edes circonstances les plus remarquables du retour, un travail detache sur le pays des Mongols, et une courte hiographie de Boudda ou Schiliemouni , fondateur de la religion la- maique , qui est profcssee par un tr^s-grand nombre de Cliinois et par la totalite des Mongols, des Kalmouks et des Bouriats. M. Tim- kovsky nous semble avoir compris quelle est la tache la plus inipor- tante d'un voyageur qui parcourt des regions si peu connues et si peu explori'es encore. II ne cherche point a briller par la pompe du style descriptif, qui serait en opposition avec le but d'utilite et d'instruc- tion qu'il envisage exclusivement. Possedant bien les connaissances qu'exigeait un pareil voyage pour 6tre fait avec fruit, M. Timkovsky a voulu d'abord suppleer, par une indication topographique de sa niarche depuis Kiachta jusqu'a Pekin, aux lacunes considerables que Ton apercoit sur toutes les cartes , dans cette portion septentrionale de I'empire chinois. Mais le merite de I'exactitude n'esl pas le seul qui distingue I'auteur : il sait encore eviter avec bonheur les deux 6cueils ordinaires des rela- tions oil les incidens du voyage sont rapportes jour par jour, nous voulons dire la secheresse et la monotonie. Partout le fil de son rocit se rattaclie a des faits curieux , a des observations aussi varices qu'in- tcressantes. C'est par le portrait fidele des individus qui ont eu des r.inports avec lui , ou que le hasard a conduits sur sa route; c'est en racontant avec simplicity et veracite ce qu'il a vu et enlendu , que M. Timkovsky tache de fixer nos idees sur les habitudes, le carac- ti-re, les mcBuis et les superstitions bizarres des peujjles au milieu desquelsil r.'est tronve. Nous avons remarque siirtout avec un intcret RUSSIE. H<^<) paiticuUer les details qui concernent la crovance des seclaleuis du prophete Schihemonnl ; plusieurs traditions historiques, anecdotiques et mylhologiques qui se rattachent aux epoques et aux persoiinages les plus celebrcs de I'aiicien empire des Mongols; la description de la ville A'Oiirga, du desert et des steppes de Gobi, et celle de la Grande mitraiUe, La publication de cet ouvrage et d'aiitres ecrits relatifs aux diffe- rens pays de I'Asie nous fournit I'occasion de remarquer que I'espoir exprime plus d'une fois par les savans de I'Europe , de voir la Russie acquerir, par des relations frequentes , des notions exactes et detail- lees sur les contrees eloignees et peu connues de I'Asie, commence a se realiser. Outre le voyage de M. Timkovsky , nous possedons une description de la Turcomanie et du Kchiva , par M. Mouravief, des- cription qui a deja ete traduite en francais et en allemand. M. le co- lonel baron Meyendorf, qui accompagnait I'ambassade russe en Bucharie , en 1820 et 1821 , a redige une relation de ce voyage, qui doit ctre egalement publiee a Paris , en langue francaise. Enfin , une Description complete des steppes des Kirgiiises , paraltra incessamment ici en langue russe. 198 — * Leiopice Nestorova. — Chronique de Nestor , d'apres la plus ancienne copie de M. Lavrehti : edition du professeur Timkovskt , Cnlssant a I'annee loig, publiee par Is Societe d'histoire et d'antiquites russes,pres fUniversite de ItJoscoii. Moscou , 1824; imprinierie de I'U- niversite. i vol. in-4° de io5 pages. Prix , deux roubles 60 kopecks ( a fr. 60 c. ). Cette copie de la Chronique de Nestor, ecrite en iS^y, par lemoine Lavrenti , pour le grand-due Dmitri Constantinovilche , est la plus ancienne qui soit parvenue jusqu'a nous; elle a ete'appelee Chronique de Pouschkine , du nom de celui qui la decouvrit ; puis Chronique deSouz- dale, puree qu'elleavait ete ecrite, en suite de la benediction donnee par DIonlcI, eveque deSouzdale; enCii, Chronique de Nestor, da nom de celui qui I'a ecrite. — La publication de cet ouvrage avait ete confiee en 181 1 , par la Suciete d'histoire et d'antiquites russes a M. le profes- seur R. Timkovsky, qui avait fait une copie exacte du manuscrit original , et qui avalt deja fait Imprimer i3 feuilles de son ma-nuscrlt lorsque la guerre de 1812 vint interrompre son utile travail , qui de- vint la prole des flammes, avec la blbliotb^que de la societe. Les membres de celte societe ont decide que les i3 feuilles, imprimees par les soins de M. Timkovsky, seralent publiees, et M. C. Kala'i- dovitcb a ete charge par elle de ce soin. II dolt joindre a ce travaii ''i7<» LivKEs Strangers. une preface, dans laquelle il domiern une description detaiil6e de la copie de Lwkbnti , description conservee a la Jiibliotlu>qne publique de Saint-Petersbourg, et dont M. Vostokof, habile pliilologue et poete distingue , lui a fait doiiner communication. '99. — * Anecdotes choisies de Pierre-le-Grand , tradiiites du russe en francais. Saint-Petersbourg , i823; imprimerie du departenient de I'instruction publique. i vol. ia-S" de iia pages; prix 3 roubles. «En rassemblantici les traits principaux qui caracterisentP/efre l"i nous avons cherche (dit I'auteur russe) a bien meriter de nos con-.- patriotes , admirateurs du genie qui crea la puissance de la Russie et appela les Russes a parlager avec les aulres nations les avantages de la civilisation... Je me suis appiiqu^ a rendre les traits qui peignent les talens, le caract^re et le genie de Pierre , et qui font connaitre les vues etendues de cet bomme qui illustra son siecle. » Cet ouvrage est un bou mauuel pour les etrangers comme pour les Russes. 11 leur sera tres-utile dans I etude d'une epoqoe qui a decide des destinees de la Russie et du rang qu'elle doit occuper parmi les nations civilisees. 200. — * Opile krntko'i Istorii , etc. — Essai d'histoire abregce de la litterature rnsse , par Nicolas Gretch. Saint-Petersbourg, 182a ; imprimerie de Gretch. i vol. in-S" de vi et 394 pages ; prix 10 roubles. Cet essai , qui a coute a son auteur de longues et penibles recherches et des travaux immenses , merite d'occuper une place distinguee parmi les meilleurs ouvrages relatifs a la litterature russe, malgre ses imperfections et ses defauts qui out ele signales par plusieurs cri- tiques , dans les journaux russes des deux capitales. M. Gretch a divise son Essai en deux periodes : la premiere s'etend depuis I'origine de I'empire de Russie jusqu'au regne de Pierre-le- Grand, c'est-a-dire, depuis la moitie du ix''sit'clejusqu'alafin du xvn^j la seconde periode s'etend depuis celteepoquejusqu'a nos jours. Cha-. eunedes sections , qui sont au nombre de trois pour chaque periode ^ commence parun tableau del'etat civil et politique de la Russie, auquel il rattache dans celte partie , I'histoire merae de la litterature. Dans cette partie , il 6num6re, en biographe et en bibliographe , les ecrivains et les ouvrages les plus remarqualiles de chaque epoque. Cette his- toire de la civilisation et des lettres en Russie offre d'autaiU plus d'in- teret, qu'elle est disposee avec art et talent, relativement a la divi- sion des epoqnes, a I'exposition et a I'explication des causes qui ont J accelere ou arrcte les progres de la litterature. — M. Ghetch a dedie >on ouvrage au comic Roumanlzof, protecteur eclaire et zele des sciences et des lettres. — Une tradacei«it polonaise de cet Essai u etc RUSSIE. 47 « publiee a Varsovie ( i8i3, Glucksberg. i vol. in-8° de 576 pag. ) par M. LiNDE., savant distingue, qui doit aussi en donner una traduction allemande. M. Reiff, auteur d'une bonne grammaiie russe a I'usage des etrangers (Voy. Rev. Enc, t. xx, p. $87 ), a entrepris une traduc (ion francaise de cet ouvrage. M. Gretch aura done la gioire d'avoir le premier fait connaitre au nionde savant la naissance, la marche et les progres de la litterature russe. M. le prince Tzertelef s'occnpe depuis quelque tems d'un travail analogue, qu'il veut publier sous le litre de Tableau historique de la litterature russe. A en juger par des fragmens inseres dans VEmule de la civilisation et de la bienfaisance ( livraisons 3, 5 et 6 de i8a3 ), le plan de cet ouvrage est le mcme que celui de I'Essai de M. Gretch ; plu- sieurs passages de ce dernier se trouvent mfime reproduits presque litteralement dans le Tableau du prince Tzertelef, qui aura nean- nioins son degre de merite et d'utilite. aoi. — * BasniiShazki. — Fables et contes S! Alexandre Izmailof. Quatrieme edition, corrigee et augmentee. P*^ et IP parties. Saint- Petersbourg , 182 1 ; imprimerie de Baikof. Ini" de 65 et 107 pages , prix 8 roubles, avec une jolie vignette. La premiere edition des Fables et Contes d' Alexandre Izmailof (an nombre de 23) a ete publiee en i8i4; la seconde, divisee en trois livres, et contennnt 45 pieces, parut en 1816, et la troisieme, sous le titre : Nouvelles fables et contes ( au nombre de 2a) ai-ec difjerentes poesies fugitives d' Alexandre IzmaIlof, augmentees d'un Essai sur la Narration de la fable , en 1817. Ces deux dernieres editions sont pres- que entiereraent epuisees; et , comme I'auteur a compose depuis ce tems un certain nombre de nouvelles fables et apporte des correc- tions a celles qu'il avait publi^es en i8ai, une quatriferae edition devenait necessaire. Cette quatrieme edition est composee de trois parties. La premiere contient \es fables propremenl dites et les apologues ; la deuxi^me , les paraboles el les contes. La premiere pifece a pour titre : Origine et utilite de la fable ; elle a ete traduite du francais , d'apres V Almanack des Muses de 1770. A la fin de la seconde partie , se trouve une Table al- phabetique des fables et des contes, avec I'indication des auteursaux- quels M. Izma'ilof a fail des emprunts. Les deux parties que nous annoncons coutiennent 35 fables et 42 contes , dent 26 originaux et 5 1 imites ou traduits de differens auteurs. M. Izniai'lof, membre de plusieurssocietes iitterairesrusses , naquit en 1779, et commenc-c une grande rapidite, que 47^> LIVRlvS liTU^LiVGERS- I'ouvrHge uuruit beuucoup giigHe s'il eut 6t(i plus court. Les trail* brillans de genie dont I'auterir l';i sem6 auraient 6te plus rapproches, et i'interet se serait moins refroidi. — Ceite part faite a la critique, nous ne pouvons cacher le plnisir que nous ont fait plusieurs endroits de cat ouviage. La peiiiture ( dans le 3* vol. ) de Gustave Adolphe le Grand , desheros qui I'entourent, et do son armee, est au-dessus de tout eloge. Leurs figures, leurs traits caracteristiques , sont rendus avec un art qui semblerait n'appartenir qu'au j)eiutrc. Nous ne croyons pas qu'il entre toi:jours dans le devoir d'un critique de chercher a imposer un frein a Timagiualion d'un auteur ; mais nous ne devons pas dissimuler qu apres avoir ete transportes , comme par enchanteraent , au milieu des heros de la guerre de trente ans , et inities aux divers sentimens qu'elle fit naiire parmi ks differens peuples de rAllemagne, uous avons vu avec repugnance figurer, a cote de Gustave Adolphe, un fils illegitime dont I'existence est egalenient en opposition avec la verite historique et avec la peinture qua donnee I'auteur des principes et des moeurs de son heros. Cette Invention de M. Oehlenschlager, qui ne se rattache d'ailleurs en rieu a I'intrigue de son ronian , nous a paru pour le moins inutile. 11 y aurait bien des choses encore a dire au sujet de cet ouvrage , si remarquable dans son ensemble et dans chacune de ses parties; mais le cadre de ce recueil ne nous perraet pas de donner trop d'ex- tension a notre article. II faut done se resumer, en disant que cette production d'un honinie df gi'-nie nous a paru en general audessus des ouvi-ages que nous connaissons dans ce genre, surtout dans les endroits oii le respect pour la verite historique a pu mettrequelques bornes aux elans de la riche imagination de I'auteur. Partout ailleurs, et quand elle a trouve le champ libre, elle s'est trop abandonnee a ce vague que Ton nomme quelquefois poetique , mais qui finit bient6t par rebuter le lecteur, lorsqu'il se reproduit a chaque page. G — g. 206. — * Nyi /fftenblacl. — Nouvelle feuille du soir, pour I'an 1824 et le premier semestre de iSaS. Trois cahiers in-4''. Copenha- gue, imprimeriede Kiopping. Depiiis le commencement de I'an 1824, il parait a Copenhague, tous les samedis soir, une feuille, format in-quarto , accompagnee quelquefois d'un supplement, et offraiit une lecture amusante et instructive sur tous les objets qui peuvent interesser la generalite des lecteurs. Oiiy trouve des articles de morale, de philosophic, d'eco- nomie , d'hisloire, de medecinedomestique, des poesies, des articles sur les theatres, des anecdotes, des relations d'evencmens curicux; DANEMARCK. — ALLEMAGNE. A 77 «nfiii de quoi satisfaire tous les gouls, el la redaction de cette feuille nous parait tres-soignee. Quoique les editeui's on les redacteurs gardent I'anonyme , on voit que ce sont des honimes de lettres d'un Trai merite; nous en sominesd'autantplus convaincus, que nous avous remarque parmi leurs collaborateurs les noms des ecrivains danois les plus distingues. La politique proprement dite n'entre pas absolu- nientdans le cadre de leur journal ; cependant elle n'en est pas non plus enti^reraent exclue; M. Rahbekv donne, tous les mois, un apercu rapade des evenemens politiques les plus reraarquables du mois pre- cedent. Nous souhaitons un succes durable a ce nouveau journal , que la ville de Copenliague pent hardiment mettre a cote de cette Feuille du maciu ( Morgenblatt ), dont TAllemagne se glorifie depuis plusieursannees etque publie le celebre libraire Cotta , si bien connu par le caractere d'utilite de ses grandes entreprises litteraires. Heiberg. ALLEMAGNE. 207. — * Der rheinUindische Weinbav. — De la culture de la vigne, sur les bords du fleuve ; par J. HoeRTP.R , proprietaire, vigneron des bords du Rhin. 3' partie. Treves, tSaS ; Gall. In-S". Deja nous avons annonce, avec de justes eloges, les premieres parties de cet excellent traite que I'un des proprietaires les plus ins- truitsdu Rheingau a, pour ainsi dire , dedie non-seulement aux vignerons de ces belles contrees , mais encore a tous ceux qui s'a- donnent a la culture des "vignes, en quelque pays qu'ils babitent. (Voy. Rev Enc, t. xxiv, p. Sgy.) En effet, il n'est aucune province ou Ton nepuisse faire son profit de la theorie de M. Hoerter, theoiie , qui est fondee sur sa propre experience. Dans une courte preface, I'auteur annonce qu'il donne ici un catechisme du 'vigneron par de- mandes et par reponses. C'etait , dit-il , la melhode de Socrate , celle du sage de Nazareth , celle de Franklin ; on y revient de toutes parts, et, depuis les sciences les plus elevees jusqu'au metier de tailleur et de cordonnier, en Amerique, toutes les tlieories sont enseiguees de la sorte. Quoi qu'il en soit de cette singuliere assertion , et des rap- prochemens plus bizarres encore que I'auteur fait entre des personnes si differentes , on peut 6tre assure de ne pas rencontrer dans son livre cette secheresse presque toujours inseparable de la forme qu'il a cru devoir adopter. II donne a ses reponses des developpemens qui les sauvent de ce defaut et leur laissent tout I'inter^t qui distin- gue ordinairement un traite plus etendu. Son ouvrageest partnge en A78 LIVRES ]£trangers. deux grandes divisions : Tune est relative a la culture de la vigiie ; I'autre a la fermentation des vins. Nous regrettons de ne pouvoir initier nos lecteurs aux doctrines de M. Hoerter ; niais, lors m^me que nous pourrions leur offrir quelques citations, ils n'en seraient pas moins obliges de recourir a I'ouvrage , si le sujot peut les inte- resser, et ils nous sauront gr6 de I'avoir signale a leur attention. 208. — Beschreibiing der Stiimifliithen an den XJfern der Nordsee , elc. — Descriptions d'inondations arrivees sur les bords de la mer du Nord et des fleuves qui s'y jettent, avec des cartes et des plans ; par }f. Miii-i.BR, ingenieur major. Hanovre, iSaS. In-S". II s'agit ici d'evenemens arrives le 3 et le 4 fevrier decette annee; et I'auteur qui les rapporte a fait imprimer, a ses frais, un livre qu'il vend au profit des victimes des inondations. II conduit ses lecteurs du Hanovre vers le duche d'Oldeubourg ; puis, a Hambourg, ncgli- geant le Holstein et les Pays-Bas, sur lesquels il n'a pu obtenir de renseignemensprecis. On aremarque, dans les environs de laJahde, que les derniferes inondations avaient surpasse de a a 3 pieds le ni- veau de celles qui eurent lieu en 1717 ; et cependant , il est airiv^ beaucoup moins de malheurs , il y a eu beaucoup moins de doni- mages qu'a celte precedente epoque. Cela prouve qu'il y a una grande amelioration dans le systfeme des digues. M. MuUer en ex- pose la partie theorique et technologique ; puis , il presente des considerations fort utiles pour I'avenir. II recommande les planta- tions d'arbres a I'exterieurdes digues, ayant remarque, dit-il, que les parties qui en sont pourvues resistent mieux a I'effort des ondes ct aux secousses de la glace. Une autre remarque digne de toute la sol- licitude des bons adminisirateurs, c'est que la rupture des digues s'est faite presque partout aux mdmes endroits oil les inondations precedentes avaient exerce leurs ravages. La kcture du second appendice est fort interessante par les obser- vations qu'elle renferme sur la hauteur des vagues ( a Norderney et a Baltsum , elles se sont elevees de 8 a 1 5 jjieds ) , et par les pheno- menes qui y font consign^s , tels que le dessechement des puits , la crue suhlte des eaux de 9 a j5 ponces. Le quatrieme appendice est consacre aux digues de la Frise orientale, dont toutes les dimensions sont indiquees. L'un des plans represente les ravages exerces par les eaux pr^s d'Emden. P. Golbery. aog. * Bibliochecaveterinaria. — Bibliolh^que vet^rinaire, ou Liste de tons les livres utiles quiontparu en Allemagnejusqu'au milieu de ALLEMAGNE. 479 I'an 1824 , sur toutes les parties de la science veterinaire; avec une table des mafieres. Berlin , iSaS ; Ensliii. Gros in-8° ; prix 3 gr. 2ro. ^ — * Bibliolheca historico-geographica , oder T'erzeichniss , etc. — Biblioth^que historique, geographique , ou Liste detous les livres utiles qui ont para en AUemagne , dans les terns anciens et modernes , surtout depuis 1750 jusqu'au milieu de I'an 1824, sous le rapport derhistoire, de la geographic et des sciences auxiliaires, ou sur rhistoire du monde, des peu'ples , des homnies, de la morale, de la litterature , des sciences et de la religion ; avec des articles biogra- phiques , une description politique et historique de la terre , des pays et des villes, leur statistique , etc. , contenant plus de 9,000 ar- ticles et une table des matiferes. Berlin, iSaS ; le merae ; prix i thai. 4 gr. an. — * Bibliolheca ccconomica oder yerzeichniss , etc. — Bibliotheque economique , ou Liste de tons les livres utiles qui ont paru en AUe- magne, dans le terns anciensetm odernes , jusqu'au milieu de I'an 1824, sous le rapport de I'economie rurale et domestique en general et des sciences qui ont rapport a I'agriculture , etc. ; avec une table des mati^res. Berlin , iSaS ; le m^me. Grand in-8° ; prix 8 gr. Ces esp^ces de catalogues raisonnes , publics par M. Enslin , ont Un grand degre d'utilite, et devraient etre dans les mains de tous les amis des sciences; chacun y trouvera , pour celle dont il s'oc- cupe, des maitres a consulter et des guides a suivre. D — f. 2ia.— *Ueberden Geist der Staatsverfassungen unddessen Einjliiss,etc. — De I'Esprit des consututious des Etats , et de son influence sur la legislation , par M. Frederic Awcii.i.oTr. Berlin , 1825 ; xv et 35o pages. Grand in-8''; prix i thaler 18 gr. ( 7 fr. ) M. le professeur Polity, dit , dans la 4° partie de son ouvrage sur la politique (voy. Rev. Encjc, t. xxiv p. 899 ), que depuis environ qiia- rante ans il a piru, en Europe et en Amcrique, cent treize nouvelles constitutions ecrites , dont trente-une n'existent deja plus; les quatre- vingt-deux aulres subsistent encore publiquement dans le monde po- litique. Un phenomene de cette nature, d'ou depend le bonheur ou le malhenr de plus de cent millions d'hommes , est important pout rhistoire, le droit public et la politique. M. Politz a essaye de tracer une exposition de ce phenomene , sous le rapport historique ;'^l. d'A- retin , sous celai du Droit public ( I'auteur est mort avant la publica- tion de la seconde partie de son ouvrage), et I'ingenieux auteur de rouvrage que nous annoncons le developpe ici , sous le troisieme de ces rapports : la Politique. M. Aiicillon , celebre par ses couuaissances ASo LIVRES l^.TRATVGERS. philosophiques et historiques , ne s'arrdte pas dans ses investigations et dans leurs resultats, a ce que son sujet pent offrir de special ; 11 se livre a« contraire a des recherehes generates. II s'ensuit qu'il ne nous offre pas tin systeme coherent et complet du droit ou de la po- litique , d'apres les constitutions, mais une suite de recberches phi- losophiques et historiques profondes et savantes sur tous les pheno- menes poHtiques qui se raltachent a I'histoire des constitutions. Apr^s une preface, dans laquelle il avance que, dans la i)olitique, il y a tr^s-peu de princi|)es generaux et absolus , I'auteur traite succes- sivenient des objets suivans : i" De /'esprit des lots : Chaqiie loi , dit-il , si elle n'est pas le fruit du caprice , de la passion , d'une volonle ar- bitraire , a uil but, un motif, une cause deterniinante dans le passe. — 7° Des sources du potivoir : L'inegalite est la source de tout pouvoir; le plus puissant a toujours ete la terreur ou le salut du plus faible. Lc pouvoir consiste dans la force physique , ou dans I'intelligence , ou dans la force de la volonte et de la superiorite morale. Ces trois ele- mens reunis, ou pris scparcment , sont les sources de tout pouvoir. — 3° Des Etats .-Les Etats sont consideres comme des individus mo- raux; ils sont done soumis aux lois de la raison. — 4" De la liberie : L'autenr commence par cette proposition : Celui-la seul a Time libre, qui obeit toujours spontanement a la loi de Dieu. — 5° De Vcgalilr.— 6° De la monarchie : La monarchie limitee pent ^Ire reduite a deux principes : I'universalite des vues , la raaturite du jugement, une deliberation lente sur toutes les circonstances , I'ohservalion de tous les rapports, doivent guider les decisions d'un Etat, quand il s'agit de rapplication des lois ou meme de radrainistration. — 7° De I'nris- cocratie : Ici, I'auteur commence par determiner les divers rapports sous lesquels s'aunoncent la monarchie et I'aristocratie , et il prouve que I'aristocratie se soutient plus difficilement qu'une monarchie. — 8° Des anciennes republigues : Cette division offre un tableau frappant des abus , du despotisrae populaire et de la puissance des dema- gogues. — 9° De la noblesse; La noblesse, dans la plupart des monar- chies, est un membre politique et essentiel. — 10° Du dcspotismf : II consiste dans la puissance de la volonte personnelle. — 1 1° De la de- feneration des d'lverscs formes de gouvernemens : de la degeneration de la democratic, de Taristocratie et de la monarchic. — 12° Des amelio- rations , des reformes et des revolutions dans les Etats. — iS" De la repri- sentaiion .' La forme representative protege conlre la partialitc des vues et (les decisions du gouvernempnt , et contre I'egoisrae et les pas- sions des fonctionnaires. Cependant , dans une constlliition ropresen- I ALLEMAGNE. 481 tative, tout depend du caract^re de la loi sur les elections , du droit d'election, de la manifere dont il est coofere , de la classe de la societe qui cstappelee a I'exercer. — 1^° De la consliculion anglaise. — 15° Des diverses formes de justice. Publiciie. Jurys. Nul ne doit etre arrete , hors des cas prevus par la loi. Celui qui peut et veut donner caution ne doit pas etre arrete. Vingt-quatre heures aprfessou arrestation, chaque individu doit ^tre conduit devant son juge uaturel , afin d'apprendre de lui pourquoi il est arrets. — 16° Des affaires defamille. Des femines . Dc Vcducalion. — ij° De l' education d'un peiiple. — 18" Du luxe. — 19" De la legislation criininellc. Des crimes et des peines. — 20" Des divers sjstcmes d'imputs. — 21" De I'independance politique des F.tats. — a 2° enfin , Du systeine defensif des Etats. Nous croyons que cette simple enumeration suffira pour inspirer le desir de connaitre plus particulierement i'ouvrage de M. Ancillon. Nous observerons encore que , bien que le tilre ni la preface ne I'an- noncent, cet ouvrage, classique a tant d'egards , senible devoir etre continue. Cela serait d'autaut plus .i desirer, qu'on aimerait a devoir a i'auteur un esamen critique et une exposition historique des nou- velles constitutions , sur lesqueiles on a si pen ecrit jusqu'ici. Jh. dk Lucejvay. 2i3. — *Ctv.&iie. Csiiili operum reliquice. Fragmentacollegit, textum e codd. recognovit prolegomenis et petpetud annotatione instnixit indices- que adjecil G. Chr. Baehr. — Collection des fragmens de I'ouvrage de Ctesias, de Cnide; le texte reva sur les inanuscrits est accompagne d'une introduction , d'un commentaire et de tables des matieres , par M. Baehr, professeur k Heidelberg. Francfort-sur-le-Mein, 1824; Broenner. 471 pp- in-8°. Le manuscrit de ce livre ^tait deja livre a I'lnipression quand M. Lion , qui public en ce moment une edition A^ Aulu-Gelle , avec un commentaire, fit paraitre son edition de Ctesias, que nous avous deja annoncce, et qui se ressent un peu de la precipitation avec laquelle elle a ete faite. L'auteur de celle-ci ne pouvait done en profiler pour la sienne. Mais nous ne voyons pas qu'il y eut beau- coup gagne; la sienne nous semhle le resultat d'une critique plus severe et d'un travail plus miiri. D'ailleurs, M. Baehr, que les litte- rateurs connaissent deja par ses travaux sur Plutarque, a ajoute , dans quelques pages de supplement, tout ce qu'il a pu tirer d'ulile de I'edition de son devancier. Apr^savoir ete si long-temssans posseder aucune edition de Ctesias, nous en complons tout a coup deux, dont I'une cependant,celle que nous annon^ons,rend I'autrepresque super- T. x.wiii. — Noveuibre ibaS. 3i /,*» LivREs Strangers. flue. M. liaehr a commence par doiiner de grands soiiis au texte de son auteur; ila collalionne jilusieuis maiiuscrite et s'est efforce d'en rendre la lecon anssi pure que possible. 11 n'a rien neglige pour en faciliter I'intelligence, et ses notes nombreuses et savantes expliquent une foule de passages. L'editeur s'atlache a rehabiliter Ctesias dans ro[)iiiion des savans et a prouver 1 autbenticite de ses recits. Apres deux pages de preface, viennent les Prolegomenes , qui offrent les no- tices de Fabricius et de G. Voss sur cet auteur ; puis , des recherches de l'editeur actuel sur sa vie, ses ccrits , son style, et le degre de confiance qu'il merite: ce dernier paragraphe, (p. 24-60) est trts-long et detaille ; l'editeur y discute rantbenticite de cbacun de ses livres en particu'ier. Les fragmens de I'histoire d'Assyrie devaient trouver leur place apres cette introduction; ils ne se trouvent , par erreur sans doute, qu'a la p. 383. Les extraits de I'histoire de Perse, fails par Pbotius, sunt done en tete (p. 61-80 ) et sont suivis d'un long coinmentaire (p. 81-218) et de fragmens epars sur le mdrae sujet (p. 219-344). Viennent ensuite les Eclogues de rhistoire de I'lnde (p. a45-258), avec un commentaire (p. 259-348) et des fragmens disperses de plusieurs auteurs anciens (p. 349-38a ); enfju , I'histoire d'Assyrie (p. 383-453) : quelques supplemens et la table des matieres occupent le reste du volume. J. H. Schnitzler. a 1 4. *Dic Trierischen M'unzen chronologisch geordnec utid beschiieben. Les Monnaies de Trfeves decrites et classees d'apri^s un ordre chro- nologique , par J. J. Bohl. Coblentz , 1824. In-8° de 287 pages. Mayence et Cologne avaient deja des ouvrages de ce genre, I'un de Wurdtwein, I'autre de Walraff. II etait juste que Treves ne fut pas oublice; car elle a aussi sa numismatique. M. Neller, sans en donner un traile complet, s'en etait occupe dans plusieurs ecrits, que M. Bohl a soin d'indiquer dans sa preface. Devenu possesseur de cette collec- tion , il a eu , pour rediger son travail, recours a d'aulres Merits et .i d'auires collections. — Dans lapremi^repartie de son ouvrage , il est question de la piriode romaine ; mais on n'y traite des medailles qu'en general, et sans application speciale au paysde Treves. — La seconde partie commence par les Merovingiens et les Carlovingiens; on s'occupe d'abord d'un triens d'or, qui porte pour inscription : Tre- ferns cive. — La troisieme partie traite des monnaies et des medailles d es archev^que-. et des electeurs , jusqu'a la fin du moycn age , ct s'e- tend de 965 A i53 i. M. Bohl n'ouvre cette serie que par Theodoric I, ne tenant aucun comptede la piece attribute a Milon , qui vivait de 7i3 a 753 et qui etait aussi archev^que de Reims ; I'auteur pense que ALLEMAGNE. — SUISSE. ii85 cette pitee a eie frappee 4oo ans plus tard par Albcron. Chaque ar- cheveque oiielecleur est I'objet d'une notice historique. — Eniin , la quatrieisiepartie s'eteiidde i53i a 1812, comprenant aussi la conqudte du pays par les Francais, et s'arrelant pour la numismatique a Cle- ment Wenccslas, prince dont la memoire est encore cherie dans ces contrees , qu'il rendait heureuses par ses vertus et par le soin qu'il prenait de leseclairer et de les eml)ellir. — L'ouvrage de M. Bohl est fait avec discernemenf ; I'esprit de critiqtie s'y joint a iRie erudition sage et mesuree; il nous semble enfin , sous tous les rapports , digne des eloges des connaisseurs. P. Golbert. SUISSE. 2i5. — Alexakdri Aphkodisiensis, Ammonii Hermim Jilii , P1.0- Tiiil, Bahuesanis SYht, et Georgii Cemisii Px-ethonis, de Fato qtice stiperstint grace. Ad codicum manuscriptorum , editionum , versio- num (idem recensuit, interpretaticnem latiunni Hugonis Grotii et aliorum emendatioreni , varietatem lectionis et nolas adjecit /oanncj Conradiis OnEtLius , parochus ad templum Spiritus Sancti et col- legii carolini turicensis canonicus. Insertse sunt animadversiones Jo. Caspari Orkllii , professoris eloquentiae et bermeneutices in gytnnasio turicensi. — Fragmens (^'Alexandre , ^^Ammonius , de Plotinus, de Bardesanes Syrus, ef de George Gemiste Pletow, sur la Fatalite ; texte grec revu sur les nianiiscrits et les editions, avec I'interpretation latine de H. Grotius et d'aulres commentateurs, et des variantes et notes par M. J. C. Orei,h, etc. Zuricb , 1834 ; Orell, Fussli. i vol. in-8° de 358 pages; prix 6 fr. La longueur du titre permet d'abreger I'analyse de l'ouvrage; il sert de table des mati^res et fait connaitre le travail de I'editeur. — Les rapports de la fatalite on de la necessite et du libre arbitre ont occupe I'esprit humain depuis le premier moment ou il s'est replie sur lui-m^me , et ils I'occuperont taut que durera I'ordre de choses auquel nous sommes soumis maintenant. C'est la une de ces grandes questions sur lesquelles personne ne se cor.tenfe de recevoir une opinion loute faite, parce que le sentiment intime oblige chacuu a s'en faire une lui-nieme par le moyen de ce travail interieur, privi- lege glorieux de notre nature, mais que nous payons parfois bien chtT ! Cependant, il est utile de connaiire sur ces grands interdts les opinions des hommes qui en ont fait I'objet de leurs recherches, et des ecoles philosophiques qui les ont debattus. C'est une heureuse idee qu'a eue M. J.-C. Orelli , quand il a pense a reunir dans un seui 484 LIVRES ^RANCxERS. f:iisceau les travaux de cinq ecrivains de Tantiquil*^ sui la n«fme matit^if. L'ouvi age d'Alexandre , dedic aux empeieurs Seveie el Antonin, est de beaucoup le plus considerable; qiioiquc le sujet en soil fort abstrait, il se lit avcc facilite , et nit^me avec plaisir, tant I'influcnce de Tecole aristotclicienne donnc de precision et de luci- dite aux idees de I'auteur. — I,e travail de I'editeur rend plus prc^- cieux encore le present qu'il a fait a la science. En coinparant, soit par liii-ni^me, soit an moyen de la complaisance de qnelques savans ailemands, le texte vulgaire avec les editions les plus rares et ayec deux mannscrits que Ton n'avait pas encore consultes, il a reclifii; la plapart des passages corrompus. A ce nierite se joint celui de va- riantes et de notes breves rejetees a la fin du volume , dont elles i eni- plissent plus de cent pages. Ces notes annoncent un excellent espnt de critique , et elles out I'avantage , trop rare dans les commentaires, d'expliquer ce que Ton ne couiprend pas facilenient. Quelques-uues sent dues a M. le professeur d'Orelli , cousin de rcditeur, et deja connu des lecteurs de la Rri'ite. L'executiou lypographique fait bon- neur aux presses zuricoises; le texte grec est remarquable par sa nettete et par sa beaute. C. Monnaud. -ii6. — * Mahomet, tragedie de Voltaire , publiee avec un Com- mentaire historique et critique, par Jean Humbert, professeur de langue arahe a I'Academie de Geneve. Geneve, iSaS; imprimeric de P.-A.Bonnant. Paris, Dondey-Dupre. i vol.in-8" de vm etu33 p. M. Humbert, dont nous avons annonce plusieurs fois les utdcs ouvrages, continue d'offrir a la jeunesse d'excellcntes lecons. Le Commentaire qu'il donne aujourd'hui sur Mahomet doit inspirer beaucoup de coiifiance. L'Eisai s,ir les poetcs degiaqnes fra,u;als a prouvc que I'auteur avalt medite long-terns sur les ressources de notre poesie, et sur quelques-uns de scs principaux modeles ; on a pu voiraussi, par son Anihologie arahe, que I'histoire et les moenrs de rOrient avaienl ete I'objet particulier de ses etudes : voila des litres suffisans pour se faire le comnienlateur d'une tragedie dont le sujet est puise dans I'bistoire de I'Orient. II n'est pas a craindre que le litterateur se contente ici d'observations communes, et que I'orien- taliste ne rende pas justice aw genie d'un grand ecrivain. L'attL-nle que doit faire nattre uu conimentaire historique et critique, enlre- pris avec de tellcs chances de succes , est-elle enlierement rcmplie ? La candeur et la franchise que montre I'auteur dans sa prelaie , nous autorisent a rcpondre qu'un eloge sans restriction ne serail pas accueilli par M. Humbert lul-m6me, ct fjuc plusieurs pnrius SUISSE. /,85 t!e son OHvrage deniantleraient une assez longue discussion. Ne s'est-il point deja reproche, par exemple, d'avoir quelquefois sur- charge ses pages de vetilles gramniaticales ? Voltaire etait toinbe dans le m^ice def.iut en comment.int Corneille ; peut-ctre le commen- tateur de Voltaire a-t-il voulu Ten punir. II faut avouer aussi qu'il est difficile pour uu critique de se tenir d.ms une juste mesnre. Nous sommes loin de tout .ipprouver dans cette tragedie, dont la con- duite est fort invialseniblable et le style souvent neglige ; mais ne trouvera-t-on pas que ces expressions, cheviUe, remplissage , maii- vaise scene, scene pitojable , conception faiisse eC manqnee , sont des formules bien sevt;res ? II nous semble mdme que le critique n'a pas toujours bien saisi la pensee du poete. Mahomet dit, acta II, scene vi : La persecution fit toujours ma grandeur ; ce qui signilie que, plus il a ete persecute, plus II est devenu grand. II n'y a rien la qui aulorise cette remarque : Mahomet s'avilU beau- coup Crop ; le dernier sceleraC ne parlerait pas autremcnt. Hatons-nous d'ajouter que les inadvertances de ce genre sont trfes-rares , et qu'elles sont racbetees par une fonle de notes historiques d'un grand interet. II ne faut pas croire non plus que la severite de M. Humbert soil tou- jours exce.ssive ; elle fait quelquefois place a Tindulgenee : il y a plu- sieurs fautes graves qu'il n'a point relevees. II a donne aussi une grande preuve de modestie en citant quelques-uns de ses devanciers , et en attachant surtout beaucoup trop d'iinportance aux satires de Geoffroy. C'est comme si Ton voulait juger Racine d'aprcs Subligny, et Boileau d'apr^s Cotin. Nous aimerions mieux que le volume eiit quelques pages de moins ; ou plutot, nous regrettons que I'habile edi- teur , au lieu de perpetuer ces critiques de feidlleton , ne nous ait pas donn^ lui-meme quelques notes de plus, de ces notes, telles qu'il sail les faire, telles qu'on en rencontre plusieuis dans son ou- trage , jusles, precises, elegantes , dignes enfin d'uu savant et d'un homme de goiit. J. V. L. a 1 7. — Keiie T'erhandltwgen , etc. — Nonveaux Mcmoires de la Soctele Suisse d'utilite publique, relatifs a I'education , a I'industrie et aux pauvres. T. ler^ i4e Piapport pour I'annee iSa^. Zurich, i8s5 ; Orell , Fussli. i vol. in-8° de 33a et xx pages. On a expose dans ce recueil ( voy. Rev. Enc, t. xxi, p. 470-473) Forigine, le but et les progr&s de la Societe snisse d'utilite publique. Les cinq questions proposees pour etrc traitees dans des raemoire^ i^^ LIVKKS ETRAiNGERS. tt debaltues dans rasseniblec annuelle du mois de septembre i8i4, «e trouvent dans I'article cite. Le volume que nous annoncons se compose essentiellement des Rapports faits a la Society sur Ics M6- moires provoques par les cinq questions. Ces Rapports sont des ana- lyses lumineuscs et completes , accompagnees de resumes gencraux. C est tout ce qu'il nous est permis d'en dire , puisque nous ne pou- vons suivre les rapporteurs dans les details de chaqiie question. En t^le du volume, se trouvele discours d'ouverture du president, M. le conseiller d'Etat UsiERr, de Zurich. II rappelle I'origine et le but de la Societe, Toccasion qui a fait naitrechacune des questions proposees ; puis , il montre , dans le choix mcme des sujets , la tendance essen- tiellement pratique d'une reunion d'horames qui , loin de se ren- fermer dans les speculations de la theorie , aspirent a imprimer un nouveau mouvemeut a la Societe. Quelques reflexions sur I'esprit d'association et sa puissance dans une petite republique, ainsi qu'un expos6 des fravaux de la Societe genevoise , branche de la Societe generale, termineut la partie principale du discours, dont la lin est consacree a la memoire de cinq niembres inorts dans I'aiinde. Un appendice contient cinq memoirea d'un haut interet : i° sur V institution des orphelins dans la prefecture de Regiiensberg , canton de Zurich , ^ar M. Zimsiebmann; 2° sur I'eco/e de Bitten, canton de Claris, par M. Hker, pasteur a Matt; 3" sur divers objets d'liti- tite publique dans le canton d'jlppenzell , par M. I"bet, pasteur a Troguen ; 4° sur les itablis semens d'utilite publique fondis et encou- rages par la Societe du district de Brougg , canton d'Argovie, par M. ScHoui-ER, pasteur a Bozberg ; 5° sur les avantagcs qu'o/J'rent les ecoles d' agriculture pour les pauvres , par M. le vicaire general de Wessenberg. L'appendice est termini par une lettre que M. Charles de Boks- TETTEN , membre honoraire , adresse a M. Usteri , president de la Society. Cette lettre, ccrite avec esprit, comme tout ce qui sort de la plume de M. de Bonstetten, fait parfaitement counaitre la situa- tion de la Suisse d'aujourd'hui , et les avantagcs qu'elle peut esperer de I'esprit d'association qui s'y manifeste. Par ce motif, nous croyons utile d'en transcrire ici une partie : "C'est un spectacle doux a nion cceur de voir la Suisse renaitie de ses cendres , non telle qu'elle etait , maisplus belleencore. Avant la revolution , nous jouissions d'un bon- heur de hasard; nous etions heureux , parce que la nature nous avail heureusement niches dans les Alpes. Aujoord'bui que le mall:«sur nous a rendus hommes faits, nous serons heureux en homines, non par SUISSE. — ITALIE. 487 iustiiict seuleraent, mais par des principes foud^s sur Texp^rience el les lumi^res. La Suisse , peu liee par les lois federales , le sera par les seiitimens reciproques d'amitic d'homrr.e k homme. Les nom- breuses Societes, faites pour unir les Suisses par leurs plus nobles pensecs , voila ou se trouve la veritable federation de I'HelT^tie. Quand les cantons seront unis , les chefs le seront aussi ; mais , si les tdtes etaient liees sans le corps, I'lnter^t partial ne jouerait-il pas con role ? — Votre Socidte d'utilite ptiblique a pris pour sa tache I'avan- cement de I'education et de I'industrie : c'est la le terrain qu'il faut culti- ver pour faire germer de bonnes lois ! N'est-ce pas dans I'education el dans I'industrie , dans la pensee et le travail , qu'est placee la prospe- rite nalionale ? Lumieres et travail , voila oii il faut chercber la source des bonnes mcEurs, et non dans les idees trop speculatives et trop exaltees du jour. Et quand vous aurez conquis I'industrie, les mceurs et les lumieres , ou sera la pauvrete ? » — Outre M. de Bonstetten , le litre de inembre honoraire a ete confere a MM. J.-Henri Fussli , a Zurich; P.-^. Staffer, a Paris, /. dk Mdkai,t, de Zurich, pasteur a Saint-Petersbourg. Le nombre des membres ordinaires adniis dans cette session est de 62 ; le nombre total des membres ordinaires est de aSS, de tous les cantons; celui des membres bonoraires s'elfeve a a5. C. Monnabd. ITALIE. 218. — * Traiiato, etc. — Traite theorique, pratique et historique «ur les courans et autres particularitesdu Canal deMessine par Pierre RiBAUD. Naples, 1824; G. Mosino. i vol. in-4" de 117 pages, avec cartes et vues. Prix i ducat 20 g. ( 5 fr. 88 c. ). Dans les terns anciens, comme dans les terns modernes, le canal de Messinea ete I'objet des recherches deceux qui s'occupent des sciences geographiques. Depuis Homere jusqu'a nos jours, un grand nombre d'auteurs ont decrit, en tout ou parlie, ce celebre detroit; mais les besoins de la navigation, comme I'etat actuel des sciences astrono- miques, reclamaient depuis long-tems un travail complet sur un point aussi inleressant a la fois et par sa position , et par les anomalies qui se font remarquer dans la direction de ses courans. M. Ribaud, ancien agent francais a Messine, a ose se charger de ce tiavail , ct son ouvrage, fruit de plus devingt annees d"observations , a obtenii un plein succfes. Deja les marins onl ete a m^me de veriGer la justesse des fails qu'il a signales, et ils onl remercie I'auteurdu service qu'il a rendu a la navigation de la Mediterranee. E. G. /iss LiVREs Strangers. '■' '9- — * Sag^io dimachine per agevolare il segamento del manno, ecc. — Essai de macliines pour scier le marbre et les pierres diires; par M. ALDiirr, profcsseur cmcrite de rUuiversite de Bologne, membre de rAcademie d'archeologle de Rome, etc. Sans date, ni designation de lieu d'inipression. In-8° de 4 pages. Cette notice tr^s-courte sur les travaux de M. Aldini iie nous a pas assez fait connaitre ses machines, pour que nous puissions entre- prendre d'en donner une description encore plus abregee, et par con- sequent moins intelligible. Aucun dessin ne completant ce que la notice n'a pu developper, il vaut niieux attendre d'ltalie les details qui manquent surces nouvellesscieries de marbre. Ce que I'on en dit dans cette notice est bien propre a exciter la curiosite des amis des arts , et I'attentlon des speculateurs. M. Aldini a trfes-bien senti qu'il fallait, pour dehiter les marbres et les pierres dures, deux sortes de machines; les unes , pour les pierres d'un moindre prix , et que Ton epargne moins; les autres, pour les pierres rares et precieuses , qu'il s'agit de diviser en feuilles tres-minces , avec la moindre perte pos- sible. C'est principalement dans Rome moderne, et aux depens de I'ancienne Rome, que I'industrie des scieurs de marbre doit faire cette distinction. Les palaisruines des anciens maitres du mondesont exploites aujourd'hui comme des carri^res ou Ton retrouve ce que le luxe y ayait accumule , et que le tenis n'a pu detruire , ni alterer. A mesure que ces debris deviennent plus rares , leur prix de con- vention augmente, et il devient plus essentiel de les mettre en ceuvre avec la plus grande economic de matiere. Avant les essais de M. Al- dini, tous ces marbres precieux etaient dcbites a la main , par des precedes pen adroits> et en fatigant les ourriers , dont la sante ne resistait pas long-tems a ce travail. Depuis rintroduction des scieries mises en mouveraent parl'eau, machines importees du nord de I'Eu- rope en Italic, le sciage a bras d'homme n'a pas diminue. D'un auire cote, les scieries hydrauliques actuelleraent etablies a Rome, a Car- rare et dans quelques autres lieux de I'ltalie , sont encore assez im- parfaites. II s'agissait done de perfectionner ces deux modes d'exploi- tation, et il parait que M. le professeur Aldini I'a fait avec un succes remarquable. Touiefois , avant de prononcer sur le merite de ses nouvelles machines, il est indispensable de les connaitre assez pour les soumeltreau calcul, ou, cequi vaut encore niieux, a desepreuves comparatives analysees avec soin. — M. Aldini s'est attache a donner a ses machines la propriete de commencer a polir les pieces, a mesure que le travail du sciage avance, en sorte que, lorsqu'une pi^ce est ITALIE. 4^!) detachee du bloc, il reste peu de chose a faire pour hii donner le dernier poli. Les inventions de M. Aldini ne tarderont pas, sans doute, a se rc- pandre hors de I'ltalie, si elles reunissent, comme on le dit, les pre- cieux avaniages d'un travail plus economique, plus salubre et plus parfait. Mais, en France, ce qui devrait principalement attirer I'at- tentioii, c'est I'exploitation des uiarbres indigenes. Les Pyrenees, si bien pourvues de cette sorte de ricliesses minerales , et si propres a I'etablissement de grandes scieries, ne sent presque pas exploitees. On va chercher au loin des blocs, transportes a grands frais , pour les travailler a Paris, au lieu de les scler sur place, ou pres de la car- riere, cequi diniinuerait bcaucoup le prix du travail etdu transport. Nous ne savons pas encore assez mettre a profit les produits de notre sol, ni choisir, parnii ces produits, ceux qui convienneiit le mieux a iios usages. L'industrie viendrait facilement a bout de mettre en con- currence , quant au prix, les plus beaux marbres des Pyrenees avec les pierres noires ou ternes dont les arcbitectes et les fabricans de meubles remplissent nos demeures. F. 220. — * Difensa della filosojia , ecc. — Defense de la philosophic; par Ambrogio Bjllbi. Lugan, 1824; Vanelli et C'^. In-8°. Cet ouvrage prouve combien I'ltalie a d'ennemis de la philosophic et de partisans de I'ignorance dans son sein. A les entendre, la phi- losophic, ou I'usage de la raison, scrait contraire a la religion et a la morale ; et , pour 6tre un chretien parfait , il faudrait ^tre un par- fait ignorant. M. Balbi, indigne centre les maximes de ces barbares, soutient la cause de la philosophic et de la religion , et montre quels secours celle-ci a tires de Tautre. Ou peut ajouter que privee des lu- mieres de la raison, la religion degenere aisement en superslilion. Les nouveaux fauteurs de I'ignorance sentent le besoin des lenebres pour mieux cacher leurs manoeuvres; mais ils ne pcuvent plus au- jourd'hui derober leurs intentions hostiles aux vrais amis de la reli- gion et de la philosophic, dont le nombre s'accroit, chaque jour, en depit de leurs vains efforts. 221. — lliograjia imwersale , ecc. — Biographic universelle, ancienne et moderne, etc. Vol. XVIII, XIX, XX. Venise, i8a5 ; J. B. Missia- glia. In-8°. On esperait que les ^diteurs itaUens de ce grand ouvrage au- raient cherche a le corriger , dans tout ce qui etait ecrit sous I'iu- flueuce de I'esprit de parti , et a le perfectionner surtout pour ce qui regarde I'histoire d'ltalie. Plusiturs articles biographiquea inanqueDt d'accord et de proportion eiitre eux ; ils soiit parfois trop andes , sui tout si Ion compare le nierite des individus auxquels ils soiit consacres, aveccelui de tant d'autres personnes qui ont obtenu dcs articles plus etendus. On avail encore reniarque plusieurs inexac- titudes dans les faits ou dans les jugemens , et d'autres leg^res imper- fections qu'il n'est pas possible d'eviter entiereraent dans un ouvr.ige de ce genre. Nous applaiidissions auxltaliens, amis zeles de leur gloire nationale, qui idcliaient dc conlribuer a I'amelioration de ce travail que Ton a eutrepris de traduire et derefaire en Italic. Mais, malgre nos voeux el nos observations, I'enlreprise ne semble pas ob- tenir le succ^s auquel on pouvait s'atlendre. II faul queles redacteurs redoublenl de soins, et qu'ils evitenl surtout le scandale qu'occasio- neraient des articles tels que celui de I'abbe Ferloni, que lesFrancais ne connaissenl point et ne sont pas bien presses, sans doute, de con- naitre, et que les Italiens auront k rougir d'avoir place dans un ou- vrage aussi important. 332. — F'ite de' pittori , sciihori ed archiletti moderni , etc. — Vies des pemtres , sculpteurs et architectes modernes , ecrites par Jean-Pierre Bellori. T. 3". Pise , iSiS ; N. Capurro. In-8°. Jean-Pierre Bellori , auteur de eel ouvrage, fut un des antiquaiies les plus savans du dix-septieme siicle , et, ce qui est digne de reniur- que , un des ecrivains les plus elegans de ce siecle , ou la corruption du style s'etait elev^e a un si baut point. II naquit a Rome , et de- viiit I'antiquaire el le bibliotbecaire de la celebre Christine , reine de Su6de. II fut aussi nomnie par Clement X antiquaire de la ville de Rome. II mourut en ifigfi , laissanl une collection precieuse d'aiili- quites, de dessins et d'estampes, qui depuis a enrichi le musce du roi de Prusse. Nous avons de lui beaucoup d'ouvrages , la plupart ecrjts en latin , sur divers sujets d'antiquite. Celui que nous annon- ■cons , et dont la premiere edition , faife avec beaucoup de soin , a Rome , en 1671 , etait devenue trfes-rare , se distingue par la correc- tion du style et par les connaissances que I'auteur deploie dans les beaux-arts. On tiouve, en t^te de cette biographic, Videe archetype que Beiloi i avail concue du peiutrc, du scidpteur et de rarchitecte. — Les P^ies .que compreud I'ouvrage, sont celles des deux Caracbes , Annibal et Augustin, de Dominique Fontana , de Frederic Barocci, de Michil- Ange Marigi , de Caravaggio, de Pierre-Paul Rubens, d'Antoinc Vaii-Dyck, de Francois de Quesnoy , de Dominique Zampieri , do J. Lanfranco, d'Alexandre Algardi , de Nicolas Poussin, de Luc Jor ITALIE. 49* dan et de Charles Maratti. La vie de ce dernier , (jpe Bellori avait laissee imparfaite , a 6ii achevee pour cette edition. F. S. 223. — yiaggio di Eiiea , ecc. — Voyage d'Enee aux Enfers et aux Champs-Elysees , d'apres Virgile ; par le chanoine Andrea de Gobio , associe honoraire de rAcademie das beaux-arts de Naples. Seconds edition. Naples, iSa.?. In-8° de xviii et 97 pages, avec gravures. Im- primerie francaise , Strada S. Sebastiano, n°49- Prix 60 g. (af^ 64 c.) Le litre de cet ouvrage explique suffisammcnt le but que I'auteur s'est propose. Virgile, en tracant la route d'Enee aux Enfers et aux Cbamps-Elys^es , avait sous le.' yeux le promontoire de Cumes, et le dccrit dans le sixi^me chant de I'Eneide. M. le chanoine Gorio, aiissi connu par les ouvrages qu'il a publics sur les antiquites de Naples, quepai ramenit^ avec laquelle il accueilletous les voyageurs qui visitent les sCndii dont il est un des conservateurs, a voulu leur servir encore de cicerone dans cette promenade ; et ses recherches geographiques, faites avec soin , lui ont permis de retrouver et de designer tons les lieux qui se trouvent nientionnes dans I'admirable poeme du Cygne de Mantoue. Ce travail de M. le chanoine Gorio prouve qu'a I'exemple d'Homere, Virgile apportait la plus grande exactitude dans ses descriptions poetiques ; en ni^me terns qu'il de- cele une grande erudition dans le docte commentateur qui le public. E. G. aa4- — Qiiatiior JosephiP AKiy II pocmata : Mane, Meridies , Vesper, Kox ; iatine versa ab Ignatio Guerhiero , canonico. Fermo , 1825 ; Bazzi et Jaffei. In-8°. M. le chanoine Guerriero a voulu donner une preuve de son sa- voir en latinitc, en traduisant , en vers hexametres , les poemes de Parini qui, certes, offraient le plus de difficultes pour subir cette espfece de metamorphose. Le peu de succc-s du traducteur , dont les taleus et les connaissances ne peuvent ^tre mis en doute, devrait servir d'exemple a ceux qui voudraient entrcprendre des travaux serablables. Mais, lors meme qu'il aurait reussi dans son entreprise, pourquoi employer tant de tenis et se donner tant de peine pour tradu're en latin ce que tous les Italiens lisent ou prefcrent lire dans la langue originale ? Les etrangers , plus eclaires sur I'usage des langues mortes, prefereront toujours une traduction faite en langue nationale , a une traduction Iatine , telle savante qu'elle soit. aaS. — * Opere , ecc. — OEuvres du chevalier Carlo Castone , comics de la Torre de Rezzonico; publiees par le professeur Francois Moc- CHETTi. Come, iSaoa iSaS. 29a LivREs i<:trangers. Les ouvrages du cointe cleRezzonico soiit consacr6s otix beaux-arts, a I'erudition et a la poesie. C'etait uii helleniste fort distingue, et W en a laisse despreuves dansla description de ses voyages. 11 y rend coinptedes nionuniens les plus remarquablcs qui se trouventdans les pays qu'il a parcourus, etdes impressions qii'ils out produites sur son esprit. On reconnaita la fois , dans ses observations, le savant, I'ami des beaux-arts et le pbilosophe. 11 a ecrit aussi sur la musique. Par- tout il chercbe a comparer I'etat et les progres que les arts ont faits dans les divers pays qui les out cultives. Ses idces sont pour la plu- part neuves et ingcnieuses , surtout dans I'examen qu'il fait des ta- bleaux de Raphael et du Correge , et du groupe d'Adonis et de Venus , par Canova. 11 a traite quelque part du beau ideal , en tAchant d'en determiner I'origine, la formation el les elemens. 11 a de plus ajoute quelqueseclaircissemens a la belle Hisloire de la peirittire, par Lanzi. Le com'e Rezzonico ctait un des poetes les plus eslimes de son tenis. II avail ete I'eleve de Bettinelli el I'ami de Fj ugoni , et devint un des promoteurs de I'ecole fondee par ces deux poetes, Frugoni avail etonne ses contemporains par I'eclal de son elocution et par I'harmonie de ses vers. On crut s'apercevoir plus lard que ce qu'on avail pris pour cesqurtlitcs precieuses, n'etail que de I'enflure el une prodigalite ste- rile de vains ornemens. Rezzonico n'avait pu se soustraire au faux gout de son siecle ; depuis, un gout plus severe a fail condar.inerdes ouvrages qui avaienl obtenu I'approbation de ses contemporains. 11 s'etait exercc avec succfes dans la composition de vers scioiti , et avail m^ine laisse des preceples sur le mecanisme de ce vers, qu'on a pousse depuis a un si haul point de perfection. 11 a aussi compose des poesies lyriques. Malgre sa maniere un peu rcchercliee, on y rencontre sou- venl des traits d'un veritable talent poetique. Mais ses poesies sont bien inferieures en merite aux mcmoires oil il traite surtout des beaux- arts et des antiqultes. aafi. — * // Finale giudizio di MichelaJigelo , ecc. — Le dernier juge- menldeIVIfchel-Ange;cantiqued'>^«^ojneMEZ7.AHOTTE.Perouse,i824; Baduel. In-S". On a regarde Michel-Ange comme le Dante dc la peinlure, ainsi que Ton aurait pu regarder le Dante comme le Michel-Ange de la poesie. M. Mezzanotte, en nous donnanl une imitation en vers du derniei jugement de ce grand peintre , semble s'6tre propose de reproduire le sujet el I'ordonnance de ce tableau, plut6t que le caractfcre d'e- nergie el d'originalite que I'auleur y a developpe. II s'esl inontre noeie assez mediocre dan.i cette enlreprise. Apres les remarques aussi ITALIE. 493 ingenieHses que vraies de Lessing , il n'est plus permis de sc me- prendre sur I'objet el les limites de la poesie et dela peintuie ; et I'on ne peut pardoniier a M. Mezzanotte d'avoir decrit , comme artiste, ce qu'il devait peindre comma pocte. Au sujet pr^s , ce n'etait pas Michel-Ange, mais le Dante qu'il devait imiter. , asy. — * // Rogo di Corinna , ecc. — Le Biicher de Corinne , de Tor- quato Tasso, co\lationne et corrige par le docteur de Proveua. Flo- rence, i8i4; Ciardetti. In-S". Toutes les editions precedentes de cette piece de vers etaient si incoirectes , qu'elles faisaieut tort a son auteur. M. de Proveda s'est donne la peine de la corriger sur un manuscrit qui fait autorile, et qui apparienait a la faniille de Fabio Orsino , pour qui le Tasse avail compose ce poeme. L'editeur justifie, par la plus saine critique, quel- ques-unes de ses variantes. aaS. — Teatro comico-icaliano , ecc. — Theatre comique italien de M. le barou Jean-Charles Cosemza. Naples , 182 5 ; imprimerie fran- caise. Nous avons dej.i parle des premieres pieces de cette collection. Celles qu'on vient de publier , sont : / Pazzi per progello , les Fous par projet ; la Fiioruscita , la Bannie ; Pietro Chiari , Pierre Chiari , auteur pen remarquable de quelques comedies et de quelques ro- mans ; et j7 Teslamento hizzarro , le Testament bizarre. M. le baron Cosenza ne cesse de prouver qu'il n'u pas nioins de fecondile et de verve que de passion pour le genre qu'il cultive. On remarque de I'originalite dans ses ouvrages ; mais les Italiens , en general, doiveut iui reprocher I'incorrection de son style, et le sjsteme qu'il s'est fail dans la composition de ses pieces. On les joue cependant avec succes sur plusieurs theatres ; mais elles ne sont pas aussi bien accueillies a la lecture. Esperons que I'auteur profitera , pour en perfectionuer le style, des avis d'uue critique eclairee et des conseils de ses amis. aag. — La Piaiita de' sospiri, ecc. — La Plante des soupirs, romau de M. Defendenie Sacchi. Lodi , 1824 ; J.-B. Orcesi. In-ia. M. Sacchi , apres avoir publie VOriele, vient de nous donner en- core ce nouveau roman. II est divise en quatre livres , qui ont pour titles : VInnocince des habitans de la coUine ; le Chateau de Stefanago; la Fiancee de Nebiolo, et la Batiiille de Casleggio. L'auteur s'est pro- pose de peindre les moeurs innocentes et champetres du petit village appelc Nebiolo ;et, pour mieux les faire ressortir, il leur oppose la fe- rocitebruiale des anciens seigneurs, heros des beaux terns dela cheva- lerie.Le sujet principal desa fable consis'e dans les amours, le manage 494 LiVRES Strangers. et les vicissttuJes de la jeune Marcelline et de Girani , qui, a peine marie, est oblige de suivre I'expedition francaiseenEgypte. Deretour en Italic, il setrouve non loin du s^jour de sa bien-aimee. Brulant du besuin de la revoir, il abandoAne son poste pour un instant ; niais, surpr'S au moment oil il execute son projet , il est condamne a mort , comme dcserteur. Les larmcs de son epouse lui obliennent la gi&ce de son general. Jaloux tous deux de lui temoigner leur reconnais- sance , ils cherchent a se distingucr dans une altaque , oii Marcelline est faite prisonui^re. Girani veut I'arracher aux mains des ennemis, et tombe blesse entre ses bras. EUe meurt quelques instans api'"'» lui, et I'armee francaise leur rend a tous deux les honneurs funfebrcs qu'ils ont merites. On trouve dans ce roman des episodes trfes-intcressans. Peut-^tre I'auteur s'est-il abandonne a des descriptions trop minutieuses ; mais il a voulu surtout donner a son ouvrage la couleur locale, et il s'est mon- tre tout h la fois en cela homme de gout et bon patriote. En resume, ce roman est meilleur que le premier {VOriele) , cc qui fait esperer que le troisieme sera meilleur encore. F. Salfi. 23o. Giornale ecclesiastico di Roma. — Journal ecclesiastiquc de Rome.Rorae, i SaS; 3'et 4'cahiers. In-8°. (Yoy.Rev. £nc. , t.xxvi, p 1 63. Get unique journal ecclesiastique deRome ne saurait plairequ'aux amis derultramontanisme (i). On y voit adoptees, avec des eloges revollans, les declamations trop fameuses de M. de la Mennais et de M. de B* (2), tendant a faire punir de mort le peche de sacrilege (i) Une revue litteraire ne doit pas ^tre un catalogue d'erreurs de loute sorte, ni un expose coutiuu des attaques perpetuelles dirigees centre la declaration du clerge de France de 1682, que Ton ne peut combattre , a notre avis, sans se reudre iufldcle a la patrle et au Ro!. Blen couvaincu , d'aillcurs , par les fails, qu'une partie du Journal ecclesiastique de Rnme est ecr'ite ou commandee a Paris, et dans I'iutcret d'lin parti qui nous semble aussi coutraire a I'autorite qu'a la tranquillite publique , mais qui a ses jour- naux defenscurs, bien connus, et des jouruaux advcrses, comme la France eatliolique, fort suffisans pour premunir les citcyens centre I'ultramouta* uisme , nous cesserous desormais de parler de ce recueil, jusqu'a ce qu'il ait cesse d'etre employe presque uuiquemeut, comme il Test aujourd'liui , a se- mer et a entretcnir le trouble en France, dans TEglise et daus I'Etat. (a) Voyez, sur les doctrines de ces deux athletes, les iiombreux et utiles onvrages des docteurs Baston et Tabaraud, et une brochure speciale pu- hliee a Paris , en iSaS, intitulee : Consequences funestes des principes pliilosu- ph-tjues de M. de D. et He M. de la Mennais. ITALIE. ^y5 duquel on pent «e faiie absoudre h Rome, avec qneiques ^cas , par un bref tres-special , portant clause de garantie de loiites potirsuiiet quelconques . On y retrouve repete le reproche de galUcanisme, adress^ presque gratuiiement a M. Frayssinous , par M. de la Mennais ; on y relive, comme erreur grave, cette plirase du cardinal de Bausset , ou il osa qualifier de precieuse et de salutaire la doctrine de I'Eglise gallicane contre les maximes de la cour roinaine. On y declare nette- nient, que s' eloigner des maximes ( on ne dit pas de cette eglise) , mais de cette Cour, ce n'est rien moiiis que rompre V unite calholi- que. On ccsse done d'etre catholique, selon le Journal romain, quand on a le malheur d'improuver la sainte Inquisition , la sainie Ligue contre Heuri IV, les rigueurs salutaires de la Saint Barthelemi, ou ITsnstitut des jesuites, ou les attentats qui les firent supprimer par Clement XIV et par tons les gouverneraens des pays catholiques. Voila quelles sent les doctrines serieuses du Journal ecclesiastique; en voici qu'on trouvera peut-etre assez ridicules. Un cbanoine, nom- rac Nardi, a cru devoir publier des recherches siir I' usage chrelien des iniroirs , et des peignes a peignerles cheveux. Les auteurs du Jour- nal de Rome vantent cette bagatelle, pour avoir un pretexte de s'e- lever contre les theologiens rigoristes qui fiirent la princ pale cause des exces de la Revolution f ran caise. La decouverte de cette principale cause ne sera point enviee a nos journalistes. Honni soit ( puisqu'ils le veulent, pour de bonnes raisons sans doute ) ce rigorisme dam- nable, si rare en Italic, qui , a notre iusu, nous a ete si fatal , depuis 1789, quoique nos reMcbemens et nos scandales , bien anterieurs a cette epoque, tienuent assez de place dans I'histoire. Admirons les bons cbretiens qui , n'etaat point rigoristes, furent, dit - on, si curieux autrefois de peignes et de miroirs ; celebrons ces importaiites maximes du Journal ecclesiaslique ; il faut des miroirs dans les sa- cristies ; il faut que les pr^tres soieut foit exacts a user de peignes et de miroirs ; il faut absolument, qii'ils aienl les cheveux peignes , poudres , et point ebouriffes , de peur qiion ne les prenne pour des jacO" bins. Le reste ira comme il pourra. De la toilette des sacristies aux bals et aux theatres, la transition n'est-elle pas naturelle ? Apprenez-donc de nos journalistes qu'il y eut un tcms et des lieux ou des cbretiens dansaient en rejouissance des nouveaux baptemes, et qu'ils ctaient en mdme Jems si adonoes aux devotions exterieures , qu'ils avaient des images dans leurs lils , sur leur vaisselle, dans le« vallees et dans les montagnes, et jusque dans lenrs bais. Car il faut le savoir , et en prendre exemple , ils ne 496 LIVRES STRANGERS. manquaient pas d'aller aux hals ct aiix tlio&tres; iU savaient appd- remmeut, ce que nous apprennenl les journallstes de Rome, « que /e Cantiqiie des cantiques est tin grand opera , et que, depuis cet opera jtisqu'aux devots mysttTes du moyen jlge , qui se jouaient dans les couvens et les semiiiaires , en face des cv^ques du clergc et du peuple (i^ , sans que personne y trouvat a redire ; on ne croyait pas qu'il y eut du mal a cela , bien entendu , lorsquon se lenfermait dans les bornes (i) : on savait que souvent Ton cvite ainsi d'auties dangers inoraux , plus deguises. » Telles sont les pieuses reflexions dont on hahilleruitramontanisnie dans le journal jesuitique deRonie; et , pour imprimerau centre de I'uulte catholique ces fadaises trop naives , il ne faut pas nioins qu'uiie permission expresse et toute particuliere ,/inVar(Va /'o/i'//?c(a ; disons inieux, il faut cinq permissions, ou cinq approbations uni- voques; mais elles ne manquent point: elles sont rapportees soi- gneusement , a la fin de chaque livraison du Journal. Pour nous, en France (si ftieris Porno: , roinano 'viviio more ) , nous pou\ons librement imprimer et nous imprinions, cliaqne semaine , pour former le bon peuple, toutes ce& belles clioses, dans les livres et livrets de congregation multiplies a I'infini (Voyez le Journal de la hbrairie, par M. Beuchot). Mais , plus severe qu'a Rome, le jesui- tisme de cbez nous repute les acleurs des tlieitres francais excom- munics par le seul fait, en depit des exemples de Rome et de nos liberies gallicanes. II leur refuse arbitrairement et impunement la sepulture religieuse , quoiqu'ils appartiennent au corps de I'EgUse catholique, tout ainsi que leurs confreres les acteurs du theatre ita- lien; quoiqu'ils soient meme officiers du Roi, et qu'ils figurent et chautent journellement et oflicient dans noseglises, avecles eveques, av«c tout le clerge, dans nos ceremonies les plus solennelles ; quoi- que enfin leurs jeux , par ordre de notre police tr^s-catholique, fas- sent une partie obligee et gratuite de nos rejouissances loyales et nationales , p^dagogiques etpopulaires. Lanjuinais, deFInstittit. (i) Oui; mais, au mepris des prohibitions canoniques repetees. Voila ce que les JDurnalistes ometteut, et ce qu'ils ont I'imprudeuce ou la lianlicsse (le coDtester. (2) Quelle heureuse et puissaute restrictiou ! Les erudits savcnt ce qu'e- laieut les homes respectecs du moyen age, dans cette epoque d'ignor;iuce, de bdute el de mallieur, si counues par Ics impudeutes gaietos de Xifcte des /bus, et par celles de Xajcte de I'dne. 197 ESPAGNE. 23 1. — * Teoria de la Lcctnra. , etc. — Tlieorie de la Lecture , ou Metliode analytiquepour cnseigner et apprendre a lire, iiidependam- nient de la coiinaissance isolee des lettres, el des methodes connues jusqu'ici ; laquelle peut dtre adaptee a toute espece d'ecole et d'en- seignement , et mise aussi en pratique par les meres elles-mdmes; par M. Vallejo (/ove Mariano). Madrid , 1823 ; Orea. i vol. petit in-ia, de i5o pages , avec tableaux. — ■ L'auteur en a fait deposer quelques exemplaires a Paris , chez Baudry , rue du Coq , n° 9 , et chez J. Duplessis et compagnie , rue Richelieu, n° i5. Prix : i fr. 5o c. , et pour les tableaux ou collections de mots, i fr. Un simple coup d'oeil jete sur cet ouvragefait connaitre que cette methode, a laquelle l'auteur a ete conduit par des raisonnemens ma- themaliques (i) , est aussi simple qu'ingenieuse , et qu'elle ne peut manquerde reussir. Elle consiste a faire connaitre aux enfans, pre- mi^rement , les cinq sons simples de la langue espagnole ; puis, Tau- teur presente les dix-neuf modifications que peut recevoir le premier son simple , contonues dans une phrase composee de six mots, qui, exprimant une idee , est apprise par les enfaus avec facilite. En- suite , il enseigue a decomposer ces six mots en syllabes , et il ex- plique avec precision et clarte la maniere de disposer les organes de la voix , pour prononcer chaque syllabe en particulier ; et , en eten- dant les memes modifications aux autres sons simples , il fait que les enfans se fortifient dans la prononciation de toutes les syllabes , en mdme fems qu'ils se familiarisenv avec les signes qui les expriment. L'arrangement qu'elles ont dans le tableau aide la memoire a con- server chaque son distinct. Pour faire connaitre et prononcer toutes les autres syllabes, l'au- teur, procedant toujours d'aprfes un ordre analytique, ramene toutes les difficultcs a une seule , qui est la decomposition de la phrase en syllabes. II est essentiel de remarquer que , pour expliquer les ele- mens de la langue , l'auteur n'emploie que des mots , et non des syl- labes isolees et \ides de sens , en presenlant dans un seul tableau , qu'il appelle Cle analytique de la Lecture, tons les elemens necessaires pour commencer a lire immediatement , suivantdes regies g^nerales (f) Le meine auteur a public differens ouvrages sur les matliematiques, ilont Dous avuns fait oae mention tres-lionorable (^voy. Rev. Enc.,t. xiv. p. i35). T. xxvni. — Noveiiil'ic i8a5. 32 498 LIVRES ETRANGERS. et nbuvelles. En effet , tons les iriots qui pcuvenl se raltacher k ces regies sont clecompos('"s en sjUabes qui se troiivent dans la Cle , (le mani^re que les enfaus connaissent loules les regies dela leclurCj d^s qu'ils connaissent bien la Cle. Si quelque syllabe ^cliappait a leur niL-moire , ils ont le nioyen de la retrouver dans cette Cle , comme on cherche un mot dans un diciionnaire. L'auteur applaiiit aussi toutes les difficultes de rapplicalion des regies aux examples. 11 en r^sulte que les enfans sont conduits naturellemeiit , pardes degrds insensibles et sans aucun detour, a prononcer et a lire les mots les plus composes de la langue espagnole , sans avoir recours a autre chose qu'a la Cle et aux quatre feuilles de papier, imprimees seule- mcnt d'un cole, pour ^-tre employees , comme les Tableaux de lecture en usage dans les ecoles d'enseignenient mutuel. Nous indiquerons avec confiance aux nations qui parlent la langue espagnole, une methode a la fois simple et naturelle , facile et eco- nomique , pour donner a leurs enfans la premiere instruction. Le m^me ouvrage sera aussi tres-utile pour les personnes qui apprennent Tespagnol. On y trouve la niani^re de prononcer chaque syllabe. Toutes les dif(icult6s de la prononciation sont ramenees a bien savoir ceile des six mots de la phrase, pour ainsi dire, normale , donnee comme modele. On ne pent douter que ceite vole ne soit beaucoup plus courte qu'aucunc de celles que Ton a suivies jusqu'ici. Z. PAYS-BAS. a32. — * Recherches siir les changeinens prodiiits dans Tetat physique des contrees par la destniction des forets : Ouvrage qui a remporte le premier prix decerne par I'Academie royale de Bruxelles ; par Alex. MoBEAU DE JoNNES , oflicier superieur d'elat-major , correspon- dant de TAcademie des sciences de I'lnstilut de France. Bruxelles , 1825. I vol. in- 4° de 235 pages, insprime par ordre de rAcademie. Un journal estinie {le Globe) rapporte que , iorsque rAcademie de Bruxelles couronna cet ouvrage , on savait que le resullat des sa- vantes recherches de l'auteur et des observations qu'il avail faites 4 dans ses voyages, etait entierement oppose al'oplniou personnelle du roi des Pays-Bas sur cet important sujet. Un fonctionnaire de Tordre le plus cleve crnt meme devoir protester contre le jugemont de I'Academie, qu'il supposait de nature a deplairea son souvcrain; niais le roi , loin de bldmer la noble independance de TAcadcmie , railla le courtisan, qui avait cru pouvoir I'influencer. Ce trait est r^alement honorable, pour le prince, qui maintient ainsi la liberie PAYS-BAS. /i99 des travaiix scientifiques et pour le corps savant , qui se rend digne de cette protection par sa justice et sa ferniete. R. N. d. R. Un autre ouvrage de M. de Jonnes , intitule : Le Commerce ati xixg Steele , et couronne par I'Academie de Marseille, paraitra daiis le courant de ce mois. 233. — * Dictionnaire porUiCif de chiin'te et de mineralogie ; par M. Drapiez. Bruxelles, iSaS ; P. J. De Mat. Seconde edition, i vol. in-8° de 600 pages, avec 4 pi. En rendant compte du Dictionnaire classique d'histoire nalurelle , la Revue Eitcyclopedique a cite plus d'une fois avec distinction les articles insures .par M. Drapiez. On y trouve generalemeut une erudition ^lendue, des apercus ingenieux , un style a la fois simple et ele- g.int. Ce dernier merite, quoique accessoire en appareuce dans les ouvrages scientifiques, n'en est pas moins reel, et n'a pas ete neglige par les savans les plus illuslres de ces derniers tenis. En puhliant son Dictionnaire de cliimie et de mineralogie, M. Diapiez. ajoute aux litres qu'il s'etait acquis dans les sciences par ses nombreux travaux. Nous avons surtout distingue les articles : changemens gcologiques , eaii , aSrolilhes ^ fossiles , analyse, stratijication , et M. Drnpiez a parl6 da Jer et des engrais avec lous les developpemens que necessitaient ces parties iuiportantes de son travail. On trouve aussi une table fort etendue des pesantcnrs s[jec'fiqiies des differentes substances du regne mineral : nous regrettons que I'auteur u'ail pas donne egalement ?ine table des rapports de redaction des diverses substances. 11 est quel- ques parties de la physique qui sont devenues si importantes en mineralogie par les decouvertes recentes , qu'il aurait peut-dlre ete. boa d'en faire au moins mention : nous citerons , par exemple, la compression , la polarisation de la lumiere, les anneaux colores. Nous aurions tort, du resle , d'insister trop sur ces observations, surtout en parlant d'un ouvrage qui est recommandable sous tant d'autres rapports , et qui presente dansun seul volume une espece d'inventaire de la science, telle qu'elle est actuellemenl. 334 — * Medicines theoreticcE Conspectus , sive P.itholngise generalis Compendium , etc. — Apcrcu de la Medecine tbeoretique , ou Com- pendium de patbologie generate ; par C.-A. Van Coetsem , profes- seur a I'universite de Gand. Gand , iSaS; Vandekerkhove. En composant cet apercu , I'auteur n'a pas seulementeu pour but de developper soigneusement ce qui pourrait servir de texte a des Iccons universitaires, mais encore de faire counailre les recherches des medecins moderncs et le resultatde ses piopres observations doe I.IVRES ETRANGERS. II declare , en outre, ne rien avancer qu'il ix'ait reconnu par sa pro- pre ex|)erience. Son iivre est divis^ en six eliapilres, dans lesfjiiel.* il expose successiveiuent : i" tout ce qui concerne les causes des maladies , Icurs syniptomcs , les phenom^ncs de la nature medica- trice , le sic^ge des maladies, leur duree, leur issue et leurs modifi- cations ; 2° la perturbation des forces vitales dans I'etat de maladie ; 3° I'anomalie de la vilalite, dont les effets peuvent troubler tantot les mouvemens vitaux , sans alt^rerla contexture des parties , taniot la contexture naturelle par une nutrition perverse; 4° lc9 lesions me- caniques des parties molles et dures ; 5° les puissances nuisibles , qu'il partage en deux classes ; 6" la symptomatologie ou Ip connais sauce des signes auxquels on pent distinguer les maladies les unes des autres, et en etablir le prognostic. M. Van Coetsem a pris soin de citer , a la fin de son Iivre , les ouvrages nombreux qu'il a consul - les, afin d'rcartcr de lui le oupcon de plagiat , et d'ludiquer a ses 6lfeves les principales sources ou ils peuvent puiseravec succes. Son ouvrage , 6crit avec niethodeet clarte , a merite les suffrages des sa- vans , eta ete cite avec distinction dans les principaux jonrnaux de la Belgique. A. Quetblrt. a35. — * P^erhandeling over den Kanher. — Traite sur le Cancer; par M, Havekukoeze , lecteur d'anatomle et de chirurgie , a Dor- drecht. (Ouvrage conronne par la Socicti des sciences etarts d'Utrecht.) Utrecht, 1824 ; iniprimerie d'Altheer. i vol. in-8°, 295 pag. Get ouvrage, accueiUi en Hollande avec interct par tous les liom- mes capables de le juger, est un des meilleurs trait^s qui aient paru sur le cancer. Riche en faits et en raisonneniens lumineux , toujours bases sur I'experience et I'observation , il donne une liaute idee do I'instruction et des connaissances pratiques de M. Haverdroeze. On regrette qu'uti Iivre aussi utile soit public dans un idiome si peu connu au-dela des frontieres hollandaises. Df K. a36. — * OEnvres philosophiqiies de F. Hemsterhuis. Lou vain , i82;)j Michel, a vol. in- 18, avec vignettes, le premier de 384 pages. M. Degerandoa rendu une justice ^clatante a ce pbilosopbe, foimc a I'ecole de Platon , et dont Its ouvrages , ecrits en francais avec une rare elegance, commencaient a devenir d'une extreme raretc, pour ne pas dire inlrouvables. Leur reimprcssion est done un veritable service rendu par M. S. Van de Weyer. Penetre de ses obligations d'editcur, il a dis|)ose dans un meilicurordre les divers traites d'Hen:- ■ sterhnis , dont il donne , snivant I'usage , la notice biograpliique , et , PAYS-BAS. 5oi dont il exaininera les opinions pliilosopliiques a la fin du second vo- lume. Nous reviendrons sur cette publication. ijj. — * Uitlegkundig JVoordenboeh , elc. — Dictionnaire exegelique pour les OEuvres de P.-C. Hooft, public par la deuxif-me classe de rinslilut. 1*'° partie, A.-F. Amsterdam, Paper et Ipenbuur, 1826. aga pages in-8°. Pierre-Corneilie Hooft est le niixJ^le des prosateurs el des histo- rians hoUaiidais. Sa traduction de Tacite est un chef-d'oeuvre : il Inttait contre un rude jouteur, et il ne s'est point laisse terrasser. l>'Institut, soigneux de conserver la langue dans sa purete , et de Ini donner toute la perfection possible , a decerne a Hooft le meiiie hon- neur que I'Academie francaise fit a Corneille, en publiant la critique du Cid. Noussommes riches en travaux philologiques de cette espcce; et parmi les savans qui les ont entrepris , nous nous coatenterons de citer MM. D. Hooft, J.-W. Bussingh , D.-J. Van Lennep , Siegenbeeh, J.-D. Meyer, collaborateur de notre Revue, J. de fries, J. Kaiite- laar, etc., etc. Le lexique dont il s'agit explique les anciennes ex- pressions et les tournures vieillies employees par Hooft. Ce travail, tres-bieu fait, a ete partage jnsqu'ici, suivant I'ordre des lettres , entre MM, D.-J. Van Lennep , Stcgenbech , J. -P. Van Capptlle, S.-J.-Z. fViselias, et J. de Vries. La preface est de M. Wisex.ius, secretaire de la classe. de Reiffekberg. a38. — * Elemens de la langue hollandaise , par M. Lauts. Seconde Edition. Bruxelles , iSaS. In-8° de /[(iS pages ; imprimerie de P. M. de Vroom. La rapidite avec laquelle la premiere edition de cette grammaire s'est trouvee epuisee,en atteste I'utilite. Neanmoins, en revenant sur son travail, I'auteur y a fait plusieurs ameliorations et des additions nombreuses. II a donne aussi un Essai sur I'histoire de la langue et de la litterature nalionale des Pays-lias , qui sert, pour ainsi dire, d'in- troduction a son ouvrage. H cherche a etablir que le bas-teulon est indigene dans lesPays-Bas, de temsinimemorial ; et qu'il est en ni erne terns plus ancien que le haut-teuton ,de sorte que les langues que Ton ])arle eu Danemarck, en Suede, en Norvege, en Islande et en An- gleterre, lui devraient leur origine. Malgre les citations nombreuses sur lesquelles I'auteur appuie son opinion, bien des savans dans ces differens etats , et surtout en Alleniagne, ne seront peut-dtre pas cn- tierement de son avis. Du reste, il est juste que loutes les opinions soieut libres ; et il est plus honorable pour un auteur d'en souti-nir une avantageuse a son pays, que de cheicher a denigrer ses plus 5oa LIVRES ETR ANGERS. beaux titres , corame la manie s'en est malheureusement r^pandiie depuis quelque tems. A. Quetelet. aSg. — * Lecons hoUandaises de Ikt^rature et de morale; par S.-F. WuRTH aiu^. Luxembourg, iSaS ; Schmit-Bruck. 2 vol. in - 8°. I*' vol. XII et 3oo p.; ie vol., iv et 38o p. La Hollande a una litterature qui merite d'(?tre coniuie et qu'clle peut presenter avec une noble confiance aux elrangers. Nous esperons le prouver dans I'histolre litteraire des differens peuplcs que public maiatenant le libraire Janet, et a laquelle nous coopcrons. IM. Wurth a travaille dans le m(ime but. Son rccueil, caique sur le plan de ceux de MM. Noel et Delaplace, offre une foule do morceaux reinar- quables et bien choisis, mais I'editeur a un peu trop cite certains auteurs vivans et a montre pour quelques-uns une complaisance dont ses lecteurs ne hii sauront aucun gre. On sent que cetfe observation ne tombe point sur MM. Kinker, Bilderdjk, Vander Palm , etc. On lie peut trop mettre a contribution de semblablcs ecrivains, afin d'enrichir le public. Df. Rf.iffe]vber&. 240. — Elfrida, ok la Vengeance , tragedie en 5 actes ; par Ed. SmitS. Bruxelles , iSaS ; Tarlier. Paris, Barba. Nous avons deja rendu compte de cette tragedie, lors de sa pre- miere representation sur le tbedtre de Bruxelles (V. Rev. Enc. t. xxv, pag. 56.3, Fevrier i825). Nous enoiicions alors le vceu que I'auteur retouclijlt son ouvrage, et particulierement le cinquieme acte , qui avait paru defectueux. Des corrections beureuses , quelqnes suppres- sions et le retablissement du cinquifeme acte, tel qu'il etait d'abord , ont valu a M. Smits I'approbation du public , lors de la secoude re- presentation. Maintenant que la piece est iniprimee , on pourra se convaincre que le style , malgre quelques negligences , n'est pas la partie de I'ouvrage qui nieriie le moins d'eloges. A. Quetelet. a4l. — * Les Loges de Raphael ,o\iCo\\ec\.ion complete de cinquante- deux tableaux, peints a fresque, qui ornent les voutes du Vatican, et representant divers sujets de la Bible, dessines en aquarelle, gra- ves eu taille-douce , et publies par J.-C. Meulemeester , professeur de gravure a I'Academie royale d'Anvers , etc. Format allantique. Celtemagniflque collection, due au burin d'un artiste du premier merite, est le resultatde ses etudes pendant un scjour de pres de douze ans qu'il (it a Rome. Le roi des Pays-Bas , qui encourage tous les nobles efforts, loutes les enlreprises utiles, a protege M. de Meulemecster avec la plus grande munificence. — La livraisoii que nous annon<;ons se compose de quatre snjels graves d'une ma- I PAYS-BAS. 5o3 ni^re large et hardie. Chaque planche est accompagnee d'une feuille de texte qui en contient une explication fidele et intoressanle. Le texte est sorti des presses de M. Firniin Didot : I'entrepiise aurait du ^ire entierement nationale. De Keiffenbekg. 242. — * Archives philologiques , publiees par Frederic baron Dk Reiffenberg. Bruxelles et Louvain , iSaS; Tarlier. I''* livraison ; 80 pages in -8°. Ce premier cabier contient une Dissertation stir le gout dcs Beiges pour les livres , avant le xvii^ slecle. Elle est dediee a notre savant et lahorieux bibliograpbe, M. Beuchot. 243. — * Letterkundig.Magazjnvan Wetenschap, Kunst en Smaah. — JUagasin litteraire, etc. Amsterdam , iSaS ; Van Djk. Cet ouvrage periodique parait par cabiers mensuels , in-8° de 5 a 6 feuilles d'im- pression. Ce journal comptea peine un an d'existence.On ne doit pas leconfon- dre avec Texcellent recueil periodique de M. Van Kakipeu , qui porte a peu pr^s le m(5me litre. II est eciit sur le meme plan que les recue'ls intitules : Vaderlandsche Letteroesfeiiingen et le Rccensent ; et,quoique son litre pompeux prometle da vantage, il ne peut soutenir avec eux aucune comparaison , sous le rapport du meriie de la redaction. Ses articles de religion sont bien ecrits ; mais ceux qui sont relaiifs aux sciences paraissent rediges par des personnes peu instruites ou etrangeres aux sujets traites dans les livres sur lesquels elles portent des jugemens. On peut encore reprocber a ce nouveau journal d'etre souvent I'organe de petites passions. II ferait bien d'etre plus severe dans le choix de ses collaborateurs , et d'imiter cette impartialite et ce bon gout qui distinguent si eminemment le Receiisent,\es, Fader- landsche Letteroesfeniiigen, et plusieursautres journauxbollandais : son tres-petit nombre d'abonnes ne tarderait pas a s'augmenttr. a44- — L'Echo des deux Flandres , ou Chronique de Gand, redigee par M. RicoRD aine. — Cet ouvrage parait deux fois par semaine, depuis le i*' septembre. Prix de I'abonnement, 3 florins 5o c. des Pays-Bas , par tiimesire , franc de port pour Gand; 4 florins pour le reste du royaume et pour I'etranger. Les numeros de ce journal qui ont paru offrent ur:e lecture anssi agrcable qu'inslruclive. II est consacre aux sciences , an commerce , a I'induslrie , a la litterature et aux arts. ***. 5o4 LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques et naturelles. a45- — * Histoire naturelle des Mammifires , avec des figures ori- ginales , coloriees, dessinees d'aprfes des animaux vivans. Ouvrage public sous I'autorit^ de radministration du Museum d'histoire na- turelle; par M. Geoffroy-Sainx-Hilaire, professeur de Zoologie au IMuseum , et par M. Frederic Cuvier , charge en chef de la Me- nagerie royale. Paris , iSaS ; Beiin , rue des Mathurins St.- Jacques, »° 1 4- — Les 40 premiferes livraisons, con tenant 240 figures colo- riees , forment deux volumes in-f". Prix , cartonnes, ou renfermes dans des cartons, 55o fr. — Les onze premieres llviaisons du t. 3* ont paru ; le prix de chacune est de i5 fr. h'histoire naturelle des Mammiferes , aprfes la publication de la 4o« livraison , a ete suspendue quelque terns. Ce n'est que depuis un an que le nouvel 6diteur , M. Delin , s'est charge de publier le 3e et dernier -volume , et deja dix livraisons ont ete envoy^es aux souscripteurs. Parmi les a4o figures que contiennent les deux premiers volu. mes, 5o n'avaient ete publiees par aucun naturaliste : dans ce nom- bre sont zS espfeces cntifercment nouvelles ; et , comme cet ouvrage n'avait pas seulement pour objet des descriptions monographiques , mais encore les rapports naturels des mammif^res, I'etude plus par- ticuliere qui a du etre faite de chaque espfece a conduit a la forma- tion de huit genres nouveaux, lesquels viennent occuper quelques- unes des nombreuses places qui restent a remplirdans cet admirable edifice du r^gne animal, dont Linnee essaya de tracer le plan, et qui , graces aux efforts des naturalisles francais et a ceux des na- turalistes elrangers qui out suivi leurs traces , s'est eleve de nos jours , si majestueux et si riche. C'est dans I'esprit de ces travaux qu'avait etc commence et que sera termiue I'ouvrage dont nous annoncons la reprise. II sera conti- nue , non-seulement a I'aide des richesses de la Menagerie , mais encore a I'aide de celles qui sont envoyees au Museum d'histoire naturelle par les nombreux voyageurs de cet etablissement , au nombre desquels nous devons rappeler avec reconnaissance M. Mii,- BERT , qui a visits les Etats-Uiiis , et MM. Duvaucel et Diard , qui ont parcouru toute I'Asie meridionale , avec une perseverance et un c.iurage qu'aucune fatigue n'a pu suspendrp, qu'aucun dan- ger n'a pu arrdler. LIVRES FRANCMS. — SCIENCES PHYSIQUES. 5o'i Pour faire connaiire I'utilite de cet ouvrage et les soins qui out etc donrses a son execution , nous laisserons parler vm celebre natu- raliste dent personne ne recusera le temoignage. M. le comte de Lacepede , que nous nous sommes honoi-^s de compter au nombre de DOS coUaborateurs , et dont nou« avons recemment deplore la perle ( Voy. cahier d'ociobre , p. 334), s'exprime ainsi , dans un rapport fait a I'Academie des Sciences sur cette Histoire naUireUe des Mammi fires. » Depuis long - terns les amis des sciences naturelles desiraient poss^ner , independammeni des ouvrages imniortels pu- blies par les peres de la science sur les Mammiferes , une collection de figures de ces Mammiferes ou quadrupedes , aussi exactes que le deinandait I'etat de la science zoologique, et assez belles pour ^tre associees aux savantes descriptions des plus habiles zoologues , ainsi qu'aux magnifiques tableaux des trfes-grands ecrivains. Celles qui ayaient ete publiees par les Editeurs de Buffon et de Danbenton, par Pennant, Shaw, Schreber, Allamand , Edwards , Daniel, et par d'autres auteurs , ne pouvaient remplir qu'iiuparfaitement les desirs des naturalistes , a une epoque ou les sciences naturelles venaient de faire tant de progrfes , et ou chaque jour leurs tresors etaient augmentes par de celebres voyageurs. Un grand nombre de ces figures iie donnaient que des idees tr^s-incompleles des cou- leurs varices, des teintes delicates , des nuances fugitives si nk- cessaires cependant , dans beaucoup de circonstances , pourdetei- miner les caracteres des especes. D'auties ne presentaient aucun de ces trails particuliers de conformation dont Tobservation est si importante pourle veritable naturaliste. Celles-ci n'avaient ete faites que sur des peaux mal prepar^es et decolorees par le terns. Celles-la n'avaient ete dessinees et coloriees que d'apr^s des descriptions trop peu etendues pour comprendre toutes les formes et toutes les couleurs de I'animal. L'ouvrage de MM. Geoffroy-Saint-Hilaire et F. Cuvier , a paru aux zoologues repondie a leurs vues et meriter tous les suffrages. Aucun auteur d'une Histoire des ^lammiferes n'a eii a sa disposition une collection aussi belle , aussi rare , aussi nombreuse que coUe du Museum d'histoire naturelle , dont peuvent se servir pour leurs travaux les auteurs de l'ouvrage dont j'ai I'hon- neur derendre compte a I'Academie. lis en ont profile a vec lesucces que Ton devait atteiidre de leurs lumieies el de leurs lalens. . Les anus des sciences doivenl done une grande reconnaissance aux auteurs de la nouvelle Histoire des Mamniilcres , etc. » Les quarante piemieres livraisons de cet ouviagc forment la plupart , domines par des idees systeniatiques universellement re- pandues, et dont ils n'osaient s'affrauchir , ont copie servilement leurs dcvanciers. D'autres , plus heureux ou meilleurs investiga- teurs, ont agrandi le domaine de I'liistoire naturelle , en publianttin grand nombrede nouveaux faits. Mais , la science ne pouvait rctirci; ~ SCIENCES PHYSIQUES. 607 uiie veritable utilite de ces materiaux epars dans les recueils acad<^- miques, qu'autant que des hommes doues d'un genie ou, si Ton veut, d'uii jugement superieur, les ayant repris et rassembles , en eussent aussi etabli les rapports. Dans le siecle dernier , Linnee et Jussieu donnerent a la botanique une face toute iiouvelle : I'un, en y appor- tant la precision des systemes ; I'autre , en dccouvrant les admirables harmonies des especes vegetales. Cette imj/ulsion, dent Taction a ete augmenfee par les progres des autres sciences , a produit de nos jours les plus beureux resullats. On a reussi a classer p£tr famille presque tous les vegetaux connus; et leur nombre immense , loin d'avoir ete un obstacle a celte classification philosopliique, I'a , au conlraire, beancoup facilitee , en remplissant les intervalles qui sem- blaieiit exister entre les groupes naturels. Parmi les savans qui se sont adonnes avec le plus de succes a ce travail, M. De Caiidolie tient un rang tres- distingue. Celehre depuis plusde 2oannees, par des iravaux surtoutes les parties de Thistoiredes plantes, il aconcu le plan d'une vaste entreprise, dont il a commence I'execution , en publiant deux volumes de son Sjstema ■vegetabiliiim. lis renferment lesmonographies de plusieurs families, tr^ilees avec tous les details utiles aux botanistcs. (Voy. Rev. Enc, t. xiii, p. 3oi). Mais la lenteur inseparable d'un pareil travail I'a engage a en donner au public une sorte decanevas general; et c'est cequ'il execute, dans le Prodromiis systematis regni I'egetabilis, dont le second volume vient de paraitre ( Paris, 1825 ; Treuttel et Wiirt?..) Get ouvrage est le fruit de recherches nombreuses et de longues meditations que I'auteur a developpees dans une serie de memoires lus successivement devant la Socicte de physique ct d'histoire naCurelte de Geneve. Les Legumineuses composent presque tout le second volume du Prodromiis. Cette famille, si vaste par le nombre de ses espfeces, par celui de ses individus , qui forment a eux seuls la vegetation entiere de certains pavs, etaitplongee dans le chaos. Rien n'etnit plus facile que de deieiminer si telle plante lui appartenait; mais aussi rien n'e- tait plus difficile que de reconnaitre des caractferes fixes et invaria- bles pour la plupart des genres. Dela , cette confusion introduite par les Jloristes et par les auteurs d'ouvrages generaux dans plusieurs genres de legumineuses. — Pour seretrouver au milieu de ce laby- r'inthe, il ne suffisait pas a M. De Candolle d'avoir reconnu toutes Jes erreurs de ses predecesseurs ; il lui fallait encore placer convena- blement les plantes qii'il retirait des genres auxquels on les avait mal a propos reunies, et en composer de iiouvelles associations. Outre les 5o« LIVRES FRANCALS. soins qu il a du mt'ltie diins I'aiialjse des parlies de la fj uclifitalion, il s est applique a observer la geimiiialion d'un grand iioiiibrc d'es- p6ces qui iieiireuseineiu peuvent se ciiltiver avec facilite. Ce inoyen lui a founii des resultats satisfaisans; il les a compares aceux que lui donnaieiit les rapports des diverses parlies des iegumineuses , et il est parvenu a etablir plusieurs trlbus , auxquelles il a donne les noms de sQphorees, lotces, hedj-sarees,'viciees , phascolces , dulbergiees, fwartziees , mimosees et casalpinees. Chacune de ces tribus sera 1 objet special d'un mcnioire particulier, ecrit en langue francaise , et donl la publication, qui d'abord devait se faire dans les Meinoires du Miiseitn d'hiftuire natiirelle , merite a tous egards , de former un corps d'oiivrage scpare. I/auteur proniet egilement de comparer les Iegumineuses avec les families qui out quelque analogic avec elles, d'examiner leur distribution geographique , et d'eclaircir les genres nial connus. Dans la i'''' livraisonquenousavons sous les yeux, M. De CandoUe commence par donner I'explication des 70 planches qui accompague- ronl ses memoires. — Le memoire qui vient apr^s cette explication Iraite des Iegumineuses en general; I'auteur y donne I'historique des connaissancesacquises jusqu'.i cejour surcetle famille, et il passe suc- cessivement en revue les organes de la vegetation etceuxde la fructifi- cation.— Le second roenioire contient Texposition des recherches dc M. De CandoUe surla germination des Iegumineuses. Cedernier tra- vail est surtout remarquable par les observations qui out ete faitesdans les jardins de Paris , de Montpellicr etde Geneve, sur plusieurs mil- liers d'especes. Nous ne pouvons donner une ideesuffisante de cesob- servations ; elles dependent d'une Ibule de fails qui ne peuvent etre prcsentes parextralts. Mais nos lecteurs out sans doute pressenti les avantages que I'ouvrage de M. De CandoUe offre a la botanique pro- premeut diie, a la physiologic vegetale, a ragricuUure et aux au- tres sciences qui ont du rapport avec celles-ci. Guillemin. a47- — * L' /In de preparer les terres et d'appllqiier les eiigrais , tra- duit de I'anglais de sir Humphrj Davy ; par J. Bulos. Paris , 1825 ; Urbaiu Canel, et Audin. In- 12 de 499 p- ; P'''"^ " fr- Une premiere traduction de cet ouvrage de I'illustre chimiste an- glais a deja paru , sous son litre de Chimie agricole. Peut-<*tre fallait-il le conserver, ne fut-ce que par egard pour I'auteur. En faisant passer dans notre langue des observations faitcs en Angleterre el des pre- crptts ])our ragricullurc dune autre contrec et d'un autie cliniat, il SCIENCES PHYSIQUES. 509 f.ul ule bon d'iiiJiquer les chaiigemens qui tlepeiulent flu sol, cle la teinpernture, des ciiconstances locales. Cetle traduction sera certai- nemeiit utile; niais on regrette que Ton n'ait pas fait plus que tra- dnire. La plupart des cultivateurs francais ne pourront faire usage des tables qui se trouvent a la fin , et qui contienuent des documens tri's precieux sur les prairies del'Angleterre.On voudrait aussi que les recherclies dans ce livre fusseut aidees par une table des niatieres : les lecteurs tiennent compte de ces sortes d'attention. Nous ne poii- vons dire si quelques erreurs peu importantes que Ton rencontre dans cette traduction se trouvent aussi dans I'original ; ainsi , par example, ce n'esl pas des feuilles d'un arbre qu'on exlrait Tindigo. Mais , nous le repetons encore: telle qu'elle est, cette traduction sera utile. Elle fera sentir la necessile de I'instruction , de Tapplication des sciences aux arts les plus anciens , et en apparence les plus avan- ccs ; elle contribuera peut-(5tre .i repandre le gout de Tctude, service des plus importans que Ton puisse rendre a la societe. Si tons nos cultivateurs avaient I'ambition de coniprendre cet ouvrage et se met- taient a apprendre la chimie pour etre en elat de le lire, ils appren- draieut en m(5me terns beaucoup d'autres cboses ; les relations sociales acluelles, fundees sur I'inegalite d'instruction, seraient modifiees; de graiides ameliorations seraient possibles. Mais, malbeureusement, nous somnies encore bien loin du tems oii la science deviendra vul- gaire; et, en faild'agriculture, on veut des paj-saiis qui ne raisotinent point, et non des cultivateurs qui raisonneraient, s'ils exercaieiit leur art avec intelligence. 248. — * Art dc fabriqtier le siicre de betteraves , contenant 1° la description des meilleures methodes usitees pour la culture et la conserration de cette racine ; 2" I'exposition detaillee des procedes et appareils utiles pour en exiraire le sucre avec de grands avan- tages ; suivi dun Essai d'analjse chirnique de la betferave , proY>re n eclairer la theorie des operations qui ont pour objet de separer la inatiere sucree ; par M. Dubkdnfaut, correspondant de la Societe royale et centrale d' agriculture , e\c. Paris, i8a5 ; Bacbelier. In-S", de 552 pages , avec 6 planches gravees. Prix : 7 fr. 5o c. et 9 fr. "Nous avions, sur cette matifere (la fabrication du sucre de bette- raves), plusieurs ouvrages qui se recommandent par leur merite et par les noins celebres de leurs auteurs. Tels sont les excellens mc- iDoires de M. Chaptal et de M. deDombasle. Tout en rend.mt justice aux travaux de ces savans, je dois confesser que je ne les ai pas tiouves suffisans pour guider le manufacturier , et c'est dans cette 5io LIVRES FRANCAIS. persuasion que j'ai ose reprendre lenr sujet npr^s eux. • ( Intro- duction , page XVI.) — Le but de I'auleur a done ete de composer uri traite complet sur cat art, nouveaii quoiqu'il remonte jusqu'a lY- poque de nos preniipres agitations revoluiionnaires , et que Ton pourrait regarder comnie francais, quoiqu'il soit ne a Berlin. Nos chimistes I'ont tellement perfeclionno , ct il est si liien naturalise en France , qu'il nous appartient aujourd'hui plus qu'a aucune autre nation de I'Europe. M. Dubrunfaut s'est borne, dans ce volume , a ce qui concerne la culture des betleraves et la fabrication du sucre brut : les precedes du raffinage seront exposes dans un traite special. En effet, les deux objels qu'il traite exigeaient tant de dcveloppe- mens , d'explicalions eS de ])receptes , que, loin d'entrcprendre de renfermer plus de inati^res dans ce volume , il aurait pu le ])artager en deux ouvrages distincts, I'un pour les cultivateurs, et I'autre pour les fabricans. Les jiremiers ont peut-dtre encore plus besoin de direc- tion que les seconds, quoique leur travail paraisse beaucoup plus sim- ple que celui de la fabrication. L'auteur lui indme piovoque cette division du travail : « Je serais d'avis que les f.ibricans des canipagnes se bornasseut a faire dn sucre brut ; cela reduirait la mise de fonds pour I'usine. Ces fabricans seraient , dans cbaque commune , les proprietaires les plus aises , qui emploieraient d'abord une portion de leurs recoltes pour alimenter leur fabrication , et qui pourraient ensuite trailer avec les petils fermiers pour des parties supplemen- taires. Ces petits fermiers, qui n'auraient j)as les mojvns d'elever et d'alimenter une usine, jouiraient par la m^me des bienfaits de la cul- ture des betleraves , dont ils pourraient racbeter la pulpc aux fa- bricans. Je n'entends pas la fiibrication du sucre de betlerave au- trement que cela , et je neiise qu'il n'y a point de cbances d'une grande propagation de cette industrie, en la fiisaiit sortir du cercle que je viens de tracer. Mon opinion est d''iilleurs confornie, sous ce rapport , a ce grand principe d'economie indusiiielle , qu'il faut eviter, dans tonte industrie , la complication et la multiplicite des pro !uits.» — On trouvera, dans cet ouvrage, des resultals de calculs fails avec soin et d'ex[)erienccs prolongces , sur lesqnels on peut ^lablir des speculations qui ne seront pas imprudentes. L'auteur ob- serve avec raison que , memc dans cet art oii il est rare que Ton ait besoin d'appliquer une force intelligenle , presque tout se fait a bras d'homnies , et qu'il serait possible , en em])loyant des moteurs plus ^conomiques, de diminuer encore le prix de la main d'oeuvre, et d'aiigmpnter le produit. Les machines qu'il rccommande , j)arce I SCIENCES PHYSIQUES. 5ii iqu il en a vu I'effet, ne sont pas toujours les meilleures que I'art du tnecanicien puisse fournir ; mais elles sont preferables au plus grand nombre de celles qui sont encore employees. Enfin I'art , tel qu'il est, peut fournir aux fabricans le Sucre brut au prix de 63 centimes le kilogramme ; et , lorsque I'Dn emploiera les moyens d'econoraie et de perfectionnement dejii connus , ce pi'ix doit descendre .i 5o centimes. Quoique les fabriques soient dcjA nombreuses , il s'en faut beaucoup qu'elles soient au niveau de nos besoins ; a peine produi- sent-elles la vingtitnie parlie du sucre ])rut consomme en France. II n'est done pas a craindre que de nouvelles fabriques qui s'el^ve- raienl eprouvent ou causent quelques desavantages de concurrence. Le commerce exterieur importei a long - terns encore le sucre des Indes et de I'Amerique. L'analyse chimique delabelterave a fait decouvrir dans cetteracine les yingt-trois substances suivantes : l. eau , o^. parenchjme li^neiix , 3. Sucre ciistaliisable, 4. maliite sucree non crufallisable , S. albiimine vegeCale colorec , 6. gelee , 7. matiere azotce noire, 8. matiire giasse , solide a la temperature ordinaire , g. hiiile fixe , 10. hitile essentielle , II. resine verte , amere , 12. matiere gommeuse , l3. un ou deux prin- cipes colorans , 14. acicle librc dont la nature n' est pas encore determinee, i5. oxalate d'ammoiiiaque, i(). oxalate de polasse, 17. oxalate de chanx, 18. hydrccMorale d'ammoniaque , ig. sulfate et phosphate de potassc , ^o.silice, 21. alumine, 7.1. traces d' oxide defer et de manganese , a3. traces de soufre. Toutes ces substances sont-elles reellement cles pro- duits de rorganisation de la plante et de sa vegetation ? Les rounis- sait-elle , lorsque sa racine fut tiree.du sol qui I'avait nourrie .'' II est d'aulant plus a propos de faire ces questions, que M. Dubrunfaut lui-mdme conserve encore des doutes qu'il se propose d'ecla'ucir", Ainsi , par exemple , ayant appris que M. Payen n'avait pas trouv^ d'oxalate soluble dans le'> racines qu'il avail analysees , I'auteur de cet ouvrage recommetica son travail pour y cherclier ce sel qu'il ne trouva pas toujours , sans pouvoir assigner les causes de ces irregu- larites dans les resultats. 11 se propose de continuer ses recheiches , et de trouver enfin la solution de ce problfeme de cliimie. On voit assez que cet ouvrage est fait avecsoin, et que les fabricans y trouveront tout ce dont ils ont besoin pour les guider dans leurs Iravaux. II obtiendra certainement le succes qu'il merite, et fera de- sirer d'autant plus vivement la publication de VArt du raffineur. 449. — * Traite elcmentaire et pratique sur le gnuvernement des abeil- ies; par F. Desormes, proprietaire d'abeilles a Montreuil, departement 5i2 LIVRES FRANCA-IS. de la Seine. Secondc edition. Paris, iSaS ; Fouriiier-Fnvreux , quai ar des exemples , que des succ^s incontestables couronnent journelle- ment la pratique da vrai m^decin , du medecin philosophe, reelle- ment instruit, qui, egalement eloigne de I'entliousiasme du tbeori- cien et de la sotte routine de I'ignorant , s'appuie constamment sur I'observation , seule base de tous ses raisonnemens , et doit a la con- naissance exacle des c6tes forts ou faibles de son art une ferniet6 et une prudence que Ton trouve trop rarement reunies. La premiere de ces qualites devient confiance aveugle , lorsqu'elle est separee de la seconde ; d^s lors , a combien de dangers n'expose-t-elle pas les infortunes sur lesquels elle s'exerce ? Celle-ci, en ecbange , devient SCIENCES PHYSIQUES. 5i7 \)usil!ai»iuute Sdiis la precedente , et les consequences sonl egalement deplorables. L'art important du diagnostic, des vues generales sur les maladies aigues et chroniques , fur les epidemies , etc. , sur I'etat actuel des hopitaux et des hospices, sont au nombre des sujets que M. Leroux se propose de passer rapidement en revue. — La seconde section aura pour objef le medecin lui-m<5me, que I'auteur nous fera voir tel qu'il doit ^tre, soil pendant ses etudes, solt dans la pratique de son art. — Nous n'avons sous les veux qu'un cahier de I'ouvrage de M. Leroux. Nous reviendrous sur ce tiavail, lorsque nous aurous recu les livraisons qui completcnt le premier volume. H. Hollaed. N. d. K. Les tomes i''" et 2° sont complets , et viennenl d'etre mis en vente. Le prix de chaque volume estde 6 fr. , et par la poste, 7 (1 . Nous reviendrons incessamment sur cet ouvrage bien digne d'attirer I'atteiition de tous ceux qui se livrent a I'etudeou a la pratique dela medecine. 255. — * Traile zoologiqiie et physiologiqiie siir les vers inlestinaiix de I'homme; par M. Bremser , D.-M.; traduit de Tallemand par M. Grundler, D.-M.-P. ; revu et augmente de notes par M. dk Blainville, D.-M. de la Faculte de Paris , et professenr d'anatoraie comparee et de zoologie a la Faculte des sciences. Paris, i8a4 ; Pane, koucke. I vol. in 8" de 5-4 p. avec un atlas de 12 pi. in-4°; prix 12 fr. Cet ouvrage jouit d'une reputation raeritee en AUemagne , et la traduction francaise , enricliie denouvelles observations de I'auteur et des annotations d'un savant naturaliste, doit I'emporter encore sur I'edilion originale. Le doctcur Bremser, voue depuis long-terns a I'helmintologie, est attache au cabinet imperial d'histoire naturelJe de Vienne, le plus riche du monde en celte partie de la zoologie. On pourra se faire une idee de son importance, quand on saura que, dans le sen! but de dtcouvrir de nouveaux vers intestinanx, on y a ouvert plus de cinquante mille aniniaux de toutes les classes ; la raoitie au moins de ces nombreuses dissections ont ete faites par M. Brem- ser, et tout ce qui a ete le r^suhat de ces recberches a passe plusieurs fois par ses mains. II a, de plus , entretenu une correspondance eten- due avec tous les savans capables de lui donner les eclaircissemens snr les points encore douteux, et il offre une liste de plus de trois cents auteurs dont it a lu ou compulse les ccrits , tous relatifs a I'obje^ de ses etudes. II est resulle de tant de travaux une determination plus precise des vers inlestinaux aux attaques dcsquels I'espece huniaine est sujette, et des preceptcs tres-sagcs sur les moyens iherapeutiques 5i8 LIVRES FRANCAIS. auxquels on doit recourir pour le$ expulser. II est a rcmarquer, a l.i louange de I'auteur, que-, bieii qu'il se soil occupe exclusivenient des affections vermineuses, il a su eviter de leur accorder una trop grande importance, et qu'il n'est pas torabe dans I'exagcration si commune aux personnes qui n'envisagent long-terns qu'un seul objct. Les planches que Ton a jointes au texle ont le merite plus rare qu'on ne pense d'(5tre originales. On regrettera que M. Bremser ait neglige de donner I'anatomie des aniniaux qu'il a etudies avec tant de soin ; c'est une veritable lacune dans un livre qui appartient autaut a I'histoire naturelle qu'a la m6- decine proprement dite. Mais, en compensation, on y trouve nn genre d'interet qui le recommande a une classe plus nonibreuse de lecteurs. On y rencontre un echantillon de celte pbilosophie dite de la nature, particuliere a Tecole allemande, qui a seduit parn^i nos voi- sins un certain nombre d'hommes de merite, mais qui, nous I'espe- rons , ne s'introduira que difficilement chez nous. Aussi , les editeurs cherchent-ils a s'excuser de n'avoir pas retranche d'un ouvrage veri- tablement classique ce qu\>n en peut appeler la partie romantique. Comme des ^crivains distingues ( Le Globe , i3 oclobre dernier) ont recemment, a propos de ce traite, cherche a donner quelque vogue aux doctrines dont nous parlous, il peut 6tre convenable d'entrer dans quelques details a ce sujet. II est generalement reconnu qu'un des problfemes les plus embarrassans pour le naturaliste est celui de la presence des vers intestinaux au milieu des organes des animaux vivans, surtout depuis qu'il est prouve qu'ils ne se trouvent jamais ailleurs. Apr^s avoir epuise toutes les hypotheses , on a dit enCn qu'ils pouvaient itre le resuUat d'une generation spontanee; c'esNa-dire, qu'ils naissent sans parens semblables a eux, par un concours de circonstances propres a mettre dans une disposition convenable les molecules de la inatiere organique. On cite , a I'appui de cette opi- nion, les animalcules infusoires, la maticre verte de Priestley, etc., qui paraissent se former d'une nianifere analogue, quoiqu'au premier abord, ce que Ton pourrait accorder pour des ^tres si petits et si in- formes paraisse bieu plus dificile pour des animaux d'une nature aussi complexeet aussi bien organisee que certains vers intestinaux, pour- vus d'appareils generateurs des deux sexes trfes-dcveloppes. Cette idee de 'la generation spontanee , bien circonscrite , ne repugne pas absolument a I'esprit; et la generation ordinaire offre des difficultes tout aussi grandes; on en a, dans ces derniers tems , mieux etudic toutes les conditions, et elle se reduit en derniere analyse a la pro- SCIENCES PHYSIQUES. Sig duction d'aninialcules mic.roscopiqr.es dans un organe propre lau male el destine a cat usage. Mais, la est le myst^re tout aussi incompre- Iiensible que la production du germe de Ventozoaire (i) dans des or- ganes appartenans a des animaux d'une autre opece, au moj-en de circonstauces particiilieres qu'iiiie cibservation attentive fera |'eut- ^Ire un jour decouvrir. On ne doit pas dire qu'ici le germe se forme de lui-meme et qu'il preexiste , au contraire, dans la generation ordi- naire ; dans I'un et I'aufre cas, il parait egalement le resultat d'une sorte de secretion. Cest la que s'arrctent les fails; c'est la que la science doit s'arreter. Au dela est le domaine des hypotheses, et c'est aussi oi commence la philosophic de la nature , celle ou se dc-ploie a loisir I'imagination de quelques savans d'outre-Rhin. De la gene- ration spontanee a une -veritable creation , I'intervalle est grand sans doute; mais M. Bremser le franchit aisement; et assistant a la for- mation de ce globe, non-seulement il etablit un systfeme du monde fonde sur d'autres lois que celles de Newton ; mais encore il donne une ■veritable cosmogonie. II lui suffjt de mettre en jeu , d'un c6te I'esprit, de I'autre la matiere; de les faire reagir I'un sur I'autre , d'admettre d'abord une vie universelle qui, apres des precipitations, par suite de fermentations successives , donne lieu a des vies indi- viduelles dans des tons clos et cela aux depens de la vie generale ne- cessairement appauvriepar cette division. Aussi, vous dira- t-il qu'ac- tuellement le globe dort, q'uoiqv.'il reve parfois, etc., etc. — Certes, en France, on a raison de s'en tenir a I'observation exacte des fails et de repousser toutes ces idees , ingenieuses peut-etre,mais quine sont que de vains jeux d'esprit et qui ont surtout le tort d'etre debitees serieusement. Le premier de nos naturalistes n'a pas eu Lesoin des recourir a depareiUes fictions pour porter I'inleret au plus haul degre dans les beaux memoires ou il nous a fait connaitre quels etaient les habitans dela terre aux epoques ante-diluviennes. Ri GOLLOT fils , D. M. 256. — * Memoire sur I'hjdmphobic , ou Journal de j'hopital de Burlay , dans lequel se trouvent les reponses aux questions adres- s^es a I'auteur par plusieurs medecins qui ont eci it sur la rage , et termine par le parallele le plus frappant des institutions judi- ciaires et medicales de la France ; par M. Magistel , D. M. Deiixieme (i) Nom substltiie a la dcaomiDation de 'vers inlestinaux , et comprenaut tous les ^tres qui viveDt dans nne partie qiic-lconqtie du corps d'un animal. ( Diet, classitjue (Thist. nut., t. vi , p. iq'}. ) J20 LIVRES FRANC AIS. edition. Piiiis, 1824 ; Compere f. Iii-8<> de 6fi pages; prix , 2 ir. et 1 fr. aS c. Le inemoire de M. Magistcl fait connaitre le malheureux evene- ment arrive dans les arrondissemeiis de Saintes et Marenncs. Un loup enrage , apres avoir attaque un tronpeau de brebis , lilesse gravement plusieurs iudividus desdeux sexes ; les uns, Icsauiedi 12 octobre , par un terns chaud ; les autres , le dimanche, par un tems frais. Charge par I'autorite de porter des secours a ces mal- heureux , M. Magistel se transporte sur les lieui oil s'cst passee cette horrible catastrophe. La cauterisation des plaies lui parait le moyen le plus siir d'em- pccher le developpement de Thydrophobie , et il procede sur-le- champ a cette operation. Le premier malade fut cauterise, 45 lieu- res apres I'accident ; quatre le furent, 47 heures aprfes les morsu- res ; trois , apres 64 heures ; un , aprfes 88 heures , etc. Quelques plaies , qui avaient ete cauterisees avec I'acide nitrique , le furent ensuite avec un fer rouge. Pour boisson, on a donne la decoction de gen^t , et Ton a examine frequemment la langue des malades , pour surveiller le developpement des pustules , que Ton dit se mon- trer toujours sur les parties laterales du frein de la langue. Quel- ques malades seulement ont presente ces pustules qui out. ete sur- le-champ cauterisees avec una aiguille rouge. Malgre tons les soins, plusieurs individus succombent a riiydrophobie , soit que la cau- terisation ait ete pratiquee trop tard , soit qu'elle I'ait ete incomplc- tement , a cause de la profondeur des plaies. M. Magistel indiqiie sommairement la maniere dont il a fait I'ins- pection des langues , ses observations sur le developpement et la forme des pustules , les svmptomes de I'hydrophobie et le traite- ment qui convient a la morsure faite par des animaux enrages. II conclut de tout ce qu'il a observe : i" que I'existence du virus ra- bique est incontestable ; 2° que la cauterisation des plaies est le moyen le plus efficace pour prevenir I'hydrophobie; 3° que le trai- tement russe n'est pas infailUble ; 4" que tout specifique en grand lavage est impraticable ; 5° que tout liquide , pour dtre admissible , doit agir par goutte ; 60 qu'un medicament solide est facile a ad- ministrer ; 7° que I'usage , tout recemment vante, des llquides par verre et par bouteille n'est bon que dans les cas 011 Thydrophobie n'est pas developpee ; 8° qu'il est imprudent de ne pas cauteriser les plaies , surtout chez les individus qui le demandent. Quoique le nienioire , dont nous venous de donner une idee sue- SCIENCES PHYSIQUES. T.ai cincte, laisse beaucoup a desirer, il n'en est pas inoins interessaiit , et c'est a juste titre que S. E. le Ministre de I'interieur a recom- pense le zele de I'auteur par une medaille d'or. D — n. 257.' — Memoire sur les eaitjc mineralcs acidities de F'als, precede d'une notice sur la topographic des environs, par M. Tailuanu , D.-M. de la Faculte de Paris, inspecteur desdites eaux. Valence , iSaS ; imprimerie de Marc Aurel. In-S" de 38 pages. Certes,avec tous les moyens de guerison dont notre France est si abondamment pourvue , nous aurions grand tort dene pas ^tre ma- lades ; ce serait nous montrer peu reconnaissans envers la prevenantc nature ; et parmi les remedes qui sont mis a notre disposition , aucun n'etaitplus agreableque les voyages aux eanx minerales , avant qu'un luxe paresseux eut entrepris de transporter Bareges a Paris, afin ae pouvoir associer les amusemens des Pyrenees a ceux de I'Opera. Le terns viendra peut-etre ou la bonne societe , communement dirigce par le mauvais goiit, abandonnera les rendez-vous lointains, oii de veri- tables nialades deparent quelquefois des reunions dont I'unique objet est le plaisir : elle ne quittera plus la capitale, ses arts , ses illusions , et cessera toute communication avec la nature. Ce n'est pas pour cette fraction de la societe que M. Tailhand a redige son memoire ; il s'a- dresse auxames saines, qui n'ont pas contracte des habitudes futiles, et qui ne sont point insensibles aux beaux sites, aux tableaux su- blimes des pays de montagnes. En effet , les environs de Vals , inde- pendamment de leurs eaux minerales , sont une station des plus inte- ressantes pour un peintre et pour un naturaliste. Les volcans eteints s'y montrent sous des formes bien caracterisees ; leurs produits plus ou moins alteres par les meteores, y sont groupes, entasses, epars, au milieu d'une vegetatibnd'autantplus admirable que Ton s'aftendait moins a la trouver parmi ces debris de matieres fondues et de roches bouleversees. M. Tailhand decrit ces objets divers , en prenant pour guide Faujas de Saint-Fond , et I'abbe Soulavie : il passe ensuite a I'analyse des eaux qui sont l6 sujet de son memoire; il expose leurs proprietes medicales, et prescrit le regime convenable, suivant la nature iles maladies et I'etat des malades qui vienneut puiser a cetle source de sante. Quant a ceux qui aiment mieux se faire apporter le remede que de Taller chercber, il suffit de leur apprendre qu'iis doi- vent s'adresser a M. Vincent Duplan , proprietaire des eaux. Mais on ne peut doutcr que les effets salutaires des eaux minerales ne tieiinent en grande partie au voyage, au cliangemeiit de lieu, d'air, d'liabi- tudes , aux impressions nouvelles qui vienuent dc toutes parts, iors- 523 LlVREtJ FRANCAIS. que Ton est eiivironiic d'objets iii;iccoutunies. Des eaiix miin^rales artificidles peuvent I'tre substituecs avec avantage a celles des sources les plus vantecs ; mais rien ne peut remplacer la puissante action des lifiix ou queiques-unes de ces sources sent placees, et celles de Vals sent de ce uombre. F> 258. — * Diclionnaire des Sciences medicalcs. — Diugrap/iie mcdicale , T. VII(Rhaz-Zuc). Paris, iSaS ; Panckoucke, <5diteur. r vol. in-S' de SaS pages; prix 6 fr. a5g. — * Diclionnaire nhrige des Sciences medicales ', par una partie des collaborateurs du grand diclionnaire, T. XTIl. Paris, iSaS ; le meme. i vol iu-S" de 54o pages ; prix 260. — * Bibliotkeque dii medecin praticien , ou Miiniu-ls des diverses parties de I'arc de giierir, coiitenant le resume des coniiaissaiices pra- tiques et des decouvertes importaiites dues au progr^s des sciences medicales pendant le xix^ siecle ( format in-i8 ). Paris, i825 ; Gabon. Prix 5 fr. chaque volume. Le iiombre immense d'ouvrages de medecine publics depuis plu- sieurs annees a fait sentir la uecessite de reunir, sous forme de reu/me , les diverses connaissances pratiques dont la science s'est enricliie. II devenait important de recliercher dans cette multitude de livres , souvent tres-volumineux, lesveriliis qu'lls contiennent, pour en pre- S(fnter un tableau Cdele. Comment, en effet, le praticien, occupe a diinner ses soius a de nombreux malades , pourra-t-il lire tant de vo- lumes, dans lesquels on troiive cependant des verites utiles? Comment le jeune et studieux eleve , dont Texpcrience n'a pas encore inuri le jugement, pourrat-il denieler, au milieu de ce chaos, ce qu'il doit ajiprendre, ce qu'il doit rejeter, ce qui appartient a de vaines theo- ries et ce qui constitne les saines doctrines ? C'est poiK- atteindre ce double but , que plusieurs medecins. parrai lesquels nous nous plaisons a citer MM. Duces, Dupau, Bayle, Mautinet, efc.se sont propose de publierune serie de Manuels , d'un format commode et portatif, danr, lesquels on s'est attache a pre- senter le tableau de toutes les connaissances anatomiques; a deve- lopper les nouvelles methodes d'exploration des maladies , avec les signes diagnostiqucs qui les caraoterisent ; a reunir les principes de la chirurgie, les precedes opiVatoires et la disposition anatomique des [)arties; a faire connaitre les nombreuses alterations organiques , de maniere a offrir I'ensemble des principales connaissances d'ana- tomie pathologique, relatives a ces deux branches de I'art; a tracer rhisloire nalurelle ot therapeutique des medicamens, suivie des for- SCIENCES PHYSIQUES. 5-23 mules qu'iine srience pratique a consacrees; a decriie les divcrses manoeuvres relatives a I'art des accouchemens , ies affections des femnies et celles des enfans nouveau - ues ; a classer avec precision les circonstances qui peuvent se presenter au medeciii-legiste , dans rapplication de son art a la science des lois ; a exposer les principes de I'hygicne et ses applications a la salubrile piibliijiie et a la legis- lation ; enfin , a donner un resume complet de medecine , de chi- rurgie et de pharmacie veterinaires. Voici le litre des differens Ma- nuels qui renferment cliacune des parties indiquees , avec Ic nom des auteurs auxquels ce travail a ete confie. i° Manuel d' anatomic descrip- tive , on Description succincle de tons les oJ'ganes de I'hoiume; par /<. L. J. Bayle, D. M. , sous-bibliothecaire a la Faculte de medecine de Paris ( deuxiemc edition); 2° Manuel de clinique , ou Des di verses methodcs d'exploration en medecine, et des signes diagnostiques des maladies, contenant un precis d'anatomie patliologique; par L. MiKTiHET , D. M., chef de clinique de la Faculte, a I'llotel-Dieu , a Paris ; 3° Manuel d'anatomie generale; ou Description succincte des tissus primitifset des syst^mes qui composent les organes del'liomme; par /4. L. J. Bayle (^sous presse); 4° Manuel de clinique chirurgicale, contenant : 1° La maniere d'observer en chirurgie ; 2° I'expose de signes diagnostiques des maladies chirurgicales , de leurs caracteres anatoniiques , et un sommairedes indications curatives; 3° la descrip- tion des operations et I'anatomie des regions sur lesquelles ces ope- rations se pratiquent; par A. Tavernier , D. M. {sous presse); 5" Manuel (tobstetrique , ou Precis de I'art et de la science des accou- chemens, suivi de Texpositioa des principales maladies des fomnies et des enfans nouveau -nes, avec quarante figures lithographiees; par^.DuGES, professeur d'accouchemensa la Faculte de medecine de Montpellier {sous presse); Manuel de therapeutique et Histoire natu- relle des medicamens , suivi d'un formulaire pratique, par L. Mar TiNET {sous presse); "° ?Ianuel de medecine legale et de toxicologie dans leurs applications a la legislation actuelle, d'apres les travaux recens de MM. Chaussier, Orfila , Marc, Prunelle, etc.; avec le texte des lois et leurs explications revues par un avocat an conseii du Roi; a I'usage des magistrals, des medecins et chirurgiers - Ic- gisles, des etudians en droit et en medecine; par J. Amedie Du- ■pAU, D. M. ( so!'s presse); 8° Manuel d'hygieue et de ses applications a la salubrile j)iiblique et a la legislation; par M. Deslandf.s , D. M. ( sous presse); 9" Manutl de medecine , de chirurgie et de pharmacie ve- terinaires , suivi d'une Instruction sur I'art de la ferrurc, par P. Y\- 5a4 LIVRES IRANCAIS. TBI., professcur de c!inique«t la modeciiie operntoire ii I'licoleioyale velerinaire d'Alf'oif , et Julia Fontkkf,i.le; profcsscur de chimie nie- dicale (^sous presse). Le succ<>s qu'ont obtenu ceux de ces Manuels qui sont dcja publits, font vivement desiier la publication prochaine des autres,qui sont d'une utilite plus gen^rale et qui manquent aux etudes medicales. Z. 2f>i. — * Introduction a Vitude de I'artilleric; de V instruction coitsi- deree dans ses rapports avec les diffcrens services de cette arme; par Joa- chim Madelaine , capitaine d'artillerie. Paris , iSaS ; Uibain Canel , rue Saint-Gennain-des-Prcs, n. 9, et Aiidin, quai des Augustins. Iii-8°de 326 pages, avec 2 tableaux ; prix fi fr. Nous regreftons qn'il ne nous soit pas possible d'analyser, avec le soin qu'il merite, I'iniporiant ouvrage de M. le capitaine Madelaiiic. Quoique jeune encore, cet officier vient de terminer un travail im- mense; et ce qui a du lui coiiter plusieurs annees de meditations ne pent dfre jug6 d'apres une simple lecture. C'est par des observations sur ce que Ton fait, qu'il est dirige dans ses reclierclies sur ce qu'il faudrait faire. II est conduit a parler de VEcole polytechnique, ^tabiis- sement d'instructioii qu'aucune puissance de I'Europe ne peut c£;aler ; de I'Eco/e de I'artiUerie et du genie a Metz, 011 des ele^ es sortis de I'F- cole polyteclinique vont acquerir les connaissances speciales, relatives aux services de leur arme ; il discute les plans d'otudes , le mode des examens et plusieurs autres objcts sur lesqnels i! est difficile de s'ac- corder, parce qu'il faudrait, pour les trailer avec succes , une science qui est encore a faire, malgre les pretentions de la philosophic, celle de nos facultes intellectuelles. L'autenr passe ensuite aux differens services de I'artiUerie , et aux connaissances qu'ils exigent; aux ins- tructions distlnctes dont les officiers ont besoin , suivant. leur pre- miere education et le mode de leur admission. Les ecoles regimeiitairts de I'artiUerie I'occnpent , sous les deux rapports de leur organisation , et des objets de I'enseignement. 11 expose , a propos des exercices qui conviennent aux jeunes officiers reunis dans ces ecoles , son opinion sur plusieurs inventions nouveltes dont on s'efforce d'enrichir I'ar- tiUerie ; ce qu'il en dit trouvera quelques contradictions et beaucoup plus d'approbateurs. — Ce dont nous venons de parler n'est que la raatiere de deux chapitres, et I'ouvrage en contienl cinq, outre un precis historique sur les ecoles d'artillerie, par lequel il commence , et qui est en effet une introduction tr^s-instructive. On sent bien que nous ne pourrons nous dispenser Je revenir sur un ouvrage aussi plein de choses d'un grand intcr^t. Ceux qui voudront prendre une idee SCIENCES PHYSIQUES. did juste (\e rartilterie francaise el ties connaissances qu'elle po£s6de , n'ont qu'a lire i'oiivrage de M. Madelaiue : quoique beaucoup de su- jets y soicnt traites avec ce que Ton iiomme profondeur, tout y est accessible aux lecleurs mediocrement instruits , et convient a ceux qui ne craiguent point les livres serieux , pourvu qu'ils soient ins- Iructifs. L'analyse de celui-ci nous procurera ^occasion de comparer, quant au degre d'instiuclion , rarlillerie de France a celle des princi- paux Eta Is de TEurope, et d'exa miner I'iuflueuce de cette instruction sur la nature et I'^teudue des progr^s des arts nombreux dont se com- pose le savoir iiecessaire a cette arme. F. 262. — * Traile de ntecaniijue elcmentaire ; par M. Francoeur, professeur a la Faculte des sciences de Paris , et au college royal de Charlemagne. Cinqnieme edition. Paris, 1826; Bachelier. i gros vol. in-8° ; prix 7 fr. 5o c. et g fr. 5o c. Depuis la publication de la 4^ edition du Traile de mecanique elc- mentaire, par M. Francoeur , il s'est ecoule 18 ans. Le besoin d'une edition nouvelle s'est done fait sentir plus d'une fbis; mais I'auteur, occupe d'une multitude d'ouvrages utiles a reuseignement et aux progres des sciences , livre en outre aux soins du professorat, n'avait pu satisfaire au desir des savans. Aujourd'hui , il publie son travail ameliore par la reflexion et par I'experience ; il est complete sous des rapports importans; enfin, il a pris la forme sous laquelleil doit rester desormais. Ce traite a obtenu le suffrage du premier de nos geo- m^tres , et il parait sous ses auspices. Entre autres additions faites par I'auteur aux editions precedenles , on remarque avec inter^t des applications a la mecanique usuelle et aux arts, des developpemens sur les moyens de convertir un mouvement quelconque , rectiligne ou circulaire, continu ou alternatif, en un mouvement d'une espece differente ou semblable; sur les melhodesia employer pour calculer I'effet des machines, etc. , ou bien des questions curieuses, telles que celle qui se rapporle a la recherche du mouvement perpeluel , a la theorie des -volans, etc. II s'etend sur les considerations relatives al'emploidu principe des vitesses virtuelles, de manifere ii mettre les eleves bien au fait de cette partie essentielle de la mecanique trans- cendante. II expose, avec tous les developpemens necessaires , le mouvement de rotation des solides autour d'un point fixe ou d'un axe. Son but est surtout de conduire a I'intelligence de la mecanique celeste et de la mecanique analjtiqne , immortels ouvrages qui prou- veront dans tous les terns quels progres la geumetrie a fails en France dans la seconde moitiedu xvm'' siecle. L'autenr a prcfere la marche Safi UVRES FRANCAIS. aualytique ala syntlicse : tout iheorcine est j)it'cedc de sa clenionstr;i - tion.. Cette marche rigoureuse ne fait rien perdre a la clarte; de plus , en niettant 1' esprit, pour ainsi dire, aux prises avec les diffl- cultes, elle I'accoutume a disceriier promptenient le vrai ou le faux d'une proposition, a saisir les resultats, et ii les poursuivre jusqiie dans les derni^res consequences. Quatre livres , partages en oiize chripitres, compDsent ce traite ; sasoir : statiqiie , djiiamiqiie , hydrostalique ,hydrodynam'ique , selon la division ordinaire de la uiccanique. Dans le i" iivre , qui est Ic plus elendu , I'auteur expose tout ce qui regarde les conditions de I'equilibre , les centres de gravite, les machines et le frottement ; c'est-a-dire, H nature, la direction et la decomposition des forces, la manifere de trouver le centre de gravite des polygones, des pris- mes, des arcs de conrbe, des surfaces et des solides de revolution; ensuite, la definition et les proprietos d,e& maclilnes simples , la corde, le plan incline, le levier, la poulie , la vis, le coin et toutes celles qui en dependent , telles que les balances, les cabestans, les roues dentees , les cries, les vis sans fin, les grues, etc. On trouvera ici, et dans le a^ Iivre, des details interessans sur les montres, les horloges et les pendules. Ce a" Iivre traite du mouvenient d'un point en ligne droite et en ligne courbe, et du mouvenient d'un syst^me de corps; on y explique les lois du mouvement uniforme ou vari^ , ou uniformement varie; la loi d'inertie, la force acceleratrice , la chute dans le vide ou dans les milieux resistan.<:, les equations gene- rales du mouvement, le principe des forces vives, la gravit.ition uni- verselle , le choc des corps durs ou elastiques , le principe de nioindre action, la rotation des solides autour d'un point ou d'un axe, I'attrac- tion des spheroides, les cordes vibrantes , etc. Les trois chapitres de I'lijdrostatique traitent de I'equilibre des fluides en general , et sepa- rement. des fluides incompressibles, et des fluides de deiisite variable. Apres avoir donne les conditions d'equilibre, I'auteur explique les syphons , la pression exercee sur les surfaces planes ou courbes , Tequilibre, la stabilite et les oscillations des corps flottans, la pesan- •X'ur specifique , etc. Ensuite, il passe aux fluides hetcrogenes et elas- tiques, et il expose tr^s en detail Tapplication du barom^tre a la mesure des hauteurs. Le dernier Iivre traite du mouvement des fluides ; on y donne les equations generates de ce mouvement dans ses divers cas. L'ouvrage renferme aussi des applications de la theorie a des exemplos puises dans la physique, I'astronomie, I'horlogerie et d'au- SCIENCES PHYSIQUES. 527 Jres travaux de mecanique industrielle. Ainsi, la theorie des roues dentees est appliquee an probl^rae qui consiste a faire marquer par leshorloge?, les jours et les phases de la June; celle des mouvemens varies, a la chute des corps pesans dans le vide et dans les milieux resistans , et au mouvement des projectiles dans les amies a feu; celle des forces centrales, a la determination des mouvemens des planetes , aux lois de Kepler , etc. On y trouvera le calcul des oscil- lations des pendules , la determination du pendule qui bat le;* sccondes sous diverses latitudes, I'application de la theorie a I'areom^fre, a la balance hydrostatique, aux pompes, au barometre , etc. La question de la mesure des hauteurs, a I'aide de ce dernier instru- ment, est suttout developpee avec bcaucoupdesoin,et accompagnee d'exemples suffisans. — II est presque superflu d'avertir que, pour profiter de cet ouvrage, le lecteur doit posseder le calcul differentiel et integral, le calcul des variations et la geometric a troi* dimensions. Sous ce rapport, le Traite des mathemadqiies piires , par le menie au- teur, peul servir d'autant plus utilement d'introduction au Traite de mecanique , que celui-ci renvoie contiiiuellement a celui-la, Neuf planches bien gravees, et une table nbregee des poids specifiques, terminent le savant ouvrage que nous annoncons. II n'est peut-etre pas indifferent de faire remarquer , dans un volume presque enlie- rement plein d'analyse et de formules , qu'on y rencontre, tres-peu de fautes d'impression ; elles sont corrigees dans un court errata ; nous y ajouterons la correction suivante. qui a ete oubliee, p. 485 , a propos de la formule barometrique proposee par M. Littrow, pour connaitre la temperature au niveau de la mer,en la deduisant dela tem- ptoture et de la pressiou atmospherique, a la station superieure. Au heudef'=63°,6+' — 6-j''y'',il faut lire : f' = 66°, 26+^ — 0,092 35'' : cette formule exprime des degres centigrades etdes millimetres. E. J. a63. — Manuel du boulanger et du meunier, ouvrage utile non-seu- lement a ceux qui professent ces arts , mais encore aux parti';uliers et aux habitans de la campagne , qui y trouveront des methodes nouvelles , perfectionnees , et en meme tems economiques , pour donner a chaque sorle de pain toute la qualite qu'il est susceptible d'acquerir ; par ^.-i>/. Dessables. Paris, 1825 ; Roret. In-i8, de 216 pages. Prix : 2 fr. 5o c. et 3 fr. 264. — Manuel theorique et pratique du tanneur, du corrojeiir et de Phongroyeur , contenant les proccdes les plus nouveaux , toutes les dccouvertes faites jnisqu'a ce jour relativement a la preparation et 1 'amelioration des cuirs , et generalement les connaissances neces- 528 LIVIXES I'RANCAIS. sairos a ceux qui veiilent pratiquerces troisarts ; par M. CHicoiNEAt;, fabi'iquant. Paris , iSaS ; le nifime. In-i8 , de 276 pages, avec des planches. Prix : 3 (r. et 3 fr. 5o c. 265. — Manuel des habitans de la campagne el de la botine fcrmiere , OU Gtnde pratique des travanx a Jaire dans la campagne pendant Ic cours de fannee, et oil se trouve un grand noinbre de iiouveaux pro- cedes d'economie rurale et domeslique ; par M""^ Gacotj-Dufodk , membre de plusieurs societes savautes , etc. Paris, 1826 (182S) ; le ni^me. In-i8 , de 828 pages ; prix , 2 fr. 5o c. et 3 fr. Les maniiels j)nblies par M. Roret se succedent rapidenient ; ua nionvement aussi accelere peul 6tre sujet a quelques faux pas ou a quelque deviation. II sera done prudent de regler la marcbe , et de I'assurer , diit-elle ctre un peu phis lente. Quelques collaborateurs entreprennent beaucoup trop, et ne peuvent tenir toutce que le litre de I'ouvrage promet. Cette fois , Mn"! Gacon-Dufour s'est exposee a ce reproche. Un guide-pratique des travaux a faire dans la campa- gne , pendant le cours de I'annee ; et , de plus , un grand nombre de procedh d'economies rurale et domestique. Vo'la un frontispice ini- mense pour un petit bdtiment. Avec un titre plus modeste, I'ouvrage eut ete plus satisfaisant. Un abrege de la Maison rustique pent etre utile ; mais il n'est pas fait , et ce manuel n'en tient pas lieu. Cepen- dant, ilest a desirer que le nouvelouvrage de M""! Gacon-Dufour se r^pande dans les campagnes : on ne lui reprochera que son titre , heaucoup trop anibitieux , et qui n'est pas renipli. M. Chicoineau va plus ioin encore que M""! Gacon-Dufour, si Ton s'en rapporte au titre du Manuel du taiineur ; en lisant cet ouvrage, on est surpri."; de n'y trouverqu'une instruction superficielleet insuf- fisante. L'auteur n'annonce rien moins que toutes las decouvertes fai- tes jusqu'a ce jour, et une foule de precedes bien connus manquent a son recueil. II annonce une theorie ; et ce qu'il dit sur cette appli- cation de la chimie a son art , se reduit a des doutes sur la nature et les proprietes du tannin. II rappelle la dissertation burlesque de Ra- belais au sujet des defenses de i'^lephant : aucuns -veulent que ce soient cornes , et non dents ; les autres , que ce soient dents , et non cornes : ce m'e't tout ung, pourveu qu'entendiez que c'est la n'raie {voire. M. Chi- coineau n'est pas moins indifferent sur la maniere d'agir du tannin ; il lui suffit que les effets du tannage soient produits. On nesait pour- quoi il n'a pas donne sous son veritable nom le travail du tanneur en Russie ; il le decrit sous le til re: Preparation des cuirs a muron. Le iectenr ne pent deviner qu'il s'agit de la petite villede Mouroni, sur SCIENCES PHYSIQUES. fJiy I'Oka, oA il y a quelques tanneries qui ne sont ni les plus considera- bles, ni les meilleures de I'empire. D'ailleurs , sa description n'est pas complete , et manque d'exactitude. II ne peut etre indifferent d'enduiie les peaux de goudron , d'huile de bouleau, ou d'huile de baleine : chacune de ces niatieres a son emploi distinct , et il fallait I'indiquer. Quoiqu'il ne parle pas d'huile de bouleau , c'est cette ma- tiere qu'il a voulu designer , en disant que les peaux sont enduiies de houleau du cute de la chair. he Manuel du boulanger et du meunier n'exercera pas autant la cri- tique. II est \rai que I'auteur avait, pour la description de I'art du boulanger, deux excellens guides , Parmentier et Malouin. On regrette qu'au sujet de la conservation des grains , il ne cite que Duhamel et Baume , sans parler des silos de 31. Ternaux , ni des cuves deplomb de M. Dejean. (Voy. Rev. Enc. T.xxvi , p. 607.) Sa description du mou- lln est d'une incorrection bizarre ; exemple : e Xarbre tournant est I'axe de la roue 011 les aubes sont attacliees; c'est le centre du mou- vement de tout le moulin : ainsi il doit <5tre proportionne a la force du moulin et des meules sur lesquelles il doitagir. On peut lui don- ner 16 a 20 pouces de grosseur en carre. Ses tourillons doivent etre places bien exactement au milieu de son diamntre par chaque bout. » Voila done un axe qui est un centre, et un milieu qui est aux deux bouts. Cette partie de I'ouvrage est trop negligee. Malgre ce defaut tres-apparent, nou? dironsde ce manuel, de celui du tanneur €t de plusieurs autres , qu'ils seront utiles , en raison de ce qu'ils contieunent de bon ; qu'ils sont d'un usage commode, et que le tems perfectionnera cette mani6re de repandre les connaissances usuelles. Les premieres editions sont unessai, les secondes seront moins eloi- gnees de la perfection, et les ameliorations successives mettront un jour ces ouvrages au nombre des services rendus a I'industrie et au travail. 266. — * Renseignemens utiles sur {arrivee des eaux de I'Ourcq a Paris, Chapitre 3°. Paris, 182$; imprimerie de Rignoux. In-8° de 23 pages , avec une planche gravee. Les journaux ont publie , sur le canal de I'Ourcq, des rapports coutradictoires. Le 21 Janvier, ils annoncerent que les eaux de cette riviere, introduites le i5 dar,s ce canal, etaient arrivees , le 20, daus le bassiri de la Villette. Au mois d'aout , le Consciiu- tionnel du 5 dit que ces eaux etaient retenues entre Mareuil et Lisy, et passaient , en plusieurs endroits , par dessus les bords du canaj , tandisque, dans un developpement de 5 lieues , entre Villenov et T. xxvm. — Novembre 1%%^- '^!^ / 5:^0 I.IVRES FRAiNTAIS. Claye, le canal etait eiitleienient a sic. L'aiiteur tie cede bro- chure exj)lique comment on a du croire, au mois de Janvier , ana les eaux de I'Ourcq etaient reellement arrivces, tandis que le fait rapporte par le Conslitutionnel <5iait aussi Ires-exact. Ceite singu- larite tient a uu vice de construction auquel on,ne pourra porter renifede qu'en revenant a I'ancien projet ; en sorte que les cliange- mens qu'on y a fails sont des constructions et des frais en pure perte d'argent et de terns. 11 parait que les motifs qui firent adop- ter ces malencoutreux changemens sont du iinmbie de ceux que ron n'avoue pas , mais qui produisent assez sijreineut leur effet : plus ils sont puissans , plus il est impossible a ceux qu'ils domi- nent de tenir compte des interdts publics. 11 est a craindre que le complct achevement de ce canal, dequelques lieues de longueur , soil encore assez eloigne. Nos voisins font de grandes clioses en peu de tems;ne pourrions-nous,au moins, avec un peu plusde terns, eu terminer quelques ]ietites ? F. 267. — * Coiirs comjiiet de Topograpltie et de Geodesie , a I'usage de I'Ecole d'application du Corps royal d'elat-major ; par P.-ill.-N. Be- NOiT, professeur adjoint de topographic et de geodesie a c»ette ecole, ancien eleve de I'Ecole polytechnique, etc. Paris, i8a5; Barrois aine. — Premiere livraison , Traile des levers a la planchette , 1 vol. in-S" de 200 pages, avec 6 planches gravees en taille-douce (i8aa) ; prix 5 fr. et (^ fr. — Deuxieme livraison , Traitc des levers an goniometre tt a la boussole. i vol.in-8° de 208 pages, avec 6 planches(i825) ; prix 6 fr. et 7 fr. M. Benoit se propose de publier, en dix livraisons, toules les branches de la topogrsphie et de la geodesic : les deux prenii<^res parabsent aciuellement , les huit autres suivront bientot , et com- prendront le nivelleraeat , Tfirpentage, les levers inilitaires , la geodesie, le dessin de la carte, etc. La collection de ces divers ouvrages formera un traite complet sur la theorie que I'auteur em- brasse dans son plan. Nous analyscrons ici les parli^s qui viennent d'etre publiees. Le nombre des livres composes pour I'instructifin des personnes qui se livrent aux travaux de I'arpentage est tres-considerable; mais les uns sont trop concis, et laissent a desirer d'u-tiles developpemens et des precedes propres a tirer d'embarras les geographes qui se trouvent quelquefois arr^tes par des difficultes locales impr^vnes ; d'autres , an contraire, sont d'une prolixite fatigante, ne vout pas au fait, et sont plntot I'opuvre de [iraticiens peu exerces j I'ensei- SCIENCES PHYSIQUES- 53 1 gnemenf, que cic geotn^tres instruils. L'enseignement des eleves de I'Eco'.e d'ctat-major ne pouvait pas etre dirige d'apres ces tmit^s itn- parfaits ; et M. Benoit, charge de cet enseignement, a Lientot reconnu qu'il devait tirer ses lecons de son propre fonds, et que, pour Tuti- lite de ses disciples et du public , il ferait bien de livrer son travail a I'impression. Les ouvrages de M. Joly et de Dupain de Montes- son , fort estimables d'ailleurs , n'^^brassent pas les questions d'une manicre assez eteudue; mais, panni les traites de topogra- phic, celui de M. Puissant mciite d'etre distingue. Cet ouvrage, l\6 au grand Traite de Geodesic du meme auteur, le seul bon iivre qu'on ait sur cette maticre , offre un corps de doctrir.s qui ne laisse rieii a desirer. M. Bencit parait avoir juge cependant que la depen- dance clablie par M. Puissant entre sa Topographic et sa Gcodesie , et le point de vue eleve d'ou il envisage ses doctrines , ne font pas de ces traites des livres assez t^Iementaires pour l'enseignement de disciples qui ne sorteut pas de i'EcoIe polj technique , comine ceux de I'Ecole des ingenieurs geographes. Tels sont les motifs qui ont porte M. Benoit a trailer de nouveau ces matieres. Des deux livraisons qui sont publiees, la premiere com- prend les levers a la planchette, ainsi que les solutions des divers problemes qui se rencontrent dans ces sortes d'opcralions. On y trouve aussi des developpemens sur la constiuction des echell^s , sur les systemes de coordonnees propres a determiner la situation des points de I'espace, ct sur la maniere de figurer les accidens du terrain. La seconde livraispn enseignea lever les plans a la boussole et au grajjhometre, avec des descriptions de ces instrumens , et un expose des theories du magnetisme et de I'electricite. E;i general, ces traites sont rediges avec une bonne m-ethode; le professeur possede parfaitement son sujet , et il est habile a rendre ses idees ; les planches, d'ailleurs, sont tres-bien gravees : ainsi , ce travail merite d'etre bien accueilli du public. Mais, a cesjustes eloges, je crois devoir joindre quelque critique. L'auteur explique peut-etre un peu longuement des choses que I'esprit saisit ordinairement a la seule vue des instrumens. S'il est vrai que certaines intelligences sont assez paresseuses pour ne faire aucuns frais dans I'instruction qu'on leur donne, et ne savent rien deviner, il faut abandonner aux disoouis des mailres le soin d'eclaircir les details, et de faire con- cevoir ce que presque tout '.e monde concoit aisement. J'aurais done desire plus de rapidite et de concision dans les lecons de M. Benoit. Quoi qu'il ait pu dire, il sait bien qu'il y a des eleves pour Ic;- !i'^7. LIVRES FRAiMCAIS. quels il n'en a cepcndant pas dit encore as ez; mais ceux-ci ii'ap- prennent pas setils, et les maitres soiit charges do nieltre les dccu- mens a lenr portee. Je trouve d'ailleurs des passages oii entrent des geiieralites ct des discussions assez elevees pour penser que ce n'est pas pour ces intelligences bornees que M. Benoit a ecrit : il pouvait 6tre fortelementaire sans autant de d('>veloppemens. I-es notions eten- dues qu'il donne sur I'clectricite , le magnetisme , la pile de Volta , les courans ^lectro-dynamiques , ne sont pent-^tre pas a leur place dans cet ouvrage , et grossissen t le livre sans aucun int^rdt pour le , topograplie. C'est en physique qu'on enseigne ces clioses, conime c'est en geometrie qu'on en voit d'autres bien plus directement appli- cables a la topographic, et que M. Benoit ne songera sans doute pas a demontrer. Je crois qu'il fera bien de serrer davantage ses expli- cations ; le champ qui lui reste a parcourir est vaste , et les details superflus ne peuvent que grossir les volumes, sans fruit pour les lec- teurs. Frajtcoeub. 268. * Notivel Atlas de la France , par MM. Aupick et Perrot, etc 33*, a4« et 95« livraisons composees des departemens de la Charente, de la Haiite-f'ienne , de la Manche , de Saone-et-Loire, de la Dordogne, des Ardennes , du Lot-et-Garonne , de la Charente inferienre, de W4/- lier, de YAvejron, del'ytrdeche , et de la Drome : plus, la Carte de Saint-Domingiie — (Republiqi/e d'Ha'iti) pour demi-livraison. ( Voyez Rev. Enc. , t. xxvi , p. 824 a 826 ). Les auteurs et editeurs de cet important ouvrage continuent a ac- querir de nouveaux droits a I'estime et a la reconnaissance de Icurs souscripteurs par leur exactitude a remplir leurs engagemens et par les soins qu'ils apportent a la composition et a la confection materielle de leur Atlas. Un nouveau prospectus, public par eux , porte pour titre : Notivel Atlas de la France et des Colonies, et avertit les souscripteurs que 1' Atlas sera complete par les cartes des colonies francaises en Asie, en Afrique et en Amerique. Ces cartes seront au nombre de Sept, reparlies ainsi qu'il suit : i° Pondicherj , Malic , Ka~ rihal et Chandernagor ; 2° le Senegal , et Vile, avec \e port Saint-Louis ; 3° Vile Bourbon; 4° la Marliniqiie ; 5" la Guadeloupe ; 6° lies Uliquelon el Saint-Pierre, la Guyanne et Cayenne; 7° enfin , I'ile de Saint - Do- mingtie., ou Haiti. Getfe derniere, qui est deja publiee et qui com- pose une partie de la &' livraison , nous a paru surtout execuleeavec une graude exactitude. Cette carte d'un etat, reconnu par la France lOinme rrpublique independante , devient tres-imporlante, d'apres ies avaiitagas stipules par I'ordonnance du Roi , en faveur du com- SCIENCES PHYSIQUES. - SCIENCES MORALES. 5i3 merce fna,cals. ( Voy. »uBuUetin supplanentain- de ce mois Vitat do .itualion du noiivel Atlas au 3o novenibre ). 269. -* Carte generate des itats-Unis mexicains et des Proiunces- nmes de V Amirique centrale , redigee parBnuE, geographe. Paris, 1825 ; I auteur , rue des Macons-Sorbonne, n" 9. Prix 3 fr. la feuille Cette nomelle carte est faite avec beaucoup de soin. Uauteur a consulte pour son travail les cartes les plus estimees , publiees en l^spagne , en Angleterre et en France ; et il doit a M. de Humboldt outre les renseignemens puises dans ses excellens ouvrages des notes et des rectifications importantes. Aussi , pouvons-nous affir- nier sans cramte que nous ne possedions pas jusqu'ici de carte plus parfaite j.our les deux republiques du Mexique et de Guatemala. Sciences religieuses , morales, poUtiques et historiques. ~ 270.— */?« compensations dans les destinees Immaines, nar M AzaY. Pans, 1825 ; Alexis Eymery. 3 vol. in-8° ; prix ar fr. ' Ce livre aparu pour la premiere fois en 1808. Depuis, frois edi- Uons se sont ecoulees , et c'est la ses par SCIENCES MORALES. -iVj leiiis ^crivains. Miss Edgeworth est sans doute au premier rang , pnrmi les auteuis anglais quiont eciit pour les enfans. On ne reussit pas mieux qii'elle a rendre une action inteiessante ; on ne conserve [las inieux aux ent'ans leur caracteie; oa ne repand pas plus de oliarme sur des evenemens qui sembleraieni devoir a peine nous occuper. Aussi , miss Edgeworth est-elle traduite dans toutes les laugues; et ses Co«ref obtiennent un egal succes cliez tous ceux qui en font usage pour i'instruction de leurs enfans. JJme Belloc, en consacrant sou travail a la traduction de quelques- uns des ouvrages de la celebre Anglaise , a done rendu ua service incouiestiible a I'education priinaire; el la lecture des contes qu'elle a rassembles, sous le titre indique au commencement de cet article , suflira pour justifiernotre opinion. On trouve, dans ces quatre petits volumes, 21 sujels ou contes, dont quelques-uns se divisent en plusieurs chapitres. Bien qu'ilsoit dillicile de dire absolument quels sont les meilleurs, on ne trouvera cependant pas injuste la preference que nous donnous a ceux dont les liires suivent ; le Mimeon ]! Enfant moqueur , le Grand moude en minia- ture, etsurtoutles Bracelets, qui nous out paru rassembler toutes les qualites que peut comporler ce genre d'ouvrage.' B. J. 2^4- — * Ejcamen de I'Essai sur le sentiment dii beat et du sublime, traduit del'allemand du celebre Kant, par M. Weylakd, professeur de philosophle; avec des/io^cjdu trad ucteur. Paris, 1823 ; J. G. Denlu. I vol. in-S" de 826 pages; prix, 4 fr- La litterature francaise a depuis long-tems etendu son influence clans les contrees les phis lointaines." tiibutaires de I'esprit francais , les capitales des peuples, nos rivaux, out souvent modele leurs arts d'apres les notres, out profile de nos progres dans les sciences et dans les lettres, et se font gloire enfln de parler notre langue. Sans re- niOMtcr a Guillaume-le-Conquernrit, qui fit reconnaitrea I'Anglelerre I'empire du courage et du genie francais; aux braves Normands qui transplanterent notre idiome, encore informe, enSicileet en Calabre; ^aux Croisades, pendani lesquelles nos preiix-lroubadours chantaient le beau ciel de France sur les rives du Joiirdain : a pariir du siecle do Louis xrv , ou la litterature francaise, protegee par le genie de ce inonarque, pril un si brillant essor, quel pays ne s'est point em- pccsse d'admettreet d'accueillir les chefs-d'oeuvie des Corneille, des Uacine, des Boikau , des Voltaire; n'a point admire les Bo^suet tt les Feuelon....modeles eternels du beau et du sublime? II le faut avoner cependaut : si le genie s'est produit parmi nous avec un eclat imposant , nous nous sommes peu occupes d'analystr 536 LIVRES FRANCAIS. sa nature. Desireux d'etonner en prodiguant le beau, de forcer I'ad- niiration en s'^levant au sublime, le francais , dans ses licrits coinme dans ses actions , existe plut6t pour les autres que pour lui-ni^-me. Les considerations purenient syslematiques irritent son impatience. Aussi, jusqu'au moment ou une revolution longue et terrible -vint mettre un frein a sa legirete, donner a ses penseesune direction plus serieuse, le forcer, en un mot , a approfondir les clioses, il s'etait applique de preference auxartsbrillans del'imagination. Aujourd'hui que le souvenir de nos uialbeurs et notre constitution politique out iutroduit dans nos moeurs plus de serieux et de gravite , nul doute que la philosophiene devieune, a son tour, I'un des principaux objets de nos etudes. Dans cette nouvelle disposition des esprits, on devait s'etonner que le philosopbe allemand Kant , dont les opiuious sont la base du Rationalismc , presqu'inconnu en France, n'eut pas encore obtenu les honneurs de la traduction. Un ouvrage deja Iraduit par M. Keratry, et traduit une seconde fois par M. Weyland , vient de fixer I'attealion generale sur ce philosopbe. Du sentiment du Beau et du Sublime , tel est le titre de cet ecrit livre a I'impression , dans le but de pressentir I'accueil qui serait fait a la traduction, sinon entiere, du moins par- tielle, des ceuvres de Kant. Divers auteurs out ecrit sur le On voit que I'auteur sait tres-bien ce que ne devrait pas etre la politique de I'Europe; mais il ne montre pas si clairement ce qu'elle doit etre. Nous avons trouve dans tout ce volume des principes qui nous ont presque toujours semble justes , mais un peu vagues; il est indispensable , pour bien faire comprendre un systeme tel que celui de I'auteur, d'indiquer des moyens d'exe- cution : nous attendrons done, pour enoncer une opinion et discuter ses idees, qu'il leur ait donne quelque consistance, en passant de la theorie a la pratique, et en developpant des applications. Ce sera suns doute I'objetdes volumes suivans. Nous remarquerons seulement que I'auteur ou les auteurs ne semblent pas avoir apercu une diffi- culte qui, selon nous, presente actuellement un obstacle insurmon- table a tout systeme de confederation generate ; c'est I'esprit totale- ment oppose qui anirae aujourd'hui les peuples et qui diiige les ca- binets. Tant que cette monstruosite de I'ordre politique suhsistera, il n'y a point d'organisation europeenne, ni de systeme de confede- T. XXVIII. — Novembre iHiS. 35 fil^r, LIVRES FRANCAIS. ration gcn^rale possililes. Au reste, nous lerppctons, nous aUentlrons que le systcinc expose dans ce volume ait i ecu (\e plus grands deve- loppeuiens , ct puisse 6tie niieux compris, pour Ic soumelire a la discussion que doit provoquer un sujct si important et si difficile. M. A. aSj. — * CoUfction des Chroniqties nalionales f'ancabes , ecrites en langue vulgaire,du xiiie au xvi'^ siccle; avec notes et eclaircisseinens, par J. A. BucHoif. 7'^ livraison, coniposee du t. xic des Chroniqties c!e Froissarc, et de la Chroniqiie de iVoree. Paris, iSaS ; Verdifere. 2 v. in-S"; prix, 12 fr. (v. Rev. Enc, t. xxiii, p. 74-91, el t. xxv, p. t8i). 285. — * Histoire d'Jnglcterre , drpuls Jules-Cesar jusqu'en 1760, par OZfV/cr Goldsmith ; conlinuee jusqu'a nos jours, par Ch. Coote ; traduite de I'Anglais par madanie Alexandrine Aragon; avec une Notice surla-vie eclcs oiwrages de Goldsmith, -parTSl. Albert Montemont. T. Ill, Paris, 1825 ; Peytieux. (V. Rev. Enc, t. xxvil, p. 5l2.) Prix des 6 volumes in-8° , papier satine , 3G fr. En annoncant les deux premiers volumes decelte traduction , nous n'avons eu que des eloges a donner au traducteur, ainsi qu'au bio- eraphe. Lc troisieme volume ne fait pas moins d'honneur au talent de madame Aragon , qui continue a reproduire avec jieaucoup d'ele- gance le texle anglais. Ce volume renferme une periode de deux cents ans, depuis le regne d'Elisabelh jusqu'a la fin de celui de la reine Anne. L'historien a trace a grands traits les evenemens de cette pe- riode memorable oil parurent tour a tour sur la scene politique, I'audacieuse et lifere Elisabelb , le despote Jacques I"", le nialheureux Charles I"^"", le sombre et tyrannique Cromwel , I'absolu et vindicatif Charles II, I'imprudent Jacques II , le ruse Guillaume III,et la reine Anne, sous le gouvernement delaquelle cersonne ne peril pour cause de trahison; derniere branche de cette famille des Stuarts « dont les malheurs et rincondulle sonl peut-etre sans exemple dansl'histoire. » 286. — * Histoire deSardai^ne, ou la Sardaigne ancienne et mocfeme, considereedans ses lois,sa topographic , ses productions elses moeurs (aveo cartes et figures) , par M. Mimatjt , ancien consul dc France en Sardaigne. — Paris, iSaS; Blaise et Pelicier. agros volumes in-8°; pri: 16 fr. On nese plaindraplus de n'avoir que des notions tres-incompletcs sur celte grande lie , qui semble ^tre placee dans la Mediterranee conime un interm^diaire naturel entre les possessions francaises et SCIENCES MORALES. 547 le continent <\e I'Afrique. Trois auteurs a la fois ntfus en donnent riiistoire et !a description la plus detaillee. L'un d'eux, D. Giuseppe Manno , secretaire particiilier de S. M. le roi de Sardaigne , pnblie, en italien, dans la capitale dii Piemont, ia Storia di Sartlegna , dont nous avons le premier volume sous les yeux. L'ouvrage est ecrit avec niethode et avec soin , et, hien que I'auleurvive au milieu d'une cour , avec impartialite, il faudra voir pourtant s'il conserve cette independance de caractere dans les vo- lumes qui suivront, lorsqu'il faudra retracer des faits recens et I'etat actuel du pays. Uu autre auteur , M. le chevalier ^^/iert rocliaia , cliez Delaforest , libraire, rue des FiHes-Soiut-Tliomas, u" 7. 543 LIVRES rRAWr.AlS. lectciirs de I'iniportaiite pruductioii clout nous nDuoiU'uiisaujourd'iiui la troisi^me livraisou. Tous ceux qui s'occupent d'etudes historiques ainieront a lire et a eludier le beau travail de M. de Sismondi, qui donne enfin une histoire de la nation francaise,et non pas seuleinent una histoire des rois et des grands du royaume. Un de nos coUabo- rateurs s'est charge de reprendre I'examen de cette grande composi- tion, et d'en examiner I'ensenible et les details dans une suite d'ar- ticles , dont le premier fera partie de notre cahier du niois prochain. Car , a noire grand regret , I'esiimable et savant academicien qui avail commence a rendre compte des premiers volumes de I'Histoire des Francais , u'a pu coutinuer a s'acquitter de celle tAche. ( Voy. Rei'. Enc. , t. xil, p. 84, et t. xix, p. 586.) — M. de Sismondi , qui a deia embrassc , dans les six premiers volumes, huit siecles de notre histoire , en offre , dans ces Irois nouveaux , la qualrieme parlie, de- puls I'uvenement de Saint-Louis jusqu'a celui de Philippe de Valois , X226-1328, composee de vingt-six chapitres qu'il u'a point classes, d'apres la division ordinaire, par dynaslie, et par regne, raais d'apr^s lesepoques les plus remarquables de I'existence morale et civile de la nation. M. A. J. 288_ * Resume de I' histoire du duche de NormanJie (Seine-lnfi- rieure Eure , Calvados et Manche) ; par Leon Tuiesse. Paris , 1823; Lecointe et Durey. i vol. in- 18 , de xxiv et 349 pages ; prix 2 fr. 5o c. L'auteur n'a voulu faire, coinrae I'annonce le litre de cet ouvrage, aue riiistoire de la Normandie sous les dues normand«s. Tout ce qui est ant^rieur a la conquele de Eollon est considere dans son livre comme un accessoire de peu d'importance. Un chapitre preliminaire lui suflit pour esquisser a grands traits le tableau de cette province sous les Remains et les Francs, et pour decrire rapidement les fre- quentes incursions des Normands en France. La premiere partie, et c'est celle qui est le mieux traitee , com- mence a Tan 912 , epoque oil la Normandie devint un etat indepen- y dant. EUesetermine al'an 1204, c'est-a-dire,au terns ou Philippe- I Auouste la reconquit sur Jean-sans-Terre. — La seconde partie , qui , pour n'etre que le complement de la premiere , est peut-etre un peu trop lonaue , coraprend les principaux evenemens dont la Norman- die a ete le theatre , depuis sa reunion a la France. Elle est suivie d'un apercu trts-bien fait de I'etat des sciences , des arts et de la liiterature dans cette provuice. Tel est le plan de ce Resume , dans lequel M. L^on Thiesse a fait SCIENCES MORALES. S/.g preuve d'un talent remarquable. Je iie sais , cependant, puisque ritnpartialite doit (5tre la premiere loi de I'historien , s'il a pu tou- jours satisfaire a ce devoir. Comiiie il le confesse lui-mdme il a traite son sujet ayec amour ; car il s'est fait de la Normandie une patrie particuliere an milieu de la patrie commune. II promet, il est vrai , d'.iccorder les devoirs de riiistorien avec Tamour diisol natal. Mais, lorsque, dans son introduction , on a vu de quel entliousiasme il est anime pour son pays , quelle admiration il professe pour les dues normands , on craint , non sans quelque apparence de raison , qu'il ne se laisse egarer malgr6 lui , et que sa plume ne soit plutot I'inter- pr^te de ses sentimens que de la verite. Avouons , cependant, que M. Leon Thiesse a rempli sa tache avec succes. Les reflexions critiques que j'ai hasardees disparaissent bientot devant I'intc^r^t puissant repandu dans I'ouvrage. Malgre le spectacle des guerres perpetuelles qui nous affligent , nous prenons plaisir a etre temoin de la lutte inegale des rois de France et des dues normands, lutte oil I'incapacite des premiers est rendue si sensible par la valeur et par la prudence des derniers. Ce contraste , fourni par le sujet meme, est peint avec verite, et I'adresse avec la- quelle I'auteur I'a fait ressortir donne de la vie et du mouvement a son livre. Le Resume de Thistoire de Normandie est , selon nous, iin des meilleurs ouvrages qui aient paru dans ce genre. Le style en est pur, clair , elegant. La narration vive et rapide est semee de quelques pen?ees fortes, de reflexions qui prouvent que M. Thiesse a creuse son sujet , et I'envisage en veritable historien , Lien different de ces compilateurs , pour qui I'histoire n'est que le r^cit des evenemens. Nous ne pouvons que I'encourager a parcourir une carriere ou son genre de talent semble I'appeler , et a realiser son projet de livrer au public un ouvrage plus etendue sur la Normandie. H. L. aSy. — * Tableau des revolutions de la France , depuis la conquele des Francs jusqii'a I'etabUssement de la Charte ; par le baron De Beau- jouB. Paris; Antlielme Boucher, i vol. de i6o pages ; prix 3 fr. Get ouvrage est d'un liomme eclaire , qui s'est habitue d considerer de haul les evenemens, a generaliser les idees que fait naitre,dans tout esprit sage et impartial , le spectacle si varie des faifs historiques; Dans un style rapide et sententieux (a la mani^re de Montesquieu dans ses Considerations sur les Romains) , I'auteur fait passer sous nos yeux le tableau de tous les changemens qu'a subis notre gouverne- ment, depuis renvahissement des Gaules par les Francs jusqu'a nos 55o tlVRES FRA]NT.AIS. jours. Sous les premiers rois , c'etail uiie nionarchie pure , tempered seulement par des administrations municipal's, telics que les Roniains en avaient etabll dans les communes de leur empire. Sous la secondt: dynaStie, vers la flu, I'oligarchie feodale remplaca la nionarchie. Le capitulaire de Chailes-le-Chanve, qui date de Syy , cons.\cr:i ceclian- geraent, en rendant hereditaires tous les beiu'ficcs de la couronne, et meme les coniles et les duthes dans I'arrondissement desquels ces benefices etaient situes. Le gouvernement feodal fut (leu a peu delruit sous la troisienie dynaslie. Les communes ohtinrcnt leuraf* franchissement par diverses causes indiquees dans I'ouvrage. Sous Philippe-!e-Bel , elles jouirent du droit d'envoyer des deputes aux Etats - generaux. Les rois abuserent bientdt de la force que leur avail rendue le nouveau systeme de gouvernement. lis enleverent successlveraent aux seigneurs et au Tiers-Ktat toute participation dans la legis'ation et les affaires publiques. Louis XIV etait un veri- table despote ; il devait en resulter une autre revolution : elle eclata en 1789. L'auteur suit cette derniere revolution dans toutes ses pha- ses, et indique fort bien pourquAi aucun des gouvernemens qu'on a essaye d'etablir n'a pu avoir qu'une tres - courte duree. Celui que nous devons a la Charte donnee par Louis XVllI lui parait convenir tres-bien a la France; niais il trouve qUelques omissions dans cetle charte, et deplore les alteintes que Ton y a deja portees. On lira avec inter^t cette partie dc son ouvrage. Nous ne partageons pas , sans res- triction , toutes les opinions de l'auteur; mais nous nous plaisons a rendre hommage a son palriotisme etasa moderation. Cen'est point la roeuvre d'un homme de parti. A. D. 200. — * Congres cle Chatillon. Extrait d'un Essai historique sur le regne de t'Einpereiir Napoleon par Pons, de I'Heranh; avec cette epi- graphe : Tout pour le peuple Jrancais. Paris, 1825 ; Baudouin freres. In-S" ; prix a fr. II n'existe, a aucune periode, une histoire plus feconde en ins- truction, que I'histoire de France au xixe siecle. A mesure que la ve- rite se renand sur les evcnemens dont nous avons ete temolns, il n'est pas un homme pensant qui n'en voie jaillir de grandes lecons , et pour les rois et les gouvernans, et pour les peuples, qui, admis enfin a influer en quelque chose sur leurs propres destinees, doivent aussi se creerune experience. Reportons^nous a la fin de i8i3 et au com- mencement de 1814 : De toutes parts , on repetait , en France , qu'a la seule opini^trete de Napoleon tenail la continuation de la guerie ; si quelques hommes csaient elever des doutes, leurs voix isolees se SCIENCES MORALES. 55 1 perdaieiit au milieu de la clameur generale. Les annees se sont ecou- lees ; leur laps a refroidi les passions et change les intercuts. Diverses publications ont jete du jour iur cette epoque memorable ; mnis ces lavons epars ne I'eclairaient encore que partiellement et lentement. Napoleon etait descendu dans la tombe, lalssant au souvenir nn as- semblage de merveilles et de fautes qu'il n'est au pouvoir de ses amis, ni de ses ennemis , d'alterer enbien ni en mal ; et quatreans aprfes sa mort, on repetait encore, onimprimuitqu'aucomble memedesrevers , Napoleon n'avait pas voulu serieusement la paix, et qu'a lui seul ont du ^tre imputeesriuefficacite etla rupture du congres deCbalillon. — Appele a discuter cette question , dans un Essai hisco/iqne siir le regne de r Empereiir IS^apoleon , M. Pons ( de I'Hcrault ) public aujourd'hui un fragment de son ouvrage qui doit servir a la resoudre. Appuye de faits et de pieces dont on contesterait difficilement I'exactitude , il etablit que les ennemis de la France n'avaient point I'intention de faire la paix, que Napoleon la desirait , qu'il la voulait obtenir a tout prix, et ne refusait pour cela aucun sacrifice; que le pienipo- tentiaire francais, au congres de Chatillon, aoraitpu, en suivant ses instructions et en usant de ses pouvoirs , enlever la paix par un consentement soudain et absoiu aux demandes de nos ennemis , ou du moins , en les reduisant a refuser la paix au moment oil Ion ac- cedait, sans restriction, a leurs pretentions les plus etendues, faire tomber aux yeux de I'Europe et surtout aux yeux de la France ; le masque d'humanite dont se couvrait leur insidieuse diplomatic. De ces trois assertions, la premiere est depuis long-tems une verite pour tons les esprits justes ; les etrangcrs meme ne la dementent que fai- blement , depuis que le succes a couronne leur politique. On doit sus- pendre son adhesion a la troisifeme, jusqu'a ce que leplenipotentiaire francais I'ait detruite par une refutation sans repliqne , ou conlirme par son silence. La seconde est prouvee jusqu'a I'evidence, et c'est apres dix ans, qu'elle force la France a rougir d'une illusion univer- selle, d'uii abandon entier aux suggestions detrangers avides de ses depouilles , avides de son abaissement ! Quelle lecon pour les peu- ples... et pour les gouvernans ! D'oii etait nee , chez les Francais, une si etrange facilite a se laisser grossierement decevoir ? De la compression exercee sur les esprits pendant deux lustres. Le chef qui ne permet pas qu'on discute meme le bien , doit s'atteudrea voir un jour !e nial accueilli avec une credulite aveugle. En fixant ce point de notrehistoire, I'auteur du Congres de Cha- tillon a merite la reconnaissance du public , et comme narrateur et 552 LIVRES TRANCAIS. coinme ecrivain ; mais il a , en m^nie terns, contracte une grande dette. On attend, avec une juste impatience, I'ouvrage dont nous n'avons encore qu'un fragment , et Tou voudra retrouver partout el les sentimens et le talent qui designent dej;i M. Pons a I'honorablc fouction d'klsiorien national. On voudra que partout, conime dans le Congres ■ (meme volume, p. I r8) , en donne ainsi la descrij)tion : <• Ce monument n'est point du terns de ce roi. Detruit par les Normands, il fut retabli au treizieme siecle , par ordre de Louis IX. II presente un sepulcre sur- nionte de plusieurs scenes en relief, qui attestent lastupidite de nos aieux. L'ame de ce roi Dagobert, charge de ciinies enormes, est representee sur une nacelle conduite par des diables , qui la diri- gent vers le manoir de Vulcain, in indcania loca, c'est-a-dire en enfer , et le maltraitent pendant la tra versee. Mais S. Denis , S. Mar- tin et S. 3Iaurice viennent promptenient au secours de cette ame malheureuse , mettent les diables en fuite, et la livrent aux mains de deux anges,qui doivent la transporter dans le sein d'Abrabara.» Comment pardonneraient-ils surtout les reflexions que suggere a I'auteur cette composition, ou Ton trouve une alliance si bizarre des objets du culte catholique avec ceux du culte paien? » Voici, dit M. Dulaure, le sens de cette fable : de quelques crimes quevoussoyez SCIENCES MORALES. 555 coupables , si vous fondez des monasteres .i Thonneur des saints , si vous eiiricliissez les nioines , vous ^tes sir d'etre sauve par eux. Voila lesideesiminorales querepandaient les luoines de cette ejioque sur la justice divine I» II n'y a pas assez de foudrts pour iin ecrivaiu philosoplie qui attaque tant de clioses repulees saciees jusqu'ici, at qui levele tant de scandales, pour lesquels on croyait avoir acquis le droit de prescription et d'inipunilc. E. H. 2g3. — *NouveUes lettres Provinciates, ouLettres ecriles par L>;n pro- vincial a un de ses amis ( ou plutot par un Parisien a un de ses amis habitant la jirovince) , sur les affaires dutems, par I'auteur de la Revue iwlitiqiie de i'Eiirope en iSaS. — Paris , novembre 1826 ; Bossange frires et les marcliands de nouveautes. In-S" de 2i5 pag. ; imprimerie de la Clievardieie £\\&\ prix 4 fi'. Le litre seul de cet ecrit annonce , do ia part de I'auteur, uue noble confiance dans la double puissance de son talent et de la cause qu'il vcut defeiidre ; t\.\es Nouvelles lettres /^roi'/'«c/fl/«jusliliciit cette confiance. Elles rappellent et doivent egaler rhonorable succes qu'a obtenu recemment la Revue politique de I' Europe. (V. Revue Eric. , t. XXV, p. 792, et t. xxvii, p. 521). — Sans etablir ici un rapprochement qui pourrait manquer de jiistesse et de verite entre notre immortel Pascal ( a qui Charles X vient de faire clever une statue dans sa viUe nalale), et I'ecrivain distingue dont nous annoncons I'ouvrage, il nous sufflt d'assurer qu'il a traced'une maniere piquanteet animee un tableau, pour ainsi dire, dramatique de notre situation morale et sociale. II ecrit de Paris a I'un de ses amis qui habite la province , et il met tour a tour en scene deux personnages , Tun royalisie exalte, I'autre liberal, dont chacun a le secret de sa secte, et qui, dans les conversations confidenlielles qu'iis ont avec lui, exposent avec franchise les pretentions, les esperances, les projets, les opi- nions, les doctrines des deux partis opposes. Le cadre est heureux,et il est parfaitement rempli. Des apercus neufs et .'icuvent profonds, des aveux naifs , des anecdotes piquantes , des mots heureux , des lecons puisees dans notre histoire uationale , des verites fortes, des vues politiques d'une haute portee se font remnrquer dans cbacune de ces lettres. Mais on doit leur reprocber une dale un peu ancienne, et une publication trop tardive. Elles commencent au mois de Janvier 1824, et s'arretent au mois d'octobre suivant; et depuis, combien de traits caracteristiques nouveaux dans les progres et dans les actes du parti qui domine et qui se plaint de n'avoir encore qu'une por- tion de I'autorite! Ces lettres auraient du etre publiees a la fin de 5SG LIVRE.S FRANCAIS. I'aim^e derniere. EUes foul dcsirer viveinent que la continuation , qui ,si noussoinmes bieii informes, est tri^s-avancee , ne se fasse pas long-terns atfendre. Nous peiisons que des amis eclair6s et severes anraient jui couseiller A Tauteur de mettre uu pen plus de reesure dans deux ou trois passages qui blesseront peut-etre des esprits om- brageux et susceptibles. Comnie il le dit lui-m(-ine (p. 211), « la vertu ainere et sauvage ni'est toujours suspecte , ou plutot , ce n est qu un nom qui orne une passion ; car la vraie vertu est mo- deste, liumaine et bienveiliante. » En regrettant de ne ponvoir multiplier des citations qui seraient toutes d'un grand interet , nnais qui ne dispenseraient jamais dc lire I'ouvrage enlier, nous nous bornerons a quelques pensees de- tacbees qui feront connaitre dans quel esprit il est compose. » Ou il n'y a que de la finesse, il ne peut y avoir de grandeur d'ame ; et c'est j)ourtant cette grandeur d'ame qui jette de I'eclat sur les peuplesetsur les rois.Sans elle, les peuples ne sont que des masses , ct les rois ne sont que des chefs (p. 19). » — "La classeservi/ese com- jiose de tous ceux qui n'ont pas honte de preferer la protection des liommes a la protection des lois; la classe libre se compose de ceux qui sont humilies de s'abaisser devant des honimes, et qui ne veulent flechir le genou que devant la justice et les lois.... L'esprit de servitude ne se trouve que dans la moindre partie de la nation ; l'es- prit de liberte est repandu dans les masses "(p. 44-45). — "Dans cette longue liste des rois qui ont regne sur le peuple francais , sur ce peuple toujours pr^t a s'elancer vers les grandes cboses , et tonjours comprinie dans son elan, combien en trouvez-vous qui se soient propose la divine ambition de le rendre beureux?" (p. 100.) — « La tendance necessaire de I'aristocratie est de subjuguer tout en- semble les rois et les peuples, que la menace d'un mdme danger devrait rendre inseparables, et dont I'union est commandee par la n^cessite d'uiie egale et m^me resistance. » (P. iifi). L'auteur fait connaitre I'organisation mysterieuse et occulte de la France, qui ecbappe aux yeux vulgaires , qui ne voient que son or- ganisation appareiile et inaterielle; il passe tour a tour en revue la conrct le irinistere, I'aristocratie et la haute noblesse , le clerge, les jesuites, qui ferment un corps distinct, I'universite, I'adminis- tration publique , la magistrature , Tarmt'e , le.s peuples qui nous environnent; et sur tous ces sujcts iraportans , ses reflexions judi- cieuses ct profondes excitent le lecteur a penser. Voici la distinction qu'il etablit entre[^es deux partis politiques qui se partagent , en SCIENCES MORALES. ^37 France, le domaine de I'opiDioij , et donl I'un tient aujourd'hui les renes de I'Etat : « Je crois avoir decouvert que I'orgneil domine dans les sentimens des liberaux et des roj-alistes ; mais il n'est pas de m(5me nature. Le royaliste a I'orgueil qui offense et qui Ijumilje- le liberal a I'orgueil qui ne veut etreni offense, ni humilie : leur na- ture est done bien difftrenfe... L'un plaide la cause de quelques fa- milies, I'autre defend celle de la sociele. EnCn , Tamour du royaliste pour les rois me parait si personnel et si interesse,que ie ne le crois pas aussi pur que I'amour du liberal, qui n'exprime aucun interet personnel , et se confond senlement dans I'inter^t general." (P. 20 r- 202.) — Toutes les considerations developpees par notre auteur anonyme viennent aboutir a cette verite, devenue triviale, mais sur laquelle on ne saurait trop insister : que les plus solides bases d'une belle et noble monarchie sent dans les coeurs des citoj'ens et qu'un gouvernenient juste et bienfaisant est toujours affermi , parce qu'il obtient I'amour des peuples. M. A. J. 294. — * lettre poUliqiie, morale et religieiise, adressee a M. Beli,\rt par M. Cauchois-Lemaire. Paris, iSaS ; chez les marcliands de nouveautes. Brochure ds 5 feuilles in-S" ; prix a fr. 295. — Leltre it unje suite de Rome, a M. Bellart , conselller d'e- tat et procureur general de la Cour royale de Paris, a I'occasion de son requisitoire centre le Constitittionnel et le Coiirrier francais , pu- bliee par M.-A.-S. Paris, 1825 ; cbez les marcliands de nouveautes. I feuille in 8° ; prix yS c. Une logique forte et qui entraiae la conviction ; une instruclion profonde et variee, qui se presente sous des formes tour a tour se- rieuses et piquantes ; un esprit briliant de verve, nourri d'une saine philosophic, et proclaroant avcc energie des verites salutaires pour les gouvernemens ccmme pour les peuples; voila ce que des lectenrs sages , amis de la liberie, de la justice et de la vraie religion, re- marqueront avec interet dans la Lettre deM. Cauchois-Lemaire. Tons connaissecft le sujet de cette epitre; je me borne a leur offrir , sans commentaire , quelques extraits , qui sufCront pour jnstifier I'opi- nion favorable que je viens d'exprimer. — L'auteur rappelle d'abord a M. Bellart la premiere lettre qu'il lui adressa , il y a trois ans, a I'occasion d'un requisitoire politique. « Vous enveloppiez alors , dit- il, dans une vaste et commune accusation , la France, I'Europe, le si^cle et ces prevenus de la Rochelle, donl quatre des plus jeunes ont marque de leurs noms cette page de notre histoire et de la vcitre. •< Je vous ai quitte, Monsieur ,1a veille de cette victoireremportee 558 LIVRES >RA.NCA1S. pour le clogn»e inonarcliique , qui s'est raffenni par des triomphes plus doux , et je vous retrouve donnnnt le signal dn nouveaux cora- J)als juridiques , sous les drapeaux de, la prerogative sacprdotaie. Cetle fois , elle nc sollicite , par votrc organe, que le silence de ses adversnires et des peioes de police. Cct avanlage ol)ienu , croyez- vous qu'elle s'en tienne la ? Croyez-vor.s n'avoir jamais a demander, on son noni, des peines plus graves?... Le bras seculier qui se met au service de la puissance spirituelle lie se repose pas quand il vent. Puisse la loi du sacrilege, puisse la religion de I'Etat ne pas jus- lifier mes craintcs par votre exemple , et ne pas exiger des preuves trop nonibreuses d'un zele qu'ont du fatlguer , depuis dix annees , taut de lois d'exceplion , fanl de crimes de circonslances ! ... » Lors- que Tous jetez les yeux sur la carriere que vous avez parcourue de- puis i8i5 ; lorsque vous evoquez au tribunal de votre raison et de votre conscience cette longue sc^rie de mesures rigoureuses , recla- mees ou surveillecs par vous, ne vous arrive-t-il pas d'etre frappc de la difference que le terns, ['opinion , la legislation elle - meme , apportent entre des acles pour lesquels il y a eu communaute de chatiment? Un jour vient oil ces actes sont separes par unegrande ligne de demarcation ; les uns restent criminels , ceux-la le sont par- tout et a toiites les epoques ; les autres , au contrnire , semblent chan- ger de natiue , et sont considercs comme des erreurs dignes d'excuse , et quelquefois comme des traits dignes d'eloges. Ce phenomene a lieu, lorsque les passions politiqucs s'appaisent, lorsque ies prin- cipes ctern,els reprennent I'empire qu'avaient usurpe des doctrines passagferes. II a lieu , non-seulenient pour la jiosteritc, raais souvent pour les contemporains ; non-seulement pour les autres, mais auss.i pour soi-radme ; et il est tel juge qui , au fond de son coeur , a cass^e la sentence qu'il avail portee , et qui s'honorerait d'etre Tami de celui qu'il a cond.imne. ... J'ose vous inviier a placer I'avenir entre voas et la cause presente , a voir d'avance votre poursuite actuelle des m^mes yeux dont vous voyez peut-elre quelques-uncs de vos poursuites passees, et a vous dire a vou-s-mdme : ■< Quel est I'objet de mon requisitoire , indcpendanimcnl des circonstances et desperson- nes qui dominent ? Eiait-ce un delit , il y a quelque tenis? Dans quelque terns sera-ce un delit ? Un ])eu plus tot, un peu plus tard , me porterai-je accusateur? ... « Deja un veteran du sacerdoce (i) a (i) Letlre a 717. Bellait sur son requisitoire du 3o juillet, par M. T... Cliez Fortic, rue de Selue, n" 21. SCIENCES MORALES. SSg relevd qnelques-unes de vos assertions ; il vous a fait voir que tous ^tiez mal infornie touchant la situation de I'eglise gallicane , qui est fort perilleuse, selon lui , qui est hors de toute atteinte, selon vous! Lequel croire ? ... Lorsque yous afCrmez , celui-ci prouve ; il vous montre cet ultramontanismc que vous n'aperceviez pas , nous cnvironnant de toutes parts ; consacre par une liulle recente, respi- rant dans tous les actes de rantorile ecclesiasiique, comjitant pres- que autant de soUlats que de membres du clergc , s'insinuant par les livres d'education, dans I'esprit de la jeunesse , envahissant lachaire et le confessionnal. Et vous n'en savez rien ! et vous lancezdcs re- quisltoires religieux ! Mais si, conime il y a toute apparence , le pretre a raison, le procureur du roi a doublement tort : il a tort , commechretien peueclairequi semcle d'instruireles aplres; il a tort, comme niagistrat , qui avant de jeter le cri d'alarn>e , doit micux voir oil est le danger. C'etait le cas de vous raj)peler les instruc- tions de d'Aguesseau. Au nombre des etudes nccessairesaux fonctions que vous remplissez , il place, d'une inaniere speciale, I'etude des libertes de Teglise gallicane. Je ne pretends certespasque vousde-' viez vous arrachera vos occupations civiles pour vous livrer au droit canon; et pliit h Dieu que ce droit ne iii ])his partie de nos codes! Mais , puisque nous avons une loi penala en faveuc de la religion de I'Etat, corume catte religion est assnrement la religion gallicane, encore etait - il convenable de s'en former une idee juste avant de, saisir las tribunaux de cette question delicate... Etrange snectacle ! Celui qui lance la foudre religieuse ne connait pas bien la religion ! L'avocat du rui ^ sous la sauve - garde duquel sont placees par d'A- guesseau , par les maximes et les usages du parlement, parses de- voirs enCn , les libe.'^tes de I'Eglise gallicane, deserle leur defense , et vient prefer main-forte aux zelateurs de pratiques superstilieuses !» Lesoi-disant Jesuit ede Rome accuse egalement le procureur general d'ignorance,ou du moins de liedeuretde niauvaise volonte. Ils'etonne, il se plaint , il s'indigne de voir que , dans la longue enumeration de griefs que M. Bellart reprocbe au Conslinitlonncl et au Counter frnn- cats, il ait passe sous silence les ii^dccenles attaquesde ces journaux contra la sainte conipagnie. « Auriez-vous craint, lui demande-til , d'un ton vehement, de trop fronder I'opinion de quelques individus, qui osent encore se dechainer contre nous ? S'il en etait ainsi , outre que vos craintes seraient cliimeriques, elles seraient encore bien cri- minelles. Sacliez que notre pouvoir est assez fort pour n'avoir rien a redouter de nos envieux : exister et avoir de Tautorite est pour fiGo LIVRES FRAWCAIS. nous line seulc cl m(?ine chose.- — II suppose ensuife que le magistrat oininerament rcligieux a pu peclier en si grave occurrence, parcc qn'il ne croit pas A la r/'surrection des bons p^res , etil se liftte de lui j)rouvcr cette nouvelle et glorieuse existence, en lui faisant un d6- nombrenicnt sommaire des etablissemens que Ylnstituc possede , non- seulement dans la province, mais dans le sein de Paris ni^rae.«Vous me demanderez peni-etre , dil-il , si TUniversite de France nous a autorises pour reuseignemcnt des humanitcs. Mais cette question faite a un jcsuite le fait sourire de pitJe; et M. le graud-maitre lui- m^me, si on la lui adressait , serait force de hausser les epaiiles et de nous venger de cette Impertinence. Se vunterait-il d'avoir un jour le cliapeau de cardinal, s'il ne s'etait rcconcilie avec nous, s'il ne preparait pas les ressorts de sa politique dans les nnages de notre nuissance?" — II ajoute a cette premiere [ireuve le tableau de la situa- tion florissante dc ses compagnons dans diverses autres contrees de I'Europe, et surtout dans I'Espagne, pays favorise du ciel, oii le timon des affaires publiques nous est sagemcnt conlie , et oii le peuple, a qui nous accordons du pain , sans nous inquieter de sa regeneration intcUectuelle, voudrait nous elever des autels. » — J'engage nos lec- teurs a parcourir celte brochure , qui n'est que de seize pages, et qui renferme, commc on pent le voir, des revelations assez impor- tantes. E. Litterature. 206. — Jie/.crCoire de tons les mots poetiques de la langiie latine , ou Nouvelle classification du Gradtis ad Parnassrim; par J.-J. Michex. , professeur au college de Bordeaux; Paris, iSaS; Bredif, boulevard des Italiens, n" i(). In-8° de x et i4o pages; pri'x 3 fr. Get ouvrage s-c divise en quatre parties : dans la premiere , sont les noins ; dans la scconde , les epitketes ; dans la troisieme , les verbes ; dans la quatrieme , les indeclinables. Chacune de ces parties se subdi- vise en sept autres , selon le nombre de syllabes de cbacun des mots qu'on examine. Dans chacune de ces divisions secondaires , les roots sont encore partages selon les combinaisons de longues et de breves; apres quoi , il n'y a plus pour les classer que I'ordre alphabetique. I.e but evident et avoue de r'aufeur a etc de faciliter aux cieves la composition mecanique du vers. Si, par exemple, il leur manque quatre ou cinq syllabes pour completer la mesure exig«ie, ils cher- cheront dans leur Repertoire un mot qui les contienne, et qui, de plus, alt la quantile necessaire. Rieu de plus facile, sans doute; mais, a c6t6 de I'avantage manifeste du nouveau dictionnaire, se LITTER A.TURE. 5fii trouve un defaut non moins Evident; c'est que Ton habitue ninsi les eleves a ne chercher les mots que pour les mots eux-m^mes , et non pour la pensee. Puisque Ton fait faire dans nos ecoles tant de vers latins, il vaudrnit peut-etre mieux meltre entre les roalns des eleves un simple dictionnaire de synonymes , snns epithetes, sans periphrases : on laisserait alors a leur imagination le soin de Irouyer tout ce qui doit faire image, et la synonymic dont je parle seralt plus que suf- fisante pour soulager leur niemoire. B. J. 397. — * Lycee ou Cotirs de fiicerature ancienne et moderne ; par La Habpe , complete et conduit jusqu'a nos jours par un choix des meilleurs morceaux de critique de Clienier , Dussault , Fontanes, Gin- gtiene , GeoffroY ; ^VS\.Feletz, Hoffmann , Villemain, Auger, etc., etc., precede de la yie de La Uarpe , par M. Auger , de V Academic f ran - caise. 1 vol. in-8°, sur deux colonnes , en I'ingt • cinq livraisons. i" livraison. Paris, i8a5 ; I'Editeiir, rue du Dragon , n" 29; Delau- uay, libraire, au Palais-Royal. In-8° de 4 feuilles; prix 2 fr. et 2 fr. 5o c. pour les departemens. 298. — * Collection des auteiirs latins, avec la traduction francaise en regard; publiee par une societe de professeurs , et dirigee par M. DuRAND, inspecteur de I'Universite de I'Academie d' Amiens, et et par M. Amedee Pommieh. Edition in-l2 , ornee des portraits des auteurs, graves d'apres les monuniens et medailles antiques. — La collection se composera des auteurs suivans : — Poetes : CakaWe, Tibulle, Properce et Gallus , Claudien, Horace, Juvenal et Perse, Lucain , LuCrece, Martial , Ovide, Phedre, Plaute, Seneque, Silius Italicus , Stace , Terence , Valerius Flaccus , Virgile. — Prosateurs : Cesar, Ciceron, Cornelius Nepos , Florus , Justin, Pline I'aucien , Piine le jeune, Quinte-Cutce , Quintilien , Salluste , Suetone, Tacite, Tite-Lire, Valere-Maxime, Velleins Paterculus. — Le volume in-12. papier satine, sera du prix de 3 fr. Cbaque ouvrage pourra ^tre ac- quis separement au prix de 3 fr. 5o c. le volume. — La i"^ livraison, composee des t. I" et II de Virgile , a para. Paris , i825; Verdifere. 2 vol. in-i J ; prix pour les souscripteurs a la collection , 6 fr. ; et, pris separement, 7 fr. " 299. — Pline le jetine , Esquisse litteraire du siecle de Trajan ; tra- dnit du hollAndais par M. Wai-lez, ancien bibliothecaire de Gand. Paris , i8a5; Renouard. Iu-8° de 180 pages; prix 4 fr- L'auteurde cet ouvrage est M. Van Hai.l, sur la vie duquel la pre- face du traducteur contient quelques details fort honorables , et qu'il T. XXVIII. — Novembre iSaS. 36 56a LIVRES mANCAIS. auiait ele bonde nommer egalementsurle titre. M. Van Hall , ne en 17(18, exerce avrc beaucoup de distinction la profession d'avocat ii Amsteidani; il cultive avec succ^s la jjoZ-sie hollandaise, et se inontre , dans son ouvrage sur Pline le jeune, tjes-vers6 dans la connaissunce de la littcrature ancienne. II serait assez diill- cile de dire a quel genre cet ouvrage apparlient. C'est une sorie d'oraison funfebre en dialogue, nielee de beaucoup de traductions de I'ecrivain dout ce livre contienl I'eloge. La scene se passe chez Pline le jeiuie , quelques jours apr^s sa mort; et sa vie est racontee par Quiniilicn , Tacite, Romanus et Euphrate. J'avoue que, pour nion comptc, Je fais assez peu de cas de la peine que Ton se donne pour appliquer des formes a deml draraatiques a une dissertation litt6- raire ; quel que soil I'art de I'auteur, on se prdte difficilenient, selon n»oi,acroire que Ton enteudconverserQuintilien, et que Ton recueille les paroles de Tacite. Mais , si Ton admet ce genre de fiction, on lira avec beaucoup d'interet I'eloge de Pline le jeune. Tout y porte le cacbet de la lilterature antique. Les principales cii Constances de la vie de Pline, ses vertus privees , son amour pour les lettres et pour le travail, son dcsinteressemeut, sa libeialite envers ses amis, son bumanlte envers ses esclaves, sont babilement retraces ; ses ouvrages sont analyses avec goiit. — M, Wallez, en faisant connaitre cet ou- vrage, a rendu service aux amis des lettres et a I'auteur hollan- dais , dont le nom merite d'dtre connu en France. Le style de la traduction est elegant et facile. C. Pt. 3oo. — * Eludes sur Virgile , compari avtc tons les poetes epiques et dramatiques des anciens et des modernes ; par P.-F. Tissot , ancien professeur de poesie latine, et successeur de Delille an College de France; precedees de Considerations pretiminaires destinees a scrvir din- troduction. T. I et II. — L'ouvrage formera4 vol. in-8°. Le 3« volume est sous presse pour paraitre incessamment, et le 4" immediatement apres. P«aris, i8a5; Mequignon-Marvis. a vol. in 8°; prix 18 fr., et par la poste 22 fr. Sous le litre modesle d^ Etudes sur Firgile , M. Tissot, qui s't'tait montre le digne successeur de Delille an College de France, publie un ouvrage d'une haute importance litteraire. On a souvent com- nienle le chantre d'Eiiee ; et, presque tonjours, une admiration ex- clusive n'a produit qu'un exanien imparfait des beautes et des defauts dace grand jiocte. La Ilarpe lui-m<5me I'a juge superficiellement ; son examen ne semble fond6 que sur I'opiniou scolastique , aveugle- ment adoptee par tradition. Ge critique , en geperal , s'egare dans «es opmions .<,ui' les anciens; tout porte a croire qu'il n'en avail fait LITTERATURE. 563 qu'une etude peu approfondie. Son heureux rival, au contraire, est, pour ainsi dire, naturalise sur la terre classique ; M. Tissot , u'ailleurs , est doue d'line imagination ardente qui s'el6ve a la hau- teur des vastes conceptions antiques , et d'un gout pur et delicat qui en saisit toutes les nuances ; il s'en empare en maitre, souleve a nos yeux le ■voile qui en defendait I'etude , et d'une main savante et hardie, il nous decouvre les ressorts des prodiges de I'art. II remonte a la source de toutes les beautes poetiques , et suit avec adresse le cours de leurs differens efl'ets, c'est-a-dire des resultats de I'influence du genie sur le genie. Ainsi , le cel^bre professeur met Virgiie en presence d'Hom^re et de tous les poetes epiques et dra- matiques, anciens et modernes; c'est devant eux qu'il interrce la nature et le coeur de I'liomme, et fait assister le lecteur aux deliberations du genie. Tous les apercus de M. Tissot sont aussi neufs qu'ingenieux et il prouve, qu'en jugeant les grands ecrivains, il sait parler leur langage. L'originalite et la finesse de ses reflexions, le charme de ses rapprochemens , ne laissent jamais refroidir I'intcr^t, et le style anime du professeur donne la vie a ses lecons. Jamais les maitres de I'antiquite n'ont trouve un plus digne interprete : aussi notre Delille avait-il apprecie M. Tissot. En le choisissant pour son suc- cesseur , ce grand poiite fit a la jeunesse studieuse le present le plus utile. Maintenant, les Etudes sur Virgiie deviennent, non-seulement indispensables a quiconque entre dans la carriere litteraire, mais peuvent servir de guide a ceux-m^mes qui depuis long-tems se sont voues au culte des Muses. de Pojvgerville. 3oi. — * Fables inedites des XH^, XUI^ et XlV slides et fables de La Fontaine , rapprochees de celles de tons les auteurs qui avaient avant luitraite les meines sujets ; precedees d'une iVof/ce j«r les fabulistes ; par A.-C. M. Robert, conservaleur de la Bibliotheque de Sainte-Gene- vifeve , ornees d'un portrait de La Fontaine , de 90 gravures en taille douce et de 4 fac simile. Paris , i8»5 ; E. Cabin , rue de la Harpe, n° 5o bis. 2 forts vol. in-8*; prix 25 fr. La Fontaine, que Ton s'est plu long-tems a nous representer comme un aimable paresseux , que, selon I'expression originale de readame La Sabliere, il fallait secouer pour avoir des fables, comme on secoue un poirier pour avoir ses fruits. La Fontaine, ainsi que I'a demontre de nos jours M. Walckeuaer (i) , avail autant d'erudi- (i) Histoire de la vie et Jes ouvrages Je La Funtaiue. ( Voy. flee. Enc. t. IX, p. 5t3.) 564 LIVRES FRANCAIS. tion que tie grAces dans I'esprit. Exploitant dans la lilt^rature un champ beaucoup plus vaste et plus difficile que quelques homnie.i legers ne pnraissent disposes a le croire , il a garde pour lui les Opines et a cueilii les plus belles fleurs pour ses contemporains. Ces fleurs, dont ils n'ont pas su apprecier assez toute la grdce et toute la frai- cheur, loin de se faner, ii'ont fait que s'eicbellir en passant a la pos- tcrite; elles sont devenues immortelles , ainsi que le nom de celui a qui nous les devons. Tons les ages de la vie, toutes les conditions de la societe out puise, tour a tour, dans les fables de La Fontaine, des sujets d'inslruction et de plaisir. Mais, apres avoir bien joui, on veut quelquefois analyser ses jouissances; les commentateurs sent venus, qui ontpense a rechercher les sources ou La Fontaine avail puise de si bonnes lecons pour les grands et pour les petits.Le poete, d'ailleurs , ne s'etait pas donne pour I'inventeur des fables qui por- tent son nom; il les avait intltulees : Fables choisies , mises en -vers, et lui-meme, dans plusieurs endroitsde son livre,cite Esope et Lockman comme des fabulistes auxquels il a emprunte beaucoup de ses sujets. M. Robert , dans son Essai surles auteurs dont les fables ont precede celles de La Fontaine , ( p. xiij a cci-x ), parle de quatre ecrivains qui avaient deja public des recherches analogues a celles dont il nous offre aujourd'hui le resultat ; ce sont M. Gaulier, qui a donne, en 1731, un petit ouvrage a I'usage des colleges, intitule : Recueit des fables d' Esope, de Phedre et de La Fontaine qui ont rapport les nnet aux autres; Yabbe GuiLLoir, qui a public, en i8o3, un ouvrage con- siderable qui a pour titre : La Fontaine et tons les fabulistes, ou La Fontaine compari avec ses mndeles et ses imitateurs ; M. Solvet, qui a fait paraitre , en 1812, sous le titre d!Miiides srir La Fontaine , le Com- mentaire de Champort sur les fables ; enfin , M. Guillaume, a qui Ton doit des Recherches sur les auteurs dans lesqiiels La Fontaine a pu trouver les sujets de ses fables , recherches publiees en 1822. — Quant au travail bien plus complet et bien plus satisfaisant que nous devons a M. Robert lui-mdme, I'origine en remonle assez haut. Ce n'ctait d'abord qu'une simple note de qnelques fables anterieiires a celles de La Fontaine, que M. de Foncemagiie , inembre de I'Academie des- inscriptions et belles-lettres , raort en 1779, tenait de madanie Pons de Saint-Maurice, et qu'il laissa au savant Grosley, de Troyes. Ac- crue par ses soins et par ceux de son ami M. Adry, et plus tard par le z6le el les luniieres du pere de M. Robert , qui fut employe pendant vingt-cinq ans a la Bibliolheque du roi , cette note etait deja de- venue , en 1795 , une espece de collection assez considerable , que HTl'ERATLiRE. 965 M. Selis fit connaitrc dans ses leconsau College deFrahce. — C'est ce travail, considey'ablement augmenle partrente ans de travaux, atrie- liore et mis en ordre , que M. Robert fils, coiiservateur de la Riblio- theque de Sainte-Genevieve , vient de publier. II renferme, 1° dans le Discours preliminaire, ou Essai siir Its jabuUstes, etc. , mentionne plus haul , I'expositiou des circonstances qui ont donne naissance aux uombreuses recherclies dont ces deux volumes offrent le re- sultat; quelques idees nouvelles sur le genre de I'Apologue ; des notices sur les fabulistes anciens et des details iuteressans sur plu- sieurs manuscrits presqu'entierement ignores; 2" des conjectures raisonnees sur les sources ou La Fontaine a pu puiser les sujets de ses fables; 3° a la suite de chaque fable de La Fontaine, une indica- tion des auteurs anciens et modernes , francais et etrangers qui avaient traite le mcme siijet avant lui ( ces indications excedent 3,000); 4° I3 liste des abreviations employees etdes editions conisul- tees, pour les auteurs cites, au nombie de plus de 3oo; 5° cent quatre-vingt - cinq fables iiiedites : le plus grand nombre d'entre elles sont imprimees a la suite des fables de La Fontaine, dont le sujet est le meme; les autres sont reunies a la fin du t. 11, sous le titre d'Appendice; 6° une Notice bibliographiqiie des principales editions des fables et des ceuvres de La Fontaine , remarquables par leur rarete , le travail des editeurs ou le luxe typographique , redigee par M. Barbier, ancien bibliothecaire ; 7° enfin, quatre-vingt-cinq su- jets de fables , caiques avec une parfaite execution et graves pai; un habile artiste sur les dessins d'un manuscrit du xiv<^ siecle , un; beau portrait de La Fontaine et quatre/at simile de son ecrilure et de celle du due deBourgogne. Nous avons examine d'un bout a I'autre , avec la plus scrupnleuse attention , ce travail de M. Bobert, qui vient de s'acqnerir des droits a I'estime de tous les savans , et parlout nous y avons reconnu I'ein- preinte du talent et de la conscience litteraire. Nous devons nean- moms avouer que, plus d'une fois, uous avons ete arretes dans notre lecture parce luxe de rechercbes et d'erudition dont pen de bibliophiles sans doute seront tentes de se plaindre, mais sous lequel nous sem- blaient etouffes le genie et les graces de I'inimitable fabuliste. Quant au rcsuliat de ce travail, il prouve Tincontestable superiorite de La Fontaine sur tous ses devanciers. II n'y a presque de commun efltre eux et lui que les sujets de ses fables qu'il leur a empruntes, en se les appropriant par I'art merveilleux avec lequel il les a traites et 566 LIVRES FRANCAIS. les couleurs brillantes et naturelles en ni^ine tenis dont il les a re- vetus. Nous retrouvons cependant, k la difference du style pr6s, dans Ysopet II ( t. 1'", J). 44 ) , tous les details de narration que La Fon- taine a employes dans oa fable de I'lJirondelle ecles petiis Oiseatix. Une autre fable du m^me recueil ( t. ii, p. 45 ) ayant pour litre; YEsprevier et le Coition nous offre mcme ce vers , Miex Taut ticn que ii tu I'aras, transporte par La Fontaine dans sa fable 3' du liv. v, \e petit Pols- son et U Pecheur. XJi tiens f aut , ce dit-ou, raieux que deux tu I'auras. Enfin , il nous a semble que la iin de celle que La Fontaine a iii- tilulce: Le Lion etVAne chassant, ctait moins satisfaisante que I'ori- ginal oil il a puise (t. i*', p. i58 ) et qui appartient encore au re- cueil d'YsOpet II (l). E. HEREA.U. 3oa. * OEitvres completes de La Fontaine , en un volume m-i" y orned'un portrait et de 3o a 5o -vignettes dessin^es par Deveria , et gravees par Thomson et John Martin. Paris, iSaS; Urbain Canel , rue Saint-Germain des Pres , n° g , et Baudouin freres. i"' , 2«, 3' et 4" livraisons. Prix de chaque livraison, a fr. Nos leeteurs verront sans doute , avec plaisir, aprts Tarticle que nous venons de consacrer au savant ouvrage de M. Robert, I'an- nonce d'une nouvelle edition des OEuvres completes de Tinimitable La Fontaine, dont la typographic ne saurait assez reproduire les fictions ingenieuses. Cette edition est dans le genre de celles que la mode semble avoir adoptees depuis quelque terns, raais qu'il ne faudrait peut-^tre pas trop multiplier, comme on le fait, sans distinction d'ou- vrages ni d'auteurs. Quanta I'aimable fabuliste,on concoit qu'on puisse rassembler ses oeuvres en un volume; elles tiennent moins de place dans la bibliotheque que dans la memoire des gens de goiil. Ses fables, dars I'edition que nous annon^ons, occupent les deux premieres livraisons et une partie de le 3e ; a la page 107 commen- cent les contes , et la 4^ livraison nous conduit jusqu'au sixi^me du (i) Recueil de Fables inedites , en vers francais, composces au xit« siede, et auquel M. Robert a couierve le uom que Ton donuait dans ccs aiicicus terns a toutes les collecUons de fables traduites en fraucais, et doat ou rc- ^rdait les sujets comrae fournis par Ksope. LITTERATURE. $67 livre III, la Courtisane amoureusc, qu'un auteiir moderne n'a pascraint d'arranger pour la sc6iie, ou elle doit bienlot paraitre. Oii voit que le volume n'aura pas des dimensions trop fortes, grace a la disposi- tion typographique qu'a su lui donner M. Rignoux , dont les carac- tferes, fondus expres, sont de la plus grande nettele et ne fatiguent nullement I'oeil. — Les vignettes de M. Deveria .ijoHtent un nouveau prix aux OEuvres completes de La Fontaine , que I'ou pent regarder commeune ediiioii de luxe, en mdme terns qu'elle presente les avan- tag«s d'un livre fait pour etre consulte souvent. E. H. 3o3. — * CEiivres completes de M. J. Chejviek, revues, corrigees et augmentees; precedees d'uue Notice sur Chenier,T^s,T M. Arnault, et d'une autre par M. Daunou , etc. 6= livraison, composee du t. IV' des OEuvres publiees du vivant dc Tiiuteur. Paiis, i8j5 ; Guillaume. I vol. in-S"; prix 7 fr. 5o c. Apres avoir analyse avec soin , dans notre dernier caliier ( voy. ci-dessus p. 246 — 25o ) , la S*-" livraison de cette belle edition des ceuvres de Chenier, composee du t. II'' de ses OEuvres poschumes, nous aliens passer rapidement en revue la fie livraison , dont nous n'avons pu joindre le compte rendu avec celui de la precedeute. No»s ne pttrlerons que des morceaux les plus saillans compris dans ce vo- lume; et d'abord, nous signalerons le Discours sur les progris des con- naissances et de Venseignemcnt en Europe (p. 3 a 4o), ou Clienier a peint a grands traits le lableau de I'esprit humain dans les xvi*^, xvii" et xviii° stecles. — Nous arrpterons ensuite I'attention de nos lecteurs sur un discours prononce par I'auteur a I'Athenee de Paris (p. 45 a 87), discours qui, avec ses Lecons sur les ancicns fabliaux /rancais (p. 88 a 127) et sur les romans (p. Ia8 a 170), forme la premifere partie d'un Tableau historique de la lilterature francaise, oil Chenier trace I'histoire de la langue et des divers genres de poesie et de prose depuis le xi« siecle jusqu'a I'avenementde Fran- cois I""; le XVI'', le xvii« et le xviii"= siecle devraient fournir k- matierede troisauires parties, dont les principaux traits se retrouvent dans le discours que nous avons cite d'abord. L'estimable i^diteur, des ceuvres de Chenier dit , dans une de ses notes (p. 88 ) , que cet ecrivain celebre , ravi trop tot a la gloire des lettres , n'ayant pu achever son ouvrage , remonter aux sources de notre histoire lilte-; raire , ni approfondir la matiere qn'il traitait, il a cru necessaire d'y relever quelques inexactitudes , alin de rendre ce travail moins im- parfait. En efiet , aide d'uu homme fort instruit et verse particuHe- renient dans la iitterature du moycn 2ge, de M. Louis Dubois, il 568 LIVRES FRANCAIS. a enrichi de notes precieuses les deux lecons que Ton doit a Ch6iiicr sur les fabliaux et sur les remans frnncais. On regrelte que le savant iravail de 31. Robert sur les fables de La Fontaine, comparees avec celles des xli'= , xiiie et xive siccles ( voy. ci-dessus p. 5fi3 ) u'ait pas ete connti plus l6l ; I'editeur d<; Clienier aurait pu y puiser des ren- seignemens utiles et curieux sur les fabliaux en particulier. — Dans un Rapport siir le grnnd prix (decennal) de litterature, rapport adoptc sans aucun changement par la Classc de litterature, et oil I'auteur dit, que Ton n'a pas vu sans surprise d^signe conime digne de ce prix VExainen critique des historiens d'.lic.randre, par M. de Sainte-Croix , ouvrage purenient historique , Cbenier s'etonne avec raison de I'ou- bli oil le jury a laisse le Lycee de La Harpe, et il en prend occasion de faire de cet ouvrage une analyse, oil Ton trouve la plus juste ap- preciation du livre de ce critique celebre , dont Cbenier a eu quel- quefois a conibattre ailleurs la partialite, et envers lequel lui-meme ne s'est peut-etre pas toujours montre egalement juste. II conclut , au nom de la Classe de litterature , a ce que le Ljcce soil juge digne du prix. — Plus loin, Cbenier nous donne (p. aoy a 217) ses Re- flexions sur sa propre tragcdie de Fenelon ; (p. 218 a a36) une Analpe tiks-h\en faitede I'OEdipe a Colonne, de Ducis (p. 287 a 244) des Fragmens sur les unites de Jour ee de lieu dans les poUmes diama- tiques, (p. 245 a 249) des reflexions sur la -vraisembfance theutrale , (p. 25o a 257) des Observalioni sur le projet d'un nouveau dictionnaire de la langue francaise, et sur le Dictionnaire de I'Academie. Ces divers niorceaux, ainsi que Texamen d'une Edition des onuvres completes de Boileau, publiees par M. Daunou (p. 268 a 27(1), d'une edition des ceuvres de Rousseau, publiie par Bozerian, en jSoi (p. 2773281), et dequelques autres ourrages, entre autres d'une Notice sur la puissance temporelle des papes (p. 282 a 334 )> prouvent que Cbenier etait aussi bon critique, aussi bon juge en litlerature, que poete et litterateur, qualites qui sont rarement reunies , quoiqu'elles semblent deriver de la meme source. — Sous le double titre de Melanges et de Pole- mique , lesediteursde Cbenier ont rassemble, a la fin du volume que nous annoucons , plusieurs morteaux curieux, parmi lesquels nous avons surtout remarque la Denonciation des inquisiteurs de la pensee. Cette pifece est empreinte au plus bautdegre de cette independence de caractfere, de celte francbise et de cette energie que possedait I'auteur de Tibire , et qu'il n'a leguees qu'a bien peu de ses succes- seurs. Je ne parlerai pas des deux raorceaux sur \ecitoj-en Panchouclse , ^diteur de V Encyclopedie meihodique, qui terminent ce volume : ils LllTERATURE. 569 ne condennent que des personnalites; ct , si tons ecrits sont justi- ciables de la critique, jamais elle ne devrait traduire a son tribunal la persoane mcme des auteurs , qui sont places , comma tous les citoyens, sous la garantie des lois qui regissent la societe. E. HEREAn. 3o4. — * OEuvres completes de M. DE Segur , de I'Academie fran- ^aise. 9" livraison ( t. IX-^ et t. XIII' ) , contenant le t. I"^ de I'Histoire roinaine et le t. Ill de la Politique. Paris i8a5; Eymeiy. 2 vol. in-S"; prix 14 fi'. et i5 fr. 5o. c. (Voy. ci-dessus p. aSo. ) Au lieu de repioduire ici des elogcs toujours merites , mais qui n'apprendraient rien a nos lecteurs , nous prelerons placer sous leurs yeu.x la Conclusion nouvelle par laquelle M. de Segur termine , dans ct'tte qiiatiieme edition , le t. iii de sa Politique des cabinets de t Europe. Nous allons done laisser parler cet eerivain distingue, qu'une longue habitude des courset de la plupart des cabinets de I'Europe a rendu familier avec tous leurs ressorts, et qui pouvait , mieux que per- sonne, nous initier a leurs secrets et bien faire apprecier la situation actuelle du nionde civilise. « Depuis que j'ai public ces observations relatives au syst^me federatif de la France, vingt-cinq ans se sont ecoules. La face du monde a change : des lepubliques ont ete detruites , des royaumes ontete crees ; la France a conquis I'Europe; I'Europe s'est soulevee coutre la France; cette belle France a ete deux fois envahie; un grand empire s'est ecroule. — La rcdoutable coalition de trois mo- narchies absolues, la Russie, I'Autriche et la Prusse, domine en Ger- manic, comprime I'ltalie , intimide la plupart des puissances conti- nentales, et , constamment armee, combat ou menace toutes les doctrines constitutionnellcs et liberales, qu'elle regarde coiTime re volu- tionnaires. — Des qu'un peuple veut reclamer quelques droits centre I'abus du pouvoir arbitraire , sans egards pour I'iudependance des nations, elle y cnvoie ses troupes , sous pretexte d'y retablir la paix. Elle ne desarmerait le million de soldats qu'elle soudoie , que si elle obtenait partcut I'abolitioii de la liberie de la presse et de celle des debats publics a la tribune. Cette puissance triumvirale et militaire est soutenue , dans quelques pays , par una autre puissance ocrulte , celle des congregations. « Mais, d'un autre cote, cedant aux necessites du siecle, la Saxe, la Bavi^re, le Wurtemberg , la Sufede , le royaume des Pays-Bas, la France eclairee par ses longs malheurs , sont regis par des consti- tuiioiis libres. La Suisse conserve ses franchises; la Grece he- 570 LIVRES FRANCAIS. ro'ique brise ses chahies , et livre un combat a mort au colosse Ottoman. « Eu Italic, le canon autrichien a renverse les tribunes; niais il n'a pu tuer les opinions. L'Espagne, en proie aux fureurs oppos^es du fanatisme et de la licence , sera tot ou tard contiaintc pour sou salut de revenir aux sages maxiines que I'heritier du Irone de France avait voulu lui faire adopter. » L'esprit de conqu^te et d'agrandissement s'eteint chez les peuples eclaires, ou s'arrtUe forcement chez ceux qui ne le sont pas. L'esprit de liberte, d'association et d'induslrie s'etend. I.i foiide le credit, qui devient la plus forte des puissances , et , quoiqne cet esprit d'indus- lrie et de commerce semble a present reveiller la rivalite des na- tions , il sera, par sa nature, un jour, le plus solide de leurs liens. « Par dela I'ocean , un hemisphere tout entier a secoue le joug du pouToir arbitraire , et proclame sa liberte. Charles X vient de donner un grand exemple au monde, en declarant I'independance de la republique d'Haiti. EnCn, I'Anglelerre elle-meme, instruite par les perils auxqueh son ancien systt^me de domination et d'exclusion I'avait nnguere exposee, ouvre les ports de ses colonies aiix vais- seaux de toutes les nations, favorise raffranchissement de la Grece, protege les liberies de I'hemispliere americaiu , se separe de la sainte Alliance , et indique assez clairement la part qu'elle doit prendre a la lutfe inevitable qui se prepare entre I'ancien et le nouvel ordre social, entre le pouvoir absolu et la liberte. » Dans de si graves circonstances, apres tant de bouleversemens, quel devrait ^tre le systeme federatif de la France? La reponse a cette grande question deraanderait de longs developpemens ; roais, ne pretendant point faire un ouvrai;e nouveau sur ime si nouvelle position , je dirai seulement, en terminant ce!ui-ci , que ces circons- tances m^me prouvent I'avantage de l.i politique morale fondee sur la justice, sur I'inter^t general , et demontrent les inconveniens de la politique d'ambition , de cette politique de routine que pr<5- chailFavier, et qui veut etablir la fixite dans la mati^re la plus mobile. ■> Qu'est devenu depuis long-fems, et que devient encore aujour- d'hui ce systeme d'alliance fixe , et , si j'ose le dire , i' Amide geogra- pluque ? N'en doulons point, si Favier et lecomte de Broglie, I'un des plus habiles homnies d'etat de son terns vivaient , ils donneraient au g9Uvernenienl de bien differens conseils, et , consultant plus leur LITT^RATURE. 671 raison que d'antiques souvenirs , ils ne verraient qu'un avis sage a lui presenter , celui de former des alliances analogues aux principes de nos institutions , aux besoins et aux voeux des peuples. Ainsi , en voyant lies entre eux , comme ils doivent I'elre , les plus puissans souvcrains qui veulent niaintenir et propager les maximes de I'ancien ordre social et du gouvernement absolu , ils conseilleraient au gou- vernement francais, pour contre-balancer ieur poids, de foimerune ligue prevoyante et solide avec les nionarques et les republiques , qui, desirant donner a Ieur pouvoir et aubonlieur des peuples une base durable, veuleut maintenir par de sages institutions I'indepen- dance des nations, les libertes publiques, la securite de I'agriculture, I'affranchissement de I'industrie , et cette felicite generale qui ne s'accroit que la ou les hommes , les proprietes et les opinions sont libres. « De quelque esprit de parti qu'on soit anime et sous quelque enseigne que Ton se range , on doit egalenient reconnaltrerevidence de cette conclusion. Tout voile , tout masque devient inutile. Le monde entier est aujourd'bui partage entre deux systimes poliliques opposes , le systeme des gouvernemens constitutionnels et celui des gouvernemens absolus. La nature de leurs institutions et la difference de Ieur but doivent regler necessaireraent Ieur concert , Ieur opposi- tion , Ieur conduite et leurs alliances. « Tout gouvernement qui ne reconnaitrait pas cette necessite , et qui formerait des liens contraires a I'intcret de ses institutions , se placerait dans la plus fausse position , et s'exposerait au peril cer- tain de se voir abandonne par ses paitisans naturels el domine par des rivaux qui, bientot , ne lui laisseraient ni indcpendance ni dignite.» J. 3o5. — * La Gaule poeti.par!ageait nialheureusement I'incrrdulile qui do- minait alors (a la lin du xviii" sl^cle) ; il croyait I'homme capable de perfection, et il sacrifiait souvent a cette chiraere, les nieilleurs sentimens de rhumanlte. >• Quoique excellent mari, bon maitre, pfere sage et tendre, il a fait le nialheur de sa fainille ; car , apres avoir neglige de prcniunir ses enfans centre les dangers des passions , en ieur apnrenant a cherciier un appui dans la religion , il s'armecontre leurs fautes d'une inflexible scveiite. Ses deux dies se livrent a un amour coupable , que le mariage ne sanctionne pas encore ; sans egard pour Ieur triste situatioft, sans indulgence pour Ieur faiblesse, il Ieur donne sa malediction. La premii-re, il est vrai , obtient son pardon , et trouve encore le bonheur dans les bras d'un epoux : mais la douce confiauce qui doit rapprocher nn pere de son enfant estbannie pour toujours de ses relations avec M. Levasseur. Q6ant a la seconde, elle ne pent survivre ii ce coup terrible, et c'est lejour m^me de ses funcrailles que M. Gralian Arrive dans la maison de ses parens et apprend tous les det.iils de cette bistoire. On voil que I'auteur s'est propose dans ce conle un but moral : mallieureusement , le caractere descn prelendu philosophe neparait pas fort bien trace. — Ses lilies, nialgre lour incrcdulite, sont representees avec les qualites LITTER ATURE. 58 1 les plus seduisantes et ni^nie les plus solides : si elles devieiinent cou- pables, rieii neprouve que cesoitune consequence de leurspriiicipes. D'.iilleurs, il y a peu d'inter^t dans les eveneraens, etlerecit est cm- barrasse par un trop grand nombre de reflexions oii Ton clierclie a expliquer au lecteurceque les faits devraient lui appeiidie. U Exile t un proscrit, rcl'ugie parmi les campngii.irds qu'il avail combles de bienfaits au tenis de sa prosperite : il n'appa- rait au voyageur qu'euveloppe d'un profond niystere , d'abord dans une aubeige isolee au milieu des bois et des deserts ; puis , dans le petit bourg de La Teste , nu moment oil il va monter sur le na- vire qui doit le porter loin de sa patrie. Ses manieres nobles et distinguees , la dignite avec laquelle il supporte I'infortune, et sur- tout la sincere affection qu'il a iuspiree a tons les habitans de ce pays isole, le reudent pour M. Grattan un objet de vifintei(?t et meme de respect. Cependant , il ignore son nom , il ignore menie quel motif le force a quitter la France. Lorsque , plusieurs annees apres , il apprend enCn ce fatal secret , lorsqu'il sail que son iii- connu s'est rendu coupable d'un vote funeste , dans une terrible circonstance ou I'Europe armee se precipitait sur la France, tous ses beaux sentimens s'evanouissent , et, bien loin d'accorder la moindre indulgence a I'arai qui a deja tant souffert , et qui avail acquis des droits a sa veneration , il cprouve « un etonneirlcnt mele de stupeur , une douleur amere , une profonde horreur, » qui le forcenta fuir les lieuxoii il pourrait le rencontrer. — C'est au pied des Pyrenees que M. Grattan a trouve , dit - il , le manuscritde son troisieme conte , la Naissance de Henri W. Le recit de I'aventure qui I'aniisentre ses mains tientaulaut de place quele manuscrit lui- meme. Ce n'e.st, du resle, qu'un tableau de Tallegresse que Crent eclaler les Bearnais , u la naissance de ce piince, dans lequel un vigneron, porteur d'une bouteille de Jurancon et d'une gousse d'ail , occupe le premier plan. — La Tilaine tele est une episode des guerres de la Vendee. Une jeune fiUe , dont la laideur lui a valu ce surnom , mais douee d'ailleurs des qualites les plus propres a la faire aimer, habite un village ecarte , oil les deux armees ennemies se renccntrent dans le cours de cette gueiTe terrible. Elle donne asile dans sa chaii- miere a un jeune soldat repubiicain,qui , par ses soins bienfaisans,, echappe a la mort donl le menacail !a vengeance des Vendeens. — Separes bientol , pendant une bataille sanglante que se livreut les deux partis , ils se retrouvent quelque tems apres a Nantes ; etla, 582 LIVRES FRANCA IS. le jeune soldat , que Jeantiette , sa bienfaitrice , avait cru mort , ar- rive fort a propos pour la soustraire au supplice. Tel est , en peu de mots, le sujet de ce quatri^me conte, qui nous a paru ie meilleur et le phis interessant des quatre. Nous avons regrette cependant de ne pas y trouver une peinture plus detaillee du lieu de la scene , d'autant plus que I'autenr a reussi parfaitemeut , dans ses autres contes, a retracer I'aspect de plusieurs de nos provinces. Aussi nous aimons a louer son ouvrage, comme voyage descriptif, tout en regrettant de ne pouvoir le louer sans restriction, comme roman. Par un travers peu ordinaire cliez un etranger, querien nesemble devoir interesseraux querelles interieures de la nation qui lui accoi de I'hospitalite, M. Grattan s'occupe beaueoupdes affaires politiques de la France. Comme on a pu le voir, il n'est aucun de ses contes , la naissance de Henri IV exceptee , oij il ne soit question de notre revo- lution, et oil I'auteur n'affiche une opinion, qui, ne pouvant etre celle de tons ses lecteurs , nuira peut-^tre au succ^s de son livre. Quant a la traduction , le nom de M'^' Belloc en garanlit I'exac- titude et I'elegance. Cette dame est deja trop conuue, soit par des travaux du meme genre , soit par des ouvrages qui lui appar- tiennent tout enfiers , pour que notre suffrage lui soit necessaire. Nous exprimerons cependant le voeu qu'elle s'occupe d^sormais , de preference, a composer elle-m6me, sous I'inspiration d'une anie toujours noble autant que pure et d'un esprit clev^ , plutot que d'entreprendre la tiche souvent penible de traduire et de publier les pens^es des autres. A ***e. 3ao. — Manage ; par Tauteur de V Heritage; roman traduit de I'an- glais par M"'eBi-ANCHE]VAY-VEitRES. Paris, iSaS; Lecointe et Durey ; 4 vol. in- 12 ; prix lo fr. T/auleur de ce roman, connu deja par un charmant ouvrage, s'est fait une juste idee des exigeances de notre si^cle pour un genre de litterature qui a pris naguere, sous la plume d'un ecrivain de sa nation , le caractfere qui lui convient aujourd'hui. Des details vrais et avoues par le bon gout , de grandes lecons sur I'^ducaticn des femmes , donnees sans pretention et puisees dans I'experience , des ridicules saisis avec finesse, presentes sous le jour le plus comique, roais que I'auteur a le talent , bien rare, de faire pjeferer a des vices plus generalement tolercs ; tels sout les titres qui assurent, chez nous , a cet ouvrage, le succes qu'il a obteuu chez nos voisins. Re- mercions Mn»e Blanchenay-Vernes de nous I'avoir fait connaitre ; LITTfiRATURE. 583 elle ne pouvait nous offrir son protege , qui sera bientiit celui de tout le monde, sous de meilleurs auspices que ceux de son amie M™"^ de Montolieu, dont le noni s'associe si naturellement a tout ce qui porte le cachet du gout at du talent. H — d. 321. — fca/Z/ie. Paris, 1824 ; Ladvocat. ivol.in-8°; prix 3fr. 5o c. ^n-i. Edouard. Paris, iSaS; le meme. i vol. in-8°. Se vend au profit d'uii etablis^ement de charite. En mettant ces deux roraans en presence, nous ne songeons pas le moins du monde a leyrs auteurs ; ce serait opposer lanonyme legerement voile a I'inconnu absolu. Tout a ete dit a la juste louange de I'anonyme; et tout ce qu'on pretend savoir de rinconnu , c'est qu'il apparticnt aussi a un sexe bieii superieur au notre en sensibilile et en delicatesse. Probnblement , M. Barbier n'en pourra pas dire da- vantage, dans son dictioniiaire , sur cet auteur mysterieux ; on ajoute seulement que c'est une jeune personne de dix-huit ans, et nous sommes encore plus portes a le croire , apres la lecture de la nou- velle production de ranonyme. En effet , ce dernier ouvrage, oil se revMeut une connaissance si approfondie , une experience si con- sommee du cceur Iiumain , nous fait mieux apercevoir qu'il y a , dans I'autre, une candeur toute viiginale, et quelque chose de ce regard serein qu'on jette sur la vie, lorsqu'elle est plus dans I'avenir que dans le passe. C'est la conformite du sujet des deux romans qui motive le rap- prochement que nous en faisons. Dans Edouard, comme dans Eve- line, il V a une passion niallieureuse par I'inegalite des rangs, une incompatibilite de couveniion uuie a une forte sympathie de senti- mens; niais on reniarqne bientot, aprcs la ressemblance du sujet, la dilference daus la maniere de le traiter. Edouard est une analyse minutieuse et complete de cette situation qui nait d'un amour en opposition avec le pr^juge. Eveline n est qu'une nouvelle rapide, ou rien d'important n'est omis , mais oil rien n'est suffisamment carac- terise ; chaque chose y est a sa place; I'inter^t y est habilenient me- nage, la curiosite excitee, la composition entendue. Edouard est un tableau plus grand ; mais les details y nuisent a I'ensemble. Eveline est une esquisse dunt on saisit sur-le-champ la pensee , et dont la couleur est harmonieuse; mais ou y desirerait quelques uns de c€s accessoires qui ajoutent a I'illusion , et qui donnent de la vie et du mouvenient aux figures. II est vrai que c'est vouloir dans une esquisse ce qui ne pent se trouver que dans un tableau. Tous ceux des lecteurs /^miVe^fV^ de I'auteur A' Edouard, qui 584 LIVRES FRANCAIS. seraient eux-mdmes partisans du privilege, ont senti combien est embarrasspe et nieme un pen honteuse la position de ce nouveau heros. On dirait que cedant, sans y songer, a son parti prts de nous montrer successivement toutes les impossibilites derant lesquelles vient echouer I'amour, I'auteur a anticipe sur un des sujets qu'il s'est depuis long-tems propose de traiter. L'auteur A'' Eveline avail fait preuve de tact et d'adresse,en 6car- tant le personnage de I'amant plebeien et en ne I'amenant qu'a la fin, apres I'avoir habilement tenu dans I'ombre. C'etaitle moyen d'eviter de le placer dans cette attitude equivoque ovl la delicatesse et la timidite sont toujours un peu volsines de riiumiliation et de la niai- serie. Ici, peut-dtre, on recherchera s'ilyavait difference d'intention et de but moral chez les deux auteurs ; pour nous , nous avons cru reconnaitre que I'un a trouT^ ficheux , k la verite, mais tout-a-fait deplace, qu'une grande dame aime un roturier et en soil aimee; tandis que I'autre a touIu montrer que cet amour entre personnes de rang inegal n'a de tristes consequences que par la faufe de nos prejuges et de nos habitudes sociales. S'il s'agissait de nous pronon- cer seulement sur la difference de I'esprit dans lequel sont ecrils les deux ouTrages , on pense bien que nous eprouverions peu d'embarras. Nous pourrions enlreprendre de poursuivre ce parallele sur la marche de chacun des deux romans , et nous trouverions peut-eire de communes rencontres dans quelques details ; mais la , et surtout dans la peinture de la societe , nous reconnaitrions la superiorite que I'experience a donn^e a M'^'^ de D. Le premier aveu qui vient de la personne meme dont le sexe est accoutume a se laisser pre- venir , a paru dans ce cas une idee neuve et heureuse, elle se trouve dans Eveline, et c'est un des traits de sensibilite exquise qui donnent tant de charme a la lecture de cette petite elegie en prose ; mais nous laissons a ceux qui se la rappellent encore le plaisir de faire d'autres rapprochemens entre elle et I'ouvrage de M™» de D. Nous nousabstenons done tout-a-fait de conclure et de prononcer un jugement. Nous nous bornerons k dire que I'un de ces deux ouvrages est plein d'apercus' delies et remarquable par une heu- reuse negligence d'expression; tandis que i'autre attache, attendrit, fait verser des larmes. L. C. de K. Beaux- Arts. SaS, — * Descriptionde I'EgypCe. — Deuxienie edition, dediee au Roi . BEAUX-ARTS. 585 Livraisons i54* a i59«;Paris, iSaS ; Panckoucke,^cliteur. Prix lo fr. chaque livraison etiquetee composee de cinq planches , format grand atlas , papier fin saline. ( Voy. t. xxv, p. 533.) Notre cahier Ae Janvier prochain contiendra une no\x\ eWe Analpo de cet important travail , du aux soins infatigables et eclaires des membres de la commission scientifique, nommee pour accompagner I'une des plus fameuses expeditions commandoes par Bonaparte. Les sciences du moins auront retire un grand avantage d'une entreprise dont nos armes n'ont pas eu trop a se feliciter. 324. — * OEuvre de Cunova ; recueil de gravures au trait, d'apr^s ses statues et ses bas-reliefs, executees par M. Reveii. ; accompagnee d'un Texte explicalif Ae chacune de ses compositions, et diMn Essai sur sa -vie et ses ouvrages ; par M. //. Delatouche. Paris , i8'24 et iSaS ; Audot editeur. Prix ; 80 fr. Cetouvrage est maintenant termine ; les i8<-, ige et aoe livraisons, qui en ferment le complement, ont paru. Lorsque j'ai rendu conipte de cette collection (Voy. Rev. Enc. t. xxiv , p. 216 , et t. xxvi , p. 878 ) , j'ai exprime le desir que M. Delatouche fit connaifre I'epoque a laquelle chaque ouvrage avait ete execute , et le lieu oii il se trou- vait : la table , placee a la suite de la derniere livraison , remplit par- faitement ce desir. Dans sa notice hiographique , cet ecrivaindonne une part a la critique, et il a raison :Canova n'est certainement pas exempt de defauts ; je les ai signales dans mon premier article. En le considerant dans sa vie publi(jue , M. Delatouche lui reproclie la conduite qu'il a teuue, en iSaS, envers la France, qui I'avait si bien et si honorablement accueilli. Ces reproches ne sont que trop fondes; j'ai vu Canova au milieu du Musee, occupe de le depouiller avcc un acharnement sans exemple : c'est ce qu'il a tres-bien expiime lui- meme dans une Icltre qu'il ecrivit,en i8i5 , au comte Cigognara , a Venise, et queM. Delatouche a rapportee. « Si quelque chose est laisse ici , ce ne sera pas ma faute , mais celle de qui in'a envoye sans auctin espoir de reussite, sans un seul document sur ce que je devais reclainer. Du reste , le meilleur est enleve , et le tout par la force des baionnettes prussienneSy aiitrichiennes ct anglaises . Ces trois puissances nous protegent particuliercment , et I'Anglelene paie le port de Paris a Rome. Chose ad- mirable ! » « Chose admirable , en effet , s'ecrie M. Delatouche, que des he- retiques qui brijlent en effigie , chaque annce, I'imagedu pape, et qui excluent de touies les charges de I'etat les catholiques d'Irlande, aient eu assez de haiiie contre une naticn rivale pour sahirier le gou- 586 UVRES FRANCAIS. vernement pontifical , afiii qu'il dopouillat , au plus vite , uii enneini ' que les traites iie garantissaieiit plus.» II aurail pu ajouter que, i peiidantque les Anglais aidaientauous enlever des monumens dont la propriete nous etait acqnise [>ar ties iraites , leiirs coucitoyeiis en le- vaient, sans tiaife, ce que la bai barie des Turcs avail laiss6 en Grcce. On trouve , dans les Notices que M. Delatouchc a jointes a cha- que planche, beaucoup de choses spirituelles , une opinion un pen trop apologetique , ainsi que je I'ai deja fait reniarquer , mais expri- mee avec chaleur et avec grdce ; des rappi ochemens piquans et des epigrarames inoffensives, paice qu'ils ne blesseut personne en paiti- cuiier. C'est ainsi qu'en parlant d'une statue de la Madeleine , exe- cutee pour Eugene Beauhnrnais , il dit: <> Le vice-roi d'ltalie Tavait placee dans I'un de ses palais , a Munich ; mais nous ignorons dans quelles mains I'auront jetee les revolutions ; car les statues ne sont pas tout-a-fait comme les courtisans : on n'est pas sur de les retrou- Yer toujours a la mdme place. » Je terminerai , en disaut que la maniere dont cet ouvrage a ete execute , et la modicite du prix , doivent lui faire trouver place dans toutes les biblioth^ques de ceux qui s'occupeut des arts. P. A. 3a5. — * Sotweriirs du Musee des monumens Jrancais. CnWeclion ae quarante dessins perspectifs, graves au trait representant les princi- paux aspects sous Icsquels on a pu considerer tons les monumens reu- nis dans ce Musee ; dessines par M. J.-E. Bikt , et graves par MM. NoHMAND pere et fils ; avec un texte explicatif , par M. J. -P. Bres. 90 livraison. Paris , r825 ; i'auleur, rue Grange-aux-Belles , n° i3 , et J. Didot aine. i cahier in-fol. contenant 4 pages de texte (33-36) , et 4 planches. (Voy. t. xxv, p. 533). Cette collection , qui doit se composer de 10 livraisons , sera com- pletee incessamment par la publication de la dixieme, et par un cah'er contenant le discours preliminaire et \efiontispice. 3a6. — * Galerie medicale ; Portraits desniedecins les plus celebres de tons les pays etdetous les si^cles , depuis Hippocrate jusqu'a uos jours ; dessines et lithographies d'apres lesoriginaux les plus authen- tiques, par P.-R. Vignekon ; accompagnes de Notices biographiques et litteraires^ redigees par J.-T. Doin ; publiees par Engelmann, impri- meur-litbograpbe. — Cet ouvrage formera aS livraisons coniposees , chacune de 4 portraits et de 8 pages de texte. Prix de chaque livraison, 6 fr. sur papier blanc , et 9 fr. sur papier de Chine. ^M J'ai dqa annonce les deux premieres livraisons de cet ouvrage ^M (Voy. t. xxvii et t. xxvKi, p. 873 et a8o) ; la troisi^me contient les BEAUX-ARTS. —M:^M0IRES ET RAPPORTS. 58? portrails de Dioscoride, Boerhaave, Dellboe , et Bernard-Justin. Ces por- traits sont fori bien executes , et les notices , trfes-bien ecrites, offrent beaucoup d'interdt. Le succes de cet ouvrage, dont les livraisons iie se font pas atlendre, est done maintenant assure. P- A. 327. — Portrait ct fac simile de Vccritiire d'lin j'erine sotird-muet de naissance, qui arecouvre I'ouie et la parole par les soins du docteur Dbleau jeune. Paris, iSaS ; le docteur Deleau , ruedes Francs-Bour- geois-St-Avoie , n° 25; Mel'e Delaunay et Crevot, libraires. Iq-8o. Prix , (Jo 0. au profit des iiicendics de Salens. « J'etais sourd-muet ; j'ai recouvie Touie a I'Age de neuf ans. Je parle maintenaut assez bien pour demander ce dont j'ai besoln. Je lis et j'ecris, afin d'instruire les sourds-muels qui sont avec moi cliez M. Deleau. Je remercie MM. le comte de Chabrol, I'ambassadeur de Russia, Schroder, le baron Cagniarddela Tour et Hulteau d'Ori- gny , qui ont daigne s'interesser a men sort. Paris, le 12 octobre i8a5. Honore Trezei.. » Telle est, mot pour mot, la substance de ce fac simile , tel est I'emploi louable et genereux que fait de ses nouvelles facultes un enfant reconnaissant , qui doit plus que la nature n'avait fait pour lui aux soins et a I'habilete d'un savant medeciu. Puissent ces premiers sentimens s'affermir dansle cceur du jeune Trezei, et y developper d'autres vertus ! Puissent ces accens de la reconnaissance, si doux au cceur du bienfaiteur , exciter encore le zele et les talens du docteur Deleau , et le conduire a faire partager a un plus grand nombre d'infortunes lebienfait que lui doiveut la science et I'liuma- nite ! E. H. Memoires et Rapports des Societes savantes et d'utilite puhlique. 3i8 . — Seances piibliqiies de l' Academic des sciences , belles-lettres et arts de Besaricon. Seance du 24 aout iSaS. Besancon , iSaS; M™" v Daclin. Les academiciens de province se consacrent rarement tout entiers au progr^s des connaissances humaines ; d'autres fonctions ou d'au- tres travaux leur sont imposes , et c'est de leur tems de loisir qu'il font , au profit des sciences ou des lettres, un emploi tout-a-fait de- sintcresse et bien digne d'eloges. II y a done , pour les acade«ies , queJque irregularife dans les productions qu'elles publieut ; quel-» ques annees sont steriles , quelques-unes peuvent dtre surabon- dantes. L'AcademIe de Besancon vieut d'eprouver una disette mo- mentance dont elle ne tarderapas i se dedommager. A I'exceptiou 588 LIVRES FRA.NC/VIS. du discours d'ouverture , dont le sujet etait I'^loge fuu6bie de Louis xvm , le resle de la stance publique de cette journ^e n'offre gu^re que des choses d'un interdt local. {I^oy . , pour I'annonce des prix de cetle Academic , le cahier de Novembrc ci - dessus, p. a3i ). Say. — * Aiinales de la Socieie royalc des sciences , belles-lettres et arts d'Orleans. Orleans, iSaS ; imprinierie de Danicourt-Huet. — Ces Annales paraissent par cahiers de 3 a 4 feuilles d'impression. 6 ca- Iiiers font un volume. On s'aboniie pour deux volumes qui soiit pu- blics ordinairement en deux ans. Pi'ix 10 francs pour Orleans, 12 fr. pour toutes les villas de la France, i5 fr. pour I'clranger. Les 5 premiers cahiers du 7">« volume de cet interessant recueil out deja paru. Nous avons remarque, dans le deinier^ un Me- moire de M. Vergnaud atne stir le marronnier d'lnde (1), oil I'auteur justiGe ce bel arbre des reproches qu'on lul a fails, et indique les moyensd'extraire de son fruit une fecule alimentaire, propre a quel- ques usages particuliers dans les arts. II y a fort long-lems que I'on cberche a tirer parti de ce fruit. M. de Francheville, acadeniicien de Berlin, avait annonce, vers le milieu du siccle precedent, un moyen A'affianchir le maironnier d'lnde, c'est-a-dire, de lui faire produire des fruits mangeables; niais, s'il decouvrit effectivement ce grand secret , il ne le communiqua point. M. de Francheville , qui faisait assez bien des vers didactiques , n'excellait pas dans I'art d'iuterroger la nature. Parmenlier eut moins d'ambition que I'aca- demicieu de Berlin, et ses travaux furent plus utiles. II parvint ii estraire I'amidon que contient le fruit du niarronnier d'lnde, a le de- barrasser de la saveur amere et desngreable du vegetal, avant qu'il ait subi celte decomposition. Le chimiste Baume multiplia les moyens d'obtenir cette fecule; mais ses precedes etaient trop dis- pendieux pour que les arts pussent les employer. — M. Vergnaud a repris avec Constance toutes les experiences faites avant les siennes. Ses observations sur le bois du niarronnier d'lnde laissent eet arbre parmi ceux qui ne sont propres qu'aux emplois les moins importans ; et, comme il ne convier.t pas pour lecbauffage, il serait , sous le rapport de I'utilite , condamne eu dernier ressoit, si I'utilite de son fruit ne faisait pas suspendre le jugement. L'auteur de ce mcmoire, profltant des ecrits de M. de Dombasle, et de la pro- position de M. de Kirchkoff de trailer les aniidons par I'acide sul- (i) Ce Mtinoire 0 i)aru iraprime a l>.iris, clic/. Rortt, libraire, rue Itjutc- ftnillc. Brochure in-S" de 45 pages; prix : fr. 5oc. m£moires et rapports. 589 furique pour les conyertir en sirop , est parvenu a extraire du niarron et generalement tout ce qui tend a augmenter la sonime des connais- sances acquises , a lesrepandre et a multiplier leurs applications. II part de ce que Ton sait , se dirige vers ce que Ton est sur le point de savoir , et fait en mcme terns des reconnaissances vers les re- gions encore inexplorees. Les matieres qui lui coiiviennent le mieux sont celles sur lesquelles on peut ecrire de bons memoires , mais qui ne trnuvent point Icur place dans des traites metliodiques. Les ele- mens de la science sont hors de son domaine ; c.ir il font essenlielle- ment partie des connaissances acquises. Un journal n'est pas destine a preparer I'entree dans la carriere, mais a guider ceux qui la par- courent, a les preceder pour eclairer leur marche. Sa redaction, tnoins s^v^re que celle d'un traite, n'observe pas aussi rigoureuse- nient la liaison des idees ; et par consequent , elle convient moins a I'etude , quoique la meditation et I'esprit de recherches s'en accom- modenl fort hien. Essayoiis d'appliquer, au premier numero du Journal des sciences OUVRAGES PERIODIQUES. 59? militaires, ces lois coniimines a tous les recueils analogues. Ce numero nous offre d'abord uii premier memoire sur les prliicipcs geneiaiix de la science de la guerre. Sui\ant I'auteur, I'ensemble des coniiaissanccs auquel ou donne communemenl le noiii d'art de la guerre , « est tout a la fois une science par ses calculs et ses combinaisons , et un arc par la precision recianiee dans rexecution. C'est pour cette raison qu'on I'a divisee en science milicaire ou. sCraiegie , et art mili.'aiie ou tactirjue, •> Les mots science et art ac sont pas employes ici dans lesens ordinaire : on est convenu generalement de nominer science un systtme de verites dout I'apjilication peut creer des arts, ou les diriger. Ainsi , Tastronomie est une science, independamment de loule application ; et plusieurs arts meltent en ceiivre les connaissances qu'elle leur foiiruit. Mais la science militaire tient essentiellement , /«f//ne;ncn< a I'art; elle est le fruit des meditations des liomiues de giierre sur les fails d'armes coiuius , de mcme que I'art poetjque a ete cree par les dissertations sur les produclious des poiites. La compaiaison est tellement exacte, qu'on ne fera pas plus d'habiles generaux avec les luraicres de la science , que de poetes avec les preceptes de Vart. Dans les sciences proprement dites , les verites sout amenees les unes ■ par les autres, et portent eu elles-memes la cause de leur accroisse- ment. La science militaire ne produit rien par elle- meme, et ne niarche qu'a la suite des faits militaires qui confirment, cliaiigent ou modiflent ses doctrines. Loin de pi eceder les applications, elle de- meure fort souvent en arriere , et ne se presse pas d'em plover les niatei iaux mis a sa porlce ; il senible que Ion devrait conserver la denomination trfes-juste d'art de la guerre , corame celles d'art de la peinture, de I'architecture , etc. Quant a la strategie , motintroduit avec pompe dans la technologic militaire, il a cela de commvn avec les ordres privilegies, qu'on est fort embarrasse , lorsqu'il s'agit de les rendre utiles. Le memoire dont on vient de parler est mis sous le litre de Thcorie: au litre des yipplications , ou trouve d'abord le memoire de M. DE MoiNTGERY sur Paris port maritime ; celui que le m^me autcur a public sur les navires sous-marins (voy. -fief. Enc. , t. xxii , p. oai) eut encore mleux convenu a ce recueil.Yiennent ensuite deux Notices geograpliiqnes , I'une &uv i'Bistotre de la construction des cartes , et I'aulre sur les Methodes de cette construction. Toutes deux seraient bien placees dans un traite de geographic; mais rofCcier devrait avoiT acquis ces connaissances, avant d'entrer dans la carriere des amies; ou, si elles lui manquent , c'est dans un traite qu'il doit les T. XXVIII. — Noveinbi-e iSaS. 38 594 LITRES FRAN(>1S. chercher. I grand nombre d'arlicles sur la geographic et les voyages, et sur les decouvertes qui tendent a accclerer les progres de la science. On trouve dans le cahier du moii de jiiillet une notice fort detaiUee sur I'lie dc Rotoiiina , situee dans le grand Ocean austral, par R.-P. Les- son , mwlecin de la fregate franraise la Coqiiille; et une autre notice, traduitc tie I'aiitilais , sur Ic cap de Bonne-Esperance , contenant dos I OUVRAGES PERIODIQUES. 5.j5 details historiques et statistiques sur cetle iiuportante colonie : dcs peiiitures de moeurs , des descriptions de jeux publics et de ceremo- nies, rendent cette derniere Notice particulierement attachante. — Le liiilleiin du mdme recueil presente un grande variete dans !es article. : les editeurs ne s'y bornent pas a des considerations geogra- phiques ; mais ils font des excursions interessantes et instruclives daus le domaine des sciences philologiques et arclieologiques, et m^medans la litterature , la poesie, et mcme dans I'histoire anecdotioue. B. J. 334. — * Revue britannigiie , ou Choix d'articles tradu- •. des meil- leurs ecrits periodiques de la Grande-Bretagne sur la liflVrature , les beaux arts, les arts industriels, I'agriculture, le cominerce, I'econo- mie politique, les finances, la legislation, etc.; par una Societe de gens de lettres ; publiee par MM. Saulnier Cls et Prosper Doyii^Y- DupRE. — Ce nouveau recueil periodique parait au commencement de cliaque mois , par n"' d'environ 220 pages. Prix de I'abonnemeut , 5o fr. pour Paris, 56 fr. pour les departemens, 62 fr. pour I'etraii- gei-. Bureau du journal, quai Malaquais , n° i5. Ce recueil est, pour ainsi dire, connu et juged'avance ,puisque le^ editeurs renoncent a y rienmeltrede nouveau. lis aunoncent queleurs traductions seront fideles, leurs choix judicieux; mais on regrettera qu'ils se soient renfermes dans des limites aussi etroites, tandis qu'ii ne tenait qu'.i eux de s'etendre jusqu'en AUemague, ou Ton publie aussi d'excellecs ouvrages periodiques , et en Italic, ou les letlres et les sciences leur offraient des ecrits moias connus qu'ils ne meriteur del'elre. Les Revues et \esMagasinsa.vi^\A\s qu'ils seproposent de mettre exclusivemeHt a contribution, sonr precisement les plus connus ea France; et le uorobre des lecteurs en etat de consalterles originauv augmente de jour en jour. Le terns n'est peut-^tre pas eloigneou Ton pourra presque se passer de traductions. S'il etait question de littera- ture purement amusante, a la bonne heure : les Iraducteursseraient assures de recueillir le fruit de leur travail. Un ouvrage instructif inerite sans doute beaucoup plus qu'on le fasse passer dans notie langue , quoique les libraires y Irouvent moins de benefices ; mais des pieces de marqueterie, sans ensemble, saus relations, des dis. seriatious incompletes sur des snjets que les etraugers doivent quel- quefois considercr autrement qu'il ne nous convient, toutesces cboses sont des materiaux pour les hommes studieux, plut6t qu'une lecture agreable. Voila ce que Ton peusera du premier niimeio de la Revue britan- niqiie, d'apr^s lequel on ne manquera pas de se faire una opinion sur 595 IJVRES FRANCA.IS. tout I'ouvrage. En effet, le premier article sur Ics transports par ca- na/i.v , sur Ics chemins defer , siirles voitiires a vnpeiir , est une suite de plaisanteries qui peuvent ctre du goiit do John Dull, mj.is qui n'ont certainemeut pas plu aux lecteurs un peu delicats , au veritable pu- blic de la Grandc-Bretagne , et qui iie sauraient avoir plus de succ^s en France. Par quelle fataliteles rodacteurs sont-ils lombes sur un aussi inauvais article, en truitant un sujet sur lequel des savans fran- cais out publie des ecrits qui sont entre les mains de tout le monde? On reconnait bien , dans cet article, Taversion du Quarterly review pour tout ce qui est innovation, perfectionncment , iiiduslrie. Deux extraits de la Bevne d' EJimbourg , qui viennent aprfes celui-ci , sont dans un sens directement oppose : le Q:iarterlr reparait ensuito, et disserte a son aise sur radniinistration de la Prusse , qu'il ne connalt pas. Les sources oil les editeurs out puise les autres articles ne sont pas indiquees : ce sont, pour la plupart, des analyses d'ouvrnges an- glais; niais CCS analyses , si elles sont faites par des ccrivains anglais, mdnie du plus grand merite , ont besoin d'etre refaites en France. Que nos auteurs soient examines et jnges par des Anglais, pour les Anglais, tandis que nous jugerons nous-memcs leurs cciivains pour nous. La section intitul^e : Nouvelles de I'industrie , du commerce , de I'agri- culitire , etc., est fort courtt; , et le serait encore plus, si les editeurs avaicGt evite les nouvelles surannees. lis ne perdront pas de vue, sans doute, que leurs lecteurs ont deja lu d'autres ouvrages perio- diques analogues , et qu'ils ne peuvent accueillir des redites qui ne paraitraient avoir etc admises que pour remplir le nombre de pages annoncees dans le prospectus. Ajoutons encore un avis , qui Ji'esl lias sans inipoitance : les editeurs paraissent etrangers aux sciences , en sorte que les articles qui s'y rapporteiit pecbent par la redaction, et ne sont pas ecrits dans la longue scicntifique. F. M.d. n. Nousregrettons d'enoncer un jugenientque les parties inle- ressees pourront trouver severe; maisune complaisance banaleet ime indulgence trop facile leur seraient plus funestcs qu'une critique inspiree par I'amour de la verite, et qui pourra les aider a modi- fier et a perfectionner leur plan. L'idee premiere qu'ils ont eue a certainement un cote bon et utile : faire bien connaitre TAngle- terre, sa lilterature, les travaux de ses savans, les produits dc son industrie , ses progres en tout genre. Mais il faut reunir Ics moyens convenables pour atteindre ce but ; c'est I'objet d'un' voyage que LIVRES ETRANGERS PUBLIlilSEN FRANCE. 597 M. Dondey-Dupre fils vient de faire a Londres , et les amis des sciences doivent dcsirer qu'il reussisse dans son entreprise. L'Anatomiecoiwparee a fourniles moyens de faire avanccrla science del'anatoniie; Lv Civilisation cojirAKKE, qui est I'objet esstntitl, le trait caracteristiqiie et fondaineiital de la Revue Eiicjclopi-diqiie, doit fournir de nouveaiix moyens d'avancer la civilisation. Des recueils,lcls que la Bevtie briianniqrie , la Revue germaniqae (annoncee dans notre Bulletin supplementairc du cahier d'aoiit) , les Archives americaines, la Bibliolhcqi' — Navigation. — Les etats de PensvlvaH(e et de New-York , dont la population ne depasse pas denx millions et denii , poss^dent cinq ca- naux acheves , ou qui seront termines dans le courantde I'annee pro- chaine. Ces canaux ont a pen pres 750 milles d'etendue , et ont coute environ soixante-qninze millions de francs. Trois autres canaux sont en construction, dans les etats de New-Jersey, de New-York et d'Oliio ; ils auront a peu pres 3oo milles de longueur. Plusieurs autres sont projetes ou sur le point d'etre executes. Un d'entre eux conduira des etats de la Pensylvanie a TOlno, parcourant ainsi un espace de plus de deux cent milles. A.ucun de ces canaux n'existait , il y a dixans. ( Tlie national Intelligencer.) — Bdtimens a vapeur et en fer. — Un de ces bdtimens est mainte- nant en construction a New-York. II est destin^ a servir de paquebot entre Columbia et Northumberland, en naviguant sur la riviere Sus- quehannah. Ce bateau aura soixante pieds de longueur, neuf de lar- geur , et trois de profondeur ; il sera forme de plaques de fer liees ensemble par des clous de mdme metal , etc. Son poids sera d'environ 10,000 livres, ou cinq tonneaux ; on croit qn'il tirera cinq pouces d'eau a vide, et un pouce de plus par chaque tonne qu'il recevra a son bord. Le prix total n'excedera pas i5,ooo francs , y compris la machine a vapeur, qui sera du poids de 4.00b livres, le bois pour la construction des cabines et du pont evalae a 2,600 livres pesant , et 3,400 livres de fer employees a la carcasse du iiavire. F. D. AMERIQUE CENTRALE. Gi].\TEMALA.. — Traite d' alliance avcc Colombie. — La Gazette du gouvernement {Gaceia del gobicrno), du 22 juillet dernier, conlient un AMER. CENTRALE. — AM^R. M^RIDIONALE. 6oi traite d'alliance conclu entre la r^publique de Guatemala et celle de Colombie, par lequel les deux Etats se promeltent assistauce pour la defense de leur independance. lis s'oLligent reciproquemeut a ne consentir a aucune indemnite en faveur de I'Espagne , en dedomma- gement de la perte de ses anciennes colonies, et a ne faiie aucun traite avec le gouvernement espagnol, ou avec tout autre gouvernementqui pourrait alientera leur liberie ; ils s'obligent, aucontraire, a defendie, dans toutes les occasions , en tous lieux , et contra tous, leur indepen- dance et leurs inter^ts niutuels. C'est le premier traite qui ait ete fait , au nom du gouvernement supr(5nie de Guatemala , et le premier acte qui unit la republique du centre a Tune des lepubliques du sud de I'Amerique. Le gouvernement des Provinces-Unies du centre de I'Amerique est compose de MAJ. Manuel Jose 'Arze, president ; Mariano Behranena , vice-president ; ManiCel Arzu, colonel d'artillerie, ministre de la guerre et de la marine ; Martial Zebadua , ministre des relations exterieures ; Juse Betela , ministre des finances ; Juan Francisco de Sosa , ministre dela justice; de Hcrrera, ministre plenipotenliaire a Londres; D. Pedro Molina , Juan de Dios dc Mayori^a et Catias , ministres , le premier en Colombie, le second au Mexique, et le troisi^nieaux Etats-Unis. F. D. — Stotisdque. — D'apres les dernieres recherclies de M. de Hum- boldt, I'etat de Guatemala, sur lequel nous ne possedons jusqu'ici que I'ouvrage geographique de Suarros , a 16,800 lioues marines car- rees , de 20 au degre (I'Espagne en a i5,ooo; la France, 17,000). La population de Guatemala (constitue aujourd'iiui en republique sous lenom de Ceniro-America)s'e\eye, selon J\L de Humboldt , a 1,800,000 ou 2,000,000. (Belal. histor. t. ill, p. 66, in-4o. Voy, ci-dessus,^. 533). AMERIQUE MERIDIONALE. Colombie. — Societe nationale de colonisation. — Des capitalistes etrangers se sont associes a cette grande entreprise. Deja plus d'un million d'acres de terres sont acquis. Une partie est situee dans la province de Sle-Marthe , renommce par la fecondite du sol et la salubrite du climat , et qui, reunissant toutes les temperatures, peat offrir aux cultivateurs les productions de toutes les contrees du globe. L'autre est dans la province d'Antiochia , riclie en mine d'or, de fer et de mercnre ; MM. Dortliex et coinpugnie, de Londres , sont les agens de la Societe coloml)ienne de colonisation , en Eurojie. F. D. Siaiisiique. — Le n" 84 de la Re\'ue d'Editiibuurg , public au com- 6o2 COLONIES ANGLAISES. meiicemeiil d'octobre , contient un article sur les colonies jiDj^laises , flans lequcl nous avons pnise les reuseigneinens suivans lelatifs a I'etendue fcrritoiiale , aiix productions et a la population esciave de toules les possessions britanniques situees dans les Indes occidentalcs et dans VAmcriqiie du Siid. ( Annee iSaS. ) ^1 CI iJii^ <^ t Cj -I-^ W 10 ►- O 5r- CO 3-. 1. ^

n(y3C«H>tr'c«r'W05- 5' oo -^ ►^ ■0 M -i-"^ w » '^ SJ to 10 00 !0 S3 » o o C^ t/ vj u: a o w> o o 0 ►-. w MJ:^ ro o o vj •o 0 o o O 0 ^ 0 c. O 0 ■c- O o o o o o o 0 O O z O o o i^ o o o o o O C 0 o o o o o 0 0 o o o o = 0 o 0 o = c o o S3 W 'Ji£^ 'Jy o<» ... -. ^ ) W-t- -^ O - . Vr i^ b "fO "b "— "— C ^ CO Vt W Oi CO ^3 CCCl-" CCO-t^OO"- ClO ^J Ol CC-O t-J> *H 6 S3 oo o O „ . Oi i.-^ -s^ !0 ^J::^ co oo o • 'O UJ ^-» ^ CoyD GO i5 i^ ^ ^ 5 &- = ^ Vt uii "c 'h Vr"b '^f VtO -"- d Wt LTt C C^ C-O S3 ; 2 ts3 ^-4 ' ' O^ Co ODJ I w u; w oc ^ c • J _ "Ci It^ -^ Oi Ci ur 3>. u; OJ Of w S3 -o Ci - 'O •^ OO^-J (-C-J 4i^"0 '-' CTl UJ ODJ^ C^ ■-« -^ " " a* U) OS (/(to ^j S3 u:- tJ c^-- ^J^^O "ao"^ ^ w'lVi'ss *»-va "co u;',C Ur s3 t,> l«; u; lc C --1 C^- O 0( C- ^'(w " -^ CCv-*UlOOi^^l OQ CK O -■ (^-t* - Ci-^<1 -^ ^--J ^ CTj 4^ Ci ;-_ ASIE. — OCEAISIQUE. 6o?> ASIE. Singapore. — Histoire natiireUe. — Eponge vegetalifonne et cnlossale. — Dans I'lle de Singapore, nouvellement habitee par les Anglais, on a decouvert une production qui passe pour une plante marine at que les Indiens appellant Soimgc. Sa forme est celle d'une coupe, ou plutot d'un gobelet stipporte par un pied cjlindriquc, renfle a la base, qui s'attache au sol du rivage par des especes dc sicns irre- guliers ; sa texture est composee de tubes ou cellulles de divers diametres, dont I'ouverture est couverte par des fibres cotonneuses, radiecs. Lacirconferencede la coupe, prise dans saparlie superieure, est tie 4 pieds 3 pouces ; au milieu , elle est encore de 3 pieds I pouce, et au fond, elle n'est que de aa pouces i/a; la circonfe- rence de la tigeau pied est de 17 pouces. La cavite de ce singulier vase peut contenir 36 quarts. Le colonel Hardwike a reconau que cette production est une eponge formce par des vers roarins , et qu'elle est analogue a celle qui est decrite sous le nom de Scrpha , dans les transartioDS werneriennes , niais avec la difference de sa colossale dimension. Cette eponge n'est point flexible comme I'esp^ce officinale ; on propose de I'appeler Spongia patera. A. MOBBAU DE JoNHES. OCEANIQUE. Colonies anglaises de la Nouveli-e Hollanue etde la terre de Van- DiEMES. — Agriciilnire, population et commerce. — Les derniers ouvrages publics sur laNouvelleKollande,offrentdesrenseignemensimportans sur les colonies anglaisesetabiiesdans cette cinquiemepartiedu monde. La Nouvelle-Sud-Galles [Ncw-Suuth-Wales) , qui , il y a trente-sept ans , ne presentait qu'uue plage deserte et inculte, offre maintenaat I'aspect le plus pittoresque et le plus varic. Des forets ont cx€ trans- formees en jardins, en prairies et en champs fertiles, et ces. soli- tudes , oil vegetaient jadis quelques malheureux sanvages sont ac- tuellement couvertes de villes et de villages populeux. — Sidney, capitale dela nouvelle Galles, contieut uue population de 7,000 ames; elle possede plusieurs Societes savantes . des ecoles gratuites po»r les enfans, une banque et trois journaux. Paramatv. , situee dans rinlerieur des terres , a i,5oo habitaiis, plusieurs ecoles et hopitaux,. une manufacture de draps et un marche , auquel se rendent un grand nombre d'aborigenes. IFiiidsor , sur la riviere Hawkesburv , coniple gon liabitans, et Newcastle sur la rivit'-re appelee Coal-Hirer , a peu 6o4 OCtA.lN'IQLlp:. pr^s le ni^me nombie. — Les campagnes sont couvertes de petits villages et de jolies feimes; on cultive le ble , le riz , le mais , le lin , la vigne , le sucre el le cafe ; les prairies sont rcinplies de noinbreux troupeaux , dont les cuirs sont exportes en Europe, Le uonibre des criminels dcportes a la Nouvelle-Sud-Galles depuis 1788 , epoque de retablissenient de celte colonic, jusqu'en i8i5, s'est eleve a 17,066, dont 6,067 °"* obtenu leur liberie. — Suivant un recensement fait en 182 1 , il y existait a cette cpoque : Eiuigrans volontaires et criminels libcTcs : Hommes 12,608. 1 Femmes 3,422. | 23, a.^^- Enfans 7.224. ) Deportes , liommes et feinnies i3,8i4- 37,068. On calculalt alors que cette colonie possedait 700,000 acres de terra, environ 4 ^ 5,ooo chevaux, 120,000 bdtes a covnes et 35o,ooo moutons. Elle consomniiiit pour 35o,ooo livres sterling de marchandises anglaises , et exportait en Europe a peu prfes pour la somnie de 100,000 livres sterling de pi oduits indigenes. Les progres de la civilisation et de I'agriculture ont ete encore plus rapides a fan Dlemen's Land, bien que cell e colonie ait etc- forniee i5 ans plus tard que cello de la Nouvelle-Sud-Galles. Dans les dt'ux seules aiinees de 1818 a 1820, sa population s'est doublee , et Ton compte qu'il y est arrive dans la derniere annee 1,060 colons libres. — Ilobart Town contient 3,5oo habltans ; Lauiiceston 1,200, el Oeorgc Town 600. Ces villes possedent comme celles de la Nouvelle-Sud- Galles, des ecoles , des marches, des eglises , etc. Ainsi Hobart -Town a une sails de bal , 16 brasseries ou distilleries , une banque , plusieurs manufactures de draps , des ecoles, des eglises, une im- primerie et deux journau'x. — Le climat de Van Diemen's Land est plustenipere que celui de I'autre colonie. Le sol produit des fruits et des grains de toutes especes, et , I'heureuse position de ce pays le fait preferer par les Europeens a celui de la Nouvelle-Sud-Galles. En 1821 , la population s'elevait a Colons libres 8,240. Dcportes 3j939. Total 7,i85. OCEANIQUK. — AFRIQUE. 6o5 Ce pays poss^de 34>79o betes a cornci , 1 70,891 nioutons et exporle annnellement pour 60,000 livres sterling de grains et do cuirs. Depuis 1788 jusqu'.i l.i fin de 182 1, I'Angleterre a depensc pour I'eiitretien , la surveillance, etc. de 33,i55 criminels deportes d la Nouvelie-Sud-Galles 5,3oi,0231ivres sterling ; il lai eiit fallu au moins iroisfoiscette sommepour tenirces mallieureux dans les prisons de la Grande-Bretagne , et elle n'eiit point eu la satisfaction d'avoir change en citoyens utiles dos honinies qui coinposaient, pour la ptupart, la lie de la societe. Frederic Degeobge. AFRIQUE. Egypte. — Administration , annee , commerce et indiistiie. — La Revue Eiicyclopediqiie a deja fait connaitre , dans son caliier de mai 1825 ( t. XXVI, p. 58 1), quelques-unes des ameliorations intro- duites en Egypte, par le pacha Mehemet Ali. Deux lettres de M. Thomas Galloway, ingcnieur anglais, datees I'une du Caire, 12 mai 1825 , et il'autre d'Alt-xaudrie , Bojuillet siiivant, couGrment ces details , en y ajoutant de nouveaux renseignemens. — Selon ces deux lettres , Mehemet Ali, continue de donner tous ses soins a I'administration de TEgypte. II s'occu[)e de retablir les finances de- labrees par les expeditions en Nuble, en Arable et en Grece; de reorganiser ses armees de terre et de uier , decimees en Moree et dans I'Archipel; et, a I'aide des savans etrangers qu'il appelle dans ses etats , d'operer la regeneration enticre de son pays. Doued'un esprit eleve , verse dans les connalssances adininlstra- tives et politiques, ami des lettres et des sciences, Mehemet Ali est capable de tirer I'Egypte de I'elat d'ignorance et demisfere dans lequel elle a ete ensevelie depuis les siecles brillans des Ptolemees. Les officiers, ingenieurs et manufacturiers francais, sont assez nomhreux en Egypt(> , et depuis trois ans c'est presqu'exclusivement a eux seuls qu'est oondee I'organisation de I'armee et la direction des fabriques et des manufactures. — Les troupes arahes sont commaii- dees par le general Boyer , et les operations militaires de la Grece dirigees en grande partie par le major S^ve. — La grande manu- facture de coton et de mousseline du Caire , est sous la direction de M. .lamella , et la teinturerie de calico attachee a cet etablisse- meut sous celle de M. Gunnie. Le coton est cultive et prepare par des esclaves,tisse par des Arabes, et imprime par des Francais, ayant sous leur direction des ouvriers rausulmans. La fonderie de canon du Caire est aussi dirigee par un Franqais, ainsi que quelques-unes 6o6 AFRIQUE. — EUROPE. des nombreuses fabriques d'armes. La manufacture de colon du Caire a plus de deux hectares carrees d'etendue, el I'atelier de for- geioiis attache a cet etablissement contient quarante forges. L'Egypte offre de graiides lessources. Laquanllte de colon qu'elle exporie en Europe est immense, elle produit des grains et des fruits en abondance; elle possede, non loin du Caire, sur les bords de la mer Rouge et dans les conlrees voisiues de Siout, de nombreuses mines de cuivre et de fer, que probablement on exploilera bientot. Presque toutes les machines employees dans les manufactures sont tirees de France ou d'Angleterre. II y a an Caire une machine a tisser le drap apporteede Lyon, on a achete a Londres des bali- mens a vapeur, et M. Galloway est charge de la construction d'un bateau dragueur, pour netoyer le Nil. Mehemet Ali , a aussi donne ses soins a Teducation publique ; plu- sieurs ecoles sont etablies a Alexandrie et au Caire; on remarque deja parmi le peuple et dans les armees egyptieunes les heureux effets de la civilisation. Mais ce qui doit surtout immortaliser le nom de Mehemet Ali , c'est la jonction de la mer Houge a la mer Mediterranee. Ce prince purait clre dispose a I'executiou de ce projet qui, s'il s'accomplit , doit produire iiifailliblement une revolution dans le commerce du nionde. Le dernier cahier d.' Edinburgh's philosophical journal dis- cute, dans un long article , la posslbilite d'une telle enlreprise, et il fait voir qu'elle ne presente aucune difficulle qui ne soil surmontable. Frederic Degeorge. EUROPE. ILES BRITANNIQUES. Expcdicion au Nord. — Le voyage du capitaine Parry n'a point eu le rosuUat qu'on en atlendait ; le naufrage de la Fury ayant force rcxpedilion de regagner les coles d'Angleterre. Le New Monthly Mwazine de cc niois, contient une lettre ecrite par un officier de I'Hccla , datee du Fr/tA of Forth, 12 octobre iSaS , a laquelle nous empruntons les details suivans: L'expedilion fit voile, le 4 juillet 1824 de la cote ouest du Groenlaiid , se dirigeaiit vers le delroit de Davis, ou elle fut retenue pendant cinquante-huit jours au milieu des glaces. Le 9 septembre, elle put continuer sa marclie, arriva le i3 dans le delroit de Barrow, et le 28, aprts mille diffi- cultes , I'Hecla et la Fury enlrerent dans le portBowen, situe dans ILES BRITANNIQUES. ^07 la baie du Piince-Regent , ou ils se trouverent bicntot renfernies ati milieu d'une mer de glace. L'hiver fut assez doux ; le therniometre ue descendit jamais au-dessous de 18 degres 1/2; I'equipage emploja ce terns derepos a la cliasse des ours blancs ct a cie petites fetes dc fainille.en sorte que la mauvaise saiscii se passa plus agreablement qu'ou n'aurait du I'esperer. L'etecomnienca Is 6 juin, ledegel fut ra- pide , et le 19 juiliet, I'expcdition quitta Porl-Bown , apres y avoir fait un sejour de pres de dix mois. Le aS , clle se dirigea vers le noril du Somerset, et die e!ait le i''' aoiit a la hauteur de la poiiite nieridionale de ce continent, lorsqne la Fury fut jetee sur les cotes , par la violence des ccurans de glace... On se vit force d'abandonner ce bailment le ig, et de transporter I'equipage a bord de I'Hccla. Ainsi s'est terminee cette entreprise et se sonl evanouies toutes es- perances de trouver jiour cette fois encore , le passage au nord-ouest. Le icrseptembre , I'expedition avait qultte la baie du Prince-Regent, et le 10 du mois suivant, elle etait en vue des cotes de I'Ecosse. F. D. Canal CaUdonlen. — Dans un tems ou Ton s'occupe de faire jouir plusleurs pays des bienfaits de la navigation intoiieure, et oil Ton songememea faire de la capitnle dela France un portde mer, il n'est pas sans inleret d'observer ce que I'Anglelerre a deja fait sar son terri- toire, et surtout le Canal Calcdonien , la plus grande entreprise que Ton ait execulee jusqu'a present , pour e'ablirune nouveile conimu- nicatiori enlre deux mers. Dans le cours de 1824, pres de 3oo vais- seaux traversferent ce canal dans toutesa longueur, sans avoir besoin desefdire haller, avec leurs voiles seules ; et leplus long trajei fut ])lus prompt que le tems le plus court em[)Ioye pour faire, par mer, le tour de I'Ecosse. Un vaisseau expedic de Riga , diiectement pour Londonderry, j)rit la route du canal, et parvint ainsi a accelerer sa navigation. Les droits de tonnage ne s'elevent pas au-dessiis de 1 5 pences par tonneau , pour toute la longueur du canal, en sorte que les navigateurs auxquels cette voie preseute une grande economie de tems , ne peuvent etre arretes par la depease tres-legere qu'elle occaslbnne. F. Vaisseau a tmpeur pour un voyage de long cours. — Un nouveau vaisseau a vapeur a t'ait voile , dans les premiers jours d'aoiit , pour les graiides Indes. II est du port de 5oo tonneaux , et il est mis en mouvenient par deux machines , de la foi'ce de 60 chevaux chacune. La vitesse de sa marche est de 9 noeuds ou 3 lieues marines a I'heure ; elle s'augmentera progressivemeut , a raison de la diminution Je pesanteur, qui aura lieu par suite de la consommation des Boo tonnes 6o8 EUROPE. de charbon destinees an passage. Ce vaissean a ele construit sons la direction de M. Mandslay, el il parait devoir a|)porter une grande revolution dans les relations conimerc.iales de rAngletcrre avec les Indes. F. Gymnastique. — Extrait d'une lettre adressie a M. Julmkn de Paris, par i>I. le capilaine CliaS, qui a introdiiit la gymnastiqiie en Ar:gleterre (VoY. Rev. Eric. , t. XXII, p. 478 ). — Chelsea , i3 uctobre i825. — La gymnastique fait tons les jours de nouveaiix progrcs en Angle- terre : ses bienfaits conuTiencent a se manifesfer dans plusienrs occa- sions , et I'application des excrcices que j'ai introduits dans I'ocole de marine de Greenwich a deja sauve, dans des cas critiques , plu- sienrs el^ves qui sont sortis de cet elablisseinent , depuis I'introduc- tion de la gymnastique, Ces fails , rapporlcs par les jonrnaux , sent generalemenl connus en Angleterre. L'un de ces jeunes gens est un matelot (jui fit naufrage sur les cotes d'Angleterre : dans le moment du plus grand danger, il montra de la manifere la ])lus evidente sa superiorite sur ceux qui n'avaient ])as , comme lui, suivl les lecons de gymnastique: de tout I'equipnge, com- pose de seize personnes , dont en apparence il etait le plus jeune et le plus faible, il ful le seul qui se sauva. En grimpant et en s'elan- canl d'une corde a I'autre, il parvinl a se fixer sur Tune des vergues ou les vagues ne ]>ouvaient plus I'atteindre. Tous ses compagnons perirenl. Comme le vaisseau echoua pendant la nuit, Ton fut trfes- etonne le lendemain, lorsqu'on alia le reconnaitre , de voir ce jeune matelol a I'extremite de Tune des vergues oii il avail passe toute la nuit. Le vent avail ete si violent el la mer si haute, lorsque le vais- seau sombra , que les plus vieux raarins avouerent franchement qu'ils ne comprenaient pas comment nn enfant de eel Sge ( i5 ans ) , avail pn traverser presque tousles cordages du vaisseau par une tem- pete aussi terrible , et malgre le roulis et le batlement des voiles. En allant de Gravesond a Londres dans une voilure publique, notrejeune marin contas son avenlure a ses compagnons de voyage, et repetait souvent que c'elait au capitaine Clias qu'il devait la vie, el que , sans la gymnastique, il aurait jieri avec les autres marlns, dont plusienrs avaient en vain essaye de le snivre. — Parmi les voyageurs, se trouvaienl deux de uies eleves de Charlerhouie , ( college a Londres ) qui eurenl beaucoup de plaisir .-i me raconter le fait. — Peu de terns apres , le jeune matelot fut mande devant les direcleurs'de I'Ecole de marine, auxqueU il fit une relation circons- tanciee de son naufrage , et des moyens qu'il avail employes pour se ILES BRITAiVrNlQUES. Gog sauvei-. Le secretaire prit note de ce fait. Plusieurs niembiea du co- iiiite me dirent, a cette occasion, Ics choses les plus flatleuses. Dif- fereiis journaux en firent aussi mention. ^ — Depuis cet evenement , les directeurs sont encore mieux disposes c'u'ils ne I'etaient a favoriser la gymnastique. Beaucoup de personnes tres-considerees assistent a nos lecons du meicredi , et tons les spectateurs tenioignent une grande satisfaction de voir les choses etonnantes qu'exccutent mes el6ves. Depuis quelque tenis , les personnes les plus difficiles a persuader conimencent a sentir toute I'utilite des ecolcs de natation etablies sur une grande echelle , pour une nation maritime. L'on va en construire une a Greenwicl' , d'apres nn plan que j'ai presenle au conseil de I'amiraute. On en etablit une aussi pour I'ecole publique au College de Ch.lrterhouse, qui est dirige par I'un des houimes de I'Europe les plus distingues dans leur partie (l). LoNDRES. — Commerce de vins. — Dejviisla r(^duction des droits sur les vins , la consomitiation a beaucoup augniente. Dans les neuf sem- aines comprises entre le ler janvier et le 5 mars iSaS (avant la reduc- tion), on recut dans le port de Loudres 428,044 gallons de vin, ou par semaine 47j56o gallons, 190,240 litres. On percut pendant cette epoque sur les vins fiancais i6,25i f. 12 s. 6 Sui' les autres vins, non compris ceux du Cap i5i,5o5 2 10 Total 167,756 i5 4 Par semaine 18,639 f. i a s. 16. Dans Its vingt-huit seniaines, depuis le 5 mars jusqu'au 17 sep- lembre , apres la reduction des droits , il est entre a Londres 3,539,545 gallons de vin, ou par semaine 119,269 gallons, 477, 076 litres. (i) Les avautages de \a gyjnnastique , cnseiguee publiquement a Londres par M. Clias, dans iin grand nombre d'iustitutions publifjues et partifu- lieres, ne devraieut pas etre moins apprecies a Paris, ou l'on desire vive- ' orient que le Gymnase normal , civil et militaire , fouue par M. Amoros, rt dont nous avons souvent parle a uos lecteurs (voy. Rev. Enc., t. xxvi, p. 926) receive tous les encouragomens qu'il merite et les developpemeus dont i! est susceptible. iV. d. R. T. XXVIII. — Noi'embre iSiS. Sg (»*o EUROPE. Ltfs rfrttits percus peiulaht celteepoijuese sOrtt dJevcs sur k-s viiis fraiicais, a . . . •^0,092 i. 1 2 s. Sor les aulrcs vius , non compris ceiix t'" '^ap, a fio7,8(io 1-2 Total; .... 697,9^3 4 Parscmaino ^4,92(5!. 3 s. 8. Av,-iht la reduction ties droits, il eiilrait cliaque seinalne dans Icportde Londres 190,240 litres. Depuis la reduction, il en est entre .... 477,076 Ell awgrnentant par semaine 286,836 Par nn l4,9i5,47a Avanl la reduclion des droits , on jiei'cevalt ]>;li- seniaiiK? 18,6.39 f. 12 s. 10 Depuis la redaction, on a percu . . . 24, 916 3 H Augmentation par sema'ne 6,286 12 10 Par an 327,900 3 4 ( The New Monthlj- Magazine g'"''^ ). CuMNock. ^- Nccrologie. — - James Taylor, — Ce Savantmecani- cien, qui, le premier , stjTJgeii a faii-e servir les machines a vapeur a la navigation, est mWrt le iS 7'"" dernier, a Cumnoch, ag^ de 67 ans. Cc f ut en 1788 que, conjointement avec M. Miller, il fit surle lac Dals- winton , la premiere experience des bateaux a vapeur. Ce premier essai ayant reussi, il le renouvela I'annee .igiis!a-H}aria Leigh, a fait eriger ce marbre poor cousacrer sa juemoire. » Chaqiie jour , des perbonnes de tous rang* viennent a Hucknal. Un elranger y a dernierement eiivoye un iivre elegammenl relie, destine a recevoir les nonis des visiteurs que le souvenir de rilhistie lord Byron attire dans cette eglise. F. D. RUSSIE. S.^imt-Pete8sbourg. — institiit des Sourds - mneCs. — L'lnipera- trice-mere a fonde cet 6tablissement en iSofi ; il ilianquait avant cite a la Russie. L'humanite s'y console de ses maux , et la hien- faisance, inspiree par le genie , y travaille a rapprocher ces ^tres infortunes de leurs seiublables , en eortipensant par I'art ce que la nature leur a refuse. C'est au sein de rinstitut de France , parmi les eleves des abbes de L'Epee et Sicard , que I'lmperatrice a choisi un homme iligne de niettre a profit ses vues philanthropiques. Son rhoix ne pouvait niieux lomber que snr M. Jauffket. D'abord , dirige par M. Sigmund , Polonais , M. Jauffret , nomine en i8og , ii'a fait que suivre la metliode de son pr6decesseur , qui etait celle de I'abbe de L'Epee. Le nombre des eleves s'etant accru en 1819, I'lmperatrice lit nansferer I'etablissenient dans le CDuvent de Smol- no'i , et , en 1820, dans une maison jires de retablissement des Enfans trouyes. En juin iSaS, il contenait quarante-huit eleves, dont treute - un gnrcons et dix-sp,'nia a lu ensuite une dissertation sur I'asoociation des idces (de associalione ideariiin). Enfin, M. le Cu- rateur des ctablissemeiis de i'instruction publique et senateurOEBSEL- VIT7. a prononce le discours de cloture , adresse aux membres de I'universitc et a la jeunesse acadeinique. Selon le rapport officiel du Recteur, I'universite de Varsovie a conipte, pendant I'annoe scolastique qui vient de s'ecouler, 6fio ^tu- dians, dont 1 1 pour la theologie , Syg pour le droit et I'administration, I20 ])o«r la medecine, 55 pour la philosopliie , 129 pour les belles- lettres et pour les beaux-arts. Les collections de I'Universite ont ete beaucoup augnienlec-; dans cette meme annee. Le Cabinet annlomiqne est cnrichi de l43 preparations. Leyarc?/« bolaniqueouyeTt.au public, et qui s'accroif ra])idement , a recu de nouveaux embcllissemeus. Le catalogue dt-s plantes, imprime I'annee derniere, contient 10,000 plan- tes. Le professeur Szubeht voyage en ce moment dans les pays ptraugers, pour faire I'acquisition de nouvelles epp^'ces, eten enrlchir le y\YAin.\JObservato:re est acbeve, et muni d'instiumens precieux ; il est dirige par le professeur Akmikski. Le Cabinet d'ldsioire natu- jvlle est augmenle de iio3 articles nouveaux. II conipte, entre autres, 41 pieces d'animaux rares, de la fameuse menagerie de M. Aken, qui s'est arrelelong-tenis a Varsovie. Le Cabinet de inineralogie a rccu de Paris une collection crystaiiographique composoe de i,ooo pieces : sans compter Is collection des cristanx de M. Miiller, dont la com- mission de I'instruction publique a fail Tacqui'^ilion. La commission des affaires de I'interieur a fait don a I'Universite de 100 jiicces de niineraux provenant des mines du pays. Le professeur Pautowicz, qui voya£;e dans les pays elrangers , a envoye 8 caisses de mineraux , re- cuelllis par lui dans les contrees mctidionales de TEurope. Le fjibom- loire chiiniqiie a Soy preparations cbiniiques de plus. Le Cabinet da 6i4 EUROPE. tiiuiqnites s'est enrichi d"une collection de mi'dailles , ncqnise de M. le major Biernacki. EUe coiilient 47 pii'ces en medaillps giecqnesi f)6 asses remains et nicdaillcs consulaiics , fio() mcdaillcs a I'cffigie des empereurs remains et de leurs femmes; 201 bracteates et vieux deniers polouais ; yay pieces d'ancienne monnaie polonaise; ificjme- dailles polonaises; 49 niedailles elrangeres pour servir a I'hisloire de la Pologne; 277 pieces de nionnaies et medailies elrangeres ; 42a bron- zes et autres antiquites polonaises : en tout 3,769 pieces. J. R. — Exposition des prodnits de I'indiislrie nationals. — L'ouvertnre des salons destines a celle exposition a eu lieu, Ic m^me jour que la seance de I'Universile. La Pologne, ce pays si riche en inalieres brutes, manquait presque entierement, il y a vingt ans, de fabriques de premiere necessite. Ce n'est que depuis quelques annees que la sollicitude du gouvernetneut s'est tournee vers cetle parlie; les pro- gres rapides qu'ou y fail doiveut dtre attribues a celte protectioi> eclairee, et plus encore a la depreciation toujours croifsante des grains , qui , ne pouvant plus ^tre exportes sans perte , forcent les ca- pitalistes a des speculations manufacturieres. Parmi les produits exposes » OU a remnrqcie particuH^rement les suivans, qui se distinguent par la beaute du travail et par leur uti- lite. — Draps et casimirs de qualite superieure , de la fabrique de M. Fraenkel, qui occupe pres de 5oo ouvriers ; lapis tres-elegans, de tres-bonne qualite et d'un prix fort modere: la fabrique qui les four- nit est entretenue aux frais du gouverneinent. Inslriimcns de mathema- tiqiies , pianos , inslrtimens aratoires , etc. ; fniirneaux en fonte de fer de M. Evans , dont la fonderie a deja rendu de grands services a la Po- logne, et promet d'en rendre encore davantage; enfin , de superbes plumes pour les dames, fabriquees cliez M. Dabasse, Francais donii- cilie a Varsovie, qui occnpe dix-bnit pauvres orpbelines dans ses ateliers : pensee vrainientpbilnntropique, de faire servir les depenses du Inxe a Tentretien de la purtion la plus uialiit'ureuse dc i'hunianite ! — l^e Salon de peinti/re a duetre onvert au public, le 8 du uieme mois. Nous rcndrons egalement compte de son exposition. F. G., da Varsovie. STTEDE. Stockholm. — Exploitation des mines de fer de CeUiwara. — La niaison Michaelson et Bencdiko est a la l6te de cette exjiloitation. En 1823, il a ete exporte de Suede 4a()>7''-' scbipfnnds de fer; et en 1824 1 I'exporlation n'a ete que de 37^,892 sbipf. Le scbipfund pese 280 livres. SUfeDE. — NORViGE. Of 5 Luun. — University. — M. Lindforss, piofesseuj- d'jjjstoije a I'li- iiiversite de I-uud , .connTi n.if son Diciinnimire smdois ff latin , viROit d'ohtenir !a chairje de la/igue latin e , pour la remplir concurremjjienj; avec celle d'liistoire. Avant que la Su('de eiit recu sa nojjvelle consti- tution , c'etait presquc toujours le consistoire academiqi^e qui noni- mait seul aux chaires vacantes ; oij presume qu'a Tavenir, et d'.apies la constitution , les nominations auront lieu, sur lo pres.entation au i-oi de trois candidats pour cliaqne place par le consistoire academique. Upsal. — Unirersite. — M. NpjjnBERG, conseiller de la chaucei- ierie et ci-devant professeur de langues orientales a rUniversile de Lund , connu par ses profondes connaissances philologiqiies , s'etait retire sur sa terre natale, siluee dans Tune des provinces les plus septentrionales de la Suede. Aprfes un long sejour dans le inidi de I'Europe et en Orient, et maigre son Sge ayance,il conservait, sous ce rude ciimat, la sanle du corps et la vigueur de I'esprjt. Ayant accepte rinvitation qui lui en a ete faite, il vient de se rendre a fUni- versile d'Upsal , pour y examiner les manuscrits orientaux de la Bi- bliotheque, qui est fort riche sous ce rapport. Apres qu'il aura ter- mine ce travail, il est dans I'intention de se retirer ; niais les amis des sciences coniptent assez sur la force de son temperament et sur I'energie de ses faculles intellectuelles , pour esperer qu'il Jes it^a jouir long-tems encore de la continuation de ses laborieuses reclier- ches et de la communication de ses savantes decouvertes. ( Extrait du Messager francais du Norxl.) NORVEGE. Chrjstiania. -^Liberie de la presse. — M. Hiklm , aiYOcart distingue au tribunal supreme de Norvege , avail ete accus6 d'un pr^tendu abus de la liberie de la presse, ettraduit devant les trfbunaux pour ^tre jugc conformenvent aux lois. Par suite <'le cette decision du gou- vernement , il avail ete provisoirenient suspendu de ses fonctions, en vertu de rarticle 22 de la constitution. Ce proces a dure plusieurs annees. Par un jugement de premieie instance, M. Hielin fut cou- darone au bannissement , et par consequent & etre raye du latleau des avocats. Le tribunal supreme, ajires avoir eirtendu la plaidoierie en appel, qui a dure pendant sept jours, a prononce, le'lendemain du dernierjcur, son jugemenl definitif, dont le resultat poitr le prevenii est une condaranation a une amende peciiniaire de cinq cents 6cus species. Aujourd'hui , M. Hiehn , maintenu sur le tableau des avocats, vient d'intenter un proces au minist^re, a qui ildemande Gi6 EUROPE. line forte somme en indemnite des pertcs que la niesure rigoiii ciise dii gouvernement liii a fait cprouver dans son ^tat , ainsi que pour le tort qu'elle a pu faire a sa reputation. Nous n'avons pas la prc- somption de prc^dire quelle sera Tissue de celte affaire ; toutefois, il nous semble que par analogic et sans faire violence au texte de la loi , on pent tirer de Tarticle de la constitution que noiis venons de citer , un argument qui lui est trfes-favorable. Heiberg. DANEMARCR. CoPEHHAGUE, ic fi aout. — LivTcs Orientaiix. — Notre c^lfebre coni- patriole , le docteur Wallich , directeur du Jardin de botanique a Calcutta , vient d'envoyer a la bibliotlieque de I'Universite des prc- sens considerables en Hvres orieutaux. — Une Societe pour la licceratiire ancienne du Nord visnt de se former a Copenhague. Elle se propose de publier dans la langue originale , avec une traduction iatlne en regard , des mauuscrils islandais fort anciens. Les eclaircissemens preoieux que I'ony trouverasur I'hisloire de France font espcrerque la publication deces manuserits obliendra quelque faveur aupres des savans de ce pays. Le plan tletaillc de I'eu- treprise, avec une liste des souscripleurs , est depose a Paris , cbez MM. Bossange fr^res, libraires. ALLEMAGNE. Heidelberg. — Coiirs de VUniversitc. — Ces couis ont repris toute leur activite et attirent toujonrs dansnohe ville une grande quantite d'etudlans empresses de recevoir les lecons des illustres professeurs chnrges de toutes les brandies de ronseignemeut. II siiffit, sans doute, deprononcerles iioms de MM. Thibaut, Creutzer, Schlosser, Leo- BHARi), Tiedemakn , Gmelin , Zacuariae , pcur justifier eel eloge et rappeler en ni^aie teras beaucoup d'ouvrages qui ont fait faire a la jurisprudence, a la niineralogie et a I'arcbeologie , des progr6s niar- quans. La France pcut raaintenant, gr;lce a I'excellente traduction de M. Guigniaut (voy. ci-dessus, cahier ^octubre, p. 62-76), appr^cieiune grande partie des travaux mytbologiques de M. CREurzER. Get infati- gable professeur explique en ce inomeiit VOdyssee , tandis que M le professeur B^ehr, auquelon doit un Ctesius(\. ci-dessus, p. 481) et plu- sieurs editions de traites de Phitarque , se rend I'interprete des Kuces d'Aristhophane. M. Creutzer fait, de plus, nn cours d'Jntigtiites gieajiies et romaincs , el ne craiul point de descendre au gymnase ALLEMAGNE. 617 jjour initier ses jeunes eleves au sublime traite de nalura Deoritm , doiit il a public une si bonne edition. M. Thibaut, auteur ducoiirs de Pandectes , continue a enseigner cette partie du droit : ce celebre jurisconsulteneborne point la ses travaux : Xas Successions et les Tiiteles I'occupent aussi dans ses autres lecons. Le droit et la legislation sent riches encore de la reputation de MM. Mittehmater et Zachahiae. L'histoire du mojen age est developjjee par M.Schlosser, dont la Revue Encjcloiiedique a sou vent annonce les ouvrages. M. Mone , au- teur de la Mjlhologle du No/d et d'une Theorie de la stalistique , en- seigne cette derniere science , en m^me tems qu'il fait , dans uii autre cours , le tableau de I'Uistoire du xviii^ siecle. M. Gmelin traite de la Chimie, selon le livre elementaire qu'il a piiblie sur cette science. M. Lewkhard continue le sien pour la Geologie. IJ Anatomie ex. YUis- toire naiurelle sont conGees aux soins habiles de MM. Tiedemann et Lkuckart. Enfin, M. Umbueit , qui appartient a la Faculte de Theo- logie , e.st I'interprete de /'<2Aici'c7i yti^nmd/i/ et de quelques morceaux du Coran. GoETTiKGUE. — Socictes savantes. — Dans sa seance du 3o avi i! , la Societe loyale des sciences a entendu la seconde partie de la disser- tation de M. le professeur Mui-ler, sur \a. ine de Phidias , a la fois peiutre , sculpteur , fondeur, et Tore/itis, dans I'acceptioii la jilus large de ce mot , que I'ou ne saurait traduire fid^leraent , niais qui , dans les lexiques , est rendu par celui de CetlaCor. Plus le cercle de ses talens etait vaste , plu* Phidias restreignait les sujels sur Icsquels il les excrcait. II ne representa guere que les Dieux. M. Miillci' y voitune preuve de I'estime qu'il f.iisait de !ui-ineme. « Aussi , dit-il , I'antiquite, qui sa vait appt ecieT ce grand artiste , etait loin de lui pre- ferer Praxitele , corume I'ont fait quelques modernes ; elle le placait au dessus de tons les autres ; et si parfois Polyclete est mis plus haat, c'est uniquement parce qu'il pcifectionna le rorew^/yne. L'apparition de Phidias a detruit jusqu'au souvenir d'ecoles anterieures; il ne f'aut douc pas regnrder ses chefs-d'oeuvre conime le resullat des pro- gres de I'art. M. Miiller pense que Phidias a pu subitemesit , par le seul effet de son genie, le porter jusqu'a ce degiede sublime qui distingue se.s ouvrages. Nous ne pouvons entrer ici dans les conside- rations techniques qui terminent cette excellence dis.sertation , que nous ne connaissons d'ailleurs que par une courte analyse qii'en out donnee les jtnnonces savantes deGocltinr-ue. BoKN. — Slusee d'Antiquites. — Depuis que raucien direcleur du Musee, M. DoRovv , a e(e appele a Berlin, ses fonctions out ete con- 6i8 EUROPE. fiees a rillustre professonr M. tie Schi.f.oej,. Ce Musee ce compose, en grande partie, de la collection aclietce en 1821 , apii-s U wort du prince (l'Iseml)oiirg , qui I'avait formee a grands frais. Ell*" est riclied'une qnanfitc considerable de bronzes, deniarbres et d'aufres objets , la plupart trouves dans les environs du Rliiu et de la Mo- i^elle, Lessavans regreitent que Ton n'ait pu y joindreaussi ce que M. Lehre, h Mayence , et M. Scheibner, a Cologne, offraient de ceder au gouvernement prussien. On lit, dans \e Kunsiblatt d« Stutt- gart , r^numcratiou des niorceaux les pins digncs d'atiention que renferme le Musee de Bonn. P. Golmerv. Munich. — Necrologie. — Maximilien-Joseph , premier roi de Ba- viere. — Le r^gne de ce j)rince , dont la mort inattendue vient de plongertout son peuple dans le deuil , fixe une nouvelle ^rc pour le pays dont il fonda la constitution, et qu'il gouvema conforme- inent a I'esprit et a la lettre de ce pacte foiidamental. II ne dependit pas de lui de soustraire les Bavarois aux influences des forces exte- neures qui reglent les destinees de I'Europe; mais lout le bien que les circonstances permettaient d'operer au dedans , et les institutions qui le rendront durable , sont Iberitage qu'il laisse a son royaume, disons mieux , a sa patrie; car il fut digne d'en avoir une. I^es changemens essentiels qu'il fit dans le gouvernement de ses Etats n'y caustrent aucun trouble ; ce qui fait assez voir que les obstacles aux awieliora- tions politlques ne sont ni dans les clioses, ni dans les peuples. Sous son regne, le territoire de la Bavicre fut agrandx, la population et les revenus augmentes proportionnellement. La statistique considfe- rerait ces acquisitions comme un accroissement de prosperile; cer- tains observateurs tiendront plus de cornpte des perfectionneniens moraux dont I'instruction et la pcnsee sont la source : ils remarque- ront que I'aisance est plus unifornienient repaudue, que toutes les classes sont plus satisfaites de leur situation, que I'aniour de la patrie a pris de nouvelles forces. Maximilien-Joseph a mis sous les yeux de I'Allemagne un modele de ce que peuvenl devenir tons les Etats de cette vaste contree, si facile a gouyerner, si digne d'etre noise en jouissance d'nne sage liberie. La Baviere iietient que peu de place dans I'histoire de la fin du dernier siecle et du commence- raent de celui-ci ; mais il v a peut-^tre plus d'instruction a recueillir dans le petit nombre d'evcnemens qui s'y pass^rent , que dans les guerres immenscs, les bouleversemens politiques, les mouveme»s desordonnes dont I'Europe offrait alors le spectacle. Esperons que le regne de Maximilien-Jose^'li trouvera , en Baviere, un historien ALLEMAGNE. ~ SUISSE.' 619 philosophe , bien peiietre de riruportance d'un tel sujet, et ca|)able c!e le trailer avec I'exactitudc cl la rligiiite qu'il exige, Gelte liistoire serait le plus bea\i monument que la nation bavaroise pnisse consa- crer a la memolre du bieufaiteur qu'elle vient de perdre. Ce pjiuce , bomme de bleu, 6tait ne le 27 mai 1756; il est mort , a Munich, le 1 3 octobre dernier. F. SUISSE. Canton de Vaud. — Paragriles. — Reclamation. ■ — Monsieur, I'ar- ticledevotre section desMouvBiLKS scientifiques, cawxon deVaud, — Paragrele — , insere dans votre cahier dejuillet iSaS ( t. xxvii , p. 270), qualiiie de charlatanerie les essais fails pour s'assurer del'effi- cacite des paragriles. — La Revue Encyclopedique etant destinee a encourager la recherche de la verile, accueillera sans doute les reflexions suivantes, qu'a fait uaitre une accusation de cette nature. I" U inoculation , la vaccine, les paratunnerres , les aerostats, les machines a vapeur , etc. , ont ete accaeillis d'abord avec une extreme defiance. Des corporations savantes, des hommes tres-distingues, des gouvernemens se prononcerent , dangle tenii, avec une partia- lite opinidtre que Ton aurait bien le droit de leur reprocher aujour- d'hui. Leur exeniple du n«jins devrait servir a rendre les hommes moin.'i trancbans ct raoins decisifs. 2" On peut servir la societe de deux nianieres : en 'propageant des verites dtiles, et en sigiialant des erreurs. Les essais tentes pour s'assurer de refficacite des paragreles aj)parliennent a cetle derniere espece. 3° II est reconnu que, parmi les branches de la physique, la meteorologie est celle qui a fait le moins de progres. Jusqu'a pre- sent, du moins, les observations n'ont ete ni assez nombreuses, ni assez exactes, pour fournir ces resultats certains et permanens aux- quels on donne le nom de lois. 4° Plusieurs pbysiciens justement celebres ont tache d'expliquer la formation de la grele. Leurs explications sont ingenieuses; mais, comparees entre elles , elles sont si pcu d'accord , qu'un homnie de bonne foi ne peut y trouver que des systemes. — Si Ton ne connait pas encore bien exactement les manieres diverses dont la gr^le agit, on connait encore moins tons les elcniens et toutcs les causes qui con ■ courent a ses diverses formations. 5" Dans !e nombre des elcmens qui ont ])aiu a plusieurs physi" <:iens influer sur ceiles-ci, est I'electricite. Or, en adinetlant son 6-M> EUROPE. action cliitnique sur les autres elcmpiis de la gr^Ie, on devra con- venir que le produit variera necessairement , d'apres riiitensil<'' plus ou inoins grande de cette action. II n'y a done jms d'ahsurdite a penser qii'une nuee produisant des grelons durs , lorsque ractioii cliiniiqne de rdlectricite e.et enfifere. pourrait produire des grelons d'une esp^ce diffcrente ( par exemj)le, des grelons mous, ou sctn- blables aux flocons de neige), si Taction electrique etail brusque- nicnl modifiee; or, cVst ])rdcisenient la qncstion que I'on cheiclie h resoudre par I'essai des paragrc^les. 6° A la verite, on pretend connaitre avec exactitude le rayon d'activite des paratonnerres, et Ton en conclut que, la grele etaiit form^e bien au dela de cette limite, Taction des paiagr^les doit d-tre nulle. — Mais, est-il done bien certain que cette limite soit aussi exactement connue qu'on le pretend ? Est-on enfin bien assure que I'influence exercee jiar les conduclcurs electriques ne se fasse point senlir daris les coucbes superieures a la limite pretendue? Jusqu'ici , on s'est borne a deseiectriser les alcntours des edifices armes, et Ton n'a pas lente de soulirer Tclectricite d'un nuage entier, en dis- posant a sa rencontre une serie de conducleurs rapproclies et agissant simiilianement. 7° L'argument le plus fort contre les paragreles a ete fourni par le canton de Zurich, ou il gr£'le nonobstant les i5oo conduc teurs electiiques dont ses villes et villages sont armes. — Le fait est constant; mais , comme ces coi>ducfeurs n'y sont point disposes en lignes qui puissent opposer une activite simultnnee, beaucoup ])lus intense que celle des conducteurs disperses , on a pu croire , dans Ic canton de Vand et ailleurs , qu'il convenaif de rdpeter en- core les essais tentes dans la Romagne et au pied des Pyrenees , en disposant ces conducteurs en lignes rapprocliees destinees a agir simnltanement. Co qu'on a voulu cssentiellement dans le canton de Vand, c'etait d'oblenir un resultat quclconqne sur lequel on put compter. On s'en est occupe avec bonne foi ; et, grAces au bon sens national, les moyens de subvenir a la depense n'onl pas manque. Un Vaudois. M. d. R. Les reflexions prec<5denles sont justes .i ]>lusieurs egards , mais ne servent point la cause des paragreles. Ce nVst pas assez de nronver que Ton pent s'en occnper avec quelque espoir de succes; il faudrait faire voir que I'nn a de fortes raisons pour s'en cccuper; que leur construction et les effets qu'on leur atlribue sont deduits SUISSE- C,-zi de faits certains et d"une theorie mise hors de doute. Jusque-la, point de motif pour essayer au hasaid : voil.-i ce que Ton a dit constam- ment, et ce qu'il faut repeter encore. Appenzejll. — Police sanitaire. — On lit , dans la Feuille luensiielle appenzellolse, une notice detaillee sur I'etat de la police sanitaire dans les Rhodes exterieures. Nous en extrairons les faits principaux. — Un Coiiseil de sante , instilue au mois de mai 1810 , cessa ses fonc- tions au bout d'une annee. Dos ce moment , il n'y eut , pour cette partie importante de la police , nl autorite , ni surveillance jusqu'au mois de mai 1821. A cette cpoque , et sur la demande d'un grand nombre de medecins, le grand conseil retablitle conseil de sante, et appela a en faire partie deux des premiers magistrats , et trois mede- cins , qui ne se reunirent pour la premiere fois que le 34 niars 1 823. Leurs premiers travaux eurent pour objet la red.iction d'un piojet de reglement qui determine leurs fonctions et leurs attributions. U'a- pres ce projet, qui obtint la sanction de 1 autorite legislative, I'office du conseil de sante consiste principalement a examiner et asurveiller routes les personnes quiexercent lamedeciue, la chirurgie.l'art veteri- naire, ainsi que les sages-femmes. La surveillance immediate est exer- ceepar les trois medecins membres du conseil, dont chacuna un district determine, soumls a son inspection. Lei4juin i824)eut lieurexamen des enipii iques etablis dans le pays , au nombre de neuf. Sept fu- rent convaincus d'une ignorance totale dans toutes les parties de la medecine. Jusque alors , cependant, ils avaieni tous entrepris la gue- rison , meme des maladies les plus compliqucesel les plus difficiles , a I'exception d'un seul qui se bornait a trailer qjjelques maladies ex- f ernes, et a saigner, sans avoir la pretention de pc seder dans I'art de la saignee, un reraede universel. — A I'egard des sages-femraes , le conseil de sante soumit au gr.xud conseil la proposition suivante : " Depuis 30 ans, il n'a pas ete donne d'instructiou publique jiour former des sages-femmes. Cependant , plusieurs de celles qui exis- taient a cette epoque sont mortes ; d'autres out quitte leur etat. Cette profession est exercee en pnrtie aujourd'hui par des femmes qui n'ont fait aucune etude. Le conseil desante a done jugc necessaire de lixer fattention du grand conseil sur cat objet , et de lui proposer que deux medecint soient charges de donner des cours publics d'accouche- ment, et que les chefs des communes invitent les personnes qui vou- draient exercer I'etal de sage-femme a suivre ces cours. » Cette pro- position a ete adoptee , et des merures ont etc prises pour son execution. N. V. G-ii FAIROPE. B.\i)E et YvCnnuN. — Atablissement thennaux. — M. C. 4 , s'elfeve a 246,875. En 1820, on n'en comptait que 32,255, de sorte que, dans uiie proportion toujours croissante, I'an- nee 1824 en a offert 68.452. Si Ton fait attention que, dans nos etats de terre ferme , le nombre moyen des naissances est de 1 16,979 , on se convaincra que le nombre des sujets vaccines pendant 1820 exce- dait deja le quart des nouveau - nes, et que, dans les annces suivantes, 11 parait avoir de beaucoup depasse celte limite. Satisfaite de ces beureux succ^s, qui ont conserve la vie a un si grand nombre d'in- dividus , S. M. n'a point vouJu laisser sans recompense lous ceux qui, dans leurs divers emp'ois publics , ont seconde les efforts du gou- vernement : elle a ordonne , en consequence , une distribution de medailies d'or et d'argent , d'line execution tr^s-soignee , avec celte epigraphe : Rex victorius Emmanuel , et au revers : Ol> incisionan i>nc- cinam late propagatam. — Une association d'homnies cclaires s'est foi mee dans cette ville pour y etablir une Societe de lecture, analogue a peu pres a celle qui existe a Geneve. (Voy. Rev. Encyc. t. xxvii , p. 58i)). B. Milan. — Prix propose par I'lnstitiit de sciences , lettres et arts. — XJinstitut a propose, au commenccmeni de cette annee , la solution du probleme suivant : ■< Indiquer, par le moyen d'experiences, quel secours peut tirer ragricullure pratique, ■^iirtout dans les provinces lombardo-venitiennes , de I'application des doctrines de la chimie moderne et des decouvertes les plus reccnfes , spccialement en ce qui regarde la aature et la com[)osition des terrains, et les diverses cul- tures qu'on peut y appliqiier ». Les memoires feront remis, avant la fin de i8i6. Tons les savans, nationaux ou eliangers , sont admis ITALIE. 6»5 ^n concours. lis pourront ecrire en italien , en latin , en alleaiand elin , nomnie professeur extraor- dinaire pour Texploitation des mines, vientde jirononcer son dis- cours inaugural au miheu d'une grande affluence d'auditeurs qu'a- vait rennis la seance publique annuelle du senat academique. Cc jeune savant , connu deja par un grand nombre de reciierches utiles, a jete un coup d'oell rapide sur I'etat florissant de I'instruction en Belgique : il s'est attache a laire valoir la fondation detrois institu- tions nouvelles que I'on doit a la sagesse et aux vues liberates de notre auguste monarque. « Dans I'instaut meme, drt-il , ou je vous parle, trois nouvelles institutions prennent naissance au sein de nos universites; le College phllosophhiue , Vtcole des mines et ['Ecole des sciences forestieres. Je ne parlerai point ici du college philosophique, reclame dequis long-terns par nos mceurs et nos principes; il se montre deja riche de tout I'eclat et de la faveur dont un gouverne- ment sage et la force de I'opinion peuvent entourer une institution naissante. Destine a donner a I'Etat des sujets aussi religieux que fidfeles , a la religion des ministres eclaireset philanthropes, wu peu- l)le I'espoir de consolations plus efficaces et de secours plus eclaires, ce college ne pent dire encore Lien apprecie par tout le monde ; il le sera , et ce tems n'est pas loin peut-^tre , lorsqne, sortis de son sein, des disciples de Fenelon et de Massillon rameneront parmi nous les vertus et I'eloquence de la primitive cglise, et rappelleront aveo con- rage les peuples a la verite et les rois a la verlu : il le sera surtout , hnsque parconrant les campngnes, de nombreux apotres d^iineTeli- gioa de tolerance et de paix y porteront la crainte des vices, Tamour des verlus et le besoin du travail. » Apres avoir examine les avan- tages que peuvent reiirer les jeunes Beiges de la fondation d'une 63o EUROPE. ecole des mines et d'uiiu ^cole des sciences forestiferes, en appliquaiit les lecons qu'ils y recevront a I'exp'.oitation des ricliesses qu'offre le sol de leur patrie, I'orateur paie un juste tribut d'eloges a M. Walter, I'inspecteur general, dont les soins eclaires et I'utile intervention ont procure aux trois universites meridionales la foudation de cours des- tines a donner a I'industrie uu nouvel essor, en eclairant ses proce- des. » On devait naturellement s'attendre a trouver , a la fin d'un discours ou sont justement apprecies une foule d'etablissemeus utiles crees dans un court espace de terns, I'eloge du monarque qui en est le fondateur. Aussi , M. Dandelin s'est acquitte de ce de- voir avec tout renlhousiasme que la reconnaissance inspire a une belle ame capable de sentir des bienfaits qui doivent devcnir une source de prosperit^s pour la patrie. A. Queielet. LouvAiN. — La Societe de medecine de cette ville vient de s'associer comme membre correspondant M. le docteur Van den Bosch , niede- cin a Rotterdam, auteur de plusieurs ecrits, qui a traduit en hoUan- dais et augmente de notes la i^ edition del'ouvrage de M. Kirckhoff: Observations medicates faites pendant les campagnes de Russieen x8ia ef d'-^llemagne en iSl3 , ou Uis(oire des maladies observees a la Grande armeejrancaise lors de ces oiemorables eampagnes ; ouvrage quia ob- tenu un tres-grandsucc6s. M. — College pour les tatholiques. — Le Roi , penetre de I'importance des fonctions du sacerdoce , a fonde a Loiivain un college, ou les jeunes catholiques romains qui se destinent a I'etat ecclesiastique , doivent suivre pr^alablement des cours de philosophie , d'histoire , de litterature, de mathematiques , et de sciences naturelles. Cette disposition, eminemrnent utile a I'Eglise et a I'Etat , n'a trouv6 des opposans queparmi quelques personnes souinises a rinflttcuce etran- gere et peu eclaixees sur les inter<5ts de leur pays. Les gens veritable- ment rellgleux sent penetres pour le monarque de la plus profonde reconnnaissance. ( Voy. ci-dessus , I'arlicle Liege.) Amstekdam. — \J Academie rojale des beaux - arts a decern6 le grand prix de peinture a 31. Desire De Fienkes, d'Anderlecht ,, eleve de M. Paelinck, a Bruxelles. M. de Fiennes recevra , pendant quatre ans, une pension de 1,200 florins, pour aller se perfection- uer a Rome , ou ailleurs. De R — g. La Haye. — Souscription en Jas'eur des Grccs. — Les babitans des Pays-Bas, comme ceux de I'Angleterre , de la France, de la Suisse,, de riulie , de I'Allemagne, de la Russie (surtout de la ville d'Odessa) et md:ne des Etats.- Unis d'Amcrique, ont voulu donner un temoi- •• PAYS-BAS. — FRANCE. ^ 63 1 gnage public du vif int^r^t qu'ils poilent a la cause de I'indepeudance de la Grece. Une "souscription a ete ouverte potjr venir an secours des Grecs. Parmi les signatures , ou remarque celle de M. G. K. Van Hoogendorp, de La Haye, et celles d'autres persoanes respectables des differentes villes de la Hollande. L'appel assez etendu , qui est insere dans la Gazette de La Haye , du 4 novembre , se termine ainsi : • Les soussignes, en ouvrant la souscription dont ils yiennent d'in- diquer I'objet , esperent que les reunions^formees dans d'autres \illes de Hollande pour atteindre le m^me but , se mettront en relation avec eux, et ils coniptent surtout sur I'influence des ministres du culte, dont la bienfaisance dans notre patrie est si active. • J. FRANCE. CnAi,oNS (Mame). — Industrie agricole. — Notre departement vient de s'enrichir dune nouvelle branche d'industrie agricole, par' I'intro- duction des moutons a longue laiae dont lesjproduits sont si estimes, et dont on est fonde a esperer les plus heureux resultats pour la perfection de nos draperies. MoNTPELLiER. { HerauU). — EnseignemenC mtUuel. — La Societe protestante de cette ville soutient depuis long-teras, par des sous- criptions volontaires , une Ecole d'enseignement mutuel povtr les enfans des deux sexes. — Au mois de fevrier dernier, une assemblee gene- rale eut lieu au temple protestant. .On y remarquait une reunion brillante et nombreuse. M. le pasteur Michei, ouvrit la seance par un disoours annoucant que cet ^tablissement acquiert chaque jour de nouveaux accroissemens ; que I'afflueace des eleves est telle que le local est deja trop petit. — « Les heureux resultats, dit-il , que nous avons obtenus par le uombre des eleves instruits, sortis des deux ecoles, sont bien propres a ranimer notre zfele.On dit avec raison que I'ignorance n'est bonne a rien ; a la verite, elle produit des ten^bres, et c'est a la faveur des tenebres qu'on parvient a s'egarer soi-meme , ou a egarer les autres». M. le docleur Dumas , I'lin des secretaires de la So- ciete, a fait ressortir, dans un discours rempli d'interet, les avantages de I'enseignemeut niutuel et de la reunion des jeunes gens, de tous les etats , dans une nidme ecole : «circonstance, dit-il, qui n'a pas peu contribue a faire de Henri iv le niodele des princes, et a lui meriter le noni de grand.* — Enfiu, des prix ont ete decernes aux eleves qui se sont le plas distingues dans le courant de I'annee. — La Society se propose d'etendrc sa soUicitude en faveur des eleves , pendant les annees qui ^suivfont celles de leur institution au sein de I'Ecole. 632 FRANCE. Sai«x-Bkiehx. ( C6tes-du-noi\i). . — Noiiveau cams d'enseignemettt industriel.-~ L'ouverture de ce cours ordonoe pnr S. . . le niiuistre de k marine, a eu lieu dans notre ville le i6 octobre dernier , dans un local genereusement fourni par M. le Maire, e* ea presence de M. le Prefet , des autorites civiles et militaires , et du digne Prclat qui donne ici I'exemple des verlus cliretieiines', unies au patrioiisme et a I'amour de I'intiuction. — M. Huet de Brangolo , commissaire des classes a Saiiit-Brieux , dans un discours plein de sagesse, a fait connaitre les intentions bienveillantes de S. Ex. le Ministre de la marine et des colonies, pour la prosp<^rite des villes maritinies et pour les progrfes de leur industrie. — M. Dubus, professeur rojal d'hydrographie , ancien el^ve de I'Ecole poly technique, a monlre quel sera particulicrement le genre d'utilife que la classe laliorieuse de Saint-Brieux trouvera dans le cours qu'il va professer, les mardi et vendredi , le soir, a liuit heures , lorsque la journ^e du travail e«t finie. ( V. Riv. Ei:c. t. xxvii , p. 683, et ci-dessus , p. 3 1 8, les details relatifs a I'organisation de cours du m^me genre dans un graud nombre de villes , en France , ou les classes industrielles s'empressc- ront de puis«r une instrljction appropriee a leurs besoins, dont elles avaient long-terns 6te privees, qui a puissammen't contribue a la prosp6rit6 de I'Angleterre, et qui ne tardera pas a produire parmi nous des resultats aussi avantageux ). VoLVic (Piiy-de-Dome). ■ — Ecotc d' architecture et de scnlptiire. — M. RoGEH , directeur de cet ^tablissement , fait deja executer par .ses. Aleves des travauxqui annoncent ungoiit pur etun talent exerce. Les amateurs admirent surtont des rosaces a feuilles d'acanthe et des mo- dillons semblables, d'un beau fini, et d'une delicatesse que la lave, par sa durete, .semblait ne pas permettre, ainsi qu'une copie de La Joiieiise aiix osselets , d'aprfes I'antiqu*'. Socictes savantes ; Etablissemens (Tutilite puhliquc. Amiess. (Somme). — L' Acadcmie de cette ville a tenu sa seance publique le 7 novenibre. Elle avait propose pour sujet do prix x\n discours siir la convenance du stj le , et un poiime sur le bonheur ■dnmes'- tique. Elle a accorde la mention la plus honorable au discours qui a pour epigraphe : Is erit eloquens , etc. L'auteur du poeme qni a pour epigraphe : Vivite Jehces , quihus est fortuna per^icta , a obtena lanc mention tr^s-honorable. L'Academie a retire le sujet du prix d'elo- quence , auquel elle a substitue deux sujets qui n'interessent que le departement ; elle propose de nouveau le bonheur domestique pour DtPARTEMENS. 633 sujet du prix de poesie. Le concoui-s sera ferme , le q5 juillet iSid. Auras ( Pas-de-Calais). — La Socii'le royah de cetle ville avail mis au concours pour le prix de po(5sie de iSaS, le sujet saivant : Le droit dc la nature et des gens 'violc . a la honte des nations chretiennes , par les Etats barbaresqiies. Une med^ille d'or devait etre accordee a I'auteur de la meiUeure piece de vers sarce sujet. La Societe a de- cenie le prix a un poeme de M. Angusi-e Moufle ( Voy. T. xxvii, p. 923 , d'autres details sur la meme se.ince ). Ci-ermont-Fekrand ( Piij-de-Dome ). — IjCS Societcs d' agriculture et de geologie c^ne possedalt cette villie ayant cessc d'exister, une Bouvelle s'est elevee a Icur place, sous le nom de Societe des sciences , belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand. Celt* Societe a deja teiiu sa premiere seance publique, le 20 aout, de niaiii«re a fiiire bien augu- rerde ses efforts etde ses Iravaux uiterieurs. Apres uu compte rendu de M. Andre i^'AuBiERES , secretaire , sur J'organisatioD de la Societe et le but qu'elle se propose, M. de Montlosier, directeur, a su in- teresser Tassemblee sur un sujet eminemnient utile , il est vrai, mais qui paraissait peu susceptible de recevoir les omemens du style. Les engrais, leur penurie en France, la necessite d'engrais artificiels, la fabrication cliimique qu'ii se propose d'etablir avec M. Bergou- nhioux , pbarmacien de Clermont , tels sont les points principaux du memoire de M. de Moiitlosier, et les questions qu'il appartenait bien de traiter a celui qui a obtenu de si beaux resultats d'agriculture au milieu des pozzolanes des volcans d'Auvergne. C'est avec un in- terdt non nioins vif qu'on a entendu un memoire lu par M. de Thuret, iageuieur du departement, sur le prcjet d'un canal lateral de TAUier a la Loire , projet qui interesse beaucoup tons les habitans du Puy-de-D6me, parce qu'il sera une cause de grande prosp^rite pour ce pays. — Le tour de la geologic efant arrive, M. I'abb^ Croizet a pr-esente une notice sur le gisenient d'os fossiles que renfernr:e la moatagne de Peiriers, pr^s d'Yssoire (voy. Hei'. Enc. t. xvii, p. 670 et t. XXIV, p. 146 )- Les belles considerations generales anxquelles Torateur s'est livre, ontfaitreigretter qu'il n'ait pu donner des details plus circonstanoies sur I'objet principal de son travail, assez curieux par lui-m^rae , piiisque les fossiles de Perriersi.e. trouvent accompa- gnes de circonstances dLfferentes de celles que les ouvrages de M. Cuvier ont fait connnttre, et enrichisseiit la zoologie d'une tren- taine d'especes nouvelles. Un memoire |)lus special a etc lu ensuite. Son auteur, M. le docteur Peghoux y a fait connaitre un^ite d'osse- mens fossiles encore inconnu, situe auxeuvirons de Volvi« (Puy-de-' 634 FRANCE. Dome) ou il est alle I'explorer arec M. da Montlosier. Les etpLces ^ presque toutes nouvelles qoe M. Peghoux a determinees jusqu'a ce jour se rapportent aux ordres : Ruminans, Rongeurs, Carnassiers , Cheloniens, Oise.iiix deproie, et au genre anoplocherium. Le terrain oil soat deposes les debris de ces espfeces, caracterise par la pre- sence de Yindusia tubulosa , avail elre remarque par M. Bosc , sur la moiitagne de Saint Gerand-le-Puy, sur les collines du departement de I'AUier, par M. Omallez d'Halloy, et dans la composition de deux ou trois eminences de laLimagne, parM. Ramond. M. le docteur, en cilant un grand nombre de points nouveaux ou ii I'a observe dans le Puy-de-D6me , I'a considere, pour la premiere fois, dans son en- semble, et a fait connaitre les circonstances geologiques qui ont ac- compagne sa formation. — Deux pieces de vers ont agreablemeut ter- miue cette seance; I'une a ete lue par M. Bernard; I'autre', par M. le docteur Mossier qui , dans une description des beaux sites de I'Au- vergne , a presente quelques tableaux energiques a la manifere de Lucrece; sa versification elegante et facile a quelquefois rappele celle de Delille, P. DouAi ( Nord ). — La Societe medicale de cette vilie propose pour sujet d'un prix a decerner le i'^' decembre 1816, la question suivante : "Uel'emploi des revulsifs dans le traitement des inflammations aigues des organes de la respiration , et dans celui de la gastroenterite, en determinant le choix et le modesuivant les differens cas , el particu- lierement le terns de la maladie leplus convenable a leur application." — Le prix sera une medaille d'or de la valeur de deux cents francs. Les ouvrages envoyes au concours devrontdtre adress^s, avant le i"^ septembre 1826, a M. le secretaire de la Societe. *** M/VKSEii,i,E ( Bouches-du-Rhone ). — Notre Academie rojale des sciences , belles-lettres et arts , vient de nommer raembre associe M. le chevalier de Kirckhopp , coUaborateur de la Revue Encjrclopedique , et membredela commission medicale dela province d' An vers, dont les norabreux o,uvrages, generaiement estiraes, I'ont fait agreger a presque toutes les academies et socictes savantes , nationales et etrangeres- — La meme Academie, aprfes avoir couronne I'ouvrage de M. MoBEAU i)E JoNMES, sur Ic Commerce au igm* siecle, vient de donner a I'auteur une nouveile marque de son estime , en Tadmet- tant au uonibre de ses associes. La ville de Marseille, en agreantla dedicacedecet ouvrage , a souscrit pour cent|exemplaires. — U Aca- demic de Lyon vient spontanemeut de demander a I'administation municipale de cette ville d'en favoriser la publicatioa. Z. DtPARTEMENS. 635 ■ — Stance piiblique, tenue le 28 aout. — ^^M. le chevalier Zoj/jV uu De- MAiSE, president, a prononce lediscours d'ouveiture.— M. Jaufi'Ret, secretaire perpetuel, a lu trois nouvelles fables de sa composition : il a prou ve qu'il se trouve encore , comme le disait La Fontaine , dans les champs de I'apologue des terres incultes ou le talent pent recueillir quelques fleurs. — M. Alphonse Demis a lu une dissertation sur les litteratures elrang^res , pleine d'esprit et d'erudition. — Un conte de M. le chevalier Lamtier a ete lu avec beaucoup de grSce- par M. Reguis , procureur du roi a Marseille. — M. Jauffret a fait ensuite uu rapport detaiile sur les pieces de poesie qui ont concouru pour le prix propose a I'occasion du sacre de S. M. Charles X. — Ce prix a ete decerne a M. Durand de Modurange qui , en 1819, a peine Age de 16 ans , avail remporte le prix de poesie a la meme academie , et qui depuis s'est plusieurs fois distingue dans les concours des Jeux floraux de Toulouse. L'accessit a ete obtenu par M. Alphome Fjoayol , residant a Macon. — Un prix de poesie reserve a ete ac- corde a M. Duraihd de Modurange, deja nomme, pour une autre ode , dans le genre gracieux , adressee a S. A. R. Madame la Dau- phine. — Un second prix reserve a ete decerne a M. Mabids Gimoh, pour une epitre ou Ton a remarque de Ires-jolis vers (voy. Rev. Enc. ci-dessus , p. iSa). L'Academie a annonee qu'elle se voyait a regret forcee de retirer du concours I'Eloge du cardinal de Bernis , les disconrs qui lui sont parvenus n'ayant point rempli son attente. Dans sa seance pu- bliquedu mois d'aout 1826 , elle decernera une medaille d'or de la valeur de 3oo fr. a I'auteur du memoire qui aura le mieux resolu les questions suivantes : Quels avantages doivent resulter pour le de- Dartement des Bouches-du-Rh6ne el pour les villes d'Aix et de Mar- seille, en particulier, de I'execution du projet relatif au Canal de Provence. — Quelles difficultes presenterait I'execution de ce projet ? — Ou convient-il d'etablir la prise d'eau ? — Les concurrens pourront consulterla Statistiqiie du departement des Douches-du-Rhune , ouvrage public par les soins de M. le Comte de Villeneuve, prefet. — Le terme des concours est Cxe au i'^'' juillet 1826. J. de M. Toulouse C Haute-Garoitne ) . — \J Acndemie des sciences , inscrip- tions ec belles-lettres de cette ville a tenu , le aS aout , sa seconde seance publique. M. de Malaket en a fait I'ouverture par un dis- cours. — M. Tajan a lu un rapport sur le concours geneial que ' Acadeniie nvait ouvert pour I'annee iSaS , sur cette question : « L'e- G36 FRANCE. tude des langues orientales estellc iDdispcngable jjonr i'ormer le bon ecrivain ? » Le prix a ele accorde a M. Dutpoif df. Livbrnon; M. Charpemtieb de Saint-Prest a obtenu une mention tr^s-bonora- ble. Cette seance a ete tcrmini-e par la lecture d'une notice historique sur M. Magi-Durival, composee par M. DuMiicE. — L'Academie propose, pour I'annee 1828, la qoestion suivanle : >• A laquelle des deux lilteratures, grecque ou latiuc, la lltterature francaise est-elle le plus redevable ? • — Le prix est une medaille d'or de 3oo fr. PARIS. IwsTlTUT. — Jc::demie des sciences. — Mots rf'ocTOBRE iSaS. — ■ Seance dii 3. — M. Febukirr rappelle les experiences qu'il a faites sur le fluide eleclrique rontenu dans le gaze oxigene , et qu'il croit rentrer en partie dans celles qu'a faites recemment M. Pouillet ( commissaires nommcs pour le memoire de M. Pouiilet). Les phe- nomfenes dans lesquels le fluide electiique joue uu role, exerceut au- jourd'hui I'esprit d'un grand nonibre de pbysicieiis. Cliaqne jour decouvre denouvelles proprietes de cet agent de la nature , inais ou n'a pu parveuir encore a les lier par une tbeorie generale. — M. Charles GEMMEi,L\no adresse uu memoire italien , avec des echantillons a I'appui , sur le sol de I'Etna ( MM. BroDgniiirt et Brocliant, commis- saires). — M. CiviALE termine la lecture de sou memoire sur la tiihon- :ri/>ue (MM. Chaussier et Dupuytren, commissaires). — MM.QuoYet Gaymard lisent des reraarques zoologiques sur les polypes a polypiers faites dans la base de Coupang, a Timor et sur I'ile Guau , aux Ma- riannes (MM. Bosc et Dumeril , commissaires). — M. Audouard commence la lecture d'un memoire intitule : Apercus generaux sur I'origine et la contagion de In peste et de la fievre jaune. — du 10. — M. Huygnal Beaufond, residaut aux troisllels, ile de la Martinique, prie I'Academie de faire examiner un plan (iguralil" portant I'application de la machine pneumatique a un moulin a sucre ordinaire ( MM. de Prony etNavier, commissaires). — M. Latreille fait un rapport verbal sur I'ouvrage de M. le general Dejeak, inti- tule : Spei'ies general des coleopteres de la collection de I'auteur. — M. DuLotJG lit uu memoire intitule : Recherches sur les pouvoirs refringeus des fluides elastiques. — M. Lenoik fsls , ,au noni de son pfere et au sien, preseftte un memoire sur les nouveaux instrumens qu'ils ont constroits, et specialement sur oeux qu'il a nommes ni- veaiix-cercles. II d^crit les avantages qui leur sont propres, et indique le degie dc perfection qu'il est parvenu a leur donner. II met sous PARIS. 63; les veiix de PAcademie plusieiiis de cais encore que le cycas se multiplic par de simples rondelles ou de9 fragmens de jets, coupes a la maniere des ponimes de terre, sur de jeunes jets. La pulpe des fruits a une saveur agreable, mais tr^s-as- tringente , ce qui oblige d'y ajouter du sucre ou de la faire maccrer avant de la manger. El!e conlient assez de parties fermentatives pour donner, lorsqu'on la met dans I'eau , une bonne liqueur spiritueuse. On peut en retirer, ainsi que du tronc et surtout de la partie mcdul- Inire, une feciile a peu pr6s semblable au sagou. L'amande du fruit du cycas est tres-amere; c'est nn vomitif tres puissant , quand elle est mangee sans precaution; mais, grillee, elle devient un aliment agreable. Les individus femelles secretent one grande quantilc d^ gomme, dont les proprieles se rapprochent beaucoup de celles de la gomme adragant. Le memoire de M. Gaudichaud est juge digne cl'(5tre insere dans le Recueil des savans etrangers. — M. Geoffhoy Saint-Hilvire lit un memoire sur un foetus, ne a terme, blesse dans le troisieme mois de son age, et devenu monstrueux a la suite d'une tentative d'avorlement. — Dii 24. — M. Dei.attre ecrit i TAcadeniie pnur lui offrir nn memoire imprime qui porte le litre suivant : Qtielques mots sur le hriseinenl de la picrre dans la Tessie par des precedes mecaniques. ( Com- missaires deja nommes ). — M. Mibbbl lit un rapport sur la Flore des lies Maloiiines , par M. d'Urville. « Sons tous les rapports, dtt M. MiRBPL en terminant , ce uouvel essai snr les iies Malouines est ua excellent travail. Nous proposons a rAcadeinie d'en temoigner 638 FRANCE. sa satisfaction a I'auteiir , et d'en autoriser la publication dans le Recueil des savans etrangers. » ( Approuve ). MM. Vauquei.in et Thenard font un rapport sur uti meino*e de M. Laugiee, coiicer- nant I'analyse d'un mineral connu sous le nom de fer resinite ( de Hauy),des environs de Freyberg. M. Stromeyer etait precedem- ment arrive au meme rcsultat que M. Laugier, qui I'ignorait ; tnais le travail de ce dernier est toujours interessant, en ce qu'il confirme I'existence de I'acide arsenique dans le fer resinite. ( Approuv^ ). — M. Geoffroy-Saint-Hilaire lit un memoire sur la structure, la composition et les usages de I'appareil olfactif dans les poissons , et specialement dans le congre. -^M. de Grandpre lit une piece manuscrite intitulee : Memoire sur les mojens de sender I'Ocean pour reconnoitre les va/lees qui deCerminent les courans. II met SO'JS les yeux de 1' Academic I'appareil qu'il propose pour cet objet. ( MM. de Prony et de Rossel , commissaires ). — M. Audouart ach^ve la lecture de son memoire sur la peste et la fifevre jaune. (Commission deja nommee ). — Du 3i. ~ M. Serres adresse un ouvrage manuscrit sur I'ana- tomie comparee des nionstruosites animales. ( Renvoye a la section d'anatomie et de zoologie). — M. de Saint-Cricq, president du conseil de commerce, etc., demande I'avis de I'Academie sur des questions relatives a Temploi du sulfate de soude dans les verre- ries, et sur les moyens par lesquels I'administration pourrait la favoriser. (MM. Vauquelin , Thcnard , Gaj'-Lussac et d'Arcet , com- missaires. )^ — M. Moreau de Jonmes communique des extraits de quelques lettres ecrites sur la Martinique, et contenant des details sur les ravages de la fievre jaune et ceux du dernier ouragan. ( Voy. ci-dessus,^. Sgg). — M. Geoffrot-Saint-Hilaire lit le memoire dont il avait donne le resume dans la seance precedente. — M. Lassis lit une note sur le memoire du docteur Segaud, de Marseille, relatif a la pr6tendue contagion de la fiivre jaune, et au dernier memoire de M. Audouard. A. Michelot. — Academie francaise. — Le 3 novembre , cette Academic a pro« c^de a I'election d'nn nouveau membre, en remplacementde M. Bi- got DE PBEAMEifEU. Au premier tour de scrutin , M. Mathieu de Montmorency s'est trouve avoir i8 voix sur 3i ( nombre des membres presens ). M. Pongerville , auteur d'une traduction de Lucrece , et que nous nous honorons de compter au nombre de nos collaborateurs , a obtenu 9 voix ; M. Ancelot , auteur de Louis IX , du a/flire du Palais fdeFiesque et de Marie de Brabant (Voy. ci-dessns. PARIS. 639 l^age a56, I'anaonce de ce dernier ouVrage ) 3 , et M. Vikhitf.t, aii- teur de plusieurs tragedies, et d'cpi'tres oii brillent une franchise et une verve fort remarquables , i voix. — M. Mathieu de Montmorency a ete proclame membre de I'Acad^mie fran^aise , a la majorite de 5 voix. Societe protestante de prevojance et de seconrs miititels. — De tous terns les protestans de France se sont distingu^s dans rhonorable carriere de la charite, que I'B'.vangile commande. La Societe dont nous annoncons la fondation recente, et qui comptedeja des souscrip- teurs dans tous les rangs de I'fitat, esp^re que ses efforts seront en- courages par tous ceux de ses freres qui apprecient les avantages de cette mutuelle garantie contre les malheurs , et qui sentent tout le prix des obligations charitables d'un coeur vraiment religieux. Des a present, cette Societe est en etat de secourir , d'une mani^re efficace et prompte , tout societaire qui serait malad*. Elle vient de publier son B'eglement (i) , et bientot elle fera paraitre la liste des membres de son conseil d'admiaistratioa. Athinee de Paris (V. Hev. Erie, t. xxvi, page 924)- — Cet etablis- sement, qni corapte maintenanl quarante annees d'existence et de succ^s , va recommencer ses travaux. Le programme des cours de cette annee protive que I'administration est parvenue a composer un professorat qui satisfera les amis des lettres et des sciences , et qui succedera dignement a ceux qu'illustrerent tour a tour, dans les sciences , de Parcieux, Fourcroy, Fentenat , Ciivier, etc.; dans la littera- ture, La Harpe , Giiiguene , Chcnicr, Lemercier , etc, — Voici le tableau des cours de cette annee : i"'* section '.physique , M. de Mojvtfer- rahd; chimie,W. DvMXs; p-fiysiologie , M. Magendie; zoologie , M. de Bj-iiNvlLLE; hygiene , M. Eusebe DE Salle ; anatomic , au moyeu de pieces artificielles , M. Auzoux; geologic generate, M. Constant Pre- vosT ; meteorologie , M. Babinet. — 2^ section : histoire liiteraire de France, M. Yii.i.'E.THiiye.; philosephie des facultes intelleclueUes , M. le docteur Gall; economic et morale , M. Duhoyer ; Considerations siir la civilisation aux xviii« et xix* siecles , M. yllexis de Jussieu. — Ces cours s'ouvriront dans la premiere quinzaine de dccembre. — UJthe'- nee reunit aux cours d'instruction qui ont lieu tous les soirs , I'avan- tage d'offi'ir aux personnes qui le frequentent , des salles de conver- (i) Paris, 1825. Brochure in-S" d'uae feuille; imprimerie de GauUitr- Laguionie. G4o FRANCE. salion et des snllcs dc lecture ou Ton tronvc la pliipart des journaut ct ties ouvrages period iqu es , francais et efrnngers, et beaucoup d'ouvrages uonveanx et de brochures du moment. On peut s'abonner , tous les jours, au secretariat de I'Athenee, rue de Valois, n° a , pres le Palais - Royal. Prix, 120 fr. pour les liommes ; fio fr. pour les dames et pour MM. les etudians. Societe philoteuhnique. — Seance piibliqiie anniielle ( 37 noTembre ). Cette seance avait attire \\u grand concours d'auditeurs. M. de Ladoccette occupait le fauteuil. Un rapport tr^s-detailie du secre- taire-perpetuel, M. Villenave, sur les travaux de la Societe, a rendu necessaire la suppression de phisieurs lectures, entre autresdu cha- pitre d'un reman que va publier Tingenieux auteur de la famUle Glinet. Au rapport ont succede Crois fables fort originales et fort piquantes de M. Febve , et que I'auteur a lues avec le talent qu'on lui connait ; un rapport de M. Lewoir sur un nouveau cabinet fort corieux d'antiquilcs egyptiennes ; une elegie et Aevix fables de M. Nau- DET , ou Ton a trouve de I'esprit et de la grAce; le recit plein d'in- ter^t des derniers momens de M. Ic cointe de Lacepede , menibre de la Societe philoierlinique , et dont la famille assistait a cette seance (recit extrait d'un eloge historique par M. Villewave); un conte aux Eiifans de France , par M. Bouielt; et un chant de la Philippide , poeme inedit dc I'auteur de Sigismond et du Siege de Damns , et que M. ViENNET a lu avec beaucoup de chalcur. — Un concert agreable a termine la seance. Ecoles d'enseignement inutuel etabHes a Paris. — Distributions des prix. — Au milieu des obstacles de tout genre que I'ignorance, la preven- tion , I'esprit fie parti et la mauvaise foi opposent a la nouvelle roe- thode d'ensei'iinenient mutuel , il est agreable aux amis de I'in.struc- tion elementaire de voir les succ^s toujours croissans des ecoles de la capitale , ou cetle methode es-t pratiquee. M. le prefet de la Seine etMM. les maires de Paris, bien loin de comprimer I'essor de ces ecoles , les aident de Icur bienveillante protection. — C'est dans le cou- rant du mois de novembre qu'a eu lieu la distribution generale des prix dans ces divers etablissemens. A V Ecole des Israelites , le discours de M. Ret, adjoint, dans lequel il a rappele la protection 6gale ac- cordee a tous les cultes par la Charte constitutionnelle, a ete accueilli par de vifs applaudissemens. — Li'Ecole des protesians a ete aussi ho- noree de la presence d'un adjoint au niaire de rarrondissement. — Les deux ecoles, I'une de garcons, I'nutre de dies , etablies a la Halle aux Draps, ont attir6 une leuuicn nombreuse, oii Ton remarquait ^ I PARIS. 641 plusieurs etrangers distingu^s, entre autres M. le colonel FkemoUt, I'un des deputes Laitiens eiivoyes a Paris. — A \Ecole modele de la rue Saint-Jean-de-Beaiivais , Ics prix out etc distiibues par M. le liiaire de rarrondissemenf , qui a vii avec satisfaction les succes des eleves dans recriture, le dessin , rarithmetique et le chant. Les prin- cipaux fondateurs de la Societc pour V amelioration de V instruction pri- maire assistaieiit a ces reunions. — Esperons que les ecolcs de depar- temeus , fondees en partie par des souscriptions volontaires , conti- nueront a rivaliser avec celles de la capitale. M. A. J. Enseignemenl public de la g'-oinetiir; et de la meca/liqiie appliquees aux arts. — Circiilaire du mini tre dc tlnterieur , a tons les prefets du royaiime. — Nous nous enipressons d'annoncer une niesure adminis- trative, qui prouiet a I'iiidustrie , non-seuiement le bienfait d'une ins- truction qui hii manquait, mais une protection qui favorisera ses developpemens , ses nobles efforts , et les grandes et belles entreprises qui font Tornement et la richesse de I'etat. « Des essais , dont les commenceniens font augurer la reussite , sont tentes depuis quelque terns , pour mettre a la porlee de ceux qui exercent les professions industrieuses , on qui s'y destinent, des cours ou s'enseignent les elcmens les plus sinujleS , on pliitot les ap- plications les plus usuelles aux arts et metiers , de la geometric et de la raecanique. Plusieurs villes ont paru dispo.^ees a suivre le mo- dele qu'offre a cet egard le cours professe a Paris , au Conservatoire royal des arts et metiers, par JI. le baron Dupin, de I'Academle royale des sciences. On ne saurait mettre en doute, dans les pays manufacturiers , I'utilitc et la grande importance de ces lumieres , sans lesquelles I'industrie ne peut faire de veritables progres ; on doit y apprecier des cours oii Ton propose de rendre ces coniiaissancesac- cessibles et famili^res aux artistes , en les appropriant a leur capacity comme a leurs besoins , en les reduisant a la niesure du i)e« de terns dont ils p uvent disposer. Si quelque ville de votre departement ambitionnait sa part dans oette instruction , je le verrais avec interet ; et vous pouvez assurer celles qui ont des fonds pour snbvenir a la depense de ces cours, qu'el les trouveront I'administration disposee a seconder leurs vceux ; particulierement elle lenr designera des professeurs de choix et de confiince. Je dois seulement vous faire remarquer qu'il s'agit ici. d'une amelioration locale dans les profes- sions industrienses d'une ville (i). Un elablissement a former dans cc (i) Cette observation u'est pas ezacte. I'resque partoiit, les graudes ma- T. xxviii. — Novembre 1825. 4i 64a FRANCE. but doit rester purementinunicipjtl : les fo!idscl6partementaux,ayant (raiities (lestiiiatioiis , ne sauraicnt y concouiir; et ce n'est pas au coDseil general da dupartenient que doivcnt s'adresser les invitations de contribuer a la propagation de ce genre d'enseignement. » Coiirs dc geographic ouvert au Gcurama (vo}. t. xxvil, p. 3oi). — M. £»"'/« LouBENS, gcograplie de S. A. R. le due de Cliartres, vient de terminer un cours silr la geographic physique, historique et politique. Dans sa premiere seance , apres des considerations ge- nerales sur raslrononiie, il a expose rapidement les divers syslemes du monde; a passe eusuite k la niesure des degres monagcsimaux , et centesiniaux; puis;, au calcul du metre, dont la valeur a fail deter- miner toutes les autres mesures metriques, A ces notions generales out succede I'etude du globe considere en lui-meme, la description des divisions politiques , la distinction des races, des institutions et des mocurs. Ce tableau de I'univers, trace au milieu d'un globe qui place toutes les regions en presence , a offert le plus grand interet. Le professeur doit ouvrir un nouveau cours , qui aura pour objet la geographic ancienne, dont h\ connaissance est si necessaire pour les etudes classiques. — Un cours du meme genre doit 6tre ouvert dans le merne etablissement ,' pour les dames et pour les jeunes demoi- selles, par M. Reaume, professeur de geographic des jeunes prin- cesses d'Orleans. Sante ntiblique. — Moyen defaire avortcr la vario/e. — M. Serres ^ medecin de I'hopital de la Pitie.a Paris, a decouvert un proced^ pour faire avorter la variola. Ce precede , qui consiste a cauteriser les boulons par le nitrate d'argent , est d'un grand interet pour la science et pour rhumanile, au moment oii Ton volt se dcvelopper , aux Etats-Unis et aux Antilles , une espece de petite verole fort inquietante, dont on n'est preserve ni par la vaccine, ni par la variole inoculee. nufacturcs occupeut uou seulement les habitans de la ville ou elles sont etablics , mais toul; un departcmcnt. L'iustniction qu'il s'agit de repandre sera profitable au cuUivateur meme; I'agriculture la reclame aussi ; c'est ie besoin universel de tous lestravaux, de toutes lea industries : il eut ete con- venable a tous egards de la couiier a I'administraliou departementale , et de I'aider des moyeus dont cette administration pent disposer. N. d. B. PARIS. 64'5 lExpose de quelquesuTis des prihcipaux fails relatifs a I'em- pruntd' Haiti. — Le premier cmprunt fait en Europe par la Rt- publique d'Haiti, doiit le gonvernement francais a reconnu so- leiinellement rindepeudance , est un evenement assez important pour fixer I'attention, non-seulement des hommes de finances et des liommes d'Etat, mais de tons ceux qui s'inteiesscnt au credit et a la prosperitc d'une nation nnissan:e appelee a occiiper un rang honorable parmi les nations civilisees. La question de I'emprunt d'Haiti a etc presentee d'une ma- niere peu exaote dans quelques - uns de nos journaux, qui ecrivaient sous I'influcncc d'opinions ou d'interefs differens, et qui, n'ayant point connu parfaitement ce qui s'etait passe, n'ont pu rendre une entiere justice, ni a MM. les commis- saires haitiens, ni a I'un de nos citoyens les plus distingues par la sagesse ct la moderation de ses opinions politiqucs , par im patriotisme pur et desinteresse et par les impor- tans services qu'il a rendus ii I'industrie, non-seulement cb^ France, mais en Europe, et qui a dignement repondu a la haute confiance que lui avait temoignee le general Boyer, president de la republique d'Haiti, en I'invitant h. aider les commissaires cnvoyes a Paris dc son experience ct do ses conseils. Nous aimons a presenter a nos Icctcurs un expose simple et fidele des faits, et a leur faire apprecier la marche qui a etd suivie et les resullats qui out ete obtenus. La note ci-apres, qui est le resultat de renseignemens dent nous pouvons garantir I'exaclilude, parait devoir metlre dans tout son jour la verite sur ce sujet. TJndesevenemens qui ontle plus fixe I'at tent ion publique dans lemois dernier, a ele l'emprukt d'Haiti. Cette affaire a ete consonimee avec a vantage pour lesemprunteurs :Iabaisse qui s'est nianifestee uhcrieu- remesit clans les effets publics en fouriiit la preuve ; raais les circons- tances qui Tout precedee et accompagiiee ontete I'ubjet de beaiicoup d'articles contradicioires , inserts dans les journaux de la capltale. Si Ton s'etait borne a critiquer le mode de I'encli^re et de "adju- dication , quoiqu'il y en eut eu des exemples precedens, nous n'au- rions rien a en dire, chacun pouvant avoir a cet egard sa maniere d'envisager la question. II en est de meme de I'adjudication a Ten- 644 FRANCE. chtre ou de celle au rabais : I'experieiice n'a pu encore faire juger lequel des deux modes est preferable. Mais, pour la premldre fois , nous avons vu publicr les plus minutieuses circonstances d'une ne- gociation qui, par sa nature commerciale, devait etre concentree entre les personues interessees. On a public une copie litterale d'un traitd annule ; nous avons lu le proc^s-verbal dresse par un agent de cliange seiil, de tous ses faits et de ses demarcbes pour faire reussir une affaire de son etat. Des negocians cgalement distingues et estimables ont eu des differends sur le sens qu'ils avaient donne, cbacun dans I'inter^t qui lui etait conCe , a une convention redigee a la bate et au mi- lieu d'allees et venues. Les divers partis politiques se sont em- pares de cette discussion pour y pulser les mati^res du develop- pement de leurs principes. Les uns en ont profile pour critiquer indirectement le mode deja adopte de raise en vente d'un eraprunt, au moyen d'un minimum cacbe sous une enveloppe, et que, dans certains cas , on est exempt de faire connaitre ; les autres, mecon- tens de la mesure prise par le Gouvernement a I'egard de la rcpu- blique d'Ha'iti , ont voulu tourner cette operation en ridicule j usque dans ses details et.dans ses suites. II a ete impossible de donner a ces idees quelque dcveloppement, sans froisser des amours-propres et m^me des reputations. En ce qui concerne le role que M. Ternaux a joue dans la nego- cialion de I'emprunt, nous avons pris des informations telles, que notre opinion est invariablement fixee. On lui a reproclx; d'avoir tenu secrete, par rapport aux compagnies soumissionnaires, la con- vention du ag octobre, et on en a tire la consequence qu'elle elait frauduleuse; tandis que le texte mdme de cet acte prouve que la compagnie Lafitte ne pouvait en profiler qu'autant qu'elle aurait offert un prix superienr a celui qui serait porte par les aufres com- pagnies. En outre, il est constant que M. Ternaux a informe des clauses de ce traite M. Delessert, chef d'une compagnie soumis- sioniiaire, et lie avecl'autre, avant m^me que la discussion s'clevAt entre ceux qui I'avaient signe , sur le veritable sens qu'on devait y attacber. L'ambiguite et I'incoberence des divers articles, notamment des articles i et a, rapproches des articles 4 et 5, ont frappe tous les lecleurs; on ne doit done pas s'etoiiiitr que, lorsque les parties en sont venues a I'explication , elles aient reconnu I'impossibilit^ de I'exccution; en effet, c'est ce quia eu lieu. Des negocians, egale- PARIS. 645 meiit de bonne foi , se sout bientot accordes pour supprimer un aete qui ne convenait a aucune des parties, d'apr^s la manieredont cha- cune I'opposait a I'autre. Celte annulation a eu lieu, et c'est un fait constant et avone, deux jours avant I'adjudication publique de Temprunt. Elle n'a done en, ni pu avoir aucune influence sur la conclusion. Mais il fallait que la critique put s'etayer : dfes lors , on a suppose que le minimum des commissaires haitiens etait fixe, avant m^me que la conven- tion du 29 octobre fut signee ; et Ton en a tir^ la consequence que les compagnies soumissionnaires avaient ^te jouees, et la compa- gnie Lafitle seule favorisee. Ce raisonnement perdra toute sa force quand on saura, comrae nous nous en sommes assures, que le minimum n'a ete determine par les commissaires que le matin meme de 1 adjudication; qu'il I'a etc par eux seuls , sans la participation de M. Ternaux, qui leur avait declare qu'il voulait I'ignorer, et que ses liaisons avec les diverses maisons qui concouraient a I'em- prunt lui en faisaient un devoir. De toute cette affaire, il ne reste done plus rien de bUmable en soi ; il reste seulement en fait que I'emprunt d'Haiti a ete consom- me , Dous le repetons , a des conditions avantageuses pour la Repu- bJique; car il est a i5 et 20 pour 100 au-dessus du cours acluel des autres fonds d'Amerique , ceux des 6tats-Uais exceptes. Reclamation. — L'editeurdes OEuvres deM. deMaistre, annonc^es dans notre dernier cahier (Voy. c(-^eji/«, p. 25i-a53),qui arecudelui les marques les plus honorables et les plus franches de son estime et de sa reconnaissance pour les soins qu'il a bien voulu donnera cette edition, nous ecrit pour reclamer centre quelques passages de notre article qui pourraient induire les lecteurs en erreur. Le redacteur de cet article s'est etonne que Ton n'eiit point reproduit dans cette edi- tion la preface du frere de I'auteur, M. Joseph de Maistre ; celte sup- pression s'explique tout naturellement par une lettre de I'auteur du Voyage autour de ma ckambre, qui prie son editeur d'ecarler cetle pre- face oil , selon son expression originale, « il est beaucoup trop ques- tion de sa personne perso/tnelle. y> Quant a I'histoire de la Jeiiiic sibc- rie««e, Prascovie Lapoulof, dont I'auteur de I'article a paru revo quer en doute quelques details , I'editenr affinne , d'apres M. de Maistre lul-meme, que Ton n'y a rien avance qui ne fiit enti^rement conforme a la verite el su de tous ceux qui out connu I'heroine en Russie. C'est done moins une Nouvelle qu'il nous a donnec , qu'un recit 646 FRANCE. simple et v^ridique de la vie decette jeune fille, dont le d^vouement aussi ingenieux que sublime a pu offrir sous la plume de M'^e Cotlin tout I'interet d'une fiction lomanesque. E. H. N. d. R. En continuant a admettre des reclamations dans noire recueil , nous prouvons notie desir de rcster dans Ics l)ornes de la justice et de la verite; nous devons cependant picvenir que, dans I'interet de nos lecteurs et dans celul meme des auteurs , nous ne donnerons place dcsormais qua cellcs c]ui reposeraient surdes foits dont la connaissance pourrait ^tre utile a la science, ou dont la rec- tification imporlerait a I'lioniieur ou a la reputation des reclamans. Quant aux critiques pureir.ent litteraires que nous avons occasion de faire sur les ouvrages qui nous sont confies, elles sent le rcsultat de la conviction interieure des redacteurs charges d'en rendre conipte ; et il ne pent y avoir d'autre juge legitime que le public entre les au- teurs de ces onvrages , et les critiques qui tichent de les apprecier avec inipartialltc. Theatres. — Theatre Francais. — Premiere representation du Veuvage interrompu , coraedie en un acte et en prose, par M. Bayarii. (Lundi 17 octobre.) — Le boulevard aurait pu reclamer Lord Dave- nant (Voy. ci-dessiis , cahier A'octobre, p. 32g); le T'eiivage inter- rompu appartenait de droit an Gjmnase. Deux amies , veuves toutes deu.\. , et toutes deux disposees a tenter encore les liasards du ma- riage , se trouveat reunies a la campagne. L'une , M'"" Dubreuil , attend un pretendu , le colonel St. Felix, qu'ua oncle , dont elle vieiit d'heriter, I'a engagee a epouser. L'autre , Julie de Melval , n'altend personne ; mais elle conserve le souvenir d'un beau jeune homme qu'elle aimait, et dont elle etait aimee avant son mariage , dicte par des convenances de famille. Or, il se trouve , comme chacun le devine , que le beau jeune homme est le colonel St. Felix ; et Ton voit tout de suite que , malgre les dispositions testamentaires de Toncle de M™« Dubreuil , Saint Felix epousera ses anciennes amours. Cela pouriait ni^me se faire des que St. Felix a reconnu M™'' de Melval; mais la piece serait denou^a un peu trop vite, ou plutot elle n' aurait pas de noeud. Celui que J'auteur a imagine n'est pas bien serre ; M™"^ de Melval a quitte ses vetemens de deuil par une ralson assez frivole , de soite que St. Felix ignore qu'elle est libre ; deplus, un fr^re de M™': Dubreuil, jeune compagnon d'armes da colonel, arrive le jour meme avec lui, devient subitement amou- reux de Julie, et lui fait une declaration impromptu. Enfin, M^e Du- breuil termlne tout cc petit quiproquo , en revelant le veuvage de PARIS. 6/, 7 son amie. Une intrigue qui repose sur un mot qu'il serait tout sim- ple de dire et qu'on ne dit pas , des sentimens quintescencies , des personnages de convention , de I'esprit en pure perte , voila ce qu'on trouve dans cet cuvrage. Ce qu'on n'y trouve pas , ce sonl des si- tuations, du naturel , des caracteres , du comique enfin. Marivaux a fait des comedies dans ce genre ; mais Marivaux est un maltre qui a laissi^ bien loin la plupartde sesel^ves, et, dansun mauvais genre, il a fait des chefs-d'ceuvre. II faut bien reraarquer aussi que Mari- vaux se conformait a I'esprit du temps ou 11 vivait : ses personnages avaient leur module dans plus d'un salon , leur jargon elait a la mode. On pent parier qu'il ne ferait pas aujourd'hui les memes ouvrages. M. Bayard parait avoir assez d'esprit pour suivre une mellleure route, et iiniter de meilleurs modeles. II ^ fait une comedie d'un autre sifecle , c'est dire assez qu'elle ne pouvait obtenir beaucoup de succes dans !e notre. Mai accueillie a la premiere representation, la pifece a tout-a-fail succombe , dit-on , a la seconde epreuve. M. A. — Premiere representation du Bearnais ou la Jeiinesse de Henri IP', comedie en i acte et en vers iibres ; par MM. Rnimond de la Choi- SETTE , Pierre Le Donx, et Fiilgeiice de Bury. (Vendredi 4 novembre.) Une bonne action , des mots heureux et queiques espiegleries araou- reuses, voila le fond de la piece. Des vers de f^te, c'est tout dire, ne relevent pas beaucoup un sujet qui n'a d'autre interet que de ra[)peler un nom cher a tous les coeurs francais. Cette bluette, qui a cte compo- see pour la St. Charles, ne survivra gu6re aux rejouissancesdont elle a fait partie : cette conrte existence, et surtout I'intention dout les auleurs etaient animes , ne laissent rien a dire a la- critique : cepen- dant , ne pourrait -elle pas deslrer que , pour celebrer les meilleurs princes , on ne vint pas toujours m^ler a leurs actions genereuses des iiiaiseries ou des fiedaines , qui ne peuvent assurement rien ajouter a leur gloire , non plus qu'a ramoiir des peuples ? — Premiere representation de La Fantasqiie et son medecin, come- die en 3 actes et en prose (jeudi 17 novembre). La fantasque est une nuance un peu chargee de la capricieuse , et parmi les divers carac- teres qui ont exerce le pinceau de Thalie , le capricieux semble etre un des plus difficiles a mettre en scene ; cette volonte si mobile et si fugitive , ces desirs qui se succfedent si rapidement , qui naissent sans motif et s'evanouissent de m^me (car, sans cela , i!s ne seraient plus des caprices), donnenl a une physionomie un air d'extravagance qui semble ordinairement pen vraisemblable et peu digno d'attacher le spectateur. Cette deraison conlinnelle le fatigue , et il ne songe pas 6/.8 FRANCK. que c'est seulement de l FRANCE. eprouv6 le m^me sort , quoique la pauvret^ du fond fut rachetee eh quelquesoite parcles seines et des details comiques. L'auteur, connu, dit-on , par des sucees , n'a pas ete iiommi^. Beaux-arts. — Lkho^raphie. —^ Girodet ; Une scene de deluge; Le serment des sept chefs. — Le premier de ces deux oiivrages est connu depuis long-tems : juge digne du grand prix au concours de-- cennal , il occupe dans notrc ccole le rang le plus eleve. L'autre fait partie de cettegrande quantite de compositions admirables que Ton a trouv^es dans les portefeuilles de Girodet, et que Ton va pu- blier successivenient. Los dem^les sanglans surveiius entre les deux fils de Jocaste et de I'infortune OEdipe , sont I'olijet de I'une des plus belles tragedies d'Eschyle : Les sept chefs an siege de ^Thebes. C'est le menie sujet que Racine a traite dans les Freres en- nemis. La composition de Girodet est puisee dans le lecit que fait a Eteocle I'espion q.n'il avait envoje pour examiner les dispositions de I'armee que Polynice, son frere , conduit contre lui. « J'apporte, dit-il, des nouvelles certaines : sept chefs fuiieux ont inimole un taureau sur un bouclier noir ; et, tous, la main sur la victime, ont jure par le dieu Mars, par Bellone et par la peur , amie du carnage, ou de detruire aujourd'hui et de saccagei' la ville de Cadmus, ou de mourir, et d'arroser cette terre de leur sang.» On sait que Longin , dans son Traite du sublime, cite ce passage que Bolleau a traduit ainsi : Sur un bouclier iiolr, sept cliefs impitoyablcs Epouvauteut les dieux de sermcns cflroyablcs : Pres d'uu taureau mouraut, qu'ils vienuent d'egorger, Tous, la main dans le sang, jurent dc se venger. Us en jurent la Peur, le dieu Mars et Bellone. Au troisicme aete, le trieme espion, qui est retourne au camp en- nemi, fait a Eteocle le portrait des sept chefs, et hii demande quels guerriers il leur opposera ? C'est la que Giiodet a pris les caracteres particuliers qu'il a donnes a ses personnages, dans sa lielle com- position. II se proposait d'executer ce tableau; dt'j.i m^me il avait fait les etudes peintes des tctes de plusieurs des chefs : la inort a tout fini , tout disperse, et les tetes peintes ont ete vendues; mais M. Aubry le Conite a soUicite la faveur de lithographier le dessin et il en a iwiiwa fac simile , dans lequel il a mis tout ce qu'il a de science et d'hnbilete; il a consulte les eleves de Girodet , ses ca- marades, et il n'a rien neglige pour que son travail fiit digne de ' son maitre. II a fait de mdme pour une scene de dthige qu'il avait PA.RIS. 655 commence ^ lithographier , du vivantde Girodet. Priv6 des conseiJs qu'il en attendait, il a redouble de zele et de soin : il en a ele digne- ment recompense, ct le succcs d couronne ses deux entreprises. Ces deux planches, d'une tres-grande dimension , couient : une Scene de deluge, 4© fr. ; le Scnftent des sept chefs, 24 fr. avant la leltre , et 16 fr. apres la lettte. Le lirage de cette derniere planche a ete confie a M. Conslans, I'un des imprimeurslilhographes les plus habiles. Ces ouvrages auront, je n'en doute pas, un grand succfes ; la composition , empruntce a Escliyle, est de nature, surtout, a exciter ■vivement I'at- tention du public et des artistes. — I.es Oraleurs Chretiens. — Portraits. — M™'' Delpech vient de publier , sous ce titre, les portraits des Orateurs les plus cele- bres que la chaire ait produils en France. Bosstiet, Fenelon , HJas- sillo/i, Bourdaloue , Mascaron et Flecliier , coVnposent cette suite, entierement lithographiee par M. Grevedon, i'un des artistes qui ont le plus d'habilete en ce genre. Dans cette collection, comme dans son Iconographie des contemporains (\oyez t. xxiii , p. 4^6), M^'^ Delpech a joint a chaque portrait le /ac simile de Tecriture des personnages qui la composent. Ces accessoires, joints au merite d'execution que Ton irouve dans cet ouvrage , lui assurent un suc- cfes merite a tons cgards. — Son prix est de 16 fr. P. A. — Sculpture. — Statue de Fenelon, parM. Dayid. — Lenom de Fe- nelon reveille dans I'esprit des idees de douceur, de piete, de gran- deur d'^me , en un mot, de toutes les vertus qui rendent la religion aimable, reunies a toutes les qualitesqui distinguent I'ecrivain sublime. Aussi les arts ont-ils consacrc presque toutes les actions de sa -vie , que Ton pourrait regarder comrae divine, si , dans ses querelles avec Bossuet, Fenelon n'avait nialheureusement paye son tribut a I'huma- nlte. M. David , jeune sculpteur auqnel la ville d'Angers s'honore d'avoir donne naissance , vient d'ajouter un nouveau monument a ceux dont ce digne prelat avait deja ete I'objet. Ce monument , des- tine a 1,1 ville de Ciimbrai , ou Fenelon fit hriller tant de vertus dans la seconde periode de sa vie, est compose de sa statue et de trois bas- reliefs qui ont pour sujet V education du jeune prince, \e pansement des blesses et la conduite de la I'ache. II nous semble impossible de faire mieux que ne I'a faitM. David. II a represente Fenelon dans les der- uiers instans de sa vie ; ses yeux sont tournes vers le ciel, et son re- gard , ainsi que tons ses traits , annoncent la serenite de son 4me. Rien n'est plus |)arfaitement saisi que I'expression de cette figure; 056 FRANCE. SOBS leciseau dujeune artiste, le marbre s'anime , I'Ame respire, et le prelat veituenx senible parler encore am nonibreux auditeurs, avides de I'eiilendre. A. G. — Antiqtiites cgypdeniiesnouveUetnenlapportees a Paris par M. PaSSa- J.ACQUA , rue des Filles-Saint-Thomas, ii. i j. La galerie est ouverte tous les jours, depnis dix heures jusqu'a quatre. — La precieuse col- lection formee par M. Passalicqua, de Trieste, n'attirera pas moins I'attention des curieux que celle des savans. M. Alexandre LekoiH, administrateiir des raonumens de I'eglise de Saint-Denis, a fait a la Societe royale academique des sciences, sur cetle nouvelle acquisi- tion faite par I'Europe aux depens de I'ancienne F,gypte , un rapport dont il a bieii voulu nous adresser un extrait. Nous regrettons beau" coup de ne pouvoir I'inserer ici, a cause de son etendue. On s'etonne qu'un seul voyageur aitjiu suffireaux travaux et aux depenses neces- saires pour acquerir un aussi grand nombre d'ohjets rares, auxqoeis le vulgairem^me attache beaucoup de prix , et que les maitres actuels de I'Egypte ne sent pas disposes a laisser eulever par les Iiifdeles. On y trouve des produits d'nrts que nous somines habitues a regarder conime modernes , des bijoux que notre luxe et nos goiits ne dedai- gneraient pas, une conformite remaiquable enlre plusieurs petits nieubles dont I'usage a ete transmis dcpuis les tems des Pharaons jus- qu'a nos jours. Les fastes des arts cgyptiens, mis en ordrepar M.Pas- salacqua, ne nous laissenl presque aucun merite d'invention ; outils des arts mecaniques, iustrumens d'agriculture , armes , etc., il faut tout reporter a ces anciens tems, excepte sans doute notre artillerie et nos machines a vapeur, si toutefois d'autres voyageurs encore plus heureux que M. Passalacqua ne decouvrent point un jour toutes ces choses dans quelques tombeaux encore intacts. La propriete conser- vatrice des tombeaux egyptiens est admirable; temoiu I'oeuf de poule, anterieur au fameux siege de Troie, et que Ton admire dans la galerie dont nous parlous. La seule nomenclature des objets que Ton y voit , si Ton en juge par I'extrait que M. Lenoir nous a communique, rem- plirait plusieurs de nos pages. Ce savant s'attache plus particulitre- ment a la description d'un mon uraent sepulcral fort singulier, et qui deviendra,sans doute, le sujet de dissertations interessautes. — II est a desirer que M. Lenoir publie sou rapport sur cette importante collec- tion. F. NeckolOGIe — LegeneralFoY ytnembredela Chambre des deputes, mori a Paris, age de 5o ans , le a8 novembre iSaS. — Un deuil general; une foule immense accompagnant un modeste convoi ; I'expression tou" PARIS. C57 cliaiile et unanime dii patriotisine, sa ilwuleur veitueuse , ses ho))o» rabies lesoiutions : voila les |)ieiii! eis hommages rendus a la meiuoire da grand ,citpyen que la France v lent de perdre. Commeucons par t'tre justes; et, puisqiie le general Foy, ne s'occupant quede la patrie, negliger. le soin de sa fortune, assurons a sa famille eploice une existence telle que les vceux de cet honinie de bien I'eussent dc'siree pour ses enfans, et prouvons a ceux qui suivroiit ses traces, que la reconnaissance nationale acccmpagne et recompense au dela du toinbeau les defenseurs des liberies publiques. Apres I'accomplisse- ment de ce devoir, nous nous acquitterous de la tAche facile d'ecrire I'histoire de I'illustre guerrier, et de I'orateur politique plus illustre encore. Quant au monument que Ton propose de lui decerner, oii convieut-il de le placer ? Si la tribune legisiati-ve est rendue a sa des- tination, c'est la que Timage du general Foy rappellera les plus nobles et les plus utiles souvenirs. Nous insererons, dans Tun de nos prochains cahiers, une Notice de quelque etendue sur le general Foy. MM. Casimir Perier , Tee. iv,vux, Mechin , B. CoHSTA-N'T, Ics generaux Miollis et Sebastiani ont paye un premier tribul de regrets et d'eloges a sa memoire, le jour de ses funerailles. — Une souscription , qui s'est elevee, des le troisifeme jour, a pres de 3oo,ooo fr., est destinee a I'erection d'un monument pour le depute que la France entifere bonore de ses lar- mes, et a la dotation des cii;q jeunes enfans que sa mort rend orphe- lins , et qui sont adoptes par la patrie. Une commission , composee de MM . le marecbal JouRDAH, le lieutenant-general Gerard, Jacques Lafitte , le due de Choiseul , Casimir Perier, Tbrnaux, Benjamin Dei,essert , Alex. Lameth et le comte Daru , est chargee de regula- riser et de surveiller I'emploi des souscriptions ouvertes par la reconnaissance nationale. Un mois avant sa mort, dans une lettre qu'il m'ecrivait ei: date du 18 octobre dernier, I'homme vertueux que nous pleurons avail honore de son suffrage et encourage par ses eloges la Revue Encyclo- pedique , qu'il aimait depuis loug-tems, comme une grande eutre- prise de bien public. II avait aussi rappelle avec bienveillance le Discours en -vers intitule : La France en 1825, o\i Mes regrets et mes esjjerances ( voy. Rei'. Enc. , t. xxvii, p. 862 ) , ou il avait trouve (qu'il nie soit permis d'employer ses expressions) « de beaux vers inspires par de nobles sentimens. « — Je me disposals a Taller remercier , ou a Ini repondre, quand la fatale nouvelle m'est arrivee. Ce n'est plus qu'a son cmbre illustre que je puis adresser ma reponse ; et c est sur T. XXVIII. — NoiTinfire iSaTj. 4^ (558 FRANCE.— PAllitJ. sa tonihe a peine fermee que je viens deposer le triste et dernior lioimnage cie nion affection et de ma doujeiir. Hominagc an general FoY. Yo\ n'cst plus, et la France onloure eon ccrcueil Ucs tributs de I'amour et Jes pompes i, 1)11 the Plan ol' Rkichard's Itinebi- RiEs, containing an Account of all the Direct and Gross Roads; toge- ther witli a Description of every remarkable Place , ils Curiosities, Manufactures , Commerce, Popu- lation, and principal Inns : the whole forming a Complete Guide to every Object worthy the Atten- tion of Travellers. '*' Although numerous Road- Books have from time to time ap- peared before the public, each pro- ^1) Ce Bulletin Siif)/j/emeiitaire est compo&e cl'i.mionccs fournics p^ir BIM. les Libraires , Auteurs ct Editeurs , et qui iic doivcnt pas ctre conlomiuu? avec les jugemcus portes sur les oiivrases , claus les deux sections des Aiinljses et du hiitlelin bihltORiajiliique , qui font p/Tlie de chacun des cahicrs de la lie t'ue. (1) On souscrit j» la mdmc adrcsse pom- ce Rccieil , dent il parait un oaliicr de quatorze feuilles ^'impression au inoins lous les mois. I'rix , a Palis, f^G (r. pour I'annce; dans Ics dcpnriemons , J3 Ir. ; dans les pay? etrangers, 6c fr. fcssing lo excel ils predecessor :yct il is slill a !iiih)i'(:t of complaint thai iheix- is not one , compact in its Ibrm, iind lucid in ils arrange- ment ; that those at present publis- hed arc either loo bulky or too confused ; ihal thoy either contain much more, or much less, than the Traveller rei]uires. It has been the Editor's aim in preparing this Vo- lume, to take a middle course ; OUVRAGES SOUSCRIPTION , Chez A. Bklin, rxie des Mathurins-St ,-J ac- qucs, n". i4, a Paris. 55. FLOHA UKASILIiE MERI- DIONALIS, Auctore Adcusto de Saint-Hilaihe. Rapport verbal sur la Flobb du Brksil meridional, de M. Ate. DE Saint-IIilaibk , fait d I'Aca- demie dcs Sciences , dans sa ,vc»}ic6 du ig sepletuhre 1825, p;ir Alexandbe de Humboldt. i.'Acaacmiem'a charge de luifiii- re un rapport verbal surl'ouvragc de M. Augu.slede Saint-IJilaire ayant pour titre: Flora BrasiUw meridio nalis , auclorc Auqxislo dc Sainl- H ilaircaccedunt tahultx deiincalae a Turpinio aerique incisae. Heqia: Majcslati oonsecratum. L'auteur occupe un des premiers rangs parmi les grands botanistes de noire siecle. II n'avait public jusqu'ici que des fragmens epars de I'imniense travail auqucl il s'est livre pendant six aniiees de sejour au Bresil , sous un climatou le sol , dans sa sauvagt- fecondite, oll're au voyageur, acliaqne pas, Ics produc- tions les plus belles et les plus ex- traordinaires. L'ouvrage dont je presente I'analyse renferme I'cn- serabie des observations ile M. de Saint-Hilaire. C'est un des plus grands monumens eleves a la bota- nique, non a la science qui se borne a une nomenclature sterile, mais a cellc qui saisit les rapports el les alUnites des diverses Iribus des ve- getaux , qui assigne a cliaque or- g;inc sa valeur, et aux caracteres des families, desgenreset des es- peces , les limites entre lesquelles ils peuvcnt servir dc base aux divi- sions nalurelles. (O and while lie has endeavoured, on the one hand , lo avoid all prolix details respecting uninteresting ob jects, be trusts that, on the other hand, he has not omitted lo notice any Town, Vdlagc, or Nobleman's Scat woilhy the attention of the intelligent Traveller. I'rinicd for Sameel Leigh, iS , Sirand ; and sold by all Booksel- lers. FKANCAIS. M. Auguste de Saint-Hilaire a rapporte six h sept mille especes de plantes du Bresil meridional: c'est probablemenl la plus grando recolle qu'ait failc un voyiigeur ; niiiis il ne s'csl jias conlente de re- cueillir ct d'accunuiler des male- riaux ; il a etudie les vegetaux sur les lieux mfimes ; il a reuni tons les renseigiieinens qui ponrront jeler (luclquc lumiere >ur leur develop- pcmentprogressif, surlcursslalions ou rapports geograjihiques , sur leur utilite pour la nourrilme de i'homine, poui les arts et la me- (lecine. Les plantes qui scTont decrites suc- cessivement dans la Flore du Bre- sil ont ele recueillies a des hauteurs et sous des cliniats tres varies, dans les provinces du Sainl-Espril , de Rio-de-Janeirn , de Minas-Lieraes, deCoyas, de Saint-Paul , Sainte- Calherine, el liio-Grande , de la Gisplaline et des Missions. L'auteur a senti que des descrip- tions com plates de tous les organes des plantes pouvaient seules metlre son ouvrage en harmonic avec I'etat acluel de la science. Les caracteres generlques et les descriplions des especes sont en latin ; tandis que les notes, egalcmenl importanles qui sonl ajoutees aux families, aux genres it aux espOces, ^ont redigces en fran9iiis. On a cru que, par cc moyen , une plus grande partie du publii des deux conlinens pourrait jouir d'un travail si utile. fti. de Saint-lJilaire ne com- mence pas la Flore par les Mono- cotylcdonvcs , mais par les plantes dont I'organisation est la plus compliquee, par les Hcnonculaeces , les DilUniacics et les Magnoliees. ( ^) Lcs tiois fascicules qui out ete publics jusqu'ici renfermeut dix iamilles el 24 planches, dont le soiii a ete confie a M. Turpin, qui reunit le double ialent du bolanisle et du dessinaleur. L'exeoution lypogra- pliique de ce grand ouvrage est digne du gouverneuienl sous les auspices duquel il parait. Loisqu'on jette un coup d'oeil Mir les voyages cntrepris depuis un siecle pour lcs progrcs des sciences nalurcUes , on voit avec douleur que le public a lile f'rustre (le la majeure partie des observations qui ont ete les resultals dc ces ex- peditions loin'aines. Des collections de plantes et d'animaux sont res- lees amonceleess.ins elre decriles; le plus souvenl( el c'est encore la une des chances les plus heureuses) on s'est bori.e ii publier un choix dcsobjelsrecoltes. A presle courage qui fail endurer les piivations dans des pays inhabiles , il en I'aut un autre pour ne pas discootinuer des publications qui , par leur nnture , absorbent plus de terns que le voyage meme.Ge courage, qui con- siste dans une longue patience, nous leretrouvonscbez M. Auguste de Saint-Ililaire : il n'oubliera pas que lagloireualionale dc la France est iiiteressee a rachevcroent d'un ouvrage pour lequel il a i'ait de si- grands Ci de si nobles sacrifices. L'ouvrage aura trois volumes qui paraitront par livraison : lcs qualre Drcmieres sunt en venle, les suivantes paraitrontdedeux mois en deux mois. In-4°. Jesus, papier saline, huit a dix figures noircs, et cinq I'euillcs de lexte i5 fr. In-l'ol. Jesus, papier velind'An- nouay, saline , avec les memes figu- res coloriees et huil feuillcs de texte. . . - 6t> fr. 66. VOYAGK DANS L'lNTE- RIEUU DU B^iiSIL , fait far ordre de. S. .If. {c ruide Bavicre , dans ics annees iSij-i8-u)-20 , par J.-IJ. DE Spix et C.-F.-l'. de Mahtii's , uiembres de I'Acade- inie royale des sciences de Mu- nich, etc., etc. Le Bresil , etcndu sous la z6ne torridede rAiiieri-jUi' lueridionalc et I'un des pays Ics plus riches en produciions nslurelles, a recCRi- ment, et d'une maniere jjarticu- liere, attire rallention de I'Europe. feu peuple, naguere inaccessible, et connu seulement le long des cotes, il n'est devcnu I'objetde re- cherclies plus serieuses que depuis qu'une Cour europeenney a fixe sa residence. Le inariage de S. A.I. et R. la princesse L6opoldine d'Autriche avec S. A. K. le prince heredilairc de Portugal, aujourd'hui empe- reur du Bresil , fournit a S. M. le roi de Baviere, ce protcclcur geae- reux des sciences, I'occasion d'exe- culer ledessein coo^u depuis quel- que terns de charger deux de ses acadeiniciens d'aller faire, sous les auspices de la cour de Rio-Janeiro , des re.lierchcs scientifiques sur I'interieur du Bresil. M1VI. Spix et Martiusfureutchoi- sis par leur auguste souverain et par son Academie des sciences pour entreprendrc ce vc-yage a la suite dc I'ambassade autrichienne. Lcs feuilles publiques ont dans le lems rendu compte de I'elenduedeleurs. courses , heureusemcnt cxecutees dans I'interieur de ces vastes con- trees depuis le ai'' dcgrc de lati- tude meridionale jusqu'a Para, sous la liguo, et dela aux I'roulieres du Perou. Les productions de tous genres qu'ils ont recueillies sont heureusemcnt arrivees eu Europe, et ont elti, par ordre de S. M.. dis- posees dans un local partirulier qui a refu le nom de Musee bresilien, pour perpeluer le souvenir dc celte utile ct interessante expedition. MM. Spix et Martius ont regarde comme un devoir, apres leur heu- reux retour, de contribuer de tous leurs moyens a augnienter les- con- uaissanccs iinparfaites que Ton a sur Tinlerieur d<; ces contrees , en aiettajil au jour lcs resultals des nombreuscs observations qu'ils ont iailes sur les lieux nnemes pendant ua sejour de presde quatre annees. lis comptent sur i'encouragemenl que 1<; nionde savani ct lilleraire voudra bicn donner a leur? Ira- ( ^. ) Parties r/iii sonldcjajniMiees. Relalinn hisloriquc, physique, tjeoyraphique etc. elc, ( eo allc- mand ) ; Munich, 1820, tome ic'' )n-4o,avec un alias grand in-lDl", contenant 15 planubes lilhogra- phiecs. 78 fr. Le ineme, grand pa- pier velin, cart, lo.^ fr. Ce 1"'' volume conlicnt la rela- tion des voyages diins Icsproviiicts de liio-Jaticiro, Saint- Paul, Mioas- Gerac's, Goyar et B.ihi;i. Li; 2'' ren- ferniera la desrripliondes provinces do Fcrnainbuco, Pian, Klaranhao, Pasa el Rio Negro jusqu'aux IVon- tieresdu Pcroii, ct seraaccouipagne de la 2'' el derniere partie de I'a- tlas in-fol", iilaquelle seiont jointes une grande carle de I'Amerique meridionale cl une c:]rle speciale du Bresil, drcssees d'apres les nou- velles observations des autcurs de I'ouvrage. Le 2« volume ct la 2„ partie de ratla.t paraitront dans le courant de I'annce. Botanique ct zootogie. Nova genera ct species planta- rum ( texle latin ) (1825-24)1 cahicr 1, 2, .1, 10-4° contenant 55 plan- ches coloriees. 2o3 fr. Il resle a paraiire le 4e cahier, qui conliendra Ics planclies 56 a loo et terniinera Ic ipr volume ct les cahiers 5 a 8, qui fornicront le 2" volume et contiendront aussi 100 planches. Gcnara ct spcclcx jyalmarum ( texte latin) (1823-24), cahicrs i, 2, 3, 4< grand in-foi. avcc lou planclies coloriees 64o fr. Get ouvrage nc contient pas scu- lenient I'exposition bolaniquc ct analytiquc dcs cspcces, luais aussi diffcrentes vues qui donnent unu idee dc la physionomie du pays. — II rcsic a paraitre le 4* cabier qui conliendra environ 3o planclies et le5c oil I'on donnera un apcrcii genera(>j)byf-iologiquc, analoraique et gcogiapliique sur la bcile famillo dcs paliiiieis justju'a pre.scnt si peu connue; un trailti pittoresque sur le paysapc au iUesilet sur les diflcrens aspects dc la vcgetatioD que Ton y rencontre. biviiaruin et f^cxperlHionum species novcc ( teste laiin ct fran- cais ) (1820), grand in-l'ol., avec 58 planches coloriees. i56 fr. Serpcntum lirasHicnfiutn spe- cies nova; ( texte lalin ct IVan^ais ; 1824), in-4"-ai'ec 28 planches colo- riees contenant 63 especes. ii8fr. Tcsludinutn et R anarum species noicc (texte latin ; 1824)5 in-Zio. avcc 09 i>lanehes coloriees-. 108 fr. Allium species novae ( texte la- tin; i824\tome ici- in-S", avec icj. planclies coloriees. 2ti4 '■■• II resle a paraiire le 2c volume, qui conliendra environ 120 plan- ches. Laecrlarum species novm (texte latin ; 1826), in^"-, avcc 3o plan- ches coloriees , contenant 45 cspe- ces. ^ 84 f. II sera public en outre un volume in-4". contenant les cspi;ccs nou- velles de foissons et de coquil- lacje. Gel ouvrage se trouve a Pari.-i,. clicz A. A. llENOLiAKD , librairc rue de Tournon , n. 6. 57. htat de situation, nu 3o no- veinhre 1826, du JNOUVEL ATLAS DE LA F n ANG E. Gancs des 86 depar- tcmens et Acs Colonies francniscs , prcciidees des cartesdclaGaule, de la France ancienne ct de la France aclutlle, par MM. Aupick. et Pkb- BOr. Ellis sont loulesaecompagnees d un Ti.bleau statlstique el liisto- riquc. Get Atlas parait par livrai- sons, ainsi que I'iudique le dernier prospectus. Le prix de chuqiie iivraison , pour les souscripleurs, est de 6 fr. Maintcnant que ia sous- oription, qui a ele prolongio jus- qu'au f' ortobre dernier, cut fcr- inee , le prix de cliaque Iivraison , pour Its iiersonncs qui n'onl pas S0!:scrit, est de 7 fr. II nc reste ei> cc moment de ci^xAltiis qu'un palit noinbre d'exemplaircs complets, les textes manquanl. L'ouvrage en- tier se composera d'environ 35 llvraisons qui, rciimies, formeront un volume in-folio ent. La carle de 1.1 Gaule, sans texle , 2 fr. La carle de la France ancienne, 2 IV. Et ccs trois cartes ensemble , avec les texles, iG francs. Nota. Les personnes qui dcm;in- deront les carles coUees chacune sur perlialine , pour etre rcunies avec Us textes dans un etui I'ormat petit iii-4" , ne paieront , en sua des prix , que les debourstis. La carte de France p:ir deparle- mens et divisions militaires , sur grand aigle, sans lexte, 9 I'r.Cbaque departement avec son lexte im- prime autour de la carte ( celui de la Gorse exceple ) , 2 i'r. 5o cent, sans lexte, i fr. L'Je cl departc- mcnt do la Corse avec texle, 4 fi'- sans texte, 5 fr. 5ocent. Colonies francaises divisees en sept cartes, ainsi qu'il suit, savoir : r'ossessinns en Asic : Pondicliery , Mabe , Karikal , Chandernagor, 1 caite. En Afriquc : I'ile Bourbon, I carle. Lc Senegal, ilc et port Saint-Louis, i carte. En Amcrtquc : la Martinique ► 1 carle. La Guade- loupe, 1 carte. lies Miquelon et St. -Pierre, laGuianne et Ca3-eDne, icarle. Enfin, I'ile de Saiot-Domin- gue ou d'llaiili, i carle. Celle carle de S aint-Dominguo devlent Ires utile aujourd'bui , par suite des avantages stipules pour lc commerce de France , en vertu do I'ordonnance du roi qui reconnait I'indepcndance de cette republi- que. C'est d'apres ces motifs que nous avons pense qu'elle devait faire parlie du i?»ouvEL Atlas de la Fraxce. — Ces cartes se vendent au-tis , liehi wis grcecis- que fontihus , et ipsis vctcrum pa- trum comtnenttiriis confcrindis , non mediocre stvAium adtiibituin fuerit; inhdctamen •pcrvutgnlulco- liime, sicut nonnuUa consulio inu- lala, ita ctiatn alia, qucB mulanda aidebantur, consuito inimutata re- iicta sunt. Nous avons d>i nous en tenir a cetle decision, el n'avons pu apporler, pour I'execulion de celle glorieuse entreprisc, qu'une longueexperience acquise par I'etu- de et I'enseignement dc ces Irois langues , el le respect le plus pro- lond pour les sainles ecrilures , que Dicului-meme a daigne nous re- veler. F. Lecluse. CONDITIONS DE LA SOCtCRlPTlOK. (ietlei;dilion,imprimeeen carac teres neul's et sur grand-rai-in velin d'Annonay , I'ormera qnaUe vol. in-S», qui |)arailronl en 5o livraisons environ, de trois I'cuilles ch:icunc, dc mois CO inois. Le |)rix EOLLii, de la Socicte ylsiatiquc de Pari.s. PROSPECTCS. Dc toulcs les langues ancienues quiont echappcaux ravagesdu terns et son! parvenues jusqu'i nous , le Sanskrit est I'une des plus antiques, des plus riches el des plus parl'aites. ^ia lilteialurc est iiiinunsc , cl »e ( 7 ) compose (I'urK! mt.ltilude d'ouvri- ges , parliculiLTcmi'nt snr la tlii-o- Fogie, la politique, I'hifloire , la geograpliieet rastronomie; cl plu- sieurs poeines, justcinenl Celebris dans rOiicnt , atleslent que scs poeffs furent doues d'un j;enic su- blime , dune imagination vive et briUanle , d'une grace donee et legerc. Mais, presqne enliereinent iuconnu a I'Europe avant la fin du siecle dernier, le sinskril , ceUe inepuisable mine de richesses litle- raircs , n'etait cullivcj mOme djns rinde, que par un Ires petit iiombre de savaiis. Graces aux Iravaux inap- preciables des doctes et laborieux Anglais qui se sont livros , avec un 7.ele aussi infaliyable qu'eclaire, a I'etude de ceite languc vraimetit antique , nous sommes aujourd'hui en etat dc I'apprendre avec assez de Lcilile; et Ics tresors sanskiils querenl'erme la Bibliotheque royale fourront cnGn etre connus des Fran^ais. Lc desir de repandre en France la connaissance du sanskril , et I'cspoir qu'elle pourra elre un jour utile i sa palrie , ont seuls engage I'auteur a publier une Gram- maire et un Dictionn.iirc de celle langue : avec le secours de ces deux ouviagcs, qui seront ini primes a rimprimerie royale, ou ne doule pas qu'un Franfais n'apprenne le sanskril presque aussi aisement que I'arabe on le persan. On n'a pas cru devoir suivre I'opinion de d'Aiem- bert sui- les dictioanaires ; et cclui qu'on public contlent Icus les mots de la mylbulogie, de la gt'ograpbie, etc. , elc. Les frais de la gravure des poin^ons et de I'impression forcent a elever le prix de la souscription , Puur la Grammaire sanskrite , ' a 5o f. Ponrle Diclionnaire Sanskrit, a lOo Cc prix est a pen pr^s la moitie de celui que coOlaient ces ouvra„es en Angleterre, oil lis sont mainle- nant I'ort rares. Le Diclionnaire et la Grammaire seront iraprimes format in-4 ; les caracfcres frangais seront neufs. Un Vocabutairc frariQais-sanshrii suivra immediatemcnt Ics deux pre- miers ouvrages. — On sonscrit , par Icttre franche de port , en s'cnga- gearit a letirer Ics deux ouvrages dans le courant du mois cpii suivra I'aiuionce qu'en feronl les jour- naux, cbez I'uulcur , rue Saint- Lazare , no 5o , a Paris. Co. OEuTRES CHOISIES DE GIL PERRAULT, de rAcadeoile fran- 9aise , avec son Etoge par d'Alem- BERT , el des Rccherches sur les contci des fees, par M. Coliin de Plancy ; I vol. in-t* , orne d'un beau portrait entoure de vignelles. Celie edition li)rmera un beau volume in 8u, imprime en caracteres neuU , sur papier lin saline, orne d'un job porlrait , entoure de dou7.e vign. sur les conies; son prix ser.i de 7 fr. el i4 f""- > papier velin , por- trait sur papier de Cbine ; il parai- tra avant la fin de I'annee 1826. On Sanscrit a Pari s , chez DoNDEY-DiJPRE pere et Ills, irap.- lib. , rue Saint-Louis, no /^G , au Marais ; et rue Richelieu, n" 67; Peytieux , galcrie Delorrae, no 11, 6 I. On vient de raeltre en vente, A la librairie de M. Louis, rue ilaule- feuiUe , n. 10 ,dcs Lkttres piiiloso- PIIIQUES SUR DIVERS SUJETS DC M0R*LK ET DE LiTTERATUHE, par M , C liarles PocGENS, dans lesqu^lles on trouve des aiecdolcs inedites sur Voltaire, J.-.]. Rousseau , d'Alembert, Pech- meja, Francklin, le feu cointe d'A- randa, etc. ; suivics d'une Disserta- tion sur la vie et les ouvrages de Galilee, et d'uneNoticc sur quelques exemples (le longevite. 1 vol. in-12, de 552 pages ; prix : 3 fr. , et par la posle , 5 fr. -5 cent. 62. ALBUM DU DEPARTE- MENT DU LOIUET. L'Orleanais a dii aux progres des arts en France el a ralTeclion de plusicurs de nos rois pour sa capi- tate , devenue le Cicf-Ueu du de- partement du Loirct , des cons- truclions publique.s et des uiaisons religieuses et particulieres remar- quables par Icur anciennele aulant que par le goilt qui presida i leur decoration. Peu dc villes olTrent autant d'edificcs curieux et rappel- lent autant dc souvenirs histori- ques qu'Orleans , (iien , ftlontargis , Beaugency, etc. L'espece d'oubli tlaiis Irqiicl on laissc les monumens curieux du (lcp;irtcinciit du Loircl a donne iicu de penscT qii'Il [)ourrait «5lie utile el inlerrssanl de reuiiir sous le tilrc A' /Hbuin, dans une suile de lilhogiiipliies accompa- gnecs de notices liislorif|iies , ce qu'on y connait de jilus iiittressant en edifices publics, constructions anciennes , maisons leligieuses et parliculiercs , el d'y joindre quel- ques vues des sites les plus pilto- resijues , lorsquc I'Listoire olirira • des details qui les auront rendus calibres. Get yi^iutn sera compose decinq livraisons , qui conticndront cha- cune de iH a 12 pages in-l'olio de tcxle, redigeparlM. Veugnaud-Ro- MAGXKSi , menibre de la Sociele royale des sciences, belles leltres el arts d'Orleans , etc., ct qualrc lithographies , de meme foin'iat que le texte , dessinees J^iir pierrc par M. C. Pkin!-ee, niembre de la So- ciete d'eniuiation des Vosges, el par Rl. N. KouAGKEsi ; le tout im- priine avcc beaucoup desoin etsur papier velin. Le prix de chaque livraison est dp 5 francs. On souscrit d Paris , cliez Sem- NKFELDEH, im p.-lilhographc , boule- vard Bonne-Nuuvelle , n" 3i; cliez EoRET , libraire , rue Ilaulefeuille ; a Orleans, thez les auteurs, rue Eoyale , n" 84 » el rue de la Breton- nerie, n° i3 , et ehez les priucipaux libraires dc la France. Nota, Les deux premieres livrai- sons vienoent dc parai(re , et l-'ac- cueil favorable qu'on a bien voulu faire a cette entreprise concue dans I'interet du pays , cngageant les auleurs i donner plus d'extension aux notices, la soiiscription sera lixee a 7 fr. par livraison imniedia- "Seinent aprfes la publication do la troisiemc. n 63. NOTICI! IIISTORIQCBSUR r.'ANCIEH ^HA^D CIMETIEUE ET SUB LES CIMETII- KKS AC'rUEI.!i Dli LA VILLE u'OuLEAKS, par iM. G.-F. Vebgnacd, niemhre de la societe des Sciences d'Or- leans , etc. Paris, Roket, lue Ilaulefeuille. 1 vol. in-4. ; prix 9 f. Exlrail du I rosvcctus. Et) publiant celte JJotice sur le crand cimetiere d'Orleans, oil I'oo construit mainlcnant une halle au ble , noire intention est de conscr- ver le souvenir de I'anciennc desti- nation de eel emplacemeni, qui fut pendant plusieurs siecles le dcp6t de Ian I de generations successives, et de deerire I'tital de eel edifice , I'un des plus remarquables dc la France en ee genre, avant I'epoque de sa suppression. Nous y joindrons la copie des inscriptions et des epi- taphes qu'on y lisait, les plus remar- quables par leur dale, leur style, les personnes dont elles honoraient la inemoire, ou enfin par les carac- teres avec lesquels on les a Cgurees. Afin de rcndre eel ouvrage plus complet, nous croyons devoir y join- dre des notices el les epilaphes des cimctiercs actuels. Plusieurs des- sins li;hogra( hies et des plans se- lont joints a eet ouvrage de format in-4n, el enlierenieul autographies, afin de pouvoir donner la forme des earacleres employes aux diverses epoques que nous citerons. — La lo- talile de eel ouvrage, qui a paru par livraisons, est en vente. Outre les recbercLeshistoriques qui puurront etre remarquees par les archeolo- gucs de tous les pays , les amis des lettres trouveront dans les nom- breuses inscriptions de cc reeueil, qui a dli cotiler beaucoup de peine et de soins 4 son aulcur, des vi- flexions inleressanles et des epitha- phes tres-singulieres et fort remar- quables. IMPRIMERIE D Ilirroi.YTE TIT.T.IAP.n , rue d«la llarpe, \\" 78. Avis kVX AMATEURS HE lA LITTKRATURE ETRANOiRE. On peut s'adresser a Paris, par I'entremise du Bureau cevtbai. db LA Rkt'-r Escyclopediquk , a MM. Treuxtel et Wurtz, rue de Bourbon, n" 17, qui ont aussi deux maisous de librairie, Tune a Stras- bourg, pour rAllemagne, et I'autre a Londres ; — a MM. Arthus Berthakd, rueHautefeuille, n°a3; — Rewouard, ruedeToumon,n''6; — Levrault, rue des Fosses-M.-Ie-Prince,n° 3 1, eta Strasbourg; — Bos- swofL pere , rue Richelieu, n" 60 ; et -a Londres pour se procurer les divers ouvrages Strangers, anglais, allemands, italiens, russes, polo- iiais, hoJIandais, etc., ainsi que les autres productions de la litt6rature etrang^re. Le prix de ces ouvrages rendus a Paris sera celui des pays etraiigers ou ils se publient, augment^ de 10 pour 100, pour frais de f)Ort, droit d'importation et de commission, etc. — La Direction dela lieftie Encyclopedique n' sl d'autre but, en publiant cet avis, que de faciliter, par tous les moyens qui resultent de ses publications mensuelles , les communications scientifiques et lltteraires entre la France et les pays etrausers. AUX ACADEMIES ET AUX SOCIETES SAVAMTES de tOUS leS pajTS. Les Academies et les Societes savamtes et d'utilite pubxiqur, francaises et etrangeres, sont invitees 4 faireparvenirexactement,y>-anc de porc , au Directeur de la Eevue Encyclopedique , les comptes rendus de leurs travaux et les programmes des prix qu'elles proposent , afin que la Revue puisse les faire connattre le plus promptement possible a ses lecteurs. AuX EDITEURS d'oUVRAGES et AUX LIBRAIRES. MM. lesediteurs d'ouvrages p^riodiques, francais et etrangers, qui desireraient eclianger leurs recueils avec le n6tre, peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons a leurs propositions d'^changes , et sur une prompte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et des autres ouvrages nouvellement publics , qu'ils nous auront adress^s. Aux JEDITEURS DBS RECUEILS PERIODIQUES EN ANGLETERBE. MM.leslElditeurs des Recueils periodiques publics en Angleterre sont pries de faire deposer leurs numeros chez M. De&eohge, correspondantdt la Revue Encjclopediijve a Londres, 3S» a , Albemarle-street, Piccadilly, chez MM. Grna, Ricordy et C'>, importers and publishers 0/ foreign music; M. Degeorge leur fera remettre, chaque mois , en ^change, les cahiers de la Revue Encyclopedique, pour laquelle on peut aussi sous- crire chez lui , soit pour I'annee coiurante, soit pour se procurer les collections des annees anterieures, de 1819 a i8a4 inclnsivement. Libhaibes chez lesquels on souscrit dans les pays etrangers. Aix-la-Chapelle, Laruelle fils. Amsterdam, G. Dufour; — Dela- cliaud. Anvers , Ancelle. Aran (Suisse) , Sauerlander. Berlin, Schlesinger. Heme , Clias , au cabinet litt6- raire ; — Boiirgdorfer. Breslaii, Th. Korn. Ilruxelles, Lecharlier; — Demat. Vritges , Bogaert; — Duinoilier. Florence, Piatti. Fribourg (Suisse) , Aloise Eggen- dorfer. Prancfort-sur-Mein , Schaeffer ; — Bronner. Gand, Vandenkerckoven fils. Genive, J.-J. Paselioud. ia Haj'e, les fr^res Laugenhuysen. Lausanne , Fischer. Leipsig , Grieshammer ; — G. Zirges, Liege , Jalheau pere. Londres, Dulau et Compagnie ; — Tredttel et Wiirtz; — Bossange. Madrid, Dennce ; — Perfes. Milan, Giegler; — Visinara. Bocca. Moscoii, Gautier; — Riss perectfils. Naples , Borel ; — Marotta et Wanspandock.' A'eiicltdtel (Suisse), Gresier. New-York ( Etats-Unis), Beriud et Moudon. Noitvelle - Orleans , Jourdan ; — Roche , fr6rcs. Palenne (Sicile), Pedonne et Mu- ratori ; — Boeuf (Ch.). Petersbourg, Saint - Florent ; — Graeff;— Weyher; — Pluchart. Stuttgart et Tubingen , Colta, Utrecht, Van Schuonhoven. Todi, B. Scalabriui. Turin , Bocca. Varsovle , Glucksbeig ; — Z;i- vadsky. Vienne ( Autricbe ) , Gerold ; — .Schamnbourg ; — Schalbaclier. Lisbonnc , Paul Martin. COLONIES. Guadeloupe (Pointe-a-Pitre), Piolet ahie. lle-de-France (Port-Louis), E. Burdet. /)7artintjue, Thounens, Gaujoux. ON SOUSCRIT A PARIS, Au Bureau de kedactioj*, rue w'Enfek-Saint-Michel, u° i8, oil doivent etre envoyes , francs de port , les livres , dessins et gra- vures , dont on desire I'annonce, et les Leltres , Meuioires , Notices ou Extraits destines a <-tre inseres dans ce Kecueil. Chez Treutxel et Wurtz , rue de Bourbon , n" 17; RuY EX Gravier, quai des Augustins, n° 55; Charles Becuet, libraire-coniui. , quai des Augustins, n° 67 ; DoKDEY-DcPKE, rue Saint-Louis, n" 46> au Marais; et rue Richelieu, n° 67. ■■ •■ MoNGiEaine, boulevard Poissonnifere, n" 18; Eymeky , rue Ma/.arinu, n" 3o ; Roret, rue Hautefcuille, n" 13 ; Bacheeiek, quai des Augustins, u° 54 ; Levracet, rue des Fosses-M.-le-Prince , ^"^1 , ct A Stinsbourg ; A. BAunouiif , rue de Vaugirard, n° 36 ; DELAnnAY, PeeIch'h, PoM'uiEu, au Palais-Royal; Urbain Cakee, place Saiut-Andr6-des-arcs. A LA Tente, Cabinet Liixeraibe, tenu par M. Gautiek, anciea militaire, Galerie deBois, n" 197, au Palais-Royal. Nota. Les ouvT.igcs annoncts daus la Revue sc trouveut anssi cliez Roret , rue Hautefeuille , u" 12. ; — — — — ^1 "m^mi. ■>.S^ VOLIJMF. 84^ LrVKAfSON. REVUE ENCYCLOPEDIQ on ■ ANALYSE RAISONNIiE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA 1.ITTERATUBB, LES SCIENCES ET LES ARTS. i" Pour les Sciences physiques et mathematiques ct les Arts industriels: MM. Ampere, Ch. Dunn, Chaptat., Fobmer, GiRARP,NAviEB,de I'lustitut; C. CoQUEREr,, Ferry, Frakcoecr, Lk ITormaztd, A. Micbelot, ixe Momt- QKRT, More AD be Jonhrs, Wardew, etc. 2" Pour les Sciences naturelles: MM. Geofproy-Saiwt-Hii.airb, de I'lnstitiit; BojJAFOus, dc Turiu; Bory be Saikt-Vihcent, Desmarest, V. Audouih, Bbongniart fils; FLOrREHS, D,-M. ; V. Jacqtjemont, etc. 3'^ Pour les ictVnccf medicales : MM. Abelon, Bai,i.y,Damiron, G.-T.Dojrf, DiipAn, EsQniROi., Georget, Magerbie, Orfii.a,Rigoi.i,ot fils,D.-M.,ctc. 4° VoxiT \e% Sciences philosophiques et morales , politiques , geogiap/iiques et Itistoriques :M^. Lakjuisais, de I'lnstitut; M. A.Jui.lie«, de Paris; Dege- RAirBO,Ai.EX. dklaBorbe, de I'lnstitut; Agowb, Akhee, Artadb, Avekbi.; BERvir-LE, avocat; A. BeoGkot; CHAMPOi,i,io?f -Figeac, correspoodant de ITrKStitnt; CHAMPOr,l.ION jeuue, DePPIK-G; CRIVEII,!, A. DUFHAYER, DUPIK AISE, DUFAU , DnvEROlfiR, GuADET, EoOCHENE-LeFER , DoCBLET-DE-Eotr— xniBAXiLT, A. TAii-r.AHnrER , avocats; AmedeeJAUEERX; JOMARD.dcl'lDstitut; LaffosdeLadebat, At.EX. Lameth, p. La>ii , Lanjcihais fds, JIassias, J. Mautisl, a. Mbtbat. ; Mey^r , d' Amsterdam ; Parent-Real, Pouqbe- vii-le; Ch.RENOtJ A RD, avocat; E0SebeSalverte,J.-B.Sat, Sismospe be Sis- MOHDi, Staffer, SoEijR-MERr.iN. ' 5' Pour la Liltirature fruncaise et etrangire, la Bibliographie , \^Archeologie etics Beaux- Arts :'MM. AnORiEnx, Amadry-Duvaj,, Esieric David, Droz, Lemercier, , BE Segi'r, dc rinstitut; Barbier £Is et Barbier neveu , 'J.-P. Bres, Amh. Mahul; Ph. Oolbery, de Colmar; KiRCKnoFP, D.-M., d'Anvers; M. Biakchi, Mme.L. Beli.oc, E. HEREAtr, IIekrkws, M. BbRr, Fit. (EoBiw, BtjcHOx, Carrion-Nisas fils , Chativet; Cbf.hedqt.le fils , de Liege; Fr.Degeorge,Ddmersan,E. Gauttier, Goepp,Hetberg,Kra.fft, A. de Mow- T.Leclerc,Loeve-Veimars, Marrow, Mazois ; Ch. Monnard, deLauiiaane; TEMOnT,]S(AUDET, TVlCOLO-POULO , PaTIW , PeIXISSIER , POKGERVIM.E , Qu£- TRT.ET, DKEErFFENjtERG; DE Stassart, dcBruxclIes; Fr.Salfi; Schnitzler; SraWEiGHjETj.sER fits, de Strasbourg; Lcow Thiesse, F. Tissot, Vkrdiea, S. VlSCONTf , ctn. A PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPJ^DIQUE, • Rue d'Enfer-Saint-Micheljn" jS; ARTHUS BERTRAND . rue Hautefeuilie , n" a3 ; Au MusEE EHCYC1.0PED1QUE, CHEZ BossASGE p^re,rue Ricbelieu, n° 60; Renouvkd, rue de Tournon, n° fi; L0NDI5ES. — Tbeuttei. et Wtjrtz; Bossahge; Dui-iU Eicj-Mr.; Grua et RicoBDi, n° a , Albemarle-sfreet, Piccadilly. Dl&CEMBRE 1825. AVIS ESSENTIEL AUX SOUSGRIPTEURS. MM. LES socscRiPTEURs dont I'abonnement expire ije 3i DicEMBRE PROCHAiN, sont invitcs a Ic faire renodveler INCESSAMMENT, pouF quc le scrvice des envois n'eprouve aucuii retard. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTtON. Depuis le moisde Janvier 1819, il parait, parann6e, douze cahieri de ce Recueil ; chaque cahier , public le 3o du mois, se compose d'eu- viron i4 feuilles d'impression , et plus souvent de r6 ou 18. On souscrit a Paris, au Bureau central d'abonnement et d'expiditinn indiqu6 sur le litre. Prijc de la Souscription. A Paris 46 fr. pour un an ; a6fr. pour six moit. Dans les departemens. 53 3o A I'etranger 60 34 La difference entre le prix d'abonnement, a Paris, dans les dSpartt- mens et dans tetranger, devant ^tre proportlonnelle aux frais d'expe- dition par la poste, a servi de base a la fixation definitive port^e ci-dessus. Le montant de la souscription, envoy6 par la poste, doit ^tre adress4 d'avance, prunc db port, ainsi que la correspondance, au Directeur de la Revue Rncyclopediqui , rue d' Enfer-Saint-Michel , n" 18. C'est k la m^me adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tons genres et les gravures qu'on voudra faire annoncer , ainsi que les articles dont on d^sirera I'insertion. On pent aussi souscrire chez les Directeurs des postes et cbea les principaux Libraires, k Paris, dans les departemens et dans les pays Strangers. Trois cahiers ou livraisons forment un volume. Chaque volume est termini par une Table des matiferes alpbab^tique et aualytique, qui ^claircit et facilite les recberches. Cette Table est toujours jointe au 1*' cahier du volume suivant, a I'exception de la dernifere Table de . "ann^e, qui est exp^diee isol6ment a tous ceux qui peuvenf y avoir droit. On souscrit, seulement k partir de deux ^poques du i" Janvier ou ilu 1^^/uillet de cbaque ann^e , pour six mois , ou pour un an. On trouve, xv BUREiiu centra.!., les collections des annees 1819, l8ao , ;8»i, i8aa iSaS, i8a4 *' J8a5, au prix de 4'' francs chaque. REVUE ENCYiGLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PRODUCTIONS LES PLUS REMAKQUABLES DA.NS LA LITTERATUIiE , LES SCIENCES ET LES ARTS. 1. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. COUP-D'OEIL SUR LA TENDANCE GENERALE DES ESPRITS DANS LE DIX-NEUVlfeME SI]teCLE; ExTRAiT du Discov RS prononcS par M. Benjamin Cokstant, dans la Seance d'oiivcrture dc Z'Athenee royal de Paris, le 3 dicembre iSaS. OBSERVATION. Notre premier cahier de cette annee presenfait un rapide apercu des progres des connaissances humaines , en 1824 > c^ line Re\'ue sommaire des efforts et des progres des nations , pendant les vingt-cinq dernieres annees. (Voy. Rev. Enc. , t.xxv, p. 1-16 et 17-41). — Un historien d'ane reputation eu- ropeenne , habitue a puiser dans les annates des peuples les instr^ictions d'une haule philosophic, M.Sismondi a rapproch^ et compare, dans ce dernier tableau, les differens peuples et T. xxvni. — Deceinhre i825. 4^ (]6z TEiNDANCI. GENERALE DES ESPRl'lS Iciirs situations iesi)eclives, les influences cjTi'ils ont subies, les ameliorations qu'ils ont oblenues , les chances plus ou moins favoiablcs que senible lenfcriner pour eux i'aveiiir. l/Ameriqne elle-ineme s'est euricliie cle cette production, (]ui a cle tiaduile en anglais el publiee a Philadclphie par M. DupoNCEAii, citoyen des Etals - Unis. (Voy. Ri'w Erie, t. XXVI, p. 760, juin 1825.) Ainsi, les deux Coutinens font enti'e eux, au raoyen de leurs ouvrages periodi({ues les plus esiimes, et des communications frequentcs et reguliores etablies par le commerce, des echanges reciprofjuement utiles, non- seulement des productions de leur agriculture et de leur Industrie, mais aussi des vues de bien public et des produits de la pcnsie humaine, d'autant plus leconde et gencreuse , (pi'elle franchit les limites des etats et la barriere desniers, pour erabra^sser le^ intcrels generaux de I'liunianite. Aujourd'hui , un ccrivain, non moins celebre comme pu- blicisle que Test M. de Sismondi conune hisloricn , et qui a Irai'le avec une grande profondeur les questions jiolitiques les plus imporlantes, s'est proi')ose d'indiquer la tendance gene- tale de noire siccle , considtrce a la fois dans la manijes- lation de I'csprit d'industrie et dans I' expression da sentiment religieux : ces deux clioses comprenneiit loule I'exislence ma- tcrielle et spirituelle des in(!ividus et des societes. Apres avoir entendu le Uiscours ou cetle direction des esprils est signalee avec un rare talent d'observaiion, et qui a ete accueilli par les applaudissemens unaninies d'une as- semblee nombreuse et choisie , nous avons exprime le desir ue le placer sous les yeux de nos lecteurs; et M. Benjamin Constant a bien voulu se rendre a I'invitation que nous lui avons laile de nous coiiimuniquer son manuscrit. Nous re- ^rettons vivement de n'avoir pu en inserer qu'un extrait, qui neanmoins suffira, nous I'espejons, pour faire apprecier les doctrines de i'auteur. Ce coup d'oeil j)hilosophique sur notre elal social actuel et sur les resultals qu'il doit produire, sert , pour ainsi dire, lie complement au travail de M. Sismondi que nous avons rappeie;en sorte que ces deux articles, (juoique peuetendns, nous font embrasser a la fois, dans la sphere intellectuellc oil nous bornons nos reclierches, ce qui a ete fait, ou seulc- ment prepare pen a jieu depuis le commencement du'siecle; ce qui existe aujourd'hui autour de nous, et ce qu'une ob- servation prevoyante et judicieuse nous permel d'enlrevoir dans un avenir pcueloigne. Les personnes meme qui ne croi- raicnt pas deVoir adopter toulcs les iib'cs des deux ecrivains DAIVS LR DIX-NEUVIEME SIECLE. lid'i (listingu'-s qui ont tr.iile res vasies sujets, .limeront a connaitrc leiii's ojiinions et Ics deveioppeinens qu'ils leur ont donni-s. M.-A. JUI.HEN. " Le desir que in'a tenioigno le Comite qui dirige I'adminis- tration de I'Athenee, et la leconnaissauce que je dois a I'at- tention bienveillante dont cet ctablissftinent m'a honore jadis, m'ont impose I'obligation d'accepter rinvitation flatteuse, trans- mise en sOnnom, par un ancien et honorable collegae , que la France cherche en vain siir les bancs de la representation na- tionale, oil I'appelaient Testime publique, le suffrage libre de ses commettans , et les services eminens rendus a son pays , qu'il a su tour a tour enrichir et defendre (i). « Je voudrais reiuplir dignement la mission qui m'est confiee. Des considerations vagues sur les avantages des sciences et des lettres, d'obligeans ologes, repartis entre des ecrivains plus on nioins distingues, n'atteindraient pas ce but. Aujourd'hui , plus que jamais, on a besoin d'idees exactes ct applicables, et rAxHENEE, reunion serieuse et independante, serait peu salisfait des divagations elegantes et des louanges sonores qui penyent suffire ailleurs. « La politique, la titlerature, la philosophic, rexploitalion du monde materiel par les sciences, le besoin de penetrer dans le monde invisible par la religion , tout ce qui est positif et tout ce qui est vagiie , tout ce qui sert de base a la vie physique, on de parure a I'existence morale, est dans un mouvement acce- lere, dans une fermentation toujours plus active. Un nouvel ordre de choses s'annonce; mais, comme le chaos precede la creation , les debris de ce qui s'ecroule s'opposent a ce qu'on distingue I'edifice qui doit s'elever. Cependant, a toutes les opoques, un esprit particulier, une tendance speciale, president (i) M. Tehnjlux ain6 , President actuel du Conseil d'administra- tion de VAikcnee royal de Pari':. 66 f^ TENDAIVCE (iENEKALK DES ESPRITS invisibles a ce chaos, et donnent a la desorganisation du pre- sent et a I'organisation de I'avenir une impulsion quelquefois inapercne, inais qui finit toujours par etre victorieuse. C'est a indiquer cette tendance, A determiner les besoins, les opi- nions, les doctrines possibles a notrc epoque qui rccele tant de germes d'avenir, que ce Discours sera consacre. Cetle indica- tion, je le pense, aura quelque avantage, meme pour les pro- fesseurs de I'Athenee. On marche d'autant plus surement ct rapidement dans une carriere, que Ton connait mieux le point de depart. « Le besoin dominant du quinzieme et du seizieme siecle, etait celui du libre examen. Le besoin dominant de notre epoque, c'est nonseulement la liberte des croyances et de I'opinion, mais I'independance de I'cxistence materielle, sans laquelle I'intelligence, malgre des efforts partiels et des succes pre- caires, est menacee toujours dc retomber dans la servitude. De \k, il y a trois cents ans, la reforme, qui, bien qu'elle air devie souvent de son principe et se soit souilice par Tintole- rance, n'etait autre chose que I'affranchissement de la pensee. De la, de nos jours, les efforts de I'industrie, qui n'expriment que la volonte de trouver des moyens de bien-etre physique hors de la protection et des faveurs du pouvoir. « Celte volonte est un progres immense, et ce progres indique un perfectionnemcnt incontestable dans la raison, et une ame- lioration importante dans la morale publique. « Jadis, les gouvernemens etaient cousideres comrae les dis- pensateurs des richesses. lis attiraient a eux le fruit du travail desclasc;cslaborieu5es, etc'etait d'eux que Ton voulait obtenir une part dans le fruit de ce travail. La revolution a detruit ce systeme; et, il faut le dire, cette destruction a, dans I'origine, ete I'effet de la force des choses, bien plus que des lumieres ou du desinteressement, soit des gouvernemens, soit des gou- vernes. DANS LE DIX-NEUVIEME SINGLE. 665 « Les premiers, long-tems faibles, ephemeres, et passant des mains d'un parti dans celles d'un autre , n'auraient pas mieux demande que de conserver une organisation simple et commode qui donuait aux depositaires d'un pouvoir appele republicain les agremens et le cortege des cours. La nation meme auiait vu sans repugnance la prolongation de ce systeme. Elle u'a perdu que lentement I'idee, que les citoyens devaient tenir de I'auto- rite une existence aisee et brillante. La classe victorieuse se croyait I'heritiere des sinecures de la classe vaincue. Mais I'ins- tabilite qui accompagne les revolutions otait aces sinecures la securite qui en fait le charme; et graduellement on s'est con- vaincu qu'il y avait mieux a faire que de demander k la fac- tion regnante dujour desfaveurset des places dont on se ver- rait depouille par la^Aetion regnante du lendemain. Cette conviction saltttaire a penetre dans tons les esprits. Chacon s'est dit que la nature avait place dans les facultes de I'homme des moyens de richesse , et qu'il etait a la fois plus honorable, plus sur et meme moins penible de les acquerir que de les mendier. xL'homme extraordinaire qui avaif balaye les factions et etouffe les doctrines avait bien remarque cette tendance vers I'industrie, etillacontemplaittour a tour avec satisfaction etavec inquietude; avec satisfaction, parce qu'il avait besoin que la France futriche; avec inquietude, parce qu'il avait encore plus besoin que la France ne fiit pas libre. Mais comme , lorsqu'une fois I'inipvdsion est donnee, tout la favorise, meme ce qui lui parait contraire, le systeme de guerre et deconquete, ennemi naturel de i'industrie, lournait neanmoins a son profit, en forcant la France a surpasser par scs productions la seule contree qu'elle n'eut point domptee par ses armes. « La restauration , pour des causes qu'il n'est point dans raon intention d'examiner (car elles fourniraient matiere au blame comme a I'eloge, el le blame parait severe quand ou G66 TENDANCE GIlN^RALE DES ESPRITS reconnait un bon lesulfat), la rcstauration a complete Ic triomphe dusysteme industricl. Lcs cmplois accordes ct ravjs avec une rapidite incalculable, ralternative entro une sou- mission pcu consciencieuse et d'inevitables rigueuis, le besoin de recompenser d'anciens services aux depcns des nouveaux, les souvenirs qui planent^ les delations qui les ressuscitcnt , toutes ces choses ont detourne la majorite de la nation de la carriere administrative. L'industrie recueille ceux que le pouvoir repousse, et leurs ,succes attirent sur leurs traces uu grand nombie d'imitateurs. L'industrie est aujourd'hni la penseeprincipale,peut-etrela pensee uniquedusiecle, etchaque jour de nouveaux prodiges signalent le regne de cette puissance, raoins oppressive que la feodalite, moins devastatrice que la conquete, et qui a ce merite incontestable quelle a besoin de la liberte et de la paix; et que, sous quelqnes rapports, elle maintient la paix, et elle affermit la liberte. Car, les gouvernemens, qui ne vivent que de ses largesses, ne sau- raient entreprendre aucune guerre qui ne tarisse la source et ne compromette la duree de leur prosperite. La gloire mi- litaire, comme but, serait aujourd'hui une gageure contre I'espece huraaine. C'etait celle de Napoleon : il I'a perdue, et ceux qui I'imitent en beaucoup de choses ont au moins le bon sens de ne pas suivre ses erremens sur ce point. lis re- connaissent les lois que Tindustrie leur impose : iis sacrifient a ces lois les principes dont ils se constituent d'aillcurs les champions; et, si le sacrifice s'opere en apparence de mau- vaise grace, cette mauvaise grace est un dernier hommage rendu a des dogmes qu'on deserte. Et comment ces dogmes ne seraient-ils pas abandonnes? Que serait aujoui'd'hui I'aii- torite separee de la richesse ? On ne saurait a la fois lever le bras pour comprimer les peuples et tendre la main pour eniprunter leur argent. Les vexations diminuent, en raison de ce que les besoins se niultiplient. Le despotisine, quelque DANS LE DIX-NEUVIEME SIECLE. 667 haut qu'il soit place, est puni de ses exc^s par une indigence qui le rend ridicule, meme quand il est feroce; et le credit, toujours implore, protege ou venge la pensee proscrite. L'in- dustrie entoure ie pouvoir de sa force invisible , lui trace des limites, lui oppose des obstacles; et , si jiar quelque cir- constance imprevue, des hommes passionncs pour I'arbitraire saisissaient ce pouvoir tant convoite, on les verrait, au milieu du systeme industriel, comme frappes d'une subite paralysie : aussi, seraient-ils accuses par leurs complices de timiditeou de trahison. '<■ Paciiique , independante , restauratrice de la dignite de riiomme , en ce sens qu'elle substitue le travail qui Jaisse intacte cette dignite , a Ta mendicite deguisee qui degrade egalement celui qui donne et «elui qui mendie, I'industrie a mille droils a notre reconnaissance. Elle est le signal d'une ere nouvelle, favorable a la liberte publique, puisqu'elle en- chaine ses ennemis, et favorable aussi a la morale privee , sous ce rapport qu'elle ouvre a tons des moyens plus legi- times d'aisance, et les entoure de plus de securite... » L'orateur refute ensuite ceux qui accusent I'industrie de uuire aux recberclies philosophiques, a la liberte politique et aux beaux-arts. n .le n'apercois, dit-il, dans I'industrie, dans I'indepen- dance qu'elle conquiert noblement , dans les jouissances ele- gantes dont elle pent s'entourer , dans les lumieres qu'elle rassemble et qu'elle encourage , dans les bienfaits qu'elle repand , rien qui ne s'associe naturellement a tout ce qu'il y a d'eleve dans ies pensees, de sublime dans les conceptions, de tend re et de profond dans les coeurs. « .F'applaudis, continue-t-il , a tous les moyens qu'on de- couvre pour dompter I'univers materiel et le faire servir a nos usages. Plus I'niiivers materiel sera dompte, plus nous G68 TENDANCE GENERALE DES ESPRITS aurons de loisir pour nous occuper > II trace le tableau du sacerdoce de I'anliquite. << Si nous remontons jusque vers ces ages que I'antiquite couvre a demi de ses voiles, nons voyons presque partout des corporations redoutables s'emparant de la direction des societes encore ignoranles. Les guerriers sont leurs instrumens; les peuples , leurs esclaves. Ici, divisee en castes separees I'une de I'autre et parquees comme des Iroupeaux; la, portant sous des formes differcntes les raemes entraves, et nc s'elevant jamais au-dcssus des professions mecaniques exercees au pro- fit de ses maitres, I'espece humaine, sans cspoir d'ameliora- lion , sans possibilite de perfectionnement, semblc n'cxisler ^i?" TENDANCE G^NERALE DES ESPRITS (|iit' pour iiouiric ct pour adorer le saccrdocc. Tousles rites de la barbaric so prolongent au milieu do la civilisation lente ft perverlie : Ic sang des viclinics liumaincs arrose les auttls; la debauclie en delire preside aux fetes religieuses : le eulte •des morts, qui devrait ctre par sa nature un culte de regret ct d'affection, est souille de ceremonies cruelles, et chciche des ponipes effroyables dans les tortures des esclaves , des femmes et des enfans : et les corporations qui commantlenl oes forfaits sc font en meme terns un monopole de toutes les sciences. La faculte progressive est frappee d'immobilite. Toule decouverte lui est interdite : tout avancement est un crime; toute innovation, ini sacrilege. L'usage de cet art precieux qui repand et qui transmet au loin la pensee est prohibe comme une impiete. L'intelligenee , faussee dans la caste dominante par I'imposture qui sert scs iutercts et ses ambitions, se voit mutilee dans les castes infericures, et reduitc au rang subai- terne d'uu instinct d'obeissance et d'imitation, plus ingenieux, mais non pas plus noble que celui des animaux. « Mais le sentiment religieux lutta toujours , et il lutte encore contre ces corporations puissantes. II tend a perfectionner les formes qu'il revet, il travaille ;i les meltre dans une propor- tion juste etsalutaire avec les idees contemporaines de cliaque epoque. A cote du spectacle d'abatardissement et de servitude que je viciis de tracer, nous voyons un seul peuple , precise- ment parce qu'il est affranehi du joug sacerdotal, briller d'un eclat qui resplendit encore sur les terns modernes. Les vestiges grossiers, les rites affrcux de I'etat sauvage disparaissent. Ar- rachant aux corporations theocratiques de TOrient et du Midi les elemens des sciences , renfermees dans leur mysterieuso enceinte, ce peuple fait de ces sciences la propriete du genre humain. De languissantes et d'imparfailes qu'elles etaient dans lanuit du sanctuaire, elles rcvivent, s'etcndent, se developpent, sp perfectionuent, a laclarte du jour; et rintelligenee, suivant DANS LE DIX-NEUVIEME SlilCLE. 671 sa maiche hardie , ot s'elancant d'hypolhese en hypolliese , a travels niille errt iirs sans cloiite , arrive neanmoins , si non jusqu'a la verite absolue qui est peut-etre inaccessible poiirello, du moins jusqu'a ces verites relatives, bcsoins de chaque tpo- que, et qui sont autant d'echelons pour atteindrc d'autres ve- rites, toujours d'un ordre plus eleve ct d'une importance su- periesne. « Que si nous rapprochons de ce passe recule un passe plus recent, nous verrons, sous le chrislianisme memo, I'csprit tlieo- cratique , toujours ambitieux et toujours avide , chercher h s'emparer de cette loi divine ; les auto-dafes remplacer Ics sa- crifices humains; les persecuteurs de Socrate et d'Annxagore imites par ceux de Jean Hus et do Servet (jc nomme ici a dessein Servet, pour proaver que je deteste egalementla per- secution dans toutes les croyances) , et de nouveaux emr.les des Mages et des Druidesreclamer le privilege exclusif de I'educa- tion etdes lumieres. Ce n'est pas le sentiment rcligieux, ce sont les ennemis de la liberte que ce sentiment reclame sans cesse , qui ont souille de sang les annalcs des cultes , et rendant sta- tionnaire ce qui etait perfectible , ont fait d'un cspoir une epou- vantc, d'une consolation une servitude , d'unbienfait un flean. Le jongleur du fetichisme a combattu le polytlieisme moins grossier, qui, en brisant ses informes idoles, detruisait I'in- fluence de ses evocations etde ses sortileges. Le pretre de ce polytheisme imparfait a frappe d'anathume les ameliorations qui, en unissant la croyance avec la morale, decreditaient les traditions antiques sur les vices des dicux. Le ponlife du poly- theisme pcrfeclionne s'est effraye aux approches dutheisme; il a souleve I'autorite, toujours armee en faveur du present centre I'avenir; et la populace, alliee feroce du pouvoir, a suivi de ses cris les Chretiens dans !e Cirque pour se re])aitre de I'agouie des martyrs. > M. B. Constant en conclut qu'il scrait injuste de confondre 672 TENDANCE GENERALE DES ESPRITS nil sentiment qui tend totijours a se dcveloppcr avec les efforts il'iine caste dont le travail opiniatio et fiineste a pour but d'e- lonffer cc develop|ieiiient : ce seiait abjurcr toot discernement dans les idees, et frapper d'un aveugle anatheme et la victinie et lesbourreaux. n Non. Ce sentiment n'est en lien responsable de eequ'ont fait en son nom des hommes qui n'etaient pas religieux. Cards ne sonl point religieux ceux qui font de la religion un nioyen d'empire. Les membres des corporations sacerdotales qui en Egyple tyrannisaient les rois et les peoples , ou qui pretaient en Perse un appui inercenaire a I'oppression politique, ne regar- daient point conime uue chose divine le eulte dontils abusaient. On ne specule point sur les choses que Ton ci'oit divines. ((Reclamez pour tons, dit-il en finisssant, la liberte religieuse. • Seule, elle entoure la religion d'une force invincible : elle lui garantit seule cette proportion , convenable a chaque epoque , etquiachaque epoque la rend bienfaisante. Mais, gardez- vous de pretendre qu'il faille releguer le sentiment religieux dans une sphere a part, pour que les avantages positifs pas- sent avant lui, et qu'il demeure etranger a ce qui constitue le fond de la vie. « Vos efforts seraient vains. Regardez autour de vous. L'in- tok'rance a fait ce qu'ellc a pu pour rendre odieuse la religion. L'incredulite a fail ce qu'elle a pu pour la rendre ridicule, et le sentiment religie;ix s'agite de toutes parts. Voyez , en An- gleterre, cette foule de sectes qui en font I'objet de leur ar- deur la plus vive et de leurs meditations assidues. L'Angleterre est pourtant le premier des pays europeens pour le travail , la production , I'industrie. Voyez I'Amerique, plus heureuse que I'Angleterre; car elle n'a pas, comnie elle, un clerge qui reclame etmaintient I'oppression d'une vaste province, sous le pretexte qu'elle est catliolique. L'Amerique couvreles mers de son pavilion; elle se livre, plus qu'aucuu peuple, al'exploila DANS LE DIX NEUVIKME SIECLE. 6-]?i lion do la nature physique; etcependant, telle est I'activite dii sentiment rcligieux dans cette contree, que souvent nne seule famille est divisee en plusieurs sectes , sans que cette diver- gence trouble la paix ou I'affection domestique, parce que les niembres de cette famille se reunissent dans I'adoration d'linc providence juste et bienfaisante , comme des voyageurs se re- trouvent avec joie au but qu'ils ont atteint par des sentiers differens. Ailleurs , I'agitation du sentiment religieux n'est pas moins manifesle. Trouble en Suisse par des gouvernemens dont I'exemple prouve que les bonnes intentions suppleent mal anx lumieres; gene quelquefois en Allemagne, parce que I'Alle- magne n'est plus elle-meme, depuis qu'elle a subi deux jougs etrangers, dont le dernier n'est pas le moins funeste, le senti- ment religieux n'en poursuit pas moins son travail avec perseve- rance. II dedaigne I'ironie des uns, comme il brave ranatlienie des autres. " Et si je voulais m'appuyer d'un exemple trop doulou- reux, trop recent, je desccndrais dans le fond du coeiir de tons ceux qui m'ecoutent. Lorsque nous accompagnions jusqu'a sa tombe le grand citoyen que nous avons perdu (le general Eoy); lorsque nous assistions a cette triste et derniere solennite , qui nous enlevait le defenseur le plus zele de nos droits, reliii dont la voix demasquait les ennemis de nos liberies, comme son glaive avail repousse les ennemis de noire independance, n'y avait-il pas en nous, malgre nous,je ne sais quelle convic- tion intime, que les hommages dont nous I'entourious , que les iarmes qui coulaient sur sa tombe, portaient jusqu'a lui nos respects et nos regrets? Nouseprouvions je ne sais quel senti- ment confus du douloureux plaisirquelui-meme devait eprou- ver, C'etaitle sentiment religieux dans sapurete; c'etaitia voix de la partie immortelle de notre nature qui , enchainee encore sur cette terre que nous liabilons pour quelques instans , s'c- lancait vers ce compagnon de nos travaux, eel appui des 674 TKNDANCE GEN^RALE DES ESPRITS, f.tc. oppriincs , ce voiit^citr cle la faiblessc, cet advorsaiic inflexible de ratbitiaiie ct dc la corruption. Nous scntions que son amt vivait encore et repondait a la notrc. « Aussi, voyez comme cette Industrie, cettc premiere puis- sance (lenotre siecle s'est identifiee avcc cc niouvement national ! Elle a dementi coux qui voudraient traiter de chimeres tout ce qui n'est pas calcul et mecanisme; eUe a reclame, comme de son domaine, ct les demonstrations intrepides, et les senti- niens i:;eneieux, et les sacrifices patriotiques! Elle a honorepar un grand exemple et le travail, source d'une aisance dont elle fait un si noble usage , et la France qui montre avec orgueil a I'Europe ses fils reconnaissans, reparant les lorls de la for- tune envers le talent admiral.ile , I'integrite a toute epreuve et la vertn publique ct i)rivee. " LA GRECE APRES SA CINQUIEME OAMPAi^NE. (en i8'i5. ) OBSERVATION GENERALE. Les evcnemens dont la Grece nioderne est ie theatre oiil acquis pour nous le ilegre d'intt'ret qui s'allarhe dans nos es- prits, dei)uis notre eufance , aux cvenemens de la Grece an- ti(|ue. C'est, pour ai;)si dire, la reprise el la conlinuation d'une liistoire depuis long-terns interroinpue ; les lieux cl )ps pcr- sonnages reveiiicnl en nous dc vifs ct prof'onds souveniis d<; syiiipalhlc et d'affcclion. Aussi, Va Re^'ue Encyelopcdique , dans ses tableaux perio- diques des progres de la civilisation et des nations consideroes sous ce ra[)port , a toujours meiuionne avec un soin particu- lier les onvr;ices, les relations et les fails de lont genre (jni pou\a.ie«f.,iairc bicn connaitre et appriici^^r les longs maliienrs NOTICE SVh LA CRKCE, EN 182^). 67^ ol I'olat moral acliiel do la jiopulaliuii grecquc, of srs efforts yenereux et uiianimes pour rcconqaerir iine ])atrie (1). Aujourd'hui.Ia siluation de la Grkce appelle plus que jamais ['attention de lous les j)hilanthropes , et celle de tous les homines d'elat. Les evenemens sc jiressent : une nation gene- reuse, si long-tems livree a i'oppression la plus humiliante et la plus cruelle, qui, depuis quatre annees, lutte avec une (l) La Revue Encyclopedique , dans les 28 volumes qu'elle a publics jusqu'ici, depuis sept annees, a consacre a46 articles (^Notices et Meinoires , Analyses (Tonvrages choisis , Aunonces bibliograpliiques d'ou- vrages nouveaux et dignes d^interet, Nouvelles seientifiqiies et litte /aires'), a la Grfece et aux lies loniennes. — Apres avoir donne, dans plus de 40 articles, dans la seule annee iSrg, des details sur la situation de I'enseignenient niutuel, des ecoles, des colleges, des imprimeries , des bibliotheques, de la litterature, eiLGrfece, nous avons pu- blic, au mois de mars 1820 {Hev. Eric, t. v , p. 4i8-43i),une Notice assez etendue sur cette iuleressante contree. — Nous avons appeie I'attention de nos lecteurs sur la ruine de Parga, sur ses g.e- •lereux et inforlunes citnyens , sur la politique peifide et alroce d'Ali-Pacha , tyran de Janiua ( Rec Erie. , t. vii , p. 4i8-454; t, viii , p. i7-3a.) — Quelques mois apres, en recueillant un Disconrt sur les avamages de I' instruction publique cliez les Grecs modcrnes , pi ononce a Corfou, en 1809, par M. Ch. Dupin , alors capitaiue du genie maritime, et secretaire de 1' Academic ionienne ( t. xi, p. 453-473 ) , nous avons aime a rappeler les efforts tentes par quelques Fran^ais , a I'epoque de nos conquetes , pour reveiller chez un peuple mal- henreux la grandeur d'anoe et les vert us qui firent la gloire de ses anc^tres.. — Nous avons ensuite prcsente , a plusieurs reprises, les anciennes constitutions grecqoes ( t. vii , p. 58i ) , les ouvrages rcla- tifs a I'histoire ou a la litterature de la Grece ancienne ou moderne, et surtout ceux qui faisaieut connaitre les tentatives des Hellenes pour repreudre un rang honorable parmi les nations. — Un nie- uioire sur I'etat de la civilisation de la Grece , public a Paris , en i8o3 , par le venerable Cor at, renfermait des passages prophetiques que nous avons rapproches des evenemens posterieurs qui sont venus realiser d'anciennes esperances long-teius ajournees ( t. xv,p. 412)- — Depuis, nos lecteurs ont pu reraarquer successivement : i" un Tableau siatistiqtie de la population acluelle de la Grece ( t. xvil , p. 182) ; 2" In /ondation d'une Acadeinie nationale dans le Pelopo- 6:6 NOTICE ,SUR LA GRECK. pcrsevt-rancc el un courage hcroiqties contro srs tyrans, est ]ieut-ctre sur le point de succomber, si les puissances ciiro- iiese (Hid, p. 4'8); 3" les comptes rendus des ouvrages dc MM. BvRKER , DeI-PIMG , PoUQUEVII,I,E , BlAQUIERES , RaFFENEJL . Raybaud, Sueridan , Stakhope, etc. ( t. xvii , p. aoi , 6oa ; t. XVI II , p. 35i , f)o6 ; t. XX , p. i3o , 5i I et passim ; t. xxi, p. Sgy ; t. XXIII , p. 3yg ; t. xxv, p. ySy , etc.) ; 4° une Notice sur la i>ie et hs ecrics de Rhigas, le principal moteur de la premiere insurrection qui a ])r^par6 la revolution et la guerre de I'independance des Grecs ( t. XXI , p. ayS ); 5° les annonces ou les analyses de plusieurs ou- vrages relatifs a Lord Byron , noble victime de la plus noble des causes; fi" divers articles sur les Chants hero'iques de la Grice , ve- produits en francais , d'abord par la plume originale et bardie de M. Fauriel ; puis, en vers, par la muse patriotique et inspiree de M. Lemehcieu; 6° \ei Notions sur la Grece , pour I'inrelligence des evenemens dont cette partie de i'Europe est le theatre , r^digees avec precision et clarte par iiotre celebre ecrivain economiste M. J.-B. Say ( t. XXIV, p. 257-274); 7° le Tableau moral et politique de la Grice en 1824, fidelement trace par I'un de ses fils les plus devou^s^ M; Michel Schinas (t. xxv, p. ayS-jog); 8° les trois articles tres- remarquables de M. de Sismondi , \j//7' les hisioriens de la guerre ac- tuelle des Grecs (t, xxv, p. 38i, p.703, et t. xxvi , p. fii). — La Notice de M. Bi,4QuiERES sert de complement aiix nombreux articles sur la Grece , deja inseres d.ins notre Bei'uc , et parrai lesquels nous ve- nons de citer quelques-uns de ceux qui nous ont paru les plus im- portans. Nos amis et correspondans grecs ou philhellenes , M. Cx-onabes , parti depuis peu de Paris pour Nnpoli de Romanie ; M. Polychko- NiAt>ES . qui a reside long-tems en France ; M. le lieutenant-colonel Raybaud; plusieurs professeurs distingues de I'Universite de Cor- fou, qui ont bien voulii , ainsi que Lord GuiLFor.n, foiidateur et president de cette universite, s'interesser a nos travaux et quelque- fois y prendre part ; enfin , MM. Pecchio et i:d. Blaquieres , qui , depuis leur retour en Angleterre , coriservent des relations suivie.s avec la Grece, continueront sans doute , dans la nouvelle annee qui va s'ouvrir , a nous fournir les moyens de comprendre tons les mois la genereuse nation grecque dans notre galerie des nations comparecs , et de presenter I'histoire abregee de ses efforts et dn ses progrJs. M. A. J. KN i8a5. 6-7 pt5ennes ne sont pas arrachees a leur deplorable insouciance, k leur sommeil Idthargicjue. Ce fatal systeme d'inertie, loin do prevenir les dangers dont s'cffraie une j)olitique litnide et ombrageuse, n'anrnit fait que les aggraver, si la chute defi- nitive des Grecs etait le resultat dcs secours donnes en secret, souvent meme publiquemcnl, a leurs ennemis. Dans ces tristes circonstances, quand la civilisation est nie- nacee dans les niemes lieux ou elle avait jadis opere des I)rodiges et legue de nobles exemples au inonde, Ic premier besoin des amis de la Giece est de connaitre toute la verile. II faul bannir toute illusion ; ecaiter tout mensonge, officleux ou officiel ; montrer I'etat des clioses, lei qti'il est; sonder la profondeur de la plaie , pour appliquer, quand il en est lems encore, les remedes convcnables. Que les cabinets songenl enfin a s'absoudie du ciitne dc raneanlisseinent de la Giece, dont la le/rible responsabiilie lie peserait pas seulenient sur eux dans les jugemens tardifs dc I'hisloire, niais entrainerait des consequences immediales qu'il est difficile de calculer, et plus imprudent encore d'atlendre dans une lionteuse inaction. Pour faire connaitre I'elat veritable de la Grtce, il faut avoir \isite depuis pen celte conlrce; il faut avoir vecu parmi reux quidirigent ses affaires politiques, qui commandent sesbandes armees, qui ont au milieu d'ejix une partie des causes dc dis- sensions civiles qui nous ont divises nous-menies. Ces causes se sont reproduites chez toufes les nations, dans les terns de revolutions et de troubles. Pourquoi exigerions-nous d'un peuple qui a ete plonge pendant plusieurs siecles dans la bar- baric , des vertus qui manquent souvent a des peuj)Ies fiers d'une civilisation plusavancee, au sein de laquelle subsistent encore tant de traces d'une barbaric veritable ? Un anglais philhellene, envoye deux fois en Grece par le comite grec de Londres, auteur de plusieurs ouvrages estimes sur la jevolufion grecque, etranger aux passions locales qui oiit divlse les principaux chefs mililaires et politif)ues dans cette contri-e ; M. £'«/. Blaquikres etait certairiement I'un des houimes les plus capables d'exposer avec fidelitc , sans aucun nienagcment pusillanime, et neanmoins avec un sentiinent pur et profond de devouement a la noble cause de Tindejiendance des Grecs , tout ce ()ui caracterise la division des partis et la situation actuelie si critique de I'ancicnne patrle de Miltiade et de Pericles. M. Blaquieres a bien voulu se rendre a mon invitation, en resumant par ecrit tout ce qu'il a recueilli sur T. xxviii — Decemfjrr 1825. 44 678 NOTICE SUil L\ (;RECF. cet important sujel , clans iine Notice rapide , destined a la for* aux lecteurs de la Revue Encyclnpedique el aux iiipmbres de la Societe philantliropique pour les Grecs , el de la Socirtc de la morale chrclienne q'li coniribue aiissl a reveillcr I'interef. public en favour de cetie gcnereiise nation. La Notice qiu va suivre servira de complement aux articles de MW. i)//t7jf/ ScHiNAS, J.-B.S\y, de Sismondi et Pf.cchio, relalifs a la Grece (i), (]ue nous avons deja inseres dansce re- cueil. Nous croyons remplir un devoir etrendreun service reel aux Grecs, en pnblianr celte Notice, qui doit fixer I'opinion, signaler les vrais dangers, indi<]uer les moyens de sauver en- core les Hellenes, et faire apprecier aux hoinmes d'etat I'obli- i;alion, la necessite d'intervenir, d'une manicre honorable et liumaine, ]>our empcclicr I'assassinat de tout un peupic , qui scrait an opprobre iiiefCacable pour tous les rois. ]\I.-A. JuLLiEN, de Pdris. Daxs la Intte des Grecs centre les Tnrcs, il ne s'as^it pas sealcmcnt do I'existence de tout un peuple de chrutiens: c'cst la cause meme de la civilisation gencrale qui esi mise en ques- tion. Anssi, I'interet de I'Eiiropc entiere, excite au plus haul dcgre , s'est-il encore au|^mcnte , depuis les evenemens de la derniere campagne, evenemens qui rendent I'etat de la Grece si critique, que les efforts enorgiques de tous les amis de cctte nation malheureuse peuvcnt seuls prevenir son entiere des- truction. L'objet de cette Notice est d'appeler plus fortement I'atten- tion de tous les peuples de I'Europe sur la situation de leurs coreliyionnaires de I'Orient. Nous nous proposons aussi d'y niettre au jour qnelques faits que la prudence ou la generosite avaient jusqu'h present derobes h la conoaissance dii public. .Si quelques personnes etaient porteesa blamer notresincerite, nous repondrions que des menagemens pusillanimes ne sent plus de saison ; ct que les passions et les prejuges d'un petit (r) Voy. la note ci-dessus. EN i8.i5. 67.) riombre d'individiis ne doivent pas entrer en lia'ance avec le salut de toute line nation. Tandis que les homines de tontes les cioyances politiqiies s'accordcnt a regarder I'effort tente par les decs ponr secouer le joug niahomelan, comme iindes fails histoiiques les plus le- marquables et les plus glorieux de notre epoque , des circons- fances nombreuses seniblent justiGer une opinion eniise par quelques ecrivains, et soutenue menie par phisienrs patriotes grecs. Selon eux, cette hero'ique entreprise devait etre retardee jusqu'a I'epoque ou les principes qui la produisirent auraient acquis plus de force dans les esprils. En reflechissant surl'op- positioti bien prononcee des grai«des puissances, sur I'apathie du moiide chretien, sur les souffrances inou'ies auxquelles la nation grecque a ele en bulte jusqu'ii ce jour , on se demandc avec douleur si les avantages que les Grecs peuvent esperer du succes de leur longue et penible liUte n'auront pas ete acheles a un prix trop eleve, s'ils seront proportionnes.a la grandeur de leurs sacrifices. D'un autre cote, peut-on accuser de s'etre trop hate, I'es- clave qui briseunjoug devenu insupportable ? Ici, les proneurs et les amis du despotisme tare oseront seuls elever la voix en sa faveur. Quoi qu'il en soit, la chute de la puissance ottomane, en Europe, paraissait inevitable, tandis que la nation grecque, qui croissait rapidement en richesses et eu instruction, trou- \a"t un puissant auxiliaire dans la tendance de la politique eu- ropeenne vers des principes plus liberaux, qui n'auraient pu manquer de rendre I'emancipation definitive des Grecs plus facile, dans qutlques annees, qu'tlie ne Test aiijourd'hui.Mais, quelc|u'intercssante quecette question puisse etre pourle philo- sophe et I'historien, la lutte est engagee; et, loin de s'aban- donner a d'inuliUs regrets, le philanthrope et I'homme d'etat 68o NOTICE STJR LA GRfcCE doivent s'otcuper des inoyens d'assurer et de completer une conquele pour laquelle tant de sang a d»'j;\ ele repindu. Reporlons-nous a I'ori(^ine de la revolution j^recque. Quel qu'opprcssif, que'qu'inlolerable que fut lo jou,;^ sous leijuo! ge- missaient les Giecs, quelque flatteuscs que pusscnt ctre lours esperances de succes, on ne saurait protendre que leurs cliefs aient vouUi precipiter la nation dans une demarche de cette im- portance, avant de s'etre assures d'un puissant appui an dehoi s. Tout annonce qu'ils esperaicnl la protection de la Rnssie : les faitsqui scmblent Ic prouver sont trop connus pour qii'il soit besoin de nous y arreter. SI nous rappelons ici cette cspcrance si cruellement trompee, c' est pour montrer dans quelle terrible situation la population grecque lout entiere s'ost trouvec, quand elle a du rcnoncer a loute espece de secours. Tels etaient les dangers et les malheurs qui environnaient les Grccs, qu'un peut dire que la providence seule les a sauves jnsqu'i preseiTt d'une mine lotalo. Cependant , c'est sous I'influence de toutes ces causes de de- couragement, c'est au milieu dc tons les elemens de discorde semes avec profusion parmi lours chefs, que les Grecs ont op- pose a leurs ennerais une etonnante et formidable resistance. Quoique Ton admettc generalement que la plupart dtis des- astres qu'ils ont eprouves aient ete amenes par les dissensions siirvenues entre les chefs politiques et milltaireSjl'ongine de cts deplorables divisions n'est point du tout connue. A la verite, ce n'est qu'apres avoir observe les faits sur les licux memos, ce n'est qu'apres avoir vu et entretonu les principaux acteurs de ce drame si complique, qu'il est possible d'obtenir, sur tout ce qui s'y raltache, des notions precises dont les amis de la Grecc doivent senlir toute I'importance. Le defaut d'harmonie entre les chefs est la veritable plaic de la Grece : tant qne cette desunioo subsistera, on ne peut guere EN i8i5. 68 1 •sperer de voir se terminer heureiisemeiit la liitte commeiicce. C'est I'inevitabie r(!^snUat du systeme barbare de gouvernemcnt que Ics sectateurs de Mahomet ont adople dans toiitos Ics con- trees soumiseS a leur domination. En Grece surtout, dans la crainte continucUe d'une insurrection , ils ont pris les plus grandes precp.ulions pour prevenir I'nnion du people. Parmi beaucoup d'autres mesures comniandees par cette politique ombrajjeuse, et que nous pourrions citer, nulle n'elait plus propre a faire alteindre le but, que retablissemont dcs Codgia bnchis ou Primats, choisis parmi Ics vassanx grccs pour l'ou- verncr leurs concitoyens, et que leurs fonctions rendaient les instrumens nveugles de toutes les exactions et de toules les tnuautes des f^aivodes turcs (i). C'est ainsi que Ton explique comment les Primats etaienl, a peu d'exceptions pres, encore pkis detestes que les Turcs eux-memes. Cependant, ce fut sous les auspices de pareils hommes que I'insurrecfion eclata dans la Moree. II est prcsque inutile d'ajouter que les traits predo- minans de leur caractere etaient I'avarice, la duplicite , la de- fiance et la cruaute. Toulefois, leur pou voir et nieme leurs biens etaient exposes aux raemes vicissitudes que ceux des Mahome- (i) Les Vaivodes etaient les gouverneurs turcs etabiis par la Porte dans les provinces el dans les ■villes. 'hes Primats etaient des especes d'officiersniuniclpaux pris parmi les Grecs les plus riches et les plus in- fluens. Dans le uonibre, quelques-uns, dont le caractere personnel les a portes a faire lebien de leuis administres,meritent d'honorables excep- tions. Nous devons, par exemple, cileries nomsdeLuuDo, ex-Primat de Vooslitza , qui , en i8i3 , ful cruellea)ent massacre par les ordres de Vely-Pacba , et de Pantttzo Notara, Primal de Corinthe, au- jourd'hui President de I'Assemblee legislative. Le premier, respec- table par son hnmariite et par ses vertus , fut sacrifie, parce que le tyran musulman le soupconnait de preferer aux Turcs ses coreli- gionnaires et ses compatriotes. Quant au second, il passe pour I'mi des p.itriotes les plus vertneux el les plus desinteresses de la Grpce. GS2 >OTICE SUR LA. GRECE (aiis. La convictioji dii pcu de flxite He leurs fortunes, et leur (letinlion comme olagcs h Tiipolitza, par Khursliid-Pacha, lorsdes premieres demonstrations d'Ypsilanti,furcnt sansaucun doute les principaux motifs qui les deterniinerent a embrasser la caiise de la revolution, eta favoriser les projets des Hetv- risles (i). Si tel etait le caractere des particuliers les plus riches ct les plus intluens de la Grece, quel etait celui des hommes qui le- verent I'etendard de I'independance, et qui depuis ont pris la plus grande part h la guerre! Apres I'expulsion des Venitiens de la Moree et de I'tpire, vers la fin du xvii® siecle, et au commencement du xviii^, les braves Montagnards de Maina , de Souli, de I'Olympe et d'E- tolie, descendans de la race antique qui combattit anx Ther- mopyies, a Marathen et a Mycale, continuercnt a defendre leurs forteresses inaccessibles avec une rare intrepidite. Jusqu'a une epoque tres-rapprochee , toutes ces penplades lesterent dans un etat de guerre permanent contre les Turcs, et subsis- terent des depouilles arrachees a leurs oppresseurs. lis furent connus, dans toute la Grece, sous le nom de Klephtes^ qui si- gnifie litteralemcnt Voleurs. Leur tete etait raise a prix; ils etaient poursuivis comme des betes feroces; aussi, ne doit-on pas s'elonner si phisieurs d'en- tr'eux contractercnt les vices et la ferocite des brigands : c'etait la suite naturelle des persecutions qu'ils eprouvaient,et de I'ab- sence de toute societe reguliere parmi eux (2). (i) On trouvera , dans I'ouvrage que vient de publier M. Bla- quiferes, de grands detai!>-s sur I'origine et la nature des associations des Heteristes, qui furent les premiers promoteurs secreti de I'insur- vcction. (2) lis avaient une sorte de gouvernement militaire, oii cliaqiif bande i)beissnit a ses chefs. EN 182'i. 683 Les succes d'AIi-Pacha, tyran de Janina, doiit le fils Veli- Pacha avail envahi la Moree, determinerent la pliipart dfs chefs Klophtes et un grand nombre de leurs soldats a clif rchcr iin refuge dans les lies loniennes. La, ils furent incorpotos dans les regimens grecs, que I'Angleterre piit ^ sa solde apres la reddition deces lies. Congedies a la paix, et abandonnessans aucuns nioyens d'existence, ils virent avec joie les evencmens de 1 82 1, qui devenaient, jiour ainsi dire, iin appel a leur pa- triotisme et a leurs talens nnlitaires. Aussi, la plupart des chefs de distinction qui figureient dans la Moree et dans I'Epire etaicntdejafamiliarist'sjusqu'iuin certain point avec la discipline europeenne. Cependant, malgre Tinstruction et les noiivellcs idccs qu'ils avaient puisees dans leur contact avec des troupes regulieres, ils n'avaient point perdu leurs premieres habitudes guerrieres, etils y revinrent avec ardeur. Lorsque Ton consi- dere les relations qui avaient du exister autrefois entre eux et lesPrimats, qu'ils regardaient alors comme les agens de la Porte , on doit concevoir sans peine combien il est difllcile d'opercr une reconciliation sincere entre ces deux classes. Le troisieme parti , en Grece, sans lequel la revolution aurait cte airetee des son origine, et plus tard dans ses progres, se compose des chefs maritiines et des proprietaires de navires. Quiconque a etudie le caractere des insulaires grecs, et observe les rapides progres de leur prosperile, ne pent ignorer que ce peuple est I'un des plus aclifs et eiit-etre aussi puissans dans qiitlques- uncs des iles que dans toute autre parlie de la Grece (i). Les brillans exploits de MiaouUis, deCanaris, de Sactourict de beaucuup d'antres, sont tropconnus, dememe que Ics eminens services rendus a la cause desHellenes par la marinegrecque en general, pour qu'il soil necessaire d'en parler ici. Ajoulons seu- lement que leur merile paraitra bien plus grand, si Ton ob- serve que les privileges accordes anx insulaires par la Porte, et que le succes progressif de leur commerce pouvaient leur faire considerer la revolution comme infinimenl moins avanla- geuse pour leurs interets que pour ceux des Grecs du Con- tinent. Apres avoir signale les trois partis qui pretendent au pou- voir, et donl I'union et la cooperation peuvent seules assurer le triomplie de la Greee , nous allons nous occuper des repre- sentans du peuple,etde la conduite admirable qu'ils out tenue dans toutes les occasions , depuis le commencement de la guerre. Siquelque chose pouvait encore rendre la cauae des Grecs plus interessante, ce serait le caractere eleve , les intentions pures et genereuses et les nobles qualites de ceux qu'ils onl invariablement appeles a les represenfer dans I'Assemblee legis- lative. En meme terns, aucun fait dans I'histoire de cette revo- lution n'est plus digne de remarque que le vif desir qu'a ma- nifeste la nation , des les premiers moraens de la lutte, d'etre dignement etreellement representee. N'a-t-on pas droit de s'etonner, apres le long espace de terns qui s'est ecoule depuis I'aneantissement de toute espece de liberie et du systeme repre- (i) Les trois iles les plus infliientes par leur population et par leur marine sont Hydra, Speiia et Ipsara. Andros , Naxos , Santorin , Samos, Tinot , Zea ,. etc. , sont ensuite le« iles les plu.s im)ioi'tante$., EN i8u5. 685 Sfntatif en Grece, de le voir renaitre par les vceux qn'expri- ment les dernieres classes dii peuph; de voter aux elections , surtoiit lorsque Ton pense aiix gouvernemens divers, maistou- joiirs oppressifs, sous lesquels elles ont genii depuis la con- qiiete des Remains jiisqii'a ce jour ! Comme on I'imagine facilement, la confusion qui regna dans les premiers momens ne permit point d'obtemperer aux desirs de la nation, qui demandait la convocation d'un congres ge- neral, II n'etait menie pas possible d'assigner un lieu conve- nable pour la reunion des deputes. Cependant, tels efaient les exces auxquels etaient exposes les hahitans de la camp;)gne , livresi la nierci des tyrans locaux ei des chefs miiitaires; tels etaient les inconveniens de ne pouvoir adopter aucun plan d'o- perations, que toute I'attention des patriotes places a la ttte des affaires se dirigea vers cet important objet , immediatement apres la prise de Tripolilza : evenement qui, .'i Tissue de la premiere campagne ( en 1821 ), delruisit le grand foyer de I'oppression turque dans le Peloponese. Le nombre des deputes, reunis aEpidaure dans les premiers jours de decembre 1821, s'elevait de soixante a soixante-dix: c'etaient des ecclesiastiques, des proprietaires fonciers, deshabi- tans des campagnes et des citadins, dont plusieurs avaicnt recu une education liberale en France, en Allemagne el en Italic. La conduite gencralc de ces individus annonca le zele et le patriotisme le plus pur. On pent conclure de leurs actes publics qu'ils connaissaient les besoins deleur patrie, et qu'ils etaient determines a adopter toutes les mesures necessaires pour eta- blir un gouvernement regulier , egalement favorable au main- tien de I'ordre et a la garantie des liberies publiques. Quant aux talens qu'ils deployerent, on en trouve des preuves suffi- santes dans la declaration d'iudependance et dansle code poli- tique, rediges dans le f:ourt espace d'un mois, ou a peu pres , et dans les discussions qui s'eleverent sur chaque article. (JSfi NOTICE SUR l,A GlltCE Tuiit I'll avouiiiU (]iie les prcinicrs symplomes d'oidre et de leijulatiie dans la icvoliitiondatcut de I'asseinblce d'lipidanre, on ne pout douter qn'elle n'ait en meme terns donne naissance a ces dissensions, qui depiiis ont cu des suites si funcstes et ont amene tant de desasttes. U est fiicile d'en expliquer les causes. Dejc^ nous avous parle des exces conimis par les chefs militaires et par les Piimats. On ne doit done pas s'etonner que ce? chefs qui assistaient an congres dans I'liiiique but d'intervenir dans les fonctions piiblitjues, fussent regaides d'un ceil jalonx. Tan- dis qu'ils croyaient avoir des droits par Icurs triomphes et par leurs services recens aux plus hautes dignites de I'elat, les Re- presentans dii petiple craii;i)aient d'ajouter a Icur pouvoireta leur influence, qu'ils trouvaienl deja trop etendus, De tous co- tes on adressait au conijres de vives reinontrances au sujet de la conduile de la pkipart des chefs ou des Primats. Mais Ma- vromicalis i chef des Mainotes) etle general Colocotroui (le plus influent des anciens chefs de Klephles Morii'ites) etaient surtout en biilte aux rcproches , depuis qu'ils s'elaieut approprie la ])lus giande partic des depouilles de Ti ipolitza. Ces deux chefs vepoussaient de semblables accusations, en proteslant que, sans eux, jamais la revolution n'auiait pu eclater en Moree ; (jue, comme il n'y avait eu jusqu'alors aucun gouvernement pour payer les troupes, ils etaient obliges de remedier a ce defjuit par tous les moyens qui etaient eu leiirpouvoir. La ve- rite est que le desir de s'enrichir , de quelque maniere que ce f6t, etait si dominant chez la plupart des chefs, qu'ils crai- gnaient de voir echouer leurs vues d'agrandissement personnel , si Ton reussissait a etablir un gouverneuient plus energique , et une organisation militaire plus regulicre. De la I'opposition constante qu'ont eprouvee tous ceux qui se sont occupes de ces cieux choses. A ces causes primitives de haine et de meconlentement , qu<' Ion ajoute I'eloignenicnt despiincipaux chefsmilitainsdeloute EN 1 8-25. tiS: participation au gouvernenifnt, et Ton poiiria se former unt- idee des sentimens d'irritation et de vengeance dont ils etaieot animts en qiiittant Epiilaiire, lorsqne, vers la fin de fevrier 1822, les corps logislatifetcxeciilif allerents'etablir a Corintiie. Quoique Ton ait toujours considere cette exclusion des chefs militaires cornnie une grande erreiir de la part des chefs poli- tiques , elle ne fut chez ceiix-ci que le resullat d'uneprofonde conviction du manque de bonne foi des premiers et de leur ^loignement pour tout ordre dechoses un pen stable. Diverses circonstaiices contribuerent pourtant a perpetuer le funeste pouvoir des Capltani : ils etaient, avec les Primats, les soules personnes qui possedassent quelques richesses, tandis que le gouvernement etait entierement dunue de ressources pecu- niaires : et cela , dans le moment meme ou la Porte faisait les plus formidables preparalifs , sur mer comme sur terra, et au milieu du decouragemont et de la consternation repandos dans toute la confederation par le massacre de Scio. Sans rechercher ici a quels honimes precisemcnt il faut attri- buer Texclusion des chefs militaires de toute cooperation aux actes emanes du pouvoir, il nous sufdt de dire, d'apres une in- time conviction , que le blame de cette niesure ne doit pas re- tomber sur la graude majorite de I'assemblee : le but de cette premiere assemblee etait de promulguer une constitution , et d'etablir dans les provinces un systenie d'administration locale destine a proteger le peuple, et a lui assurer la jouissance de sa liberte et de sa propriete personnelle par la nomination im- mediate des Eparqnes, et des Ephores 011 des prefets et des of- ficiers municipaux. Cebut fut poursuivi aveczele, et en partie obtenu, avant la translation du gouvernemcnt a Corinthc. Le depart de Mavrocordato, president du pouvoir executif, pour la Grece occidentale , alors envahie pai' une nombreuse armee turque, non-senlement affaiblit beaucoup le gouvernc- ment, niais tendit enrore a augmenler tons les embarras qui <538 NOTICE SLR LA GilECK resiiltaiejit de sa pauvrcte et de rojipositiun dfs oht-fs inili- taircs. Les desastres succcessifs qui accompajjnerent la catas- trophe de Scio, et plus spccialemeiit I'invasiou du Peloponese par le pacha de Drama (Mackmout), ayant force levertucux Canacaris, vice-president dn Pouvoir cxeculif(ij (compose de 5 membres ) ^ fuir ce pays, il fut abandoiine a la seule prolec- lion de Colocotroni, dc Caritena, en Arcadie, appuye par De- metrius Ypsilanti, Kikitas et quelques chefs infetieurs, lis s'ac- quitteient de cette taclie difficile, de manierea meriter I'admi- ration des historiens de la revolution grecque (2). D'un autre cole, la popularite du heros de Caritena et ses pretentions furent tellemeut accrues par la victoire qu'il rcm- porta dans Ics plaincs d'Argos, et par I'entiere destruction de I'armee eimcmie, qu'il se considera comma enlierement degagc de tout devoir d'obeissance envers le gouverneaient : h tel point que, retenant en son pouvoir la forteresse de Napoli de Romanic, long-terns apres en avoir fait la conquete, il juslifiait sa conduitc , en preteiidant que, s'il livrait cette place au pouvoir exclusif, celui-ci la pcrdrait, comme il avail perdu Corinthe, et abandonnerait les habitans , comme il avalt fait a I'approche de Mackmout , pacha de Dr,ama. Le gouvernement, qui, apres la prise de Napoli, se trouvait dans I'impossibilile de retablir son autorite, crut qu'une nou- velle assemblee generale de la nation etait necessaire. Elle fut convoquee , et un second congres se reunit, en avril i8.i3, dans la petite villa d'Astros, en Laconic. Outre les deputes, (i) Ce genereux Grec, autrefois Primal de Patras (a I'entree du golfe de Lepante), etait Tun des patriotes les plus respectables. 11 est mort a Castri (I'ancieune Herniione , daus I'Argolide), i la fin de Tannic iSaa. (a) On trouve tousles details relatifs a cette campagne, dans I'oi:- rrage de M. Blaqui^res. , (N. d. R.) EN i8u5. 689 choisis par le peuple, comme au premier congres, presque tousles chefs trilitaiies, suivis de plus de trois mille de leurs adherens, doul la pliipart etaicnt des paysans, assisterent a celiii-ci, Les premiers jours furcnt absorbes par Ics dissen- sions qui s'eleverent entre les chefs civils et militaires : ces derniers insistaient surtout pour obtcnir des recompenses en faveur de leurs soldats, et une part immediate dans le nouvcou gouvernemeut qui allait se former. Neanmoins, une parfaite harmonie presida,en apparence, aux dernieres dis- cussions , et jusqu'a la dissolution do rassembliie : le gouvcr- nement fut alors transfcre a Tripolitza, et Ton s'occupa des mesures a prendre pour la campagne suivantc. En disant que la bonne harmonie ne fut qu'apparente, nous sommes d'ac- cord avec les fuits ; car les intrigues et les macliinalions com- mencercnt avec I'etabiissement du gouvernement a Tripolitza, et eurent pour resultat la premiere sedition de Colocolrori. En parlant des conferences d'Astros, nous aurions dii men- tionner I'acle qui appella Mavromicalis a la ijresidence du pouvoir executif , pour reparer I'esjiece d'iiijustice commise h Epidaure envers les chefs militaires que Ton avail eloignes du pouvoir; mais cet acte ne fit probabloment (pi'accroitre I'irritation et le mecontentement dc Colocotroni , qui , depuis la translation du congres a Tripolilza , confiait ouvertement ses degouts atoutceux qui levisitaient. II ne laissait echappcr aucune occasion dc se dechainer contre la pusillanimite do Tannicn gouvernement, qui avait fui honteusenient a I'approche de Dramali-Pacha, tandis que le nouveau corps exexcutif, di- sait-il , n'etait occupe qu'a distribuer les honneiirs militaires les plus eleves a des gens, jusqu'alors inutiles a la patrie, et qu'on le laissait, lui et ses braves conipagnons, dans I'oubli le plus complct. Telies elaient les plaintes qui pre- cederenl sa premiere revolte. Le 9 juin iSaS, au matin, il quitta soudainemcnt la v!ll(>, et se re'ira sur une hauteur CiQo NOTICE SUR LA GRECE voisiue, suivi dc Nikitas, de Kolii)pitlo, dc (jnelqiu^s antics chefs moins iniportans , et de 5oo liomuies. Feu Tbeodoic Negris lui servait de secietaire et de couseiller. Sa premiere demarche fut d'envoycr ait youvcrnement im memoire contenant I'expose de ses griefs eii trenle-sept ar- ticles, et la demande formelle d'obtenir satisfaction sur tous les points. Cette reclamation fut rcpoussee, comma contrairp a la loi. En meme tems, on fit entendre a Colocotroni et a ses amis, que, s'ils voulaient s'en rapporter a la decision du corps legislatif , cette assemblee aeciieiilerait leurs plaintes. Mais, le gouvernement, n'ayant auciin moyen do se faire respecter, et voyant s'approcher le moment d'ouvrir la cani- pagne , fut force de negocier avcc les mecontcns, qui, de leur, cote, se dis])crserent, lorsquils viieiit que le peuple restait etranger a Icur querelle. Ccpendant , uue deputation de patriotos se rcndit aupres de Colocotroni, le dccida a re- venir;et, pour relablir la bonne liarmonie, on le nomma vice-president du pouvoir executif. Le calme qui snivit ne fut que passagcr et trompeur. A peine Colocotroni elait-il entre en fonctions, qu'il se forma un parti dans le sein meme du corps executif, par les menees de Colocotroni lui-meme, de Melaxa, et du president Mavro- micalis, contre Mavrocordatos , nomme secretaire - general aii congres d'Astros. Le but de ces menees paraissait etre d'eioigner Mavrocordatos de la Grece, et d'y etablir un gou- vernement, dont la force militaire scrait le seul appui. La translation du Corps legislalif a Salamine, en juiilet, per- mit d'accomplir ces projets; et, apres le depart de Mavro- cordatos pour Hydra dans le meme mois , la faction militaire devint toute-puissante. II serait meme difficile de prevoir qu'elles auraientcte les suites de son influence, sans la fermele de rassemblee legislative, reunie a Salamine, qui ne tarda point a se declarer contre le nouvcau pouvoir executif, et qui EN ibi'j. 691 transporta le lion de ses deliberations a Kranidi , petife ville (ie I'Argolide. C'est ]k que se dcvelopperent les gesiiies des discordes qui depuis furent si fatales a la cause iialionalc. Le corps legislalifprononca la dechcance du pouvoir exccuiif qui n'en conscrva pas moins a Tripolitza une autorite devenue illegale. Dans le nouveau pouvoir executif forme a Cranidi, deux insidaires, Conduriottis et Botasi furent nommes, I'un president, I'autrc vice-president. Cet acte, en abandonnant le gouvernement de la Moree aux insulaires , fit une profonde impression sur les Moreotes. Ceux qui ont donne toute leur attention aux affaires de la confederation, savcntque le me- conlentement des Pelopouesiens ne tarda pas a etre excite au plus haut degre. Les deux partis, dont cliacuii avail son gouvernement, s'engagerent dans une guerre civile, qui diu'a pres de quatre mois , et qui se terniina par la reddition de Napoli de Romanic qu'avait occupee un Ills de Colocotroni. La reconciliation apparente entre les deux 'partis amies n'empecha pas qu'au bout de six mois , sous le pretexte de la reelection de Conduriottis et des autres raembres du corps executif, declaree illegale par le parti de Colocotroni et par lesautres chefs Moreotes, iln'eclatat une seconde guerre civile ; elle fut promptenient etouffee par remprisonnemcnt de Colo- cotroni et de ses principaux adherens, qui depuis ont ete mis en liberteetqui servent maintenant avec zelela cause commune. Quoique les affaires eussent conserve pendant tout I'ete une apparence assez calme, plusieurs circonstanles signalerent des lors le mfecontentement des chefs Moreotes: entr'autres, une Ipttre ccrile a Conduriottis , dans les premiers jours d'aout, par Andre Lundo, Primal de Vostitza, et par le colonel No- tara, neveu du venerable primal de Corinthe , dans laquelle ils lui reprochaient sa partialite trop evitente en faveur de la flotte, et sa negligence a I'egard de I'arinee, tres-ma! par- tagee dans !a distrihutiou de remprnnt fait a Londrcs. Les (>g-i IS'OTICE SUR LA GtttCK consiquencvs de celte derniete guerre civile ont ele on iie pent plus desayet ) pleins d'un feu artificiel qui s'elancait dans I'air avec une force extraordinaire. L'empereur Leon (i) Paris, 1825. In-8° de a88 pages, avec 6 planches. Bachelier, quai des Augustins, n" 55. (a) Voyez le Bulletin universel des sciences , 8* section, avril i8a5, page lao. 700 SCIENCES PHYSIQUES. le Philosophe faisait lui-meme preparer ces siphons, opera- tion que les Grecs s'efforcereiit toujours tie tenir secrete. « Dans le celebre nianuscrit de Marcus Graecus, on liouve i la fois la nianiere de composer la poiidre a canon, le feu gre- geois et Ics fusees volantes et meurtrieres. Les nienies ronseigne- mens furent reprodiiits dans un ouvrage du xiiie sicclc, attri- bue a Albert-le-Grand. Roger-Bacon parait avoir connu quel- que chose dc semblable ; mais, non plus que Marcus et Albert, il n'a parle de canon , ni d'aucune autre bouche a feu ; en sorte que les fusees, dites a la Congreve, qui sont regardces aujour- d'hni comrae une des inventions d'artillerie les plus reccntes, sont, au contraire, une des plus anciennes. En voici d'autres j)reuves. .,.« Malgre des recherches tres-nombreuses, nous n'avons commence a trouver I'emploi des fusees de guerre qu'en 1379 et i38o. Los Padouans s'en servirent pour incendier la ville de Mestre, et les Venitiens , contre la tour delle Bebe , qui appar- tenait aux fortifications avancees de Chiogia. Ces fails se pas- serent presque a la vue des historiens qui les ont rapportes. « En 1 449 J Dnnois tit jeter des fusees dans la place de Pont- Andemer J et, tandis quel'assiege s'effor^ait d'eteindre I'incen- die, les Fran^ais escaladerent les remparts. « Ce n'etait pas la premiere fois que nous faisions usage de ces artifices : un chanoine d'Orleans a reconnu , en compul- santle registre des depenses de cette ville, que, pendant le siege de 1428, on avait donne diverses somra*s pour I'achat de materiaux propres a fabriquer des fusees. « Dans un nianuscrit qui passait pour tres-vieux, en i56i , les fusees volantes et meurtrieres sont decrites avec un soin particulier. On recommande de faire les enveloppes en idle, et de les vernir pour les empccher de se rouiller. » « Un ingenieur en chef de Charles (^uint, Louis Collado , nous apprend qua I'epoque ou il composait son Manuel d'ar- SCIENCES PHYSIQUES. 701 tUlerie,en 1 586, on seservait tie fusees poui- eclairer les envi- rons des places assiei;ees et pour mettro en deioiite la cavulerie, II veut qu'oa Iciir ajoute des petards, afin deles rendre plus dangercuscs, et qu'on les lance ;\ I'aide d'nn lonji tube, afin d'augmenter leur portee. a M. de Montgery cite encore Hanzelet, aiiteur d'un Traite de pyrotechnic ; Furtembach, qui parle du grand usage que les Barbaresques faisaicnt des fusees de guerre, dans les com- bats de nier ; les epreuvcs de Ruggieri , en 1 760 ; rarlicle Roc- ket, du Dictinmmire militaire de Ch. James; les ouvrages de Julienne de Belair. ■.-«/• la fortification et les experiences de cet ingenieur avec Ruggieri; les efforts inutiles que firent ^es ge- nerauxLariboissierc, Marescot et Eblepour faire adopter celte innovation militaire; enfin , Iesessai> de sir William Congreve. « Les premieres fusees qu'il fit executer pour le service des troupes anglaises etaient garnies soulement de matieres incen diaires , et c'est surtout ce qui a contribue a les discrediter. L'essai des fusees du general Congreve eutlieu, en -^clobre 1806, centre la villc de Boulogne. Depiiis cette epoque, les Anglais out continue d'en faire usage dans presque tonics leurs expeditions. En i8i3, le prince royal de Suede commenca , ainsi que les Prussiens, a employer ces amies pour le service de campagne ; il avait reuni un corps de tireurs de fusees a la division de I'armee coalisee qui etait sons ses ordres. Enfin , le prince regent d'Augleterre, d'apres les rapports avantagcux qui lui furent faits sur cette espece d'artillerie legere, ordonna la formation d'un corps de tireurs de fusees, qui fut organise le i'^'" Janvier 181/1, et adjoint aux regimens d'artillerie. Des detachemens de ce corps furent envoyes , vers la meme epo- que, a I'armee des Pyrenees, sous les ordres du general Wel- lington; I'anuee suivante, il s'en trouva aussi dans les rangs de i'armee anglaisc a Waterloo. '< Maintenant des compagnies de fusees a la Congreve sont 7oa SCIENCES PHYSIQUES, incorporees dans plusieurs regimens anglais de rarlillerie le- gere ; on en a meme introduit dans les brigades du merae corps, dans I'lnde. « Depuis la campagne de i8 1 5, le general Congreve a de- clare que, si la guerre eut continue, il eut tellementetendu et perfcctionne I'usage de ces projectiles que le fusil serait de- venu uue arme purement anxiliaire. « Quelques personnes, en Angleterre et en France, ont dis- pute a cet actif et ingenieux officier I'invention des fusees de guerre, pretencfBint en etre les veritables auteurs. Mais ces ar- tifices ayant ete employes autrefois en Europe, et I'ayant tou- jours ete en Asia, comme on vient de le voir, la seule pretention raisonnable etait d'en renouveler I'emploi et de les perfection- ner: c'est positivement cequ'a fait le general Congreve. » Les recherches physiques et analytiques, relatives au mou- vement des fusees, k leur vitesse, k la forme de leur trajec- toire,etc., sont le sujel du second chapitre. L'auteur s'arrete iciaceque Ton a fait, et n'essaie pas d'ouvrir a I'application des sciences mathematiques, k la balistique, une route plus fa- cile que celle qu'on a suivie jusqu'a present : il pense, avec raison , que ce travail ne serait d'aucun usage dans ancunedes fonctions de I'officier d'artillerie. Dans I'etat actual de la iheo- rie et de I'art, les resultats de I'observation dirigent mieux la pratique que ne pourraient le faire les calculs les plus savans, donlles donnees peuvent n'etre pas exactes, dont lesprincipes et les methodes laissent encore beaucoup a desirer. M. de Montgery a soin de multiplier ces resultats d'observations; il recueille avec soin, mais avec prudence et discernement, tout ceque Ton trouve, sur cet objet, dans les ouvrages de pyro- technic et d'artifices de guerre. Le chapitre iii, qui traite de la fabrication el du service des fusees, commence par mettre sous les yeux du lecteur les re- sultats de I'examen approfondi que fit M. Darcet, en 1809, SCIENCES PHYSIQUES. 7"^ d'une fusee incendiaire anglaise, d'apres I'invitation de la So- ciete d' encouragement pour I'industrie. Peu de tems apres, le gouvernement fit faire et eprouver a Vincennes des fusees de meme nature, dont les plus grosses avaient 4 pouces de dia- inetre et pesaient, avee leur baguette , jusqu'k 55 llvres. Les enveloppes de ees fusees etaient en lole, et chargees d'une ma- tiere fusante, composee de pulverin, de soufre et de charbon. Le pot ou la tete de la fusee etait rempli de niatiere incen- diaire, dite roche a feu. On fit I'essai de ces armes sur deux especes de chevalets, I'un pour les gros calibres , I'autre pour les petits. On en trouvera, dans ce Iraite, la description a vec des figures, ainsi que les tableaux relatifs a la fabrication et aux epreuves qui eurent lieu, soit i\ Vincennes, soit a Toulon. Le quntrieme chapitre est intitule : Inconveniens et avan- tages attribues aux fusees a la Congreve. L'auteur n'a pu se dispenser de generaliser la question, et d'examiner s'il est utile ou dangereux de perfectionner I'art de la guerre. Mais, comme tout se tient dans I'etat social, il convenait de generaliser encore davantage, et de demander s'il y a quelquesperfectionnemens desirables; car, dans ce cas, la question serait resolue pour tous, etles partisans de tout systeme stationnaire seraient con- damnes sans appel. Si les innovations sont inlerdites dans I'art de la guerre , ce ne peut etre que par des motifs applicables a d'autres emplois de la force et de I'intelligence de I'liorame. La pharmacie n'oserait faire un pas , de peur de fournir de uouvt;lles ressources k I'art des Locustes et des Brinvilliers; en divulgant de nouveaux moyens de cloture pour les porles et les coffres-forts, on s'exposerait a etre accuse de repandre de nouvelles instructions panni les voleurs. Cependant, comme, pour adopter avec connaissance de cause, il faut connaitre tout ce que Ton peut craindre ou esperer de la chose dont il s'agit, notre auteur ne deguise aucun des reproches que Ton a faits aux fusees a ia Congreve, et iln'exagere pas les services qu'elles 7o4 SCIENCES PHYSIQUES. peuvent renclre. II termine ainsi cette discussion : « Nous rccon- nailrons , dans les chapitres suivans, que divers pcrfectioniic- raens rcndront I'usa^'e des fusees cxlraordinaiionicnt redou- table, et que Ton peut diminuer les frais dc fabrication, en remplacant le travail des mains par celui des machines. Cepcn- dant, comaielesnouveaux projectiles seront confectionnes avec plus de soin, et employes en plus grande qunntite, les depen- ses definitives serout probablement augmentees. Mais cctte circoasta nee doit etre un motif de plus de les adopter pour les nations industrieuscs qui sont ou qui doivent devenir les plus riches : elles acquerrontde la sorte desarmes que nesauraient s'approprier les gouvernenieus et les peuples domines par un aveugle esprit de conquete, et prives des ressources progres- sives d'une haute iuduslrie (i). » Le chapitre v presente les perfectionnemens et lesnouvelles applications des fusees, dout on doit le plus grand nombre au general Congreve. Au lieu de placer toujours des matieres in- cendiaires dans le pot ou chopiteau, cet officier y placa un obus, une grenade, ou de la poudre et de la mitraille. Les plus grosses fusees qu'il ait fabriquees , paraissent n'avoir pas eu plus de 8 ponces de diametre, et n'avoir pas pese phis de 3oo livres ; quoiqu'il ait eu I'intention d'en executer du poids de 5oo ;i 2000 livres, avec lesquelles il esperait ouvrir en tres-peu de terns une breche praticable, quelle que fut la resistance des remparts. Les portees moyennes des fusees k la Congreve out varie de i,aoo a 1,700 toises, sulvant leur calibre et le poids du pro- jectile qu'elles portaient. ■, •., ..11 U.l| f.^lU^^J . (i) II n'y a plus sur la terra de'tets peuples ,' ni de tels gouver- iiemens. La seule puissance redoutable est celle de la Russie, qui ne sera jamais en arricre, quant a la nature et la perfection desarmes, et toujours en avant quant au nombre des soldats, N. d. R. SCIENCES PHYSIQUES. 7o5 Parmi les aiitres iiinovalions niiiarqiiables dii geiu'ral Con- gvevc, il faut compter \fs /iisr-es d'eclairage h parachute , qui demoiwcnt corome siispcndiies dans I'air et y repandent une vive himiere, pendant pres de 5 minutes; \e?, fusees incen- diaircs, aussi a parachute , et auxquelles un vent favorable pent procurer des portees de plus de 2,000 toises ; les batteries de fusees, formees d'un simple talus propre a recevoir 100 de ces projectiles eta les fairepartira la fois, parle nioyen d'une trainee de poudre; enlln, ses navii-es et ses brulots a fusees , dont les dccliari^es peuvent etre rendues egalemeut presque instantanees. Une disposition qui a beaucou|) contribue a donner de la justesse au tir des fusees, c'est d'avoir place la baguette dans la direction menie de raxe,et de faire partir les fusees dans des tubes de tole on de cuivre. Les nouveaux affuts du general Congreve portent 8 de ces tubes, desorte que Ton pent lancer 8 fusees a la fois sur chacun d'eux. Des experiences faites en grand , dans les annees 1821 et 1824, avec ces nouveaux ap- pareils et avec les fusees perfectiounees, ont donne aux spccta- tcurs la plus haute idee des effcts que Ton doit attendre de cette espece d'artillerie. Aprcs quelqiies autres details sur les fusees anglaises, M. de Montgery passe a I'exposition des travaux du mcnie I'cnre exe- cutes sur le Continent. On doit mettre en premiere ligne ccux du capitaine Schumacher, qui furenl entrepris par ordre du roi de Danemarck, peu de terns apres lebombardement de Co- peidiague, dont une parlie avait etc incendiee par des fusees. M. Schiimacher appliqua ces armes tant au service de terre qu'a celui de la marine, et fit usage d'affuts de di verses es- peces. Les fusees qu'il executa etaient armees de boulelscreux ou de grenades, de c.ircasses incendiaires, spheriques ou cy- lindro-coniques, de sachets de grenades et de boites a balles. Ces fusees presentaient cette propriete remarquable que, les 7o6 SCIENCES PHYSIQUES, projectiles qii'elles portaient, se detachaient du corps de la fusee, a line certaine distance, soit d'eux-memes, soit par la k'gere explosion d'uiie petite charge de poudre placee entrc la cartouche et le projectile. Les couches de matiere fusantc n'etaient pas homogenes ; les plus vives etaicut placees vers I'orifice, afin d'augmenter, autant qu'il serait possible , la vi- tesse initiale de la fusee. » Vers la (in de i8i3, on resolut, dans notre armee d'obser- vation sur I'Elbe, d'essayer I'usage des nouvelles fusees de guerre , et d'apres une convention faite par notre charge d'af- faires a Copenhague, M. de Brulard, capitaine al'etatmajor d'artillerie, fut cnvoyeaupres deM. Schumacher pourprendre communication des procedus relatifs a la confection et au ser- vice de ces nouvelles armes. Les experiences dont il fut temoin lui donnerent une haute idee de refficacite et de la justesse des fusees, aussi bien que des talens de I'inventeur. De retour a Hambourg, M. de Brulard s'empressad'organiser ses ateliers de construction et ses equipages de service ; et toutetait dis- pose pour le combat, lorsfjue les evenemens de 1814 vinrent mettre un terme h. la guerre. Get officier avait apporte divers perfectionnemens aux fusees et aux appareils du capitaine Schumacher, et particulierement il avait imagine un chevalet de campagne tres - commode, qu'on demontait facilementet que trois hommes pouvaient transporter dans toute espece de localites. Depuis i8i5 , I'usage des fusees de guerre est devenu pres- que universcl , et cette arnie a rccu, en plusieurslieux, quel- ques perfectionnemens. En Autriche, on est parvenu a lui pro- curer une plus grande vitesse initiale : en Amerique et aux Indes, la justesse du tir a ete assuree par un mouvement de rotation imprime au projectile. D'autres recherches dont I'au- teur a su penetrer le mystere, ont ete faites en Allemagne , en Suede, en Russie, en Pologne et meme en Grcce. Ce chapitre SCIENCES PHYSIQUES. 707 est terniine par des details sur rapplicalion des fusees h la peche de la baleine. Le chapitre vi est consacre a la description de fusees et d'ap- pareils inventes par I'auteur ; il propose de rendre a ces arti- fices leur ancien nom italien de rochetta ou rochette. Ce nom se trouve d'ailleurs plus ou moins conserve dans les diverses langues modernes. Ainsi, on dit rochet en anglais, roquette en vieux fran9ais, etc. M. de Montgery indique les matieres qui lui paraissent preferables pour la composition fusante, d'apres le principe que cclle-ci doit fournir le plus grand volume possible de gaz, dans un tems et sous un volume donne. Sous ce rapport, le chlorate de potasse lui parait devoir etre substifucau salpelre, et meme au cyamite de mercure, quoiqu'on fasse entrer celui- ci dans la composition des amorces fulminantes. Pour pouvoir adopter sans inconvenient la poudre de chlo- rate de potasse , I'auteur indique des precedes de preparation exempte de toute espece de risque, si ce n'est pour les machines, du moins pour les ouvriers. A plus forte raison, adopte - t- il i'usage de la meme poudre pour les compositions detonantes et incendiaires placees dans la tete des fusees; et il propose meme I'essai de diverses substances eminemment combustibles, recemraent decouvertes par les chimistes. Les nouvelles especes de fusees, ou rochettcs , qu'il decrit <;nsuite sont tres-nombreuses ; nous devons nousborner a pre- senter les principales. Les rochettes sans queue n'ont pas de baguette; et pour y suppleer, leur surface est garnie d'helices saillantes qui, par I'effet de la resistance de I'air, impriment au mobile un mou- veraent de rotation. Mais, pour assurer encore mieux la jus- tesse du tir, I'auteur compfe faire usage d 'orifices perces en spirale , et des tubes pour lancer les fusees , ainsi que des 7oS SCIENCES PHYSIQUES. pelitcs clKiiyes acklilonnellt's <3c poiidic pour acceli-rer la vi- tesse initinlc. IjCi rochettcs a queue out , an lieu elf bagiit-lti-, nn tube creux plus etroit que le corps de la fusee ct reuipli de matieie fusaiite plus vive. Elles out ;\ pen pies la forme des fusees a baijuette concentriqnes du general Congreve; niais elles sont parle fait degagees de tonte baguette, et par consequent d'une partie tres-volnmineuse et tres-incommode dans ces sortes de pro- jectiles. Lcs rochetles explosives portent un on deux mecanismes ;\ percussion qui les font eclater, au moment ou elles penetrent dans le but. Les focheites a obus , a grenades, a mitraille et a boulct delachc , sont disposecs de maniere que les projectiles se sepa- rent du corps des fusees a une cerlaine distance ; les charges sont toujours faites avec de la poudre fulminante qui produit trois il quatre fois plus d'effet que la poudre ordinaire. I^e^ rochettes seinantes laiicent de distance en distance des grenades sur leur passage. Las rochettes a grappin servent a lancer des grappins ou pe- tites ancres, dans une foule de cas ou cette manoeuvre est ne- cessaire. Les rochettes de breche sont de grosses fusees du poids de i,ooo livres environ , capablcs de renverser en tres-peu de tenis la plupart des fortifications actuelies. Les rochettes sous - marines , lancees entre deux eaux, de I'entrepont ou de la cale des navires, seraient susceptibles dfe faire coder ;\ I'instant les vaisseaux qu'ellcs frapperaient. II serait difficile de presenter une analyse satisfaisante des autres rochettes , a moins de reproduire en grande partie les descriptions de I'auleur; bornons-nous done h. renumeratioii SCIENCES PHYSIQUES. 709 de ces nouvelles especcs, dont le nom, d'ailleurs, iudique en partie I'objet : Rochettes a baguettes metalliq. ; Rocheltes a deux, a trois, — farcies de grenades; a quatre, a cinq, a six — d'eclairage et d'incendie ; portees ; — a lumiere flottante ; — boucesj — a parachute; — a plastron; — de signaux ; — a arquebuse; — na vales; — de cote. II faut ajouter a cette liste \es rochettes mixtes , aiusi nom- mees, parce qu'elles licnnent le milieu enlre les projectiles or- dinaires etles anciennes fnsees. Les appareils propres a lancer ces fusees sembleut reunir la solidite a la siniplicite; M. de Monlgeryen decrit de plusieurs especes, les uns pour les petits calibres et pour la guerre de montagne ; les autres pour les grands calibres et pour les pays accessibles aux charrois. II a adopte, pour les tubes qui re- coivent les rochettes , une disposition tres-simple, bien qu'elle ne fut venue encore a I'idee de pcrsonne ; elle consiste a fer- nier la culasse des tubes , apres que ceux-ci ont ete charges; ce quiaugmente la force de reaction de la matiere fusante etdoit procurer aux rochettes une vitesse initiale beaucoup plus grande, et par suite , une plus grande justesse de tir. En resumant ce chapitre , I'auteur deniontre que, pour les services oi\ les rochettes pourraient remplacer rarlillerie, elles Fourniraient un materiel beaucoup moins complique et d'un usage bien plus commode. Le chapitre vii et dernier contient le resume general de I'ouvrage. L'auteur, qui ne veut donner que des connaissances positives , ne parle plus de ses inventions sur lesquelles I'experience n'a pas encore prononcedefinitivement. II part de T. xxviii. — Decembre i8a5. 46 7IO SCIENCES PHYSIQUES. I'otat oil I'art est reellemeni arrive, dans les pays qu'il a fait parcourir au Icotcur. Voici , selon lui , les conclusions que Ton en pent tircr. Par suite d'experionccs nonibreuses , et malgrc I'opposition (les partisans de I'ancienne artilleric, les rocheltes onl ete on vont etre adoptees dans tous les etats qui ont des arniees per- manentes et un elat rnilitaire regulier. On ne doit en excepter que la France , I'Espagne et la Turquie. Les rochettes , comparees aux projectiles ordinaircs , les ont egales ou surpasses, quanta la justessedu coup, aux tirs ra- sans, aux ricochets, et au jet de grappins, de cordages ou de matieres incendiaires. — Elies I'emportent beaucoup, pour plusieurs services, tels que I'eclairage , les signaux, la rupture des voutes k I'epreuve des bombes, I'attaque des plus gros ce- tacees; I'emploi des projectiles de gros calibre dans les pays les plus impraticables, et a bord de toutc espece de navires ; enfin, le bomliardement inopine et irresistible des places les mieux defendues. Les appareils pour lancer les rochettes sont aussi hors de toute comparaison, sous le rapport de leur legerete, de la ce- lerite de leur service , et de la vivacite de leur feu. Comme amies sous-marines , les rochettes sont infiniment redoutables; el, comme moyen de faire breche, des rochettes d'uii gros calibre feraicnt de larges ouvertures dans les rem- parts les plus solides. Apres avoir signale les fautes conuuises en France , iorsqu'on a lenle d'y introduirc I'usage des rochettes, M. de Montgery indique la marche qu'on devra suivre, Iorsqu'on voudra de nouveau s'occuper de I'adoption de ees armes. « II est facile , dit-il, d'eviter de retomber dans les memes fautes, en pre- nant une route Iracee par le bon sens et suivie ailleurs avec un succesproTionce; ou bien , au lieu de copier servilement les etrangers, la France est encore h meme de donner un grand SCIENCES PHYSIQUES. 711 example. Plusieurs inventions militaires et maritinics se devc- loppent et prenneiitiine forme imposante dans quelques parties du monde civilise. Telles sontles bouchesa feu de tout calibre, chargees par la culasse, et celles qui lancent plusieurs coisps hors du meme tube, sans avoir besoin d'etre rechargees; tels sent les projectiles a helices et a percussion; les fregates et les armes a vapeur; les navires en fer, les na vires sous-marins, (Voy. Rei'. Enc, t. xxiii , p. Sag), les torpilles, etc. II convienl de s'occuper de toutes ces innovations, en meme terns que des rochettes. Cette derniere espece de projectiles n'aura qu'une influence particlle sur la grande revolution militaire et mari- time qui se manifeste dans les pays ou le mouvement progres- sif du siecle s'est communique aux officiers du genie, de I'ar- tillerie de la marine, et aux administrations dont ces officiers dependent. II serait aussi honorable qu'utilepour tout gouver- nement, de faire examiner et combiner ensemble des innova- tions imposees {il'art de la guerre par I'etat actuel des sciences et par les progrus journaliers de I'industrie. Nous pouvons affirmer que I'auteur de cet ouvrage finira par obtenir le juste prix de sa perseverance et de ses travalix : il aura I'honneur d'avoir recule les bornes de son art , au pro- fit de sou pays. Dans tous les cas, il pent compter snr la re- connaissance des militaires, des marinset de tous les amis des arts : la lecture de ce traite est une des plus instructives et des plus dignes de leurs meditations. Si quelques idees de M. de Monlgeiy n'etaient pas tres-justes, si I'experience n'etait pas favorable a quelques-unes de ses inventions, on n'en pense- rait pas moins bien de I'inventeur, de son savoir et de ses talens. Ce n'etait pas une tiiche facile , que eelle de reunir dans un petit volume un aussi grand nombre d'objets nouveaux, ou pen connus. L'auteur a pris soiu de mettre a toutes les planches des echelles de inesure, et d'expliquer les figures avec assez de details, afin que les artificiers y trouvent ce qui est neces- saire pour executer l^s objets representes. Z. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. Esprit ud Droit, et ses applications a la politique et a r organisation de la nionarchie constitutionnelle ^ par M. AlbertY^vtoi, avocat a laCoar royalede Paris (1)5 ouvrage conlenant le resume de la Science du publi- ciste, du meme aviteur. La SCIENCE DU DROIT a , dans tous les tems, excite rinleret, fixe I'atlcnlion, exerco la meditation des esprits studieux, de* penseurset desphilosophes. Auciine autre science n'a pent etre etc plus examinee, plus approfondie. Cependant, la theorie est loin d'en etre"] complete ; e!le est loin surtout d'etre definitive- nient arretee. M. Fritot dans la premiere partie de sa Science (lu publiciste{%) , a tente, du moins pour ce qui concerne celles de ses branches qui sont regardees comma ies plus impor- tantes et qui paraissent offrir nn interet plus general, d'en ras- sembler, d'en coordonner les elemens^epai's , et d'en composer un corps de doctrine; dans la seconde moilie du meme^ou- vrage, eclaire, il est vrai, par une multitude de recherches et d'experiences recentes, il s'est propose d'y rattacher, sous le nom de droit organiqite ou constitutionnel, certaines regies, certains details d'cxeculion qui, jusqu'a present, semblaient avoir ete, a tori ou a raison, abandonnespar les iheoriciens a I'empire des circonstanccs et livres par eux en quelque sorte aux disputes humaines : M. Fritot nous presente ici le resume de (liacune des deux parlies dont se compose son premier ou- (i) Paris, '1825. I vol in-8° de SSopag. ; prix 9 fr. L'auteur, rue du P(jt-de-Fer-Sainl-Sulpice, im i4; Bossange peie ; Bossange hi'TPS. (2 ir vol. iii-S". Menies adresses; prix , 77 fr. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. 7''- vrage:nous all-ons,a I'aide de cetle especede recapiiiilHtion du svsteme de I'auleiir, essayer de completer I'apercu et les no- tions qui deja en ont ele donnes dans ce recueil ( V. Rev, Enc. t. XV , p. a63 — a68, ) Le droit, en'geueral, ou droit philosophique on moral, est subdivise par M. Fritot en trois branches principales , qui font I'objet special de son traite, savoir : le Droit public , le Droit politique , et le Droit des gens. D'apres les definitions gcneralenaent recues , definitions que I'auteur altere ici d'nne maniere qui ne me parait point heureuse, ces trois branches pourraient se reduire a deux. « Le Droit public, suivant M. Fritot, est celui qui regie les rapports, les droits et les devoirs de chaque homme envers le peuple dont il fait partie et les obligations du peuple envers chacun de ses membres. » Jusqu'alors, cette expression avail eu une signification beaucoiip plus etendue; comme I'atteste le litre meme de la Science du publiciste. « Le Droit politique et le Droit des gens sont ceux qui reglent la conduite des diffe- rens peuples entre eux et les rapports des hommes de nations differcntes a I'egard des societes dont ils ne font point partie et a I'egard des membres de ce:. diverscs societes. » C'est le Droit des gens de Montesquieu; de meme que le Droit public de M. Fritot est celui que Montesquieu, Rousseau et la plupart des aulres publicistes onl appele d'une maniere plus conforme a Tetymologie , Droit politique. Au reste , je suivrai dans cet article le langage adopte par I'auleur, en lai faisant observer cependantqu'il y a phis d'un inconvenient a changer ainsi, sans une absolue necessite , les acceptions^vulgaires d'un mot gene- ralement usite. - Passant a la iheoric de son Droit public, M. Fritot etablit d'abord , sous le nom de verite fondamentale , ouroerite servant de base aux principes , une proposition generale dont il fait ressortir immediatement les consequences et les applicanons. 7i'i SCIENCES MORA.LES C'est aiiisi qu'il procetle ensiiite imirorjiiciiKnt a I'egard cl<; chaquc ospece tie droit. « Les hommes sont nes et consitlues |)our I'etat do societc. » Telle est la premiere assertion de I'auteur. « De la, continue- t-il, les veritables principes du droit public, les droits ct les devoirs de riiomnie , considere comme citoyen. » Quant a cette verite premiere , il me somble qu'elle n'est point une \erite particuliere au seal droit public, tel que le definit M. Fritot; le dogme de la sociabilite , coninie celui de la pcrfectibilitc humaine, meparait ctre I'expiession dun fail qui, cominetel, doit appartenir a la science en i^eneral. Quant aux principes que I'auleur en fait dpsccndre , il ine semble que ces principes ou les droits qu'ils representent prennent cux-memes et directe- ment leur source dans la loi nalurelle : ilssont eux-memes une loi de nature; ces droits sont ceuxde surete , de liberte indi- viduellc, droits imprescriptibles et inalicnables, droits ante- rieurs etsuperieurs, dans I'ordrelogique , a la loi de sociabilite; a laquellepar consequent , I'auteur aeu tort deles subordonner; droits enfin qui sont eux-memes les seuls et les premiers fonde- raens, noa-seulement du droit public interieur,\nA\s encore du droit politique et du droit des gens. Les principes elablis par M. Fritot, bien qu'iiiconlestables, sont done, a mon sens, mal deduits dans son ouvrage et sur- tout mal a propos bornes en apparence i la circonscription particuliere de chaque societe. Mais ces principes (auxquels il faul ajouter celui de la propriete) une fois poses, on ne peut qu'applaudir aux consequences que I'auteur en tirc:ainsi, I'homme, considere comme ciloycn, doit pouvoir faiie usage de toutes scs facultes physiques et intellectuelles; il ale droit de publier sa pensee, de disposer librement de sa personne et de son terns, de son travail et du fruit de son Industrie. Nul ne peut, nieme au nom du corps social, le retenir dans un lieu qu'il ne vent pas babiter, violcr son domicile, Ten eloi- ET POLITIQUES. -iSi giuT, Ten exiler, remprisonner , le detenir iubitrairement. D'lin autre cote, ses devoirs sont de conconrir h la defense de la patrie, et a I'acqnittement des charges ct dcs contributions publiqiics, de respecter enfin la vie, hi propriete, la libcrte de ses concitoyens ; la jouissance et la repartition equitable de tpus ces droits et devoirs constituent I'egalite sociale. La consecration, la sanction de toutes ces maximes doivent et peuvent jiisqu'a nn certain point se renconlrer dans les lois civiles et penales. Ces lois doivent done ctre en harmonic ay£o les principes qu'elles sont chargees de niaintenir. L'auteur ^ determine ainsi, en passant, quelqucs-unes des conditions in- dispensables de la formation de chacun de ces deux codes. La theorie du droit politique et du droit des gens re])nse sur I'une ou I'autre de ces verites fondamentales : « la paix n'est pas moins necessaire an bonheur des honmies que lenr reunion en societe; mais cette paix perdrait elle-meme le plus grand de ses avantages , sans le commerce et les communicalions qu'il doit etablir entre les peuples. « Enfin, « Us nations doivent se faire, pendant la guerre, le moins de mal qu'il est pos- sible, sans nuire a leurs veritables interets. « De chacune de ces propositions naissent une foule de regies concernant I'ac- croissement de la population, du territoire, la formation et I'entretien desarmees permancntes, la conclusion des alliances et I'execution des traites, la liberie desmers; la legitimite, ia conduite et le but de la guerre; la protection due aux etrau- gers , aux ambassadeurs ; la conduite envers les prisontiiers de guerre, les transfuges, etc. LaplupaEt dcs questions relatives a ces differens objets, ou qui s'y ratlachcnt, peuvent sans doute ctre resolues, comme dies le sonteneffet par M. Fritot, a I'aide des principes ci-deisus etablis, d'une maniere satisfaisante, c'est a-dire de la maniere la plus conforme al'equite, a I'inte- ret veritable et bien entendu des nations en general, et par con- sequent aussi de chacune d'elles en particulicr; mais qneJqucs- 7j6 sciences morales lines des solutions que I'aiJfeur presente, par exemple, celles qui sont rdafives h la suppression des droits d'anbaine, de perej;rinite , de titlraclion, de naufrage, a resclavai^e des pii- sonniers de guerre, n'auraient-elles pas cu plus ile poids et plus de force , s'il cut etabli nettement d'abord pour fondenient du droit ct de la societe humaine en general les principes eter- nels , immuables, dent il semble avoir fait uniquenient la loi de chaque societieparticuliere. Toutcfois, cette premiere partie de son ouvrage nie parait pouvoir etre consideree comme le code le plus parfait et le plus complet, sinon de droit, du nioins, ce qui revient au ineme, de morale appliquee a la politique. Je dis morale, et non pas droit, parce que I'auteur, tout en presentant ses regies et ses preceples comme obligatoires, en demontre i^arloutfuti/ile et la concenance , bicn plus qu'il n'en etablit la legitimite. Je rcgrette done que M. Fritot n'ait point en general assez elargi la base de son systeme , qu'il n'en ait point assez lie cntre elles les differentes parties, qu'il ne les ait point enfin ramenees vers un centre comnuin. Je reprends la suite de ce systeme. Les regies du droit public interieur trouvent, ainsi que nous I'avons dit , une sorte de sanction daus les dispositions des lois civiles et penales; mais, la garantie la plus efiicace de I'observation de ces regies consiste dans une saine organisation des pouvoirs publics; assertion exacte, et qui montre toute I'importance ties recherches qui ont pour objet la determina- tion des principes de cette organisation. Le droit politique et le droit des gens eux-memcs, bien que depourvus de cette es- pece de sanction qui resulte d'un corps de lois positives statuant d'une maniere secondaire sur les niemes personnes et sur les memes objets, peuvent neanmoins aussi rencoiitrer dans I'eta- blissement d'institutions fortes et stables chez les differens peuples, une sorte de garantie indirecte , mais non moins effi- cace; et telle est en effct la nature de ces bienfaisantes insti- ET POLITIQUES. 7t7 tutions, ciu'ind«pendamnient des avantages immediats qu'elles procurent aux nations assez heureuses pour en joiiir, elles peuvent encore et doivent infailliblement exercer au deliors la plus douce et la plus salutaire imfluence. La reunion des liomnies en societe rend d'ailleurs indispensable I'etablissement d'un gouvernement quelconque. II est done naturel de s'etudier i decouvrir quel serait le meilleur possible. L'objet des gouvernemens est de diriger et de regler Taction et les divers rapports des individus entre eux, et subsidiaire- ment les relations des differentes nations entre elles. Cette idee, jointe aux notions deja presentees, fournit a M. Fritot Toc- casion de preciser d'une nianiere generale l'objet de ses re- cherches. « Le meilleur gouvernement, dit-il, dans tons les teins, dans tous les pays , pour to us les peoples du monde , sera cehii qui , avec le moins de complication possible dans son or- ganisation, reunira a la force, a la promptitude d'execution, la garantie la plus grande de la stricte observation des prin- cipes du droit public, du droit politique et du droit des gens, et dans lequel , par consequent, toutes les parties de I' adminis- tration seront tellement reglees que chacune d'elles, sans nuire a aucune autre, atteindra directement a ses fins et remplira exactemcnt son objet particulier. » Cette definition peut etre juste, mais le probleme ainsi pose est loin encore d'etre resolu. Pour arriver a cette solution, I'auteur commence par decom- poser I'idee que lui presente ce motde gouvernement. II recon- nait dans cet etre abstrait trois elemens , trois attributs dis- tincls : vouloir , executer ^juger ; la distinction ou la separation des trois pouvoirs est done la premiere condition d'un gouver- nement conforrae a la nature des choses. L'auteur passe alors successivement en revue les diverses formes de gouvernement eonnues. Ces gouvernemens sent simples ou mixtes. Les pre- miers, les gouvernemens simples, sont ceux ou les trois genres d'attributions se trouvent confondus: ils doivent done etre re- 7«8 SCIENCES MORALFLS jetos. Les gouverncmens mixtes, an contraire, sont ceiix ou , par line sorte de combinaison de doiix on dc pliisifiiis des gou- vernemens simples, les trois puissances sont plus ou moins dis- tinctes, plus on moins regniieremenl reparties. L'autcnr, dans Isi Science clu piibUcisU\ a compte jiisqii'a vingt-six formes ou combinaisons de cette sorte. Mais nne senle liii parait lemplir toutes les conditions rc(]iiises, et c'est la monarchic constitution- nelle , qii'il designe aiissi sons le nom de gouvernement dcmo- crati-monarciiiqiie , cclle enfin dont il va l:racer le planet in- diquer Torganisation dans tons ses details. Pent-etre trouvcra-t-on ce sysleme, qui d'ailleurs manque 'ci de devoloppemens suffisans, tiop absolu et trop excln- sif. Pcut-elre pourra-l-on penser que le probleme propose etant' complexe ( meme d'opres la definition de I'anteiir ), et raccomplissement de I'nne ou de I'aiitre des conditions exigees pouvant varicr, suivant telle ou telle forme, chacune dccesder- nierespourrait aussi paraitre alternativement preferable, selon que Ton consenlirait a sacrifier Knne on I'autre de ces condi- tions. Quoi qn'il en soit , la question a examiner a I'egard du mode d'organisalion propose par M. Fritot nous parait ctre bien moins coUe de savoir s'il est senl capable qucs'il est effec- tivement susceptible de satisfaire a toutes les conditions voulues. Outre la distinction fondamentale des trois pouvoirs legis- latif, ext'cntif, et judiciaire, trois propositions subsidiaires doivent servir de base a I'orgariisation de la monarchic consti- tutionnelle; i" faire conconrir le monarque et le penple ou ses representans a I'exercice de toutes les attributions de la puis- sance legislative; 2° rasscmbler toutes les attributions de la puissance executive entre les mains du monarqne , afin d'as- surer la promptitude, I'unite, la force d'execution; 3° Insti- tuer la puissance judiciaire de telle sorte que toutes ses bran- ches tendeiit et se reunissent vers un centre vmique, afm de conscrver I'uniformitc de la jurisprndence. ET POLITIQUES. ' 719 Pom- etablii' la balance qui doit exister, non pas entre les differens pouvoirs , mais entre !es differentes branches dii pouvoir legislatif, celles-ci doivent etre an nombie dc trois (i); el le peiiple, en supposant qu'il put agir directement et par lui-meme, devrait par consequent former deux assem- blees distinctes; ses representans doivent done etre divises en deux chambres. Mais « afin que ces assemblees ou chanibresne soient point trop discordantes ct tumnltueuses, les connais- sances , les vues , les intcrets dcs hommes qui en font partie ne doivent pas etre trop divergens. « Dela , la neccssite d'une classilication non arbitraire, mais fondee snr la nature des Glio- ses ; dela aussi, la division de la nation en deux classes , cclle de la propriete , composee des proprietairesybncfer^, et celle de V Industrie et du commerce. Dans ces deux classes neanmoins ne doivent pas etre compris les fermiers, les artisans et les ouvriers, les hommes a gages ou en etat de domesticite, les agens du pouvoir executif , les employes et commis des diverses administrations publiques, et en general tons ceux dont le sort et le bien-etre sont une suite necessaire de la situation plus ou moiiis prospere de ceux qui les mettent en oeuvre, tons ceux qui ne sont pas censes avoir une volonte parfaitement indepen- dante ct libre. Tons ces individus sont excliis des assemblees ou de la representation nationale, non, dit I'auteur, a cause de leur pretendu etat d'abjection , mais uniquement parce qu'ils n'ont dans les affaires de la societe qu'un mierci inedlat et secondaire. II y aurait certes beaucoup a dire sur cette di- vision de la nation en deux classes ; mais I'espace manquerait pour discuter ici convenablement cette imporlante question, que j'abandonne aux meditations et a la sagacite des lecteurs. (i) " Ita III, dit I'auteur, per omnia et unkas in trinitate , et trinitas in imitate vemranda sit. » C'est la , si je ne 11^ e Irompe, tout a la fois une mauvaise raison et de mauvais latin. Mais les argumens de celte sorte sont heiireusement fort rares d^ns eel ouvrage. 7'^o SCIENCES MORALES On ne sauraitnier, toiitefois, qu'il n'y ait dans celte partiedc I'onvrage de M. Frilot , des idees neiives , des apercjus exacts, des observations jiistes et vraies. Le nombre des represen tans, le mode de leur election, les conditions de leur eligibilite, sont ensuite determines par M. Fritot; jusqu'ici on avait commence par tracer la division dii territoire, soil d'apres son etendue, soit d'apres I'impor- tance numcrique de la population, pour etablir ensuite le nombre des reprcsentans d'apres cette disposition territo- riale; I'auteur juge celte marche inverse, et il propose de re- gler la division du territoire snr le nombre des representans, nombre qu'il fixe invariablement a trois cents ( cent cincjuantc pour cbaque Chambre ). J'avoue que cette nianiere de proce- der me semblerait elrange. Quant a I'eiection des represen- tans, elle doit etre faite par la classe et par les habitans de la locaiite, parmi les membres de la classe et de la localite qu'ils seront appeles a representer (c'est-a-dire que chacun d'eux doit etre elu et choisi dans Tune des i5o divisions du terri- toire ); elle doit avoir lieu avec la participation directe on in- directe de tous les membres de chaqiic classe offrant d'ailleurs les garanties necessaires d'age, de fortune, de domicile, etc., et au moyen de trois degres d'election fondes sur la subdivision des 1 5o departemens en un certain nombre A' arrondissemens composes chacun de pliisieurs communes. Les deputes sont elus pour i5 on 20 ans( terme bien long et bien peu favorable aux interets natioflaux ) ; ils doivent avoir 4° ^ns au moins (i), n'etre point celibataires ; offrir des garanties de fortune et par consequent d'independance ; cnfin, ils doivent avoir rempli deja, dans un ordre inferieur, des fonctions analogues. Une fois elus, les representans ne peuvent reroplir aucune (i) P«>urqiioi ne pas adopter 3o ans , age de la vcrital)lc inaturile de I'homme? a. d. 11. ET POLITIQUES. 711 fonction administrative ou juo'ciaire; mais ils jouissent d'unc indcmnite. Les Chambres s'assemblent periodiquement et de droit, sauf convocation extraordinaire de la part de rautorile executive. Enfin, leurs debats sonl publics, et les ministres ne penetrent point dans leur enceinte, les communications du Roi avec les Chambres devant avoir lieu par Tintermediaire de fonctionnaires d'un autre ordre, de conseillers de la conronne. « Dans une monarchic bien constituee, continue M. Frilot, le gouvernement est semblable a une vaste machine destinee a porter le mouvement et I'uniformite dans toutes les parties du corps social, et dont le Roi (en tant que participant a I'exercice de la puissance legislative), et les deux Chambres peuvent etre consideres comme le principal rouage; mais Taction de ce premier mobile a besoin d'etre siippleee par des administrations locales, distribuees sur les differentcs par- ties du territoire. II existe dans les departemens, dans les arrondissemens , dans les communes , une foule d'interets de pure localite, dont I'examen entrave les operations des Chambres nationales et du ministere sur les objets d'utiiite generale. « II faut done, dans ces diverses localites, une sorte de pouvoir k'gislafif local, compose d'une maniere analogue a la constitution du Corps legislatif national. L'auteur pro- pose, en effet, I'ctablissement, et il indique I'organisation de ce pouvoir, qui consisterait partout, en deux Chambres de representans elus par les administres, auxquelles il faut joindre le principal agent ou representant de I'autorite exe- cutive. Voila quelle est, dans le systeme de M. Fritot, I'or- ganisation du premier des trois pouvoirs, du pouvoir legis- latif. L'auteur entre encore, relativement a la formation et an mode de proceder des assemblees electorales, dans une multitude de details dans lesquels il nous est impossible de le suivre; uous devons necessairement nous borner a ce quo son systeme offre de plus saiilant. -aa SCIENCES MORAT.ES Nous passerons plus rapidement encore siir rorgauisatioii tlu ponvoir exccutij. Toute la iheorie de cctte organisation repose sur la distinction de deux otdres de fonctions diverses de ce meme pouvoir : Vaction et le conseil. En tete de la hie- rarchie administrative est place Ic Roi, dont la personne est inviolable; apres lui viennent, dans un premier ordre, les ministres, les prefets, ies sous prefets, les maires, tous ageus responsablcs; en second lieu, un conseil d'Etat, des conseils de prefecture, de sous-prefecture, et des conseils munici- paux, dont les membres, nommes par le Roi, doivent clrc independans des agens de I'adniinistration. Je ii'ai le terns de m'arreter ni sur la classification des attributions respectivcs de ces autorites, ni sur les conditions de la nomination, de I'exercice et de la duree des fonctions de ces divers agens, la composition de ces divers conseils, non plus que sur les regies relatives a la transmission des droits au trone, i I'heredite de ces droits, a la regencc du royaume, a la lutelle de la personne du roi mineur, etc.; je me hate d'arriver a I'organisation du pouvoir judiciaire. L'unite et I'independance du pouvoir judiciaire ont deja ete reconnues comme base necessaire de cette organisation. Cette unite consiste dans la reunion et la convergence de ses diverses branches vers un centre eommun; c'est-a-dire vers une Cour supreme, composoe elle-menie de trois sections, embrassant ii la fois dans ses attributions la juridiction civile elcommerciale , la juridiction improprement appelee adminis- trative, c'est-a-dire du conte/itieux et de Xiacomptabititc; enfin, la juridiction correctionnelle et cnininelle ; en un mot, reuiiis- sant les fonctions attribuees aujourd'hui a la Cour de Cassa- tion, sections civile et criminelle; a la Cour des Comptes et au comite du eonfentieux du Conseil d'Etat. Toutes les conditions d'une bonne et sage administration de la justice, I'independance des magistrals, la public! te des ET POflTIQLIRS. 7^5 audiences, la libtrtc oe la defense ct la ritcossite de deux degres inferieurs do jnridiction , conditions successivemenl discutces, approfondies, reglees et developpees par I'auteur, s'appliqiient du reste, geiieralement et sans exception, a toutes les affaires civiles, criminelles, adininistratives; et las tribunaux de tons les degres doivent reunir egahniient ces trois genres d'attribulions. Enfin, les attributions extraordi- naires de la Cour de judicature supreme doivent comprendre : 1° le droit general d'interpretation (sans distinction de I'in- terpretation dite par voie d'antorite, que I'auteur demontre, d'une manierc assez convaincante, etre tout-;i-fait abusive, ct de I'interpretation dite de doctrine, la seuie qui lui paraisse admiisible, comma etant seule equitable et seula exempte d'une injuste retroactivite). Ce droit consiste a rcndre, apres un premier renvoi dovant una autre Cour de second degre, et un second jugement de cette Cour, conforme au premier jugement annule, un dernier arret definitif, mais non concu en termes generaux et regicmentaires; 2"^ les reglemens de juges et le reglement definitif das conflits d'autorite; 2° les prises a partie contra ime Cour judiciaire enliera; 4° le juge- ment de scs propres membres, des ministres, et meme des membres des deux Chambres legislatives. Quant au nombre das juges qui doivent composer la Cour supreme, ce nombre, aussi bien que celui des membres de la representation nationale dans les Cliambres legislatives, doit correspondre avec la division du territoire, division reglee, ainsi que nous I'avons dit, sur le nombre das representans dans chaque Chambre; il sera done de i5o, egalement re- partis entre les trois sections. Les conditions dt'eligibilite de ces membres sent celles qui peuvent garantir I'independance, la probite , la sagcsse et I'instruction de ces magistrats; t'est-A-dire la condition de I'age, fixe a 40 ans; et surtout celle d'un avanceroent graduel et progressif a travers tous 714 SCIENCES MORALES les degres de la magistrature. A cet effet , rauteur veul que I'election soil falte par les justiciables, sur la presentation des Couis de dcpartcnieus. L'organisation et la composition des trtbunaux de departe- inent, d'arrondisseinent et de commune , dont le noiiibre et le placement soot sulTisaniment indiques par ces denominations, a lieu a peu pres sur ces mcnies bases. Neanmoins , le nombre des menibres de ces cours et tribunaux varie, selon I'etendue du lerritoire et I'importance de la population, de 42 a 66 pour les cours de departement; de 18 a 42 pour les tribunaux d'ar- rondissement. Mais I'auteur ne veut pas que dans les com- munes aucun jugement puisse etre prononce par un juge unique; il fixe done i trois le moindre nombre des membres composant ces justices communales. Il faut observer que, dans ce systeme , les tribunaux d'arrondissement remplissent , k regard de ces dernieres , le role de tribunaux d'appel , comme les cours departementales a I'egard de ces tribunaux d'ar- rondissement. Le pourvoi jest ensuite immediatement porte de ces cours ou tribunaux devant la Cour supreme, formant, dans tons les cas, le troisieme degre de juridiction. Enfin, remarquons encore que I'auteur ne renonce point a I'institu- liou si bienfaisante du jury, borne toutefois par lui aux ma- tieres criminelles. Mais la partie relative a cet objet d'une si haute importance manque tout-a-fait de developpemcns ; on ne donne aucune regie sur sa formation, sa composition, son renouvellement. Une seule mention en est faite, et c'est pour etablir, en peu de mots , un principe qui pourtant aiirait merite quelques explications. L'auteur reclame, en matiere criminelle, I'existence de deux degres de juridiction, regie qu'il soutient n'etre pas incompatible avec cette precieuse et salutaire institution. Invoquerait-il ici autre chose que le reta- blissement du jury (1' accusation, charge de prononcer en pre- mier ressort, mais seulement sur la question de prevention, ET POLITIQUES. 71 5 el voudrait-il deux declarations successives sur le f

SCIENCES MOUAl.ES ,' si file est coiiiue d'apres dcs iiilenfitui'! |nii'c.s ) \)i\v If iiio iiarque sciil. T;e premier mode iiidiqiii" pour I'intioduciion dc la constitution peut egalenieut, et plus jjeiu riilemint Jiussi , etre suivi pour sa revision. An surplus, une constitution con- forme aux principes de I'ordre ct du droit peut, dit I'auteur , etre obligatoire, sans avoir besoin d'etre acceptee; il suflit qu'elle soil propre a produirele bicn general. Je ne dirai rien iri de la maniere et du style de I'auteur , parfaitement appre- cies deja dans notrc Reiuie. La seule pensee que j'cxpiimerai i»cctegard, c'est que le livre dont le litre est en tete de eel article est beaucoup trop court, et que le premier ouvrage de >T. Fritot est beaucoup trop long ; et cela tient surtoiit a I'ex- treme prolixite de son langage. » BoucHKNii-LF.FER, avocot. Voyage dans la republique de Colombia, en iSaS^ par G. MoLLiEN. Ouvrage accompagne de la carte de Colombia^ et orne de vices et de divers costumes. — Deuxieme edition (i). Voyage au Chili, au Perou et au Mexiqde, j9eAifl?«/// les amices 1820, 1821 et 1822; par le capitaine B. Hall, otficier de la marifte royale; entrepris par ordre dii goiivernement anglais; orne de la carte de ces pays (2). Le Mexique en 1823, ou Relation d'un voyage dans la Nouvelle -Espagne^ contenant des notions exact cs et peu connues sur la situation physique, morale et politique de ce pays ; accompagne d'un atlas de vingt planches; par M. Bulloch, proprietaire du Musee mexicain a Londres; ouvrage traditit de 1 anglais (1) Paris, i8i5. Arthus Berirand, rue Hautefeuille, \\° 23. ■>. \'>\. 111-8°. Prix 14 fr. et 17 fr. (2) Paris, 1825 ; le meme. 2 vol. iii-8°. Piix iq ^ ' . et 17 fr. ET POLITIQUES. 7^7 par M***. Preoeilt? dune Intrnduction, et onrichi (K^ pieces justificative s et rie notes; par sir J aim Byf.r- r.EY (r). SECOND AUTIOLE ( Voy. ci-dessiis , j). 399-430. ) Des trois oiivrai^es dont nous avions a reutii c compte, celui (le M. Mollicn est Ic seal dont nous nous soyons occiipes dans notrc premier arlicle; nous aiirons memo occasion d'y revenir dans celui-ci. Sa (jualite de livre original paraissait liii meriter de notre part une attention plus speciale. D'ailleurs, la Colombie, en ne considerant menieque son importance relative, adu nous arreler plus long-lenrjs que le Chili ou le Perou; et, quant an Mexique, il a ete decrit avec tant de detail, dans la portion deja publieedes ouvragesde M. de Humboldt, qu'il est niienx connu qu'aucune autre coutree derAnierique Espagnole. Aussi nos deux voyagcurs, comme la plupart de ceux qui ont par- couru le Mexique apres M. de Humboldt, sont-ils obliges de le copier. Nous pourrons done passer plus rapidement sur les deux traductions qui nous restent a examiner. Le Foyagc an Chili, au Perou et aii Mexique, du capitainc Hall, est intitule en anglais : Extraits cVun journal ecrit sur les cotes du Chili, du Verou el du Mexique dans les annees 1820, 1821 et 1822(1), et ce titre plus modeste convient micux aussi a I'ouvrage. Le capitaiue Hall, commandant le vaisseau le Conway, charge par le gouvernement biitanniqut* de cruiser et de stationner sur la cote occidentale de I'Ame- riqiie, pour y protege'r le commerce anglais, n'a pu examiner que les cotes; arrive a Valparaiso, au Chili, le 19 decembre 1820, reparli de San Bias, au Mexique, le i5 juin 1822 , et (i) Paris, 1824; Alex. Eymery, rue Mazarine , 11° 3o. 2 vol. iii-S" et un atlas. Pnx »o fr. et aS fr. 5o c. (2) Extracts from a journal wriinn on the coasts of Ciiili , etc. Get oHvrage a <^na >'» quatre editions, eu Angleterre. 7a8 SCIKNCKS MORALES soiivent en mer pendant ces tlix-huit mois, I'officier de marine a (In consacrcr a raccomplissement des devoirs quo lui im- posait sa mission inie panic du terns qu'il eut pu donner a I'cxploration dii pays, s'il n'eut ele qu'nn simple voyagenr. On doit d'autant plus regretter qu'il n'ait point penctre dans I'interieurde cescontrees, qu'aveclc talent d'observationdont il parait doue et I'impartialite dont il a donne la prenvc, le capitaineHall aurait, sans doute, ecrit unc relation fort curieuse. Tel qu'il est, I'extrait de son journal offre de I'interet. La descrip- tion des lieux n'y occupe qu'ime tres-petite place; le voyageui* a donne uu peu plus d'attention a la peinture des usages et des moeurs des habitans; il a surtout eludie avec soin I'esprit public et le caraclere des revolutions du Perou et du Mexique, dont ijuelques scenes sc passaient devant ses yeux; il donne des details peu conuus sur le caraclere et la conduile politique de San-Marlin (voy. /Jec. -ffwc, t. xvm, p. 475), et il trace avecune assez rare impartialite le tableau de I'administration espagnole dans les colonies. Telles sonl les matieres piincipales dont le capitaineHall entretient ses lectcurs. II donne aussi des ren- seignemens qui interessent specialcment la navigation, le com- merce etl'exploitation des mines; nous yreviendrons plus tard. Par unc etrange et deplorable bizarrerie, la conquete porta au Nouveau-Monde la civilisation et I'osclavage , les lumieres et le despotisme. Ainsi, dans ce melange adultere, le remede sc trouvait a cote du mal; et le despotirme mcme qui asservit, qui decima ces tristes populations, recelait dans son sein le germe de sa destruction. Les lumieres sedeveloppant peu h peu devaieut amener I'Amerique ou ellcs amenent finalement tons lespeuples: a la liberte. M. Mollien ne nous semble pas avoir considere asseza fond la situation de I'Amerique, lorsqu'il a dit : « L'etat physique du pays, les usages, les moeurs des habitans avaicnt fait^icnser pendant long-tems que jamaisune revolution politique ne pourrnit s'operer dans ces regions. » Voila sans KT POLITIQUES. 7^9 donleuueassertion faiteun penlegerfrnent;les ineilleiirs esprits, ait contraire, avaient rccomiu cU-puis long-tems en Ameiique ties semences de discorfle qii'une profonde sagesse pouvait scale etotiffer. M. de Humboldt, qui voyageait dans ces contrees au commencement dc ce siecle, s'en expliqiie assez clairement: « Les natifs, dit-il, pref'erent la denomination d'Jint'ricains a celle de Creoles. Depuls la paix de Versailles, et surtout dcpnis I'annee 1789, on entend souvent dire avec fieite : /e tie suis point Espa^nol , je sitis Airiericain; mots qui decelent I'effet d'un long ressentiment. Devant la loi, tout Creole blanc est Espagnol; mais Tabus des lois, les fausses niesures du gou- \ernement colonial, I'exemple des etats confederes de I'Ame- rique septentrionale, I'influence des opinions du siecle, ont velache les liens qui unissaient jadis plus intimement les Espa- gnols Creoles auxEspagnols europeens.Une sage administration pourra retablir I'harmonie, calmer les passions et le ressenti- ment, con%er\ev peut-^t re encore pendant long-tems I'union entre lesmembres d'une meme et grande famille eparse en Eu- rope et en Amerique. » Ainsi , selon le savant voyageur, il etait douteux qu'on put conserver I'union , nieme avec une administration jag-e. Or , radministratiou espagnole etait telle- ment ennemie des populations, qn'elle seule eut suffi pour faire eclater une revolution. Plus de vingt ans avant le voyage de M. de Humboldt, ces gerraes d'inimitie entre I'Espagne et ses colonies semblaient deja prets ;\ se developper. M. le comte de Segur, I'un des premiers Franeais qui concurent le genereux dcsseiu de se devouer a la cause des Americains du Nord, a I'epoque de la gueirc de rindepeudauce, fut conduit par les evenemens dans la province de Caracas, qui fait au- jourd'hui parlie de la republique de Colombie; tout y piesageait s rorigin.il^ le tiaflu( teur ay.inf niiilti|il!t les cubdivisior.s. ET POLITIC L'ES. -jit \c pays. Lc vice loi et r.iiidicncia conespoiidaietitdirectoment, chacun de son cote , avec lc conseil des Indes; le soupcoii , la niesintclligence, le desordre, dt-vaiont nocessaiiemcnl eirc le resultat d'un pareil systeme. Un autre principe de cc goiivernemeut, c'est que I'Anieriquc devait etre administree par des etiaiigers. Tons Ics einplois , depuis la vice-royaute jusqu'a la place du deruier commis , etaient mis a I'encan a Madrid; de sorte que les malhenreux habitans, exclus de tout emploi. voyaicnt encore leur sort cotifie . 73u SCIENCES MORALES tion. Le medecin sc hata d'ecrire au gouverneur que la vie dc cet honimc etait en danger, si on ne lui otait pas ses fers. « Que los llei'n mientras respira,-» ( qu'il les porte, Jant qu'il respirera) ccrivit en marge ie gouverneur; et bientot, lo mal- heurcux n'exislait plus ! C'etait aussi un des principes du gouvernement espaguol d'enipecher par tons les moyens raccroissement de la popula- tion. Nous pourrions en citer de nombreux exemples; nous nous bornerons a un seul , parce qu'il nous est fourni par un honime dont personne ne revoquera en doute la scrupuleuse fidelite , M. le comte de Segur. Parmi les fails interessans qu'il rapportc dans ses Blemoires , (t. i", p. 5o5), nous avons re- marque eelui-ci : Causant avec un inquisilour de Caracas, il lui temoignait son etonnement de voir la civilisation bannie, pour ainsi dire , des pays ou la nature ne dcmandait qu'^ pro- digucr ses tresors; tandis qu'aux Etals-Unis, bien moins heu- reusemcnl part.iges, line prosperite toujours croissante annon- cait deja les plus belles destinees : « Vous m'avez repondu vous- meme, ditle moine, en me citantles republiques aniericaines : nos provinces nous rapporlcnt suffisamment de richssses , et nous restent soumises ; si nous elions assez fous pour laisser ces richesses et la population s'accroitre, bientot nos colonies nous echappcraientet devicndraient independantes.>' L'instruction etait proscrite, aussi bien que le commerce et la population; c'etait un assez bon moycn de rendre le nial sans remede. « Un ministre espagnol bien connu , dit M. Hall, ne craignait pas de declarer qu'il suffisait a un Americain de sa- voir lire et eciiie.» En vertu de cet axiome, on s'opposa a I'cta- blissement de colleges, et on ferma plusieurs ecoles: «■ II etait defendu, dit un manifestc public par le congres dc Buenos- Avres, en 1816, d'apprendre les sciences liberales; on ne per- mettait que la grammaire latine, la phiiosophie des ecoles, et la jurisprudence civile et ecclesiastiquc. « Le vicc-roi , don ET POLITK^UES. 7^3 Joachim Pino, ayant concede retablissemeut d'une ecole de marine a Buenos-Ayres, la cour le reprimanda, ot rinstitiition futsupprimee par im ordre special. En meme terns, on inter- disait a la jeiinesse d'aller etiulier la chiniie a Paris, et de la pratiquer, a son retoiir. Le monopole sur toutes les marchandises et toutes les den- rees, les impots de toute nature, completaient ce systeme de ruine et d'oppressiou. On interessait meme la religion a cette espece de jvillage organise contre I'Amerique ; la vie civile etait enchainee par une multitude de pratiques dont il faliait payer les dispenses a I'eglise; et comme le gouvernement ache- taitces dispenses en gros, pour les revendre ensuiteen detail, il appliquait a cette operation les regies du monopole , et faisait de ces pieuses contributions une brauche du revenu public. « Chaque habitant, dit M. Hall , sous peine de perdre d'impor- tans avantages, se voyait oblige d'achetcr im certain nombre de bulles du pape. Un individu, par exemple, qui n'avait point par devers lui son billet de confession, se voyait prive de I'ab- solution, au lit de mort; son testament u'etait point valnble , ses proprietes etaient confisquecs. >> IVous pourrions empruuter a uotre voyageiir d'autres faits pour achever le tableau ; nous n'en citerons plus qu'un qui suffirait seul poiuprouver I'effetqu'a du produire sur cespeu- ples la comparaison du regime de la liberte, avcc cclui du des- potisme sous Icquel ils avaient gemi si long-tems. Un Es- pagnol qui voyageait avcc le capitaine Hal!, s'arretant avcc lui dans une cabane, situee au milieu des fore's voisines de San-Bias, demandait a un paysan , ne dans ces bois, quel nial avait fait le roi pour etre repousse par les Mcxicains : « Quant au roi, repondit I'lndien , je n'ai qu'un reproche a lui faire , c'est de vivre trop eloigne de nous; il me semble qu'un roi qui cherche sincerement le bien dun pays, doit vivre dans ce pays-la meme, et non h. deux millcs lieues. >■ On 7^ A SCIENCKS MORAl.ES Itii dtiuanda ciisuiU! ce qii'il pensiiit de la libcrif dti commerce dont ot\ pailait do tons cotes : « Mon opinion sur la libeili- dn conimetcc repose sur un seid fait, repondit le montaj^nard ; dans les pi cmiers ferns , je payais neuf dollars la piece d't'-tofie dont cette chemise est faite; je ne la paie plus cpie deux.-.Voila toute ma pensee sur la liberte du commerce. » Et ce doit ctre celle dc toute I'Americpie. H n'v a, dansces simples reponses, ni science, ni declamation; il n'y a que du boa sens, et I'ex- prcssion dun sentiment qui, etant unanime, doit garautir la duree du nonvel ordre de choses, fonde sur des interets bien plus que sur des theories. Les accusations dc M. Hall contre I'ancien gouvernement ont d'autant plus de poids qu'il ne dissimule aucun des avauta- gcs que rAmeri(jue a pu retirer de la conquete; et il a consacre plusicurs pages de son journal a expliquer les institutions sa- liitaires et lesetablissemens d'utilile publicpie dont I'Amerique est redevabie a I'Espagne. II n'a pas mcme ajoiite ( ce qui) aurait pu faire en conscience) que tout rela, I'Espagne I'a fait oints principaux de sa relation. Parti d'Angleterre, le lo aout 1820, il aborde a Valparaiso, !e i9«lecembre, et fait uue excursion a Santiago, capitale du Chili. Il donne une description de ces deux villas, peint les moeurs ile diverses classes d'habitans, et trace le sommaire de la revolution du Chili, et des operations de San-Martin. II fait plusieurs voyages sur la cote, depuis la Conception jusqu'a Callao, port de Lima. Pendant ses divers sejours dans cette capitale du Perou , il fnt temoin de I'insurrection qui changea le gouvernenient, et il eut plusi<'ius fois I'occasion de voir San- Martiu, (tout il fail un jiortiatt ciirieux, inais (jui nous a parii un pcu flatte. Nous uoleions Joi des details reuiplis d'interet snr la vie aventurcuse du pirale Benavidis et sur ime \isite aw ET POLITIQUES. :36 camp dii chef de saiivaj^cs Pcneleo. An milieu cle ccs relations, qui joitinent au cliarme de la verite le piquant du loman, nous trouvons des renseignemens instiuctifs sur I'esprit public et I'etat du pays j nous apprenons , par exemple , que depuis peu d'annees 11 a etc ouvert, entie Buenos-Ayies ot le Chili , une route ^rnie de niaisons de poste, ou des chevaux sont loujours prets, communication qui sera d'une grande importance pour cette portion de I'Amerique. Nous apprenons qu'aux environs de la Conception se trouvent des mines de charbon dont I'ex- ploitation promet d'inepuisables produits. Ce fait est du plus haul interet, a une epoque ou la navigation par la vapeur prend un si grand developpemcnt , et ne rencontre guere d'aulres obstacles aux voyages de long cours que la difficulte d'cm- barquer une quantite suftisante de combustible. Nous trouvons sur les mines du Chili des renseignemens precis, concernant les divers modes d'exploitation, et sur le prix des produits et des objets necessaires aux travaux. Apres un an de croisiere, le capitaine Hallqnitte, le 17 de- cerabre i8.ii , les cotes du Perou, et suit les rivages do Co- lombie. 11 observe, dans le port de Guayaquil , entre autres fails digoes de remarque , une circonstance dont il faut faire honneur a I'esprit de liberte. Quelque tems apres la revolu- tion , les habitans de Guayaquil , peu eclaires encore sur leurs vuritables interels, sc laisserent eiitrainer a imiter le despo- tisnie; ils eutraverant la liberte du commerce par des droits equivalant a des prohibitions, et par I'expulsiou des negocians eirangers, se leservant a eux seuls le monopole du commerce de leur ville. Ils se replongeaient ainsi eux-memes dans la situ;ttion ou les avail places le regime colonial; mais ils nc tarderent pas a s'apercevoir de leur fanfe ct a la leparer. Ce qui merite surtout d'etre njcdite , c'est que les homines les plus intcresses au maintien des restrictions, et en faveur desquels "lies ri\ aieut ete cicees, eleverrnt les premiers la voix poiu' en 736 SCIENCES MORALES rc'clamei- I'abolition. Avec le zele du patriolisme et le juste sentiment cIl- la liberie, 11 n'est point d'errenr durable. Nous signalerons a una certainc classe de lecteurs des details nautiques sur le precede employe par le capitaine Hall, pour descendre la riviere de Guayaquil; ct les experiences qu'il fit avec le pcndule du capitaine Kater aux Galapagos , groupe d'lles volcaniques et inhabitees, rcpandues presque sous I'equa- teur, a 20Q lieues de la terre ferme. Les details de ces expe- riences ont ete recucillis dans les Transactions philosophiques de 1823. Des lies Galapagos, le capitaine Hall se dirigea sur Panama, oii il ne resta que deux jours; il cut occcasion d'y voir im ha- bitant qui avait etudie u fond le grand probleme de I'ouverture d'un canal a travers I'lsllime , et examine divers plans proposes pour I'execution de ce projet. M. Hall declare qu'il ne pent discuter cette question, n'ayant pas eu le loisir de la mediter. M. Mollien s'est montre moins circonspect, et son opinion sur I'importance d'une communication entre les deux mers nous a paru fort etrange. « On s'etait imagine, en France, dit-il, que la Colombie songeait a ouvrir un canal pour faire com- itiuniquer les deux rners par I'lsthme de Panama. Cette repu- blique n'est pas assez riche pour entreprendre un projet aiissi dispendieux et aussi difficile. D'un autre cote, elle aurait tort de I'effectuer, parce qu'on travcrserait alors son territoire, sans avoir besoin de sa permission, ct sans lui payer peut-etre aucun droit de passage. Les Anglais ont fait examiner la pos- sibilite de cette jonction. On ignore le resultat de leurs obser- vations ; I'opinion des naturels du pays est qu'il est facile de creuser lui canal pour quelques pirogues, mais qu'il est im- possible d'en etablir un capable de recevoir de grands bati- mens. >i II nous semble que ce passage renferme plus d'une erreur, \ ct qu'il dtcele des vues bicn courtts. 11 nous serait facile de le W' ET POLITIQUES. 3^7 prouver ; nous aimons luieiix avoir recoiirs a une autorifc- doDt M. Mollien ne fait pas moins de cas que nous. Cette question d'une si haute importance pour I'Europe, aussi bien que pour I'Amerique , tranchee un peu lestement par M. Mol- lien, a etc discutt'C avcc des connaissances et ini talent supe- ricurs, dans la derniere livraison dc I'ouvrai^ede M. de Hum- boldt [Relation Jiistorique , in-4°, t. Ill, liv. ix , chap. 0.6). Le savant voyageur pense que cette communication « est intime- nient liee a la prosperite de tons les peuples commercans des deux hemispheres. >> II discute la possibilitc et les difficultes dune pareille communication , sur cinq points differens, dont trois ap[)arliennent au territoire de Colombie ; il aflirme que, lorsqu'une etude speciale du terrain aura montre I'endroit le plus favorable a rexeculion de ce projet, les depenses qu'eile pourrait occasioner ne sont pas un obstacle digne d'attenlion. "Comment pourrait-on craindre, dit-il, de ne point reunir I'argent necessaire pour ouvrir un canal oceanique, si Ton se rappelle que la seule famille du comte de la Valeneiana a eu le courage de creuser, a Guanaxuato, quatre puits qui ont coute ensemble 2,aoo,ooo piastres (ii millions de francs)? En supposant meme que, pendant un certain nombre d'annees, les depenses annuelles de la coupure de I'lsthme atteindraient sept ou huit cent mille piastres, cette somme serait facilement supportee , soil par des actionnaires, soil par les differens ctats de I'Amerique dont le commerce retirerait des avantagesinap- preciables de I'ouverture d'une route nouvelle vers le nord dn Perou, vers les cotes occidentales de Quito, de Guatemala et du Mexique , vers Nutka , les iles Philippines et la Chine. » L'auteur de I'introduction qui precede le Voyage de M. Bul- loch, sir John Byerley, ne met pas en doute les immenses avantages de cette entreprise : « Si le grand projet d'etablir une communication entre les deux oceans qui baignent les cotes de I'Amerique s'accomplit, dit-il, le commerce dn 738 SCIENCES MORALES Mexique prcndra 1«? plus vaslo deve!oppcinei)t. » On trouvcra aiissi, tlaiis Ics Meinoires deja cites de M. Robinson, des fails ft des apcrcus telalifs a cette question difficile, et dont la discussion n'offre pas nioins d'inteiet au publiciste qu'au geo- s^ raphe. Pendant sa traversee de Panama a Acapulco , M. Hall fit des observations sur la hauteur des moutagnes devant lesquelles il passait, et il donne le detail des calculs qui lui ont servi pour estimer I'elevation de ces niontaijnes, vues de la mer. Arrive le 8 mars dans le port d'Acapulco, il quittc bientot cette ville celebre, et cmploie seize jours a sa traversee jiis- qu'a San-Blas. II donne ici , sur les briscs de terre et de mer qui se succedent periodiquement chaque jour, des details inte- ressans pour les navigateurs. Pendant luisejourd'cnviron trois niois ii Acapulco , San-Bla* ct Tcpic , ville de rintcrieur, qui partage avec Guadalaxarale commerce de cette confree, notre voyageur a etudie I'opinion politique des habitans, el il nous donne un precis de la revolution mexicaine. Ii portesiulturbide un jugement qui nous a paru dicte par qiu-lques preventions favornbles; nous avuns deja fait la meme remarque au sujet de San-Marlin; en general, le capitaine Hall parait incliner tr'p facilement (pour les hommes ainsi que pour les choses) vers ime bienveillancc dont il faut un peu se defier. II nous a sembl-e que M. Mollien raeritait un reproche tout oppose. C'est ime idche difficile d'apprecier en courant un homme public et un pays etranger; qui oserait en pareil cas promettrc des opinions toujours exemptes dc certaines preoccupations ? M. Hall a compris, au reste, toute la difficuite de sa position. Le res- pect qu'il temoigne pour la verite, sa defiance dans son propre jugenient, lextreme circonspeclion avec laquelie il alfirme, appellent la confiance et persuadcnt bien mieux que ue pour- raient le faire les attestations Irauchanles qiu' nVpargucnt pas (i'autres vovagcurs. On le cniit, lorsqu'il dit : ^c Mon unique ET POLITIODES. 73pait a nos yeux. » S'agit-il de la siliiation des Indiens du Perou, il ajoutera tout simplement : « II ni'a ete im- possible de comparer leur etat present a leur condition passec; I'absence d'observations me commande Ic silence. » S'il ne fait que passer dans qutlques lilies de la cote : « Il y aurait i!c I'indiscretion, dira-t-il, a entrttcnir le lectcur d'une sociele qu'on n'a pu qu'entrevoir, je me bornerai a notcr quelques traits singuliers et assez caracteristiques qui me frapperent , et tout en ne me dissimulant pas que, dans un pays oii lout est nouveau pour nous, I'esprit se laisse Irop facilement captivi r pour qu'il lui soil facile de distingucr rinleiel fugitif que prc- spnte une simple iiouvcaiitc , lics impressions diirrdiles qn'uno 7/|0 SCIENCES MORALES realite lemarqu.able pent soul laisser. Le (lani;;er de cette sen- sation, qui n'cst lien pour le voyageur ordinalte, anrait de graves inconvcniens pour Ic voyageur ecrivain qui donnerait un libre cours a Tiinpatience de ses observations." Cette can- dcur, ce soin de vous mettre en garde contre votre propre credulite sont asscz rares dans les relations dun liomme qui vient de loin, pour que nous nous y soyons arretes un instant. De grands ologes du journal de M. Hall I'auraient moins loue que les citations que nous venons de faire. En meme terns qu'il observait la marche des evenemens, et les moeurs des habitans, le capitaiue Hall n'oubliait pas I'objet de sa mission , et il s'occupait de recueillir des rensei- gnemens sur I'elat des relations couimercialesavee I'Angleterre, et a s'instruire de I'espece de protection dont le commerce an- glais pouvait avoir besoin dans ce pays. C'est une chose fort reniarquable et digne de fixer toute I'attention du publiciste que le soin particulier avec lequel I'Angleterre veillc sur ses citoycns dans les pays etrangers. Sa protection active et prevoyante va les chercher partout ou ils s'etablissent, et avatit qu'ils la reclamcnt ; I'Angleterre doit nans douteacette politique, non moins savante que patriotique, un grand nombre dc ces etablisseniens commerciaux qui font que Ion trouve des Anglais partout ofi il y a une Industrie k exploiter et des richesses a acquerir. Le rapprochement de certains passages du journal du capitaine Hall, du voyage de M. Bulloch et de celui de M. Mollien prouve combien la poli- tique anglaise, sur ce point, est plus habile et plus eclairee que la politique du gouvernement francais. Nous croyons qu'il n'est pas inutile d'insister sur un fait dont les consequences sont si evidemment utiles , et ont une portee si etendue. A I'epoque du voyage du capitaine Hall, I'independance des nouveaux etats de I'Amerique n'etait par reconnue par I'An- gleterre, qui n'avait dans ces contrees ni consuls, ni agens ET POLITIQUES. 7^1 . |>oUtiqnes.Lecomniandanl tics vaisscriuxdecctlc puissance ctait la seiile autorite qui pul protcger Ics sujets de la Grande Brc- tagne, etintervenir dans Ics difficultes deja assez frequentcs que faisaient naitre les rapports d'affaires et les relations dc com- merce quiprenaient chaque jour plus d'extcnsion. Ladivcrsitc des rapports politiques entrc ces pays, I'instabilite et I'incxpe- ricncede gouvernemensrccemmentetablis, I'agitation delVsprit public, le defaut de confiancc dans le commerce; enfin, la nou- veaute des institutions, tout concourait a compliquer des inlerets deja fort embrouilles et une position tres-delicate. La plupart des gouvcrnemens europeens ne semblerent pas accordcr la moindre attention a un fait de cette importance, et laisscrcnt sans aucune protection on n'.nppnyerent que de secours ineffi- caces ceux de leurs sujets qui se hasarderenta tenter quclque expedition coramerciale. L'Angleterre , au contrail e, soigncusc defaire faceaux nombreux besoins de son commerce, distribua ses stations dans I'ordre suivant : Rio -Janeiro, au Brtsil ; Buenos-Ayrcs, dans la riviere de la Plata; Valparaiso , au Chili; Lima, an Perou; et San-Blas, au Mexique. Le gouver- nement anglais s'arreta au seul parti qu'il y eut a prendre dans des circonstanccs si variables et si epineuses; c'etail de bien faire connaitre aux officiers les principes generaux qui devaient regler leur conduite, et de s'en reniettre, pour le reste, k leur discernement et a leur capacite. Dans les cas difficilcs, et qui ne pouvaient se resoudre sans une extension de pouvoirs , les capitaines de \aisseaux faisaient des representations et se bor- naient a donner leur avis , que Ton exarainait et disCutait; ils ne devaient jamais agir hostilemcnt, a moins d'en avoir re^u I'ordre du commandant en chef, en reponse ar. lajiport qui lui etait adresse. Ces stations, en visitant les perls et les etablisscmens de la cote, en epiant les ressources comraerciales et en s'assurant des moyens d'en profiter, ont cfe fort utiles a I'Angleterrc. T. XXVIII. — Decemhre i8?.5. 48 74^' SCIENCES MORALES Quelques phrases extraitcs du journal dii capitaine Hall feront connaitre I'espece de services qu'elles onl pu rendre. « Je fus in- forme, quelques instans aprcs mon debarquement k San-Blas, dit notre voyageur, que les negocians de Guadalaxara et de Tcpic desiraicnt Irouver I'occasion d'ouvrir avcc I'Angleterre uu commerce direct ; lis avaient regarde I'arrivee du Co/zwo^ comme I'heureux presage d'un arrangement qui etait I'objet de leurs voeux. Je ne perdis pas un moment; le lendemain, j'allai rendre visite aux negocians de Tepic. » Topic est la seconde ville, et, apres Guadalaxara, la plus considerable de la Nouvelle-Galice. Ce n'etait pas sans eton- nement que M. Hall et ses compagnons de voyage contemplaient cetle vaste et importante cite, dont, quelques semaines aupa- ravant, ils ignoraient meme le nom. « Dans le cours de la matinee, continue M. Hall, j'eus plu- sieurs conferences avec des negocians de Tepic et avec quelques-uns de leurs agens de Guadalaxara. Les capitalistes commercans de cette partie du Mexique dcsiraient ardcmment ouvrir une communication directe avec I'Angleterre. Pour ar- rivera lours fins d'une mauiere sure et facile, ils me proposerent de charger sur le Conway une quantite considerable d'especes pour Londres; on leur expedierait en retour des marchandises anglaises, ainsi que cela s'est toujours pratique, depuis la li- berte du commerce au Perou , au Chili, a Buenos-Ayres. » Aussitot qu'il y eut quelqiie chose de convenu , les negocians de Tepic s'occuperent a reunir leurs fonds, et envoyerent des courriers a Mexico, ainsi que sur tous les points d'ou ils avaient des especes a faire reveuir; et, quelques semaines apres, on embarqua sur le Conway plus d'un demi-million de dollars, et d'autres sommes; une grande partie de ce numeraire etait pour lecompte des negocians espagnols, et le reste, pourcclui des negocians mexicains. On devait recevoir des marchandises en echange. On voit aussi, par plusieurs autres passages de ET POLITIQUES. 7»'^ cette relation , combien la protection de la marine anj;Iaise a ete utile a quelques citoyens anglais, dans ces parages. Cette sollicitude du gouvernement pour Ics particuliers tourne au profit de la chose publique; la presence continuelle des Anglais sur les cotes de TAmcrique, leur empressement a y former des liaisons, le soin qu'ils prennent de ne heurter aucune opinion nouvelle, de ne blesser aucune pretention, doivent necessaire- ment populariscr Ic nom anglais dans ces cpntrees. On pent en croire sur ce point le femoignage de M. MoUien, qui ne saurait etre suspect. En remarquant que, depuis leur revolu- tion, les Colombiens ont introduit dans leur langue beaucoup d'expressions i'ran^aises, il ajoute : « Cette predilection pour notre langue ne durera pas long-tems avec I'ascendant que les Anglais ont pris dans toute la republique. En effet , dans les choses nieme les plus insignifiantes, leurs modes remplacent celles des Espagnols at les notres. » C'est aussi ce que nous voyons frequemment dans la relation de M. Bulloch. A'' son retour de Mexico a la Vera-Cruz , ce voyageur passa quelques jours a Xalapa, ou il s'elait arrete quatre mois auparavant; il fut frappe du changement qu'il remarqua dans le costume des dames : « Au lieu de paraiire, comme a leur ordinaire, dit- il , en habits noii's , plusieurs se montraient alors en mousse- lines blanches , en calicots imprimes et autres etoffes de Man- chester ou de Glasgow , coupees suivant les dernieres modes anglaises. En m'enquerant de la cause de ce changement, j'appris qu'il etait principalement du aux volumes de modes A' Ackermann que j'avais apportes , et a I'arrivee d'une dame anglaise, dont la garde -robe, nouvellement importee, avail bientot fait le tour de la ville. » Ailleurs, le meme voyageur nous dit : « Jusqu'ici les dames ne portaient que des bas de soie de France, des plus fins, avec des coins richement travailles; mais les demandes pour les bas de coton commencent k aug- menter, et je ne doute point qu'en tres-peude terns les mar- 7U SCIENCES MORALES oliandiscs do maiuifactme anglaise iie soieiit les scules con- sommees. » Les autorites, nous assure encore M. Bullocli , voyaient avec joie les etrangers, mais surtout les Anglais, s'etablir parmi eux; car ils etaient persuades qu'au moyen do leui's capifaux el de lours inachines perfectionnc'cs , les Anglais occuperaieut la population et'remcttraient en circulation les ri- cliessesmineralesdupays.Un envoye anglais, ledoctciirMackie, arrive au Mexiqye a peu pres en meme terns que M. Bullocli , avaitsuinspirer la plus grande coniiance au magistral supreme dela republique : « J'ai tout lieu de croire, ditle voyageur, que les efforts de M. Mackie seront couronnes du succes , et que les interets coramerciaux entre le Mexique et I'Anglcterre seront ajiistesaravantagemutuel des deux pays.)>Depuis cctteepoque, la Republique mexicaine a ete reconnue par I'Angleterre , et des relations intimes ont etc etablies entre ces deux puissances. On voit, par une foule de passages des relations de nos trois voyageurs, que les Anglais sepresentent par tout ouils pcuvent esperer de s'emparer de quelque branche de commerce; et Ton sait qu'ils ont a peu pres obtenu le monopole de I'exploi- tation des mines, circonstance de la plus haute importance dans un pays ofi la pliipart des retours du commerce se font en espece ou en lingots. La France sentira un jour tout ce qu'elle a perdu k se laisser devancer sur tons les marches de I'Amerique par une puissance rivale, et qui n'avait pas besoin de cette nouvcUe superiorite pour se trouver en position de froisser bien des interets. Malgre les relations commerciales qu'ils etablissent en tons lieux, malgre leur circonspection habituelle, et une certaine coincidence d'idees et de principes politiques , les Anglais ins- piraient encore a ces peuples, si recemment affranchis et si imparfaitcmcnt constitues, une defiance assez manifeste. II est aisc de se tigurer combien cette defiance etait plus susceptible et plus profondement enracinee a I'egard des Fran^ais, qui ET POLITIQUES. ik^ u'offiaicnt pas a rAmericaiii les memes motifs de seciiritc. Aussi, voyons-nous qu'en plusieurs occasions M. MoUien fiit pris par les habitans pour un espion , ct fut suivi, par eux, dans une parlie de son voyage, avec les yeux dusoupcon. Aujourd'hiii que I'Angleterre a solennellcment scconnu I'existence politique de plusieurs des republiques aniericaiues, le resle de mcliance dont les Anglais etaient encore environnesa lout-a-fait disparu; puissions-nous bientot obtenir le menie acciieii ! Les Francai;; le meritentpar rinclination qui les attire vers ces peuples nou- veaux; eux-memcs ne demandent qu'a trouverdcs freres dans les peuples d'Europe, il faut seulemcnt desirer que les gou- vernemens ne rendent pas impossibles ces liens fraternels , qui contribueraient si puissamment a la felicite des deux mondes. La portion scientifique du journal du capitaiue Hall, cu- rieuse pour les navigateurs et pour les savans, n'eiU pas offert un egal interet a la foule des lecteurs; on I'a judicieusement separee du reste de la relation. Ellr forme un appendice de 7i Nous trouvames, en poussant nosrecherches un pen plusavant, que toute la montagne avail ete couvertede palais, de temples, de bains , de jardins suspendus, etc.; et cependant, ce lieu n'a jamais ete nientionne par aucun voyageur. » Enfin, nous indiquerons encore au lecteur des details curieux sur le general Vittoria , I'un des fondateurs de I'independance duMexique. II fuiissait ses eUides, lorsque la revolution eclata, en 1810; il s'y devoua sans reserve. Emprisonne pour avoir denonce publiquement les projets el I'usurpation d'lturbide , il trouva le moyen de s'echapper, et chercha , pour la seconde fois, un refuge dans les bois , entre Xalapa et la Vera-Cruz; Vittoria est reste trente mois dans ces forets, sans voir une seule creature humaine: « Ses sou-ffrances, pendant cette periode, dit M. Bulloch , passent presquc toute croyance. Son existence nY'tait soulenue que par des vegetaux et des insectes; attaque de la fievre , il resta onze jours a I'entree d'lme caverne, etendu sur la terre , sans alimens, attendant a chaque instant la fisi ET POLITIQUES. 749 de sa miserable vie; et si pros en effet de ce deruier terme que Ics vautours volaient conlinuellement au-dessus de lui, dans I'attente de leiir proie. La premiere nonrriture qu'il prit fut le sang chaud d'un de ces animaux, qui s'etait approche pour devorer scs yeux a demi fermes , lorsqu'il le saisit par le cou , etii regagna ainsi assez de force pour se trainer pres de I'eau la plus voisine , ou il etancha sa soif biTjlante. Apres I'expulsion des Espagnols, un vieux et fidele Indian decouvrit sa retraite; mais il eut peine a le reconnaitre, tel qu'il le voyait, entiere- ment nu , et si change qu'il u'avait presque plus rien de la Ggure humaine. » La situation de la partie du Mexique visitee par M. Bul- loch, en 1823, ne s'etait pas ameiioree depuis la revolution : on conceit que, dans cette premiere agitation inseparable d'un grand changement politique, les sciences ont ete encore moins protegees, les chetives manufactures ont encore moins tra- vaille, les finances, I'administration, se sont trouvees dans un desordre encore plus complet. La lutte de I'independance une fois ouverte, le pays a du employer tous ses soins, consacrer toutes ses jessources a fonder sa liberte; mais, aussitot que cette grande tache sera accomplie , la liberte saura payer avec usure les sacrifices faits a sa noble cause, toutes les puissances vitales de I'Etat reprendront un nouvel essor, et une prospe- rite jusqsi'alors inconnue montrera ce quepeut une nature pro- digue secondee par de sages institutions. Deja I'ou constriiisait (en 1825 ) des machines a vapeur dans deux mines; deux eta- blissemens de tanneries annoncaient de riches resu'.tats, et des brasseries, qui n'etaient encore qu'en projet, promettaient a ces contrees une industrie nouvelle. " Selon moi, dis'ait a la meme, epoque, M. Bulloch, il ne manque rien pour retablir la pios- perite de ce beau pays, que la reconnaissance de son indepen- dance par I'Angleterre. » Nous avons dit que le capilaine Hall et M. Bulloch ont 7^0 SCIENCES MORALES visite, dans la jepiiblique mexicaine , des contrees differenfes; lis ont aiissi une maniere diverse d'envisager les objcts : le ca- pitaine Hall se livre plus volontiers aux considerations poli- tiques; I'opinion des peuples est un des siijets habituels de ses observations; les relations conimerciales , quelques points de geographic physique et des questions interessantes pour les navigaleurs sont Iraites avec soin dans son journal. M. Bul- loch accorde une predilection plus marquee aux peintures de moeurs, aux petits details qui font connaitre les usages et les habitudes des pays qn'il parcourt; les oiseaux, les plantes, les antiquites attirent aussi toute son attention. La traduction du livre de M. Bulloch est fort mal ecrite; ou y trouve a tout moment des phrases telies que celle-ci : « Nous arrivames, vers une heure, auxportes de la ville, une partie de la journee ofi tout le monde est ferine chez soi. « Les angli- cismes, les expressions incorrectes, les tournures impropres, abondent dans le style de I'anonyme, qui est probablemerjt etranger. La traduction du voyage de Hal! est moins mal ecrite; mais les contre-sens nous y ont seroble beaucoup plus uombreux. Ce traducteur sail sans doute I'anglais comme I'autre sait le francais. Nous n'eprouverions que I'embarras du choix, si I'espace nous permettait quelques citations. H Appendice \d\x\\. a la traduction de M. Bulloch forme a pen pres le tiers des deux volumes, et n'offre que des pieces fort connues; c'est un pur remplissage. Mais nous ne ferons point le meme reproche a X Introduction ^ morceau de 70 ;i 80 pages, du a la pliMtie de sir John Byerley , qui nous a semble offrir un tableau assez bien fait de la situation du Mexique et de la revolution qui en a change la destinee. L'atlas qui accompagne la traduction de I'ouvrage de M. Bulloch contient plusieurs vues et quelqwes dessins de costumes foi t mal lithographies; mais on y trouve aussi quel- ques morceaux curieux, et particulieremeiit le plan de Van- ET POLITIQUES. 75i cieune ville de Mexico, fait, dit-on, pour Fernand Corlez, par ordre de Montezuma. M. de Humboldt I'a vainement cherche, et I'on croyait qu'il avail peri, il y a plus de cent ans, dans I'incendie de la casa de Estado ( la maison de Cortez.) II a ele retrouve dans les collections du savant Boturini , etle gouver- nement mexicain I'a confie. a M. Bulloch, pour le faire graver a Londres. Si, comme on I'affirme, I'authenticite de ce plan est bien etablie, c'est sans doufe un precieux monument d'antiquile. Les trois voyageurs dont nous venons d'examiner Ics rela- tions ont, sur leurs devanciers, I'avantage d'avoir visite les contrees americaines a une epoque postevieure a la revo- lution , et cette circonstance seule suffirait pour leiu- conci- lier un grand nombre de lecteurs; ils offrent d'ailleurs, ainsi que nous I'avons remarque , un interet plus ou moins vif. Toutefois, les personnes familiarisees avec I'etude des voyages seront frappees de I'immense superiorile du savant qui, comme M. de Humboldt, voyage uniquement pour voyager, anime de I'enthousiasme des decouvertes, et guide par I'ai'deur d'ap- prendre et de transmettre aux autres la connaissance de ce qu'il a appris, sur le voyageur ordinaire, qui ne visite les contrees etrangeres que dans un dessein particulier ou pour I'accomplissement dun devoir. II resulte de la lecture de ces trois voyages une idee conso- lante pour I'humanite, c'est que la domination espagnole est pour jamais aneantie en A.merique. La relation de M. Mollien, quine le dit pas, le prouve, aussi bien que celle des deux voya- geurs anglais, qui I'affirment. Delivres de I'esclavage oil la conquete les avait jetes , il y a 3oo ans, ces peuples vont respirer enfin I'air de la liberte : souhaitons-leur les vertus de I'iudependance , afin qu'ils en obtiennenl le bonheur; la nature les a traites en enfans cheris, qu'ils soient jiistes et sages, i-i rien ne manquera a leiir prosperite. M. A. 75a SCIENCES MORALES. HlSTOlRE DBS FrANCAIS, par J~C.-L. SlMONDE DE SiS' MONDi, correspondant ile I'lnstitut de France, do I'Academie iniperiale de Sainl-Petersbourg, de I'Aca- dtimie royale des sciences de Prusse, etc. (i). N. B. Ce inorceau de critique Lislorique sur un des ou- vrages les plus reniarquables de notre epoque nous est adresse par un ccrivain philosoplie dont nous regieltoiis vivemeiit de ne pouvoir mettre ici le nom , qui aiirait ^te pour nos lec- tetirs una garantie d'equite, non moins que de lumicres. Quoi- que nousayions deja donne sur la premiere livraison dii luciiie ouvrage deux articles d'un de iios collaborateurs les plus ce- lebres et les ])lus honorables , M. le comte de Segur (Voy. Rev. Enc. , t. xii, ji. 84, el t. xix, p. 586), nous nous em- pressons de publier cette nouvelle analyse, persuades que toutes les jiersonnes occupees d'ctudes historiques ne verront point sans interet rimportaiit travail de M. de Sismondi ap- precie par deux plumes aussi savantes qu'habiles. w. d. r. A. differentes epoques , mais toujours des les deux premieres dynasties de ses rois, la France a embrasse, sinon dans ses li- raites, du moins dans sa domination, d'un cote, I'ltalio et le uord de TEspagne; de I'autre , les Pays-Bas,la Hollande , la Suisse , et celles des ancicnnes contrees gcrmaniques dont se compose aujourd'hui rAUeraagne. Des lors, la France a ete placee, dans la civilisation moderne, comnie sur une eminence, en spectacle a I'univers. Plus eclairee, meme an terns de sa pro- fondc ignorance, que les nations dont elle triomphait (2), la France, en les sillonnant partout des traces fccondes de la jgloire qui, meme dans ses ravages seme sou vent les bienfaits, ne pouvait y porter la guerre sans y laisser I'industrie : bien mele de beaucoup de mal sans doute, mais a coup sur tres- (ij Paris, 1825. 9 vol. in-S" , foimaut les trois premieres liviai- sons. Treutlel et Wiirtz , libraires, rue de Bourbou , n° 17 ; a Stras- bourg et a Londres , nidme inaison de connnerce. Prix 8 fr. par vol. (a) A I'exception de la seule llalie. F.T POLITIQIJES. -jh^ grand bien, ct ([ue n'aiiraient pu hii lendre ccux qui, dans la jjeiierosite des rcpresailles, lui ont si bien rendu le mal. Pour tout renfermer dans nn mot, la France a doinine ou gouverne I'Europe, qiiand il n'y avait plus en Europe un scul gouverno- ment quine fut an bcrccau (i). Des cc tcms, il Ini a ete donne d'attacher les destinees des peuples a ses idees de guerre, de gloire, de politique et d'adrainistration. L'origine des lois, des couturaes , des arts , I'ancien droit public de vingt nations est la depuis liuit ou dix siecles ; c est a dire, I'histoire de la France a ete des lors pour vingt nations une histoire nationale (2) ; I'histoire de la France a ete souvent, et a plusieurs egards , I'histoire meme de I'Europe, I'histoire de cette civilisation nou velle qui a change la face du monde, et fait, ou promis lui nouveau sort au genre humain. Si done, il est une histoire qui ait du plus particulierement attirer I'attention , captiver I'examen et I'etude , c'est a coup sur celle-la : et Ton serait tente d'en induire qu'elle abonde , sinon peut-etre en monumens, du moins en materiaux. Quand on considere ensuite les travaux entrepris en France pour ronser- ver ces materiaux, les reunir ii grands frais, les verifier, les reproduire, et les ordonner avec choix ; quand on s'est cou- vaincu qu'un peuple chez lequel I'erudition s'honore d'un Du- cange, et oiiunDucange a trouve des rivaux, a ete le premier de tons les peuples dans la science des antiqnites, on s'attend , ou Ton devrait s'altendre, ;\ Irouverces materiaux, non pins confusement epars et mutiles, mais ranges dans le plus bel ordre, etsemblables a ces pierres qui, deja fa9onnees par le (i) VEinpire de Constantinople excepte. (a) Les historiens, vraiment digues de ce nom , I'ont tons plus ou moins senti. Vo^ez , par exeraple, le premier iivrede Mcllek; par- courez surtout les chapitres g el 10 de son Hisioire des Snisses : c'esi dc rhistoirede France. 754 SCIENCES MORALES mattcaii , ct marquees tin chiffic qui d'avanceleur assij^ne leur place, n'altendent plus que les mains pretes a Ics mettre eu oeuvre, pour former un edifice re^ulier. Qu'arrive-t-il , cependant, lorsque, avec tantde secours ou d'esperauces, on entreprend de parcourir les ages recules de la mouarchie, pour y chercher et y porter la lumicre ? Le di- rai-je ? On croit refaire le voyage du Heros de Milton , quand chevauchant (i j sur des nuages, 11 veut aussi arriver i la clarle, en passant d'abord par le Vide; ensuite , au travers du Chaos. On se souvient que nos premiers annalistes s'occupent assez peu des Grands , et nullement de la Nation. Les seuls person- nages dontils paraissent avoir mission de parler, sont les reines et les rois; bien entendu toutefois, apres les eveques. Or, sans nombrer la longue suite de reines , ou meme de rois dont on ne salt comment fixer la naissance , le mariage, la mort, ni pour le tems ni pour le lieu, montrons quelque chose de plus singulier, un roi (a) que la chronologie avait laisse comma echapper au viie siecle , retrouve lout a coup au xvii*, par Le Cointe , Mabillon et Adrien de Valois , qui I'ont fait recon- naitre par Thistoire. Et ou I'a-t-on retrouve ce roi, dont on avait perdu le regne comme le nom? Dans la vie d'un saint , et d'un saint etranger (3). On a conjecture, en lisant cette vie, que ce roi avait appai^emment existe, puisqu'il avait ete con- damne par des eveques reunis en concile, et qui pis est, poi- gnarde. Depuis cette conjecture, assurement tres-logique, nous avons compte un roi de plus. Notre histoire s'en etait passee pendant dix siecles. Que Ton vienne ensuite nous dire, a point norame, les evenemens de ce regne-la ! Je conviens que nous sommes mieux ou plus amplement informes sur beaucoup (i) C'est I'expression du po^te : rides. (a) Dagobert II. (3) Saint Wilfrid, ev^qua d'York. ET POLITIQUES. 7^5 il'aiilres. Nous y trouvons, pour cliaque annee, douze a vinj^t lignes dechronique, dans lesquelles le moine qui tient la plume se souvient parfois de la nation a propos d'une victoire, else souvientdela victoire a propos de son couvent, ou de son saint, qui I'a remport(5e par un miracle. C'est quelque chose sans doute; niais pourtant ce n'est pas tout ce que nous aurions voulu savoir. En&n, apresles siecles de disette, arrivent les jours d'abon- dance... et de confusion; cardans loutesles histoires, et dans la notre surtout, des que les materiaux abondenf, ilssurabon- dent, tres-sterilement parfois, tres-confusement toujours. C'est ici la derniere nioilie du voyage decrit par le poete anglais: on a traverse le vide ; on louche a Vempire du Chaos ; et Ton rencontre, en y posant le pied, la'rumeur, I'inextricable des- ordre, et, par dessus tout, la discorde aux niille voix contrc- disantes (i). Cette partie de nos histoires modernes a ete ecrite dans des terns de controverse et de scolastiq.ne, ou les esprits guerriers, et dresses pour I'escrime, s'etaieut fait un telbesoin de disputer que si, par grand malheur, on venait a raanquer de tout sujet de dispute, on disputait endn sur I'artde dispu- ter. Aussi, serait-il facile deprouver que I'histoire, qui raconte tant de combats, en a plus engendre qu'elle n'en raconte. En resume, on trouve done, dans les elemens de nos an- nales,pour beaucoup de siecles, insuffisance ou lacune;pour quelques epoques, profusion et confusion; doute et contro- verse pour toutes. Dela les vices principaux de nos historiens. Quand les sources historiques debordent , elles sembleraient les entrainer. Au lieu d'y puiseravcc choix, ils 'es epuisent. Oubliant qu'ils nous doivent le tableau d'une existence natio- (i) ... Rumor and Confusion all embroil'd and Discord with a thousand various mouths. Paradise Lost , Book a. 75G SCIENCES MORALFS nale ile Itcize siecles, ils paraitraieiit, a la procli{j;alito ot ;\ la niinutie des details, ne plus se considerer que comme les biographes d'un rei^ni^, ou Ics narratcurs de qiielque aventurc privileyiee. Lorsque, an contraire, les sources de I'hisloire tarissent ou sont avarcs, ils puisent dans la ficllon. lis rajeu- nissent les faits antiques en les colorant park reflet d'une poe- sie tres-posterieure , mais barbare encore; ct c'est ainsi que , des les premiers instans de la reionarchie , le mariage de Cle- vis, CO qu'on appelle sonsacre, etle combat singulicr qu'onlui prete, dans les plaines de Vougle, contre le gendrc de Theo- doric , ( Alaric II ), nous sont presentes avec tous les ornc- mens des livres de chevalerie , vcnus huit ou dix siecles plus tard. Lorsque enfin , I'obscurite repandue autour de certains eveiiemens dont il semble convenu de s'exagerer I'importance, laisse un champ libre aux conjectures, au lieu de former leur opinion par la critique des faits, ils forment ou transforment les faits au gre d'one opinion concue ou recue d'avance, et ne cherchent plus dans I'histoire que les etais d'uu systeme. C'est la, sans doute, un defaut, si Ton veut meme, un abus de I'es- prit , Ires-grand , mais encore plus commun. On ne doit pas en charger uniquement nos annalistes. Nos ecrivains philosophes les plus ilUistres n'en ont pas tonjours ele exempts. La mode en existait avant TabbeDubos; et, scion toufe apparence, elle durera long terns encore apres M. de Montlosier. Combien M. de Sismondi s'est fait une idee plus haute et en meme temsplus juste de la mission de I'historien, dela nature et diibutde Thistoire ! Loin de considerer les annales des peuplcs comme un arsenal ou toutes les opinions peuvent s'ar- mer de toutes pieces, il ne voit dans nn fait historique qu'un exemple a imiter ou a fuir, une lecon fondee sur I'experience, jamais un titre qui fonde un droit. Avec cette hauteur de vues et de position. Ton ne se garantit pas seulement de tout esprit de systeme; on sail encore s'affranchir de ces preventions n aui ET POUTIQUES. ^ 7:) 7 littoitcs qui oiU Iransfornit; tant d'histoiieiis en defeiiseurs of- ficieux, si ce n'est otlicicls, de la nation et de ses princes. On n'aura ni le compas plus liberal qne patriotique avec lequel doni yaissette niesure ses grands rois visigoths uii midi de la Fiance, ni Tenceiisoir que le pete Plancher fait fiimer au pied des images de lant de bons rois bourguignons. " Woiis tn- chercherons, ditM, de Sismondi {^Introduction , p. 16}, ni .1 rehausser la tjloiie , ni a redouble!" la honte des rois ou des peuplesqui ont passeavant nous sur cette terre; nous n'exage- rerons point leurs vertus ou leurs crimes; nous ne nous arre- terons jamais pour nous demander si le lecleur, apr6s ce que nous allons lui raconter , aimera plus ou moins la France , s'ii .s'enorgueillira plus ou moins de sa patrie ; s'ii sera plus on nioins attache a se'> lois, ii sa religion, aux formes anliqties de son gouvernement, ou aux families de qui ont dependu ses peres. Nous ne nous sentons point cette confiance dans nos propres opinions, qui nous fcrait prefercr nne doctrine qu(rl- conque a I'experience, et qui nous ferait traiter nos lecteurs comma de grands eafans auxque'.s nous ne revelerions que les verites que nous jugerions utiles pour eux. Toutes Ics verites sontcgalement a nos yeux de droit commun... « ... Ce sera done sans retenue, sans arriere-pensee, sans de- sir d'etablir im systeme, que nous examinerons, des les coni- mencemens de la monarchic francaise, les effets du despolisrae de I'armee conquerante , sur les mceurs, sur la richesse , sur la population, sur la tranquiliite du pays conquis, et sur son propre caraclere; que nous rechercherons plus tard quelle fnt I'influence d'un clerge qui succeda presqu'a tons les droits con- quis par I'epee, et ce que devinrent entre ses mains la religion et la morale, commele boniicur du peuj)lequ'ilgouverna. Nous voudronscnsuite sa voir quel fut le sort de I'humanile quandla nation ne se composa plus que d'un petit nombre de proprie- taires qui s'etaient partage le terriloire de cette belle France T. x^viii. — Deceinbie iHaS. k'j 758 SCIENCES MORA.LES. coiiinie un patrimoine privc , et pour qui I'Aiijoii , ou le Poitou n'etait qii'une gfaiido ffi'mo, que le seigneur cultivait a sou pro- fit, avec un certain nombre de boeufs ou d'e.sclaves. JNous vou- drons savoir comment I'abus du pouvoir put etouffer com- pletenient la valcur antique; et si, a uneepoque honteuse , uti ecrivain sujet des Carlovingiens convint que ses conipatriotes etaientdevenus les plus laches des liommes,loin de supprimer son temoignage , nous nous empresserons de le recueillir pour connaure aussi les causes d'un si etrange changement. Lorsque la valeur nalionale se reveilla, nous voudrons savoir quelle en fut la cause ; quelles furent les consequences de ces guerres privees qui eclataient a la fois dans toutes les parties de la France, et si la feodalite du xi= siecle fit renaitre quelques vertus; nous \oudrons savoir a quel prix elles furent acliefees... Plus tard enfin, la tyrannic des grands dans Icurs provinces, et leur chute successive, la misere des paysans, lours revokes et leurs fureurs , l'im])rudence des guerres etrangeres et leurs revers , I'incapacite des rois et ses consequences, la corruption de la religion nationale , et les convulsions qu'occasionerent les efforts faits pour la reformer, enfin lanaissance du despo- tisme, ses rapides progres , rhouorable resistance de quelques corps qui defendaient les restes d'une liberte toujours reclamee et jamais connue; I'avilissement de ceux qui se disaient toujours chevaliers, lorsqu'ils n'etaient plus que valets ou courtisans , sont les choses qu'il nous importe de connaitre, qu'il nous im- porte de bien etudier, plutot que des hauls faits de guert-e ; car, pour ceux-ci, toutes les nations barbares et civilisees , libres et asservics, conquerantes et conquises, ont pu , a une epoque quelconque de leur histoire , les reproduire ct les egaler. » Voila deux pages qui font connaitre I'esprit dc vingt-quatre volumes(i); c'est pour cela quej'ai dules transcrirc. Si, comme (i) C'est I'etendue que doit avoir tout I'ouvrage. ET POLITIQUES. 75c) tout semble rannoncer, le resle de ce grand travail repond aiix trois premieres parties, k-s seiiles que j'aie encore lues , M. de Sismondi aura execute, pour la France , ce qu'd avait deja fait pour I'ltalie. II commence par nous donner un precis des evenemens dont les Gaules furent le thealre avant I'invasion des Barbares , au ve siecle. J'avertis qu'on ne doit point s'attendre a y trouver ricn qui resscmble a une histoire des Cejtes : I'auteur regarde cette histoire comme entierement distincte de celle des Fran- cais ; et il a, suivant moi , completement raison. Les reunir, ou plutot les accoler I'une a I'autre, sorait rompre I'unile dte la composition, et faire, sur deux sujets differcns, un seul ou- vrage , sous un seul titre. L'histoire de la Celtique, et mcme celle des Gaules sous I'administration romaine , doit etre trai- tee a part : elle I'a etc plusieius fois dans notre langue ; elle ■vient de I'etre encore de nos jours. M. Laveaux I'a ecrite en trois volumes , sous ce titre : Histoire des premiers peuples lihres qui ont habite la France (Paris, J 798 ), et M. Picot, de Geneve, sous celui A' Histoire des Gaulois ( Geneve 1804. 3 vol. in-8" ). Ces deux ouvrages abondent en details ; lenrs auteurs ont rassemble et parfois meme cntasse tout ce que les anciensnous ont transmis de fails et de conjectures. PoiirM. de .Sismondi, apres une legere esquisse des moeurs et du gouver- nement des Ceites avant la conquete, il arrive rapidement a la fin du premier siecle de I'ere chretienne, epoque oii finit aussi l'histoire desGaidois, comme nation indepeudante. Les Gaules ne furent plus, durant quatre siecles, qu'une province de I'em- pire romain. Mais ce long intervalle de sujetion parait a notre historien tres-irnportant a connattre. En effet, ce fut alors que se formerent des habitudes publiques, que s'eleverent desins- titutions dont plusieurs s'allererent sans doute, mais se main- tinrentlong-temsencoresousla domination des Francs. Cepen- dant , M. de Sismondi ne croit pas plus devoir ecrire l'histoire 760 SCIENCES iMORU.ES. des Gaiiles romaiuesquecellede la Celtique. Coinaie il Tobsfrve fort bien , iine province sournise h un grand empire n'ti pro- pretnent point d'hisloirc. « Sa voloDte, si elle en a line, est presque saus influence sur ses actions : ci; n'est pas en elle que les evenemens naissent et s'accomplissent ; mais, tantot elle ressent les effctsde causes qui lui sontabsolument etranj^eres; tantot on voil se former chcz elle le germe dc revolutions qui vont ensuite eclater an loin. II nous suffira done, poursuit I'auteur, d'indiquer sommairement les principaux faits de I'his- toire romaine dont la Gaule fut le theatre pendant cette pc- riode. » Ce dernier trait, plein de justesse, est surlout dignede remarque, en ce qu'il renferme dans line seule expression (/f.v faits de Vhistoire romaine) , une reponse peremptoire a qui- conque pourrait dcsirer dans cette partie de I'ouvraj^'e plus de developpeinens. Ce n'est qn'un sommaire,en effet, et un som- maire tres-rapide, mais d'autant plus suffisant pour rinteili ■ gence de ce qui va suivre, que la narration , presque toujours nette et facile a retcnir, presente avec une clarte particuliere, et met, pour ainsi dire, en saillie chacun des evenemens qui vienJront, plus tard, se ratJacher par une liaison plus intime, a I'histoire des Francais. Tels sont, par exemple, le premier debordement des nations germaniques, qui franehissent la bar- riere du Rhin, en a53; la formation de la ligue des Francs, leur etablissement dans la Toxandrie, etc. Tout cela est fort bien indique ; et je ne \ois pas qu'on puisse regretter I'omis- sion d'aucuu fait, ni meme d'aucune notion qui put eire d'aric importance reelle. Mais, quel que suit nion desir de ne point interrompre cette analyse par les scrupules d'une erudition chicaniere, je demanderai qu'on me uermette d'elever ici quel- ques doutessur un point qui, a mes yeux, n'est pas depour\ 11 de tout inteiet. M. de Sismondi accorde bien pen a linfluence des Marseil- lais, c'eit-a-dir<' des Phocecns, sur les progres des riaiinns ET POUT ioUES. 7C1 Cfltiqiiesdaos la civilisation, t-t meme dans I'agriciiltuie. lis n'y out contribut-, suivaiil lui, que d'lifte maniere a prine per- ccptiUe: ce sont ses termes , dans son premier chapitre; <-t dans le chapitre suivant, il fait honneur aux Romains de I'in- troduction de la vlgne dans les Gaules. Quelques anciens, an contraire(cntre autres Justin, sijc ne me trompe ), ont at- tribue a la colonie grecque de Marseille les premieres lecons d'agriculture donnees aux peuplades indigenes : suivant cux , ce fiirenl les Grecs, ou les descendans des Grecs, qui leur ap- prirenl a tailler la vigne et a cueillir I'olive. Or, s'il etait vrai qu'avant cette epoque les Celles eussent vecii principalement de leur cbasse, ou meme de leurs troupeaux; si, a I'exemple de Icurs nouveaux voisins, ils s'etaient adonnes seulement alorS , A'unc maniere suhie , a la culture des champs, ce qu'au reste jc suis loin de savoir ; nul doute, en ce cas, qu'il ne fallat rap- porter a cet heireux voisinage leurs premiers pas dans la car- riere de la veritable civilisation. De la culture nait la propriete. Aussi long-terns que les fruits sont a tous, et que la terre n'est a personne{i), I'homme n'a besoin que des armes; c'est par les armes qu'il vit(2) : cllesluiconservent ses seulcspreprietes, ou plutot la propriete commune de sa peuplade, j'entends le sol qui la porte et le gibier que ce sol nourrit. Aprcs I'ctablis- sement de la propriete civile, les hommes ne peuvcnt plus vivre sans lois. Telle a ele parlout I'origine des gouvernemens reguliers. Au reste, tous ces changemens ne durenl giiere s'm- troduire parmi les Celtcs Saliens, et les autres tribus voisines de Marseille (3) que vers I'epoque ou cette republique fonda (l) Discours sur les fondemens de I'inegaUte. (2)De la. peut-dtre, I'expression farailiere a quelques historiens : ,uVer^ arm/., qu'il ne laudrait pas loujours rendre par les mots n,i^-re de b,ui„,AoM la signification est infiniment plus restieinte. (3) Maz-SaVa, dont les Romains Creut MasuHa. ■jQ'^ SCIENCES MORALES SOS premieres colonics, c'esl-a-dire environ deux sioclcs apres son c^'lablissemeut. Or, si i'on place col etablisseniont aprrs la prise do Sardes (i), ce Sera , aii plus, trois siecles et dcmi . avaut I'ere vulgaire que les Ccltes, instriiits par leurs relations avecles Grecs de Marseille, en aurojit recu, de proche en proche, une impulsion, marquee par de grands progres dans leur existence socialc, et surtout dans Icur agriculture. Ccs progres , h;ites ensuite par la conqnete des Remains, seront devenus bien rapides, puisque ,malgre les repugnances de ces peuples, long-tems avides des hasards de la guerre, et plus faits pour la fatigue des combats que pour le labeur des champs (2) , dans I'espace de trois cents a trois cent cinqiiaute annees, c'est-a-dire sous les premiers empercurs, il n'y avail plus dans les Gaules un seal coin de terre oisive, commo s'ex- prime Strabon, si I'on cxcepte des mnrais el des boisimpene- trahles (3); puisque enfin on y trouvait des contrees telles que la Narbonnaise, qui, pour la peindre d'un mot, dit Pline, est (i) 557 ans avant J.-C. Les preuves soiit dans Herodote. On les trouve reunies dans le Supplement a V Herodote de Latcher , dont I'au- teur (Volney), me parait avoir fixe enfin ce point de critique. On sait que Tabbe Barthelemy placait encore la prise de Sardes dans la seconde annee de la Sg" olympiade , 54^ ans avant notre 6re. M. de Sismondi rapporte la fondation de Marseille a I'annee 69 1 (toujoursavanl J.-C.) ; niais j'ignore lesraisons qui lui out fait adopter cette date. (2) Toute leur histoire le prouve ; et Ton a pu dire long-tems du Gaulois ce que Tacite disait du Germain : nil regafde comnie lion- teux d'acquerir a la sueur de son front ce qui pent ne coiiter que du sang. u (3) Nihil in ea otiosum est nisi qua paludes aut sylvcB obstant. On pour- rait cependant ajouter, par apostille, que ces marais et ces bois cou- vraient encore alors une tres-grande partie de la surface des Gaules. ET POLITIQUES. 76:^ moiris une province rotnaine qu'une seconde Italic (1). Certes , un tel developpement d'iiulustiie se concoit malaisement coimne iiiie chose si rccente; et la course iles Gaulois dans la loute toujoiirs lenie de la civilisation tient du prodige par sa vitesse, s'il fatit eu borner !e point de depart a I'epoque ofi finit leur indepcndance, et Tinipulsion an vainqueur qui les jeta dans lesfers! J'avoueque, descendupeut-etred'un deces malheureux Gaulois, j'aiinerais a me tigurer que nous avonseu quelques obli- gations particulieres a ces Grecs , plus durement encore et plus long-temsopprimes, qui ont fait tant de bien a I'Europe, et dontles descendans auraient si grand besoin et merileraient si bien que I'Europe le leur reiidit. Cette apparente prosperite des Gaules, sous le regne des empereurs , ne fait point illusion a M. de Sismondi;et, dans le chapiire siiivant, ilia caracterise d'un trait qui merile qu'on s'y arrete : « On ponrrait, dit-il , comparer les Gaules aux provinces eloignees de I'empire de Rnssie, ou Ton trouve quel- ques families de princes qui participenl a la plus haute civilisa- tion europeenne , quelques villes qui connaissent tons les arts (3) Agrorum cullii (ajoute-t-il, livre III, ch. 4) > virorum mo- rumqiie dignalione,ainpUtudine 0[ium, Sur cette culture des cliamps , sur les productions du pays , depuls les huitres et les-carottes jusqu'aux arbres d'oriiemens; sur ces richesses, sur leurs sources tant agricoles qu'iadustrielles et commerciales, depuis les etoffespeintes, et les lin- gots d'or et d'argent , jusqu'aux fromages de Nismes , alors si re- cherclies , si celebres dans Rome , on pent consulter I'ouvrage de Pline, livre v/ii, cli. 48- ; I'v- xi , ch. 42 ; liv. xii, ch. i et 12; liv.xiv, ch. I , 3 , 3 , 6 et 9; liv. xv, ch. 12 ; liv. xvi, ch. 8 ; liv. xvir , ch. 8 ; liv. XVIII , ch. 1 , 2 et 7 ; liv. xix , ch. i et 5i ; liv. xxii, ch. a ; liv. XXV , ch. 6 et 7 ; liv. xxviii , ch. 12; liv. xxxi , ch. 8 ; liv. xxxii , ch. fi et 12.; liv. xxxiii, ch. 4 et 12; liv. xxxiv, ch. 2 et 17; liv. xxxvi, ch. 26. On peut voir aussi le 4^ livre de Strahon, et Poni- pouius Mela, 3' livre. 764 SCIENCES MORALES. et lout le luxe de la France ; tandis que les caiiiijagiies sont es- cla\es, et (jii'a de certaincs upoqiies dies sont exposees aux ravages des Tatares. De nieme, dans les Gaiiles , on trouvait quelques centaines dc families a ffiliees au senat de Rome, et Hont le patrimoine ooiivrait des provinces entieres ; on Irou- vait cent quinze cites ou le commerce et les arts avaient forme ime sorle de bourgeoisie ; mais la terre n'etait ciiltivec que par des mains serviles, et la grande masse de la population ne par- licipait pas plus aux progres de I'art social que si les druides n'avaient jamais ete chasses de leurs bois sacres.» Oujcm'a- buse, ou Ton retrouve ici quelque chose de cet art si familier a Montesquieu, de mettrc a la portce de nos regards les terns et les choses antiques , en les placant a cote , ct pour ainsi dire sous la lumiere des choses de noire tems. A'coup sur,un tel rapprochement porte a I'esprit une idee plus nette, et laisse dans le souvenir une trace plus profonde que ne ferait la des- cription la plus exacte et la plus riclie en details. C'est a de pareils traits que se font reconnaitre lesesprits dont la pensee, faile pour decouvrir et embrasser nn vaste horizon , a besoin de reunir I'elevation et I't'tcndue. Dans cc meme chapiire, intitule : Etatdes Gaules sous la do- mination romaine au iv^ siec/e , apres avoir retrace (autantdu moius que peut le perraetlre Tinsuffisance des documens sur (juelques parties } la position sociale des diverses classes d'hommes qui peuplaient alors la Province ; apres avoir ana- lyse I'administration civile, I'organisation militaire, etsurtout, et parfaitement, bien expose la nature, les differens modes de repartition ct laquotite des impots, Tauteur, dont le coup d'oeil sur et profond nous a constamment fait apercevoir, malgre le voile d'un eclat trompeur, les miseres toujours croissantes de la servitude, finit par nous montrcr les habifans des (laules disparaissant sons la faux du drspolismc , plus rapidemeiit qu'ils n'avaient \'.\\[ dovant Trpee de (^'-sar. II altriliiir, p;v< ET POLITIQLES. 760 dessus tout,ceUe effrayanto depopulation <\ raccroisseinent du nombre des esclaves, devpnu par degres prodigieiix. « Nous voyons dans les Antilles, obscrve-t-il a ce sujet, qn'il nc faut que quinze ans a des maitres chrctiens pour detruire toute unc population servile qui n'est point renouvclee par la traite.» — On a nie cetto assertion, et Ton a eu tort; elle n'est que tropfondeeen preuves. Robertson, apress'etre procure chez toutes les nations qui out eu un commerce maritime et des co- lonies, les renseignemens les plus aulhentiques, les memoires les plus complets et les plus exacts, evalue a cinquante - huit mille le nombre des Noirs importes, chaque annee, dans les >jles; etje trouve dans un livrc dont I'auteur inerite d'antant plus de croyance sur ce point qu'il a eu autrefois le malheur de commander des vaissoaux negriers, le paragraphe qu'on va lire : « A compter depiiis cinqnanle ans , la somme des impor- tations et des naissances a Saint-Domingiie s'eleve, suivant mes recherches,adeux millions deux cent mille teles. La colonie n'ctait pas estimee , au commencement de la guerre actuelle(i), cont''nir plus de sept cent mille persormes de toutes couleurs. II resfe done un million cinq cent mille individus de perdus. Qu'on y ajoufe le million detrnit par les Espagnols; voila deja deux millions et demi d'liommcs, dans une senleile, sacrifies a I'usage du sucrect du cafe I » Revenons a I'esclavage doniestique considere comme cause principale de la depopulation des Ganlcs. Loin que M. Sis- mondi exagere, je trouve qu'il pourrait allcr bcaucoup plus loin. Si c'etait ici le lieu, je prouverais que I'esclavage, et la reunion progressive de toutes les proprietes en un petit nombre d'imjTienses domaines , suite necessaire de I'esclavage, n'ont pas seulemcnt entraine !a mine de telle on telle nation, mais precipite, d'nne chute anssi complete que rapidc, tout le bril- (1) Le livre est de 1801. 766 SCIENCES MORALES laiit edifice de I'ordre social chez les ancicns, et detruit jus- qu'aux foiulemens lour systcme deciviiisalinn.il s'est ecroiilc avec rempirc dcs Romains, couinie avec \euv icpublique avail deja dispani dii monde civilise toutc liberie p()litii|iie ; et ces deux grandes destructions out eu lieu par Taction directe,ou par I'influence d'une memo cause. Des le tems de leur veritablt; grandeur, et avant qu'ils eus- sent pris le sobriquet de peuple-roi, les Romains ne connais- saient que deux instrumens de travail et de fortune, I'epee et la charrue. Le prejuge qui fletrissait tons les arts industriels comme etant des occupations serviles , ne leur laissait d'autre moyen d'existence que la guerre et le labourage. Quand pres- que toutes les terres,de venues le patrimoine des grands, furent cultivees par leurs esclaves, il ne resta plus au peuple qu'a vendre ses suffrages dans les cornices , a vivre de bassesses, ou a raourir de faim (ij. Il n'y avail \>omtde taxe des pamres, et les grands faisaient des distributions de ble. Cet etat de choses, a peu pres inconnu a tous les peuples modernes, parce qu'il n'y a plus chez les Chretiens du continent d'escla- vage domestique, en etait venu a un tel exces qu'i I'epoque ou Ciceron ecrivait son livre des Det//e sous le titre d' Ams- terdam; 1785, 2 vol. in-12. Les reflexions de Wagniere sur cet ouvrage sont ecrites dans le meme but que les precedentes, et offrent les memes avantages. 5° Memoires de S.-G. Longchamp , depuis environ 1745 ii753. T. xxviit. — Decembre i8a5. 5o 774 LITTfiRATURE. Cette partie de I'ouvrage n'est pas la moins curieiise; elle se rapporte a une epoqiie fort interessante dc la vie de Vol- taire, celle de ses voyages a Cirey, ct a la coiir du roi Sta- nislas, a Luneville. On le suit avec plaisir dans ses relations avec M™" du Chatelet; on se plait a le voir, dans cet interienr, entoure de tout ce que I'Europe possedait de plus distingue. Une foule d'anecdotes piquantes et inconnues jusqu'ici ajoutent encore au charme de cette lecture. Ce qu'il y a de certain, c'cst qu'apres avoir In, dans ses de- tails les plus intiines, la vie privee de Voltaire, ecrite par deux individus qui lui out ete attaches, I'un pendant vingt-cinq ans [fVagniere], I'autre pendant environ six ou sept ans, il est impossible de ne pas rendre justice au caractere de cethomme, qui eut plus d'emportement que de haine, plus de vivacite que de fiel , qui revenait promptement et sans garder de ran- cune; qui jamais ne nuisit de propos delibere, et ne fit de mal que pour se defendre. Malgre les tracasseries sans nombre auxquelles il fut en butte, sa gaite, sa philosophic, ne I'aban- donnerent pas un instant. II put se tromper comme penseur; mais jamais il n'eut I'intention de tromper. II eut des pas- sions vives, violentes, mais point de calculs bas et interes- ses. Il ecrivit sous une inspiration qu'on pent bien ne pas approuver ; mais il ecrivit toujours avec sincerite. Telle est du moins la maniere dont ses actions m'ont explique ses ouvrages. 6" Ces Memoires sont termines par un recueil d'ecrits inedits de la marquise du Chatelet, du president Renault, Piron, Darnaud, Tliiriot, etc., tous relatifs a Voltaire. Espe- rons que ces pieces diverses, meditees avec soin , auront fourni de nouve.nux materiaux et de precieux rapprochemens pour une edition de Voltaire, que Ton prepare avec soin de'puis long-tems, edition qui doit etre la derniere de toules, ou du moins la plus complete, ct qu'attendent depuis long- LlTTKllATURE. 77 i terns les veritables connaisseurs, surtout ceux qui attachent encore qiielque prix a la conscience et a I'erudition d'un editeur (i). Dtjgas-Montbei.. OEuvRES COMPLETES iii Alexandre Duval, memhre de i'lnstitut, Academie francaise (2). SECOND ET DERNIER ARTICLE. (Voy. \e premier article , Rev. Enc,, t. xxir, page6il — 624.) Nous acquittons une dette deja bien ancienne, unedette de- puis long-terns oubliee , sinon de nous , du moins peut-etre de nos lecteurs, et probableraeut aussi de I'ecrivain celebre a qui nous avions proniis de consacrer un second article, dontsa gloire n'avait sans doute aucun besoin. Nous avons, sans le vou- loir, et seulement par negligence, traite M. Alexandre Duval, comme le traitait volontairement , et par d'autres motifs, le tri- bunal de la censure dramarique. On assure aujourd'hui que les (i) Get editeur est M. Bkochot , qui apporte a la redaction de la Bibliographie de la France , ou Journal general de I'imprimerie et de la lihrairie , qu'il dirige depuis quatorze ans, un talent et des lumi^res qu'ou serait tente, au premier abord , de regarder comme superflus dans ua pareil travail. En effet, s'il se bornait a transcrire le titre des livres, ce ne ne serait qu'une aride et fastidieuse nomenclature; mais , apr^s avoir donne tres-fldelement le titre d'lin ouvrage et toutes les indications qui s'y rapportent, il ajoute des renseigne- mens, tant6t dans I'interdt des auteurs, tantot dans celui des lec- teurs, que ses notes premunissent souvent contre le charlatanisme de certains editeurs. (Voy. ci-apr6s, au Bulletin bibliographiqiie , sec- tion des Outrages periodiques , d'autres details relatifs a cc journ.Tl , pour lequel on vient d'adopter un nouveau mode de publication. ) (2) Paris, 1822-189.3 ; Barbn ; 9 vol. in-S"; prix 63 fr. 776 LlTTfiRATURE. juges trop severes qui ont si loug-teras ferme I'acces tie la scene h ses nouvelles productions, se I.issent euQn de leurs ri- gneurs; c'est une raison de nous hater et de ne j)oint nous laissei- prevenir par la clomence de la censure. Tandis que le public de notre premier theatre attend encore le Cotnplot de Fainille , I' OrnWur anglais et la Piinctssc des Ursins , qui doit, dit-on,etre rclevce la premiere de I'interdiction dramalique, nous ouvrons de nouvealT a ces compositions, ainsi qu'a leurs ainees, notre recueil litteraire oii leiir luerite lour assigne une place parmi les productions dislingueos de I'epoque. Sur quarante-neuf ouvrages, conipris dans la collection que nous annoncons, et qui presque tous portent I'empreinte par- ticuliere a leur auteur, d'une composition vive et rapide, il en est bien peu qui n'aient reussi; et beaucoup n'ont point cesse de paraitre sur les deux scenes francaises et au theatre de rOpera comique. Pour commencer par ces productions dont le succes se par- tage entre le poete et le musicien , et qui, par consequent, ne doivent etre mises qu'au second rang parmi les titres de gloire de leur auteur, la disposition ingenieuse de la fable , le mouve- ment nalurel et facile des scenes, la vivacite spiriluelle du dia- logue, ont, independamuient ducharmc attache a la musiqiie de Daleyrac et de Delia-Maria, manitenu jusqu'a present, et sans interruption , sur la scene lyrique deux ouvrages de M. Duval, que devraieut avoir user, depuis long-temslesapplaudlssemens du public; jc veux parler des charmans operas duPrisonnieret de Maison a vendre. La vogue de ces ouvrages a ete telle, qu'elle a fatigue leur auteur lui-mume, iui|)0rtune des'enteudre sans cesse designer conime Vaimahle auteur dc ces productions, auxquelles il preferait , avec justice , dans sa penseo, des com- positions d'un genre plus grave, d'un ordre plus releve. On con^oit , en effet, cetle delicalesse du talent , que blcsse une ad- niiialion iiuliscrele; quaud on aspire a etre compte parmi les LlTTfittATLKF.. 777 succcsseurs tie Moliere etde Reynard, on a quelque raison sans doutede dedaigner I'heritage desFavart et des Marmontel. Pas- sons done rapidement sur ces ouviagcs, que leiii" auteur regarde lui-meme comme le delassement et la distraction de travaux j)lusserieux. Ajoiitons-y cependant, pour etfe fideleshistoriens des succes si varies de M. Alexandre Duval, la jolie piece du Trenteet Qtfar«/?te,qii'on verrait encore representer, si I'un des principaux personnages de cet opera n'avait perdu, par la re- traite d'un acteur qui n'a pas ete remplace, le dernier inler- prete qu'il put trouver sur notre scene. Le role que jouait si agreabltmeut Elleviou n'existe plus, ni an theatre, ni dans le monde; nous avons perdu la copie, apres avoir vu disparaitre le modele; les aimables mauvais sujets qui brillaient dans la societe, sous le Directoire et le Consulat, sont dejaaussi loinde nous que les roues de la Regence, ou les marquis Turlupins du siecle de Louis XIV. La comedie vieiliit aussi vile que les moeurs; et les productions les plus frivoles deviennent, aubout de quelques annees, des iBonumens historiqucs oii Ton pent rechercher la trace des revolutions de la societe. M. Duval a compose , pour le theatre de I'Opera-Comique , plusieurs autres ouvrages, ou se rctrouve, dans un degre iu- ferieur, le merite qui distingue les trois que nous venons de rappeler ; ce sont, pour la plupart, des comedies fort amu- santes, des drames pleins d'interet, des pieces vivementintri- guees, dialoguecs spiiituellement, et qui offrent a la musique , au milieu du developpement anime des situations et de la suc- cession rapide des scenes, des momens de repos adroitement menages, qui lui permettent de continuer I'ceuvre de I't'cri- vain, et d'exprimer a son tour le sentiment et la passion. Peu d'auteurs ont mieux su que M. Duval faire a la musique la part dont elle se contente sur notre seconde scene lyrique , et qui, d'apres les nouveaux developpemens de I'art, ne suffira bieiitot plus a son ambition. Cette habilete est surtout sensibly 778 L1TT£RATUUE. dans deux compositions du genre serieux, Beniows/ii et Jo- seph, qui ont offert au genie de Boyeldieu et de Mehul la ma- tiere de deux chefs - d'oeuvre lyriqucs. Ce sont des canevas dramatiques , fort artistement construits , ou se trouvcnt pre- parees pour le compositeur des situations pleines d'un interet musical. Peut-etre, dans ces ouvrages qui remuent fortement le coeur et excitent vivenient lacuriosite,lelangage n'est-il pa^ aussi eleve que semblaitle demander la nature des sentimens qui y sont exprimes. Le sujet Ae Joseph appelait naturellennent la poesie; la prose n'y atteint point; il est a regretter que, re- duit a le porter sur une scene secondaire, M. Duval , lui ait fait perdre quelque chose de cette dignite, qu'il lui eut faci- lement conservee sur une scene plus rclevee, ou il I'aurait entoure de toutes les seductions de la forme poetique , et en meme terns de tous les prestiges de la representation. Mais il est tems de suivre M. Alexandre Duval dans la car- riereoiiilamarche seul,et oil sesheureux efforts lui ont merite une gloire plus personnelle et plus entiere. Il a compose, pour nos deux theatres francais,et meme pour des theatres inferieurs, un grand nombre d'ouvrages oil son talent brille encore plus que dans les productions dont il vient d'etre question , parce que la rapidite de sa raarche, la vivacite de son allure n'y est pas ralentie et contraiute par le mouvement plus tranquille et plus lent de I'expression musicale. Ce talent remarquable de composition, qui est le trait distinctif de son merite dramatique, etque nousavons cherche a definir dans notre premier article, consiste surtout dansl'art d'eveiller la curiosite du spectateur, dele tenir continuellement dans I'attente, d'exciter de plus eu plus son interct et sa surprise, de le conduire, ou plutot de I'entrainer , k travers la variete des incidens et des impressions, jusqu'a un denouement long-tems desire et adroitement sus- pendu. Presque toutes les productions de M. Duval sont le fruit d'une conception vive; on s'en apercoit a I'interet tou- LITTERATURE. 779 jours croissant des situations, a Tenchainement des scenes, au niouvement du dialogue, a la chaleur du sentiment, a la force de la pensee, a la verve de I'expression; et, il faut bien le dire aussi pour etre completement juste, h une execution quelque- fois imparfaite, k une louche tout ensemble bardie et negligee, comme doit etre celle d'un peintre qui donne plus a I'effet de I'ensemble qu'au soin curieux des details. Tel est, en general, le caractere de ces compositions dont nous n'essaierons pasl'a- nalyse , que nos lecteurs , aides de leurs souvenirs, feront aisc- ment dans leur pensee. Quel est I'ami de I'art dramatique qui ne conserve pas I'idee encore presente des Heritiers et des Frojets de mariage , ouvrages charraans que Ton doit mettreau premier rang de nos petites comedies; et, parmi les pieces d'un ordre superieur qui ont pris possession de notre scene comique, de la Fille d'honneur, de la Manie des grandeurs , du Chevalier d' Industrie , surtout du Tyran domestique , re- garde comme le chef-d'oeuvre de I'auteur ? Nous n'avons pas compris dans cette enumeration plusieurs ouvrages de M. Duval qui ne jouissent pjfs d'une reputation moins meritee , d'un succes moins general et moins populaire. II nous a semble convenable d'en faire une mention separee. Le genre auquel ils appartiennent est assez nouveau parmi nous; et nous faisons des voeux pour qu'il s'y etablisse, parce qu'il pent offrir une mine feconde au talent dramatique dont la matiere s'epuise de jour en jour : Nous voulons parler du drame et de la comedie historiques. S'il est vrai, comme on le pense assez generalement, que les situations et les caracteres fournis jusqu'ici a notre theatre soit tragique, soil comique, par I'etude abstraite de la nature humaine et de la societe , ne laisseut plus rien d'absolument nouveau a observer et a pein- dre , I'histoire seule pent rajeunir les trails d'un modele use , en les remplacant par cette empreinte individuelle que don- nent ses recits aux passions et aux ridicules. Nous avons des -So LITTERATLRE. peiatures ideales, veritablement aHmirables, de ramour, de la jalousie, de rambition, de la vengeance, de I'hypocrisie , do I'avaricc, de tous les sentimens, de tons les travers que rccele lecoeurde rhomme. Depiiis long-tems , on nefaitgiiere autre chose que les repeter dans des copies succcssives ou elles s'effacent et palissent. 11 est tems que I'imagination de nos au- teurs dramatiques se renouvellea I'ecole de I'histoire, quileur montrera, a la place de ces combinaisons uuiformes ou ils sont relenus comme captifs, des accidens toujonrs nouveaux, et en meme tems, sous cette perpetiielle inconstance de formes que donne a la nature humaine ia diversite des lieux et des tems , les inalterables traits qui la constituent. Rien n'est plus propre a encourager I'audace de ceux qui voudraient s'enga- ger dans cette route encore pen frequentee, que les traces qu'y a laissecs M. Alexandre Duval. II s'est souvent exerce , et pres- que toujours avec succes , dans le drame el la coniedie liisto- riques; et tout le monde nommera avec nous, parmi ses plus heuieuses productions dans ce genre de compositions, Edouard tn Ecosse , la Jeunesse tV Henri V , la J eunense. de Richelieu , Shakespear amoureux , le Menuisier de Livonie , et meme le Faux Stanit^as, piece d'imagination , dout toutefois la princi- pale donnee est due a i'histoire. Uu des caracteres qui distinguent le theatre de M. Alexandre Duval, c'est la variete singuliere des genres qu'il a traites. II y en a peu ou il n'ait recueilli qiielqne gloire, et aucun ou il ne se soil du moins essaye. Outre ses compositions historiques dont il vient d'etre question, sespetites pieces d'inlrigne, ses conaedies de cai'acteres, ses drames, ses operas comicjues, le reciicil de ses oeuvres nous olfre encore une fragedie, tribut que sa jeunesse a ]>aye, comme celle de plus d'un auteur co- mique, a Melpomene; un grand opera; plusieurs de ces ou- vrages dont I'interet se fonde sur la complication des incidens, sur la multi|ilicilc des aventures, el auxquels il n'a pas dedai- LlTTfiRATURK. -jSi gne de donner le nom aujourd'hui si decrie de rnelodrame. II le ponvait, du reste , sans compromettre en rien uae gloire dramatique si bien etablie; et celui qui, dans le Retour^du croise , ce chef-d'oeuvre de parodie, a fait rire silong-t. nis et de si bon coeur tout Paris aux depens des dramaturges de nos boulevards, ne devait pas craindre tie leur donner une nou- velle Iccon, en leur montrant, par des exemples a leur portee, que la raison et I'interet ne sont pas des choses incompatibles, et qu'il n'estpas absolument impossible de faire un rnelodrame qui ne soit pas absui'de. Puisque j'ai rappele le Retour du croise, je neveux point oublier une petite piece que Ton revoit encore quelquefois reparaitre dans les jours consacres plus speciale- ment a la gaiete , et,a laquelle convient parfaitement le titre de folie que lui a donne I'auteur , c'est la TapUserie. Quoique M, Alexandre Duval ait compose plusieurs ou- vrages tres-divertissans, que sou dialogue soit souvent aussi gai que vif et spirituel , on pent dire cependant que ce qui do- mine chez lui, et surtout dans ses grandes compositions , c'est I'interet, et quelquefois le pathctique. La plupart, apres avoir commence par la critique piquanteet ingenieuse du viceet du ridicule, finissent par I'expression touchante du sentiment et de la passion : le drame y succede prcsqne toujours a la co- medie. C'est, au reste, un fait que je constate, et non un re- proche que j'adresse a I'auteur. Sans confondre des genres , que Tart distingue aussi bien que la nature, on pent bien eten- dre un peu les limites etroites dans lesquelles des critiques peut-etre trop timides voudraient les retenir, et M. Alexandre Duval a pour lui les exemples de Destonches et meme de Mo- liere, qui, dans le denoument du Glorieux et du Tartufe , n ont pas craint de rembrunir leur ceuvre comique par une expression plusserieuse. Les nouvelles comedies deM. Alexan- dre Duval, celles qu'il a inserees dans le dernier volume de son recueil, et qu'il a exposees au froid jugement du cabinet en 7«i LITTEHATURE. attendant qu'onleur laisse subir I'epreuve plus vive, plus po- rilleuse , et en ineine terns plus sure de la representation , offrent la confirmation de ce que nous venons d'avancer sur la marcbe ordinaire de ses compositions. La gaiete n'y manque pas ; mais le pathetique s'y mele; deux d'entre elles particulie - rement, le Complot defamille et t Orateur anglais , renferment des situations qui appartiennent plutot au drame qu'a la co- medie. Je ne leur refuserais cependant pas ce dernier litre, qui couvient a tout ouvrage dont I'intention principale est la satire des mceurs. Dans la premiere de ces deux pieces , cette satire s'exerce d'une maniere, pour ainsi dire, retroactive; ce ne sont pas nos ridicules d'aujourd'hui , mais ceux que nous avions en 1778 que I'auteur a pretendu faire ressortir; la piece prend ainsi une sorle de caraclere historique, qu'aucun auteur de comedie n'avait encore, que je sache, cherche adonner k ses ceuvrcs. Peut-etre la censure du passe paraitrait-elle moins vive sur la scene que celle du present. II est vrai quece passe- la n'est pas encore bien eloigne , qu'il vit encore dans les re- grets des uns, dans les craiutes des autres, qu'il pent, pour quelques imaginations, passer prcsque pour du present ; et c'est probablement ce qui aura effarouche une censure trop timide a mon gre, et qu'aurait du rassurer la moderation fort remar- quable que garde toujours I'auteur. J'en dirai autant de I'Ora- teur anglais , oil M. Duval a voulu exprimer I'idee qu'il se forme d'un bon depute, d'un liomme qui ne met son talent qu'au service de sa conscience etdece qui lui semble la verite. Ce portrait n'a rien d'offensant que pour ceux qui ne s'y re- connailraient pas, et qui ne meriteut guere qu'onleur epargne une mortification quileurest bien due. Si ces deux comedies, qui pre.sentent, onnepeutle uier, iiu rapport direct aveclesidees et menie les passions du moment, pouvaient paraitre sur la scene , a plus forte raison a-t-on pousse trop loin la prudence en defendant si long-tems la representation de la Princesse des LITT^RATURE. 783 Ursinx. Cette comedie offre le tableau, vrai en tout tems, mais tjniparcela meme ne pout offrir d'applicalion personnelle et offensante, de la bassesse des flatteurs et de I'inconstance des courtisans. Cast la de la morale generale, comrae on en trouve dans Massillon, dans La Bruyere, et qui n'est pas sans doute plus deplacee au theatre que dans un li vre ou dans un sermon. Da reste, il est a croire qu'on ne sera pas longtenis sans jouir de cet ouvrage, qui semble denature a obtenir beaucoup de suc- ces. La maniere ingenieuse dontl'auteur a peint les mouvemens divers d'une cour qui se presse autour de la favorite toute puis- sante, ou s'en eloigne avec la puissance et la faveur; les traits divers dont il a marque dans un assez grand nombre de per- sonnages parfaitement concus , un seul et meme vice ; le role noble et interessant que joue dans cette intrigue espagnole le Francais Destouches, poete diplomate, acteur et observateur tout ensemble au milieu de cette comedie du monde qu'il se propose de traduire un jour sur la scenej tous ces merites, que nous ne faisons qu'indiquer, nous permettent d'annoncer, sans crainte d'etre dementis par I'evenement, un succesqui dedom- raagera I'auteuretle public d'une trop longue attente. Depuisque la collection dont nous rendonscompte a paru, I'auteur a compose, sur la charmante nouvelle d.'Ourif>a, une piece qui devait etre representee au Theatre-Fran9ais; mais qui, par suite de cette fatalile attachee aux dernieres produc- tions de I'auteur, en a ete egalement ecartee. L'actrice celebre ( M"^ Mars ) qui devait jouer le principal personnage , n'a pu, assure-t-on,se resigner a prendre la couleur de ce role. Elle y cut, il est vrai, perdu plus que bien d'autres; et, sans blamer absolumentce scrupule de coquetterie dramatique, il estper- mis de regretter qu'il nous ait prives d'une experience curieuse. II eut ete fort interessant de voir comment un homme d'un talent aussi exerce que M. Alexandre Duval , aurait traile un sujet deja manque par tant d'auteurs, et qu'il parait fort diffi- "M LITTERATURE. cile de presenter siir la scene. Dans ce livre ou la negresse Ou- rika cstparee de tant de gr;\ces, on otiblie robstacle invincible qui !a separe d'une socicte ponr laquellc t-Ue n'est point nee : On prend parti pour eiJe contre Ic sort; niais, au llu'atre, ou 1 on voitles choses avec d'autres yeux que ceux de I'ima^'ina- tion, on nesaurailse faire luie illusion seniblable, et cetic in- fortunee n'y pent guere exciter d'autre sentiment que celui d'une penible compassion. Ensuile, comment rendre sensible aux spectateurs cette histoiresans evenemens, qui .se passe tout entiere aufond du coeur? La produireaii dehors, n'est-ce pas I'altercr en quelque cliose? Le mystere qui enveloppe cette passion si malhenreuse, sans spcctalcurs, sans confidens, con- ntie seulement de celle (|ui I'eprouve, n'esl-il pas ce qu'il ya peut-etre de phis touchant dans ce douloureux sup])lice de I'i- solcuient, qui est tout le sujet ? Ce sent lii des doutes que j'ex- pose, etqu'aurait sansdoule resolus I'ouvragede M. Alexandre Duval. II faut se garder de rien interdire d'avance a la liar— diesse du talent; il aime a sejouer des defenses de la critique, et lui repond quelquefois parce mot d'une anecdote fort con- nue: « Si la chose est possible, elle se fera ; si elle est impossi- ble , elle est faile. » Quelqu'un temoignait a un de nos poetes , mortil y a deux ou trois ans, un jour qu'il recitait devantquel- ques personnes, avec beaucoup dc vehemence, une production lyrique dont le debut etait fort anime , quelque inquielude qu'il ne put long-tems se soutenir a cette hauteur :« Soyez tranquille, repartilbrusquementcelui ci, vous n'etes pas charge de finir. » H. Patin. N. d. R. Depuis que cette analyse est ecrite, la premiere represen- tation de la Princesse des Ursins a eu lieu. (Voy. rarlicle qui lui est consacr6 dans notre section des JNouvelles sciendfiques et Utteniires; Paris. Theatres, etc.) m. BULLETIN BIBUOGRAPHIQUE. LIVRES ETRANGERS (i). ETATS-UNIS. 339. — * American entomology; etc. — Entomologie aniericaiiie , ou Description des insectes de I'Amerique du noid, avec des figures coloriees , d'npres des tableaux peints d'apr^s nature, par Thomas Say; publiee par S. O. Mitcheli,. Philadelphie , 1824; imprinierie de William Brown. ln-8°. Ce grand ouvrage , dent on ne possede encore que le premier volume, a ete recu avec eritliousiasme par le public americ.iin. On ne doutait point du savoir des auteurs , ni des soins qu'ils avaitnt donnes a leur travail; mais les talens du i)eintre et du graveur n*a- vaient pas encore paru avec autant d'eclat. Esperons que ce nouveau chef-d'oeuvre consacre a I'Histoire naturelle traversera I'ocean, et viendra prendre, dans les bibliotheques de I'Europe, la place qu'ii est si digiie d'y occuper. 340. — * Narrative of an expedition to the source of St-Peters ri- ver , lahe JVinnepeek , etc. — Relation d'une expedition aux sources de la riviere de St-Pierre , au lac Winnepeek, au lac des Bois , etc., faite en i8a3 , paries ordres de M. Calhoun , secretaire dela guerre, sous le commandemeut diEt. H. Lono , major au service des Etats- Unis ; redigee d'apr^s les notes de MM. le major Long, Keating et Colhoun; par fn/liam H. Keating , professeur de mJncralogie et de chimie appliquee aux arts , a I'Universite de Pensylvanie, geologue et hisloriographe de i'expeclition. Philadelphie, 1824; H. Carey et J. Lea. a vol. in-8°, avec carte et figures. Nous ne connaissons encore que le premier volume de cet impor- tant ouvrage; mais ce que Ton y tronve fait desirer qu'un ami des sciences se charge de le traduire, afin qu'il ne tombe point enire les (i) Nous iodiqnons par un asterisqiie (*) , place a c6te du titrede cliaque ouvrage, ceux des livres ctrangers ou fiaucais qui paraitrout digues d'uue atten- tion particulicre , et nous eu reudrous quclquefois compte daa^ la section des Analyses, 786 LIVRES ETRA.NGERS. mains de ces inter|)r6tes peu scrupuleux , qui ne savent qu'imparfai- tement la laiigae de I'auteur , et sont enliferement Strangers aux con- naissancesnecessaires pourcomprendre et faire comprendreun pareil livre. L'expedition dont il s'agit est la seconde qui ait et^confiee au major Long. Elle cmbrasse una ^tendue de pays beaucoup plus vaste que la France, on queiques parties de la Louisiane et du Canada rappellent de tems en tems des souvenirs qui nous seront toujours chers, quoique peiiibles (i). Sous ce point de vue, la traduction de cet ouvrage dans notre langue aurait pour nous plus d'une sorte d'in- teret. Mais, pour faire connaitre en peu de mots ce que les sciences auront acquis par cette belle entreprise, citons queiques extraits de la preface du modeste et laborieux M. Keating. « Une grande partie de I'histoire de l'expedition, des observa- tions topograpbiques et des descriptions est extraile des notes du major Long. On en doit aussi a M. Colhoun, ainsi que les observa- tions astronomiques et les recherches pour comparer leresultatde iios travaux aux narrations des voyageurs et des ecrivains qui ont parle des m^mes contrees... Le rapport du major Longau departe- ment de la guerre , resume concis et metbodique qui fait si bien apercevoir les traits caracteristiques des pays visiles , a du dtre re- serve pour la conclusion. Le major, retenu sur les bords de TOhio pour des essais ordonnes par le congres sur des moyens de prolon- ger la navigation de cette riviere , n'a pu prendre part a la redac- tion du manuscrit, si ce n'est aux trois premiers cbapitresdu premier volume : telle sera , sans doute, la cause de queiques meprises que sa presence nous eut fait eviter... La description du Mississipi et dfs contrees qu'il ariose exige I'emploi de queiques mots qui ne sont pas encore introdults dans notre langue, ni dans nos dictiounaires ; lis n'ont it6 admis que le plus rarement possible , en evitant ceux qui n'ont pas le meme sens chez les Americains et cbez les Anglais... C'est a M. Say que Ton doit la majeure partie de I'appendice. 11 aeu le mallieur de perdre uue collection d'oiseaux , de quadrupfedes et de poissons qui aurait offert des especesuouvelles : quant aux coquilles, quoiqu'il en ait aussi perdu quelques-unes , celles qu'il a fait con- naitre sont en bien plus grand nombre. Les plantes qu'il a pu sauver ont ete remises au Rev. Lewis D. de Schweimitz... Pour compaier le (i) Si line politique fausse et deplorable n'avait point prive la France de ses importanles possessions dans ccs contrees, elle pourrait exercer au- jourd'liiii en Anxrique unr influence honorable it salutairc. M. A. J. ETATS-UNIS. 787 climat des contrees parcourues a celul des pays oii Ton a recueilll de ])liis anoiennes observations , on n pris des notes dans les postes mi- litaires , et I'on a fail usage des tables dressees par le docteur Joseph LovELL , chirurgien en chef de I'armee des Etats - Unis... Nous croyons devoir ajowter que les observations de MM. Say et Keating sur les Indians qu'ils ont rencontres ont ete completees par des notes fournies par la Societe philosophiqtie americaine , et quisont dues principalement a M. UupoNCEAU, I'un des vice-presidens de la So- ciete , a M. le professeur Robert Walsh , I'un des secretaires , et a M. le docteur Brown, professeur de physique pratique a TUni- versite de Pensylvanie. Le redacteur se plait aussi a temoigner a M. George Ord , I'un des vice-presidens de la Societe des sciences na- turelles , et I'un des secretaires de la Societe philosophique americaine , sa juste reconnaissance pour les secours qu'il en a recus dans la cona- fiosilion de son nianuscrit : les lutnieres de M. Ord I'ont garanti d'erreurs qu'il n'eut point evitees, si cet excellent juge n'avait eu la complaisance de revoir son travail , avant qu'il fiat livre a I'impri- menr. » Un ouvrage prepare avec tant de soins , et par de tels collabora- teurs doit ^tre, sans contredit , trfes-instructif : mais la simple curio- site n'y est pas moins satisfaite que le desir de I'instruction. II con- tient quelqnes aventures , des descriptions de moeurs , de paysages , d'objtes nouveaux, des tableaux animes et des faits qui restent dans la memoire; on voit que Ton n'a pas acraindre, dans cet ouvrage, la secheresse d'une simple narration, et que tous les gouts peuvent y trouver ce qui leur convient. F. 341. — *Traveh in the central portion of the Mississipi 'vallej, etc. — Voyages dans la partie centrale de la vallee du Mississipi , conteaant des observations sur ses productions minerales , sur ses ressources interieures et ses habitans aborigenes , et entrepris avec I'approba- tion du gouvernement , dans I'annee i82i;par Henri^. School- craft. New- York, iSjS; Collins and Hannay. r volume in -8°de IV et 4^9 pages. Le voyageur embarqu6 a Detroit, cotoie une petite portion du lac Erie , remonte la Maum^e ; puis , suit le cours du Wabash , jus- qu'i son embouchure dans I'Ohio; de la, il prend sa route a travers le pays des Illinois jusqu'a Saint-Louis sur le Mississipi. II remonte ce fleuveetla riviere des Illinois jusqu'a celie de Fox, d'oii il se rend par terre a Chicago , sur le lac Michigan. — On voit par cet itine- raire que le pays dont M. Schoolcraft nous donne la description etait 7.H8 LTVRES KTRANGERS. bien peu connu a I'euoque oi'i il I'a visile. L'lQterieur cle cette con- tr6e, aussi bien que les habitans qu'elle renferme, ^taient encore com- plelement separes dela civilisation avant la guerre de kSia. L'auteur decrit I'aspect du pays et le caractere des Indiens qui I'liabitent. Leurs mccurs offrent des traits singuliers , qui jiiquerout la curiosite du lecteur ; nous n'en citerons qu'un. Parmi les Miamis et les Kic- kapoos, il a jadis existe une esp^ce de corporation d'hommes auxquels etait impose I'horrible devoir de devorer les prisonniers fails a la guerre. Cessanglantes fonctionsetaient hereditaires et fort honorees. II paraitrait que, nieme en 1780, un piisonnier fut iminole a Fort- Wayne , avec toutes les ceremonies usitees dans de parcils sacri- fices. Mais, grace aux changemens operes dans les inceurs de ces peuples, cette corporation n'existe plus; en avoir fait partie serait meme aujourd'liui parmi eux un motif de reprobation. — Des details fieographiques sur un pays ou Ton trouve des villes et des villages qui ne sont pas encore portes sur les cartes; des notions sur la geo- logic, la mineralogie et I'bistoire naturelle de contr^es non encore explorees, voila ce qui donne a ce voyage tout I'inteiet de la nou- veaute, et doit le faire recbercher par plusieurs classes de lectenrs. Quant a I'exactitude des fails et des descriptions , cette nouveautd m^nie ne nous permel pas d'en juger, et pour s'exeicer surle travail de notre voyageur , la critique doit altendre d'autres renseignemens. M. A. 34a. — yiew of the very great natural advantages of Ireland , etc. — Coup d'oeil sur les trfes-grands avantages naturels de I'lrlande, et sur la politique cruelle suivie pendant des siecles a I'egard de cette lie , par laquelle tons ces avantages ont ete aneantis. On y a joint une esquisse de la condition deplorable oil se trouvent aujoiud'hui les paysans irlandais ; exlrait des Vindicia: hibernica: (voy. Rev. Enc. , t.xxvi,p.'436) ; parM. Carey, membre de la Socicid philasophique uind- ricaine , de la Societe des antiquaires americains , auleur de la Branche d'olivier, etc. 3^3. — A Rev!e>v of the evidence , etc. — Revue des prenves de la pretendue conspiration gcnerale des catholiques romains d'Irlande , pour massacrer tons les protestans qui ne voudraient pas se joindre a eux, le 23 oetobre i64x : a laquelle on a joint les preuves d'un plan forme par radminislration iilandaise pour exlerminer les catholiques romains et conGsquer leurs biens; comme aussi des efforts infaliga- bles fails par cetle administration , pour 6tendre I'insurrection dans ETATS-UiVIS. 78.) tout le royaume, et un apercu du systeme meurtrier que suiv.-iit son armee en faisantla guerre ; par M. Carry , etc. 344- — Sketch of the Irish code , eic. — Esquisse du code irlan- dais intitule » Lois pour emp^cher raccroissement du papisme »; mais qui , reellenieiit, etait destine, comma il y a reussi, a drgrader, avilir et asservir les catholiques remains d'Irlande , eta leur enlever leurs Liens; suivi d'une couite notice des principales sanctions pe- nales de ce code qui sont encore en vigueur ; par M. Carey , etc. — Ces trois I)rochures ont ete publiees,en iSaS , a Pliiladelphie , chez H.-C. Caiey et J. Lea. Les trois brochures dont nous venons de rapporterles titres tout au long , conime faisant sufGsamment connaitre leur contenu , nous sont parvenues ensemble d'Amerique. EUes paraissent ^tre uon point des reimpressions , mais seulement des tirages separes d'un ouvrage du nieme auteur, intitule Vindicia; hibernicc^. Get auteur annonce avoir reproduit sous cetfe forme ces morceaux detaches pour leur procu- rer une circulation plus etendue. Nous ne faurions partager a cet egard ses desirs. Les trois chefs d'accusation contre I'Angleterre que les brochures de M. Carey sont destinees a developper ,savoir : d'avoir ctouffe I'industrie de I'lrlande , de maniere a rendre inutiles a ce pays malheureux toules les richesses que la nature avail dcpostes dans sou sein ; d'avoir, eu rPi^i , faussement accuse les Irlaudais d'une conspiration , |)Our depouiller et exterminer toute la nation ; d'avoir enfin opprime les catholiques d'Irlande par un code sangui- naire; ces trois accusations , disons-nous , sont bien placees dans un ouv)age historiqiie , parce qu'il importe aux progres des sciences morales que tous les faits soient completement connus , qu'avec les principes on voie toujours toutes les consequences qui en ont de. coule, que I'hi.stoire enfin presente pour notre instruction un tableau completde toules les experiences htiraaines. Mais il ne nous semble pas qu'il soil avantageux de reproduire ainsi , detaches dans des pamphlets, les fragmens de I'histoire les plus propres a enveuimer les aiiimosites nationales ; et , si Ton est excusable de le faire quand on a oblenu sur ces faits separes quelquelumicre nouvelle, du moins ne voyons- nous pas de motif louable pour un tel choix , lorsqu'on ne compose son ouvrage , comme M. Carey I'a fait , que de cita- tions d'auteurs anciens, en sorte que les iaits sont dcja connus, et que Tauteur ne pretend y ajouter aucune observation personnelle. Ceux que nous avons lus dans ces Irois brochures soul atroces , il faut en convenir; ils pourraient etre relorques avec a vantage aux T. xxvin — Df'ce.'nbre 182S. 5t 790 LIVRES l^TRANGERS. t'crivains dii Quarterly Bciiew, et ties journaux de cette espece, qui 'ont sonner si haul les crimes des autres nations, et qui nourrissent I'arrogance aiiglaise, en persuadant a leurs compatriotes qu'ils n'ont point a rougir du passe. Les homnies eclaires , Ics hommes de bonne foi surtout , savent an contraire , quel horrible usage on a fait en tout pays , pendant des siecles , des pouvoirs publics ; ils savent que, dans ce genre , aucune nation n'est assez pure pour avoir Ic droit de condamner les autres. Mais est-ce le moment d'exbumer ces vieilles accusations, tandis que les Anglais travaillent , de bonne foi et avec perseverance, a re- parer les crimes de leurs anc^tres envers I'lrlande ? Presque toutes leslois, presque toutes les mesares odleuses rapportees dans ces trois brochures , sont nujourd'hui abolies. Quelques pouvoirs poli- tiques sont encore refuses aux catholiques irlandais par une partie de I'administration , tandis que I'autre insistepour que tons les citoyens d'un merae pays soieut mis sur un pied d'egalit6 complete. Chacun convient que celle mesure est juste, qu'elle ne peut ctre long - tems retardee ; toutefois, la majorite de la Chambre des lords a repousse, cette annee, le bill pour I'emancipation des catholiques , parce qu'elle aredoute les vengeances de ceux que I'Angleterre avait long - tems opprimes , et auxquels on lui demandait de rendre un grand pouvoir. Est-ce servir la cause de ces opprimes , que d'aigrir dans ce moment Jeur ressentiment, en rassemblant en un seul tableau tons les ou- trages de tant de siecles ? Y a-t-il de la prudence a dire aux Anglais: " Rendez-nous nos armes , car le moment est enfin venu de nous ven- eer de vous?>> Le grand ouvrage de M. Carey, si nous en ju- geons par ce que nous en avons sous lesyeux, nousparait le fruit de savantes recherches , et sera sans doute utile ; mais les brochures qu'ilen a detachees ne nous serablent propres qu'a repandre des idees fausses , parce qu'elles sont incompletes et dangereuses, dans un moment de reconciliation. J.-C. L. De Sismondi. ami5:riqije meridionale. 345. — * Noticia sobre la jeografia polilica de Columbia , etc. — No'tice geographico-politique sur la Colombie, a I'usage des ecoles , Bogota , i8a5 , Lora. In-S" de 48 pages. Dans la noble lutte que les nouveaux ^tats de I'Araerique du Sud ont eu a soutei'iir contre leurs oppresseurs , la republique de Colom- bie surtout s'est distinguee par sa penseverance dans les revers , sa moderation dans la victoire , et par le patriotisme d^sin'.eresse que ^ AMMiQUE MERIDIONALE.— ASIE. 79 1 ses chefs ont montre dans les differentes phases de sa revolution. La position centrale des royaumes de Venezuela et de la Nouvelle Grenade; la force et la courage des hahitans de ces deux contrees, I'influence politique qu'ils exercaient alors sur les autres etats de I'Amerique mtridionale , avaient fait choisir ce pays , par les gen6- raux espagnols , pour le theatre principal de leurs operations mili- taires : aussi n'est-il presque point de provinces citees dans I'ouvrage que nous annoncons, qui n'aient ete le theatre de plusieurs batailles entre les citoyens de la nouvelle republique et les soldats de I'an- cienne metropole. L'auteur de I'ouvrage que nous annoncons , ecrivant pour I'ins- tructlon des jeunes Colombiens , a eu sans doute une heureuse idee, en commencant par la Colombie I'etude geographique des differcns etats. II est important pour les nouvelles nations americaines de repandre I'iustruction dans toutes les classes du peuple, et d'abord de faire connaitre a la jeunesse les contrees qu'elle habite , leurs productions , leurs ressources eu tout genre , les efforts , les combats et les sacrifices par lesquels ses p^res ont oblenu raffranchtssement de la patrie. Tel est le but que s'est propose I'autenr de la Notice geographique sur la Colombie; et son ouvrage, deja reraarquable par la clartedu style et par I'exactilude des details , ne Test pas moins par les senti- mens de patriotisme et d'amour de riiidependance qu'il exprime souvent. II decrit la nouvelle republique d'une mani^re plus com- plete qu'on ne I'avait fait jusqu'ioi, en indiquant les productions naturelles de chacune des provinces , le nombre de ses hahitans , sa temperature, et les victoires qui ont illustre les drapeaux de la liberie. « Ici , dit notre auteur(a Campano) debarqua, en 18 16, le liberaleur suivi de deux ou trois cents hommes seulement , et il par- vint a arracher a I'Espagne trois royaumes defendus par trente mille soldats ! >> La bataille d'Ayacucho a pour jamais termine la lutte entre I'Es- pagne etses colonies americaines ; la reconnaissance d'inde[)endance de la Colombie par la Grande-Bretagne a sanctionne la revolution trans-atlantique; et le congres de Panama donnera bientot des bases inebraulables aux nouveaux gouvernemens de I'Amerique. Frederic Degeokge. ASIE. 346. — * Bydragen tot de Flora van JNederlandsch Indie. — Recueil destine a concourir a la composition de la Flore des possessions 7 92 LIVRES ETRA.NGERS. nierlandai'ses dans I'Inde, par M. Bi,umf. , D. M. , commissaire des affaires ni^dicales de Tile de Java , directeur du jardin botanique de Buitenzorg, etc. PremitTe partie ; Batavia , iSaS, iinprimerie du gouveriiement. In-8", de iv et 4^ pages. La premiere partie de cet ouvrage , que j\I. Bliime. se propose de continuer, renfeirae I'histoire naturelle et la description des carac- teres physiques dequatre-vingt-six plantesdei'ile de Java,apparlenunt aux families des reiionculacees , magiioliacees , anonacees et meni- spermes. Un appendice traite des principales proprietes medicinales de ces plantes et de leur usage dans reconomie domestique. Oa voit , par cette premiere livraison , que M. Blunie est un bolaniste distingue; I'Academie des sciences et arts de Batavia , en I'adressant a ses correspondans , en a fait I'eloge le plus flatteiir. M. Blume promet de publier , a son retour en Europe, un ouvrage 6tendu sur les plantes de Tile de Java. Nous somnies persuades que cet ouvrage ne manquera pas d'exciter un vif interet; car ce natu- ralisle joint a des connaissances etendues tout lezele necessaire pour composer une excellente Flore des possessions asiatiques des Pays- Bas. De Kiuckhofp. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. 347. — * Statistical illustrations , etc, — Notes statistiques sur I'eten- due territoriale , la population , le commerce , les impots , la con- sommation , le pauperisme , dans I'empire britannique, avec I'etat des crimes qui s'y commettent. — Londres, iSaS ; J. Miller, i vol. in-8° de 88 pages ; prix , 7 s. 6 d. — Le meme, in- 18, de 108 pages; prix 5 schellings. (reditionin-S" est preferable , comme plus exempte de fautes et plus complete.) Cet ouvrage in)portant est le resultitt des investigations labo- rieuses d'une societe de pliilantliropes formee a Londres, en i8i8 , dans le but de connaitre le veritable etat de I'Angleterre, et de de- couvrir les causes secretes de la misfere et des privations souffertes par les classes productives de la societe. On y trouve des renseigne- mens precieux sur la population , le commerce les finances et Tad- minislration de la Grande-Bretagne ; et, si le lecteur sail se garder de quelques erreurs de calcul repandues dans les tableaux synopti- ques qui composent cet ouvrage, il recueillera des donnees satisfai- santes et beaucoup plus completes que toutes celles qui ont ete puliliees jusqn'ici sur la slatistique des trois royaumes. GRANDE -BRETAGNE. 7!)^ La societe a pris pour point de depart de ses rechercbes la fin du dix-liuitieme siecle , et elle les a poussees jusqu'a la fin de 1824. H , resultede ses calculs etablis sur des documens officiels, que depuis 1793, epoqne de la declaration de guerre centre la France , la popu- latiou de I'Angleterre a augtnente de plus d'un tiers; que la plupart de ses produits manufactuies ont sextuple, que son commerce d'ex- portation a triple , etc ; mais que cette prosperite apparente , au lieu d'apporler quelque amelioration daus la situation du peuple, n'a I'ait qu'augmenter le nonibre des pauvres et celui des crimes, qui a suivi la merae progression jusqu'en 18 18. Les causes de cet etat de malaise oil se trouve le peuple anglais sont expliquees dans I'ouviage que nous annoncons; en rapprochant les differens documens qu.'il renferme , on voit que le commerce de la Grande-Bretagne ne presente point une somme egale d'importa- lions et d'exportations ; celles-ci ont toujours depasse celles-la d'en- viron un tiers, et c'est le gouvernement seul , et non la classe des producteurs, qui a profite de cet excedant dans les exportations. Ainsi , dans les six annees ecoulees de 1817 a 1822, le commerce exterieur de I'Auglelerre s'est fait dans la proportion suivante : Importations. Exportations. Indes occidentales anglaises. . . 49.8f'6,oio'-s'- 3i,935,759 '•". Indes orientales et Chine. . . . 4i>4fi5,i49 191812,877 P<*cbe de la baleine 2,627,269 ar,359 Etats-Unis de I'Araerique. . . . 31,672,530 38,333,654 Bresil 6,373,376 i3, 763, 507 Indes occidentales etrangeres. . 4)7o3,790 8,693,172 Amerique du Sud 1,877,308 6,163,921 Amerique anglaise du Nord. . . 5,187,873 io,25o,448 Nouvelle-Hollande 56,324 528,476 Cap de Bonne-Esperance. . . . 657,343 1,451,896 Cotes d'Afrique 1,002, 433 1,888,918 Guernesey, Jersey et lie de Man. 909,964 1,870,945 AUemagne 4j5 '7,719 52,730,207 Italie 6,027,901 24,081,240 Russie ' 14,860,801 14, 556, 125 Hollande 4,870,018 12,937,649 Portugal, lies Acores, Madere. . 3,402,289 i2,244,6o3 Gibraltar 296,903 9,895,468 A reporter. . . 170,375,000 261,160,224 79 '» LivRES Strangers. D'autre part. . . . 170,375,000 a6i,if>o,224 Espagne, lies Canaries 6,ra4,oi5 3,635,798 Flandre(Be]gique) 1,403,920. io,85o,89o Prusse 4.5oi,7i5 6,i32,i3i France 4,85i,324 7,599,450 Turquie a,o34,945 4,945, 5i8 Malta 321,777 3,377,622 lies louiennes 464,960 56,3 1 5 D.inemarck 932,872 1,967,647 Sufede 895,825 893,061 Norvege 489,916 594,460 Total 192,295,269 3oi,2i3,ii6 Balance. Expoitations. 3oi,2i3,ii6 Importations. 192,295,269 Exc^dant des exportations. 108,917,847 1-st. En reconnaissant , avec notre savant econoniiste, M. J.-B. Say, (i?ec. JS/ic. ci-dessus, pag. i39) « que les tableaux des importations sont toujours defectueux et incomplets , d'abord a cause des mar- chandises importees ou exportees en fraude, puis a cause des eva- luations plus ou moins exactes » ; on ne peut cependant s'emp^cher de reconnaitre encore que la balance du commerce de la Grande- Bretagne a 6te annuellement en sa faveur d'environ 4S0 millions de francs , au moyen desquels, suivant I'ouvrage que nous examinons, le gouvernement anglais paie lesinter^ts de sa dette, les agens qu'il entretient sur toutes les parties du globe , etc. Les classes productives n'ont done point profile du fruit de leur Industrie; car, depuis la fin du dernier siecle, le pauperisme et le malaise ont toujours e\6 en augraentant ; et bien que depuis cette epoque, le nombre des con- sonimateurs se soit accru de 3o ou /^o pour 100, et que les exporta- tions se soient elevees au double de ce qu'elles etaient en 1798, la quantite de b'ere , de vin , de the, de tabac, de liqueur consomm^e par le peuple est restee la m^me , d'oii il faut conclure qu'il y a eu moins d'aisance dans les classes inferieures(i). (i) Malgre ce grand noiubre de pauvres , uii fait generalement reconnu , c'est que la classe moyenne s'cst prodigieusemenl accrue et eiiricliie pendant cette mSme periode. GRANDE -BRETAGNE. 79^ Les notes statisliques sur la Grande-Bretagne seront consultees avec fruit par tous ceux qui s'occupenl des sciences economiques et statistiques. On pent leur reproclier quelque confusion , des erreurs de chiffres , un esprit trop marque d'hostilite centre radministration publique de I'Aiigleterre et surtout, quoiqu'elles soient les plus completes qu'on ait publiees jusqu'ici, de nombreuses lacunes sur la situation de I'ltcosse et de I'lrlande. Nous tAcherons de remplir ces lacunes et d'offrir, dans un de nos prochains cahiers , un ta- bleau complet el succinct de I'etat territorial, agricole , commercial, industriel, financier, adniiuislratif et maritime des Irois royaumes. Frederic Degeorge. 348. — * An elementary course of gymnastic exercices , etc. — Cours elementaire d'exercices gjmnastiques, destines a devclopper et a perfectionner les facultes physiques de I'liomme; suivi du Rapport fait a ce siijet a la Factilti de mMecine de Paris, et d'un nouveau Traili complet de I'art de nager, par le capitaine P. - H. Clias. Quatriime edition. Londres , i8a5; Sbeiwood, Gilbert et Piper, i vol. in-8° de XVIII chap, et 182 pages, avec 9 planches. Aucun homme de bonne foi ne contestera I'utilite de la gymnas- tique; les medecins les plus eclaires , les philosophes et m^me les hommcs d'etat, doivent reconnaitre en elle, non-seulement un des plus puissansauxiliaires de I'hygiene, mais encore une des parties les plus importantes de I'education. Les facultes morales de I'homme ne sont pas les seules qui deraandent a 6tre developpees ; comment les employer avec un corps debile, et des membres sans force et sans adresse ? On n'accorde pas en general aux avanlages exterieurs et corporels la m^me estime qu'aux talens de I'esprk : mais on ne peul nier que I'homme qui les reunit egalement a un degre eleve, ne soit bien superieur a celui chez lequel le corps ou I'esprit aura seul ^le cullive. Cette verite que les anciens avaient parfaitement sentie , comrae le prouve I'histoire de leurs moeurs et de leurs usages , quoi- que reconnue aujourd'hui , ne recoit par encore une' application assez generale. Dans nos colleges et dans nos ecoles , ou laisse , il est vrai , aux enfans et aux jeunes gens I'usage d'une grande cour ou d'un jardin , destines aux jeux auxquels ils se livrent dans leurs momens de recreation , encore ces momens sont-ils trfes-rares et tres-courts; mais aucune direction n'est donnee a ces jeux. Cepen- dant, le developpement des facultes physiques , comme celui des 'acultes morales, ne peut avoir lieu que par degres. Si Ton recon- nait la necessite d'une methode pour regler et diriger I'exercice 7y(> - LivREs Strangers. de ces deniii-res , pourquoi nier qu'une semhlable niethode ne soil aussi necessaire pour former les premieres? Celte erreur a frapp6 plusieurs bons espiils. Depuis quelques annees, dliabiles professeurs ont iutroduit la g)'iuiiasli(|ue, uon-seulemeut dans losecoles, niais encore dans les armces, oil son utilite est plus immediate et plus evidente; d'abord , en Allemagne et en Suisse, puis en France et en Angleterre. M. Clias, fondateur des gymnases de Berne, de Ge- neve, de Londres (voy. ci-di'ssus p. fio8) et dont les Aleves ontrepandu les lecons dans plusieurs autres endroits, a public d'abord en al- lemand et eufrancais, puis mainlenaut eu anglais, ua excellent ouvrage, digne dc servir de nianuel a tous les gymnasiarques. Comme son titre rannonce , cet ouvriige ue contient que I'expose d'un cours elementaii e. Les exercices y sont classes avec soin et avec methode : les plus simples precedent les plus conipliques. Les pre- miers sont ceux qui tendeut a fortifier les extremites inferieures- suivent ceux des exlreniiles superieures; un troisieme cbapitre traite des exercices compliques, c'est-a-dire, qui mettent en niouvenient toutes les paities du corps; enfJn , une derniere partie est consacree a la natation. Cbacune dc ces divisions est subdivisee a son tour , et d'apr^s la meme methode. Les descriptions des diverses exercices sont rendues plus claires par des planches reunies a la fin du volume. Nous ne pouvons uiieux louer M. Clias, qu'en rapportant le juge- ment porte sur son ouvrage et sur ses lecons de gymnastique, dans le Dictionnaire des sciences inedicales , vol. 5a, p. a8 et 39. « Les exer- cices gymnastiques de M. Clias offrent tous les avantages possibles , et si ou les eludie avec soin, on reconnaitra qu'ils sont en tous points propres a redresser un grand nonibre d'infirmites, et a gudrir beaucoup de maladies obstinees. lis sont parfaitemcnt adaptes aux Lesoins de la vie et aux regies de I'economie aniraale : ils tendent a accroitre la vigueur des facultes utiles, en assurant leur duree. L'auteur , toujours anime du desir d'etendre les ressources de son art, perfectionne chaque jour son systeme, en s'appliquant a mettre en action les organcs que des moyens ordinaires auraient laisses dans le repos et riiiutilite. Cette sage direction , si bien d'accord avec la nature, rendra le systeme de M. Clias toujours digne d'attention. >■ ilappelons, en teruiinant cet article , que M. Amoros, dont nous avons souvent cite I'utile institution [Gymnase normal, civil etmiliiaiie) continue a faire,en I' ranee, pour la gymaastique pratique, introduite dans I'education, ce que 31. Clias a fait en Suisse el en .4)ig!etcrre. A.J. GRANDE-BRETA.GNE. 797 34g. — * Indications respecting Lord Eldon, efc. — Avertisseinens conceriiant Lord Eldon; par M. Jiremic Benxiiam. Londres , i8a5. In-8° de 86 pages. Le nom seul de Jeremie Bentham suffit pour raltacher un inter^t plus qu'europeen , rn^rae a une simple brochure dent il est I'auteur. Ce cel^bre jurisconsulte , a la fois grand publiciste et vrai philan- thrope, ue communique jamais au public ses pensees, sans avoir a proclamer des verites importanfes, on a reveler de graves abus. C'est celte derniere taclie qu'il a reniplie dans I'ecrit que nous an- iioncons. Tout le monde sail qu'en Angleterre les frais des proems en maliere civile sont tellement exorbitans , que tres-souvent ils surpas- sent de beaucoup la valeur de I'objet en litige. II parait qu'un usage abusif, et;ibli, et, selon M. Bentham, encourage, sinonpar la cupidite, du moins par la connivence du lord chancelier, permetaux autres avo- cats et aux autres hommes de loi , non-seulement de multiplier pres- qu'a I'infini les exploits et les procedures dans les affaires litigieuses qui leur sont confiee6,mais encore dese faire payer pour tine foulede demarches qu'ilsn'ont point faites et quem^me ilsn'ont pas pu faire. Ces hommes, M. Bentham les fl(^'trit du nom d'escrocs [swindler) p. 5 r. S'il n'accusepas loid Eldon directement de partager avec les hommes de loi le produit de ces exactions, du moins blftme-t-il amerement rind iff ere !ice coupable qui tolfere des extorsious odieuses qu'une lot encore en vigueur punit, selon les circonstances , de la fletrissure et de la deportation. Les reprocbes de M. Bentham sont exprimes dans des tennes que le chancelier trouvera sans doute peu mesures , mais que probablement i'auteur a du peser mitrement, et d'apres de bonnes raisons, avant deles employer. Quant a nous, elrangers a la question, nous ne nous permettons pas de pronoucer sur la justice ou rinjustice de ces accusations, et nous devons croire que lord Eldon saura bien justifier par des motifs bonorables une participation ou une connivence que son adversaiie regarde comme inexplicable. Heiberg. 35o. — * Public education. Flans for the govenwient, etc. — Plan pour gouverner et instruire d'une maniere liberale un grand nombre d'en- iaus reunis; mis en pratique daus I'ecole d'Hazelsvood. Seconde idi' lion. Londres, iSaS ; C. Knight, i vol. in-8^ de xxiv et Sgo pages. Piix to sh. 6 d. Nous renverrons ceux de nos lecteurs qui voudront prendre une idee (le la iiiethode d'education de MM.Hilla Tanalyse foit eteiidue qu'en a donnee A/. Jomard , lot s de la premiere publication de leur 798 LIVRES ETR ANGERS. ouvrage (Voy. yfei'. inc. , t. xviii, p. 637 -538). Les iiombreuses additions qui distingucDt cette Edition iiouvelle , ont surtout pour but de founiir des exemples a I'appui de la thc'orie. Les auteur.'i moutrent, a ceux qui avaient doute dc la possibilite de inettie leur plan a eiecution, uiie ecole toule fonni^e (a Hazelwood, pr^s de Bir- mingham , dans le comte de Warwick), et dont le brillant succfes repond a toutes les objections des adversaires de ce plan et realise loutes les esperances de ceux qui I'oat concu. A. J. Lwres d'etrennes. 35 1. — The literary Souvenir, etc. — Le souvenir litt^raire ; recueil de morceaux choisis de Poesie et de Prose, pour 1826; publie par MM. Ai,AKic et Watts ; editeurs. Londres, i8i5; Hurst, Robinson et compc. I vol. iu-x8, elegamment relie et enrichi de logravures; prix I a sh. 35a. — The forget me not, etc. — Ne m'oubliez pas, pour 1826; publie par R. Ackermann. Londres, 182$; Ackennann ; i vol.in-i8 elegamment relie, enrichi de i3 gravures el renferme dans un etui; prix, 12 shellings. 353. — The Friendships offering , etc. — Le don de I'amitie , album litt^raire pour 1826; publie par K. Hkrvey. Londres, iSaS ; Lupton Ralfe. i vol. in-i8 , elegamment relie , enrichi de i3 gravures; prix, 12 shellings. 354. — The Amulet, e\.c. — L'Amulette, ou Souvenir chretien et litteraire, pour 1826. Londres, iSaS; ViUiara Baynes. i vol. elegam- ment relie, enrichi de 12 gravures; prix , i a shellings. A Londres comnie a Paris, on voit paraitre, aux approches du nouvel an , un nombre considerable d'ouvrages destines aux ctrennes. Plus particuli^reraent consacres aux dames, cessortes de productions sout ordinairement plus riches en jolies bagatelles qu'en lecons utiles ; et apres les avoir lues, plu«s d'un juge severe mais Juste , s'est recrie sans doute en voyant de telles frivolites offertes a la compagne de I'homme , a celle que la nature et nos institutions so- ciales appelleut a ^tre la premiere institutrice de I'enfance, a lui iu- culquer les principes de toutes les connaissances et a I'entretenir, la premiere , des devoirs de I'liomme et des droits du citoyen. Espe- rons que Tepoque n'est pas elotgnee, oti les femmes tiendront dans la societe la place que la nature leur assigne , etqu'au lieu d'almanachs satines, remplis d'histoires larmoyantes ou de vers souvent bien fades, on leur offrira pour etrennes des livres plus utiles el plus susceptibles d'orner I'esprit et de former le jugemcnt. Composes presque tons grande-bretagne;. 799 par le m^me auteur, les petits ouvrages que nous annoncons reii- ferment iJes contes interessans, ties vers agreables, des anecdotes pa- thetiqiies, des gravures executees avec soin. — On y lit avec plaisir di- vers morceaux deMist.ss Hemans.de Miss Lanilon, de MM. Bowring, Barton el Montgomery etc. ; mais il serait difficile de decider le- quel de ces quatre recueils merite la preference. Les ames pieuses prcfereront VAmnlettc; \e Souvenir licteraire seta, clioisi par les aniisde de la bonne poesie; M. Campbell lui a confie quelques unes de ces inspiiations poetiques. Le Don de tarnitie sera prefere par ceux qui tiennent plus a la quantite qu'a la qualite; ( il contient pres de cent morceaux differens, tandis que les autres n'en offrent guere que soiiante) enfin le recueil intitule, iVe m'oubliez pas , rivalisant avec les trois precedens par le choix des sujets , mais superieur par la beaute des gravures , reunira sans doute le plus grand nombre d'amateurs. C. R. D. Ouvrages periodiques. Revue sommaire des principalis recueils periodiques sur les sciences , les lettres et les arts , publies a Londrcs, — TfOi- sieme article. ( Voy. Rev. Enc. , T. xxvii , p. 767-770, et ci-dessus,\). i49-i5(). j JOUHNAUX MENSUELS (l). I. Sciences physiques et mathimatiques ,• sciences natiirelles , inidicales , et Alts industriels. 355. — * The Philosophical magazine and journal. — Magasin et jour- nal philosophique ; par Richard Taj-lob. N" 33 1. Londres , novembre iSaS ; Cadell. Broch. in-8° de 5 feuilles; prix a scli. et demi. Nous avons cite plusieurs fois et fait connaiire avec soin cet esti- mable recueil. (Voy. /fee. Enc, t. xxv, p. 124.) 356.- — ■ Annals o/" Philosophy ; new series. — Annales de philosophic; nouvelle serie ; par J.-G. Children et R. Phillips. N" 60. Londres, decembre 1825 ; Baldvfin Cradock et Joy. Broch. in-S" de 5 feuilles. Ces deux journaux sont consacres aux sciences physiques et ma- (i) Depuis notre deruler article, quelques uouveaux recueils trimestriels out paru i Loudres , et quelques autres ont cesse de paraitre. Pour ne pas jutervertir I'ordre de notre travail, uous reuuirons dans un a/>/)enj//ce les jouruaux nouv«^llement publies ou qui auraicnt ecliappe ii uos rerlierclies , et nous iudiquerOQS ceux qui D'existent plus. 8<>o IJVRES ETRANGERS. tlieinatiques en general : car , le mot aiig\d\s p/iilosophy est pris ici dans une acception idifferentc de cclle qu'il a en France. L'un et I'autre ont pour redacteurs ou collaborateiirs des membres de hi Sotieie royale et d'aulies savans di&tingues. Le premier est divise en trois parties : i Memaires oiiginuux; ii Seances des Socieles savanCes ; III Notices et Melanges. Chaque caliier est accoinpagiie d'une planche, et cinq caliiers formcint un volume. Celiii de novembre contient , outre plusieurs autres articles interessans, le dernier rapport annuel de r Academic des sciences naturelles de Philadelphie, et la traduc- tion de deuxm^moires de M. Ampere sur les phenomfenes electro-ma- gn^tiques. Les AiiJiales contiennent plus d'articles que le Philosophical iJa- gazine; niais les questions n"v sont pas toujours aussi approfondies. On remarque, dans le cahier de decembie , un memoire de M. Pri-< deaiix sur les avanlages des machines a haute pression , mais dans lequel I'auteur ne donna qu'une evaluation imparfaiie des effets de la vapeur, et semble nieconnaitre la dilliculte de former et de conieuir ce fluide a des 'emperatures elevees , telle que 600° ou 980° Fahr. , conime il le propose ; c'est-,3-dire , a quatre fois , et m^me a si,\ fois la temperature de I'eau bouillante. 357. — * The Repertory of patent inventions. — Repertoire des inven- tions brevetees et des autres decouverles et perfect ionneniens dans les arts , les manufactures et I'agriculture. N" 6. Londres , decembre 1825 ; Underwood. Broch. in-8° de 5 feuilles et 2 pi. Prix: 3 sh. Ce journal est le plus aiicieu de ceux qui se publient en An- gleterre sur les arts Industrie! s. 11 se compose de trois series : la pre- miere a paru de 1794 a 1802 , sous le litre de Repertory of arts , ma^ niijactures and agriculture ; elle; forme 16 volumes; la seconde a paru, sous le meme titre , depuis ii5o2 jusqu'en juiu 1825 , et se compose de 46 volumes , non compris 'les tables. La troisieme a commence , au mois de juillet dernier, et contient des ameliorations notables; les descriptions des patentes y sont accompagaees d'une critique rai- sonnee, etelles y sontinseiees en plus grand nombre. Chaque cahier contient un supplement d'une demi-feuille , ou I'editeur presente un expose de la legislation anglaise sur les brevets d'inventions. Le m^me editeur publiait une Revue anniielle des inventions et de- couverles , que Ton doit regretter de voir interrompue. 358.—* The London journal of am and sciences. — Journal des arts et des sciences, public a Londres ; par ff'. Newtow. 1N° 61. Londres , GRANDE -BRETAGNE. 8oi dScembre i8i5; Shervood, Gilbert et corap. Broch. in-8° de 3 feullles et demie. Ce recueil Iraite des memes matieres que le precedent, saufqu'il fait de tr^s-courtes excursions dans le domaine de sciences; sts ar- ticles sont en general moins bien choisis , et presentent peu de cri- tique , peut-etre, parce qu'il vise a ^ire plus complet que les autres. II est divise en quatre sections : Patentes; communications origma/es; inventions noiivelles; melanges polytechniques et scientifiqiies. Le numero de di'ceinbre est orne de deux planches relatives a une machine a vapeur, et a des voitures pour les chemins de fer ; des metiers a filer et a lisser ; un regulateur de gaz; des cylindres a imprimer. 359. — * The technical repository, etc. — Le Conservatoire techno- logique, contenant des renseignemens pratiques sur les decouvertes el les perfectionnemens dans les arts utiles ; par Th. G11.1-. N" 48. Londres , decembre 1823 ; Cadell. Broch. in-8° de4 feuilles et 2 pi. Prix : ash. — II parait aussi tous les quinze jours par cahier de 2 feuilles ; prix i sh. L'editeur de ce recueil poss^de des connaissances pratiques fres- etendues d.uis les arts industriels, et il est en relation avec beau- coup de correspondans instruits et zeles. II donne peu de patentes , raais il fournit une foule de inemoires originaux , parmi lesquelson remarque ceux qu'il a composes sur le fer et sur I'acier. II fait aussi quelquefois des excursions dans les sciences, qui, dans un tel journal, paiaitraient un hors d'oeuvre , a moins qu'eWes ne soient plus resser- rees que les deux articles de onze pages qui se sont glisses dans ce numero , et qui sont relatifs aux elemens de geometrie de Wallace, et an discours d'ouverture de la Societe helvetique d'histoire natu- relle. On y trouve , entre autres articles interessans , des calculs comparatifs des dangers des machines a haute et a basse pression ; des details sur la fabrication dufer anglais, sur tes trompes ou souffleis hydrauliques ; sur I'emploi de I'anthracite, coiiime combustible, etc. 3fio. — The sporting Magazine , etc. — Magasiii du chasseur. N° 99. I^ondres, decembre 1823; Pittman. Broch. in-8° de 5 a 6 feuilles; prix a sh. 6 d. 3fil. — Annals of sporting. — Les Annales de la chasse ; N" 48. Londres, decembre i825; Sherwood. Broch. in-S"de 5 a6 feuilles; prix 2 sh. 6 d. Ces deux recueils renferment des conseils a I'usage des amateurs de la chasse , des anecdotes ; des renseignemens pour le choix da chevauN ; des receites pour plusieurs maladies auxquelle* ils sont 8oa LITRES ifcTRANGERS. «ujets ; des notices biographiques sur les plus fameux chasseurs et sur les meilleurs coursiers anciens et modernes ; des lecons pour courir le ceif , le renard, le snnglier , pour tirer la perdrix, le fai- san , le canard sauvage, etc.; enCn, des anecdotes, des bons mots et des gravures. II scrait difficile de decider lequel vaut le mieux duMagasio du chasseur on des Annales de la chasse; les deux esquisses de chevaux, contenues dans le premier, sont plus soignees que celles qu'on trouve dans le second; mais celul-ci est imprime sur plus baeu papier et contient des matieres plus interessantes. 362. — The Sailors magazine , etc. — Magasin du matelot. N° 72. Londres , decembre iSaS ; Simpkin et Marshall. Broch. in-8° dedeux feuilles et demie ; prix 6 pence. On trouve, dans le cahier de decembre , sous le titre Pfiare , la relation d'un voyage en Syrie el a la Terre-Sainte, par le reverend W. JowETT ;sous le tifre Livre journal, des descriptions d'evenemens arrives dans divers voyages sur nier; sous le titre Boussnle, des details sur I'expedition du capitaine Parry, tires du journal intitule : Lite- rary Gazelle ; des'anecdotes relatives aux hommes deiner, etc. ; enfin, sous le litre, Telegraphe, des extraits de letlres sur divers sujets : education des mousses ; Societes de bienfaisance au profit des nia- rins, etc., etc. La niodicite du prix de ce journal et les matieres qu'on y traite le mettent a la portee des individus pour qui il est ccrit ; les benefices provenant de sa vente sont distribues aux pauvres matelots, anglais ou eirangers. 363. — * The London medical and physical Journal , tic. — Journal medical de Londres, N° 32i; par le docteur Roderick Macleod et yoAn Bacot, esq. l^oxidres , novembre i8i5 ; John Souter. Brochure in-80 de 6 feuilles ; prix 2 sh. 6 d. 364- — * The London medical Repository and Review. — Repertoire de medecine et Revue medicale de Londres , N" i43; par les docteurs CoptAKD , Darwall f;t CoNOi-LY. Londrcs , novembre iSaS ; Under- wood. Broch, in-8° de: 6 feuilles ; prix a sh. 6 d. 365. — The Anii-I.ancet. — L'Anti-Lancette , N° 3. Londres , «o- t'embre i8a5 ; Sherwood. In-S" ; prix a sh. 6 d. 366. — The Monthly gazelle of health, etc. — Gazette mensuelle de sant^ , N° I'io ; par Richard Reece , D. M. Londres , decembre iSaS ; Sherwood. Broch. in-S° de J feuilles; prix i sh. 367. — The Collage Physician , etc. — Le Medecin des chaumi^res, N" c) ; par le docteur Buchan. Londres, novembre i%iS ; Sherwood. Broch. in-S' de 3 feuilles ; prix i shelling. GRA.1VDE-BRETAGNE. 8o3 3fi8. — Family oracle of health. — L'Oracle de la saute, N" 39 ; par le docteurSHEKL etWvi-LvcE, esq. Londres, decembre iSaS ;Bu!ock. Broch. in-8° de 2 feuilles ; prix i shelling. Les trols premiers de ces journaux sont plus particoli^rement destines aux personnes qui , par profession, s'occupent des sciences medicales, et les trois autres a celles qui veulent se soigner elles- m^mes. Ceux-la s'occupent davantage de la partie theorique, et trai- tent souvent les grandes questions de I'art de guerlr ; ceux-ci , au contraire , se consacrent pins specialement aux observations de la pratique et se contentent souvent d'offrir des rem^des simples pour les maladies les plus communes. Le Journal de medecine de Londres compte plus de trente annees d'existence , et pres de deux mille abonnes ; il est compose de me- moirejoriginaux, d'analyscs raisonnees des ouvrages anglais et clran- gers publics sur la medecine, la chirurgie, la pharmacie, la chimie, la botnnique et Thistoire naturelle ; d un bulletin des decouvertes faites dans les sciences physiologiques et medicales ; enSn , d'un ca- talogue mensuel des ouvrages publies nouvellement sur la medecine. On remarque , dans le cahier de novembre , un article sur Vinstiiict de John MiSON Good, M. D. , sept extraits tires de la Revue medlcale de Paris , dirigee par notre collaborateur M. j4medee Dupau , et une analyse d'un Memoire de notre collaborateur M. Bully, 'sur la dnree moyenne des fievres intermittentes. Le Repertoire medical est compose sur le meme plan que le journal precedent ; il fraite absolument les memes matieres ; et, bien que leur classement soil different ( I'annlyse des livres nouveaux precede , par exemple , dans ce dernier, les communications ou memoires orig'inaux) , ce recueil n'est point inferieur au premier et convient aux praticiens qui veulent se tenir au courant des progres que fait la science, soit en Angleterre, soitdans les autres pays. La Gazette mensuelle de sante contienl trois divisions, sous les tltres suivans : Medecine, Chirurgie, Pharmacie. Elle offre de nombreuses ob- servations relatives a ces trois branches, et indique des remedes pour chacune des maladies qu'elle decrit. Son dernier cahier contenait 3g ar- ticles ; ai sur li medecine, i5 sur la chirurgie et 2 sur la pharmacie. Le Medecin des chanmieres et VOracle de la sante sont , comme la Gazette, consacres a la medecine pratique et domestiqne ; le second de ces deux recueils convient, dit son auteur, a ThaK'tant du chateau romme a ceux de la chaum'.ere; I'autre est plutot destine au peuple des campagnes. A cote de pr^ceptes sur I'education des enfans , on 8o4 LivRES Strangers. y lit divers articles|d'cconoinie rurale, suivis d'un choix de medica- inens propres a diverses maladies , et de rccettes pour preparer et cuire le gibier. Tous ces recacils tendent a tirer la in^decine da la route tracee par les praticieiis des sicclcs precedens. Les deux premiers propagcnt les doctrines nouvelles;les autres indiquent au peu pie des moy ens simples de guerison. UJaci- Lamette continue seule a defendre I'ancienne pratique et les vieilies routines.) Ses deux premiers numeros traitent de I'apoplexie et des maux d'yeux, et celui-ci de la goutte. Dans un pays oil Tern pire de I'habitude est aussi enracine qu'en Angleterre , il est possible que ce dernier journal ait du succes; car les vrais sa- vans ne pourront pas faire adopter promptement et geacralement par les Anglais la ni^lhode simple des docteurs francais , repoussee par le charlatanisme interesse des apotiiicaires medecins, qui sont encore tres en vogue dans les trois royaumes. 369. — * jrhejlotiinical magazine , etc. — Magasin du botaniste; par le docteur Sinis. Londres, decembre i825 ; Sherwood. Brocb. in-S" 5 prix 3 sh. fid. 3yo — 'T/ie Botniiical register. — Le Registre du botaniste, N" 3oi ; par Sydenham Edward. Londres, decembre i8»5 ; Ridgway. Brocb. in-8° ; prix 4 sh. 3yi. — * The Botanical cabinet. — L'Herbier du' botaniste , N" 104 ; par Conrad Loddiges. Londres, decembre iSaS ; John et Arthur Arch. Brocb. in-i8 ; prix 2 sh. 6 d. Ces trois recueils sont consacres 'a I'etude d'une des sciences qui fournit d'utiles ressources a lamedecine. lis conliennent des planches dessinees et gravees avec soin , et des descriptions courtes , mais claires , des differentes plantes qu'ils reproduisent. La seule distinc- tion a faire entre ces irois journaux, c'est que le premier s'occupe presqueexclusivenient des plantes indigenes, que le second traitedes plantes exotiques,et que le troisieme, plus rempli, quoique moins cher, s'occupe egalement de celles de tous les pays. Chacun d'eux contient une histoire;succincte des plantes (ju'il analyse, et indique la culture qui leur convient. MM. Sims et Conrad se contentent de donner en anglais la description de leurs plantes ; M. Edward les donne dans les deux langues latine et anglaise. Le Registre du bo- taniste contient la descrisption'de buit fleurs appartenant aux Indes Orientales et Occidentals : IHerbier en donne dix, dont la moilie sont originaires'^d'Afriijuc. (Cette Rrviie des Journaux anglais sera continuee.) F. D. 8o5 RIISSIE. 3^2. — * Poutesckestvie, etc. — Voyage en Turcomanie et au Khiva, fait en 1819 et i8jo , par Nicolas Mour.wief, Ciipitaine d'etat-major general de la garde de S. M. I'empereur de Russie. Moscou , 1822; imprimerie d'Aiigi;»4e Semen. 2 vol. 10-4° , formar.t ensemble 824 pages, avec tin Atlas, compose de 5 portraits, 6 vues, 2 tables, 2 traces et 2 cartes. — Prix, 60 roubles, et 100 roubles sur papier velin. M. Mouravief, est venu augmenter, par la publication de son Toyage , le nonibre des productions que Ton doit a des ccrivains qui font partie de la classe miiitaire, dans laquelle la Russie s'enorgueillit de compter, le Corate Boulourline , MM. Golovnine , Ricoid et Dro- Ttevsky , deja connus dans I'Europe savante, le premier par des ouvra- ges de strategic et d'histoire, les derniers , par des r3!atIons inte- ressantes de leurs voyages; Denis Davidof , poete grac'eux , auteur d'un Essai sur la thcorie des operations des partisans , dont on a deja ])ublie deux editions a Moscou; enfin , k.Pissaref, Th. Glinha, et liestotigcf. Les productions de ces auteurs, en attestant leurs con- naissances et leurs talens, temoignent aussi du degre remarquab!e d'instructionauquelest generaleuient parvenue la classe des miiitaires en Russie. Le but et I'importance du voyage de M. Mouravief, nieritent de fixer I'attention des savans de I'Europe. Le Khiva et la Turcoma- nie, nialgre leur proximite de la Russie, etaient restes jusqu'a present presque entieremeut inconnus , par la difficulte que Ton rencontrait a etablir-des relations avec leurs babitans , dont les moeurs sont en- core barbares. Pierre-!e-Grand avail le projet d'onvrir , a travers les steppes immenses de I'Asie centrale, une route commerciale entre la Russie et I'lnde orientale; mais sa tentative echoua par I'assassinat du prince Bekovitch, qui avail ote envoye au Khiva, avec un de- tachement. En i8i3 , le general Rtistehef, commandant en chef de la Georgie , fit sans succ^s de nouvelies tentatives , qui furent renou- velees en 1819, par le general lermolof : ce dernier envoya une ex- pedition dans ces contrees pour etablir des relations aniicales tutre ces peuples et la Russie. II cbercha sur ces cotes un endroit oil les vaisseaux marchands russes jiussent rester a I'ancre et debarquer leurs cargaisons, sans courir de dangers : pour proteger cet etablissenient, il resolut d'y faire construire une forteresse. L'execution de ce projet fut confiee au major Pononiaref, chef de I'arrondissement d'Elisave- topol, et M. le capitaine Mouravief, enqualite d'officier d'etat-major, T. xxvm. — Decembre iSaS. Sa 8oC LivREs Strangers. recut I'ordre de visiter avec liii, les cotes orientales de la mer Cas- pienne , puis d'aller au Khiva ponr n^gocier avec le Khan, et faire la description du pays. M. Mouravief Iraversa ia Turcomanie , ac- compagne de I'interpr^te armenien Monratof, qui avail visite les monies lieux en i8i3. Apr^s un vojage de ao jours dans des sttppes iirrides , oil il fut expose a des dangers continuels , au milieu de ces ])euples nomades, il arriva dans la contree appelee Khiva. II ne tarda pas a y ^tre regarde comme espion , et il fut mis en prison ; il y resta 48 jours, et fut menace de la mort, par un decret du Khan ; raais il reussit, par sa fermete et sa prudence , a toucher le despote, a remplir sa mission avec succes, el a emmener meme des charges d'affaires de Khiva , qu'il presenla au general en chef de la Georgie. Ces evenemens , qui peuvent avoir des resultats importans pour la Russie et I'Orient, se trouvent consignes dans I'ouvrage de M. Mou- ravief. II est divise en deux parties : la i""" contieut la description de son voyage, son sejour au Khiva et son retour ; la 2« offre une description detaillee, topographique , statistique et politique du Khiva , contree qui a ete regardee jusqu'a present comme I'une des moins connues de notre globe. La description de la Turcomanie paraitra dans la 3« partie. Le voyage de M. Mouravief est done un ouvrage important ; malheureusement , le m^rite litteraire de sa relation ue repondpasa i'importance dusujet , niau degredescon- naissances de I'auteur ; le style est quelquefois neglige , incorrect mdme. Cette imperfection , sous le rapport litteraire , nous fournit Toccasion de reproduire une remarque faite assez souvent , mdme par des etrangers, que notre langue nationale, si belle et si harmo- nieuse, est cependant negligee par beaucoup de Russes. La con- naissauce de notre propre langue , de nos lois , de nos institutions et de nos moeurs , devrait pr^ceder lesautres connaissances que nous cherchons h acquerir. La preference accordee aux litteratures etrangferes parait blimable, lorsqu'on lui sacrifie son idiome ma. ", lernel. M. Delwkau, ex-interprfete duminlstre de la guerre, en France, a fait, a Moscou, une traduction franc.iise <\e ce voyage, et I'a fait imprimer a Paris (iSaS, i vol. in-8°. de xv et 898 pages. Louis Ten- re , libraire-editeur). Cette traduction a ete revue par MM. Eyries et Klaprolh, et augmenteede notes par ce dernier. M. le docteur Pander naturaliste , qui a el^ attache a I'expedition de ISegri , en Bukharie, a fourni a I'edition fran^aise de ce voyage , pour le completer sous le rapport de I'histoire n.Tturelle,quelques nialeriaux qu'ilavait recueillis RUSSIE. 807 «t donl JVI. Mouravief n'avait pu s'occnper. Conime !e climat et le sol de la Bukharie paraissent peu differer de la temperature et du terrain de Khiva, les productions naturelles de ces deux contrees doiveut etre a peu pres les menies. M. Pander a dresse le catalogue des plantes qu'il a recuelUies dans son voyage , et en sa qualite de membra de la Societe des naUiralisies de Moscoii , il a fait hommage a cette societe de plusieurs mammiferes, de quelques oiseaux et d'une belle collection d'insectes. Comine cette collection renferme plusieurs nouvelles|especes,M.l'iscHEH,professeur.,etdirecteurde la Societe, en a fait la description. — Le catalogue se irouve a la fin de I'ouvrage , public a Paris , qui est orne dune carte et d'une gravure , represen- *ant la reception de M. Mouravief par le Khan de Khiva. — Una traduction allemande du m6me ouvrage a ete entreprise a Peters- bourg , et sera completee par des remarques historiques, gcogra- phiques et philologiques d'un celebre orientaliste. 373 — * Nadgrohnia Slova. — Oraisons funebres de Flechier , ev^que de Nimes; ouvrage traduit du francais ; par J. Vetrinsky. St-Pc- tersbourg , 1824; iniprimerie d'lversen. r vol. in-8° de xx et 181 pages ; prix 5 roubles. 11 existait une ancienne traduction russe de i'Ehge de Turenne par Flechier, publiee a Moscou, en 1794 , in-8°; par J. Lopoukine. Aujourd'hui on publie la traduction de toutes les oraisons de cet orateur francais. ■< La traduction , dit le redacteur du Fib de la Pa- trie ( 1824, n° aS), est fiddle; mais, a notre avis, elle ponrrait ^tre plus pure : il nous semble que le traducteur n'a pas assez mis a contribution les tournures et les t.tpressions slavonnes,qui donnent au style, dans ce genre de productions, tant de force, de precision et d'cneigie». Sous ce rapport, la traduction des Discours de MaS- SIJL1.0N , due aux talens de M. Iastrebtsof , restera long-tems un module unique chez nous. R. F,. Livres en languefrancaise, imprimes en Russie. 374 — * Reflexions snr le sjrsthne de guerre moderne ;par N. Okoit- NEP , commandant le premier regiment des chasseurs ; avec cette epigraphe : Tout homme a le droit de publier ses reflexions sur I'art qii'il cultive. GuiBERT. — St-Petersbourg , iSiS ; iraprimerie du depar- tement de I'instruction publique. i vol. iu-8° de a88 pages, avec 4 planches ; prix 10 roubles. Apres avoir discufe , dans les huit premiers chapltre.s , quelques uns des points les plus importans de I'art mililaire moderne, I'au- ««>« LIVRE.S I'TRANGERS. tenr pri^seute, dans le iieuvieme cliapilre , la relation abiegee et raisoniiee des batailles les plus importantes qui ont etc livr^es a la (id du siecle dernier et au commencement de celui-ci. Pour en faci- liter i'intfUigence , il y joint les plans de quelques-unes de ces ba- tailles , telles que celles A'Aspern (i8og),de liautzen { i&i'i) , de Dennevitz ( i8 13 ) , et de Novi ( 1799 ) , fort bien executes et precedes d'une tabu expUa-iti'e. — Get ouvrage, ecrit en francais , est dedie a M. ie general Dibitche , chef de I'etat major general de S. M. 375 — * Sujiplement a i'histoire generate des Huns , des Tares et des Mogols , contenant un abrege de I'histoire de la domination des Uz- beks dans la grande Bukharie , depuis leur etablissement dans ce pays jusqii'a I'an 1709, et une continuation de I'histoiie de Klia- rezm , depuis la mort d'Aboul-Gasi-Khan jusqu'a la mldment , contenant la description de plusieurs medailles grecques , rares et inedites , qui se trouvent dans le mdnoe cabinet; par Koleh. St-Petersboiirg, i8a4; imprinierie de Nicolas Gretch. I vol. in-S" de 7$ pages, avec des planches representant plusieurs medailles. M. le comte Roumantzof , protectcur z^le des sciences , a rassem- ble, pendant son dernier sejour en Tauride , quelques monutnens classiques de I'antiquite ; dans ce nombre se trouvent des medailles grecques, dont plusieurs se distinguent par leur beaute, et d'autres etaient restees enti^rement inconnues jusqu'ici. La medaille cie Spar- tacus a ^t6 snrtout le sujet d'une attention particuli^re ; notre c^lebre arclieologue , M. Koler, conservateur du cabinet des antiques a I'Hermitage imperial, acaderaicien et membre de plusieurs Socie- fes savantes , communique, dans cet ouvrage , aux amateurs des antiquiies , une description detaillee de cette medaille, ainsi que des autres medailles fort cnrieuses de ce cabinet. Celte description, ^crite en francais, et publiee aux frais du comte Roumantzof, est un extrait du recueil des dissertations historiques et critiques de M. Koler, qu'il public en langues allemande et francaise sous le nom de Serapis , et dont la premiere livraison a seule paru. 878. — Recueil de 60 parlies d'eckecs , avec des observations instruc- tices , par lesquelles on demontre les secrets de ce jeu et Van de le joiier en perfection; par Benuix. St-Petersbourg, i8i4- Imprimerie de Pluchart. Premiere partie de 77 pages ; prix , 5 roubles. Les echecs sont muins ua jeu de societe qu'une science qui a ses regies et ses calculs. On ne pent douter que les ichecs n'aient ^te invenles dans les Indes , d'oii ils se sont repandus dans les diffe- rentes contrees de rOrient et de I'Occident ; ils remontent par con- sequent a une haute antiquite. Les Chinois leur donnent le noni d' Elephant. On pretend que le capitaine grec Palamede, pour charmer les ennuis du siege de Tioie , y jouait dans son camp avec Uljssc. Ce petit livre decrit io parties figurees et numerotees sur antant d'echi- quiers mis en tableaux; il ne peut manquer d'interesser la curiosile des amateurs , en leur offrant de nouveaux coups et de nouvellcs combinaisons. ty oyez une noiice sur les tehees , Revue Eric, i" serie, *. XX, novembre iSaB, p. 6(ia-<;ii3.) R- K- 8ii SU^DE. 379. — * E^enhandige Am '"gar , etc. — Menioires sur la vie de Charles he Linne, ecrits par n ' ni^me, et publies par M. Jdain ApzEnus , professeur a rmiiversite d'Upsal. Stockholm, iSaS. 1 vol. in-4°. Si, en general, on nime a connaitre toutes les paiticularitcs de la vie d'lin homrae qui s'est illustre d'une niani^re quelconque , on re- cherche avec plus d'empresseraent encore lesmemoires autogiaphes d'un homme celfebre. Cependant , on les accueille presque toujours avec line certaine mefiance, parce qu'on suppose que i'auteur n'a pas pu resister a la teutation de disslniuler ou de pallier quelques fautes, et ra^me de passer sous silence un certain nombre d'actions que sa conscience lui reproche; car, tout le nionde n'a point, pour s'accuser soi-mdme, le courage , ni la sincerite de J. -J. Rousseau. Quoi qu'il en soit, que Linne ait ou non paye ce tribut a la fragilite du cceur bumain, M. Afzelius a rendu un veritable service, en publiant un extrait du journal de cet homme c^lfebre , et en accompagnant cet extrait de quelques reflexions et ^claircissemens necessaires. Linne naquit, le i3 mai 1707, de parens dont la fortune etait tres-bornee. A peine dge de quatre ans, il ecouta avec la plus graude attention les dissertations sur la nomenclature et les vertus de plu- sieurs plantes , dont son pere s'amusait quelquefois a entretenir ses amis. Ainsi se developpait deja dans I'esprit de I'enfant ce goiit pour les sciences naturelles qui devait un jour le conduire a I'immortalite. Cependant, son p^re , qui etait ecclesiastique, ayant destine son fils a la m^me carri^re, le fit placer (en 17 17) a I'ecole publique de Vexio, en Suede, d'oii ilpassa , sept ans plus tard , au gymnase de la mdme ville ; mais, si Ton excepte la physique et les mathematiques , ses progres dans les sciences qu'on y enseignait etaient si lents, que les professeurs donnerent au pere le conseil de le mettre en appren- tissage chez un tailleur ou un menuisier. Heureusement, le professeur de physique, qui avail mieux juge le talent du jeune homme, promit au pere de lui donner ses soins et des lecons en particulier, et enfir> (en 1727) il fut envoye a I'universite de Lund, en Scanie, muni d'une recommandation tres-peu flatteuse du recteur du gymnase. Nous sommes obliges d'omettre beaucoup de particularites con- cernant sa premiere jeunesse , et nous cioyons peu necessalre de parler de ses voyages, qu'il eiitreprit en 1782. Tout le monde con- iiait les relations d'intimile qu'il eut avec I'illustre B:>erhaave et avec 0'2 LIVRES ETRINCEHS. le riche banquier Clifford dout il nrrangea le superbe jiirdin bot.i- nique en Hollaiule , ainsi qu'avec heaucoup d'aulres homines cele- bres, tels que Ic docteur Shaw a Oxford , Antoine et Bernard de Jus- sieu a Paris , etc. ; mais tout le monde ne salt pas que, de retour (eu 1738) dans sa patrie, oil il se fixa d^finitivement , 11 recut (6111771) une lettie du senateur Scheffer, ambassadeur de Sufede a la coiir de France , qui lui mandait que le roi de France avail souvcnt demands de scs nouvelles, et que S. M. avait fait elle-meme une collection de i5o diffei entes esp6ces de graines, qu'elle avait charge ranibassadeur de faire parvenir au celebre botauiste suedois. Linne iiiourut en J 778, et I'editeur de ses memoires autographes aurait pu faire a cette occasion une observation assez piquante, que nous nous empressons de publier, comme supplement a son livre. La meiiie aiinee (1778) vit mourir beancoup d'autres hommes celebres, tels que William I'itt, comte de Chatham, Albeit de Halier, Pierre Burmann , Vol- taire et J. -J. Rousseau. Dans ces m^mes memoires , Linne parle de plusieurs liommes plus ou moins celebres, dont il fut le maitre , et parmi lesquels nous retrouvons Solander , qu'il taxc d'ingratitude, Hasstlqiiist, Ascanius, Zoega et Fabricius. Nous soinmes etonnes de ue pas y renconlrer le noin de Vahl, continuateur ile la Flora dan'ica, et nous somnies per- suades que cet oubli inexplicable n'elonnera pas moins Tauii siij- cfere de ce dernier, M. le professeur Desfontaincs, a Paris. Heiberg. NORVEGE. 380. — Det'vnhninger over furstc Udhast, etc. — Exanien du premier projet d'une loi sur I'exploitation des mines en Norvege ; par M. P. Peteksen, proprietaire, directeur des mines, et membre de la So- ci6te royale des sciences a Drontheim. Christiauia , 1824. 55t) pages in-8°. 38 1. — Deti)ur sa patrie. Heibbrg. NORViGE.— DANEMARCK. 8i5 DANEMARCK. 383. — Siniibilder und Vors(eUtingen der alten Christen. — La syni- bolique des premiers chretiens; par le docteur Fr. Munteb, ev^que de Seeland. Altona, iSaS. In-4°, de tio pereur tie Kussie Paul I*"" est mort assassine. U.LEMAGTNfE. 819 par Antoine Bauer. Tioisieme edition cnrrigee. Goetlingue, i8»5 ; Van- denhoeck et Ruprecht. i vol. in-8°. 389. — * Principes dti droit cnminel philosophiqiie; par lemdme. i vol. 111-8° ibidem. Ces deux ouvrages peuveut servir de guide aux ctudians. Les uu- teurs y onl parfaitement atteint le but qu'ils s'elaient propose. II est d'usage, dans les Universit^s d'Allemagne, que les professeurs pu- blient des manuels renfermant un apercu des ohjets qu'ils traiteront dans leurs coufs, et Ton doit a cet usage beaucoup de livres utiles qui, sans cela peut-^tre , n'auraient jamais vu le jour. Quelques-uns des principaux manuels dont nous parlons sont connus en France par des traductions. Tel est celui de Heeren. ( Voy. Rev. Enc. t. xviii, p. 398.) D-F. 390. — * yersuch einer Darstellting des censorischen Strafrechts der Roiner. — Essai sur le droit criminel applique par les censeurs re- mains ; par Ch. Ernest J A.RKt.. 1824. In-8° de laS pages. Cette dissertation est surtoiit recommandable en ce que I'auteur examine les rapports de la legislation et de la juridiction censoriale avec les autres institutions penales de Rome. Jusqu'ici les attribu- tions des censeurs n'avaient pas encore eie bien discut^es. L'auteur a fait^un usage, a lafois ingenieux et tres-juste, du peude donnees que nous a leguees I'antiquit^ , tant sur la competence que sur la proce- dure et sur les peines pronoucees par ces magistrals. 391. — * Die Geschichle des Htissiten-Kriegs. — Histoire de la guerre des Hussites; par Frederic Schubekt. Neustadt , i vol. in-8°. L'auteur n'a pas eu I'intention d'epuiser son sujet; il n'a pas pre- tendu ccrire pour des savans ; mais il n'a pas voulu non plus se res- serrer dans les bornes etroites d'un livre elementaire. C'est pour les gens du monde qu'il a travaille; il a done accorde beaucoup plus de soin aux narrations qu'a la critique des faits. Neanmoins, il a mis un tel soin dans I'execution de son plan , que son livre est a la fois agr^able et tr^s-insti'uctif. II ne parait pas devoir se borner a cette premiere edition; car, dans un appendice , il invite le public a lui communiquer les observations capables de I'^clairer, et des ren- seignemens dont il puisse faire usage. Ce qu'il a dit de I'etat de I'eglise, de Pierre Waldus , de Jean Wicleffe, nous a paru avoir trop d'eten- due. Le recit commence par un expose des abus et des erreurs qui s'^taient introduits dans I'eglise chretienne ; de la , l'auteur s'etend , en quatrevingt-huit sections, jusqu'a la fondation de la secte des Mo- raves. Les morceaux les plus marquans ont [pour objet I'expediuoii 820 LIVRES ETR ANGERS. des Hussites eii Saxe, en i/jSa , et les ev^nemens de Naunibourg qui out ete consideres sous le rapport de la critique historique. 11 y a onze supplemens , parmi lesquels on remarque celui qui concernc I'accusalion et la condanination de Jciin Hus, un autre sur la bulle du pape Martin V , centre les Bohemiens. Jean Hus a encouru I'ana- tli^me pour aToir soutenu que I'eglise excommunialt sur des motifs trop legers. II pensait qu'une pareille excommunication ne separait point les fidfcles du corps de I'eglise; que c'etait , au contraire , a eux a voir et ajuger si elle etait juste ou injuste, etque, sielleelait injuste ,ils ne devaient pas la craindre. C'est dans ce sens qu'il ecrivil son Traite de I'Eglise. Cite a comparaitre en i/iii, il ne se rendit point a cette injouction ; mais , en i4i4 > '^ osa se presenter au con- cile, et bientot il fut arrete et brule pour n'avoir pas vouluabjurer ses doctrines. On lui mit sur la t^te une mitre de papier, liaute d'une coudee ; on y avait point trois diables et ecrit sa qualite d'heresiaque. Aucune priere ne put lul arracber une retractation. L'indigiiation ge- nerale produite par sa niort alluma une gueire civile. Qunrante mille de ses sectateurs niirent la Bobeme a leu el a sang , et -vengerent, sur tous lespretresqui tomberent en leur pouvoir, lesupplice deleur chef. P. GOLBERY. 3qa. — * Handbuch der biblisvhen Alterthiimshiinde , etc. — Ma- nuel des Antiquites bibliques ; par Eniesc-Frederic-Ckarles Rosea"- MULLER , Docteur en tbeologie , professeur ordinaire de litterature orientale a Leipzig. T. I. De la Geogranhie bibliqne ; premiere partie, avec une carte et 4 planches Ikhographiees , 385 pages ; seoonde par- tie 346 pages. Leipzig, 1823-1824. Baumgartner; in-8" ; prix 4 thalers i/a ( 18 francs ). M. le professeur RosenmuUer, orientallste celebre , a qui la science de I'anfiquite bibliqne el la tbeologie sont deja fedevables de tant de bons ecrits , nous donne ici, le premier volume d'un grand ouvrage trop important , par la richesse du sujet et le merite de I'execution , pour ne pas faire desirer d'en voir la connaissance plus repandue. Comme son titre I'indique, tout I'ouvrage a pour objet les antiquites bibliques; il sera sans doute recii avec joie par tous les amis de la litterature biblique. Quoique le nom seul de M. Ro- senmuUer soil un titre de recommandation , qu'il nous soit permis d'ajouter que la mdme erudition profoiide , le m^me jugement sain et impartial , !a ui^me exactitude dans les details relatifs a la gram- maire et a la litterature, la m^nie ntteiition a recourir aux premit'- res sources et la nidnae sagesse de disposition qui caracterisent les ALLEMAGNE. 821 «ulres oiiviages tie I'auteur se retrouvent an pJus haut degre dans celui-ci. Ce premier voiume traile specialeuient de la Geographic hibUque ; et, vu I'abondance de lamatlere, on I'a diviseen deux [jar- ties principales qui peuvent former deux volumes. Dans I'introduction (page 5 1 a 128 de la premiere parlie), I'auteur traite d'abord, en de- tail, des sources des antiquiles bibliques ; il les divise en trois classes: I'ljes sources ecrites, I'Ancien et le Nouveau-Testament , Joseplie , Philo, le Talmud, les classiques, les ^crivains orientaux etles rela- tions de voyages; a° les anciens nionumens d'architecture et de sculpture : ceux d'Egypte , de Baby'one , de Perse, de Medie et de Palmyre: les monumens pheniciens et puniques et I'arc de triompbe de Titus; 3" les monnaies. — Douze chapitres forraent la subdivi- sion du tome entier; sept appartiennent a la premiere partie , et les cinq autres a la seconde. Le premier de ces chapitres traite des cun- naissances qu'avaient les Hebreux du globe terresti e : forme de la terre , des regions terreslres et celestes, division de la terre, mon- tagnes , plaines , landes, deserts, le centre de la terra, le mont sacre au nord ; mesures de longitude bibliques. — La geographic la plus ancienne avant le deluge fait le sujet du second chapitre. — Le troisieme presente una table genealogique et ctlinographique du premier livre deMo'ise, accompagnee des PX])lications les plus pro- bables. — La Nord d'apr^s la Bible, est le titre du quatrieine chapitre, qui donna des eclaircisseraens snr les peuples nomnies au premier livre de Moi'se 10 , 3, 4. — L? cinquieme est consacie a la Media ; — le sixieme aElam, pris pour Fiymais ct, par extension, pour toute la Susiane ou Kluisitan , niais distinguee de la Perse. L'ai'.- teur met les Elamites au nombra des peuplas semitiques, et leur attribue la langue semltique. — Le septieme enfin, intitule, De la Perse , contiant una description geograj)hique .'t lilstorique tres- compl^te de ca royaume , descrijition constamment appliquee .nux renseignemens bibliques. — Le huitienia chapitre: De Babylone et de la Chaldce, est le premier de la seconde partie, et conticnt l.i geograpliie , I'histoire et les antiquites de ces pays. — L'Assyrie fait le sujet du neuvl^me chapitre. — Le dixiime est cousacre a la Me- sopotamia. — Leonzieme, qui est surtout important pour la geo- graphie du Nouveau-Testament, comprend I'Asie mineure. — Enliii , le douzi^nie traica de la Syrie. A la premiere parlie sont jointes plusieurs planches lithographipes , dans le genre du crayon noir, representant I'Ararat, le Tombeau de Cyrus a Persepolis , d'apies Bruyii et Chardin ; un autre bas-relief • T. XXVIII. — Decemhrc i8-25. 53 B22 LIVRES I'lTRANGERS. de Persepolis , d'apres Chardiu et Ker Porter , dans lequel le roi est rejiresente assis sur le tr6ne ; et le pavilion du palais royal a Ispahan. La seconde partie est accompagnce des plans de Kaliylone el de Birs Ninirud et d'line carte de I'Asie. II serait interessaiit de suivre I'auteur dans le detail de chaque cliapitre; mais les limiles de notre EnUecln Ilib/iogruflii(jiie ne per- mettentpasd'etendredavautagecetle annouce ; d'ailleurs, satisfaits d'aroir fait connaifre le contenu de cet ouvrage en general, nous esperons qu'il aura un traducteur, et que I'un de nos savans orien- talistes enrichira ce recueil d'une analyse critique, digne d'un ou- vrage aussi important , et dont les amis de la litterature bibiique attendent la suite avec impatience. Joseph De Lucenav. .'(gS. — * Leukothcca eine Sammliiiig von Briefen eines gebornen Grie- chen — Leucothoe, recueil de letlres d'un Grec de naissance sur les affaires publiques, la litterature et la poesie de la Grece moderne, traduit sur le manuscrit grec et public avec des supplemens et des notes, par le docteur Charles Iken. Leipzig, iSaS ; Hartmann , a vol. in-S". Le fond de cet ouvrage se compose de lettres adressees a I'editeur par un Grec instruit qui , aprfes avoir sejourne quelque terns en Alle- magne , s'est rendu a Paris des le commencement de la guerre de I'independance , pour se reunlr a plusieurs de ses ccmpatriotes , et voler avec eux a la defense de la Gr^ce. L'editeur craint que ce Grec patriote n'ait peri dans la guerre acharnee que la Grece est obligee de soutenir contre ses anciens oppresseurs. II publie ces lettres comme une preuve des sentimens eleves et de I'instruction qui, bien avant la guerre, avaient deja commence a se lepandre parmi les Grecs. EUes ne prcsentent rien de coraplet; mais elles donnent des dclaircissemens interessans sur I'etat, pour ainsi dire, intellectuel auquel la nation etait parvenue, lorsqu'elle concut le hardi projct de secouer le joug. La plnpart de ceux qui nous ont fait connattre cet etat etaient des voyageurs de differentes contrees de I'Europe; ici, c'est un enfant de la Grece m^me qui peinl la situation de sa mallieureuse patrie. Ces lettres sent au nombre de dix. I,a premiere traite de I'instruc- tion publique, des ecoles et des obstacles qui s'opposaient a la pro- pagation des lumieres; ces obstacles snnt , selon I'auteur , I'orgueil et les mauvaises dispositions des Fanariotcs, ou de la noblesse grcc- que , la persecution exercee par les Turcs contre les ecoles, enfin , I'ignorance et la corruption du clerge. L'auteur fait connaitre les ALLEISLVGNE. Hu"^ bienfaiteurs des ecoles grerques ; dans la septi^me leftre , il parle de I'ecole de Chios et des savans originaires de cette ile. La secoiide lettre traite du commerce; la troisieme de I'aucienne litterature des Grecs. La quatiieme lettre a pour sujet les Grecs de Constantinople; et la cinquicme, ceux de la Moldavie et de la Valachie. Les qiiatre leltres suivantes traitent encore de la Iitti5rature , et specialement de jla poesie grecque. Enfin , la derni^ie lettre ecrite peu de terns avanl son depait pour sa patrie, exprime les vceux et les esperances de I'iiUteur, et contient des reflexions sur la sitnr.tion politique ettuo- ralede la Grece. On s'apercoit que ces lettres out cte inspirees par une ameagitee et par un esprit preoccupedu bouleversement de sa patrie. Dans des tems plus calmes , Tauteur aurait apporte plus d'ordre et de methode dans cette correspondance destinee a mettre un savant d'Allemagne au fait de I'etat litteraire , politique et moral de la nation grecque. L'editeur a un peu protligue l«s notes et les supplemens , en donnant de longs extraits du 'Mercure dec public pendant plusieurs annees a Vienne , et auquel coopererent pliisieurs homraes instruits. 11 a cru devoir offrir encore un tableau des litte- rateurs de la Gr^ce moderne , tire de I'ouvrage anglais de Martin Le^kr; il u joint a cet extrait des notices sur les litterateurs grecs conleinporaini, sur des livres publies en grec moderne, etc- Tour cela n'est point redige avec la concision et I'ordre necessaires. L'e- diteur parait I'avoir senti lui-meme ; car il insinue qn'il n'est pas encore tems de presenter un tableau coraplet de la litteiature mo- derne des Grecs , et qa'il faut se contenter pour ie moment d'eii recueillir les materiaux. Sous ce rapport , le ti avail deM. Iken sera tres-utile , et peut-^tre l'editeur sera-!-il lui-m^me un jour en etat de faire davantage. D. — g. Sg.'i- — * ^"? hebriiiache Sprache , fur den Anfang anf Schnlen uttd Akademien, etc. — Eleuiens de la langue hebraique, a I'usage des Eco- les et des Academies; par M. Rnf/uieitlMsmo, piofesseur a I'Univer- site de Heidelberg. Heidelberg, i825. i vol. in-S" de i53 pages. Ce n'est ici que la premiere partie de I'DUvrrige de M. Hanno. Eite contient la theorie de la langue hebiaique ; quand la deiixierae partie , qui doit coiitenir \a grammaire propreiiient dile, aura paru , nous nous proposons de rendre compte de toutes deu.\ avec quelques details. 3g5. — ' flliithcnsamluiig Morgenldndischer Mjs:ih , f.'t-'.^Anthologie mystique oiientale , precedee d'une introduction sur la mysticite en Ra4 LIVRES I^TRA^ST.ERS. general et sur celle des Orientaux en particulier; par F.-J.-G.Tho' LUCK, Professeur a I'Universite de Berlin. Berlin, 1825. Get ouviitge est le fruit des etudes de I'auteur du Ssii.'isiniis s. Theo- sophia Persanim pantheistica ( Berol. tSai. ). II public une partie des notices tirees de manuscrits aiabes, persans et turrs , qui , ayant rapport aux sciences theologiques, n'ont pourtant pas pu trouver leur place dans son premier ouvrage. Aprfes des recherches detaiilees sur la mysticite, il donne des extraits de Dschelaleddin, Roumi's , Mesnevi , Gulchen Ras , Musslihheddin, Saadis, Boustan , Attar's Djaouhar Odsat, Saiil , Djamg , etc. Son travail sera d'une grande utilite pour des recherches subsequentes sur Thistoire et I'etat gene- ral de rOrieiit. I^es traductions dout il se compose en grande partie, ponrraient etre mieux soignees. Ceux qui n'ont pas beaucoup de facility pour la poesie feraient mieux, selon nous, de traduire les ■vers en prose; mais c'est aux poetes qu'il appartieut d'etre les dignes interprfetes des poetes. On aimern sans doute a comparer quelques passages du llvre de M. Tholuck avec les traductions francaises , en prose , que nous possedons. On peut consulter surtout celle de quelques preceptes de Djami par M. Grangeret de Lagrange, inscres dans le 35" cahier du Journal asiatique, 396. — * Baki, ziim erslen Male ga»z 'verdeutscht , etc. — Bakl , tra- duit entierement pour la premiere fois , en allemaud, par M. G. Dk Hammer. Vienne , iSaS. Aprds avoir traduit Hafis et Moteiinebi , les plus grands poetes lyri- ques arabe et persan , le celebre orientaliste M. De Hammer public la traduction du Divan de Baki , le plus grand lyrique turc , ne k Constantinople, et mort en 1008 de I'Hegire ( iSgg). 11 donne, dans sa preface, une savante dissertation sur la vie et les oeuvres de cet auteur, et il ajoute les jugemens portes sur ce poete par ses oompa- triotes et ses contemporains. Tout en appreciant ses beautes poeti- ques, il ne tombe pas dans I'erreur commune aux traducteurs, qui ont I'habitude de vouer un culle trop aveugle a leurs auteurs favoris. La seule chose que la traduction laisse a desirer , c'est un peu plus de clart6 et de liberie de style. D. — f. 397. — * De Joanne Cassiano , etc- — Trois Dissertations lutines sur Jean Cassien, regarde vtdgairement comme rauteur du Simi-pelagia- nisme ; par G.-F. Wiggeks , recteur de I'Universite de Rostock. (Mecklenbourg-Schwerin); Rostock , i8a5. i vol. in-4''. ALLEMAGNE. 8*5 Jean Cassien , que I'ou croit ne en Provence , vers le milieu du iVe si6cle, visita dans sa jeunesse le monaslere et la grotte de Beth- 16em, parcourul ensuite les deserts de la Tliebaide , peuples alors d'anachoretes; et apres avoir recti, en passant a Constantinople , les instructions et les conseils de saint Jean-Chrisostome, reparut enfin dans rOccident, et vint fonder a Marseille I'abbayede Saint-Viclori oil il rassembla , dit-on, sous les lois de sa regie monastique, jusqu'a cinq mille moines. Ses Institutiom {de Institiilis cceitobiorum libr. xil), dont il parait avoir recueilli les principales observances dans les nonibreux monasteresde I'Orient, ont servi de guide a la plupart de ceux qui ont elabli , apres lui , des communautes religieuses. 11 y joignit vingt-quatre Conferences {Collaciones) , assez bien ecrites pour le tems, et ou Ton trouve quelquefois de I'elevation dans lespensees et dans le style. Plus tard , a la demande de St. Leon, il ecrivit contra Nestorius, en sept livres, un traite de I' Incarnation. Ces trois ouvrages sont aujourd'hui , a ce qu'il semble, peu estiines de nos theologieiis : ils paraissent craindre le semi-pelagianisme dont Cassien fut accuse, et se priveut ainsi , avec trop de rigueur peut-etre , de ce qu'il y a d'irreprochable et d'excellent dans ses doctrines. Les trois disserta- tions de M. Wiggers, recteur de rUniversiie de Rostock, aurout probablemeut I'avantage, sinou en France, du moins a I'elranger, de ramener sur ce pere de I'eglise I'attention des chretiens eclaires. La premiere, composee pour la solennite de Noel, en 1834. traite de la vie et des ouvrages de Cassien; la seconde, publiee a I'occasion de la f<5te de Piques , en 1825, et la troisieine, destinee a celebrer la Pentecote, donue I'analyse des opinions du saint docteur. M. Wig- gers , qui anuonce une bistoire complete du semi-pelagianisme , ne pouvait mieux y preluder que par une telle publication. Le style en est clair et correct, si Ton excepte quelques germanismes. Je n'exaniine point l.i partie tlieologique de ce travail , et je n'en ai pas le droit : il suffit de dire qu'il y regne une grande moderation, une impartialite rare dans ces controverses, et I'inteution respectable de justifier contre des imputations fort anciennes un docteur du cbris- tianisme, frequemment cite par Bdurdaloue , et defendu aussi par Bossuet. Comme la question de la grace est une des plus obscures, et par consequent une des plus dangereuses qui aient agite I'eglise , il est peut-etre a desirer qu'on s'en tienne, coninie M. Wiggers , au r61e d'hislorien et de conciliateur ; et c'est une raison de plus poui rendre justice a son bon esprit, non moins qu'a sa profonde erudition, J.-V. L. 3a6 LivREs Strangers. 398 — *UeberdieEpochenderbildendenKiinst uHlerden Griechen. Dritte Abhandluiig. — Sur les Epoques des arts Cguratifs cliez les Grecs. Troisi^nie dissertation lue a la seance publique de I'Academie de Munich, le 28 mars 1825. Munich, 182$ , in-4''. Le nomde M. Thiersch suflit au succes d'un ouvrage. Touiefois, nos lecteurs nous sauront gre de leur presenter un apercn des vues originales que renlerment ces dlsseilaiious. La premiere a pour ob- jet les commencemens de I'art chez les Grecs , Tinfluence des Egyp- tiens sur leurs developpemens ; enfin, I'application religicuse qu'on en faisait a des formes symboliques. Cette epoque s'etend jusqu'.i la guerre des Perses. — Uans la seconde dissertation , M. Thierscli mon- tre les progres des arts, et tait voir comnieut ils sesont enrichis par I'iniitation du beayi dans la nature, surtout en ce qui conceriie I'homme. — Enfui, le but de la troisieme est de prouver que les arts demeurerent long-tems au degre de perfection ([u'ils avaient atteint, et que, depuis Phidias et la bataille de Marathon jusqu'a Marc-Au- rele , c'est-a-dire pendant 5oo ans, ils ne souffrirent pas de la deca- dence qui avait frappe les lettres. C'est encitant une serie d'artistes et d'ouvrages que M. Thiersch fournit sa demonstration. — Quant h I'interruption de 35 olympiades dont parle Pline ( dans son Hisioire natitrelle , lxxxiv, c. 19 ), elle ne doit s'entendre que de I'art du fon- deur. L'inscription des plinthes de la Venus de Medicis est regardee par I'auteur comme authentique; selon lui , cette belle statue est du terns oil florissait la ligue Acbeenne. On trouve des details curieux sur I'artiste auqnel on doit la statue connue sous le nom de Gorma- nicus, et que M. Thiersch croit etre celle de T. Quintius Flamini- nus;puis sur nn grand nombre d'homraes celebres. Plusieurs cor- rections paraissent necessaires dans le teste de Pline. L'Apollon du Belvedere est, selon 31. Thiersch , du terns de Neron. Nous signa- leions encore a I'attentiou generate ce qu'il dit de I'ecriture cursive, de son origine et de sa forme primitive. Ou pourra souvent s'ecarter des opinions de fvl. Thiersch ; niais on s'empressera toujours de rendre justice a sa vaste erudition et k sa rare sagacite. P. GOLBEKY. SUISSE. 399. — * Geschichte der Eidgenossen wdhrend der Zeit der Kirchen- treimung. — Histoire de la ligue Suisse pendant la separation de I'E- glise; par M. Johann Jakob Hottinger. Premiere partie. Zurich, 1825 ; Orell, Fiissli et Compagnie. SUISSE. ' 87.; Cct ouvrage, fruit de longues eludes, doii servir de continuation a cdux de Jean de Miin-Ea el de Robert Glutz-Blozhejm. D — f. 400. — * Die Hierarchie mid ihre Biindesgenossen in Fianhreich; Dei triige :iir neiiern Kirchengeschichtp. — La hieraichie et ses allies en France, ou Eclaircissemens sur I'histoire ecclesiastique de nus jouis, avec celte epigraphe : "Toute religion qu'on se pennet de defendre comme croyance qu'il est utile de laisser au peuple , ne pent plus es- perer qu'une espfece d'agonie plus ou moins prolongce. >> Cokdobcet. Aran, i823; Sauerliinder. 368 pages gr. in-8°. Prix 8 fr. Tandis que nousgemissons, en France, des exces que nous voyons comniettre de toutes parts , sous le pretexte de la religion, un Suisse, protestant , dont I'anonyme pourrait bien voiler le nom celebre de M. Zschokke, les signale a nos voisins avec autant de v^rite que de force et de franchise. II serait a souhaiter que son ouvrage fut tra- duit dans notre langue et soumis aux reflexions des fauteurs d'uue piiissante hierarchic et des menees teuebreuses qui ont pour hut d'en fonder I'empire sur une credulite aveugle et supei stitieuse. L'auteur, il est vrai , n'appartient pas a la confession cathoiique ; mais les par- tisans eclaires de celle-ci, quelle que solt d'ailleurs leur zele, avoue- lont que ses couleurs sout vraies , et que son tableau est loin d'etre charge. L'impression que nous laisse cette lecture est trisle et decou- rageante; il n'y a que la forte conviction de I'exlsteuce d'un Etre su- preme, regulateur des destins de I'humanite , qui en puisse affaiblii- I'effetet rassurer le philanthrope. Nous vivons dans un siecle de lu- niiferes, et nos armes sont presque impuissantes contre les attaques violentes et soutenues de Tiguorantisrae ; nous nous vantons de notre haute civilisation , et la jeunes^e d'un grand nombre de nos departe- inens est encore plongee dans I'ignorance la plus profonde ; les ecoles sont dans un etat de decadence , et Ton eloigne les maitres capables de former de bons citoyens. On paratt oublier que I'ignoranoe est le plus grand levier des revolutions; que I'ambition et les passions la inenent a leur gre, et qu'il est facile de tromper ceux qui n'ont aucune idee juste des hommes , ni des choses. L'auteur de I'ouvrage que nous annoncons a divise son livre en quatre parties : les Concordats , le Clerge , les Missiounaires et les Pio- testans. Voici son opinion au sujet des premiers : « Une experience de 3oo aus , dit-il, a toujours doune les meuies resultals, relativement a la valeur des concordats en politique : ce sont des trailes de partage conclns par des gonverneniens scouliers avec le nionarque de I'e- glisc romaine, su sujet de certains droits qui appartenaient priniiii^e- 8-28 LIVRES ETRATVGERS. ment a la societe chretienne et que le olerge s'est tlepuis exclusive- ment attrihues , niais qui sont agrenbles ;i I'aristocratie ccclesiaslique comnie a Taristocratie seculiere , parce que, livrant a I'arbltraire la dislribution de grands revenus et des Lautes dignites , ils assurent a des ppisonnes fuvoiisees des avantagcs, pour lesquels , s'i! existait tin droit d'election , le meritc pourrait concourir. Les concordats sont attaqnes ou defendus par le has clerge, selon qu'il se range du t6tc du people contre raristocratie , ou que I'esprit de sa caste le fait prendre parti contre les la'iques. Enfin , ils sont inintclligibles a la multitude dans Icurs dispositions , ef odieux, si eile en ressent les ef- fets. L'auteur critique ensuite amcrement le concordat de 1801 et la maladresse de Napoleon qui pretendit s'appuyer d'une hierr.rchie , prcte a tourner contre lui-meme les amies qu'il lui rendait ; la centra- lisation des pouvoirs plut a son despotisme en matiere de religion comnie en politique. Le concordat de iSry porte davantage le carac- tere de cclui qui tut conclu entre Francois I et Leon X, et rencontre, inalgre son style gothique, des advcrsaires qui le trouvent trop peu \iltramontain. De la,))assant au clerge, I'auteur cite une foule de faits irrecusables , qui caracterisent son esprit et sa tend.'.nce; la petite (gUse, qui cousiddre le pap^signataire du concordat de 1801 conmic apStricic/e , n'est point oubliee. Le cbapitre des missionnaires , des peres de la foi, nonis qui designent tons cette corporation indestruc- tible qui, usurpant le nom de Jesus, en -viole a cliaque instant le pre- mier precepte, celui de la charite, n'est pas le moins interessant ; il fait connaitre les inoycns qu'ils emploient pour parvenir a leur but et I'influence qu'ils exercent sur les ecoles et sur les families. Les faits parlent ici hautemenl ; on gemit en voyant cette masse de prenves qui depose des projets bosliles de cette societe et de I'incurie du gouver- iienient qui ne prend aucunes mesures pour arrdterleurs progres vrai- ment efrrayans. Dans le dernier chapitre enfin, I'auteur envisage la situation des jirotestans en France dejjuis la revocation de I'edit de Nantes; ce tableau n'est pas plus consolaut que les autres ; il rappelle ce que nous voudrions pouvoir effacer de notre memoire , les horri- bles exci's qui ont eu lieu, en i8i5 , dans le midi , et les scenes non moins criminelles de 1819. Malgre les efforts de Villers, la veritable doctrine des protestans est trop peu connue en France; peut-etre ses partisans mettcnt-ils eux-m(^mes trop peu de zfele a la produire au grand jour. Ils sont modestes et calmes, amis de la coiicorde et de la paix : cependant, on les attaque de toutes parts, et les missions sur- lout sont prodigues de declamations contre eux. Puisse I'auteur se ITALIE. 819 tromper, lorsqu'il presage des revolutions presque inevitables, par- tout oil la reformation netrouve aucun acc^s ! J. H. Schnitzi.er. ITALIE. 4oi. — * Lezioni inathematiche ad 11 so dtUe sciiole della rcgia militare AcadKinia. — Lecons de niathematiques , a I'usage des ecoles de I'A- cademie royale militaire. 1'^'' volume. Arithnitique ; par le professeur Sebasiien Vassalli. Turin, 1824 > imprimerie de Joseph Pomba- In-S" de 289 pages. M. Vassalli ne pretend point offrir a ses lectcurs de nouvelles de- monstrations des theories contenues dans ce traite : il ne s'est attache qu'a meltre plus d'ordre dans ce que Ton gavait , et a le disposer de la mauifere qui lui a paru la plus avantageuse pour I'etude. Les no- tions prcllminaires , par lesquelles il a bien failu qu'il debutat, parti- cipent inevitablement a I'obscurite de leiir origime ; ce n'est jamais impunenient que Ton s'approche des frontieres de la metapliYsique. Suivant M. Vassalli, on entend par grandeur, la proprietequont les choses d'etre augmentecs on diminuees : s'il est quelque grandeur absolue, comme, par exemple, celle de la divinite, elle echappe a cette defini- tion ; et cependant il nous est impossible de lui refuser le uom de gran- deur. Apr^s ce premier pas, toujours dangereux dans les livres elementaires , tout est lucide dans ce traile. L'auteur s'est ecarte de la route ordinaire, en faisant suivre la definition et I'expression des fractions dccimales , des premieres notions des fractions ordinaires. Apr^s avoir complete ainsi tout ce qui est relatif a I'expressifjn des nombres, il passe aux operations du calcul. Depuis que , ])ar un mal- entendu deplorable, le Piemont a rejetc^ lesystenie metrique, comme une invention revolutionnaire , le calcul uumerique y est retombc dans son ancienne complication. Cependant, le systeme proscrit ose re- paraitre encore, meme dans les ouvrages deitines a I'enseignement , tels que celui-ci: M. Vassalli a soin d'en montrer les nombreux avan- tages , et il enseigne a convertir les mesures ordinaires en mesures metriques et reciproquement. — La iheorie des proportions est ex- posee avec beaucoup de clarle. L'auteur n'a pas juge conveiiable d'i- miter Bezout, et dedonner a ses jeimes eleves quelques connaissances des progressions , des proprietes et des usages des logarithraes. Pour les ecoles miliiaires , auxqiicUes son ouvrage est particulifei'ement destine , il pent avoir raison : s'il etait question d'un livre pour I'en- seignement public dans les colleges, on desirerait que chaque partie de Tinstruction fut complete en elle-m^me , et pourvue des moyeus 83o LIVRES itTRANGERS. Societessnvantes, et en gene- ral, tous les ouvrages de medecine qui paraisseni en France, en An- glelerre,en Allemagne , en Suisse, en Italic, etc. Le lecteuresl ainsi tenu au courant de tint cc qui peut interesser les sciences medicales en Europe. Ce journal est ecrit avec purete; ce qui est di^ne d'atten- tion en Italie , on les savans se dispensent trop souvent de donner s'^6 LivRES Strangers. une forme ngreable i leurs pensees. Le professeur Romesi, de No- varre, I'liii de ses redacteurs , se fait surtout rein.irquer par I'elegante correction de sou style. Le cnbier que nous avoiis sous les yeuxcontient ranalyse critique, faite par le docteur Pipelli, d'un traite sur Vinjlaminatii'ii, public en 1824, par M. Eviiliani, professeur de clinique a Modene. II denion- tre que rinflaniination, qui aete jusqu'a ce jour I'ohjet des recherches des medecins de tous les pays , est loin encore d'etre parfaiiement delinie. On u'est pas mdme d'accord sur les points de doctrine les plus essenliels. A peine cynvieut-on que le sangentre pour quelque chose dans cette maladie si grave et si frequente. Vient ensuite la description d'une operation difficile, lieureuse- ment execuiee par M. E. Regnoli, professeur de cliirurgie a Pesaro; puis un extrait des ineinoires scientifiques et liiieraires de YAthenec de Trevise , et des analyses fort bien faites d'ouvrages fr.incais , an- glais et allemnnds. 406. — L'Obserratore medicn , etc. — L'Observateur medical , jour- nal de inc'deciue et des sciences qui s'y rattacbent; par une Societe de medecins. Naples, iSaS. — Ce journal in-4° est redige sur le niodele de la Gazette de Same, de Paris. II en [)arait une feuille tous les quinze jours. Prix 2 fr. 38 c. par triineslre pour Naples. On souscrit cbez le docteur Maglieri, redacleur -pro])riciaire , strada San-Sebastiano, n. 10. On trouve quelques articles interessans dans les derniers nuiueros de ce journal. Le troisl^me de cette anneeannonce la decouverte faiic par le docteur Lippi, de Florence, des vaisseaux lympbatiques , communiquant directement de I'estomac a la veine-cave inferieurc ; decouverte d'une grande importance pour I'cxplication des plieno- menes relatifs au piompt passage des substances mcdicinales ct ali- mentaires dans la circulation et dans les arteres. — Le n° 4 contient une intercssante description d'une uialadie rare que le docteur Lo- TRITTO, un des coUaboratcurs les plus distingncs de ce journal appelle ciano derrie(cyanosi, uialadie bleue, ictere bleu). II en expd- se I'bistoire , les causes , les symptomes, le pronostic , la microscopic et la cure, d'une mani6re claire et judicieuse. Nous regrettons de ne pouvoir eutrer dans de plus grands details sur lesdifferens articles de ce journal. Iluous suffit de faire conuai- tre I'interdt qu'il pent offrir aux personnes qui cuitivent les sciences medicales. Entr'aulres jouriiaux qui se puiilienten Italic, on reniarquc encore ITALIE. 837 le Riperto'ire medico-cliinirgical, a Turin; la Bibliotheque gerinanique , a Padoue; le Journal de la noiivelle doctrine medicate , a Bologne ; le IHerciire des sciences medicales, a Livourne. II s'en puLlie aussia Pavie, a Pise, a Perouse , etailleuis ; raais tous cesjournaux ne soiit gufere connus hors des frontiferes des etutsou ils s'impriment. FosSATi, D. M. de Milan. 407. — * Antologia , etc. — Anthologie, journal des sciences , lettres etarts, N" 54 Florence, iSaS; Vieusseux. In-8°. Ce journal se fait de plus en plus apprecier, grdce aux auteurs distingues qui prennent part a sa redaction , et plus encore a la va- riete des objets et a la jiistesse des principes et des jugeniens qu'of- frent ses articles , redigcs sans pedauterie et sans pretention. Nous signaleroas principalement, dans le cahier que nous annoxicons, un article raisonne sur un essai de traduction de quelques poesies de Thomas Campbell et de Thomas Moore. Leredacteur de cet article defend le premier de ces deux poetes , auquel lord Byron, tout en convenant de son merite, reprochait seulemeiit de trop polir ses vers. Sans doute, les plus heureuses inspirations peuvent quelquefois etre affaiblies par des corrections trop frequentes et mal entendues. L'ex- ces est dangereuxen tout; mais ce defaut est fort rare, tandis que la plupart des poetes et des ccrivains de nos jours manquent, au con- traire, leur but , faute de travail et de correction. N'est-ce pas , par exemple , le defaut dominant de lord Byron , comme de tous ceux qui out abuse de leur genie, et dedaigne ou neglige d'iraprimer le cachet d'un gout severe a leurs productions ? Voudrions-nous mettre au premier rang des poetes les improvisateurs , qui ne doivent oc- cuper que la derniere place ? Quels sont les ecrivains que le tems a le plus respectes ? ce sont ceux qui I'ont compte pour quelque chose dans leurs travaux. Horace conseillait a ses amis d'employer neuf annees a corriger leurs vers , avant de les livrer au public; sans par- ler du tems et des soins quePeirarque donnait a ses poesies, je cilerai I'Arioste , que tout le monde regarde comme le poele le plus fecond, et done de la verve la plus facile. Eh bien ! I'Arioste ne cessa , jusqu'a la fin de ses jours , de corriger son poeme et de polir ses vers. On pent voir dans son manuscrit autograplie, que les passages qui pa- ritissent les plus coulans et les plus naturels soot souvent ceux qui ont subi le plus grand nombre de corrections. Que pretend-on faire entendre par cette phrase si souvent repetee aujourd'hui ? Cest trop Jini; Dieu veuille que la plupart des ouvrages de nos jours n'aient que ce defaut ! mais c'est le defaut contraire qui les fera enti^rement ou- T. xxvni. — Decemhre iSaS. 54 838 LIVRES ETRA.NGERS. blier d'une pogtirit^, juste appreciatrice des efforts que Ton aura fails pour lui plaire. Heiireusenient pour Campbell et pour Moore, ils ont doiine a leurs vers tout le terns et les soins necessaires pour les rendre dignes de leurs coutemporains et des siecles a venir. Les poetes qui ont su combiner , corame eux , les moyens de I'art avec ceux de la nature, sont les modeles qu'il faudrait imiter. Sous ce point devue, nous regardons commedigne de la reconnaissance desTtaliens, celui qui a entrepris de donner un essai de traduction des odes de ces deux poetes anglais.. Parmi les poesies de Campbell, on distingue celle qui porte le titre de Vyirc-en-ciel. EUe est traduite avec assez de fidelite et de facilite. On a traduit aussi , avec le nicme succes, trois odes de Moore : I'une est adressee a une amie qui prie I'Anacreon britannique de lui ecrire des vers; I'autre est intitulee : Le langage de i' j4moiir ; la troisifeme est une ode anacreontique. L'impression que nous a faite la lecture de ces quatre compositions nous fait desieer vivement que I'lieureux traductenr veuille continuer son travail. Ce sera en m^me tems rendre un hommage legitime a la litterature anglaise et un service a la litterature italienne. F. Salft. PAYS-BAS. 408. — * De Pigmentu iridico , etc. — Essai theorique pratique sur I'indigo, considere sous le rapport botanique, chimique et technique. Louvain, 1824; Vanlinthout et Vandenzande. In-4°. Cet essai , qui a valu une medaille d'or a M. E. Wanthier, au concours annuel del'Universite de Louvain , est le resume d'un grand nombre d'experiences et de recherches penibles. L'auteur y fait preuve de connaissances etendues dans les diverses branches des sciences naturelleset physiques. 11 serait a desirerque les Universites fussent toujours aussi heureases dans le choix de leurs questions : du moins , les jeunes concurrens seraient toujours certains de retirer quelque fruit de leurs travaux, diriges vers un but utile. 409. — * Commentatio de aqiue vaporibus alinospherd contends. — Dissertation sur les vapeurs aqueuses contenues dans Tatmosphere; parM. Simons. Utrecht, iSaS. In-80. Cet ouvrage a 6te couronne par la Facultc des sciences de I'Uni- versite d'Utrecht. L'auteur a partage son travail en trois parties : il a expose d'abord les differentes theories qui expliquent la formation des vapeurs aqueuses que renferme I'atinosph^re ; il les a ensuite sou- mises a un examen ; il a fini par exposer les formes sous lesquelles jes vapeurs se precipitent. M. Simons donnela preference a latheorie PAYS-BAS. 839 -de Dalton, qu'il croit cepeiidant susceptible d'Ctre modifice. Son ouTrage est ecrit avec mulhode et clarte ; c'est un excellent resume de tout ce qui a ete fait sur le sujet dont il tiaite. On peut en dire autantde la dissertation de M. DeWit sur les machines a vapeur, pre- sentee vers la meme epoque a I'Universite d'Utrecht. A QUBTELBT. 4lo. — * Considerations pratiques sur Ics fievres intenaittentes , avec des avis sur les nioyens de s'en preserver dans les localites humides et marecageuses ; parlVI. le chevalier de Kirckhoff , D.-M. , ancien medecin en chef des hopilaux niilitaires, raembre de plusieuis Aca- demies et Societes savantes. Amsterdam, 1825; Sulpke. i vol.in-8°. L'auteur des Considerations pratiques n'est pas de ces medecins qui netiennent aucun comptederexperienccacquisepar leurs devanciers; il pense , au contraire , que la raedecine doit reposer sur I'ohserva- tion et I'etude raisonnee des faits. La nouvelle production qu'il nous offre aujourd'hui est le fruit de longues meditations , eclairees par une pratique de plusieurs annees , dans des contrees oi'i les lievres iutermilteiites sont endemiques. II nous apprend qu'a I'hopital mi- litaired'Anvers seul, aupres duquel il a eu pendant long-tems la di- rection du service de sante, il a traiteplus de huit mille honimes atteintsde fievres intermittentes, et sur lesquels huit seulement ont succombe , parce qu'on n'avait pu leur faire prendre le quinquina convenablemeiit. Pour dissiper les doutes que Ton pouriait avoir sur un tel succes, M. de Kirckhoff publie, a la fin de sonouvrage , le tableau general des malades recus et trait^s a cet hopital durant le tems qu'il eu a tlirige le service. Dans ce tableau, on compte quatorze mille malades de loute espece , et une multitude de fievres nerveuses, d'inflammations de poilrine, d'inflammations des visceres du bas- ventre , et d'autres maladies graves. On remarque que, sur cetle grande quantite de malades , il n'y a eu que cent quatre--vingt-net:f morts. Une pratique aussi heureuse doit donner la plus haute idee de M. de Kirckhoff , conime praticien. Son ouvrage est distribue en chapitres et en paragraphes. Apres avoir donne la definition des fievres intermittentes, la description de leurs symptomes, de leur division et de leur caract^re, l'auteur passe en revue les principales opinions des auteurs sur la nature des fievres intermiilenles. Mais il avoue que rien n'est aussi obscur que ce dernier point. L'auteur s'arr^te a la iheorie sur les fievres etablie par la doctrine medico-physiologique, et il conclut contre I'application du systeme 8/,o LivREs Strangers. de localisation aiix intermittentes. On peut lui objccter que I'expe- rience qu'il invoqne clans tout le corns de son ouvrage fait voir que, dans bieu des cas , la fievre interniitteiile peut dependre d'une irrit.T- tion locale. I! aurait du etablir quels sont ces cas; nous I'invitons a remplir cette lacune dans une seconde edition. D'apres lui , le caractere des fievres intermittentes est inflamma- toire, gastrique ou nerveux; mais il fait observer que le caractere inflamniatoire est extremement rare , et qu'il ne se montre jamais pendant I'automne dans les contrees humides et marecageuses , ou par rapport a la constitution medicale le caracteie de ces li^vres est presque constamment astlienique. Les intermittentes gastriques, observe-t-il , sont les plus communes; elles se developpent surtout dans les lieux marecageux , sous I'influence d'un climat chaud et hu- mide , et princi[)alement pendant I'automne , s'il a ele precede d'un ete chaud. II rapporte a I'intermittente nerveuse les intermittentes pernicieuses; ilen decrit les priiicipales varietes et communique quelques details pathologiquesnouveauxsurcelles qu'il a observees. Aprfes avoir developpe lout ce que Ton peut dire sur les causes des intermittentes, i! fait remarquer qu'a Anvers , a Amsterdam et dans la Zelande , quand I'ete est froid ethumide, il exisle pen deflevres intermittentes; mais dans ces contrees elles se font surtout observer pendant I'ar- riere-saison , lorsque celle-ci a ete precedee de fortes chaleurs d'ete. Dans I'automne de i8ig, annee remarqiiable par ses chaleurs acca- biantes pendant I'ete et la longue duree du vent d'cst et du sud, les intermittentes ont rcgne epidemiquement parmi les militaires des garuisons d' Anvers , d'Amsterdam et de Middelbourg. Apres avoir expose les causes , I'auteur passe au traitement. Cette partie se pr^te difficilemenl a I'analyse; il suffJra de dire qu'il a re- cuellli plusieurs faits nouveaux , et que sa methode curative est simple et fondee sur I'expcrience. Dans \es, Comiderations jiratiqites , on rencontre bien quelques in- corrections echappees a M. de Kirckhoff; mais cela n'empeche pas que cet ouvrage ne soit d'une utilite evidente, et Ton peut le consi- derer comme un des meilleurs ouvrages pratiques sur le sujet qu'il traite. W. 411. — Memoires sur les lois des naissances et de la mortalite , a Bruxcllcs; par M. J. Quetelet. Bruxelles , iSaS. In-4'' de 18 pages. ( Extrait du recueil des Memoires de l' Academic de Bruxelles. ) Les lois dont M. Quetetet s'est occupe sont le rapport du nombre des habitans de Bruxelles a celui des naissances et des PAYS-BAS. 84 1 dec^s dans la inline vlUe. L'auteur a observe que , si Ton trace una courbe dont les differentes epoques de I'annee seraient les abs- cisses , et qui aurait pour ordonnees le nombre total des naissanees correspondaiit a ces epoques, cette courbe differe assez peu de la sinuse'ide pour que Ton puisse lui substituer cette derniere, ct en tirer plusieurs consequences retnarquables. M. Quetelet se borne a indiquer ces rechercbes, et il a raison ; car, en reduisant la question a des recbercbes purement geomelriques , on perd de vue I'objet qu'il fallait examiner , tel qu'il est, dans sa propre nature, afin d'ar- river, s'il est possible, a la connaissance des lois auxquelles il est soumis. — En appliquant les mdmes observations aux nombres des decfes correspondans aux diverses epoques de I'annee, l'auteur dit qu en general « le nombre des naissanees est le nioius grand lorsque le nombre des dec^s est egalement le moins fort ; ce qui s'accorde trfes-bien avec la remarque de Malthus , que le nomllre des nais- sanees augniente lorsqu'il s'est fait un vide dans la population , m^me a la suite des fleaux destructeurs. » Get accord ne peut ^tre qu'apparent; car on n'est point fonde a reconnaitre que deux fails simultanes et deux fails qui ne viennent que I'un aprcs I'autre , peuvent d^pendre d'une cause commune, ni meme de causes ana- logues.— Parmi les r^sultats remarquables obtenus par M. Quetelet, et compares aux calculs analogues fails dans quelques villes capi- tales, nous citerons les suivans : «A I'Age de 40 ans , la y'xe probable est, a Paris, de 21 ans ; en France, terme moyen , aS ans: a Londres, 18; a Vienne , plus de 19; a Berlin, de meme; en Suisse, pr^s de aS. A Bruxelles , la vie probable, a la m^me epoque, est d'environ 23 ans pour les horames , et pres de 26 pour les femmes , et d'environ 24 quand on ne fait point de distinction de sexe. » « Si Ton regarde conime mesure de la longevite I'age de 90 ans , la table de V Annuaire donne pour la France o,oo38 ; celle de Londres 0,0020 ; celle de Vienne 0,0020; celle de Berlin 0,0042, et celle de Suisse o,oo5o. Celle de Bruxelles donnera pour les honimes 0,00288, 0,00804 pour les femmes, et o,oo554 pour les deux sexes. » Aprfes ces recbercbes , dont les difficultes sont plus grandes qu'on ne le croirait , lorsque Ton veut obtenir des resultats dignes de con- fiance, l'auteur passe aux applications que Ton peut en faire au calcul des assurances sur la vie, aux rentes viagferes , etc. II a recueilli ses materiaux avec soin et diligence, rejelant ceux qui lui paraissaient un peu suspects. Comnic le nonil.U'j des annces dont 842 LIVRES :tTR ANGERS. les registres lui ^taient fournis comprenait la funeste epoque dc i8i5, il a dii ne pas la faire entrer dans le calcul des mortalit^s ;^ mois il a remarque que I'affluence extraordinaire de blesses et de niourans dont la ville de Bruxelles fut encombr^e , apres la ca- tastroplie de Waterloo, n'avait point influe sur le nombre des naissanees ; ce qui prouve , suivant lui , que la ville eut le bonheur d'ccliapper aux maladies contagieuses. Cette Assertion pourrait etre contestee ; mais le sujet est si penible , que la pens^e s'en detourne , au risque de ne pas constater un fait interessant par lui - meme , et qui ne serait pas sans importance pour I'art de guerir. F. 4 1 a. — * Beschrjving van Nederlandsche Historie-Penningen. — Des- cription des medailles historiques (ou Histoire metallique) des Pays- Bas, pour faire suite a I'ouvrage de Gerard van Loon, public par la seconde classe de rinstitut. aelivraison. Amsterdam , i824;Pieper et Ipenbuur. In-folio , avec 7 planches. La premiere livraison de ce recueil a ete annoncee dans la Revue , (voy. t. XIX, p. i55); celle-ci contient la description de soixante-six medailles ou jetons , car le mot penninga quelque chose de g^nerique que Ton rendrait bien en latin par nnmmus. La plus ancienne de ces pieces ne renionte pas plus haul que I'an 171 7. On n'a pas oublie la medaille consacree par M. Durand a H. Boerhaave, dans sa Collection numismaciqiie universelle des homines illustres. Les planches continuent de faire honneur a M. J.-F. Lange. On ne pent qu'applaudir a la sol- licitude avec laquelle les habitans des Pays-Bas recueillent et consa- crent , d'une mani^re oflicielle , les monumens de leur histoire. Ce soin reMgieux pour le passe est aussi une vertu de famille, et Ton sait qu'aucun gouvernement nemontre plus de respect pour les verlus domestiques. de Reifff.nbeeg. 4i3. — * Jnnales dii salon de Gand, et de I'Ecole moderne des Pays- Bas ; par L. de Bast, secrdtaire de la Societe royale des beaux-arts de Gand, etc. Gand, iSiS; P.-F. de Goesin-Verhaeghe , rue Haute- porte, n° 87. i vol. in-8° de 208 pages , avec un nombre considerable de gravures au trait. C'est a la peinture que la Belgique doit une partie de sa gloire ; fifere d'avoir donne le jour aux van Eick , inventeurs de la peinture il I'huile, elle n'a jamais laisse deperir cette admirable invention, et a toujours trouve dans ses enfans de dignes successeurs de son pre- mier peintre. La collection pnbliee par M. de Bast, et faite sur le mime plan que les Annales du musee , de M. Landon, se distingue PAYS-BAS. 843 par une grande variety dans les coiEpositions, et prouve que le g6nie de la peinture est loin d'avoir degenere en Belgique. L'editeur y a joint le dessin au trait , les coupes et les plans de quelques monumens nouvellement proposes, dans des \'ues de bien public. L'auteur a juge necessaire d'accompagner divers dessins de notices rapides sur les sujcts representes , et siir les artistes meme dont il a reproduit les idees. Au moyen de ces doubles notices , les amis des arts graphiques peuvent trouver dans le livre que nous annoncons tout ce qu'il leur importe de savoir sur la vie et les ouvrages des peintres beiges actuellement vivans. 4 1 4- — * Messager des sciences et des arts, recueil public par la Societe royale des beaux-arts et des lettres , et par la Societe d'agricul- ture et de botanique de Gand. Gand, iSaS; P.-F. de Goesin-Ver- haeghe, imprimeur de I'Universite et des deux Societ6s. 2 vol. in-8" de 5oo pages, avec gravures. Voici un recueil qui peut satisfaire tous les gofits : litterature, sciences, beaux-arts, arclieologie, histoire, rien n'y manque; et, sous plus d'un rapport, on peut dire que le Messager des sciences et des arts est un monument eleve par les Gantois k la gloire nationale. On y voit avec plaisir le dessin au trait d'un grand nombre de tableaux anciens et modernes , de statues , de monumens nationaux et etrangers. Ces gravures sont presque toutes remarquables par I'elegance et la purete du trait. Nous regrettons de ne pouvoir en dire autant des lithographies, qui, pour la plupart, sont assez mediocres. Au reste, comme nous I'avons avance au commencement de cet article, les savans dans tous les genres y trouveront plaisir et instruc- tion. Les redacteurs ont eu le soin de meler aux descriptions des tableaux divers articles sur des objets plus s^rieux : on remarquera les dissertations archeologiques de M. le colonel Rottiers , les relations botaniques publiees par la Societe d' agriculture. Les redac- teurs rasseniblent d'ailleurs dans leur ouvrage tout ce qui peut piquer la curiosite et exciter Tinteret des lecteurs. B. J. Lii'res en langues etrnngeres, 4 1 5. — Specimens of english 'verse, etc. — Choix de morceaux de poesie anglaise , extrails principalement des poetes modernes, et precede d'observations sur la versification anglaise; par R.-F. Eus- nEN.Bruxelles, 1826(1825) ; Berthot , Frank etEwbank. i vol. in- 18 de 1 56 pages. 844 LIVRES l^TRANGERS.— LIVRES FRANCA.IS. Ce petit volume contient tout ce qui est n^cessaire pour se fami- liariser avec les regies de la versification anglaise. L'auteur explique, dans la premiere partie , les differentes sortes de pieds , determinees en anglais par la position de I'accent prosodique, comnie elles le sent en latin par la quantile des syllabes ; il fail connaitie le nombre et I'espece des pieds qui entrent dans la composition de chaque vers , et donne les regies relatives a la cesure et a la rime. Une seconde partie contient un choix de vers que l'auteur a ramen6s a la cons- truction de la prose, pour que I'el^ve puisse s'exercer en les recom- posant. EnCn , la troisieme partie offre de nombreux morceaux extraits des meilleurs poetes , tels que Pope , Sheridan , Gray, Byron, Moore, Rogers, Cowper, etc. — Ce livre, dans lequel M. Eusden a fait preuve d'instruction et de gout , sera utile a tons ceux qui vou- dront connaitre en peu de tems le mecanisme des vers anglais , de mani^re a les bien comprendre , a en gouter riiarmouie et a les pro- noncer convenablement. J'engage toutefois l'auteur a revoir la par- tie de son traite de versification qui est relative a la cesure. II semble (pages 38 et 3g) confondre les pauses iiidiquees par le sens (sen- tential pauses) avec celles qu'exige le mfetre (harmonic pauses), et il omet cette remarque essentielle , que la cesure du vers heroique est determinee par I'accent prosodique necessairement plac^ sur la 4* ou la 6« syllabe de ce vers. C. LIVRES FRANCAIS. Sciences physiq^ues et naturelles. 4i6. — * Cours complet et simplific d'agriculture et d'economie rtiraie et domestiqiie ; par M. Louis Dubois, membre de plusieurs Acade- mies, etc., I'un des collaborateurs du Cours d'agricullure redige d'apr^s Rosier. Paris, iSaS; Raynal. 6 vol. in-ia, avec des planches. Prix, 21 fr. Voici encore un ouvrage auquel nous aurions voulu consacrer uue analyse etendue. Le sujet qu'il traite est si vaste, compose de parties si diverses , que , pour donner a I'ensemble et a ces parties I'attention qui leur est due, on ue peut 7-<;.f. ) II est en outre auteur d'un grand nombre de decouvertes importantes de la chirurgie nioderne. Son livre jouit en Angleterre d'une grande reputation ; il a deja obtenu trois editions. Le nom de Bell est porte aujourd'hui par un grand nombre de chirurgiens anglais; celui qui est I'auteur du livre que nous annoncons est mort depuis pen , pendant un voyage en Italic : M. Estor nous assure que c'etait le plus ceiebre de tous. 421. — * Memoire sur les am/iiitaCio/is , /'hydrocele du con, et V or- ganisation de Viris ; par J. -P. Maunoik , ainc , prof, d'' chir. Paris , SCIENCES PHYSIQUES. 849 Geneve , 1825 ; Paschoud. Brocliure in-8» de 160 pages ; prix , 7 fr., ct par la poste 8 fr. 5o c. Dans le premier de ces Irois Memoires , M. Maunoir resume toutes les objections que Ton a elevees contre V amputation a lam- beaux, etles refute en niontrantles grands avantages decettemethode. IJecouvrir la plaie qu'on vient de faire en amputant un membre, avec la peau qu'on a conservee suffisamraent longue, epargne au malade des souffrances et des dangers. La vaste plaie qui est le re- sultat d'une amputation par )e procede ordinaire est tres-long-tems a se fermer , et le malade peut etre epuise par una suppuration trop abondante; en attendant il est expose a cette gangrene superficielle qui infeste si souvent les plaies , dans les liopitaux ; il risque aussi de gagner quelque fi^vre de mauvais caract^re. En donnant des chances de guerison plus nombreuses et plus promptes , la reunion immediate assure encore la formation d'un moignon plus solide et qui resistera mieux a la compression et au frottement qu'exercent les jambes de bois qu'on y ajuste. JJhjfdrocele da con est une maladie que les commissaires de I'lns- titut auxquels M. Maunoir a envove son memoire paraissent regarder comme une legere variete du goitre ou bronthocele. M. Maunoir ne partage pas cette opinion ; il regarde cette affection comme une veri- table hydropisie formee dans une poche sereuse, qui peut se trouver pres de la glande thyroide, mais qui ne I'interesse pas necessairement. Letraitement diff^re aussi beaucoup selon lui. Le goitre se fond pat- les remedes r^solutifs , par I'eponge brulee , par I'iode; tandis que ces remedes ne sont jamais capabies de dissiper la collection aqueuse qu'il appelle I'hydrocele du cou. Une operation deparacent^se ou ponction, et ensuite le sejour d'un seton destine a enflamraer la paroi interne du kyste pour en procurer I'adhesion est , selon M. Maunoir, le seul moyen de guerison sur lequel il soit permis de compter. Le travail sur I'iris est destine a mettre en evidence la texture musculaire de cette membrane de I'ceil. Un chirurgien d'Edimbourg , le prof. Monro , avait deja fait des experiences qui I'amenaient a cette conclusion ; mais le chirurgien de Geneve n'en avait pas eu connaissance. Le blocus continental empechait I'introduction de tons les livres anglais. Lorsqu'en 18 14 '1 put se procurer I'Duvrage de Mouro, il s'apercut que, d'accordau fond avec lui sur la texture musculaire de I'iris , iis differaient I'un de I'autre par la direction et I'etendue qu'ils assignaient aux fibres musculaires. Cette contra- diction est d'autant jjlus etonnante que les deux observafeurs ont 85o LIVRES FRANCAIS. ^tudie sur I'cEii cln bceuf. Tous deux ont reconnu ua muscle a fibres circulaires ou sphincter et nn autre muscle a fibres rayonnantes. Monro place le sphincter a la lace anterieure et externe de I'iris, sur le TOUscle rayonnant lui-nierae; M. Maunoir le place a I'auneau ini-me de la pupille entourant cette ouverture , commencant a la terminaison du muscle rayonnant et se terminant a la circonference dela pupille. II faudra necessalrement qu'un troisieme anatomiste vienne ter- miner le differend entre M. Monro et M. Maunoir : la matiere e&t delicate, il s'agit d'observations microscopiques ; il est bieu essentiel de n'etre pas lie par des assertions anterieures pour voir de telle ou de telle mani^re. E. De Salle. 422. — Manuel de medecine et de chinirgie domestiques , contenant un choix des remfedes les plus simples et les plus efficaces pour la gue- rison de toutes les maladies internes et externes qui affligent le corps humain ; avec la maniere de les administrer soi-ni^me, et le regime a observer dans les diffcrentes incommodites qui surviennent dans le cours ordinaire de la vie. Paris, iSaS; Roret. i volume in- 18; prix 2 f. 5o c. Ce petit ouvrage renferme une foule de recettes dont quelques-uues pourront etre utiles au besoin. On a pris le soin de definir quelquefois I'affection pour laquelle on propose telle recette, afin que le lecteur puisse etre promptement et surement a meme d'en faire I'application. 433 — Dissertation sur les medecins poetes; par Elienne Saijvte- Marie, D. M. M. membre du conseil de salubrite de Lyon, etc. Paris , 1825 ; Corraon et Blanc, rue Monlmartre , n° 167. Brochure iu-8° ; prix 2 fr. Dans cet ouvrage, M. Sainte-Marie, deja connu par un gl-and nonibre d'ecrits fort estimes , soit en litterature, soit dans la profes- sion qu'il exerce, a fait voir , par de nombreuses et piquantes cita- tions, que la medecine, qui tieut un rang si distingue parmi les con- naissancethumaines etqui rend tributaires toutes les autres sciences, loin de demeurer etrangere aux arts d'imagination , s'est niontree doubleinent file d'Jpollon (expression de La Mettrie) dans tous les siecles : elle a constamment su allier les hautes pensees et les charmes de la poesie avec les etudes graves et serieuses. C'est a elle que la poesie pliilosophique doit sa naissance. C'est elle qui a puissamment coDtribiie a la renaissance des leltres; et la plupart des hommes qui font la gloire du iheitre et de I'epopee ont ete les nourrissons de la medecine. En Allemagne, ce futle grand Hallerqui ramena la poesie SCIENCES PHYSIQUES. 85 1 a son antique et noble institution. Le D.inte , Schiller et Goldsmith ont commence par professer cette belle science. Les Darwin , les Armstrong, les Clement Tode, et parmi nous un grand nombre de poetes estimes, furent medecins. Cependant, la litterature francaise a, sous ce rapport , moins de celebrite que les litteratures etrangeres. Ce n'est pas que uotre langue se prete moins aux inspirations de la poesie; mais il existe en France un prejuge qui regarde toutmedecin- poete comma un homme frivols et incapable dese livrer efficacement a la guerison des maladies. Telle est la substance d'un livre qui a du couter d'immenses tra- vaux a son auteur, qui nous parait ecrit avec ordre, precision et ele- gance, et dans lequel on trouve de beaux vers et des notices histo- riques fort bien faites. Aime Grimaud, 424. — Manuel d'aritkmetiqiie demontree , a I'usage des jeunes gens qui se destinent au commerce et de tous ceux qui desirent se bien penetrer des principes de cette science; suivi des Tables de compa- raison des poids et mesitres , du Tableau de la depreciation du papier- monnaie, de la Concordance des Calendriers , de Modeles des petitions, quittances , baux , mcmoires , factures , lettres de commerce , etc., par C0LI.IN. Cinquieme edition, entierement refondne par N. R. , ancien eleve de I'Ecole Polytechnique. Paris, 182$ ; Roret. i vol. in- 18 de VIII et 287 pages; prix , 2 fr. 5o c. Les ouvrages du genre de celui-ci ont I'avantage de rendre plus facile I'introduciion des sciences ; mais ils ont aussi I'inconvenient de donner a cette elude une forme, pour ainsi dire, materielle, et de remplacer les regies par de simples precedes d'execution. Quoiqu'il en soil, le Manuel d'aritbmetique demontree nous parait reunir les principales conditions d'un ouvrage elementaire. L'auteur expose la numeration et les quatre regies, en mfime tems sur les nombres en- tiers et sur les fractions decimales , sans faire de I'etude des proprietes de ces derni^res une theorie a part ; et cela nous parait couforme a la vraie methode philosophique , qui doit embrasser le plus grand nombre de faits sous les m^mes lois. La division aurait du etre pre- sentee immediatement comme une operation inverse a la multipli- cation, afin de donner aax eleves un example de la composition et de la decomposition des quantites qui se presente partout dans la science des nombres. Peut-^tre les principes de la theorie du plus grand coramun diviseur ne sont-ils pas exposes avec assez de deve- loppemens; mais il ne faut pas oublier que ce livre n'est qu'un ma- nuel. L'auteur a eu I'heureuse idee de donner des applications de 852 LIVRES FRANCAIS. cliaque regie aiix usages de commerce, et c'est le vrai moyen de faire connaitre anx cloves I'utilite pratique tie la science. 4 '^5 — Tiaile iUmentaire de la teinie cles litres en partie double, a Tusage dcs jeuiies geiis qui se destinent au commerce; par J\cquet, iiegociant. Paris, iSaS ;BrissotThivars. i vol. in-u deiv , etSy pag.; prix , 2 fr. 5o c. L'auteur de ce petit livrc , en sortaiit de I'ornifere de la routine suivie communemeut par les aritliiueticiens qui (icrivent sur la'tenue des iivres , a voulu iniroduire dans cet enseignement eleinentaire I'esprit d'analyse qui doit Cnir par eclairer toutes les branches de nos ronnaissances , depuis les sciences les plus hautes jusqu'a la pratique des arts les plus vulgaires. Le commerce et I'industrie at- tendent encore un grand nombre de traites speciaux , destines a coordonner et a feconder les notions pratiques deja si multipliees. C'est pour repandre les idees les plus elementaires de I'application du calcul au commerce que M. Jacquet a compose ce petit ouvrage, dans un but tout-a-fait philosopliique. Son style est clair; sa marche est dirigee par la metbode; ses instructions sur les devoirs du com- Ttiercant sont conformes a la morale, et il ne manque pas de recom- mander pour premiere r^gle la bonne foi dans les transactions, qui est la base la plus solide du credit, comme rinstniclion, i'activite et le bon jugement , sont les meilleures garanties des bonnes operations. Mais que peuvent quelques phrases contre le torrent des speculations hasardeuses , qu'alimente sans cesse le jeu sur les fonds publics? — Nous aurions desire trouver , au nioins en note, des details th^o- riques sur les regies d'escompte et d'inter^t dans les cas les plus remarquables; leurs applications, sous des formes en apparence trfes- variees , se presentant chaque jour au negociant. Ad. G. 426. — * Essai pratique sur la force du fer coiile , et d'autres metaiix , destine a I'usage des ingenieurs, des maitres de forge, desarchitectes, des fondeurs et de ceux qui s'occupeut de la construction des ma- chines, des batimens , etc ; contenant des regies de pratique, des tables et des exemples; le tout fonde sur une suite d'experiences nouvelles; et une table etendue des proprietes de divers materiaux; par Thomas Tbedgold, ingenieur civil; trnduit de I'anglais , sur la deuxieme edition , par T. Duverne, ancien officier de la marine royale , etc. Paris, i8i6 (1825). In-S" de38o pages , avec 3 planches. Cet ouvrage est un tres-bon resume de presque toutes les expe- riences que Ton a faites dans les differens elats ou il est employe. Les resultats de ces experiences, epars dans plusieurs ouvrages. SCIENCES PHYSIQUES. 853 n'ctaient pas assez a la portee de ceux qui ont besoin de les consulter; et pour les emplover avec succ^s , il fallait une theorie complete et reduite en formules pour les applications, on, tout au moins , des regies decalculdeduites des fails connus, etquine s'enecartentpassen- sibiement , si ce n'est hors des limites des applications. L'auteur a peut-dtrerenonce aiinioyen d'arriveia unethenrie; il refuse lesecours ducalcul infinitesimal dontilsedefie, etqui luiparaitfondesur unmau- vais raisonnement. La gvoinitrie , dit-11 , est completement disdncte de la science des nombres , ou de fana/jse : quel(ine developpement qu'il ait donne a ses ideas sur cette matiere , il ce sera pas Lien compris , I'analyse 6tant la science du calcul , et le calcul la recherche des rapports entre des grandeurs de meme nature. Les dimensions de I'espace, le terns, les intensites, toutes les proprietes ou manieres d'etre des corps sont soumis a la loi de continuite, ainsi que leurs rapports; par consequent, le calcul in^itesinial leur est applicable. Loin d'eviter I'emploi des methodes de ce calcul, il est a desirer qu'il devienne aussi familier que celui de I'analyse ordinaire : il offre les expressions les plus exactes des conditions du mouvement des ma- chines , et les meilleures solutions de la plupart des questions de nie- canique pratique. — Les regies de calcul donnees par M. Tredgold sont tirees, en grande partie, des meiUeuis ouvrages connus; mais il en est aussi plusieurs qui lui appartiennent. Elles n'exigent point une haute instruction mathematique ; mais , jusqu'a ce que les cours ouverts dans plusieurs villes aient repandu dans les ateliers les con- naissances qui y sont encore trop rares , cet ouvrage ne produira pas tout le bien que Ton doit en attendre. Lorsque tous les chefs d'aie- licrs seront en etat de le consulter, les arts et les sciences auront fait de nouveaux progres, et I'ouvrage aura besoin dequelques additions. Dans la Tabic de proprietes de differens corps , placee a la fin du livre, on trouve quelques incorrections, et parfois un pen d'obs- curite. — Ainsi, par exemple , il ne fallait pas se contenter de dis- tinguer par la coulpur les diff^rentes sortes de bois de sapin. — Quel- ques pesanteurs specifiques sont inexactes , etc. On aurait desire que le traducteur n'eut employe que les niesures francaises pour les tables de resnltats , et qu'il eut dispense ses Jec- teurs du soin de faire eux-mdmes la conversion des mesures auglaises, peu connues en France. Du reste , la traduction parait correcte, et Ton doit savoir gre a M. Duverne du service qu'il a rendu a nos arts. On lui doit aussi la traduction d'un autre ouvrage de M. Tred- gold , intitule : Py^rt de chauffer et d'aerer les edifices publics , etc. Nous T. xxviii. — Decembre iSafi. 55 854 LIVRKS FRANCUS. ignorons si les principes elemeiiCaires de charpente , par le m^me ilige-' nieur, out attire I'attention des traducteurs; c'est encore un livre qui nous serait utile, non que nous mauquions de traites sur celte ma- ti6re,etencorenioinsd'ingenieurs capables d'en faire d'excellens,n)ais parce que la publication de celiii de M. Tredgold nous ajjpreudrait quel est, en Anglelerre, I'etat de I'art de la charpenterie , et nous donnerait I'occasion de comparer nos progrts a ceux de nos voisins. 427. — Memoire sur les inorens de rtcttoyer le lit de la Loire , eC d'en retablir la navigation; par P. Gbelibk. Nantes, iSaS ; imprimerie do Meliinet-Malassis. In-S" de a3 pages. 4a8. — Addition an memoire precedent , par le meme. In-8° de l8 p. Avant de faire connaitrc les nioyens proposes par M. Greliek, pour perfectionner et conserver en bon etat la navigation de la Loire , examinons jusqu'a quel point, et sous quel rapport ce projet peut interesser la Fjance. La Loire est le plus grand fleuve de noire beau pays, celui cjui traverse le plus grand nombre de villes iudustrieuses, de riches provinces et de lieux qui fournissent a I'approvisionnement de la capitale ; il serait done inutile d'entrer dans aticun detail sur les services que nous rend ce grand canal, m^me dans I'efat oil il est , ni sur ceux qu'il serait en etat de rendre, apres rachevement des travaux proposes , qui prolongeraient la navigation vers la Haute- Loire , et I'augmenteraient sur toute la longueur du fleuve. Mais M. Grelier voudrait que Ton commenc^t par le retablissenient du port de Nantes : ia France sera-t-elle d'accord avec lui sur ce point? Ignorc-t-on que ce port contient aujourd'luii plus de negriers qu'au- cun autre repaire de I'infaiue brigandage de la traite? .Si Nantes con- tinue a nous deslionorer aux yeux de tous les peiiples , que ['indigna- tion publique altesle au moins que la France n'est point complice des crimes comrais par quelques-uns de ses navigateurs. M. Grelier voudrait que le lit de la Loire fiit lesserre, et que le.* eaux du fleuve iussent contenues pai' deux digues dont la hauteur surpasserait celle des plus grandes inondatioiis. Le creusement du lit actuel, sur toule la longueur du cours navigable, fournirait les mate- riaux pour la construction de ces digues. L'idee est certaineraent tres- boune; niais, pour la convertir en projet executable, il ctait indis- pensable de la developper autrement , et plus que I'auteur ne I'a fait. — lldiscute fort longuementuu autre projet propose par M.Cohjwieb, ingenieur des ponts et chaussees , et s'attache a fair voir I'insuffisance des moyens que cet ingenieur voudrait employer : mais on eut desire qu'il entrSt dans quelques explications sur certaines parties de sou SCIENCES PHYSiQUES. 855 projel, dont il n'a point assez exaniihe I'mfluence sur rensemble. Quelle sera, ))ar exemple, la forme de ses digues a remboucliure des af- flnens du fleuve ? Comment les terres voisines de ses digues pourront- elles etre dessechees au besoin , etc. II parle d'un canal de derivation des eaux du Rhone dans la Loire, en partani de Condrieux ou de Vienne; il fallait iin nivellement pour savoir si ce projet n'est pas chinicrique, et M. Grelier n'a coiisulte que la carte. N'est-il pas tres- probable,presque certain ni^me, (ju'auxlieuxqu'il indiquepour I'em- placement de ce canal, ce serait les eaux de la Loire qui couleraient dans le Rhone ! Enfin , la partie essentielle de tout projet, le devis, est traite trop superGciellement ; le memoire ne donne pas les nioyens d'apprecier I'exactitude des estimations. — Le projet de M. Grelier est certaineraent tres-bon , s'il est executable sans depenses excessives ; niais il reste eiiCore a prouver que cette condition de rigueur pent ^tre remplie. L'auteur, plein de fon sujet , a cru trop tot qu'i! en avait assez dit. "C'est peut-etre une presomption d'auteur, dit-il; mais j'ai la ferme conviction que, si mon projet etait connu en France et en An- gleterre, des compagnies tres-nombreuses s'empresseraient de de- niaiider a se charger, a des conditions tres-accep!ables par le gou- vernenient, non-seulement de I'execution du ])rojet principal , mais encore de celle des interessans accessoires que j'y ai reunis. » Mais, ]50ur que le projet de M. Grelier soit conntt , il faut qu'il puisse ctre jug^ , et que l'auteur ait rassemble, mis en ordre et exnose toutes les donnees de cette importante question ; il faut un autre memoire avec un devis complet. Une depeiise qui ne sera pas au-dessous de 200 mil- lions nierite une attention serieuse, et personne ne s'engagera dans une entreprise aussi vaste , sans avoir pris les precautious qu'exigent m^me les speculations ordinaires. F_ 429. — * Lettres citrl'astionomie , en prose et en vers, par M. Albert MoKTiiMOMT. SecoTide ediiioii, revue et corrigee. Paris, 1826 (iSaS) • Pcytieux. 4 'vo!. in-i8, d'environ aSo pages chacun , avec des planches , des notes et des vignettes ; prix 12 fr. ; par la poste 14 fr. La Revue En cyclope'diqn e (cahier de dccembre iSaS, t. xx, p. 65o) a deja rendu compte de cet ouvrage, dans un article ou I'uji de nos sa- vans collaboraleurs, M. Francoeur, I'a signale comme etant « d'une lecture facile et pleine d'agrcmens. - Le jeune auteur a mis a profit ies observations de phisieurs astronomes celebres, notamment de M. Bouvard, directeur de I'Observatoire de Paris, j)our ameliorer Son interessant travail, dans lequel nous avons en effet remarqu-i beaucoup de rectifications importantes. *** 856 . LIVRES FRANC AIS. 43o. — Geographic astronoiniqite, ou Petit abr^gd da tysteitte plane - laire. — Geogmphie physique, ou Petit Abregi de geographie physique et descriptive , par L. Bezoxjt, membre de la Societe de giographie et de la Societe Asiatiqiie de Paris. Paris , i8 j5 ; I'auteur, rue de Grenelle-'Saint- Honore,n. 55. In-8° de ia3 pages; prix i fr. aS c. Ces deux petits ouvrages, rcuiiis en un seul volume, pourraient servir d'introduction a un traile de geographic, si I'auteur avail atteint son but : malheureusement, 11 s'est laisse seduire et enlrainer par una lueur de theorie, tr^s-inutile pour les progrts de la science, el dont il ne fallail point occuper les commencans. La pretention ordinaire des redacteurs d'abreges est de partir de rignorance absolue, et de s'elever lr6s-haul : M. Rezoul debute par les definitions les plus ele- mentaires de g^ometrie , el ne s'^nonce pas loujours avec assez d'exac- titude. Croit-il, par exemple, avoir donne une idee ji'ste du cone, en disant que c'est « un corps dont la base est forniee par un cercle, et qui se termine en pointe an sommet ? » Lorsque I'auteur est arrive a la geographic astronomiquc, il ne se pique pas plus d'exactitude que dans ses ebauches de definitions geotnetriques. Pour ne citer qu'un seul exemple de robscurite de quelques explicatious, qu'on lise celle qu'il donne des eclipses totales ou annulaires : on sentira que ce n'est pas ainsi que les phenomfenes celestes d»iivent dtre expliques a la jeu- nesse. II faut que nous portions le merae jugement sur la seconde partie du volume , Vj4brege de geographic physique et descriptive : ce ne serait, comme nous I'avons ilit, qu'une introduction a un traite melhodique, et non un abr^ge de ce traite. L'auteur n'y parle pas non plus assez exactemenl la langue des sciences; c'est ainsi qu'il emploie fre- queminent le mot vitrijid , au lieu de vitrifiable. — La nouvelle doctrine de I'auteur, fondee sur une application hasardee du magnetisnie, se reproduit dans les fragmens de geographic physique qu'il consid^re comme un abr^ge de cette science. Encore une fois, ce n'est pas ainsi qu'il faut faire les ouvrages destines a renseigriement : celui-ci a ct6 traduit en -grec moJerne pour I'instruction de la jeunesse de cette noble et malheureuse nation. Plusieurs iournaux onl loue I'ouvragedeM, Bezou*. , etnous regret- tons sinc^rement de ne pouvoir les imiter; mais nous devons, avant tout , la verite au public , trop souvent tromp^ par des annonces com- plaiisantes. M. Bezout , qui porte un nom cher aux amis des sciences niathematiques, et dont I'ouvrage n'est bldmable, comme livre el6- mentairc, que parce qu'il a sgbstitue I'esprit de systeme a I'observa- SCIENCES PHYSIQUES. 85; lion rigoureuse des faits , r^ussira sans douta mieux , en publiant un traite complet, dans lequel loute sa doctrine sera developpee, non plus pour rinstructlon des commencans, qui ne sauraient la bien com- prendre , niais a I'usage des hommes instruits , seuls juges competens pourapprecier les theories nouvelles. F. 43 1. — * Geographie de lajeunesse , on Nouveau recueil degeographle, contenant la description detaillee des empires, des royaumes et d'antres etats ; du sol, du climat, du commerce, des productions , etc. des cinq parties du monde ; precedee d'un apercu general , mathe- matique et physique ; par G.-li. Depping. Deuxieme edition enti^re- inent refondue , avec plusieurs cartes. Paris , i8s5; Eymery. a \o\. in-i2 de 55o pages environ chaque ; prix 10 fr. Enumerer les etats, iesvilles, les montagnes, les climats et les prlncipales productions des divers lieux du globe,- indiquer la popu- lation des diverses contrees , le genre d'industrie ou de commerce qui leur est propre ; citer les ouvrages que Ton peut consulter pour a voir de plus grands devcloppemens sur chaque sujet; donner une idee succincte de la religion , des divisions politiques et meme des formes de gouvernement des etats; designer les choses que Ton remarque dans chaque lieu, soit en raretes de la nature, soit en produits de I'art, etc. , tels sont les divers objets que M. Depping a traites dans sa Geographie de lajeunesse. Cette nouvelle edition est plus complete et plus exacte que la premifere. Tout ce qui tient a la statistique y est surtout analyse avec talent. II etait bien difficile de reunir en aussi pen d'espace une aussi grande quantite de faits utiles a con- naitre , sans que la concision obligi^e par le plan nuisit a la clarte. Get ouvrage sera tr^s-utile a la jeunesse pour qui M. Depping I'a compose. Je regrette beaucoup d'y trouver quelques erreurs graves, que I'auteur fera sans doute disparaitre dans une prochaine edition. Je ne lui reprocherai pas d'avoirdit que le soleil est 1 3o fois plus gros que la terre, tandisque c'est treize cent mille fois qu'il fallait mettre; c'est visiblement une faute d'impression. Mais, quand il dit que, dans deux villes situees a 45 degres I'une de I'autre , le soleil s'y l6ve et s'y couche trois heures plutot ; que la lune diminue de 'volume (p. 13), en revenant vers la n^omenie; que la longitude et la latitude d'un lieu sont la distance du meridien et de l'egiiate'ir(^p. i4); que I'eau de la mer est salee , ^ cause de la decomposition des mati^res ani- malea et vegetales apportees par les fleuves ; qu'on presume que les raarees sont dues a I'attraction du soleil et de la lune, etc. : ce sont des fautes graves, ou du moins des redactions con^ues en termes 858 LIVRES FRANCAIS. iiiintelligibles. Toutefois , ces taches sout rates , et ie livre pourrd reiidre service a renseignement public. Fbakcoeur. 43a. — * Notes sur la Suisse, la LombarJie it Ie Piemont; par Ie cointe Theobald Wai-SH. Seconde edition , refoiidue en entier et con- sidcrablenient augmentee ; avec cette epigrapbe : «C'est ici iin livre cle; bonne foy.... Je donne nion advis nou comine bon,mais comine mien. Montaigae. » Paris , iSaS ; Trouve , 3 vol. in-ia ; prix 8 fn Get onvrage offre des details interessans sur les beaiites de la na- t ure, admiree par tons les voyageurs dans les trois pays que M. Walsh a parcourus. Au milieu de ces descriptions , on remarque avcc plai- sir des observations piquantes sur les nioeiirs et les coutunus des differentes contrees , et des recits quelquefois altacbans , puises dans les traditions populaires ou dans I'histoire meine , et qui donnent souventa I'auteur I'occasion de faire preuve d'une erudition dirigee dans ses recbercbes par un esprit desaine (:\ prudente critique. Mal- heureusement , cet esprit de justesse et d'impartialite parait I'aban- donner , dds qu'il aborde certaines questions , ou quand il vent jnger quelques cootemporains. 11 parle d'une nianifere egalement injuste et inconvenante^ de lady Afo/g'rtn, surtout dans une note du deuxicme volume. II dit ailleurs, au sujet de Tenseignement mutuel , dont il reconuait pouriant la superiorite sur les autres methodes : « Pour peu qu'ou ait etudie les pencluxns , les gouts et Ie caract^re des basses classes en France , on ne tarde pas h se convaincre qu'une plus grande diffusion de lumieres parnii elles ne tendrait qu'a les egarer davaii- tage , maintenant qu'elles sont sorties de la vraie route : Un 'vase im- pur aigrit la pins douce liqtteur.a (T. i, p. 96.) Certes, de pareils juge- mens rameneront les lecteurs senses a la citation de Montaigne que I'auteur a cboisie pour epigrapbe : ils recevront son advis comme sien , mais non pas coranie ban. Le style est en general , correct et agrea- ble; on peut cependant lul reprocber parfois un peu trop de na- turel; ce queM. Walsb confesse lui-mdme , danssa preface. 433. — Notice sur rile de Ounlan ou Strong, par /f.-/". Lessok, phar- inacien de premiere classe de la marine , medecin de la corvette da roi la Coquille, dans son voyage autoiir du nionde. Paris, 1825 ; Gcetschy, rue Louis-le-Grand, n° 27. 6 feuilles in-8". (Ne se vend pas.) M. Lesson pense quel'ile de Oualan, ainsi nonimee par les uatureis qui I'babitent, est la memeque decouvrit, en 180.4 , le capitaine ame- ricain Crozier , qui lui donna le uom d'ile Strong , en I'honneur d'un gouverneur de la province de Massacbusset. Ceite ile, qui se trouve isolee, a une egale distance apeu-pres, du groupe des Carolines et SCIENCES PHYSIQUES*. ^ ^Tig des nrcliipels Mulgreive et Gilbert , a ete -visitee par i'aiiteur en juin 1824. La Notice qu'il public aiijonrd'hui coiitient de i)ombreusf< ob- nervations sur le sol et les productions de Tile, sur ses babitaiis , leur langage , leurs inceurs , leur Industrie , propres a inftresscr le lecteur savant ou simplemenl curieux.On s'attacliera suitout aux de- tails assez etendus concernaut les diverses castes qui divisent une population que M. Lesson evalue approximaiivement a i,2 lou- jours siestimeeen Sorbonne, a donne lem^me avis, p. 378. Voy. aussi la Lettre encjrcique de Benoit xiv , du i"^' uovembre 1745 et le Traiie de I'usuie par M. de la Fordl , cure de Saiute-Cix)ix de Lyon. Ainsi ecrivait, dans le dernier siecle , I'abbe Bergier, le plus ccle- bre et I'un des plus orthodoxes entre les athletes mcdernes qui ont le mieux combattu pour la foi et la morale de I'eglise catholique. II a ete suivi , sur ce qui touche I'usure, par une foule de theologiens fran^ais et autres, avaut et de])uis i8i4- Enfin , on pent voir, au S64 LIVRES f RANCAIS. grand livre du tr6sor public, les longues listes des communaute* rdigieuses et des membres du clerge qui retirent chaque annee plusieurs millions d'inter^t de leur argenl prete a I'^tat, a cinq pour cent. Iinposer aui aiitres des fardeaux que soimcme on ne voudrait pas toucher du doigt, ce serait pur pbarisaisme. On frouvera, sur la question de la legitiinite du prdt de commerce, les plus nouveaux et les plus curieux renseignemens dans I'estimable et savaut journal intitule : La France cacholiqiie , etc. 22' livraison. Le tome IX de I'ouvrage que nous annoncons contient principale- inent des extraits des oeuvres de St Ambroise; et le tome X est tr^s- remarquable par un excellent discours sur Torigine et les progr^s de Teloquence de la chaire ; ce discours de M. I'abbe M. N. S. Guillon sert de preliminaire aux traductions et aux extraits des ceuvres de St Jean Chrysostome, si cel^bre par son Eloquence, parses vertus et ses maiheurs , et que Bossuet a eu tant de raison de surnommer le plus grand et le plus profond des orateurs cbretiens. On trouvera ici une traduction iiouvelle de son Traite du Sacerdoce , le meilleur ou le plus estime des trait^s de morale et de theologie de ce p6re de I'Eglisej deraeure jusqu'a presenile maitre et le module presque inimitable des 6crivains ecclesiastiques. Lanjuiiiais , de I'Institut. 438. — * Histoire du mahomeusme , contenant la vie et les traits du caractere du prophfete arabe, avec un apercu des divers empires fondes par les amies mahometanes , et des recherches sur la theologie^ la morale, les lois , la litterature et les usages des musulmans ; suivie d'une description rapide de I'etendue et de I'etat present de la reli- gion mahometaoe ; par Charles Mills , traduit de I'anglais sur la deii.cieme idition , par M. P*** , docteur es-lettres. Paris, i8a5 ; Boulland et Comp. , au Palais-Royal, i vol. iu-8° de 544 P-j formant le T, IV des OEuvres complices de Mills. ( V. ci-dessus p. 234 )• P"X 6 fr. « Tenant I'epee d'une main et le Koran de I'autre , Mahomet et les califes declar^rent la guerre aux institutions civilcs et religieuses du monde. Les royaumes qui florissaienl dans les vastes et fertiles re- gions, situ^es entre le Gange et I'Atlantique , furent boulevers6es. Une nouvelle religion, de nouvelles moeurs, de nouveaux principes de gouvernement furent introduits , et , la face du monde moral et politique fut completement chaugee. • (Preface, p. n.) Le spectacle d'une aussi prodigieuse revolution a du frapper ne- cessairement tous les hommes qui aiment a contempler I'^levation et SCIENCES MORALES. 865 la chute des empires , et tous les philosophes qui se plaisent a etudier ]a marchede I'esprit huinain.Aussi, existe-t-ilsur le mahonietisaie un tres-grand nombre d'ouvrages , mais qui , pour la plupart , sont rares et volutnineux. M. Mills a done rendu un service important aux scien- ces histoiiques, en entreprenant d'extraire la substance decesouvrages, et de former, des traits principaux que les ecrivains orienlaux nous ont transmis , un tableau fidele et anirae de I'histoire religieuse , politique et litteraire des disciples du legislateur arabe. Ce travail, conscien- cieusement execute , est tr^s-propre a delruire beaucoup d'idees fausses que I'ignorance ou la mauvaise foi ont accreditees , et qui de- parent plusieurs ouvrages estimables , destines a I'instruction de la jeunesse. D'un autre cote, lorsqu'on y voit I'etendue et la jiopulation des conlrees qu'occupent encore les sectateurs de Mahomet; si Ton reflechit a leurs progres recens dans I'art de la guerre , a leur opinii- tret6, a leur fanatisme, on ne peut s'empdcher d'a voir quelque inquie- tude sur Tissue de la nouvelle lutte qui s'est engagee entre les Maho- metans el les Chretiens, lutte que les puissances de I'Europesemblent se plaire a prolonger. Le style de la traduction est en general correct, elegant et presque toujours en harraonie avec les idees. Mais un certain nombre de pas- sages ne nous ont pas paru suffisamment clairs , soil a cause de I'em- ploi de periphrases mises a la place des noms propres , soit par le de- £aut de transitions, soit enfin, que le traducteur, n'ayant pas bien saisi le sens de Touvragc anglais , se soit contente de rendre les mots par des mots , sans s'etre approprie les pensees. A. M — t. 439. — * Des Eveques , ou Tradition des faits qui mnnifestent le syst^me d'independance que les ev^ques'ont oppose dans les differens Slides aux principesinvariables de la justice souverainedu roi sur tous ses sujets indistinctement , et la necessite de laisser agir les juges se- culiers contre leurs entreprises, pour maintenir Tobservation des lois et la tranquillite publique ; avec notes et introduction historique. Paris, i8a5 ; chez les niarchands de nouveautes. i vol. in-8° de xi, et agS pages d'impression. Sous ce litre un pen prolixe parut, en ijSS, une brochure qui, selon le temoignage de Gr\mxa, est presque aussi amusante qu'un roinan. On etait au milieu des d^mdles qui existferent alors entre le parle- ment et !ec!erge; aussi, la brochure obtint-elle un Ires-grand succ^s, parce que les pretentions des 6vdqiies et des autres ecclesiastiques v ^ etaient exposees avec une erudition piquanle, que Ton n'est pas accou- tume a trouver dans ces sortes d'ecrits. L'auteur avail garde I'ano- 8(56 UVRKS FRANC AIS. nyine ; mais on ne tarda pas a soulever le voile done il s'etait cou- vert.et Ton acquit la cerlitiide que cet ouvrage qui faisuit tant de bruit ^taitsortide la plume de I'nbbe deCiiauveliii (Louis-Philippe), conseiller au parlenient de Paris. II y a vingt ans , I'on aurait pu croire que la brochure de I'abbe de Chauvelin , comme toutes celles que (irent uaitre ces tristes querelles , resterait k ]&■> mais enf'ouie dans la poussiere des bibliolheques, et ue serait plus reclierchee que par quelques curieux. Mais les circoiistaiices au milieu desquelles nous vivons, les doctmisks ui-tramont aires- PROFESSTES HAUTKMENT PA.R HUE PARTIE DU CLERGE FRaNCAIS , la fameuse declaration de 1682 repoussee comme une herosie, ont r6- Teille les defenseurs des principes de I'tglise gallicanc, ct ils s'em- pressent d'aller chrrcher des armes dans I'arsenal ^levc par nos an- c^tres. Tel est le motif qui a fait reimprimer la brochure de Chai'velin. Parmi les details iuteiessans que nous y avons remarqius, se trou* vent ceux qui sont relatifs a la proclamation des qiialre aiticles de la declarati(jn de 1682; deux nouveaux arrets de la cour roj'ale de Paris ont prouve recemment quelle n'a point cesse d' et de 33o pages ; prix , 10 fr. 442. — * OEuvres clc Pothier contenant les traites du droit franciiis. Noi/vellc edition, mise en meilleur ordre et publiee par M. Diipik. T. YII. Paris, 1826; Becliet aiiic. i vol. in-8° ; prix g fr. et pour les souscrijiteurs , 7 Ir. 5o c. ( Voy. t. xxvi, p. 207 ). Le septieme volume des ceuvres de Polhier contielit les Irnites ties donations et des successions. II lennine redilion complete qui a etc eiitreprise sous les auspices de M. Dupin. Deja, plusieurs fois , nous avons entretenu nos lecteurs des avantages qu'elle nous parait avoir sur celles qui lui sont anlerieures. (Voy. ifft-. Enc. t. Xxiv , p. 178 et 765. t. xxvr. p. 307). Aujourd'hui qu'elle est entierement ache- vee , nous n'e pouvons que la recommander avec pins d'inslances. Le nom de M. Dupin est tres-digne de figurer a c6te de celul de Pothier. Notre contemporain est I'honneur du barreau francais , comme le venerable jurisconsulte d'Orleans s'est a jamais place a la lete de ceux qui ont enseigne le droit, ou ecrit sur cette science. Nous croyons que Pothier ne pouvait avoir un plus docte editeur, et nous Savons que cette reimpression de ses oeuvres a deja obtcnu tout le succes qu'elle meritait. A. T. 443. — * I-es cinq Codes , avec la concordance des articles de ccs codes; precedes de la Charle constitutionneUe et des lois qui en deri- vent ; suivis des tarifs des fiais en matiere civile et criminelle , de la concordance des calendriers gregorien et repiiblicain ; du rapport de t ancien systhne des poids et mesures avec le nouvean; de tableaux de la depreciation du papier-nwnnaie , et d'une table generale des inatieres. Paris, 1825 ; Aime-Andre , in- 12 de xxxviir et 5i8 pages; prix, 6 fr. Cette nouvelle edition des cinq codes, dans un format commoda et portatif, en beaux caracteres sortis dela i'onderie polymaivpe da H. Didot , enrichie de notions pratiques, de renseigneniens essen- tiels et de tableaux qui ajoutent a son utilite , ne pent manqner d'obtenir un grand succes. Non-seulement , tous les juges , les ma- gistrats , les hommes de !oi , les fonclionnaires publics; luais le.s citoyens detoutes les classes ontbesoin d'avoir a leur disposition et de consulter souvent nos differens codes qui reglent les conditions les droits et les devoirs denotre exi.stence sociale.L'etude el^mentaire du droit fera necessairenient partie, avant quelques annee$, de Teducation primaire et cnmmune ; et nous signalerons ici la deplo- rable lacune qui existe a cet egard dans notre systeme d'instruction. «68 LITRES FRA.Nf;/VIS. Un extrait simpHfi^ de I'ouvrage que nous annoncoiis , renfermaiit les connaissances preliminaires en ce genre que le premier ftge est susceptible de recevoir , serait un service tr6s-important a ren- dre a la jeunesse : nous invitons le libraire auquel on doit cette publication nouvelle des cinq codes , de bieii meriter encore de nos jeunes concitoyens , en faisant composer et en publiant pour leur usage le Manuel elementaire dn droit , dont nous lui soumettons I'idee premiere, et qu'un jeune avocat, aide des conseils de nosjuriscon- sultes les plus instruits , se fera un plaisir de rediger. M. A. J. 444- — * Jurisprudence des mines, en Allemagne ; par M. Blavier , ingenieur en chef au corps royal des mines. Paris, iSaS; I'au- teur , rue St. -Jacques n° i6i , et Carillan-Goeury , IFbraire, quai des Augustins, n** 4'- 3 vol. in-S" de cent feuilles, dont plus d'un tiers en petit texte; prix ao fr. , franc de port ,25 fr. Get ouvrage se compose de la traduction de deux traites publics en 1790 et 1791 , par Franz-Ludwig Von Cauvrin ; I'un, sur la le- gislation ; I'autre, sur I'economie et la police des mines en Alle- magne. Le traducteur a joint au texte des deux premiers volumes de.o habitans, comptc 8ji LIVRES FRANf;A.IS. 5a,ooo indigens, c'est-a-dire le dixifeme de sa population. En divi- sant par 7 leur nombre total, on a 3.85o families, dont la moitic se trouve privee, par uiie surcharge d'enfans , de moyens suffisaiis d'existence. Si nous retranchons deux enfans par famllle, on voit que les secours accordes a 7,700 enfans ^earteraient 19,000 indi- vidus, et reduiraient la classe des mendians a 82,700, sur lesquels on peut compter 18,000 valides. Dans le plan de colonisation concu par I'auteur , I'^tablissemcnt d'un menage dans les Landes couterait 1,700 fr.; cela ferait , pour la masse des indigens, une somme totale de 8,802,800 fr., dont l'inter6t a 7 pour cent s'eleve a 616,196 fr. , c'est-a-dire, a i fr. 60 c. par t(5te pour la population des classes productives du departement ; et certes , I'etal actuel des choses exige, de la part des proprietaires et des industriels, des depenses hien plus considerables, presque per- dues pour la societe. Cette depense m^me nc serait pas faite en pure perte par les souscripteurs , puisqtie le fermage des terres que les colons reudraient productives, donnerait , apres la premiere annee, une somme considerable qu'il faudrait deduire de I'interet de la premiere mlse de fonds. Dans le systeme hollandais, qui est aujour- d'hui en pleine activite sur les brnyeres de Phalsdorf , I'etablissement d'une ferme coute 3,5 5o fr. Tels sont les calculs qui scrvent de base au plan de I'auteur. II faut lire sa brochure, si Ton veut connattre les details d'orgauisation qu'il indique. II voit dans la Gironde une partie de la population qui trouve dans I'avimone une veritable prime d'encouragement pour la paresse et pour tons les vices qu'elle enfante , et a cote des terres immenses, offrant toutes les conditions d'un sol fertile, qui ne recla- ment que des fonds pour etre rendues productives ; il remplace des individus , fleau de la societe , par de nouveaux producteurs , qui deviendront consommateurs a leur tour; et d'hommes abrutis et de- moralises , il en fait de bons peres de famille attaches au sol et aux principes conservateurs de I'ordre. Ainsi , I'interet materiel et I'in- terc^t moral se trouvent reunis dans les avautages qu'offre la coloni- sation des indigens. Nous apprenons avec plaisir que M. le Prefet du departement de la Gironde a donne des ordres pour que ce projet reciit un commence- ment d'execution dans la commune de Salles. II a dii s'y transporter le 21 novembre dernier, pour faire arpenter le terrain accorde a six manages d'indigens: il se propose, a cette occasion , de faire un appel a la bienfaisance publique. Nous formons des voeux pour que SCIENCES MORALES. 873 nos autres departemens suivent cet exemple. Nous avons tant dfe terres qui n'attendent que la niain de rhorame pour etre feconddes ! Ce n'est plus dans les colonies que nous devons chercfher un debouche pour I'excedant de notre population ; c'est dans une plus sage repar- tition des producteurs sur le sol mdme de la France. Ad. G. 449. — * Considerations sur I'emprunt d'Ha'iii, adressees a M. le due de la Rochefoucault-Liancourt ; parM. L.-G. Teknaux. Paris, iSaS; chez les marchands de nouveautCF. Brochure in-8° de 42 pages ; se vend au profit des Grecs. On J3e saurait developper avec plus de clarte , de raison et de sagesse, les garanties que la republique d'Haiti offre pour surety de I'emprunt destine a soulager I'infortune des colons. Cet emprunt est contracte pour asseoir sur ties bases solides le repos, I'industrie et I'avenir de la nation lia'itienne. Elle possede une epargne de cin- quante millions qu'elle po'irrait payer comptant , si elle ne preferait les emplo} er a I'accroissement de sa prosperite. Son territoire s'est accru du vaste pays qui deperissait sous la domination espagnole, et une compagnie anglaise exploite la richesse de ses mines. Son gouvernement a j ris pour modele les Etats-Unis, le plus sage et le plus stable des gouvernemens du monde. Depuis vingt-deux ans , une marche equitable et reguliere lui a ete donuee par les vertus de deux hommes qui ont ete successivemeut appelcs a la direction des- affaires publiques , et qui se sont appliques a suivre I'ordre et I'eco- nomie enseignes et mis en pratique par Toussaint-Louverture, si bieo qu'il disait que I'argent etait un esprit malin qu'il fallait tenir sous les verroux. Aussi, la republique d'Haiti a-t-elle toujours execute avec la plus scrupuleuse exactitude tous ses engagemens envers le commerce des autres nations. Qui pourrait douter qu'elle n'apporte la meme bonne foi , dans ceux qu'elle a contractcs a la face des peuples de I'ancien et du nouveau monde , pour assurer a jam.iis son independance ? En vain , pour affaiblir ses suretes reelles et morales, opposerait- on la jeunesse de sa republique , I'ignorance de la multitude , et quelque dereglemesit dans ses moenrs : sa jeunesse donne des esp^- rances, son ignorance se dissipe; et quant a ses mceurs, il nous semble qu'il y a eu de I'exageration dans le tableau que presentait Particle de la Revue intitule : Etude sur la civilisation d'Haiti. ( Voy. t. xxvii , p. 047 682. ) On a vu le nial , et ferme les yeux sur le hien. Quel empire , quelle nation , quelle ville pourrait soutenir un examen aussi severe ? Si je citais seiilement Paris , qui passe pout 874 ■ UVRES IRANCAIS. Tune des cites les niieuK policees, si je parlais de la licence de ses mcBurs, dii noinbre de ses filles puLliques , de ses maisons dejeu , de la ruine des Cls de fainiile , des baiiqueroutes , des vols , des suicides , des erapoisoiiiiemeiis, des assassinats , de Taction sourde et terrible d'une police qui peul a peine suffire a tant de dereglemens, de vices •'t de crimes, de ses vastes prisons et du nonibrede juges el dclribu- naux sans cesse occupes de punir : quelle idee se fornierait-on de celte capitale ; et qui croirait y pouvoir vivre un seul jour en siirete ? Pour juger une nation, il faut mettre dans la balance ee qu'elle a de bien et ee qu'elle offse demal; et, a lout considerer, j'aimerais mieux, dans un peuple neuf , de la bonne foi , de la rudesse et des passions violentes, que ces formes etudiees, souples et mielleusesde la politesse , qui sont trop sou vent le masque de la friponnerie et de la perversite. La Rcpublique d'Ha'iti , sortant du chaos de I'esclavage, est tout ce qu'elle peut et ce qu'elle doit etre. On n'a point appris a y deguiser des vices, et Ton s'ynrjontre tel qu'on est; les coeurs n'y sont point caches sous la duplicite , et les visages n'y sont pas fardes par la dissimulation. On n'j' est pas devot par hypocrisie ; les autels sont entoures d'homraages purs et veritables; et cetle fran- chise de caract^re est deja de la vertu. Malheur a Haiti, si sa jeuuesse resserublait a la decrepitude ! Ce peuple n'a-t-il pas fait preuve d'un veiitahle esprit national et d'un amour sincere de la patrie ? n'est-ilpas pret a tout sacrifier a cet amour, veritable source de la vertu? et la vertu ne conduit-elle pas une nation au bouheur? On ri'est pas juste quand on reproche a Haiti des vices qui sont les effets du climat. Les peuples du niidi, commele remarque Mon- tesquieu , out du penchant a I'aniour et a la paresse ; le legislaleur doit faire ses efforts pour combattre ces vices. Deja , il existe n Haiti des iois qui repriment le vagabondage et la mendicite. II ne s'agit que d'en faire de nouvelles , pour favoriscr I'lnduslrie et encourager les mariages. Tout ne se fait pas dans un jour; et Ton voudrait que Haiti, naissant d'une maniere presque miraculeuse a la civilisation, n'eiit plus de vestiges d'une barbaric dont il a fallu a I'Europe dix sifecles pour comraencer a s'affranchir ! Ainsi , les institutions de la Rcpublique haitienne, ses progres surprenans et rapides, la rudesse et la franchise de ses moeurs, son amour pour la patrie , sa fid^lite it remplir ses engagemens , Texploi- tatiou de ses mines, la fertilite de son sol , sa position favorable au commerce des deux niondes , une economic de 5o millions : voila les siiretes que le passe offre a I'emprunt ; mais, dans I'avenir, nous SCIENCES MORALES. «75 /en voyons dcbieuplus giandes choses encore. Apres le traite depaix qu'elle vient de faire avec la France, cetle Republiqiie n'a plus la craiute de voir bruler ses ville? , detruire ses ports , paralyser son Industrie , aneautir sou commerce; ellen'a plus d'armee a entretenir sur le pied de guerre, ce qui lui jirocure, chaque annee, uue eco- nomie de i5 millions au moins ; elle verra sa population s'enrichir du superflu de telle de TEurope , ses luniiferes s'accroitre, les arts se repandre et se uatnraliscr chez elle, I'archiiecture dccorer ses villes, son commerce s'etendre, ses mosurs achever de se polir sous I'empire des lois et de la liberie. Qu'on ne craigne plus dcsormais de guerre entrc la France et Haiti! les noeuds formes entre les deux nations sont trop eiroitement resserres, pour qu'ils paissent se rompre. Sera-ce Haiti qui les bri- sera ? Le souvenir de ses longues infortunes, ses villes livrees aux flammes, son sang repandii par torrens, ses citoyens relranches dans les montagnes , son education retardee , son industrie perdue : toui cela ne serait-ii pas un affreux malheur .' La France elle-meme sera-t elle jamais assez ennemie de ses propres interets pour envoyer encore une armeeet uneflotte, devouees aunemort inevitable, sur des rivagesloiutains? prodiguera-t-elle ses tresorsetson sang pour leseul piaisir de la destruction ? ancaulira-l-elle I'une des branches de son commerce , surcbargee du poids d'une dette enorme ? fermera-t-elle tout espoir a I'infortune des colons? ruinera-t-elle ses citoyens qui auront prd-te de I'argent a Haiti? Qui sait , d'ailleurs , si I'Angleterre^ les Etats-Unis , les autres republiques de I'Amerique resteraient neutres dans une agression repoussee par I'opinion , cette reine des siecles? Tout promet done une paix durable. — Telle est I'analysedes considerations sur I'emprunt d'Haiti, presentees dans I'excellent ecrit de M. Ternaux ; je ne me suis permis que d'ajouter quelques develop- pemens eon Vidal, avec cette epi- gTapbe : flic scvpius olim Reltigio pepeiil scelerosa atque impiafucla. LocRECE, de JVal. rcr. 1 , 83 , sq. Paris, iSaS; Lecointe et Durey. i vol. in-i8, de 548 pages; prix , 3 fr. 5oc. L'application de ces deux vers au Languedoc est malheureiisement d'une justesse evidente pour tous ceux qui connaissent I'histoire de ce beau pays . 011 le fanatisuie et I'intolerance ont fait tant de iois cou- ler le sang dans les combats et sur les ecba lands. Avant d'entrcprendre la peinlure de ces deplorables tems, I'auteur a du nous offrir celle de trois epoques , dont la derniere n'a pas toujours ete sans gloire pour les peuples du Languedoc: 1° la domination romaine, qui a dure jusqu'en 408 ; 2° Le royaume des Visigoths, de 408 a 712 ; 3" L'iavasion des Arabes ; le royaume de Toulouse; le comte inde- pendant de Toulouse , de 713 a 1200. II divise eusuite le restede I'histoire jusqu a nos jours en quatre autres epoques : 4° Croisades contre les Albigeois, de 1200 a 1271 ; 5" Reunion du comte de Toulouse a la France, de 1271 a i5i5; 6" Etablissemeiit de la re- forme en Languedoc; guei'res de religion , de i5i5 a 1789; 7° Revolution francaise , de 1789 a 1825. — L'auteur a donne beaucoup plus d'ctendue a cette seconde partie qu'a la premiere , et c'est avec raison ; car Tune interesse bien plus vi>ement que I'autre les lee- teurs d'aujourd'hui.Son recit ne manque ni de clarte,uide concision ; SCIENCES MORALES. 885 il est seme de reflexions que la raisoii approuve. Peut-^tre trouvcrait- oii dans son style quelques taches , qu'un leger travail ferait aise- ment disparaitre. 460. — Colonne de Bunker- Hill , inonuoient eleve a la memoire des patriotes amei icains raoits sur le champ de balaille oil fut rem- portec la jremiere victoire de I'lndependance. Paris , iSaS ; A. Eymery. Brochure de 2 feuilles in- 18 ;prix, i fr. 5o cent. La premiere pierredece monument a etc posee, le lyjuin 1825 (i), en presence des magistrals, du petit nombre de guerriers qui, apres avoir conibaltu a la journee de Bunker-Hill, vivent encore anjoiir- d'hui , et sous les yenx de I'hote de la nation, le general Lafayette. La brochuie que ikjus annoncons contient deux discours lus dans cette circonstance ; i'uii est de M. Webster , Americaiu ; I'autre avait ele envoye par son honorable auteui-, M. Keratry, comme un hom- mage de tons les Francais, amis de la liberte, a leur illustre et res- pectable compatriote, qui presidait a une si touchante solennit<5. Nous croyons faire plaisir a nos lecteurs en leur communiquant un extrait de chacun de ces discours , egalement remarquables par des pensees fortes , sages, liberaies, et par I'expression d'lin vrai patrio- tisme. « Le caractere distinctif du shfecle, dit M. Webster en par- lant de ses esperanccs d'affranchissement et d'amelioration pour le monde civilise , est cette communaule d'opinions et de luinieres entre les homines et les peiiples, qui fitt inconnue jusqua nos jours. Les con- naissances acquises ont tiioniphe eltriomphent encore des distances, de la diversite des langues, des moeurs , des prejuges et des religions. Les nations chrelieunes et civilisees saveut enfiu que toute division de territoire n'entraine pas uecessairement des seutimens hostiles; que tout contact ne doit pas etre meu) trier... Un sentiment d'inlcret sympathique unit les deux continens. Les vents, les vagues font cir- culer rapidement la pensee d'une contr^e a I'autre. 11 s'etablit un vaste echange d'idees ; il existe entre tous les esprits eclaires une esp^ce de fraternite, d'ou emane Topinirm publique. La pensee e.st le grand levier par lequel I'homme parvient a ses fins, et la diffu- sion des lumi^res , en ajoutanf a celles de chaque individu , a for- tiCe le pouvoir des masses. » M. Keratry felicite les Americains de ce que les services des braves restent pleius de vie dans leur me- moire; "II serait temeraire,dit-il, de repondrede I'avenir des nations (i) Jour aiiuiv'ersaire de la bataille de Bunker-Kill, qui se livra le 17 juin 1775. T. x.wiii. — Decemhre iSaf). 5^ 886 LIVRES FRANCATS. qui oublicrairiit le passe par lequel elles existent. 11 v a ei> vous iIcS elemens Je vigucur, et vous save?. les nourrir. Vous ave/,' atteudu que la main d'un des premiers defcnseurs de votre liberie vous aidat a remplir de pieux devoirs.... Nos regards raccompagneront , lorsqu'il inaugurera le monument que Boston eleve aux braves de Buiiker-Uill ; biendignede solenniser avec vous ce grand lioramage, ii songera sans doute a sa patrie , en vous aidant a payer la dette de la votre; ii forniera des voeux pour nous, et peut-^tre , sans vous envicr I'etat prospere que vous devez au courage civil et guerrier de vos ciloyews, il demandera avec respect a la Providence pourqaoi die semble retiier aux Francais les beaux jours dont elle leur avail laiss6 ertrevoir I'aurore.... Non, dans sa douleur religieuse , il se taira, par la crainte que la pierre fun^bre et les ossemens sacrcs qu'elle recouvre ne lui dissent une reponse trop severe pour -nous , habitans de celle vieille Europe , ou Ton pretend a la liberie, sans sacrifices , et au bonheur sans vertus ! » 461 — * ^'ie de Louis de Bertori de CriUoii des Unites, surnoninie le brave Crillon, suivie de notes historiqncs el critiques. Paiis, 1825 ; A Dupont et Roret. 2 vol. in-8°, I'uu de 4*0, 1'autrede ^'ii p.; prix 12 fr- Cette vie du brave Crillon , publiee aujourd'hui par les soins de I'un de nos plus cel^bres erudits , IVI. Fortia d'Urban , est I'ouvrage de I'abbe Louis Jthanase de CKiLLOif , f'rere du due du m^mo nom , qui s'illustra , en 178s, par la pri.se de Minorque siir les Anglnis. L'auteur, comme on le pense bien, fait uu grand eloge de son heros ; mais partout il se contente, pnur le louer, de peindre sa brillante valeur et son noble caractere. Le style , simple et correct , ne manque pas de vivacite dans quelques parties de la narration . ci s'61feve m^me souvent , sans jnniais redescendre au-uessous dn snjct. Le savant editeur n'a pas cru devoir se borner a lirer de I'oubli , par une simple reimpression , cette production digue d'etre lue , niai.> qui forme a peine 79 pages in-8". 11 y a joint deux volumes de notes qui ont du lui coiner de laborieuses recbercbes , et dont Ic plus grand nonibre offre aux lecteurs , amis d'une solide instruction, tantot des documens precieux , lanlot une discussion pleine d'in- ter^t et de savoir, sur une foule d'evoneraens et de personnages qui appartiennent a I'liistoire ancieiine ou moderne. Peut-eire la criiiquc en voudrait-elle abreger et meme supprimer quelques-unes. Pcut- 6trenegligera-t-on, par exemple, de parcourir en entier la genca- lo^ie de la famille Crillon, qui se trouve deroulee ab ova, sans l.i plus legtre omission. Mais on lira bien certainement, comme un ou- SCIENCES MORALES. 8«7 Vi-age curieux et des plus neufs , I'lilsloii-e des duels , par ordrechio- iiologique , avant et depuis Charlemagne jusqu'a Francois I^"". B. 462. — * Memoiies de J. -Jacques Casanova de Seingalt , publics en Allemagne par G. de Schutz , et Iraduits en fran^ais. Paris , 282,5 ; Tournachon-Molin , rue Saint-Andie-des-Arcs , 11° 45- 3 vol. in-12; prix, broclies , 10 fr. , el 12 fr. par la poste. L'homme singulierdont on public aujourd'hui les memoires n'etait guere connu en France que par deux ou trois passages des oeuvrts du prince de Ligue qui , a ce qu'il parait , avail pour lui uiie estiuie toule particuliere ; il en parle toujours comaie d'un liomme exlre- mementremarquable. C'eslaiusique, dans le charmant recueil connu sous le lilre de Lelties , pensees et maximes du prince de Ligne , eldont niadame de Stael etait i'edileur, le prince rapporte de lui le trail sui- vant.-o Je n'estimepasceuxquiachetent la noblesse , disaitunjourrem- pei'eur Joseph II a M. de Casanova. »Celui-ci, dont chaquemoteslun trait, et dont chaque phrase vaut un livre, lui repondit.-ccEt ceux qui la vendent, Sire ? » — Grace a I'heureuse idee qu'a eue un denoslibraires de publier la traduction des memoires de Casanova , on pourra desor- mais savoir quel etait riiomme dont le prince de Ligne fait un cloge siremarquable. Ces memoires out paru, ily a pen de terns, en Allema- gne, oil ilsont produitunevive sensation. Nous nedoutons point qu'ils n'obtiennent un semblable succes en France ; car il est peu de lectures plus attrayantes. L'auteur, n^ en 1725, n'est mort qu'eii 1799. Ses nonibreux voyages en Italic, en Espagne , en France , en Angleterre, en Russie , en Turquie , en Pologne et en Allemagne, le mirent en rapport avec les personnages les plus marquans de son siecle. Aussi, nous revele-t-il une foule de traits piquans pris dans une classe oil Ton craint ordinairement de demasquer les individus. Ses memoires ont,de plus, pour deslecteurs francais, I'avantage de leur presenter des details neufs et curieux sur la marche de notre ancien gouver- nement , et des apercus aussi instructifs qu'iiigenieux sur notie revo- lution. A I'interet historique, ils reunissent aussi tout I'iriteret d'un I Oman; et, s'il fallait peindre d'un trait caracteristique et general ce qui est arrive a Casanova, nous ne pourrions mieux comparer ses avcntures qu'a celles d'un Gil-Blas , ou d'un Guzman d'Alfarache. Nous atlendrons la publication de la seconde liviaison, qui est sous presse, pour entrer dans de plus longs details au sujet de cette pro- duction si originale , et que nous regardons comme une veritable bonne fortune pour ceux de nos auleurs qui sont en possession d'a- jnnser le public par la peinture gaie et fidele des vices et des ridi- I Sm LIVRES FRANCATS. cules dela soci^te. Ilsy trouveroiU une foule de traits ct de situations qu'il leur sera sans doute facile de rev^tir de formes diamatiques. D. 463. — La Saint-Charles et la Saint-Louis , dissertation historiqiie et critique qui peul-etre n'en est pas une; enrichie de notes, etc. ; par U. Feu-Tardif, niembre obscur de plusieurs Academies, collahora- teur de etc. , et de etc., auteur de divers ouvrages qui n'ont jamais vu le jour. Paris, iSaS; Delaforest. Brochure in-S", de 32 pages; prix , I fr. Delassement d'un homnie de leltres qui , dans deux grandes en- treprises littcraires dont il est collaborateur , a fait preuve de goiit et de connaissances historiques peu communes , et surtout peu encou- rag^es aujourd'hui ; la brochure que nous annoncons est un me- lange assez heureux d'crudition, de Veritas , de critique et de plai- santerie. L'auteur y explique I'elymologie des noms de Louis et de Charles. II y demontre que ces noms n'ont pu ^!re doniies au bapteme h. la plupart des rois qui ies ontportes , puisqu'ils sent anterieurs aux saints qui lesont consacr6s; que St. Charles Borromce n'a jamais ete le patron d'aucun roi de France, pas meme peut-etre du nionarque actuel qui, suivant lui , doit ^tre Charles XI et non pas Charles X ; que Charlemagne a ete le veritable patron des derniers rois du nom de Charles, comme St, Louis I'a ete de ceux qui ontporteson nom. II discute Ies droits, Ies litres de St. Charlemagne et de St. Charles Borromee , et il signale I'inconsequence de laisser le nom du premier sur le calendrier , si sa canonisation a ete illega-le , on de ne pas le feter nationalcment , s'il y es* maintenu comme saint. II sVleve coutre la manie de soumetlre tout, en France, aux caprices de la mode, aux menees de I'Intrigue, a I'influence des factions : il s'etonne, il s'in- digne m*me de ce que la fdte de St. Louis, module des rois , p^re et protecteur des Bourbons, a ete oniise ou supprimee indefiniment , par le seul motif qu'elle n'est pascelle du monarque regnant. II craint que St. Louis n'eproiive la m^nie disgrace que Henri iv , dont la fac- tion jesuitique, aprfes I'avoir fait assassiner , avail voulii aneantir le nom et la mcmoire. II accumule Ies preuves de I'ingr.ititude, ou du moins de I'indifference , des trois successeurs immediats de Henri IV enversce prince, qui Ies a places surle tr6ne de France, a la pointede son epeeet au prixde son sang. Ilinsisteenfinpourleretablissementde la f6tereligieusedeSt.Louis,etpourquelesortdeSt. Charleniagnesoit flx6 iuridlquement. — Get opuscule est entremi^'lc de notes curieuses, ou l'auteur montre un caractfere fres-independant , ennemi des abus , SCIENCES MORALES. — LITTfiRATURE. 889 de rarbilraire, delouie espece d'irregularites,et passionne puur tout ce qui est beau , vrai , juste et bon , dans tous les genres. A. 464 — * Anniiaire necrologique , ou Complement annuel el continua- tion fie toutes les biographies ou Dictionnaires historiques ; contenant la vie de tous les homines remarqu.ibles par leurs acles ou leurs pro- ductions, raoi-ts dansle coursde chaqueannee, a commencer de i8io; ouvrage orno deportraits, redigeetpubliepary^.MAHut. Annee. i8a4 . Paris, 1826; Poiidiieu, au Palais-Royal, i vol. in-8° de 43o pages; avec les portraits au itaitdu prince Eugene ,Ae GirodeC , de Louis xvrii ct de Pie VII ; prix , 8 fr. Litterature. 4f>5. — * Rhetorique francaise , extraite des meillciirs auteurs anciens et modernes; par M. Akdeieux , professeur de rhetorique en I'Uni- yersite rojalede France, nienibrede plusieurs Academies, avec cette epigraphe : Sat mihi erit, si in his nostree civitatis juvcntutem aliquid profecisse intellexero (Ex litt. M. Hier. Vide ad Cremonenses.) Paris, 1825 ; Brunot-Labbe. i vol. in-S"; prix, 7 fr. Depulslesprogres des etudes ideologiques , on peut distinguer deux mauieres de trailer lagrammaire, la rhetorique et la poetique. L'uiie suppose dans le lecteur la connaissance de I'analyse des facultes in- tellectuelles et des passions, et cherche a montrer toutes les regies comme derivaut de notre organisation : elle emploie cette niethode qu'Aristote appliqua le premier a la theorie de sciences et des beaux- arts. L'autre se boine a presenter des principes reconnus comme invariables , a les deveiopper et a les rendre sensibles,au moyen d'exemples puises dans les meilleurs ecrivains. Chez les modernes , HuguesBlaira faitavec succ6s I'applicatioudo la methode analytique a l\4tudede I'art des rheteurs. Kant, en Alle- magne, Hutchinson, en Ecosse , Burke, en Angleterre, Camper et Hermsterhuitz, en Hollande, et M. le baron Massias, en France , I'ont employee a I'etude du beau et du sublime dans les arts. Cette maniere de trailer de la rhetorique est sans doute la plus propre a faire briller les talens du professeur. On aime a voir, pour ainsi dire , sortir toutes les regies de detail, tous ces preceptes sur I'art de persuader, d'e. inouvoir et deplalre, des principes de notre organisation metaphy sique, el la nature se moutier ccmme la legislatricc supreme de I'eloquence. Mais tous les esprits )ic sont pas prepares par des eludes prelimi- iiaires a profiler de ces lemons. La seconde aielhode a pour elle I'a- 890 LIVRES FRANCAIS. vniifagc d'une application plus gen^rale : elle est a la poitee de tou» les esprits plus sensibles a la voix des exemples qu'a cclle du raison- iiement. Telle fut la mcthode de Denys d'Halicarnasse, de Longin et de Quintilien , chez les anciens, et chez les inodernes, de Vossius, du P. Lamy , de Rollin , de Balteux et de Dumarsais. Cette mani^re d'euseigner la rhetorique suppose un grand discer- nement. Au milieu des tresors que presente la litterature , il faut s.a- voir choisir; il faut qu'une vaste erudition preseute sans cesse a la memoire les beautes et les defauts qu'un goiit pur et severe fait re- connaitre dans les ouvrages des grands maitres. Lorsque le P. Lamy puhlia sa Rhetorique , notre litterature possedait les chefs-d'cEUvre de Pierre CorneiUe et de Moliere. On est ^tonn6 que cet ecrivain d'un talent sup6rieur , et qui tnit dans sou livre d'excellens principes sur Tharmonie du style et sur le gout , ait cru devoir appuyer ses pr^ceptes d'exemples pris dans la traduction des Metamorphoses A^Ovidc par Thomas Corneille. Telle a sans doute ete }a cause de I'oubli dans lequel est tombee cette Rhetorique , qui n'est aujourd'hui connue que des professeurs. Depuis le P. Lamy, on a vu paraitre un grand nombre d'ouvrages sur la rhetorique francaise. Presque tous ces traites sont utiles , parce qu'ils offrent des exemples pris dans les meilleurs ecrlvains; raajs presque tous sont loin d'etre complets , et de donner les preceptes dans un style qui ne fasse point disparate avec les fragmens cites pour les rendre sensibles. Une bonne rhetorique francaise est done un ouvrage fort difficile a faire. M. Andrieux, apr^s vingt annees detravaux consaercs a I'ensei- gnement, se presente dans lacarrifere; et peut-etrea-t-il atteint iebut. La methode employee par ce professeur est moyenne entre les deux m^thodes dont nous avons parle au commencement de cet article. L'epigraphe qu'il a choisie fait assez connaitre a quels lecteurs il destine son ouvrage. II desire etre utile a la jeunesse: il y reussit. Souvent, dans I'ouvrage de M. Andrieux , les preceptes de I'^lo- quence servent a developper ceux de la verlu : I'estimable professeur fait aimer a la fois le beau dans les lettres et dans la morale. Son chapitre consacre aux passions est remarquable par la peinture vive et elegante des differens etals de notre ;\ine ; et dans cette partie de son ouvrage, M. Andrieux eut pu se dispenser des exemples ehoisis dans les meilleurs ecrivains. Le grand nombre d'auleurs qui ont ecritsur la rhetorique francaise a, pour auisi dire, rendu banal I'empLoi des plus beaux exemples . LIITERATURE. 891 et Teloge qu'oii leur prodigue. M. Andrieux a su garder uii caract^re d'originalile, au milieu de tjiit d'objets si souvent presentes, si sou- vent lou^s jusqu'a satiete. On pourra jnger de la inani^re de I'auteur parcel extrait des Notions preliminaires. •< L'cloquence nous apparaJt sous tant de formes diffeientes , qu'au premier abord il semble dif- ficile de la definir. Tantot elle reside dans quelques mots : Scipiou est accuse par les tribuns du peuple d'avoir vendu la paix au roi de Syiie. Romains , s'ecrie-t-il , a pareil jour je 'vaiuqiiis Annibal , et je sotiinis Carthage; allons au Capitole en rendre graces aux dieux. (Aul.- Gel.) Le peuple, a ces raots, abandonne I'accusateur, et suit en foule le heros. » — » Derar est mort ! >' s'ecriaient les Arabes eperdus de frayeur d'avoir vu tomber leur general. « Qu'importeque Derar soic mort, leur dit Rasi , I'un de leurs capitaines, Dieu est -vivnnt et -vous regarde ; » et il les ramene au combat. C'est Y eloquence d' inspiration. — « Tantot, repoussant toute espece d'artiCce, sans autre parure que sa propre force , elle n'est , pour ainsi dire, que le langage de la passion : c'est celle de rhomme, dans I'enfance des societes , ou.de rhomme civilise , mais sans instruction ; ce fut celle despremiers Ro- mains, qui n'eurent long-terns qn'un idiome rude et severe comma leurs moeurs. Emus par uue id6e salutaire a la patrie , ou indignes a I'aspect du crime , ils exprimaient virement , pour satisfaire au be- soin de leur dme, la pensee qui les agitait. Ainsi paria Brutus , lors- qu'il fonda la liberte publique ; ainsi parIa cet illustre aveugle, lorsque, rejetant les propositions de Pyrrhus triomphant , il releva le courage abattu des Romains , et emp^cha les senateurs d'accepter leur igno- minie. (Cic. de clar. Oral. n° 53 et seq. ) Saint Paul, dit I'abbe Fleuri est eloquent dans son grec demi-barbare. Voila I'eloquence naturelte. — « Tantot, rassemblant tous ses moyens, elle les dirige vers uu but, et les dispose pour produire un effet commun ; elle met a proGt les passions humaiues, lesecbauffe, les lemue a son gre ; elle ajoute a la beaute des pensees le luxe des- expressions , emprunte a la poesie ses images brillantes , ses figures hardies , et presque son liarmouie : c'est celle de I'homme dont I'esprit est cultive. Ce fut celle d'Antoine et de Crassus, que Ciceron regarde conime les deux plus grands ora- teurs de Rome. ( De clar. oral. , n" iSg et i4o ). C'est parcelte elo- quence que Ciceron amene le peuple romalii a renoncer au partage des terres , que Demosthene souleve les Atheniens centre Philippe , que Massillon produit tant d'effet dans sou sermon sur le petit nombre des elus. C'est ['eloquence artificiellc. " La Rhelorique fraacaise de M. Andrieux est un de ces ouvrsg?^ 89a LIVRES FRANCAIS. que la Reviic aime a signaler a I'attention publique. Sans doute, I'U- niversite royale , toujours empressce a encourager les ecrivains utiles, netardera pas a admettre ce traite au noiiihrc de eeux qu'elle adopte pour ses ecoles. Les gens du nionde le classeront parini leurs livres les plus utiles et les plus amusaiis. M. Bres. 466. — Malieres de discoiirs francais et latins pour la ilieturlque , ti- roes de I'histoire sacree et de I'histoire de Fj'ance; par Aime Bodiiv professeur de rhetorique. Paris, iSaS ; Auguste Delalaiii. i vol. in-S"; prix, 8 fr. 5o c. Voici un bon recueil de matieres de discours. Qui nous en donnera lescorriges? Cette t^che, utile pour de jeunes professeurs, eiit lendu des piegesala paresse de certains el^ves.M. Budin,professeur nussi ha- bile que zele, a done bien fait de se borner a son recueil de matiferes. G. 467. — * L'Eneide de Virgile , traduite en prose par feu M. de GuERLE, professeur d'eloquence francaise :i la Faculte des letlres ' publiee d'aprfes le manuscrit autographe de I'auteur, et precedee d'une Notice sur sa vie par M. Heguijt-De Guerle (son gendre), professeur au College de France. Paii^ , 1825 ; Delalain. 1 vol. in-8° de XXVIII et 920 pages , avec le texte en regard ; prix 1 8 fr. Feu M. De Guerle occupe une place distinguee parmi nos poetes erotiques. Ecrivain plein de gout et professeur inslruit, il etudiait avec fruit les nobles productions de I'antiquite, et il concut le projet hardi de donner a notre litteralure une nouvelle traduction du plus parfait des poetes latins. II en senialt vivenient les beautes , et devait souliaiter de les transmettre dans la langue universellc. Mais ce lit- terateur judicicux appreciait Irop bieji I'admiiable talent de Delille pour hitter avec ce grand maitre, dans une version poetique; il pen- sait sans doute, que, si le travail du Virgile francais laissait souvent beaucoup de choses a desirer, se.s nombrcuses beautes etaient d'un ordre trop eleve, pour qu'un autre jioete put se flatter de les surpas- ser. Cette defiance fait honneur a M. De Guerle : le vrai merite ne s'exag^re point ce qu'il pent. Ses etudes accoutumees le rainenanl constamment a Virgile, il recoiinut qu'aucune version ne donnait ui;e juste idee de I'Eneide; il se sentit digne de remplir cette espiice de lacune dans notre litterature moderne , et jugeant que la prose se pretait plus docilement que la poesie francaise a toutes les formes cie I'original, il cut un motif de plus pour preferer ce genre de travail a une ti aduction en vers qui ne lui promettait pas un succes aussi as- sure. M. De Guerle, s'asservissant a la marche regulieve, calrae ei precise de la prose , suit Virgile jkis a pas ; il fn reproduit toutes les LITTER A.TURE. 893 images avcc un rare talent. Tour A tour energique et gracieux , il ob- serve les nuniices du style poetique , autant que la prose le permet. Sa version est le niirt)ir fiddle des niouveraens et des traits de I'original. Peut-etre convient-il d'examiner ici la question tant de fois agitee , s'il est plus convenable de traduire les poetes en prose qu'en vers. L'esti- mable et savant editeur de I'ouvrage, IM. Heguin De Guerle, qui I'a fait preceder d'une Preface et d'une Notice, qui attestent la jiurete de son gout et I'etendue de son erudition, aborde ce snjet avec un dis- cernement qui lui fait beaucoup d'honneur. Apres avoir resume les diverses opinions de plusieurs aristarques c61febres , il pense que leurs arrets out pu trouver des oppositions, depuis que I'art de traduire s'est perfectionne en France. En rendant justice au nierite de ceux qui ont eleve cetle question, j'ose croire qu'elle est inutile et m^me inadmissible, puisque la traduction en vers et la traduction en prose sont les resultats de travaux tellement distincts, qu'ils ne perniettent aucune espece de comparaison. Des novateurs doues de quelque imagination ont affecte de donner a la prose un coloris poetique, qui souvent liuit a sa clarte, sans jamais augmenter sa force. Quelle que soit I'autorite de ces ecrivains, la raison plus puissante qu'eux leur dira , que, si Ton peut creer des images poetiques en prose, on ne fait de la poesie qu'en vers. Aussi , lorsqu'un liomme d'un gout sur et d'un talent superieur entreprend en prose la version d'un poiime, il se garde bien de confondre deux genres d'ecrire absolument opposes ; il observe la limite qui les separe, meme lorsqu'il emploie toutes les ressources de I'art d'ecrire pour saisir la plus parfaite ressemblance de I'original. Tel est le systeme adopte par le nouveau traducteur de I'Eneide. Hardi , mais avec niesure , i! suit I'auteur latin p.is a pas ; il en iudique avec une rigoureuse fidelite les nuances les plus delicates : son style, tour a tour elegant et fernie, se prete lieureusemeiit aux formes va- rices de cette grande composition. La traduction de M. De Guerle est, sans contredit, superieure a toutes celles qui I'ont precedee; elle offre toutes les qualitcs qui peuvent la rendre classique. de P. 468. — * Classiques fraiicais , ou Bibliotheque portative de I'ama- teur , composce des chefs-d'oeuvre , en prose et en vers , des meil- leurs auteurs, en cent volumes in-3a, avec des caracteres neufs graves et fondus expres pour cette collection. 22* et 23e livraisons, compu- sees des OEnvres choisies de J.-B. Rousseau , 2 vol. , des Chejs-d'eeuvre fr. fio c. ( Yoyez t. xxvii, p. 853.) M. De Bure, encourage par le succ^s brillant qu'a obtenu sou en- treprise, enricbit chaque inois d'un nouvel auteur sa jolie collection des Classiques Jrancais. C'est aujourd'bui le tour d'un de nos plus grands pocles , de celui dont Piroa a dit : Volci riiistoire de sa vie, Qui flit trop longue de moitle. 11 fut trente ans digne d'envie, Kt trente ans digne de pitie. " Les ouvrages de J.-B. Rousseau , dit I'auteur de la Notice qui est eu tfite des deux volumes que M. De Bure lui a consacres , sonl ap- precies depuis long-tems. On sail que ses odes, ses canuttes et ses epigrammes Tout place au premier rang des poetes francaig. Sou theatre, a I'exception du Flalleur, qui ctait d'abord en prose et qu'il Ycrsifia depuis, est an-dessous de la critique, et a peine retrouve- t-on son talent dansquelques morceauxde ses epitres et de seaa/lego- ries , qui sont inipregnees de haine et de mecbancete , et qti'on devrait exclnre du reciieil de ses (Euvres choisies , dans I'interet de sa reputa- tion, comme bon poijte et comnie honnele homme. >. Ce jugement paraiira rigoureux peut-etre; mais il est juste, et I'ediieur des Clas- jiqiies , en s'y conformant , nurait pu n'iiccorder au poele lyrique qu'un seul volume , qu'il aurait compose de ses odes et de ses canta- tcs , tandis qu'il lui en a consacre un second occupe eutierement par ses epitres, ses allegories et ses epigrammes. Sans doute , quelques lecteurs , un pcu amateurs de scandale, I'en remercieront , ainsi que de la reimpression des Contes de La Fontaine; mais ceux qui vou- draient posseder toute la Collection , et qui voient que le nombre de volumes depasse deja celui de soixante que I'editeur avait fixe d'abord , auraierit prefere qu'on leur donnat quelque chose de J.-J. Rousseau ou de quelque autre auteur dont les ceuvres ne Hgu- rent pas encore dans le choix qu'il a fait des classiques. Cette edition des Conies de La Font.4INE a , du reste , cela de rcmarquable , qu'elle differe en plusieurs points importans de cel- les que Ton possedait jusqu'ici. Les editeurs onl eu recours , pour fixer le texte avec exactitude, aux editions originales publiees par I'auteur lui-roeme ; ils ont place les pieces dans I'ordre de leur publi- cation, en les accompagnant des voriantes que presentent toutes ces littMature. 895 editions originales coniparees entre elles; ils ont indique les aiiteurs dans lesquels La Fontaine a puisii les sujets de ses contes ; enCu, ils ont donne una explication des locutions et des expressions ancienues et populaires qui pourraient embarrasser aujourd'hui beaucoup de lecteurs, procurant ainsi a un ouvragc trop frivole par sa nature un degre d'utilite que quelques hommes de leltres d'un gout exerce ont pu seuls y decouviir. Tous les motifs de ces changemens et additions sont parfaitement expliques dans une Notice tres-remarquable sous le rapport bibliographique , placee en tete du premier volume de celte edition , a laquelle d'ailleurs on a restitue Philemon et Baucis et les Filles de Minee , que Ton avait places a tort jusqu'ici parmi les fables de La Fontaine. Quant k Thomas Corneille , le volume que M. De Bure lui a con- sacre contient ses trois meilleurs ouvrages, c'est-a-dire, ses trage- dies ^Ariane et du Comte d' Essex , et la comedie du Festin de Pierre , pieces que Ton peut mettre sans trop de desavanlage a cote de celles de son frfere I'illuslre Corneille, auquel on sait qu'il succeda dans le sein de I'Academie francaise. E. H. 469. — * Traductions de tons les Chefs -d'cewre classiques etrangers. 8i-, 96 et io« livraisons , composees des Poesies de Goethe , traduites par Mn'e E. Panckouckk , de Marllie , chants elegiaques de Gonzaga , traduits du portugais par 'MM.E. de Monglave et P. Chalas, et de Noiivelles choisies de Cekvaktes. Paris , iSaS; Panckoucke editeur. 3 vol. in-32 ; prix, 3 fr. cliaque volume; par la poste 3 fr. 40 c. — Les sept premieres livraisons , publiees precederament , sont compo- sees 1° de Jerusalem delivree, 4 vol.(Voy. Rev. Enc. T.xxiv, p. 47^) ; 1° du premier volume des Satires de Juvenal, que nous annoncerons avec le second, iorsque ce!ui-ci aura paru; 3° diObhon, poeme ( Voy. Rev. Enc. T. xxvi, p. 547), et des Sentences dc Publius Sjius ( ibid, t. XXVI, p. 861 ). Excite par le succes qu'obtiennent presque toutes les editions de nos Classiques, que Ton reimprime sous toutes les formes, et surtout par I'accueil favorable accorde a la Collection des theatres etrangers ( que nous ferons bieutot connaitre a nos lecteurs, dans une serie d'articles confies a fun de nos collaborateurs le plus en etat d'appre- cier un pareil travail ) , M. Panckoucke a entrepris ( comme s'etait d'abord propose de le faire une reunion d'honimes de lettres , formee sous le noin de Societe de traduction) , de publier une Collection de tous les chefs-d'ceuvre etrangers , traduils dans la languela plus propre a en repandre promptement la connaissance dans le monde. Si cette 896 I.n^RES FRANCAIS. eiitrepriseest coiiduile lieureusement i fin , cotiinie tout le fait espe- rer, ce iiesera pas uudcs moins vasles, ni un des inoiiis beaux monu- meiis liiteraires de notre epoque. Toutes les lilteralures connues ou iiicomiuds des diffei ens peuples de la teire pourront venir dans cet iinmonse concours dispnter la paline du genie, heureuses si leurs truducteuis savent egalement faiie valoir leuis droits aupres de nous ! Le patriarche de la litterature allemande , Goethe n'aura pas a se plaiudre du sien , s'il est vrai que le premier but de tout tra- ducteur soil de nous faire aimer I'auteur avec lequel il s'identifie. Je ne conuais rien en francais de plus pur, de plus correct etde plus harmonieux que la prose de ces petites pieces detachees que i'on nous offre ici sous le titre de Poesies de Goethe; le genie du poete alleraaiid s'y rcproduit dans son originalite et dans sa simplicite native, revetu des graces francaises; et chacun de ses tableaux est line oeuvre achevee dans son genre. Goetlie est peut-etre le rival le plus redoutable qu'aucune litterature puisse opposer a notre iiumor- tel Voltaire dans la poesie leg^re. Celui-ci parle a I'esprit et a la raison ; toujours quelque instruction sort de ses boutades les plus gaies : le poete allemand , plus simple , plus naif que lui , s'adresse a I'dme, et chacun de ses traits eveille un sentiment. "Goethe, a dit avec raison un critique (i) , comprend la nature , non pas senlement en poete, mais en frere.... il est plutot frappe par les images que par les ridicules. » Aussi , que d'images heureuses et divcrses s'of- frent en foule dans le petit nombre de {lieces qu'a rassemblees son traducteiir ! Quelle poesiesuave, quelle couleur orientale dans la peinfure des danses de cette Bayadere ! Que d'amour dans son devoument pour ce jeune dieu qu'elle regarde comme un simple Stranger! Comme le poete fait sentir le pouvoir mysterieux que peuvent exercer les phenomenes de la nature , dans cette pifece du Pechriir, enlraine par les accens d'une sir^ne ! Quel charme, quel art niagique il a deploye dans la Fiancee de Corinehe J Contme I'inter^t croit avec la terreur dans cette histoire merveilleuse! Que la peinture de la seduction et de ses suites est naturelle et vraie dans la fileuse ! Combien la morale que renferme le Clier- cheuT de tresors est profonde ! Que celle de I'Eleve da sorcier est in- g^nieuse ! (i)M Hfknf.quik. Corns dc liiteralwe ancienne cl moderne , t. tit, p. (jit)- LlTTfiRATURE. 897 Nous voudrions pouvoir ciler cliacuue de ces pieces pour donner une idee du talent dii traducteur. Mais nous avons du choisir la plus courte qui s'est offerte; elle est intitulee I'^dieti (p. 17-18 ): « O ma bien aimee ! laisse nies yeux seuls te diie ce penible adieu ! ma bouche ne saurait le prononcer. Que cette separation est difficile a supporter! et eependant, je me croyais tout le courage d'un homme!... En ce moment penible, Ics expressions de I'amour de- viennent tristes. Le baiser que tu m'accordes aujourd'hui n'a plus le feu des baisers que tu me donnais hier , et ce dernier serrement de ta main est faible et languissant.... Quand je te derobais une Icg^re faveur, mon flnie ravie ressentait une emotion douce, douce comme celle que nous eprouvions ensemble , quand I'un de nous decouvrait la premiere violette au premier jour du printems.... Je ne formerai plus pour toi de couronnes ; pour toi je ne cueillerai plus de roses ! C'etail alors le printems, 6 ma bien aimee! maintenant, I'automne est venu pour moi. ■■ Et c'cst a la plume elegante et facile d'une dame que nous devons ces jolies traductions! Qu'il s'annonce avec eclat le si^cle littcraire qui,compte deja,a la t^te d'une fouledefemmesdistinguees, M™). — lli^e coorte preface de l'auteur ex- yoo LIVRES FRANCAIS. pose les motifs qui I'ont dirige dans U- clioix de son sujet et dans la mani^re de le trailer : on y trouve de la franchise, de la niodestLe, du patriotisnieet une appreciation bien sentie des difCcultesque pre- seutait au poete le fait sublime, mais isole, de la moi t dc trois cents Spartiates aux Thermopyles. Nous nous bornerons a oiler quelques vei>s du rule de Leonidas , qui renferment une allusion prophetiquc aux h^roiques efforts de la Grece moderne. Oui, nous nous emparons d'uoe immortalite Oil nulle gloire bumalue encor n'est parvenue; Et , quand de Sparte cuCu I'heure sera veuue, De scs debris sacres , qui ne se tairont pas, Les tyrans effrayes detouruerout leurs pas. Alors, des tems fameux levant les voiles sombres, Le TOyagenr sur Sparte evoquera nos umbres, Et de Leonidas et de ses compaguons Les eclios n'aurout pas oublie les grands noms. Ecoutez ! ecoutez! leur gloire Tcngeresse Dans ravenir eucor ressuscite la Grece. Oui, Taincus, opprimes dans les siecles loiutains, Les Grecs ue seront pas dechus de Icurs destins , Taut que, de notre gloire eutreteuant leurs villes, Vous rcsterez debout, roclicrs des Thermopyles ! J. 4y3. — * Le Siege de Damas , poiimc en cinq chanXs ; par M. J.-B.-G. ViENMET. Paris, iSsS; Dupont et Roret, quai des Angustins, u° 37. ln-8° ; prix , 4 fr- li'histoire des Arabes, a I'epoque du Bas-Empire , a fourni a M. A'iennet le sujet de son poeme. L'auteur nous peint les mallieiirs de deux amans que deja les muses anglaises avaieut fai; revivre sur le tbetktre de Londres, dans une tragedie que le savant Gibbon con- siderait comme uue des pins interessantes de la scene brilaunique. La destin^e litteraire de M. Viennet est assez singulioie. Clovis et Sigisinond de Bourgogne out joui d'un succ^s non contestc. Dfes qu'il parait de luL uae epitre , nn dialogue , chucnn s'empresse d'aclieter, de lire et de louer ces ouvrages remplis de verve et petillans d'es- prit : dans ce genre , il n'a point ile rival a craindrc. Moli^re a souri, au fond de I'Elysee, en lisant sa Lertre eloquente et satirique a 31. I'abbe de La Mennais ; et , lorsqu'on le suit dans ses Promenades philosophiques au cimedere du P. Lachaise , il semble que tout le peuple qui y repose reprenne Time et la vie , et que chacun de ces morts LITTER A.TURE. 90 r \ reparaisse sur la scfene du monde a vec les physionoinies , les caractf^res, Ics qualites , les defauts , et, pour aiiisi dire, les conleurs m^naes qui les distiuguaient lorsqu'ils etaient sur la terre. Dernierement encore, dans la triste et immortelle soiree ou une foule d'homnies de tous les rangs et de toutes les opinions rendaient les derniers honneurs, au nom de la patrie, a un illustre guerrier , a un grand citoyen , au premier de nos orateurs politiques ( le g^ndral Fot), M. Viennel, pr^s de la tombe de ce heros , exprimait avcc une •voix sonore et en vers haroionieux les sentimeus de douleur , de regrets et d'admi- Mtion qu'eprouvait toute la France ; cent mille voix lui repondirent par leurs sanglots et par des acclamations unanimes : c'etait une seine digne des beaux jours de la Grece antique. Jamais enfiu un grand talent ne produisit un effet plus pathotique , plus universel; et cependaut, aprfes tant de litres de gloire, aprfes tant d'eloges donnes a haute voix , les sourds murmures d'une critique injuste et jalouse , r^pandus avec malignite, soiit accueillis et repetes de cercle en cercle par I'envie , qui toujours s'attache au merite, et qui s'efforce surtout d'eloigner de lui la couronne qui doit iuevitablement etre eiifinposee sur Sii tele. On lui reproche des negligences, on I'accuse de travailler trop vite; mais quel auteur est exempt d'imperfections? Une sage len- teur peul-elle se concilieravec la clialeur brijlanted'uneverve fecoude? L'ceil de la raediocriie est toiijouis ouvert sur les plus petits defauts d'un ouvrage; i! se ferme pour ne point admirer ses beautcs. Le Siege de Damas offre a la fois la preuve de cet accueil du au talent , et de cette injustice qui, ne pouvant cueillir les fleurs du Parnasse, cherche 4 se venger en les couvrant d'epines. Dans tous les terns, on a lu avec interet I'episode historique de Kaaula. Cette anecdote amoureuse et guerriire s'est conservee dans nofre souvenir, apres douze si6cles , bien qu'elle fut racontee avec une simplicite denuee d'art et de chaleur ; aujourd'hui , revdtue des couleurs d'une eloquente poesie , a peine lui accorde-t-on quelques eloges. Chacun la lit avec pluisir ; peu d'ecrivains en parlcnt. On reproche a i'auteur le melange profane du vrai culte et de la mythologie paienne; il in- voque eu vain I'exemple du chantre de Godcf:oy et du chaiitre de Henri; on ne lui pardonne pas d'avoir fait apparaitre au milieu deS camps Chretiens et musnlmans I'Amour deployant ses ailes et des- cendant aux Enfers pour penetrer dans le temple du Sommeil. Comme je suis loin d'approuver cctte severiie, au lieu de cber- cher des citations qui ne rn'offriraient que I'embarras du choix r. xxviiT. — Di'cetnhre i85t5. 5S (J02 LIVRES FRANC-AIS. pour fairc reni.irquer les norabrcuses beaiites de ce poome, je citcrai preclsement les vers ou M. Viennct, luttant avec umt heureiise temerit^' conlre I'nuteur du Liitjin , noos peint le Soiiimeil reveille par I'Aniour : Aux poi'tt's Jos Eufers, Jaus un sombre redtiit Que d'uue ombre eteruelle envoloppe la iiuit, Ou janjais du Zephyr u'a penctre I'lialciue, Et sur le noir duvet d'unc couclie d'ebeiie, Qu'environue a lougs ])lis de aa triple epaisseur De quatre rideaux noirs riramobile hauteur, Le dieu , ceint de pavots , dout sa main est remplie , Ivtpose mollemcnt sa tete appcsautie. La d'une aile rapide est arrive I'Amour; Et le silence a fui de cet obscur sejour. Le Sommeil, a ce bruit, eutr'ouvrant la paupiere A du flambeau divin reconnu la lumiere; Et se plaignant du dieu qui trouble son repos , Detourue, en soupirant, ses yeux a demi clos. « Pardoune , dit I'Amour, si raa voix indiscrete Ose se falre eutendre au fond de ta retraite. D'un heros qui m'est cher jc t'apjiorte les vocux. II dit , et du sommeil le frout s'esl relevc; Sur sa couclie trois fois pesamment souleve, Trois fois il y retombe; et I'Amour qui rentraine Dausle vague des airs le soutient avec peine. Sur I'aile des Zephyrs ils traversent les rieux, Et lournent vers Damas leur vol silencieux. Cenx qui ne permettent pas qu'uii poete cherche sur I'aiitique Olympe quelques atoms pour parer les muses francaises, devraient prendre un chemin plus court pour aUeindre a leur but , etordonner aux favoris d'ApoUou de ne plus ecrire qu'en prose. Enfln , n'en de- plaise a ces graves Aristarques et a quelques jeunes critiques de la nouvclle ccole , qui iroiivent la clart(5 iriviale lorsqu'elle ne s'enrichit point de n^olofjismes , d'ellipses iniritelligibles et d'inversions for- cees , je citerai encore les vers suivans de M. Viennet comme un modMe de noblesse , d'elegance, de force et de purete classiques. Quand un sentiment aussi eleve , aussi genereux que celui de I'ainour de la patrie inspire un poete, il I'ui suffit de dire avec siraplicite et iiettete ce qu'il sent pour frapper I'esprit, toucher le cceur : il est grand par sa nature, tandis que d'autres ne le paraissent qu'en s'ele- LiTTltlRATURE. go i vant siir rles echasses. Voici ces vers , auxqiiels je crois inutile d'ajoii- ter aiicune reflexion ; II retenlit long-tems daus son ame attendrie Le cri, le dernier cri de sa trlste patrie. O des cceurs genereux faiitdnie revere! Ciilte de la jiatrie, amour pur ct sacre! P'anatisme sublime et seu! digne de I'liomme, Tu fis seul la spleudeur de la Grece et de Rome; Souice des grands exploits tt des grandes vertus, Tes feux ne Lrilleut point dans les occurs corrompus. Mais, au nom de patrie , uu coBur noble palpite : Un juste orgueil I'anime, un saint transport I'agite; L'esprit, le sentiment, tout s'agrandit en lui. Heureux de I'lKinorer, Cer d'en etre I'appul, II ne vit que pour elle, ct s'oubliant lui-meme, Mourir pour el!e euCn est sa gloire supreme. Mais la voir succomber sous le fer etranger, Contempler ses revers , sans pouvoir la vecger. Sans confondre son sang dans le sang de ses freres , C'est la pour un heros le comble des miseres. Le comte de Segur. 474- — ^'^ Tomhe royale , poeme en trois chants, didie a Madame la Daupkine , suivi de Poesies diverses; par M™"^ Gautier. Paris, 1825 ; Trouve. i vol. in-12 ; prlx , i fr. 5o c. Pliisieurs ecrivaius ont deja consacre leurs veilles a prdter le ctarme des vers a des souvenirs nobles et douloureux. M™"^ Gautier, entree la deniiere dans cette carriere difficile, a rencontre un plus grand nombre d'obstacles , qu'elle a presque toujours vaincus avec bonheur. Ses tableaux sont touchans et bien traces; sa poesie est souvcnt pleine de grace et de noblesse. On peut assurer que, paniii les fenimes qui ccciipent unp place distingtiee au Paruasse francais, M^s Gautier sera toujours remarquee par I'agrement de ses com- positions et la purete de son style. Nous citous le fragment d'une des pieces qui suivcnt le poeme de la Tombe rojale : Tauleur decrit le desert ou le jeune Ismael est devo! e par la soif : Sur ce sol enflamme, si tristeaient epars, Quelqucs arbres encore arretent les regards; Un souffle devoraut les fletiit avjnt I'age , Et bleu tot a leurs pi^ds effeuille leur ombrage : Le rliautre v^'vaseur des lointaines for^ts yo/i LlVRES FRANCAIS. Sdii-s Iciir'* bras dtipouilles ue s'arrite jamais. Ku vnip iin ciel d'azur s'elale sans uuages ; La uature all^iee appelle les orages, F.t sur d'autres cliniats leiirs torreos decl]afuei Laissent languir cncor ces rlianips iiifortunes. nps tristes fugitifs telle etait la misere. S'ils echappcut la uuit a la deut meurtriere l)u tigre ou du lion dans son antre engourdi , J'ourront-ils ecltapper aux ardeurs du midi? Helas ! des mallieureux qunnd le regard avid« Rencontre une citerue en ce desert aride , L'nnde s'eu est tarie, et sur le sol couches, S'ils entrouvrent le lit des ruisscaux desseclies, ■ Leurs efforts impuissans , leur bouclic hiilctante N'nspircut, des sillons d'uii(^ terre brilante , Qu'un feu qui, de la vie epuisant Ics combats , Ne laisse a leurs desirs que I'espoir du trepas. P. 475. — Les 3loscoi'i/es , poesies iiouvelles; par M. ue Valhoue , officier russe. Paris, 1825 ; Ponlhieu. Broch. iii-S" de 74 pjiges; prix , a fr. Ce nom de Moscoviies n'indique rien, siiion que I'auteur est Russe; car, si Ton excepte les deux premieres pieces de vers , donl I'nue est un eloge au moins exagere de I'empereur Alexandre, et rauUc une peinture des malheurs de Menzicoff , on ne trouve rien dans ce recueil qui ait le moindre rapport avec I'histoire de Russie. M. de Valiuore professe pour notre litterature une sincere odmiration ; nous devons Ten reniercier ; mais notre reconnaissance ne peui nous dispenser de lui dire que ses vers sont une nouvelie preuve de rimmense difficulte qu'on i^prouve a ecrire dans une langue etran- gere : des pensees souvent incompletes , parce que I'auteur ne pos- sedait pas assez notre langue pour les achever, des expressions sou- vent hasardees, quelquefois incorrectes , des coupes de vers, des melanges de rimes peu agreables a I'oreille , voila ce qu'un Fraa- cais trouvera d'abord dans les Moscovites , et ce qu'un etranger aura peut-6tre jieine a sentir. II faul bien aussi relever dans ces poesies un defaut qui devient plus commun de jour en jour : c'est le manque de sujet. II est quel- ^ uu talent veritable , mais , trop peu exerce encore pour renssir en- lierement a nietlre en oeuvre les niateriaux d'une instruction variee. A. J. 480. — Le retoiir d'un banni en 1S19 , ou le Bendez-vous des quatre ■vieillards a la Pelke-Provence; par Ma^MiURER. Paris , iSsS; Bechet aine. 3 vol. in-12, ensemble iv et ^83 pages; prix , 9 fr. Quatre vieillards se rencontrent aux Tuileries, dans I'endrojt que Ton nonime la P elite- P rov ence ; ils concoivent les uns des autres une assez bonne opinion pour chercher les occasions de se reunir ; et bieutot, ils se racontent leurs a ventures. Tel est le sujet du roman de MiM'Maurer; des pensees hardies , un amour souvent exclusif pour sa patrie , I'admiration sincere poor les bonnes institutions que possede la France, depuis qu'elle est libre , telles sont les qualites qui distinguent cet ouvrage. On regrette qu'une nieilleure disposition des faits ne I'ait pas rendu plus Interessant , ct que le style , souvent incorrect et quelquefois trivial , contribue a rebuter encore un lec- teur severe. B. J. 481. — Josephine, ou Souvenirs d'tine rcldche a Vile de Juan-Fernandes, (lie deserte, sitnce dans la mer Pacifique, non loin des cotes du Chili.) Paris, iSao; Urbain Canei. In-i8 de i5o pages ; prix , 3 fr. Un avis de I'editeur , signe , \e coiaie Gnspard ue Pons, porte qu'il ignore lui-nien93 si le manuscrit qu'il public est une fiction roma- nesque, ou une histoire veritable. C'est le aS decembre 1 807 que I'au- teur de ce manuscrit a trouve dans I'lle de Juan-Fernandes la creature infortunee doat son recit porte le nom. Les aventures de Josephine, sa situation analogue a celle de Robinson -Crusoe, reste seul dans son ile deserte, la passion deplorable qui la devore , ses malheurs, ses remords, sa longue agonie et sa fin prematuree sont decritsdans une relation rajjide et attachante; mais cette lecture est peuible. On s'interesse a la triste victime d'une destince cruelle , qui tieii.t de la fatalite des anciens ; mais on regrette de I'avoir connue , et I'on rougit presque de Tattendrissement et de la pitie qu'elle faiteprouver. J. Livres d'etrennes. 482. — * Histoire des Vestales et de leur ciilte , d'apres Plutarque, Tacite , Suetone , etc. ; traduite de I'italieu , par B. Caktoux. Paris , 1825 ; Lefuel. i vol. in-18, de xv et 124 p. , papier velin , orne d'un irontispice et de 3 gray, en taille douce; prix , 6 fr., et 6 fr. 5o c. 483. — * Les Soeiirs de la cimrite, ou Beautes de i'histoire des dames, soeurs et lilies de la chiirite. Paris ; i8:«5 ; L. Janet, i vol. yi/ LIVRES JRAKCAIS. i»-i8 , de an pnges , ornci d'liii fioiilisplce tt d« 4 g«a\iires ; prix ,4 fr. 5o c. , el 5 fr. 484. — * Ageline , on tcs Fruits de V iducation ; ouvrage traduit de I'aiiglais. Paris, i8a5 ; le m^me. I vol. in- 18 de 210 pages, orne d'uji iroiiiispice ct de 3 giavures : prix, 4 fr. 5o c. , et 5 fr. Nous avons voulu, dans notre caliier de decembre, qui doit pa- raitre a une epoque dc f^te pour la jeunesse , adopter une division particuli^re pour les Uvies d'etreiinrs. Ce n'est pas que tous les boiis livres ne puisseut avoir cette destination , et nous forruous des votux pour qu'ils entrent de preference dans le clioix que feront les pei - somies qui ont des Ciideaux a olfiira celte epoque; (i) uiais il est cles ouviagc's qui paraiss^ut plus specialement coiisacres a cet usage par leurs editeurs. Nous aimoiis a reconnaitre qu'une emulation louabie, parmi les auteurs, senible vouloir faiie sortir ces livres de la sphere de futiiite oil ils avaient paru jusqu'a ce jour renfernics , pour les elevoi- a un veritable but d'ulilite. Nous signalerons d'abord a ratlention des lectcurs I'hisLoire des festales , ouvrage fort bien fait , reinj>li lie recherches curieuses et savanles. L'auteur ilalien avail rcuni , dans cet opuscule , ce que divers bistorleiis de rantiquite ont ccrit sur les Vestales et sur leur culte ; le traducteur ne sest pas borne a le suivre Cdelement ; ii a augmcnteson iravailde plusieurs fails assez iniporlans qui avaient ete omis ou ignores, et qui conipl^lent I'histoire de ces vierges celebres. Ella est ecrite avec une touchante simplicite , et nous jjensons avec lui oqu'elle sera lue avec interdt par un sexe plus avide de douces emotions que de recherches scientifiques. » ■< Consacrces , des I'age* le plus tendre , a la deesse du feu sacrc , dit M. Cartoux dans sa preface, forcees de coBnbattre la nature, entourees de tous les prestiges des grandeurs, comblees de privi- leges, d'honneiirs et de ricbesses, ces jeunes personnes devaient naturellenieiit nieriter la veneration. » Rapproclions de ce culte sterile pour la morale et pour i'humanite , exerce par les Vestales a Rome , la destination sublime el presque divine des Fillcs de la Cha- riie en France ; et Ton sentira tout de suite quelle irainense distance etablissent ,enlredeux peuples differens , deux religions , dont Tunc (i) Les magasins de MM. Blanchard, galorie Moolesquieu, Eymery, rue Mazarine, Louis , rue Hautefcuillc, 11° 10, Janet et Lefuel, rue St-Jacques, rt quelqups autrcs, offriront en ce genre aiix amateurs tout ce qu'ils peuveut rlesirer de meilkur ct dc plus beau , dans tous les formats, et avec toutCs leg reliures possildes, a des prix plus ou moins ('Uvi'n. ^.THENNES. gTi repose sur des pratiques superstitieuses , ou I'esprit avail plus de part tjue le creur, et I'autre est le lesullat de la conviction intime d'un Dieu , refuge du jus^eet reniuiifrateur des bonnes actions dans un inonde auqnel cehii-ci ne sert que de transition! Quel autre croyance en effet , quel autre espoir aninierait ces filles , modeles de toutes les vertus , doiit le z6le et le devouenient pour riiumanite, le mepris de tous les biens et de tous les plaisirs de la terre, I'abne- gation totale enfin de soi-m^me , ont etonne et surpasse lesplus grands courages ! Repetons , avec I'abbe de Boulogne, ces paroles repro- duites en idte de I'histoire que Ton nous presente : « Filles respec- tables, 6 mes soeiirs ! mes venerables soeurs ! [)relres augustcs de la charite ! recevez , en ce jour, le tribut de reconnaissance que vons doit I'humanite. II vous est bien permis d'etre humbles et modestes, autant qu'utiies et genereuses : nous I'est-il a nous d'etre ingrats ? nous I'est-il d'oublier I'immoUition perpetuelle de votre liberie, de voire repos, de votre vie meme, et de ravir ainsi a la piete , la plus touchaute instruction , comme a Vincent de Paule, sa jjIus belie couronne ? » Le troisieme ouvrage annonco en tele «3e eel article est, ainsi que ceux qui vont suivre, destine plus parliculierement aujeune age. L'auteur a eu dessein d'y montrer les avantages d'une bonne education, dans un petit ronian ou il a mis en opposition la famille inleressante d'une veuve se consacrant it Tinsiruction de ses deux filles, et un pere idoldtre de la sienne, et qui se prepare, sxns le snvoir, a falre son ina'heur par sj condescer.dance coupable pour tous les caprices de cet etd'ant. Heureu'-ement pour tous deux , la comparaison qu'il a I'occasion d'etablir eiitre sa fille et celle de sa voisine, M'"" Sidney , I'engage a pritr cctte dame de se charger de I'education d'Ageline pendant un voyage qu'il est oblige d'entre- prendre a I'elranger. EUe y consent, et au retour du pere, Ageline a si bien profile de I'exeraple de ses jeunes amies , qu'elle est devenue une personne accomplie. Le style de cet ouvrage est simple et con- forme a la morale que l'auteur y developpe ; nous lui promctlons des lecteurs, et nous souhailons que letraducteur puise encore, avec le m^me bonheur , a la source oh i) a trouve ses inspirations. E. Hekeau. 4S5 — * Agenda general , ou LivreC pratique d'tinploi du terns , pour Tannee 18... ; compose de Tablettes utiles et commodes , i)our recueillir et classei, dans des divisions determinees , li's divers em- plois et les principaux resnitats de la vie journaliere , precede d'une 91 4 LIVRES l-RANCAIS. instruction; par M. Marc-Antoine JuLMElf , de Pflrw. QoATJilfelUF. ISDITION. Paris, i8a/j ; i vol. iu-12 , de 3ia p. , avec a gravurcs , cartoniic; 5 fr. ; An bureau cenlral de la Revue Encyclopcdiqiie , et chez Dondey-Dupre. 486. — * BioMKTRE , ou Memorial llmioraire , servant .i iudiquer le uombre des heures donnees par jour k chacune des divisions : 1° de la fie interieure et individiielle, consideree sous les rapports plij- siqrie , moral et intellectuel ; 3° de la vie extcrieure et sociale : ou Ta- blettes destiiiees a procurer le moyen de recneillir , en une minute ci siir une seule ligiie , pour chaque intervalle de vingt-qiiatre heures , les divers emplois et les principaux resultals de la vie , pendant le nieme espace de tenis ; par le menie aufeur. Paris, i8s4- i vol. in-ia de tableaux, precede d'une instruction , en tout 100 p. , car- tonne; prix,5 fr. Se trouveaux nienies adresses que l' Agenda generul. Ces deux Livrets servenl d'instiumens pour appliquer Ja Methodc d'emnloidu terns et d' administration de la vie , qui est exposee et de- veloppee dans le traite iheorique et philosophique de VEmploi du terns , dont la troisieme edition , qui se trouve aux monies adresses , a ete publiee en 1824 , get annoncee dans ce recueil. ( V. Iter, enc t. XXI , p. 35o. ) Nous somnies persuades qu'il serait difficile de donner, pour Te- poque de la nouvelle annee , aux jeunes personnes des deux sexes, agees de 16 a 25 ans, et meme d'un age plus avance , deux ouvrages plus propres a leur faire apprecier I'lmportance , et a leur fournir les moycns de surveiller et de dinger leur conduile journaliere, leurs depenses de lems et d'argent , le clioix.de leurs relations hahi- tuelles , leurs exercices , leurs lectures, leurs plans d'etudes, leurs travaux et ni^me leurs affections , leurs delassemens et leurs plaisirs. Deux instructions detaiUees sur la tenue de chacun de ces deux livrets, et sur les avantages que Ton peut en retirer, renfernient des preceptes et des conseils d'uue utilite incontestable, que les jeunes gens surtout ont le plus grand intt-r^t de s'approprier , et qui dolvent exercer une influence bienfaisante sur leur avenir et sur toute leur deslinee. Les Tableaux dont ces livrels sont composes presenient une analyse rigourense , et a peu pres complete, de toutes les divisions de la vie, de tons les einplois possil)les du teuis , detous les souveniis digues d'etre conserves, qui peu vent former, pour chaque indivitlu , le domalne de i'experience. La methode proposee est tres-siraple : elle n'exige, pour etre pratiquee dans son e::sen3ble et dans tous ses i ETRENNES. 91 5 uetails , que dix 011 qninze minutes par jour. Ce petit nombre d'instans , consacre a I'exr.iTien conscJencieux de sn vie , que Ton doit lesumer par ecrit , en una seule on en quelques lignes, chaque soir ou cliaque matin , dans les tables disposees a cet effet , permet de preserver de la plupart des alterations et des dangers auxquels elles sont exposees, la sante tlu corps , la iiigiienr de Vesprit et la purelc de I'aine , ou la dignite morale de I'liomnie. On devient necessaiieuient niieux por- tant , plus actir , plus instruit, nieilleur et plus lieureux , et nieme plus riclie, par I'application journaliere et non interrompue de cettc methode si facile, qui fail contracter des habitudes morales d'ordre et di economic , germcs feconds de toutes les vertus. C'est un Manuel pratique de I'education et du perfectionnemenl de I'komme pa? lui-meme ; sujet d'un grand ouvrage public depuis peu per un de nos plus esti- mables philanthropes, M. de Gerando ,et couronne par rAcademie francaise. ( Voy. Ba: enc. t. xxvi, p. 671 ). Un terns viendra , nous osons le croire , oil cette methode sera generalement adoptee dans les maisons d'educatjon et daiis les fa- milies, pour I'usage de la jeunesse; et nous pourrions citer, en attendant , un assez grand nombre de personnes qui out eu beau- coup a se feliciter d'avoir suivi les regies de conduite que I'auteur, disciple de Pythagore et de Socrate , de Descartes et de Bacon, de Fenelon, de RoUin et de Franklin , a tracees dans ses trois outrages , I'un theorique , les deux autres pratiques , sur la science de Vemploi du terns. B. 487. — * MerveiUes et beautes de la nature en France, ou Description de ce que la France a de plus curieux et d'interessant , sous le rap- port de I'histoire naturelle, comme grottes, cascades, sources, mon- tagnes, rochers, torreus, mines , vues pittoresques , etc.; par G. B. Depping. Cinquieme edition. Pans, 1824; Eymery. (Le frontispice porte 1822 ). 2 vol. in-i2 de i,334 et 824 P^g^' ; prix , 6 fr. Cetouvrageest deja suffisammentcpnnu, et son succes est confirme par plusieurs editions successives. On se contente ordinairement , dans la description d'un pays, de tracer ses grandes divisions natu- rellesetde faire connaitre ses divisions conventionelles et politiques; mais on s'occupe rarement de donner uue idee de son aspect phy- sique, des formes plus au moins belles , plus ou moins imposantes, plus ou moins varices, sous lesquelles la nature s'y presente. C'est cet oubli que M. Depping a cherche a reparer pour la France. Ses propres observations, et les notions qu'il a puisees dans un grand nombre d'ouvrages sur la geologic, I'histoire naturelle, et meme lebre fabuliste. 490. — Jiilien , ou r Enfant induslrieux; par M'oe L.-P. Lang LOIS. Paris, 1825 ; Eymery. i vol. iu-i8, avec gravures ; prix i fr. 5o. De ]M™e Delafaye a I'auteur de Jiilien, I'intervaile est considerable, surtout sous le rapport de la diction; ce qui, pourtant , ne vent pas dire que I'ouvrage de cette derni^re dame soit totalement de- pourvu de merite. L'intention morale en est excellente. Julien , sen heros , est un de ces petits campagnards qui se rendent dans la ca- pitale pour y exploiter les besoins et la paresse de nos citadins; il debute a la porte d'un bote! garni , parvieut a s'y introduire comnie domestique , se fait estlmer de ses maitres par son zele , son acti- vite , sa bonne conduite ; enfin , a force d'econoniie , et par le con- cours d'beureuses circonstances , apres avoir pass6 par tous les degres de la domesticite, il devient assez riche pour faire I'acquisi- tion d'une auberge tres-frequentee , oii il ne manque pas de faire d'excellentes affaires. Nous souhaitons que ce livre fasse aussi rapidement fortune que son Leros ; il est attachant, et n'offre que des exemples et des con- seils salutaires. Pourtant on regrette , en le lisant . qu'une piunie exercee n'ait pas fait dlsparailre plusieurs ua'i'vetes de niauvais gout et des details beaucoup trop techniques, qui refroidissenl I'in- teret. M™" Langlois euumere trop soigneusemenf , et avec une sorte de predilection, les nioindres occupations de Jiilien. 491. — \^t Labruyi/e des jeunes gens , ou le Precepleur moraliste; par D. Lemaithe , auteur des developpemens duns I'ouvrage inti- tule : Plutarqiie moiali^te. Paris, i8a5; Eymery. a vol. in-12, avec figures ; prix 8 fr. Labrujere est ccliii de nos grands ecrivaius qui s'est le plus spe- cialement attache a sonder les replis du coeur liuniain; observateur penetrant, il monlie a nu toufes nos faihlesses; peintre inoenieux et delicat, ilssit, par des portraits frappans de verite, nous ins- truiie el nous amu.'ier. Sous des pinceaux vulgaires, une telle entre- prisen'eut offert en resultat qu'une galerie cniiuyeuse et monotone; T. xwiii. — Dccernbre i825- 5o 9i8 LIVRES FRANCAIS. le talent de Labruy^re est parvenu a y distribucr tons les agremen* de la variele, et par ceLi m^nie, a imprimer a ses diverses pein- turesle cachet d'une origiiiulite presque inimitable. Comme les chefs- d'oeuvre de notre grand poete coniique, les Caructires du mcderne Theophraste seront trouvcs vrais dans tons les terns comme dans tons les pays, parce qu'ils sont I'expression fidele de la nature de I'homme. Apr^s lui , un honime de talent peut encore saisir, avec plus ou moins de bonheur, certaines nuances qui appartiennent moins au coeur humain qu'aux modes el aux circonslances ; mais il y aurait pour le moins de la temerite a eutreprendre de refaire I'ou- vrage d'un aussi grand maitre. Aussi , I'auteur du Labruyere des jeiines gens n'a-t-il pas eu cette ridicule pretention. II dit lui-nieme qu'il n'a point cherche a se placer a cote dece celebre moraliste. II n'a eu pour but que I'instruc- tion de la jeunesse , et sous ce rapport , la purete de ses intentions merite nos eloges. Dans son nouvel ouvrage, M. Leraaitre nous a paru s'occuper beaucoup moins du fond des choses que de leur superficie ; sou- vent il confond le trivial avec le vrai ; on dirait qu'il prend le ver- biage pour de I'abondance, et I'etrangete pour du trait. Le La- bruyere du Avii^ siecle avail neglige de nous donner les caracti;res i\l Craqueur e\ de VEndurant ; celui de iSaS vient de reparer ces omissions. Que dis-je? il nous rend un service d'une bien autre im- portance. Au moment oil nos meilleurs esprits ne peuvent s'entendre sur ce qu'on appelle romantisme , voila que M. Lemaitre nous ouvre les flancs tencbreux du nuage, et nous revfele fort obligeamment les traits les plus mysterieux du caractfere du jeiine homme romantiqiie. Une autre remarque a faire sur le Labruyere des Jeunes gens , e'est que I'auteur ii'a pas etabli une exacte proportion eutre ses divers chapitres. Le Dissijjatenr occupe a lui seul pr^s de deux cents pages du second volume. Toutefois, cet ouvrage offre dans plusieurs par- ties des details de moeurs assez bien esquisses et des lecons d'une saine morale. Sous ce dernier point de vue, il pourrait etre utile; mais il serait peut-^tre a desircr que les deux volumes qui le compo- sent fussent reduits en un seul tres-petit, revu avec soin. C — c. 4t)2. — Les Images , ou Scenes morales coinposees d'historiettes et de conies mis a la poitee du jeuiie age , pour servir a I'instruction et a ramuseroent des enfans qui sont bien sages. Paris, iSaS ; EymerY. i vol. in-8° oblong, avec 23 jolis tableaux composes et dessin^s par Martinet ; prix , figures noires, to (r. , fig. col. i5 fr. ETRENNES. *jU) Ce litre, dans sa siniplesse enfantine, convient parfaitemcnt aux petits enfans auxquels le livre est destine. La vue des tableaux dont il est decore , doit exciter Tivement leur curiosile et leur inspire;- le desir de connaitre !es historiettes qui s'y rattachent. L'auteur i\\\ rien neglige pour repandre de I'interet dans ses recits. II a su pailer le langage naif et uaturel , le seul propre a faire impression sur I'en- fance; et pour-donner un attrait de plus a ses contes , il retrace avec verite les mceurs et les usages de notre epoque. Chacun des contes qui formeut ce joli recueil se distingue par un hut d'utilit^ bien marque, et par une morale excellente , amenee foujours a propos , et produite sous une forme si heureuse, que les enfans s'en nourriront a leur insu, et se formeront ainsi aux plus ai- raables vertus. Z. 493. — * Le Chaiisortnier des Graces, pour 1826 ( 3o= annee), avec !a musique gravee des airs nouveaux. Paris, 1820; Fr. Louis, rue Haute-Feuille , n" 10. i vol. in-i8, de 3oo pages, plus 36 pages do musique, orne d'une fort jolie gravure et d'un frontispice d'apres Chasselat ; prix 3 fr. et 3 fr. 5o. c. 494. — Le Ckansonnier des Daiiites , pour 1826 (i''^ annee). Paris, iSaS; L. Janet, i vol. in-i8 de at?, pages, plus 24 pages de mu- sique, orne d'une gravure, d'un frontispice et defleurons; prix 3 fr. 495 — Hommage aux Dames, pour 1826. Paris, iSaS , le meme. I vol. in-i8 de i56 pages , orne de 6 gravures ; prix, 3 fr. 496. — Le Reveil du Caveau, pour 1826 ( i""* annee ). Paris , 182$; Eymery. i vol. in-i8 de 296 pages , avecun frontispice et 3 plancbes de musique gravee ; prix , 2 fr. 5o c. Apres avoir annonce des tivrcs d'ecrennes , propres a <5tre mis dans les mains de la jeunesse , dont ils coiitribueront a former le coeur et I'esprit , nous signalons ici la public.ition d'ouvrages agreables, destines surtout a ctreofferts aubeau sexe. Le Chansoiinier des Graces, le Chansonnier des Dames, Y Hommage aux Dames, sont des concurrens qui senilileiit appeles a parcourir la meme car;iere, et dont le nom indique assez les pretentions. Le premier a sur les deux autres i'a- vantage de voir remonter son existence a I'aimee 1797, circonstauce qui lui est favorable sous beaucoup de i apports. On sait que les Graces ne vieillissent jamais , et la redaction soignee de ce recueil parait devoir lui assurer a jamais ce privilege. Les noms , chers aux Muses , des Dernis, des Ih'ufjlers , des Dorat , des Favart , des Florian , des Legoiive , des Latijon, des MiUei'oje, des Muncrif, des Parny et des deux Segur, out embelli ses leuilles, oil Ton a vu figurer a leur tour ccux ({'ylrrnnnd yao LIVRES FRANflllS. Ooiijfc , At Biianger, Pt-ffiiigiurs , Dtipaij, Dinal , Uoffman , Jouy , MarsoUier , Pain , Pits , rial , Hgce , etc. , et de toutes les dames qui se sont fait un nom au Paniasse , pendant les trente annces ecoulees depuis la fondation du Cka/isonnier des (i/-ate.«. Est-il etonnant que tout ce qu'il y a de distingue parmi les desservans de la Muse de la chanson s'einpresse d'apporter son tribut a un recueil dont la repu- tation est etablie depuis si long-tems ? II y a beaucoup d'appeles sans dcute, et peu d'elus ; cependant, lo desir d'offrir surtout des pieces inedites , et les conseils eclaires et bienveillans que les jeunes poetes trouvent aupres des editeuis de ce recueil, pernietlent a ceux-ci de reveler , cliaque annee, au public quelquesnomsnouveaux , jeune esperauce du Parnasse , qui a deja vu plusieurs d'entre eux s'elever aux premiers rangs de nos chansonniers ; tels sont ceux de Boucher dc Perthes, Boulay Paty , Cainille , de Courcj, Fontenille, Hippolyte-Louis Gtierin , Etieune Jourdan , de Kock , Mignet, etc. Ce n'est done pas sans surprise que nous avons vu I'editeur du Chansonnicr des Dames , entrepris celte annee , avancerdans sa preface gu'un recueil de romances el de chansons fait tout expr^s pour les Dames manquait en France. Sans insister sur cette slngnliere assertion, qu'il faut regarder sans doute conime une formule baunale adoptee auiourd'hui en librairie, et que la Revue Encjclopediqiie a vu fre- quemment employer par ceux qui lui derobaient son plan , sa marche et jusqu'aux noms de ses collaborateurs pour clever des recueils ri- vaux du sien, nous reconuaitrons que les soins donnes au Chanson- nicr des Dames et le luxe typographique avec lequel il est execute en font un livre digne en tout de sa destination. Quant a sa redaction, le defaut de pieces inedites a force les editeurs a n'offrir , pour ainsi dire, qu'uu choix des plus jolies chansons que Ton connaissait. Une grande partie se retrouve dans les annees precedentes du Chansonnier des Graces ; ce qui donnerait doublement le droit a son editeur de se plaindre de I'oubli oil Ton affecte de le niettre. U Uoininage aux Dames nous offie I'occasion de louer les memes qualites que dans le Chansonnier des Dames , et de repeter la m4rae observation au sujet des morceaux qu'il renferme. Presque tous etaient plus ou moins connus; mais il n'y a pas lieu d'ailleurs de s'en etonner, puisque, par les raisons que nous avons deja donnees plusieurs fois, V Almanach des Muses lui-nieme , ce veteran du Par- nasse, en est reduit a glaner dans les recueils publics dans I'annee par nos jeunes poetes : car chacun veut avoir le sien. Nous nous contenterons d'adres:-er aux editeui s de ces deux recueils , s'ils doi vent tTRENNES. 92 1 paraitre I'annee prochaine , la recominandition que nous avons faile a d'autres recueils du infime genre, de se procurer le phis grand nombre de pieces inedites qu'il leur sera possible, ou du nioins d'apporter les plus grands soins dans le choix des pieces qii'ils em- pruntent aux recueils connus : c'est le moyen le plus sur et le plus honorable de lutter avantageusement contre leurs rivaux. Quant au Reveil du Cai'eaii , on jjouvait sur ce litre fonder quelque espcrance de voir enfin sereveiller la Muse des gais convives de I'an- cieh caveau, et naitre un recueil qui remplacerait avec avantagele Cavcnu Modeine et les Soupers de Momus , tout-a-fait dechus , surtout depuis qu'ils ont change d'editeur. Huit a dix chansons dues a la verve toujours heureuse de M. Desaugiers et a celle de MM. Brazier, de CouTcj et Rousseau pouvaient realiser a un certain point cet espoir. Sur les qilinze auteurs qui ont fait a eux seuls les frais de ce chansonnier, il y en a tout au plus la moitie qui aient figure avec honneur dans I'an- cien caveau; mais conibien ils sont changes ! Leur Mnse vieillie ne nous entretient plus que demaux physiques, temoinsles douse remedes de la goutte et autres chansons de M. de Piis , dont la plus grande maladie est d'etre devenu aussi froid, aussisec, aussi triste enfin qu'il etait autrefois aimable et gai. Dix pieces qui ont dix, douze et jusqu'a seize couplets, et qui occupent presque autant de pages : c'est trop pour sa part; c'est trop surtout pour le succ^s du recueil, qui ne pourrait certainement ailer loin avec un aussi lourcl bagage. Nous engageons la Sociele a se recruter de jeuues desservans de la chanson , plus frais , plus gais , plus dispos, propres enfin a chanter dignement Bacchus et TAmour; tout le monde n'a pas le privilege de vieillir toujours jeune commef Anacreon. Un plus grand nombre de pieces permettra d'ailleurs a I'editeur de ne plus user du moyen qu'il a employe cetle annee pour grossir son volume, dont pr^s de la moitie est occupeepar des refrains de dix a douze vers quelquefois. repetes en entier apreschaque coujilet. E. Heiseau. 497. — * Jeu etymologique et mnemoniqiie , ou Exercices suria languc francaise , et specialement sur les mots composes ou complexes; par P. MiLLON , professeur de langues ; tableau synoptique de 800 ra- cines deinots, avec figures, et vocabulaire, contenant a,5oomots composes , et faisant connaitre leur composition, leurs racines et leurs coniplemens. (V. Rev. Eiic. t. xxii , p. 445.) L'auteur , rue des Moulins, n° 3. Prix 5 fr. Petii bureau typogi nihique , destine it faclliter reuseignement de la 92i LIVRES FilA-NC/VIS. )i'cture;cled'ieaLL. AA.RR.lesenfansclemonseigneur leducd'Oil^ans; Par P. MiLLON. L'auieiir, rue des Moulins, n° 3. Piix 8 fr. Ce petit meiible est dlvise en Sy cases : 26 pour les lettres, una pour les signes de la ponctuation et 10 pour les chiffres. L'interieur du couvercle renferme des compartimens , dans lesquels les enfans peaveut composer des mots , des phrases , des histoires enli^res , et s'exercer, d'une mani^re non nioins instructive qu'amusante, a l;> lecture el a I'orthograplie. Le bureau typographique et le jeu etymo- logique sont tres-propres a etre donnes en etrennes. A. M — t. 498. — Dominorama parisien, ou Scenes tragi-comico-grotesques , com- binees et executees dapres les differentes poses des des du jeu de dominos. Paris, 1825; Lefuel et les marchands denouveautes. Uueboitedegra- vures coloriees. /Jgg. — * Jeu de la R^'siere , botte contenant 2/4 graviires coloriees , sur canons. Paris, i8a5; Lefuel, rue Saint-Jacques, n° 54- Nous recommandons ces jeux, destines a Tainusement des enfans, aux personnps qui ont des etrennes a leur donner, et qui veulent que leurs cadeaux restent long-tems dans les mains de ceux qui les recoivent. De jolies gravures ont, aux yeux d'un enfant, le meme prix que les ceuvres de nos grands peintres , aux yeux d'un artiste; il les regarde avec plnisir , les conserve avec soin , les montre a ses amis, et se fdche presque , quand on ne partage pas son enthou- siasroe et son admiration. Les jeux que nous annoneons ici sont des collections de gravures qui meritent bien de fixer Tattention d'un amateur des beaux-arts del'enfance ; au plaisirderegarder ces images^ il pourra joindre celui du jeu : en combinant les gravures du Domino- rama, d'apres les c-lilferentes poses des des du jeu de dominos, il formera une suite de scenes que I'auteur appelle tragi-comico-gro- tesques, et que I'enfaut trouvera probableraent tr^s-amusantes. Le Jeu de la Rosiere se compose de 24 gravures , bien colorizes , et representant divers personnages auxquels I'auteur attribuc une valeur iiumerique indiquee sur la carte : on peut alors jouer , soit au jeu dout I'auteur etablit les regies, et qui ressemble a I'ecarte, soit a plusieurs autres jeux de cartes. Ad. J. 5oo. — * Le bon Ginie , Journal des enfans , redige j>ar M.-L.-P. i>k JussiEU. On s'abonne a Paris chez Colas , libraire , rue Dauphiue, n° 32. Prix 22 fr. pour un au , 12 fr. pour fi mois; dans les depar- tem.ens i3 et 24 fr. 11 parait une feuille tons les dimanches. (Voy. Rev. Enc. , t. xxii, p. 716.) Ce journal, public depuis deux ans avec un succes toujours crois- BEAUX- ARTS. 9^5 sant, peut aussi dtre offert en etrennes aux en fans, auxquels il pr^sen- tera autant d'agrement que d'instruction. II se recommande par la ■variety des articles , tons mis a la portee du jeune age auquel il est destine. Unecorrespondance trfes-aclive, etahlie entre/e l/on Genie etses jeunes abonnes , et devenue pour ceux-ci un sujet d'emulation par les prix que Ton distribue aux vainqueurs dans les concours ouverts a cet effet , ajoute un nouveau prix a ce recueil, que nous recomman- dons avec confiance a tous les parens aiasi qu'aux chefs d'inslUution. E. H. Beaux -Arts. 5oi. - — * Voyage pittoresque duns les Pyrenees francaises et les depar- temens adjacens , ou Collection de 7a gravures representant les sites , les monumens et les ^fablissemens les plus remarquables du pays des Basques, de la Navarre, du Beam , du Bigorre , du Comniinges, du conite de Foix et du Roussillon ; avec un texle explicatif ; dedie au Roi par Melling, peintre paysagistedu cabinet du Roi ; auteur du Voyage pittorcsqite de Constantinople et des lives du Bosphoie , etc. !''<= livraison. Paris, 1825; I'auteur, rue de Coude, n" 5. — Cette collection sera pu- bliee de niois en niols , en douze llvraisons , composees chacune de six planches et d'un nonibre ('gal de feuilles de texte iniprime par Firmin Didot. Prix de cliaque livraison, 5o fr. avanl la leltre, et 3o fr. apr^s la lettre. L'Angleterre ou les arts sont ei'.courages d'une maniire positive, parce qu'il y existe beaucoup de graiides fortunes , compte un grand nombre de descriptions et de vues des monumens qui couvrent son sol, ainsl que des lieux remarquables qui I'embellissent. Auretour de la paix , les Francais , justement fiers des beautes de ce genre qui ornent leur palrie, ont cgalement public des descriptions qui font connaitre nos richesses en ce genre. Les Pyrenees seules n'avaient encore ete explorces que d'une nianiereimparfaite, et plutot sous le rappoi t mineralogique que sous le rapport pittoresque. M. Meli,ing, connu par son beau Voyage pittoresque de Constantinople , a entre- pris de representer, sous ses principaux aspects , cette chaine de mon- tagnes ou se frouvent reunies les beautes des Alpes et des Apeunins. M. PiKiNGER a ete charge de reproduire ses dessins par la gravure a I'aqua-tlnta, moyen rapide qui permet a I'artiste de donner a sa plancbe cette vivacite d'effets et cette liberte de touche qui con- viennent si bien au paysage. La premiere livraison que nous annon- cons contlent : h'intcrieiir du chateau de Pau ; unc I'ue genera le des 924 LIVRES FRANflAIS. environs de cette -ville; la maison oh Henri IV a eli noiirri; la ville d'Oi ■ thez, flout I'aspfct est tres-pittoresque , et celle de Bajonnc, prise da cliSteau de Marrac. J'ai eu sous les yelix tons les dessins qui com- poseiit cette collection , et je puis assurer que les livraisons suivantes seront d'un interet au nioiiis ^gal. M. Piringer a fait preuve de talent; le texte , oil I'auteur a cherche a conserver cette naivete d'impression produite par la vue meme des lieux que Ton decrit , est simple et ins- tiuclif; tout concourt a faire presager a cet ouvrage le succes qu'il merite. P. A. 5o2. — * Les Amours des dienx , recueil de compositions, dessinees par GiRODET, et lilhographiees par MM. Aubrt-le-Comte, Chatil- i-oir , CouNis , Coupiif DE i,;v CouPKiE, u'AssY, Dejuime ,Df.I,ORME' Lancrenon, Monawteuil, et Pannetier , ses eleves ; avec nn texte expUcatif, redige par M. P.-A. CoirriN. Paris , iSaS ; G. Engelmann , cditeur, rue Louis-le-Grand , n. 27. In-fotio ; 1''' et a«^ livraisons ; prix de cliaque llvraison, 20 fr. Parmi les nombreux ouvrages de Girodet qui n'avaient pas vu le jour a la morl de ce celebre artiste, se sont trouves seize dessins dout les sujels , puises dans les auteiirs anciens , et principalenieiit dans Ovide , representent les amours de dlfferentes divinites. Girodet ne pouvnit lire un poete grec ou latin , sans que son iniaginalion lui retra^At la scene dont le recit le captivait. Son crayon devenait, en quelque sorte malgre lui, I'interpreie de son emotion; et , comme son goiit etait aussi pur, son style aussi noble que ses idees etaient elevees, son crayon reproduisait naturellement toute I'elegance et tout le sentiment du modele antique. De li , cette multitude de crea- tions de divers genres , tiouvees dans ses portefeuilles , et dont il n'a- vait jamais fait jouir le public. Nous devons savoir gre a ses anciens eleves de la reunion qu'ils ont formee pour conserver et pour multiplier par la lithographic ces in- teressantes compositions. Des noms aussi avantageusement connus que ceux de MM. Aubry-le-Comte, Coupin de la Couprie , Dejuine, Delorme , et tous les autres , garanlissent aux amateurs la fidelite de I'execution; et le m6rite du litterateur qui s'est adjoint a eux , ne peut que faite esperer des eclaircissemens lumineux et des jugemens sains. Nous reviendrons sur cette production , lorsqu'elle sera enti6- rement publiee. Les deux livraisons que nous annoncons renferment huit sujets, et forment par consequent la uioitie de I'ouvrage. 5o3. — * Anacicon , recueil de compositions dessinees par Girodet, Ct gravees par M. Chaxii-lok, son el^ve; avec la traduction en prose BEAUX-ARTS. gaS des odes de ce poete , faite egalement p.ir Gfrodet; publie par son heriiier et par les soins de MM. Becquerei, et P. -A. Courin. Liyraisons i*^' ■ — 7°, format grand in -4°; chezr M. Chatillou- Potrelle , rue Saint-Honore , n. i4o. Prix de cbaque livraison en pa- pier ordinaire, 12 fr.; en papier de Chine, 20 fr. Anacreon etait uu des auteurs fayoris de Girodet. II en a fait une traduction en prose, et il a compose, pour toutes les odes, des des- sins qui en reproduisent les sujets. Ce travail de predilection I'a oc- cupe pendant de longues annees. II ne se lassait pas de le corriger et de le perfectionner, ou plutot, il en jouissait comme un p6re jouit d'un enfant dont il craint de se sepa.rer. Toutes les planches, moins- deux ou trois , gravees au trait, ou legerement ombrees , avaient ete executees sous ses yeux par M. Chatillon, lorsque la mort a inter- rompu ses travaux. Ce precieux ouvrage ne pouvait pas demeurer pluslong-tems ignore.M. Becquerei, son parent etson heritier,M. P.-A Coupin son ami, et M. Chatillon qui avail execute les premieres plan- ches, se scut reunis pour en faire jouir le public. Nous aurons ainsi un Anacreon traduit et mis en tableau par rhonime de genie qui re- presenta Diane et Endjmion , la inort d'Atala et la Scene du deluge. On sentira facileraent tout ce que des compositions de Girodet, dont le sujet est puise dans Anacreon , doivent renfermer de grace , d'expres- sion et de delicatesse. Nous parlerons de ce curieux ouvrage, avec quelque etendue, lorsque toutes les livraisons seront publiees. Elles seront au nombre de ueuf. II y a quelques sujets que I'artiste a traites deux fois. E. D. 5o4. — Inscription monumentale en I'honneiir de Xavier Bichat; accompagnee du rapport qui a ete fait a ce sujet a la Societe d'emu- lation et d'agriculture, belles-lettres et arts de Bourg, par M. Belloc, vice-president de la Societe. Bourg , iSaS; P.-F. Bottler. Brochure d'une feuille. Cette inscription , destinee a ^tre placee sur un monument que Ton el6ve a Bichat, dans le departement del'Ain, nous a paru digue de I'homme a qui elle est consacree. EUe exprime avec une elegante precision le merite eminent de ce medecin, que regrettcront long- tems encore la science et I'humanite. On remarquera suriout combieu est simple et touchante I'idee qui la terniine. J'en offre a nos lecteurs une traduction litterale: <• A Xavier Bich.vt, de Poncin (departement de I'Ain), dont le genie a etudie avec le plus de succes les mysteres de I'organisation humaiue , et recule les borncs de la medecine tout entiere, ce monument a ete eleve , I'au Mr.uccc.xx...., au moyt n d'une 9a<5 LIVRES FRANCA.IS. contribuiion volontaire du departement, 4 laquelle les savaiis de tou» les pays ont joint leurs offrandes , afin que la iiiemoire d'un si grand honime, nioissonne a la fleur de I'Age, no demeurat pas sans une marque d'honncur dans sa propre patrie. » B. 5oj. — Inyocation a la Vieige par des Til/ageois rennis autour d'line Madoiie; chant .i trois voix, dedie a MH" ^glae N . . . , paroles de J.-D. M. , musique de £. N. Paris, 1825 ; B. JuUien, rue Mazarine, 11° Gi. Quatre pages de musique; prix 2 fr. aS c. Ce chant tort de la ligne ordinaire des romances; c'est presque une scene d'un drame champetre : des villageois reunis autour de la statue de Marie , invoquent sa puissance pour les delivrer des fleaux si redoutables aux campagnes. Nous pouvons dire que le niusicien a bien «enti et bien exprime les idees du poete , et qu'il a repandu dans sa composition une sim- plicite de chant, analogue au sujet, sans avoir sacrifie aucune des ressources que lui offrait I'harraonie pour enrichir et varier le chant principal. Z. Memoircs et Rapports de Societes savantes et cVutilite publique. 5o6. — Seance publique de la Societe hbie d' Emulation de Rouen. Aunee i8a5. Rouen , 1825 ; imprimerie de F. Baudry. i vol. in-8°, avec fig. 95 pages. Cette seance solennelle qui , chaque annee , a pour but de payer uu juste tribut d'honimages ;i la memoire du grand Corneille, est aussi consacree D, Greket fils, Bellefontaine- l'Allemand et Cellier pere, de Bouen, sont ceux des industrieux fabricans et des arti.stes laborieux que la Societe a proclames comuie ayant le plus avance les progrfes de I'iuduslrie departenientale; les uns, par des imitations parfaites des impressions anglaises sur sole pour robe, par la fabrication des casimirs laine et colon, inconnue en France il y a dix ans; par la decouverte d'un precede au moyen duquel on parvient a economiser moitieau moins dela potasse employee pour la teinture ; les autres, par la preparation d'une composition pulverulente employee aux memes usages que I'or^eiV/e, et imitant parfaitement le c(/rf Jeartf des Anglais, par divers ecliantillons de colle destinee a remplacer dans I'appret des madras , des mousselines, des dentelles et des etoffes delicates, les colles de poisson et celles dites de Flandre, deHoUande et facon d'Angleterre. Trois mcdailles, dont une en or et deux en argent , ont ete decernees par la Societe. — Ce Recueil contient, outre le compte rendu des travaux scieutifiques , littcraires et industriels de la So- ciete, pendant i'annee, un fragment de M. CARBAtJi.T, intitule : Re- cherckes sur Ic gout, considire dans les productions de la nature ei de I'art; I'extrait d'un Memoire de M. P. -J. Feret, sur lecainp de Cesar, ou cite de Limes pres Dieppe, que I'auteur considere comme les resles d'un oppidum gaulois (voy. Rev. Enc,,t. x\y , p. 864 ) , une Notice de M. Destigwy , sur un instrument destine a regler les pendules , et des Recherches de M. de ti Querhierb, sur des debris d'antiquites romaines , des bas-reliefs et les restes d'une magnifique decoration du XVI*' sidcle, observes a Bouen. B. G. 507. — Assembee generale de la Societe biblique protestante de Paris. i3avril iSaS. Sixieme anniversaire. Paris, iSaS ; Smith, i vol. in-8° de 24S pages. 508. — bulletin de la Societe protestante de Paris , de mars 1824 a avril i8a5. Paris, rSaS ; au bureau d'Ageuce de la Societe , rue du Sentier , u" 9. i vol. in-B" de 19a pages. Ces deux vokimes contiennent une multitude de fails et de mor- ceaux interessans sur I'objet et les correspondauces de cette societe. Ce qui nous a frappe davantage , ce sont, la lisle des bureaux des associes de Paris, celles des sociefes auxiliaires d'hommes et de 928 LIVRES FRA-NCAIS. fetnnies, et d'artisans et ouvriers protestans de Paris, le rappoitdes iravaux dii bureau de la Sociele biblique, les discours de M. Angnstc De Staf.l, de MM. Coulmann , Monod , Meinvuiek, de I'amiral conite Verhuel, deM. F. deLessert etdeM. de Jaucouht, presiflent de la Societe de Paris. II y a 46 dcpartemens de la France qui out des Societes bibliques protestautes , etqui distribuent aux protestans, seulement , les livres de I'ancien et du nouveau Testament. L. Oiivragcs penodiqiies. 5og. — * Journal des Voyages , Decouvertes et Navigations modeincs , ou Archives de la Geographis , recueil periodique public par les soins deMM. D. Fkick el A'. Devilleneuve , membres de ta Soeiete de Geographic, etc. Paris, iSaS; au Bureau du journal, rue Saiiit- Andre-des-Arcs, n° 57. ( Un caliier de 128 a t44 pages in - 8" parnit le i*'' de chaque mois. Prix de raboniiement , 3o francs pour 12 cahiers, 16 fr. pour 6 inois; pour les departeinens, 33 (r. et 17 fr. 5o c. ; pour les pays etrangers , 36 fr. et rg fr. ) Parmi les navigations modernes qui sont I'un des objets de ce recueil, les Canaux tiennent une place iraportante; et , pour nous, les caiiaux ouverts sur le sol francais ont encore plus de droits a notre attention. Dans le 77*' cahier (mars iSaa) de ce journal, on lit une notice interessante sur la navigation interieuredu departement de la Correze, projetee depuis plus de deux siecles,'et qui estenfincom- mencee. Lorsque cette partie de la France en joiiira , les dcpartemens voisinsreiivieront, quoiqu'ils soient appeles a eu partager les avan- tages ; et ce ne sera pas sans de bonnes raisonsqu'ils ^eclame^ont^eta- blisseme^t,sur leur territoire, de parells nioyensde^coramunications > car il n'enest aiicun dont le territoire ne puisse etre traverse par des canaux. Le projet de rendre la Vez^re et la Correze navigables en les canalisant ,Temon\.c au dela de i6og. Tout etaitdispose pour coramen- cer Vexecution, et des fonds assez considerables pour le terns avaient ete leves sur les coutrees interessees , et affectes a cette destination speciale; mais ces fonds elaient entre les mains du gouvernement : ils eurent un autre emploi. En ifiSa , le nieme projet fut repris, de nouveaux Jmp6ts etablis pour le ni6me objet, et leur produit recut encore une autre destination. Eu 1788, nouvelle tentative, et rien ne paraissait devoir arreter I'execution; tous les obstacles avaient et^ prevus , excepte la revolution. Si le terns d'executer n'elait pas encore arrive, s'il fallait se resoudre a de nouveaux retards, il ne reslerait que bien peu d'espoir de voir jamais ouvrir ces sources de OUVRAGES PERIODIQUES. 919 prosperite pour le departement de la Correze. Heureusement , apres avoir projete avec sagesse , 011 precede a I'execution par les moyens qui conviennent le mieux a ces sortes de travaux; ce n'est plus le gouvernement qui s'en charge; radmiiiistralion publique n'y con- serve que ce dont elle ne peut se departir, la surveillance. Mal- gre les difficultes qu'opposent des vallees etroites et bordees de rochers , uii sol montueux , et tous les accldens de terrains centre lesquels I'art de I'ingenieur a besoin de tontes ses ressources, cinq ou six aunees suffiront pour terminer les travaux. liorsque cette navigation permettra de lirer parti de toutes les richesses niiuerales du departement de la Correze , les manufactures de plusieurs de- partemens deviendront plus actives, et il s'en elevera de nouveiles au profit du travail et de I'aisance gen^rale. Les argiles, les gres et les sables refractaires , les ardoises , le cbarbon de terre , le fer et le plomb , d'excellens materiaux pour Tarchitecture, des bois pour la marine, etc. ; tels sont lesproduits que cette partie du sol francais peut offrir a I'industrie de ses habitans et aux contrees voisines. 5 10. — * Bulletin de la Societe d' encouragement pour Tindnstrie na- tionale. Paris , iSaS ; imprimerie de M-ne Huzard. In-4''. Ce recueil , public cbaque mois , depuis 24 ans , est le meilleur qui soit consacre aux ai ts, dans tous les pays oii I'instruction est repandue par des ouvrages periodiques. Chaque article est un rapport motive, fait au nom d'une commission composee de juges competeus : I'objet soumis a I'examen est decrit avec soin ; et , si I'explication exige quel- ques dessins, on est assure qu'ils sont corrects. Ainsi , rien de me- diocre ne peut obtenir dts eloges dans ce Bulletin , et rien de mauvais n'y paraitiait que pour ^tre condamue. Les articles ne peuvcnt y etre en grand nombre ; ce qui est plus que compense par I'importance de ceuxquel'onytrouve. Nous regrettons qu'il nous soit sou vent impos- sibled'en placer des extraits dans notre /fecz/e.'Abreger les notices ira- portantes , ce serait les alterer ; car les redacteurs n'y meltent que ce qu'il faut : choisir les plus courtes, ce serait renoncer a celies qui meritent le plus d'etre connues. Nous esperons cependant trouver une occasion de parler , avec une etendue convenable , de ce recueil dont la publication n'est certainement pas le moindre des services que la Societe d'encouragement arendus a I'induslrie nationale. F. 5ir. — Gazette des Tribunaux ; JoarnA de Jurisprudence et des de- bats judiciaires. i'^ annee. Paris, iSaS. On s'abonne au bureau du jourual , Quai aux fleurs , n" i r , et chez Sautelet , libraire. Prix pour gSo LIVRES FRANCA IS. un mois 6 fr., trois mols i5 fr. , six mois 3ofr. , et pour r.imiee 60 fr. Jusqu'ici , les journaux cousacres ik la jurisprudence dlfferaient entierement tie celui que nous annoncons. Les arrets des cours royales et de la cour de cassation paraissaient dans des recueils spe- ciaux , tels que I'ancien et excellent recucil de M. Siuey , et celui de M. Dallos; mais ils n'offraient d'interi't que pour les seuls juriscon- sultes. Un autre onvrage, la Themis , renferme de savantes disserta- tions, et constate I'etat present de la science du droit ; mais elle s'a- dresse encore a un plus petit nombre de lecteurs. C'est done une idee juste et utile qui a fait concevoir la plan de la Gazette des Tri- bunaitx , dont le premier nuniero a paru le i'''' novembre de cette annee. IjCS discussions judiciaires offrent beaucoup d'inter^t pour presque toutes les classes de lecteurs; de plus, la publicite des de- bats du palais , comme ceux des chamlires legislatives , tlent a I'es- sence du gouvernement representatif : plus cette publicite aura d'ex- tension , plus la bonne administration de la justice aura de garanties. Les avocats , lorsqu'ils savent que leurs paroles sont recueillies, niet- tent plus de dignite et de conscience dans I'exercice de leur minis- tfere; les juges eux-m^mes ne sauraient rester etrangers a I'influence d'une seniblaLle publicite ; et sans blesser aucune con venance, on peut dire qu'ils apporteront plus de soiu dans la redaction de leurs arrets, lorsqu'ils sauront que ces arrets vont (5tre immediatement livres au public a qui ils appartiennent. Mais il est un danger que nous ne dis- simulerons pas aux redacteurs de la Gazette des Tribunaux , c'est la precaution qu'ils doivent avoir d'eviter le scandale, en donnant la pre- ference a ces causes qui affligent la morale et revelent les turpitudes de quelques hommes degrades. II nous semble que leur journal est moins destine aux cafes et aux oisifs , qu'a ceux qui veulent etudier les passions humaines sur le theeitre ou elles se deploient avec le plus d'abandon. Au surplus, la maniere dont la Gazette des Tribunaux a rendu comple des importans proces politiques du Courier francais et du Coristitiitioniiel, q^u'i ont donue lieu aux deux arrets si reniarquables de la cour royale de Paris, est propre a lui concilier lous les suffrages et a lui assurer un veritable succfes. Y. 5ia. — U Eclaireiir du Rhdne, .Tournal du commerce et de I'indus- trie, des tbeitres , des niceurs, de la litterature et des arts; paraissant les mardi , jeudi et samedi de chaque semaine. On s'aboone a Lyon , chez Mine Durval, au salon de lecture, place des Celestins ; h Paris , OUVRAGES P^RIODIQUES. g^r chez Renard, rue Saint-Anne, n" 71. Prix 8 fr. pour trois mois, i5 fr. pour six mois, 3o fr. pour TaiAiee ; hors de Lyon , i fr. de plus, par trimestre. \j' Eclaireur du Rhone est una des feuilles nouvelles qui meritent le plus rattention des lecteurs. Toutes les matieres indiquees dans le titre y sont traitees de bonne foi , et dans un esprit qui doit lui pro- curer d'autant plus de partisans , que notre civilisation fait des pro- gres plus rapides. L'interet particulier bien compris n'etant presque jamais different de I'interel public , on ne doit pas douter que Tins- truction , en se repandant partout, ne fasse gernier en mdme tenis les idees industrlelies et vraiinent liberales. L'f^claireur du Rhone aura, sous ce double rapport , contribue a ravanceineiit du pays. S'il parle de commerce, d'industrie, de finances, de police, il ne cherche jamais que les avantagcs qui peuvent resulter pour le peuple, d'un developpement libre et complet de ces divers elemens de la civili- sation, et c'est loujours en raison du plus ou moins d'utilite pu- blique qu'il apprecie les institutions, les mesures prises par I'autorite, les evenemens , les hommes et les choses. — La litteralure , propre- ment dite, et la poesie, nous ont paru un peu negligees, tandis que les redacteurs ont peut-etre donue trop de place aux comptes rendus des representations dramatiques. Parmi les articles qui ont jusqu'ici compose les divers numeros de I'Eclaireur du Rhone, nous avons remarque les observations faites a diverses reprises sur le Projet de reparation et de restaii ration du grand theatre de Lyon, quelques vues sur YEsprit ^association, una Notice his- toriqne et statistique sur la ville de SainC'Etienne (Loire). Nous souhai- tons que les redacteurs de ce journal, persistant dans la marche qu'ils ont suivie jnsqu'ici , meritent de plus en plus les eloges des hommes eclaires. lis reussiront sans doute, s'ils expriment leurs nensees de bien public dans un style toujours pur et correct, en ecartant soi- gneusement quelques expressions qui decfelent trop une origine pro- vinciale, et surtout s'ils ecrivent toujours sous I'inspiratiou de I'amour de la patrie et de la verite. Nous aimons a signaler les ouvrages periodiques et les productions scientifiques , litteraires , industrielles , ou les etablissemens utiles quels qu'ils soieut, qui attestent les travaux et les progres de nos de- partemens , et qui prouvent que le genie et I'activite des Franqais se manifestent sur tons les points de notre teiriloire, et ue se bornent pas a la capitale, oil un systeme funeste de centralisation ne tend que trop a fixer a la fois , pre.^que exclusivement , loute Tautorite, toute <)32 LIVRES FRANCATS. la vie sociale et toute rattentioii des amis des sciences , de la litlera- ture et des arts. M. A. J. 5 1 3. — * Bibliographie de la France , ou Journal general de I'lmpri- merie et de la Libra iri'e , et des carles geographiques , gravures , litho- graphies , ocuvres de mnsiqiie, etc. ; annee iSaS. — On souscrit a Paris , chez Pillet aine, rue des Grands-Auguslins , no 7; chez les princi- paux libraires de France et de I'etranger , et chez tous les directeurs des postes. — Cette annee formera, avec les trois tables , un volume - de looo a 1200 pages. Le prix de I'abonnenient annuel est de 20 fr. , et pour six mois , 10 fr. — Ce journal , qui ne parut d'abord que tous les quinze jours, puis tous les liuit jours, parait, depuis quelque tems , deux Jvis par semaine , les mercredi etles samedi. La feiiille du samedi donne Yetat des ventes de livres et des estampes qui ont lieu a Paris dans la semaine suivante. — On trouve au Bureau des collec- tions completes de la Bibliographie de la France. Ce journal, indispensable a tous ceux qui s'occnpcnt du coni- TTitrce de la librairie, ainsi qu'aux savans et. aux bommes de leltres qui veulent se teuir au courant de tout ce que Ton public en France, compte d^ja vingt-huit annees revalues d'existence. Depuis quatcrze ans, la redaction en est confiee a M. Beuchox , qui en a successive- ment perfectionne le plan et I'execution. — Sous le titre de Varieies , il donne, de tems a autre, I'indication , solt des ouvrages francais imprimes a I'etranger , soit des traductions en langues etrangeres d'ouvrages francais, soit des ouvrages en langues etrangeres relatifs a la France ou a des Francais, soit encore des notices bibliograpbiques sur des livres ou editions. Les productions remarquables des arts, dans les pays eirangers , sent aussi mentionnees souvent dans ce journal. Dans ses articles Kicrologie , le redacteur ne se borne pas a annon- cer la mort des auteurs francais; il en donne presque toujours la date precise, et enumere tous ceux de leurs ouvrages vcnus a sa connaissance. Les erreurs et les omissions, inevitables dans un tra- vail de ce genre, sont reparees franchement. — Tous les mois, la Bibliographie de la France contient encore la Table des articles ou des extraits que les principaux journaux de Paris ont consacres a rendre compte des ouvrages. On pourrait desirer peut-etre que ce travail fut plus complet. — Les lois , ordonnances, jugemens relatifs a la librairie, a la liberte de la presse, aux proprietes litteraires , sont .lussi insi'-ros dans ce journal , et le plus souvent tcxtuellement. — Les LIVRES ETRANGERS PUBLIES EN FRANCE. 9^3 mutations de fonds y forment un article a part. — Un Feuilleton , comprenant les /onds a -vendre , ckangemens de domicile, offres et demandes , avis divers , se distribue , tous les quiiize jours, aux abon- nes de Paris. E. H. lAvres en langues etrangeres , imprimcs en France. 5 1 4- — rcwj'patpix a^povo[/.i)ivi. — Gcographie astronumiqiie de Leon Bezout , iraduite en grec moderne, pour I'usage des ecoles primaires de Gr^ce; par P. Joanniues, de Smyrna. Paris, iSjS ; Firniin Didot. In- 1 2 de 6o pages. ( f^or- ci-dessus , p. 856 , Tannonce de I'ouvrage ^lementaire francais , dont celui-ci n'est que la traduction. ) La traduction , en grec vulgaire , de la Geographie astronomiqiie que nous anuoncons sera suivie incessamment d'une traduction de \a. partie physique du m^nie ouvrage. Ces traductions, ainsi que plu- sieurs autres, que M. L. Bezout se propose de publier, de quelques ouvrages qu'il va livrer a I'impression , paraitront en ni^me terns que diverses cartes geograpbiques , qui offriront un inter^t reel pour les ecoles franca ises et pour les ecoies grecqucs. Le soin qu'a pris M. Bezout de faire traduire , en participant lui-meme a ce travail , les ouvragts elementaires qu'il s'occupe de publier, afin de repandre cbez une nation naissante les luniieres et la civilisation , qui contribuent si puissamnient au bonbeur des peuples , nous parait meriter des encouragemeus et des eloges. Z. 5i5. — * Blumlcin Wunderhold, etc. — Aventures de la grande rejouissance publique de Strasl)ourg , en iS^S; Nouvelle rumantique , par C. SpiNDLER. Strasbourg , i8i5; Levrault. i v. in-ia, avec grav. Jean Fiscbart, docteur en droit du xvi" siecle, dont rexistence litteraire est fort problematique, a cause du grand nonibre de noms qu'il lui plut de prendre tour a tour, ecrivit en vers un conte qui est connu dans le Nord sous le nom de VHeureux JVa^ire. L'evene- ment qui en a fourni le sujet est devenu celebre dans les annales de Strasbourg et de Zuricb. Les bourgeois de cette derniere ville s'ef- forcaient alors d'engager la ville de Strasbourg, qui fiisait encore partie des villes libres de TAllemagne, a se joindre a la confedera- tion belvetique. De leur cote , les Strasbourgeois alleguaient leur trop grand eloiguement des frontieres de la Suisse et la situation dangereuse dans laquelle ils se trouveraient, a cette distance , isides des communications et des secours de leurs allies. Pour dissiper ces craintes, une societe d'artistes et de citoyens zuricbois de toutes les classes, au nombre desquels etait Fischart lui-m^me, imagina, dans T. xxviii, — Decevibre iSaS. 6o (j'Mt LivREs Strangers puBLit'.s en i kance. les joyeuses idces des bourgeois de ce feins , uuc pnrtie i'l la fois divertissante et civique. Ces dignes SuisseK firent rcmplir une vaste niarmite de bouillie de millet , parvenue au degie Ic plus brulant dc la ctiisson ; et , au lever du jour, ils s'embaiquerent sur la Limmat, d'ot'i ils gagnerent, a force de ranies, le courant du Rhin. GrSce a leur diligence, les Zurichois mouill^re.jt a Strasbourg aprcs une courte (raversee , et remirent aux craintifs habi(ans de celte ville leur bouillie encore cbaude , les assuraiit ainsi que ceux de Zurich viendraient a leur secours avant qu'un plat de bouillie put se relVoi- dir. Get evenement fut c^lebre par un lir public et un repas solennel , ou Tecuelle de millet figura avec honneur. Fischart a embelli cette petite avcnture de toute la naivete du style de son tems ; il s'eleve nierDe au-dessus du ton ordinaire de la pocsie narrative, loisqu'il montre avec energie les resultats d'une volonte ferme , et I'iiifluence qne Ton peut exercer sur une multitude par les ^venemens en apparence les plus frivoles. La peinturc des sites |iit- toresques qui s'offrent aux yeux des Zurichois sur les deux rives du Rhin, de la franche gaite fi laquelle ils se livrent , des sentimens pa- triotiques qui les enflamment au milieu de leurs plaisirs , de I'energie de ces hommes qui nifilent des idees de liberte jusque d:ins leurs ieux, qui en sentent tout le prix, et se rejouissent de la faire parta- ger a d'autres, sont des tableaux acheves et traites avec grSco. Bodiner et Breitinger out, les premiers , remis au jour, dans les Annales de Zurich, ce petit poeme ouhlie ; el un ouvrage special sur le voyage de In grande inarmile de Zurich, fut compose, en 1787, par Frederic Ruig, avec cette epigraphe : Pion capit hoc acriim gfin- dia prisca patrum. On doit regretter que M. C. Spindler, qui vient di- traiter cette anecdote d'une man'ere ncuve , et dont les descriptions rappellent souvent celles de Waller Scott, n'ait pas jiige a propos de nous faire connaitre les details bibliographiques que jc viens de rapporter : ils auraient ajoute quelque prix aux notes qui accompa- gnent son livre, et qui offrent peu d'iiiter^t. Du reste, ce defaut ne nuit point au merite iiitrins^qne de I'ouvrage , qui est ecrit d'un stj le vif, et empreint d'une couleur locale fort remarquable. II est a d(- sirer qu'une trad-uction fidele le fasse passer dans noire langue ; elle ferait connaitre avantageusement parmi nous un ^crivain appele , je n'eii doule pas, h retraccr avec succes les tableaux si pit.'o- resqups qu'offrait le Nord aux xv"" et \\V siecles. LoEVE-VElMAn*. IV. NOUVELLES SGIEN J IFIQUES FT IJTTERAIRES. AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNIS. Boston. — Statisiiqtie. — Progresdes arts eC dii commerce. — Dans un discours prononce au mois d'octobre dernier dans la Societe de Petm , M. Ingeksoli. a donne les details suivans sur notre \jllc , notre commerce et nos progr^s dans les arts : « Les chaiitiers de U Delaware oat en construction uii nombre de navires equivalant a io,5oo tonneaux. Notre y'lWe consomme enyiron 3oo,ooo cordes de bois , a 5 dollars la corde , y compris tous les frais , ce qui fail , pour ce seul objet, una somme de r,5oo,ooo dollars. En supposanr que lo boisseaux de charbon, dont qnatre ne content qu'un dollar, equivalent a une corde de bois jl'emploi do charbon produirait une economic de 750,000 dollars. Quelques-uns des produits de nos ma- nufactures de coton obliennent deja la preference , dans les mar- ches etrangers. En Asie, notre beau papier pour ecrire est pins recherche que celui d'Angleterre, Quanl eut encore produire les maux quelle a deja produils quel^ Fketageot, 6lant allee de Paris aux Etats-Unis, a fondc a Philadelphie une ecole dc jeunes demoiselles. Cette ecole ne contient que trente deux el.fe- ves , par la seule raison qu'on ne peut pas y en admettre un plus grand nombre; car chaque place vacante est attendue avec impa- tience , et devient I'objet d'une sorte de concurrence. M'"' Frelageot a deji complete I'education de quelques-unes de ses eleves, que leurs parens ont jugees suffisarament instruites dans tout ce qui est le plus utile aux femnies desavoir. M. Phiquepai,, dont i'etablissement pour les garcons ue date que de quelques mois, a deja r8 eleves, et ilaura bieiilot complete lenom- bre auquel il veut se borner. Cet estimable instiiuteur a eu dans I'ori- giiie quelques difficultes a vaincre ; d'abord, parce que sa methode d'enseignement exige de la part du mailre, et surtout dans les pre- miers terns, plus de suite et d'attention queda.ns les ancienues ecoles; puis , parce que la plupart des Aleves, ayant deja recu une premiere education d'aprts d'autres principes , ont du changer toutes leurs ha- bitudes ayant de retirer quelqu'avantage du nouveau systeme. II serait a desirer que par la suite les elives envoyesa cette ecole n'eus- sent recu d'uutre instruction que celle que leur mere aurait pu leur donner , avec I'aide d'un petit livre public par Pestalozzi , el intitule le Manuel des weies. II parait extr^menient utile d'envoyer les enfans a I'ecolc le plulot possible, et, cette opinion semble con- firmee par I'usage qui s'eii elahlit partout en Europe. JVfais nous J ASIE. 939 tiianquoiis ici d'ouvrages relatif's au systr-ine d'education de Pesla- loxzi, qnoiqu'il y en ait eu uo grand noriibie publies en Allemagne, et quelques-uns eu France, parmt lesquels on a cile soment ayec cloges V Esprit de la nu'ckode de Pesudozzi ; par ^l.M.-A. Jujli.ie» {•I Vol. iu-8° ; Geneve et Paris, chez Pasfhoud ), qui a valu a I'au- teur une medaille d'or, acconipagnee d'nne lettre flatteuse que lui a 6crite le roi de Piusse , et qui a ete traduit eu alleniand, comme I'un des ouvrages oil las vnes souvent neuves et profondes du vene- ral>le palriarclie dela science pedagogique sent exposees avec le plus defideiite, de precision et de clarfe. F. F. ASIE. Calcutta. — Dimension des cranes des Indoiii. — La coniparaisou d'june multitude de crflnes d'Indons a fait reconnaitre au docleur Pat- terson , de Calcutta, que la l^ie de cette race d'homnics est, a celle des Europeens , comme 2 sent a 3 , ou autreraent, que la t<5le d'un jeune Europeen de quinze ans est egale en volume a celle d'un Indieii de trente. Si, comme on le croit , la grosseur de la tdte indique une capacite intellectuelle correspondanle, on c;>ncoit mainteuant com- ment aOjOOO Europeens tiennent assujetis i milliard d'Indons. — Licorne du Thibec. — II faut encore une fuis effacer la licorne du catalogue des aniniaux de I'anliquite relrouves de Jios jours, comme la giraffe apie.s des siecles dc doutes et de contro\erses. Le quadru- peds du Thibet, qu'on croyail n'avoir qu'une seule corne , en a deci- dement deux , et appartient au genre des antelopes. Les habitans du Nepaul I'appelleut chiroti. — On a recu a Calcutta de la laine du mouton sauvage des montagnes du Thibet; on eu fait un grand eloge : on decrit ranimal qui la fournit comme d'une tres-grande taille, ayant le nez aquilin , la queue courte, et des cornes recourbees el tellemeiU enormes , qu'il a peine a les porter. On le nomme iioua. — Reniede indien conti e les affections glandtilairei. — Une plante , qu'on trouve dans les deux Indes , I'asclepias giganlesque , fournit aux habitans dn Bengale un remade puissant , que viennent d'adopter les medecins anglais. La racine dessechee et icduite en poudre, est donnee a la dose de 10 grains, par jour, dans le cas de rhuniatisme , affection glandulairt et cutanee , dans la le|)re, la syphilis, et sur- tout dans cette espece de cancer nomme loupe. On I'emploie exte- rieurement contre les ulceres. On en fait un grand eloge , qu'une 94<) ASIE. — AUSTRALA.S1E. pratique siige el prudente conflrmerait peut-^tre , si son usage ctait otendu a la phannacopee eiiropeenne. Moreau de Jonnes. Persk. — Taukis. — Fondaiion d'ime ccolc. — Le jirince Abbas- Mirza a autoris^ par un firman M. J. Wolf , missionnaire anglais, a ouvrir une ccole dans cette ville. AUSTRALASIE. Histoire natiirelle. — Mceurs de rOrnkhorhinque. — Tout le raonde a pu voir, au Jardin des plantes de Paris, ce singulier animal , qui a quatre pieds et du poil comma un quadrupfede; un bee, corame un oiaeau ; un eperon canalicul6 et injectant du venin , comme les cro- chets d'un serpent a sonnette. On en possede depuis long-tems plu- sleurs individus ; mais c'est depuis peu seulement qu'on s'est procure quelques details sur les habitudes de cette esp^ce bizarre. L'Ornithorhinque habite les lagunes de la Nouvelle-HoUande, et fait un nid de racines et de mousse entrelacees dans les for^ts de ro- seaux qui couvrent leurs bords. II y depose deux oeufs blancs et plus petits que ceux de poules ; il les couve long-tems et les fait eclore comme font les oiseaux, ne les abandonnant que lorsqu'il est trouble par quelque ennemi redoutable. II parait qu'il ne mange alors ni herbe ni semence, et que la vase qui est autour du nid, suffit pour le faire subsister : c'est du moins la seule chose qu'on ait trouvee dans son estomac. Quand il plonge dans I'eau , il revient tout de suite a la surface et secoue la tete comme le canard; lorsqu'il parcourt le hord des lagunes , il marche ou plutSt se traine par terre, avec assez de Vitesse ; ses mouvemensd'ailleurs sont tr^s-vifs , et il est difficile de le prendre , parce qu'il a la vue tres-prompte ; I'iris en est d'un brun- noir , la pupille blene el tres-petite. II ne respire ordinairement que par une jiarine , comme si I'autre lui servait seulement dans I'eau ; il se gr.itte la tete et le cou avec une patte de derri^re, comme font les chiens. II cherche a mordre quand on le saisit , mais son bee etant mince et faible, il ne pent blesser. Le m^le , qui seul est arme d'un eperon aux jambes de derriere , se sert de cette arme , quand on I'at- taque. La blessure qu'il fait produit un gonflement et une douleur tres-grande; mais on n'a point d'exemple qu'elle ail cause la mort. Les indigenes disent qu'elle est dangereuse, et ils la guerissent par la succion, comme les Caraibes faisaient des piqiires redoutables du Trigonoccphale. Sans doute ils ont observe que le danger de ces blcssures a pour cause le venin que repand dans la plaie la vesicule et I'appareil glandulaire places a la naissance de I'^peron de rorni- AFRIQUE. — EUROPE. 941 thorhinque et doni I'analogie avec ces parties dans les serpens -vene- neux est aussi frappante que singuliere. Mobeau de Jonmes. AFRIQUE. Egtpte. — Caihe , 10 sept. — Extrait d'une letCre adressee a M. Jul- 1.IEN , de Paris, directeur de la Revue Eiicyclopediqiie. — « J'ai remis au Tice-roi les extraits de la Revue qvxe vous avez pense pouvoir I'inte- resser. Quant a celui qui concerne I'etablissement de Silos , destines a la conservation des grains , il est douteux que de long-tems les Egyptiens adoptent ce precede employe avec succfes en France. Le climat, favorisant la paresse qui leur est naturelle, leur permet de conserver leurs grains amonceles en plein air, sans jamais y toucher que pour I'enlever. Le vice-roi n'a point d'autres magasins; ce sont de grandes cours , qui souvent m^rae ne sont pas entourees de murs, ou Ton voit des montagnes de ffeves, d'orge, de ble, etc. 11 est vrai que I'huinidite et les tourbillons de poussi^re dont I'air est souvent obscurci , doivent en gSter une certaine quantite; mais les proprie- taires en general sont bien eloignes de cet esprit d'economie, d'ordre et de calcul dont sont doues les peuples civilises. a La volonte du pacha seule maintient les etablissemens formes a rinstar de ceux d'Europe, et Ton pense generalement qu'ils tombe- ront a sa mort. C'est , dit-on, le sort de toutes les institutions des princes qui s'elevent trop au-dessus de leur siecle et de leur pays. Cependant , il est un sur moyen de rendre durables des institutions formees pour le bien d'une contree, c'est de repandre I'instruction parmi le peuple ; mais, sur ce point , I'Egypte est encore bien en re- tard, quoiqu'on y ait fonde quelques ecoles elementaires ou les en- fans voiit apprendre a lire et a ecrire , en payant une retribution egale a 25 centimes par mois. D. EUROPE. ILES BRITANNIQUES, Telegraphes acoustiques. — Une corapagnie sc dispose a couvrir I'Angleterre de lignes telegraphiques qui toutes viendront rayonner autonr de Londres, qui en occupera le point central. Le gouverne- ment pourra se servii' de ces telegraphes ; mais ils ne seront pas dans sa possession exclusive , et c'est principalenient dans les inter^ts du commerce qu'ils doivent ^tre etablis. La compagnie n'est pas encore fixee sur le choix du systeme te- 9^1 2 EUROPE. lej^r.-ipliiijue qii'elle eiiiploiera; elle a eiigag^ ious ccux qui iuii\iieii( a cet ('gard des vurs particuliercs , a les lui oomniuiiiquer, en pro- niettant de grands avantages a I'auteur du projet qui serait definili- venient adopic. M. Thomas Dick. , qui a compose siir les sciences na- turelles des ecrits estimes, a conseille retablisseaient de telegraphes acousiiques. II suppose qu'ils seraient preferables a ceux qui sont inaintenant en usage en Fiance et en Egyple. Quelques experiences faites recemment out couvaincu M. Thomas Dick que Ton pouvait etendre la voix liuniaine a une distance de 8 et de lo lieues. Les expeiieoces de M. Biot , sur la transmission du son a travers les corps solides et par I'air dans de longs tubes, out etabli qu'elle s'opere a travers la fonte, dix fois plus vite que dans I'air. M. Biot a recounu qu'a une distance ce 47^ toises , on s'en- tendait parfaitement a \o'.\ basse. Uc ecclesiastique , nonjine don Gautier, avait deja couqu , a la fiu du siecle dernier, la possibilite de Iransmettre des sons articules a une grande distance. 11 proposa de construire des tonnelles horiztmtales qui s'evaseiaient a leurs extremites , et au mojen desquelles, a une distance d'un demi-mille anglais ( 8oo metres) , les batteraens d'une montre pourraient ^tre entendus beaucoup niieux qu'en I'approchant de Toreille. II calcu- Init qu'une succession de toiinelies semblables transmettrail un mes- sage a 900 mille ( 36o lieues ) dans moins d'une heure. L'application de celte theorie auiait les resullats les plus utiles et les plus cuiienx ; par example, une personne placoe a I'extreniiie d'une grande -ville pourrait , a une heure designee, communiqner liu message, ou converser avec une autre persoune placee a I'extre- iniie npposee; des amis qui habiieiaient des villes eloignees corres- pondraient par des paroles, et reconnaitraient sans peine leur iden- tite , au son de leur voix. ( Glasgow-Magagine et Revue Rrilanniqiic. ) N. B. La Riviie Encyclopedkjiie a exprime, en 1820 ( t. vi, ji. 244" 245 ) , le vcBU que la Telegrapkit fut app'iquce aux relations particu- liercs ; et en 1821 ( t. ix, p. 214-215 ), elle a reproduit le meme voeu, a I'occasion de I'annonce du nouveau systeme telegraphique de M. I'a- miral de SAUVT-HAOirEN.— En 1822 (t. xiv, p. 618), elle s'est empressce d'annoncer un Telegraphe domestique , invente par M. Pearson, de Boston, aux EtatsUnis.) — En 1823 ( t. xvii, p. 1(12), elle a fait connaitre I'etablissenient d'une ligne telegraphique a Calcutta , dont le service se fait a raison de 12 minutes pour 4' lieues de poste, de 2,000 toises I'une, et la demande faite par les Europ^eus et les ILES BRITANNIQUES. y4^ nalurelsdu pays d'appliquer ce moyen expeditif de communication anx usages du commerce. — Nous repetons encore aujourd'hui que « Vapplication des Tilegraphes aiix correspondances comincrcialci it individttelles , est un perfectionnemeiit social, imperieiisement re- clame par les besoins de notre epoque. Le gouvernement qui en donnera le premier I'exemple acquerra des droits a la reconnais- sance de tousles hommes eclaires. » — Pourquoi le gouvernement francais se laisse-t-il encore devancer, dans cette circonstance, par I'Angleterre, tandis qu'un de nos con)patriotes , M. le baron de Saist-Haoiteit, lui a propose, depuis pres de cinq annees, un mode siraplifi^, tres-economique , d'une TeUgmphie gene' ale, de jour et de niiit , applicable a la fois sur nos cotes, pour communiquer avec les batimens qui sont en mer, et dans I'interieur de la France , oii le gouvernement lui-meme relirerait de grands avantages d'un pareil mode de correspondance tr^s-acceleree , non moins utile aux parti- culiers qu'a I'etat ? Nous reviendrons sur cet important sujet ; car la perseverance seule triorophe des obstacles et fait reussir a la fin les choses bonnes et utiles. M. A. J. LosDRES. — Societe royale, — Seance anniversairc de sa fondation. — La medaille d'honneur , appelee Coplejr medal a ete decernee a M. Arag-o. Le president dela Societe ,sir Humphrey YikW , en cbar- geant M. South ( astronome anglais) de la lui remettre, a ajoufe ces paroles, remarquables par les sentimens eleves qui s'y manifes- tent. « En remettaut cette medaille a M. Arago , assurez-le du vif inte- ret que nous prcnons a ses ingenieuses et importanfes recherches ; dites-lui que nous avons la plus grande impatience de lui voir con- tinuer ses travaux dans un champ si neuf et si fertile ( les phenom^nes naagaetiques ). Ses decouvertes, pour nous qui leconsiderons comme ua merobre de notre Societe, ont le menie intei6t que leur porte I'Acaciemie des sciences de Paris , qui , de son cote , depuis un siccle c-t demi, donne tant d' encouragement et d'emuiation a nos travaux : vous, -M. South , et voire digne secretaire M. Herschell ( lefSls du faaieux Herschell), etes des exempies de I'interdt reciproque que cette Academic porte aux succes scientiCques de I'Angleterre ( ils ont recu il y a quelques mois des medailles d'honneur francaises ). Nous avons la confiance de penser que note's rivaliserons toujouis en generosite de sentimens. Ix)in de nous cetle politique etroite qui voudrait resserrer I'expansion naturelle au 'cceur de I'homme , et 944 EUROPE. borner les relations de peuple a peuple au gre d'un ^golsme ex- clusif. « II en est de la science comnie du commerce , aucun pays ne peut aspirer a une juste preeminence dans Tune et dans I'aufre qu'en roet- tant a profit les ressources corome les besoins de ses voisins ; cbaque nouvelle decouverte eveille uiie nouvelle Industrie, et met en acti- vite un nouveau capital d'esprit humain. Lorsque Newton a deve- lopp6 le systeme de I'univers , et qu'il a etabli sa propre gloire et celle de son payssur des bases imperissables , on avait pu croire que le monde civilis^ avait alors recu de lui ce qu'il ne pouvait jamais lui rendre; et cependant, dans le m^me champ de decouvertes su- blimes, I'Angleterre se trouve aujourd'hui payee, sinon entiere- ment , du moins largement , par les travaux des Euler, des La- grange , et par dessus tout des Laplace , qui ont perfectionne la tlieorie des mouvemens lunaires et planetaires , et ont par la rendu de si importans services a la navigation. La science est ainsi que la nature sans limites pour le terns et pour I'espace. « Elle appartient au monde, et non pas a un pays seulement; et cependant , qu'est-elle elle-mdme , si ce n'est une mesure de notre ignorance ? Plus nous etendons le champ de nos connaissances , plus nous apercevons I'immensite de ce qui nous reste a connaitre. La crainte du heros de Macedoine ne pourra jamais etre appliqu^e a la philosophic, qui aura toujours devant elle de nouveaux mondes a conquerir. » — NoiH'eait journal. — Magasin cooperatif, ou Heraucdii nouveau sjsthne d' organisation sociale, base sur la cooperation mntuelle et legale reparti- tion. — Nousavons plusieurs fois entretenu nos lecteurs des Societes cooperatives qui s'^tablissent en Angleterre et aux Etats-Unis. 11 existe mcme dcja,dans ce dernier pays, un journal, \ePhosphore, 6.ont le but est de defendre le systeme de cooperation mutuelle, et de signaler ses pro- gres dans I'application quetentent plusieurs philanthropes. (Voy./?ec. Enc.,t. XXVII , p. 756). Nous recevons aujourd'hui le prospectus d'un autre journal qui, tout ens'anuoncant comme une emanation des So- cietes cooperatives , se montre dispose a recueillir les avis et les ob- servations de sesantagonistes. L'extrait suivant permettra d'apprecier le but qu'il se propose. « Le tems oii nous vivons offre surtout des encouragemens a tout homme qui est anime par une philanthropic eclairee. A aucune periode de notre bisloire, I'esprit public n'a ete plus compldtement port6 vers les recherches qui concernent toutes les parties dp la science sociale. On a decouvert que les calamit^s mo- ILES BRITANNIQUES. 945 rales, et m^me en grande partie les maux physiques qui affligent I'humanite, ne sont ui irremediables, ni ahsolument inherens a la na- ture humaine, mais qu'ils proviennent d'une ignorance fatale, et ^'institutions defectueuses , et qu'ils disparaissent rapidement , lorsque I'honime apprend a connaitre ses veritables interc-ts. Les classes industrieuses devieunent chaque jour plus intelligeutes et plus eclairees : elles commencent a se demander pourquoi, si le travail est la source reconnue de la richesse, la pauvrete et la misere seraient la condition presque necessaire de Touvrier. Les riches, qui souffrent tous les maux resultant de I'inaction , mp.lgre I'apparence de bon- heur dont ils sont entoures aux yeux des autres, ne possedent en realite que bien peu de veritables jouissances, et commencent a re- garder avec indifference les privileges exclusifs qui sont leur parlage. Dans loutes les classes de la societe, s'eleve la conviction que I'ordre de clioses existant est artificlel , contraire a la nature , et funeste au bonheur des horauies. De la , cetle disposition a des recherches qui n'auront point de terme, tant qu'une nouvelle organisation sociale u'aura pas ete etablie sur des bases plus raisonnables. La scene ac- luelle du monde , ou des inlerdts opposes se combattent sans cesse , serachangeeiflwi violence et sans comulsions; alors, ler^gnedel'Hnion, de la justice, d'une fraternite universelle , lui succedera. L'objet des societes cooperatives et des journaux qu'elles publient, est de signaler les moyens d'effectuer cette revolution si desirable. Le Ma- gasin cooperatif ne sera point redige au profit de I'esprit de parti. En se declarant I'avocat d'un nouveau systfeme d'organisation sociale , ilxjuvrira ses feuilles a toutesles recherches, et il nese refusera point aux discussions contradictoires propres a eclaircir les questions qu'il doit traiter. C'est de bonne fbi que noussoUicitons les observations et les objections de ceux qui, considerant notre systeme comme une th^orie sans fondement, croiraient avoir trouve des moyens plus siirs d'am^liorer le sort de I'espece humaine. Ou ne peut acheter la verite par un examen trop severe. .. . Le caractere de cet ouvrage sera la moderation , la sagcsse des raisonnemens , le libre examen, et la tolerance universelle. Nous desirons ^viter toute controverse theolo- gique. Les principes que nous cherchons a proposer sont de nature a n'exiger de ceux qui les adopteront aucun sacrifice de croyance, ou de cultereligieux.... Outre les articles destines a I'exposition et a la recherche des vrais principes de I'economie politique , ou de la science sociale , le Magasin cooperatif contiendra des rapports perio- diques sur les nouvelles communautes, entre autres celles d' Harmony, 9^6 EL' ROPE. dans Teiat (riiulinn.i , ct celle iVOrsbismn, l-ii Ei-osse ; des notices stir les transactions cits societes consacrdesa ravancement de la civilisa- tion ; une Bevne; et dts articles de litterafure , do philosopbie natu- relle et de melanges... L'ouvrage paraitra, par cahier mensuels de 24 pages. On souscrit, a Londres, chez Kniglitet Lacev , libraires, Paternoster-Row. Piix : 6 peaces. Glocester . — Monument a la memoire dit docteiir Jenner. — Ce mo- nument, place dans I'eglise calhedrale de cette ville, est une statue en marbre qui represente Jenner, dans le costume dc I'Universite d'Oxford ; il tient dans une main un papier, et dans I'autre le bonnet doctoral; la statue a sept pieds de hauteu.-v elle est placee sur un piedestal dc buit pieds. Sur le devant du piedestal est une inscrip- tion qui contient simplement ces mots •.Ed^'ardJv.sy-F.e. ; i'ej)oque et le lieu de sa naissance et cpux de sou deces. RUSSIE. Crimee. — Noityelle route de la cute meridionale condiiisaiit a Tnganrok. — On voyait depuis long-tems avec regret le manque de population qu'eprouvait la cote meridionale de la Crimee , comblee sous tous les rapports des dons de la nature et ricbe des productions les plus delicates du midi. Get etat tenait au d6faut de cbeniins qui pusseut facililer les communications. Les voyageurs qui parcouraient la Tauride a cbeval , se voyaient dans I'impossibilite de transporter des fardeaux pesans; ce qui arretait a chaque pas I'iudustrie agricole et commerciale. L'empereur ayant donne son approbation a un projet concu pour faire cesser un si grave incon- venient , les travaux commencerent aussitot au mois de juillet dernier. Tous les voyageurs se rejouirent a la nouvelle de ce projet , dont ils n'esperaient toutefois la realisation que dans un avenir eloigue. Quelle a .ete leur surprise en revenant de Crimee, cette annee, de trouver, entre Simpbtropol et le rivage de la mer, une route large et belle , sur laquelle deux voitures peuvent aller de front , et dont I'inclination est si douce, quoiqu'elle passe par lesommet des mon- tagnes, qu'il se trouve a peine, dans toufe son etendue , deux descentes oil il Roit necessaire d'enrayer les equipages pesans! L'administration superieure de la Tauride a fait commencer, dans le village d'Alouscbta, situe au bord de la mer, un bazar et la cons- truction d'une auberge. La nouvelle route aboutit a ce village, qui sera par ron«equenf le point on se rcndront de preference les ma- RUSSIE. 9/, 7 lades, |)OMr prendre les bains i!e mer, et les 'I'ji tiires de la rote, pour vendre leurs produiis. G.* PiTKRSBOURG, l^'noreinbrc. — Commerce declare compatible avec la noblesse. — Par une resolution du conseil de lEmpire, confirni(''ep:ir I'empereur Alexandre, tous les iiegocians auxquels ont ele conferes des ordres, en recompense de services sign;ilps rendus a I'etat , ou de sacrifices faitsa la patrie, peuvent etre incorpores, tant pour eux que pour leurs descendans, a la noblesse russf , lors meme qu'its continueraient a faire le commerce. ISoiivcUes feiiilles pcriodiqiies. — Le nombre des journaux publics dans lesdeux capitales de cet empire s'est angmenle pendant les trois deruieres annees ( iSaS-iSsS) de dix-huit, dont cinq a Moscot:. et trei/e a Saint-Petersbourg. Nkus aliens en donner ici la liste , avec quelques renseignemens surcbacun d'enx. I. Journaux publics a Moscnu. — ■ i" Feuille hebdomadaire pour h-s amateurs de chei-aux (en russe : Jejenedelnik , etc.) Ce journal , redige par le lieutenant-general Tzorw, parait, tous les lundis , depuis le mois de Janvier i8a3. Les Sa livraisons qui forment la premiere an- nee , reunies en 4 volumes in-8°, offrent un grand inler^t pour ceux qui servent dans I'arme de la cavalerie, et en general pour tous les amateurs de cbevaux. Depuis le mois de Janvier 1824, il a cesse d'etre bebdomadaire, et se public tous les mois, sous le litre de Memoiret pour les amateurs de chevaux (Zapiski). Les 5« et 6« cahiers de iSaS. i^mai eijuui) contienneut une table alphabeiique des dix premiers vo- lumes, c'est-a-dire des annees iSaS, i824> et dn premier semestre de 1825. — 2° Le Courrier russe ( Rousko'i Vestnik) . roMige par Serge Glinka , annonce deja plusieurs fois dans la Revue Encyclopedlqne , a commence, en 1808, et s'est publie , sans interruption, pendant i3 annees, jusqu'a I'annee 1820, epoqne oil il a ete suspendu , pour reparaitre denouve.iu, en Janvier 1824- Apies la publication de six cahiers, format in-12 , la redaction en fut de nouveau -ibandonnee, et n'a ete reprise qu'au mois de mii de cette annee. Destine a offrir des articles relatifs a I'histoire ancienneet moderne, russe etctrnnpere, des poesies, des extraits de journaux etraugers, et des annonces bi- bliograpbiques , le Courrier /vfijc offre une lecture pleine d'inter^t , qui serait plus a'.tac'iante encore, s'iln'ctaif pas quelquefois enipreint d'une partialite trop aveugle pour tout ce qui est national. — 3° he Teleg'aphede Motcou^ journal de litterature, de critique, des sciences et des arts [Moskovsko'i Telegraphe), redige par Nicolas PolrvoV , ])a- -ail tous lesquinze jours. L'editeur avait annonci-, par son prospectus, 948 EUROPE. un recueil quidevait embrassertoulesles branches des connaissances humaines ; mais il a bieiitot reconnu qu'ii n'elait pas au pouvoir d'un seulhoinmedererapliruncadreaussivaste.Eutreautres articles dignes d'attention , M. Polevoi a donne (a° vii ct viii) la traduction de celui de M. JoM.vHD, intitule : Coup efwil rapidc siir les progriis et Vetat actitel des dicouvertes dans I'interieiir de V Afrique , et un extrait de la Notice de M. ScuiNAS surla Grece, tous deux empruntes a la Rev. Enc. (voy- t. XXIV, decembre i8a4, p. 561 — 577 et t. xxy , fevrier iSaS, p. 293 — 307). Nous lui reprocherons de n'avoir point indique la source oil il a puise le premier de ces articles, et d'avoir trop inu- tile le second. Enfin , la redaction de ces deux articles aurait pu tire mieux soignee , reprcche que Ton est fonde en general a faire a tous ceux du m^me recueil , qui paraissent ecrits avec trop de rapidite. Esperons que I'editeur voudra meriter les encouragemens ijue Ton ne pent refuser a son entreprise , digne d'inter<5t sous plusieurs rap- ports. — Cbaque N" du Teligraphe est acconipagne d'un Supplement consacr^ a des articles de Mceurs et a une revue des Modes. — 4° Le Journal liucraire de Moscou (The English literary Jonrnal of J.Ioscou), ^crit dans les deux langues francaise et anglaise, a ete entrepris, au mois de Janvier i8a3 , par M. Evens , professeur de langue anglaise a Moscou, qui s'est vu force, faute d'abonnes, d'interromjjre ses pu- blications au bout de cinq mois. On y a remarque cependant plusieurs articles interessans , et le cahier de Janvier particulierenient rontenait une notice fort bien faite sur la vie et les ouvrages du celebre Walter- Scott. — 5° Le Journal des Dames (Damskoi Journal) , entrepris , au mois de mars de I'annee 1 8 23, par le prince Chamkof, pnrnit deux fois par mois, par cahiers de 3 feuilles in-8". Chacun de ces cahiers est ac- compagne d'une gravure de modes, faite d'apres celles des journaux de Paris. L'abonnement annuel estde 4o roubles (ou 40 fr.) pour Moscou' et de 45 roubles dans I'interieur de I'empire. Ce prix paraitra sans doute excessif aux abonnes de la Revue , surtout quand ils sauront que ce journal , entrepris sur le niodele du Journal des Modes de Paris et du Petit Courier des Dames , est bien loin de valoir sous tous les rap- ports ces deux journaux , dont le prix est cependant bien moins ^iev6(i). D'ailleurs , le journal de M. Chalikof parait trop souvent (1) Le prix annuel de rabonnement aa Petit Courrier des Dames, qui pa- rait tous les cinq jours , et que nous avons deja recommande plusieurs fois aux lecteurs de la Revue, est de 36 francs. Les bureaux sont etablis niainte- nant boulevard des Italiens, n° 2. RUSSIE. 9^9 Dublier sa destination, pour ne s'occuper que de pol^niitjue et d'alta- ques centre les autres journaux russes, qu'il s'est alienes par I'esprit d'injnstice et de denigrement qui preside a sa redaction. Journaux p< blics a SainC-Pctenbourg. — i" V Indicateur dcs decoii- vertes en physique, •in chimie , en kistoire naturelle et en technologic ( Oukazatfele otkrifi, etc.), redige, depuis le mois de Janvier 1824, par le professeur Nicolas Stcheglop, est un recuell fortbien fait , qui remplit, conjointement avec le 31agasin d'histoire natuielle, public a Moscou , par Dvigoubski , nne lacune qui se faisait sentir depuis long-terns en Jiussie , ou le goiit pour les connaissances utiles s'est bien repandu depuis quelques annees. — 2° Le Journal des mines ( Gorno'i Journal ), est redige par un coinite scientiGque de niem- bres attaches aux mines et aux salines, etabli par ordre de I'ein- pereur Alexandre , et sur la presentation du ministre des finances , prfes le corps des mines des Cadets. Le premier cahier de cet im- portant recueil , consacre surtout aux nouvelles decouvertes faites en chimie et en mineralogie , a paru au mois de juillet de cette an- nee. — 3° Le Journal de medecine militaire ( Voienno meditsinskoi Journal), public depuis le commencement de I'annce i823, par le departemeiit medical du miuistire de la guerre , forme par an six cahiers in-8°, composes chacun d'e plusieurs feuilles , et qui sont reunis ensuite en deux volumes. II est parfaitement approprie a son but, et doit etre recherche par tous ceux qui se livrent a la pratique de la medecine. -- 4° Les Notices sur les actes et le succes des societes bibliques, russes etetranghes. (En russe : Isvestin, etc. ; en allemand : Nackrichten i'lber die Bibelgesellschaften ), qui ont paru pendant dix mois , en langue russe et en langue allemande, depuis Janvier 1824, avaient pour objet derecueillir les transactions des diverses societes bibliques du globe ; leur publication a ete suspendue au mois d'oc- tobre de la meme annee, epoque ou, par ordre superieur, furent fermees les societes bibliques etablies en Russie. ■ — 5° La Gazelle de commerce ( Komertcheskaia Gazetta ) , redigee par Valerien Oline , attache au departement du commerce exterieur , parait deux fois par semaine , le mercredi et le samedi , depuis le mois de j.invier dernier. Elle est indispensable anx personnes livrees au commei ce , et qui veulent connaitre les ukases et les reglemens qui lui sont relalifs , ainsi que les prix cour-.ns et le cours de la Bourse. Elle leur offreaussi des notices fort interessantes , tant sur le commerce russe que sur le commerce etranger, et generalement surles objets qui ont rapport a I'industrie. — 6° Saint-Petersbourg Handels-Zeitung. T. xxviTi. — Decembrc iSaS. ^ii gSo EUROPE. C'est lemdrae journal que le precedent , redigd en langue allemande par le conseiller de college Pfeifer, attache egalement au depai- tementdu commerce exterieur. — 7" Le Journal dcs muniifactures et du commerce (Journal manoufactour, etc. ), public au departement des manufactures et du commerce interieur , parait tons les mois , depuis Janvier i8a5, par cahier de dix a douze feuilles in-8". Get excellent Recueil , outre des articles trfes-intcressans sur les manufac- tures russes et etraugferes , offre une indication complete des nou- velles decouvertes faltes en physique et eu chimie , et appliquees aux fabriqueset aux manufactures des divers pays de I'Enrope. — 8° Le Journal de Saint-Petersbourg^ politique et litteraire,i;ii\. suite au Conser- vateur impartial , redige , pendant 12 ans , par I'abbe Mamguin ; il parait trois fois par semaine , les mardi , jeudi et samedi , et n'offre gufere aux abonnes , ainsi que son predecesseur, que des extraits du Journal des Debats,cle la Gazette de France et du Journal de Paris. On ■V trouve peu d'articles relatifs a la Russie , qui devrait cependant etrc le but principal de ses investigations , puisqu'il s'adresse surtout aux etrangers qui habitent ce pays. — 9° Le Coitrrier asiatiqite ( Asiatsko'i Vestnik ), est uae continuation du Courrier de la Siberie; publie par M. Spasky , pendant sept annees consecutives , depuis 1818 jusqu'en Janvier 1825 , ^poque oii ce redacteur a change le titre de son journal, en y faisant entrer, outre les notions relatives a 'a Siberie , tout ce qui a rapport a la statistique , a I'liistoire et a la litterature de I'Asie entiere. Ce recueil emprunte souvent des articles au Journal aciatique de la Societe asiatique de Paris. — 10° U Abcille du Nord (Severua'ia ptchela), publiee par MM. GfiETCHet Boulgarine, les mardi , jeudi et samedi de chaque semaine, depuis le mois de Janvier de cette annee , est consacree aux nouvelles de Tinlerieur, aux nouvelles politiques etrangeres, a la litterature et aux beaux- arts ; son/euilleton contient , en outre, des annonces d'ouvrages nou- veaux , des articles de modes et d'autres, sous le titre de melanges. — 11° Les Feuilles litteraires ( Litteratournie listki ), publiees d'abord, depuis le mois de juiUet jusqu'a la fin de 18245 comme supplement aux Jrchives du A'o'if, sont entrees depuis dans le plan du journal precedent, V Abeille du nord, avec lequel elles sont reunies. Ce dernier journal est , pour la litterature , ce que sont , pour la poli- tique, les sciences et I'liistoire, lesjournaux intitules le Fits de la patrie et [es Archives du Nord, qui sont aujourd'hui entre les mains des monies rcdacteurs ci-dessus designes , et qui presenlent par leur y^dac-tion soignee , I'etat complet de la Russie sous ces differens RUSSIE. — POLOGNE. gSi »-atre , ajipele Theatre dramatique , a ete consume entiferemeut par les flammes. Cet inceudie a detruit I'un des plus beaux monumens du style ancien qui existaient a Stockholm. G — g. DANEMARCK. CoPEMHAGUE. — CouTs de phreiiologie . — Parmi les cours scienti- fiques d'hiver, qui ont lieu hors I'universite, celui Ae phrenologie , ouvert par M. le decteur Otto, attire d'autant plus I'attention , que ce suiet est presque entifercmeat neuf encore pour le Danemarck. Cet habile medeciu, dont le cabiupt est fourni de tous les objets neces- saires a Texposilion des. svslenies des cel^bres docteurs Gall et Spur- zheim , est favorise , pour les developpemens et les applications qu'il 954 EUROPE. a ['occasion d'en t'aire, par la place de medecin des prisons de Co- penhague, a laquelle il a et6 nomm6 recerament, et qui lui permet de se liyrer a un grand nonibre d'observations nouvelles. G — G. Odknseb en Fiomih. — Delit de la presse. — M. le colonel n'Ar- BKRT, chambellan du roi et chevalief de I'ordre de Danebrog , ajant pu!)lie un ouvrage intitule : Memoircs sitr les evenemens qui se raft- portent a la reoccupation de Ilambourg par les Francois , a I'epoque du 3o mai i8i3, et le gouvernement danois ayant trouve dons cet ou- vrage des expressions reprehensibles , et dans sa publication une coupable dcsobeissance aux ordres superieurs, I'auteui' fut traduit, an mois de septembre dernier, devant un conseil extraordinaire de guerre, qui vient de prononcer sa sentence, en vertu de laquelle M. d'Aubert a ete destitue de sa charge de commissaire general des guerres , et condanine a six ans de bannissement du pays, et aux frais du proces ; mnis le Roi vient de commuer sa peine; en sorte que M. d'Aubert sera congedie de son service sans pension, et ren- ferme dans nne forteresse , oii neanmoins il sera traite avec beau- coup d'^gards, en attendant qu'il plaise a S. M. de lui faire gr4ce pleine et entiire. Quant aux frais du proces , la premiere sentence a du rece/oir sa confirmation. Heibebg. ALLEMAGNE. BavIere. — Administration publique. — Reformes , Economies. (Ex- trait d'une lettre de Munich. ) ■ — oTout ce qui estrelalif a I'ameliora- tion de I'etat moral et social d'un peuple entre dans le plan de votre tableau pliilosopliique de la civilisation comparee. Vous aimerez done a faire connaitre a vos lecteurs que , si I'excessive bonte de notre feu Roi, a la memoire duquel vous avez paye un juste tribiit d'^loges ('vof. ci-dessus, p. 6i8), lui avail concilie tons les ctsurs de ses sujets, cette bonte mdme avail ses inconveniens et ses dan- gers, et donnait lieu a de tr^s-grandes liberalites envers des fonc- tipnnaires ou de simples particuliers lionores de la bienveillance *du monarque : ces liberalites tombaient a la charge du tresor pu- blic , et nuisaient au bien-etre des classes laborieuses et a la prosp6- rite de I'Ktat. Le nouveau roi a signale les commenceniens de son regne par un grand nombre d'utiles reformes. La plus importante est la reduction de I'armee : car I'etat mil'it.iire de presque toutes les puissances de I'Enrope , beaucoup trop disproportionne a leurs res- sources financierss, les oblige d'accabler les peuples d'impots , et lenr rend I'etat de paix presqne aussi oiiereux que celui d'une guerre ALLEMAGNE. 9 55 prolongeeou permanente. Le Roi vientaussi de r^duire les d^penses extraordinaires auxquelles ^taient assujetis les hauls fonctionnaires et les officiers , en supprimant les broderles , les costumes bril» lens , lesaiguillettes , les panaches, etc. L'uniforme pour les militaires sera fort simple, d'un fond bleu; les fonctionnaires civils ne porte- ront plus que I'habit noir. Le Roi espere obtenir , par ces diverses reductions et par d'autres reformes, une economic annuelle de plus d'un dixierae dans la totalite des depenses de I'fitat, et une heureuse simplification dans la machine du gouvernement. Ces reductions serviront a liberer la caisse d'amortissement , a diminucr les im- pots, et a remplacer les produits de la loterie, dont la suppression, entierement decidee , est un nouveau bienfait que d'autres monar- ques voudront sans doute ausst accorder a leurs peuples. — Les rois et leurs ministres devraient avoir sans cesse presente a I'esprit , et appliquer dans I'administration publique cette pensee de Montes- quieu : Avoir les mains ouvertes pour les depenses publiques, fer- mees pour les depenses privees. Telle parait ^tre la maxima et la regie de condaite du roi Louis. ...» Les reformes salutaires enlreprises par le nouveau monarque de la Bavi^re, qui paraissent le resultat d'un plan muri par la reflexion, se poursuivent avec activite. Quelques interests particuliers se trou- veront sans doute froisses momentaneraent ; mais tous les employes mis a la retraite jouiront d'un traitement honorable et sufiisaDt , qui leur est assure par les lois. La sagesse et la fermete qui president a I'execution progressive du nouveau systeme , garantissent les impor- tans resultats d'un soulagement efficace et reel pour I'ensemble de la population , d'une amelioration incoiitestable dans la marche de I'ad- ministration et dans la distribution des deniers publics. J. Prague. — Statisdque. — Cette ville comptait, en iSaS, un total de 107,325 individus, dont 86,494 chrctiens , 7,3o8 juifs, i,o85 ha- bitans de I'ancienne citadelle, et i2,35o militaires. La lilbliotheque de I'Uniyersite renferme i3,ooo volumes. Societes savantes. Berlin. — • Le 3 aout dernier, YAcademie des Sciences a cel^bre , en seance publique , I'anniversaire de la naissance du Roi. Dans cette solennite, M. le lieutenant de Reishard a presente une table genealogique de la dynastie rcgnante. M. Idkler , auteur d'une excellente Chronologic inathematique , publiee reccmment , a lu , sur I'annee de la naissance de J.-C. , une dissertation oii il examine sur- 956 EUROPE. tout ce qui a rapport a I'etoile dcs Mages. M. Ritteh a entreteiui 1 assembl^e d'observations sur la carte des decouvertes qu'ont fa ilea dans I'interieur de I'Afrique le major Denhani et le lieutenant Clap- perton, carle dressee par M. Smith. Enfin, M. Link a presentc I'es- quisse d'un nouveau systfeme des plantes. GoETTiNGUE. — Pnx proposes par la Societe royale des sciences. — Cette Societe a propose , pour sujet de prix a decerner en juillet j8a6, • de rechercher les causes qui , dans le nord de I'Allemagne , rendent la fabrication du papier defectueuse et signaler les obst^a'cles qui jus- qu a ce jour en ont retarde les progres. Ajouter des propositions fondees sur 1' experience de ce qui se pratique dans les pays etrangers, et prendre ea consideration les circonstances locales relatives aux papeteries dunord de TAllemagne. » Une autre question pour un prix k decerner en novembre de la memeannee, a pour objet rani^liora- tion des paturages destines aux moutous. — Enfin, une troisifeme question, proposee pour juillet 1827, est d'un interet purement lo- cal : il s'agit de decrire les desastres causes par les inondations dans quelques parties du royaume de Hanovre, et dans les pays voisins, au commencement de iSaS, et d'indiquer a radministration les moyens de prevenir de pareils malheurs. Chacune de ces questions est I'objet d'un prix dedouze ducats. — Communications scientijiques et historlques faites a celte Societe — M. le docleiir Soelti., qui est ici depuis pres d'un an , pour y faire desrecherclies historiques , par ordre du gouvernement de Bavifere, a fait remettre a la Societe royale des sciences un traite critique sur les sources auxquelles a puise Suetone. Une grande partie de I'his- toire des empereurs reposant sur les assertions de cet auteur, la question est'd'une baute importance. Le docteur Soeltl commence par etablir un parallfele entre Plutarqueet Suetone. Le premier, dans ses biographies, nous montre la vie tout entiere de ses h^ros; le se- cond parait ne s'occuper que de traits isoles , sans trop s'attacher a la serie des terns. II avait vecu long-tems a la cour d'Adrien, ou il avait pu recueilljr beaucoup d'anecdotes sur les cesars et sur les af- faires publiques. l^loigne dans la suite , de la r6sidence des empe- reurs, il se livra aux sciences et composa plusieurs ouvrages. L'au- teur de la dissertation pense qu'il obtint des renseignemens capables d'eclairer la posterity : pour Jules Cesar , par execaple , Suetone cite lui-meme Tanusius Geoninus, I'hislorien ; les edits de Bibulus , les discours de Curion. De plus, il est evident qu'il a fait usage des let- tres de Ciccron et de celles de Cesar au senat ; enfin , il a fait plu- ALLEMAGTNE. — SUISSE. 937 sieurs einprunts a Velleius Paterculns. Nous nepouvcns indirjuiT, pour cliaque ii'-gue, les sources designees par le savant auteur de la dissertation , qui remarque que la tradition orale commence a Ncron_; les inemoires de ce prince ne sont cites qu'une fois. Dans la suite, il n'est plus question de dooumonsccrits. Les biographies sont plus courtes , comme si I'historien n'avait plus a s'etendre sur des fails recens et connus de tons. Ici, 11 fait lui-meme autorite. 11 pa- rait avoir apporte ie meme soin dans le recit des faits contemporaius, que dans le ciioix de ses documens auciens. P. Golbert. SUISSE. Gemeve , 1 5 dccembre. — Legislation. — Propositions faites an cnnseil representatif. — Trois propositions fort remarquables ont siguale I'ouverture de la session actuelle du conseil representatif, quia eu lieu le 12 de cemois. La premiere a pour objet de faire entierement supprimer la peine demort. L'auteur I'a developpee avecautantde cha- leur quede talent, et a ete favorablement ecoute par lamajorite de I'assemblee. (Voy. Rev. Enc.,t. x, p. 53i et 660, I'excellent travail de M. Heiberg sur raJo/;V;o« de lapeine demort, veritable parricide des lois.) — La seconde tend a obtenir la suppression dc la peine de la fletns- «ire, jugee incompatible avec le systeme penitenliaire, adopte aujour- d'hui comme base de notre legislation penale. Unindividu marque publiquement du sceau de Tinfamiene peut que bien difficilement , m^me apresune complete regeneration morale, espercrdereprendre sa place dans les rangs de la societe. On a propose occasionellement la suppression du carcan permanent , qui figure comme un monu- ment public sur une de nos places. L'exemple des villes de Suisse qui semblent faire parade de leurs fourches patibulrires , ns sau- rait 6tre allegue en faveur d'un usage qui repugnc h nos moeurs.- — La troisieme proposition, faite par M. MoultoH , fils da I'ami de J. -J. Rousseau , a pour but Verection d'un monument national a I'au- teur du Conlrat Social et d'Emile, dans Vile des Barques, situee au milieu du Rhone, a son entree dans Geneve. Elle n'a pas cte bieu moins accueillie que les deux precedentes ;■ mais, quoiqu'elle n'ait pas trouve un seul contradicteur , elle n'a pas encore ete adoptee. — Amelioration des prisons. — Dans la nuit du g au 10 octobre , les individiis condamnes aux travaux forces, a la jeclusion ou a un emprisonnement dont il reste plus' de six mois a subir , out ete ti-ansferes de la raaison de detention actuelle dans la nouvelle prison penitenliaire. Ces individus etaient au nombre dc vingt- 958 EUROPE. neiiF; leiir translation s'est effectude sans aucun desordre. L'ar- r^tci dii conseil d'etat, qui determine le mode d'administration de la prison penitentiaire, contient les dispositions suivantes : la com- mission chargee de diriger cette administration sera composee de frois conseillers d'etat iiispecteurs , et de sept autres niemhres pris hers du conseil d'etat , dont I'un remplira les fonctions de caissiei-, et un autre, celles de secretaire. EUe portera le titre de Commission administrative des prisons , et sera chargee, sous I'auto- rite du conseil d'etat, de la direction et de la surveillance de tout ce qui tient a I'administration de la prison , particulierement de ce qui a rapport au regime interieur, aux approvisionnemens , au mo- biiier, au travail ct a recoulement des produits , a I'instructiou qui sera donnee aux prisonuiers et a la police du culte. Elle se divisera en trois sections, savoir : celle du travail, celle du regime interieur , ( nourriture, kabilkment , mobilier); celle du ctilte et de Vinstrnction, La commission et chaque section s'assembleront au moins une t'ois tous les quinze jours. A la lin de chaque annee , la commis- sion rendra au conseil d'etat un comple general de son administra- tion, qui presentera : i° pour chaque atelier, et d'une niani^re sonimaire,les recettes et depenses, leur produit net, le nombre des joiirnees de travail , les prIx moyens de la journee , tant pour Vetablirsement que pour les prisonniers; a" les depenses classees par categories, telles que nourriture, hahillement, traltemens des employes, combustible, eclairage, blanchissage, etc. ; il sera fourni , pour chaque categoric, un etat sommaire des objets qui la com- posent ; 3° un tableau de la population de la prison et de ses di- vers departemens ; 4° ^>i inventaire des objets en magasin , tant pour la nourriture et riiabillement , que pour le travail , en mar- chandises brutes et travaillees ; 5° enfin , un tableau des depenses moyennes d'une journee de detenu. La vdrificatiou de la conipta- bilite sera faite par la chambre des comptes. Lausanne. — Coiirs de Matkimatiqiies a I'usage des artisans. — M. Mercanton, suppleant du professeur de chimie a I'Academie de Lausanne, non moins zele pour la propagation d'une instruction utile que distingue parses connaissances , a concu I'heureuse idee d'ou- vrir gratultement un cours de mathematiques elementaires a I'usagc des artisans de cette ville. Cette premiere impulsion donnee enga- gera sans doute d'autres personnes a s'associer a une oeuvre qui pourrait donner naissance a une institution fort importante pour notre canton. L'esprit d'industrie est ce qui manque le plus au SUISSE. y59 peuple vaudois ; iin tiop grand iioinbre d'habitans du pays • n M. Hayez offre, dans ses ouvrages , une liberie, une vivacite qui ne lui laissenl pas le terns de revenir sur ses premieres idees ; si Palagi se fait admirer , Ha\cz enchante. La verite et le naturel sont egalement leparlage du genie dece dernier; son coloris eblouis- sant parait quelquefois s'eloigner de la nature qu'il se propose d'i- mlter ; son dessin , un peu neglige , lui attire des critiques ; mais , lorsque Ton est devnnt ses tableaux , ou est oblige de convenir que c'est un veritable peintre de genie. II a trailc d'une maniere sedui- sante le sujet d'Njlns enleve par des nyinphes ; I'embarras de ce jeune ami d'Hercule, lorsqu'il se voit entoure pair les divinites des bois, eprises de sa beaute , se lit sur son visage comme dans ses mouve- mens; ilvoudrait se sauvcr d'une aussi aimable persecution, mais il est trop lard. L'action des figures est naturelle; leurs formes, divines ; la distribution des groupes, variee ; le fond, pittoresque. » « Le talent que M. Hayez a deploye dans sa comjjosition d'H^'- las, se retrouve dans sa Madeleine penitente , figure de grandeur (]c nature; mais avec un emploi different. Ici regnent la tranquillite, la solitude, le repentir ; et, si les belles formes de la convertic que le peintre nous repvesente entifereraent nne, peuvent inspirer quelqu'idee mondaiiie, I'urne qui est a ses pieds, la croix qu"elie embrasse, la tristesse des lieux , iuspirent le respect du a sa sainte 1TA.L1E. 9^"^ resolution. L'art de trailer les cheveux , qui est particuHf r a ce mai- tre, rend admirable la i&te de la Madeleine, qui parait ne pas de- sesperer du pardon qu'elle implore. Le relief qu'il a su donner a ses formes , a I'aide seulement de demi-teintes, surprend la \ue ; il faut voir et biea examiner des tableaux d'une si bonne ecoie pour ^tre persuade que le systeme des ombres noires pour faire ressortir ies parties eclairees , systeme qui inonde la France et qui parait etre arrive jusqu'aux partes de Rome , est bien loin de la nature (l). » « M. DiOTTi , de Eergame , merlle , dit notre correspondant , que I'on fasse mention de son tableau , dont le sujet est la decollation de St.-Jean. » Le saint, un bourreau , Herodiade suivie d'un p.Tge , un geolier tenant un flambeau dont la triste lumiere augmente I'horreur du cachot; deux pretres du rit hebreu, et, au haut de I'escalier deux proselytes < M. Pompee Makchesi , statuaire tr^s-connu en Ita- lie et justement admire par sa simplicite et I'aisancedes mouvemens de ses figures , avait expose trois monumens sepulcraux; I'un en ronde bosse , et les deux autres en bas-relief. » Une Therpsicore , statue grande comme nature , met au rang des artistes les plus distingues (i) Cette reflexion est bien vague ; il y a en France un grand nombrc d'artistes, et tons out une maniere differente. II est probable que cette ob- servation s'applique aux interieurs ou, effectivement. Ton clierche a obtenir un effet saillant par I'opposition des ombres et des iumieres , inals cette opposition se rencontre souvent dans la nature : Rembrandt , Gerard Dow et autres ontfait des tableaux ou il existe une vlve opposition entre les ombres et la lumiere; personne n'a ete ten'e de leur en faire un reproche. Tout consiste a etre piquant, sans cesser d'etre vrai ; la nature est si variee dans ses effets , qu'elle en fonruit les moyens a ceux qui savent la voir et snrtout la rendre. P. A. i)G', EUROPE. M. Gaecan Monti , qui deji disputait In preeminence a M. Marches!. . Oa aurait desire un pen plus de gaite dans cette danseuse , ainsi qu'iiu yout plus decide dans les plis de ses flraperies. » Notre correspondant parle ensuite de productions d'un aulre genre et qui offrent pen d'inleret ; nous en exceptons toutefois d'ahord les dessins de xleux m.^gnifiques ouvrages de Raphael : He- liodore ckasse clu temple et la Fisioii cCAttila, executes a Rome par M. Anderloni et qu'il se propose de graver (i) ; ensuite, I'indication d'un ouvrage da ni^ine genre du au crayon de M. Giovita. GaRava- GLio et represeiitant mie Vierga a\>ec un enfant Jesus. Nous regret- tons de ne pas trouver le nom dn maitre d'apr6s lequel ce dessin a ete fait (2). Notre correspondant ajoute des reflexions sur I'etat des arts en Lonibardie ; et fait observer que, tant que les jeunes gens sont a Brera , ils sont pleins d'ardeur et font des progres ra'pides , dans I'esperance d'obtenir un prix ; niais que , lorsqu'ils ont quitte ce se- jour, en'.i^rement consacre a I'etude , ils n'ont plus pour exercer leurs talens, que les travaux que font executer les particuliers. II fait ob- server , a cette occasion , que les occupations de cette nature peu- vent satisfaire I'interet et non pas I'ambition ; il ajoute que la pro- tection seule du gouvernement pourrait developper tons leurs nioyens et leur offrir une perspective de gloire sans laquelle les arts s'6teignent promptenient ; il.rappelle, a cette occasion , 1' eclat que Tecole de Milan jeta, au commencement dece siecle , lorsque Bona- parte , et i)lus tard le vice-roi , firent executer de grands travaux , confies principalement au celebre Appiani, dont les arts ont a deplo- rer la perte. 11 est certain que leg arts du dessin , surtoutla peinture hislorique et la statuaire , ne peuvent se passer des encouragemens du gouver- nement; et, lorsqu'ils en sont prives, ils perdent n^cessairement une partie de leur independance; soumis aux caprices de la multi- tude , iis se degradent et se pervertissent. Les regrets de notre cor- respondant ne sont done que trop fondes. Heureuses les nations qui se gouvernent par elles-meraes et qui ne sont point soumises a une domination etrangere ! (i) Je me suis empresse de rendrc justice au talent de <;et habile graveur, a I'occasion'dc son dernier ouvrage. (Voy. Rev. Euc, t. xxiii , p. aSo.) P. A. (a) J'ai ('galenient rendu compte d'unc gravure de cet artiste dans laquelle on tronvait un talent reel et des esperances. (Voy. ibid., p. 714-) P- A. y65 grI:ce. Education. — Le tableau le plus interessant que notre (''poqiie puisse offrir ail chr^tieii et au philosoplie est celui de la regeneration de la Grece ; mais c'est en vain qu'elleetonne le monde par son courage , eu luttant , avec une perseverance inouie, centre ses oppresseurs : elle nepourra jouir des bienfaits d'une sage liberie, qu'apres avuir acquis les lumieres qui en eclairent I'exercice. II faudra bien du terns encore pour que ce peuple egale en civilisation les nations de I'Europe qui lui doivent leurs premieres connaissances; mais, avec les dispositions dont ils ont herite de leurs anc^tres , les Grecs n'ont besoin que de I'assistance des partisans de leur cause sacree, pour achever d'extirper I'jgnorance et la barbaric que leur a leguees la domination fletrissante des musulmans. Le moment actuel semble favorable a I'introduciion d'une instruction generale dans la Grece. Napoli de Roraanie , Atli^nes et Missolongbi ont vu s'rlever, dans leur sein , des Socieles philantropiques qui s'occupeiit de repandre les bienfaits de I'instruction. La Socicte des ecnles brkaimiqties et etrangeres de Londres , ainsi que les deux Socictes fondees a Paris , I'une pour ramelioration de Tenseignement elementaire, I'autre pour r.npplication des principes de la morale cbretienne aux relations sociales , travaillent a se- conder les vues des pliilantropes grecs. Deux jeunes Cypriotes , rachetes de I'esclavage, et envoyes en Angleterre , en 1823, ont ete clevis a I'ecole ceutiale , aux frais de quelques liommes bienfaisans, et s'y sont rendus propres a renseignemcnt. L'aine d'entre eux est revenu en Moree.il y a quelques mois , accompagne d'un Anglais qui va se consacrer aux inter£'ts de I'education des jeuucs Hellenes, lis doivent d'abord fonder ua ecole au siege du gouverriement , d'api^s le systeme anglais. Plus tard , la Societe a admis, dans son etablissement , dix jeunes gens, parmi lesquels il s'en trouve sept que le capitaine Blaquieres a ainen.es de Grece ; quelques-uns sont destines a devenir instituteurs. La Society a fait aussi imprimer, taat sous la forme de livre qu'en tableaux , les lecons de Tecriture en usage dans les ecoles centrales d' Angleterre. Le comite britSnnique , compose du lord John Russei, , de MM.G/e}-. Bennet, /oje/jABuTTERWoRTH, s'estmisen communication avec le gouvernement grec, qui lui a promis la plus cordiale coope- ration.En faisant tous ses efforts pour accelerer les progres duchris- tianisrae et de I'instruction dans ce malheiiipux pays, il a comtite T. XXVIII. — Dficeinhrr i.SsS. Gi cj66 EUROPE. iur lii g<^n^reijse assistance ties amis de la religion et de I'liumariitp. 1-a France, ies Pays-Bas, I'Allemagne , la Suisse, line paitie do I'l- talie, la Russie merldionale, Ies iles lonieiincs s'eiD])ressent de tlonneraux Grecs dcs preuves d'iiiter^t analogues a celles que \eur prodigue TAngleterre ; Et I'Europe nuaniroe, admlraut leurs exploits, A repare pour eux I'iujuste oubli des Rois (i). La Kotice sur la Ciece, placee au commencement de ce cahier ( voy. ci-dessus , pag. 6fiO)fait bien connaitre I'etat et Ies besoins de cette magnanime nation. Le defaut d'espace nous a empdclie d'iii- serer, comme le coniplement de cetle notice , plusieurs lettres adresset's par le prince Mavkocordvto a M. Blaquieres, et qui se trouvent dans le second volame que celul-ci a j)ublie depuis jieii sur la Gr^ce. liSPAGNE. Compa^nie angiuise qui a eritrepris de retirer dc la mer Ies rlchessrs englimties a I'enlree dit port de f'igo , au commencement du regne de Philippe I'. (Voy. cl-dessus , p. 3i5 ). Cette eomnagnie a deja dp- couvert , par le secours de la sonde , quelques-uns des vaisseaux qui portaient ces richesses, et furont ooules a fond par une escadre angtaise qui Ies avait aitaques presqu'a I'entrde du port. D'apres Ies documens existans dans Ies arrliives du conseil des Indes, Ies somnies appartenant au gouvernement se montent a 14,000,000 de piastres , et Ton estime a 2,000,000 celles qui s'y trouvaient pour des parti- culiers; ce qui formerait un total de 16 millions de piastres ou 80 millions de francs. PAYS-BAS. Socieles snvantes. BnuxELLES. — Prix propose par C Academie des scieucfi el beUes-lelCie;. — Cette Academie propose la que?.tion suivante a resoudre pour le mois de fevrier 1826 : « Quels sont Ies changemens que la cote d'An- vers a Boulogne a subis , tant a rinterieur qu'ji Texterieur, dipM'' Li conqut-te des Romains jusqu'a nos jours ? Queues sont Ies caus-.s de ces changemens , provenant tant des effets de la nature que de (l) DiACours cu vers : La France en tSj ), iiu li/et ugre/s et mes I'sppr.iiitf'iM. (Yoy. P.et:Enc.,\. xxvir, p. SG'...) PAYS-BAS.— FRANCE. 967 «eux del'art? et quelles sont a peu pr^s les epoqiies anxquelles cs changemens ont eu lieu ? » Le prix sera une niedaille d'or, du poid.s de trente ducats ou 35o francs. GaND. — SociHe d' agriculture et de botaiiiqiie. — Cette Sociote se prij- pose de reunir, dans le lieu de ses seances, une coUection complete des instrnmens aratoires et des oulils de jardinage employes dans le district de Gand , construits sur une petite echelle , et de publier la meilleiire description qui lui en sera remise. Nous desirerions yoir, dans le local de chacune de nos Socieles d'agriculture de departe- ment , une semblable reunion des oulils en usage dans leur arron- dissement. Ce serait tin sujet de meditations utiles. Haklem. ^ Societe hoUandaise des sciences. La question suivante , raise au conciiurs en 1823, n'ayant produit qu'ua memoire de pen de merlte, est prorogee jusqu'au i" Janvier 1827 : •■ Quelle est I'ana- logie entre les maladies ayant le plus souvent lieu chez les animaux domestiques, et les maladies des Loiiimes, tant a I'cgard de la nais- sance , de la marche et de Tissue, que principalement a la inanieie dout ces maladies dbivent ^tre traitees ? En quoi different-elles les unes des autres sous leurs differens rapports ? Comment cette dif- ference peut-elle ^tre expliquee par la difference de constitution de rhorame et des animaux ? et quels principes faut-il sniivre dans I'art veterinaire , pour parvenir a hien connaitre et a trailer, de !a maniere la plus fondee.les maladies des animaux domestiques? <■ FRANCE. Population. — Ilresultede releves faits depuis 1817 jusqu'en 1823, qu'il est ne en France , pendant ces sept annees, 3,458,g65 garcons, et 3, 24^)8 13 filles, Lc rapport du premier nombre au second est egal a celui de 16 a i5; c'est-a-dire que les naissances des 'garcons ont cxcede d'un quinzieme celles des dies. Pour savoir si le cliinat influe sur ce rapport , on a considere separement une trentaine do departemeus les plus meridionaux de la France. Les naissances , dans ces departemeus, depuis 1817 jusqu'a 1823, cnt ete de 971 , 819 garcons et de 910,773 lilies, le rapport du premier iiombre au second est de 16 a i5, comrae pour la France emigre. Ce resubat porte a conclure que la superlorile des naissances des garcons sur celles des filles ne depend point du cliraat , dumoinsd'une maniere sensible. — Pendant I'annee i8i4,»l y a eu , a Paris, 28,812 nais- sances , 22,f>i2 deces et 7,620 maiiages. M*. Limoges ( Haute- f^ienne ). — Aouvelle espicc de pliosnhate dr fer- (/>» rHANCE. — M. Alluau aine , inineratogiste de cette ville, a envoy^ a M. Van- quelin des fraginens d'une nouvelle esp^ce de phosphate de fer , qu'il a dccouverte dans le departement de la Haute-Vieniie. Ce mi- neral a une couleur brune, une cristalllsation en forme d'aiguilles rayonnantes. comme certaiues varictes dc manganese; on y remar- que quelques petits points bleus. Sa poussiere est de couleur vert- olive mure ; 11 fond au chalumcau en un vert noir opaque. M. Vau- quelin en a fait I'analyse, et il pense que, si Ton en trouvait des masses assez considerables, on pourrait I'employer avec beaucoup de succes pour vernisser les polerles ; car, a la proprietc de se fon- dre tr^s-facilement et de fournir un vernis noir tres-brillant , il reunit I'avantage de n'dtre point malfaisant pour les ouvriers ni pour les consommateurs. ( Annales de Physique et dc Chimie. ) Orleans [Loiret). — Chemins communaux. — Une circulaire de M. le prefet du departement , adressee aux sous-prrfets et aux maires, recommande a ces magistrals les procedes de I'ingLnileur anglais Mac-Adam pour la confection des loutes; d'apres des es- sais faits dans le departement , et avec les maleriaux que Ton y trouve partout, les chemins faits suivant cette raethode coutent moins et sont incomparablemeni meilleurs que si Ton avail suivi les procedes ordinaires. Si ce nouveau mode de construclion etait gene- ralemenl adopted mis en pratique, la circulation interieure devien- drait plus rapide, et le sol mieux cultive produirait avec plus d'a- bondance. Esperons que le bon exemple donno par M. le prefet du Loiret ne sera pas perdu pour les autres departemens. Une instruc- tion succincte et bien faite sur la mcthode de I'ingeiiieur Mac-Adam, est jointe a la circulaire de ce magistral. F. Toulouse. (ffflH?e-'7aro««e.) — Joiirnanx. — Cette capitale du Midi poss^de un grand nombre d'ouvrages periodiques , qui , bien que redi- ges la plupart dans un esprit trop circonspect , ne peuveni manquer n^annioins de lui faire atteindre bienlot le degre de civilisation dont jouit surtoul le nord ainsi que le centre de la France. Nous allons les enumerer, en joignant quelques details sur chacun. l" Le Journal politique et littcraire de la Haule-Garonne (in-fol.) parait trois fois la semaine. Comme la plupart des journaux des de- parteinens, il offre une espfece de mosa'ique, composee de nouvelles et de fragmens puises dans les principaux journaux de la capitale, de toutes les couleurs et de toutes les opinions. Mais ce choix est fait avec discernement, et de maniere a ne laisser rien ignorer de re qui peut inl^resser les deux partis qui divisent notre cpoque. DtPARTEMENS. gOg Cependant, on s'apercoit aisement que ce journal, qui ^taitjadis la feujlle officielle de la prefecture, mais qui pourrait etre aujouid'hui entiercment indepeiidant, conserve encore quelques traces de son ancienne origine. 11 est trfes-repandu dans les cinq a six departe- mens qui environnent celui He la Haute-Garonne. 2° L'Echo du 31idi parait trois fois la seiuaine ( in-fol. ). C'est le journal du parti ultramontain ; ses correspondances avec les alentours d'un minisire tres-influent , natlf de Toulouse, le mettent quelque- fois en mesure de recueillir des premiers les bruits de son salon; ce qui lul vaut I'honneur d'dire cite par les journaux de Paris , qui lui onl donne le sobriquet de iloniteur gascor. 3° La Revue meridionale parait une fois la semaine ( une feuille in-4°). Le redacteur est M. Aiiguste Daldeguier , ecrivain tres-spi- rituel et d'une grande independance de caract^re. Poursuivi dernie- rement devant les tribunaux, pour un article tout-a-fail inoffensif, M. Daldeguier, qui appartient a une des families les plus lionorablss de Toulouse , a ete acquitte en premiere instance et en appel. Sou triomphe a ete regarde conime celui de la liberte de la presse dans cette portion du midi de la France. 4° L' Aheille touiousaine , journal des mteurs , des arts et de la littcra- ture , parait chaque dimanche (une feuille ia-4°). Cette feuille, redigee par des jeunes gens, est ecrite dans les principes les plus genereux et avec les formes les plus spirituelles. Elle s'occupe spe- cialement des moeurs et des inter^ts locaux ; ce qui ne peut man- quer de lui procurer un grand succes. Nous trouvons dans le n° du 1 1 decenibre , un Chant lyrique sur la mart dn general Foy, signe S. G. , ecrit avec heaucoup de verve et de correction, et dont nous cite- rons les quatre vers suivans, remarquables par la verite de I'ex- presslon : Quel spectacle immortel nous leguons a I'bistoire! Tout iiu peuple debout pleure sur un cercueil ! Et pour (iteraiser les vertus ct la gloire La France lihre a pris le deuil ! 5° Le Journal des arrets de la Cour royale de Toulouse , r^dige avec beaucoup de science et de gout par MM. GenTe et Mabtin , avocats a la Cour royale, et qui parait tous les mois {\n-^°), est tr^s-estim^. — La ville de Toulouse possede encore un Journal de Jurisprudence. 6° Le Journal des projirietaires ruraux du midi de la France ( un cahier in-S" cbaque mois ) est public par la Societe d'agriculiure de Toulouse, qui est certaiuement I'une des plus actives et des plus i)7i> MIAWCE. ^c-laireos dii iiiidi de Ja Fiance. Elle deceriie , cliaque annee, de* inr-(!;iilles d'or aux metayers (on mai'tres-'valeis , suivaiit Texpressiort du I'ays) qui se spnt distiiigues par leur intelligence et leur zele .i exploiter les terres confices a leiirs soins. 7" Enfin, on public a Toulouse, cliaque samedi , utie esp^ce de Journai ecclesiastiqtie , dont la redaction pnrait confiee a des homnies enti6remeut etrangers a la culture des lettres. X. Societex savantes; Etablissemens cfutilitc puhlique. Aix. {Bouches-du-Rlwne). — Prix proposes par la Societe ncademiqne . — 1° Sciences et Arcs. La Societe consideiant le pen de solidite qu'ont en general nos mortiers, propose de nouveau pour sujet d'un Prix de 3oo fr., qui sera d6cerne en 1826 , le snjet suivant : — « De- terminer quelles sont les differentes especes de chaux employees a 1.1 confection des mortiers dans le departeraent des Bouches-du- Rhone? Y existe-t-il une chaux maigre et une chaux grasse, coinme dans d'autres contrces ? En quoi consiste cette difference , et quel est le choix qu'on doit en faire , suivant i'omploi du mortier, a I'air, dans i'humidite ou dans I'eau ? Les sables calcaires, niarneux , silices , sont-ils egalement propres a faire de bons mortiers avec la chaux , et quels sont ceux qu'oa doit preferer, selon les lieux , les circons- tances , et les especes de chaux auxquelles on les associe?" — ?" Litteratiire. — La Societe propose de nouveau pour sujet d'un Prix de 3oo fr. , ou d'une Medaille d'or de la m^me valeur, VEloge de Raymond lierenger , dernier com'e de Provence, de la Maison d'Arni>on, dans lequel on fera entrer le tableau philosophique et litteraire de son ri'gne. — Les mdmoires doivent etre adresse?, francs deport , et dans les formes accoutumees, au secretaire perpetuel de la Societe ac.ide- inique , a Aix , de|)artement des Bouches-du-Rhone, a qui ils devront I'tre parvenus a I'epoque flxe du 3i mars iSaS , terme de rigueur. GiBELllj, D.-M., secretaire I erpetiiel. Dieppe {Seine-lnferienrc^. — Association charitable pour fetablisse- menc d'une Ecole-mnniifactiire de dentelles. — Le commerce dedentelles de la fabrique de Die|)pe , autrefois siflorissant, est depuis un grand nombre d'annees tombe en desuetude , ce qui entretient la misere d'une classe nombreuse d'ouvrieres livree a ce genre d'industiie. Les dessinsanciensauxquels lesouvrieres sont resteesaltachees,lemauvais choix du fil, le soiu qu'ont les marchands de i'interieur de livrer au commerce, sous le nom de Valenciennes de deuxienie classe, ce riu'il Y a de superieur dans la fabrique de Dieppe, son! les causes dn DliPARTKMKNS. 571 ar une ceinlure d'arbres a haute tige? Lorsqu'il faut lenouveler ces routoirs, neserait-il pas possible de les faire servir a des irrigations, sans nuire a la culture des terres sur lesquelles on laisserait couler les eaux? 5° Si la prevention contie les routoirs s'accroit au point de faire abandonner ces elablissemens pour prej)arer le cbanvre, faudia-t-ii 97^ 1'RA.NCE. renoncer a la culture cle cette jilaule textile? Sera-t-ou condanine a le faire rouir, en I'etendant snr les champs? Trouvera-t-on quelque procede pour ]ireparer le chanvre de mani^re que, sans passer par les routoirs , sans rien perdre de sa qualite, et sans une plus grande dopense, ni deterioration aucune , il devieniie facile a liriser ct a reduire en filasse ? » Lyon (fthSne). — Prix proposes pour 1826 parVAcademie royale des sciences , belles - letties et arts. — 1° Une medaille d'or de 5oo fr. au meilleur discours developpant les motifs qui doivent interesser tons les peuples de la chretiente a la cause des Grecs ; a" "determiner la meil- leure organisation a donner a YEcole de la Marciniire , destinee aux arts et metiers , et principalement a ceux qui ont des rapports avec les manufactures lyoanaises ; 3° une medaille d'or de 3oo fr. au meilleur memoire sur une partie quelconque de la statistique du departement du Rhone, ou de la ville de Lyon en particulier; 4° quels seraient les meilleurs moyens d'assainir la presqu'ile de Perrache, et la meil- leure distiibulion de ce terrain pour I'agrement et pour I'utilite du ])ublic; 5° quels sont les moyens de mettre les Broteaux, territoire de la GulUotiere , a Tabri des inondations , et de faire servir en m^me terns, les travaui d'art que Ton pourrait y faire, a la prosperite 'ndustrielle et commerciale de la ville de Lyon? 6° quels sont les moyens qui pcuvent produire la ventilation? quelles sont les diffe- reutes modifications a apporter dans la confection des appareils ven- tilateurs, fixes ou portatifs, suivant les circonstances ou il convient d'en faire usage? Le prix sera une medaille d'or de 3oo fr. (i). Marseili.e (^ Boiiches-dii-Rhune ). — Li'ecole de commerce , fondee il y a quatre ans dans cette ville, par M. Arquieu , a I'instar de celle qui existe a Paris, obtient les plus grands succ^s. Favorise par sa position , cet etablissement reunit des eleves de presque toutes les parties du monde. Les Antilles el le Chili, Cuba et les litats-Unis, la Grece , I'Egypte, le Portugal et surtout I'Espagne, y conaptent des representaus. Puissent les enfans de cette dei'niere contree porter un jour dans leur raalheureuse patrie, et y propuger par leur exeiu- p!e,rainour du travail, ainsi que le respect dii aux engageniens, seals moyens qui lui restent de suppleer a la perte de ses colonies et de reprendre son rang en Europe! C*. Toulouse ( Hatite-Garonue ). — Societe d'agriculture.'— Penetree de (i) Le [irogranime detaille dp ccs prix se trouve a Lyou, cliez Busaud , iinpi'icneur du Rol. PARIS. 973 la necessite de rendre plus commodes et plus saliibres les habitations des cultivaieurs , cette Societe decernera, le a4 juin i8i6,jour de sa seance publique , une medaille d'or de la valeur de 3oo i'r. a I'auteur du meilleur memoire sui- cetle partie importante de I'economie agricole. PARIS. IlfSTiTUT. — Academic dcs Sciences. — Mois de Novembre 1825. — Seance du 7. — On lit une lettre de M. de Gregori, a laquelle est joiate une note sur la propagation de la vaccine dans les etats de Piemont , pendant les dernieres annees. Le nombre annuel des vac- cinations a augmeute rapidement. II etait, en 1820, de 32,253; et en 1824 , de 68,433. Le nombre annuel des naissances pent etre evalue a 116,900. Le roi de Sardaigne accorde d'honorables encouragemens a ceux dont le zele a principalement contribue a ces heureux resul- tats. — M. d'Hombre-Firmas adresse un memoire contenant robser- vation qu'il a faite a Aiais, en octobre dernier, d'un abaissement considerable du baroreietre, et il insiste sur les avanlages qu'offrirait une correspondance meteorologique. — M. Rouze, medecin, presente un memoire manuscrit qui a pour titre : Derouverte du depart ana- tomique, on explication du famenx problfeme d'electricite generale. (MM. Arago, Magendie et Fresnel , commissaires.) — M. Cajvdii-oro, medecin de Palerme , presente un memoire intitule : Reflexions me- dico-chiiurgicales sur les moyens les plus prompts et les plus siirs d'extraire les calculs de la vessie. (M. Dupuytren, commissaire.) — M. Latreille est charge de faire un rapport verbal au sujet de I'ou- vrage de M. de Rlainville, intitule: Manuel de Malacologie et de ConchYologie. — M. Dupuytren lit la deuxitme partie du rapport de la commission chargee d'examiner les memoires relatifs a la fievre jaune et a la peste. — M. de Ferussac lit un memoire intitule : Ta- bleau niethodique de la classe des cephalopodes , presentant une nouvelle classification , par M. Dessalincs d'Oebigky fils. (MM. La- treille, Geoffroy-St-Hilaire et Dumeril , commissaires. ) — Du 14. — M. Paul Laurens adresse un memoire sur la perspec- tive aerlenufi (MM. Fourier et Fresnel, commissaires.) — M. Lejeuke d'Irichlet adresse un supplement a soil memoire sur I'impossibilite de quelques equations indeterminees du 5" degre. (MM. Lacroix et Legendre , commissaires.) — M. Amussat adresse un memoire con- cernant les preuves de ses droits a la priorile pour la decouvei te des moyens lithontjipteurs. '^Commissaires deja nomnies. ) — M. Roes- TKfci*XKOET presente le projet dune sonde propre a atteindre les plus 974 FRAIVCE. grandeS prbfondeurs. (Couiiiiiss;iires iioinnios pour la smidede M. d« Grandpre.) — M. DuJiEaiL est noinine caiididat pour I?, chaire de 7.(iologie des reptiles et des poissons , vacante au jaidin dii Roi , par la mort do M. de Lacep^de. Sur 4(1 votans , il oblient 43 suffrages, et M. de Blainville , 3. — M. Magendie [iresente, de la part dc M. HuLKENS , horloger a Philadelphis , un instrument perfectioiin^ propre a ar s'y sous- traire. Elle est alors ramence a sa position primitive par un contre- poids fixe au m^me levier , de Tautre cote du point d'appui , et rece- vantiine nouvelleimpulsion du Clet fluidequi n'a pascesse de couler, clle eprouve aussi une sorie d'oscillation dans un jilan vertical ; c'est ce mouvement oscillaSoire que M. Blanc veut employer a divers usages de la mecanique usuelle. Cemoyen de produtieun niouvemeut oscillatoire est le meme que celui que Ton remarque dans ces especes de sablier qui font mouvoir des automates de carton. Mais M. Blanc a pense qu'il le 1 endrait perpetuf 1 , ou du moins qu'il en prolotigcrait la duree , pendant /[o aa 5o si^cles , sans interruption ni re[)aration, en placant sou appareil sous un reservoir qu'ilsupposc entretenu par les eaux de pluie, lerquelles, dans son opinion, le tiendraient toujobrs a peu pres rempli. Faute de s'ctre rendu conipte de la petite quantite de force motrice que I'cn ponrrait approvisionner dans un leservoir d'eau de phiie etabli sur la toiture de quelque edifice que ce suit, nous pensons que M. Blanc s'est fait illusion .>(ur I'eFfet utile qu'il croit pouvo'.r obtenir de son appareil » ( apiirouve).— MM. Geoffroy- SaiiitIlilaire,Latreilleet Dumeril font un rapport sur le memoire de M- Sekkes, concernant les inonstruosites animales. L'ouvrage de M. Serres devant etre imprime , et I'etendue du rapport ne per- niettant pas mdme d'eu inscrer ici I'extrait, nous nous bornerons a en donuer les conclusions. « Vos commissriires pensent que re nouvenu travail de M. Serres remplira utilement une lacune inapercue j)eut- itre dans I'hisloire anatomique et zoologique des animaux. lis vo-is proposent d'v d'inncrvotre approbation et de le cixi^id'^rer conimc PARIS. 975 digne d'etre inseredans le Recueil des Savnns ^trangers» (approuve). — nt. Diirneril rend un compte verbal de I'ouvrage de M. de Blain- vii,i,B sur I'anatomie comparce. — M. De la Billardiirc lit un rapport verbal sur I'Listoire des plantes de I'Europe de M. Poiret, Du 21. — M. Boyer est nomme commissaire pour prendre connais- sance d'une lettre dans laqiselle M. TuKBiu pere propose I'emploi d'uii reiiiede propre a guerir les engelures. — M. Libki adresse un memoire dans leqiiel il traite diverses questions relatives a la theorie analylique de la chaleur. (MM. Arsigo et Fourier, couimissaires. ) — On procede a I'election d'un membre pour remplir dans la section d'anatoniie et de zoologie la place vacante par la mort de M. de La- cepede. Le nombre des votans est de 54- i*^"^ tour. M. Serres oblient 10 voix ; M. Frederic Cuvier , 14 ; M. de Blainville , 17; INI. Fe- russac, is; M. Desmarest, i. Au ae ro/zr : JI. Serres compte 10 voix ; M. Fr. CuviEH , 18; M. DE Blainville , 19; M. Ferussac, 6. Au scnitin do ballotage , M. de Blainvij,i,e recueille 3o voi.\ et >L Fr. Cu- vier 24 : M. de Blaimville est declare elu. — M. Dupuythen donne lecture de la 3" et derniere partie du rapport de la commission char- gee d'exaniiner les inemoires presentes par MM. Lassehre et Costa, et sur differens memoires de M. Lassis, relatifs aux causes des e|)i- demies. II s'etablit a ce sujec une discussion , a laqiielle plusieurs membres prennent part, en rapportant diverses observations qu'ih ont fait'.'s dans le cours de leurs voyages. L'Academie, apres avoir entendu les explications donnecs de vive voix par M. Dnpuytren , adopte les couclusrons presentees, se reservant de deliberer ulierieu- rement sur les prix et les encouragemens qui pourront ^tre offerts aux auteurs dont les rechercbesexperiinentales contribueraient ieplus a resoudre ou a eclairer ces menies questions. L'Academie arriSle rimpression et la publication du rapport. Du 28. — M. Ghanier , maire de Treffort, adresse des experiences sur un fruit nomme Lavignon , avec des echantillons d'une huile qu'il en a rftiree. ( MM. Dupetit Thouars et Deyeux , commissaires. ) — M. MoREAU DE JoNMES prcsentc deux ouvrages manuscrits de sa composition, I'un intitule ." Oeographie des plantes des AniUles fran- caises , precedee de la Flore caraibe ( MM. de Jussieu , Desfontaines et Mirbel, commissaires) ; I'autre : Bfchcrches geogrciphiqnes sur I'kine- raire du cholera morbus pestilentiel dans I'lnde, la Perse, etc., avec un rapport imprime sur le mdme sujet. ( MM. Portal , Pelieian el Bover, commissaires. ) I/iiuteur demande qu'il soit fait un rapport verbal de son Histoire phjiique des Antilles. (MM. Beudant et Brochant, com- 976 IRANCE. inissaires.) — M. Dumdril fait un rapport verbal sur le traite d'ana- tomie chiiurgicale de M. VELPEiu. — M. le pi esideut annonce que le Roi , informe par MM. Portal et Dupuytren de I'^tat oil se trouve M. DK Satigny, lui a accorde sur se cassette une pension de i, too fr. — M. Damoiseau fait un rapport verbal sur les observations faites a rObservaloire de Vienne par M. Littrow. — M. Ampere lit un nie- moire sur Taction exerceepar un circuit electro-dynainique, formant une courbe plane dont les dimensions soiit considerees comme inGni- luent petites; sur la mani^re d'y raratner celle d'un circuit fermt- , quelles qu'en soient la forme et la grandeur; sur deux nouveaux ins- trumens destines a des experiences pro])res a verifier la determination de Taction mutuellesde deux elemens de conducteurs ; surTidentite des forces produitespar des circuits infinimentpetits etpar des particules d aimant; et sur un nouveau theorfeme relatifa Taction de ces parti- cules.— M. PoissoN litun memoire intitule : Solution d'un pTobtime relatif au magnelisme terrestre. A cette occasion , M. Delaplace pre- sente des observutions sur divers elemens de Tetat actuel de la terre, qu'il serait important de determiner a present pour servir de point de depart aux observations de la posterite la plus reculee, savoir : 1° le magnetisme terrestre; 2° la pression de Tatmosphere; 3° la chaleur actuelle du globe. II demande que TAcademie norame une ccainiission pour s'en occuper.L'Acadeniie arrete qu'une commission , composee de MM. Delaplace , Arago, Poisson , Tbenard, Gay-Lussac , Fourier et Dulong, sera prealablement chargee de rediger le pro- gramme de ces experiences. A. Michelot. Societe de geographie. — Cette Societe a tenu sa seconde seance pu- bllque de Tannee iSaS, le aS novembre dernier. M. de Chabroi,, prefet de la Seine, remplissant les fonctions de president, Ta ou- verte pir un discours sur les progr^s de la geographie. La notice annuelle des travaux de la Societe- a ete lue par M. Roux de ia Rochelle, secretaire general de la commission centrale. M. Jomabd, de i'lnstitut, a presente la premiere partie du second volume des Me- molres de la Societe , oa se trouvent plusieurs articles de MM. Jau- bert, Warden, et autres. On a entendu ensuite avec un vif in- terdt M. Pacho, qui a lu des observations sur le voyage qu'il vient de faire a la Cyreaai'que. — Nomination. — M. Larenaudiere a 6te elu k la place yacante dans le sein de la commission , par la mtirt de M. Denon , dont Te- loge a ete pronouce par M. Roux. Alhenee de Paris, (voy. ci - dessus , pag. 639). — La seance (Ton- PARIS. 977 vertttre , pour la reprise des Cours fie retablifisement a eu lieu , le samedi 3 decembre , au milieu d'un grand coiicours d'homrnes de leitres et de gens du monde. Le discours d'introduction , prononce par M. B. CoNSTAJVT, faisant partie da ce cahier (voy. ci-dessus p. 661 — 6y/\); nous devons nous abstenir des eloges que nous a paru meriter la lucidite de dialectique de I'auteur , embellie d'un style parfaitement approprie a son sujet et qui caracterise les produc- tions du m^me ecrivain. Les autres lectures qui ont rempli la seance n'ont pas entiferement repondu a ce brillant debut. Urie Elegie , par M. Ducos , laureat de Toulouse , n'a produit qu'un effet mediocre. Un Essai sur Tinfliience dii sommeil dans la composition Utceraire , par un jeune medecin , a paiu renfermer des cboses un peu communes, expriraees dans un style depare par trop de negligences. L'Espioti , episode d'un roman inedit de M. Merville, auteur des /)e«x Anglais et de la. Famille Glinec , a fait ."iourire I'assemblee ; mais ceux qui ne se laissaient pas aller au prestige du debit, n'ont pu s'empecher de blamer Taffectation du grotesque qui domine dans ce morceau , et qui ne pourrait manquer de rendre fatigante la lecture d'un ouvrage de quelque etendue, qui serait ecrit tout entier sur ce ton. Un re- proche pourrait aussietre a dresse au cbant du poerae de Pliillpiie An- gi'sie, epopee dans la maniere de I'Arioste, lupar M. Viennet; mais ici, ce defaut est du moiiis coinpense par de brilhinlesetincellespoeti- ques, etparfaitemeutvodcd'ailleurspar un debit plein d'^me et de feu. Nous entrerons dans quelques developpemens sur les divers cours de TAthenee, quand nous aurons pu saisir le plan des professeurs etapprccier leurs divers genres de merile. On promet aussi des lec- tures par divers auteurs connus, dont les noms sont deja un attrait pour la curiosite. X. Sociece rorale des bonnes leteres. ( Voy. Rev. Enc. t. ,txv, pag. 270. ) — Cette Societe , fondee sur le plan de I'Aihenee royal de Paris (Voy. I'article ci-dessus ), et qui s'est feliciteede pouvoirappeler dans son sein I'un de ses plus liabiles professeurs, M. le docteur Pari- SET, dont les connaissances etendues et le rare talent d'improvisa- tion lul ont acquis nne reputation .neritee, a recommence, le 23 decem- bre ses seances publiques , qui auront lieu, non pas tons les jours, comnie a I'Athenee , mais les mardi et vendredi de chaque semaine , a huitheuresdusoir. Leprixdel'abonnementest de 100 fr. pour I'aunee. Unediminution deprix,semblahlea cellequerAlhcnee accordeaMM. les etudians, est accordee ;iux cloves de I'Ecole Potjtechnique, des Ecoles de droit, de medecine, et de la Societe des bonnes etudes. On doit s'adresser 1,78 FRA.NCE. au secretariat 7 pieds ; les chaines auxquelles il est suspendu par un grand nombre de tiges en fer rond , sont attachees au sommet des colonnes , et prolongees par d'autres chaines qui traversent les quais en suivant une direction inclinee , et penfetrent dans des piedestaux a I'entree des Champs-Ely sees d'un cote, et de I'Esplannde des Invalides de I'autre. Ces derui^res chaines , que Ton nOmme chaines de rettmie , seront maintenues a une assez grande hauteur j)our que le passage des voitures , sur les quais , demeure entierement libre. Apres avoir penetre dans les piedestaux donton vient de parler, PARIS. Q$ I elles se courbeiit et s'enfunceut dans des jjuits verticaux de pres de 3o pieds de profoudeur. La partie iuferieme des puiis est entouroe d'uiie construction considerable en niaconneiie , disposee de ma- ni^re que son poids , aussi bien que celui de la terre qui le recouvre, se reporte sur rextremite des cliaines. Celte derniere partie du travail est actuellenient tres-avancee. La longueur de la chaine, du fond d'uu pui;s au fond du puils oppose, place de I'aulre cote de la riviere, suipasse 800 pieds, et les deux chaines se composent da 2,448 anneaux , qui ont piesque tous i5 a 18 pieds de longueur. On lie compte pas ici les petitcs pieces servant ii former les assem- blages. Les proportions des coionnes se rapprochent de celles de I'arciiitecture egyptienne; il a paru convenable d'adopter un des cliapiteaux decores de palmes , dont les egyptiens ont laisse le modele. Les piedestaux supporteront des lions, d'une tres-grando proportion, dans ratiifude du repos. Ces objets de decoration se presentaient naturellement pour uii edifice place dans le voisinaoe de I'hotel des braves , et qui doit faire partie du magnifique ensemble forme par cet hotel avec I'Esplanade et les Chanips-Elysees. L'eni- plncement du pont etait indique de la maniere la plus evidente. La distance du pont Louis XVI au pont d'lena etant triple de celle du Pont-Royal au pont Louis XVI, il devait s'etablir deux pouts dans cet intervalle, lorsque I'agrandissement de Paris en aurait fait sentir le besoin. Cela elait anuonc* de tout terns par I'existence du passage d'eau qui s'est toujours niaiutenu sur cetfe ligne, quoique rieu n'em- p^chftt les bateaux de s'eloigner dayantage. L'aspect du pout des Inyalides differera beaucoup des ponts de pierre et de fer existant » Paris ; la grandeur et la simplicite des formes de cette construction font esperer qu'elle pourra produire un effet agreable , et c'est un point sur lequel on doit attendre le juge- ment du public. Cet edifice est en fer plus grand, plus solide et aussi monumental que tout autre ; mais il faut du lems pour que les habi- tudes s'etablissent a cet egard , et pour que I'experience nous ait appris a juger , a Faspect d'un ouvrage en fer, de son degre de solidite. II n'est personne deja qui, sachant qu'une grille faite avec des barreaux d'un pouce de diametre forme une cloture tres-solide , ne regarde une semblable cloture corarae tres - digne d'accompagner les polais les plus magnifiques. La compagnie concessionnaire du pont dcs luvalides a conG6 I'execution des Iravaux ii M. Navieb , auteur du projet , ingenieur des ponis elchaussees , et qui les dirige avec toute I'habilete qu'on T. xxviii. — Decemhre 1825. G'i devait attendre de run des membres les plus distinguc's de rAcaderaicr des sciences. Publications prochaiiies. — 'Le Roi vient d'ordonncr I'impression dii fV'S" '^^ clecoiiverU's autour dit monde , execute pendant les an- nees 1822, iSaS, iS24et iS25,sous le comnianilement de M. Du- PF.HHEY, capitaine de fregate. Le ministre de la marine et des coTo- i.ies a passe un niarche avec le libraiie Authus BEiiTUAun, pour I'impression de ce voyage, qui , d'iiprcs le' rapport presenlc a I'A- cadeniie des sciences par MM. de Huniholdt, Cuvier, Desfontaines , Cordiec, Latreille, deRossel,et Arago, rapporteur, «nierile d'cccuper ua rang distingue parmi les plus brillantes expeditions scienlifiques executees, soil par la marine francaise , soil par celles des autrts na- tions."La conimission terniine son rapport, en emeltant le voeu nqu'uiie publication prompte et detaillee mette le nionde savant en posses- sion des nchesses aussi noinbreuse." que varices dont on est rede- vable au ze'.e, au talent et a I'infatigable activite de M. Dupenty et de ses collaborateurs. » Un prospectus feraconuaitre les cosiditions de la souscriptioi). — M. Arlhus Rerlraiid a mis aussi sous presse des Mcnwires sur la uie privee , politique et militaire de Sheridan, par Thomas Moore; traduits de I'anglais par J. T. P.^risot , traducteur des Leitres de Junius, el les Mcinoiics de la iSlargrave d' Anspach, ecrils par elle- m^me , traduits egalement de I'anglais par M. Parisot. Cbncun de ces deux ouvrages aura 2 vol. in-8°, du prix de 14 fr. — Sheridan, que la mort enleva, il y a neuf ans, a I'Angleterre, etait iin de ces genies extraordinaires doiitcette contrive, feconde en grands bomnios, ii eu souvent a se glorifier. On sait qu'il fut a la fois I'un des nieillcurs au- teurs dramaliques anglais , et I'orateur le plus eloquent peut-ttre qu'aient offert les annales parlemeiitalres de la Grande-Bretagne. 11 ful aussi cc qu'on pent appeler un liomme d'etat-j)iatique , ayaut pris une part active a la direction des affaires puhliques , conime membre dun des cabinets a la fete desquels figura !e marquis de Rockingham. La -vie privee, politique et lilteraiic de Slteridait doit ex- citer le plus vif inter<5t, et nous ne craignons pas de nous trop avan- cer, en lui presageant un grand succes , ainsi qu'aux ISleinoires de la Margrave d' Anspach , qui renferment des observations recucillies par cette princesse dans les dlverses cours de I'Europe , et des anecdotes sur la plupart des princes et autres personiiages celfebres de la fin du dix-buiti^me siecjc. Z. -— II va paraitre une nou velle traduction en langue itaiienne , de la PARIS. y83 l.usinJe du celebre Camot-ns. L'auteur dc ceite traduction est M. A. Briccoj:,ani. II a suivi le textc de M. de Souza , cii le tradui- ■saiit stance par stance, avec la plus grnnde lidelite. L'execution ty- pogrjiphiquedece belouvrageest confieeauxsoins de M. F. Didoi, qui •cmploiera le caractfere, le format et le papier de Tedition porlugaise du Camoens, faite a Paris en iSzS. Quelques fragmcns.de celte tra- duction, qui nous ont ete communiques , nous ont convaincus que le traducteur joint la noblesse et I'elegauce a la fidelile. Si le reste r6- poud a ces fiagmens, nuus aurons a feliciter M. Briccolani d'avoir surpasse ses devanciers. F. Salfi. Theatbe-Francais. — Premiere representation de La Princesse des Ursins, ou La Disgrace, comedie historique, en cinq actes et en prose; par M. Alex. DuvAL(lundi aSdecembre). — ( fqy. ci-des- sus, p. 775-784). Au lieu de ce second litre : La Disgrace, on lit : Les ■Courtis ans , dans les ceuvres de Tauteur, 011 la piece a ete impiimee , il y a plus de deux annees. La censure, qui en a long-terns empeche la representation , et qui !'a enfln permise , au prix de quelques sacrifices, surtout dans le lole d'un hypocrite , n'a pas pu se decidtr a laisser afflcher le second tilre. C'est une nouvelle preuve que la censure prend en main les inter^ts de tout ce qu'il y a de moins esti- mable et de plus digne de la risee du public Ce second litre etait neanmoins celui qui convenait le mieux a I'ouvrage : c'est nioins une clisgra.ce dont I'autenr fait ioi la peinture, que I'effet de cetle disgrjice sur les coiircisaiis. On ne voit ri le roi , ni la reine ; nous sommes dans le grand salon de M">e des Ursins ; de sorte que le poete ne nous a montre que les ricochets ( pour nous servir d'une expression bien connue au theatre) de ce qui se passe dans le salon royal. Ce tableau est rempli de verite; le poete a place aupres de la camarera major, toute-puissante a la cour de Philippe V, un due de Popoli, courti- san de la favorite, qui brigtie son alliance et en esp^re im gouverue- ment ; une comtesse de Picada , curieuse et bavarde, espece de chro- nique scandaleuse ambulante , qui sait tout et raconte plus encore qu'elle ne sait ; une marquise de Melas, vaportuse et sensible a Tex* c^s, qui se plait a iaire un grand etalage de beaux sentimens , mais qui ne caresse au fond que la faveur, et ne tient giiere plus centre la disgrace que la comtesse de Picada ; un chevalier de Girasol , bei esprit suivant la cour, veritable poete de circonstance , qui fait des vers pour laprincesse, ou les efface, selon que le thermoni^trede la f«veur monte ou descend ; qui , pris une fois .in depourvu, a soin d'a- voir toujouis, danschaque poche, un minuscrit accommndeau teius , 98/, lilANCF.. en/iii , uii certain Salvador, ancien secretaire du grand inqtiisiteur , dans la comedie impriin^e; espece d'homrae do justice dans la pi^cc representee ; niais, dans I'une el I'autre, cafardet hypocrite; parvenu a la faveur et aux eniplois par le credit de la princesse des Ursins , qui se fie it ses protestations de devouement , tandis qu'il ne travailie qn'a la ruiiie de sa prolectrice. Get artisan d'intrigues , agent secret d'Al- beroui el de la cour de France , a laquelle le credit de JVI™''- des Ursins fait ombrage , a lout prepare pour la cliule de la favorite ; et ce jour meme, ou doit arriver la princesse de Panne, noiivelle epouse de Philippe V, verra eclater sa disgrace. Nericaut Deslouches , envoye secret de la cour de France , mais qui ne se presente a celle de Ma- drid que comme un simple voyageur, arrive pour donner a Sal- vador les dernitres instructions. Tels sotit les personnages que le poete a groupes autour de M'l'e des Ursins; car nous ne parlons pas d'une jeune fille, ni^ce de la favorite, et qui est desiinee au due de PopoU, mais qui Cnit par epouser le jeune Leon, officier aux gardes wallones , et qui I'aime pour elle-m^me , et non pour la fi- veur de sa tante. — II ne serait pas facile de faire de cette piece une analyse qui piit en donner une juste id6e; I'iiitrigue ourdie contre la favorite est toute dans I'avant-scene ou derriere le rideau; nous ne voyons sur le theatre que les alternatives de crainte ou d'espe- rance du principal personnage, de tendresse ou de froideur de ses courlisans. Ce tableau se compose d'une nrultilude de nuances fines et delicates qui s'effaceraient dans une analyse; tout le monde, d'ailleurs , a pu lire la piece, et nous n'avons a reudre corapte ici que de I'effet theatral. II n'a pas tout-a-fait repondu aux espe- rances que faisait naitre la lecture de cette com6die ; la marche a paru un peu languissante , et plusieurs traits , sailians a la lecture , ont manque de relief a la representation. Nous croj'ons qu'au moyen de quelques coupures , la piece serait mienx goutee du public , qui , du reste , a reconnu le talent d'un de nos poetes comiques les plus habiles dans la peinture des caracl^res et dans plusieurs situations tres-dramatiques, telles que celle ou la princesse accable de son niepris le due de Popoli , tout en lui remettant le brevet du gouvernement qu'elle a obtenu pour lui , et surtout la scene oil la camarera major, sortant de chez la reine, qui J'a traitee de folle , tonibe ^vanouie d'un cote du theatre , tandis que , de I'autre, I'buissier appelle les divers personiiages qui doivent <5tre pr6sent6s a la reine ; de sorte qu'en revenant de son evanouisse- ment, la princesse se trouve abandonnee de tout le monde, ex- PARIS. 985 ce^)ie tie sa nifece, du jeune officier et de Destouches, qui con- sole uii malheur auquel sa rnissioii I'a force de contribiier. Toute oelte fill d'acte, neuve au theatre, a produit beaocoup d'cffet ; et la pibce entiere, sans avoir obtenu autant de succi&s que plu- siours nutres ouvrages du nieme auteur , prouve qu'il n'a lien [)erdu de sou talent pour observer , pour peindre !es moeurs , saisir les traits de caraci^re , et dialoguer avec iiifiniment d'aisance et de naturel. M. A. — Theatre de rodeon. — Premiere representation des Surfaces , ou les Qitatre-Cousins , coinedie en 3 actes et en prose, de MM. Picahd el *** (mardi, i3 decembre ). 11 parait que les auteurs ont eprouve, quelqu'embarras a trouver un titre a leur comedie; I'afGche qui en promettait la prochaine representation, I'annoncait sous le titre des Beaux Dehors; rclui que Ton a substitue est plus neuf, niais moins clair ; il iiidique cependant que ce sont des hypocrites qui vont figurer sous nos yeux. Un certain Gennon , bon bourgeois de Fon- taine-Francaise, vient a Paris avec sa fiUe Marianne, legataire uni- verselle d'un frere de Germon , mort en Amerique, et qui lui laisse luie fortune de 5oo niille francs, sans imposer aucune condition , mais en exprimant le desir qu'clle choisisse un epoux parmi quatre cousins qu'elle a a Paris. Nos provinciaux se sont loges chez un M. Jollivard , vieil avocat, depositaire du testament , et aucien ami de Geruion. Jollivard, qui 'craint que ses proteges ne soient dupes de leur grande confiance, leur conseille de ne pas se laisser prendre Bux surfaces , d'examiner le fond des choses, et de tacher de Lien connaitre les cousins, sans se faire connaitre eux-mdmes , et sans laisser rien soupconner du testament. Ur rendez-vous separe est donn6 chez I'avocat a chacun des parens. Belleinar se presente le premier : c'est un artiste qui p.^rait franchement ce qu'iJ est ; il parle tout naturellenient de ses defauis, et ne vante point ses qualites ; il ne plait en aucune sorte a Germon ; la jeune Marianne n'en est pas non plus fort eprise ; on voit cependant qu'elle ne I'exclut pas c'u concours. Saint-Firinin , honime de leitres ; Bourville, agent d'af- faires ; Derville , employe snperieur dans une administration, arri- vent ensuite successivemcnt ; pour ceux-ci, ce sont des gens admi- rables ; a les entendre , ils sont doucs dc toutes les vertus , et le bou homme Germon se trouve fort embarrasse pour choisir entre des personnages si excellens. Jollivard , qui met lous ses soius a moderer cet enthousiasme, envoie le pere et la fille prendre des renseigne- mcns ; et, pendatit qu'ils font les demarches necessaires pour les FRANCE. obtenir , il a cliez lui une seconde entreviie avec les quatie cousi n* qu'il niel successivement a I'epreuve. Belleinar se montre toujour^ lionnete homme; mais les trois aulres se laissent prendre au piege, et leiirs beaux dehors disparaissenl. Jollivaid ni^le , dans toute cette intrigue, une jeuiie et jolie femme , sa cliente, qui se trouve chez lui par hasard , et qui sert a detromper le vieux Germon , fort en- tiche des trois hypocrites , dont le masque I'a seduit au premier coup d'oeil. lis sout econduits , et Bellemar epouse sa cousine. L'idee piemiere de cette piece n'est pas neuvo , et I'execuiion manque aussi d'originaiite. Ces scenes successives entre les quatre cousins, dont le denoument est toujours prevu , jettent quelque monotonie dans I'ouvrage; I'intrigue d'alUeurs n'en est pas tres - vive. Mais on reconnait, dans Jes details, rhomnie habitue a observer et a «urprendre la nature ; le dialogue , que la l.mgueur de Taction fait paraitre un peu diffus , est seme de mots heureux ; de bonnes pein- tures de moeurs , des ebanches de caraclere saisies avec esprit, quelques traits comiques, donnent a cet ouvrage un air de parente nvec les joyeuses productioi>s du peinire de la Pe/ile ville et des Ma- Tionneues. Toutefois , cette parente est un pcu eloignee , et le public a paru s'en apercevoir. M. A. Beaux -ABTS. — Sculpture. — M. Cortot vient de terminer le has relief qu'il a ete charge d'exccuter pour le monument je/fie«^, traduit deFanglais de Schambekg. '"qS. 30 edition. In-12. 9° Traduction d'une dissertation historiqtie stir I'aricienne constitution des Germains , Saxon-s ct habitans de la grand e Bretagne , ouvrage con- tenant des recherches sur I'anciennete des jurcs et des deliberations des communes par G. Stuart. 1794. In-8°. 10° Traduction de la 'vie de J. Howard , par Aikin. 1796. In-12. 11° Traduction des consideration) sur la premiere formation des langiies et le dijjerertt genie des latigiies orientales et coinposees par Adam Smith. 1796. In-S". 12° Fie de IfJilton 1797, 20"^ edition iutitulee ; yies de JMilton et d'Addisson. i8o5. 2 vol. In-8''. i3° Avec Mlllin, Traduction de la -vie de Prehler par Reossi. 1798. ln-8°. 14" Essai dun nouveau coiirs de langtte allemande. 1798. In-S". l5° Distiques de Caton en vers latins , francais et allemands , aveC une traduction interlineaire de ces derniers. 1798. ln-8°. 16° Avis d'une mere a sa fille , par M™e cle Lambert , en . lleniand et en francais, avec une traduction interlineaifede Lalleinand. 1800. In-8°. 17° Fables de Lessiiig, en allemand et en francais , avec den.x tra- ductions , dont Tune interlineaire. 1800. lu-8°. i8° Idylles de Gessner , avec ia traduction /rancnr\e menie, iSifi. In-8°. 27° Tableau des auteiirs qui ont ecril sur le'i Testcices , 1816. In-8°. 28° Traduction de la vie de Hutter, par Johnson, iSif). In-8°. 29° Dissertation surles dccoui'erlcs das anciens dans I' Asie. Brochure in-8°, traduite de TAiiglais. 3o° Dissertation stir la Ci-siire , brochure in-8° de 24 pages, traduite de I'anglais et dediee a trente-cinq personncs. Boulard a fourni quelques articles aux Soirees liltcraires et au IJa- gasin encyclopcdique. II a traduit quelques morceaux des synonymcs la'ins de Hii,i.. Eufin , il a public une edition de la traduction dc Suctone par Lahabpe. i8o5. 2 vol. In-8°, aiusi que le pocnie de ce dernier ecrivain , ayant pour litre : Triomphe de lu religion. 1824. I'^'-S". J. DoUBZ-tX UE BolSTHIBAULT , ^fOCrt^. — Barbiep. , aiicien Conservateur des Uibliotheques particnlieres du lioi. — Les lettres et Tamilie viennent de faire une perte irrepa- rable dans la personne de M. Barbier, I'un de nos plus savans bi- bliographes, et I'un des collaborateurs les plus distingues de la Revue Encyclopcdique. Ancieu bibliothecai.'e de Napoleon , ex-admi- nistrateur des bibliothcques particnlieres du Roi, 11 avait fait partie de la commission temporaire des arts, chargee de re- cueillir et de conserver les richesses lifteraires de la France, dis- pcrsees pendant nos orages revolulionnaires. On lui devait la crea- tion des bibliothcques du Directoire, des Consuls, du Conseil J'ctat, de la galerie du Louvre et de tous les chflleaux roya;ix. Son zele a toute epreuve, son travail infatigable , ses nombreuses recberches bibliographiques le placaicnt, depuis ioiig-tems , au premier rang de nos erudits. Sa ISouvelle Uibliotheque d'un homine de goiit , son Catalogue de la bibliotheque du Conseil d'e:ct , sa Dissertation sur soixante traductions francaises de r Imitation de J.-C. ; son Examen critique des Dictionnaires historiqucs les plus repandus (V. Rev. Enc, t. I» PARIS. 99' p. i42-i5l , Janvier 1819), et surtout sou Diclivnnaire dei onvraget anonymes et pseudon)-mes lui assurent une solide et longue renom- mee. II etait encore auteur de plusieurs protluctions moins re- luarquables, cditeur d'un plus grand iiombre d'ouvrages, coUabo- raleur du Merctire de France , du iJagasin encjclopi'diqiic, de la Col- leciion des clasriqnes latins de PJ. Lcmaire , de VEncjfclopedie moderne publiee par M. Courtiil, de la Biographie nniverselle clnssiqiie publiee cliez Gosselin et de la Revue encyclopedique , qu'il affectionnait , et dans laquelle il a iiisere un assez grand nombre d'articles curieux- Ses vertus privees , la fianchise de son caractere, ramenile de ses mcEurs , la bonte avec laquelle il accueillait les nombreuses per- sonnes qui avaient recours a son obligeaiice et a son savoir, et leur faisait part de tout ce qu'il avait appris par de longues etudes et de continuelies recherches, lui avaient concilie autant d'amis que d'adinirateurs de sa vaste erudition. C'etait un liomme qui conve- nait a sa place, parce qu'il savait I'honorer et I'illuslrer; createur de toutes les Libliotheques dont radministralion lui etait conGee depiiis jjres de trente ans , rhomme le plus digue , d'ailleurs , d'etre place a leur tute , il pouvait se croire assure de conseryer sa place, sous lui monarque ami des lettres; ce fut cependant , en 1822, sous le n;inistere de M. de Lauriston, peu de terns apres avoir ete d6- core de la legion d'honneur, qu'il se vit enleve a ses paisibles fonctions. Le chagrin de se voir avrache d'un asile qu'il avait cree, oil il avait passe .sa vie , oil il avait a sa disposition tous les livres necessaires a ses infatigables recherches , ue tarda pas a le faire tomber malade. II parut un moment s'etre releve ; mais ce ne fut , pour ses amis , qu'une fausse lueur J'esperance ; il ne fit que lan- guir depuis cette epoque. II fut enleve a sa famille et a ses amis , le 5 decembre 1825, par une maladie de^coeur : c'est la que blesse ordinairemeiit I'injusiice! La Revue publiera , dans quelque terns , une Notice raisonnee siir la vie et les ottvrages de M. Baubier , dont la mort prematuree est un 6venement douloureux pour les savans et les litterateurs de tous les pays. E. Note gknerale. — Plus de quinze aulres Notices necrolo- giqiies nous sont arrivees d<:>puis tpieliiue tenis , et s'accu- muienl diatiue jour autoitr dc nous. Ces cou])s redoubles el imprevus de la iiiort , qui semble multiplier, et quelquefois choisir ses victime.s, Ront pour chacun de nous aiilant d'aver- 99« FRA.NCK. li^selnerlseioqucn.s et s^veres de ])ion employer le petit noinbre tie jours, de mois ou d'annrcs, qui nous est encore ifestine par Li Providence, et de laisser an nioins qiie!(|ue.s traces utiles et honorablos de noire comt passage sur la terre. Un de nos eslimables colhiboralenrs , et I'nn des ))rincipaux fondateuis tie la Socicte de geographie , M. Barbie-IDudocage, qui nous avail cnvoyc depuis pen un long article (jiie nous n'avons pu encore insercr , vlenl d'etre cnlevc, le a8 dixeuihrc, a sa famille et aux sciences gcograiihiques, atixtpielles il a rom'u d'importans services. Nous lui consacrerons aus^i une Notice de qiielfpie etendue. Nous aurons de sembiables iribulsa payer a I'iuibile luccaiiicien M. Regnier, elevc de Buffon, liomrrie de bien , i'lui des membres les plus zeles de la Sociele d\'ncoura- geincnt pour I'cndustrie nation ale ; au general Bacler d'Ai.be, connu par d'uliles publicalions loj)ogrnphinues et lilliogra- plilqucs ; au jeune et savant professenr de V Ecolc veterinnii\i d'.'J/fort, M. GiRARD fds ; a M. Raboteau, de la Rochelle, puelo et litlerateur ingenieux, dontM. Villenave, secretaire j)er,;eln(l de la Societe philotechnique, a deja celebre la memoiie , dans la derniere seance publique de cette sociele; a notre celebre sculpteur Dupaty; a notre immortel David, mort a Rruxeiies, siiria lerre d'exil, le 3o decembre, a I'age de 78 nns, et autjUfl une reunion de genereux Beiges, amis des arts, s'empresr.e de rendre leshonnenrs (ju'il n'a pu recevoir dans sa patrie ; a d'autres liommes, cgalement dignes de nos regrets, dont le* sciences, I'industrie, les leltres ou les arts di'-plorent la perte rc'cente. Ties Notices seront egalement consacrccs a Berthollet , liar son collegue et son ami, M. Joniard; au jespectable abbe SicARD,par son dij^neeleveiVI. Pauimier, insllluteur des Sourds- Muets ; a Lacepeue, au general Foy; el souvent noas joindroi s a ces Notices les portraits des savansillustres, ou desbienfaiteurs de I'humanite, dont elies seront dcstlnecs a rapi)eler les noms et les iravaux. Aiin de mettre au courant ce triste nrriere, nous publierons , dans les premiers mois de 1826, quelques sui)plrmens a nos Tablcltex nccrologique.f dcVnnnea 1825, pui^que, mallicurense- nient , la funic des victimes se presse au point que I'espace nous manque pour cclebrer dignenicnt leur mcmoire. Mai'i,plus noire plan est vystejplusnotre/iei^Medevientevidem- uienl, d'atmee en annce , le domaine commun des liommes gene- reux et eclaires de tous les j)avs, puisqu'elle embrasse tous les travaux utiles et tons les sa vans, les publicistes, lespliilanthrojies, les litterateurs, les artistes les phis recomman Jabies, dans tons les PARi'=; 993 genres et chez loiites les nations; plus notretache e^t difficilepar lo nombre, rcteiidueel la nature des do voirs et des sacrifices qu'ellc nous iin|)ose, j/Ius tios cnrrespondans doiveiit senlir la conve- naiice cl la necessitede renfernifr datis d'etroiles Ilniitt's , et de borner a ce qui est le plus impoitanl les renseignemens sur les honimes et sur les choses (lu'ils veulent bieu nous adresser. Nous dosirons ne deposer dans iios archives cle I'esprit liumain, dans notre liistoire periodique des progres ue la civilisation, (aulant du moins que cela nous est possible) que des fails dignes d'altention et d'interet, nieme au dela du tenis et du lieu ou ils sont publics. Nous dcvons etudier et observer avec un soin religieux la vie des homines laborieux et utiles, qui meritent d'etre pro- poses comme modeles ; les trails caraclerisliques de I'activite scienlifique , litteraire ct industrielle des nations; les pherio- mcnes reniarcpiables de la nature qui lixent I'attentioti des vrais jihilosophes, el qui, reciieillis sur les divers points de notre planete , rapproches et compares cnlr'eux , peuvenl nous conduire a une connaissaiice plus exacte du systeine du monde, et a des moyens plus surs d'anieliorer notre condition sur la terre. Car, e'est a satisfaire le double besoin de connaitre et d'aimer, qui apparlient a notre nature inlellectuelle et morale, de connaitre la nature pour en era [doyer les forces , et de faire servir notre empire sur la nature a notre bien-etre et a celui de nos semblables, que doivent se rapporter toutes nos recLer- ches et tons nos travaux. Enfin, la mort elleineme, qui fait disparaitre les individus et les generations, sans respecter ni ie genie et la vertu, ni la jeunesse et la beaute, ni la gloire, ni meme ce que noti-e vanite orgueilleuse a decore des nonis de rang supreme et A'nutorite souveraine ; mais dont ia fatale puissance ne sau- railatteindre et dctruire les resultats iinportaus qui nous sont legues sucoessivement par les ames gcnereuses el elevees, par les esprits superieurs, par les talens dislingues , appeles a exercer une salutaire et longue influence sur les socieies hu- maines : la mort aussi devient pour nous une source teconde d'instructions variees qui peuvent nous eclairer et nous diriger dans les differences carrieres de la vie active. M.-A. JoLLiEN , de Paris. TABLE DES AlVllCLES CONTENUS DANSLEQUATRE-VINGT-QUATRIEMECAHIEK. DECEMBRE 1825. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. J. Coup-d'oeil sur la tendance gcnerale des esprits dans la xix' siecle flenjnniin Coiisumt. p. 6()i a. La Grece, apr^s sa 5' campagne, en iSaS. M. En. Diaijnieres. 674 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 3. Traite des fusees de guerre; par M. de Monlgery . . . Z. 699 4. Esprit du Droit ; par M. Fritot liouchene-Lefer. 71a 5. 1° Voyuge dans la repnhlique de Colo'.nbie ; par jVIollien. 1° Voyage au Chili , an Perou et au Mexique; par Hail. — 3° Le' Mexique en iSsS; par M. Bulloch. ( 2e article.) 6. Histoire des Francais; par Sismondi. ( i^r article.) ***. 73* 7. Memoires sur Voltaire et sur ses ouvrages; par Longchamp ctWagniere, ses secretaires Dugas-Montbel. 771 8. OEuvres completes d'Alex. Duval. ( i« article.). . H. Poeln. yjS III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de 177 ouvrages , francais ct ctraiigers. AmERIQUE SEPTEJfTRIOJ»AI,E. — EtatS-Ultis , 6 785 Ameuique merioionali!. 1 790 AsiE. r - 791 EuROPR. — Grande-Brctagne , 2.5, dont 17 ouvrages periodi- qucs 791 — Riissie , 7, dont 5 ouvrages en langue francaise 8o5 — Suede, i 811 — Norvege .3 8ia — Danemurck , f\ 8r5 — Mlemagne , 1 a 818 — Suisse, a 8a() — Itaiie, 7 8a9 _ Pays- Has, 8 S38 Fbamce, io4 , savoir : Sciences physiques et natmeUes, 19. . . . 844 — Sciences religieuses , morales, historiques et politiqiies ,^0. . . . 8fio — Litterature , 17 889 — Livres d'ccrennes. 19 91 1 — Beaux- Arts, 5 9^3 TABLE DES ARTICLES. gi)S — Mdinoiies et Rapports Je Socicu's savantes , 3 Qii'> — Otivrages peiiodiqiics , 5 gatj — Livre.i etrangers pi(bhes en France, 2 gSS IV. NOUVELLES SCIEINTIFIQUES ET LITTERAIRES. Amerique septektrionale. — Ecats-Unis. — /?Oi.'o;?,Statistique. — Cliarlcstoii , IMoilolite produite par la fievre jaune. — Phi- ladelphie, Canaux, chemiiis en fer. — Ecoles pai ticulieres. . gSS AsiE. — Calcutta , Dimension des cranes des Indous. — Licorne du Thibet. — IViouton sauvage, appele Noua. — Reniede in- dien contra les affections glandulaires. — Pi;rse; Tan/is, Fondalion d'une cede. g3g AcsTRALASiE. — Histoirc naturelle : mceurs de rornithorhinque. 940 Afbique. — Egjpte; Cai/e, Economic publique 941 EUROPE. ItFs BfiiTANNiQiiES. — Tclc'graplies acoustiques. — Londres , Societe loyale. — NouTcau journal : Magasin cooperatif. — G/ocej/er, Monument etevc a Jenner 941 RussiE. — Crlinee, Nouvelle route.. — Saint - Pelei sboiirg , Com- merce declare compatible avec la noblesse. — Nouvcaux recueils periodiqncs publics dans les annees 1823, 1824, 1825. 947 PoLOGNE. — Instruction publique. Esperances d'un meilleur avenir. — Reclamation an sujet du Resume de I'Histoire de Pologne et de la, Collection des TlieAlres etrangers. . gSi Suede. — Stockholm , Envoi d'un Dietionnaire persan a la Bi- bliotbeque du Roi. — Incendie de hi salle, dite du Thedtre- Dianiatique gSS Uanemarce. — Cppciil:ngiie , Cours de phrenologie. — Oden- see, Delit de la prcsse. Ibid. Allemagne. — Eaviere. Administration publique. Reformes, Economies. — Prague , Statistique. — Societes savantes : lier- lin , Academie des sciences. — Ccettingue , Prix proposes par la Societe royale des sciences. — Communications scienti- iiques et histofiques faites a la m6me Societe 954 Sdisse. — GfHece , Propositions faites an Conseil representa- tif. — Amelioration des prisons. — Lausanne , Coins de mathcmatiqucs a I'usage des artisans. — Reclamatiim de M. Develey ^ 957 Italie. — Venise , Decroissement de la population. — Milan, Edition des Classiques italiens du xviii* siecle. Exposition des beaux-arts a Brera 96 1 Pays-Bas. — Societes savantes : Prix proposes par I'Academie des sciences de Bruxelles , la Societe d'agriculture et de bo- 9g6 TABLE DES ARTIOIES. tnoique tie Cand et la Soci^te liollantlalse des tcicnces do Harlem gfifi FiiAKCE. — Statistique, Population. — Limoges, Nouvelle es- p^ce de phosphate de fer. — Orleans , Cheniiiis communaux. — Toulouse , Journai;x dii departemens. — Societes saranfes d'Jix , de Dieppe , d'Evrenx , de Lyon , de Marseille et de Toulouse 9^7 Pakis. — Institut : Acadcmie das sciences ; stances du mois de novembre. — Societe ile f;eographie. — Allienee de Paris. — Societc des bonnes-lettres. — Cours de gcometi ie a I'usage des artisans. — Cours de lecture a haute voix. — 3Iedecine : hydrophobic. — Constructions publiques : pont des Inva- lides. — Publications prochaines du Voyage de Duperrey , des Memoires de Sheridan , des Memoires de la margrave d'Anspach, et d'une traduction de la Lusiade, en italien. , — lleaux-Arts : Sculpture et Lithographic. — Theatres : Theatre Francais , la Princesse des Ursins, comedie. Theatre de I'Odeon , les quatre Cousins , coinedie. — Necrologie : Boulard et Barbier. — IVote generate par M. Jullien. ..... 97' TABLE ANALYTIQUE ET ALPHABETIQUE DES MATIERES DU VTNGT-HUITIEMF, VOLUME DE LA REVUE ENGYGLOPEDIQUE, OCTOBRE, NOVEMBRE, DeCKMBBE l8a5 (*). On a reuni aui quatre mots indicatifs dps quatre grandes divisions de ce Recueil : I. MEMOIRES , NOTICES ET MELANGES; IL ANALYSES ET EXTRAITS D'OUVRAGES CHOISIS; m. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE; IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES ; le detail et Ic renvoi dee articles qui s'y rapjiorteiit; puis, on a caracterise ce.« articles, a la suite du uom de leurs auteurs, par Tune des quatre abreviationt ci-apres : M. (memoireset notices) ; A. (analyses); B. (bulletin bimi.io- oraphique); N. (kocveli.es scientifiques et litteraires). La designa- tion C, apres les noiiis propres, iudique Ics collaborateurs de la Revue, lorsqu'il s'agit des articles qu'ils out foiiruis. Au lieu de comprendre sous la denomination generale sciences et arts (comma dans nos qrjalre tables des matieres de I'annee 1819), I'indicatiou des dlfferentes sciences dont traite ce volume , on a cru devoir , pour rcndre les rc- clierclies plus facilcs, et pour mieux caracteriser le but pliilosopbiqiie de la R^evue Encjclopedique , ouvrir un compte particulier et special , en lelties ca- fitales , non-seulemeut a cbacunc des braucbes des conuaissanccs bumaiucs , agriculture, anatomie, etc.; a cbacun des elcniens cssentiels dc la civib- satiou et des moyens principaux de commuuication entre les bommes ; acade- mies et societes SAVANTES ; DICTtONNAIRES ; ENSEIGNEMENT MCTUEL; INSTRUCTION PUBunuE ; joURNAUx; THEATRES , ctc. ; mais eucore a cliacun des uaj's dont il est fait mention dans ce Recueil : de raauiere qu'on puisse rap- procher et comparer tour a tour, soit I'etat des sciences et des elemens de la civilisatinn dans chaque pays , soit les nations elles-memes , sous les differeiis rapports sous lesqucls on a eu occasion de les considcrer. Abeii.i.'es. Vor. Desonnes. Abr^ge chronologique , par Mon- delot, 88 r. Acaclemie de Berne , 3o5. Ac^uEMiEs ou Societes savaiites. T'oj. le mot Societes. (') On souscrlt, pour ce Recueil scientifique et litteraire, dont il ])arait un cabier dc quatorze f'ci'illes d'inipression , tous les uiois, au Bureau <;entral d'abonneihent , rue d'EnJer-Sainl-Michel , n"* 18; cbez Arthus Bertrakd, rue Hautefeuillc, n" 28, et cbc/. Renouard, rue dcTournon, u" (!. Prix de la souscription : k Paris, /^6 fr. pour un an : dans les departerncns, 53 fr, ; 60 fr. dans I'etr.'inger. , T. XWJII. G/i 998 TABLE ANALYTIQUE Account ( An ) historical, political and statistical of the United Provinces of Rio de la Plata , l4o. Accum. Voy. Manuel de chimie amusante. — Voy. Art de faire le viii. Adam ( A. C. A. ). L'Acddemie des Beaux-Arts de Paris lui decerne un second prix de com- position musicale , Say. Adauson (M"'* Aglae). La mai- son de campagne, 197. Ader. Voy. Deux ecoles. Admimistration publique, 954. — ( De rt de la justice et de roi- dre judiciaire en France, i)ar D'Eyraud, 218. Adrien - Laf'asge ( J. ) C. — N. , 309, 628. Aforistni medico -filosofci snlla scienza delta ■vita , etc. , per G.-A. Ainoretci, 181. Afrique, 294 , fio5, 941. Afzellus ( A. ). Meraoires sur la vie de Ch. Linne, 811. Ageline , ou les fruits de I'educa- tion ; ouvrage traduit de I'an- glais, 912. Agenda general , ou livret prati- que d'eniploi du terns , etc ; par M. A. Juilien. Quatri^me edi- tion , 911. Ages ( Les ) poetiques , 266. Agriculture, 198, 477 > 5o8 , Sog , 5y I , 844- Album ( Plusienrs ) puhlies par Timprinieur lithographe Cons- tans , 987. Aldini. Sagio di machine per age- volare il segamento del manno. Alexundri Aphrodisiensis , Ammo- nii , P/utini , Dardcsanis Sjri , et Georgii Gemesii Plethonis , de Fato giiee supersunt gra^ce, Edi- dit J.-COrelli, 483. A1.LEMAGKE, ifiS, 226, 3o3, 45a, 477,616, 818, 954. Almanack des Dames, 675. - — dedie aux Dames, 576. Ameliorations introdiiites en Egypte , par le paclia Mehemet Ali, 6o5. Ameiuque centrals , 447 » 5^3' 600. — merioiokale, 287 ,533 ,6or, 790- SEPTENTKIONALE, 1 35, 44'- 599,935. Ami ( L' ) des champs, 591. Amorelti ( G. A. ) Foy. Aforisnii. Amour et devoir, traduit de I'an- glais de Theodore Hook, 277. Amours ( Les) des dieux , recueil de compositions , dessineespar Girodet et lithographiees par plusieurs de ses eleves , avec un lexte explicatif, redige par P. -A. Coupin , 924. Ampere. Foj. Nominations aca- DEMIQUES. Amulet (The), 798. Anacreon, recueil de comj)osi- tions dessinees par Girodet , et gravees par Chatillon ; public par Becquerel et P. -.4. Coupin, 925. Analyses ( IL ) d'ouvrages al- lemands : Religions de I'auti- quit6 , ouvrage du docteur Creutzer , traduit par J. -D. Guigniaut(P. Golbery),6'X. — d'ouvrages anglais: Voyage au Chili, au Perou et auMexique, par Hall. Le Mexique en iSaS , par Bulloch ( M. Avenel ) . 399 , 726. — d'ouvrages francais : Diction- naire classique d'histoire natu- re\le( /lorj de-St.-Fincent ) , 4f^ , 369. Histoire de la conqudte de I'Angleterre par les Nor- mands; par Thierry ( J.-C.-L. de Sismondi ) , 77. — Memoires pourservira I'histoiredeFrance sous Napoleon ( F — X), 92. — Tableaux historiques ex- traits de Tacite par Letellier ( Bariscaii ) , 1 1 a. — Chauts he- I'oiques et populaires des sol- dats et matelots grecs, par N.-L. Lemercier ( Tissot ) , i ao. Defense du christianisme , par Frayssinous ( Crprien Anot ) , 379. — Esprit, origine et pro- gr^sdesinstitutionsjudiciaires, par J.-D. Meyer {St.-Albin-Ber- ville ), 385. — Voyage dans la republique de Colombie , par Mollien(i»/. Ai>enel) , 3gg, 726. — Anneefrancaise , ou Memo- rial des sciences , des arts et des lettres ( £. i>. ) , 421. — Les Martyrs de Souli, tragedie, l)ar Lemercier ( C ) , 429- — Traite des fusees de guerre, etc., par de Montgery ( 2. ) , 699. Esprit du droit et ses applica- tions a la politique, etc., par A. Fritot ( Bouchene - Lejer ) , 712. - — Histoire des Francais, par J.-C.-L. Simonde de Sis- mondi ( *** ) , ySa. — Memoi- res snr Voltaire et sur ses ou- vrages, par LongchampetWa- gnifere ( Dngas-AJontbel ), 771. OEuvres completes d 'Alexan- dre Duval ( H. Patin) , 775. Akatomie de I'liomme ou Des- cription et figures lithogra- phiees de toutes les parties du corps humain , par Jules Clo- quet, 847. Ancelot. Voy. Marie de Brabant. Ancillon ( F. ). Veber den Geist der Staaes-verfassiingeii , etc. 479- Andrieux. f^oy. Rhetorique fran- caise. Anecdotes clioisies de Pierre le- Grand , 470- Angi.etf.rre, Toy. Grajt nE-BhF.- T.\GNE. Annates ( Nouvelles ) des Voya- ges , de la Geogr.Tpliie et de I'histoire, publiees par J.-B. Eyries et Malte-Brun, 594- — du salou deGand , etdel'ecole moderne des Pa\s-Bas , par L. de Bast, 84^. DES MATIERES. ggg Annals of Beneficence , 44^. Auuee frnncaise , ou Memorial des sciences, des arts et des let- tres ,421. Annuaire iiecrologique. Annee 1824. Par A. Mahul,889. Anot ( Cyprien ) , C. — A. , 879. Antilles , 5gg. Antiquites , 172, (117. — recenmieuldecouvertesa Pom- pei'a, 309. — de I'Alsace , par Golbery et Sclivreigliaeuser , 281. — bibliques ( Manuel des ) , par E. F.-C. Rosenmuller, 820. — egyptieniies nouvellement ap- portees a Paris , 656. Autologie mystique orientnle, par F.-A.-G. tholuck, 823. Antommarchi. yoy. Planches anatomiques. Antonucci. Tableau des observa- tions faites a la clinique rnedi- cale de I'universite de Najiles , Appel d'une moitie du genre hu- main , les femmes , contre les pretentions que .s'arroge I'aulre moitie, les hommes , etc. , par W. Thom[)Son , 456. Applications de la morale A la politique, par Joseph Droz , 534. Arago. LiaSociete royale de Lon- dres lui decerne la medailie d'honneur, 94^- Aragon ( M™^ A. ). Voy. Histoire d'Angleterre. Akchitecture , 632. Archives des decouvertes et des inventions nouvelles , etc. , ao8. — philologiques , publiees par F. de Reiffenherg , 5o3. Arithmetique , 85i , 852. Armonville ( J. B.). Voj. Clef. Arquier. A^qi. Ecole de commerce. Art imilitmre , 5, 524) ^92, ^99., VETERIN.MRE, 478. — ( L' ) de faire les vins de fruits. TAI-.I.K AMAI.YTIOUr. traduit de I'anglais d'Accum , par G. et Ol. , aia. Artaud. Des decs et de leur si- tuation actuplle, 55a. ArtiUerie. Voj. Madelaine. AUTS INDUSThlELS, Siy, 3l8, 63a , fi.ji- — MErAjiiQUEs , ao4 , 488, 027. — ( Sur renseignenieiit des ) , qu'il convient d'apprendre aux sourds-muets , i83. ASCETIQUE. Voy. ThEOLOGIE. AsiE, 293,451,603,791,939. Assnssiuat ( L' ) d'un roi , roman historique , par P. Lacroix , 275. Association charitable de Dieppe pourretablissement d'une eco- le-maimfacture de dentelies , 970- — philanthropique foimeea Mar- seille en faveur des Grecs,3ao. Assurances niaritimes. For. Be- necke. — contre I'incendie, 223. AsTRONortiE , 855. — Voy. Bailly. Atlien^e de Paris , fiSg, g7fi. Atlas ( Nouvel ) de la France, par Aupick et Perrot, 532. Aubry le Conile. Une scfene de deluge , et le serment des sept chefs ; deux planches lithogra- phiees d'apres Girodet , 654. Aupick. yoy. Alias. Aiiteurs latins, yoy. Collection. Avantages ( Des ) d'une assurance g^nerale contre I'incendie, 223. Aventures de la grande rejouis- sance publique de Strasbourg , en 1576. Nouvelleromantique , par C. Spindler, 933. Azais. yof. Compensations. B Babinet. Voy. Physique. Babylone la grande , ou descrip- tion des homines et des choses de la capitate britannique, 458 Bacon (L.). yoj: Tableaux syniyfj- liques. Baehr ( G. C. ) yoy. Ctesias. Bailly. Manuel d'Astroiionrie , 2o3. — yoy. Physique ( Resume de ). Bains de Badeet d'Yverdun, fiua. Baki traduit entierement pour la premiere fois , en allemand , par G. de Hsmmer , 824. Balbi[ A. ). Difcnsa della filosofia , 489. Baour-Lormian. yoy. Classique. Barbarie, agS. Barbe-Marbois. yoy. Rapport. Barbier, C— M. 34o. — yoj-. Necrologie. Bariseau(F. C. P. ), C— A., r la. Barmecide ( Le ) , opera de Pee- laer, 3 18. Bast ( L. de ). yoy. Annates du salon de Gand. Bataille du Tesin entre Annibal et Scipion , etc. , par G.-B. Gianni , 186. BAtimens a vapeur et en far, 600. Bauer ( A. ). Lehrbuch des Natiir- rechts ,818. — Principes du droit crimiucl philosophique, 819. Bayard, yoy. Veuvage. Bearnais ( Le), ou la jeunesse de Henri IV , par R. de la Croi- sette,P. Le Doux et F.de Burv, 647. Beaux-arts , a8o, 3i 1 , 317,327, 33a, 5oa, 584, 614, 654, 836, 842, 843, 961, 986. ( Essai d'une esquisse de la theorie gdnerale des), par J. Voitzekhovitch , 472- Beaujour ( B. de ). Tableau des revolutions de la France , 549- Bechstein. Ilistoirc naturelle des oiseaux de chambre, 195. Becquerel. yoy. Anacreon. Bell ( John ). yoy. Trail6 des plaies. BELi.Ks-LnrTRES. yo). Lrri'EUA- TT'llE. DES MATIKUF.S Bclloc. yojr. Inscription monu- mentale. Belloc (Mme LouiseSw. ), C— B., 457. yoj. Galerie morale. J'oj. Grandes routes. foy. Edgeworlh. Bellori. Vile de piitori , scnlptori ed architetci moderni , /\()0. Benedix. Recueil de 60 parties d'echecs, avec des observations instnictives, etc. , 5io. Benecke( W. )• Traite des prin- cipes d'indemnites en matiere d'assurances maiitimes , etc. , traduit par Dubernad , 54o. Benelti ( Jean ). Voy. Funerailles. Benoit ( P. M. N. ). roy. Topo- graphic. Beniham ( Jeremy ). Indications res- pecting lord Eldon, 797. Bernardinde St.-Pierre. LaChau- miere indienne, le cafe de Su- rate , et le voyage en Siiesie , traduits en grec uioderne , par Piccolo, a85. Berville, avocat,C. — A., 385. Beschryi'i/ig van Nederlandsche His- torie-Penningen , 8/12. Bessiire et I'Empecinado , poeme, par Leon Halevy , 267. Beuchot. Bibliographic de la France, ou journal general de ritnprimerie et de la librairie, 932. Bez.ard (J.-L. ). L'Aaademie des Beaux-Arts de Parislui decerne le second grand prix de pein- ture , 327. Bezout ( L. ). Voy. Geographic astronomique. Bible, iC)i, 927. Bibliographic, 457, 771 , 932. liibliotheca hislorico • geografica , 479- — ccconomica , 479- — -veterinaria , 478. Bibliotheque instructive et morale pour la jeunesse , par L. Seb. Lc Norraand ,217. — du dix-neuvi6ine siicle. Tome xLix , 237. — clioisie des peres de 1 tglise grecque et latine , ou cours d'eioquence sacree , par N.-S. Guillen , 860. — du medecin praticien , 522. Bichat ( Xavier ). P^of. Inscrip- tion monumentalc. Biet ( J. E. ) f^oy. Souvenirs. Bignau ( A. ). L'Academie des lettres de Lyon lui decerne un prix , 322. — yoy. Napoleon. Biografia universale , 489. B10GRA.PHIE, 187, 242, 280,354, 47o,49o»522, 58f), 771,811, 824, 886, 887,889,982. Biometre , ou Memorial horaire , par M. A. Jullien, 9i4- Blainville ( De ). P^oy, Bremser. Blanc ( G. ). yoy. Dissertations. Bla-ichenay- Vernes (Mm^). f^oy. Mariage. Blaquiere (Edouard), C.|— . M. 674. Blume. Bydragsn tot de Flora -van Nederlandsch Indie, ~Cjl, Blilmlcin JFunderhold , etc. , von C. Spindler ,933. Bodin ( Ainie ). Matieres de dis- cours francais et latins , 892. Bohl ( J.- J. ) Die Trierischcn Miin- zen , etc. , 482. Bolivar (Le general). Lettre adres- s6e au celebre Joseph Lancas- ter , 292. Bonafous (M. ), C.— N. , 3 12. Bory de .Saint-Vincent. Voy. Dic- tionnaire classique. — C.— A. , 4fi, ^fi9- BOTAKIQUE, 291 , 5ofi, 591 , 097, 791 , 804. Bouchene-Lefer , avocat ,C. — A., 712. — B. ,871. Bouillet ( J. B. ). yoy. Essai geo- logique. Boulard(A. M. H.). yoj. Nkcro- X.OGtF.. looa Boulay-Paty. ^<>.v. Failliles. llourguignoii.^'o^'. Jurisprudence. Bonvard. for. NoMiNATioiss acv- DEMIQUES. Bover C Au presidenl ) , epitre , par Cordelier-Delaiioue, 2(17. Brascassat ( J. ). L'Acadeiiiie des heaux-arts dePiiris Uii decerne le second grand y>r\\ de pay- sage historique , 327. Bremser. Traite zoologique et physiologlque sur les vers in- testinaux de riiomme , traduit de I'aUemand , par Grundler, ot augmente de notes par de Blainville, 5 17. Bres (J. P. ) P'or. Souvenirs. — C— B.,89a.' Bresiliennes ( Les ), par Ed. Cor- biere, Syx. Brevets d'invention. ^^oj. Re- nouard. Briccolani ( A. ). f^oj. Camoens. Bronevsky ( S. ). Nouvelles no- tions geogrnphiqiies et liistori- ques sur le Caucase, etc. , rSg. Brotonne ( F. de ). P'ojr. Histoire universelle. Briie. P'oy. Carte generate. Brunei ( F. ). yoy. Manuel du chretien. Bruun ( F. C. ). T^or, Pagcen. Buchon ( J. A. ). f^oj-. Chroni- ques. Buhle(J-). ^qy. NicKOLOGiE. BtJLT.ETIN BlllLIOGRArHIQUE ( III. ). AUemagne, ifi5, 477 > 818. — Amerique centrale , 447- — Aineriqiie meridionale , 790. — Danemarck, i64, 475.8i5. Espagne , 497- — Etats-Unis, i35 , 44r, 785. — France, 194, 5o4, 844. —Grande-Bretagne , i38 , 452 , 792. — Indes orien- tales, 45«, 791- — Itiilie, i8o, 487, 829. — Norvege , 812. — Pays-Bas, 189, 498, 838.— Russie, i5fi, 4^9, 8o5. — Sutde, 811. —Suisse", 176, .'iSl , Sar,. TABLE ANALYTIQUK — de la Societe profestante de Paris , 927. — de la Societe d'encouragement pour I'industrie nationale, de Paris , 929. Bulloch. Voy. Mexique. Bulos ( A. ). Voy. Davy. Biiiiiva. Igiene de" Tipographi , 181 . Bureau typograpliique ( Petit ) , destine a faciliter I'enseigne- ment de la lecture , par P. Mil- Ion ,921. Bury ( Fulgence de ). ^oy. Bear- nais. Byron ( Lord ). ^oj. Monument. Camoens. La Lusiade tradnite en italien par A. Briccolani, 983. Canal Caledonien, 607. — de Messine (Traites sur les couraus du ), par P. Ribaud , 487. Canaux , 44',) ^29. — dans les Etats-Unis, 600. Cancer! Traite sur le), par Haver- droeze , 189 , 5oo. Canova. OEuvres ; recueil de gra- vnres au trait, d'apres ses sta- tues et ses bas-reliefs, executees par Reveil, et accompagnees d'un texte explicatif, par H. De- latonche , 585. Cardelli. ^W. Manuel du limo- nadier. — For. Manuel de la jeune femme. Carej's Fievi' of the very great na- tural advantage of Iveland , 788. — Review of the evidence of the s^eneral conspiracy of the roman catholics in Ireland , 786. — Sk:tch (f the Irish code, 780. Carev (M.) Sept brochures dent le but est de maintenir aux Etats Uiils le systcme prohibi- lif des produits manufactures dans I'ctranger , 444- Carre. 1'oy- Lois. Vr.'i MAT1ERE5 Carte gendrale de la Grece an cienne, etc., par F. Kruse , 167. des Etats-Unis mexicains et des Proviuces-Unies de I'Ame- rique centraie , par Brue, 533. Cartes et plans pour la geogra- phie comparative, par Ch. hit- ter ,166. CartoiTx ( B. ). Foy. Histoire des ' q Vestales. Casanova (J. J.). Foj. Scluitz. Cassien (J.), foy. Wiggers. Caucase. f'oy. Bronevsky. Cauchois - LeniaLie. Foj: Lettie politique. Cera de pahna. Analyse de cette pioduction vegelale , 291. Cervantes. Nouvelles choisies , 895. Clialas (P.) Voy. Gonzaga. Chambolle (A.), f'oy. Etats-Unis. Chansonnier ( Le ) des Graces, 919- des datnes , 919. Chansons patriotiques , 177. — lederales , 177. — (Recucil de) publie par T. G. Naegueli , 178. Chants hero'iques et populaires des soldats et matelots grecs , etc. , par N. L. Lemercier , A. 120. Chapeaux (Les), comcdie , ()53. Chasse , 801. Chatillon. Voy. Anacreon. Chemiiis communaux, 968. — de fer , 44'- Chenier ( Marie Joseph et An- dre). OEuvres completes , 246. Chili , 399 , 726. Chimie , 20I , 210 , 499- — appliquee, 817 , 5i3. — iuorganique. Voy. Paupaille. ChiiVE, 467. Chirurgie, 848. Voyez atissi Sciences medicales. Chopin. Voy. Ode. Choix de rapports , opinions et discours prononces a la tribune 100^ nationale , depuis 1789, recueil- lis ()ar Lallement , 54i. Chrouique de Nestor, d'a|)ies la plus ancieniie copie de La- vrenti , publiee par Timkovs- ky,4fi9. Chroniques (Collection des) na- tionales francaises,i)arBucho£j, 546. HROK01.0GIE, 881. Cuinipi. IiuUa in PoLmia. Publica- tion prochaine , i8fi. Ciceron. Voy. Zachariae. Classique (Le) et le romanlique , par Baour-Lormian , 672. Classiques fcancais , on biblothfe- que portative de I'amateur. edition de L. De Bine , 893. — italiens (Collection des) , pu- bliee a Milan , 961. Clef ( La ) de I'industrie et des sciences qui se rattachent aux arts industriels , parJ. B. Ar- monville , 208. Clias {P. //.). /-//( elementary course of gymnastic exercices , 795. — Extrait d'une lettre udressee a M. Jullien de Paris, fio8. Ci-iJiiQUE. i^'oy. Antonucci. — Voy. Sciences medicales. Clocher (Le) de Saint-Marc , etc. poeme par Jules Lef^vre , 572. Cloquet (Jules). I^oy. Anatomic de riiomnie. Codes francais ( Les cinq) , 538. — (Les cinq), avec la concordance des articles de ces codes , etc. , 867. Coignet. L'Academie des lettres de Lyon lui dccerne un prix , 822. Collection des auteurs latins , avec la traduction francaise , dirigee par Durand et A. Pomniier , 56i. — des nieilleurs romaus frau^ais, 905. College pour les catholiques, fon- de a Louvain, 63o. 1004 TABLE AN Collin. Manuel (rnritlimetique de- moutree, 85 1. CoLOMBiE, 399. 601 , 726. — (Notice geograpliico-j)olitique sur la), 790. Colonies anglaises He la Nonvelle- Holiande et de la terra deVan- Diemen , fio3. — indigens (des) , et des moyens d'en etablir sur les Laudes du departement de la Giroude , 871. Colonnade Buiikerhill , 885. Comite grec de Geneve, 807. Commerce , 188 , 294, 296 , 3 17, 444,875,930. — (Le) au dix-neuvieme siecla , etc. , par Alex. Moreau de Ton- nes, 877. — de rAmerique du sud , 287. — des Etats-Unis , Sg8. — de Tins du port da Londres , 609. — declare compatible avec la no- blesse , 947. Ccmraunlcations scientiCques et historiques faites par Ic docteur Soeltl , a la societe des sciences da Goettingue , gSG. Communion (La) de la reine Jla- rie-Antoinette a la conciergerie, par F. A. Flayol , 2fi6. Compagnie du canal de la Che- sapeake et de la Delaware , 44r- • — anglaise ctablie pour retirer des richesses ensevelies dans la mer, devant le port de Vigo , 3i5, gfie. Compensations (Des) dans les des- tinees liumaines,parAzais, 533. Congres de Chatiilon. Extrait d'un Essai liistorique sous le rfegne de I'empereur Napoleon, par Pons , 55o. — de Panama , par De Pradt , 240- Conseils a I'enfance et a I'adoles- cence , ou recueil de nouvelles, par M'"« Julie Delafaye - Bre- hier , gifi. ALTfTIQUE Conservatoire des arts et metier* de Paris , 978. Coiisideratious pliilosophiques , theologiques, morales et poliii- ques , ou Examen critique des opinions de M. I'abbe de La Mennais , par I'abbc Paganel , S6(i. Constant (Benjamin), ^oj, Coup- d'oeil. ^'oj. Religion. Constitution de la republique federative de I'Amerique cen- tiale, 447- — du rojnume de Norvege. T^oj: Heibei g. — MSme ouvrage, f^or. Examen. Consultation relative aux recla- mations faites depuis neuf ans par les anciens ofliciers de la marine,etc.,parG.Laignel,542. Contagion de la fievre jaune et de la peste , M. 11. Conte du Paraguay , par Robert Soutliey , 464- CoNTEs. yoj. Romans. Convalescence (La) d'un pere de f amille, on moyen de bien vivre et de bien niourir , 223. Coote (Cb. ). f^oy. Histoire d'An- gletcrre. Corbiere (Ed.), f^oj. Bresiliennts. Cordelier-Delanone. f^ojr, Boyer. Corneille ( T. ). Chefs-d'oeuvre, 893. Cortot , sculpteur.Bas-reliefs qu'il a ete charge d'executer pom- le monument a la memoire deMa- lesherbes , 986. Cosenza. Teatro comico - italiano , 493. Cosenza (M™e Carolina Decio, ba- ronne de ). Lettres d'une Ita- lienne , 187. Coup-d'ccil sur la tendance ge- nerale des esprits dans Ic dix- neuvieme siecle , extrait d'un discours de Benjamin-Constant, M. 663. Coupe des ])ierrt's. toy. Douillot. DKS MATIKRES. Coupin (P. A.), ray. Ar.ioiiis. f'^oy: Anacreon. toupin de Lacouprie. f^oy. Gre- vedon. Conrs destine aiix ouvriers de La Rochelle , 3ihry). L'art de prepa- rer les tcrres et d'appliquer les engrais , traduit de I'anglais , par A. Bulos , 5oS. De Candolle. Memoires sur la fa- mille des Legumineuses, 5orS. Decouvekths, 2uS , 4-^1 , (^42 , 928. Defense duchristianisniie, ou Con- ferences sur la religion , par Frayssinous , 379. — de la philosophic, par A. Bal- bi, 489. Degeorge (Frederic). C. ^ — B. 142, 444. 466, 791, 795, N. 6o5. fio6. Delafaye-Brehier ( M'^ Julie). f^oj. Conseils a I'eiifance. — yoj. Pavilion de Caroline. Delatouche (H.). yoy. Canova. Delit de la presse , g54. Delpou de Livernon. L' Academic des sciences de Toulouse lui accorde un prix , 636. Demangeon (J. B.). Tableau ana- lytique et critique de I'ouvrage du docteur Gall, sur les nerfs , etc. , 5 1 5. Demzingcr (J.) De Hennotiino Cla- zoinenio , ig3. Dejj[niig ( G. B.J Colecion de las mas celebres romances antiquos es- paiioles , etc. , 146. — — ^'y. Geographiede la jeii- nesse. — — J'^oy. Merveilles. Desalie (E.). Coup d'oeil sur les revolutions de I'hygiene , 202. Description de I'Egypte. Livrai- sous 154" a iSge, 084. Description d'une medaiile de Spartacus, du cabinet du comte deRoumantzof, parKoler, 810. Desormes (F.). Traite clenientaire et pratique sur le gouvernement des abeilles , 5 r i. Dessables (A.M.). Voy. Manuel du boulanger. Deux ecoles (Les), ou leCiassiquc et 1<; romautiqu(? . coincdie par J. Leonard el Ader, a65. 1006 TAIiLE AV Deveze de Chabriol. >^oj. Essai geologique. Devilleneuve (N.). T'oy. Frick. D'Eyraud. /'o>-. Administration. DiCTiojfNiiuE classiquo d'histoire naturelle, redige par une so- ciete de naturalistes , et dirige par Bory de Saiut-Vincent , A. 46 , 36i). — des sciences medicales, t. vii , 5a2. — abrege des sciences medicales, t. XIII , 532. — exegetique pourles ceuvres de P. C. Hooft, 5oi. — historique abrege des grands homnies, ou Manuel biograplii- que , par J. A. Jacquelin , •.',42 — persan , envoye en present au roi de Sudde par le Rajah d'Oude, 1)53. — portatif de cliimie et do. mine- ralogie , par Drapiez, 499- Diete (La) norvcgienne en 1824 , par H. Steffens , 1(19. Dimension des cranes des Indous, 9^9- ,.., , Discoars du president du pouvoir executif , a I'ouverture du cnn- gres federal de Guatemala, 447- Dissertations choisies sur phi- sieurs sujets de la science ine- dicale , etc. , par sir Gilbert Blane, 45^. Ditliyrambeau sujet d'un passage du Chant du sacre , de M. de Lamartine , par P. E. S. 266. Dittmart, professeura TUniversit^ de Berlin. L'Academie des let- tres et des sciences de Lyon lui decerne un prix , Sia. Doin (INI™" Sophie). Foj. Famille Noire. Doin (J.T.). /^or. Galerie medicale. C— 6.870. Domlnorama parisien , gaa. Doublet deBoisthibault , C. — N. 3o4 , 990. Douliot(J. P.). Traite special de la conpe de.s pierres , ao4. AI.YTIQUE Douze lieures (Les) de la n,uit. Esquisses en vers , par C. Mi- chaux, 574- Drapiez. /'fy. Diclionnaire por- tatif. Droit, 54o, 713,819, 8(17. f'oy. aussi JumSPRUHF.WCF. et I.EGIS- LATIOK. DES GENS, 544) 818. Droz (J.), f'ojr. Application. DuhernaJ. I'oy. Benerke. Dubois (Louis). Foy. Cours d'agri- culture. Dubrunfau'. L'art de fabriquer le Sucre de betteraves , Sop. Due ( J. L. ). L'Acidemie des beaux-arts de Paris lui «Jecerne le premier grand prix d'archi- tecture , 827. Dufau (P. A.). C. — M. 353. Dugas-Montbel ,C. ^ — A. 771. Dulaure. Histoire de Paris, 553. Dnnoyer. T^oy. Industrie. Duperrcy. Voy. Voyage de decou- vertes. Dupin. T'oy. Pothier. Durand. T'oy. Collection des au- teurs latins. Durand de Modurange. L'Acade- mieroyale des sciences de Mar- seille Inidecerne le prix depoe- sie , G35. Dupont (A. B.).Elcmensde geome- tric theoriqne et pratique, 2o3. Duval (Alex.). La princesse des Ursins , comedle , g83. — — yoy. Ol'-uvres completes. Duverne (T.). Essai pratique sur la force du fer et d'autres me- taux , 852. E East India Company s records etc., by Cesar Moreau , i38. Eaux MiNEi'.AJLEs de Badcct Yver- dun , 622. — — yoy. Tailhard. — • — medicinales ( Manuel d'a- nalysechiniique des), parHenry p^re et fills, 201. DF.S MATIKRES Eaux de I'Ourcq. T'oy. Renseigne- niens. Kchecs. yoy. Benedix. EcoLE royale des jeunes de lan- gues de Paris , 828. — royale secoiida ire de medecine de Bordeaux , 689. •^- de commerce fondee a Mar- seille , parM. Arquier, 97a. — d'eiiseignernent rnutuel de Montpeliier, 63 1. — d architecture et de sculpture de Volvic ( Puv -de- Dome ). 632. — d'enseignement , etablie a Dieppe, pour I'application de la geometric et de la mecanique auxarts iiifluslriels, 3 18. — foiidee €1 Tauris , 94o- -7- de Hazehvood, 797. Ecor-KS d'enseignement mutuel etablies a Paris, fi4o. — particulieres de i\I'"e Fretageot et de M. Phiquepal, a Pliila- delphie , 938. EcOJJOiMIE DOMF.STIQUE, 209,210, 212 , 528 , 844- POLITIQUK, 167, l83, 223, 444, 533, 83o, 876. (Considerations sur 1') dans le royauine des Pavs-Bas , par G. C. deHogendorp, 192. — PUBLIQUE ( De 1') et rurale des Grecs , par Reynier , 543. — RURALE , i65 , 197 , 3o3, 479; 5o() , 5ir , 528 , 543, 844- EcossE , 243. Voyez ausd Graivde- Br.ETAGJNE. Edgeworlli (Maria). Les jeunes induslriels , ouvrage traduit de I'anglais par M'n« L.Sw. Bel- loo , 879. -;— — P^or. Galerie morale. Edouard , 583. Education , 173, 176 , 485 , 879, 9fi5. — • (Essai sur i') pliysico-morale, par M. Pasetti , 182. EgLISE GALLICANE , 8fi5, Kgyi'ie, .184, fi'oS, 94 1- 1007 Eichoff. Voy. Etudes grecques. Eidgenossische Liedcr , 1 7 7 . Eidon (Lord). Voy. Bentham. Eifrida, ou la vengeance , trage- die , par E. Smits , 5o2. ilLOQUEJICE DE LA CHAIRE, 807 , 860. DE LA TRIBUKE , 54l. Emprunt d'Haiti. Expose de quel- ques-uns des principaux fails y relatifs , 6 j3. yoy. Ternaux. Encore des comedienset durlerge, etc. , par Henin de Cuvilliers , 866. Encouragemens accordes aux beaux-arts, par le roi des Pays- Bas,3/7. Encyclopedic portative, 23 1. Eneide (L* ) de Virgile, tradaite en prose , par feu M. de Guerle, 892. Enfantement (L') selon I'observa- tion de la nature , etc. , par J. F. Sciiweighaeuser , 597. Engelhart (C). Disserlatio de datura stramonio , etc., 190. Enquete faite par ordre du Par- lement d'Angleterre pour cons- tater les progres de I'industrie en France, etc. par Maiseau , 222. Enseignement aiuTiiEL , 393 , (:3i , 640- yoyez aiissi £coles. — de la chimie et de la mecani- que appliquees , dans les Uni- ■versites des Pays-Bas , 317. — public de la geometric et de la mecanique appl^'quoes aux arts, 641. Emtomologie , t56. ■ — americaine , avec des figures coloriees , jjcintes par Thomas Say , publiee par S. O. Mitchel, . 785- Epithalaine du prince et de la princesse des Pays-Bas , par J. Kinker, 193. 'Epitre a P. J. de Berauger , L. C. Valette,572. par looS — a Boliviir , par J. F. U., 273.' — a un journalisle de province sur les auteurs et le public, par Marius Gimon , •xy3. Eponge vegetalifornie ct colos- sale decoiiverte dans I'lle dt Singapore , fio3. Jtpoques (Sur les) des arts figura- tifs chez les Grecs, 826. Escher de la Linth. I'or. Monu- ment. EspAGNE, SrS, 497^ Gsfi, 96(1. Esprit , origine et progres des institutions judiciaires des prin- cipaux pays de I'Europe , par J. D. Meyer , 385. — du droit, et ses applications a la politique et a I'organisation de la monarchic constitution- nelle , par A. Fritot , A. 71a. — (De r ) des constitutions des Etats et de son influence sur la legislation, par F.Ancillon, 479. Essai gcologique sur la montagne de Boulade . prts d'Issoire (Puy-de-D6me), par Deveze de Chabriol et J. B. Bouillet , 194. — historique et moral sur la pau- vrete des nations , la popula- tion, la mendicitc, les hopitaux €.'t les enfans trouves, par F. E. Fodere , 870. — sur le droit criminel applique par les censeurs romajns , par Ch. E. Jarke, 819. Estor (B. L. E. ) roj. Traite des plaies. ablissement (Sur 1') romain re- Etceniment decouvert a Riegel en Brisgau, 172. Etats-Umis, 1 35 , 245 , 44'> 5()9, 785, 935. (Les) A. M. Casiniir Dela- vigue, par A. Chambolle, 367. ElHJfOGKAPHIE , 858. Eludes grecques sur Virg'ile, etc. par F. G. Eichoff , 24^' • — sur Virgile, compare avecles poetes epiques et dramatiques TABLE AICALTfTIQUE des aucieus et des modernes , par P. F. Tissot, Sfia. Eiicnemis , msectomm genus , ino- nographice tractatnm , etc , ^4. C. G. de HJa/inerheim , i56. Eusden ( R. F. ). i>ojez Specimen. Evelina, 583. Ev^ques (Des), ou Tradition des fails qui manifestent le .systenie d'independance que les ev. Eyries (J. B.). /'o/. Annates (Nou- vei!cs)dcs voyages, etc. Fables et Contes d'Alexandre iz- mailof , iyi. — ( Choix des) de M. Krilof, Iraduites en vers francais, par F. J. R. , 162, — inedites des XIP , Xin<= et XlVe siecles , etc. , par A. C. M. Robert , 5fi3. ■ — • ( Cent ) nouvelles de A. E. Frolich, 178. Facts and arguments in favour of adopting railways , 44i' Faillites ( Des ) et des banque- routes , par P. S. Bou!ay-Patv, 875. Famille Noire ( La ) ou !a traife et I'esclavage, par Mme Sophie Doin , 9.74. Families celebres italiennes , par P. Litta, 187. Fantasque ( La) et son medecin , comedie en prose, 647. Father Clement . 147- Fenelon. T'oy. David. Ferrara ( F. ). yoy. Tremblement de terra. Ferry, C— N. 3ri. Fiacchi (L. ). Fo/. Necrologie. Fiennes ( Desire de ). L' Academic royaie des beaux arts d'Arcster- dam lui decerne le grand prix de peiniure , 63n. FiBVRE JAUNE ,11. Son irrnption aux Antil- les , 599. Mortalite produite par ce fleau a Charleston , gBS. Fievres intermitteiites ( Conside- rations pratiques sur las ) , par deKirckhoff. 839, FiJs ( Le ) de la t'or^t , opera co- mique , par Oelenschlager , i65. , Finances , 297, 873. Flayol ( F. A. ). for. Comnm- nion. Flore ( Recueil destine a coiicou- DES MATI^RES. '009 rir a la composition de la ) des possessions neerlandaises dans I'lnde, par Blume, 791. Fodere ( F. E. ). I^oy. Essai histo- rique. FoKETS, 498. Forget me not, 798. Fo.ssati , D. M. de Milan, C— B. 837. Foy ( Le general ). f^oy. Necho- roGiE. — f'^ny. Hommage. France , 92, 194, 3:8, 5o4, •'>33, 5/fi, 547, 549, 63r, 752, 844. 9^7- Francia (Le docteur ). Details snr son gouvernement et son ad- ministration du Paraguay, 287. Francoeur , C. — B. 200, 206, Sja, 858.— N. gSfi. — Traite de mecanique elemen- taire , 525. Frayssinous. f^oy. Defense du Cliristiain'snie. Fretageot ( Mme ). f''oy. Kcoles particulieres. Frick ( D. ) et N. Devilleneuve. Journal des Voyages, etc. 928. Friends/lip's ( The ) offering, 79S. Fritot( Albert ). foy. Esprit du Droit. Frolich ( y4. E.). Hiindert neiie Fa- beln , 178. Fnnerailles de Jean Benetti , de Ferrara, Sia. Fusees a la Congreve. foj. Mout- gery. G Gacon-Dufour ( Mme y Manuel des habitans de la campagne, etc. 528. — — Manuel du pdtissier , 210. Galerie medicale. Portraits des niedecins les plus celebres de tous Its pays, etc., par P. R. Vigueron ; accompagnes de no- tices biographiques , par J. T. Doin, 280, 58ft. '^'O TABLE ANALTTIQUE — morale ( Petite ) de I'enf'ance composee de coiites imites on Iraduilsde I'anglais de missEd- geworth , et de nlusieurs coiites originaiix , pai- M"'<: Louise Swanton-Belloc, 534. Gall ( D'' ). roy. Demangeon. Galls ( L. ). Anleitungf'urden Land- maun , etc. 1 65. — Papiergehl ditrch Gelraidevor- riidte -iwrbiirgt , etc. 1 6-7. Gaule(La) poetique, par Mar- cliangy, 5-ji. Gamier ( Mme ). p'oj^ Tombe royale. GENEA1.0&IE, 8i6. Genista tinctoria. Remade contre riiydrophobie , 979, Geodesie , 53o. Geoffioy-iJaint-Hilaire. Histoire naturelle des Mammiferes , 5o4. Geographie, iSg, 166, 167,473, 47Q, 532, 533, 594, 642, 790, 818,858,928, 933. ■ — astionomique, ou Petit ahrege dii systeme plauetaire. Geogra- phie physique , ou Petit abrege de geographic physique et des- criptive , par L. Bezout, 856. — aslronomiquede Leon Bezout, tradultc en grec moderne, par P. Joannides, 933. — de la jeunesse, ou Nouveau recueil de geographie , par G. B. Depping. Deuxieme edi- tion ,857. GiJoi.oGiK, 194. — ( Lecons de ) , par J. Van Rensselaer, i35. Geometkie. Voy. Uupont. — analylique ( Piincipaux ele- mens de la ) des trois dimen- sions oar D. Perevoztchikof , 157. — APPLiQUEE, 3i8, 641 , 958. (Jeorget. Foy. Examen medical. Gerri (Diego), C— B. 257. Glani{ G. B.). Battaglia delTicino. 186. Gibert( J.-B. ). L'Academie des beaux-arts de Paris lui decerne uii second grand prix de pay- sage lii,stori(|ue , 327. Giftpflanzcn ( Die ) des Elsasses , 597. Gllles de Chin. Toy. Recherches liistoriquus. Gimon ( Marius ). Voy. Epilre. L'Academie royale de Mar- seille lui decerne un prix jiour I'EpItre ci-dessiis , 635. Gioja ( M. ). Aniiales imiverselles de statistique, d'ecoiioniie pn- bliqiie , etc. 188. Girodet. Lithographie du portrait du pape Pie VII, peinv par Da- vid , 987. — ■ I'oy. Amours. — yoy. Anacreon. — f^oy. Aubry-le-Comte. Giroux. ( A. ). L'Academie des beaux-arts de Paris lui decerne le premier grand prix de pay- sage hislorique, 337. Gloire ( La ) , ode , par Nestor de Lamarque , suivie de deux ele- gies , 572. Goethe. Poesies tradultes par Mme E. Panckoucke, 895. Golbery ( P. de ) , C— A, 62 , 173, 4/8, 483, 820, 8a6.— N. 6i8, 957- — yoy. Antiquites de I'Alsace. Goldsmith ( Olivier ). ^oj. His- toire d'Angleterre. Gonzaga. Chants elegiaques tra- (hiits du ])ortug;iis par E. de Monglave et P. Chalas , 895. Goret ( Ch. ). Mon temoignage sur la detention de Louis xvi et de sa famille dans la tour du Temple, 239. Gorio ( ^. ). Fiaggio di Eiiea , etc. 491- Grammaike, 5oi , 8a3. — fiancaise ( Principes de la ) a i'usage des Riisscs , par C. de St. -H. ,808. GiiAKOE - Bretagke , 77, 1 38 , DES MATltRES, at3, 243, 295, 45a, 546, fio6, 792, 94i- Grandes routes et chem'ms de tra- verses , ouContes recueillis par Th. Grattaii , traduits df. I'an- glais par IVI'"f Louise Sw. Bel- loc , 579. Gransire, C. — N. 291. Grattau ( Th. ). r„j'. Grandes routes. Gravure , 5oi. Gravures de principaux monu- mens eriges a Parnie, depuis i8i4,parS. M.I. Marie-Louise d'AutricIie, 3 1 1. Gkece , i6y, 26fi, 3o6, 307, 3i4, 320, f)3o , 822, 9(!5. — ( La ) apres sa cinquieme cain- pngne, 674. GreCs ( Des ) et de leur situation actuelle , par Artaiid , 552. Gregoire. De Tinfluence de la re- ligion chretienne sur la condi- tion des fenimes. Traduit en russe , par B. Vrasky , 16 r. Grelier ( P. ). M^oire sur les moyens de nettoyer le lit de la Loire et d"en reiablir la naviga- tion , SS/j. — Addition au menioire prece- dent, 854. Gretcli ( N. ). Essai d'histoire abregee de la litterature russe , 470. Grevedon. Les amours funestes de Francoise de Rimini. Litho- graphie d'apres le tableau de Coupin de la Coiiprie, 987. — ^oj-. Orateurs chretiens. Grimaud ( Aime), d'Angers , C- — B. 848, 85r. Grundler. f^oj: Bremser. GuvTEMALA, 293, 600. — Constitution definitive du gou- vernementde cette republique, 293. Guerle. f^oy. Eneide. Giierra ( La ) per ti principi ois- liani giierreggiata contra i Sara- cini , etc. 184. Guerriero. yojr, Parini. Guiberf. OEuvres dramatiques, 899- Guide du cultivateur pour ex- traire du sirop et du sucre de la pomme de terre , etc. , par L. Gall , [fi5. Guigniaut (J. D.). Fbjr. Religions. Guillemin, C. — B. 5o8. Guiilon ( A. ) L'Academie des beaux-arts de Paris lui decerne le grand prix de composition musicale , 327. Guiilon ( N. S. ). Vajr. Bibliotlie- que. Giildberg ( F. Hoegh ). Digle over bibehke Emmer, i64- Gustave. A'ox. Mort. Gustave-Adolpbe-le-Grand , rni de Suede , tableau historique , par Louis deRango, 169. Grjiif ASTiQUE , 608 , 795. H Hachette. ^oy. NoMiNiTioifs aca- DEMIQUES. HAiTI , 2(^7, 643, 873. Halevv (Leon ). ^oj. Bessifere. Hall (B. ). "Voyage au Chili, etc A. 399 , 726. Hamilton (James). Observations sur les avantages et I'emploi des purgatifs dans plusieurs maladies , traduites de I'an- glais par A. Laflsse , 847. Hammer ( G. de ). ^oy. Baki. Haiino ( R. ). Die hebrdlsche Spra- che, etc. 823. Hansteen. Voy. Voyage scientifi- que. Harald, ou les Scandinaves, par Pierre Victor , 262. Harmand ( C. ). Manuel de I'e- trangerdans Paris, 214. Haverdroeze. Verhandeling over den Kanher, 189, 5oo. Heiberg, C. — B. i65, 169, 218. 265,475, 477. 797.8". 8>4. S18.— N. 3o2, 616, 954. IOI2 T\BI,E AN — Extrait tl'im ouvrago intitule : Expose des principes fuiuhi- mentaux de la constitution du royaume de Norvege , 53y. Henisterhuis. OEuvres philoso- phiqnes, 5oo. Heuin de Cuvilliers. f^oj. Encore des comediens. Henry pere et iils. Manuel d'ana- lyse cliimiqne des eaux mine- rales , niedicinales, etc. aoi. Herald ( The) of peace , 45/). Herden. To;-. Nominatiows aca- UEMIQUES. Hereau (E.), secretaire- general de la Revue Encyclopediqiie , C. — B. 2i5, aSo, 262, 273, 5(i(>, 569, 574, 677, 8y8, 907, 9i3, -gai , et les articles signesE. H. Herniotime de Clazomeues. Voy. Denzinger. Hierarckie i^Dic ) iind ihre Btindes- ge/iossen in Fraii/ireich , 827. HisToiRE, 92, 1 1 a, 140, ifii, 1^9, r86, 192, a3a, 238, 239, a53, 337, 479. 55o, 552, 555, 5()4, 661, (S74, 788, 808, 88x, 887. — universelle ( Resume de 1'), i''« partie, ]>ar F. de Biotonne etAd. Laugier,a3i. — du tribunal des Gracques, par M.***/D. V.),-2 33. — des croisades entreprises pour ladelivrancedela Terre-sainte, parCli. Mills, traduite de I'an- glais par Paul Tiby , a34. — des croisades ( Resume del'), par Saint-Maurice, 235. — d'Angleterre, par O. Golds- mitli, continuee par Cli. Coote et traduite en francais pur Mme A. Aragon , 54()/88i. — de la conquete de I'Angleterre par les Normands. etc. , par A. Thierry , A. , 77. — de la guerre des Hussites , par F. Schubert, 819. — ■ de la ligue suisse j)eudant la separation de reglise,par J. J. Hottinger , 826. AT.VTIQUK — deSardaigne, ou la Sardaigiio ancienne et inoderne, conside- ree dans ses lois , sa topogra- phie , etc., par Mimaut , 54(> — de i'Es])agne, par Eugene de Monglave, SSa. — des Francais, par J. C. L. Si- nionde de Sismoiidi , 547- A. 752. — ( Resume de 1' ) de laFrancbe- Comte, par Lefebure , 236. — ( Resume de T ) du duche de Normandie , par Leon Thiesse, 548. — ( Resume de r)du Languedoc, par Loon Vidal, 884- — de la revolution francaise , par A. Roche , 237. — ('ivile, physique et morale de Paris , par Dulaure, ifi" et 17'" livraisons , 553. — des Vestales et de leur culte* traduite de I'italien , par B. Cartoux , 91a. — du mahoiiietanisme, par Char- les Mills, traduite de I'anglais par P***, 864. — de la compagnie asiatique da- noise, par F. Thaarup , 8i5. — de la compagnie ahicaine da- noise, par J. J. Rasmussen, 81 5. HiSTOIRE ECCLESIASTIQUE , 827. i-ITTERAIKE , 470, 83l. — NATURELLE, 46, 369, f*o3, 939, 94o. des mammiferes , parGeof- froy Saint-Hilaire , et F. Cn- vier , 5o4. — ■ — ( De I'etat de 1' ) au Japon , 45i. — — des oiseaux de chambre , par Bechstein , igS. Ilisloires diverses servant de con- tinuation k I'abrcge de i'his- toire universelle de M. de Se- gur , t. XIV , 184. Uoerler ( J . ). Der iheiiiiindische irdnbau , 477- llogenJorp ( G. C. de ). Bydragene toC dehitishoiidingi'im slaitc, 192, UES MA Holdeiness ( Miss ). New Russia, 142. Bollard (H. ),C.— B.517. Holman ( Jatnes ). Trm'els throitgU Russia, Siberia, Poland, etc., 452. Hommage aux Dames , 919. — aux Demoiselles , 576. — au general Foy, parM. A. Jul- lien , 658. Hooft ( P. C. ). Voj. Dictionnaire exegetique. Hook ( Th. ). yoy. Amour et de- voir. Hottiiiger ( /. J. ). Geschichte der Eidgenossen wahrend der Zt^ic dcr Kirchentrennung , 826. Hubner ( Jean ). Voy. Tables sup- plementaires. Humbert ( J. ). Voy. Mahomet. Hydhauliqde , 3io , 487 , Sag. Hydrophobie ( Rertiede coiitre 1'), 399- — yoy. Magistel. Hydropisie ( Dissertation sur 1' ) chroniqiie , par P. J. AVanters , 189- Hygiene des imprimeurs, parle D' Buniva . 181. — Voy. Desalle. I ICONOLOGIE, 8f5. Iken. Voy. Leucothcx'-. Ile de Montbass. Etablissement anglais forme dans cette ile, 294.^ — ( L' ) dans la mer du Sud , roman danois , par A. Oeblens- chlager, 475- Iles Iontenjies, 3 1 5. Images (Les), ou Scenes morales composees d'historiettes et de contes, etc., 918. Imprimeries a Saint-Petersbourg, fin. Incendie de la salle du theatre dramatique de Stockholm, g53. IWDFS OOCIlJF.NTAI.rS , 5 qQ. Goi. riERES. \Q\'\ OKIENXALtS, l38, 2y3, 4^1, 79'. 939- Indigo ( E.ssai sur 1' ) , 838. InUUSTRIE, 323, 283, 320 , 485, '^'4, 929, 93o. Voy. aussi Arts l!VhUSTRini.S. — (U) et la morale consid^rees dans leurs rapports avec la li- berte, par Ch. B. Dunoyer, 533. ■ — agricole du de|)artenient de la Marne, 63 1. Industriels. Voy. Stendhal. — (les jeunes). Voy. Edgewortb. Inondations ( Description des ) arrivees sur les bords de la mer du Nord, etc., par W. MuUer, 478. Inquiry ( An ) into the accordance of war with the principles of Christianity, t^^l\. Inscri])tion monumentaie en I'honneur de Xavier Bichat , acconipagnee du rapport de M. Belloc , 9-.i5. IjvsTiTUT de France. Voy. Socie- TES savantes. — des Sourds-Muets de Saint- Petersbourg, 611. ■ — nouvellement fonde pour les Sourds-Muetsa Lisbonne, 628. IxSTRUCTIOJrPUBLIQUE, 3oi, 3o5, 3:7, 497, 797, Vay. aussi les mots: EcoLEs , Universites, etc. — en Pologne, gSi. — en Espagne, 3i5. Instrument de muslque (Nouvel ) invente narM.Mieg, a Madiid , 626. Invektions, 208 , 421, fijfi, 800, 876. Invocation a la Vierge, par des vi'.lageois reunis autonr d'une madone , 926. Irlande. fo)-.Gri ande-Buetagme. — trois brochures y relatives , de Carey. 788, 789 , ItalieViSo, SoS, 487, 67.3, 8ao, 960. G6 IOl4 TABLF. ANA I. I/.niailof (C-/^. Basiii i SiazAi , 47 Jacquelin ( J. A. ) Manuel Biogra- pliique, 242. Tacqiiet. Traits elemeiitaire de la tfiiiue des livresen partie dou- ble , 853. Jahii ( F. L. ) roj. Recheiches sar la nationalile. J\MAifQUE 343. » .Tapon, 45 r, 7y I. Jaquotol (Mine). Corinne impro- visaut au cap Misene, Tableau de Gerard , reproduit sur por- celaine, 332. Jakdinage, 5i7,. Jarkci^Ch. E.) F'ersuch eiiier Dars- teliiins; des cemorischen Sira- ficclils dcT Romer, 819. Jcnner (Edouard). Voj. Monu- ment. Jesuiti.ijie, 494 » 557. Jeu etymologique at mnenionique ouExercices sur la langue fran- caise, par P. Millon, gar. — de la Rosieie, 922. Joaiinides (P.) Voy. Geographic astronomique. Josepliine , ou Souvenirs d'une relache a Tile de Juau-Fernau- des ,911. JOUKNAUX ET ReCURII-S PERIO- D^QUES publics en AUemagne. Indication des prlncipaux ou- vrages periodiques. Septieme article , 173. — publies daus VAmerique cen- trale : Bedaclor general , a Gua- temala, 45 1. - — El Liberal, a Guatemala, 45 1. — publies en Angletcrre : Revue sommaire des priuclpaux re- cueils periodiques publies a Londres et a Edimboiirg , r4g, .;gg. — The Herald 0/ peace , 454. — Magasiu cooperatif, ou Heraut du nouveau system e TTIQUE d'organisation sociale , etc. > 944- - publics en Daneniarck : Nyi AfienbUui, a. Copenhague, 47^'- - publics aux Etats-Unis : The american journal of science and arts, a New-Haven, 106. — Annals of liberality , generosity, public spirit, etc., a Philadel- phie , 446. - publies dans les Indes orien- tales : Liste de ces journaux au nombrede dix-huit, 293. - publies en France : Le Produc- teur a Paris. 283. — L'Ami des cbamps , a Bordeaux , Sgi. — Journal des sciences mili- taires des arniees de terre et de mer, a Paris, 592. — Nouvelles Annales des Voyages, a Paris, 594. — Revue britannique, a Paris, 595. — Le bon Genie journal des enfans , a Paris , 922. — Journal des Voyages , Decouvertes et Navigations modernes , a Paris , 928. — Bulletin de la Scciete d'encou- ragement pour I'industrie na- tionale, a Paris, 929. — Ga- zette des Tribunaux, a Paris, 929. — L'Eclaireur du Rbone, a Lyon , 93o. — Blbliograpliie de la France , a Paris , gSa. — Liste des journaux publies a Toulouse , 968. - Publics en Ilulie: Annali uni- versali di Siatistica , Econnmia publica, etc., a Milan, 1S8. — Giornale ecclesiastico di Roma , 494. — Giornale nrcadico di scienze, etc., a Rome, 834. ■ — Annali nniversali di mcdecina , a Milan , 835. — L'Osservatore medico, a Naples, 836. — Antologia , it Florence, 837. - publies daus les Pays-Has : Archives philologiques , a Bruxelles, 5o3. — Letterhundig Magazyi^i3. — bollandaisc. F^oy. Lauts. Lanjuin;l!^, de I'lnstitut , C-B , 146, 496, 540, 81 5 , 864, 879. Lanno(F. G. A. ) L'Academiedes Beaux-Arts lui decerne le se- lOlfi cond grand pri^ de sculpture , Lastcyrie(C. de). yof. Planches anatomiques. Laugier ( Ad. ) f^oj^. Histoire uni- verselle. Lauts. Elemens de la langue liol- landaise, 5oi, Lavreiiti. ^/-) , 354. — Coup d'oeil sur !a tendance ge- nerate des esprits dans le dix- neuvicme siecle (ISenJamin Con.<- tant ), 66r. — La Grece apres sa 5° campagne ( Edouard Blaqttiere. ), 674. Merveillps et beautes dela nature en France, etc. , par G. B, Dep- ping, 9 1 5. Messager des sciences et des art*, 843. Metral( A.), C.-B. 875. Meulemeester (J. C. ).,Lesloges de Raphael gravces en taille douce, 5o2. Mexique, 399 , 726. — ( Le ),en 1823, par Bulloch , A. , 399, 726. Meyer ( J. D. ). Esprit origine et progres des institutions judi- ciaires , etc. , 385. JtJezzatiotle ( J. ). II finale giiidizio dc michclangc/o , 292. Michaux ( Clovis ). f^of. Douzc heures. Michel ( J. J. ). f^oy. Repertoire. Michel-Ange. /'o;-. Mezzanotte. Michelot ( A ). C.— ?r. 327, 638, Mieg. /'o/. Instrument de musi- que. Millon ( P. ). f'or- Jeu elymolo- gique. f^of. Bureau tvpo^^raphique. Mills ( Ch. ). roy. Histoire des croisades. — Histoire du mahometanisme , 864. Milt/tni ( Johaiinis ) , aiigli, de Doc- ir'tna Christiana , i45. I020 TABLE AN Miraaut. T-^ny. Histoire de Sardai- gne. MlNEKALOGIE, 499- ■ — du Vesuve. ^cy. Monticclli. Mitchel ( v. O. ). American ento- mology, ^85. Mocchetti ( F. ). Voy. Rezzonico. Modone ( Comte de ). P'oy. Sup- plement. Molifere. Voy. Supplement. Mollien ( G. ). Voyage dans la le- publiquede Colombia, A., 399, Mondelot. Abrege chronologique, 881. Monglave ( E. ). Histoire de I'Es- pagne, 882. — l^oy. Gonzaga. Monnaies ( Les ) de Treves decri- tes et classees par ordre chro- nologique , par J. J. Bohl, 482. Monnard (C). C.— B., 180, 484, 487. Montemont ( A. ). Voy. Leltres sur I'Astronomie. Montgery ( De ). Traite des fu- sees de guerre, uonimees au- trefois rochettes , et mainte- nant fusees a la Coiigrfeve , A. 699- Monticelli ( T. ). Prodrome de la miueralogie du Vesuve, 180. Montule (E. de ). Voyage en Ari- gleterre et en Russie , 2i3. Monument elev^ a la memoire de Lord Byron ,610. — erige a la memoire d'Escher de la Linth , 960. — a la memoire du docteur Jen- ner , 94^- Moore ( Th. ) Voy. Sheridan. Morale, i49i 176,191,217,534. Moreau ( Cesar ). Archives de la Compagnie des Indes orienta- les, etc., 1 38. Moreau de Jonnes ( Alex. ). C. — M, II. — N. 397, 599, 6o3, 940, 94i- — foy. Rccherches. ALYTIQUE Le commerce du dix-nru- vieme siecle , 877. — • — L' Academic royale des scien- ces de Marseille couronne I'ou- vrage precc^dent , 634- ^q^-. NOM I NATIONS ACADli- MIQUKS. Mort dans I'embarras , comedie, par Gustave et Leon , 653. Mortouval. Voy. Tartufe. Moscovites ( Les ), poesies nou- velles , par de Valmore , 904. Moufle (Aug. ). La Societe royale d'Arras lui decerne une me- daille d'or , 633. Moulin a f oulon , etabli recem- inent dans la maison de correc- tion de Hambourg, 3o3. Moulinie ( C. E. F. ). Voy. Lecons. Mouravief ( N. ). Voyage en Tur- comanie et au Khiva, 8o5. Mouton sauvage des montagnes du Thibet, 939. lUiiller ( JV. ) Jieschreibimg der Sliirmfliuhen an den Ujern dei Kordsee , 4lS- Mitnter^ F. ). Sinnbilder und Vor- stellungen der alt en Christen , 8i5. Musee d'Antiquilds de Bonn, 617. MusiQUE, 6a6 , 926. Mysticite , 823. Mythoi-ogie, 62. N JSagaeli ( /. G. ). Liederhtanze , 178. Napoleon. T oy. Memoires. — Voy. Portefeuille. — Voy. Congres de Chatillon. — ■ ou le Glaive , le Trone et le Tombeau , poeme , siiivi du Si^ge de Lyon , etc. , par A. Bi- gnan , 572. Naudy-Perronet. Projet pour transformer la plaine de Cre- nelle en une Naumachie , 206. Natjmachie, 206. Navigation, 3i 5, 600,958. DES M> — de la Loire, foy. Gielier. — j-AR LA VAPEUR , agy , fioo , fio;. Nechologie : lohann Biihle , lit- terateur , a Brunswick, 3o4. — Le docteiir Scuvini , a Turin, 3 1 2. — Le conite de Ln Cepede , a Paris , 334- — James Tnjlvr , mecaiiicieri anglais , a Cuni- Doch , 6 I (». — Tdaxiiniticn-Josefih , roi de Bavicre, 6iS. — Sia- nislas Mattti , professeur, j> Bo- ioniie , (iaG. — f.oiiis Fiacchi. litterateur, a Florence, 626. — Le general fo/, a Paris, fiS'i. A. M. H. Iio:ila>a , a Paiis, 988. — linrbier , anclen conscrva- teur des bibliotheques particu litres du Roi , a Paris , 990. Noisette ( Louis ). f'oy. Manuel dn jardinier. Nominations academiques : ISon- ^•nrd , Ampere , Haclu-tle , de Paris; Herden et UAen de Saxe, correspondans de rAcademIe des sciences et belles-lettres de Bruxelles. fan Gobbelsclirog , menibre honoraire de la mcme Academie , (iaS. — De Kiirh- hojf, d'Anvers , niembre asso- cic de I'Acadeniie royale des sciences de Marseille ; et Mo- reait de Jvnnes , membre asso- cie de la meme Academie , 634- ^- Mathieii de !\h,nti,iorency , membre de I'Academie fran- caise , 638. NoVblin ( S. L. W. ). L' Acade- mic des Beaux-Arts de Parislni dccerne le premier grand prix de peinture, 327. Norraand pere et fils. For. Sou- veiilis. NoRvEGE, rfiy , 3oi , 537, 6i5, 8ia. Norvins ( De ). Voy. Poriefeuille. Notaire( Jurisprudence du ), 868. Notes sur la Suisse, la Loinbar- dieet lePiemont, par T. Walsli, 858. Notice sui- les enquetes officielle* constatant la contagion de la fievre jaune et do la pesle, M., II. — statistique sur I'etendue terri- toriale, la population, le com- merce , etc. , de I'emjjije bri- tantiique, 792. — sur I'ile de Oualan ou Stioug , par R. P. Lesson , 858. — sur I'etat actuel de I'ile de la Jamaique, 343- — bistorique sur la vie et les ou- vragesde M. Langles , par M. Dacier , M. , 354- I\'oticia sobre la jeogiajia polilica de Columbia , etc., 790. NoUVELLE HoLLAHDB , 6o3. — Russia ( La ) , par Miss Holder- ness, 142. N0UVEI.X.ES SCIBMTIFIQUES ET ilT- TERAlHES (iv) : Afrique , 294 , 6o5 , 94 1 • — AUemagne , 3o3 . 616, 954.^ — Amerique meii- dionale, 287.- — Amerique sep- tentrionale , 699, 935. — Asie , 593, 6o> , oSg, — Colombie , 291. — Danemarck , 3o2, 61'), 953. — Egypte , 6o5 , 941. — Espagne, 3i5, 626, 966. — Etats-Unis, 599,935. — France, 3i8, 63 1, 967. — Grande-Bre- tagne , 295, 606, 941. — Grece, 3i4. 965. — Guatemala, 293. — lies loniennes, 3i5. — In- des orientales, 93y. — Italic, 3o8,623, 960. — Norvege, 3oi, 6i5. — Oc^anique, 6o3 , g4o. Paraguai, 287. — Paris, Saa , 636, 973. — Pays-Bas , 3i6, 628, 966. — Perse, 940. — Po- logne , 612 , gSi. —Portugal , 628. — Russie, 299, 611 , 94r). — Suede, 3oi , 6i4, y53. — Suisse , 3o5, 619, 957. NUMISMAIIQUE , 482, 810, 84i- o Observations de M. Paixlians sur 67 TVKLK ANAl.YTIQUE rintroducllon d'uue arnie nou- velle dans la marine f'rancaise, M.S. — sur la nouvelle edition d'un poijine italien , sur la journee de Gniuegate, 278. OcEAKlQUE, (io3, y4o. Ode a S. M. Charles X , sur I'af- fraiichissementdeSaiiit-Domin- gue , par un homine de couleur, 266. — sur I'independaiice d'Haiti, par J. M. Chopin , 267. Oehleiischlnger. Sokovcns Sonner , i65. — Oen iSydhaf'.et , etc. , qjS. OEuvre de Canova, 585. OEuvREs de Martial , tradultes en allemand, par WiUnianii , 171. — du chevalier Carlo Castone , comle de la Torre de Rezzo- iiico, %!• — de Pothier , 8fi7. — de M. le comte Xavier de Mais- tre, 25i. — cHoisiES de Stanislas , roi de Pologne , a53 de J. li. Rousseau , SgS. COMPLETES de Machiavcl, 218. de La Fontaine, en un vo- lume in-S", 566. -de Segur, aSo, S6ij. de Marie- Joseph et d' Andre Chenier, 346 , 567. d'Alexandre Duval, A., 775. — dramatiques de Guihert, 809. — philosophiques deF. Hemster- huis, 5oo. Oken. I'oy. Nomin,vtioks agade- MIQUES. Okounef ( N. ). f^oy. Reflexions. Olifa ( D. S. ). Caroli Galliarum regis aiispicatissimi ONOMA2- THPlA.SyS. Oinodei ( ^. ). ^nnali universall di medicina ,835. Oucle ( L' ) et ia Niece, 277. Oraisons funehres de Flecliier, traduites en russe par J. Ve- trinsky , 807. Orelli ( ,1. C. ). Fragmens d'A- lexandre , d'Amnionius , de Ploiinus, de BardesanesSyrus, et de Pleton , sur la Fatalite; texte grec avec i'interpretation latine , 4^3. OUNITHOLOGIE, IC)5. Oi iiithoiliincjuc. Moeurs de cet animal, y4o. Ourika, troisi(ime traduction russe de ce roman ,612. Orateurs Chretiens ( Les ) , por- traits des orateurs les plus cO- lebrosquelachaireait produits en France, lithographies par Grevedon, 655. OUVRAGES PERIOniQUES. ^0)-. JOUIINMJX. ( Revue sommaire des prin- cipaux ) publies a Londres el a Edimbourg , i49- ( Indication des principaux) publies en Allemagne, 173. Ozanani, medecin a Lyon. L'Aca- deniie des lettres et des sciences de Lyon lui decerne un prix , 3-i2. Paganel ( I'abbe). T^oy. Conside- rations philosophiques. Paganel ( CamiUe ). C— B., Pages (Mile Aimee ). Portrait de iJentham , lithographie , 333. Pagten, nouveau drame du theatre de Copenhague, par F. C. Biuun, 3o2. Paix universelle et permanente. Plusieurs ecrits v relatifs, 454- Paixhans ( Lieut. -Coi.) , C.-M., !). PanckoHcke (M'"« E.). ^o/. Goe- the. Papier-monDaie garanti par des approvisionnemensdeble.s, etc. par L. Gall, I'i;. Pahagcay, 287. Parinii ( JostjAi ). Qiiatiior poe- mata : Mane , Mcridles , Vcspei\ T^ox , latine versa ah Ignatio Giierriero, 491- Pakis, ai4i 322 , 553 , 63rt , P73. P^ris ( Cl.'iude Joseph ). L'Acade- nife des Beaux-Ails de Paris lui dfcerne le second jiiix de com- position musicale, 827. Parisot (J. T.). f^oj: Sheridan. Pasetii ( ,1/. ). Sng^io siiil' cdnca- zioiie fisico morale , 182. Patin (H.). C.-A.. 775. Paupaille ( J. J. ). Resume com- plet de la Chirnie iaorganique, S46. Pauvres, 485, 870, 871. Pavil!on(le) de Caroline, ou la petite Societe, par M'ne Julie Delaf'aye-Brehier, 916. Pays-Bas, 189, 3i6, 498, 628, ,838 , 96rt. Pcelaer. ^). Suiii!^. TlfcRES. 102^ Physique, 498,838,855. — ( Resume complel de), par Balunetet Bally, 199. ' — (Elemens de) en trente leqons, par A. Teyssedre , 200. Picard. Vay. Surfaces. Piccolo. Voj. Bernanlin de St.- Pierre. Pichat. Toy. leonidas. Pichot (A.). Voyage en Angle- terre et en Ecosse , 243. PlEMONT , 838. Pierre-le-Grand. Voy. Anecdotes. Plan ])our gouverncr et instruire d'unemaniereliberaleuu grand nombre d'eufans rciinis , 797. Planches anatomiqnes du corps humain , par Antommarchi , ))ubliees par Lasteyrie , 202. Plaiite (La) des soupirs , roinan italien , de D. Sacchi , 493. — ( Choix de) de la nouvelle Ca- ledonie, par J. J. La Billar- diere , 597. — veneneuses de I'Alsace, 597. Pline le jeune. Esquisse litteraire du siecle de Tiajan , traduitdu hollandais par Wallez, 56 1. PoEsiE, 120, 146, 177, 178, 257, 266, 267, 273, 491,492, 571, 572 , 574, 575 , 576 , 658, 900, 903, 904. — - DKAMATIQUE , lfi5, afio , 262, 265, 3o2,3i8, 329, 429> 493, 5o2 , 577, 646, 647) '^'i8> 653, 899,983,985. — latIjVE , 598. Poesies sur des sujets tires de la Bible, par F. Hoegh Guld- berg, 164. Police sanitalre d'Appenzell, 621. Politique , i4o, i5o, 168, 169 , 226, 240, 447, 454) 479 > 533, 534, 537, 543, 544, 555, 557, 712, 788. POLOGKR, 452. 612, 95 T. Ponime epineuse ( Dissertation sur la ) , et sur son emploi en medeciiie, par C. Engelhart, T90. PABLE ANALYTIOUE r(i2 4 Pommier ( A. ). yoy. Collection Jes autenrs latins. Pongerville (De), C. — B. aSo, 258, 5fi3. Pons ( Ch. Z. ). Voy. Toulon. — for. Congres de Cliatiiion. Pont des Invalides , g8o. PoNTS ET CHAUSSF.liS , 2o6 , 2C)8, 44 1, 968,980. — ■ (Nouvedu.x.) sur la Tamise, 298. — susppiidus Vny. [.emoyne. Population de I'emjiire de Rus- sie , 3 00 — du roynume de Suede , 3or. — de la vilie de Rome, 3o8. — de la ville de Prague , gSS. — de Venise, 960. — de la France, gfiy. Port fran*-; de Corfou, 3k5. Portefeuille de mil liuit cent treize , ou Tableau politique et militiiire , renferinarit, avec le leclt des eveiiemens de cette epoquc , un clioix de la cor- respondance de remperenr Na- poleon, etc. , parde Norvins, 238. Portrait et fac simile de I'erriture d'un ieune sourd-muet de nais- sance , etc., .587. Portugal, 628. Po.«sessions britanniques .sitnees dans les Iiides occidentales t.\ dan.s I'Auierique du sud , 601. Polliier. CF-uvres , cnntenant les traites du droit francais , pn- bliees par Dupin, 8^7. Pouqueville. Histfilre de la rege- neration de la Grece, traduite en i'alien , 6^5. Pradt ( De ). Congrfes de Panama. Preciosa, drame imite de I'alle- mand, 653. Prevost (L'abbe). Manon Lescaut. Edition de Werdet , piiS. Ciincipes de la politique exte- rieuiC , fondes sur le.s maximes du droit des gens, 544- Princesse ( La ) desUrsins , ou la Disgrace, comedie liistorique, ];ar Alex. Duval, y83. Prisons, 3ri , aaS, 3o3, «)57. Pitix UECEKNES : par rAcaJeinie des lettres et oh Schweden , 169. Raphael, f^oy. Meuleineester. Rapport (sixieme) du president et des directeurs de la Cmnpaguie du Canal de la Chesapeake et de la Delaivnie, 44'- — fait par JM. le marquis de Barbe-JIarbois , a la Societe royale .sur I'amelioration des prisons, M. 36. — remis a Monseignenr le IJau- phiii par un nicnibre de la So- ciete pour ramelioralioii des prisons, etc., aaS. Rasiruissen ( /. /.. ). Det Dunshe Africamke Compagnies fiistoiie, 8l5. Recheicheshistoriques sur Gilles .seigneur de Chin et le Dragon. lya. — sur la nationalite, I'esprit des peM|)les alleniauds , etc., par F. L. Jahu, traiiuit de i'alle- mantl, par P, Lortet , 226. — sur les changemens produits ilans I'et.it physique des con- tiees par 'a destruction des fo- rets , par Alex. Moreau de Jon lies, 498. Ueclamation de M. (>astellani iiiisujet de la Chaineaspiranie, 3 IK. — d'un Yandois au sujet des Pa- ragreles , (iiq. — de I't'diieur des OEuvres de ]\I. de ^laistre, 6i\j. Reclamations de deux Polonais au sujet de I'histoire, et du theitie de leur pays , i)52. — de M. Develey au sujet de son ouvrage intitule: Metaphysique des quantites positives et ne- gatives, ;j5c). Redfield a lule of the sevenleenth century, 445- Reflexions politiques sur le livre retrouve de Ciceron , de Rep.'i- blica, i(")8. — sur le sysleme de guerre nio- derne, par N. Okounef, 807. — sur le traite d'ecor.omle poli- tique de M. Say, 83o. Reichard ( C. G. ). Weltchrirte in Mfrkators Projektion ,818. Rciffenherg(F.de). C— B., 192, 194 ) 45'' > 5or, 5o-i , 5o3 , 842- — Vor. Archives jihilologiques. Religion, A'qr. Theologie. — ( de la ) consideree ilans sa source, ses formes et ses devr- loppemeus , par Benjamin Constant, 2i(). Religions de I'antiquite, consi- (lerees dans leurs foimes sym- holiques et mythologiques ; on- VI age tiaduit de I'allemand de F. Creutzer , par J. D. Gui- giiiaut , A. 62. Remede indien contre les affec- tions glandulaires, 939. Remnsiil ( Abel ). Voy. Melanges asiatiques. Reuouanl (Charles). Tiaite des brevets d'invenlion, (If perfec- tionnement et d'iaiportation , 876. Renseigneniens utiles sur I'arri- vee di's eaux de I'Ourcq a I'aris, Repertoire de tous les mots |)oe- tiqnes de la laiigue laline, eti., par J. J. M xliel , i>(>o. I026 TABLE AN — dii theatre Fraiicais. Edition de Duprat , 577. Hejin/C of the Ironsnctions of the Jcadcinr of natural sciences of Philadelphia , i36. — f ISinth annul J of the comiteeoj the Society of permanent and uiiivtrsal peace , 4 53. RjisuME d'histoires. Fof. His- TOIRE. Retoiir (Le) d'uii lianni en i8rg, on le Rendez-voHS des qiiatre ■vieillards a la Petite-Provence, pai- M'"'^ Maiirer, 911. Reveil. yoj. Canovi. Reveil (Le) du Caveaii , 919. Revenus de la Grande-Bretagne , ,'•97- REVOLOTrOJV FKANCVISE, 237. Revue bi'itannique , on Choix d'articles traduits des meilleiirs ecrits periodiques de la Grande- Bietagne, SgS. — sonimaire des principaux re- cueils periodiques pubiies a Londres , 799. Reynier ( L.). Voy. Economic pu- hiique. Rezzonico ( Carlo Castone , comtedela Torre de). OEuvres piibliees par F. Mocchetti , 49'- Rhetoriquf. , 892. -— fraucaise , extraite des meil- leiirs auteurs anciens et mo- derrses, par Andrieux, 889. Riband (P.), For. Canal de"Mes- sine. Rienzi et les Colonna , ou Rome au qnatorzieme siecle , roman bistorique , 909. jlitfault. P'oy. Manuel de chimie amusante. Rigollot fiis, C— B. 519. flitters Karten iind Plane ziir nllge- meiiien Eri>' iinde , i6f>. Robei t ( A. C. -M. ). ror. Fables inedites. Robino ( L. F. du). De la Viola- tion descimeticres, 191. AI.TTIQUE Say (J. B.). roy. Reflexions. Roche ( A. ). Histoire de la n^vj- lution I'raucaise , 237. Romances anciennes espagnoles (Recneil des meilleures), publle par G.B. Dapping, i^G. Roar.\Ns , Conxts, Nouvei.lks, i47» 148, 187, 274, 275, 277, 445, 464. 475, 493, 577, 579, 582, 58i, 905, 907, 909, 911. 933. Rosenmi'iUer ( E. F. C. ). Ilandhtich del biblischcn Jlterthumskunde , 820. Rostoptchinn (C. Sb.). La verite sur I'incendie de Moscou. Tra- duit du francais en russe, par A. Volk')f , I fir. Rousseau ( J. B. ). Voy. OEuvres cboisies. Route ( Nouvelle ) de la cote meridionale conduisant a Ta- gaiirok , 946. Russie, 142, i56, 2i3, 299, 452, 466, f)i 1, 8o5, 94fi- Sacchi (£>.). La piaiita de' sospiii , Saint-Charles (Lii) et la Saint- Louis , dissertation bistorique et critique qui peut-(-tre n'en est pas une, etc. , par H. Feu- Tardif , 888. Saint-Edme, yor. Legislation. Saint-Maurice. Resume de I'bis- toire des croisades . 235. Saint-Ouen (M'»e L. de) Foy. Ta- bleaux historiques. — f^oy. Stanislas. Saiiite-Marie (Etienne). Disserta- tions sur les medecins poetes, S5o. Said (F.). C. -B., 4y4, 834, 838. N., 3r3,983. Salle (E.de). C — B. , 85o. Salvcrtc (Eusebe). C. — B. 282, 2j6, 552. Sante publique , 621 , (i42. SvHDAHiKE, 54fi. nP.S MATIliUFS. Say (Thomas). P'oy. F.ntomologie aniericaine. Scavini. P^or. Neckoiogie. Schlegel ^ W. de ) est noninie di- recteur du Musee d'antiquites de Bonn , (>i8. Schnllzler (J. H.). C— B., 171, 482, 829. Schoochafi (ff.). Travels in the cen- tral pnrtions of the Missis^ipi val- ley , 44a , 787. Schubert (F.). Geschichte des Hussi- te 11 kriegs , 819. Schultz (G. de). Memoires de J. J. Casanova , 887. Schweightxiiser (7. F. ). Das Gebce- Tcn nach der beobachteteit Aatiir, 597- — P^ojr. Antiquiles de I'Alsace. Sciences medicai.es, ii, iBy , t8i, 182 , 189 , 190, 299, 45;! , 499, 5oo, 5i6, 517, 519, 522, 597 , (142 , 802 , 8o3 , 835 , 839, 847 , 848 , 85o , 939 , 953 , 979. MORALES FT POLITIQUES, 62, 2i5 , 379, 533, 712 , 8fio. PHYSIQUES, 4fi, 194, 3(19, 5o4 , 699 , 785 , 838 ', 844. Sciria ( D. ). Prospetto delta storia litteraria di Sicitia , nel secolo xvTii, etc., 83i. Sculpture, 632 , 655 , 963, 986. Segnr (Comte de). C. — B., 903. — OEuvres completes, 246, 569- Senkovsky (J.). Voy. Supplement. Serres (D.) yoy. Variole. Seymour (Fanny). C. — B., 148. Sheridan. Memoires s^ur sa vie privee, politique et militaire, par Th. Moore , traduits de I'anglaispar J. F. Parisot, 982. SiBERIE , 9.S TAIsr.F. ANAl.YTIOUi' I roynle des sciences et belles- lettres de Bruxelles, fi»8, (j'i(i. — Socicte c3e ineclecine tie Lou- vain , 63o. — Aoademie royale des beaux arts d'Amsterdam , fi3o. — Societe d'agriculture et de botdiiique de Gand, 967. — — Sociele bollaiidaise des sciences de Harlem , 967. — en frame (dans les departe- meiis) ; Societe royale d'agri- culture , sciences et arts du Mans, 581. — Societe royale de medecine de Bordeaux , Sai. — Academie des sciences, l)el- les-lettres et arts de Besancon , 32 1, 587. — Academic de Dijon, 3.ii. Aradeinie des sciences de Lvon, 322, 972. — Societe d'a- griculture, sciences et belles- lettres de Mdcon,322. — ■ So- ciele royale des sciences, belles- lettres et arts, d'Orleans, 588. — Academic d'Amiens, 532. — Societe royale d' Arras , (S33. — Societe des sciences (belles-let- tres et arts de Clerniont-Fer- rant, 633. — Societe niedicale de Douni , 634- — Academie royale des sciences , belles let- tres et arts de Marseille, 634- — Academie des sciences , ins- criptions et belles-lettres de Toulouse , 635. — Societe li- bred'emulation de Rouen, qif^. — Societe academique d'Aix, C)yo. — Societe d'agriculture d'Evreux , 971. — Societe d'a- griculture de Toulouse, 972. —fa Paris) Inslitut de France: Academie des sciences , 322^ fi3fi , 973; — AcademLp fran- caise , fi38; — Academic des beaux-arts,327. — Socieiepour I'amelioration des prisons, aa5. — Societe protestante de pre- voyance et de seconrs mufuels, fi3g. — Societe pbilotecbnlqtie, 640. — Sociele biblique piotcs- tatitc , 927. — Societe d'encou- ragement jiour J'industrie na- tionale , gag. — Societe degeo- giapliie, g7fi — Societe royale des bonnes lettres , 977. Soeurs ( I.es ) de la charite, ou Beautfs del'bistoire des dames, soeurs et /illes de la charite , gir. SouBnS ET MIIETS, l83 , fil I , 628. Souscription ouverte a La Have, |3()ur veiiirau secoursdesGrecs, f;3o. Sonthiy {Robert). A tale of Para- guay, 464. Sofn-enit {Tlie literary),) 7g8. Souvenirs du JVFusee des monu- niens francais , dessines par J. E. Biet et graves par Nor- mand pere et iils, avec un texte explicatif, par J. P. Br^s , 58(i. Specimen of etiglish 'verse, etc. by R. F. Etisden, 843. Spindler. T'oy. Aventures. .Stanislas (OEuvres choisies de) . roi de Pologne, publie.es par M""" lie Saint-Ouen , a53. Stassart (Ue), C. — B. iga , ig3. Statiscal illustrations , etc. , 79a. Statisiique , i38 , 140, i5y, 188 , ">oo , 3ot , 3o8, 343 , 599 601 , 792 , 935 , 960, 967. Steffens (W.). Der norvegischc Stor- thing, etc. , I fig. • StendhaK De).D'uu nouveau corn- plot contreles indnstriels, 878. Sti I'insegnamento dtlla arte meca- niche , etc. , 1 83. Sucre de Betteraves, Voy. Dn- hrunfaut. Su'fi'.KE, ifig, 3oi, fii4, 811, g53. Siihin {P.F.). Historic of Danemark, 473. Suisse , I 7(> , 3o5 , 483 , 619, 826, 858 , 957. Sumnei (Cb.R.). Abrege de tbeo- logie di)gmati(iue el morale , ouviage ])OStbunie de Jean Mil- ton , 145. Supplement aux diverses editions de Moliete , ou Lettres sur \A DES MATI^RES, femnie de Moli(Te , et Poesies du comte de jAIodene , aSfi. — a rhistoire generale des Huns, des Turcs et des Mogols , par Josepli Senkovsky , 808. Surfaces (Les), ou les Quatre cou- sins, comedie de Picard , g85. Surun (P. A.). Nouveaux elemens de physio'.ogie patliologicjue, 5i4. Sjmbolae ad geographiain medii aeviex monumentis islandicis. Edi- ditE. C. JFerlauf, 4y3. Symbolique ( La ) des premiers Chretiens, parF. Munter, i8i5. T Tableau des progr^s du commerce d'exportalioii dela Graode-Bre- tagne, pendant le xviii* sie- cle , 3()5. — du mouvement de !a popula- tion de Rome , depuis dix ans , 3o8. — des revolutions de la France , depuis la conqiiete des Francs jusqu'a Vetablissement d*e la Charte , par B. de Beaujour , 549. Tableaux historiqnes, extraits de Tacite,etc. , par Letellier , A. , 112. — historiques djs peuples moder- nes enropeens , composes de medallions, etc. , par M™" L. de Saint-Ouen , aSa. — synoptiques des acidcs , mine- raux , vegetaux et anitiiaux , par Louis Bacon , 201. Tables snpplementaires aux ta- bleaux gencalogiques de Jean Hubner, 816. — synchronistiques de I'histoire ancienne et moderne , par J. F. Lamp , 88 r . Tablettes classiques. Recueil de morceaux clioisis dans les meii- leurs ecrivaiiis fraiicais , 898. Tailhaud. Memoire sur ics caux T. XXVIII. 1029 min<'ralesacidu!esde'Vals,52i. T.iillandier ( A. ). C. — B., 877. Tartufe (Le) moderne, par Mor- tonval , 5-7. Tasso (Torrjuato). Poj: Proveda. Taylor ( James ). f^'oj. Necro- rOGIE. Technologie, 207, 5 i3, 800, 801. yo): aussi Anis iNHUSxRlltLS. Telegraplies acous'iques, 94 1- Tenue des llvres. P'oy. Jacquef. Ternaux (L. G. ). Considerations sur I'emprunt d'Haiti , 873. Teyss^dre (A.). Foj. Physique. Thaaritp (F.). Det Danske Adaliske Compngtiies Historie , 8 1 5. Theatre comique italien, de J. Cb. Cosenza, 493. Theatres : de Copenhague, 3o2. — de Biuxelles , 3i8. — de Paris, Say, 6"46, 988. Theis ( Alex, de ). Memoires d'un Francais , 907. — ■ —_ d'un Espagnol , 907. Theologie, Rp.LiGioif, Cur.Tr., etc. ,62 , 145, i47, i49> ifi' » 2i5, 2ifi, 379, 4-)4> 5or, 860, 866. Thesaurus patrum Flor-sque doc- loriiin , 2 15. Thierry ( Augustin ). Histoire de la conquete de I'Ang'elerre par les Normands , A. , 77, Thiersch. Ueber die Epocheti der bildenden Ki'inste iin'er den Grie- chen , 82(1. Thiesse ( Leon ). Resume de I'liis- toire du Juche de Normandie , 548. Tho!uck ( F. A. G. ). liliithensamm- tiitig If/or gi-nldiidischer MjstiA , 823. Thompson ( JF. ). An Appeal of'oiie half of the human race , JFomen , against the pretensions of the other half. Men , etc. , 456. Thrush's Letter adressed to the King, 4i>4- Tiby"(Panl). To;-. IJistoire des croisades. 68 TABI/E ANAI,\T1QUF. Tiinkov.h{ G. ). Ponte.'chestvie i/ I Kitai , etc. , ^Sj. — ■ Lelopice Tiestorova , 469. Tissot(P. F. ),C.— A. , lao. VoY. Etudes sur Virgile. Tombe loyale ( La ) , poeme en irois chants , par Mme Gautier , 90J. TopoGUAPHiE. ( Cours complet de ) et de Geodesie , par Be- uoit; 53o. Toulon ( Meinoires pour servir a rhistoire de ) , par Ch. Z. Pons, aSy. Tracts of the Society for the promo- lion of permaneiU and universal peace , 454- Tkauuctious : en allemand : du grec mo'lerne, 822; des lan- gues orientales , SaS ; du latin , 171 ; du turc , 8i i. — en anglais : de I'espagnol , i4o. — enfrancais : de i'nllemand, 62, 195, a'A 5.7, 537, 868,887, 895; de I'anglais, 210, 213, 234, 377, 399, 5o8, 5i3, 534, 546, 579, 582, 595, 847, 848, 864, 879, 912, 982 ; de I'espa- . gnol , 895 ; du grec moderne , 1 20; du hoUandais, 56 1 ; de I'italien , 911; du latin, 112, 892; du portugais, SgS ; du russe , 162 , 470. — en grec moderne: du franca is , 284. — en Ao//a;irffli^;dufrancais, 189. — en italien : du francais, 625; du latin, 184 ; du portugais , — en latin : du grec , 483 ; de I'italien, 490- en 7iisse : da francais, 161, 612,807. Traduction en francais de- tons les chefs-d'oeuvre classiques etrangers , 895. ThAITE des NOIHS, 274- Traited'alliance entre les gouver- nemens de Guatemala et de Co- loinbie , 600. d'Haiti ( Le ) vu a Londres par le commerce et les journaux anglais de I'opposition , 543. Traite desplaies , par John Bell, traduit de I'anglais par B. L.E. Estor, 848. Tremblement de terre ( Memoire sur le ) de la Sicile en mars 1823, par F. Ferrara , 180. Fries ( A. F. F. ). L'Academie des Beaux-Arts de Paris lui decerne le second grand prix d'archi- tecture , 327. Triomphes du genie dans la Grece antique et dans la Gr^ce mo- derne, poeme dilhyrambique , etc. , 266. Tristan leVoyageur, oula France au xive siecle , par Marchangy , 571. u Ueber die neuentdechte romische Niederlassung zu Riegel im Breis- gau ,172. Ujmiversites : — de Christiania , 3oi. — de Varsovie, 612. — de Lund, 6i5. — d'Upsal, 6i5. — de Heidelberg, ()i6. — de Liege ,629. Vaccine. Recompenses accordees pour sa propagation , 624. Vaisseau a vapeur pour un voyage de long cours , 607. Valctte ( L. C. ). ^oj. Epitre. Fallejo ( /. M. ). Teoria de la Lec- titra , 497. Valmore. yoy. Moscovites. Van den Bosch, f-'oy. Kirckhoff. Van den Brock, roy. Maison d'ins- tructioB. Fan Coeslem ( C. A, ). Medicine theoreticce Conspectus , 499- Van Gobbelschrog. Foy. Noiwi- NATIOKS ACADEMIQUES. RES MA yan Rensselaer. Lectures on <;eolo- Vapeurs aqueuses ( Sur les ) con- tenues dans I'atniosphere, par Simons ; 838. Variole ( La ). Moyen de la fa ire avorter , decouvert par le D"" Serres, (142 . P^assallt {S). Lezioni maumatiche , 829. Vaudoncourt ( Gen. G. de ). Jour- nal des sciences militaires des armees de terre et de mer , 592. felz ( G. de ). L-? magia del credito svelata , etc. , i83. Vermischte Abhan dhingcn aiis dcin Gebiete der Heilhunde , iSj. Vers intesiinaux de Thonime. Voy. Bremser. Vetrinsky ( J. ). Voy. Oraisons funebres. Veuvage ( Le )- interrompu , co- medie en prose, par Bayard , 646. Victor r P. ). Voy. Ilarald. Vidal (^Leon ). Resunie de I'His- toire du Languedoc, 884. Vie de Louis de Berton de Crillon des Balbes , 886. Viennet (J. B. G. ). J^oy. Siege de Damas. Vies des peintres , sculptenrs et architectes modernes, par J. P. Bellori, 490- Violation ( De la ) des cimetiferes, par L. F. de Robino , igt. Virey(J. J.), C— B. . 871. Vo'itzekhovitch ( J. ). Essai d'une esquisse de la theorie gen<'Tale des Beaux-Arts, 472. Volkof(A.). /'oj. Rostopchinn. Voltaire. T'oy. Mcmoires. VoYaGE de decouvertes autonr du monde execute sous le coni- mandement de M. Duperrey, 982. — dans la republique de Colom- bia , par G. MoUien , A. , Sgg , 726. TltRES. iu3t — au Chili, au Peiouel aiiMexi- que , par B. Hall , A. , 399, 726. — dans la Nouvelle-Espague , parBullocli, A., 899 , 726. — daiis la partie centrale de l.i vallee du Wississipi , etc., par H.R.Schoolcraft, 442, 787. — du general l-a Fayette aux Etats-Unis d'Amerique en i8s4 et iSaS , 245. — en Chine, par la Mongolie, par G. Timkovsky , 4*^7- - — de M. Laing dans I'interieur de I'Afrique, 296. de M. Hansteen en Stherie , 3o2. — en Angleterre et en Russie , par E. de Montule, 21 3. — historique et litteraire en An- gleterre et en Ecosse , par Ame- dePichot , 243. — en Russie, en Siberie, en Polo- gne, etc., ]iar J. Holman, 4^2. — de Riga en Crimee , par Kief, etc., par Miss Holderne.';s, 142. — en Turcomanie et au Khiva , par N. Mouravief , 8o5. — pittoresque dans les Pyreuees francaises et les deparlemens adjacens , par Melling, 923. — d'Enee aux Enfers tt aux Champs-Fiysees , d'apres Vir- gile , par A.deGorio, .'191. Vransky. Voy. Gregoire. w Wagni^re. 'or. Memoircs sur Voltaire. Wallez. Foy. Plinele jeune. Wallich. Voy. Livres orientaux. V^^alsh ( Theobald ). Voy. Notes sur la Suisse. JVanthier ( E. ). Dc Pigmento i/i- dico , 838. IVaiiters ( P. J. ). Di sertatio de hydrope chron'co , i8y. Werlauf ( E. C. ) foj. Syinboltr. Weyland. Vot. Kant. Wiggers(G. F. ). Trois disser- lo5a TABLE AIS'Al.YTIQL'E L»ES MATIEKKS. tatlotis lutines sur Jean Cassicn, z Willinann. Des Marcus Vateriiis Martiahs JVerhe , 171. Winter de Gadebusch. P'oy. Les- si"g- Wittei sheiin. Voj. Memoire. Wurth ( S. F. ). Voy. Lecons hol- landaises. Zachariee ( Ch. S. ). Staatswissen- schaflliche Betrachtungen iiber Ciceros wiedergcfundeites fl^erfc voin Sliiatc , 168. ZooLOGiE ( Elemens de ), par ^ Michel Maximovitcli , 466. FIN DE LA TABLE DU TOME XXVIII. SUPPLEMENT AXIX ERIIATA DU TOMB XXVI. A la table , page 940 , ligne 8 , colonne de gauche , au lieu de Sig lisez : 819 ; p. gSi , colonne de droite, ligne , Sj, arlicles relatifs au voyage du general Lafayette, p. 535, lisez : 538. SUPPLEMENT AWX ERRATA DU TOME XXVII. Page 421 , ligne 36 , Corey , lisez : Carey; p. 54a , !• ^9 , rend , lisez: rends. ERRATA DU TOME XXVIII. Cahier tfocTOBRE. Page 14, ligne iG, des mojens , lisez : anx moyens ; p. yS, avant-derniere ligne, supprimez le que; p. i5i, 1. aS, Shoiithen, lisez : Southern ; p. 292 , 1. 34 , "« million, lisez : cenc inille francs ; p. 329 , 1. 3 , sont tin (ttr garant , lisez : est tin stir garant, Cahier de Novembre. Page i, ligne a de la note, Jolj et Fieurj: lisez : Joly de Pleiiry ; p. 4^0 > '• 4 'ie la note , des congres , lisez, du congres; p. 4^3. I. 17 , le nation , li^ez : la nation; p. 473 , 1. 3i iconographie , Visez : ichnographie ; p. 585, 1. aS , iSaS, lisez: i8i5; p. 586, 1. 9, ils lie blessent ; Visez : elles ne blesseni;\. i3, Munich, Visez : Monaco ; p. 601, 1. a3 , Siiarros , W^ez : Juarros ; p. 6o3 , deruicre ligne , CoalHiver, lisez : Coal River ; p. 648 , d;ins le compte rendu de la tragedie de Leonidas , lisez /"/c/inf pour le noni de I'au- teur , ct non Pichald; p. 649 , 1. 36 , fermez la parenthese aprds le mot Demaratc. Cahier de Decembre. Page, 674, H/aqiiiires , lisez: lilaquiire ; p. 726, 1. i3 , supprimez les guillemets ; p. 729, avant deruiere Jigne, mettcz une virgule apres le mot oppression, et supprimez-la api^s le mot Espagnols ; p. 735 , 1. i6, supprimez le mot sur ; p. 754 > SUITE DE l'eRRATA UU TOME XXMll. Io33 1. II., et nullement dc la nation , lisez : et de la nation pat du tout ; p. 763 , la note est numerotee par eireur (3) au lieu de (i) ; p. 799 , 1. 8, ces , lisez: ses ; p. 806, 1. 6 , anides , lisez; arides ; p. 83(J , 1. i''" , Romesi de Novarre , lisez : Rnmaii de IVovnre ; ibid , I. 5 , Pi- pelli , lisez : Pistelli; ibid, 1. fi, Evriliani , lisez : Einitiani ; ibid., ibid. , // demontre , lisez : // resnhe de cec article, ibid ,1. I a , apres ces mots : operation difficile , ajoutez : ( consistant dans I'ablatioii des arcs al- veolaires des deux machoires, superieure et inft'iieiire ) ; ibid , 1. 3a et 33 , Lotritto , lisez : Lostritto , ibid , 1. 34 . ciano derrie, lisez : ciano derinie ; ibid , niicroscopie , lisez ; necroscopie ; p. 837, 1. 5 , ajoutez : parce que la censure, les douaues et autres obstacles s'opposent a la circulation de ces recueils scientifiques , et font que cliaque savant se trouve comme isole au milieu de ses compatriotes ; p. 8'J2, 1. 39, oil il est employe , lisez : oil le fer est employe; p. 863 , /. 34 , encyci- ijuc , lisez : encyclicjue ; p. 896 , 1. l5 , ses , lisez : ces ; p. 897 ,1. 19 , Kupprimez la virgule apres le mot En tout 3,gi2 ou 1284 pages en sus du nombre promis et du aux souscripteurs. Nous avons, de plus , domic dea%. portraits et an plan lithographies et les Bulletins Bibliographiques supplcmenlaires annexes a chacun de nos cahiers. En agrandissant ainsi notre cadre pour ameliorer et completer I'execution de notre plan , sans demander uue augmentation du prix de souscription , proportionnelle a I'augmentation des depenses extraordinaires qui en resultent, nous avons prouve dans quel esprit de liberalite, etranger a toute speculation, notre Revue En- cyclopediqiie est dirigee, au profit des sciences , des arts industnels, de la litterature et des beaux-arts, et dans I'inter^t des auteurs, des editeurs d'ouvrages et du commerce de In librairie en general, qui recoit une plus grande extension, par suite des communications bibliographiques , scientiHques et litteraires, deplus en plus multi- pliees par nos soins entre les differens elats. Quant aux Tables quinquennales , qui s'arr^teraient a la fin de Tan- nic 1823, et auxquelles il serait peut-c'ire convenable. puisque la io36 AVIS. Bevue ericyctopidtque entre mainten.int dans sa htiitiime annee , dc substituer des Tables decennalcs , qui ernbrasseraient nos qiiaranie premiers volumes, et s'etendraient jusqu'a I'annee 1828 inclusive- ment , nous altcndrons , pour nous occuper de leur publication , que le moiitant des eiigagemens formels dc soiiscrire nous offre la garantie du remhpursement integral des nouvelles depenses que Timpressiort de ces tables, soil guinquennales , soit decennales , devra occasioner. La Direction de la Revue Encyclopedique. 2 FES.95 1NM2.— Decen.bre 1825. ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES ET PROSPECTUS D'OtVRACES SOl'VEAl'X ET PE ri'BLICATIONS PRUCIl AlJVt.s j Pour la France et Its Pays Etrangers ; RULLETIN SUPPLEMENT AIRE annexe a la revhe «RrYci,oPKDi fir. pour I'annee; dans les deparlemens , 53 it.: dans les pays cUvngers , Gc fr. nil nuido dc; piihiication ct dc (rirctilalioii rapidc , rc;!)!!!)- iniqiie et 'iinivoiv-el , pour les \nnonoes ct les Pkospecius !a!)lient. Ccs aniidiiccs poiiiroiit coiii- proiidre ciijalt'iiieiit les puhiicnUmis prochain :s dcs ouvra^rs xoiiJi pressc ct les oncragc.s mannscrU.i (\ne lours auteurs , on (;cux qiiicn soiit depositairns, voiidraient laire connaitre d'a- vaiicc aux iii)raires et an public. OUVRAGES FUAISC.IIS. On ilent de mettre en vcnte olw.z PlllMIR DiDOT. ').]. f r<0!5[jf; VIE DH t'Espmr ntiMtm, Oil Orujl.na, dit>i'A.}ppcmo>it et ocr- titudi: dc nnx ctnnaixsancnx , I'iti • .-^mt suilt; i,'l comjilenient aii livrc du Rapport de la nature i i'lioni- »«e , <:t do Vhotnmc d la nature. I'.ir M. ic llaron Massiai, an- cien Char;;!' (i'ail'iiircs de France pi'^s l:i coir dc B'ide , resiiden! Consul gttiK'r.il a Djnfzick , avec ceite epig'iiplK- : Nam tua res iigilur. ( HoHACB. ) ivlainimiinl il s'agit (le vos alFjire-i. Un fori vol. in-S'i. avec dem lilliogra phien tfiii prc'senltnt Ic syslcmf d(* nos c'lniai-isances et leur ordre gent-alogitjue et encyclo- pediqnc; prix - IV. TfiMp. dea cli/tpitres de I'oavrage. Chap. 1. I>ii moi. — Cfiap. It. Du non-moi. — Chap. III. Alta- jv(; chc'z it- mijine li- j hi'.iire , (iu lo'nii.' ii'.iViii- : ';s. MAXlMKSi>i' l,A!(0(;i;E- VOUCAlli/r, »ic.<; leuvi: r.tvo- iiviiios. 1 vol. in-ifi; jirix 3 I'l . ■ iM. FiBMiN DiDiiT va [)u!)lnr 6G. POr;.>IF.S DE MKHIKL- AiSdiv, Iraduiivs ( n f'ranvuis a\ c.; Ic toxU' en icf!3r.!. Pjriivi 1()iilc> lis curiosilcs do la lillerulu'rc etriini;i,T(j <|iie hi rr.iiicc iiiiiior.'o ik'|>!iis qiKjl- ijues ani)ie-< ilans son scln , Ics tjenvn'S |nii'ti(jurs d'liii j^cnip aiiss! (■xlr.iOC(lin.iire qui; AlicM-.-lnit: , no sero'it ]>a.s a>i-.uriMiii.';il Ics iiii.iiis ilif^ncb d'lDisircl. C;. METAMORIMIOSKS D'O- VIOE , lradui:cs jar M. Villf.navk. Nouvclle u'litinti , 4 vol. in-it). , pilx iC i'., chi'Z F(>iiBNiKn-t''AViu:!'X , liUiairi'cditi'nr , (jnai (Ics An^m • icis, 11" 4.1. ^cs grandes i^iiilions iii-'(" ct iit-80, irn|)rirnucs par M. Diilot aine, avec tin grand luxe dt; typoifrtiphie ct (!e figuii's. nc pou- vaient convenii' a loiites Ics I'oi- tiines ; on viont done de reodic en veritabli; service aux lettrcs fran- ^ai!.cs, en donnint unc cditiun viil- ijatro , miis soigO'C, d'linc verson (jui a sul>i , avec lioiineur , Irs i'preiivcs de la crilique , ct qi.i i ^t .ncneralement eslimcc. La nuiivclle opinion , emisc aprcs tant d'aiitrcs, (lar Ic iiimv<;au traductcnr , snr Ics vcnlables caii^c< He IVvil d'Ovldc , I'sl deja aHo|itee par la pliipurl di:s i-avans dc I'Eiiropc , principalemcnt par Ics Allcinands. Le textc est joint a la traduction Jfs Jlfctatnorplioxei , ft cliaipie livre est accompagnc dc Notes dont Je merite a souvcnt etc rcinarquc. On trouve cliez le menie libraire Ics grandcs editions ir.-4° et in-S" du menie ouvrage , ornces de i^rt gra»iires, et la Vie d'Ovidk, par M. VlI.LKNAVE. I vol. in-80. 63. OEUVRES C^IOISfES des Cheiialicrx Jean. - liaptistc I'l BAKKsi , ct Fritnrois PiBANbSi , iun jUx. E.vlrait du Pro sped us. T.ps Ouvragcs dc .I.-IJ. Piranksi se dlstinguent pnncipalcmcut par IciTct ct par cc sljlc gnndioic qi;i carartcilM; ]i-f niuDuincn- dcs ,arls cliC7. l('sancicn<. .So;i lils, Fninroii. a adopic la memc nianicrc , ifais ij s'csl atlaclie a donncr a ,ts jjra- viirer' piii.s dc (Ini , el il a ajoule it ccllc hcllecollcclion un asscz grand nnsnbredc njonumcns enlicreiiicnl iiicdils , riiccinincnt dccouvcrts. Lc trcsiir d'antiqiiiles que nou* aniionroin . i'orinera, p.Tur Ics ar- li^lcs, ui) cours coniplvl li'Arrlii- U'Cliiic . d.- Pclnlurf cl dc Sc'.dp- lure , d'apris Ics plus bca'ix t'diijcc's de Ho'iic inoilcrno, i-n miiinc li'iif; (ju'iloliVi.-a aux anialc irs dci hfuox- ails nil icCticil jirccicnx dc< rcslcs dcs irionriKicns anlii|ucs. Lis Plaiirlics (jiii forincnt ccl'c priiriciiscCIollcclioiisonljCn fjraiidc panic, coitiposccs curs. Conditions rfe la Soiiscrlpi.i'nn . Lcs OHiuvres dcs chevaliers P>ha- SESi , revues avcc ia phis scrupii- leiise atlcnlion par des artistes dis- tingues, ("orracront 110 livraisons, composees chacuiie de to feuillcs , I'orinat grand, 011 dcmi-colotnbier !■! f^r.mil-.iifrl;- , avcc I'l x'.diratioa so!!\in;iiic dc ciiaq'ie planclie en langue itabcnne on t'tancaise. Fjcs nouveaux Editeurs, desirant trailer lavorablemcnt Ics anais des arts, donncront (}ratis un beau portrait de I'Aute.r, et les frontlspiccs al- iegoriqncs de eliaque volume , };. 55 1. ) Les siicces de ce premier etablissemetit ontdu delerniiner sou hal)ile directeur a Ini donner de plus grands dtVelop- peniens, ou p[ul6t a en criVr un nouveau , soil a Eoville iTii^me, soit dans tout autre endroit, snf des bases plus larges et plus sc"!idcs. A cet etfct, il juopose la formation d'un fonds social de 5oo.^ooo francs, di vise en m i He actions de 5oo fr. cliacune. Celte sommesera employee a I'acqiiisition ilii domainc ( cehii de Boi'ille), a la constrnotiou des noiiveaux butiniens qu'i^l pourra ^tre utile d'y ajouter; a la mise en etat des anciens batitnens, si cela est. n(5cessaire; a I'scqiiisilion du niobilier de I'exploitation rurale, de I'lnstitut agricole, de I'Ecoie d'indiistrie pour lespauvres, et de la fafari(iue d'instrumens, ainsi qu'aux premieres d^penses d'ameliorafion du domaine, et a former le capital circulaiit neeessaire pour I'entrcprise. Dans le eas oii il serait fait acquisition d'un autre domaine que celui de Roville , le capital sera porte a la sonime de 56o,ooo francs, afin de laisser a Roville le capital ni'cessaire pour I'exploitation, Ce dernier domaine deviendra, pour ainsi dire, une succursale dc I'^tablisscment. L'ticte d'assacialion , qu'a fait imprimer M. Mathieu de Dombasle , <-oiiU«'nl , en S-] articles , toutcs les dispositions principales qui servi- ront de b^se a I'association. Les personnes qui desireraient niicux connaitrece piojet, dont IVx(kulion ne pent tournerqu'au profit de la science et du pays, pourront s'adresser h Paris, cbez Mnie. Hu- zard , imprimeur librairc , rue de I'eperon , n*" 7 ; a. Nancy , cbez M. Baudot, notaire; .i Luneville, chi'7, M, Guerard, notairc. iMPRiiMf r.iE D Hirpoi.yiE tii.mabd rue de la Harpe, n" 78. u Avis kVX AMATEURS PK LA LITTKRATURK :i^TRANO;kBE. On peut s'adresser a Paris, par rentremise du BcaEAU cumtbai. db I A Rbvub EHCYCLOPiDiQUH , a MM. Trkuttel et Wdbxz, rue de Bourbon, n" 17, qui ont aussi deux maisons de librairie, Tune i Stras- bourg, pour I'Allemagne, et Tautre a Londres ; — a MM. Arthu» Bertband, rueHautefeuille, n" a5 ; — Ren guard, rue de Touruon, n° 6 ; — Levraiji.t, rue des Foss^s-M.-le-Prince,n° 3 r, eta Strasbourg; — Bos- tKNGM pere, rue Richelieu, n°6o; et i Londres pour se procurer lee divers ouvrages Strangers, anglais, allemands, italiens, russes, polo- nais, hoUandais, etc., ainsi que les autres productions de la litterature etrangere. Le prix de ces ouvrages rend us a Paris sera celui des pay» Strangers ou ils se publient, augmente de 10 pour 100, pour frais de port , droit d'importation et de commission, etc. — La Direction de la Jievue Encjrclopediquen'n d'autre but, en publiant cet avis, que de faciliter, par tons les moyens qui resaltent de ses publications mensuelles, les communications scientifiques et litteraires entre la France et les pays Strangers, Aox academies et aux societes savahtes de tous les pay t. Les Academies et les Societes savantes kt D'oxiriTE publiqub, francaises et ^trang^res, sont invitees a faire parvenir exactement,/ra/!c de port , au Directeur de la Revue Encyclopedirjue , les comptes rendu* de leurs travaux et les programmes des prix qu'elles proposent, afin que la Revue puisse les faire connailre le plus promptement possible a ses lecteurs. AOX EDITEDRS d'OCVRAGES et ADX LIBRAIRES. MM. lesediteurs d'ouvrages periodiques, francaiset etrangers, qui d^sireraient ^changer leurs recueils avec le notre, peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons a leurs propositions d'echanges , et sur une prompte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et des autres ouvrages nouvellement publics , qu'ils nous auront adresses. AtrX EDITEORS DES EECUEII.S PERIODIQUES HK AKGLBTERBE. MM. les ^diteurs des Recueils periodiques publics en Angleterre sont priesdefaire d^poser leurs /JumeVoj chezM.DEGEORGE, correspondantde la Revue Encjclopedique a Londres, v° a , Albemarle-street, Piccadilly, chez MM. Grua, Ricordy et C'^ , importers and publishers of foreign music; M. Degeorge leur fera remettre, chaque mois , en ^change, les cahiers de la Revue Encyclopedique , pour laquelle on peut aussi sous- crire chez lui , soit pour I'ann^e courante, soil pour se procurer les collections des anncesanterieures, de 1819 k i8a5 inclusivement. ?^ m m LiBRAiRES chez lesquels on souscrit dans les pats ktrangi as. Aix-la-Chapelle , Laruelle ills. Amsterdam, G. Dufour; — Dela- chaud. Anvers , Ancelle. Aran (Suisse), Sauerlander. Berlin, Schlesinger. Berne, Clias , au cabinet litle- raire ; — Bourgdorfer. Breslau, Til. Koni. BruxeUes , Lecharlier; — Denial. Bruges, Bogaert; — Duniortier. Florence, Piatti. Fribourg (Suisse) , Alo'ise Eggen- dorfer. Fi-ancfori-sur-Mein , Sciiaeffer ; — Broniiei'. Gand , Vandeukerckoven fils. Geneve, T.-J. Pasclioud. La Hnye, les frj^res Laugeuhuysen. Lansaniic , Fischer. Leipsig , Grieshammer ; — G. Zirges. Liege, Jalheau pore. Londres, Dulau et Compagnle ; — Treuttel etWiirtz; — Bossau^e. Madrid , Denriee; — Per^s. Milan, Giegler;— Vismara.Bocca. Moscoii, Gautter; — Riss p^rectlils. Naples , Borel ; — Marotta et Wanspandock. Neiichiitel (Suisse), Grester. Neiv-York ( Etats-Unis ), Berard et Mondon. Nouvelle - Orleans , Jourdan ; — Roche , freres. Palerme (Sicile), Pedonne et Mu- ratori ; — Boeuf (Ch.). Peiersboiirg , Saint - Florent ; — Graeff; — Weyher; — Pluchart. Snnigart et Tubingen , Cotta. Utrecht, Van Scho'onhoven. Todi , B. Scalabrini. Turin , Bocca. Varsovie , Glucksberg ; — Za- vadsky. Vienne ( Autriche ) , Gerold ; — Schaumboursj ; — Schalbacher. Lisbonne , Paul Blariln. COLONIES. Guadeloupe (Pointe-a-Pitre). Piolet aine. Ile-de-France (Port-Louis) , E. Burdet. Martinique , Tiiounens, Gaujoiix. ON SOUSCRIT A PARIS, Atl BuKr.AD DK KEnACTIOW, KlJE 1)'E>'FER-SaIWT-MiCHKI. j'U" l8, oii.dpivent dtre envoyes, francs de por< , les livres , dessins et gra- vmes , dont on desire I'annorice , et les Lettres , Meraoires , JNotices. ou Exijails destines a 6tre inseres dans ce IJecueil. Chez Treuxtf.l et Wurtz, rue de Bourbon , n" 17; RvY RT Gravier, quai des Augustins, n° 55; ChArles Bechbt , libraire-conim. , quai des Augustins , 11° 67; DoNDEY-DuPHE, rue Saint-Louis, n" 4^, au Marais; et rue P.icheliiJa, 1.' fij. MoNGir. ain^, boulevard Poissonni^re, n" t8; Eymkhy , rue Mazarine, n" 3o ; RoRKT, rue H;iutefeuille , n" i i ; BAt.B)ix.iEK, quai flcs Augustii.s, n" 54 ; Levrauit, rue des Fosses-M.-le-Priiice, u* 3 i , et a Strasbourg ; A. B.\CDouiTf , rue de Vaugirard, n" 36 ; Dei,adnay, PeLicibr, PoNXHtEU, au Pal;ii' -Royal; Urbaik Cakel, place Saint- Ancliedes-arcs. A LA Tenth, Cabinet Litteraire, tenu par M. Gautibk, anciea militaire , Galerie de Bois , n" 197, au Palais-Royal. Nnta. Les onvr.iges aononces dans la Revue se trotivcnt aussi chczRoRET', rue Hautefeiiille , u" 12. — : tRIS. I>E I. iUrRlMERIE DE RICNOUX, rue dos Francs-Hoaigfois-S. -Michel , n*^ 8. i